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Présentation de mémoires sur le
rapport
CEGIR portant sur la Commission
des transports du Québec
(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Bordeleau): La commission , permanente
des transports reprend donc ses travaux ce matin, sa troisième
séance.
Les organismes qui sont convoqués pour la journée sont
dans l'ordre, premièrement, la Ligue nouvelle des propriétaires
de taxis de Montréal Inc., mémoire portant le numéro 6-M;
la Fédération des ligues de taxis du Québec Inc.,
mémoire portant le numéro 7-M; le Conseil québécois
du taxi Inc., 8-M, l'Association des industries forestières du
Québec Ltée qui selon les informations que nous possédons
ne viendra pas présenter son mémoire aujourd'hui. Ils seraient
donc absents. Et en dernier lieu, l'Association des consommateurs du
Québec Inc., mémoire portant le numéro 22-M. J'appelle
dès maintenant le premier organisme, soit la Ligue nouvelle des
propriétaires de taxis de Montréal. Si les représentants
veulent bien s'approcher.
Avant de procéder aux mémoires comme tels, j'ai omis de
mentionner la liste des membres de la commission pour aujourd'hui. Les membres
de la commission seront: M. Baril (Arthabaska), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. Lessard (Saguenay), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Mailloux (Charlevoix), M. Marquis
(Matapédia), M. Perron (Duplessis), remplacé j'imagine par M.
Proulx (Saint-Jean), M. Russell (Brome-Missisquoi), M. Samson (Rouyn-Noranda),
M. Verreault (Shefford). Les intervenants sont: M. Bellemare (Johnson), M.
Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Desbiens (Dubuc), M. Grégoire (Frontenac),
M. La-montagne (Roberval), M. Lefebvre (Viau), M. Ouellette (Beauce-Nord), M.
Vaillancourt (Orford).
Nous pouvons donc procéder avec la présentation du
mémoire de la Ligue nouvelle des propriétaires de taxis de
Montréal Inc. si un des représentants veut bien s'identifier et
présenter les gens qui sont à la table.
Ligue nouvelle des propriétaires de taxis de
Montréal Inc.
M. Ferland: Pothier Ferland, conseiller juridique de la ligue. Je
veux vous présenter M. Salvatore, président de la ligue; M.
Bonhomme, à ma droite, vice-président; M. Pires, à
l'extrême gauche, secrétaire-trésorier; MM. Bessette et
Ferrera, administrateurs et M. Sainte-Marie, directeur général
permanent.
Une Voix: II en manque un.
M. Ferland: Non, je pense avoir nommé tout le monde. J'ai
dit MM. Bessette et Ferrera, administrateurs.
Le Président (M. Bordeleau): C'est cela. Cela va.
M. Ferland: Nous présumons que le texte a
été lu par les membres de cette commission. Je vais tout
simplement demander au directeur permanent, M. Sainte-Marie, de vous faire le
résumé des commentaires et le résumé des
conclusions de ce texte. Tout le monde ici est évidemment à votre
disposition pour quelque question que ce soit.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, alors monsieur...
Si vous voulez approcher votre micro pour une meilleure audition.
M. Sainte-Marie (Jean-Paul): M. le Président, M. le
ministre, messieurs les membres de l'Assemblée nationale, je pense qu'il
est inutile de vous dire quel est le plaisir et la fierté des
administrateurs de la Ligue nouvelle des propriétaires de taxis de
Montréal de se trouver ici, ce matin, devant vous, dans le but
d'étudier le rapport CEGIR sur la Commission des transports du
Québec.
Le mémoire que nous vous avons présenté est
axé sur la demande telle que nous l'avons reçue à nos
bureaux, c'est-à-dire un commentaire sur le rapport CEGIR
lui-même, et non pas le résultat d'une enquête que nous
avions faite nous-mêmes sur l'administration de la Commission des
transports. D'ailleurs, nous n'avons ni les moyens techniques, ni les
disponibilités financières pour organiser une telle
enquête.
Notre mémoire consiste uniquement à commenter le rapport
CEGIR et, ensuite, à présenter quelques propositions qui sont
relatives à l'administration de la Commission des transports en regard
de l'industrie du taxi à Montréal. Cependant, il se trouve que
dans le rapport CEGIR présenté à la commission
parlementaire, il y avait une annexe qui contenait une monographie sur le taxi.
Par circonstances, cette monographie a été rendue publique
à peu près au temps où la Ligue des taxis de
Montréal, la ligue A-11, se préparait à présenter
à la Commission des transports une requête en relation avec
l'étude annuelle faite par la Commission des transports sur les tarifs
de taxis. Comme cette monographie présentait des renseignements que nous
trouvions incorrects sur l'industrie du taxi à Montréal, nous
avons cru nécessaire d'en faire une étude assez longue dans notre
mémoire.
Les recommandations que nous présentons ne sont pas en fonction
je l'ai dit tout à l'heure de l'industrie du taxi, mais de
l'opération et de l'administration de la Commission des transports
envers l'industrie du taxi. Les textes de notre mémoire suivent les
recommandations du rapport CEGIR l'une après l'autre. Plutôt que
d'être une méthode inductive, c'est simplement une méthode
comparative, c'est-à-dire que nous prenons une proposition et nous
faisons notre recommandation en conséquence.
La première série de recommandations de CEGIR
apparaît à la page 45 du rapport et c'est une question, dans ces
recommandations, je pen-
se bien, beaucoup plus de dialectique que n'importe quoi d'autre. Les
recommandations de CEGIR semblent être que la Commission des transports
doit suivre les politiques du ministère ou du gouvernement plutôt
que la législation. C'est pour ça que nous trouvons que cette
dialectique est toutefois malheureuse. Dans les pouvoirs que la Loi du
ministère des Transports donne au ministre, à l'article 2, il est
dit que le ministre ne peut pas énoncer les politiques du gouvernement
comme CEGIR le propose. Il permet au ministre d'élaborer et de proposer
au gouvernement les politiques relatives au transport que le gouvernement
transforme ensuite en lois qui deviennent, à ce moment-là, la
politique que doit appliquer la Commission des transports.
Alors, je pense que c'est ce que CEGIR veut dire, que la Commission des
transports puisqu'on dit un peu plus loin que la Commission des
transports doit appliquer la législation doit appliquer la
législation promulguée par le gouvernement soit en vertu de lois,
soit en vertu de règlements, mais on affirme que ce sont les politiques
du ministère qui doivent être appliquées. Il y a une
différence entre les deux que nous avons voulu souligner. (10 h 15)
Dans ses recommandations, CEGIR ne parle pas d'un aspect que nous
trouvons fondamental dans ce domaine, c'est la collaboration des parties
intéressées, soit au moment de l'élaboration des
politiques, soit au moment de l'élaboration des règlements. Dans
le texte, par exemple, si, à un moment donné, le ministère
désire élaborer une politique relative à l'industrie du
taxi, soit pour l'ensemble de la province, soit pour Montréal, nous
aimerions, nous souhaiterions être consultés afin
d'étudier, conjointement avec les autorités administratives, les
problèmes qui sont à la base de la politique que l'on veut
élaborer et présenter au gouvernement, parce qu'en fin de compte,
nous concevons que si le ministre prépare une politique qu'il veut
présenter au gouvernement pour qu'elle devienne loi, il la
prépare en fonction de l'application de l'administration de cette
politique qu'il veut faire par la suite. Comme cette application s'appliquera
directement à notre industrie, nous disons: Nous aimerions, dès
le premier stade, participer, si c'est possible, à cette
élaboration et nous présentons la même suggestion lorsqu'il
s'agit de préparer les règlements qui doivent expliquer ou
appliquer les lois adoptées par le Parlement.
Dans les recommandations 2, 3, 4, 5 et 6, CEGIR soulève un
problème qui est beaucoup plus sérieux que la simple
définition des pouvoirs de la Commission des transports. Il s'agit
d'établir de quelle façon la loi sera appliquée, soit par
arrêté en conseil, soit par pouvoir délégué.
Si le gouvernement établit une loi et qu'il délègue
à la Commission des transports le pouvoir d'appliquer cette loi,
à ce moment-là, la Commission des transports devient autonome et
établit ses propres règlements sujets à acceptation par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Par contre, si le gouvernement légifère et ensuite, par
règlement, par arrêté en conseil, détermine les
modalités d'application de sa loi, ça devient une administration
par arrêté en conseil, par règlement ou par décret.
Nous utilisons le mot "décret", parce que le mot "règlement" peut
porter à confusion. Il y a les règlements d'arrêtés
en conseil, il y a les règlements de la Commission des transports, il
peut y avoir des règlements définis par certains fonctionnaires
qui, au ministère des Transports, ont certains pouvoirs qui leur
permettent de faire des règlements. C'est pour ça que nous
utilisons le mot "décret", parce que ça évite la
confusion, ça détermine précisément le
règlement déterminé par arrêté en
conseil.
Cette question de savoir si l'industrie du transport, l'industrie du
taxi en particulier doit être administrée soit par
arrêté en conseil, par décret, soit par pouvoir
délégué à la Commission des transports, nous disons
que cela ne nous regarde pas et nous sommes d'avis que cela ne regarde pas
CEGIR non plus. C'est une décision de très haute politique qui
doit être déterminée par l'Assemblée nationale et
sûrement, par la suite, par la population, si la population
l'accepte.
Mais nous disons ceci: Que ce soit par décret, par
arrêté en conseil, par pouvoir délégué
à la Commission des transports, nous aimerions, encore une fois
nous insistons là-dessus être consultés lorsqu'il
s'agit d'élaborer la réglementation relative à
l'industrie.
Comme nous sommes, en vertu de la Loi des transports, l'organisme
reconnu, accrédité pour représenter les industriels du
taxi, nous sommes l'interlocuteur valable pour notre région en ce qui
concerne l'industrie du taxi.
Maintenant, sans fausse gloire ni faux orgueil, nous prétendons
aussi que, du fait que, dans le A-11, à Montréal, nous comptons
plus que 60% de toutes les voitures autorisées à faire du taxi
dans la province et que nous comptons plus que 50% de tous les
détenteurs de permis. A ce moment, nous nous disons, par la force des
choses, pas par volonté expresse, pas par envie de grandeur, mais par la
simple force des choses, que nous représentons la majorité de
l'industrie. Donc, non seulement pour notre coin de la province, mais on peut
dire aussi, pour l'ensemble de la province, que nous pouvons être, en ce
qui concerne la technique de l'industrie du taxi, un interlocuteur valable pour
être appelé à négocier ou à étudier la
réglementation que l'on veut proposer.
Nous disons que c'est une simple conséquence normale de
l'évolution des choses. Cela a pris beaucoup de temps avant que les
employeurs puissent être forcés, par législation, à
accorder au syndicat qui représente leurs ouvriers, leurs
employés, un droit de regard et un droit de négociation sur les
conditions de travail de ces employés.
Or, lorsque, dans l'industrie du taxi, le gouvernement ou la Commission
des transports fixe des normes de travail qui intéressent notre vie
quotidienne et notre gagne-pain, nous disons à ce moment que nous
devrions être consultés à l'égal
quand je dis d'égal à égal, je ne veux pas
faire de mauvais jeu de mots du législateur, dans ce
cas-ci, c'est la Commission des transports ou le gouvernement comme ce
serait, dans un contrat de travail, l'employeur qui légifère sur
les conditions de travail qu'il veut offrir à ses employés. A ce
moment, ça justifie notre demande de présentation.
Nous passons maintenant aux recommandations 7 et suivantes, qui sont
à la page 71. Nous soulignons, à la page 23 de notre
mémoire, que les recommandations 7, 34, 39, 41, 53, 54 et 55 de CEGIR,
qui sont des recommandations relatives à l'administration de la
commission, ne sont valables que si le ministère ne
légifère pas par arrêté en conseil, mais
délègue ses pouvoirs à la Commission des transports. Si le
gouvernement procède par délégation de pouvoirs à
la Commission des transports, la commission peut réaliser ce que
recommande CEGIR. Mais, si on continue à fonctionner comme on le fait
actuellement, par arrêté en conseil, à ce moment, il est
impossible, dans ce cadre d'opération, de faire ce que CEGIR recommande.
Alors, encore une fois, nous disons: Cela n'est pas de notre
responsabilité, c'est de la haute politique, qui ne dépend pas de
nous et nous pouvons indiquer que nous préférerions que la
commission soit autonome, mais nous ne pouvons pas indiquer au Parlement ce
qu'il doit faire dans cette matière.
En ce qui concerne la recommandation no 8, à la page 71, nous
disons qu'actuellement le texte du règlement 6 de la Loi des transports,
du règlement no 2 qui est le règlement de procédure de la
commission est suffisant et nous préférons surtout que les
infractions à la loi ou au règlement continuent d'être
déterminées par les tribunaux de droit commun plutôt que
par un tribunal semi-administratif, semi-judiciaire. En fin de compte, nous
trouverions curieux que la Commission des transports ait le pouvoir de
déterminer qu'un règlement qu'elle à elle-même
promulgué a été rompu; je parle d'infractions
nécessairement, je ne parle pas de manquements administratifs, je parle
d'infractions à un règlement susceptibles d'une amende. Nous
trouverions curieux que la commission ait le pouvoir d'imposer une amende pour
infraction au règlement qu'elle aurait elle-même promulgué
à l'intérieur de son administration.
En ce qui concerne le no 9, où l'on dit que tous les
transporteurs doivent déposer leurs taux et tarifs, nous ne pouvons le
faire dans le taxi parce que nos taux et tarifs nous sont imposés par
décision de la Commission des transports, identiques dans chaque
agglomération ou dans chaque groupe, mais, anomalie assez
particulière, ces tarifs que la Commission des transports peut nous
accorder doivent être contenus à l'intérieur d'une
fourchette déterminée par arrêté en conseil. Lorsque
je vous disais tout à l'heure que nous sommes intéressés
à être consultés dans l'élaboration des
règlements, c'en est un exemple. Lorsqu'il s'agit pour le
ministère, le gouvernement de déterminer quelles sont les limites
des tarifs que la Commission des transports pourrait nous accorder, nous
aimerions être consultés là-dessus pour élaboration
de ces limites. D'ailleurs, M. le ministre reconnaîtra que nous avons
remis, il y a quelque deux mois, je pense, à son ministère une
demande à cet effet, où nous proposons des changements dans la
définition des tarifs et l'élaboration de nouveaux tarifs, de
nouvelles classes de tarifs de façon à reconnaître la
réalité, surtout à Montréal.
Nous avons présenté cette demande à la Commission
des transports lorsque nous avons fait des représentations pour
l'enquête sur les tarifs, tout en reconnaissant devant la commission que
celle-ci n'avait pas le droit de nous accorder ce que nous demandions puisque
le règlement ne le lui permettait pas. Mais nous prévoyions pour
l'avenir la possibilité que cela puisse être inclus au
règlement de sorte que cela nous permettrait de revenir devant la
Commission des transports, non pas sous une nouvelle requête, mais une
requête ayant déjà été
présentée, ce qui, dans les circonstances, hâte les
délais, raccourcit les délais.
En ce qui concerne la recommandation no 10, cette recommandation est
inutile à notre sens, parce que la commission détient
déjà ces pouvoirs au terme de l'article 29b de la Loi des
transports. Mais là, il faut faire attention, parce qu'il y a une
curieuse nomenclature à l'article 29 dans la Loi des transports. Il y a
29b' et il y a 29b. Je m'excuse, mais c'est parce que c'est comme ça.
Les pouvoirs dont nous parlons sont représentés à
l'article 29b'. Probablement que les gens qui ont rédigé les
amendements ont oublié qu'il y avait déjà un article 29b
dans cet article-là et ils en ont mis un second.
Le pouvoir pour la commission de recommander au directeur du BVA de
retirer les permis lorsque le détenteur du permis, lorsque le titulaire
du permis a été condamné pour infraction, nous l'appuyons,
nous trouvons que c'est absolument correct que la commission puisse faire la
recommandation. Nous irions peut-être idéalement un peu plus loin.
Plutôt que de faire simplement une recommandation, nous proposerions que
la commission ait le droit, sinon d'ordonner, du moins d'indiquer au directeur,
avec effet obligatoire, que telle plaque d'immatriculation doit être
retirée de la circulation, parce que le détenteur s'est rendu
coupable d'une infraction à la Loi des transports.
Les recommandations 15, 19 et 20, à la page 85. On dit que, dans
ces recommandations-là, CEGIR propose que la Commission des transports
ait le pouvoir de contrôler elle-même l'application de sa propre
loi. Nous croyons que c'est peut-être aller un peu loin, parce que, si
nous prenons les termes tels qu'ils sont exprimés, ça voudrait
dire que la commission devrait avoir sa propre "force", dans le sens anglais du
mot, son propre organisme d'application.
Cela veut dire que ce n'est pas nécessairement que ce que nous
appelons communément les "chars jaunes", autrefois les "chars bleus",
maintenant les "chars jaunes", dans le ministère, devraient voir
à la surveillance j'aime mieux le mot "surveillance" que
"contrôle" de l'application des règlements.
Cependant, ce que nous proposons, en passant, c'est que ce soit
exclusivement accordé aux fonctionnaires du ministère, aux
officiers du ministère et que ce ne soit plus accordé aux
"forces" municipales, aux polices municipales. Nous avons
énormément de difficultés à Montréal avec le
corps policier, sur l'application du règlement no 6. Je vous donne un
exemple. Vous allez comprendre rapidement. Un taxi est stationné,
admettons-le, illégalement dans une rue à Montréal. Le
policier municipal peut lui donner un billet, un ticket de stationnement
municipal à $15 ou à $20. Mais il peut aussi lui donner un billet
de stationnement en dehors d'un poste commun, en vertu du règlement no
6, ce qui est $50 d'amende, plus $46 de frais, ce qui fait $96 pour un simple
stationnement illégal.
Vous avez une auto privée ici, un taxi en arrière. L'auto
privée a un billet de $15, le taxi a un billet de $96. Franchement,
c'est exagéré. A ce moment-là, si seulement les
transporteurs provinciaux, les fonctionnaires provinciaux ont le droit
d'application du règlement no 6, les policiers ne pourront pas faire un
usage abusif de ce règlement. Dans le règlement no 6, la
philosophie derrière la défense de stationner hors d'un poste
commun, c'est en relation avec un taxi en service, c'est-à-dire un taxi
qui est à la recherche de la clientèle, alors que si, chez nous,
le bonhomme est arrêté pour aller manger, il n'est pas à la
recherche de la clientèle, il n'est pas dans sa voiture, mais cela lui
coûte $96. C'est pour cette raison que l'on dit à ce
moment-là que les policiers municipaux ne devraient pas être
autorisés à administrer ce règlement.
La recommandation no 16. CEGIR recommande que les données
statistiques de la Commission des transports, du BVA et du ministère
soient réunies. Nous sommes tout à fait pour cela. D'ailleurs,
nous le développons nous-mêmes dans une proposition que je vous
présenterai tout à l'heure au sujet de la distribution des
données.
La proposition no 18. On demande que la commission puisse
procéder à toute enquête. Cela existe déjà
dans l'article 50 de la Loi des transports, où la commission peut faire
une enquête avec les mêmes pouvoirs que les commissaires en vertu
de la Loi des enquêtes, chapitre 11 des statuts. Elle peut même
demander à certains de ses fonctionnaires, de ses membres de faire ces
enquêtes avec ces pouvoirs. Cela existe déjà. Il n'est pas
inutile de... Sauf que CEGIR demande qu'elle ait le droit de
déléguer ces pouvoirs. On dit à ce moment-là: Si la
commission opère par pouvoirs qui lui sont délégués
par le gouvernement, elle ne devrait pas avoir le droit de
déléguer les pouvoirs que le gouvernement lui a
délégués. La vieille expression latine, "delegatus non
potest delegare" dit bien qu'on ne peut pas donner des pouvoirs qui nous ont
été donnés par d'autres. (10 h 30)
Recommandations 21, 22 et 23. Là, il s'agit d'un problème
un peu délicat. On dit: La Cour d'appel devrait pouvoir entendre l'appel
des décisions de la commission, mais en droit seulement.
Cela laisse supposer au préalable deux choses, qu'il ne puisse
pas y avoir d'erreur de fait de la part de la commission et que, d'autre part,
les juges de la Cour d'appel ne soient pas capables de trouver les erreurs de
fait que la commission aurait pu commettre. Je dis que l'une et l'autre sont
inexactes. Il est possible que la commission commette des erreurs de fait, mais
il est surtout possible qu'un contribuable, qu'un citoyen ait l'impression,
à tort ou à raison, qu'il est la victime d'une erreur de fait et
il doit avoir le droit d'en appeler. Il est aussi absolument inexact de dire
que les juges de la Cour d'appel ne pourraient pas entendre sur les faits des
questions relevant des problèmes techniques qui sont posés
à la Commission des transports parce que, en fait, nos cours ont
maintenant à juger de problèmes techniques extrêmement
complexes, certainement tout aussi complexes que ceux qui sont
présentés sans vouloir diminuer le travail de la
Commission des transports à la Commission des transports. Donc,
il devrait y avoir lieu d'appel sur les faits. Lorsque le CEGIR propose que
l'appel ne suspende pas la décision de la Commission des transports,
c'est aller à l'encontre de la coutume juridique actuelle dans notre
système. Que ce soit à n'importe quel niveau, l'appel suspend la
décision, le jugement.
Par contre, une mesure qui a été adoptée il y a
quelques années et qui est maintenant généralement
appliquée, c'est qu'on peut demander à la Cour d'appel de
permettre i'exécution du jugement de première instance pour des
raisons d'ordre public ou autres. A ce moment-là, la Cour d'appel,
nonobstant l'appel, permet l'exécution. C'est l'inverse, n'est-ce pas,
plutôt que de dire que l'appel ne suspend pas l'application de la
décision, on dit: L'appel le suspend mais la décision peut
être appliquée si la Cour d'appel détermine que l'ordre
public ou d'autres motifs le recommandent.
On propose dans ces recommandations, aussi, un droit de
négociation, c'est à l'intérieur de ce qu'on appelle la
régulation, dans ce rapport, qui comprend la législation, la
réglementation, et aussi le pouvoir de négocier, de rechercher
une solution. Cela existe déjà dans les faits, en ce qui concerne
le taxi. La Commission des transports, de façon générale,
ne détermine pas à coups de hache une situation. On va vous
donner un exemple: nous avons, en janvier, présenté une demande
à la Commission des transports relativement à la suspension de
permis de titulaires, à Montréal, qui n'avaient pas payé
leur cotisation, ce qui nous est permis parce que, à ce
moment-là, ils ne sont pas membres en règle, ils ne sont donc pas
titulaires au sens du règlement no 6.
Cette demande à la commission a été publiée
dans la Gazette officielle en mars. En juin de cette année, nous avons
demandé à la commission, par audition
préférentielle, d'entendre cette requête, parce que cela
durait depuis six mois, et nous n'avions pas encore été entendus.
Lorsque nous nous sommes présentés devant la commission, le banc
présidé par M. le Président de la commission, il a dit:
Nous acceptons votre demande d'audition
préférentielle, mais nous allons communiquer nous
ne sommes pas obligés de le faire avec chacun des titulaires
intimés à votre requête pour lui rappeler que nous lui
donnons jusqu'au 27 juillet pour venir expliquer devant nous pourquoi il
n'obtempère pas à votre demande de payer la cotisation.
Cette procédure de négociation, d'influence par le poids
de l'importance de la commission, existe déjà. Ce serait
peut-être mauvais de la mettre dans les textes. Comme on propose ici, par
exemple, que lorsqu'il y a une opposition qui est faite à une demande,
la commission puisse d'elle-même demander à l'opposant de retirer
son opposition; on dit, à ce moment-là, que cela pourrait donner
ouverture à l'accusation d'influence indue. Il est plus facile, dans ce
cas-là, de faire comme on fait ailleurs, que le requérant devant
la commission demande que l'opposition soit rejetée parce qu'elle est
futile. Cela revient à la même chose, mais ce n'est pas
l'ingérence elle-même de la commission dans le processus de la
contestation devant elle; c'est ce qui est dangereux.
Nous passons maintenant aux recommandations 33 et suivantes qui sont
à la page 111 du rapport CEGIR. Il s'agit, comme les recommandations
précédentes, 24 et suivantes, de détermination
d'administration interne de la commission. Franchement, nous ne nous
connaissons pas nous-mêmes la compétence pour déterminer si
c'est exact ou si ce n'est pas exact qu'il y a trop de commissaires à la
Commission des transports, qu'il y a trop de fonctionnaires, qu'il y a trop
d'employés; nous n'avons pas les éléments à notre
disposition pour le déterminer. Par contre, nous disons et nous
ne voulons pas être méchants en le faisant, nous constatons, tout
simplement que nous n'avons rien trouvé dans le rapport qui nous
indique que CEGIR lui-même ait la compétence nécessaire
pour recommander à cette commission parlementaire qu'il devrait y avoir
neuf commissaires plutôt que 20.
Nous disons: si CEGIR a apporté à l'ensemble du
problème de l'administration de la commission, le même type
d'analyse qu'il a apporté à la monographie sur le taxi, à
ce moment-là, il faudrait faire attention parce que c'est nettement
insuffisant d'après ce que nous voyons. Nous ne savons même pas ce
qu'est CEGIR. Ce n'est même pas défini dans le rapport ce que
CEGIR représente. Alors nous disons: faisons attention parce
qu'actuellement, à 20 commissaires, il semble que l'une des raisons pour
lesquelles il y a certains délais à la commission, c'est qu'il y
a parfois insuffisance de personnel, malgré ce que certaines personnes
peuvent dire. Alors, si nous réduisons les commissaires de 20 à
neuf, est-ce que ça va vraiment améliorer les choses? Et si nous
ne rendons pas nécessaire la présence de quelques juristes parmi
les commissaires, alors que toutes les procédures devant la commission
sont contestataires, n'est-ce pas? Devant la commission, toute personne peut
contester une demande qui y est faite, à ce moment-là, est-ce que
ce serait vraiment une bonne mesure que d'imposer cela?
Les recommandations 43 à 45, page... On parle de délais,
et il faut faire attention à ce sujet. Les délais dont on se
plaint ne sont pas tous imputables à la Commission des transports. Je
vais vous donner un exemple: quelqu'un qui vend son permis de taxi doit
l'enregistrer à la Commission des transports. Cette demande de transfert
doit être publiée dans la Gazette officielle, après quoi,
la Commission des transports rend son ordonnance autorisant le transfert du
permis. Cette ordonnance doit être publiée elle-même dans la
Gazette officielle et ce n'est que quinze jours après cette seconde
publication que le nouveau titulaire de permis peut en prendre
délivrance. Or, je vous donne un exemple: le 15 janvier, nous avons
reçu à nos bureaux la vente du permis détenu par M. Sorab
à un M. Ferrati. Cette demande de transfert de permis à
été publiée dans la Gazette officielle le 10 mars; deux
mois pour fin de publication. L'ordonnance de la commission a été
rendue le 23 avril. Cette ordonnance a été publiée dans la
Gazette officielle le 9 juin. Donc, l'acheteur qui a acheté le permis le
15 janvier a pu en prendre livraison le 24 juin, mais en pratique c'est
comme ça que ça se passe en pratique l'acheteur a pris
livraison du taxi et du permis du vendeur le 9 janvier et l'a exploité
à cette date sous le nom du vendeur, assurance, plaque d'immatriculation
et tout le reste sous le nom du vendeur, qui, lui, était responsable de
toutes les infractions commises par l'acheteur tant que le permis
n'était pas transféré.
On voit ici que les retards dans l'exploitation ne sont pas
nécessairement dûs à la commission et, en fait, on doit
constater que les retards viennent en très grande partie au moins
pour les deux tiers sur six mois, il y a au moins pour quatre mois
les retards viennent de l'organisme de la Gazette officielle qui, pour
des raisons que nous ne connaissons pas, prend du temps à imprimer les
éléments qu'on lui donne.
On propose que la commission, chaque semaine, publie un fascicule
qu'elle distribue; c'est une très bonne proposition. Malheureusement, il
y a une expression là-dedans qui est un peu désagréable,
"aux parties intéressées". Qui va dire que, cette semaine, telle
partie plutôt que telle autre est intéressée à
recevoir le volume? Nous recommandons que ce rapport hebdomadaire de la
Commission des transports soit distribué à chacun des titulaires
de permis, parce que, chaque fois qu'il y a une demande de transfert de permis
de taxi suivant la philosophie actuelle du règlement, nous ne
sommes pas en faveur de cette idée chaque fois qu'il y a un
changement de titulaire de permis, tous les titulaires ont le droit d'y
être intéressés, parce que, chez nous, le nombre de permis
est limité. Nous devons donc savoir si c'est un nouveau permis qu'on
commence à exploiter ou si c'est un ancien permis qui est
exploité sous un nouveau nom.
En théorie, chaque titulaire est intéressé. Donc,
ce rapport hebdomadaire devrait être distribué à chaque
titulaire.
Les propositions 46 et 47, selon nous, sont inutiles, parce qu'elles
sont déjà accordées par les articles 14 et 50 de la Loi
des transports. La recommandation no 50 est dangereuse. On dit que le
renouvellement des permis doit rester annuel, mais ne devrait pas être
automatique. M. le ministre connaît encore beaucoup mieux que nous les
problèmes d'administration que pose au ministère
l'émission des permis. Imaginez-vous, que, chez nous à
Montréal, nous avons 5300 permis de taxi. Si le renouvellement de ces
permis n'est pas automatique, vous imaginez-vous ce que ça
représente comme travail? Multipliez ça par les 54
agglomérations du Québec, ça représente environ 10
000 taxis, ensuite les camions, le camionnage en vrac, les écoliers, les
autos de location, tout le reste. Que ces permis ne soient pas renouvelables
automatiquement créerait un embouteillage épouvantable et ce sont
les titulaires qui souffriraient.
Nous disons que les permis doivent être renouvelés
automatiquement, d'année en année, sur paiement des droits, c'est
entendu, et non pas par un pèlerinage annuel à l'émetteur
de permis pour obtenir un nouveau document. En passant, CEGIR ne dit pas
comment se ferait le renouvellement des permis s'il n'était pas
automatique.
Enfin, les recommandations 53, 54 et 55 sont un peu ambiguës,
lorsqu'on souhaite, par exemple, que la loi soit claire et qu'il n'y ait pas de
question de droit qu'on puisse se poser en lisant un texte de loi. Je pense que
c'est aller un peu loin. On a le droit d'être idéaliste, mais pas
utopique.
Nous ajoutons à cela quelques recommandations de notre cru. Nous
proposons que la commission soit autonome, c'est-à-dire
indépendante de l'administration gouvernementale. Evidemment, la
nomination de ses membres continue de dépendre du gouvernement, son
budget doit être également accepté par le gouvernement et
les règlements qu'elle prépare et qu'elle promulgue doivent
être, au préalable, approuvés et contestés, s'il y a
lieu, par le lieutenant-gouverneur en conseil. (10 h 45)
L'un des gros problèmes que nous avons devant la commission,
c'est la question de procédure. L'un des éléments
importants de ce problème, c'est le fait que la procédure est
identique pour toutes les industries et pour tous les problèmes, toutes
les questions. Alors, que ce soit pour la demande de transfert d'un permis ou
que ce soit pour la demande de changements de tarifs je parle des taxis
la procédure physique à suivre est la même; que ce
soit chez nous, que ce soit le camionnage en vrac, que ce soit le transport
écolier, c'est la même procédure.
A ce moment, nous disons qu'il devrait y avoir une procédure
prévue pour chaque industrie, chaque type de travail, ce qui,
automatiquement, faciliterait la cornpartimentation à l'intérieur
de la commission, l'un des buts recherchés par le rapport CEGIR.
Je vous ai parlé tout à l'heure des délais inac-
ceptables pour l'émission des permis. Nous proposons quelque chose qui
nous paraît simple; peut-être est-ce irréalisable, mais
c'est simple. Lorsqu'un acheteur et un vendeur se présentent à la
Commission des transports pour le transfert d'un permis et que l'acheteur
présente toutes les conditions requises par les règlements pour
être titulaire, nous proposons que, séance tenante, le commissaire
qui reçoit la demande accorde au proposant acheteur le droit temporaire
d'utiliser l'immatriculation du vendeur, de sorte que l'acheteur, qui, de toute
façon, utilise la voiture du vendeur ait le permis. L'acheteur devient
alors responsable de l'application de la Loi des transports, devient
responsable vis-à-vis de la compagnie d'assurance, détient
l'assurance, et devient responsable vis-à-vis du public. Parce que
c'est un exemple très simple à vous soumettre
supposons que l'acheteur prenne une cuite un peu trop forte au volant de sa
voiture, heurte un véhicule, une personne ou un obstacle et cause des
dommages matériels considérables, l'assurance qui couvre le
propriétaire de la voiture pourra refuser de payer parce que le
conducteur était en état d'ivresse. A ce moment, le vendeur, qui
n'opère plus sa voiture, pourrait être tenu responsable des
dommages causés par l'acheteur qui a payé la voiture, qui l'a en
main. Alors, on dit que c'est une situation inacceptable, qu'il est facile de
corriger. La commission peut, par la suite, prendre le temps qu'elle veut pour
déterminer l'émission du permis permanent, mais, en attendant, le
permis temporaire autorise l'utilisation.
A Montréal, nous avons 5300 voitures en circulation et nous
avons, par année, environ 500 mutations de permis, 500 nouveaux
propriétaires chaque année. C'est un problème
considérable à administrer, je parle au strict point de vue du
secrétariat de la ligue A-11, c'est très difficile à
administrer. Nous avons probablement la cotisation annuelle la moins
élevée de n'importe quel syndicat d'importance dans la province
de Québec, je pense bien que nous remportons le championnat sur ce
point. Nous avons des difficultés à administrer, parce que nous
manquons de personnel. Par contre, l'administration par ordinateur serait
beaucoup plus rapide et facile, mais elle est très dispendieuse, si nous
créons notre propre banque de données avec notre propre
ordinateur. Mais si on nous permettait d'obtenir du temps sur l'ordinateur de
la commission ou sur celui du ministère et si on nous permettait de
créer notre propre banque de données, à l'intérieur
de la banque de données de la commision ou du ministère, alors
que nous n'aurions aucune possibilité d'obtenir des renseignements qui
sont hors de notre propre banque de donnés, soit aucune
possibilité d'aller chercher des renseignements qui appartiennent au
ministère ou à la Commission des transports, à ce moment,
nous pourrions administrer notre service, au secrétariat, beaucoup plus
facilement et beaucoup plus rapidement, et ça aiderait tout le
monde.
