Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
vendredi 16 février 2024
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Vol. 47 N° 39
Interpellation de la députée de Sherbrooke à la ministre responsable des
Aînés sur le sujet suivant : Le manque de préparation du gouvernement
caquiste pour faire face au vieillissement de la population et assurer à
chaque Québécoise et Québécois la possibilité de vieillir dans la dignité
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Intervenants par tranches d'heure
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Lecours, Lucie
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Labrie, Christine
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Labrie, Christine
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Lecours, Lucie
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Caire, Éric
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Dufour, Pierre
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Lecours, Lucie
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Caron, Linda
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Caire, Éric
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Caron, Vincent
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Labrie, Christine
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Lecours, Lucie
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Dufour, Pierre
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Caron, Linda
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Caire, Éric
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Caron, Vincent
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Arseneau, Joël
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Lecours, Lucie
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Dufour, Pierre
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Caron, Linda
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Caire, Éric
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Labrie, Christine
9 h 30 (version révisée)
(Dix heures)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la
Commission des relations avec les citoyens ouverte.
Je vous rappelle que la commission est
réunie afin de procéder à l'interpellation de la députée de Sherbrooke à la
ministre responsable des Aînés sur le sujet suivant : Le manque de
préparation du gouvernement caquiste pour faire face au vieillissement de la
population et assurer à chaque Québécoise et Québécois la possibilité de
vieillir dans la dignité.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par M. Dufour
(Abitibi-Est); Mme Gendron (Châteauguay) est remplacée par M. Caron
(Portneuf); M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne) est remplacé par Mme Labrie
(Sherbrooke); et M. Bérubé (Matane-Matapédia) est remplacé par M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Conformément à l'entente prévue pour la 43e
législature, le deuxième groupe d'opposition interviendra lors des première et
troisième séries d'intervention et le député des Îles-de-la-Madeleine lors de
la cinquième série d'intervention.
Alors, nous allons tout de suite débuter
avec les déclarations d'ouverture. Mme la députée de Sherbrooke, vous avez donc
10 minutes d'intervention. La parole est à vous.
Exposé du sujet
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je suis vraiment très heureuse qu'on soit ici pour
parler de la capacité du Québec à permettre à chaque personne de vieillir dans
la dignité. On va avoir deux heures ensemble pour discuter spécifiquement de la
qualité de vie des aînés, et c'est assez rare que ça arrive ici.
C'est arrivé qu'on se penche sur des
enjeux spécifiques, en particulier concernant les CHSLD, la gestion de la
COVID. En 2013, il y avait eu des consultations avec Réjean Hébert concernant l'assurance
autonomie. On se souvient qu'il en parlait beaucoup. Il y a eu une
interpellation en 2015 sur l'impact de l'austérité libérale sur les aînés. Mais,
en fait, quand on fouille dans les archives, la dernière fois qu'il y a eu une
discussion d'ordre général à l'Assemblée nationale sur la qualité de vie des
aînés, c'était en 2011, dans une interpellation de l'ancienne députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, <Carole Poirier...
>
10 h (version révisée)
<17889
Mme
Labrie :
...députée d'Hochelaga-Maisonneuve, >Carole
Poirier. Ça veut dire que, dans la dernière décennie, ce n'est jamais arrivé, à
l'Assemblée nationale, qu'on a discuté en profondeur de la préparation du
Québec au vieillissement de la population. Et c'est quand même assez
stupéfiant, considérant que c'est un des plus gros défis qu'on a à relever,
comme société, et que ça fait des années, en fait, des décennies qu'on le voit
venir.
Donc, je sais que le gouvernement s'est
probablement préparé à me faire la liste de tous les investissements faits dans
les dernières années. Je m'attends à me faire dire, aujourd'hui, qu'ils font de
leur mieux, qu'ils font même mieux que les autres avant eux, et c'est
probablement vrai, mais moi, je ne suis pas là ici, aujourd'hui, pour critiquer
le bilan de la CAQ ou dire que c'est de leur faute, si on n'est pas prêts. Je
le sais qu'ils ont fait des investissements, je le reconnais d'emblée puis je
les remercie pour ça. Donc, je n'ai pas besoin, aujourd'hui, de me faire faire
la lecture de cette liste d'investissements là. Je sais aussi qu'ils ont amorcé
certains chantiers, notamment pour améliorer l'efficacité des soins à domicile.
Je sais qu'ils ont lancé des programmes de formation accélérée pour contrer la
pénurie de main-d'œuvre. C'est toutes des bonnes initiatives.
Je le sais que la ministre des Aînés est
pleine de bonne volonté sur ce dossier-là. Je le sens dans ses actions, je le
sens dans son regard, mais, si je l'ai convoquée aujourd'hui pour parler avec
elle de la préparation du Québec au vieillissement de la population, c'est
parce que c'est évident que, malgré ce qui a été entrepris par son
gouvernement, on n'est pas équipés, au Québec, pour nous assurer que chaque
personne peut vieillir dans la dignité et, en fait, on n'est déjà même pas
capables en ce moment. Alors, c'est clair qu'on n'est pas en mesure de répondre
aux besoins croissants qui s'en viennent. Puis je ne veux pas lancer la pierre
à la ministre pour ça, parce que ça fait plusieurs décennies qu'on voit venir,
au Québec, le vieillissement de la population. Plusieurs gouvernements de
plusieurs partis se sont succédé sans jamais se soucier de préparer le Québec à
ça. Collectivement, on a tous beaucoup pelleté en avant sur cet enjeu-là, malgré
que plusieurs acteurs du milieu ont essayé de sonner l'alarme souvent. Mais là
on est rendus à un moment où on n'est pas capables de répondre aux besoins,
malgré ce que la CAQ est déjà en train de faire, et ça a déjà un impact sur la
qualité de vie des gens qui vieillissent au Québec.
Puis je suis certaine que je n'ai pas
besoin d'inonder mes collègues, là, de chiffres pour montrer qu'on n'est pas
capables de répondre à la demande, là. On le sait tous, comme députés, on le
savait intuitivement, avec tous les dossiers qu'on voit dans nos bureaux de
circonscription, toutes les histoires qui font les nouvelles. Mais depuis la
publication du rapport de la Commissaire à la santé et au bien-être, qui
confirme, objectivement, qu'en 2023 on répondait à 10,7 % des besoins en
services à domicile, je pense qu'on a mesuré, pour la première fois, une partie
de l'ampleur de l'écart entre les besoins et la réalité. Puis honnêtement, moi,
c'est pire que je pensais. Je le savais, là, qu'on ne répondait pas à l'ampleur
des besoins, mais, si j'avais eu à supposer un chiffre, je n'aurais pas osé
supposer qu'on répondait juste à 10 % des besoins de la population en ce
moment.
Et je suis certaine que tous mes collègues
ont été aussi horrifiés que moi de faire ce constat-là et de voir à quel point
la marche était haute pour répondre aux besoins. Parce que l'impact sur la
qualité de vie des aînés, il est majeur, l'impact sur les proches aidants
aussi, évidemment, puis moi, ça me préoccupe, parce qu'on a déjà des centaines
de milliers de personnes, au Québec, à qui on ne fournit pas ce qu'il faut pour
vieillir dans la dignité. On en a des centaines de milliers d'autres qui n'ont
pas encore besoin de services, mais qui vieillissent aussi en ce moment puis
qui sont inquiets de ce qui va leur arriver dans les prochaines années. On a
des centaines de milliers de proches aidants qui en arrachent parce que les
conditions ne sont pas du tout réunies pour favoriser l'autonomie des aînés.
Puis moi, ce que je veux, c'est que chaque
personne qui vieillit, au Québec, puisse garder son autonomie, poursuivre sa
participation sociale le plus longtemps possible, ne se sente jamais mise de
côté à cause de son âge ou de ses capacités. Puis je suis certaine que mes
collègues, de tous les partis, partagent exactement la même volonté que moi par
rapport à ça.
Alors, ce que je veux proposer aujourd'hui
à la ministre, c'est qu'on le relève ensemble, ce défi-là d'assurer une belle
qualité de vie à chaque personne qui vieillit au Québec. C'est arrivé plusieurs
fois, dans les dernières années, que des députés de tous les partis décident de
travailler ensemble sur des enjeux qui préoccupaient tout le monde. On l'a fait
deux fois sur l'aide médicale à mourir. On l'a fait avec la commission Laurent,
pour améliorer la protection de la jeunesse, après la tragédie de Granby. On l'a
fait avec Rebâtir la confiance, pour améliorer l'accompagnement des victimes de
violence sexuelle et conjugale. Et ces chantiers-là, à chaque fois, ça nous a
fait avancer beaucoup, comme société, parce qu'on s'est assis tous ensemble,
autour de la table, avec un objectif commun. On s'est écoutés, entre élus, au
lieu de se pointer du doigt. On a pris le temps, avec les experts, de vraiment
dresser le portrait de ce qui se passait au Québec, des problèmes qu'on voulait
régler, des meilleures manières d'y arriver.
Avec ces chantiers-là, on a dégagé des
recommandations sur lesquelles tout le monde s'entendait, peu importe l'orientation
politique. À chaque fois, ça nous a donné un plan de match clair, auquel tout
le monde allait collaborer, en équipe, au lieu de travailler chacun de son
côté, en se pointant du doigt. Puis un plan de match consensuel comme ça, c'est
extraordinaire, parce que ça peut se poursuivre malgré les changements de gouvernement,
parce que tout le monde s'était mis d'accord sur les solutions. On l'a vu, d'ailleurs,
que ça s'est produit avec l'aide <médicale...
Mme Labrie :
...avec
l'aide >médicale à mourir.
Alors, moi, c'est ça que j'aimerais voir,
en ce moment, au Québec, un chantier transpartisan pour préparer le Québec au
vieillissement de la population puis qu'on s'assure que chaque personne va
pouvoir vieillir dans la dignité. C'est pour ça que j'ai convoqué la ministre
aujourd'hui. Je veux lui proposer qu'on travaille ensemble, qu'on réunisse des
experts autour de nous, qu'on commence par dresser le portrait de la situation
actuelle avec des vrais états généraux sur la qualité de vie des aînés au
Québec. Parce qu'avec le rapport de la commissaire, auquel j'ai fait référence
tout à l'heure, là, on a un portrait clair sur ce qui concerne les services à
domicile. Mais ça, c'est vraiment juste un volet de ce que ça prend pour
assurer la qualité de vie, la participation sociale des aînés.
On a aussi besoin de faire un portrait
complet sur la situation économique des aînés, sur leur vie sociale, sur
l'habitation, le transport, l'accès aux espaces publics, au numérique. Moi, je
voudrais qu'entre élus on travaille ensemble, qu'on réunisse un comité d'experts,
qu'on consulte largement la population sur leurs expériences, leurs attentes,
leurs besoins, leurs idées, qu'on identifie clairement, c'est quoi, les bonnes
pratiques déjà ici puis à travers le monde, c'est quoi, les changements à
apporter pour que chaque personne puisse vieillir dans la dignité au Québec.
Puis moi, j'ai eu l'occasion déjà de
travailler comme ça sur un autre dossier avec... je vais la nommer avec
affection, là, avec Sonia LeBel, qui avait... je sais que je n'ai pas le droit
de la nommer, mais qui avait eu l'audace d'accepter de travailler comme ça, puis
ça a été une des expériences les plus constructives de mon parcours en
politique. Puis je pense que tous les autres députés qui ont participé à ce
chantier-là pourrait en dire autant, parce qu'à chaque fois, chaque minute
qu'on travaillait sur ce dossier-là, on savait qu'on était en train de ramer
ensemble dans la même direction pour améliorer la vie des gens. Puis ça fait
déjà plusieurs années de ça, mais moi, il ne se passe pas une semaine sans
qu'il n'y ait pas des citoyens qui m'en reparlent, à quel point ça leur a
redonné espoir en la politique de voir leurs élus travailler ensemble comme ça.
C'est la chose qui leur a le plus redonné confiance en la politique dans les
dernières années, puis moi-même, j'avoue que ça a contribué à générer ce
sentiment-là. Je pense que les citoyens, ils ont besoin de nous voir travailler
ensemble pour relever les défis que le Québec traverse.
Le vieillissement de la population, c'est
un des plus gros défis que le Québec traverse. Puis on s'entend tous... on
partage les mêmes préoccupations par rapport à ça. Parce qu'il y en a beaucoup,
des défis que le Québec traverse, mais on ne partage pas toujours les mêmes
préoccupations puis la même volonté d'arriver au même endroit, alors que c'est
le cas pour le vieillissement de la population. On veut tous la même chose.
Alors, je pense qu'on a la responsabilité de mettre la partisanerie de côté
pour montrer aux aînés qu'on a pris acte de leurs inquiétudes, qu'on veut les
écouter pour voir ce qui doit être fait pour améliorer leur qualité de vie.
Moi, des aînés qui se sentent laissés pour
compte, j'en rencontre déjà souvent. Puis je ne vous parle même pas de ceux qui
restent chez eux, parce que c'est compliqué de se déplacer ou parce qu'ils sont
en CHSLD. Je vous parle d'aînés qui sont en pleine santé, qui s'impliquent dans
des organismes, qui sont actifs et qui sentent quand même qu'ils sont mis à
part, qu'ils sont... qui ne sont pas écoutés à cause de leur âge. Alors,
imaginez ceux pour qui c'est plus difficile de se déplacer, ceux qui sont moins
à l'aise avec les technologies, par exemple. Ces gens-là se sentent largués. Ils
ont encore plein de belles années devant eux au Québec, mais ils se sentent mis
à part de la société, et ce n'est pas normal. Je voudrais qu'on se mette
ensemble, qu'on envoie le message aux aînés qu'on veut les entendre, qu'on veut
mieux faire pour répondre à leurs besoins, pour améliorer leur qualité de vie,
pour faciliter leur participation sociale. Je veux qu'on envoie le message aux
autres générations aussi que leurs élus ont arrêté de pelleter par en avant
l'enjeu du vieillissement de la population, parce qu'honnêtement ça concerne
tout le monde. Puis plus on attend, plus ça va être difficile de mettre en
œuvre ce que ça prend pour assurer la qualité de vie des aînés. Puis c'est
toute la société qui en paie le prix, ce n'est pas seulement les personnes
aînées.
• (10 h 10) •
Puis la seule personne qui a le pouvoir de
lancer un chantier comme ça, c'est la ministre des Aînés. Alors, moi, je le
demande formellement à la ministre, puis c'est pour ça que je suis ici
aujourd'hui. Est-ce qu'elle est ouverte qu'on travaille de manière
transpartisane pour nous assurer que chaque personne va pouvoir vieillir dans
la dignité au Québec? Est-ce qu'elle est prête à prendre le leadership de
lancer des états généraux sur la qualité de vie des aînés dans l'objectif qu'on
prépare ensemble le Québec au vieillissement de la population?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...terminé? Merci. Avant de passer la parole, juste
rappeler qu'on interpelle les gens par leur titre, c'est probablement un oubli,
députée de Champlain, si ma mémoire est bonne, ou présidente du Conseil du
trésor. Merci. M. le ministre de la Cybersécurité, vous avez également
10 minutes pour... j'allais dire les remarques préliminaires, là,
mais c'est les déclarations d'ouverture. Allez-y.
