Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
43e législature, 2e session
(début : 30 septembre 2025)
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Le
mardi 25 novembre 2025
-
Vol. 48 N° 12
Interpellation de la députée de Robert-Baldwin à la ministre responsable de
la Condition féminine sur le sujet suivant : Les engagements brisés du
gouvernement caquiste : on ne protège pas les femmes à moitié
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9 h (version non révisée)
(Neuf heures trente minutes)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de
la Commission des relations avec les citoyens ouverte. La commission est réunie
afin de procéder à l'interpellation de la députée de Robert-Baldwin à la
ministre responsable de la Condition féminine sur le sujet suivant : les
engagements brisés du gouvernement caquiste; on ne protège pas les femmes à
moitié.
Alors, Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a
des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Blais (Abitibi-Ouest)est remplacée par Mme Gendron
(Châteauguay); Mme Prass... (D'Arcy-McGee), pardon, par Mme Garceau
(Robert-Baldwin); M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), par Mme Labrie
(Sherbrooke); et M. Bérubé (Matane-Matapédia), par Mme Gentilcore
(Terrebonne).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Alors, à tous ces élus, bienvenue à la commission. Conformément
à l'entente prévue pour la 43e législature, le deuxième groupe d'opposition
interviendra lors de la deuxième série d'interventions et la députée de
Terrebonne interviendra lors de la quatrième série d'interventions.
Nous allons donc débuter avec les
déclarations d'ouverture. Mme la députée de Robert-Baldwin, vous avez la parole
pour 10 minutes.
Mme Garceau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Premièrement, je tiens à féliciter Mme la ministre, pour
votre nomination en tant que ministre responsable de la Condition féminine et
ministre de l'Habitation. C'est sûr que, considérant que vous avez ce cumul de
fonctions et de responsabilités, je crois que nous avons une belle opportunité
devant nous pour faire avancer les dossiers qui touchent le filet de sécurité
des femmes qui sont victimes de la violence conjugale. Un filet qui est
malheureusement plus fragilisé que jamais en raison de plusieurs facteurs, que
ce soit le manque criant de financement des maisons d'hébergement, les services
offerts par ces maisons d'hébergement, qui sont tellement cruciales et vitales
pour sauver les vies des femmes, et on va y revenir, le manque adéquat de
formation en violence conjugale, particulièrement en ce qui a trait au contrôle
coercitif, et ce, aux personnes qui interviennent auprès des femmes et des
enfants qui sont victimes de violence conjugale, le manque de construction de
nouvelles unités en hébergement, que ça soit en MH-1, les MH-2, dans les
dernières années, pour répondre à la demande croissante d'hébergement des
femmes partout à travers le Québec. Et nous le savons très bien, que le refus d'hébergement
est très élevé depuis les dernières années. Il y a également un sous-financement
de notre système judiciaire et les enjeux qui en découlent, dont fait face les
procureurs, notamment les DPCP, et les coupures dans les programmes de
représentation juridique des femmes qui sont victimes de violence conjugale,
tel que le programme de Rebâtir et Juripop. Et il y a une augmentation
significative, et ça, c'est vraiment préoccupant, Mme la Présidente, des femmes,
maintenant...
9 h 30 (version non révisée)
Mme Garceau : ...qui se
représentent seules devant des tribunaux, que ce soit devant la Cour supérieure
du Québec, Cour du Québec en criminel, en famille.
Et, avant d'élaborer sur ces enjeux, avec
mon collègue le député de l'Acadie et également notre porte-parole en matière
de justice, que je tiens à remercier d'être ici avec moi ce matin, où nous devons
souligner... nous portons tous le ruban blanc ce matin, je crois qu'il faut
souligner deux choses : Le 25 novembre, aujourd'hui, qui est la Journée
internationale pour l'élimination de la violence conjugale à l'égard des femmes,
proclamée par l'Assemblée nationale... l'Assemblée générale des Nations Unies
en 1999. Et nous avons vu ce matin, quand même, dans des articles de journaux
qui font en sorte qu'on confirme encore une fois, en 2025, des données
alarmantes en ce qui a trait aux femmes qui sont victimes de violence, dénoncées
par l'ONU, une femme est tuée par un proche toutes les 10 minutes, toutes
les 10 minutes. Et aussi, le domicile, le domicile, notre résidence, notre
chez-soi, qui est supposé vraiment d'être un refuge, une façon de nous protéger,
c'est l'endroit le plus dangereux pour les femmes et les filles en termes de
risque d'homicide. Et c'est très pertinent ici, au Québec également.
Nous sommes à l'aube du cinquième
anniversaire du dépôt du rebâtir... du rapport de Rebâtir de la confiance, un
rapport qui avait été déposé, Mme la Présidente, le 15 décembre 2020, et, évidemment,
c'était un rapport qui nous rappelle des travaux du comité transpartisan qui
avait été créé dans la foule du #metoo, le #moiaussi, en réaction à l'augmentation
de la violence faite aux femmes et aux filles sous toutes ses formes, mais
également en réponse aux failles du système judiciaire et du filet de sécurité
des femmes victimes de violence. Et l'objectif de ce rapport, avec ses 190 recommandations,
était de renforcer la confiance des victimes liées au système judiciaire et d'améliorer
non seulement l'accompagnement psychosocial et judiciaire des victimes, mais
leur accès à la justice et aussi aux services de soutien offerts par les
maisons d'hébergement. C'était très important. Mais malgré, Mme la Présidente,
toutes les avancées... Et je sais, ça s'en vient, les investissements dans le
domaine de la violence conjugale.
Il y en a eu, des investissements, Mme la
Présidente. Il y a eu aussi des investissements dans la création des tribunaux
spécialisés en matière d'agression sexuelle, de violence conjugale. On a eu les
bracelets antirapprochement, on a eu l'accès aux conseils juridiques, aux
services d'accompagnement psychosocial et judiciaire, mais, dans les dernières
années, nous avons régressé. Le filet de sécurité des femmes victimes de
violence conjugale est de plus en plus fragilisé parce qu'il n'y a pas eu un
sou, pas une cenne de plus qui a été octroyée aux maisons d'hébergement pour
les services offerts, les services offerts par les maisons d'hébergement dans
leurs services, et je vais donner plus d'explications dans un deuxième bloc.
Mais dans les trois derniers budgets, malgré des augmentations en violence
conjugale, malgré le nombre record de féminicides dans les dernières années,
malgré les listes d'attente en services externes qui dépassent... on est au-delà
du trois mois, quatre mois. Il y en a, pour les services externes, on est rendus
à un an dans certaines régions au Québec. C'est complètement incompréhensible.
On ne peut pas continuer à avoir un filet de sécurité qui est si fragilisé. C'est
le moment maintenant d'agir et il faut le faire, Mme la Présidente, pour sauver
des vies et qu'on n'en ait pas une de plus.
On l'a vu récemment, le 18 octobre,
on a eu 20 000 personnes, on était juste ici, à l'extérieur de l'Assemblée
nationale, la marche mondiale des femmes pour dénoncer haut et fort l'augmentation
fulgurante de la violence faite aux femmes sous toutes ses formes et le nombre
alarmant au Québec des féminicides.
De plus, le Regroupement des maisons pour
femmes victimes de violence conjugale, qui est un regroupement très important
ici, au Québec, qui vient...
Mme Garceau : ...en aide
aux femmes au quotidien et ont lancé... Les femmes ont lancé une campagne. On
ne protège pas les femmes à moitié. Les maisons d'hébergement pour femmes victimes
de la violence conjugale est plus qu'un toit, c'est un droit. Et c'est un
droit, cette sécurité publique. Le gouvernement a le devoir de s'assurer que
toutes les femmes qui sont victimes de violences conjugales et leurs enfants
aient un toit, soient protégés. Et ça, ça vient par l'entremise des maisons
d'hébergement. Il y en a environ 125 ici au Québec. On va en parler dans un
autre bloc, Mme la Présidente, mais il faut les aider, parce qu'en ce moment,
les intervenantes dans les maisons d'hébergement, et j'en ai rencontré
plusieurs, et des directrices également, ils tiennent à bout de bras les
maisons d'hébergement. Ils sont... Il n'y a pas assez de personnel, ça, c'est
sûr. Ils ont besoin au moins de trois autres intervenants, que ça soit pour les
services externes, que ça soit pour les sociojuridiques, que ça soit pour les
intervenantes, pour les femmes et pour les enfants. Dans la dernière année,
demander de l'aide pour sortir d'une situation de violence conjugale, c'est
comme jouer pile ou face. Parce que lorsqu'on appelle SOS violence conjugale ou
lorsqu'on appelle des maisons d'hébergement, on se voit refuser de
l'hébergement. 50 000 demandes dans les trois dernières années, il
faut y penser, là, SOS violence conjugale a reçu au-delà de 50 000 demandes
d'aide dans les trois dernières années, au-delà de 19 000 demandes en
hébergement, et ils ont dû refuser une femme sur deux. Donc
10 000 femmes ont été refusées l'année dernière, avec leurs enfants,
de l'hébergement. Ça, c'est incompréhensible et inacceptable en 2025, surtout
lorsqu'une femme a le courage d'appeler. Il faut être présent. On ne peut pas
dire à l'autre bout du téléphone : Vous allez devoir attendre trois mois
ou quatre mois. C'est inacceptable. Et c'est pour ça que les regroupements des
maisons d'hébergement ont eu une demande ou une rencontre avec l'ancien
ministre des Services sociaux. La demande était très précise. Les besoins sont
criants. On a besoin immédiatement. Mise à jour économique, je sais que c'est
aujourd'hui, les demandes... la demande était très claire. On a besoin de
20 millions, actuellement, versés, payables d'ici la fin de l'année. C'est
important.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
Mme Garceau : C'est
critique. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la députée. Alors, on va poursuivre
avec la ministre responsable de la Condition féminine, également pour une
période de 10 minutes.
• (9 h 40) •
Mme Proulx : Merci, Mme
la Présidente. Très heureuse d'être ici, non pas pour uniquement débattre d'un
sujet qu'on a tous à cœur, mais pour en discuter, des femmes, des hommes, tout
le monde ensemble. Merci aux députés présents de part et d'autre de la Chambre
qui se prêtent à l'exercice très important qu'on est en train de faire
aujourd'hui. Je pense qu'il y a des femmes puis des hommes qui font partie
impérativement de la solution, là, peuvent être fiers de voir que tous les élus
ici présents ont à cœur de faire progresser le droit des femmes, s'assurer
qu'elles sont en sécurité, qu'elles soient dûment représentées dans toutes les
sphères de la société. Et j'en suis, Mme la Présidente, souligner aussi le fait
qu'il n'y a pas que des femmes qui sont avec nous aujourd'hui. Messieurs,
merci. Je salue votre présence en commission aujourd'hui. Un message fort qui
nous fait la démonstration que vous êtes l'alliée des femmes. Les hommes, nos
hommes doivent être aux côtés des femmes pour poser des gestes, faire partie de
discussion si on veut un jour atteindre, donc, l'égalité des femmes.
Avant de plonger dans le sujet, constater
ce que notre gouvernement a fait à la faveur des femmes, un petit pas en
arrière, voit le chemin parcouru au Québec pour qu'aujourd'hui on puisse se
vanter d'être une des sociétés les plus égalitaires au monde. Mme la
Présidente, pas gênée de le dire, nos politiques sociales au Québec, bien, ça
fait l'envie de nombreuses sociétés de par le monde. Les CPE, c'est le premier
exemple qui nous vient en tête, 97, ça a été un outil extraordinaire
d'émancipation formidable pour les Québécoises. Ça leur a permis une présence
sur le marché du travail, s'accomplir personnellement, professionnellement,
réduire leurs dépenses économiques à leur conjoint. Ma mère disait toujours, a
répété ad nauseam à ses trois filles : Votre autonomie financière, les
filles, c'est ce qu'il y a de plus important parce que si vous devez
malheureusement un jour vous lever et quitter, vous aurez l'occasion de le
faire.
Rien n'est parfait pour autant, oui, il
reste du travail à faire pour compléter le réseau des CPE. Il faut continuer de
créer plus de places. Ma collègue, la ministre responsable y travaille très
fort. Ce réseau-là, structurer...
Mme Proulx : ...bien des
femmes, partout à travers le monde, le regardent et l'envient. Autre outil,
régime québécois d'assurance parentale 2006, un autre outil formidable pour
l'atteinte ou un régime. Les parents peuvent se partager le congé parental que
ce soit pour la naissance ou l'adoption. Les deux parents un homme, une femme,
un homme, un homme, une femme, une femme, ils n'ont donc plus à choisir entre
leur carrière et leur vie familiale. Ça permet aussi aux deux parents de
s'impliquer auprès de leurs enfants dès un jeune âge. Ça devient également une
répartition plus égalitaire des responsabilités entre chacun. C'est aussi comme
ça qu'on arrive, Mme la Présidente, à égalité. 2023, 50 ans du Conseil du
statut de la femme, sa mission, conseiller le gouvernement du Québec sur tous
les sujets qui sont liés à l'égalité, au respect des droits du statut des
femmes, mais aussi de fournir de l'information pertinente aux Québécois et au
public. Puis l'information, c'est un sujet sur lequel on va revenir beaucoup,
Mme la Présidente, aujourd'hui. Dès ses débuts, le Conseil du statut a
mis en place un centre de documentation, la Gazette des femmes également, qui a
permis non seulement de sensibiliser, d'outiller, mais d'éduquer les femmes,
les hommes également, sur des sujets qui, parfois, pouvaient nous sembler, à
l'époque, un peu tabous. Depuis 50 ans, le Conseil du statut de la femme a
contribué de façon notable à faire avancer la cause des femmes. Le secrétariat
que je pilote, le Secrétariat à la condition féminine, créé, lui, en 1979, mais
sa mission est simple, chercher à orchestrer l'intervention gouvernementale en
matière d'égalité entre les femmes, les hommes. Ses responsabilités l'amènent à
travailler en étroite collaboration avec tout plein de ministères, tout plein
d'organismes publics, avec des groupes de femmes, avec les organisations qui
souhaitent apporter leur contribution concrète pour l'atteinte de l'égalité.
Concrètement, le secrétariat, bien, on élabore des politiques puis des plans
d'action, on assure un suivi rigoureux, puis le secrétariat réalise des
actions, notamment en matière de sensibilisation.
