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(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mesdames, messieurs, cette séance est maintenant ouverte. La
commission permanente du revenu s'est réunie aujourd'hui pour discuter
la question avec débat du député de Portneuf au ministre
du Revenu. Le sujet sera le suivant: "Les politiques et les pratiques
administratives et réglementaires qui donnent lieu à des
vérifications et à des enquêtes entraînant l'envoi
d'avis de cotisation spéciaux ou additionnels à de nombreux
contribuables."
Je me permettrai de rappeler brièvement les principaux
éléments qui vont régir la tenue de cette commission. Tout
d'abord, le député qui a donné l'avis de question avec
débat aura un droit de parole de vingt minutes; puis, le ministre aura,
lui aussi, un droit de parole de vingt minutes. Par la suite, tout
député qui voudra intervenir pourra le faire et chaque
député a un droit d'Intervention globale de vingt minutes. Bien
entendu, le député qui a donné cet avis de motion, ainsi
que le ministre ont un droit de parole illimité, au-delà des
vingt premières minutes dont ils disposent. Si vous êtes d'accord,
nous nous entendrons pour clore le débat de la façon suivante:
dès qu'il restera vingt minutes, j'accorderai le droit de parole au
député qui a donné l'avis de la question pour dix minutes,
et le ministre disposera des dix dernières minutes pour faire ses
derniers commentaires. J'invite le député de Portneuf à
prendre la parole.
Exposé du sujet M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Chers
collègues, je serai bref. Je voudrais, tout d'abord, M. le
Président, vous donner avis que je suis accompagné ce matin.
J'aurais pu être accompagné vraisemblablement de la très
grande majorité des députés de l'Opposition, qui, dans
leur comté, depuis plusieurs mois déjà, ont
été en mesure de saisir la dimension de la démarche du
ministère du Revenu du Québec en ce qu'elle affecte la vie des
contribuables et des citoyens. Cependant, ce matin, je présente
moi-même la question avec débat qui nous permet d'interroger
pendant trois heures le ministre du Revenu et ses collaborateurs. Je serai
accompagné pour ce faire par M. le député de Hull, M.
Rocheleau, qui a fait une étude et des démarches assez
exhaustives pour mettre en relief les nombreux cas qu'on veut porter à
l'attention du ministre et des fonctionnaires ce matin. C'est la même
chose pour le député de Beauce-Sud, M. Mathieu, qui est ici, et
M. le député de Brome-Missisquoi, M. Paradis, qui aura, lui
aussi, des cas à porter à la connaissance et à l'attention
du ministre du Revenu.
M. le Président, selon le libellé de la motion, nous
voulons voir ensemble ce matin les politiques et surtout les pratiques
réglementaires qui donnent lieu à des vérifications et
à des enquêtes entraînant l'envoi de cotisations
spéciales. Le mot est bien pesé, le mot a été bien
pensé, cotisations spéciales ou additionnelles à de
nombreux contribuables du Québec de la part du ministère du
Revenu du Québec.
Je voudrais établir tout de suite, et ce, de façon claire,
nette et bien précise, que la démarche de ce matin ne vise pas
à demander au gouvernement de surseoir, de mettre de côté
ou d'ignorer les réclamations en vertu desquelles des gens doivent de
l'impôt. Essentiellement, ce qu'on demande au gouvernement ce matin, ce
qu'on veut porter à son attention, ce n'est pas le problème de
gens qui doivent des montants au ministère du Revenu, mais c'est le
bien-fondé de ces montants qui sont réclamés par le
ministère du Revenu. Dans l'esprit de l'Opposition, nous avons une
structure fiscale au Québec qui implique que des impôts et des
taxes doivent être payés par les contribuables. Les règles
du jeu doivent être en principe les mêmes pour l'ensemble des
citoyens. Que les citoyens paient leurs impôts, c'est tout à fait
normal, explicable et justifiable, sauf qu'aujourd'hui ce qu'on veut mettre en
relief, c'est cette démarche sur laquelle on demandera beaucoup de
précisions de la part du ministre du Revenu, cette démarche qui
semble être récente de la part du gouvernement du Parti
québécois et qui vise essentiellement à mettre sur pied
une brigade tactique, une brigade spéciale de 300 travailleurs
occasionnels, comme le ministre du Revenu l'a confirmé lors de la
commission parlementaire étudiant le cas des travailleurs au
pourboire.
Cette démarche a permis aussi, toujours selon les dires du
ministre, d'appointer au
ministère du Revenu plus de 130 fonctionnaires qui avaient des
postes permanents dans d'autres ministères du gouvernement du
Québec. Par exemple, on sait qu'on a certaines périodes de pointe
dans certains ministères. Nous savons qu'il y a des fonctionnaires du
ministère des Transports, des Affaires sociales ou de la Régie de
l'assurance automobile maintenant qui sont affectés au ministère
du Revenu pour certaines périodes de l'année, des fonctionnaires
des Affaires municipales et de l'Environnement qui reçoivent
l'invitation -pour ne pas dire l'ordre dans plusieurs des cas - de venir
travailler pendant quelques mois au ministère du Revenu dans le cadre
d'une brigade spéciale. C'est de cette brigade spéciale qu'on
veut parler aujourd'hui.
M. le Président, on sait que les finances publiques du
Québec sont détériorées. Personne au Québec,
sauf évidemment les péquistes, ne peut soutenir que les finances
du Québec sont dans un bon état. Le déficit
accumulé est de 18 000 000 000 $ ou plus. Le gouvernement du Parti
québécois, le ministre des Finances et le premier ministre, M.
Lévesque, nous ont habitués depuis quelques années
à un déficit annuel de 3 000 000 000 $, de sorte qu'on paie en
intérêts par année plus de 1 000 000 000 $. Au dernier
budget, c'était encore un déficit de 3 000 000 000 $.
C'était un budget en vertu duquel le gouvernement venait imposer
à l'ensemble des citoyens, sans distinction, des charges additionnelles
en taxes de 1 200 000 000 $. Aujourd'hui, nous ne sommes pas surpris de
constater - et le ministre devra nous le préciser, c'est le sens d'une
première question que je lui formule - que des ordres et des directives
ont été donnés quelque part probablement pas par le
ministre du Revenu, force nous est de le constater; ces ordres viennent
probablement soit du Conseil du trésor ou du ministre des Finances, de
quelqu'un du ministère des Finances - pour récupérer des
sommes importantes. On s'est laissé dire que la commande qui avait
été passée au ministère du Revenu pouvait totaliser
200 000 000 $ que le ministère du Revenu se devait d'aller chercher
rétroactivement dans les poches des citoyens du Québec, d'une
façon qui nous paraît douteuse.
Comment cette démarche s'est-elle manifestée? Par la
création de cette escouade tactique, de cette brigade spéciale de
plus de 400 fonctionnaires. Le ministre me dira peut-être qu'il n'y a pas
de démarche spéciale et que ce n'est qu'une démarche
régulière. Comment expliquer qu'une démarche
régulière implique qu'en plus des fonctionnaires du
ministère du Revenu qui travaillent au ministère le gouvernement
se doive d'aller chercher 300 travailleurs occasionnels et plus de 130
fonctionnaires dans les autres ministères pour venir travailler à
cette besogne qu'on qualifie de douteuse?
Quel est le vécu de cela? C'est que le ministère du
Revenu, à partir soit de son ordinateur ou d'une sélection d'un
autre type - et on pourra revenir à cela tout à l'heure - revoit
ou reverrait les déclarations d'impôt, les déclarations de
taxe de vente de travailleurs, de travailleuses, de citoyens, de citoyennes et,
dans certains cas, de petites entreprises du Québec pour des
périodes pouvant remonter jusqu'à 1962 ou 1963. Dans ces cas,
généralement - pour les cas qu'on a vus, quant à nous -
une personne peut recevoir aujourd'hui, en octobre ou en novembre 1982, un avis
de cotisation lui disant: Monsieur, madame, on vient de décider que les
déductions de revenu que vous avez réclamées dans une
déclaration d'impôt que vous avez faite en 1965, ou en 1968, ou en
1975, qu'on avait acceptées à l'époque, que le
ministère du Revenu avait acceptées, aujourd'hui sont
modifiées.
Si vous êtes camionneur, par exemple, et qu'en 1978 vous avez
imputé comme déductions de revenu des frais encourus pour des
repas totalisant 2000 $ dans l'année, nous, du ministère du
Revenu, venons de décider que ces déductions n'étaient pas
fondées et on vous réclame maintenant un montant de 500 $ avec
les intérêts et, dans certains cas, des pénalités.
Aujourd'hui, alors qu'on ne l'a jamais avisé, alors qu'au cours de
l'année où le citoyen a produit sa déclaration
d'impôt le ministère du Revenu lui a fait parvenir un document lui
disant qu'il acceptait sa déclaration d'impôt et qu'il avait droit
à tel remboursement - supposons que c'était en 1978 - quatre ans
après, le même citoyen reçoit un avis de cotisation en
vertu duquel on lui dit: Monsieur, vous devez maintenant X centaines de
dollars. Sans aucune explication, sans aucune documentation. Le type qui
reçoit cette réclamation, bien souvent, tente de communiquer avec
le ministère du Revenu. Impossible, dans la très grande
majorité des cas, de rejoindre le ministère après moult et
moult appels, plusieurs appels. Une fois qu'il a rejoint la personne qui a
signé l'avis de réclamation, on lui dit: Monsieur, on s'excuse,
ce n'est pas nous qui avons le dossier, on n'a pas les documents. Je pourrai
revenir sur des cas vécus, spécifiques, dans mon comté
à cet égard.
Nous présumons que l'ensemble de la démarche - nous nous
devons malheureusement de le présumer seulement à ce moment-ci,
parce que ce ne sont que des indications que nous avons reçues de la
part de fonctionnaires, de la part de gens qui sont plus près de
l'ensemble de cette démarche - découle du fait que le
ministère du Revenu a reçu une commande quelque
part, soit du ministre des Finances, soit du président du Conseil
du trésor, soit de hauts fonctionnaires de ces ministères, pour
aller chercher 200 000 000 $ dans les poches des citoyens du Québec.
Le ministère s'attaque ainsi à une cible facile. 80% des
personnes qui ont été rencontrées par l'honorable
député de Hull -il y a des dizaines et des dizaines de cas dont
seulement quelques-uns seront portés à l'attention du ministre ce
matin, faute de temps - étaient des personnes âgées, pour
des sommes variant de 300 $ à 2000 $. M. le Président, vous
êtes député comme moi. Imaginez-vous l'impact que peut
avoir une telle réclamation de la part du gouvernement du Québec
chez une personne âgée, qui est à sa retraite et qui se
fait dire: Maintenant, monsieur, vous nous devez 400 $ pour un montant
d'impôt que vous avez omis de payer même si on vous a dit que tout
était normal, que tout était régulier, il y a cinq ans, il
y a six ans, il y a sept ans. Le ministre va me répondre tantôt et
il va me dire: M. le Président, il y a des règles du jeu qui sont
établies. Ce citoyen a des droits. À cet égard, je peux en
témoigner, je suis avocat, le ministre doit savoir pertinemment que,
dans la très grande majorité des cas, ces personnes qui
reçoivent ainsi une réclamation préfèrent la payer
parce qu'on sait que nos lois sur l'impôt et les contestations de
l'impôt font en sorte que le contribuable doit, dans un premier temps,
déposer le montant au greffe du tribunal.
Bien souvent, le fait de revoir, de faire sortir les vieilles
déclarations d'impôt datant de cinq, six, sept, huit, dix ans, peu
importe, de faire faire une analyse par un comptable, une contestation de la
part d'un comptable ou d'un avocat, comme on dit en bon canadien, la peine
emporte le profit. Cela fait l'affaire du ministère. Il est
fréquent que le type, même s'il est en droit de contester et
même de ne pas payer dans la très grande majorité de ces
cas, selon nous, prend son carnet de chèques et paie. Cela est une
façon de procéder qui n'est certainement pas louable de la part
d'un gouvernement pour renflouer ses coffres.
M. le Président, j'ai un exemple ici, celui de M. Charbonneau,
rue Muchmore à Hull, qui devait la somme de 117 $ depuis 1972. En 1972,
il a produit sa déclaration d'impôt. Le gouvernement lui a dit par
un envoi qu'on lui a fait parvenir après la production du rapport,
quelques semaines ou quelques mois après: Monsieur, nous avons
accepté votre déclaration d'impôt telle que
formulée. On vous remercie. Aujourd'hui, on revient, dix ans
après, et on dit: "Monsieur, vous nous devez 117 $; plus les
intérêts, cela monte maintenant à 366,40 $." Qu'est-ce que
M. Charbonneau peut faire? Vous me direz: II peut contester, il y a des moyens
légaux. C'est vrai. Est-ce qu'il va dépenser 700 $ à 800 $
pour contester une réclamation de 366,40 $? Non. Très
fréquemment, dans des cas comme ceux-là, on prend le carnet de
chèques et on paie M. le ministre du Revenu.
J'aurai d'autres cas spécifiques et j'inviterais le ministre et
ses fonctionnaires à tailler leurs crayons. On a plusieurs cas et, M. le
Président, comme député, je suis persuadé que vous
serez sensible à ces cas, parce que ce sont des cas qui sont bien
souvent inquiétants. D'ailleurs, je suis persuadé que vous en
avez eu vous-même dans le comté de Chauveau.
M. le Président, le temps avance. Il me reste seulement cinq
minutes, mais j'aurai l'occasion de revenir. Il y a certaines recommandations
qu'on voudrait formuler au ministre. Nous avons actuellement ici au
Québec un processus lourd et qui est, dans plusieurs cas, onéreux
pour permettre à un citoyen de contester une réclamation qui est
émise par le ministère du Revenu. Aujourd'hui, l'Opposition
recommande tout d'abord qu'une enquête soit menée dans les plus
brefs délais par une personne qui pourrait être nommée par
l'Assemblée nationale du Québec ou encore sur proposition du
premier ministre, mais après consultation de l'Opposition. Cet
enquêteur aurait le mandat de vérifier l'ensemble de cette
démarche ou de ce processus douteux et arbitraire qui a
été enclenché par le ministère du Revenu, et plus
particulièrement par le ministre du Revenu, pas nécessairement
par l'actuel ministre, le député de Rimouski, mais
peut-être par le député de Sherbrooke qui, comme on le
sait, a toujours été assez enclin à accepter de faire des
jobs ou de réaliser des opérations pas toujours louables. On en a
eu un bel exemple avec la première loi qu'il a eu à
présenter comme ministre du Travail, une loi spéciale
préparée par le député de Vanier.
Qu'une enquête soit menée sur les agissements du
ministère du Revenu, sur sa démarche, sur la teneur de cette
démarche, sur ce qu'elle implique, le nombre de citoyens visés et
listés par cette démarche et que cet enquêteur puisse faire
rapport dans les plus brefs délais à l'Assemblée nationale
et aux citoyens du Québec en général. Cela impliquera que
le ministre du Revenu doive, selon nous, surseoir à cette
opération tactique, surseoir aux activités de ce groupe tactique,
ce SWAT, dans les plus brefs délais, surseoir à cette
démarche spéciale qui vise à renflouer de 200 000 000 $
les coffres de M. Parizeau et les poches de M. Parizeau, qui sont pleines de
trous. Que l'information soit accessible aux contribuables qui en feront la
demande.
Je vais vous donner un petit exemple du caractère arbitraire de
vos réclamations et votre haut professionnalisme. Quand je dis
haut professionnalisme, pour le bénéfice des auditeurs,
vous savez que ce n'est pas du tout ce que je pense. J'ai un cas dans mon
comté. La dame exploitait un petit restaurant, un petit
casse-croûte, avec comme spécialité les repas pour
camionneurs; donc, ouvert de 6 heures à 18 heures. Elle a fermé
son commerce en 1977. En 1974, 1975, 1977, elle a produit ses
déclarations d'impôt, elle a produit ses déclarations de
taxe sur l'hôtellerie. Tout a toujours été jugé
conforme et régulier par le ministère du Revenu. Essentiellement,
le ministère du Revenu, quand elle a cessé ses activités,
lui a dit: Tout est conforme, vos versements ont été
déposés de façon régulière. Merci.
On sait que la prescription ne court pas. Si un citoyen omet de
réclamer au ministère du Revenu, après quatre ans, le
ministre du Revenu lui dit: Monsieur, on vous devait peut-être de
l'impôt, mais vous ne nous l'avez pas réclamé depuis quatre
ans: alors, la loi s'applique, la guillotine tombe, c'est final, on ne vous
doit plus rien. Cinq ans après avoir fermé son commerce, cette
dame reçoit une réclamation datée du 27 octobre 1982: Mise
en demeure, objet: Loi concernant l'impôt sur la vente en détail.
"Madame, nos dossiers indiquent que vous avez omis de remettre au ministre du
Revenu la somme de 1150,62 $. À défaut de recevoir, dans les
quinze jours de la présente, le paiement du montant mentionné
ci-dessus, fait payable à l'ordre du ministre du Revenu, des
procédures administratives et/ou judiciaires seront prises contre vous
sans autre avis ni délai. Toutefois, si le paiement a déjà
été effectué - écoutez celle-là, c'est bon!
- auriez-vous l'obligeance de communiquer immédiatement avec le
soussigné afin que nous puissions régulariser votre dossier? Et
c'est signé, M. Michel Bédard, Service du recouvrement." C'est
adressé à une dame Plamondon, de Cap-Santé, dans le
comté Portneuf.
Cela voudrait dire que, même si la personne avait payé ces
1150,62 $, elle aurait été obligée de courir après
vous autres pour vous dire qu'elle vous avait payés? La dame essaie de
rejoindre les fonctionnaires. Elle rejoint M. Bédard et elle lui dit:
Monsieur, écoutez, il y a certainement une erreur, qu'est-ce qui arrive?
J'ai payé mes impôts, j'ai payé mes taxes, j'ai
fermé mon entreprise, tout était conforme, tout était
régulier. Vous me réclamez aujourd'hui 1150,62 $, sans aucune
ventilation de la somme; puis, vous me dites que c'est la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail. Le monsieur lui dit: Oui, c'est
cela, ce sont les informations que j'ai ici. Alors, elle lui dit: Qu'est-ce
qu'il y a de prévu dans le dossier? Quel est le problème? Quels
sont les montants? Est-ce qu'il y a des intérêts? Est-ce qu'il y a
de l'amende? Il répond: Je n'ai pas le dossier, moi. Je suis là,
pour recouvrer les montants. Je suis du Service du recouvrement. Il est
probablement de votre petite escouade tactique, de votre escouade d'urgence
pour renflouer vos poches.
Elle parle un peu avec le monsieur et elle dit: Écoutez, cela ne
peut pas être pour de la vente en détail je ne vendais rien au
détail, dans mon restaurant; même la machine à cigarettes,
c'est un équipement mécanique, et c'est l'épicier qui
payait les taxes et qui avait la responsabilité de cette machine. Le
fonctionnaire, avec beaucoup de professionnalisme, lui dit: Je m'excuse, je
n'ai pas le dossier, cela doit être une taxe pour les repas
d'hôtellerie. Imaginez-vous! Vous réclamez sur la vente en
détail; puis il dit: Je m'excuse, je n'ai pas le dossier, mais cela doit
être de la taxe sur les repas d'hôtellerie. La dame lui dit: Cela
ne peut pas être 650 $ de taxes pour les repas taxables et que je
n'aurais pas payé. Le commerce est ouvert de 6 heures à 18 heures
et c'était exceptionnel qu'on vende des repas pour un montant plus
élevé que le menu du jour qui, à un certain montant, n'est
pas taxable, parce que c'étaient généralement des
camionneurs. D'ailleurs, j'ai vu copie des chèques envoyés au
ministère du Revenu pendant que le commerce fonctionnait; c'était
environ 30 $ ou 35 $ par mois que l'on envoyait au ministère du Revenu
pour des repas taxables, ce qui indique un volume d'environ 350 $ à 400
$ de repas vendus taxables par mois c'est-à-dire de plus de 2,80 $, 2,75
$ ou 3 $, ce qui était le montant du repas minimum non taxable dans le
temps.
