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Présentation de mémoires sur le
rapport CEGIR portant sur la Commission des transports
du Québec
(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire des transports se réunit aux fins
d'entendre les représentants d'organismes relativement au rapport de la
firme CEGIR qui est le Centre d'études, de gestion d'informatique et de
recherches.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont:
M. Baril (Arthabaska) remplacé par M. Desbiens (Dubuc); M. Chevrette
(Joliette-Montcalm) remplacé par M. Gagnon (Champlain); M. Lessard
(Saguenay), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Mailloux
(Charlevoix), M. Marquis (Matapédia); M. Perron (Duplessis)
remplacé par M. Proulx (Saint-Jean); M. Russell
(Brome-Missisquoi)...
M. Brochu: Brochu (Richmond).
Le Président (M. Bordeleau): ... M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Verreault (Shefford).
Les intervenants seront: M. Bellemare (Johnson), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean); M. Desbiens étant remplacé, M. Baril
deviendrait donc intervenant; M. Grégoire (Frontenac), M. Lamontagne
(Roberval), M. Lefebvre (Viau), M. Ouellette (Beauce-Nord) et M. Vaillancourt
(Orford).
Il y aurait lieu maintenant de nommer un rapporteur de la commission.
Est-ce que vous avez des suggestions de part et d'autre?
M. Proulx: M. Gagnon, le député de Champlain.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, le rapporteur de la
commission sera M. Gagnon, député de Champlain. Je cède
maintenant la parole à M. le ministre des Transport.
Remarques préliminaires M. Lucien
Lessard
M. Lessard: M. le Président, chers collègues de la
commission, messieurs et mesdames qui pourront intervenir ici à cette
commission parlementaire, je voudrais d'abord vous souhaiter la plus cordiale
bienvenue, en espérant en même temps que les
délibérations que nous aurons aujourd'hui et les jours à
venir auront des résultats positifs sur le secteur important qu'est le
transport.
Je ne prendrai donc que quelques minutes pour exposer
l'arrière-plan des initiatives que j'ai prises dans le dossier qui nous
concerne actuellement. Je pense, en effet, qu'il n'est pas nécessaire
que je présente à la commission parlementai- re de façon
exhaustive mon analyse de la situation qui prévaut en matière de
régulation des transports au Québec. L'objectif de cette
commission parlementaire a justement pour but d'entendre les différentes
personnes ou les différents groupes impliqués en ce qui concerne
la Commission des transports du Québec.
Le rapport de la firme CEGIR dont vous avez pris connaissance, nous
fournit une trame raisonnable à partir de laquelle nous pouvons amorcer
notre étude. D'autre part, une vingtaine de groupes ou associations
reliés à l'industrie québécoise des transports
viendront, au cours des trois prochains jours, nous faire connaître leur
opinion sur l'avenir de cet important régulateur de l'industrie qu'est
la Commission des transports du Québec. L'analyse de la synthèse
tant du rapport que des mémoires qui nous sont présentés
nous permettra aisément de faire le tour de la question.
Qu'il me soit simplement permis, M. le Président, d'insister sur
l'importance de l'étude qu'entreprend la présente commission
parlementaire. En effet, que nous en arrivions à telle ou telle
conclusion, les travaux de cette commission auront un effet déterminant
sur la santé, le développement et l'harmonisation de l'industrie
québécoise des transports. D'ailleurs, l'intérêt que
suscitent les audiences des trois prochains jours se manifeste par une
participation de qualité du milieu des transports au Québec.
Cette présence saura je l'espère nous mettre au
diapason des multiples considérations inhérentes au dossier.
Enfin, je ne doute pas que ces démarches des agents impliqués
contribueront positivement à la recherche de solutions de longue
durée que j'entends mettre de l'avant pour améliorer la situation
du transport terrestre des personnes et des marchandises.
J'ai été sensibilisé, comme d'autres ici autour de
cette table, à cette situation dès mon arrivée à
Transports Québec en 1976. Dès lors, M. le Président, j'ai
entretenu certaines inquiétudes quant au rôle précis que
devait remplir la Commission des transports du Québec et aussi quant
à la façon dont elle devait s'acquitter de ce rôle. Il faut
dire que déjà, la Commission des transports du Québec a
été modifiée en 1972; cela fait déjà plus de
six ans et je pense qu'il est important qu'on s'interroge à nouveau sur
le rôle de la commission puisqu'on constate que c'est là une
industrie comme le soulignait ce matin d'ailleurs le
député de Charlevoix très mouvante et que les
institutions doivent s'adapter à cette industrie-là.
Je n'ai cessé depuis de me préoccuper de la qualité
des services qu'elle dispense à l'industrie. Les doléances
persistantes des utilisateurs de la Commission des transports confirmaient mes
appréhensions et mettaient en relief le besoin qu'une action correctrice
soit entreprise ou que des modifications importantes dans sa gestion ou son
administration soient faites. Dans un contexte plus général, nous
devons reconnaître au Québec, M. le Président, que nous
sommes de l'interdépendance économique occidentale. Or,
l'économie
occidentale est caractérisée, ces dernières
années, par une instabilité dont les effets se font sentir, ici
comme ailleurs, à tous les niveaux de notre activité
économique. L'industrie québécoise des transports
n'échappe pas à certains bouleversements et doit donc
régulièrement faire face à de nouvelles situations souvent
imprévisibles et s'adapter rapidement face à une concurrence
parfois abusive venant de l'extérieur pour assurer l'autonomie du
Québec en cette matière.
La situation est complexe et nécessite de sérieuses
réflexions. D'autre part, l'objectif que je poursuis d'affirmer une
présence soutenue, voire grandissante du Québec en matière
de transport est partagé par l'ensemble de l'industrie et il importe que
la réalisation de cet objectif soit assurée.
Conséquemment, les priorités, depuis bientôt trois ans,
visent à accroître l'efficacité des transports et à
assouplir la réglementation qui s'y rattache au profit tant des
transporteurs que des consommateurs.
C'est ainsi qu'à la suite de toutes ces réflexions, j'ai
commandé, en 1977, à mon ministère, une évaluation
préliminaire des réformes à apporter à la
Commission des transports du Québec en vue de l'adapter aux besoins
impérieux de l'industrie. Ce rapport interne a confirmé le
diagnostic que je faisais alors, à savoir que la recherche de solutions
durables nécessitait un examen approfondi de la question et le besoin
d'une objectivité optimale dans l'approche de cette même question.
Je dois aussi souligner que nous avons eu à ce sujet toute la
collaboration des membres de la Commission des transports du Québec, et
je tiens à les remercier.
J'ai donc fait appel, à l'automne 1977, à la firme CEGIR,
Centre d'études et de gestion d'informatique et de recherches, dont les
capacités et la réputation répondaient à nos
besoins pour effectuer une étude de la Commission des transports du
Québec.
L'étude dont vous avez pris connaissance, M. le Président
et MM. les collègues de la commission, portait sur la mission de la
Commission des transports, son fonctionnement et sa structure, en vue
d'assouplir les procédures réglementaires administratives et
juridiques à la satisfaction des transporteurs et des utilisateurs et,
je dois le dire, à leur demande. Après avoir pris connaissance du
rapport préliminaire, j'ai constaté qu'il fallait étendre
cette étude aux rôles respectifs de mon ministère et de la
Commission des transports en matière d'élaboration de politiques,
de réglementations et de contrôle, puisqu'il ne faut pas se cacher
que, du côté aussi du ministère des Transports, il y a un
certain nombre de choses à corriger, et ce, en collaboration avec les
transporteurs et en collaboration avec la Commission des transports du
Québec.
Il fallait donc que l'étude CEGIR tienne compte de la loi
existante et du mandat qu'a actuellement la Commission des transports du
Québec. J'ai rendu public, ce printemps, le rapport de l'étude de
la Commission des transports. Je l'ai fait parvenir aux groupes et associations
que la chose concernait afin qu'ils en prennent connaissance et me fassent
connaître leur opinion par l'entremise de cette commission
parlementaire.
Cet exercice de consultation m'apparaît indispensable lorsque
notre objectif en est un de saine compétence et d'honnête gestion
des affaires de l'Etat. C'est bien humblement, mais avec conviction, que je
tente de mettre en pratique la volonté de notre gouvernement de
consulter les Québécois dans toute question d'ordre
économique, politique et culturel qui engage notre avenir. Il ne suffit
pas de légiférer et de réglementer; nous devons nous
mettre à l'écoute des Québécois et permettre la
réalisation de leur volonté.
Les recommandations de l'étude CEGIR sont fort nombreuses et
appellent des modifications fondamentales du processus de régulation des
transports au Québec, donc de la structure et du fonctionnement de la
Commission des transports du Québec.
A la suite des travaux de cette commission parlementaire et à la
suite de vos suggestions, j'engagerai des modifications propres à
assurer une efficacité accrue, si possible, du régulateur de
l'industrie québécoise des transports. Ces modifications ne
sauront s'appuyer sur d'autres objectifs que l'intérêt des
transporteurs et des consommateurs québécois.
Permettez-moi, en terminant, M. le Président, de rappeler ce que
je déclarais lors de la conférence de presse au cours de laquelle
je rendais publique la présente étude. Les travaux de cette
commission parlementaire n'ont pas pour but de faire le procès de la
Commission des transports ni de ses employés, mais consistent
plutôt en la saine remise en question du processus de régulation
de l'industrie des transports au Québec, des objectifs de la structure,
des procédures et des opérations de la Commission des transports
pour la recherche de solutions adaptées au contexte social et
économique mouvant, dans l'intérêt de la santé, de
développement et de l'harmonisation de l'industrie
québécoise des transports.
Enfin, il importe, à mon avis, que les travaux de la
présente commission parlementaire, tout en prenant soin de noter les
intérêts particuliers des différents secteurs de
l'industrie québécoise des transports, ne perdent pas de vue cet
objectif général et fondamental du bien-être de l'industrie
dans son ensemble. Ainsi, on ne pourra s'empêcher d'aborder le difficile
problème du degré de réglementation et du rôle
dévolu au mécanisme du marché dans la
régulation.
Ce sont, M. le Président, les quelques mots d'introduction que je
voulais dire au début de cette commission parlementaire. En terminant,
je dois indiquer cela pourra faire l'objet d'une motion tout à
l'heure et obtenir l'unanimité de cette commission parlementaire
qu'à la suite des discussions que nous venons d'avoir entre les
organismes, à savoir les associations de locateurs de camions et
l'Association de locateurs de véhicules du Québec, ainsi qu'avec
l'Association du camionnage du Québec, ces trois organismes seraient
prêts à modifier l'ordre du jour, de telle façon que
nous puissions entendre l'Association du camionnage du Québec
Inc. en premier lieu. Par la suite, l'ordre du jour devrait être
normalement respecté, et la raison qu'on me donne, ce n'est pas pour
réduire le rôle de chacun des groupes ou associations qui sont
ici. Au contraire, tous les groupes et toutes les associations sont importants
ici et doivent se faire entendre. Cependant on m'indique quand même que
l'Association du camionnage, étant un groupe important dans le secteur
du camionnage, on devrait la faire entendre au début. Devant le fait
qu'il n'y a pas d'objection de la part du procureur de l'Association du
camionnage du Québec, et aucune objection de la part d'autres groupes,
si nous pouvons nous entendre à cette commission parlementaire, on
modifierait l'ordre du jour dans le sens que j'ai indiqué. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. Un
commentaire général, M. le député de Charlevoix.
(10 h 30)
M. Raymond Mailloux
M. Mailloux: M. le Président, à l'instar du
ministre qui vient de parler, je voudrais dire que nous sommes heureux
d'entendre les parties sur l'ensemble des problèmes de transport dans le
Québec et nous sommes heureux de constater que les nombreux intervenants
qui se sont fait entendre lors des auditions de l'étude de la firme
CEGIR viendront nous informer davantage sur les modifications qu'ils
désirent faire apporter à l'ensemble des lois des transports et
au fonctionnement même de la Commission des transports.
Il est vrai que c'est un des domaines peut-être les plus mouvants
de la société québécoise actuellement, aussi l'une
des industries principales du Québec. Il va de soi qu'après sept
années d'expériences vécues, des transporteurs remettent
en question le fonctionnement de la Commission des transports et demandent au
législateur de faire en sorte que les lacunes qu'on a pu constater en
cours de route soient corrigées de la meilleure manière
possible.
M. le Président, ce n'est pas une déclaration
préliminaire que je fais, c'est simplement un mot de bienvenue à
l'endroit de tous ceux qui se présenteront à la commission.
L'Opposition officielle est heureuse de participer à cette commission.
Il nous appartiendra, au moment où le ministre voudra, en Chambre ou
autrement, quand il fera connaître les changements qu'il désire
apporter aux lois des transports et à la Commission des transports, de
nous prononcer comme Opposition officielle.
Je voudrais, par ces premières paroles, demander au ministre si,
après avoir entendu l'ensemble des intervenants qui sont annoncés
sur la liste qui nous est présentée pour ces trois jours, il sera
possible je pense que ce serait convenable que le mémoire
qu'a fait parvenir un des témoins présents à la Commission
des transports, le juge Bouchard, puisse être inclus au journal des
Débats, pour l'information de tous les intervenants dans le
domaine des transports.
Sans vouloir endosser l'ensemble des jugements qui ont pu être
rendus par le juge Bouchard, ayant été un témoin assez
proche de l'ensemble de l'appareil administratif de la Commission des
transports et de la réglementation, je pense que ce témoignage
peut quand même être valable s'il est inclus dans le journal des
Débats.
Je voudrais également demander au ministre s'il a l'intention
il vient de dire que ce n'est pas le procès de la Commission des
transports, je pense que tout le monde est conscient de ça s'il
ne serait quand même pas souhaitable que, à la fin des auditions,
comme la Commission des transports est en cause, le président de la
commission vienne faire quelques observations sur l'ensemble des
mémoires qui ont été proposés.
De toute façon, nous poserons, s'il y a lieu, les questions aux
différents intervenants et je veux assurer l'ensemble des transporteurs,
à quelque type qu'ils appartiennent, que nous écouterons
attentivement les suggestions qu'ils ont à faire, autant quant à
la réglementation, quant à la déréglementation
qu'au fonctionnement de la Commission des transports et des lois des
transports. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Charlevoix. M. le député de Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: Merci, M. le Président. J'aimerais
également souligner qu'il me fait plaisir de participer à cette
commission et de souhaiter la bienvenue, au nom de ma formation politique,
à tous les représentants des groupements et associations qui sont
impliqués dans le monde du transport au Québec.
Quant à moi, M. le Président, je considère le
rapport CEGIR comme étant une base de discussion à tout
changement éventuel de la CTQ. Je pense qu'il était essentiel, au
point de départ, d'avoir des propositions de changements de cet
organisme afin que les principaux usagers impliqués dans ce domaine
puissent, de leur côté, faire des contrepropositions et apporter
à une table ronde certaines propositions intéressantes.
Je sais que, en général, le rapport CEGIR et son annexe
n'ont pas reçu un accueil chaleureux général et
enthousiaste de la part de l'ensemble des organismes, mais il n'en constitue
pas moins, cependant, une base de départ de la discussion tout à
fait intéressante.
Je pourrais évidemment relever de nombreuses critiques, de la
part des différents groupes impliqués, contenues dans les
mémoires, autant sur la méthodologie de travail empruntée
par CEGIR, autant sur la valeur des recommandations que sur la connaissance des
différents secteurs de l'industrie du transport au Québec, mais
je vais laisser ce soin aux différents représentants des
groupements et associations, afin qu'ils fassent
valoir à la table de cette commission parlementaire leur point de
vue, quitte à poser des questions pertinentes en temps et lieu.
Je crois cependant, M. le Président, qu'il faut quand même
avoir à l'esprit que le rapport CEGIR n'est pas un rapport dont les
recommandations représentent la seule issue possible ou la seule voie
finale de changement, mais précisément peut-être, dans le
sens que j'ai commencé à l'indiquer tout à l'heure, une
amorce de discussion qui saura peut-être trouver, en cours de route, une
forme de consensus pour adapter, dans le sens que le ministre l'a
indiqué tout à l'heure, cette Commission des transports du
Québec aux besoins des usagers d'un Québec moderne actuel.
Par ailleurs, il ne faut pas se surprendre outre mesure si nous
étudions aujourd'hui des propositions fondamentales de changement
à la Commission des transports. On se rappelle un peu du mouvement de
balancier qu'a connu cet organisme dans le temps de l'ancienne Régie des
transports, qui avait certains pouvoirs fort spécifiques et fort
précis, en allant de l'autre côté à ce qui est
actuellement la Commission des transports du Québec. Je pense qu'il est
normal, à ce stade-ci, expérience faite, qu'on cherche à
trouver un moyen terme où ce soit viable pour l'ensemble des organismes
et où le ministère trouve sa part en tant qu'autorité et
en tant que responsable également de certaines décisions dans ce
secteur.
Je pense que c'est essentiellement le sens de la démarche qu'on
poursuit aujourd'hui. Il ne faudrait pas, dans ce sens, interpréter
d'éventuels changements, non plus, à la Commission des transports
du Québec comme étant l'affirmation d'une erreur passée.
Je pense que c'est la démarche d'un organisme qui est né, qui a
grandi, qui a subi certaines modifications et qui doit, d'ailleurs, en subir
d'autres. Je pense qu'il ne serait pas étonnant, non plus, qu'un
prochain gouvernement ait à se rasseoir avec les organismes
concernés et peut-être à réaménager certaines
responsabilités ou un certain modus vivendi à l'intérieur
de ce champ d'activités. Je pense que c'est une démarche normale
surtout dans ce cas, comme le ministre l'a indiqué tout à l'heure
et comme le député de Charlevoix l'a justement souligné
également, surtout dans un secteur aussi mouvant, en fin de compte, que
celui des transports.
D'un autre côté, je ne veux pas non plus, à ce
stade-ci, me lancer dans une critique sévère du rapport CEGIR
qui, comme je le disais, représente une base valable de discussion. Je
pense que, comme députés à cette table de la commission
parlementaire, notre mandat, ce n'est pas de commencer à faire une
critique en profondeur du rapport comme tel, mais d'entendre les organismes
impliqués dans cet organisme qui est régulateur de leurs
activités. Nous sommes donc là pour écouter ces personnes
et, à ce chapitre, en terminant, M. le Président, j'aimerais,
sous forme de suggestion peut-être, devant la commission parlementaire,
faire part de certains commentaires qui nous sont parvenus de la part de
groupements qui seraient peut-être intéressés. Je ne sais
pas si la chose est faisable. Je sais qu'on ne peut pas faire de motion
à ce stade-ci; c'est pour cela que je le fais sous le chapeau d'une
suggestion, à savoir s'il est possible d'entendre peut-être
quelques représentants justement de CEGIR qui pourraient peut-être
nous donner quelques informations justement sur la méthodologie
employée, sur la démarche suivie pour arriver à leurs
recommandations et peut-être quelques éclairages sur le contexte
de leurs recherches qui pourraient peut-être aider à l'ensemble de
nos discussions. Je le fais sous forme de proposition, de suggestion simplement
à la commission parlementaire. Ceci pourrait peut-être être
de nature à aider nos travaux par la suite. M. le Président,
c'étaient les quelques remarques que j'avais à faire pour le
moment.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Richmond. M. le ministre, auriez-vous un commentaire
à ajouter à la suite des remarques?
Réponse du ministre
M. Lessard: Très brièvement, je voudrais d'abord
répondre au député de Charlevoix en ce qui concerne ses
demandes. Oui, je n'ai pas d'objection du tout, au contraire, à
intégrer à l'intérieur du journal des Débats le
rapport, le mémoire qui nous a été présenté
par le juge Bouchard.
En ce qui concerne l'audition du président de la Commission des
transports, j'aurai l'occasion d'en discuter au cours de la journée. On
pourra s'ajuster d'ici à jeudi pour savoir quand, en fait, si le
président le désire, il pourra témoigner. On en discutera
avec les membres de la commission parlementaire. En ce qui concerne CEGIR, oui,
la firme CEGIR témoignera à la fin des auditions, à la fin
de la commission parlementaire. M. Laferrière, le président de
CEGIR, le responsable de CEGIR ici et le responsable du rapport en grande
partie, est ici. Il va assister continuellement à l'ensemble des
délibérations. A la fin, nous allons certainement nous
réserver une heure ou une heure trente pour l'interroger et le
questionner sur l'ensemble du cheminement qui lui a permis d'en arriver
à proposer un certain nombre de recommandations et sur le sens de ces
recommandations.
Il ne faut pas se surprendre je pense bien que c'est comme on le
soulignait ce matin qu'on s'interroge sur le rôle de la Commission
des transports du Québec. Comme le disait le député de
Charlevoix et comme l'indiquait le député de Richmond, c'est
quand même depuis 1972 que cette Commission des transports a
été constituée, à la suite de la régie,
justement, qui existait, et c'est un peu un balancier. D'un côté,
on est allé vers l'autre. Mais ceci ne veut pas dire pour autant qu'il
n'y a pas eu des choses efficaces qui ont été faites par la
Commission des transports. Non seulement au Québec, mais partout
actuellement en Amérique du Nord, on s'interroge
régulièrement et de façon très sérieuse sur
tout l'ensemble des politiques de régulation du transport et le
Québec ne fait pas exception. On n'a qu'à vivre un peu, à
re-
garder un peu ce qui se passe aux Etats-Unis, où on parle de plus
en plus de réglementation, parce que c'est exact qu'on a une industrie
très réglementée et cette réglementation
amène aussi des conséquences qui ne sont pas
nécessairement positives pour l'ensemble des transporteurs du
Québec et aussi l'ensemble des consommateurs. C'est-à-dire que
les réglementations créent des délais et ça
crée aussi du mécontentement; c'est certain qu'ici, on ne pourra
pas satisfaire tout le monde parce qu'il faut un peu, comme
législateurs, être l'arbitre entre les différents
intervenants. Notre objectif est d'essayer de trouver les solutions les plus
efficaces possible pour améliorer la régulation du transport au
Québec, améliorer cette industrie et, en même temps,
créer des relations de communications plus intensives entre le
ministère des Transports, la Commission des transports ainsi que les
transporteurs.
C'est donc dans ce sens-là que nous ouvrons cette commission
parlementaire, M. le Président, et je serai heureux d'entendre les
membres, en commençant, comme je l'ai indiqué tout à
l'heure, s'il n'y a pas d'objection majeure au sein des membres de la
commission parlementaire, par l'Association du camionnage du Québec.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. Avant
d'appeler le premier organisme, j'aimerais vous donner la liste des
associations qui doivent présenter leur mémoire aujourd'hui, afin
qu'elles puissent se préparer. Alors, dans l'ordre tel que je l'ai
on fera la correction après j'avais l'Association des
locateurs de camions et remorques du Québec Inc., rapport 2-M; en
deuxième lieu, l'Association des locateurs de véhicules du
Québec, numéro 21-M; l'Association nationale des camionneurs
artisans Inc., 1-M; l'Association du camionnage du Québec Inc., 12-M;
l'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec, 19-M;
Système de location autos et camions Autohost du Québec, 15-M;
l'Association des propriétaires de navires Inc., et opérateurs de
bateaux-pilotes, 16-M.
Alors, si on fait la modification qui semble satisfaire tout le monde,
on placerait, à ce moment-ci, l'Association du camionnage du
Québec Inc. en premier lieu et on continuerait avec la même liste
après.
S'il n'y a pas d'autres commentaires, j'inviterais donc les
représentants de l'Association du camionnage du Québec Inc.
à se présenter à la table ci-devant. Il y aurait
peut-être lieu, avant d'entendre le mémoire, de s'entendre
également, comme membres de la commission, de vous entendre sur le temps
alloué à chacun des organismes. Est-ce qu'il y aurait des
suggestions? M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, à la suite d'un calcul
assez sommaire, nous estimons à peu près à trois jours la
durée de la commission parlementaire. Nous pouvons passer les 21
mémoires pour autant qu'on s'en tienne à peu près à
une heure par mémoire. Je pense bien qu'il y a des mémoires qui
vont durer moins longtemps, mais cela s'ajusterait à peu près
à une heure par mémoire.
M. Mailloux: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: ... je suis d'accord avec la suggestion du ministre.
Etant donné, par contre, que l'ensemble des associations qui se
présenteront n'ont peut-être pas la même importance, il va
de soi que si elles représentent des secteurs plus nombreux les unes que
les autres, il faudra peut-être donner un peu plus de latitude à
celles qui représentent l'ensemble des transporteurs ou un groupe plus
important.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. On s'entend sur une
moyenne d'une heure approximativement.
M. Lessard: Ce qui veut dire que, normalement, en fait, M. le
Président, c'est à peut près 20 minutes pour la
présentation du mémoire et le reste, ce sont des questions.
Mémoires Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
Association du camionnage du Québec
Inc.
L'Association du camionnage du Québec Inc., dont le porte-parole
est M. Robert Goyette. C'est bien cela?
M. Alary (Jacques): Non. Les porte-parole seront Claude
Camirand...
Le Président (M. Bordeleau): Claude Camirand.
M. Alary: ... Jacques Alary.
Le Président (M. Bordeleau): Jacques Alary. Alors,
monsieur, vous êtes M. Camirand ou M. Alary?
M. Camirand (Claude): Camirand et Jacques Alary.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Vous pouvez y
aller.
M. Camirand: M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission, nous vous remercions de l'occasion que vous nous avez
donnée de casser la glace devant vous. Nous allons procéder...
Est-ce que le micro fonctionne?
Le Président (M. Bordeleau): Voulez-vous approcher votre
micro un peu? Est-ce que cela fonctionne?
M. Camirand: Oui. Cela va bien. Nous allons procéder en
deux parties. Je lirai la première partie du mémoire et Jacques
Alary lira la seconde
partie du mémoire en ce qui a trait aux recommandations
spécifiques sur le rapport CEGIR. (10 h 45)
L'Association du camionnage du Québec est heureuse de pouvoir
émettre ses commentaires sur l'étude commandée par le
ministre des Transports auprès de la firme CEGIR, à la suite des
recommandations de notre association.
L'Association du camionnage du Québec, organisme sans but
lucratif, représente plus de 1400 membres, qui génèrent un
chiffre d'affaires de plus de $1 milliard et fournissent au-delà de 60
000 emplois directs.
Au préalable, nous aimerions informer la commission que
l'Association du camionnage du Québec représente les
intérêts des transporteurs de fret contre
rémunération et ne vise aucunement le transport de personnes,
soit par autobus ou par véhicules-taxis.
Nous avons examiné avec grand intérêt le rapport
CEGIR, commandé par le ministre des Transports comme nous l'avons
dit plus haut relativement à l'étude de la
réglementation sur les transports routiers et de sa mise en
application.
Nous ne voulons pas ici nous prononcer sur tous et chacun des
règlements actuellement en vigueur, mais plutôt exprimer les
objectifs que devrait viser une réglementation sur les transports. Nous
croyons qu'une fois ces objectifs définis, une réglementation qui
aurait pour effet de répondre à ces objectifs et de les
définir pourrait être élaborée de concert avec
toutes les parties intéressées. Notre mémoire se divisera
en trois parties:
Premièrement, principaux objectifs que doit viser une
réglementation sur les transports de biens par route;
Deuxièmement, remarques sur les recommandations faites dans le
rapport CEGIR;
Troisièmement, conclusion.
Premièrement, principaux objectifs. A l'intérieur d'une
réglementation, nous voyons trois principaux secteurs où la
réglementation nous apparaît nécessaire:
Premièrement, l'émission des permis;
Deuxièmement, les taux et tarifs;
Troisièmement, les pouvoirs de contrôle et
surveillance.
L'émission des permis. Sans doute est-il important pour un
territoire comme la province de Québec que le transport de biens sur
route soit limité à ceux qui détiennent un permis ou une
autorisation à cet effet. Cette technique a assuré, à
notre avis, la permanence des services entre les différentes
régions du Québec et a permis de doter le Québec d'une
industrie de transport viable et compétitive. Nous voulons voir, dans
une réglementation sur les transports, des dispositions qui permettent
de refléter la véritable nature de l'industrie, soit une
industrie de service apte à desservir les besoins d'une population et
d'une industrie répartie sur un territoire très vaste dont les
besoins sont très souvent imprévisibles.
Pour atteindre cet objectif, il faut avoir une réglementation
souple qui puisse faire face à des si- tuations complexes. Nous croyons
que la réglementation actuelle ne reflète pas cette situation de
dynamisme.
L'industrie des transports fait face à des situations souvent
critiques, mais se voit appliquer des rgles dignes d'un tribunal judiciaire.
Plusieurs exemples pourraient être donnés sur l'attitude de la
Commission des transports et le fardeau imposé par la commission qui ont
eu pour effet d'alourdir tout le processus d'émission des permis. La
procédure et la règle de preuves sont actuellement plus
importantes que la nécessité publique.
Nul doute, notre industrie ne désire-t-elle pas que
l'émission de permis soit effectuée sans que toutes les parties
concernées puissent être consultées et qu'une enquête
approfondie soit effectuée avant que la délivrance d'un permis ne
soit consentie. Les permis ne doivent en effet être
délivrés que s'il y a absence de service ou que si le service est
effectué à des taux abusifs. Nous croyons que les pouvoirs, la
réglementation et l'attitude de l'organisme qui les applique doivent
refléter cette situation.
Les taux et les tarifs. Depuis l'avènement de la loi de 1972, la
Commission des transports s'est donné pour mission de fixer les taux et
tarifs. La tâche nous semblait énorme, sinon impossible à
accomplir. Sans doute y a-t-il certains avantages à cette fixation.
Toutefois, notre industrie s'est vite rendu compte que les outils
nécessaires pour que telle fixation soit effectuée
n'étaient pas mis en place et que la fixation devenait une
interférence plutôt qu'une aide au public et à l'industrie
du transport.
Nous croyons donc que dans ce secteur, les agents économiques
doivent jouer leur rôle et qu'une réglementation doit être
assez souple pour permettre de rencontrer la plus grande partie, sinon la
totalité des situations.
Il ne faut pas oublier qu'en matière de transport de biens par
route, nous ne sommes pas en face de contrats d'adhésion, mais bien
souvent en face de contrats de transport négociés entre deux
parties, et nous croyons que ce rôle de négociations entre les
parties devrait continuer à jouer un rôle dans la fixation des
taux et tarifs de transport.
Il est certain que nous ne devons pas exclure toute possibilité
d'intervention pour assurer une protection du public et une rentabilité
au sein des entreprises de transport, ce qui, sans doute, assure la permanence
du service. Nous pourrions donc résumer ainsi les objectifs de notre
industrie, en ce qui concerne les taux et tarifs: a)assurer au public des taux
justes et raisonnables; b)assurer une rentabilité au sein des
entreprises de transport; c)assurer une grande flexibilité pour faire
face aux situations diverses; d)laisser jouer autant que possible les forces du
marché.
Contrôle et surveillance. Si les deux secteurs d'activité
décrits plus haut font l'objet d'une réglementation, leur
efficacité découle dans le pouvoir de contrôle et de
surveillance que devrait prévoir une
réglementation. Nousy voyons trois champs d'application
principaux: des décisions de la commission; de l'application
et de l'interprétation des décisions de la commission; du
transport illégal.
Des décisions de la commission. Nous croyons qu'une instance
supérieure doit être en mesure de contrôler les
décisions de la commission et que l'appel des décisions doit
être limité à des questions de droit et non à des
questions de faits, car c'est la commission elle-même qui est
certainement le plus près de l'industrie et le plus en mesure
d'apprécier les faits, de faire ses propres enquêtes et d'adopter
une politique plus cohérente dans l'interprétation des besoins du
public.
L'application des décisions et leur interprétation. Nous
croyons que la réglementation n'a d'effets que si les pouvoirs sont
donnés à des organismes pour en contrôler leur application.
Nous pensons que la réglementation doit prévoir des
mécanismes où les conditions d'application des décisions
de la commission soient déterminées par cette dernière et
que toute interprétation de ces décisions doit être faite
par celle-ci.
Du transport illégal. La loi édicte que nul ne peut donner
un service de transport moyennant rémunération à moins
qu'il ne soit autorisé à cet effet par un permis. Nous croyons
que la réglementation doit avoir pour fins et objectifs de donner
à ceux qui ont charge de contrôle les outils nécessaires et
efficaces pour contrer tout transport sans permis, sans quoi une grande partie
de la réglementation et des facteurs qui justifieraient la commission
à prendre des décisions raisonnables et informées serait
complètement faussée. Si une partie du transport public est
effectuée sans autorisation, cela impose un fardeau
supplémentaire aux détenteurs de permis de transport. Nous
assistons, depuis quelques années, à la prolifération du
transport que nous qualifions d'illégal sous forme de la pseudo-location
à court terme. L'objectif de notre industrie n'est pas d'empêcher
ou prohiber la location à court terme; toutefois, lorsque ce moyen est
utilisé pour effectuer du transport illégal, ce type de transport
illégal vient modifier toutes les règles du jeu pour le
détenteur de permis de transport.
Ce type de transport illégal provoque un
déséquilibre dans les mouvements de transport (ce sont en
totalité des chargements complets) donnés habituellement au
détenteur, lesquels mouvements permettent aux camionneurs publics de
desservir une région et conserver une rentabilité minimum. Ceci
provoque également, par le fait même, une diminution de
l'utilisation des véhicules du transporteur public, ce qui a pour effet
d'augmenter proportionnellement les coûts de ces derniers. Il ne faut pas
oublier que le transporteur public a l'obligation de desservir aussi bien
l'individu que la grosse entreprise.
Je vais laisser la parole à mon confrère Jacques Alary en
ce qui a trait aux recommandations spécifiques sur le rapport CEGIR.
M. Alary (Jacques): Nous allons, dans les pages qui suivent,
commenter les différentes recommandations du rapport CEGIR. Pour
éviter de répéter complètement les recommandations
faites par la firme CEGIR, nous utiliserons une méthode numérique
de référence qui correspond à celle utilisée dans
ce rapport.
Sur les recommandations 1 à 6 inclusivement, qui traitent de
l'élaboration des politiques de transport, nous ne pouvons trop insister
sur l'importance de la consultation en matière d'énoncé de
politique et d'élaboration de règlements. Nous suggérons
la formation d'un conseil consultatif sur les transports qui assisterait la
Commission des transports du Québec dans l'élaboration des
règlements, dont les membres seraient choisis auprès des agents
impliqués, comme l'Association du camionnage du Québec.
Nous sommes d'accord pour que la Commission des transports
détermine les conditions d'exploitation des permis, suivant les termes
de la recommandation no 7 et ceci, après consultation, afin
d'éviter qu'il en résulte des pertes de droits déjà
acquis par des détenteurs de permis.
La recommandation no 8, au sujet du droit de révoquer, suspendre,
modifier les permis, nous semble difficile d'application, étant
donné qu'il pourrait en résulter un tort énorme à
la population québécoise qui a besoin d'un service ordonné
de transport public. Nous pensons qu'il y aurait lieu de prévoir des
mesures pénales et des mesures administratives, telles que
l'immobilisation du véhicule délinquant, accompagnées ou
non d'une amende, ce qui, selon nous, serait plus approprié et plus
réalisable.
Quant aux recommandations 9 et 10, nous aimerions vous énoncer
une politique d'action de l'Association du camionnage du Québec à
l'effet que les taux de transport devraient être fixés et
déposés automatiquement trente jours après leur
dépôt, sauf dans le cas d'opposition.
Les demandes de fixation devraient être publiées dans le
bulletin hebdomadaire de la Commission des transports du Québec;
advenant une opposition, les taux devraient être fixés par la
Commission des transports du Québec dans le même délai. La
pratique actuelle pour les taux et tarifs du Montréal
métropolitain, Mirabel-Québec et Québec
métropolitain continueraient de s'appliquer. Nous aimerions cependant
pouvoir approfondir les modalités d'application des taux et tarifs.
Nous sommes en accord avec la recommandation no 11, ce que nous
préconisons depuis plusieurs années. Nous recommandons cependant
que ce pouvoir puisse être exercé après une première
condamnation. Nous souscrivons à la recommandation no 12, nous ne voyons
aucune objection à ce qu'un transporteur soit obligé
d'étendre son service si l'intérêt public le justifie,
étant donné que, présentement, un détenteur a
déjà l'obligation de donner le service.
Nous ne pouvons qu'être d'accord avec la recommandation no 13,
nous voulons que la Commission des transports du Québec devienne de
plus en plus compétente en matière de transport et nous ne
croyons pas que notre association doive s'ingérer dans l'administration
courante de cet organisme, pourvu qu'elle réponde efficacement aux
objectifs des transporteurs et du public en général.
Nous sommes en accord avec la recommandation no 14 et nous croyons que
le ministère doit continuer à émettre les plaques
relatives aux permis et à percevoir les droits y afférents en
collaboration étroite avec la commission.
Au sujet des recommandations 15, 16, 17, 18, 19 et 20, qui traitent du
respect des lois et règlements, notre association croit que peu importe
de qui relève cette surveillance, l'efficacité doit
prévaloir. Concernant les recommandations 21, 22 et 23, étant
donné que la Commission des transports deviendra, si les recommandations
sont suivies, un véritable tribunal administratif, nous croyons que tout
appel d'une décision de cette commission devrait être
déféré à un tribunal spécialisé en
matière de transport. Nous craignons que l'application de certaines
décisions, si l'appel ne suspend pas l'exécution, ne provoque des
situations quasi irréversibles, dû au délai d'audition de
la cause en appel.
C'est pourquoi nous demandons à la commission parlementaire
d'être extrêmement prudente lorsqu'elle traitera des questions
d'appel. Nous sommes d'accord avec le fait qu'aucun recours au ministre ou
lieutenant-gouverneur en conseil ne soit institué et cela, dans le but
d'éviter que le pouvoir public n'intervienne.
Au sujet des recommandations 24, 25, 30 et 31, nous
réitérons notre remarque mentionnée à la
recommandation 15 concernant la structure de la commission étant
donné que le but recherché est toujours l'efficacité, mais
nous croyons que les membres de la commission devraient être
nommés de façon permanente et cela, dans le but de s'assurer de
l'intégrité des membres et de la cohérence des
décisions.
Nous sommes en accord avec la recommandation no 26 au sujet de la
nomination des membres et nous insistons sur la consultation auprès des
associations de transporteurs. Nous sommes d'avis, suite à la
recommandation no 27, que devrait être enlevée de la loi
l'obligation de nommer des juges à la commission étant
donné que nous voulons que cette commission devienne un tribunal de
commerce, et nous croyons, tel que suggéré à la
recommandation no 28, que ces gens devraient être choisis d'abord en
fonction de leur compétence dans le domaine des transports et de leur
compréhension de la dimension socio-économique de la commission
et de ses objectifs.
Contrairement à la recommandation no 29, nous ne croyons pas que
la formation juridique soit le seul critère dans le choix du
président et du vice-président. Nous avons d'ailleurs fait des
remarques antérieurement au sujet de notre conception de la Commission
des transports comme tribunal administratif et non judiciaire. Relativement
à la recommandation no 30, nous avons établi à la
recommandation 24 notre position au sujet de la durée du mandat des
membres de la commission.
A la recommandation no 31, nous aimerions voir disparaître le mot
"temporaire" étant donné que, selon nous, il semble difficile
à des gens qui n'oeuvrent pas de façon permanente d'assurer le
suivi et le respect de l'orientation des politiques et pratiques de la
commission. Nous sommes en accord avec la recommandation no 32 au sujet des
recommandations 33, 35, 36, 37, 38, 39 et 40; nous aimerions
réitérer notre position décrite à la recommandation
15 où nous demandons l'efficacité, peu importe les moyens
utilisés.
A la recommandation no 34, au sujet du choix, et du développement
des modes de régulation, nous voudrions être certains que notre
association ou toute autre partie intéressée soit
consultée avant tout changement, afin de s'assurer que ces
procédures et règlements seront faciles d'application. (11
heures)
Concernant les règles et pratiques de la Commission des
transports du Québec mentionnées à la recommandation 41,
nous croyons que ces règles devraient être élaborées
avec l'aide d'un comité consultatif auquel nous faisions
référence au tout début de notre présentation et
que ces règles devraient être approuvées par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Nous sommes en accord avec la recommandation no 42, qui traite du
bulletin hebdomadaire, pourvu que cette mesure diminue les délais.
Nous voulons, tel que stipulé au no 43, voir réduire les
délais d'opposition et nous aimerions que les décisions soient
effectives dans les plus brefs délais.
Nous désirons que la Commission des transports continue à
instituer de procédures officieuses, tel qu'énoncé aux
recommandations 44 et 49 (tables rondes ou consultations), pour autant que les
informations recueillies deviennent disponibles au public.
Au sujet de la recommandation no 45, nous sommes d'accord avec cette
dernière, mais nous aurons, en temps et lieu, des remarques à
faire sur le contenu que devrait comporter une requête.
Nous sommes contre le principe énoncé à la
recommandation no 46, c'est-à-dire qu'un seul membre puisse
siéger en audition publique; nous recommandons un minimum de deux et,
dans le cas de désaccord entre les deux, nous recommandons que la cause
soit renvoyée à un banc de trois et cela, dans les plus brefs
délais.
Si la recommandation no 47, traitant des commissaires-enquêteurs,
est retenue, nous aimerions que les rapports et témoignages soient
rendus publics.
Nous appuyons la procédure énoncée à la
recommandation no 48. Toutefois, nous demandons que la partie adverse ait le
privilège de pouvoir interroger celle qui a déposé par
écrit.
Lorsque l'on parle, à la recommandation no 50, du renouvellement
des permis, notre association croit que ces permis devraient être
renouvelés automatiquement sur paiement des droits, à moins
d'être annulés pour cause.
Nous ne commenterons pas ici la recommandation no 51, portant sur le
connaissement uniforme, car une formule de connaissement a été
adoptée par l'arrêté en conseil 986-79, en avril dernier,
et est effective depuis le 1er juin.
Lorsqu'il est traité, à la recommandation no 52, des
conditions minimales de tarifs, nous voudrions que ces conditions minimales
soient sujettes à une étude afin de vraiment voir toutes les
facettes que peut impliquer une telle disposition.
CEGIR recommande, à la recommandation no 53, la rédaction
de textes réglementaires par la commission. Nous réitérons
notre position selon laquelle le pouvoir de réglementation de la
Commission des transports du Québec soit exercé en consultation
avec les personnes concernées, comme notre association.
Concernant la recommandation no 54, nous sommes d'accord pour que les
textes soient rédigés de manière à conférer
à la commission une discrétion, mais pour autant qu'il y ait des
principes directeurs, dans le but de s'assurer une cohérence dans les
décisions.
Nous ne pouvons que féliciter CEGIR pour la recommandation no 55,
c'est-à-dire que les textes soient rédigés de façon
à réduire au minimum les difficultés
d'interprétation et les questions de droit, d'autant plus que nous avons
maintes fois soutenu que la Commission des transports devrait être un
tribunal administratif et non un tribunal judiciaire.
En plus des recommandations ci-haut, nous aimerions suggérer
à la commission parlementaire que la représentation devant la
Commission des transports du Québec ne soit pas exclusive aux
conseillers juridiques, mais qu'elle permette à tout individu mandataire
de pouvoir représenter une corporation devant la commission, tout comme
présentement un individu peut se représenter lui-même.
Cette pratique se fait d'ailleurs présentement en Ontario.
Conclusion: M. le ministre et MM. les membres de la commission
parlementaire, nous voulons profiter de l'occasion pour vous offrir notre
collaboration dans toutes les démarches qui auront pour but de faciliter
la mise en pratique des différentes recommandations qui seront
retenues.
Nous vous remercions de nous avoir permis de vous présenter les
différentes recommandations de notre association et souhaitons que le
tout puisse être réalisé dans un avenir rapproché,
afin que les membres de l'Association du camionnage du Québec puissent
continuer à desservir le public de façon efficace.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le ministre.
M. Lessard: Merci aux représentants de l'Association du
camionnage du Québec. Je pense que votre mémoire nous propose des
choses très précises en ce qui concerne les recommandations qui
nous sont faites dans le rapport CEGIR.
Je voudrais d'abord puisque vous nous présentez un
mémoire qui est très général sur les
propositions 1 à 6 en particulier, je constate que ce sont des
propositions très fondamentales, très importantes, à
savoir si, par exemple, la réglementation va être faite au niveau
du ministère comme tel et appliquée, par la suite, au niveau de
la commission, ou si on ne devrait pas donner un plus grand pouvoir de
réglementation à la Commission des transports. Je pense que c'est
un point fondamental, parce qu'on parle toujours de volonté d'assouplir
la réglementation. Vous affirmez même un peu plus loin dans votre
mémoire que votre intention, en fait, ce que vous cherchez dans le fond,
c'est l'efficacité, la souplesse.
Vous indiquez à la page 2 de votre mémoire, par exemple,
que la réglementation actuelle ne reflète pas cette situation de
dynamisme de votre industrie. J'aimerais savoir, parce que c'est sur cela, par
rapport à l'ancienne régie qu'il faut aussi se brancher, si la
réglementation qui est faite au ministère est trop rigide, si
cette réglementation devrait être laissée plus à la
Commission des transports du Québec et de quelle façon, par
exemple, la nouvelle réglementation du ministère ou la nouvelle
réglementation de la commission devrait ou pourrait refléter,
comme vous l'indiquez à la page 2, le dynamisme de votre industrie.
M. Alary: Dans notre présentation, nous ne nous
référons pas directement au fait que la loi devrait être
faite par la Commission des transports. Ce dont nous voulons être
assurés, et ce dans le but de rendre efficace le transport au
Québec, c'est que notre association soit consultée et qu'on forme
un comité où les agents qui ont à oeuvrer dans le domaine
des transports puissent intervenir afin de rendre cette loi vraiment efficace.
C'est le but recherché.
M. Lessard: Vous n'avez pas d'objection, en fait, vous n'avez pas
d'idée précise en ce qui concerne la place où devrait
s'élaborer la réglementation. Que ce soit au ministère,
que ce soit à la Commission des transports, ce que vous désirez,
c'est d'être consultés sur cette réglementation.
M. Alary: Et que cette réglementation soit acceptée
par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Lessard: Soumise au lieutenant-gouverneur en conseil. Que ce
soit fait par le ministre ou par la commission, pour vous, il n'y a pas...
M. Alary: A condition qu'on puisse donner notre opinion et voir
comment on va pouvoir vivre avec cette réglementation.
M. Lessard: En ce qui concerne justement la question de
l'émission des permis, actuellement, par exemple, vous affirmez que ce
sont des questions judiciaires, des questions de droit qui importent devant la
Commission des transports plutôt que la nécessité du
service. Vous affirmez à la page 3: "Les permis ne doivent en effet
être délivrés que s'il y a absence de service". Cela est
facile. Il n'y a pas de problème. C'est facile à
interpréter. Il
n'y a pas de service. Dans le cas du transporteur qui veut donner le
service, je pense que, de ce côté, du côté de la
commission comme du côté du ministère, il n'y a pas de
problème qui se soulève de façon très
sérieuse. C'est lorsque le service est déjà
effectué et qu'une autre demande est faite devant la Commission des
transports, et vous indiquez que le service ne devrait être
délivré que si ce service est effectué à des taux
abusifs. Quels seraient les critères de contrôle des taux abusifs,
s'il y a lieu? Sur quels critères la commission devrait-elle se
baser?
M. Camirand: Je pense que ce sont des critères purement
économiques. Quand on parle de taux abusifs, à ce moment, je
pense qu'il y a des formules d'établissement de taux qui sont
communément acceptées et je pense qu'il y a des situations
particulières où cela nécessite une étude et
où on dirait que, dans tel cas particulier, il y a des taux abusifs qui
sont chargés par un transporteur. Nous pensons que, pour
l'émission des permis, par exemple, si le transporteur exige des taux
abusifs, il pourrait y avoir d'autres permis qui soient émis ou
intervention de la commission, à ce moment, pour faire diminuer les
tarifs.
M. Lessard: En ce qui concerne la proposition du rapport CEGIR,
à savoir que la Commission des transports ne devrait plus fixer les taux
et tarifs et qu'elle devrait accepter que ces taux et tarifs soient
déposés, la commission peut cependant intervenir justement si
elle constate parce que la commission a pour objectif la protection du
public qu'il y a abus. Actuellement, qu'est-ce que vous pensez du fait
que, par exemple, la commission détermine les taux et tarifs, fixe les
taux et tarifs? Est-ce que vous êtes d'accord avec la recommandation de
CEGIR que les transporteurs devraient tout simplement déposer leurs
taux?