Je dois dire que les fonctionnaires du ministère, M. le ministre,
ont reçu cette proposition de
façon très agréable et il est possible que nous
puissions parvenir à une entente là-dessus, qui vous sera
évidemment soumise, M. le ministre. Mais il semble que, techniquement,
c'est possible de le faire.
Le règlement no 6 exige et la Commission applique ce
règlement que chaque titulaire de permis de taxi fournisse,
chaque année, un rapport d'exploitation qui est confidentiel.
Là-dessus, il y a deux problèmes qui se présentent. A
Montréal, sur 5300 voitures-taxis, vous en avez environ maintenant
on dit 3000 dans le rapport, mais les nouveaux chiffres de la commission
sont sortis 3200 qui sont exploités par des artisans,
c'est-à-dire des propriétaires de leur propre voiture, et environ
2000 qui appartiennent à ce que nous appelons des flottes.
Or, nous croyons savoir que les flottes ne font pas un rapport sur
l'exploitation de chaque taxi, mais font un rapport sur leurs locations de
voitures. Le propriétaire de flotte, un gars qui a 20 voitures, ne
conduit pas ses 20 voitures, il les loue. Lorsqu'il fait le rapport
d'exploitation demandé par le règlement no 6, il ne
présente pas le rapport sur chaque voiture, mais un rapport de location
moins ses dépenses d'administration.
Nous demanderions que la Commission des transports ait le pouvoir
d'exiger que chaque opérateur de taxis fournisse le rapport
d'exploitation de chaque voiture. En plus de cela, nous ne croyons pas qu'il
soit nécessaire que ce rapport d'exploitation soit confidentiel. Le
problème s'est présenté lorsque nous sommes allés
devant la Commission des transports, au mois de mai, pour étayer notre
preuve d'une demande d'augmentation de tarifs. Nous avons voulu offrir en
preuve des rapports d'exploitation qui avaient été
déposés par nos propres membres et la commission a refusé,
le banc qui siégeait à ce moment a refusé de nous
permettre de déposer en preuve ces documents. Evidemment, si nous les
offrons en preuve pour nous-mêmes, nous avons le droit de savoir ce que
nous déposons comme preuve. On a dit: Non, vous n'avez pas le droit.
C'est confidentiel. Voyez-vous?
Les gens de taxi ne sont pas plus ou moins intelligents que d'autres,
ils ne déposent pas au ministère des Transports un document qui
est différent de leur rapport d'impôt. En fait, ce qu'ils
déposent au ministère des Transports, c'est la copie ou la
reproduction d'une façon différente de leur rapport
d'impôt. Mais, au point de vue de la statistique, au point de vue
d'établir ce que représente l'industrie du taxi, si ces documents
deviennent utilisables, non pas publics, c'est-à-dire que n'importe quel
individu peut en prendre connaissance, mais utilisables au point de vue
statistique, on peut établir des données à savoir: Est-il
exact qu'à Montréal, des gens de taxi gagnent moins que le
salaire minimum horaire, parce que c'est un fait actuellement. C'est
là-dedans que c'est marqué, mais on ne peut pas le
vérifier. M. le ministre peut le vérifier. Je pense que M. le
ministre s'est fait délivrer, au terme de la Loi des transports, un
exemplaire de chacun des rapports à chaque année. Mais, en dehors
de cela, on ne peut pas établir ces statistiques.
M. le Président, M. le ministre, MM. les députés,
ce sont les commentaires que nous avions à faire sur le rapport CEGIR et
les recommandations complémentaires que nous voulions offrir.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le ministre,
vous avez des questions à poser au représentant de cet
organisme.
M. Lessard: M. Sainte-Marie, je vais commencer par la proposition
no 55 du rapport CEGIR qui se lit comme suit: "Les textes doivent être
rédigés de façon à réduire au minimum la
difficulté d'interprétation et les questions de droit". A la page
30 de votre mémoire, vous dites: "La recommandation no 55 nous laisse
croire que certains des rédacteurs de CEGIR sont des rêveurs
utopistes: enlever, des textes de législation, les difficultés
d'interprétation et les questions de droit! Mon Dieu, quelle merveille
ce serait! Mais alors, que deviendraient tous ces pauvres avocats, tant ceux
qui construisent ces textes, que ceux qui les démolissent?
Est-ce que vous voudriez souligner que maintenant les textes devraient
être tellement compliqués que ces pauvres avocats pourraient avoir
encore plus de travail? C'est seulement de façon humoristique. Je
présume que vous l'avez indiqué de façon humoristique
aussi. Je ne pense pas que CEGIR puisse pouvoir dire ou veuille dire qu'on
fasse disparaître complètement en fait toutes les
possibilités d'interprétation. On sait très bien que quand
il y a deux avocats, c'est comme deux économistes. Chacun a son
interprétation. Mais il s'agit, autant que possible, je pense bien, au
ministère comme à la commission, d'avoir les textes les moins
complexes possible, les plus souples, les moins compliqués. Cela, que
voulez-vous? C'est un bon souhait.
C'est comme dans la législation gouvernementale. Je voudrais
d'abord situer très brièvement un peu le rapport CEGIR. Je
constate à plusieurs reprises que vous parlez de compétence de la
firme CEGIR pour recommander telle proposition, par exemple, que le nombre de
commissaires soit réduit de 13 à x ou etc. Voici, c'est que CEGIR
n'a pas de compétence particulière pour imposer au ministre ou au
gouvernement telle décision.
CEGIR a reçu un mandat du ministre. Nous avons donné ce
mandat à la suite de plaintes que nous avons reçues, de
doléances que nous avons reçues de différents organismes,
de personnes qui devaient s'adresser assez souvent à la Commission des
transports du Québec et qui se plaignaient qu'il y avait, comme on l'a
vu depuis trois jours, des décisions contradictoires, des délais
considérables. Parce que c'est certain qu'après près de
sept ans maintenant, il faut toujours s'interroger, étant donné
que nous vivons dans une industrie de transport très mouvante, sur les
structures administratives ou judiciaires qui gèrent un secteur
particulier de l'activité économique.
Donc, CEGIR a reçu un mandat du ministre à la suite de ces
revendications. Ce mandat avait
pour objectif de faire analyser toute la façon dont la Commission
des transports fonctionnait et CEGIR avait comme mandat général
de recommander au ministre un certain nombre de solutions pour régler
les problèmes et répondre, de la façon la plus efficace
possible, aux objectifs de la Commission des transports comme aux objectifs du
ministère des Transports.
Donc, le rapport CEGIR n'oblige pas du tout le ministre ou le
gouvernement. C'est pourquoi j'ai d'ailleurs convoqué une commission
parlementaire pour recevoir vos avis sur les recommandations de la firme CEGIR.
C'était strictement une compagnie ou une firme de gestion qui a à
faire des études sur la gestion d'un certain nombre d'organismes, que ce
soient des organismes privés ou des organismes publics.
C'est un peu dans ce sens, par exemple, qu'il y a quelques
années, le gouvernement libéral du temps avait demandé
à une firme d'étudier toute la gestion de la Commission des
accidents du travail, puisqu'il y avait énormément de gens, de
contribuables, d'individus qui avaient affaire à la Commission des
accidents du travail qui se plaignaient. Donc, le gouvernement du temps avait
demandé à une firme privée d'étudier toute la
question de la Commission des accidents du travail.
Ceci nous a amenés à accepter des recommandations en vue
d'en améliorer la gestion. C'est dans ce sens que nous avions
demandé à la firme CEGIR de nous faire des recommandations,
puisque, comme gouvernement, comme ministère, il aurait quand même
été difficile de faire cette analyse nous-mêmes, d'autant
plus que nous aurions été à la fois une partie dans le
secteur, juge et partie, de même qu'il aurait été difficile
de demander à la Commission des transports de faire aussi sa propre
étude sur sa propre gestion.
Une fois ceci situé dans les perspectives dans lesquelles nous
avions demandé le rapport CEGIR, je voudrais avoir un certain nombre
d'explications sur votre mémoire. Je comprends un peu difficilement
certaines interprétations ou certaines affirmations du mémoire,
particulièrement à la page 10.
Je vais résumer: Vous faites une distinction, à un moment
donné, entre le gouvernement et le parti au pouvoir et vous dites,
à la page 19: "Lorsque CEGIR demande que la commission soit liée
par les politiques du gouvernement (ou du parti au pouvoir, ce qui est la
même chose)". En tout cas, on n'a pas les mêmes notions de
ça.
M. Mailloux: Le gouvernement est une émanation du parti au
pouvoir.
M. Lessard: C'est-à-dire que le gouvernement, c'est
l'Assemblée nationale et l'Exécutif.
M. Mailloux: Oui, et il est formé d'abord par les membres
qui sont majoritaires, qui sont le parti au pouvoir.
M. Lessard: D'accord; seulement, les déci- sions
gouvernementales sont d'abord soumises à l'Assemblée
nationale.
M. Mailloux: Je comprends, mais c'est une constatation quand
même assez normale. (11 heures)
M. Lessard: II propose que la commission soit obligée
d'appliquer autre chose que la législation promulguée ou
autorisée par règlement, autorisée par l'Assemblée
nationale. On ne fera pas de sémantique, mais je pense bien que c'est
très difficile pour la commission d'aller au-delà de la loi
votée par l'Assemblée nationale, et le ministre ne peut pas aller
au-delà de la loi qui est votée par l'Assemblée nationale.
Si la loi permet de déterminer des règlements, le ministre doit
fonctionner à l'intérieur de cette loi. Il ne peut pas aller
au-delà et la Commission des transports ne peut pas aller au-delà
de la loi qui l'a instituée.
M. Sainte-Marie: Si vous me le permettez, M. le ministre, prenez
le texte de CEGIR: "Que le ministre énonce les politiques de son
gouvernement face à l'industrie des transports du Québec. Que les
politiques lient la Commission des transports du Québec, qu'il soit tenu
de s'y conformer, que ces politiques soient publiques." Si c'est politique,
cela veut dire la législation, elle est publique, la législation.
Cela veut donc dire des politiques qui peuvent ne pas être publiques,
mais on dit que ces politiques doivent lier la Commission des transports. C'est
dans ce sens qu'on a fait la distinction entre cette politique et la
législation, qui n'est pas la même chose.
M. Lessard: Que ces politiques soient...
M. Sainte-Marie: Je pense que c'est une erreur qu'ils ont
commise. Je considère que c'est une erreur qu'ils ont commise dans
l'utilisation de leurs termes. Cela ne peut pas vouloir dire autre chose que la
législation. Ce ne serait pas logique que cela veuille dire autre
chose.
M. Lessard: C'est cela. C'est ce que j'ai compris. Sur les
propositions, recommandations 2, 3, 4, 5 et 6, vous insistez
énormément et on reviendra sur cela sur la
nécessité de la consultation. C'est l'objectif de cette
commission parlementaire, c'est-à-dire que, depuis, en fait, deux ans,
trois ans que je suis au ministère, tous les groupes m'avaient
indiqué qu'ils aimeraient bien discuter de toute la question de la
Commission des transports du Québec. Je tiens à vous dire que je
suis très content que tout le conseil d'administration de la ligue du
taxi, la ligue no 11, soit ici parce que je pense bien que c'est lui qui a
à vivre les problèmes quotidiens avec la Commission des
transports. Malheureusement je l'ai constaté avant-hier je
regrette que tous les groupes n'aient pas fait la même chose que vous
dans le sens que je ne hais pas les avocats, je n'en suis pas un
bien souvent, il était difficile de poser des questions sur
l'administration quotidienne de la commission, puisque les administrateurs des
associations
n'étaient pas là. J'ai eu l'occasion de regretter en
particulier, par exemple, que l'Association du camionnage du Québec ait
exclusivement envoyé deux représentants qui étaient deux
représentants. C'est leur affaire. J'en conviens, mais l'un des
objectifs de cette commission parlementaire est justement de discuter avec le
conseil, avec les gens qui sont responsables de la gestion quotidienne de
groupes.
Vous vous référez à la page 21. Justement, c'est
cela, de la consultation. Un des objectifs, un des problèmes assez
importants que soulève le rapport CEGIR, c'est de savoir s'il devrait y
avoir plus de souplesse donnée à la Commission des transports du
Québec. Est-ce que la réglementation devrait être
exclusivement faite au niveau du ministère ou laisser plus de
discrétion à la Commission des transports du Québec? A la
page 21, vous nous dites: Quant à nous, ce n'est pas notre affaire.
C'est une décision gouvernementale à savoir que
l'Assemblée nationale favorise une méthode administrative
plutôt qu'une autre. Nous croyons que nous n'y pouvons rien, et que cela
relève d'une volonté politique dont l'acceptation ou la
contestation ne découle certainement pas de la présente
requête. C'est certain que c'est toujours une volonté politique,
mais comme vous êtes des usagers des biens, des services de la Commission
des transports, nous aurions aimé être... Comme homme politique
qui aura la responsabilité de prendre la décision, j'aurais
aimé être éclairé sur votre position à vous.
Vous dites: On veut être consulté, mais vous nous dites: Sur ce
problème fondamental qui nous apparaît important, c'est une
décision gouvernementale, prenez vos responsabilités. J'en
conviens. Il faudra les prendre tôt ou tard. Mais l'un des objectifs de
la commission, c'est de savoir votre opinion. On est bien prêt à
vous consulter, mais il faudrait que vous acceptiez de donner votre
opinion.
M. Sainte-Marie: A la page 21, nous disons que la décision
de savoir si on procède par ministère ou par commission ne
relève pas de nous. Mais, à la page 1 de nos recommandations,
nous disons que nous souhaiterions que la commission soit autonome, qu'elle
puisse elle-même promulguer les règlements à être
acceptés, évidemment, par le lieutenant-gouverneur en conseil,
mais qu'elle soit autonome, libre, et qu'elle promulgue elle-même les
règlements relatifs au transport.
M. Lessard: Je revenais sur cette question. Donc, vous seriez
d'accord, une fois que le gouvernement ait établi des politiques
générales, que la Commission des transports, tel que
proposé dans le rapport CEGIR, ait la possibilité
d'élaborer elle-même ses règlements, c'est-à-dire
par ses règlements de gestion interne, mais la réglementation,
par exemple... Prenons, par exemple, le règlement no 6. Est-ce que vous
seriez d'accord pour que le règlement no 6, après avoir
élaboré une politique générale, que ce
règlement, comme tel dans sa rédaction, amendé ou
modifié soit préparé par la Commission des transports?
M. Sainte-Marie: Oui M. le ministre, c'est ça le sens de
notre recommandation.
M. Lessard: Que la réglementation soit
préparée par la Commission des transports.
M. Mailloux: Pour la régie interne?
M. Lessard: Non seulement pour la régie interne.
M. Mailloux: Sur l'ensemble?
M. Lessard: Donc, vous avez moins d'inquiétude de
fonctionner avec la Commission des transports que de fonctionner avec le
ministère.
M. Sainte-Marie: Ce n'est pas une question d'inquiétude,
vous nous mettez dans la bouche des mots que nous n'avons pas utilisés.
C'est une question, disons... Peut-être que la commission, par ses
fonctionnaires, par sa location, est plus près des problèmes que
les membres du ministère, elle est plus près des problèmes
de l'industrie. Par son contact quotidien avec les gens de l'industrie, elle
est plus proche des problèmes et de la compréhension pratique de
ces problèmes.
Je vais vous donner un exemple très simple. Le règlement
no 6, élaboré ici, dit que le décalque des tarifs doit
être fixé à l'intérieur du taxi. Les fonctionnaires
du ministère ont émis une petite ordonnance qui n'a pas force de
loi, mais qu'on est supposé appliquer, disant que ce décalque
doit être placé sur la vitre de la porte arrière gauche du
taxi. Or, à Montréal, il y a un règlement municipal qui
défend de mettre quoi que ce soit dans les vitres arrière des
voitures. Quand nous mettons le décalque, nous commettons une infraction
au règlement municipal; quand nous ne le mettons pas, nous commettons
une infraction au règlement provincial.
On dit, à ce moment-là, les gens qui sont dans le bain
auraient vu ce problème. C'est dans ce sens que nous le disons, parce
que les gens de la commission sont plus près des problèmes
vécus quotidiens de l'industrie.
M. Mailloux: Je m'excuse, est-ce que j'ai bien compris
tantôt que quant à la préparation de l'ensemble de la
réglementation sur l'ensemble des systèmes de transport, vous
préféreriez et de beaucoup que ce soit la
commission seule qui fasse toute la préparation des
règlements.
M. Sainte-Marie: Oui, quand vous dites "seule", vous incluez,
j'espère bien, ce que nous recommandons, c'est que la
réglementation de la commission soit approuvée par le
lieutenant-gouverneur en conseil avant d'être appliquée; c'est
entendu, c'est ce que nous disons dans notre mémoire. Que la commission
fasse ses règlements et les présente au lieutenant-gouverneur en
conseil pour être approuvés, contestés ou chargés,
c'est entendu, mais que ce soit elle qui les fasse.
M. Mailloux: Je reparlerai tantôt.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, si vous
voulez continuer.
M. Lessard: A la page 24, vous dites: "Nous sommes favorables au
principe que la commission contrôle elle-même l'application de sa
loi constitutive et des règlements promulgués sous son empire."
Par ailleurs, dans votre exposé verbal, j'ai cru comprendre que vous
n'étiez pas d'accord pour que la commission sanctionne elle-même
des infractions à sa réglementation ou à la
réglementation qui lui est accordée par le ministère des
Transports.
M. Sainte-Marie: Nous disons d'abord que la commission
contrôle elle-même l'application de ses règlements, oui,
mais il n'est pas nécessaire qu'elle crée un organisme policier
pour le faire; elle peut utiliser des organismes qui existent au sein du
ministère pour faire cela. Lorsqu'il s'agit de sanctionner une
infraction par l'annulation d'un permis, la commission peut le faire
elle-même; mais lorsqu'il s'agit de sanctionner une infraction par une
amende, à ce moment-là ce sont les tribunaux de droit commun qui
devraient faire cela, et non la commission comme CEGIR semble le
recommander.
M. Lessard: Vous faites la distinction entre la sanction par
amende et la sanction par suspension.
M. Sainte-Marie: ... et la sanction par l'annulation du permis.
Je vous ai donné l'exemple tout à l'heure des titulaires qui ne
paient pas la cotisation à leur ligue, comme c'est arrivé ici
à Québec, n'est-ce pas? La Commission des transports, à
Québec, a annulé le permis d'un titulaire qui n'avait pas
payé sa cotisation à sa ligue. A ce moment-là, c'est une
sanction administrative qui relève de la commission. Par contre, si
cette infraction au règlement avait été passible d'une
amende, à ce moment-là, je crois que cela aurait pu aller devant
les tribunaux.
M. Lessard: Ne pensez-vous pas que la suspension d'un permis est
plus grave que l'application d'une amende?
M. Sainte-Marie: Je ne conteste pas cela, vous avez parfaitement
raison. Est-ce que, à ce moment-là, toute décision sur
infraction devrait aller devant les tribunaux judiciaires? C'est encore une
décision d'administration politique qui ne relève pas de nous,
mais ce serait peut-être une façon plus facile de régler le
problème. Mais il faudrait que vous amendiez, à ce
moment-là, une série de lois dans d'autres domaines que le
transport pour rendre ça conforme partout.
M. Ferland: Je voudrais ajouter quelque chose...
Le Président (M. Bordeleau): Vous voulez ajouter quelque
chose?
M. Lessard: Oui, M. Ferland.
M. Ferland: ... si vous permettez, M. le ministre. Je suis tout
à fait d'accord quand vous dites que l'acte administratif de suspension
de permis qui empêche quelqu'un de gagner sa vie, ni plus ni moins,
pendant un temps indéterminé, est une chose qui va plus loin
qu'une amende dans la majorité des cas. Je serais d'accord que ça
revienne... Cela peut commencer à un niveau administratif, mais
ça pourrait s'appliquer à toute l'administration du gouvernement.
Que ce soit... qu'il y ait appel de ces décisions-là devant un
organisme d'appel administratif, parce que le droit des gens est
impliqué, vous avez raison là-dessus.
M. Lessard: Que pensez-vous, M. Ferland, de l'article 35 de la
Commission des transports qui indique qu'aucune pénalité ou
suspension de permis ou autre ne puisse être faite sans qu'il y ait
d'abord condamnation par une cour de justice ordinaire? Est-ce que vous
penseriez je pose la question à vous ou à M. Sainte-Marie
que parce qu'on se plaint beaucoup de transport illégal, on se
plaint beaucoup du fait que la commission n'a pas, à cause de cet
article 35, comme tel les pouvoirs de pénaliser immédiatement un
conducteur de taxi, un chauffeur de taxi, un propriétaire de taxi ou
encore de camion de vrac, etc., de le pénaliser immédiatement, de
telle façon que l'individu continue de faire du transport illégal
pendant une période d'un an ou deux, jusqu'à ce qu'il y ait
condamnation par une cour de justice ordinaire?
M. Ferland: Quand à moi, je veux bien que ce soit la
commission, elle a un pouvoir quasi judiciaire, elle est déjà un
tribunal, à la condition qu'il y ait parce que ce serait plus
rapide une procédure judiciaire en vertu de laquelle le bonhomme
aura le droit de se défendre si on touche à ses droits et
à la condition et cela serait l'idéal qu'il y ait
un tribunal d'appel en matière administrative d'une façon
uniforme pour toute l'administration du gouvernement.
M. Lessard: Et que le droit d'appel suspende, comme c'est la
coutume, la décision de la commission.
M. Ferland: Oui, sûrement, parce qu'autrement il sera
dehors peut-être pendant longtemps si le tribunal d'appel prend trop son
temps. Cela crée des injustices sérieuses.
M. Lessard: Oui, en fait, le danger serait d'être
condamné avant d'être entendu.
J'aimerais, en dernier ressort... Vous insistez énormément
sur la consultation. Je pense que c'est normal que tout groupe qui vient ici en
commission, et on a insisté depuis le début, insiste sur la
nécessité d'une consultation et d'informa-
tions avant de promulguer un règlement ou d'élaborer un
règlement. Vous comprenez qu'en même temps, aussi,
l'éternité au gouvernement, c'est hier. On est obligé,
devant des problèmes vous vivez dans le secteur du taxi, je le
sais et on vit des problèmes sérieux qui demandent des solutions
assez pressées mais le problème c'est toujours un peu
comme dans le vrac, il y a trop de permis par rapport au travail qui existe.
(11 h 15)
En plus de consulter, comme on le fait, de vous recevoir annuellement,
discuter du mémoire, avoir une consultation au niveau des
fonctionnaires, par l'intermédiaire du Conseil consultatif du transport,
où il y aurait des gens nommés pour leur compétence et
leur connaissance du taxi, est-ce que le Conseil consultatif du transport,
selon vous, pourrait être un organisme de consultation valable, pour
autant qu'il est représentatif cela est théorique
de l'ensemble du secteur du transport au Québec? Est-ce que vous seriez
favorables à l'une ou l'autre des modalités suivantes dans la
constitution du Conseil consultatif du transport, soit un conseil consultatif
constitué de délégués de groupements,
d'associations, comme, par exemple, la ligue no 11 pourrait être
déléguée par vote, nomination, etc., et pourrait
déléguer un membre de son organisme au Conseil consultatif du
ministère des Transports.
De telle façon, on aurait une série de
délégués d'associations du camionnage du Québec, de
l'ensemble des postes d'affectation du Québec, etc., de
différents organismes. La deuxième modalité serait que le
conseil consultatif soit constitué de personnes qui ne seraient pas
directement des représentants. Dans la première formule, le
danger que je verrais, et je voudrais avoir votre opinion, c'est que ça
devienne un forum où il y a affrontement entre différents
organismes quand il s'agit d'un règlement, et on ne serait jamais
capable de faire l'unanimité.
Selon la deuxième modalité, ce seraient des gens
nommés par le ministre, en consultation avec les organismes
impliqués, mais qui ne seraient pas nécessairement des
présidents, des vice-présidents ou secrétaires
d'association, mais qui viendraient là comme des défenseurs, qui
verraient le transport comme un secteur très large et qui ne seraient
pas directement attachés à une association.
M. Ferland: Dans le premier cas, il n'y aurait pas une question
de principe pour tous les organismes de même nature. Dans votre
première suggestion, ça devient une fédération, ni
plus ni moins. La difficulté va être la suivante: cet organisme
est composé des délégués des différentes
ligues. Prenons un cas concret, la ligue A-11, qui est ici devant vous, a une
voix là-dedans, mais représente 5000 personnes et fait
effectivement du travail. Quand nous nous présentons devant la
commission pour des questions de tarifs, il y a cinq autres ligues, il n'y a
pas de reproche là-dedans, qu'est-ce que vous voulez, là
où ils sont 30, il y a un président, il fait ça dans la
cave chez lui et il a un clavigraphe à lui.
Elles se sont fiées à la ligue A-11, qui fait tout le
travail, et qui a forcément les données et connaît les
problèmes. Si la ligue A-11 a un délégué à
cette fédération, dans cet organisme qui est noyé parmi
tous les autres, les voix ne parlent pas le même langage. C'est une
difficulté. Pour ce qui est du ministère, d'avoir des gens qu'il
consulte, des gens nommés par le ministère, mon Dieu, on n'a pas
un mot à dire, dans le fond, vous avez bien le droit de consulter qui
vous voulez, à une condition. C'est que votre consultation comporte les
données que les gens de la rue peuvent également apporter. Il va
falloir trouver un moyen de confronter ça.
Par exemple, le rapport CEGIR vous parle du revenu moyen des chauffeurs
de taxi à Montréal. On n'a jamais entendu parler de la
méthode suivie pour arriver à ces chiffres, mais nous savons que
ce ne sont pas les vrais chiffres, n'est-ce pas. Alors, il n'y a pas toujours
de règle très précise, mais il y a des faits que seuls les
gars de l'industrie connaissent et tout le monde serait bien gauche de s'en
priver.
M. Sainte-Marie: M. le ministre, j'ai cru comprendre que vous
parliez d'un conseil consultatif qui serait composé de
différentes industries du transport. A ce moment, je pense que la ligue
A-11 préférerait être représentée par un de
ses administrateurs ou un de ses délégués, plutôt
que d'être représentée par une personne sur laquelle elle
n'aurait pas d'autorité.
M. Lessard: C'est là le danger, que ça devienne un
affrontement.
M. Sainte-Marie: C'est ça, voyez-vous. Maintenant, est-ce
que je peux me permettre de vous suggérer ceci? Le règlement no 6
comporte un article qui impose à chaque ligue de former un comité
consultatif qui doit faire valoir ses représentations ou ses
propositions ou consulter la Commission des transports. Y aurait-il moyen
d'amender ce règlement pour y ajouter le ministère?
C'est-à-dire que ce comité consultatif, formé par chaque
ligue, aurait le droit, le pouvoir et l'obligation le règlement 6
en impose l'obligation de présenter, au nom de sa ligue, au
ministère, à titre consultatif, ses suggestions ou ses
propositions sur un problème donné. Là, parce que,
à l'intérieur de chaque agglomération que vous avez
créée par le règlement no 6, il y a des problèmes
différents qui varient, vous le savez comme moi ce serait
peut-être un premier départ, mais, à un conseil consultatif
général, comme la Loi des transports le permet, je pense qu'il
serait préférable, pour autant que nous sommes concernés
dans le taxi, en tout cas, que ce soit un délégué sur
lequel celui qui délègue ait un pouvoir.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie beaucoup. M.
le député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, à l'intérieur
du mémoire qui nous est soumis, ceux qui sont à la table nous
amènent quand même, quand ils font l'étude du rapport
CEGIR, au coeur même du pro-
blême. Par certaines des constatations que vous faites sur
l'enquête faite par le CEGIR, dans les termes que vous employez, je pense
que vous définissez assez bien la confusion qu'on retrouve dans
certaines des recommandations.
Vous dites qu'effectivement la commission, de par la Loi des transports,
avait certains pouvoirs dont elle ne s'est pas servie, autant qu'elle aurait pu
le faire; je pense que c'est une vérité quasiment de La
Palice.
Je me suis toujours demandé pourquoi CEGIR... On dit, dans le
rapport, que l'ensemble des commissaires, présidents et autres ont
été consultés; s'il y a un malaise à la Commission
des transports, après tant d'années d'existence, depuis
1972 vous avez raison de dire que ou les gens sont compétents et
qu'on aurait dû se servir de leur expérience pour voir quels sont
les malaises, quelles sont les failles dont se plaint l'ensemble des
transporteurs et pour que ces ressources humaines-clés, qui ont
été au coeur du problème, puissent, valablement, informer
l'ensemble des transporteurs et le gouvernement des malaises qu'on a
connus.
J'ai été extrêmement surpris de constater que la
commission même, en son nom, n'ait pas présenté sa vision
des choses, de l'expérience qu'elle a connue depuis ce temps, des
malaises qui sont inhérents à une loi qui est
préparée, aussi bonne soit-elle, avec les failles qu'elle
contient, et l'ensemble des règlements, aussi nombreux les uns que les
autres. Dieu sait s'il y en a des règlements dans le domaine du
transport. On est rendu qu'on ne les appelle plus par numéro, il faut
les classer par ordre alphabétique souvent, alors l'ensemble des
transporteurs en viennent à en perdre leur latin. J'aurais aimé
que la commission aille, sur place, étudier, vérifier
carrément pourquoi il y a des délais injustifiés, dont se
plaignent les transporteurs, pourquoi il y a eu trop de légalisme dans
la Commission des transports, comment on utilise les effectifs de la
commission, pourquoi elle ne s'est pas servie de tous ses pouvoirs.
Par contre, j'ai des divergences d'opinions avec quelques-unes des
recommandations de votre mémoire. Je reviens au leitmotiv dont j'ai
parlé depuis deux ou trois jours: dans mon esprit, ayant vécu
l'expérience, quand on vous parle de pouvoirs
délégués, c'est-à-dire de ne pas laisser entre les
mains du ministre l'ensemble de la réglementation, à moins qu'on
ne me fasse la preuve du contraire par des exemples pris dans d'autres
provinces ou ailleurs, je ne changerai pas d'idée. Je disais, hier, que
depuis que la Commission des transports est formée, à ma
connaissance en tout cas, jusqu'au 14 novembre 1976, je n'ai jamais vu un seul
règlement, pas un seul, qui n'a pas été
préparé en collaboration étroite entre les officiers du
ministère, les personnes-ressources responsables à la Commission
des transports et après enquête avec les parties
intéressées. Je pense que cela ne s'est jamais vu. Tout le monde
a dit, évidemment, qu'il appartient au ministre de faire des politiques
de transport, qu'il appartient au gouvernement de faire des politiques de
transport. Mais, quand vous parlez du pouvoir politique, je pense qu'on ne se
cache pas la vérité; un parti majoritaire, c'est le gouvernement
et il peut toujours faire adopter une loi.
Si on donne un pouvoir délégué, aussi
délégué, soit-il, si, à un moment donné, le
gouvernement trouve que les règlements ou la politique qu'il a
énoncée... Cela change tellement vite dans le transport, cela lui
est permis de revenir devant la Chambre pour changer une loi et faire en sorte
que des règlements soient changés. Mais, quand il y a la
provision même par pouvoir délégué que tous les
règlements soient soumis au lieutenant-gouverneur en conseil, cela veut
dire qu'en dernier ressort, c'est l'Exécutif qui va décider. Je
pense que cela doit demeurer parce que la commission ne se présentera
jamais devant le public. C'est le gouvernement qui va avoir à
répondre de ses gestes. Je pense que cela, c'est une
vérité qu'on semble trop oublier. Maintenant, on a beaucoup
parlé du pouvoir judiciaire. On en parle dans votre mémoire, on
en a parlé dans d'autres. On est parti d'un extrême qui
était la Régie des transports et, quand je regarde l'ensemble des
mémoires, il n'y en a presque pas qui veulent revenir à
l'arbitraire de la Régie des transports. Je n'en ai à peu
près pas vu. Ou, s'il y en a qui le veulent, ils n'ont pas semblé
le dire en mots clairs, en tout cas.
Est-ce qu'on a bien des reproches à faire à la Commission
des transports? On peut peut-être dire qu'elle a été trop
pointilleuse, qu'il y a eu trop de légalisme, qu'il y a eu trop de
délais administratifs; je pense que tout le monde en convient. Est-ce
qu'on peut lui reprocher certaines erreurs dont on parle dans l'ancienne
régie où des décisions n'étaient pas... Evidemment,
je pense à des décisions connues du public et rendues à la
face de toutes les parties intéressées. Je pense qu'il faut quand
même avouer qu'on est peut-être parti d'un extrême et qu'on
est peut-être trop à l'autre extrême. C'est là qu'est
le malaise. Qu'est-ce qu'on peut faire, dans le milieu d'un tribunal
administratif et d'un tribunal juridique, pour faire en sorte que le
justiciable puisse y trouver son profit? C'est un peu pour cela que je dis que,
pour le pouvoir délégué, c'est-à-dire permettre
à la commission de faire ses propres règlements, je trouve qu'on
joue sur les mots, parce qu'en dernier ressort, s'il se présente devant
le lieutenant-gouverneur en conseil après un règlement
préparé, supposément, par la Commission des transports et
qu'il fait face à ses collègues des Richesses naturelles, des
Terres et Forêts, de l'Industrie et du Commerce et si le gars qui est
à la table du conseil, cela ne fait pas son affaire ou cela bousille son
industrie, il va le savoir en maudit et il va falloir qu'il fasse
repréparer le règlement selon la volonté du pouvoir
politique.
Je pense qu'en définitive, c'est un peu là qu'est le
problème. Je voudrais revenir sur des points plus particuliers que vous
avancez. C'est la première fois que je me laisse emporter, je m'excuse.