Ces personnes sont à la retraite. Elles ont deux
possibilités maintenant. Elles s'en vont voir leur comptable, qui fait
une expertise, ce qui est coûteux et onéreux, ou un avocat en
plus, pour aller contester. Ces gens vont-ils accepter de dépenser 2000
$ ou peut-être un peu moins, mais au moins 1500 $, pour aller
récupérer 1150,62 $ qu'ils ne vous doivent probablement
même pas. Non, ce que font ces gens, il se saignent à blanc, puis
ils prennent le chèque et ils vous paient. Vous, vous êtes bien
heureux, et le PQ est bien heureux, il met cela dans la poche de M. Parizeau,
puis cela aide à raccommoder ses trous. (10 h 30)
M. le Président, les premières recommandations,
c'était la demande d'enquête, c'était de surseoir aux
activités douteuses de votre brigade. On demande que l'information soit
accessible aux contribuables qui en font la demande, et cela de façon
systématique, qu'une information juste, adéquate et
complète soit transmise aux contribuables aussitôt qu'un
problème est rencontré dans un dossier plutôt que d'arriver
avec une réclamation sommaire et générale comme
celle-là.
Nous demandons maintenant que le gouvernement envisage de créer,
par voie législative, et ce dans les plus brefs délais
-d'ailleurs, on sait que le menu législatif de la présente
session n'est pas épais, il y a peu de lois qui y seront
présentées - un tribunal administratif, indépendant du
ministère évidemment, formé de spécialistes
impartiaux, objectifs; en fait, toutes les qualifications ou l'encadrement
requis pour qu'une personne occupe une fonction dans un tribunal administratif.
Nous demandons aussi que ce tribunal administratif permette que les
procédures soient simplifiées au maximum et qu'elles soient sans
frais pour les contribuables. Que, lorsqu'un avis de cotisation ou qu'une
réclamation du ministère du Revenu sera produite, on
enlève l'obligation qui est maintenant impartie au citoyen de
déposer au greffe le montant ainsi réclamé lorsque la
cause est pendante.
Nous demandons, finalement, que ce tribunal administratif soit de
procédure sommaire et simplifiée, le plus possible, un peu comme
la Cour des petites créances où, finalement, un citoyen peut
aller s'expliquer devant l'appareil judiciaire, devant un juge, sans que cela
implique des déboursés énormes. Que ce citoyen puisse
être représenté par un avocat, assisté de
comptables, de spécialistes, s'il le veut, pas de problème, mais
que les procédures de ce tribunal soient simplifiées à un
point tel que le citoyen, personnellement, puisse venir se défendre et
faire valoir son point de vue avec un encadrement le moins rigide possible en
termes de procédures, de réglementations et de codes pour
fonctionner devant ce tribunal administratif. Cette loi pourrait prévoir
un droit d'appel à la Cour provinciale. Que le tribunal soit mis sur
pied dans les plus brefs délais et qu'on lui réfère
immédiatement l'ensemble des cotisations qui sont antérieures
à quatre ans.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je termine
là-dessus.
Le Président (M. Brouillet): Avez-vous encore quelque
chose à ajouter?
M. Pagé: Oui, strictement pour dire que la création
de ce tribunal administratif constituerait un élément important
pour améliorer la relation entre le gouvernement, plus
particulièrement le ministère du Revenu, et le citoyen. Qu'on
humanise un peu ces procédures, ces mécanismes qui permettent
à un citoyen de se défendre devant l'État. Ce serait
probablement beaucoup plus sérieux pour le ministère et plus
concluant de créer un tribunal administratif que de commander des
études très coûteuses à des firmes de
New York, comme vous l'avez fait il y a quelques mois. Entre
parenthèses, vous savez, cela nous fait sourire un peu; on sourit de
peine de voir que ce gouvernement, qui se targue d'encourager les entreprises
québécoises, donne un contrat d'un montant important à une
firme de New York pour qu'elle vienne étudier ici au Québec la
qualité des relations entre le citoyen et l'État.
En terminant, laissez-moi exprimer ma surprise que le ministre
délégué aux Relations avec les citoyens ne soit pas ici ce
matin. Sans être malicieux, je dois vous dire que je croyais qu'il
était normal, qu'on n'avait même pas besoin de le demander, que le
député de Bertrand et ministre délégué aux
Relations avec les citoyens soit ici ce matin. J'ai compris de la nomination
par le premier ministre du Dr Lazure comme ministre
délégué aux Relations avec les citoyens que celui-ci se
devait d'être le défenseur du citoyen dans l'ensemble de
l'appareil gouvernemental. On a des dizaines de milliers de personnes qui sont
actuellement l'objet de tracasseries, de mises en demeure, d'appels pouvant
aller jusqu'à minuit et une heure du matin de la part de l'escouade
tactique spéciale, du commando du ministère du Revenu. Le
ministre délégué aux Relations avec les citoyens, ce grand
protecteur, comme l'a défini le premier ministre quand il l'a
envoyé sur la tablette comme cela, n'est même pas ici ce
matin.
M. le Président, c'est là l'essentiel de mon propos. Je
suis disposé à entendre le ministre en réaction à
mes commentaires généraux. Je donne avis qu'immédiatement
après que le ministre aura terminé moi-même, mon
collègue de Hull et mon collègue de Beauce-Sud aurons plusieurs
dizaines de cas à porter à votre attention en espérant que
vos crayons soient bien "affilés" pour en prendre note et corriger cette
situation qui est non seulement déplorable, mais qui doit être
corrigée dans les plus brefs délais.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre, vous avez la
parole.
Réponse du ministre M. Alain Marcoux
M. Marcoux: M. le Président, M. le député de
Portneuf, je dois dire que je suis heureux que cette question soit
soulevée parce qu'elle va permettre de clarifier un certain nombre de
choses ou d'affirmations qui ont pu être faites dans les mois
passés concernant les actions du ministère du Revenu face
à la perception de ses comptes à recevoir en particulier.
Je pense bien qu'avant d'aborder les attitudes générales
du ministère du Revenu face à l'ensemble de son action de
perception, soit des déductions à la source faites par les
mandataires, soit des déclarations d'impôt soumises par les
contribuables, il vaut mieux aller directement aux questions soulevées
par le député de Portneuf concernant l'action du ministère
du Revenu face à la perception des comptes à recevoir en
souffrance au ministère du Revenu.
La première chose que je dois indiquer, c'est que cette
opération de mise à jour, de mise en ordre des comptes à
recevoir du ministère du Revenu n'a pas commencé en avril, mai ou
juin 1982. Elle a débuté au printemps de 1978, lorsque le
ministre du Revenu - à ce moment-là, le ministre des Finances
actuel était en même temps ministre du Revenu - a
décidé de mettre sur pied un programme spécial de
récupération des comptes à recevoir passés en
commençant par les comptes à percevoir, d'au-delà de 3000
$ qui étaient en retard. Cette opération s'est
échelonnée sur les années 1978, 1979 et 1980, sur trois
ans. Elle a fait en sorte que des citoyens ont versé, ont
remboursé au gouvernement des comptes à recevoir pour un montant
approximatif de 135 000 000 $.
À partir de 1981, l'opération s'est poursuivie pour les
comptes à recevoir de plus de 1000 $. L'opération de 1981-1982 a
été enclenchée et a donné des
récupérations de comptes à recevoir pour environ 124 000
000 $. Ce qui est arrivé cette année, c'est que nous
entreprenons, je dirais, la troisième phase de ce programme de mise
à jour, comme, je pense, tout bon gestionnaire doit le faire, concernant
les comptes à recevoir du gouvernement qui sont inscrits au
ministère du Revenu. Ce qu'il y a de particulier cette fois-ci - et je
pense que ce n'est pas négatif, c'est positif - c'est qu'au lieu
d'engager uniquement des occasionnels de l'extérieur du gouvernement, ce
qui aurait impliqué un coût net supplémentaire, le
ministère du Revenu a sollicité auprès de tous les autres
ministères du gouvernement des noms de gens qui étaient
disponibles, de gens qui accomplissaient un travail peut-être moins
prioritaire à ce moment-là et que le ministère pouvait
rendre disponibles pour d'autres fonctions. Pour parler en langage très
clair ou très simple, on a demandé aux autres ministères
s'ils avaient du personnel dont ils n'avaient pas besoin et qu'ils seraient
prêts à prêter de façon permanente ou temporaire au
ministère du Revenu.
Je dois dire que cette opération est un succès parce que,
sur environ 575 candidats dont la liste nous a été fournie par
les autres ministères, le ministère a actuellement 100 ou 110
personnes qui ont été retenues après évaluation des
dossiers, entrevues, etc., et qui ont accepté de demeurer au
ministère du Revenu de façon temporaire ou permanente. Je pense
que cette activité entre dans une meilleure utilisation des ressources
humaines de notre fonction publique. Ce que cela veut dire, en somme, c'est
qu'il y a peut-être actuellement 300 ou 400 fonctionnaires dans les
différents ministères qui pourraient être disponibles pour
d'autres tâches et qui sont peut-être relativement
inutilisés. En ce sens, la façon dont la continuité de
cette activité - activité qui est commencée depuis 1978,
je l'ai indiqué - s'est faite cette année, je pense qu'elle
marque le souci d'améliorer la gestion de notre fonction publique, de
faire en sorte qu'elle soit mieux utilisée et que chaque fonctionnaire
du gouvernement travaille, en somme, plutôt que d'être mis sur une
tablette ou d'attendre quelque fonction que ce soit.
Quant à la justification de cette démarche
enclenchée déjà depuis quatre ans et qui vise à ce
que ceux qui avaient une dette envers le gouvernement, qui devaient rembourser
une dette au gouvernement la paient, je pense que cela entre simplement dans
notre volonté d'améliorer la gestion gouvernementale des finances
publiques. Je suis convaincu que l'immense majorité de nos concitoyens
ne peut nous le reprocher.
Qu'est-ce qui fait que la situation suscite davantage de questions cette
année? Il n'y a pas que les questions soulevées par le
député de Portneuf. Je peux vous assurer que mes collègues
ministériels, depuis que je suis ministre du Revenu et à
l'époque de mon prédécesseur, le député de
Sherbrooke, ont soulevé des questions sur cette activité,
□nt fait des critiques, des commentaires, émis des opinions. Mais,
lorsque j'ai l'occasion de leur expliquer le sens de cette action, je pense
qu'ils partagent la volonté du gouvernement de mettre de l'ordre dans
ces comptes à recevoir, parce que c'est cela, finalement, l'essentiel de
cette opération.
Il faut distinguer deux choses, les comptes à recevoir et les
avis de cotisation. La loi est très claire. Le gouvernement ne peut pas
aller plus de quatre ans en arrière lorsqu'il émet un avis de
cotisation. Lorsqu'on émet un avis de cotisation, le citoyen - on pourra
y revenir tantôt plus longuement - a des recours comme l'avis
d'opposition qu'il peut émettre et des recours devant les tribunaux
civils s'il ne partage pas la décision rendue à la suite de
l'avis d'opposition. Il faut distinguer complètement cette question des
avis de cotisation et des comptes à recevoir.
Quand vous dites que des citoyens que vous connaissez ont pu recevoir un
avis disant: Vous avez un compte avec le ministère du Revenu qui remonte
à 1970, 1972, 1973, 1974, vous avez parfaitement raison de dire que
cette situation peut se produire. Mais il faut voir que ce citoyen a
reçu, il y a trois ans, cinq ans, six ans, sept
ans, un avis de cotisation qu'à ce moment-là il pouvait
contester, soit auprès du ministère, soit auprès des
tribunaux. Ce que nous faisons actuellement, c'est simplement aller ramasser
l'argent qui est dû au ministère du Revenu. Là où
vous pouvez nous blâmer, c'est de dire qu'il y a eu négligence de
notre part de ne pas avoir pris tous les moyens normaux pour
récupérer ces sommes dues depuis plusieurs années. Je dois
reconnaître qu'il est vrai que, pour un compte à recevoir de
1971-1972, on aurait pu procéder plus rapidement.
Par contre, je dois dire, à la décharge du
ministère du Revenu, qu'on établit des ordres de
priorités. Lorsqu'en 1978, c'est-à-dire peu de temps après
notre arrivée au pouvoir, on a décidé de mettre de l'ordre
dans l'ensemble des comptes à recevoir du ministère du Revenu, on
a commencé par les comptes à recevoir de plus de 3000 $. Par la
suite, cela s'est poursuivi avec les comptes inférieurs à 3000 $.
Et maintenant on est rendu, en somme, à finir de mettre à jour
l'ensemble de ces comptes à recevoir. À la fin de l'année,
vers le 31 mars 1983, la situation des comptes à recevoir au
gouvernement du Québec, par rapport à il y a quatre, cinq ou six
ans, sera complètement différente. Cela nous permettra
d'éviter qu'à l'avenir ne se produise le type de situation que
nous vivons actuellement où on rappelle à des gens qu'un avis de
cotisation a été émis il y a six, sept, huit ans et qu'ils
avaient omis, à ce moment, d'y donner suite et de payer. Je peux vous
assurer que dans la situation... Oui. (10 h 45)
M. Paradis: Si nous me permettez une interruption de quelques
secondes, j'aimerais souligner la présence dans les galeries d'une
délégation d'Algérie qui a à sa tête le
président, M. Bitat. Je voudrais, au nom de l'Opposition, souhaiter la
bienvenue aux gens de l'Algérie qui sont en visite chez nous
aujourd'hui.
M. Marcoux: Cela me fait plaisir de me joindre aux propos du
député de Brome-Missisquoi et au nom du gouvernement, de
souhaiter la bienvenue à cette délégation de
l'Algérie. Je pense que c'est d'autant plus le moment de le faire que
notre collègue, M. Denis de Belleval, remplira une mission permanente,
maintenant, comme vice-président aux affaires internationales de
La-vallin en Algérie. Je pense que votre visite au Québec et
votre passage parmi nous à l'Assemblée nationale même est
d'autant plus de circonstance. Je remercie M. le député de
Brome-Missisquoi d'avoir souligné cette présence aux membres de
l'Assemblée nationale.
Pour revenir au sujet que nous débattons, je peux assurer les
membres de cette Assemblée nationale de ma volonté, de la
volonté de mes collaborateurs, des fonctionnaires du ministère
d'être le plus humains possible dans les ententes à intervenir
avec les citoyens pour le paiement de ces comptes à recevoir. Bien
sûr qu'il est difficile d'arriver à un équilibre entre
l'intérêt général et l'intérêt
particulier de quelqu'un. L'intérêt général, c'est
évidemment que tout citoyen qui doit un compte au gouvernement, donc,
à l'ensemble de cette société, doit le payer.
L'intérêt particulier, c'est le citoyen qui veut,
évidemment, ne pas affecter l'ensemble de sa vie privée et le
payer de la façon la plus étalée possible. Je peux vous
assurer que les fonctionnaires du ministère sont sensibles à
cette question et qu'ils essaient de tenir compte du double objectif, qui est
de récupérer cet argent, ce qui est normal, c'est un dû,
mais, par contre, de faire en sorte que le citoyen puisse continuer à
satisfaire à ses autres obligations.
Je crois qu'il est vraiment important aux yeux de tous les citoyens de
distinguer certaines choses. Tantôt, le député de Portneuf
a dit: Qu'est-ce que le ministère a à revenir trois, quatre ou
cinq ans en arrière, lorsqu'il a accepté la déclaration
d'impôt d'un citoyen? En fait, ce qu'il faut bien comprendre, c'est le
principe de base -et je suis sûr que le député de Portneuf
le connaît - de notre système fiscal. Cela se définit en un
mot: l'autocotisation, c'est-à-dire que chaque citoyen dans notre
système de fiscalité est responsable de révéler la
totalité de ses revenus, revenu de salaire, revenu
d'intérêts, revenu de placements, revenu de pensions, de fonds de
retraite. C'est le citoyen qui a la responsabilité de
révéler la totalité de ses revenus. Quand le
ministère du Revenu, au bout d'un mois ou deux ou trois, après
avoir reçu la déclaration d'impôt, fait un remboursement ou
émet un avis de cotisation, supplémentaire à imposer au
citoyen, ce n'est pas une acceptation de la déclaration d'impôt du
citoyen. C'est simplement sur la base des données qui nous ont
été fournies. En somme, à la suite des additions, des
soustractions que fait le citoyen, nous acceptons que c'est le montant que nous
avons à lui rembourser ou que le citoyen nous doit de façon
supplémentaire, ce qui n'enlève aucunement le droit que donne la
loi au ministère du Revenu de vérifier, et cela, on le fait,
évidemment, épisodiquement. On ne peut pas vérifier 4 000
000 de déclarations d'impôt par année. Il y a environ 4 000
000 de contribuables au Québec, 3 700 000. Si on regarde les mandataires
en plus qui paient la taxe de vente et les déductions à la
source, ce sont environ 4 000 000 de clients qu'a le ministère du
Revenu. On ne peut pas, chaque année, vérifier les 4 000 000 de
clients, mais on le fait de façon systématique pour que, chaque
année, il y ait une proportion de
contribuables dont on vérifie les déclarations
d'impôt. Ceux qui ont des déductions à la source, on
vérifie les remboursements de déductions à la source; ceux
qui font la perception de la taxe de vente, on vérifie les
remboursements de la taxe de vente qu'ils font, pour s'assurer qu'ils
satisfassent aux règles de la Loi sur le ministère du Revenu et
de l'équité fiscale.
C'est dire que l'avis de cotisation qui est émis disant: On
accepte votre déclaration d'impôt, ce n'est pas une acceptation
qui indique qu'on n'a aucun droit de recours, puisque la loi indique qu'on peut
revenir jusqu'à quatre ans en arrière lorsqu'on fait un nouvel
avis de cotisation. Mais les avis de cotisation sont vraiment différents
des comptes à percevoir, parce qu'avant que ce soit transmis comme
compte à percevoir on a émis un avis de cotisation. Le citoyen a
eu le droit de prendre des recours, de s'opposer à cet avis de
cotisation, de contester la valeur des montants impliqués et, s'il loge
un avis d'opposition, que l'avis d'opposition est entendu et ne lui donne pas
raison, il a un recours devant la Cour provinciale pour faire entendre sa cause
par les tribunaux. Pour l'inscription de la cause, c'est 15 $.
Évidemment, il y a d'autres frais, comme vous l'avez indiqué, qui
peuvent être impliqués.
M. Pagé: De temps en temps.
M. Marcoux: Non. Évidemment, lorsqu'on prend un avocat, il
faut le payer, etc. Il y a d'autres frais d'impliqués. Je reviendrai sur
les suggestions que vous avez faites tantôt par rapport à
l'avenir, par rapport au droit du citoyen de faire valoir son point de vue.
En ce qui concerne les cas particuliers que vous avez l'intention de
soulever, je peux vous assurer que je vais les écouter avec la plus
grande attention. Quant à ceux dont vous avez parlé, j'ai
déjà eu l'occasion de lire quelques lettres que le
député de Portneuf m'avait fait parvenir.
M. Pagé: M. le Président, j'écris souvent au
ministre du Revenu. Je m'occupe de mes électeurs qui ont des
problèmes avec vous.
M. Marcoux: D'accord. C'est bien normal. Par rapport au dossier
dont vous avez parlé tantôt, du cas d'une dame qui avait
fermé un restaurant et qui a reçu un compte par la suite,
quelques années plus tard, je me souviens d'avoir lu cette lettre, d'en
avoir accusé réception et d'avoir dit qu'on examinait le dossier.
