(Dix heures)
La
Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) : À l'ordre, s'il vous
plaît! Je déclare la séance de la Commission des relations avec les
citoyens ouverte.
Je vous rappelle que la commission est réunie
afin de procéder à l'interpellation de la députée de Sherbrooke à la ministre responsable des Aînés sur le sujet
suivant : Le manque de préparation du gouvernement caquiste pour faire
face au vieillissement de la population et
assurer à chaque Québécoise et Québécois la possibilité de vieillir dans la
dignité.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par M. Dufour (Abitibi-Est); Mme Gendron
(Châteauguay) est remplacée par M. Caron (Portneuf); M. Cliche-Rivard
(Saint-Henri—Sainte-Anne)
est remplacé par Mme Labrie (Sherbrooke); et M. Bérubé
(Matane-Matapédia) est remplacé par M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Conformément à l'entente prévue pour la 43e législature, le deuxième groupe d'opposition
interviendra lors des première et troisième séries d'intervention et le député
des Îles-de-la-Madeleine lors de la cinquième série d'intervention.
Alors, nous
allons tout de suite débuter avec les déclarations d'ouverture. Mme la députée
de Sherbrooke, vous avez donc 10 minutes d'intervention. La parole
est à vous.
Exposé du sujet
Mme Christine
Labrie
Mme Labrie : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je suis vraiment très heureuse qu'on soit ici pour parler de
la capacité du Québec à permettre à chaque personne de vieillir dans la
dignité. On va avoir deux heures ensemble pour discuter spécifiquement de la
qualité de vie des aînés, et c'est assez rare que ça arrive ici.
C'est arrivé qu'on se penche sur des enjeux
spécifiques, en particulier concernant les CHSLD, la gestion de la COVID. En
2013, il y avait eu des consultations avec Réjean Hébert concernant l'assurance
autonomie. On se souvient qu'il en parlait
beaucoup. Il y a eu une interpellation en 2015 sur l'impact de l'austérité
libérale sur les aînés. Mais, en
fait, quand on fouille dans les archives, la dernière fois qu'il y a eu une
discussion d'ordre général à l'Assemblée nationale sur la qualité de vie
des aînés, c'était en 2011, dans une interpellation de l'ancienne députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, Carole Poirier. Ça veut dire que, dans la dernière
décennie, ce n'est jamais arrivé, à l'Assemblée nationale, qu'on a
discuté en profondeur de la préparation du Québec au vieillissement de la
population. Et c'est quand même assez
stupéfiant, considérant que c'est un des plus gros défis qu'on a à relever,
comme société, et que ça fait des années, en fait, des décennies qu'on
le voit venir.
Donc, je sais que le gouvernement s'est
probablement préparé à me faire la liste de tous les investissements faits dans
les dernières années. Je m'attends à me faire dire, aujourd'hui, qu'ils font de
leur mieux, qu'ils font même mieux que les autres avant eux, et c'est
probablement vrai, mais moi, je ne suis pas là ici, aujourd'hui, pour critiquer
le bilan de la CAQ ou dire que c'est de leur
faute, si on n'est pas prêts. Je le sais qu'ils ont fait des investissements,
je le reconnais d'emblée puis je les remercie pour ça. Donc, je n'ai pas
besoin, aujourd'hui, de me faire faire la lecture de cette liste d'investissements là. Je sais aussi qu'ils ont amorcé
certains chantiers, notamment pour améliorer l'efficacité des soins à
domicile. Je sais qu'ils ont lancé des programmes de formation accélérée pour
contrer la pénurie de main-d'oeuvre. C'est toutes des bonnes initiatives.
Je le sais que la ministre des Aînés est pleine
de bonne volonté sur ce dossier-là. Je le sens dans ses actions, je le sens
dans son regard, mais, si je l'ai convoquée aujourd'hui pour parler avec elle
de la préparation du Québec au vieillissement de la population, c'est parce que
c'est évident que, malgré ce qui a été entrepris par son gouvernement, on n'est pas équipés, au Québec, pour nous assurer
que chaque personne peut vieillir dans la dignité et, en fait, on n'est déjà même pas capables en ce moment. Alors, c'est clair
qu'on n'est pas en mesure de répondre aux besoins croissants qui s'en
viennent. Puis je ne veux pas lancer la pierre à la ministre pour ça, parce que
ça fait plusieurs décennies qu'on voit
venir, au Québec, le vieillissement de la population. Plusieurs gouvernements
de plusieurs partis se sont succédé sans
jamais se soucier de préparer le Québec à ça. Collectivement, on a tous
beaucoup pelleté en avant sur cet enjeu-là, malgré que plusieurs acteurs
du milieu ont essayé de sonner l'alarme souvent. Mais là on est rendus à un
moment où on n'est pas capables de répondre
aux besoins, malgré ce que la CAQ est déjà en train de faire, et ça a déjà un
impact sur la qualité de vie des gens qui vieillissent au Québec.
Puis je suis certaine que je n'ai pas besoin
d'inonder mes collègues, là, de chiffres pour montrer qu'on n'est pas capables de répondre
à la demande, là. On le sait tous, comme députés, on le savait intuitivement,
avec tous les dossiers qu'on voit dans nos bureaux de circonscription,
toutes les histoires qui font les nouvelles. Mais depuis la publication du
rapport de la Commissaire à la santé et au bien-être, qui confirme,
objectivement, qu'en 2023 on répondait à 10,7 %
des besoins en services à domicile, je pense qu'on a mesuré, pour la première
fois, une partie de l'ampleur de l'écart entre les besoins et la
réalité. Puis honnêtement, moi, c'est pire que je pensais. Je le savais, là,
qu'on ne répondait pas à l'ampleur des
besoins, mais, si j'avais eu à supposer un chiffre, je n'aurais pas osé supposer
qu'on répondait juste à 10 % des besoins de la population en ce
moment.
Et je suis certaine que tous mes collègues ont
été aussi horrifiés que moi de faire ce constat-là et de voir à quel point la marche était haute pour répondre aux
besoins. Parce que l'impact sur la qualité de vie des aînés, il est majeur,
l'impact sur les proches aidants aussi,
évidemment, puis moi, ça me préoccupe, parce qu'on a déjà des centaines de
milliers de personnes, au Québec, à
qui on ne fournit pas ce qu'il faut pour vieillir dans la dignité. On en a des
centaines de milliers d'autres qui n'ont pas encore besoin de services,
mais qui vieillissent aussi en ce moment puis qui sont inquiets de ce qui va leur arriver dans les prochaines années. On
a des centaines de milliers de proches aidants qui en arrachent parce
que les conditions ne sont pas du tout réunies pour favoriser l'autonomie des
aînés.
Puis moi, ce
que je veux, c'est que chaque personne qui vieillit, au Québec, puisse garder
son autonomie, poursuivre sa participation sociale le plus longtemps
possible, ne se sente jamais mise de côté à cause de son âge ou de ses capacités. Puis je suis certaine que mes
collègues, de tous les partis, partagent exactement la même volonté que moi par
rapport à ça.
Alors, ce que je veux proposer aujourd'hui à la
ministre, c'est qu'on le relève ensemble, ce défi-là d'assurer une belle qualité de vie à chaque personne qui
vieillit au Québec. C'est arrivé plusieurs fois, dans les dernières années, que
des députés de tous les partis décident de travailler ensemble sur des enjeux
qui préoccupaient tout le monde. On l'a fait deux fois sur l'aide médicale à
mourir. On l'a fait avec la commission Laurent, pour améliorer la protection de la jeunesse, après la tragédie de Granby. On
l'a fait avec Rebâtir la confiance, pour améliorer l'accompagnement des
victimes de violence sexuelle et conjugale. Et ces chantiers-là, à chaque fois,
ça nous a fait avancer beaucoup, comme société, parce qu'on s'est assis tous
ensemble, autour de la table, avec un objectif commun. On s'est écoutés, entre
élus, au lieu de se pointer du doigt. On a pris le temps, avec les experts, de
vraiment dresser le portrait de ce qui se passait au Québec, des problèmes
qu'on voulait régler, des meilleures manières d'y arriver.
Avec ces chantiers-là, on a dégagé des
recommandations sur lesquelles tout le monde s'entendait, peu importe
l'orientation politique. À chaque fois, ça nous a donné un plan de match clair,
auquel tout le monde allait collaborer, en
équipe, au lieu de travailler chacun de son côté, en se pointant du doigt. Puis
un plan de match consensuel comme ça, c'est extraordinaire, parce que ça
peut se poursuivre malgré les changements de gouvernement, parce que tout le monde s'était mis d'accord sur les
solutions. On l'a vu, d'ailleurs, que ça s'est produit avec l'aide médicale à
mourir.
Alors, moi, c'est ça que j'aimerais voir, en ce
moment, au Québec, un chantier transpartisan pour préparer le Québec au
vieillissement de la population puis qu'on s'assure que chaque personne va
pouvoir vieillir dans la dignité. C'est pour
ça que j'ai convoqué la ministre aujourd'hui. Je veux lui proposer qu'on
travaille ensemble, qu'on réunisse des experts autour de nous, qu'on
commence par dresser le portrait de la situation actuelle avec des vrais états
généraux sur la qualité de vie des aînés au Québec. Parce qu'avec le rapport de
la commissaire, auquel j'ai fait référence tout à l'heure, là, on a un portrait
clair sur ce qui concerne les services à domicile. Mais ça, c'est vraiment juste
un volet de ce que ça prend pour assurer la qualité de vie, la participation
sociale des aînés.
On a aussi besoin de faire un portrait complet
sur la situation économique des aînés, sur leur vie sociale, sur l'habitation,
le transport, l'accès aux espaces publics, au numérique. Moi, je voudrais
qu'entre élus on travaille ensemble, qu'on réunisse un comité d'experts, qu'on
consulte largement la population sur leurs expériences, leurs attentes, leurs
besoins, leurs idées, qu'on identifie clairement, c'est quoi, les bonnes
pratiques déjà ici puis à travers le monde, c'est quoi, les changements à
apporter pour que chaque personne puisse vieillir dans la dignité au Québec.
Puis moi, j'ai eu l'occasion déjà de travailler
comme ça sur un autre dossier avec... je vais la nommer avec affection, là,
avec Sonia LeBel, qui avait... je sais que je n'ai pas le droit de la nommer,
mais qui avait eu l'audace d'accepter de travailler comme ça, puis ça a été une
des expériences les plus constructives de mon parcours en politique. Puis je
pense que tous les autres députés qui ont participé à ce chantier-là pourrait
en dire autant, parce qu'à chaque fois, chaque minute qu'on travaillait sur ce
dossier-là, on savait qu'on était en train de ramer ensemble dans la même direction
pour améliorer la vie des gens. Puis ça fait déjà plusieurs années de ça, mais
moi, il ne se passe pas une semaine sans qu'il n'y ait pas des citoyens qui
m'en reparlent, à quel point ça leur a redonné espoir en la politique de voir
leurs élus travailler ensemble comme ça. C'est la chose qui leur a le plus
redonné confiance en la politique dans les dernières années, puis moi-même,
j'avoue que ça a contribué à générer ce sentiment-là. Je pense que les
citoyens, ils ont besoin de nous voir travailler ensemble pour relever les
défis que le Québec traverse.
Le vieillissement de la population, c'est un des
plus gros défis que le Québec traverse. Puis on s'entend tous... on partage les
mêmes préoccupations par rapport à ça. Parce qu'il y en a beaucoup, des défis
que le Québec traverse, mais on ne partage pas toujours les mêmes
préoccupations puis la même volonté d'arriver au même endroit, alors que c'est
le cas pour le vieillissement de la population. On veut tous la même chose.
Alors, je pense qu'on a la responsabilité de mettre la partisanerie de côté
pour montrer aux aînés qu'on a pris acte de leurs inquiétudes, qu'on veut les
écouter pour voir ce qui doit être fait pour améliorer leur qualité de vie.
Moi, des aînés qui se
sentent laissés pour compte, j'en rencontre déjà souvent. Puis je ne vous parle
même pas de ceux qui restent chez eux, parce que c'est compliqué de se déplacer
ou parce qu'ils sont en CHSLD. Je vous parle
d'aînés qui sont en pleine santé, qui s'impliquent dans des organismes, qui
sont actifs et qui sentent quand même qu'ils sont mis à part, qu'ils
sont... qui ne sont pas écoutés à cause de leur âge. Alors, imaginez ceux pour
qui c'est plus difficile de se déplacer, ceux qui sont
moins à l'aise avec les technologies, par exemple. Ces gens-là se sentent
largués. Ils ont encore plein de belles années devant eux au Québec, mais ils
se sentent mis à part de la société, et ce n'est
pas normal. Je voudrais qu'on se mette ensemble, qu'on envoie le message aux
aînés qu'on veut les entendre, qu'on veut mieux faire pour répondre à
leurs besoins, pour améliorer leur qualité de vie, pour faciliter leur
participation sociale. Je veux qu'on envoie
le message aux autres générations aussi que leurs élus ont arrêté de pelleter
par en avant l'enjeu du vieillissement de la population, parce
qu'honnêtement ça concerne tout le monde. Puis plus on attend, plus ça va être difficile de mettre en oeuvre ce que ça
prend pour assurer la qualité de vie des aînés. Puis c'est toute la société
qui en paie le prix, ce n'est pas seulement les personnes aînées.
• (10 h 10) •
Puis la seule
personne qui a le pouvoir de lancer un chantier comme ça, c'est la ministre des
Aînés. Alors, moi, je le demande
formellement à la ministre, puis c'est pour ça que je suis ici aujourd'hui.
Est-ce qu'elle est ouverte qu'on travaille de manière transpartisane
pour nous assurer que chaque personne va pouvoir vieillir dans la dignité au Québec? Est-ce qu'elle est prête à prendre le
leadership de lancer des états généraux sur la qualité de vie des aînés dans
l'objectif qu'on prépare ensemble le Québec au vieillissement de la population?
La Présidente (Mme
Lecours, Les Plaines) : ...terminé? Merci. Avant de passer la parole,
juste rappeler qu'on interpelle les gens par
leur titre, c'est probablement un oubli, députée de Champlain, si ma mémoire
est bonne, ou présidente du Conseil
du trésor. Merci. M. le ministre de la Cybersécurité, vous avez également
10 minutes pour... j'allais dire les remarques préliminaires,
là, mais c'est les déclarations d'ouverture. Allez-y.
Réponse du ministre
M. Éric Caire
M. Caire : Bien,
d'abord, Mme la Présidente, merci. Permettez-moi de vous saluer, permettez-moi
de saluer les collègues, la députée de
Sherbrooke, la députée de La Pinière, et mes collègues de la partie
ministérielle, et les gens qui
m'accompagnent. Ça me fait plaisir d'entendre ce que je viens d'entendre de la
part de ma collègue de Sherbrooke, et non,
je n'ai pas l'intention de l'inonder de statistiques. Je pense que le débat
qu'elle veut avoir est un débat de fond, un débat de société.
Ceci étant, elle me
permettra quand même d'élaborer sur le fait qu'il y a des choses qui se sont
faites. Et d'entrée de jeu, ce que
j'aimerais faire avec ma collègue, c'est peut-être... et je le dis sans aucune
prétention, là, j'espère que c'est très clair, mais un peu d'historique,
parce que c'est... l'avantage d'être vieux comme député, c'est qu'on a vu différentes initiatives. Puis ma collègue de
Sherbrooke en parlait, là, je pense que tous les ministres qui se sont succédé
avaient à coeur de trouver une solution au... à ce phénomène. J'allais dire un
problème, mais ce n'est pas... c'est un phénomène, phénomène de vieillissement.