M. Alary: Dans nos recommandations, nous disons que nous devrions
déposer les taux pour qu'ils soient effectifs trente jours après
le dépôt et, acceptés, qu'ils soient fixés par la
Commission des transports; dans d'autres cas, on demande une fixation
générale, comme dans le cas de Montréal, Montréal
métropolitain et Québec, Québec métropolitain, pour
des raisons qu'au niveau économique, on fasse affaires avec des
régions qui sont à peu près homogènes et que les
transporteurs à l'intérieur aient à peu près les
mêmes dépenses, soit au niveau salarial, ou au niveau des achats.
Mais dans le cas de fixation ou de dépôt, on demande que ces taux
soient effectifs dans les 30 jours après le dépôt ou la
fixation, s'il n'y a pas eu opposition.
De toute façon, nous avons deux organismes, soit le Bureau des
tarifs du Québec et la Conférence des camionneurs, qui sont les
agents des transporteurs au niveau des taux et tarifs, qui vont faire leurs
recommandations plus particulières, touchant ce secteur des taux et
tarifs.
M. Lessard: Concernant la consultation, vous recommandez la
formation d'un organisme, en fait, d'un conseil consultatif du transport qui
serait relié à la Commission des transports.
Ce conseil consultatif existe actuellement, dans la loi de 1972. Le
problème que je me suis posé, lorsque j'ai eu à prendre la
décision de renouveler le Conseil consultatif du transport, était
à peu près celui-ci: Est-ce que le Conseil consultatif du
transport devrait être constitué de membres nommés par les
organismes représentatifs du transport, en fait, nommés en
consultation par le ministre, le lieutenant-gouverneur en conseil
avec les organismes impliqués dans le secteur du transport? Et est-ce
que ces membres parce que c'est un peu ce que je constatais auparavant
devraient être nécessairement des membres qui sont
officiers, à l'intérieur de ces organismes? Par exemple, un ou
deux délégués de l'Association du camionnage du
Québec. Un délégué qui viendrait de l'Association
nationale des camionneurs artisans ou de tout autre groupe.
Le danger que je voyais là-dedans, c'est que ça devienne
parce qu'au ministère, il faut, bien souvent, arbitrer entre
différents groupes un peu un forum de combat le danger que
j'y ai vu, en tout cas, je ne sais pas si c'est un danger réel
c'est-à-dire que chaque association défende non pas d'abord
l'intérêt de l'industrie du camionnage comme tel, global, que
ça comprenne les locateurs, le vrac, le camionnage
général, à un moment donné, contre
rémunération... Le danger que je voyais justement, c'était
que ça devienne un forum de débats ou de batailles, alors que
l'autre objectif on pourrait poursuivre aussi pourrait être
celui-là, à savoir que le lieutenant-gouverneur en conseil, en
consultation avec les organismes c'est certain qu'il faut toujours
parler des consultations ne nomme pas nécessairement des gens qui
sont officiers à l'intérieur d'organismes de camionnage, mais des
gens qui sont reconnus strictement pour leur compétence et qui ne
seraient pas nécessairement des présidents, des
vice-présidents ou des secrétaires d'organismes de
camionnage.
C'est entre ces deux formules que je me sens divisé. La
première, à savoir que c'est un peu à la demande de bien
des associations de transporteurs qui m'indiquent qu'elles voudraient bien que
leur président soit membre du Conseil consultatif du transport. J'ai
peur de cette formule. Peut-être que c'est à tort. Je souhaiterais
peut-être davantage l'autre et je suis prêt à revenir avec
le Conseil consultatif du transport, mais je souhaiterais davantage l'autre
peut-être, à savoir, un organisme qui ne viendrait pas, qui ne
serait pas des défenseurs des organismes strictement défenseurs
d'intérêts professionnels d'associations ou de corporations.
M. Alary: M. le ministre, là-dessus, notre association
croit peut-être que l'association devrait faire partie du conseil
consultatif et qu'elle ait le loisir de choisir les compétences qu'elle
veut envoyer pour travailler sur tel ou tel projet de réglementation,
parce que nous croyons qu'une seule
personne nommée, à l'intérieur d'un organisme, n'a
pas nécessairement toutes les compétences voulues pour
répondre à tous les secteurs qui touchent soit l'industrie du
camionnage ou le secteur des transports.
Si le choix est donné à l'association d'envoyer la
compétence qu'elle juge la meilleure pour défendre tel ou tel
dossier, je crois qu'on devrait lui laisser le choix de le faire.
M. Lessard: Mais je veux bien distinguer l'organisme consultatif
du transport qui est un organisme de consultation pour le ministre. Il y a
quand même d'autres consultations que nous faisons lorsque nous
élaborons des règlements, à savoir que nous consultons
directement votre organisme ou d'autres organismes. (11 h 15)
Par exemple, à chaque année, je reçois
l'Association du camionnage du Québec et on discute de
réglementation possible, mais en ce qui concerne l'organisme consultatif
comme tel, je verrais difficilement, que les membres soient changés
selon la réglementation.
M. Alary: D'accord. A ce moment-là, nous croyons qu'on
devrait laisser l'Association du camionnage du Québec nommer son
représentant au sein du comité.
M. Lessard: Mais est-ce que le danger, à ce
moment-là, ce ne serait pas qu'on ait un forum de débats,
c'est-à-dire que, par exemple, l'affrontement entre le transport en vrac
et le camionnage en général, l'affrontement entre les
associations de locateurs et le camionnage en général ou en vrac
et ainsi de suite, cela deviendrait en fait des positions d'affrontement
plutôt que des discussions qui vont toucher le bien de l'ensemble du
camionnage au Québec? Moi, c'est le danger que j'y vois.
M. Camirand: Cela dépend des objectifs qu'on voit à
ce comité consultatif. Je pense que dans une situation de conflit, on
peut certainement faire ressortir des solutions ou des avantages d'une solution
plutôt que d'une autre et je pense que souvent, on trouve de bonnes
solutions dans une situation de conflit. Vous connaissez peut-être plus
que nous les effets ou les bienfaits de l'ancien Comité consultatif des
transports; vous sembliez dire que cela n'avait pas eu tellement
d'efficacité ce...
M. Lessard: Non...
M. Camirand: ... comité consultatif.
M. Lessard:... il y a des mémoires qui ont
été remis.
M. Camirand: Ce qu'il faut, c'est essayer d'imaginer une autre
formule où les associations comme vous le dites, il y aurait
peut-être des situations de conflit où des solutions
pourraient apparaître à l'intérieur de ces conflits. Mais
je pense que pour entendre la parole, de façon officielle, des
différentes associations, il est important qu'on établisse des
structures qui permettent à ces associations de se faire entendre sur
des problèmes, de se faire entendre de façon périodique
sur les problèmes qu'elles rencontrent.
M. Lessard: Une autre question concernant l'appel des
décisions de la Commission des transports. On a eu le tribunal des
transports; vous connaissez les problèmes que nous avons eus à ce
tribunal administratif qui a été reconnu comme inconstitutionnel
et le rapport CEGIR recommande que toute question de droit soit soumise
à la Cour d'appel, à une cour, un organisme judiciaire
régulier. Vous ne semblez pas être d'accord avec cette
proposition, puisque vous recommanderiez probablement, en relation avec les
recommandations 21, 22 et 23 de CEGIR, si j'ai bien compris, la constitution
d'un tribunal spécialisé des transports qui serait responsable
des appels de droit de la commission en relation avec les décisions de
la Commission des transports. Pourriez-vous expliciter un peu; quelle serait en
fait l'instance supérieure, selon vous? C'est un tribunal
spécialisé ou si on laisse faire les tribunaux ordinaires?
M. Camirand: Naturellement, on ne veut pas se prononcer sur la
constitutionnalité d'un tel tribunal. On sait qu'on a des
problèmes au niveau de la constitutionnalité d'un tel tribunal.
Cependant, ce que nous disons, c'est que, normalement, un tribunal civil qui
est appelé à interpréter dans un domaine très
spécifique comme des permis, une ordonnance générale du
camionnage où ces permis sont émis dans un certain contexte, dans
un environnement économique, on pense qu'un tribunal qui est
appelé à interpréter même du droit dans un
environnement économique devrait être spécialisé
dans ce domaine. Cela va assurer une cohérence dans l'application des
décisions. Evidemment, s'il y a un problème
d'interprétation d'une décision, cela sera donné à
la Commission des transports et après cela, il y a une procédure
d'appel. Souvent, la plupart du temps, les problèmes
d'interprétation, ce ne sont que des questions de droit. Si on veut
s'assurer une certaine permanence ou une certaine cohérence à
l'intérieur de ces décisions, on suggère qu'un tribunal
spécialisé soit constitué. On connaît les
difficultés, c'est-à-dire qu'on a entendu parler des
difficultés de constituer un tel tribunal. C'est notre recommandation.
Naturellement, si on nous dit que la constitution d'un tel tribunal est
absolument inconstitutionnelle, on se pliera à cette
décision.
M. Lessard: Mais si des appels de la commission, en relation avec
des décisions de la commission, se font sur des questions de droit
je ne suis pas avocat; je voudrais simplement avoir des explications
car c'est différent si cela se fait sur des questions de droit
plutôt que sur des questions de fait, vous jugez et vous constatez que la
Commission des transports est habilitée, étant
donné sa spécialisation elle est déjà
spécialisée dans le secteur à prendre des
décisions sur des questions de fait. Si les appels des décisions
se font sur des questions de droit, en quoi devrait-on exiger que ce soit un
tribunal spécialisé du transport?
M. Camirand: A la lecture de l'ordonnance générale
du camionnage, quand on regarde la complexité des permis, quand on parle
des permis de route, de routes restreintes et toutes les conditions qui sont
attachées à ces permis, je pense que c'est très difficile
de clarifier jusqu'à la plus fine pointe tous les règlements. Je
pense que, si c'est donné à un tribunal de droit commun, à
un tribunal civil, on risque d'arriver à des situations cela
résulte peut-être d'une imprécision de la
réglementation où on va avoir une interprétation de
la Cour d'appel qui est donnée, une interprétation qui semble
logique, mais qui empêche les transporteurs de fonctionner.
C'est notre crainte; je ne dis pas que cela va arriver
nécessairement. On préférerait voir un tribunal
spécialisé manipuler ce type d'appels sans mettre en doute la
compétence de nos juges de la Cour d'appel.
M. Lessard: Vous revenez souvent, que ce soit dans vos
mémoires annuels ou que ce soit ici dans le mémoire, à la
page 5, sur la prolifération du transport que nous qualifions
d'illégal, sous forme de la pseudo-location à court terme. On va
entendre les locateurs tout à l'heure. Cela revient constamment. Selon
vous parce que la commission a des pouvoirs quels seraient les
pouvoirs nouveaux, s'il y a lieu, ou encore l'application de pouvoirs existants
qu'on devrait inscrire pour éviter ce transport illégal? Est-ce
que vous pensez qu'on peut véritablement en arriver à
arrêter complètement ce transport illégal? Quels seraient
les moyens à prendre?
M. Camirand: Je peux certainement me prononcer sur la
deuxième partie de votre question, à savoir quels sont les
pouvoirs. Je pense que la commission a certainement une partie de ces pouvoirs
et on pourrait en ajouter d'autres comme celui de convoquer ceux qui effectuent
le transport illégal. Je ne pense pas, s'ils sont non-détenteurs
actuellement, qu'elle puisse les convoquer. On pourrait certainement, sur
plainte soit des officiers du ministère ou soit des camionneurs,
convoquer ces gens et, avec les autres recommandations, soit leur donner des
infractions, soit immobiliser les véhicules.
Je pense que la commission devrait se doter de mécanismes
d'enquête sur le transport qu'on qualifie d'illégal. En fait, la
forme que cela prend, je pense bien qu'il n'y a pas de secret, on comprend des
compagnies de chauffeurs ou des "drivers pools", comme on dit, et on fait de la
location à court terme; c'est effectivement du transport. On prend la
responsabilité de la marchandise totalement, on transporte de la
même façon du point A au point B, on fournit tout.
M. Lessard: En fait, vous connaissez le problème des
compagnies intégrées dans le domaine maritime, dans les chemins
de fer et dans le transport. Il y a une question constitutionnelle
là-dedans aussi.
Enfin, j'aurais une dernière question, M. le Président,
qui est peut-être assez large, pour permettre à d'autres de poser
des questions parce qu'il y a beaucoup de choses dans ce mémoire. En
fait, c'est à la demande des transporteurs qu'on a décidé,
justement, de confier à CEGIR une étude de la Commission des
transports. Vous avez eu l'occasion de les rencontrer, vous avez
été consultés par CEGIR comme tous les autres organismes
impliqués dans le transport ont été consultés par
CEGIR. Quels sont, selon vous et c'est à cela qu'on essaie de
trouver des solutions pour l'Association du camionnage du Québec,
les problèmes concrets, je dirais quotidiens, journaliers, que vous avez
rencontrés, les problèmes sérieux que vous avez
constatés depuis quelques années à la Commission des
transports? Est-ce que ce sont des problèmes de délais
considérables, des problèmes de réglementation? Quels sont
les problèmes, en fait, auxquels on devrait tenter de trouver des
solutions?
M. Alary: Si on résume un peu, les problèmes de
délai, c'est déjà le point majeur ou un des points
majeurs. On sait qu'avant d'avoir une décision cela peut prendre sept,
huit, neuf mois, cela peut prendre un an. Bien souvent, la décision est
rendue après le fait, soit que le transporteur ait décidé
d'effectuer le transport et reçoit le permis pour l'effectuer, six mois
après. Dans le cas des taux, c'est la même chose.
On a eu également le problème de l'incohérence de
certaines décisions. Pour donner deux exemples d'incohérence, on
disait qu'avant peut-être il y a deux ans, ça prenait un permis
pour transporter les petits colis. Les gens se sont prévalus de ces
permis-là, on a eu une décision à l'effet que lorsque ce
transport est effectué par automobile, ça ne prend plus de
permis. Nous, en tant qu'association, en tant que transporteurs qui
s'étaient organisés, qui s'étaient pliés aux
exigences de l'ancienne régie et de la commission, nous nous
étions prévalus de ce privilège ou de ce permis pour
effectuer ce genre de transport. On voit arriver des concurrents autour de nous
qui ne sont pas détenteurs de permis et on fait des
représentations auprès du ministère des Transports afin
d'obtenir un règlement sur le transport des petits colis.
Dernièrement une autre décision a été rendue
à l'effet que pour effectuer le transport d'animaux vivants,
étant donné que selon la définition du mot "marchandise",
les animaux vivants ne sont pas considérés comme marchandise,
donc, ça ne prend plus de permis de la commission pour effectuer ce
genre de transport. A ce moment-là, soit qu'on aille en appel de la
décision ou soit qu'on demande une nouvelle réglementation, nous
allons être obligés d'intervenir.
Si on regarde les décisions qui avaient été rendues
antérieurement, soit par la régie, soit par la commission, on
demandait aux gens de se prévaloir d'un permis pour effectuer ce genre
de transport, étant donné que c'est une spécialité.
Je ne sais pas si des gens, ici, sont propriétaires de chevaux de
courses, mais quand on parle d'un animal de $500 000 ou $600 000, on demande
une certaine protection et on demande une compétence pour le transporter
et c'est le rôle d'un transporteur général. Ce sont des
problèmes auxquels nous avons eu à faire face.
M. Lessard: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, avant de poser ma question,
je voudrais faire une observation au ministre. Je ne sais pas s'il serait
d'accord. Etant donné l'importance du mémoire de l'Association du
camionnage du Québec et le noyau qu'il représente, s'il arrivait
qu'en cours de route lui, moi-même ou un autre nous oubliions de poser
une question importante, je pense qu'on devrait pouvoir y revenir.
M. le Président, j'ai déjà entendu...
M. Lessard: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard:... je n'ai pas d'objection. Tout est fonction de la
disponibilité des représentants de l'association. D'accord.
M. Alary: Nous serons ici tout le temps de la commission,
à la disposition de la commission.
M. Mailloux: M. le Président, comme extitulaire du
ministère dans les dernières années, j'ai entendu
souventefois l'ensemble des doléances de l'Association du camionnage du
Québec et je reconnais son importance. Je reconnais évidemment
l'utilité qu'elle a à travers le Québec. La
première question que je voudrais poser à ceux qui sont à
la barre est la suivante: Depuis 1972, depuis l'avènement de la
Commission des transports, les taux sont fixés par la Commission des
transports. Tantôt le ministre vous posait des questions quant au
dépôt des taux, que vous suggérez dans votre
mémoire, plutôt qu'à la fixation des taux par la Commission
des transports. L'interrogation que j'ai à l'esprit est la suivante et
j'aimerais que vous tâchiez de nous informer. Vous dites que s'il y a
dépôt des taux et s'ils ne sont pas contestés dans les 30
jours qui suivent, les taux s'appliquent. Vous mentionnez dans votre
mémoire qu'il est temps que les forces du marché jouent pour le
consommateur et l'ensemble des transporteurs qui sont impliqués. Ce que
je voudrais savoir, c'est sur le point suivant: Sur un circuit donné,
vous avez un nombre de transporteurs donné, disons la Côte Nord,
quatre ou cinq transporteurs qui sont en cause. Qu'ar-rive-t-il, en raison de
l'importance d'un transporteur et un transporteur plus réduit qui serait
sur le même parcours, de la concurrence, s'il y a dépôt des
taux et si le transporteur qui n'a pas la force du plus important ne peut vivre
dans un tel contexte?
Je m'explique davantage. Est-ce qu'un transporteur important ne pourrait
pas, sur un circuit donné, devant des taux déposés,
être placé devant la faillite de son investissement si un
concurrent veut déposer des taux qui, pour un certain temps,
continueraient à le faire vivre sans profit, mais pour faire
disparaître la concurrence? Qu'arriverait-il dans ces
conditions-là? Est-ce que cela pourrait arriver? (11 h 30)
M. Alary: S'il y avait un taux non rentable qui était
déposé ou demandé dans les trente jours, à ce
moment-là, il y aurait certes opposition des transporteurs
impliqués ou il y aurait une preuve que celui qui dépose le taux,
dépose un taux qui est non viable et que cela va amener à court
terme la disparition de ce transporteur. Entre autres, il faut quand même
faire une distinction entre les différentes sortes de taux où on
a ce qu'on appelle les taux de classes, qui sont généraux pour
ceux qui ont un petit volume, et un taux de commodité qui est
donné sur certains genres de transport et les taux à contrat.
Lorsque nous parlons des deux premières catégories de
taux, nous voyons, ainsi que le Bureau des tarifs et la Conférence des
camionneurs qui vont faire leurs représentations sur les taux aussi,
à ce que ces taux soient effectifs pour tous les expéditeurs et
en même temps tous les transporteurs. Lorsque nous parlons de taux
à contrat, ce sont quand même des taux convenus sur un volume
garanti. Il y a une certaine différence. C'est pour ça
qu'à ce moment, on peut se permettre de faire jouer les forces de la
concurrence, les forces du marché, parce que, bien souvent, le taux
à contrat, c'est le dernier taux qui va être donné par un
camionneur public avant que l'expéditeur loue à long terme des
camions ou les achète.
A ce moment-là, il faut quand même qu'on garde une
surveillance, parce que, dans notre présentation, on dit qu'il faut que
ces taux soient justifiés; en laissant jouer les forces et en apportant
une certaine surveillance, nous ne croyons pas qu'il y ait vraiment danger de
disparition.
M. Mailloux: L'ensemble de vos membres, malgré que le
Bureau des tarifs pourrait se faire entendre, advenant que le taux
déposé soit très bas, acceptent une recommandation
semblable, pour que, dans tout le Québec, contrairement à la
réglementation fixée par la Commission des transports, ce soient
les forces du marché qui jouent.
M. Alary: Tout à l'heure, dans notre mémoire, si
vous avez bien remarqué, on dit que, dans certaines régions, nous
voulons garder la fixation générale, comme Montréal, le
Montréal métro-
politain, Québec, le Québec métropolitain,
Mirabel.
M. Mailloux: C'est ce qui vous fait invoquer qu'un partie du
territoire du Québec devrait conserver des taux fixés par la
Commission des transports?
M. Alary: C'est parce qu'à l'intérieur de ces
territoires, nous faisons face à des coûts qui sont à peu
près les mêmes, face à des situations ouvrières qui
sont à peu près les mêmes et à un marché qui
est à peu près le même, tandis que, lorsqu'on
s'éloigne des différents gros centres, il y a peut-être un
jeu de concurrence qui peut être joué, et ensuite le fait qu'il y
a un concurrent qui vient en ligne de compte, la location à court terme,
et il y a le transporteur privé, qui ne se manifeste pas autant dans les
centres comme Montréal, le Montréal métropolitain ou
Québec. Il y a une différence économique au niveau de
l'implication.
M. Mailloux: Quant à la Commission des transports, je
pense qu'une des grandes doléances qui est faite, depuis plusieurs
années, c'est sa lourdeur administrative. Vous exprimez également
le fait que la commission s'est trop penchée sur les questions
juridiques et est passée sur le problème administratif.
Est-ce que vous croyez que c'est parce que la loi qui régit la
Commission des transports ou la Loi des transports est mal faite ou que c'est
à cause du fonctionnement de l'effectif de la Commission des transports
et à ses méthodes administratives?
M. Camirand: Je pense que c'est partiellement une réponse,
partiellement les deux. On pense que, même si elle pouvait agir avec une
certaine souplesse, parce qu'il reste que, dans l'ordonnance
générale du camionnage, il y avait une certaine souplesse
à l'intérieur des textes réglementaires, la Commission des
transports n'a pas utilisé cette souplesse, ce qui a rendu
extrêmement rigides les procédures devant la Commission des
transports.
Il y a les textes aussi, comme le rapport CEGIR le soulignait, la
réglementation et la règle. La commission doit émettre les
permis strictement dans le cadre des règlements, il fallait absolument
qu'il y ait un règlement. C'est peut-être l'élément
le plus nouveau qui a fait que la Commission des transports s'est sentie
obligée d'agir dans un cadre extrêmement rigide.
M. Mailloux: Je voudrais passer au transport illégal dont
a parlé le ministre également. Est-ce que le transport
illégal est fait principalement par des gens qui sont membres de votre
association? Dans les faits?
M. Alary: Dans les faits, non, pas nécessairement. Lorsque
les gens sont détenteurs d'un permis de la Commission des transports et
lorsqu'ils sont membres chez nous, en tant que camionneurs, ils travaillent
selon leur permis. Lorsqu'on réfère à la location ou au
transport illégal, par le biais de la location, ce sont peut-être
les mêmes gens ou certains d'entre eux, mais nous, nous sommes une
association de camionnage et non pas une association de locateurs. A ce moment,
lorsqu'ils sont membres chez nous, lorsqu'ils exploitent leur compagnie de
transport, qui doit d'ailleurs avoir une entité différente de
leur compagnie de location, la compagnie, membre chez nous, fonctionne de
façon légale, le permis leur est accordé par la
commission.
M. Mailloux: Vous avez également parlé, dans votre
mémoire, du conseil consultatif qui devrait être l'outil par
excellence pour la préparation des règlements et des politiques
administratives de la commission.
Ayant été, moi-même, au centre du problème,
un certain temps, je voudrais qu'on m'indique de quelle façon il y
aurait possibilité de nommer un conseil consultatif, pris à
l'intérieur des forces du milieu, qui sont quand même assez
disparates, et qu'on puisse éliminer l'élément politique
d'une décision finale, qui sera quand même un jour donnée
par quelqu'un. Qui, à votre sens, devrait, en dernier ressort, choisir
parmi tous les candidats qui pourraient former un tel conseil consultatif et
voyez-vous une possibilité que l'élément politique puisse
être éliminé?
M. Camirand: Ce qu'on a répondu, tout à
l'heure...
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, s'il vous
plaît! Est-ce que vous pourriez rapprocher votre micro, il semble que les
gens dans la salle entendent mal?
M. Camirand: D'accord, je m'excuse. Le Président (M.
Bordeleau): Merci.
M. Camirand: Ce qu'on a suggéré, tout à
l'heure, c'est une forme d'accréditation de certains organismes, mais
que les organismes auraient la possibilité de nommer des
représentants. Je pense que, au niveau du pouvoir, on ne veut pas
enlever le pouvoir du ministre de décider quelles sont les politiques de
transport, je pense que c'est son rôle, au niveau du public, de
déterminer quelles sont les politiques de transport; mais, en ce qui
nous concerne, on croit que l'accréditation d'organismes qui, eux,
pourraient déléguer un membre à l'intérieur d'un
comité consultatif, on pense que ce serait une solution qui serait
viable et efficace.
M. Mailloux: II y a un conseil consultatif qui a
été formé; je n'ai pas à me prononcer sur les
recommandations qu'il a faites, probablement qu'on peut dire
immédiatement que ces suggestions n'ont pas été retenues
ou qu'on ne l'a pas fait travailler assez. Je pense, quand même, que les
membres de ce conseil consultatif venaient de
certains groupes de transporteurs; on peut évidemment le modifier
au complet et tâcher de trouver des sujets qui seraient davantage
éclairés sur tous les types de transports qui sont
impliqués, mais, en dernier ressort, il demeure que ce conseil
consultatif devra toujours être nommé par le ministre et
être sujet aux aléas de gens qui viendront d'un secteur
donné. Je pense qu'il n'y a rien d'autre qui peut être fait que ce
qui a été fait dans le passé, quitte à
l'améliorer.
M. Alary: D'accord, mais ce que nous voulons, c'est que ce
conseil consultatif soit vraiment consulté, qu'il ne soit pas
nommé et... Je pense que depuis deux ou trois ans il n'a pas
siégé souvent.
M. Mailloux: Est-ce que, dans votre suggestion, c'est votre
intention que le conseil consultatif ait un pouvoir de décision sur les
suggestions qu'il ferait?
M. Alary: Non, je pense que c'est vraiment consultatif et il fera
ses recommandations au ministre, au niveau de l'implication de certains
règlements ou certaines règles sur, soit l'application, comment
vivre avec, ce qui va arriver si c'est adopté, etc.
M. Mailloux: Je comprends le voeu que vous exprimez, mais si on
comprend le terme conseil consultatif, ce n'est pas un conseil
décisionnel.
M. Alary: C'est ça.
M. Mailloux: C'est un conseil habilité à fournir
des suggestions que pourra retenir ou ne pas retenir le lieutenant-gouverneur
en conseil ou l'autorité politique. C'est quand même soumis
à ces forces.
Vous dites dans votre mémoire, également, que vous
êtes contre l'obligation qu'à la Commission des transports, il y
ait nécessité d'avoir des gens qui ont une formation juridique,
c'est-à-dire des juges et que vous préféreriez que des
gens qui sont habiles dans le secteur commercial, dans le secteur en question,
soient habilités à agir ou comme président ou comme
commissaire. Ne croyez-vous pas que, malgré qu'on puisse penser que la
Commission des transports s'est trop penchée sur les questions
juridiques et pas assez sur les questions administratives, au moins le
président je n'explicite pas ma pensée dans les
décisions, il y a quand même suffisamment d'éléments
juridiques pour que demeurent des juges de la Commission des transports.
M. Camirand: Nous croyons que la question juridique, la formation
juridique n'est pas le premier ou le seul critère de choix pour soit le
président ou le vice-président ou les commissaires. Ce que nous
voulons, c'est que les gens qui y sont soient en mesure, ni plus ni moins, de
comprendre les dimensions économiques, les dimensions sociales des
implications du transport terrestre.
M. Mailloux: Est-ce que je pourrais vous dire...
M. Camirand: On n'est pas contre le fait que le président
ait une formation juridique, qu'il soit juge.
M. Mailloux: Je ne vous suis pas dans votre orientation quant au
président pour les raisons suivantes. Ayant été
moi-même titulaire du ministère des Transports, comme mon
successeur n'ayant pas de formation juridique, je vois mal un président
de la Commission des transports qui n'aurait pas une formation juridique, si
compétent soit-il, qui aurait à prendre des décisions
finales dans certains cas. Cela dépasse ma compréhension quant au
président de la Commission des transports.
M. Camirand: Je pense qu'en réponse à cela, il
existe des avocats qui pourraient être consultés. Il y a des
contentieux à l'intérieur des organisations.
M. Mailloux: Est-ce que, à ce moment, cela n'amplifierait
pas les lourdeurs administratives ou juridiques qu'on constate
déjà à la Commission des transports?
M. Camirand: On dit tout simplement: Est-ce que cela devrait
être un critère ou le seul critère que le président
ou le vice-président soit un juge? On dit: Cela ne devrait pas
être le seul critère. Je ne connais pas de commission et
cela existe sûrement où le président n'est pas
nécessairement un juge. Je n'en connais pas.
M. Mailloux: Ma prochaine observation je vais
peut-être paraître loin d'un domaine où j'ai
été quand même assez présent c'est que vous
dites que la Commission des transports ne devrait pas être
habilitée à juger en droit, seulement en fait. Il me semble
qu'actuellement il y a un tribunal des transports qui est habilité
à juger en droit. Est-ce à dire que la Commission des transports
actuellement est habilitée à juger en droit et en fait?
M. Camirand: Les deux.
M. Alary: Présentement, au tribunal des transports, on ne
peut pas aller en appel des décisions de la Commission des transports.
Il faut aller en Cour d'appel.
M. Mailloux: Quand vous parlez d'un tribunal d'appel, de quel
organisme parlez-vous également? Est-ce que cela serait la Cour d'appel
ou est-ce que ce serait un tribunal spécial qui serait formé pour
entendre toutes les questions de droit?
M. Alary: Je pense qu'on a répondu à la question de
M. le ministre.
M. Mailloux: Je fouillais dans votre mémoire, j'ai pu
manquer votre réponse.
M. Alary: Ce qu'on suggère, on connaît le
problème constitutionnel actuellement. Nous ne sommes pas des experts en
constitutionnalité. On connaît le problème constitutionnel,
mais on suggère quand même, à cause de la complexité
des permis de transport, ce sont des situations complexes, que la
réglementation doive être complexe jusqu'à un certain
point. On pense que l'interprétation de ces décisions en appel
devrait être donnée à un tribunal spécialisé.
Maintenant, si on n'a pas le choix au niveau constitutionnel, je pense bien que
la Cour d'appel, c'est le meilleur tribunal.
M. Mailloux: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): D'autres questions de la part
des membres de la commission? M. le ministre.
M. Lessard: A la page 8 de votre mémoire, vous dites:
"Nous sommes d'accord avec le fait qu'aucun recours au ministre ou au
lieutenant-gouverneur en conseil ne soit institué et cela, dans le but
d'éviter que le pouvoir public n'intervienne." De quelle sorte de
recours parlez-vous?
M. Alary: Disons, quelle sorte de recours, parfois on a vu
peut-être que lorsqu'une décision avait été
refusée, un permis ou un transfert refusé par la Commission des
transports pour telle et telle raison, les individus ont sauté une
étape et ont demandé au ministre le droit de transférer
telle compagnie. C'est dans ce sens, dans le but que tout le monde passe par
les mêmes voies. (11 h 45)
M. Lessard: Les seuls recours qu'il y a eu, en fait,
c'étaient des recours concernant, justement, la propriété
des entreprises. Lorsqu'on constatait, par exemple, le
député de Charlevoix l'a fait aussi à une reprise, je
pense qu'une compagnie de transport à propriété
québécoise allait être achetée par une compagnie de
transport à propriété étrangère, le
lieutenant-gouverneur en conseil intervenait afin de soustraire de la
commission la décision. Mais, généralement, en tout cas,
j'ai toujours évité d'intervenir directement dans les
décisions de la commission en ce qui concerne l'émission d'un
permis à l'intérieur du territoire du Québec à des
compagnies à propriété québécoise.
M. Alary: C'est le sens de notre recommandation,
c'est-à-dire que ce soit vraiment limitatif et qu'on ne laisse pas les
gens se servir de ce pouvoir.
M. Lessard: Pour éviter, justement, la politisation des
décisions.
M. Alary: Le Parlement est souverain; alors, il pourrait y avoir
un projet de loi.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Suite à ce que vient de dire le ministre, on
remarquera un peu plus tard, quand apparaîtront les transporteurs
maritimes, qu'on fait référence à cette décision
où j'avais demandé de soustraire à la décision de
la Commission des transports le transfert d'intérêts, je pense,
dans le cas de Chimo Shipping. Il aurait fallu, forcément, pour
éviter que je ne fasse une telle intervention au-dessus de la tête
de la Commission des transports, qu'elle soit habilitée par une
politique gouvernementale à refuser le transfert d'intérêts
québécois à des intérêts
étrangers.
J'ai compris la recommandation dans ce sens, mais je n'avais pas d'autre
choix au moment où j'ai dû poser ce geste au-dessus de la
tête de la Commission des transports que de donner une politique
gouvernementale qui n'était pas connue.
M. Alary: D'accord, mais, comme je le disais tantôt, c'est
plutôt, mettons, quelqu'un ou une compagnie qui, à cause des
relations politiques qu'elle a, se présente devant la Commission des
transports et se voit refuser un permis; elle essaie alors d'utiliser son
pouvoir politique afin de l'obtenir et j'ai une compagnie en
mémoire.
M. Mailloux: Mais le problème qui se pose est le suivant.
Je comprends l'intention...
M. Alary: Mais, lorsqu'il s'agit vraiment d'une intervention
parce que, disons, il y a un malaise ou il y a une implication sur tout le
peuple québécois, c'est important.
M. Mailloux: Je comprends, évidemment, l'intention que
vous manifestez que le pouvoir politique n'entre pas dans les décisions
de la commission par le biais politique. Mais il ressort que je ne sache pas
que le lieutenant-gouverneur en conseil ne doive pas continuer à
être habilité à aller au-delà de la Commission des
transports si l'intérêt des Québécois est en jeu,
comme il l'a été à ce moment-là. Je pense qu'il
arrivera toujours des situations où, forcément, le
lieutenant-gouverneur en conseil devra être obligé d'agir, quitte
à ce que le gouvernement soit jugé sur l'acte qu'il a à
poser à ce moment.
M. Alary: Mais ce sera vraiment à la limite.
M. Mailloux: C'est ça.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: En relation avec ça, c'est que du
côté d'autres transporteurs, mais particulièrement de
l'Association du camionnage du Québec, il y a eu, à plusieurs
reprises, des recommandations auprès du ministère pour faire en
sorte que les entreprises à propriété
québécoise soient conservées à
propriété québécoise. Actuellement, le
critère sur lequel se base la Commission des transports pour prendre une
décision, c'est le critère d'utilité publique, ce qui veut
dire qu'elle n'a pas à prendre
en considération la propriété des corporations, des
compagnies ou des institutions comme telles pour prendre une
décision.
Dans l'intérêt de l'ensemble de la société
québécoise, de l'ensemble des citoyens québécois
c'est normal, on cherche toujours à conserver la
propriété chez nous de nos entreprises est-ce qu'on
devrait donner à la Commission des transports une réglementation
qui déterminerait des critères non seulement d'utilité
publique, mais aussi des critères de propriété; favoriser,
par exemple, les compagnies à propriété
québécoise ou autre chose?
M. Alary: M. le ministre, étant donné qu'il s'agit
d'une question plus politique, je pense qu'on ne devrait pas donner de tels
critères à la Commission des transports.
M. Lessard: Cela devrait être la décision du
lieutenant-gouverneur en conseil?
M. Alary: Est-ce qu'on doit nécessairement inclure ces
pouvoirs dans un pouvoir réglementaire? Que l'on sache, le Parlement est
souverain. Il y a toujours une possibilité d'un projet de loi
spécial dans des situations particulières.
Quand on inclut un tel pouvoir dans la réglementation,
normalement, c'est pour qu'il soit utilisé. Comme il ne semble pas y
avoir de critère au niveau des pouvoirs d'intervention du ministre
d'ailleurs, il y a eu quelques interventions, ils ont mentionné
une compagnie qui a obtenu un permis il y a eu quelques interventions et
il n'y avait pas de critère pour l'intervention du ministre. Ce qu'on
veut éviter, c'est tout simplement, si le gouvernement veut donner le
pouvoir, par un règlement, au lieutenant-gouverneur en conseil
d'intervenir dans certaines décisions, on spécifie le type de
décision dans laquelle il pourra intervenir. C'est plus politique. Ce
sont des décisions à caractère plus politique ou qui
touchent l'ensemble de l'intérêt commun et je ne pense pas que la
Commission des transports devrait être habilitée à rendre
de telles décisions.
Le Président (M. Bordeleau): D'autres questions?
Une Voix: Cela va.
Le Président (M. Bordeleau): Je remercie l'Association du
camionnage du Québec d'avoir présenté un rapport devant
cette commission et j'appellerai donc... A moins que vous ayez d'autres
commentaires, M. Alary?
M. Alary: Seulement vous dire que nous sommes à votre
disposition durant tout le temps de la commission et qu'on est prêt
à revenir pour répondre à d'autres questions si vous en
avez.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Merci beaucoup.
Association des locateurs de camions et remorques du
Québec Inc.
J'appellerai donc, comme deuxième intervenant, l'Association des
locateurs de camions et remorques du Québec. C'est le mémoire
portant le numéro 2-M. Le porte-parole de l'association est Me Robert
Skelly. C'est bien cela?
M. Skelly: Skelly. C'est bien cela. Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Si vous voulez nous
présenter ceux qui vous accompagnent et procéder.
M. Skelly: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés. Je suis Robert Skelly et je suis accompagné de M.
Réjean Brisebois qui est le président de l'association et de M.
Louis Bernier.
Je n'ai pas l'intention de reprendre mon mémoire textuellement,
mais je vais résumer assez brièvement. Essentiellement, la raison
principale, c'est que l'association des locateurs s'adresse surtout et
uniquement à la section du rapport CEGIR qui traite de location et qui
est une annexe au document principal. La raison fondamentale de cela, c'est
que, tel qu'expliqué dans notre mémoire, les locateurs ne se
considèrent pas et ne sont pas considérés nulle part
d'ailleurs en Amérique du Nord comme des transporteurs comme tels, et on
n'est pas pour aller faire des recommandations au sujet de l'organisme qui est
chargé de la surveillance du transport et des transporteurs comme tels.
La réglementation existante a été élaborée
depuis 1951 jusqu'à aujourd'hui. Elle a surtout été
élaborée dans le but de réglementer la location uniquement
parce qu'on voulait contrôler certains aspects, si vous voulez, du
transport illégal par les utilisateurs des véhicules
loués.
Notre association compte parmi ses membres les dix compagnies qui font
à peu près 60% de la location de camions, de tracteurs et de
remorques au Québec. A cette fin, elles ont investi à peu
près $70 millions en équipement et en immeubles. Il y a une
première correction que j'aimerais apporter immédiatement. Dans
le rapport CEGIR où on décrit les participants, surtout à
l'annexe 5, à la page 30 du rapport, on vient nous décrire comme
étant des locateurs affiliés à des compagnies de location
de chauffeurs. C'est une erreur flagrante qui s'est glissée là.
Il n'y a pas une des compagnies qui sont membres de notre association, pas une,
qui est affiliée, de près ou de loin, directement ou
indirectement, à quelque compagnie de location de chauffeurs que ce
soit. On n'est affilié non plus, ni directement ni indirectement, de
quelque façon que ce soit, à aucune compagnie de transport. Nous
sommes uniquement des spécialistes dans la fourniture
d'équipement qui s'occupent de fournir des camions, des tracteurs et des
remorques.
De plus, si vous voulez parce que le rapport CEGIR en fait
état nous finançons de l'équipement par le biais de
location qui, aujourd'hui, est
devenue une façon de financement assez courante en
Amérique du Nord. Cet équipement est utilisé autant par le
transporteur public que par la petite, la moyenne ou la grosse entreprise
québécoise qui se procure, de nos clients, de nos membres, les
outils de travail dont ces gens veulent se servir pour faire le transport.
Je tiens à vous dire que, comme je l'ai déjà
souligné, il n'y a aucune réglementation dans aucune juridiction
actuellement, sauf au Québec, et le règlement actuel,
l'arrêté en conseil 4476-77 qui a été adopté
et qui est entré en vigueur le 1er avril 1978 est un règlement
qui visait surtout l'utilisation qu'on pouvait faire d'un instrument
loué afin d'empêcher qu'on s'en serve pour faire du transport
illégalement.
Nous voulons souligner également que le raisonnement
adopté jusqu'à ce jour et la position prise par notre
association, à plusieurs reprises, et surtout lors de
l'élaboration des règlements actuels sur la location qui ont
été faits par un comité ad hoc qui a siégé
pendant à peu près quatre ans, on a reconnu que la location, que
l'industrie de location n'avait aucune des caractéristiques qui
pourraient la qualifier comme une utilité publique dans le sens du
camionnage, du transporteur de marchandises ou du transporteur de
passagers.
La concurrence principale on voit cela à travers
l'Amérique du Nord et d'après les décisions de l'ICC aux
Etats-Unis se situe au niveau du fabricant du véhicule, des
compagnies de finance et des autres entreprises privées qui fournissent
l'entretien et les autres services ancil-laires de conseillers en
transport.
L'entreprise de location, son champ d'activité a changé
énormément depuis cinq ans. Quand on a modifié la Loi des
transports pour inscrire que le locateur était un transporteur,
c'était donc une fiction légale afin de permettre à la
commission d'avoir une juridiction quelconque afin d'appliquer le
règlement en question. A ce moment-là, si on recule à 1951
et à 1976, une bonne partie de la location de véhicules, camions,
etc., se faisait au public en général. Aujourd'hui, il y a plus
de 70% des camions, tracteurs et remorques qui sont loués aux
transporteurs, qu'ils soient privés ou qu'ils soient publics.
Les exigences économiques, le coût de l'argent,
aujourd'hui, le coût de maintenance des flottes de camions, la
capitalisation nécessaire pour se procurer ces véhicules ont fait
en sorte que cette forme de financement est devenue de plus en plus importante.
Il reste quand même que, comme le constate le rapport CEGIR, il y en a
certains qui croient encore qu'il y a une concurrence directe entre les
systèmes de transport et la location qui n'est qu'un fournisseur
d'équipements. Il reste quand même que le rapport constate qu'il y
a seulement 3% des véhicules, dans les parcs de véhicules des
entreprises privées, qui sont des véhicules loués.
Le rapport constate également que la location à long
terme, qui est définie comme étant une location d'un an ou plus,
ne peut, ni de près, ni de loin, être considérée,
quelles que soient, je crois, les fausses conceptions qu'on dégage de
l'annexe du rapport CEGIR sur la location, la fausse conception que c'est un
mode de transport; même dans le rapport, on admet que la location
à court terme ne peut, ni de près, ni de loin, être
considérée comme un mode de transport parce que c'est du
financement pur et simple. (12 heures)
Nous remarquons, après une étude de notre clientèle
et des volumes par secteur d'activité, que la location à long
terme de véhicules motorisés, c'est-à-dire les locateurs
de tracteurs et de camions, représentent la plus grande partie de leur
location.
Je vais me servir d'exemples. Je vais prendre les deux compagnies qui se
spécialisent dans la location de remorques. Je pense que tout le monde
va être d'accord qu'on ne peut pas faire de transport avec une remorque
seule. Or, 41% des remorques louées par Caravan le sont à court
terme et surtout à des camionneurs, et 60% des remorques louées
par Transport International Pool le sont à court terme à
l'entreprise privée et aux camionneurs. A court terme, et c'est le court
terme dont il est fait état dans le rapport de CEGIR, où on
laisse croire que peut-être il y aura une concurrence quelconque avec le
transporteur. On admet qu'à long terme, ce n'est pas possible.
Maintenant, regardons les véhicules motorisés, et les
pourcentages y sont à peu près l'inverse. La location de camions
et tracteurs par Hertz à court terme est de 8%, par Ryder de 10%, par
Avis de 12%. Cela nous montre que la première chose qu'on soulève
dans notre mémoire, c'est-à-dire que la location n'est qu'un
outil de travail, un fournisseur d'équipement, n'est pas un mode de
transport, est révélée par la clientèle et les
statistiques de vente ou de location de véhicules.
Autre chose. La commission parlementaire qui a été
formée, je pense, en 1976, en Ontario, The Ontario Select Committee on
Trucking je pense que c'est quelque chose comme ça avait
également étudié la même chose, la question de
location et l'effet de la location, etc. Elle en est venue à la
conclusion que, pour l'entreprise privée, la location n'est pas la
première option. L'entreprise privée qui a besoin de capital a
besoin d'un roulement. Elle ne veut pas trop capitaliser parce qu'elle implique
disons les petite et moyenne entreprises surtout. La première chose
à quoi elle songe, c'est d'acheter ses véhicules. C'est
d'ailleurs pour ça que la grande majorité de l'entreprise
privée qui loue les véhicules a déjà ses propres
véhicules. La première option pour elle, c'est d'acheter ou de
continuer à faire affaires avec le transporteur public. Une fois cette
décision prise, il y a la compagnie de finance, qui n'est pas
réglementée de quelque façon, parce qu'elle n'est pas
considérée comme une forme de transport. Il y a le fabricant de
véhicules qui, aujourd'hui, fait ou pose la plus grande concurrence au
locateur, qui, lui, peut offrir à ce client, à des termes
d'intérêt, le même véhicule et, ensuite, il y a la
location. L'avantage de la location c'est qu'elle offre toute
une gamme de services. Ce n'est pas seulement un véhicule. On y
ajoute l'entretien, l'assurance du véhicule, un véhicule de
remplacement, le pétrole, les pneus, le lavage du véhicule, on
fournit des véhicules spécialisés pour des fins
très particulières. On peut commander ces véhicules dont
nous absorbons le coût et faisons la location.
Le camionneur a besoin de s'approvisionner également. Il a besoin
de maintenir son "cash flow". Il a besoin d'essayer d'augmenter
l'efficacité de sa flotte. Il se sert également et, comme je vous
l'ai démontré, cela prend de plus en plus d'importance pendant
les heures de pointe, où il n'y a pas de véhicules disponibles;
il ne faut pas avoir un parc de véhicules trop grand, un inventaire de
véhicules dont il ne peut pas se servir toute l'année...
Alors, pour résumer, notre mémoire ne fait que soulever
deux points: le rapport CEGIR semble être un peu contradictoire lorsqu'on
donne un aperçu général de ce qu'est l'industrie de
location à Québec. Il dit que la satisfaction des
règlements existants est presque à 100%, tout le monde est
très satisfait de la situation actuelle. Il dit que c'est une industrie,
sauf quelques camionneurs, M. le ministre, parce qu'on a une perception... je
ne veux pas entrer dans tous les détails parce que je l'ai fait assez
souvent devant la commission et j'espère que si vous voulez de plus
amples détails sur ça, je vais avoir l'occasion de vous en
fournir, parce que je l'ai fait assez souvent, c'est une fausse perception de
ce qu'est la location.
On ne peut pas enlever des clients, c'est une option qui est trop
coûteuse et, en deuxième lieu, après la compagnie de
finance et le vendeur de véhicules. Mais il se dégage deux
fausses conceptions de ce rapport; la première, c'est qu'on parle
souvent d'allocation comme mode de transport et on le dit à trois ou
quatre reprises; même si après on qualifie le long terme comme du
financement et le court terme, on dit que la principale concurrence existe
entre locateurs.
La deuxième fausse conception, c'est le transport illégal,
cette fameuse bête noire dont on parle et que l'on essaie de mettre sur
le dos de la location depuis je ne sais pas combien d'années. On a
travaillé assez fort pour essayer de définir ce qu'est le
transport illégal, comment il se fait, ce transport illégal.
Notre position est bien simple, on fournit un outil, le fait qu'on fournit cet
outil, c'est l'utilisateur de cet outil qui peut faire une utilisation
illégale, qu'il soit le transporteur privé qui décide
d'aller louer un véhicule et de faire du transport pour
rémunération sans permis, que ce soit le fameux "gipsy" qui va
partout chercher ses commandes et ensuite, va louer un tracteur d'un gars, une
remorque d'un autre pour faire du transport à son gré; que ce
soit le camionneur, le routier public qui est restreint par les limites de son
permis et dont il aimerait sortir à quelques occasions, ce ne sont
peut-être pas les compagnies sérieuses ou importantes qui le font,
mais ça existe.