Vous avez beaucoup parlé de consultation et il y a un malaise
là-dedans. Je pense que c'est en
partie vrai. Devant des lois et des réglementations aussi
diversifiées que celles des transports, dans un secteur qui change de
semaine en semaine selon un mode de transport plutôt que l'autre, il est
induscutable que, même si on consulte l'ensemble des intervenants... Vous
avez fait mention tantôt, en parlant du conseil consultatif, que vous
avez des intérêts à défendre. Il n'est pas certain
que l'autre ligue de taxi d'à côté n'a pas des
intérêts un peu divergents à défendre. (11 h 30)
J'ai souvenance que je pense que ça se fait encore comme
cela aujourd'hui il y a une consultation qui se fait; elle ne se fait
peut-être pas dans toutes les étapes qu'elle devrait franchir,
mais il faut quand même admettre qu'à un moment donné,
entre vous autres, les intervenants dans le taxi, qui êtes
peut-être trois ou quatre, ceux qui sont dans le vrac ou dans d'autres
secteurs d'activités, même avec la bonne volonté, la
meilleure volonté du monde et avec honnêteté, vous avez
fait connaître vos revendications, ce qui est légigime. Il y en a
un qui doit trancher et il doit trancher en pensant au consommateur qui va
être celui, évidemment, qui va écoper tantôt. C'est
pour ça qu'il y a un gouvernement. Il a à trancher et s'il
tranche mal, il va en subir les conséquences.
Ceci m'amène à parler un peu des conseils consultatifs.
J'en ai dit un mot hier ou avant-hier. Vous avez vous autres même mis le
doigt sur le bobo. Si un de vos membres est délégué, il
n'est pas certain que l'autre ligue va être heureuse des recommandations
que vous allez faire. C'est ce que j'ai connu avec les meilleures valeurs que
je pouvais rencontrer parmi ceux qui étaient dans le
précédent conseil consultatif. Qu'on ne se fasse pas d'illusions.
D'abord, le conseil consultatif sera toujours chosi par une décision
politique, parce que ce sera toujours sur recommandation du
lieutenant-gouverneur en conseil, à moins que le ministre ne
délègue ses pouvoirs à l'ensemble des transporteurs et
leur dise: Choisissez donc, et vous allez probablement choisir vos
intérêts. C'est ce qui va arriver.
Je me suis demandé, en pensant à ça durant cette
commission, puisqu'il y a tellement d'intérêts divers et que ce
n'est pas possible qu'ils ne défendent pas leurs intérêts,
s'ils vont au conseil consultatif il y a un conseil consultatif de
formé si on ne devrait pas penser ça
coûterait peut-être de l'argent en fonction d'aller vers
certains universitaires, certaines personnes spécialisées dans
les activités de transport, qui ne sont peut-être pas
reliées directement à une association plutôt que l'autre,
faire l'ensemble de la recherche sur l'évolution des transports et
conseiller et le ministre et la Commission des transports dans ce
sens-là. Aller vers des associations, même si elles avaient la
meilleure volonté du monde, je pense que ce serait s'illusionner.
J'ai déjà été assez long, je ne voudrais pas
revenir sur l'ensemble de vos recommandations et ce n'est pas le moment de
parler forcément de l'ensemble des problèmes que vous rencontrez
à l'intérieur de l'industrie du taxi.
Il y a une dernière constatation qui n'est pas faite dans le
rapport CEGIR, mais que le ministre devrait prendre avec attention, qui est
peut-être un des résultats des malaises de la Commission des
transports. Il y a eu de nombreuses lois, de nombreux règlements dans le
domaine du vrac. Cela a amené des dizaines de milliers de permis dans le
taxi et ces choses-là. Je pense que le ministre des Transports devrait,
en consultation avec le ministre des Finances, vérifier s'il ne serait
pas possible de planifier davantage les travaux de la Commission des
transports, pour qu'elle ne soit soumise, à des dates
déterminées de l'année, disons, la fin de l'année
financière ou le début de l'été, à des
nombres de renouvellement de permis qui sont inacceptables à un
organisme le mieux planifié possible, même s'il était mieux
planifié qu'aujourd'hui.
Quand on pense à ceux qui sont dans le camionnage, dans le vrac,
qui vivent surtout en période d'été, je pense qu'ils ont
raison de dire: Est-ce que le 1er novembre ne devrait pas être la
date des renouvellements? Est-ce qu'il ne pourrait pas y avoir un
échelonnage pour certaines catégories de permis, qui sont
tellement importants et qui font que les forces de la commission sont prises
devant des délais qu'elle ne peut pas respecter. Immédiatement,
l'ensemble des transporteurs, de quelque niveau, aura des récriminations
à faire.
Ce sont un peu les observations que je voulais faire. Si j'ai
erré dans mes suggestions, libre à vous de me le dire, parce que
c'est personnel; ça ne vient pas de quelqu'un qui a une formation
juridique et je peux me permettre d'errer.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Charlevoix. M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Concernant la réglementation, dans votre
mémoire, ça me semble différent de ce que vous avez
affirmé, M. Sainte-Marie. Vous vous êtes déclaré
d'accord à ce que la commission ait beaucoup plus d'autonomie dans la
préparation des règlements, mais suite à une sous-question
du ministre Lessard, vous avez dit, cependant, que le dernier recours, ce
serait le lieutenant-gouverneur en conseil. Cela m'apparaît passablement
différent. C'est purement et simplement le fait que la commission
élabore le règlement, qu'elle le soumette au ministre pour fins
d'adoption, il reste que l'autorité demeure au ministre ou au
ministère et non pas à la commission.
M. Sainte-Marie: Je ne connais pas d'organisme qui puisse
promulguer un règlement obligatoire susceptible de sanctions dans la
législation provinciale où ce règlement ne doit pas
être approuvé par le lieutenant-gouverneur en conseil. Je pense
que c'est dans toutes les législations.
M. Chevrette: Non, mais c'était...
M. Sainte-Marie: C'est dans ce sens-là qu'on le dit.
M. Chevrette: ... pour faire préciser, parce qu'il y a des
organismes qui, devant nous, disaient: Elaborez les grandes politiques au
niveau gouvernemental, mais par la suite, laissez entière autonomie
à la commission d'élaborer ses règlements, qu'ils soient
conformes cependant aux grandes politiques. Ce serait déroger à
la coutume où l'organisme paragouvernemental obtient un pouvoir de
participation, mais pas de sanction finale. C'était pour vérifier
cela.
M. Sainte-Marie: Oui. On dit: Que la commission élabore le
règlement en consultation avec les intéressés, soumette le
règlement à l'exécutif par la suite et ensuite, reprenne
le règlement tel que l'exécutif l'accepte, le change ou le
corrige.
M. Chevrette: Si le contraire avait été
avancé, je suis convaincu que, dans les faits, ce qui arriverait, c'est
que la commission élaborerait ses règlements et, chaque fois
qu'un groupe est mécontent, cela reviendrait de toute façon au
ministre.
M. Sainte-Marie: Oui, mais...
M. Chevrette: Le "chialage" arriverait quand même sur la
table du ministre. Donc...
M. Sainte-Marie: ... il y aurait au moins le travail
d'élaboration dont le ministre serait soulagé...
M. Chevrette: Oui, mais dans les faits, je pense que les
organismes paragouvernementaux...
M. Sainte-Marie: ... le travail de préparation.
M. Chevrette: ... participent beaucoup à
l'élaboration des règlements. Là-dessus, je serait
entièrement d'accord avec le député de Charlevoix. Ils
sont spécialisés dans tel secteur. On leur demande, bien
sûr, d'élaborer les règlements. Il est évident
cependant que les organismes para-gouvernementaux doivent les élaborer
en fonction des orientations politiques prises par le ministre.
M. Sainte-Marie: Mais nous avons souligné au ministre tout
à l'heure qu'il est plus facile de travailler en consultation avec un
organisme para-gouvernemental qu'avec des fonctionnaires du ministère.
N'est-ce pas?
M. Lessard: Ce n'est pas sûr, M. Sainte-Marie. Ce n'est pas
pour déprécier les organismes para-gouvernementaux, mais il reste
toujours qu'il y a des gars qui sont élus, des personnes qui ont des
responsabilités directes envers la population. Je ne veux pas parler de
la Commission des transports, mais je pense qu'on est plus souple et on nous
écoute plus peut-être que des organismes dont les membres sont
élus pour dix ans et qui n'ont pas de responsabilité directe
comme telle devant le public. C'est pour cette raison que je vous posais la
question tantôt. Est-ce plus dangereux d'aller d'un côté ou
de l'autre? De toute façon, comme le disaient le député de
Charlevoix et le député de Joliette-Montcalm, je pense que le
ministre a toujours la responsabilité et le problème qu'il y
aurait dans ces circonstances, c'est que des décisions ou une
réglementation seraient faites par des organismes publics ou parapublics
et c'est le ministre, de toute façon, qui serait responsable devant la
population.
M. Ferland: Au niveau des élus, je suis tout à fait
d'accord avec vous. Ils sont plus sensibles. C'est sûr.
M. Chevrette: C'est-à-dire que ce sont les seuls
redevables devant la population.
M. Ferland: Mais oui, c'est leur responsabilité. Mais
notre propos n'était pas d'enlever...
M. Chevrette: II faut bien le clarifier.
M. Ferland: Non, non. Notre propos n'était pas de dire
qu'on n'avait pas le contact avec ceux qui ont la responsabilité
vis-à-vis de la population. On pense à une commission et on pense
à une administration permanente...
M. Sainte-Marie: Nous disons bien que le ministre, que le Conseil
des ministres est responsable de la réglementation.
M. Ferland: Notre contact est plus facile d'un côté
que de l'autre. C'est tout ce...
M. Chevrette: J'avais le goût de dire à M.
Sainte-Marie tantôt en l'écoutant dire que c'était plus
facile de travailler avec les fonctionnaires de la commission que les
fonctionnaires du gouvernement ou du ministère: Si la commission vous
pondait un règlement qui ne faisait pas votre affaire, quel type de
fonctionnaires iriez-vous voir en second lieu?
M. Sainte-Marie: La réponse est toute simple. Nous aurions
un appel devant le Conseil des ministres. C'est cela...
M. Chevrette: Mais vous passeriez d'abord par les fonctionnaires
gouvernementaux.
M. Sainte-Marie: On commence à négocier avec la
commission. Si la commission n'accepte pas notre point de vue, on a un appel
ensuite devant le Conseil des ministres, ce qu'on n'a pas autrement.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Je remercie les
représentants de la Ligue nouvelle des propriétaires de taxi de
Montréal d'être venus présenter leur mémoire.
J'appelle en deuxième lieu, comme deuxième intervenant, la
Fédération des ligues de taxi du Québec Inc.
Si vous voulez présenter les gens qui sont à cette
table.
Fédération des ligues de taxi du
Québec Inc.
M. Saint-Cyr (Roger): J'aimerais présenter M. Jean-Guy
Pelletier, président de la fédération et président
de la ligue A-8. M. Rosaire Vaillancourt, trésorier de la ligue A-17, et
moi-même, Roger Saint-Cyr, secrétaire de la
fédération et secrétaire-trésorier de la ligue
A-12. Maintenant, je cède la parole à M. Pelletier.
M. Pelletier (Jean-Guy): Bonjour. Nous, en tant que
fédération, avons eu des contacts réguliers avec la ligue
A-11 de Montréal.
M. Lessard: Une information pour les membres de cette commission.
Est-ce que vous pourriez situer la Fédération des ligues de taxi
du Québec par rapport, en fait, à d'autres organismes comme la
ligue A-11, A-10, etc? Parce que tout à l'heure, on va avoir le Conseil
du taxi et on va lui demander un peu la même chose. Combien de ligues
représentez-vous dans l'ensemble du Québec? Les 53?
M. Pelletier: A l'heure actuelle, nous représentons des
ligues dans la périphérie de Montréal. Nous
représentons cinq ligues, partiellement: la ligue A-8, A-2, A-17, A-12
et A-5. Nous travaillons de concert et nous avons eu des rencontres avec la
ligue A-11 et justement, tantôt, lorsque j'ai écouté
certaines questions que vous avez posées sur le comité
consultatif, les déclarations de la ligue A-11 ne peuvent pas impliquer
une ligue comme la nôtre qui représente 200 permis dans une
agglomération avec un représentant, alors que la ligue A-11
représente 5000 permis avec un représentant. C'est pour cela que
la fédération travaille de concert avec la ligue A-11, mais elle
ne fait pas partie de la fédération.
Notre mémoire est présenté aujourd'hui, pour
commencer, avec l'approbation de la ligue A-11 lors d'une rencontre
préalable. Nous aimerions déposer le mémoire de la ligue
A-11 comme étant nos observations sur le rapport CEGIR. Nous avons ici
un document très court qui va vous expliquer pourquoi nous avons pu
présenter nous-mêmes, en tant que fédération, une
étude complète. Avant de commencer à vous lire ce
document, je tiens à mentionner le fait que nous avons reçu le
rapport CEGIR six jours avant la date d'expiration du délai. Convoquer
cinq conseils de ligues pour étudier un rapport de l'ampleur du rapport
CEGIR en dedans de six jours, c'était pas mal difficile. C'est pour cela
que nous avons consulté M. Sainte-Marie de la ligue A-11 et que nous
avons accepté les déclarations de la ligue A-11 comme
étant les nôtres, ayant déjà eu, dans les mois
précédents, des rencontres à ce sujet. Lorsque le rapport
CEGIR a été présenté, nous nous dirigions vers le
même but.
Nous avons un rapport très simple qui a été
préparé par un chauffeur de taxi. Devant l'importance et
l'intensité du rapport final de l'étude faite par la firme CEGIR
sur la Commission des trans- ports du Québec, le Conseil de la
fédération des ligues de taxi du Québec a
décidé de présenter un mémoire sur ledit rapport.
L'espace de temps très limité comme je l'indiquais
tantôt entre la réception du rapport et la date
d'expiration du délai accordé, nous n'avons pu préparer un
mémoire complet. Nos observations se résument à
l'étude du rapport final. (11 h 45)
Nous, de l'industrie du taxi, directement et entièrement
concernés par cette étude de la firme CEGIR sur la Commission des
transports du Québec, avons nettement l'impression que, bien avant cette
étude, la commission a eu les mains liées par le ministère
ou le ministre des Transports lui-même. Nous comprenons mal et nous
acceptons difficilement le pourquoi d'une telle étude par le ministre
alors que ladite commission n'a qu'un mandat plus que restreint, d'autant plus
que toutes les décisions viennent directement du ministère.
Si ce dernier n'est pas apte à remplir sa fonction de
ministère des Transports, on serait à même de se demander
s'il ne chercherait pas plutôt un débouché en octroyant des
responsabilités et pouvoirs accrus à la commission, ce qui serait
peut-être une solution acceptable. Par contre, s'il cherche à
annuler l'efficacité progressive et décisionnelle de la
commission, nous, propriétaires artisans du taxi, sommes d'avis qu'il
est bien évident, et cela devient du même coup urgent, qu'une
sérieuse étude soit alors entreprise sur le ministère des
Transports lui-même.
Nous recommandons donc que les pouvoirs de la Commission des transports
soient élargis et plus étendus. Nous recommandons
également que l'élaboration des règlements soit sous
l'entière et totale responsabilité de ladite commission.
Cependant, cette élaboration devrait se faire en étroite
consultation et collaboration de toutes les parties intéressées.
Par la suite, le lieutenant-gouverneur en conseil serait appelé à
approuver lesdits règlements élaborés par la CTQ. Il
faudrait également prévoir dans la loi un pouvoir
général et complet de régulation afin de rendre
évidente la possibilité, pour la commission, d'utiliser
différents modes d'intervention.
En conclusion, nous appuyons, à quelques exceptions près,
les recommandations de la firme CEGIR et souhaitons ardemment que le ministre
ait le courage, de préférence à court terme, de donner
suite à la question par la consultation des intéressés et
non par le bon vouloir des fonctionnaires en place. Car ces derniers
n'hésitent pas à procéder devant l'intérêt
évident de la perpétuité de leur fonction ou les avantages
d'un patronage mal fait ou d'habitude au ministère des Transports. .
Enfin, nous émettons des doutes et nous ne sommes pas d'accord
avec les pouvoirs du ministre parce que nous croyons que les organismes
impliqués sont là, d'abord et avant tout, pour défendre
leurs intérêts.
Les ministres, procédant presque toujours par personne
interposée, et soucieux de la politique
de leur gouvernement, peuvent évidemment se trouver en conflit
d'intérêts. Nous pensons que le rôle du ministre des
Transports devrait se limiter à énoncer des politiques et
plutôt à donner pleine latitude à la Commission des
transports du Québec.
Voilà pourquoi nous appuyons dans presque tout son ensemble les
recommandations de la firme CEGIR et nous tenons à féliciter
cette firme pour avoir su faire preuve de maîtrise dans l'atteinte de ses
objectifs, tout en nous livrant un rapport très positif et
complètement dénué d'ingérence ou d'influence
politique.
Notre exposé est très court. Nous n'apportons de
discussion sur aucun règlement parce que nous n'avons pas eu le temps de
le faire et, comme je l'ai mentionné tantôt, à la suite des
discussions entreprises avec la ligue A-11, nous étions pas mal d'accord
sur le rapport A-11.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: M. Pelletier, d'abord, je tiens
énormément à déplorer le fait que vous n'ayez
reçu le rapport que sept jours avant le délai pour
présenter un mémoire. Cependant, je tiens à souligner
qu'il y a quand même plusieurs mois déjà que j'ai rendu
public le rapport CEGIR, tant à l'Assemblée nationale qu'en
conférence de presse, et il se peut qu'il y ait eu erreur de la part du
ministre ou des cabinets ou des fonctionnaires pour vous transmettre le
rapport. Cependant, chaque citoyen et chaque organisme avaient la
possibilité, il me semble, devant l'annonce publique... Depuis assez
longtemps, j'avais déjà annoncé d'abord que la firme CEGIR
allait faire une étude sur la Commission des transports. Par la suite,
j'ai rendu public ce rapport; alors, toute personne pouvait s'adresser au
ministère pour obtenir copie de ce rapport.
Deuxièmement...
M. Pelletier: Je peux répondre à ça? M.
Lessard: Oui.
M. Pelletier: Vous avez mentionné que nous pouvions nous
adresser au ministère pour avoir copie de ce rapport; vous avez bien dit
ça? Nous tenons à souligner que nous, de la
fédération, quand on s'adresse au ministère pour obtenir
des copies de rapport, il n'y a pas de rapport pour la
fédération.
M. Lessard: Pardon?
M. Pelletier: Quand nous, de la fédération, on
s'adresse au ministère pour avoir des copies de rapport, il n'en existe
pas pour la fédération.
M. Lessard: Est-ce exact? Est-ce que vous vous adressez au
ministère pour obtenir un rapport...
M. Pelletier: C'est-à-dire qu'on s'est adressé au
bureau de Montréal et il n'y en avait pas.
M. Lessard: Est-ce que vous avez laissé il pouvait
ne pas y en avoir cette journée-là est-ce que vous avez
demandé à ces gens de vous transmettre le rapport aussitôt
qu'il serait disponible?
M. Pelletier: Nous avons, par téléphone,
consulté la Commission des transports, un peu après
l'enquête.
M. Lessard: Pas la Commission des transports, mais le
ministère. Cette étude n'a pas été faite par la
Commission des transports.
M. Pelletier: Suite à une réponse de la Commission
des transports nous disant qu'aussitôt que le rapport serait prêt,
on en recevrait une copie. Etant chauffeurs de taxi sur la route, à la
journée longue, on s'est dit et on n'avait pas de bureau ouvert
en permanence qu'on recevrait un rapport. Lorsque le rapport est
arrivé, il était un peu trop tard pour convoquer les gens qui
étaient répandus dans Longueuil, Montréal-Nord, l'ouest de
Montréal, Laval, Terrebonne et d'autres endroits où on aurait pu
travailler avec nous. J'ai bien mentionné qu'auparavant, pour
prévenir un état semblable, nous avions eu des rencontres avec la
ligue A-11 durant tout l'hiver.
M. Lessard: Vous étiez au courant qu'il y avait le
rapport.
M. Pelletier: On était au courant qu'un rapport sortirait,
mais quand, on ne le savait pas.
M. Lessard: En tout cas. Je ne comprends pas ou je comprends
difficilement la conclusion de votre mémoire, les félicitations
à la firme CEGIR "pour avoir su faire preuve de maîtrise dans
l'atteinte de ses objectifs, tout en nous livrant un rapport très
positif et complètement dénué d'ingérence ou
d'influence politique", alors que la première déduction que vous
faites à la page 1 de votre mémoire est simplement: "Nous, de
l'industrie du taxi, directement et entièrement concernés par
cette étude de la firme CEGIR sur la Commission des transports du
Québec, avons nettement l'impression que bien avant cette étude,
la commission a eu les mains liées par le ministère et le
ministre des Transports lui-même".
M. Pelletier: Ce qu'on veut dire par là et je vous
lis un rapport que je n'ai pas composé moi-même c'est qu'on
a toujours été sous la nette impression que la commission
agissait simplement selon les ordres du ministère et que...
M. Lessard: Pensez-vous sérieusement que lorsque la
commission émet un permis à tel individu ou tel autre, c'est le
ministre qui décide que la commission va émettre le permis?
M. Pelletier: La commission émet le permis selon le
règlement no 6. Qui a fait le règlement no 6? C'est le
ministère.
M. Lessard: C'est normal, la commission fonctionne à
l'intérieur d'une réglementation qui
est un énoncé de politique générale dans le
secteur du transport. C'est certain que dans tout organisme public ou
parapublic, il y a un certain nombre de critères sur lesquels une
commission doit se baser pour faire l'émission de permis ou pour
appliquer une réglementation.
M. Pelletier: On comprend que la commission.
M. Lessard: De là à dire qu'elle a les mains
liées ou muselées, ça va un peu plus loin! On donne une
certaine autonomie à la commission, mais en relation avec des politiques
générales du gouvernement, parce que sans ça, il n'y
aurait plus de gouvernement, ce seraient des organismes publics, parapublics
qui gouverneraient à notre place. Quand vous condamneriez le
gouvernement, ce serait une condamnation des organismes publics et
parapublics.
M. Pelletier: On comprend tout ça, mais on parle en tant
que regroupement de ligues et la nette impression est que si on a certains
problèmes qui ont été mentionnés par la ligue A-11
sur l'émission de permis, par exemple, ces délais n'ont pas
été créés spécifiquement par la commission,
ils ont été créés par la loi qui leur est
donnée pour agir.
M. Lessard: Si on se base sur cette commission parlementaire et
le rapport CEGIR, est-ce que la Commission des transports est trop
muselée ou pas assez? Est-ce qu'on devrait lui donner plus de pouvoirs
administratifs ou discrétionnaires sur la préparation de la
réglementation?
M. Pelletier: Notre opinion, c'est que la commission devrait
avoir les pouvoirs de division. J'ai entendu mentionner tout à l'heure
que s'il y avait un comité consultatif, des groupements comme le
camionnage en vrac et l'industrie du taxi pourraient venir en conflit. Mais si
on remettait à la commission, comme l'a mentionné la ligue A-11
tout à l'heure, la décision de la vente de permis de taxi
là où ça nous cause aussi des problèmes, la
longueur de temps que ça prend pour faire un transfert de permis de
taxi, que les ligues ne soient pas informées de ce transfert de permis
de taxi ce ne sont pas toutes les ligues qui peuvent se permettre
d'avoir un homme à la journée longue pour aller faire un tour
à la Commission des transports, faire des vérifications, à
savoir s'il y a eu un transfert de permis, s'il y a quelque chose. Si une ligue
a 35 voitures elle ne peut évidemment pas se permettre un
secrétaire-trésorier ou un conseiller à longueur de
journée.
M. Lessard: Combien de détenteurs de permis avez-vous,
dans les cinq ligues que vous représentez?
M. Pelletier: Nous en avons environ 1200.
M. Lessard: Un autre paragraphe me laisse fort perplexe, dans la
perspective des objectifs que nous poursuivions, lorsque nous avons
donné un mandat à la firme CEGIR, c'est le paragraphe suivant:
"Si ce dernier en parlant du ministère n'est pas apte
à remplir sa fonction de ministère des Transports, on serait
à même de se demander s'il ne chercherait pas plutôt un
débouché en octroyant des responsabilités et pouvoirs
accrus à la commission, ce qui serait peut-être une solution
acceptable. Par contre, s'il cherche à prouver le
ministère qu'il faut museler davantage la commission, qu'il faut
annuler l'efficacité progressive et décisionnelle de la
commission, nous, propriétaires-artisans de taxis, sommes d'avis qu'il
est bien évident et cela devient, du même coup, urgent, qu'une
sérieuse étude soit alors entreprise sur le ministère des
Transports lui-même."
Ce que je voudrais quand même souligner, M. Pelletier, c'est que
ce n'est pas le ministre, du jour au lendemain, qui a décidé de
nommer une firme, CEGIR, pour faire l'étude de la gestion, de
l'administration, des décisions de la Commission des transports du
Québec. Si tout le monde m'avait dit que ça allait pour le mieux
dans le meilleur des mondes, j'aurais dit: Continuez comme ça, ça
va bien, et j'aurais bien aimé ça. Mais c'est à la suite
de discussions avec différents secteurs du transport donc des
ligues de taxis, donc des propriétaires de taxis que nous avons
décidé de confier ce mandat à CEGIR. Nous avions
énormément de plaintes, non seulement du secteur du transport,
plaintes peut-être non fondées, je me pose la question,
à la suite de ces auditions mais même des plaintes de
députés, de gens qui se plaignaient à des
députés de décisions de la Commission des transports, de
décisions, comme on nous l'a souligné souvent, contradictoires,
quelquefois contradictoires, ou encore des délais indus que
comportait... C'est peut-être dû à la réglementaion,
mais ce n'est pas parce que le ministère veut confier ses
responsabilités à d'autres, qu'on cherche les meilleures
solutions possible pour améliorer l'activité de la Commission des
transports.
Je peux difficilement vous comprendre; je me pose parfois la question si
vous avez compris les objectifs qu'on poursuivait par la nomination d'une firme
pour faire l'étude de la Commission des transports. On n'a pas
d'arrière-pensée, justement, on est là. Vous dites que
vous n'êtes pas consultés, mais justement cette commission
depuis... En fait, il y a eu une commission en 1972, lorsqu'on a formé
la Commission des transports et, là, on est rendu en 1979, il est
peut-être bon qu'on se pose des questions sur la meilleure façon
de rendre cette commission efficace, de la rendre plus efficace, non pas
qu'elle n'ait pas été efficace. Mais il y a une chose que je
trouve quand même curieuse; c'est que, à la suite de nombreuses
plaintes je l'ai fait parce que j'ai reçu des plaintes et la
commission elle-même a très bien collaboré à cette
étude et savait aussi qu'il y avait des problèmes
spécifiques qui se soulevaient il me semble que, devant cette
commission parlementaire ou cette consultation, tout le monde a
semblé nous dire: Cela va bien, pas de problème. Hier, on
a eu l'Association des propriétaires d'autobus, qui nous a dit: Nous, on
est satisfaits de la Commission des transports. Vous autres, vous semblez dire:
Nous aussi, on est satisfaits.
M. Pelletier: On semble être satisfaits.
M. Lessard: Je ne sais pas d'où viennent les plaintes que
j'ai reçues de part et d'autre.
M. Pelletier: Lorsque vous recevez des plaintes, j'imagine que
vous recevez des plaintes de tous les domaines du transport. Vous
êtes-vous basés sur la totalité des plaintes ou si vous
vous êtes basés sur le domaine où vous aviez le plus de
plaintes pour faire cette enquête?
M. Lessard: On s'est basé sur le fait que les plaintes
venaient d'à peu près tous les secteurs. (12 heures)
M. Pelletier: Mais, les plaintes ne se résumaient-elles
pas, à ce moment-là, à un domaine particulier? Par
exemple, dans le domaine du taxi, c'était surtout le temps pris pour le
transfert d'un permis de taxi, la fixation des taux et tarifs à date
fixe et la fixation par le ministère de la fin de l'année fiscale
de chaque ville.
M. Lessard: Ce sont déjà des plaintes
sérieuses. J'aimerais avoir, à un moment donné, de la part
de la Fédération des ligues, des recommandations à ce
sujet. Est-ce que, par exemple, les délais de transferts sont trop
longs. S'ils sont trop longs, on l'a eu tout à l'heure, la Ligue A-11
nous a donné des indications à savoir qu'il devrait y avoir une
façon automatique pour donner le transfert lorsque tous les rapports
sont remplis, etc., ou encore, vous me parlez en fait de la fixation des taux
et tarifs. Cela veut donc dire que si vous avez ces trois points que vous
soulignez, c'est qu'il y a des problèmes qui se soulevaient au niveau de
la Commission des transports.
M. Pelletier: Le problème de la fixation des taux et
tarifs, par exemple, au niveau de la Commission des transports, j'imagine que
si cette dernière décide que de telle date à telle date
elle va entendre les demandes de fixation des taux et tarifs, à ce
moment, elle agit sur un règlement qu'elle a en main. Le
règlement qu'elle a en main est fait par le ministère des
Transports.
M. Lessard: Question qu'on se pose là. Est-ce que cette
réglementation devrait aller à la commission ou rester au
ministère et même si elle restait au ministère, est-ce
qu'il devrait y avoir plus de souplesse à donner au niveau de la
discrétion de la commission? Dernière question, à la page
3 vous dites: "En conculsion nous appuyons à quelques exceptions
près les recommandations de la firme CEGIR et nous souhaitons ardemment
que le ministre ait le courage, de préférence à court
terme, de donner suite par la consultation des intéressés
qu'est-ce que vous voulez dire? en tout cas, je reviendrai à la
question et non pas par le bon vouloir des fonctionnaires en place." Je
voudrais savoir, à un moment donné, "donner suite par la
consultation des intéressés à la question", quelle
question et est-ce que vous désireriez avoir une autre consultation
avant qu'on donne suite ou pas aux recommandations du rapport CEGIR?
M. Pelletier: Ce que ce paragraphe veut dire, c'est que tout
simplement il faut se l'avouer, il existe toujours certains conflits et sur
consultation, la consultation n'existe pas ou à peu près pas.
M. Lessard: Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui?
M. Pelletier: Aujourd'hui, mais quand l'enquête CEGIR s'est
faite, c'était je crois il y a tout près de deux ans.
Aujourd'hui, c'est deux ans plus tard. Le contexte est changé.
M. Lessard: Oui, mais il y a quand même...
M. Pelletier: Et on n'a pas plus de consultations, à
l'exception de la commission d'aujourd'hui.
M. Lessard: A ma connaissance, nous aurons CEGIR tout à
l'heure ou cet après-midi, mais il y a eu consultation du secteur des
taxis. C'est certain qu'une consultation comme celle-là, comme il y a
eu, en fait, j'ai déposé un rapport dernièrement,
où il y a eu une autre consultation de toutes les ligues. C'est certain
que dans deux ans cela change.
M. Pelletier: Vous avez semblé agir, tout à
l'heure, en voulant élaborer la question, l'affaire au ministère,
comme nous autres on l'a élargie. Notre consultation, on a tendance
à la faire porter du côté du ministère et non pas du
côté de la commission. Du côté de la commission, la
consultation est facile.
M. Lessard: Quand vous parlez...
M. Pelletier: II n'y a pas tellement de problèmes de
consultations du côté de la commission. Tout ce qu'ils peuvent
nous répondre, c'est que c'est écrit dans le règlement. Ce
sont les réponses.
M. Lessard: Quand vous dites: "Par la consultation des
intéressés à la question." Quelle question?
M. Pelletier: Pardon?
M. Lessard: "Par la consultation des intéressés
à la question et non par le bon vouloir des fonctionnaires en
place."
M. Pelletier: On veut dire, la question là-dedans, c'est
la question générale dans le domaine du taxi. Tantôt vous
avez parlé de comité consultatif et la Ligue A-11 a
mentionné qu'évidemment eux autres représentent 53% de la
province de Québec. C'est évident que s'il n'y avait qu'un
porte-parole dans un comité consultatif, ce ne serait pas juste
envers la Ligue A-11. Mais, la consultation, à ce moment, c'est que nous
on serait entièrement d'accord que les consultations des ligues ou des
représentations de ligues comme la nôtre, en accordant
peut-être un statut spécial à la Ligue A-11 qui
représente, comme je vous l'ai mentionné, 53% des permis de taxi
de la province de Québec.
M. Lessard: Donc, la Fédération des ligues de taxi,
normalement, qui à mon sens, je comprends que Montréal est un
secteur bien spécifique, c'est une région bien
spécifique...
M. Pelletier: On voit Montréal comme un secteur
spécifique, oui. Mais on sait, par exemple, qu'en étant dans la
région métropolitaine, il faut normalement travailler dans le
même sens, dans la même direction que la ligue A-11, parce qu'on
est touché par les mêmes problèmes.
M. Lessard: Mais il n'y a pas moyen d'avoir un interlocuteur,
quand on parle d'une fédération des ligues de taxi, où, au
moins, on pourrait parler de la fédération des ligues de taxi de
Montréal où toutes les ligues pourraient être
représentées, quitte à avoir une représentation
proportionnelle aux membres?
M. Pelletier: Voulez-vous répéter votre question,
s'il vous plaît?
M. Lessard: II n'y aurait pas moyen tout à l'heure,
c'est pour ça que je vous ai fait préciser et je ne voudrais pas
élargir trop, parce que ce n'est pas l'objectif de la commission, mais
il y a quand même des problèmes très sérieux dans le
secteur du taxi d'avoir une fédération qui serait
peut-être la fédération des ligues de taxi de
Montréal, mais où toutes les ligues de Montréal seraient
représentées, quitte à avoir, dans votre
représentation, une représentation proportionnelle au nombre de
membres que chaque ligue représente, pour avoir un interlocuteur?
M. Pelletier: La fédération a été
fondée dans ce but. Mais on ne peut pas se présenter dans une
ligue et lui attacher les mains dans la fédération, si la ligue
calcule qu'elle peut se fier sur le travail que la ligue de Montréal va
faire, que la fédération va faire et qu'un autre groupe peut
faire.
M. Lessard: D'accord, je vous remercie beaucoup, monsieur.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. Pelletier, je pense qu'autant dans le domaine du
taxi que dans celui du transport en vrac, si on n'avait pas le problème
de volume pas assez élevé pour satisfaire aux exigences et
permettre à chacun de gagner sa vie, il y aurait moins de critiques qui
seraient formulées, autant par le taxi que par le transport en vrac.
D'abord, il y a une question de volume à transporter.
A l'intérieur de votre mémoire c'est vous qui le
présentez je constate que, comme dans plusieurs autres qui se
sont présentés, vous avez constaté des délais trop
grands, des difficultés que CEGIR a probablement cherché à
mettre devant les yeux du législateur, de même que devant les
intervenants. Cette commission-là, forcément, regarde de quel
côté la Commission des transports pourrait améliorer ses
services.