Réponse du ministre
M. Éric Caire
M. Caire : Bien, d'abord, Mme
la Présidente, merci. Permettez-moi de vous saluer, permettez-moi de saluer les
collègues, la députée de Sherbrooke, la députée de La Pinière, et mes collègues
de la partie ministérielle, et les gens qui m'accompagnent. Ça me fait plaisir
d'entendre ce que je viens d'entendre de la part de ma collègue de Sherbrooke, et
non, je n'ai pas l'intention de l'inonder de statistiques. Je pense que le
débat qu'elle veut avoir est un débat de fond, un débat de société.
Ceci étant, elle me <permettra...
M. Caire :
...elle
me >permettra quand même d'élaborer sur le fait qu'il y a des choses qui
se sont faites. Et d'entrée de jeu, ce que j'aimerais faire avec ma collègue,
c'est peut-être... et je le dis sans aucune prétention, là, j'espère que c'est
très clair, mais un peu d'historique, parce que c'est... l'avantage d'être
vieux comme député, c'est qu'on a vu différentes initiatives. Puis ma collègue
de Sherbrooke en parlait, là, je pense que tous les ministres qui se sont
succédé avaient à cœur de trouver une solution au... à ce phénomène. J'allais
dire un problème, mais ce n'est pas... c'est un phénomène, phénomène de
vieillissement. On vieillit tous.
Et déjà, quand moi, je suis arrivé, Mme la
Présidente, on parlait du vieillissement de la population, on parlait du fait
que la portion de la population qui aurait 65 ans et plus augmenterait. On
parlait aussi du fait qu'il y aurait moins de travailleurs, de gens actifs, ce
qui amènerait une pression sur nos finances publiques, sur les revenus de
l'État. Donc, c'était... déjà, il y avait une réflexion. Et moi, je suis...
bientôt, Mme la Présidente, je vais souffler 17 bougies comme député, là.
Donc, c'est un débat qui est amorcé de longue date. Là-dessus, je veux me faire
rassurant.
Ceci étant, là où je rejoins totalement ma
collègue, c'est qu'il y a encore du travail à faire. Mais là où je... Et
d'emblée, là, je le dis au nom de ma collègue, la main tendue, elle est
acceptée d'emblée. Pour nous, c'est de la musique à nos oreilles. Je veux dire,
qu'on travaille ensemble à trouver des solutions à un problème collectif, je
pense que les Québécois s'attendent à ça de leurs élus, tous partis confondus.
Et autant du côté de la partie ministérielle que du côté de l'opposition, je
pense qu'on a intérêt, effectivement, à travailler ensemble, trouver des
solutions puis faire en sorte que cette situation-là... on aille de l'avant
pour permettre à nos aînés... parce que, dans le fond, le fond du débat, c'est
de permettre à nos aînés de vivre dans la dignité.
Et là-dessus, Mme la Présidente, je vais
quand même faire une petite digression par rapport à ce que ma collègue a amené
comme éléments, parce que, si le portrait du vieillissement de la population
change, ça, c'est tout à fait exact, le portrait de qui sont et ce que sont les
aînés change aussi. Puis vous me permettrez de prendre mon exemple.
Alors, moi, dans sept ans, je serai
considéré comme un vieux. Je vais avoir 65 ans. Je ne suis pas capable de
me voir comme ça, là. Je ne suis pas capable de me voir comme ça puis, à la
limite, je ne veux pas qu'on me voie comme ça non plus. Moi, je veux... Ce que
je me souhaite, puis je vous dirais, j'ai un bon espoir d'y arriver, c'est... à
65 ans, je veux continuer à être un membre actif de la société, je veux
continuer à être chez moi, m'occuper de ma maison, être là pour mes enfants,
peut-être pour mes petits-enfants, quoique, de ce côté-là, les projections sont
plus ou moins optimistes, mais, bon, ça ne relève pas de moi. Et je sais, Mme
la Présidente, qu'on a une population qui est vieillissante, mais on vit plus
longtemps, et on est en santé plus longtemps, et on est actifs plus longtemps.
Or, dans la réflexion que nous faisons
collectivement, il y a beaucoup : Quels sont les soins qu'on peut apporter
aux aînés? J'amène un angle différent. Quelle est la place de nos aînés dans la
vie active? Quelle est la place de nos aînés dans notre vie active? Je veux
dire, on parle de places en hébergement, on parle de maintien à domicile. Il
faut parler de ça, il faut absolument parler de ça, mais parlons de quels sont
les emplois disponibles pour nos aînés, et Dieu sait qu'on en a besoin, de
cette expérience-là, de cette expertise-là. Quels sont les aménagements qu'on
fait pour permettre aux aînés... Je veux continuer à travailler, mais
actuellement, les semaines, ça ressemble plus à des semaines de 80, 90 heures.
Ça va avec la fonction, c'est parfait. Peut-être que, dans cinq, six, sept ans,
huit ans, 10 ans, une semaine de 35 heures, ce serait suffisant.
Peut-être qu'une semaine de 20 heures, ce serait suffisant.
Alors, cette réflexion-là, il faut la
faire aussi, cette réflexion-là. Il faut collectivement qu'on se dise :
Quelle est la place des aînés?, mais globalement, pas juste : Quelles sont
les mesures qu'on met en place pour donner des soins, donner un hébergement ou
un maintien à domicile? Alors, Mme la Présidente... et là-dessus, je dirai
que... Puis je remercie la députée de Sherbrooke, parce que, d'entrée de jeu,
elle a fait des constats, puis c'est tout à son honneur, et je pense que ça
inaugure bien pour le reste du débat. Mais le gouvernement a posé des gestes
qui sont... Les gouvernements, les gouvernements ont posé des gestes qui sont
significatifs. Évidemment, je pense que notre gouvernement n'est pas en reste
non plus, puis il en reste à faire. Il reste des choses à faire. Tout n'est pas
accompli, tout n'est pas fait.
Pour ce qui est de travailler ensemble,
Mme la Présidente, je l'ai dit d'entrée de jeu, je pense que c'est
effectivement la chose à faire. Maintenant, ça peut prendre différentes formes.
Je donne un exemple à ma collègue. La ministre responsable des Aînés a quand
même tenu deux consultations qui étaient majeures. Le milieu a été consulté,
les experts ont été consultés. D'ailleurs, je salue ma collègue de La Pinière
qui a participé aux consultations. Puis sans préjuger de rien, là, je ne porte
aucun jugement, là, sur la bonne volonté des uns et des autres... et les
constats se font depuis longtemps. Moi, je pense que le travailler ensemble
dont parle ma collègue va être plus dans les actions qu'il faut poser à court
terme.
Puis je ne veux pas présumer de ce que ma
collègue fera dans la continuité du plan qui a été élaboré, mais on a quand
même un plan qui est clair. Est-ce qu'il est perfectible? Essentiellement, oui,
comme n'importe quoi. Est-ce que le prochain plan, Vieillir ensemble, pourrait
être bonifié par des suggestions, par des interactions avec les oppositions? Je
suis convaincue que ma collègue va être ouverte à ça. Est-ce qu'il faut aller
vers des états généraux? Je suis moins sûr. Je suis moins sûr. Est-ce que ce
travailler ensemble là ne pourrait pas être, justement, de se donner un plan?
Parce que l'information, bon, on l'a pas mal, là. Puis, comme je le disais à ma
collègue, ça fait 17 ans que je suis en poste comme élu. Alors, il y a eu
beaucoup de rapports d'experts, il y a eu beaucoup de consultations. Moi, je
pense que la population du Québec, ce que la population du Québec s'attend de
ses élus, tous partis confondus, et c'est là où j'adore ce que ma collègue dit,
c'est dire : Bien, O.K., mais dans l'action, qu'allons-nous faire? Dans
les gestes qu'ils vont poser, bientôt, là, demain, parce que le
vieillissement de la population, c'est demain, qu'allons-nous faire?
Alors, le gouvernement a une vision que ma
collègue connaît, a une vision sur l'hébergement, a une vision sur le soutien à
domicile, a une vision sur le retour des aînés ou le maintien des aînés dans le
marché du travail. Nous avons une vision. Cette vision-là pourra certainement être
enrichie par les solutions et les constats qui seront faits par l'ensemble de
la société civile en général et les élus de l'Assemblée nationale en
particulier. Et il n'y a personne de la partie ministérielle qui va vous
dire : Non, on ne veut pas travailler avec vous autres, on veut faire nos
affaires de notre bord. Ça, vous n'entendrez pas ce message-là de la part de ma
collègue ni d'aucun du gouvernement.
• (10 h 20) •
Puis il y a un dernier élément que je veux
apporter aussi dans la vision des aînés, dans la société, puis ça, ça me tient
à cœur, moi, personnellement, c'est la fracture numérique qui touche nos aînés,
pas que les aînés, mais qui touche beaucoup nos aînés. Dans un univers qui est
de plus en plus numérique, dans un univers où on veut s'en aller vers des
services de plus en plus numériques, il faut s'attaquer à cette question-là
aussi de la fracture numérique. Je prenais l'exemple de Desjardins, qui a fermé
des guichets automatiques récemment, puis, bon, on voit l'impact que ça peut avoir.
Alors, est-ce que l'idée, c'est de maintenir ce service là ou c'est d'aider les
aînés à aller vers les autres services qui sont disponibles? Et ça, c'est une
question qui me tient à cœur, et je le dis d'entrée de jeu, je serai très,
très, très ouvert aux collaborations des oppositions pour trouver des
solutions. Parce que cet univers-là, les jeunes y sont déjà, les moins jeunes y
sont, mais nos aînés, ils n'y sont pas assez, puis il faut travailler là-dessus
parce qu'évidemment c'est un changement de société en profondeur, et un
changement de société en profondeur ne doit laisser personne derrière. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, des bonnes
intentions de part et d'autre. Alors, on va commencer la période d'échange,
cinq minutes chacun. Vous avez la parole, Mme la députée de Sherbrooke.
Argumentation
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. D'emblée, le ministre a dit : Je ne veux pas qu'on me voie
comme ça quand je vais atteindre cet âge. Je trouve que ça parle beaucoup parce
que ça montre à quel point il y a un préjugé négatif à l'idée d'être peut-être
vieux. De ne pas vouloir être vu comme ça, c'est parce que ça ne représente pas
une image positive et c'est un problème en soi, auquel on devrait <s'attaquer...
Mme Labrie :
...auquel
on devrait >s'attaquer. Je le comprends de vouloir rester actif, puis
une très grande proportion des aînés actuellement sont en excellente santé,
sont actifs. Ils ne se reconnaissent pas quand ce qu'ils entendent dans
l'espace public, les discussions à propos des enjeux des aînés, ça touche les
CHSLD puis les RPA, parce que la très vaste majorité des aînés ici, au-dessus
de 90%, n'habite pas ni dans un CHSLD ni dans une RPA.
Donc, c'est certain qu'il va... Il faut
l'élargir, là, la conversation. Puis moi, je suis contente d'entendre le
ministre me parler de la place des aînés dans la vie active parce que c'est
précisément ce dont je parle aussi. Quand je dis «la participation sociale des
aînés», c'est ça, c'est de réunir les conditions pour s'assurer que les aînés
puissent garder une participation sociale pleine, entière. Là, moi aussi, je
veux précisément ressortir de ça, le paradigme dans lequel... quand on parle de
vieillissement de la population, on parle juste des soins puis des services à
domicile. C'est bien plus que ça, puis j'ai énuméré une partie des volets sur
lesquels il fallait se pencher.
Puis d'ailleurs la consultation à laquelle
le ministre fait référence, je n'ai pas... j'ai épluché les documents de
consultation, puis moi, j'étais contente de voir là-dedans que, clairement, les
équipes au sein du ministère savent c'est quoi, la nature du chantier qu'on
doit... qu'on devrait être en train de faire au Québec. Les thèmes qui sont
là-dedans : emploi et revenu disponible, vie sociale, engagement dans la
communauté, promotion du vieillissement et modes de vie sains... oui, services et
soutien pour demeurer à domicile, habitation habitable et abordable, mobilité
et transports, âgisme et reconnaissance de la diversité des personnes aînées,
communication, accessibilité à l'information. Il y a déjà une vision,
effectivement, de la diversité des enjeux dont on doit s'occuper au Québec.
Mais je vous dirais, moi, ce que j'ai vu
là-dedans, c'est qu'on a une idée générale de là où on doit se rendre ou, en
tout cas, de ce qu'on doit prendre en compte dans la destination où on doit
aller. Ça, on le sait, puis ça m'a rassurée de voir ça. Mais le fait est qu'on
n'a aucune idée d'où on part. On ne peut pas se faire un plan cohérent pour une
destination quand on ne sait pas d'où on part. On ne se rendra pas, là. On ne
peut pas se faire un itinéraire, si on n'a pas les deux bouts de l'itinéraire.
Puis en ce moment, le seul volet de tout ça pour lequel on a un portrait clair,
c'est le volet des soins et services à domicile parce qu'il y a eu un mandat
qui a été donné à la Commissaire à la santé et au bien-être et puis qu'elle a
fait un travail exhaustif qui est extrêmement précieux pour la suite des
choses. Mais le fait est que c'est le seul de ces volets-là — je
viens d'énumérer la liste, là, des chapitres, là, de l'ancien plan d'action — c'est
le seul des volets pour lequel on sait d'où on part. On sait, par rapport à ça,
l'écart entre ce qui existe et ce à quoi on devrait être capable de répondre.
On est à 10 % de ce qui existe comme besoins en ce moment puis on a évalué
aussi ce que ça va prendre dans les prochaines années.
Donc, ça, on le sait, mais, pour tous les
autres volets, on ne le sait pas. C'est pour ça que ce que je demande
aujourd'hui, c'est qu'on fasse des états généraux. Parce qu'on a beau avoir une
idée de l'intention d'où on veut s'en aller, de se dire : Ah! bien, c'est
important, par exemple, pour la mobilité des aînés et le transport, tout ça. On
n'a aucune idée de si on est capable de répondre aux besoins en matière de
transport des aînés en ce moment. On ne le sait pas. Puis même, des fois, on
recule, je vous dirais. On recule parce que, du transport adapté, il y en a qui
est coupé dans certaines de nos régions. Il y a du transport collectif qui est
coupé ou dont le coût augmente. C'est arrivé dans Memphrémagog l'année passée.
En tout cas, ils ont coupé du transport adapté, puis il y en a plusieurs qui
sont sortis bien inquiets en disant que ça entravait leur participation sociale
parce qu'ils en ont besoin pour se déplacer.
L'année dernière aussi, ici, dans la
Capitale-Nationale, il y a des gens qui ont dit : On recule de 20 ans
en arrière avec le transport adapté. Parce que, là, tout d'un coup, il y avait
tellement de demande par rapport à l'offre qu'il fallait prioriser les
demandes. Ça fait que... Ils leur demandaient la raison pour laquelle ils
avaient besoin d'un déplacement, puis, si c'était pour aller prendre un café
avec une amie, bien, c'était bien de valeur, mais ce n'était pas priorisé. Ils
priorisaient les gens qui avaient besoin d'un déplacement, par exemple, pour
aller avoir des soins de santé, puis c'est normal qu'ils le fassent. Mais je
vous dis ça pour vous montrer à quel point non seulement on n'a pas tout ce qui
est en... On n'est pas en train de faire tout ce dont on a besoin, mais même
parfois on recule. On recule, en ce moment, par rapport à la direction vers où
on devrait aller.
Alors, moi, les états généraux que je
demande, je les demande parce qu'on ne l'a pas, l'état des lieux. On est
incapable de mesurer l'écart entre ce qui existe et quels sont les besoins. On
n'a aucune mesure ni de ce qui existe ni des besoins. Alors, on n'est pas
équipés pour répondre à ces défis-là ensemble.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. Alors, je me tourne du côté de la
banquette ministérielle, un cinq minutes, M. le ministre. La parole est à
vous.