Je ne dis pas qu'il n'y a pas de locateurs qui n'en feront pas, mais je
dis que toute location, tout transport illégal, tout règlement
visant le transport illégal doit viser l'utilisateur, autrement, c'est
déplacer le problème, c'est dire, à titre d'exemple, c'est
peut-être un mauvais exemple, que parce que je loue des outils, des
drilles ou des marteaux, des choses comme ça, et que M. Untel vient
chercher ce marteau et s'en va exercer un métier sans carte de
compétence, le vrai coupable est celui qui lui a fourni le marteau ou
qui lui a fourni les outils de travail et non pas celui qui a pratiqué
son métier sans carte de compétence.
Ce serait comme dire qu'à ce moment-là, c'est ma faute si
quelqu'un a loué un véhicule de moi et en a fait une utilisation
illégale.
On est d'accord que les permis existants demeurent, on est d'accord
qu'ils demeurent uniquement parce que ça permet à la commission
de contrôler le nombre de permis pour voir s'ils ne pourront pas, comme
le recommande le rapport CEGIR d'ailleurs, appliquer plus efficacement les
règlements existants. C'est le transport illégal. Je pourrais
continuer, mais je pense que les grandes lignes sont là et j'ai d'autres
mémoires que j'aimerais soumettre à la commission plus tard, si
on décide d'élaborer quelque projet que ce soit au niveau des
contrôles de transport illégal.
La seule recommandation il faut que je dise qu'il n'y a pas de
recommandation précise quant à la location dans le rapport CEGIR
c'est qu'à la page 126 du rapport principal, on dit que si on
décidait de revenir à un pouvoir discrétionnaire de la
régie de réglementer, comme bon lui semble, selon les
circonstances, on dit qu'il y a des cas d'exception qui devraient demeurer
à l'extérieur de ce pouvoir discrétionnaire.
Vous avez, ici, un cas qui me semble particulièrement visé
par ce commentaire, parce que ce n'est pas du transport, ce n'est pas un
service public comme tel. De vouloir encadrer encore plus cette industrie, qui
est dans son enfance 3% du marché par l'entreprise
privée seulement, de vouloir encadrer, M. le Président, messieurs
les députés, ça voudrait dire que la concurrence provenant
de la compagnie de finance, du vendeur et du fabricant de remorques et de
véhicules, la concurrence provenant des locateurs de New York, du
Nouveau-Brunswick, de l'Ontario, qui ne sont aucunement
réglementés, peut avoir des effets extrêmement
néfastes sur le développement de l'industrie.
En plus de ça, je vous soumets respectueusement que ceci voudrait
dire que les coûts de transport, pour la petite et la moyenne entreprise,
pour la camionneur lui-même, vont refléter en conséquence,
parce que c'est leur outil de travail et si on n'est plus capable de leur
fournir et s'ils ne sont plus capables de s'en procurer comme ils le veulent,
on peut avoir des difficultés et ça peut avoir des échos
à bien des échelons.
Je vous remercie beaucoup, j'espère que mon mémoire est un
peu plus clair que je ne l'ai été, j'ai essayé d'aller
très rapidement. Comme je vous l'ai dit, je remarque que le rapport, en
ce qui a trait à la location, je dois le souligner, laisse à
désirer, parce que, tout en faisant des constatations d'or-
dre général, on laisse se dégager des impressions
qui sont tout à fait fausses, mais qui demanderaient une étude
qu'on a déjà complétée et qu'on pourra vous
soumettre, si vous le voulez. Je vous remercie.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Lessard: Merci, M. Skelly, je pense que vous avez
été assez clair. Si je comprends bien on va essayer
d'aller un peu plus loin vous dites: Nous autres, on fait de la
colocation, on ne fait pas de transport.
M. Skelly: Non, monsieur.
M. Lessard: En relation avec ce principe, vous dites: On devrait
être exclu de la juridiction de la Commission des transports du
Québec.
M. Skelly: Dans le meilleur des mondes, il faut accepter
certaines choses. Sauf en ce qui concerne la possibilité pour la
commission d'utiliser, comme moyen de contrôle de transport
illégal, les permis. Par exemple, on disait, dans le règlement
existant on en avait discuté longuement qu'il ne faut pas
faire du transport; c'est déjà illégal de faire le
transport de biens d'autrui pour rémunération. Dans le
règlement qui touche la location, on ne devrait pas essayer de
réglementer la location comme telle, comme industrie, mais uniquement
dans le règlement actuel, en grande partie, il y a certaines
choses avec lesquelles on ne peut pas tous être d'accord qu'on ne
fournisse pas de chauffeur, que le véhicule soit immatriculé "FZ"
ou quelque chose du genre, afin qu'on sache combien il y a de véhicules
à tel endroit, qu'on puisse identifier, avec le contrat de location, qui
est le chauffeur, qui est le propriétaire de la cargaison. Mais ce sont
des critères, des mécanismes de contrôle et s'il y a encore
des problèmes là, il s'agit de les appliquer et de les faire
marcher.
M. Lessard: Donc, vous dites: On fait de la location, on n'a pas
à se préoccuper de l'utilisation de notre équipement par
le transporteur.
M. Skelly: Pas plus qu'International Harvester, General Motors,
Industrial Acceptance Corporation ou la BCN.
M. Lessard: Mais vous acceptez, par exemple, que la Commission
des transports, elle, doive se préoccuper de l'utilisation qui est
faite, par la suite, par le locataire.
M. Skelly: Je le souhaite, M. le ministre, parce que je vous dis
que ce n'est pas rentable, pour une compagnie de location viable, intelligente,
qui marche bien et qui est sainement administrée, d'aller jouer dans ces
"fling flang"-là. Qu'on surveille l'utilisateur, mais qu'on ne fasse pas
de moi le policier de l'industrie; j'ai assez de problèmes, comme je
vous le dis, avec les autres concurrents qui, eux, sont viables et qui ne sont
pas du tout considérés, de près ou de loin, même
s'ils fournissent parfois plus de véhicules que moi, comme
affiliés ou accessoires à l'industrie des transports. (12 h
15)
M. Lessard: Selon le règlement actuel, lorsque, par
exemple, il y a preuve, de fait, qu'il y a transport illégal
vis-à-vis d'un locataire, ce n'est pas le locateur qui est
pénalisé comme tel, mais c'est le locataire qui est
pénalisé.
M. Skelly: C'est-à-dire depuis le 1er avril 1978.
M. Lessard: Depuis le règlement. Avant, c'était
quoi?
M. Skelly: On pourrait dire les deux parce qu'on
considérait que l'utilisation qu'on faisait du permis, l'utilisation que
faisait l'utilisateur, pouvait constituer une infraction à mon permis,
ce qui créait des problèmes qui étaient pas mal
drôles parce qu'on arrivait des fois avec une soixantaine de plaintes et
il fallait, à ce moment, essayer de se demander qui avait le
véhicule ce jour-là. Il était rendu dans la Beauce et il
était là depuis deux mois. Il avait fait un "interline" avec une
autre compagnie de transport qui, elle, l'avait passé à une
troisième et on ne savait même plus qui avait le véhicule
parce que nous autres, pour autant que la facture est payée par celui
qui a loué, on ne peut pas suivre le véhicule. Le va-et-vient des
véhicules sur le territoire du Québec est énorme.
M. Lessard: Actuellement, pour obtenir un permis de location,
vous devez obtenir, en fait, l'autorisation de la Commission des transports du
Québec.
M. Skelly: Exact.
M. Lessard: Est-ce que vous favorisez le maintien de cette
formule?
M. Skelly: Dans le sens que cela satisfait à tous les
segments de l'industrie actuellement, on n'est pas contre parce que cela
rencontre les exigences de ceux qui voudraient avoir un certain contrôle
sans nécessairement nous pénaliser outre mesure. Pardon?
M. Lessard: Cela vous protège en même temps.
M. Skelly: Jusqu'à un certain point parce que ce n'est pas
très difficile d'obtenir des permis de location. Je ne fais pas de
commentaire à ce sujet parce que je ne veux pas blesser certaines autres
personnes dans la salle, mais il y en a beaucoup qui se procurent des permis de
location. Ce n'est pas une mauvaise chose, d'ailleurs. Cela fait une bonne
concurrence. Ce n'est pas mauvais d'avoir une bonne concurrence saine dans une
industrie qui grossit aussi rapidement. En plus de fournir l'équipement
nécessaire, en plus de per-
mettre des roulements de fonds pour les entreprises qui en ont besoin,
avec le coût de l'argent aujourd'hui et tout le reste, également,
cela contribue aux revenus. On paie des taxes sur nos revenus et on paie 8% de
taxe sur chaque location qu'on fait. C'est sain, c'est une industrie en pleine
croissance. Mais c'est là qu'on craint, évidemment, chaque fois
qu'on vient avec ces mêmes conceptions d'autrefois, qu'on essaie,
à cause de fausses conceptions, de vouloir encadrer plus encore.
M. Lessard: Ce sont les grosses doléances que nous
recevons actuellement de la part des transporteurs, c'est-à-dire la
pseudo-location. Si je comprends bien, vous dites: Nous autres, on ne fait pas
de pseudo-location. On fait de la location et c'est l'utilisateur qui, en fait,
utilise le camion sans en avoir l'autorisation par émission d'un permis
de la Commission des transports.
M. Skelly: Exactement.
M. Lessard: A ce moment, il appartiendrait soit à la
commission, soit au ministère de réglementer beaucoup plus ou
d'avoir une police...
M. Skelly: Ou d'appliquer la loi telle qu'elle est actuellement.
On n'a plus besoin d'autres règlements. C'est déjà
illégal.
M. Lessard: Oui, mais c'est à peu près comme les
règlements de conduite à 55 milles ou à 66 milles à
l'heure sur les autoroutes. On ne peut pas avoir des officiers pour surveiller
chacun des transporteurs.
M. Skelly: Je suis bien d'accord, M. le ministre, mais, pour se
servir du même exemple, ce n'est pas à ce moment qu'on va adopter
une loi contre General Motors ou Pontiac, ou je ne sais pas qui pour dire: Pour
vos véhicules, vous devriez avoir un modérateur pour qu'ils
n'aillent pas plus vite que 55 milles à l'heure.
M. Lessard: Merci, M. Skelly. J'ai terminé.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Si j'ai bien compris le mémoire que vous avez
présenté, l'idée maîtresse qui s'en dégage,
c'est que vous ne devriez pas être considérés comme des
transporteurs publics, mais plutôt comme des gens qui, en faisant de la
location, sont associés dans le même type d'activités que
les compagnies de finance ou que les vendeurs de véhicules. Mais je
pense bien que, dans votre esprit, vous pensez que la formule de location est
privilégiée dans les options qu'ont les utilisateurs...
M. Skelly: Dans les options qu'ont les utilisateurs?
M. Mailloux: Un acheteur éventuel, qu'il soit dans le
domaine des transports privés ou dans le domaine du transport public,
plutôt qu'acheter, a un avantage à louer?
M. Skelly: Pas dans tous les cas. M. Mailloux: Pas dans
tous les cas.
M. Skelly: Mes clients vont me tuer quand je dis ça, mais
j'espère qu'il n'y a pas de clients dans la salle. La chose n'est pas
toujours vraie. Cela dépend. L'expéditeur qui a
déjà ses véhicules a déjà pris la
décision de faire du transport privé, légitimement lui, il
pourrait le faire. Il faut faire une distinction entre le long terme et le
court terme. Le court terme, normalement, c'est pour combler des besoins,
disons, dans le cas des heures de pointe. Là, le camionneur, comme je
vous l'ai montré, d'après les statistiques que j'ai ici, c'est
lui qui fait appel à cette ressource le plus souvent, parce qu'à
long terme, c'est là que l'engagement est pareil comme celui qu'il aura
vis-à-vis de la compagnie de finance.
M. Mailloux: Votre réponse est intelligente, parce que
vous allez briser ma conclusion. Normalement, un vendeur a toujours,
évidemment, la meilleure option à offrir et vous venez de me
répondre que, forcément, ça dépend des
circonstances, si la location est plus avantageuse que l'achat ou d'autre
chose.
De toute façon, je concours à l'idée que,
forcément, ce n'est pas le locateur, mais le locataire qui doit subir
les pénalités. Est-ce que vous me diriez, pour m'informer, si,
quand vous louez pour des fins de transport contre rémunération,
vous avez l'obligation de vérifier auparavant si le locataire a les
permis requis pour la location qu'il fait?
M. Skelly: La loi existante nous oblige à avoir un
contrat. Dans le contrat, on nous indique les normes ou les choses qu'on doit
indiquer sur le contrat. Une des choses qu'on doit indiquer, c'est qui loue,
quel est son numéro de permis, où s'en va le destinataire, des
détails comme ça. C'est à l'inspecteur de faire son
boulot, parce que je ne peux pas, en réalité, vérifier,
agir, si vous voulez, comme policier, aller vérifier. Normalement, c'est
bien évident que le "gipsy" ou le gars qui veut faire du transport
illégal, flagrant, je ne lui louerai pas, à ce gars-là,
parce que, les trois quarts du temps, quand tu lui mets en main un
véhicule qui coûte $65 000 pour le tracteur et $15 000 pour la
remorque, tu ne le laisses pas sortir ça comme ça.
La demande de location est donc normalement adressée par une
entreprise ou un camionneur quelconque. Maintenant, parfois, qu'est-ce qu'il
fait avec le véhicule après? On n'est pas toujours capable de le
contrôler. Mais le contrat est déposé à la
commission. Le chauffeur doit avoir en tout temps avec lui une copie du
contrat, à savoir les détails de la demande, où il l'a
loué, de qui il l'a loué et pourquoi il l'a loué. Tout
cela est indiqué là-dessus.
M. Mailloux: Une partie importante, semble-t-il, du transport
illégal vient de la location, vient des unités qui sont
louées. Une question me vient à l'esprit. Je me demande ce qui
arriverait si, contre la réglementation assez poussée qu'on a
connue depuis quelques années, on laissait jouer les forces du
marché. Est-ce qu'il n'y aurait pas danger que la location s'accentue et
qu'augmente davantage l'illégalité qu'on constate actuellement?
Je comprends qu'il appartient à la Commission des transports ou à
un organisme qui en aura la responsabilité de surveiller qui utilise
à bonne fin ou dans l'illégalité un véhicule
donné. On a quand même à l'esprit des exemples assez
nombreux où des transporteurs ont empêché d'autres
transporteurs sur place de gagner leur vie en favorisant d'abord la formule de
location.
Dans mon esprit, sans vouloir porter un jugement, j'ai l'impression
qu'il est plus facile de faire du transport illégal avec un
véhicule qui ne nous appartient pas qu'avec un véhicule
appartenant à une compagnie ou des individus qui font du transport
contre rémunération.
M. Skelly: M. le député, la façon de se
procurer le véhicule est identique, qu'il vienne d'lndustrial Acceptance
Corporation, par les contrats de finance, avec les clauses conditionnelles
où on peut annuler le contrat dix mois après ou les contrats de
maintenance et de fourniture d'équipement que font International
Harvester et General Motors avec le même gars. Devant la facilité
à se procurer les véhicules que les compagnies de finance et les
fabriquants ont de plus en plus et on a la preuve de cela surtout aux
Etats-Unis parce qu'ils commencent une campagne assez poussée. Il est de
plus en plus facile de fournir les véhicules, à cause du
coût de plus en plus prohibitif selon à peu près les
mêmes formules, les mêmes systèmes ou aux mêmes
conditions que les entreprises de location peuvent le faire. La question que je
me pose à ce moment-là est la suivante: Est-ce qu'on va
restreindre et encadrer et cela peut avoir des effets très
néfastes la croissance d'une industrie valable, une industrie
tout à fait légitime? Est-ce qu'on va brûler la grange pour
faire disparaître des souris? Est-ce qu'on va punir le locateur pour
l'utilisation en question? Vous dites que c'est entre transporteurs. A ce
moment, il s'agit de faire appliquer les lois existantes. Il y a plusieurs
façons de se procurer le véhicule en question. On a fait une
étude qu'on avait produite en octobre 1976 sur les façons de
faire du transport illégal. Ce n'est qu'une des façons et je
pense que ce n'est pas une réponse à ce moment-là. Ce ne
serait pas une chose souhaitable que d'aller empêcher le
développement d'une autre industrie tout à fait viable parce
qu'à l'occasion, certains transporteurs s'en servent pour commettre des
illégalités. Je soumets que c'est beaucoup trop draconien
comme...
M. Mailloux: Je ne voudrais pas que vous croyiez que, dans mon
esprit, je condamne la location, parce que je pense que c'est une formule qui a
fait l'affaire des utilisateurs. Je vais vous donner un autre exemple, quand
même, qui prouve que surtout s'il y avait une
déréglementation assez accentuée... Allons parmi les
constructeurs de routes qui sont capables d'exécuter un travail d'un
volume donné, un contrat si vous voulez, de $2 millions. On a
constaté souventefois depuis quelques années que des
entrepreneurs qui ne possédaient pas l'outillage requis ont envahi le
marché et ont fait une concurrence bénéfique aux
Québécois. Cela, je l'avoue, peut être
bénéfique dans le domaine des transports. Mais on a
constaté quand même que, soit à location ou à
location-achat suivant l'utilisation, on est arrivé avec de nombreux
entrepreneurs nouveaux qui ne possèdent à peu près pas
d'équipement, mais qui peuvent soumissionner, parce que la location leur
permet de le faire, et certains avec avantage. Je ne suis pas capable de nier
que, dans mon esprit, la formule de location sera toujours une ouverture
à l'illégalité, parce que ce n'est forcément pas le
même problème que celui du propriétaire de véhicule
donné. C'est une formule très avantageuse et qui permet une
concurrence plus grande...
M. Skelly: Elle répond un peu aux réalités
de Modem Business Practice. Le problème, c'est qu'aujourd'hui, la
capitalisation nécessaire, par exemple, dans le domaine où on
peut se procurer ces gros véhicules spécialisés, ça
commence à coûter cher. Le coût de l'argent est
élevé. C'est peut-être mieux pour l'entreprise, surtout
l'entreprise moyenne, à ce moment de mettre son investissement dans sa
production ou dans son champ d'activité principal. L'évolution de
tout ça, M. Mailloux, je ne sais pas où ça nous
mènera, je n'ai pas de "crystal ball" sur ça, mais je pense que
le besoin est là, qu'il doit y être satisfait et qu'il est
avantageux au développement de l'industrie.
M. Mailloux: Une dernière question: Est-ce que...
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le
député de Charlevoix, à moins que je n'aie une indication
contraire, on devrait suspendre ici nos travaux, à moins qu'il y ait
consentement pour poser une ou deux questions.
M. Mailloux: Une dernière question...
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, si les membres de
la commission y consentent. (12 h 30)
M. Mailloux: Une dernière question, je ne sais pas si
c'est dans votre bagage de renseignements. Est-ce que le pourcentage de
véhicules qui sont en location dans le Québec est plus important
qu'en Ontario, qu'en Colombie-Britannique ou dans d'autres provinces
industrialisées ou s'il est moins important au Québec?
M. Skelly: II est moins important. M. Mailloux: Moins
important.
Le Président (M. Bordeleau): S'il n'y a pas d'autres
questions, je remercie les représentants de l'Association des locateurs
de camions et remorques du Québec d'être venus présenter
leur mémoire à cette commission. La commission suspend ses
travaux jusqu'à cet après-midi, 14 heures.
Suspension de la séance à 12 h 31
Reprise de la séance à 14 h 19
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît! Alors, tel que prévu, la commission parlementaire des
transports reprend ses travaux pour entendre les mémoires de
différentes associations.
Avant de passer à une nouvelle association, il y a le
porte-parole de l'Association des locateurs de camions et remorques du
Québec qui m'a demandé de pouvoir ajouter quelques mots. Si les
membres de la commission sont d'accord on pourrait peut-être lui
permettre de dire ce qu'il a à ajouter.
M. Skelly: M. le Président, parce qu'on n'a pas lu notre
mémoire, on demande que le mémoire soit déposé en
annexe, au journal des Débats.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que les membres de la
commission sont d'accord là-dessus?
M. Verreault: D'accord.
M. Lessard: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. (Voir annexe A)
M. Lessard: D'ailleurs, on devrait en faire une règle
générale, M. le Président, soit que tous les
mémoires qui seront résumés par les représentants
des organismes pourront être intégrés au journal des
Débats. Il n'y a pas d'objection majeure, c'est une règle
générale.
M. Skelly: Je vous remercie, M. le Président. Le
Président (M. Bordeleau): D'accord, merci.
Association des locateurs de véhicules du
Québec
Nous passons donc à l'association suivante soit l'Association des
locateurs de véhicules du Québec, le mémoire 21-M dont le
porte-parole est Me François Boyer. Est-ce exact? Non.
Si vous voulez vous présenter et présenter
également les gens qui vous accompagnent. La commission est prête
à vous entendre.
M. Legris (Robert): Je m'appelle Robert Legris. A ma droite, M.
Marcel Lacaille, président, et M. Claude Robert, secrétaire de
l'association.
Le Président (M. Bordeleau): Vous pouvez procéder
à la lecture ou au résumé de votre mémoire.
M. Legris: On va vous éviter la lecture du mémoire
et on va essayer, en quelques minutes, de vous résumer les principaux
points du mémoire qui a été soumis à la commission
parlementaire.
D'abord, l'Association des locateurs de véhicules du
Québec regroupe les petites et moyennes compagnies de location du
Québec, de propriétés québécoises et qui
desservent tout le territoire du Québec contrairement aux
multinationales, contrairement aux gros transporteurs qui sont situés
dans les grands centres et plus précisément à
Montréal. Les compagnies membres de cette association essaient de donner
un service personnalisé à leur clientèle dans toutes les
régions du Québec.
Depuis sa fondation, qui remonte à deux ans, l'association a
collaboré avec les divers intervenants gouvernementaux à
l'élaboration de politiques ou à l'élaboration de
réglementations touchant le domaine de la location.
Nous avons pris connaissance du rapport CEGIR et nous désirons
souligner que le ministre des Transports a bien vu, en essayant de faire le
tour de la question du transport au Québec et en commandant cette
enquête. Nous souscrivons, comme association, à un très
grand nombre de conclusions du rapport CEGIR, mais nous aimerions toutefois
apporter certaines remarques qui intéressent, dans un premier temps,
plus particulièrement le domaine de la location et, dans un
deuxième temps, la Commission des transports du Québec. Pour ce
qui est des remarques que nous voulons apporter relativement à la
location, nous voulons dire au départ notre désaccord avec
certaines affirmations du rapport CEGIR quand on dit que la location est un
moyen de transport. La location n'est pas, selon nous, un moyen de transport,
c'est un service. Ce sont des outils qui sont loués à l'industrie
québécoise pour faire des affaires au Québec et à
l'étranger.
Quand on dit, deuxièmement, que le transport illégal au
Québec se fait sous le couvert de la location, encore là, nous
nous érigeons en faux contre cette affirmation, parce que, comme
locateurs, nous mettons entre les mains de compagnies québécoises
un outil qui sert, nous l'espérons, de façon légale. Le
transport illégal se fait à différents niveaux. Il peut se
faire par le transporteur public qui détient un permis et qui va
au-delà des normes prévues à l'intérieur de son
permis. Cette compagnie, ce transporteur public, même s'il se dit pur,
fait du transport illégal.
Un propriétaire privé de camions peut également
faire du transport illégal, s'il utilise son camion à des fins
qui ne sont pas à l'intérieur des normes prévues par la
loi. Evidemment, quelqu'un qui loue un camion de compagnie de location, peut
faire du transport illégal également.
Ce qu'il est important de se rappeler, je pense, c'est qu'il faut
essayer, quand on veut lutter contre le transport illégal, de viser
l'utilisateur du camion ou du véhicule qu'il a en sa possession, pas
uniquement les compagnies de location ou la location en général.
C'est une des premières remarques que nous désirons faire.
La deuxième remarque, c'est que nous avons noté, dans le
rapport CEGIR, la satisfaction des agents utilisateurs. Presque tout le monde
impliqué dans le milieu du transport est satisfait de la
réglementation et de la façon dont la location se fait au
Québec, sauf quelques compagnies de transport public qui ne sont pas
reliées directement ou indirectement à une compagnie de
location.
Il ne faut pas faire l'autruche; la plupart des camionneurs publics
possèdent ou ont des intérêts dans des compagnies de
location. Ces compagnies se sont dites satisfaites de ce qui existait en
matière de location; ce ne sont que les compagnies selon le
rapport CEGIR toujours qui n'ont pas de permis de location, par voie de
filiales ou autrement, qui se sont dites en désaccord. En effet, il faut
souligner que la location comme telle a une souplesse qui est très
importante dans l'industrie québécoise. Cela répond
à un besoin et c'est un phénomène nord-américain;
c'est un phénomène mondial actuellement. Les entreprises de
fabrication et de distribution ne peuvent pas recourir toujours à des
transporteurs publics parce que l'équipement requis n'est pas toujours
disponible, parce que la sorte d'équipement est un peu
spécialisée et que le transporteur public ne l'a pas. C'est un
mode d'utilisation qui est de plus en plus en vogue à travers
l'Amérique et on doit vivre avec.
Une autre remarque que nous avons soulignée dans le rapport
CEGIR, c'est que la location est en compétition avec les transporteurs
publics. Nous croyons que ce n'est pas exact parce que, lorsqu'un utilisateur,
quel qu'il soit, loue un camion, il s'agit pour lui d'un deuxième choix.
En effet, son premier choix a été de décider s'il faisait
lui-même son transport ou s'il utilisait un transporteur public. A partir
du moment où il décide d'effectuer lui-même son transport,
c'est un premier choix, il a éliminé le transporteur public et,
là, il se trouve dans un deuxième champ d'activités et il
a le choix de louer un camion ou un véhicule ou d'en acheter un. Notre
principal compétiteur en tant que locateurs, c'est le fabricant de
véhicules, le vendeur de véhicules, la compagnie de finance, la
banque, les grosses compagnies multinationales. Ce sont eux nos concurrents et
non pas les transporteurs publics. Ce sont les remarques d'ordre
général qui traitent de la location et qu'on voulait soulever
dans notre mémoire.
En deuxième partie, nos remarques s'adressent à ce qui a
été dit à propos de la Commission des transports. Il est
bien évident que si on prétend au départ que la location
n'est pas du transport, nos remarques envers la Commission des transports vont
être d'ordre général parce que nous ne sommes pas
régis par la Commission des transports si nous disons que nous ne sommes
pas un moyen de transport. Par contre, ce qu'on doit suggérer au
gouvernement et au Parlement, c'est que la Commission des transports, si on en
fait une modification quelle qu'elle soit, il faudra être très
prudent dans le genre de modification qu'on voudra apporter. Dans le fond, la
Commission des transports ce n'est pas un organisme si mauvais que cela. C'est
vrai qu'il y a des lenteurs. Tout le monde le dit. Les lenteurs ont
été causées, dans bien des cas, par un trop grand nombre
de dossiers devant cette commission. A titre d'exemple, on peut prendre
l'émission de permis de taxis et le transfert de permis de taxis qui
donnent un très grand nombre de dossiers à la commission.
On souligne également, par rapport à la Commission des
transports, par rapport aux modifications qu'on veut y apporter, que cette
commission est trop juridique, trop judiciaire et qu'elle devrait être de
nature plus économique, composée de personnes ressources
connaissant le milieu des transports et ayant une formation économique
pouvant prendre des décisions ou faire des suggestions qui vont aller en
accord avec tout le secteur économique du Québec. Par contre, il
faut être prudent quand on dit que la réglementation devrait
être confiée à la Commission des transports. Nous croyons
que le lieutenant-gouverneur en conseil est encore le mieux placé pour
édicter une réglementation parce qu'il a une vue d'ensemble des
problèmes du Québec. Il est capable de juger des situations en
tenant compte de facteurs économiques, de facteurs régionaux, de
facteurs politiques. Les représentations qu'on peut faire au
lieutenant-gouverneur en conseil ont toujours été faciles dans le
passé et je pense qu'il est important de laisser la
réglementation entre les mains du lieutenant-gouverneur en conseil. (14
h 30)
En parlant de réglementation, nous désirons
également dire à la commission qu'il faut être prudent et
ne pas trop réglementer tout ce qui s'appelle transport au
Québec, parce que nous vivons avec des Etats américains autour de
nous et des Etats canadiens, nous avons à transiger avec ces
gens-là tous les jours et, dans beaucoup d'Etats, il n'y a pas une
réglementation aussi serrée que celle du Québec. Alors, il
ne faut pas faire un ghetto du Québec; il faut s'ouvrir aux Etats
voisins et, de cette façon-là, il faut éviter, autant que
possible, de faire des réglementations trop sévères qui
auraient pour but de limiter ou qui auraient pour effet de limiter le commerce
des Québécois avec l'étranger.
Ce qu'on retient, nous, de l'organisme qui pourrait remplacer la
commission ou de la commission qui pourrait être modifiée, par
rapport à la location, ce qu'on retient, c'est que la commission devrait
conserver l'émission et le contrôle des permis de location et le
dépôt des tarifs par les compagnies de location, mais il ne faut
pas donner à la Commission des transports le pouvoir de fixer les tarifs
en matière de location, parce qu'encore là, nous sommes en
compétition constante avec les Etats étrangers et ça
pourrait être
très dommageable pour l'industrie québécoise en
général qui deviendrait moins compétitive si on avait une
fixation de tarifs par la Commission des transports.
A titre de conclusion, nous aimerions peut-être faire quelques
recommandations précises à la commission. Nous nous sommes rendu
compte ce matin, à l'audition des mémoires qui ont
été entendus ici, qu'on s'en est tenu à des
généralités dans bien des cas et que la commission
aimerait peut-être entendre certaines recommandations précises
venant du milieu de la location.
Une première recommandation a trait au conseil consultatif. Nous
sommes d'accord pour dire que les membres de ce conseil devraient être
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil et ces gens devraient
être nommés pour leur compétence et leur connaissance du
milieu. Ce sera le rôle de ces gens-là d'aller rencontrer les
divers intervenants dans le domaine du transport, dans le domaine de la
location, dans tous les domaines possibles, d'aller rencontrer les
différentes associations, de savoir ce qu'elles ont à dire et de
rapporter aux autorités compétentes le résultat de leurs
enquêtes.
Alors, la nomination devrait être faite par le
lieutenant-gouverneur en conseil, ce qui éviterait des guerres autour
d'une table à longueur d'année.
La deuxième recommandation que nous aimerions faire et qui
éliminerait, selon nous, beaucoup de transport illégal... Parce
qu'il ne faut pas se le cacher, si on était capable et si on exigeait de
faire appliquer toutes les lois, toutes les ordonnances et toutes les
réglementations demain matin, il n'y aurait pas beaucoup de camions qui
pourraient rouler au Québec.
Or, cette recommandation s'inscrit dans cet esprit, à savoir
qu'un transporteur public pourrait se procurer un véhicule loué
comme tout transporteur privé à court terme, d'une compagnie de
location, sans obtenir de permis de la Commission des transports. Dans le cas
de dépannage, de situations d'urgence, de manque d'équipement
soudain, on devrait permettre au transporteur public de s'apprivisionner d'un
véhicule loué quand il en a besoin. Cela aurait comme avantage
que l'opérateur, le camionneur public qui n'a pas l'équipement
voulu pourrait desservir le secteur qui lui est attribué au moyen
d'équipement loué, ce qui est une méthode moderne, une
méthode nouvelle de se procurer de l'équipement et qui
desservirait une clientèle qui lui est permise à
l'intérieur de son permis, et là, on ne viendrait pas dire que le
locateur sollicite ses clients. Le locateur aime beaucoup mieux louer à
un transporteur public qui a l'expérience de fonctionnement d'un
véhicule moteur que de louer à n'importe qui. De cette
façon, cela pourrait améliorer de beaucoup le service et cela
enlèverait à la Commission des transports le fardeau
énorme d'émettre des permis dans chaque cas. Bien souvent, quand
le permis est émis, déjà le besoin est passé. C'est
notre deuxième recommandation.
Notre troisième, c'est de favoriser et là, je
m'adresse peut-être pas uniquement au ministère des Transports,
mais vu que c'est une tribune publique, nous nous permettons de le dire
aujourd'hui le regroupement des petites et moyennes entreprises de
location et de transport au Québec. Nous ne sommes pas sans savoir que
la principale concurrence dans le domaine de la location comme dans le domaine
du transport public vient des grandes entreprises qui sont de
propriété non québécoise. Ces compagnies,
transporteurs publics entre autres, détiennent dans la plupart des cas
les meilleures routes, laissant à nos petits et moyens transporteurs ou
locateurs québécois de petites routes et un petit réseau
de clientèle. En favorisant le regroupement de ces entreprises, on
permettrait à ces dernières d'avoir des dépôts un
peu partout au Québec. Cela permettrait de mieux desservir la population
du Québec, mais, pour ce faire, il faudrait essayer d'enlever le
coût de transfert des permis et des plaques. C'est tellement
élevé quand on veut faire une fusion de deux petites ou moyennes
entreprises, ces coûts de transfert sont tellement élevés
que cela rend impossible un tel transfert et cela favorise dans bien des cas
l'achat de l'entreprise québécoise par une compagnie
étrangère. C'était notre troisième recommandation
précise.
Nous voulons conclure en disant à la commission que quelque loi
ou recommandation que le gouvernement fasse, on devrait essayer, autant que
possible, de les faire les plus souples possible dans l'espoir de les voir
appliquer. Cela ne donne absolument rien d'avoir une réglementation
sévère si on n'est pas capable de la faire appliquer. Si, en
matière de location, on fait une réglementation, dans
l'application de cette réglementation et dans les sanctions
imposées à ceux qui ne respecteront pas cette
réglementation, il ne faudra pas oublier que l'utilisateur ou le
locataire devrait être impliqué dans les sanctions.
Ces sanctions, on n'a pas peur de le dire, devraient avoir des dents si
on veut mettre un frein à tout ce qui s'appelle chose illégale,
il faut rendre la loi claire, souple et avoir des moyens de contrôle
très stricts, mais ne pas viser uniquement l'opérateur, soit le
transporteur public ou le locateur, mais viser celui qui commet l'infraction,
effectivement, dans bien des cas, l'expéditeur.
En terminant, nous réitérons la collaboration que nous
avons toujours apportée au ministère des Transports, et nous
sommes à votre disposition pour répondre à vos
questions.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le ministre.
M. Lessard: Nous avons quelques questions à poser soit
à M. Legris, à M. Lacaille ou à M. Robert.
Vous avez affirmé au début, M. Legris, que seules les
compagnies de transport qui n'avaient pas d'intérêt direct
à l'intérieur des compagnies de location se plaignaient de la
réglementation. Ce
matin, en fait, nous avons reçu un mémoire nous indiquant
que les compagnies de location n'avaient pas de part directe à
l'intérieur d'entreprises de transport comme telles. Est-ce que vous
pourriez expliciter un peu? Est-ce que la grande partie des transporteurs
publics, selon vos informations, auraient des actions directes à
l'intérieur de compagnies de location?
M. Legris: Nous croyons qu'une grande partie des compagnies de
transport public possèdent des intérêts dans des compagnies
de location; soit directement ou indirectement, elle sont reliées
à des compagnies de location.
M. Lessard: Je présume, puisque l'Association du
camionnage du Québec regroupe l'ensemble des transporteurs ou une grande
partie des transporteurs publics, que ces compagnies sont membres de
l'Association du camionnage du Québec?
M. Legris: Les compagnies qui...
M. Lessard: Les compagnies de camionnage public.
M. Legris: C'est cela. Elles doivent être membres de
l'association. C'est une chose qu'elles doivent nous dire.
M. Lessard: Or, c'est là que je comprends difficilement
les protestations on pourra toujours y revenir puisqu'on l'a
souligné de matin de l'Association du camionnage du Québec
qui se plaint du transport illégal à cause de la
pseudolocation.
M. Legris: On a de la difficulté à le comprendre
également, la façon dont ces gens réagissent. Nous croyons
que le transport illégal n'est pas fait uniquement sous le couvert de la
location, il peut être fait de trois façons. C'est l'utilisateur
du camion qui fait du transport illégal, comme on le mentionnait
tantôt. C'est sûr qu'il y en a, du transport illégal. On
serait idiot de ne pas le croire. Il y en a sûrement, il y en a
même plus qu'on le pense.
Je vous soulignais à la fin une des recommandations, quand on
parlait des transporteurs publics à qui on devrait donner le droit de
louer des camions quand ils en ont besoin, mais si on faisait appliquer
uniquement cette réglementation, on s'apercevrait qu'il y a beaucoup de
transport illégal qui se fait sous ce couvert de location de la part du
transporteur. Il y en a beaucoup de transport illégal ici au
Québec, c'est certain, parce que les lois sont
enchevêtrées, mais de là à dire que c'est fait par
le biais de la location, il y a une marge. C'est l'utilisateur du
véhicule qui fait du transport illégal. L'utilisateur peut
l'avoir loué, son véhicule, il peut l'avoir acheté ou il
peut être détenteur d'un permis de transport.
M. Lessard: Actuellement, selon vos informations, si je veux
louer un camion pour faire du transport et que j'ai un permis de la Commission
des transports du Québec, je dois demander l'autorisation à la
Commission des transports du Québec, camion par camion?
M. Legris: C'est cela, jusqu'à 20% de la flotte. M.
Lessard: C'est cela.
M. Legris: C'est une des recommandations qu'on faisait
tantôt.
M. Lessard: Maintenant, vous disiez aussi qu'on devrait
être très prudent dans les modifications qu'on aurait à
apporter à la Commission des transports et, en même temps,
éviter de faire une réglementation trop sévère,
trop stricte. Qu'est-ce que cela veut dire pour vous, une
réglementation? Parce que, vous savez, je suis très prudent, en
tout cas, on essaie d'être très prudent dans la
réglementation, mais quand les gens sont déjà
réglementés parce que la réglementation crée
des privilèges exclusifs cela crée des droits et des
obligations aussi, mais cela donne indirectement des privilèges, puisque
même les permis peuvent se vendre maintenant, que ce soit au niveau des
taxis, que ce soit au niveau du camionnage général, ils
obtiennent les permis en payant tant par année, mais il reste qu'il y a
une valeur marchande dans un permis, actuellement. Peut-on demander, par
exemple, à un organisme comme le vôtre ou d'autres qui viendront
par la suite, si on ne devrait pas envisager une déréglementation
graduelle dans l'industrie du camionnage au Québec?
M. Legris: Je pense que le gouvernement a une
responsabilité vis-à-vis de la population d'assurer un transport
public sur toutes les routes du Québec. Si on
déréglementait à outrance, on aurait probablement des
difficultés avec des routes qui ne sont pas payantes ou des routes qui
sont éloignées. Je pense que c'est la responsabilité des
pouvoirs publics de voir à ce qu'il y ait un système de transport
routier adéquat et public.
Mais de là à réglementer une activité
économique qui n'est pas du transport c'est là notre
point; par la location, nous fournissons un outil à des gens qui veulent
transporter eux-mêmes de la marchandise c'est là qu'on dit
qu'on ne doit pas réglementer trop dans ce domaine, parce que nous
sommes en compétition constante avec les Etats canadiens et
américains qui nous entourent. Si on est trop réglementé
au Québec, ce sont les étrangers qui vont venir au Québec
faire des affaires que nous ne sommes pas capables de faire parce que nous
sommes des citoyens du Québec.
On se dit: Dans ce domaine, vu que ce n'est pas du transport, c'est une
activité économique, il faut faire attention dans la
réglementation qu'on fait. On se dit: Quelque réglementation
qu'on fasse, qu'on essaie de la faire la plus claire, la plus simple, la plus
souple possible pour qu'elle puisse être appliquée et que les
sanctions aient des dents. Nous sommes d'accord avec le gouvernement,
nous voulons de l'ordre dans ce domaine. Nous n'appuyons pas ceux qui
font du transport illégal de quelque façon que ce soit; nous
voulons de l'ordre. Mais on se dit que ceux qui devraient payer les sanctions,
ceux qui devraient en souffrir, ce sont ceux qui commettent l'infraction, ceux
qui utilisent l'outil. (14 h 45)
Nous voyons dans le rapport CEGIR, à un moment donné, une
association de fabricants qui dit: Ce n'est pas compliqué, si vous
voulez régler le transport illégal, vous n'avez qu'à
imposer une amende de $500 ou de $5000 et à enlever le permis à
la troisième infraction et vous n'aurez plus de transport
illégal. Cela va bien de faire une affirmation de ce genre quand ce
n'est pas eux qui payent l'amende et ce n'est pas eux qui sont visés.
Nous disons que ceux qui commettent des infractions devraient être punis.
Ce n'est pas le locateur qui, dans la plupart des cas, est celui qui commet
l'infraction; c'est celui qui utilise l'outil. Celui qui utilise l'outil peut
avoir loué l'outil, peut le posséder, peut avoir un permis pour
l'utiliser. Celui qu'on devrait viser, c'est l'utilisateur; on devrait avoir
une loi qui a une sanction avec des dents.
Cela va seulement nettoyer, faire le ménage dans ce qui nous
empêche, autant camionneurs publics que locateurs de véhicules,
d'avoir un commerce sain au Québec.
M. Lessard: En ce qui concerne votre association, est-ce que vous
avez plutôt de la location à long terme ou à court
terme?
M. Legris: C'est de la location à long terme et à
court terme.
M. Lessard: Dans quelle proportion?
M. Legris: C'est à peu près 50% à long terme
et 50% à court terme.
M. Lessard: Une question d'opinion. Selon vous, qu'est-ce qui
justifie le choix de la location plutôt que de l'achat? Je comprends
qu'il peut y avoir une période de pointe où un transporteur
public obtient un contrat et, comme c'est de courte durée, il ne veut
pas utiliser son "cash-flow", son capital, pour investir dans l'achat de
camions pour une période de trois, quatre ou cinq mois. Mais, selon
vous, qu'est-ce qui justifie des compagnies comme la Domtar ou Dominion ou
d'autres de louer ces camions à long terme? Je me dis une chose: S'ils
font de la location à long terme, est-ce que c'est parce que ça
coûte moins cher de louer à long terme que d'acheter?
M. Legris: En plus des raisons économiques, il y a une
question de...
M. Lessard: Si vous louez à long terme, c'est parce que
c'est payant pour vous autres. Comment se fait-il que, pour une compagnie d'une
certaine importance, ça devient plus payant de louer à long terme
que d'acheter?
M. Legris: C'est une seule partie de leur activité
économique; ils ne sont pas en affaires pour faire de la location de
camions; c'est un service de leur entreprise. Le transport de leurs
marchandises vers l'extérieur ou vers l'intérieur, c'est un
service, de la capitalisation qu'ils sont obligés d'investir dans un
service donné.
Quand on demande pourquoi ils louent à long terme, en plus des
raisons économiques de capitalisation, il y a des raisons techniques des
sortes d'équipements requis, bien souvent. Dans plusieurs cas, quand on
loue à long terme, c'est de l'équipement très
spécialisé qu'on ne retrouverait pas chez des transporteurs
publics, bien souvent, soit des camions réfrigérés, soit
des camions avec de l'équipement bien spécialisé dont la
compagnie a besoin pour livrer son produit ou pour acheminer des produits pour
transformation vers l'usine.
M. Lessard: Est-ce que ce ne serait pas aussi dû je
n'affirme pas, c'est toujours sous forme de point d'interrogation au
fait que les coûts de transport sont élevés au
Québec?
M. Legris: Là, c'est une question purement d'opinion et je
pense que les gens qui viendront vous parler au nom des expéditeurs
pourront vous donner cette réponse. Nous, au niveau de la location, il
est bien certain que nous sommes en affaires pour faire de l'argent comme
toutes les entreprises commerciales, il ne faut pas se le cacher. C'est parce
que nous nous spécialisons dans un domaine particulier, qui est la
location, qu'il est possible de réaliser des profits, alors qu'une
entreprise qui fabrique des produits, qui transforme des produits, le
transport, pour elle, représente peut-être 10% de son
activité. Donc, elle ne peut pas avoir le même pouvoir d'achat que
les compagnies de location, elle ne peut pas avoir les mêmes services
d'entretien technique et de conservation de l'équipement roulant;
ça, c'est bien important parce que, en matière de camions et de
véhicules commerciaux, si l'entretien n'est pas effectué, ils se
déprécient très rapidement, alors que les compagnies de
location, étant donné qu'elles concentrent leurs activités
dans l'achat et la location de camions, peuvent avoir un service d'entretien
adéquat, avec les spécialistes que ça requiert.
M. Lessard: Le rapport CEGIR recommande d'autoriser la Commission
des transports à réviser, dans la nouvelle formule qu'on est
à considérer, par exemple, les tarifs déposés, si
elle juge que ces tarifs sont abusifs. Vous semblez vous opposer, dans votre
mémoire, à cette recommandation no 10.
M. Legris: Effectivement, parce que les tarifs
déposés sont des tarifs, comme on le disait tantôt, qui
s'appliquent à des véhicules tellement différents,
à des véhicules tellement spécialisés, à des
routes qui peuvent être très différentes. Nous sommes en
concurrence continuelle avec des gens qui exploitent des compagnies de location
et
qui sont situées en Ontario ou aux Etats-Unis. Si, au
Québec, nous étions limités, dans la tarification, par une
commission, une régie ou un organisme public, nous ne pourrions plus
courrencer ces compagnies étrangères, d'une part, et ça
pourrait également affecter la rentabilité de nos entreprises
québécoises, parce qu'on serait régi par des tarifs fixes,
alors que les compagnies étrangères, les compagnies
situées sur un sol étranger pourraient facilement venir au
Québec et ne pas être régies par ça.
M. Lessard: Est-ce que, en Ontario, les tarifs sont fixés
par la Commission des transports?
M. Legris: Non. C'est la seule...
M. Lessard: Les tarifs sont exclusivement
déposés?
M. Legris: Ils sont déposés.
M. Lessard: Et il n'y a pas de révision de la Commission
des transports en Ontario, si elle juge que les tarifs sont abusifs?
M. Legris: En matière de location, il n'y a aucun Etat, en
Amérique du Nord, où les tarifs sont approuvés,
vérifiés ou fixés par une régie
gouvernementale.
M. Lessard: Est-ce que le rôle de la Commission des
transports ne serait pas aussi en même temps de protéger le
consommateur parce que, même si vous parlez d'une certaine concurrence
entre les provinces voisines, est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité,
par exemple, d'avoir des ententes tacites entre les compagnies de transport et
les compagnies de location pour fixer des tarifs qui soient assez
élevés et, dans ce cas, cela irait à rencontre des
intérêts des consommateurs?
M. Legris: Oui, il faut dire que les compagnies de location, en
règle générale, ne transigent pas avec des consommateurs,
des particuliers. Elles transigent avec des commerces, avec des industries qui
ont les moyens de vérifier les coûts et les tarifs un peu partout
en Amérique du Nord et ces compagnies ne sont pas placées dans la
même position qu'un consommateur privé qui est pris devant l'achat
d'un appareil de télévision sur lequel on s'est entendu pour
fixer le prix. On n'est pas dans le même domaine de protection du
consommateur. Ce ne sont pas des consommateurs dans l'esprit qu'on l'entend
habituellement. Ce sont des compagnies en concurrence les unes avec les autres
et, si on laisse jouer la saine concurrence dans ce domaine, il n'y aura jamais
de tarifs abusifs parce que celui qui exigera des tarifs abusifs sera toujours
en concurrence avec quelqu'un d'autre. Il est impossible, à cause du
nombre de compagnies de location, qu'il y ait une entente entre trois ou quatre
compagnies pour maintenir des tarifs. Cela se voit dans des secteurs où
il y a deux ou trois, ou cinq compagnies qui contrôlent tout, mais, dans
le domaine de la location, il y a plusieurs compagnies de location. Il serait
à peu près impossible que ces compagnies s'entendent pour fixer
des tarifs.
M. Lessard: Donc, votre recommandation s'applique en ce qui
concerne les compagnies de location. Elle ne s'applique pas en ce qui concerne
d'autres secteurs, par exemple le transporteur général.
