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Présentation de mémoires sur le
rapport CEGIR portant sur la Commission
des transports du Québec
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire permanente des transports reprend ses
travaux ce matin.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont:
M. Baril (Arthabaska), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Lessard (Saguenay),
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Mailloux (Charlevoix),
M. Marquis (Matapédia), M. Perron (Duplessis), M. Russell
(Brome-Missisquoi), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Verreault (Shefford).
Les intervenants seront: M. Bellemare (Johnson), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Desbiens (Dubuc), M. Grégoire (Frontenac), M.
Lamontagne (Roberval), M. Lefebvre (Viau), M. Ouellette (Beauce-Nord), M.
Vaillancourt (Orford). Comme hier, vous remplacez?
M. Brochu: Armand Russell (Brome-Missisquoi).
Le Président (M. Bordeleau): Les mémoires que nous
entendrons aujourd'hui sont dans l'ordre, tel que je les ai, d'abord, la
Conférence des camionneurs québécois Inc; le Bureau des
tarifs du Québec Inc.
Une Voix: Quels numéros?
Le Président (M. Bordeleau): Je peux vous donner le
numéro également. Le premier mémoire, j'ai le
numéro 4-M. Le deuxième, qui est le Bureau des tarifs du
Québec Inc., 13-M. Ensuite, Niagara Frontier Tariff Bureau Inc.,
numéro 17-M; Canadian Transport Tariff Bureau Association, 18-M;
l'Association des propriétaires d'autobus du Québec, 3-M;
Transport écolier du Québec, 9-M; la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec, 20-M.
Il n'y a pas d'autres substitutions au niveau des membres de la
commission?
J'appelle dès maintenant la Conférence des camionneurs
québécois Inc., dont le porte-parole serait M. Gaston Pelletier
ou Melle Louise Pelletier. Est-ce que vous pouvez nous présenter la
personne qui vous accompagne?
Conférence des camionneurs
québécois Inc.
Mme Pelletier (Louise): M. Gaston Pelletier agit à titre
d'expert-conseil.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
Mme Pelletier: M. le Président et MM. les membres de la
commission parlementaire, je n'ai pas l'intention de lire le mémoire que
nous vous avons présenté, mais plutôt d'en exposer les
principales recommandations et, avec votre permission, d'ajouter quelques
commentaires qui n'apparaissent pas au document qui vous a été
soumis.
Au niveau de l'identification des intervenants ce matin, il s'agit de la
Conférence des camionneurs québécois et aussi de la firme
Conseillers en taux de fret, comme il est inscrit sur le mémoire qui
vous a été présenté.
Ces deux organisations ont principalement pour but la protection des
intérêts des petites et moyennes entreprises de camionnage. La
Conférence des camionneurs québécois regroupe environ 75
transporteurs membres et est contrôlée par les entreprises de
camionnage, petites et moyennes, qui la composent.
Quant à Conseillers en taux de fret, il s'agit d'une entreprise
qui oeuvre depuis déjà près de dix ans au niveau de
l'industrie du transport routier des marchandises, qui fournit certains
services d'assistance technique relativement à la réclamation des
subventions ou demandes de permis ou de transfert, qui effectue aussi à
l'occasion des analyses de profitabilité et de coûts
d'exploitation des activités de transport. Conseillers en taux de fret
regroupe principalement de petits transporteurs, souvent des individus qui
oeuvrent au niveau du transport, et aussi, dans la majorité des cas, ce
sont les transporteurs qui ne sont membres d'aucune association au niveau de
conseillers en taux de fret et qui, évidemment ne sont pas
représentés soit par une association ou par une autre. Nous
essayons par la présente de nous faire un peu leur porte-parole,
même si nous n'avons pas un mandat très clair avec tous les
clients avec qui nous faisons affaires.
Au niveau de l'appréciation globale du rapport CEGIR, nous devons
dire que nous sommes sensiblement en accord avec toutes les recommandations et
les conclusions du rapport CEGIR. Nous considérons aussi que la firme
CEGIR a apporté vraiment une analyse judicieuse et
éclairée des problèmes ou de l'étude de la
Commission des transports du Québec. Nous sommes, de façon
générale, en faveur d'un juste milieu, c'est-à-dire des
éléments qui allieraient les éléments positifs qui
existaient dans le temps de la Régie des transports, qui était
plus ou moins un tribunal administratif, et aussi des éléments
très positifs qui existent à la Commission des transports du
Québec présentement. Donc, à ce titre, nous endossons
complètement la dernière phrase du rapport qui stipule, en fait,
que le résultat de leur analyse serait un élément ou une
fonction qui allierait les éléments positifs de la régie
et de la Commission des transports.
Considérant notre expérience principale depuis plusieurs
années, les considérations que nous voulons apporter concernent
principalement la question tarifaire. Le premier point concerne le
dépôt des taux, selon la recommandation no 9 du rapport
CEGIR. Nous devons dire que nous serions contre une formule de
dépôt des taux en vertu de laquelle les taux deviendraient en
vigueur immédiatement. Nous considérons qu'il ne serait pas dans
l'intérêt public des transporteurs, des consommateurs que les taux
soient en vigueur lorsque déposés. Il est vrai que cela existe
dans d'autres provinces, mais le Québec a déjà fait un
grand pas depuis plusieurs années et nous considérons que la
procédure était quand même justifiée. (10 h 15)
Donc, ce que nous favoriserions plus est une procédure de
dépôt des taux avec un délai minimum de 30 jours avant
l'entrée en vigueur ou l'adoption, dans le cas où il n'y a pas
d'opposition, et aussi conditionnelle à une publication dans le bulletin
d'information qui serait publié par la Commission des transports du
Québec en remplacement de la Gazette officielle.
Nous croyons donc, qu'il est indispensable que tous les membres de
l'industrie du transport soient au courant des demandes qui sont faites
à la Commission des transports et principalement pour les transporteurs
petits et moyens que nous représentons, ce sont des transporteurs qui ne
peuvent matériellement pas monopoliser du personnel à temps plein
à la Commission des transports pour surveiller toutes les demandes qui
seraient présentées. C'est dans cette optique que notre
approbation à une formule de dépôt des taux avec un
délai de 30 jours est conditionnelle avec une publication de ces
demandes et des dépositions de taux dans un bulletin d'information.
D'autre part, relativement aussi à la question des taux, nous
aimerions préciser qu'avec la structure existante dans les cas de
proprio motu que la commission utilisait, notamment pour les fixations
générales de taux comme, par exemple, le vrac, le transport de
maisons mobiles, le transport par remorquage ou par ferroutage, nous devons
dire que nous sommes en faveur du maintien d'une procédure semblable.
Nous considérons qu'il a été quand même assez ardu
depuis plusieurs années d'obtenir une certaine uniformité au
niveau de ces taux de transport et qu'il serait peut-être
inadéquat, à l'heure actuelle, de laisser tomber la
procédure de proprio motu.
Pour les cas de transport tels que la maison mobile ou même le
remorquage et le ferroutage, nous serions en faveur du maintien d'une
procédure de proprio motu par la Commission des transports du
Québec.
Une autre remarque qui ne s'adresse pas spécifiquement à
la question tarifaire concerne l'organisation de la Commision des transports du
Québec. Il est vrai que l'aspect légal à la Commission des
transports du Québec a pu prendre une importance trop remarquée
depuis quelques années, mais nous considérons quand même
que dans les cas où on aurait des causes qui seraient très
contestées et qui feraient l'objet d'audiences publiques, nous serions
en faveur qu'un membre siégeant en audience publique soit un juge ou
enco- re un commissaire ou un membre quelconque ayant une formation
juridique.
Cette recommandation est faite principalement dans l'objectif d'assurer
le caractère d'impartialité et d'esprit de concordance à
la loi, aussi, que nous considérons essentiel dans des décisions
de cette nature, ne serait-ce qu'au niveau des demandes de permis ou au niveau
de l'acceptation des taux proposés à la Commission des transports
du Québec.
D'autre part, il est proposé dans le mémoire, à la
recommandation 39, la formation de comités spécialisés,
selon laquelle les membres régulateurs seraient regroupés en
comités soit de transport terrestre de marchandises, transport terrestre
de personnes, maritime et aérien. Selon l'expérience vécue
à la Commission des transports, nous considérons qu'il serait
peut-être mieux d'envisager un regroupement des membres
régulateurs soit au niveau des comités modaux, comme il existe
à la Commission canadienne des Transports, ou encore de faire une
division à l'intérieur du comité proposé du
transport terrestre de marchandises.
Considérant en fait l'expérience qu'on a vécue et
les charges de travail quand même considérables qui viennent des
secteurs du transport général et du transport du vrac, il serait,
selon nous, peut-être inégal d'avoir un comité pour le
transport terrestre des marchandises qui occasionne énormément de
travail à la Commission des transports et un autre comité pour le
maritime et l'aérien, qui est quand même de moindre
préoccupation pas politique et de politique de transport, mais, quand
même, au niveau des opérations journalières de la
commission, j'entends.
Une dernière remarque concerne les toutes premières
recommandations du rapport CEGIR visant à déléguer
à la Commission des transports du Québec certains pouvoirs de
réglementation. Nous sommes en faveur que la Commission des transports
du Québec ait un certain pouvoir de réglementation en ce qui
concerne principalement des mesures qui toucheraient les opérations de
transport, la structure du marché ou, encore, strictement, la structure
de l'industrie du transport au Québec.
Nous considérons cependant qu'au niveau de l'élaboration
des politiques de transport, cet élément devrait être
laissé au ministère des Transports. Le point primordial dans cet
élément de réglementation, peu importe à qui la
réglementation sera donnée, est pour nous, une
nécessité de consultation beaucoup plus large que ce qui existe
actuellement. Il est vrai qu'il existe une certaine procédure de
consultation au niveau du ministère des Transports lorsqu'il y a
l'élaboration d'une certaine réglementation. Cependant, nous
voulons mentionner certains cas où il s'est avéré que le
procédé de consultation existant s'est
révélé insuffisant, principalement dans les cas où
un certain type de transport, qui était non réglementé,
s'est vu réglementé soit par erreur, omission ou par
non-connaissance strictement d'un certain secteur, et qui faisait aussi appel
à certains trans-
porteurs, qui, parce qu'ils étaient non
réglementés, n'avaient pas de permis et n'avaient pas aussi le
besoin de se regrouper au sein d'associations. Donc, ces gens-là
n'étaient pas représentés et ils ne le sont pas encore.
C'est l'exemple du transport j'arrive avec un exemple particulier
de carcasses de véhicules automobiles et de rebuts de métal et de
papier. C'est un transport qui était non réglementé,
exempté en vertu de l'ordonnance générale sur le
camionnage mais, lors de l'élaboration du règlement sur les
déchets, on s'est trouvé à réglementer ce type de
transport indirectement, parce qu'on ne l'a pas inclus d'une certaine
façon dans le règlement sur les déchets et qu'on ne l'a
pas réexclus de l'ordonnance générale sur le
camionnage.
Nous savons qu'il y a présentement du travail qui se fait au
ministère des Transports en vue de régler ce problème. Le
point où nous voulons en venir, c'est que si la consultation avait
été beaucoup plus large, soit au niveau d'avis publics dans les
journaux, soit par une procédure semblable à celle du proprio
motu qui existe à la Commission des transports du Québec, il
aurait été possible, pour ces transporteurs, de faire valoir leur
point.
C'est exactement aussi le fait du transport de rebuts de papier. Je
pourrais donner des exemples concrets au niveau du transport de rebuts de
métal, il entre annuellement à SIDBEC-FERUNI, à
Contrecoeur, l'équivalent d'à peu près 17 000 voyages de
carcasses de véhicules automobiles qui sont, dans la majorité des
cas, transportés sans permis de transport. C'est quand même un
secteur d'activité qui est très important et si vous n'êtes
pas dans le milieu, si vous n'êtes pas préoccupé
journalièrement par ces opérations, vous ne pouvez pas
nécessairement vous en apercevoir, ou vous rendre compte que ce n'est
non réglementé et que ça fait appel à certaines
caractéristiques très particulières.
C'est exactement aussi le cas des rebuts de papier. L'approvisionnement
de la cartonnerie à Cabano se fait par des transporteurs qui n'ont pas
de permis de transport. Le but de demander cette consultation beaucoup plus
vaste, soit par les journaux ou par proprio motu, d'une certaine façon,
va viser strictement d'éviter de faire certaines erreurs par omission et
être obligé aussi de faire des règlements pour
déréglementer les secteurs d'activité.
C'est l'ensemble des points que nous voulions vous soumettre, ce n'est
pas tellement compliqué. Je vous remercie au nom de la Conférence
et des conseillers en taux de fret.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie
également. M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Merci, Mlle Pelletier. Vous avez travaillé
pour le ministère des Transports, je pense?
Mme Pelletier: Pardon?
M. Lessard: Vous avez travaillé pour le ministère
des Transports.
Mme Pelletier: Quatre ans.
M. Lessard: Pendant quatre ans. Vous avez donc une connaissance
assez large... c'est bien regrettable qu'elle soit partie.
Mme Pelletier: Je m'excuse, est-ce que vous pourriez rapprocher
votre micro, je ne comprends pas très bien.
M. Lessard: Bonne indication. Vous avez donc une connaissance
assez large du ministère des Transports puisque vous avez
été quatre ans au ministère comme économiste.
J'aimerais que vous détailliez un peu vis-à-vis de la
réglementation, même si vous avez précisé votre
point, à savoir que la politique comme telle ou les politiques
générales du transport doivent être faites par le
ministère des Transports, alors qu'une certaine souplesse dans la
réglementation pourrait être accordée à la
Commission des transports du Québec. J'aimerais que vous puissiez
préciser ce que vous entendez par ce que pourrait être une
politique générale du transport au niveau du ministère et
ce qui pourrait être accordé à la Commission des transports
comme souplesse dans la réglementation. Ce n'est pas facile, n'est-ce
pas?
Mme Pelletier: Disons que je vais répondre inversement. Au
niveau de la réglementation qui pourrait être confiée
à la Commission des transports, ce que j'entends par des
règlements qui toucheraient les opérations, c'est que, en fait,
la Commission des transports, c'est elle qui est préoccupée des
problèmes journaliers des transporteurs, c'est elle qui est au courant,
par les audiences publiques, par les rencontres qu'elle a avec les
transporteurs, pas nécessairement un transporteur général,
mais en fait de tous les secteurs de l'industrie du transport: Donc, il est
peut-être plus facile, pour la Commission des transports, étant
saisie et sensibilisée quotidiennement à ce qui se passe dans
l'industrie, des nouveaux développements. C'est une industrie de
mouvement, donc il faut que la souplesse soit aussi une souplesse de mouvement
et qu'on puisse adapter les changements dans la structure du marché au
fur et à mesure qu'ils se font, alors que, au niveau des politiques, ce
sont plus des lignes générales: les grandes philosophies du
gouvernement, dans quelle orientation on veut aller, est-ce qu'on favorise plus
un secteur ou un autre, est-ce qu'on veut que le transport réponde plus
à la structure industrielle du Québec? Ce sont des
énoncés qui prennent plusieurs années à
formaliser.
M. Lessard: Vous parlez, d'une part, de déchets solides
qui ont été, comme vous le dites, indirectement couverts par le
règlement sur les éboueurs...
Mme Pelletier: Oui.
M. Lessard: ... qui a été corrigé par la
suite, dans la nouvelle réglementation. Mais il reste...
Mme Pelletier: Ce n'est pas encore en vigueur.
M. Lessard: C'est ça, mais il reste qu'il y a eu
mésentente à ce sujet, ainsi que celui des rebuts de papier.
Pensez-vous qu'il faille réglementer complètement tous les
secteurs de transport?
Mme Pelletier: On ne peut pas dire qu'on est en faveur de
réglementer toutes les activités du transport. Ce qu'on
mentionnait c'est que, dans les cas particuliers que je vous ai cités,
c'étaient des cas qui étaient non réglementés et
qui apportaient une certaine souplesse aux transporteurs. C'était fait
autant par les transporteurs publics généraux que par des
transporteurs de vrac, où, dans les deux cas, les transporteurs avaient
un moyen ou un trafic qu'ils pouvaient utiliser sur un mouvement de retour pour
rentabiliser leurs opérations ou encore pour utiliser un
équipement qui était à rien faire ou encore qui pouvaient
aller en dehors des routes qui leur sont normalement accordées à
l'intérieur de leur permis, sur un mouvement de retour. Donc, ce que je
veux dire, c'est que c'était un élément de souplesse qui
existait à l'époque et qu'on l'a réglementé.
Qu'on le réglemente ou qu'on ne le réglemente pas ce n'est
pas tellement là qu'est mon point, c'est sur le fait qu'on ne devrait
pas apporter une certaine réglementation, en considérant ou en ne
considérant pas tous les éléments impliqués dans un
certain mouvement ou dans un certain secteur de cette industrie.
M. Lessard: En relation avec la question que je vous posais,
est-ce que, par exemple, un règlement, la réglementation
concernant... Si on décidait de réglementer les déchets
solides ou les rebuts de papier, etc., est-ce que, selon vous, en relation avec
la question que je vous posais tout à l'heure, une telle
réglementation, dans ses modalités, devrait être
préparée par la Commission des transports ou par le
ministère?
Mme Pelletier: Par la Commission des transports du
Québec.
M. Lessard: La réglementation comme telle, dans ses
modalités; si le ministre donne comme objectif: Vous allez
réglementer ce secteur, l'objectif général étant
fixé par le ministre, selon vous, il appartiendrait à la
Commission des transports de prévoir et de préparer la
réglementation dans ses modalités.
Mme Pelletier: Oui. La commission pourrait exactement, est
beaucoup plus au courant et peut être informée plus facilement de
ce que les transporteurs font.
M. Lessard: Maintenant, vous m'indiquiez tout à l'heure
que le fait que les déchets solides, les rebuts de papier
n'étaient pas réglementés donnait ou accordait une
certaine souplesse aux autres transporteurs, que ce soient les transporteurs de
vrac ou les transporteurs généraux.
Mme Pelletier: Ou sans permis et privés.
M. Lessard: Ou sans permis ou privés. Est-ce que le fait
de réglementer, si nous réglementons ce secteur, est-ce que cela
n'empêche pas, justement, toute la souplesse ou toute cette
rentabilisation, puisqu'on parle au point de vue économique, la
rentabilisation du transport général, du transport de vrac?
Mme Pelletier: Bien sûr.
M. Lessard: Le jour où cela sera réglementé,
seules quelques compagnies auront le pouvoir ou la possibilité de faire
ce transport.
Mme Pelletier: Effectivement et c'est en raison de ces facteurs
qu'on a fait une certaine représentation auprès du
ministère, auprès de vos fonctionnaires pour leur exposer le
problème.
M. Lessard: Dans quel sens?
Mme Pelletier: Pardon?
M. Lessard: Dans quel sens?
Mme Pelletier: Dans le sens de déréglementer, de
faire un règlement pour le libéraliser, pour le
déréglementer, ou de le replacer comme il était. (10 h
30)
M. Lessard: A ce moment, s'il demeurait
déréglementé, toute personne, pour autant qu'elle
possède un camion, pourrait faire un tel type de transport.
Mme Pelletier: Comme c'était avant.
M. Lessard: Comme c'était avant. M. Pelletier ne semble
pas d'accord avec sa fille.
M. Pelletier (Gaston): Ce n'est pas notre intention d'intervenir,
si cela doit être du vrac ou du général, mais notre
intention est de démontrer quels sont les problèmes. On s'imagine
que, si la Commission des transports avait envoyé un avis public disant
que son intention est de faire une réglementation concernant les
automobiles écrasées, alors, cet avis public paraissant dans les
journaux, on aurait pu se présenter avec des faits. On aurait dit: Des
automobiles écrasées, chez DOSCO, cela entre comme cela; pour
l'exploitation, cela peut être transporté en vrac, parce que c'est
dans des blocs.
Alors, on a mis la Commission des transports au courant de tous ces
faits et, par la suite, elle prendra sa décision. Que ça soit du
vrac ou du général, les transporteurs généraux en
transportent. Parfois, ça fait leur affaire. Les transporteurs en vrac
en transportent aussi.
Alors, le point que Louise apporte ici, c'est de dire qu'au point de vue
de la réglementation, s'il vous plaît, le ministère,
normalement, va communiquer avec quelques grosses associations et, bang! le
règlement est sorti! Tandis que si c'était fait par
la Commission des transports, elle pourrait inviter toutes les personnes
concernées, que ce soient des grosses associations, des individus ou des
personnes travaillant pour le compte d'autres, on étale les faits et,
par la suite, la commission peut le faire.
D'ailleurs, la commission s'est servie de son privilège de
proprio motu il y a environ cinq ou six mois. Elle a dit: On veut savoir
où on va avec des clauses-contrats. Elle a demandé à tout
le monde de se présenter. Finalement, elle a eu du pour et du contre,
même si elle avait une idée préconçue au tout
début, elle a eu assez d'arguments pour savoir où s'en aller.
Alors, c'est ce qu'on dit ici, nous autres. Si le principe de
réglementation passe du ministère à la Commission des
transports et que le ministère des Transports conserve les politiques
générales, on dit: Que ce soit la Commission des transports ou le
ministère, qu'il y ait une consultation.
Alors, on ne se ramassera pas avec 17 000 voyages de camions qui entrent
à DOSCO sans permis, tant de milliers qui entrent à Cabano sans
permis. Le bois de sciage en vrac, en brut, à un certain moment,
était d'un côté de la médaille, il est tombé
de l'autre côté de la médaille et, durant ce temps,
certains camionneurs se sont équipés.
Ceci ne se serait pas produit si le principe de consultation avec toutes
les personnes intéressées s'était produit. Ce n'est pas un
reproche, remarquez bien, parce qu'on croit bien que le ministère
lui-même faisait du bon boulot. Mais, pour préciser, si jamais on
fait un changement, il faut que la consultation soit là et avec tout le
monde.
M. Lessard: Je comprends l'objectif, ce matin, de cette
argumentation. Vous dites: L'important est d'être consulté. Je
vais aller un petit peu plus loin que ça. C'est-à-dire que je
suis d'accord avec le principe de la consultation. Il s'agit de trouver les
modalités et, en même temps, d'en arriver à pouvoir prendre
des décisions, parce que si la consultation devient tellement large, eh
bien, ça va être difficile à un moment donné d'en
arriver à des décisions. Mais il est certain que si le secteur
demeure déréglementé, les gens qui vont devoir faire du
transport dans ces secteurs seront des gens qui n'auront pas besoin de demander
des permis à la Commission des transports.
Il y aura donc des gens qui feront du transport dans ce secteur, qui
viendront du général possiblement, qui viendront du vrac, mais
aussi d'autres personnes qui s'achèteront un camion et qui pourront
faire ce transport, parce qu'il n'est pas réglementé, parce que
le permis n'est pas obligatoire devant la Commission des transports.
Il y a une question que je veux vous poser, puisque vous êtes des
conseillers aussi en tarifs, devant la Commission des transports. Est-ce que
je pense qu'il faut se poser cette question, et on se la pose un peu
partout, non seulement au Québec pour tous les secteurs de
transport, que ce soit pour les déchets solides on l'a fait pour
les éboueurs que ce soit pour les rebuts de papier ou autre
chose, que ce soit même pour l'entretien des chemins d'hiver, on le
demande actuellement l'Association de l'entretien des chemins d'hiver
demande d'être réglementée est-ce qu'on doit se
diriger vers une réglementation de tous ces secteurs,
économiquement?
Peut-être que Mlle Pelletier comme économiste pourrait nous
répondre. Est-ce que, économiquement, ce serait rentable de tout
couvrir ou encore de limiter et de dire: On va réglementer, mais on peut
réglementer en limitant ces secteurs à des transporteurs qui ont
déjà un permis général ou de vrac?
Mme Pelletier: C'est en fait un élément de
souplesse. Je ne peux... Je représente ici la Conférence des
camionneurs et les conseillers en taux de fret. Je représente les
intérêts de ces transporteurs. Au niveau économique ou
autre chose, je ne suis pas ici pour en parler à moins de
présenter un mémoire au niveau personnel.
M. Lessard: Mais ce que je veux dire, c'est...
Mme Pelletier: Mais ce que je voulais dire, c'est que pour nous,
il n'est pas...
M. Lessard: Comme représentante de la Conférence
des camionneurs québécois, vous êtes quand même
intéressée à la rentabilisation du transport au
Québec...
Mme Pelletier: Sûrement.
M. Lessard: ... à arriver à des coûts
concurrentiels dans le secteur du transport. Est-ce que le fait, par exemple,
qu'un transporteur parte de Québec, se rende à Cabano et soit
dans l'obligation, parce qu'on pourrait réglementer tous les secteurs,
de revenir sans chargement, c'est rentable économiquement?
Mme Pelletier: Je dirais que le transport d'automobiles
écrasées tel quel, retour à vide, n'est pas rentable
actuellement. On peut se le dire. Toutefois, il faut prendre en
considération le prix des automobiles écrasées si le prix
du transport augmente. DOSCO va-t-il continuer à acheter cela ou
continuera-t-il avec des boulettes de fer ou quoi que ce soit? Le rebut de
papier, c'est la même chose. Mais une réglementation est bonne en
autant qu'elle sera flexible et permettra aux transporteurs
généraux un retour à leur convenance parce que cela
ne presse pas, des automobiles écrasées, ils peuvent les livrer
demain ou plus tard ou cela permettra peut-être aux gars du vrac
d'utiliser leur équipement alors qu'il n'y a pas de travail. Je crois
que ceci doit continuer d'être réglementé, mais avec une
souplesse pour donner du travail à ceux qui ont déjà
investi dans ce domaine et puis, qu'il y ait cette convenance pour ces
derniers. C'est la politique générale qui ressort du
ministère et c'est ce que nous disons. Le ministère, je pense que
c'est sa politique. C'est d'avoir une meilleure économie de transport
et, pour avoir la meilleure économie de transport, il faut avoir le
moins de camions qui se promènent à vide et que les
camions soient utilisés le plus possible; de cette manière, les
coûts baissent et les taux aussi par ricochet, c'est une économie
de transport plus saine. Si vous nous demandez notre opinion personnelle
à savoir si cela doit être réglementé, je crois
qu'il devrait y avoir une réglementation, mais qu'elle soit souple de
manière à permettre les éléments inclus dans la
politique des transports, une meilleure économie des transports. Pour
être souple je viens de l'expliquer elle ne peut pas se
faire sans une consultation et la consultation pourrait mieux venir de la
commission. On pourrait lui dire: Les automobiles écrasées, il en
rentre tant de voyages, lorsqu'on les envoie pour exploitation, on les envoie
de même et lorsqu'elles s'en vont pour démolition... On sait que
tout récemment au centre industriel de Rivière-du-Loup, le
ministère d'Expansion économique du fédéral vient
d'accorder un certain montant pour un parc de démantèlement
d'automobiles, ce sera pour les pièces usagées et ensuite,
regroupées dans des blocs. Les blocs peuvent être
transportés par camions à bascule. Ils deviendraient
peut-être du vrac. Le métal écrasé deviendrait
peut-être du général ou peut-être que tout le monde
aurait le droit d'en faire. Tout simplement, M. le ministre, on vous a fait
cette remarque parce qu'on croyait approprié de vous dire: C'est bon que
le ministère fasse sa réglementation, mais la commission pourrait
peut-être mieux la faire parce qu'elle est plus proche et elle a un moyen
aussi de convoquer les gens à une audition publique leur disant:
Messieurs, ceux qui sont intéressés, on a l'intention
d'émettre une réglementation ou de trancher un litige quelconque,
ceux qui ont des opinions, veuillez s'il vous plaît vous présenter
à telle audition publique et nous faire savoir le pour et le contre. Par
la suite, la décision se prendra et les gens qui ont investil qui ont
commencé à transporter sans aucun permis pourront être
aussi présents et dire: Si vous décidez de réglementer, ne
croyez-vous pas que ce serait normal, étant donné que nous avons
mis des investissements dans un tel transport, que nous ayons l'occasion
après l'avoir prouvé à la Commission des transports,
d'obtenir nous-mêmes ce permis?
M. Lessard: M. ou Mlle Pelletier, on parle de
réglementation souple. Est-ce que dans le secteur du transport, selon
l'expérience que vous avez, vous connaissez un exemple de
réglementation souple?
Mme Pelletier: De réglementation?
M. Lessard: Souple.
Mme Pelletier: Souple, ah bon!
M. Lessard: C'est la question que je me pose quand je fais une
réglementation. Quand va-t-elle être souple et quand va-t-elle
être rigide? Toute réglementation apporte des contraintes.
Mme Pelletier: Presque par définition, je vous le
concède.
M. Lessard: Par définition.
Mme Pelletier: Mais, la souplesse peut exister par le fait que la
réglementation révèle ou tient compte des
opérations de l'industrie.
M. Lessard: Donc, je vous pose la question: Est-ce que vous
seriez d'accord pour laisser à la Commission des transports du
Québec une certaine discrétion dans l'interprétation de la
réglementation?
Mme Pelletier: Absolument! Nous considérons
qu'aujourd'hui, la Commission des transports a ni plus ni moins les mains
liées par les règlements. Il pourrait peut-être y avoir des
décisions qui seraient prises logiquement, mais à cause de
questions de droit, on n'osera pas, et je les comprends, je n'aimerais pas
être dans leurs souliers à certains moments donnés. On
n'osera pas rendre la décision qui pourrait être la plus logique,
mais on va aller selon les règlements, parce que la commission agit dans
le cadre des règlements. Il faudrait qu'elle ait soit un pouvoir de
discrétion ou un pouvoir de réglementation qui ferait en sorte
qu'elle pourrait tenir compte des conditions particulières.