M. Caire : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Je vais faire mon intervention en deux temps, d'abord sur la
perception du vieillissement, et là-dessus, je dirais, ma collègue a raison.
C'est vrai qu'il y a une perception un peu négative sur la capacité des aînés
dans les maintiens en emploi et, je vous dirais, dans les maintiens en emplois
névralgiques, et c'est extrêmement malheureux. Et j'ai en tête un vibrant
plaidoyer que ma collègue avait fait sur la perception des femmes en politique,
qui nous a touchés, tous, directement au cœur, mais je pense qu'il faut faire
ce genre de plaidoyer là aussi pour les aînés qui ne sont pas... puis là je ne
veux pas être méprisant, parce qu'il n'y a pas... il n'y a pas de tâches,
comment on dit ça... de mauvais emplois, je ne me souviens plus de l'expression
consacrée, mais on dirait qu'à partir d'un certain âge, occuper des fonctions,
que ce soit député... puis je vais parler pour moi, mais... il faut faire de la
place aux jeunes. La politique est probablement le seul endroit où avoir de
l'expérience, c'est un défaut. Puis ma collègue de La Pinière pourra me le
dire, mais c'est malheureux... C'est malheureux. Dans des tâches de direction,
bien, on le voit dans un débat ailleurs, où on se dit : Mon Dieu! Il est
trop vieux, il est sénile. Il faut changer ce discours-là, il faut changer ce
narratif-là. C'est très clair. Pour moi, c'est très clair.
Ensuite, bon, la collègue dit : On n'a pas
un portrait clair, on ne sait pas où on va. Sur certains éléments, je vais lui
donner raison. Effectivement, sur le transport, les chiffres ne sont pas
connus, mais les projections démographiques, on les connaît. Sur l'hébergement,
on a les chiffres, sur le soutien à domicile, on a les chiffres, sur le
potentiel d'aînés actifs, on a les chiffres, sur la... je parlais de la
fracture numérique tout à l'heure, on a les chiffres aussi. Donc, on n'a
peut-être pas le portrait complet, mais entre pas complet puis pas du tout, il
y a quand même une marge. Donc, oui, il y a de la collecte d'informations qui
reste à faire. Ça, je le concède d'entrée de jeu à ma collègue.
Maintenant, où je reviens à la proposition
qui est faite... puis, bon, comme je vous dis, je ne veux pas mettre des mots
dans la bouche de ma collègue, là, mais est-ce qu'on a besoin d'états généraux
ou est-ce qu'on a besoin de faire une évaluation exhaustive et particulière
pour ces secteurs-là? Parce que l'idée, c'est de se mettre en action le plus
rapidement possible, puis là-dessus, je suis convaincu que ma collègue de
Sherbrooke va être d'accord avec moi, là, les aînés méritent d'avoir un plan
d'action rapidement. Et, bon, je réitère ce que j'ai dit, du côté du
gouvernement, on a cette vision-là sur l'hébergement, sur le vieillir actif,
sur le soutien à domicile.
• (10 h 30) •
Moi-même au ministère, là, on travaille
sur la fracture numérique en collaboration avec ma collègue responsable des
aînés. On va être ouverts aux suggestions, là, puis vraiment, là, je ne le dis
pas... je ne le dis pas en l'air, on va être ouverts aux suggestions. Mais moi,
ce que je pense, c'est que le travailler ensemble dont me parle... puis ce que
je suggère aussi, c'est que le travailler ensemble, dont la députée de
Sherbrooke nous parle, va s'inscrire, je pense, plus favorablement dans une
démarche qui est une initiative du gouvernement, parce que, bon, nos
institutions démocratiques sont ainsi faites que l'exécutif a les leviers du
gouvernement, ce qui est correct, ce qui n'empêche pas l'Assemblée nationale,
les députés de l'Assemblée nationale, de participer aux travaux, au contraire.
Ma collègue a donné un exemple avec la présidente du Conseil du trésor, où ça a
donné des résultats qui étaient effectivement très positifs pour la société.
C'est une forme qui peut être prise.
Il y en a d'autres, notamment, bon, les
consultations, notamment la participation à l'élaboration des différentes
mesures par les suggestions que les oppositions pourront faire. Le travailler
ensemble, il y a plusieurs formes possibles, mais je pense et je suggère de
s'inscrire dans une démarche d'aller de l'avant avec les plans qui sont à
venir, les plans qui sont déjà en exécution, pour lesquels il y aura toujours
de la marge de manœuvre pour s'assurer qu'on bonifie le plan. Je veux dire, ça,
c'est... personne ne va être contre la vertu, surtout pas ma collègue
responsable des aînés. Mais je pense que cette forme-là serait peut-être plus
proactive, plus à même de donner des résultats à court terme qui sont souhaités
par l'ensemble des élus de l'Assemblée nationale que de revenir à une
consultation qui va nécessairement inclure des secteurs pour lesquels on a déjà
l'information.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Alors, nous demeurons du côté de la
banquette ministérielle, et je me tourne du côté du député d'Abitibi-Est pour
cinq minutes.
M. Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, Mme la Présidente, je connais la députée de Sherbrooke
depuis cinq ans. Je la vois aller, je vois les <dossiers...
>
10 h 30 (version révisée)
<17823
M.
Dufour :
...je vois les >dossiers qu'elle amène ici, au
Parlement, et je suis totalement conscient que ce sont toujours des dossiers
qui ont un grand instinct de sensibilité, et ça, je dois lui avouer ça, parce
que je pense que ça, c'est... dans des sujets comme ça... on le sait, c'est des
sujets sensibles et avec des connotations très majeures. C'est un peu pourquoi
j'étais un peu surpris quand j'avais vu le titre de l'interpellation, «Le
manque de préparation du gouvernement», parce que, elle l'a dit tantôt, elle en
a parlé, je pense qu'elle recherche davantage une approche constructive qu'une
confrontation avec le gouvernement.
Par contre, je comprends aussi qu'avec les
cinq ans qu'elle a faits comme députée, jusqu'à présent... Il faut comprendre
qu'on... il y a des étapes. Il y a des étapes et, souvent, il y a... dans la
situation des étapes, on a bien beau dire qu'on ne veut pas trop, trop parler
de chiffres, qu'on connaît les chiffres, mais quand on regarde un petit peu la
situation des personnes âgées de 85 ans et plus recensées en 2021 versus
qu'est-ce qui était en 2001, on s'aperçoit que c'est 861 000 personnes, du
jour au lendemain, là, en 20 ans, là, qui ont transféré de l'employabilité au
côté, si on peut dire, des aînés. Le ministre de la Cybersécurité en a parlé
tantôt, il y a tout le volet aussi d'implication dans le côté social, l'activité
physique, etc. J'ai la chance, dans ma famille, d'avoir des gens de 90 ans qui
chauffent encore leur voiture et qui sont encore autonomes à la maison. J'ai
une autre tante de 81 ans qui voyage régulièrement de Montréal à... en
Abitibi-Témiscamingue, avec sa voiture, qui n'a pas besoin d'aide. C'est
précieux, c'est majeur, et puis on l'apprécie énormément.
Donc, il faut comprendre aussi qu'il y en
a d'autres qui ont des problématiques, mais, pour arriver à ces... là, pour
être capables, justement, de générer quelque chose, bien, ça nous prend, à un
moment donné, vous le savez, des politiques. Et je n'ai pas le choix de revenir
sur 2021, avec la politique qu'a mise en place l'ancienne ministre des Aînés, Mme
Blais, qui était la première politique nationale des personnes proches aidantes
de l'histoire du Québec. Est-ce que cette politique-là aurait dû être mise en
place avant? Possiblement. Parce qu'on le voit, là, les chiffres ont extrapolé
de façon incroyable, là, au fil du temps, mais ça nous prend un peu ces
politiques-là pour pouvoir avancer, pour être dans le temps. Puis
naturellement, ces politiques là se font quand même en complémentarité avec ce
que vous, vous avez amené, par exemple, en débats ou en situation de
discussions au niveau du Parlement.
On le voit avec la dernière politique qu'a
mise en place l'actuelle ministre des Aînés, chaque petit geste finit par faire
avancer la situation de nos aînés. Mais c'est sûr et certain qu'il faut prendre
en considération qu'on est bousculés par le fait que, dans... par le passé, il
y a peut-être eu un manque, un petit peu, de prévisionnabilité au niveau de cet
aspect-là. Donc, je pense que c'est le travail, actuellement, qu'on essaie de
bien présenter, puis de bien faire, puis, le collègue de la Cybersécurité l'a
mentionné tantôt, il y a différentes formes de travailler ces choses-là.
Puis je ne pense pas que la porte de la
ministre des Aînés vous a été fermée. Je pense qu'elle est toujours ouverte à
vous accueillir, à discuter avec vous, de prendre vos suggestions, de voir un
peu comment qu'on est capables de faire avancer les causes puis de faire en
sorte que, justement, le milieu de vie de nos aînés soit plus propice à avoir
des belles fins de vie ou des beaux moments encore, lorsqu'ils sont encore en
capacité de bien évoluer au niveau de notre société.
Donc, c'est tous des aspects, je pense, qu'il
ne faut pas jamais oublier, parce que, vous l'avez mentionné tantôt, on passe à
des ratios de façon incroyable, et il faut trouver, au fur et à mesure, des
mesures pour, justement, bien intervenir avec eux. Mais c'est ce que s'applique
le gouvernement à faire, puis on l'a vu, là, avec le projet de loi n° 15
de M. Dubé... du ministre de la Santé, ça a été la même chose. Il y a un
objectif derrière ces projets de loi là pour, justement, améliorer les
conditions de vie de nos aînés, faire en sorte qu'ils soient plus actifs,
que... justement, qu'on fasse en sorte de garder ces gens-là à la maison. Je
pense qu'on voit vraiment l'ensemble des enjeux que le gouvernement met en
place. Ce n'est pas que des chiffres, ce n'est pas que des statistiques. Je
pense, aussi, c'est des actions qui sont très positives pour améliorer la
situation. On est aussi confrontés à des situations d'urgence, comme on a vu
avec les RPA. Donc, il faut, justement, intervenir rapidement, puis ce n'est
pas par le biais d'états généraux qu'on pourrait y arriver, par exemple.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. Alors, on va entamer la deuxième série
d'interventions avec l'opposition officielle et sa représentante, la députée de
<La Pinière.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
...de >La Pinière. Vous avez cinq minutes.
Mme Caron : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, d'entrée de jeu, je vais dire qu'il faut reconnaître
qu'il y a au moins trois générations d'aînés au Québec. Alors, quand on parle
d'aînés, souvent, on associe à des besoins de santé, et il y en a un grand
nombre qui en ont besoin, mais ce ne sont pas tous. Ils ne sont pas tous rendus
à un stade où ils ont besoin de soins, de soutien à domicile ou autres soins de
santé, mais on fait souvent cet amalgame-là, et juste le titre de la ministre,
qui est déléguée à la santé et responsable des aînés, montre à quel point c'est
ancré dans la société.
Les besoins varient en fonction des
générations d'aînés. Certains peuvent effectivement continuer de travailler à
un rythme moindre, continuer de contribuer à la société, par exemple, en
mentorant des plus jeunes, en faisant du bénévolat pour aider les plus jeunes,
faire profiter les plus jeunes de leur expérience. Mais le... la condition, je
dirais, des aînés à 65 ans, parce que 65 ans, c'est l'âge où on
arrive officiellement à la retraite et qu'on considère que c'est... qu'on
commence à être aîné, mais c'est beaucoup l'état de la personne en fonction de
son statut socioéconomique et son état de santé, et les déterminants de la
santé sont beaucoup liés à l'état socioéconomique. Donc, on peut avoir des
personnes qui vont être en excellente santé, vont pouvoir se permettre d'être
actives, vont pouvoir se permettre de voyager jusqu'à 90 ans, 93 ans,
comme disait le collègue d'Abitibi-Est, et c'est merveilleux, et je le souhaite
à tout le monde.
Maintenant, il y a un travail qui a été
fait, très exhaustif, par la Commissaire à la santé et au bien-être, à la
demande du gouvernement, et je salue cette demande et ce travail qui a été
fait. Aujourd'hui, on parle de faire un travail transpartisan, c'est la
proposition de la collègue députée de Sherbrooke, qui fait cette... qui est à
l'initiative de cette interpellation, et je suis pour le travail transpartisan,
le vrai travail transpartisan, bien entendu, sous le leadership de la ministre,
c'est elle qui est ministre, sous son leadership, mais un vrai travail
transpartisan, où la ministre nous présente l'échéancier des travaux.
• (10 h 40) •
Hier, en débat de fin de séance, elle me
disait qu'elle accueillait favorablement les recommandations de la Commissaire
à la santé et au bien-être. Moi, ce que je veux entendre, comme députée, comme
représentante de mes voisins et voisines dans La Pinière, c'est... d'accord.
Maintenant que vous accueillez favorablement ces recommandations, quel est le
plan de match? Quelles recommandations trouvez-vous qui doivent être mises en
œuvre? Est-ce que c'est l'ensemble? Est-ce que c'est certaines d'entre elles?
C'est quoi, l'échéancier de travail? Et ça, s'asseoir avec les porte-parole de
l'opposition officielle et des autres oppositions pour en discuter ou pour
dire : Moi, c'est ça que je propose, embarquez-vous dans ça? Est-ce que
vous... et puis être à l'écoute et être ouverte à faire des modifications,
peut-être, pour bonifier le processus. Ça, c'est un vrai travail transpartisan,
et ça, j'embarque. Mais je n'appelle pas un travail partisan le fait de nous
présenter un plan déjà démarré ou le fait de dire : Bien là, je vais faire
cette annonce-là, embarquez-vous? Ça, c'est une courtoisie qui est faite et qui
nous offre la possibilité de savoir avant que ce soit public, mais c'est tout.
Ce n'est pas un travail transpartisan.
Alors, si on veut parler d'un travail
transpartisan pour les aînés, je m'attends à ce qu'on soit convoqués par la
ministre, qui assurera le leadership, mais qu'on soit dans le coup dès le
départ. Ça, c'est un vrai travail transpartisan, et ça, je suis parfaitement
d'accord.
Tout à l'heure, le ministre de la
Cybersécurité a évoqué le fait que j'avais participé, l'année dernière, le 18
mai, pour être précise... c'était durant la semaine de travaux en
circonscription, mais j'étais revenue à Québec parce que j'avais demandé de
participer à un colloque, une journée où il était question de l'actualisation
de la politique qui s'appelle Bien vivre ensemble. Ça s'est passé tout près
d'ici, à l'hôtel Concorde, et c'était une journée fort intéressante pour moi. J'ai
été là toute la journée en mode écoute de tous les intervenants, mais ça n'a
pas été un travail d'équipe qui a été fait, là. Ça a été de nous présenter ce
qui avait été fait. Et d'ailleurs la Commissaire à la santé et au bien-être
nous dit que le ministère de la Santé et Services sociaux a rendu public...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme la députée, le temps... le cinq minutes est écoulé. On
va en avoir d'autres. On va en avoir d'autres.
Mme Caron : ...parce que je
suivais le chronomètre et j'étais... je me... je n'étais pas rendue à... je ne
voyais pas que j'étais rendue à cinq minutes.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui, c'est le petit chronomètre qui est en haut.
Mme Caron : Oui, le
chronomètre qui est en haut, d'accord. Je l'ai peut-être perdu de vue. Alors,
merci pour...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il n'y a pas de problème. On va poursuivre les échanges
avec le ministre pour cinq minutes.