Par contre, si je fais référence à un
énoncé du juge Bouchard qui a produit un mémoire devant
cette commission, il va un peu à l'inverse de ce que vous me dites. Vous
voudriez que la Commission des transports ait tous les pouvoirs requis, afin
d'éliminer les erreurs que vous constatez au ministère des
Transports. Le juge Bouchard dit, dans des mots qui lui sont propres je
ne les fais pas miens "La Commission des transports, d'abord, ne s'est
pas servie en entier des pouvoirs que lui accordait la Loi des transports et
elle a été trop pointilleuse sur les règlements. Elle a
voulu faire trop de légalisme et cela a sauvegardé son image et
c'est l'autre qui est blâmé, le ministère".
A toutes fins utiles, c'est une réflexion qu'il a faite. J'ai dit
tantôt moi-même que la Commission des transports, par la Loi des
transports, avait une certaine latitude, je pense je dis ça comme
profane dont elle ne s'est pas servie autant qu'elle aurait pu le faire.
Je ne dis pas qu'elle a mal fait. Si elle a voulu, évidemment,
n'être accusée d'aucun malaise, elle s'en est tenue aux
règlements qui étaient votés par le lieutenant-gouverneur
en conseil, c'est-à-dire par le milieu politique.
Par contre, je voudrais simplement revenir, quitte à donner...
J'ai déjà tantôt apporté certaines
considérations. Vous dites, à la page 2 de votre mémoire:
"La commission devrait utiliser différents modes d'intervention".
Je voudrais que vous tâchiez de m'éclairer un peu. On a
blâmé assez vertement l'arbitraire de certaines décisions
de l'ancienne Régie des transports. On a blâmé l'arbitraire
et là, on dit: Que la commission ait plus de latitude. Au moment
où on donne plus de latitude à la commission pour qu'elle puisse
étirer le règlement, j'ai bien l'impression qu'à ce
moment-là la commission va être drôlement accusée des
fautes que vous reprochez actuellement à des fonctionnaires du
ministère, parce qu'il va falloir forcément qu'il y ait de
l'arbitraire là-dedans à la minute où on va élargir
le règlement. Je voudrais que vous m'expliquiez où cela doit
commencer, les pouvoirs de la commission, et où cela doit se terminer,
avec la latitude que vous voudriez qu'on lui accorde. Je pense que vous ne
parlez pas de délais, de ces choses-là. Ce sont des pouvoirs
administratifs de la commission qui peuvent être, je pense, en partie
réglés, mais, à l'intérieur d'un règlement,
où commence-t-on et où arrête-t-on? Si le règlement
est mal fait, le lieutenant-gouverneur en conseil peut le changer. C'est son
devoir de le changer.
M. Pelletier: Je crois que vous me posez une question... Je ne
suis pas un avocat et je ne suis pas...
M. Mailloux: Moi non plus.
M. Pelletier: ... quelqu'un qui a fait les règlements de
la Commission des transports. Je suis quelqu'un qui les a tout simplement subis
directement ou indirectement. Où doivent commencer les pouvoirs de la
Commission des transports et où doivent-ils se terminer? Je crois qu'il
faudrait y penser un peu. Je ne peux pas vous donner personnellement une
réponse comme cela. C'est à y penser assez
sérieusement.
M. Mailloux: Parce que la commission fonctionne à
l'intérieur de règlements.
M. Pelletier: Elle fonctionne à l'intérieur
de...
M. Mailloux: Même si c'était elle qui
préparait les règlements, le lieutenant-gouverneur en conseil les
aurait acceptés quand même. Il faudrait qu'elle fonctionne
à l'intérieur de cela. Si cela devient un tribunal administratif,
un corps administratif, avec bien de la latitude, on va retourner à
quelque chose qu'on a condamné, semble-t-il. Je conviens qu'il y a trop
de légalisme et il y a peut-être des délais
évidemment qui devraient être écourtés.
M. Pelletier: Au moment où vous mentionnez qu'on a
condamné la Régie des transports, évidemment...
M. Mailloux: Qu'on ait l'arbitraire de certaines
décisions. C'est ce que je voulais dire.
M. Pelletier: Pardon?
M. Mailloux: L'arbitraire de certaines décisions.
M. Pelletier: Oui, mais il faut dire qu'à ce
moment-là, la réglementation qui a existé dans le
transport n'était pas la même réglementation qu'on a
aujourd'hui et il fallait s'appuyer sur quelque chose avec l'amplification des
taux et tarifs, chaque ville demandait son augmentation de taux et tarifs qui
était affichée pendant X nombre de jours à la porte de
l'hôtel de ville, et la Régie des transports prenait six mois pour
régler le problème. Le tarif entrait en vigueur quand la ville
lui disait que cela entrait en vigueur. Ce n'était pas le même
système qu'on a aujourd'hui. A ce moment-là, je ne vois pas tout
à fait la comparaison entre la régie et la Commission des
transports de ce côté-là.
M. Mailloux: Je voudrais vous donner le seul exemple que j'ai
vécu moi-même comme membre de la trésorerie, des pouvoirs
très grands de la Commission des transports face à un
gouvernement qui doit se présenter devant un public donné
à intervalles réguliers. Quand on donne ce qu'elle a
d'ailleurs, la Commission des transports... Vous autres, c'est d'établir
des fourchettes à l'intérieur desquelles vous pouvez
fonctionner.
Quand la Commission des transports je ne me rappelle pas en
quelle année à l'intérieur d'une fourchette que lui
avait donnée le ministère, par règlement, s'est
prononcée sur l'augmentation qu'on pouvait consentir dans le transport
écolier, je me rappelle qu'à ce moment-là, au moment
où la décision a été rendue, elle n'a pas
été teintée de politique. C'était la
décision de la Commission des transports, après étude du
milieu et d'un profit à laisser à l'ensemble des transporteurs
écoliers. Quand, comme membres de la trésorerie, ce
matin-là, on a appris les coûts supplémentaires que cela
allait entraîner, je vous dis que les pouvoirs de la commission
étaient assez étendus, parce que, immédiatement, le
ministre des Finances a sursauté devant le paquet de millions que cela
imposait aux contribuables. C'est vous dire que les pouvoirs de la commission
sont déjà pas mal étendus.
M. Pelletier: Puisque vous parlez de fixation de taux et tarifs,
on a fait il y a trois ou quatre ans, chez certaines ligues des recommandations
justement sur ces fourchettes dans le règlement no 6 dont vous parlez.
Je pense que si on allait dans certains casiers, on les retrouverait encore sur
les tablettes. Elles auraient dû être appliquées à ce
moment-là et peut-être qu'on n'aurait pas les mêmes
problèmes qu'on a aujourd'hui dans la fixation des taux et tarifs et
cela n'entraînerait pas au contribuable un déboursé aussi
considérable. Le commerce du taxi aurait été aussi
rentable pour le propriétaire de taxi qu'il pourrait l'être
à l'heure actuelle, peut-être plus rentable avec ces fourchettes.
Mais j'ai mentionné tantôt que la consultation ne se faisait pas
là et je vais vous donner un exemple. Si, par exemple, nous je
représente l'agglomération A-8 ne nous étions pas
présentés au ministère des Transports au moment de la
préparation du règlement no 6, par exemple, dans la ville de
Laval, qui est assez importante au Québec, on n'aurait jamais
été consultés. (12 h 15)
Par contre, les cultivateurs je n'ai rien contre les cultivateurs
du septième rang de la quatrième division étaient
consultés pour établir un tarif qui nous touchait, nous. On avait
consulté, à ce moment-là, trois ou quatre
propriétaires de taxi de la ville de Montréal, cela venait de
finir, c'était cela. Il a fallu nous avancer nous-mêmes,
découvrir par nous-mêmes que ça existait, que
l'enquête était en cours c'était l'enquête
Bossé, à ce moment-là et si on n'avait pas fait ce
mouvement, on n'aurait rien eu.
M. Mailloux: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: Quand vous dites que vous n'êtes pas
consultés, est-ce que vous êtes convoqués devant la
commission pour défendre vos objectifs en ce qui concerne la fixation
des tarifs?
M. Pelletier: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez répondre à
une petite question? Quand vous dites que le cultivateur du septième
rang a été consulté, il n'a pas figuré encore au
feuilleton de la commission parlementaire, il va venir en tant que
consommateur, mais c'est l'Association des consommateurs qui est allée
consulter ses membres; il était de même, je pense, loisible au
directeur...
M. Pelletier: Je n'ai...
M. Chevrette: Laissez-moi finir, ce ne sera pas long. Il
était de même loisible au directeur des ligues de consulter ses
membres. Surtout un chauffeur de taxi, monsieur, c'est lui qui nous fournit les
nouvelles, parce que c'est dans les journaux, quotidiennement. Je ne prends pas
un taxi à Montréal, sur la rive sud, sans voir le Journal de
Montréal sur le siège, le Devoir. Vous avez le temps de lire,
vous le savez, vous avez trop de permis. S'il y avait moins de permis de
chauffeur de taxi, vous auriez moins le temps de lire et vous feriez un peu
plus d'argent. A partir de là, vous allez me faire croire que vous ne
saviez pas qu'il y aurait une enquête, vous n'avez pas fait de
réunion pour consulter vos membres et vous reprochez à
l'association des consommateurs je ne sais pas s'ils sont ici...
S'ils ont fait leur devoir, est-ce que vous pouvez reprocher à un
groupe de dirigeants d'une association de consulter ses membres?
M. Pelletier: Je peux vous répondre, vous dire ce que j'ai
mentionné au début de l'enquête? Je me reporte en
arrière, je ne me reporte pas à aujourd'hui. Je me reporte,
à ce moment-là, à 1970, 1971 et 1972. La réponse
que j'ai donnée se rapporte à ce moment-là, parce que la
consultation n'avait pas été faite.
M. Mailloux: Vous parliez de l'enquête Bossé, si
j'ai bien compris.
M. Pelletier: C'est cela.
M. Mailloux: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: Juste une dernière question. Vous avez vu
l'enquête CERHU sur l'ensemble du taxi, les 53 ligues, dans l'ensemble du
Québec, ont été consultées, les chauffeurs de taxi
ont été consultés. C'est une enquête qui a
duré combien de temps? Deux ans? Six mois? Vous avez été
consultés pendant cette enquête sur le règlement no 6?
M. Pelletier: II y a une chose, M. le ministre, que vous ne
semblez pas vouloir saisir. Quand vous faites de la consultation... A ce
moment-là lors de l'enquête CERHU, que vous avez
mentionnée, vous avez fait de la consultation par petits groupes de
ligues, deux ligues ou trois ligues à un endroit, deux ligues ailleurs,
deux ligues ailleurs.
C'est évident que ces gens n'ont pas eu le temps de se consulter
entre eux, et, dernièrement, à la fixation des taux et tarifs par
la commission, il y a eu une division établie. Il y a eu trois grosses
divisions établies, je les ai devant moi, sur un papier. Si la
consultation avait été faite au niveau de ces divisions,
peut-être qu'on n'en serait pas arrivé aux mêmes
réponses qu 'on a apportées séparément.
M. Lessard: C'est là qu'il serait important, justement,
d'avoir une fédération des ligues qui regroupe l'ensemble des
ligues du Québec.
M. Pelletier: On l'a fondée, la fédération
des ligues.
M. Lessard: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie, comme
membres de la fédération des ligues du Québec,
d'être venus présenter votre mémoire. Nous passons au
prochain intervenant immédiatement, soit le Conseil
québécois du taxi Inc.
Si un des représentants voulait bien présenter toute la
délégation.
Conseil québécois du taxi Inc.
M. DesAutels: Je vais m'en faire un plaisir, M. le
Président, M. le ministre, messieurs les députés. Nous
représentons le Conseil québécois du taxi Inc. Les
personnes que vous voyez assises à la table sont toutes...
Le Président (M. Bordeleau): Excusez-moi, si vous voulez
vous asseoir pour qu'on puisse mieux vous entendre avec le
système...
M. DesAutels: Alors, les personnes assises de chaque
côté de la table sont des représentants de chacune des
régions du Québec. J'insiste là-dessus, elles
représentent la région parce qu'elles ont été
élues par les ligues de chacune des régions. Au bout de la table,
vous avez le représentant de la Mauricie...
Une Voix: Si vous voulez bien donner les noms pour les fins du
journal des Débats.
M. DesAutels: Pardon, les noms?
Une Voix: Pour les fins du journal des Débats.
M. DesAutels: Alors, M. Guilbert... Quel est votre prénom,
M. Guilbert?
M. Guilbert: Michel Guilbert...
M. DesAutels: M. Michel Guilbert est président de la Ligue
de Trois-Rivières et représentant de la région de la
Mauricie.
M. Paquet: ...
M. Garon: Gilles Garon...
M. DesAutels: M. Maurice Paquet, représentant de la
région 21. M. Gilles Garon, qui est le suivant, est
secrétaire-trésorier de la Ligue de Baie-Comeau et en même
temps représentant de la région no 9. A côté de M...
le deuxième voisin ici, c'est M. Patrick Morin, président de la
Ligue centrale de Québec, A-36, et en même temps
représentant régional des cinq ligues de Québec. Mme Lise
Brien est membre du Conseil québécois du taxi à titre de
vice-présidente élue l'an dernier. A ma gauche, M.
Jérôme Saint-Martin, président de la Ligue de Drummondville
et en même temps représentant régional de la région
4 sud, c'est-à-dire Drummondville; dans chaque région, il y a
quatre ou cinq ligues. M. Poliquin est président intérimaire du
Conseil québécois du taxi parce que notre président a
dû démissionner pour raison de santé il y a quelques mois.
M. Armand Laflamme, de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
président de la Ligue de Chicoutimi et représentant élu,
lui aussi, de sa région. J'insiste sur la question d'élection
parce que toutes ces personnes ont été élues dans chacune
des régions. D'autres personnes seraient venues, mais, comme l'Abitibi,
c'est un peu loin, le Bas-du-Fleuve aussi, c'est la même chose, mais,
dans chacune des régions, ce que nous allons dire au sujet du rapport
CEGIR a éé exprimé dans chacune des régions, devant
38 ligues, et les 38 ligues, à l'unanimité les
représentants régionaux sont ici pour l'affirmer, si je ne me
trompe ont approuvé, le texte que nous allons vous soumettre.
Mémoire présenté devant la commission parlementaire
au mois d'août sur CEGIR. Maintenant, je dois insister sur le fait que
nous avons lu CEGIR et le mémoire exprime nos pensées, mais en
regard de CEGIR et non pas en regard de constituer un autre ministère ou
l'administration, etc.
Nous avons extrait de CEGIR les paroles et les textes qui suivent:
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, s'il vous
plaît! Est-ce que vous êtes bien M. DesAutels?
M. DesAutels: Excusez-moi, je ne me suis pas nommé.
L'humilité même. Oui, Gérard DesAutels, excusez-moi.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, ça va
permettre une meilleure discussion.
M. DesAutels: Je suis le directeur général du
Conseil québécois du taxi. En lisant le rapport CEGIR, il nous
vient une impression générale qui est exprimée sous le
titre du paragraphe: Impression générale: Les données et
faits rapportés par CEGIR dans la partie "annexe " de son rapport
paraissent justes. D'ailleurs, ces faits et voeux qui les accompagnent,
cueillis par CEGIR, viennent pour la plupart des transporteurs eux-mêmes:
On souhaite, on recommande, on fait ceci, on fait cela. Les faits et
observations que rapporte CEGIR dans le volume "Rapport final" sont, pour la
plupart, également vrais et utiles, même si quelques corrections
devraient être apportées.
Par contre, l'étude reste superficielle en plusieurs points que
nous aurions aimé voir étudier en profondeur. Certaines
conclusions et énoncés restent théoriques et non
objectifs. CEGIR se défend d'avance que certaines études auraient
dépassé son mandat alors qu'ailleurs, l'auteur, à quelques
reprises, écrit qu'il a dû élargir ce mandat.
Par contre, les grandes recommandations du rapport sont illogiques car
elles ne découlent pas des faits rapportés. Si appliquées,
elles auraient pour résultat d'empirer les situations, les erreurs
d'orientation, les dédoublements de dépenses, d'opération
et de juridiction, choses justement rapportées par CEGIR comme
mauvaises, comme nuisibles au système actuel.
Globalement, nous rejetons donc la plupart des recommandations faites
par CEGIR dans son étude de la Commission des transports du
Québec. Nous ne voulons pas passer de Charybde en Scylla. En
contrepartie, à la suite des faits constatés par CEGIR et des
expériences vécues par les transporteurs du taxi dans toutes les
régions du Québec, nous suggérons un système
centré sur la base régionale, proche du transporteur et du public
de chaque région, permettant des opérations simples, peu
coûteuses, réunies sous un même toit, sans une commission
autonome et indépendante même du Conseil des ministres.
C'est l'impression générale. Nous tombons dans les
détails.
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, s'il vous
plaît, je m'excuse de vous interrompre. Etant donné qu'il est 12 h
30, selon le règlement qui nous régit ici en commission
parlementaire...
M. DesAutels: Le règlement no 6?
Le Président (M. Bordeleau): Non, ce n'est pas le
règlement no 6, je pense que c'est l'article 150, mais je ne voudrais
pas donner de chiffre exact parce que je n'ai pas le texte ici. Je voudrais
simplement avoir l'accord des membres de la commission pour pouvoir continuer
à entendre votre mémoire jusqu'à la fin, avant de lever la
séance.
Des Voix: Consentement.
Le Président (M. Bordeleau): Consentement. Vous pouvez
continuer, M. DesAutels.
M. DesAutels: Vous voulez dire que nous allons continuer tout de
suite?
Le Président (M. Bordeleau): C'est ça.
M. DesAutels: On constate au départ que
l'échantillon québécois où CEGIR est allé
cueillir ses renseignements concernant le taxi ne comprend pas: l'Abitibi (la
région no 8), ni la région no 7, Hull, ni le nord de la
région de Montréal (région no 6), ni l'Estrie
(région no 5), ni Trois-Rivières (la région no 4), ni le
centre (région no 4 sud). C'est noté à la page 6 de
l'annexe Taxi "échantillon".
Chaque fois que nous allons rapporter un texte de CEGIR, la page est
indiquée pour référence facile.
Le rapport CEGIR donne l'impression d'une thèse de
maîtrise, exposant d'une façon anatomi-que et objective les
observations de l'auteur, lequel, cependant, ne tient pas compte de ces
mêmes données dans ses conclusions et recommandations, lesquelles
viennent même trop souvent en contradiction avec ses constatations.
Premièrement, l'auteur s'arrête longuement à ses
théories dont l'application pratique reste à prouver,
étant donné que des théories et applications contraires
semblent également réussir.
CEGIR écrit que c'eut dépassé son mandat que de
s'arrêter à l'étude de la dérégulation, page
26. Pourtant, à la page 24, CEGIR écrit que son mandat a dû
s'élargir pour couvrir le processus de régulation lui-même.
Il ne veut pas étudier la dérégulation, mais il veut
étudier la régulation. L'auteur continue, à la page 26:
"Malgré la tendance dans certains pays vers la
dérégulation, malgré les expériences relativement
heureuses de non-régulation dans certains autres, les innombrables
études sur ce sujet ne parviennent pas à se prononcer de
façon définitive sur l'une ou l'autre formule."
Malgré cette situation d'ambiguïté, et sans en avoir
approfondi l'étude, l'auteur pose comme principe de base que la
régulation de l'industrie des transports au Québec constitue son
point de départ pour ainsi dire a priori. Ce processus de
régulation, page 27, inclut diverses fonctions dont l'élaboration
de réglementation et l'application, le contrôle, l'exercice d'une
discrétion et l'utilisation de divers modes d'intervention.
L'auteur, page 29, conclut que cette formule doit être
confiée à un organisme autonome plutôt que sous la
responsabilité du ministère, bien qu'il n'y ait pas
unanimité quant à la meilleure formule, c'est-à-dire que
cette responsabilité soit confiée au ministère ou à
un organisme indépendant et autonome.
CEGIR déclare même, page 26, "The minister must have policy
control over the board". C'est contraire aux recommandations qu'on va faire
plus tard. Comment cela serait-il possible avec un organisme dont les
décisions sur la réglementation, l'étape initiale, seront
présentées au lieutenant-gouverneur en conseil par-dessus la
tête du ministre, le grand responsable du ministère.
Organisme autonome et indépendant, ce sont des mots de CEGIR.
C'est pourtant le propre d'une saine administration que toute division
administrative, tout organisme soit lui-même contrôlé et
surveillé. Les événements récents du COJO, de
certains collèges, pour ne pas les nommer dans la région de
Montréal, de certaines municipalités qui sont des corps
pratiquement autonomes, ont démontré, après tant d'autres
faits, la nécessité d'un contrôle continu, surtout
lorsqu'il s'agit d'intérêt public, non seulement au niveau des
revenus et dépenses, mais également au niveau des
opérations. On peut donc se demander par qui et comment s'exercerait un
minimum de contrôle sur tel organisme autonome et indépendant du
ministère et que deviendrait la responsabilité
ministérielle? (12 h 30)
CEGIR note un manque de coordination entre les éléments
opérationnels de l'ensemble du ministère et de la commission. On
peut encore se demander comment le principal coordonnateur des rouages du
ministère des Transports, le sous-ministre et ses adjoints pourraient
coordonner dans un mouvement d'ensemble des opérations dont une
importante partie serait confiée à un organisme
indépendant et autonome.
L'auteur, à la page 30, décrit que: "Présentement,
ce sont des mots très importants le rôle que joue la
commission pourrait, à toutes fins utiles, être assumé tout
autant par le ministère. C'est évidemment la question qui
se pose immédiatement On peut tout de suite, alors, se demander
pourquoi maintenir et renforcer un parallélisme actuel comportant
forcément encore un dédoublement des opérations et des
dépenses. CEGIR rapporte le budget des dépenses de la commission
de $7 300 000, utilisant les services de 340 employés, ça,
c'est dans la partie annexe du rapport; le deuxième volume que
d'argent et que de monde! Or, a), b), c) et d) découlent du paragraphe
7.
En fait, 90% des décisions rendues dans le camionnage page
50 de l'annexe 2 sont pour accorder les demandes, dont seulement de 2%
à 5% sont rejetées. 95% des soumissions pour le transport
d'écoliers sont acceptées annexe 3, page 33 Les
contrats sont accordés pour six ans, ce qui rend très peu
fréquents les contacts avec la commission. D'ailleurs, les transporteurs
trouvent inutile l'approbation annuelle des tarifs par la commission. 70% des
décisions rendues par la commission portent sur des transferts de permis
et 99% de ces requêtes sont accordées automatiquement; 22 149
décisions et 99% de ces requêtes qui portent sur les transferts de
permis, c'est-à-dire 70%, sont accordées automatiquement.
En page 33 de l'annexe "camions", CEGIR rapporte que "des permis ont
été accordés par la commission plusieurs mois après
que le travail fut terminé". CEGIR continue en rapportant
l'incapacité de la commission à contrôler le nombre de
permis et à faire respecter les taux et tarifs et blâme le
système de procédures judiciaires dont s'est entourée la
commission. C'est un blâme très important dans l'ensemble de
l'étude, de jeter le blâme sur le système de
procédures judiciaires dont s'est entourée la commission. Elle ne
satisfait pas aux prescriptions de contrôle et ne peut exercer de
sanctions qu'un an ou deux après l'infraction.
A la suite de ces derniers chiffres qu'on voit 99%, 95% etc.
il eût été intéressant et cons-tructif, pour
appuyer certaines recommandations futures, de savoir de CEGIR comment se
répartis-saient les dépenses du budget annuel de $7 300 000 et
comment se répartissaient les tâches des 340 employés,
publié dans les tableaux de la section annexe surtout
lorsque l'on constate que les autres organismes de même niveau,
placés dans ces mêmes tableaux, les tableaux compa-
ratifs dans l'annexe le plus haut, avec 83 employés,
dépensent $1 800 000. On peut ajouter tout de suite que la Commission
des transports de l'Ontario, qui ne touche peut-être pas aux taxis
elle-même, n'a quand même dépensé que $600 000 dans
la même année avec 33 employés.
CEGIR écrit, à la page 65, "que la commission est en ce
moment un organisme judiciaire... dont la direction générale a
mené 810 enquêtes l'année dernière; 780 de ces 810
enquêtes c'est-à-dire environ 95% ou 96% n'ont eu
pour objet que de vérifier des changements d'adresse. Et, par-dessus
tout, aucune enquête de nature socio-économique, chose très
grave..." constate CEGIR.
Nous aurions aimé savoir de CEGIR comment une trentaine de
millions ont été dépensés depuis cinq ans pour
occuper tant de monde et pour obtenir de si minces résultats. Que
serait-ce donc dans l'éventuelle commission proposée?
Premières conclusions.
L'exposé de ces seules données il y en a d'autres
démontre, au dire même de CEGIR ce sont toujours les
mots de CEGIR l'inefficacité administrative de la commission,
l'inopportunité de l'orientation "judiciaire" que s'est donnée
cet organisme indépendant qui, à l'occasion "régule" trop,
son éloignement de la base et même des autres divisions du
ministère... On reste donc perplexe devant les premières
recommandations de CEGIR qui recommande, page 48, "que l'élaboration des
règlements soit sous l'entière responsabilité de la
Commission des transports du Québec... lesquels règlements
devront être approuvés par le lieutenant-gouverneur en
conseil".
A la suite, il y a les mots très importants qui suivent: "Que
l'on prévoie dans la loi, un pouvoir général et complet
je crois que c'est très clair comme mots de
régulation des transports pour la commission..."
A notre avis, de telles recommandations ne découlent pas des
faits rapportés. Le parallélisme coûteux, cause de
frictions et d'incoordination administrative, serait amplifié; par
exemple, CEGIR suggère de continuer ce "mal" elle appelle cela un
mal le fait que la commission donne le permis et que ce soit le BVA qui
donne les plaques. CEGIR suggère de continuer ce mal nécessaire,
que la commission émette les permis et que le BVA remette les plaques
d'immatriculation. Le rapport CEGIR fait donc une bonne présentation
"anatomique" des faits, mais plusieurs de ses conclusions ne découlent
pas de ces mêmes faits et sont faits a priori.
L'aspect physiologique et fonctionnel du système proposé
laisse également à désirer. Ainsi ne va-t-il pas assez en
profondeur sur les implications administratives et budgétaires de ses
recommandations. Le tableau comparatif, en première page des annexes,
présente, pour fins de comparaison, des organismes qui semblent
disparates à bien des points de vue si on en juge par les
différences entre les données relatives au budget, au nombre de
membres du personnel, au nombre de décisions rendues. Exemple no 2. La
plupart des services ou divisions ou comités suggérés par
la commission renouvelée existent déjà dans le
ministère. CEGIR n'explique pas comment se ferait la transition, quel
budget cela supposerait, quel personnel cela prendrait et quelle serait
l'attribution des tâches. Exemple no 3. Puisque le ministère
on reprend les mots de CEGIR "pourrait assumer toutes les
tâches actuelles de la commission", nous aurions aimé voir CEGIR
analyser la situation, si la commission n'existait pas. Qu'est-ce qui
arriverait?
Le ministère pourrait donc réaliser, en les prenant
à son compte, les activités actuelles de la commission. Ce sont
les mots de CEGIR. Récemment, la Direction générale de la
planification et du développement du ministère s'est vu donner
comme objectif d'assurer la régulation touchant le fonctionnement du
domaine du transport, dans le cadre des politiques et stratégies
définies. Le ministère a donc répondu, avant même le
rapport de CEGIR, au manque de politiques que celui-ci allait rapporter. Le
ministère peut donc "réguler", c'est encore CEGIR qui le dit. Le
ministère a organisé un service page 81 de
surveillance des taux et tarifs (division du BVA) dans l'organigramme du
ministère, service que la commission n'a jamais pu exercer. Le BVA
émet les permis de chauffeur de taxi et doit continuer à les
remettre, dit CEGIR. Le BVA remet les plaques d'immatriculation aux
véhicules spécialisés, taxis, motos, etc.
Selon le rapport lui-même, le ministère possède
déjà la plupart des services anciens et futurs que CEGIR voudrait
confier à la commission, dont le rôle pourrait être
assumé tout autant par le ministère qui a déjà
colmaté plusieurs failles de son fonctionnement.
Comment donc peut-on vouloir confier à un organisme statique et
inefficace, selon les mots de CEGIR, des divisions, des services et des
responsabilités existant déjà et opérant de mieux
en mieux dans un ministère en heureuse évolution, chose
constatée par CEGIR?
Il n'est pas question d'absoudre le ministère qui a sa part de
problèmes et participe aux difficultés constatées, par
exemple, dans les délais, dans le manque de politiques globales, ce qui
entraîne de multiples amendements aux règlements, comme CEGIR.
Surtout, ce que je veux dire, l'éloignement de la base. C'est
extrêmement important dans la question d'administration globale. Recul
devant certaines illégalités dans certaines ligues. Il n'est pas
question pour nous de défendre qui que ce soit, mais, s'il y a deux
maux, nous devons choisir le moindre. Nous devons choisir celui qui a
constaté ces failles et qui est déjà en train de les
colmater; nous devons choisir celui qui est déjà le mieux
organisé pour permettre un système de régulation à
plusieurs paliers qui, suivant la politique du gouvernement, s'est
déjà dirigé vers une décentralisation
administrative rapprochée de la base.
Depuis cinq ans qu'elle existe, la commission n'a donné aucune
garantie d'amélioration de son inefficacité. Nous croyons donc
avoir neuf chances sur dix que nos problèmes se régleront d'ici
un an avec un ministère en train de se remodeler alors
que cette probabilité n'a qu'une chance sur dix de réussir
dans cinq ans, avec un organisme encore figé dans ses murs.
Conclusion: Nous contestons donc les premières recommandations de
CEGIR, c'est-à-dire que la commission devienne, avec pleins pouvoirs, un
organisme indépendant et autonome. Nous suggérons, au contraire,
que la commission soit abolie, du moins pour autant que cela touche les taxis,
et que ses attributions actuelles soient réparties dans les divers
services du ministère. Que la réglementation demeure aux mains du
ministre et du sous-ministre dans la division de planification et de
développement et que les principales activités touchant les
tarifs et les permis soient confiées au Bureau des véhicules
automobiles déjà en charge d'une bonne partie de ces
activités, le BVA se prolongeant dans un réseau régional
dont vous avez ici devant vous des représentants déjà
nommés, déjà élus, déjà amorcé
par l'installation de directeurs régionaux, installés dans chaque
région, auxquels on devrait accorder plus de pouvoirs
décisionnels, de façon que les transporteurs régionaux
participent aux délibérations et aux décisions qui les
affectent.
Page 95. Lorsque CEGIR recommande que la Cour d'appel du Québec
entende les appels des décisions finales de la commission sur des
questions de droit, CEGIR ne fait qu'augmenter CEGIR vient de dire que
la commission est par trop judiciaire CEGIR ne fait qu'augmenter le
caractère trop judiciaire du processus d'opération de la
commission, système que blâme justement CEGIR.
CEGIR, en toutes lettres dit, quelque part, que les troubles qu'a eus la
commission dans son fonctionnement et avec des transporteurs, etc, etc,
c'était qu'elle était trop judiciaire. Ensuite, justement, page
95, CEGIR arrive et recommande que la Cour d'appel entende des appels, des
décisions finales de la commission, pour prolonger le processus
judiciaire.
CEGIR recommande, deuxième paragraphe, que l'appel ne suspende
pas l'exécution de la décision de la commission. Les ligues de
taxi, les propriétaires de taxi, déjà
exaspérés par ces procédures judiciaires longues et
coûteuses seraient donc moins bien protégés que nombre de
criminels ou fraudeurs dont l'appel, justifié ou non, suspend
l'exécution d'une décision des cours de justice.
J'ai justement entendu d'ailleurs, ce matin, quelqu'un de la commission,
de la ligue qui s'élevait contre cela. Je ne sais pas si, messieurs,
vous avez déjà assisté à la procédure
initiale quand on paraît devant la commission, mais vous êtes
debout dans la boîte aux témoins et vous jurez: Je jure de dire la
vérité, rien que la vérité. Alors, le
représentant d'une ligue ou même une personne qui vient demander
une simple augmentation de $0.10, il est obligé de jurer de dire la
vérité, rien que la vérité, il est sous serment et
il donne son nom et son adresse et tout le bazar.
Troisième recommandation de CEGIR: Qu'aucun recours au ministre
ou au lieutenant-gouver- neur en conseil ne soit institué. C'est le
comble! CEGIR recommande donc que le système surpasse et dépasse
non seulement l'autorité du ministre, mais même celle du Conseil
des ministres. On s'attendrait peut-être à trouver de telles
recommandations dans un pays totalement totalitaire. C'est-à-dire que
quelqu'un, pour une raison je prends un exemple un peu frappant
quelqu'un s'est fait enlever son permis de taxi. La décision finale est
rendue par la commission. Il faudrait que le monsieur en question se rende en
Cour d'appel, débourse $2000 ou $3000 encore, attende un ou deux ans, et
comme le CEGIR recommande aucun appel possible, c'est-à-dire que
l'exécution de la décision de la commission ne soit pas suspendue
par l'appel, le pauvre gars va attendre un an, deux ans avant que l'appel soit
définitif et, à ce moment, il va ravoir son permis de taxi. Je
prends un exemple un peu simple, mais c'est exactement ça quand
même qui pourrait arriver.
L'auteur du rapport CEGIR lui-même trouve qu'il serait aussi
important d'aligner ces questions personnelles de la commission. Ce sont les
mots de CEGIR, encore une fois, qu'elle s'est orientée dans une voie
trop judiciaire et légaliste. Il veut maintenant prolonger cette voie
jusqu'à la Cour d'appel.
Les travailleurs du taxi en ont assez de ce système qui oblige
les ligues, cadres auxquels ils sont obligés d'appartenir, à
dépenser des centaines et des milliers de dollars en frais de cour et
d'avocat et je devrais dire aussi en cas de déplacement. Je ne
sais pas si je peux vous en soulever un. M. Gilles Garon de Baie-Comeau,
voulez-vous simplement dire qu'est-ce qui est arrivé quand vous vous
êtes présenté devant la commission il y a un an ou deux?
Vous n'aviez pas d'avocat. Qu'est-ce qui est arrivé?
M. Garon (Gilles): II nous a été refusé de
plaider notre cause. Cela prenait un avocat pour représenter notre
ligue.