Le secrétariat, bien, de 2018,
28 effectifs à 45 aujourd'hui, Mme la Présidente, un budget qui a bondi de
13,8 millions à 31,7 millions en 2025, preuve et démonstration que le
gouvernement du Québec prend au sérieux la responsabilité du Secrétariat de la
condition féminine. Il reste encore à faire, c'est vrai. La violence faite aux
femmes, le sujet qui nous réunit aujourd'hui, notre gouvernement en a fait une
priorité de la lutte contre la violence qui est faite aux femmes. Vous l'avez
mentionné, Mme la députée, en 2017, l'époque que traverse... le Québec traverse
une époque, comme un peu partout à travers le monde, le mouvement du #metoo sur
la planète entière, des femmes qui dénoncent sur des réseaux sociaux qu'elles
avaient été victimes de violence sexuelle, des dénonciations qui ont surpris
non seulement par leur nombre, mais également des personnalités publiques qui
sont sorties sur la place publique. Récemment, on peut penser au cas tragique
de Gisèle Pelicot, puis ici, au Québec, le mouvement a mis en lumière le fait
que les services offerts par le système de justice aux personnes victimes ne
correspondaient pas à leurs besoins, que notre système de justice n'offrait pas
tout le soutien nécessaire à la guérison de ses victimes. Et donc, à la suite
de ce mouvement-là, de la dénonciation, la ministre responsable de la Condition
féminine de l'époque, la ministre Lebel, mon amie, a créé avec, vous l'avez
mentionné, les porte-parole, en matière de condition féminine, de l'ensemble
des partis politiques qui sont élus à l'Assemblée nationale, ce fameux comité
transpartisan pour trouver des solutions pour que les femmes qui sont victimes
de violence puissent être encore mieux accompagnées. Ce comité-là a accouché
d'un rapport très exhaustif où ils ont, au fil de leurs consultations,
rencontré des experts, des personnes victimes, des membres de la magistrature,
les CALACS, les centres de victimes d'agression sexuelle de Montréal, bref, des
chercheurs. Les services de police, des experts en violence conjugale.
Et puis, le mandat de la commission, bien,
c'était d'évaluer à travers le parcours d'une personne qui est victime
d'agression sexuelle ou de violence conjugale, si les mesures actuelles ne pouvaient
pas être améliorées, puis surtout étudier celles qui pouvaient être développées
pour avoir encore un meilleur accompagnement. 2020, le rapport Rebâtir la
confiance, étoffé, novateur, 15 chapitres, 190 recommandations
essentiellement ciblées autour de l'accompagnement des victimes, un travail
colossal qui a été mené, Mme la Présidente, à la suite de tout ça, il y a une
série de féminicides. On a lancé le plan d'action spécifique pour prévenir les
situations de violence conjugale à haut risque de dangerosité et accroître la
sécurité des femmes 2020-2025...
Mme Proulx : ...c'était une
mesure qui était visée par le plan d'action. Et là aussi, il y a eu des sommes
colossales qui ont été injectées de plus de 180 millions pour les cinq
prochaines années. Loi sur le divorce, outil extrêmement important également,
Mme la Présidente. 21, l'adoption de la loi visant la création du tribunal
spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale, qui était une
autre recommandation du comité du rapport Rebâtir la confiance. On a également
modifié la Loi sur le système correctionnel, le déploiement de ces fameux
bracelets antirapprochement, Québec, seule province à l'avoir déployé à travers
le pays. Bref, on continue, Mme la Présidente à travailler de façon concertée
parce qu'on est un secrétariat transversal, travaillons avec sécurité publique,
qui travaillons, évidemment, avec le ministère de la Santé, avec des
responsables des Premières Nations. Donc, des ministères, des organismes qui
travaillent de concert pour offrir une réponse adéquate à la violence conjugale
et sexuelle.
2019, fière de dire qu'on a injecté près
de 1.1 milliard de dollars pour lutter contre la violence faite aux
femmes. Puis s'ajoutent des ententes bilatérales avec le fédéral, plusieurs
ententes pour un total de 167 millions de dollars.
Avant toute chose, Mme la Présidente, il
me reste 1 minute 30 pour vous dire que j'amorce ma troisième semaine de retour
après un congé, et je mentirais à la Chambre ici de dire que je connais par
cœur et tout du dossier de la Condition féminine. J'ai un directeur de cabinet
extraordinaire, j'ai volée de mon ancienne collègue une responsable de la
Condition féminine qui connaît extraordinairement bien le dossier. Je suis là
pour apprendre, je suis là pour aider, je suis là pour écouter. Avec ma
collègue également, la députée d'Anjou, qui est ma... adjointe parlementaire,
merci, Mme la Présidente, adjointe parlementaire en ce qui a trait au dossier
de la Condition féminine. Bref, on a une équipe qui est forte, on a une équipe
qui est canon et je ne demande pas mieux, Mme la Présidente, au cours de ce
mandat-là, qui m'a été confié par le premier ministre, de représenter non
seulement les femmes, mais des actions des hommes qui seront conjointes à
celles des femmes, pour faire en sorte que cette violence conjugale et sexuelle
auprès des femmes diminue dans le temps et que nos actions soient de plus en
plus concertées pour s'assurer que chaque femme au Québec puisse être dûment et
respectueusement protégée dans son quotidien. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la ministre. Alors, c'est ce qui met un terme
aux déclarations d'ouverture. Maintenant, on commence la période d'échange. La
première période met en lumière la députée de Robert-Baldwin pour cinq minutes,
la ministre pour cinq minutes et on va terminer avec la députée d'Anjou—Louis-Riel,
un cinq minutes. Alors, je me tourne du côté de la députée de Robert-Baldwin
votre cinq minutes commence maintenant.
• (9 h 50) •
Mme Garceau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci, Mme la ministre, pour ce sommaire des dernières
années concernant, si je peux dire, on avance en termes des droits des femmes. Il
y a eu un progrès, mais là je parle spécifiquement des maisons d'hébergement et
des besoins criants en maisons d'hébergement, et que vous savez, votre
ministère est au courant, ministère de la Justice, ministère des Services
sociaux, des enjeux préoccupants en ce moment dans les maisons d'hébergement
face à oui, nombre record de féminicides dans les dernières années, mais aussi
face à des données alarmantes. Et où le bât blesse ici, c'est malgré les cris
du cœur des trois regroupements des maisons d'hébergement, leur regroupement,
la Fédération et l'Alliance de deuxième étape, malgré les courriels, les
lettres, les rencontres et même la rencontre dernièrement, qui était le 17
octobre avec l'ancien ministre des Services sociaux, qui a porté le chapeau de
Condition féminine à ce moment-là. Pour que les groupes viennent expliquer le
désarroi des intervenantes qui tiennent à bout de bras les maisons
d'hébergement parce qu'elles sont... elles ont atteint leur capacité. Il y en a
des maisons d'hébergement sont rendues à 150 %. Les services...
Mme Garceau : ...quand une
femme veut quitter son conjoint, veut quitter son agresseur, il y a des listes
d'attente de trois mois à un an. J'ai rencontré, il y a deux semaines, les
directrices des maisons d'hébergement du Centre-du-Québec, de la Mauricie, et
on me parlait que c'est très difficile pour ces femmes. Et ils sont en train de
travailler dans des conditions très difficiles, de longue haleine, pour aider
ces femmes à se reconstruire, à reprendre confiance en elles, mais c'est très
difficile quand il y a un manque de personnel et qu'ils sont en train également
de refuser des femmes de l'hébergement. C'est extrêmement difficile pour elles.
Et là où le bât blesse, dans tout ça,
c'est qu'il n'y a pas eu un sou. Nonobstant toutes les demandes des maisons
d'hébergement dans les dernières années, on vit encore sur le budget de 2020‑2021.
Et on remarque ici, puis j'ai le tableau, il n'y a pas eu un sou de plus pour
les services offerts par les maisons d'hébergement, que ce soit le budget 2023,
2024 et 2025. Pas un sou de plus, mais aussi, qu'est ce qui est hautement
préoccupant, c'est le fait que les consultations prébudgétaires, qui ont eu
lieu, là, en janvier 2025, il y a eu des demandes. Les maisons demandaient 57
millions. Ils ont tout détaillé le pourquoi de ce 57 millions là, parce que
c'est sûr et certain qu'il y a eu des déficits accumulés dans les dernières
années quand le gouvernement n'augmente pas le budget, l'enveloppe budgétaire
du PSOC pour les services offerts.
Et donc le financement doit suivre, doit
être à la hauteur des besoins de ces maisons d'hébergement, et ce n'est pas le
cas, actuellement. Et là nous sommes dans une situation où la dernière demande
était de 20 millions. On avait besoin... et c'était ça qui a été dit au
ministre, l'ancien ministre des Services sociaux. Le 20 millions, là, on en a
besoin parce qu'il faut aller embaucher du personnel, parce que, sinon, il va y
avoir des bris de service. Et s'il y a des prix de service, il va y en avoir
d'autres, féminicides, malheureusement, et c'est ça qu'on veut éviter à tout
prix. Et donc nous devons outiller les maisons d'hébergement, et, ça... Force
est de constater qu'ils ont besoin... elles ont besoin de financement, et c'est
urgent.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Je me tourne du côté de la ministre, votre cinq
minutes
Mme Proulx : Merci, Mme la
Présidente. Quelques précisions à apporter, remontons à 2013‑2014, sur le
financement des maisons d'hébergement. 72 millions. On a fait... 72 millions,
oui, on a fait passer ce financement-là de 77 millions à 160 millions, 2025‑2026,
on parle donc, Mme la Présidente, d'une augmentation... en fait, d'une hausse
de 108 %. Donc, ce n'est pas tout à fait juste de prétendre qu'il n'y a
pas eu de financement cette année en services. Donc, on parle des services
externes d'aide pour les femmes à quitter leur milieu toxique et violent. C'est
3,6 millions de plus, cette année, qui a été consenti aux services...
accompagnement, accompagnement jeunesse, parce que, souvent, lorsque ces femmes
doivent quitter et être aidées à quitter ce milieu-là, bien, il y a des enfants
qu'elles doivent amener avec elles. Donc, c'est uniquement pour cette année, en
services, 3,6 millions de dollars supplémentaires qui ont été ajoutés. Les
maisons d'hébergement, ça fait partie de la solution, mais il faut un filet de
sûreté pour que les femmes et nous travaillions à l'élargir puis à le
consolider. Les maisons d'hébergement d'urgence, quelques jours à trois mois
avec divers services d'accompagnement, dans une chambre, des services externes
auxquels on vient de faire référence, Mme la Présidente... il y en a 108,
maisons d'aide d'hébergement qui sont financées par le ministère de la Santé et
des Services sociaux. Les maisons de deuxième étape auxquelles la députée
faisait référence, transitoires, qui accueillent des femmes victimes de
violence conjugale, ce qu'on appelle dans le jargon les MH-2, offertes aux
femmes aux prises avec des enjeux de sécurité accrus après leur passage...
Mme Proulx : ...MH1, leur
situation, donc, ne s'est pas encore améliorée, donc on vient les aider
davantage avec des services, et on a l'ambition, Mme la Présidente, d'ici 2027,
de développer des nouvelles maisons d'aide d'urgence. Le financement, je le
répète, a déjà été confirmé par la Société d'habitation du Québec, c'est quatre
maisons situées, entre autres, du côté de l'Abitibi-Témiscamingue, également en
Outaouais, dans la grande région de Montréal et de Laval, en attendant la
construction. Le ministère de la Santé et des Services sociaux a confirmé du
financement à ces organismes pour offrir, donc, durant la période intérimaire
où la construction doit se compléter, donc offrir des services temporaires, je
le répète, le ministère de la Santé et Services sociaux a confirmé, Mme la
Présidente, ce financement-là.
Donc pour les MH2, on a pour objectif,
toujours d'ici 2027, donc dans un petit peu plus d'un an, de financer 30
projets à l'heure actuelle. Aujourd'hui, il y en a 15 qui sont... qui ont
ouvert leurs portes. 16 projets ont un financement qui est confirmé pour le
bâti et il y a sept projets qui devraient ouvrir dans les prochains mois. Les
choses, donc, avancent, Mme la Présidente, dans les dernières années, il y a
beaucoup, beaucoup d'encre qui a coulée dans le dossier, c'est vrai, il fallait
trouver une voie de passage pour assurer la construction des maisons
d'hébergement. Il y a un grand, grand travail de coordination qui s'est fait
entre le Secrétariat à la condition féminine et la SHQ, le ministère de la
Santé et des Services sociaux, Santé Québec, lorsqu'on vous parlait de
transversalité tout à l'heure, l'Alliance des maisons d'hébergement de deuxième
étape également, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence
conjugale et, évidemment, la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes.
On va continuer d'y travailler, je vais continuer d'y travailler. J'ai donc
maintenant espoir que les projets, Mme la députée, chers collègues de Robert-Baldwin,
voient et verront le jour très prochainement, qu'on puisse voir tous ensemble,
voir le progrès qui aurait été fait dans ce dossier-là. Comme ça a déjà été dit
au regroupement des maisons d'hébergement partenaires, je réitère que nous
devons, pour le moment, mettre tous nos efforts afin de réaliser les cibles
ambitieuses que nous nous sommes tous données, important de continuer de
documenter la situation des régions et du manque de place. Assurément, notre
engagement actuel se concentre et va continuer de se concentrer sur la
réalisation des cibles établies.
Donc, en terminant, important de le rappeler, que
cette année uniquement, en termes de services 2025-2026, 3,6 millions de
dollars pour des services externes, pour des femmes, à les accompagner et à les
aider à quitter ce milieu toxique, et l'accompagnement, également, des enfants,
Mme la Présidente.
• (10 heures) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la ministre. Alors, on termine ce premier bloc
avec la députée d'Anjou—Louis Riel pour 5 min.
Mme Boivin Roy : Merci, Mme
la Présidente. Alors, salutations à tous, à tous les collègues, salutations,
bien sûr à notre ministre de la Condition féminine. Merci pour votre engagement
de tous les jours et votre... vous êtes présente sur le terrain, vous êtes de
toutes les batailles, et même si ça fait seulement trois semaines, on dirait
que vous êtes là depuis bien longtemps, évidemment, avec toute votre expérience
politique, c'est un privilège de travailler avec vous et j'en suis bien
contente. Et, Mme la Présidente, si vous me permettez, simplement, de compléter
ce que la ministre vient de nous dire pour renforcer, effectivement, au niveau
des maisons d'hébergement. Alors, nous sommes le premier gouvernement à avoir
établi des cibles claires, donc, comme vous l'avez dit, Mme la ministre, des
cibles établies mais aussi claires, donc, pour la construction des maisons
d'hébergement et notamment, aux termes de la stratégie, on aura doublé le
nombre de maisons d'hébergement de deuxième étape, passant de 30 à plus de 60.