Mais je veux, quand même, dégager une attitude globale par rapport
à tous les cas particuliers dont vous vous préparez à me
parler ce matin. Je peux vous assurer que je vais vous écouter avec
attention, de même que ceux qui m'accompagnent. Vous connaissez
très bien comme moi la Loi sur le ministère du Revenu, qui
m'impose, je ne dirai pas d'être le plus discret possible, mais d'avoir
une discrétion absolue - ce n'est même pas relatif, c'est absolu -
face à tout dossier individuel de contribuable, de mandataire ou de
corporation. Je peux vous assurer que je suis prêt à
étudier et à analyser avec la plus grande attention tous les
dossiers que vous pourrez me présenter, mais vous comprendrez - et je
sais que vous le comprendrez - que je ne pourrai pas vous donner de
réponse sur les cas particuliers que vous m'indiquez. En effet,
même lorsqu'un député nous écrit, nous transmettons
la réponse au citoyen. A moins qu'il ne mandate son député
et qu'il ne lui donne le droit d'avoir les renseignements, nous ne pouvons
communiquer ces renseignements à nulle autre personne que la personne
impliquée.
Concernant le nombre de personnes -peut-être quelques
réponses précises impliquées par les avis de cotisation
que nous émettons actuellement dans le cadre de ce programme de
perception de nos comptes à recevoir, ce sont environ 125 000 personnes
ou corporations qui sont touchées sur environ 4 000 000 de
contribuables, corporations ou mandataires, ce qui donne quand même
l'ordre de grandeur des personnes impliquées. Environ 2,5% des
contribuables ou des mandataires sont touchés par ces comptes que nous
devons percevoir actuellement. Évidemment, comme je vous l'ai
indiqué tantôt, ce sont des comptes à percevoir. Ce ne sont
pas de nouveaux avis de cotisation; ce sont des avis de cotisation
déjà émis.
Combien de temps me reste-t-ii, M. le Président?
Le Président (M. Brouillet): Deux minutes.
M. Marcoux: Deux minutes?
Le Président (M. Brouillet): Je vous dis ça
rapidement, c'est peut-être un peu plus.
M. Marcoux: Je vais essayer en deux minutes, on va avoir
l'occasion de se reparler plus longtemps, d'esquisser notre attitude face
à l'avenir, face aux citoyens. Je peux vous assurer - il y a à
peine deux mois que je suis ministre du Revenu - que j'entreprends cette
nouvelle responsabilité avec la plus large ouverture d'esprit et la
volonté la plus forte d'écouter avec attention toutes les
suggestions positives qui pourront m'être faites pour améliorer
les relations entre le ministère du Revenu et les citoyens du
Québec.
Quant à la suggestion concrète que le député
de Portneuf a faite concernant la
création d'un tribunal administratif où le citoyen
pourrait faire valoir son point de vue, ses droits, dans un délai court,
dans une formule simple et où il obtiendrait une réponse rapide
lorsqu'il a une opposition à émettre face au ministère du
Revenu, je puis vous assurer que nous l'étudions actuellement. J'ai
demandé aux fonctionnaires du ministère d'accélérer
leur réflexion sur cette question; nous sommes en discussion avec
l'Association québécoise des fiscalistes sur les meilleures
façons de permettre au citoyen de se faire entendre par rapport aux
objectifs que vous avez spécifiés, c'est-à-dire, dans des
délais rapides, dans une formule qui soit simple et peu coûteuse
et qui fasse que le citoyen obtienne une réponse rapide
également.
Évidemment, c'est le genre de réflexion sur laquelle je ne
peux pas dire que, dans quatre semaines, dans deux mois, dans trois mois, nous
aurons trouvé la formule. Mais je peux vous assurer que c'est notre
volonté de trouver des moyens dans ce sens, je pense qu'il faut
être imaginatif et je suis prêt à écouter toutes les
suggestions qui pourront nous être faites. Il y a déjà un
comité conjoint du ministère de la Justice et du ministère
du Revenu, auquel participe l'Association québécoise des
fiscalistes, qui travaille sur cette question.
Quant à la volonté d'améliorer nos relations avec
le citoyen et d'humaniser les rapports du ministère du Revenu, je vais
revenir tantôt - car mon temps est écoulé -sur les efforts
que le ministère du Revenu a faits depuis deux ans et ceux qu'il
envisage de faire dans les prochains mois ou les prochaines années.
Mais il y a un point précis sur lequel je dois revenir, c'est la
question des formulaires d'impôt remplis par le citoyen. Si nous avons
engagé une firme new-yorkaise ainsi qu'une firme
québécoise pour étudier les critiques des citoyens face au
ministère du Revenu et concevoir un nouveau formulaire de rapport
d'impôt, c'est parce que nous étions sensibles à ces
critiques et au fait que les citoyens du Québec nous disaient: C'est
donc compliqué de remplir son rapport d'impôt. Or, on nous
reproche aujourd'hui de vouloir simplifier nos formules.
Je peux vous assurer que nous ne regrettons pas d'avoir engagé
ces deux firmes pour faire cette enquête et élaborer un nouveau
formulaire d'impôt. En 1981, on avait de nouveaux formulaires
d'impôt beaucoup plus simples qu'auparavant et, pour les rapports
d'impôt de 1982, il y aura de nouvelles formules d'impôt encore
beaucoup plus simples, pour que la plupart des citoyens puissent remplir
eux-mêmes leur rapport d'impôt et surtout comprendre la
démarche faite en remplissant leur propre rapport d'impôt. En ce
sens, je pense que ce n'est pas une critique de ce choix-là qu'aurait
dû faire le député de Portneuf, il aurait dû nous
encourager plutôt à poursuivre ce type de démarche que nous
avons entreprise depuis un an ou un an et demi.
Nous aurons l'occasion de revenir sur plusieurs autres points, mais
voilà, je pense, la mise en situation face aux questions
soulevées par le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement, deux minutes, s'il vous plaît, avant de céder
la parole au député de Hull, M. Rocheleau.
Le Président (M. Brouillet): Oui, pour préserver le
droit de parole du député de Hull.
M. Marcoux: Ai-je épuisé mon temps?
M. Pagé: Vous l'aviez largement dépassé.
Le Président (M. Brouillet): Non, M. le ministre, vous
pourriez avoir encore jusqu'à quatre minutes, si vous le voulez.
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse, on ne
perçoit pas les mêmes...
M. Marcoux: J'ai été confondu, le
député de Portneuf me faisait signe depuis déjà dix
minutes qu'il me restait une minute.
M. Pagé: Le ministre a commencé son intervention
à 10 h 25.
M. Marcoux: Je ne sais pas si c'est de l'intimidation ou quelle
méthode vous utilisez, mais...
M. Pagé: Non, on vous laisse ça, on vous laisse
ça à vous et à vos fonctionnnaires.
Le Président (M. Brouillet): Excusez, je voudrais que ce
soit bien clair. Si jamais...
M. Marcoux: Disons que cette commission est davantage un
dialogue, j'inviterais immédiatement soit le député de
Hull ou le député de Portneuf à continuer et je
reviendrai.
Le Président (M. Brouillet): D'accord. Non, c'est que
j'avais laissé le député de Portneuf prolonger son temps
au-delà de ses 20 minutes tantôt, étant donné que
c'est un débat pour lequel on dispose de suffisamment de temps. Mais si
M. le ministre veut reporter à plus tard, c'est très bien. M. le
député de Portneuf.
Discussion libre
M. Pagé: M. le Président, je prends acte de la
confirmation par le ministre du Revenu que c'est non seulement 200 000 000 $,
mais 135 000 000 $ pour les montants réclamés représentant
une facturation de plus de 3000 $, et c'est... (11 heures)
M. Marcoux: De 1978 à 1981.
M. Pagé: Et c'est 124 000 000 $, par la suite,
après 1981, pour les montants de plus de 1000 $, ce qui veut dire un
minimum d'environ 250 000 000 $, plus ce qui est de moins de 1000 $. Ce qui
veut donc dire que l'ensemble des montants que veut recouvrer, dans la poche du
citoyen, le gouvernement du Parti québécois, pour sa
démarche actuelle, est d'environ 300 000 000 $ pour 125 000
personnes.
M. Marcoux: Non. Si vous permettez, pour être bien clair,
tout de suite... Il y a deux démarches qui sont terminées. Une
qui s'est déroulée de 1978 à 1981, qui nous a permis de
retirer sur les comptes à recevoir dp plus de 3000 $ la somme 133 000
000 $. Une que nous avons faites en 1981 et qui, elle aussi, est
terminée, qui nous a permis de recouvrer 167 000 000 $ sur des comptes
de plus de 1000 $. Cela est terminé, ces deux démarches sont
terminées et, c'est fait depuis 1978. La démarche que nous
complétons, en fait, est la troisième et dernière phase de
cette opération de mise à jour de tous les comptes à
recevoir et, actuellement, nous avons environ 70 000 000 $ de
récupérés, depuis le mois d'avril 1982, sur les comptes
à recevoir de moins de 1000 $ et de 1000 $ à 3000 $ parce que, de
1000 $ à 3000 $, il en restait beaucoup.
M. Pagé: De 133 000 000 $, 167 000 000 $ qui sont
déjà ramassés, 300 000 000 $, plus un montant de moins de
1000 $ pour des réclamations qui peuvent être portées
auprès de 125 000 personnes, actuellement, environ 1000 personnes par
comté en moyenne. M. le Président, on prend acte de cette
confirmation.
Il y a une chose à laquelle je dois revenir très
brièvement. Le ministre - et c'est habile de sa part - dit que ses
réclamations s'appuient sur des comptes passés. Ce n'est pas le
cas.
M. Marcoux: Ce n'est pas de l'habileté, c'est de la
réalité et c'est la vérité.
M. Pagé: J'ai bien établi, au début, de
ce...
M. Marcoux: Je ne veux pas faire de l'habileté ici...
M. Pagé: M. le Président, j'ai bien établi,
au début de cette intervention, que la démarche de l'Opposition
ne visait pas à faire en sorte que des gens qui doivent de l'impôt
ou qui ont à payer de l'impôt ne le paient pas. Que ceux qui
doivent de l'impôt qu'ils le paient; mais il y a une chose, par exemple,
c'est que lorsque le gouvernement dit à un citoyen, comme les
députés de Hull et de Brome-Missisquoi vont le démontrer
dans quelques minutes, quand il dit à un citoyen: Monsieur, on a
vérifié votre déclaration d'impôt, c'est conforme,
c'est régulier, on l'accepte, et qu'il n'y a aucun compte
d'envoyé, et, qu'on revient quatre ou cinq ans après pour lui
réclamer 1500 $, 1800 $ ou 2000 $. C'est là qu'on dit que cela
n'est pas correct. On reviendra sur des cas spécifiques tout à
l'heure.
M. le Président, deux petites choses en terminant. Le ministre a
fait référence au cas que je lui avais soulevé, le cas que
j'ai référé ce matin, au restaurant; je ne vous ai jamais
écrit pour celui-là, c'est un autre cas. Si vous voulez le noter,
c'est votre dossier 333-1105-1, c'est un cas parmi plusieurs que j'ai
régulièrement à envoyer au ministre.
En terminant, M. le Président, et avant de donner la parole
à mon collègue de Hull, vous avez fait état, à la
fin, avec beaucoup d'enthousiasme, du nouveau formulaire de déclaration
d'impôt pour l'année 1982 qui sera distribué au
début de 1983. Est-ce qu'il a été rendu public? Est-ce que
le ministre a pris connaissance lui-même de la dernière
édition qui a été envoyée sous presse il y a
quelques jours?
J'ai une autre petite question.
M. Marcoux: Oui.
M. Pagé: Je vais vous la donner,
réfléchissez à cela, jusqu'à ce...
M. Marcoux: Oui, oui.
M. Pagé: On reviendra spécifiquement
là-dessus, parce que cela va peut-être vous obliger à faire
quelques recherches autour de vous. N'est-il pas exact que vous avez des
problèmes, que vous trouvez que cela est assez fastidieux et qu'il n'y a
pas beaucoup de gens qui le comprennent et plusieurs de vos fonctionnaires ont
trouvé que ce nouveau formulaire, qui avait coûté assez
d'argent, est probablement aussi, sinon plus compliqué que les
précédents, malgré l'étude faite par New York,
malgré les coûts d'impression assez onéreux, malgré
que ce soit un document assez intéressant que j'ai, d'ailleurs, soit dit
en passant.
M. Marcoux: Je peux vous dire une chose et je crois que c'est
assez important peut-être de spécifier, de répondre
immédiatement à cette question. J'ai vu le
nouveau formulaire de déclaration d'impôt, qui est sous
presse et qui sera rendu public prochainement. En tout cas, jusqu'à
preuve du contraire, je suis convaincu que c'est une amélioration
importante par rapport aux formulaires précédents. Bien sûr
qu'à l'expérience, s'il y a moyen de l'améliorer encore,
nous le ferons. Cela ne m'étonne pas que certains fonctionnaires aient
pu vous dire qu'ils n'étaient pas enchantés de ce nouveau
formulaire, etc. Bien sûr que lorsqu'on change quelque chose dans un
ministère, c'est certain que cela modifie les habitudes acquises, et je
ne vous dirai pas que tous les changements - j'en parlerai tantôt plus
longuement - que nous faisons au ministère du Revenu depuis un an ou un
an et demi pour mettre au point de meilleurs services à la
clientèle et tous ceux que nous ferons dans l'avenir vont enthousiasmer
tout le monde. Je suis convaincu qu'il y a un large consensus auprès des
fonctionnaires du ministère du Revenu pour travailler dans une
perspective d'amélioration des services à la clientèle et
à la population en général. Je suis convaincu que c'est
normal qu'il y ait des personnes, au ministère du Revenu, qui ne
partagent pas ce même enthousiasme parce que, lorsqu'on fait des
changements, c'est évident qu'on change des habitudes et qu'on oblige
des gens à se parler entre eux, et parfois, avant, chacun avait son
secteur. Ce sont des choses parfaitement humaines. Par rapport aux objectifs
globaux, je suis convaincu que la très large majorité des
fonctionnaires du ministère du Revenu partagent les méthodes que
nous utilisons actuellement pour arriver à améliorer le service
au public et améliorer nos formulaires d'impôt.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. M. le
député de Hull.
Argumentation M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Si nous avons, ce
matin, une question avec débat, c'est à la suite des nombreuses
plaintes que nous avons reçues dans nos comtés respectifs. J'ose
espérer que les membres du Parti québécois à
l'Assemblée nationale ont, eux aussi, reçu des plaintes. On dit
souvent que, à compter du 22 juin, les députés sont en
vacances. Non, effectivement, les députés retournent dans leur
comté et ont à accomplir le boulot quotidien. Au cours de
l'été dernier, de nombreux et nombreuses citoyens et citoyennes
ont communiqué avec moi pour se plaindre de la façon dont le
ministère du Revenu les harcelait. J'emploie le mot "harceler" parce
que, dans certains cas, les gens du ministère ont
téléphoné à des heures tardives, et même
à toutes sortes d'heures, à la suite d'avis de cotisation qui
menaçaient les citoyens de poursuites ou de procédures
judiciaires dans les 15 jours de la réception de la lettre.
J'ai accumulé, au cours de l'été, un nombre
important de dossiers. J'en ai apporté quelques-uns. On n'aura
sûrement pas l'occasion de passer au travers de tous ces dossiers, j'en
ai encore autant à mon bureau à Québec et possiblement
autant à mon bureau de comté. Je pense qu'il est important, ce
matin, de mettre en lumière certains faits et d'informer le nouveau
ministre du Revenu qui, à toutes fins utiles, a récolté le
plat que lui a laissé l'ancien ministre du Revenu, M. Fréchette,
à la suite des commandes données par le grand argentier, M.
Parizeau, qui tente de renflouer son trou actuellement, et procède
à la récupération de sommes d'argent dans la poche des
plus démunis au Québec.
Le ministre mentionne que s'il n'y a pas eu d'avis de cotisation, au
cours des quatre dernières années, le ministère ne peut
pas retourner en arrière de quatre ans, à moins, bien entendu,
qu'il y ait preuve de fraude ou autres. Je n'ai pas l'impression, au
départ, que les citoyens et les citoyennes du Québec sont des
fraudeurs. Je considère qu'il y a une façon abusive de la part du
gouvernement actuel, et plus particulièrement de la part du
ministère du Revenu, de récupérer les fonds qu'il croit
être les siens. On a parlé de personnes âgées, on a
parlé de personnes qui, actuellement, sont bénéficiaires
de l'aide sociale, on a parlé de travailleurs et de travailleuses. Dans
la conjoncture économique actuelle, le premier ministre, hier, faisait
allusion qu'on se retrouvait pratiquement dans les années de la crise de
1929 et 1930 et qu'on connaissait une conjoncture économique absolument
inacceptable, qu'on n'avait jamais eu autant de chômeurs, autant de
personnes bénéficiant de l'aide sociale, autant d'entreprises qui
avaient fermé leurs portes, autant de citoyens et de citoyennes qui ne
savaient pas si, demain, leur emploi leur était assuré. Le
ministère du Revenu, pendant ce temps, veut récupérer des
sommes d'argent importantes.
Je pense qu'il est important, M. le Président, de souligner
certains cas. On n'aura pas le temps de mettre en lumière tous les cas
que l'ensemble des Québécois et Québécoises ont
actuellement à subir de la part du ministère du Revenu. Je pense
que c'est le rôle de l'Opposition de sensibiliser le ministère du
Revenu et, plus particulièrement, le ministre du Revenu au fait qu'il y
a des choses qui se passent au ministère dont il n'est pas
informé, volontairement ou involontairement. Si nous pouvons le
renseigner, ce matin, ce sera au moins cela de fait. S'il y a des modifications
qui peuvent être apportées dans les prochains
jours, les prochains mois, tant mieux. Cela fait partie du rôle
que nous avons à jouer afin de faire respecter le citoyen et la
citoyenne au Québec.
M. le Président, il faut comprendre que l'ensemble des citoyens
du Québec ne sont pas des comptables agréés, n'ont pas
tous des diplômes universitaires, n'ont pas tous un degré
d'éducation qui leur permette de fouiller dans les chiffres et
d'examiner les crédits et les débits suivant les demandes du
ministère du Revenu, selon les demandes qui leur sont faites
actuellement.
Je voudrais parler, en quelques secondes, d'un cas assez particulier,
une personne du troisième âge, très avancée dans le
troisième âge qui, au mois d'avril 1982, recevait par le courrier,
un avis de cotisation sur lequel était mentionné: "Aucun solde
à payer. Nous avons accepté votre déclaration telle que
vous nous l'avez soumise." Il est bien évident que, année
après année, cette personne recevait cette formule à la
suite de sa déclaration d'impôt. Quelques mois plus tard, le 22
octobre 1982, elle recevait un nouvel avis sur lequel il était
écrit: "Tel que demandé dans votre lettre, veuillez trouver
ci-inclus un état de compte des années d'imposition 1972 à
1973." On avait subitement décidé de lui envoyer, pour les
années antérieures, un avis du montant à
récupérer, soit un montant de 527,87 $ pour les années
1972 et 1973. Cette personne a pris sa retraite depuis plus de huit ans. Bien
entendu, lorsqu'on prend sa retraite toutes les petites factures sont
payées. On reçoit mensuellement son chèque de
pensionné et on a l'impression qu'on n'a plus de problèmes pour
le reste de nos jours. On vient lui réclamer 527,87 $. Il avait fait le
ménage dans ses documents antérieurs, ses déclarations
d'impôt antérieures, il avait jeté tout cela au panier en
se disant qu'il n'avait plus de dettes envers personne. Aujourd'hui, on lui
réclame 527,87 $ et on lui donne un temps très limité pour
payer ce montant alors qu'une personne de 72 ans, aujourd'hui, ne
bénéficie sûrement pas d'une retraite ou d'un régime
de retraite convenable tenant compte qu'elle n'a pas pu contribuer à un
régime de rentes qui lui permette de faire honneur à ses
obligations d'aujourd'hui en tenant compte du coût de la vie.