M. Caire : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, j'entends bien ce que ma collègue de La Pinière me dit sur
le travail transpartisan et la nuance qu'elle fait entre la courtoisie et le
travail transpartisan. Loin de moi l'idée de balayer du revers de la main la
contribution éventuelle de mes collègues de l'opposition, mais il n'en demeure
pas moins que la responsabilité de gouverner, c'est une responsabilité qui
échoit à la ministre, et ça, je pense que tout le monde va être d'accord. Donc,
la responsabilité de poser les gestes, de faire les investissements, oui,
d'élaborer les plans, mais de les exécuter, ces plans-là, c'est une
responsabilité qui échoit à la ministre, au gouvernement et au pouvoir exécutif
dans un contexte aussi où... et l'exercice d'aujourd'hui est un... je pense, un
bel exemple de ça, la responsabilité aussi qui est... qui échoit à l'Assemblée
nationale, aux députés de l'opposition, c'est de s'assurer que le gouvernement
pose les bons gestes.
Donc, dans cette compréhension-là de
comment fonctionne notre système, j'entends ce que ma collègue de La Pinière
dit et je lui dirai : Bien, écoutez, oui, il faut être ouvert aux
suggestions de l'opposition. Oui, il faut laisser un espace pour que
l'opposition puisse faire des suggestions, mais la responsabilité de
l'exécution, la responsabilité de l'atteinte des résultats, la responsabilité
du respect des échéanciers, la responsabilité de la gestion des budgets qui est
inhérente à tout ça, cette responsabilité-là, elle est portée par la ministre.
Alors, je pense que c'est normal que la
ministre ait plus qu'un leadership en matière de gouvernance. Parce que, si on
dit : Oui, c'est bien que la ministre assume un certain leadership, bien,
ça veut dire que la décision revient à l'ensemble des parties prenantes. Ça, je
pense qu'on ne peut pas aller là. La décision doit être prise par la ministre
parce qu'elle sera imputable des décisions qu'elle prend.
Maintenant, sur le rapport de la
Commissaire à la santé et au bien-être, bien, il y a déjà plusieurs actions qui
ont été prises. Il y a même des actions qui étaient... des éléments, qui se
sont retrouvés dans le rapport de la commissaire, pour lesquels il y avait déjà
des mesures qui étaient prises. Et je remercie la députée de La Pinière qui
souligne le fait qu'effectivement la commissaire a été mandatée par le
gouvernement pour effectivement faire un état des lieux puis aider le
gouvernement soit à confirmer que les mesures qui étaient mises en place
étaient les bonnes, soit à faire en sorte que ces mesures-là puissent être
corrigées, qu'on corrige le tir, si les mesures en place n'atteignaient pas
complètement l'objectif, soit de nous faire des suggestions sur d'autres
éléments pour lesquels il y avait peut être un angle mort. Mais en matière
d'hébergement, en matière de soins à domicile, notamment, il y a déjà un plan
qui est très clair, et il y a déjà des actions et des mesures qui ont été
prises, et le gouvernement est en action là-dessus.
Pour l'ensemble du rapport, bien sûr que
la ministre a recommandé le rapport à la Commissaire à la santé pour être
capable de s'assurer que tous les angles étaient couverts, et ce sera
certainement le cas.
Maintenant, sur l'échéancier, ça, je
laisserai ma collègue élaborer là-dessus, parce que, comme le disait la députée
de La Pinière, notamment le plan d'action sur le vieillir ensemble est en voie
d'être élaboré, sera déposé ultérieurement, au moment où ce sera opportun de le
<faire...
M. Caire :
...de le >faire,
donc, quand il sera complété.
Donc, évidemment, aujourd'hui, je ne
discuterai pas des conclusions d'un plan qui est à être déposé. Par contre, ce
que je dis, ce que je répète, c'est que ce plan-là est en voie d'être élaboré, et,
bien entendu que la ministre est très, très, très ouverte à entendre les
collègues, puis, s'il y a des suggestions, c'est un bon moment pour le faire,
pour bonifier le plan en question. La ministre va être très, très heureuse
d'entendre ses collègues des oppositions.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, nous demeurons du
côté de la banquette ministérielle, avec le député de Portneuf, pour une
période de cinq minutes.
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. Salutations à l'ensemble de mes collègues, mais à toutes celles et
ceux qui sont présents ici ce matin également. Moi, bien entendu, je salue
également l'approche de la ministre... de la députée de Sherbrooke dans nos
travaux de ce matin, parce que j'aime cet esprit de collégialité pour trouver
des solutions.
Tout à l'heure, Mme la députée, vous nous
disiez que vous ne vous attendiez pas à ce qu'on fasse, finalement, un exposé
de ce qu'on a fait jusqu'à maintenant. Malheureusement, je vais en faire un
petit parce que je me rappelle de ce constat que j'avais tiré en 2018, alors
que j'étais candidat, Mme la Présidente, à l'élection. J'avais fait campagne
aux côtés, parfois, de ma collègue Marguerite Blais, que je salue, bien
entendu. Et je voulais noter aussi, un petit peu comme l'a fait, ce matin, mon
collègue député d'Abitibi-Est, on poursuit, finalement, son travail. Et on
fréquentait un petit peu... on allait visiter les RPA et on se disait, là, en
voiture, un petit peu secrètement, qu'il y a bien des endroits où on n'aurait
pas aimé que notre famille s'y retrouve, Mme la Présidente, tellement il y
avait des lieux qui étaient en complète désuétude et puis où on craignait même
pour la sécurité de nos aînés. C'est sûr que... parce que de parler de nos
aînés, c'est aussi de parler de leur confort de vie et c'est sûr aussi que la
tragédie de L'Isle-Verte a été comme un élément déclencheur à cette grande
réflexion qu'il a fallu entamer, parce qu'on avait réellement des endroits, qui
accueillaient nos aînés, qui n'étaient pas adaptés, finalement, je vais le dire
comme ça, mais c'est parce que je veux être poli, mais il y a des endroits qui
n'étaient pas adaptés à accueillir nos aînés.
• (10 h 50) •
Et, par chance, il y a eu une espèce de...
je vais appeler ça aussi un réajustement, qui s'est opéré, et aujourd'hui, on
voit que celles qui existent... dans mes visites régulières à l'intérieur de ma
circonscription, bien, je me rends compte que les gens qui travaillent au
service de nos aînés, actuellement, dans les RPA, sont des professionnels, que
les soins sont, dans la plupart des cas, très adaptés. Et je remarque aussi le
travail extraordinaire du CIUSSS de la Capitale-Nationale, qui veille justement
à ce que nos aînés soient toujours soignés comme il le faut dans ces
résidences-là. On avait d'ailleurs, dans Portneuf, une résidence qui était sous
haute surveillance, et j'étais en permanence en relation avec la direction du
CIUSSS de la Capitale-Nationale pour qu'on puisse s'assurer que nos aînés ne
puissent souffrir aucunement et d'aucune manière, mais que, surtout, leur
sécurité soit toujours placée au plus haut point.
Maintenant, rester chez soi, c'est sûr,
Mme la Présidente, que c'est l'option dont on rêve tous, hein, et toutes.
J'imagine que, vous aussi, vous rêvez de passer vos vieux jours chez vous, le
plus longtemps possible, en sécurité. Je pense, justement... Hier, on
m'écrivait qu'une de mes voisines, Juliette Bourassa, venait de décéder, à 105
ans, et elle avait passé le maximum de temps dans son domicile... Heureusement
pour elle, elle était accompagnée de ses enfants, qui pouvaient prendre soin
d'elle, mais ce n'est pas toute la population qui peut bénéficier de cette
proximité avec les enfants. Donc, eh bien, il faut s'assurer d'accompagner les gens,
et je reviendrai, dans le deuxième bloc, sur la formation de courte durée que
nous venons d'annoncer.
Mais, en fonction de ce constat dont je
parlais tout à l'heure, on n'est pas resté les bras croisés, Mme la Présidente,
suite à ce qu'on a découvert, finalement, parfois, en 2018. Parce que, pour
ceux qui, malheureusement, ne peuvent pas rester chez eux, eh bien, il faut
penser à bien les héberger dans nos CHSLD, dans nos RPA, et il faut continuer
de supporter ces installations. On sait qu'il y a beaucoup d'argent qui est
prévu d'être injecté pour rénover tout ça, mais on a aussi ce magnifique projet
qu'avait justement initié notre collègue Marguerite Blais, qui est la maison
des <aînés...
M. Caron :
...la
maison des >aînés, un milieu de vie qui s'apparente à celui d'un
domicile, où on a finalement le goût de vieillir, un environnement avec
beaucoup de luminosité, des chambres et des salles de bain individuelles, une
meilleure intégration des personnes proches aidantes, parce que, Mme la députée
le disait, c'est important, cet impact qui peut se produire sur les proches
aidants, des jardins extérieurs pour marcher, bref, un confort de vie qui est
indéniable et qui est salué de tous. C'est sûr qu'on a pris un certain retard,
Mme la Présidente, pour l'ouverture de ces maisons, mais ça va bon train, et
puis j'aurai l'occasion, dans le prochain bloc, si vous le permettez, de
revenir sur ce sujet. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le député. Alors, nous avons complété le
deuxième bloc d'interventions. Nous en sommes donc rendus au troisième bloc
d'interventions avec cinq minutes pour vous, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, moi, je rejoins mon collègue, là, ministre quand il dit
que ça prend l'initiative du gouvernement, que c'est la... que la
responsabilité de gouverner relève de la ministre. C'est pour ça que je
l'interpelle, elle. C'est pour ça que je pense que ça relève d'elle d'avoir le
leadership de lancer ce chantier transpartisan et ces états généraux. C'est ce
que je demande, en fait, qu'elle la prenne, sa responsabilité de gouverner.
Mais ce défi-là, elle ne pourra pas le relever toute seule. Puis ce n'est pas
parce que je doute de ses compétences, là, c'est juste parce que ça ne relève
pas seulement de son ministère ou ni même du ministère de la Santé et des
Services sociaux. Je le sais qu'elle est bien intentionnée, mais c'est beaucoup
plus large que ça.
Dans le rapport commandé par la CAQ, la
Commissaire à la santé et au bien-être, à la page 28, la commissaire, elle
écrit noir sur blanc, je vais vous citer : «Le ministère de la Santé et
des Services sociaux ne peut porter seul la responsabilité de développer
l'écosystème de maintien de l'autonomie. Le défi à relever interpelle un grand
nombre d'autres ministères et, à plus grande échelle, l'ensemble de la société
québécoise.» C'est écrit noir sur blanc dans le rapport commandé par la CAQ.
La première recommandation de la
commissaire, c'est que le ministère de la Santé et des Services sociaux
coordonne une collaboration pour élaborer une politique gouvernementale de
maintien de l'autonomie. Elle précise, la commissaire, que ça implique de faire
un état de la situation actuelle pour cibler ce qu'on veut atteindre et les
conditions à mettre en œuvre pour y arriver. Donc, collaborer, faire un état de
la situation, si vous m'avez écoutée depuis ce matin, c'est exactement ce que
je propose à la ministre quand je l'invite à ce qu'on travaille ensemble de
manière transpartisane pour faire des états généraux sur la qualité de vie des
aînés. Ça correspond parfaitement à ce qui est suggéré dans un rapport que la
CAQ a commandé elle-même.
Puis, par ailleurs, si on veut faire un
changement de narratif, comme le disait le ministre, puis je le rejoins
là-dedans, il a raison de vouloir ça, il n'y a rien comme un vrai chantier qui
implique toute la société. Puis je peux vous dire qu'avec Rebâtir la confiance,
on a contribué à le changer, le narratif, sur les victimes de violences
sexuelles puis sur les violences sexuelles en général. Ça a généré beaucoup de
conversations collectives. Ça a fait les médias. Dans les maisons, les gens en
ont parlé. On a réussi à faire entendre le point de vue des victimes sur le
système, à déconstruire des préjugés. Il y en a eu une, évolution des
mentalités en lien avec ce chantier-là, puis c'est ce que j'aimerais voir aussi
par rapport au vieillissement puis aux personnes aînées.
Et je pense que la consultation qui a eu
lieu dans la dernière année pour le plan d'action, en tout respect, elle
n'était pas de nature à impliquer toute la société québécoise pour changer le
narratif. Et d'ailleurs, très peu de gens sont au courant que cette
consultation a existé. Bien sûr, les acteurs du milieu ont été contactés, ont
participé à la consultation, mais en dehors des acteurs qui travaillent au
quotidien, à la semaine longue, dans ce milieu-là, les gens n'ont pas été
impliqués là-dedans. Puis peut-être, une bonne façon de l'illustrer, c'est que
le volet citoyen de cette consultation-là, c'était un sondage en ligne de cinq
semaines entre le 14 juin et le 21 juillet.
On parle d'une consultation sur un plan
d'action pour vivre et vieillir ensemble; exclusivement un sondage en ligne? Le
ministre parlait de fracture numérique tout à l'heure. Il y a certainement des
aînés qui sont très habiles avec le numérique, qui ont pu participer à cette
consultation, mais il y en a certainement d'autres qui n'ont pas pu. Puis la
seule façon qui leur a été offerte, c'est un sondage en ligne de cinq semaines
en plein été. Donc, moi, je n'ai pas... En tout respect, il y a des gens qui
ont bien travaillé avec ce document là, mais ce n'est pas... ça n'a pas généré
la conversation collective qu'on devrait avoir pour préparer le Québec au
vieillissement de la population.
Puis je veux juste montrer aussi à quel
point que ce qui a été fait avec le dernier plan d'action, là, c'est des belles
choses, mais c'est une goutte d'eau dans l'océan de tous les besoins. Je vais
vous donner deux exemples. Les travailleurs de milieu, par exemple, le
programme des travailleurs du milieu, il y en a certainement dans les
circonscriptions de mes collègues, c'est très bien que ça existe. C'est un beau
programme. À Sherbrooke, en ce moment, il y en a deux, travailleurs de milieu,
on va peut-être bientôt en avoir un troisième, mais il y a
37 000 aînés à Sherbrooke.
Dans le document, là, ça dit : Le
succès des interventions des travailleurs de milieu repose sur la relation de
confiance qu'ils parviennent à établir avec les personnes aînées. C'est
totalement vrai. Mais comment vous pensez que c'est possible à deux, peut-être
bientôt trois avec un peu de chance, aux travailleurs de milieu de bâtir des
liens de confiance avec 37 000 aînés? Puis ils ne sont peut-être pas tous <vulnérables...
Mme Labrie :
...pas
tous >vulnérables, mais il y a quand même un aîné sur cinq, en ce
moment, qui dit se sentir isolé. Ça fait que ça fait beaucoup de monde par
travailleur de milieu, ça.
Un autre exemple, le programme
Municipalité amie des aînés. Il y a un programme de financement pour des
infrastructures, des aménagements qui répondent aux besoins des aînés. Super
beau programme, moi, je suis contente que ça existe, c'est nécessaire, mais,
entre 2018 et 2023, il y a eu des investissements de 7 millions répartis en 117 projets.
Puis je m'excuse de le faire, mais c'est parce que c'est devenu un nouvel
étalon de mesure collectif, mais 7 millions, c'est ce que ça a coûté pour le
match des Kings, là, O.K. Ça fait que c'est juste pour donner un étalon de
mesure, là, entre... En cinq ans, on a mis le même montant pour ces matchs, il
y en avait plus qu'un, et pour 117 projets de petites mises à niveau de...
