Journal des débats de la Commission de la santé et des services sociaux
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
mercredi 9 décembre 2020
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Vol. 45 N° 71
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 73, Loi modifiant diverses dispositions en matière de procréation assistée
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Intervenants par tranches d'heure
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Provençal, Luc
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Carmant, Lionel
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Ciccone, Enrico
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Ciccone, Enrico
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Provençal, Luc
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Labrie, Christine
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Carmant, Lionel
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Carmant, Lionel
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Provençal, Luc
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Picard, Marilyne
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Guillemette, Nancy
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Ciccone, Enrico
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Montpetit, Marie
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Labrie, Christine
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Provençal, Luc
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Carmant, Lionel
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Guillemette, Nancy
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Picard, Marilyne
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Ciccone, Enrico
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Montpetit, Marie
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Montpetit, Marie
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Provençal, Luc
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Labrie, Christine
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Arseneau, Joël
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Carmant, Lionel
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Carmant, Lionel
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Picard, Marilyne
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Provençal, Luc
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Montpetit, Marie
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Labrie, Christine
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Arseneau, Joël
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures trente minutes)
Le Président (M. Provençal)
: Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de la santé et des services sociaux ouverte. La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 73, Loi modifiant diverses dispositions en matière de
procréation assistée.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par Mme Labrie (Sherbrooke).
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Mme la secrétaire, y a-t-il des droits de
vote par procuration?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Picard (Soulanges) dispose d'un droit de vote par
procuration au nom de Mme Blais (Abitibi-Ouest) et Mme Montpetit
(Maurice-Richard) dispose d'un droit de vote par procuration au nom de
Mme Sauvé (Fabre).
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Ce matin, nous entendrons par
visioconférence les groupes suivants : le CHU de Québec-Université Laval
et le Collège des médecins du Québec.
Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants du CHU de Québec-Université Laval. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite à vous présenter et
à débuter votre exposé. Je vous cède la parole.
(Visioconférence)
M. Beaumont (Martin) : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup également aux membres de la commission.
Je m'appelle Martin Beaumont. Je suis le président-directeur général du CHU de
Québec-Université Laval et je suis également le président du RUISSS de
l'Université Laval, composé de l'ensemble des établissements du réseau de la
santé et des services sociaux de tout l'Est du Québec. Je vais laisser ma
collègue se présenter maintenant.
Mme Bergeron (Marie-Ève) :
Bonjour, je suis Marie-Ève Bergeron, je suis obstétricienne-gynécologue au CHU
de Québec. Je suis spécialiste en endocrinologie de la reproduction et
infertilité. Je suis également professeure agrégée à la Faculté de Médecine de
l'Université Laval et codirectrice médicale de la clinique Procrea de Québec.
M. Beaumont (Martin) : Donc,
je remercie la commission de nous permettre de prendre la parole devant elle
aujourd'hui et de nous autoriser à présenter notre mémoire. Depuis 2019, le CHU
de Québec s'implique dans le développement d'un programme de procréation
médicalement assistée au bénéfice de la population du pôle Est du Québec. Ma
présentation s'inscrit dans cette lignée.
Avant toute chose, j'aimerais d'abord
aussi prendre la tribune qui m'est offerte pour rendre hommage aux 16 500
intervenants du CHU de Québec-Université Laval, qui, jour après jour, mènent
une lutte incroyable contre la COVID-19 et encore plus ces dernières journées.
À tous et chacun, je leur dis merci, et vous me rendez très fier de travailler
pour cette organisation. Le CHU de Québec-Université Laval offre des soins
généraux et spécialisés et surspécialisés à tout l'Est-du-Québec, à la capitale
nationale et au nord-est du Nouveau-Brunswick. Cela représente un bassin de
2 millions de personnes réparties <sur un vaste…
M. Beaumont (Martin) : …
je
leur dis merci, et vous me rendez très fier de travailler pour cette organisation.
Le CHU de Québec-Université Laval offre des soins généraux et spécialisés et
surspécialisés à tout l'Est du Québec, à la capitale nationale et au nord-est
du Nouveau-Brunswick. Cela représente un bassin de 2 millions de personnes
réparties >sur un vaste territoire non densifié.
Affilié à l'Université Laval, le CHU de
Québec-Université Laval est le plus grand établissement de santé du Québec et
l'un des trois plus grands au Canada. Le CHU est un pôle important et reconnu
en matière de santé de la mère et de l'enfant. Chaque année, on y compte
environ 7 500 accouchements, au CHU, ce qui fait de lui la plus grande
maternité au Québec et un des plus grands au Canada. En 1984 naissait, au CHUL,
le premier bébé conçu par procréation assistée au Québec grâce à des chercheurs
du CHUL, un établissement du réseau public, sous le leadership du Dr
Jacques-Émile Rioux. 36 ans plus tard, des milliers de cycles de fécondation in
vitro sont réalisés à chaque année. De ce nombre, la très vaste majorité le sont
dans la région de Montréal en clinique privée.
Le CHU de Québec-Université Laval est
d'avis que le projet de loi n° 73, qu'il accueille
favorablement, doit prévoir une implantation prioritaire au sein des
établissements du réseau public en favorisant l'accès et l'équité
interrégionale. C'est d'ailleurs les considérations que j'aimerais porter à
votre attention aujourd'hui, premièrement, l'importance d'implanter un
programme dans les établissements publics, nommément pour des considérations de
formation et des considérations de recherche et d'innovation, ainsi que
l'accessibilité des services publics pour la population de l'Est du Québec.
Il nous semble juste que les gens des
régions de l'Est aient, tout comme les gens du pôle Ouest, le choix de se
tourner vers le public ou vers le privé pour réaliser leur projet de
parentalité. D'emblée, le CHU de Québec ne s'oppose pas au partenariat entre le
public et le privé et compte faire preuve de leadership, en ce sens, pour
assurer la fluidité des trajectoires, mais s'inquiète qu'une telle orientation
se fasse au détriment de la mission des CHU, principalement pour
l'enseignement, et la recherche, et l'évaluation. Il craint également qu'une
telle orientation débalance l'offre de services privés versus les services
publics.
Depuis 2019, le CHU a largement consolidé
ses services de deuxième ligne et s'implique également afin que soit implanté à
Québec le programme de procréation médicalement assistée de niveau tertiaire.
Il a notamment déposé, en 2019, une proposition de programmation clinique et un
premier plan d'affaires, puis un second en 2010. Ont suivi un plan fonctionnel
et technique, l'évaluation détaillée d'une autre solution immobilière, des
plans et devis définitifs dans le respect des cibles budgétaires et de
l'échéancier qui lui avait été fixé.
Évidemment, nous sommes conscients que la
santé financière du réseau, actuellement... et qu'un nouveau scénario beaucoup
plus modeste qu'à l'époque <devrait être présenté…
M. Beaumont (Martin) : …d'une
autre solution immobilière, des plans et devis définitifs dans le respect des
cibles budgétaires et de l'échéancier qui lui avait été fixé.
Évidemment, nous sommes conscients que
la santé financière du réseau, actuellement... et qu'un nouveau scénario
beaucoup plus modeste qu'à l'époque >devrait être présenté. En attendant
que le CHU obtienne l'aval du gouvernement pour aller de l'avant afin de
réduire les délais d'attente, une entente a été signée avec la clinique Procrea
de Québec, qui est donc, à ce jour, la seule avenue pour les couples de l'Est
du Québec ayant un projet parental nécessitant la fécondation in vitro.
À l'ouest de Portneuf, les couples
présentant une pathologie d'infertilité ont présentement trois options qui
s'offrent à eux : la clinique privée de Montréal… les cliniques privées de
Montréal, le programme de procréation assistée de notre partenaire le CHU
Sainte-Justine et également de notre partenaire le Centre universitaire de
santé McGill, toujours à Montréal. Pour le Québec de l'est de Portneuf jusqu'à
la pointe des Îles-de-la-Madeleine, cependant, soit ceux-ci font appel à la
clinique privée qui offre la fécondation in vitro à Québec, soit ils doivent
aller à Montréal. Il s'agit, selon nous, d'une iniquité importante entre les
régions en ce qui a trait à l'accès aux soins tertiaires en fertilité.
N'oublions pas que, très concrètement, pour chaque cycle, six à sept
déplacements sont à prévoir sur une période de trois semaines, avec la
logistique et les coûts que cela implique, notamment en ce qui a trait aux
frais de déplacement et de séjour, mais également à l'impact et les coûts
sociaux qui demeurent très importants.
Le CHU de Québec-Université Laval est
d'avis que les 2 millions de personnes, sur son vaste territoire de
desserte, méritent d'avoir le même accès à ces soins que le reste des
Québécois. Que le couple de Blanc-Sablon, de Rimouski, de Saint-Georges de
Beauce, du Cap-aux-Meules ou de Cap-Chat ait, lui aussi, le choix de réaliser
son projet de parentalité au sein du système public ou auprès du système privé.
Le réseau de la santé et des services
sociaux québécois est basé sur des principes d'accessibilité des soins et
d'équité dans la disponibilité des ressources, peu importe le statut social ou
le territoire de résidence. Il nous apparaît donc primordial d'inscrire, dans
le projet de loi, l'importance du développement équitable du programme, tant
pour la population du pôle ouest de la province que du pôle est, en respectant
les centres hospitaliers universitaires responsables de ces territoires de
desserte, d'autant plus que le CHU est prêt et disposé à offrir ces services.
Il serait également à l'avantage des
enfants de l'Est du Québec, qui sont atteints de cancer, que le CHU puisse
offrir les traitements de préservation de la fertilité, autant par la
cryoconservation d'ovules, que la cryoconservation des
tissus ovariens. Actuellement, ces services pour la clientèle pédiatrique sont
seulement offerts à Montréal. Il s'agit, selon moi, d'une belle illustration de
l'importance du continuum de soins et des services intégrés que permettrait
l'implantation du programme <au sein…
M. Beaumont (Martin) : ...que
la cryoconservation des tissus ovariens. Actuellement, ces services pour la
clientèle pédiatrique sont seulement offerts à Montréal. Il s'agit, selon moi,
d'une belle illustration de l'importance du continuum de soins et des services
intégrés que permettrait l'implantation du programme >au sein du CHU de
Québec-Université Laval pour les patients du pôle est.
Comme l'acronyme l'indique, le CHU est un
centre hospitalier universitaire, ce qui fait de lui l'importance de sa mission
fondamentale qu'est l'enseignement. Nous accueillons, en nos murs entre 18 et
25 médecins résidents en obstétrique-gynécologie, chaque année. Il est
donc de notre avis que la formation des résidents en obstétrique-gynécologie et
des fellows en endocrinologie gynécologique de la reproduction devrait relever
des établissements publics, dans un encadrement propre aux départements
médicaux des centres hospitaliers universitaires, puisqu'il s'agit de leur
mission. Cette vision est également partagée par nos partenaires de la Faculté
de médecine de l'Université Laval.
• (12 h 40) •
S'il est adopté, le projet de loi n°73
permettrait aux résidents en obstétrique‑gynécologie
et en urologie de bénéficier de l'enseignement de nos professeurs qui oeuvrent
déjà en clinique privée, ce qui n'est pas le cas actuellement. Nous sommes
d'avis qu'il est important d'offrir aux résidents un enseignement qui répond
aux standards de qualité d'un CHU. Le CHU appuie cependant le changement
apporté, à cet effet, dans le projet de loi n°73, conscient que ce
dernier, à court terme, permettrait, à tout le moins, aux résidents de
l'Université Laval d'être exposés aux soins surspécialisés en clinique privée.
Le centre de recherche du CHU Québec‑Université Laval est le
plus important centre de recherche francophone en Amérique du Nord. Il compte
527 chercheurs et plus de 1 000 étudiants gradués. Il compte
également sept axes de recherche, dont celui de la santé de la mère et de
l'enfant. La reproduction et l'infertilité est d'ailleurs une de ses thématiques
majeures. Au cours des années, la recherche de sept axes ont formé de nombreux
étudiants gradués, stagiaires postdoctoraux. Appliquant une approche inter et
transdisciplinaire, ces chercheurs collaborent avec de nombreux cliniciens
fondamentalistes sur la scène internationale. Il est important que ces deux
disciplines continuent à cohabiter pour partager leur expertise de pointe, pour
générer de nouvelles innovations et de pratiques toujours plus avancées.
En conclusion, M. le Président et chers
membres de la commission, le développement du programme de procréation
médicalement assistée au CHU de Québec n'est pas seulement l'ajout d'une
clinique ou l'ajout d'un service de plus. C'est la promesse d'avancées
importantes en fertilité de pointe. C'est aussi de mettre de l'avant
l'importance de l'enseignement et de la recherche. C'est l'occasion d'innover,
de mieux former la relève, de développer de nouvelles façons de faire, qui
bénéficieront encore plus la population québécoise, et de faire avancer
science.
La COVID‑19 est un exemple flagrant que <l'avancement
de la...
M. Beaumont
(Martin) :
...mettre de l'avant l'importance de l'enseignement et
de la recherche. C'est l'occasion d'innover, de mieux former la relève, de
développer de nouvelles façons de faire, qui bénéficieront encore plus la
population québécoise, et de faire avancer science.
La COVID‑19 est un exemple flagrant que
>l'avancement de la science peut apporter concrètement à la société.
L'absence d'un programme de procréation médicalement assistée a non seulement
un impact sur l'accessibilité des soins, mais aussi sur notre mission
fondamentale qu'est le CHU de Québec-Université Laval. Par exemple, le
programme de neurochirurgie pédiatrique, ou l'implant cochléaire, ou
l'oncologie surspécialisée...
Le Président
(M. Provençal)
: M.
Beaumont, je vais devoir...
M. Beaumont
(Martin) :
Je termine, oui.
Le Président (M. Provençal)
:
Excusez-moi, je vais devoir
vous interrompre parce que votre dix minutes est écoulé. Alors...
M. Beaumont (Martin) : Oui,
absolument.
Le Président (M. Provençal)
:
...<alors, >on va devoir... On va initier la
période d'échanges avec monsieur le ministre. Je vous remercie beaucoup de
votre exposé. Monsieur le ministre, je vous cède la parole.
M. Carmant :
Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour à tout le monde, encore une fois,
aujourd'hui. Merci d'être là. Merci, M. Beaumont, pour votre... pour avoir
partagé ceci avec nous, puis je salue Dre Bergeron qui est avec vous également.
Moi là, j'aimerais clarifier une chose, puis je l'ai fait hier aussi, là,
l'enjeu du programme, à Laval, actuellement, n'est pas un enjeu financier, mais
plutôt un enjeu de prestation de services. Vous êtes sûrement au courant de
tous les problèmes qu'on a actuellement, dans le Réseau Mère-Enfant, de
découverture. Êtes-vous au courant?
M. Beaumont (Martin) : Oui,
absolument, vous parlez de la découverture des obstétriciens-gynécologues en
région plus éloignée, oui.
M. Carmant : Et des
infirmières aussi.
M. Beaumont (Martin) : Absolument,
oui, on est venu porter main-forte à plusieurs régions au courant de l'été.
M. Carmant : O.K. Alors,
pouvez-vous me définir puis définir pour les autres députés, là, qu'est-ce que
c'est votre RUISSS, exactement, de 2 millions d'habitants?
M. Beaumont (Martin) : Oui, le
RUISSS couvre toute la Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, les
Îles-de-la-Madeleine, également les territoires de la Baie-James et une partie
du Saguenay-Lac-Saint-Jean...
M. Carmant : O.K. Alors...
M. Beaumont (Martin) : ...et
la Capitale-Nationale, bien sûr, et Chaudière-Appalaches.
M. Carmant : Puis vous savez,
M. Beaumont, que, chaque semaine, je reçois des appels d'hôpitaux dans ces
régions-là, qui me demandent de l'aide pour couvrir ces centres hospitaliers là.
Puis je vous remercie pour les quelques fois que vous avez pu nous aider, mais
on s'entend que, des découvertures, je dois en gérer à chaque semaine, et que
vous ne pouvez pas nous aider. Donc, si vous aviez du personnel de disponible,
ce serait bien de me le dire aujourd'hui, qu'on puisse les envoyer dans ces
différentes régions.
M. Beaumont (Martin) :
Écoutez, aujourd'hui, vous savez qu'on vit le même contexte que l'ensemble de
mes collègues dans le contexte de la COVID. Vous avez vu que c'est quand même 7 500 accouchements,
c'est quand même une maternité qui est importante. Quand on peut aider, on aide.
On a aidé la Côte-Nord au courant de l'été, Baie-Comeau, Sept-Îles. On a aidé
également nos collègues des Îles-de-la-Madeleine et du Bas-Saint-Laurent. Et,
quand on peut le faire, <on le fait...
M. Beaumont (Martin) : …
de
mes collègues dans le contexte de la COVID. Vous avez vu que c'est quand même
7 500 accouchements, c'est quand même une maternité qui est
importante. Quand on peut aider, on aide. On a aidé la Côte-Nord au courant de
l'été, Baie-Comeau, Sept-Îles. On a aidé également nos collègues des
Îles-de-la-Madeleine et du Bas-Saint-Laurent. Et, quand on peut le faire, >on
le fait. On est toujours là pour aider nos partenaires.
M. Carmant : Et alors... Mais,
quand on parle de santé de la femme et du bien-être mère-enfant, on s'entend
que ce qui est le plus important, c'est un accouchement sécuritaire le plus
près de chez soi.
M. Beaumont (Martin) :
Absolument.
M. Carmant : D'accord. Alors,
une fois qu'on a dit ça, là, ce qu'il est important de savoir, c'est que, nous,
ce qu'on veut, c'est régler cette problématique-là d'abord et avant tout, tu
sais? Je comprends votre historique de problématique, là, avec le développement
du centre de fertilité. Je comprends l'enjeu très bien, là, d'offrir des
services le plus près de chez soi pour tout le monde. D'ailleurs, hier, je me
suis assuré qu'il y a des collaborations avec toutes les différentes régions du
Québec, avec les différents CHU et les autres centres de procréation. Je me
suis assuré également que, comme vous pouvez le voir, il va avoir une gestion
centrale des demandes.
Donc, cette problématique-là, on est très
sensibles à ça. Mais moi, ce que je veux vous sensibiliser aujourd'hui, là,
c'est ma problématique d'avoir des accouchements sécuritaires dans toutes les
régions du Québec et dans plusieurs régions qui sont sous la responsabilité de
votre RUISSS. Qu'est-ce que vous allez faire pour nous aider d'ici la prochaine
année?
M. Beaumont (Martin) :
Écoutez, à chaque fois qu'on reçoit des demandes de nos partenaires, on le
fait. Même je vous dirais que, tout récemment, on avait des demandes du Bas-Saint-Laurent
et de la Gaspésie pour former des gens pour leur donner une exposition
supplémentaire à un volume d'accouchements. Ces gens-là sont accueillis dans
nos murs, sont formés. Vous savez également qu'on va recevoir très bientôt tous
les stages liés aux sages-femmes en partenariat avec l'Université du Québec à
Trois-Rivières.
Donc, je pense que le CHU de Québec et le
RUISSS de l'Université Laval, en partenariat avec les autres P.D.G., je vous
dirais que, quand il y a des appels à l'aide pour être capable d'éviter des
découvertures, nous avons démontré, au cours des derniers mois, que nous sommes
toujours présents pour aider nos partenaires.
M. Carmant : Toujours? Il n'y
a jamais eu de découverture dans votre RUISSS, c'est ça que vous me dites?
M. Beaumont (Martin) :
Écoutez, je ne dis pas qu'il n'y a jamais eu de découverture, mais, quand le
CHU de Québec est capable de continuer à offrir sa propre sécurité, également
pour son mandat suprarégional, quand on est capables, on est en mesure d'y
aller, on y va.
M. Carmant : D'accord. Un
centre comme celui que vous développez, ça requiert combien de personnes à peu
près?
M. Beaumont (Martin) :
Écoutez, ce qu'on envisage actuellement, dépendamment du partenariat qui
pourrait être fait avec nos partenaires de Procrea, ça peut représenter aux
alentours d'une trentaine de personnes supplémentaires, entre 30 et 40. C'est
sûr que ça nécessite également des infrastructures et des équipements, donc… Et,
vous avez <totalement raison…
M. Beaumont (Martin) : …actuellement,
dépendamment du partenariat qui pourrait être fait avec nos partenaires de
Procrea, ça peut représenter aux alentours d'une trentaine de personnes
supplémentaires, entre 30 et 40. C'est sûr que ça nécessite également des
infrastructures et des équipements, donc… Et, vous avez >totalement
raison, ça demande une allocation de ressources supplémentaires. Mais il ne
faut pas oublier non plus que le CHU de Québec est un des plus grands
formateurs ou fournisseurs en soins infirmiers. Mais il y a, là aussi, une
question d'équité de pouvoir offrir à la population de l'Est du Québec des
soins tertiaires également en FIV pour être capable d'avoir une équité dans
l'accès aux services.
M. Carmant : Je suis bien
d'accord, mais mettez-vous à ma place, là, quand… Elles vont venir d'où, ces
ressources-là? Et, si moi, j'ai à les allouer entre un centre qui n'a pas
d'infirmière pour aider les femmes à accoucher chez elles ou un centre qui veut
faire de la procréation assistée, quel est le choix le plus important pour la
population, selon vous?
M. Beaumont (Martin) :
Écoutez, moi, je vous dirais que, pour avoir travaillé en région une grande
partie de ma carrière, pour avoir travaillé en Basse-Côte-Nord, pour avoir
travaillé à Sept-Îles et dans ces milieux-là, <je vous dirais que >ma
priorité, comme la vôtre, serait d'offrir des services de proximité pour que
les femmes puissent accoucher en toute sécurité dans leur milieu, donc… Par
contre, la question qui m'est posée aujourd'hui, comme CHU de Québec, un
établissement qui a des responsabilités en matière de recherche et
d'enseignement, vous comprendrez qu'il est important pour moi également de
continuer à démontrer l'importance de l'enseignement, l'importance aussi de la
convergence de la recherche et de tout ce qui touche la recherche
translationnelle, et c'est la mission d'un CHU. Et c'est la mission aussi,
n'oubliez pas, de former les infirmières, les infirmières cliniciennes, les
sages-femmes et c'est important, cette globalité-là des soins tertiaires, pour
aussi assurer notre mission.
Mais, pour répondre à votre question, si
j'étais à votre place, je prendrais probablement la même décision que
l'important est d'offrir des services de proximité et permettre des
accouchements sécuritaires dans les milieux plus éloignés ou les centres plus
périphériques.
• (12 h 50) •
M. Carmant : D'accord. Parce
que c'est sûr que, si j'ouvre des postes chez vous <et j'ouvre…>
et des postes en région, on s'entend que les premiers à se faire combler vont
être les postes au CHU de Laval.