M. DesAutels: M. Garon vient de Baie-Comeau, il a fait à
peu près 700 à 800 kilomètres et il arrive devant la
commission sans avocat. Il était pressé et il venait demander une
augmentation de tarifs, je crois. A la commission, on lui a dit: Monsieur, vous
n'avez pas de procureur, vous reviendrez dans une couple de semaines. C'est
à peu près cela qu'on a dit?
M. Garon (Gilles): Oui.
M. DesAutels: Alors, il a fait 400 milles, si vous voulez, il
paie son trajet, il paie l'hôtel, il paie toutes ces choses là
pour se faire dire qu'il n'a pas d'avocat. Heureusement qu'il y avait un avocat
dans la salle qui a offert au président de représenter la ligue
en question. Alors, il s'est entendu. Baie-Comeau a accepté, bien
sûr, plutôt que de retourner et faire encore un autre mille milles.
Ils ont accepté cet avocat qui n'était pas du tout au courant du
dossier. Il a fallu qu'ils mettent l'avocat au courant du dossier et celui-ci a
fait son devoir.
Cela a bien été, mais quand même, on allait renvoyez
ce monsieur à deux semaines. Il venait de Baie-Comeau. Pour l'Abitibi,
c'est la même chose. Quand on parle de distance et qu'on s'en vient
à Québec, les gens de Rivière-du-Loup, de Rimouski, de
Baie-Comeau et de Chicoutimi, il y a tout de même une limite.
Les travailleurs du taxi en ont assez de ce système. Les
travailleurs du taxi en ont assez de cette procédure qui les oblige
à venir prêter serment "de dire la vérité et toute
la vérité" pour prouver que les Arabes, enfouis dans leur harem
et les compagnies de pétrole excitées par leurs profits les
obligent à payer de plus en plus cher le prix d'une essence qui, de 20%,
va bientôt constituer de 25% à 30% de leurs frais d'exploitation.
C'est rendu qu'il faut que nos gars prouvent que la ga-zoline va augmenter, que
les pneus ont coûté plus cher. Or, les Arabes, ce sont eux les
grands responsables. Il faudrait aller en Arabie chaque fois.
Ce que recommande CEGIR ne ferait que retarder de plusieurs mois et de
plusieurs années, au coût de milliers de dollars pour celui qui
est en appel, la solution à ces problèmes lesquels, pour la
plupart, peuvent se régler à une table.
Sortons le taxi de la cour plutôt que d'y prolonger son
séjour et la situation s'améliorera. (12 h 45)
Comme disait le curé à propos de son Eglise, notre
démocratie et notre système parlementaire s'en iraient chez le
diable.
Nous contestons donc fortement les recommandations de la page 95 du
rapport CEGIR.
Nous appuyons la recommandation de CEGIR, page 111, d'enlever de la loi
l'obligation de nommer des juges à l'éventuelle commission.
Nous nous inquiétons de la recommandation au sujet du mode de
nomination des membres de l'éventuelle commission à même
des listes présentées au ministre par cette même commission
car, autonome et indépendante, elle risquerait de manquer
d'objectivité.
Il reste souhaitable que les associations de transporteurs soient
consultées, car elles connaissent leur milieu.
Nous appuyons les recommandations 29, 31 et 32 de la page 111, mais
suggérons que la durée du mandat des membres de
l'éventuelle commission ne dépasse pas cinq ans, tout en
étant renouvelable.
Le rapport mentionne, page 117, que la commission projette de se
déconcentrer dans 17 régions administratives du Québec.
C'est un excellent rapprochement de la base.
Mais, continue toujours CEGIR, "en établissant un contrôle
conjoint avec le BVA et le service de l'inspection, et en embauchant quelque 50
autres employés, toujours selon CEGIR, il y aurait encore là
source évidente de conflit de juridiction."
C'est bien sûr. Il y a déjà des conflits de
juridiction au niveau de la tête ou au deuxième niveau. Si vous
placez dans une commission, dans un bureau régional du BVA, la
commission là-dedans, le BVA, la police, tout le bazar, le diable va
prendre tout de suite, c'est bien sûr, parce que l'autorité va
être divisée en trois, c'est aussi simple que cela. C'est CEGIR
qui le dit à part cela. D'ailleurs, le bureau des véhicules
compte déjà un directeur régional dans chacune des
régions administratives du Québec. Il serait tellement plus
simple d'élargir son mandat et de lui confier régiona-lement les
tâches touchant les tarifs et les permis. Seulement une
parenthèse. 99% des permis de transporteurs du taxi sont émis
automatiquement. Alors... Il serait beaucoup plus simple d'élargir son
mandat. Un tel système proposé par le Conseil
québécois du taxi est traité ci-après, très
simple, d'ailleurs, simple, pratique, permettant des décisions rapides,
proches du territoire et des transporteurs, un bureau régional ou, selon
l'appellation que nous suggérons, un bureau régional des
transports, prolongement du BVA, pour garder l'autorité
évidemment, répondrait infiniment mieux aux besoins du public et
aux intérêts des transporteurs.
Dans cet esprit de décentralisation, de rapprochement de la base,
laquelle devrait participer aux décisions affectant ses
destinées, il me semble, nous pouvons lire, à la page 123 du
rapport CEGIR, que la décentralisation régionale il parle
de la commission évidemment auprès des bureaux
régionaux du BVA constitue l'unique solution aux problèmes
actuels de coordination, dans l'ensemble des opérations
évidemment. Enlevons le mot "commission" de ce paragraphe et ce sera
parfait.
Nous maintenons qu'il y aurait de graves risques de conflit de
juridiction; d'ailleurs, pas plus dans les régions qu'à
Québec ou à Montréal, nous ne pouvons appuyer la
présence de la commission à cause de ces conflits possibles, en
notant tout en passant que la firme CERHU dont M. le ministre a parlé
tout à l'heure a fait la même constatation: l'importance de la
régionalisation des décisions en regard des transporteurs et des
besoins du public.
Dernière page. CEGIR lui-même formule de sérieuses
réserves sur ce projet de la commission qui serait trop coûteux
page 111 alors que le système que nous proposons ne le
serait pas. Nous allons plus loin que CEGIR dans la régionalisation du
système. Dans ce que nous proposons, la base, c'est-à-dire le
public et ceux qui servent le public, le milieu, les ligues de taxis auxquelles
les membres du taxi sont obligés d'appartenir, les transporteurs, le
public local seraient enfin en contact continu avec l'autorité, laquelle
pourrait agir immédiatement, en connaissance de cause, sans que l'on ait
à envoyer à tout moment un inspecteur, sans pouvoir de
décision, essayer d'analyser en quelques heures des problèmes
auxquels, trop souvent par le passé, des solutions boiteuses ont
été apportées.
Conclusion générale. Nous contestons l'ensemble du rapport
CEGIR sur l'étude de la Commission des transports du Québec. Ces
recommandations sont contraires aux conclusions qui découlent prima
facie des faits rapportés. Le système proposé
perpétuerait en les augmentant la plupart des défauts
actuellement constatés. Le système proposé serait encore
plus fermé aux
transporteurs et aux autres divisions gouvernementales, tout comme
l'ancienne régie, alors que CEGIR rapporte au début de son texte
que la disparition de cette régie fut causée par sa trop grande
indépendance et rigidité. Là, CEGIR recommande encore une
commission qui serait plus indépendante et plus autonome qu'elle ne
l'est actuellement.
Le système proposé négligerait presque totalement
la responsabilité ministérielle du ministre, du sous-ministre et
même du Conseil des ministres. Au point de vue administratif, il faut
quand même laisser une chance à celui qui veut coordonner ces
opérations de pouvoir le faire. S'il y a un organisme
complètement indépendant et autonome qui fait la moitié
des opérations sans que personne ne puisse jamais rien lui dire, au
point de vue administratif, ce sont des millions dépensés
inutilement, avec un dédoublement et un...
J'arrive à la dernière page, je m'excuse, la voici. Notre
position et nos suggestions. Tenant compte des faits rapportés par
CEGIR, mais non de la plupart de ses recommandations; tenant compte des faits
et constatations que nous avons observés sur les lieux, dans les ligues
de taxi de chacune des régions du Québec; tenant compte des
observations des travailleurs du taxi rencontrés dans leur milieu de
chaque coin du Québec le Conseil québécois du taxi
est allé dans tous les coins du Québec nous faisons
nôtres les recommandations suivantes, oubliant même l'existence de
la commission en question, en ce qui touche le taxi, en tout cas.
Dans chaque région du Québec siège
déjà un directeur régional du BVA qui remet les plaques
d'immatriculation, qui fait passer des examens aux candidats chauffeurs de taxi
et qui émet leur permis. Nous suggérons que les pouvoirs de ce
directeur régional soient élargis, qu'il forme dans sa
région à Rimouski, par exemple, la région 01,
à Chicoutimi dans la région 02, à Québec dans la
région 03, c'est aussi simple que cela un bureau régional
des transports, que ce bureau compte le gérant régional du
Conseil québécois du taxi lorsqu'il y sera traité de
questions touchant le transport de personnes, que ce bureau compte, en outre,
le représentant régional du camionnage lorsqu'il sera question de
transport de marchandises.
Nous suggérons que tout problème de transport local et
régional on parle de consultations, souvent, la consultation
faite seulement à la tête, c'est inutile d'y penser, cela ne vaut
pas la moitié des efforts pour ce que cela donne; la consultation doit
être faite à la base et dans la région, et c'est là
qu'il faut commencer relève de la responsabilité de ce
bureau.
Que toute décision touchant les permis de transport de personnes,
de propriétaires de taxi de chauffeurs de taxi, de tarification, de
permis de limousine et aéroportuaires qui amènent bien des
troubles actuellement dans plusieurs ligues, ainsi que les questions de quotas,
de sanctions disciplinaires, de nettoyage du secteur (fantômes) qui
pullulent dans tout le Québec, nous suggérons que tous ces
problèmes relèvent d'abord de ce bureau régional des
transports ou, du moins, qu'aucune décision ne soit prise par quelque
autorité que ce soit sans la recommandation de ce bureau
présidé par l'autorité, c'est-à-dire par le
directeur régional du BVA.
Nous suggérons qu'un recours soit possible à l'encontre
des décisions de ce bureau régional ou de toute autre
autorité, d'abord au chef du secteur taxi, lui-même placé
sous l'autorité du directeur général du BVA ou encore au
Tribunal des transports et qu'un autre recours, si nécessaire, soit
possible auprès d'un ombudsman des transports, lui-même
responsable administrativement au sous-ministre en charge un ombudsman
qui siège au Québec pour l'ensemble de l'administration. Pourquoi
ne pas en avoir un simplement pour le ministère des Transports, parce
que, comme disait le représentant du Parti libéral tout à
l'heure, excusez-moi, M. le député de Charlevoix, le transport
change, le milieu change, les problèmes changent à toutes les
semaines. Alors ça prend quelqu'un de disponible et non pas des
histoires de délai de trois mois à chaque fois. Un ombudsman qui
ne serait que dans le transport, ça aiderait beaucoup.
CEGIR recommande que l'éventuelle commission se dote d'un
comité du transport des personnes et d'un comité du transport des
marchandises. Ces deux comités existent déjà au
ministère. Il suffirait de les loger au BVA en leur ajoutant des
facettes sectorielles. La nécessité de la régionalisation
a été constatée par CEGIR, comme dans le rapport CONTAX,
comme par la commission elle-même, puisqu'elle veut en faire un
projet.
Le système de réseau régional de bureaux
régionaux est approuvé par les officiers d'une quarantaine de
ligues, exactement 38, consultées à ce jour avec une
unanimité totale. Partout où nous avons passé, il y avait
par exemple dans telle région, quatre ligues, dans l'autre région
il y en avait six, dans d'autres il y en avait... Toutes les ligues ont
accepté à l'unanimité l'exposé que nous venons de
lire et, comme pour inciter davantage, on ajoute que la décentralisation
régionale auprès des bureaux régionaux du BVA constitue
l'unique solution aux problèmes actuels de coordination, j'ajouterais
des délais et d'éloignement de la base.
Messieurs, nous vous remercions. Nous espérons que votre
appétit n'est pas trop aiguisé.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Des-Autels. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: D'abord, je tiens à vous remercier, chacun des
membres de la délégation, d'être présent aujourd'hui
ici. Je pense que c'est un effort considérable d'avoir une
représentation aussi régionale.
En même temps, je constate qu'il y a eu un travail énorme
de fait au niveau des ligues de taxis concernant le rapport CEGIR. Je pensais
qu'il n'y avait pas de problème sur la commission jusqu'à ce que
votre rapport arrive. Je constate qu'il y a des problèmes.
II y a eu là un travail de consultation, un travail de recherche
et, sans appuyer complètement toutes les recommandations,
particulièrement la recommandation d'abolir complètement la
Commission des transports, je pense qu'il y a des problèmes très
sérieux que vous soulevez, en particulier concernant la
régionalisation, concernant certaines responsabilités qui
incombent à la Commission des transports et qui, peut-être,
pourraient être plus automatiques, puisque vous indiquez que 99% des
renouvellements de permis de taxi se font presque automatiquement. Il y a
certainement des choses à corriger pour enlever le judiciaire, le
légalisme au niveau de la Commission des transports.
J'aimerais cependant, M. DesAutels, je vous avoue que je suis
très surpris de la recherche énorme qui a été faite
et de l'épluchage que vous avez fait du rapport CEGIR, quoique, avec des
bouts de phrase, on puisse faire pendre un homme. Il reste qu'il y a des
problèmes que vous soulevez qui sont très sérieux.
J'aimerais, pour les membres de la commission parlementaire et, en même
temps, pour le journal des Débats, que vous nous précisiez le
rôle de la ligue des taxis au Québec, puisqu'on a eu la
fédération ce matin, on a eu la ligue no 11, on sait ce que
c'est, mais quel est le rôle du Conseil québécois du taxi
et depuis combien de temps avez-vous été constitués?
Combien de ligues regroupez-vous? Je pense que vous avez indiqué que
c'était une quarantaine. Est-ce que vous touchez à la
région de Montréal?
M. DesAutels: En un mot, le Conseil québécois du
taxi a été constitué à la demande de 31 ligues qui
s'étaient réunies à Montréal, dans un colloque
initial, en novembre 1977. C'est à la suite de ça que nous avons
commencé à regrouper les ligues de taxi. Il y a 54 ligues de taxi
dans le Québec et, là-dessus, il y en a au moins quatre ou cinq
qui ne fonctionnent pas; à Gaspé, c'est un peu loin; à
Hauterive, les membres ne collaborent pas non plus. Il y a 48 ou 49 ligues dans
le Québec qui travaillent, selon les règles données.
Le Conseil québécois du taxi a été
incorporé il y a dix mois et, depuis ce temps, surtout depuis janvier ou
février, depuis huit mois ou neuf mois, on travaille à rassembler
les ligues de taxi du Québec autour d'un noyau central qui s'appellerait
le Conseil québécois du taxi.
Quant le rapport CEGIR a été publié, c'est une
chose que le conseil québécois devait étudier, mais avant
de présenter cela devant la commission, on a cru bon de faire le tour
des ligues, de faire approuver le mémoire par tout le monde; d'abord par
le Conseil québécois du taxi; ensuite par les régions. En
même temps, nous avons procédé tranquillement à la
restructuration du Conseil québécois du taxi, c'est-à-dire
que, dans chaque région, il y a quelqu'un élu par ces ligues et,
quand les problèmes régionaux viendront sur le tapis, il y aura
un interlocuteur immédiatement prêt, renseigné sur le
milieu local.
Ces douze représentants régionaux vont constituer et
constituent ça va se consacrer à la prochaine
réunion les bureaux des conseils d'administration, si vous
voulez, du Conseil québécois du taxi. Le Conseil
québécois du taxi aura donc un représentant de chacune des
régions du Québec dans son administration.
Au sujet de Montréal même, la ligue de Montréal
n'est pas membre du Conseil québécois du taxi, non plus que les
quatre ou cinq ligues qui font partie de la fédération. Tout
à l'heure, on entendait parler de 5300 permis, ce qui
représentait 50%, ce qui me permet aussi de dire que, dans le rapport
annuel du ministère des Transports, page 42 il y a seulement deux
ligues on dit: "On compte maintenant plus de 13150
véhicules-taxis au Québec. Ce n'est pas 10 000,
c'est-à-dire qu'il y en a 10000 en opération très
probablement, mais, à cause des transferts, à cause des
délais, etc., la commission a émis 13 150 permis et il y a 13 150
véhicules-taxis au Québec, c'est indiqué dans le rapport
officiel du ministère. Alors, la région de Montréal compte
à peu près, en tout, dans l'île et les banlieues
environnantes, un peu plus que 6000 véhicules, mettons entre 6000 et
6200; sur 13 150, ça donne à peine 50%, c'est-à-dire que
les 38 ligues... Maintenant, si on se met à décompter les permis,
on peut se demander si tous les permis sont en exploitation, et on n'en
finirait jamais.
Mais le mémoire que vous venez d'entendre représente 38
ligues, représente dix régions et les gens ont tous
assisté, les présidents, pas tous les membres, ont
assisté, les officiers des ligues ont assisté aux réunions
et ceux qui avaient des choses à dire les ont dites. Tout le monde,
à l'unanimité, a approuvé ça. (13 heures)
Les membres des ligues qui font partie du Conseil
québécois du taxi moralement il y en a au moins 38, comme
je l'ai dit tout à l'heure ont payé leur adhésion
au Conseil québécois du taxi. Nous demandons $15 par permis, dont
$5 seraient pris pour remettre à la région, pour que le bureau
régional du taxi puisse fonctionner, c'est-à-dire que ça
reviendrait à $10 de cotisation. Il y a actuellement 13 ligues qui ont
payé, il y en a au moins cinq ou six qui vont payer, mais, à
cause des cotisations qui n'entrent pas assez rapidement ou à cause de
problèmes financiers, et des problèmes financiers je
regrette parfois créés par la commission, pas par la
commission elle-même, mais par ses exigences judiciaires, comme une
petite ligue des environs de Montréal, qui fait deux apparitions devant
la commission; il lui fallait un procureur, $400 chaque fois, ça fait
$800 et son budget est de $600. C'est ce qui arrive, des histoires de ce genre.
Ces ligues ne peuvent pas apporter tout de suite leur cotisation au conseil,
elles n'ont pas d'argent; mais ça va se faire, je crois, très
bien, ça va se consacrer davantage à mesure que les
opérations vont se dérouler.
Au Conseil québécois du taxi, nous avons fait des
études, par exemple, sur l'assurance automobile, et, cet
après-midi, nous rencontrons le président de la Régie de
l'assurance automobile; nous avons fait des études sur
l'assurance-personne; nous avons des études sur le nombre, sur le
sur-
plus; enfin, il y a un tas de choses que nous avons faites. Disons, par
exemple, les colloques; nous avons organisé deux colloques. On a
organisé un congrès, on a étudié CEGIR. Nous allons
présenter un autre mémoire devant une commission parlementaire
à la fin d'août sur le Code de la route. Ce sont des choses que
nous faisons. Petit à petit, le conseil représente l'ensemble du
Québec et les représentants régionaux sont ici devant
vous.
M. Lessard: II y a une chose qui me surprend
énormément, c'est la charge et je pense que le terme est
assez bien utilisé que vous faites ce matin contre la commission
des transports, au nom des différentes associations régionales,
alors que, tout à l'heure pourtant, on est dans le même
secteur du côté de la fédération ou de la
Ligue A-11, si je ne me trompe pas, et je ne veux pas mal les
interpréter, on avait plutôt tendance à dire que cela ne
fonctionnait pas très bien, mais que cela fonctionnait assez bien
à la Commission des transports. Vous voyez comment le ministre ou
même le gouvernement ou la commission parlementaire peut être
divisé lorsqu'il s'agit d'apporter des solutions, parce que, d'une part,
on propose littéralement d'abolir la Commission des transports et,
d'autre part, on dit: Peut-être que, si on donnait des pouvoirs
supplémentaires à la Commission des transports, cela irait
mieux.
M. DesAutels: Je sais très bien, au point de vue du
contribuable, ce que je vois dans le rapport CEGIR; ce n'est pas moi qui ai
inventé ces mots, c'est personne de nous, ce sont des mots de CEGIR qui
dit qu'il y a un dédoublement de dépenses, un dédoublement
d'opérations continuel et que le ministère pourrait assumer
toutes les tâches actuellement. Pourquoi? Enlevons soit le
ministère, soit la commission. Ce serait en avoir deux.
M. Lessard: Les tâches de régulation, de
réglementation. Est-ce que vous ne craignez pas, si on abolissait
littéralement la commission, la politisation, par exemple, dans
l'émission des permis, dans la suspension des permis, en fait, un
système qui est normalement quasi judiciaire et le mélange du
législatif avec le judiciaire?
M. DesAutels: Nous parlons évidemment au nom du taxi. Si
nous enlevons le taxi de la commission, on ne parle pas des autres secteurs
comme les transports...
M. Lessard: Mais vous n'avez pas peur...
M. DesAutels: Autrefois, ce sont les municipalités qui
avaient les permis de taxi et qui émettaient les permis de taxi.
C'était très simple. Dans une municipalité, disons qu'il y
a 50 000 travailleurs, 50 000 de population, ce n'était pas une
montagne, diable, que d'aller chercher un permis de taxi.
Vous parliez d'un danger de politiser, je crois, politiser, en somme, le
patronage, ou des choses comme celle-là. C'est pour cela que nous
proposons un bureau régional. Chaque ligue serait
représentée au bureau régional. Il y aurait ensuite
l'autorité du BVA qui présiderait ces bureaux.
M. Lessard: Mais ce sont des fonctionnaires qui sont sous
l'autorité du ministre.
M. DesAutels: Oui, mais le ministre est un peu loin quand
même. Avant d'atteindre le ministre, il y a le bureau central du BVA.
M. Lessard: Mais je vous avoue que la population du coin de
Baie-Comeau, par exemple, ou encore d'ailleurs, quand il y aurait un
problème particulier avec les fonctionnaires, on remonterait tout le
temps au ministre et là, le ministre devrait décider sur
l'émission des permis ou pas.
M. DesAutels: Non, mais c'est la même chose, la commission.
Si vous donnez des pouvoirs à la commission, si vous les donnez au
bureau régional et qu'il y a trois ligues, disons dans le cas de
Sept-lles, Hauterive et Baie-Comeau, il y a des délais aussi là
où elles doivent être représentées.
Ces endroits sont là. Actuellement, c'est très difficile
et délicat pour un ministre d'arriver contre deux ligues qui voudraient
telle chose. L'autre voudrait avoir une protection du ministre et les deux
ligues sont contre. Si le bureau régional arrive et décide,
à rencontre du voeu unanime, presque unanime de ce bureau
régional, il n'y aura pas plus de danger qu'aujourd'hui, dans le fond.
C'est beaucoup plus l'histoire que tout le monde veut régionaliser, M.
le ministre. CERHU, la commission, CEGIR, tout le monde veut
régionaliser. D'ailleurs, c'est une politique globale de la part du
gouvernement qui a commencé il y a déjà quelques
années.
On veut régionaliser, on veut décentraliser. Mais
ça ne sert à rien de prendre simplement un classeur ou un meuble
et de le mettre dans un bureau et qu'il n'ait aucun pouvoir, ce maudit
meuble.
Il faudrait que certaines décisions soient prises. Si on veut
décentraliser, ce n'est pas de décentraliser les meubles, c'est
de décentraliser les pouvoirs, pour que ce soit efficace.
C'est-à-dire que, dans un bureau régional, pour prendre une
décision, ça prend deux minutes, mettons une semaine, avant que
ce soit considéré par le bureau central, le BVA, et ça ne
prend pas trois mois.
Le Président (M. Bordeleau): Monsieur, je pense que M.
Morin avait quelque chose à ajouter.
M. Morin (Patrick): Si vous le permettez, M. le ministre, au
point de vue de la politisation, le gouvernement, par le règlement no 6,
a fondé les ligues de taxis et a obligé tous les gens du taxi
à y appartenir.
Or, présentement, ces ligues de taxis, qu'on se promène
soit au ministère ou à la commission, ont très peu
d'impact, parce qu'elles ont très peu de pouvoirs et elles n'ont
absolument presque aucune responsabilité.
Du point de vue du patronage, je pense que ce serait la ligue
elle-même qui serait le chien de garde, si on veut. Si vous venez dans ma
région de Québec pour m'émettre un permis, ça se
peut que ça y aille très mal. Si je ne prends pas la part de mes
membres, c'est moi qui vais me faire pendre. C'est très simple.
Alors, il s'agirait tout simplement de vous pendre.
M. Lessard: Le ministre se ferait pendre souvent.
M. Morin (Patrick): Oui, en effigie. Au moins, ça serait
vrai!
M. Lessard: Ce serait peut-être une bonne chose
parfois.
M. Morin (Patrick): J'en reviens à dire que sur ce bureau
régional, où le président régional de la Ligue de
taxi participerait aux décisions, il faudrait qu'à chaque ligue
de taxi, dans le cas d'un renouvellement de permis ou l'émission d'un
nouveau permis, il donne son consentement ou sa recommandation soit à la
commission, soit au ministère. La majorité des oppositions sont
faites par les ligues. Alors, si quelqu'un veut vendre à une autre
personne, ils se présentent tous les deux devant les
représentants de la ligue et disent: Est-ce que tu acceptes mon
acheteur? Si, d'après le règlement no 6, l'acheteur convient
parfaitement, on recommande le transfert, cela devient automatique parce que le
gars est certain qu'il n'aura pas d'opposition et il n'y aura pas, non plus,
d'émission de permis incongrue ou de politisation.
M. Lessard: Ce que je constate dans votre mémoire, c'est
qu'on cherche et c'est un peu l'objectif de la commission parlementaire
à simplifier les procédures et à trouver les moyens
nécessaires de rendre beaucoup plus efficace ce système. Mais
j'hésiterais énormément, à partir d'une situation
donnée, comme ce que vous décrivez actuellement ou ce qui est
décrit dans le rapport CEGIR, à faire table rase et à
annuler complètement un système, en fait, qui empêche, qui
évite, en tout cas, de politiser un certain nombre de décisions.
Cependant, je comprends, lorsque vous affirmez, par exemple: 99% des permis
sont renouvelés automatiquement. Il y a certainement moyen d'envisager
une plus grande décentralisation des décisions d'un organisme
gouvernemental au niveau de l'ensemble des régions. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Bordeleau): Je pense que c'est M.
Guilbert qui avait quelque chose à ajouter. Allez-y.
M. Guilbert (Michel): Michel Guilbert de A-40. Il y aurait aussi
un autre problème qu'on a actuellement concernant le taxi. Si on prend
la Commission des transports du Québec, ils ont vraiment beaucoup de
problèmes quand on parle de communications. Juste un petit exemple que
je veux donner, entre autres choses, c'est qu'ils nous ont demandé, pour
l'émission d'un certificat de permis, quand on a pris nos plaques cette
année au BVA, on nous donne notre certificat. Les communications entre
les différentes sections du ministère sont tellement pauvres
qu'ils sont obligés de nous écrire pour qu'on fasse une
photocopie de notre permis pour leur retourner à eux. Ils ne sont
même pas capables de communiquer entre ministères.
Ensuite, il y a un autre problème qu'on a aussi dans le taxi et
ça nous aiderait grandement si nous faisions partie d'un bureau
régional. C'est que, actuellement, si vous prenez du côté
des chauffeurs de taxi, à peu près n'importe qui peut se
présenter au Bureau des véhicules automobiles, peut demander un
permis, un "pocket number". Normalement, la personne du Bureau des
véhicules automobiles ne connaît même pas les rues d'une
ville, elle va faire passer un test à peu près, à l'oeil.
Le gars arrive à la compagnie de taxi, il ne connaît rien
concernant le taxi et on a un problème.
Le deuxième problème qu'on a vis-à-vis des
chauffeurs de taxi, c'est que vous avez, dans la loi qui devrait être,
des gens qui font du taxi actuellement et qui ont des casiers judiciaires. Je
n'ai rien contre le fait qu'un chauffeur de taxi ait un casier judiciaire, mais
il y a certaines choses qui sont vraiment dangereuses. Il faut tout de
même penser que nous, les gars de taxi, ça nous arrive souvent de
mener des clients qui sont un peu éméchés et qui ont de
l'argent dans leurs poches. Le client, à trois heures du matin, qui est
rond comme une bine, excusez l'expression qui a un portefeuille
plein dans sa poche et qui a affaire à un chauffeur qui a un casier
judiciaire, qu'il y a six mois, un an ou deux, le gars a fait un vol avec
violence, à ce moment, les communications ne sont pas là, on a
vraiment des problèmes. C'est pour ça que, concernant
l'émission des "pocket numbers", concernant l'émission des permis
de propriétaires de taxi, on ne veut plus avoir de dumping, qu'il nous
arrive n'importe qui. J'ai même parlé avec quelqu'un qui est
représentant du ministère des Transports je ne donnerai
pas son nom qui m'a dit que, à sa connaissance, il y avait des
gars qui, actuellement, étaient à Saint-Vincent-de-Paul et qui
avaient leur "pocket number"; ils disaient: Faites bien attention pour que mon
"pocket number" ne tombe pas.
A ce moment, quelle est la sécurité de nos passagers?
Parce que nous, les gens de taxi qui sommes sérieux, on veut faire
monter notre industrie, mais si vous nous basculez n'importe quoi dans le taxi,
on a des problèmes. C'est pour ça qu'on veut avoir des pouvoirs,
que les gens qui représentent les ligues aient des pouvoirs, qu'on
puisse parler, qu'on puisse se défendre, qu'on puisse... Dans n'importe
quelle profession, vous avez un code d'éthique professionnelle, que ce
soient les avocats, que ce soit n'importe quoi. Chez nous, on n'a pas de
pouvoir de décision,
vous nous envoyez ça comme vous le voulez et après on est
pris avec ça.
En plus de ça, quand je parlais de la non-communication de la
Commission de transports du Québec, à ce moment, comment se
fait-il qu'un type va arriver, il a fait de la conduite en état
d'ébriété ou a fait un vol et il a eu une condamnation et
sur son "pocket number" il y a son numéro d'assurance sociale qui est
supposé servir à la communication entre les divers
ministères; il a une condamnation et sa condamnation n'est jamais
révélée à la Commission de transports afin que
celle-ci puisse annuler son permis. On est toujours obligé de faire des
plaintes et de se mettre à blanc. A ce moment, on aimerait que les gens
qui sont en fonction, qu'ils nous aident, qu'ils ne nous garrochent pas
n'importe quoi dans le taxi. On va se retrouver tranquillement toutes
les choses politiques qu'il y a eu et là, il y a une "gang" de
Vietnamiens on va se trouver avec une "gang" de Vietnamiens sur le taxi,
et puis tout à l'heure, vous allez avoir une autre "gang". On va en
avoir encore sur le taxi. Je n'ai rien contre le fait que les gars viennent,
mais avant qu'ils viennent sur le taxi, qu'ils satisfassent aux normes, qu'ils
soient capables de se débrouiller dans le taxi. Vous allez arriver
je ne suis pas de Québec à Québec, vous
prenez un taxi, vous allez lui donner une destination. Si le chauffeur voit que
je suis de l'extérieur, que je ne connais pas la ville, "watch out"
à la facture tout à l'heure.
Alors, c'est ça qu'on veut avoir. On veut avoir des gars qui sont
capables d'être, de vraiment prendre la part du taxi, parce que
l'industrie du taxi, si on veut la promouvoir, il faut absolument qu'on arrive
à donner un service où les clients sont bien servis. Pour
ça, il faut qu'on enlève certains problèmes qu'on a et
dont on n'a pas de pouvoir de consultation. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Guilbert. Je
m'aperçois qu'on s'éloigne un peu du mandat de la commission
comme telle. Je veux bien laisser la parole, quelques mots à M... je
n'ai pas le nom en main. Allez-y.
M. Poliquin (Benjamin): Poliquin. Je n'en ai que pour deux
minutes. A la page 4, on parle d'incoordination de la pension. J'ai un exemple
à la mémoire et puis je m'en voudrais de ne pas vous le
souligner, à l'assemblée, au sujet du permis-population, ce qu'on
appelle à quelques endroits, des prorata. Aux Trois-Rivières, on
a demandé à la fin du printemps, début de
l'été 1978, un changement de notre prorata. Avec
téléphones et lettres officielles à l'appui, le
ministère des Transports a bien voulu accéder à notre
demande et changer notre permis-population. Cela eu lieu officiellement devant
le lieutenant-gouverneur en conseil, le 27 décembre 1978.
M. Lessard: C'est ça, la ligue avait acheté le
permis...
M. Poliquin: Parce qu'on trouvait que nos...
M. Lessard: D'accord, mais je veux dire, je suis d'accord avec
vous, que la ligue avait acheté le permis. Il y avait eu diminution, je
pense, de ventes de permis. (13 h 15)
M. Poliquin: D'accord, mais ce que je veux souligner, c'est que
le ministère des Transports, plutôt, le Conseil des ministres,
c'est encore meilleur, sous l'autorité du lieutenant-gouverneur nous a
accordé un nouveau prorata. Mais ça n'a pas fini là. Deux
mois plus tard, la Commission des transports émettait un nouveau permis
en dehors des normes fixées par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Alors, c'est là que... je ne sais pas si ma lettre est
arrivée aux oreilles de notre ministre, mais je me pose toujours la
question depuis ce temps: Qui est le plus fort? Ou la Commission des transports
ou le ministre des Transports?
Le Président (M. Bordeleau): Merci de cette observation.
M. le député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. DesAutels, je pense qu'il me serait difficile de
ne pas féliciter le Conseil québécois du taxi de
l'étude qu'à travers la province, vos membres ont faite du
rapport CEGIR. Je pense que c'est une étude très poussée
qui a porté attentivement sur l'ensemble de l'expertise qui avait
été faite et, par des affirmations que j'ai déjà
faites depuis deux jours, il me serait difficile de ne pas arriver, avec des
mots différents, aux quatre conclusions qui apparaissent dans votre
mémoire avec lesquelles je suis passablement d'accord.
Je pense que vous relatez assez bien les anomalies assez criantes qu'on
constate entre les recherches qu'a faites CEGIR et les recommandations qui
arrivent souvent en très grande contradiction avec les mots qu'on veut
corriger. Si je suis assez en accord avec ces quatre conclusions
générales, j'ai, par contre, des doutes sur les deux suggestions
que vous faites. Un seul mot de la première. Pour un moment, disons
qu'il est possible que la Commission des transports demeure en place. Quand
vous dites que vous êtes d'accord avec CEGIR, si la commission demeure,
pour qu'il n'y ait aucun juge à la commission, on reviendra tantôt
sur l'ensemble des causes dont vous parlez et qu'a entendues la Commission des
transports, mais est-ce que, dans les cas où, forcément, il y a
assez de juridique, vous ne pensez pas que, si ça ne prend pas six
juges, ça prendra toujours au moins, dans l'organisme, des juges pour
permettre que le justiciable, dans des causes plus difficiles que des causes
administratives, qui peuvent se faire automatiquement...