Alors sinon, tout autre chiffre, vous les avez bien mentionnées, Mme la
ministre.
Alors, Mme la Présidente, je tiens à
remercier, évidemment, notre collègue de l'opposition pour cette
interpellation, parce qu'évidemment, au-delà des divergences politiques, je
pense qu'il est sain et nécessaire que nous continuions à débattre de la
condition féminine. Le progrès, surtout en matière d'égalité, ne s'obtient
jamais dans le silence. Mme la Présidente, on nous reproche de faire les choses
à moitié, de briser nos engagements. Permettez-moi de le dire très clairement,
notre gouvernement agit pleinement et activement pour les femmes du Québec,
nous ne faisons pas semblant. Nous transformons des recommandations, des
constats, des témoignages en actions tangibles. Souvenons-nous, il y a à peine
quelques années, 2017, le mouvement...
10 h (version non révisée)
Mme Boivin Roy : ...#metoo a
mis en lumière une réalité troublante, comme l'a mentionné Mme la ministre, des
milliers de femmes ont levé la main, souvent pour la première fois, pour
dénoncer la violence qu'elles avaient subie. Cette onde de choc mondiale a
obligé les États, partout dans le monde, les institutions, les gouvernements, à
regarder la vérité en face. Notre système, à ce moment-là, n'était pas à la
hauteur de leurs besoins. Et c'est précisément à ce moment charnière que notre
gouvernement a choisi d'agir. Pas en improvisant, pas en réagissant dans l'émotion,
mais en travaillant avec méthode et avec cœur.
Nous avons mis sur pied un comité
transpartisan puis un comité d'expertes, coprésidé par Mme Elizabeth Corte
et Mme Julie Desrosiers. Ces femmes, entourées d'intervenants du milieu,
de victimes, de chercheurs et de représentants du système judiciaire, ont
produit un rapport fondateur. Le rapport dont on discute aujourd'hui intitulé
Rebâtir la confiance.
Mme la Présidente, qu'est-ce qui s'est
passé ensuite? Nous n'avons pas tabletté le rapport, nous avons retroussé nos
manches, ce qui fait qu'aujourd'hui, on peut dire qu'il y a 169 des 190 recommandations
qui ont été rencontrées ou qui ont été partiellement répondues. Donc, il y a
près de 90 % des recommandations du rapport qui sont mises en œuvre
actuellement, Mme la Présidente.
En 2021, nous avons créé le Tribunal
spécialisé en matière de violence sexuelle et conjugale, une première au pays.
Nous avons déployé les bracelets antirapprochement. Encore une première au
pays. Nous avons lancé la stratégie intégrée en violence 2022-2027, qu'on
appelle communément la SIV, qui regroupe 58 actions et 462 millions de
dollars d'investissement. Et nous avons mis à contribution 18 ministères
et organismes pour assurer une réponse cohérente et coordonnée à la violence
faite aux femmes. Effectivement, c'est une réponse qui se veut transversale à l'intérieur
du gouvernement.
Depuis 2018-2019, ce sont plus de 1,1 milliard de
dollars qui ont été consacrés à la lutte contre la violence envers les femmes.
On doit ajouter aussi à ça, Mme la Présidente, 164 millions de
dollars provenant d'ententes bilatérales avec Ottawa, Ottawa qui, par ailleurs,
reconnaît que notre gouvernement est avant-gardiste et proactif en matière de
condition féminine. Je me permets un aparté, Mme la Présidente. Je reviens
de l'Islande où j'ai eu le privilège de représenter notre ministre, et tous les
pays... en fait, 70 pays étaient représentés, et je peux vous dire qu'on
nous a déroulé le tapis rouge parce que, justement, la position du Québec est
reconnue à travers le monde et à l'intérieur du Canada. Il y avait des
sénatrices qui étaient présentes et qui ont louangé tout le travail qui est
fait au Québec depuis 2018-2019.
Jamais, Mme la Présidente, un gouvernement
n'a autant investi pour protéger, soutenir et accompagner les femmes victimes,
mais la condition féminine ne se résume pas, bien sûr, à la lutte contre la
violence, elle passe aussi par l'autonomie économique, l'égalité
professionnelle et la conciliation travail-famille. On peut parler aussi, Mme
la Présidente, de la protection des droits des femmes sans aborder le droit à l'avortement,
mais j'y reviendrai tout à l'heure, Mme la Présidente. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, on poursuit maintenant avec la
deuxième série d'interventions où l'on entendra la députée de Sherbrooke, la
ministre et la députée de Châteauguay. Mme la députée de Sherbrooke, votre cinq
minutes débute.
Mme Labrie : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Moi, ça fait sept ans que je suis députée, comme quelques
collègues ici. Depuis que je suis ici, j'ai vu beaucoup de monde travailler
vraiment fort pour que ça bouge en matière de violence conjugale, notamment les
femmes qui travaillent dans les ressources. Je les ai vues à l'oeuvre, des
survivantes aussi qui ont eu beaucoup de courage pour aller parler dans l'espace
public de leur vécu, puis des députés aussi, de tous les partis, qui ont
travaillé fort pour briser ces tabous-là, pour sensibiliser, pour augmenter les
ressources. Et il y a beaucoup de choses qui ont changé en sept ans, ça a
marché. Moi, je suis très fière du travail qu'on a fait, ça a été nommé par des
collègues.
Dans le journal, on ne voit presque plus
jamais de titres qui parlent de drames familiaux ou de crimes passionnels. Les
médias parlent de féminicides. C'est ce que c'est. De plus en plus de monde
comprennent que la violence conjugale, ce n'est pas juste des coups, c'est de
la violence psychologique, économique, sexuelle, c'est du contrôle coercitif, puis
les femmes elles-mêmes comprennent de plus en plus les signaux de ça, leurs
proches aussi. Les gens comprennent de plus en plus que c'est sournois, que ça s'installe
tranquillement, une dynamique de violence conjugale. Elles font moins porter le
blâme aux victimes d'être prises dans ces situations-là, et ça, c'est heureux.
Les gens comprennent de mieux en mieux que le moment le plus dangereux, c'est
le moment de la rupture, que c'est là, quand les femmes partent, qu'elles
mettent leur vie en danger et que la violence continue après. Je pense que c'est
nouveau, comme élément de compréhension dans la société, ça fait partie de la
réalité. Et ça, c'est toutes des bonnes nouvelles, ça veut dire que la
sensibilité...
Mme Labrie : ...fonctionne
extrêmement bien, les victimes vont chercher de l'aide, le téléphone sonne sans
arrêt, à SOS Violence conjugale parce que les victimes veulent sortir de leurs
relations toxiques puis elles veulent le faire de manière sécuritaire. Puis
elles savent qu'elles se mettent à risque en quittant une relation comme ça,
mais la réalité, c'est qu'on n'est pas capable de répondre à ces demandes-là.
Ce tableau-là, ici, c'est l'évolution du
taux de succès, le pourcentage des femmes qui ont réussi à avoir une place en
hébergement quand elles en ont demandé une. En 2020, on était à 75 % des
femmes qui demandaient de l'aide, des femmes qui disaient : Moi, je ne me
sens plus en sécurité chez moi, j'ai besoin d'une place en refuge... 75 %
se faisaient dire oui en 2020. En 2025, on est rendu à 43 %. Des places,
il n'y en a pas bien, bien qui ont fermé, là, à ma connaissance, c'est parce
qu'il y a vraiment beaucoup de monde qui en demande. Les gens lèvent la main
quand ils ne se sentent pas en danger dans leur relation... Elles veulent
partir, elles veulent le faire de manière sécuritaire, puis il y a de moins en
moins de femmes qui réussissent à le faire. Elles se font dire : Non, il
n'y a pas de place.
Ça, c'est national, c'est des chiffres
nationals. Dans certaines régions, c'est pire. Moi, dans ma région, en Estrie,
il y a quatre maisons d'hébergement. Pour l'année 2024‑2025, ensemble, elles
ont hébergé 206 femmes, à quatre ressources, elles en ont refusé 570. J'ai fait
le calcul pour vous. Ça veut dire qu'il y a 26,5 % des femmes qui ont
demandé de l'hébergement parce qu'elles ne se sentaient pas en sécurité chez
elles puis qui ont réussi à en avoir. Un taux de refus de trois quarts. Et les
femmes se font refuser des places, notamment parce que les victimes restent
coincées dans les maisons de première étape beaucoup plus longtemps, parce
qu'il n'y a pas assez de places en deuxième étape, parce qu'il y a la crise du
logement. C'est ça, là, le cercle vicieux dans lequel on est.
Ça fait que moi, je n'ai pas envie de
parler de nombre de millions ici. Il y en a eu, des investissements. Ça a été
le fruit d'une intense mobilisation sur le terrain politique aussi, mais on a
réussi à faire augmenter ces investissements-là. Il y en a eu, mais le fait est
que cet argent-là, on ne réussit pas à l'utiliser assez efficacement pour développer
des nouvelles places. Puis là les organismes, notamment l'Alliance des maisons
d'hébergement de deuxième étape, demandent un programme dédié pour développer
de l'hébergement parce que ce n'est pas du logement social, ce n'est pas du
logement social ordinaire, puis, en ce moment, la machine administrative
considère que oui. Ça fait que ça ne marche pas, c'est toujours compliqué, ça
prend des accommodements, c'est toujours plus compliqué, ça ralentit tout.
Puis moi, j'ai vu la CAQ, sur certains
dossiers, faire des pieds et des mains pour simplifier des processus, pour
réduire des étapes, pour faire le ménage dans des exigences, dans de la
paperasse. On les a vu faire du sur-mesure pour certains projets, Northvolt,
entre autres. Moi, ce que je leur demande aujourd'hui en joignant ma voix aux
maisons d'hébergement de deuxième étape, c'est que la CAQ ait le même souci
d'efficacité pour développer de l'hébergement rapidement puis qu'elle crée un
programme dédié pour ça, pour qu'elles n'aient pas à passer par d'autres
programmes qui ne sont pas adaptés à leur réalité. Qu'on arrête d'essayer de
faire rentrer ça dans une case que ce n'est pas.
Ça fait que je comprends que la ministre
vient d'arriver, je le reconnais, puis c'est un dossier complexe, dans lequel
il y a beaucoup de tensions, puis des vies sont littéralement en jeu, avec un
dossier comme celui-là. Je vais lui remettre une lettre ouverte qui a été
écrite par l'Alliance des maisons d'hébergement de deuxième étape, qu'elles ont
tenté de publier. À ce jour, elle n'est pas publiée, mais je vais lui remettre,
je peux la déposer. Je l'invite à la lire. Je lui demande de considérer ça
sérieusement. La démarche d'efficacité de l'État que la CAQ a choisie pour la
dernière année de leur mandat, là, on est exactement là-dedans : avoir un
programme dédié pour simplifier les processus, pour que ce soit adapté puis que
ce soit fini, le niaisage d'essayer de faire rentrer un carré dans un cercle.
Donc moi, c'est ça que je propose à la
ministre en ce moment. On a besoin de faire ça, là, parce que ça, ici, là, ça,
c'est inacceptable. C'est le fruit du succès de notre sensibilisation. Il faut
faire remonter ça.
• (10 h 10) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la ministre.
Mme Proulx : Je veux
souligner votre grande implication, Mme la députée, dans la commission
transpartisane. Vous avez été une des premières, avec Mme Hivon, entre autres,
Mme David, à demander cette commission transpartisane là. Vous avez fait
beaucoup. C'est un sujet qui est très sensible. C'est un sujet qui vient me
toucher, encore des petits relents de mon absence, ce qui fait que je prends ça
particulièrement à cœur.
Puis j'étais heureuse de vous entendre
parler que, de plus en plus, c'est dans l'espace public, hein, qu'on a réussi
collectivement à parler de la violence sexuelle et conjugale à l'égard des
femmes. Il y a eu énormément de campagnes de sensibilisation. Puis on peut
parfois être dans notre voiture et faire, comme : Veux-tu bien me dire à quoi
ça sert, cette annonce-là? Veux-tu bien me dire à quoi ça sert? Mais ça, c'est
des vers de l'oreille qui, tranquillement, entrent dans l'esprit des gens puis
fait comprendre que la violence conjugale, les agressions sexuelles,
l'exploitation sexuelle, les intoxications volontaires, on doit absolument
déposer ça sur la place publique puis sensibiliser les gens. C'est la raison
pour laquelle on a mis beaucoup, beaucoup d'efforts sur la publicité. Certains
peuvent dresser...
Mme Proulx : ...un sursis, en
se disant, vraiment, la publicité, mais c'est un outil qui est extraordinaire
pour atteindre toutes les couches de la population. Puis on a ciblé les femmes,
les hommes, on a également ciblé les jeunes, hein, qui, on le voit, là, sont
soumis parfois à des pressions de certains groupes d'hommes où on se demande
vraiment, où s'en vont ces jeunes garçons là, des campagnes de sensibilisation
pour les agressions sexuelles chez les mineurs. Agressions sexuelles sur un
mineur, c'est majeur. Il y a eu des conséquences et des actions posées par
l'ancien ministre de la Sécurité publique, M. Bonnardel, également,
l'intoxication involontaire. Vous vous rappellerez, en Chambre, sûrement, Mme
la députée, le ministre Bonnardel avait dit : Ce sont des minables...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...
Mme Proulx : ...l'ancien
ministre de la Sécurité publique, député de Granby — voilà, merci,
pardonnez-moi — qui avait littéralement, en Chambre, traité ces
gens-là de minables.
Donc, les messages, on doit absolument
continuer à les diffuser pour qu'on s'assure que la population grande et
petite... Puis le rôle des parents, puis le rôle des hommes est hyperimportant
dans la chaîne de communication pour s'assurer que ces messages-là passent
auprès de la population. Donc, heureuse de souligner avec vous que le message
se fait de plus en plus entendre. L'Alliance MH2 rencontre la SHQ à toutes les
deux semaines. Toutes les deux semaines, il y a une rencontre d'organisée, de
prévue, immuable entre... L'alliance MH2 rencontre la SHQ à chaque semaine. Les
projets sont acceptés. Est-ce que ça pourrait rouler plus vite? Certainement,
on le souhaiterait tous.