Des cas comme celui-là, M. le Président, sont très
fréquents. Ils sont tellement fréquents qu'on a eu, mes
collègues et moi, des centaines et des centaines de dossiers. On peut
effectivement traiter tellement de cas qu'on se demande si votre ordinateur ne
fait pas défaut.
Je vais souligner un autre cas. Une lettre qui a été
adressée au ministère du Revenu, Service des rôles,
gouvernement du Québec, à l'attention de M. Donat Poissant et
dont copie m'a été envoyée. C'était envoyé
par courrier certifié, vous l'avez donc sûrement reçu. Je
vais vous lire cette lettre; elle décrit quand même une situation
assez pertinente aux efforts que le ministère du Revenu fait dans le but
de récupérer des impôts. (11 h 15) "Le ministère du
Revenu du Québec me transmettait, cet été, à mon
ancienne adresse, 42, rue Pelletier, Hull, une demande en anglais me demandant
de produire une déclaration d'impôt sur le revenu personnel pour
1979-1980. On me transmettait les formulaires en anglais seulement." C'est un
monsieur dont le nom est bien canadien-français pourtant; il s'agit de
M. Pierre Gravel. Peut-être qu'en anglais c'est plus efficace, je ne sais
pas. "Je reçois à l'instant, grâce aux bons offices des
personnes résidant au 42, rue Pelletier, un avis enregistré me
sommant, au nom du ministère du Revenu, de produire ma
déclaration pour les deux années d'imposition mentionnées
plus haut dans les trente jours sous peine des dispositions de la loi
provinciale. À noter que l'avis est uniquement en anglais." Tout cela
pour les années d'imposition 1979 et 1980. "Je réside en Ontario
depuis juin 1979." Il est parti, on sait pourquoi. "En conséquence, j'ai
rempli annuellement, depuis 1979, une déclaration d'impôt unique
et en français pour fins d'imposition ontarienne et
fédérale. Pourquoi, soudainement, après trois ans, me
requérir de produire une déclaration d'impôt en anglais
alors que je n'étais plus résident du Québec depuis 1979?
L'anglais, aux yeux du ministère - évidemment, on parle d'argent
- serait-il devenu la langue de l'efficacité à l'encontre de la
loi 101? Le Québec, et plus particulièrement le ministère
québécois du Revenu, aurait tout à gagner en
efficacité en adoptant la pratique retenue par les autres provinces,
soit la déclaration unique. Que de coûts, que de doubles emplois,
que d'impairs pourraient être évités! Voici une autre
preuve de la désorganisation totale au sein de ce service public."
C'est un résident qui ne vit plus au Québec. Il est parti
jusqu'au moment où le gouvernement changera, peut-être.
J'espère qu'on pourra le récupérer un jour. Il n'en
demeure pas moins que cela dénote, au ministère du Revenu, un
fouillis indescriptible. On demande à des citoyens non résidents
depuis quelques années de produire des déclarations
d'impôt.
Un autre cas très pathétique, celui d'un M. Gosselin,
à Hull, qui avait une petite entreprise qui a fait faillite en 1974; par
la suite, il a fait un infarctus et il est très malade. On lui a
envoyé, le 17 septembre 1982, une lettre disant qu'il a omis de remettre
au ministre du Revenu la somme de 2511,07 $. "À défaut de
recevoir dans les quinze jours de la présente le paiement du montant
mentionné ci-dessus, à l'ordre du
ministre du Revenu du Québec, des procédures
administratives ou judiciaires seront prises contre vous sans autre avis ni
délai." Le monsieur en question aujourd'hui, malheureusement, vit de
l'aide sociale et reçoit à peine le montant mensuel
nécessaire pour lui permettre de payer sa nourriture, son loyer, son
électricité, son téléphone et on tente de lui
réclamer 2511 $. C'est un cas d'assistance sociale et c'est une personne
de l'âge d'or.
De la façon qu'on procède, c'est absolument aberrant,
c'est inacceptable. On fait des appels téléphoniques, coup sur
coup, et on demande d'être payé dans les plus brefs délais.
On invite même l'épouse de ce monsieur à retourner sur le
marché du travail, alors qu'elle dépasse les 60 ans, pour aller
gagner de l'argent afin de payer le ministère du Revenu. Je pense que ce
sont des mesures absolument inacceptables.
Voici un autre cas que je voudrais que vous écoutiez d'une
façon tout à fait attentive.
M. Marcoux: Je peux vous assurer que je les écoute
tous.
M. Rocheleau: Avec toute l'attention que cela mérite. Une
dame Leblanc, habitant sur la rue Jolicoeur, à Hull, s'est vu
réclamer, au mois de septembre 1982, un montant de 1164,12 $. Cette
personne prétend avoir payé ses impôts. Elle a dit à
un M. Roland Laporte, comme référence, qu'elle avait toujours
payé ses impôts et qu'elle ne comprenait pas qu'elle recevait,
aujourd'hui, du ministère du Revenu un avis de cotisation ou un rappel
de perception alors qu'elle n'avait jamais reçu antérieurement
aucun avis d'aucune sorte. Mme Leblanc a fait les recherches qui s'imposaient
dans le but de lui éviter de payer une somme semblable. Elle a fait
parvenir, effectivement, au ministère du Revenu la photocopie des
chèques qu'elle avait payés tenant compte des montants qui
étaient réclamés pour 1973-1974. À ce moment, on
l'a référée au centre à Montréal, à
un M. Latulippe, et il lui a envoyé les détails
informatisés du montant de 1164,12 $. On est rendu à un montant
de 214 $ maintenant. On lui dit d'oublier le reste, qu'il a dû y avoir
une erreur en informatique et que cette personne, ce n'est pas 1164,12 $
qu'elle devrait, ce serait 214 $, dont 66,94 $ pour 1975, 7,10 $ pour 1976 et
139,96 $ pour 1977.
M. le Président, je pense qu'on ne peut pas se permettre de
simplement donner des réponses semblables. Si cette personne n'avait pas
cru opportun, n'avait pas retrouvé, dans ses dossiers, les
chèques qu'elle avait fait parvenir au ministère du Revenu
à l'époque, on l'aurait obligée, tout simplement, à
payer 1164,12 $. À ce moment, c'est au citoyen de faire la preuve et,
pour de nombreux citoyens et de nombreuses citoyennes, ils n'ont plus de
preuves. Le ministère nous dit simplement qu'il va envoyer une formule
quelconque, un rappel quelconque en disant que, pour telle année ou
telle année, il y a un montant X plus les intérêts, ainsi
de suite. Je pense que c'est une aberration complète. Comme mon
collègue de Portneuf, Michel Pagé, le disait tantôt, ceux
qui doivent de l'argent au ministère du Revenu, c'est un fait, ils
doivent payer, mais la façon dont on procède actuellement au
ministère du Revenu, c'est absolument inacceptable.
Quand on parle de saine gestion dans une réponse à la
suite des déclarations que j'avais faites le 1er octobre, je m'excuse,
M. le Président, c'est de la très mauvaise gestion. J'ose
souhaiter que le ministre du Revenu puisse réviser sa position afin de
ne pas continuer à pénaliser des personnes qui n'ont jamais
reçu d'autres avis de cotisation. J'ai un cas ici des plus
pathétiques, M. le Président. J'ai reçu cette dame
à mon bureau, je n'en croyais pas mes yeux. J'ai dit: Cela ne se peut
pas que cela puisse arriver. On tente même de déterrer les morts,
est-ce assez effrayant? C'est absolument inacceptable. Un monsieur qui est
décédé au mois d'août 1974, on réclame
à sa veuve, aujourd'hui, des arrérages d'impôt pour
1969-1970.
Je me permettrai de vous lire la lettre que cette personne m'a fait
parvenir. "M. le député, ceci est pour vous informer que, moi
aussi, j'ai reçu une lettre du ministère du Revenu du
Québec me demandant la somme de 576,26 $ et cette demande concerne mon
mari qui est décédé depuis huit ans, le 18 août
1974. J'ai écrit au ministère du Revenu et on m'a
téléphoné, par la suite, pour me dire qu'on n'avait pas
d'autres détails à me fournir et que je devais payer. Je n'avais
jamais reçu d'autre avis avant cette lettre. Je vous demande, s'il vous
plaît, si vous ne pourriez pas faire quelque chose pour moi. Je suis
veuve et je suis retournée au travail à l'âge de 50 ans
pour ne pas être au crochet de la société. Si
j'étais sur l'aide sociale, je n'aurais probablement pas à payer
cette somme. Excusez le ton choquant, mais je ne peux faire autrement. Merci de
votre attention à cette demande."
M. le Président, des témoignages et des cas semblables, on
en a de partout. Dans mon comté, j'ai eu combien de cas semblables? On
essaie de faire payer des impôts par une veuve en prétendant que
le mari, décédé depuis huit ans, ne les aurait pas
payés. Alors que cette personne, au décès de son mari, a
accepté la succession, une maigre succession qui comportait une
assurance de 2500 $ qui a servi pour enterrer son mari et payer les petites
factures qui traînaient, aujourd'hui, après huit ans, on
tente de déterrer les morts, M. le Président. C'est une
aberration absolument totale. Quand j'ai vu ce cas en particulier, j'ai dit:
Cela ne se peut absolument pas que le ministère prétende que des
avis de cotisation ont été envoyés annuellement à
toutes ces personnes depuis le nombre d'années que l'on mentionne.
C'est faux, M. le Président. Je connais des personnes qui
pourraient venir jurer, nous remettre des affidavits confirmant qu'elles n'ont
jamais reçu antérieurement d'avis d'imposition, de cotisation ou
quoi que ce soit. Aujourd'hui, on sort cela d'en dessous des tablettes et on
tente de récupérer de l'argent, dans la situation
économique que nous connaissons, alors que tout le monde s'arrache le
coeur pour arriver à joindre les deux bouts. C'est un cas qui est, je
pense, très pathétique, M. le Président. Pour l'amour du
bon Dieu, cela a-t-il du maudit bon sens quand vous pensez à cela?
Combien y a-t-il de cas semblables qui traînent au Québec? Je vous
avoue que, lorsque j'ai eu connaissance de ce cas en particulier - je ne suis
quand même pas tellement sensible de nature - j'étais
poigné quasiment les yeux pleins d'eau, parce que je me suis dit: Cela
n'a pas de maudit bon sens! C'est la gestapo direct au Québec. On tente
de vous virer à l'envers par des processus absolument inacceptables. Le
ministre a eu des témoignages vivants en commission parlementaire sur le
revenu, la semaine dernière, au sujet des pourboires des serveuses et
des serveurs dans le domaine de la restauration. On est parti après eux
aussi. Il y a eu M. Jolin, de Québec, qui est venu témoigner.
Mais c'était à crier! C'était à faire peur, les
déclarations qu'il a faites!
Le ministre, ce n'est certainement pas lui qui essaie de
récupérer de l'argent de 125 000 citoyens au Québec. Je le
sais, c'est M. Parizeau qui a passé cette commande. On a augmenté
les taxes sur l'essence, les taxes sur l'électricité et,
maintenant, on récupère des impôts. La commande est entre
les mains du ministre du Revenu. Il n'est peut-être pas là pour
longtemps. D'après moi, plusieurs ministres du Revenu passeront au cours
des prochains mois ou au cours des prochaines années, parce qu'ils ont
à faire face à de maudits mandats. M. le Président,
j'aurai l'occasion de revenir tantôt sur d'autres cas, s'il me reste
quelques minutes, bien entendu.
Le Président (M. Brouillet): Je vous ferai remarquer, M.
le député, que vous avez déjà écoulé
votre temps. Vous l'avez même dépassé de quelques minutes.
Je crois que vos collègues pourront peut-être épouser vos
cas. Ils en ont probablement, eux aussi. Pour le moment, je vais donner la
parole à M. le ministre.
M. Alain Marcoux
M. Marcoux: Évidemment, comme je l'ai dit tantôt,
comme ministre du Revenu, la loi m'interdit de révéler toute
donnée sur un individu en particulier, sauf à des personnes
mandatées pour le défendre, mais je pense, à partir des
cas que vous avez énumérés, qu'il y a quand même des
leçons ou des attitudes qu'il faut dégager.
Il y a certains points que j'aimerais reprendre dans ce que le
député de Hull a soulevé. Le premier point que vous avez
mentionné concerne un de vos concitoyens qui a reçu un formulaire
en anglais, alors qu'il porte bien un nom français. Je peux vous assurer
que la méthode que nous utilisons pour déterminer si c'est un
formulaire anglais plutôt qu'un formulaire français que nous
envoyons aux citoyens, ce n'est pas le jugement d'un fonctionnaire qui
détermine que, d'après le nom qu'il a, il est francophone, que
l'autre, d'après son nom, est anglophone ou que lui, c'est un Italien
qui parle peut-être français ou un Grec qui parle peut-être
anglais. Le seul critère que nous avons, c'est la déclaration
d'impôt que ce citoyen a remplie l'année précédente.
La dernière déclaration d'impôt que nous avons, en quelle
langue est-elle? Dans ce cas comme dans les autres, je suppose que la personne
dont vous avez mentionné le nom avait rempli sa dernière
déclaration d'impôt au Québec en anglais. C'est
automatique, à ce moment-là, la machine lui envoie un formulaire
de déclaration d'impôt en anglais. Je pense que c'est la
règle que nous utilisons. Je ne dis pas qu'il n'y a jamais d'erreur, que
quelqu'un qui nous envoie une déclaration d'impôt, une
année, ne pourra pas recevoir de formulaire de déclaration
d'impôt en anglais, l'année suivante, mais je peux vous assurer
qu'avec la règle est là et on respecte entièrement
l'esprit de la loi 101 qui veut que, pour le service au citoyen, c'est le
citoyen qui détermine dans quelle langue il veut avoir des formulaires
ou des renseignements du gouvernement. Alors, c'est la règle que nous
appliquons. (11 h 30)
En ce qui concerne le cas d'une personne bénéficiaire
d'aide sociale qui reçoit un compte du gouvernement, de deux choses
l'une. Cela peut aller jusqu'à la suspension temporaire du compte,
jusqu'à ce que la situation financière de la personne soit
modifiée ou, si la personne a d'autres revenus ou des revenus minimes,
souvent il peut y avoir une cotisation minime de quelques dollars ou de
quelques dizaines de dollars. Mais cela peut aller jusqu'à la suspension
temporaire du compte, particulièrement dans le cas des
bénéficiaires d'aide sociale.
À partir du cas que vous citez d'une personne malade, qui a fait
faillite en 1974
et qui est bénéficiaire d'aide sociale actuellement,
c'est, évidemment, le genre de situation où, à la suite de
la réception de son compte, en entrant en contact avec la personne qui
est identifiée sur le compte qu'elle reçoit, on peut en arriver
à une entente. Dans ce cas-là, l'entente peut aller
jusqu'à la suspension temporaire du compte.
Pour l'autre dossier, vous avez mentionné qu'une personne
reçoit un compte très élevé et qu'elle a des
preuves indiquant qu'elle a déjà payé, sous forme de
chèque, la totalité ou une bonne partie de ce compte. Je peux
vous assurer que c'est évident que, dans une machine où il y a 10
000 000 de transactions par année, des erreurs peuvent se produire.
C'est pourquoi aussi, pour améliorer le service avec les concitoyens, le
ministère du Revenu - qui n'en avait pas jusqu'à tout
récemment - depuis le passage de M. Clair comme ministre du Revenu, a
ouvert des bureaux régionaux pour permettre aux citoyens d'aller
s'informer sur les détails, les motifs qui ont fait qu'on a
envoyé tel compte ou tel avis de cotisation, obtenir toutes les
explications et, si les explications sont satisfaisantes, présenter un
avis d'opposition.
Dans ce cas, je suis heureux de constater que, à la suite de la
réception d'un compte - disons erroné, si je me base sur les
informations que vous me donnez - le ministère a reconnu qu'il a fait
une erreur et que, au lieu de 1700 $, c'était 200 $ que la personne
devait. L'exemple que vous me donnez illustre, justement, ce que j'affirmais
tantôt, que les fonctionnaires du ministère sont là pour
collaborer avec les citoyens pour à la fois faire payer ceux qui doivent
de l'argent au gouvernement et, par contre, dans un cas où quelqu'un a
payé, annuler une partie ou la totalité du compte. Ce que vous me
dites démontre, justement, que les fonctionnaires du ministère du
Revenu agissent humainement.
Cependant, vous avez raison quand vous dites: C'est un signe de
très mauvaise gestion - on pourrait nuancer, mais ne nous chicanons pas
sur les mots - d'être obligé de retourner à 1972 ou 1973
pour percevoir des comptes. Je vais vous donner raison d'emblée et c'est
pour cela que, depuis 1978, on a mis en marche, en commençant par les
plus hauts comptes à percevoir, ce programme de bonne gestion. Il s'agit
de mettre de l'ordre dans nos comptes à percevoir pour faire en sorte
qu'on ne soit plus poignes, dans un an ou dans deux ans - c'est cela, notre
objectif - avec des comptes datant de huit ou dix ans. En ce sens, depuis 1978,
nous faisons en sorte que le genre de situation que vous dénoncez ne se
produise plus dans l'avenir. C'est pour cela qu'on fait le ménage dans
nos comptes à recevoir.
Mais je n'ai pas le pouvoir - et je suis convaincu que ce n'est pas ce
que vous demandez, si j'ai bien compris ce que vous avez dit - d'annuler des
comptes à percevoir. En effet, quelle équité fiscale y
aurait-il par rapport aux autres citoyens qui, eux, lorsqu'ils ont reçu
un avis de cotisation ou un compte, l'ont payé au ministère du
Revenu? Quant à l'amélioration de notre gestion que nous avons
à faire, je peux vous assurer que c'est ce dont nous avons pris
conscience en 1978 et c'est ce que nous faisons depuis ce temps.
Déjà, nous constatons que, pour les comptes à percevoir
que nous avons maintenant, leur date est beaucoup plus récente. La
proportion de comptes à percevoir d'un an ou de deux ans a
augmenté considérablement par rapport aux comptes qui dataient de
sept ans, de huit ou de dix ans, depuis que nous avons fait cette
opération. En ce sens, je peux vous assurer que vos propos rejoignent
mon intention, comme ministre du Revenu, et celle de mes
prédécesseurs de faire en sorte que les comptes à recevoir
au ministère du Revenu cessent d'être en retard plusieurs
années et qu'on perçoive le plus rapidement possible nos comptes,
ce qui, aussi, nous aide dans la possibilité de recouvrer le montant
total.
En ce qui concerne l'exemple que vous donnez, c'est-à-dire la
succession où il y a une dame dont l'époux est
décédé qui reçoit un compte de quelques centaines
de dollars plusieurs années après, je vous avoue que c'est le
genre de situation humaine qui est difficile à vivre et que je comprends
très bien. Je peux vous assurer que, lorsque vous avez parlé
d'avis annuel, tantôt, je n'ai jamais dit que les citoyens recevaient un
avis annuel du compte à percevoir. Ce que j'ai affirmé, c'est
qu'ils avaient reçu des avis de cotisation ou qu'ils avaient reçu
il y a peut-être quelques années, l'avis du compte à
percevoir qu'ils devaient payer. Je peux en donner l'assurance, mais c'est
évident qu'on n'a pas donné d'avis annuel. En ce sens, il y a
certainement des améliorations à apporter à notre gestion
et c'est ce que nous faisons actuellement.