M. Legris: Non. Nous ne parlons pas du transport
général. Nous parlons de la location seulement.
M. Lessard: Vous avez parlé aussi du conseil consultatif.
Nous avons eu, ce matin, des remarques de l'Association du camionnage du
Québec selon lesquelles, si je les ai bien interprétées,
il appartiendrait aux associations de déléguer des
représentants au niveau du conseil consultatif des transports. Est-ce
que vous pourriez expliciter un peu votre opinion à ce sujet? Est-ce que
ce devraient être des personnes spécialisées dans des
secteurs spécialisés, déléguées par des
associations ou des personnes nommées par le lieutenant-gouverneur en
conseil, reconnues par leur compétence générale dans le
transport, qui ont travaillé dans un secteur spécifique, mais qui
ne sont pas attachées à des organismes de transport?
M. Legris: Nous nous opposons à ce que le conseil
consultatif soit composé de délégués d'associations
du milieu parce que nous sommes assurés que les intérêts
des diverses associations peuvent être diamétralement
opposés. On va assister à des chicanes de clocher à
longueur d'année autour de cette table et le conseil consultatif ne
remplira pas, à notre point de vue, le rôle qu'il doit remplir
auprès du ministre. Nous croyons que le ministre ou le
lieutenant-gouverneur en conseil devrait nommer les membres de ce conseil en
tenant compte de leur compétence. On devrait donner, et c'est le
deuxième volet, un rôle très précis à ces
membres du conseil consultatif; c'est d'aller rencontrer ces diverses
associations, d'aller voir ce que ces associations ont à dire et d'en
faire une synthèse, et de faire après le boulot de consultation
auprès du ministre. Nous pensons que le rôle du conseil
consultatif sera beaucoup mieux rempli de cette façon. On va
éviter toutes les questions politiques au niveau des associations, on va
avoir de la compétence et on se fie au bon jugement du
lieutenant-gouverneur en conseil pour cela. Mais à la condition que ces
gens qui sont nommés viennent consulter auprès des associations,
viennent prendre le pouls du milieu avant de faire des recommandations au
ministre.
M. Lessard: Mais un tel conseil exigerait presque l'emploi de
personnes à temps plein.
M. Legris: II s'agirait d'en établir les modalités
plus tard et de fixer un mandat.
M. Lessard: Est-ce que la consultation qui est faite soit par le
ministre, soit par l'intermédiaire de fonctionnaires auprès de
différents organismes, ne serait pas valable? Si on met un autre
organisme de consultation, c'est encore des délais
supplémentaires avant de faire adopter des règlements. Il y a une
consultation ou une rencontre au niveau des fonctionnaires avec des
groupements, des associations et là, on va avoir le conseil consultatif
qui va consulter à nouveau et quand le ministre consulte encore,
ça prend du temps avant de faire le règlement.
M. Legris: Remarquez bien que quant au principe de
l'établissement d'un tel conseil, nous n'en sommes pas là, parce
que jusqu'à maintenant, nous pouvons dire que les consultations que nous
avons pu avoir avec les divers pouvoirs politiques ont toujours
été excellentes et nous n'avons pas à nous plaindre
à ce chapitre. Mais nous nous disons que si un conseil consultatif doit
exister ou continuer d'exister ou être mis en branle, il devrait
être composé de cette façon.
Nous ne nous prononçons pas sur le principe même du conseil
consultatif, parce que jusqu'à maintenant, on n'a pas à se
plaindre. Le ministre, les hauts fonctionnaires, les sous-ministres sont
très accessibles et portent toujours une oreille attentive à ce
qu'on a à leur dire.
M. Lessard: J'aurais un dernier point concernant la
recommandation de favoriser le regroupement des petites et moyennes entreprises
de location. Cela touche un peu au ministère de l'Industrie et du
Commerce, mais quand même, c'est un secteur névralgique pour le
Québec et c'est un interlocuteur qui est le ministre des Transports
à ce sujet-là et qu'il ait des recommandations à faire au
ministre de l'Industrie et du Commerce, est-ce que vos membres sont favorables
à ce regroupement? Si les membres sont favorables à ce
regroupement pour que ce soient des entreprises plus fortes, plus
concurrentielles, quel serait le moyen que pourrait prendre le gouvernement?
Parce qu'on ne peut quand même pas les forcer à se regrouper. Mais
quel serait le moyen à incidence économique, que devrait utiliser
le gouvernement pour favoriser ce regroupement et qui serait plus que votre
propre volonté de vous regrouper?
M. Legris: C'est déjà un objectif de l'association
d'étudier, ce qui se fait actuellement, le regroupement des diverses
entreprises de location à travers le Québec, dans le but de
donner un meilleur service, dans le but de concurrencer les grandes entreprises
multinationales.
Mais on se rend compte que même si le ministère de
l'Industrie et du Commerce peut nous donner des avantages sur le plan
technique, par voie de ses fonctionnaires, sur le plan pécuniaire par
voie de subventions à l'occasion, on se rend compte que sur le plan
très pratique, quand on arrive au transfert des permis et des plaques
d'immatriculation, ça représente dans certains cas, des
coûts incroyables, ce qui met un frein au désir qu'on peut avoir
de fusionner ou d'essayer de faire un regroupement.
M. Lessard: J'aimerais avoir des explications
supplémentaires sur ces coûts incroyables de transfert de permis
quand il y a regroupement. Que comportent ces coûts incroyables? Vous
pouvez intervenir, M. Lacaille, si vous le voulez.
M. Legris: II y a différentes formules qui sont
envisagées. Il peut y avoir une...
M. Lessard: Mais au niveau de ces prix incroyables, des prix
très élevés, ça veut dire quoi, des prix
très élevés? Quand il y a fusion ou transfert, il me
semble qu'au lieu de payer deux fois vous devenez une compagnie à
un moment donné le même permis, selon le nombre de camions,
naturellement, mais je ne vois pourquoi les deux compagnies fusionnées
coûteraient plus cher qu'une compagnie... (15 heures)
M. Legris: C'est que si on ne peut pas faire coïncider la
période de transfert avec la période d'émission des
plaques, on est obligé d'avoir de nouvelles plaques au nom de la
nouvelle entité juridique qui existe. Cela représente des
coûts énormes et c'est de ces coûts-là dont on parle
aujourd'hui.
M. Lessard: Autrement dit, vous êtes obligés d'avoir
une plaque pendant une période de trois mois jusqu'à ce
que...
M. Legris: C'est cela, jusqu'à ce que le renouvellement
des plaques arrive. Ce sont des coûts de cette nature que nous vous
soumettons.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup. Quant à moi, je
passe la parole au député de Charlevoix.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Je pense qu'on retrouve, dans le mémoire qui
vient d'être présenté, la plupart des constatations que
nous avions entendues avant le lunch de la part de ceux qui vous ont
précédé. On constate également que le rapport CEGIR
fait grand état, forcément, des blâmes qu'on porte aux
locateurs responsables de l'illégalité qui se fait dans le
transport. Je pense que vous êtes chargés valablement par le
rapport CEGIR. Tantôt, on parlait je ne fais pas mon profit de ce
qui est dit dans le rapport CEGIR, je fais une constatation de cette
illégalité dans le transport et des moyens que pourrait prendre
le gouvernement pour tenter de la faire disparaître. On a parlé
des infractions à ceux qui sont les utilisateurs. Si je vous ai bien
compris tantôt, dans votre optique, si l'utilisateur qui est pris dans
l'illégalité était appelé à payer des
amendes suffisamment élevées, pensez-vous que ce serait de nature
à décourager l'illégalité dans le transport? Cela
semble un facteur et la question
que je me pose est la suivante: Une telle possibilité ne
ferait-elle pas, dans l'esprit de ceux qui pourraient être pris en
infraction, qu'ils devraient quand même continuer
l'illégalité dans le transport, sachant qu'il y a tellement de
charges qui passeront sans infraction qu'ils y trouveront quand même un
profit? Dans votre esprit, pensez-vous que l'imposition d'amendes assez
élevées pour les décourager serait un correctif à
la situation, qu'elle vienne des locateurs ou qu'elle vienne d'autres
utilisateurs?
M. Legris: C'est sûrement un moyen qui pourrait être
envisagé, mais ce que nous disons également, c'est qu'il faut que
la réglementation soit souple et simple. Actuellement, c'est tellement
complexe que vous avez peut-être raison de dire qu'on commet de nouveau
l'illégalité et on dit: On l'ajoute au coût
général du transport. Si la réglementation était
claire, précise et que les correctifs joints à cette
réglementation étaient assez importants, cela pourrait
décourager beaucoup le transport illégal.
M. Mailloux: Est-ce à dire qu'une réglementation
assez simple, mais qui indiquerait que le transport illégal, non pas en
pénalités monétaires, mais après tant
d'infractions, l'utilisateur qui détient un permis pourrait perdre son
permis après constatation de tant d'infractions? Devrait-on aller jusque
là?
M. Legris: L'utilisateur ne détient pas de permis dans le
fond. Celui qui utilise les services soit du transport public ou soit d'un
camion loué ne détient pas de permis. Il y a des permis
d'exploitation de son usine ou de son entreprise qui relèvent d'autres
ministères.
M. Mailloux: Mais comme il y a des utilisateurs qui font des
voyages sur des circuits qui ne leur appartiennent pas également qui
sont des gens qui ont des permis, mais qui transportent dans
l'illégalité.
M. Legris: Tous ceux qui transportent dans
l'illégalité, si on avait des pénalités qui leur
font mal, il s'agirait de juger dans quels cas on peut faire mal à
l'utilisateur qui commet des infractions. Il est certain que si on citait
à comparaître le responsable de la compagnie expéditrice
devant un tribunal pour répondre à des accusations de transport
illégal, je suis convaincu que déjà là, vous
mettriez un frein parce que ces gens ne sont pas intéressés
à aller comparaître devant les tribunaux. Celui qui est en charge
de l'expédition, si on le citait à comparaître, ce
monsieur-là, il y penserait deux fois avant de commettre
l'illégalité, en plus de la peine pécuniaire. Si celui qui
commet l'illégalité est déjà détenteur d'un
permis, là, si on prévoit en plus de l'amende ou de la
pénalité pécuniaire une suspension ou un retrait de
permis, cela pourrait également favoriser le nettoyage que tout le monde
préconise, mais ce que nous voulons dire, c'est que ce ne sont pas les
locateurs de véhicules comme tels qui doivent toujours supporter les
amendes ou les correctifs qu'on impose; c'est cela que nous voulons dire.
M. Mailloux: Dans un autre ordre d'idées, à la page
14, vous parlez des aspects négatifs, quand vous dites que vous
n'êtes pas prêts "à endosser la proposition qui permettrait
à la Commission des transports d'élaborer la
réglementation reliée avec les politiques du gouvernement". La
Commission des transports, dans mon esprit, c'est une émanation du
ministère des Transports et elle est là pour mettre en
application les politiques décidées par le gouvernement. Je pense
que, qu'on le veuille ou non, il appartiendra toujours au ministre, par le
biais du lieutenant-gouverneur en conseil, et au Conseil des ministres
d'édicter des lois et des règlements. Ce n'est pas à une
émanation qu'il appartient, je pense, d'indiquer la politique
gouvernementale. Je suis de ceux qui croient que le gouvernement, en raison de
tous les effectifs qu'il a entre les mains, est en mesure de faire l'analyse
qui s'impose d'un système de transport ou d'une autre facette de notre
vie économique et d'édicter les lois qui s'imposent, de
même que les règlements.
Je pense qu'il serait abusif, également, de donner des pouvoirs
discrétionnaires à un organisme, qu'il soit judiciaire ou
administratif, c'est un rôle qui ne lui appartient pas. Je suis de ceux
qui endossent les réserves que vous avez à rencontre des
recommandations du rapport CEGIR.
Quand vous parlez, également, des dimensions
socio-économiques, on parle assez valablement, dans le rapport CEGIR,
des enquêtes socio-économiques qui devraient évidemment
permettre à la Commission des transports d'élaborer... Je suis de
ceux, également, qui croient que le ministère des Transports,
avec les 8000 ou 10 000 fonctionnaires qu'il a à sa disposition,
possède l'ensemble des effectifs humains et des compétences dont
il a besoin pour tâcher de préparer les meilleures lois possible,
quitte à les changer si on constate quelque chose.
Cela m'amène au conseil consultatif. On a parlé, ce matin,
du type de conseil consultatif qu'on voudrait, de qui devrait faire les
nominations, d'où viendraient ces gens. J'ai assisté à la
formation, par mon prédécesseur, d'un conseil consultatif qui
venait des différents intervenants qui sont ici ou d'autres qui
viendront dans les jours qui suivent, et on a constaté que le travail
quand même valable que, dans les premiers temps, a fait le conseil
consultatif venait de gens qui représentaient des intérêts
donnés, qui représentaient une association à la table du
conseil consultatif. Les intérêts étaient tellement
divergents à l'intérieur de tout le système des transports
qu'on constatait que c'était l'intérêt de chacun qui
était avancé. Il n'y avait pas moyen de faire un consensus parmi
le travail qui venait du conseil consultatif, aussi valables qu'aient
été les gens qui étaient en poste.
Est-ce que, dans votre esprit, il ne serait pas sage que, plutôt
que d'aller directement à des associations, on aille dans le grand
public, vers
des gens multidisciplinaires qui possèdent les connaissances
requises du transport et des problèmes économiques du
Québec et que le gouvernement prenne sa responsabilité?
Même s'il était accusé de politiser un tel conseil, qu'il
en subisse le contrecoup s'il pose le mauvais geste. Est-ce que vous ne pensez
pas que c'est dans ce sens qu'on devrait aller?
M. Legris: C'est exactement ce que nous préconisons. Nous
n'avons pas mentionné que les personnes nommées au conseil
consultatif devraient provenir des diverses associations. Nous avons dit que le
lieutenant-gouverneur en conseil devrait nommer des personnes à cause de
leur compétence en matière de transport. Nous n'avons pas
mentionné d'où viendraient ces personnes. Nous avons dit que ces
personnes qui étaient nommées pour leur compétence
devraient retourner auprès des associations et essayer de
s'enquérir des besoins ou des priorités que les associations ont,
en faire une synthèse et faire les recommandations qui s'imposent au
ministre. C'est dans ce sens que nous avons fait notre recommandation.
Nous ne voulons pas que ce soient des représentants
d'associations qui siègent au conseil consultatif, nous ne voulons pas
non plus nécessairement que ce soient des gens nommés par le
gouvernement mais qui viennent des associations. Nous disons que ce sont des
gens qui sont nommés par le gouvernement à cause de leur
compétence en matière de transport. Ces gens ont le mandat
d'aller voir dans le milieu, les diverses associations, les divers
intervenants, ce qui se passe, et faire les recommandations, les
synthèses de recommandations qui s'imposent au ministre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre a quelque
chose à ajouter?
M. Lessard: Vous parlez souvent, et c'est un peu l'objectif qu'on
poursuit, de lourdeur administrative, de lourdeur de la réglementation,
de complications de la réglementation. J'aimerais que vous vous
expliquiez un peu plus sur le sujet. Je sais que c'est facile, et c'est
peut-être là qu'est le problème de cette commission et,
aujourd'hui, de s'en tenir à des généralités et de
sortir de ces séances de la commission avec des beaux principes
généraux. Une fois qu'on a défini et qu'on a dit: II
faudrait que la réglementation soit simple et il faudrait que tout le
système d'application de cette réglementation ne soit pas lourd,
je vous avoue que quand on arrive pour réglementer, on cherche encore
qu'est-ce que c'est une réglementation simple. On est en contact avec
les associations, les associations crient justement sur la lourdeur de la
réglementation, sur les délais interminables que ceci
amène, mais chaque association, par exemple, est après le
ministère et après le gouvernement pour se faire
reconnaître officiellement et exclusivement et avoir son règlement
bien à elle.
Qu'est-ce que c'est, en fait, une réglementation simple? Est-ce
que ce serait, par exemple, pour le ministre, de déterminer des
politiques, des règles générales, des objectifs
généraux et dire: On va permettre à la commission de
prendre des décisions à l'intérieur du cadre très
général, non pas donner des cadres très précis? Par
exemple, je pense à une réglementation que j'ai acceptée
dernièrement et qui était très simple, c'était une
des réglementations qu'on a faites de façon très simple,
la réglementation sur le transport des déchets, je dis bien
déchets solides, déchets de cuisine et autres, les
éboueurs. Cette réglementation est simple, mais c'est encore une
réglementation de telle façon que maintenant pour être
éboueur il faut aller devant la Commission des transports et se faire
reconnaître. Donc, les éboueurs cherchent à se
protéger, comme de plus en plus l'Association de l'entretien des chemins
d'hiver demande elle aussi à avoir sa réglementation
spécifique. Cela fait que cela devient lourd, l'administration du
ministère des Transports, avec une telle réglementation. Ceux qui
sont dans chacun des secteurs veulent être réglementés, et
après qu'ils sont entrés, par exemple, ils disent: On va se
réglementer, parce que là cela va devenir un privilège,
cela va devenir un petit territoire ou un petit secteur exclusif à nous
autres. C'est avec cela que le ministère des Transports est pris
à un moment donné. La question fondamentale aujourd'hui, je pense
bien sur laquelle on cherche à trouver des solutions, c'est comment
simplifier cette réglementation qui nous est demandée de plus en
plus.
M. Legris: On peut dire qu'au niveau de la location, la
réglementation qui a été faite en avril 1978 est une
réglementation simple, facile à comprendre et facile à
appliquer. Sur cet aspect, on doit féliciter ceux qui en sont
responsables. Quand on parle de choses bien précises au niveau de la
lourdeur administrative, puisqu'on est ici pour se parler de façon bien
concrète, la Commission des transports ce n'est pas un secret
pour personne prend du temps à rendre des décisions. C'est
une grosse machine, elle a probablement beaucoup trop de dossiers pour le
personnel disponible à cette commission. Cette commission est beaucoup
trop judiciaire pour les services qu'elle serait appelée à
rendre, selon nous qu'il nous soit permis de souligner que les
procédures d'obtention d'un permis de quelque nature que ce soit
prennent des mois avant d'aboutir. Bien souvent, avec toute la bonne
volonté que les gens peuvent y mettre, et autant du côté de
la commission que du côté du requérant, cela prend des
mois. Cela cause des situations illégales parfois, parce qu'on est
devant une situation de fait. On demande un permis et quand le permis arrive,
la situation est déjà passée et on a été
dans l'illégalité pendant des mois. Cela est un cas bien
précis. Comment le régler? Cela n'est pas facile. (15 h 15)
Des recettes miracles, il n'y en a peut-être pas autant qu'on
pense. Mais ce qu'on peut souligner,
c'est que, si on fait une réglementation qui ajoute des
obligations à la commission, par exemple si on obligeait les locateurs
à déposer leurs taux et tarifs et à les faire approuver
par la Commission des transports qui aurait le pouvoir de les fixer, vous venez
d'ajouter, probablement, 1000 dossiers à la Commission des transports,
chaque année. Cela va évidemment ralentir le rythme de
production. C'est dans ce sens qu'on dit que, s'il faut amoindrir ou
alléger le travail de la Commission des transports, il faut essayer de
le faire dans le sens de laisser la libre concurrence jouer, tant au niveau des
tarifs qu'au niveau d'une réglementation, une réglementation
simple et facile à appliquer où on n'aurait pas à demander
une permission chaque fois qu'il faut poser un geste.
On vous a souligné, tantôt dans une de nos recommandations
précises, que le transporteur public qui veut utiliser un
véhicule loué dans un cas d'urgence ou dans un cas bien
précis est obligé de demander un permis chaque fois. Cela demande
du temps. On se dit que, si on prenait des situations précises comme
ça et qu'on les réglait, déjà, on enlèverait
à la commission un fardeau de travail qui accélérerait le
processus des autres dossiers.
Il y aurait peut-être lieu aussi, au niveau de la commission, de
séparer les différents secteurs. On a l'exemple du permis de taxi
où on a X milliers de permis de taxis et dont les détenteurs,
dans bien des cas, ont de la difficulté à comprendre le
français et l'anglais; ils ne sont pas habitués à nos lois
et le fonctionnaire, à la commission, qui est obligé de s'occuper
de ça, ça lui prend un temps fou. Il est bien certain que si la
commission est chargée de tous ces dossiers, ça devient une
grosse bebite avec laquelle on a de la difficulté à
transiger.
C'est ce qu'on essaie de souligner aujourd'hui, en disant: Enlevons
à la commission des permissions qu'elle se doit de donner
continuellement. On vous en souligne deux; entre autres, celle des
transporteurs publics qui doivent demander un permis pour avoir un
véhicule loué, c'en est une.
M. Lessard: Si on acceptait le dépôt des tarifs et
qu'à l'intérieur de trente jours, la commission ne décide
pas d'intervenir puisqu'elle ne juge pas que les prix sont abusifs, que les
taux déposés sont abusifs, il y a, à ce moment-là,
acceptation automatique des tarifs, ça ne crée pas de
problèmes sérieux à la commission.
M. Legris: Cela va quand même créer une lourdeur de
travail, parce qu'il va falloir qu'elle examine ces tarifs. Elle va avoir
à rendre une décision, tacite ou non. Si la décision est
rendue que le tarif est trop élevé, la décision rendue
dans l'autre sens l'est sans qu'on le sache. On ne sait rien et, au bout de
trente jours, le tarif est approuvé. Nous disons que, si nous devons
déposer des tarifs auprès de la commission, cela doit être
à titre d'information, à titre de registre de tarification, et
n'importe qui peut aller vérifier que le tarif est applicable.
M. Lessard: Une question, M. le Président. Je voudrais vos
commentaires, mais je vais poser cette question aussi aux autres organismes. On
se plaint souvent de la lourdeur administrative. C'est certain que tout
organisme judiciaire ou quasi judiciaire est un organisme qui se crée
des lourdeurs administratives. Ou il se fait créer des lourdeurs
administratives. Je m'explique. Est-ce que la lourdeur administrative qu'on
dénonce aujourd'hui n'est pas demandée par les propres
transporteurs qui sont actuellement dans le secteur et qui veulent y demeurer
et garder leurs privilèges, bien souvent exclusifs, à savoir
publication dans la Gazette officielle, pour permettre comme on sait que
ce n'est pas tout le monde qui lit la Gazette officielle de prendre
connaissance des demandes, ensuite convocation devant la commission, objection
de la part des transporteurs qui sont dans le secteur?
Est-ce que toutes ces lourdeurs administratives, dans le fond, ne sont
pas une création du système, à savoir que ceci
protège indirectement, et à la demande de ces transporteurs, ceux
qui sont dans la chasse gardée?
M. Legris: Cela peut être ça, mais ça peut
être également une solution qu'on devrait envisager dans la ligne
de pensée que le gouvernement actuel et les gouvernements
précédents ont essayé d'édicter en simplifiant la
procédure devant les différentes commissions ou devant les
différents tribunaux.
Je prends comme exemple le tribunal des petites créances,
où on avait une lourdeur administrative incroyable pour toutes les
petites créances qui existaient, toutes les disputes de terrains ou les
disputes d'automobiles qui existaient, c'était incroyable et ça
coûtait très cher en frais légaux et en délais.
On a essayé, et je pense qu'on a réussi dans une
très forte proportion, de minimiser les coûts. Je suis
peut-être mal placé pour parler de ce sujet, allez-vous me dire.
Mais je pense que, objectivement, c'est un travail très valable.
Aujourd'hui, on se rend compte qu'il y a un tas de petits dossiers, de dossiers
qui se règlent, peut-être pas à l'amiable, mais il y a un
personnage public, un juge, qui rend une décision, en tenant compte
d'une preuve faite par des individus et ainsi on évite de passer par
tout le dédale des procédures. On pourrait, au niveau de la
commission, faire un peu la même chose.
Il est certain qu'il faut protéger certains
intérêts; il est certain qu'il faut que ce soit public, c'est bien
sûr; mais il y a sûrement des méthodes modernes de rendre
des choses publiques, en raccourcissant des délais, en trouvant des
méthodes de publicisation plus souples et en diminuant l'aspect
procédurier qui existe au niveau de la commission. Encore une fois, je
ne parle pas pour moi personnellement, il est bien sûr que les frais
légaux, au niveau du transport, tout le monde le sait, sont très
chers et c'est très long; je pense que les frais légaux ne sont
rien par rapport aux délais encourus pour obtenir une décision.
Nous prétendons que, si la commission pouvait fonctionner de
façon très souple et très simple, comme on voit
dans d'autres domaines, ça améliorerait de beaucoup le traitement
des dossiers. On lui enlève, d'une part, un tas de dossiers; exemples:
les transporteurs publics qui n'auraient plus besoin de demander de permis
à chaque fois qu'ils veulent louer un véhicule. Que les tarifs
n'aient pas à être approuvés, au niveau de la location,
vous enlevez beaucoup de travail à la commission. Mais, pour tout ce qui
est des autres travaux de la commission, il y aurait lieu de simplifier la
procédure, de telle sorte qu'elle ne soit plus un organisme judiciaire,
mais un organisme économique, un organisme de bon sens, qui
répondrait à des politiques générales émises
par le ministère des Transports.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Pas d'autres
questions des membres de la commission?
Peut-être un commentaire pour terminer?
M. Legris: Non, nous demandons la permission de déposer le
mémoire en annexe, comme nous l'avons fait
précédemment.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, ce sera fait ainsi.
(Voir annexe B)
M. Legris: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Je remercie les
représentants de l'Association des locateurs de véhicules du
Québec.
Nous passons à la quatrième association, soit
l'Association nationale des camionneurs artisans Inc. Je demanderai donc aux
représentants de cette association de venir prendre place.
Vous pouvez y aller, messieurs, en présentant les
différents intervenants.
Association nationale des camionneurs artisans
Inc.
M. Piuze (Bernard): M. le Président, je m'appelle Bernard
Piuze, je suis un des procureurs de l'Association nationale des camionneurs
artisans.
A ma gauche, M. Dubé, le président de l'Association
nationale des camionneurs artisans du Québec et, à ma droite, M.
Richard Charest, un des membres de l'exécutif de cette association.
M. le Président, à la demande du président de
l'association, je vais me permettre de vous lire le court mémoire que
nous avons déposé à la commission parlementaire.
L'Association nationale des camionneurs artisans Inc., qui regroupe
l'ensemble des détenteurs de permis de camionnage en vrac et de
camionnage artisan au Québec a pris connaissance des avis publics et son
conseil d'administration a mandaté son président et ses
procureurs pour soumettre un rapport sur la question. L'ANCAI a
été, à l'origine, formée pour regrouper les
propriétaires de un, deux et trois camions qui oeuvraient dans le
camionnage en vrac. Par leur unité, les camionneurs artisans se sont
dotés de structures et d'une équipe pour, d'une part,
protéger leurs intérêts et, d'autre part, s'assurer de leur
mieux-être comme transporteurs publics dans le domaine du camionnage en
vrac.
Depuis 1973, l'ANCAl a été constamment présente
à la Commission des transports du Québec et, à ce titre,
l'ANCAl croit qu'elle est en mesure de faire valoir aux parlementaires certains
points qu'elle considère comme étant à la fois
d'intérêt public et à la fois dans l'intérêt
de ses membres.
Le présent mémoire ne vise pas nécessairement
à faire une analyse critique du rapport CEGIR, mais à
sensibiliser le législateur sur quelques points qui nous semblent
essentiels.
L'Association nationale des camionneurs artisans a constaté que,
depuis que le camionnage en vrac est réglementé, la Commission
des transports du Québec s'est avérée un organisme quasi
judiciaire très important où elle pouvait protéger les
intérêts des camionneurs artisans et où elle a
effectivement pu, par l'intermédiaire de ses procureurs, faire valoir
des points de vue tant sur des questions de droit que sur des questions d'ordre
économique.
La Commission des transports du Québec a donc été,
du point de vue de l'ANCAl, un organisme utile pour ne pas dire
nécessaire, bien que les législations et les
réglementations dont elle avait la responsabilité ne
rencontraient pas toujours les intérêts des camionneurs artisans.
Cependant, il faut admettre qu'il n'était pas du ressort de la
Commission des transports du Québec d'édicter des lois et
règlements et que le législateur, en exerçant ce pouvoir,
devait aussi tenir compte des intérêts des autres transporteurs
publics en général.
Somme toute, la Commission des transports du Québec a joué
un rôle positif dans le transport et elle doit, à notre avis,
continuer à jouer ce rôle dans un cadre quasi judiciaire afin
d'assurer la protection des droits des transporteurs et la protection des
intérêts du public en général.
La Loi des transports prévoit à son article 13 que la
commission est formée de dix-huit membres, soit six juges et douze
commissaires. A notre avis, il y aurait lieu de donner discrétion au
lieutenant-gouverneur en conseil pour modifier le nombre de membres. Cependant,
il est essentiel que parmi ces membres, il y ait des juges qui assureront le
respect des normes de droit et qui se prononceront sur les questions de
droit.
L'expérience de l'ANCAl devant la commission est à l'effet
que lors des audiences publiques où, nécessairement, des juges
siègent avec des commissaires, les décisions sont
généralement vite rendues et qu'il n'y a pas lieu d'imputer aux
juges des délais inutiles pour rendre leurs décisions.
Nous constatons que ce sont plutôt les délais
administratifs qui sont abusifs et que la Commission des transports devrait
être dotée de ses propres publications afin d'assurer la
protection des intérêts du public en général et des
intérêts des détenteurs de permis.
En particulier, le règlement sur le camionnage en vrac
prévoit des permis en vrac de catégorie "extra-provincial" et
l'article 9 du règlement sur le
camionnage en vrac publié dans la Gazette officielle du
Québec du 17 mai 1978 se lit comme suit: "Le permis de catégorie
"extra-provincial" autorise son titulaire à fournir, selon sa teneur, le
service: a) Depuis un lieu situé aux frontières du Québec
à une situation finale située au Québec lorsque le lieu
d'origine des matières transportées est situé à
l'extérieur du Québec; "b) Depuis un lieu situé aux
frontières du Québec jusqu'à un autre lieu situé
aux frontières du Québec sur un parcours situé au
Québec lorsque le lieu d'origine et la destination finale des
marchandises transportées sont situés à l'extérieur
du Québec."
Au paragraphe 3 de l'article 2.73 des règles de pratique de la
commission, il est exclu l'obligation, lors d'une demande de permis de
catégorie "extraprovincial", de publier la demande. Il s'agit là,
à notre avis, d'une anomalie qui devrait cesser immédiatement
d'exister et, à tout le moins, le requérant d'un tel permis
devrait être obligé de publier sa demande au moins dans un
document officiel de la commission afin de permettre à des titulaires de
permis de vrac ou à tout intéressé de faire valoir leurs
droits, s'il y a lieu.
L'ANCAI a cependant constaté qu'aucun commissaire ne provient du
camionnage en vrac, soit directement, soit indirectement. Les titulaires de
permis de vrac auraient droit, eux aussi, à des commissaires qui ont
oeuvré dans leur domaine à la condition qu'ils aient la formation
et l'expérience pour remplir ces fonctions de grande
responsabilité.
En résumé, l'ANCAl est définitivement d'avis que
les juges doivent demeurer à la Commission des transports du
Québec et que les commissaires ne doivent plus venir exclusivement du
camionnage général, mais aussi du camionnage en vrac. Aussi, les
services administratifs de la commission sont chargés de trop de
délais et de trop d'exigences.
Enfin, toute décision rendue par un commissaire seul devrait
pouvoir ère révisée à la demande de toute personne
intéressée pour toute question de fait ou de droit ou par la
commission et ce, en audience publique.
Les fonctions et pouvoirs de la Commission des transports du
Québec devraient être élargis afin de permettre à la
commission de vérifier tout permis sur demande de toute personne
intéressée ou de sa propre autorité. La non-exploitation
d'un permis et le non-respect des lois et règlements sur le transport
devraient être des éléments justifiant l'annulation d'un
permis et même la confiscation des plaques d'immatriculation dans des cas
d'abus flagrants et ce, qu'il y ait eu poursuite au pénal ou pas. (15 h
30)
Le transport illégal est une des plaies dans le transport au
Québec et il est inadmissible que la Commission des transports du
Québec par ses juges n'ait pas de pouvoir de regard sur le transport
illégal et que ses juges n'aient pas le pouvoir de confisquer des
plaques d'immatriculation et d'imposer des amendes dans le cas de non-respect
des lois et règlements.
D'autre part, dans le cas où l'intérêt public est en
jeu, il y aurait lieu que la commission tienne des audiences publiques qui
devraient toujours être présidées par un juge afin de
s'assurer que les droits fondamentaux de tous et chacun soient
respectés.
L'ANCAl a constaté que les travaux dans le camionnage en vrac ne
débutent en général qu'au mois de juillet. Par contre, il
est évident que les permis de camionnage en vrac devraient expirer le
dernier jour de juin de chaque année afin d'éviter des
coûts d'immatriculation inutiles et onéreux pour les titulaires de
permis.
Enfin, le Bureau des véhicules automobiles ne devrait
émettre aucune plaque de camionnage en vrac à moins que le
titulaire du permis ne fasse la preuve par un document émis par la
Commission des transports du Québec qu'il a produit avant l'expiration
de son permis un rapport d'activités pour l'année
précédente.
Depuis 1974, l'ANCAl a été constamment présente
devant la Commission des transports du Québec lors des audiences pour la
fixation de taux et tarifs dans le camionnage en vrac. La Commission des
transports du Québec, depuis quelques années, fixe des taux et
tarifs en tenant compte de chacune des régions de camionnage en
vrac.
Non seulement l'ANCAl est d'accord avec une telle politique, mais
l'ANCAl a été l'organisme qui a toujours prôné que
les taux et tarifs devraient être différents d'une région
à l'autre et l'ANCAl a effectivement, depuis trois ans, fait des preuves
à cet effet.
L'ANCAl est convaincue que la commission doit continuer à fixer
dans le camionnage en vrac des taux et tarifs. Ces taux et tarifs devraient
toujours être des minimums. De plus, n'importe quel facteur d'ordre
économique devrait pouvoir être retenu par la Commission des
transports du Québec pour fixer les taux et tarifs.
Enfin, les taux et tarifs devraient toujours être fixés
suite à la tenue d'audiences publiques. Finalement, toute personne
intéressée devrait continuer à avoir le droit, si elle le
désire, d'intervenir devant la commission.
Le lieutenant-gouverneur en conseil sera bientôt amené
à approuver des modifications au règlement sur le camionnage en
vrac. Au moment où la commission parlementaire siégera, ces
modifications auront probablement été sanctionnées et les
deux principes fondamentaux que le législateur ne doit pas perdre de vue
sont: 1) que toute personne et, dans le cas d'une corporation, c'est
même une obligation ait le droit d'être
représentée par un avocat; 2) les conseils d'administration de
toute corporation ont des pouvoirs qui leur sont dévolus soit par la Loi
canadienne des corporations, soit par la Loi des compagnies de la province de
Québec. Il serait définitivement ultra vires et inconstitutionnel
que la Commission des transports du Québec ou un de ses commissaires ait
des pouvoirs d'approuver et de fixer les conditions avant que les
résolutions ou les règlements d'une corporation entrent en
vigueur.
Il est normal que la Commission des transports ait des pouvoirs
réglementaires pour ses
règles de pratique et de régie interne. Cependant, l'ANCAl
demeure convaincue qu'il revient au lieutenant-gouverneur en conseil de jouer
le rôle législatif dans le cas où la loi
délègue ce pouvoir au lieutenant-gouverneur en conseil. Il est
évident que la commission pourrait être consultée, mais il
serait tout à fait anormal que ce soit elle qui ait le pouvoir
réglementaire.
Le législateur a prévu à l'article 6 de la Loi des
transports la création d'un conseil consultatif. L'ANCAl a
constaté que ce conseil n'a jamais vraiment fonctionné et qu'il y
aurait lieu que ses fonctions qui sont prévues à l'article 9 de
la Loi des transports, chapitre 55, soient exercées.
Article 9. Ce conseil a pour fonction: a) de donner son avis et de faire
des suggestions au ministre sur toute question que celui-ci lui soumet; b)
d'étudier à la demande du ministre tout problème relatif
à l'application de la présente loi et de lui soumettre des
rapports et des suggestions à ce sujet; c) d'exercer toute autre
attribution d'ordre consultatif que le lieutenant-gouverneur en conseil ou le
ministre peut lui conférer.
Les personnes possédant une compétence spéciale
dans le domaine du transport devraient y siéger et les réunions
du conseil devraient avoir lieu assez régulièrement. La
Commission des transports du Québec pourrait y déléguer un
de ses membres.
En conclusion, l'ANCAl, croit que ces réformes, si elles
étaient acceptées à la commission parlementaire,
favoriseraient une meilleure harmonie entre tous les titulaires de permis, une
meilleure protection de leurs droits et la protection du public en
général serait mieux assurée.
L'ANCAl tient à remercier les membres de la commission
parlementaire de lui avoir permis de se faire entendre et tient à
signaler en terminant que le rapport CEGIR n'a, et avec raison, que des
éloges à faire à l'Association nationale des camionneurs
artisans Inc., et à ses dirigeants.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, vous avez des
commentaires ou des questions?
M. Lessard: Deux questions, c'est-à-dire que je commence
par deux.
Non pas au niveau de l'Association nationale des camionneurs artisans,
comme telle, mais quand je rencontre des camionneurs artisans individuellement,
on nous reproche énormément la lourdeur administrative et tout le
processus judiciaire qui est exigé à la Commission des
transports. On va même bien souvent jusqu'à nous recommander
d'avoir un peu ce qu'on aurait pu appeler tout à l'heure, à la
suite de la discussion que j'ai eue avec M. Legris, des commissions de petites
créances ou quelque chose de très simple, soit au niveau des
transferts de permis, de renouvellements de permis, afin que les gens ne soient
pas toujours dans l'obligation, lorsqu'ils ont à témoigner devant
la Commission des transports, d'avoir tout le processus judiciaire ou les
avocats derrière eux qui leur coûtent assez cher, et les
déplacements, etc. Je constate d'abord et je suis un peu surpris de voir
que ces doléances ne reviennent pas dans votre mémoire. Au
contraire, ce ne sont que des félicitations pour la Commission des
transports du Québec ou à peu près. Je ne veux pas que
vous la blâmiez nécessairement elle en a déjà
assez sur le dos mais je trouve un peu curieux que vous ne parliez pas
de ces doléances? Plus que cela, vous allez jusqu'à exiger encore
plus de la Commission des transports, ce qui m'amène à dire que
cela va créer encore, cela va multiplier les lourdeurs administratives
sur deux points en particulier.
Les permis extra-provinciaux. Vous avez expliqué dans votre
mémoire que vous demandez qu'à l'avenir, par exemple, toute
demande de permis extra-provinciaux devrait être publiée dans la
Gazette officielle ou dans une publication qui proviendrait de la Commission
des transports. Encore là, si on demande que ce soit publié, cela
veut donc dire qu'il y a audition s'il y a contestation de la demande de
permis et tous les délais normaux que cela comporte dans le
processus judiciaire.
Il y a un autre point aussi je vais arrêter sur cela pour
obtenir vos commentaires je pense que c'est à la page 5,
où vous demandez que toute personne intéressée puisse
avoir le droit de contester c'est cela, page 5 toute
décision rendue par un commissaire seul. Je me rappelle très bien
quand, en 1972, on a adopté la Loi des transports. On avait permis
à ce moment-là d'augmenter le nombre de commissaires, à ce
que je sache, et deuxièmement, je me rappelle qu'on avait donné
en commission plénière l'autorisation de limiter des
délais et essayer de les réduire à un commissaire seul
à siéger. Là, vous dites que toute personne qui voudrait
contester la décision d'un commissaire pourrait le faire sur toute
question de fait ou de droit et ce, en audience publique. Je vous avoue que
j'ai bien l'impression qu'il va y avoir des contestations continuellement, ce
qui veut dire que là, on augmente encore les lourdeurs administratives
de la commission. On n'a pas le choix si on crée encore multiplication
de ce processus de révision, d'intervention. Ce ne sont pas 18
commissaires dont on devrait avoir besoin, mais encore bien plus que cela.
J'aimerais avoir vos commentaires sur ces deux points précis parce qu'il
me semble qu'on essaie de se diriger vers une diminution des lourdeurs
administratives et là, avec cela... Je comprends un peu dans quel
objectif vous posez la question.
M. Piuze: Avec votre permission, M. le Président, M. le
ministre, concernant les permis extraprovinciaux, c'est un exemple que j'ai
donné ici. Si on prend le délai le plus extrême qu'on
retrouve généralement concernant la Commission des transports,
c'est, bien sûr, la publication de la demande dans la Gazette officielle
du Québec; c'est le principe général. Lorsqu'on arrive
avec les permis extraprovinciaux et les publications de demandes dans la
Gazette officielle, ce sont des délais terribles; on le sait, on
l'admet. Lorsqu'on arrive avec les permis extraprovinciaux, on tombe
dans l'autre extrême et on dit: Vous déposez votre
requête et on vous l'accorde tout de suite.
Il y a peut-être, M. le ministre, des gens qui sont titulaires de
permis dans le vrac qui pourraient donner ce service, effectivement, et non
seulement le pourraient, mais sont en mesure de le donner et qui ne
connaîtront jamais, sauf au moment où la décision, six mois
après, sera publiée dans la Gazette officielle, qui ne sauront
jamais qu'ils viennent de perdre un droit parce qu'un nouveau permis vient
d'être émis dans ce domaine.
Ce que je veux dire, M. le ministre, pour répondre à votre
question, c'est qu'il y a des délais extraordinaires, cela tout le monde
l'admet, mais il ne faudrait pas sombrer non plus dans l'autre extrême
où on fait disparaître toute sorte de publicité et, sous
prétexte d'efficacité, on crée des dommages
irrémédiables à des gens qui ont investi beaucoup dans le
domaine du camionnage. C'est là-dessus que je voulais en venir.
M. Lessard: Est-ce que ceci ne pourrait pas être
corrigé, par exemple, en indiquant à la commission que c'est son
devoir et sa responsabilité de vérifier d'autres transporteurs
qui ne sont pas aptes c'est dans ce sens qu'on parle un peu d'avoir une
conception peut-être plus économique à la Commission des
transports à donner ce service et à le
vérifier.
M. Piuze: M. le ministre, c'est peut-être possible dans des
domaines autres que le vrac. Je prends un exemple récent où un
permis extraprovincial a été émis de Murdochville à
la frontière du Nouveau-Brunswick. Comment voulez-vous que la Commission
des transports, même en ayant les meilleurs hommes du monde et les
meilleurs enquêteurs du monde, soit en mesure d'entrer en contact avec
les 300 ou 400 titulaires de permis qui sont dans le coin, de pouvoir les
rejoindre dans des délais relativement courts, disons une semaine, pour
savoir s'ils sont disponibles? C'est quelque chose d'absolument impossible et
impensable.
M. le ministre, par la publicité... Celui qui s'occupe de son
affaire, comme tout homme d'affaires, interviendra et viendra défendre
ses droits. S'il ne s'en occupe pas, il en subira les conséquences. Au
moins, vous lui donnez l'occasion, à titre de titulaire de permis, de
venir faire valoir ses droits. C'est seulement cela que je voulais dire. Je
suis conscient que les délais sont beaucoup trop longs, mais il ne faut
pas tomber non plus dans l'autre extrême. Il ne faut pas demander
l'impossible à la commission, elle ne peut pas faire cela, dans le vrac
en tout cas; je ne me prononce pas pour le reste, mais pour ce qui est du
vrac.
M. Lessard: Une autre question concernant... M. Piuze: Les
audiences publiques?
M. Lessard: Les audiences publiques; actuellement, l'article 14
de la loi permet de contester une décision qui est prise devant un seul
commissaire. Vous demandez de le maintenir.
Parmi les organismes qui se font entendre aujourd'hui et qui seront
entendus demain, dans l'ensemble des mémoires, vous faites un peu
exception; je comprends un peu dans quel sens, mais je voudrais avoir des
explications supplémentaires, à savoir c'est la
recommandation du rapport CEGIR que la commission ne devrait pas fixer
les tarifs, mais qu'elle devrait accepter de déposer les tarifs et
d'intervenir seulement s'il y a des dépôts de tarifs abusifs.
L'Association nationale, l'ANCAl, demande justement que le rôle de
fixation des tarifs continue d'être dévolu à la Commission
des transports. J'aimerais avoir...
M. Piuze: M. le ministre...
M. Lessard: Je pense bien que vous allez toucher au bois en
particulier, à ce sujet.
M. Piuze: M. le ministre, de toute manière, on va
probablement aller en appel.
Dans le camionnage en vrac, il s'agit d'un transport qui est tout
à fait particulier. On vit un phénomène social qui est
peut-être exceptionnel par rapport aux autres transporteurs,
peut-être parce qu'il y a eu trop de permis émis, peut-être
parce qu'il y a trop de gens par rapport au volume de travail, mais il y a une
chose qui est sûre et certaine: Si vous permettez, demain matin, la
tarification par simple dépôt, vous allez mettre en faillite,
d'ici six mois, au moins 50% des titulaires de permis de vrac; au moins. Les
gens vont se faire une compétition qui serait peut-être anormale,
une compétition que des hommes d'affaires, parce qu'ils ont une vocation
d'hommes d'affaires ce sont des gens qui ont oeuvré en affaires
toute leur vie ne feraient peut-être pas, normalement, entre eux.
Chez les camionneurs en vrac, il y a des gens qui ne devraient pas y
être, mais qui y sont. (15 h 45)
II reste une chose, c'est que lorsqu'ils se sont regroupés
à l'origine, je parle des camionneurs artisans, c'était dans le
but d'obtenir certains points fondamentaux, c'était dans le but de
pouvoir revendiquer et d'essayer de se faire une politique commune qui leur
éviterait en tant qu'individus de sombrer. En ouvrant la porte au
dépôt des tarifications, nous sommes convaincus, M. le ministre,
que ce qu'on a voulu par nos associations, ce point qu'on a voulu en
particulier et que les membres ont voulu et que les camionneurs ont voulu
pendant des années par la structure qu'ils se sont donnée pour
protéger, en ouvrant cette porte, dis-je, vous venez justement de
créer le danger et pas juste de le créer, vous venez de le
fabriquer de toutes pièces et, dans six mois, il y en a qui vont en
subir les conséquences.
M. Lessard: Si on disait, par exemple, que l'association ou le
poste d'affectation régional serait autorisé à
déposer des tarifs, est-ce que cela ne pourrait pas éviter le
danger que vous mentionnez?
M. Piuze: Les postes d'affectation ou les associations où
un titulaire de permis pourrait avoir le droit, il a actuellement ce droit,
c'est son privilège, de déposer des taux et tarifs. Mais au
moins, en les déposant, la commission, si on l'oblige de tenir des
audiences publiques dans le cas où des gens interviendraient, en tout
cas, que l'avis soit publiquement donné, permettrait à des gens
qui ont des intérêts de venir dire: Ecoutez, nous, que la
tarification baisse, on n'est pas d'accord ou, si la tarification baisse on est
d'accord, mais on est d'accord d'y participer. Il ne faudrait pas que cela
devienne une guerre indue où des gens dans le vrac qui ont la puissance
économique, utiliseraient leur pouvoir excédentaire de profits
pour l'assimiler, pour oeuvrer dans du camionnage au moment où nos gars
ne pourraient pas y aller à ces taux concurrentiels, parce qu'ils n'ont
pas le volume financier que ces gens pourraient avoir. C'est cela qu'il faut
penser d'éviter.
M. Lessard: Vous recommandez justement, peut-être avec
raison, qu'un commissaire ou des commissaires, en fait que des membres de la
Commission des transports viennent du secteur du vrac. Je rejoins un peu les
remarques, les questions que je posais concernant le conseil consultatif du
transport. Moi je me dis une chose. Si, par exemple, on nomme des commissaires
qui doivent être compétents dans le secteur du transport, et qu'on
nomme des commissaires en relation avec des secteurs spécifiques,
c'est-à-dire, par exemple, un commissaire qui est membre, qui provient
je ne dis pas qu'il ne pourrait pas être un excellent commissaire
du camionnage en vrac et qu'on le nomme parce qu'il provient du
camionnage en vrac et qu'on nomme par la suite d'autres commissaires qui sont
nommés parce qu'ils proviennent de l'Association du camionnage
général ou un autre commissaire parce qu'il vient du secteur de
la location, est-ce que vous ne pensez pas que cela va faire une Commission des
transports assez anachroniques et cela va être, à un moment
donné, des débats, des chicanes qui vont se soulever plutôt
que de prendre des décisions selon une vue sociale et économique
dans le meilleur développement du transport?
