Journal des débats de la Commission de la santé et des services sociaux
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
vendredi 27 novembre 2020
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Vol. 45 N° 68
Interpellation de la cheffe du deuxième groupe d’opposition au ministre de
la Santé et des Services sociaux sur le sujet suivant : Les lacunes dans
l'offre de service de soins de santé et services sociaux pour les peuples
autochtones au Québec
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Intervenants par tranches d'heure
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Provençal, Luc
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Massé, Manon
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Massé, Manon
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Provençal, Luc
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Lafrenière, Ian
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Guillemette, Nancy
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Provençal, Luc
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Guillemette, Nancy
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Kelley, Gregory
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Lafrenière, Ian
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Blais, Suzanne
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Massé, Manon
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Lemieux, Louis
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Provençal, Luc
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Lemieux, Louis
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Kelley, Gregory
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Lafrenière, Ian
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Guillemette, Nancy
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Ouellet, Martin
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Provençal, Luc
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Lemieux, Louis
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Kelley, Gregory
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Lafrenière, Ian
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Massé, Manon
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9 h 30 (version révisée)
(Neuf heures cinquante-neuf minutes)
Le Président (M. Provençal)
:À l'ordre, s'il vous plaît! Je
déclare la séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à l'interpellation de la cheffe du
deuxième groupe d'opposition au ministre de la Santé et des Services sociaux
sur le sujet suivant : Les lacunes dans l'offre de services de soins de
santé et services sociaux pour les peuples autochtones du Québec.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Picard (Soulanges) est remplacée par M. Lemieux
(Saint-Jean); Mme Montpetit (Maurice-Richard), par M. Kelley
(Jacques-Cartier); M. Zanetti (Jean-Lesage), par Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques); et M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine), par
M. Ouellet (René-Lévesque).
• (10 heures) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Je comprends qu'il y a une entente à l'effet
que l'opposition officielle interviendra lors de la deuxième, quatrième et
sixième série d'interventions, alors que le troisième groupe d'opposition
interviendra lors de la cinquième série d'interventions. Mme la cheffe du
deuxième groupe d'opposition, vous avez la parole pour 10 minutes. À vous,
madame.
Exposé du sujet
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Bonjour, tout le monde. Merci d'être là. En fait, je veux commencer
par nous rappeler qu'est-ce qui nous rassemble ici <aujourd'hui...
>
10 h (version révisée)
<17829
Le
Président (M. Provençal)
:
...lors de la
cinquième série d'interventions.
Mme la cheffe du deuxième groupe
d'opposition, vous avez la parole pour 10 minutes. À vous, Mme.
Mme Massé : Merci, M.
le Président. Bonjour, tout le monde, merci d'être là. En fait, je veux
commencer par nous rappeler qu'est-ce qui nous rassemble ici >aujourd'hui.
Le 8 octobre 2019, le gouvernement a fait une promesse aux Premières
Nations et aux Inuits qui partagent le territoire. Il s'est engagé à leur
donner accès, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de
santé. Il s'est engagé à ce que les autochtones puissent jouir, en toute
égalité, du meilleur état possible de santé physique et mentale. Il s'est
engagé à prendre les mesures nécessaires pour assurer la pleine réalisation de
ce droit. C'est ça qui est écrit dans la déclaration des Nations unies pour le
droit des peuples autochtones, dont nous avons adopté les principes ici même en
octobre dernier.
On va se le dire, ça ne devrait pas
prendre l'ONU pour nous dire ça. Tout le monde devrait avoir le même accès aux
soins de santé, tout le monde devrait se sentir en sécurité dans nos hôpitaux
et nos cliniques. Le drapeau qui flotte au-dessus de chacune d'elles, qu'est-ce
qu'il veut dire? Bien, il veut dire : Ici, vous allez être traités avec
dignité et avec respect. C'est nos valeurs de base au Québec. Mais le décès de
Joyce Echaquan nous a ramenés sur terre. Les autochtones n'ont pas le même
accès aux soins de santé que les autres. Les autochtones vivent du racisme dans
le réseau de la santé, du racisme qui est systémique, parce qu'il est toléré
par le système.
Le symbole de notre échec, c'est Joyce,
mais pas juste Joyce. C'est les gens de Natashquan, qui ne peuvent pas veiller
leurs proches en fin de vie selon les rites qu'ils ont toujours pratiqués, avec
la sauge, avec les tambours, avec la communauté présente. C'est la communauté
de Maliotenam, qui perd ses enfants quand la DPJ intervient, sans respect des
droits et de la culture innue. C'est Marie-Louise Niquay, de Manawan, forcée de
déménager à Joliette pour faire son hémodialyse, Marie-Louise, qui a dû choisir
entre sa santé, les soins et sa famille. C'est Levi Kumarluk, décédé d'un
poumon perforé 18 heures après son accident, parce qu'on ne voulait pas
lui accorder l'évacuation médicale dont il avait besoin. C'est la mère de
Nancy, à Salluit, qui est allée au dispensaire avec des vertiges, des malaises.
Elle souffrait, elle a dit qu'elle était malade. Au <dispensaire, on ne
l'a pas crue. Ils l'ont retournée chez elle trois fois, ils l'ont retournée à
la maison trois fois...
Mme Massé : ... C'est
la mère de Nancy, à SalluitV, qui est allée au dispensaire avec des vertiges,
des malaises. Elle souffrait, elle a dit qu'elle était malade. Au >dispensaire,
on ne l'a pas crue. Ils l'ont retournée chez elle trois fois, ils l'ont
retournée à la maison trois fois, elle revenait. Malheureusement, la mère de
Nancy n'était pas soûle, elle avait attrapé le botulisme, et elle en est
décédée. Ce sont les jeunes enfants du Nunavik et Eeyou Istchee, qui doivent se
rendre à Montréal ou à Québec tout seuls pour une intervention d'urgence, faire
des heures et des heures d'avion, débarquer dans une ville où tu n'as jamais
mis les pieds, qui ne ressemble en rien à tout ce que tu as connu depuis que tu
es né, te faire soigner par des gens qui ne savent pas parler ta langue, tout
ça sans tes parents proches, sans quelqu'un pour t'accompagner.
Je me pose la question, M. le Président :
Est-ce qu'on accepterait ça si c'étaient nos enfants? Est-ce qu'on accepterait
que nos proches se fassent traiter de même sur leurs terres, qu'ils ont toujours
occupées? Est-ce qu'on accepterait cette discrimination qui ronge le système si
les discriminés, c'étaient nous? Non, je ne pense pas. Je ne pense pas qu'on
accepterait ça puis je ne pense pas que les Québécois et Québécoises l'acceptent
non plus, maintenant que Joyce nous a ouvert les yeux.
M. le Président, ça a pris le courage
d'une femme sur son lit de mort pour lever son cellulaire et pour montrer au
Québec ce que les gouvernements successifs savaient déjà depuis longtemps. Le
racisme que les autochtones vivent dans notre système de santé, l'accès inégal
aux soins, ça fait longtemps que les gouvernements sont au courant. On a eu la
commission Viens, on a eu l'enquête sur les femmes et les filles autochtones
disparues et assassinées, on a eu des centaines d'histoires comme celle-là,
comme celle de Joyce. À chaque fois, les politiciens s'en sortent, s'en lavent
les mains, puis ils laissent pourrir la situation, puis on attend la prochaine
crise. Et, maintenant que la situation les rattrape, ils nous disent que, cette
fois-là, ça va changer. Je suis désolée, M. le Président, mais les autochtones,
ils ont déjà vu neiger, là, ils étaient ici avant nous autres. Cette fois-ci,
ça va prendre plus que des paroles, plus que des paroles en l'air, ça va
prendre des résultats, des gestes concrets, des actions concrètes, des
résultats.
La semaine dernière, la communauté de
Joyce a pris l'initiative, car le Conseil des Attikamekw de Manawan et le
Conseil de la nation attikamekw ont proposé le Principe de Joyce. Le Principe
de Joyce, c'est garantir à tous les autochtones un accès <équitable, sans
discrimination aux services sociaux et aux soins de santé; c'est défendre...
Mme Massé : ...car le
Conseil des Atikamekw de ManawanV et le Conseil de la nation atikamekwV ont
proposé le Principe de JoyceV. Le Principe de Joyce, c'est garantir à tous les
autochtones un accès >équitable, sans discrimination aux services
sociaux et aux soins de santé; c'est de défendre leurs droits, leurs droits à
la santé physique, mentale, émotionnelle, spirituelle au lieu de le bafouer, ce
droit-là; de connaître et de respecter leur savoir traditionnel et leurs
pratiques en matière de santé. Même si ces gens-là sont en colère, ils nous ont
tendu la main. Quand le gouvernement a refusé le Principe de Joyce cette
semaine, qu'est-ce que vous pensez qu'ils ont compris? Eh bien, ils ont compris
qu'à la CAQ les mots «racisme systémique», ça dérange plus que le racisme
lui-même. Ce n'est pas comme ça qu'on bâtit la confiance, M. le Président. Les
autochtones vont nous faire confiance le jour où on va les écouter.
Ce que les autochtones nous disent, c'est
que le problème, ce n'est pas les individus, ce n'est pas les Québécois, c'est
le système, c'est l'effet de 400 ans de colonialisme et des traumatismes
qui en découlent. Le ministre a fait une annonce sur la formation du personnel,
l'argent qui a été mis à reconstruire le Centre d'amitié autochtone de
Joliette, c'est bien, mais le problème est beaucoup plus profond que ça, et il
le sait. On a un système à reconstruire, M. le Président.
Et, aujourd'hui, j'avais interpelé le
capitaine de ce système, de ce service, pardon, qui est le ministre de la Santé.
Pourquoi? Bien, parce que je voulais savoir ce qu'il allait faire, lui, comme
capitaine de la santé et des services sociaux, pour que les services deviennent
sécuritaires pour les autochtones. Je voulais savoir ce que le ministre de la
Santé allait faire pour les traiter en égaux, pas juste à Joliette, mais
partout au Québec. Mais le ministre de la Santé n'est pas là. Finalement,
sachez que je m'adresse au ministre responsable des Affaires autochtones, puis
je suis un peu déçue, mais ce n'est pas parce que je ne l'aime pas. Et il le
sait parce que je lui en avais parlé. Pour moi, si on veut discuter de nation à
nation, bien, il faut que, lorsqu'on parle des autochtones en santé, que le ministre
de la Santé s'en sente imputable. C'est lui, c'est de façon transversale dont
il faut aborder les choses et non pas comme un dossier parmi les autres.
J'avais honnêtement cru, j'ai espéré jusqu'à hier soir, que le gouvernement
avait saisi cette dimension-là, que M. Legault avait envoyé un message
clair à l'ensemble de ses ministres.
Alors, M. le Président, <ça fait
deux ans que la CAQ est en poste. Ça fait un an que le rapport de la...
Mme Massé : ...j'avais
honnêtement
cru, j'ai espéré
jusqu'à hier soir, que le
gouvernement avait
saisi cette dimension-là, que M. Legault avait envoyé un message clair à
l'ensemble de ses
ministres.
Alors,
M. le Président, >ça
fait deux ans que la CAQ est en poste. Ça fait un an que le rapport de la commission
Viens a été déposé. Ça fait cinq mois que le ministre de la Santé est ministre
de la Santé. Ça fait deux mois qu'on a un nouveau ministre des Affaires
autochtones. Bon, peut-être qu'ils ne sentent pas cette urgence-là, mais les
autochtones, eux, ils baignent là-dedans depuis des générations. Alors,
aujourd'hui, j'espère que nous aurons la chance... Parce que, moi, ce que je
vais faire, je vais pointer vers des trous, des lacunes du filet qui nous ont
été mis en lumière par les différentes commissions depuis des années, et je
vais amener des solutions, et c'est clair pour moi que ça commence par la
reconnaissance du Principe de Joyce et donc de l'existence réelle du racisme
systémique dans la société québécoise et particulièrement dans le système de
santé.
• (10 h 10) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole à M. le ministre
également pour une période de 10 minutes. À vous la parole.
Réponse du ministre
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, merci. Je veux saluer les gens qui
m'accompagnent aujourd'hui, d'abord, toute l'équipe qui est avec moi. Et, vous
savez, j'ai déjà fait des interpellations comme député mais jamais comme
ministre. Et, quand les ministres saluaient l'équipe, je me demandais pourquoi
ils le faisaient avec tant d'insistance. Je vous confirme que c'est beaucoup de
travail pour l'équipe. Alors, merci beaucoup aux hommes et aux femmes qui sont
ici avec moi. Les députés de la banquette ministérielle, député de Saint-Jean,
députée de Roberval, députée d'Abitibi-Ouest, merci beaucoup. Et, M. le
Président, je prends la peine de le mentionner parce que c'est un exercice qui
est important aujourd'hui, exercice démocratique qui est très important. Et,
quand on veut faire de la transparence, ça demande de la recherche, et je vous
confirme que l'équipe a travaillé très fort jusqu'à cette nuit. Alors, beau
travail qui a été fait.
M. le Président, je vais me permettre
aussi de saluer les gens qui nous regardent à la maison et plus particulièrement
deux personnes aujourd'hui. Puis je suis sûr que mes collègues de l'opposition
ne m'en voudront pas. Premièrement, le grand chef de la nation attikamek,
Constant Awashish, qui m'a dit qu'il nous écouterait, qu'il était très
intéressé par nos débats. Alors, encore une fois, une belle occasion que vous
nous donnez de parler des relations avec les autochtones, c'est tellement
important. Et la deuxième personne que je veux saluer, bien, écoutez, je pense
que c'est notre doyenne, qui nous écoute aujourd'hui, c'est ma grand-mère, qui
va avoir 102 ans dans quelques semaines. Alors... Et, je vous dis, elle
est très critique, et je ne veux pas la décevoir, elle déteste quand on se
chicane entre nous et elle déteste quand on dit que c'est la faute des autres.
Alors, grand-maman, je vais m'assurer de ne pas te décevoir aujourd'hui.
M. le Président, premièrement, je voudrais
répondre à l'interrogation à savoir la présence du ministre de la Santé
aujourd'hui. Et, effectivement, ma collègue m'en avait parlé il y a... je pense,
c'est voilà une semaine, son intention. Et, vous savez, je pense, je ne vais
surprendre personne aujourd'hui en vous disant qu'il y a une grande pandémie.
Et mon collègue ministre de la Santé est présentement très occupé à combattre cette
pandémie.
Mais je veux vous rassurer, je veux
rassurer, parce que, depuis le début de mon arrivée en mandat, oui... à ce
mandat-là, le premier ministre a passé un message clair à l'ensemble des
ministres, qu'on devait travailler ensemble. Et, M. le Président, lorsque j'ai
été <nommé, le premier geste que j'ai fait, c'est d'envoyer un message à
l'ensemble des députés de cette Chambre en disant...
M. Lafrenière : ...très
occupé à combattre cette pandémie. Mais je veux vous rassurer, je veux vous
rassurer, parce que depuis le début de mon arrivée en mandat... oui... ce
mandat-là, le
premier ministre a passé un message clair à l'ensemble des
ministres. On devait travailler ensemble. Et,
M. le Président,
lorsque j'ai été >nommé, le premier geste que j'ai fait, c'est d'envoyer
un message à l'ensemble des députés de cette Chambre en disant : On doit
travailler ensemble. Les efforts autochtones, ce n'est pas le travail d'une personne,
c'est délicat, c'est important. Alors, j'ai envoyé ce message-là d'ouverture
puis je vous confirme, M. le Président, que mes collègues ministres ont répondu
à l'appel, ont répondu présent.
Et, dans le cas particulier du ministre de
la Santé, on a travaillé très fort ensemble, et la preuve, c'est que la
première annonce qu'on a faite, premier geste concret... Parce que ma collègue
a raison, les gens des Premières Nations nous le disent : On a entendu
parler beaucoup, il y a beaucoup de choses qui ont été dites, il y a beaucoup
de rencontres qui ont été faites, mais nous, on veut de l'action. Montrez-nous
des gestes concrets.
Et le premier geste concret qu'on a posé,
c'est avec le ministre de la Santé. Et c'est une première annonce qu'on a faite.
Parce que, lorsque la collègue me demandait : Est-ce qu'on tolère ça, est-ce
qu'on tolérerait ça si ça arrivait à un de nos proches, à un de nos enfants?, puis
la réponse, c'est non. C'est non, et la preuve, c'est qu'on agit.
Et ça ne sera pas réglé rapidement, ma collègue
a fait référence à 400 ans d'histoire. Il n'y a pas de magie là-dedans,
là, je ne réglerai pas ça du jour au lendemain, ça va demander beaucoup de
travail. Et, M. le Président, je veux vous rassurer, je veux rassurer les gens
qui nous écoutent, on est dans l'action, présentement. Mais ça va prendre du
temps, ça va prendre de la patience, il va y avoir des moments plus difficiles.
Et c'est l'engagement que j'ai obtenu de la part des chefs et des grands chefs
des différentes nations, des différentes communautés. Je leur disais : Écoutez,
on va avancer. On va être dans l'action. Ça ne sera peut-être pas à 100 %
dans l'objectif que vous voulez ou de la façon que vous vouliez, mais vous
savez, on est très ouverts à la critique. Puis je pense qu'aujourd'hui c'est ce
qu'on va recevoir, on va recevoir de l'information qui va nous permettre d'être
encore plus exacts dans nos gestes, dans nos façons de travailler avec les Premières
Nations.
Je veux aussi vous dire que, depuis mon
arrivée en poste, j'ai préparé un plan qui s'appelle J'ai espoir. Et moi, M. le
Président, je crois qu'ici on doit avoir espoir qu'on va faire mieux, qu'on va
y arriver ensemble en corrigeant notre système. Puis, la collègue a raison,
oui, il y a des individus sur lesquels on doit travailler, mais un système
aussi qu'on doit améliorer.
Et on l'a déjà annoncé dans notre première
annonce en matière de santé, qu'on devait avoir de la formation. Et, vous
savez, je vais vous donner un geste très important que le ministre de la Santé
a posé à ce moment-là. Il aurait pu dire qu'on va former, dans le fond, les
infirmières, les préposés aux bénéficiaires, les docteurs, donc le personnel
soignant. Non. Sa décision a été une décision courageuse, de dire : On va
former tout le monde dans le système hospitalier. La personne qui fait
l'entretien, le préposé aux bénéficiaires, la personne à la réception, tout le
monde va être formé. Alors, c'est la première grande décision qu'il a prise. La
deuxième, ça a été de dire : On ne fera pas ça juste à Joliette. Oui, on
commence à quelque part, mais c'est l'ensemble du système de la santé,
l'ensemble du système de la santé qui va avoir cette formation-là. Parce que,
oui, M. le Président, il faut être proactif. On ne peut pas réparer... faire du
cas par cas, il faut vraiment être proactif, et c'est ce qu'il veut faire.