Pour le moment, jusqu'à présent, on est
quand même fier de dire qu'il n'y en a pas moins de 15 maisons qui sont
ouvertes, sept qui vont ouvrir bientôt. Oui, il y a une volonté du gouvernement
du Québec, la présidente du Conseil du trésor, d'accélérer ces processus-là,
j'en suis, vous en êtes. Je suis convaincue que, du côté de la députée de
Robert-Baldwin également, on souhaite tous l'accélération de la mise en
chantier de ces maisons d'hébergement là. FAQ 2, le fameux FAQ 2, que
vous connaissez toutes les deux beaucoup mieux et de façon plus granulaire que
moi, mais ce que j'en sais, c'est que ce financement-là a été rehaussé, des
locaux d'intervention, par exemple, des espaces communs, en fait, on parle de
mutualisation pour pouvoir donc répondre à ces enjeux-là. On a reconnu qu'il y
a certaines spécificités qui sont propres aux maisons d'hébergement. Mais le
secrétariat avec la SHQ, qui est notre mandataire comme ministre responsable de
l'Habitation, croyez-moi, là, dans mon laïus d'introduction, je vous disais
qu'on allait suivre de très près ces dossiers-là.
On a peu de temps pour opérer, donc, il
faut avoir des actions hyperciblées. Et l'idée d'accélérer la construction, pas
juste de logements sociaux puis de logements abordables, vous en avez fait
mention, Mme la députée de Sherbrooke, mais également des maisons d'hébergement
de première puis de seconde étape, croyez-moi, je vais pousser sur
l'accélérateur, sur la SHQ, sur tous les intervenants pour s'assurer que
reddition de comptes, les cahiers de charges soient plus simples. On le voit,
là, certains cahiers de charges sont assez complexes...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
Mme Proulx : ...remarquez
que, dans le cas des femmes qui sont victimes de violence, on doit s'assurer
que les milieux sont hypersécuritaires, mais vous avez mon engagement plein et
entier.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la députée de Châteauguay, pour cinq minutes.
Mme Gendron : Bien, bonjour.
Dans un premier temps, j'aimerais saluer Mme la ministre. Je suis donc bien
contente de vous voir ici avec nous. Merci d'être là. C'est le fun. Aussi,
j'aimerais souligner, bien, la députée de Robert-Baldwin, M. le député de
l'Acadie, Mme la députée de Sherbrooke, et, bien sûr, ma collègue d'Anjou—Louis-Riel.
Dans un premier temps, M. le député de
l'Acadie, on parle d'un homme qui est ici présent, mais je pense que c'est
important également de parler des hommes. Chez nous, il y a un organisme
extraordinaire qui s'appelle l'AVIF, qui vient en aide aux hommes qui,
malheureusement, dans leur parcours, ont fait soit de la violence auprès des
femmes, mais je pense que c'est une bonne façon aussi de prendre la
problématique et d'agir dans un autre sens. Donc, j'aimerais juste souligner
les équipes d'AVIF, mais également souligner le travail extraordinaire qui est
fait par la maison d'aide et d'hébergement La Ressource chez nous, dans la
circonscription de Châteauguay. On a une belle collaboration, puis j'ai eu la
chance d'aller visiter également les maisons d'hébergement. Puis j'aimerais,
encore une fois, souligner tout le travail important qui est fait par ces
organismes.
Mme la ministre a très bien mis la table.
Elle a parlé des enjeux, entre autres, des opportunités pour les femmes
maintenant, aujourd'hui. Mais je pense que, si on veut l'égalité entre...
Mme Gendron : ...les femmes et
les hommes, que ce ne soit pas aussi fragile et que ce soit une réalité
durable, bien, je pense qu'il faut aller aussi là où ça commence et j'aimerais
aborder le sujet de la jeunesse.
C'est à travers l'éducation, à travers l'école
et les modèles positifs, je crois, qu'on peut agir et aligner la société, une
société véritablement égalitaire. Sur ce point, Mme la Présidente, je pense que
notre gouvernement a agi avec détermination. On a compris qu'il ne suffisait
pas juste de réagir à la violence ou de promouvoir la parité, mais vraiment de
prévenir les inégalités à la racine dès le jeune âge. C'est pourquoi plusieurs
de nos initiatives aussi s'adressent directement aux milieux scolaires, mais
aussi aux parents, aux intervenants, afin d'aider et de s'assurer que les
comportements des jeunes soient exemplaires. Je pense, par exemple... il y a
des deux exemples, des balados qui s'appellent : Le parent, notre allié,
et un autre qui s'appelle : Être un modèle. Ça a été produit en collaboration
avec la ministre de l'Éducation et ces outils-là mettent de l'avant
l'importance d'un dialogue sain à l'école, à la maison, entre familles et
rappelle que chaque adulte aussi a une responsabilité importante quant à
l'éducation des jeunes envers l'égalité des femmes et des hommes, et je crois
que c'est important d'enseigner ce respect-là mutuel et pour ajouter justement
du civisme entre nos jeunes.
Dans le balado : Le parent, notre
allié, on souligne à quel point la confiance et la communication entre les
adultes favorisent la réussite de nos enfants, mais aussi ce sentiment de
sécurité émotionnelle qu'on recherche. Dans le balado : Être un modèle, on
invite aussi le personnel scolaire à cultiver des compétences sociales,
émotionnelles qui contribuent justement à un climat scolaire de bienveillance.
Ce sont des messages super simples, mais ils sont très puissants et je crois
que c'est une façon d'assurer la culture et le respect mutuel.
Mme la Présidente, on a aussi voulu agir
sur le fond, entre autres celui des relations amoureuses chez les jeunes ayant
des jeunes qui commencent dans la vie justement à avoir des relations
amoureuses. Je crois que c'est une notion très importante. Trop souvent, la
violence dans des relations intimes commence très tôt dans l'adolescence et
s'installe dans des dynamiques de relation... avant même l'âge adulte, avant
même qu'ils aient eu 18 ans. Donc, c'est un autre angle mort qu'on se
penche, nous, ici, au gouvernement.
Donc, c'est pourquoi le Secrétariat à la
condition féminine, en collaboration avec le Secrétariat à la jeunesse,
soutiennent la campagne : Si l'amour tourne en violence. C'est une
initiative qui vise à aider les jeunes et à reconnaître les signes de contrôle,
de jalousie excessive ou d'emprise émotionnelle chez les jeunes. Elle fournit
également aux enseignants et aux intervenants des outils justement pour ouvrir
une discussion avec nos jeunes. Donc, nous voulons aussi que les jeunes
filles voient grand, qu'elles sachent qu'elles ont leur place dans toute la
sphère de la société, qu'elles peuvent devenir scientifiques, ingénieures,
entrepreneures, députées, mères. Donc, c'est très important que les jeunes
femmes trouvent leur place au sein de la communauté et puis qu'elles puissent
grandir dans une optique justement d'avoir une place bien à elles, à la hauteur
justement de l'égalité des sexes.
• (10 h 20) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...
Mme Gendron : Merci. Donc,
c'est ce qu'on vise, c'est de se transmettre de génération en génération. Et je
pense que c'est là, la clé et c'est là que nous agissons concrètement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, on entame maintenant la troisième
série d'interventions avec le député de l'Acadie, la ministre et, cette fois,
la députée d'Anjou—Louis-Riel. Alors, M. le député de l'Acadie, le cinq minutes
est à vous.
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme la ministre. J'ai écouté attentivement votre déclaration
d'ouverture et je vous remercie pour votre écoute. Moi, je vous tends la main
pour que, dorénavant, on ne protège pas les femmes à moitié, on les protège
entièrement et totalement au Québec. C'est fondamental et c'est important. Je
salue ma collègue la députée de Robert Baldwin et les collègues députés. Et
moi, je vais concentrer mon intervention ce matin sur un volet plus précis,
niché, qui est celui des poursuites criminelles.
Lors de l'ouverture de la session, le
premier ministre a parlé de la loi et l'ordre. Évidemment, c'est important, la
sécurité publique. On a parlé aussi du rapport Rebâtir la confiance, un rapport
transpartisan qui était présidé par Mme Elizabeth Corte, ancienne juge en
chef de la Cour du Québec. C'est fondamental. Il y a des avancées qui ont été
faites, je le salue...
M. Morin : ...mais il faut
avoir les moyens de nos ambitions. Et c'est là que ça devient plus compliqué.
Rappelez-vous, peu de temps après l'ouverture de la session, dans un point de
presse, suite à une déclaration du président de l'Association des procureurs
aux poursuites criminelles et pénales, on dénonçait l'absence de financement,
la charge énorme des procureurs, et il fallait le faire. Parce que si on veut
redonner confiance, si on invite les victimes, en grande majorité des femmes, à
dénoncer ce qui est énorme, ce qui est important, ce qui fait mal, ce qui est
difficile, et je le comprends, bien, après, il faut être capable de poursuivre
le dossier jusqu'à la toute fin. Et on parle ici de violence conjugale, donc
évidemment de crimes ou de violences sexuelles, encore des crimes.
Et je peux très bien comprendre la charge
des procureurs, Mme la Présidente, parce que ce travail-là, je l'ai fait sur le
terrain, tant au fédéral qu'au provincial. J'étais à l'époque ce qu'on appelait
un procureur terrain, donc celui qui va à la cour tous les jours. Puis en
Montérégie, on me donnait des dossiers d'agressions sexuelles chez des femmes
et chez des enfants. Alors, je peux très bien comprendre ce que ces procureurs-là
vivent. C'est une charge qui est énorme. Heureusement, après les sorties, on me
dit qu'il y a des contrats de procureurs temporaires qui ont été renouvelés.
Tant mieux. Malheureusement, il a fallu une sortie publique d'une association,
de leurs représentants, des procureurs, puis d'un député, pour qu'il se passe
quelque chose. Ce n'est peut-être pas normal et j'en appelle, j'en appelle à la
ministre.
Je veux vous souligner que, selon les
chiffres de l'Association des procureurs, depuis que le ministre actuel est en
poste, ils sont passés de 745 procureurs à 747. Deux de plus. Par ailleurs, on
a un tribunal spécialisé, c'est bon, c'est important, mais encore, faut avoir
des gens pour le faire fonctionner. On a parlé, évidemment, de l'importance des
poursuites, de la loi et de l'ordre, mais encore faut-il des procureurs pour
les faire, ces dossiers. Et ça, c'est fondamental.
Et j'aimerais attirer l'attention de cette
commission et de vous, Mme la ministre, parce qu'il y a quelques semaines, l'Association
des procureurs écrivait au ministre de la Justice pour dénoncer la situation, à
la suite de l'ouverture de la session, à la suite de la conférence de presse
qu'on a fait, et l'association tendait la main au ministre pour que ce dernier
puisse s'asseoir avec les procureurs et qu'ils aillent voir sur le terrain
quelle était la réalité. Le 8 octobre, toujours pas de réponse, et le 3
novembre, l'association est obligée d'écrire au premier ministre pour leur dire
la même chose. M. le ministre, on vous tend la main. Venez nous voir sur le
terrain, venez voir comment ça se passe, venez voir la charge que les
procureurs ont au quotidien. Bien, heureusement, après la lettre au premier
ministre le 3 novembre, ainsi qu'au ministre de la Sécurité publique, le
ministre de la Justice a répondu au président de l'association, quelques jours
après. Dans sa réponse, il dit : Écoutez, on a le tribunal spécialisé, on
appuie les procureurs. C'est important, on est là, vous avez des rencontres
statutaires. Mme la Présidente, ce n'est pas de ça dont on parle. Et ce qui est
important, c'est que le ministre aille s'asseoir avec les procureurs pour
qu'ils soient à même d'évaluer correctement, ou Mme la ministre, les enjeux
qu'ils ont. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. Mme la ministre.
Mme Proulx : ...la
Présidente, vous comprendrez que beaucoup de questions adressées au ministre de
la Justice ferait un plaisir d'y partager le tape, comme on dit chez nous.
Heureuse qui vous ait répondu. Important de souligner le travail des tribunaux
spécialisés, là, le ministre de la Justice a fait un travail énorme là-dessus.
On doit quand même se féliciter, là, seul endroit au monde où on s'est doté,
entre autres, de bracelets antirapprochement et des tribunaux spécialisés en
violences conjugales, violences sexuelles. On parle ici, Mme la Présidente, de
deux outils phares pour protéger, accompagner les victimes. Côté de l'Europe,
on nous regarde. Je comprends, là, que vous faites référence, entre autres, au
procureur, mais tu sais, le Québec a mis en place quand même des mesures hyper
innovantes. Je viens de faire référence aux tribunaux spécialisés dans
l'implantation des...
Mme Proulx : ...tribunaux
spécialisés, ça nous a permis, M. le député de l'Acadie, de former pas moins de
9 000 intervenants, 9 000 intervenants, intervenantes sur
les réalités que vivent des personnes qui sont victimes de violences sexuelles,
de violences conjugales, de contrôle coercitif. Parlant du contrôle coercitif,
puis je vais faire un peu de millage là-dessus, si vous me le permettez, il y a
des demandes répétées de l'ex-ministre de la Condition féminine, députée de Chutes-de-la-Chaudière.
Mon mandat va se poursuivre également là-dedans. M. le député de l'Acadie, vous
qui avez été sur le terrain pour s'assurer que le PL C-332 puisse poursuivre
son travail auprès du fédéral. Je sais que le ministre fédéral Frazer est... va
déposer quelque chose dans ce sens cette semaine. C'était très préliminaire. Ce
que j'ai entendu à la radio ce matin, on a fouillé et on n'a toujours pas
trouvé, mais soyez assuré que tant le ministre de la Justice que nous à la
Condition féminine, on va s'assurer de continuer de pousser sur le gouvernement
fédéral, parce qu'on l'a fait en septembre dernier, là, de leur demander de
criminaliser le contrôle coercitif puis enfin de reconnaître le féminicide
comme étant un meurtre au premier, porté donc par la députée de Chutes-de-la-Chaudière
et par le ministre de la Justice. Malheureusement, il est tombé, comme vous le
savez, au feuilleton. Mais là, puisque les travaux ont repris, on va surveiller
de très, très près ce que le fédéral va faire.