C'est la réserve que j'ai à l'esprit quant à cette
recommandation qu'il n'y ait aucun juge. Il y en a peut-être trop, mais
je pense que ça prend quand même des gens qui ont une formation
juridique.
M. DesAutels: Je m'excuse, mais j'ai bien lu: Nous appuyons la
recommandation de CEGIR d'enlever de la loi l'obligation de nommer des juges.
Mais, en pratique, c'est évident qu'il faut...
M. Mailloux: D'accord, mais vous n'êtes pas contre le fait
que, dans des causes litigieuses, forcément, il y a avantage.
M. DesAutels: Bien sûr. J'étais contre aussi... Le
Tribunal des transports existe encore aussi.
M. Mailloux: Oui.
M. DesAutels: II est encore un moyen d'appel qu'on peut
utiliser.
M. Mailloux: II est contesté, mais en tout cas.
M. DesAutels: II est contesté, mais je pense bien qu'avec
quelques petits changements que les avocats pourraient effectuer...
M. Mailloux: Je pense bien que, si mon collègue veut
s'entendre avec l'autre ordre de gouvernement, il pourrait quand même
arriver à une conclusion favorable.
Je voudrais arriver à votre recommandation générale
quant à l'abolition de la Commission des transports, un retour vers la
base et vous mentionnez l'ensemble des forces dont dispose le ministère
à travers les régions, le BVA, le ministère des
Transports, et que les gouvernements, le précédent comme
celui-là, font un effort de rapprochement vers la base. Je pense que
l'étude que vous avez faite est dans le but de permettre à
l'ensemble de vos commettants, dans l'association, d'avoir de meilleurs
services, qui sont plus près de chacun des contribuables. J'ai quand
même des réserves très sérieuses sur cette
suggestion.
Quand vous avez analysé le rapport CEGIR, vous avez fait mention
du très haut pourcentage de décisions rendues par la
régie, qui sont des décisions purement administratives. Certains
cas, jusqu'à 90%, 95% ou 99% des cas, ont été jugés
automatiquement ou renouvelés automatiquement. Je pense que c'est un
fait où il ne semble pas y avoir de contradiction flagrante, c'est
simplement le côté administratif. Est-ce que, dans des questions
aussi automatiques de renouvellement de permis, où il n'y a rien au
dossier d'un transporteur, de quelque nature qu'il soit, dans des recherches
ultérieures, le ministère des Transports ou une commission
d'étude ne pourrait pas voir jusqu'où la Commission des
transports pourrait déléguer des pouvoirs dans les
régions?
Là où ma réserve devient plus importante, c'est que
le ministère des Transports est un des ministères, je pense, pour
avoir moi-même été très près, les plus
décentralisés du Québec, dans toutes ses régions.
Ce que j'ai constaté, par contre, étant assis à cette
table un certain temps, c'est que, chaque fois qu'il arrivait un
problème le moindrement litigieux, tout était renvoyé sur
la table de celui qui occupe mon siège actuellement; la décision
finale se prend toujours là. Il est bien rare qu'un fonctionnaire, dans
un milieu donné, veuille se mouiller jusqu'au point de se faire mettre
excusez l'expression au "batte" de la société dans
laquelle il vit. C'est vers la table centrale qu'on renvoie la décision.
C'est là la question que je me pose; jusqu'où une
décentralisation peut-elle aller efficacement? Une autre interrogation
hante mon esprit. Peut-être la Commission des transports est-elle
très loin du public, très loin de ceux qu'elle a à servir.
Etant loin, elle n'est pas soumise aux forces du milieu. Quand on parle
d'influences indues ou d'influences politiques qui pourraient jouer, je vois
mal un fonctionnaire ou quelques fonctionnaires, dans une région, qui
auraient, socialement ou autrement, à vivre dans cette région,
rendre des décisions qui pourraient écourter les délais
que tout le monde voudrait voir disparaître sans être placés
dans une situation presque intolérable, à moins que ce ne soient
des décisions purement automatiques et administratives.
Je veux que vous tâchiez de me dire de quelle façon parce
qu'en ce qui concerne les efforts de décentralisation des gouvernements,
dans mon esprit de politicien, il y a presque seulement un ministère qui
serait capable de décentraliser dans le Québec sans que cela
nuise au public; c'est le ministère du Revenu parce qu'on n'y va pas
souvent, au ministère du Revenu. Vous n'y allez pas souvent et moi non
plus. J'ai été 18 ans député et je pense que je ne
suis pas allé une fois au ministère du Revenu. Ce
ministère est bien fermé. Qu'on l'envoie à Baie-Saint-Paul
ou qu'on l'envoie à Chibougamau, il n'y a personne qui va y aller ou
à peu près.
Mais, quand vous avez affaire à d'autres ministères, ce
n'est pas le même phénomène qui se produit et la
décentralisation, on voit ce que cela donne par le problème des
pêcheries. Il y a peut-être le problème de gens qui vivaient
en milieu urbain, qui ne veulent pas aller en milieu rural, mais il y a
également le phénomène que, quand cela sera rendu en
Gaspésie, il y aura bien des voyages à Québec qui vont se
faire. Tous les gouvernements ont été, évidemment, pris
par ce problème. Je voudrais que vous m'expliquiez comment des
fonctionnaires, dans le milieu, pourraient suffisamment rendre de services en
dehors des questions purement automatiques et administratives qui pourraient
leur être déléguées par la Commission des transports
ou l'autre organisme.
M. DesAutels: Quand nous parlons du BVA, c'est parce que c'est
déjà un organisme important. C'est une direction
générale du ministère déjà. Dans chaque
région, M. le député, le fonctionnaire qui est directeur
général a déjà des pouvoirs de faire passer
l'examen du chauffeur de taxi, de lui remettre son permis. Il a
déjà des pouvoirs de consultation. Il n'a peut-être pas
beaucoup de pouvoirs. C'est pour cela qu'on veut qu'il en ait. Il reste le
permis du propriétaire qui est accordé à 99%
automatiquement. Ce n'est pas beaucoup de pouvoirs qu'on lui donnerait en plus.
Maintenant, c'est le premier aspect. Il a déjà un certain nombre
de pouvoirs et cela ne crée pas de problème. Au contraire.
Même, ce qu'on va demander bientôt au ministre ou dans les
recommandations qui vont suivre après nos consultations, c'est d'avoir
un permis de "pocket" qu'on appelle, mais pas trois
mois après. Qu'on ait au moins un permis temporaire au
départ. Quand le gars vient chercher son permis, qu'un artisan est
malade et... Je m'écarte un peu. Je vais en rester là.
Le fonctionnaire en place a déjà certains pouvoirs. On
demande simplement d'ajouter la question du permis de propriétaire,
premièrement. Deuxièmement, ce type n'est pas seul. Il ne serait
pas seul dans le plan que nous suggérons. Il est entouré des
ligues qui sont là. Il ne pourrait pas y avoir tellement de favoritisme
ou de politicaillerie ou quoi que ce soit sans l'approbation des gens qui en
feraient partie. Je ne veux pas dicter, suggérer même au ministre
le détail de chaque organisation du bureau, mais il y aurait une loi
très simple qui pourrait être faite là-dessus.
Là, le type est protégé par le milieu. S'il s'agit
d'autobus scolaires, ils vont pouvoir avoir une table d'écoute tout de
suite, immédiatement, d'autobus, de camions en vrac, de camions
généraux ou de taxis. Mais évidemment, on s'arrête
aux taxis.
Mais ce n'est pas tellement compliqué, l'histoire du taxi. Prenez
une ville comme Roberval. Roberval, c'est une région. Ce sont des PR,
comme on les appelle, des permis de région. Il y a cinq régions
dans le Lac-Saint-Jean. Roberval voudrait avoir une ligue pour forcer les
membres à se grouper. C'est un peu le but des ligues; lui donner un
interlocuteur.
Mais c'est toute une histoire. Maintenant, ça ne regarde pas la
commission comme telle. Cela va jusqu'au ministère. Mais pourquoi, si
Roberval veut se constituer en ligue, que le bureau régional de
Chicoutimi où il y avait trois ou quatre, cinq personnes, au lieu
d'être obligé de faire amender le règlement no 6, parce que
la Ligue de Roberval n'est pas prévue dans le règlement, le
gouvernement ne pourrait-il pas dire: On embarque Roberval dans le 6, avec des
preuves à l'appui, évidemment? Ce serait aussi simple que
ça. Ce n'est pas tellement un pouvoir de plus et le gars est
protégé par le fait qu'il est entouré par les ligues de la
région.
M. Mailloux: Je ne pourrai retenir principalement votre
recommandation d'abolition de la commission qui a peu de chances d'être
acceptée, je pense. Je ne parle pas au nom du ministre, loin de
là. Comme elle a peu de chances d'être acceptée, est-ce
qu'on ne pourrait pas retenir qu'il serait utile et important qu'on analyse
qu'elles seraient les répercussions d'un transfert sur l'ensemble du
territoire de décisions automatiques et administratives qui
enlèverait une partie du travail à la commission. Il pourrait
éviter la quantité de délais, de voyages ou de tout ce que
vous voudrez à l'ensemble des électeurs du Québec.
Je pense que dans ce sens, je serais de ceux qui pensent que le
gouvernement devrait étudier attentivement ce que la commission pourrait
déléguer de pouvoirs à l'ensemble des régions, sauf
en gardant, par contre, toutes les décisions litigieuses ou juridiques
vers un endroit où forcément les forces du milieu ne pourraient
pas influencer, pour toutes sortes de raisons.
M. DesAutels: Vous nous enlevez les paroles de la bouche, M. le
député, parce que justement, les recommandations qui vont
découler des séances de consultation qui se tiennent actuellement
sont de demander au ministère de faire une étude à peu
près dans ce sens-là.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais
féliciter la ligue, moi aussi, pour deux raisons. La première,
c'est un des mémoires, je trouve, qui reflètent très bien
la pensée des membres. C'est ce qu'on entend, ce qu'on se fait dire par
votre "membership" un peu, dans nos régions. Je ne suis pas le seul
à avoir entendu un peu la synthèse, à partir de cas
individuels. Je pense que ça reflète exactement la
synthèse des opinions qui circulent dans votre milieu. Là-dessus,
je dois vous féliciter de bien représenter votre
"membership".
Il y a une deuxième chose, c'est votre franc-parler, puisqu'il
n'y a pas de coup de langue ni à gauche ni à droite, il y a
vraiment une opinion claire, bien précise. C'est tout. La part de
recherche que vous avez mise dans cela m'épate personnellement. Je
voudrais aussi vous dire une chose et entendre vos commentaires sur le fait
suivant. J'ai l'impression que vous tirez la conclusion en ce qui regarde
l'abolition de la Commission des transports du Québec à partir de
votre propre milieu de travail. Si tel est le cas, je pourrais peut-être
vous comprendre parce qu'il y a saturation dans les permis à peu
près partout on a le nombre de permis reçus et cela
devient à partir de ce fait des actes administratifs qui peuvent
être faits très facilement au niveau du BVA. J'en conviens avec
vous sur cette partie. Je partage même votre opinion. Les bebelles
automatiques, je pense que cela devrait être transmis à un autre
palier et réserver des actes plus complexes, plus judiciaires au niveau
de la commission. Mais vous êtes-vous basés uniquement sur
l'aspect de votre secteur pour en arriver à cette conclusion? C'est ce
que je voudrais savoir.
M. DesAutels: Nous avons lu CEGIR attentivement deux ou trois
fois, le jour et la nuit, et ensuite, en faisant le tour du Québec dans
toutes les régions, on a eu l'impression, les membres qui travaillent
dans le taxi, parce que quand on parle d'abolir la commission, on sait
très bien que ce n'est pas nous qui allons... Il n'est pas question
d'abolir la commission comme telle, mais ce qu'on veut surtout, c'est que le
taxi sorte des délais et de toute la procédure judiciaire de la
commission reconnue par CEGIR elle-même comme étant si nuisible
aux opérations qui se font là-dedans. Que me demandiez-vous
exactement? Il faut que je fasse attention au ministre et aux adjoints
parlementaires un peu aussi. Quelle est votre question au juste? (13 h 30)
M. Chevrette: Ma question est fort simple. J'ai comme
l'impression que c'est à partir uniquement de la situation dans votre
secteur de travail que
constitue le taxi que vous arrivez à la conclusion de l'abolition
de la CTQ, alors que les réserves exprimées par le ministre ou
les réserves exprimées par le député de Charlevoix
se situent au niveau de l'ensemble des problèmes du domaine des
transports qui favorisent le maintien de la commission. Vous arrivez à
la conclusion qu'il faut abolir la commission parce que, quant à nous,
ce sont des bebelles administratives qui se régleraient beaucoup plus
rapidement au niveau local. Est-ce que je me trompe?
M. DesAutels: II y a d'abord le facteur administratif. C'est
sûr. Si on dépense $7 millions, seulement pour faire des
transferts automatiques, diable, il y aurait peut-être moyen de
réduire cela au point de vue des contribuables. Il y a cela qui compte,
mais ce n'est pas seulement cela. C'est d'après les études de
CEGIR, d'après l'étude CONTAX, d'après tout le monde qu'il
faut régionaliser et décentraliser.
Si on place deux ou trois autorités dans le même bureau
régional, BVA, commission, inspection des "chars bleus" qu'on appelle,
la bataille va prendre demain matin, comme dit CEGIR, à part de
ça. Ce sont toutes des constatations qu'on a faites sur les lieux, c'est
bien, mais aussi sorties des études qui ont été faites.
Dans un bureau régional, s'il y a trois juridictions, non.
Maintenant, si on reste encore tuteur, on a parlé du conseil
consultatif, si vous placez autour du ministre une dizaine, mettez-en vingt, si
vous voulez, trois ou quatre, mais qui sont encore aussi loin de la base que
l'est actuellement la commission, et peut-être aussi parfois le
ministère, vous n'aurez pas encore de vraie consultation. La
consultation, ce n'est pas seulement à la veille des élections
que cela se fait, il faut que cela se fasse continuellement, il faut que ce
soient des consultations continues, et cela prend un bureau régional, un
bureau dans la région pour connaître ce qui se passe.
Parce que, comme disait tout à l'heure le député de
Charlevoix, c'est à toutes les semaines qu'ils transportent, cela roule,
le transport, c'est rien que sur des roues, cela n'arrête pas. A tout
instant, il y a des problèmes nouveaux qui se présentent et
même, parfois, à l'intérieur d'une ligue, entre deux
ligues, entre une région et une autre. Actuellement, on en a un entre...
enfin! Il faut que cela se fasse à la base, la régionalisation,
il ne faut pas que ça se fasse seulement avec des meubles, il faut que
ça se fasse avec des hommes qui travaillent dans la base. La
consultation, il faut qu'elle se fasse d'une façon continue. Il n'y a
pas d'autre moyen que ça se fasse que par le bureau régional.
Pour enlever la politicaillerie qu'on avait peut-être dans le temps des
municipalités, il y avait peut-être des choses comme cela, cela ne
peut pas se faire, parce que le bureau régional va réunir les
ligues de la région, il faudra que ces ligues s'entendent avec
l'autorité du BVA qui est là et qui représente le
ministère des Transports.
La responsabilité ministérielle est
préservée, la base est consultée, les consultations conti-
nuent. Qu'on ait un comité consultatif à la tête, ce n'est
pas mauvais, mais mettez-en un à la base, ça va être bien
meilleur, vous allez avoir le vrai portrait de la base. C'est cela qu'on
demande par le bureau régional, le portrait de la base; que des
décisions soient prises au moins jusqu'à un certain niveau, on
pourrait le définir par une étude que vous suggérez, ce
serait excellent. Encore une fois, ils ont déjà des pouvoirs, il
s'agit tout simplement de les élargir un peu, une petite affaire de
rien. A ce moment-là, il y aura une continuité dans
l'organigramme: la base se rapporte au BVA central et le sous-ministre, le
ministre et tout cela, ça va très bien de ce
côté-là.
Ensuite, il y avait aussi la consultation horizontale du
côté de la région. On parlait, par exemple... c'est
sûr qu'économiquement, ça se fait. Le propriétaire
de taxi serait obligé d'apporter son reçu si on veut une
commission absolument indépendante et autonome pour prouver que,
l'année passée, ses prix ont été de 6% moins
élevés que cette année, que l'essence, l'année
passée, coûtait $0.95 et, aujourd'hui, on peut la payer $1.10. A
ce moment, le bureau régional, en dehors des questions d'automatisme,
pourrait lui-même participer à des études
socio-économiques. Je crois que cela devrait encore être fait au
bureau régional. Si on part d'en haut pour faire des études
socio-économiques, c'est encore trop souvent une histoire de
consultations trop rapides et trop courtes. Il faudrait prendre une
région et étudier les facteurs socio-économiques qui
affectent le taxi et qui affectent aussi le public.
M. Chevrette: A ce moment, vous seriez obligés de calquer
vos structures en fonction des régions économiques.
M. DesAutels: Pourquoi pas, puisque le ministère de
l'Industrie et du Commerce a divisé le Québec en dix
régions?
M. Chevrette: Je suis d'accord avec le député de
Charlevoix pour dire que c'est le ministère le plus
décentralisé, mais il est décentralisé à un
point tel qu'il dépasse de beaucoup le cadre de la région
économique. Il y a même une multiplicité... Il peut y
avoir, par exemple, quatre, cinq, peut-être six BVA dans une
région économique.
M. DesAutels: Le BVA... Non, il y a toujours le directeur
régional.
M. Chevrette: II y a le directeur régional, mais je parle
des sous-bureaux. Prenez pour l'émission du permis de taxi. Là
où il y a un bureau des véhicules automobiles, il a le pouvoir de
l'émettre. A partir de là, je donne un exemple de la
région 6. Dans la région 6, il y a un bureau des véhicules
automobiles à Joliette, il y en a un à L'Assomption, il y en a un
à Saint-Jérôme, il y en a un je ne sais pas trop où;
je pense qu'il y en a quatre ou cinq. A partir de là, il faudrait que la
représentation, dans le cadre de ce que vous dites, soit calquée
sur au moins la région économique puisque la tarification est
établie en fonction de la région.
M. DesAutels: C'est cela. Tellement, M. Chevrette, que, dans une
étude socio-économique, ce qu'il y a de malheureux, parfois,
c'est que, dans un ministère, il y a un représentant dans une
région ou dans une ville quelconque et, à côté de
lui, il y a le représentant de l'Industrie et du Commerce qui pourrait
nous aider, par exemple, dans la question d'évaluation des tarifs. Le
taxi, dans cinq ans, qu'est-ce qu'il va être dans telle région,
dans telle autre région? On pourrait utiliser une espèce de
comité interministériel pour faire une étude de base
vraiment solide et c'est entendu qu'à ce moment, il faut tenir compte,
comme vous venez de le dire, des installations déjà en place,
bien sûr. Elles sont là pour rapprocher... Regarder un petit
problème bien simple qu'on retrouve dans le taxi. Nos gens, s'ils se
font prendre avec la broche brisée du "scellage", sont en état
d'infraction. Mais le gars qui scelle les taxis, s'il se présente
seulement une journée par semaine dans la région, on prend
Chi-bougamau, par exemple, qui est à 150 milles de Chicoutimi... S'il
faut décentraliser, décentralisons, si on veut forcer le gars
à marcher avec un tel système. Sa broche est brisée, si on
change les tarifs le 4 septembre, il va falloir tout recommencer le
système. Si le type du "scelling"... C'est un petit problème,
j'en donne simplement un. Qu'est-ce que ce serait d'avoir un horloger dans
chaque municipalité où il y a des taxis? Qu'est-ce que cela
fouterait, que le gars soit autorisé à faire le "scelling"?
Seulement l'autorité du BVA, toujours avec l'approbation du bureau
central; au bureau régional, on connaît le gars, s'il est
honnête ou s'il ne l'est pas, et il a les instruments nécessaires,
parce que votre représentant du BVA est là, il a son rôle
de fonctionnaire, il fait l'étude du marché local et des
possibilités locales. Pourquoi le gars est-il obligé d'attendre
en fin de semaine, si son "scelling" est brisé le vendredi midi? Il ne
devrait pas faire de taxi avant le lundi. Il perd trois jours de taxi. Est-ce
qu'on veut en avoir un taxi ou si on n'en veut pas? Si on le veut, flûte,
il faut donner les possibilités qui s'exercent dans la loi qu'on
l'oblige à suivre.
M. Chevrette: II y a deux autres aspects qui m'ont frappé
et je veux faire un commentaire et non pas questionner. Il y a sûrement
l'aspect de la décentralisation. Je pense qu'il n'y a personne qui s'y
oppose en autant, bien sûr, qu'on puisse avoir une efficacité, par
exemple, en particulier au niveau des contestations. Je pense que vous admettez
que cela prend un lieu de contestation. L'autre aspect qui me plaît dans
votre rapport, c'est la question de l'économie, du dédoublement.
Je vais m'arrêter là.
Le Président (M. Bordeleau): Je remercie l'association, le
Conseil québécois du taxi, M. Des-Autels et tous les
représentants des régions d'être venus, d'avoir
contribué aux travaux de notre commission parlementaire. Avant de
suspendre la séance pour le lunch, je voudrais vous annoncer que
l'association qui est prévue après le lunch est
j'espère que les représentants sont ici l'Asso- ciation
des consommateurs du Québec, étant donné que l'Association
des industries forestières du Québec nous a fait savoir qu'elle
ne serait pas présente aujourd'hui. Si les gens qui représentent
l'Association des consommateurs du Québec sont ici d'accord, je
vois des signes je leur demanderais d'être ici, je me permettrais
de faire une suggestion, on pourrait peut-être reprendre vers 15 heures.
La commission suspend ses travaux jusqu'à cet après-midi, 15
heures.
Suspension de la séance à 13 h 39
Reprise de la séance à 15 h 7
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît! Nous allons entendre l'Association des consommateurs du
Québec, Inc. Je demanderais donc aux représentants qui sont
déjà arrivés de bien vouloir se présenter et d'y
aller avec, probablement, le résumé de leur mémoire.
Association des consommateurs du Québec
M. Dufour (Denis): M. le Président, j'aimerais vous
présenter, à ma droite, Mme Marcelle Villeneuve, membre de la
section de Sainte-Foy, qui travaille également au centre d'information
de l'ACQ à Québec. J'ai également à ma gauche Mme
Louise Rivard-Plouffe, membre de la section de Sainte-Foy et membre du conseil
d'administration de l'ACQ. En ce qui me concerne, je suis Denis Dufour,
conseiller juridique pour les fins de ce dossier.
M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés, je ne vous ferai pas lecture de notre mémoire.
J'ai choisi plutôt de vous résumer en quelques mots les principaux
points que nous y développons. Je précise tout de suite que notre
mémoire ne doit pas être vu comme une étude exhaustive de
tous et chacun des points développés par les auteurs du rapport
CEGIR. Nous avons choisi plutôt de nous attarder aux lacunes les plus
importantes dans les structures régissant la Commission des transports
pour un consommateur désireux par ailleurs de participer aux
décisions de cette commission. On ne doit pas percevoir non plus cette
intervention comme un document appuyant la régulation comme telle du
transport en général. Nous visons plutôt à
améliorer la perception du public à l'égard de la
Commission des transports et principalement à favoriser la
présence du public aux prises de décision de la Commission des
transports.
Quelle est la situation actuelle? La réalité, c'est que
nous n'avons pratiquement jamais vu les usagers faire des
représentations devant la Commission des transports du Québec
jusqu'à présent. Quand nous pensons aux usagers, nous visons
celui qui utilise l'autobus régulièrement et qui est soumis
à des augmentations tarifaires de son billet à la suite d'une
décision de la Commission des transports. Nous voulons parler
également des personnes susceptibles d'utiliser le service des
compagnies de déménagement, dont les taux sont
approuvés par la Commission des transports. Il s'agit, en fait, de
toutes les personnes utilisant les différents services de transport
régis par la Commission des transports du Québec sur une base
individuelle. Alors que deux parties sont en fait affectées la plupart
du temps par les décisions prises par la Commission des transports, et
je veux parler de l'industrie et de l'usager, la Commission des transports n'a
devant elle depuis des années qu'une seule perspective, celle des
transporteurs, autrement dit le point de vue de l'industrie.
Dans des conditions comme celles-là, une commission ou
régie, quelle qu'elle soit, risque fort bien de devenir captive de
l'industrie qu'elle est appelée à régulariser et de ne pas
rendre des décisions dans l'intérêt public. Il faut donc,
selon nous, chercher à établir un certain équilibre dans
les intérêts représentés lors des auditions de la
commission en promulgant des dispositions dans la réglementation
favorisant une meilleure participation du public aux décisions
susceptibles de l'affecter plus particulièrement. Mais, pour cela, il
faudrait d'abord savoir pourquoi on ne voit jamais d'usagers contester les
demandes d'augmentation de tarifs des compagnies ou les demandes de permis ou
de suppression de permis.
Quand on y regarde de près les dispositions actuelles, on se rend
compte que les règles de pratique prévoient un délai de 21
jours pour contester des requêtes introduites devant la Commission des
transports du Québec à compter de la date de publication d'un
avis de ladite requête dans la Gazette officielle, sauf pour les
requêtes qui sont introduites par la commission elle-même, qui a
alors discrétion pour déterminer le délai de
contestation.
Le délai de 21 jours en question est nettement insuffisant et la
Gazette officielle n'est pas le moyen de publication qui va
véritablement informer le public de ce qui se passe à la
Commission des transports.
Comme les exemples demeurent la meilleure façon d'illustrer un
problème, je vais simplement vous décrire ce qui arrive
probablement constamment depuis un bon bout de temps avec un tel
système. Le 31 juillet dernier, je feuilletais la Gazette officielle du
Québec datée du 7 juillet, que j'avais par ailleurs reçue
le 30 juillet. On pouvait y lire l'avis d'introduction d'une requête de
la compagnie Voyageur devant la Commission des transports pour augmenter les
tarifs de transport en commun de 15% et enlever l'escompte de 10% sur les
voyages retour.
Malgré l'importance et le caractère d'intérêt
public d'une requête de ce genre, le délai pour le contester est
pourtant également de 21 jours en vertu des règles actuelles.
J'ai parlé de l'article 2.13 des règles de pratique actuelles.
Dans le cas que je viens de vous citer, le délai pour contester
était déjà expiré au moment où nous avons
reçu la requête. Il ne s'agit sûrement pas là de la
meilleure façon de s'assurer la plus large représentation des
intérêts en jeu et qui sont discutés par ailleurs devant la
Commission des transports.
A l'heure qu'il est, il y a de bonnes chances que la commission ait
déjà rendu une décision écrite dans ce dossier sans
même avoir tenu d'audition.
Pour remédier à cela, notre mémoire propose donc
qu'il y ait obligation pour la commission à l'avenir de publier dans les
journaux et dans un bulletin gratuit offert à toute personne
intéressée ou à tout groupe intéressé,
bulletin contenant les avis de requête affectant directement le public.
Il s'agit d'ailleurs des recommandations contenues en page 48 de notre
mémoire.
De plus, nous proposons que le délai pour contester ces
requêtes soit de 40 jours. Ces deux suggestions vont contribuer à
informer, croyons-nous, beaucoup plus adéquatement le public en
même temps qu'elles vont lui donner du temps pour envisager une
contestation ou non de la requête.
Mais ces dispositions ne suffiront pas en soi pour effectivement amener
une participation active du public. Prenons le dossier Voyageur que je viens de
vous donner en exemple. De façon à contester adéquatement
une requête d'augmentation tarifaire de ce genre, une personne ou un
groupement devra engager un expert, un économiste, par exemple, en plus
d'avoir à recourir à un avocat. De plus, elle devra encourir des
frais de séjour, de témoins, etc, etc.
Bref, nous parlons d'un dossier qui nécessitera quelques milliers
de dollars en termes de préparation et de présentation. Il est
aussi évident que la plupart des personnes ou groupements à but
non lucratif au Québec n'ont pas de fonds requis pour s'embarquer dans
des dossiers de ce genre. Pourtant, les dispositions que l'on retrouve dans les
règlements et règles de pratique ne prévoient nulle part
que la commission ait le pouvoir d'accorder des frais à une partie se
présentant devant elle. Il n'est pas surprenant, dans les circonstances,
que personne d'autre que les représentants de l'industrie,
intéressée pour des raisons évidentes à obtenir des
augmentations tarifaires, ne fasse des représentations devant la
Commission des transports du Québec. (15 h 15)
De façon à pallier cette lacune, nous recommandons, en
pages 18 à 20 de notre mémoire, l'instauration d'un
mécanisme d'attribution d'aide financière à
l'intérieur de la Commission des transports. Selon la proposition, toute
personne ou groupement à but non lucratif intéressé
à intervenir devant la Commission des transports concernant une
requête ou un projet de règlement pourrait adresser une
requête pour aide financière à un fonctionnaire
désigné de la Commission des transports en tout temps avant de
produire son intervention. Ce fonctionnaire, avant de rendre sa
décision, devrait alors, selon notre proposition, considérer
l'intérêt représenté par le requérant, la
façon dont il se propose de participer aux auditions et le genre
d'information qu'il est susceptible d'apporter à la Commission des
transports. Le requérant aura par ailleurs l'obligation de lui
révéler sa situation financière. Ce n'est qu'une fois
considérés tous ces éléments qu'on
accorderait ou refuserait la requête d'aide financière.
L'adoption de dispositions à cet effet est d'ailleurs en accord
avec un des devoirs du ministre des Transports prévus par la Loi du
ministère des Transports en son article 3, qui précise que le
ministre des Transports doit promouvoir la participation des individus, des
groupes et des organismes à la détermination des moyens de
satisfaire leurs besoins dans le domaine du transport.
Plusieurs tribunaux administratifs ont ainsi, en vertu de leurs lois et
règlements, le pouvoir d'attribuer des frais à des intervenants.
Ainsi, aux Etats-Unis, il existe une centaine de statuts prévoyant
l'attribution de frais devant des tribunaux administratifs. Il existe
même présentement un projet de loi patronné entre autres
par le sénateur Kennedy je vais vous exempter du titre qui est
passablement long lequel projet est actuellement devant le comité
des affaires gouvernementales et judiciaires. En son article 401 du projet de
loi en question, on prescrit que l'un des buts à atteindre dans cette
nouvelle législation sera d'améliorer la qualité des
décisions des agences gouvernementales en compensant les personnes pour
le coût de leur participation devant des commissions ou régies
dans les cas où une personne qui n'aurait pas pu autrement se permettre
financièrement de participer à des auditions pourrait contribuer
de façon importante à la décision rendue par une
commission ou régie. Il est ainsi prévu, à l'article 593
du projet de loi, qu'une conférence administrative pourra accorder de
l'aide financière, incluant les paiements à l'avance à des
personnes ou groupements participant à des procédures devant une
commission, si la personne ou le groupement en question respecte par ailleurs
des critères bien établis. Les critères sont les suivants:
1) la représentation d'un intérêt qui doit être pris
en considération dans le dossier concerné; 2) l'insuffisance des
ressources financières du participant; 3) l'existence d'une disposition
autorisant la participation d'une telle personne ou d'un tel groupement devant
la commission concernée.
Plus près de nous, il y a la Régie des services publics,
qui a le pouvoir d'accorder des frais à un intervenant et qui l'a
effectivement fait en ce qui concerne l'ACQ lors de sa dernière
présence devant elle. L'ACQ avait alors contesté les demandes
d'augmentation tarifaire de Québec Téléphone et
s'était vu accorder des frais.
On peut également mentionner les nouvelles règles de
procédure du CRTC, qui prévoient maintenant l'allocation de frais
à des personnes ou groupements à but non lucratif participant
à ces auditions. Les règles en question prescrivent que les frais
en question seront taxés contre l'industrie réglementée en
faveur de tout intervenant, 1) qui aura participé de façon
sérieuse aux procédures; 2) un intervenant qui aura
également aidé à mieux faire comprendre le litige au
conseil.
Les règles prévoient également l'allocation de
frais provisoires à un intervenant à certaines conditions. Si la
décision d'accorder des frais est favorable, la compagnie est alors
obligée de verser ces frais à l'intervenant
immédiatement.
Le Public Utility Board de l'Alberta a également le pouvoir
d'accorder des frais à un intervenant en vertu d'une politique de cette
commission en vigueur depuis le 24 février 1977. Cette politique
précise que des frais seront accordés seulement si les
interventions ont été efficaces, bénéficient
à tous les abonnés et si les frais encourus ont été
raisonnables et nécessaires.
On pourrait citer plusieurs autres exemples, mais ils ne serviraient
qu'à confirmer ceux qui ont déjà été
cités. Il est pourtant une question qui vient sûrement à
l'esprit de quelques-uns: Pourquoi doit-on favoriser la participation du public
aux prises de décision de la Commission des transports du
Québec?
Nous citerons à cet effet les principaux arguments avancés
par le Public Citizen Inc., un groupe sous la responsabilité de M. Ralph
Nader, dans une lettre qu'il adressait au sénateur Kennedy le 2 avril
1976. Le sénateur Kennedy faisait alors partie du sous-comité sur
les procédures et les pratiques administratives du Sénat. La
lettre est d'ailleurs reproduite dans le document qui s'intitule Public
Participation in Government Proceedings Act of 1976, daté du 24 juin
1976.
Le groupe en question résume bien en cinq points les
bénéfices d'une plus grande participation du public à des
auditions de régies ou de commissions. Je les résume.
Ce sont: 1) des décisions administratives plus
équilibrées; les décisions des commissions ne
refléteront pas les différents points de vue tant qu'il ne sera
pas prévu d'allocation de frais à des intérêts qui
sont par ailleurs sous-représentés. Les commissaires de toute
commission, en rendant leur décision, se doivent de protéger
l'intérêt public.
C'est le deuxième argument. Comme les commissions, dans leur
prise de décision, doivent être justes pour toutes les parties, on
ne peut attendre d'elles qu'elles jouent le rôle de défendre les
intérêts des usagers plus que de défendre les
intérêts des transporteurs. Seule une participation accrue du
public à leurs procédures va assurer en conséquence une
représentation vigoureuse des intérêts
sous-représentés.