Ça fait que ce n'est pas le bon ordre de
grandeur dont on a besoin pour l'ensemble du Québec. Puis l'ensemble du plan
d'action, les quatre premières années, sur 10 milliards de dollars, il y
en a 60 % qui a été dans le ministère de la Santé et des Services sociaux,
alors qu'il y a tous les autres volets à considérer aussi.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. On va poursuivre avec une période de cinq
minutes accordée au ministre. Le temps commence maintenant.
M. Caire : Merci, Mme la
Présidente. Je vais y aller peut-être en deux temps, encore une fois. Dans un
premier temps, je vais peut-être élaborer un peu plus sur la consultation...
les consultations, pardon, qui ont été tenues par la ministre, parce que je
pense que c'est important, dans notre échange, qui est superintéressant...
Comme disait ma collègue, tu sais, il faut partir de l'existant puis il y a
quand même un travail, quand même assez important qui a été fait.
Juste pour... puis je m'excuse auprès de
ma collègue, je ne l'inonderai pas de chiffres, promis, mais, quand même, pour
situer le débat, alors la commissaire au bien-être et à la santé disait :
C'est un travail transversal de régler la question ou d'apporter des solutions
à la situation des aînés. Tout à fait d'accord. Consultations qui concernent 32
ministères et organismes, donc, Revenu Québec, Affaires municipales,
Habitation, Transports, le ministère de la Cybersécurité et du Numérique, donc,
il y a... évidemment, ministère de la Santé et des Services sociaux, bon.
Alors, il y a plusieurs ministères qui ont été sollicités dans cette
consultation-là.
• (11 heures) •
Sur la première consultation, on parle de
120 personnes, c'est... 120 personnes qui ont été consultées, 120 personnes
qui viennent de groupes communautaires, qui viennent de toutes les sphères de
la société; dans la deuxième, 320 personnes, puis il y en avait 480 qui
étaient quand même en virtuel. Donc, une consultation qui a rejoint 4 223
personnes, comme je le dis, là, de toutes les sphères de la société. Donc, je
pense que la consultation qui a été faite en amont du rapport de la commission,
plus le rapport de la commissaire, qui amène quand même des pistes de solution,
dresse un portrait qui est quand même exhaustif de la situation. Et j'accorde
d'entrée de jeu à ma collègue qu'il y a encore peut-être certains secteurs où
on peut aller chercher un peu plus d'information, mais, de façon générale, je
pense que le plan qui est à être élaboré se base sur une collecte d'information
qui est quand même abondante et pertinente.
Pourquoi je dis ça? Parce que... puis je
ne veux pas avoir l'air d'un anti états généraux, simplement, je veux amener ma
collègue sur, peut-être, le point de vue que moi je défends, qui dit :
Est-ce qu'on n'est pas plutôt à l'étape d'élaborer des actions? Puis ce que ce
que ma collègue de Sherbrooke souligne, là... alors, on a deux intervenants
pour 37 000 aînés... relève plus de, bon, bien, comment on fait pour
aider, comment on fait pour ajouter des intervenants? Qu'est-ce qu'on fait?
Comment on réorganise l'aide aux aînés, le support aux aînés, le soutien aux
aînés, l'aide aux aînés pour en arriver à ce que ces 37 000 aînés là aient
les services dont ils ont besoin, plus que d'avoir le portrait. Je ne sais pas
si je me fais bien comprendre par ma collègue.
Donc, ce que je prône, c'est soyons plus
dans la recherche de solutions que dans la collecte d'information, parce que la
collecte d'information, je pense que cette étape-là, elle a été bien faite.
Encore une fois, c'est... est-ce qu'il reste des angles morts? Peut-être, puis,
bon... Est-ce que ça mérite des états généraux? Personnellement, j'en doute,
mais ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas se pencher là-dessus. Bon.
Le deuxième élément, c'est sur les pistes
de solutions. Et là-dessus, encore une fois, je ne vais pas inonder ma collègue
de chiffres, mais, si on parle de soutien à domicile, par exemple, c'est quand
même 1 milliard qui a été mis. Ma collègue me parlait du 7 millions des Kings,
je n'embarquerai pas là-dessus, là, je comprends que c'était à titre indicatif,
mais c'est quand même 1 milliard qu'on met en soutien à domicile, Mme la
Présidente. C'est quand même... si on parle d'hébergement, bien, c'est quand
même 46 maisons des aînés qui seront construites et, bon, on <sait
que c'est...
>
11 h (version révisée)
<485
M.
Caire :
...construites et, bon, on >sait que c'est des
sommes qui sont substantielles. Si on parle de soutien, bon, bien, toute la
réduction de la paperasse, l'introduction des technologies pour les aides-soignants,
on parlait de... j'ai les chiffres ici, là, d'efficacité. On passe de, quoi, de
cinq heures de traitement d'une situation à 30 minutes. Bien, ça, ça
libère quatre heures et demie de temps de soins.
Donc, moi... puis je le dis à titre
indicatif, peut-on, puis moi, je pense que oui, être plus dans... mode
«trouvons d'autres solutions» pour optimiser, rendre plus efficace? Oui, des
montants, mais ces montants-là, on va s'assurer que, quand ils descendent... d'abord,
qu'ils descendent sur le terrain. Puis ça, là-dessus, je pense que ma collègue
va être d'accord, il faut que ça... il ne faut pas que ça reste dans la
machine, là, il faut que ça descende sur le terrain, puis que ça va vraiment à
donner des soins. On optimise, on va vers l'efficience pour s'assurer qu'on en
donne plus avec les... des ressources qui sont quand même très conséquentes, Mme
la Présidente, là, qui sont consacrées aux aînés.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. On reste toujours de ce côté de la
banquette ministérielle avec le député d'Abitibi-Est pour une période de cinq
minutes. Le temps est à vous.
M. Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Je vais revenir sur le point de la coopération, parce que je pense
que c'est le point que vous amenez le plus dans votre présentation ce matin. Je
pense qu'il faut quand même voir quelques éléments que la ministre actuelle,
qui est une ministre qui est très, très à l'écoute... Honnêtement, il y a...
des fois, c'est un fait, il y a des ministres, des fois, qui sont avec leurs
lignes, mais, dans le cas de celle qu'on parle présentement, de la ministre
déléguée à la Santé, responsable des Aînés, c'est de voir son ouverture. Puis
la plus belle... une des belles exemples, ce n'est pas plus tard qu'il y a
quelques semaines, quand elle a annoncé le 200 millions de dollars
supplémentaire sur cinq ans pour la création de nouveaux programmes pour les
RPA avec des unités de soins afin de freiner des fermetures et maintenir l'offre
de logements aux personnes aînées du Québec.
Ce programme, il n'a pas été juste inventé
par une ministre ou par des fonctionnaires. Il a été mis en collaboration avec
le Regroupement québécois des résidences pour aînés et le Réseau québécois des
OSBL d'habitation, qui sont deux partenaires essentiels dans nos projets en
lien avec les aînés québécois. Donc, une coopération, oui, il y a la
coopération transpartisane au niveau des partis politiques, mais elle peut
aussi être à l'extérieur des cadres du Parlement avec le biais de ces
réseaux-là. Donc, ça démontre quand même que ce n'est pas quelque chose qui a
été fait tout simplement sur un coup de tête ou quoi que ce soit, parce qu'il y
avait des enjeux rapides qui devaient... fallait intervenir. Il y a quand même
eu des regroupements qui ont été mis à contribution de ce côté-là.
Je ne peux pas passer non plus à côté de l'investissement
de 2,9 milliards sur cinq ans dans le cadre du Plan d'action pour l'hébergement
longue durée 2021‑2026 de la ministre... à ce moment-là, de la ministre
qui était en poste au niveau des Aînés. Ça m'amène, quand on regarde ça, à vous
mentionner quand même un élément. Je comprends que des états généraux
pourraient faire en sorte qu'on fait participer d'autres ministères, mais croyez-moi,
pour avoir été même à la table des... du Conseil des ministres, au niveau du
ministère comme Faune et Parcs, c'est un ministère où on avait une
préoccupation sur nos aînés lorsqu'on faisait des actions. On en jasait avec
les gens du ministère des Aînés, on... même principe au niveau du ministère
de... au niveau des Finances, lorsqu'on arrive en discussion, lorsqu'on veut
arriver à faire en sorte... ce n'est pas simplement une personne qui va faire
des revendications, c'est parce qu'on en discute entre ministres, avec les
députés.
Et aussi, ce que les... les différents
éléments que vous, vous nous amenez, comme parti d'opposition, on essaie de
voir les chemins de passage les plus propices pour justement améliorer la
situation de nos aînés. Et j'inclus là-dedans la ministre des Sports...
déléguée aux Sports, j'inclus le ministère que moi, j'ai occupé, etc. Donc, c'est
pour vous montrer comment qu'il y a quand même une symbiose de travail qui se
fait entre les différents acteurs qui ont à prendre des décisions. Je pense qu'il
ne faut pas négliger cet aspect-là, puis, je pense, il faut que les gens qui
nous écoutent le savent que ce n'est pas simplement la volonté d'un simple
ministre d'un département qui prend des décisions.
Donc, ça démontre tout le travail de
connexion qui se fait avec l'ensemble des interlocuteurs, que ce soient les
oppositions qui revendiquent des éléments, que ce soient les regroupements qui
vont nous parler, qui vont nous interpeler pour avoir des améliorations. Donc,
je pense que tout cet aspect-là, il faut le mettre à juste niveau pour arriver
à faire des actions qui sont intéressantes pour nos aînés.
Donc, ça, c'est le <côté, moi...
M. Dufour :
...c'est
le >côté, moi, que je trouve, des fois qu'on semble oublier, que, oui,
il y a l'interpellation au niveau des partis d'opposition, mais il y a beaucoup
de groupes avec lesquels on travaille en symbiose pour justement essayer de
résorber des problématiques qui existent à travers les différents enjeux que
vivent nos aînés. Et je ne peux pas non plus passer à côté, non plus, même au
niveau de... comme député, de nos... lorsqu'on donne des coups de pouce à nos
associations de personnes âgées, lorsqu'on accompagne celles-ci pour des
problématiques au niveau de leur capacité à aller sur Internet, à aller
travailler sur les enjeux de leur rapport d'impôt, des choses comme ça.
Il y a beaucoup de belles actions qu'on
fait que souvent ce n'est pas... parce que c'est de la routine, parce que c'est
standard à ce qui se passe dans le moment présent, bien, on n'en parle pas puis
on essaie de trouver que les problèmes. Mais, au-delà de ces problématiques-là,
il y a beaucoup d'enjeux que... même au niveau comme bureau de député, que les
travailleurs qui nous entourent font pour améliorer la qualité de vie de nos
aînés à travers tout ça. Donc, je pense que c'est des éléments qui sont
importants à mentionner ici.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le député. Alors, mine de rien, on est
rendus à la quatrième série d'interventions. Alors, on va... oui, la quatrième,
c'est ça, on va commencer ça avec la députée de La Pinière pour cinq minutes.
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Alors, l'interpellation qui nous réunit ici aujourd'hui porte sur
la possibilité de vieillir dans la dignité, donc s'assurer que chaque
Québécois, chaque Québécoise peut vivre dans la dignité.
Moi, je veux m'attarder à un groupe
d'aînés particulièrement vulnérables, qui ont beaucoup de difficulté à vivre
dans la dignité et qui sont en détresse à ce propos-là. Si vous avez suivi les
travaux que je fais depuis mon entrée en fonction, vous allez peut-être déjà
deviner que je parle des aînés invalides. J'ai déposé un projet de loi à
l'automne dernier pour pouvoir mettre fin aux pénalités qui sont... qui
s'abattent, je dirais, sur les personnes invalides lorsqu'elles arrivent à
l'âge de 65 ans, parce qu'on fait comme si elles avaient décidé de prendre
une retraite anticipée entre 60 et 65 ans. On les pénalise rendues à
65 ans, et c'est toujours le cas.
Le Tribunal administratif du Québec a
dit... a rendu un jugement en juillet 2023 pour dire que ce n'était pas...
c'était, en fait, une atteinte aux droits de ces personnes-là, à l'égalité,
c'est discriminatoire, et malheureusement, le gouvernement a décidé d'aller en
appel avec un pourvoi en justice. Sur ce point-là, on a fait des points de
presse. Il y a une pétition qui a été déposée cette semaine... qui a été saisie
cette semaine.
• (11 h 10) •
Bref, rien ne va plus pour ces
personnes-là qui sont vraiment en détresse, à qui on coupe le revenu, à
65 ans, jusqu'à 24 %. Je sais que le gouvernement ne va pas me
répondre, j'imagine, ou me répondre que le dossier est judiciarisé parce qu'il
a bien voulu le rejudiciariser en déposant un pourvoi. Je pense qu'on est mieux
que ça, au Québec, et que, si on veut assurer la dignité de tous les Québécois
et de toutes les Québécoises, on devrait adopter, à l'unanimité, ce projet de
loi que j'ai déposé en novembre dernier, parce que c'est la bonne chose à faire
et parce que ce sont des aînés, je le rappelle, qui sont invalides, qui ne
peuvent pas... ils n'ont pas la santé, la possibilité d'aller travailler pour
arrondir leur budget. Ils sont soumis aux mêmes hausses du coût de la vie que
tout le monde. Ils ont du mal à payer leur logement, à s'alimenter, à payer
leurs médicaments et puis ils ont besoin de matériel de fournitures médicales
nécessitées par leur condition. Ces choses-là coûtent de plus en plus cher, et
puis, surprise, 65 ans, voici, on vous coupe de 24 % votre rente de
retraite. C'est impossible, puis on est la seule province, au Canada, à faire
ça. Et la COPHAN, qui est la Confédération d'organismes pour les personnes
handicapées du Québec, a d'ailleurs, même, le 23 janvier, porté une
plainte à l'ONU, au secrétariat... au Secrétaire général de l'Organisation des
Nations unies, une plainte contre le Québec à cause de cette situation-là,
cette situation malheureuse.
Alors, si on veut travailler, que ce soit
de manière transpartisane ou autre, à la possibilité, pour les aînés, de
vieillir dans la dignité, bien, je pense que ça, c'est un très beau <dossier...
Mme Caron :
...c'est
un très beau >dossier qui pourrait se régler tellement rapidement. Parce
que sachez que ça n'a aucune incidence sur le budget du Québec de régler ce
dossier-là. Dans la caisse de la Régie des rentes, c'est capitalisé à
106 milliards. Il y a assez d'argent pour 50 ans pour payer les
pensions de tout le monde, et la marge de manœuvre de ce régime est de
400 millions. C'est ce que l'actuaire du gouvernement a dit au ministre
des Finances durant les consultations en février dernier. Le ministre était
prêt à prendre 190 millions de cette marge de manœuvre pour rehausser
l'âge de la retraite à 62 ans plutôt qu'à 60 ans. Il a reculé, mais
il était prêt à prendre cette marge de manœuvre. Le coût d'arrêter cette
pénalité aux aînés invalides, ce serait de 180 millions, donc 10 millions
de moins que ce que le ministre était prêt à utiliser. Alors, c'est un choix
politique que fait le gouvernement, et ça, c'est un choix contre les aînés, des
aînés parmi les plus vulnérables au Québec, les aînés qui sont invalides.
Alors, si on veut travailler main dans la
main, bien, votons pour adopter ce projet de loi et mettre fin à cette
pénalité-là. Tout le monde va être gagnant, et même le gouvernement, en premier
lieu. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. Alors, je me tourne du côté du
ministre pour une période de cinq minutes.