M. Piuze: M. le ministre, pour répondre à
l'argument que vous énoncez, d'abord je tiens pour acquis que le
lieutenant-gouverneur en conseil, c'est-à-dire le gouvernement, les gens
qu'il va nommer à la Commission des transports, exigerait d'eux
certaines qualités et je pense qu'une des qualités essentielles
serait d'être en mesure d'être objectif et d'oublier quels que
soient les rôles ou les positions qu'il a pu occuper auparavant pour
remplir son rôle comme il doit l'être. A cet égard, un
ministre responsable, comme vous l'êtes, vous choisirez des gens qui ont
cette qualité. Je le pense, au moins.
Deuxièmement, M. le ministre, on constate qu'à la
Commission des transports du Québec, en majorité, actuellement,
les gens qui y siègent proviennent d'activités qui se
rattachaient au camionnage général. Cela ne les empêche pas
d'être d'excellents commissaires et cela n'empêcherait probablement
pas d'autres qui pourraient provenir du vrac d'être d'excellents
commissaires eux aussi. La seule chose que les camionneurs artisans ont
remarqué et nous ont signalée lors du congrès du mois
d'avril 1978, c'est que cela semblait être un voeu unanime de la
part de l'assemblée générale ils désiraient
eux aussi, que cela vienne de l'association ou que l'individu vienne
d'ailleurs, ce qui est important, c'est qu'il ait les qualifications, ils
désiraient peut-être que quelqu'un qui a oeuvré dans ce
domaine, que ce soit directement ou indirectement, remplisse lui aussi un
rôle positif, à notre avis, qui pourrait être fort positif
à la Commission des transports du Québec. Il ne s'agirait
définitivement pas là de chicane de clocher, parce que si vous
exigez des qualités d'un individu, et que c'est quelqu'un qui les a
vraiment, il n'ira pas faire de chicane là, il va remplir son rôle
quasi judiciaire comme c'est normal qu'un juge ou quelqu'un qui a ces fonctions
les remplisse.
Je voudrais revenir, avec votre permission, M. le Président. M.
le ministre, vous avez parlé tout à l'heure du conseil
consultatif. Nous, nous voyons le conseil consultatif comme un organisme qui
ferait une sorte de médecine préventive.
Vous avez des fonctionnaires très compétents, nous le
reconnaissons publiquement, et c'est vrai. Malheureusement, ils sont
débordés d'une part et, d'autre part, lorsqu'ils ont à
intervenir dans les dossiers du transport en vrac, le feu est souvent pris. Que
ce soit dans le transport en vrac, dans le transport général,
dans la location, dans d'autres domaines, par un organisme comme le conseil
consultatif, où vous auriez des individus, qu'ils appartiennent à
une association ou pas, c'est votre privilège à titre de
ministre, et l'association nationale tient à ce que vous gardiez ce
privilège, c'est à vous, c'est normal que ce soit vous qui
décidiez qui va y siéger, mais vous auriez l'avantage,
grâce à des personnes compétentes qui seraient au conseil
consultatif, de vous protéger contre certaines situations qui s'en
viennent.
C'est comme ça qu'on voit le conseil consultatif. Je ne sais pas
si M. le député de Charlevoix pourrait ajouter quelque chose; il
a vécu le conseil consultatif au moment de sa création, mais on
le voit comme ça. Lorsque vous nous dites que des gens viendraient des
associations, une question que vous avez posée ce matin, est-ce que vous
ne voyez pas un danger, des conflits possibles, M. le ministre? Mais, encore
là, on vous dit que c'est à vous que ce privilège revient,
à titre de ministre responsable et de membre du gouvernement. On vous
dit: Exercez votre pouvoir. On vous demande de l'exercer et de nommer des
personnes compétentes pour vous conseiller, M. le ministre.
M. Lessard: Etant donné qu'on est en commission
parlementaire, j'aimerais bien avoir vos recommandations sur les deux
modalités qui sont assez différentes, à savoir qu'on nomme
des
délégués d'associations ou si on nomme des
représentants compétents, pris dans différents
secteurs?
En ce qui concerne les tarifs, vous recommandez que les tarifs
continuent d'être fixés au niveau des régions par la
Commission des transports. Actuellement, pour les tarifs, une région
donnée peut faire valoir auprès de la Commission des transports,
que les tarifs décidés ne sont pas assez élevés
dans une région par rapport à l'autre. Je pense par exemple
à des tarifs dans des régions comme Sept-lles, la
Côte-Nord, Fermont, etc. Est-ce que vous n'avez pas la possibilité
de faire valoir des revendications devant la Commission des transports de telle
façon que les tarifs puissent être différents d'une
région à une autre?
M. Piuze: Oui, M. le ministre, on peut assurément faire
des représentations à cet effet. Si on ne le fait pas
régulièrement, j'espère que j'ai bien compris votre
question, on le fait dans le cadre de la fixation générale des
taux et tarifs. On a toujours déposé depuis trois ans des
demandes de tarification qui variaient d'une région à l'autre.
Comme vous venez de le dire d'ailleurs, dans la région 9, on a obtenu
des taux de beaucoup supérieurs au reste du Québec, pour une
partie, à cause de preuves particulières et d'un contexte
particulier. Je pense que c'est votre question?
M. Lessard: C'est ça.
M. Piuze: Cela se fait actuellement, c'est comme ça qu'on
fonctionne.
M. Lessard: Est-ce que ces tarifs, qui sont
déterminés, décidés par la Commission des
transports, à la suite des audiences publiques, sont respectés
par vos membres? Lorsqu'ils travaillent pour le ministère, on n'a pas le
choix, on doit respecter ces tarifs, mais lorsqu'ils travaillent pour
l'entreprise privée, par exemple, est-ce que ces tarifs sont
respectés?
M. Piuze: Je vais répondre à votre deuxième
question, M. le ministre, à savoir que, quand ils travaillent pour
d'autres, les tarifs sont respectés. Dans votre première
question, vous me demandiez s'ils respectaient les tarifs. Nos camionneurs
respectent les tarifs, mais il arrive que leurs employeurs ne paient pas les
tarifs et ça, c'est régulier. C'est régulier, on a des
conflits, des problèmes. On essaie, autant que possible, de les
régler. On se rend compte cependant que c'est surtout dans le domaine
forestier qu'on retrouve cette situation, parce que, dans le domaine forestier,
on a vraiment affaire à des groupes puissants. Ces groupes, lois ou pas,
ce qui fait leur affaire au moment où ça fait leur affaire, ils
vont peut-être dire: Je l'utilise.
Le but de l'association, les membres de l'ANCAl en sont convaincus,
c'est d'essayer de faire l'impossible pour que les taux et tarifs soient
respectés. Dieu sait si on a des réclamations au civil, au
bureau, pour que les taux et tarifs soient effectivement payés aux
camionneurs.
M. Lessard: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre. M. le
député de Saint-Jean.
M. Proulx: Ma question s'adresse à M. Piuze ou à M.
Dubé. Depuis 10 heures ce matin, vous parlez de transport
illégal. Est-ce que vous pourriez nous donner des détails un peu
plus précis? Cela se fait par qui, dans quels circuits, dans quelles
régions, par quels groupes, pour quelles marchandises, et est-ce sur une
grande échelle?
M. Piuze: Avec votre permission, M. le Président, le
transport illégal se fait par qui? Sans donner de nom, parce que je ne
peux pas vous en donner, il se fait, d'une part, par des détenteurs de
permis, bien sûr, mais majoritairement par des détenteurs d'aucun
permis.
Si, comme quelqu'un l'a dit ce matin, on sanctionnait les titulaires de
permis pour du transport illégal, vous venez de faire un beau cadeau
à ceux qui font du transport illégal sans permis, parce que, eux,
de toute manière, la seule sanction qu'ils auraient, c'est une amende de
$50. Celui qui a un permis en main perd son permis et vous le forceriez
à faire purement et simplement du transport illégal. C'est vrai
qu'il en existe du transport illégal; c'est le fléau qu'on vit
actuellement dans toutes les régions au Québec.
M. Proulx: Dans quelles régions?
M. Piuze: Dans toutes les régions au Québec,
partout.
M. Proulx: Pour quelles marchandises?
M. Piuze: En ce qui concerne le vrac, ça peut se faire
sous le couvert de la location, parce que vous savez que la location on
en a parlé beaucoup ce matin dans le domaine du vrac constitue
pour nous vraiment un problème. C'est vraiment un problème et
peut-être, M. le Président, si notre président veut parler
là-dessus ou peut-être M. Charest, qui est plus au courant...
C'est vraiment un problème. Avec votre permission, M. le
Président, M. Charest.
M. Charest (Richard): On a, dans notre région, du
transport qui se fait par location et nous, en tant que détenteurs de
permis, on a offert nos services depuis déjà trois ans et le
transport se fait toujours par location. Je ne sais pas quel moyen ils ont
pris. Je sais que les chauffeurs de ces camions ne sont pas des chauffeurs qui
appartiennent à la compagnie qui fait faire le transport; ce sont des
chauffeurs d'une autre compagnie qui détient des permis de transport
d'une autre région que la nôtre.
A ce moment, ça devient un transport de location que j'appelle
déguisée. On a pris des injonctions contre ces compagnies; c'est
toujours pendant devant les tribunaux et le transport se fait toujours quand
même.
M. Lessard: M. Charest, s'agit-il de compagnies qui ont des
contrats du gouvernement, d'entrepreneurs qui ont aussi des permis de vrac et
qui ajouteraient à leur flotte de camions, sous forme de location, pour
faire des travaux pour eux-mêmes sur leurs propres contrats?
M. Charest: II s'agit d'une compagnie qui a des subventions du
gouvernement pour exploiter son commerce et nous, on ne peut pas faire leur
transport car on dit que nos taux sont trop élevés. Ils vont vers
la location, mais, dans la location, on trouve un moyen déguisé
de le faire, parce que les chauffeurs, si je comprends bien, ne doivent pas
être fournis par les représentants qui font faire le transport
eux-mêmes. C'est une location de camions qui se fait pour ce transport.
C'est un transport qui part de Charlevoix; je pense que le député
de Charlevoix est très au courant, car ça fait trois ans qu'il
est effectué, ce transport.
M. Lessard: Dans ce cas-là, les compagnies qui font de la
location, en vertu du nouveau règlement d'avril 1978, n'ont plus le
droit de fournir les chauffeurs.
M. Charest: C'est ça.
Le Président (M. Bordeleau): M. Piuze, vous vouliez
ajouter quelque chose?
M. Piuze: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Allez-y.
M. Piuze: Concernant la location, il est bien sûr que la
Commission des transports du Québec, lorsqu'elle émet un permis
de location, c'est un permis qui est rattaché à l'entreprise. Il
est bien sûr aussi que le locataire qui va aller voir le titulaire du
permis, qui va dire: Loue-moi un camion. Dès qu'il a le camion entre les
mains, il a le droit de faire son transport avec.
Si la Commission des transports du Québec avait la
possibilité de s'assurer c'est une notion économique sur
laquelle on insiste tant pour chaque camion qui serait fourni, que des
titulaires de permis ne seront pas pénalisés par l'utilisation de
la location, il y a peut-être une partie du problème qui pourrait
être réglée. Quand on parle d'économie, c'est une
question d'économie. Par la location, il est très facile... On
l'a vécu dans le Lac-Saint-Jean, M. le ministre, où, sur du
transport de "chips", à un moment donné, on a eu besoin
d'équipement; une compagnie de location a obtenu un permis et elle a mis
200 unités dessus. Que voulez-vous que je vous dise? Elle a le droit de
le faire. Si la Commission des transports avait eu, elle, le droit, avant
d'émettre ce permis, de s'assurer qu'un camion roule sur le chemin avec
un permis, que des titulaires de permis ne travaillant pas à cause de la
grève de l'Alcan ou à cause de toutes sortes de
phénomènes d'ordre économique n'étaient pas
pénalisés, je suis convaincu qu'elle aurait été en
mesure de prendre ses responsabilités et les aurait prises. (16
heures)
Lorsqu'on vous dit qu'il y a vraiment un problème dans la
location, il en existe effectivement un. Peut-être que la suggestion que
je vous ferais de donner le pouvoir à la commission de s'assurer qu'au
point de vue économique il n'y a pas de conséquences qui sont
trop grandes, cela aiderait peut-être le sort de certains
détenteurs de permis. Par le phénomène de
difficultés financières ou de faillites qui arrivent par
après à cause de ces situations, évidemment, ce sont les
plus petits qui mangent la claque.
M. Lessard: Sans vouloir écraser le petit, il faut quand
même une saine concurrence, parce qu'on est en concurrence avec l'Ontario
et d'autres provinces; que ce soit dans le papier journal ou dans d'autres
produits que nous avons à exporter à l'extérieur du
Québec, il faut produire à des coûts concurrentiels. Si une
compagnie, par exemple, va vers la location, est-ce que cela ne serait pas
dû à ce que nos prix fixés par la Commission des
transports, à la suite des recommandations et des audiences publiques,
est-ce que ce ne serait pas dû au fait que ces prix sont trop
élevés, de telle façon qu'il revient moins cher de faire
de la location en vue de faire du compte propre plutôt que d'utiliser les
services existants de vrac?
M. Piuze: M. le ministre, c'est peut-être possible, ce que
vous dites. Je puis vous assurer que si la commission était
obligée de s'assurer, avant que le camion circule, que les autres
titulaires ne peuvent pas donner le service, ces titulaires, en tout cas,
viendraient dire: Si vous me donnez un contrat de trois ans, je suis prêt
à demander à la Commission des transports de me fixer une
tarification peut-être différente. Mais au moment où les
titulaires de permis de vrac prennent connaissance de la décision, les
camions sont là et circulent, et à chaque fois qu'ils veulent
négocier, c'est assez difficile parce que cela se fait souvent entre les
mêmes gens qui créent précisément une compagnie pour
remplir ce rôle bien particulier.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, M. Piuze, on a beaucoup
parlé ce matin du dépôt de tarifs, et dans votre
argumentation de tantôt, au nom des transporteurs en vrac que vous
représentez, vous vous êtes dit en accord avec la politique de la
Commission des transports qui fixe les tarifs dans les différentes
régions du Québec. J'imagine qu'à ce moment vous vous
faisiez le porte-parole du vrac que vous représentez et que ce
n'était pas votre intention d'intervenir dans les autres formes de
transport si le gouvernement jugeait utile de laisser les forces du
marché s'exercer dans d'autres secteurs d'activités. Est-ce que
j'ai compris cela?
M. Piuze: Avec votre permission, M. le Président, M. le
député de Charlevoix, c'est un peu cela qu'on veut dire, mais il
faudrait que j'apporte certaines nuances comme la remarque sur la location
que j'ai faite tout à l'heure, générale aussi. Ceux
qui détiennent des permis de transport général ont, pour
la plupart, le droit de faire du transport de camionnage en vrac soit parce
qu'ils ont opté pour a), b), ou c), en tout cas, en vertu des
différentes options du règlement 12-L. C'est bien sûr que
si le ministre des Transports veut donner au général la
possibilité de marcher par dépôt, il ne faudrait quand
même pas que ce droit se rattache à leur clause de vrac. Je pense
que le ministre n'a jamais voulu dire cela non plus. En tout cas, ce n'est pas
notre intention.
M. Mailloux: Je pense que là où je voulais en
venir, c'est que le législateur, dans le domaine du vrac, depuis
quelques années, constatant un très grand nombre de permis
à travers le Québec, et constatant d'abord que le volume des
travaux offerts ne permettait pas à l'ensemble de ces transporteurs de
gagner honorablement leur vie, a dirigé forcément peut-être
la Commission des transports vers la fixation des tarifs pour permettre que
l'utilisation de ce secteur d'activité devienne en partie rentable. Je
pense que ce sont un peu, évidemment, les opinions que les gouvernements
qui se sont succédé ont émises relativement au transport
en vrac. Je comprends, dans le transport en vrac, les détenteurs de
camionnage généraux qui ont des permis de vrac également.
Ce que je voulais dire tantôt, c'est que votre argumentation était
que vous vouliez que la Commission des transports continue à fixer les
tarifs dans le domaine du vrac, mais que vous n'interveniez pas à ce
moment pour les utilisateurs, les requérants de services, dans les
autres formes de transport en général.
M. Piuze, vous avez été, à de nombreuses occasions,
je pense, à la Commission des transports. Quand vous avez plaidé,
alors que siégeait un juge et que des commissaires n'avaient pas de
formation juridique, est-il déjà arrivé que des
commissaires, ne possédant pas de formation juridique, aient eu gain de
cause ou que leur opinion ait prévalu avant que le jugement soit
rendu?
M. Piuze: Vous voulez dire sur des questions de droit?
M. Mailloux: Oui, sur des questions de droit. Est-ce que, quand
on parle de commissaires qui doivent siéger avec des juges sur des
questions de droit, de par leur formation, on ne parle pas deux langages
complètement différents et est-ce que les deux ou trois personnes
qui sont assises ne sont pas placées dans la même position pour
porter jugement? C'est parce que vous êtes avocat.
M. Piuze: Question difficile, M. le député de
Charlevoix, que vous me posez là. C'est bien sûr que
celui-là qui est juge a des notions générales, de par sa
formation juridique, que des commissaires qui ont d'autres formations, soit
comme ingénieur ou autre chose, n'ont peut-être pas.
Mais je peux vous dire je ne me souviens pas de cas que,
sur les questions de droit comme telles, à ma connaissance, ce sont les
juges qui les ont tranchées. Sur les questions de fait, c'est bien
sûr, la décision se prend à la majorité; c'est
normal. C'est peut-être à ce niveau qu'intervient le fameux
facteur économique qu'on ne retrouve pas nécessairement dans les
décisions.
C'est à ce niveau qu'il intervient, même si on ne le trouve
pas dans le dispositif de la décision.
M. Mailloux: Où je voulais en venir, c'est à
l'argument suivant: Dans le rapport CEGIR, on parle de nomination de
commissaires qui ne seraient pas des juges. La question, l'interrogation que
j'ai à l'esprit est la suivante: Si, dans l'avenir, continuaient
à siéger des gens avec formation juridique et d'autres qui n'en
ont pas, dans quelle position seraient placés des gens de très
grande valeur, mais qui ne parleraient pas le même langage et qui
n'auraient pas la même compréhension d'un dossier?
Cela me laisse perplexe sur les bancs qui seront organisés dans
l'avenir et l'occasion qu'auront de rendre valablement service des commissaires
qui auraient à siéger avec des juges, s'ils ne siègent pas
seuls dans des causes où il n'y a de décisions qu'en fait et non
en droit.
M. Piuze: C'est bien sûr, M. le député de
Charlevoix, que les votes, les décisions lors d'une audience publique se
prenant à la majorité, c'est sûr que c'est un
problème qui peut exister. C'est sûr.
M. Mailloux: M. Piuze, vous avez parlé pas de
manière tellement importante; puisque le rapport CEGIR a
félicité votre association, je ne vous en blâme pas
vous vantez le travail de la commission. On parle quand même, dans tous
les mémoires, de la lourdeur administrative de la Commission des
transports. Je pense que la Commission des transports a été
lourdement chargée sur cette facette du problème.
Est-ce que vous ne croyez pas que ce n'est pas propre seulement à
la Commission des transports, cette lourdeur administrative, et que ça
ne fait pas partie de tout l'appareil gouvernemental, de toutes les
régies, de toutes les commissions gouvernementales? Je vous donne un
exemple particulier. Je conviens que le domaine du transport est terriblement
complexe. Je vais donner un exemple où c'est moins complexe un peu. La
Régie des alcools du Québec, qui est un organisme judiciaire
également, on pourrait bien l'accuser de lourdeur administrative quand,
pour un transfert de permis d'épicerie d'un côté de la rue
à l'autre, ça prend de trois à six mois. Je pense que
c'est moins compliqué que dans le domaine des transports.
Je pense que la lourdeur administrative de la Commission des transports,
c'est un peu propre à tout appareil gouvernemental. Je ne dis pas
ça
pour charger les fonctionnaires, mais, dans tout appareil
gouvernemental, je pense qu'on retrace ce phénomène un peu
partout.
La question suivante que je voulais vous poser, c'est que vous appuyez
la recommandation du rapport CEGIR selon laquelle une publication peut
écourter certains délais que vous constatez dans la parution de
la Gazette officielle. J'ai souvenance qu'il y a quelques années, alors
que j'étais titulaire, nous avons fait faire une étude
approfondie si ma mémoire est fidèle à la
demande de la Commission des transports, afin qu'une telle publication soit
mise en place pour écourter les délais, dont toutes les
associations se plaignent.
Mes renseignements et les renseignements que j'avais dans le temps sont
qu'une telle publication n'aurait pas tellement écourté les
délais qu'on retrouve dans la Gazette officielle et que les coûts
afférents auraient été semblables à ceux qu'on
rencontre dans la Gazette officielle. Pour-riez-vous éclairer la
commission sur les vues que vous avez sur les délais que vous rencontrez
dans la Gazette officielle et comment cela pourrait être
écourté?
M. Piuze: Avec votre permission, M. le Président, M. le
député de Charlevoix, la publication dans la Gazette officielle
d'une demande nécessite, bien sûr, des délais, je ne sais
pas, mettons quinze jours avant que ce soit transmis pour publication. Ensuite,
cela amène des délais pour ceux qui veulent intervenir une fois
que c'est publié. La commission, par ses règles de pratique et de
régie interne, a tenté probablement d'alléger ce
phénomène en prévoyant, dans certains cas, la publication
dans les journaux. Bien sûr, c'est une publicité qui est publique.
Ce que nous déplorons, c'est qu'il est possible que des gens publient
dans des journaux sans que les titulaires de permis ne voient les publications.
Ce que nous déplorons, c'est que ceux qui auraient intérêt
à protéger leurs investissements et leurs droits ne puissent pas
intervenir, à ce moment-là, dans les délais légaux.
C'est bien sûr que si on prolonge les délais, on n'en sortira
plus.
Nous, on a vu comme solution, M. le député, la publication
par la commission, parce que c'est quelque chose, on sait que ce serait
publié là. La commission est assurément, je pense,
organisée pour pouvoir, d'une manière rapide, publier ces
demandes qu'elle a reçues et cela permettrait, dans des délais
peut-être de cinq jours, à toute personne intéressée
d'intervenir au dossier. D'abord, c'est bien sûr que celui qui fait une
demande par la publication de la Gazette officielle se plaint lui-même de
la lenteur, mais il est possible pour lui d'utiliser les dispositions des
règles de pratique et de régie interne de la commission et
d'utiliser, dans certains cas, la publication dans les journaux. Encore
là, comme je vous le dis, cela a pour conséquence souvent de
brimer des détenteurs de permis. Ce qu'on veut faire par la
publicité, c'est de permettre à des personnes
intéressées de venir faire valoir leurs droits. C'est ce qu'on
veut faire par la publicité. En publiant dans les différents
journaux, c'est bien évident que le camionneur qui est à
Gaspé ne lit pas nécessairement le journal La Presse de
Montréal et c'est bien évident que sa femme ne s'abonne pas
à tous les matins à tous les journaux qui peuvent circuler au
Québec. Nous, en tout cas, on verrait cela comme étant une
solution. De là, M. le député, à dire que ce serait
plus rapide, je pense que oui, ce serait plus rapide. Cela permettrait, par
l'entremise des associations ou, en tout cas, des personnes organisées,
de protéger les droits des détenteurs de permis dans la
région ou à l'endroit où les demandes pourraient
être faites, que ce soit dans le domaine de la location ou dans n'importe
quel domaine, dès que les gens seraient intéressés. Ce
n'est pas seulement dans le vrac, c'est partout. Le président de la
Commission des transports qui a sûrement fait des études
là-dessus pourrait peut-être mieux répondre que moi
à cette question, si jamais vous voulez l'entendre.
M. Mailloux: M. le Président, j'ai une dernière
observation étant donné que, tantôt, on a mis mon
comté en cause par la voie de M. Charest en parlant de transport
illégal. Je pense que ce n'était pas le député qui
était en cause. C'était une compagnie minière qui vient
chercher chez nous, dans une région donnée, un minerai qui est
exporté dans une autre région du Québec. J'ai souvenance
qu'au moment de la dernière demande d'un contrat donné, il me
semble qu'il y a environ une année, malgré que l'ANCAl ait
proposé les mêmes taux à la compagnie que ceux
supposément facturés par la compagnie qui était à
location, on a préféré la compagnie
étrangère aux gens du milieu, mais sans avoir la preuve que la
compagnie payait un taux plus bas que celui que la Commission des transports
avait fixé. Je pense qu'il n'y a pas de preuve indiquant que la
compagnie pour certaines considérations aurait obtenu le contrat.
M. Charest: Si on revient au premier contrat qui a
été accordé à cette compagnie de location, il y
avait eu des demandes de soumissions faites et on a pris connaissance des
demandes de soumissions qui ont été faites et le taux qui avait
été demandé par cette compagnie de location était
inférieur au taux fixé par la Commission des transports. (16 h
15)
Dans le dernier contrat, je ne sais pas quels sont les taux qui ont
été demandés par cette même compagnie parce qu'on
n'a pas eu à rencontrer cette compagnie. Après plusieurs demandes
de la rencontrer pour discuter de ce transport, on nous a toujours
ignorés, on n'a jamais eu l'occasion de les rencontrer depuis ce temps.
Je ne sais pas si les taux ont été modifiés suite à
la première entente.
Le Président (M. Bordeleau): II n'y a pas d'autres
questions de la part des membres de cette commission? Pas d'autres
commentaires, M. Piuze, messieurs les représentants de
l'association?
M. Dubé (Gérard): Si vous me permettez, j'aurais
peut-être...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. Dubé.
M. Dubé: ... l'occasion de répondre à une
question posée par le ministre des Transports à laquelle M. Piuze
n'aurait pas répondu. Parce que lui n'est pas placé de la
même façon que je le suis. C'est la question concernant les
représentants au conseil consultatif. Je voudrais vous dire que, pour ma
part parce que cela me touche assez ce ne serait pas
nécessaire que ce soient des représentants comme des
présidents d'association ou quelque chose comme cela, mais je pense que
ces gens devraient provenir d'un milieu où on a travaillé dans le
transport en vrac.
Peu importe où vous le prendrez, c'est sûr que cet individu
aura touché à un milieu et peut-être dira-t-on: II
appartient encore à telle ou à telle association. Nous avons 4000
membres, si vous en prenez un parmi ces 4000, parce que nous travaillons dans
le vrac, on dira encore: C'est l'association nationale. C'est ce que je voulais
dire. Je viens d'un comté, je représente provincialement mon
association, mais je viens de quelque part; vous venez d'un autre comté,
vous êtes ministre des Transports de la province. N'importe où au
Québec, on vient de quelque part, d'un comté ou d'un milieu.
C'est tout simplement cela, mais il n'est pas nécessaire que ce soit un
président, mais quelqu'un qui connaît le transport
concerné. C'est cette précision que je voulais apporter.
M. Lessard: Je suis d'accord, nous ne pouvons pas quand
même éviter de choisir, au niveau du conseil consultatif, des gens
qui ont acquis une expérience dans un secteur spécifique et qui
ont démontré, aussi, une compétence. Ce que je crains
je veux bien préciser c'est lorsque, par exemple, des
associations me demandent... Si quelqu'un est rendu président d'une
association, je pense qu'il a démontré une connaissance et une
compétence dans son secteur. Le danger que j'y vois, c'est que si cette
personne est choisie et déléguée par des associations et
qu'elle est à la présidence d'une association, il se peut
qu'elle' intervienne, au conseil consultatif, d'abord en tant que
président de son association, ce qui veut dire qu'on aura des
présidents d'association qui vont se confronter entre eux et, comme le
soulignait le député de Charlevoix, on aura peut-être des
difficultés à obtenir un consensus, chacun va défendre sa
chasse gardée. C'est dans ce sens que j'interrogeais un peu la
commission, parce qu'il va falloir, justement, au conseil consultatif, que des
décisions soient prises à ce sujet. Je voulais justement
interroger les membres des groupements pour savoir vers quelle modalité
on devrait se diriger.
Il est certain que dans un tel conseil consultatif, il devra y avoir des
représentants de tous les secteurs du camionnage au Québec, ou
encore des représentants universitaires, aussi qui sont dans le secteur.
Pensons à Sherbrooke où on enseigne des techniques des
transports, cela pourrait être aussi des gens de ce secteur-là.
C'est la même chose au niveau de la commission, on dit que cela ne doit
pas nécessairement toujours être des gens de formation juridique.
Je pense qu'il y a un besoin de gens de formation juridique, mais des
personnes, aussi, qui ont de l'expérience dans un secteur, qui peuvent
prendre des décisions très logiques et très rationnelles
parce que, justement, ils ont l'expérience de ce secteur. Cela ne prend
pas toujours des diplômés d'université pour prendre les
meilleures décisions possible.
Le Président (M. Bordeleau): M. Piuze, vous avez quelque
chose à ajouter?
M. Piuze: Oui, M. le Président. Je voudrais souligner au
ministre des Transports le problème du transport illégal; on en
parle dans le mémoire. Il nous est arrivé, à quelques
reprises, de prendre des injonctions en Cour supérieure du Québec
afin d'obtenir une ordonnance de la cour enjoignant les individus
d'arrêter de faire du transport illégal. Dans tous les cas, je
dois admettre que cela nous a été refusé pour le motif
qu'il fallait d'abord faire la preuve que ces gens avaient été
condamnés par des tribunaux pour infraction à la Loi des
transports.
Comme vous le remarquez dans le mémoire qu'on dépose, si
on veut régler une partie de ce problème qui coûte fort
cher à l'Etat et au titulaire de permis, à l'Etat parce que le
transport illégal est souvent payé en dessous de la table, donc
ce sont des impôts et des taxes que vous ne percevez pas, au titulaire de
permis parce que lui, c'est du transport qu'il ne fait pas.
Il y aurait peut-être lieu et cela, vous pourriez
peut-être en parler à votre collègue du ministère de
la Justice que les juges de la Commission des transports du
Québec, qu'il y ait eu condamnation ou pas, poursuite ou pas devant les
tribunaux, puissent, à la demande d'une partie intéressée
ou de leur propre autorité, suite à leurs services
d'enquête, annuler, suspendre et même confisquer les plaques
d'immatriculation, leur donner des pouvoirs pour qu'ils puissent
protéger les droits des titulaires de permis et du public, bien
sûr, en général.
A quoi, M. le ministre, servirait une commission, même la mieux
intentionnée, si, d'autre part, le ministre des Transports qui est
chargé de l'application de la loi n'a d'autres pouvoirs que d'envoyer
des agents, donner des billets et entreprendre des poursuites deux ans
après et des condamnations qui viennent trois ans après. Le mal,
au point de vue économique, est définitivement fait. Je pense
qu'il n'y a personne qui va nier cela. Peut-être que la solution qu'on
vous suggère permettrait, autant au gouvernement qu'au ministre des
Transports et à la commission, de jouer un rôle positif dans ce
domaine.
M. Lessard: En plus de cela parce que moi, cela me
préoccupe le transport illégal le danger, c'est de
condamner quelqu'un avant qu'il soit
entendu. Si, par exemple, vous condamnez quelqu'un pour avoir fait du
transport illégal, il peut aller en appel de la décision de la
commission, si on suspend ses immatriculations et que, par exemple, un an
après, après avoir interjeté un appel, on constate qu'il
n'a pas fait de transport illégal, le mal est fait pour lui aussi.
M. Piuze: Je comprends, M. le ministre, mais il reste que ce sont
des gens responsables qui siègent à la Commission des transports,
des juges qui ont exactement la même formation et les mêmes
pouvoirs et peut-être plus de pouvoirs, dans le fond, en tout cas les
mêmes pouvoirs que leurs confrères qui siègent aux
Sessions. En tout cas, moi je serais prêt à leur faire confiance
là-dessus. Evidemment, il y a des grands principes. Comme je vous dis,
peut-être que votre collègue, le ministre de la Justice, y verrait
des objections, mais, quant à nous, assurément, on cherche une
solution et c'est la seule solution jusqu'à maintenant qui nous
semblerait avoir des conséquences positives. Lorsque le rapport CEGIR
parle constamment de l'aspect économique et de la notion
économique et qu'on revient constamment sur cette notion, il reste que
je suis convaincu que la commission en tient compte dans ses décisions,
même si elle ne l'écrit pas. Il y a un aspect économique
fortement important; des gens qui ont payé très cher pour se
doter d'équipement, détenir des permis, respecter les lois n'ont
aucun moyen, aucun recours pour ne pas se faire voler du transport par des gens
qui font du transport illégal. Je comprends que vos services font
l'impossible pour agir.
Je me souviens il y en aurait peut-être une autre solution,
M. le ministre que l'ancien ministre des Transports avait adopté
une disposition à un moment donné dans la loi permettant aux
agents, dans le cas de transporteurs étrangers, de geler les
véhicules. On avait réussi à faire appliquer cela à
Mont-Joli en 1975 pour un transporteur du Nouveau-Brunswick qui, avec ses
tracteurs et ses camions-remorques, venait faire notre transport à nous
autres. Il avait été saisi et on avait exigé $5000 par
tracteur. C'est évident qu'il a payé les $5000 et on ne l'a
jamais revu. Ce serait peut-être une autre solution, elle est draconienne
bien sûr, mais il va falloir, M. le ministre je pense que vous
êtes conscient vous-même du problème, je ne fais pas que le
penser, je sais que vous l'êtes trouver une solution. Cela
coûte énormément cher aux titulaires de permis et à
ceux qui vivent dans la légalité que cette situation
d'illégalité où on est incapable d'obtenir des
résultats, le mal est fait. Qu'est-ce que vous voulez, le mal est fait
quand on réussit à obtenir des sanctions.
Le Président (M. Bordeleau): Autres questions, M. le
ministre.
M. Lessard: Oui. J'aimerais avoir votre opinion sur la relative
indépendance de la Commission des transports vis-à-vis du
gouvernement en ce qui concerne la réglementation. Actuellement toute la
réglementation est faite au niveau du ministère des Transports et
il appartient à la Commission des transports d'appliquer cette
réglementation.
Est-ce que la Commission des transports devrait avoir, selon vous, des
moyens, des possibilités, quitte à les soumettre au
lieutenant-gouverneur en conseil, de faire, dans un secteur spécifique,
lorsqu'elle en constate la nécessité, une réglementation
et de la soumettre au ministre qui la soumet au lieutenant-gouverneur en
conseil? Est-ce que la réglementation devrait rester au ministère
ou si elle devrait se diriger, quitte à déterminer des balises
générales au niveau du ministère des Transports, vers la
Commission des transports?
M. Piuze: Nous pensons que l'exécutif et le gouvernement,
c'est le ministre des Transports. Vous avez été élus pour
légiférer. Vous êtes la majorité; donc, vous
gouvernez et vous êtes responsables des actes que vous posez, des lois
que vous faites et des réglementations que vous adoptez en tant que
gouvernement devant l'électorat chaque fois qu'il y a des
élections. On considère qu'il serait absolument anormal
c'est un des rôles fondamentaux d'un député et d'un
gouvernement comme gouvernement qu'un organisme qui n'a aucune
responsabilité devant l'électorat, puisse remplir ce rôle
qui vous est dévolu de par vos fonctions.
Bien sûr, M. le ministre, si vous désirez lui remettre ce
pouvoir, c'est vous qui le déciderez, mais nous sommes convaincus que
c'est à vous, à titre de ministre des Transports du
Québec, que revient ce pouvoir. Cela ne vous empêche pas de les
consulter.
M. Mailloux: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Charlevoix. Est-ce sur le même sujet, parce que
j'avais reconnu le député de Champlain?
M. Mailloux: Oui, c'est sur une remarque que vient de faire le
ministre des Transports. A ma connaissance, depuis que la Commission des
transports existe, sauf de très rares exceptions, je ne sache pas que la
Commission des transports n'ait pas été valablement
consultée dans l'élaboration des règlements dans tous les
secteurs d'activités. Ce serait s'induire en erreur de penser que c'est
seulement le ministère des Transports qui a pondu les règlements
qu'on rencontre dans tous les types de transport.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Je voudrais revenir à un sujet dont M. Charest
a parlé tout à l'heure. Il a mentionné des compagnies qui
ne s'occupent pas de service que vous offrez, les camionneurs, et qui font la
location de camions pour faire leur propre transport. Est-ce que
récemment ou au cours de la
dernière année il y a possibilité
d'amélioration? Je veux dire: Est-ce que, par exemple, vous avez
rencontré ces compagnies pour leur dire: Peut-être que nos tarifs
sont élevés, mais si vous nous garantissiez un transport, comme
M. Piuze l'a mentionné tout à l'heure, pour trois ans ou quelque
chose comme ça, on pourrait vous donner les mêmes services et
faire travailler les camionneurs? Est-ce que cette démarche a
été entreprise?
M. Charest: Dans les taux qu'on a demandés dans les
soumissions, on leur a fait part qu'on pourrait faire les paies aux
camionneurs, ce qui leur enlève un lourd fardeau, ils sont d'accord
là-dessus. C'est le principe que plusieurs emploient pour venir à
bout d'avoir des contrats à longue échéance, parce que les
taux étant fixés par la Commission des transports, on peut
déroger aux taux. Ils ont employé, un bout de temps, nos
camionneurs, mais, à un moment donné, ils ont essayé des
camions à location et ils ont eu des problèmes. On ne peut pas
nier ce fait, parce que pour du transport effectué dans les côtes
où ils vont chercher ce matériel, ça prend des chauffeurs
d'expérience, ça prend des gars qui savent se servir de la
compression, si on peut s'exprimer ainsi. Il y en a plusieurs qui y ont
goûté sérieusement.
Tout de même, les compagnies continuent à faire le
transport. On a essayé de les rencontrer encore récemment et ils
nous promettent des rencontres, mais, quand vient le temps, ça ne sert
à rien, il n'y a pas moyen, le gars n'est jamais là. On voudrait
rediscuter du contrat qu'ils ont actuellement. On ne sait pas si ce contrat est
à longue échéance ou s'il est seulement à court
terme. Mais il n'y a pas moyen de les rencontrer.
M. Gagnon: Selon votre expérience, est-ce que cette
pratique occupe un bon nombre de camions dans le territoire dont vous
parlez?
M. Charest: Cela occupe au moins une dizaine de camions, des
"trailers-dumpers" un genre de camions qu'on a dans notre région et dans
la région 3 aussi, d'où vient le transport, qui ont de la
difficulté à se trouver de l'emploi dans notre région.
Parce qu'un "trailer-dumper" ne peut pas faire n'importe quels travaux comme
transporter du sable. Les endroits où c'est "dumpé", ce n'est pas
la même place chaque fois qu'il "dumpe". Pour transporter de l'asphalte,
tu "dumpes" une fois à une place et l'autre fois à l'autre place.
Si ça penche trop, il va aller le "dumper" et, à ce
moment-là, l'entrepreneur ne veut pas les employer. (16 h 30)
Tandis que le transport dont je parle est chargé à un
endroit et "dumpé" à un endroit; alors, il y a moyen d'arranger
l'endroit où ils "dumpent" pour que ce soit aplomb et qu'ils puissent
"dumper". Ce sont des transports à longue distance qui valent la peine
d'être faits avec ces camions et c'est un transport intéressant,
mais il n'y a pas moyen.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Alors, je remercie
les intervenants de l'Association nationale des camionneurs artisans.
Merci.
J'appelle donc maintenant l'Association des manufacturiers de bois de
sciage du Québec, soit le mémoire portant le no 19-M. Si vous
voulez prendre place et vous présenter. Vous pouvez y aller.
Association des manufacturiers de bois de sciage du
Québec
M. Létourneau (Napoléon): Merci, M. le
Président. Mon nom est Napoléon Létourneau, je suis le
directeur général de l'Association des manufacturiers de bois de
sciage du Québec.
Si vous me le permettez, je vais d'abord présenter la
délégation. A mon extrême droite, M. Benoît
Lamontagne, directeur du département de foresterie au secrétariat
de l'association; M. Léon Girard, président de l'association et
directeur général de La scierie Saint-Michel, filiale du groupe
Forex de Val d'Or; à ma gauche, M. Rosaire Dubé,
propriétaire-associé des Matériaux Blan-chette, division
Amos; ensuite, M. Clément Dupont, directeur des opérations
forestières de la compagnie Donohue-Saint-Félicien Inc. et,
finalement, à ma gauche immédiate, M. Normand La-berge,
vice-président chez Laberge et Laberge, Saint-Félicien.
Dans un premier temps, M. le Président, le président de
l'association, M. Léon Girard, va présenter le mémoire de
l'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec. Je lui
cède la parole.
M. Girard (Léon): M. le Président, M. le ministre
des Transports, MM. les membres de la commission permanente des transports,
l'importance du transport en vrac pour l'industrie québécoise du
sciage peut se mesurer par sa croissance dynamique et phénoménale
de ce secteur industriel québécois.
Longtemps artisanale, l'industrie québécoise du sciage a
connu, vers la fin des années soixante, une évolution
technologique qui la situe aujourd'hui à la fine pointe de la
technologie, et même plus, elle est considérée dans le
monde entier parmi celles qui s'étaient le plus transformées pour
suivre l'évolution technologique.
Cette évolution technologique s'est accompagnée d'une
évolution tout aussi importante au niveau de la gestion des entreprises.
Ce phénomène s'est caractérisé, d'une part, par la
diminution du nombre d'usines de sciage. Ainsi, de 2000 et plus qu'il
était en 1950, ce nombre a diminué à près de 1500
en 1960; il était aux environs de 1000 en 1970, et maintenant, il se
situe à près de 500, dont 175 environ sont dites commerciales,
alors que les autres sont dites de service, puisqu'elles n'ont pas le
privilège d'acheter des billots et de vendre du bois de
construction.
D'autre part, ce phénomène s'est aussi accompagné
de regroupements d'usines de sciage,
d'intégration à des compagnies de pâtes et papiers
et à l'acquisition et à l'implantation de nouvelles usines de
sciage.
L'effet global de ce phénomène technologique et de gestion
se traduit par un secteur économique qui n'a plus un caractère
artisanal et familial, mais plutôt industriel et commercial.
D'ailleurs, les statistiques récentes nous révèlent
la profondeur de ces changements et le rythme soutenu de la croissance de
l'industrie québécoise du sciage. En 1978, par exemple, la
production québécoise totale du bois d'oeuvre a atteint le sommet
record de 3 300 000 000 de pieds mesure de planche, ce qui représente
plus que le double de ce qu'elle était en 1970. En cette année
1978, l'industrie du sciage a coupé, sur les terres publiques du
Québec, concessions forestières incluses, deux fois plus de bois
que le secteur des pâtes et papiers.
A ce dernier secteur, elle a d'ailleurs fourni plus de 3 500 000
tonnes-année de copeaux. Ces statistiques de production peuvent se
compléter par l'addition de 1 500 000 tonnes-année de planu-re, 1
400 000 tonnes-année de sciure et 750 000 tonnes-année
d'écorce. La valeur totale des expéditions de l'industrie
québécoise de sciage qui s'est élevée en 1978
à $1 400 000 illustre son importance économique pour le
Québec. Cet apport économique se manifeste de façon
très sensible au chapitre de l'industrie du transport, non seulement
quant au transport du bois de construction, mais plus encore quant au transport
des arbres en longueur, des billots, des copeaux, des sciures, des planures et
des écorces qui sont considérés comme des matériaux
de vrac. Ainsi, en 1978, l'industrie québécoise du sciage a
confié à des camionneurs artisans le transport de plus de 15
millions de tonnes d'arbres en longueur et de billots et de près de 9
millions de tonnes de copeaux, sciures, planures et écorces. Les
versements de l'industrie québécoise de sciage à
l'industrie du transport par camion se sont élevés, pour la
même année, à près de $170 millions.
Ces chiffres sont révélateurs de l'ampleur et de
l'importance que revêt pour l'industrie du sciage toute politique
reliée au transport, principalement dans le cas des produits forestiers.
Il est fondamental de souligner ici que la forêt n'est pas un
élément statique à l'encontre d'une mine ou d'une
carrière et qu'elle s'éloigne à chaque année de
l'industrie de sciage. Ce dernier facteur trouve une incidence
financière considérable quand il s'agit plus
particulièrement du coût du transport des arbres en longueur et
des billots de la forêt vers l'usine de sciage. A ces deux dimensions de
tonnage transporté et éloignement de la forêt de l'usine,
il faut également rappeler le caractère de continuité et
de permanence du transport dans l'industrie québécoise de sciage,
c'est-à-dire le transport des produits forestiers de vrac s'effectue
à longueur d'année, contrairement à certaines autres
matières de vrac, et selon des contraintes de production très
rigides: le caractère périssable des copeaux, par exemple.
Considérant qu'une récente politique annoncée par le
ministère des Terres et Forêts du Québec verra la voirie
forestière, à compter du 1er avril 1980, confiée à
l'entreprise privée, cela signifie que le transport du sable et du
gravier nécessaires à la construction de chemins forestiers
entrera de façon manifeste dans les préoccupations de l'industrie
du sciage.
C'est un autre élément qui s'additionne à ceux
déjà mentionnés et qui montre davantage l'importance du
transport en vrac pour l'industrie québécoise du sciage.
En recommandant des modifications quant au rôle, au mandat et
à la structure de l'actuelle Commission des transports du Québec,
le rapport CEGIR touche un facteur primordial pour l'industrie
québécoise du sciage. C'est pourquoi l'Association des
manufacturiers de bois de sciage du Québec qui regroupe 149 membres
propriétaires de 161 usines commerciales de sciage, représentant
la majorité des requérants de services du transport routier,
desservant toutes les régions comprises au règlement no 12, vous
soumet le présent mémoire sur son appréciation et les
recommandations du rapport CEGIR.
Je me permets d'ajouter, M. le Président, que ce n'est pas la
première fois que notre association fait connaître ses points de
vue sur le transport en vrac. En effet, au mois d'octobre 1974, nous faisions
connaître nos commentaires sur le règlement no 12 du camionnage en
vrac et, à cette époque, nous demandions au ministère des
Transports que le transport du bois soit dissocié des autres
matières en vrac et que la fixation des tarifs fasse l'objet d'une
entente entre les requérants de services, les transporteurs ou
associations de camionneurs.
Aussi, la décision du ministre des Transports de créer
récemment un comité provincial du transport en vrac, produits
forestiers, sous la juridiction de M. Guy Gagnon, nous laissait croire que les
produits forestiers considérés comme du vrac pouvaient être
une matière différente des autres produits.
M. Létourneau: M. le Président, plutôt que de
continuer la lecture intégrale du mémoire que nous vous
soumettons, nous allons essayer d'en dégager les points majeurs, les
grandes lignes directrices.
Le Président (M. Bordeleau): Justement, parce que votre
rapport est assez considérable; si on veut permettre aux membres de la
commission de vous poser des questions, si vous voulez résumer certains
points du rapport, allez-y.
M. Létourneau: Nous allons commencer, si vous voulez, par
les points négatifs et terminer par les points positifs, ce sera plus
salutaire. Le premier point que nous voulons soulever, M. le Président,
c'est l'absence de consultation auprès des requérants de services
de la part de la firme CEGIR. Il y a deux éléments fondamentaux
selon nous dans le transport et le premier, qui est prioritaire, c'est le
requérant de services, que ce soit le passager le long de la route qui
hèle un taxi ou en-
core celui qui veut prendre l'autobus; c'est prioritaire, c'est le
requérant de services. On note, dans le rapport CEGIR, aucune allusion,
disons, au requérant de services.
D'ailleurs, dans sa méthodologie définie à la page
14 du rapport CEGIR, du rapport final on parle des transporteurs du
ministère, de la commission, des requérants de services on
n'en tient pas compte. Egalement, on en tient comme preuve, disons, lorsqu'on
analyse la liste de références aux pages 173, les bibliographies
consultées, etc., que le groupe CEGIR s'est abstenu de consulter les
requérants de services.