Pour la situation des travailleurs au pourboire on pourrait y revenir
longuement, mais on a passé trois jours ensemble, la semaine
dernière. Quant à l'exemple que vous donnez, à propos de
M. Jolin, je pense qu'il a été un bon exemple de ce que vivent
les travailleurs et les travailleuses au pourboire. C'est ce que nous avons
l'intention de changer, puisque je me suis engagé à faire en
sorte que le statu quo soit modifié. À ce compte, j'espère
bien avoir l'appui de la totalité des membres de cette Chambre pour
arriver à trouver une formule qui soit juste et équitable pour
les travailleurs au pourboire et pour l'ensemble des contribuables.
Je peux vous dire que celui qui a fait le mauvais passage dont vous
parlez à M. Jolin, qui l'a traîné dans les journaux et
qui
a diffusé son cas partout, etc., ce que je n'ai pas l'intention
de faire, c'est le gouvernement fédéral. Vous auriez dû
avoir l'amabilité de le dire parce que, si le cas de M. Jolin aété étalé dans les journaux, la Presse, etc.,
durant plusieurs mois, sinon quelques années, ce n'est pas par le
gouvernement du Québec. Je peux vous assurer de notre volonté de
faire en sorte que les dossiers des citoyens concernant l'impôt, quant au
gouvernement du Québec demeurent dans la plus stricte
confidentialité comme nous l'impose la loi.
Je reconnais, en somme, d'emblée, pour les cas que vous nous avez
cités, qu'il y a des modifications à faire dans notre gestion.
C'est ce à quoi nous nous employons déjà depuis 1978 et,
plus particulièrement, depuis deux ans. Dans cette perspective
d'améliorer les services à la clientèle, j'ai dit
tantôt que nous avons ouvert, depuis déjà deux ou trois
ans, des bureaux régionaux. Nous avons l'intention d'en ouvrir d'autres
parce qu'on est convaincus que c'est en rapprochant les services des citoyens
qu'on va pouvoir mieux répondre à leurs questions. Aussi, on veut
responsabiliser davantage, dans l'avenir, ces bureaux régionaux. Pour
cela, il nous faut adopter des changements majeurs. Les systèmes du
ministère du Revenu pour contrôler l'ensemble des impôts des
4 000 000 de contribuables sont des sytèmes très
centralisés en ce qui concerne l'informatique et le style de gestion. Il
nous faut, maintenant - la nouvelle technologie, la révolution
technologique va nous le permettre - se doter de nouveaux instruments, entre
autres dans le domaine de l'informatique et de la bureautique, qui vont
permettre de prendre des décisions de manière
régionalisée, de façon décentralisée. Ce
sera peut-être, vérifié et contrôlé au centre,
mais il faudra que les décisions soient prises là où elles
peuvent être prises, c'est-à-dire proche du citoyen. Mais - ce
n'est la faute de personne - les systèmes mis en place, au
ministère du Revenu depuis le début des années
soixante-dix, sont basés sur une période informatique ou on
emmagasinait, au centre, toutes les informations. En conséquence, toutes
les décisions devaient être prises au centre.
On entre dans une nouvelle ère de révolution technologique
où on peut multiplier les pôles de décisions, les
régionaliser, les déconcentrer, parce qu'on aura de nouveaux
moyens. Je peux vous assurer que, dans les deux ou trois prochaines
années, le ministère du Revenu est décidé à
se doter de ces nouveaux équipements. Évidemment, ce sont des
coûts, mais ces coûts vont nous permettre d'améliorer notre
relation avec les citoyens et avec la clientèle. C'est beau de parler de
la relation avec les citoyens; je puis vous assurer que c'est devenu, depuis un
an et demi ou deux ans, la priorité du ministère du Revenu qui a
ouvert une direction complète des services à la clientèle
et au public. Mais, pour ne pas simplement en parler, il faut se doter de
moyens techniques, de moyens concrets pour y arriver. Quand le ministère
reçoit 20 000 lettres par semaine, vous pouvez vous imaginer que,
simplement pour envoyer un accusé de réception, cela ne peut pas
être fait de façon artisanale. Évidemment, il faut se doter
de moyens de bureautique en particulier qui nous permettent d'atteindre ces
objectifs que je partage avec vous. Je ne veux pas être long, je
préfère continuer le dialogue. Je reviendrai sur d'autres points
que vous avez pu soulever à l'occasion des autres échanges.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: Merci, M. le Président. Dans un premier temps,
vous me permettrez de remercier le député de Portneuf, whip du
Parti libéral, qui a inscrit, ce matin, cette question qui se lit comme
suit: "Les politiques et les pratiques administratives et réglementaires
qui donnent lieu à des vérifications et à des
enquêtes entraînant l'envoi d'avis de cotisation spéciaux ou
additionnels à de nombreux contribuables." Je remercie également
le ministre et son équipe d'avoir fait preuve d'une grande
disponibilité dans le débat jusqu'à présent.
Ces remerciements, je les fais parce que, comme députés
d'un comté rural, on s'est aperçu au cours des deux
dernières années, que le nombre de nos électeurs, le
nombre de nos concitoyens qui venaient nous rendre visite avec des
problèmes qui provenaient du ministère du Revenu s'accroissait de
semaine en semaine. C'est devenu une des priorités du bureau de
comté. C'est devenu un des gros dossiers des bureaux de comté.
Lorsqu'on est député, on se rend compte, à un moment
donné, que plus un ministère est mal géré moins ses
relations sont bonnes avec la population et plus on a de cas à notre
bureau de comté. Cela pourrait être vérifié. Je suis
certain que les députés ministériels sont d'accord avec
cet énoncé. Je suis surpris qu'aucun d'entre eux, ce matin,
n'intervienne pour dire à son ministre ce qui ne fonctionne pas dans le
ministère.
M. Marcoux: Je peux vous dire...
M. Paradis: M. le ministre, je ne veux pas vous en tenir rigueur
personnellement, parce que vous êtes nouvellement arrivé.
M. Marcoux: M. le député de Brome-Missisquoi,
tantôt vous avez manqué les
quelques premières minutes de notre discussion, ce matin. J'ai
dit au député de Portneuf que le type de remarques ou de
discussions que nous avions ce matin, mes collègues m'en entretenaient
constamment depuis que j'étais ministre du Revenu et mon
prédécesseur aussi. Je ne suis pas étonné du genre
de questions et de préoccupations que vous avez.
M. Paradis: D'accord. Cela confirme donc l'ampleur du
problème.
Une voix: Ils sont préoccupés, mais pas ici.
M. Paradis: Vu que j'ai seulement vingt minutes à ma
disposition, je vais commencer immédiatement avec un cas bien
précis, bien concret. Le ministre nous a dit que ce n'était pas
si tragique que cela, les retours en arrière. Le ministre nous a dit
qu'on ne reculait pas si loin que cela, qu'on s'occupait des fraudeurs en
arrière. M. le Président, si vous étiez rendu - ce n'est
pas votre cas - à l'âge de la retraite et que vous receviez un
état de compte que je vais vous lire comme suit, quelle impression
auriez-vous du ministère du Revenu du Québec? C'est
adressé à quelqu'un de mon comté: Année
d'imposition: 1962. Impôt: 26,06 $, intérêt: 7,29 $.
Année 1963, impôt: 8,87 $, intérêt: 5,66 $.
Année 1964, impôt: 7,21 $, intérêt: 4,60 $.
Année 1965, impôt: 41,43 $, intérêt: 26,44 $.
Année 1966, impôt: 214,99 $, intérêt: 136,67 $.
Année 1967, impôt: 82,53 $, intérêt: 51,88 $.
Année 1968, impôt: 261,73 $, intérêt: 226,07 $.
Année 1969, il n'y a pas d'impôt, mais c'est écrit, pour
l'intérêt, 1 ATT - peut-être "en attendant" -4,01 $. Total:
impôt: 642,82 $, intérêt: 471,95 $. (11 h 45)
De quelle façon, cette personne - si c'était vous -
pourrait-elle contester ce compte? Premièrement, comment contestez-vous,
si vous avez encore des documents à partir de 1962, une cotisation
arbitraire de 26,06 $ avec un intérêt de 7,29$? Que font ces
citoyens qui ont atteint un certain âge et qui craignent un peu
l'appareil gouvernemental? Ils paient. Mais est-ce que ces sommes-là
sont dues? De quelle façon le ministère en arrive-t-il à
établir qu'en 1962 - on est en 1981 lorsqu'il reçoit l'avis
-c'est un montant de 26,06 $?
C'est peut-être ce qui faisait dire à un journaliste du
journal Le Droit, le 5 octobre 1982, en parlant de mon collègue, le
député de Hull, ce qui suit: "Les problèmes
soulevés par le député Rocheleau sont beaucoup plus
graves, car ils découlent de l'état
désespéré des finances publiques au Québec et de la
détermination du gouvernement Lévesque de percevoir jusqu'au
dernier sou qui lui est dû. En théorie, on se saurait l'en
blâmer, mais la pratique donne lieu à des aberrations
bureaucratiques qui vont du burlesque au tragique. Faut-il parler d'acharnement
ou de bêtise lorsque, d'après certains cas soulevés par le
député de Hull, le gouvernement va fouiller dans les rapports
d'impôt qui datent d'une dizaine d'années? (Là il n'avait
pas vu mon cas de 1962.) Et que dire lorsqu'il s'agit de retraités?
Incurie, incompétence, aveuglement ou désespoir. Pourtant, nos
gouvernements perdent des revenus infiniment plus importants de bien d'autres
façons."
J'aimerais que vous m'expliquiez, M. le ministre, lorsque vous
répondrez, comment on peut expliquer un tel dossier. Le ministre nous a
parlé d'humaniser les rapports, de rendre son ministère
accessible aux citoyens. Je vais vous donner un autre cas, M. le
Président, un cas qui vous démontrera combien le ministère
du Revenu du Québec est devenu accessible, combien, depuis 1978, ce
ministère est devenu humain. Le 9 novembre 1982, visite d'un
contribuable au bureau du député. Appel à Québec
dans la même journée. Diane Dufresne, une des fonctionnaires, nous
dit que le dossier est à Montréal et qu'on doit appeler à
Montréal. Le 9 novembre 1982, la même journée, le
téléphone est occupé toute la journée, le matin et
l'après-midi. Pendant que le député fait son bureau de
comté, il demande à sa secrétaire d'appeler de
façon continue. Le 10 novembre 1982, le matin et l'après-midi, la
secrétaire est au bureau et ne peut obtenir une ligne. Le Il novembre
1982, on obtient une ligne. L'enregistrement nous dit: "Vous êtes en
attente. Ne quittez pas." Il est 13 h 30. C'est un interurbain. À 13 h
45, l'attente se termine et la personne qui répond dit qu'il semble
qu'il n'y ait pas de déclaration d'impôt au dossier. Dans ce
cas-là, après vérification, comme on le verra plus tard,
il y en avait. Elle nous demande de dire à la personne d'être
patiente et que, si elle a fait une déclaration, elle recevra son
remboursement.
Le 15 novembre 1982, la personne revient au bureau au cours de
l'après-midi. On tente de contacter Montréal, mais la ligne est
toujours occupée. Le 16 novembre 1982, de 9 heures à 16 h 30, la
secrétaire du député appelle constamment. C'est toujours
occupé. Le 17 novembre 1982, de 9 h 30 à midi, c'est toujours
occupé. De 13 heures à 14 h 30, toujours occupé. À
14 h 30, le célèbre enregistrement: "Vous êtes en attente."
À 14 h 40, on réussit à parler à un fonctionnaire
qui nous informe qu'il a le dossier et que la personne devrait être
remboursée dans les meilleurs délais. Le 17 novembre 1982, ma
secrétaire dit au contribuable d'écouter le ministre, qu'il y
aura une question avec débat à l'Assemblée nationale.
J'aimerais que vous répondiez à cette personne.
C'est peut-être également ce qui faisait
dire au même journaliste dans le journal Le Droit ce qui suit:
"L'auteur de ces lignes -le journaliste, pas un député
libéral - a tenté à des dizaines de reprises au cours des
deux dernières semaines d'obtenir la communication avec le bureau
régional de Revenu Québec, sans succès jusqu'à ce
que, au moment d'en faire une démonstration à un collègue,
on ait répondu. Surprise, étonnement, confusion! Le
problème n'est pas nouveau, l'histoire se répète tous les
ans. Un avis de cotisation, à la formulation vague ou erronée,
suggère d'appeler au bureau régional de Revenu Québec pour
plus de renseignements." Écoutez bien cela, M. le ministre, vous en
parlerez à votre collègue, le ministre des Finances. Les chances
d'obtenir une réponse au premier appel feraient pâlir d'envie les
gens de Loto-Québec. C'est peut-être la raison pour laquelle le
député de Sherbrooke, votre prédécesseur,
s'intéressait tant aux casinos. Il y avait plus de chances de gagner au
casino que de rejoindre un employé de son ministère.
On pourrait, comme députés, vous énumérer
des cas et des cas, mais on va tenter de dégager quelques principes qui
découlent d'autres cas et de l'implication des associations sans but
lucratif avec le ministère du Revenu du Québec. J'ai parlé
l'an passé - et votre prédécesseur était
très au courant - d'un dossier impliquant un local de Chevaliers de
Colomb de mon comté qu'on a cotisé pour une taxe de vente;
à leur local, ils vendaient de la bière et ils n'avaient pas fait
les remises. Les gens étaient disposés à payer le compte
qui était aux alentours de 1500 $. Les Chevaliers de Colomb n'avaient
pas ces disponibilités financières immédiatement. Ils ont
offert au ministère de prendre entente. Ils n'ont pas essayé de
se sauver ou de déménager le siège social des Chevaliers
de Colomb de mon comté en Ontario; ils ont voulu prendre entente.
Savez-vous ce que le ministère a fait? Il n'a pas pris entente,
il a saisi le compte de banque des Chevaliers de Colomb et il a dit:
Après cela, on discutera. Est-ce la confiance que vous avez en la
population? Est-ce cela, humaniser le ministère du Revenu? Vous en
parlerez au député de Sherbrooke. Je l'ai sensibilisé au
problème personnellement. J'en ai parlé en Chambre lorsqu'il a
fait une motion pour le 100e anniversaire des Chevaliers de Colomb. Je lui ai
dit que cela se traduisait dans des gestes concrets. Mais on a saisi le compte
de banque.
Qu'est-il arrivé, au cours des derniers mois, lorsque le
ministère a apporté des modifications à la loi sur la taxe
de vente, aux associations sans but lucratif qui organisent des
événements à des fins charitables? Qu'est-ce qui est
arrivé lorsque vous avez modifié vos dispositions pour obliger
ces gens à payer une taxe de vente? Je vais vous dire ce qui est
arrivé, M. le ministre. Quand vous voulez que des choses soient sues et
connues par la population, vous faites des communiqués de presse qui
sont placés dans des enveloppes glacées. Sept ou huit
communiqués, un quart de page et c'est suffisant. On utilise du papier
et on renseigne le monde. Mais lorsque vous enlevez des avantages
déjà reconnus à des groupements comme ceux-là, pas
de communiqué de presse. On passe cela sous silence, on n'en parle
à personne. Cet été, des associations sans but lucratif
qui ont organisé des événements, des soirées, n'ont
pas payé cette taxe parce qu'elles n'étaient pas au courant que
cette loi était changée. Ce genre de communiqués, on ne
les publicise pas. Les propagandistes du gouvernement ont ordre de ne pas
parler de cela. Les associations tiennent les événements et sont
cotisées par la suite. Sans mentionner de nom, vous vérifierez,
à votre ministère, le dossier de la Société
d'agriculture de Missisquoi.
On pourrait être tenté de mettre le blâme, pour cette
attitude du gouvernement sur le dos des fonctionnaires. C'est facile, quand on
est ministre ou député, de dire: Ce sont les fonctionnaires qui
sont responsables. Vous vérifierez, M. le ministre, le dossier de
l'ancien député de Brome, M. Glen Brown, qui est aujourd'hui
décédé et qui a été député du
comté pendant vingt ans. Vous vérifierez l'état de son
dossier. Vous vérifierez les réponses de l'ex-ministre du Revenu.
M. Brown est mort. Au cours des vingt années qu'il a siégé
comme député, il s'est dépensé sans compter pour sa
population et il est mort cassé comme un clou. Tout ce qu'on a pu lui
demander, au niveau du ministère du Revenu et des droits de succession,
c'est aux alentours de 750 $. Cela vous prouve à peu près
l'état de sa fortune personnelle. La famille a demandé un
délai de six mois pour payer. C'est allé jusqu'au bureau du
ministre et le ministre a répondu: II n'en est pas question! Je peux
vous informer que, huit mois après, j'ai réussi à
m'entendre avec un fonctionnaire pour obtenir les six mois de délai.
Est-ce qu'on se sert du ministère du Revenu pour faire de la
politique? Vous nous disiez tantôt que Revenu Québec,
c'était l'anonymat complet. De quelle façon est-ce sorti dans la
presse qu'il y avait des députés libéraux
fédéraux québécois qui avaient le choix de faire
des déclarations d'impôt que certains en faisaient à Ottawa
et certains en faisaient à Québec? C'est à la suite de vos
règles de confidentialité, sans doute, que c'est sorti dans la
presse? Cela inspire confiance, M. le Président.
On ne peut pas parler d'impôt sans parler de formulaire
d'impôt. Le ministre
nous dit qu'il a dépensé des fortunes ou qu'il a
dépensé pas mal d'argent pour simplifier le formulaire pour que
la personne n'ait pas à se casser la tête pour compléter un
formulaire d'impôt. J'ai hâte de voir, comme l'ensemble des
contribuables du Québec, comment vous avez pu simplifier cela. Si vous
lisez les journaux d'hier, vous allez vous rendre compte que le
ministère du Revenu aux États-Unis vient de finir son
opération simplification et que le formulaire d'impôt comporte
exactement onze lignes. Je suis certain qu'ayant fait vos études
à New York vous en êtes arrivé à un résultat
aussi éclatant et que, cette année, les contribuables du
Québec peuvent s'attendre à recevoir un formulaire disons d'au
plus douze lignes.
Concernant les formulaires, encore une fois, il y a eu une commission
parlementaire la semaine dernière sur les employés au pourboire.
Est-ce que le ministre peut confirmer ou infirmer la rumeur qui voudrait que le
ministère ait procédé à l'impression de factures
d'hôtellerie et de repas, devant entrer en vigueur d'ici au mois de
janvier 1982 concernant la taxe de 15%, laquelle sera obligatoire avant
l'adoption d'une loi à cet effet? Est-ce que vous pouvez le confirmer ou
l'infirmer? Les restaurateurs sont inquiets, autant dans la région de
Montréal que dans la région de Québec et dans une aussi
belle région touristique que celle de Brome-Missisquoi, dans les Cantons
de l'Est. Il y a des rumeurs qui circulent à savoir que vous auriez fait
imprimer ces factures. J'espère que vous allez être en mesure
d'infirmer cela.
Au niveau de la langue d'envoi, vous nous avez expliqué
tantôt, à la suite d'une intervention du député de
Hull, que vous vous fiez à la déclaration de l'année
précédente. Je peux vous dire l'expérience que j'ai eue.
J'ai eu à intervenir souventefois, à l'inverse de ce qu'a pu
faire le député de Hull, pour des citoyens anglophones de mon
comté, qui réclamaient que les formulaires leur soient
expédiés en anglais. J'ai obtenu correction pour l'année
précise où la demande m'était adressée, mais,
l'année suivante, le même problème se répète.
Comment pouvez-vous expliquer cela? Les gens, surtout s'ils vous ont entendu
dire qu'une fois corrigé c'est basé sur le formulaire de
l'année d'avant, ont une difficulté énorme à
comprendre comment, l'année suivante, vous revenez avec un formulaire
dans la langue initiale que vous avez dû corriger. Cela rend
l'administration assez compliquée.