M. Beaumont (Martin) : Bien,
écoutez, pas nécessairement. Je vous dirais que c'est des créneaux dans ce
domaine-là qui sont quand même assez spécialisés. Les gens qui ont vraiment la
fibre de travailler dans le domaine de l'obstétrique et de la génécologie et de
travailler dans le domaine vraiment des accouchements, des cliniques GARE, ce
sont des choix qu'ils font. Donc, moi, je vous dirais que je pourrais même
m'engager à former encore plus d'infirmières, à offrir encore plus de places de
stage pour être capable, comme le prévoit le RUISSS, d'envoyer le plus possible
de personnes retravailler dans leur région d'origine. Et ça, c'est une des
priorités du RUISSS de l'Université Laval, c'est de former encore <plus
de monde…
M. Beaumont (Martin) : ...je
vous dirais que je pourrais même m'engager à former encore plus d'infirmières,
à offrir encore plus de places de stage pour être capable, comme le prévoit le
RUISSS, d'envoyer le plus possible de personnes retravailler dans leur région
d'origine. Et ça, c'est une des priorités du RUISSS de l'Université Laval,
c'est de former encore >plus de monde pour qu'ils retournent travailler
en région, parce que la rétention des régions est aussi le succès du CHU de
Québec-Université Laval.
M. Carmant : Je suis
très, très heureux de vous entendre dire ça, puis on va s'en reparler. Merci
beaucoup.
J'aimerais vous parler… J'ai vu que la Dre
Bergeron est également codirectrice de Procrea Québec. Ce qu'il faut vous
assurer aussi, c'est que l'offre actuelle dans le réseau public, là, puis ça il
ne faut pas confondre, là, pour tout le monde ici, c'est une offre payante.
Puis nous, ce qu'on veut, c'est un réseau… c'est une offre qui va être payée
par le gouvernement, quel que soit l'endroit où le service est fourni. Et la
raison, c'est, encore une fois, pour <s'assurer>, surtout dans les
premières années, où on va voir un nombre important de patientes qui attendent
pour ce programme-là, s'assurer qu'on ait toute la disponibilité sans augmenter
les listes d'attente.
Donc, moi, ce que je veux savoir de vous,
c'est : Est-ce que vous travaillez en partenariat avec Procrea Québec, qui
déjà offre des services à la population? Puis, me définir ce partenariat-là,
parce que je vois que Dre Bergeron vous accompagne ici.
Mme Bergeron (Marie-Ève) : En
fait, il y une entente de service entre la clinique Procrea et le CHU de
Québec, comme il est exigé à toutes les cliniques privées, là, pour obtenir leur
permis. Maintenant, les médecins spécialistes en infertilité qui travaillent au
CHU de Québec travaillent aussi chez Procrea, puis on collabore, si on veut, un
peu plus de cette façon-là entre les deux établissements. La trajectoire des
patients est simplifiée aussi entre les deux établissements : offrir le
meilleur service pour diminuer le plus possible le fardeau psychologique pour
les couples infertiles. Maintenant, il n'y a pas <actuellement… >le
CHU de Québec n'est pas utilisé actuellement comme une clinique satellite, si
on veut, de Procrea Québec, comme il peut se faire, par exemple, au CHU de
Sherbrooke, qui agit un peu à terme de clinique satellite pour le Centre
hospitalier universitaire de Sainte-Justine, par exemple.
À Québec, on n'a pas instauré ça, mais
c'est quelque chose qu'on envisage avec le nouveau projet de loi, là, quand il
y aura le nouveau programme, pour répondre à la demande, en fait, là, qui va
être grandissante. Puis c'est ça, ça fait partie de nos projets, on a commencé
à y réfléchir. Absolument, là, oui.
M. Carmant : Qu'est-ce
que ça voudrait dire de faire de plus, là, que ça, ça m'intéresse? Qu'est-ce
qui se fait? Au niveau de l'échographie, qu'est-ce qu'il manque?
Mme Bergeron (Marie-Ève) :
Oui, exactement. En fait, à l'hôpital, on aurait besoin de techniciens
d'échographie supplémentaires, machines d'échographie supplémentaires et d'infirmières
aussi, <évidemment...
M. Carmant : ...qu'est-ce
qui se fait? Au niveau de l'échographie, qu'est-ce qu'il manque?
Mme Bergeron
(Marie-Ève) : Oui, exactement. En fait, à l'hôpital, on aurait besoin
de techniciens d'échographie supplémentaires, machines d'échographie
supplémentaires et d'infirmières aussi, >évidemment, une infirmière
pivot, là, en clinique de PMA pour répondre à la demande. Parce qu'actuellement
au CHUL, qui est le pavillon, là, au CHU de Québec, où se font les traitements
de fertilité, on offre les stimulations ovariennes avec agents oraux, les
inséminations intra-utérines, les consultations de deuxième ligne, mais aussi
de troisième ligne, les consultations de préservation de la fertilité. Ça fait
qu'on a déjà toute une équipe avec des infirmières d'expérience.
Mais, pour agrandir l'offre de service au
CHUL, si on veut utiliser l'hôpital un peu comme un satellite, là, pour
augmenter le nombre de patientes, en fait, qui pourraient être suivies dans la grande
région de Québec, il faudrait développer aussi un peu de ce côté-là.
M. Carmant : D'accord,
d'accord, ça c'est... Et ça, vous pensez pouvoir <nous... >décider
des services requis d'ici quelques mois, j'imagine.
Mme Bergeron (Marie-Ève) : En
fait, oui, si vous nous le demandez, c'est sûr qu'on va s'y plonger rapidement.
On a déjà commencé à y réfléchir. On avait travaillé sur quelques hypothèses
déjà pendant l'été, début de l'automne, puis évidemment on pourrait se baser
sur le modèle du CHU de Sherbrooke pour travailler, là, sur ce nouveau mandat là.
M. Carmant : Puis vous,
docteure, qu'est-ce que vous pensez du projet de loi n° 73 en général?
Est-ce que vous avez eu la chance de le regarder?
Mme Bergeron (Marie-Ève) :
Oui. Je suis ravie du retour du programme de couverture publique de la
fécondation in vitro. Comme vous le savez, M. le ministre, les traitements
de fertilité sont très difficiles au niveau... à la fois physique,
psychologique. Et puis le fardeau financier qui est ajouté sur les épaules des
couples, dans les cinq dernières années, <rendait très... >rendait
la situation très difficile pour eux avec beaucoup de détresse. Je suis
soulagée de voir que votre gouvernement offre de couvrir un traitement de
fécondation in vitro. Les balises qui ont été proposées me semblent justes, et
puis, ensuite, nous permettra d'évaluer un peu comment va le programme, et puis
peut-être, possiblement, même de l'élargir un peu, toujours basé selon le
médicament requis au cours des prochaines années.
M. Carmant : Votre présence, parce
que j'ai deux petites questions, là, de sujets qui sont... On a des avis
divergents parce que je ne pensais pas vous parler ce matin. Un, l'âge, pour
l'implantation des embryons congelés, qui est à 42 ans actuellement,
qu'est-ce que vous en pensez? Et, deux, la possibilité de, peut-être, dans
certaines situations, implanter deux embryons, qui est un peu permis selon les
lignes directrices du collège, là. Je sais qu'il ne vous reste pas beaucoup de
temps, là, mais si vous pouvez me donner votre avis.
Mme Bergeron (Marie-Ève) : En
fait, pour ce qui est de la question de l'âge limite qui est fixé, d'abord, à
41 ans pour le prélèvement d'ovules, la stimulation ovarienne, mais
jusqu'à l'âge de 42 ans pour le transfert <d'embryons...
M. Carmant : …deux embryons,
qui est un peu permis selon les lignes directrices du collège, là. Je sais qu'il
ne vous reste pas beaucoup de temps, là, mais si vous pouvez me donner votre
avis.
Mme Bergeron (Marie-Ève) :
En fait, pour ce qui est de la question de l'âge limite qui est fixé, d'abord,
à 41 ans pour le prélèvement d'ovules, la stimulation ovarienne, mais
jusqu'à l'âge de 42 ans pour le transfert >d'embryons, j'y
comprenais, par cette règle-là, qu'on souhaitait diminuer les risques maternels
et périnataux associés à l'âge maternel avancé. Évidemment, je comprends qu'une
dame qui deviendrait enceinte, avec son transfert d'embryons à 41 ans,
accoucherait à 42 ans, ne pourrait pas utiliser ses embryons
surnuméraires, du moins par la couverture du régime d'assurance maladie. C'est
une certaine contrainte. Mais, en même temps, comme médecin spécialiste qui a
goûté à l'arrêt de l'ancien programme, parce qu'il y avait des dépassements de
coûts, j'entrevois ça quand même relativement positivement, en me disant :
On commence de façon prudente, on va réévaluer. Mais c'est certain que, pour
une dame qui deviendrait enceinte, puis accoucherait à l'âge de 42 ans, ne
pourrait pas utiliser les embryons congelés, c'est un peu restreignant,
effectivement. Mais je suis d'accord de ne pas pousser pour un âge maternel
beaucoup plus avancé que ça, pour limiter les risques de complications à la
fois chez la mère et les enfants à naître.
Maintenant, pour ce qui est du nombre
d'embryons à transférer, on était très limité, dans nos pratiques, depuis
l'adoption de la loi n° 20, par rapport au nombre d'embryons. Il existe
certaines indications médicales où on peut… où il est médicalement requis puis
logique aussi, au niveau scientifique, de transférer deux embryons chez
une femme à mauvais pronostic qui pourrait être plus jeune que 37 ans, comme
par exemple des patientes qui ont des réserves ovariennes très basses, dans des
cas particuliers, ou des échecs d'implantation antérieurs.
Le Président (M. Provençal)
: Dre Bergeron, je vais devoir vous interrompre parce que le
temps est échu. Je vous remercie beaucoup des réponses. Ça me fait de la peine
de vous interrompre, mais je dois gérer le temps. Alors, je vais maintenant
céder la parole au député de Marquette, qui va prendre la relève pour la suite.
Alors, M. le député.
M. Ciccone :Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour Dre Bergeron, M.
Beauchemin. Dre Bergeron, si vous voulez finir votre pensée, justement, sur la
dernière question du ministre, vous pouvez y aller, là.
Mme Bergeron (Marie-Ève) : Merci.
En fait, j'allais simplement ajouter que je pense que le Collège des médecins
est la bonne entité pour fixer les lignes directrices, là, par rapport au
nombre d'embryons à transférer.
• (12 heures) •
M. Ciccone :
Merci beaucoup. M. Beaumont, je vous écoutais depuis... lors de vos propos sur
l'équité, et j'en suis, là, en étant porte-parole de la Capitale-Nationale de
ma formation. Je suis du fait qu'on doit offrir les mêmes services, là, que ça
soit dans l'Est, ou même dans le pôle Ouest, pour utiliser vos mots, et surtout
au même niveau. Considérant le fait que c'est quand même une question
archihumaine, ce projet de loi là, il faut quand même…
12 h (version révisée)
M. Ciccone : …je
suis, du fait qu'on doit offrir les mêmes services, là, que ce soit dans l'Est
ou même dans le pôle Ouest, pour utiliser vos mots, et surtout au même niveau. Considérant
le fait que c'est quand même une question archihumaine, ce projet de loi, là, il
faut quand même éliminer le voyagement, le stress qui vient, justement, avec
ces procédures archi-importantes pour les femmes et pour les couples, mais si… Parce
qu'on peut faire affaire avec le privé, mais également, ce que j'entends, c'est
que vous avez… vous êtes dans le public et vous voulez offrir le meilleur
service possible. Avez-vous chiffré, justement, l'implantation de… parce que
vous parlez d'un département de formation et de recherche, avez-vous chiffré,
justement, combien ça pourrait coûter ouvrir un genre… le département de
recherche et de développement?
M. Beaumont (Martin) : Bon,
pour la portion de recherche… Merci pour la question. Ça… (panne de son) …c'est
très bien implanté, le volet recherche, là, on est quand même très avancé.
Comme je le disais tantôt, on a un axe de recherche qui est complet, on a des
chercheurs là-dessus avec une belle programmation, des chercheurs qui rayonnent
actuellement au niveau international.
Pour ce qui est du programme en tant que
tel, c'est sûr que le CHU de Québec avait déposé, aux alentours des années 2013
et 2015, un projet quand même d'envergure, un projet qui venait faire converger
l'ensemble de l'obstétrique-gynécologie avec une clinique de PMA intégrée. C'était
un grand projet, mais on est très conscient de l'état des finances publiques,
et je suis convaincu que le CHU pourrait aller vers un projet, là, en termes
d'infrastructures non récurrentes, là, qui pourrait graviter aux alentours de,
peut-être, tu sais, entre 7 et 9 millions. Et, selon moi, en termes de
personnel, comme je l'ai dit tantôt, ce n'est pas seulement des soins
infirmiers, il y a d'autres types de professionnels, ça pourrait gravir, là,
aux alentours de 3,5 millions… entre 4 millions pour ce qui est de la
récurrence du personnel nécessaire. Donc, ça, c'est, à peu près, là, le chiffre
que ça pourrait nous permettre pour débuter une première implantation pour
réaliser, tu sais, de 200 à 500 cycles par année, mais on est totalement
d'accord avec l'orientation aussi du Dr Carmant sur l'importance de
développer le partenariat public-privé. Et ce partenariat-là doit se maintenir
parce que chacun, on doit être en symbiose pour continuer à offrir et donner le
choix aux gens dans un contexte de services totalement assurés.
M. Ciccone :
Un peu plus tôt, vous parliez avec le ministre, justement, de la découverture,
là, et je comprends la situation actuelle avec la pandémie, ce n'est pas nécessairement
facile, ce n'est pas juste dans l'Est, c'est dans l'Ouest également, mais
est-ce que vous pensez, justement, avec ce que vous proposez au niveau de la
recherche et de la formation, qu'on pourrait <peut-être…
M. Ciccone :
...
avec le ministre, justement, de la découverture, là, et je
comprends la situation actuelle avec la pandémie, ce n'est pas nécessairement
facile, ce n'est pas juste dans l'Est, c'est dans l'Ouest également, mais
est-ce que vous pensez, justement, avec ce que vous proposez au niveau de la
recherche et de la formation, qu'on pourrait >peut-être
venir régler ce problème-là au niveau de la rétention également? Parce qu'on
est un peu dans le principe de l'oeuf et la poule, là, qui qui vient en premier?
Alors, si on est capable de découvrir... si on est capable d'appliquer,
justement, ce que vous proposez, est-ce qu'on pourrait réduire, justement, le
problème de découverture ici ou chez-vous au RUISSS, là?
M. Beaumont (Martin) : Bien,
écoutez, je pense que les problématiques qui ont été exposées par notre
ministre sont réelles, O.K. Donc, honnêtement, les enjeux éthiques derrière «laisser
de la découverture en région», tu sais, je l'ai vécu, j'ai été là, c'est
extrêmement compliqué, et je salue le fait de vouloir consolider ça.
Je pense que le RUISSS de l'Université
Laval, actuellement, dans son plan stratégique, a comme mission d'améliorer
même le nombre de stages, ouvrir l'enseignement, aller recruter encore plus
d'infirmières pour qu'elles rentrent dans la profession, et permettre même aux
infirmières de retourner en région. Et on met même en place actuellement <des...
>ce qu'on appelle des réseaux de transfert de connaissances pour être
capable de développer les capacités de nos partenaires qui sont moins exposés à
certaines situations.
Donc, moi, je pense que je serais prêt
même à relever le défi, à continuer à contribuer à augmenter la formation et
augmenter même les stages en région pour permettre aux gens de demeurer dans
les régions avec des découvertures plus importantes.
M. Ciccone : Ça
tombe bien parce que M. le ministre aime les défis, alors je suis persuadé
qu'il pourra... vous pourrez en discuter. Vous parliez du RUISSS qui touche
plus de 2 millions de personnes, avez-vous colligé, là, puis je ne
veux pas vous mettre dans un coin, mais avez-vous colligé le pourcentage de
femmes seules, ou de couples qui désirent avoir recours au programme VIF?
M. Beaumont (Martin) : 16 %,
une famille sur... bien un couple, un projet sur six, là, une famille sur six
ont des besoins de cette nature-là, donc c'est 16 % de... possible, là,
des gens de la population de l'est du Québec. Et ça, bien sûr, Dre Bergeron,
là, vous pouvez en rajouter, là, vous êtes beaucoup plus au fait que moi, là,
des statistiques, mais c'est un sur six.
Mme Bergeron (Marie-Ève) : En
fait, un couple sur six va avoir besoin d'investigation ou de traitements de
fertilité. Parmi ces couples-là, un certain pourcentage vont avoir recours à la
fécondation in vitro, mais un couple sur six, le 16 %, là, c'est le nombre de
couples infertiles.
M. Ciccone :
Merci. Je vais y aller en terminant avec quelques questions plus générales. Qu'est-ce
que vous voyez dans le projet de loi, de façon générale, ou des points
précis, là, où il y a des lacunes, de façon claire, là, qu'on pourrait
comprendre, là?
M. Beaumont (Martin) : Bien,
écoutez, <tantôt...
M. Ciccone :
...générales. Qu'est-ce que vous voyez dans le
projet de loi, de
façon générale, ou des points précis, là, où il y a des lacunes, de façon
claire, là, qu'on pourrait comprendre, là?
M. Beaumont (Martin) :
Bien, écoutez, >tantôt, nous, on a bien mentionné, là, que le projet de
loi n° 73, tel qu'il est présenté, il est accueilli
favorablement par notre organisation. Là où on y voit certains enjeux, c'est
justement sur la répartition équitable de l'offre de service, et de s'assurer
que l'ensemble des CHU peuvent continuer, tous les CHU, incluant Sherbrooke et
le CHU de Québec,puissent faire converger leur
mission d'enseignement et de recherche dans ce domaine-là.
M. Ciccone : Est-ce
qu'on a oublié quelque chose dans le projet de loi, avant l'étude détaillée?
M. Beaumont (Martin) :
Écoutez, pas en ce qui me concerne, là, actuellement. Je ne sais pas, Dre
Bergeron…
Mme Bergeron (Marie-Ève) :
Non, bien, aujourd'hui, comme représentante du CHU de Québec, je pense que le
message à retenir, c'est que notre organisation accueille vraiment de façon
favorable, là, le projet de loi n° 73. Évidemment, comme je
mentionnais tantôt, c'est un départ prudent, mais comme on tient à la
réalisation du projet, on veut aider nos patients, je pense qu'on s'enligne
pour quelque chose… une offre de service qui est d'abord raisonnable puis qui
pourrait être réévaluée selon les succès, là, du projet au cours des prochaines
années.
M. Ciccone : J'aimerais
ça vous entendre… parce qu'on en a parlé pas mal avec tous les autres groupes
qu'on a entendus, j'aimerais ça revenir un peu sur l'âge, là, parce qu'il y a
un peu divergence, il y en a qui voudraient… Là, on met une limite de
41 ans, 42 ans pour les femmes, pour avoir accès à ce programme… plusieurs
endroits, on a cité plusieurs pays où on va y aller sur une analyse médicale,
au lieu d'avoir un âge bien précis, j'aimerais ça vous entendre là-dessus.
Mme Bergeron (Marie-Ève) : En
fait, l'âge de 41 ans, pour la femme, qui a été fixé, est sans doute basé
sur des évidences dans la littérature médicale qui montre une diminution
importante des taux de naissance vivante chez les femmes de cet âge-là.
Évidemment, les taux de succès de la fécondation in vitro diminuent aussi à
partir de l'âge de 35 ans, mais restent quand même très intéressants. Mais
au-delà de 41 ans, les naissances vivantes sont faibles, donc chaque
dollar investi est plus… En fait, ça coûte beaucoup plus cher créer un bébé
chez une femme qui a plus de 41 ans que ça peut coûter chez une patiente
plus jeune, ça fait que c'est de cette façon-là que je comprenais la logique,
là, de l'âge qui était fixé dans le projet de loi. Évidemment, si
on avait des ressources financières illimitées, bien, je pense qu'on pourrait
se permettre de traiter plus de patientes, mais si on veut investir les fonds
publics dans un programme qui va maximiser les taux de grossesse pour couvrir
les couples infertiles à bon pronostic, je trouve que l'âge limite fixé est
quand même raisonnable.
M. Ciccone : Merci
Beaucoup. Merci beaucoup, M. le Président, ça fait le tour de notre côté.
Le Président (M.
Provençal) : Merci. Nous allons poursuivre cet
échange avec la députée de Sherbrooke, alors je vous cède la parole, madame.
Mme Labrie :
Merci, M. le Président. Je vais avoir deux questions pour vous. Je
vais les poser d'emblée toutes les deux parce qu'on a juste deux minutes,
là. Après, vous pourrez répondre.
La première, ce serait pour
vous Mme Bergeron, vous avez parlé tout à l'heure de la détresse que
vivent les couples ou les femmes qui sont en démarche de procréation, il y a
d'autres groupes ici qui nous ont dit que ça vaudrait la peine d'inclure du
soutien psychologique dans la couverture, j'aimerais que vous me disiez si vous
êtes de cet avis-là aussi.
Puis l'autre question,
c'est : J'entends bien votre préoccupation pour le développement du
service dans le public puis la question de l'équité dans toutes les régions, de
l'accès aux services dans… à proximité, est-ce que ça répondrait à votre
demande si on essayait de modifier la loi pour prévoir le développement
prioritaire du service dans les établissements publics en favorisant une équité
territoriale, mais en sachant qu'évidemment, bon, dans les circonstances, ce
n'est peut-être pas possible de le développer tout de suite partout, mais que
ce soit fait prioritairement comme ça?
Mme Bergeron (Marie-Ève) : Je
peux répondre à la première question. En fait, actuellement, au CHU de Québec,
on a déjà une ou deux travailleuses sociales et une psychologue qui font partie
de notre équipe, là, de la clinique PMA, et puis nos patientes et les couples
ont accès au suivi, là, par ces professionnels-là, gratuitement, là, puis,
effectivement, je pense que ça serait important de préserver, là, cette… ce
service-là à l'hôpital.
M. Beaumont, je peux vous laisser
répondre à la deuxième question.
• (12 h 10) •
M. Beaumont (Martin) : Oui. Et
pour <la deuxième… >la deuxième question, écoutez, en ce qui me
concerne, c'est qu'on a encore des services à donner à très court terme, donc
le partenariat avec la clinique Procrea doit être consolidé, on doit continuer
à améliorer ça, mais, sans aucun doute, moi, je verrais d'un bon oeil qu'on
voit au développement prioritaire du secteur public, parce que c'est sûr
qu'éventuellement l'offre va continuer… la demande va continuer à s'accroître,
et la grande peur que j'ai, c'est qu'on voit d'autres cliniques s'installer
dans la région de Québec, pour répondre à la demande, au détriment d'un
investissement public.
Mme Labrie : Ça répond très
bien à mes questions, merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Alors, je remercie la Dre Bergeron et
M. Beaumont pour leur contribution à cette commission. Je suspends les
travaux quelques instants afin que l'on puisse accueillir par visioconférence
le prochain groupe. Je vous remercie encore et bonne fin de journée.