Ils ont néanmoins multiplié les démarches
auprès du fédéral, mes collègues, pour que le Code criminel soit resserré, des
peines qui reflètent vraiment la gravité des gestes commis. Cesser ces
fameuses, on les appelle soit les peines bonbon ou encore les fameuses peines
Netflix des délinquants sexuels, particulièrement, des peines qui sont purgées
à domicile. Le ministre de la Justice était venu à plusieurs, plusieurs fois
dans les médias, auprès de la population, interpeller le fédéral à plusieurs,
plusieurs reprises pour que ça... que ça change. Également l'idée, Mme la
Présidente, de mettre en place des peines consécutives pour les crimes
multiples. Donc, un criminel ne pourrait donc pas purger des peines multiples
en simultané. On le voit, un exemple hyper concret, Mme la Présidente, un
délinquant condamné à une peine de sept ans, puis a une peine de cinq ans,
bien, il devra purger un total de 12 ans et non de sept. Donc, c'est des
intentions du ministre de la Justice. C'est des intentions qui sont appuyées
par le gouvernement du Québec, mais également par la ministre responsable de la
Condition féminine.
Si jamais les gens ne l'ont pas vu, je le
rappelle, là, pour le contrôle coercitif, cette série extraordinairement
troublante, britannique, Adolescence, si je ne fais pas erreur,
nomination aux Oscars, aux Emmys et aux Tonys. Je pense qu'il n'y a pas une
nomination qui n'a pas été, qui n'a pas été soulevée avec ce documentaire,
bien, en fait, cette série fiction qui se rapproche beaucoup trop à mon avis de
la réalité. Et le premier ministre britannique, qui a d'ailleurs insisté sur le
fait que ça devrait être présenté dans les écoles. Remarquez, dans le cursus
scolaire ici au Québec, là, il y a des indications très claires, là, sur
comment ne pas exercer ou se défaire de ce contrôle coercitif là. Donc, les
gens qui n'auraient pas eu l'occasion de voir cette série-là, troublante,
difficile, Adolescence, bien, sachez, M. le député de l'Acadie, que le
ministre de la Justice entend très bien vos réclamations ce matin puis que les
tribunaux spécialisés, c'est vraiment une étape importante pour aider des
femmes qui sont victimes de violences sexuelles et conjugales.
• (10 h 30) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme Boivin Roy : Merci,
Mme la Présidente. Alors, permettez-moi de développer davantage sur les
tribunaux spécialisés. Je pense que, jusqu'à maintenant, les interventions de
tous collègues confondus, on s'entend pour dire que notre gouvernement est dans
une ère moderne et qu'on en a fait beaucoup pour les femmes. Évidemment, il y
en a encore plus à faire, mais je pense que de s'arrêter un peu sur les
tribunaux spécialisés est... est important de le faire. Mme la Présidente, en
2023, au Québec, 27 082 personnes ont été victimes d'infractions
contre la personne en contexte conjugal, dont 20 590 femmes et
6 492 hommes. Entre 2005 et 2023, le nombre de victimes a augmenté
pour les deux sexes, avec une hausse proportionnellement plus haute chez les
hommes, plus de 125 %, que chez les femmes, plus de 41 %. Mais malgré
cette progression, Mme la Présidente, les femmes demeurent les...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Boivin Roy : ...principales
victimes, elles représentent un peu plus de trois cas sur quatre en 2023, soit
76 %. Maintenant, pour ce qui est des violences sexuelles en 2022, permettez-moi
les statistiques suivantes : 11 904 infractions sexuelles ont été
rapportées par la police et les femmes constituent malheureusement 89 %
des victimes d'agressions sexuelles et 82 % des victimes des autres
infractions d'ordre sexuel. Le taux de femmes victimes d'agressions sexuelles déclarées
par la police, à savoir 157.5 sur 100 000 femmes, est plus de huit fois
supérieur à celui des hommes, soit 19 par 100 000 hommes. Alors évidemment, Mme
la Présidente, il est inimaginable qu'en 2025, ce traitement envers les femmes
soit encore aussi répandu dans notre société, je pense qu'on s'entend tous là-dessus,
ici, aujourd'hui. La souffrance que ces femmes vivent et la peur qu'elles
doivent affronter à la suite de la violence qu'elles ont subie sont bien
réelles et aussi complexes à plusieurs niveaux.
Le Québec est le seul endroit au monde,
comme l'a dit Mme la ministre, à avoir instauré à la fois les bracelets anti-rapprochement
et les tribunaux spécialisés en matière de violences sexuelles et conjugales.
Elles sont deux mesures phares, évidemment, à travers le bouquet de mesures
disponibles qui servent concrètement à protéger et soutenir les femmes. Les tribunaux
spécialisés constituent désormais une source d'inspiration en Europe, comme je
vous le disais tout à l'heure, lors de mon séjour en Islande, récemment,
lorsque je représentais la ministre. Pour ce qui est des bracelets anti-remplacement...
anti-rapprochement, pardon, le taux de dissuasion, Mme la Présidente, est de
95.92 % et c'est un budget de 41,5 millions sur cinq ans, alors jusqu'à
maintenant, ça démontre une efficacité qui est certaine, et pour ce qui est des
tribunaux spécialisés, eh bien, la création de tels tribunaux faisait partie
des recommandations du rapport Rebâtir la confiance. En 2021, notre collègue, M.
le ministre de la Justice, a fait adopter une loi autorisant leur mise en
place. Alors, il y avait cet objectif, Mme la Présidente, renforcer la
confiance des victimes de violences sexuelles et conjugales envers le système
de justice en mettant en place des mesures favorisant l'engagement et la
poursuite d'un parcours judiciaire pour celles qui le souhaitent. Et je vois le
temps qui passe, mais je vais quand même me permettre de vous énumérer les
autres, les autres objectifs de la loi. Alors, le deuxième objectif :
offrir des services intégrés et adaptés, tant psychosociaux que judiciaires,
aménager des espaces sécuritaires et réduire les délais de traitement des
dossiers. Troisième objectif de la loi : garantir un traitement
particulier des poursuites liées à la violence sexuelle et conjugale ainsi que
la formation continue du personnel afin de limiter la victimisation secondaire
et éviter toute minimisation ou insensibilité tout au cours du processus. D'ailleurs,
Mme la ministre a parlé des milliers d'agents sociaux juridiques qui ont été
formés à cet égard. Quatrième objectif de la loi : prendre en compte les
besoins spécifiques des victimes tout au long de leur cheminement, y compris
dans l'évaluation de leurs attentes durant le processus judiciaire. Cinquième
objectif : assurer un engagement spécialisé et dévoué en maintenant la
compétence des équipes grâce à leur formation continue. Sixième et septième objectifs :
privilégier le traitement par un même procureur et adapter l'accompagnement aux
réalités.
Mme la Présidente, jusqu'à maintenant, il y a 26
districts judiciaires sur 36 qui ont leur tribunal spécialisé, d'ailleurs à
Montréal, le 31 octobre dernier, nous avons procédé à l'inauguration de celui
de Montréal. Il y aura d'autres annonces qui seront faites d'ici la fin de l'automne,
et évidemment, vous savez que dans sa première année, le tribunal spécialisé a
accompagné 8000 victimes de violences conjugales et de violences sexuelles.
Alors, il n'y a pas un moment où la victime est seule du dépôt de la plainte à
la police à la fin de la procédure dans une cour de justice. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. On débute maintenant la quatrième
série d'interventions avec la députée de Terrebonne, la ministre, et on va terminer
avec la députée de Châteauguay. Les cinq premières minutes sont les vôtres, Mme
la députée de Terrebonne.
Mme Gentilcore : Merci, Mme
la Présidente, écoutez, je suis ici, comme vous tous réunis aujourd'hui, pour
dénoncer une crise qui est bien réelle, celle de la violence faite aux femmes. Au
Québec, en ce moment, et malgré les promesses, les plans d'action, les
déclarations qui ont été faites par le gouvernement dans les dernières années,
la réalité quotidienne de milliers de Québécoises en est une de précarité, de
peur et d'insécurité. C'est le temps de regarder cette réalité-là bien en face.
Donc, d'abord, parlons, évidemment, de violences conjugales, au sens propre, c'est
une véritable crise sociale qui secoue le Québec, qui gagne de plus en plus de
terrain, et je pense qu'on peut en convenir, quand il y a une femme courageuse
qui prend la décision vitale de fuir son agresseur, il faut qu'elle puisse
trouver refuge...
Mme Gentilcore : ...c'est le
contrat social qui nous unit avec nos citoyennes depuis des décennies, au
Québec, et, en ce moment, on n'arrive pas à remplir ce contrat social là. La
pénurie de places dans les maisons d'hébergement, c'est un enjeu national qui
ne fait que s'aggraver dans les dernières années. En 2024‑2025, SOS Violence
conjugale a reçu plus de 60 000 signalements, donc, demandes d'aide, en
fait, pour des femmes en situation de violence conjugale. Ils nous ont avoué ne
jamais avoir reçu un nombre aussi élevé de demandes depuis leur création. Donc,
même si les chiffres précis de refus en maison d'hébergement pour 2024 ne sont
pas consolidés... D'ailleurs, j'aimerais rappeler que j'ai fait cette
demande-là lors de l'étude des crédits. Je l'ai faite, dans un premier temps,
au ministre des Services sociaux, à l'époque, qui m'avait dit de me référer à
la ministre de la Condition féminine, à l'époque, qui, elle, m'avait dit aussi
de me référer au ministre des Services sociaux. Donc, finalement, on n'avait
pas eu ce chiffre-là, du nombre des refus concrets dans les maisons
d'hébergement en 2024, mais ce que je peux dire, c'est que les regroupements se
sont tous entendus pour nous dire que c'est un taux de refus record qu'on a
connu en 2024. Donc le gouvernement est responsable de cet échec-là, qui laisse
les victimes face à l'impasse, en ce moment, les victimes de violence
conjugale. E
Ensuite de ça, on en a parlé un peu, le
système de justice qui est miné, miné par un manque de rigueur criant envers
les récidivistes en matière de violence conjugale. Encore hier matin, on
apprenait qu'un homme accusé de harcèlement criminel et de communication
harcelante a été remis en liberté, lui qui a contrevenu quatre fois à des
interdictions de contact, en plus d'enfreindre deux autres conditions. Il
pourra enlever son bracelet antirapprochement pour pouvoir aller passer l'hiver
en Floride. Je ne sais pas si vous avez vu ça passer, mais, à un moment donné,
quand on admet ça, je pense qu'on peut se dire qu'on a un problème,
collectivement, là. Comment on peut... comment on peut faire passer devant le
besoin de cet homme d'aller passer l'hiver en Floride, plutôt que de protéger
la femme qui devait l'être? Donc. après ça, on se demande pourquoi les femmes
perdent confiance en notre système de justice. Je pense qu'on a une piste de
réflexion ici.
En 2023, les femmes représentaient
76 % des victimes d'infractions contre la personne commises en contexte de
violence... en contexte conjugal au Québec. Donc, je pense qu'un des véritables
échecs qu'on vit en ce moment, c'est dans notre incapacité à vraiment prévenir
le récidiviste, donc la récidive. Prenons l'exemple, encore une fois, tragique,
de Gaby Renaud, qui a eu lieu il n'y a pas si longtemps que ça, assassinée par
son ex-conjoint en 2023. On le sait, maintenant, cet homme-là est un
multirécidiviste en série, libre, malgré de graves antécédents de violence
envers d'autres femmes et d'anciennes conjointes. Le fait qu'un individu avec
un tel passif puisse circuler librement, sans surveillance adéquate après un
historique de violence aussi lourd, c'est la preuve que le système judiciaire a
échoué à protéger nos victimes. Donc, nos lois, nos jugements, notre
surveillance sont vraiment défaillants.
Ensuite de ça, j'aimerais aborder
évidemment l'itinérance au féminin, un phénomène qui est majoritairement caché.
Les femmes sont des milliers à errer de sofa en sofa, à tolérer des abus, voire
la violence d'un partenaire ou d'un propriétaire, simplement pour ne pas dormir
dans la rue. L'itinérance des femmes est le résultat direct de la violence.
81... 91 % des femmes en situation d'itinérance ont vécu une agression au
cours de leur vie. Pourtant, on ne voit pas de mesures réelles mises en place
pour les femmes en situation d'itinérance. On doit de toute urgence revoir
précisément la méthode de la méthode de dénombrement de l'itinérance.
L'approche actuelle, trop souvent, elle est limitée aux personnes qui sont
visibles dans la rue. Ça occulte l'itinérance cachée des femmes. Et tant que
nos chiffres ne vont pas refléter cette réalité-là, bien, nos solutions ne
pourront pas être développées sur mesure et être efficaces pour ces femmes-là.
Donc, on a vraiment besoin de solutions sur mesure.
Donc, je pourrais continuer encore très
longtemps, Mme la Présidente, mais le temps m'est limité. Donc, ma question
pour... en fait, j'ai une question en deux volets pour Mme la ministre, ma
première question : C'est quoi les nouvelles mesures qui vont être mises
en place à court terme pour protéger les femmes du Québec? Et question
complémentaire, pour faire référence à ce que je disais au départ : Est-ce
qu'on peut... est-ce que vous pouvez déposer, justement, le bilan de 2024 par
rapport aux refus dans les maisons d'hébergement, combien il y a eu de refus,
finalement, dans nos maisons d'hébergement en 2024?
• (10 h 40) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la ministre.
Mme Proulx : ...quatre
heures, ce matin, en lisant Le Nouvelliste, la Cour autorise à retirer
son bracelet antirapprochement pour qu'il passe l'hiver en Floride, une
décision du juge Trudel. C'est une décision de juge que je ne peux pas... puis
que je ne commenterai pas, mais disons que j'ai été étonnée, hein, je suis à la
même place que vous là-dessus.
Lorsque vous parlez du contrat social pour
les MH-2, je vais faire un léger détour, il y a une volonté, il y a un
engagement du gouvernement du Québec, de la part de la présidente du Conseil du
trésor, un grand chantier de révision des programmes pour les rendre plus
simples, plus accessibles, entre autres, pour la construction des maisons
d'hébergement 1 ou 2. Chez nous, à la SHQ, on...