Alors, moi, je veux rassurer ma collègue
de l'opposition en lui disant : On a un ministre de la Santé qui prend ça
très au sérieux et qui est dans l'action. Puis, aujourd'hui, oui, je vais
parler en tant que ministre responsable des Affaires autochtones, mais je parle
au nom de mon gouvernement, parce qu'on travaille ensemble dans ces
dossiers-là, et, dans chacune des annonces, il y a d'autres <ministres qui
étaient avec moi, et, à preuve, on va en avoir une plus tard aujourd'hui...
M. Lafrenière : ...je
veux rassurer ma
collègue de
l'opposition, en lui disant :
On a un
ministre de la Santé qui prend ça très au sérieux, puis qui est
dans l'action et
aujourd'hui, oui, je vais parler en tant que
ministre
responsable des Affaires autochtonesT, mais je parle au nom de mon
gouvernement, parce qu'on travaille ensemble dans ces dossiers-là, et dans
chacune des annonces, il y a d'autres >ministres qui étaient avec moi,
et, à preuve, on va en avoir une plus tard aujourd'hui, et je vais avoir une
collègue ministre qui va être avec moi pour cette annonce-là. Ça vous démontre
à quel point, M. le Président, c'est vraiment un travail d'équipe, et j'ai
tendu la main dans le passé, je la tends encore aujourd'hui, en disant :
On doit travailler ensemble.
Collègues des oppositions, vous avez des
suggestions, des commentaires à nous faire, on est vraiment là pour travailler
ensemble. Ce sujet-là est trop important pour en faire de la partisanerie. Et
je veux vous rassurer, M. le Président, jusqu'à présent, nos travaux sont faits
de cette façon-là et les collègues de l'opposition ont vraiment tout fait pour aider,
pour faire avancer la cause j'en suis très, très, très heureux. Bravo!
Depuis mon arrivée, ça a vraiment été une
relation d'ouverture avec les communautés, établir des contacts, et, malgré le
fait qu'on est en période de pandémie, vous allez comprendre que de faire des
relations pour la première fois, de contacter des gens par téléphone, c'est
plus difficile qu'en personne, mais c'est la réalité qu'on vit avec la
pandémie.
Aujourd'hui, j'espère avoir l'occasion de
parler de ce qui va bien dans le système, parce qu'il y a des belles choses. Il
y a des belles réussites, mais je veux vous dire aussi, M. le Président, que,
malgré tout ça, on sait qu'il y a des lacunes, on sait qu'il y a du travail à
faire et, la preuve, on s'est donné un plan de 200 millions, un plan, j'ai
espoir, qu'on va mettre en branle dans les prochaines semaines. J'avais promis
une annonce par semaine et c'est ce qu'on fait, c'est ce qu'on livre. Pourquoi
c'est si important? Parce qu'encore une fois les membres de Premières Nations
nous disent : Assez parlé. On a raconté, à plusieurs reprises, ce qu'on
avait vécu. Agissez, faites quelque chose.
Le plan va être en trois phases, M. le
Président. La première phase, c'est maintenant. Il y a une urgence d'agir, de
démontrer qu'on est capable de faire des changements. Et, vous savez, les
communautés... les allochtones nous font la même demande, hein? Tout le monde
veut, au Québec, que ça bouge. Les éléments tragiques de Joyce Echaquan ont été
un électrochoc. Ils nous ont demandé de bouger, de réagir. C'est ce qu'on fait.
La deuxième phase sera l'année prochaine,
et là on aura plus de temps pour le travailler, et j'espère le travailler, même,
avec les groupes d'opposition, parce que je crois vraiment que c'est ensemble
qu'on va y arriver.
Et la troisième phase, M. le Président, c'est
la page blanche. C'est cette phase que je me garde avec les Premières Nations
pour dire : Voyons, voyons, peut-être, des points qu'on n'aurait pas vus,
nous, dans notre planification. Développons ensemble cette troisième phase,
laissons-nous la chance, dans le fond, de réajuster le tir et de corriger des
lacunes qu'on n'aurait peut-être pas vues.
Alors, M. le Président, ce que je vous dis
depuis tout à l'heure, c'est qu'on est très ouverts : très ouverts à la
critique, très ouverts à corriger nos plans aussi. Et, d'ailleurs, quand on a
fait la première annonce pour la sécurisation culturelle, on a dit : Voici
où on veut aller. Cependant, dans l'application, on a de l'ouverture et, à
preuve, lorsque mardi, j'ai reçu le Principe de Joyce... la semaine passée,
mardi passé, je l'ai reçu, une semaine plus tard, j'ai donné suite à mon
engagement, j'ai fait une sortie médiatique, ici, en disant qu'on saluait le
travail.
C'est un travail qui est colossal, c'est
un travail qui va nous <aider avec le ministre de la Santé pour voir
comment, justement, ajuster notre principe de sécurisation culturelle. Et on
est d'accord avec le principe. Cependant, il y a un mot qui nous divise, il y a
une expression qui nous...
M. Lafrenière :
...semaine plus tard, j'ai donné suite à mon
engagement, j'ai fait une
sortie médiatique, ici, en disant qu'on saluait le travail. C'est un travail
qui est colossal, c'est un travail qui va nous >aider avec le ministre
de la Santé pour voir comment, justement, ajuster notre principe de
sécurisation culturelle. Et on est d'accord avec le principe. Cependant, il y a
un mot qui nous divise, il y a une expression qui nous divise, et c'est le
racisme systémique. Et ça, depuis le jour 1, ça a été très clair avec les
différentes nations, M. le Président.
Alors, je comprends, les gens pourraient
déçus, mais ils ne peuvent pas être surpris. Et il y a une expression anglaise
que je ne peux pas traduire, qui dit : «We agree to disagree». Et sur ce
terme, c'est comme ça que je me suis adressé à des membres de la nation
attikamek en disant : Écoutez, on est d'accord avec ce qu'il y a dans le
principe. C'est vraiment intéressant. Et le fait qu'il y a eu des consultations,
pour nous, c'est une grande richesse pour nous aider à améliorer ce qu'on veut
faire en sécurisation culturelle. Cependant, il y a une chose qui est très
claire pour nous depuis plusieurs semaines : chaque fois que le terme de
racisme systémique fait surface, ça divise les gens, et, même, ça fait monter
de l'intolérance. Il y a des commentaires vraiment qui sont in-à-propos qui
sont dits. Et là on s'est dit : On va combattre le racisme. Ça ne nous empêche
pas de le faire.
Et, M. le Président, malgré notre
désaccord sur le terme racisme systémique, ça ne m'a jamais empêché de
travailler avec une nation. Ça ne m'a jamais empêché de travailler avec un
groupe, un leader, parce que ce qu'on veut faire, au final, c'est combattre le
racisme. Et ça, c'est notre ferme intention. Puis, M. le Président, on va
continuer de le faire. On va continuer de le faire parce que c'est important
pour nous.
• (10 h 20) •
En terminant mon introduction, je voulais
vous dire que, dans notre plan, depuis mon arrivée, on a parlé de trois axes.
Et j'espère être capable de vous en parler aujourd'hui, parce que nos relations
vont s'améliorer en développant l'amélioration culturelle, le développement
culturel, le développement économique et, oui, le développement touristique,
parce que, M. le Président, dans les prochaines années, j'ai l'impression que
les Québécois vont vouloir voyager beaucoup plus au Québec. On veut développer
une offre touristique autochtone, parce que je crois fermement, M. le
Président, que, de cette façon-là on va se rapprocher et on va travailler sur
ce qui est si important pour moi, c'est-à-dire le vivre-ensemble. On a à se
connaître, on a à se respecter. Puis, au final, ce qu'on veut, c'est bien vivre
ensemble. Alors, M. le Président, je vous remercie.
Argumentation
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le ministre. Nous allons maintenant
débuter la période d'échange. Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition,
vous avez la parole pour un maximum de cinq minutes. À vous.
Mme Massé : Merci. Bon,
je reste assise. Désolée, j'ai appris qu'on faisait ça assis. Mais, moi, c'est
rare, je suis toujours debout, d'habitude, hein?
En fait, le premier thème que je vais
aborder, c'est la question de la sécurisation culturelle et la responsabilité
populationnelle. J'imagine qu'avec vous il y a des gens aussi du ministère de
la Santé. Ils vont savoir très bien de quoi je parle. Alors, c'est sûr que ce
qui est frappant lorsqu'on est en lien avec les gens des Premières Nations, c'est
qu'ils ont peur d'aller dans le système de santé ou dans le système des
services sociaux, d'ailleurs, parce que l'expérience qu'ils ont vécue, depuis
des décennies, depuis des siècles, est une expérience négative.
Alors, peur de faire face aux préjugés et
de ne pas être pris au sérieux, de ne pas recevoir le bon diagnostic, le bon <traitement,
peur de ne plus revoir...
Mme Massé :
...l'expérience qu'ils ont vécue depuis des décennies, depuis des siècles, est
une expérience négative.
Alors, peur de faire face aux préjugés
et de ne pas être pris au sérieux, de ne pas recevoir le bon diagnostic, le bon
>traitement, peur de ne plus revoir son enfant, peur... jusqu'à la peur
de mourir. C'est des peurs qui habitent les gens des Premières Nations et qui
fait que, bien, ils se tiennent plus à l'extérieur qu'à l'intérieur du système
de santé. Alors, la sécurisation culturelle, dans les faits, ce n'est pas que
juste reconnaître, entendre et reconnaître qu'ils ont peur, c'est d'agir en
fonction de ça.
Alors, moi, je pense qu'il y a un appel à
l'action dans le rapport Viens, qui est l'appel 74, qui donne une
indication au ministre de la Santé de comment il pourrait rassurer les gens des
Premières Nations, et je le lis, c'est : «Modifier la loi sur [la] santé
et les services sociaux et la Loi sur les services de santé et les services
sociaux pour les autochtones cris pour y enchâsser la notion de sécurisation
culturelle...» Et, dans ce sens, faire ce travail-là en collaboration avec les Premières
Nations. C'est-à-dire que, si on reconnaît qu'effectivement le principe de
sécurisation culturelle est fondamental, bien, il faut que cette loi soit...
que la loi sur la santé et les services sociaux enchâsse le principe même.
Des définitions, il y en a, hein, il y en
a, il n'y a pas... les autochtones en ont définies, il y a... au niveau de l'éducation,
au niveau de la santé, je veux dire, c'est défini, là, ça fait que je ne vais
pas prendre le temps ici pour le définir. Ce que je vous dis, c'est qu'il faut
l'enchâsser.
M. le Président, mon cinq minutes, je
le prends en entier, c'est ça?
Le Président (M. Provençal)
: Oui.
Mme Massé : Bien. Alors,
je lance ça comme piste. Il y a un trou dans le filet, sécurité... sécurisation
culturelle, sécurité des autochtones, je nommerais. Une des façons d'obliger
l'État à répondre à ce trou dans le filet, c'est d'enchâsser, dans la loi
sur... la LSSSS, comme on dit, ce principe de sécurisation culturelle.
Et je me dis : tant qu'à faire, tant
qu'à aller jouer dans cette loi-là, bien, ça pourrait être intéressant, et ça
aussi, ça enverrait un sacré bon message, que le ministère de la Santé et des
Services sociaux oblige ses institutions à divulguer les informations qu'elles
ont concernant les enfants disparus. Je pense notamment aux Attikameks, qui
nous ont fait de grandes représentations pour nous expliquer — mais
je sais qu'ils ne sont pas les seuls — nous expliquer qu'il y a
quelque chose qui ne marche dans le système de santé et de services sociaux,
puisqu'ils n'arrivent pas à savoir ce qu'il s'est passé avec leurs enfants qui
leur étaient enlevés et qui se retrouvaient à quelque part dans le système de
santé et services sociaux. Alors, je pense que, tant qu'à jouer dans la loi,
bien, ça vaudrait la peine aussi d'inscrire ce qu'on a failli faire dans un
autre <cadre de loi par le passé...
Mme Massé : ...qui leur
était enlevé et qui se retrouvait à
quelque part dans le
système
de
santé et services sociaux. Alors,
je pense que, tant qu'à jouer dans la
loi, bien, ça vaudrait la peine aussi d'inscrire ce qu'on a failli faire dans
un autre >cadre de loi par le passé. La prédécesseure du ministre actuel
des Affaires autochtones avait signifié son intérêt de refaire un projet de loi
autonome, ce que nous demandaient les Premières Nations. Je pense que, si on
inscrivait, en travaillant avec eux autres, dans la loi sur la santé et les
services sociaux, cet appel à la transparence des institutions, je pense qu'il
y aurait là quelque chose d'intérêt.
Je vais juste terminer, parce que cinq
minutes, c'est très court, sur la question de la responsabilité populationnelle.
C'est simple, ça fait partie de la loi sur la santé et les services sociaux. Je
pense que, dans les faits, d'adopter le Principe de Joyce serait une façon de
venir inscrire la reconnaissance que nous avons au Québec que la santé de nos
gens, peu importe leurs origines, elle est inscrite par la responsabilité
populationnelle qu'a le ministère de la Santé et des Services sociaux. Et une
façon de le faire, c'est, bien sûr, de reconnaître aussi le Principe de Joyce
et ce principe-là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole à M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, M. le Président, nos échanges sont déjà très
riches. Et j'ai pris en note trois points importants que ma collègue a soulignés.
Je vais commencer par la sécurisation
culturelle. Et j'ai bien aimé lorsqu'elle a mentionné que plusieurs ont des
définitions différentes. Et je vais vous avouer, moi, bien honnêtement, quand
je suis arrivé dans le dossier, j'ai demandé ce que ça voulait dire effectivement,
parce qu'il y a plusieurs façons de le voir. Et moi, je vais vous donner deux
pistes de réponse, une réponse que j'ai trouvée très simple mais qui m'a marqué
énormément, et c'est le grand chef Constant Awashish qui, un jour, m'a dit :
Tu sais, Ian, il y a une jeune fille de 10 ans qui est venue me voir qui
m'a dit qu'elle s'inquiétait pour son avenir. Mais moi, M. le Président, je
vais vous avouer que j'ai deux grandes filles de 11 ans, 12 ans, et
jamais mes enfants ne m'ont dit s'inquiéter pour leur avenir. Et ce que cette
jeune fille là venait de lui dire, c'est que, dans le fond, avec tout ce
qu'elle avait entendu avec l'histoire tragique de Joyce Echaquan, pour elle,
elle craignait le type de soins qu'elle aurait. Et pour moi, M. le Président,
quand on entend quelque chose comme ça, je pense qu'on n'a plus besoin de
définition par la suite pour la sécurisation culturelle, on comprend ce qu'ils
vivent, on comprend bien.
Et c'est tellement important pour nous que
l'annonce n° 1 qu'on a faite, c'est vraiment la
sécurisation culturelle, et c'est-à-dire de façon concrète. Et je comprends
très bien quand on parle de l'enchâsser dans la loi, c'est à l'étude
présentement. Oui, c'est important, c'est à l'étude.
Cependant, quand on parle de geste concret
pour les Premières Nations, ils ont des atteintes beaucoup plus terrain. Et la
première façon qu'on a trouvée, c'est d'avoir des navigateurs, M. le Président.
Ça, c'est un terme qui peut avoir l'air bizarre. Juste vous rassurer, ce sont
des humains, ce n'est pas un principe de tablette, là, ce sont des navigateurs,
des humains qui vont accueillir les membres des Premières Nations dans le
système de santé. Parce que, vous savez, des fois, ça peut être assez
impersonnel comme édifice, c'est quand même assez grand, alors où on va,
problème de langue parfois, problème de reconnaissance. Alors, nos <navigateurs
vont être là pour accueillir les membres des Premières NationsT, pour les...
M. Lafrenière : ...ce
sont des navigateurs, des humains qui vont accueillir les membres des Premières
NationsT dans le système de santé. Parce que, vous savez, des fois, ça peut
être assez impersonnel comme édifice, c'est quand même assez grand, alors où on
va, problème de langue parfois, problème de reconnaissance. Alors, nos >navigateurs
vont être là pour accueillir les membres des Premières Nations, pour les
rassurer et s'assurer, en plus de ça, qu'ils vont avoir les bons soins, donc de
les diriger. Ça, c'est la première des choses.
Deuxième des choses, on parle d'agents de
liaison. Donc, c'est de faire en sorte que l'information du terrain remonte
jusqu'au niveau décisionnel, parce que, ma collègue l'a bien dit tout à l'heure,
il faut regarder notre système, comment améliorer le système. Alors, ça, ça a
été la première étape, première partie importante qu'on a annoncée. Et ça, ça a
commencé avec Joliette et ce sera fait dans tous les centres. Et, je l'ai dit tout
à l'heure, on parle d'une formation qui va être étendue à tous les centres.
Alors, ça, moi, je trouve ça rassurant. Ça, c'était pour la sécurisation
culturelle, M. le Président.
Quand on parle de projets de loi, et ma
collègue a mentionné... on se rappellera le projet de loi n° 31,
et j'y étais, je pense qu'on y était ensemble aussi, c'était sur un autre
sujet. Et il y avait eu tentative, justement, de corriger cette lacune du passé
pour donner réponse à des parents qui ont des questions tellement importantes.
Et c'était un dossier déchirant. Je n'aime pas dire le terme «dossier», parce
que ce sont des hommes, des femmes, des familles, qui ont vécu des moments
horribles. Et, M. le Président, lors du retrait de cette partie du projet de
loi n° 31, il y a un engagement qui avait pris par ma
prédécesseure d'aller jusqu'à la fin des choses, de revenir avec une offre
bonifiée. Et, aujourd'hui, devant mes collègues de l'opposition, je prends le
même engagement en vous disant : Ça s'en vient, ça s'en vient. C'est extrêmement
important. On a compris le message, cependant, de le faire différemment, parce
que, justement, on travaille ensemble puis on grandit dans tout ça. Alors, oui,
il y aura quelque chose de différent qui sera présenté.
Et, encore une fois, je tends la main à
mes collègues de l'opposition. Travaillons ensemble pour le livrer, parce qu'il
y a des attentes. Et, M. le Président, on parle de 1984. Il y a beaucoup
d'attentes des parents qui ont des attentes envers nous. Et je parle des
derniers cas, M. le Président. Ma collègue de l'opposition me fait signe que ça
remonte aux années 70 aussi, mais les derniers cas, c'est 1984, et je vous
dis que ça remonte à... on pourrait même dire Matusalem, comme disait ma
grand-mère.