(Suspension de la séance
à 12 h 12)
Le Président (M. Provençal)
:
…
Je suspends les
travaux quelques instants afin que l'on puisse accueillir par visioconférence
le prochain groupe. Je vous remercie encore et bonne fin de journée.
(Suspension de la séance à 12 h 12)
>
(Reprise à 12 h 17)
Le Président (M. Provençal)
: Je souhaite la bienvenue aux représentants
du Collège des médecins du Québec puis je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé. Après quoi, nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite à vous présenter et
à débuter votre exposé. Je vous cède la parole maintenant.
M. Gaudreault
(Mauril) : Bonjour, mon nom est Mauril Gaudreault, je suis
président du Collège des médecins du Québec. Je suis accompagné aujourd'hui de
la Dre Isabelle Tardif qui deviendra secrétaire du Collège des médecins en
janvier prochain.
M. le ministre, M. le président de la
Commission de la santé et des services sociaux, députés, membres de la
commission, mesdames, messieurs, nous vous remercions de cette occasion de
présenter nos <commentaires...
M. Gaudreault
(Mauril) :
…Je suis accompagné
aujourd'hui de la Dre Isabelle Tardif qui deviendra secrétaire du
Collège
des médecins en janvier prochain.
M. le ministre, M. le président
de la Commission de la santé et des services sociaux, députés, membres de la
commission, mesdames, messieurs, nous vous remercions de cette occasion de
présenter nos >commentaires concernant le projet de loi n° 73,
traitant principalement de procréation assistée. Nous partageons les objectifs
du législateur de veiller à la sécurité du public, à la qualité des soins de
procréation assistée et de réduire les effets secondaires de ces techniques.
Nous saluons également l'avancée que représente la couverture publique de
certains services de procréation assistée pour les personnes et les couples
désireux de réaliser leur projet parental. Nous appuyons les objectifs généraux
du projet de loi qui vient renforcer notre partenariat avec le ministère de la
Santé et des Services sociaux et qui fait ressortir aussi la complémentarité de
nos rôles. C'est dans cette perspective, d'ailleurs, que nous présentons
aujourd'hui nos commentaires.
Depuis plusieurs années, le collège et le
ministère ont établi un modèle de collaboration unique pour encadrer les
pratiques de procréation assistée. Ce modèle repose non seulement sur
l'implication des décideurs et régulateurs, mais également sur l'ensemble des
équipes médicales qui oeuvrent en procréation assistée au Québec. Il ne fait
aucun doute que cette pratique doit être sécuritaire, de qualité, et reposer
sur des normes et un consensus clinique. Cet objectif dépasse le cadre
juridique offert par l'État. L'orientation gouvernementale doit tenir compte
des pouvoirs et des leviers dont disposent les ordres professionnels.
Depuis 2016, le collège a mis en place un
programme de surveillance générale des activités de procréation assistée par
indicateur. Nous avons diffusé différents rapports en lien avec notre
obligation de surveiller l'application des normes en matière de médecine
reproductive. Nous avons également publié en 2015 des lignes directrices pour
encadrer cette pratique. Les données recueillies auprès des milieux qui offrent
des techniques d'insémination et de fécondation in vitro ont permis de brosser
un portrait rassurant de la qualité des soins et de la conformité des
pratiques. Des visites d'inspection professionnelle et des enquêtes ont aussi
été réalisées auprès de médecins qui pratiquent la procréation assistée.
Le présent projet de loi introduit la
possibilité de recueillir des données à des fins médico-administratives et de
surveillance de l'état de santé. La collaboration en matière de surveillance
par le collège et de vigie par la Santé publique nous apparaît souhaitable. À
l'article 7 du projet de loi, on a toutefois remplacé la notion de
surveillance par celle d'enquête. À la lumière des activités actuelles du collège,
nous craignons que surviennent des chevauchements et désirons mieux comprendre
quel sera l'objet de l'inspection et de l'enquête. Est-ce que les enquêteurs
dédoubleront le travail de ceux du collège? Leurs critères répondront-ils aux
normes déontologiques du collège? Est-ce que ces procédures viseront les
conditions de délivrance des <permis…
M. Gaudreault
(Mauril) :
…
des chevauchements et désirons mieux
comprendre quel sera l'objet de l'inspection et de l'enquête. Est-ce que les
enquêteurs dédoubleront le travail de ceux du collège? Leurs critères
répondront-ils aux normes déontologiques du collège? Est-ce que ces procédures
viseront les conditions de délivrance des >permis ou tous les éléments
se rapportant à la procréation assistée? Nous insistons sur l'importance de
bien délimiter les rôles de chacun afin que notre collaboration complémentaire
se poursuive de manière constructive et cohérente. C'est pourquoi nous
demandons au ministre de nous rassurer sur nos questionnements.
De plus, les articles 20 à 23 du
projet de loi introduisent l'exigence pour le Collège des médecins de produire
un certificat de conduite professionnelle. Ces dispositions visent les médecins
gestionnaires des différentes cliniques ou centres de procréation assistée.
Évidemment, nous adhérons au principe d'exemplarité en matière de parcours
professionnel. Toutefois, la délivrance d'un certificat de conduite
professionnelle exige la transmission de renseignements confidentiels et
sensibles. Parce que les critères permettant le refus de délivrer un permis
sont déjà précisés dans la loi, le collège propose donc de retirer cette
exigence et s'engage à fournir les informations nécessaires.
Je cède maintenant la parole à Dre Tardif
pour exprimer d'autres préoccupations en regard de la formulation actuelle du projet
de loi n° 73.
• (12 h 20) •
Mme Tardif (Isabelle) : Merci,
Dr Gaudreault. Bonjour à tous. Dans le cadre de sa mission de protection du
public, le collège souhaite rappeler que les médecins ont des obligations
relatives aux dossiers dont ils ont la garde. Nous craignons les écueils que
peuvent amener la cessation d'exercice ou le changement de lieu d'exercice des
médecins qui pratiquent la procréation assistée, tout comme le
non-renouvellement de permis ou le déménagement d'une clinique.
Par exemple, quelle sera la responsabilité
du médecin par rapport aux embryons et aux gamètes préservés dans son centre?
Selon le projet de loi, il semblerait que la clinique en sera la gardienne.
Mais, dans l'éventualité de la fermeture d'un centre, à qui reviendra la
responsabilité de la manutention et du transport des produits de conception? Si
plusieurs règles viennent encadrer la conservation, la cession et la
destruction des dossiers médicaux, il est tout aussi important d'exiger un même
encadrement pour les gamètes et embryons conservés dans les centres de
procréation assistée.
Par ailleurs, nous saluons que le projet
de loi s'appuie sur les lignes directrices édictées par le collège pour
encadrer les conditions particulières lors du transfert, chez la femme, de deux
embryons. Il y avait en effet un malaise chez les médecins en raison des écarts
entre les critères imposés légalement pour le nombre de transferts d'embryons
et ceux retrouvés dans les normes de pratique du collège.
Sur la question des lignes directrices
maintenant, nous nous engageons, en partenariat avec le ministère, à poursuivre
leur actualisation. Cependant, les exigences formulées dans le projet de loi
quant au contenu des lignes directrices nous apparaissent directives et
pourraient limiter notre agilité à suivre la pratique de ce domaine médical qui
est en pleine évolution. Le projet de loi rappelle bien qu'il appartient au
Collège des <médecins…
Mme Tardif (Isabelle) : …
poursuivre
leur actualisation. Cependant, les exigences formulées dans le projet de loi
quant au contenu des lignes directrices nous apparaissent directives et
pourraient limiter notre agilité à suivre la pratique de ce domaine médical qui
est en pleine évolution. Le projet de loi rappelle bien qu'il appartient au
Collège des >médecins d'élaborer les lignes directrices en matière de procréation
assistée, de veiller à leur application et de les mettre à jour selon
l'évolution des connaissances. Toute autre précision ne nous semble pas
nécessaire.
Le collège est également favorable à la
mise en place d'un comité d'éthique central qui harmonisera les pratiques et
placera l'éthique au centre des activités de procréation assistée. Nous soulignons
au ministre l'importance de préciser les fonctions et la composition du
comité d'éthique clinique, de prévoir une représentation du collège à tout
comité central en lien avec la procréation assistée et, finalement, de
s'assurer d'un arrimage avec les comités d'éthique locaux qui sont déjà en
place dans les centres de procréation assistée.
Parce que les cliniciens, tout comme le
public, auront de nombreuses questions sur les conditions d'application de ce
programme, nous suggérons aussi la mise en place d'un service-conseil. On
pourrait le retrouver soit au sein de l'équipe ministérielle, ou au sein de la
RAMQ pour faciliter l'application de la présente loi et des règlements qui s'y
réfèrent.
Je cède maintenant la parole au
Dr Gaudreault pour le mot de la fin.
M. Gaudreault
(Mauril) : En terminant, je rappelle que le collège est
favorable à la majorité des modifications présentées dans le projet de loi
n° 73 et se tient disponible pour contribuer à sa bonification.
Ce projet de loi met de l'avant la
collaboration déjà bien établie entre notre ordre professionnel, le ministère
et l'ensemble des équipes médicales en santé reproductive. Le collège s'engage
à poursuivre le partenariat établi avec l'équipe ministérielle, toujours afin
d'assurer une cohérence dans la réalisation de nos mandats respectifs. Ensemble,
continuons d'assurer tant la qualité que la sécurité et le caractère éthique
des activités de procréation assistée au Québec, et assurons‑nous de la
pérennité du programme. Faisons-le au nom des enfants à naître et de leurs
parents. Merci de votre attention.
Le Président (M. Provençal)
:Merci à vous deux pour votre exposé.
Nous allons maintenant initier la période d'échange avec M. le ministre. À vous
la parole, M. le ministre.
M. Carmant : Oui. Merci
beaucoup de votre présentation et des détails que vous avez soulevés au niveau
de vos inquiétudes. C'est un honneur de vous rencontrer M. Gaudreault, Dre Tardif
aussi. Vous avez soulevé plusieurs petits points, là, le premier qui me porte à
inquiétude, c'est celui à propos des enquêtes. Qu'est-ce que vous faites
actuellement au niveau des enquêtes?
Et nous on voulait, en fait, resserrer un
peu plus les règles, donner un peu plus de liberté, mais vous semblez aussi,
dans un autre point, nous dire que vous avez certaines inquiétudes quant à la
confidentialité. Donc, j'aimerais voir exactement quelle est votre position,
là, par rapport à ce que vous faites, comment on peut le faire de façon un peu
plus serrée, sans <empiéter...
M. Carmant : …
un peu
plus les règles, donner un peu plus de liberté, mais vous semblez aussi, dans
un autre point, nous dire que vous avez certaines inquiétudes quant à la
confidentialité. Donc, j'aimerais voir exactement quelle est votre position, là,
par rapport à ce que vous faites, comment on peut le faire de façon un peu plus
serrée, sans >empiéter sur les règles qui semblent vous… (panne de son)
…aussi également.
M. Gaudreault
(Mauril) : Bien, je vais débuter la réponse. Bien, comme vous
le savez, comme ordre professionnel, on est préoccupé par l'exercice de la
pratique de la médecine, comme Collège des médecins, bien sûr. Et, évidemment,
les deux grandes activités de notre ordre professionnel sont celles de
l'inspection et des enquêtes lorsque cela est nécessaire. Et, lorsque nous
recevons une plainte, évidemment, celle-ci est d'abord examinée par un syndic,
syndic qui communique avec le ou la plaignante pour bien comprendre l'état de
la plainte, et qui, par la suite, décide soit de la rejeter, soit de
l'accepter, et procéder à son enquête par la suite. Et, à partir de ce
moment-là, évidemment, vous aurez compris que tout cela se fait de façon
indépendante et complètement confidentielle, et que le président même, de
l'ordre que je suis, ne le sait même pas lorsqu'il y a de tels types d'enquêtes.
Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a eu des enquêtes, mais c'est
impossible, pour moi, pour nous, de vous en dire plus que ça par rapport à la teneur
de ces enquêtes-là.
M. Carmant : D'accord. Et mais
nous, notre but, c'est vraiment, d'une façon routinière, s'assurer de la
qualité des services fournis, surtout qu'on a quand même une opération
importante, là, où on va vraiment travailler de façon main dans la main entre
des cliniques privées et puis des centres publics, donc c'est pour ça qu'on
veut être sûrs, tu sais, de la… surtout que ça a déjà été un sujet d'actualité,
nous, on veut être sûrs d'en faire plus, et non seulement sur une base de
plaintes. Et, vous, comment pouvez-vous… Est-ce que vous pouvez contribuer à
cet effort de, tu sais, de contrôle régulier, ou est-ce qu'il faut qu'on
utilise une tierce partie? C'est ça, le point qui est important de clarifier ce
matin, là.
M. Gaudreault
(Mauril) : Ah! je répète, vous avez notre collaboration totale
pour poursuivre l'évolution de ce programme, et, ensemble, nous conviendrons
des meilleures choses à faire dans le respect des missions et rôles de chacun.
Ça, je n'ai pas de problème à ce qu'on regarde ça pour voir comment on peut
s'assurer de la qualité de l'exercice de cette pratique qui, nous l'avons dit,
est en constante évolution. On pourra convenir ensemble de façons de faire,
bien sûr.
• (12 h 30) •
Mme Tardif (Isabelle) : Peut-être
que je rajouterais qu'en 2015 la loi nous donnait, donc, déjà l'obligation
d'émettre des lignes directrices et de veiller à leur application. Alors, pour
veiller à leur application, notamment, il y a eu une démarche de collecte de
données auprès des centres de procréation assistée. Il y a 16 centres qui
ont été sollicités pour donner des informations, donner le… nous fournir
différentes informations par rapport…
12 h 30 (version révisée)
Mme Tardif (Isabelle) : …alors pour
veiller à leur application, notamment, il y a eu une démarche de collecte de
données auprès des centres de procréation assistée. Il y a 16 centres qui
ont été sollicités pour donner des informations, donner… nous fournir
différentes informations par rapport à leurs activités. Il y a deux rapports,
donc, qui ont été émis en 2019, suite à cette enquête-là, cette démarche-là.
Dans l'ensemble, c'était rassurant sur la pratique qui été faite dans les
différents centres de procréation assistée avec les différents niveaux de soin
de procréation assistée. Il y a eu, donc, des rapports qui ont été fournis, là,
à la ministre à l'époque et il y a eu des bulletins qui ont été faits pour
chacun des centres, avec leurs données et leurs données comparatives, par rapport
aux centres de même niveau de soin et de l'ensemble des centres qui offrent de
la procréation assistée, et des recommandations ont été faites auprès de chacun
de ces centres-là, et il y a eu un suivi au cours de l'année 2020 auprès
de chacun de ces centres pour s'assurer du suivi des recommandations qui
avaient été faites en 2019. Donc, il y a aussi cette surveillance-là et cet
accompagnement-là qui a été très apprécié par les cliniques sur le terrain, là,
d'avoir cette rétroaction-là et cette… ces informations-là et ce suivi-là de la
part du Collège.
M. Carmant : Parfait, merci
beaucoup. Deuxièmement, qu'est-ce que vous pensez de l'obligation, là, pour le
directeur médical du centre de procréation assistée, de fournir un certificat
de bonne conduite professionnelle pour la… pour recevoir ou se renouveler un
permis de clinique?
M. Gaudreault
(Mauril) : Bien, les certificats de conduite professionnelle,
comme vous le savez Dr Carmant, sont exigés par les établissements de
santé lorsque qu'un médecin demande des privilèges pour y pratiquer, <dans
le sens de… >et ça, je ne vous apprends pas ça, là, dans le sens de soins
donnés à des patients, de soins donnés à une population, et ça, c'est tout à
fait correct que les établissements de santé demandent cela, ce certificat de
conduite professionnelle. En fait, notre questionnement, c'est à l'effet qu'un
médecin gestionnaire d'une clinique, d'un centre de procréation assistée, qui
n'a pas de contact direct avec les patients, devons-nous, à ce moment-là, fournir
un certificat de conduite professionnelle? Là, c'est le questionnement que nous
avions, et non pas par rapport aux médecins qui vont poser des actes, mais par
rapport aux médecins qui assurent un… assument un rôle de gestion. À ce
moment-là, ça ne nous apparaissait pas nécessaire d'aller jusque là, étant
donné, comme vous le savez très bien vous aussi, que le certificat de conduite
professionnelle, au collège, contient des éléments confidentiels et qui sont…
qui peuvent être sensibles aussi par rapport aux professionnels.
Mme Tardif (Isabelle) : Puis
en fait, j'ajouterais que votre loi, en fait, le projet de loi et le règlement
mentionnent déjà des critères selon lesquels un permis, par exemple, pourrait
ne pas être délivré, par exemple une suspension, une radiation, ou une
limitation d'exercice en lien avec, évidemment, les activités de procréation
assistée. Donc, ces éléments-là, ce sont des éléments qui, pour la <majorité…
Mme Tardif (Isabelle) : …
votre
loi, en fait, le projet de loi et le règlement mentionnent déjà des critères
selon lesquels un permis, par exemple, pourrait ne pas être délivré, par
exemple une suspension, une radiation, ou une limitation d'exercice en
lien avec, évidemment, les activités de procréation assistée. Donc, ces éléments-là,
ce sont des éléments qui, pour la >majorité, sont publics et qui donc
sont accessibles, et pour lesquels on pourrait aussi fournir l'information
complémentaire dont vous auriez besoin, mais un certificat de conduite
professionnelle va beaucoup plus loin que les informations qui sont pertinentes
pour votre démarche.
M. Carmant : D'accord. Et,
dans un autre ordre… bien, en fait, toujours dans la même ligne, qu'est-ce que
vous nous… y a-t-il des choses <que vous nous… >que vous
ajouteriez, qui pourraient nous permettre de renforcer la qualité des soins
dans tous les milieux où ceux-ci sont offerts, à la lecture du projet de loi?
Mme Tardif (Isabelle) :
Peut-être que…
M. Gaudreault
(Mauril) : Ça, je te laisserais aller.
Mme Tardif (Isabelle) : Oui,
parfait. Peut-être que j'ajouterais… Bon, on l'a mentionné dans notre
allocution, là, mais l'inquiétude par rapport à la cession des embryons et des
gamètes, je pense que ça, c'est un enjeu qui est significatif. Et on aurait
intérêt à prévoir des mesures plus précises pour s'assurer que si, par exemple,
il y a une fermeture de clinique, ou, par exemple, si vous décidez de ne pas
renouveler le permis d'une clinique pour x ou y raison, mais qu'il y ait… qu'il
n'y ait pas d'enjeu au niveau de la conservation des embryons et des gamètes,
que ça puisse être récupéré par un autre centre, par exemple, de façon
formelle.
M. Carmant : D'accord. Merci
beaucoup. M. le Président, je passerais la parole à la députée de Soulanges.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, alors, Mme la députée de Soulanges.
655 17891 Mme Picard : Bonjour.
Merci beaucoup d'être présents aujourd'hui. Je voulais savoir, que pensez-vous
de la possibilité de transfert de deux embryons lorsqu'une fécondation
in vitro est… lorsque cela est médicalement indiqué? Est-ce que vous
pouvez nous préciser certaines lignes directrices à cet effet?
M. Gaudreault
(Mauril) : Je donne la parole à ma collègue qui a des réponses
plus pointues par rapport à cette question.
Mme Tardif (Isabelle) :
Effectivement, en fait, la loi actuelle posait clairement un problème parce
qu'elle édictait que le transfert de deux embryons ne pouvait pas se faire en
bas de l'âge de 37 ans, donc… Et nos lignes directrices, du collège, qui
ont été émises en 2015, nuançaient beaucoup plus la question du transfert de
deux embryons. Donc, le projet de loi actuel, on trouve qu'il vient dénouer
cette impasse-là que certains médecins sur le terrain avaient par rapport au
transfert de deux embryons parce qu'effectivement, dans le guide, on parle de
conditions pour lesquelles on pourrait aller et considérer le transfert de deux
embryons qui vont au-delà d'un critère pur et simple d'âge. Donc, il y a des
facteurs de bons pronostics pour le transfert sélectif d'un seul embryon, mais,
dans certains cas particuliers, il peut y avoir, selon les facteurs pronostics
de grossesse et de naissance vivante, de même que le jugement clinique du
médecin, ça peut être indiqué d'aller vers le transfert de deux embryons, donc
il y a beaucoup plus de souplesse. Il y a quand même un cadre dans nos lignes
directrices, mais il y a beaucoup plus de souplesse que ce que la loi, qui est
en vigueur <actuellement…
Mme Tardif (Isabelle) : ...
certains
cas particuliers, il peut y avoir, selon les facteurs pronostics de grossesse
et de naissance vivante, de même que le jugement clinique du médecin, ça peut
être indiqué d'aller vers le transfert de deux embryons, donc il y a beaucoup
plus de souplesse. Il y a quand même un cadre dans nos lignes directrices, mais
il y a beaucoup plus de souplesse que ce que la loi, qui est en vigueur >actuellement,
mettait de l'avant.
Mme Picard : Merci. J'ai une
dernière question. J'aimerais savoir ce que vous pensez de la possibilité
d'avoir une banque de gamètes québécoise.
Mme Tardif (Isabelle) : Cette
question‑là est probablement plus du ressort de notre équipe d'expert. On a un
comité, on a un groupe de travail, ici, au collège, là, qui est mené par notre
équipe à la permanence, mais sur lequel siègent des experts en procréation
assistée et en reproduction et fertilité, alors c'est probablement plus une
question qui s'adresse à notre groupe de travail et à nos experts.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va?
M. Gaudreault
(Mauril) : Mais on pourra y apporter une réponse si vous le
désirez quand même, tu sais, mais avec nos experts. Voilà.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Roberval.
Mme Guillemette : Oui, merci,
M. le Président. Merci d'être avec nous ce matin. Moi, j'aimerais vous entendre
sur le critère d'admissibilité selon l'âge de 41 ans ou 42 ans pour
l'implantation, là.
M. Gaudreault
(Mauril) : Isabelle.