On vieillit tous.
Et déjà, quand moi,
je suis arrivé, Mme la Présidente, on parlait du vieillissement de la
population, on parlait du fait que la
portion de la population qui aurait 65 ans et plus augmenterait. On
parlait aussi du fait qu'il y aurait moins de travailleurs, de gens
actifs, ce qui amènerait une pression sur nos finances publiques, sur les
revenus de l'État. Donc, c'était... déjà, il
y avait une réflexion. Et moi, je suis... bientôt, Mme la Présidente, je vais
souffler 17 bougies comme député, là. Donc, c'est un débat qui est
amorcé de longue date. Là-dessus, je veux me faire rassurant.
Ceci étant, là où je
rejoins totalement ma collègue, c'est qu'il y a encore du travail à faire. Mais
là où je... Et d'emblée, là, je le dis au
nom de ma collègue, la main tendue, elle est acceptée d'emblée. Pour nous,
c'est de la musique à nos oreilles. Je veux dire, qu'on travaille
ensemble à trouver des solutions à un problème collectif, je pense que les Québécois s'attendent à ça de leurs élus, tous
partis confondus. Et autant du côté de la partie ministérielle que du côté de
l'opposition, je pense qu'on a intérêt, effectivement, à travailler ensemble,
trouver des solutions puis faire en sorte que cette situation-là... on
aille de l'avant pour permettre à nos aînés... parce que, dans le fond, le fond
du débat, c'est de permettre à nos aînés de vivre dans la dignité.
Et là-dessus, Mme la
Présidente, je vais quand même faire une petite digression par rapport à ce que
ma collègue a amené comme éléments, parce
que, si le portrait du vieillissement de la population change, ça, c'est tout à
fait exact, le portrait de qui sont et ce que sont les aînés change
aussi. Puis vous me permettrez de prendre mon exemple.
Alors, moi, dans sept
ans, je serai considéré comme un vieux. Je vais avoir 65 ans. Je ne suis
pas capable de me voir comme ça, là. Je ne
suis pas capable de me voir comme ça puis, à la limite, je ne veux pas qu'on me
voie comme ça non plus. Moi, je veux... Ce que je me souhaite, puis je
vous dirais, j'ai un bon espoir d'y arriver, c'est... à 65 ans, je veux
continuer à être un membre actif de la société, je veux continuer à être chez
moi, m'occuper de ma maison, être là pour mes enfants, peut-être pour mes
petits-enfants, quoique, de ce côté-là, les projections sont plus ou moins optimistes, mais, bon, ça ne relève pas de moi. Et
je sais, Mme la Présidente, qu'on a une population qui est vieillissante,
mais on vit plus longtemps, et on est en santé plus longtemps, et on est actifs
plus longtemps.
Or, dans la réflexion
que nous faisons collectivement, il y a beaucoup : Quels sont les soins
qu'on peut apporter aux aînés? J'amène un angle différent. Quelle est la place
de nos aînés dans la vie active? Quelle est la place de nos aînés dans notre
vie active? Je veux dire, on parle de places en hébergement, on parle de
maintien à domicile. Il faut parler de ça, il faut absolument parler de ça,
mais parlons de quels sont les emplois disponibles pour nos aînés, et Dieu sait
qu'on en a besoin, de cette expérience-là, de cette expertise-là. Quels sont
les aménagements qu'on fait pour permettre aux aînés... Je veux continuer à
travailler, mais actuellement, les semaines, ça ressemble plus à des semaines de 80, 90 heures. Ça va avec la
fonction, c'est parfait. Peut-être que, dans cinq, six, sept ans, huit ans,
10 ans, une semaine de 35 heures, ce serait suffisant.
Peut-être qu'une semaine de 20 heures, ce serait suffisant.
Alors, cette réflexion-là,
il faut la faire aussi, cette réflexion-là. Il faut collectivement qu'on se
dise : Quelle est la place des aînés?,
mais globalement, pas juste : Quelles sont les mesures qu'on met en place
pour donner des soins, donner un hébergement ou un maintien à domicile?
Alors, Mme la Présidente... et là-dessus, je dirai que... Puis je remercie la
députée de Sherbrooke, parce que, d'entrée de jeu, elle a fait des constats,
puis c'est tout à son honneur, et je pense que ça inaugure bien pour le reste
du débat. Mais le gouvernement a posé des gestes qui sont... Les gouvernements,
les gouvernements ont posé des gestes qui sont significatifs. Évidemment, je
pense que notre gouvernement n'est pas en
reste non plus, puis il en reste à faire. Il reste des choses à faire. Tout
n'est pas accompli, tout n'est pas fait.
Pour ce qui
est de travailler ensemble, Mme la Présidente, je l'ai dit d'entrée de jeu, je
pense que c'est effectivement la
chose à faire. Maintenant, ça peut prendre différentes formes. Je donne un
exemple à ma collègue. La ministre responsable des Aînés a quand même
tenu deux consultations qui étaient majeures. Le milieu a été consulté, les
experts ont été consultés. D'ailleurs, je
salue ma collègue de La Pinière qui a participé aux consultations. Puis sans
préjuger de rien, là, je ne porte aucun jugement, là, sur la bonne
volonté des uns et des autres... et les constats se font depuis longtemps. Moi, je pense que le travailler ensemble dont
parle ma collègue va être plus dans les actions qu'il faut poser à court terme.
Puis je ne veux pas présumer de ce que ma
collègue fera dans la continuité du plan qui a été élaboré, mais on a quand même un plan qui est clair. Est-ce qu'il
est perfectible? Essentiellement, oui, comme n'importe quoi. Est-ce que le
prochain plan, Vieillir ensemble, pourrait être bonifié par des suggestions,
par des interactions avec les oppositions? Je suis convaincue que ma
collègue va être ouverte à ça. Est-ce qu'il faut aller vers des états généraux?
Je suis moins sûr. Je suis moins sûr. Est-ce
que ce travailler ensemble là ne pourrait pas être, justement, de se donner un
plan? Parce que l'information, bon, on l'a pas mal, là. Puis, comme je
le disais à ma collègue, ça fait 17 ans que je suis en poste comme élu.
Alors, il y a eu beaucoup de rapports d'experts, il y a eu beaucoup de
consultations. Moi, je pense que la population du Québec, ce que la population
du Québec s'attend de ses élus, tous partis confondus, et c'est là où j'adore ce que ma collègue dit, c'est dire :
Bien, O.K., mais dans l'action, qu'allons-nous faire? Dans les gestes qu'ils
vont poser, bientôt, là, demain, parce que le vieillissement de la
population, c'est demain, qu'allons-nous faire?
Alors, le gouvernement a une vision que ma
collègue connaît, a une vision sur l'hébergement, a une vision sur le soutien à
domicile, a une vision sur le retour des aînés ou le maintien des aînés dans le
marché du travail. Nous avons une vision. Cette vision-là pourra certainement
être enrichie par les solutions et les constats qui seront faits par l'ensemble
de la société civile en général et les élus de l'Assemblée nationale en
particulier. Et il n'y a personne de la partie ministérielle qui va vous dire :
Non, on ne veut pas travailler avec vous autres, on veut faire nos affaires de
notre bord. Ça, vous n'entendrez pas ce message-là de la part de ma collègue ni
d'aucun du gouvernement.
• (10 h 20) •
Puis il y a un dernier élément que je veux
apporter aussi dans la vision des aînés, dans la société, puis ça, ça me tient
à coeur, moi, personnellement, c'est la fracture numérique qui touche nos
aînés, pas que les aînés, mais qui touche beaucoup nos aînés. Dans un univers
qui est de plus en plus numérique, dans un univers où on veut s'en aller vers
des services de plus en plus numériques, il faut s'attaquer à cette question-là
aussi de la fracture numérique. Je prenais l'exemple de Desjardins, qui a fermé
des guichets automatiques récemment, puis, bon, on voit l'impact que ça peut
avoir. Alors, est-ce que l'idée, c'est de maintenir ce service là ou c'est
d'aider les aînés à aller vers les autres services qui sont disponibles? Et ça,
c'est une question qui me tient à coeur, et je le dis d'entrée de jeu, je serai
très, très, très ouvert aux collaborations
des oppositions pour trouver des solutions. Parce que cet univers-là, les
jeunes y sont déjà, les moins jeunes
y sont, mais nos aînés, ils n'y sont pas assez, puis il faut travailler
là-dessus parce qu'évidemment c'est
un changement de société en profondeur, et un changement de société en
profondeur ne doit laisser personne derrière. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) : Merci beaucoup, M. le
ministre. Alors, des bonnes intentions de part et d'autre. Alors, on va commencer la période d'échange, cinq
minutes chacun. Vous avez la parole, Mme la députée de Sherbrooke.
Argumentation
Mme Labrie : Merci, Mme la Présidente.
D'emblée, le ministre a dit : Je ne veux pas qu'on me voie comme ça quand
je vais atteindre cet âge. Je trouve que ça parle beaucoup parce que ça montre
à quel point il y a un préjugé négatif à l'idée d'être peut-être vieux. De ne
pas vouloir être vu comme ça, c'est parce que ça ne représente pas une image
positive et c'est un problème en soi, auquel on devrait s'attaquer. Je le
comprends de vouloir rester actif, puis une
très grande proportion des aînés actuellement sont en excellente santé, sont
actifs. Ils ne se reconnaissent pas quand ce qu'ils entendent dans l'espace public, les discussions à propos des
enjeux des aînés, ça touche les CHSLD puis les RPA, parce que la très
vaste majorité des aînés ici, au-dessus de 90%, n'habite pas ni dans un CHSLD
ni dans une RPA.
Donc, c'est
certain qu'il va... Il faut l'élargir, là, la conversation. Puis moi, je suis
contente d'entendre le ministre me parler de la place des aînés dans la
vie active parce que c'est précisément ce dont je parle aussi. Quand je dis «la
participation sociale des aînés», c'est ça, c'est de réunir les conditions pour
s'assurer que les aînés puissent garder une
participation sociale pleine, entière. Là, moi aussi, je veux précisément
ressortir de ça, le paradigme dans lequel... quand on parle de vieillissement de la population, on parle juste des
soins puis des services à domicile. C'est bien plus que ça, puis j'ai
énuméré une partie des volets sur lesquels il fallait se pencher.
Puis d'ailleurs la consultation à laquelle le
ministre fait référence, je n'ai pas... j'ai épluché les documents de consultation, puis moi, j'étais contente de voir
là-dedans que, clairement, les équipes au sein du ministère savent c'est quoi, la nature du chantier qu'on doit... qu'on devrait être
en train de faire au Québec. Les thèmes qui sont là-dedans : emploi et revenu disponible, vie sociale,
engagement dans la communauté, promotion du vieillissement et modes de vie
sains... oui, services et soutien pour
demeurer à domicile, habitation habitable et abordable, mobilité et transports,
âgisme et reconnaissance de la
diversité des personnes aînées, communication, accessibilité à l'information.
Il y a déjà une vision, effectivement, de la diversité des enjeux dont
on doit s'occuper au Québec.
Mais je vous dirais, moi, ce que j'ai vu
là-dedans, c'est qu'on a une idée générale de là où on doit se rendre ou, en tout cas, de ce qu'on doit prendre en
compte dans la destination où on doit aller. Ça, on le sait, puis ça m'a rassurée
de voir ça. Mais le fait est qu'on n'a
aucune idée d'où on part. On ne peut pas se faire un plan cohérent pour une
destination quand on ne sait pas d'où on part. On ne se rendra pas, là. On ne
peut pas se faire un itinéraire, si on n'a pas les deux bouts de l'itinéraire.
Puis en ce moment, le seul volet de tout ça pour lequel on a un portrait clair,
c'est le volet des soins et services à domicile parce qu'il y a eu un
mandat qui a été donné à la Commissaire à la santé et au bien-être et puis
qu'elle a fait un travail exhaustif qui est extrêmement précieux pour la suite
des choses. Mais le fait est que c'est le seul de ces volets-là — je
viens d'énumérer la liste, là, des chapitres, là, de l'ancien plan d'action — c'est
le seul des volets pour lequel on sait d'où
on part. On sait, par rapport à ça, l'écart entre ce qui existe et ce à quoi on
devrait être capable de répondre. On est à 10 % de ce qui existe
comme besoins en ce moment puis on a évalué aussi ce que ça va prendre dans les
prochaines années.
Donc, ça, on le sait, mais, pour tous les autres
volets, on ne le sait pas. C'est pour ça que ce que je demande aujourd'hui, c'est qu'on fasse des états généraux.
Parce qu'on a beau avoir une idée de l'intention d'où on veut s'en aller, de se
dire : Ah! bien, c'est important, par exemple, pour la mobilité des aînés
et le transport, tout ça. On n'a aucune idée de si on est capable de
répondre aux besoins en matière de transport des aînés en ce moment. On ne le
sait pas. Puis même, des fois, on recule, je
vous dirais. On recule parce que, du transport adapté, il y en a qui est coupé
dans certaines de nos régions. Il y a du transport collectif qui est
coupé ou dont le coût augmente. C'est arrivé dans Memphrémagog l'année passée. En tout cas, ils ont coupé du
transport adapté, puis il y en a plusieurs qui sont sortis bien inquiets en
disant que ça entravait leur participation sociale parce qu'ils en ont
besoin pour se déplacer.
L'année
dernière aussi, ici, dans la Capitale-Nationale, il y a des gens qui ont
dit : On recule de 20 ans en arrière avec le transport adapté. Parce que, là, tout d'un coup, il y avait
tellement de demande par rapport à l'offre qu'il fallait prioriser les demandes. Ça fait que... Ils leur
demandaient la raison pour laquelle ils avaient besoin d'un déplacement, puis,
si c'était pour aller prendre un café avec une amie, bien, c'était bien de
valeur, mais ce n'était pas priorisé. Ils priorisaient les gens qui avaient
besoin d'un déplacement, par exemple, pour aller avoir des soins de santé, puis
c'est normal qu'ils le fassent. Mais je vous dis ça pour vous montrer à quel
point non seulement on n'a pas tout ce qui est en... On n'est pas en train de faire tout ce dont on a besoin, mais même
parfois on recule. On recule, en ce moment, par rapport à la direction
vers où on devrait aller.
Alors, moi, les états généraux que je demande,
je les demande parce qu'on ne l'a pas, l'état des lieux. On est incapable de
mesurer l'écart entre ce qui existe et quels sont les besoins. On n'a aucune
mesure ni de ce qui existe ni des besoins. Alors, on n'est pas équipés pour
répondre à ces défis-là ensemble.
La
Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) : Merci, Mme la députée.
Alors, je me tourne du côté de la banquette ministérielle, un cinq
minutes, M. le ministre. La parole est à vous.
M. Caire : Merci. Merci, Mme la
Présidente. Je vais faire mon intervention en deux temps, d'abord sur la
perception du vieillissement, et là-dessus, je dirais, ma collègue a raison.