Alors, on a du travail à faire là-dessus, mais
je pense, M. le Président, qu'on va devoir le faire sans partisanerie. On va
devoir travailler ensemble, oppositions et gouvernement. Parce qu'encore là c'est
un bel exemple qu'on doit livrer. Il y a des attentes, les gens des Premières
Nations qui nous écoutent ont formulé des attentes. Ma collègue a bien fait de
le mentionner tout à l'heure, entre autres, il y a la nation attikamek, mais il
y en a bien d'autres qui ont des attentes envers nous de livrer cette
information-là.
Alors, ce que je viens de vous dire, M. le
Président, c'est qu'on sait qu'il y a du travail à faire. On sait qu'il y a du
travail à faire. On sait que ce n'est pas terminé. Mais moi, je veux vous
rassurer en vous disant qu'au gouvernement on est une équipe complète, dont
plusieurs ministres, et, dans ce cas-là, le ministre de la Santé et Services
sociaux. On travaille ensemble pourquoi? Parce que c'est un enjeu qui est
prioritaire, qui est majeur, puis on va y arriver ensemble. Je n'y arriverai
pas tout seul, M. le Président. Mais je peux vous garantir aujourd'hui, en
voyant mes collègues de l'opposition, j'ai un très bon feeling qu'on va arriver
à le faire ensemble pour le bien des familles qui ont de grandes attentes
envers nous. Merci.
• (10 h 30) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole à la députée Roberval.
Mme Guillemette : Merci.
Merci <beaucoup...
>
10 h 30 (version révisée)
<17903
M. Lafrenière :
...puis on va y arriver ensemble. Je n'y arriverai pas tout seul,
M. le
Président, mais je peux vous garantir
aujourd'hui, en voyant mes
collègues
de
l'opposition, j'ai un très bon feeling qu'on va arriver à le faire
ensemble pour le bien des familles qui ont de grandes attentes envers nous.
Merci.
Le Président (M. Provençal)
:
Merci.
Je cède maintenant la parole à la
députée
Roberval.
Mme Guillemette :
Merci.
Merci >beaucoup, M. le Président. Tout d'abord, je
voudrais remercier M. le ministre, qui me permet ce matin, encore une fois,
d'être ici et de discuter avec vous d'un sujet qui est... qui me tient à coeur,
qui est très important. Et j'aimerais remercier les équipes qui l'accompagnent,
parce qu'on a rarement l'occasion d'avoir deux cabinets avec nous. Donc, on a
le cabinet des Affaires autochtones et le cabinet de la Santé. Donc, c'est...
Merci d'être ici. Une salutation particulière à la collègue cheffe du deuxième
groupe d'opposition, qui nous permet, encore une fois, de discuter d'enjeux
très importants pour les deux nations, pour nos deux nations, et aux collègues
également, député de Saint-Jean, députée d'Abitibi-Ouest, le collègue de
Jacques-Cartier. Donc, ce sera une belle expérience encore ce matin.
Vous savez, j'ai une prédilection pour la
santé mentale, mais je vous en parlerai dans un deuxième temps. Dans un premier
temps, je vais vous parler du plan de lutte à l'itinérance. Bien que
régulièrement on ait l'occasion de parler de plein de sujets, on a rarement l'occasion
de l'aborder dans le sens de la spécificité des services offerts aux
autochtones. Et je crois que c'est une belle opportunité qu'on a ce matin.
Vous savez, M. le Président, ma
circonscription inclut la communauté de Mashteuiatsh avec laquelle j'ai, depuis
de nombreuses années, l'occasion de travailler sur certains dossiers, notamment
en santé. J'en profite également ce matin pour saluer le chef Cliff Moar et
toute l'équipe des membres du conseil de bande. Donc, je suis très au fait des
dossiers et des enjeux autochtones, des peuples autochtones, autant en santé et
en services sociaux qu'en développements territoriaux ou en développement
économique. J'ai aussi eu l'opportunité d'accompagner le Dr Philippe
Gosselin, dentiste, et ce, pendant 15 ans, à raison d'une semaine par mois,
dans la communauté d'Obedjiwan, pour dispenser des soins dentaires. Donc, les
enjeux, j'ai pu les constater de visu sur le terrain, directement sur le
terrain. Nous habitions dans la réserve. Donc, ça a été vraiment, pendant
15 ans, une belle expérience.
Et si on se reporte, il y a 30 ans,
donc, j'ai vu une évolution, de 30 ans à venir aujourd'hui, aux services
qui sont offerts, autant en communauté que chez nous à Roberval. Notre
population, statistiquement, est composée de 10 % d'autochtones. Donc, on
a quand même une certaine expertise à travailler avec les peuples autochtones
dans notre service de santé.
Donc, la <commission ViensV a mis de
l'avant différents appels à l'action en lien avec l'enjeu d'itinérance chez les
peuples autochtones, dont l'appel à l'action n° 47
qui suggère de mettre en place un programme d'accompagnement...
Mme Guillemette :
...certaine expertise à travailler avec les peuples autochtones dans notre
service de santé.
Donc, la >commission Viens a mis
de l'avant différents appels à l'action en lien avec l'enjeu d'itinérance chez
les peuples autochtones, dont l'appel à l'action 47, qui suggère de mettre
en place un programme d'accompagnement à la justice et à l'intervention
communautaire pour les personnes vulnérables en situation d'itinérance ou à
risque de le devenir, l'appel à l'action 99, qui est de soutenir
financièrement et de façon pérenne les services offerts en milieu urbain aux
clientèles itinérantes, et aussi l'appel à l'action 100, qui est de
soutenir financièrement la création d'un centre d'hébergement exclusivement
réservé à la clientèle itinérante inuite de Montréal.
Donc, un soutien financier pour la mise en
place des services de santé a également été mentionné dans la politique de
lutte contre l'itinérance et dans le Plan d'action interministériel en
itinérance 2015‑2020 où il y a des particularités pour les peuples autochtones,
et les Premières Nations, et les Inuits. Donc, par ailleurs, en automne 2019,
le ministère Santé et Services sociaux a initié l'élaboration du prochain plan
d'action ministériel en itinérance, qui s'appuiera sur les orientations
politiques nationales du plan d'action 2015‑2020, et c'est dans ce cadre,
notamment, que le Projet résilience, à Montréal, est actuellement à l'étude.
En outre, récemment, l'Assemblée nationale
a adopté, comme le mentionnait la collègue tout à l'heure, le projet de loi n° 32, dont les mesures visent à mieux adapter le système
judiciaire aux clientèles vulnérables, à favoriser le recours aux nouvelles
technologies de l'information et à optimiser la justice pénale. La loi met en
place les dispositions nécessaires pour poursuivre l'adoption du système...
l'adaptation du système de justice aux clientèles présentant des situations
sociales particulières, comme les personnes vivant des problématiques de santé
mentale ou de toxicomanie.
Le plus beau dans tout cela, c'est que
nous ne comptons pas nous arrêter là. Nous allons continuer à travailler fort
dans ce dossier, et ce, en collaboration et en partenariat avec les Premières
Nations. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de
l'opposition officielle, le député de Jacques-Cartier. À vous.
M. Kelley
: Merci,
M. le Président. Je veux commencer avec une citation de Carol Dubé : «Le
28 septembre 2020, ma femme, la mère de mes enfants, nous a été arrachée
dans des circonstances inhumaines dont nous avons tous été
témoins. La mort de Joyce a été une terrible tragédie pour nos enfants et moi.
Je souhaite que les gouvernements du Québec et du Canada adoptent le Principe
de Joyce afin que ce terrible événement ne soit pas survenu en vain, que sa
voix sonne le début de réels changements pour tous les autochtones afin que
plus jamais personne ne soit victime de racisme systémique.» Ça, c'est la <citation
au début du Principe de Joyce...
M. Kelley
:
...pas survenu en vain, que sa voix sonne le début de réels changements pour
tous les
autochtones, afin que plus jamais personne ne soit victime de
racisme systémique.»
Ça, c'est la >citation au début du Principe
de Joyce.
Et, oui, je veux parler de racisme
systémique, parce qu'on peut blâmer la Loi sur les Indiens et le niveau
fédéral, mais, nous, comme une société, à faire des choix comme une province.
Et, juste pour notre histoire, on peut regarder sur le plafond, la peinture
ici. On a des hommes blancs qui arrivent, et l'autochtone sur ses genoux. C'est
partie de notre histoire, malheureusement. Mais on a aussi pris des décisions,
comme un gouvernement, comme un État, d'avoir un ministère responsable pour la
Colonisation et Occupation des régions. Les régions étaient déjà occupées. Par
les autochtones.
Si on veut comprendre pourquoi, à Joliette...
Et avec Manawan, il y a des frictions, des fois, des fois, qui sont basées par
les décisions prises par les institutions du Québec, c'est parce qu'on a formé
une occupation des régions où les Attikameks étaient déjà là, et il y a une
longue histoire, et la communauté de Manawan connaît leur histoire très bien,
et, quand même, l'État du Québec connaît ça très, très bien. Parce que, si on
regarde dans le rapport de la commission Viens, on a un bon exemple où la
décision, M. le Président, d'un gouvernement du Québec a forcé des Attikameks
de changer leurs habitudes et à punir des gens qui à faire la chasse de
l'orignal, qui était partie de leurs traditions, mais aussi la façon qu'ils
nourrissent leurs familles.
Et c'est bien écrit dans une histoire,
ici, de Marcel Pitikwe, de Wemotaci... alors, je vais prendre une autre
communauté attikamek... qui a eu des gardes-chasses qui... est venu dans sa
maison, à saisir toute la nourriture, toute la chasse qui a été faite pour sa
famille pour l'hiver. Ils ont mis lui en prison. Alors, ils ont enlevé le père
d'une famille. Mis en prison, enlevé toute la viande, l'orignal qui... orignaux
qu'il a chassés pendant la saison de chasse, puis la famille était maintenant
obligée de trouver des autres moyens de survivre tout un hiver. Ça, c'est juste
une histoire dans le rapport de la commission Viens, mais c'était multiplié
partout au Québec, puis on peut répéter cette histoire aussi partout au Canada,
quand même, dans l'Amérique du Nord, en général.
Ce ministère-là a éventuellement été
séparé dans les Ressources naturelles, et tout ça, mais, à la base, c'était une
institution créée par le gouvernement du Québec, qui a eu une intention de
changer l'habitude des peuples autochtones, qui a eu les habitudes de mettre
les autochtones dans les coins, les parties, les terres qui étaient moins intéressantes,
moins de ressources naturelles, moins de priorités pour le gouvernement
d'exploiter. Et ça, c'est juste... c'est une réalité. Ça, c'est une décision et
des <décisions du gouvernement du Québec.
Mais je reviens au Principe de JoyceV,
parce qu'on n'a pas beaucoup de temps. Et il y a plusieurs...
M. Kelley
:
...les terres qui étaient moins intéressantes, moins de
ressources
naturelles, moins de priorités pour le
gouvernement d'exploiter et ça, c'est
une réalité. Ça, c'est une décision et des >décisions du gouvernement du
Québec.
Mais je reviens au Principe de Joyce, parce
qu'on n'a pas beaucoup de temps, et il y a plusieurs solutions qui sont dedans.
Mais une que je trouve que c'est intéressant, c'est dans la commission... des
appels à l'action de la commission Viens, c'est ce mécanisme de suivi. Et je
trouve l'idée d'un ombudsman bien... fort intéressante pour les peuples
autochtones. Si c'est dans le système et des services sociaux, ou quelque chose
plus global, je pense qu'il y a une bonne idée là. C'est quelque chose qui
n'existe pas dans les autres provinces. Si on faire ça, on va être à l'avance
des autres provinces, avec une idée qui vient de la communauté, oui, des Attikameks,
mais, je pense, il y a plusieursautres nations l'idée bien
intéressante.
• (10 h 40) •
Alors, moi, je veux entendre le ministre
peut-être expliquer un petit plus, parce que dans son point de presse mardi, il
a dit : Oui, on est ouverts à cette idée-là, on trouve ça intéressant, j'ai
eu des discussions avec le ministre de la Santé, mais le ministre de la Santé
n'est pas ici pour nous de le questionner, lui. Alors, je veux juste entendre
le ministre des Affaires autochtones élaborer un petit peu c'est quoi, les
discussions qu'il a eues avec le ministre, mais aussi avec des nations
autochtones.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Je vais maintenant
recéder la parole à M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup pour les points de mon collègue de Jacques-Cartier
et prendre la balle au bond dans ce qu'il a mentionné. Il est revenu sur
l'histoire, sur notre histoire récente et beaucoup moins récente aussi et je
l'ai déjà dit : Vous savez, M. le Président, on ne pourra pas corriger
près de 400 ans d'histoire par magie, comme ça. Ça va prendre beaucoup de
temps, d'énergie. Puis c'est le même engagement que j'ai pris, en passant, avec
les chefs et les grands chefs, en disant : Écoutez, on doit travailler
ensemble, mais il y a beaucoup de travail à faire.
Principe de Joyce, je veux revenir là-dessus,
parce que c'est très important et je me rappelle très bien de la déclaration de
M. Dubé, le conjoint de Joyce Echaquan. C'est un message qui m'avait beaucoup
marqué. Et, vous savez, on ne peut pas donner une explication à un décès comme
ça puis on ne peut pas dire que son décès est en vain, parce que c'est une
perte qui est terrible pour la famille, pour les enfants. Cependant,
rappelez-vous que, depuis ce jour-là, ça a vraiment été un électrochoc au Québec
et, à chaque semaine, il y a une action qui a été mise en place.
Pourquoi? Parce que, je pense, ça a été un
réveil collectif et je dois vous dire, M. le Président, quand j'ai vu les
images et que j'ai réagi, il y a de mes collègues, de mes amis des Premières
Nations qui m'ont contacté, en disant : Tu es choqué parce que tu le vois,
mais nous, ça fait longtemps qu'on le vit. On l'a dit, mais là, vous l'avez en
plein visage puis vous réagissez.
M. le Président, je vais vous dire que
oui, ça a été un réveil brutal pour plusieurs Québécois et c'est pour ça qu'on
est dans l'action depuis ce jour-là. Qu'est-ce qu'on a fait, et mon collègue me
demandait pour... mon collègue ministre de la Santé. Depuis ce jour-là, on sait
que le premier ministre a rencontré la nation attikamek et on s'est engagés
dans une rencontre hebdomadaire. Donc, à chaque semaine, il y avait des
rencontres avec les dirigeants de la nation attikamek pour faire un suivi. Je
pense qu'on ne peut pas aller avec un suivi plus proche que ça. Ça a commencé
avec le premier ministre, et, par la suite, mon collègue ministre de la Santé
était présent avec moi dans nos rencontres hebdomadaires.
Et, d'ailleurs, pas plus tard que ce
matin, j'étais avec le grand chef et les chefs de la nation attikamek en <rencontre
pour faire notre suivi...
M. Lafrenière :
...j'avais des rencontres avec les dirigeants de la nation attikamek pour faire
un suivi. Je pense qu'on ne peut pas aller avec un suivi plus proche que ça.
Ça
a commencé avec le
premier ministre, et
par la suite mon collègue
ministre de la Santé était présent avec moi dans nos rencontres
hebdomadaires. Et
d'ailleurs, pas plus tard que ce matin, j'étais avec
le grand chef et les chefs de la nation attikamek en >rencontre pour
faire notre suivi. C'est ce qu'on a établi ensemble : à chaque semaine, on
se rencontre, on fait le suivi des différents dossiers. Et, bien entendu, en
toute transparence pour le collègue, mes amis de la nation attikamek m'ont
ramené, ce matin, le fait que le Principe de Joyce était très important pour
eux, très, très important pour eux. Et, sans aucune surprise, je leur ai dit
que depuis le jour un j'ai toujours été transparent avec eux et qu'il y a une
chose sur laquelle on ne s'entendait pas, c'était le terme de «racisme
systémique».
Cependant, quand on me demande ce qu'on va
faire avec le Principe de Joyce, qui est si important, et des informations qui
sont très pertinentes pour nous qu'on va mettre en oeuvre... Et, quand on parle
d'ombudsman, nous, on le regarde, on trouve ça fort intéressant aussi, mais je
vais pousser la réflexion avec mon collègue. Quand j'ai rencontré les membres
des Premières Nations, on a eu beaucoup de discussions sur des systèmes. On
peut penser aux CAVAC, par exemple, d'autres grands systèmes comme ça, et les
gens me disaient souvent : C'est loin de nous. On n'a pas le réflexe
d'aller vers des grands systèmes comme ça, nous, on a un réflexe de proximité,
on veut faire confiance à quelqu'un yeux dans les yeux. Je ne vous dis pas
qu'on est contre. Ce que je vous dis, c'est que c'est fort intéressant, mais on
a quand même décidé, sur le terrain, d'avoir ce que je disais plus tôt, des
navigateurs, des agents de liaison.
Et on peut continuer, on a d'autres possibilités
qu'on regarde : d'inclure les communautés sur les comités d'usagers pour vraiment
avoir une relation directe puis de partager, vous savez, les... Ce que je fais,
présentement, de façon hebdomadaire avec la nation attikamek, on aimerait que
ça se fasse dans le réseau de la santé avec des institutions comme un hôpital,
comme un centre de soins. Alors, ça, on le regarde aussi. Un processus de
plainte interne qui serait facile et qui serait plus proche des Premières Nations,
c'est ce qu'on regarde aussi.
Alors, oui, collègue, la notion
d'ombudsman est fort intéressante, mais ce n'est pas la seule chose qu'il y a à
faire là-dedans, et c'est pour ça que, lorsque je suis sorti mardi en point de
presse, ce que j'ai dit, c'est que le Principe de Joyce, on l'appréciait beaucoup.
Comme je l'ai dit plus tôt, avec des consultations, avec du travail qui était vraiment
réfléchi, ça nous aide. Il y a un seul point sur lequel on n'est pas en accord,
mais je vous confirme, M. le Président, que ça ne nous empêchera pas de
combattre le racisme, on va continuer comme ça.