Alors, nous croyons, nous, qu'en tant que requérants de services,
le rapport CEGIR ne s'est pas servi d'une consultation qui lui aurait certes
apporté des renseignements additionnels très valables.
D'ailleurs, si on analyse la problématique qu'a su trouver CEGIR
à partir des renseignements qu'il a obtenus, en page 20, par exemple, de
son rapport, on lit qu'au niveau du vrac, la problématique, dans ces
cas-là, serait le délai de traitement à la Commission des
transports et la charge excessive.
M. le Président, nous nous permettons de vous souligner que si
c'étaient seulement là les problèmes du vrac, je pense
qu'il n'y aurait pas eu besoin d'avoir de rapport CEGIR. Il y a certainement
d'autres problèmes et nous croyons que les requérants de services
auraient pu, auprès du groupe CEGIR, soulever lesdits
problèmes.
D'ailleurs, cette absence de consultation auprès des
requérants de services a une incidence directe sur certaines
recommandations du rapport. Effectivement, en page 42, on lit: "II nous semble
en effet essentiel par exemple que l'on consulte les associations de
transporteurs sur les effets possibles d'une réglementation". Bien,
pourquoi juste les transporteurs? Pourquoi pas les requérants de
services?
Egalement, en page 111 du même document, on parle des listes de
candidats et on dit: Bien, il faudrait se baser sur des listes de candidats
fournis par les transporteurs, par la commission; mais les requérants de
services, on n'en parle pas, on les ignore totalement.
Voici notre première constatation du rapport CEGIR: Les
requérants de services, qui sont quand même prioritaires dans une
structure de transport, on les a ignorés totalement. Nous ne savions pas
que le mandat qui avait été confié au groupe CEGIR et qui
est explicité aux pages 13 et 14 de son rapport final, le limitait
à ce point.
Notre deuxième constatation est la suivante. Nonobstant le fait
que nous ayons confié l'analyse du rapport CEGIR à des avocats et
à des gens spécialisés dans le domaine juridique, c'est
une analyse littéraire, très bien faite, de la belle
sémantique, parce qu'effectivement on passe une soixante-quinzaine de
pages à faire la distinction entre la régulation au sens strict,
la régulation au sens large, la régulation au restrictif.
Ensuite, on se permet de nous citer une étude qui faisait une
espèce de distinction entre la réglementation et les pouvoirs
discrétionnaires.
Effectivement, si le groupe CEGIR avait continué à
consulter le document qu'il avait en main, il aurait certainement lu la
conclusion du document qu'il nous citait et je le cite moi-même: "C'est
donc avec beaucoup d'à-propos que cette partie du droit administratif,
qui concerne particulièrement la classification des diverses fonctions
de l'administration, a été qualifiée de partie hautement
acrobatique, requérant un goût et une dextérité
prononcée pour la gymnastique intellectuelle et verbale."
Alors, c'est notre appréciation, M. le Président, au
niveau de l'analyse littéraire du rapport CEGIR. Maintenant, quand on
parle du dépôt de contrats entre transporteurs et
requérants de services, l'Association des manufacturiers de bois de
sciage du Québec souscrit à cette recommandation. Nous croyons
d'emblée qu'il faut laisser libre le jeu des forces économiques
en présence.
Lorsqu'un requérant de services a besoin d'un transporteur, il
faut laisser le jeu de la libre négociation établir la
tarification. Nous croyons que, lorsqu'on laisse une commission des transports
les derniers jugements de ladite commission au cours des trois
dernières années l'ont démontré fixer les
tarifs, après audience publique, les données qu'elle
possède et même les ressources humaines qu'elle a sous sa
juridiction ne sont pas suffisantes pour lui permettre d'analyser l'incidence
économique de la décision qu'elle va rendre. Au cours des
dernières années, on a vu, par exemple, en 1977, la Commission
des transports rendre jugement, qui faisait que l'industrie forestière
voyait son tarif augmenter de 27% à 49%. Cette année encore, en
1978, la dernière décision de la Commission des transports avait
pour effet de faire augmenter les coûts de 5% à 40%. (16 h 45)
Si on se rappelle ici le programme de développement de
l'industrie des pâtes et papiers annoncé par le ministre
Bérubé récemment il aurait pu aussi bien parler de
l'industrie du sciage à ce moment-là il a souligné
que les éléments importants de son programme reposaient sur le
caractère non compétitif de l'industrie des pâtes et
papiers et pour souligner ces facteurs, il disait: Le premier
élément, c'est le coût de l'approvisionnement et le
deuxième élément, c'est le coût de transport des
produits finis. Si on analyse le premier élément plus en
profondeur, le coût de l'approvisionnement, abattre un arbre sur
l'île de Montréal ou l'abattre en Ungava, cela coûte le
même prix. Le problème, c'est de le transporter de l'endroit
où il est abattu vers l'usine de transformation. Quand le ministre dit
que le coût de l'approvisionnement rend l'industrie des pâtes et
papiers non compétitive, il aurait pu dire également l'industrie
du sciage. Nous croyons qu'en permettant le dépôt, la tarification
entre un transporteur et un requérant de services, cela pourrait
permettre de rétablir un équilibre qui a été rompu
par les décisions récentes de la Commission des transports.
Enfin, notre dernière constatation d'ordre général
repose sur l'exclusion des produits forestiers,
des matières dites de vrac. Notre président, il y a un
moment, soulignait effectivement que dans un mémoire antérieur,
le 22 octobre 1974, déposé à cette date, nous soulignions
l'importance de sortir en quelque sorte les matières forestières
du domaine du vrac général. Nous sommes d'opinion qu'il n'y a
aucune relation entre transporter de la neige, du gravier et du sable et
transporter des arbres en longueur.
Sur certaines recommandations du rapport CEGIR, nous nous permettons
d'apporter certaines recommandations. Concernant les pouvoirs de la commission
au niveau de la réglementation, à la page 12 de notre
mémoire, nous soulignons qu'il faut être prudent dans ce pouvoir
que l'on veut donner. On dit: L'association croit que l'on doit prévoir
à la recommandation no 4 du groupe CEGIR, quant au pouvoir de
réglementation de la commission, que le législateur puisse
désavouer certains règlements élaborés par la
Commission des transports du Québec. Le gouvernement se doit de garder
un droit de regard sur les activités réglementaires de la
Commission des transports. Nous croyons que c'est fondamental. On ne peut pas
laisser à la Commission des transports le pouvoir absolu. Il faut quand
même que l'organisme élu qui est le gouvernement puisse quand
même, à un moment donné, être capable de
désavouer un règlement qui aurait eu des conséquences
très néfastes au niveau d'un secteur industriel ou même
d'une collectivité donnée.
Concernant enfin le recours au ministre, recommandé par le groupe
CEGIR à la page 95 de son rapport, nous, à la page 14, disons
ceci concernant cette recommandation: "En matière de fixation de taux et
tarifs fixés par la Commission des transports, il y aurait lieu, dans
certains cas, d'accorder au ministre ou au lieutenant-gouverneur en conseil un
pouvoir de révision ou du moins d'instruction lorsqu'une décision
de la commission heurte une politique gouvernementale déterminée
ou, encore, bouleverse tout un secteur économique." Nous croyons, M. le
Président et nous nous adressons surtout au ministre des
Transports que la récente décision de la Commission des
transports en 1979 heurte effectivement de façon très
néfaste le secteur industriel forestier du Québec, tant les
pâtes et papiers que l'industrie du sciage. Nous croyons qu'à ce
moment-là le ministre ou encore le gouvernement devrait avoir un pouvoir
d'intervention pour renverser une décision qui nuit
considérablement à un secteur industriel. D'ailleurs, le
même secteur industriel va aller s'adresser effectivement au ministre
concerné pour demander une intervention. Pourquoi ne pas prévoir
un mécanisme qui permettrait justement au ministre concerné des
Transports d'apporter une révision, le cas échéant?
Globalement, M. le Président, sans vouloir aller dans toutes les
recommandations de notre mémoire, nous disons que le rapport final CEGIR
nous déçoit. Il nous déçoit parce que le
problème du transport au Québec est très grave. On a
mentionné l'intervention du ministère des Terres et Forêts
dans le programme de relance de l'industrie des pâtes et papiers, relance
qu'il a subrogée au fait que le coût de l'approvisionnement et du
transport des produits finis était prohibitif dans l'industrie
forestière.
Récemment, le ministre des Terres et Forêts demandait
à l'industrie du sciage de Québec d'aller couper un peu plus au
nord. Nous reprenons un peu les paroles du ministre en disant: Le facteur qui
nous prive d'aller chercher un approvisionnement plus au nord et de
développer davantage l'industrie forestière du Québec,
c'est précisément le coût du transport, le coût du
transport de l'arbre abattu en forêt vers l'usine. C'est donc une
préoccupation constante du ministre des Terres et Forêts, ce
coût du transport.
Nous croyons qu'en analysant les structures de la Commission des
transports il est de prime importance de se pencher sur l'incidence
économique des décisions de la Commission des transports. Le
rapport CEGIR l'a effleurée; on dirait qu'il a voulu l'éviter.
Nous croyons que cette commission devrait davantage se pencher sur l'incidence
économique des décisions que rend ladite Commission des
transports. Merci.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le ministre.
M. Lessard: Je vous remercie, M. Létourneau. D'abord, je
dois souligner ceci: Dans le mandat que j'ai confié à CEGIR, en
fait, je n'avais pas comme objectif de créer une enquête royale
sur l'ensemble du transport au Québec. Peut-être que cet objectif
serait valable parce que c'est exact qu'il y a des problèmes de
transport au Québec, mais mon objectif est un peu plus limité.
Aux Etats-Unis, il y a quelques années, on a créé,
justement, un genre de commission royale, et en Ontario aussi, pour
étudier l'ensemble du secteur du transport. Au Québec, mon
objectif était beaucoup plus limité, à savoir d'analyser
le rôle de la Commission des transports en relation avec les
transporteurs et en relation aussi avec les conséquences
économiques des décisions qui pouvaient être prises, les
conséquences économiques que comportaient un certain nombre de
décisions. On ne pouvait pas, non plus, élargir le mandat
jusqu'à à ce moment-là, on aurait formé une
commission d'enquête consulter tous les organismes qui ont une
implication directe ou indirecte dans le secteur du transport.
Je trouve votre mémoire passablement négatif. Je comprends
que vous vivez des problèmes particuliers dans le secteur du sciage au
Québec, comme dans le secteur des pâtes et papiers, mais ces
problèmes spécifiques ne sont pas dus, non plus, exclusivement au
coût du transport. C'est exact que, dans le rapport du ministre des
Terres et Forêts, on remarque que le coût du transport, en ce qui
concerne les pâtes et papiers, en ce qui concerne l'industrie du sciage,
est élevé au Québec, mais il faudrait souligner que ce
n'est pas seulement dû aux transporteurs. On a déjà eu
l'occasion d'étudier le livre vert du ministre des Terres et
Forêts du temps, M. Kevin Drummond,
où on constatait qu'il y avait eu négligence aussi de la
part des Industriels dans les pâtes et papiers comme dans l'industrie du
sciage.
C'est certain qu'on a un problème de climat, aussi, qui fait que
notre taux de reproduction du bois ne se fait pas aussi vite que dans le sud
des Etats-Unis. Il faut en tenir compte et il faut avoir des politiques pour
accélérer, justement, la reproduction de notre bois au
Québec, particulièrement dans le secteur du sud du Québec.
C'est pour cela, en fait, qu'il y a eu un mémoire pour améliorer
la production du bois sur les terres privées au Québec et faire
en sorte qu'on évite de plus en plus d'aller vers le nord et qu'on
puisse avoir une banque de terrains au sud du Québec qui nous permette
justement d'alimenter l'industrie du bois de sciage au Québec et
l'industrie des pâtes et papiers.
Ceci ne doit pas se faire aux dépens d'une autre industrie qui
aussi a le droit de vivre. On se lance actuellement dans un programme pour
aider l'industrie des pâtes et papiers au Québec. Le gouvernement
du Québec va y aller de subventions, mais il ne faudrait pas non plus,
par exemple, faire en sorte j'ai eu l'occasion de le vivre dans le
secteur du vrac au Québec, de le constater, en tout cas que
l'entreprise des pâtes et papiers ou l'industrie du sciage négocie
individuellement avec des gars qui sont déjà poignés
à la gorge et revenir au 19e siècle en ce qui concerne, par
exemple, le transport.
Je suis bien d'accord pour avoir une certaine concurrence et laisser la
loi du libre marché fonctionner, mais il reste qu'il y a du monde qui a
le droit de vivre aussi. Je vous avoue que j'ai eu l'occasion de voir des
cédules de versements de salaires à des camionneurs sur une base
hebdomadaire ou sur une base mensuelle, je vous avoue que le pauvre gars
n'avait même pas le moyen, à la fin du mois, de payer son camion.
On est prêt à tenir compte de vos revendications en ce qui
concerne les incidences économiques.
Il a pu y avoir des décisions de la Commission des transports.
Evidemment, il y a une Commission des transports qui est là; il faut lui
donner, je pense bien, des pouvoirs, il ne faut pas que cela soit exclusivement
le gouvernement. On a évité, en 1972, et avant, quand on a
créé la Régie des transports, d'en arriver constamment
à faire en sorte que ce soit le ministre qui décide. Il faut que
la Commission des transports ait une préoccupation économique, et
que ce soit un organisme quasi judiciaire et en même temps un organisme
qui entend les parties. La décision de la commission des transports
s'est prise à la suite d'auditions publiques où vous avez eu
l'occasion de vous faire entendre et où l'Association nationale des
camionneurs artisans indépendants et d'autres organismes ont eu
l'occasion de se faire entendre. La commission doit normalement tenir compte
des revendications et des doléances de chacun et ensuite prendre une
décision. Ce serait exactement la même chose pour le gouvernement
du Québec. Si c'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui
décide des taux et des tarifs, on devra justement tenir compte du droit
de vivre de chacun.
Je comprends qu'aujourd'hui, par exemple, les syndicats fatiguent du
monde, parce que ce serait peut-être mieux si on négociait comme
au XVIIIe siècle, individuellement avec chacune des personnes, mais il
reste que dans une société civilisée, on ne peut pas non
plus accepter cela. Si le coût du transport est élevé au
Québec, il ne faut pas non plus en arriver à étouffer les
gens qui travaillent dans le secteur du transport. Vous avez le droit de faire
de la location, on l'a souligné tout à l'heure. La location est
un secteur permis et lorsque vous faites du transport pour compte propre, vous
avez le droit de faire de la location. Donc, vous avez le droit de concurrencer
justement l'industrie du camionnage au Québec, de concurrencer le
transporteur de vrac. On sait que dans le secteur de la forêt, il y a des
problèmes assez spécifiques, par exemple, lorsque vous louez le
camion et engagez l'individu pour conduire le camion. Là il y a des
problèmes spécifiques qui se posent pour le camionneur.
Je suis bien prêt à tenir compte de vos revendications,
mais revenir à la loi du libre marché en ce qui concerne les
tarifs, je serais bien prêt peut-être à le
considérer, mais lorsque le secteur du camionnage en vrac en particulier
sera bien structuré et pourra négocier d'égal à
égal avec vous autres. Quand cela négocie individuellement et
quand des compagnies de transport, des compagnies de pâtes et papiers et
de sciage refusent systématiquement, par exemple, de négocier
avec des postes d'affectation qui ont été constitués par
le gouvernement du Québec, je doute de votre bonne volonté. Vous
pouvez nous charger et vous pouvez charger les transporteurs, mais il faudrait
aussi démontrer une bonne volonté vis-à-vis des
transporteurs qui, eux aussi peut-être, seraient prêts à
considérer sur une base de contrats de un an ou de deux ans, des prix
peut-être qui seraient inférieurs au prix de la commission.
De toute façon, vous avez le droit de faire valoir vos
revendications devant la Commission des transports. Je ne suis pas prêt
à retourner à un système où le gars sera
littéralement étouffé lorsqu'il y aura négociation
individuelle au niveau de chacun.
Vous affirmez qu'il y a eu équilibre rompu par la Commission des
transports. S'il y a eu équilibre rompu c'est que le législateur
a dû intervenir parce que l'équilibre, peut-être qu'il y a
eu une exagération d'un côté. Il faudrait le
considérer. Quand le législateur intervient, bien souvent, par
l'intermédiaire de régies, pour faire fixer des taux, c'est parce
qu'il y a eu abus quelque part. C'est certain que j'aimerais bien cela laisser
le libre marché, mais en autant que le libre marché
prévaut, par exemple, sur la concurrence parfaite selon la loi de King,
je ne l'ai pas vu encore bien bien au niveau des pâtes et papiers comme
au niveau de l'industrie de sciage. Le gars, il faut qu'il vive, et à la
fin du mois, il faut qu'il paie. On est bien prêt, comme gouvernement,
à prendre en
considération le problème de l'industrie du sciage au
Québec et des pâtes et papiers, mais cependant on ne le prendra
pas en considération en étouffant un autre secteur qui a le droit
de vivre aussi. (17 heures)
M. le Président, j'aurais aimé avoir des remarques plus
positives sur le rapport CEGIR. On va tenir compte de votre mémoire,
mais je vous avoue que je n'ai pas de question spécifique, sinon que, si
on revient au libre jeu du marché, on va créer une guerre de prix
dans le secteur. Ce sera au profit de l'industrie du sciage du Québec
qui a aussi le droit de vivre et qui a le droit de faire valoir ses
revendications, mais aux dépens des petits camionneurs qui sont
quelquefois étouffés, dans certaines régions, parce qu'ils
ne sont pas capables de négocier.
En ce qui concerne les recommandations 17 et 18 du rapport CEGIR,
enquêtes sur plaintes de la Commission des transports, vous
suggérez que le plaignant devrait nécessairement être un
transporteur. Il me semble que, si vous n'avez pas été entendu
comme requérant de services, peut-être que le consommateur qui
n'est pas ici aujourd'hui aurait dû être entendu, parce qu'il me
semble que le consommateur a le droit de faire des plaintes concernant des
coûts abusifs dans le secteur du transport.
Je vous remercie beaucoup, on va tenir compte de vos revendications.
Mais, comme je l'ai souligné, on a déjà eu une commission
parlementaire pour étudier le problème des pâtes et
papiers, on y a donné suite par l'élaboration d'une politique de
pâtes et papiers au Québec. Vous avez eu l'occasion et j'ai eu
l'occasion de prendre connaissance des mémoires de différentes
industries du sciage, de différentes industries de pâtes et
papiers à ce sujet, concernant le coût du transport, on est
prêt à le considérer très sérieusement. Mais
on n'est pas prêt non plus à étouffer un autre secteur qui
a le droit de vivre.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, j'imagine que tous ceux qui
sont intervenants à cette table ne peuvent avoir la même version
et la même appréciation du rapport CEGIR. Il appartient à
chacun d'avoir des commentaires favorables, moins favorables ou
défavorables. De toute façon, c'était une constatation
qu'à la lecture des mémoires, j'avais également faite sur
l'étude qu'a faite le groupe CEGIR. Probablement qu'on ne pouvait pas
consulter l'ensemble des consommateurs ou des contribuables qui sont toujours
les derniers visés chaque fois qu'une réglementation est
changée ou qu'une loi est modifiée. Il ressort quand même
que, dans des secteurs comme celui dont on parle actuellement, qui
représente, quand on pense au secteur du sciage et des pâtes et
papiers, probablement une industrie qui fait effectuer 75% à 85% de tout
le transport en vrac au Québec actuellement, elle aurait
mérité que de tels groupes puis- sent au moins émettre
certaines opinions sur les incidences qu'apportent des modifications aussi
importantes que celles mentionnées tantôt sur les taux de
transport, étant donné que c'est un des éléments de
la viabilité de certaines industries.
M. le Président, première question que je voudrais
poser... Avant de poser cette question, je comprends que, contrairement
à l'ANCAl qui défendait ses positions et qui voulait que la
Commission des transports continue à fixer des tarifs, on dit dans votre
mémoire que ce ne sont surtout pas des tarifs minimaux, principalement
avec l'augmentation des tarifs qui paraissent maximaux. Je comprends qu'en
1972, comme aujourd'hui, vous demandez que la libre concurrence des forces
joue. Je ne pourrais pas vous accuser de vouloir que ceux qui ont à
transporter contre rémunération ne vivent pas d'une telle
activité.
Ce que je voudrais vous demander, au départ, c'est si on pourrait
m'informer sur l'ensemble des millions de tonnes qui sont transportées
dans l'industrie du sciage. Quel est, en fait, le pourcentage que l'industrie
transporte par ses propres forces, ses propres camions et quelle est le
pourcentage confié, contre rémunération, à des
transporteurs en vrac?
M. Létourneau: La proportion transportée par des
camionneurs qui sont des employés des usines est d'environ 25% à
30%. Le reste est transporté...
M. Mailloux: 25% ou 30%.
M. Létourneau: 30%, c'est le maximum.
M. Mailloux: 30% seraient transportés par des
véhicules appartenant aux différents...
M. Létourneau: Aux différentes usines, aux
différents propriétaires.
M. Mailloux: ... requérants de services dans le sciage et
70% à 75% seraient transportés par des transporteurs contre
rémunération.
M. Létourneau: Oui.
M. Mailloux: Est-ce que votre corporation a fait des calculs et,
d'après vos calculs, entre un type de transport et votre propre
transport, quels sont les différences qui sont constatées?
M. Létourneau: Nous avons effectivement, M. Mailloux,
constaté une certaine différence. Notre intervention,
aujourd'hui, quant à la possibilité de déposer une
tarification entre un transporteur et un requérant de services, c'est
que la différence est nettement favorable à ce que l'entreprise
privée utilise sa propre flotte de camions.
D'ailleurs, nous avons dans plusieurs régions des transporteurs
qui sont prêts à signer des contrats avec les entreprises de
sciage ou les usines de sciage et ce, à des taux inférieurs
à ceux fixés par la commission. Ils sont prêts à le
faire et une
région complète a offert de signer un contrat global avec
l'industrie du sciage, à des tarifs qui seraient inférieurs aux
minimums définis par la commission.
M. Mailloux: Je ne m'attendais pas forcément à une
autre réponse, à savoir que les véhicules des compagnies
transportaient à de meilleures conditions, sauf que, dans mon esprit, il
est peut-être un peu difficile pour un politicien, que ce soit le
ministre ou d'autres, d'accepter radicalement comme une vérité ex
cathedra les coûts que vous pourriez nous avancer, étant
donné que la compagnie peut quand même y joindre certains autres
éléments qui font forcément que c'est un peu
différent du coût qui nous serait donné par un transporteur
public.
De toute façon, il y a quand même des exemples qui ont
permis de constater que des compagnies il y a ici un représentant
d'une de celles-là, aujourd'hui, la Donohue, qui, auparavant,
transportait l'ensemble de ses matières premières par ses propres
véhicules négocient aujourd'hui des contrats avec l'ANCAl,
qui est ici. Probablement que ça coûte un peu plus cher, mais il
semblerait que les deux parties y trouvent leur compte quand même et de
façon assez valable.
Je n'ai jamais été un de ceux qui voulaient radicalement
la mort de l'un ou de l'autre; probablement que j'ai posé des gestes que
l'industrie du sciage n'aimait pas, pour permettre aux autres de vivre d'une
activité qui était le transport; je disais: Le transport
n'appartient pas aux compagnies papetières, ça n'appartient pas
aux compagnies de sciage, ça appartient forcément à ceux
qui vivent principalement du transport, mais on a quand même
trouvé des moyens de vivre et les deux y ont trouvé leur
profit.
Je pense que, depuis les cinq ou six dernières années,
vous avez constaté, dans les pâtes et papiers comme dans le
sciage, qu'il y a eu amélioration à l'endroit des transporteurs
en vrac contre rémunération, et il y a eu addition d'une partie
des transports qui s'est faite par ces moyens, alors que les deux y ont
trouvé leur profit. Cela n'a quand même mis personne dans un
véritable embarras.
L'autre question que je voudrais vous poser est la suivante: Est-ce que
vous me diriez, comparativement à une province comme la
Colombie-Britannique, dans le même secteur que le vôtre, si les
coûts de transport sont tellement plus favorables à l'entreprise
privée qu'ici même dans le Québec?
M. Létourneau: M. Mailloux, pour avoir été
souvent en Colombie-Britannique, je dois vous dire que la différence de
transport est énorme, parce que les moyens ne sont pas les mêmes.
Là, on coupe souvent sur des pentes, les billots sont plus gros, on se
sert du flottage et il y a également ce qu'on appelle la nouvelle
méthode du "hauling", pour descendre les arbres avec des grues. A ce
moment, il n'est pas possible d'établir une comparaison objective entre
le coût du transport en Colombie-Britannique et le coût du
transport ici, au Québec.
M. Mailloux: En raison de la qualité du bois d'une
province à l'autre, en raison des climats et en raison de
quantité de facteurs, c'est difficile...
M. Létourneau: Oui, et on n'y a pas les mêmes
concluions de terrain, l'accessibilité de la forêt n'est pas la
même.
M. Mailloux: Cela devient difficile? M. Létourneau:
Oui.
M. Mailloux: Est-ce que, par contre, l'industrie du sciage du
Québec, avec le marché qu'elle possède, réussit
quand même, aux taux qu'a fixés la Commission des transports,
à trouver son profit sur l'ensemble des usines de bois de sciage?
M. Létourneau: L'industrie du bois de sciage, on le sait,
est fonction de cycles économiques très changeants et qui se font
souvent très rapidement. Nous ne nous cachons présentement que
l'industrie du sciage connaît une période prospère. Tout le
monde sait que les prix du bois, présentement, sur les marchés,
sont très élevés, mais il faut dire aussi que ce qui a
amené révolution de l'industrie du sciage, c'est nettement le
développement de marchés du côté
américain.
Alors qu'il y a moins de quatre ans, seulement 20% de la production du
bois de sciage exportée vers les Etats-Unis, au premier trimestre de
1979, 62% du bois québécois s'en est allé vers les
Etats-Unis aussi loin que Houston, Jacksonville en Floride, etc. C'est une
diversification de marché qui nécessairement a amené une
évolution considérable de la production de sciage dans le
Québec. Dans le préambule de notre mémoire, nous
soulignons, d'ailleurs, que dans l'espace de sept ans la production de bois de
sciage au Québec a doublé. Elle est maintenant à 3 300 000
000 de p.m.p. de bois de sciage. Cette année, en 1979, si le rythme se
maintenait, on devrait atteindre 3 800 000 000.
M. Mailloux: Une partie importante des coûts du bois de
sciage vient de la livraison qui n'est pas faite dans le transport en vrac,
elle est faite plutôt par le transport général, je pense,
quand il est bois fini. J'imagine que vous endossez certaines recommandations
à savoir qu'il y a des taux déposés, il y a
négociation entre les parties. J'imagine que vous favorisez cette
procédure.
M. Létourneau: Oui. Effectivement, pour les taux du
transport du produit fini, nous avons une analyse hebdomadaire qui nous permet
de bien quantifier les augmentations ou encore les coûts de transport.
Présentement, parce que c'est surtout le marché de
Montréal qui absorbe la presque totalité de la production du bois
de sciage sur le marché québécois, le coût moyen de
transport entre, par exemple, Val d'Or-Montréal,
Lac-Saint-Jean-Montréal, la Gaspésie-Montréal, c'est $14
et la distance est quand même considérable. La distance moyenne de
l'usine de sciage à la forêt est environ 64 milles
présentement, lorsqu'on calcule les distances moyennes, si on fait la
relation entre
le coût de transport de l'arbre en longueur vers l'usine de
sciage, par rapport à un transport de produit fini vers un marché
aussi loin que Montréal, on en arrive parfois que c'est le double et
demi pour une quantité égale. Le coût est le double et
demi. On se demande, lorsqu'on fait l'analyse de notre coût de
production, du coût de l'approvisionnement à l'usine, aux 1000
pieds, cela devient assez technique présentement si cela
prend deux cunits aux 1000 pieds et si cela coûte $14 les 1000 pieds
à partir du Lac-Saint-Jean pour se rendre à Montréal on
est à 64 milles de l'usine en forêt, et qu'on transporte deux
cunits de bois vers une usine de sciage, on en arrive à un ratio
à peu près de 2 ou 2,5 selon l'accessibilité du terrain et
les conditions; mais pour le transport on arrive à peu près
à 2, 2,5.
Le Président (M. Bordeleau): D'autres questions? Oui, M.
le ministre.
M. Lessard: Dans l'industrie du bois de sciage, comment sont
payés les camionneurs? Est-ce que c'est sur le bois réel
transporté ou sur le bois mesuré et accepté par la
compagnie?
M. Létourneau: Quant au mesurage de bois, c'est le
ministère des Terres et Forêts; c'est la mesure faite par le
ministère des Terres et Forêts lorsqu'ils sont payés
à la mesure, c'est celui sanctionné par le ministère des
Terres et Forêts. Ce n'est pas l'industriel de sciage qui peut
définir la mesure. C'est approuvé par le ministère ds
Terres et Forêts.
Maintenant, lorsque c'est à la tonne, par exemple, parce qu'il y
en a plusieurs qui le font à la tonne, maintenant, ils ont leurs propres
balances, c'est payé à la tonne-mille et vous avez
également beaucoup d'autres systèmes au cunit, par exemple. Il y
en a qui transportent au cunit. Il y en a qui transportent à la charge.
On va figurer une charge approximative et on va dire: Si tu as 20 cunits
d'épinette, cela pèse tant, donc, le poids est équivalent.
En fait, on part de la densité de la matière ligneuse
transportée pour la traduire en un poids. Dans le domaine forestier, il
y a plusieurs méthodes qui sont utilisées. Celle en fait qui sied
le mieux, soit aux transporteurs, soit aux requérants de services. En
général, cela va surtout avec le transporteur. C'est le
transporteur qui peut dire: Moi, au cunit, cela fait mon affaire. Un autre va
dire: Moi, je préfère que ce soit au poids ou même à
la corde. Il y en a qui vont le faire à la corde de huit pieds.
M. Lessard: Selon le transporteur, en fait, vous pouvez avoir
à l'intérieur d'une même entreprise plusieurs façons
de paiements?
M. Létourneau: Ah oui, certainement. Je pense que les gens
qui sont ici vont confirmer que ce n'est pas une contrainte majeure d'avoir des
transporteurs qui peuvent utiliser des facteurs différents pour la
charge ou le coût du transport. Ce n'est pas un élément,
une contrainte majeure. (17 h 15)
M. Lessard: Merci, monsieur.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix, une autre question?
M. Mailloux: Est-ce qu'il vous arrive d'être en concurrence
avec l'Ontario sur les marchés américains? Si oui, est-ce que
vous arrivez à concurrencer de façon normale?
M. Létourneau: Nous sommes en concurrence directe avec
l'Ontario sur les marchés américains. Je dois dire que
présentement nous sommes très satisfaits, parce qu'effectivement,
notre marché augmente considérablement aux Etats-Unis. On est
plus près du marché de Boston que Toronto peut l'être, mais
il ne faut pas oublier qu'il y a 20% du bois québécois qui va sur
le marché de Toronto. Il y a 20% de notre bois qui s'en va directement
sur le marché de Toronto et Toronto sert un peu comme ville
d'éclatement vers les Etats-Unis et même vers d'autres
régions du Canada.
M. Mailloux: Est-ce qu'il y a de l'exportation du Québec
et de l'Ontario vers des pays européens? Cela se produit, je pense, dans
certains cas, oui?
M. Létourneau: Oui, il s'en fait de l'exportation
"overseas".
M. Mailloux: Est-ce que vous êtes en concurrence aussi
valable avec l'Ontario vers l'extérieur?
M. Létourneau: Présentement, nous sommes à
étudier une structure qui nous permettrait peut-être d'être
aussi concurrentiels.
M. Mailloux: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Pas d'autres questions de la
part d'autres membres de la commission? Alors, je remercie l'Association des
manufacturiers de bois de sciage d'être venue devant la commission pour
présenter son mémoire.
Je n'ai pas d'indication précise, mais ce qui est prévu
pour le suivant, c'est le Système de location d'autos et camions
Autohost du Québec. Est-ce que les gens sont dans la salle? Il semble
que oui. Alors, si vous voulez vous approcher et vous présenter.
Système de location d'autos et camions Autohost
du Québec
M. Fitzback (Jean-Paul): Bonjour, M. le Président, M. le
ministre, messieurs les députés, mon nom est Jean-Paul Fitzback
et à ma droite, c'est Joseph Lehoux, le président de notre
compagnie. Nous ne sommes pas une association; nous sommes propriétaires
d'une compagnie privée de location d'automobiles. Contrairement à
ce que nous avons entendu ce matin, nous donnons des services directement ou
plus directement au public en général.
Le service que nous offrons dans le domaine du transport s'adresse
beaucoup plus au public, comme je le disais, contrairement à ce que nous
avons entendu. Nous sommes une compagnie purement québécoise qui
opère sur un plan national, en opérant une franchise d'un
système canadien, Autohost.
Notre compagnie, qui est détentrice d'un permis depuis maintenant
deux ans, se nomme Auto-servicar ou 81-850 Canada Limitée. Nos services
sont exploités sur un plan national. C'est parce que nous oeuvrons dans
les principaux aéroports du Québec. Une expérience que
nous avons vécue il y a deux ans peut illustrer notre commentaire de la
première page de notre mémoire.
Une possibilité d'acquérir un comptoir dans les
aéroports de Dorval, de Mirabel et de Québec s'offrait à
nous, mais pour commencer, nous devions procéder par l'obtention d'une
franchise du système canadien qui détenait ses comptoirs.
Nous avions une occasion de faire de la concurrence, une nouvelle
compagnie pouvait se présenter dans les aéroports où
c'était détenu par des multinationales depuis déjà
longtemps.
Or, nous avons demandé un permis de la Commission des transports
aux alentours du 24 juin 1977 et l'avons obtenu au début de juillet. Par
la suite, il a été contesté par des compagnies qui
n'étaient même pas au dossier au début de toute l'histoire
au complet.
Une décision contraire a été rendue par la
commission, à cause de sa réglementation et non aux personnes qui
l'ont rendue, et on suspendait notre permis. Nous avons même reçu
une lettre du directeur du Bureau des véhicules automobiles, M. Ghislain
Laflamme, disant de voir à retourner nos plaques.
Après une longue discussion et une explication de notre
procureur, nous avons réussi à continuer de fonctionner. Par la
suite, un an plus tard, notre permis était confirmé par un permis
permanent. Tout cela pour dire que la réglementation qui existe à
la Commission des transports dans la location d'automobiles est beaucoup trop
rigoureuse et donne lieu à de longues procédures qui sont
très coûteuses pour des compagnies québécoises qui
débutent dans ce domaine comme nous.
Si j'ai fait mon mémoire autour de la preuve de
nécessité, c'est parce que je crois que cette preuve est au
milieu des discussions que nous avons continuellement à la Commission
des transports. De plus, cette preuve sert à entretenir, à
nourrir des chicanes entre les compagnies de location qui présentent
souvent des oppositions qui ne sont aucunement justifiées et qui sont
faites seulement dans un but de vengeance ou pour retarder le requérant.
La commission les accepte quand même sans les examiner afin d'en
déterminer le bien-fondé.
En ce qui a trait à la preuve de nécessité
elle-même, on nous demande de démontrer un besoin d'automobiles de
location qui se ferait sentir dans une région spécifique. Pour sa
part, l'opposante doit démontrer qu'elle peut très bien suffire
à la demande seule. Je peux vous dire en connaissance de cause que ce
n'est pas facile de trouver des clients non satisfaits, soit à cause
d'un mauvais service ou parce qu'il n'y avait pas de voiture disponible au
moment où le client en avait besoin, qui soient prêts à
venir à la commission pour le dire. Encore faut-il avoir le moyen de les
trouver, ces clients mécontents. Pour celui qui n'est pas dans le
commerce, c'est à peu près impossible à réaliser.
Concernant l'opposante, elle viendra vous dire qu'elle a toujours de 30%
à 40% de son parc automobile disponible et, lorsque vous lui prouverez
qu'à une date bien spécifique vous avez essayé d'avoir une
automobile chez elle et qu'elle n'en avait aucune, elle vous répondra
que cela arrive de temps à autre, mais que c'est probablement seulement
quelques jours dans l'année que cela arrive et que c'est justement cette
journée-là que nous avons appelé.
Après deux ans d'existence, nous totalisons 1100 véhicules
enregistrés au Québec, répartis dans 20 bureaux,
créant directement 90 emplois. Si nous sommes rendus à cette
étape, c'est dû seulement à notre ténacité.
Je pense que la preuve de nécessité est clairement établie
à ce point-ci.
Un autre fait qu'on rencontre tous les jours: Nous avons une personne
sur la route qui vend des franchises et, chaque fois qu'elle se présente
dans une des petites villes du Québec pour demander à un marchand
d'automobiles s'il désire faire partie de notre réseau, il nous
répondra immédiatement qu'il ne peut pas supporter les
coûts ou que le problème d'obtenir un permis est trop
compliqué. Je pense que cela nuit considérablement aux petites
entreprises qui pourraient peut-être devenir quelque chose de bien
important à l'échelle du Québec. Je ne pense pas que la
commission puisse décider concernant la preuve de
nécessité. Je crois que cela nuit au public en
général parce que le public en général pourrait
avoir un meilleur choix des compagnies de location et, par le fait même,
un meilleur tarif, une meilleure concurrence en laissant ce marché
complètement libre. C'est pourquoi nous demandons une
déréglementation concernant la location d'automobiles à
court terme et de camions, de petits camions. Je voudrais bien spécifier
ici de petits camions.
On parle aussi des tarifs. Concernant les tarifs, je crois que le
locateur ne devrait être soumis à aucune sorte de contrainte. La
concurrence devrait être ouverte complètement. Cela aurait pour
but d'intéresser beaucoup plus les gens vers la location.
D'autant plus que le gouvernement favorise ce système en
demandant des soumissions pour les voitures dont il a besoin lui-même par
son service des achats. J'ai déjà vu, dans un certain cas, que le
service des achats avait demandé une soumission et payé le
locateur plus cher parce que ce dernier avait soumis des prix plus bas que les
tarifs autorisés par la commission.
Concernant les délais à la Commission des transports, ce
qui, je pense, est pas mal le plus important, la publication devrait être
faite dans les journaux, peut-être deux ou trois journaux qui
sont livrés tous les matins, comme dans les cas de permis
spéciaux, par les requérants, et les décisions devraient
être publiées dans les mêmes journaux une fois par semaine
par la Commission des transports. Je pense que cela pourrait éviter
beaucoup de délais, et je ne crois pas que cela pourrait coûter
plus cher. Je pense que le requérant serait prêt à payer
les parutions dans les journaux pour éviter de perdre du temps avec la
demande de son permis.
Le changement que M. le ministre préconise devrait être
fait en fonction de nous distinguer clairement du reste du transport pour que
nous ne soyons plus au milieu des chicanes qui existent entre
différentes associations. Nous ne louons pas de camions de grande
envergure, nous nous limitons à ce qu'on appelle des vannes, des
fourgons, jusqu'à 20 pieds, et je ne crois pas que cela intéresse
l'industrie du transport. Nous louons nos camions surtout à des
personnes privées, à des particuliers qui ont besoin de faire de
petits déménagements, et je ne pense pas qu'on devrait être
administré de la même façon.
Les modifications des règlements, je pense on parle
beaucoup de cela, ce matin pourraient être faites par un conseil,
et les meilleurs représentants pour ce conseil pourraient provenir de la
commission. Depuis déjà six ou sept ans, vous avez des
commissaires qui ont été nommés et ils sont
peut-être les plus au courant de tous les problèmes dans le
transport en général. Chacun de ces commissaires pourrait
être appelé de temps à autre à siéger
à un conseil qui pourrait décider de changements de
règlements. Tout ce conseil pourrait être patronné par un
membre de votre ministère.
Quelques petits changements devraient être apportés au
niveau du ministère concernant la location de minibus. La Commission des
transports émet des permis pour la location de minibus de douze à
quinze passagers. Par contre, le ministère des Transports, par son
Bureau des véhicules automobiles, ne permet pas aux
Québécois de conduire ces autobus. Nous allons recevoir un
client, qui vient de l'Etat de New-York ou de l'Ontario, à
l'éroport, il doit être en mesure de louer ce camion. Nous ne
pouvons pas le louer aux Québécois parce que la plupart des
Québécois ont un permis de classe 2 et que cela prend absolument
une classe 1 pour conduire un autobus.
Je ne crois pas que ces autobus devraient être
considérés comme des autobus de grande capacité qui
transportent le public en général. Ces autobus sont loués
parce que certains groupes sont trop nombreux pour une station-wagon ou une
voiture semblable, alors ils demandent un de ces minibus. Je crois que ce
changement devrait être apporté au niveau du ministère. (17
h 30)
Pour finir, j'aimerais apporter une petite note concernant les Z que
nous avons sur nos plaques, à court terme. Je crois que ma
remarque peut être considérée comme insignifiante si
le bureau des assurances du Québec s'est basé seulement sur le
fait qu'on a deux Z à nos plaques puis qu'on a facturé le double
du tarif, alors le ministère des Transports devrait nous retirer un Z
immédiatement et nous laisser seulement avec un, parce qu'on
épargnerait beaucoup d'argent; présentement on paie exactement le
double de ce qu'un Z peut payer. Je pense que n'importe quel individu du
Québec, aujourd'hui, qui peut conduire ou qui est appelé à
conduire nos automobiles, est qualifié de la même façon par
votre Bureau des assurances du Québec avec son permis de conduire.
Je remercie les membres de la commission de m'avoir
écouté. Je m'excuse, je n'ai pas tellement l'habitude de
présenter ce genre de mémoire. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci beaucoup. M. le
ministre, vos commentaires.
M. Lessard: D'abord sur votre dernière remarque, M.
Fitzback, vous m'indiquez que deux Z c'est à court terme.
M. Fitzback: Oui.
M. Lessard: Et un Z c'est à long terme.
M. Fitzback: C'est bien cela.
M. Lessard: Vous m'indiquez que pour deux Z, vous payez le double
d'immatriculation d'un Z?
M. Fitzback: C'est exact. Nous payons $170 d'assurance et un Z,
quand on enregistre une auto à long terme nous coûte $85. Je pense
que c'est sûrement... je ne sais pas s'ils se sont basés seulement
sur cela, mais je crois bien que le Bureau des assurances du Québec va
nous dire qu'il y a plus de risques d'accidents parce que nous avons plus de
chauffeurs qui passent sur la même automobile. Par contre, tous ces
chauffeurs sont qualifiés de la même façon par lui en leur
remettant leur permis de conduire. Je ne vois pas pourquoi on paie le double,
on est pénalisé grandement à ce sujet.
M. Lessard: Deuxième chose concernant les chauffeurs
d'autobus. Il est exact que pour chauffer un autobus vous devez être
classé dans la classe 1 à l'intérieur de laquelle il y a
trois catégories. Catégorie 1, c'est embrayage non automatique;
catégorie 2, avec embrayage automatique; catégorie 3, autobus de
25 passagers et moins.
On a de sérieux problèmes actuellement dans le secteur du
transport concernant les accidents. J'avoue que l'on n'est pas
nécessairement compétent, lorsqu'on a passé un examen pour
conduire selon la classe 2, par exemple, pour conduire un véhicule de
quinze passagers. Je ne sais pas, mais j'ai énormément de
réserves. Vous savez que la location d'un véhicule de quinze
passagers, cela devient du transport pas mal. Un individu va s'organiser au
Québec, il va se louer un véhicule de quinze passagers et il va
faire de la concurrence au transport public, aux transporteurs publics.
M. Fitzback: Si M. le ministre me le permet, une voiture qui peut
contenir douze ou quinze passagers, a presque le même empattement qu'une
station-wagon ou ce genre de véhicule. C'est un véhicule aussi
très facile à conduire; c'est un camion léger qui est
automatique et c'est une voiture en fait. Il est très en demande dans
notre genre de commerce dans les aéroports, un peu partout,
différentes associations ici au Québec, des clubs de baseball,
des jeunes, des groupes comme cela. On ne peut pas le faire parce que les gens,
ce n'est pas expliqué derrière votre permis de conduire que vous
avez la catégorie 1, 2 ou 3; c'est bien spécifié que la
classe 1 peut chauffer n'importe quel véhicule et que la classe 2 peut
chauffer n'importe quel véhicule excepté les autobus.
J'ai regardé un permis de conduire de l'Etat de New York qui est
à côté de nous...
M. Lessard: Mais pourquoi si on permet...
M. Fitzback: ... et c'est spécifié que pour un
autobus de quinze passagers et plus, au verso du permis de conduire de l'Etat
de New York, comme au verso du nôtre, il y a des classes; c'est
spécifié: tout véhicule sauf autobus de quinze passagers
et plus. Ce qui veut dire que pour quinze passagers et moins il est
considéré comme étant capable de le conduire. Je pense que
c'est une pénalité pour les Québécois; on peut le
louer à n'importe quel individu qui arrive dans un aéroport et on
ne peut pas le louer aux Québécois qui voudraient s'en servir
parce qu'ils patronnent un club de baseball ou un club de hockey qui doivent se
déplacer d'une ville à l'autre avec les gens. On refuse de lui
louer parce qu'il n'a pas le bon permis.
M. Lessard: M. Fitzback, pensez-vous à tout ce qui
arriverait sur la tête du ministre des Transports, par exemple, si ceci
était permis et que, tout à coup, un accident comme celui de
Sainte-Rosalie arrivait et des jeunes s'y tuaient, la réaction ne serait
pas tellement positive, j'ai l'impression, de la part des media d'information
et de la population?
M. Fitzback: Peut-être qu'il y aurait une différence
à faire entre les classes 1 et 2, la classe 2 pourrait le faire et la
classe 3 ne pourrait pas le faire. Peut-être qu'on pourrait exiger
certaines choses, mais pas aussi compliquées que pour celui qui doit
conduire un autobus de 40 à 50 passagers, transmission manuelle et
tout.
M. Lessard: Ce n'est pas aussi compliqué pour quelqu'un
qui veut passer un examen pour conduire un autobus, il y a trois
catégories, les classes 1-1, 1-2 et 1-3.
M. Fitzback: Je vous l'ai soumis, M. le ministre.
M. Lessard: D'accord, j'en prends note.
Vous avez subi, d'après ce que j'ai pu entendre, une
expérience difficile au niveau de la Commission des transports
concernant l'obtention d'un permis et les délais ont été
assez longs. En retour, il semble que vous recommandiez, dans le secteur de la
location, des réglementations à peu près
générales; est-ce que ça voudrait dire qu'il n'y aurait
pas nécessité de prouver le besoin? Et, à ce
moment-là, est-ce que ça voudrait dire que les demandes
d'obtention d'un permis de location devraient être automatiques, en
disant que le fait que la personne veuille investir tant de milliers de dollars
à telle place lui donne nécessairement le droit à ce
permis, même s'il n'y avait pas de permis?
M. Fitzback: Je pense qu'il devrait exister un permis émis
par la même Commission des transports, mais beaucoup plus au niveau
administratif, s'assurer que la personne a le financement nécessaire,
s'assurer que la personne est solvable, qu'elle a une compagnie solvable. Il
reste un fait: la meilleure personne pour analyser s'il y a un besoin ou non
est toujours celle qui investit son argent. Cela ne revient pas
nécessairement à la commission de décider s'il y a un
service, parce que la preuve qu'on doit présenter à la Commission
des transports n'est pas tellement bonne, d'après moi. Nous, on doit
prouver qu'il y a un besoin et l'opposant doit prouver le contraire.
La commission reste toujours au même niveau, au milieu d'une
bataille entre l'opposant et le requérant. C'est surtout à ce
niveau; si vous avez deux compagnies de location au même coin de rue, il
va y avoir une meilleure concurrence et celle qui va offrir le meilleur
service, qui va être plus adéquate pour administrer sa "business"
sera celle qui va vivre. Vous allez avoir une plus grande "exposure", une plus
grande... excusez le mot anglais. Vous allez diriger plus de personnes vers la
location, parce qu'il y aura plus de compagnies de location.