Mme Proulx : ...de plus de 26
programmes, si je ne fais pas erreur, 26 programmes. L'idée, c'est
mieux... hein, peut-être fusionner des programmes ensemble pour qu'il y ait
moins de redditions de comptes, que ce soit plus simple pour les organismes de
pouvoir avoir accès à du financement. C'est vraiment l'objectif de la
présidente du Conseil du trésor, puis je vais la suivre vraiment là-dedans pour
s'assurer que nos programmes du mandataire de SHQ soient plus clairs, soient
plus simples, soient plus facilement applicables, particulièrement avec
l'arrivée du fédéral avec Maison Canada. Quoique ma compréhension jusqu'à
maintenant, c'est qu'ils n'iront pas dans les maisons d'hébergement. Reste à
voir le détail en filigrane du programme fédéral. Mon directeur de cabinet les
a rencontrés vendredi dernier, sauf erreur, jeudi ou vendredi dernier, puis on
poursuit encore les conversations là-dessus. Donc, oui, l'objectif, c'est de
rendre ça vraiment beaucoup plus simple et beaucoup plus rapide.
Votre première question, c'était quoi,
vous?
Mme Gentilcore : Les mesures
concrètes que vous allez mettre en place dans l'immédiat pour aider les femmes?
Puis sinon, ma petite question par rapport aux taux de refus dans les maisons
d'hébergement.
Mme Proulx : Oui, merci,
merci.
Mme Gentilcore : Pas de
problème.
Mme Proulx : Cellule
d'intervention rapide, ça, on s'entend que c'est un filet extraordinairement
important pour la sécurité autour de la victime de violence conjugale puis de
son entourage. Ce n'est pas que les MH sont... en fait, ce n'est pas que la
solution repose uniquement dans les maisons d'hébergement. Les cellules
d'intervention rapide, ça le dit, là, il y a deux groupes de femmes qui sont
visées par ces cellules d'intervention là, viennent directement, donc, aider
les femmes à sortir d'un milieu qui est hautement toxique. La cellule va réunir
des intervenants d'un peu partout, on va parler entre autres des procureurs.
Vous faisiez référence, M. le député de la l'Acadie, plus tôt, au procureur.
Les services policiers, les policières qui vont aller directement sur le
terrain. Des organismes communautaires qui oeuvrent auprès des victimes ou des
auteurs de violence. Évidemment, les centres... les centres intégrés
universitaires de santé et des services sociaux sont dans l'équation.
Donc, ces cellules, ces cellules
d'intervention rapide, sont à peu près dans toutes les régions, 17 régions
administratives du Québec. Là, ce qu'on fait depuis 2024... 2024-2025, on veut
la coordination des cellules d'intervention pour du financement qui est
récurrent, qui va pérenniser ce mécanisme-là qui permet de sauver des vies.
Oui, aux maisons d'hébergement, mais il y a d'autres mesures qui ont été mises
en place par le gouvernement du Québec, à travers le secrétariat, qui permet
donc de sauver des vies et que pour ces femmes-là et ces enfants-là n'aient pas
besoin d'aller dans des maisons d'hébergement. Donc, ces cellules-là sont
extraordinairement importantes. Il y a aussi l'aide financière d'urgence, ce
qu'on appelle l'AFU, qui permet à une personne qui est victime de violence
conjugale, pour elle et ses enfants, son entourage, là, de pouvoir quitter
rapidement un milieu qui est dangereux.
Filet de sécurité là aussi. Donc, pas
nécessairement besoin d'aller dans une maison d'hébergement. Ces programmes
d'aide financière là, c'est un service qui est administré, entre autres par les
organismes que vous connaissez, entre autres par SOS violence conjugale et
Info-aide violence sexuelle. Intervenants de première ligne, policières,
policiers, maisons d'hébergement, les centres d'aide aux victimes. On peut
contacter 24/7, là, 24 heures sur 24, sept jours sur sept pour donc venir
aider ces femmes-là.
On s'assure aussi que tout au long du
processus que les femmes, les personnes qui sont victimes soient accompagnées
par une intervenante de terrain. Vous parliez tantôt que vous souhaitiez que les
procureurs soient sur le terrain. Dans ce cas-ci, il y a des intervenantes
terrain, policiers, policières, maisons d'hébergement...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci.
Mme Proulx : ...CAVAC, qui
sont là pour accompagner.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. On termine cette première... cette autre
ronde d'interventions avec la députée de Châteauguay.
Mme Gendron : Merci, Mme la
Présidente. On a parlé de sécurité, de protection, mais, maintenant, j'aimerais
aborder le sujet du pouvoir, du pouvoir parce que je pense que la véritable
égalité des femmes vient également du pouvoir qu'elles ont, du pouvoir de
décision qu'elles ont, mais de choisir la vie qu'elles veulent, mais également
de pouvoir influencer et de s'accomplir dans la société. Je pense que c'est
exactement aussi où est-ce qu'on s'en va en tant que gouvernement et où est-ce
qu'on... qu'est-ce qu'on s'emploie à faire, de renforcir, entre autres...
Mme Gendron : ...entre
autres... l'autonomie économique et le leadership des femmes, là, du Québec. En
fait, les Québécoises sont aujourd'hui plus représentées que jamais sur le
marché du travail. Elles représentent plus de la moitié de la population active
et le taux d'emploi des femmes est le plus haut au monde. Ces progrès-là, ça ne
s'est pas fait tout seul. En fait, c'est des choix politiques courageux qui ont
été faits, comme entre autres, notre service de garde subventionné qui a
libéré, entre autres, des milliers de femmes à faire un choix pour le dilemme
famille-carrière.
J'ai eu la chance de faire une
présentation lors d'une conférence aux États-Unis il y a quelques mois, puis
nous faisions des jaloux partout dans le monde sur la place que prend les
femmes au sein de la société. Donc, c'est ce qu'on continue à faire, c'est ce
qu'on travaille en tant que gouvernement. C'est sûr que l'égalité économique
n'est pas encore atteinte. Trop de femmes se retrouvent encore dans des emplois
précaires, dans des emplois sous-payés et des secteurs traditionnellement
féminins où la progression, malheureusement, est plus lente. C'est pourquoi
qu'on a agi à la source. On encourage les femmes à intégrer, comme j'ai dit un
peu plus tôt, des métiers moins traditionnellement féminins, donc la
technologie, l'ingénierie, les métiers du bâtiment, cybersécurité, à travers
des programmes du Secrétariat à la condition féminine, mais aussi à travers le
ministère du Travail, de l'Éducation et de l'Économie, bien sûr. On multiplie
les initiatives pour diversifier justement le parcours de ces femmes-là.
Pensons, entre autres, aux femmes en économie qui visent à croître la
participation des femmes à la vie économique et de soutenir leur
entrepreneuriat. Le résultat est là, de plus en plus de femmes, entre autres,
dirigent leur propre entreprise, siègent à des conseils d'administration et
assument des rôles de direction d'organismes publics, mais aussi d'organismes
privés.
Je veux aussi en même... dans le même
sujet parler du leadership au féminin dans la sphère publique. L'Assemblée
nationale, entre autres, compte une représentation féminine inégalée,
historique, et chaque siège occupé par une femme, bien je crois que ça vient
aussi d'un engagement collectif. Sous la direction du premier ministre et de la
ministre responsable de la condition féminine, c'est de continuer à ouvrir ces
portes-là aux femmes du Québec. Nous favorisons, oui, entre autres, la présence
des femmes dans les conseils d'administration dans les sociétés d'État, et nous
soutenons la formation, justement, des nouveaux leaders qui pourront,
justement, avoir un parcours féminin en politique, en éducation, en santé, en
économie.
En fait, je pense que les femmes doivent
s'épanouir dans ces rôles-là. Et puis il faut aussi alléger leur charge
mentale. C'est pourquoi nous travaillons aussi activement à renforcer les
mesures de conciliation travail-famille et de soutenir les entreprises,
justement, qui innovent en matière de flexibilité du travail. Parce que la
réalité, c'est que l'égalité professionnelle passe aussi par une meilleure
répartition des responsabilités familiales. Entre autres, pour les soutenir, le
Régime québécois d'assurance parentale permet aux deux parents, comme Mme la
ministre le nommait un peu plus tôt, de partager de façon plus équitable les
congés. Et puis c'est encore une fois un modèle qui en inspire plus d'un
ailleurs dans le monde. Cette autonomie, elle ne profite pas juste aux femmes,
elle profite à toute la société. Une société plus égalitaire, c'est aussi une
société plus prospère. Chaque femme qui réussit, c'est une communauté qui
s'enrichit. Chaque jeune fille qui vit un grand rêve, c'est un Québec qui se
projette plus loin vers l'égalité homme-femme. Quand on dit que notre
gouvernement n'en fait à moitié pour les femmes, bien je répondrais sans
hésiter que nous, ici au Québec, on fait beaucoup pour les femmes, mais je
pense aussi qu'on en est très fiers. Et en fait, pour les protéger, pour les
sécuriser, pour leur autonomie et pour leur avenir, on va continuer à le faire
parce que ces convictions, ça fait partie de notre ADN, nous ici, sur la
banquette gouvernementale. Et on va continuer... on va continuer à le faire
avec une grande conviction, avec cœur, détermination, parce que l'égalité n'est
pas une fin, mais ça reste un travail de tous les jours. Merci, Mme la
Présidente.
• (10 h 50) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. On est rendu à la cinquième série
d'interventions, et on revient à la députée de Robert-Baldwin pour cinq minutes.
Mme Garceau : Merci, Mme la
Présidente. Je vous ai écouté, Mesdames, merci pour vos interventions, très
attentivement. Mais on a un sérieux problème au Québec. On a un sérieux
problème au Québec. Il y a une raison pour laquelle le Regroupement des maisons
d'hébergement a...
Mme Garceau : ...cette
campagne, Qu'on ne protège pas les femmes à moitié, ils l'ont fait... ils ne
l'ont pas fait pour rien. Ils l'ont fait parce qu'il y a un nombre record de
féminicides, elles l'ont fait parce que nos maisons d'hébergement ont atteint
leur capacité, il y en a plusieurs qui sont rendus à 150 % de capacité. On
l'a fait, cette campagne-là, parce qu'on a les services externes qui ne peuvent
plus répondre aux besoins, aux demandes. Et ce n'est pas seulement des femmes
qui sont victimes de violence conjugale, c'est aussi des filles, des
adolescents. Et parlons des programmes en sensibilisation dans nos écoles, il y
a eu une augmentation de 148 %. Les maisons d'hébergement, ils vont dans
les écoles pour faire des cours de sensibilisation. 148 % d'augmentation,
une femme sur... une fille, une ado sur cinq va avoir subi de la violence
sexuelle avant l'âge de 18 ans. On a des maisons d'hébergement, on n'en a pas
assez, on est en train de faire du rattrapage parce qu'on avait... jusqu'à tout
récemment, on n'avait même pas analysé les données en ce qui a trait aux refus
d'hébergement, le nombre de refus au Québec. Et là, on est en train de
regarder, on a finalement analysé 2024, jusqu'à 2024. Mais est-ce que vous
comprenez? En ce qui a trait aux 30 projets, et on n'a même pas parlé, ces 30
projets là, là, qui découlent de la promesse du gouvernement caquiste depuis
2021, que oui, on va mettre des mesures en place pour protéger les femmes qui
sont victimes de violence conjugale, et oui, on va s'assurer d'avoir des
maisons d'hébergement pour les protéger, pour qu'elles puissent avoir un toit,
pour qu'elles puissent avoir le soutien psychologique qu'elles ont besoin pour
s'en sortir, pour se reconstruire, pour avoir confiance en soi.
Mais là, le problème c'est qu'on ne peut
plus rencontrer les besoins. Et oui, c'est très bien, la publicité, c'est ça
qu'on voulait. On voulait, en 2020-2021, que les femmes dénoncent, qu'elles
sortent de leur maison toxique, cet environnement de violence. Mais là, on ne
peut plus rencontrer les demandes de ces femmes qui sont violentées! Et aussi,
que ça soit le physique, que ça soit le psychologique, parce qu'on voit l'enjeu
du contrôle coercitif, et je suis très contente d'entendre la ministre... que
oui, on va maintenir la pression sur le fédéral, que ça soit criminalisé, le
contrôle coercitif et que le féminicide soit une infraction criminelle, c'est
très bien. Mais qu'est ce qu'on fait, ici au Québec, pour protéger, en ce moment,
les femmes qui se font dire, quand elles appellent SOS Violences
conjugales : Je n'ai pas de place pour vous aujourd'hui, rappelez-nous
demain. Qu'est-ce qu'on dit aux femmes lorsqu'elles appellent une maison
d'hébergement? Elles veulent quitter un environnement toxique de violence et on
se fait dire : Malheureusement, on n'a pas d'intervenante pour vous avant
six mois. Il est là le problème, et sans financement, sans une augmentation du
financement du PSOC, on ne pourra pas répondre à ces besoins-là et on va en
échapper, on va en perdre, des femmes, il va y en avoir d'autres, féminicides.
On est rendus là, Mme la ministre, et c'est pour ça qu'on n'a, d'un côté, pas
d'autres investissements dans les maisons d'hébergement depuis trois ans. Et
c'est pour ça qu'il y a eu toutes ces rencontres là, pour dire, pour vous
demander : s'il vous plaît, aidez-nous à aider ces femmes et à aider ces
filles. On a besoin d'un financement supplémentaire, c'est urgent. Ça, c'est
une chose, après ça, il y a...
La Présidente
(Mme Lecours, Les Plaines)
: Merci. Merci.
Mme Garceau : ...toute la
question des maisons d'hébergement, j'y reviendrai.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. On... la réplique, Mme la ministre, pour 5
min.
Mme Proulx : Merci, Mme la
Présidente. Maisons d'hébergement dans nos écoles. Recrudescence du discours
misogyne dans nos écoles, avec les influenceurs, les influenceuses,
particulièrement populaires auprès des...
Mme Proulx : ...je n'ose
même pas penser à ce que l'intelligence artificielle pourrait faire pour venir
nourrir cette recrudescence de discours misogyne. Je reviens sur la série Adolescence.