C'est vrai qu'il y a une perception un peu négative sur la capacité des aînés
dans les maintiens en emploi et, je vous dirais, dans les maintiens en emplois
névralgiques, et c'est extrêmement malheureux. Et j'ai en tête un vibrant
plaidoyer que ma collègue avait fait sur la perception des femmes en politique,
qui nous a touchés, tous, directement au coeur, mais je pense qu'il faut faire
ce genre de plaidoyer là aussi pour les
aînés qui ne sont pas... puis là je ne veux pas être méprisant, parce qu'il n'y
a pas... il n'y a pas de tâches, comment on dit ça... de mauvais
emplois, je ne me souviens plus de l'expression consacrée, mais on dirait qu'à partir d'un certain âge,
occuper des fonctions, que ce soit député... puis je vais parler pour moi,
mais... il faut faire de la place aux jeunes. La politique est
probablement le seul endroit où avoir de l'expérience, c'est un défaut. Puis ma collègue de La Pinière pourra me
le dire, mais c'est malheureux... C'est malheureux. Dans des tâches de direction, bien, on le voit dans un débat
ailleurs, où on se dit : Mon Dieu! Il est trop vieux, il est sénile. Il
faut changer ce discours-là, il faut changer ce narratif-là. C'est très
clair. Pour moi, c'est très clair.
Ensuite, bon, la collègue dit : On n'a pas un
portrait clair, on ne sait pas où on va. Sur certains éléments, je vais lui donner raison. Effectivement, sur le
transport, les chiffres ne sont pas connus, mais les projections
démographiques, on les connaît. Sur l'hébergement, on a les chiffres,
sur le soutien à domicile, on a les chiffres, sur le potentiel d'aînés actifs,
on a les chiffres, sur la... je parlais de la fracture numérique tout à
l'heure, on a les chiffres aussi. Donc, on
n'a peut-être pas le portrait complet, mais entre pas complet puis pas du tout,
il y a quand même une marge. Donc, oui, il y a de la collecte
d'informations qui reste à faire. Ça, je le concède d'entrée de jeu à ma
collègue.
Maintenant, où je reviens à la proposition qui
est faite... puis, bon, comme je vous dis, je ne veux pas mettre des mots dans
la bouche de ma collègue, là, mais est-ce qu'on a besoin d'états généraux ou
est-ce qu'on a besoin de faire une évaluation exhaustive et particulière pour
ces secteurs-là? Parce que l'idée, c'est de se mettre en action le plus rapidement possible, puis là-dessus, je suis
convaincu que ma collègue de Sherbrooke va être d'accord avec moi, là,
les aînés méritent d'avoir un plan d'action rapidement. Et, bon, je réitère ce
que j'ai dit, du côté du gouvernement, on a cette vision-là sur l'hébergement,
sur le vieillir actif, sur le soutien à domicile.
• (10 h 30) •
Moi-même au ministère, là,
on travaille sur la fracture numérique en collaboration avec ma collègue
responsable des aînés. On va être ouverts aux suggestions, là, puis vraiment,
là, je ne le dis pas... je ne le dis pas en l'air,
on va être ouverts aux suggestions. Mais moi, ce que je pense, c'est que le
travailler ensemble dont me parle... puis ce que je suggère aussi, c'est que le
travailler ensemble, dont la députée de Sherbrooke nous parle, va s'inscrire,
je pense, plus favorablement dans une
démarche qui est une initiative du gouvernement, parce que, bon, nos
institutions démocratiques sont ainsi faites que l'exécutif a les
leviers du gouvernement, ce qui est correct, ce qui n'empêche pas l'Assemblée
nationale, les députés de l'Assemblée nationale, de participer aux travaux, au
contraire. Ma collègue a donné un exemple avec la présidente du Conseil du
trésor, où ça a donné des résultats qui étaient effectivement très positifs
pour la société. C'est une forme qui peut être prise.
Il y en a
d'autres, notamment, bon, les consultations, notamment la participation à
l'élaboration des différentes mesures
par les suggestions que les oppositions pourront faire. Le travailler ensemble,
il y a plusieurs formes possibles, mais je pense et je suggère de
s'inscrire dans une démarche d'aller de l'avant avec les plans qui sont à
venir, les plans qui sont déjà en exécution, pour lesquels il y aura toujours
de la marge de manoeuvre pour s'assurer qu'on bonifie
le plan. Je veux dire, ça, c'est... personne ne va être contre la vertu,
surtout pas ma collègue responsable des aînés. Mais je pense que cette forme-là serait peut-être plus proactive, plus à
même de donner des résultats à court terme qui sont souhaités par l'ensemble des élus de l'Assemblée nationale que de
revenir à une consultation qui va nécessairement inclure des secteurs
pour lesquels on a déjà l'information.
La
Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) : Merci, M. le ministre.
Alors, nous demeurons du côté de la banquette ministérielle, et je me
tourne du côté du député d'Abitibi-Est pour cinq minutes.
M. Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, Mme la Présidente, je connais la députée de Sherbrooke depuis cinq ans. Je la vois aller, je vois les
dossiers qu'elle amène ici, au Parlement, et je suis totalement conscient que
ce sont toujours des dossiers qui ont un
grand instinct de sensibilité, et ça, je dois lui avouer ça, parce que je pense
que ça, c'est... dans des sujets
comme ça... on le sait, c'est des sujets sensibles et avec des connotations
très majeures. C'est un peu pourquoi
j'étais un peu surpris quand j'avais vu le titre de l'interpellation, «Le
manque de préparation du gouvernement», parce que, elle l'a dit tantôt,
elle en a parlé, je pense qu'elle recherche davantage une approche constructive
qu'une confrontation avec le gouvernement.
Par contre, je comprends aussi qu'avec les cinq
ans qu'elle a faits comme députée, jusqu'à présent... Il faut comprendre
qu'on... il y a des étapes. Il y a des étapes et, souvent, il y a... dans la
situation des étapes, on a bien beau dire qu'on ne veut pas trop, trop parler
de chiffres, qu'on connaît les chiffres, mais quand on regarde un petit peu la situation des personnes âgées de 85 ans et
plus recensées en 2021 versus qu'est-ce qui était en 2001, on s'aperçoit que c'est
861 000 personnes, du jour au lendemain, là, en 20 ans, là, qui ont
transféré de l'employabilité au côté, si on peut dire, des aînés. Le ministre
de la Cybersécurité en a parlé tantôt, il y a tout le volet aussi d'implication
dans le côté social, l'activité physique,
etc. J'ai la chance, dans ma famille, d'avoir des gens de 90 ans qui chauffent
encore leur voiture et qui sont encore autonomes à la maison. J'ai une
autre tante de 81 ans qui voyage régulièrement de Montréal à... en Abitibi-Témiscamingue, avec sa voiture, qui n'a pas
besoin d'aide. C'est précieux, c'est majeur, et puis on l'apprécie
énormément.
Donc, il faut comprendre aussi qu'il y en a
d'autres qui ont des problématiques, mais, pour arriver à ces... là, pour être
capables, justement, de générer quelque chose, bien, ça nous prend, à un moment
donné, vous le savez, des politiques. Et je
n'ai pas le choix de revenir sur 2021, avec la politique qu'a mise en place
l'ancienne ministre des Aînés, Mme Blais, qui était la première
politique nationale des personnes proches aidantes de l'histoire du Québec.
Est-ce que cette politique-là aurait dû être
mise en place avant? Possiblement. Parce qu'on le voit, là, les chiffres ont
extrapolé de façon incroyable, là, au fil du temps, mais ça nous prend
un peu ces politiques-là pour pouvoir avancer, pour être dans le temps. Puis naturellement, ces politiques
là se font quand même en complémentarité avec ce que vous, vous avez
amené, par exemple, en débats ou en situation de discussions au niveau du
Parlement.
On le voit avec la dernière politique qu'a mise
en place l'actuelle ministre des Aînés, chaque petit geste finit par faire
avancer la situation de nos aînés. Mais c'est sûr et certain qu'il faut prendre
en considération qu'on est bousculés par le fait que, dans... par le passé, il
y a peut-être eu un manque, un petit peu, de prévisionnabilité au niveau de cet aspect-là. Donc, je pense que c'est
le travail, actuellement, qu'on essaie de bien présenter, puis de bien faire,
puis, le collègue de la Cybersécurité l'a mentionné tantôt, il y a différentes
formes de travailler ces choses-là.
Puis je ne pense pas que la porte de la ministre
des Aînés vous a été fermée. Je pense qu'elle est toujours ouverte à vous accueillir, à discuter avec vous,
de prendre vos suggestions, de voir un peu comment qu'on est capables de
faire avancer les causes puis de faire en sorte que, justement, le milieu de
vie de nos aînés soit plus propice à avoir des belles fins de vie ou des beaux
moments encore, lorsqu'ils sont encore en capacité de bien évoluer au niveau de
notre société.
Donc, c'est
tous des aspects, je pense, qu'il ne faut pas jamais oublier, parce que, vous
l'avez mentionné tantôt, on passe à des ratios de façon incroyable, et
il faut trouver, au fur et à mesure, des mesures pour, justement, bien intervenir avec eux. Mais c'est ce que s'applique
le gouvernement à faire, puis on l'a vu, là, avec le projet de loi n° 15 de
M. Dubé... du ministre de la Santé, ça a été
la même chose. Il y a un objectif derrière ces projets de loi là pour, justement,
améliorer les conditions de vie de nos aînés, faire en sorte qu'ils soient plus
actifs, que... justement, qu'on fasse en sorte de garder ces gens-là à la
maison. Je pense qu'on voit vraiment l'ensemble des enjeux que le gouvernement met en place. Ce n'est pas que des chiffres, ce
n'est pas que des statistiques. Je pense, aussi, c'est des actions qui sont
très positives pour améliorer la situation. On est aussi confrontés à des
situations d'urgence, comme on a vu avec les RPA. Donc, il faut, justement, intervenir
rapidement, puis ce n'est pas par le biais d'états généraux qu'on pourrait y
arriver, par exemple.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. Alors, on va entamer la deuxième série
d'interventions avec l'opposition officielle et sa représentante, la députée de
La Pinière. Vous avez cinq minutes.
Mme Caron : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, d'entrée de jeu, je vais dire qu'il faut reconnaître qu'il y a au moins trois générations d'aînés au
Québec. Alors, quand on parle d'aînés, souvent, on associe à des besoins
de santé, et il y en a un grand nombre qui
en ont besoin, mais ce ne sont pas tous. Ils ne sont pas tous rendus à un stade
où ils ont besoin de soins, de soutien à domicile ou autres soins de santé,
mais on fait souvent cet amalgame-là, et juste le titre de la ministre, qui est
déléguée à la santé et responsable des aînés, montre à quel point c'est ancré
dans la société.
Les besoins
varient en fonction des générations d'aînés. Certains peuvent effectivement
continuer de travailler à un rythme moindre, continuer de contribuer à
la société, par exemple, en mentorant des plus jeunes, en faisant du bénévolat
pour aider les plus jeunes, faire profiter les plus jeunes de leur expérience.
Mais le... la condition, je dirais, des aînés à 65 ans, parce que
65 ans, c'est l'âge où on arrive officiellement à la retraite et qu'on
considère que c'est... qu'on commence à être aîné, mais c'est beaucoup l'état
de la personne en fonction de son statut socioéconomique et son état de santé,
et les déterminants de la santé sont beaucoup liés à l'état socioéconomique.
Donc, on peut avoir des personnes qui vont être
en excellente santé, vont pouvoir se permettre d'être actives, vont pouvoir se
permettre de voyager jusqu'à 90 ans, 93 ans, comme disait le
collègue d'Abitibi-Est, et c'est merveilleux, et je le souhaite à tout le
monde.
Maintenant, il y a un travail qui a été fait,
très exhaustif, par la Commissaire à la santé et au bien-être, à la demande du gouvernement, et je salue cette demande
et ce travail qui a été fait. Aujourd'hui, on parle de faire un travail
transpartisan, c'est la proposition de la collègue députée de Sherbrooke, qui
fait cette... qui est à l'initiative de cette interpellation, et je suis pour
le travail transpartisan, le vrai travail transpartisan, bien entendu, sous le
leadership de la ministre, c'est elle qui
est ministre, sous son leadership, mais un vrai travail transpartisan, où la
ministre nous présente l'échéancier des travaux.
• (10 h 40) •
Hier, en débat de fin de séance, elle me disait
qu'elle accueillait favorablement les recommandations de la Commissaire à la santé et au bien-être. Moi, ce
que je veux entendre, comme députée, comme représentante de mes voisins et
voisines dans La Pinière, c'est... d'accord. Maintenant que vous accueillez
favorablement ces recommandations, quel est le plan de match? Quelles
recommandations trouvez-vous qui doivent être mises en oeuvre? Est-ce que c'est
l'ensemble? Est-ce que c'est certaines d'entre elles? C'est quoi, l'échéancier
de travail? Et ça, s'asseoir avec les porte-parole de l'opposition officielle
et des autres oppositions pour en discuter ou pour dire : Moi, c'est ça
que je propose, embarquez-vous dans ça? Est-ce que vous... et puis être à
l'écoute et être ouverte à faire des modifications, peut-être, pour bonifier le processus. Ça, c'est un vrai travail
transpartisan, et ça, j'embarque. Mais je n'appelle pas un travail partisan le
fait de nous présenter un plan déjà démarré ou le fait de dire : Bien là,
je vais faire cette annonce-là, embarquez-vous?
Ça, c'est une courtoisie qui est faite et qui nous offre la possibilité de
savoir avant que ce soit public, mais c'est tout. Ce n'est pas un
travail transpartisan.
Alors, si on veut parler d'un travail
transpartisan pour les aînés, je m'attends à ce qu'on soit convoqués par la
ministre, qui assurera le leadership, mais qu'on soit dans le coup dès le
départ. Ça, c'est un vrai travail transpartisan, et ça, je suis parfaitement
d'accord.
Tout à
l'heure, le ministre de la Cybersécurité a évoqué le fait que j'avais
participé, l'année dernière, le 18 mai, pour être précise... c'était
durant la semaine de travaux en circonscription, mais j'étais revenue à Québec
parce que j'avais demandé de participer à un colloque, une journée où il était
question de l'actualisation de la politique qui s'appelle Bien vivre ensemble. Ça s'est passé tout près d'ici, à l'hôtel
Concorde, et c'était une journée fort intéressante pour moi. J'ai été là
toute la journée en mode écoute de tous les intervenants, mais ça n'a pas été
un travail d'équipe qui a été fait, là. Ça a été de nous présenter ce qui avait
été fait. Et d'ailleurs la Commissaire à la santé et au bien-être nous dit que
le ministère de la Santé et Services sociaux a rendu public...
La
Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) : Mme la députée, le
temps... le cinq minutes est écoulé. On va en avoir d'autres. On va en
avoir d'autres.
Mme Caron : ...parce que je suivais
le chronomètre et j'étais... je me... je n'étais pas rendue à... je ne voyais
pas que j'étais rendue à cinq minutes.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, c'est le petit chronomètre qui est en haut.
Mme
Caron : Oui, le chronomètre qui est en haut, d'accord. Je
l'ai peut-être perdu de vue. Alors, merci pour...
La
Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) : Il n'y a pas de problème.
On va poursuivre les échanges avec le ministre pour cinq minutes.