M. Caire : Merci, Mme la
Présidente. Mme la Présidente, je suis un peu... je vais être très honnête avec
vous, là, je suis un peu surpris, là. Puis je comprends que la députée de La
Pinière dit : Moi, je travaille là-dessus depuis que je suis en poste,
donc octobre 2022, mais ce dossier-là a un historique, un historique dont ma
collègue ne peut pas se dédouaner. Ma collègue ne peut pas se dédouaner de
l'historique de ce dossier-là. Ma collègue ne peut pas dire : Ce dossier-là
est arrivé au monde en octobre 2022. Non, non, il y a un historique.
Alors, quel est-il, cet historique-là?
D'abord, cette mesure-là a été mise en place par un gouvernement du Parti
québécois. C'est le choix que le gouvernement a fait à l'époque, et
aujourd'hui, on vit les conséquences de ce choix-là. Mais il faut comprendre
qu'entre maintenant et le moment où le gouvernement du Parti québécois a fait
ce choix-là, il y a eu des gouvernements libéraux. Il y a eu des gouvernements
libéraux.
Et, Mme la Présidente, quand je dis que ma
collègue ne peut pas se dédouaner de cette situation-là, c'est qu'elle siège
elle-même avec des membres de son caucus qui ont été membres de ces
gouvernements libéraux là, qui n'ont pas levé le petit doigt pour corriger la
situation. Je le répète, elle siège avec des collègues qui n'ont pas... et qui
ont été au conseil des ministres, là, qui étaient autour de la table des décisions
et qui n'ont pas levé le petit doigt pour corriger cette situation-là, premièrement.
Alors, deuxièmement, le gouvernement de la
CAQ, qu'est-ce que nous avons fait? Parce qu'à écouter ma collègue de La
Pinière, nous non plus, on ne fait rien, ce qui n'est pas tout à fait exact. Et
oui, je vais faire attention, et oui, le dossier est judiciarisé, et oui, c'est
une décision que le Procureur général du Québec a prise, d'aller en appel de
cette décision-là. Mais il y a quand même... Juste vous donner peut-être les
chiffres pour être factuels, là. Alors, le projet de loi n° 17, bonifié de
90 millions, 90 millions de plus pour les prestations, pour les
bénéficiaires d'invalidité, ça, c'est 90 millions de plus et c'est un
geste concret qui n'a jamais été posé par le gouvernement libéral, dont ma
collègue est membre du caucus.
D'autres petits chiffres, pour vous
dire... parce que ce que l'on fait, hein, on ne fait pas juste porter la cause
en appel, ce que l'on fait pour venir en aide, on a apporté une modification
législative qui fait en sorte que 72 400 personnes déjà retraitées et
qui ont une rente, évidemment, qui ont une invalidité, de 60 à 70.... à
65 ans, vont profiter de cette bonification-là. Qu'est-ce que ça veut dire
concrètement dans le portefeuille des aînés? Bien, on parle d'une augmentation
de 17 % à 19% de la <rente, Mme la Présidente.
M. Caire :
...à
19 % de la >rente, Mme la Présidente.
Alors, Mme la Présidente... bon, puis il y
a d'autres mesures qui ont été mises en place par le ministre des Finances,
parce qu'on est conscient, effectivement, de la situation. Et on fait, je
pense, le maximum pour corriger cette situation-là, qui est un héritage
libéralo-péquiste, là. Il faut le dire, là, hein? Aujourd'hui, les gens qui
nous reprochent de ne rien faire, eux, n'ont vraiment rien fait, et nous, on
essaie quand même de corriger la situation. Mais ce qui me mystifie, Mme la
Présidente, c'est qu'aujourd'hui la solution est simple, la caisse est pleine,
l'argent est là. Pourquoi vous ne l'avez pas réglé, si l'argent est là?
Pourquoi vous n'avez pas fait le chèque, si l'argent est là? Si tout est aussi
simple, pourquoi ça n'a jamais été fait?
Est-ce que ma collègue a posé la question
à ses collègues qui étaient au Conseil des ministres et qui n'ont pas levé le
petit doigt? Est-ce que sa première action n'aurait pas dû être de faire un
autodiagnostic de sa formation politique, plutôt que de reprocher à un
gouvernement, qui essaie vraiment de régler la situation, de poser des gestes
pour essayer de vraiment régler la situation? Mme la Présidente, je pense que,
là, l'arroseur est arrosé.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, on poursuit cette
intervention avec le député de Portneuf pour une période de cinq minutes.
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. Juste revenir très rapidement sur les maisons des aînés dont je
parlais tout à l'heure. Donc, c'est au total 46 projets, 21 maisons
qui sont déjà ouvertes, 2 040 places livrées, 1 296 qui seront
d'ici 2024 et 144 pour solder d'ici 2025‑2026. Donc, c'est un grand pas en
avant, Mme la Présidente, pour venir offrir, finalement, une autre solution,
une autre vision de ce qu'on veut apporter à nos aînés et mettre à disposition
de nos aînés.
On est bien conscients des besoins
grandissants pour nos aînés. La population du Québec est vieillissante et il
faut, bien entendu, agir sur plusieurs fronts. Je parlais, dans le premier bloc,
un peu plus des installations. Ça fait partie d'un des bouquets... ça fait
partie d'une des solutions, pardon, dans tout un bouquet qu'il faut à la fois
explorer et mettre en place. Et comme je le disais tout à l'heure, eh bien, on
espère tous rester le plus longtemps et le plus souvent possible à son
domicile. C'est souvent déchirant de devoir quitter la maison. Et je sais que,
souvent, la première étape, même dans nos bureaux de circonscription, c'est de
vivre ces moments où les aînés viennent frapper à notre porte et ils nous
disent : Est-ce que vous êtes capables, M. le député, d'intervenir? Parce
qu'on vient de ne plus me permettre de conduire.
Donc, il y a comme ça toute une série
d'étapes qui sont très difficiles à franchir, et, bien entendu, celle de
quitter la maison quand on sait qu'on n'y reviendra plus... en plus est
absolument épouvantable. Donc, c'est pour ça qu'il faut travailler pour
s'assurer que cette transition puisse se faire de manière sereine.
• (11 h 20) •
Il faut être capable de trouver des
solutions alternatives. Ça existe ailleurs. Je prends l'exemple, et vous le
savez, mon accent me trahit toujours, Mme la Présidente, que je suis originaire
de France et là-bas, le soin à domicile est très présent. C'est sûr que la
pénurie de main-d'œuvre se fait moins sentir que celle qu'on ressent ici, mais il
faut s'en inspirer. Il faut essayer d'aller voir comment ça se passe ailleurs
pour essayer de mettre en pratique ces bonnes techniques, finalement.
On parlait... Bien sûr, le gouvernement a
un rôle important à jouer dans tout ça, mais on parlait... mon collègue tout à
l'heure parlait du soutien à l'action bénévole, mais on parlait du programme
Municipalité amie des aînés, mais il y a aussi le programme... qui est vraiment
un programme très important. Et dans ma circonscription, j'ai un organisme qui
s'appelle la Table de concertation des aînés de Portneuf, qui fait un travail
vraiment formidable parce que, justement, ils veulent venir en support aux
actions qu'on mène tout au long de l'année en support à nos aînés pour les
accompagner et faire en sorte qu'ils puissent bien vieillir dans Portneuf,
finalement.
Bien vieillir dans sa communauté, c'est
bien entendu parler de loisirs, c'est parler de sécurité, c'est parler de
transport. Ils ont d'ailleurs édité très récemment un document qui s'appelle les
Pages argentées, qui est une véritable source intéressante d'informations qu'il
faut adresser à nos aînés. C'est sûr que la réalité de nos régions...
j'appartiens à une circonscription qui fait partie de la Capitale-Nationale,
mais qui s'approprie très fort à la région, là. La réalité des régions est <vraiment...
M. Caron :
...régions
est >vraiment différente. On ne peut pas comparer ce qui se passe chez
nous à ce qui se passe dans les grands centres urbains. Donc, il y a cette
réalité qu'il faut prendre absolument en considération, Mme la Présidente.
Alors, c'est sûr qu'on veut accompagner
les gens à rester chez eux, et, pour ça, nos ministres... notre ministre
responsable des Aînés, notre ministre de la Santé, notre ministre de
l'Éducation, ont annoncé très récemment la formation courte durée pour former
des préposés en soutien à domicile. C'est une formation qui est intéressante
parce qu'on essaie de la donner dans un délai qui est un petit peu plus
restreint que ce qu'on trouvait habituellement. Ça va avoir pour bénéfice, bien
entendu, d'accompagner nos gens, mais aussi de désengorger notre système de
santé, que d'avoir plus de gens qui vont rester à la maison. C'est sûr que nos
cibles sont ambitieuses, mais elles sont réalistes. On essaie de former, d'ici
2024, 1 000 nouveaux préposés, Mme la Présidente, et on va continuer en ce
sens pour faire en sorte que la vie de nos aînés soit de plus en plus
confortable et puis qu'on puisse voir toujours un sourire accroché au visage de
nos aînés. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le député. Alors, on entame la cinquième
série d'interventions avec le député des Îles-de-la-Madeleine pour une période
de cinq minutes. Le temps est à vous.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci à tous les participants à cet échange qui est fort
important.
Écoutez, je ne veux pas dramatiser la
situation, mais les chiffres sont parlants. C'est clair qu'avec l'approche,
actuellement, du gouvernement, on se dirige vers un mur. Le défi est impossible
à relever, si rien ne change pour apporter des soins aux personnes âgées d'ici
2030, d'ici 2040. C'est la Commissaire à la santé et au bien-être qui en fait
la... qui en arrive à cette conclusion-là. Sur le plan des infrastructures, sur
le plan du financement, sur le plan de la main-d'oeuvre, ce défi-là, il est
insoutenable, ce qui nous amène à, donc, plaider pour un virage vers le
maintien à domicile, cesser de tout investir dans le béton. C'est d'ailleurs ce
que l'on préconise depuis un certain nombre d'années. Déjà, en 2022, en mai
2022, la Vérificatrice générale disait que les coûts étaient largement
sous-financés, les coûts de services pour faire face, là, aux besoins des
personnes vieillissantes. On calculait à 2 milliards de dollars, il y a
deux ans, le manque à gagner.
On peut regarder également du côté de ceux
qui n'ont pas accès à de l'hébergement, à l'heure actuelle. On parle de plus de
4 000 personnes qui sont en attente de places en CHSLD, et il y a 324 400
personnes qui ont des besoins de services à domicile, une quantité de personnes
qui va augmenter de 69 % d'ici 2040. Donc, il faut opérer un virage, et ce
virage-là doit nécessairement se faire vers les services à domicile, parce qu'on
n'y arrivera pas, sur les places en hébergement de longue durée. Le
gouvernement avait des objectifs ambitieux, ceux de créer 2 600 places en
maison des aînés pour l'automne 2022. L'automne dernier, on n'en avait
construit que 1 344. Mais, si on continue avec le modèle actuel, c'est 2 500
places par année qu'il faudrait avoir de disponibles, en supplément, à chaque
année, d'ici 2040. Juste dans la dernière année, là, au net, on parle de 184 places.
On est très, très loin du compte.
Alors, je le rappelle, le modèle actuel,
l'approche actuelle est insoutenable. Un virage vers le maintien à domicile est
incontournable. La Commissaire à la santé et au bien-être a remis son rapport
il y a peu de temps. Elle fait 16 recommandations dans son rapport, dont une...
la proposition d'une politique de maintien à l'autonomie, donc, pour,
justement, non seulement maintenir les gens à domicile mais les maintenir dans
une situation de plus grande autonomie. Il va falloir également offrir des
services, sans quoi, là, la facture... je parlais de 2 500 places, on
parle de 9 milliards de dollars supplémentaires à investir d'ici 2040.
C'est astronomique.
La croissance, également, à chaque année
est astronomique, et le modèle qui a cours, actuel, répond à 10,7 % des
besoins, ou des attentes, ou de la <demande.
M. Arseneau :
...ou
des attentes, ou de la >demande. Puis, même si on investissait les
9 milliards, là, en fait, le taux de réponse aux besoins diminuerait à
10,2 % en 2040. Alors, si aujourd'hui, on n'offre que le tiers des
services qui sont nécessaires, imaginez ce que ça donnera, alors qu'on aura
continué à ne pas répondre à la demande tout en investissant dans... de façon
importante, des fonds publics qu'on n'a pas nécessairement. Alors, je pense que
le constat, il est frappant. La réponse de la ministre a été tiède, et je pense
qu'elle doit se saisir du rapport et développer, effectivement, une réponse aux
16 recommandations. C'est le plaidoyer que je veux faire.
Et, en terminant, je reconnais que, depuis
les dernières années, on a investi davantage dans les services à domicile, mais
il faut également réformer les programmes. On parle de six programmes de
financement. Puis c'est un peu kafkaïen, là. Il n'y a pas de complémentarité,
il n'y a pas de synergie. Les gens ne savent pas comment se démêler pour avoir
accès à ces programmes. Il faut nécessairement avoir une approche beaucoup plus
intégrée, une information beaucoup plus efficace pour une intervention
également beaucoup plus rigoureuse en réponse aux besoins des personnes aînées.
Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. Alors, je me tourne du côté du
ministre pour une période de cinq minutes.
M. Caire : Merci, Mme la
Présidente. Merci à mon collègue des Îles-de-la-Madeleine. D'entrée de jeu, je
pense que mon collègue met en opposition deux choses qui ne devraient pas
l'être, à savoir le maintien en soins à domicile, avec lequel nous sommes tout
à fait d'accord... d'ailleurs c'est... et l'hébergement, qui m'apparaît quand
même nécessaire, puis le député des Îles-de-la-Madeleine nous a fourni des
chiffres qui sont assez probants sur le besoin en place d'hébergement.
Donc, il ne faut pas mettre ces deux
choses-là en contradiction, et je vais rajouter... je vais rajouter, peut-être,
un élément, puis c'est l'essence de la discussion qu'on avait, la députée de
Sherbrooke et moi, sur aussi... parce que les perspectives démographiques,
c'est une chose, mais est-ce qu'il y a un corollaire qui est absolument d'un
pour un avec quelqu'un qui arrive à un certain âge et les besoins qu'il aura?
Je pense qu'il faut travailler aussi sur vieillir actif et... puis je pense que
mon collègue, là, ne sera pas en désaccord avec ça, et faire en sorte qu'on
reste en santé, on reste actif, on reste partie prenante de la société, ce qui
est... ce qui n'est pas, évidemment, pas incompatible avec le domicile, parce
que moi, je souhaite rester dans mon domicile aussi longtemps que possible. C'est
juste que j'espère pouvoir m'en occuper moi-même.
• (11 h 30) •
Je veux juste peut-être apporter une
nuance, parce que le collègue a dit : Bon, bien, on devait livrer un
certain nombre d'unités en 2022, ces unités-là n'ont pas été livrées tel que prévu.
Puis je ne veux pas revenir sur la pandémie, mais on ne peut pas faire
abstraction que la pandémie a fait en sorte qu'il y a des ressources, qui ont
dû être mises à lutter contre la pandémie, qui n'étaient plus disponibles pour
autre chose. Ça, c'est peut-être une étape.