Mme Tardif (Isabelle) : En
fait, nous au collège, grâce à l'exercice qui a été fait, là, avec les
indicateurs et les données obtenues des différentes cliniques, dans le rapport
que vous avez possiblement en main, on a établi, donc, justement, des
pourcentages en fonction de l'âge de troubles grossesses cliniques, et c'est
sûr que c'est dans ce contexte‑là qu'on a vu qu'il y avait une baisse de taux
de succès avec, évidemment… plus l'âge avance, une baisse qui est plus
significative, là, on regarde en termes de pourcentage de naissance vivante
qui, dans l'ensemble, pour tous les âges, est autour de 29 %, et qui
diminue à 41-42 ans à 13 %, et 6 % en haut de 43 ans, là,
je parle de fécondation in vitro. Donc, nous avons ces données-là que nous
avons transmises. Et donc c'est, j'imagine, sur la base des données qui ont été
transmises, que cet élément‑là a été ajouté à la loi.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Oui. Comme il
reste un peu de temps, je vais poser une dernière question qui était vraiment
sur le... En fait, moi, j'avais demandé aux associations de regarder si dans
notre... la base de données qu'on veut mettre sur pied — pré, per et
postnaissance — quels étaient les critères de performance et de
qualité des soins? Mais là je vous ai entendu dire que vous aviez également des
critères de norme de pratique, j'aimerais ça en entendre parler et voir quels
seraient les moyens de les intégrer dans notre suivi aussi, au niveau des
données informatiques que l'on va mettre sur pied. Quelles sont vos normes de
pratique actuellement puis comment on peut les intégrer ou comment on <peut...
M. Carmant : ...également
des critères de norme de pratique, j'aimerais ça en entendre parler et voir
quels seraient les moyens de les intégrer dans notre suivi aussi, au niveau des
données informatiques que l'on va mettre sur pied. Quelles sont vos normes de
pratique actuellement puis comment on peut les intégrer ou comment on >peut
travailler ensemble là-dessus?
• (12 h 40) •
Mme Tardif (Isabelle) : En
fait, nos normes de pratique sont détaillées dans le guide... en fait, dans nos
lignes directrices, donc c'est... Il y a plusieurs aspects à considérer, il y a
évidemment tout le cheminement, toute la démarche clinique qui mène à la prise
de décisions concertées avec, évidemment, les patients et qui sont bien
détaillées au niveau de notre guide.
Ce qu'on a recueilli comme indicateurs…
bien, évidemment, il y avait différents indicateurs, il y avait des indicateurs
en termes de nombre de grossesses, de nombre d'embryons transférés, les
questions aussi par rapport à... le taux de grossesses gémellaires. Donc, il y
a différents indicateurs qui ont été identifiés, et qu'on a transmis, là. On
pourra continuer à travailler étroitement, là, avec le ministère pour vous
donner les différentes informations et encore plus de détails par rapport aux
indicateurs qui peuvent être mis en place, mais, en gros, là, c'est les
indicateurs qu'on avait utilisés, qu'on avait comparés aussi par rapport aux
données canadiennes, et qui nous avaient fait conclure que, dans l'ensemble, la
pratique de la procréation assistée au Québec était de qualité.
M. Carmant : Super, merci
beaucoup. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Nous allons poursuivre nos échanges avec le député de Marquette
M. Ciccone :
Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour, Dre Tardif, bonjour, Dr Gaudreault.
Très intéressant, merci beaucoup de nous éclairer. Selon vous, quelle est votre
opinion, justement, sur l'accessibilité des services en région, sur le sujet
qui nous concerne, là?
M. Gaudreault
(Mauril) : Bien, moi, je peux débuter, je peux
débuter une réponse. Écoutez, je l'ai dit souvent puis peut-être que je vous
l'ai dit à vous aussi M. Ciccone, mais… lors d'une présence antérieure, le
collège veut participer, avec tous les autres intervenants, à faire en sorte
que le réseau de la santé soit accessible partout au Québec, hein, puis c'est
le gars de Chicoutimi qui vous parle quand il dit ça, là, mais, tu sais, dans
ce sens-là, oui, on pourrait... puis on a parlé de partenariats avec le
ministère, etc., qui étaient déjà établis, je ne pourrais pas vous donner des
détails… vraiment, il y a 16 cliniques, il y a 16 centres de procréation
assistée, de détails à ce point, jusqu'à quel point c'est accessible partout au
Québec, mais vous aurez compris que l'organisation que j'ai le privilège de
diriger, on va travailler avec vous pour que ça soit accessible de façon
correcte partout, dans toutes les régions du Québec, oui.
M. Ciccone :
Je vous pose cette question-là parce que, justement, la députée de Roberval en
a fait mention hier aussi, parce qu'on a vu… on a entendu un groupe qui nous a
dit qu'il y avait une belle collaboration entre <l'hôpital...
M. Gaudreault
(Mauril) :
…
l'organisation que j'ai
le privilège de diriger, on va travailler avec vous pour que ça soit accessible
de façon correcte partout, dans toutes les régions du Québec, oui.
M. Ciccone :
Je vous pose cette question-là, parce que, justement, la députée de Roberval en
a fait mention hier aussi, parce qu'on a vu… on a entendu un groupe qui nous a
dit qu'il y avait une belle collaboration entre >l'hôpital
de Chicoutimi et le CHUM, ici, plus près de chez nous, mais, en même
temps, est-ce que vous aimeriez avoir, vraiment, un service, là, puis je vais
utiliser le mot clés en main, je ne veux pas manquer de respect, mais,
vraiment, un service où ceux qui veulent faire partie de ce programme-là, du
VIF, sont capables de le faire, là, dans leur région? Je sais que ce n'est pas
évident, là, de l'implanter partout, mais, en même temps, je veux vous entendre
là-dessus, ne serait-il pas important, là, de l'avoir là également?
M. Gaudreault
(Mauril) : Bien, moi, <je… >vous le savez aussi,
je suis prêt à jouer un rôle là-dedans. Le collège, on a tenu une large
consultation publique l'année dernière, hein, puis les gens nous ont dit qu'on
devrait se préoccuper plus de l'organisation des soins et services de santé au
Québec… nous ayant démontré, à moment-là, que le Collège des médecins avait été
plutôt frileux dans ce sens-là au cours des récentes années, des dernières
années. Donc, le public veut que le collège se prononce plus souvent, sur la
scène publique, par rapport à des enjeux comme cela, dont celui de
l'accessibilité un peu partout au Québec. Donc, en ce sens-là, je le répète, ça
va me faire plaisir de collaborer pour améliorer les choses et dresser un
portait juste de la situation, et bien écouter la population québécoise aussi.
M. Ciccone :
Je ne sais pas si… Je ne veux pas vous mettre en boîte, là, mais, justement,
combien de plaintes que vous recevez par année dans le sujet qui nous concerne,
là, au niveau de la fécondation in vitro, là? Puis je ne parle pas au
niveau du Collège des médecins, avec tous les médecins, là, juste dans le sujet
qui nous concerne, là.
M. Gaudreault
(Mauril) : Le nombre de plaintes, c'est… Vous aurez compris que
c'est embêtant de répondre à cette question-là, étant donné toute
l'indépendance qu'il y a avec la Direction des enquêtes, puis le fait que, moi,
comme président, je ne le sais même pas, combien il y a de plaintes et… Je ne
le sais pas puis, honnêtement, je ne le sais pas, là, puis il ne faut pas que
je le sache non plus, combien il y a de plaintes. Donc, notre ordre… Je ne peux
pas vous dire combien il y a de plaintes, mais je peux vous dire que, quand il
y a des plaintes, elles sont analysées, regardées et enquêtées, lorsqu'il le
faut, ça, je n'ai pas de problème du tout à vous dire ça, par exemple.
Mme Tardif (Isabelle) : Et on
peut vous confirmer que, dans les dernières années, il y a eu des inspections,
lorsque pertinent, et des enquêtes.
M. Ciccone :
Est-ce que… On a parlé… Il y a des groupes qui ont relevé ces craintes-là, mais
est-ce que vous croyez… Avez-vous des craintes quant à l'implantation trop
rapide, là, du programme?
M. Gaudreault
(Mauril) : Bien, il faut faire ça de façon concertée, ensemble,
puis j'ai… répondre aux besoins que la population nous exprime. Donc, si on le
fait de façon concertée, ensemble, j'ose espérer que les personnes
intelligentes qui vont travailler là-dessus ne le feront pas trop rapidement.
Mme Tardif (Isabelle) : Et c'est
sûr qu'il y a des enjeux au niveau de l'application, c'est pour ça que, dans
notre mémoire et dans l'allocution de départ, on a <mentionné…
M. Gaudreault
(Mauril) :
…Donc, si on le fait de façon concertée,
ensemble, j'ose espérer que les personnes intelligentes qui vont travailler
là-dessus ne le feront pas trop rapidement.
Mme Tardif (Isabelle) : Et
c'est sûr qu'il y a des enjeux au niveau de l'application, c'est pour ça que,
dans notre mémoire et dans l'allocution de départ, on a >mentionné que ce
serait fort utile d'avoir un service-conseil parce qu'il va y avoir des
questions, il va y avoir des enjeux au niveau de l'application, tant du public
que des médecins qui sont dans les centres de procréation assistée, par rapport
aux différentes balises, là, qui sont en place.
M. Ciccone :
Est-ce que la loi devrait vous donner un peu plus de pouvoir à décider? Est-ce
que le Collège des médecins devrait déterminer les critères de l'âge maximal
d'une patiente? Parce que, là, on voit, certaines procédures, c'est
41 ans, d'autres 42 ans, est-ce qu'on devrait y aller un peu plus sur
l'analyse au niveau médical, comme on fait dans d'autres pays, au lieu de,
justement, déterminer un âge précis?
M. Gaudreault
(Mauril) : Bien, le collège… je peux donner, Dre Tardif,
une réponse additionnelle, mais, en début de réponse, je dirais que le collège,
c'est un ordre professionnel qui s'occupe de la qualité de l'exercice puis de
protéger le public, ce n'est pas une société savante, le Collège des médecins
du Québec. Donc, oui, l'établissement de lignes directrices, de critères comme
vous parlez, le collège peut être un des partenaires pour mettre ça en place
avec d'autres organisations qu'on appelle, nous, communément, dans notre jargon,
des sociétés savantes, par rapport à cela. Exemple, on pourrait collaborer avec
l'INESSS, là, qui est une organisation gouvernementale par rapport à cela, mais
de participer à la définition ensemble, là, avec d'autres partenaires, en ce
sens-là, pour ce qui est d'établir des critères d'âge comme vous parlez, là. Isabelle,
ça va?
Mme Tardif (Isabelle) : Oui,
puis effectivement, les connaissances évoluent tellement rapidement aussi qu'il
faut se laisser aussi la marge de manoeuvre pour tenir compte de l'évolution,
là, des connaissances, et de ce domaine qui est particulièrement effervescent.
M. Ciccone :
Merci beaucoup pour votre collaboration. Je vais céder la parole à ma collègue.
Le Président (M. Provençal)
: Les quatre prochaines minutes vont appartenir à la députée
de Maurice-Richard.
Mme Montpetit : Je vous
remercie, M. le Président. Bonjour à vous deux. Une courte question. Je pense
que sur les quatre minutes, j'en prendrai une, je vous laisserai le reste du
temps.
Dans votre mémoire, vous faites référence
au comité d'éthique qui est mentionné dans le projet de loi et vous faites une
recommandation pour une meilleure cohérence avec les normes professionnelles,
de préciser les fonctions et la composition. Vous ne l'avez pas détaillé
davantage dans votre mémoire, donc j'aimerais ça… Est-ce que vous avez des
propositions à faire sur, justement, cette composition, les fonctions que le
comité devrait occuper, mais surtout sur la composition également? J'imagine,
vous aviez une idée en tête, en faisant cette proposition-là.
M. Gaudreault
(Mauril) : Je vais commencer d'abord et laissez la Dre Tardif
poursuivre, mais ce que je veux dire, c'est l'intention, la volonté, le désir
du collège de participer aux travaux d'un tel <comité…
Mme Montpetit : …
surtout
sur la composition également? J'imagine, vous aviez une idée en tête, en
faisant cette proposition-là.
M. Gaudreault
(Mauril) :
Je vais commencer d'abord et laissez la
Dre Tardif poursuivre, mais ce que je veux dire, c'est l'intention, la
volonté, le désir du collège de participer aux travaux d'un tel >comité, et toute l'importance des principes éthiques, pour nous, évidemment
j'appuie là-dessus, et d'être partie prenante de la
composition d'un tel comité, dans le sens d'être d'accord pour supporter cela.
Mme Tardif
(Isabelle) : Alors, puis effectivement, c'est tout à fait une… Quand
on a vu apparaître, au niveau du projet de loi, cette suggestion-là, en fait,
ce comité central-là mit de l'avant, ça allait tout à fait dans les
recommandations et dans le guide d'exercice à ce qui avait aussi été mis de
l'avant par rapport à un comité central parce qu'évidemment, là, <c'est… >comme
je le disais tout à l'heure, c'est un domaine qui est en pleine évolution, et
il y a beaucoup de considérations éthiques, entre autres, et il y a donc des
enjeux particuliers qui doivent être adressés de façon plus centrale… puis
s'assurer d'être bien arrimés avec les centres et les comités locaux d'éthique
et des comités cliniques.
Alors, au niveau de la
composition, c'est sûr qu'on pense que le collège est un partenaire
significatif qui devrait être impliqué dans tout comité central qui traite de
procréation assistée. Donc, le collège, évidemment, avec les partenaires au
niveau du ministère, aussi au niveau, donc, de cliniciens et de personnes qui
sont directement impliquées au quotidien avec les questions de procréation
assistée, mais aussi avec les patients et les proches. Donc, on croit beaucoup,
au collège, à toute la notion du partenariat avec le patient et avec les
proches, donc on pense que c'est important aussi qu'ils fassent partie de
discussions aussi centrales que ce qui va être adressé à ce comité.
Mme Montpetit :
Parfait. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M.
Provençal) : M. le député de Marquette.
• (12 h 50) •
M. Ciccone :
Oui, je veux juste revenir au certificat de conduite, vous nous avez dit tantôt
qu'il fallait faire la différence entre un médecin et un gestionnaire, mais
pour quelles raisons, selon vous, est-ce qu'une clinique pourrait avoir son
permis non renouvelé, au niveau du gestionnaire, par exemple?
Mme Tardif (Isabelle) : Bien,
ça pourrait être, par exemple… En fait, vous avez, dans la loi et dans les
règlements, là, dans ce que vous proposez… Dans ce qui est proposé, c'est bien
mentionné que quelqu'un, par exemple, qui aurait vu son permis suspendu ou qui
aurait été radié, même temporairement, en raison de problématiques directement
liées avec la procréation assistée, c'est très clairement indiqué que ce
serait… ça fait partie des critères pour lesquels un permis pourrait ne pas
être renouvelé ou, en tout cas, ce que ce directeur médical là, par exemple,
pourrait ne pas pouvoir exercer cette fonction-là. Donc, ces informations-là,
ce sont des informations qui sont, pour la majorité, publiques, et les <informations…
Mme Tardif (Isabelle) :
…
partie
des critères pour lesquels un permis pourrait ne pas être renouvelé, ou en tout
cas, ce que ce directeur médical là, par exemple, pourrait ne pas pouvoir
exercer cette fonction-là. Donc, ces informations-là, ce sont des informations
qui sont, pour la majorité, publiques, et les >informations qui sont
énoncées, comme je disais, de suspension, ou de radiation, ou de limitation,
c'est des informations qu'on peut tout à fait fournir, dont la majorité sont
publiques. Le certificat de conduite professionnelle va, par ailleurs, beaucoup
plus loin, et c'est là qu'on avait des réserves par rapport à la pertinence
d'avoir l'ensemble des autres informations au dossier professionnel d'un
médecin.
M. Ciccone :
Merci, M. le Président.
M. Gaudreault
(Mauril) : Et je répète que, pour nous, c'est important, par
rapport aux soins directs avec un patient, mais on doute de la pertinence de
cela lorsqu'il s'agit d'un médecin qui est gestionnaire.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, nous allons poursuivre cet échange avec la députée
de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Je vais commencer par une petite question vraiment technique, là, quand
un médecin procède à un acte qui est remboursé par le public, et qu'il le fait
dans le privé, est-ce qu'il touche la même rémunération que quand il pose le
même acte au public?
M. Gaudreault
(Mauril) : Moi, je ne peux pas répondre à cette question-là.
Mme Tardif (Isabelle) : Ça ne
relève pas du Collège des médecins, c'est vraiment la Régie de l'assurance
maladie du Québec qui pourrait vous répondre à cette question.
Mme Labrie : O.K. Je vous
remercie. Est-ce que vous pensez qu'on devrait prioriser le développement des
services de procréation assistée dans le réseau public en priorité?
M. Gaudreault
(Mauril) : Bien, je pense qu'il faut s'entendre sur la
priorisation des services à offrir aux Québécois, par rapport à ça. Donc, en
priorité, je ne sais pas, et ce n'est, quelque part, pas à nous de décider ça,
mais…
Mme Labrie : À part à
développer ces services-là au privé.
M. Gaudreault
(Mauril) : …nous, c'est vraiment notre collaboration par
rapport à la mise en place des services et à la bonne marche des services en
question.
Mme Labrie : Je veux dire, par
rapport à les développer dans les réseaux privés, pas par rapport aux autres
services publics.
M. Gaudreault
(Mauril) : Bien, à ce moment-là, ça non plus, le collège a
comme mission de s'assurer de services de qualité, que ça soit public ou privé,
donc il n'y a pas de préférence pour nous, que ce soit dans le réseau public ou
dans le réseau privé. Comme ordre professionnel, nous, ce qu'il faut faire,
c'est s'assurer que la pratique, elle est bonne partout.
Mme Labrie : O.K. Puis est-ce
que, de votre point de vue, ce serait un enjeu si la décision était prise de
centraliser les services au public à Montréal?
M. Gaudreault
(Mauril) : Bien, encore là, ce n'est pas de ma prérogative de
me prononcer là-dessus. Et, nous, ce qu'on va faire, c'est de s'assurer que les
services, ils sont corrects partout, c'est ça, et qu'ils sont accessibles pour
toute la population.
Mme Labrie : O.K. Bien, je
vous remercie.
Le Président (M. Provençal)
: Ça complète? Ça va? Alors, je remercie les Drs Tardif
et Gaudreault pour leur contribution à nos travaux. La <commission…
M. Gaudreault
(Mauril) :
...partout, c'est ça, et qu'ils sont
accessibles pour toute la population.
Mme Labrie : O.K. Bien, je
vous remercie.
Le Président (M. Provençal)
:
Ça complète? Ça va? Alors, je remercie les
Drs Tardif et Gaudreault pour leur contribution à nos travaux. La >commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 heures, où elle se réunira à la salle du Conseil
législatif. Merci beaucoup de votre collaboration, de votre contribution et
bonne fin de journée.
(Suspension de la séance à 12 h 54)
19 h 30 (version révisée)
(Reprise à 19 h 37)
Le Président (M. Provençal)
: À l'ordre, s'il vous plaît. La Commission de la santé et
des services sociaux reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le
projet de loi n° 13, Loi modifiant diverses dispositions en
matière de procréation assistée.
Ce soir, nous entendrons par
visioconférence les organismes suivants : Association des obstétriciens et
gynécologues du Québec et la Dre Patricia Monnier, professeure agréée à l'Université
McGill et obstétricienne-gynécologue au Centre de reproduction McGill.
Alors, je souhaite la bienvenue aux
représentants de l'Association des obstétriciens gynécologues du Québec. Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après
quoi nous procéderons à la période d'échanges avec les membres de la
commission. Je vous invite à vous présenter et à commencer votre exposé. Puis
je tiens à m'excuser, là du délai d'attente qu'on a eu pour que vous puissiez
initier votre présentation. Alors, je vous cède la parole.
(Visioconférence)
Mme Marcoux (Violaine) :
Bonjour, M. le président, M. le ministre, Mmes et MM. les députés et les
membres de la commission. Mon nom est Violaine Marcoux, je suis présidente de
l'Association des obstétriciens et gynécologues du Québec. En tant que
spécialiste en obstétrique-gynécologie, je suis heureuse de pouvoir partager
avec vous des recommandations constructives pour favoriser la mise en place
d'un programme durable et qui répond aux plus hauts standards de qualité. Je
suis accompagnée aujourd'hui de mon collègue, Dr Dominique Tremblay, qui
est également membre du comité exécutif de l'association.
L'AOGQa pour mission l'amélioration
constante de la qualité des soins préventifs et curatifs destinés aux femmes et
favorise le développement professionnel continu de ses membres. En tant que
professionnelle de la santé, je participe activement aux suivis de grossesses
de nombreuses femmes enceintes au Québec. Nous sommes des gens impliqués dans
toutes les étapes d'un projet familial.
Nous sommes honorés d'être présents
aujourd'hui pour enrichir et approfondir la réflexion du gouvernement en ce qui
concerne les services de procréation assistée offerts au Québec.
D'entrée de jeu, je tiens à vous dire que
nous sommes favorables au projet de loi n° 73 qui prévoit rétablir la
gratuité de certains traitements de procréation assistée pour les Québécois qui
doivent se tourner vers cette option pour avoir un <enfant…
Mme Marcoux (Violaine) : …aujourd'hui
pour enrichir et approfondir la réflexion du gouvernement en ce qui concerne
les services de procréation assistée offerts au Québec.
D'entrée de jeu, je tiens à vous dire
que nous sommes favorables
projet de loi n° 73 qui prévoit rétablir
la gratuité de certains traitements de procréation assistée pour les Québécois
qui doivent se tourner vers cette option pour avoir >un enfant.
• (19 h 40) •
Au cours des cinq dernières années,
nous avons été témoins des impacts négatifs liés à la fin de la couverture
publique des actes de procréation assistée. Nous avons également assisté, en
première ligne, au grand désarroi des personnes et des couples qui doivent se
tourner vers cette option pour avoir un enfant.
Les recommandations que nous proposons
aujourd'hui ont pour objectif de contribuer à présenter un programme public
accessible, sécuritaire et pérenne pour les patientes afin de leur permettre de
concrétiser… (panne de son)… de concevoir une famille. Par ailleurs, nos
commentaires s'inscrivent dans un esprit de collaboration.
D'abord, nous souhaitons aborder la
question de l'accessibilité des soins et des services en région. À cet égard,
notre association collabore déjà activement avec le gouvernement afin d'assurer
que les services en gynécologie et en obstétrique soient accessibles à travers
la province. Les actes de procréation assistée n'y font pas exception.
Au cours des dernières années, un
déséquilibre de l'offre des soins et des services a malheureusement été créé,
et ce, entre les régions et les centres urbains et entre les secteurs publics
et privés. Il s'agit également d'un constat qui a déjà été émis par le Commissaire
à la santé et au bien-être lors de son dépôt de son rapport sur les activités
de procréation assistée au Québec en 2014. Le projet de loi n° 73
tente de corriger cette situation en prévoyant que le ministre puisse délivrer
des permis en fonction des besoins des régions. Ce dernier pourra également
refuser de délivrer un permis si les besoins des régions ne le justifient pas.
Certes, il s'agit d'un point important
pour une couverture régionale optimale, mais il nous apparaît essentiel de
définir, au préalable, les besoins des différentes régions. Sans données ni
critères précis inscrits à la loi, la juste répartition des ressources demeure
aléatoire. Il importe que les besoins régionaux soient estimés et qu'un plan de
déploiement régional soit mis en place afin d'assurer l'équité entre les
différentes régions.