M. Caire : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, j'entends bien ce que ma collègue de La Pinière me dit sur
le travail transpartisan et la nuance qu'elle fait entre la courtoisie et le
travail transpartisan. Loin de moi l'idée de balayer du
revers de la main la contribution éventuelle de mes collègues de l'opposition,
mais il n'en demeure pas moins que la
responsabilité de gouverner, c'est une responsabilité qui échoit à la ministre,
et ça, je pense que tout le monde va
être d'accord. Donc, la responsabilité de poser les gestes, de faire les
investissements, oui, d'élaborer les plans, mais de les exécuter, ces
plans-là, c'est une responsabilité qui échoit à la ministre, au gouvernement et
au pouvoir exécutif dans un contexte aussi où... et l'exercice d'aujourd'hui
est un... je pense, un bel exemple de ça, la responsabilité aussi qui est... qui échoit à l'Assemblée nationale, aux
députés de l'opposition, c'est de s'assurer que le gouvernement pose les
bons gestes.
Donc, dans cette compréhension-là de comment
fonctionne notre système, j'entends ce que ma collègue de La Pinière dit et je lui dirai : Bien,
écoutez, oui, il faut être ouvert aux suggestions de l'opposition. Oui, il faut
laisser un espace pour que l'opposition puisse faire des suggestions,
mais la responsabilité de l'exécution, la responsabilité de l'atteinte des
résultats, la responsabilité du respect des échéanciers, la responsabilité de
la gestion des budgets qui est inhérente à tout ça, cette responsabilité-là,
elle est portée par la ministre.
Alors, je
pense que c'est normal que la ministre ait plus qu'un leadership en matière de
gouvernance. Parce que, si on
dit : Oui, c'est bien que la ministre assume un certain leadership, bien,
ça veut dire que la décision revient à l'ensemble des parties prenantes.
Ça, je pense qu'on ne peut pas aller là. La décision doit être prise par la
ministre parce qu'elle sera imputable des décisions qu'elle prend.
Maintenant, sur le rapport de la Commissaire à
la santé et au bien-être, bien, il y a déjà plusieurs actions qui ont été prises. Il y a même des actions qui
étaient... des éléments, qui se sont retrouvés dans le rapport de la
commissaire, pour lesquels il y avait déjà des mesures qui étaient
prises. Et je remercie la députée de La Pinière qui souligne le fait
qu'effectivement la commissaire a été mandatée par le gouvernement pour
effectivement faire un état des lieux puis aider
le gouvernement soit à confirmer que les mesures qui étaient mises en place
étaient les bonnes, soit à faire en sorte que ces mesures-là puissent être corrigées, qu'on corrige le tir, si les
mesures en place n'atteignaient pas complètement l'objectif, soit de
nous faire des suggestions sur d'autres éléments pour lesquels il y avait peut
être un angle mort. Mais en matière
d'hébergement, en matière de soins à domicile, notamment, il y a déjà un plan
qui est très clair, et il y a déjà des actions et des mesures qui ont
été prises, et le gouvernement est en action là-dessus.
Pour l'ensemble du rapport, bien sûr que la
ministre a recommandé le rapport à la Commissaire à la santé pour être capable
de s'assurer que tous les angles étaient couverts, et ce sera certainement le
cas.
Maintenant, sur l'échéancier, ça, je laisserai
ma collègue élaborer là-dessus, parce que, comme le disait la députée de La
Pinière, notamment le plan d'action sur le vieillir ensemble est en voie d'être
élaboré, sera déposé ultérieurement, au moment où ce sera opportun de le faire,
donc, quand il sera complété.
Donc, évidemment, aujourd'hui, je ne discuterai
pas des conclusions d'un plan qui est à être déposé. Par contre, ce que je dis,
ce que je répète, c'est que ce plan-là est en voie d'être élaboré, et, bien
entendu que la ministre est très, très, très
ouverte à entendre les collègues, puis, s'il y a des suggestions, c'est un bon
moment pour le faire, pour bonifier le plan en question. La ministre va
être très, très heureuse d'entendre ses collègues des oppositions.
La
Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) : Merci beaucoup, M. le
ministre. Alors, nous demeurons du côté de la banquette ministérielle,
avec le député de Portneuf, pour une période de cinq minutes.
M. Caron : Merci, Mme la Présidente.
Salutations à l'ensemble de mes collègues, mais à toutes celles et ceux qui
sont présents ici ce matin également. Moi, bien entendu, je salue également
l'approche de la ministre... de la députée
de Sherbrooke dans nos travaux de ce matin, parce que j'aime cet esprit de
collégialité pour trouver des solutions.
Tout à
l'heure, Mme la députée, vous nous disiez que vous ne vous attendiez pas à ce
qu'on fasse, finalement, un exposé de ce qu'on a fait jusqu'à
maintenant. Malheureusement, je vais en faire un petit parce que je me rappelle
de ce constat que j'avais tiré en 2018,
alors que j'étais candidat, Mme la Présidente, à l'élection. J'avais fait
campagne aux côtés, parfois, de ma collègue Marguerite Blais, que je
salue, bien entendu. Et je voulais noter aussi, un petit peu comme l'a fait, ce
matin, mon collègue député d'Abitibi-Est, on poursuit, finalement, son travail.
Et on fréquentait un petit peu... on allait
visiter les RPA et on se disait, là, en voiture, un petit peu secrètement,
qu'il y a bien des endroits où on n'aurait pas aimé que notre famille
s'y retrouve, Mme la Présidente, tellement il y avait des lieux qui étaient en
complète désuétude et puis où on craignait même pour la sécurité de nos aînés.
C'est sûr que... parce que de parler de nos aînés, c'est aussi de parler de leur
confort de vie et c'est sûr aussi que la tragédie de L'Isle-Verte a été comme
un élément déclencheur à cette grande réflexion qu'il a fallu entamer, parce
qu'on avait réellement des endroits, qui accueillaient nos aînés, qui n'étaient
pas adaptés, finalement, je vais le dire comme ça, mais c'est parce que je veux
être poli, mais il y a des endroits qui n'étaient pas adaptés à accueillir nos
aînés.
• (10 h 50) •
Et, par
chance, il y a eu une espèce de... je vais appeler ça aussi un réajustement,
qui s'est opéré, et aujourd'hui, on
voit que celles qui existent... dans mes visites régulières à l'intérieur de ma
circonscription, bien, je me rends compte que les gens qui travaillent
au service de nos aînés, actuellement, dans les RPA, sont des professionnels,
que les soins sont, dans la plupart des cas,
très adaptés. Et je remarque aussi le travail extraordinaire du CIUSSS de la
Capitale-Nationale, qui veille justement à ce que nos aînés soient toujours
soignés comme il le faut dans ces résidences-là.
On avait d'ailleurs, dans Portneuf, une résidence qui était sous haute
surveillance, et j'étais en permanence en
relation avec la direction du CIUSSS de la Capitale-Nationale pour qu'on puisse
s'assurer que nos aînés ne puissent souffrir aucunement et d'aucune manière,
mais que, surtout, leur sécurité soit toujours placée au plus haut point.
Maintenant, rester chez soi, c'est sûr, Mme la
Présidente, que c'est l'option dont on rêve tous, hein, et toutes. J'imagine
que, vous aussi, vous rêvez de passer vos vieux jours chez vous, le plus
longtemps possible, en sécurité. Je pense, justement... Hier, on m'écrivait qu'une de
mes voisines, Juliette Bourassa, venait de décéder, à 105 ans, et elle avait
passé le maximum de temps dans son domicile... Heureusement pour elle, elle
était accompagnée de ses enfants, qui pouvaient prendre soin d'elle, mais ce
n'est pas toute la population qui peut bénéficier de cette proximité avec les enfants. Donc, eh bien, il faut s'assurer
d'accompagner les gens, et je reviendrai, dans le deuxième bloc, sur la
formation de courte durée que nous venons d'annoncer.
Mais, en fonction de ce constat dont je parlais
tout à l'heure, on n'est pas resté les bras croisés, Mme la Présidente, suite à
ce qu'on a découvert, finalement, parfois, en 2018. Parce que, pour ceux qui,
malheureusement, ne peuvent pas rester chez eux, eh bien, il faut penser à bien
les héberger dans nos CHSLD, dans nos RPA, et il faut continuer de supporter
ces installations. On sait qu'il y a beaucoup d'argent qui est prévu d'être
injecté pour rénover tout ça, mais on a
aussi ce magnifique projet qu'avait justement initié notre collègue Marguerite
Blais, qui est la maison des aînés,
un milieu de vie qui s'apparente à celui d'un domicile, où on a finalement le
goût de vieillir, un environnement avec
beaucoup de luminosité, des chambres et des salles de bain individuelles, une
meilleure intégration des personnes proches aidantes, parce que, Mme la
députée le disait, c'est important, cet impact qui peut se produire sur les
proches aidants, des jardins extérieurs pour
marcher, bref, un confort de vie qui est indéniable et qui est salué de tous.
C'est sûr qu'on a pris un certain retard, Mme la Présidente, pour
l'ouverture de ces maisons, mais ça va bon train, et puis j'aurai l'occasion, dans
le prochain bloc, si vous le permettez, de revenir sur ce sujet. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le député. Alors, nous avons complété le
deuxième bloc d'interventions. Nous en sommes donc rendus au troisième bloc
d'interventions avec cinq minutes pour vous, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, moi, je rejoins mon collègue, là, ministre quand il dit
que ça prend l'initiative du gouvernement, que c'est la... que la
responsabilité de gouverner relève de la ministre. C'est pour ça que je
l'interpelle, elle. C'est pour ça que je pense que ça relève d'elle d'avoir le
leadership de lancer ce chantier transpartisan et ces états généraux. C'est ce
que je demande, en fait, qu'elle la prenne, sa responsabilité de gouverner.
Mais ce défi-là, elle ne pourra pas le relever toute seule. Puis ce n'est pas
parce que je doute de ses compétences, là,
c'est juste parce que ça ne relève pas seulement de son ministère ou ni même du
ministère de la Santé et des Services sociaux. Je le sais qu'elle est
bien intentionnée, mais c'est beaucoup plus large que ça.
Dans le
rapport commandé par la CAQ, la Commissaire à la santé et au bien-être, à la
page 28, la commissaire, elle écrit noir sur blanc, je vais vous
citer : «Le ministère de la Santé et des Services sociaux ne peut porter
seul la responsabilité de développer l'écosystème de maintien de l'autonomie.
Le défi à relever interpelle un grand nombre d'autres
ministères et, à plus grande échelle, l'ensemble de la société québécoise.»
C'est écrit noir sur blanc dans le rapport commandé par la CAQ.
La première recommandation de la commissaire,
c'est que le ministère de la Santé et des Services sociaux coordonne une collaboration pour élaborer une
politique gouvernementale de maintien de l'autonomie. Elle précise, la commissaire, que ça implique de faire un état de
la situation actuelle pour cibler ce qu'on veut atteindre et les conditions à
mettre en oeuvre pour y arriver. Donc,
collaborer, faire un état de la situation, si vous m'avez écoutée depuis ce
matin, c'est exactement ce que je
propose à la ministre quand je l'invite à ce qu'on travaille ensemble de
manière transpartisane pour faire des
états généraux sur la qualité de vie des aînés. Ça correspond parfaitement à ce
qui est suggéré dans un rapport que la CAQ a commandé elle-même.
Puis, par
ailleurs, si on veut faire un changement de narratif, comme le disait le
ministre, puis je le rejoins là-dedans, il a raison de vouloir ça, il
n'y a rien comme un vrai chantier qui implique toute la société. Puis je peux
vous dire qu'avec Rebâtir la confiance, on a contribué à le changer, le
narratif, sur les victimes de violences sexuelles puis sur les violences
sexuelles en général. Ça a généré beaucoup de conversations collectives. Ça a
fait les médias. Dans les maisons, les gens
en ont parlé. On a réussi à faire entendre le point de vue des victimes sur le
système, à déconstruire des préjugés. Il y en a eu une, évolution des
mentalités en lien avec ce chantier-là, puis c'est ce que j'aimerais voir aussi
par rapport au vieillissement puis aux personnes aînées.
Et je pense que la consultation qui a eu lieu
dans la dernière année pour le plan d'action, en tout respect, elle n'était pas de nature à impliquer toute la société
québécoise pour changer le narratif. Et d'ailleurs, très peu de gens sont
au courant que cette consultation a existé.
Bien sûr, les acteurs du milieu ont été contactés, ont participé à la
consultation, mais en dehors des acteurs qui travaillent au quotidien, à
la semaine longue, dans ce milieu-là, les gens n'ont pas été impliqués
là-dedans. Puis peut-être, une bonne façon de l'illustrer, c'est que le volet
citoyen de cette consultation-là, c'était un sondage en ligne de cinq semaines
entre le 14 juin et le 21 juillet.
On parle d'une consultation sur un plan d'action
pour vivre et vieillir ensemble; exclusivement un sondage en ligne? Le ministre
parlait de fracture numérique tout à l'heure. Il y a certainement des aînés qui
sont très habiles avec le numérique, qui ont pu participer à cette
consultation, mais il y en a certainement d'autres qui n'ont pas pu. Puis la seule façon qui leur a été offerte, c'est
un sondage en ligne de cinq semaines en plein été. Donc, moi, je n'ai pas...
En tout respect, il y a des gens qui ont bien travaillé avec ce document là,
mais ce n'est pas... ça n'a pas généré la conversation collective qu'on devrait
avoir pour préparer le Québec au vieillissement de la population.
Puis je veux juste montrer aussi à quel point
que ce qui a été fait avec le dernier plan d'action, là, c'est des belles
choses, mais c'est une goutte d'eau dans l'océan de tous les besoins. Je vais
vous donner deux exemples. Les travailleurs
de milieu, par exemple, le programme des travailleurs du milieu, il y en a
certainement dans les circonscriptions de
mes collègues, c'est très bien que ça existe. C'est un beau programme. À
Sherbrooke, en ce moment, il y en a deux, travailleurs de milieu, on va
peut-être bientôt en avoir un troisième, mais il y a 37 000 aînés à
Sherbrooke.
Dans le document, là, ça
dit : Le succès des interventions des travailleurs de milieu repose sur la
relation de confiance qu'ils parviennent à établir avec les personnes aînées.
C'est totalement vrai. Mais comment vous pensez que c'est possible à deux,
peut-être bientôt trois avec un peu de chance, aux travailleurs de milieu de
bâtir des liens de confiance avec
37 000 aînés? Puis ils ne sont peut-être pas tous vulnérables, mais il y a
quand même un aîné sur cinq, en ce moment, qui dit se sentir isolé. Ça
fait que ça fait beaucoup de monde par travailleur de milieu, ça.
Un autre exemple, le programme Municipalité amie
des aînés. Il y a un programme de financement pour des infrastructures, des
aménagements qui répondent aux besoins des aînés. Super beau programme, moi, je
suis contente que ça existe, c'est nécessaire, mais, entre 2018 et 2023, il y a
eu des investissements de 7 millions répartis en 117 projets. Puis je
m'excuse de le faire, mais c'est parce que c'est devenu un nouvel étalon de
mesure collectif, mais 7 millions, c'est ce
que ça a coûté pour le match des Kings, là, O.K. Ça fait que c'est juste pour
donner un étalon de mesure, là,
entre... En cinq ans, on a mis le même montant pour ces matchs, il y en avait
plus qu'un, et pour 117 projets de petites mises à niveau de...
Ça fait que
ce n'est pas le bon ordre de grandeur dont on a besoin pour l'ensemble du
Québec. Puis l'ensemble du plan
d'action, les quatre premières années, sur 10 milliards de dollars, il y
en a 60 % qui a été dans le ministère de la Santé et des Services
sociaux, alors qu'il y a tous les autres volets à considérer aussi.
La
Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) : Merci beaucoup. On va
poursuivre avec une période de cinq minutes accordée au ministre. Le
temps commence maintenant.