Si vous ne l'avez pas vu, «brace yourself», comme diraient les Chinois, parce
que c'est quelque chose, mais c'est vraiment une série qui doit être présentée
aux parents puis aux enfants. Tous ces jeunes hommes là qui exercent un
contrôle sur leur copine, ils ont 14, 15 ans, 16 ans. Donc, quand les
maisons d'hébergement vont dans nos écoles, c'est un exercice qui est
extraordinairement important pour continuer d'expliquer à nos garçons puis nous
aussi, les parents, les grands-parents, la grand-tante que je suis, d'expliquer
à nos filles et garçons qu'il doit y avoir, et on doit continuer d'avoir des
rapports égalitaires entre les hommes et les femmes, lutte aux stéréotypes,
promotion de rapports égalitaires dès le plus jeune âge. C'est indispensable,
indispensable pour l'égalité entre les hommes et les femmes et éviter que ces
femmes-là se... ces femmes-là soient victimes de violences conjugales, de
violences sexuelles, de mesures coercitives qui lèvent littéralement le coeur,
des menaces, des cybermenaces. Il n'y a pas une d'entre nous qui n'avait pas
été attaquée ici, là, sur nos réseaux sociaux. La députée de Sherbrooke l'a eu
de façon assez violente, je l'ai aussi en pleine pandémie. Sûrement les
collègues députés ici, vous aussi, avons été victimes de cette
cyberviolence-là. Bref, tout ça pour dire que oui, les maisons d'hébergement
dans nos écoles, c'est impératif.
Puis quand on parle de la prévention
jeunesse, la ministre responsable de l'Éducation s'assure que notamment,
notamment, la prévention de la violence conjugale, violence sexuelle, ce sont
des contenus obligatoires en matière d'éducation à la sexualité. Mais toute la
notion de consentement, de violence dans les relations intimes... intimes,
pardon, les stéréotypes sexuels, les genres sont... sont abordés. Bref, les
parents, les grand-tantes, les grands-parents, on a tous cette responsabilité-là.
Et c'est là aussi, au-delà de l'action des maisons d'hébergement où on a besoin
de... on a besoin des hommes. Quand vous êtes témoins dans une conversation, un
party, une discussion, un bureau d'un mononcle, je vais le dire, Mme la
Présidente, d'un mononcle qui y va de commentaires violents, dégradants, de
vous lever et d'intervenir auprès de cette personne-là pour s'assurer que, là,
à un moment donné, comme dirait l'autre, assez, c'est assez.
Vous avez parlé du PSOC. Je souhaite y
revenir, là. Reste peu de temps. J'y ai fait référence tout à l'heure, mais le
PSOC, c'est 3,6 millions de plus cette année en services, là, qui sont
dispensés à travers le ministère de la Santé et des Services sociaux et la
ministre responsable de la Santé et des Services sociaux, de l'aide externe,
des outils, des accompagnateurs qui sont bien formés pour aider à
l'accompagnement de quitter le milieu. Tous les députés ici des oppositions,
vous l'avez mentionné un peu plus tôt, comment c'est difficile de pouvoir
quitter un milieu qui est toxique et violent. Bien, ces sommes là, ça aide à
former des gens qui vont accompagner les femmes, leur enfant, à quitter donc ce
milieu-là qui est... qui est très violent.
En terminant, tu sais, le financement...
Et la députée de Sherbrooke, vous avez dit tantôt : Je n'irai pas sur les
chiffres. Vous avez raison, puisque c'est des histoires de cœur, c'est des
histoires de femmes, c'est des histoires qui sont particulièrement troublantes.
Reste qu'on ne peut pas ne pas associer le financement aux actions que des
gouvernements doivent prendre pour répondre aux besoins des femmes qui sont
victimes de violence. 77 à 160 millions entre le précédent gouvernement et
le nôtre.
• (11 heures) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
Mme Proulx : Donc, on
parle de 160... 108 %. Je pense que ça fait la démonstration, Mme la
Présidente, qu'on prend ce dossier là très au sérieux.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Merci beaucoup. On termine cette série avec la
députée d'Anjou—Louis-Riel pour 30 minutes.
Mme Blanchette Vézina :
...Mme la Présidente. Alors, permettez-moi de revenir sur mon intervention
précédente et terminer ma réponse au député de l'Acadie. Alors, je m'apprêtais
à vous parler de la réforme majeure...
11 h (version non révisée)
Mme Boivin Roy : ...le régime
de l'indemnisation des victimes d'actes criminels, donc, communément appelé l'IVAC.
Alors, juste pour vous rappeler que nous avons aboli le délai maximal pour
présenter une demande à l'IVAC en cas de violence conjugale, violence sexuelle
ou subies durant l'enfance. Alors, les personnes victimes peuvent aussi faire
une demande de soutien lorsqu'elles se sentent véritablement prêtes à le faire.
En 2021, pour favoriser l'accès à l'aide
juridique aux personnes victimes, notre gouvernement a déployé la ligne
téléphonique 1-833, Rebâtir, Mme la Présidente. C'est une ressource qui est
offerte... qui offre, en fait, quatre heures de consultation juridique avec un
avocat de l'aide juridique aux personnes victimes de violence conjugale ou
violence sexuelle, et c'est un service qui est gratuit. Depuis son déploiement,
le programme a offert plus de 89 000 consultations à près de 21 400
victimes, pour une grande variété d'enjeux, Mme la Présidente, que ce soit au
niveau familial, criminel, civil, immigration, jeunesse, logement, bref, la panoplie
est large.
Maintenant, Mme la Présidente, permettez-moi
de terminer... Pour le bénéfice des gens qui écoutent notre interpellation
aujourd'hui, la condition féminine, ça ne se résume pas à la lutte contre la
violence, ça passe aussi par l'autonomie économique, l'égalité professionnelle
et la conciliation travail-famille. Et, dans cette foulée, nous consolidons le
réseau des services de garde éducatifs à l'enfance, pilier de l'émancipation
des Québécoises depuis 1997. C'est pourquoi le Régime québécois d'assurance
parentale permet à chaque parent de partager le congé, favorisant une égalité
réelle dans la parentalité, et c'est pourquoi nous avons renforcé aussi, Mme la
Présidente, le Secrétariat à la condition féminine en doublant presque son
budget et en augmentant ses effectifs de manière significative.
Et, bien sûr, on ne peut pas parler de la
protection des droits des femmes sans aborder le droit à l'avortement. L'année
dernière, la précédente ministre responsable de la Condition féminine avait
déposé le Plan d'action gouvernemental sur l'accès à l'avortement 2024‑2027. La
ministre avait bien exprimé ses intentions lors de l'annonce de ce plan d'action.
Permettez-moi de la citer, Mme la Présidente. Alors, la ministre avait dit :
Si nous célébrons les avancées réalisées au Québec pour les femmes, le travail
de consultation que j'ai entamé en 2023 démontre qu'il reste du travail à faire
en la matière. Avec ce plan d'action gouvernemental, le Québec pose un geste
concret pour réaffirmer ce droit fondamental pour les Québécoises. En agissant
sur l'accès à l'avortement, nous bâtissons une société plus juste, où les
femmes peuvent choisir librement.
Alors, c'est un plan, Mme la Présidente,
qui vise à améliorer l'accès aux services d'avortement dans toutes les régions
du Québec, soutenir la création, bien sûr, de nouveaux points de services, hein,
parce qu'on sait qu'entre autres la problématique, c'était que les femmes avaient
des centaines de kilomètres à parcourir pour avoir accès à un point de service.
C'est aussi de permettre la prescription de la pilule abortive par davantage de
professionnels de la santé. Évidemment, que l'information soit là aussi, la
bonne information, parce que vous savez qu'on travaille aussi contre la
désinformation. Le service permet aussi de déployer, donc, la télésanté pour
faciliter l'accès à la pilule abortive. Et, enfin, il y a aussi la question,
comme je vous disais, de sensibiliser le public à l'importance du libre choix.
Je pense qu'on est un gouvernement pro-choix, il faut le dire. Notre
gouvernement est sensible au recul que le droit vit pour les femmes à travers
le monde. Je pense qu'on a vu différentes situations, que ce soit en Hongrie,
en Italie ou aux États-Unis, évidemment, notre voisin du Sud. Donc, notre plan
permet vraiment de démontrer que nos actions suivent nos paroles. Et nous avons
mis du concret sur la table, Mme la Présidente, 7,5 millions de dollars
qui vont servir à la mise en œuvre de ce plan. Alors l'égalité entre les femmes
et les hommes, bien, ce n'est pas un slogan, c'est un chantier en mouvement, et
notre gouvernement en est le moteur.
Nous reconnaissons, je pense qu'on l'a
dit, aujourd'hui, qu'il reste bien sûr du travail à faire pour les femmes
issues des minorités culturelles, des femmes autochtones. Je sais que notre
collègue de l'Acadie y est sensible, les femmes en situation de handicap qui
vivent en région, mais nous avançons, Mme la Présidente, nous avançons
ensemble. Et à ceux qui nous disent que nous faisons le travail à moitié, bien,
nous disons plutôt que nous faisons les choses à fond, Mme la Présidente, avec
conviction, avec écoute, avec sensibilité et surtout avec des résultats
concrets...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
Mme Boivin Roy : ...et, en
terminant, bien, évidemment, parce que derrière chaque politique, chaque budget
et chaque réforme, il y a des femmes et des femmes qui veulent être libres, des
femmes qui veulent être respectées, en sécurité et reconnues à leur...
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Merci beaucoup. Toute petite dernière intervention avec le député de Robert-Baldwin...
voyons, non, de l'Acadie, je...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...pour 1 minute 30.
M. Morin : Merci. Alors,
revenons justement à la situation des procureurs et des... et des victimes.
Dans sa réponse, M. le ministre souligne qu'il rencontre, bien sûr, les
procureurs lorsqu'il inaugure les tribunaux spécialisés, vous y avez fait
référence, Mme la députée d'Anjou. Il souligne également qu'il faut un
environnement de travail sain. Alors, moi, j'ai obtenu copie d'un rapport de la
CNESST qui dit, justement, qu'il y a des enjeux de sécurité, notamment au
niveau de la sécurité des victimes à Montréal. Alors, ça, c'est quelque chose
d'excessivement concret. Elle croise des présumés accusés et que les procureurs
sont parfois obligés de faire des interventions avec les constables spéciaux
pour assurer la sécurité des gens.
Hier, le président de l'Association des
procureurs aux poursuites criminelles et pénales écrivait à nouveau au premier
ministre, au ministre de la Sécurité publique et au ministre de la Justice pour
leur dire : Là, arrêtez de nous dire que vous mettez de l'argent, ça ne
fonctionne pas. Les tribunaux spécialisés, ça ne fonctionne pas. Il y a des
embûches. Alors, il faut des gens et il faut aller voir les gens sur le
terrain. Moi, j'invite Mme la ministre ainsi que le ministre de la Justice à
aller voir comment ça se passe sur le terrain. Je ne vous parlerai pas de la
réalité du Nord, je n'aurai pas le temps ni des relations avec les Premières
Nations, mais sachez, Mme la ministre, que c'est pire. Et je termine...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : En terminant.
M. Morin : ...en terminant,
dans votre secrétariat, vous avez une politique sur l'ADS+, s'il vous plaît,
veuillez convaincre vos collègues de l'utiliser. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Alors, on conclut cette interpellation,
d'abord, avec la ministre pour 10 minutes. Allez-y.
• (11 h 10) •
Mme Proulx : Mme la
Présidente, je n'ai pas entendu votre dernière question, vous me la filerez en
sortant d'ici. Je suis désolée, je suis dure de la feuille. Trop d'écouteurs.
Merci. Conditions féminines, progression de l'égalité, c'est l'affaire de tout
le monde. C'est l'affaire des hommes. C'est l'affaire des femmes. Et puis,
étonnamment, je vais m'arrêter sur le fait qu'on a vraiment besoin de vous, les
gars, les hommes, pour être nos alliés quand on vous fait rentrer dans des
conversations avec nous, bien, qu'on va permettre aux femmes de prendre encore
davantage leur place. Il faut que les hommes soient capables d'agir devant
leurs chums, même s'il est un peu en boisson, envers la conjointe, guider,
parler, en bon québécois, le redresser un peu. Tu sais, les hommes qui ont...
qui ont besoin d'aide, il y en a. Puis demander de l'aide, ce n'est pas un
signe de faiblesse. Et j'en sais quelque chose. C'est important de demander de
l'aide. On le reconnaît en dedans, là, on le sait, là, quand on est sur une
pelure de banane, quand ça ne va pas, quand il y a trop de monde dans ta tête.
Demander de l'aide, c'est la première chose que vous devriez faire. Puis aller
voir votre meilleur chum, meilleur chum de fille. Les gars, vous avez tous une
meilleure chum de filles. Puis nous, à la condition féminine, on va continuer
de faire notre job pour faire connaître les organismes qui peuvent accompagner
les hommes dans leur détresse, dans leurs problèmes de violence à l'égard des
femmes, puis des hommes aussi, qui sont victimes de violence. Mme la
Présidente, c'est encore un peu un sujet tabou. On va se le dire. Pourtant, les
conséquences de l'abus chez des hommes, ça pèse lourd, là. Il y a de la
détresse psychologique, il y a de la violence, des difficultés sociales. Encore
là, les hommes ont des... ont des ressources pour venir les aider.
Tout ça pour dire que vous travaillez
ensemble, là. Quand on est à la condition féminine, ce n'est pas qu'on barre la
porte aux hommes. Au contraire, on a besoin de votre voix pour s'adresser à vos
collègues, pour dénoncer des gestes, des paroles qui sont sexistes, qui sont
violentes. Travailler dans des salles de nouvelles, je vous dis, heureusement,
ça a changé. On le voit, le progrès. Puis de faire en sorte que cet
accompagnement des hommes-là, bien, ça nous permet, nous, aux femmes, d'accéder
à des grandes ambitions de fameux plafond de verre que tous ensemble, on peut à
la fois faire briser.
Moi, je suis heureuse de voir comment on a
agi de façon proactive... de violence. Le fameux rapport transpartisan qui est
extraordinaire, un travail exceptionnellement rigoureux. On ait quand même
répondu à 169 de 190 recommandations. Ce n'est pas rien, Mme la Présidente. En
peu de temps, les tribunaux spécialisés, les bracelets...