Par ailleurs, l'accessibilité et la
continuité des services en gynécologie, en obstétrique et en fertilité passent
par une disponibilité adéquate et en temps opportun des professionnels tant
dans leur réseau privé que public.
Toutefois, en raison du nombre limité
d'effectif pour couvrir l'ensemble des besoins actuels et futurs en
obstétrique-gynécologie sur l'ensemble du territoire québécois, l'ajout du
nouveau service de procréation assistée pourrait mettre en péril l'équilibre et
les efforts mis pour favoriser la répartition des effectifs sur l'ensemble du
territoire.
C'est pourquoi nous jugeons essentiel que
le projet de loi prévoie des mesures qui viseront à pallier une éventuelle
rareté de médecins dans le secteur public.
Bien que la gamme complète des services de
procréation assistée soit maintenant disponible au centre universitaire de
Sainte-Justine ainsi qu'au Centre universitaire de santé McGill et dans
quelques établissements publics régionaux, il faut viser une juste répartition
des ressources humaines spécialisées.
Nous recommandons donc au gouvernement du
Québec de préciser clairement, dans le projet de loi, que les <ressources…
Mme Marcoux (Violaine) :
…procréation assistée sont maintenant disponibles au centre universitaire de
Sainte-Justine ainsi qu'au Centre universitaire de santé McGillV et dans
quelques établissements publics régionaux. Il faut viser une juste répartition
des ressources humaines spécialisées.
Nous recommandons donc au gouvernement
du Québec de préciser clairement, dans le projet de loi, que les >ressources
humaines doivent être équitablement réparties entre le secteur public et le
secteur privé. La présence offerte dans le secteur public devrait également
être basée sur… (panne de son)
Le Président (M. Provençal)
: S'il vous plaît, Dre Marcoux, est-ce que… On va juste
regarder pour… On va vérifier pour votre son. Le son… Hein?
Une voix
: …
Le Président (M. Provençal)
: Oui, on suspend. On va suspendre pour…
Des voix
: …
Le Président (M. Provençal)
: Bien là, vous ne voulez pas qu'elle disparaisse, là.
On suspend pour juste faire un ajustement
au niveau du son, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 19 h 43)
>
(Reprise à 19 h 59)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. Alors, mille excuses,
Dre Marcoux, pour nos problèmes techniques.
Avant de vous céder la parole, je vais
avoir besoin du consentement de la salle pour excéder le temps qui était prévu
pour terminer nos travaux. Consentement.
Deuxièmement, le député de Marquette veut
offrir une... deux minutes, c'est-à-dire une minute, pour chacun des
partis de l'opposition, de son temps pour que ces derniers puissent avoir un
petit peu plus de temps pour interroger les personnes qui vont nous présenter
le mémoire. Consentement.
Alors, maintenant que j'ai le consentement
de tout le monde, Dre Marcoux, je vous cède la parole pour la présentation
de la seconde partie de votre exposé, et il vous reste six minutes. Je
vous cède la parole, madame.
• (20 heures) •
Mme Marcoux (Violaine) : Bonjour.
Honnêtement, je serais probablement capable de parler assez vite pour rentrer
dans le temps que vous m'avez donné, même avec l'intervention...
20 h (version révisée)
Le Président (M. Provençal)
: …la présentation de la seconde partie de votre exposé, et
il vous reste six minutes. Je vous cède la parole, madame.
Mme Marcoux (Violaine) :
Bonjour. Honnêtement, je serais probablement capable de parler assez vite pour
rentrer dans le temps que vous m'avez donné, même avec les permissions, mais je
vais faire attention. Donc, <on parlait… >je crois qu'au moment où
on a été interrompu, on parlait de la disponibilité des professionnels. Je
disais donc que l'accessibilité et la continuité des services en gynécologie,
en obstétrique et en fertilité passent par une disponibilité adéquate et en
temps opportun des professionnels, tant dans le réseau privé, que public.
Toutefois, en raison du nombre limité d'effectifs pour couvrir l'ensemble des
besoins actuels et futurs en obstétrique et en gynécologie sur l'ensemble du
territoire québécois, l'ajout du nouveau service de procréation assistée
pourrait mettre en péril l'équilibre et les efforts mis pour favoriser la
répartition des effectifs sur l'ensemble du territoire. C'est pourquoi nous
jugeons essentiel que le projet de loi prévoie des mesures qui viseront à
pallier une éventuelle rareté de médecins dans le secteur public.
Bien que la gamme complète des services de
procréation assistée soit maintenant disponible au Centre hospitalier
universitaire de Sainte-Justine ainsi qu'au Centre universitaire de santé
McGill et dans quelques établissements publics régionaux, il faut viser une
juste répartition des ressources humaines spécialisées. Nous recommandons donc
au gouvernement du Québec de préciser clairement, dans le projet de loi, que
les ressources humaines doivent être équitablement réparties entre le secteur
public et le secteur privé. La présence offerte dans le secteur public devrait
également être basée sur les besoins régionaux préalablement définis.
Quant à la pérennité du programme, étant
donné que les fonds publics ne sont pas illimités, nous comprenons la nécessité
de doter le programme de critères précis qui sont notamment basés sur
l'indication médicale et les chances de succès des traitements. Nous souhaitons
toutefois proposer un élargissement aux critères d'admissibilité afin d'éviter les
bris de service pour certaines patientes. Plus précisément, le projet de loi
prévoit qu'une femme doit être âgée de moins de 42 ans lors du dernier
transfert d'embryons congelés. Or, il nous apparaît problématique qu'une femme
atteignant l'âge de 42 ans, en cours de processus, puisse se voir refuser
le transfert d'un embryon congelé pour des raisons hors de son contrôle, comme
par exemple une maladie ou un accident.
Pour éviter un tel bris de service, nous
proposons d'amender le projet de loi afin d'assurer que les femmes, atteignant
l'âge de 42 ans en cours de processus et n'ayant pu recevoir leur
transfert d'embryon dans le temps prescrit, puissent terminer leur traitement
jusqu'à l'âge de 45 ans en bénéficiant de la couverture publique. De plus,
depuis la fin du programme de procréation assistée en 2015, certaines
interventions requises, pour la préservation de la fécondité dans les cas de
femmes atteintes d'un cancer et subissant des traitements de chimiothérapie,
ont été maintenues et sont toujours assurées par la RAMQ. Toutefois, bien que
les traitements liés à la préservation et à la congélation soient couverts par
le régime public, le transfert d'embryons, lui, ne l'est pas. De surcroît, le
projet de loi actuel ne prévoit pas la couverture publique du transfert
d'embryons dans des cas d'oncopréservation.
Nous croyons donc que le projet de loi
n° 73 représente une occasion opportune pour corriger cette situation.
C'est pour cette raison que nous recommandons l'ajout de services de transfert
d'embryons dans des cas <d'oncopréservation…
Mme Marcoux (Violaine) :
...de
surcroît, le projet de loi actuel ne prévoit pas la couverture publique du
transfert d'embryons dans des cas d'oncopréservation.
Nous croyons donc que le
projet
de loi n° 73 représente une occasion opportune pour corriger cette
situation. C'est pour cette raison que nous recommandons l'ajout de services de
transfert d'embryons dans des cas >d'oncopréservation dans la liste des
services assurés par le programme. Nous proposons, par ailleurs, de bonifier le
projet de loi afin de faire en sorte que des traitements de diagnostic
génétique préimplantatoire soient couverts par la RAMQ pour les familles
porteuses ou atteintes de maladies génétiques particulières connues. Il en va
de même pour la couverture des dons d'ovules pour certaines femmes âgées de
moins de 41 ans.
Quant au permis des services couverts,
nous croyons important de rappeler que l'ancien programme lancé dans la
précipitation a occasionné bien des surprises et des interprétations concernant
la couverture ou non des services offerts dans les cliniques de procréation
assistée. En fait, le régime avait été déployé alors que nous ignorions la
composition du panier de services assurés dans son entièreté. Pour éviter toute
improvisation dans le déploiement du programme, nous recommandons au
gouvernement de définir la gamme des services qui seront offerts et assurer la
mise en place du nouveau programme dans un guide des pratiques qui serait
accessible à l'ensemble des CPA.
Les membres de l'AOGQ, dont plusieurs
oeuvrent au sein des CPA de la province, tiennent à réitérer l'importance pour
le gouvernement de documenter de façon efficace toute la pratique. Pour éviter
les dérives du passé, l'État doit être en mesure d'obtenir une vue d'ensemble
des soins et des services de procréation assistée offerts afin de prévenir, en
amont, les écueils, pour rapidement être en mesure de corriger le tir. C'est
pourquoi nous recommandons la mise en place d'une collecte systématique et obligatoire
des données concernant les activités des CPA, ainsi que leur participation au
Registre canadien des naissances issues de la procréation assistée.
En conclusion, pour notre association, il
est primordial que le programme soit pérenne, sécuritaire, accessible partout
au Québec, et dans le réseau public et privé, en plus de favoriser l'analyse de
la collecte des données afin d'assurer une meilleure surveillance et garante
des meilleures pratiques. Encore une fois, au nom de l'AOGQ, je tiens à vous
offrir toute notre collaboration pour la mise en place et le maintien du
programme de procréation assistée. Je vous remercie. Ça nous fera plaisir de
répondre à vos questions.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, Dre Marcoux, pour votre exposé. Nous
allons maintenant débuter la période d'échange avec M. le ministre. Alors, M.
le ministre, je vous cède la parole.
M. Carmant : Bonjour,
Dre Marcoux.
Mme Marcoux (Violaine) :
Bonjour.
M. Carmant : Bonjour à votre
collègue également, c'est un plaisir de vous voir ce soir. Un point qui m'a
surpris dans votre présentation, le transfert d'embryons dans le contexte de
préservation de la fertilité. N'est-ce pas de la procréation médicalement
assistée? Pourquoi ça ne serait pas couvert d'après votre lecture? Est-ce qu'il y a quelque chose qui n'est pas clair dans le
projet de loi?
Mme Marcoux (Violaine) : Ce
n'était pas précisé, puis c'était spécifiquement exclu de l'ancien programme. Alors,
on voudrait être assurés que, dans les cas <d'oncopréservation...
M. Carmant : …e
st-ce
qu'il y a quelque chose qui n'est pas clair dans le projet de loi?
Mme Marcoux (Violaine) : Ce
n'était pas précisé, puis c'était spécifiquement exclu de l'ancien programme.
Alors, on voudrait être assurés que, dans les cas >d'oncopréservation, ce
serait maintenu. Puis, je vais aussi me permettre d'ajouter que le programme
actuel semble prévoir une limite pour la congélation des embryons, puis
peut-être que, dans ces cas-là, il faudrait revoir les limites du programme que
vous proposez<, dans ces cas-là>.
M. Carmant : D'accord.
Effectivement, il y a une limite d'âge qui est peut-être un peu jeune, là, mais
ça, ça a été noté déjà. Puis, l'autre chose qui m'a surpris dans votre rapport,
c'est le besoin de réduire la certification pour les centres de niveau 2A.
Ça me surprend un peu venant de votre association, là. Vous trouvez ça trop
sévère?
M. Tremblay (Dominique) :
Bien, <je… >M. le ministre, je vais répondre à cette question.
Nous sommes en accord avec la mise en place de permis, et je pense que c'est
essentiel pour les cliniques de niveau 3 et de 2B. Je pense qu'on désire
apporter une nuance pour le 2A, parce qu'on craint que ça ait un impact négatif
pour les services en région. Les cliniques 2B, c'est les cliniques où
on va initier à distance les soins en fertilisation in vitro pour que, par
la suite, les patients transfèrent dans des centres où on va l'offrir, les
niveaux 3, la fertilisation in vitro. Les niveaux 2A, c'est des
endroits où on va stimuler l'ovulation en vue d'insémination, ce qui prend… qui
a beaucoup moins de besoins au niveau technique et qui peut se faire un peu
partout en région.
On croit que la mise en place de permis
pour des niveaux 2A, donc seulement pour les stimulations et
inséminations, pourrait décourager plusieurs endroits en région qui désireront
ne pas offrir, à ce moment-là, ce service. Et les gens... la population devra
alors, à ce moment-là, se déplacer pour avoir des inséminations, ce qui, selon
nous, ne serait pas favorable comme projet de loi, là, pour les gens en région.
Et c'est en ce sens-là qu'on recommande le retrait du 2A, c'est pour assurer
une meilleure couverture et une accessibilité à la population.
M. Carmant : D'accord. Merci,
monsieur… Dr Tremblay. Je vais revenir à vous tantôt, mais j'aurais une
dernière question, peut-être, pour Dre Marcoux. Moi aussi, j'ai… la
distribution, là, des effectifs, tant médicaux que professionnels et
infirmiers, là, c'est un souci. Comment vous voyez ça, vous, au niveau de
l'ajout de ce programme? Quelles sont vos inquiétudes puis quels sont les
moyens d'éviter les écueils, selon vous?
Mme Marcoux (Violaine) : C'est
certain que, comme association professionnelle, on est préoccupés par l'arrivée
d'un nouveau service couvert sur la couverture existante. <On est…
M. Carmant : …quels sont les
moyens d'éviter les écueils, selon vous?
Mme Marcoux (Violaine) :
C'est certain que, comme association professionnelle, on est préoccupés par
l'arrivée d'un nouveau service couvert sur la couverture existante. >On
est préoccupés par la couverture existante, on s'assure... On a, d'ailleurs,
une entente avec votre gouvernement, depuis l'année dernière, pour assurer une
couverture en obstétrique sur tout le territoire. Une entente qui va, selon
nous, bien, parce qu'il n'y a pas eu de découverture à cause des médecins.
Mais c'est certain qu'on est conscients
que nos effectifs sont fragilisés, puis les plans d'effectifs médicaux ont été
planifiés avant l'arrivée d'un programme de procréation médicalement assistée.
Notre association serait certainement en faveur de mesures qui viendraient
favoriser la participation, la rétention des médecins dans le régime public. Je
pourrais ajouter que l'augmentation des postes en résidence ne nous ferait pas
de tort non plus, certainement, parce qu'on a été particulièrement touchés par
ce phénomène-là.
• (20 h 10) •
Alors, c'est certain qu'on est prêts à
collaborer pour trouver des solutions pour favoriser la rétention, améliorer
les conditions de <pratique dans les centres… >dans les centres
tertiaires universitaires, puis, évidemment, mieux distribuer les effectifs sur
le territoire… le nouveau programme.
M. Carmant : O.K. Puis si je
peux vous rassurer, là, ce n'est pas du tout dans nos intentions, là,
d'augmenter les cliniques CPA privées, là. C'est vraiment pour utiliser leur
expertise et leur capacité actuelle, pour nous aider à mettre en place le
programme.
L'autre chose qui est importante aussi,
puis <je… >peut-être Dr Tremblay va pouvoir m'aider, c'est au
niveau de la rémunération. Je vais profiter de votre expertise et de votre rôle
au sein de la fédé. J'ai pas mal regardé sur tous les sites web, là, les prix
actuels, là, puis, encore une fois, je le répète, mais je pense que c'est
important d'insister là-dessus, là, on parle de services privés dans une
institution publique, là, puis pas mal tous les prix se ressemblent.
Êtes-vous à l'aise avec la rémunération
des actes, de la façon dont elle se fait actuellement? Puis ensuite j'aimerais
ça que vous partagiez aussi votre impression sur les frais techniques, puis qu'est-ce
qui devrait être inclus dans ces frais techniques là.
M. Tremblay (Dominique) :
Bien, il y a deux choses. C'est sûr que le problème actuellement, c'est que les
médecins sont rémunérés sur un montant global qui inclut les gestes médicaux et
les frais techniques. Donc, ça, pour nous, c'est un enjeu qui est majeur. Pour
nous, ce serait très important, surtout lorsqu'on a des actes où, des fois,
90 % du montant est facturé pour les frais techniques, que ça soit séparé
au niveau comptable, et que les chiffres qui apparaissent, pour les revenus des
médecins et/ou pour les frais, soient complètement séparés. Ce qui permettrait…
qui empêcherait, là, des aberrations pour la compréhension de ce qui se passe,
dans les coûts qui se passent là-dessus.
Donc, pour nous, ça, c'est un élément <qui
est important et…
M. Tremblay (Dominique) : …
les
chiffres qui apparaissent, pour les revenus des médecins et/ou pour les frais,
soient complètement séparés. Ce qui permettrait… qui empêcherait, là, des
aberrations pour la compréhension de ce qui se passe, dans les coûts qui se
passent là-dessus.
Donc, pour nous, ça, c'est un élément >qui
est important et… Je ne sais pas si je répondais à votre question pour le
premier point. Pour ce qui est…
M. Carmant : J'aimerais avoir
plus de détails, là, tu sais, comme là on regarde... Je ne sais pas si vous
avez eu la chance de regarder, là, mais sûrement. Mais, par exemple, tu sais,
la FIV a un certain montant associé avec les différents actes, a un certain
montant associé avec... actuellement, dans tout ce qui se ressemble beaucoup,
là, que ce soit à Sainte-Justine ou ailleurs. Est-ce qu'on trouve que ces
prix-là sont adéquats ou est-ce qu'on a… ou vous trouvez que c'est sur ou
sous-évalué?
M. Tremblay (Dominique) :
Bien, écoutez, je pense que l'association n'a pas eu… n'a pas fait d'expertise
sur les coûts des frais techniques là-dessus. Je pense qu'il serait opportun
que le gouvernement fasse cet exercice-là pour lequel, bien, ça nous fera
plaisir de collaborer. Mais c'est sûr que l'association n'a pas fait de calcul,
actuellement, sur les coûts des frais réels techniques, tant dans le réseau
public, que dans le réseau privé.
M. Carmant : D'accord. Et
qu'est-ce qui devrait être inclus, selon vous, dans l'acte au niveau de la
composante technique?
M. Tremblay (Dominique) :
Bien, la position de l'association, pour nous, lorsqu'un service public est
considéré assuré, on devrait s'assurer que, justement, celui-ci soit gratuit et
offert partout, incluant... surtout au public. Donc, pour nous, c'est important.
Il y a eu, dans le premier programme, la mise en place du programme, un flou,
au début, sur ce qui était effectivement couvert ou pas. Nous, on pense que
l'investigation de la fertilité devrait être clairement définie et couverte par
le programme pour que, tant les cliniques, que surtout la population ne soient
pas prises en otages avec des frais qui pourraient ne pas avoir été prévus dans
la couverture.
Donc, c'est pour ça qu'on a suggéré, dans
notre mémoire, que l'ensemble du panier de services soit bien défini et couvert
dans le programme.
M. Carmant : Quant à
l'augmentation de… pour les implantations d'embryons jusqu'à l'âge de 45 ans,
est-ce qu'il y a des inquiétudes ou peu par rapport aux conséquences, là,
maternelles sur des grossesses à cet âge-là? Est-ce que c'est quelque chose qui
vous inquiète ou…
Mme Marcoux (Violaine) : C'est
une excellente question, puis on a passé plusieurs… beaucoup de temps à y
réfléchir. On comprend que le programme doit avoir des balises, par contre, le
délai <potentiel…
M. Carmant : …est-ce que
c'est quelque chose qui vous inquiète ou…
Mme Marcoux (Violaine) :
C'est une excellente question, puis on a passé plusieurs… beaucoup de temps à y
réfléchir. On comprend que le programme doit avoir des balises, par contre, le
délai >potentiel d'une seule année pour les patientes qui seraient à la limite
du programme, là, au moment où elles ont leur ponction d'ovules, nous
apparaissait problématique. Ça poserait <beaucoup de>… ça pourrait
mettre beaucoup de pression sur les patientes et les médecins, par contre... Parce
qu'il faut comprendre que le taux d'implantation dépend de l'âge au moment où
les embryons ont été créés, mais que le taux de complications, au moment de la
grossesse, va dépendre de l'âge de la maman qui porte la grossesse.
Alors, il y a un consensus au niveau des
spécialistes en médecine foetomaternelle. Puis on sait que le risque augmente
graduellement après l'âge de 40 ans, mais encore d'une façon plus significative
après 45 ans. C'est pour ça qu'on est arrivés avec cette proposition-là de 45
ans, en essayant de trouver une balance entre la pression sur les patientes,
les médecins, et aussi un taux de complication maternelle qui pourrait nous
sembler acceptable en condition, évidemment, que la patiente en question soit
bien évaluée par son équipe traitante.
M. Carmant : Parfait. M. le
Président, je passerais la parole à la députée de Roberval.
Le Président (M. Provençal)
: ...
Mme Guillemette : Merci, M. le
Président. Merci d'être avec nous ce soir, c'est très instructif. C'est un
sujet qui est loin de nous, là, donc c'est intéressant d'entendre. Vous parliez
de mettre en place des mesures nécessaires pour effectuer votre devoir
d'enquête. De quelles mesures ça serait intéressant de mettre en place pour
pouvoir effectuer ce devoir-là?
Mme Marcoux (Violaine) : Je
crois que c'est le Collège des médecins qui a fait référence aux pouvoirs
d'enquête qui sont prévus dans le projet de loi. C'est certain que nous, ce
qu'on veut, c'est que ça soit des experts en procréation médicalement assistée
qui travaillent sur le programme. Mais généralement les pouvoirs d'enquête ne
sont pas réservés aux associations professionnelles, mais plutôt au Collège des
médecins qui s'assure de la sécurité du public puis… qui s'assure de la
sécurité du public en général. Est-ce que j'ai bien répondu, est-ce que j'ai
saisi votre question?
Mme Guillemette : Oui, oui,
oui. Ça va. Merci. Une dernière question. Est-ce qu'il reste encore un petit
peu de temps?
Le Président (M. Provençal)
: Une minute.
Mme Guillemette : Ah! parfait.
Donc... Bien, j'aimerais avoir votre idée sur la possibilité de transférer deux
embryons.
Mme Marcoux (Violaine) : Le
taux de complication issu des grossesses multiples est grandement augmenté par
rapport à une grossesse unique. Ça, c'est une donnée qui est bien établie, puis
c'était même un des buts du premier programme qui a diminué le taux de
grossesse multiple, les coûts associés à la prématurité, aux admissions. Alors,
c'est important qu'on ait des… le programme québécois a été un des pionniers, dans
le monde, <en termes de…
Mme Marcoux (Violaine) : …ç
a,
c'est une donnée qui est bien établie, puis c'était même un des buts du premier
programme qui a diminué le taux de grossesse multiple, les coûts associés à la prématurité,
aux admissions. Alors, c'est important qu'on ait des… le programme québécois a
été un des pionniers, dans le monde, >en termes de… uniques. Puis, je
crois que c'est un des aspects du programme à préserver autant que possible.
C'est certain qu'il faut probablement laisser... <il faut laisser >une
marge de manoeuvre aux jugements cliniques, mais il ne faudrait pas reculer sur
des progrès qui ont été faits par le premier programme en termes d'embryons
uniques, de transfert d'embryons uniques.
Mme Guillemette : Merci, Dre
Marcoux.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Soulanges.