M.
Caire : Merci, Mme la Présidente. Je vais y aller
peut-être en deux temps, encore une fois. Dans un premier temps, je vais
peut-être élaborer un peu plus sur la consultation... les consultations,
pardon, qui ont été tenues par la ministre, parce que je pense que c'est
important, dans notre échange, qui est superintéressant... Comme disait ma collègue, tu sais, il faut partir de l'existant puis
il y a quand même un travail, quand même assez important qui a été fait.
Juste pour... puis je m'excuse auprès de ma
collègue, je ne l'inonderai pas de chiffres, promis, mais, quand même, pour situer le débat, alors la commissaire
au bien-être et à la santé disait : C'est un travail transversal de régler
la question ou d'apporter des solutions à la
situation des aînés. Tout à fait d'accord. Consultations qui concernent 32
ministères et organismes, donc,
Revenu Québec, Affaires municipales, Habitation, Transports, le ministère de la
Cybersécurité et du Numérique, donc, il y a... évidemment, ministère de
la Santé et des Services sociaux, bon. Alors, il y a plusieurs ministères qui
ont été sollicités dans cette consultation-là.
• (11 heures) •
Sur la première
consultation, on parle de 120 personnes, c'est... 120 personnes qui ont
été consultées, 120 personnes qui
viennent de groupes communautaires, qui viennent de toutes les sphères de la
société; dans la deuxième, 320 personnes, puis il y en avait 480
qui étaient quand même en virtuel. Donc, une consultation qui a rejoint
4 223 personnes, comme je le dis, là,
de toutes les sphères de la société. Donc, je pense que la consultation qui a
été faite en amont du rapport de la
commission, plus le rapport de la commissaire, qui amène quand même des pistes
de solution, dresse un portrait qui
est quand même exhaustif de la situation. Et j'accorde d'entrée de jeu à ma
collègue qu'il y a encore peut-être certains secteurs où on peut aller chercher un peu plus d'information, mais, de
façon générale, je pense que le plan qui est à être élaboré se base sur
une collecte d'information qui est quand même abondante et pertinente.
Pourquoi je dis ça? Parce que... puis je ne veux
pas avoir l'air d'un anti états généraux, simplement, je veux amener ma
collègue sur, peut-être, le point de vue que moi je défends, qui dit :
Est-ce qu'on n'est pas plutôt à l'étape d'élaborer des actions? Puis ce que ce
que ma collègue de Sherbrooke souligne, là... alors, on a deux intervenants pour 37 000 aînés... relève plus de, bon,
bien, comment on fait pour aider, comment on fait pour ajouter des
intervenants? Qu'est-ce qu'on fait? Comment on réorganise l'aide aux
aînés, le support aux aînés, le soutien aux aînés, l'aide aux aînés pour en arriver à ce que ces 37 000
aînés là aient les services dont ils ont besoin, plus que d'avoir le portrait.
Je ne sais pas si je me fais bien comprendre par ma collègue.
Donc, ce que je prône, c'est soyons plus dans la
recherche de solutions que dans la collecte d'information, parce que la collecte d'information, je pense que
cette étape-là, elle a été bien faite. Encore une fois, c'est... est-ce qu'il
reste des angles morts? Peut-être, puis, bon... Est-ce que ça mérite des états
généraux? Personnellement, j'en doute, mais ça ne veut pas dire qu'il ne
faut pas se pencher là-dessus. Bon.
Le deuxième
élément, c'est sur les pistes de solutions. Et là-dessus, encore une fois, je
ne vais pas inonder ma collègue de chiffres, mais, si on parle de
soutien à domicile, par exemple, c'est quand même 1 milliard qui a été mis. Ma
collègue me parlait du 7 millions des Kings, je n'embarquerai pas là-dessus,
là, je comprends que c'était à titre indicatif, mais c'est quand même 1
milliard qu'on met en soutien à domicile, Mme la Présidente. C'est quand même... si on parle d'hébergement, bien, c'est
quand même 46 maisons des aînés qui seront construites et, bon, on sait
que c'est des sommes qui sont substantielles. Si on parle de soutien, bon,
bien, toute la réduction de la paperasse, l'introduction
des technologies pour les aides-soignants, on parlait de... j'ai les chiffres
ici, là, d'efficacité. On passe de, quoi,
de cinq heures de traitement d'une situation à 30 minutes. Bien, ça, ça
libère quatre heures et demie de temps de soins.
Donc, moi... puis je le dis à titre indicatif,
peut-on, puis moi, je pense que oui, être plus dans... mode «trouvons d'autres
solutions» pour optimiser, rendre plus efficace? Oui, des montants, mais ces
montants-là, on va s'assurer que, quand ils descendent... d'abord, qu'ils
descendent sur le terrain. Puis ça, là-dessus, je pense que ma collègue va être
d'accord, il faut que ça... il ne faut pas que ça reste dans la machine, là, il
faut que ça descende sur le terrain, puis
que ça va vraiment à donner des soins. On optimise, on va vers l'efficience
pour s'assurer qu'on en donne plus avec les... des ressources qui sont
quand même très conséquentes, Mme la Présidente, là, qui sont consacrées aux
aînés.
La
Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) : Merci, M. le ministre. On
reste toujours de ce côté de la banquette ministérielle avec le député
d'Abitibi-Est pour une période de cinq minutes. Le temps est à vous.
M. Dufour :
Merci, Mme la Présidente. Je vais revenir sur le point de la coopération, parce
que je pense que c'est le point que vous
amenez le plus dans votre présentation ce matin. Je pense qu'il faut quand même
voir quelques éléments que la ministre actuelle, qui est une ministre
qui est très, très à l'écoute... Honnêtement, il y a... des fois, c'est un fait, il y a des ministres, des fois, qui
sont avec leurs lignes, mais, dans le cas de celle qu'on parle présentement, de
la ministre déléguée à la Santé, responsable des Aînés, c'est de voir son
ouverture. Puis la plus belle... une des belles exemples, ce n'est pas plus
tard qu'il y a quelques semaines, quand elle a annoncé le
200 millions de dollars supplémentaire
sur cinq ans pour la création de nouveaux programmes pour les RPA avec des
unités de soins afin de freiner des fermetures et maintenir l'offre de
logements aux personnes aînées du Québec.
Ce programme, il n'a
pas été juste inventé par une ministre ou par des fonctionnaires. Il a été mis
en collaboration avec le Regroupement
québécois des résidences pour aînés et le Réseau québécois des OSBL
d'habitation, qui sont deux partenaires essentiels dans nos projets en lien
avec les aînés québécois. Donc, une coopération, oui, il y a
la coopération transpartisane au
niveau des partis politiques, mais elle peut aussi être à l'extérieur des
cadres du Parlement avec le biais de ces réseaux-là. Donc, ça démontre
quand même que ce n'est pas quelque chose qui a été fait tout simplement sur un coup de tête ou quoi que ce
soit, parce qu'il y avait des enjeux rapides qui devaient... fallait intervenir.
Il y a quand même eu des regroupements qui ont été mis à contribution de ce
côté-là.
Je ne peux pas passer
non plus à côté de l'investissement de 2,9 milliards sur cinq ans dans le
cadre du Plan d'action pour l'hébergement
longue durée 2021‑2026 de la ministre... à ce moment-là, de la ministre
qui était en poste au niveau des Aînés. Ça m'amène, quand on regarde ça,
à vous mentionner quand même un élément. Je comprends que des états généraux
pourraient faire en sorte qu'on fait participer d'autres ministères, mais
croyez-moi, pour avoir été même à la table des... du Conseil des ministres, au
niveau du ministère comme Faune et Parcs, c'est un ministère où on avait une préoccupation sur nos aînés
lorsqu'on faisait des actions. On en jasait avec les gens du ministère des
Aînés, on... même principe au niveau
du ministère de... au niveau des Finances, lorsqu'on arrive en discussion,
lorsqu'on veut arriver à faire en
sorte... ce n'est pas simplement une personne qui va faire des revendications,
c'est parce qu'on en discute entre ministres, avec les députés.
Et
aussi, ce que les... les différents éléments que vous, vous nous amenez, comme
parti d'opposition, on essaie de voir
les chemins de passage les plus propices pour justement améliorer la situation
de nos aînés. Et j'inclus là-dedans la ministre des Sports... déléguée
aux Sports, j'inclus le ministère que moi, j'ai occupé, etc. Donc, c'est pour
vous montrer comment qu'il y a quand même
une symbiose de travail qui se fait entre les différents acteurs qui ont à
prendre des décisions. Je pense qu'il
ne faut pas négliger cet aspect-là, puis, je pense, il faut que les gens qui
nous écoutent le savent que ce n'est pas simplement la volonté d'un
simple ministre d'un département qui prend des décisions.
Donc, ça démontre
tout le travail de connexion qui se fait avec l'ensemble des interlocuteurs,
que ce soient les oppositions qui
revendiquent des éléments, que ce soient les regroupements qui vont nous
parler, qui vont nous interpeler pour avoir des améliorations. Donc, je
pense que tout cet aspect-là, il faut le mettre à juste niveau pour arriver à
faire des actions qui sont intéressantes pour nos aînés.
Donc, ça, c'est le
côté, moi, que je trouve, des fois qu'on semble oublier, que, oui, il y a
l'interpellation au niveau des partis
d'opposition, mais il y a beaucoup de groupes avec lesquels on travaille en
symbiose pour justement essayer de résorber des problématiques qui
existent à travers les différents enjeux que vivent nos aînés. Et je ne peux
pas non plus passer à côté, non plus, même au niveau de... comme député, de
nos... lorsqu'on donne des coups de pouce à
nos associations de personnes âgées, lorsqu'on accompagne celles-ci pour des
problématiques au niveau de leur capacité à aller sur Internet, à aller
travailler sur les enjeux de leur rapport d'impôt, des choses comme ça.
Il y a beaucoup de
belles actions qu'on fait que souvent ce n'est pas... parce que c'est de la
routine, parce que c'est standard à ce qui se passe dans le moment présent,
bien, on n'en parle pas puis on essaie de trouver que les problèmes. Mais,
au-delà de ces problématiques-là, il y a beaucoup d'enjeux que... même au
niveau comme bureau de député, que les
travailleurs qui nous entourent font pour améliorer la qualité de vie de nos aînés
à travers tout ça. Donc, je pense que c'est des éléments qui sont
importants à mentionner ici.
La Présidente (Mme
Lecours, Les Plaines) : Merci beaucoup, M. le député. Alors, mine de
rien, on est rendus à la quatrième série
d'interventions. Alors, on va... oui, la quatrième, c'est ça, on va commencer
ça avec la députée de La Pinière pour cinq minutes.
Mme Caron : Merci,
Mme la Présidente. Alors, l'interpellation qui nous réunit ici aujourd'hui
porte sur la possibilité de vieillir dans la
dignité, donc s'assurer que chaque Québécois, chaque Québécoise peut vivre dans
la dignité.
Moi, je veux
m'attarder à un groupe d'aînés particulièrement vulnérables, qui ont beaucoup
de difficulté à vivre dans la dignité et qui
sont en détresse à ce propos-là. Si vous avez suivi les travaux que je fais
depuis mon entrée en fonction, vous
allez peut-être déjà deviner que je parle des aînés invalides. J'ai déposé un
projet de loi à l'automne dernier pour pouvoir mettre fin aux pénalités qui
sont... qui s'abattent, je dirais, sur les personnes invalides lorsqu'elles
arrivent à l'âge de 65 ans, parce qu'on
fait comme si elles avaient décidé de prendre une retraite anticipée entre 60
et 65 ans. On les pénalise rendues à 65 ans, et c'est toujours
le cas.
Le Tribunal administratif du Québec a dit... a
rendu un jugement en juillet 2023 pour dire que ce n'était pas... c'était, en fait, une atteinte aux droits de ces
personnes-là, à l'égalité, c'est discriminatoire, et malheureusement, le gouvernement a décidé d'aller
en appel avec un pourvoi en justice. Sur ce point-là, on a fait des points de
presse. Il y a une pétition qui a été déposée cette semaine... qui a été
saisie cette semaine.
• (11 h 10) •
Bref, rien ne va plus
pour ces personnes-là qui sont vraiment en détresse, à qui on coupe le revenu,
à 65 ans, jusqu'à 24 %. Je sais que le gouvernement ne va pas me
répondre, j'imagine, ou me répondre que le dossier est judiciarisé parce qu'il a bien voulu le rejudiciariser en déposant un
pourvoi. Je pense qu'on est mieux que ça, au Québec, et que, si on veut assurer
la dignité de tous les Québécois et de toutes les Québécoises, on devrait
adopter, à l'unanimité, ce projet de loi que j'ai déposé en novembre
dernier, parce que c'est la bonne chose à faire et parce que ce sont des aînés, je le rappelle, qui sont invalides, qui ne
peuvent pas... ils n'ont pas la santé, la possibilité d'aller travailler pour
arrondir leur budget. Ils sont soumis
aux mêmes hausses du coût de la vie que tout le monde. Ils ont du mal à payer
leur logement, à s'alimenter, à payer leurs médicaments et puis ils ont
besoin de matériel de fournitures médicales nécessitées par leur condition. Ces choses-là coûtent de plus en
plus cher, et puis, surprise, 65 ans, voici, on vous coupe de 24 %
votre rente de retraite. C'est impossible, puis on est la seule
province, au Canada, à faire ça. Et la COPHAN, qui est la Confédération
d'organismes pour les personnes handicapées du Québec, a d'ailleurs, même, le
23 janvier, porté une plainte à l'ONU,
au secrétariat... au Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies,
une plainte contre le Québec à cause de cette situation-là, cette
situation malheureuse.
Alors,
si on veut travailler, que ce soit de manière transpartisane ou autre, à la
possibilité, pour les aînés, de vieillir dans la dignité, bien, je pense que
ça, c'est un très beau dossier qui pourrait se régler tellement rapidement.
Parce que sachez que ça n'a aucune incidence sur le budget du Québec de
régler ce dossier-là. Dans la caisse de la Régie des rentes, c'est capitalisé à 106 milliards. Il y a assez d'argent
pour 50 ans pour payer les pensions de tout le monde, et la marge
de manoeuvre de ce régime est de 400 millions. C'est ce que l'actuaire du
gouvernement a dit au ministre des Finances durant les consultations en février
dernier. Le ministre était prêt à prendre 190 millions de cette marge de
manoeuvre pour rehausser l'âge de la retraite à 62 ans plutôt qu'à
60 ans. Il a reculé, mais il était prêt à prendre cette marge de
manoeuvre. Le coût d'arrêter cette pénalité aux aînés invalides, ce serait de
180 millions, donc 10 millions de moins
que ce que le ministre était prêt à utiliser. Alors, c'est un choix politique
que fait le gouvernement, et ça, c'est un choix contre les aînés, des
aînés parmi les plus vulnérables au Québec, les aînés qui sont invalides.
Alors, si on veut
travailler main dans la main, bien, votons pour adopter ce projet de loi et
mettre fin à cette pénalité-là. Tout le monde va être gagnant, et même le
gouvernement, en premier lieu. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) : Merci,
Mme la députée. Alors, je me tourne du côté du ministre pour une période
de cinq minutes.