J'aurais une dernière question à vous adresser, M. le
ministre. Le gouvernement semble apporter beaucoup de vigueur, y aller avec
beaucoup d'empressement lorsqu'il est temps de cotiser, mais comme vous
administrez plusieurs programmes où vous devez rembourser de l'argent ou
payer de l'argent aux contribuables, est-ce qu'on peut vous adresser une
demande bien simple à la suite de l'expérience vécue cette
année? Êtes-vous capable de transférer la vigueur de ce
côté à la vigueur de l'autre côté? Si on vous
demande le transfert, c'est parce qu'on ne croit pas aux résultats. Si
on vous demande de transférer cela avec une certaine vigueur, c'est que,
si vous réussissiez à le transférer avec un petit peu plus
de vigueur, on pourrait peut-être en arriver à un système
équilibré. (12 heures)
Présentement, vous appliquez toutes vos énergies, toutes
vos ressources à matraquer littéralement le contribuable et,
lorsque vous êtes débiteur envers le contribuable, vous êtes
d'une paresse incroyable. Ou bien vous êtes cassés comme des
clous, et le journaliste avait raison lorsqu'il disait que toute votre
politique du ministère du Revenu découle du fait que la province
est quasiment sur le bord de la faillite et que les commandes vous viennent du
ministre des Finances; ou bien vous allez être capables de nous fournir
une autre explication, à savoir pourquoi vous vous acharnez sur les
contribuables avec tellement de vigueur et de rigueur et pourquoi, lorsque vous
devez de l'argent aux contribuables, vous faites preuve d'une telle
nonchalance. On est obligé d'appeler et de vous rappeler. En
période de crise économique, les gens qui
bénéficient des programmes du ministère du Revenu, dans
plusieurs cas, vivent de l'aide sociale et de l'assurance-chômage. Ces
gens ont besoin rapidement que votre ministère s'exécute. S'il
vous plaît, transférez donc un peu d'effectifs de façon
à avoir un ministère qui fonctionne de façon
équilibrée et non de façon
déséquilibrée.
En terminant, M. le ministre, vous êtes venu à cette
commission - je peux le voir -avec une attitude ouverte. On ne sera pas en
mesure, lorsqu'on se quittera aujourd'hui, de réaliser si cela a
été bénéfique pour l'ensemble des contribuables. Je
peux vous dire que votre attitude inspire confiance, mais on n'est pas
naïf. On va vous surveiller de près et, si vous négligez un
seul instant de commencer - et je dis bien de commencer - à humaniser
votre ministère, à payer vos comptes lorsque vous les devez et
à cotiser de façon raisonnable lorsque cela vous est dû, si
vous faites cela, on reviendra dans un an et on vous fera une motion de
félicitations. Si vous ne le faites pas, on n'attendra pas un an pour
revenir, parce que c'est trop important comme ministère et c'est trop
important comme service. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Marcoux: M. le député de Brome-Missisquoi, vous
me permettrez de commencer par votre dernier point et je prendrai les autres,
par la suite, dans l'ordre. La vigueur que nous manifestons, comme vous le
dites, pour exiger nos comptes à percevoir, vous souhaiteriez qu'on la
manifeste dans le remboursement à la suite des déclarations
d'impôt. Je puis vous assurer qu'au 1er juillet, c'est-à-dire deux
mois après, il y avait plus de 95% des remboursements d'impôt qui
avaient été faits par le ministère pour les
déclarations d'impôt faites en 1982 de l'année 1981. Quand
plus de 95% des remises d'impôt sont faites, quand on parle de
remboursement rapide, c'est un remboursement rapide. De ce
côté-là, je peux vous assurer que le ministère
manifeste une vigueur qui s'améliore chaque année,
d'ailleurs.
Une voix: Les 5%?
M. Marcoux: Oui, oui. C'est bien sûr que les 5% dont vous
me parlez... Moi aussi, je suis député depuis six ans.
Pardon?
M. Pagé: Vous dites "deux mois après, en juillet",
mais la très grande majorité de ces rapports avait
été produite en janvier. C'est facile, pour vous, de dire
80%.
M. Marcoux: Mais, M. le député de Portneuf, vous
êtes député depuis suffisamment longtemps pour savoir que
l'échéance pour l'ensemble de nos concitoyens est le 30 avril et
que la très grande majorité de ces déclarations entre,
évidemment, au mois d'avril. Quand je vous dis qu'il y a plus de 95% des
remboursements, c'est à partir de janvier. Les citoyens - vous le savez
bien, comme moi - surtout ceux qui nous en doivent, c'est bien plus au mois
d'avril qu'ils font leur déclaration d'impôt. Quant aux
remboursements d'impôt, je peux vous assurer qu'il y avait plus de 95%
des remises de faites au 1er juillet pour les déclarations d'impôt
reçues au ministère cette année. Je pense que c'est une
efficacité qui montre notre volonté de manifester de la vigueur
de ce côté-là autant que de l'autre côté.
Quant aux autres points que vous avez soulevés, M. le
député de Brome-Missisquoi, j'aurais peut-être une question
concernant le premier dossier dont vous avez parlé. À quel moment
cette personne a-t-elle reçu son avis de cotisation? C'était le
dossier concernant l'avis de perception de 1962 à...
M. Paradis: Je m'en souviens très bien. C'était en
février 1981.
M. Marcoux: D'accord.
M. Paradis: C'était pour des cotisations jusqu'à
l'année 1962. J'ai parlé d'une vingtaine d'années. Je
m'excuse. J'ai arrondi. C'est 19 ans.
M. Marcoux: Non, cela va. C'est possible, mais je voulais avoir
ce renseignement.
Quant au fait que vous nous accusez d'exiger nos comptes à
percevoir en disant que, si on fait cette opération, c'est relatif
à l'état des finances publiques du Québec, je peux vous
assurer que ce n'est pas du tout dans cet esprit que nous le faisons. Quand je
vous dis que c'est depuis 1978 que nous avons commencé cette
opération c'est parce qu'on savait que cela pénalisait des gens,
quand ils reçoivent un compte à percevoir, qu'on les cotise ou
qu'on perçoive les comptes cinq, six ou sept ans plus tard. Mais, par
les chiffres que je vous ai indiqués tantôt, vous pouvez constater
que ce n'est pas un programme qui a débuté au ministère du
Revenu il y a quelques mois, un an ou un an et demi. Les montants que j'ai
indiqués, lorsqu'on parle de 133 000 000 $ sur trois ans, pour la
première phase, de 160 000 000 $ en 1981 et, actuellement, d'environ 70
000 000 $ de recouvrés, par rapport au budget de 23 000 000 000 $, par
rapport aux 12 000 000 000 $ d'impôt que nous recueillons, soit sous
forme de taxe de vente, d'impôt sur le revenu des particuliers ou des
différentes déductions à la source qui sont faites dans
une année, je pense que ça indique aux citoyens que ce n'est
vraiment pas là qu'est la différence par rapport à
l'état général des finances publiques au
Québec.
Vous avez souligné un autre point qui est très vrai par
rapport à un autre dossier, c'est la question du
téléphone. Je peux vous dire que je l'ai vécu il y a
à peine deux ou trois mois. J'ai eu à engager une aide familiale.
Ma femme a essayé pendant une semaine de rejoindre le bureau
régional du ministère du Revenu pour recevoir les formules. Elle
n'a pas réussi par téléphone durant toute une semaine.
Elle a décidé d'y aller en automobile et d'aller chercher les
formules. Que cela ait pris quinze jours ou trois semaines pour réussir
à entrer en contact avec le ministère du Revenu par
téléphone - mettons pour quelqu'un qui ne le fait pas à
toutes les heures du jour, mais deux ou trois fois par jour - je peux vous
assurer que j'en ai eu des témoignages et que vous avez parfaitement
raison.
Quant aux solutions - nous sommes conscients de ce problème - que
nous mettons en oeuvre, je peux vous assurer que, d'ici la mi-janvier, nous
disposerons de tout un nouveau système téléphonique,
à Montréal et à Québec en particulier, basé
sur l'informatique et qui va considérablement améliorer - c'est
le système qu'on appelle SL-1 - l'acheminement des appels
téléphoniques, leur sélection, pour faire en sorte
que les appels interurbains, qui coûtent plus cher, soient
sélectionnés de façon prioritaire. Le ministère a
décidé également d'ajouter, à partir de la
mi-janvier, 36 téléphonistes pour donner de l'information et
répondre aux citoyens. En somme, le problème que vous indiquez,
le ministère en est parfaitement conscient. Les décisions sont
déjà prises, les engagements budgétaires sont
déjà faits, à la fois en termes de personnel et d'entente
avec la compagnie Bell Canada, pour changer notre système
d'entrées téléphonique et d'informatisation de cette
sélection.
M. Paradis: Est-ce que vous me permettez une intervention sur ce
problème?
M. Marcoux: Oui.
M. Paradis: Différents ministères ou
différentes régies - c'est le cas de la CSST, c'est le cas de la
Régie de l'assurance automobile du Québec - lorsque les
députés font du bureau de comté - c'est
généralement le lundi, dans la plupart des cas - ont quelqu'un
d'affecté pour qu'on ne passe pas la journée au
téléphone à régler strictement un cas. Vous savez
comment ça fonctionne, vous avez probablement déjà fait du
bureau de comté. Les gens attendent dans le bureau et c'est à
répétition. C'est très emmerdant, et pour la personne qui
vient vous voir comme député, et pour nous. Cela peut nous donner
un sentiment de fausse sécurité, parce qu'on a un service rapide
comme député. Mais, de temps à autre, le
député qui est habile vérifie quand même en
utilisant le numéro qui est pour tout le monde, pour voir si ça
fonctionne. Est-ce que ce serait une suggestion que vous seriez prêt
à considérer?
M. Marcoux: Je suis prêt à examiner cette
suggestion, mais je sais bien que ce n'est pas en améliorant seulement
le service aux 122 députés de l'Assemblée nationale ou
à leur bureau de comté. Le problème actuel, ce sont les 4
000 000 de contribuables qui l'ont. Je suis prêt à examiner cette
suggestion, mais ce dont je peux vous assurer...
M. Paradis: Vous pourriez donner le numéro à votre
épouse!
M. Marcoux: Je ne dirai pas la fin de l'histoire! Ce n'est pas
une promesse que je vous fais. Les décisions sont déjà
prises, les engagements budgétaires sont faits, à la fois en
termes d'accroissement de personnel à ce service, par rapport à
d'autres services, et les contrats sont également déjà
signés avec Bell Canada pour l'amélioration de notre
système téléphonique.
Je vais vous donner un exemple de ce qui arrive. C'est qu'on peut
vouloir améliorer nos relations avec le citoyen, mais, quand on n'a pas
au bout la mécanique ou l'appareil administratif, parfois on va frustrer
davantage le citoyen. Dans nos derniers avis de cotisation, à la demande
du premier ministre lui-même, on a ajouté un phrase qui dit: "Si
vous voulez avoir des renseignements sur votre avis de cotisation, veuillez
communiquer, à tel numéro de téléphone, avec telle
personne, etc." C'était la première année qu'on le faisait
sur chaque avis de cotisation. L'objectif, c'était d'améliorer
les relations avec le citoyen, de permettre qu'il ait de meilleurs
renseignements, qu'il ait de l'information lui disant pourquoi il reçoit
son avis de cotisation, quels sont les montants impliqués, etc.
L'objectif était louable, sauf qu'on a constaté, depuis le
printemps, que nos instruments et la quantité de personnel qu'on avait
déterminée dans le passé pour répondre aux appels
et donner les renseignements étaient insuffisants. Alors, on se
réajuste et on le fait le plus rapidement possible. C'est pire depuis
quelques mois et déjà, pour janvier prochain, on veut y apporter
une solution; pas on veut, on va y apporter une solution.
Concernant le local des Chevaliers de Colomb et l'exemple que vous me
citez, indépendamment du cas précis et de la saisie... Je ne sais
pas si ces gens avaient de l'argent dans leur compte ou non; mais il y a une
chose: que ce soit un organisme sans but lucratif ou pas, cet
organisme-là, s'il a perçu une taxe de vente ou s'il devait en
percevoir une sur la vente de boisson ou d'alcool, il était... Il faut
le voir dans une perspective d'équité.
M. Paradis: Ils voulaient payer.
M. Marcoux: Bien sûr qu'ils voulaient payer, mais les
autres restaurants, les autres hôtels, les autres lieux où on peut
consommer de la boisson doivent rembourser, à chaque quinzaine, ce
qu'ils ramassent comme argent. Il y a une question d'équité par
rapport à l'ensemble de ces mandataires, si vous voulez, du
ministère du Revenu, qui ramassent des impôts pour le gouvernement
du Québec. Bien sûr, comme vous me le dites ce groupe ou n'importe
quel groupe peut vouloir payer. Bon!
M. Paradis: Ils ne l'avaient jamais perçue avant, ils ne
le savaient pas. Il faut voir tout le dossier.
M. Marcoux: Oui. Mais, de manière normale, il y a eu
d'autres exemples cités tantôt où il y a eu moyen d'arriver
à des ententes de paiement; peut-être que vous me citez l'exemple
où il n'a pas pu y avoir entente. Du côté du
ministère, il faut avoir
la conviction qu'il y a une capacité de payer, qu'il y a
volonté, également, de payer. Je peux vous assurer que les
fonctionnaires qui font ces recouvrements les font dans la perspective de faire
en sorte que tous nos mandataires soient sur le même pied. Vous le savez
vous-même, des gens qui sont dans une situation financière
difficile souvent vont essayer de retarder leurs paiements sur les
déductions à la source qu'ils font sur le salaire de leurs
employés, sur la taxe de vente; ils vont se financer temporairement sur
ces montants. Mais ceci devient injuste, en termes de concurrence et en termes
d'équité fiscale, par rapport aux autres mandataires, aux autres
restaurants, aux autres hôtels qui perçoivent la taxe de vente ou
perçoivent des déductions à la source et qui les
remboursent. Je peux vous dire que l'équilibre dans cela est difficile
à obtenir entre un mandataire qui dit: Je veux rembourser. J'ai
retardé, je le reconnais ou je ne le savais pas, je vais vous rembourser
et les autres qui nous remboursent tous les quinze jours, comme ils doivent le
faire. C'est cet équilibre difficile qu'on essaie de maintenir; mais
l'esprit général, c'est qu'il faut payer ces remboursements.
Pour l'anonymat des députés fédéraux, je
peux vous assurer, en tout cas, que jusqu'à maintenant, je n'ai eu
aucune indication contraire, aucune preuve que cet anonymat que nous impose la
loi n'a pas été respecté. À ma connaissance, ni mon
prédécesseur, ni moi, n'avons jamais cité quelque nom de
quelque député fédéral que ce soit, relativement
à l'application de la loi de l'impôt que nous avons changée
le printemps dernier. Je peux vous dire qu'on a l'intention de continuer dans
le même sens. Je crois que le Parti libéral aussi l'a reconnu,
c'est normal que les députés fédéraux qui
représentent des circonscriptions au Québec payent leur
impôt au Québec, comme tous les autres citoyens du Québec,
à moins que - je ne le sais, vous me faites quelques signes - vous
n'ayez changé d'avis. Il me semble que ce que j'ai retenu du
débat du printemps dernier, c'est que le Parti libéral du
Québec considérait normal que les députés
fédéraux qui représentent des circonscriptions au
Québec payent leur impôt au Québec.
M. Pagé: Sauf que...
M. Marcoux: Cela ne semble pas avoir été accueilli
avec enthousiasme à Ottawa, mais...
M. Pagé: Oui, mais comment expliquer que cela soit
sorti...
M. Marcoux: ... les citoyens du Québec ont compris
cela.
M. Pagé: ... que cela se soit trouvé dans le
journal, un matin? Vous venez de nous dire: Écoutez, on a des
règles strictes, etc. Les noms cités, les individus cités
dans un journal, ce n'est pas tombé du ciel, cela.
M. Marcoux: À ce moment-là, la seule
hypothèse, c'est que ce soient les députés libéraux
fédéraux eux-mêmes qui, en répondant aux questions
des journalistes ou de leurs concitoyens, ont été amenés
à dire: Je les paie ou je ne les paie pas. Ce que je peux assurer, c'est
que ni mon prédécesseur, ni moi, ni les fonctionnaires du
ministère du Revenu n'ont rompu la règle de l'anonymat concernant
les députés fédéraux par rapport à la Loi
sur les impôts du Québec. (12 h 15)
M. Pagé: Vive la confidentialité, bravo pour la
confidentialité! Cela est tombé du ciel! Continuez! Parfait!
M. Marcoux: En tout cas, je peux vous assurer qu'en ce qui nous
concerne, c'est la règle qu'on s'est appliquée et qu'on a suivie.
En ce qui concerne la simplification des formulaires d'impôt, cela a
coûté environ 250 000 $ pour faire faire les deux études
que nous avons faites. Dans le contrat que nous avons signé avec la
firme new-yorkaise, nous avons exigé qu'il y ait une firme
québécoise qui travaille en collaboration avec elle pour
développer de l'expertise dans ce domaine. On a donc consacré 250
000 $, par rapport aux 12 000 000 000 $ ou aux 6 000 000 000 $, si on prend
l'impôt sur le revenu des particuliers que nos concitoyens paient, pour
essayer de simplifier les formulaires d'impôt. Je crois qu'il n'y a aucun
citoyen du Québec qui va reprocher au gouvernement du Québec de
faire les études nécessaires pour simplifier ces formulaires
d'impôt, compte tenu de la quantité de citoyens - je parlais de 6
000 000 000 $, mais je devrais plutôt parler de 3 700 000
Québécois - qui, chaque année, font des
déclarations d'impôt et souhaiteraient pouvoir comprendre leur
formulaire d'impôt.
Concernant les travailleurs et travailleuses au pourboire, je peux
indiquer que c'est complètement faux. D'ailleurs, le
député de Brome-Missisquoi a fait une erreur. Il parlait de
janvier 1982. Il serait un peu tard pour faire imprimer actuellement des
formulaires concernant les travailleurs et travailleuses au pourboire pour
janvier 1982, dans lesquels serait indiqué un pourboire obligatoire,
etc. Je peux vous assurer que ma décision n'est pas prise, que la
décision du gouvernement n'est pas prise. Il y a eu la semaine
dernière une commission parlementaire de trois jours. Nous avons entendu
les mémoires d'une vingtaine de groupes qui appuyaient des formules
différentes pour rejoindre, d'abord, les objectifs
d'équité fiscale, parce que c'est
normal que les travailleurs au pourboire paient des impôts sur
leurs pourboires, comme tous les autres travailleurs qui ont des revenus;
ensuite parce que ce serait normal que les travailleurs au pourboire, en payant
des impôts sur la totalité de leurs revenus de pourboires,
bénéficient également du Régime de rentes du
Québec, de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, de l'assurance-chômage, de la
Régie de l'assurance automobile; enfin, le troisième objectif que
j'ai indiqué, c'était d'assurer l'essor, la protection de
l'industrie touristique. Je peux vous assurer que la réflexion que nous
allons faire à la suite de cette commission parlementaire pour trouver
une ou des solutions se fera dans le respect de ces trois principes
définis dès le départ de la commission.