L'autre point qu'il est important pour moi
à mentionner au collègue... Tantôt, je disais qu'on travaillait en équipe. Je
peux vous dire que, dès le début de mon arrivée, on a créé un caucus autochtone
au sein même du gouvernement. Pourquoi? Parce que j'ai besoin de cette information-là
qui vient des différentes communautés. Alors, tous mes collègues députés et ministres
qui ont une communauté autochtone sur leur territoire, on se réunit une fois
par semaine pour avoir l'information du terrain, parce que je veux prendre des
décisions rapides, je veux prendre des décisions qui sont basées sur des faits
qui arrivent du terrain. Et c'est pour ça que j'ai tendu la main, à plusieurs
reprises, à mes collègues de l'opposition, pour qu'on travaille bien ensemble
pour avoir cette information-là et réagir en temps réel. Parce que, je l'ai dit
plus tôt, je vous le redis encore une fois, tout le monde a soif d'action, les
gens veulent qu'on agisse. On a parlé beaucoup, mais on doit être dans
l'action, et c'est ce qu'on fait, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci <beaucoup. Je vais maintenant céder la parole
à la députée d'Abitibi-Ouest...
M. Lafrenière : ...de
l'
opposition, puis on travaille bien ensemble pour avoir cette
information-là
et réagir en temps réel. Parce que je l'ai dit plus tôt, je vous le redis
encore
une fois,
tout le monde a soif d'action, les gens veulent qu'on agisse.
On a parlé
beaucoup, mais on doit être dans l'action, et c'est qu'on
fait,
M. le Président. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:
Merci >beaucoup.
Je vais maintenant céder la parole à la députée d'Abitibi-Ouest.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Merci, M. le Président. Avant toute chose, M. le Président, j'aimerais saluer
les gens de la communauté de Pikogan. «Kwe»... (S'exprime dans une langue autochtone).
En tant que députée de la circonscription
d'Abitibi-Ouest, je considère qu'il est primordial de souligner la présence et
l'apport de la nation abitibiwinnik à la vie économique culturelle de notre
coin de pays.
Depuis le tout début de mon engagement
politique, j'ai toujours considéré les gens de cette communauté comme des
partenaires, des gens pour qui j'ai un profond respect et une amitié sincère, un
peuple avec l'histoire à la fois riche et tragique, mais qui porte sur le monde
le regard empreint de la résilience de ceux qui ont survécu à de dures
épreuves. C'est, d'ailleurs, parce que ces liens d'amitié me sont chers que le
sujet d'aujourd'hui me tient à coeur.
L'accès aux soins de la santé des
populations autochtones, les difficultés auxquelles ces communautés font face,
j'y ai été témoin lorsque j'étais infirmière auxiliaire à l'Hôpital Hôtel-Dieu
d'Amos, à quelques kilomètres de la communauté de Pikogan.
M. le Président, j'aimerais prendre un
moment pour nous transporter il y a 40 ans et vous inviter à inverser les
rôles. Imaginons que ce soient nous qui devons consulter un médecin issu d'une
communauté et d'une culture qui n'est pas la nôtre, qui ne parle pas la même
langue, qui n'a pas les mêmes coutumes. Avant même le diagnostic, le niveau
d'anxiété monte déjà d'un cran.
Si vous permettez, j'aimerais partager
avec vous un des plus beaux moments de ma carrière en soins hospitaliers. Une
dame âgée avait été admise lorsqu'elle a été retrouvée au bord du chemin du
secteur de Matagami, soit deux heures au nord d'Amos. Elle n'avait pas de pièce
d'identité, elle ne savait pas sa date de naissance et elle avait de sérieux
problèmes de mobilisation, incapable de communiquer avec nous, car elle parlait
d'anciens dialectes et ne connaissait pas le français. Imaginez l'angoisse que
vivait cette dame, M. le Président. Bien qu'une interprète était présente sur
notre territoire, deux de mes collègues et moi-même avons suivi une formation
pour apprendre les rudiments de sa langue. Nous l'avons fait parce que nous <avions
l'intime conviction que cela nous permettrait de mieux la soigner et de lui
offrir un peu de réconfort...
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
...deux de mes
collègues et moi-même avons suivi une formation pour
apprendre les rudiments de sa langue. Nous l'avons fait
parce que nous >avions
eu l'intime conviction que cela nous permettrait de mieux la soigner et de lui
offrir un peu de réconfort. Les mots ont des effets thérapeutiques, j'en suis
convaincue. Pour elle, j'étais devenue sa... (s'exprime dans une langue
autochtone), celle qui donne des soins. Un matin que je m'occupais d'elle, elle
a pris ma main et a déposé un bisou en signe de gratitude. Jamais je
n'oublierai ce moment et cette marque de confiance.
Si je vous parle de tout ça, M. le
Président, c'est pour vous montrer que c'est par l'ouverture aux langues et aux
cultures autochtones du Québec que passera l'amélioration des soins offerts à
ces communautés. Pour cela, il faut s'assurer que l'ensemble des cohortes
d'étudiants en médecine soit formé sur la réalité autochtone et inuite du Québec.
De cette façon, ils développeront les compétences nécessaires à ce domaine
social, médical bien précis. Cependant, pour assurer la réussite de cette
approche, il faut favoriser la présence du personnel autochtone dans le milieu
de la santé. C'est pourquoi, chaque année, un nombre de places est réservé pour
l'admission des étudiants autochtones, inuits au doctorat médecine à travers le
Québec.
M. le Président, j'ai confiance qu'avec
les actions prises par notre gouvernement et avec l'implication nouvelle du député
de Vachon à titre de ministre responsable des Affaires autochtones nous
débuterons une ère de réconciliation, d'amitié, de respect mutuel avec les autochtones
et les Inuits du Québec. «Meegwetch», merci, M. le Président.
• (10 h 50) •
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Je cède maintenant la
parole à la cheffe du deuxième groupe d'opposition. À vous la parole, madame.
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Dans ce deuxième bloc... C'est parce que j'entendais la collègue
parler des langues, il y a des appels à l'action de la commission Viens qui
sont très spécifiques sur la question des langues, tant au niveau des banques
de traducteurs, traductrices, ce qui est fondamental, qu'aussi ne serait-ce que
d'envoyer un signal que, dans le système de santé et d'hébergement, les autochtones
peuvent utiliser leur langue maternelle. Je ne me souviens plus du numéro, là,
c'est ça que je cherchais avant d'être surprise, mais j'ai confiance que votre
équipe va mettre le doigt dessus facilement.
Dans ce deuxième cinq minutes, en fait, je
voulais parler d'une vérité de La Palice, c'est-à-dire les 12 travaux
d'Astérix pour avoir... quand tu es autochtone, avoir accès aux soins de santé.
C'est une complexité de système. Ça dépend où tu habites. T'es-tu conventionné?
Pas conventionné? T'habites en milieu urbain ou sur ta communauté? Est-ce que
ta <communauté est considérée comme isolée ou pas isolée? Elle est-u
proche d'un grand centre? Bref, casse-tête terrible. D'ailleurs...
Mme Massé : ...avoir
accès aux soins de santé. C'est une complexité de
système. Ça dépend où
tu habites. Es-tu conventionné? Pas conventionné? Tu habites en milieu urbain
ou sur ta
communauté?
Est-ce que ta >communauté est
considérée comme isolée, pas isolée? Elle est-tu proche d'un grand centre?
Bref, casse-tête terrible. D'ailleurs, si j'avais eu plus de temps, je vous
aurais lu un petit extrait du rapport de la Commission de la santé et des
services sociaux des Premières Nations du Québec Labrador, parce que ça fait vraiment,
quand j'ai lu ça, là, 12 travaux d'Astérix. Ça a des référents pour nous.
Et, dans ce sens-là, bien, je pense que vous voyez, d'entrée de jeu, d'une
façon impressionniste, ce avec quoi je vais aborder, c'est la question des
compétences.
Je pense qu'une des solutions pour mettre
fin à cette... Je ne vous parlerai pas d'indépendance du Québec. Moi, j'y
crois. Je sais que vous n'êtes pas là, mais il faut absolument que le gouvernement
du Québec assume sa pleine responsabilité en matière de responsabilité populationnelle.
Et ça, c'est pleinement de nos compétences. C'est sûr que ça va vouloir dire qu'il
y a des appels à l'action. Là, je pense autour des 80, 82, 83, qui dit qu'il
faut que le gouvernement du Québec initie ces négociations-là avec le gouvernement
fédéral et les gouvernements autochtones, justement, pour être en mesure de
signer des ententes tripartites qui vont, disons, guider le phare pour faire en
sorte que les 12 travaux d'Astérix deviennent un peu moins compliqués, puisque
le Québec a la responsabilité populationnelle dans sa loi sur les santés et les
services sociaux.
Je veux identifier un autre problème, c'est
la question du financement par projet pilote. Et là, on l'a vu par le passé, il
y a des projets, comme, par exemple, la Clinique Minowé dans, je pense, votre circonscription
ou juste à côté. Je pense aussi au programme Wigobisan à Lac-Simon, je pense à
la clinique, justement, nouvellement financée. Bien, je sais que vous avez
financé le béton, mais je ne sais pas qu'est-ce qu'il va avoir comme services
dans la clinique. J'attends toujours des nouvelles de ça. Bref, ce soit... aussi,
le centre d'amitié autochtone Mamuk à Québec.
Bref, il y a quelque chose de particulier
de l'ensemble de ces projets-là, c'est qu'ils sont issus d'autochtones hors
communauté souvent, sauf Lac-Simon, dans ce que j'ai nommé, qui ont des
initiatives locales qui sont le fruit et qui... d'initiatives locales qui,
malheureusement, n'ont pas un financement... que le financement pérein...
pérenne, pérenne, pardon, n'est pas assuré, alors donc, financement par projet.
Et vous voyez, voilà une autre raison pour
laquelle, lorsqu'on reconnaît le racisme systémique, M. le ministre... c'est qu'on
est capable de poser des gestes qu'on sait que le gouvernement d'après ne va
pas défaire puisqu'on agit dans le système et non pas comme des initiatives
fort intéressantes comme les <navigateurs, les agents de liaison. Ce n'est
pas mauvais en soi, sauf...
Mme Massé : ...pour
laquelle, lorsqu'on reconnaît le racisme systémique,
M. le ministre, c'est
qu'on est capable de poser des gestes qu'on sait que le
gouvernement
d'après ne va pas défaire, puisqu'on agit dans le système et non pas comme des
initiatives fort intéressantes comme les >navigateurs, les agents de
liaison. Ce n'est pas mauvais en soi, sauf que ça ne change pas profondément la
loi. Donc, après ça, bien, facile de mettre la hache là-dedans puis changer ça.
Bref, c'est ça.
Donc, la question du financement est
fondamentale. Pourquoi? Bien, parce que, justement, parce que les compétences
sont en jeu, justement, parce qu'il y a eu du racisme systémique depuis des
décennies, voire des siècles, ça fait en sorte que la reconnaissance du rôle et
de la capacité des Premières Nations de gérer leurs services de santé ou leurs initiatives
de santé dans leurs approches à eux, bien, fait en sorte qu'il faut qu'il y ait
des ententes pour que l'argent soit au rendez-vous. On ne peut pas voir des
pinottes quand ça va mal puis, après ça, se retrouver à quêter l'argent au gouvernement.
Donc, les solutions sont sur la table.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. M. le ministre, je vous cède la parole.
M. Lafrenière : Merci, M.
le Président. Merci, collègues de l'opposition. Encore une fois, ça nous permet
d'avoir de bonnes discussions. Et j'ai bien aimé quand on a parlé des soins de
santé et de voir de quelle façon aussi on peut s'assurer d'un financement qui
est pérein. Donc, à chaque année, les gens ne se demandent pas : Est-ce
que ça va revenir? Est-ce que je suis dans une insécurité? Notre plan d'action
prévoit un financement sur cinq ans. Quand on dépose notre plan d'action, notre
plan d'action du 200 millions, tout ce qu'on annonce jusqu'à présent, c'est
sur un horizon de cinq ans.
Et je dois vous dire aussi, M. le
Président, que les actions qu'on annonce dans les dernières semaines, dans les
prochaines semaines aussi, c'est inspiré d'un plan d'action gouvernemental pour
le développement social et culturel des Premières Nations et des Inuits. Et ça,
je dois saluer le précédent gouvernement, qui avait commencé le travail en
cette matière. Ça fait que vous voyez qu'on réussit à bien s'entendre, puis ma
grand-mère va être fière, je ne mets pas ça sur le dos des autres, on est
capable de bien travailler ensemble. Et c'est quelque chose qui avait débuté
sous l'ancien gouvernement, puis on a repris ses actions, puis on les met de
l'avant.
Tout à l'heure, on parlait de sécurisation
culturelle aussi et difficultés des langues, j'en suis. Et, quand on parlait de
navigateurs, un des points importants des navigateurs, c'est d'être capable
d'accueillir les gens dans leur langue. Et c'est pour ça qu'on n'est pas arrivé
avec une mesure que j'appellerais du mur-à-mur, en disant : Voici comment
on va fonctionner. Puis ce serait simple, en passant, M. le Président, hein, de
dire : Voyez, on va embaucher tant de fonctionnaires mur-à-mur, voici ce
qu'on va faire. Ce n'est pas ce qui est préconisé du tout. C'est vraiment une
approche qui va être régionale. Alors, pour exemple, quand on parlait du centre
hospitalier de Joliette, bien, avec la nation attikamek, on va le développer
ensemble et s'assurer que nos navigateurs ont une connaissance de cette
réalité-là. Et on va le développer ensemble, même pour la formation. La
formation, il y a un tronc commun, mais ça va être ajusté avec chacune des
communautés, parce qu'on ne veut pas tomber dans du mur-à-mur, on veut vraiment
s'ajuster. Alors, ça, c'était la première des choses que je voulais dire.
Tout à l'heure, ma <collègue m'a
fait sourire aussi, quand elle parlait d'indépendance, puis je n'embarquerai
pas longtemps sur ce sujet-là, mais étant donné qu'elle a ouvert la porte, je
pense qu'elle va bien comprendre notre point aussi quand on parlait de
déclaration des Nations unies. On est en accord avec...
M. Lafrenière : ...on
veut
vraiment s'ajuster. Alors, ça, c'était la première des choses que
je voulais dire.
Tout à l'heure, ma >collègue
m'a fait sourire aussi, quand elle parlait d'indépendance. Je n'embarquerai pas
longtemps sur ce sujet-là. Mais, étant donné qu'elle a ouvert la porte, je
pense qu'elle va bien comprendre notre point aussi, quand on parlait de
déclaration des Nations unies, on est en accord avec le principe. Encore là, on
trouve ça fort intéressant. La raison pour laquelle nous, comme sept autres collègues
de sept autres provinces, on réagit, c'est qu'on se le fait imposer, et là c'est
une attaque directe en notre pouvoir de gouvernance ici. Il y a plusieurs
provinces qui lèvent la main en disant : On est tous d'accord avec le
principe, qui est fort intéressant. Puis je reviens avec le Principe de Joyce,
c'est la même chose, on est d'accord.
Alors, ne jetons pas tout ça, on est d'accord
avec la majorité. Il y a des points sur lesquels on ne s'entend pas. Alors, je
suis persuadé que ma collègue tient à ce que le Québec reste fort dans tout ça
et fasse respecter ses droits, et c'est pour ça qu'on est en accord avec le
principe. C'est dans l'application, dans la façon que ça a été fait, du
fédéral, qu'on réagit en disant : Il faut le faire correctement, il faut
bien l'attacher, parce qu'au final, quand ça va s'appliquer sur le terrain,
bien, il faut que ça soit bien fait. Alors, ça, c'est un autre exemple, M. le
Président.
Depuis tout à l'heure, on parle beaucoup
de santé, je m'en voudrais de ne pas mentionner des choses qui... ce que
j'appelle des bons coups, parce qu'il y a des choses qui se passent bien, qui
se font bien. Puis c'est normal, dans les médias, on va parler plus de l'avion
qui s'écrase que celle qui atterrit, mais laissez-moi vous parler de quelques
avions qui ont atterri correctement récemment. Pourquoi? Parce que, vous savez,
les employés dans le monde de la santé, dans le milieu de la santé, font un
très bon travail. Il y en a certains qui font un moins bon travail, puis, dans
ce temps-là, on le corrige, mais je vais vous donner un exemple avec Manawan.
Manawan, il y a de cela une semaine et
demie, le chef Ottawa me contacte, il me dit deux choses. Un, au niveau de la
santé mentale, il sent que sa communauté est vraiment vulnérable. Deux, il dit :
Mes gens qui donnent des soins sont épuisés, on n'y arrive pas. Ça, je l'appelle
un jeudi. Je contacte mes deux collègues — parce que j'ai dit, tout à
l'heure, qu'entre ministres on travaille bien ensemble dans ce dossier-là — donc,
mes deux collègues à la Santé, et, le lendemain, on confirme au chef Ottawa
qu'il va avoir de l'aide. Non seulement il a eu de l'aide, il y a eu des
équipes qui ont remplacé les équipes médicales sur le terrain pendant le
week-end, mais il y a une équipe du CIUSSS aussi qui a été déployée pour aider
en matière de santé mentale.
Et je parlais la semaine dernière avec le
chef Ottawa, il me disait : Tu sais, Ian, ça n'a pas été facile au début,
parce que les gens de la santé, quand ils ont appris qu'ils s'en venaient chez
nous, il y en a qui avaient des craintes. Vous savez, plus tôt, je vous parlais
d'apprendre à se connaître, du vivre-ensemble, bien, le monde de la santé, les
gens avaient des craintes, en disant : Comment on va être reçus sur place?
Puis il dit : Ian, je suis heureux de te dire aujourd'hui que non
seulement ils ont été bien reçus, puis ils ont très bien mangé pendant le
week-end avec nous, on les a bien acceptés, ça a bien été, mais, pour lui,
c'était un petit pas de gagné avec les gens du milieu de la santé. Parce que,
quand ils retournent dans leur centre hospitalier, ils vont raconter comment
ils ont été bien reçus et comment ça s'est bien passé.
Puis moi, je vais tabler là-dessus, M. le
Président. Parce que, oui, on peut corriger ce qui ne va pas bien, mais on peut
rappeler qu'il y a des choses qui se font très, très bien, il y a un beau
travail. Puis je veux saluer les gens du milieu de la santé, qui font un
travail remarquable. Puis, quand ce n'est pas bien fait, on va le corriger, M.
le Président, on n'a pas peur de ça. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole au député de
Saint-Jean.
• (11 heures) •
M. Lemieux : Merci
beaucoup, M. le Président, et je vous promets de ne pas faire comme la dernière
fois et m'adresser <directement à mes collègues...