L'autre élément, sur le soutien à domicile...
puis je remercie le député des Îles-de-la-Madeleine, parce que je pense qu'il
reconnaît qu'il y a des investissements qui ont été faits. On parle, en fait,
de 1 milliard, là, qui a été investi dans le maintien à domicile. Et
l'impact, il est considérable parce qu'on a augmenté de 64 % le nombre
d'heures disponibles pour avoir des ressources en soutien à domicile. Donc,
c'est conséquent. Où je rejoins le collègue, c'est qu'il faut maintenir le cap.
On est d'accord, il faut maintenir le cap puis il faut s'assurer que les
ressources en soutien à domicile sont disponibles.
Un autre élément, puis j'en ai touché un
mot brièvement avec la députée de Sherbrooke, c'est aussi sur le soutien qu'on
donne aux prestataires de services. Et là-dessus, puis vous me direz que j'en
profite pour parler de mon dada qui sont les technologies, mais on a fourni des
systèmes aux donneurs de soins. Et le résultat est... et je pense que le député
des Îles-de-la-Madeleine va être intéressé, le résultat est assez probant.
Donc, pour une prestation administrative qui accapare... qui accaparait cinq heures
de temps pour un donneur de soins, on a réduit ça à 30 minutes, ce qui
veut dire qu'on augmente sa capacité à donner des soins de quatre heures
et demie.
Donc, ça, c'est des pistes de solutions
aussi qu'il faut explorer. Quels sont les outils qu'on donne au personnel
soignant pour les aider à se <concentrer...
>
11 h 30 (version révisée)
<485
M.
Caire :
...pour les aider à se >concentrer sur les soins
et faire moins d'administration, moins de bureaucratie, moins de temps au
téléphone, moins... Je pense que le député des Îles-de-la-Madeleine sait de
quoi je parle quand je parle de ça. Donc, ça aussi, c'est un secteur sur lequel
on veut investir, ce qui fait que, puis c'est ce que je disais à la députée de
Sherbrooke tout à l'heure, quand on met un dollar, il faut que ce dollar-là
descende sur le terrain, et ça aussi, c'est quelque chose sur lequel on veut et
on doit travailler.
Maintenant, je disais, ce n'est pas
incompatible avec l'hébergement. Bien, il faut comprendre qu'il arrive un
moment donné où le maintien à domicile n'est plus possible, parce que, bon,
toute l'organisation ferait en sorte que ça ne serait pas... on ne pourrait pas
mettre ça en place, et c'est là où il faut aussi investir dans l'hébergement,
ce que nous faisons avec les 46 maisons des aînés. Puis je ne pense pas qu'il
faut... il faille voir ça comme investir dans du béton. Moi, je le vois comme
investir dans des milieux de vie qui vont respecter... Puis je suis convaincu
que le député des Îles-de-la-Madeleine a aussi en tête des CHSLD où on était
deux par chambre, où on partageait, de façon incongrue, les salles de bain.
Alors, il faut se sortir de ce modèle-là,
il faut aller vers un modèle qui est un vrai modèle milieu de vie, et c'est ce
qu'on veut faire avec la maison... avec les maisons des aînés en augmentant le
nombre de places de façon significative.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. On poursuit avec le député d'Abitibi-Est.
Le temps est à vous.
M. Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Vous le savez, depuis 2020, avec la loi visant à reconnaître et à
soutenir les proches... les personnes proches aidantes, je pense que notre
gouvernement a mis plusieurs actions en place et s'est donné d'ailleurs comme
mission de faire reconnaître et valoir les contributions des personnes proches
aidantes dans le milieu.
Je peux vous dire une chose, pour l'avoir
moi-même vécu dans ma famille, alors que ma grand-mère avait fait un AVC, j'ai
eu une tante qui s'est en occupée pendant plusieurs années, parce qu'elle était
semi-autonome dû à une paralysie d'un côté complet. Donc, je pense que c'est
quelque chose qui nous a vraiment toujours touchés puis je ne suis pas sûr...
je ne peux pas dire que je suis le seul dans ma famille, parce que, quand je
regarde un peu l'affirmation, pas plus tard que dernièrement, de la ministre
déléguée aux Aînés, quand on demande aux gens où ils souhaitent demeurer quand
ils vont vieillir, ils répondent qu'ils veulent rester chez eux. On devrait
tout faire, au Québec, pour s'assurer que les aînés demeurent dans leur
domicile. Donc, c'est la base, je pense, des propos du député des
Îles-de-la-Madeleine d'essayer de trouver des méthodologies de fonctionnement
pour qu'on puisse faire en sorte que nos proches puissent rester à domicile et
être accompagnés par un proche aidant.
Comme je l'ai mentionné tantôt, dans une
des interventions, la première chose qu'il fallait faire, au gouvernement, puis
on l'a fait en 2021, ça a été de créer la première politique nationale des
personnes proches aidantes de l'histoire du Québec, qui s'est faite le 21 avril
2021, exactement, et naturellement, qui a suivi... qui a été suivie d'un plan d'action
en octobre 2021. Donc, il y a quand même des actions qui ont été prises par le
gouvernement pour orienter la suite des événements.
Les maisons des aînés, c'est un outil
parmi tant d'autres, et je pense que le député des Îles-de-la-Madeleine va
certainement être d'accord qu'au-delà de son argumentaire d'investir dans le
béton, ça ne sert à rien... si je regarde chez nous, à Val-d'Or, ça va être une
maison des aînés et alternative, et le mot «alternative» prend tout son sens
dans cette dynamique-là, vu le fait que c'est des gens avec des problèmes
cognitifs, et souvent, c'est ces situations-là que, souvent, les proches
aidants ont, à un moment donné, de la misère à vivre et à poursuivre un
accompagnement.
Donc, lorsqu'on dit que ce n'est
simplement que du béton qui a été investi par notre gouvernement, je m'excuse,
moi, je pense qu'il y a aussi une grande attention qui a été portée à cet
aspect-là. Ça se peut qu'il y ait des coûts qui ont été dépassés que de... qu'est-ce
qu'on pensait au départ. Par contre, je pense que c'est une alternative
vraiment majeure, si on y va avec un jeu de mots, pour justement accompagner
ces gens-là, qui ont peut-être moins de ressources, à un moment donné, autant
pour nos proches aidants que pour les gens qui auront la chance de bénéficier d'un
confort vraiment bien adapté à leur situation et à leurs besoins.
Donc, je trouve ça un petit peu
particulier aujourd'hui de voir que, médiatiquement, on sort en attaquant à peu
près le gouvernement sur une manière simpliste, alors que je pense que d'avoir
créé une politique nationale des personnes proches aidantes, d'avoir bâti quand
même des bâtiments à travers le grand Québec, de maisons des aînés dans
certains endroits, mais d'autres endroits, de maisons des aînés et <alternatives...
M. Dufour :
...des
aînés et >alternatives... mais je pense qu'on démontre la... comment
dire, la sensibilité, comme gouvernement, qu'on peut avoir auprès de nos aînés.
Je suis d'accord avec la collègue de Sherbrooke qui nous amène sur une sphère
plus grande, la sphère d'activité physique, de complémentarité de transport
collectif. Je pense que ça, c'est des beaux débats, des beaux enjeux qu'on doit
continuer à avoir avec les gens de l'opposition pour améliorer, justement, les
conditions. Mais ce n'est pas simplement que d'aller dénigrer, je pense,
qu'est-ce qui se fait, que je pense que ça, c'est positif pour notre société
québécoise. Moi, je pense que tous les gens qui vont se retrouver dans nos
maisons des aînés et alternatives vont grandement apprécier d'avoir eu la
chance d'être accompagnés dans ce type de domicile là par, justement, aussi une
main-d'œuvre qualifiée pour bien les accompagner.
Donc, je pense que quand on regarde le
tout, il faut voir un peu où sont les endroits où est-ce qu'il faut maximiser.
Et, si je regarde, encore là, avec certains éléments de notre gouvernement,
qu'on a mis en place, bien, on a qu'à penser à tous les aspects du crédit
d'impôt pour aidants naturels, qui ont été mis en place, la simplification pour
les nombres de volets, passant de quatre à deux au niveau des déficiences
graves et prolongées et ainsi qu'un proche âgé de 70 ans, le montant
maximal de l'aide fiscale qui a été bonifié de 1 250 $ en 2019 à
2 766 $ en 2023. Puis naturellement, je terminerai en disant tout
l'aspect des RPA qu'on accompagne avec le dernier 200 millions qu'on vient
de mettre en place. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le député. Alors, on va terminer cette
ronde d'interventions avec une période... pour une période de 30 secondes
pour la députée de l'opposition. Allez-y.
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je suis députée de La Pinière depuis 16 mois, le député
de La Peltrie depuis six ans... sept ans... six ans. J'ai toujours reconnu
l'historique du dossier des invalides, ce qui a été fait, pas fait, par qui.
Aujourd'hui, son gouvernement a un jugement clair du Tribunal administratif du
Québec, l'argent est là, il a une supermajorité, il peut faire le choix de
soulager les invalides, et je l'invite à le faire.
Conclusions
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. Alors, ceci met fin aux
interventions comme telles. On va donc entamer la période de conclusion. Donc,
merci pour ces riches interventions. La conclusion maintenant, on va commencer
par le ministre pour une période de 10 minutes. On va ensuite conclure le
tout avec la députée de Sherbrooke. Alors, M. le ministre, le temps commence
pour vous maintenant.
M. Éric Caire
M. Caire : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, je ne sais pas si je vais remercier ma collègue de La
Pinière, qui a travaillé très fort pour me rajeunir, compte tenu des circonstances.
J'ai envie de la remercier, mais non, c'est bel et bien 17 ans à
l'Assemblée nationale, Mme la Présidente.
• (11 h 40) •
Bien, Mme la Présidente, moi, je veux
remercier les collègues, d'entrée de jeu, les collègues de la partie
ministérielle, les collègues de l'opposition. Vous savez, quand on fait une
interpellation, on se prépare un peu à n'importe quoi parce qu'on ne sait pas
trop à quoi s'attendre, mais je veux avoir des remerciements particuliers pour
la députée de Sherbrooke. D'abord, elle a initié un débat qui est extrêmement
important. Elle l'a initié avec la hauteur de laquelle on est en droit... avec
laquelle on est en droit de s'attendre des membres de l'Assemblée nationale.
Puis je pense qu'elle nous a amenés à ne pas faire un débat de chiffres et de
qui dit vrai et de qui dit faux, mais bien de qu'est-ce qu'on fait comme
société pour répondre à cette situation-là.
Puis je réitère, je ne veux pas parler
d'un problème, je veux parler d'une situation où il y a un vieillissement de la
population, où il y a différents aspects ou différentes situations que ça
amène. J'en ai glissé un mot avec le député des Îles-de-la-Madeleine, où on
a... on doit parler d'hébergement, on doit parler de maintien à domicile, on
doit parler de vieillir, mais actif, on doit parler d'un changement de société
majeur, qui est la transformation numérique, qui a des impacts dans toutes les
sphères de notre société, y compris, puis j'oserais même dire presque
principalement chez nos aînés, parce que c'est une nouvelle société, la société
numérique, et pour laquelle il ne faut absolument pas laisser qui que ce soit
derrière, encore moins nos aînés.
Et là-dessus, je remercie ma collègue,
parce que je pense que c'est le débat que nous avons eu globalement, avec les conclusions,
de mon point de vue, du point de vue du <gouvernement, suivantes.
M. Caire :
...point
de vue... du point de vue du >gouvernement, suivantes.
Premièrement, la députée de Sherbrooke
nous amène ou nous suggère des états généraux. Je lui soumets respectueusement
que je pense qu'au niveau de la collecte d'information, consulter la société,
aller chercher le pouls des aînés, des groupes communautaires, des différents
ministères et même des milieux de recherche, parce qu'il y a effectivement une
certaine prospection à faire, je pense que cette étape là, globalement, elle
est faite. Bon, est-ce qu'il y a encore du travail à faire? Est-ce qu'on peut
continuer à consulter? Bien sûr. C'est un processus qui peut se faire en
continu, je ne... Est-ce qu'il y a des angles morts, des secteurs pour lesquels
on doit fouiller plus particulièrement? Ma collègue amenait le dossier du
transport collectif. Je lui donne d'emblée qu'elle a raison, ce secteur-là doit
effectivement faire l'objet d'une attention peut-être plus particulière. Mais
globalement, je pense qu'on a un portrait qui est quand même assez exhaustif et
assez précis de la situation.
Ce à quoi les aînés du Québec s'attendent,
et je l'ai entendu dans les différentes interventions aussi de mes collègues,
c'est des actions, des gestes, des mesures. Il y en a qui ont été posés. Je
rassure ma collègue, je n'embarquerai pas dans le débat de chiffres. On s'est invités
mutuellement à ne pas le faire, et je ne le ferai pas, mais il y a des actions
qui ont été posées. Il y a ma collègue, et le député de Portneuf le soulignait,
dans la précédente législature... Marguerite Blais a fait un travail. Il y a un
travail qui a été fait avant Marguerite Blais, alors tout n'a pas commencé avec
notre gouvernement non plus, et je pense que c'est un processus continu qui se
continue.
J'en veux pour preuve la mise à jour du
plan Vivre ensemble, qui a fait l'objet de consultations, qui est en
élaboration, pour lesquelles, puis je vais finir sur cet aspect-là du travail
transpartisan... mais qui sera déposé prochainement. Sur le travail
transpartisan, Mme la Présidente, deux conclusions. D'abord, je pense que, de
la même façon que les Québécois s'attendent à ce que nous ayons ce genre de
débats entre nous, avec une certaine élévation... On n'est pas d'accord, le
député des Îles-de-la-Madeleine disait : Bien, vous investissez peut-être
trop dans les infrastructures, peut-être pas assez au niveau du soutien à
domicile. Ça se défend. Je pense que son argument vaut la peine d'être débattu.
Puis on a le droit de dire : Est-ce qu'on en fait un peu trop là, un peu,
pas assez là? Mais le fait d'en débattre avec une certaine élévation fait en
sorte qu'on peut, je pense, confronter nos points de vue, puis, du choc des
idées naît la lumière. Ça, c'est la première chose.
Maintenant, je le réitère, Mme la
Présidente, il n'en demeure pas moins que, dans notre système démocratique,
l'imputabilité des résultats échoit au gouvernement. Alors, bien sûr que les
collègues des oppositions ont une obligation d'intention, mais le gouvernement,
lui, a une obligation de résultat. Et de ce fait, il est normal, puis je pense
que les collègues... puis, bien, la députée de Sherbrooke ne le contestait pas
non plus, là, je lui reconnais ça, mais il est normal que la décision finale
appartienne au gouvernement, que le plan qui sera mis de l'avant sera un plan
du gouvernement. Maintenant, un plan du gouvernement, puis la députée de
Sherbrooke a cité un exemple qui nous a amenés vers les tribunaux spécialisés
pour les agressions sexuelles... a découlé d'une initiative de la présidente du
Conseil du trésor qui s'est... qui a demandé aux oppositions, bien, écoutez, aidez-moi,
inspirez-moi, on ne fera pas ça tout seuls. Donc, je pense que ma collègue
responsable des Aînés s'inscrit dans la même logique.
Est-ce que ça veut dire que ça se traduit
par des états généraux? Non. Mais est-ce que ça veut dire que parce qu'on ne va
pas vers des états généraux, on ne peut pas avoir ce travail-là de tendre la
main à la députée de Sherbrooke, à la députée de La Pinière, au député des
Îles-de-la-Madeleine, aux collègues de la partie ministérielle pour en arriver
globalement à faire le meilleur plan possible? C'est dans l'intérêt de tout le
monde. C'est dans l'intérêt des Québécois, qui est l'intérêt premier, qui est
l'intérêt qui nous motive tous à être ici et, au premier chef, ma collègue
responsable des Aînés.