En ce qui concerne le formulaire en anglais par rapport à ce
qu'indiquait le député de Brome-Missisquoi, la situation est
possible, comme on me l'indique, dans le sens suivant: supposons que quelqu'un
reçoit un formulaire en français et qu'il veut un formulaire en
anglais; s'il prend l'étiquette de l'ancien formulaire - sur
l'étiquette, c'est identifié si le formulaire doit être en
français ou en anglais - le français qu'il a reçu et la
colle sur le formulaire en anglais, à ce moment, c'est possible que
survienne cette situation indiquée par le député de
Brome-Missisquoi.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Je peux dire que je
suis content qu'on puisse rencontrer le ministre ce matin. Je voudrais
féliciter le député de Portneuf d'avoir pris l'initiative
de soulever une question aussi importante. Je suis déçu,
cependant, d'avoir entendu le ministre tout à l'heure, lorsqu'on parlait
de la taxe à la fête. Ce que j'appelle la taxe à la
fête, c'est le fait que, lorsqu'une exposition agricole a lieu ou qu'un
club de Chevaliers de Colomb, qu'une arena fait un carnaval - c'est absolument
sans but lucratif et on a l'habitude de ne pas avoir de perception à
faire sur les ventes de boisson - il y a des organismes de mon comté qui
se voient réclamer des sommes d'au-delà de 2000 $. Quand j'ai
entendu parler de cela pour la première fois, je ne croyais pas qu'on en
était rendu à taxer ces fêtes paroissiales ou
régionales. J'aimerais que le ministre puisse y réfléchir
encore, se ressaisir, revenir au bon sens et abolir cela. C'est une taxe tout
à fait odieuse. C'est une espèce d'impôt sur le plaisir. Il
n'y a plus que le sourire qui ne soit pas taxé. Il va falloir se
dépêcher à sourire avant que le gouvernement y pense.
M. le Président, je voudrais mentionner, d'abord, que j'ai eu
l'honneur d'aller une fois, au mois d'août, au ministère du
Revenu, accompagné de certains de mes électeurs. J'ai
été scandalisé du luxe inouï. Là, le ministre
va me dire: Je suis un nouveau ministre, cela ne dépend pas de moi. Je
le sais que cela ne dépend pas de lui. Mais c'est sous son gouvernement
que ce bail de 30 ans a été signé. On arrive là, un
édifice tout en miroirs dorés. On croirait qu'on s'en va dans un
endroit de rêve. Il faut débourser 3,50 $ pour stationner. Je dis
au préposé de laisser faire, que je reculerais ma voiture. Pas le
droit de reculer la voiture sur le terrain. Il faudrait la laisser trois quarts
de mille plus loin. Pour un gouvernement social-démocrate, j'ai
trouvé cela pas mal hautain. J'ai trouvé surtout que
c'était provocateur. C'est de la provocation face aux gens que vous
recevez, les gens qui se font extirper souvent plus que ce qu'ils peuvent
débourser. Je vous dis que j'ai été scandalisé de
voir ce luxe inouï. Je ne croyais pas que cela pouvait exister.
Je voudrais demander au ministre - il est un homme très humain,
je lui reconnais cette qualité - s'il peut simplifier l'accès. Il
faut faire la file, il faut faire le poteau en arrière d'un câble
en attendant l'ascenseur. Je n'ai jamais vu une place dont l'accès soit
aussi compliqué. J'aimerais également lui faire remarquer que
l'humanisation de l'accueil ferait du bien. Il me semble qu'en arrivant
là on est reçu comme un chien dans un jeu de quilles. Je ne suis
pas satisfait de la qualité de la réception que nous avons eue.
Je pense que le ministre délégué aux Relations avec les
citoyens devrait également s'en occuper.
M. le Président, pour le cas précis qui m'occupe ce matin,
je voudrais entériner d'emblée tout ce que mes collègues
ont dit. J'ai eu les mêmes cas à mon bureau de comté, des
cas de réclamation après coup, d'avis de cotisation pour des
déclarations d'impôt qui datent de plus de dix ans. C'est tout
à fait inadmissible.
Je voudrais démontrer ce matin une nouvelle facette du
système qui semblerait être un peu un système d'extorsion
développé par le ministère. Il s'agit du refus de
rembourser des taxes versées au ministre à l'occasion de
transactions pour lesquelles les préposés du ministre avaient
donné l'assurance qu'il y aurait un remboursement certain. Je vous cite
un cas et j'ai la permission de l'individu de citer son nom. M. Claude Morin,
de Sainte-Aurélie de Beauce-Sud était propriétaire d'une
voiture. Son fils, Stéphane, était propriétaire d'une
autre voiture. Le fils, Stéphane, voulait échanger sa voiture
dans un garage, mais le père a décidé avant de changer de
voiture avec son fils. Les deux se sont rendus à une caisse populaire
qui est mandataire du ministère du
Revenu aux fins de perception de la taxe de vente. Le père et le
fils demandent au préposé, au mandataire du ministère qui
est le percepteur: Si on fait l'échange père-fils, faut-il payer
la taxe de 8%? Le mandataire du ministère leur dit qu'il faut la payer,
mais exhibe une formule de réclamation en disant simplement: Vous n'avez
qu'à remplir la formule de réclamation et cette taxe vous sera
remboursée immédiatement.
Or, M. le Président, sur la foi du mandataire du ministère
préposé à la perception et employé de la caisse
populaire, MM. Morin, père et fils, ont fait l'échange de leurs
voitures. À cette occasion, M. Claude Morin a payé 320 $ en taxe
de vente, reçu officiel no 1142397-A, 3 avril 1981, et M.
Stéphane Morin a payé 360 $, reçu officiel no 1142396-A, 3
avril 1981. Par la suite, MM. Morin ont fait leur demande de remboursement, tel
qu'il avait été convenu, car si le préposé à
la perception du ministère leur avait dit qu'il n'y avait pas de
remboursement de taxe, ils n'auraient pas fait l'échange. Ils ne
l'auraient pas fait. Ils auraient économisé 680 $. Quand ils ont
fait leur demande de remboursement, ils se sont butés à une fin
de non-recevoir par une lettre signée par Mme Ginette Faucher le 20 mai
1981. Se trouvant tout à fait lésés devant cette
injustice, le 12 juin 1981, MM. Morin contestent ce refus. Voici une nouvelle
décision, signée de M. Michel Arsenault, du 2 juillet 1981, qui
refuse encore. Nouvelle demande de la part de MM. Morin, démarches au
ministère en ma présence, rencontre avec M. Guy Carrier et M.
Carol Cauchon le 18 août 1982. Dernière réponse, nouveau
refus par M. Alban D'Amours, sous-ministre.
Ce que je conteste dans le cas présent, c'est ce refus arbitraire
de remboursement sur la base de renseignements erronés. C'est sûr
que, selon la lettre de la loi, le ministère va dire: Je ne suis pas
obligé de rembourser, mais il y a la parole donnée. Si vous et
moi, M. le Président, avons des préposés ou des
mandataires qui donnent des renseignements erronés au public, le public
a un recours contre nous-mêmes et non pas contre notre mandataire. Ce que
je veux, ce matin, c'est m'élever contre cette pratique. J'ai des
informations que cela s'est fait dans d'autres secteurs quant au remboursement
des taxes.
C'est le seul qui m'a permis de dévoiler son nom et c'est la
raison pour laquelle, ce matin, je profite de l'occasion pour le mentionner. Je
répète que ce n'est pas une question de légalité;
c'est une question de moralité. Le ministère est lié par
les préposés qu'il nomme en région et auxquels il donne le
mandat, l'autorité de percevoir en son nom la taxe de vente. Dans le cas
qui nous occupe, je répète que MM. Morin, père et fils,
n'auraient pas fait la transaction d'échanger leurs voitures si le
préposé du ministère leur avait dit qu'il n'y aurait pas
de remboursement. J'exige que ces gens soient traités non seulement avec
légalité, mais avec justice et équité. M. Morin est
un homme profondément frustré, à juste titre. Je demande
au ministre de se ressaisir et, dans un cas semblable, de passer outre à
la règle légale pour considérer qu'il est lié,
comme il l'est en toute justice, par les renseignements erronés
donnés par ces préposés en région.
On sait que la CECO a déjà dénoncé des
pratiques semblables venant d'individus plutôt louches. Je ne verrais pas
qu'un ministère vienne ériger cela en système. Dans le
secteur privé, on appellerait cela de la fausse représentation,
on appellerait cela de l'extorsion, on appellerait cela du vol. On s'imagine
que la parole donnée, que le renseignement fourni par un
préposé, qui est responsable auprès du ministère
puisse lier le ministère. Vous me direz: Ils n'ont qu'à
défaire les transactions. Les voitures ont été
échangées plus d'une fois depuis ce temps et c'est impossible de
défaire les transactions.
Je me joins à mes collègues pour protester contre toutes
les pratiques qui ont été mises à jour ce matin devant
cette commission. Je connais le ministre comme un homme humain et
j'espère qu'il pourra faire une révision afin que justice soit
faite à ces personnes qui ont été extorquées. Je
répète que, si on leur avait fourni les bons renseignements, les
transactions n'auraient pas eu lieu. Je cède la parole à mon
collègue, le député de Portneuf.
Le Président (M. Brouillet): Avant de laisser la parole au
député de Portneuf, le ministre aurait droit à une
réponse.
M. Marcoux: Je voudrais revenir sur les deux points
touchés par le député de Beauce-Sud. Le premier point
concernait le luxe de l'édifice Le Marly, à Pointe-Sainte-Foy,
dans lequel est logé le ministère du Revenu. Je peux vous assurer
que je ne comprends pas -je les comprends et je ne les comprends pas - les
propos du député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Merci beaucoup! (12 h 30)
M. Marcoux: Le contrat selon lequel le gouvernement du
Québec a logé le ministère du Revenu à
l'édifice Le Marly a été signé en 1975. Lorsque
nous sommes arrivés au pouvoir, nous avons respecté les contrats
signés par l'ancien gouvernement. C'est un exemple que nous ne
partageons pas, parce qu'évidemment nous avons un contrat de location de
30 ans. Nous allons payer cet édifice durant 30 ans et, au bout de cela,
on ne sera même pas propriétaires. L'édifice va appartenir
à ceux qui l'ont financé; dans ce cas, c'est l'Industrielle qui
l'a financé. C'est
la même chose qui est arrivée, d'ailleurs, avec la
Laurentienne, édifice où est l'autre ministère dont je
suis responsable, le ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement; là aussi, il y a un bail de 25 ou 30 ans. Donc, on
va payer la presque totalité de l'édifice, parce qu'il y a
d'autres locataires également, et, au bout de 30 ans, on ne sera pas
propriétaires. Cette fois-là, c'était la Laurentienne.
C'est le genre de choses, en tout cas, que je ne partage pas, comme ministre
des Travaux publics et de l'Approvisionnement. Je comprends que les citoyens
qui viennent là disent: C'est un bel édifice. C'est
évident que c'est un très bel édifice, mais je peux vous
assurer qu'il a fallu vivre avec les décisions déjà
prises.
Quant à la qualité de l'accueil, je note votre
commentaire, votre critique faite à l'égard de cet
édifice. Je peux vous assurer que c'est la première fois que
j'entends un citoyen indiquer des commentaires négatifs sur l'accueil
à l'édifice de Pointe-Sainte-Foy, rue Marly. Sur
l'inaccessibilité de l'édifice, d'accord, il est à
l'extrémité ouest de Sainte-Foy. Là aussi je peux vous
assurer que cela a coûté très cher en termes routiers,
d'infrastructures, tout cela. C'est une autre chose qu'on n'a pas comprise
pourquoi cet édifice avait été installé si loin
parce que cela implique des déménagements de fonctionnaires, etc.
Sur l'ensemble de cette décision, on pourrait parler longtemps, mais ce
n'est pas l'objet de la commission ce matin. Quant à l'accueil
même à l'édifice, je note votre critique, votre
commentaire. Je peux assurer que je n'avais pas entendu auparavant de critique
sous cet aspect. Au contraire, sur la qualité de l'accueil et des
services pour les citoyens, soit les citoyens corporatifs ou les contribuables
qui viennent à l'édifice de Pointe-Sainte-Foy, rue Marly, on m'a
toujours indiqué que de façon générale, les
citoyens en étaient satisfaits. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de
place pour l'amélioration, mais je pense que, sur ce point, je ne peux
pas retenir la critique que vous avez faite.
Concernant la perception de la taxe de vente sur les automobiles, vous
citez le cas, d'un père et d'un fils qui échangent leurs voitures
et où un de nos mandataires aurait dit: Vous êtes obligés
de payer la taxe, vous n'avez qu'à remplir une formule ici pour qu'elle
vous soit remboursée. Ceci est contraire à la loi. Il y a un cas
où on rembourse une partie de la taxe de vente qui est payée sur
un transfert d'automobiles; c'est le cas suivant: Quelqu'un paie une automobile
5000 $ et l'évalue à moins, mettons 3000 $; on va rembourser la
différence sur l'évaluation de l'automobile où il aurait
payé la taxe de vente trop cher par rapport à la valeur de
l'automobile. C'est un cas où il y a remboursement d'une partie.
Dans le cas que vous indiquez, pour être très clair, si un
père et un fils s'échangent leurs automobiles, ils doivent payer
la taxe de vente comme n'importe quel citoyen.
M. Mathieu: Vous ne le dites pas.
M. Marcoux: Au contraire, le mandataire leur a dit: Vous
êtes obligés de la payer. Remplissez une formule de
réclamation.
M. Mathieu: C'est cela.
M. Marcoux: C'est très grave, la suggestion que vous
faites; ce n'est pas grave que vous la fassiez, mais je veux dire que la
conséquence de cette suggestion, si on l'appliquait, serait très
grave. La suggestion que vous faites, c'est que le ministère du Revenu
soit lié par l'opinion émise par un mandataire auprès d'un
citoyen. Le ministère du Revenu a environ 341 000 mandataires qui
perçoivent des taxes pour lui, soit la taxe de vente ou sur les
corporations. Dans le cas de la taxe de vente, c'est environ 150 000
mandataires qui la perçoivent pour nous. Dans le cas des corporations,
à peu près pour la différence. Si le ministère du
Revenu était lié par les interprétations de la Loi sur le
ministère du Revenu que fait l'ensemble de ses mandataires, on
aboutirait à des injustices flagrantes pour les citoyens, parce qu'il
n'y aurait aucune cohérence dans l'application des lois fiscales.
Je suis convaincu qu'en en discutant vous pourriez convenir, tout aussi
franchement que j'ai convenu de certaines choses ce matin, que le
ministère du Revenu, dans n'importe quel système - ce n'est pas
seulement au Québec - ne pourrait accepter d'être lié par
l'interprétation juridique de l'application d'une loi fiscale par ses
mandataires. Ce n'est pas possible d'imaginer que l'interprétation d'une
loi puisse être faite par celui qui est chargé de percevoir des
impôts à la source pour les transmettre au gouvernement. En ce
sens, il est malheureux qu'un de nos mandataires ait pu donner un faux
renseignement à un de vos concitoyens. C'est regrettable, je le
reconnais, mais, en contrepartie, je ne peux pas être d'accord avec la
suggestion que vous faites, parce qu'elle aurait des conséquences
absolument inacceptables.
M. Mathieu: Une question, M. le Président, si vous me le
permettez. Je ne voudrais pas interrompre le ministre, mais...
Le Président (M. Brouillet): Une question, pour
terminer.
M. Mathieu: ... il dit qu'il a 341 000 mandataires. Je suis
d'accord, mais des
mandataires en vente d'automobiles, il ne doit pas y en avoir 341 000.
Il me semble que c'est un domaine tellement important. C'est dans ce domaine
que les gens se font frustrer et extorquer. Quand votre gars est mandaté
validement pour retirer de l'argent en votre nom, je ne vois pas pourquoi il ne
serait pas mandataire quand il donne des conseils. Je ne parle pas du
mandataire dans un restaurant ou d'un employeur qui donnerait une consultation
juridique. Ce n'est pas cela, mais il semble, si les autorités du
ministère sont responsables, que lorsque vous permettez à des
mandataires en région de percevoir de l'argent pour des fins de taxe
d'automobile, ce sont des montants tellement importants que je ne comprends pas
pourquoi le ministère serait irresponsable au point de dire: Ces
gens-là ne sont pas équipés pour donner un avis ou quelque
chose de semblable. Je ne peux pas accepter, cela, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Marcoux: Oui. Simplement une phrase et il me fera plaisir d'en
discuter à nouveau avec le député de Beauce-Sud. Je suis
convaincu que, si nous avions le temps d'en discuter davantage, vous pourriez
percevoir l'ensemble des conséquences de la suggestion que vous faites.
On ne peut pas dire que, parmi les 340 000 mandataires, il y a une
catégorie de mandataires, 1000 ou 1500 mandataires, qui s'occupent de la
perception de la taxe de vente sur les automobiles et qui ont un statut
spécial. On ne peut pas dire que l'interprétation qu'ils
donneraient de la loi, le ministère du Revenu devrait la faire sienne
également. Cela ne peut pas s'appliquer concrètement à
cause des inéquités que cela pourrait entraîner pour
n'importe quel citoyen, compte tenu qu'on ne peut pas laisser
l'interprétation des lois fiscales aux mandataires qui font la
perception. Ce n'est pas leur fonction. Lorsque quelqu'un accepte d'être
mandataire ou doit être mandataire à cause du type de corporation
qu'il dirige, etc., il a des instructions très précises sur les
devoirs et les droits du mandataire. Il est clair qu'il n'a pas à
interpréter la loi.
M. Mathieu: II est irresponsable. Je regrette de vous le
dire.
Le Président (M. Brouillet): Je m'excuse, mais, tel que
convenu au début, les 20 dernières minutes seront
employées de la façon suivante: dix minutes consacrées au
député de Portneuf et les dix dernières minutes au
ministre. M. le député de Portneuf.
Conclusion M. Michel Pagé
M. Pagé: M. le Président, je retiens du
débat de ce matin que le ministre du Revenu confirme que, malgré
que des sommes importantes ont été dépensées par
les gouvernements, par le gouvernement actuel, au chapitre de
l'amélioration de la relation entre l'État et le citoyen, cette
relation ne s'est pas beaucoup améliorée. On doit retenir que le
ministère du Revenu est encore guidé, en termes techniques, par
un système informatisé qui est très inhumain, cela va de
soi. On constate que l'aspect humain dans le contact du ministère du
Revenu avec ses citoyens est non seulement des plus froids, mais parfois, dans
plusieurs cas, il peut causer des embêtements, des problèmes et
des inquiétudes aux citoyens du Québec et plus
particulièrement à ceux qui sont affectés par cette
nouvelle opération que le ministre a confirmée ce matin. À
cet égard, je dois regretter de ne pouvoir interpeller le ministre
délégué aux Relations avec les citoyens. Je ne pouvais
l'interpeller par le règlement, parce que le règlement
prévoit qu'un député ne peut interpeller un ministre que
sur une question donnée. J'espère toutefois que le ministre
délégué aux Relations avec les citoyens a maintenant
déblayé l'étendue de son mandat et qu'il a fait le tour de
son ministère, si ministère, personnel, capital humain et capital
financier il y a, évidemment, et qu'il sera en mesure, dans les plus
brefs délais, de se pencher sur cette question que nous avons
soulevée ce matin et qui nous est confirmée par le ministre du
Revenu.
À cet égard, j'apprécie la franchise qui a
caractérisé le ministre lorsqu'il nous a confirmé cette
démarche spéciale, cette démarche qui implique la
participation de près de 450 fonctionnaires, soit à temps plein,
permanents ou occasionnels, cette démarche de renflouement des poches du
gouvernement du Parti québécois, cette démarche qui vise
essentiellement à aller chercher, aussi loin que pour des
périodes de 18 ans ou 19 ans, des sommes que le ministère
considère dues mais qui ne sont pas nécessairement des sommes
dues parce que les gens, malheureusement, n'ont pas toujours les
renseignements, les moyens financiers et la volonté d'aller se
défendre devant des tribunaux, dans un processus judiciaire qui est
lourd, assistés de comptables et d'avocats.