M. Caire : Merci,
Mme la Présidente. Mme la Présidente, je suis un peu... je vais être très
honnête avec vous, là, je suis un peu
surpris, là. Puis je comprends que la députée de La Pinière dit : Moi, je
travaille là-dessus depuis que je suis en poste, donc octobre 2022, mais ce
dossier-là a un historique, un historique dont ma collègue ne peut pas se
dédouaner. Ma collègue ne peut pas se dédouaner de l'historique de ce
dossier-là. Ma collègue ne peut pas dire : Ce dossier-là est arrivé au
monde en octobre 2022. Non, non, il y a un historique.
Alors, quel est-il,
cet historique-là? D'abord, cette mesure-là a été mise en place par un
gouvernement du Parti québécois. C'est le choix que le gouvernement a fait à
l'époque, et aujourd'hui, on vit les conséquences de ce choix-là. Mais il faut
comprendre qu'entre maintenant et le moment où le gouvernement du Parti
québécois a fait ce choix-là, il y a eu des gouvernements libéraux. Il y a eu
des gouvernements libéraux.
Et, Mme la
Présidente, quand je dis que ma collègue ne peut pas se dédouaner de cette
situation-là, c'est qu'elle siège elle-même
avec des membres de son caucus qui ont été membres de ces gouvernements
libéraux là, qui n'ont pas levé le petit doigt pour corriger la
situation. Je le répète, elle siège avec des collègues qui n'ont pas... et qui
ont été au conseil des ministres, là, qui
étaient autour de la table des décisions et qui n'ont pas levé le petit doigt
pour corriger cette situation-là, premièrement.
Alors, deuxièmement,
le gouvernement de la CAQ, qu'est-ce que nous avons fait? Parce qu'à écouter ma
collègue de La Pinière, nous non plus, on ne fait rien, ce qui n'est pas tout à
fait exact. Et oui, je vais faire attention, et
oui, le dossier est judiciarisé, et oui, c'est une décision que le Procureur
général du Québec a prise, d'aller en appel de cette décision-là. Mais il y a
quand même... Juste vous donner peut-être les chiffres pour être factuels, là.
Alors, le projet de loi n° 17, bonifié de 90 millions,
90 millions de plus pour les prestations, pour les bénéficiaires
d'invalidité, ça, c'est 90 millions de
plus et c'est un geste concret qui n'a jamais été posé par le gouvernement
libéral, dont ma collègue est membre du caucus.
D'autres petits
chiffres, pour vous dire... parce que ce que l'on fait, hein, on ne fait pas
juste porter la cause en appel, ce que l'on
fait pour venir en aide, on a apporté une modification législative qui fait en
sorte que 72 400 personnes déjà retraitées et qui ont une
rente, évidemment, qui ont une invalidité, de 60 à 70... à 65 ans, vont
profiter de cette bonification-là. Qu'est-ce
que ça veut dire concrètement dans le portefeuille des aînés? Bien, on parle
d'une augmentation de 17 % à 19% de la rente, Mme la Présidente.
Alors, Mme la
Présidente... bon, puis il y a d'autres mesures qui ont été mises en place par
le ministre des Finances, parce qu'on est conscient, effectivement, de la
situation. Et on fait, je pense, le maximum pour corriger cette situation-là, qui est un héritage
libéralo-péquiste, là. Il faut le dire, là, hein? Aujourd'hui, les gens qui
nous reprochent de ne rien faire, eux, n'ont vraiment rien fait, et
nous, on essaie quand même de corriger la situation. Mais ce qui me mystifie, Mme la Présidente, c'est qu'aujourd'hui
la solution est simple, la caisse est pleine, l'argent est là. Pourquoi vous
ne l'avez pas réglé, si l'argent est là? Pourquoi vous n'avez pas fait le
chèque, si l'argent est là? Si tout est aussi simple, pourquoi ça n'a jamais
été fait?
Est-ce
que ma collègue a posé la question à ses collègues qui étaient au Conseil des
ministres et qui n'ont pas levé le petit
doigt? Est-ce que sa première action n'aurait pas dû être de faire un
autodiagnostic de sa formation politique, plutôt que de reprocher à un gouvernement, qui essaie vraiment de régler
la situation, de poser des gestes pour essayer de vraiment régler la
situation? Mme la Présidente, je pense que, là, l'arroseur est arrosé.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Alors, on poursuit cette intervention avec le
député de Portneuf pour une période de cinq minutes.
M. Caron : Merci,
Mme la Présidente. Juste revenir très rapidement sur les maisons des aînés dont
je parlais tout à l'heure. Donc, c'est au
total 46 projets, 21 maisons qui sont déjà ouvertes,
2 040 places livrées, 1 296 qui seront d'ici 2024 et 144 pour solder d'ici 2025‑2026.
Donc, c'est un grand pas en avant, Mme la Présidente, pour venir offrir,
finalement, une autre solution, une autre
vision de ce qu'on veut apporter à nos aînés et mettre à disposition de nos
aînés.
On est bien
conscients des besoins grandissants pour nos aînés. La population du Québec est
vieillissante et il faut, bien entendu, agir
sur plusieurs fronts. Je parlais, dans le premier bloc, un peu plus des
installations. Ça fait partie d'un des bouquets... ça fait partie d'une
des solutions, pardon, dans tout un bouquet qu'il faut à la fois explorer et mettre en place. Et comme je le disais tout à
l'heure, eh bien, on espère tous rester le plus longtemps et le plus souvent
possible à son domicile. C'est souvent déchirant de devoir quitter la maison.
Et je sais que, souvent, la première étape,
même dans nos bureaux de circonscription, c'est de vivre ces moments où les
aînés viennent frapper à notre porte et
ils nous disent : Est-ce que vous êtes capables, M. le député,
d'intervenir? Parce qu'on vient de ne plus me permettre de conduire.
Donc,
il y a comme ça toute une série d'étapes qui sont très difficiles à franchir,
et, bien entendu, celle de quitter la
maison quand on sait qu'on n'y reviendra plus... en plus est absolument
épouvantable. Donc, c'est pour ça qu'il faut travailler pour s'assurer
que cette transition puisse se faire de manière sereine.
• (11 h 20) •
Il
faut être capable de trouver des solutions alternatives. Ça existe ailleurs. Je
prends l'exemple, et vous le savez, mon accent me trahit toujours, Mme
la Présidente, que je suis originaire de France et là-bas, le soin à domicile
est très présent. C'est sûr que la pénurie
de main-d'oeuvre se fait moins sentir que celle qu'on ressent ici, mais il faut
s'en inspirer. Il faut essayer
d'aller voir comment ça se passe ailleurs pour essayer de mettre en pratique
ces bonnes techniques, finalement.
On
parlait... Bien sûr, le gouvernement a un rôle important à jouer dans tout ça,
mais on parlait... mon collègue tout à l'heure parlait du soutien à
l'action bénévole, mais on parlait du programme Municipalité amie des aînés,
mais il y a aussi le programme... qui est
vraiment un programme très important. Et dans ma circonscription, j'ai un
organisme qui s'appelle la Table de
concertation des aînés de Portneuf, qui fait un travail vraiment formidable
parce que, justement, ils veulent
venir en support aux actions qu'on mène tout au long de l'année en support à
nos aînés pour les accompagner et faire en sorte qu'ils puissent bien
vieillir dans Portneuf, finalement.
Bien vieillir dans sa
communauté, c'est bien entendu parler de loisirs, c'est parler de sécurité,
c'est parler de transport. Ils ont
d'ailleurs édité très récemment un document qui s'appelle les Pages argentées,
qui est une véritable source intéressante d'informations qu'il faut
adresser à nos aînés. C'est sûr que la réalité de nos régions... j'appartiens à
une circonscription qui fait partie de la Capitale-Nationale, mais qui
s'approprie très fort à la région, là. La réalité des régions est vraiment
différente. On ne peut pas comparer ce qui se passe chez nous à ce qui se passe
dans les grands centres urbains. Donc, il y a cette réalité qu'il faut prendre
absolument en considération, Mme la Présidente.
Alors, c'est sûr qu'on
veut accompagner les gens à rester chez eux, et, pour ça, nos ministres...
notre ministre responsable des Aînés, notre ministre de la Santé, notre
ministre de l'Éducation, ont annoncé très récemment la formation courte durée
pour former des préposés en soutien à domicile. C'est une formation qui est
intéressante parce qu'on essaie de la donner
dans un délai qui est un petit peu plus restreint que ce qu'on trouvait
habituellement. Ça va avoir pour bénéfice, bien entendu, d'accompagner nos
gens, mais aussi de désengorger notre système de santé, que d'avoir plus
de gens qui vont rester à la maison. C'est sûr que nos cibles sont ambitieuses,
mais elles sont réalistes. On essaie de
former, d'ici 2024, 1 000 nouveaux préposés, Mme la Présidente, et on va
continuer en ce sens pour faire en sorte que la vie de nos aînés soit de
plus en plus confortable et puis qu'on puisse voir toujours un sourire accroché
au visage de nos aînés. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) : Merci
beaucoup, M. le député. Alors, on entame la cinquième série
d'interventions avec le député des Îles-de-la-Madeleine pour une période de
cinq minutes. Le temps est à vous.
M. Arseneau : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci à tous les
participants à cet échange qui est fort important.
Écoutez, je ne veux
pas dramatiser la situation, mais les chiffres sont parlants. C'est clair
qu'avec l'approche, actuellement, du
gouvernement, on se dirige vers un mur. Le défi est impossible à relever, si
rien ne change pour apporter des soins aux personnes âgées d'ici 2030,
d'ici 2040. C'est la Commissaire à la santé et au bien-être qui en fait la... qui en arrive à cette conclusion-là. Sur le plan
des infrastructures, sur le plan du financement, sur le plan de la
main-d'oeuvre, ce défi-là, il est insoutenable, ce qui nous amène à,
donc, plaider pour un virage vers le maintien à domicile, cesser de tout investir dans le béton. C'est d'ailleurs
ce que l'on préconise depuis un certain nombre d'années. Déjà, en 2022, en
mai 2022, la Vérificatrice générale disait que les coûts étaient largement
sous-financés, les coûts de services pour faire
face, là, aux besoins des personnes vieillissantes. On calculait à 2
milliards de dollars, il y a deux ans, le manque à gagner.
On peut regarder également
du côté de ceux qui n'ont pas accès à de l'hébergement, à l'heure actuelle. On
parle de plus de 4 000 personnes qui sont en attente de places en CHSLD,
et il y a 324 400 personnes qui ont des besoins de services à domicile,
une quantité de personnes qui va augmenter de 69 % d'ici 2040. Donc, il
faut opérer un virage, et ce virage-là doit
nécessairement se faire vers les services à domicile, parce qu'on n'y arrivera
pas, sur les places en hébergement de longue durée. Le gouvernement
avait des objectifs ambitieux, ceux de créer 2 600 places en maison des
aînés pour l'automne 2022. L'automne dernier, on n'en avait construit que
1 344. Mais, si on continue avec le
modèle actuel, c'est 2 500 places par année qu'il faudrait avoir de
disponibles, en supplément, à chaque année, d'ici 2040. Juste dans la
dernière année, là, au net, on parle de 184 places. On est très, très loin
du compte.
Alors, je le
rappelle, le modèle actuel, l'approche actuelle est insoutenable. Un virage
vers le maintien à domicile est
incontournable. La Commissaire à la santé et au bien-être a remis son rapport
il y a peu de temps. Elle fait 16 recommandations
dans son rapport, dont une... la proposition d'une politique de maintien à
l'autonomie, donc, pour, justement,
non seulement maintenir les gens à domicile mais les maintenir dans une
situation de plus grande autonomie. Il va
falloir également offrir des services, sans quoi, là, la facture... je parlais
de 2 500 places, on parle de 9 milliards de dollars supplémentaires
à investir d'ici 2040. C'est astronomique.
La croissance, également, à chaque année est
astronomique, et le modèle qui a cours, actuel, répond à 10,7 % des besoins, ou des attentes, ou de la demande.
Puis, même si on investissait les 9 milliards, là, en fait, le taux de
réponse aux besoins diminuerait à
10,2 % en 2040. Alors, si aujourd'hui, on n'offre que le tiers des
services qui sont nécessaires, imaginez ce que ça donnera, alors qu'on
aura continué à ne pas répondre à la demande tout en investissant dans... de
façon importante, des fonds publics qu'on n'a pas nécessairement. Alors, je
pense que le constat, il est frappant. La réponse
de la ministre a été tiède, et je pense qu'elle doit se saisir du rapport et
développer, effectivement, une réponse aux 16 recommandations.
C'est le plaidoyer que je veux faire.
Et, en
terminant, je reconnais que, depuis les dernières années, on a investi
davantage dans les services à domicile, mais il faut également réformer les
programmes. On parle de six programmes de financement. Puis c'est un peu
kafkaïen, là. Il n'y a pas de complémentarité, il n'y a pas de synergie. Les
gens ne savent pas comment se démêler pour
avoir accès à ces programmes. Il faut nécessairement avoir une approche
beaucoup plus intégrée, une information beaucoup plus efficace pour une intervention également beaucoup plus
rigoureuse en réponse aux besoins des personnes aînées. Merci.
La
Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) : Merci, M. le député.
Alors, je me tourne du côté du ministre pour une période de cinq
minutes.
M. Caire : Merci, Mme la Présidente.
Merci à mon collègue des Îles-de-la-Madeleine. D'entrée de jeu, je pense que mon collègue met en opposition deux
choses qui ne devraient pas l'être, à savoir le maintien en soins à domicile,
avec lequel nous sommes tout à fait d'accord... d'ailleurs c'est... et
l'hébergement, qui m'apparaît quand même nécessaire, puis le député des
Îles-de-la-Madeleine nous a fourni des chiffres qui sont assez probants sur le
besoin en place d'hébergement.
Donc, il ne faut pas mettre ces deux choses-là
en contradiction, et je vais rajouter... je vais rajouter, peut-être, un
élément, puis c'est l'essence de la discussion qu'on avait, la députée de
Sherbrooke et moi, sur aussi... parce que les
perspectives démographiques, c'est une chose, mais est-ce qu'il y a un
corollaire qui est absolument d'un pour un avec quelqu'un qui arrive à
un certain âge et les besoins qu'il aura? Je pense qu'il faut travailler aussi
sur vieillir actif et... puis je pense que
mon collègue, là, ne sera pas en désaccord avec ça, et faire en sorte qu'on
reste en santé, on reste actif, on
reste partie prenante de la société, ce qui est... ce qui n'est pas,
évidemment, pas incompatible avec le domicile, parce que moi, je souhaite rester dans mon domicile
aussi longtemps que possible. C'est juste que j'espère pouvoir m'en occuper
moi-même.
• (11 h 30) •
Je veux juste peut-être apporter une nuance,
parce que le collègue a dit : Bon, bien, on devait livrer un certain nombre d'unités en 2022, ces unités-là n'ont pas
été livrées tel que prévu. Puis je ne veux pas revenir sur la pandémie, mais on ne peut pas faire abstraction que la
pandémie a fait en sorte qu'il y a des ressources, qui ont dû être mises à
lutter contre la pandémie, qui n'étaient plus disponibles pour autre
chose. Ça, c'est peut-être une étape.
L'autre élément, sur le soutien à domicile...
puis je remercie le député des Îles-de-la-Madeleine, parce que je pense qu'il reconnaît qu'il y a des investissements
qui ont été faits. On parle, en fait, de 1 milliard, là, qui a été investi
dans le maintien à domicile. Et l'impact, il
est considérable parce qu'on a augmenté de 64 % le nombre d'heures
disponibles pour avoir des ressources en soutien à domicile. Donc, c'est
conséquent. Où je rejoins le collègue, c'est qu'il faut maintenir le cap. On est d'accord, il faut maintenir le cap puis il faut
s'assurer que les ressources en soutien à domicile sont disponibles.