Si on regarde un élément ici au Québec, surtout
dans les grandes villes comme Montréal, vous avez le "fast food", tout
le monde est dirigé vers ça, parce que vous avez beaucoup de
compagnies qui sont dans le "fast food", vous avez McDonald, Kentucky,
plusieurs autres compagnies qui sont toutes sur le même coin de rue et
qui vivent très bien, tout simplement parce qu'elles ont incité
les gens à aller vers le "fast food".
Si on avait plus de compagnies de location, on inciterait
peut-être plus une grande partie des gens à prendre une voiture de
location à court terme pour faire un voyage au lieu d'un autre mode de
transport.
M. Lessard: Pensez-vous que le secteur du taxi qui investit aussi
de l'argent va avoir les mêmes remarques ou les mêmes
considérations? C'est certain que dans le secteur du taxi, il va y avoir
des réactions différentes et dans d'autres secteurs aussi. Il
faut établir un équilibre entre
l'ensemble de l'industrie du transport au Québec. Le danger que
je vois là-dedans, je peux me tromper, mais je vous demande de me
l'expliquer, vous dites: On veut revenir à l'émission d'un
permis, enregistrement à la Commission des transports, mais la question
des dépôts et la question des prix, il appartient à la
compagnie de location de déterminer quels sont les prix qu'elle
demandera aux locateurs?
M. Fitzback: Oui, c'est bien ça.
M. Lessard: D'accord. D'un autre côté, vous dites:
Fixation des prix, non pas par la Commission des transports, mais par le
locateur. Deuxièmement, vous dites: Diminuer considérablement les
procédures administratives ou judiciaires ou juridiques pour obtenir
l'émission d'un permis. ' Vous avez affirmé, au début, que
vous êtes une petite compagnie canadienne-française, etc. Est-ce
qu'on n'arriverait pas au danger suivant: que nos petites compagnies
parce qu'il n'y a rien qui empêche les grandes compagnies de location,
pour s'emparer d'un marché national, si vous voulez, de dire: Nous,
pendant une période X, nous sommes prêtes à baisser les
prix et à désigner des coûts inférieurs aux
coûts fixes réels, mon compétiteur va disparaître et
après nous nous reprendrons disparaissent tout simplement et que
la concurrence disparaisse par la suite? Là, ce serait au
désavantage du client par la suite.
M. Fitzback: Je dois vous dire, M. le ministre ce n'est pas
parce qu'on agit de cette façon que la meilleure façon
d'administrer la location, aujourd'hui, c'est un système de franchise,
parce que le propriétaire peut administrer sa compagnie lui-même.
Il est près des problèmes, il peut corriger un problème du
jour au lendemain, contrairement à une compagnie qui fonctionne sur une
base multinationale et qui n'a qu'un gérant ici qui n'a aucun pouvoir de
décision. La compagnie qui fonctionne sur un plan multinational n'est
nullement un danger pour une compagnie comme la nôtre sur le plan
compétitif.
On a vu, cet hiver, à Montréal, pendant une période
d'au moins deux mois, deux compagnies multinationales qui se sont
débattues à un cent par jour pour la première
journée et qui sont restées ainsi deux mois. Elles ont
loué leurs voitures à un cent pour la première
journée, minimum deux jours, tarif normal la deuxième
journée. Nous n'avons pas changé nos tarifs et ça n'a
absolument rien changé à notre commerce parce qu'elles louaient
leurs voitures le lundi matin et nous, on les louait le mardi matin, parce que
le mardi matin, il n'y avait plus aucune voiture, elles les avaient toutes
sorties le lundi à un cent. Nous, on les sortait toutes le mardi matin
au tarif normal; alors, il n'y avait aucun problème de
compétition à ce moment. Elles ont continué à se
chicaner pendant deux mois. La Commission des transports ne pouvait pas
intervenir. Peut-être n'était-elle pas au courant, mais
peut-être n'avait- elle pas les règlements nécessaires pour
pouvoir intervenir. Je pense que ça ne changerait absolument rien de
laisser le marché complètement libre. A ce moment, ça ne
rend pas nécessairement les locateurs du Québec toujours
illégaux avec leurs tarifs. Quand vous avez un grand parc automobile et
que vous décidez de faire un spécial de fin de semaine, vous ne
pouvez pas attendre deux mois, 30 jours, etc., pour le faire. Vous devez le
faire immédiatement, parce que, si vous avez 30% ou 40% de votre parc
automobile qui demeurent dans la cour, vous ne pourrez pas continuer votre
commerce longtemps. Alors, vous êtes obligés de réagir
immédiatement et d'intéresser le marché à venir
chercher vos véhicules, quitte à ce que ce soit pour couvrir vos
coûts de fonctionnement pendant cette fin de semaine.
M. Lessard: Mais le danger, c'est justement qu'une grosse
compagnie peut fonctionner assez longtemps avec des coupures comme celles que
vous nous indiquez, mais il peut arriver qu'une petite compagnie ne puisse pas
le faire aussi longtemps et, là, c'est la faillite.
De toute façon, ce que je remarque quand même, c'est qu'on
constate, justement à la suite de ces auditions, qu'il n'est pas facile
de concilier les intérêts de chacun.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Y a-t-il d'autres
députés qui ont des interventions à faire?
M. Mailloux: M. le Président, je pense que mon
collègue de Richmond, mes autres collègues et moi-même
avons pris note des recommandations du rapport qui vient de nous être
donné. Nous les gardons pour référence future. Si je ne
pose pas de questions, ce n'est pas parce que certaines questions ne pourront
pas être avancées par chacune de nos formations politiques, ce
serait pour permettre, si M. le Président le permet et les membres de la
commission, à la dernière association de se faire entendre pour
que nous n'ayons pas à revenir en soirée.
Le Président (M. Bordeleau): S'il y a consentement des
membres de la commission et si les personnes sont déjà
présentes, on pourrait procéder.
Une Voix: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Je remercie beaucoup la
compagnie Système de location autos et camions Autohost du Québec
d'être venus présenter leur mémoire.
M. Fitzback: Merci, M. le Président. (17 h 45)
Le Président (M. Bordeleau): J'appelle donc
immédiatement l'Association des propriétaires de navires Inc. et
opérateurs de bateaux-pilotes. Si vous voulez prendre place. Est-ce que
le porte-parole peut nous présenter ses adjoints?
Association des propriétaires de navires Inc.
et opérateurs de bateaux-pilotes
M. Vaillancourt (Guy): Mon nom est Guy Vaillancourt. Je suis
procureur de l'Association des propriétaires de navires du Saint-Laurent
pour les fins de ce mémoire. Je représente également les
propriétaires d'entreprises exploitant un service de bateaux-pilotes sur
le Saint-Laurent qui ont également déposé un
mémoire devant la commission parlementaire. Si vous me permettez, je
vais présenter les gens. Immédiatement à ma gauche, vous
avez M. Raymond Boissonneault, le président de l'Association des
propriétaires de navires du Saint-Laurent Inc., de même que M.
Roger Raymond, le trésorier de la même association. A ma droite,
M. Antoine Chabot, comptable et aussi administrateur d'une des entreprises qui
exploite un service de bateaux-pilotes.
M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la commission
parlementaire, la Commission des transports du Québec et les membres de
la commission, l'Association des propriétaires de navires du
Saint-Laurent est sans doute très heureuse d'avoir l'occasion de se
présenter devant vous pour vous faire valoir ses commentaires.
L'association est vieille de déjà près de 43
années; succinctement, elle comprend une trentaine de membres actifs qui
exploitent environ une cinquantaine de navires, principalement à
l'intérieur des limites territoriales du Québec. Evidemment, le
mémoire de l'Association des propriétaires de navires du
Saint-Laurent ne peut se prononcer particulièrement sur le domaine du
transport maritime tel qu'il a été vu par le CEGIR puisqu'il n'y
a pas, malheureusement, un seul iota dans le rapport CEGIR qui traite du
transport maritime. Mais si on a fait état, il y a quelques instants, de
ce défaut à l'égard des consommateurs ou des
requérants de services de transport, il nous apparaît que c'est
déplorable, pour utiliser un terme pas trop cruel, que l'association
n'ait pas pu bénéficier de l'étude d'une firme
spécialisée telle que CEGIR sur un transport qui, pourtant, est
fort complexe.
Néanmoins, à cause de cette absence d'une annexe, pour
utiliser le terme du rapport CEGIR, qui porterait sur le transport maritime,
nous pouvons nous en remettre quand même à une discussion sur les
principes généraux qui se dégagent de ce rapport. Les
reproches qui sont énumérés dans le rapport CEGIR,
à la page 13, et notamment l'affirmation que la Commission des
transports n'est pas expéditive, qu'elle a un caractère trop
judiciaire, ne traite pas suffisamment des aspects économiques qui,
évidemment, sont fort sérieux.
On a traité également de la lourdeur de la
procédure, la quantité de transport illégal, l'existence,
malheureusement, de jugements contradictoires, tout cela constitue des
jugements sévères. C'est la position de l'association; cependant,
il ne faut pas en tenir nécessairement rigueur aux membres de la
Commission des transports du Québec; tout cela découle d'un cadre
législatif dans lequel doit oeuvrer une commission. Ce cadre, en plus
d'être extrêmement rigide, comme l'a bien cerné le rap- port
CEGIR, doit s'exercer dans le contexte d'une réglementation qui est loin
d'être d'une clarté semblable à celle de l'eau limpide. Les
avocats se perdent eux-mêmes dans l'interprétation des
règlements. Il ne faut pas se surprendre que le résultat,
à la suite de l'expérience connue avec l'actuelle Commission des
transports, ait été jugé d'une manière
négative.
Il faut mentionner également, honnêtement, que la loi
prévoyait qu'un plan de systèmes de transport devait être
implanté par le ministre des Transports et, à ma connaissance, en
tout cas dans le secteur maritime, il n'y a pas un tel plan et ce, depuis
l'adoption de la loi.
Un conseil consultatif devait également jouer un rôle qui,
à ma connaissance, encore une fois, du moins si on se limite au
transport maritime, n'a été joué d'aucune manière.
Bien qu'on ait prévu dans la loi des divisions administratives, ce qui
aurait pu suggérer un certain pouvoir de régulation à la
commission j'utilise le terme du rapport CEGIR les fonctions et
pouvoirs de la commission ont été on ne peut plus restreints. La
Loi des transports fixe un cadre à la commission qu'elle n'a pas le
pouvoir de dépasser. On lui a donné le pouvoir d'émettre
des permis, mais encore fallait-il que ces permis aient eux-mêmes
été définis par règlement, voire les conditions de
l'exercice d'un service de transport, pour lequel un permis pourrait être
nécessaire, doivent aussi être réglementées.
La loi elle-même a été amendée à
plusieurs occasions, en 1973, en 1974 et finalement en 1975. La loi crée
des ambiguïtés d'ordre juridique qui n'ont pas, à ma
connaissance, encore eu de développement. Je pense à
l'obligation, par exemple, relativement à l'article 39, lorsqu'il y a un
transfert. Quelle est l'attitude des détenteurs de permis de transport?
Doivent-ils nécessairement, pour la validité de la transaction,
faire sanctionner le transfert du permis?
Le Président (M. Bordeleau): Pourriez-vous vous approcher
plus près du micro pour permettre une meilleure audition?
M. Vaillancourt (Guy): C'est bien, je m'excuse. Comme je le
disais, il y a quelques instants, la loi elle-même, en 1972, qui a
été amendée à plusieurs occasions, n'est pas
tellement claire elle-même. Elle allait, dans plusieurs endroits,
créer des difficultés d'interprétation qui sont encore non
résolues. Les règlements qui devaient également être
adoptés, du moins dans le domaine des transports maritimes, depuis 1972,
sont encore inexistants. Avec tout cela, l'Association des propriétaires
de navires appuie entièrement la conclusion du rapport CEGIR. On a
créé un organisme de régulation qui ne fait pas de
régulation au sens strict du terme, ceci étant fait par le
lieutenant-gouverneur en conseil et le ministère. La commission joue un
rôle dans le processus, mais ce n'est pas celui de régulateur. Je
cite le rapport CEGIR, aux pages 25 et 26. J'ajoute, en effet, vous allez voir,
qu'il prohibait de jouer ce rôle. C'est donc dans la loi et les
règlements que CEGIR a vu la source des maux et l'association est
fort d'accord.
A la page 6 de notre mémoire, nous avons résumé ce
qui nous a semblé être une philosophie à quatre volets qui
se dégage du rapport CEGIR. Premièrement, la régulation
doit se faire par la commission des transports elle-même et ces
règlements doivent être approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil. En principe, il doit y avoir peu de
règlements. L'association est d'accord avec une telle philosophie.
Deuxièmement, comme corollaire à cette prémisse, le
rapport CEGIR préconise que la commission doit jouir d'une
discrétion, et je cite la page 30 du rapport CEGIR. "Par ailleurs, moins
on réglemente, plus on doit recourir à la discrétion
où l'intérêt public est apprécié dans chaque
cas dans l'optique où la régulation est le principe de
base et à un organisme autonome. Nous pensons que la
régulation économique requiert la discrétion."
En principe, l'association est d'accord à laisser à un
organisme spécialisé dans le transport une certaine latitude,
mais, néanmoins, l'association doit rappeler que la Loi des transports
est une loi d'ordre public qui régit un secteur d'activités
commerciales.
En soi, cela constitue une restriction à la liberté du
commerce. Chaque entrepreneur dans le transport maritime exploite un commerce
qui est régi par la loi. A la rigueur, on peut empêcher les
citoyens de continuer à faire fonctionner un commerce, le forcer
à supprimer ou à étendre ses services et, enfin, on peut
même l'empêcher de commencer une nouvelle aventure commerciale. La
discrétion, dans de telles circonstances, doit être exercée
d'une manière quasi judiciaire. Il n'est pas clair du rapport CEGIR si
vraiment ce qu'on préconise, c'est un organisme administratif ou un
tribunal quasi judiciaire. L'association a noté que la recommandation 27
a pour but d'enlever l'obligation de nommer des juges à la commission.
Seul le président ou un des vice-présidents doit avoir une
formation juridique, tel que le veut la recommandation no 29. Par ailleurs, le
rapport CEGIR, à la recommandation no 47, permet à la commission
de nommer des commissaires-enquêteurs ayant le pouvoir de recueillir les
témoignages d'un commissaire reçoit et qui doivent soumettre un
rapport à la commission. Sera-t-il permis à un transporteur de
connaître le contenu du rapport fait par les
commissaires-enquêteurs à la commission? Sera-t-il permis à
un transporteur de vouloir contester la véracité ou l'exactitude
des témoignages tels que recueillis par les commissaires
enquêteurs? Jusqu'à quel point le transporteur aura-t-il vraiment
eu l'impression qu'on l'a véritablement entendu? La règle audi
alteram partem, qui est un principe de justice naturelle, aura-t-elle son
application suivant les recommandations du rapport CEGIR? Ce principe
fondamental du droit à être entendu ne devrait en aucune
manière être brimé. S'il y va de l'intérêt
public dans le processus de régulation des transports, il y a
également les droits et libertés de chaque entrepreneur et
transporteur.
De l'avis de l'association, si une discrétion doit être
exercée, elle doit l'être uniquement d'une manière quasi
judiciaire. La recommandation 48 prévoit également que les
parties pourront fournir des dépositions écrites de leurs
témoins lorsque la commission est d'avis qu'une telle procédure
contribuerait à améliorer l'audition sans imposer de fardeau
injuste aux parties. Quelle sera la valeur d'une telle déposition
écrite avec laquelle un transporteur ne peut pas être d'accord?
Comment savoir si le témoignage écrit est complet? Comment savoir
s'il est vrai? Comment la commission pourra-t-elle apprécier les
témoignages écrits contradictoires sans le bénéfice
du contre-interrogatoire? Un seul membre, au surcroît, de la commission
pourra décider des droits et libertés du commerce. L'association
craint que l'exercice du pouvoir discrétionnaire qu'on veut bien
reconnaître risque d'être exercé dans le cas de
procédures qui ne constitueraient pas la meilleure garantie d'une saine
administration des droits et libertés du commerce du transport. Le
rapport CEGIR a prévu le processus de révision à la Cour
d'appel, mais seulement sur des questions de droit. Il est à se
demander, dans l'exercice proposé de la discrétion, comment la
Cour d'appel pourrait disposer des questions de droit.
C'est un principe de droit qu'un tribunal d'appel n'intervient pas
lorsqu'un tribunal inférieur a exercé un pouvoir
discrétionnaire, à moins que cette discrétion n'ait
été exercée d'une manière purement arbitraire et
que la décision est si injustifiable, qu'elle constitue une injustice.
Il importe donc de faire montre d'une certaine prudence quant à
l'exercice de la discrétion par le commissaire. Le rapport CEGIR
recommande certes que la commission puisse se doter d'un personnel
compétent, mais cela n'est pas suffisant.
Cela n'empêche pas nécessairement que certaines causes ne
puissent pas être décidées par un seul membre de la
commission, surtout lorsqu'il n'y a pas d'opposition; on n'a pas d'objection
à cela, en principe. Lorsqu'il y a de l'opposition, l'opposition de
l'Association des propriétaires, le processus quasi judiciaire devrait
être pleinement exercé. Cela implique nécessairement les
juges à la commission.
Troisièmement, la philosophie du rapport CEGIR est à
l'effet que la commission puisse exercer d'autres modes d'intervention que
l'audition des parties, tels la conciliation, l'arbitrage, la per-suation et la
négociation. En principe, c'est acceptable, mais que signifie la
persuasion dans le cas où un intéressé aurait cru, dans
son intérêt, de s'opposer à une demande de permis de
transport? Que serait l'effet d'une persuasion d'un tel
commissaire-enquêteur qui croit que l'opposition n'a pas sa raison
d'être alors que l'opposition est de bonne foi? Il est à craindre
que des justiciables subissent des pressions telles qu'ils sacrifient certains
de leurs droits et libertés suite à des pressions indues de
fonctionnaires jouissant des pouvoirs d'un commissaire-enquêteur. Encore
là, une certaine prudence s'impose. On ne doit par aucun moyen
empêcher le public de se faire entendre.
Le rapport CEGIR recommande qu'aucun recours au ministre ou au
lieutenant-gouverneur en conseil ne soit institué; c'est la
recommandation 23. L'association est pleinement d'accord à ce sujet. Le
pouvoir conféré par l'article 39a tel que modifié de la
loi au ministre de soustraire certaines affaires de la juridiction de la
commission apparaît un grave accroc à la démocratie.
Certes, ce pouvoir d'intervention du ministre est limité au changement
de contrôle des corporations détenant des permis ou des cessions
de systèmes de transport. Bien qu'il ne s'agisse pas là, à
proprement parler, de l'intervention de l'exécutif dans le judiciaire,
tout au moins, il y va de l'intervention de l'exécutif dans le
quasi-judiciaire. L'association croit que ce genre d'intervention doit
disparaître.
La quatrième prémisse à la philosophie du rapport
CEGIR est qu'il incombe au législateur d'affirmer les
énoncés de politique générale en matière de
transport. L'association est d'accord. C'est dans la loi que nous devons
trouver les principes que nous empruntons des provinces de "common law", de
"public necessity and convenience". La politique se doit d'être davantage
définie et plus particulièrement dans le domaine du transport
maritime au Québec.
Le transport maritime pose en soi une complexe question de droit
constitutionnel. La Cour suprême du Canada, à quelques reprises, a
décidé que le transport de passagers et de marchandises par eau
à l'intérieur des limites d'une seule province est de la
compétence exclusive de chaque législature. Les affaires Three
Rivers Boatman Inc. qui, soit dit en passant, est un intervenant devant cette
commission, versus Le Conseil canadien des relations ouvrières et autre,
ainsi qu'Agence maritime Inc., également représentée
devant la commission, versus Le Conseil canadien des relations ouvrières
ont définitivement tranché la question. Cependant, il n'en
demeure pas moins qu'il existe dans le transport maritime au Québec une
situation tout à fait particulière. En effet, de multiples
compagnies à caractère fédéral, dans le sens que
leurs activités principales s'étendent au-delà d'une seule
province, se permettent également de faire du transport intraprovincial,
c'est-à-dire à l'intérieur des limites de la province.
A plusieurs occasions, l'association a formulé des griefs, des
plaintes au ministre des Transports et dressé des mémoires
soulevant un problème capital. Le transporteur maritime dit à
caractère fédéral fait souvent également du
transport strictement intraprovincial. A plusieurs égards, on a
porté des plaintes, mais finalement il n'y a pas eu de suites. Qui n'a
pas vu ces navires à caractère fédéral sillonner
sur le Saint-Laurent. Je pense à ceux de la Federal Commerce &
Navigation Limited, Hall Corporation, Canada Steamship Lines Limited, Upper
Lake Shipping Limited, pour ne nommer que celles-là. Pourtant, à
plusieurs occasions, l'association a pu constater que les navires appartenant
ou gérés par cesdites entreprises à caractère
fédéral transportaient de la marchandise d'un port à
l'intérieur des limites de la province à un autre port du
Québec. Le transport du fer de
Port-Cartier ou Sept-lles, si vous préférez, à
con-trecoeur se fait en marge de la Loi des transports du Québec et
cela, même pour le compte de SIDBEC. Le transport du fer et titane de
Hâvre-Saint-Pierre à Sorel pour le compte de la QIT, Québec
Iranium and Titanium, de même.
On pourrait même donner des exemples où des
sociétés de la couronne provinciale du Québec ont
accordé des contrats de transport à certaines de ces compagnies
à caractère fédéral toujours dans les limites de la
province de Québec. Une de ces compagnies dites à
caractère fédéral, la Chimo Shipping Limited, a fait une
demande de permis à la Commission des transports du Québec. Une
décision de la commission fut rendue qui est si lourde de
conséquences que l'association croit à propos de l'annexer au
présent mémoire. J'entends lourd de conséquences seulement
parce qu'elle était erronée. Le juge décida que, puisque
80% des activités de Chimo Shipping Limited se faisaient à
l'extérieur des limites de la province, la compagnie pouvait transporter
des marchandises à l'intérieur des limites de la province de
Québec sans qu'elle ne soit astreinte à la compétence des
lois du Québec. C'est a contrario l'application du principe de l'Agence
maritime Inc., décidé par la Cour suprême du Canada. (18
heures)
Pour l'association qui groupe fondamentalement des caboteurs dont les
activités sont axées sur le transport maritime au Québec,
il s'agit là d'un poids, deux mesures. Que ces compagnies à
caractère fédéral ou des compagnies
étrangères viennent charger à bord de leurs navires des
marchandises au Québec et les acheminer à l'extérieur du
Québec, ou qu'elles viennent livrer au Québec des marchandises
à l'extérieur, cela est indiscutablement incontestable. Mais que
les caboteurs québécois aient leur liberté de commerce
assujettie au pouvoir de contrôle conféré sous l'empire des
lois des transports du Québec pour faire du transport au Québec,
alors que des entre-rises financièrement puissantes s'adonnent souvent
au transport le plus lucratif de marchandises à l'intérieur des
limites de la province de Québec sans être astreintes à
cette même contrainte à la liberté de commerce, cela, les
membres de l'association ne l'ont jamais accepté. Il est
impératif que l'Assemblée nationale du Québec se penche
sur ce problème. Après tout, n'y va-t-il pas du transport des
richesses naturelles du Québec à l'intérieur du
Québec? Une saine politique des transports au Québec ne
devrait-elle pas favoriser le transport de telles richesses naturelles par des
compagnies assujetties au droit de regard et de contrôle d'une Commission
des transports du Québec?
Dans le contexte constitutionnel du Canada, il y a place, de l'avis de
l'association, pour une saine concertation entre les deux niveaux de
gouvernement. Une telle concertation existe dans le transport par camions
puisque les entreprises à caractère extra-provincial de
camionnage doivent obtenir de chacune des commissions de transport
provinciales un permis de cette dernière et ce, en vertu d'une
loi fédérale, la Loi fédérale sur les
véhicules à moteur. Ne devrait-il pas en être ainsi dans le
domaine du transport maritime?
Le rapport CEGIR ne définit pas les énoncés de
politique souhaitables. Le rapport mentionne, cependant, que, dans le processus
de régulation, on doit considérer les éléments
sociaux et économiques. L'association souhaiterait que cela soit
considéré dans les énoncés de politique du
gouvernement. En effet, comme le signale le rapport CEGIR, il n'y a pas de
cohérence entre les différents modes de transport et cela,
l'association l'a vécu de fait.
Dès ses origines et avec l'avènement croissant du
camionnage, le transport maritime sur le Saint-Laurent s'est vu nettement
défavorisé parce qu'il n'était pas aidé
financièrement comme pourtant l'était l'industrie du camionnage,
du moins à l'est de Lévis. Egalement, l'industrie du transport
maritime au Québec dut, par la suite, subir la concurrence du chemin de
fer et encore là, il n'y avait aucune philosophie globale des transports
qui tiendrait compte des effets d'un secteur d'activité sur l'autre.
Encore tout récemment, l'industrie du transport maritime au
Québec devait faire les frais d'un traversier-rail qui permettait
l'acheminement de marchandises de la Côte-Nord à la
Côte-Sud. Certains membres de l'association ont fait une lutte vigoureuse
tant devant la Commission des transports du Québec que devant les
tribunaux de droit commun pour démonter l'effet néfaste sur le
volume de marchandise transportée que leur causerait l'arrivée du
traversier-rail. Néanmoins, ce nouveau service est maintenant
implanté. Il va sans dire que les membres de l'association en sont
fortement affectés. L'industrie du transport maritime au Québec a
été l'enfant pauvre des deux paliers de gouvernement.
Il est donc souhaitable que, dans le processus de régulation,
voire même au stade des énoncés de politique, il soit
rappelé que tout transport, par quelque mode de transport que ce soit,
doit être vu dans son ensemble. Il est important, et c'est le voeu de
l'association, que la firme CEGIR ou toute autre firme aussi compétente
se penche sérieusement sur le transport maritime au Québec
prioritairement.
Ordonnance sur le transport de passagers et de marchandises par eau,
l'ordonnance 3-N. Voilà sept ans que la Loi des transports a
été sanctionnée...
Le Président (M. Bordeleau): Excusez-moi, M. Vaillancourt,
seulement une seconde. J'aurais un petit détail technique parce que,
selon le règlement, on devrait arrêter à 18 heures. Alors,
je voudrais demander aux membres de cette commission s'il y a consentement pour
qu'on continue? D'accord? Alors, on peut continuer.
M. Vaillancourt (Guy): Je vais essayer d'être le plus bref
possible. Sur l'ordonnance 3-N, actuellement, c'est en révision au sein
du ministère des Transports. On a eu, effectivement, l'occasion de
présenter à M. Vincent, sous-ministre des Transports, un
mémoire que nous avons pris la liberté de déposer et qui
illustre fort bien une difficulté résultant de la
vétusté de l'ordonnance 3-N. C'est plus particulièrement
le mémoire des opérateurs de bateau-pilotes. Je vais y revenir
dans quelques instants. Une chose est certaine, c'est que cette ordonnance 3-N
est complètement périmée, elle est complètement
dépassée. Elle tient compte de notions de transport maritime
alors que cela se faisait il y a trente ans entre Québec et
Montréal.
Elle impose, par exemple, suivant l'article 29 de cette même
ordonnance 3-N, l'obligation, pour un transporteur et détenteur d'un
permis de classe 2, c'est-à-dire de transport de marchandises
générales, l'obligation d'avoir des entrepôts à
Québec et à Montréal. Tout cela reflète le
système d'antan, ou j'utiliserais l'expression anglaise de "liners" ou
cette ligne de navigation qu'on avait, mais c'est complètement
dépassé, ça n'existe plus.
Il y a, découlant de l'ordonnance 3-N, beaucoup de
difficulté d'interprétation, à savoir: Est-il
nécessaire d'avoir un permis pour les fins de transport particulier, oui
ou non? Dans le mémoire de l'association, on fait état des
services d'excursions touristiques. Puisque l'association comprend
également ce genre d'opérateurs de transport maritime, il est
à se demander, à la lumière des décisions
récentes, les tribunaux, aussi bien que la Commission des transports du
Québec, ce que vaut le permis délivré sous
l'autorité de l'ancienne Loi de la Régie des transports.
Vous avez également devant vous un mémoire qui peut
paraître volumineux et peut-être décourageant à lire,
c'est le mémoire des opérateurs de bateaux-pilotes, qui est
actuellement entre les mains du ministère des Transports. Il est
déposé devant la commission pour illustrer les difficultés
qui résultent d'un défaut de législation appropriée
dans le secteur.
Bien sûr, dans le contexte de la Loi des transports du
Québec, l'absence de réglementation a pour effet de
rétablir la règle de la libre concurrence ou du marché
sans aucune réglementation. Ces opérateurs sont tous munis de
navires qui n'ont qu'une seule fonction qui consiste au transbordement de
pilotes. Ils font face cependant à l'obligation de contracter avec un
organisme de caractère fédéral qui s'appelle
l'Administration de pilotage des Laurentides. Cette administration a, à
plusieurs occasions, fait valoir ce, même devant la Commission des
transports du Québec que tout le transport de transbordement de
pilotes n'était pas un transport qui tombait sous la compétence
des lois du Québec. Evidemment, nous nous sommes opposés, nous
sommes intervenus devant la commission des transports pour soutenir la
thèse inverse, notamment en disant à la Commission des transports
pour soutenir la thèse inverse, notamment en disant à la
commission des transports qu'elle n'avait peut-être pas la
compétence pour se prononcer sur une question constitutionnelle et,
finalement, la commission a fixé les tarifs, puisque c'était
à l'occasion d'une fixation générale de tarifs que cette
administration de pilotage était intervenue.
Au niveau du ministère des Transports provincial, que ce soit le
ministère d'antan en 1975 on a eu certainement une collaboration
pour faire valoir, auprès des autorités fédérales
et rétablir que c'était un domaine de compétence
strictement provinciale ou du gouvernement actuel, dont nous avons
également la coopération, je crois que c'est un secteur
d'activité qui mérite d'être protégé, et,
tant et aussi longtemps que l'ordonnance 3-N sera dans sa forme actuelle, tant
et aussi longtemps que la commission des transports elle-même pourrait
éventuellement décider qu'il n'est pas besoin d'un permis pour
faire ce genre de service de transport, nous arrivons à une situation
où le fédéral lui-même a occupé le champ
législatif. Il a adopté, dans la Loi sur le pilotage, les
dispositions relatives aux tarifs et, en conséquence, si, effectivement,
aucun permis n'est nécessaire pour donner le service nous
attendons une décisior. de la commission à cet effet il en
résulterait que les opérateurs de bateaux-pilotes, d'une part,
feraient face à une situation où ils n'ont aucune protection de
la part du gouvernement du Québec et, d'autre part, le gouvernement du
Québec ferait défaut d'occuper son champ législatif. C'est
un problème urgent qu'on doit pallier dans les plus brefs délais
et notre mémoire, j'en suis convaincu... D'ailleurs, à la suite
de son dépôt auprès de votre sous-ministre, M. Vincent, on
a à nouveau pris contact avec nous et je suis convaincu que tout cela
est parti sur une bonne voie en vue de nouvelles réglementationa
Substantiellement, M. le Président, M. le ministre et les membres
de la commission, c'est ce que l'association avait à dire. Il y a un
appui au mémoire de l'Association des propriétaires de navires
par le Groupe maritime de Québec. C'est un groupe qui comprend environ
200 membres de la région et qui oeuvre dans toutes les sphères
d'activité du transport maritime. Il va sans dire que ces gens appuient
sans limite le mémoire de l'Association des propriétaires de
navires.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie, M.
Vaillancourt. M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. Vaillancourt ainsi que les membres de
l'association, avec qui d'ailleurs j'ai eu des contacts nombreux, d'abord, je
tiens à vous remercier du mémoire que vous avez
présenté et des lacunes que vous avez soulignées en ce qui
concerne le transport maritime. Je ne nierai aucunement le fait que le
gouvernement du Québec est très en retard en ce qui concerne une
véritable politique maritime au Québec pour aider les caboteurs.
Il est certain que nous nous penchons actuellement sur ce problème. Nous
espérons être capables de régler, de moderniser
l'ordonnance 3-N, mais surtout nous espérons être capables, dans
les plus brefs délais, d'en arriver avec une politique maritime
satisfaisante au Québec. Il faut souligner, le faire brièvement,
que ce n'était pas facile, que ce n'est pas facile d'en arriver à
une politique maritime au Québec et vous le soulignez vous-mêmes
lorsque vous parlez des problèmes consti- tutionnels. Le domaine
maritime, c'est un peu comme le secteur aérien. Comme le secteur
aérien est un secteur qui a été occupé par le
fédéral, puisque toute la question militaire relevait justement
du fédéral.
Dans le secteur maritime, on a fait un peu la même chose, c'est
que le champ était occupé. Le champ des compétences
étant occupé par le gouvernement fédéral, les
compétences sont allées vers le gouvernement
fédéral.
Nous sommes actuellement à structurer une direction maritime et
à rapatrier, un peu comme dans le secteur aérien, certaines
compétences qui sont québécoises, qui sont
intéressées à travailler chez nous, mais qui ne trouvaient
pas place chez nous.
Ce n'est pas facile, je vous l'avoue, de trouver le personnel requis
pour en arriver à l'élaboration d'une politique maritime au
Québec, d'autant plus que c'est un secteur très complexe, et un
secteur où nous vivons des problèmes constitutionnels très
sérieux.
Vous avez rappelé la décision de Chimo Shipping, qui ne
nous a pas aidés, puisqu'il faudrait aller en Cour suprême. Mais
il y avait eu, il y a quelques mois, la décision concernant la
câblo-distribution et, d'après toutes les informations ou les
consultations que j'ai pu avoir d'autant plus que ça devenait une
question sub judice toutes les informations qu'on aurait pu avoir, c'est
qu'il serait extrêmement difficile de gagner telle ou telle cause devant
la Cour suprême.
On a eu des discussions à ce sujet entre l'association et
vous-mêmes. Mais il ne faut pas blâmer, cependant, la Commission
des transports du Québec, comme telle, ainsi que la firme CEGIR, du fait
que le secteur maritime a été très peu touché dans
le rapport comme tel et aussi, au niveau de la commission. Ce qui manque, ce
qu'il faut regretter le plus sérieusement, je pense bien, et j'en
accepte le blâme, c'est d'abord que le gouvernement du Québec,
comme tel, et je ne veux pas parler de ce qu'il y avait antérieurement,
avait tellement d'autres secteurs à couvrir que le secteur maritime a
été laissé un peu pour compte. C'est exact et le
fédéral a pris et occupé le terrain.
Notre réglementation est très pauvre à ce sujet.
Nous espérons être capables on ne peut pas tout
bâtir, on ne peut pas tout faire en même temps
d'élaborer une politique maritime qui favorise nos transporteurs et qui
forcera en même temps vous avez raison de le souligner
certaines compagnies d'Etat qui ont donné des contrats à des
compagnies de transport maritime qui ne respectaient même pas le minimum
de la Loi des transports du Québec, à avoir un permis de la
Commission des transports, au moins à l'intérieur des limites du
Québec.
Il est certain qu'il va falloir avoir des décisions bien
rapidement à ce sujet. Il va falloir que la collaboration de tous les
ministères et des autres organismes des compagnies d'Etat qui sont quand
même sous l'autorité du gouvernement, que cette collaboration nous
soit acquise et que les objectifs qui seront fixés par une politique
maritime soient
respectés aussi par les compagnies d'Etat. Cependant, je voudrais
terminer, parce que c'est certain que je vais prendre note de l'ensemble de
votre rapport. Dans l'élaboration d'une politique, en même temps,
nous pourrons préciser à la Commission des transports cette
politique et la Commission des transports pourra prendre des décisions
en relation avec la politique qui sera établie.
Vous revenez à la charge concernant la liaison maritime
ferroviaire entre la Côte-Nord et la rive sud. Je dois souligner que je
suis prêt à faire les efforts nécessaires en collaboration
avec vous pour élaborer une politique maritime au Québec et
essayer de sauver ce qui nous reste de caboteurs québécois. On
l'a fait pour le nord. En fait, on a pris place dans le nord. Avant cela,
c'était occupé par le fédéral. On y a pris place.
On a constitué l'amorce de la Société de navigation
maritime en collaboration avec vous et il semble que cela peut débloquer
sérieusement d'ici quelque temps; mais cependant, il faut souligner
ceci. Je comprends que le fait qu'il n'y avait pas de lien routier ou
ferroviaire entre la Côte-Nord et le continent nord-américain
favorisait les transporteurs, de même que lorsqu'il n'y avait pas de
route entre Baie-Comeau et Sept-lles et Havre-Saint-Pierre, cela favorisait, je
comprends bien, les transporteurs québécois. Mais je ne pense pas
qu'il faille priver des citoyens qui ont droit aussi à des services,
à des routes, à un lien ferroviaire avec le continent
nord-américain pour favoriser un secteur d'activité
économique important. (18 h 15)
II aurait été artificiel, à mon sens, de maintenir
le cabotage au Québec en privant certaines parties de la population de
services essentiels auxquels elle avait droit. Je ne pense pas que ce soit vers
cette direction que nous devons élaborer une politique, non pas en
fermant des avenues à des populations qui ont besoin aussi de services,
mais essayer justement, en collaboration avec les compagnies d'Etat et le
gouvernement du Québec, comme on tente de le faire actuellement dans le
secteur aérien, de favoriser nos caboteurs du Québec.
Quant à moi, j'ai essayé, peut-être moins vite que
j'aurais espéré, de travailler en collaboration avec vous autres
et je suis prêt à continuer de collaborer. Lorsque nous aurons une
politique maritime au Québec, la commission des transports pourra
prendre des décisions en relation avec cette politique.
Cependant je termine sur cela c'est exact que le
gouvernement fédéral a accepté de déléguer
ses pouvoirs, les pouvoirs qui avaient été reconnus par la Cour
suprême, a accepté de déléguer l'administration du
transport terrestre et même le transport terrestre interprovincial aux
gouvernements provinciaux, mais c'est strictement une tolérance,
actuellement. Ce ne sera pas aussi facile on pensera à la
décision de Chimo Shipping dans le secteur maritime comme ce ne
sera pas aussi facile dans le secteur aérien. Il y a deux niveaux de
gouvernement et le gouvernement fédéral, à un moment
donné, est jaloux de ses prérogatives en ce qui concerne le
transport maritime. Le Québec devra naviguer à travers tout cela
c'est le cas de le dire pour essayer d'élaborer une
politique qui favorise ses caboteurs québécois.
Je vous remercie beaucoup. Soyez convaincus que vous avez toute ma
collaboration. Quant à nous, on fait tous les efforts nécessaires
pour structurer la direction maritime, parce qu'on lui en demande beaucoup de
ce temps-ci, avoir le personnel compétent et nécessaire requis
pour pouvoir répondre à toutes les demandes que nous avons
actuellement et, en même temps, on tente d'élaborer une politique
générale qui pourra permettre le développement du cabotage
au Québec, parce qu'on a le fleuve Saint-Laurent et il faut s'en
préoccuper.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, en raison de l'heure, mes
remarques seront assez brèves. Si le ministre des Transports a cru bon,
tantôt, de faire son mea culpa sur les difficultés que rencontrent
les transporteurs maritimes de même que sur l'absence de
législation appropriée, j'imagine que, comme ex-caboteur
moi-même, je vais être obligé de faire mon mea culpa
à deux mains. Tantôt, le ministre des Transports nous disait quel
effort il a fait, depuis qu'il est titulaire du ministère, pour tenter
de faire en sorte qu'un transport qui est quand même un des plus
importants du Québec, qui a été négligé par
l'ensemble des gouvernements... Le ministre actuel doit constater, comme je
l'ai constaté pendant les trois années où j'ai
été titulaire du ministère, que pour arriver à des
conclusions et changer radicalement la philosophie des hommes politiques, cela
prend quand même plus que deux ou trois ans avant que cette philosophie
puisse être changée et que chacun prenne bien conscience de
l'importance d'un secteur aussi négligé que celui des caboteurs
du Saint-Laurent.
M. Vaillancourt, tantôt, a parlé forcément comme
avocat et j'avais lu attentivement le premier mémoire. Je m'excuse de
n'avoir pas encore pris connaissance de celui des pilotes du Saint-Laurent pour
les bateaux qui ont à conduire les pilotes vers les navires qui viennent
de l'extérieur, ce que je ferai en soirée, d'ailleurs.
M. Vaillancourt nous disait, en faisant la lecture du document,
l'imprécision qui découlait de la Loi des transports et des
amendements qui y ont été apportés par la suite. Je dois
confesser que ce n'est pas la seule loi qui est ambiguë dans l'ensemble
des lois québécoises, puisqu'étant en Chambre depuis
près d'une vingtaine d'années, même dans les derniers mois,
j'ai vu des lois qui ont été modifiées dans plus de 60% de
leurs articles après la présentation et qui, dans les
années subséquentes, l'ont été encore. Je pense que
c'est un domaine assez complexe et qu'au fur et à mesure qu'on avance on
est obligé de faire les modifications qui s'imposent et souvent sans la
préparation qu'une telle modification devrait exiger.
Vous avez mentionné également, en référence,
certaines décisions où l'exécutif je me suis senti
visé à ce moment est entré presque si ce n'est pas
dans le judiciaire dans le quasi judiciaire, quand, sous le conseil de mes
conseillers juridiques, j'ai décidé de soustraire la transaction
de certains intérêts québécois à des
intérêts étrangers.
Je pense que le seul privilège que j'avais, étant
donné que la loi n'était pas claire à ce sujet-là
et que le gouvernement ne voulait pas que la commission entérine un tel
transfert d'intérêts québécois, c'était de
soustraire; ce que j'ai dû faire. Mais je ne pense pas que, si c'est
considéré comme une intervention dans le quasi judiciaire ou dans
le judiciaire, cela a été fait de mauvaise foi; c'était
pour refléter l'intention gouvernementale que ces intérêts
ne puissent pas être transférés à des gens qui
étaient des étrangers au Québec et je ne sache pas que,
par la suite, d'autres interventions qui pourraient être
qualifiées de même nature aient été faites par moi
ou par celui qui m'a succédé.
M. le Président, M. Vaillancourt, au départ, en des termes
polis, a fait référence à l'oubli qu'avait fait la firme
CEGIR de ne pas inventorier un domaine aussi parent pauvre qu'est le secteur
maritime qui est un des secteurs importants sur lequel les
Québécois devront se pencher avec plus d'attention.
Peut-être, M. le Président, que ça me permettrait de
faire une suggestion au ministre. Il y a quand même une évolution,
depuis les toutes dernières années, sur l'importance du transport
maritime dans le Québec, sur une industrie, qui, dans le passé
dont j'ai fait partie heureusement un certain temps a fait vivre
de nombreux Québécois et qui, de jour en jour, a diminué
dans les toutes dernières années. Si un tel oubli a
été fait involontairement de la part de la firme CEGIR, ce serait
peut-être le moment que des experts maritimes, dans le domaine
spécifique du transport maritime, se penchent, dans les prochains mois,
sur l'ensemble du problème et qu'une commission spéciale fasse
l'inventaire de toutes les implications qu'on rencontre dans le transport
maritime entre les deux ordres de gouvernement sur les problèmes
économiques ou sur l'ensemble des intérêts
économiques en cause.
Je constate, comme le ministre actuel, qu'il y a des
sociétés d'Etat qui font transporter annuellement des millions de
tonnes à des intérêts étrangers à la
province. C'est une anomalie qui devrait être corrigée depuis un
certain temps et qui ne l'est pas encore, mais qui, forcément, le sera,
je l'espère.
On a parlé tantôt, également, du geste qui a
été posé entre les deux rives du Saint-Laurent, quand il
m'a fallu décider de la possibilité qu'un bateau-rail soit
implanté entre les deux rives du Saint-Laurent. Je pense que, à
ce moment, c'était quand même une volonté gouvernementale
qui avait été exprimée, qui avait été bien
expliquée dans tout le Québec et où l'Office de
planification s'était prononcé. Je ne sache pas que, à ce
moment, pas plus le Parti québécois que le Parti libéral
ou autres, on ait été en discordance, puisque tout le monde
était d'accord pour que les deux rives du Saint-Laurent soient
reliées. Je confesse par contre que, au moment où nous posions ce
geste, étant moi-même député du comté de
Charlevoix, je voyais le groupe Desgagné, qui est un des groupes
importants parmi ceux que vous représentez, être durement
frappé dans le transport de matières premières, telles que
l'aluminium, de Baie Comeau vers la Malbaie. Mais je ne sache pas que, comme
député de Charlevoix et, en même temps, titulaire des
Transports, j'avais le droit, en protégeant mes électeurs et mes
commettants, de me soustraire aux obligations que le gouvernement invoquait,
à savoir: relier les deux rives du Saint-Laurent pour la meilleure
économie des deux rives. Je pense que mon collègue des Transports
aujourd'hui comme moi-même dans le temps étions d'accord pour que
ce geste fût posé.
Nous espérions, par contre, que ce geste soit
contrebalancé par l'expérience qui était
déjà en cours aux Iles-de-la-Madeleine. Nous croyons que le
gouvernement actuel a poursuivi avantageusement cette expérience et que,
un jour ou l'autre, le tonnage qui fut perdu alors sera peut-être, en
contrepartie, remis à ceux qui méritent réellement qu'il
soit fait, de matières premières dont le Québec a
besoin.
Comme il est déjà très tard, M. le
Président, je voudrais assurer M. Vaillancourt et ceux qui
l'accompagnent que l'Opposition officielle et je sais que M. Brochu, le
député de Richmond, en fera autant nous ferons
l'impossible pour faire étudier attentivement tout le mémoire qui
est soumis de même que l'annexe quant aux bateaux-pilotes et, pour
référence future, aidés de conseillers juridiques et de
gens qui sont spécialistes en transport maritime, nous tâcherons
d'épauler l'action gouvernementale si elle va dans le sens des promesses
qu'a faites le ministre des Transports actuel, pour que les
Québécois participent davantage à un transport qui devrait
leur appartenir autant qu'aux gens de l'Ontario qui le font depuis de
nombreuses années avec nos richesses naturelles. J'accuse, je m'accuse
moi-même des omissions que nous avons faites. Je ne pense pas qu'elles
soient volontaires. Je sais par contre que tous mes anciens collaborateurs en
ont fait les frais. Je termine en disant mon espoir que le secteur maritime
sera privilégié par le gouvernement actuel comme par les
gouvernements qui lui succéderont, en espérant que les injustices
qui lui ont été faites seront corrigées dans un avenir
immédiat.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Charlevoix. D'autres interventions?
M. Boissonneault (Raymond): M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. Boissonneault.
M. Boissonneault: ... je voudrais peut-être ajouter deux ou
trois petites observations très courtes d'ordre mineur. Je suis
très heureux de voir que tout le monde fait son mea culpa, mais je
réalise que c'est nous autres qui faisons la pénitence tout le
temps, par exemple. Je voulais mettre...
M. Lessard: Je pensais que vous alliez faire le vôtre
aussi. Vous avez été longtemps une industrie artisanale. Je ne
parle pas de groupes particuliers, mais il fallait aussi se moderniser un peu
de votre côté et faire les efforts nécessaires.
D'accord?
M. Boissonneault: Parfaitement. M. Lessard: D'accord.
M. Boissonneault: M. le ministre, je voulais aussi mettre en
garde les membres de la commission j'apprécie beaucoup le travail
qui se fait mais il y a réellement, dans le domaine maritime
et ce ne sont pas des histoires à dormir debout il y a
réellement une urgence extraordinaire. Depuis deux ans, le nombre des
propriétaires de bateaux, cela n'existe à peu près plus.
Il reste... Si vous voulez réellement faire quelque chose pour le
maritime québécois, il est déjà tard; ce n'est pas
tout à fait mort, mais dépêchez-vous. C'est très
urgent. Heureusement, il y a des solutions de rechange. Il y a des modes de
transport qui peuvent être transformés. Il y a encore de la place
pour des transporteurs québécois avec l'esprit d'initiative, mais
on a besoin que ce soit encadré, on a besoin que ce soit
réglementé et on a besoin de vous, et cela presse. Quant à
moi, merci. On a le plus beau fleuve. On a 1200 milles de voie navigable qu'on
n'exploite à peu près pas pour nous autres, effectivement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: Sur cela, M. Boissonneault, je voudrais dire que je
suis bien d'accord qu'il faut, de la part du gouvernement, l'élaboration
d'une politique maritime et de l'encadrement. Cependant, je suis obligé
de fonctionner dans le système qui prévaut actuellement.