>
11 h (version révisée)
<17903
M. Lafrenière :
...
il y a un beau travail. Puis je veux saluer les gens du milieu de la
santé, qui font un travail remarquable, puis quand ce n'est pas bien fait, on
va le corriger,
M. le Président, on n'a pas peur de ça. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:
Merci. Je cède
maintenant la parole au
député de Saint-Jean.
M. Lemieux :
Merci
beaucoup,
M. le Président. Et je vous promets de ne pas faire comme la
dernière fois et de m'adresser >directement à mes collègues, que je
salue, d'ailleurs, mais de passer par vous.
Nous arrivons ici avec ce que nous sommes
et ce que nous avons été. Petit détour pour vous dire que j'ai eu la chance
d'aller travailler comme journaliste en territoire autochtone à peu près
partout, dans le moyen Nord du Québec, mais dans l'ouest aussi, où j'ai passé
10 ans, et dans le Nord, le Nord dans l'Ouest. Et je voulais qu'on fasse,
pas une parenthèse, mais je voulais qu'on regarde ce dont on parle aujourd'hui,
les soins de santé et de services sociaux pour les autochtones et les Premières
Nations dans le Grand Nord. Le contexte ici aussi est important, il fait foi de
tout. C'est une marotte de ma part de toujours parler du contexte, mais je
commence en disant, pour faire court, qu'il faut arrêter de regarder le nord
avec nos yeux et surtout nos lunettes fumées du Sud.
Donc, le nord, le Grand Nord, l'Arctique,
déjà, si je parle de Nunavik, Nunavut, on vient de perdre la moitié du monde
qui ne savent pas lequel est lequel, en partant. Wikipedia, c'est facile, on
l'a sur nos téléphones, nos tablettes. Quelques mots vite fait : «Durant
la guerre froide, le monde commence à s'intéresser à l'Arctique, [bla, bla, bla].
«Ce n'est qu'à partir des années 1960
que le gouvernement du Québec commence à jouer [son] rôle sur cette portion de
son territoire acquise 50 ans plus tôt. Dans l'élan de la Révolution
tranquille, Québec reprendra progressivement le contrôle», bla, bla, bla...
Bref, si on s'intéresse au sujet, il faut voir le contexte, être plus large, et
savoir de quoi et de qui on parle.
Il y a aussi, quand je parlais du
contexte, ce que l'actualité nous dit et nous fait penser. L'actualité, si je
me reporte à mes bonnes années, à mes belles années, il y a à peu près 20 ans
dans les médias, avant que les drogues dures fassent leurs ravages dans le
nord, c'était la colle et l'essence. Les plus jeunes ne sauront pas de quoi je
parle, mais souvenez-vous, vous allez tout de suite voir des images. Je me
souviens des reportages de mes collègues de l'époque qui nous scandalisaient
littéralement, en nous montrant des images des groupes de jeunes autochtones
qui s'intoxiquaient en respirant des vapeurs d'essence. Il y en a, avant,
plusieurs années avant, que c'était de la colle.
Plus récemment, les vagues de suicides...
et là encore, les images de ce que les journalistes qui sont allés là-bas, parce
que c'est loin... Alors, on y va avec nos yeux du Sud, on arrive dans le nord
et tout nous surprend, tout nous dérange, tout nous frappe. Bref, les vagues de
suicides, jusqu'à en parler presque de suicides à la chaîne, faisaient aussi
les manchettes récemment.
Parlons-en, parce que c'est au coeur du
sujet dont on parle, parce que c'est encore, malgré que ce soit encore un peu
tabou, c'est toujours un énorme problème, particulièrement chez les jeunes. Et
j'essayerais presque de dire que ceux qui y survivent doivent composer avec des
problèmes de violence systématique, mais ça, c'est une autre histoire.
Donc, en <consultant le rapport de
gestion 2019‑2020, déposé cet été par le RRSSSNV...
M. Lemieux : ...encore
un
peu tabou. C'est
toujours un énorme
problème,
particulièrement
chez les jeunes. Et j'essayerais presque de dire que ceux qui y survivent
doivent composer avec des
problèmes de violence
systématique,
mais ça, c'est une autre histoire.
Donc, en >consultant le rapport
de gestion 2019‑2020 déposé cet été par le RRSSSN... Oui, je sais, c'est
des acronymes qui se compliquent, plus on... Mais appelons-le, pour les
intimes, le RR triple S N, en réalité, c'est la Régie régionale de la santé et
des services sociaux du Nunavik. Ceux qui n'avait pas compris, le Nunavut,
c'est dans l'ouest, le Nunavik, c'est au Québec. Bon, si on regarde ce
rapport-là, il est fabuleusement intéressant. Et je vais faire vite sans trop
le citer parce que ce que j'en retiens, c'est qu'on a trouvé les moyens...
D'ailleurs, il y a du financement, là, il y a 75 millions qui ont été
débloqués pour les prochaines années, à partir desquelles on va pouvoir
financer ce dont je vais vous parler. On a demandé aux Inuits de créer, imaginer,
travailler un programme de prévention du suicide par et pour eux. Et ça fait
toute la différence.
Il y a donc maintenant une stratégie
régionale en prévention du suicide. Il y a maintenant des solutions, des façons
d'essayer d'intervenir qui leur appartiennent. Le ministère de la Santé et des
Services sociaux, pour parler d'argent... parce que c'est dramatique quand
nous, on en parle, ou, quand on en parle dans le Sud, on pense en termes d'argent,
combien ça coûte, puis, en réalité, il faut penser en termes de vie et de
suicide. Le ministère de la Santé, donc, a donné au RRSSSN 118 millions
pour 2020. Ça constitue une partie de son budget, parce qu'il y a aussi du
fédéral là-dedans. Et, au final, ce qu'il faut savoir, c'est qu'il y a
maintenant une stratégie qui est financée. À partir du 1er octobre
dernier, on pouvait déjà embaucher du monde pour essayer de faire ce qu'ils ont
constaté qu'il fallait faire, qu'ils avaient besoin de faire, et dans une
grande marge aussi, le faire eux-mêmes, par eux, pour eux. En ce qui me
concerne, c'est une énorme partie de la solution. Et, quand on ne met pas nos
lunettes fumées du Sud et qu'on regarde la réalité terrain dans l'Arctique, ça
change tout.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole au député de
l'opposition officielle, le député de Jacques-Cartier. À vous.
M. Kelley
: Merci,
M. le Président. Le 25 novembre, nous avons souligné la Journée nationale
de commémoration des actions contre la violence faite aux femmes. Je pense, c'est
important juste de rappeler qu'on a eu le rapport... bien, l'enquête nationale
sur les filles autochtones disparues et assassinées, mais c'est toujours
important juste de rappeler les faits que les femmes autochtones sont
3,5 fois plus... excusez-moi, 3,5 fois plus susceptibles des actes de
violence conjugale. Une femme autochtone est 12 fois plus... 12 fois
plus susceptible d'être assassinée, quand on regarde les chiffres envers les
peuples non autochtones. Alors, c'est des chiffres qui sont vraiment tristes,
mais c'est une réalité.
But I <did want to
just take the point that, this week...
M. Kelley
:
...une femme autochtone est 12 fois plus susceptible d'être assassinée
quand on regarde les chiffres envers les peuples non autochtones. Alors, c'est
des chiffres qui sont
vraiment tristes, mais c'est une réalité.
But I >did want to just take the point that, this week, there was a report
that was released by The Native Women's Association of Canada just to highlight
that the 215 indigenous women that they follow on this question have said that, during COVID and during the measures put in place
to confine people, at least in these cases it's 251 they followed… results that
they are experiencing more violence at home. It's extremely important to
remember that.
C'est la même chose pour toute la société
des femmes qui sont victimes de violence. La COVID a vraiment mis eux autres
dans la situation où ils sont plus vulnérables puis à risque, mais la réalité
est plus pire aussi pour les femmes autochtones du Québec, mais aussi du
Canada.
Alors, pourquoi je fais ça? Je porte le
ruban blanc cette semaine, comme mes collègues, mais je veux juste poser la
question au ministre, peut-être, de nous juste donner une mise à jour sur les
actions que le gouvernement a pris dans les derniers deux ans sur… pour mieux
protéger ces femmes-là, mais aussi quelles initiatives est-ce que le ministre
des Services sociaux a prises pour aussi aider les femmes autochtones. Parce
qu'on peut regarder… oui, des gens habitent sur réserves ou sur leurs
territoires, mais aussi, je pense à des femmes qui, peut-être, résident en
ville, comme à Montréal. Il y a des femmes qui sont à risque là aussi. Alors,
c'est un enjeu important, je pense, pour toute notre société.
Puis je veux encore juste revenir un petit
peu à une suggestion. Parce que, de faire un vrai changement au sein du système
de santé, ça va prendre pas juste un comité des ministres, mais il y a quelque
chose qui existe pour les anglophones, qui est l'accès à des services en santé
et des services sociaux en langue anglaise. C'est un comité qui est encadré par
une loi, qui oblige chaque CISSS et CIUSSS de livrer des rapports, des services
qui sont offerts à la communauté, mais aussi il y a des lacunes. Il y a des
représentants dans les différentes régions du Québec, des anglophones qui
viennent de l'Estrie, l'Outaouais, quand même, de la Côte-Nord,
Bas-Saint-Laurent, on peut regarder tout le territoire du Québec. Il y a des
gens qui viennent de la communauté qui siègent sur un comité au sein du
ministère de la Santé pour s'assurer que les services sont là. Et, des fois,
ils vont bien expliquer au ministère que : Aïe, ça ne va pas bien, ici. Il
y a une lacune ici, il faut régler le problème, là.
Alors, je pose ça aussi, un petit peu,
comme peut-être une option pour le ministre des Affaires autochtones puis aussi
le ministre des Services de santé de regarder cet exemple qui existe pour les
anglophones et de peut-être former quelque chose qui est similaire avec les
autres nations autochtones du Québec. Parce que, comme je dis, il y a des
fonctionnaires du gouvernement du Québec qui siègent sur ce comité-là avec la
communauté. Et, des fois, ça marche bien. Quand il y a une volonté, ça marche
bien, quand la loi est bien <encadrée, ça peut marcher bien. Et je dis
que c'est quelque chose qui a été mis en place...
M. Kelley
: ...
parce
que, comme je dis,
il y a des fonctionnaires du
gouvernement du
Québec qui siègent sur ce comité-là avec la
communauté. Et des fois, ça
marche bien. Quand
il y a une volonté que ça marche bien, quand la loi
est bien >encadrée, ça peut marcher bien.
Et je dis que c'est quelque chose qui a
été mis en place pendant les discussions autour de la Charte de la langue
française dans les années 70. La communauté a travaillé avec le
gouvernement, le Parti québécois, à l'époque, de M. Lévesque, pour
s'assurer que les anglophones étaient bien représentés au sein du système de
santé. Alors, peut-être, un modèle comme ça peut fonctionner pour le ministère
de la Santé aussi. Et sinon, au minimum, on va avoir des rapports qui sortent...
qui dit : Bien, regarde, sur tout le territoire du Québec, il manque ça,
ça, ici, et ici, et là.
• (11 h 10) •
Parce qu'on a vu encore... je reviens des
appels d'actions dans le rapport de la commission Viens... c'est la récolte des
données qui est difficile au Québec puis au Canada en termes de qu'est-ce qu'il
se passe avec les peuples autochtones. Et c'est bien noté quand ils ont essayé,
la commission Viens, de faire le résumé de la situation des autochtones. Ils
ont dit : Des fois, c'est très difficile de trouver l'information. Les
chiffres n'existent pas.
Alors, je lance ces deux éléments-là au
ministre puis j'attends d'entendre ses réponses. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Avant de répondre à la question du collègue, je veux
répondre à la question de la collègue cheffe de la deuxième opposition. C'est à
partir des articles 12, tantôt, quand on parlait de la langue, et il y en a
plusieurs qui font référence à la langue, alors c'est important. Puis, en même
temps, ça permet de répondre à mon collègue de Jacques-Cartier sur l'importance
de la langue dans les services. Et c'est pour ça que je reviens, encore une
fois, avec les navigateurs qui vont être dans les centres hospitaliers, qui
vont avoir cette capacité-là d'échanger avec la clientèle dans la langue...
dans leur langue maternelle. C'est important. Vous avez parlé de l'anglais
aussi, puis je comprends cette importance-là avec certaines communautés aussi.
D'ailleurs, j'aimerais vous souligner, M.
le Président, qu'il y a présentement un comité triparti qui existe, avec le
fédéral, nous et l'Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador,
qu'on appelle, entre nous, l'APNQL. Alors, il y a un comité triparti qui existe
déjà pour voir, au niveau de la santé, qu'est-ce qu'on peut faire, qu'est-ce
qu'on peut faire pour améliorer les soins et comment on peut donner les soins
directs.
M. le Président, je m'en voudrais, quand
mon collègue de Jacques-Cartier parle de violence faite aux femmes, de ne pas
embarquer sur un sujet qui est très cher pour moi. Vous savez, j'ai eu
l'honneur et le plaisir de présider une commission spéciale importante pour
nous, la Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs. Quand on
parle de jeunes femmes qui sont vulnérables, quand on parle de jeunes femmes
qui avaient besoin d'aide, et surtout, que le gouvernement agisse, c'est un
exemple qui est très concret. Et, d'ailleurs, dans cette commission, M. le
Président, on a... on s'est déplacés à Val-d'Or pour rencontrer les membres des
Premières Nations, pour entendre ce qu'ils avaient à nous dire.
Parce qu'effectivement, comme mon collègue
de Saint-Jean disait tout à l'heure, on ne peut pas faire du mur-à-mur, on ne
peut pas se servir des mêmes services, si vous voulez, qu'on a dans le Sud, en
disant : Ça va s'adapter. Bref, comme il l'a si bien dit tout à
l'heure, on ne peut pas regarder ça avec nos yeux du Sud. Il faut s'adapter, il
faut regarder, dans les communautés, quels sont les besoins.
Sans parler des <résultats de cette
commission spéciale, je peux vous dire cependant qu'en se déplaçant, pour nous
c'était important d'avoir la vision du terrain...
M. Lafrenière :
...services,
si vous voulez, qu'on a dans le Sud en disant :
Ça
va s'adapter. Bref, comme il l'a si bien dit
tout à l'heure, on ne peut
pas regarder ça avec nos yeux du Sud, il faut s'adapter, il faut regarder dans
les communautés quels sont les besoins. Sans parler des >résultats de
cette commission spéciale, je peux vous dire cependant qu'en se déplaçant, pour
nous, c'était important d'avoir la vision du terrain, voir comment on pouvait
répondre à leurs besoins spécifiques.
Quand on parle des clientèles vulnérables,
M. le Président, c'est une clientèle qui est très vulnérable. Je vais en
profiter, parce que notre temps est compté — on passe du temps de
qualité ensemble, mais notre temps est compté — pour vous parler
d'une autre clientèle vulnérable, et je parle de la protection de la jeunesse
aussi, M. le Président. Quand on parle de femmes, souvent, on va parler de
protection de nos enfants aussi, et je vais prendre un exemple concret qui est
arrivé, et je suis persuadé que, dans mon prochain bloc, je vais avoir la
chance de reparler de la protection de la jeunesse, parce que c'est important
pour tout le monde ici.
Récemment, on a vécu un cas à Mani-Utenam.
Et, encore là, quand je vous parle de notre nouvelle approche dans notre
disponibilité, dans notre proximité, le chef m'a contacté en disant qu'il y
avait eu un événement à Mani-Utenam, et ça n'allait pas bien. Ce qu'il s'est
passé, on a appliqué les processus standards. Dans le fond, on n'a pas fait ce
que le collègue de Saint-Jean a dit tout à l'heure, on ne s'est pas adaptés,
avec nos lunettes locales, en disant : Comment on peut le faire dans cette
communauté? Est-ce qu'on ne devrait pas parler aux autorités locales? Comment
on pourrait faire mieux? Alors, entre vous et moi, M. le Président, ça aurait
pu être fait très différemment, puis ça n'a pas été le cas.
Est-ce qu'on peut corriger le passé? Non,
mais on peut améliorer le futur. Qu'est-ce qui a été fait par la suite? Avec
mon collègue ministre délégué à la Santé, c'est de regarder, premièrement, à
très courte échéance... Parce qu'on peut parler de changements législatifs, M.
le Président, mais ça n'arrive pas demain. Donc, à courte échéance, comment la
Protection de la jeunesse va mieux travailler avec les organisations locales?
Ça, dans la semaine, ça s'est réglé. Par la suite, qu'est-ce qu'on a dit aussi?
Regardons comment déléguer certains pouvoirs en matière de protection de la
jeunesse. Et ça, M. le Président, ça se fait ailleurs. Je peux vous donner des
beaux exemples. Lac-Simon, pas plus tard que la semaine dernière, j'ai signé ce
protocole, justement, pour leur donner des pouvoirs en vertu de l'article 37.5
pour qu'ils appliquent eux-mêmes la protection de la jeunesse. La communauté
attikamek a déjà ce modèle-là.
Alors, quand on parle de partager,
justement, et d'ajuster notre façon de faire... Protection de la jeunesse, vous
savez, suite aux événements tragiques de Granby, il y a plusieurs changements
qui ont été faits; on a la commission Laurent qui va nous rendre ses
recommandations, il y a déjà un volet autochtone qui est important pour nous.
Mais, en attendant, quand on a des demandes avec les différentes
communautés — parce qu'il ne faut pas voir les peuples autochtones
comme un bloc monolithique, hein, ce n'est pas tout le monde qui a les mêmes
besoins — on s'adapte, et, dans le cas des Attikameks, dans le cas
des Algonquins à Lac-Simon, on s'est bien adaptés; Val-d'Or, c'est la même
chose, il y a une entente qui existe à Val-d'Or aussi pour l'application de la
protection de la jeunesse. Alors, c'est vraiment ça quand on parle d'un
partenariat, c'est de s'ajuster, de donner des bons outils et, après ça, bien,
les assister dans leur travail au quotidien, et ça fonctionne, M. le Président.
Ce n'est pas parfait. Le système, il n'est
pas parfait. Mais, tantôt, je vous parlais de bons coups. Moi, c'est des bons
coups, je voulais souligner aujourd'hui, parce que le système sait s'adapter,
on a des gens de coeur qui sont sur le terrain, et ça nous a démontré que
c'étaient des beaux résultats pour le bien de la communauté et les gens qui
sont vulnérables. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Je vais maintenant redonner la parole à la
députée de Roberval. À vous.