Troisième argument, une meilleure participation amènerait
une plus grande confiance du public à l'égard des
décisions de la commission.
Quatrièmement, un personnel au sein des commissions agissant avec
plus de vigueur dans leur travail et également une présence
d'intervenants pouvant permettre à des membres du personnel de cette
commission qui ne partagent pas un point de vue de la majorité des
commissaires de recourir aux intervenants pour exposer leurs vues.
Cinquièmement, une plus grande articulation des décisions
s'ensuivrait. La présence d'adversaires dans les procédures
oblige les commissaires à justifier leurs décisions, ce qui n'est
pas le cas quand une commission et l'industrie se rencontrent et s'entendent
sur une nouvelle règle ou réglementation.
Le 30 janvier 1976, dans son allocution d'ouverture du
sous-comité sur les pratiques et procé-
dures administratives, le sénateur Kennedy exprimait bien ce qui
sous-tend finalement nos recommandations sur les frais: "Chacun de nous a
entendu parler de cas où des individus ou groupes avaient essayé
de soulever des problèmes importants dans une procédure devant un
tribunal administratif, mais il furent incapables de faire quoi que ce soit,
parce que les coûts étaient trop considérables. Comme
résultat, l'industrie et d'autres intérêts spéciaux
seulement sont assurés d'un accès à ces commissions. Comme
l'information est également un "a priori" à toute participation,
nous recommandons que les documents de la commission soient maintenant
disponibles gratuitement à tout groupement à but non lucratif ou
personne non relié à l'industrie "régulée".
Actuellement, les règles prévoient que tout document peut
être obtenu gratuitement seulement par des organismes gouvernementaux.
Les autres peuvent se les procurer à raison de $0.50 la première
page et $0.25 pour les autres pages. Par ailleurs, la commission étant
l'organisme de régulation, nous la considérons la mieux
placée pour instaurer un système de plaintes qui serait à
portée du consommateur en tout temps et sans frais. Pour que cette
recommandation ait une signification cependant, il faudrait que la
disponibilité de ce service soit bien publicisée par les media
écrits et parlés. Comme exemple d'un processus d'information
efficace, nous n'avons qu'à penser à ce qui se fait, entre
autres, à la télévision concernant l'Office de protection
du consommateur.
La recommandation d'un service de plaintes avait d'ailleurs
été faite par un comité d'étude sur le transport en
1977 en Ontario. Il s'agit en fait du rapport qui s'intitule Report on the
Ontario Highway Transportation of Goods. C'est un rapport de 1977. De
façon également que la commission reflète le souci de
représenter les différents intérêts en jeu dans ces
structures, notre rapport recommande que les nominations des commissaires
soient faites à l'avenir par un comité de trois personnes
formé d'un représentant du gouvernement, d'un représentant
de l'industrie et d'un représentant des consommateurs nommé par
le ministre des Transports après consultation des trois secteurs
concernés. Le comité, de par cette proposition, devra s'assurer
d'une représentation égale en nombre de personnes ayant eu des
activités dans le domaine de la protection des consommateurs et des
personnes de l'industrie, ceci, afin d'assurer la variété des
intérêts autant que la compétence.
Les recommandations, en terminant, sont faites à la commission
précisément parce que l'association trouve les règles
actuelles peu propices à une participation de tous les
intérêts visés par les décisions de la commission.
Je vous remercie de votre bonne attention.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: Je remercie l'Association des consommateurs d'avoir
pris le temps nécessaire pour préparer le mémoire et venir
le soumettre à la commission parlementaire. C'est un problème qui
m'a toujours paru assez fondamental, la protection du consommateur dans les
décisions de la commission.
Je ne sais pas si vous êtes ici depuis le début, mais on a
entendu le Bureau des tarifs du Québec nousdirequec'était
là la meilleure protection pour le consommateur en tout cas,
comme je l'ai indiqué, j'en doute de telle façon que c'est
très difficile.
D'ailleurs, ce n'est pas seulement au niveau de la Commission des
transports, je pense bien que c'est un peu au niveau de toutes les
régies gouvernementales ; iI est extrêmement difficile pour les
con-sommateurs regroupés de se faire entendre devant les commissions.
J'ai eu, d'ailleurs, une expérience personnelle à ce sujet
concernant les délais qui sont annoncés dans la Gazette
officielle. Je me souviens en particulier de la traverse Matane-Godbout,
où on avait constaté, en fait, après 21 jours, on
s'était aperçu un peu tardivement que les délais
étaient expirés et qu'il y avait une demande d'augmentation de
tarifs. Heureusement, la commission, les commissaires du temps avaient
accepté de retarder ou de nous permettre de nous faire entendre
même si les délais étaient dépassés. Il reste
qu'on avait toujours le problème d'avocats et d'économistes
à engager et ainsi de suite. C'était par l'intermédiaire
des Chambres de commerce et des organismes régionaux qu'on avait
réussi à financer tout cela, mais cela devient passablement cher.
Le principe est bon.
Je pense qu'il faut trouver un moyen; d'abord, dans les nominations de
commissaires, je pense que vous avez entièrement raison. Il va falloir
faire en sorte que le consommateur soit présent puis-qu'à chaque
décision, non seulement au niveau de l'augmentation du transport
d'autobus ou du transport maritime, mais aussi dans le camionnage
général, en dernier ressort, c'est toujours le consommateur qui
paie. Dans le secteur du camionnage, je pense que c'est toujours le
consommateur qui paie. Vous nous avez donné des exemples du
sénateur Kennedy.
Une première question, ce qu'on a constaté ici et
je suis d'accord pour ouvrir beaucoup plus que la Gazette officielle et on va
regarder cela parce que la Gazette officielle, je vous avoue qu'il n'y a pas un
gros tirage et ce n'est pas tout le monde qui fouine là-dedans, à
un moment donné, et qui regarde. Il va falloir probablement
prévoir des journaux beaucoup plus étendus que la Gazette
officielle où les décisions seraient annoncées,
peut-être un bulletin, comme on en a parlé à plusieurs
reprises à cette commission parlementaire, un bulletin de la Commission
des transports qui serait hebdomadaire et que les personnes
intéressées pourraient obtenir. Il faut éviter aussi, en
même temps... Je suis bien prêt à permettre la
participation, mais un des problèmes sérieux que nous rencontrons
à la Commission des transports, ce sont des délais souvent assez
longs avant de rendre une décision, mais le problème ne se pose
peut-être pas au niveau des 21 jours. C'est après les 21 jours,
quand la discussion se fait.
Vous dites, à la page 18, et c'est là que je m'interroge:
Une personne ou un groupement à but non lucratif peuvent
présenter devant un fonctionnaire de la Commission des transports
spécialement nommé à cet effet, etc.. Une personne ou un
groupement à but non lucratif. Ce n'est pas facile de réunir des
consommateurs à l'intérieur d'une association, parce qu'ils n'en
sentent pas réellement le besoin. Les consommateurs sont tous
éparpillés un peu à travers le Québec. Tout le
monde est consommateur, mais de là à dire qu'on paie une
cotisation à une association, ce n'est pas facile. Vous devez le savoir.
Je ne sais pas combien vous pouvez avoir de membres dans votre association,
mais ce n'est pas facile de rejoindre tout le monde. 1500 membres? (15 h
30)
Une Voix: Ce n'est pas facile.
M. Lessard: Non. Avoir les représentations de toutes les
régions, ce n'est pas facile non plus. Quand on dit une personne ou un
groupement... Vous avez donné l'exemple de la Régie des services
publics, j'aimerais que vous en parliez un petit peu plus. D'abord, vous dites:
D'accord, c'est le fonctionnaire qui va choisir les personnes dont
l'intervention, selon lui, serait raisonnable. C'est lui, après cela,
qui va déterminer les compensations financières, les frais, selon
le fait qu'il juge que les interventions ont été efficaces et que
les frais ont été raisonnables. C'est encore de la
discrétion. Dans le cas, par exemple, de Québec
Téléphone, devant la Régie des services publics,
j'aimerais que vous m'exposiez un peu plus longuement... D'abord, est-ce que
c'est prévu à la Régie des services publics? Comment cela
fonc-tionne-t-il? J'aimerais qu'on explicite un peu cela.
M. Dufour: En ce qui concerne la Régie des services
publics, le jugement qui a été rendu a accordé des frais
à l'association. C'est un jugement du 14 février dernier. C'est
un jugement qui est intervenu une fois les auditions... C'est un jugement qui a
accordé des frais de déplacement, de séjour, mais il n'y a
pas eu de frais d'experts d'accordés. Dans le jugement en question, la
régie dit: Si on est saisi d'une telle demande, on va sûrement la
considérer. Maintenant, il y a un point que je veux souligner
là-dessus, c'est ce qui se passe avec la Commission des transports
présentement, c'est qu'elle n'a pas, en vertu des règles
actuelles, le pouvoir d'accorder des frais. Au contraire, il y a même des
frais qui sont à payer par un intervenant ou un requérant, quelle
que soit la partie, mais c'est le cas actuellement. On est quand même
d'avis que ce point devrait être amélioré, au moins pour
qu'il y ait cette possibilité de recourir à des frais par des
organismes qui, par ailleurs, seraient intéressés à
intervenir, mais l'engagement d'un expert, d'un économiste va les
décourager, s'ils savent qu'il n'y aura pas de possibilité de
recours à une aide quelconque.
Je peux peut-être préciser qu'il y a la commission, le CRTC
qui vient tout juste de publier ses règles, au mois de juillet. Elles
viennent juste de sortir. Cela fait à peine quelques semaines et on a
prévu qu'on pouvait accorder des frais provisoires. La commission
pouvait accorder des frais provisoires dans les 30 jours qui suivent le
dépôt d'une demande. Ce sont des frais, en fin de compte, avant
que l'association ou le groupe intervienne devant le CRTC. On a retenu, comme
principe, premièrement, si lui-même ou le groupe ou la
catégorie d'abonnés qu'il représente sont touchés
par la décision ou l'ordonnance du CRTC, en ce sens que ces gens en
tireront profit ou sont susceptibles de subir un préjudice. Comme
deuxième principe à retenir, quant à décider si,
oui ou non, l'aide financière va être accordée: S'il peut
convaincre le CRTC qu'il peut l'aider à mieux comprendre les points en
litige. Troisième principe qu'on a retenu également, c'est qu'il
participe de façon sérieuse à la procédure.
Quatrièmement, qu'il peut convaincre le CRTC qu'il ne possède pas
les ressources financières suffisantes pour lui permettre de participer
efficacement à la procédure sans une adjudication de frais.
Maintenant, je peux peut-être préciser que, sur le point de la
discrétion, je suis d'accord avec vous qu'on n'a pas de
précédent et qu'il est difficile d'établir comment on va
appliquer cette histoire-là. Dans notre recommandation, on a
prévu un appel sur l'adjudication des frais, si c'était
refusé. On a prévu un appel à l'exemple de ce qui existe
dans le recours collectif, où il est prévu un appel. Je trouve
que c'est une disposition merveilleuse à ce niveau.
Elle assure une indépendance et une décision
équitable. Dans le cas où elle ne le serait pas pour la partie en
question qui a fait la demande, elle peut recourir à un juge pour
revérifier la décision, un juge de la Cour provinciale. En fin de
compte, c'est un processus qu'on suggère.
M. Lessard: Quand on dit une personne ou un groupe, ça
peut devenir, d'abord, très coûteux tantôt j'aurai
une autre question et, d'autre part, très lourd. Par exemple,
dans le cas de Québec-Téléphone, une fois que ce serait
répandu, toute personne, quelle qu'elle soit, pourrait intervenir et les
auditions pourraient être très très lourdes, les
coûts prohibitifs. La question que je me pose je ne veux pas vous
envoyer de Charybde en Scylla Est-ce que ce ne serait pas mieux de
prévoir cela à l'intérieur d'un organisme gouvernemental
dont la fonction est justement d'encourager le consommateur à être
protégé et de coordonner en fait l'ensemble des groupements de
consommateurs comme le ministère des Coopératives et Institutions
financières ou l'Office de la protection du consommateur? Là,
chaque organisme va avoir ses règles avec toute sa série de
fonctionnaires pour coordonner tout ça. On va arriver avec une
série de fonctionnaires parallèles. Il me semble qu'il pourrait y
avoir l'Office de la protection du consommateur et les personnes ou les
groupements pourraient s'adresser à l'office et dire: Voici, il y a un
problème particulier qui est soulevé à telle place, devant
la Commission des transports ou devant la Régie des services
publics,
et on a besoin d'un certain montant d'argent pour aller se faire
entendre devant cette commission. Là, il y aurait une coordination parce
que ce que je crains dans ça, c'est que la Commission des transports
elle n'est pas juge et partie veuille peut-être
délibérer le plus tôt possible et ne veuille pas avoir trop
trop de chiard lors de ses délibérations, etc.
M. Dufour: M. le ministre, là-dessus, je vous accorde que
c'est une proposition intéressante; c'est, d'ailleurs, une proposition
qui a été longuement discutée devant le comité du
Sénat américain. Elle n'a pas été retenue
principalement parce que les membres ont eu à l'esprit qu'on devait
viser à une représentation des intérêts les plus
variés possible devant les commissions ou régies. On a
également soulevé la question du conflit d'intérêts
qui pouvait exister entre une représentation par une agence
gouvernementale qui, par ailleurs, peut avoir des orientations à donner,
des orientations politiques qui pourraient...
M. Lessard: Si vous me le permettez, M. Dufour, je ne pense pas
à une représentation par l'agence gouvernementale. L'agence
gouvernementale pourrait se faire entendre, mais je pense, par exemple, que le
groupement ou la personne pourrait s'adresser à l'agence gouvernementale
pour obtenir les fonds requis. Ce serait prévu dans un budget à
cet effet.
M. Dufour: D'accord. A ce moment-là, dans votre esprit,
est-ce que ce serait un système qui pourrait être utilisé
rapidement, où la demande pourrait être accordée assez
rapidement? Parce qu'il y a l'adjudication de frais provisoires qui est
drôlement importante dans l'intervention rapide et efficace d'un groupe
devant ces organismes-là.
M. Lessard: J'ai l'impression que ça pourrait être
beaucoup plus rapide si c'est systématisé au niveau d'un
organisme plutôt que réparti dans plusieurs organismes
gouvernementaux. L'Hydro-Québec, par exemple, a aussi des
problèmes sérieux où c'est quasiment le
lieutenant-gouverneur qui est "poigne" avec les augmentations et il n'y a pas
d'office pour contrôler comme tel. Il y a la Régie des services
publics, il y a la Commission des transports. Je pense qu'un des
ministères qui ont la responsabilité... Parce que moi, comme
ministre des Transports, je conviens que ça doit être ma
préoccupation aussi, mais ce n'est pas ma principale. Un peu comme le
ministère des Richesses naturelles, sa préoccupation
fondamentale, c'est d'administrer les richesses naturelles de la façon
la plus rentable possible pour le gouvernement.
Il y a un office qui s'appelle l'Office de la protection du
consommateur. Son rôle, à mon sens, c'est justement de permettre
aux consommateurs de pouvoir se faire entendre devant toutes les régies
gouvernementales. A ce moment-là, on n'aurait pas une multiplication de
fonctionnaires, tel que vous le proposez à 7. Il y aurait un organisme
spécialisé dans le secteur à l'office des consommateurs,
par exemple, avec un budget précis, qui accepterait les demandes et
prendrait une décision de façon qu'on ne pourrait pas accuser
soit le ministère des Transports ou la Commission des transports
d'être en conflit d'intérêts.
Supposons, comme exemple, que j'ai une demande d'augmentation de la
Société des traver-siers du Québec. Je sais comment
ça grève mon budget à chaque année, au service des
traversiers du Québec. Si c'est moi ou si c'est la commission qui a
à choisir quel consommateur ou quel individu va se présenter, je
peux être en conflit d'intérêts comme ministre, tandis que
l'Office de la protection des consommateurs, c'est sa fonction.
Mme Rivard-Plouffe (Louise): Par contre, si nous sommes venus
aujourd'hui, c'est un peu parce que nous regrettions que le fameux groupe CEGIR
n'ait fait mention aucunement de consultation auprès de groupements de
consommateurs ou de tout consommateur du Québec. Je pense que c'est une
lacune à relever et, si nous voulons nous faire entendre,
évidemment, il faut venir et il faut parler. Que ça prenne
parfois quelques cents, on est d'accord, je pense que c'est peut-être un
peu lourd pour le gouvernement que les gens demandent toujours; qu'il y ait du
bénévolat, on est aussi d'accord. Je pense que nous travaillons
depuis des années dans le Québec pour ça. Alors, nous
voulons nous faire entendre, nous voulons que les consommateurs puissent au
moins avoir une voie d'accès aussi auprès de la Commission des
transports.
Ce matin, j'entendais M. Mailloux qui disait que, peut-être,
faisant partie d'un comité consultatif, il verrait des gens, des
experts, etc. J'espère que vous choisirez des experts de
l'université qui utilisent les transports en commun et qui
connaîtront tous les problèmes inhérents à ce genre
de transport. Si nous sommes devant vous aujourd'hui, c'est que, non seulement
le rapport CEGIR nous avait intéressés, parce
qu'évidemment il y avait le côté juridique et il y avait
bien des choses là-dedans, mais il y avait aussi un intérêt
particulier de la part de notre association depuis des années concernant
des choses qui ont trait au transport.
J'ai devant moi le ministre, j'en profite aujourd'hui. Lorsque nous
entrons au Québec, c'est probablement la seule chance que j'ai de
vous parler nous voyons: "On s'attache au Québec". Je trouve
ça merveilleux; bravo, sauf que je me demande pourquoi les petits
enfants du Québec ne peuvent pas aussi s'attacher au Québec,
parce que dans les autobus d'écoliers, si vous avez... Je ne sais pas,
je regrette, on aurait pu vous montrer un film montrant des enfants
impliqués dans un accident d'autobus d'écoliers, et comment nos
enfants sont projetés vers l'avant. Vous n'avez qu'à y
réfléchir une minute, comment ces autobus ne sont pas
confortables. Alors, je pense que c'était aussi un point important. Les
enfants n'ont pas de ceinture de sécurité, pourtant on nous
prêche: On s'attache au Québec.
Alors, je passe mon petit message, parce que je pense que ce sont des
points qui ne demandent pas d'argent au gouvernement du Québec, mais qui
demandent tout simplement d'aller tâter le pouls du consommateur et de
dire: Qu'est-ce que vous pensez des transports, qu'est-ce que vous avez
à dire? Parce que vous payez et vous vous en servez. Alors c'est pour
cette raison que je regrette infiniment qu'il n'y ait pas une personne du CEGIR
ici pour me dire pourquoi on n'a pas consulté les consommateurs.
M. Lessard: Ils vont comparaître tout à l'heure. Je
ne voudrais pas prolonger, mais je veux simplement vous dire que le rapport
Jodoin a même rejeté cette formule-là, mais je ne voudrais
pas en discuter relativement aux ceintures de sécurité dans les
autobus.
Ecoutez, je pense que vous avez pris un moyen quand même...
Mme Rivard-Plouffe: On n'avait pas les mêmes raisons...
M. Lessard:... pour informer le ministre de vos
préoccupations, dont celle-là, qui a été une de mes
préoccupations aussi, parce que lorsqu'on a constitué les
Corporations intermunicipales des transports, on s'est posé la question
à savoir comment les consommateurs et comment les usagers aussi
pouvaient être présents aux auditions et se plaindre du service.
Je pense que c'est une préoccupation sur laquelle il faut s'interroger
et, quant à moi, je suis très heureux que vous soyez venus ici.
Je retiens très sérieusement en fait votre proposition, mais,
peut-être, dans le cadre de la suggestion que je faisais tout à
l'heure on discutait avec Mme Payette qu'on pourrait justement
trouver un moyen qui permettrait parce qu'on en avait discuté
à ce moment-là lorsqu'il y avait eu la demande d'augmentation de
tarifs de Québec-Téléphone de voir de quelle
façon une subvention pouvait être accordée justement pour
défrayer des coûts.
Je pense que votre suggestion est à considérer. Les
modalités peuvent être discutées, mais il faut que les
consommateurs, j'en ai vécu l'expérience... et c'est plus facile
probablement, par exemple, quand il s'agit d'un traversier, parce qu'un
traversier est plus localisé, mais quand arrive une augmentation de
tarifs du transport pour voyageurs, c'est beaucoup moins localisé de
telle façon qu'il est difficile pour les groupes, chambres de commerce
ou autres, de commencer à s'organiser pour faire valoir leurs
revendications à ce sujet-là. (15 h 45)
Quant à moi, je vous remercie de votre présence, ici,
à cette commission parlementaire; je pense que vous avez ouvert une
discussion qui est importante. C'est certain que, lorsque j'ai donné
à CEGIR le mandat d'étudier la Commission des transports, il
étant quand même temps, c'est parce qu'il y avait une urgence et
qu'on ne pouvait pas faire une étude très vaste et très
longue. CEGIR a choisi nous l'expliquerons tout à l'heure, que ce
soit une bonne chose ou une mauvaise chose d'aller voir ceux qui
étaient plus directement impliqués par la Commission des
transports, mais je pense que le consommateur est impliqué. Je vous
remercie beaucoup et soyez convaincus que je retiens votre suggestion, tout en
tenant compte des réalités économiques du Québec,
mais il y a possiblement moyen, au sein de l'Office des consommateurs, de
pouvoir vous aider à faire valoir plus les revendications des
consommateurs. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, mon collègue de l'UN
me fait signe qu'il n'interviendra pas, alors je voudrais dire, au nom des
Oppositions que, au cas ou vous représentiez les quelque six millions de
consommateurs québécois, loin de moi la pensée de ne pas
faire étudier par nos formations les recommandations que vous
faites.
Je ne pense pas qu'on pourrait faire le reproche à CEGIR de ne
pas avoir consulté les consommateurs, puisque j'imagine mal qu'un bureau
d'étude, qui fait une recherche sur l'ensemble des systèmes de
transports, n'a pas également en tête la protection d'un public
donné. Il y a également, d'un autre côté,
l'organisation fonctionnelle d'un système de transport; il ne peut pas
perdre de vue la protection du consommateur.
La plupart des observations, sur lesquelles j'aurais pu argumenter, ont
été faites par mon collègue le ministre des Transports. Il
est vrai que, dans vos premières paroles, M. Dufour, vous avez dit que
le public était mal informé, non pas seulement par la Commission
des transports, sur les différentes augmentations qu'il doit subir, un
jour ou l'autre. J'imagine qu'à la suite de cette commission, le
gouvernement pourra peut-être trouver certains moyens pour que le public
soit davantage informé.
Si vous avez de la difficulté à vous présenter
devant des organismes, tel la Commission des transports, je ne peux quand
même pas oublier qu'il y a un organisme qui est créé pour
la protection des consommateurs et, quand il ne fait pas son devoir, il en paie
largement les frais; c'est le gouvernement. Je pense que sa
préoccupation première est de voir à ce que, dans toutes
lés lois et tous les règlements, le consommateur, qui a un
service à recevoir, soit davantage protégé.
Vous avez parlé des difficultés à être
informé valablement. Je conviens que, par la Gazette officielle, ce
n'est pas facile; même s'il y avait une publication qui était
suggérée par l'ensemble des mémoires et par CEGIR,
ça ne rejoindrait pas non plus l'ensemble des consommateurs. La question
que je me posais tantôt, quand vous avez soumis, devant le ministre, que
des subventions devraient être accordées: Où ça
commence et où ça s'arrête? Qui représente qui? Vous
représentez les consommateurs, mais au moment où le gouvernement
annoncerait une politique de subventions pour la défense des
consommateurs, je pense que vous
imaginez sans peine que de nombreux groupes se feraient
reconnaître comme habilités à protéger
l'intérêt des consommateurs. Est-ce qu'un organisme provincial
pourrait, avec des ramifications dans la province, être reconnu par le
ministère des Compagnies, Coopératives et Institutions
financières, comme habilité à recevoir des subventions? Je
pense qu'il y a un problème majeur où les consommateurs doivent
directement être impliqués et faire les études qui
s'imposent; je pense que ça pourrait être inventorié.
Il y a certains types de transports, par contre... J'ai aimé une
recommandation qui a été faite, je ne me souviens plus dans quel
mémoire. Cela concernait les autobus où on disait que, en dehors
des publications, à l'instant où il y aurait une demande
d'augmentation ou de modification des tarifs, l'ensemble d'un public
donné pourrait avoir l'affichage qui est ordonné. Je pense que,
dans un tel véhicule, tous les utilisateurs d'un circuit donné
pourraient sûrement bénéficier d'une meilleure connaissance
des demandes qui sont faites. Par contre, j'ai en mémoire...
Mme Rivard-Plouffe: ... M. Mailloux: Pardon?
Mme Rivard-Plouffe: Encore faudrait-il qu'il y ait des
autobus!
M. Mailloux: Comme vous, je regrette forcément que...
Mme Rivard-Plouffe: Cela m'était trop facile, il fallait
que je le dise.
M. Mailloux: Ne me faites pas faire de la politique,
vous-là, parce que, quand il était de l'Opposition il
réglait tout, il ne règle plus aujourd'hui; et c'est le premier
mot politique que je donne durant cette commission.
M. Lessard: Je vais réagir!
M. Mailloux: Vous m'avez fait perdre mon débit! Il y a un
exemple que je voulais vous donner où le consommateur n'est pas heureux,
mais peut-être que le gouvernement a des raisons d'avoir laissé
passer. Je fais référence, à ce moment-ci, à la
dernière augmentation qu'a sollicitée l'HydroQuébec, qui
se situe à environ 40% ou quelque chose de semblable. Il est
indiscutable que, vous, comme consommateurs, si vous aviez à faire la
preuve, devant une commission, qu'il n'est pas possible qu'une telle
augmentation soit acceptée, qu'elle n'en a pas besoin, la commission, si
elle n'a à juger du fonctionnement de l'Hydro-Québec qu'en
fonction d'une année, immédiatement votre requête serait
agréée et les tarifs seraient refusés. Mais,
peut-être, à la défense de ce gouvernement, a-t-il voulu
payer l'investissement de la baie James par une génération et ne
pas le faire payer par tout le monde; il y a une raison. S'il a fait une
erreur, forcément, dans l'avenir, éloigné ou pas, il
paiera pour. Mais, il ressort, je pense, que le gouvernement, dans chaque
augmentation qui est accordée parce que c'est l'ensemble des
consommateurs québécois, quand on parle des tarifs
d'électricité est là pour voir s'il doit laisser
passer de telles augmentations.
Vous avez mentionné, M. Dufour, les délais de publication
qui amènent des problèmes très particuliers. Je pense que
le ministre et la Commission des transports en ont pris note. Il est
indiscutable qu'il faudra que la commission se penche sur ces problèmes
ainsi que le ministère.
Le dernier mot que je voudrais apporter; votre suggestion voulant qu'un
système de plaintes soit institutionnalisé à la Commission
des transports, je pense que c'est une suggestion valable, qui permettrait
peut-être, sans frais, qu'un public donné puisse recevoir les
informations pertinentes et, j'imagine que, actuellement, devant
différentes commissions, le public est un peu perdu, à savoir
vers qui diriger une plainte.
C'étaient les quelques commentaires que j'avais à
apporter. Je ne voudrais pas prendre votre mémoire à la
légère, je sais que c'est le consommateur qui, en
définitive, paie toujours la note.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. Un commentaire, M.
Dufour?
M. Dufour: Je voudrais simplement dire que l'esprit de
l'intervention c'est d'assurer, à l'avenir, dans des dossiers qui visent
directement l'intérêt du public, une présence
d'intérêts la plus diversifiée possible devant cette
commission. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie, mesdames et
messieurs de l'Association des consommateurs du Québec, d'être
venus nous présenter votre mémoire. Comme nous n'avons pas
d'autre intervenant, je voudrais en profiter également pour remercier
les organismes qui sont venus présenter des mémoires au cours de
ces trois séances et qui ont collaboré avec la commission, en y
apportant leur contribution. M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, je m'associe à vous
pour remercier tous les organismes qui ont fait, je pense bien, un travail
extrêmement intéressant. Quant à nous, nous allons
certainement essayer de regarder à nouveau tout ça, pour voir les
consensus qui ont pu se faire et les non-consensus; essayer d'améliorer,
dans les plus brefs délais possible, les relations entre les
consommateurs, la Commission des transports et le ministère aussi.
M. le Président, on a, en discussion avec les membres de cette
commission parlementaire, démontré le désir d'entendre
ça m'apparaît normal, un peu comme on l'a fait lorsque nous
avons eu l'étude sur la Commission des accidents du travail, on avait
convoqué le président de la Commission des accidents du travail,
M. Tessier, pour venir répondre à nos questions et, en même
temps, nous donner ses réactions. Nous avons,
depuis le début de ces auditions en commission parlementaire, la
présence du président de la Commission des transports du
Québec.
Nous avons, d'autre part, reçu un mémoire du
vice-président de la Commission des transports du Québec, le jgge
Bouchard. Il ne s'agit pas de mettre en contradiction le juge Bouchard et le
président de la commission, mais je pense, puisqu'il a
déjà consulté un certain nombre de commissaires au sujet
des recommandations de la firme CEGIR et puisqu'on en a démontré
le désir, qu'il serait normal que nous demandions au président de
la Commission des transports du Québec de venir se faire entendre et de
donner ses commentaires. Par la suite, nous aurons l'occasion de poser des
questions à la firme CEGIR qui nous a soumis ce rapport.
En fait, nous avons eu l'occasion de discuter avec M. le juge et je lui
ai indiqué que lui et M. Ferland, qui est administrateur de la
commission, pouvaient témoigner librement et donner leurs
réactions, puisque, comme je l'ai indiqué lors de la
conférence de presse que je donnais lorsque j'ai rendu public le rapport
CEGIR, eh bien, le ministre des Transports convoquait cette commission sans
aucune idée préconçue sur le rapport CEGIR comme tel. Il
avait l'intention de tenir compte de toutes les réactions qu'il jugerait
valables et d'essayer d'apporter des correctifs nécessaires en
collaboration avec les membres de la Commission des transports du Québec
qui ont, d'ailleurs, accordé leur collaboration à la firme CEGIR
lors de cette étude, puisque j'en avais averti M. le Président au
moment où j'avais nommé la firme CEGIR pour étudier le
fonctionnement de la Commission des transports du Québec. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. Ce
n'était pas prévu à l'horaire de la commission, mais il
n'y aura pas de problème si les membres de la commission me donnent un
consentement unanime pour entendre le président de la Commission des
transports.
M. Mailloux: Consentement.
Le Président (M. Bordeleau): Consentement accordé.
M. le président de la Commission des transports, vous pouvez y aller de
vos commentaires.
Le président de la Commission des transports du
Québec
M. Prévost (Adolphe): M. le Président, M. le
ministre, MM. les membres de la commission parlementaire des transports, mon
nom est Adolphe Prévost, je suis président de la Commission des
transports du Québec et je suis accompagné, pour les fins de ce
témoignage, de l'administrateur, M. Maurice Ferland, à ma gauche,
et du secrétaire, M. Pierre Simard.
Il y a environ un mois, le ministre des Transports m'a demandé,
par une lettre, de lui faire tenir les commentaires des membres de la
commission. Je les ai transmis au ministre et, hier, il m'a dit que je pouvais
en faire part aux membres de cette commission. Je commencerai donc par faire
mes commentaires sur chacune des recommandations de CEGIR; mais c'est
très court, je tiens à le souligner.
Ont concouru à mes commentaires M. le juge Bourret, M. le juge
Bériault, MM. les commissaires Dumas, sauf pour ses commentaires aux
recommandations 12, 17, 39 et 46, Gervais, Sauvé, Alain,
Laferrière, Beaudry, Vézeau, sauf pour ses commentaires aux
recommandations 8, 11, 27 29, Gravel, Laliberté-Paquette, sauf pour ses
commentaires aux recommandations 8,11, 27 et 29, et Roy, sauf pour autant que
ses commentaires y dérogent, ainsi que M. le commissaire
Vallée.
A la recommandation no 1, que le ministre énonce les politiques
du gouvernement et que celles-ci lient la commission, nous souscrivons
entièrement.
No 2. Que l'élaboration des règlements soit sous
l'entière responsabilité de la commission, nous souscrivons
également.
No 3. Que l'élaboration soit faite en consultation avec toutes
les parties intéressées, nqus sommes d'accord et nous pensons que
cette consultation pourrait se faire par la publication de projets suite
à des études socio-économiques, par la réception de
mémoires et par des tables rondes où tous les
intéressés pourraient faire valoir leur point de vue. (16
heures)
No 4. Que le lieutenant-gouverneur en conseil approuve les
règlements élaborés par la commission, nous croyons que le
Conseil des ministres doit avoir un contrôle des règlements sur
les transports. Nous souhaiterions toutefois que le gouvernement soit
plutôt titulaire d'un droit de désaveu, en tout ou en partie, des
règlements de la commission, avant leur entrée en vigueur ou
même après.
No 5. Que l'on prévoie dans la loi un pouvoir
général et complet de régulation des transports, nous
sommes d'avis qu'il s'agit d'une recommandation à deux volets. Dans un
premier temps, on préconise un pouvoir général et complet
de régulation. Cela veut dire que tout transport serait
réglementé ou devrait se faire sous permis, à moins
d'exemption, lorsqu'il y aurait avantage à la libre concurrence. Une
telle mesure serait certes de nature à dissiper nombre
d'ambiguïtés que nous avons connues depuis quelques années.
Pour n'en citer que trois: le transport des animaux vivants, celui du transport
de personnes et de fleurs à l'occasion de funérailles, et celui
des commandes de restaurants ou de pharmacies au moyen de véhicules de
promenade.
Dans un second temps, cette recommandation vise à donner la
possibilité à la commission d'utiliser différents modes
d'intervention. Je crois que ceci allégerait de beaucoup le formalisme
qui encadre, en principe, l'activité actuelle de la commission. Elle
s'inscrit dans le cadre de la réglementation actuellement sous
étude en ca-
mionnage en vrac, alors que l'on prévoit la tenue d'un scrutin
par la commission pour le courtage.
M. le commissaire Roy partage l'opinion du CEGIR au chapitre de cette
recommandation voulant que la commission soit dotée d'un mandat plus
général de régulation et non restreinte à une
stricte tâche d'application des règlements, tout en
réservant l'élaboration des politiques de transport au ministre.