Mme Picard : Merci, M. le Président.
J'aimerais avoir votre opinion. Est-ce que vous trouvez qu'on devrait
standardiser un peu les suivis pour les futurs parents? Est-ce qu'on devrait
standardiser un peu, là, les techniques pour... En fait, je parle des
techniques plus… du support qui est octroyé aux futurs parents, est-ce qu'on
devrait le rendre équitable, égal partout, autant au public qu'au privé, de
faire vraiment une démarche standardisée sur le support?
Mme Marcoux (Violaine) :
Est-ce que vous… Je ne suis pas certaine de comprendre à quelle démarche vous
faites référence. Est-ce que vous faites référence aux investigations, aux
processus? Parce que le Collège des médecins a déjà établi des lignes de
pratiques à cet effet. Je ne suis pas certaine de saisir votre question.
Pourriez-vous préciser?
Mme Picard : Oui, bien,
peut-être plus au niveau, là, des… supposons, du soutien psychologique avant
l'intervention, pendant l'intervention, est-ce qu'on… On veut aussi arriver
avec des suivis postinterventions, un suivi sur l'enfant aussi, qui naît. Donc,
je voulais avoir votre opinion sur tout ça, un peu.
• (20 h 20) •
Mme Marcoux (Violaine) : On ne
pourra jamais s'opposer à un plus grand support en santé mentale dans les temps
qui courent. C'est certain qu'on va être en faveur d'augmenter le support psychologique
qui est offert aux patientes, à leurs familles quand elles en ont besoin. Puis
vous avez fait référence aux suivis postnataux qui devraient être effectués, c'est
certain qu'on est en faveur de ça, à savoir, est-ce que… de quelle façon notre
système peut le faire en ce moment, peut accommoder ces nouveaux besoins là. Ça
va dépendre de votre budget un peu, mais c'est certain qu'on est en faveur de
ça, c'est certain, certain, parce que c'est un besoin qui est réel et qui est
grandissant.
Mme Picard : Une petite
dernière question.
Le Président (M. Provençal)
: Oui.
Mme Picard : Parfait. Que
pensez-vous de limiter à six le nombre d'inséminations artificielles assurées
par le régime public? Parce qu'on régit à six donc…
Mme Marcoux (Violaine) : Ça
nous semble une bonne balance entre les taux de succès escomptés, et puis le
coût, en termes de risque-bénéfice également, ça nous semble une bonne option.
Je crois que d'autres groupes l'ont précisé également. Il faudrait que le
projet de loi précise à quel point les patientes qui ont déjà fait des
inséminations dans le passé, parce qu'on sait que les chances de succès <diminuent
avec…
Mme Marcoux (Violaine) : …
et
puis le coût, en termes de risque-bénéfice également, ça nous semble une bonne
option. Je crois que d'autres groupes l'ont précisé également. Il faudrait que
le projet de loi précise à quel point les patientes, qui ont déjà fait des
inséminations dans le passé, parce qu'on sait que les chances de succès >diminuent
avec… ou peuvent rester très faibles après plusieurs essais d'insémination, à
quel point ces patientes-là pourront faire des nouveaux essais d'insémination
dans le cadre du nouveau programme. Mais, en général, on est d'accord avec la
proposition de votre… la proposition du projet de loi.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, vas-y. 30 secondes.
M. Carmant : Petite vite. On a
dit <que>, à propos du nombre d'inséminations — désolé — que
les patients, ils insistent pour avoir les six. Mais d'où ça vient, ça, des
gens qui décident d'avoir absolument... Je veux avoir six… On se base sur la
clinique?
Mme Marcoux (Violaine) : Ça se
base… ça se base sur le fait que les patientes, je présume... Puis ce que je
comprends, c'est que les patientes qui passent à travers ce processus-là sont
très déterminées à tomber enceinte puis à voir leur chance de succès, puis
qu'il y a plusieurs patientes qui veulent ou qui demandent <le nombre… >ou
qui associent le nombre qui… à un droit. Ça met beaucoup de pression sur les
équipes traitantes, d'après ce qu'on comprend. Je crois que c'est de là que ça
vient.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Alors, maintenant, je vais céder la parole au
député de Marquette. À vous.
M. Ciccone :
Merci beaucoup, M. le Président. Dre Marcoux, Dr Tremblay, bonsoir. Je vais
vous référer à la page 15 de votre mémoire. Il est écrit : «La
transition souhaitée par le secteur public ne s'est pas concrétisée. Depuis la
fin des programmes, malgré l'offre de service disponible dans les
établissements publics, les habitudes d'utilisation des PMA sont demeurées
orientées vers le secteur privé.» Vous parlez ici dans une proportion, là,
l'année passée, de 70 %, et là je vous cite : «Il ne faut donc pas
s'attendre à ce que le marché se régule de lui-même. C'est pour cette raison
que nous jugeons essentiel que le gouvernement se dote de mesures qui viseront
à pallier une éventuelle rareté de médecins.»
Alors, ce que je comprends, c'est que, un,
ce n'est pas inclus dans le projet de loi, il n'y a pas de mesure, en ce sens,
justement pour régulariser les deux. Est-ce que vous croyez que ça devrait être
inclus dans le projet de loi, noir sur blanc?
Mme Marcoux (Violaine) :
<C'est
un… >C'est certain que l'offre de service, dans le système public, nous
préoccupe, on veut s'assurer d'avoir... Puis nous sommes une association
professionnelle affiliée à la FMSQ. C'est certain que le message qu'on va vous <donner,
c'est…
Mme Marcoux (Violaine) : ...c'est
certain que l'offre de service, dans le système public, nous préoccupe, on veut
s'assurer d'avoir... Puis nous sommes une association professionnelle affiliée
à la FMSQ. C'est certain que le message qu'on va vous >donner, c'est un
service qui est médicalement assuré, devrait être offert dans le système
public. Alors, c'est certain qu'on va être en accord avec des mesures qui vont
favoriser le développement du secteur public. Puis, les statistiques, ça vient
du rapport Salois également, <qui faisait le même… >qui faisait
état de la même chose en 2014.
M. Ciccone :
O.K. Merci. Dans votre mémoire, également, vous dites : «Les permis
délivrés pour les centres de procréation assistée par le ministre de la Santé
et des Services sociaux devraient tenir compte des besoins en se basant sur les
données démographiques et la couverture actuelle des services.»
Quel est l'état, justement, de la
situation présentement? Quelles sont les disparités entre les régions? Parce
que je reviens toujours aux régions, parce que je sais que c'est peut-être
impossible de penser comme ça, là, mais j'aimerais tellement ça que les
personnes des régions puissent avoir le même service que ceux qui sont proches
des grands centres, d'éviter le voyagement. Alors, quel est l'état de la
situation présentement, là, les grands centres vis-à-vis les régions?
M. Tremblay (Dominique) : Oui,
je vais répondre à la question. Actuellement, les groupes… les pôles... Effectivement,
je comprends que vous aimeriez beaucoup qu'on puisse offrir le service intégral
partout, mais, comme j'ai déjà répondu, c'est impossible, mais il faut quand
même centraliser les choses qui sont vraiment techniques. Et la meilleure façon
d'offrir, c'est de garder des pôles importants dans les grandes métropoles de
fertilisation in vitro, mais d'accentuer le développement des cliniques, là,
qui pourront débuter, pour les régions, les sites de fertilisation in vitro, en
faisant un partenariat avec les centres de niveau 3, qui vont l'effectuer.
Une des choses pour lesquelles… et c'est là-dessus que je pense qu'il faut
qu'on continue à travailler pour le développement, qu'il y en ait partout.
Un des problèmes du premier programme
actuellement, c'est que le programme était fait pour que les actes<…
était fait… >On prévoyait que tout était fait au même endroit, ce qui
veut dire que, lorsqu'on voulait le commencer en région, il n'y a pas rien qui
faisait qu'on pouvait partager le tout. C'est important, et ça fait partie de
nos recommandations qu'on puisse justement, pour les régions, pour les médecins
en région, pour les centres en région, <qu'on puisse >avoir un
système où on va partager les frais, et que les régions reçoivent leur juste
part des revenus et des frais qui sont prévus dans le programme. Et c'est une
façon qu'on va encourager le développement de cliniques 2B, entre autres,
en région, pour assurer une couverture partout.
M. Ciccone :
Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Alors, la députée de Maurice-Richard va prendre le
relais.
Mme Montpetit : Oui, je vous
remercie. Je prends le relais, M. le Président. Bonsoir, Dre Marcoux.
Bonsoir, <Dr Tremblay…
M. Tremblay (Dominique) : …des
revenus et des frais qui sont prévus dans le programme. Et c'est une façon
qu'on va encourager le développement de cliniques 2B, entre autres, en
région, pour assurer une couverture partout.
M. Ciccone :
Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:
Merci. Alors, la députée de Maurice-Richard va
prendre le relais.
Mme Montpetit : Oui, je
vous remercie. Je prends le relais, M. le Président. Bonsoir,
Dre Marcoux. Bonsoir, >Dr Tremblay. Bien contente de vous
avoir avec nous ce soir. Je sais qu'on n'a pas beaucoup de temps. Un des
éléments où vous portez à notre attention dans votre mémoire, c'est le souhait,
dans le fond, que le projet de loi qui est à l'étude soit élargi pour certaines
exceptions, puis vous faites référence à certains éléments, dont notamment les
femmes enceintes <ou ayant été... pardon, les femmes atteintes... ou
ayant été atteintes d'un cancer.
Vous voyez quoi, comme exception,
exactement? Puis expliquez-moi. Moi, je ne suis pas une spécialiste de ce
dossier-là, c'est pour ça qu'on vous reçoit ce soir, pour en apprendre
davantage, mais je trouvais que c'était une recommandation qui semblait fort
intéressante.
Mme Marcoux (Violaine) : Le
programme… On y a fait référence un petit plus tôt, le programme actuel prévoit
que les patientes qui vont subir un traitement de chimiothérapie ou un
traitement pour le cancer ont accès relativement rapidement, dans les jours qui
suivent, à un cycle de FIV avec une collecte d'ovules qui sont congelés. Le
programme actuel prévoit que ces patientes-là, plus tard, quand elles sont
finalement en rémission, doivent payer pour le transfert de ces embryons-là. On
trouve que ça serait une mesure juste et équitable que ces patientes-là soient
évidemment incluses, puis peut-être de prolonger... de considérer prolonger le
remboursement des frais de congélation plus long qu'un an, parce que, souvent,
ça prend plus qu'un an pour que les patientes puissent être en rémission puis
puissent finalement avoir accès… avoir la permission de faire un transfert
d'embryons congelés.
Mme Montpetit : Ça fera
sûrement partie des éléments, dont on pourra discuter avec le ministre, quand
on sera rendu à l'étude détaillée. C'est bien clair. Merci. Je veux juste
savoir... M. le Président, O.K. Deux minutes. Ça ne me laisse pas beaucoup
de temps, mais j'aurais aimé vous entendre sur la question de l'âge. Il y a
plusieurs groupes qui sont venus hier, qui ont fait référence à la limitation,
vous l'avez abordée un petit peu plus tard pour… un peu plus tôt, pardon, pour
le transfert d'embryons.
Mais je voulais savoir, de façon plus
générale, au-delà de considérations, je veux dire, de restriction financière,
et tout, est-ce que vous pensez que c'est vraiment une loi qui doit faire une
balise d'un âge maximal... ou versus, par exemple, est-ce que ça devrait être
confié au jugement du médecin qui peut évaluer, entre autres, la réserve ovarienne
ou d'autres critères, là, au-delà de l'âge, là?
• (20 h 30) •
Mme Marcoux (Violaine) : Notre
association s'est positionnée clairement en faveur d'une limite d'âge, que ce
soit pour la ponction ovarienne, c'est-à-dire 41 ans, puis on a proposé
l'âge de 45 ans pour le transfert, parce qu'on croit que, dans le cadre
d'un régime public, avec des fonds qui ne sont pas illimités, il faut mettre
des balises à quelque part. Alors, on supporte cette proposition-là, mais on
proposait l'amendement jusqu'à…
20 h 30 (version révisée)
Mme Marcoux (Violaine) : …la
ponction ovarienne, c'est-à-dire 41 ans, puis on a proposé l'âge de 45 ans
pour le transfert, parce qu'on croit que, dans le cadre d'un régime public avec
des fonds qui ne sont pas illimités, il faut mettre des balises à quelque part.
Alors, on supporte cette proposition-là, mais on proposait l'amendement jusqu'à
45 ans pour les transferts d'embryon, parce qu'il faut quand même tenir
compte des taux de complications maternelles <qui peuvent augmenter… >qui
augmentent certainement dans la quarantaine.
Mme Montpetit :Puis
le 45 ans auquel vous référez, justement, est-ce que c'est un chiffre qui
est basé sur des données probantes, pourquoi pas 44, pas 46? J'imagine que vous
avez tranché sur la littérature, sur des indications médicales ou c'est un
chiffre…
Mme Marcoux (Violaine) :
<Les…
o>Oui. Excellente question. Les études médicales sont ainsi faites que
souvent les patientes sont divisées par tranche d'âge.
Mme Montpetit : Ah!
Mme Marcoux (Violaine) :
Alors, les études ont montré que le taux de complications maternelles, au-delà
de 45 ans, les spécialistes en médecine foeto-maternelle… au-dessus de 45 ans,
le taux de complications est en fait multiplié. Alors, c'est pour ça qu'on est
arrivés avec 45 ans. Pourquoi pas 44 ans? C'est probablement un biais
de la façon dont les études ont été construites et étudiées, mais c'est pour ça
qu'on est arrivés à 45 ans.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
Mme Montpetit : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: La parole va maintenant appartenir à la
députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Je suis assez préoccupée par ce que vous abordez dans votre mémoire,
sur la répartition équitable des ressources entre le privé et le public. Moi,
si je vous comprends bien, actuellement il y aurait trop de ressources qui sont
au privé. Est-ce que vous savez quelle proportion des
obstétriciens-gynécologues sont au privé en ce moment, versus au public?
Mme Marcoux (Violaine) : La
proportion des obstétriciens-gynécologues au privé est très faible, parce que
ce n'est quand même pas une grosse proportion des 500 quelques
obstétriciens-gynécologues <qui font… >qui sont des spécialistes
en endocrinologie de la reproduction. Mais les chiffres, bon an mal an, en
termes de fertilité, montraient qu'environ 70 % des patientes se
dirigeaient vers des cliniques privées parce que ce sont celles qui ont le
mieux développé leur offre de services, tout simplement.
Mme Labrie : Puis, quand vous
parlez d'une répartition équitable, qu'est-ce qu'on devrait viser comme
proportion pour que ce soit équitable si, là, en ce moment, c'est 70 % qui
vont au privé?
Mme Marcoux (Violaine) : C'est
une excellente question. Je ne suis pas certaine qu'on ait un chiffre à vous
proposer, mais on est clairement en faveur d'une meilleure offre, de favoriser
l'offre du secteur public puis d'y mettre les conditions pour y parvenir.
Mme Labrie : Par exemple, il y
en a qui nous ont dit qu'on devrait inverser cette proportion-là. Est-ce qu'il
faut l'inverser, est-ce que c'est moitié-moitié? Puis aussi, quand vous dites
ça, est-ce que, pour viser une équité, on devrait aussi viser que le délai
d'attente soit équivalent au privé et au public?
Mme Marcoux (Violaine) : Le
délai d'attente, c'est facile à répondre. Oui, effectivement. La proportion
exacte, je ne suis pas certaine que je suis en mesure de m'avancer sur un
chiffre <aujourd'hui…
Mme Labrie : ...est-ce que
pour viser une équité, on devrait aussi viser que le délai d'attente soit
équivalent au privé et au public?
Mme Marcoux (Violaine) : Le
délai d'attente, c'est facile à répondre. Oui, effectivement. La proportion
exacte, je ne suis pas certaine que je suis en mesure de m'avancer sur un
chiffre >aujourd'hui, mais on peut vous revenir avec ça, mais à savoir
si c'est 50 %, 70 %, 30 %… Mais ça va dans ces chiffres‑là,
certainement.
Mme Labrie : Puis qu'est-ce
qu'on pourrait faire pour rééquilibrer les ressources puis ramener dans le
public les spécialistes qui, en ce moment, vont offrir ces services‑là au
privé?
M. Tremblay (Dominique) : Une
des choses qu'on peut faire, ça va être de rendre beaucoup plus attrayant,
actuellement, le milieu public. <On a... >Et c'est évident que les
médecins qui sont en milieu public ne font pas que de la procréation
médicalement assistée, ils vont faire de la garde au niveau de l'établissement.
Donc, plus on a une équipe qui est solide, plus on va être capable de garantir
la couverture provinciale de l'offre en gynécologie-obstétrique. Et c'est pour
ça que, dans le cadre de l'entente qu'on a eue à l'automne dernier sur le plan
de remplacement qui offrait… pour lequel l'AOGQ a offert sa collaboration pour
assurer une couverture provinciale en obstétrique, un comité sur la
réorganisation de l'offre en obstétrique provinciale est prévu, et sur
lequel... particulièrement en région, et pour lequel, pour nous, cette
réorganisation‑là et la réévaluation de tout ça nous apparaît important pour
continuer à l'offrir.
De plus, je pense que, si on améliore les
conditions de pratique, on sécurise les plateaux techniques et les plateaux
humains, incluant les infirmières, le milieu public va devenir plus
intéressant, et c'est la meilleure façon de garantir, de renforcir l'offre de
services au public.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Alors, je vais maintenant céder la parole au député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Alors, fort de ses trois minutes aujourd'hui, ce qui est
beaucoup de temps pour moi, je vais poser trois questions. D'abord, je
vais aussi vous remercier, Dre Marcoux, Dr Tremblay, pour cette
présentation fort instructive.
Et, pour votre préoccupation concernant
l'accès des services en région, vous parlez de répondre aux besoins, vous
parlez d'une juste répartition des services, de mesures d'équité, d'accessibilité.
Je pense que ce genre d'article là devrait être dans tous les projets de loi,
tous dossiers confondus. Mais, puisqu'on parle ici des services de procréation
assistée, je voulais savoir comment interpréter l'affirmation à l'effet qu'il y
a un nombre insuffisant de ressources à l'heure actuelle mais aussi pour le <futur...
M. Arseneau : …Mais
puisqu'on parle ici des services de procréation assistée, je voulais savoir
comment interpréter l'affirmation à l'effet qu'il y a un nombre insuffisant de
ressources à l'heure actuelle mais aussi pour le >futur. Vous parlez de
façon générale chez les gynécologues et obstétriciens ou <pour… >spécifiquement
pour ces services, les services dont on parle aujourd'hui?
M. Tremblay (Dominique) :
Bien, actuellement, je pense qu'on collabore, là, comme on a dit, à un plan de
couverture provinciale, et il n'y a pas eu de bris de service depuis
l'introduction du plan de remplacement.
La problématique actuelle, c'est qu'on… Les
gens qui pratiquent la procréation médicalement assistée sont partie prenante
de cette couverture-là et des plans de remplacement en région. C'est des gens
aussi qui vont faire du remplacement, c'est des gens qui font de la garde en
établissement, et c'est sûr que la réintroduction d'un programme avec une
augmentation du volume d'activité risque de diminuer cette offre de services
là. Donc, c'est des gens qui ne seront plus disponibles pour aller faire un
remplacement en région, c'est des gens <qui ne seront… >qui
pourraient être moins disponibles pour aller faire de la garde en établissement
ou encore tentés d'aller dans le privé. Et les effectifs n'ont pas été basés
sur la réintroduction d'un programme.
Donc, tel que la Dre Marcoux disait,
c'est nos inquiétudes de voir une augmentation. L'arrivée du nouveau programme,
on la salue, mais on ne peut pas ne pas être inquiets d'un détournement de ces
activités-là au détriment des régions, et c'est pour ça qu'on réitère aussi
que… je pense que l'augmentation des postes serait bienvenue en formation.
M. Arseneau : D'accord. Merci.
Deuxième question. Peut-être que je n'aurai pas le temps pour la troisième.
Vous avez mentionné les dérives du passé. Quelles sont, en résumé, ces dérives
ou ces pistes qu'il faut éviter d'emprunter?
Mme Marcoux (Violaine) :
<Le…
>En quelques secondes, parce que c'est ce qu'il nous reste. Le programme
précédent, il y avait un consensus. Le commissaire Salois l'a dit, le programme
manquait probablement de balises, a été introduit un peu rapidement, les
critères de couverture n'étaient pas toujours très bien établis. C'est un peu
tout ça qui a occasionné une explosion de coûts puis qui a finalement forcé le
programme à fermer. Bien, les coûts ont carrément explosé. Alors, c'est
l'importance de mettre des balises, de bien planifier le programme…
M. Arseneau : Tellement.
Mme Marcoux (Violaine) : …de
planifier son introduction, la couverture.
M. Arseneau : Donc, il n'y a
pas des questions, là, autres que financières, questions de services, qualité
de services, d'éthique, et tout ça. Est-ce que vous incluez ça dans des dérives
ou il n'y en a pas d'identifiées à cet égard?
Le Président (M. Provençal)
: Malheureusement, il ne nous reste plus de temps pour avoir
la réponse. Je remercie les Drs Marcoux et Tremblay pour leur contribution aux
travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques <instants
afin que…
M. Arseneau : ...de services,
de qualité de services, d'éthique, et tout ça. Est-ce que vous incluez ça dans
des dérives ou il n'y en a pas d'identifié à cet égard?
Le Président (M. Provençal)
:
Malheureusement, il ne reste plus de temps pour
avoir la réponse. Je remercie les Drs Marcoux et Tremblay pour leur contribution
aux travaux de la
commission.
Je suspends les travaux quelques >instants
afin qu'on puisse accueillir par visioconférence la prochaine personne. Je
tiens à vous remercier et je m'excuse encore pour le délai à cause de certains
petits problèmes techniques. Merci beaucoup de votre collaboration, de votre
contribution.
M. Tremblay (Dominique) :
Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Suspension, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 20 h 39)
(Reprise à 20 h 41)
Le Président (M. Provençal)
: Je souhaite maintenant la bienvenue à la Dre Patricia
Monnier. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé, après quoi nous procéderons à la période d'échange avec les membres de
la commission.
Je vous invite à vous présenter puis à
commencer votre exposé. Je vous cède la parole, Madame.
(Visioconférence)
Mme Monnier (Patricia) :
Merci, M. le Président. M. le ministre, Mmes et MM. les députés, tout d'abord,
merci de me laisser la parole. Je me permets de me présenter brièvement. Je
m'appelle Patricia Monnier, je suis binationale, française et canadienne.
Après des études de médecine en France et
une spécialisation en gynécologie-obstétrique, puis une spécialisation à une
surspécialisation… je ne sais pas comment on dit, une sous-spécialisation en
gynécologie médicale et <reproduction, en fait...