M. Lessard: Croyez-vous que si, par exemple, on laisse un pouvoir
de discrétion à la commission, il devrait y avoir
possibilité d'appel devant le lieutenant-gouverneur en conseil comme
elle existe, par exemple, à la Commission canadienne des transports?
Mme Pelletier: J'imagine que oui, d'une manière ou d'une
autre, tout règlement est adopté, a toutes fins, par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Lessard: Je veux dire sur des décisions de la
commission, par exemple, tel transporteur se plaint d'avoir été
pénalisé par une décision discrétionnaire.
Mme Pelletier: Je m'excuse. Qu'il s'agisse du
lieutenant-gouverneur en conseil ou de tout autre tribunal d'appel, nous
n'avons pas de préférence, mais il nous semble qu'il devrait
être nécessaire d'avoir un moyen d'appel.
M. Pelletier: II est bien démontré dans le rapport
CEGIR que si la Commission des transports a le pouvoir de réglementer,
que ceci soit sujet à l'approbation du ministère.
M. Lessard: En ce qui concerne la réglementation. Mais, la
question que je pose, c'est: Puisque nous accordons une discrétion dans
l'interprétation ou l'application des règlements à la
Commission des transports du Québec, comme
c'est actuellement le cas très largement, d'ailleurs, à la
Commission canadienne des transports, est-ce que nous devrions conserver, par
exemple, le droit d'appel sur des cas spécifiques, même sur des
questions de fait? Les questions de droit, je pense que cela devrait être
donné à une autre cour, mais sur les questions de fait, est-ce
que nous devrions conserver le droit d'appel devant le lieutenant-gouverneur en
conseil?
Je vais vous donner un exemple. La Commission canadienne des transports
avait autorisé Air Canada à acheter Nordair. Le gouvernement du
Québec, comme le gouvernement de l'Ontario et d'autres, a
protesté de telle façon que le gouverneur général
en conseil a soustrait la question de Nordair et Air Canada de la Commission
canadienne des transports. C'est actuellement devant le gouverneur
général en conseil.
Est-ce que ce pouvoir devrait être accordé au
lieutenant-gouverneur en conseil?
Mme Pelletier: II me semble que oui, au même titre
où c'est le ministère et le lieutenant-gouverneur en conseil qui
édicteront les politiques de transport.
M. Lessard: Dans ces cas-là, est-ce qu'il n'y a pas danger
de politiser les décisions de la Commission des transports du
Québec?
M. Pelletier: Plus maintenant, au Québec.
Mme Pelletier: Je ne le croirais pas. C'est une procédure
qui n'existe presque plus au Québec.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, M. le ministre?
M. Lessard: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): D'autres questions? M. le
député de Charlevoix.
M. Mailloux: Mlle Pelletier, dans le premier paragraphe de votre
mémoire, vous faites référence à la Régie
des transports d'avant 1972 et à la Commission des transports et vous
dites que dans le tribunal administratif qu'était la Régie des
transports, on a été carrément à l'extrême
avec une Commission des transports qui a été dirigée vers
trop de juridique. Vous prônez un juste milieu entre ces deux directions
qui ont été données. (10 h 45)
La première question que je voudrais vous poser concerne
l'expérience que vous avez eue, semble-t-il, au ministère des
Transports et à la suite des activités qui sont vôtres
présentement. Est-ce que les transports, sous la Régie des
transports, se portaient aussi bien qu'ils se portent depuis que la Commission
des transports a été créée, depuis 1972, avec
l'ensemble de la réglementation qu'on blâme aujourd'hui, mais que,
par contre, on demande quand il y a un secteur
déréglementé?
Mme Pelletier: Je peux répondre seulement partiellement
à ça, parce que ce qui se passait avant 1972, j'étais
peut-être un peu trop jeune pour le réaliser ou pour le juger
comme il faut. Je laisserais M. Pelletier répondre à cette
section-là, si vous me le permettez. Mais il me semble, d'après
l'expérience qu'on a eue au niveau ne serait-ce que des délais
vis-à-vis soit de la commission ou de la régie, que les
délais à la Commission des transports étaient quand
même plus importants que du temps de la régie. Nous ne
préconisons pas de revenir à la Régie des transports.
M. Pelletier: Je ne crois pas qu'il serait temps de revenir
à la Régie des transports. Elle a fait du bien, on peut le dire,
parce qu'on a mis le transport au Québec sur la carte et la commission
est venue s'ajouter. Mais, d'un autre côté, les décisions
de la commission qui sont sorties étaient bien plus
étudiées, bien plus justes que dans le temps de la Régie
des transports. Je vais donner un petit exemple personnel. Si on demande un
taux à la Commission des transports, la décision va sortir et
elle sera formelle. Mais je me souviens que la peinture, sous la défunte
Régie des transports, a changé un mois de classe, le mois suivant
elle a remonté; elle a fait ça quatre fois à peu
près dans deux mois. Alors, ça pouvait se faire par une
représentation dans une seule chambre d'un commissaire, tandis
qu'à la Commission des transports, si on a une mauvaise décision,
c'est peut-être qu'on a mal expliqué notre cas, c'est ce que je
crois. C'est peut-être trop formel. Le rapport le dit et tout le monde
est d'accord: On pense trop à la réglementation qui est en
arrière qui nous lie les mains, mais, en somme, il ne faudrait pas
revenir au temps de la Régie des transports.
M. Mailloux: Mais tantôt, comme d'autres ont beaucoup
parlé de déréglementation, il me semble avoir entendu de
votre bouche que certains secteurs où il n'y avait pas de
réglementation devraient être réglementés?
M. Pelletier: Réglementés avec souplesse. M.
Mailloux: Souplesse.
M. Pelletier: En d'autres mots, si un détenteur de permis
ou qui n'a pas de permis du tout demande pour transporter des automobiles
écrasées, la commission va vérifier s'il a
réellement acheté de l'équipement et, par la suite, si
elle n'est pas liée par un règlement, elle va émettre le
permis à ce monsieur-là. Elle peut aussi bien dire que le
transporteur de vrac a le droit de faire tel genre de transport, s'il
démontre que pour lui c'est un retour et que cela entre dans la ligne
des politiques d'action du ministère, soit l'économie des
transports.
M. Mailloux: Vous avez parlé tantôt de la
publication d'un bulletin. Avant de poser cette
question-là, vous avez parlé du dépôt des
taux. J'ai compris que vous étiez pour le dépôt des taux,
mais avec les trente jours requis pour permettre à tout intervenant de
faire valoir...
Mme Pelletier: ... d'en prendre connaissance et de s'y opposer
s'il y a lieu.
M. Mailloux: Je voudrais, M. le Président, corriger une
fausse interprétation que j'ai donnée hier quand j'ai
parlé des études que j'avais fait poursuivre sur les coûts
afférents à la publication d'un bulletin spécial par la
commission. Contrairement à ce que j'avais dit hier, tantôt, j'ai
parlé au président de la commission je me suis permis
ça, M. le ministre et il m'a rappelé qu'effectivement un
de mes collègues avait été contre, mais que les
coûts d'un tel bulletin auraient été moindres que ceux
qu'on rencontre avec la publication de la Gazette officielle. Comme le rapport
CEGIR et comme la plupart des intervenants en font mention, je voulais quand
même corriger une erreur que j'ai faite.
Vous avez dit, je pense, que la publication d'un tel bulletin serait
avantageuse également?
Mme Pelletier: Absolument.
M. Mailloux: Tantôt, on a parlé de laisser à
la Commission des transports le pouvoir de réglementation. Je vais
peut-être vous surprendre, mais j'ai l'impression que tout le monde joue
un peu sur les mots actuellement. Si on laissait à la Commission des
transports le pouvoir de réglementation, est-ce que, dans votre esprit,
ce serait essentiellement encore la Commission des transports qui consulterait
tous les intervenants et qui ferait ses propres règlements? Ce que je
veux dire par là, c'est: Ne pensez-vous pas que, depuis que la
Commission des transports existe, il y a toujours eu une consultation entre le
ministère des Transports, ses fonctionnaires, et la Commission des
transports?
Mme Pelletier: Oui, je ne nie pas qu'il y a eu consultation entre
le ministère et la Commission des transports lorsqu'il y avait
l'élaboration d'un nouveau règlement. A savoir maintenant si,
dans le cadre de cette consultation, les échanges pouvaient vraiment
démontrer ou témoigner de l'expérience vécue
journalièrement par la Commission des transports du Québec, c'est
un autre point. Ce que je veux dire par là, c'est que dans les
échanges, il se perd toujours un peu de la conversation.
M. Mailloux: Tout à l'heure, vous avez mentionné
que la Commission des transports était habilitée, du fait qu'elle
rencontre tous les transporteurs, de quelque type qu'ils soient, qu'elle avait
la connaissance de tous les faits, qu'elle était mieux
éclairée que le ministère pour la préparation des
règlements. L'observation que je voudrais faire est la suivante: Dans
mon esprit, ayant occupé ce siège un certain temps et ayant
écouté les différents intervenants, le ministre des
Transports, par le lieutenant-gouverneur en conseil, doit garder la
réglementation au ministère pour les raisons suivantes: II y a
bien sûr tous les transporteurs qui sont en cause, ils sont partie
directe au dossier, ils doivent être consultés. Je pense qu'ils
l'ont toujours été.
Ils ont, par contre, des intérêts terriblement divergents
les uns des autres et le gouvernement a l'obligation de protéger souvent
les plus faibles parmi les groupes. Quand on regarde les forces dont dispose le
ministre des Transports pour préparer une réglementation et quand
on regarde les questions économiques que le gouvernement a devant les
yeux chaque jour, le ministère de l'Industrie et du Commerce, par ses
fonctionnaires, le ministère des Richesses naturelles, le
ministère des Terres et Forêts, le ministère de
l'Agriculture, le ministère du Tourisme, tous les ministères
gouvernementaux sont directement impliqués par une réglementation
que pourrait produire la Commission des transports.
Mme Pelletier: Oui.
M. Mailloux: J'imagine qu'il y a moins de contacts ou qu'il y
aurait moins de contacts entre la Commission des transports et cette partie du
problème qui a ordre d'administrer l'ensemble du Québec et
l'ensemble des disciplines. Il appartient au ministère des Transports,
en consultant les transporteurs et l'ensemble de ses collègues
directement impliqués par la réglementation, je pense qu'il
appartient au ministre des Transports, après toute cette consultation,
mais des deux ordres, de garder la réglementation; qu'il y ait une
certaine souplesse, qu'on dise que la Commission des transports garde une
certaine souplesse quand un règlement est pondu, comme vous, je ne
voudrais pas me mettre dans ses souliers, parce que ce n'est pas facile quand
le règlement est là.
M. Pelletier: Est-ce que vous permettez que je vous
réponde, M. Mailloux? On a dit que la Commission des transports pourrait
être l'organisme et on a dit que si c'est la Commission des transports
qui devient l'organisme, ça va marcher simplement s'il y a une
consultation. On croit que la commission, par des avis, pourrait obtenir plus
de consultation que le ministère des Transports. Si le ministère
décide de garder le système de réglementation, encore
là, dans notre mémoire, on vous dit: Messieurs, s'il vous
plaît, veuillez consulter les petits, les grands, les moyens, essayez de
consulter, pas simplement deux ou trois grosses associations, je ne les
blâme pas, consultez-les, mais aussi les petits parce qu'ils ne sont pas
protégés, on vient de le dire, les faibles.
Une journée, je me suis présenté devant le ministre
Lessard, il y a un nouveau bureau de tarifs qui s'était formé un
certain temps, ia Conférence des camionneurs québécois,
qui avait pour but de protéger les petits et les moyens qui n'ont pas
les moyens de venir ici peut-être aujourd'hui qu'ils conduisent
leurs camions mais qui
ont été les fondateurs de l'industrie du camionnage.
Alors, la conférence devrait être consultée, au même
titre que l'autre organisme qui est plus gros. La même chose qu'une
association quelconque, quelle que soit sa grosseur. Ceux qui ne sont pas unis,
qu'ils aient aussi le privilège de s'exprimer.
C'est ce qu'on dit. On ne dit pas que ça devrait être la
commission, on croit que la commission est plus en mesure, si le
ministère décide de le garder, on insiste sur la consultation,
car si consultation il y avait eu, il ne serait pas arrivé l'histoire
des autos écrasées, du bois de sciage, des rebuts de papier,
ainsi de suite, parce que le ministère n'est pas un ministère
pour eux. Ils auraient compris vite comment ça se transporte ces choses.
Ils auraient peut-être fait aussi bien que la commission. Mais quels sont
les moyens de savoir ce que le petit en pense? Ce que le petit en pense, c'est
quand il peut être représenté par d'autres petits.
M. Mailloux: Mademoiselle, vous êtes économiste, que
je sache...
Mme Pelletier: Si je pouvais répondre, s'il vous
plaît, là-dessus avant.
M. Mailloux: Oui.
Mme Pelletier: Que ce soit la commission ou le ministère,
ce qu'on veut dire, dans le fond, c'est que, à partir du moment
où il y aura une structure qui permettra cette consultation plus
vaste... On parle de la Commission des transports parce qu'à l'heure
actuelle, selon la structure actuelle, elle a les moyens de consulter tout le
monde au niveau d'un avis proprio motu, ce qui n'existe pas au niveau du
ministère. Si le ministère veut garder la réglementation,
qu'il la garde, mais qu'il se donne les structures pour pouvoir fonctionner
selon les opinions que nous vous présentons aujourd'hui; c'est
strictement une question de structure. Donc, il s'agit tout simplement de
former ou de créer les structures qui vont répondre aux besoins
ou aux préoccupations des gens.
M. Mailloux: Ma dernière question s'adresserait, je pense,
au Bureau des tarifs et aux autres intervenants dans le même secteur
d'activité, ceux qui s'occupent de tarifs.
Vous êtes économiste, est-ce qu'il vous est
déjà arrivé de faire des études comparatives entre
le Québec et l'Ontario? La question que je voudrais poser est la
suivante: Comment se fait-il qu'en Ontario, on me dit qu'avec un personnel
d'une centaine de personnes, ça fonctionne assez valablement et ici,
avec au-delà de 300 personnes, on constate des délais
administratifs et juridiques de manière importante? Est-ce qu'il y a
plus de réglementations dans le Québec qu'il y en a en Ontario?
Est-ce que le parc automobile du Québec est à ce point rempli
qu'il y a trop de concurrence et que l'Ontario en a moins? Est-ce que vous
études ont porté dans ce sens entre les deux provinces?
Mme Pelletier: Non, mes études n'ont pas porté
à ce niveau, mais au niveau de certaines informations dont on peut
disposer lorsqu'on fait affaires, entre autres, avec les organismes de
l'Ontario et du Québec; ce n'est peut-être pas qu'il existe plus
de règlements en Ontario ou qu'ils sont plus efficaces; peut-être
qu'au Québec, il y a plus de réglementations ou qu'elles sont
peut-être plus précises.
M. Mailloux: Et l'Ontario dispose, je pense, en dehors de sa
commission des transports, d'organismes qui appuient la commission des
transports dans son travail.
Mme Pelletier: Oui, et le ministère.
Le Président (M. Bordeleau): Merci; ça va? M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Juste une question, mademoiselle, sur les
consultations.
Mme Pelletier: Oui.
M. Chevrette: Est-ce à dire que vous favorisez les
audiences publiques chaque fois que la commission a à se prononcer sur
les tarifications, quand vous parlez de consultations?
Mme Pelletier: Nous n'avons pas dit que nous favorisions les
audiences publiques nécessairement. Une consultation, que ce soit au
moyen d'un mémoire quelconque, qui est présenté à
certains officiers de la commission ou du ministère, qui sont
chargés d'étudier un certain secteur particulier; je ne pense pas
qu'au niveau strictement de la présentation d'un mémoire, on
doive tenir des audiences publiques et faire venir des gens de partout,
à travers la province, pour exposer leurs solutions. A partir du moment
où certains éléments de solutions et de discussions
pourront être amorcés, à ce moment, oui, une consultation
verbale, si on veut aller de l'avant dans l'élaboration de
solutions.
M. Chevrette: Mais vous exigez, d'une certaine façon, par
la présentation de votre mémoire, une forme de consultation
obligatoire, si j'ai bien saisi vos propos.
Mme Pelletier: D'une certaine façon, oui.
M. Chevrette: Pour les gens que vous représentez, bien
sûr.
Mme Pelletier: Absolument.
M. Chevrette: A partir du fait qu'on se met à consulter un
organisme bien identifié, vous admettrez qu'il faut traiter les gens sur
le même pied, que ce soit la commission ou le ministère. A ce
moment, ne trouvez-vous pas que ça peut devenir un
mécanisme très lourd? Vous parlez précisément en
termes d'objectifs, d'efficacité. Cela me semble un peu...
Mme Pelletier: Ecoutez, comme mécanisme très lourd,
est-ce qu'il est plus lourd de consulter et d'avoir les opinions de tout le
monde en même temps ou d'en avoir la moitié, de faire un
règlement, de nouvelles opinions arrivent et d'être obligé
de faire un autre règlement? Lequel est le plus lourd ou le moins
lourd?
M. Chevrette: Alors, plutôt que de parler, à ce
moment, de consultations obligatoires et de forcer, d'une certaine
façon, les organismes à présenter des points de vue, il
faudrait peut-être créer la possibilité on verra au
niveau de l'élaboration de la nouvelle loi d'expression
d'opinions, sans formaliser, d'une façon obligatoire, chaque fois. Parce
que, de la manière que vous le présentez, j'ai l'impression que
vous exigez d'être consultés obligatoirement, ce qui implique des
délais pour permettre...
Mme Pelletier: Non, on ne parle pas nécessairement de
quelque chose de formel. Au niveau des recommandations de CEGIR, on fait
mention d'apporter certains autres mécanismes de régulation qui
sont moins formels que la réglementation. D'accord? (11 heures)
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. le ministre.
M. Lessard: Deux autres petites questions justement sur cette
consultation. Hier, on a parlé assez du Conseil consultatif des
transports. Il y avait deux modalités de la formation du Conseil
consultatif des transports. Il y avait, d'une part, des propositions qui
donneraient un conseil consultatif dont les membres seraient des membres de
corporations ou de groupes constitués du transport et qui seraient, en
fait, des délégués de groupes. Il y aurait l'autre
modalité, à savoir que le ministre des Transports consulte un
certain nombre d'organismes, mais fasse ses nominations non pas tant en
fonction d'un individu, non pas parce qu'il est d'abord membre de l'Association
du camionnage du Québec ou parce qu'il est d'abord membre d'une
association du vrac ou de la Conférence des camionneurs
québécois, mais parce que cet individu a une expérience
dans un secteur spécifique ou plusieurs secteurs du transport et qu'il
est jugé, en fait, compétent pour avoir une vue
générale du transport.
Quelle serait, selon vous...
Mme Pelletier: Notre position est qu'un conseil consultatif
devrait être formé de gens qui seraient nommés en fonction
de leur compétence et de leur expertise dans le secteur du transport
sans aucune notion d'allégeance à une association ou à une
autre, mais en fonction strictement de leurs connaissances ou de leur
compétence dans ce secteur.
M. Lessard: En relation avec la consultation, la jugeriez-vous
assez vaste par exemple, pour autant que le conseil consultatif serait
représentatif de l'ensemble des transporteurs du Québec? Il y a
toujours une certaine consultation assez imposante qui se fait quand même
et parce que la réglementation, je constate que cela ne se
prépare pas très vite avant que tout le monde soit sur la
même longueur d'onde, cela prend quelquefois du temps et on attend
toujours les réactions d'une association ou de l'autre. Une consultation
non formelle, aussi large que possible, ne serait quand même pas
générale. On l'a vu hier. L'Association des caboteurs du
Québec et l'Association du bois de sciage se plaignaient de ne pas avoir
été consultées. On aurait pu avoir ici, par ailleurs, les
gens des pâtes et papiers qui auraient pu venir dire qu'ils n'ont pas
été consultés, comme probablement les consommateurs vont
venir nous dire qu'ils n'ont pas été consultés, ce qui
veut dire que cela fait une consultation très vaste, par exemple, du
fait qu'on forme un conseil consultatif assez représentatif du monde du
transport, si on faisait cette consultation, par exemple, sur la
réglementation, par l'intermédiaire du conseil consultatif,
est-ce que vous jugeriez que ce serait quelque chose de suffisant, après
avoir consulté les organismes les plus représentatifs du milieu
mais en soumettant, par la suite, la réglementation au conseil
consultatif pour avoir son opinion?
Mme Pelletier: Cela pourrait être suffisant.
M. Lessard: Deuxième question. On parlait de
réglementation. Dans le secteur du transport, on sait qu'actuellement
notre réglementation est très rigide. Je pense que le
député de Charlevoix allait soulever la question tout à
l'heure, et je pense bien qu'on constate que de la réglementation
souple, c'est assez difficile à faire. On comparait tout à
l'heure l'Ontario et le Québec. On constate qu'au Québec, on a
peut-être la réglementation la plus forte en Amérique du
Nord. On a aussi des taux de transport qui sont assez élevés.
Est-ce qu'une réglementation souple, par exemple, ce ne serait pas
strictement de réglementer la sécurité routière, de
réglementer, de protéger, si vous voulez, l'expéditeur ou
le consommateur contre les prix abusifs et de se limiter à cela, faire
disparaître, par exemple, la question de nécessité
publique?
M. Pelletier: M. le ministre, on a dit qu'on a des taux abusifs
au Québec. Naturellement, on n'est pas d'accord avec vous.
M. Lessard: Non, je ne le dis pas, mais je dis qu'il y a des taux
qui sont élevés par rapport à d'autres provinces.
M. Pelletier: Certains taux, qui, mais on peut dire aussi qu'on a
aussi les taux les plus bas. On a des volumes de marchandises assez gros qui se
transportent à moins de $0.02 la tonne-mille. C'est
plus payant de transporter du vrac que de transporter certaines
marchandises générales. C'est plus payant maintenant de
transporter de la "pitoune" que de transporter du bois de papier journal.
Alors, au Québec, la concurrence est là. Il y a du
"leasing", quant aux gros, ce qui est dommage, vous avez peut-être un peu
raison. Les grosses compagnies, les gros expéditeurs ont des taux qu'on
appelle des taux préférentiels et des taux très bas et
même des taux en bas du coûtant, ce qui amène bien des fois
qu'on est obligé de surcharger le petit magasin, le petit gars du coin
selon des taux très élevés. Plus on a de la
compétition, plus on a des "leasings", plus on enlève le beau
trafic et l'autre, le restant, c'est un engrenage. Cela fait augmenter les taux
pour le petit.
Mais de dire que les taux sont plus hauts ici qu'en Ontario, je me
retire, je dis "non". Si la preuve nous est demandés, on vous la fera
parvenir.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie Mlle
Pelletier et M. Pelletier de la présentation de votre mémoire
devant la commission.
Mme Pelletier: Nous vous remercions aussi du temps que vous nous
avez accordé.
Le Président (M. Bordeleau): Avant de procéder au
prochain intervenant, j'aurais une petite correction à apporter à
la liste des membres de la commission. J'ai omis tantôt de mentionner que
le député de Saint-Jean, M. Proulx, remplacerait M. Perron
(Duplessis), avec bien sûr l'accord des membres de la commission.
Une Voix: C'est d'accord. On le laisse passer ce matin!
Le Président (M. Bordeleau): J'appelle maintenant le
deuxième intervenant, soit le Bureau des tarifs du Québec Inc. Si
vous voulez prendre place.
Bureau des tarifs du Québec Inc.
M. Hogue (Pierre): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission parlementaire, je me présente: Pierre
Hogue, de l'étude légale Hogue, Chouinard et Associés, qui
agit en tant que conseillers juridiques pour le Bureau des tarifs du
Québec; à ma gauche immédiate, M. Roland Pouliot,
vice-président exécutif du Bureau des tarifs du Québec. A
ma droite immédiate, M. Roger McCarthy, président du Bureau des
tarifs du Québec et, à mon extrême droite, M. Roger
Lacoste, président du comité d'étude des taux du Bureau
des tarifs du Québec.
Vous avez reçu un mémoire de la part du Bureau des tarifs
du Québec. Une synthèse vous sera présentée ce
matin par M. Roger McCarthy qui est président du Bureau des tarifs du
Québec. Nous serons à votre disposition, par la suite, pour
répondre aux questions que M. le ministre et MM. les membres de la
commission parlementaire pourraient avoir relativement au mémoire et
à la synthèse que nous vous soumettons ce matin. M. McCarthy.
M. McCarthy (Roger): M. le Président, M. le ministre,
membres de la commission parlementaire des transports, a) Introduction. Le
Bureau des tarifs du Québec, incorporé en 1952, selon la partie 1
de la Loi sur les compagnies, appartient à 285 membres actionnaires, en
date du 31 juillet dernier, tous des détenteurs de permis de transport
général et spécialisé de marchandise.
Le chiffre d'affaires annuel global de ces entreprises
s'élève à près de $700 millions dont plus de la
moitié est versée en salaires et avantages sociaux. Le conseil
d'administration du BTQ est constitué de 25 représentants de
diverses régions économiques, situées principalement dans
le Québec et dans les provinces de l'Atlantique et de dix gouverneurs
honoraires, tous des dirigeants d'entreprises de transport aussi. Un
comité exécutif siège mensuellement entre les
assemblées trimestrielles du conseil.
Depuis son incorporation, il y a déjà 27 ans, le BTQ agit
comme gardien et protecteur d'une saine structure de taux dans
l'intérêt public et s'efforce de satisfaire les exigences sans
cesse croissantes de l'industrie du transport, en matière de publication
tarifaire et dans d'autres domaines connexes à l'industrie des
transports.
Soulignons que le bureau publie 20 tarifs qui s'appliquent au transport
de marchandises vers divers points de la belle province, d'une part et vers les
provinces de l'Atlantique et de douze Etats américains d'autre part. Six
de ces tarifs sont de nature spécialisée, comme le transport
d'automobiles, déménagement, fruits et légumes, liquide en
vrac, ciment et ferroutage.
Le recueil de nos tarifs renferme des milliers de taux pour
différentes espèces de marchandises, différentes distances
et pesanteurs. En tout, nous avons 5200 abonnements annuels répartis
entre 1000 camionneurs et expéditeurs. C'est dire qu'en moyenne, un
abonné paie annuellement pour cinq abonnements aux feuilles de
révision de tarifs différents selon ses besoins. Au cours de la
dernière année, le bureau a étudié plus de 1600
taux et imprimé plus de 345 000 feuilles de révision, soit 842
nouvelles pages de tarifs pour donner suite aux changements de taux
recommandés par le BTQ à la suite de 200 assemblées tenues
par nos divers comités de taux. De plus, nous avons acquis l'expertise
dans le transport de vrac et messagerie. Enfin, nous possédons une
banque de données comptables et de statistiques qui sont à la
portée de nos membres et de tous ceux qui veulent bien s'abonner
à notre bulletin trimestriel.
Pour clore cette introduction, ajoutons que le BTQ contribue à
assurer le soir, dans ses locaux ou par correspondance, un cours de formation
professionnelle aux commis en taux avec le concours de l'Institut canadien du
trafic et du trans-
port et tient des cliniques tarifaires dans les principales villes de la
province.
B) Rôle des bureaux des tarifs. La façon dont un groupe
fixe les taux de transport routier n'est pas une question sans importance pour
le public. Bien sûr, les entreprises de camionnage s'intéressent
vivement à la façon dont on fixe le prix de leur service de
transport. De la même façon, les expéditeurs de
marchandises transportées sont grandement concernés par le mode
d'établissement des taux de transport applicables à ces
dernières. En plus des intérêts des transporteurs et des
expéditeurs, il y a l'intérêt du public en
général. Les taux de camionnage entrent dans le prix de presque
tout ce qu'achètent les consommateurs et leur niveau et rapport peuvent
influer et influent, de fait, sur la postérité économique
des industries et des collectivités, ainsi que sur les emplois qu'elles
créent.
Les bureaux des tarifs sont évidemment les principaux
défenseurs du maintien du système actuel de tarification dans le
camionnage. Il y a sept grands bureaux des tarifs au Canada. Les membres de
chacun d'eux se composent de transporteurs qui offrent un service de camionnage
dans une région déterminée. Les transporteurs sont libres
d'appartenir ou non à l'un des bureaux des tarifs qui publient des taux
applicables aux territoires qu'ils desservent. Au Québec, il existe deux
bureaux de tarifs desservant les mêmes régions. Bien que
semblables à de nombreux égards, les bureaux canadiens sont le
reflet de modes de législation et de réglementation qui
diffèrent d'une province à l'autre. Cependant, selon l'Interstate
Commerce Commission à Washington, les bureaux des tarifs constituent la
seule source valable de données comptables et de statistiques relatives
au prix de revient entre parenthèses coûts et au
trafic tonnage sur lesquelles ladite commission peut se baser pour porter des
jugements raisonnables aussi bien sur les niveaux de taux que sur le transport
des taux entre eux.
D'une façon très générale, l'activité
fondamentale des bureaux des tarifs se rattache à la première
fonction suivante: l'établissement, le dépôt et la
diffusion de tarifs, chaque tarif groupant un ensemble de taux de transport
routier de marchandises. L'importance de cette fonction varie beaucoup d'un
transporteur à l'autre, suivant leur taille et leur genre
d'activités. (11 h 15)
En deuxième lieu, les bureaux des tarifs constituent un centre de
discussion et d'élaboration des tarifs. Enfin, une autre raison
importante de leur existence est le besoin qu'ont les industries
manufacturières de bénéficier de taux directs. Bien que le
principal but de l'organisation et de la création de bureaux des tarifs
ait été de fournir un service aux transporteurs, c'est
néanmoins de grande utilité pour le monde des expéditeurs.