Mme Guillemette : Merci <beaucoup,
M. le Président...
M. Lafrenière : ...les
bons coups je voulais souligner
aujourd'hui,
parce que le
système
sait s'adapter, on a des gens de coeur qui sont sur le terrain, et ça nous a
démontré que c'étaient de beaux résultats pour le bien de la
communauté
et des gens qui sont vulnérables.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:
Merci beaucoup. Je vais
maintenant redonner la parole à la
députée de
Roberval. À
vous.
Mme Guillemette :
Merci
>beaucoup, M. le Président. Donc, pour ce deuxième tour de parole,
j'aimerais prendre un moment pour vous entretenir de santé mentale. Vous ne
serez pas surpris. En cette période de crise sanitaire, c'est un sujet auquel
on donne beaucoup de place. On parle beaucoup, ces temps-ci, de l'importance de
la santé mentale, et c'est un facteur important qu'on doit aussi prendre en
considération lorsqu'on pense aux enjeux de la santé des peuples autochtones du
Québec.
Malheureusement, notre capacité à estimer
les besoins des Premières Nations et des Inuits en matière de santé mentale est
affectée par l'absence de données spécifiques sur les peuples autochtones. Par
exemple, nos données statistiques sur la dépression ne peuvent être ventilées
selon l'identité autochtone. Comme cette information ne fait pas partie des
instruments de collecte des données et que les régions majoritairement peuplées
d'autochtones ont parfois décliné la participation à certaines enquêtes, il va
de même pour les données sur le taux de suicides, qui ne peuvent être
déterminées à partir des données des enquêtes québécoises. Cette situation est
vraiment problématique, parce qu'elle nous empêche de mettre à profit et de
mesurer le défi auquel nous devons faire face afin d'assurer un soutien adéquat
aux peuples autochtones.
Afin d'inclure les groupes autochtones
dans les enquêtes du Québec, des travaux sont en cours présentement pour
explorer la possibilité de prendre en compte l'identité autochtone dans une
perspective globale au sein du MSSS, notamment avec la mesure 4.2.6 du
Plan d'action gouvernemental pour le développement social et culturel des
Premières Nations et des Inuits 2017‑2022 .
L'inclusion des peuples autochtones dans
les enquêtes du Québec a comme finalité de permettre au MSSS de rehausser la
surveillance ainsi que d'améliorer la compréhension du contexte de la
dépression, de l'alcoolisme et du décès par suicide au Québec, incluant celle
des peuples autochtones. Ces travaux permettront de produire des informations
pertinentes de qualité et disponibles en temps opportun aux différents acteurs
de la santé publique afin de mieux soutenir et d'adapter adéquatement les
politiques et les programmes de prévention existants. Mon collègue de
Saint-Jean, tout à l'heure, a fait mention d'une belle collaboration qui a été
mise à profit pour mieux soutenir, dans la réalité des peuples autochtones, une
communauté.
Il y a certains liens qui sont faits déjà
entre santé mentale et sentiment d'appartenance. Vous savez, une bonne santé
mentale, c'est nourri par un sentiment d'appartenance fort, une inclusion sociale,
une confiance en ses moyens et en ses aptitudes. Ça peut aussi s'appuyer sur un
sentiment de compétence, sur la spiritualité, mais surtout sur le soutien
affectif qu'on reçoit.
On sait que la <mise en valeur de la
culture passée et présente est quelque chose de nécessaire pour que le...
Mme Guillemette :
...confiance en ses moyens et en ses aptitudes. Ça peut aussi s'appuyer sur un
sentiment de compétence, sur la spiritualité, mais surtout sur le soutien
affectif qu'on reçoit.
On sait que la >mise en valeur
de la culture passée et présente est quelque chose de nécessaire pour que leur
rôle sur leur territoire québécois soit reconnu de tous, pour qu'on évite de
tomber dans le piège de la représentation anecdotique de l'histoire dans nos
institutions, les institutions culturelles, éducatives.
Cet été, M. le Président, j'ai eu la
chance d'aller visiter le musée amérindien et d'aller participer à des fouilles
archéologiques. Et, lorsque la situation le permettra, j'invite M. le ministre
à venir visiter ce magnifique musée autochtone. Donc, en attendant d'avoir des
données empiriques pour diriger plus spécifiquement notre action aux besoins
des peuples autochtones, il est important qu'on agisse maintenant pour
favoriser une bonne santé mentale dans les communautés. Certaines pistes de
solution sont déjà bien connues par notre gouvernement et seront explorées. Je
sais déjà que le ministre a ce dossier-là très à coeur. Nous continuerons d'agir
en collaboration avec les Premières Nations.
Et je ferais un petit clin d'oeil, M. le
ministre. Hier, on a eu la nomination de Mme Marie-Andrée Gill, on parle
de culture, donc, Mme Marie-Andrée Gill, une écrivaine originaire de
Mashteuiatsh, a reçu, du CALQ, du Conseil des arts et des lettres du Québec, en
collaboration avec Culture Saguenay—Lac-Saint-Jean, le prix de l'Artiste de
l'année. Donc, félicitations, Mme Gill. Et on a plusieurs belles exemples
de Mashteuiatsh ou de d'autres communautés, si on ne pense qu'à Michel Jean, qui
a reçu le Prix littéraire France-Québec 2020. Donc, la richesse de la culture
autochtone, on doit se l'approprier aussi, nous... Pour contrer la
stigmatisation, il n'y a rien de mieux que de bien connaître nos deux peuples,
pour pouvoir collaborer pour le meilleur, pour l'avenir. Donc, je vous
remercie, M. le Président.
• (11 h 20) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député du
troisième groupe d'opposition, le député de René-Lévesque. À vous, monsieur.
M. Ouellet : Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, à mon tour de saluer le ministre et les
collègues ce matin pour cette interpellation. Avant de faire cette
interpellation, j'ai parcouru une vaste revue de presse. Mais j'aimerais juste
attirer l'attention sur trois articles qui, aujourd'hui, vont faire partie
assurément du plaidoyer que nous allons faire pour améliorer les services de
santé pour les Premières Nations.
Le 19 novembre 2020, Espaces
autochtones, pour Radio-Canada : Les communautés autochtones du Québec
rattrapées par la deuxième vague. Un peu plus de 150 cas confirmés, dont
au moins 81 depuis la première vague. ICI Radio-Canada Côte-Nord, le 20 novembre :
Retour des points de contrôles aux entrées de Uashat. 22 août 2020,
sur Espaces autochtones, encore, sur Radio-Canada : Le prudent
déconfinement des Mohawks de Kahnawake.
C'était écrit dans le <ciel, M. le
ministre, les communautés autochtones étaient parmi les populations les plus à
risque pendant cette pandémie, et avec raison...
M. Ouellet :
...le 20 novembre, retour des points de contrôle aux entrées d'UashatV. 22 août
2020, sur Espaces
autochtonesVT, encore, sur
Radio-CanadaT, Le
prudent déconfinement des Mohawks de
Kahnawake
T.
C'était écrit dans le >ciel, M.
le ministre, les communautés autochtones étaient parmi les populations les plus
à risque pendant cette pandémie, et avec raison. Il fallait tout faire pour les
outiller, pour les protéger, pour éviter, autant que possible, que le virus
entre dans les communautés. Elles ont tenu le fort, elles ont paré la menace,
et c'est parce qu'elles étaient organisées, et elles l'ont fait spontanément.
Elles ont limité l'accès à leurs points d'entrée, elles ont... elles se sont
déconfinées moins rapidement que le reste du Québec. Certaines ont reporté le
début des classes, d'autres ont établi des zones de transition.
Il faut rappeler que, chez les
autochtones, les aînés sont extrêmement respectés. C'est peut-être sur la base
de cette valeur humaniste que les communautés ont si bien résisté. Je relisais,
d'ailleurs, un article qui cite un jeune Mohawk de 10 ans, en parlant de
l'importance de tout faire pour protéger les aînés pendant cette pandémie :
«Les aînés, pour nous, c'est comme un arbre. Ils font partie de l'arbre.»
Ce que j'essaie de démontrer, c'est que,
grâce à leurs valeurs de solidarité et de respect, grâce à leur leadership, à
leur cohérence, les communautés autochtones ont fait face à la première vague
et ont, depuis le début de la deuxième vague, fait face avec courage et
efficacité. Ils se sont débrouillés, malgré le fait que les services de santé
dispensés par l'État étaient déficients dans certains cas. Elles se retrouvent
dans des services trop souvent discriminatoires dispensés par l'État québécois.
D'ailleurs, je vous rappelle que ma
collègue députée de Joliette a déposé une motion pour enchâsser le concept de
sécurisation culturelle dans la loi sur la santé et les services sociaux. Le
plus important, c'est que cette motion a été adoptée à l'unanimité. Donc, comme
parlementaires, nous avons l'obligation morale d'agir en ce sens. On a annoncé
de la formation, c'est bien, M. le ministre, mais, pour se donner tous les
moyens de ne jamais reculer, ça prend un outil législatif.
Pendant la pandémie, M. le ministre, les
élus de ma région, de la Côte-Nord, avec les élus des Premières Nations, on a
tenu plusieurs rencontres téléphoniques. Parce que, vous le savez, sur la
Côte-Nord, ce n'est pas un système de santé comme on connaît ailleurs dans la
métropole et dans la capitale, et, dans certains cas, on peut même le qualifier
de médecine de brousse. Donc, les gens de la communauté d'Essipit, de Pessamit,
de Uashat mak Mani-Utenam, d'Ekuanitshit, de Nutashkuan, d'Unamen Shipu, de
Pakuashipi, de Matimekosh—Lac John ont, à chaque semaine, expliqué leurs
craintes, leurs peurs face à cette pandémie, et on discutait, avec les élus et
la Santé publique, des meilleures façons de mettre des pratiques pour sauver
leurs communautés, protéger leurs communautés. Et, vous savez, M. le ministre,
les communautés des Premières Nations, ce sont des communautés tissées serrées.
Dans les logements — et il y a beaucoup de
surpopulation — on voit plusieurs familles partager les mêmes pieds
carrés, et cette promiscuité amenait évidemment tout un défi si la COVID-19
allait se présenter à l'intérieur même des communautés.
Donc, tout ça pour dire qu'aujourd'hui on
ne peut pas faillir, et j'aurais des questions pour le gouvernement pour faire
encore mieux dans cette pandémie et aider encore nos communautés, notamment
celles de la Côte-Nord, mais toutes les communautés des Premières Nations sur
l'ensemble du territoire.
On apprenait ce <matin qu'Ottawa ne
digère tout simplement pas que votre gouvernement...
M. Ouellet :
...donc, tout ça pour dire qu'
aujourd'hui, on ne peut pas faillir et
j'aurais des questions pour le
gouvernement, pour faire encore mieux
dans cette pandémie et aider encore nos communautés,
notamment celles de
la
Côte-NordT, mais toutes les communautés des
Premières NationsT
sur l'ensemble du
territoire.
On apprenait ce >matin qu'Ottawa
ne digère tout simplement pas que votre gouvernement a mis de côté 1,2 million
de tests de dépistage rapide de la COVID-19, qui ne sont tout simplement pas
déployés. Donc, pour nous, on croit que ces tests rapides devraient être
utilisés pour aider les Premières Nations à diagnostiquer rapidement la
présence de la COVID pour assurer de limiter la propagation. Donc, où en est le
déploiement du gouvernement pour les tests rapides? Est-ce que votre gouvernement
aussi envisage un plan d'évacuation aérien d'urgence pour évacuer des membres
des communautés éloignées malades de la COVID? Et, en terminant, est-ce que le
gouvernement est ouvert à déployer aussi temporairement et rapidement des soins
ambulatoires directement dans les communautés pour éviter au maximum les
déplacements des gens vers les hôpitaux, où ils risquent de contracter la COVID
et de les ramener dans leur communauté?
Bref, le ministre de la Santé nous dit
qu'il en fait beaucoup. J'aimerais, aujourd'hui, entendre du ministre des
Affaires autochtones : Avec son arrivée, quel est le leadership qu'il
attend occuper pour ce qui est de la limitation de la propagation de la
COVID-19 à l'intérieur des communautés des Premières Nations? Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le député. Alors, M. le ministre, je
vous recède la parole.
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à mon collègue de René-Lévesque pour sa
question qui me permet de parler, justement, de cette pandémie qui frappe
effectivement très fort dans les communautés. Puis on comprend, hein, avec la
promiscuité, avec un problème de logis, avec des gens... plusieurs personnes,
plusieurs familles dans la même unité d'habitation, on comprend la sensibilité
de tout ça.
Et c'est pour ça que nous sommes en lien,
je vous dirais, quotidiennement avec les communautés, puis je peux vous donner
des exemples. Tantôt j'ai parlé de Manawan, je vais y revenir. Mais Wemotaci
l'a vécu aussi, Wemotaci a des cas confirmés positifs dans la communauté. Lac
Barrière, même chose, un cas qui a été déclaré. Mais, rapidement, les gens de
la communauté s'inquiètent. Pourquoi? Parce que leur crainte, c'est que ça se
propage rapidement.
Dans le cas de Manawan, quand on a su,
justement, qu'il y avait une hausse des cas, quand on a su par le chef Ottawa
qu'il y avait une problématique, on a agi, on a agi rapidement. Et, vous savez,
on pourrait dire que les soins de santé, c'est de compétence fédérale dans une
communauté, mais on a agi. On a agi avec le CIUSSS. Ça, c'est un geste concret,
une équipe qui... des équipes, pardon, qui ce sont déplacées pendant le
week-end pour aller sur place pour, justement, faire en sorte de calmer l'éclosion
qu'il y avait là et surtout de soutenir le personnel médical, qui était, bien
honnêtement, brûlé complètement du travail qu'il faisait là. Alors, ça a été
fait, ça a été fait rapidement, puis on n'a pas attendu d'avoir des grands
principes, on l'a fait rapidement sur la demande qu'ils ont...
Pour ce qui est de barrer l'accès à
certaines communautés, c'est un réflexe qui était approprié. Et je dois vous
avouer, M. le Président, depuis mon arrivée en poste, j'aurais aimé faire la
tournée des communautés pour rencontrer les gens, mais c'est la dernière chose
à faire présentement. Dernière chose à faire, moi, qui arrive dans une zone en
Montérégie, zone rouge, zone à risque, d'aller dans des communautés comme ça et
de risquer de propager la COVID. Alors, on le fait par téléphone, mais on est
en lien, je veux vous rassurer, on est en lien. Mais il y a une très grande
sensibilité des communautés des Premières Nations à la visite, d'avoir de la <visite
sur leur territoire, ils tiennent...
M. Lafrenière : …chose
à faire, moi, qui arrive d'une zone en Montérégie, zone rouge, zone à risque,
d'aller dans des communautés comme ça et de risquer de propager la
COVIDT,
alors on le fait par téléphone, mais on est en lien, je veux vous rassurer, on
est en lien. Mais
il y a une très grande sensibilité des communautés,
des Premières Nations à la visite, à avoir de la >visite sur leur territoire,
ils ne tiennent pas à ça, mais pas du tout, pour les raisons que vous avez
évoquées tantôt. Alors, oui, on y travaille.
En toute transparence, vous avez parlé des
tests rapides, je vais faire des vérifications, je ne vous dirai pas n'importe
quoi, mais je ne le sais pas, je ne le sais pas, mais je vais faire des vérifications
avec ce que vous m'avez apporté. Je peux vous dire a contrario que, dans la
région de l'Abitibi, il y a une communauté qui m'avait interpelé, ils disaient
qu'il manquait de «testing kit», des trousses de test, et on a fait l'appel
avec nos collègues du fédéral, puis ça s'est réglé rapidement. Alors, on le
fait, ça, c'est le genre de chose qu'on fait au quotidien. Je dis souvent que,
dans notre secrétariat, on est des facilitateurs, on est impliqués dans la
majorité des dossiers, mais avec d'autres ministères. Et vous avez demandé quel
genre de leadership on a, mais c'est très collaboratif, on travaille avec tous
les ministères, on a des résultats qui sont probants, qui sont rapides.
La santé, c'est tellement important pour
nous, M. le Président, que nos… pas une, mais les deux premières annonces qu'on
a faites, dans le plan J'ai espoir, touchaient la santé. On a parlé, tout à
l'heure, de la sécurisation culturelle, qui est si importante. Et la deuxième
annonce, par la suite, c'était le Centre d'amitié autochtone de Lanaudière. Et
vous allez me demander pourquoi la santé, parce que, souvent, les gens quand
ils vont recevoir des soins, vont aller se loger, vont rester sur place, et ça
va être à proximité, c'est même un terrain, on a pu obtenir la proximité
d'hôpital, pour permettre, justement, d'avoir des soins. Parce que, vous l'avez
dit tout à l'heure, vous avez parlé de médecine de brousse, puis il y a des
gens qui doivent se placer au quotidien puis, oui, des communautés, mais même
des gens, des fois, de régions plus éloignées qui doivent se déplacer.
Hier, je parlais à un chef, M. le
Président, qui, lui, doit se déplacer avec son épouse, de venir jusqu'à Québec
pour avoir des soins de dialyse. Il est heureux de savoir qu'ici, à Québec, on
a un centre d'hébergement où ils peuvent rester sur place. Mais, oui, c'est un
enjeu, c'est un enjeu qu'on vit avec certaines régions, on en est conscients,
M. le Président, et, non, ça ne s'est pas réglé du jour au lendemain, on a
encore beaucoup de travail à faire là-dedans.
Ceci étant dit, il y a des belles
avancées, j'en ai parlé tout à l'heure, je vais continuer de parler de
certaines avancées qui ont été faites pour les personnes vulnérables.
Récemment, on a réussi à embaucher des ressources, au niveau de la DPJ, pour le
Grand Nord. C'était un défi, M. le Président, on ne réussissait pas à avoir des
ressources qui restaient sur place, on a réussi à en embaucher, à avoir le
personnel nécessaire. Et, en ajout à ça, on a, avec la communauté crie et
inuite, développé des logements qui vont être bâtis pour le personnel. C'est un
autre des enjeux qu'on vit dans certaines communautés, comment avoir de
l'attraction pour le personnel et comment le garder sur place. Alors, oui, il y
a du logis qui va être bâti. Ça, encore là, c'est un exemple qui est très
pragmatique sur comment donner des bons soins. Vous allez me dire, ce n'est pas
le logis pour l'infirmière ou le médecin qui donne les meilleurs soins, mais
d'avoir un médecin ou une infirmière sur place, qui peut loger sur place, ça
contribue grandement à avoir des soins.
Alors, on est dans cette approche-là. Je
le disais, encore une fois, on est très ouverts, très ouverts aux commentaires
qu'on reçoit. Et, cher collègue, je peux vous confirmer, je vais vérifier pour
les tests rapides, puis je vous reviendrai, parce que c'est important pour moi.
Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. La parole maintenant va revenir au
député de Saint-Jean.
• (11 h 30) •
M. Lemieux : Merci <beaucoup,
M. le Président…
>
11 h 30 (version révisée)
<17903
M. Lafrenière :
...contribue grandement à avoir des soins. Alors, on est dans cette
approche-là. Je le dis
encore une fois, on est très ouverts, très
ouverts aux
commentaires qu'on reçoit. Et, cher
collègue, je peux
vous confirmer, je vais vérifier pour les tests rapides puis je vous reviendrai
parce que c'est important pour moi. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:
Merci, M. le ministre.
La parole,
maintenant, va revenir au
député de
Saint-Jean.
M. Lemieux :
Merci
>beaucoup, M. le Président. J'écoutais le débat, hier, aux motions sans
préavis, en hommage à Max Gros-Louis et, entre autres, l'intervention du
collègue de René-Lévesque, et vous allez voir pourquoi ça m'a frappé. Je me
suis souvenu que c'est vraiment le premier autochtone que j'ai vu en vrai,
comme on disait dans le temps, là, aujourd'hui, on dit en présentiel. Il faut
dire que j'étais très jeune, c'était au Colisée de Québec, M. le député de
René-Lévesque, pour le tournoi pee-wee, et que Max Gros-Louis, je m'en souviens
encore, je le vois, battait la mesure dans le colisée et soulevait tout le
monde avec son tambour pour appuyer son équipe. Le petit bonhomme que j'étais
n'était pas peu impressionné par le tambour puis par ses couettes. J'étais
impressionnée aussi, et il faut que je fasse vite parce que j'ai pris toutes
sortes de notes auxquelles je veux venir, mais, en 1979, à Regina, quand le
jeune journaliste que j'étais s'est retrouvé dans un «friendship centre», puis,
après, quand il s'est retrouvé dans les Territoires du Nord-Ouest pendant deux
semaines pour la venue du pape Jean-Paul II à l'époque à Fort Simpson, où
il n'est pas venu la première puis il est revenu l'année d'après. Ça fait déjà
trop longtemps de ça, il y en a qui se demandent de qui je parle quand je parle
de Jean-Paul II, c'était le pape à l'époque.
Tout ça pour dire que ces impressions-là
sont importantes. Puis ces impressions-là font en sorte qu'on vient conforter
cette espèce de vision que j'essayais d'énoncer tout à l'heure qui est
importante, parce qu'il faut voir les choses comme elles le sont sur leur terrain,
qui n'est pas le nôtre. Ce n'est pas eux et nous, mais, en même temps, c'est
chez eux, et il faut respecter ça.
Je ne raconte pas ça pour rien, parce
qu'on arrive ici avec ce que nous sommes, comme je disais tantôt, et le
contexte fait foi de tout. Donc, c'est important de le voir. Quand je parlais
du Grand Nord, quand je parle maintenant du Moyen Nord, il y a plein de choses
dans ce que les peuples des Premières Nations nous demandent qu'on ne comprend
pas parce que, sauf erreur, on n'est pas capable de même l'imaginer dans
certains cas.
Et, là encore, ce que le député de
René-Lévesque vient de nous dire au sujet de la pandémie, effectivement, on a
vu ça passer, mais jusqu'à quel point les personnes âgées sont importantes pour
les Indiens, jusqu'à quel point on a des arguments légitimes pour faire ce qu'on
a fait...
D'ailleurs, les arguments, M. le
Président, du député de René-Lévesque par rapport aux tests sont plus que
légitimes. Content d'entendre le ministre des Affaires autochtones dire qu'il va
faire des vérifications. Moi, ma compréhension, c'est qu'on voulait les envoyer
et on se prépare pour les envoyer, une fois qu'on va valider tout ce qu'il
faut, vers les régions éloignées. Et il n'y a pas juste Sept-Îles puis les
Îles-de-la-Madeleine <qui sont des régions éloignées...
M. Lemieux : ...du
député de
René-Lévesque par rapport aux tests sont plus que légitimes.
Content d'entendre le
ministre
des Affaires autochtonesT dire
qu'il va faire des
vérifications. Moi, ma compréhension, c'est qu'on
voulait les envoyer et on se préparer pour les envoyer, une fois qu'on va
valider tout ce qu'il faut, vers les régions éloignées. Et il n'y a pas juste
Sept-ÎlesT
puis les
Îles-de-la-Madeleine >qui sont des régions éloignées au Québec.
Et là on aurait une bonne place où les envoyer.
La sécurisation culturelle dont a parlé la
cocheffe du deuxième parti d'opposition m'a vraiment accroché au début. J'ai vraiment
dit : Bien oui, il faut... encore là, il faut se remettre à leur place. Et,
vous le disiez, Mme la députée d'Abitibi-Ouest, c'est tellement important de
voir la situation dans leurs yeux, dans leurs langues. Mais, moi, en tout cas,
les navigateurs du ministre des Affaires autochtones, je trouve ça pragmatique,
je trouve ça pratico-pratique, je trouve ça réaliste. C'est, jusqu'à preuve du
contraire, quelque chose d'immédiat ou de presque immédiat, et c'est tant
mieux.
Le député de Jacques-Cartier a émis une...
«and you were so bang on, my friend», quand vous parliez des agences qui sont
obligées de considérer la partie anglophone de la clientèle. Vous venez de
donner une très bonne piste à notre ministre des Affaires autochtones, et je
suis certain qu'il va accrocher là-dessus bien avant l'ombudsman. Je ne sais
pas lui, mais moi, l'ombudsman, à quelque part, il me semble que, dans le
service de santé, au-delà des comités des usagers, il y a tellement de couches
et de labyrinthes que, si on peut aller directement à ceux qui en ont de
besoin, on va faire la job, comme on dit.
Et la responsabilité populationnelle, Mme
la cocheffe du deuxième groupe d'opposition, bien là, vous m'avez. Je vais vraiment,
moi aussi, y penser beaucoup. Pas la partie indépendantiste de l'affaire, mais
la partie constitutionnelle de l'affaire. La partie représentation à Ottawa.
Parce qu'au final, quand on parle de soins de santé, comme de n'importe quoi
des Premières Nations, il y a toujours une espèce de triangle, qui est loin
d'être amoureux. La bonne nouvelle, là-dedans, c'est que j'ai fait des
vérifications et, encore récemment, on m'a dit que les relations entre le monde
de la santé du Québec et Ottawa étaient aussi bonnes qu'elles pouvaient l'être
dans les circonstances, même en pandémie.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Nous allons terminer le bloc d'intervention. Et je
cède la parole au député de l'opposition officielle, le député de
Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Merci,
M. le Président. Je suis content que la députée de Roberval a parlé de la santé
mentale, parce que, quand on a eu l'annonce du 100 millions de dollars, c'est
une bonne chose, mais j'ai dit que c'est important qu'on va trouver qu'il y a
l'argent disponible pour les peuples autochtones du Québec. Malheureusement,
pendant la crise et très récemment, la nation naskapie a vécu un suicide d'une
très, très jeune membre de la communauté. Ça arrive trop souvent et c'est
triste, alors j'espère que, dans un temps qui n'est pas... difficile pour
plusieurs Québécois, on n'oublie pas que cet argent, on va trouver des parties
pour les différentes communautés autochtones. Parce que ce n'est pas facile,
quand même, les Cris ont fermé leur frontière pour s'assurer tout le monde
reste chez eux, parce <qu'eux autres… ma collègue, la cheffe de la...
M. Kelley
: …que
dans un temps qui n'est pas difficile pour
plusieurs
Québécois,
on n'oublie pas que cet argent, on va trouver des parties pour les différentes
communautés
autochtones. Parce que ce n'est pas facile,
quand
même, les Cris ont fermé leur frontière pour s'assurer que
tout le monde
reste chez eux, parce >qu'eux autres… ma collègue la cheffe de la
deuxième opposition officielle a parlé du fait du logement, et c'est une vraie
crise, mais, quand on pense qu'il y a trois familles dans le même logement...
Puis, si jamais il y a une vraie éclosion dans une communauté crie, on va avoir
plusieurs problèmes pour, oui, des personnes plus aînées en sécurité, mais les
personnes à risque. Alors, la prévention est très, très, très importante.
Et, en même temps, les tests rapides...
est important, mais aussi je veux s'assurer qu'il y a des discussions avec le gouvernement
fédéral, parce qu'ils ont dépensé beaucoup d'argent partout au Canada. Pour
protéger le Manitoba, on comprend, présentement, il y a une crise là, mais
j'espère qu'on va avoir notre… pas notre juste part, mais le gouvernement
fédéral a un rôle à jouer aussi pour s'assurer qu'il y a un financement adéquat
pour la prévention et la bataille contre le COVID pour les peuples autochtones
du Québec.
Et, M. le Président, je veux juste parler
un petit peu, tout le monde ici connaît mon père, plusieurs personnes, sur
côté, à la fonction publique, ont travaillé avec mon père, mais tout ce dossier
de la santé mentale, c'est important. Parce que mon oncle a marié une femme
autochtone, à trois heures nord de Whitehorse, à Lowes, qui est allée à une
école résidentielle. Alors, mes cousins sont autochtones. Pelly Crossing, c'est
une ville de 300 personnes. Puis je vous dirais que, pour mes cousins, oui,
il y a une mine pas loin, mais mes cousins étaient comme : à chaque fois
qu'on travaille dans une mine, on pense, des fois, juste parce qu'il y a un job
dans le coin, c'est y a un «fit», c'est parfait.
Mais ce n'est pas la réalité pour mes
cousins, qui ont trouvé ça difficile de faire le mélange de leur culture, leur
condition puis la réalité d'une moderne planète, si je peux dire ça comme ça.
Ce n'était pas facile pour eux autres non plus d'aller vers le Sud, à
Vancouver, pour étudier. Ce choc d'aller à une communauté de 300, à une grosse
ville métropolitaine, pas facile. Et c'était difficile pour leur santé mentale,
c'est quoi, notre avenir, on en est où et…
Alors, quand on parle de santé mentale et
quand on voit des cas, c'est vrai, et ce n'est pas facile, et je vous dirais
que ce n'est pas facile. Quand même, mon oncle, c'est un avocat qui travaille
pour protéger les droits des autochtones, il peut dire que ce n'est pas facile
pour les gens de Pelly Crossing, dans cette petite communauté qui est loin des
ressources et des institutions. Alors, quand on parle de tout ça, ce n'est pas
juste de faire un débat, mais on parle des vraies personnes qui sont dans des situations
très, très vulnérables.
Je suis content de l'échange que nous
avons eu ici. Moi, je pense qu'avec plusieurs des éléments qui existent des
différents rapports qui ont été mis sur la table, à un certain moment, c'est probablement
une bonne idée de déposer un projet de loi qui est plus <large, où on
peut travailler ensemble, puis on peut avoir la représentation des peuples autochtones
ici pour peut-être modifier plusieurs lois du Québec. Ça,
c'est un énorme travail, parce que, comme…
M. Kelley
:
...sur la table à un certain moment, c'est
probablement une bonne idée
de déposer un
projet de loi qui est plus >large, où on peut
travailler ensemble, qui on peut avoir la représentation des peuples
autochtones, ici, pour peut-être modifier plusieurs lois du Québec.
• (11 h 40) •
Ça, c'est un énorme travail parce que,
comme on a discuté, ce n'est pas juste le ministre des Affaires autochtones qui
va changer tout. Ça prend un changement dans plusieurs différents ministères.
Ça prend une action concrète du gouvernement. Moi, je pense, quand on regarde
des appels à l'action, ce n'est pas une critique envers les fonctionnaires SAA,
mais j'imagine qu'eux autres veulent plus de ressources aussi.
Alors, mais peut-être c'est le temps
maintenant de créer un ministère qui est responsable pour, et pas juste un
secrétariat. Et, encore, ce n'est pas un reproche vers un secrétariat, mais
peut-être c'est le temps de donner plus de ressources, plus de fonctionnaires
et un plus grand budget qui est dédié aux peuples autochtones du Québec. Puis,
je pense, ça, ce n'est pas une mauvaise chose. Ça, c'est quelque chose que je
pense que tout le monde, ici, sur ce côté de la Chambre, est probablement prêt
à discuter, parce que c'est écrit dans le rapport. Et moi, je trouve que c'est
aussi quelque chose, très, très intéressant. Et, peut-être, ça peut aider,
peut-être non, mais je pense qu'il y a un débat à avoir là-dessus.
Alors, je veux juste remercier le ministre
puis aussi tous ses collègues pour les interventions d'aujourd'hui. Encore, je
répète, je pense, c'était une bonne discussion, dans la bonne direction. Mais c'est
sûr qu'il y a beaucoup de choses qu'il reste à faire. Merci, M. le Président.
Conclusions
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Nous en sommes aux dernières
interventions. M. le ministre, vous avez la parole pour 10 minutes.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, chose promise, chose due, collègue de
René-Lévesque. L'information que j'ai reçue, c'est qu'on est en attente de
validation des tests, de voir de quelle façon ça va s'appliquer. Alors, je vais
vous revenir avec plus de précision, mais c'est la première réponse que j'ai
eue.
Et, pour moi, cet exercice-là, aujourd'hui,
bien, ça me permet, justement, de parler de l'exercice qu'on vient d'avoir
ensemble. Je ne le disais même pas à la blague quand je disais qu'on était pour
avoir deux heures de temps de qualité ensemble. J'apprécie beaucoup la façon
que s'est déroulé l'échange. Et je peux vous dire, j'ai pris plusieurs pages de
notes, parce que c'est ensemble, je pense, qu'on va arriver à un meilleur
résultat. Puis ça a été très positif ce matin.
Puis je suis heureux de voir aussi mon
collègue de Jacques-Cartier, qui nous dit qu'il va nous appuyer dans nos
demandes avec le fédéral pour s'assurer qu'on a les bonnes ressources, les
ressources financières aussi, pour le système de santé dans les communautés. Et
je salue son approche ce matin.
On a parlé de beaucoup de choses
aujourd'hui, M. le Président. Et je vais tenter, en quelques minutes, de faire
une conclusion de tout ça, mais je veux régler... bien, je veux régler... je
veux parler de l'aspect santé et santé mentale. Mon collègue de Jacques-Cartier
en a parlé, puis c'est effectivement extrêmement important. Mon collègue
ministre délégué à la Santé, en a déjà parlé, il y a des listes d'attente pour
les psychologues, il y a des listes d'attente pour les psychiatres. Il fallait
trouver des solutions rapides pour les gens qui ont besoin d'un service. Hein,
quand on est en situation de détresse, on ne peut pas attendre des mois, même
pas des semaines.
Alors, on a augmenté les services sur le 811.
Il y a le programme québécois pour les gens qui ont besoin de santé... de soins
de santé, pardon, mentale sans passer par un médecin de famille, ça, c'est
bien. Et, ce matin, par un pour hasard, je voyais l'Association québécoise de
prévention du suicide, qui a lancé un site Web fort intéressant, qui s'appelle suicide.ca.
Il y a une application qui s'appelle Mes outils. Et je l'ai testée ce <matin,
M. le Président. Et rapidement...
M. Lafrenière : ...de
soins de
santé mentale sans passer par un
médecin de famille, ça,
c'est bien. Et ce matin, par un pur hasard, je voyais
l'Association
québécoise
de prévention du suicideV qui a lancé un site Web fort
intéressant, qui
s'appelle Suicide.caV. I
l y a une
application qui s'appelle Mes
outilsV, et je l'ai testée ce >matin, M. le Président. Et rapidement,
quand on va sur cette plateforme, on nous demande si on veut avoir de l'information
ou de l'aide, et il y a quelqu'un qui peut dialoguer avec nous en direct.
Je vous parle de ça, M. le Président, parce
que, vous savez, des fois, la réponse peut venir de plusieurs groupes. Et, dans
ce cas-là, c'est une association qui a décidé de faire sa contribution, puis je
voulais les saluer aujourd'hui. Je veux saluer le travail qu'ils ont fait.
Je vais vous dire qu'il y a plusieurs
ressources qui ont été ajoutées dans le système, mais ce n'est pas terminé,
pour la santé mentale, on a ça à l'oeil. Et, d'ailleurs, mon collègue ministre
délégué à la Santé me disait qu'il avait fait une approche avec nos collègues
de l'opposition pour le plan 2021‑2026, une approche non partisane avec
des consultations pour voir de quelle façon on peut améliorer les services
qu'on donne. Et mon collègue de Jacques-Cartier a amené un point intéressant
pour les communautés des Premières Nations et inuites, de quelle façon on peut
améliorer ces soins-là, puis je suis persuadé que c'est des commentaires qui
vont remonter dans cette approche qui est non partisane.
Depuis notre arrivée en poste, M. le
Président, depuis mon arrivée en poste, ce que j'ai tenté de faire, c'est des
annonces concrètes. Je vous l'ai dit tout à l'heure, les gens ont réagi
beaucoup à ce qui est arrivé à Joyce Echaquan, mais c'est une réalité qui était
là, on l'a eu au visage, les gens ont réagi, c'est un électrochoc. Et je veux
m'adresser à Carol Dubé, au conjoint de Joyce Echaquan, en lui disant que, dès
le lendemain, les Québécois ont réagi rapidement, nous ont demandé de faire des
actions, puis c'est ce qu'on a commencé à faire.
Alors, le Principe de Joyce, M. le
Président, on l'a. Pour nous, c'est un principe qui est fort important, fort
important. Et le ministre de la Santé m'a déjà dit qu'il regardait, dans ce
principe-là, de quelle façon on pourrait l'appliquer pour que ce soit bien,
bien concret. Parce que, oui, c'est intéressant, et les consultations qui ont
mené à ça sont une démarche qui est fort complète.
De notre côté, depuis... je vous disais,
depuis mon arrivée, j'ai le plan... j'ai espoir où, à chaque semaine, on fait
des annonces concrètes pour amener des changements mais des réponses aussi.
Tout à l'heure, il y a un collègue qui faisait mention à l'ENFFADA. On peut
faire mention aussi au rapport Viens. On répond à des appels à l'action qui
étaient là, qui étaient déjà couchés sur papier, il fallait juste provoquer des
choses, et là on est dans la livraison.
Alors, M. le Président, on est rendu à la
quatrième semaine, quatrième annonce qui va avoir lieu dans pas tant de temps
que ça, dans quelques minutes. Alors, j'invite les gens dans cette salle à
regarder cette annonce et les gens à la maison, qui sont nombreux à nous
écouter, à nous entendre en direct tout à l'heure, à 13 h 30, parce
que c'est une autre annonce qui répond à des appels à l'action.