Mme Monnier (Patricia) : …Je
m'appelle Patricia Monnier, je suis binationale, Française et Canadienne. Après
des études de médecine en France et une spécialisation en
gynécologie-obstétrique, puis une spécialisation et une surspécialisation… je
ne sais pas comment on dit, une sous-spécialisation en gynécologie médicale et >reproduction,
en fait, en infertilité, j'ai été nommée professeure titulaire en 1998.
J'ai dirigé une unité de médecine de la reproduction en France à partir de 1998
et je suis arrivée au Québec en 2006. Immergée dans une unité de recherche
en périnatalogie, qu'on a appelée URCEP, à l'époque, dirigée par le Dr William
Fraser, j'ai recherché le contact avec les patients qui me manquait et j'ai
ainsi intégré l'équipe — la seule équipe dans le domaine public qui
est en reproduction — du CUSUM en 2010, cadre dans lequel je
pratique toujours depuis cette date.
Mes réflexions sont guidées par un souci
d'efficacité et, probablement, elles vont soulever plus de questions qu'elles
n'apportent de réponse. En effet, en tant qu'homme ou femme politique, vous
avez, à mon sens, à définir la société dans laquelle nos enfants vont appeler à
se développer et à grandir.
À propos des agents de stimulation de
l'ovulation, le législateur a écrit : «La prescription d'agents oraux pour
la stimulation ovarienne dans le cadre des traitements de base de l'infertilité
est la seule activité clinique de procréation assistée au sens de
l'article 2 de la loi qui peut être exercée ailleurs que dans un centre de
procréation assistée.»
Il s'agit d'un traitement de première
ligne de l'infertilité. Il est tellement facile de prescrire des pilules <que…
>sans aucun monitorage — en fait, ce qu'on appelle monitorage,
c'est une échographie pelvienne — et donc gare au risque de
grossesses multiples dont chacun sait qu'elles sont plus à risque pour la santé
des mamans et des bébés. L<e régime prend tout… l>e registre prend
tout son sens et il faut, à mon sens, à mon avis, qu'il englobe toutes les
activités de procréation médicale assistée. Dans ma pratique, j'ai vu des
patientes qui prenaient de telles pilules au long cours, chaque mois et pendant
plusieurs mois… il faut savoir que, lorsqu'elles ont des dysovulations sévères,
ces patientes sont en aménorrhée, et donc pour avoir leur menstruation
régulièrement, alors que ce n'était pas le but ultime de ces traitements, mais
bien une stimulation de l'ovulation.
Donc, ma proposition est la suivante,
c'est d'imposer un monitorage de l'ovulation pour toute prescription de
stimulants de l'ovulation, que ce soit en dehors ou dans des centres québécois,
même si cela n'est pas parfait.
En effet, j'explique à mes couples, car je
ne prescris jamais un comprimé de Clomid ou de létrozole sans avoir une
stimulation, sans avoir une échographie<. J'explique à mes couples >, que
ce n'est pas une simple échographie qui va éviter le risque de grossesses
multiples, mais au moins elle aura pour but d'éviter une grossesse de haut
rang, et donc trois ou plus. Il faut se rappeler que nous ne pouvons pas voir
les oeufs, les ovocytes, les ovules à l'échographie <pelvienne…
Mme Monnier (Patricia) : …une
échographie, j'explique à mes couples, que ce n'est pas une simple échographie
qui va éviter le risque de grossesse multiple, mais au moins elle aura pour but
d'éviter une grossesse de haut rang, et donc trois ou plus. Il faut se rappeler
que nous ne pouvons pas voir les oeufs, les ovocytes, les ovules à
l'échographie >pelvienne, mais uniquement le follicule dans le milieu… donc
le milieu liquidien dans lequel le gamète féminin mature est censé se
développer.
Alors, pour deux grandes raisons, on
a tout de même un risque d'avoir des faux jumeaux, c'est-à-dire l'implantation
de deux oeufs fécondés : premièrement, dû… pas d'échographie en trois dimensions,
donc un follicule peut empêcher un autre; et, deuxièmement, un follicule qui
est censé contenir un ovule mature, donc fécondable, est aux environs de 14 millimètres,
donc une précision de plus ou moins 1 millimètre à chaque mesure.
Finalement, en stimulation de l'ovulation, on traite des images, et c'est ce
qui explique l'insécurité de ça.
À propos des conditions à taxer la PMA, le
législateur a écrit : «Les services de procréation assistée requis à des
fins d'insémination artificielle et de FIV sont considérés comme des services
assurés pour la personne seule ou les conjoints parties au projet de
procréation assistée si :
«la personne seule ou l'un ou l'autre des
conjoints n'a pas fait l'objet d'une stérilisation chirurgicale volontaire ou
d'une réanastomose des trompes ou des canaux déférents, selon les cas, au sens
des paragraphes…», etc.
La réflexion, c'est que j'ai bien peur que
cela ait <été un… >pour effet de diminuer les stérilisations
volontaires des hommes, ce qui est regrettable car l'intervention pour une
stérilisation volontaire d'un homme est une intervention qui peut se dérouler
sous anesthésie locale, donc moins à risque qu'une stérilisation d'une femme,
qui doit se dérouler sous anesthésie générale. Donc, un domaine, la
contraception, où les hommes peuvent prendre leur place petit à petit sans
dépendre de la volonté de leur conjointe, et on leur met ce diktat sous le nez.
Donc, ma proposition, c'est de retirer la
stérilisation chirurgicale volontaire des hommes comme condition de non-accès à
la PMA.
Toujours à propos des conditions d'accès — on
en a largement parlé — c'est le fameux âge des femmes et «la femme
est âgée de 18 ans ou plus et de moins de 41 ans».
Alors, qu'en est-il du don d'ovules? En
effet, médicalement il est reconnu qu'un don des ovules est efficace s'il
provient d'une femme plus jeune que la receveuse, et ce, jusqu'à l'âge de la
ménopause physiologique, 50 ou 52 ans, dans nos pays développés. Aux
détracteurs de grossesses tardives, je répondrai que ces patientes font l'objet
d'une surveillance attentive et doivent avoir un bilan avant conception qui est
normal : fonction rénale, dépistage du diabète, mammographie et
électrocardiogramme, et je rajouterai aussi une consultation en grossesse à
risque où on leur explique tous les risques, ce qu'on ne contrôle pas du tout
en cas de conception naturelle.
Et qu'en est-il de l'âge limite des
hommes? En effet, selon la <littérature, la…
Mme Monnier (Patricia) :
…dépistage du diabète, mammographie et électrocardiogramme, et je rajouterai
aussi une consultation en grossesse à risque où on leur explique tous les
risques, ce qu'on ne contrôle pas
du tout en cas de conception
naturelle.
Et qu'en est-il de l'âge limite des
hommes? En effet, selon la >littérature, l'APA, c'est-à-dire l'âge
paternel avancé, est responsable d'une moindre efficacité en PMA, de majorer le
risque de fausse couche spontanée, de majorer le risque d'infertilité, de
majorer le risque génétique, en particulier la mutation de novo, et de majorer
les troubles de développement de l'enfant à naître, majoration, en particulier,
des risques d'autisme, de schizophrénie et d'instabilité motrice, le fameux
TDAH que l'on appelle.
Le problème devient : Quel âge limite
pour l'homme? Si on en croit la littérature, entre 35 et 40 ans a lieu le
début de la moindre efficacité de la PMA. Je n'ai pas la réponse à cette
délicate question, mais les enjeux sont médicaux, comme dit plus haut, et ils
sont sociétaux. Quelle société veut-on bâtir pour l'avenir? Ils sont éthiques.
Le parent doit emmener l'enfant jusqu'à son indépendance. Qu'en est-il de
l'adolescent qui voit son père vieillissant? Ça, ça pose des problèmes. Je ne
suis pas spécialisée dans l'adolescence, mais tout de même. Est-il éthique de
composer une FIV avec micro-injection à une femme jeune qui est avec un mari
âgé, un conjoint âgé?
• (20 h 50) •
<Et… >Mais, il y a aussi des
enjeux culturels, en particulier, une répudiation de la femme non enceinte. Il
y a des exemples dans la Bible, Jacob, Mathusalem, et, plus près de nous, des
stars comme Charlie Chaplin, par exemple. Nous avons débattu longtemps de cette
difficulté dans l'équipe et avons conclu la chose suivante : tout homme
âgé de 50 ans ou plus doit avoir une consultation avec la psychologue de
l'équipe et elle fera particulièrement attention lorsque la somme de l'âge des
deux membres du couple est de 100 ans ou plus.
Donc, proposition. Revoir l'âge limite
supérieur des femmes et introduire un âge supérieur limite pour les hommes, ce
qui aura un triple avantage à mes yeux. Un souci d'égalité pour les deux sexes,
étayé par la littérature. Un rajeunissement automatique des couples à traiter,
car, dans notre société, un homme âgé est… en général, ce n'est pas la règle,
mais avec une femme âgée, au sens de la reproduction. Et une réflexion des
couples susceptibles de nous consulter. En effet, s'il est passé dans les
moeurs qu'il y a une horloge biologique pour la femme, il n'en est pas de même
pour l'homme.
Et donc, à propos des inséminations
artificielles, un autre point que je voudrais débattre avec vous, le
législateur a écrit : «Les services de procréation assistée requis à des
fins d'insémination artificielle… sont considérés comme des services assurés…»,
donc, sont les suivants : selon l'indication médicale, un maximum de six inséminations,
soit un maximum de six paillettes de sperme provenant soit du conjoint
soit du donneur.»
Une première impression, c'est qu'il
convient de dissocier les paillettes de sperme de conjoint, IAC, insémination
avec sperme de conjoint, et de donneur, IAD. D'après l'expérience des <CECOS…
Mme Monnier (Patricia) : …de
six inséminations, soit un maximum de six paillettes de sperme
provenant soit du conjoint soit du donneur.
Une première réflexion, c'est qu'il
convient de dissocier les paillettes de sperme de conjoint, IAC, inséminations
avec sperme de conjoint, et de donneur, IAD. D'après l'expérience des >CECOS,
c'est-à-dire les centres d'étude et de conservation des oeufs et du sperme
humains en France, le facteur majeur de l'obtention d'une grossesse, c'est
l'âge des femmes encore une fois, mais la diminution de la fertilité du sperme
après congélation est essentiellement liée à la diminution quantitative du
nombre de spermatozoïdes mobiles. Les CECOS ont donc une grande expérience dans
ce domaine…
Le Président (M. Provençal)
: Dre Monnier…
Mme Monnier (Patricia) : …car
ils existent depuis plus de 50 ans et représentent l'infrastructure
bioclinique. Mais, excusez-moi, ça…
Le Président (M. Provençal)
: Je dois… le temps pour votre exposé est écoulé, cependant
les gens ont déjà votre mémoire…
Mme Monnier (Patricia) : Oui,
c'est ça.
Le Président (M. Provençal)
: …alors ils vont pouvoir bien vous questionner. Alors, je cède
la parole au docteur… pas au docteur, excuse-moi. Le temps est en train de
faire son oeuvre, en tout cas, je n'ai pas fait de grand… beaucoup d'erreurs. À
M. le ministre.
M. Carmant : Voyons donc, tu
es drôle. Bonjour, Dre Monnier. Merci pour ce…
Mme Monnier (Patricia) :
Bonjour, M. le ministre.
M. Carmant : Vous allez bien?
Mme Monnier (Patricia) :
C'est…
M. Carmant : Oui, enchanté. <Je…
m>Merci pour votre mémoire très personnel. J'ai quelques questions pour
vous. La première qui me saute aux yeux, c'est votre commentaire sur la
vasectomie. Comme vous savez, pour nous, c'est important de ramener la
procréation assistée dans le réseau public, mais un des problèmes qu'on avait
vécus lors du premier cycle public, ça avait été, justement, les certaines
formes d'exagération des gens <qui se sont… >qui n'ont pas
bénéficié du programme, incluant beaucoup de couples reconstitués ou
d'individus qui avaient décidé de faire une vasectomie et qui ont décidé
d'aller pour la procréation assistée. Donc, je comprends l'impact de la
vasectomie, là, sur un homme et sur une famille, mais ne pensez-vous pas que ça
risque< de, >, justement, d'avoir un effet contraire à ce qu'on
souhaite?
Mme Monnier (Patricia) : Eh
bien, moi, je dirais que, la vasectomie, je suis étonnée, venant de France, du
nombre d'hommes qui ont accès à la vasectomie. Donc, ça, c'est une différence
culturelle avec la France, et je trouve que c'est bien que les hommes prennent
en main leur contraception… enfin, «en main», entre guillemets. Et donc c'est
cet aspect que je voudrais débattre. Alors, je comprends que, sur le plan de la
procréation, ça peut être un effet pervers, mais, d'un autre côté, une
grossesse non désirée, ce n'est pas non plus souhaitable. Et donc nous, on voit
plutôt des grossesses désirables, désirées, etc., mais une <grossesse…
Mme Monnier (Patricia) :
...comprendre que, sur le plan de l'appropriation, ça peut être un effet
pervers, mais, d'un autre côté, une grossesse non désirée, ce n'est pas non
plus souhaitable. Et donc nous, on voit plutôt des grossesses désirables,
désirées, etc., mais une >grossesse non désirée, ça peut donner des
dégâts aussi. Donc, je voudrais qu'on réfléchisse à ces deux aspects de la
question. Comme je vous ai dit dans l'information, je suis en gynécologie-obstétrique
et je suis aussi en procréation médicale assistée, donc j'ai les deux casquettes,
et j'ai vu des grossesses non désirées, croyez-moi, c'est horrible. Et donc,
pour les dégâts pour les femmes, pour les couples<… et donc >, je
trouve que c'est bien que les hommes prennent ça au sérieux et se font faire
une vasectomie.
M. Carmant : D'accord. O.K.
Donc, c'est vraiment votre inquiétude de voir la diminution du taux de
vasectomie qui mène à ce commentaire‑là?
Mme Monnier (Patricia) : Absolument.
Oui, oui.
M. Carmant : D'accord, O.K.,
ça pourrait être débattu, mais je comprends maintenant le point. L'autre point
qui... je ne sais pas si vous le saviez, mais, dans mon ancienne vie, j'étais
neuropédiatre, là. Donc, l'âge limite chez les hommes et puis les pathologies
que vous soulevez, c'est quand même intéressant. Mais, je veux dire, c'est
quand même un concept qui est difficile à implémenter, ne diriez-vous pas, dans
une loi sur la procréation médicalement assistée, de mettre un âge limite pour
les hommes?
Mme Monnier (Patricia) :
Alors, pour les hommes, il faut savoir qu'en France il y a eu une enquête… ce
n'est pas dans la loi, il y a une enquête qui dit que les répondants, en tout
cas, ont mis la barre assez haute. Ils ont mis la barre à 60 ans, sachant
que l'espérance de vie d'un homme est de 62 ans et demi à peu près. Donc,
c'est embêtant pour l'enfant. Donc, l'enfant il a besoin de ses deux parents
pour se développer et... des parents.
Écoutez, dans ma clientèle, j'ai deux couples
en tête dont les hommes ont plus de 60 ans, et ils sont avec des femmes… là,
avec une femme jeune qui a 30 ans et, l'autre, avec une femme plus âgée
qui a 42 ans. Donc, lui, il est grand-père, elle, elle est grand-père par
mariage, si vous voulez, elle n'est pas grand-père... elle n'est pas grand-mère
biologique, mais lui, il est grand-père biologique, et il veut un enfant. Mais
quelle va être la place de cet enfant dans cette famille? Je me demande, je ne
sais pas.
Et donc, comme je vous ai dit, je n'ai pas
la réponse à cette question, mais je crois que vous avez, en tant que ministre,
en tant que député de cette commission, à décider quelle société vous voulez
pour l'avenir. Et donc est-ce que vous voulez une <société de...
Mme Monnier (Patricia) :
…pas
la réponse à cette question, mais je crois que vous avez, en tant que
ministres, en tant que députés de cette commission, à décider quelle société
vous voulez pour l'avenir. Et donc est-ce que vous voulez une >société
de pères vieillissants ou pas?
Je peux vous assurer que, dans la
littérature, il y a… bien, oui, c'est comme ça… Je peux vous assurer que, dans
la littérature, il y a beaucoup de références, et donc c'est quelque chose qui
me tient à coeur, effectivement, mais il y a beaucoup de références, et l'âge
des pères, il pose un problème. Et donc ça rétablirait, parce que, vous savez,
les femmes, <elles ont… >elles portent sur elles la lourdeur du
fait de ne pas avoir d'enfant dans une famille, mais les hommes aussi. Vous
savez, une PMA, ça se fait à deux. Même si on est en procréation assistée, il
faut être deux. Il faut du sperme et il faut des ovaires. Et donc, si on a l'un
ou l'autre qui est vieux, bien, ça marche moins bien.
M. Carmant : Oui, on est bien
au… D'ailleurs, c'est pour ça qu'on parle d'un projet de vie dans le mémoire.
Juste pour profiter, parce qu'on a parlé beaucoup des différents âges dans
différentes législations, vous, votre expérience en France, c'était quoi, l'âge
maternel qui était…
Mme Monnier (Patricia) :
Alors, en France, il y avait d'abord la loi de bioéthique qui a évolué depuis
que je suis partie, puisque maintenant elle s'adresse à la PMA pour tous, etc.
Donc, ça devient un peu comme au Québec. Moi, quand <je suis… >je
pratiquais en France, c'étaient des couples hétérosexuels. Donc, il fallait
être un couple, et l'âge limite, c'était 43 ans. Nous, il n'y avait pas un
remboursement par la sécurité sociale, l'équivalent de la RAMQ, si vous voulez.
Mais ce n'était pas interdit, mais, jusqu'à 43 ans, il y avait une prise
en charge quatre ans, quatre FIV. Donc, c'était très généreux comme
programme, c'est très généreux comme programme. Quatre fécondations
in vitro jusqu'à 43 ans, jusqu'au 43e anniversaire, et, à partir
de 43 ans, ce n'est plus pris en charge.
M. Carmant : Et j'ai vu aussi
que vous aviez un intérêt également… puis je vois que vous ne l'avez pas abordé
dans votre mémoire, mais sur le rôle de l'obésité et la fécondité. Est-ce que
vous pouvez nous dire qu'est-ce que vous en pensez par rapport à la procréation
médicale assistée?
• (21 heures) •
Mme Monnier (Patricia) :
Alors, c'est vrai que l'obésité, la fécondité… Les femmes obèses, ça a été
décrit, elles ont des enfants, mais l'obésité, <ça diminue… >ça pousse
à augmenter les doses, donc, et ça diminue la fertilité naturelle. Et donc
c'est pourquoi il y a… dans notre équipe, nous avons la possibilité d'offrir
les consultations de nutrition gratuites. Alors, attention, il y a le surpoids
dans le cas de la dystrophie ovarienne, ça, c'est complètement à part…
21 h (version révisée)
Mme Monnier (Patricia) : …naturelle.
Et donc c'est pourquoi il y a dans notre équipe… nous avons la possibilité
d'offrir des consultations de nutrition gratuite. Alors, attention, il y a le
surpoids, dans le cas de la dystrophie ovarienne, ça, c'est complètement à
part, et le surpoids en général. Donc, les femmes obèses en général et les
femmes obèses qui ont une dysfonction ovarienne, c'est complètement différent
le mécanisme, mais n'empêche que, dans les deux cas, si elles perdent aussi peu
que 10 kilos, je parle des femmes obèses qui ont un indice de masse
corporelle au-delà de 30, donc qui sont vraiment très obèses, eh bien… elles se
remettent à ovuler dans 90 % des cas. Quel est le traitement médical qui a
90 % d'efficacité? Moi, je ne le connais pas. Donc, c'est ce que
j'explique à mes patientes, évidemment, il faut prendre le temps, je prends
tout le temps qu'il faut. La première consultation, c'est la consultation où on
voit qu'est-ce qui, dans le mode de vie, ne va pas et qu'est-ce qui pourrait
être une barrière à la fécondité, et donc le poids fait systématiquement partie
de mon interrogatoire.
M. Carmant : Merci. M. le
Président, je passerai la parole à la députée de Soulanges, s'il vous plaît.
Mme Picard : Merci. Bonjour, docteure.
Vous mentionnez une réflexion, dans votre mémoire, à la dernière page, vous
dites : «Quant est-il de la FIV dite en cycle naturel avec ponction d'un
ovule mais non obtention d'embryons?» Pourriez-vous éclaircir votre réflexion,
s'il vous plaît?
Mme Monnier (Patricia) :
Alors, la FIV en cycle naturel, c'est quoi déjà? Eh bien, c'est soutenir, on va
laisser le corps travailler normalement et on va soutenir un follicule qui domine.
Qu'est-ce qui se passe dans la nature? Eh bien, il y a un follicule dominant et
il dit aux autres : Tassez-vous! C'est l'atrésie folliculaire, hein. Et
donc on va soutenir le follicule dominant par un petit peu de stimulation, très
peu, hein, et puis on va empêcher, si possible, qu'il y ait une ovulation
spontanée, mais le problème, c'est que, par cycle débuté de fécondation in
vitro en cycle naturel, il y a 50 % d'embryons seulement. Pourquoi? Pour
trois raisons, la première, c'est qu'on arrive à la ponction, et
malheureusement la dame a ovulé spontanément, ou alors il y a un… Bien sûr, on
fait toujours une échographie avant de lancer toute la démarche, avant de lui
faire une anesthésie locale, etc., et même une analgésie, on va dire, par voie
générale. Et puis la deuxième raison pour laquelle on n'a pas d'embryon, c'est
qu'on va… on a un follicule, on va l'aspirer, il n'y a pas d'oeuf dedans. Ah
bon! Pas d'oeuf, pas d'embryon. Et la troisième raison, c'est qu'il y a un
oeuf, mais que, malgré une micro-injection, s'il a décidé de ne pas se laisser <féconder…
Mme Monnier (Patricia) : …
raison
pour laquelle on n'a pas d'embryon, c'est qu'on va… on a un follicule, on va
l'aspirer, il n'y a pas d'oeuf dedans. Ah bon! Pas d'oeuf, pas d'embryon. Et la
troisième raison, c'est qu'il y a un oeuf, mais que, malgré une
micro-injection, s'il a décidé de ne pas se laisser >féconder, il n'y
aura pas d'embryon non plus. Donc, par 50 % des FIV en cycle naturel ont
un embryon, et, paradoxalement, cela donne d'excellents résultats aux patientes
qui sont des mauvaises répondeuses, donc, et aux patientes qui sont âgées.
Pourquoi? Parce que tout se passe comme s'il y avait un blocage du corps, et
qu'on les stimule fort, ces patientes, pour rien. Donc, le problème, c'est qu'il
y a une question de coût, alors j'en parle toujours à mes patientes, quand je
pense que c'est une bonne indication, mais elles se dirigent vers le cycle
stimulé en disant : On ne sait jamais, peut-être j'aurai plus d'un ovule
et peut-être je vais pouvoir avoir un embryon. Et donc, voilà.