Ils n'existent pas au détriment de ces derniers, ni des consommateurs;
au contraire, les bureaux des tarifs sont des interlocuteurs valables
auprès d'associations d'expéditeurs pour discuter de
problème communs, ce qui serait impensable sur une base individuelle,
d'autant plus que l'établissement de taux est une affaire complexe
basée sur des coûts moyens obtenus de plusieurs personnes,
camionneurs et spécialistes en taux au service desdits bureaux.
Par exemple, les bureaux discutent, à l'occasion, d'augmentation
générale de taux avec les représentants appropriés
des expéditeurs. De plus, chacun des expéditeurs peut communiquer
directement avec un bureau des tarifs pour savoir quels transporteurs peuvent
offrir un service déterminé grâce à leur permis
d'exploitation et parfois pour porter plainte. L'intervention des bureaux des
tarifs auprès d'organismes de réglementation est une autre de
leurs activités évidentes. On dit aussi qu'ils
protégeraient le petit transporteur contre l'oligopole, si ceci devait
exister.
Enfin, étant donné la très grande
variété des marchandises à transporter, la combinaison
presque illimitée des points à desservir, la complexité
des divers parcours possibles et la multiplicité des facteurs de
transport et des facteurs légaux, économiques et politiques
à considérer, il serait vain de s'attendre que le mode de
tarification collective des entreprises de camionnage canadiennes soit
idéal.
La question réelle n'est pas, cependant, de savoir si le mode de
tarification actuel est idéal, mais si, dans la pratique, il sert
l'intérêt du public en répondant effectivement aux besoins
de la province en matière de transport. L'Interstate Commerce
Commission, aux Etats-Unis, reconnaît depuis longtemps comme essentielle
la coopération entre transporteurs et aussi qu'il semble pratiquement
impossible d'établir des taux équitables sans consultation et
accord avec les transporteurs eux-mêmes. A la suite d'une enquête
sur les bureaux des tarifs américains commencée le 15 juin 1973
et terminée le 3 juin 1975, I ICC en est arrivée à la
conclusion que les bureaux des tarifs aident à l'établissement de
taux adéquats et que leur méthode d'établissement de taux
collectif est la seule façon pratique d'y arriver.
C) Rapport CEGIR. Nous désirons d'abord remercier le ministre des
Transports, l'honorable Lucien Lessard, d'avoir tenu parole en nous fournissant
l'occasion d'exprimer nos vues sur les recommandations de la
société CEGIR relativement au rôle joué actuellement
par la Commission des transports du Québec. Dans l'ensemble, nous sommes
d'accord avec ledit rapport, sauf que nous aimerions aujourd'hui souligner, en
particulier, certains points majeurs de notre mémoire, à savoir
que nous sommes en faveur d'une saine réglementation pour éviter
de créer une situation chaotique: des faillites, des guerres de prix et
un service inadéquat dont le public ferait les frais,
c'est-à-dire que les consommateurs et les expéditeurs en
souffriraient à long terme.
Ajoutons que la libre concurrence ne peut s'exercer dans tous les
secteurs d'activité d'une société dite
démocratique. Les gouvernements successifs au Québec, comme
ailleurs au pays,
ont toujours été conscients de l'aspect
socio-économique de certains services publics, tel le transport de
marchandises et de personnes. Bien sûr, tout le monde est pour la
liberté, sous deux réserves: que celle du voisin ne gêne
pas la vôtre et que ses excès ne conduisent pas à
l'anarchie et à la privation de liberté, disait M. Bouchet,
président du Comité national routier en France.
Soulignons également que depuis l'adoption des lois sur le
transport au Québec, selon certaines statistiques
fédérales, les faillites d'entreprises de camionnage, de 1967
à 1972, sont tombées à près d'une vingtaine par
année à comparer à 75 en Ontario, à 150 pour
l'ensemble du Canada en 1972. On peut donc en déduire que les
augmentations générales de taux accordées par l'ancienne
régie étaient raisonnables et qu'elles étaient
justifiées par des augmentations de coût d'exploitation. 2- Que
cette réglementation contribue à nantir les fournisseurs de taux
de transport stables, justes et raisonnables, sans discrimination et injustice
indue entre camionneurs d'une même région ou industriels et
commerçants d'un même produit. 3- Enfin, la réglementation
au Québec n'aurait tout simplement pas fonctionné si, en
général, on n'avait pas trouvé moyen d'uniformiser et de
stabiliser les structures de taux des camionneurs publics. L'une des raisons
d'être des bureaux de tarifs, c'est justement d'en arriver à
publier des taux collectifs, donc, uniformes à l'avantage des
camionneurs et des expéditeurs.
Evidemment qu'à toute règle il y a des exceptions, mais il
ne faudrait pas que les exceptions deviennent la règle et que n'importe
quel détenteur de permis puisse déposer n'importe quel taux sans
que la Commission des transports du Québec ait son droit de regard pour
rejeter, s'il y a lieu, des taux qui ne seraient pas au diapason d'autres taux
déjà jugés justes et raisonnables dans
l'intérêt public, sans qu'il soit nécessaire de toujours
faire des oppositions qui encourent des frais élevés, comme
plusieurs le savent par expérience. 4- Nous souhaiterions que le
ministère fasse la lumière sur l'article 34 de l'ordonnance
générale sur le camionnage, à savoir si cet article a
été annulé ou abrogé par un règlement, une
loi ou un arrêté en conseil. Selon nos procureurs, cet article
demeure toujours en vigueur en dépit du fait que la commission
prétend le contraire. Depuis les douze derniers mois, sur 55
requêtes de taux, seulement huit ont eu un délai raisonnable d'un
mois de mise en vigueur, soit moins de quinze pour cent, alors que toutes les
autres requêtes ont eu des décisions rendues après un laps
de temps de trois à plus de neuf mois d'attente, contrairement aux
autres Commissions de transport au Canada et aux Etats-Unis. Ainsi, les
articles 32 et 33 de l'ordonnance générale sur le camionnage
répondaient convenablement aux besoins des camionneurs et des
expéditeurs. 5- A la recommandation no 6, nous sommes favorables
à la recherche et aux analyses socio-économiques, sauf que nous
craignons que le budget de la commission soit grevé davantage, à
moins qu'il y ait un réaménagement du budget actuel. A ce propos,
nous souhaiterions plutôt que le CTQ fasse appel plus souvent aux
services d'organismes professionnels tels que BTQ et les autres bureaux de
tarifs qui font affaires avec la commission. 6- A la recommandation no 9, nous
insistons pour que des normes soient établies, adoptées et
suivies par le CTQ pour juger et évaluer tous les taux soumis et que ces
normes soient connues du public en général, des camionneurs, des
expéditeurs en particulier. Sans entrer dans le détail, qu'il
nous soit permis de suggérer des normes générales qui
devraient accompagner toute requête de taux ou que la commission devrait
prendre en considération afin de maintenir une industrie saine et
d'empêcher un désastre, à savoir: 1. Etat financier
vérifié du dernier exercice écoulé et état
financier trimestriel pour l'année en cours. 2. Taux de rendement sur le
capital investi apparaissant au dernier bilan. 3. Coefficient d'exploitation,
rapport des dépenses et des revenus, dernier état annuel de
profits et pertes et dernier état trimestriel. J'aimerais faire une
parenthèse ici car les trois premiers points s'appliqueraient surtout
à l'occasion d'une demande d'augmentation générale des
taux. Je continue. 4. Formule de prix de revient pour les dépositions de
taux en charge entière, en indiquant le revenu et le coût par
tonne-mille ou par mille parcouru. 5. Les taux de classes ou FAK devraient
être uniformes à travers la province et basés sur la
distance parcourue, telles les clés de base du BTQ déjà
reconnues par la CTQ. 6. La commission devrait définir les termes
"intérêt public" et les "taux justes et raisonnables". 7.La
commission devrait exiger que les dépenses d'exploitation soient
groupées par secteur d'activité, tels les frais de route,
distincts des frais de cueillette, de livraison et de terminus,
séparés des frais d'entretien et de réparation des
véhicules, des frais de vente et de trafic, des frais d'assurance et de
réclamation; en somme, une classification uniforme des comptes semblable
à celle exigée par l'Interstate Commerce Commission à
Washington à laquelle plusieurs de nos membres sont déjà
assujettis.
De source officieuse, on dit qu'il existe certaines normes à
l'occasion de transfert ou d'émission de permis, telles celles
énumérées dans notre mémoire, pages 18 et 19. En ce
qui concerne les taux, nous sommes d'accord avec l'Association du camionnage du
Québec: La CTQ n'a pas les outils nécessaires pour fixer des taux
ou, si elle en possède un peu, tels les états financiers annuels,
ce n'est pas suffisant pour fixer adéquatement des taux de transport. 7-
A la recommandation no 42, nous insistons pour que la CTQ publie un bulletin
hedbomadaire contenant les requêtes qui lui sont présentées
au
cours de la semaine ainsi que les décisions qu'elle a rendues au
cours de la même période, en remplacement de la Gazette
officielle. Dans la réglementation actuelle, des délais sont
impartis à toutes les parties intéressées, sauf pour la
CTQ, nous sommes d'avis qu'une telle limitation dans le temps devrait
être imposée également à la commission, tout au
moins en ce qui a trait à la tarification. A cet égard, nous
recommandons que, dans tous les cas, toute requête de modification de
taux soit acceptée ou rejetée par la commission dans un
délai maximum de trente jours après la date de la
déposition, s'il n'y a pas d'opposition. La commission pourrait
cependant, à tout moment, autoriser, à titre provisoire, la mise
en application immédiate des tarifs proposés. Elle pourrait
ultérieurement mettre fin à cette application ou requête
par une décision de rejet, dans un délai maximum de 60 jours,
comme cela se pratique en France. Cela n'empêcherait pas le maintien des
articles 2.27 et 2.58.1 du règlement no 2 pour pourvoir aux situations
d'urgence, lesquelles ne devraient pas se limiter à la concurrence
ferroviaire, no 2.64. La BTQ en énumère six à l'article 4
du règlement 12 de ses règlements généraux. 8- A la
recommandation no 45, nous sommes d'avis que toute information manquante qui
pourrait influencer la nature même de la demande devrait être
considérée comme essentielle et, par le fait même, retarder
la publication jusqu'à la production de telle information. Dans les
règlements de pratique interne de la commission, on devrait
spécifier quels sont les éléments essentiels pour qu'une
requête soit publiée et quels sont les éléments
qu'il faut ajouter avant l'audition de la cause. 9- Enfin, qu'on fasse
observer, sous peine d'amende, les articles 23a et 55a de l'ordonnance
générale sur le camionnage. Aux Etats-Unis, les amendes pour
infraction sont très élevées. Notre exemple est
tiré du journal américain "Transport Topics".
(11 h 30) 1.Plusieurs compagnies de transport ont payé de fortes
amendes, de $1000 à $10 000, pour différentes infractions
à la limite de paiement de sept jours imposée par l'ICC. Au
Québec, on fait fi de l'article 23a de l'ordonnance
générale sur le camionnage. 2.Un camionneur a payé $1000
d'amende pour avoir omis d'envoyer des états trimestriels d'exploitation
exigés par l'ICC. 3.Une autre entreprise de camionnage a versé
$500 d'amende pour avoir négligé de remettre à temps les
recettes C.O.D. (payables sur livraison). 4. Des camionneurs ont payé de
$1000 à $8000 pour ne pas avoir produit les certificats médicaux
de leurs chauffeurs de camions, tel qu'exigé par l'ICC. 5. Une compagnie
de déménagement a payé une amende de $10 000 pour
différentes infractions, entre autres pour ne pas avoir livré un
ménage à la date convenue. 6. D'autres camionneurs ont dû
payer de $600 à $6000 d'amende pour ne pas avoir facturé des taux
légaux à leurs clients ou leur avoir accordé des rabais ou
autres avantages pécuniaires. 7. Enfin, quatre compagnies de chemin de
fer ont payé des amendes globales de $176 150 pour ne pas avoir
exécuté les directives de l'ICC. 10 - Que des amendes soient
imposées, autant aux expéditeurs, aux consignataires, aux
courtiers en transport qu'aux camionneurs qui seraient complices d'infractions
graves ou répétées ou, en cas de manquement à la
probité, jusqu'à la suspension des permis, s'il y a lieu.
11-Qu'un cautionnement de $100 000 soit imposé par la commission
à tout courtier de transport qui désire faire affaires au
Québec et qui fait appel aux camionneurs du Québec et que des
permis soient délivrés à ceux qui pratiquent ce commerce.
12-Qu'on élimine les contrats à taux convenus sur des routes
régulières, non pas les taux à contrat, pour éviter
toute concurrence indue entre fabricants d'un même produit et entre
camionneurs d'une même région et qu'on s'en tienne au taux
industriel que tout transporteur public, dans une situation identique, doit
appliquer.
A propos, nous nous expliquons mal le fait que la commission ait
accordé en avril dernier à certains camionneurs une augmentation
générale de 6% des taux de papier journal d'un fabricant
situé dans la région de Saguenay-Lac-Saint-Jean et que, trois
mois plus tard, la même commission accorde à un autre camionneur
une augmentation de 2% seulement sur les mêmes taux de papier journal du
même fabricant, pour un trafic identique, dans la même direction,
prétextant que, dans un cas, c'est du trafic de retour. Or, ladite
commission avait accordé, le 30 janvier de cette année, en faveur
de nos membres, une augmentation générale de 9%, sur les taux
d'espèce, et de 6% sur les taux de classe.
Nous nous étonnons, dans les circonstances, que certains gros
expéditeurs au Québec bénéficient de faveurs
particulières et ne paient pas leur juste part des coûts
additionnels encourus par tous les camionneurs. Pourquoi deux poids et deux
mesures? Pourquoi créer de la discrimination entre expéditeurs et
la guerre des prix entre camionneurs?
Les décisions ci-dessus mentionnées, rendues par la
commission, pour un même produit, à trois mois d'intervalle,
illustrent un manque d'expertise de la commission et créent un
précédent dangereux, à savoir qu'il existe maintenant pour
le même expéditeur deux contrats à taux convenus de niveaux
et de taux différents, pour un trafic identique, dans une même
direction.
Nous croyons que la deuxième requête aurait dû
être rejetée par la commission, d'autant plus que la demande de
taux avait d'abord été rejetée par les deux comités
de taux du BTQ lesquels avaient jugé la demande discriminatoire et
injuste envers les autres camionneurs de la même région et entre
expéditeurs concurrents, sans pour autant nuire à l'essor de
l'industrie du papier journal au Québec laquelle affiche d'excellents
profits selon
les rapports financiers dans les journaux, dernièrement. 13- Que
le ministère des Transports incite les détenteurs de permis
à joindre les bureaux des tarifs en leur accordant un rabais
appréciable sur les droits à payer à la commission comme
cela se pratique en France. D'ailleurs, la commission serait mise dans de beaux
draps si elle devait fixer actuellement les taux individuels de 24 620
détenteurs de permis, selon le dernier rapport annuel de la CTQ. De
plus, les bureaux de tarifs évitent à la commission un grand
nombre de litiges puisque toute proposition d'un membre du BTQ est sujette
à la controverse de la part de camionneurs concurrents.
Enfin, à l'occasion d'une requête d'augmentation
générale des taux, certains camionneurs doivent se contenter
parfois d'un pourcentage inférieur à ce qu'ils souhaiteraient
surtout dans le cas de camionneurs moins efficaces ou qui affichent des pertes
d'exploitation. 14- Que les augmentations générales de taux
fixés par la commission pour le transport général le
soient à la longueur de la province pour tous les taux
déposés à la commission et incluant les taux à
contrat afin que tous les expéditeurs paient leur quote-part de
l'augmentation des prix du carburant, de l'équipement et matériel
roulant, des salaires, gages, etc., afin d'éviter également des
guerres de prix et des taux illégaux. 15-De concert avec les autres
bureaux des tarifs qui vous ont soumis des mémoires, nous souhaiterions,
comme autrefois au temps de la régie, que nous ayons le droit de
déposer les requêtes de taux en faveur de nos membres selon
l'article 29 de l'ordonnance générale sur le camionnage sans
qu'il soit nécessaire de les déposer par l'entremise d'un
procureur. 16-Enfin, nous sommes d'accord avec la Canadian Transport Tariff
Bureau Association de l'Ontario concernant les cautionnements et droits
payables à la Commission des transports du Québec, à
savoir qu'il est ennuyeux et coûteux d'émettre des chèques
de $50 à la date d'une requête et de $75 ultérieurement
à la date d'une décision rendue, puis d'attendre six mois et
même davantage avant de se faire rembourser le premier
déboursé de $50.
Ceci termine notre présentation d'aujourd'hui et nous remercions
M. le ministre des Transports et les membres de la commission parlementaire
pour l'attention et le temps que vous avez bien voulu consacrer à nos
affaires, en particulier, aux questions tarifaires dans le transport routier de
marchandises. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. McCarthy. Je passe
la parole au ministre qui a certaines questions à vous poser.
M. Lessard: Quelques questions. J'aimerais que vous expliquiez le
rôle du Bureau des tarifs du Québec devant la Commission des
transports. Par exemple, vous regroupez un certain nombre de transporteurs.
Lorsque vous représentez ces trans- porteurs devant la Commission des
transports du Québec, quelle procédure utilisez-vous pour
évaluer vos demandes d'augmentation de tarifs devant la Commission des
transports du Québec?
M. Pouliot (Roland): M. le ministre, concernant les augmentations
générales de taux, la requête a été
déposée, accompagnée d'une preuve de
nécessité, et à ce moment, comme comptable
agréé, je reçois à titre confidentiel les copies de
rapports annuels de nos compagnies membres du Bureau des tarifs. Je les analyse
et je mentionne dans cette preuve de nécessité la
rentabilité de ces entreprises au cours de l'exercice
écoulé.
Il y a plusieurs facteurs, évidemment, qui entrent en ligne de
compte. D'abord, le coefficient d'exploitation, c'est-à-dire le rapport
des dépenses par rapport aux revenus, indique depuis trois ans que le
coefficient d'exploitation se maintient autour de 97%, ce qui fait que vous
avez une marge bénéficiaire de 3% à l'impôt sur le
revenu. C'est très mince en soi.
Cela prouve une fois de plus que les augmentations de taux les
années passées, affectées il va de soi par
des centaines de réductions de taux au cours des années pour
tenir compte du marché, font que le coefficient d'exploitation est
très raisonnable, lorsqu'on considère que l'ICC à
Washington considère du moins, considérait dans le
passé comme coefficient d'exploitation, un pourcentage de 93%,
laissant une marge bénéficiaire de 7% avant l'impôt sur le
revenu. Après l'impôt sur le revenu, vous avez probablement un
profit net sur les ventes d'environ 1,5% à 2%, alors qu'on sait que dans
les entreprises manufacturières, tous les résultats financiers
publiés dans les journaux indiquent un profit net, par rapport aux
ventes en général, de 4,5% à 5,5% en moyenne. Donc, dans
le transport public, la marge est très mince.
Deuxièmement, il y a aussi la rentabilité sur le capital
investi. L'ICC, l'automne dernier, a décidé que 14%, en moyenne,
pour un groupe de camionneurs, c'était une norme raisonnable et qu'on ne
vienne devant l'ICC pour une augmentation générale de taux si la
moyenne de 14% excède ce pourcentage. En d'autres termes, si la moyenne
indiquait 15% ou 16%, l'ICC verrait à modifier la requête
déposée par un bureau de tarifs pour s'en tenir à la norme
de 14% qui a été décrétée l'automne
dernier.
Or, voici que nous, les membres qui font partie du Bureau des tarifs, en
1977, on avait atteint justement ce niveau de 14%. Cela prouve une fois de plus
que les demandes d'augmentation générale de taux dans le
passé, pour nous, étaient justes et raisonnables et la commission
les a acceptées telles que soumises, sauf dans un cas ou deux.
Alors, ce sont là les deux critères principaux au point de
vue rentabilité et je pense, à part ça, que vous avez
reçu également les résultats les plus récents,
parce que nous publions au bureau des résultats trimestriels, par
sondage, de compagnies qui veulent collaborer avec nous volontairement. Ce sont
des formules que j'ai, qui ont été conçues,
basées sur des formules américaines, c'est-à-dire
en déterminant spécifiquement les frais de route, de terminus,
d'assurances et réclamations, etc.
Voici que nous avons, à tous les trois mois, le pouls des
résultats d'exploitation desdites compagnies et la commission en est
informée également. Je ne sais pas si ça répond
à votre question?
M. Lessard: Très amplement. Vous me dites que vous recevez
de façon confidentielle des rapports annuels des entreprises qui sont
membres du Bureau des tarifs du Québec. Vous vous basez sur ces rapports
annuels pour faire vos demandes devant la Commission des transports du
Québec.
M. Pouliot: Pour les demandes générales de
taux.
M. Lessard: Pourtant, dans votre mémoire, vous affirmez
que la Commission des transports du Québec n'est pas
équipée réellement, au point de vue compétence
économique, pour fixer les tarifs et devrait faire appel aux services
professionnels de plus en plus. Vous affirmez que tout transporteur doit faire
parvenir son rapport annuel, ses rapports annuels à la Commission des
transports du Québec.
Votre mémoire dit, cependant, que ce n'est pas suffisant pour
être capable de fixer les tarifs généraux. Or, je voudrais
avoir un peu des explications. Vous me dites que, par ailleurs, vous recevez de
façon confidentielle les rapports annuels des entreprises. Normalement,
ça devrait être les mêmes rapports annuels que la Commission
des transports du Québec reçoit.
M. Pouliot: M. le ministre, je pense qu'il faut faire une
distinction.
M. Lessard: Je prends la déclaration de votre
mémoire. Vous dites: Pour la Commission des transports du Québec,
ce n'est pas suffisant pour lui permettre de fixer les tarifs. Par ailleurs, je
vous ai posé la question, je vous ai demandé comment vous fixiez
les tarifs et vous m'avez dit que vous receviez de façon confidentielle
des rapports annuels. Si vous me dites: Ce n'est pas suffisant pour la
Commission des transports du Québec, comment se fait-il que ce soit
suffisant pour le Bureau des tarifs du Québec?
M. Pouliot: M. le ministre, permettez-moi de préciser. Il
y a deux sortes de requêtes, en somme. Une fois par année, vous
avez une augmentation générale de taux, basée sur des
états financiers annuels. Mais à l'année durant, nous
déposons à la commission des taux individuels, des requêtes
de taux pour différentes pesanteurs, pour différents mouvements
et, à ce moment, à l'intérieur du Bureau des tarifs, mon
collègue Roger Lacoste qui est vice-président du bureau et
président du comité d'étude des taux, évalue la
rentabilité de ces taux en disséquant les prix de revient de
certains mouvements et à ce moment, ce n'est pas basé
exclusivement sur les états financiers annuels; c'est pour un mouvement
donné. (11 h 45)
Je pense que mon collègue, Roger Lacoste, pourrait vous donner
plus de précisions sur les requêtes à longueur
d'année qui sont déposées à la commission et qui
sont conçues en fonction de coûts de revient et non pas
basées sur la rentabilité annuelle quand il s'agit
d'augmentations générales de taux. Saisissez-vous la nuance entre
une fois par année...
M. Lessard: Je comprends, mais le coût de revient à
la fin de l'année, il reste que cela va se reproduire dans le rapport
annuel. Si dans le rapport annuel, il ne fait pas d'argent...
M. Pouliot: Dans les rapports annuels, malheureusement, vous le
savez, les ministères provinciaux à travers le pays se sont
penchés je ne sais pas quand la décision...
M. Lessard: Parce que j'ai l'impression qu'il y a trois rapports
annuels, un pour l'impôt, un pour le bureau des tarifs et un pour la
Commission des transports du Québec.
M. Pouliot: Non, non. Tout ce que nous avons au bureau, ce sont
les rapports annuels vérifiés qui sont déposés
à la Commission des transports. Mais je vous dis ceci: Les rapports
annuels servent principalement pour des augmentations générales
de taux qui ont lieu une fois par année. Toute l'année durant, ce
sont en général à 95% des réductions de taux,
lesquelles sont basées plus souvent qu'autrement sur des prix de
revient. Je pense que j'aimerais mieux que mon collègue, Roger Lacoste,
vous donne plus de précisions sur cette procédure.
M. Lacoste (Roger): Dans le courant d'une année, par
exemple l'an dernier, nous avons étudié au-delà de 1600
demandes d'ajustements de taux. Je n'appellerai peut-être pas cela des
réductions de taux, mais des ajustements de taux selon le marché
ou selon la rentabilité ou le niveau compensatoire des taux et selon
aussi la compétition des différents modes de transport, des
camionneurs routiers, d'une part; des compagnies de location ou de camionnage
privé, d'autre part. Toutes ces demandes sont faites par le truchement
du comité d'étude des taux du bureau des tarifs par les
comités d'étude régionaux que nous tenons dans les
différentes localités de la province de Québec et aussi
dans le comité général des taux où les cas
litigieux sont discutés et sont votés, approuvés ou
désapprouvés et par la suite déposés à la
Commission des transports.
M. Lessard: Mais êtes-vous assurés que les
données sur lesquelles vous vous basez sont des données
sûres?
M. Lacoste (Roger): Si elles sont des données sûres?
Nous étudions avec les transporteurs de
plusieurs régions les coûts d'exploitation selon leurs
états de profits et pertes. Avec ces normes de coûts
d'exploitation ou de coûts de revient, par exemple, les coûts de
route, les frais de terminus, les coûts de cueillette et de livraison,
par la suite, nous pouvons d'une façon brève établir des
normes sur lesquelles nous pouvons nous baser pour établir un taux de
commodité d'un produit d'un point à l'autre assez facilement, ce
que la commission n'a peut-être pas l'avantage de faire. Elle n'a pas
l'avantage aussi de faire des assemblées avec les transporteurs pour
étudier ces différentes propositions de taux.
M. Lessard: Vous est-il arrivé assez souvent de vous
présenter devant la Commission des transports du Québec et de
vous voir refuser des augmentations de tarifs, des demandes d'augmentations de
tarifs?
M. Lacoste (Roger): Le cas d'augmentation générale
de taux, cela s'est produit dans certains cas. Ce n'est pas refusé
complètement, mais des pourcentages ont été
réduits, par exemple, au 30 janvier 1979, nous avons eu une
décision de la commission nous accordant 9% sur les taux de
commodité, ce que nous avions demandé d'ailleurs. Par contre, sur
les taux de classe LTL, sur les petits mouvements de marchandise, on nous a
accordé 6%, alors que nous demandions 11%.
M. Lessard: Vous parliez tout à l'heure de demandes
d'ajustement de taux. Vous ne dites pas d'augmentation ou de réduction,
mais des demandes d'ajustement. Vous est-il arrivé de présenter
des demandes d'ajustement à la baisse?
M. Lacoste (Roger): A la baisse, oui, surtout à la baisse.
Nous demandons quelquefois des ajustements à la hausse. Si on juge que
certains taux dans certains domaines pour certains produits ne sont pas
rentables ou compensatoires, on va demander une certaine augmentation de taux
individuelle pour un tel volume, mais la plupart du temps, durant le courant de
l'année, nos dépositions de taux, nos requêtes de fixation
à la commission sont des ajustements à la baisse sur les taux qui
pourraient exister dans les tarifs ou les taux qui n'existent pas. C'est un
nouveau taux qui est demandé pour un produit qui est
expédié.
M. Lessard: Je ne comprends pas, M. Lacoste. Vous me dites que,
en général, vos demandes d'ajustement de taux sont à la
baisse plutôt qu'à la hausse?
M. Lacoste (Roger): Oui. M. Lessard: A la baisse.
M. Lacoste (Roger): Toutes les dépositions de taux dont on
parlait tout à l'heure, les quelque 1600 dépositions de taux que
nous avons faites, en 1978, à la Commission des transports, sont des
ajustements surtout à la baisse car ce sont des taux d'espèce, de
commodité pour un produit spécifique d'un point à un
autre.
M. Lessard: A la baisse par rapport à quoi?
M. Lacoste (Roger): A la baisse, peut-être, par rapport
à des taux de classe qui sont des taux maximums, si on veut.
M. Lessard: Fixés par?
M. Lacoste (Roger): Fixés par la commission.
M. Lessard: Vous faites des demandes à la baisse par
rapport aux taux fixés par la commission?
M. Lacoste (Roger): Exactement.
M. Lessard: Parce que la commission fixe des maximums.
M. Lacoste (Roger): C'est-à-dire qu'il faut faire la
distinction, dans le transport, entre les taux de classe, qui sont quand
même des taux maximums, et aussi des taux d'espèce ou de
commodité, qui sont des taux spécifiques attribuables à
des produits donnés d'un point A à un point B. Voici que les
différentes propositions qui sont faites à la Commission des
transports ou les requalifications sont surtout en rapport avec les taux de
commodité, en rapport avec des mouvements de marchandises
spécifiques et non pas à des taux de classe qui peuvent exister.
De tous les points à tous les points, nous avons des taux de classe;
pour le cas où il y a une expédition d'un point à un
autre, nous avons un taux. Par contre, s'il y a plus de volume ou si c'est un
volume qui est continu à l'année longue, nous établissons
un taux de commodité ou d'espèce, que nous appelons, selon les
coûts de revient et les coûts d'exploitation.