Première annonce est importante pour la
sécurisation culturelle dans le monde hospitalier. Mon collègue ministre de la
Santé a décidé d'élargir cette annonce-là et de s'assurer que tous les employés
et non pas seulement le personnel soignant, tous les employés étaient pour être
impliqués, et pas juste le centre de santé de Joliette mais vraiment
l'ensemble. C'est la sécurisation culturelle, donc, qui est annoncée dans la
première... l'annonce n° 1.
Annonce n° 2, c'est
le <Centre d'amitié autochtone de LanaudièreV et encore là pour permettre
à des...
M. Lafrenière :
...seulement le personnel soignant, tous les employés étaient pour être
impliqués, et pas juste le centre de santé de
Joliette, mais
vraiment
l'ensemble. C'est la sécurisation culturelle, donc, qui était annoncée dans la
première... l'annonce
n° 1.
Annonce
n° 2,
c'est le >Centre d'amitié autochtone de Lanaudière, et, encore là, pour
permettre à des gens qui ont des traitements à recevoir, qui ont des soins de
santé à recevoir, de pouvoir être hébergés et d'avoir une approche qui est
adaptée aussi. Alors, ça, ça a été notre deuxième annonce.
Par la suite, une annonce qu'on n'a pas eu
le temps de parler beaucoup aujourd'hui, c'est cette table ronde, cette table
commune avec l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, et ce
qui va nous permettre... Tout à l'heure, quelqu'un demandait : Comment
vous allez faire le suivi de tout ça? Comment vous allez regarder ce que vous
avec annoncé et voir comment ça percole dans le système? Et quelle est la
réaction des communautés? Et on espère, avec cette table commune, qui va être
coprésidée par moi et le chef Picard, d'être capable de remonter ces grands
enjeux puis de trouver des solutions, des solutions qui sont... oui, qui sont
pragmatiques, mais qu'on peut appliquer très bientôt. Alors, ça, c'est la
troisième annonce. Puis la quatrième, bien, vous allez l'avoir tout à l'heure.
Parallèlement à ça, il y a beaucoup de
discussions avec les communautés. Quand on parle des Premières Nations, quand
on parle des Inuits, c'est 55 communautés au Québec. Et souvent on a
tendance à tout rassembler ça dans un groupe, mais ils ont des besoins bien
différents. Puis je vais me permettre, dans les minutes qui nous restent, de
parler de certains enjeux. Entre autres, dans la région d'Abitibi, on a connu
un enjeu avec la chasse à l'orignal, et j'ai eu la chance, lundi passé, de
confirmer le début des négociations. Alors, on a un négociateur, la nation
algonquine ont leur représentant, qu'on va financer, qu'on va aider, pour
dialoguer ensemble, pour trouver une solution. Et ce que je veux, c'est une
solution qui est permanente. Et j'ai un maire de la région qui me dit :
Pourquoi vous ne nommez pas un négociateur permanent pour trouver une solution
temporaire? J'ai dit : Je vais faire l'inverse. Je vais mettre un
négociateur temporaire pour trouver une solution permanente, parce que ça fait
des années que ça revient. Et il y a quelque chose qui est clair, je pense que
ce n'est pas juste la chasse à l'orignal, c'est bien plus profond.
Alors, M. le Président, en même temps
qu'on fait cette table technique sur la chasse à l'orignal, puis je ne suis
vraiment pas un spécialiste de chasse à l'orignal, on va avoir une table
politique aussi, avec la nation algonquine, de nation à nation, pour parler des
enjeux, ce qu'on peut améliorer dans cette région, dans ces communautés-là,
pour faire en sorte que ça ne revienne pas comme ça. Parce que, quand ça
arrive, on l'a vu, ce qui est arrivé, bien, il y a quelque chose de plus
profond, puis on va le régler ensemble.
On va continuer nos actions, M. le
Président, ce n'est pas terminé. On a un premier bloc jusqu'à Noël. Et, par la
suite, comme je vous ai déjà dit, on va avoir des annonces qui vont être
adaptées avec les communautés. Et, je l'ai dit tout à l'heure, mais je vais le
répéter devant mes collègues aussi, il y a plusieurs de nos actions qui
découlent de la mise en oeuvre du Plan d'action gouvernemental pour le
développement social et culturel des Premières Nations et des Inuits, et ça, ça
avait été lancé par le précédent gouvernement, M. le Président, et je veux le
saluer. Je veux saluer le travail qui avait été fait à cette époque-là, puis
nous, on continue dans cette voie. Et il faut reconnaître quand il y a des
choses qui sont bien faites, et c'est ça qui s'appelle faire de la politique
non partisane.
M. le Président, <tout à l'heure, je
vous ai parlé du grand chef Constant AwashishV, qui m'avait confié qu'un jour
une jeune enfant lui avait dit qu'elle craignait pour l'avenir, et je vous le
dis encore une fois, pour moi, ça m'a brisé le coeur, ça m'a fendu le coeur.
Mes filles ne m'ont jamais sorti un commentaire de ce type-là. Et je...
M. Lafrenière : ...et
c'est ça qui s'appelle faire de la
politique non partisane.
M. le Président, >tout à
l'heure, je vous ai parlé du grand chef Constant Awashish, qui m'avait confié
qu'un jour un jeune enfant lui avait dit qu'elle craignait pour l'avenir, et je
vous le dis encore une fois, pour moi, ça m'a brisé le coeur, ça m'a fendu le
coeur. Mes filles ne m'ont jamais sorti un commentaire de ce type-là. Et
c'était bien senti, c'était profond. Et c'est pour ça que j'ai appelé mon plan
J'ai espoir, parce que moi, j'ai espoir de changer les choses. J'ai espoir que
cette jeune fille là, dans quelques années, va aller voir le grand chef
Awashish et lui dire : Tu sais quoi? Moi aussi, j'ai espoir. Je pense
qu'on va réussir à changer les choses. Ce ne sera pas rapide, ce ne sera pas du
jour au lendemain, M. le Président, mais je veux lui donner de l'espoir.
Et, avec ce que j'ai entendu aujourd'hui,
avec les échanges qu'on a eus dans cette Assemblée, des échanges qui étaient
riches... comme je vous dis, j'ai pris plusieurs pages de notes pour amener des
changements... et moi, ça me confirme notre volonté de travailler ensemble.
Alors, j'ai encore plus d'espoir aujourd'hui, M. le Président, d'arriver à
livrer quelque chose d'intéressant.
Tout à l'heure, on parlait d'emploi aussi.
C'est bien, de donner les soins, mais il faut aussi donner de l'espoir avec de
l'emploi. Et, quand on a parlé de développement, moi, j'ai toujours parlé de
développement en trois phases, donc le développement culturel, très important,
développement économique, avec des emplois de choix, et non pas par manque de
choix, en disant c'est là que tu vas aller travailler, et le développement
touristique, M. le Président. Et j'en parle, encore une fois, parce que je suis
persuadé que, dans les prochains mois ou prochaines années, les Québécois vont
chercher une offre touristique locale, et quelle belle occasion pour faire
connaître les différentes nations, quelle belle occasion pour voyager au
Québec, aller rencontrer nos frères et nos soeurs de différentes nations, de
découvrir leur quotidien. Et je pense que ça va faciliter le vivre-ensemble, M.
le Président. Moi, j'y crois vraiment. Et la preuve, c'est qu'on a un organisme
incroyable, qui s'appelle Tourisme autochtone Québec, qui travaille, qui milite
avec nous pour, justement, développer cette offre touristique là.
• (11 h 50) •
Et ça, je terminerais avec un principe que
j'aime beaucoup des Premières Nations, qui s'appelle le principe des sept
générations. Ce qu'on fait aujourd'hui ensemble va avoir une répercussion sur
les sept prochaines générations. Alors, on n'a pas le choix, M. le Président,
il faut réussir, il faut réussir à tabler... à faire des annonces, de faire des
gestes importants aujourd'hui, qui vont avoir un impact sur nos enfants, nos
petits-enfants. Et ça, c'est pour sept générations.
Alors, c'est un petit peu le contrat que
je nous lance ensemble, avec les oppositions, travaillons ensemble. Parfois, on
ne sera pas en accord, mais il y a une chose qui est claire, on a le même but,
la même visée, c'est d'aider... d'améliorer les relations avec les Premières
Nations. Et ça, je suis persuadé de ça, M. le Président. Je regarde mes
collègues ici. Je suis persuadé qu'on veut tous la même chose.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. La conclusion appartient maintenant
à la cheffe du deuxième groupe d'opposition, pour une période de 10 minutes.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Effectivement, on a eu plusieurs éléments. C'est rare qu'on a
l'opportunité d'avoir, comme ça, un temps réservé pour parler de nos relations
avec les premiers peuples, et c'est appréciable.
Faciliter le vivre-ensemble, je pense que
tout le monde en est. D'ailleurs, c'est la première <étape du principe de
sécurisation culturelle. Cette première étape là parle de conscientisation,
d'être conscient qu'il y a des cultures millénaires...
Mme Massé : ...je pense
que
tout le monde en est.
D'ailleurs, c'est la première >étape
du principe de sécurisation culturelle. Cette première étape là parle de
conscientisation, d'être conscient qu'il y a des cultures millénaires qui sont extraordinairement
riches. Mais ce n'est que la première étape.
La deuxième étape, c'est : il faut
avoir une sensibilité, apprendre la langue, deux mots, trois mots, quatre mots,
ça change tout. Mais ce n'est pas ça, la sécurisation culturelle.
La troisième étape, c'est de développer
des compétences culturelles. Ça commence à être un peu plus dur, parce que, là,
il faut s'engager, il faut faire quelque chose, il faut bouger quelque chose.
Et, finalement, bien, tout ça est au «je»,
hein? Les trois premières étapes, c'est je, moi, personne. Quatrième étape,
sécurisation culturelle, là, c'est le «nous» qui rentre, et c'est le nous dans
des actions structurelles, structurantes. Pas des initiatives, des éléments
structurants.
Et c'est ça, M. le ministre, que moi, j'ai
de la difficulté à comprendre. Pourquoi, quand on parle de la nécessité d'avoir
des choses structurantes, comme, par exemple, inclure dans une loi, c'est
structurant... Bien sûr, les navigateurs, je vous le disais un peu plus tôt, c'est
une initiative, en fait, c'est tellement simple, ça fait tellement longtemps
qu'on le sait qu'on se demande donc comment ça se fait que ce n'est pas fait
encore. Mais changer fondamentalement les choses, structurellement les choses,
bien, c'est d'agir dans la sécurisation culturelle pour ces gens qui nous ont
accueillis il y a 400 ans.
Alors donc, c'est sûr que moi, quand j'ai
vu les communautés attikameks arriver avec le Principe de Joyce, ce qui est
devenu... Pour moi, je me suis dit : Bon, bien, ça va être adopté facilement,
puisque, déjà, on avait adopté ici les principes qui guident la déclaration des
Nations unies sur les droits des peuples autochtones. C'est du copier-coller
sur les principes de cette déclaration-là. Bien, je me suis dit : Voyons,
tu sais, comment ça se fait qu'on n'est pas capable... Oui, bien sûr, d'agir,
et ça, c'est nécessaire, il était grandement temps, mais, ceci étant dit,
comment se fait-il qu'on n'est pas capable d'envoyer un message clair? Pas
juste aux gens des Attikameks. Rappelons-nous, là, le Principe de Joyce, là, c'est
la majorité des nations qui se sont prononcées en faveur, <qui sont
derrières les Attikameks pour ce Principe de Joyce là, et plus que ça, leur
organisation politique, qui est l'APNQLV, a aussi clairement...
Mme Massé : ...message
clair pas juste aux gens des AttikameksV. Rappelons-nous, là, le Principe de
JoyceV, là, c'est la majorité des nations qui se sont prononcées en faveur, >qui
sont derrières les Attikameks pour ce Principe de Joyce là, et, plus que ça, leur
organisation politique, qui est APNQL, a aussi clairement signifié que ce
qu'ils veulent, ce qu'ils souhaitent, pas qu'on juge s'ils ont raison ou tort,
mais qu'on les écoute.
Les écouter, je vous entends, M. le
ministre, vous allez... vous jasez avec plein de monde. Moi aussi, je jase avec
plein de monde. Et c'est fou, parce que ces gens-là... Moi, là, je jase avec
des aînés, des gens issus... des artistes issus de différentes communautés,
puis ce qu'ils me disent, c'est... je les entends dire clairement : Bien,
il faut, il faut, Manon, il faut — moi — que vous
reconnaissiez la discrimination systémique. Pourquoi? Bien, parce que c'est ça
qu'on vit, nous. On ne vous demande pas si on a raison ou tort, on vous dit :
C'est ça qu'on vit.
Alors, j'entends le ministre, qui dit :
Bien, regardez, on a fait ceci, on a fait cela. Puis, tu sais, c'est clair que,
tout au long de notre échange, autant avec les oppositions, que je remercie
d'avoir été présentes aussi, on a parlé de problèmes systémiques en santé et
services sociaux. Je n'ai pas abordé la question de la DPJ pour une seule
raison, c'est que je sais qu'on va avoir d'autres moments pour le faire et je
sais qu'il y a du travail de fond qui est en train de se faire. C'est juste
pour ça que je ne l'ai pas abordé. Mais, ceci étant dit, on a échangé sur des problèmes
systémiques vécus par nos frères et soeurs autochtones. Bien, c'est sûr que,
pour moi, je m'attends aussi à des solutions systémiques.
Et ça, par exemple, ça n'oppose pas
d'inscrire, dans la loi de la santé et des services sociaux, la responsabilité
populationnelle qui est déjà la nôtre, d'inscrire la question de la
sécurisation culturelle. Ça n'oppose pas avec des actions concrètes ici et
maintenant, un n'oppose pas l'autre. La seule différence, c'est : quand tu
agis au niveau du système, bien, tu t'assures que ça va être pas mal plus dur à
défaire s'il y a quelqu'un d'autre qui arrive après toi.
Et moi, je pense que le Québec, on est
rendu là. Regardez les sondages qui sont sortis au mois d'août, où les gens
disaient... les Québécois et Québécoises disaient oui à 90-«ish» %, je ne
m'en souviens plus, je n'ai pas de mémoire, disaient... les Québécois et
Québécoises de toutes origines disaient : Oui, le gouvernement du Québec, le
gouvernement, l'État a un rôle à jouer pour éliminer la discrimination
systémique vécue par nos frères et soeurs.
Ça fait que moi, c'est à ça que j'appelle.
Puis, dans le fond, quand je regarde ça, je me dis : Qu'est-ce le Principe
de Joyce a de <différent de ce qu'on a adopté ici, collectivement, tout
le monde? Puis il y a une chose, c'est la reconnaissance du racisme systémique
vécu...
Mme Massé : ...c'est à ça
que j'appelle puis,
dans le fond, quand je regarde ça, je me dis :
Qu'est-ce le principe de Joyce a de >différent de ce qu'on a adopté ici,
collectivement, tout le monde? Puis il y a une chose, c'est la reconnaissance
du racisme systémique vécu par nos frères et soeurs autochtones. Puis je me dis :
Ce n'est pas juste parce qu'ils sont entêtés, là, tu sais, ou c'est qu'ils ont
une fixation. Non, non, c'est parce que c'est ça qu'ils et elles vivent.
D'ailleurs, qu'ils et elles vivent, peu
importe leur âge, peu importe leur nation d'origine, peu importe s'ils vivent hors
ou en communauté, moindrement qu'ils prononcent leur nom de famille ou que leur
plaque de voiture est plaquée à Mashteuiatsh... Ah! c'est drôle, ils se font
coller plus que les autres. Ça existe, ils nous le racontent, ils nous le
disent. Et on en a des tonnes, d'histoires comme ça.
Alors, si tel est le cas, je ne comprends
pas pourquoi la CAQ, actuellement... puis vous pouvez dire que j'en fais une
fixation, mais c'est juste que je ne comprends pas... Ce n'est pas une question
de mots, c'est ça qu'ils vivent. Je suis qui, moi, blanche de 57 ans, pour dire
que ce n'est pas ça qu'ils vivent? Ils me le disent, que c'est ça qu'ils
vivent. Ça, c'est le bout que je ne comprends pas et je ne comprends toujours
pas à la fin de notre échange.
Alors, oui, M. le ministre, j'entends
votre programme J'ai espoir. Vous ne pouvez pas imaginer, lorsque j'étais la
seule dans ce parlement, la seule... j'en ai déjà parlé avec mon collègue,
d'ailleurs, de Jacques-Cartier, qui osait parler de racisme systémique, parce
qu'il n'y a personne, aucun autre parti qui voulait mettre ces deux mots-là
ensemble. Je me rappelle comment ce n'était pas simple, mais on y est arrivés.
Pourquoi? Bien, parce qu'on a tendu l'oreille puis on a écouté les gens qui
vivent la situation.
Alors, je veux laisser le mot de la fin à,
moi aussi, Carol Dubé, le conjoint de Joyce, qui nous dit : «Je souhaite
que les gouvernements du Québec et [le gouvernement d'Ottawa] adoptent le Principe
de Joyce afin que ce terrible événement ne soit pas survenu en vain, que sa voix
sonne le début de réels changements pour tous les autochtones afin que [...] jamais
[plus] personne ne soit victime de racisme systémique.»
• (12 heures) •
M. le Président, je trouve que les
autochtones ont fait leur bout de chemin. Ils nous tendent la main. Le
gouvernement dit, le ministre le dit, que le racisme systémique divise. Bien,
peut-être. Mais de <refuser de reconnaître la réalité vécue...
>
12 h (version révisée)
<15421
Mme Massé :
...
M. le Président, je trouve que les autochtones ont fait leur bout de
chemin. Ils nous tendent la main. Le
gouvernement dit, le
ministre
le dit, que le racisme systémique divise. Bien,
peut-être. Mais de >refuser
de reconnaître la réalité vécue par les autochtones, ça divise, ça aussi, puis
ça divise, sinon plus, ça creuse le fossé entre nous, Blancs, francophones,
machin truc, et eux, premiers peuples. Et ça, pour moi, en mémoire de Joyce,
c'est inacceptable.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, Mme la députée. Je vous
remercie pour la qualité de vos interventions, démontrant vos préoccupations
pour les peuples autochtones du Québec.
(Panne de son) ...je lève la séance, et la
commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup
à tous.
(Fin de la séance à 12 h 01)