Mme Picard : Que pensez-vous
de limiter à six le nombre d'inséminations artificielles assurées par le régime
public?
Mme Monnier (Patricia) : C'est
ça. Donc, les six inséminations, il faudrait les dissocier des paillettes parce
que, comme je dis dans mon mémoire, il y a des paillettes de sperme pour les
hommes qui ne peuvent pas être, là, bon… le sperme, ça, ça peut être
discutable, mais c'est ainsi. Eh bien, quelques fois, dépendamment du sperme,
eh bien, comment il va se décongeler, on va décongeler plus d'une paillette, et
donc deux paillettes sont peut-être nécessaires. J'ai en tête un couple à qui s'est
arrivé récemment. Deux paillettes sont nécessaires par insémination.
Donc, dissocier les paillettes des cycles
d'insémination, ça me paraît important. Et puis les IAC, inséminations avec
sperme de conjoint, les IAD, ça, c'est mon expérience française qui dit que, eh
bien, il y a beaucoup plus d'inséminations avec sperme de donneur qui voient le
projet parental jusqu'à huit cycles d'insémination avec sperme de donneur.
Alors que six, je suis complètement d'accord, je ne vais pas moi-même au-delà
de six, quand il y a un sperme de conjoint.
Mme Picard : Il y a encore du
temps?
Le Président (M. Provençal)
: Il vous reste trois minutes.
Mme Picard : On a reçu un
groupe qui nous disait qu'il y avait beaucoup de préjugés, que souvent les gens
pensent, dans la population, que c'est les femmes qui sont infertiles, est-ce
que vous pensez… En fait, comment on pourrait mieux sensibiliser la population
au fait que ce n'est pas que les femmes qui sont infertiles, et qu'il y a aussi
les hommes qui sont infertiles, et puis défaire un peu ce tabou-là, avez-vous
des idées?
Mme Monnier (Patricia) : Oui.
Eh bien, justement, en mettant un âge limite supérieur des hommes. Vous avez
commencé déjà, bien, pourquoi est-ce qu'ils ont mis un âge supérieur, etc.? À
nous d'expliquer. Et, moi, je pense que je suis <complètement…
Mme Picard : …les hommes qui
sont infertiles, et puis défaire un peu ce tabou-là, avez-vous des idées?
Mme Monnier (Patricia) :
Oui. Eh bien, justement, en mettant un âge limite supérieur des hommes, vous
avez commencé déjà, bien, pourquoi est-ce qu'ils ont mis un âge supérieur,
etc.? À nous d'expliquer. Et, moi, je pense que je suis >complètement
d'accord avec vous, c'est qu'il n'y a pas que les femmes qui sont infertiles,
il y a aussi des hommes infertiles, mais le problème, c'est un problème
culturel, comme j'ai dit, il y a répudiation. Écoutez, j'avais dans ma
clientèle une patiente jeune avec un homme, bon, maghrébin, qui était âgé. Eh
bien, la femme a dit : Si vous ne faites pas la FIVICSI …(, je vais être
répudiée si je ne suis pas enceinte. Évidemment, ça donne une dimension
supérieure, supplémentaire, disons, à la PMA et à l'obligation de réussite, mais…
Donc, voilà, ça, c'est mon expérience personnelle. La répudiation des femmes,
il faut en parler, bien sûr que dans certaines cultures, eh bien, c'est
important, les femmes, elles portent le poids toutes seules de la fertilité du
couple, malheureusement, mais, bon, ça passera par un enseignement, par… oui,
par un enseignement très précoce des couples.
Le Président (M. Provençal)
:Il reste une minute.
Mme Picard : Ah bon, bien, je
vais poser ma dernière question. Que pensez-vous d'offrir peut-être une banque
de gamètes québécoise?
Mme Monnier (Patricia) : Je
n'ai pas entendu la question.
Mme Picard : Est-ce que vous
pensez que le Québec devrait avoir sa propre banque de gamètes?
Mme Monnier (Patricia) : Ah, eh
bien, si ça diminue les coûts, oui, parce qu'un coût de gamètes masculins, ça
coûte cher, hein. Ça coûte à peu près 800 $ avec les frais de transport,
donc c'est quand même onéreux et donc il y a des patientes qui défraient ces
coûts-là. Alors, bon, je ne sais pas combien c'est le coût de transport pour
trois paillettes, mais le problème, c'est que c'est si elles sont enceintes à
la première, bien, les deux autres sont perdues pour la suite, ou alors elles
essaient d'avoir une deuxième grossesse. En parlant de ça, je n'ai pas eu le
temps d'en parler, mais c'est dans mon mémoire, n'oublions pas qu'une grossesse,
c'est neuf mois, et donc trois mois d'allaitement parce qu'il parlait de… Je
comprends, le législateur ne voudrait pas qu'il y ait des cuves avec des
embryons congelés, mais je rajouterais…
Le Président (M. Provençal)
: Dre Monnier…
Mme Monnier (Patricia) : …en
cas de grossesse, à ce moment-là, on pourra préserver les embryons plus
longtemps parce que c'est important.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Alors, je vais céder maintenant la parole à la
députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit : Je vous
remercie, M. le Président. Bonsoir, Dre Monnier, merci d'être avec nous à
cette heure qui commence à être tardive, c'est encore plus <apprécié…
Mme Monnier (Patricia) :
...
parce que c'est important.
Le Président (M. Provençal)
:
Merci. Alors, je vais céder maintenant la parole à
la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit : Je vous
remercie, M. le Président. Bonsoir, Dre Monnier, merci d'être avec nous à
cette heure qui commence à être tardive, c'est encore plus >apprécié, de
vous rendre disponible. Quelques questions concernant... Puis c'est très
louable de votre part de soulever… comme vous le dites… Vous soulevez des
questionnements, là, je pense que ce sera notre rôle aussi d'y répondre quand
on tombera dans l'étude détaillée du projet de loi. Vous faites référence à la
question de l'âge sur deux éléments, puis je voulais juste être certaine de
bien comprendre parce que vous dites revoir l'âge supérieur limite des femmes.
Mme Monnier (Patricia) : Oui.
• (21 h 10) •
Mme Montpetit : Vous souhaitez
qu'il soit revu à la hausse ou à la baisse, ce n'était pas très clair pour moi
la...
Mme Monnier (Patricia) : À la
hausse.
Mme Montpetit : À la hausse.
D'accord.
M. Monette (Pascal) : À la
hausse, oui, parce qu'à cause du don d'ovules, si vous barrez les femmes à
41 ans, et qu'elles ont, par exemple, une défaillance de l'ovaire, elles
ont besoin d'un don d'ovules. Parce qu'il y a des femmes jeunes qui ont besoin
d'un don d'ovules, et elles n'ont pas d'ovule, il faut bien qu'elles aillent
chercher là où elles peuvent. Alors, il y a deux solutions au Québec, soit
elles font affaire avec une banque, qui est une banque très onéreuse, soit
elles font affaire avec quelqu'un de la famille, soit amicale, soit familiale,
qui peut donner… une femme jeune, bien sûr, qui a plus de 18 ans, qui
pourra donner les ovules pour elles.
Bon, et donc je voudrais que vous les
revoyiez à la hausse et, en même temps, que vous mettiez un âge limite pour les
hommes, ça me tient à coeur parce que, comme je l'expliquais avec votre
collègue précédemment, c'est que la femme, elle porte sur ses épaules trop,
trop, la fertilité du couple. Et donc le fait de mettre un âge limite pour les
hommes étayé par une littérature, encore une fois, ce n'est pas moi qui le dis
toute seule, et il y a beaucoup de littérature dans le même sens. Il suffit,
d'ailleurs, de rentrer sur Internet «âge paternel avancé» et «conceptus», par
exemple, «les qualités du conceptus», et vous allez voir toute une référence.
Et donc ça aurait vraiment un rôle thérapeutique et un rôle, comment dirais-je,
un rôle instructif aussi des patients. Mais pourquoi est-ce qu'ils ont mis un
âge limite pour les hommes gnagnagna? Bien, à nous d'expliquer.
Mme Montpetit : ...bien, c'est
parfait, ça clarifie parce que j'avais bien vu que vous disiez «mettre un âge
limite pour les deux sexes», mais je voulais juste être certaine de bien
comprendre la révision que vous demandiez, puis je voyais que vous étiez
intervenue dans <certains...
Mme Montpetit : …
bien,
c'est parfait, ça clarifie parce que j'avais bien vu que vous disiez «mettre un
âge limite pour les deux sexes», mais je voulais juste être certaine de bien
comprendre la révision que vous demandiez, puis je voyais que vous étiez
intervenue dans >certains débats qu'il y a eu sur la fertilité tardive,
justement, qu'on est dans une société où la fertilité est un peu plus tardive
qu'il y a 10 ans, ou qu'il y a 20 ans, ou encore plus, qu'il y a 50 ans.
Toujours sur la question de l'âge, puis là j'imagine que vous voyez ça au
quotidien aussi, mais est-ce que vous auriez une indication, que ce soit par
votre expérience professionnelle, ou que ce soit sur des données probantes sur
des expériences à l'international, cet âge-là, la limite, vous la fixeriez à
quel âge?
Mme Monnier (Patricia) :
Alors, ça a été beaucoup débattu avec des groupes avant moi, donc, 45… Bon, par
exemple, j'ai une patiente, en ce moment, enceinte à 46 ans et donc… mais
elle a fait un diagnostic préimplantatoire, elle a un embryon qui est bien
balancé sur le plan des chromosomes, etc. Donc, on espère, on espère qu'elle va
aller au… Mais, vous savez, 60 % des fausses couches sont liées à un
problème génétique et 40 % sont liées à autre chose. Et dans 80 % des
cas, on n'a pas de raisons, les fausses couches à répétition, alors on dit «c'est
l'âge» parce qu'on ne sait pas. Et donc à quel âge… Ça a été très, très bien
défini plus antérieurement, il y a des femmes à 42 ans qui vont avoir des
problèmes et des femmes à 45 ans qui vont être en parfaite santé, qui ne
vont pas avoir de problèmes, donc je pense qu'il faudrait laisser la
justification médicale, mais la justifier dans le dossier, bien sûr, pourquoi
est-ce qu'on accède au désir de la patiente.
Vous savez, il y a des patientes, elles
n'entendent pas ce qu'on dit, elles veulent faire avec leurs propres ovules
parce que ça fait partie du phénomène de deuil de la fertilité, avant de passer
au don d'ovules. Et nous, dans notre équipe, nous avons un comité clinique qui
se réunit pour les patientes qui ont 43 ans et plus, et donc on discute
systématiquement les dossiers des femmes qui ont 43 ans et plus pour
savoir si c'est logique de les lancer dans la fécondation in vitro, et la
conclusion est toujours la suivante : couple informé que le don d'ovules
donnera le meilleur résultat, les patientes informées du peu de chances de
grossesse naturelle… de grossesse qui va aboutir à une naissance vivante, mais,
malgré cela, eh bien, il y a beaucoup de patientes qui veulent se prouver
quelque chose et qui veulent aller au-delà de la démarche. Et donc, bon, ça…
c'est discutable, mais c'est ainsi, c'est la vraie vie, elles n'entendent pas
ce qu'on <dit…
Mme Monnier (Patricia) : …
mais,
malgré cela, eh bien, il y a beaucoup de patientes qui veulent se prouver
quelque chose et qui veulent aller au-delà de la démarche. Et donc, bon, ça…
c'est discutable, mais c'est ainsi, c'est la vraie vie, elles n'entendent pas
ce qu'on >dit. Et donc elles vont faire tous les bilans qu'on va leur
demander, ça, il n'y a pas de problème, mais, dans leur tête, elles ont besoin
de faire une grossesse avec leurs propres ovules.
Mme Montpetit : Par rapport au
comité que vous mentionnez, je serais curieuse de savoir… sur les critères,
justement, que vous utilisez pour faire ce type d'évaluation.
Mme Monnier (Patricia) : Eh bien,
on se base sur la réserve ovarienne et on se base sur le sperme.
Mme Montpetit : Parfait.
J'aurais une dernière question qui est assez large, vous allez me dire, mais,
comme vous êtes notre… comment on dit ça, là, notre cerise sur le… vous
êtes notre dernière ce soir, on termine les consultations avec vous, puis je
trouvais que vous aviez… Vous avez fait référence, dans votre allocution de
départ puis dans les réponses que vous avez données aussi, aux nombreux couples
que vous avez accompagnés au cours de votre carrière professionnelle aussi,
puis je trouvais que c'était l'occasion… On n'a pas eu l'occasion de poser
cette question-là à des professionnels encore, mais le genre d'épreuves, de
difficultés qu'un couple, justement, peut rencontrer sur son parcours, un
parcours de la PMA ou de la FIV, je suis certaine que vous avez beaucoup d'indications
à nous donner là-dessus, qui pourraient nous aider dans nos réflexions
lorsqu'on en sera à l'étude détaillée aussi, là.
Mme Monnier (Patricia) :
C'est-à-dire que vous voudriez des histoires de couple, c'est ça?
Mme Montpetit : Pas nécessairement.
Sans tomber dans le… je ne veux pas tomber dans la confidentialité, évidemment,
que vous avez comme médecin, mais, ce que je veux dire, sur le type de
parcours, si on veut, ou le type d'épreuves qui peuvent être rencontré, tu
sais, vous faisiez référence, par exemple, aux ovules vides, je comprends qu'il
doit y avoir quand même certaines… je vais dire «catégories», je ne suis pas
certaine que c'est le bon mot parce qu'il y a aussi des histoires très
personnelles à travers ça, mais le type de difficultés qui peuvent être
rencontrées, dans le fond, dans un couple à travers ce parcours-là.
Mme Monnier (Patricia) : Eh
bien, il y a… on a beaucoup discuté de la dépression de ces couples, et nos
traitements entraînent du stress, et donc le stress, c'est mauvais pour la
fertilité. Et donc il y a une espèce de cercle vicieux qui s'installe dans le
stress qui est généré par l'inefficacité des traitements, et donc plus ces
couples sont stressés, moins ça va marcher. Donc, c'est un cercle vicieux
négatif, d'où l'intérêt d'avoir une consultation psychologique, hein. Donc, je
signale toujours que les couples… la psychologue est à leur disposition. Je ne
sais pas combien elle en voit, il faudrait lui demander à elle parce que, moi,
je n'ai que la vision de mes couples, mais c'est sûr qu'il y a une consommation
de psychologues importante, hein, donc, ça, c'est un exemple. L'autre exemple
que j'ai <donné…
Mme Monnier (Patricia) : …
Je
ne sais pas combien elle en voit, il faudrait lui demander à elle parce que,
moi, je n'ai que la vision de mes couples, mais c'est sûr qu'il y a une
consommation de psychologues importante, hein, donc, ça, c'est un exemple. L'autre
exemple que j'ai >donné, c'est la répudiation des femmes qui ne sont pas
enceintes dans certains couples, ça, c'est une réalité. Et donc est-ce que
c'est éthique? Je ne sais pas. Je ne sais pas, mais c'est une réalité.
Qu'est-ce qu'il y a comme parcours
difficiles? Par exemple… Je suis en train de réfléchir, parcours difficiles…
Bien, par exemple, les femmes qui ont un don d'ovules et qui n'ont pas de
grossesse, elles ont investi énormément dans leur grossesse, mais… dans leur
traitement, je veux dire, et elles n'ont pas de grossesse au bout du compte et
elles se culpabilisent énormément, alors que, ma foi, c'est une technique,
hein, et donc comme toutes les techniques, à cause de quoi, elles veulent
vraiment savoir. Moi, je n'ai pas la réponse à tout, hein, et donc je ne sais
pas pourquoi ça n'a pas marché, mais ça n'a pas marché. Il y a des femmes
seules qui veulent tout maîtriser. Ça, c'est très difficile. Elles veulent tout
maîtriser, du début à la fin, et je pense à une en particulier. Elles veulent
tout maîtriser, c'est-à-dire qu'elles veulent comprendre pourquoi ça ne marche
pas dans leur affaire, elles ont 42 ans et elles veulent savoir pourquoi
ça ne marche pas.
Le Président (M. Provençal)
: Dre Monnier.
Mme Monnier (Patricia) :
Qu'est-ce que vous voulez que je réponde à ça? Bien, je leur dis, bon, en
raison de leur âge, et puis voilà.
• (21 h 20) •
Le Président (M. Provençal)
: Dre Monnier, je vous remercie beaucoup. Je m'excuse,
je dois vous interrompre, la partie échange avec l'opposition officielle est
terminée. Je vais maintenant céder la parole à la députée Sherbrooke pour la
suite.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Je trouve ça intéressant, la réflexion que vous nous amenez sur
l'impact potentiel, là, de la diminution des vasectomies chez les hommes. C'est
vrai que c'est une rare occasion pour les hommes de participer à la
contraception au sein de leur couple, puis je trouve que c'est précieux aussi
qu'ils puissent faire leur part, là, pour gérer la contraception, donc c'est un
effet collatéral qu'on devrait prévenir, je pense. Est-ce que vous savez, vous,
dans votre pratique, est-ce qu'il y a une proportion importante de couples qui
viennent vous voir, dont l'homme a subi une vasectomie? Est-ce que c'est
courant?
Mme Monnier (Patricia) : Eh
bien, oui, c'est courant. Donc, je ne veux pas vous donner, comme ça, de
chiffres, mais, oui, c'est courant, c'est fréquent. Et pour moi qui suis
Européenne, je trouve ça bien, parce qu'il y a une différence <culturelle…
Mme Monnier (Patricia) : …Eh
bien, oui, c'est courant. Donc, je ne veux pas vous donner, comme ça, de
chiffres, mais, oui, c'est courant, c'est fréquent. Et pour moi qui suis
Européenne, je trouve ça bien, parce qu'il y a une différence >culturelle
entre l'Europe et l'Amérique du Nord, ça, c'est sûr. Il y a plus d'hommes qui
font des vasectomies en Amérique du Nord qu'en Europe, donc, moi, je trouve ça
précieux.
Mme Labrie : Puis, quand ils
viennent pour finalement avoir des traitements de fertilité, est-ce que c'est
parce qu'ils ont une nouvelle conjointe ou c'est avec la même conjointe?
Mme Monnier (Patricia) : Oui,
c'est vrai, c'est parce que ce sont des couples recomposés, ils ont une
nouvelle conjointe, donc… Et puis la reperméabilisation, souvent, n'a pas
marché, alors… Ça dépasse mon expertise, il faudrait demander à un urologue
quels sont les critères. Pourquoi est-ce qu'une reperméabilisation marche ou
pas? Je pense qu'il y a surtout un délai, un temps qui est important par
rapport à la vasovasectomie, donc la vasovasostomie, c'est-à-dire la
reperméabilisation va marcher plus ou moins et donc quelques fois elle marche
parfaitement. Mais ces couples-là, par définition, on ne les voit pas, mais on
ne voit que les couples avec problèmes, hein.
Mme Labrie : Est-ce que ça
pourrait être une option, par exemple, de permettre l'accès aux traitements,
mais seulement si ces démarches-là ont été faites et si l'homme est avec une
nouvelle partenaire, pour éviter qu'il y ait des abus par exemple?
Mme Monnier (Patricia) : Ça
pourrait.
Mme Labrie : O.K.
Mme Monnier (Patricia) : Ça
pourrait, oui. Ça pourrait.
Mme Labrie : Parfait, je vous
remercie.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Nous allons conclure ces échanges avec le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Pre Monnier, c'est très intéressant la réflexion plutôt
philosophique ou holistique que vous amenez sur certains éléments auxquels on
n'aurait peut-être pas pensé sans votre participation. La question de l'accès
aux hommes vasectomisés est intéressante, d'autant plus que les hommes, à ce
que je sache, peuvent envisager, là, le renversement, là, de la vasectomie, là,
la vasovasostomie, et avoir le remboursement de la RAMQ pour ce faire, si je
comprends bien.
Mme Monnier (Patricia) : Oui,
tout à fait.
M. Arseneau : Donc, on les
prive d'aller vers la fécondation assistée, mais on leur dit : Retournez
sous le bistouri. Et, si ça fonctionne, bien, vous pourrez avoir votre projet
familial dans une famille recomposée. Il y a quelque chose là, sur le plan
philosophique, qui est assez particulier.
Mme Monnier (Patricia) : Oui,
c'est vrai. Non, mais d'autant plus que la vasovasostomie, je pense, se déroule
sous anesthésie générale, pas sous anesthésie locale comme la stérilisation
volontaire et… Donc, tout à fait, il faut envisager toutes les solutions, mais
je trouve que barrer <l'accès… 74 -
Mme Monnier (Patricia) : …sous
anesthésie générale, pas sous anesthésie locale comme la stérilisation
volontaire et… Donc, tout à fait, il faut envisager toutes les solutions, mais
je trouve que barrer >l'accès à la PMA parce qu'on a eu une
stérilisation volontaire, c'est un petit peu un raccourci qui m'embête aussi.
Donc, bon, je n'ai pas la réponse à la question posée, bien sûr, mais je
suggère, après vous réfléchissez quel type de société vous voulez.
M. Arseneau : Et l'autre
élément important que vous amenez, si on a deux… quelques secondes, sur l'âge
limite supérieur pour les hommes, je lis que vous dites essentiellement que ce
serait pas mal la même chose chez les hommes que chez les femmes, ou légèrement
plus âgés, là, j'ai lu très rapidement, vous parlez de la somme des âges
atteignant un peu plus de 100 ans, c'est donc, on parle d'une cinquantaine
d'années, selon vous?
Mme Monnier (Patricia) : C'est
ça. Vous savez, 100 ans, c'est complètement arbitraire, hein, mais la
collègue psychologue, elle a interrogé, parce que ça nous interpelle quand même,
elle a interrogé d'autres équipes, et qui se fiaient à ça. C'est un marqueur
comme un autre.
M. Arseneau : Mais vous pensez
surtout aux enfants et non pas à l'équité homme-femme, ou c'est les deux
éléments que vous retenez?
Mme Monnier (Patricia) : C'est
les deux éléments que je retiens, mais c'est surtout la santé des enfants nés,
ça, c'est important pour moi.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup.
Mme Monnier (Patricia) : Parce
que bien sûr j'ai dans ma pratique des hommes qui ont plus de 60 ans qui
ont des enfants autistes, etc.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, Dre Monnier, pour votre contribution aux
travaux de la commission et surtout pour avoir accepté d'y contribuer à cette
heure-ci de notre journée.
Avant de conclure les auditions, je
procède au dépôt des mémoires des organismes qui n'ont pas été entendus lors des
auditions publiques. Je vous remercie pour votre contribution à nos travaux.
La commission ajourne ses travaux sine
die. Merci beaucoup de votre contribution, je vous souhaite une bonne fin de
soirée. Merci à toutes les personnes de la commission qui ont participé. Bonne
fin de soirée.
(Fin de la séance à 21 h 26)