Le ministre nous a confirmé ce matin que le gouvernement avait
fait cela en plus des impôts réguliers qui sont nombreux, en plus
des taxes régulières qu'on a à payer dans notre vie
quotidienne - et Dieu sait si elles sont nombreuses - en plus des 1 200 000 000
$ que le ministre des
Finances, M. Jacques Parizeau, est venu chercher dans nos poches lors
d'un deuxième budget - chose qui ne s'était jamais vue au
Québec - en plus d'un déficit des 3 500 000 000 $ pour la
présente année, en plus de coupures aveugles et sauvages, telles
que déclarées par le ministre responsable du Conseil du
trésor, totalisant 521 000 000 $ à aller récupérer,
comme cadeau du jour de l'An, dans les poches des fonctionnaires des secteurs
public et parapublic, en plus des coupures au ministère des Affaires
sociales et au ministère de l'Éducation. Tout ça, ce pot
aux roses péquiste, est le résultat, la récolte de ce que
le PQ a semé depuis six ans, qui totalise des milliards et des milliards
de dollars et qui, entre autres, totalise, comme facture à payer, 18 000
000 000 $ de déficit avec 1 000 000 000 $ d'intérêts
à payer par année. Ce gouvernement est rendu tellement au bout du
rouleau, en termes de gestion financière, que le ministre nous a
confirmé ce matin que l'opération qu'on peut appeler
l'opération Blitz, l'opération SWAT, l'opération tactique,
l'opération spéciale, l'opération Chacal est allée
chercher 300 000 000 $ jusqu'à maintenant. Et vous vous proposez, au
cours de la présente année, d'aller chercher encore plusieurs
millions de dollars, pour des sommes de moins de 1000 $, avec environ 125 000
dossiers ouverts dans les classeurs du ministère du Revenu.
M. le Président, le ministre nous dit: Ces gens doivent payer
leurs comptes. Le ministre nous dit que la fiscalité canadienne et la
fiscalité québécoise sont basées sur un principe de
"self assessment", c'est-à-dire que le citoyen doit lui-même
déclarer ses revenus à l'État. Ce que le ministre a
indiqué ce matin - c'est très important et j'espère que ce
sera reproduit - c'est qu'en vertu de la règle de
l'autodéclaration, en vertu de la jurisprudence qu'il a
constatée, le ministère du Revenu peut revenir en arrière
même s'il accepte une déclaration d'impôt, même s'il
déclare à un citoyen, par un accusé de réception
qu'il lui fait parvenir après: Monsieur, madame, nous avons
accepté votre déclaration, vous n'avez aucun montant à
nous payer. Je mets en garde l'ensemble des citoyens du Québec que cette
déclaration du ministère du Revenu pourrait sécuriser. En
effet, selon ce que le ministre a dit aujourd'hui, monsieur, madame, qui
êtes assis chez vous et qui écoutez, après que le
gouvernement du Parti québécois vous aura fait parvenir un
document vous disant: Vous ne nous devez rien, votre dossier est en
règle, tout est conforme, tout est réglé, en tout temps le
PQ peut revenir chez vous et vous le réclamer.
Je donne comme exemple les camionneurs; beaucoup de gens agissent comme
camionneurs, conducteurs de véhicules lourds au Québec. Des
camionneurs de mon comté en 1978, ont travaillé, ont fait du
transport. Le ministre sait probablement que j'ai plusieurs entreprises
importantes de transport dans Portneuf. J'ai des chauffeurs de camions qui vont
quitter la ville de Portneuf, par exemple, le matin, à 5 heures, qui
vont venir prendre un fardier ici, à Québec, et aller conduire un
chargement à Montréal, revenir avec un chargement de
Montréal à Québec et, bien souvent, ce qu'on appelle un
double, repartir de Québec à Montréal pour revenir
à Portneuf, généralement le lendemain vers 2 heures du
matin.
Ces gens, en 1977 et en 1978, ont déclaré, des
impôts, des revenus, ont déduit aussi des frais de repas. À
moins que le gouvernement ne me fasse accroire que ces gens ne doivent pas
manger ou encore doivent traîner leur lunch, ces gens ont mangé,
ces gens ont déduit des frais de repas, dans certains cas, pour des
sommes pouvant aller jusqu'à 2000 $. En 1977, à la suite de la
production de ces déclarations, le gouvernement du Parti
québécois a déclaré à mes concitoyens:
Monsieur, vous avez produit une déclaration de vos revenus, des
déductions et vous nous réclamez tel montant; vous aviez raison,
voici votre chèque, votre dossier est réglé.
Vous revenez aujourd'hui et vous annulez 40% des sommes ainsi
déduites pour fins de repas. Vous imposez un avis de cotisation de
plusieurs centaines de dollars auxquels vous ajoutez des intérêts.
Vous venez dire devant la caméra, ce matin: Ce sont des comptes qui ne
sont pas payés. Je m'excuse, cela, c'est changer les règles du
jeu une fois que la partie est commencée entre le citoyen et
l'État cotiseur. C'est ainsi que j'ai exprimé ce matin au nom de
l'Opposition, avec mes collègues des doutes sérieux sur le
caractère arbitraire d'un tel geste, quand, par surcroît, il n'y a
aucun renseignement qui est donné à ces gens. J'en ai contre le
caractère inquiétant de la démarche qui vise finalement
à récupérer des sommes facilement, parce que le
gouvernement sait pertinemment que plusieurs de ces personnes reçoivent
un avis de cotisation pour un montant de quelques centaines de dollars et que
cela coûte moins cher de sortir le carnet de chèques pour acheter
finalement sa paix avec le gouvernement que d'aller voir un comptable ou un
avocat et de se défendre devant les tribunaux.
M. le Président, encore une fois, je réitère ce
matin cette question si importante: le gouvernement devra dire à la
population, même s'il envoie un document officiel, sous la signature d'un
sous-ministre ou la signature d'un ministre disant que le dossier est
réglé. Gardez vos documents, gardez vos factures, gardez vos
chèques,
parce que le gouvernement peut revenir aussi loin que dix-huit ans en
arrière pour vous réclamer des sommes.
M. le Président, deux points particuliers, avant de conclure, et
je donnerai autant de temps. On a traité de l'ensemble de la question de
la confidentialité des dossiers au ministère du Revenu. J'en
suis, c'est une loi et c'est la règle la plus élémentaire
pour un gouvernement, dans le sens de protéger la vie privée de
ses citoyens, que les déclarations d'impôt ne soient pas
divulguées à gauche et à droite. C'est normal et c'est
explicable. On a fait référence aux députés
fédéraux tantôt. Je prends la parole du ministre et de ses
collaborateurs que cela est tombé du ciel et que le ministère du
Revenu n'est pas du tout impliqué dans le fait qu'on a trouvé
dans les journaux des déclarations d'impôt ou des noms, etc.
J'aurais une question très brève à poser au
ministre. Le ministre peut-il m'indiquer s'il est possible ou encore si c'est
par pure coïncidence qu'une personne, qui a des problèmes
politiques avec un gouvernement, le gouvernement du Parti
québécois, en l'occurrence, une personne dont les
déclarations qu'elle fait aux journaux, les déclarations qu'elle
fait aux policiers, engendre des enquêtes judiciaires, se voie
avisée par le ministère du Revenu qu'une vérification
systématique et majeure de ses impôts, rétroactive sur une
base de vingt ans est faite? Vous aurez compris que je fais
référence à quelqu'un qui nous a donné la
permission de le citer, M. Latouche, qui a eu à intervenir dans le
dossier de la Société d'habitation du Québec et qui s'est
vu informer par le ministère du Revenu du Québec, il y a quelque
temps, que ses impôts seraient revus sur une base rétroactive, de
même que l'ensemble de sa comptabilité et de ses
déclarations pour une période de vingt ans. Peut-être
est-ce une coïncidence? Je dois prendre la parole du ministre, mais je
vais vous dire que c'est inquiétant à plusieurs
égards.
J'ajouterai avant de terminer que, ce matin, nous avons proposé
des recommandations. Peut-être que le gouvernement, peut-être que
les honorables fonctionnaires qui accompagnent le ministre aujourd'hui,
peut-être même que les auditeurs se diront: L'Opposition
aujourd'hui a joué un rôle sévèrement critique
à l'endroit du gouvernement par les nombreux cas justifiés et
fondés qui ont été amenés tant par le
député de Hull, que par le député de Beauce-Sud ou
par le député de Brome-Missisquoi. Mais nous avons
recommandé des choses constructives et positives, demandant je les
réitère une dernière fois et j'aimerais que le ministre
puisse répondre à chacune - qu'une enquête soit
instituée; que l'on sursoie à l'ensemble de cette
opération
SWAT, opération tactique ou opération Chacal du
gouvernement; que, troisièmement, le ministère nous annonce dans
les plus brefs délais le dépôt d'une loi créant un
tribunal administratif pour que le citoyen puisse aller régler ses cas
d'impôt de façon simple, avec une procédure
simplifiée, sans que cela engendre des coûts trop
élevés pour lui devant le gouvernement.
En terminant, je dois remercier les députés de
l'Opposition. J'aurais aimé - je ne veux pas manquer de
délicatesse à l'endroit du ministre, je comprends que c'est
peut-être sa première question avec débat comme ministre du
Revenu - qu'il nous présente les fonctionnaires qui l'accompagnent ce
matin. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet):. M. le ministre, pour
terminer.
M. Alain Marcoux
M. Marcoux: Je m'excuse, M. le député de Portneuf,
de ne pas avoir présenté les fonctionnaires qui m'accompagnent.
C'est vrai que c'est ma première question avec débat tout court,
même comme ministre des Travaux publics et de l'Approvisionnement. Je ne
dirais pas que c'est un usage, mais cela me fait plaisir de le faire. Je
voudrais présenter M. Alban D'Amours, qui est le sous-ministre au
Revenu, qui est à côté de moi; M. Fournier, qui travaille
à mon cabinet; M. Cayer, qui est responsable de l'opération de
recouvrement; M. Alain Dompierre - on l'appelle toujours par son prénom
- qui est responsable de toutes les opérations au ministère; M.
Monfette, qui est responsable de la vérification et M. Langlais, qui
travaille au bureau du sous-ministre et qui est le secrétaire du
ministère.
Je dois dire que je regrette un peu le ton de la dernière
intervention du député de Portneuf. Je pense qu'elle est vraiment
en dissonance avec l'ensemble du débat que nous avons eu ce matin qui,
je pense, s'était déroulé de façon positive et
était basé sur des faits, sur l'analyse des solutions de
rechange. Je regrette que le député de Portneuf ait voulu tenir
des propos qui ne correspondaient pas au type de débat que nous avions
ce matin.
Je dois dire d'emblée que, si nous devons retourner en
arrière, c'est parce qu'il y a eu de la mauvaise gestion; je l'ai
reconnu. Mais, quand on a commencé, en 1978, à
récupérer des comptes qui n'avaient pas été
perçus dans les dix ou les douze années antérieures, c'est
parce qu'il n'y avait pas eu de bonne gestion. Quand on a commencé en
1978, c'était justement pour améliorer la gestion. On a
commencé par ceux qui avaient les plus gros comptes à rembourser,
ceux qui devaient plus de 3000 $. Progressivement, on a étendu cette
opération de recouvrement des comptes à percevoir à
l'ensemble de ceux qui devaient de l'argent au ministère du Revenu et
qui devaient contribuer par leurs impôts à l'ensemble des services
que doit fournir un gouvernement à l'ensemble de ses citoyens. En ce
sens-là, je pense qu'il s'agit là d'une opération de saine
gestion qui a été mise en oeuvre à partir de 1978.
Quand on parle du déficit gouvernemental, c'est bien sûr
qu'un déficit de 3 000 000 000 $, c'est beaucoup. Cela correspond
à peu près à 12% ou 13% des dépenses du
gouvernement du Québec. Je le trouve petit comparé au
déficit de 23 600 000 000 $ du gouvernement fédéral. Pour
nous, cela représente 12% de nos dépenses et, pour le
gouvernement fédéral, c'est 30% de ses dépenses. Si on
veut parler de saine gestion, je pense que nous soutenons la comparaison et que
nous la soutenons plusieurs fois.
Maintenant, pour arriver à des points précis
touchés par le député de Portneuf, quand nous disons au
citoyen, quelques semaines ou quelques mois après avoir reçu sa
déclaration d'impôt, que nous acceptons cette déclaration
d'impôt, la formule est bien précise: Nous acceptons votre
déclaration d'impôt telle que soumise. Quand j'ai
écouté le député de Portneuf tantôt, j'en
avais des frissons, car ce qu'il disait, c'est que le gouvernement ne devrait
pas avoir le droit de faire de la vérification dans les années
qui suivent des déclarations d'impôt. Évidemment, on ne
peut pas vérifier 3 700 000 déclarations d'impôt en quinze
jours, un mois ou deux mois. C'est pour cela que la loi prévoit que le
gouvernement a quelques années pour faire des vérifications sur
les déclarations d'impôt passées.
Quand nous disons, quinze jours, trois semaines, un mois, deux mois
après à un citoyen: Nous vous remboursons ce que vous nous
réclamez ou vous nous devez un supplément de 200 $, 300 $ ou 400
$ à la suite de votre déclaration d'impôt, nous indiquons
bien que c'est sur la base des déclarations faites dans la
déclaration d'impôt. La loi nous donne le droit de faire des
vérifications dans les quatre années qui suivent. Je regrette que
le député de Portneuf n'ait pas fait les nuances
nécessaires entre la nécessité, le devoir, je dirais, en
termes d'équité fiscale, pour le ministère du Revenu, de
faire ces opérations de vérification dans les quatre
années qui suivent.
Le débat de ce matin ne portait pas sur les vérifications
des quatre années qui suivent et qui visent à émettre des
avis de cotisation. Il portait sur des comptes à percevoir, la
perception de ces comptes qui avaient été envoyés à
la suite des avis de cotisation émis depuis des années. J'ai
indiqué dans quel sens nous procédions à ce
moment-là. Il faut faire en sorte que les comptes dus au gouvernement
lui soient payés. Je pense que cela entre dans la saine gestion
administrative que nous devons faire. Il est bien nécessaire de
distinguer la vérification des déclarations d'impôt que le
gouvernement doit faire. Il a le droit, la loi lui prescrit de faire ces
vérifications et il a plusieurs années pour le faire, ce qui est
absolument normal.
Avant d'arriver à des questions générales, vous
avez parlé de M. Yvan Latouche. Je peux vous dire que le
ministère du Revenu doit, à la suite de toute information qui
peut lui être transmise, soit par des individus, par des groupes, par les
journaux, s'il y a lieu, faire enquête pour vérifier les
déclarations d'impôt de n'importe quel citoyen individuel ou
corporatif. C'est la façon dont nous agissons au ministère du
Revenu.
Pour revenir à l'aspect global des discussions que nous avons
eues concernant les relations entre le ministère du Revenu et l'ensemble
de sa clientèle, je peux assurer l'Opposition que l'objectif
d'améliorer le service à la clientèle est la
priorité du ministère du Revenu. Je peux vous assurer que les
deux collègues qui m'ont précédé, M. Clair,
député de Drummond, et M. Fréchette, député
de Sherbrooke, ont déjà commencé, il y a un an et demi ou
deux ans, à mettre l'accent sur le service à la clientèle
au ministère du Revenu. C'est pourquoi on a créé une
Direction générale des services au public et à la
clientèle. Nous sommes l'un des ministères qui se sont
dotés, depuis un an, d'une direction générale
spécialisée qui a comme première vocation de servir le
public et la clientèle.
C'est aussi dans ce but qu'on a développé des bureaux dans
la plupart des régions du Québec maintenant. Nous avons
l'intention de compléter ce réseau de bureaux régionaux
dans les années qui viennent. C'est pourquoi, pour améliorer ce
service à la clientèle, nous avons consenti 36 postes
supplémentaires à la téléphonie pour
répondre aux demandes de nos concitoyens, pour pouvoir leur donner des
informations, répondre aux demandes de renseignements qu'ils peuvent
nous faire. C'est aussi la raison pour laquelle on va changer, à la
mi-janvier, notre système de téléphonie pour permettre de
donner un meilleur service à la population.
C'est dans la même perspective, dans le but d'améliorer nos
relations avec nos clients, les contribuables du Québec et les
mandataires, qu'on a décidé de simplifier les formulaires
d'impôt. On l'a fait en 1981. On va essayer d'avoir des formulaires
encore plus simples, plus clairs, plus explicites pour 1982; cela sera rendu
public dans quelques semaines. C'est également pour cela qu'on a mis sur
pied ou développé un service de
visites éducatives auprès de nos mandataires. Avant,
c'était la même équipe qui faisait la vérification
et qui informait les mandataires de leurs droits et de leurs devoirs. On a
distingué ces deux rôles; il y a maintenant un service de visites
éducatives auprès de tout nouveau mandataire qui est
chargé de percevoir la taxe de vente et les déductions à
la source pour le gouvernement du Québec. Ces cinq mesures
concrètes que je viens de vous donner ont été mises en
oeuvre depuis un an, un an et demi et elles indiquent la volonté
concrète du ministère du Revenu d'améliorer ses relations
avec les contribuables, les mandataires, les concitoyens.
Quant à l'avenir, je peux vous assurer -j'en ai parlé
tantôt - que nous voulons vraiment changer notre système de
gestion pour que les bureaux régionaux qui sont proches de la
clientèle aient les moyens de prendre des décisions et de fournir
un meilleur service. Nous voulons également développer des moyens
pour faire en sorte que les concitoyens qui nous écrivent aient un
meilleur suivi et un suivi plus rapide à la correspondance qu'ils nous
font tenir. Je peux vous assurer que, lorsqu'on parle de relations avec les
citoyens, mes collaborateurs y sont fort sensibles. Déjà, nous
avons prévu plusieurs investissements. Je l'ai indiqué
tantôt rapidement: Quand il y a 10 000 000 de contacts par année
avec nos concitoyens, lorsqu'on reçoit de 10 000 à 20 000 lettres
par semaine, on ne peut pas améliorer nos contacts avec nos concitoyens
sans avoir de meilleurs moyens concrets, de meilleurs moyens administratifs
pour le réaliser. Je peux assurer les membres de l'Opposition que la
perspective dans laquelle je vais travailler dans les prochains mois, c'est
vraiment d'améliorer l'ensemble de nos relations avec nos concitoyens.
(13 heures)
Je suis d'autant plus à l'aise pour le dire et avoir la
volonté ferme de le faire que mes prédécesseurs ont
posé dans ce sens des gestes concrets. Je viens d'en citer quelques-uns.
Je l'ai indiqué tantôt par un exemple: Souvent, on peut vouloir
améliorer nos relations, mais ne pas avoir toutes les ressources
humaines ou l'équipement concret pour le faire. J'ai donné
l'exemple de la téléphonie. Je suis convaincu que le
député de Portneuf l'a compris. Mais nous avons fait comprendre,
même par cet exemple de la téléphonie, notre volonté
de nous rajuster très rapidement. Le problème est devenu
important depuis quelques mois et, dans à peine quelques semaines, il
sera réglé pour l'essentiel parce qu'on aura consacré
davantage de ressources humaines à cet aspect et qu'on aura aussi un
meilleur système téléphonique.
Je dois remercier les gens de l'Opposition du climat
général de cette discussion sur la perception du ministère
du Revenu et je peux les assurer que mes collaborateurs partagent la même
philosophie d'action. Je dois toutefois regretter à nouveau les quelques
minutes où le député de Portneuf, je pense, a
manqué de nuance en ne distinguant pas la déclaration
d'impôt telle qu'elle nous est fournie et que nous acceptons telle que
soumise, d'avoir omis de distinguer ce fait du mandat, du devoir du
ministère du Revenu de faire les vérifications dans les
années qui suivent auprès de l'ensemble des mandataires ou des
citoyens pour voir s'ils ont rempli leur formulaire d'impôt selon la loi,
s'ils ont révélé l'ensemble de leurs revenus ou s'ils ont
payé l'ensemble des impôts qu'ils devaient payer. Je vous
remercie.
Le Président (M. Brouillet): Messieurs, je vous remercie.
La commission a rempli le mandat qui lui avait été confié.
Les travaux de cette commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 13 h 02)