M. Lessard: Autrement dit, il y a des taux moyens en tenant
compte de l'ensemble de la circulation des biens, mais dans certaines
régions du Québec, par exemple, comme Montréal et
Québec, là où la circulation des biens est plus forte, il
peut arriver qu'une entreprise soit rentable en ayant des taux
inférieurs aux taux moyens déterminés.
M. Lacoste (Roger): Absolument. Les taux sont établis
selon le marché, selon le volume, selon la concurrence, selon tous ces
facteurs.
M. Lessard: M. McCarthy affirmait dans son mémoire que les
bureaux des tarifs sont à la fois des protecteurs des
expéditeurs, des transporteurs et aussi du public, et fonctionnent dans
l'intérêt du public. Pourriez-vous, M. McCarthy peut-être,
ou un autre, m'expliquer comment l'intérêt du public est
sauvegardé par l'intermédiaire des bureaux des tarifs?
M. Pouliot: M. le ministre, une proposition de taux est
reçue par notre comité d'étude des taux. A ce niveau, nos
spécialistes en étudient la rentabilité et ils comparent
ces taux avec des taux existants ou des taux des chemins de fer concurrents,
etc. Il arrive aussi que des expéditeurs demandent des taux et veulent
se faire entendre auprès de nos spécialistes, dont M. Roger
Lacoste qui est président du comité d'étude des taux. Si
un taux a été contesté par des camionneurs, par des
expéditeurs, voici que ce taux est de nouveau étudié
à notre comité général des taux, que je
préside une fois par mois, où tous des camionneurs,
spécialistes en transport discutent entre eux des avantages et des
inconvénients des nouveaux taux.
Evidemment, ils ont, tous et chacun d'eux, une clientèle à
conserver. Donc, il ne s'agit pas d'adopter un taux qui soit excessif.
Subséquemment, voici qu'un camionneur a proposé un taux, il a
été rejeté au premier niveau, c'est-à-dire notre
comité d'étude des taux constitué de spécialistes
du bureau; deuxièmement, il a été rejeté au
comité général des taux composé des camionneurs
membres du bureau qui ont bien voulu assister à cette assemblée
et, par vote secret, ont accepté ou rejeté tel taux et,
finalement, si un camionneur juge que le taux qu'il a demandé et qui a
été rejeté, s'il veut avoir ce taux dans le sens qu'il a
promis à son client que, possiblement, il pourrait obtenir tel taux, nos
règlements prévoient l'action indépendante.
L'action indépendante, par définition, c'est le droit qu'a
tout membre du bureau des tarifs de faire en sorte que son taux qui a
été rejeté à nos comités de taux soit quand
même soumis à la Commission des transports qui, elle, va juger ce
litige. Finalement, là aussi, à la Commission des transports, le
public en général peut protéger ses intérêts,
peut faire valoir ses droits, et la commission, par ses connaissances, par les
interventions de tous et chacun, va juger si un taux est juste et
raisonnable.
M. Lessard: Vous êtes un groupe qui représente les
transporteurs, d'abord. Lorsque vous vous présentez devant la Commission
des transports du Québec, vous représentez l'ensemble des
transporteurs qui sont membres de votre association et vous êtes l'unique
interlocuteur pour l'ensemble de ces transporteurs.
M. Pouliot: C'est exact, mais ce n'est pas différent de
l'association du trafic industriel, enfin, des gérants de trafic des
compagnies qui ont formé une association et qui vont soumettre des
mémoires à la Commission des transports dans
l'intérêt des expéditeurs. Ce n'est pas différent de
ce qu'on a entendu hier après-midi de l'Association des manufacturiers
de bois de sciage qui veut aussi se faire entendre. En somme, chacun
protège ses intérêts.
M. Lessard: Je ne porte pas de jugement.
M. Pouliot: Non.
M. Lessard: Je veux avoir des explications sur le bureau des
tarifs.
M. Pouliot: Non, je dis tout simplement: Que le Bureau des tarifs
s'intéresse principalement à ses membres, c'est normal, ils
paient des cotisations et ils nous font vivre.
M. Lessard: Mais je reviens à ma dernière question.
Vous affirmez, en conclusion de votre mémoire, et j'ai
déjà eu l'occasion de discuter de ce problème-là
avec vous, avec l'association, vous affirmez que la Commission des transports
ou que le gouvernement du Québec devrait obliger les transporteurs
à être membres d'un bureau des tarifs quelconque. Je trouve que ce
serait dépasser nos pouvoirs, dépasser des objectifs
gouvernementaux. C'est-à-dire que je me dis une chose, même si
ça se fait en France... Vous savez, la France n'est pas le pays le moins
bureaucratique qu'on connaisse. Je me dis que, si vous donnez de bons services
à vos membres... On ne force personne à devenir membre d'un
syndicat; c'est le syndicat qui va offrir à ses membres ses services, la
qualité de ses services. C'est à vous, justement, à
prouver aux transporteurs, comme l'autre bureau qui est conseiller en tarifs,
à prouver que les services que vous rendez sont efficaces. Je ne vois
pas en quoi le gouvernement du Québec... Jusqu'ici, je me suis
opposé et je ne suis pas encore convaincu...
M. Pouliot: M. le ministre, je peux vous dire que notre
pensée n'est pas tellement différente de celle de l'Association
du camionnage du Québec qui a réclamé depuis nombre
d'années la formule Rand, que tout le monde fasse partie de la
même association, parce qu'il arrive ceci, M. le ministre. On se donne du
mal, on a du personnel, on dépense de l'argent pour analyser et faire la
recherche et voici que quelqu'un qui n'est pas membre du Bureau des tarifs ou
d'un autre bureau des tarifs quelconque s'abandonne à nos tarifs. Il
dit: Si c'est bon pour le Bureau des tarifs, c'est bon pour moi, ou, s'il veut
enlever le trafic à d'autres, il va soumettre à la commission des
requêtes de taux avec un cent ou deux cents de moins la livre, pour
enlever le trafic à des concurrents. A ce moment-là, je trouve
que ça manque un peu d'étiquette, parce que certains camionneurs
font les frais de cette recherche, de toute cette étude et voici que
d'autres... D'ailleurs, comme cela existe dans le Montréal
métropolitain. Parlez-en à l'Association du camionnage. Vous avez
des détenteurs de permis qui ne font pas partie de l'Association du
camionnage. L'Association du camionnage fait des frais pour analyser des taux
du Montréal métropolitain, fait des frais auprès de la
Commission des transports et voici que la commission, par décret,
détermine que les taux sont uniformes dans le Montréal
métropolitain. Le détenteur de permis qui ne fait pas partie
de l'association, qui ne débourse pas d'argent se moque de ceux
qui en font partie parce qu'il dit: Cela ne me coûte rien et je vais
avoir les mêmes bénéfices que vous. Je trouve que ce n'est
pas honnête, M. le ministre.
M. Lessard: Est-ce que vous seriez d'accord pour avoir un bureau
des tarifs unique?
M. Pouliot: C'est une opinion personnelle, je dis: oui.
M. Lessard: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je pense que le Bureau des
tarifs, comme les maisons spécialisées en préparation de
taux à présenter devant la Commission des transports... A vous
écouter tantôt, vous préparez des taux en modification,
à la hausse ou à la baisse. Est-ce qu'un exemple bête
serait celui-ci? Advenant que, demain matin, les pétroles doublent, ici
dans le Québec, est-ce qu'il vous appartiendrait, à ce
moment-là, de vous présenter immédiatement pour vos
clients devant la Commission des transports pour demander des augmentations, ou
si c'est la commission qui, devant une telle urgence, aurait à modifier
immédiatement les taux? (12 heures)
M. Lacoste (Roger): On l'a déjà fait d'ailleurs. On
a déjà déposé à la Commission des transports
une demande d'ajustement du niveau des taux concernant l'augmentation du
carburant, qui doit prendre effet le 1er septembre. Je pense que, dans
l'intérêt de ses membres, le bureau des tarifs doit aller de
l'avant et prévoir les augmentations de coûts d'exploitation, donc
prévoir des augmentations de taux pour suffire aux augmentations de
coûts.
M. Mailloux: Ce sur quoi je voudrais principalement être
éclairé, c'est sur le phénomène suivant:
tantôt, je pense que le rapport CEGIR en parle également, on a
fait référence à l'Ontario, où il n'y avait pas
nécessité d'avoir un procureur pour se présenter devant la
commission pour le dépôt d'un taux. Est-ce que, chaque fois que
vous faites une demande de modification pour un client donné, vous devez
avoir la présence d'un procureur pour faire un tel dépôt ou
si c'est...
M. Lacoste (Roger): Présentement, nous déposons nos
taux à la commission, ce sont des requêtes de fixation de taux et
c'est un procureur qui le fait pour nous présentement, je pense, selon
la loi.
M. Mailloux: C'est ce que M. McCarthy a dit tout à
l'heure; vous avez absolument besoin, mais vous réclamez qu'il n'y ait
pas besoin d'un procureur pour agir ainsi.
M. Lacoste (Roger): Que l'on revienne au dépôt des
taux de la même façon que sous l'ancienne Régie des
transports, que l'on dépose des taux et que l'on n'ait pas besoin de
procureur pour le faire. Par la suite, si on doit se présenter devant la
commission en audiences publiques, en table ronde ou autrement, à ce
moment-là, on pourrait avoir un procureur.
M. Mailloux: Est-ce que jai bien compris qu'en Ontario, c'est
ainsi qu'on agit, que le procureur est demandé par le client simplement
s'il y a un besoin?
M. Lacoste (Roger): Oui. En Ontario, les taux ne sont pas
contrôlés, ils sont seulement déposés.
M. Mailloux: J'imagine que les avocats qui ont déjà
perdu avec la Loi des petites créances et l'aide juridique ne seraient
pas d'accord avec une telle recommandation?
M. Lacoste (Roger): Les avocats sont toujours là pour
plaider dans le cas des transferts de permis, des demandes de permis, des
audiences publiques, etc. On demande seulement que, dans le cas de
dépôt de taux qui ne serait pas une requête de fixation,
mais un dépôt de taux, on n'ait pas besoin d'un procureur pour le
faire. C'est tout ce qu'on demande.
M. Mailloux: Je ne voudrais pas revenir sur l'ensemble de votre
mémoire, qui est très technique, mais j'aimerais bien être
éclairé par quelques consultants de notre formation politique.
Vous faites quand même quelques recommandations sur des articles
précis du rapport CEGIR. Contrairement à ce que j'avançais
tantôt, à 1. et 2., après avoir dit qu'il appartient au
ministère de définir ses politiques en matière de
transport, vous êtes en accord avec CEGIR qu'il appartient à la
Commission des transports de faire la réglementation.
M. Hogue: M. le député, la façon dont on
pourrait vous répondre est la suivante. Nous estimons que, dans le
domaine du transport, il appartient au ministère de déterminer
les règles du jeu, ses politiques de transport et ce qu'est le
transport. Par contre, nous croyons qu'une fois que ces politiques sont
déterminées et qu'on a décidé quelles seraient les
règles du jeu, il serait de beaucoup préférable que la
Commission des transports du Québec, qui aura à appliquer la
cuisine de tous les jours de ces politiques, soit celle qui délimite les
règles de pratique à l'intérieur desquelles la politique
déterminée par le ministère serait appliquée,
c'est-à-dire que les règles de pratique, d'application de la
politique établie par le ministère devraient être faites
par la commission qui serait appelée à les appliquer.
M. Mailloux: A la recommandation 13 du rapport CEGIR, on dit: "La
commission doit se doter du personnel compétent pour réaliser
des
études de nature technique, socio-économique," etc. Vous
êtes d'accord, sous réserve de votre recommandation 9. Un peu plus
loin, quand arrivera la question des services d'inspection, à la
recommandation 15, contrairement à CEGIR, qui dit que "le service
d'inspection continue à être effectué par le contrôle
routier du ministère", vous dites qu'un organisme de contrôle
devrait être établi. Je voudrais que vous m'éclairiez
à savoir de quelle façon, après tous les blâmes
qu'on fait à la Commission des transports, de son gigantisme, avec 330
employés, et j'accepte qu'il y a beaucoup plus de permis à
surveiller dans le Québec qu'en Ontario, le ministre des Finances
accepterait qu'on ajoute du personnel pour les enquêtes
socio-économiques et qu'on forme un corps de police spécial pour
la surveillance. Je voudrais savoir comment M. Parizeau va accepter
ça?
M. Hogue: Cela peut sensiblement être le même
personnel qui est regroupé. Ce que nous préconisons, ce que nous
croyons qui serait valable et que nous avons mentionné dans notre
mémoire, c'est que la Commission des transports, exerçant un
rôle de tribunal administratif, serait appelée à être
l'organisme qui pourrait sanctionner, qui pourrait imposer des amendes aux
camionneurs, à tout individu ou à toute société qui
ferait du transport illégal ou qui serait pris à exploiter
illégalement son système de transport.
Par contre, nous croyons que la commission devrait agir selon les
recommandations de l'organisme de contrôle. C'est uniquement, somme
toute, une question de regroupement des effectifs, à l'intérieur
du personnel qui existe déjà. Il y a un groupement qui est
là pour voir à ce que les taux et tarifs soient appliqués
comme ils doivent l'être, à ce que le transport se fasse
légalement, et cette subdivision ou ce corps parallèle à
l'intérieur fait des recommandations à la Commission des
transports qui, elle, intente les poursuites et impose les sanctions, pour ne
pas avoir à passer, comme ça se passe actuellement, devant la
Cour des sessions de la paix où je vous le soumets parce qu'il
m'est arrivé de représenter des camionneurs qui avaient
été inculpés, qui n'étaient pas coupables
nécessairement, mais qui avaient été inculpés
surtout à cause de l'encombrement de la Cour des sessions de la
paix, une infraction peut prendre de deux à trois ans à
cause des remises à être entendue.
Alors, si un organisme parallèle, qui peut être une
subdivision de la commission ou qui travaille parallèlement à la
commission, fait ses recommandations directement au secteur administratif du
tribunal administratif qui pourra convoquer et imposer des sanctions...
M. Mailloux: Vous parlez d'un tribunal qui pourrait imposer des
sanctions, on parle de la Cour des sessions de la paix qui siège partout
en province, dont les rôles sont chargés et qui s'occupe des
questions criminelles avant les autres, je pense. Cela va très loin.
L'actuel tribunal des transports ne siège qu'à
Québec actuellement. Si on l'envoie se promener partout en
province pour une telle surveillance, il faut créer une autre cour avec
tout l'effectif nécessaire.
M. Hogue: La commission siège actuellement et à
Montréal et à Québec; je pense que la commission n'aurait
pas à se déplacer pour juger quelqu'un qui serait
présumé faire du transport illégal. Je pense que c'est
à celui qui est inculpé d'avoir à se déplacer pour
venir se défendre. C'est tellement vrai qu'il nous est arrivé de
représenter une compagnie de transport, qui a son siège social
dans la région de Montréal et qui était inculpée
d'avoir fait du transport illégal dans la région de Québec
ou même dans la région de Chicoutimi. Les représentants ont
dû se déplacer pour aller se défendre là-bas. Alors,
je ne vois pas pourquoi ils ne pourraient pas se déplacer pour se
défendre, lorsque la commission siège à Montréal ou
à Québec.
M. Mailloux: Si on va dans le sens que la Commission des
transports soit habilitée à juger, forcément, ça
suppose qu'il faut qu'il reste des juges à la commission,
premièrement.
M. Hogue: Oui, au moins une personne de formation juridique,
c'est-à-dire soit le président ou le vice-président aurait
une formation juridique pour être en mesure de siéger et d'imposer
précisément ces pénalités.
M. Mailloux: Comment un tel tribunal de surveillance, qui
appartiendrait à la Commission des transports, en gardant des juges qui
siègent dans tout le Québec, pourrait-il éviter
l'illégalité, alors que, forcément, toutes les cours de
justice supérieures... On pourrait aller en appel également.
M. Hogue: Oui.
M. Mailloux: Mais on resterait avec les mêmes délais
subis actuellement, devant des infractions pour lesquelles n'importe quel sujet
qui est attaqué a le droit de se défendre.
M. Hogue: C'est-à-dire que l'infraction primordiale
pourrait être entendue quand même assez rapidement. Je pense que,
devant une preuve assez évidente de culpabilité, je vois
difficilement comment certains camionneurs se pourvoiraient en appel. C'est
tellement vrai que, depuis la période où le tribunal des
transports a été déclaré inconstitutionnel, il
existe quand même une modalité qui permet, par voie de bref
d'évocation, d'en appeler à la Cour supérieure sur
certains points de droit, lorsqu'on est à l'intérieur des modes
d'application des brefs d'évocation. C'est très peu
utilisé. Pourquoi? Parce que ce n'est pas dans le cadre défini du
domaine du transport, alors que les appels sur des questions de droit
auparavant devant le Tribunal des transports étaient beaucoup plus
nombreux.
M. Mailloux: Je voudrais croire qu'un tel tribunal pourrait
éliminer certains délais qu'on constate actuellement, mais comme,
dans le passé, on a vu des transporteurs aller chercher pour quelque $60
000 d'infractions à la Loi des pesanteurs et continuer à
transporter indéfiniment avec tous les appels que cela supposait, je
reste convaincu que tant qu'il y aura des hommes, il va y avoir des
phénomènes semblables qui vont se produire.
M. Hogue: II y a plusieurs de ces infractions, si vous permettez,
qui sont payées sans même qu'on se présente devant le
tribunal.
M. Mailloux: Vous venez de dire tantôt que quand la preuve
est formelle, il est impensable que la personne y aille. Quand nos inspecteurs
constataient qu'il y avait une infraction de 40 000 ou 50 000 livres à
la pesanteur, l'infraction était bien constatée et cela n'a pas
empêché les gens de prendre tous les recours qui leur
étaient accordés.
M. Hogue: II y a des questions pour gagner du temps
peut-être aussi.
M. Mailloux: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Précisément sur le dernier sujet.
J'ai deux sujets sur lesquels je veux intervenir. Sur le dernier sujet, je
prétends que l'amendement à l'article 35 faciliterait, en tout
cas créerait peut-être une nouvelle mentalité. Je suis
d'accord avec vous que cela éviterait un certain nombre d'appels devant
des preuves formelles. Cela pourrait accélérer, parce que imposer
une sanction dans le cadre actuel, après avoir attendu deux ans pour
être sur le rôle de la Cour provinciale, je vous garantis que
l'effet n'est pas le même que d'imposer une sanction dans
l'immédiat Je crois personnellement que cela favoriserait la
création d'une nouvelle mentalité. Je suis en accord avec un
amendement dans les meilleurs délais à l'article 35.
L'autre sujet sur lequel je voudrais argumenter, c'est à partir
des propos de M. Hogue et j'ai l'impression que M. Hogue, je ne sais
pas, M. Pouliot il y a eu des opinions personnelles et des opinions de
groupes d'émises concernant la formule Rand et concernant le monopole de
représentation au nivau de la clarification, si je vous ai bien compris,
puisque vous avez répondu, dans un premier temps, au ministre Lessard
que vous souhaitiez personnellement un seul bureau de tarification.
Vous disiez, dans un deuxième temps c'est peut-être
la partie intéressante, je veux vous mettre en contradition, je vous
préviens tout de suite que, devant la commission, vous
représentiez les gens puisque c'étaient eux qui vous faisaient
vivre. Il y a un M. Pelletier qui vous a précédé et qui
lui aussi représente des gens qui le font vivre. Comment pouvez-vous
concilier le principe de la représentation unique alors que des gens
vivent isolé- ment, tout comme dans le monde syndical, dans le
pluralisme de représentation?
M. Pouliot: Dans le transport public, M. le député,
il y a une situation assez ambiguë qui se pratique lors d'augmentations
générales de taux. Voici que nous avions fait une demande
d'augmentation générale de taux l'automne dernier, en commission.
Cela nous a été accordé au mois de janvier dernier. La
Conférence des camionneurs québécois s'est aperçue
que nous avions fait une demande et en a fait une semblable, sinon identique.
Voici que la commission a ouvert un nouveau dossier, cela a suivi la
filière et la décision a été rendue un mois plus
tard. Dans l'intervalle de 30 jours, vous aviez des camionneurs du Bureau des
tarifs qui ne pouvaient pas appliquer l'augmentation générale de
taux parce que le concurrent d'en face n'avait pas obtenu son augmentation,
présumément parce qu'il était membre de la
conférence. Cela s'est produit une fois, cela se produit deux fois, cela
ne peut jamais arriver à la même date à moins que la
commission ne décide dans l'avenir que les bureaux de tarifs devront
faire des représentations et qu'à la même date tout le
monde subirait les mêmes augmentations.
C'est l'inconvénient qu'on a vécu cette année.
M. Chevrette: II y a une chose que je ne comprends quand
même pas. Si vous aviez une représentation unique ou un monopole
et si on partait de votre propre constitution, vous avez le droit à la
dissidence. Vous appelez cela...
M. Pouliot: Action indépendance.
M. Chevrette: Action indépendance. C'est le droit à
la dissidence, à toutes fins utiles. Dans le cadre d'un monopole,
même si vous gardiez l'action indépendante, ne croyez-vous pas
qu'il y aurait des pressions monstres vis-à-vis des libertés
individuelles?
M. Pouliot: M. le député, dans les entreprises
manufacturières et industrielles, un monopole est constitué de
grosses corporations qui s'entendent pour fixer des taux et personne d'autre ne
viendrait au-dessus de leur tête pour les déranger dans la
fixation d'un prix de papier journal à la tonne ou autrement, tandis
qu'un bureau des tarifs unique, ce ne serait pas un monopole dans le vrai sens
du mot, du fait que la commission si elle remplit bien son rôle, devra
juger si toutes les demandes que nous faisons au nom de tous les
détenteurs de permis sont justes et raisonnables dans
l'intérêt public. (12 h 15)
Tant et aussi longtemps qu'il y aura une saine réglementation, je
ne vois pas en quoi on peut s'énerver sur un monopole. On n'a pas le
dernier mot dans ces situations. La preuve, c'est que vous avez des
requêtes de taux qui ont été déposées dans le
passé et qui n'ont pas toutes été acceptées par la
commission.
Evidemment, la plupart de nos requêtes sont acceptées.
Pourquoi? Parce que, déjà, nous avons fait du déblayage
à la base. On a eu de la controverse dans nos assemblées de taux
et voici qu'on est arrivé avec des compromis qui étaient dans
l'intérêt de nos camionneurs et de l'intérêt public.
Finalement, la requête a été déposée à
la commission et la commission juge que ces taux sont justes et raisonnables
et, alors, elle les accepte. Mais on n'a pas toujours le dernier mot.
M. Chevrette: Mais vous ne croyez pas, si on faisait face
à un monopole, qu'il y aurait un danger pour le public comme tel? Quelle
protection le public aurait-il face à un monopole? Vous vous baseriez
pour me répondre, je suppose, sur votre droit à la dissidence?
Mais votre droit à la dissidence dans un monopole, pensez-vous que c'est
fort? Je me souviens de commissions d'enquête qui se sont
attaquées à des monopoles. On n'en voulait pas de monopole dans
la construction; on voulait le pluralisme. Est-ce qu'on va accorder un monopole
dans la tarification ou un monopole dans tel camionnage bien spécifique?
Je ne sais pas, mais, en écoutant votre argumentation, j'ai l'impression
que ça cache des dessous que vous n'exprimez pas. Pour être bien
franc, c'est ça que je comprends. J'aimerais que vous me disiez les
motifs fondamentaux, les avantages fondamentaux pour le public, d'abord, et
pour vos membres aussi. Pour vos membres, je pense que vous l'avez assez bien
exprimé, mais pour le public quels seraient les avantages d'un
monopole?
M. Pouliot: M. le député, à supposer que la
commission fermerait les yeux sur une requête de taux où les taux
seraient abusifs pour favoriser nos camionneurs indépendamment du
consommateur ou de l'expéditeur, les expéditeurs changeraient
vite de politique d'action dans le sens qu'ils achèteraient
peut-être des véhicules ou loueraient des véhicules pour
faire leur propre transport et, à ce moment, nos camionneurs publics
perdraient leur clientèle. Je ne pense pas que c'est
l'intérêt des camionneurs publics actuels de perdre leur
clientèle.
Maintenant, je comprends que le ministre Lessard n'est pas tout à
fait d'avis qu'en France, c'est une bonne affaire. Mais disons que, sans
obliger tous les détenteurs de permis à faire partie d'un bureau
des tarifs, on nous accorde des rabais, comme ça se fait en France, pour
inciter ceux-là à en faire partie, s'ils ne veulent pas en faire
partie, bien, ils paieront des droits plus élevés et ils
garderont leur autonomie, et ils transigeront directement avec la
commission.
Mais rappelez-vous une chose. Pour une saine réglementation, si
on croit à la réglementation, il faut viser, dans la mesure du
possible, à des taux uniformes et faire en sorte que les structures de
taux soient stables. Si tout le monde dépose n'importe quel taux pour
n'importe quelle pesanteur, n'importe quelle direction, n'importe quelle
client, on n'a pas besoin de réglementation, on n'a pas besoin de la
Commission des transports. C'est la jungle à ce moment, c'est la guerre
des prix. C'est ça qu'on veut?
M. Chevrette: Mais, quand vous faites votre consensus, vous
autres, et qu'il y a un dissident, c'est la guerre des prix chez vous?
M. Pouliot: Oui, mais ça se fait entre nous et on trouve
des compromis. En somme, on essaie d'étudier plus à fond la
question et notre camionneur qui fait cette requête et qui est dissident,
on ne lui enlève pas le droit de s'adresser à la commission,
puisqu'on transmet à la commission la requête, sous forme d'action
indépendante du dissident. Là, la commission jugera du litige en
dernier lieu. Le public est protégé, à mon sens. Il n'y a
pas lieu de s'énerver.
M. Chevrette: Mettez-vous dans la situation où on vous
dit: On accorde le monopole avec l'action indépendante, pour utiliser
votre expression, ou le droit à la dissidence.
M. Pouliot: Qui est exigé aux Etats-Unis.
M. Chevrette: Bon, on accorde ça. Vous ne croyez pas que
si l'individu seul se présente devant une commission, alors que vous
autres, à 99,99%, vous représentez les autres, il y a un poids de
preuve qui est assez différent? Vous ne croyez pas que c'est le
pluralisme de la représentation qui assure une certaine
sécurité pour le public? Autrement, je pense que vous forcez la
commission à se bâtir un appareil économique aussi fort que
le vôtre pour venir à bout de juger, face à un monopole. A
ce moment-là, je trouve que ce n'est plus de l'arbitrage que ferait la
commission. Vous la feriez déroger un peu de son rôle pour lequel
elle doit servir. Ne pensez-vous pas cela? Je veux comprendre. Ne vous
gênez pas pour me répondre.
M. Lacoste (Roger): Si je peux ajouter quelques commentaires
concernant votre crainte peut-être sur le monopole, il faut quand
même se rendre à l'évidence que le bureau des tarifs, avant
les conseillers en taux, existent à peu près depuis
au-delà de 25 ans et que depuis seulement deux ans, il y a un autre
bureau des tarifs au Québec. C'est le seul endroit, je pense, sur le
continent nord-américain, où il existe plus d'un bureau des
tarifs sur un même territoire relativement à
l'établissement des taux ou pour le dépôt des taux.
Concernant votre crainte, il y a quand même de la compétition
entre les transporteurs routiers eux-mêmes et les autres modes de
transport; deuxièmement, les augmentations générales de
taux sont discutées avec les usagers avant que nous déposions un
pourcentage d'augmentation à la Commission des transports. On rencontre
le CITL, le CMA, les expéditeurs. On leur soumet notre augmentation
générale des taux et notre preuve de nécessité et,
par la suite, on dépose à la Commission des transports.
Troisièmement, environ 98% à 99% des cas, ce sont des
ajustements
de taux, si on veut, pour ne pas appeler cela des réductions de
taux. Ce sont des ajustements de taux selon le marché et, finalement, il
y a le privilège d'une action indépendante qui peut être
prise par un transporteur s'il se sent lésé de quelque
façon que ce soit. Finalement, on a la commission qui a quand même
un droit de regard sur le taux.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Lessard: Seulement pour terminer là. Moi, le gros
problème, c'est que quand vous parlez du droit de dissidence, c'est
très théorique, cela. C'est très théorique. On sait
que vous regroupez à l'intérieur du bureau des tarifs du
Québec les grands transporteurs. Je me dis: Je suis à
l'intérieur, membre du bureau des tarifs du Québec. Je suis un
petit transporteur qui veut soumissionner et qui veut, par exemple, faire du
transport entre Matagarni et la baie James. Comme mes taux fixes ou mon taux
d'administration est peut-être inférieur à de grandes
entreprises qui sont membres de votre association ou d'autres associations, je
veux essayer de soumissionner à des prix peut-être
inférieurs aux prix fixés ou aux prix demandés par le
bureau des tarifs du Québec. J'ai drôlement l'impression, en tout
cas, que je suis mal placé pour le faire. La pression qui va se faire
par d'autres groupes, d'autres membres de l'association va faire en sorte que
je vais être obligé de me soumettre ou de me démettre ou il
va y avoir d'autres éléments qui vont intervenir dans le dossier.
La formule Rand existe dans le syndicalisme, mais pas de la même
façon que vous la demandez. Le pluralisme syndical existe et c'est
après, par exemple, du maraudage et après une période de
temps X qu'à l'intérieur d'une entreprise donnée la
formule Rand s'applique, ou encore dans la construction, la formule Rand
n'existe... C'est-à-dire que vous avez un pluralisme syndical. On n'a
jamais, comme le disait le député de Joliette-Montcalm,
accepté, par exemple, que le fait que les travailleurs de la
construction soient majoritaires à l'intérieur de la FTQ, seule
la FTQ puisse représenter les membres de la construction. Encore
là, si c'était accepté, cette affaire-là, je vous
avoue que le gars qui voudrait être dissident à l'intérieur
de son syndicat au niveau de la FTQ ou au niveau de la CSN, il n'aurait plus
d'autre formule de représentation. Il serait obligé d'être
à l'intérieur exclusif de cette association. Je vous avoue que
dans ces cas-là, la minorité se fait organiser le portrait.