Un autre
élément, puis j'en ai touché un mot brièvement avec la députée de Sherbrooke,
c'est aussi sur le soutien qu'on donne aux prestataires de services. Et
là-dessus, puis vous me direz que j'en profite pour parler de mon dada qui sont les technologies, mais on a fourni des
systèmes aux donneurs de soins. Et le résultat est... et je pense que le député
des Îles-de-la-Madeleine va être intéressé, le résultat est assez
probant. Donc, pour une prestation administrative qui accapare... qui accaparait cinq heures de temps pour un donneur de
soins, on a réduit ça à 30 minutes, ce qui veut dire qu'on augmente
sa capacité à donner des soins de quatre heures et demie.
Donc, ça,
c'est des pistes de solutions aussi qu'il faut explorer. Quels sont les outils
qu'on donne au personnel soignant
pour les aider à se concentrer sur les soins et faire moins d'administration,
moins de bureaucratie, moins de temps au
téléphone, moins... Je pense que le député des Îles-de-la-Madeleine sait de
quoi je parle quand je parle de ça. Donc, ça
aussi, c'est un secteur sur lequel on veut investir, ce qui fait que, puis
c'est ce que je disais à la députée de Sherbrooke
tout à l'heure, quand on met un dollar, il faut que ce dollar-là descende sur
le terrain, et ça aussi, c'est quelque chose sur lequel on veut et on
doit travailler.
Maintenant, je
disais, ce n'est pas incompatible avec l'hébergement. Bien, il faut comprendre
qu'il arrive un moment donné où le maintien
à domicile n'est plus possible, parce que, bon, toute l'organisation ferait en
sorte que ça ne serait pas... on ne pourrait pas mettre ça en place, et
c'est là où il faut aussi investir dans l'hébergement, ce que nous faisons avec
les 46 maisons des aînés. Puis je ne pense pas qu'il faut... il faille
voir ça comme investir dans du béton. Moi, je le vois comme investir dans des
milieux de vie qui vont respecter... Puis je suis convaincu que le député des Îles-de-la-Madeleine a aussi en tête des CHSLD où
on était deux par chambre, où on partageait, de façon incongrue, les salles
de bain.
Alors,
il faut se sortir de ce modèle-là, il faut aller vers un modèle qui est un vrai
modèle milieu de vie, et c'est ce qu'on veut faire avec la maison... avec les
maisons des aînés en augmentant le nombre de places de façon significative.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) : Merci,
M. le ministre. On poursuit avec le député d'Abitibi-Est. Le temps est à
vous.
M. Dufour : Merci, Mme la Présidente. Vous le savez, depuis
2020, avec la loi visant à reconnaître et à soutenir les proches... les personnes proches aidantes, je
pense que notre gouvernement a mis plusieurs actions en place et s'est donné d'ailleurs comme mission de faire
reconnaître et valoir les contributions des personnes proches aidantes dans le
milieu.
Je peux vous dire une
chose, pour l'avoir moi-même vécu dans ma famille, alors que ma grand-mère
avait fait un AVC, j'ai eu une tante qui
s'est en occupée pendant plusieurs années, parce qu'elle était semi-autonome dû
à une paralysie d'un côté complet. Donc, je pense que c'est quelque
chose qui nous a vraiment toujours touchés puis je ne suis pas sûr... je ne peux pas dire que je suis le seul dans ma famille,
parce que, quand je regarde un peu l'affirmation, pas plus tard que
dernièrement, de la ministre déléguée aux Aînés, quand on demande aux gens où
ils souhaitent demeurer quand ils vont
vieillir, ils répondent qu'ils veulent rester chez eux. On devrait tout faire,
au Québec, pour s'assurer que les
aînés demeurent dans leur domicile. Donc, c'est la base, je pense, des propos
du député des Îles-de-la-Madeleine d'essayer de trouver des
méthodologies de fonctionnement pour qu'on puisse faire en sorte que nos
proches puissent rester à domicile et être accompagnés par un proche aidant.
Comme
je l'ai mentionné tantôt, dans une des interventions, la première chose qu'il
fallait faire, au gouvernement, puis on l'a fait en 2021, ça a été de
créer la première politique nationale des personnes proches aidantes de
l'histoire du Québec, qui s'est faite le 21
avril 2021, exactement, et naturellement, qui a suivi... qui a été suivie d'un
plan d'action en octobre 2021. Donc, il y a quand même des actions qui ont été
prises par le gouvernement pour orienter la suite des événements.
Les maisons des
aînés, c'est un outil parmi tant d'autres, et je pense que le député des
Îles-de-la-Madeleine va certainement être
d'accord qu'au-delà de son argumentaire d'investir dans le béton, ça ne sert à
rien... si je regarde chez nous, à Val-d'Or, ça va être une maison des
aînés et alternative, et le mot «alternative» prend tout son sens dans cette
dynamique-là, vu le fait que c'est des gens avec des problèmes cognitifs, et
souvent, c'est ces situations-là que, souvent, les proches aidants ont, à un
moment donné, de la misère à vivre et à poursuivre un accompagnement.
Donc, lorsqu'on dit
que ce n'est simplement que du béton qui a été investi par notre gouvernement,
je m'excuse, moi, je pense qu'il y a aussi
une grande attention qui a été portée à cet aspect-là. Ça se peut qu'il y ait
des coûts qui ont été dépassés que
de... qu'est-ce qu'on pensait au départ. Par contre, je pense que c'est une
alternative vraiment majeure, si on y
va avec un jeu de mots, pour justement accompagner ces gens-là, qui ont
peut-être moins de ressources, à un moment donné, autant pour nos
proches aidants que pour les gens qui auront la chance de bénéficier d'un
confort vraiment bien adapté à leur situation et à leurs besoins.
Donc,
je trouve ça un petit peu particulier aujourd'hui de voir que, médiatiquement,
on sort en attaquant à peu près le
gouvernement sur une manière simpliste, alors que je pense que d'avoir créé une
politique nationale des personnes proches aidantes, d'avoir bâti quand
même des bâtiments à travers le grand Québec, de maisons des aînés dans certains endroits, mais d'autres endroits, de
maisons des aînés et alternatives... mais je pense qu'on démontre la... comment
dire, la sensibilité, comme gouvernement, qu'on peut avoir auprès de nos aînés.
Je suis d'accord avec la collègue de Sherbrooke
qui nous amène sur une sphère plus grande, la sphère d'activité physique, de
complémentarité de transport collectif. Je pense que ça, c'est des beaux
débats, des beaux enjeux qu'on doit continuer à avoir avec les gens de
l'opposition pour améliorer, justement, les conditions. Mais ce n'est pas
simplement que d'aller dénigrer, je pense, qu'est-ce qui se fait, que je pense
que ça, c'est positif pour notre société québécoise. Moi, je pense que tous les
gens qui vont se retrouver dans nos maisons
des aînés et alternatives vont grandement apprécier d'avoir eu la chance d'être
accompagnés dans ce type de domicile
là par, justement, aussi une main-d'oeuvre qualifiée pour bien les accompagner.
Donc, je pense que
quand on regarde le tout, il faut voir un peu où sont les endroits où est-ce
qu'il faut maximiser. Et, si je regarde,
encore là, avec certains éléments de notre gouvernement, qu'on a mis en place,
bien, on a qu'à penser à tous les aspects du crédit d'impôt pour aidants
naturels, qui ont été mis en place, la simplification pour les nombres de
volets, passant de quatre à deux au niveau des déficiences graves et prolongées
et ainsi qu'un proche âgé de 70 ans, le
montant maximal de l'aide fiscale qui a été bonifié de 1 250 $ en
2019 à 2 766 $ en 2023. Puis naturellement,
je terminerai en disant tout l'aspect des RPA qu'on accompagne avec le dernier
200 millions qu'on vient de mettre en place. Merci.
La Présidente (Mme
Lecours, Les Plaines) : Merci beaucoup, M. le député. Alors, on va
terminer cette ronde d'interventions avec une période... pour une période de
30 secondes pour la députée de l'opposition. Allez-y.
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je suis députée de La Pinière depuis 16 mois, le député
de La Peltrie depuis six ans... sept ans...
six ans. J'ai toujours reconnu l'historique du dossier des invalides, ce qui a
été fait, pas fait, par qui.
Aujourd'hui, son gouvernement a un jugement clair du Tribunal administratif du
Québec, l'argent est là, il a une supermajorité, il peut faire le choix
de soulager les invalides, et je l'invite à le faire.
Conclusions
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. Alors, ceci met fin aux
interventions comme telles. On va donc
entamer la période de conclusion. Donc, merci pour ces riches interventions. La
conclusion maintenant, on va commencer par le ministre pour une période
de 10 minutes. On va ensuite conclure le tout avec la députée de
Sherbrooke. Alors, M. le ministre, le temps commence pour vous maintenant.
M. Éric Caire
M. Caire : Merci, Mme la Présidente.
D'abord, je ne sais pas si je vais remercier ma collègue de La Pinière, qui a travaillé très fort pour me rajeunir, compte
tenu des circonstances. J'ai envie de la remercier, mais non, c'est bel et
bien 17 ans à l'Assemblée nationale, Mme la Présidente.
• (11 h 40) •
Bien, Mme la Présidente, moi, je veux remercier
les collègues, d'entrée de jeu, les collègues de la partie ministérielle, les collègues de l'opposition. Vous
savez, quand on fait une interpellation, on se prépare un peu à n'importe
quoi parce qu'on ne sait pas trop à quoi s'attendre, mais je veux avoir des
remerciements particuliers pour la députée de
Sherbrooke. D'abord, elle a initié un débat qui est extrêmement important. Elle
l'a initié avec la hauteur de laquelle on est en droit... avec laquelle
on est en droit de s'attendre des membres de l'Assemblée nationale. Puis je
pense qu'elle nous a amenés à ne pas faire
un débat de chiffres et de qui dit vrai et de qui dit faux, mais bien de
qu'est-ce qu'on fait comme société pour répondre à cette situation-là.
Puis je
réitère, je ne veux pas parler d'un problème, je veux parler d'une situation où
il y a un vieillissement de la population, où il y a différents aspects
ou différentes situations que ça amène. J'en ai glissé un mot avec le député
des Îles-de-la-Madeleine, où on a... on doit parler d'hébergement, on doit
parler de maintien à domicile, on doit parler
de vieillir, mais actif, on doit parler d'un changement de société majeur, qui
est la transformation numérique, qui a des impacts dans toutes les sphères de
notre société, y compris, puis j'oserais même dire presque principalement
chez nos aînés, parce que c'est une nouvelle
société, la société numérique, et pour laquelle il ne faut absolument pas
laisser qui que ce soit derrière, encore moins nos aînés.
Et là-dessus,
je remercie ma collègue, parce que je pense que c'est le débat que nous avons
eu globalement, avec les conclusions, de mon point de vue, du point de
vue du gouvernement, suivantes.
Premièrement, la députée de Sherbrooke nous
amène ou nous suggère des états généraux. Je lui soumets respectueusement que
je pense qu'au niveau de la collecte d'information, consulter la société, aller
chercher le pouls des aînés, des groupes communautaires, des différents
ministères et même des milieux de recherche, parce qu'il y a effectivement une
certaine prospection à faire, je pense que cette étape là, globalement, elle
est faite. Bon, est-ce qu'il y a encore du
travail à faire? Est-ce qu'on peut continuer à consulter? Bien sûr. C'est un
processus qui peut se faire en continu, je ne... Est-ce qu'il y a des
angles morts, des secteurs pour lesquels on doit fouiller plus
particulièrement? Ma collègue amenait le
dossier du transport collectif. Je lui donne d'emblée qu'elle a raison, ce
secteur-là doit effectivement faire
l'objet d'une attention peut-être plus particulière. Mais globalement, je pense
qu'on a un portrait qui est quand même assez exhaustif et assez précis
de la situation.
Ce à quoi les
aînés du Québec s'attendent, et je l'ai entendu dans les différentes
interventions aussi de mes collègues, c'est des actions, des gestes, des
mesures. Il y en a qui ont été posés. Je rassure ma collègue, je n'embarquerai
pas dans le débat de chiffres. On s'est
invités mutuellement à ne pas le faire, et je ne le ferai pas, mais il y a des
actions qui ont été posées. Il y a ma
collègue, et le député de Portneuf le soulignait, dans la précédente
législature... Marguerite Blais a fait
un travail. Il y a un travail qui a été fait avant Marguerite Blais, alors tout
n'a pas commencé avec notre gouvernement non plus, et je pense que c'est
un processus continu qui se continue.
J'en veux pour preuve la mise à jour du plan
Vivre ensemble, qui a fait l'objet de consultations, qui est en élaboration, pour lesquelles, puis je vais finir
sur cet aspect-là du travail transpartisan... mais qui sera déposé prochainement.
Sur le travail transpartisan, Mme la Présidente, deux conclusions. D'abord, je
pense que, de la même façon que les Québécois s'attendent à ce que nous ayons
ce genre de débats entre nous, avec une certaine élévation... On n'est pas
d'accord, le député des Îles-de-la-Madeleine disait : Bien, vous
investissez peut-être trop dans les infrastructures, peut-être pas assez au niveau du soutien à domicile. Ça se défend. Je
pense que son argument vaut la peine d'être débattu. Puis on a le droit
de dire : Est-ce qu'on en fait un peu trop là, un peu, pas assez là? Mais
le fait d'en débattre avec une certaine
élévation fait en sorte qu'on peut, je pense, confronter nos points de vue,
puis, du choc des idées naît la lumière. Ça, c'est la première chose.
Maintenant,
je le réitère, Mme la Présidente, il n'en demeure pas moins que, dans notre
système démocratique, l'imputabilité des résultats échoit au
gouvernement. Alors, bien sûr que les collègues des oppositions ont une obligation d'intention, mais le gouvernement, lui,
a une obligation de résultat. Et de ce fait, il est normal, puis je pense
que les collègues...
puis, bien, la députée de Sherbrooke ne le contestait pas non plus, là, je lui
reconnais ça, mais il est normal que
la décision finale appartienne au gouvernement, que le plan qui sera mis de
l'avant sera un plan du gouvernement. Maintenant, un plan du
gouvernement, puis la députée de Sherbrooke a cité un exemple qui nous a amenés vers les tribunaux spécialisés pour les
agressions sexuelles... a découlé d'une initiative de la présidente du Conseil du trésor qui s'est... qui a demandé aux oppositions,
bien, écoutez, aidez-moi, inspirez-moi, on ne fera pas ça tout seuls. Donc,
je pense que ma collègue responsable des Aînés s'inscrit dans la même logique.
Est-ce que ça veut
dire que ça se traduit par des états généraux? Non. Mais est-ce que ça veut
dire que parce qu'on ne va pas vers des
états généraux, on ne peut pas avoir ce travail-là de tendre la main à la
députée de Sherbrooke, à la députée de La Pinière, au député des
Îles-de-la-Madeleine, aux collègues de la partie ministérielle pour en arriver globalement à faire le meilleur plan possible?
C'est dans l'intérêt de tout le monde. C'est dans l'intérêt des Québécois,
qui est l'intérêt premier, qui est l'intérêt
qui nous motive tous à être ici et, au premier chef, ma collègue responsable
des Aînés.