Donc, sur, je dirais, le moyen... par
quels moyens allons-nous y arriver, je vais effectivement, puis je pense que
c'est reconnu, laisser le leadership à ma collègue responsable des Aînés. Mais
ce à quoi les Québécois, les aînés, évidemment, aspirent, c'est un gouvernement
qui est dans l'action, un gouvernement qui continue à mettre en <place...
M. Caire :
...mettre
en >place des mesures. Pour favoriser qui, l'hébergement... puis
l'hébergement, pas simplement l'hébergement. Puis là-dessus, peut-être un petit
mot pour mon collègue des Îles-de-la-Madeleine, parce que lui et moi avons vu,
je pense, trop de situations d'hébergement où nos aînés n'étaient pas
respectés. Et le respect, ça doit se traduire par un milieu de vie, mais un
vrai milieu de vie. Moi, j'ai eu, quand j'étais jeune député, il y a 17 ans,
cette politique milieu de vie qui consistait à changer la couleur des murs de
l'hôpital puis mettre des cadres. Ce n'est pas ça, un milieu de vie. Un milieu
de vie, là... moi, chez nous, là, j'ai ma salle de bain, j'ai ma douche, j'ai
ma chambre. Je pense que nos aînés méritent d'avoir ça puis je suis convaincu
que les collègues sont d'accord avec ça. Alors, quand on investit dans les
maisons des aînés, on investit dans de la dignité. Puis ce n'est pas un pitch
politique, j'y crois sincèrement. Je crois sincèrement que nos aînés méritent
ce type de milieu d'hébergement là, où on reconnaît qu'ils ont droit à de la
dignité. Et ça, c'est... pour nous, pour moi, puis je suis convaincu que pour
les collègues aussi, c'est très important.
Évidemment que le domicile demeure le
premier choix, quand c'est possible, puis là je reviens à la discussion qu'on a
eue. Alors, évidemment, le soutien... le maintien au domicile demeure le
premier choix, et il faut continuer à aller dans cette direction-là, et c'est
ce que la ministre souhaite faire. Les suggestions des collègues seront les
bienvenus. Comment peut-on organiser, structurer notre réseau, notre système
pour s'assurer que les aînés qui veulent rester chez eux puissent le faire?
Comment peut-on réorganiser nos milieux de travail pour que les aînés qui
souhaitent continuer à être actifs et... compte tenu que j'arrive à grands pas
dans la catégorie des aînés qui souhaitent rester actifs, bien, il faut faire
de la place. Puis la députée de Sherbrooke a eu un commentaire très pertinent
en disant : Il y a quelque chose de négatif dans le fait d'être vieux.
Bien, tu sais, ça peut-tu être positif puis est-ce qu'on peut s'assurer que nos
aînés qui veulent rester actifs sont vus comme des actifs? Alors, ça, c'est
là-dessus aussi qu'il faut travailler, puis collectivement, je pense qu'on peut
apporter des solutions.
Donc, Mme la Présidente, en conclusion de
cette conclusion, la main tendue de ma collègue est la bienvenue. Nous
souhaitons travailler de concert avec les partis d'opposition pour avoir le
meilleur plan possible.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le ministre. Alors, les 10 dernières minutes
vous appartiennent, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, j'aimerais ça, remercier tous mes collègues pour le ton de
nos échanges aujourd'hui. Ça a été très agréable. J'ai senti une réelle écoute,
une réelle volonté qu'on discute d'une manière qui rendrait fiers les citoyens
qu'on représente, et puis j'espère que, s'il y en a qui nous regardaient, ils
ont été fiers de ça.
Une des premières choses que le ministre a
dites en me répondant, c'est qu'il acceptait la main tendue. Il vient de le
réitérer. Il a quand même consacré beaucoup de temps à nous expliquer que, de
son point de vue, on n'avait pas besoin d'états généraux. Il nous a parlé du
plan d'action qui est en processus de renouvellement. Il nous a invités à y
collaborer, si on voulait.
• (11 h 50) •
Écoutez, moi, c'est vrai que la porte de
la ministre, je suis convaincue qu'elle est ouverte, mais, tu sais, ce que je
voulais proposer aujourd'hui, ce n'est pas de simplement contribuer à ce plan
d'action. Il ne m'apparaît pas suffisant. Je pense l'avoir démontré tout à
l'heure. Ce que j'essayais de venir chercher aujourd'hui, ce n'est pas de
l'ouverture de la part du gouvernement pour prendre quelques-unes des
suggestions qui viendraient de mon parti pour les intégrer au plan d'action
puis éventuellement qu'on fasse un communiqué de presse puis un point de presse
ensemble. Je veux dire, ce n'est pas ça, l'esprit de ce que je voulais amener,
comme réflexion, aujourd'hui.
Moi, mes aspirations sont plus grandes que
ça, puis, honnêtement, je pense que mes aspirations ressemblent beaucoup à
celles de mes collègues. Moi, j'aimerais ça que le député de La Peltrie n'ait
pas une image négative de lui-même quand il va atteindre un certain âge.
J'aimerais ça, sincèrement. Je voudrais qu'il puisse rester actif aussi
longtemps qu'il le souhaite. Je voudrais que mes collègues de Portneuf,
d'Abitibi-Est, si, éventuellement, ne sont plus en mesure de conduire ou ne se
sentent plus à l'aise de le faire, je voudrais qu'ils puissent continuer de se
déplacer dans leur région. Je pense qu'au moment où on se parle, c'est
probablement très difficile.
Donc, quand je demande des états généraux,
là, ce que je veux, là, c'est vraiment qu'on réussisse à répondre à ces
aspirations-là, qui sont les miennes, qui sont celles de mes collègues, qui
sont celles des citoyens qu'on représente, d'assurer une participation active,
une qualité de vie, une image positive de soi-même, peu importe notre âge, peu
importe nos capacités physiques, ici, au Québec.
Et non, moi, je ne partage pas
l'impression de mon collègue qu'on a suffisamment d'information en ce moment,
que la collecte d'information est suffisamment avancée, là, pour qu'on puisse
se dispenser d'états généraux. Par exemple, on sait en ce moment qu'on répond à
10,7 % des besoins en soins à domicile. Ça, c'est un constat très clair,
très précis. Mais à quelle fraction des besoins est-ce qu'on répond en matière
de transport collectif puis de transport adapté en ce moment? On n'en a pas la
moindre idée. On n'en a pas la moindre idée. À quelle fraction des besoins
est-ce qu'on répond en matière d'habitations adaptées pour les personnes à
mobilité réduite, par exemple? On n'en a pas la moindre idée non plus.
En ce moment, au Québec, là, il y a des
gens qui limitent leurs sorties parce que c'est difficile de sortir de chez eux
à cause d'un escalier. Il y a des gens qui limitent leurs sorties parce qu'ils
ont peur de faire une chute sur les trottoirs glacés puis ils savent très bien
c'est quoi, les conséquences de faire une chute. Il y en a qui limitent leurs
sorties parce que c'est difficile d'avoir accès à une toilette publique. Il y
en a qui limitent leurs sorties parce que leur audition est un peu moins bonne,
puis financièrement, ils n'ont pas la capacité de se payer un appareil auditif.
Ça, c'est tous des gens qui auraient une contribution intéressante à apporter à
la société, qui, parfois, vont s'isoler parce que les conditions ne sont pas
réunies pour leur permettre une participation pleine et entière. Et moi, je
trouve que c'est un problème, et je suis certaine que mes collègues aussi. Je
suis certaine qu'ils trouvent aussi que c'est un problème. Ils ont peut-être
même des images en tête de citoyens qu'ils ont croisés et qui sont dans ces
situations-là. On partage ici cette préoccupation-là puis on veut une
participation pleine et entière pour ces citoyens-là.
Moi, ce que je dis, c'est qu'on ne l'a
pas, le portrait clair, l'état des connaissances dont on aurait besoin. On n'a
aucune idée de notre capacité à répondre à ces besoins-là pour cibler où agir,
comment, dans quel ordre. Faire des états généraux, là, ce n'est pas juste
compiler des statistiques, il y a aussi un volet qualitatif à ça qui est très
important. C'est surtout aussi d'identifier, après la compilation des données
quantitatives, qualitatives, c'est d'identifier c'est quoi, les recommandations
qui doivent découler de ces constats-là. Moi, je comprends le ministre de
dire : Écoutez, on a assez de données, là, on veut se mettre en action,
lui, il a l'impression qu'on a déjà les idées assez claires pour agir.
Il nous a parlé du chantier de la ministre
en matière de soins... services à domicile. Je veux le saluer, ce chantier-là.
C'est un chantier qui est absolument essentiel, qui est nécessaire. Moi, je ne
veux pas qu'on mette ça sur pause, là, le travail qui est fait actuellement.
J'espère que c'est bien compris de la part de mes collègues que je ne suis pas en
train de demander qu'on mette sur pause ce qui est en cours pour faire des
états généraux puis se refaire un plan de match. Je ne demande pas ça, là. Il y
a des belles choses qui sont en cours. Ce que je dis, c'est qu'il y a des
choses qui ne sont pas en cours non plus puis pour lesquelles on n'aurait pas
la capacité de se mettre en action, là. On a-tu la capacité, en ce moment, de
faire la... une transformation aussi profonde, par exemple, en matière de
transport adapté, de transport collectif, que ce que la ministre fait pour les
soins à domicile? Non, parce qu'on n'a pas de portrait clair de la situation.
Ça le prend, O.K.? Ça le prend. Si la ministre peut faire ce chantier par
rapport aux soins à domicile, c'est parce qu'il y a ce rapport extrêmement détaillé,
et ça nous prendrait le même niveau d'information sur les autres sphères de la
vie des aînés.
Quand la commissaire dit qu'il faut
développer un écosystème de maintien de l'autonomie, moi, je la rejoins
totalement là-dedans. Je suis certaine que mes collègues aussi, ils voient à
quel point c'est complexe. On en a parlé abondamment ici, de toutes les sphères
de la vie qui sont impliquées là-dedans, puis on a tous manifesté notre volonté
de ne pas seulement parler des soins puis des services à domicile, parce que
les aînés, ce n'est pas juste des personnes qui ont besoin de soins puis de
services, c'est aussi des personnes qui ont des contributions à apporter puis
pour lesquelles il y a parfois des limites actuellement à cette
contribution-là. Puis il faut les enlever, ces limites-là.
Donc, moi, je veux, avec mes collègues,
qu'on développe cet écosystème de maintien de l'autonomie. Je pense qu'on a
besoin de documenter là d'où on part pour atteindre cet écosystème, de
documenter les meilleurs moyens d'y arriver. Puis j'étais contente que le
ministre dise qu'ils ne veulent pas utiliser le mot... le mot «problème» par
rapport au vieillissement de la population, on parle de situation.
Effectivement, là, on a une situation qui est devant nous. Moi, j'ai appelé ça
un défi. Pour le moment, c'est un défi, c'est une situation, par contre, si on
ne se prépare pas suffisamment, ça va devenir un problème puis ça va le devenir
pour les personnes qui vont avoir des besoins non répondus, qui vont avoir des
entraves dans leur participation dans la vie collective.
Donc, oui, abordons-le de manière
positive, parce qu'il est encore temps de le faire, bien sûr. Mais, si on n'est
pas prêts dans les prochaines années, ça va devenir un problème bien concret,
pas nécessairement pour la société, mais pour les gens qui vont être victimes
de ce manque de préparation là. Moi, ce que je demande, là, ce n'est pas obligé
de s'appeler des états généraux, hein? S'il y a un malaise avec cette
appellation-là parce qu'elle a des implications d'ordre législatif ou quoi que
ce soit, moi, ça, ça ne me dérange pas, là.
Le chantier qu'on a fait pour Rebâtir la
confiance, ça ne s'est jamais appelé des états généraux. On a formé un comité
transpartisan, on a élargi ça à un comité d'experts. Évidemment, ça a commencé
par dresser un portrait de la situation en allant chercher des données qui
existent, en n'en générant d'autres. On a documenté les meilleures pratiques.
Ensuite, on a fait des recommandations. Ça ne s'est jamais appelé des états
généraux, mais, on va se le dire, c'est un peu ça qu'on a fait. On a dressé le
portrait de c'était quoi, les problèmes par rapport au niveau de confiance des
victimes de violence envers le système de justice. On a regardé c'était quoi
qu'il y avait de mieux à faire pour régler ça, là, ici, puis à travers le monde.
On a formulé des recommandations. Ça ne s'est jamais appelé des états généraux,
mais ça nous a permis, quand même, de dresser un état de situation puis de
savoir par où il fallait qu'on s'en aille, puis comment, puis dans quel ordre
et qui sont tous les acteurs qui devaient être impliqués là-dedans aussi, parce
que c'est ça.
Moi, je... Quand le ministre dit :
L'imputabilité des résultats, elle est au gouvernement, c'est la ministre des
Aînés qui est responsable de ça, oui, c'est la personne, en ce moment, qui est
la plus appropriée pour prendre le leadership là-dessus, mais ça ne peut pas
être sur ses seules épaules. L'écosystème de maintien de l'autonomie des aînés
ne peut pas relever seulement d'une ministre qui est déléguée à la santé, parce
que ça touche toutes les autres sphères de la vie aussi. Ça touche des acteurs
qui ne sont même pas le gouvernement du Québec, ça touche les municipalités.
Donc, c'est toute une communauté qu'il faut mettre en action en ce moment, puis,
si on le fait, je pense qu'on va pouvoir réussir à générer le changement de
narratif, dont on a parlé tout à l'heure avec le ministre, par rapport à la
contribution positive des personnes au Québec, peu importe leur âge, peu
importent leurs capacités physiques, par exemple. Donc, moi, je le veux, ce
changement de narratif là aussi.
Oui, je pense que la ministre, elle est imputable
de décider ou pas de mettre en action ce chantier. J'aimerais la voir accepter
qu'on se mette au travail ensemble. Dans ce sens-là, on fera le sujet auprès
d'elle dans les prochains jours. Mais moi, en tout cas, je n'ai pas été
convaincue, à la lumière des documents qui existent, des données qui existent,
qu'on a un portrait assez clair de la situation pour agir dans toutes les
sphères qui ont un impact sur la qualité de vie des personnes aînées. Et ce
n'est pas vrai qu'en ce moment on sait c'est quoi, l'écart entre l'offre et la
demande des différents volets, là, de la vie des aînés. J'ai parlé de
l'habitation, j'ai parlé du transport. Non, on n'a pas une mesure de l'écart
entre l'offre et la demande de ces services-là, puis je ne parle pas juste de
services à domicile.
Donc, moi, mon invitation, elle est
toujours là, ma main tendue, elle est toujours là. Je n'ai pas 100 %
l'impression qu'elle a été acceptée tant que ça, cette main tendue là, dans la
mesure où, pour l'instant, on nous appelle surtout à collaborer au
renouvellement du plan d'action. Ce plan d'action là, il est plein de belles
intentions, il ne sera jamais suffisant par rapport à l'ampleur de ce qui doit
être fait.
• (12 heures) •
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La Présidente (Mme Lecours,
Les Plaines) : Merci, Mme la députée. Alors, permettez-moi, chers
parlementaires, de saluer le bon ton des échanges, preuve qu'on en est
capables.
Mais, compte tenu de l'heure, je lève la
séance, et la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux au mardi
20 février, 9 h 45, où elle poursuivra un autre mandat.
(Fin de la séance à 12 h 01)