M. Lacoste (Roger): Mais si on suit votre ordre d'idée, M.
le Président, il y aurait autant de nouveaux taux qu'il pourrait y avoir
de coûts d'exploitation différents à partir d'un
transporteur à un autre. Cela ferait une multiplicité de taux
d'espèces parce que...
M. Lessard: Non, non. Je suis d'accord qu'il y ait des bureaux de
tarifs. Je suis d'accord que les transporteurs se regroupent à
l'intérieur de bureaux des tarifs comme les consommateurs doivent se
regrouper, par exemple, parce que je ne me fie pas aux bureaux des tarifs pour
protéger les consommateurs. Vous me parlez d'une certaine concurrence.
D'accord. Elle existe. Vous avez raison. Il y a toujours la location. Il y a
toujours la possibilité d'achat et cela fait une certaine concurrence,
mais le jour où les bureaux des tarifs deviennent uniques, ce serait
dangereux parce que, quand il y a une demande, par exemple, de votre part,
devant la Commission des transports du Québec, comme le disait le
député de Joliette-Montcalm, la Commission des transports n'est
peut-être pas équipée aussi solidement au point de vue
économique que vous l'êtes actuellement, mais elle se fie à
d'autres groupes qui viennent témoigner devant la Commission des
transports comme, par exemple, le groupe de M. Pelletier tout à l'heure.
Là, vous pouvez avoir des études qui peuvent se compléter
ou qui peuvent aussi se contredire, de telle façon que la Commission des
transports peut trouver un juste milieu. Le jour où il y a
représentation unique, je me dis, si vous réussissez, par la
qualité des services, à en arriver à une
représentation unique, ce seront les transporteurs qui l'accepteront.
Jusqu'ici, à ma connaissance, les transporteurs ne sont pas prêts
à l'accepter, cette représentation unique.
En tout cas, c'est mon opinion, je l'ai déjà
donnée; là, je la donne un peu plus publiquement.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? D'autres
commentaires de la part des membres? Je remercie les représentants du
Bureau des tarifs du Québec d'être venus présenter leur
mémoire.
Comme il nous reste encore cinq associations à venir
présenter des mémoires cet après-midi, s'il y avait
consentement des membres, on pourrait peut-être procéder à
une autre audition avant de suspendre la séance pour le dîner.
M. Mailloux: Comme il s'agit d'un autre bureau qui s'occupe de
tarification, je pense qu'on devrait entendre également le prochain.
M. Lessard: Quitte à reprendre à 14 h 30.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Est-ce que les
représentants de la Canadian Transport Tariff Bureau Association sont
ici?
Si vous voulez présenter les gens qui vous accompagnent.
Canadian Transport Tariff Bureau Association
M. Hogue (Pierre): ... agit aussi en tant que conseiller, M.
Lorne Leblanc qui représente le CTTB et M. Laflamme qui conseille M.
Leblanc dans la présentation de ce mémoire. M. Leblanc.
M. Leblanc (Lorne): M. le ministre, messieurs les membres de la
commission parlementaire, ce n'est pas nécessaire de lire le rapport
déposé à
cette commission. Le problème, à notre bureau, ce n'est
pas la commission comme telle, c'est le délai pour accorder les taux; ce
n'est pas un problème d'augmentation. Il faut déposer
l'augmentation et attendre le délai nécessaire pour la
publication dans la Gazette officielle du Québec. Après cela,
s'il n'y a pas d'opposition, une date est fixée pour l'entrée en
vigueur par la commission et c'est accordé.
Depuis six ans, notre bureau a reçu beaucoup de collaboration de
la part de la commission. A notre bureau, il est nécessaire de
déposer les taux pour l'Ontario et le Québec. Dans la province de
l'Ontario, le délai est de trente jours. Dans la province de
Québec, le délai est de 60 à 120 jours, selon les
circonstances.
A part cela, il n'y a pas de problèmes. Dans le rapport
déposé à cette commission parlementaire, le rapport CEGIR,
il y a un dépôt de $50 avec la requête et, quand la
décision est accordée par la commission, il est nécessaire
de déposer $75 pour chaque décision accordée par la
commission. Le délai n'est pas normal. (12 h 30)
C'est un problème entre la régie de l'Ontario et la
Commission des transports du Québec pour mettre les taux en vigueur.
Dans 99% des cas, les taux ne sont pas augmentés, ce n'est qu'un
ajustement de taux, entre le taux de classe et le taux des marchandises. Pour
l'augmentation, je l'ai déjà dit, ce n'est pas un
problème, c'est seulement le délai accordé après la
décision. Avant de le déposer à la commission, j'ai
attendu que ce soit publié dans la Gazette officielle du Québec.
J'ai attendu 21 jours après la première publication. Ce n'est pas
une opposition, c'est accordé par la commission.
M. Lessard: D'accord.
M. Leblanc: Oui. Je n'ai pas fini.
M. Lessard: Pourriez-vous m'expliquer quelle est la relation
entre les bureaux des tarifs... Est-ce que c'est un autre... Est-ce que votre
organisme, Canadian Transport, suit les tarifs du Bureau Association? Est-ce un
autre organisme de bureaux de tarifs qui regrouperait des membres de l'Ontario
et du Québec?
M. Leblanc: Actuellement...
M. Lessard: ... Exactement comme le Bureau des tarifs du
Québec comme on vient de voir?
M. Leblanc:... c'est la même fonction pour les camionneurs
interprovinciaux entre Québec et l'Ontario et entre le Canada et
l'Ouest.
M. Lessard: Si je comprends bien, M. Leblanc, votre organisme
regroupe des transporteurs qui font du transport entre les deux provinces?
M. Leblanc: C'est ça.
M. Lessard: Alors que le Bureau des tarifs du
Québec...
Une Voix: Et aussi vers l'Ouest. M. Leblanc: Aussi vers
l'Ouest.
M. Lessard: De l'Ouest, c'est ça, entre plusieurs
provinces, alors que le Bureau des tarifs du Québec regroupe des
transporteurs qui font du transport interprovincial.
M. Leblanc: C'est ça.
M. Lessard: Donc, vous avez à peu près le
même rôle...
M. Leblanc: Le même rôle, déposer le
taux...
M. Lessard: Est-ce qu'il existe à votre connaissance un
regroupement canadien de l'ensemble de ces bureaux des tarifs? On disait tout
à l'heure qu'il y avait sept bureaux des tarifs au Canada, dont deux au
Québec, et un qui regrouperait... Dans votre secteur, est-ce que vous
êtes le seul organisme? Vous représentez les transporteurs de
toutes les provinces?
M. Leblanc: C'est ça.
M. Lessard: Est-ce qu'il y a une association...
M. Leblanc: Cela s'arrête à Québec, quand le
taux est déposé par le Bureau des tarifs du Québec pour
les Maritimes, entre Québec et les Maritimes.
M. Lessard: C'est ça, vous êtes autorisés
à déposer des tarifs à chacun des organismes
spécialisés qui sont responsables du contrôle du transport
dans chacune des provinces.
M. Leblanc: C'est ça.
M. Lessard: Est-ce qu'il y a un organisme qui regroupe l'ensemble
de ces bureaux-là au niveau canadien?
M. Leblanc: Non.
M. Laflamme (Alfred): Non, il n'y a pas d'association qui...
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup.
M. Leblanc: Je fonctionne selon la loi de l'Ontario.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le
député de Charlevoix?
M. Mailloux: Non, ça va, j'ai pris note de toutes les
observations qui sont faites à l'intérieur du mémoire. Je
pense que ça rejoint des préoccupations qui avaient
été énoncées également
dans l'ensemble du mémoire par les deux autres bureaux qui se
sont présentés. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): II n'y a pas d'autres
questions, d'autres intervenants de la commission, d'autres commentaires de la
part des intervenants également? Non?
M. Hogue (Pierre): Sensiblement, peut-être pour
résumer, les recommandations du CTTB se rapprochent sensiblement du
Bureau des tarifs du Québec quant aux délais impartis pour
l'entrée en vigueur des taux. C'est le point principal des
représentations du CTTB.
M. Leblanc: Pour l'information de la commission parlementaire, le
nom français du bureau, c'est le Bureau des tarifs de l'Association
canadienne du transport est approuvé par l'Office de la langue
française.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Bordeleau): On vous remercie d'être
venus présenter votre mémoire. Je vous souligne, avant la
suspension, que, cet après-midi, le prochain on l'a sauté
en fait Niagara Frontier Tariff Bureau Inc., de Buffalo, Etats-Unis,
sera ici peut-être un peu plus tard. S'il n'est pas disponible, on
entendra sans doute l'Association des propriétaires d'autobus du
Québec. On reprendra ce même organisme plus tard.
La commission suspend donc ses travaux jusqu'à 14 heures cet
après-midi.
Suspension de la séance à 12 h 35
Reprise de la séance à 14 h 15
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, messieurs. La
commission permanente des transports reprend donc ses travaux. J'appelle
immédiatement l'Association des propriétaires d'autobus du
Québec, à venir présenter son mémoire. Est-ce que
les gens sont dans la salle? L'Association des propriétaires d'autobus
du Québec, est-ce que les gens sont ici?
Puisque les membres de la commission sont d'accord, nous allons entendre
immédiatement le Transport écolier du Québec. Je vous
invite à présenter les membres de la délégation et
de procéder à la lecture de votre mémoire ou du
résumé.
Association du transport écolier du
Québec
M. Saucier (Yvon): Merci, M. le Président.
M. le ministre, MM. les membres de la commission, j'ai avec moi,
à ma gauche, le vice-président de l'Association du transport
écolier du
Québec, Jean-Yves Bourgault et à ma droite, le
secrétaire exécutif de l'association, M. Michel Charlebois. Je
suis Yvon Saucier, le président de l'Association du transport
écolier du Québec.
Vous avez reçu le mémoire et j'aimerais vous en faire un
résumé, que ce mémoire soit déposé au
journal des Débats pour ne pas le lire intégralement.
L'Association du transport écolier du Québec, que j'ai l'honneur
de représenter, regroupe 912 des 1152 transporteurs écoliers,
détenteurs d'un contrat de transport exclusif avec une commission
scolaire et un collège d'enseignement ou une institution privée
du Québec.
Notre rôle consiste à représenter les
intérêts de nos membres, ceux de la clientèle
particulière que nous transportons et de nos concitoyens qui attendent
de nous un service exceptionnel. Nous avons donc travaillé
étroitement avec la Commission des transports du Québec, dans les
quatre éléments spécifiques où elle s'occupe du
transport écolier, à savoir approuver le prix de nos contrats
lors e soumissions publiques; deuxièmement, fixer une indexation
annuelle de prix soumissionné; troisièmement, décider de
l'approbation de renouvellement annuel pour les trois dernières
années du contrat et quatrièmement, entendre les transporteurs
requérant une indexation spéciale par révision
particulière.
Donc, chacune de ces quatre fonctions est régie pour toutes les
parties, entre autres la Commission des transports et les transporteurs
scolaires par des règles très strictes édictées par
le règlement 11 du transport scolaire. La Commission des transports du
Québec n'a pas le pouvoir de déroger de ces cadres et ne peut, en
aucune façon, décider d'une partie quelconque des règles
du jeu et c'est très bien ainsi.
Les expériences vécues avec la Commission des transports
furent non seulement satisfaisantes pour l'association elle-même, mais
pour tous nos membres. Les quelques petits problèmes rencontrés
en cours de route n'ont pas relevé de la compétence de la
Commission des transports, mais plutôt de facteurs relevant directement
de la réglementation, et ce domaine dépend du ministère
des Transports.
En parcourant l'étude du rapport CEGIR, vous constaterez, dans
leur document d'annexe, la satisfaction générale des
transporteurs. Mais le rapport CEGIR, à notre avis, n'a pas bien saisi
la complexité du système de transport d'écoliers. Ce
rapport néglige de faire une distinction nette entre le transporteur
d'écoliers, entièrement subventionné par l'Etat, et les
autres formes de transport où la concurrence journalière, le
choix des usagers et la diversification possible de ces activités
rendent possible une certaine forme de libéralisation des pouvoirs de
l'organisme les régissant.
Donc, pour nous du transport d'écoliers, nous n'avons qu'un seul
employeur, la commission scolaire, un seul client, les écoliers
transportés, et un seul payeur, le gouvernement. Nous devons
exécuter notre service selon des horaires précis, des parcours
précis et nous devons respecter les règles sévères
d'inspection et d'entretien.
II serait donc irréaliste de demander à un organisme
quelconque de décider à la place du gouvernement, de
réglementer la dépense d'une somme supérieure à
$200 millions, donc d'accorder une forme de pouvoir de taxation à un
organisme composé de personnes non élues. C'est encore plus
irréaliste de ne pas avoir d'organisme de contrôle pour
gérer la réglementation adoptée par les élus du
peuple et, en même temps, agir comme normalisateur pour l'ensemble de la
flotte scolaire québécoise.
L'abolition d'un organisme de contrôle du genre de la Commission
des transports, pour le domaine du transport scolaire, ouvrirait les portes
toutes grandes à un système anarchique d'attribution de contrats,
de fixation de prix et de contrôle de qualité.
Nous transportons la marchandise la plus précieuse au monde, nos
enfants et, là, il n'y a pas de risques à prendre. Le transport
scolaire doit continuer à être le plus sécuritaire et le
plus compétent de tous les modes de transport.
Si aucun organisme n'agit comme contrôleur intermédiaire
entre, d'une part, les commissions scolaires et, d'autre part, les
transporteurs, nous pourrions connaître à nouveau le régime
catastrophique d'avant l'adoption de la Loi des transports alors que les
commissions scolaires interprétaient chacune à son gré les
directives du ministère de l'Education et cela, souvent au
détriment du bien-être fondamental de l'enfant. Donc, la formule
actuelle, soit le ministère des Transports, la Commission des transports
et les commissions scolaires, une pour la réglementation, l'autre pour
le contrôle et l'autre pour l'exécution pratique, je pense que
c'est une formule qui s'avère très efficace. L'ATEQ conclut donc
après étude du rapport CEGIR et en consultation avec ses membres,
parce que nous avons consulté nos membres lors du dernier congrès
sur ce rapport, que le transport scolaire étant complètement
différent des autres formes de transport, un organisme spécial
devrait être créé pour être chargé d'appliquer
la réglementation sur le transport des écoliers en
exclusivité. Cet organisme pourrait avoir plus de discrétion ou
de latitude que n'en a l'actuelle commission sur certains points techniques
précis à être déterminés, mais toujours et
absolument à l'intérieur d'un cadre réglementé par
le ministère des Transports.
Nous refusons, pour les motifs déjà invoqués,
d'accorder un pouvoir, si minime soit-il, de régulation à un
organisme composé de personnes nommées et non élues. Nous
soumettons donc que nous ne portons aucune appréciation comme telle sur
les propositions du rapport CEGIR étant donné que, comme
association du transport écolier, nous trouvons que ces propositions ne
tiennent pas compte de l'état actuel du dossier dans le transport
scolaire et des réalités qui s'y rattachent. Voici, MM. les
membres, et nous sommes à votre disposition pour vos questions.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie beaucoup de
votre précision. M. le ministre, vous avez des questions?
M. Lessard: J'ai deux questions, M. le Président. A la
page 2 de votre mémoire, vous parlez de la question de l'indexation
générale et de l'indexation particulière. On sait que le
ministère des Transports fixe, à la suite d'une étude qui
est faite annuellement, l'indexation générale pour l'ensemble des
transporteurs en tenant compte des régions pour l'ensemble des
transporteurs écoliers du Québec et que, par la suite, selon des
délais déterminés dans le règlement, tout
transporteur écolier peut intervenir devant la Commission des transports
pour obtenir une indexation particulière. A la page 2 de votre
mémoire, vous dites que l'indexation générale est
évaluée à partir des rapports que vous transmettez
à la firme-conseil du ministère à ce sujet. L'an dernier,
c'était 10,3%, l'indexation générale. Cette année,
c'est devant le Conseil des ministres et probablement que la semaine prochaine,
on va avoir une décision à ce sujet.
Vous précisez, quant au dossier de révision
particulière, que la réglementation est seule responsable de
l'insatisfaction, la commission, n'ayant aucune discrétion. J'avoue que
je ne comprends pas, parce que vous connaissez les normes. Je sais que les
normes sont très complexes. Mais la commission, n'ayant aucune
discrétion, c'est-à-dire que le règlement détermine
les règles comme telles de l'indexation générale, mais
à l'intérieur de l'indexation particulière et à
l'intérieur de cette réglementation, je voudrais savoir ce qui
crée de l'insatisfaction à l'intérieur de cette
réglementation. Il y a certainement de la discrétion pour la
commission entre, par exemple, une détermination d'indexation
particulière en plus de l'indexation de 8%, 9% ou 6%, etc., il y a toute
une discrétion qui existe. Il appartient aux transporteurs
individuellement de prouver que ces coûts annuels ont augmenté
beaucoup plus que ce qui était prévu par l'indexation
générale.
Alors, j'aimerais avoir des explications sur l'insatisfaction à
ce sujet, parce que c'est certain que c'est $225 millions cette année,
avec une augmentation possible cette année. C'est pour ça qu'on
s'interroge de plus en plus et qu'un comité spécial a
été constitué qui est présidé par le
ministre d'Etat à l'aménagement, Jacques Léonard, pour
analyser, comme je vous l'ai indiqué lors de votre congrès, les
prochaines formules à venir. J'aimerais que vous me donniez des
explications sur ce paragraphe, l'insatisfaction qui prévaut et quelles
sont les raisons de cette insatisfaction.
M. Saucier: Je vais demander à M. Michel Charlebois de
répondre.
M. Charlebois (Michel): Dans le cas de la révision
particulière, le problème qui se pose n'est pas dû à
la compétence de la Commission des transports, parce qu'elle doit
absolument s'en tenir à des critères précis,
déterminés par un règlement. Chacun des dollars
dépensés dans le transport scolaire doit être
analysé en fonction de blocs précis, à neuf postes de
dépenses avec des pour-
centages très précis sur chacun des éléments
qui sont donnés, soit des coûts, des coûts variables ou des
salaires du personnel.
La Commission des transports, étant encarca-née dans des
règlements, ne peut pas manoeuvrer à l'extérieur et il se
pose certainement des problèmes techniques qui relèvent de la
réglementation et non pas de la compétence de la Commission des
transports. C'est pour ça que, dans le mémoire, on a
mentionné que l'insatisfaction ne vient pas de la compétence de
la Commission des transports, mais plutôt de l'interprétation d'un
règlement et c'est avec le ministère des Transports qu'on
négocie justement la phraséologie des règlements pour la
compréhension de ces articles dans la révision
particulière.
M. Lessard: Mais cette réglementation avait quand
même été soumise à l'association et discutée
et elle est encore, je pense, discutée avec l'association pour voir s'il
y aurait des améliorations à apporter.
M. Charlebois: D'accord, mais, la première fois que la
réglementation est arrivée, cela n'a pas été soumis
à l'association. Cela avait été quand même soumis,
mais "at large". Depuis deux ans environ, la réglementation change.
Actuellement, il y a une consultation avec le ministère pour que la
réglementation s'adapte mieux aux transporteurs. Les quelques cas rares
d'incompréhension qui existent actuellement proviennent surtout d'une
interprétation de la réglementation.
M. Lessard: La deuxième question concerne la
recommandation à la page 3. "Un organisme spécial devrait
être créé pour être chargé de l'application de
la réglementation sur le transport des écoliers." Et ce qui suit:
"Cette commission spéciale pourrait peut-être avoir plus de
discrétion que n'en a la Commission des transports, mais toujours
à l'intérieur d'un cadre réglementé par le
ministère des Transports." J'aimerais avoir des explications parce qu'on
a eu pas mal de mémoires nous disant: Nous autres, c'est un cas
spécial dans le transport et on voudrait, particulièrement sur la
location, être exclus de la juridiction de la Commission des transports.
La question que je me pose est la suivante: Aura-t-on une petite commission des
transports pour chacun des secteurs du transport? Je ne sais pas, mais mon
impression, c'est qu'à l'intérieur de la Commission des
transports, on doit indirectement avoir une certains spécialisation
à long terme et même à court terme des commissaires et,
encore là, il ne faut pas que ce soit trop spécialisé non
plus, pour avoir une vue générale sur la vie
socio-économique du transport. En quoi, par exemple, la Commission des
transports c'est cela qui est le problème un peu fondamental et
c'est pour cette raison qu'on est ici telle qu'elle est actuellement ou
telle qu'elle pourrait être modifiée dans sa loi ou dans sa
réglementation, en quoi la Commission des transports ne peut-elle
répondre à cet objectif? C'est un droit d'appel. En fait, la
Commission des trans- ports, selon la réglementation actuelle, c'est un
droit d'appel de la décision du ministre des Transports d'établir
une indexation générale sur la décision des taux
d'indexation générale. Donc, vous avez un droit d'appel devant la
Commission des transports. En quoi un autre organisme pourrait-il être
plus compétent que la Commission des transports? J'ai l'impression que
vous allez vivre à peu près les mêmes problèmes avec
d'autres organismes. (14 h 30)
M. Saucier: M. le ministre, c'est justement cela. Enlevez la
Commission des transports, là, c'est le cas, la question est
posée. Nous, on affirme que si un organisme comme la Commission des
transports avait des commissaires peut-être plus
spécialisés dans le domaine du transport scolaire
d'ailleurs, je l'ai dit dans mon préambule le système dans
lequel on vit actuellement, le ministère, la Commission des transports
et les commissions scolaires, est, je pense, une amélioration nette de
ce qu'il y avait avant 1974, avant le règlement 11. S'il advenait que
vous enleviez la Commission des transports, on veut se retrouver avec un
organisme qui va continuer un peu cette formule. On n'est pas du tout favorable
à l'idée de remplacer la Commission des transports par un autre
organisme, autrement dit, que chacun ait son petit bout de chemin.
Le fonctionnement actuel, pour nous, est très valable, et on ne
voudrait pas se ramasser soit sous la juridiction unique d'une commission
scolaire, soit sous la juridiction unique du ministère des Transports.
Je pense que l'agencement des trois fait en sorte que les transporteurs,
actuellement, ont quand même une ligne de conduite, une
réglementation sur laquelle ils peuvent se baser et continuer leur
transport. On n'est pas balloté de l'un à l'autre. Je pense que
s'il advenait que vous enleviez la Commission des Transports, ce que CEGIR a
oublié en ne faisant pas la distinction par rapport aux autres, nous
sommes quand même différents, et, demain matin, si on veut
augmenter nos taux, on ne va pas trouver le public pour lui dire: Donnez-nous
$0.25 de plus.
M. Lessard: Si je comprends bien, M. Saucier, votre raisonnement,
dont je parlais tout à l'heure, se ferait dans le cadre où la
Commission des transports du Québec n'existerait plus. Je pense que ce
n'est pas l'idée du ministre, comme tel, de faire disparaître la
Commission des transports du Québec. On est ici pour essayer d'analyser
les modalités de fonctionnement et d'amélioration du
fonctionnement. Je pense bien que, dans le cadre d'une dépolitisation
des décisions de services publics, il n'est pas dans l'esprit du
ministre de faire disparaître complètement la Commission des
transports.
Et voici la troisième question que je voulais vous poser:
Aimez-vous mieux être sous l'autorité du ministre que sous
l'autorité de la Commission des transports? Vous m'avez répondu
que vous aimiez mieux être sous une triple autorité: commissions
scolaires, Commission des transports et ministère des Transports.
Que penseriez-vous, par exemple, de la formule de contrats de service
qui seraient négociés entre le ministère et les
transporteurs écoliers, comme on le fait, par exemple, dans le secteur
aérien ou même dans le secteur maritime?
M. Saucier: Si ces contrats de service qui relèvent de la
Commission des transports, sont dans toute la province, on est assuré
quand même et pour nous, cela est très important de
continuer la formule que l'on a connue depuis 1974. D'ailleurs l'existence
actuellement du transporteur d'écoliers avec tout ce qui peut l'entourer
et toute la quiétude et l'efficacité du transport qu'il assure
actuellement, avec la sécurité qu'il produit, provient justement
d'une réglementation qui fait en sorte que pour le transport
d'écoliers assujetti à un contrat avec le ministère, comme
actuellement, pour lui c'est un contrat ordinairement de trois ans et
renouvelables, cela lui permet de pouvoir orienter son avenir dans son
entreprise. S'il n'avait pas à entrevoir des soumissions à tous
les ans, je pense que le contrat de service c'est un genre de contrat de
service qu'on a actuel est réellement bienvenu chez les
transporteurs.
M. Lessard: Dernière question, concernant la
révision particulière qui se fait devant la Commission des
transports, en général, est-ce que les délais sont longs
pour prononcer la sentence, la décision? Est-ce que vous avez des
revendications à faire à ce sujet?
M. Saucier: Les revendications ont déjà
été faites, l'amélioration est là et on est
très satisfait de la réglementation actuelle, depuis les
amendements n) et p) de l'an passé. Actuellement, cela va très
bien, pour la révision particulière des délais.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, j'aurai peu de questions
à poser, étant donné qu'un des points que soulève
le mémoire des transporteurs d'écoliers indique qu'ils sont en
désaccord sur le fait que la Commission des transports soit
habilitée à préparer ses propres règlements. J'ai
dit, au cours des deux jours qui viennent de s'écouler, que
c'était une démission de l'exécutif de laisser à un
organisme le soin de préparer la réglementation. Je pense que je
suis témoin que l'ensemble des règlements qui prévalent
dans le ministère des Transports pour le temps où j'ai
été présent, ont été préparés
en consultation avec les deux instances, mais c'est à l'homme politique
qu'il appartient de rendre compte de ses gestes l'opinion publique. C'est la
même opinion que vous émettez.
Cela dit, étant donné que je suis de ceux qui croient que
la Commission des transports, même modifiée dans sa structure, va
demeurer, la recommandation que vous faites concernant une structure
spéciale pour les transporteurs scolaires, je ne l'endosse pas,
étant donné les deux points que je viens de soulever. Je pense
que si ça reste dans cette optique, comme commission des transports, et
si par hasard le ministre garde sa responsabilité de préparer la
réglementation, je pense que vous êtes d'accord avec ça. Je
pense que les règlements adoptés, depuis 1974, dans le domaine
scolaire ont aidé les transporteurs scolaires. Le seul voeu que je
pourrais exprimer, c'est qu'étant donné que ceux que vous
représentez vivent normalement et valablement, vous faites votre
possible, mais vous devriez faire encore davantage pour la
sécurité des écoliers.
C'est la seule réflexion que je voulais faire.
Le Président (M. Bordeleau): D'autres questions de la part
des membres de la commission? Pas de commentaires de la part des gens de
l'association?
M. Saucier: On vous remercie de nous avoir écoutés.
Je pense qu'au sujet de la sécurité que M. Mailloux nous
souligne, on peut, sans toucher à du bois, être heureux de
constater que nous avons le meilleur taux de sécurité qu'on
retrouve dans la province de Québec et partout ailleurs. Je pense qu'on
est content de ce que nos membres font actuellement pour ça.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie de la
présentation de votre mémoire. Sur la liste, j'aimerais savoir si
les gens de Niagara Frontier Tariff Bureau Inc. sont ici? Probablement pas
encore. On pourrait procéder avec celui qu'on a sauté tout
à l'heure, l'Association des propriétaires d'autobus du
Québec. Est-ce que les représentants sont ici?
Deuxième appel. Il reste la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec. Si les gens sont
prêts à procéder, nous sommes prêts à les
entendre.
M. Hudon (Aurèle): M. le Président, avec votre
permission...
Le Président (M. Bordeleau): Si vous voulez vous approcher
du micro pour que ce soit enregistré.
M. Hudon: Avec votre permission, nous pourrions attendre à
15 heures, soit l'heure à laquelle nous avons demandé à
Mme Ghislaine Gervais, vice-présidente de la fédération,
d'être présente, ceci parce que nous devions être les
derniers sur la liste aujourd'hui.
M. Mailloux: Cela va mal, notre affaire! Qui dit qu'on ne va pas
vite, les politiciens.
Le Président (M. Bordeleau): Notre horaire a
été quelque peu modifié en cours de route. J'attends des
suggestions des membres de la commission.
M. Lessard: M. le Président, il ne nous reste qu'un choix,
suspendre jusqu'à 15 heures.
Le Président (M. Bordeleau): II n'y a pas d'intervenants
qui sont prêts? A moins que dans la salle, il n'y ait des gens qui
n'aient pas entendu... De toute façon, il en reste deux. D'accord, la
commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 14 h 40
Reprise de la séance à 15 h 03
Le Président (M. Bordeleau): Je pense que nous avons les
représentants de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec; c'est bien ça?
Mme Gervais: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Nous sommes prêts
à entendre votre mémoire; peut-être pour-riez-vous nous
présenter les gens qui sont à la table.
Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec
Mme Gervais (Ghislaine): Je vais, je pense, me présenter.
Je suis Ghislaine Gervais, première vice-présidente de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, et j'ai, à ma gauche, M. Aurèle Hudon, qui est
directeur des affaires pédagogiques à la
fédération.
Le Président (M. Bordeleau): Et à votre droite?