Même si je fais des lois qui sont contestées, à un moment
donné, par les transporteurs jusqu'en Cour suprême, je vous dis
que je n'irai pas loin dans le champ maritime.
Cependant, on s'est donné tous ensemble un premier instrument. On
a ouvert le Nord du Québec et on y a demandé des soumissions.
Vous avez un instrument qui s'appelle la Société de navigation
maritime. Le gouvernement du Québec en est actionnaire à 25% et,
en fait, différents transporteurs en sont également actionnaires
à 25%.
Ce que je voudrais souligner, c'est qu'il ne faudrait pas, justement,
que SONAMAR devienne exclusivement une entreprise qui prendrait exclusivement
des contrats qui ne pourraient pas être pris par le groupe
Desgagnés, par le groupe Agence maritime ou un autre. Il faudra quand
même que vous ayez une préoccupation commune et que vous
négociiez ouvertement, qu'on arrête, à un moment
donné, de fonctionner individuellement et qu'on pense collectivement, si
on veut former une véritable société au niveau des
caboteurs.
Cela fait assez longtemps que j'ai mis SONAMAR sur la table et que le
gouvernement du Québec a annoncé ses intentions. Là, c'est
à vous de faire vos preuves. D'accord, il y a eu des négociations
et il y a quelque chose qui s'en vient, mais vous avez aussi un effort à
faire, le gouvernement du Québec ne peut pas tout faire. On vit dans un
régime constitutionnel qui nous crée bien des problèmes,
au point de vue maritime comme dans d'autres secteurs, mais, au point de vue
maritime, on doit vivre avec ce régime aussi longtemps qu'on n'aura pas
décidé d'y mettre fin. En fait, ce sera une décision de
l'ensemble du peuple québécois, mais on devra vivre avec ce
système aussi longtemps qu'on en fera partie.
Cependant, je comprends que vous êtes peut-être en train de
mourir à petit feu, mais votre mea culpa, il faudra aussi que vous le
fassiez, et il faudra que vous preniez conscience que ce n'est pas
exclusivement dans la situation artisanale qu'on peut véritablement
développer une compagnie maritime québécoise au
Québec. Si vous êtes regroupés à l'intérieur
de SONAMAR, si vous laissez à SONAMAR seulement le petit pain qui tombe
de la table, vous ne ferez pas une société bien forte. Il faudra
que vous vous entendiez, que vous arrêtiez de vous jouer dans le dos et
que vous participiez, de bonne foi aux efforts faits à
l'intérieur de SONAMAR, quitte à ce que vous puissiez vivre,
à un moment donné, sous forme de société
privée par la suite.
M. Boissonneault: Si vous remarquez bien, SONAMAR n'a pas
présenté de mémoire à la commission des transports.
SONAMAR est très bien portante, très heureuse. Cela va bien. Ici,
c'est l'Association des propriétaires de navires, des
propriétaires de bateaux-pilotes.
M. Lessard: D'accord. Mais vous êtes membres aussi de la
Société de navigation maritime. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Bordeleau): Je remercie beaucoup
l'Association des propriétaires de navires et opérateurs de
bateaux-pilotes d'être venue présenter son mémoire.
La commission ajourne maintenant ses travaux à demain, dix
heures.
Fin de la séance à 18 h 32
A N N EXE A
Mémoire de l'Association des locateurs de
camions et de remorques du Québec Inc.
à la commission parlementaire sur le rapport
CEGIR
A: Monsieur le ministre
Monsieur le chef de l'Opposition officielle
Monsieur le président
Messieurs les membres de la commission parlementaire
Introduction
Nous représentons l'Association des Locateurs de Camions et de
Remorques du Québec. L'Association regroupe actuellement les compagnies
de location suivantes:
Avis Transport of Canada Ltée La Compagnie de Location Ryder
Canada Ltée Location Snyder Incorporée (HERTZ) Location de
Remorques Caravan Ltée Location de Remorques Keystone Ltée Five
Wheels Truck Rental (Québec) Ltée R & R Leasing
Incorporée Location Monkland Incorporée Location de Camions XTRA
Limitée Transport International Pool (Québec) Ltd.
La sphère d'activités de ces dix compagnies s'étend
à tout le Canada et aux Etats-Unis. Plus particulièrement au
Québec, elles of rent en location, à court et à long
terme, environ quatre mille (4000) véhicules et ont investi à
cette fin au delà de $70 000 000. Les membres de l'Association
effectuent approximativement 60% des locations commerciales au Québec.
Il faut souligner, par ailleurs, que ces entreprises s'intéressent
exclusivement à la location de véhicules de commerce et qu'une
erreur sérieuse s'est glissée dans la description de
l'Association à la page 30 de l'annexe 5 du rapport CEGIR en ce
qu'aucune des entreprises ci-haut mentionnées n'a d'intérêt
direct ou indirect dans la location de chauffeurs de camions ("driver pool") ou
dans une compagnie de transport, faussant ainsi leur statut.
En accord avec l'esprit même du rapport CEGIR, l'Association
agrée la majeure partie des modifications proposées. Nous
considérons que ceux qui ont présidé à
l'élaboration de ce rapport ont fait montre de connaissances assez
approfondies de la plupart des secteurs d'activités que recouvrent le
domaine du transport, particulièrement des problèmes que
soulève la Commission desTransportsdu Québec. En font foi les
solutions formulées dans le but de leur apporter un correctif.
Nous reconnaissons également, que l'objectif principal du rapport
CEGIR est d'énoncer les problèmes posés par le
fonctionnement de la CTQ et non d'analyser la réglementation actuelle
régissant, entre autre, les activités de l'industrie de la
location de véhicules de commerce.
Il se dégage toutefois de l'annexe 5 du rapport (location),
certaines conceptions erronées relatives à la location de
véhicules de commerce que nous voulons souligner brièvement.
L'annexe 5 sur la location ne constitue en fait qu'une bonne ébauche de
la situation réelle qui prévaut dans ce secteur et il ne faut pas
perdre de vue, comme le rappelle la note explicative de l'annexe du rapport
CEGIR, que la substance de cette partie du rapport ne représente qu'une
cueillette d'opinions présentées dans le but de fournir aux
lecteurs profanes qui n'ont qu'une connaissance limitée de chacun des
secteurs concernés, un aperçu général afin de les
sensibiliser aux contraintes à l'intérieur desquelles ces
entreprises doivent opérer.
En raison du fait que nous considérons que la location de
véhicules ne constitue pas du transport au sens propre du terme et ne
saurait, en conséquence, être située sous l'égide de
cette activité dont traite principalement le rapport CEGIR nous
limiterons nos commentaires à la seule section relative à la
location. Nos observations n'auront, du reste, de pertinence qu'à
l'égard de la recommandation principale du rapport CEGIR, soit celle de
revenir à un système similaire à celui de l'ancienne
Régie des Transports où la Commission serait investie du pouvoir
d'établir sa propre réglementation.
Les fausses conceptions relatives à l'industrie de la location
découlant du rapport comportent principalement deux volets: 1.
L'identification de la location de véhicules de commerce comme
étant un mode de transport. 2. La relation entre la location et le
transport illégal.
Nous espérons que les commentaires soumis dans le présent
mémoire seront reçus dans un but constructif.
1 La location de véhicules n'est
pas, en soi, une forme de transport
L'annexe 5 du rapport CEGIR qualifie au départ la location comme
un mode de transport. L'étude subséquente que fait ce rapport et
un examen plus approfondi révèlent que, de fait, tel que notre
Association a toujours prétendu que la location de véhicules,
qu'elle soit faite à long ou à court terme, n'est pas, en soi,
une forme de transport. Il s'agit essentiellement de fournir à un
transporteur, qu'il soit transporteur privé ou public (détenteur
de permis de camionnage), l'outil au moyen duquel il pourra effectuer du
transport. A ce titre, la location de véhicules n'est pas
différente de la vente du même véhicule. L'évolution
des marchés de location à travers toute l'Amérique du
Nord, de même qu'au Québec, au cours des dernières
années, révèle que l'industrie de location de camions et
de remorques, est devenue un instrument essentiel à la disposition du
transporteur public (détenteur de permis effectuant du transport pour le
compte d'autrui moyennant rémunération) et du transporteur
privé (les entreprises transportant leurs propres produits pour leurs
propres fins).
Il est intéressant de noter à ce sujet, que quatre-vingt
pourcent (80%) des camions loués par les membres de l'Association le
sont à des compagnies qui effectuent leur propre transport de leurs
propres marchandises, alors qu'environ soixante-quinze pourcent (75%) des
remorques sont louées aux routiers publics. Autres
caractéristiques importantes, la grande majorité des locations de
camions sont à long terme alors qu'au moins soixante pourcent (60%) des
locations de remorques sont à court terme.
Tel que constaté par le rapport CEGIR, une transformation
profonde de services de location de véhicules a eu lieu au cours des
cinq (5) dernières années. Auparavant, il y avait peu de
compagnies de location spécialisées dans la location de camions
et de remorques. Les compagnies qui détenaient alors des permis
étaient orientées surtout vers la location de leur
équipement au public en général. Aujourd'hui, la situation
est complètement transformée, non seulement au Québec,
mais dans toute l'Amérique du Nord. Les services ne sont pas
considérés comme une forme de commerce ou transport public. Au
contraire, les services de location sont devenus une source d'approvisionnement
essentielle au transporteur public et privé.
Cette évolution n'est pas confinée à la seule
province de Québec comme nous l'avons déjà
souligné; elle se manifeste partout au Canada et aux Etats-Unis, de
même que dans notre province, en dépit d'une réglementation
de nature à l'entraver, du moins jusqu'à l'entrée en
vigueur de l'arrêté en conseil 4476-77 le 1er avril 1978.
Une telle réglementation périmée existait
auparavant au Canada et aux Etats-Unis. Celle-ci fut mise de côté
parce que fondée sur une conception de concurrence entre rouliers
publics et services de location, conception dont la fausseté fut mise en
relief lorsque les compagnies de location devinrent un fournisseur des rouliers
publics. Ces réglementations ont été supprimées et
aujourd'hui, les rouliers publics et compagnies de location font affaire entre
eux sans être assujetties à la plupart des réglementations
qui existaient alors.
Tenant compte de ces considérations d'ordre
général, le fait qu'une compagnie de location n'ait aucune des
caractéristiques d'une compagnie de transport et n'effectue pas de
transport de marchandises ni de passagers pour une rémunération
déterminable ou déterminée et que par ailleurs,
l'industrie de la location n'ait aucune des caractéristiques qui ont
permis traditionnellement de classifier des compagnies de transport comme des
services publics, il nous semble évident qu'il faut éviter de
confondre cette industrie avec celle du transporteur public et de
réglementer l'une selon les principes de l'autre, ce qui pourrait avoir
des effets néfastes sur le développement de cette industrie.
Contrairement aux services offerts par une compagnie de transport, le
locateur de véhicules n'offre pas un produit
prédéterminé à un prix défini d'avance. La
compagnie de location n'offre pas simplement à ses clients un
véhicule en location. Au contraire, il s'agit généralement
d'une location qui couvre à la fois le véhicule et son entretien
avec une variété d'équipement et de services qui sont
conçus pour chaque cas d'espèce, de manière à tenir
compte de la compétition du manufacturier de véhicules et du
fournisseur de services analogues. Une grande variété de services
est offerte à un locataire lors d'une location de véhicule.
En définitive, les membres de l'Association sont tout au plus des
fournisseurs d'équipements en compétition avec les vendeurs de
véhicules et les compagnies de finance. En conséquence, à
l'appui de cette affirmation, règle générale,
l'utilisateur de véhicules ne recourt pas à la location en raison
du fait du désir de ne pas recourir aux rouliers publics.
Les contraintes imposées aux rouliers publics ou privés en
ce qui concerne la flexibilité des horaires et des itinéraires,
l'existence de réseaux de distribution complexe, le coût du
transport par rail et par route, la nécessité de maintenir un
certain roulement de fond et l'utilisation de méthodes modernes de
gestion, poussent de plus en plus l'entreprise privée vers l'achat de
leur propre flotte de véhicules.
Il est important de considérer que lorsque la compagnie
privée se retrouve devant l'alternative soit de recourir à la
location, soit de devenir propriétaire de sa propre flotte, elle a
déjà décidé d'effectuer le transport
elle-même. L'alternative qui s'offre à la compagnie privée
n'est pas tant de choisir entre le roulier public et le locateur mais
plutôt entre le fournisseur d'équipement, l'institution
financière et le locateur.
D'un côté, le rapport fait erreur en considérant la
location de véhicules commerciaux comme un mode alternatif de transport.
D'autre part, il reconnaît clairement que le locateur de véhicules
est un
fournisseur d'équipement qui offre sûrement un mode de
financement plus approprié aux réalités de la pratique
contemporaine des affaires. Ces compétiteurs immédiats sont le
fournisseur d'équipement et les autres locateurs. 1. Nous excluons de
cette étude toute forme de location à long terme qui, de notre
avis, ne correspond pas à une forme alternative de transport, mais
constitue plutôt une forme de financement (crédit-bail) Annexe
5 rapport CEGIR 2. On peut considérer que les concurrents les plus
immédiats des locateurs de véhicules à long terme sont les
vendeurs de ces mêmes véhicules. Annexe rapport CEGIR, page
25. 3. Pour les locateurs de véhicules commerciaux à court terme,
la principale concurrence sesitue au niveau des autres locateurs.
Annexe 5 rapport CEGIR, page 26.
Par contre, le rapport soutient à maintes reprises que la
location est un mode alternatif de transport. Une étude plus approfondie
du rapport nous mène à la conclusion que les seules circonstances
dans lesquelles il est considéré que la location de
véhicules peut constituer un mode alternatif de transport se fonde
uniquement sur deux assertions erronées, lesquelles s'énoncent
ainsi: 1. Que la location entre en concurrence directe avec le transporteur
public lorsque l'expéditeur y a recours dans le cas de chargement,
pleine charge ou complet ("T.L.") ("full truck load") lequel constitue les
voyages les plus payants pour le roulier public. Voir rapport CEGIR,
annexe 2, page 24. Voir rapport CEGIR, annexe 5, pages 25, 28, 29. 2.
Que le transport illégal se définissant comme étant un
transport pour rémunération sans permis, parce qu'effectué
à l'occasion par l'utilisateur d'un véhicule loué fait que
la location constitue en soi une forme alternative de transport.
Nous traiterons d'abord dans la présente partie de la
première assertion et la deuxième, relative aux transports
publics opérés de façon illégale étant de
beaucoup la plus complexe, fera l'objet de la deuxième partie du
présent mémoire.
Outre le transport illégal constituant du transport public sans
permis, le rapport CEGIR traite la location de véhicules de commerce
comme un mode alternatif de transport dans le cas de l'expéditeur de
marchandises ayant recours à la location pour des expéditions
complètes et lourdes ("voyages T.L."), ou ("full truck load"). A la page
24 de l'Annexe 2 ainsi qu'à maintes reprises à l'Annexe 5, on
affirme, dans le but de démontrer une concurrence entre le roulier
public et la location, que celle-ci ne porte préjudice à
celui-là que dans le seul cas d'expédition de voyages complets et
lourds.
Nous voudrions souligner que cette prémisse est basée sur
une fausse conception. En règle générale, une étude
des taux des rouliers publics, sans l'ombre d'un doute, démontrera que
le pseudo "voyage payant" est communément connu sous le terme de
"L.T.L." et non un "T.L.". L'Association voudrait soumettre pour étude
ultérieure, des informations statistiques au soutien de cette
affirmation.
Qu'il suffise de dire pour les fins de la présente, que dans
l'industrie du transport, un voyage plein ("T.L..") est
généralement considéré comme un "truck load of
merchandise in excess of 20 000 lbs." ou en d'autres termes "au-delà de
20 000 lbs. de marchandise par expédition". Les rouliers publics tirent,
et de loin, une plus grande marge de profit avec les expéditions
"L.T.L.". Le taux au cent livres de cargaison est plus élevé pour
l'expédition "L.T.L." que pour l'expédition "T.L.".
De plus, la nature de la marchandise qui compose normalement
l'expédition "L.T.L." permet au roulier public de maximiser ses revenus
en termes de volume par expédition déplacée dans son
véhicule; c'est-à-dire que lors d'une expédition "T.L", le
roulier public ne peut faire un profit supérieur à celui de
l'expédition "L.T.L." parce qu'il ne peut utiliser l'espace de son
véhicule au maximum en raison de la pesanteur d'un voyage pleine charge
ou lourd.
Nous soumettons respectueusement que l'Association démontrera
qu'en général, le roulier public qui obtient surtout des
expéditions "T.L." ("pleine charge"), engendre moins de profits parce
que les taux pour un voyage "T.L." au cent livres sont de beaucoup
inférieurs à ceux du voyage "L.T.L.".
Par contre, un expéditeur de marchandises qui décide comme
dans la majorité des cas d'effectuer pour lui-même le transport de
sa propre marchandise doit s'assurer que lors d'une expédition "T.L.",
son véhicule sera utilisé à pleine capacité durant
tout le voyage, c'est-à-dire de son point de départ à sa
destination et de celle-ci à son retour à son port d'attache. Par
conséquent, dans de telles circonstances, les expéditeurs de
marchandises ("transporteurs privés") qui auront recours au service du
transporteur public sont très peu nombreux.
Nous démontrerons également qu'il n'est pas profitable au
transporteur privé pour une expédition "L.T.L." de recourir
à la location de véhicules au lieu du transporteur public,
puisque dans ce dernier cas, il paie un prix pré-établi pour un
véhicule complet non utilisé à pleine capacité.
Nous soumettons en conséquence que de conclure que la location
constitue un mode alternatif de transport en raison d'expéditions "T.L."
est une assertion erronée et non fondée.
En conclusion, tel qu'exposé en introduction du présent
mémoire, nous soumettons qu'il est bien établi que le service de
location n'est pas en soi une forme de transport, même si la loi
définit un locateur de véhicule comme un transporteur, il n'est
un secret pour personne que cette disposition fut insérée
dans la loi afin de permettre au ministère d'exercer un
contrôle à l'égard des transports illégaux
effectués au moyen de véhicules loués.
Ces observations nous mènent à la deuxième
assertion erronée que contient le rapport et que nous énoncions
plus haut, soit: Que le transport illégal parce
qu'effectué à l'occasion par l'utilisateur de véhicules
loués fait que la location constitue en soi une forme alternative de
transport.
Chapitre II Le transport illégal et la
location
L'Association qui soumet le présent mémoire a
participé en collaboration avec un comité ad hoc du
ministère du Transport à une étude portant sur
l'élaboration de la nouvelle réglementation de
l'arrêté en conseil 4476-77 entrée en vigueur le premier
avril 1978. Tel qu'il appert de cette nouvelle réglementation concernant
la location de véhicules commerciaux, camions, tracteurs et remorques,
de même qu'à la lumière des travaux effectués dans
le cadre de l'étude du comité ad hoc qui a
précédé l'adoption de l'arrêté en conseil
présentement en vigueur, les considérants suivants semblent bien
établis:
A. En soi, la location de véhicules à long ou à
court terme n'est pas une forme de transport de marchandises et ne doit pas le
devenir;
B. Les entreprises de location de camions et de remorques sont et
doivent demeurer des fournisseurs d'équipement dont les transporteurs
publics et privés se servent pour transporter leurs marchandises;
C. L'entreprise offrant en location des services de chauffeurs est
également, cette fois un fournisseur de services utilisés par le
transporteur public ou privé pour effectuer du transport de
marchandises;
D. Le transport privé, sans permis, est une activité
légale et légitime, essentielle à l'industrie
privée;
E. Aucun transport public ne doit être effectué par un
transporteur qui n'est pas détenteur de permis requis par la loi.
A la lumière de ces considérantes, il faut donc prendre
pour acquis que toute réglementation visant à régir le
transport public et légal par opposition à celle visant à
enrayer le transport illégal ne doit pas, et, ce, dans
l'intérêt public, porter atteinte aux activités
légitimes et nécessaires décrites dans les paragraphes
précédents.
Le rapport CEGIR (annexe 5, page 5 et page 29) relativement à la
location exposait une perception du problème du transport illégal
qui nous semble erronée. Le rapport laisse entendre que l'industrie de
location de véhicules de commerce entre en compétition directe
avec le transport public de marchandises en ce que les véhicules
loués sont souvent utilisés par des personnes, firmes ou
corporations pour contourner la réglementation du transport routier de
marchandises. C'est-à-dire que des utilisateurs de véhicules
loués peuvent effectuer du transport pour rémunération,
illégalement, sans obtenir des permis de la Commission des transports.
Elle conclut, à la page 29, que par conséquent, le
ministère des Transports veut encadrer davantage cette activité
économique à cause des illégalités commises sous le
couvert des permis de location et, d'autre part, que l'importance accrue de la
location soulève des contestations de la part de certains
camionneurs.
Il est vrai qu'à l'occasion de certaines locations, l'utilisateur
(qu'il soit identifié à l'entreprise privée, de
transporteur privé, de camionnneur public) du véhicule peut s'en
servir pour effectuer du transport public illégalement. Il demeure
toutefois que c'est l'utilisateur de l'instrument de travail (ici le
véhicule loué) qui effectue le transport illégalement.
Nous soumettons que nous ne devons pas faire marche arrière en concluant
ou confondant la location ou l'industrie de location elle-même avec celle
du transport à cause de l'utilisation parfois illégale et
marginale qu'en fait le locateur d'un véhicule.
Il est évident, en effet, que la location de véhicules,
qu'elle soit faite à long ou à court terme, n'est pas en soi, tel
que ci-haut exposé, une forme de transport. Il s'agit essentiellement de
fournir à un transporteur, qu'il soit privé ou public, un moyen
pour effectuer du transport. A ce titre, il n'est pas différent du
vendeur du même véhicule en ce que tous deux fournissent, l'un par
location, l'autre par aliénation, un outil.
L'Association qui depuis au moins quatre ans a participé au
comité ad hoc du ministère des Transports pour élaborer le
nouveau règlement sur la location (arrêté en conseil
4476-77 du 15 février 1978) est entièrement d'accord avec la
conclusion que tire le rapport CEGIR quant à l'effet et le but de toute
réglementation de l'industrie de la location. Or, en d'autres termes, la
nouvelle réglementation que le rapport CEGIR déclare être
à la satisfaction des utilisateurs, transporteurs privés et
publics, sauf quelques exceptions, vise le contrôle des modes
illégaux de transport, tout en permettant à l'industrie de la
location de continuer son rôle essentiel de fournisseurs
d'équipement.
En fait, ce n'est pas tellement l'interprétation du
règlement sur la location qui est un obstacle à la diminution du
transport illégal. Même si certaines failles reliées
à l'interprétation de la législation sont présentes
dans le nouveau règlement, nous croyons que ce sont surtout les
mécanismes de contrôle de cette nouvelle réglementation qui
permettront de diminuer le transport illégal. (Rapport CEGIR, annexe 5,
page 17).
En effet, nous prenons pour acquis que l'objectif principal poursuivi
par le gouvernement dans la réglementation du transport et des services
de location de véhicules s'emploie en premier lieu à rechercher
le bien public et à satisfaire les besoins fondamentaux du public dans
le transport de marchandises, que ce soit par camions ou remorques
louées ou non.
Un autre aspect de la question qui se dégage du rapport CEGIR, et
même des prémisses posées par ce rapport, est que le
transport privé, par opposition au transport public, c'est-à-dire
le transport de sa propre marchandise, doit, de toute nécessité,
être protégé et autorisé en toutes circonstances.
Les considérants suivants nous apparaissent à cet effet
appropriés: 1. La location de camions et de remorques ne constitue pas
en soi une forme de transport; 2. Le transport privé, pour son propre
compte, de sa propre marchandise, est un instrument essentiel à
l'industrie québécoise et doit être préservé;
3. Le transport pour le compte d'autrui moyennant rémunération
(le transport public) camouflé en transport privé, est une forme
de transport public illégale qu'il faut contrôler et
empêcher; 4. L'utilisation légitime par des transporteurs, qu'ils
soient détenteurs de permis ou qu'ils soient transporteurs
privés, de véhicules loués, doit être assurée
en tout état de cause.
L'Association est d'accord pour que persiste l'exigence d'un permis de
location à court terme, tel que prévu par la
réglementation existante et qu'il est nécessaire d'exiger de
permis uniquement dans le but d'exercer un contrôle efficace sur
certaines formes de transport illégal, utilisant des véhicules
loués. Par contre, si l'émission de pareil permis comporte la
nécessité de fixer des tarifs ou de traiter l'industrie de la
location tout comme si elle constituait du transport en soi, l'Association
considère que pareil permis n'est pas souhaitable. Autant il est
souhaitable de trouver des solutions applicables pour empêcher les
illégalités, autant il est contraire à
l'intérêt public de traiter la location comme une forme de
transport et de la concevoir comme telle dans la loi des transports ou tout
règlement adopté soit par la commission à l'avenir, ou par
le lieutenant-gouverneur en conseil. Il faudrait donc, à notre avis,
faire en sorte que l'exigence d'un permis et les moyens de contrôle dans
tout règlement ou dans la loi elle-même, soit accompagnée
d'une exclusion claire des pouvoirs de la Commission des transports du
Québec, quant à la tarification de l'industrie de la location et
quant aux autres dispositions législatives qui concernent les
utilités publiques, tel que les transporteurs régis actuellement
par la loi.
Une des recommandations principales du rapport CEGIR qui se trouve
à la page 164 du rapport final, est à l'effet de donner à
la commission des transports un pouvoir général et des pouvoirs
discrétionnaires quant à la réglementation à
être adoptée. Le rapport conclut cependant, que cela n'exclue pas
la possibilité de réglementer certains secteurs, si l'on juge
qu'une telle réglementation puisse être plus efficace que la mise
en oeuvre des commissaires, en d'autres termes, si l'on juge que
l'intérêt public puisse être défini à l'avance
en raison de la simplicité du secteur concerné. Le rapport
conclut alors à une refonte dans le sens du modèle ci-haut
exposé.
Pour ce motif, nous croyons que l'industrie de location ne constituant
pas du transport comme tel et n'étant pas réglementée dans
aucune autre juridiction en Amérique du Nord devrait faire l'objet d'une
exception, tel que nous le mentionnions plus haut.
Dans la mesure où ces principes sont appliqués, dans le
but d'empêcher les formes illégales de transport public et non pas
dans le but de réglementer l'industrie de la location qui n'est pas une
forme de transport, l'Association est substantiellement en accord avec les
principes énoncés au rapport.
Nous proposerons en temps et lieu, de reprendre les suggestions, quant
au moyen de contrôler efficacement le transport illégal
déjà soumis au ministère. L'objet que nous recherchons est
de déterminer les activités du transport illégal
effectué au moyen d'un véhicule loué. Les
conséquences de ce transport illégal, quant à la
validité des contrats de location et à la validité des
actes des personnes impliquées dans cette location, s'imposeront
d'elles-mêmes. Nous suggérons qu'il faut s'attacher à
définir de façon beaucoup plus précise, ce que le
ministère conçoit comme étant et constituant du transport
illégal pour être en mesure de réglementer
précisément et seulement le transport illégal et non pas
l'industrie de la location.
Nous soumettons respectueusement que le transport illégal est
toujours et sans exception, effectué par l'utilisateur du
véhicule loué et il apparaît donc qu'une extrême
urgence et importance à l'Association et à ses membres que votre
commission se rende compte qu'il n'est pas suffisant de conclure à
l'illégalité de la location, par le seul fait que le transporteur
(utilisateur illégal) ait loué pour commettre son
illégalité, un véhicule d'une compagnie de location.
Nous prétendons que le nombre de cas où une entreprise de
location légitime (dont c'est la principale occupation) est
impliquée dans le transport illégal est très limité
et que la majorité des illégalités commises à date,
n'ont pas eu besoin ni de la complicité, ni de la connaissance du
locateur du véhicule pour être commises. L'objet de
l'arrêté en conseil 4476-77, qui d'après le rapport CEGIR
semble à la satisfaction de tous les secteurs de l'industrie
impliquée, sauf à quelques exceptions près, est donc de
rechercher un remède pour empêcher les illégalités
plutôt que de contrôler la location en soi.
En somme, l'Association soumet respectueusement qu'il se dégage
du rapport CEGIR une fausse conception, qui a pour effet direct ou indirect,
d'assimiler les services de location à des services de transport, sous
le prétexte que des véhicules de commerce sont utilisés
par certains locateurs pour faire du transport illégal.
Conclusion Tel qu'exposé dans l'introduction,
l'Association des locateurs de camions et de remorques du Québec, est en
accord avec l'esprit même du rapport CEGIR et l'Association agrée
la majeure partie des modifications proposées. L'annexe 5 du rapport qui
traite de l'industrie de la location ne constitue toutefois, et ne demeure
qu'une bonne ébauche fondée sur une cueillette d'opinions
présentées par les divers secteurs de l'industrie de transport.
Toutefois, nous avons tenté de corriger deux fausses conceptions
qui se dégageaient du rapport:
A. Le fait que l'industrie de la location permet aux transporteurs
privés et publics de se procurer des véhicules ne signifie pas
que la location est un mode de transport en soi;
B. Le seul fait que le transporteur illégal ait loué, pour
commettre son illégalité, un véhicule d'une compagnie de
location, n'est pas suffisant pour conclure à l'illégalité
de la location, ni pour qualifier la location de véhicules de commerce
comme un mode de transport. La location de véhicules de commerce,
n'étant pas du transport en soi, et n'étant pas
considérée comme du transport où que soit en
Amérique du Nord, elle ne devra pas être définie comme
telle dans quelque législation ou réglementation
éventuelle. Toute réglementation ou législation qui aura
pour but ou pour effet direct ou indirect d'assimiler les services de location
de véhicules de commerce à des services de transport, aura pour
effet éventuel de détruire cette industrie au plus grand
détriment du public et sans profit pour qui que ce soit. Si en
conformité avec une des recommandations principales du rapport CEGIR,
l'élaboration des règlements éventuels est confiée
à l'entière responsabilité et discrétion de la
Commission des transports du Québec, nous soumettons respectueusement,
que de par sa nature même, l'industrie de la location devrait constituer
un de ces cas d'exception, dont il est fait mention à la page 164 du
rapport principal. Si toutefois l'élaboration des
règlements en matière de location de véhicules de commerce
devient l'entière responsabilité de la Commission des transports
du Québec, nous soumettons que l'industrie de la location devrait
être représentée parmi les membres permanents de la
commission. Toute réglementation ou législation qui
cherche à contrôler le transport illégal effectué
avec des véhicules loués, ne doit jamais perdre de vue que la
location de véhicules n'est pas une forme de transport et qu'il faut
s'attacher à contrôler le transport illégal, ou
l'utilisateur du véhicule, plutôt que la location en soi. Dans
cette perspective, si d'une part le ministère recherche le moyen de
contrôler le transport illégal, d'autre part, l'Association et
chacun de ses membres prétendent qu'il faut éviter d'affubler
l'industrie de la location, de caractères qui ne lui sont pas propres et
qui appartiennent, ou que l'on identifie plutôt à l'industrie du
transport. Il faut reconnaître que l'industrie de la location de
véhicules constitue une activité et une industrie légitime
pour laquelle on doit créer un cadre réglementaire, tenant compte
de la nécessité d'un tel service, tant pour la stabilité
de l'industrie du transport public au Québec que pour le
développement du commerce et de l'industrie québécoise et,
ce, dans l'intérêt public. Le développement même de
l'industrie repose sur les facteurs normaux, relevant de la saine concurrence,
laquelle ne devrait pas, nous soumettons, être mise en danger de
façon à affecter la stabilité économique de ce
secteur. Il faut enfin se rappeler, que de concevoir la location comme une
utilité publique, sera donc éminemment préjudiciable aux
compagnies de location de cette province et leur enlèvera toute
possibilité de faire face à la compétition des
manufacturiers de véhicules et de compagnies de finance, ainsi que des
locateurs opérant en dehors de la province de Québec.
Le tout respectueusement soumis,
Montréal, ce 12 juillet 1979. (S) Gagnon, Lafleur &
Associés
L'Association des locateurs de camions et de remorques du Québec
Inc.
ANNEXE B
Mémoire de l'Association des locateurs de
véhicules du Québec
présenté à la commission
parlementaire sur le rapport CEGIR
(Etude de la commission des transports)
Introduction
Dans le but de répondre à l'avis publié dans la
Gazette officielle du Québec no 28, 6 juin 1976, invitant les personnes
ou groupes à se faire entendre à la commission permanente des
transports sur le rapport CEGIR (étude de la commission des transports),
l'Association des locateurs de véhicules du Québec (A.L.V.Q.)
soumet le présent mémoire.
A.L.V.Q. est une corporation à but non lucratif incorporée
depuis le 16 novembre 1977 et qui regroupe plus de trente-cinq (35) membres.
Les compagnies membres de l'A.L.V.Q. sont des petites et moyennes entreprises
qui représentent environ trente pour-cent (30%) de la location de
véhicules de commerce, soit des camions, tracteurs, remorques et
semi-remorques dans la province de Québec.
Tous ses membres détiennent des permis de la Commission des
transports du Québec autorisant la location de véhicules de
commerce, soit des camions, tracteurs, remorques et semi-remorques, à
court et à long terme.
L'évolution des marchés de location au Québec, au
cours des dernières années, a poussé les entreprises de
location à se regrouper pour permettre aux membres d'évoluer dans
les meilleures conditions possibles.
Depuis sa formation, l'A.L.V.Q. a permis à ses membres
d'être mieux renseignés sur les développements
technologiques, législatifs et autres. Ainsi, elle a convoqué un
mini-congrès de ses membres, le 28 juin 1979, pour étudier les
recommandations faites par le rapport CEGIR. Ce congrès a permis
à l'A.L.V.Q. de pressentir le pouls d'un grand nombre de ses membres et
d'évaluer le degré de satisfaction devant le rapport CEGIR sur la
commission des transports.
Dans le but de dégager les principales conclusions de ce
congrès et après avoir fait un bref résumé de
l'accueil du rapport, nous allons, dans un premier temps, reviser la section
qui concerne le plus l'A.L.V.Q., soit l'annexe sur la location. De cette annexe
nous soulignerons les points qui devraient être retenus et, finalement,
nous commenterons certaines conclusions générales qui peuvent
affecter plus directement notre association.
1. Perception du rapport CEGIR
Tout rapport proposant des changements d'une institution, aussi
critiquée soit-elle mais que l'on connaît depuis plusieurs
années, entraîne inévitablement une réaction de
crainte au premier abord. L'A.L.V.Q. était consciente de la
nécessité d'un changement au niveau de la commission et ne peut
que seconder l'effort déployé pour la préparation d'un tel
rapport. Toutefois, même si l'A.L.V.Q. est d'accord avec le principe et
approuve certaines des recommandations du rapport CEGIR, elle se doit, comme
organisme représentatif d'un milieu, d'apporter et de résumer les
critiques, remarques et commentaires qui se sont dégagés lors de
la consultation faite auprès de ses membres à son congrès
de juin 1979.
A cette réunion, il a été décidé de
restreindre l'étude aux aspects concernant plus directement l'A.L.V.Q.,
ainsi l'annexe sur la location a retenu l'attention.
2. Location 2.1 Perception par les membres:
II est certain que cette section qui tente de résumer la
situation de la location des véhicules au Québec se devait
d'entraîner des commentaires contradictoires. Les sources
utilisées par le rapport CEGIR étant diverses et de milieux
différents ne pouvaient que refléter des conceptions
différentes sur la location. L'A.L.V.Q. étant mêlée
au milieu de la location a retenu certains items qu'elle considérait
importants de commenter. Ainsi la définition de la location, la
satisfaction des agents utilisateurs et la notion du transport illégal
seront brièvement commentées. 2.2 Définition:
Nous croyons que l'annexe sur la location du rapport CEGIR débute
sur une mauvaise définition de la location. A la page I de cette annexe,
on peut lire: "La location en tant que mode de financement et mode de
transport..."
D'aucune façon la location n'est un mode de transport. La loi,
les règlements (AC 4476-77) et l'usage courant l'indiquent clairement.
La location de véhicules offre aux utilisateurs une gamme parfois
élaborée de produits qui serviront au transport, mais les
locateurs ne font pas du transport. Cette nuance nous paraît essentielle
et peut engendrer des conclusions complètement différentes sur la
location. Il nous semble qu'en introduisant la notion de mode de transport, on
suggère en même temps l'idée de concurrence, ce qui est
faux à notre avis. La location qui est, tel que mentionné au
rapport CEGIR, en plein essor particulièrement au cours des cinq (5)
dernières années, est un complément au mode de transport
traditionnel. La location constitue un mode de financement adéquat pour
de nombreux agents créant une alternative acceptable dans notre
économie concurrentielle.
Il est donc essentiel de retenir cette divergence au niveau de la
définition de la location pour comprendre les commentaires sur l'annexe
sur la location. 2.3 Satisfaction des utilisateurs:
Nous devons immédiatement relever dans le rapport la satisfaction
générale qui semble se dégager parmi les utilisateurs de
la location. On peut lire à la page 2 de l'annexe sur la location du
raport CEGIR: "II semble que les utilisateurs des services de location soient
très satisfaits des services et des coûts de location tant pour
les véhicules de promenade que pour les véhicules de
commerce".
Egalement, en parlant de la réglementation qui régit la
location (pp. 14, 15 et 16 de l'annexe), le rapport mentionne d'une
façon générale que la plupart des agents utilisateurs sont
satisfaits. En fait, seuls certains transporteurs publics qui n'ont aucun lien
avec les entreprises de transport seraient insatisfaits de la
réglementation de la location.
Cette satisfaction, presque générale, est pour nous un
aspect plus que positif et nous comprenons difficilement le climat
négatif qui se dégage de l'annexe sur la location.
Location - transport illégal?
Il semble que l'on dégage dans l'annexe sur la location cet
esprit de "location égale transport illégal" et nous le
déplorons. A plusieurs endroits dans cette annexe, on retrouve cette
affirmation qui nous semble gratuite et qui met en doute la
légalité de la location, ainsi:
Page 17 "II paraît évident qu'il sera difficile de changer
la pratique actuelle, qui consiste à louer à 3 ou 4 clients le
même camion pour effectuer un service de transport..."
Page 26 "Pour certaines firmes locales, le caractère
illégal de leurs opérations peut les rendre très
florissantes..."
Pages 27 "Tant que les manufacturiers québécois,
principaux clients des services de transport, devront et 28 entrer en
compétition avec les marchés ontariens et américains et
que les coûts des trans- porteurs publics seront élevés,
ils utiliseront la location sous forme légale ou illégale..."
Sans vouloir prétendre qu'il n'y a aucune
illégalité qui se commette, nous persistons à croire que
le tout est considérablement exagéré. Les
illégalités se commettent dans le domaine de la location comme
partout ailleurs. La réglementation a permis à la Commission des
transports d'améliorer un certain contrôle et les
différents agents représentatifs du milieu de la location ont
toujours fourni leur collaboration.
Nous croyons que la fausse idée qui se dégage de la
location provient du manque de communication et de la fausse conception que
l'on se fait de la location. Il faut faire disparaître le concept que la
location constitue un moyen détourné de faire du transport
illégal. Comme nous l'avons mentionné précédemment,
la location est un mode de financement qui s'effectue de différentes
façons et qui permet l'usage par les utilisateurs d'un plus grand choix
dans les véhicules de transport.
Location = Concurrence aux transporteurs publics
Cette idée qui se dégage de l'annexe sur la location dans
le rapport CEGIR nous semble également erronée. Comme toute
nouvelle méthode, la location a pu déplaire à plusieurs et
faire craindre aux transporteurs publics à une concurrence
déloyale et inégale. Mais, plus le temps passe, cette crainte se
dissipe. La location, contrairement à ce qui est souligné dans le
rapport, n'entre pas en concurrence avec les transporteurs publics mais devient
plutôt un complément. Ainsi, pour corroborer ces dires, nous nous
permettons de relever dans l'annexe sur la location certaines inexactitudes aux
pages 26 et 28 où l'on dit, à tort, que la location crée
une concurrence au transport public pour les expéditions qui sont
très payantes (pleines charges). Cette affirmation est donc sans
fondement et erronée à notre avis. Nous croyons, au contraire,
que la location constitue, dans cet exemple, un complément beaucoup plus
rentable pour les transporteurs publics et les expéditeurs.
Donc, l'idée de concurrence "illégale" de la location doit
disparaître. Nous croyons que la location demeure un mode de financement
qui complète les modes de transport traditionnels.
3. Utilisation du rapport
Après avoir fait un bref tour de l'annexe sur la location, nous
avons, dans un deuxième temps lors de notre congrès,
considéré l'ensemble du rapport CEGIR et ses conclusions comme un
document de
travail et nous avons tenté de relever les problèmes qui
nous touchaient plus précisément et d'en faire une critique
constructive, relevant les éléments qui pouvaient nuire à
l'évolution normale de nos entreprises. 3.1 Permis:
Comme nous l'avons mentionné à plusieurs reprises,
l'A.L.V.Q. cherche à travailler en collaboration avec les
autorités pour s'assurer que les membres puissent fonctionner dans le
cadre de la loi et ses règlements. L'A.L.V.Q. est consciente de la
nécessité qu'un contrôle soit assuré par un corps
régulateur, soit la Commission des transports. Même si la location
de véhicules de commerce, soit des camions, tracteurs, remorques et
semi-remorques, ne constitue pas en soi un mode de transport, étant un
complément. Dans le but d'assurer une saine concurrence et un service
adéquat au public, il est normal que la Commission des transports
contrôle par l'émission de permis.
Toutefois, nous émettons des réserves si la Commission
vient à posséder un pouvoir discrétionnaire accru. Nous ne
croyons pas qu'il serait souhaitable de laisser une discrétion trop
grande dans l'émission ou la suspension et la révocation de
permis. Il y a lieu d'être prudent et de définir clairement les
critères sur lesquels la Commission devra se baser pour
considérer l'émission, la suspension et la révocation de
permis.
Le contrôle de la Commission des transports, grâce aux
permis, nous assure une certaine crédibilité et permettra,
à plus ou moins brève échéance, de faire
disparaître le faux concept que la location constitue du transport
illégal. D'ailleurs, tous les regroupements de compagnies dans le
domaine de la location de véhicules de commerce, soit des camions,
tracteurs, remorques et semi-remorques, ont pour but de s'assurer que le
commerce de location se développe en harmonie avec les structures
existantes. 3.2 Le dépôt des tarifs:
Le rapport CEGIR propose un retour en arrière en nous parlant de
dépôt. Sans vouloir reprendre les controverses et sans retirer ce
qui a déjà été avancé dans des
mémoires à la Commission des transports sur la tarification, nous
croyons que le dépôt des tarifs peut constituer une solution
acceptable en autant que l'on reste à l'étape de
dépôt. Nous croyons qu'un contrôle de la Commission des
transports sur les tarifs ne serait pas souhaitable.
4. Nouvelles structures de la commission
Finalement, nous nous sommes penchés sur les diverses
recommandations qui transformeraient la Commission des transports. 4.1 Aspect
négatif:
II nous a semblé que le rapport CEGIR voulait revenir en
arrière et nous sommes loin d'être convaincus du bienfait de
certaines propositions. Ainsi nous sommes réticents à endosser la
proposition qui permettrait à la Commission des transports
d'élaborer la réglementation reliée avec les politiques du
gouvernement énoncées par le ministre. Nous sommes encore
convaincus que le lieutenant-gouverneur en conseil est beaucoup mieux
placé pour réglementer, ayant une perspective
générale des problèmes. On veut également redonner
à la Commission des transports des pouvoirs discrétionnaires.
L'A.L.V.Q. a également des doutes sur la sagesse d'une telle
décision. Un peu pour les mêmes raisons que mentionnées
précédemment, nous croyons qu'il est difficile à une
commission d'avoir une perspective générale de l'économie
car il ne faut pas oublier que le transport a des influences directes sur
différents secteurs de l'économie. Un trop grand pouvoir
discrétionnaire pourrait, même involontairement, nous amener
à une certaine stagnation dans certains domaines du transport.
Les recommandations pour redonner à la régie son pouvoir
de surveillance et de contrôle avec un pouvoir général de
régulation, devraient être considérées avec les
mêmes réserves que nous avons émises pour le pouvoir
discrétionnaire.
Finalement, nous avons aussi beaucoup de réserves sur les
dimensions socio-économiques du rapport CEGIR. Non pas que ces
recommandations soient mauvaises, bien au contraire. Mais l'A.L.V.Q. croit
qu'elles risquent de demeurer sans suite ou très difficilement
réalisables. En effet, nous doutons de la possibilité que la
Commission des transports actuelle puisse changer tous les membres qui ne
rempliraient pas les exigences de qualification et, de plus, nous sommes
convaincus qu'une consultation efficace auprès des agents
impliqués dans l'industrie du transport créerait une lourdeur
certaine et une inefficacité générale du système.
4.2Aspect positif:
Nous avons également relevé de nombreuses conclusions qui
nous semblent très positives. Le rapport CEGIR semble se
préoccuper de l'efficacité de la Commission en lui fournissant un
personnel
plus compétent, un personnel plus adapté aux besoins de la
commission. La déjudiciarisation de la commission peut également
améliorer l'efficacité et la rapidité de l'étude
des dossiers. L'A.L.V.Q. est favorable au maintient d'un minimum d'encadrement
dans la procédure de la commission. Toutefois, nous nous permettons de
souligner que le rapport CEGIR préconise un pouvoir
discrétionnaire grandissant et la déjudiciarisation maximum, ce
qui est, à notre avis, contradictoire et qui va à l'encontre des
meilleurs intérêts des personnes intéressées.
Nous avons également approuvé certaines autres
modifications dans notre étude sur l'annexe de la location, tels le
dépôt des tarifs avec les réserves que nous avons
exprimées et le contrôle exercé par la Commission des
transports.
Donc, d'une part, le rapport CEGIR préconise un retour en
arrière en créant une Commission des transports à l'image
de l'ancienne Régie des transports. Nous sommes loin d'être
convaincus du bienfait des recommandations qui nous entraînent dans cette
direction. D'autre part, le rapport CEGIR cherche à faire des
recommandations pour rendre la Commission des transports plus efficace et
fonctionnelle et l'A.L.V.Q. ne peut que souscrire à cet effort.
Conclusion
Nous avons tenté de résumer les commentaires et critiques
du rapport CEGIR qui furent émis par nos membres lors du congrès
convoqué à cette fin.
Le rapport CEGIR sur la Commission des transports devenait un moyen de
faire le point sur le commerce de la location face à la Commission des
transports du Québec qui existe depuis maintenant plus de sept (7) ans
et face à la réglementation sur la location qui est en force
depuis plus d'un an. Mais il constituait une forme de menace comme tout
élément qui préconise des changements.
L'A.L.V.Q. a donc tenté de soulever trois points qui nous
semblaient plus importants. Dans l'annexe sur la location, il nous a
semblé assez clair que l'on envisageait la location de véhicules
de commerce, soit des camions, tracteurs, remorques et semi-remorques, d'une
mauvaise façon et qu'il y avait lieu de corriger les fausses impressions
qui s'y dégageaient.
De plus, le rapport CEGIR conclut d'une façon radicale à
l'abolition de la commission actuelle pour revenir à toute fin pratique
à l'ancienne Régie des transports. Nous ne pouvons supporter un
tel changement pour les raisons déjà mentionnées. Il nous
semble plus logique d'apporter des modifications à une structure
déjà existante que de recommencer avec une structure qui aurait
beaucoup de faiblesses.
L'A.L.V.Q. est favorable à certaines modifications
préconisées par le rapport CEGIR, mais nous croyons que la
Commission des transports doit continuer à évoluer au même
rythme que l'industrie des transports. Comme organisme régulateur, la
Commission des transports doit être au diapason des nouveaux
développements. Un retour à l'ancienne Régie des
transports ne nous semble pas une solution et, même si l'on veut donner
à cet ancien organisme un air de jeunesse avec des moyens de
consultation, la réalité et les difficultés d'une trop
grande réforme peuvent avoir des résultats négatifs.