Donc, sur, je dirais,
le moyen... par quels moyens allons-nous y arriver, je vais effectivement, puis
je pense que c'est reconnu, laisser le leadership à ma collègue responsable des
Aînés. Mais ce à quoi les Québécois, les aînés, évidemment, aspirent, c'est un gouvernement qui est dans l'action, un
gouvernement qui continue à mettre en place des mesures. Pour favoriser qui, l'hébergement... puis l'hébergement, pas
simplement l'hébergement. Puis là-dessus, peut-être un petit mot pour
mon collègue des Îles-de-la-Madeleine, parce que lui et moi avons vu, je pense,
trop de situations d'hébergement où nos aînés n'étaient pas respectés. Et le
respect, ça doit se traduire par un milieu de vie, mais un vrai milieu de vie.
Moi, j'ai eu, quand j'étais jeune député, il y a 17 ans, cette politique milieu
de vie qui consistait à changer la couleur
des murs de l'hôpital puis mettre des cadres. Ce n'est pas ça, un milieu de
vie. Un milieu de vie, là... moi, chez nous, là, j'ai ma salle de bain,
j'ai ma douche, j'ai ma chambre. Je pense que nos aînés méritent d'avoir ça
puis je suis convaincu que les collègues sont d'accord avec ça. Alors, quand on
investit dans les maisons des aînés, on
investit dans de la dignité. Puis ce n'est pas un pitch politique, j'y crois sincèrement.
Je crois sincèrement que nos aînés méritent ce type de milieu
d'hébergement là, où on reconnaît qu'ils ont droit à de la dignité. Et ça,
c'est... pour nous, pour moi, puis je suis convaincu que pour les collègues
aussi, c'est très important.
Évidemment
que le domicile demeure le premier choix, quand c'est possible, puis là je
reviens à la discussion qu'on a eue.
Alors, évidemment, le soutien... le maintien au domicile demeure le premier
choix, et il faut continuer à aller dans cette direction-là, et c'est ce
que la ministre souhaite faire. Les suggestions des collègues seront les
bienvenus. Comment peut-on organiser,
structurer notre réseau, notre système pour s'assurer que les aînés qui veulent
rester chez eux puissent le faire? Comment peut-on réorganiser nos milieux de
travail pour que les aînés qui souhaitent continuer à être actifs et...
compte tenu que j'arrive à grands pas dans la catégorie des aînés qui
souhaitent rester actifs, bien, il faut faire de la place. Puis la députée de
Sherbrooke a eu un commentaire très pertinent en disant : Il y a quelque
chose de négatif dans le fait d'être vieux. Bien, tu sais, ça peut-tu être
positif puis est-ce qu'on peut s'assurer que nos aînés qui veulent rester
actifs sont vus comme des actifs? Alors, ça, c'est là-dessus aussi qu'il faut
travailler, puis collectivement, je pense qu'on peut apporter des solutions.
Donc, Mme la
Présidente, en conclusion de cette conclusion, la main tendue de ma collègue
est la bienvenue. Nous souhaitons travailler de concert avec les partis
d'opposition pour avoir le meilleur plan possible.
La Présidente (Mme
Lecours, Les Plaines) : Merci, M. le ministre. Alors, les
10 dernières minutes vous appartiennent, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci,
Mme la Présidente. D'abord, j'aimerais ça, remercier tous mes collègues pour le
ton de nos échanges aujourd'hui. Ça a été
très agréable. J'ai senti une réelle écoute, une réelle volonté qu'on discute
d'une manière qui rendrait fiers les citoyens qu'on représente, et puis
j'espère que, s'il y en a qui nous regardaient, ils ont été fiers de ça.
Une des premières
choses que le ministre a dites en me répondant, c'est qu'il acceptait la main
tendue. Il vient de le réitérer. Il a quand
même consacré beaucoup de temps à nous expliquer que, de son point de vue, on
n'avait pas besoin d'états généraux. Il nous a parlé du plan d'action
qui est en processus de renouvellement. Il nous a invités à y collaborer, si on
voulait.
• (11 h 50) •
Écoutez, moi, c'est
vrai que la porte de la ministre, je suis convaincue qu'elle est ouverte, mais,
tu sais, ce que je voulais proposer
aujourd'hui, ce n'est pas de simplement contribuer à ce plan d'action. Il ne
m'apparaît pas suffisant. Je pense l'avoir démontré tout à l'heure. Ce
que j'essayais de venir chercher aujourd'hui, ce n'est pas de l'ouverture de la part du gouvernement pour prendre
quelques-unes des suggestions qui viendraient de mon parti pour les intégrer
au plan d'action puis éventuellement qu'on
fasse un communiqué de presse puis un point de presse ensemble. Je veux dire,
ce n'est pas ça, l'esprit de ce que je voulais amener, comme réflexion,
aujourd'hui.
Moi, mes aspirations
sont plus grandes que ça, puis, honnêtement, je pense que mes aspirations
ressemblent beaucoup à celles de mes collègues. Moi, j'aimerais ça que le
député de La Peltrie n'ait pas une image négative de lui-même quand il va
atteindre un certain âge. J'aimerais ça, sincèrement. Je voudrais qu'il puisse
rester actif aussi longtemps qu'il le
souhaite. Je voudrais que mes collègues de Portneuf, d'Abitibi-Est, si,
éventuellement, ne sont plus en
mesure de conduire ou ne se sentent plus à l'aise de le faire, je voudrais
qu'ils puissent continuer de se déplacer dans leur région. Je pense
qu'au moment où on se parle, c'est probablement très difficile.
Donc,
quand je demande des états généraux, là, ce que je veux, là, c'est vraiment
qu'on réussisse à répondre à ces
aspirations-là, qui sont les miennes, qui sont celles de mes collègues, qui
sont celles des citoyens qu'on représente, d'assurer une participation
active, une qualité de vie, une image positive de soi-même, peu importe notre
âge, peu importe nos capacités physiques, ici, au Québec.
Et non, moi, je ne
partage pas l'impression de mon collègue qu'on a suffisamment d'information en
ce moment, que la collecte d'information est suffisamment avancée, là, pour
qu'on puisse se dispenser d'états généraux. Par exemple, on sait en ce moment
qu'on répond à 10,7 % des besoins en soins à domicile. Ça, c'est un
constat très clair, très précis. Mais à quelle fraction des besoins est-ce
qu'on répond en matière de transport collectif puis de transport adapté en ce
moment? On n'en a pas la moindre idée. On n'en a pas la moindre idée. À quelle
fraction des besoins est-ce qu'on répond en matière d'habitations adaptées pour
les personnes à mobilité réduite, par exemple? On n'en a pas la moindre idée
non plus.
En ce moment, au
Québec, là, il y a des gens qui limitent leurs sorties parce que c'est
difficile de sortir de chez eux à cause d'un escalier. Il y a des gens qui
limitent leurs sorties parce qu'ils ont peur de faire une chute sur les
trottoirs glacés puis ils savent très bien c'est quoi, les conséquences de
faire une chute. Il y en a qui limitent leurs sorties
parce que c'est difficile d'avoir accès à une toilette publique. Il y en a qui
limitent leurs sorties parce que leur audition est un peu moins bonne,
puis financièrement, ils n'ont pas la capacité de se payer un appareil auditif.
Ça, c'est tous des gens qui auraient une
contribution intéressante à apporter à la société, qui, parfois, vont s'isoler
parce que les conditions ne sont pas réunies pour leur permettre une
participation pleine et entière. Et moi, je trouve que c'est un problème, et je suis certaine que mes collègues aussi. Je suis
certaine qu'ils trouvent aussi que c'est un problème. Ils ont peut-être même
des images en tête de citoyens qu'ils ont
croisés et qui sont dans ces situations-là. On partage ici cette préoccupation-là
puis on veut une participation pleine et entière pour ces citoyens-là.
Moi, ce que je dis,
c'est qu'on ne l'a pas, le portrait clair, l'état des connaissances dont on
aurait besoin. On n'a aucune idée de notre
capacité à répondre à ces besoins-là pour cibler où agir, comment, dans quel
ordre. Faire des états généraux, là,
ce n'est pas juste compiler des statistiques, il y a aussi un volet qualitatif
à ça qui est très important. C'est surtout aussi d'identifier, après la
compilation des données quantitatives, qualitatives, c'est d'identifier c'est quoi, les recommandations qui doivent découler de
ces constats-là. Moi, je comprends le ministre de dire : Écoutez, on a
assez de données, là, on veut se mettre en action, lui, il a l'impression qu'on
a déjà les idées assez claires pour agir.
Il nous a parlé du
chantier de la ministre en matière de soins... services à domicile. Je veux le
saluer, ce chantier-là. C'est un chantier qui est absolument essentiel, qui est
nécessaire. Moi, je ne veux pas qu'on mette ça sur pause, là, le travail qui est fait actuellement. J'espère que c'est bien
compris de la part de mes collègues que je ne suis pas en train de demander
qu'on mette sur pause ce qui est en cours pour faire des états généraux puis se
refaire un plan de match. Je ne demande pas ça, là. Il y a des belles
choses qui sont en cours. Ce que je dis, c'est qu'il y a des choses qui ne sont
pas en cours non plus puis pour lesquelles on n'aurait pas la capacité de se
mettre en action, là. On a-tu la capacité, en ce moment, de faire la... une
transformation aussi profonde, par exemple, en matière de transport adapté, de
transport collectif, que ce que la ministre fait pour les soins à domicile?
Non, parce qu'on n'a pas de portrait clair de
la situation. Ça le prend, O.K.? Ça le prend. Si la ministre peut faire ce
chantier par rapport aux soins à domicile, c'est parce qu'il y a ce rapport
extrêmement détaillé, et ça nous prendrait le même niveau d'information sur les
autres sphères de la vie des aînés.
Quand la commissaire
dit qu'il faut développer un écosystème de maintien de l'autonomie, moi, je la
rejoins totalement là-dedans. Je suis certaine que mes collègues aussi, ils
voient à quel point c'est complexe. On en a parlé abondamment ici, de toutes
les sphères de la vie qui sont impliquées là-dedans, puis on a tous manifesté
notre volonté de ne pas seulement parler des soins puis des services à
domicile, parce que les aînés, ce n'est pas juste des personnes qui ont besoin de soins puis de services, c'est aussi des personnes
qui ont des contributions à apporter puis pour lesquelles il y a parfois
des limites actuellement à cette contribution-là. Puis il faut les enlever, ces
limites-là.
Donc,
moi, je veux, avec mes collègues, qu'on développe cet écosystème de maintien de
l'autonomie. Je pense qu'on a besoin
de documenter là d'où on part pour atteindre cet écosystème, de documenter les
meilleurs moyens d'y arriver. Puis
j'étais contente que le ministre dise qu'ils ne veulent pas utiliser le mot...
le mot «problème» par rapport au vieillissement
de la population, on parle de situation. Effectivement, là, on a une situation
qui est devant nous. Moi, j'ai appelé ça un défi. Pour le moment, c'est
un défi, c'est une situation, par contre, si on ne se prépare pas suffisamment,
ça va devenir un problème puis ça va le devenir pour les personnes qui vont
avoir des besoins non répondus, qui vont avoir des entraves dans leur
participation dans la vie collective.
Donc,
oui, abordons-le de manière positive, parce qu'il est encore temps de le faire,
bien sûr. Mais, si on n'est pas prêts dans les prochaines années, ça va
devenir un problème bien concret, pas nécessairement pour la société, mais pour les gens qui vont être victimes de ce manque
de préparation là. Moi, ce que je demande, là, ce n'est pas obligé de s'appeler
des états généraux, hein? S'il y a un malaise avec cette appellation-là parce
qu'elle a des implications d'ordre législatif ou quoi que ce soit, moi, ça, ça
ne me dérange pas, là.
Le chantier qu'on a
fait pour Rebâtir la confiance, ça ne s'est jamais appelé des états généraux.
On a formé un comité transpartisan, on a
élargi ça à un comité d'experts. Évidemment, ça a commencé par dresser un
portrait de la situation en allant
chercher des données qui existent, en n'en générant d'autres. On a documenté
les meilleures pratiques. Ensuite, on a fait des recommandations. Ça ne
s'est jamais appelé des états généraux, mais, on va se le dire, c'est un peu ça qu'on a fait. On a dressé le portrait de
c'était quoi, les problèmes par rapport au niveau de confiance des victimes
de violence envers le système de justice. On a regardé c'était quoi qu'il y
avait de mieux à faire pour régler ça, là, ici, puis à travers le monde. On a formulé des recommandations. Ça ne s'est
jamais appelé des états généraux, mais ça nous a permis, quand même, de
dresser un état de situation puis de savoir par où il fallait qu'on s'en aille,
puis comment, puis dans quel ordre et qui sont tous les acteurs qui devaient
être impliqués là-dedans aussi, parce que c'est ça.
Moi, je... Quand le
ministre dit : L'imputabilité des résultats, elle est au gouvernement,
c'est la ministre des Aînés qui est responsable de ça, oui, c'est la personne,
en ce moment, qui est la plus appropriée pour prendre le leadership là-dessus,
mais ça ne peut pas être sur ses seules épaules. L'écosystème de maintien de
l'autonomie des aînés ne peut pas relever seulement d'une ministre qui est
déléguée à la santé, parce que ça touche toutes les autres sphères de la vie aussi. Ça touche des acteurs qui
ne sont même pas le gouvernement du Québec, ça touche les municipalités. Donc, c'est toute une communauté
qu'il faut mettre en action en ce moment, puis, si on le fait, je pense
qu'on va pouvoir réussir à générer le changement de narratif, dont on a parlé
tout à l'heure avec le ministre, par rapport
à la contribution positive des personnes au Québec, peu importe leur âge, peu
importent leurs capacités physiques, par exemple. Donc, moi, je le veux,
ce changement de narratif là aussi.
Oui, je pense que la ministre, elle est
imputable de décider ou pas de mettre en action ce chantier. J'aimerais la voir accepter qu'on se mette au travail
ensemble. Dans ce sens-là, on fera le sujet auprès d'elle dans les prochains
jours. Mais moi, en tout cas, je n'ai pas été convaincue, à la lumière
des documents qui existent, des données qui existent, qu'on a un portrait assez
clair de la situation pour agir dans toutes les sphères qui ont un impact sur
la qualité de vie des personnes aînées. Et ce n'est pas vrai qu'en ce moment on
sait c'est quoi, l'écart entre l'offre et la demande des différents volets, là,
de la vie des aînés. J'ai parlé de l'habitation, j'ai parlé du transport. Non,
on n'a pas une mesure de l'écart entre l'offre et la demande de ces services-là,
puis je ne parle pas juste de services à domicile.
Donc, moi, mon invitation, elle est toujours là,
ma main tendue, elle est toujours là. Je n'ai pas 100 % l'impression qu'elle a été acceptée tant que ça,
cette main tendue là, dans la mesure où, pour l'instant, on nous appelle
surtout à collaborer au renouvellement du
plan d'action. Ce plan d'action là, il est plein de belles intentions, il ne
sera jamais suffisant par rapport à l'ampleur de ce qui doit être fait.
• (12 heures) •
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La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la
députée. Alors, permettez-moi, chers parlementaires, de saluer le bon
ton des échanges, preuve qu'on en est capables.
Mais, compte tenu de l'heure, je lève la séance,
et la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux au mardi
20 février, 9 h 45, où elle poursuivra un autre mandat.
(Fin de la séance à 12 h 01)