Mme Gervais: C'est Me Bhérer, il ne m'accompagne pas. Je
le connais, mais...
M. Lessard: Est-ce que c'est une désaffilia-tion?
M. Chevrette: C'est un divorce!
Mme Gervais: II a déjà été
président de la Commission des écoles catholiques de
Québec. Je ne sais pas si c'est pour ça qu'il est là!
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, Mme Gervais, vous
pouvez procéder.
Mme Gervais: La Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec est un organisme qui représente
toutes les commissions scolaires catholiques de la province et c'est au nom de
toutes ces commissions scolaires, qui dispensent l'enseignement
élémentaire et secondaire, que, cet après-midi, nous vous
présenterons un mémoire à la suite du rapport CEGIR.
Je n'ai pas autre chose à vous dire pour le moment; je
préfère passer la parole à M. Hudon qui, lui, vous fera
part de notre mémoire. M. Hudon.
M. Hudon (Aurèle): M. le Président, notre
mémoire se divise, en réalité, en deux parties. Il y a une
partie qui concerne particulièrement quelques extraits de la
troisième annexe du rapport CEGIR sur lesquels nous vous livrons
quelques commentaires.
D'un autre côté, la deuxième partie, qu'on retrouve
plutôt à la page 7, concerne particulièrement les
orientations pour 1980. Ce serait peut-être cette partie qui serait la
plus importante pour les fins de la discussion.
La Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec vous présente ses orientations en ce qui concerne le
transport des écoliers. Ces orientations ont été
formulées au niveau du comité mixte, formé à la
suite de la conférence Québec-commissions scolaires, dont le
mandat couvrait, entre autres, les activités se rapportant au transport
des écoliers.
Afin d'exercer un parfait contrôle sur les dépenses en
matière de transport, il est nécessaire que les commissions
scolaires rapatrient certains pouvoirs de décision:
Premièrement, la capacité de renouveler annuellement les
contrats sans autorisation spécifique du ministère des Transports
par une négociation de gré à gré entre les
commissions scolaires et les entrepreneurs.
Deuxièmement, advenant l'impossibilité d'une entente
à la suite de l'étape mentionnée ci-dessus, les
commissions scolaires procéderont à des appels d'offres publics
pour de nouveaux contrats d'une durée maximum de trois ans avec
possibilité d'un renouvellement annuel par négociation de
gré à gré.
Troisièmement, la possibilité pour les commissions
scolaires de mettre en régie, partiellement ou totalement, le transport
des écoliers.
Quatrièmement, réduire l'autorité de la Commission
des transports à ses seules juridictions actuelles, entre autres
l'émission des permis aux entrepreneurs et la détermination du
tarif du transport par élève dans le système de transport
public.
Cinquièmement, abandonner totalement la table des normes de taux
et tarifs ainsi que la formule actuelle de contrats.
Ces modifications permettraient de régler économiquement
les points suivants qui ont trait à l'organisation pédagogique
des écoles, c'est-à-dire les sorties hâtives, la
négociation du transport du midi, les horaires des écoles, le
calendrier scolaire, la diminution de la taille des autobus scolaires,
l'organisation des écoles en termes de nombres d'élèves
par groupe, les écoles optionnelles, le transport quotidien et les
foyers nourriciers, le facteur distance, c'est-à-dire le mille, le
transport de fin de semaine, le transport interécoles, les zones
dangereuses, les activités parascolaires, les plans de
développement de l'enseignement, les projets-pilotes, les classes pour
émigrés, le double horaire et les garderies.
D'autres facteurs peuvent également être discutés
avec le ministère de l'Education afin d'établir une meilleure
planification dans le transport des écoliers. C'est ainsi que nous
pouvons men-
tionner dès à présent la nouvelle politique
d'intégration de l'enfance en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage.
Au niveau des responsabilités, les commissions scolaires
reconnaissent que la responsabilité du transport des écoliers ne
peut être dévolue uniquement à elle-même et souhaite
la répartition suivante des pouvoirs. Les normes de construction
appartiennent effectivement, selon nous, au ministère des Transports et
en consultation avec l'Education et les commissions scolaires. Les normes
générales de sécurité appartiennent
également au ministère des Transports, en consultation toujours
avec l'Education et les commissions scolaires. Entretien et inspection: Dans
l'entretien et inspection, nous sommes d'opinion que les commissions scolaires
ont quand même une responsabilité et celle-ci doit être
conjointe avec le ministère des Transports. Quant à l'utilisation
également conjointe, les normes de propriété et de
possession devraient être l'apanage des commissions scolaires. Le devis
d'appels d'offres et de soumissions uniquement aux commissions scolaires. En ce
qui regarde les contrats, également aux commissions scolaires. Les
normes de taux et de tarifs, effectivement, on recommande cette disparition.
Les normes de subventions devraient normalement relever du ministère de
l'Education et aussi avec discussion avec les commissions scolaires. Les
comités de transports régionaux, effectivement au niveau des
commissions scolaires. Le transport exclusif relèverait des commissions
scolaires. Le transport intégré en commun également des
commissions scolaires, mais en consultation avec les autres
ministères.
En ce qui regarde les subventions, comme base de subventions pour les
fins d'une discussion sérieuse, nous soumettons ici une hypothèse
de financement. Nous ne recommandons aucune subvention particulière pour
le transport des écoliers si ce n'est la reconduction du coût
annuel par élève transporté, indexé au coût
de la vie, avec majoration ou diminution, suivant le cas, de la demie de la
différence d'augmentation ou diminution quant au nombre
d'élèves transportés sur le territoire de la commission
scolaire. Il convient cependant d'ajouter que c'est soumis pour discussion et
qu'il y aurait peut-être lieu également d'ouvrir la discussion sur
des cas particuliers lorsqu'il s'agit de handicapés et autres.
Au sujet des contrats, un comité formé par le ministre
d'Etat à l'aménagement et à la décentralisation, M.
Jacques Léonard, le ministre des Transports, M. Lucien Lessard, et le
ministre de l'Education, M. Jacques-Yvan Morin, étudie
présentement toute la question du renouvellement du contrat des
années quatre-vingt.
Est-ce que la présence du ministre d'Etat à
l'aménagement et à la décentralisation n'indique pas
l'intention de transférer les responsabilités du transport
scolaire à d'autres instances, soit aux municipalités ou aux
conseils de comté, par exemple?
Nous faisons un rapprochement avec l'hypothèse formulée
dans les fascicules sur la décentra- lisation publiés par le
secrétariat d'Etat à l'aménagement et à la
décentralisation au mois de décembre 1978, qui
s'énonçait comme ceci: "La possibilité de prendre appui
sur le réseau de transport scolaire pour rentabiliser et justifier, dans
certains comtés, un système léger de transport en commun".
Nous nous inspirons du rapport CEGIR pour affirmer que le contrat actuel ne
peut être renouvelé de façon automatique, puisqu'il a fait
l'objet de contestations devant les tribunaux et ce, pour à peu
près tous les articles dudit contrat rédigé par le
ministère des Transports et introduit par réglementation au
niveau des commissions scolaires.
Nous avons terminé nos études sur la rédaction d'un
nouveau contrat. Nous serions heureux de discuter des résultats de nos
contrats avec les instances gouvernementales qui auront le mandat de faire une
nouvelle législation en matière de transport des écoliers,
ce que nous prévoyons dans un avenir rapproché.
En termes de délai, au moment où nous avons produit ce
mémoire, nous ne connaissons pas encore les modalités qui doivent
être apportées au règlement no 11, de façon à
régir l'organisation du transport 1979-1980.
Dans une perspective de modification du régime actuel vers un
nouveau régime de transport des écoliers, il va de soi que toute
la législation et toute la réglementation devraient être
connues au plus tard en décembre 1979, pour éviter que le
renouvellement des contrats ne puisse totalement avoir lieu le même jour
à travers le Québec.
De plus, il faut nécessairement prévoir les cas de
reprises de soumissions et de modifications de la réglementation qui
doivent faire l'objet d'un ajustement. Il faut absolument éviter
l'expérience vécue il y a six ans, lorsqu'on a vu des commissions
scolaires procéder à l'adjudication des contrats la veille de
l'ouverture des classes.
Il faut aussi rappeler les délais trop longs relatifs aux
décisions de la Commission des transports qui congestionnent encore les
administrations scolaires.
Le Président (M. Bordeleau): C'est terminé,
monsieur?
M. Hudon: Oui, nous sommes disponibles pour les questions.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: II est certain que nous devrons tenir compte de vos
représentations de cet après-midi dans les discussions entre le
ministre de l'Education, le ministre d'Etat à l'aménagement et
moi-même sur les nouvelles modalités qui sont
étudiées actuellement pour l'organisation du transport scolaire
pour les années 1980 et les prochaines années.
Maintenant, je voudrais un peu reprendre votre document à la page
2, quitte à vous poser
des questions sur la dernière partie, sur la critique du rapport
CEGIR, pas comme telle, mais la critique que vous adressez à la
Commission des transports et je lis, parce que ça m'apparaît
important: "La principale critique que nous avons à adresser à la
Commission des transports est que celle-ci a utilisé des pouvoirs quasi
judiciaires pour régler des problèmes purement administratifs.
"En plus de cet abus de pouvoir, nous pensons que la commission complique
à souhait les procédures pour finalement déboucher sur des
décisions que des commissions scolaires pourraient fort bien prendre. A
notre avis, ces constatations s'inscrivent dans l'ensemble des griefs
adressés à la Commission des transports du Québec. Nous
vous soumettons les modifications urgentes dans la législation et dans
la réglementation qui s'y rapportent".
Première question: Quelles seraient, par exemple, les
décisions que les commissions scolaires pourraient fort bien prendre,
sans aller devant la Commission des transports?
Deuxième question: Quelles seraient les modifications urgentes
que vous avez à l'esprit dans la législation et dans la
réglementation qui s'y rapportent? (15 h 15)
M. Hudon: Lorsqu'on considère, par exemple, que des
augmentations ont été consenties, de l'ordre de 10%, 15%, 20% et
même plus, dans certains cas nous considérons qu'au moment
où on a introduit la régionalisation du transport des
écoliers, si les commissions scolaires avaient eu cette
possibilité d'affecter des augmentations semblables de budget, elles
auraient été en mesure de prendre effectivement les mêmes
décisions, c'est-à-dire donner à un entrepreneur, par
exemple, 10%, 15%, 20% de plus à son contrat. Dans ce sens, on dit: Les
commissions scolaires qui avaient l'autorité antérieurement de
donner des augmentations annuellement à leurs entrepreneurs auraient pu
faire la même chose avec le même argent. Autrement dit, lorsqu'on
a, par exemple, donné des pouvoirs qui appartenaient aux commissions
scolaires à la Commission des transports, dans le sens que les
commissions scolaires ne devraient plus s'occuper des augmentations annuelles,
à ce moment-là, on a quand même porté un jugement
sur la capacité des commissions scolaires de gérer les affaires
scolaires dans le sens de dire: II y a des entrepreneurs qui en ont trop et il
faut absolument établir une table de taux et tarifs de façon
à limiter les écarts. Si on avait eu, par exemple, la
possibilité d'accès aux mêmes budgets, probablement que
nous aurions été en mesure de prendre les mêmes
décisions.
M. Lessard: Mais comment arriver à une certaine
uniformité tout en conservant un certain contrôle puisqu'on l'a
souligné un peu tout à l'heure, c'est un budget de $225 millions?
Comment arriver à une certaine uniformité dans les contrats et
dans les critères établis pour les coûts des contrats? Si
c'est laissé exclusivement aux commissions scolaires, comment
pourra-t-on arriver à une certaine uniformité?
M. Hudon: C'est-à-dire que nous avons assisté
à une opération d'envergure sur un problème qui ne
nécessitait peut-être pas autant de déplacements de
pouvoirs comme tels. Nous aurions enfin, ce qu'on pense
probablement été en mesure, avec de l'aide au niveau
gouvernemental, de faire une certaine planification qui ne nécessitait
pas nécessairement toute l'installation que l'on a vue. Nous aurions
été en mesure avec le ministère de l'Education
d'établir une planification dans l'organisation du transport des
écoliers parce que nous reconnaissons effectivement qu'à la suite
du rapport Lachapelle il y avait des choses à corriger. Nous
reconnaissons cela. Cependant, on a quand même appliqué la grande
mesure au point de vue gouvernemental dans la planification de tout le
système de transport des écoliers et c'est là qu'on est un
peu moins d'accord.
C'est à la suite de cette expérience aussi que l'on dit:
II faudrait revenir au niveau des commissions scolaires, rétablir une
certaine forme de concurrence au niveau des entrepreneurs qui eux-mêmes,
avec l'organisation qu'ils possèdent aujourd'hui, sont en mesure
également de voir à ce que chaque entrepreneur aussi ait des
normes sur le plan des soumissions, etc. Nous sommes bien d'accord avec cela.
Cependant, les commissions scolaires auraient quand même pu
bénéficier d'une expertise de la Commission des transports pour
pouvoir aider à la planification et à l'adjudication
localement.
M. Lessard: Pour l'organisation du transport scolaire dans les
années à venir, d'après votre mémoire, vous ne
semblez pas du tout désirer que le transport scolaire soit assuré
par une corporation régionale qui soit différente des commissions
scolaires. Vous semblez affirmer que ce transport soit assuré par les
commissions scolaires.
M. Hudon: Evidemment, nous parlons en termes de 1980. Pour
effectivement rencontrer les problèmes vécus en 1980, on dit que
cela nous prendrait une législation pour décembre. Une
législation pour décembre, en fait, on ne la voit pas encore avec
une organisation indépendante des commissions scolaires. Elle peut
être possible pour 1980, mais, enfin, on ne voit pas cette organisation
indépendante des commissions scolaires qui couvrirait toute la province.
On dit: S'il n'y a pas de garanties face à une organisation
indépendante des commissions scolaires qui donnerait une satisfaction
totale dans le transport des écoliers, aussi bien, nous, l'assurer
encore pour 1980, quitte à ce que l'avenir nous dise: Négociation
entre différents organismes et là, effectivement, il y aura une
mise en place. Mais, actuellement, on ne la voit pas.
M. Lessard: Ma question s'adresse soit à Mme Gervais ou
à M. Hudon. Dans le cadre de l'intégration du primaire et du
secondaire et la désaffectation, en fait, de certaines commissions
scolaires régionales il y a un commencement qui se fait
actuellement qui va être responsable du transport scolaire? Est-ce
que cela va être un organis-
me régionalisé qui regrouperait plusieurs commissions
scolaires? Actuellement, par exemple, dans le cadre de la commission scolaire
régionale, le transport scolaire était assumé par cette
commission scolaire. Dans le cadre de l'intégration du primaire et du
secondaire, on assiste un peu à une désintégration du
transport scolaire au niveau régional.
Mme Gervais: Forcément, quand il y a une commission
scolaire intégrée, c'est elle qui se charge d'organiser le
transport scolaire sur son territoire, au même titre que la commission
scolaire régionale le fait pour elle-même et pour les commissions
scolaires locales de son territoire.
Pour l'avenir, est-ce que toutes les commissions scolaires seront
intégrées? Le mouvement d'intégration est assez lent.
M. Lessard: Cela va. Il est certain qu'on devra tenir compte de
votre mémoire lors des discussions que nous aurons. Ici, par exemple,
vous soulignez à la page 12 de votre mémoire que vous seriez
heureux de discuter des résultats des travaux avec les instances
gouvernementales concernant le nouveau contrat. J'aimerais cela parce qu'on est
en train de travailler sur ce nouveau contrat au niveau du ministère,
avec les fonctionnaires ainsi qu'avec l'Association des transporteurs
écoliers du Québec. J'aimerais cela que, à un moment
donné, des communications se fassent entre les fonctionnaires du
ministère et la Fédération des commissions scolaires pour
qu'on puisse s'ajuster et ne pas arriver à la fin et dire: II n'y a pas
eu de consultation.
Le Président (M. Bordeleau): Je pense que M. Hudon a
quelque chose à ajouter.
M. Hudon: Oui, je voulais simplement ajouter, M. le
Président, qu'en ce qui regarde le transport des écoliers, quand
il y a intégration au niveau des commissions scolaires dans quatre
domaines différents, soit le transport, l'informatique, l'organisation,
par exemple, de l'éducation des adultes ainsi que l'enfance
inadaptée, on garde quand même une structure régionale, une
structure qui correspond à une région géographique qui,
elle-même, effectivement, poursuit l'administration des contrats en
cours.
Cela signifie, par exemple, pour autant, que chacune des commissions
scolaires fait connaître ses besoins à cette structure
régionale. D'ailleurs, le fameux comité régional des
transports existe quand bien même il y a de l'intégration.
M. Lessard: Le problème que nous vivons, M. Hudon, au
niveau du transport en commun comme du transport scolaire, c'est que nous avons
quand on parle du transport scolaire ce qu'on appelle une
entreprise de transport qui fonctionne à peu près à 50% et
qui nous coûte $225 millions par année. Je sais bien que ce n'est
pas facile, mais on sait qu'il y a des heures déterminées pendant
lesquelles le transport scolaire est utilisé.
Pendant les autres heures, le transport scolaire n'est pas
utilisé étant donné la difficulté
d'intégration, aussi.
C'est pourquoi on s'interroge, étant donné les coûts
constants et assez importants que comporte le transport scolaire, si on ne
devrait pas envisager une meilleure utilisation, une utilisation plus
rationnelle, particulièrement dans des régions
périphériques, par exemple, où le transport en commun est
très peu développé, si on ne devrait pas utiliser le
transport scolaire de façon beaucoup plus rationnelle en vue
d'intégrer le transport en commun et le transport scolaire.
M. Hudon: Effectivement, il y a une infrastructure qui pourrait
certainement être utilisée peut-être d'une façon plus
économique en regard du service offert à la population; on est
d'accord avec cela. Pour cela, effectivement, il faudrait quand même que
les commissions scolaires fassent partie d'un centre décisionnel
à part entière avec d'autres personnes, et non pas dire, par
exemple: On transfère toute l'administration du transport des
écoliers à quelqu'un d'autre et c'en est fini, il faut conserver
les droits.
M. Lessard: Vous allez être dans le coup; d'ailleurs, on
vous a soumis une hypothèse, lors de la rencontre de la
Fédération des commissions scolaires, et on attend vos
recommandations à ce sujet. Nous, de notre côté, on
siège pour essayer d'analyser les meilleures solutions pour
l'année 1980. Vous avez raison de dire qu'il vous faudrait ça en
décembre; on va essayer d'aller le plus vite possible. Nous aussi, nous
sentons que cela presse.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre a
terminé. M. le député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je pense que le
mémoire de la Fédération des commissions scolaires
s'adresse plutôt au titulaire actuel du ministère, parce que ce
n'est pas tant le fonctionnement de la Commission des transports qui est en
cause dans ce mémoire.
Je retrace dans vos paroles des plaintes qui, à plusieurs
occasions, ont été formulées alors que j'étais
titulaire du ministère et que j'avais commandé l'étude
Lachapelle dont vous avez parlé tantôt. Autant étaient
heureux tantôt ceux qui vous ont précédé, les
transporteurs scolaires, autant vous autres, vous revenez avec certaines
revendications. Je pense que si ce n'est pas dit dans des mots clairs, vous
n'avez jamais apprécié la tutelle du ministère des
Transports sur le transport scolaire. Vous auriez préféré
de beaucoup, dans le passé en tout cas, que le ministère de
l'Education, qui est beaucoup plus près des commissions scolaires, des
questions pédagogiques et autres, soit celui avec lequel vous auriez
à transiger. Cela a été une décision politique. Il
appartiendra maintenant à un autre gouvernement de décider dans
quel sens il voit l'organisation du transport scolaire et son complément
avec le transport en commun.
Je suis perplexe, par contre, sur certaines affirmations faites dans
votre mémoire. Quand vous parlez de l'habilité qu'auraient les
commissions scolaires à transiger de gré à gré avec
les transporteurs du milieu, je suis de ceux qui ont vécu l'ancienne
formule, avant le rapport Lachapelle, des soumissions publiques et des ententes
de gré à gré. Je me rappelle que chez nous, pertinemment
une fois à La Malbaie, c'était le cinquième transporteur
scolaire le plus bas qui avait eu le contrat, pour toutes les raisons que vous
pouvez invoquer. Je ne pense pas que cela se soit produit depuis que le
transport scolaire a été confié au ministère des
Transports et que le rapport Lachapelle a apporté des règlements
qui ont peut-être gavé le transport scolaire, je l'avoue.
Tantôt, en les écoutant, je n'ai pas posé la question, mais
je suis de ceux qui croient que les échelles d'indexation qui ont
été accordées ont été très larges ou
peut-être trop larges. Je ne suis pas habilité à faire
l'inventaire de l'exercice de la fonction d'un transporteur scolaire, à
savoir quel est le rendement d'un investissement donné par rapport aux
services qu'il donne aux commissions scolaires. Je mets en doute quand
même autant la capacité de l'un que de l'autre et l'on sait
pertinemment que même si on allait en soumissions publiques cela
serait se cacher la vérité de penser qu'on va agir autrement
dans un territoire donné, il y a des transporteurs scolaires qui
sont là, qui protègent leur territoire comme une chasse
gardée et je n'ai jamais vu tellement les concurrents entrer dans ce
territoire. Une soumission publique devient parfois un trompe-l'oeil, à
mon sens; je ne voudrais pas donner cela comme une vérité ex
cathedra, mais que le ministère de l'Education soit plus habile dans
toutes les questions qui relèvent effectivement du ministère de
l'Education, indiscutablement oui. Je pense qu'il y a eu quand même une
collaboration, dans le rapport Lachapelle, avec le ministère de
l'Education, avec toutes les forces en présence, toutes les commissions
scolaires. Si le gouvernement actuel veut changer d'optique et permettre que
les voeux que vous exprimez, il y souscrive, tant mieux. C'étaient les
réserves que j'avais à apporter.
Quant au fonctionnement de la Commission des transports et au rapport
CEGIR, vous en faites très peu mention, mais les règlements sont
là. La Commission des transports, forcément, doit les faire
appliquer et c'est ce qu'elle a fait. Il y a eu des délais très
longs, mais cela, je pense que l'ensemble des mémoires en fait mention
et c'est un peu dans cet esprit que la Commission des transports qui a
été appelée, je pense, travaille dans le but de rendre des
jugements plus rapides et permettre à tous ceux qui font appel à
ses services d'avoir un meilleur rendement de ses décisions.
De toute façon, les paroles que je dis, j'ajoute que je ne les ai
pas dites ex cathedra, mais ce sont des observations que j'ai faites dans le
temps. Aujourd'hui, il appartient principalement à celui qui administre
le ministère des Transports et qui a à plaider auprès de
ses collègues à savoir si les voeux que vous exprimez peuvent
être acceptés.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je ne manquerai sûrement pas la
présence de Mme Gervais pour poser quelques questions et faire certains
commentaires. J'ai eu la chance de croiser le fer avec elle sur
l'aménagement. D'ailleurs, elle en fait allusion dans son
mémoire. (15 h 30)
Je voudrais relever deux points. D'abord, à la page 8 et à
la page 9, tout aspect pédagogique, d'une certaine façon, qui est
dépendant de l'organisation du transport scolaire. Je suis un de ceux
qui disaient, il y a quelques années, avec la désapprobation de
la Fédération des commissions scolaires, à
l'époque, que l'élève était conditionné
à l'autobus. Je vous remercie aujourd'hui de m'en donner la preuve par
les pages 8 et 9. C'est un commentaire. Les 18 points démontrent assez
clairement ce que j'avançais il y a quelques années.
Je suis aussi d'accord avec le député de Charlevoix en ce
qui regarde les soumissions publiques, parce que j'ai vu autre chose et
j'aimerais vous souligner un autre danger qui guette un système tel que
vous préconisez dans votre mémoire. Dans certains milieux, le
député de Charlevoix a parlé de chasse gardée; j'ai
vu aussi, de mes yeux vu et entendu de mes oreilles, deux types qui, sur le
plan local, délibérément, s'entendaient, parce qu'ils
étaient les deux seuls transporteurs, pour soumissionner à un
prix exagéré en disant: Tu auras ce contrat et l'autre, tu me le
laisses. Où est la protection du public avec un tel système?
J'aimerais entendre vos commentaires sur ce point.
J'aurai deux autres points à soulever.
M. Hudon: Effectivement, on a remarqué qu'on est parti de
situations particulières avec une orientation vraiment globale. Il y
avait effectivement, et nous le reconnaissons, des endroits où les
contrats étaient nettement supérieurs à la moyenne et
même, dans certains cas, peut-être exagérés, du fait
que l'on avait donné un contrat, les trois années
antérieures, avec des ajouts chaque année, parce qu'il y avait un
mille de plus, un élève de plus, etc. Cela a existé et
c'est encore un danger qui nous guette. Il faut quand même aussi se
rappeler que, depuis six ans, nous avons vécu une autre
expérience et cette expérience pourrait nous servir dans une
nouvelle façon de procéder lors de l'octroi des contrats.
Nous croyons que le rôle de la Commission des transports serait de
voir, dans certains cas particuliers, à une application raisonnable, une
réglementation raisonnable, pour ramener les entrepreneurs ou les
commissions scolaires imprudentes. Il ne faut pas oublier que, dans nos
demandes d'extension de pouvoirs, on voudrait avoir une plus grande souplesse
pour acquérir des véhicules et avoir une possibilité de
secteurs témoins chez nous. Cela permettrait, effectivement, une
protection du public. Nous pensons qu'avec une nouvelle procédure mieux
appropriée
aux nouveaux besoins, parce que ça demeure un nouveau besoin
actuel, il y aurait également possibilité pour le public d'y
retrouver sa protection.
Il restera toujours le fait que des entrepreneurs pourraient former un
cartel.
M. Chevrette: Mais comment conciliez-vous ce que vous avanciez au
début, en disant qu'il y a une rumeur qui circule, que vous voulez
rassurer tous les entrepreneurs et que vous voulez les garder? Vous venez de me
dire que vous voulez acquérir des véhicules, comment
conciliez-vous ça?
M. Hudon: Cela se concilie de la façon suivante: nous
avons entendu une rumeur à savoir que les entrepreneurs se sentaient un
peu menacés par une orientation qui serait une orientation voulue
d'acquisition de véhicules et d'organisation du transport par les
commissions scolaires elles-mêmes. Nous disons non. Nous disons que nous
voulons demeurer avec la libre entreprise, cependant, nous ne voulons pas quand
même être dupes, c'est-à-dire que nous voulons voir clair.
Dans certains cas, s'il y a besoin, il y aura acquisition de véhicules
et on effectuera le transport. Mais on s'est aperçu que certaines
commissions scolaires avaient abandonné totalement cette façon de
procéder parce que les entrepreneurs ne démontraient pas une
exagération au système établi.
Dans d'autres cas, certaines commissions scolaires ont dit: On aimerait,
pendant quelques années, faire l'expérience de l'acquisition de
véhicules, et cela s'est révélé nettement
difficile. C'est un peu ça la conciliation que l'on fait entre les
deux.
M. Chevrette: A la recommandation 4, page 8, vous dites: "...
réduire l'autorité de la Commission des transports à ses
seules juridictions actuelles". Si j'ai bien compris c'est pour 1980.
M. Hudon: Oui.
M. Chevrette: Que craignez-vous, d'une façon
spécifique?
M. Hudon: "... ses seules juridictions... ", ça
n'enlève pas d'autres juridictions, mais lorsque l'on considère,
par exemple, en mesure de transport des écoliers, toutes les
possibilités que la Commission des transports a, lorsqu'il s'agit de
faire des enquêtes, nous ne leur enlèverons pas ça.
Cependant, on dit, pour nous: Elle devrait fixer le prix du billet que
l'étudiant doit payer dans le système de transport public
on lui reconnaît cette juridiction aussi et aussi voir à
émettre des permis pour le transport. En fait, pour le transport des
écoliers comme pour le transport public.
M. Chevrette: Mais, vous dites: "réduire l'autorité
de la Commission des transports à ses seules juridictions
actuelles".
M. Hudon: Oui, c'est dans le cas où, effectivement, on
retrouve la Commission des transports qui fixe la table de taux des tarifs, de
l'indexation, etc. Alors, on dit: On n'a pas besoin de ça; on aurait
besoin de ces deux choses, plus ses pouvoirs d'enquêtes, etc.
M. Chevrette: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: Sur ça, vous voulez dire que vous n'êtes
pas d'accord pour que, par exemple, la Commission des transports du
Québec puisse faire une révision particulière? Supposons
qu'un transporteur scolaire en appelle à la Commission des
transports.
M. Hudon: Non, c'est que, si on se situe dans un nouveau
système, il n'y aurait pas de révision particulière;
ça n'existerait pas.
M. Lessard: II y a toujours un droit d'appel à quelque
part.
M. Hudon: Si la soumission publique nous dit oui; ou enfin la
négociation de gré à gré convient d'un certain
montant entre l'entrepreneur et la commission scolaire et qu'il n'y a pas
exagération par rapport à certains barèmes, il n'y a pas
appel pour des révisions particulières.
M. Chevrette: Si on adoptait le système dont vous parlez,
vous ne pensez pas qu'on tomberait exactement dans le phénomène
qu'on a connu avec les conventions collectives en 1965?
Précédents d'un endroit à l'autre et des
exagérations d'un endroit à l'autre et l'insécurité
constante? Non?
M. Hudon: L'avenir seul pourra nous le dire.
M. Chevrette: Oui, mais le passé est garant de l'avenir,
d'habitude.
M. Lessard: Est-ce qu'on a réussi jusqu'en... Le rapport
Lachapelle, c'était en...