Mme Proulx : ...anti-rapprochements,
seul endroit au monde où on a ça. Ma collègue d'Anjou est allée en Europe, vous
l'avez mentionné plus tôt, comment l'Europe nous regarde en disant : Wow,
le Québec, comment avez vous réussi à accomplir ça pour les femmes? On est une
inspiration, puis on doit continuer d'être cette inspiration là pour le monde
entier, les... les bracelets, c'est augmenter le sentiment de sécurité pour la
femme qui en a été victime, prévenir des nouvelles infractions, surtout
soutenir l'intervention policière en cas de rapprochement. L'Alliance des
maisons d'hébergement de deuxième étape, aussi, un dispositif qui étoffe
l'arsenal de toutes les mesures qu'on a mises en place, Mme la Présidente, pour
endiguer les violences. 30 septembre 2025, tout récent, 1270 bracelets
anti-rapprochement ont été ordonnés depuis leur implantation... déployés dans
17 régions du Québec depuis septembre 2023, on s'assure que chaque bracelet qui
est posé a un effet suffisamment dissuasif pour permettre de sauver des vies de
femmes et de les empêcher, les prévenir, Mme la Présidente, d'aller dans ces
maisons d'hébergement, malgré le fait que ça fasse partie de notre stratégie
intégrée.
MH1, d'ici 2027, quatre nouvelles maisons
d'hébergement, je le souligne encore, le financement est confirmé par notre
mandataire, la SHQ. Quatre projets : l'Outaouais, l'Abitibi-Témiscamingue,
Laval, Montréal, puis des services temporaires qui, eux, sont financés à
travers ma collègue responsable de la santé et des services sociaux.
Oui, l'argent ce n'est pas tout, ça aide
en titi, par contre, un rehaussement, au fil des ans, de 108 % du... du
budget, pardon, qui a été consacré, des cellules d'intervention rapide, des
mécanismes qui sont nécessaires pour assurer cet autre filet de sûreté là, là,
parce que c'est multipartite, les filets de sûreté autour de la victime de
violence conjugale, de son... de son entourage aussi. Financement récurrent,
l'idée d'une aide financière d'urgence pour permettre de quitter rapidement un
million... un milieu, pardon, qui est dangereux et qui est toxique, travailler
en collabo avec les intervenants du milieu, terrain, terrain, tantôt, vous
parliez de terrain, M. le député, travailler avec le terrain.
L'adoption, en mars 2024, projet de loi 42
visant à prévenir et à combattre le harcèlement psychologique et la violence à
caractère sexuel en milieu de travail. Très bonne job de mon collègue. En
milieu de travail, ça a diminué. Travailler dans des stations de nouvelles, je
ne devrais peut-être pas dire ça, dans des milieux de radio, de télé, m'a vous
dire que dans les années 80, ce n'était pas chic. Mais tout ça a été pris au
sérieux au fil des ans, le gouvernement de la Coalition Avenir Québec, avec le
projet de loi n° 42, a pris au sérieux le comité d'experts du rapport Rebâtir
la confiance et donc, avec le projet de loi qui vise à limiter, restreindre,
prévenir puis arrêter le harcèlement psychologique et la violence à caractère
sexuel en milieu de travail, Mme la Présidente.
La députée de Sherbrooke en a fait
référence un peu plus tôt, les campagnes grand public, hyper important de noyer
la population d'information, de prêter l'oreille à ces campagnes-là pour
prévenir la violence conjugale. Des projets radio, télé qui se destinent aux
hommes, aux femmes, aux enfants, on en a parlé plus tôt, là, des garçons de 12,
13, 14 ans qui commencent à embrasser une culture où la femme doit rester à la
maison. Donc des campagnes ciblées pour les jeunes sur des médias sociaux
destinés aux jeunes pour aller les rejoindre, les maisons d'hébergement qui
vont dans nos commissions scolaires, dans nos écoles, parler aux jeunes, aux
femmes, aux garçons des violences dans les relations intimes, toute la notion
du consentement. Mme la Présidente, les stéréotypes sexuels. Toute la notion
des genres aussi, qui doit continuer d'être abordée, puis je salue le travail
de la ministre de l'Éducation, puisque ce programme, il y a des concepts,
figure toujours au programme de cours de culture et citoyenneté québécoise,
officiellement, qui est entrée en vigueur en 2024 dans toutes les écoles
primaires et secondaires du Québec. Tu sais, nous, on est très transversals, on
travaille avec Santé et Services sociaux...
Mme Proulx : ...on
travaille évidemment avec des équipes de la SHQ. On travaille avec le ministre
de la Santé, Cybersécurité. On travaille avec le ministre de la Sécurité
publique puis notre responsable avec les Premières Nations. On est vraiment transversal,
Mme la Présidente. Et ça, bien, ça nous permet de déployer notre message à tout
le monde. Comme dirait l'autre, on n'en manque pas. À chaque fois qu'on a
l'occasion de s'adresser à un de nos collègues ou on voit un enjeu, une
difficulté, on peut s'adresser directement à un de nos collègues ou une de nos
collègues pour signifier les enjeux dont on est victime. On a gagné beaucoup au
Québec au fil des ans, la société a posé des questions, a déposé des
politiques. Je ne souhaite surtout pas, comme ministre responsable de la
Condition féminine, que les droits des femmes reculent. Au contraire, on doit
tous ensemble s'assurer que les droits des femmes continuent d'exister. Les
reculs, on les voit en Afghanistan. Vous avez vu récemment les femmes en Afghanistan
n'ont plus le droit d'avoir des fenêtres qui donnent sur la rue. L'interdiction
d'avoir des fenêtres qui donnent sur la rue. Nous, ici au Québec, les femmes
ont cette grande liberté, mais on doit s'assurer comme gouvernement, mais tous
ensemble, toute la société civile, s'assurer que les droits des femmes soient
préservés, protégés puis qu'au fil des ans et des actions, Mme la... Mme la
Présidente, on puisse donc, au fil des ans, augmenter ce filet de sécurité là
auprès de l'ensemble de la population. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Alors, le dernier
10 minutes est le vôtre, Mme la députée de Robert-Baldwin.
• (11 h 20) •
Mme Garceau : Merci, Mme
la Présidente. Merci, Mme la ministre et mes collègues d'avoir participé à
cette interpellation. Comme vous le savez tous et toutes, très, très important
à ce stade-ci, compte tenu qu'aujourd'hui aussi c'est le début des
12 jours d'action contre la violence faite aux femmes. Et ma question
aujourd'hui, c'est : Qu'est ce qu'on va faire? Quelles mesures concrètes
est ce que le gouvernement va adopter cette semaine, la semaine prochaine,
d'ici la fin de l'année, pour aider les maisons d'hébergement, pour faire en
sorte que toutes les femmes du Québec, lorsqu'elles appellent SOS violences
conjugales lorsqu'elles appellent une maison d'hébergement, si elle appelle,
elle veut quitter, on doit répondre présent? C'est ça l'objectif d'aujourd'hui.
Il y a encore des grandes lacunes dans le filet de sécurité des femmes qui sont
victimes de violences conjugales.
Il faut le reconnaître. On ne peut pas
juste dire : Bien, on avait... On a investi dans les dernières années,
puis on doit retourner. Oui, c'est important de sensibiliser dans les écoles,
c'est vrai, mais il faut reconnaître que les maisons d'hébergement aujourd'hui
au Québec, leur mission a évolué avec le temps, ont évolué en raison de... les
demandes fulgurantes pour leurs services, que ce soit en maison d'hébergement,
mais aussi même pour des formations des... des professionnels, des infirmières,
des psychologues. On s'en va dans les écoles pour sensibiliser les jeunes
garçons et les jeunes filles aussi en ce qui a trait au, oui, à l'égalité, mais
aussi c'est quoi une relation saine et sans violence. Et ça, c'est un...
quelque chose qui est très important à faire et de continuer. Et comme l'ancien
ministre des Services sociaux disait toujours, il faut agir tôt, bien, il faut
agir tôt en violences conjugales. Et ça commence dans nos écoles et même au
primaire. Parce que quand on vient me dire qu'il y a de plus en plus
d'agressions sexuelles dans nos écoles et même au primaire, il faut prendre un
pas de recul pour dire : comment est-ce qu'on va aider ces jeunes à s'en
sortir? Comment est-ce qu'on va protéger surtout ces jeunes filles? Mais là,
Mme la ministre, il faut reconnaître que ce gouvernement, dans les trois
dernières années, n'a pas augmenté, n'a pas donné un sou de plus aux maisons
d'hébergement en termes des services offerts aux femmes qui sont victimes. Et
je vous ai compris concernant le 2,6...
Une voix : ...
Mme Garceau : Pardon...
Mme Garceau : ...cette année.
Moi, on me dit... parce qu'il y avait... puis j'ai le tableau, il y a cette
année un 2,3 qui n'a pas encore été déboursé aux maisons. Ça, c'est une chose,
mais ça, ça vient d'un budget de 2021-2022, ce n'est pas de la nouvelle argent
qui a été investi. Et on parle en plus... ça donnerait, pour chaque maison,
environ 15 000 à 20 000 de plus. Ça fait en sorte qu'on n'a même pas
atteint un poste complet pour aller embaucher une intervenante. Mais là, il
faut parler aussi... ma collègue de Sherbrooke l'a mentionné, un programme
dédié à la construction des maisons d'hébergement, que ça soient les MH1 et
MH2, et ça, c'est capital. Parce qu'on ne peut pas... il n'y a personne qui
veut revivre les dernières années, surtout l'Alliance des maisons de deuxième
étape. La plupart qui étaient responsables de ces projets, les 30 projets dont
vous avez mentionné... parce que ces 30 projets là, qui découlent des
annonces de 2021-2022, ça représente de l'hébergement pour environ
650 femmes par année. On a eu 10 000 refus d'hébergement, SOS
violence conjugale l'année dernière, et on a des maisons... on est rendu
qu'elles refusent deux à trois... deux sur trois femmes par année, deux sur
trois. Donc, on est rendus à... donc 67 %. C'est extrêmement élevé.
Et donc qu'est-ce qu'on fait? Parce que,
là, on a du rattrapage à faire. Et je sais que l'alliance des deuxièmes étapes
a déjà 15 projets qui sont là, prêts à financer en deuxième étape parce
qu'on en a besoin, de plus de logements. Il faut construire plus, parce qu'en
ce moment, on est en mode rattrapage. Il est là, le problème. Le comité manque
de places, du MSSS, a retardé dans l'analyse des données pour déterminer on a
besoin de combien de places d'unités, que ce soit en MH1 ou MH2. Ici, au
Québec, il n'y a aucun plan national, rien, pour nous dire : Savez-vous,
compte tenu des demandes au Québec et des refus, des refus quand même
importants, on a besoin de construire combien d'unités au Québec? Ce n'est pas
le comité de manque de places actuellement qui est en train de nous le dire. On
a besoin d'un plan national et on a besoin... tel que demandé par le Regroupement
des maisons d'hébergement, la fédération et l'alliance et ma collègue va
déposer la lettre de l'Alliance MH2, on a besoin ici, au Québec, un
programme dédié à la construction des maisons d'hébergement, de MH1 et de MH2,
parce qu'on ne peut pas continuer avec les critères de la PHAQ... du PHAQ. Ce
n'est pas des logements sociaux, les maisons d'hébergement, elles ont une
mission très particulière, et, malheureusement, leurs espaces d'intervention ne
sont pas reconnus par ce programme-là, et donc...
Et leur programme doit être arrimé aussi
avec le fédéral parce qu'on ne s'en va pas retourner jouer du yo yo, là, entre
le provincial et le fédéral, où on attend après une réponse d'un palier de
gouvernement et l'autre palier ne fait rien. Parce que, tout ce qu'on est en
train de réaliser avec ça, c'est les maisons d'hébergement qui doivent
débourser de leur propre poche l'argent qu'ils n'ont pas vraiment. Ils doivent
aller contracter des marges de crédit puis des hypothèques. C'est un petit peu
le monde à l'envers, là, actuellement, en ce qui a trait au financement des
maisons. Le programme doit changer, doit être adapté aux besoins des maisons
d'hébergement. Et le plus tôt, ça serait très bien parce que, comme je vous ai
mentionné, il y a un autre 15 projets qui sont prêts à être financés, qui
sont prêts aussi à ce que le ministre des Services sociaux donne un
consentement sur le financement pour les services. Mais c'est ça, le filet de
sécurité, c'est : On a réussi, de plus en plus de femmes et de jeunes filles
dénoncent la violence conjugale. Mais, comme gouvernement, on a un devoir et
une responsabilité de les protéger, et donc d'assurer que nos maisons
d'hébergement puissent les accepter lorsqu'elles cognent leurs portes et
lorsqu'elles appellent SOS violence conjugale...
Mme Garceau : ...il faut
répondre présent. C'est comme la maison qui est en feu, on appelle les pompiers
et ils y arrivent tout de suite. Bien, même chose pour quand une femme appelle,
qui a le courage d'appeler, et c'est très sérieux, elle doit avoir une réponse
immédiate.
Et j'aimerais terminer... OK, on a reçu
une lettre d'une survivante d'un féminicide, tentative de féminicide, et je
dois vous dire que la lettre m'a énormément touchée parce qu'elle résume, elle
incarne les sentiments d'angoisse et de frustration des femmes, des milliers de
femmes qui sont victimes, actuellement, mais aussi la nécessité et le rôle
fondamental dont... jouent les maisons d'hébergement. Et je veux juste lire
deux extraits, Mme la Présidente : «On parle souvent, à juste titre, de
prévenir les féminicides, mais on oublie trop souvent celles qui survivent,
celles qui doivent apprendre à vivre après la violence, celles qui, jour après
jour, vivent avec la douleur, les cauchemars, la honte, la... la solitude, je
m'excuse, les conséquences de toute cette violence. Ces femmes-là ont besoin
d'un endroit sécuritaire, d'un visage bienveillant, d'une main tendue. Elles
ont besoin de ces maisons d'aide et d'hébergement, des services à l'externe
offerts par ces maisons. Elles ont besoin de ces femmes exceptionnelles qui,
jour après jour, nous aident à comprendre et à nous reconstruire. Il y a une
urgence d'agir, Mme la ministre, et je vous demande d'agir, s'il vous plaît.
• (11 h 30) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup à toutes et à tous.
Compte tenu de l'heure, je lève la séance,
et la commission ayant accompli son mandat ajourne ses travaux au mercredi 26
novembre 2025, à 8 heures, où elle se réunira en séance de travail. Merci
à toutes et à tous.
(Fin de la séance à 11 h 31)