M. Mailloux: 1974.
M. Lessard: Est-ce que, avant 1974, avant le rapport Lachapelle,
on a réussi à créer, dans le transport scolaire, la
sécurité? Est-ce qu'on a réussi à créer,
dans le transport scolaire, des transporteurs qui soient efficaces, qui aient
des autobus en bon état? Les contrats étaient pour trois ans et
même renouvelables chaque année. Est-ce que, si on revient
à ce système pur de soumissions publiques je n'affirme
rien, je veux avoir des... qu'on avait auparavant, on ne revient pas
à un système d'insécurité au point de vue de nos
étudiants, avec des autobus non conformes à la
sécurité routière, avec une insécurité chez
les transporteurs, de telle façon qu'ils ne renouvellent pas leur flotte
d'autobus, parce qu'ils savent très bien que dans trois ans ils courent
le
risque de perdre leur contrat? C'est un peu ça qui est
arrivé, en fait, et c'est la raison qui a justifié le rapport
Lachapelle. En même temps, comme le disait le député de
Joliette-Montcalm, c'est que, de plus en plus, on sent qu'il y a regroupement
à l'intérieur d'unités syndicales de ces chauffeurs
d'autobus et on s'en vient, de plus en plus, avec une uniformité de
conventions collectives. Est-ce qu'on ne reviendra pas à des batailles
encore plus imposantes au point de vue syndical et où les grèves
seraient encore bien plus longues? C'est ça qui...
Mme Gervais: Je ne peux pas partager entièrement les
craintes que vous exposez, parce que l'image de ce qu'on vit maintenant n'est
plus ce qu'on vivait il y a quand même quelques années. Il y a eu
le regroupement des commissions scolaires et il y a eu, évidemment, le
rapport Lachapelle. Le transport scolaire relève des commissions
scolaires régionales; il y en a 52 et ça ne peut pas se
multiplier davantage maintenant. Ce n'est pas comme autrefois, quand chacune
des commissions scolaires locales donnait son contrat à un transporteur
qui avait parfois deux ou trois autobus. C'étaient uniquement deux,
trois ou quatre autobus; ce n'est plus du tout le même portrait
aujourd'hui.
Quand vous parlez de la possibilité de se servir du transport
scolaire pour faire d'autre transport dans une région donnée, M.
le ministre, il y a probablement des possibilités de faire des
études et d'arriver à des conclusions qui favorisent ce transport
autre que le transport des écoliers. Il y aurait une chose à
préserver, cependant, à mon sens, c'est la mission
première du transport scolaire. Monsieur, tantôt, disait: Ecoutez,
j'ai pensé que les enfants étaient au service du transport
scolaire plutôt que le contraire. Je ne peux pas nier cela
complètement. Je ne peux vraiment pas le faire parce qu'il y a des
horaires de transport à respecter. Par ailleurs, dès qu'on
ajouterait d'autres transports que celui des écoliers, il y aurait
encore d'autres choses à respecter et je voudrais bien que la mission
première du transport des écoliers demeure, sans pour autant
refuser de voir, dans l'avenir, une possibilité que ce service de
transport serve à d'autres transports.
M. Chevrette: Quoique l'intégration des commissions
scolaires soit lente, comme vous venez de le dire, à la minute qu'une
régionale va se scinder en trois commissions et qu'elle garde
l'autorité, vous savez pertinemment, si les normes ne changent pas,
qu'il y aura nécessairement besoin d'ententes de service. Au niveau
secondaire, si on parle strictement sur le plan éducatif, surtout
à l'enseignement professionnel, s'il n'y a pas d'ententes de service
entre commissions scolaires, vous baissez par l'intégration la
qualité des services éducatifs. S'entendant là-dessus, le
problème du transport sera un problème additionnel et vous ne
semblez pas favoriser la création d'une structure autre que la
commission scolaire pour assurer un service adéquat à
l'écolier. Vous préfé- rez garder la structure de
l'autorité de la commission scolaire. Comment expliquez-vous cela?
Mme Gervais: Ce dont on est assuré habituellement, on veut
le garder; si je suis assurée que j'ai un bon service de transport qui
m'est fourni par la commission scolaire régionale, je ne vois pas
pourquoi j'irais vers un point d'interrogation.
M. Chevrette: Oui, mais la commission scolaire régionale
n'existera pas dans plusieurs régions, dans quelques mois ou dans
quelques années à peine. Il faut prévoir. C'est la
qualité première des administrateurs. Vous savez que ça
s'en vient.
Mme Gervais: Ecoutez, comme vous venez de le dire, surtout au
niveau professionnel, il va falloir qu'il y ait des ententes, ne serait-ce que
pour se servir, par exemple, de certains ateliers dans une polyvalente
donnée. Ici, je parle de choses que je connais très bien, de la
polyvalente de Loretteville où il y a telles options qui se donnent, de
la polyvalente Duberger-Les Saules où il y a telles autres options et on
ne peut pas répéter toutes ces options s'il y avait
intégration, disons, au niveau d'une école locale qui va donner
l'enseignement secondaire en disant: J'intègre l'enseignement
secondaire. Il va toujours falloir qu'il y ait des ententes. Il y aura des
ententes régionales. Il n'y aura plus de commissions scolaires
régionales, mais il devra nécessairement y avoir des ententes
régionales. C'est peut-être pour cela, justement, que
l'intégration est lente. Il ne faut pas plonger sans savoir où on
va.
M. Chevrette: En fait, vous prônez, non pas... Mme
Gervais: Je prône l'entente cordiale.
M. Chevrette: Des commissions scolaires renouvelées.
Mme Gervais: Pardon?
M. Chevrette: Si vous me permettez de m'exprimer ainsi, vous
prônez des commissions scolaires renouvelées.
Mme Gervais: Je ne suis pas venue ici pour vous donner mon
opinion personnelle sur les commissions scolaires de demain.
M. Chevrette: Non, mais c'est quand même très
sérieux. Vous savez pertinemment que l'orientation des commissions
scolaires... Elles veulent absolument intégrer. Ce n'est pas moi qui
l'ai inventé. C'est vous autres qui travaillez là-dessus d'une
façon assez forte. Vous êtes même déçus que
certaines intégrations, dans certains milieux, soient bloquées.
Au niveau des administrateurs scolaires, à d'autres niveaux, on se
réjouit que ce soit bloqué parce qu'ils veulent conserver leurs
structures actuelles. Il va y avoir une évidence tantôt. Je prends
ma région que vous connaissez sans doute. C'est le plus beau
comté de la province.
Mme Gervais: N'allez pas penser que ce qui se passe dans votre
région se passe partout dans la province. Au niveau de
l'intégration, dans le moment... (15 h 45)
M. Chevrette: Non, je ne dis pas que cela se passe partout. Cela
ne se passe pas partout, mais il n'y aura pas trois recettes. Si
l'autorité du transport scolaire relève de la régionale
d'une place et, s'il n'y a pas de régionale dans l'autre, il va falloir
le trancher au provincial et, à ce moment, vous dites: C'est la
commission scolaire qui garde l'autorité et vous admettez dans un
même souffle qu'il y aura nécessairement des ententes de services
pour dispenser des options. Cela veut dire qu'il faudra avoir des ententes de
services pour le transport scolaire. A ce moment, vous devriez vous prononcer
contre le fait que les commissions scolaires se divisent, si je suivais votre
raisonnement. Non?
Mme Gervais: C'est parce que vous appliquez mon raisonnement
à ce qui se passe dans votre région.
M. Chevrette: Ah non, je sors pas mal.
Mme Gervais: Quand vous dites "vous", n'impliquez pas la
Fédération des commissions scolaires. Elle ne s'implique pas dans
l'intégration présentement. Elle dit: Que chacun des milieux
prenne sa décision. Si vous venez dans mon milieu, monsieur,
l'intégration pour moi, c'est la régionale qui intégrerait
les trois commissions scolaires locales. C'est mon point de vue chez moi. Mais
chez moi, ce n'est pas chez vous. Ce sont des régions bien
différentes.
M. Chevrette: C'est ça. Vous dites: Chez moi, je n'aurai
pas de problème, donc je maintiens l'autorité de la
régionale sur le transport, mais ailleurs, qu'est-ce que vous nous
suggérez comme gouvernement qui doit être responsable?
Mme Gervais: Ailleurs, c'est une commission scolaire locale qui a
intégré son enseignement secondaire et qui donne tous les
services à la population. Si ce n'est pas par entente, elle les donnera
elle-même, s'il n'y a pas moyen de faire des ententes. S'il y a des
intégrations qui font, que ce sont des commissions scolaires assez
importantes et des territoires grands et assez importants aussi pour qu'on
offre des services sans qu'il y ait d'ententes on les donnera.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
Mme Gervais: On a encore croisé le fer, M. Chevrette. Je
reviendrai vous voir; j'aime ça.
M. Chevrette: Je ne hais pas ça, madame.
M. Mailloux: Une dernière question. Vous êtes
inquiets, vous de la Fédération des commissions scolaires, comme
l'ensemble des commissaires du Québec, des coûts astronomiques
qu'on rencontre actuellement dans le transport scolaire. Je pense que c'est
rendu au-delà de $220 millions. Il est indiscutable que, contrairement
à ce qu'on a vécu au moment où on a été
élevé, où on faisait de longues distances pour aller aux
classes, aujourd'hui, on est dans un système passablement
gavé.
M. Lessard: Cela coûtait moins cher!
M. Mailloux: Quand vous demandez principalement le retour vers
les commissions scolaires et vers le ministère de l'Education, est-ce
que depuis 1974 vous êtes en mesure, la Fédération des
commissions scolaires, de nous faire la preuve, principalement dans le
fonctionnement des classes dans les différentes options qui sont
données d'un collège à l'autre, dans toute l'organisation
du transport scolaire versus les questions pédagogiques, que le
ministère des Transports n'a pas été à
l'écoute des commissions scolaires et n'a pas cherché à
composer de manière que l'éducation puisse être offerte
dans toutes ces disciplines sans vous entraîner tellement de
difficultés que vous auriez rencontrées quand même de la
part d'un autre ministère ou si vous-mêmes aviez eu à
l'organiser?
M. Hudon: II faut quand même dire Ici que la situation a
évolué depuis six ans. Cette évolution, on ne la verrait
pas seulement au niveau administratif entre ministères, mais
également au niveau de l'organisation même d'un appel d'offres ou
des soumissions. Cependant, pour bien répondre à la question, on
va vous donner un exemple. On s'est trouvé, à un moment
donné, dans des situations où les décisions étaient
compartimentées. On avait, par exemple, à prendre ou à
laisser une subvention pour du transport des écoliers lorsque l'on
transporte des élèves pour maintenir une école ouverte ou
une classe. Par contre, d'un autre côté, on n'avait pas de
subvention pour engager le personnel enseignant. Alors, on disait ceci:
Advenant que l'organisation du transport, ainsi que la formule de subvention
qui s'y rattache relèveraient de la même autorité qui, en
même temps, voit les problèmes pédagogiques,
peut-être qu'à ce moment ce type de question se résoudrait
d'elle-même. Toute la question de la transférabilité.
Encore actuellement, on maintient des véhicules sur le chemin
dans certains cas particuliers dans le but justement de ne pas avoir à
demander d'augmentation de véhicules l'année suivante.
C'est-à-dire que l'on pourrait, par exemple, dans certains cas
fonctionner avec moins de véhicules, mais parce qu'on craint une
augmentation de population dans certains quartiers l'année suivante, on
maintient ces véhicules sur le chemin. En effet, faire la preuve au
niveau du ministère des Transports que cette année on n'en a pas
besoin et que l'an prochain on va en avoir besoin, c'est très complexe,
c'est très compliqué à cause de la réglementation
actuelle. C'est ce type de problème administratif que l'on verrait en
tout cas, d'une
certaine façon, beaucoup plus facile sur le plan de la discussion
avec le ministère de l'Education qu'avec le ministère des
Transports.
M. Mailloux: Je devrais le savoir, mais la régionalisation
scolaire date de quelle année?
M. Hudon: La régionalisation scolaire date des
années soixante-deux, soixante-quatre.
Une Voix: Soixante-deux, soixante-quatre. M. Hudon: Oui,
c'est cela.
M. Mailloux: Cela veut dire que les exemples que j'ai
donnés tantôt de transport négocié par des
commissions scolaires régionales, que ce soit dans un endroit ou
l'autre, on l'a vu avec la régionalisation. J'espère que cela
s'est amélioré depuis. Je n'étais pas prêt à
accepter les décisions qui étaient rendues dans le temps et tous
ceux qui étaient malheureux des décisions, quand même qu'on
voulait s'adresser aux commissions scolaires, on nous faisait dire de nous
mêler de nos troubles. Mais si ce n'était pas acceptable, ce
n'était pas acceptable d'aucune façon. Un système
semblable, je ne voudrais pas le voir revenir et je ne ferais pas du globalisme
dans les commissions scolaires, loin de là, parce qu'il y en a dans tous
les ordres de la société. Mais je n'étais pas capable
d'accepter les raisons qu'on nous donnait. C'était loin de la
pédagogie et c'était loin du fonctionnement des commissions
scolaires, les raisons qu'on prenait pour favoriser un tel plutôt que
l'autre.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Je vous remercie,
Mme Gervais, M. Hudon, d'être venus présenter le mémoire de
la Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec.
Mme Gervais: M. le Président, je vous remercie de nous
avoir reçus et je veux vous assurer de notre collaboration. Si vous avez
besoin de l'équipe de la fédération pour continuer vos
travaux, nous serons heureux de collaborer en tout temps. Merci infiniment.
Le Président (M. Bordeleau): Merci.
Nous avions un groupe qui était prévu ce matin et qui a
été remis à plus tard cet après-midi. Je pense que
les gens, les représentants sont ici. Il s'agit de plusieurs groupes
associés soit Niagara Frontier Tariff Bureau Inc., Middle Atlantic
Conference, Southern Motor Carrier Rate Conference. Ces gens sont-ils ici? Je
vous demande, s'il vous plaît, de prendre place.
Niagara Frontier Tariff Bureau Inc. et al.
Mme Tanseey (Micheline): M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Vous pouvez procéder,
madame.
Mme Tanseey: ... mon nom est Micheline Tanseey. Je suis
employée aux bureaux des services Niagara Buffalo New York. Avec moi est
M. Robert Gawley qui est un vice-président exécutif du bureau des
tarifs. Malheureusement, M. Gawley ne parle que l'anglais. Permettez-vous qu'il
fasse sa présentation en anglais ou si vous préférez que
je vous fasse...
Le Président (M. Bordeleau): Je suis complètement
dépendant des membres de la commission.
M. Mailloux: Mon collègue, le ministre des Transports, a
suivi des cours chez Berlitz.
M. Lessard: Le problème qui va se poser, c'est que,
justement, on ne parle pas très bien, nous, l'anglais. Si vous voulez
qu'on puisse vous poser des questions...
Mme Tanseey: Si vous voulez interrompre, si vous avez besoin de
clarifications, je m'empresserai de les faire pour vous et de faire la
traduction des questions, si vous le voulez bien. Ou bien si vous le voulez,
après que M. Gawley...
M. Lessard: Je n'aurai pas beaucoup de questions.
Mme Tanseey: ... vous aura présenté ses
commentaires, je vous en ferai la traduction. Cela va?
M. Lessard: As you want. Mme Tanseey: Merci.
M. Gawley (Robert): Very briefly, we will try to keep our
comments down keeping in mind the time of the day. The submission that was made
was made on behalf of Niagara Bureau, Middle Atlantic and Southern Conference.
All three of us publish rates between the United States and the province of
Québec. All three of us have been publishing rates between those
jurisdictions for about the last thirty years. The rates which we publish are
through-rates. In other words, in one place, you can find the rates from
Québec City to Chicago, to New Orleans, almost any place you want to
look at. In the submission we made, we commented solely on the issues of tariff
filing and rate making. We will be happy to comment on any of the other issues
that were raised but we specifically held our comments to the two areas. The
report we found was very excellent. We find that the vast majority of the
conclusions reached we can support. We do however urge that very serious
considerations be given to the division of the social, economic, political and
the regulation side of transportation. As long as trucking remains a free
enterprise proposition, there must be a profit and the profit dictates that
when conditions require service that the rates be high enough to provide that
profit. We
also very strongly support and urge that rate changes be made on a
timely basis. I think all of us are aware that the economy we are living in is
ever changing.
We must have the ability from the shipper side, from the receiver side
and from the carrier side to make great changes on a timely and, where
necessary, on a very short period. There are many times when problems are
created unbeknown to anyone until they happen, that dictate that we have the
ability to make rate changes or establish rates on a one, a two or possibly a
three day notice. The requirement of waiting for 30 days provides advantages
for no one and, in many cases, it results in traffic having to move by private
carriage which should move, and could economically move by general commodity
carriers. So we do urge that, in the recognition of the changes, a procedure be
adopted that allows for publication on far less than 30 or 40 days.
Likewise, we urge that the commission or board have the power and the
staff to make necessary studies. We realize that studies of almost all types
are very expensive and, for that reason, we suggest that many organizations
which have expertise in this area, both on the shipper side and on the carrier
side, be consulted on behalf of the three organizations which submitted this
brief.
We will cooperate in any way possible. We have, over all the years we
have been publishing rates, and we certainly extend that offer in every way we
can.
Publishing international rates requires that we file them with at least
two and possibly three jurisdictions. Every rate which we publish from this
province to the United States in subject to the jurisdiction of the province of
Québec, and also the Interstate Commerce Commission in the United
States. This requires that the regulations look at the problems on both sides,
and the fact that through rates and through services can only exist as long as
there is realistic recognition of the problems that are created in the other
jurisdictions.
As we state in the brief, for some 30 years, there have been through
rates and, as we state in the brief, there have been substantial increases in
traffic, which certainly shows that there has not been a problem in the
cooperation of the various regulatory jurisdictions..
We do stress the need for more information, in order that proper
regulation can be also realistic regulation. One of the major missing elements
in many jurisdictions is the area of accurate and complete accounting
requirements. There is no way that we know of to develop costs or to develop
very much without detailed financial accounting. Here again, because almost all
major carriers operate in more than one jurisdiction, we urge that there be
uniformity, not only between carriers, but also uniformity between
jurisdictions. We are fully aware that there is substantial cooperation today
through the regulatory agencies in Canada, and we do urge that not only it go
forward, but it go forward possibly at a little quicker face.
The concerns that we have and that we state in our brief really run to
the aspect of regulation moving faster that there is the knowledge to support
it. Where we talk or where the report talks about minimum and maximum
regulations, it fails to discuss where the information would be obtained to
support either the high or the low. It is very easy to establish a level for
ease which fails to recognize the fact that there are differences, there is
competition, there is backhaul corridors, there is out of balance traffic which
permits carriers to do things that are entirely different in one direction that
in another direction.
Throughout the report, there is no comment made on the method of filing.
The publication of tariffs should be as simple as possible, not only for the
member carriers, but for the regulatory agency, as well as for the shipping
community. For years we have filed in many jurisdictions, we find the problems
in filing within this province is one that rate filings can be made only
through attorneys licenced to practice in the province. In all other
jurisdictions which we publish, including introstate, in may states in the US,
with the province of Ontario and with the Interstate Commerce Commission, we
find that we can make rate filings, under powers of attorney for our member
carriers. (16 heures)
We find really no value, other than an expense, nothing to be gained by
filing through attorneys. We certainly are well aware that are many times that
attorneys are essential, having been admitted to the Bar some 25 years ago, I
agree completely they are a necessary evil. But, I find that simply to require
that they sign about three pieces of paper before a filing can be made, results
in benefits for no one. The expenses the bureau incurs, of course, are passed
on to the member carriers, the expenses of the member carriers, of course, are
passed on to the general public.
Unless there is a desire, I have no reason to go through the brief.
There are about four recommendations of the report, that I feel that should be
stressed from the standpoint of the rate bureau. We certainly concur completely
that the regulatory body must have jurisdiction not only to fix rates, but to
suspend rates where it finds that they are out of line.
We also certainly urge that the regulatory body have the power to
investigate the rates being assessed by the carriers and paid by the shipping
public. Here, the obligation should run not only to the member carriers, but
also to the shipping public.
It is very difficult for a motor carrier to force a shipper to do very
much, unless the regulations provide obligations for the shipper as well as for
the carrier.
The concept of shipping from the Gazette to a publication of the
commission is one we thoroughly recommend. This again ties back to the timely
publication and the timely effective date, which is essential if the carriers
are to meet the needs of the shipping community.
We also strongly endorse the aspect of the commission, working through
"unofficial channels" to communicate with protestants. We find many times, that
issues that are placed far out of proportion and with a little bit of
discussion, a couple of meetings, that most problems can be put to bed without
the necessity for formal hearings.
We certainly urge that efforts in that direction be made. The final one
that I would like to comment on is the aspect that where you establish a
commission for the purpose of regulating a segment of the economy, the
regulations need to be as broad as possible, in order that that commission can
meet the needs which are ever changing and which today, there is no one that
will be able to anticipate what they will be for tomorrow.
So, we urge that the regulations which would be drafted in the widest
range possible to allow the commission the necessary latitude to meet the ever
changing conditions.
Now, I will be happy to comment on any aspect of the report we submitted
or any other aspect.
Le Président (M. Bordeleau): Thank you Mr. Gawley. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: Je devrais poser les questions à Mme Tanseey.
Cela va être très court. D'abord, je tiens à vous remercier
quand même d'être venus présenter un mémoire à
la commission parlementaire, d'autant plus que vous partez d'assez loin.
J'aimerais juste avoir des explications. Vous déposez des taux
pour, à la fois, des membres américains et des membres canadiens.
Vous avez des membres qui font affaires exclusivement à
l'intérieur du Québec. En ce qui concerne ces membres qui font
affaires exclusivement à l'intérieur du Québec, il n'y a
pas de problème; ils sont soumis à la juridiction de la
Commission des transports du Québec.
En ce qui concerne les membres qui font affaires exclusivement à
l'intérieur du territoire américain, il n'y a encore aucun
problème; c'est I'interstate.
Quand il s'agit de taux qui couvrent des membres qui font affaires
à la fois aux Etats-Unis et au Québec, est-ce que le
dépôt des taux que vous présentez à la Commission
des transports du Québec et à la ICC sont les mêmes, sont
uniformes?
Mme Tanseey: Oui, les taux sont uniformes.
M. Lessard: Les taux sont les mêmes. Mme Tanseey:
Oui.
M. Gawley: Oui, the same supplement is filed with both the
commission and the ICC, at the same time.
M. Lessard: D'après votre expérience, étant
donné que vous pouvez avoir des comparaisons de taux entre le
Québec et les Etats-Unis, est-ce que les taux de transport au
Québec sont comparables à ceux des Etats-Unis?
M. Gawley: We have never made that type of comparison. I think it
could be done, but you would have to be very careful in picking the proper
jurisdiction to compare it with. On of the... There are so many differences as
you look at rate levels. The average length of haul has a very substantial
difference. In the case of Niagara, the average shipment moves about 500 miles.
If you look at intrastate New York, the average shipment moves about 90 miles.
The rate levels you can not make side by side without knowing the conditions,
without knowing the balance of traffic; where you have a pretty consistent
balance of traffic, you can support a lower rate level. Where you have, let me
take an example, within the United States, going to the Southwest, carriers
will have about four times as great a revenue need going to the Southwest as
they will coming back, simply because there is not the traffic coming back.
I think you could make a comparison, but I would certainly urge you to
take a very hard look at the areas that you are comparing, otherwise you are
going to come up and say first, either the rates in Québec are too high
or they are too low and they may have no comparison at all. It could be done,
but you would have to be very careful what you've compared.
M. Lessard: Est-ce que d'après l'expérience que
vous avez des différentes Commissions des transports, dont les objectifs
sont les mêmes, à savoir contrôler ou fixer des taux, est-ce
que la régulation dans les Etats américains est plus forte que la
régulation ou la réglementation que nous avons à la
Commission des transports du Québec?
M. Gawley: Last year, it would have been easier to answer. This
year, I do not know what regulation we have with the ICC. Every week, it seems
to change and every week, it seems to become more confusing. So, if I can go
back before the radical changes that have taken place, there is very
substantial similarity. The major difference, insofar as the rate making side
is concerned, the regulations in the province of Québec provide for rate
fixing. They delegate to the commission the power to specifically fix the
rates, and in essence, the regulations state that the rates are fixed by the
commission. Within the United States, and this is true in most State
jurisdictions as well as with the ICC, rates that are filed are not looked at
by the regulatory agency unless there is a complaint. The exceptions to that
are general increases. Where rate increases are taken, there is a very thorough
investigation by the ICC and by most State jurisdictions.
But where you are looking at the normal rate change, no commission
within the US very few of these state regulatory commissions within the US
actually look at the rate filing, they rely upon the shipping community or
competitive carriers to draw to the Commission's attention what changes are
wrong.
In so far as operating authorities are concerned, I think the province
of Québec has a stricter regulation on operating authority. It certainly
does today.
M. Lessard: Merci beaucoup, thank you very much.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): J'aimerais poser quelques questions
à M. Gawley. I would like to ask you a couple of questions.
Is the "réglementation" in the United States the same in every
State or is the "réglementation" made in Washington for every State?
M. Gawley: No, we regulate slightly differently. Interstate
commerce covers any traffic which originates in one State and terminates in
another or which moves through a second State. The Interstate Commerce
Commission also regulates traffic within a State, which has had a prior or
subsequent movement to a State beyond. So, for example, a shipment between two
points in New York State, which arrived in the State by water, would be
regulated by the Interstate Commerce Commission. However, traffic which
originates and terminates in the same State is regulated in some cases
similarly, in some cases drastically differently, by the individual States.
Most States do regulate transportation; Delaware and New Jersey are the only
two I can think of that do not regulate transportation by motor carriers.
M. Lessard: By motor?
M. Gawley: By truck. All other States I am aware of regulate
truck transportation to greater or lesser degrees, most regulate it very
similarly to the Interstate Commerce Commission. The State of New York, for
example, the State of Pennsylvania, their regulations are almost identical to
the Interstate Commerce Commission regulations.
M. Vaillancourt (Orford): But every State accepts the regulations
of every other State?
M. Gawley: Really, no, because there is no way a State can
regulate transportation which affects or involves a second State. Where
transportation moves across a State line, then it is regulated by the Federal
Government, whereas if it stays within the State itself, then it is regulated
by the State Government and a State Regulatory Commission.
M. Vaillancourt (Orford): By the Interstate
"réglementation"?
M. Gawley: Yes.
M. Vaillancourt (Orford): You said that you found out the
"réglementation" is made like the ICC and you never know when the
"réglementation" changes. Here, you said that you recommend and support
the CEGIR report that calls for our "réglementation" to be made by the
board instead of the Government. Do you think it is dangerous that we can have
the same changes often?
M. Gawley: I think we have a serious problem in the United
States, insofar as transportation regulation. For whatever reasons that one
wants to discuss, we do have a commission which feels lesser regulation is what
should take place. There is a very divided group on the commission, a part of
the commission believing that where you change policy, the policy should either
come from Congress or from Parliament. A sizable part of the commission, and
probably a majority, feel that within the existing law, they can change
policy.
As I recall, the report leaves with the Parliament or with the Cabinet
the power to make changes. It does recommend, though, that the commission have
very substantial jurisdiction in deciding its own rules. I support that very
strongly, because today's rules may not meet tomorrow's conditions, and where
you have to move through Parliament to make a minor change, it makes it
virtually impossible to do.
M. Vaillancourt (Orford): It takes more time.
M. Gawley: Let me, if I can, give you a very simple example. The
regulations in the province of Ontario grant to the Highway Transport Board the
power to advance the effective date on any tariff matter that has been filed
with it. So, if you file a publication with an effective date of September 1st,
upon the proper showing, the board may allow you to advance that September 1st
date to August the 15th. However, the regulations do not allow the board to
postpone. (16 h 15)
In our case, last April, we filed a general increase with an effective
date of April 1st. We desire to postpone that increase until April the 10th.
The regulations in Ontario do not allow the board to do that. To change that
regulation, which I think is a very simple proposition, requires an act of the
Ontario Parliament which is about a year away and for a year, we have a serious
problem. I think the board has to have this type of jurisdiction, this type of
ability to make changes, not to make changes in policy, but to make changes in
how that policy can be best carried out.
M. Mailloux: Can you tell me if you have been in the Middle
Atlantic Conference for many years?
M. Gawley: I am with the Niagara Frontier Tariff Bureau.
M. Mailloux: Pardon me?
M. Gawley: The Niagara Frontier Tariff Bureau.
M. Mailloux: For how many years have you been in this
activity?
M. Gawley: Since 1955. 24 years.
M. Mailloux: 1955?
M. Gawley: 1955. 24 years.
M. Mailloux: The question I would like to ask you is the
following: Can you tell me if you have more problems with the present Transport
Commission in comparison with the Régie des transports before 1972?
M. Gawley: Yes.
M. Mailloux: You have more problems now?
M. Gawley: I guess I would overall say no, but again, let me be
honest, we do not have troubles with either one. The troubles we have are on
some of the regulations. Now, I have been attending meetings with the boards,
with the commissions for twenty odd years in this province. During that period
of time, I have seen a number of chairmen come and a number of chairmen go and
for many, many years the same gentlemen staying on year after year. I think
along the way, transportation has changed. I think along the way, the
government's decision on the regulation of transportation has changed. In the
middle fifties or the late nineteen-fifties, regulation of transportation was
handled by a very benevolent dictator. The regulations changed to meet the
conditions. Where you had a problem, there was a solution whether or not there
were regulations that provided for the solution. The regulations were very well
administered but they were administered by a dictator who had a very
substantial and a very great knowledge of the transportation community, both
shipper and carrier. With the change from that one gentleman, we then started
looking at actually what the rules said. When Colonel Harrow was the man in
charge, we really did not have to read the rules because he had a solution for
whatever problem you had. Now, I am not sure, if these solutions had been
attacked in the courts, that some of them would have stood up. But he also used
the word "benevolent" in a very serious tone. I do not think he had many
decisions challenged.
With the change in regulation and the more formalized type of
regulation, our problems have been on the wording of some of the provisions,
not in the administering of the them. We have a serious problem which I
mentioned on publishing rates on short notice. The regulations really do not
provide a basis where you can put a rate in to take care of an emergency
situation. If a shipper has been buying from a supplier and that supplier has a
fire and now he has to buy from someone else, there is really no way in which
he can obtain the same level of rates, other than waiting 30 or 45 days. It is
not a fault of the regulatory body, it is a fault of the regulations that
provide the restriction. I would have to say, during Colonel Harrow's regime,
the problems were entirely different but then again, the complexities of the
problems were entirely different too.
Le Président (M. Chevrette): II n'y a pas d'autres
questions?
M. Vaillancourt (Orford): Thank you very much for all your
observations and recommendations and your brief and we will study more deeply
before we gave our...
M. Gawley: I thank all of you for the opportunity for being
here.
Le Président (M. Chevrette): Thank you very much.
Dernier groupe pour aujourd'hui, l'Association des propriétaires
d'autobus du Québec. M. No-reau. Ce sera M. Bhérer.
M. Lessard: Vous êtes bien là?
Le Président (M. Chevrette): Vous pouvez identifier les
gens qui sont avec vous.
Association des propriétaires d'autobus du
Québec
M. Bhérer (Wilbrod): M. le Président, M. le
ministre, MM. les membres, j'ai avec moi le président de l'Association
des propriétaires d'autobus, M. Roger Bourgeois, d'Autobus
Drummondville, M. Paul Noreau. le secrétaire, M. Bouchard, de
Saint-Joseph d'Alma, et mon collègue, Me Guy Poliquin.
Je suis avocat à Québec, je suis l'avocat des
propriétaires d'autobus depuis 42 ans. J'ai longtemps entendu parler des
propriétaires d'autobus et j'espère que ce n'est pas pour cette
raison que vous nous gardez pour le dessert. Nous sommes heureux d'être
avec vous et de vous faire part de nos sentiments à l'égard du
rapport qui vous a été produit par la commission que vous avez
chargée d'étudier le problème du transport dans la
province de Québec.
Nous remarquons, M. le Président, qu'aucune plainte n'a
été formulée au sujet du transport en commun. Je n'ai pas
l'intention de vous lire notre mémoire. J'imagine que vous en prendrez
connaissance. Je vais faire quelques remarques qui vont être un peu le
sommaire de nos représentations. Evidemment, le transport en commun,
c'est le transport des personnes, c'est un transport qui ne se mêle pas
aux autres, qui est différent. Nous avons 110 membres dans notre
association qui exploitent 2500 véhicules qui transportent et des
passagers réguliers sur horaires et des écoliers, qui desservent
1100 municipalités dans la province, avec leurs services
réguliers, dont 800 n'ont d'autres moyens de transport, 800
municipalités qui n'ont d'autres moyens de transport que l'autobus.
N'eût été l'autobus dans la province de
Québec, il n'y aurait pas de services de transport en commun, parce que
le chemin de fer a toujours pris la province de Québec, à
l'exception de Montréal, comme un point sur une grande route, et il n'y
avait pas de service local, il n'y avait pas de service régional de
chemin de fer, il n'y a pas de
service nord-sud. A l'est de Québec sur la rive nord, il n'y a
pas de chemin de fer. Au nord de Québec, jusqu'à il y a
très peu de temps, c'était l'autobus, et encore maintenant, c'est
seulement l'autobus qui dessert la région du Lac-Saint-Jean, la
région de l'Abitibi. Nord-sud, il n'y a pas de transport de chemin de
fer. Sur la rive sud, il y a à peine un transport transcontinental.
Alors, tout ça pour dire que l'autobus, c'est le moyen de
transport unique dans la province de Québec et celui sur lequel les
Québécois doivent compter. Quand je parle de l'autobus, service
de transport unique, je parle du service de transport régulier sur
horaire. C'est l'épine dorsale du moyen de transport des citoyens de la
province de Québec. Lorsqu'on parle de politique de transport dans le
rapport CEGIR, je ne vois nulle part qu'on parle d'un service de transport,
d'une politique de transport autre que celle... on n'a rien formulé. On
dit: II devrait y avoir une politique du transport. Il y en a une; il n'y a
qu'un moyen de transport et c'est ce transport-là qu'on essaie de
protéger, qu'on essaie de garder au service du public qui transporte des
millions de voyageurs par année, dans lequel ont été
investis actuellement, à la valeur d'aujourd'hui en dollars constants,
peut-être $150 millions à $200 millions.
Un autobus aujourd'hui, cela coûte $135 000. Il y en a 2500 sur la
route qui ne coûtent pas tous ce prix, mais un autobus neuf aujourd'hui,
cela coûte $135 000 plus la taxe. Vous voyez le coût de
l'aménagement d'un service de transport. C'est quelque chose qu'on doit
conserver comme la prunelle de ses yeux.
La politique de transport dans le domaine, elle existe depuis vraiment
la Commission des transports actuelle. Je me demande pourquoi on parle de
nouvelle politique de transport. Elle existe depuis qu'on a eu un
ministère des Transports qui a voulu se préoccuper du transport
en commun pour les régions urbaines ou métropolitaines et pour
les régions interurbaines ou régionales. Cette politique consiste
à privilégier le transport en commun, à assurer sa
survivance, sa pérennité, la qualité et la
fréquence de ses services en lui conservant tous les revenus
accessoires, additionnels, occasionnels que peuvent lui procurer les voyages
à charte-partie et les voyages spéciaux. En effet, lorsqu'un
moyen de transport régulier met en service un nombre de véhicules
pour desservir une certaine population, il doit avoir accès à
tous les revenus afférents à ce moyen de transport. Normalement,
ils font partie de son gain possible.
Je crois qu'au point de vue politique de transport en commun nous en
avons une actuellement qui est consacrée par les permis qui sont
émis. Nous avons une Commission des transports qui fonctionne
très bien, à notre avis. Nous n'avons pas de plaintes à
formuler contre elle. Evidemment, je ne veux pas prendre la place des autres.
Chacun a ses raisons de ne pas être heureux. Evidemment, il y a toujours
de petites corrections à faire, mais, en somme, aujourd'hui, c'est la
différence entre des obligations imposées, des droits reconnus et
une légalité dans l'exercice du fonc- tionnement de la Commission
des transports. S'il fallait revenir en arrière, comme on peut sembler
le suggérer un peu, et donner plus de pouvoirs arbitraires à la
commission, M. le Président, je vous rappelle un temps où
c'était comme cela et, à ce moment-là, il y avait des
dossiers confidentiels à la commission, des dossiers que les parties ne
pouvaient pas voir. Très souvent, les jugements étaient rendus
sur ces dossiers et on se réveillait, le lendemain d'une audition
publique ou privée, avec un jugement qui ne correspondait pas aux faits
prouvés devant le tribunal. C'est cela, l'arbitraire. C'est cela, le
subjectivisme dans les décisions des pouvoirs administratifs quasi
judiciaires. C'est extrêmement dangereux. On ne voudrait pas retourner
vers cela.
La commission actuelle est soumise à certaines lois, à
certains règlements comme les participants, comme ceux qui vont devant
elle. Il me semble que c'est normal, cela. Je ne sais pas si la commission
elle-même a demandé de changer ses pouvoirs, mais nous, nous ne
voyons pas pourquoi on changerait la situation actuelle. Encore une fois, il y
a toujours des choses à corriger. Entre autres, dans le cas de
l'émission de permis saisonniers on en parle dans notre
mémoire nous voudrions et cela peut se faire par
règlement du ministère des Transports en modifiant quelque peu le
règlement relatif au transport saisonnier que la commission
justifie davantage ses décisions par des données
économiques. (16 h 30)
Bien souvent, on accorde un permis de transport saisonnier sans trop
justifier, dans le domaine économique, l'impact sur le service local,
l'impact sur le service régulier, l'impact sur la perte de revenus du
service local et régulier. Je pense que c'est un des
éléments importants qu'on pourrait peut-être envisager.
Mais, quant au reste, à l'application des divers règlements, nous
n'avons pas à nous plaindre. Cependant, il y a une autre question qui,
malheureusement, est tombée d'elle-même, c'est le droit d'appel.
Lors de la création de la Commission des transports, on avait
créé un tribunal d'appel où nous pouvions, de façon
très informelle, sans grande procédure et sans dépenses,
sans frais, nous plaindre d'une décision qui n'aurait pas
été conforme aux règlements ou à la loi et, tout de
suite, on avait un jugement, cela prenait quinze jours, trois semaines ou un
mois et on avait un jugement par des juges qui étaient habilités
et qui avaient l'expérience des lois et des règlements
applicables au transport, et c'était très expéditif. Pour
des raisons qui ne sont pas de notre ressort, les tribunaux ont
décidé que ce tribunal était inconstitutionnel. Il me
semble qu'on devrait trouver moyen de réinstituer ce tribunal.
Actuellement, le seul recours en droit, c'est la Cour d'appel, à grands
frais et à délais trop longs; cela devient un recours illusoire
et beaucoup trop coûteux pour le bénéfice qu'on peut en
retirer. On peut causer des préjudices graves à des gens qui ont
investi de l'argent dans l'industrie et qui, de la sorte, seraient
pénalisés. C'est la principale requête que nous
faisons.
Quant au reste, M. le Président, nous n'avons pas grand-chose
à vous suggérer. J'entendais tout à l'heure les
commissions scolaires se plaindre du fait que les contrats du transport
d'écoliers étaient faits sous le contrôle du
ministère des Transports. Nous avons beaucoup de transporteurs
d'écoliers dans notre association et je pense qu'ils ne seraient pas
heureux de retourner sous l'administration de l'autre partie à leur
contrat qui pourrait leur dire, comme on a tenté de le faire, par
exemple, au cours de grèves: On annule le contrat, tout simplement, et
on vous met à la porte. Je pense que le système actuel permet une
tierce partie entre les deux, et c'est extrêmement utile; cela, c'est de
la bonne administration.
C'est tout ce qu'on a à vous dire.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: Quelques questions, M. Bhérer, en
commençant par la fin, sur le droit d'appel. En ce qui concerne le
Tribunal des transports, vous connaissez sans aucun doute la décision
qui a été rendue concernant, justement, la juridiction du
Tribunal des transports, où on indiquait, globalement, si je ne me
trompe, puisque je ne suis pas avocat, qu'aucune cour administrative ne pouvait
avoir un droit exclusif d'appel. C'est à peu près, je pense, la
base de la décision. Il est certain qu'étant donné cette
décision, il est très difficile de faire d'un nouveau tribunal
des transports un droit d'appel exclusif. Peut-être devrait-il être
une instance entre la Cour d'appel des cours régulières et la
Commission des transports? Cela réduirait peut-être d'autant le
recours à la Cour d'appel. Vous dites: "On devrait trouver par d'autres
moyens". Vous avez une expérience pratique fort longue dans le droit.
Quel serait cet autre moyen? La décision étant ce qu'elle est, on
ne peut pas aller à la Cour internationale de La Haye.
M. Bhérer: M. le Président, malheureusement, je ne
suis pas un avocat bien réputé en matière de droit
constitutionnel, mais il me semble que vos avocats vont pouvoir trouver un
moyen, si la volonté y est, de mettre, comme vous dites, entre la Cour
d'appel ou le bref d'évocation à la Cour supérieure, un
tribunal intermédiaire qui ferait peut-être partie de la
Commission des transports, enfin, qui serait un appel d'une décision de
niveau inférieur.
Je remarque, par exemple, qu'on parle d'enquêteurs au niveau de la
Commission des transports. Dans d'autres juridictions, et dans une que je
connais, aux Etats-Unis, par exemple, c'est difficile de donner une autre
juridiction comme exemple, mais, à Interstate Commerce Commission aux
Etats-Unis, on fait faire une enquête par un enquêteur, il fait son
rapport. S'il n'y a pas d'appel, cela devient après tant de jours la
décision de la commission. Si les parties ne sont pas satisfaites, soit
sur les faits, soit sur le droit, les appels se font généralement
sur le droit, elles en appellent à la pleine commission qui, elle,
entend un appel de son propre commissaire, de la décision ou du rapport
de son propre commissaire. Vous avez une instance intermédiaire. Si,
après cela, vous n'êtes pas satisfaits, il vous reste ou la Cour
d'Appel dans une question majeure ou l'évocation devant la Cour
supérieure.
M. Lessard: Mais vous avez cette possibilité d'en appeler
de la décision d'un commissaire devant les trois juges actuellement en
fonction de l'article 14. Autrefois, il y avait trois instances.
M. Bhérer: Ce n'est pas un appel, c'est une
révision de la décision, parce que sa décision n'est pas
finale, à moins qu'elle soit entérinée par la
commission.
M. Lessard: C'est un genre d'appel quand même.
Il y avait trois instances auparavant.
M. Bhérer: C'est cela.
M. Lessard: II y avait le commissaire seul, il y avait les trois
juges...
M. Bhérer: Ou deux commissaires.
M. Lessard: Vous avez le droit d'en appeler à un moment
donné devant trois juges.
M. Bhérer: C'est cela.
M. Lessard: Et, à la suite de cela, vous en appeliez
devant le Tribunal des transports.
M. Bhérer: C'est cela.
M. Lessard: Là, on nous dit que le Tribunal des transports
n'est pas habilité sur des questions de droit à être
l'organisme exclusif. Cela ne veut pas dire qu'il ne peut pas être un
organisme d'instance.
M. Bhérer: II me semble qu'il pourrait être
institué comme cela.
M. Lessard: Cela pourrait permettre d'arbitrer entre la Cour
d'appel et...
M. Bhérer: C'est cela, parce que le recours à la
Cour d'appel, c'est illusoire. Vous savez, c'est un tribunal administratif, il
faut que les décisions qui sont rendues soient jugées en appel ou
en révision immédiatement. Et, avec le tribunal d'appel, nous
avions dans quinze jours ou trois semaines l'appel et, quinze jours
après ou un mois après, on avait le jugement. C'était
réglé.
M. Lessard: Avec le Tribunal des transports.
M. Bhérer: Le Tribunal des transports. C'était
réglé. Le mécanisme fonctionnait très bien.
M. Lessard: Maintenant, vous vous plaignez, je pense, dans votre
rapport, vous en avez parlé
tout à l'heure, à la page 18, du fait que la commission
émet beaucoup trop de permis saisonniers. Est-ce que le règlement
19, l'article 19.8 qui, en fait, favorise dans l'émission du permis
saisonnier les détenteurs de transport en commun, ne met pas
indirectement un frein à l'émission de trop nombreux permis?
M. Bhérer: Oui. Je ne veux pas juger les jugements rendus
par la commission, mais je pense qu'elle a jugé ce moyen avec beaucoup
d'élasticité. Cela n'a pas toujours été permis et
tous les juges ne sont pas du même avis à ce sujet. Il y a des
décisions où on a dit: Non, il faut respecter cette option
donnée au transporteur régulier d'or-frir son service, s'il
l'offre, il faut le lui donner. D'autres ont dit: Oui, mais il n'est
peut-être pas le meilleur transporteur pour offrir ce service. On a
extrapolé un peu de ce règlement. Je pense qu'il y aurait lieu de
le réexaminer, dans l'optique de l'idée que vous aviez
originairement de protéger le service régulier.
A mon avis, c'est la seule faille qui existe dans le système
actuel.
M. Lessard: II y a une question que je me pose un peu depuis le
début de ces délibérations et que j'aimerais vous poser.
C'est qu'on parle assez souvent, depuis le début de la commission
parlementaire, de jugements contradictoires à la Commission des
transports. Est-ce qu'à votre connaissance, il s'est établi ou il
devrait s'établir, s'il ne s'en est pas établi, à la
Commission des transports, une certaine jurisprudence, comme vous avez dans le
droit coutumier?
M. Bhérer: En général, oui, M. le ministre,
mais vous savez, il y a toujours des gens, dans un groupe comme
celui-là, qui prétendent avoir le pas contre le régiment.
Alors...
M. Lessard: II y a un droit administratif. Une dernière
question...
M. Bhérer: Je remarque que c'est le régiment
qui...
M. Lessard: ... puisque, comme vous l'avez souligné, vous
êtes avocat-conseil depuis 42 ans pour les transporteurs...
M. Bhérer: J'ai vu toutes sortes de régies, M. le
ministre.
M. Lessard:... privés qui font du transport public, je
suis bien d'accord pour dire qu'il faut favoriser...
M. Bhérer: Vous commencez jeune, M. le ministre.
M. Lessard: Quand vous avez commencé, je n'étais
pas là. C'est certain qu'actuellement, il y a des transformations dans
le transport en commun. De plus en plus, les gens, surtout dans des
régions où la population est assez concentrée, exigent du
transport en commun, la crise du pétrole vient favoriser le transport en
commun, aussi, contrairement à l'hystérie qu'on est en train de
créer et il est certain qu'on déplore actuellement tous les
accidents qu'il peut y avoir dans le transport en commun, il reste quand
même que c'est encore un peu comme dans le secteur aérien, c'est
le transport le plus sécuritaire que nous pouvons avoir. On a seulement
à regarder les journaux le lundi matin, il s'en tue passablement plus
dans le transport individuel qu'il peut s'en tuer dans le transport en commun.
Il y a des transformations intenses qui se font et qui doivent se faire et qui
se feront dans le transport en commun, un peu comme dans l'éducation,
que voulez-vous, autrefois, l'éducation était assurée par
l'entreprise privée.
Maintenant, les coûts devenant très élevés
avec le temps, le gouvernement a dû assumer certaines
responsabilités dans le secteur de l'éducation, de même que
le gouvernement du Québec assume, dans certaines régions ou par
l'intermédiaire de corporations intermunicipales de transport ou de
commissions de transport, avec la collaboration d'autres organismes publics,
soit les municipalités, une partie du transport en commun. Par exemple,
d'après vous, lorsqu'un transporteur privé qui fait du transport
public n'est plus capable, financièrement, d'assumer le transport en
commun dans une région donnée et qu'il doive réduire
continuellement ses services, est-ce que la Commission des transports, dans ce
cas-là, peut ou devrait avoir le pouvoir de permettre à un autre
transporteur d'assumer ces services?
M. Bhérer: Si la preuve que vous alléguez est
faite, oui, à condition que le requérant puisse faire la
démonstration qu'il va être capable de le faire, parce que vous
savez, l'entreprise privée vit de ses propres moyens. Si un transporteur
d'expérience n'est pas capable de vivre avec la population qu'il
dessert, c'est à douter qu'un autre puisse prendre sa place.
On serait mieux, à ce moment-là, de rechercher la mise en
commun de services entre deux parties, deux propriétaires d'autobus, la
réunion de deux groupes d'entreprises privées en une seule.
Là, la commission devrait avoir le pouvoir de faire des enquêtes.
Je pense que ça relèverait de sa responsabilité, de faire
des enquêtes. Vous savez, c'est une espèce d'expropriation. Vous
aurez toujours des plaintes, les gens vont dire: Bien oui, mais je vis avec
ça et misérablement, mais je vis. (16 h 45)
Souvent, on a vu de ces cas dans le passé, mais ils sont
très rares. Je me souviens de deux cas dans toute ma carrière
où j'ai vu des gens qui, pour des raisons d'abus de confiance, donnaient
un très mauvais service. C'était réellement mauvais;
c'étaient des alcooliques ou des gens qui abusaient du public et qui
donnaient un très mauvais service. La commission leur a enlevé
leur permis et l'a donné à un autre. Entre autres, dans le
comté de Nicolet, dans ce coin-là, il y a
déjà 25 ou 30 ans, j'ai vu ça se faire, mais c'est
très rare, parce que celui qui ne réussit pas, même s'il
est remplacé par un autre, il ne réussira pas non plus. Mais il
peut y avoir des jonctions de services qui vont permettre de continuer un
service à la population qui est mal servie et, là, la commission
elle-même peut faire des enquêtes et voir si ça ne pourrait
pas arriver et essayer de tenter la mise en commun de ressources au
bénéfice du public.
M. Lessard: Un groupe qui a témoigné ici
aujourd'hui a recommandé que la commission ait le droit de suspendre de
son propre chef un permis lorsque, à la suite d'enquêtes, elle
juge que le service n'est pas satisfaisant ou pas donné selon les
critères et les normes de sécurité publique ou autres
critères.
Dans votre mémoire, vous semblez craindre
énormément un tel pouvoir qui serait donné à la
commission et vous recommandez qu'un tel pouvoir ne soit pas donné
à la commission. En fait, vous êtes plutôt favorable
à ce qu'une cour de justice décide au lieu de la commission.
M. Bhérer: Actuellement, c'est ce que l'article 35 dit.
Pour enlever un permis, il faut que la commission puisse partir des
décisions d'un tribunal déclarant quelqu'un coupable.
Après ça, elle peut enlever le permis. Si quelqu'un a
été déclaré coupable d'enfreindre la loi ou
d'enfreindre les règlements de façon constante ou à peu
près constante, là, il n'y a pas de doute qu'elle est
obligée de le faire. C'est un homme qui ne respecte pas la loi. Alors,
le premier devoir d'un transporteur public ou de l'exploitant d'une entreprise
publique, c'est de respecter la loi et les règlements qui lui imposent
certaines restrictions, qui lui donnent des droits, mais qui, en même
temps, lui imposent des obligations. C'est un peu comme celui qui a un contrat
et qui ne respecte pas son contrat.
M. Lessard: Ce qui veut dire, M. Bhérer, que si, par
exemple, une compagnie est condamnée par une cour pour des infractions
assez sérieuses concernant la sécurité publique, la
sécurité des passagers, la Commission des transports est
habilitée à lui enlever son permis?
M. Bhérer: Nous, on ne pourrait pas se plaindre de
ça, je ne le crois pas. On ne viendrait pas se plaindre de ça.
Pourvu que les motifs allégués soient sérieux, on ne s'en
plaindrait pas.
Nous avons intérêt à ce que notre entreprise de
transport, entreprise publique, soit respectée, soit respectable et
qu'elle soit au service du public et que, vis-à-vis des corps publics,
avec lesquels nous traitons, nous soyons aussi respectés et
encouragés à donner un bon service. Dans la mesure où nous
sommes respectés et encouragés à donner un bon service, on
investit de l'argent parce qu'on dit: On est protégé et on donne
un meilleur service. Si on est toujours en situation de trouble, de petites
mesquineries administratives, on craint et on n'investit pas. Mais ce qui a
fait les grands réseaux, les familles d'aujourd'hui: les Bourgeoys, les
Fournier, tous les gens des petites familles d'autrefois qui ont
créé de grands réseaux ont bâti ça avec leurs
ressources personnelles qu'ils ont toujours réinvesties dans
l'entreprise. S'il n'y avait pas eu une certaine protection et un certain
respect des lois et des droits par eux, comme de leurs droits par les corps
publics, vous n'auriez pas une entreprise de transport aussi florissante qui
emploie peut-être une vingtaine de mille personnes actuellement. C'est
formidable, l'argent investi dans cette entreprise aujourd'hui, mais dont on ne
pourrait pas se passer.
Au sujet du transport des écoliers, on a parlé avec vous
souvent de l'intégration du transport scolaire dans la mesure où
c'est possible. Quand on peut faire cela aussi, c'est extrêmement bon
pour tout le monde. Cela coûte meilleur marché. On réduit
les coûts. On intègre les services en commun. Plus on singularise,
plus on sépare par petits groupes les personnes à transporter,
plus on augmente le coût, et plus on fait du transport en commun, plus on
réduit les coûts pour chacun et pour la communauté.
Le Président (M. Bordeleau): Merci beaucoup, M.
Bhérer. M. le député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je ne sais pas si mes
observations me porteront à poser des questions. J'ai
écouté le plus attentivement possible les réflexions qu'a
faites M. Bhérer tantôt. Au tout début, vous avez
mentionné que vous sembliez d'abord satisfait de la situation dans le
domaine des transports depuis quelques années. J'ai cru comprendre que
la création du ministère des Transports, la loi des transports de
même que la Commission des transports depuis 1972 avaient joué un
rôle quand même assez efficace dans l'organisation des transports
au Québec. Si je n'ai pas beaucoup de questions à poser, c'est
qu'en raison de certaines affirmations que j'ai faites depuis deux jours et non
pas à l'appui des gestes que j'ai pu poser dans le passé, vos
recommandations concourent en partie avec les opinions que j'ai émises.
Quand vous dites qu'il appartient au ministre des Transports, comme membre de
l'exécutif, de faire des politiques de transport, je pense que c'est un
voeu que j'ai exprimé moi-même et qu'il appartient
également au ministère des Transports de faire les
règlements et non pas à la commission. J'ai déjà
dit, évidemment, que je n'acceptais pas la démission de
l'exécutif vers une commission, une régie ou autre.
J'ai cru comprendre que vous avez quand même trouvé votre
profit avec les règlements de la Commission des transports depuis 1972,
alors qu'avant cette date, sous la Régie des transports, il y a des
anomalies évidemment sur lesquelles plusieurs témoins ont dit
qu'ils ne voudraient pas revenir. Vous mentionnez également,
contrairement aux recommandations du rapport CEGIR, que votre impression au
sujet de l'organisme qui doit gérer les transports dans le Québec
doit être un organisme quasi judiciaire et non pas un orga-
nisme simplement administratif tel qu'on semble le recommander.
D'où, évidemment, devant certaines décisions, il y a
absolument besoin de juges pour que le justiciable y trouve son profit. Il y a,
bien sûr, certaines suggestions que vous faites sur lesquelles je ne
serais peut-être pas d'accord, mais il demeure que dans l'ensemble, les
observations que vous faites en général sur l'étude qui
s'est poursuivie sur la Commission des transports rencontre en partie les
observations que l'Opposition a faites également. Vous ne recommandez
pas tellement de changement. On verra peut-être demain si, à la
lecture de certains mémoires, ce n'est pas une transformation profonde
de l'organisme qui est en place qui améliorera tellement le sort des
transports, mais tentera plutôt de les rendre plus fonctionnels et
peut-être d'enlever un peu du judiciaire vers lequel s'est trop
dirigée la Commission des transports. C'est peut-être un peu
là qu'est le noeud du problème.
De toute façon, comme l'ensemble de vos recommandations rejoint
en partie certaines suggestions que nous avions faites dans le temps, avec
lesquelles ont dû vivre plusieurs transporteurs depuis un certain temps,
je n'ai pas de question à poser. Mais je confesse qu'en vous
écoutant, tantôt, j'ai cru comprendre que dans le domaine des
transports, depuis la création de la Commission des transports et du
ministère des Transports, il y avait plus d'ordre qu'il y en avait
auparavant malgré la multiplicité.
M. Bhérer: Pour nous, je l'ai dit souvent, je le
répète souvent, je l'ai dit à vous, je le dis au ministre,
M. Lessard, également, chaque fois que nous nous rencontrons, vos
fonctionnaires, lorsque vous étiez ministre, les fonctionnaires actuels
du ministère et tous les officiers du ministère ont tenu à
collaborer avec nous et nous avons tenu à collaborer avec eux pour faire
de notre industrie une industrie au service des gens de la province de
Québec, une entreprise publique de transport, responsable, consciente de
ses obligations, mais qui réclamait aussi certains droits, certaines
protections que seule la réglementation du ministère peut lui
procurer.
On ne peut pas aller devant un tribunal administratif pour dire: J'ai
des droits. Il faut que ça parte de règlements émis par
l'autorité compétente qui, elle, est chargée de
déterminer la politique. C'est l'esprit de notre prise de conscience du
problème actuel. Les fonctionnaires du ministère nous ont
toujours traités avec beaucoup de déférence. Nous avons
collaboré avec eux continuellement et nous sommes très heureux de
nos relations avec le ministère des Transports, tel qu'il existe
actuellement, comme lorsque vous en étiez le ministre, M. le ministre.
On n'a rien à dire. Vraiment, on n'a rien à dire. Je pensais que
c'était pour ça que vous nous aviez conservés pour la fin.
Nous sommes heureux; nous sommes des gens heureux; on n'a pas de
problèmes. Il y en a toujours un peu, mais, enfin, on n'a pas de grands
problèmes à régler avec vous autres.
M. Lessard: Si c'était tout le temps comme ça,
ça serait consolant. Malheureusement, ce n'est pas tout le temps comme
ça.
M. Bhérer: Bien, vous seriez peut-être malheureux,
à certains moments, de n'avoir que des gens sans problèmes!
Le Président (M. Bordeleau): Merci aux membres de
l'Association des propriétaires d'autobus du Québec d'être
venus présenter leur mémoire. A ce moment, ça
complète l'horaire de la journée pour les travaux de la
commission, la réception des mémoires.
Avant d'ajourner les travaux, j'aimerais vous donner l'ordre des
organismes qui sont convoqués pour demain matin. En premier lieu, il y
aurait la Ligue nouvelle des propriétaires de taxis de Montréal
Inc., la Fédération des ligues de taxis du Québec Inc.,
numéro 7-M; le Conseil québécois du taxi Inc., 8-M;
l'Associaion des industries forestières du Québec Ltée,
14-M; l'Association des consommateurs du Québec, 22-M.
La commission ajourne maintenant ses travaux à demain, 10
heures.
Fin de la séance à 16 h 58