Quant aux pouvoirs de l'élaboration des règlements qui seraient
confiés à la commission, M. Roy dit qu'il ne serait pas
présomptueux d'estimer que la majorité des membres, sinon la
totalité, se réjouira si cette recommandation devenait une
réalité.
M. le commissaire Roy ajoute que les règlements, si l'on s'en
tient à l'esprit du CEGIR, seraient plus simples, moins contraignants et
il y verrait, pour les membres, une participation accrue dans cette
tâche.
No 6. Que la commission procède à des consultations
auprès des agents impliqués dans le but d'orienter ses
décisions et sa régulation, nous disons qu'il va de soi qu'il ne
peut en être autrement dans le contexte de la mission proposée
pour la commission dans le rapport CEGIR.
No 7. Que l'on donne à la commission la discrétion
nécessaire pour la détermination des conditions d'exploitation
des permis. Nous faisons nôtre cette recommandation. Cette
discrétion de déterminer les conditions d'exploitation des permis
devrait pouvoir s'exercer, tant au plan de la réglementation qu'à
celui des décisions dans les cas d'espèce.
No 8. Que la commission puisse, de son chef ou sur demande,
révoquer le permis d'un transporteur pour, entre autres, les motifs
suivants: la non-soumission aux exigences de la loi, des règlements, le
défaut d'assurer la continuité ou la qualité du service,
la suspension ou l'annulation d'une police d'assurance, la condamnation pour
infraction aux lois et règlements du transport ou au code criminel. Nous
sommes d'accord, mais nous souhaiterions que ce pouvoir soit exercé par
un membre de la commission ayant une formation juridique, MM. les commissaires
Vézeau et Paquet disent: Nous pensons que les recommandations 8, 11 et
27 de CEGIR, telles que libellées, nous conviennent. Quant à la
recommandation 29, nous la verrions mieux ainsi rédigée, "La
multidiscipli-narité des membres doit être assurée. Pour y
arriver, qu'au moins un des membres ait une formation juridique."
No 9. Que l'on oblige tout transporteur à déposer
auprès de la commission les taux et tarifs qu'il veut réclamer.
Nous endossons cette recommandation dans le cadre de celle du paragraphe a) de
la suivante, qui propose un droit de regard sur les tarifs
déposés.
No 10. Que l'on donne à la commission les pouvoirs, après
enquête, de rejeter, suspendre ou modifier les taux
déposés, si elle estime que ceux-ci ne sont pas justes ou
raisonnables et, également, de son propre chef ou à la demande du
ministre ou d'une personne intéressée et après
enquête, de fixer les taux et tarifs dans les cas où elle l'estime
nécessaire dans l'intérêt public.
Nous croyons qu'il est sage de prévoir des fixations
générales de taux et tarifs dans les cas où la commission,
après consultation, y voit des avantages. Je pense que de telles
fixations devraient être faites selon un mécanisme qui
s'apparenterait à celui de l'élaboration des
règlements.
M. le commissaire Roy s'exprime ainsi: Le dépôt des
taux étant la règle et la fixation l'exception est une politique
valable pour le transport des choses. Elle permettrait toujours à la
commission d'intervenir, au besoin, en cas de déséquilibre entre
l'offre et la demande, de collusion entre les transporteurs pour hausser ou
maintenir élevés les taux, de collusion entre les
expéditeurs pour obtenir l'effet contraire, de taux
déposés non justes et raisonnables, de situations
particulières dans des régions excentriques.
No 11. Que la commission puisse ordonner au BVA de retirer les plaques.
Il s'agit, selon nous, d'une mesure prioritaire. Celle-ci pourrait être
traduite plus clairement en termes législatifs pour qu'elle s'applique
et aux détenteurs de permis et également aux
non-détenteurs. Je trouve que la condition de trois condamnations
pourrait inciter les gens à prendre des chances de faire du transport
illégal jusqu'à la deuxième condamnation. S'il y a des
juges à la commission, il pourrait être prévu que les
plaintes soient instruites devant eux, lesquels pourraient aussi imposer des
amendes. La Loi des poursuites sommaires pourrait, selon nous, recevoir son
application.
No 12. Donner à la commission le pouvoir d'obliger un
transporteur à étendre son service si l'intérêt
public justifie une telle extension. Nous y souscrivons, sauf que M. le
commissaire Dumas se demande s'il ne serait pas nécessaire, en certains
cas, pour la commission, de pouvoir recommander des subsides lorsqu'elle oblige
un transporteur à étendre son service et que le jeu des
subventions croisées ne pourrait suffire à équilibrer une
opération.
No 13. Que la commission se dote du personnel compétent pour
réaliser ses études. Nous sommes d'accord, et la commission a
déjà oeuvré dans cette voie. Je ne puis faire de
commentaires maintenant sur les besoins de personnel dans le contexte du
rapport, car il me faudrait savoir, parmi les recommandations, lesquelles
seront retenues par le gouvernement. Il me fera plaisir de faire des
suggestions au ministre en temps utile sur le sujet.
M. le commissaire Roy s'exprime ainsi: CEGIR n'a pas
traité du transport par autobus dans ses annexes, mais je crois que la
fixation doit demeurer la règle pour le transport des personnes.
Celle-ci serait plus à point à la faveur des travaux entrepris
par les analystes, les économistes et les recherchistes dont l'embauche
et la disponibilité à la commission sont également
recommandées.
No 14. Que le ministère continue à émettre les
plaques relatives aux permis et à percevoir les droits afférents.
Nous ne voyons aucune objection de principe.
No 15. Que le service d'inspection continue à effectuer le
contrôle routier tel qu'il l'exerce actuellement, à l'exclusion,
toutefois, de la surveil-
lance des taux et tarifs, sauf sur demande spéciale de la
commission. Nous y souscrivons. Toutefois, en ce qui concerne le contrôle
routier par les surveillants routiers, peut-être serait-il opportun de
préciser leurs pouvoirs.
No 16. Que le BVA et la commission continuent à appliquer les
solutions retenues pour contrôler l'émission des plaques et rendre
compatibles les banques d'information. Nous sommes d'accord.
No 17. Que la Commission des transports surveille l'application des taux
et tarifs par voie de vérification des livres et états financiers
des transporteurs et des expéditeurs à la suite de plaintes ou de
sa propre initiative. Nous disons que la commission peut très bien
contrôler l'application des taux par des enquêtes dans les livres
et autres documents des transporteurs, tout particulièrement les
connaissements. Pour ce faire, certaines améliorations pourraient
être apportées et ainsi, nous voyons très bien l'impression
et la vente de connaissements prénumérotés par la
commission ou l'impression de ceux-ci par les transporteurs qui, avant de les
utiliser, devraient les faire numéroter séquentiellement par la
commission. M. le commissaire Dumas se demande si la
prénumérotation des connaissements par la commission ne
créerait pas une charge de travail trop considérable pour la
commission et les transporteurs.
No 18. Que la commission ait le pouvoir de procéder à
toute enquête qu'elle juge à propos, suite à une plainte ou
de sa propre initiative, et qu'elle puisse déléguer ce pouvoir
dans certains cas au Service de l'inspection ou aux corps policiers. Nous
disons que le pouvoir d'enquête est certes le moyen de base de tout
contrôle et nous souscrivons à cette recommandation.
No 19. Que la commission alloue les ressources nécessaires
à la réalisation des prescriptions de contrôle contenues
dans la loi et les règlements. Nous disons que cette recommandation
pourrait certes être appliquée. Cependant, avant de faire des
commentaires, il faudra encore ici savoir quelles recommandations seront
entérinées par le gouvernement.
No 20. Que la commission détermine tous les trois mois ses
priorités pour la surveillance et le contrôle des transports et
leurs implications sur les autres groupes et qu'elle transmette cette
information au ministre des Transports. Nous voyons d'un très bon oeil
cette recommandation. Nous suggérerions qu'en retour, le Service de
l'inspection informe le ministe et la commission de ses opérations et de
leurs résultats dans le cadre des priorités établies par
la commission. Nous pensons que la détermination des priorités de
la commission pourrait se faire une ou deux fois l'an.
No 21. Que la Cour d'appel du Québec entende les appels des
décisions finales de la commission sur les questions de droit. Nous nous
demandons s'il n'y aurait pas avantage à explorer d'autres
possibilités qui permettraient d'avoir recours, à certaines
conditions, à un tribunal d'appel spécialisé, même
s'il pouvait y avoir appel de ce tribunal à la Cour d'appel. Dans le
même sens et comme alternative, la commission pourrait peut-être
aussi réviser ses propres décisions et alors, il pourrait y avoir
appel à la Cour d'appel.
No 22. Que l'appel ne suspende pas l'exécution de la
décision de la commission à moins que la Cour d'appel n'estime
dans l'intérêt public d'en ordonner autrement. Nous souscrivons et
ferions de même s'il y a appel à un tribunal intermédiaire
ou révision par la commission.
No 23. Qu'aucun recours au ministre ou au lieutenant-gouverneur en
conseil ne soit institué. Nous préférerions que soient
maintenues les dispositions de l'article 39a de la Loi des transports qui
accordent au ministre un pouvoir de soustraction.
No 24. Le nombre de membres permanents de la commission doit être
limité à un nombre suffisant pour assurer la continuité
des décisions de la commission. CEGIR estime la limite maximum à
neuf. Nous disons ce qui suit. Il va de soi qu'il faut à la commission
un nombre suffisant de membres pour assurer la continuité des
décisions. Ce nombre ne peut cependant être évalué
seulement en fonction des tâches prévisibles. D'autres
éléments doivent, à mon sens, être pris en
considération. Ainsi, il faut se rappeler que la commission tient un
bureau à Québec et un autre à Montréal et qu'un
nombre suffisant de membres doit être disponible aux deux endroits. Au
surplus, la commission assure de plus en plus sa présence dans les
régions du Québec. (16 h 15)
A prime abord, nous ne sommes pas convaincus que le nombre avancé
serait suffisant, eu égard aux autres recommandations du rapport
spécialement celles concernant la réglementation par la
commission, les infractions et le contrôle des taux et tarifs. Nous
pourrions mieux aviser en sachant quelles recommandations le gouvernement
retiendra et s'il permettra à un membre seul d'entendre les affaires
contestées. Egalement, il y aura une période de transition et
d'adaptation.
No 25. La commission doit pouvoir recourir à des membres
temporaires pour faire face aux exigences temporaires ou cycliques. Il pourrait
être utile pour la commission en principe de recourir à des
membres temporaires pour faire face à des exigences temporaires ou
cycliques. Il faudrait toutefois que leur mandat soit d'une durée
suffisamment longue pour leur permettre de se dégager, principalement
s'ils viennent de l'industrie du transport, de leurs occupations
antérieures et de s'habituer graduellement à des fonctions de
régulateurs.
No 26. Le mode de nomination suivant est recommandé: Des
recommandations sont présentées au ministre au moyen de listes de
candidats provenant de la commission et des associations de transporteurs; le
ministre fait des recommandations au gouvernement en tenant compte de ces
listes et le lieutenant-gouverneur procède aux nominations. Nous y avons
souscrit, mais, à titre personnel aujourd'hui, je dirais que les
représentations du monde de l'expédition que nous avons eues, les
représentations des consommateurs éga-
lement méritent certes d'être considérées en
vue de la nomination des membres.
No 27. L'obligation de nommer des juges à la commission doit
être enlevée. Nous sommes d'accord, sous réserve de nos
commentaires, à la recommandation 8 et ceux relatifs à la
recommandation 11 tout particulièrement.
No 28. Que les membres soient choisis d'abord en fonction de leur
compétence dans le domaine des transports et de leur
compréhension de la dimension socio-économique de la commission.
Nous faisons entièrement nôtre cette recommandation.
No 29. La multidisciplinarité des membres doit être
assurée. Le président ou un vice-président doit avoir une
formation juridique. Nous sommes d'accord pour que la
multidisciplinarité des membres soit assurée. A notre avis,
cependant, il serait souhaitable que les postes de président et de
vice-président soient occupés par des personnes de formation
juridique.
No 30. Les dispositions de la loi sur la durée du mandat des
membres ne doivent pas être modifiées. Nous sommes d'accord.
No 31. La loi doit prévoir des dispositions prescrivant aux
membres de la commission de s'occuper exclusivement du travail de ladite
commission pendant la période de leur mandat, qu'ils soient permanents
ou temporaires. Nous sommes d'accord également.
No 32. Que la loi prévoie des causes de destitution d'un membre
de la commission. Nous sommes d'accord également.
No 33. Que l'on structure la commission pour la rendre plus apte
à réaliser efficacement les fonctions qu'elle assume actuellement
et/ou celles qui découlent des recommandations de cette étude.
Nous disons ceci. Les structures actuelles de la commission ont
été utiles dans les débuts. Il va de soi qu'après
six ans d'opération et vu la mécanisation, des ajustements
s'imposent pour l'exécution de la mission actuelle. Ces modifications
seraient plus profondes si l'ensemble des recommandations, en particulier les
recommandations 34, 36 et 37, était retenu et nous pourrons en temps
utile, une fois que le gouvernement aura pris position, faire valoir notre
point de vue si nous en sommes requis.
No 34. Que le choix et le développement des modes de
régulation relèvent de la haute direction et de ses conseillers
(incluant le contentieux) regroupés sous le nom de bureau du
président. Que ce travail soit effectué en consultation avec les
membres régulateurs et le personnel de direction. Selon nous, il est
essentiel et impératif que le bureau de l'administrateur et le bureau du
secrétaire demeurent, qu'ils fassent partie ou non du bureau du
président. Par ailleurs, nous sommes d'accord avec cette
recommandation.
No 35. Qu'une direction générale de la recherche et des
analyses socio-économiques soit mise sur pied, nous ne pouvons
qu'être d'accord en principe avec cette recommandation, étant
donné que dans les faits nous avons déjà fait un pas dans
cette direction.
No 36. Que l'on regroupe sous une direction générale des
opérations, toutes les opérations reliées aux demandes ou
requêtes présentées, à savoir, la réception,
la vérification et l'analyse, la publication, la présentation
pour décisions, le traitement des décisions, la tenue d'un
fichier central, nous sommes d'accord pour les mêmes raisons.
Qu'une direction du contrôle et de la surveillance soit
créée, nous souscrivons à cette recommandation no 37. M.
le commissaire Jacques Roy ajoute: "Nos décisions auraient d'autant plus
de dents et la commission s'en trouverait revalorisée auprès du
public transporteur et expéditeur".
No 38. Que la direction générale de l'administration soit
maintenue dans ses fonctions actuelles, nous sommes d'accord.
No 39. Que les membres régulateurs soient regroupés au
sein de trois comités spécialisés, le comité pour
le transport terrestre des personnes, le comité pour le transport
terrestre des marchandises et le comité pour le transport aérien
et maritime.
Nous disons ce qui suit: Actuellement et comme première remarque,
la commission n'a aucune juridiction en matière de transport
aérien. Nous avons des hésitations à regrouper les membres
aux soins de comités spécialisés. En effet, dans le
contexte du transport intermodal que nous vivons et que nous devrons vivre de
plus en plus, la polyvalence des membres m'apparaït un facteur
d'efficacité. Au demeurant, les justiciables semblent
préférer dans l'ensemble ne pas avoir toujours les mêmes
figures devant eux. Au surplus, en l'absence des membres d'un comité, il
faudrait, ou bien suspendre des affaires, ou bien les faire décider par
des membres dont la renommée ne serait pas celle de spécialistes
en la matière. En revanche et selon nous, lorsqu'arrivent de nouvelles
affaires et comme je l'ai fait par le passé, je préfère,
pour une période déterminée, assigner un même quorum
de manière à assurer une uniformité de pensée
décisionnelle au point de départ. M. le commissaire Dumas est
d'accord, mais désire ajouter qu'il est absolument contre les
comités spécialisés.
M. le commissaire Roy dit: La division des membres en
comités responsables chacun d'un secteur différent de l'industrie
du transport pourrait être, selon lui, une formule efficace. L'envers de
la médaille, selon M. Roy, offre le désavantage de travail en
vase clos et de la superspécialisation. Pour parer à ces
inconvénients, la rotation des membres d'un comité à un
autre, selon M. le commissaire Roy, à des intervalles raisonnables, six
mois, douze mois, dix-huit mois, serait une solution.
No 40. Que le projet de décentralisation régionale BVA,
CTQ soit maintenu et poursuivi; nous sommes d'accord.
No 41. Que les textes concernés soient amendés de
façon à donner à la commission le pouvoir
d'élaborer ces règles de pratique et de procédure sujettes
toutefois à l'approbation du lieutenant gouverneur en conseil. Nous
faisons nôtre cette
recommandation, mais souhaiterions que le gouvernement n'ait pas un
pouvoir d'approbation, mais un pouvoir de désaveu comme nous le disions
à la recommandation 4.
No 42. Que la commission publie un bulletin hebdomadaire concernant les
requêtes qui lui sont présentées et les décisions
qu'elle a rendues en remplacement de la Gazette officielle du Québec,
que ce bulletin soit distribué par courrier certifié à
toutes les parties impliquées; nous préconisons fortement la
publication d'un tel bulletin et sa distribution sélective par secteurs
d'activité. J'ai d'ailleurs préconisé cette solution
depuis plusieurs années. M. le commissaire Roy ajoute que: L'impression
d'un bulletin hebdomadaire par la commission pour donner avis des
requêtes et des décisions est une excellente suggestion pour
diminuer les délais. Il ajoute que le délai écourté
en raison de la publication de ce bulletin inciterait des requérants de
permis spéciaux dont les services requis ne sont pas trop urgents
à se prévaloir de cette nouvelle procédure
régulière et à s'éviter également des frais
de publication dans les journaux.
No 43. Que l'on modifie la loi pour réduire les délais
d'opposition à un maximum de quatorze jours et pour éliminer les
délais d'entrée en vigueur d'une décision. Selon nous, la
lenteur de la poste et les jours fériés font craindre de ramener
le délai d'opposition et/ou d'intervention de 21 à 14 jours. Je
crois, cependant, qu'avec un bulletin hebdomadaire publié par la
commission, l'accélération souhaitée pourrait être
réalisée. M. le commissaire Roy ajoute que dans le cas de
tarification, de modification d'horaire et de parcours d'un transport en
commun, l'affichage dans tous les véhicules concernés pour la
période du délai accordé aux opposants pour se manifester,
soit quatorze jours, soit non seulement une alternative, mais obligatoire en
plus de l'avis dans le bulletin. Selon M. Roy, les propriétaires
d'autobus n'auraient pas, alors, à débourser des frais de
publication dans les journaux et, par contre, le public usager serait mieux
informé.
No 44. Que la commission utilise des procédures officieuses
auprès d'un transporteur responsable lorsqu'elle juge qu'une opposition
déposée est non pertinente. Si nous tenons compte de la
recommandation 46, l'opposition et l'intervention seront de moins en moins des
mesures dilatoires étant donné que la commission pourra
siéger simultanément en plus de divisions.
No 45. Que les différentes étapes du traitement des
requêtes soient exécutées concurremment lorsque cela
s'avère réalisable et que la publication s'effectue dès la
réception d'une requête, même si elle est incomplète,
en autant que les informations essentielles soient présentées et
que le requérant apporte les informations manquantes avant ou lors de sa
comparution. Les mots "lorsque cela s'avère réalisable et en
autant que les informations essentielles sont présentées"
devraient être précisés pour qu'un commentaire valable
puisse être fait sur cette recommandation. Il faut éviter de
laisser place à l'arbitraire et il ne faut pas, non plus, qu'une partie
soit prise par surprise.
No 46. Qu'un commissaire unique puisse siéger à une
audience publique, sauf si la commission estime que plus d'un commissaire est
utile ou nécessaire dans cette perspective, il faut abroger le recours
en révision prévu à l'article 19. Nous sommes d'accord en
principe, sauf qu'à mon avis, il serait préférable que le
président détermine qu'il est utile ou nécessaire que
plusieurs membres siègent sur une affaire. En ce qui concerne le pouvoir
de révision, nous vous en référons à notre
commentaire sur la recommandation 21. M. le commissaire Dumas est d'avis que
dans les causes contestées il serait préférable qu'au
moins deux membres de la commission siègent. M. le commissaire Roy
s'exprime ainsi: Je concours à l'idée de faire entendre par un
seul membre des requêtes faisant l'objet d'opposition, d'autant plus que
les éléments de droit seront moins nombreux si les
recommandations en faveur de revêtir la commission d'un caractère
moins judiciaire sont retenues. M. le commissaire Roy ajoute: Je ne suis pas
d'accord lorsque CEGIR dit que le recours en révision prévu
à l'article 19 devrait être abrogé dans la perspective
où plus d'un membre siégerait dans certaines causes. M. Roy
ajoute ne pas être convaincu que le maintien de cette disposition
deviendrait alors inutile.
No 47. Que la commission puisse nommer des commissaires-enquêteurs
ayant le même pouvoir de recueillir les témoignages qu'un
commissaire et que ces commissaires-enquêteurs soumettent un rapport
à la commission. Nous sommes d'accord avec cette recommandation. Cette
pratique a cours à l'Interstate Commerce Commission des Etats-Unis et
s'est avérée un moyen efficace d'accélérer et de
décentraliser le processus de l'organisme.
No 48. Que la commission puisse obliger les parties à fournir des
dépositions écrites de leurs témoins lorsqu'elle est
d'avis qu'une telle procédure contribuerait à améliorer
l'audition sans imposer de fardeau injuste aux parties. Nous sommes d'accord en
principe, et si le gouvernement retient cette recommandation, il faudra
examiner l'affaire à fond. (16 h 30)
No 49. Que le recours à des procédures officieuses telles
que les réunions, la correspondance et la conciliation, soit
facilité. Nous sommes tenants de procédures moins formalistes en
matière administrative. Cependant, nous désirons vous
référer à notre commentaire sur la recommandation no 45,
à savoir qu'il faut éviter que des parties soient prises par
surprise.
M. le commissaire Roy ajoute: "Dans la même veine, des
procédures officieuses, visant à des économies de temps
dont fait état le rapport, après les paragraphes concernant cette
deuxième formule, devraient également faire l'objet de notre
considération, si le pouvoir nous en est confié."
No 50. Que le renouvellement annuel des permis soit conservé,
mais qu'il cesse d'être automatique. Nous souscrivons.
No 51. Qu'une formule de connaissement uniforme, obligatoire et
contenant toute l'information essentielle soit imposée à tous les
transporteurs. Nous vous référons, sous ce chef, à notre
commentaire relatif à la recommandation no 17.
No 52. Que des conditions d'application minimales des tarifs soient
établies. Cette recommandation, selon nous, permettrait de dissiper les
doutes qui persistent sur la validité des règlements tarifaires,
qui ont pourtant une incidence directe sur la tarification.
No 53. Les textes doivent être rédigés de
façon à conférer à la commission un pouvoir
général de régulation et non pas une juridiction
d'exception; un mandat général et non pas un mandat restreint.
Nous sommes d'accord.
No 54. Les textes doivent être rédigés de
façon à conférer à la commission une
discrétion et non pas à prévoir tous les cas possibles.
Nous sommes d'accord également.
Enfin, no 55. Les textes doivent être rédigés de
façon à réduire au minimum les difficultés
d'interprétation et les questions de droit." Nous sommes d'accord
aussi.
M. le juge Choquette ne m'a pas fait tenir ses commentaires et m'a fait
savoir que, s'il estimait que ses commentaires pouvaient être de quelque
utilité, il prendrait les dispositions pour qu'ils soient reçus
en temps utile, par qui de droit.
M. le juge Bouchard, vice-président, m'avait avisé qu'il
prendrait ses vacances au mois d'août, avant l'annonce de cette
commission parlementaire. Le 4 juillet dernier, il m'a transmis une copie de
son mémoire et il m'a demandé d'informer le ministre qu'aux dates
où se tiendrait la commission parlementaire, il serait en Europe depuis
le 27 juillet et qu'avant son retour ou à son retour, il lui ferait
plaisir de répondre à toute demande supplémentaire. J'ai,
le même jour, informé le ministre en conséquence. J'ai
trouvé cependant étrange que M. le juge Bouchard, après
avoir pris la responsabilité, à titre personnel, de
déposer un mémoire, ne juge pas à propos d'interrompre ses
vacances pour être à la disposition de la commission
parlementaire. Cela le regarde, étant donné que, selon moi, c'est
à titre personnel qu'il a déposé ce mémoire.
Vu qu'il est absent, je n'ai pas l'intention de le commenter longuement,
d'autant plus qu'il s'agit de l'opinion d'une personne sur 17.
Hier, devant cette commission parlementaire, un procureur de 42 ans
d'expérience dans le domaine a d'ailleurs dit: "Dans tout organisme, il
y a toujours des gens qui prétendent avoir le pas contre le
régiment."
A mon avis, le climat, parmi les membres qui ont concouru, en tout ou en
substance, à mes commentaires, est bon et, selon l'administrateur, qui
est à mes côtés et que vous pourrez interroger, si vous le
jugez à propos, il en va de même pour l'administration.
Je désire dire que, selon moi et dans l'ensemble,
l'administration de la commission est bonne et qu'elle sert bien le public. Il
peut bien y avoir, ici et là, quelques erreurs à l'occasion, mais
où est-ce qu'il n'y en a pas? Je suis fier en général de
notre personnel et les mutations à la commission sont comparables
à celles des ministères et autres organismes du gouvernement.
Il est vrai que la commission joue un rôle quasi judiciaire et que
sa mission est d'appliquer les règlements. En autant que je suis
concerné, les règlements du gouvernement sont toujours bons,
jusqu'à ce qu'ils aient été déclarés
illégaux par un tribunal de juridiction compétente.
A ma connaissance, depuis six ans et demi, aucun des règlements
appliqués par la commission n'a été déclaré
ultra vires.
Dans son mémoire, M. le juge Bouchard dit que la commission peut
accepter des tarifs pour dépôt. Cela me surprend un peu parce que,
à ma connaissance, il n'a jamais rendu une décision en ce sens et
a toujours procédé à fixer des taux et tarifs. Au surplus,
il met en doute le pouvoir de la commission de fixer proprio motu, d'une
manière générale, des taux et tarifs, alors qu'il a
participé, lui-même, à plusieurs reprises, à de
telles fixations.
La Conférence des camionneurs québécois a
déclaré, dans son mémoire, qu'elle approuve la fixation
générale, par proprio motu, des taux et tarifs de transport en
vrac, de maisons mobiles, de ferroutage et de remorquage.
L'Association nationale des camionneurs artisans approuve la fixation,
d'une manière générale, par la commission, des taux et
tarifs du vrac.
L'Association du camionnage du Québec, par ailleurs, est d'avis
que la pratique de fixation générale, pour les taux et tarifs du
Montréal métropolitain, du Québec métropolitain et
du transport entre Mirabel, Dorval et le Montréal métropolitain
pourrait être maintenue.
L'Association des propriétaires d'autobus a toujours
collaboré très étroitement à la fixation, d'une
manière générale, des taux et tarifs de voyages
spéciaux et de chartes-parties par autobus.
Il est impensable que, en matière de taxis, la commission puisse
fixer, autrement que par une fixation générale des taux et
tarifs, parce que, sur les 10 000 détenteurs de permis, il serait
aberrant qu'un ait un tarif et que le voisin en ait un autre.
Quant à la procédurite, dont a fait état M. le juge
Bouchard, il est, à ma connaissance, celui qui a le plus souvent
rejeté des demandes, en tout ou en partie, au motif que, selon lui,
elles étaient irrecevables en droit.
Je ne puis que favoriser des méthodes plus modernes et plus
efficaces, en ce qui concerne les procédés, tant judiciaires que
quasi judiciaires. En un rien de temps, maintenant, toutes les parties à
un dossier, de même que le public, peuvent se procurer la reproduction
des délibérations, alors que, autrefois, il fallait des semaines,
voire des mois pour obtenir la transcription des notes
sténographiques.
Au sujet de la mégalomanie et du gigantisme timoré,
allégué dans le mémoire de M. le juge Bouchard,
l'administrateur a fait une étude comparative de la Régie des
transports avec la Commission des transports.
En se basant sur les chiffres de la régie, à son dernier
rapport annuel se terminant le 30 juin 1971, et le rapport des activités
de la commission, pour l'année terminée le 31 mars 1979, il y
avait 5386 dossiers, pour 78 employés; ce qui veut dire que chaque
employé traitait 69 dossiers. Il y a maintenant 24 620
détenteurs, pour 318 employés, ce qui veut dire que nos
employés traitent 77 dossiers, alors que, du temps de la régie,
ils en traitaient 69.
Je voudrais qu'il soit bien compris, évidemment, que lorsque nous
parlons du dossier du détenteur, il peut s'agir de plusieurs dossiers,
au cours d'une même année, car il n'est pas rare,
particulièrement en matière de camionnage général
et spécialisé, que les détenteurs viennent à la
commission plusieurs fois par année.
Du temps de la régie, cette dernière siégeait dans
huit localités; la commission siège dans 18 localités. La
régie siégeait 136 jours par année; la commission
siège 459 jours.
Les décisions de la régie, à la suite d'audiences
publiques, totalisaient 939 par année et, celles de la commission,
4664.
Si chaque membre de la régie rendait 134 décisions par
année, chaque membre de la commission en rend 259 en audiences
publiques. Quant aux décisions rendues par des membres seuls, la
régie rendait 2780 ordonnances et la commission en rend 14 573. Chaque
membre de la régie rendait en séances 397 décisions et
chaque membre de la commission en rend 809.
L'appareil administratif de la commission s'est modernisé en
comparaison avec la régie où aucun système établi
de dossiers n'existait. Tous les papiers d'un même transporteur
étaient versés dans une même chemise. A la commission, nous
avons créé l'index universel, le rôle général
des affaires à être entendues, des avis juridiques avec cartes de
retour, des recueils de rôles réguliers, des recueils de
rôles spéciaux, des recueils de tarifs. Nous enregistrons
mécaniquement les débats. Nous avons un système de
dossiers à numérotation de couleur. Nous avons des plumitifs.
Nous avons l'enregistrement du suivi. Nous avons instauré
l'informatisation, le contrôle des décisions rendues sur
microfilms, des formulaires de demandes et des brochures d'information.
Au niveau du contrôle et même s'il n'est pas parfait, nous
avons quand même créé des certificats de permis, des
fichiers, des autocollants, une procédure de renouvellement, l'avis de
l'administrateur pour ceux qui ne renouvellent pas leur permis à temps,
le contrôle de certaines conditions de détention et
d'exploitation, ainsi que le contrôle des rapports d'exploitation dans
quatre secteurs. Au niveau du contrôle administratif, nous avons mis sur
pied un système de gestion des stocks, un système de reproduction
de documents, un système de bélinographe, un système de
traitement de textes, un système informatique. Nous avons
instauré une politique d'accueil et de renseignement. Nous
contrôlons les jugements de culpabilité, ainsi que les
statistiques. Nous faisons également des analyses de taux et tarifs, des
enquêtes socio-économiques, des analyses territoriales et des
analyses de demandes.
Le rapport CEGIR a recommandé le remplacement de la Gazette
officielle par une publication ou un bulletjin de la commission. Selon
l'administrateur, une telle publication serait un véhicule plus rapide,
plus économique et attirant plus l'attention des utilisateurs et des
transporteurs sur les requêtes et les décisions. Nous avons
à l'idée qu'une telle publication pourrait être
publiée hebdomadairement par secteurs d'activités. A titre
d'exemple seulement, je ne crois pas que le propriétaire de taxi de
Ville-Marie au Témiscamingue soit intéressé par une
requête pour un permis de vrac en Gaspésie. Nous distribuons
actuellement environ 25 000 copies du tiré à part de la Gazette
officielle du Québec, ce qui est une dépense considérable.
D'après les études préliminaires que nous avons faites,
nous pensons bien que nous pourrions restreindre cette diffusion à
environ 10 000, tout en informant véritablement tous les
intéressés de la nature des demandes.
Le Bureau des tarifs du Québec a insisté fortement sur le
fait que, par son pouvoir de fixation de taux et tarifs, la commission avait
retardé de 60 à 100 jours de fixations que, selon lui, ses
membres méritaient et dont ils avaient besoin. A cause du fait que les
tarifs en matière de camionnage ne peuvent être introduits
autrement que par la Gazette officielle sauf lorsqu'il s'agit de concurrence
avec le chemin de fer et lorsqu'il s'agit du transport de produits de
pétrole, il est vrai qu'il faut publier dans la Gazette officielle,
qu'il faut attendre les 21 jours, qu'il faut rendre la décision et qu'il
faut qu'elle entre en vigueur. (16 h 45)
Je me demande, toutefois, ce qui serait arrivé si, depuis six ans
et demi, la commission avait accordé dans les 30 jours requis tous les
taux et tarifs demandés en tout ou en partie. Il est évident que
cela aurait eu pour effet d'introduire dans les goussets des transporteurs des
sommes additionnelles plus vite que si cela avait été fait et
j'espère que si le délai est raccourci à trente jours, les
transporteurs demanderont de moins grosses augmentations à l'avenir,
étant donné que le produit des augmentations entrera dans leurs
poches plus rapidement.
Les propriétaires d'autobus et d'autobus scolaires se sont
déclarés généralement satisfaits de
l'activité de la commission. Peut-être est-ce parce que les
procédures, au niveau des tarifs, sont plus rapides aux termes du
règlement dans leur cas. En matière de camionnage, c'est
là une des plus grandes récriminations. J'ai toujours
favorisé un assouplissement de la procédure en cette
matière de taux et tarifs et j'espère que les recommandations de
CEGIR ainsi que les différents mémoires et interventions auront
pour effet de permettre, en plus du dépôt des tarifs avec droit de
regard par la commission, une procédure plus rapide si le gouvernement
retient, en certains cas, un processus de fixation qui, à mon avis, est
essentiel, particulièrement dans le domaine du taxi et du camionnage en
vrac.
J'ai toujours été disponible pour rencontrer les agents
économiques dans le domaine des transports et j'ai beaucoup appris
à leur contact. Nous avons, à la commission, depuis quelques
années, institué ce que CEGIR appelle des procédures
officieuses dans le genre de table ronde ou de conférence
préliminaire, dans le but de parfaire notre expérience et nos
connaissances. Plusieurs intervenants ont donné leur accord de principe
à ces procédures officieuses, mais s'en sont aussi
déclarés inquiets. Je puis garantir à cette commission
parlementaire que lorsque la Commission des transports utilise des
procédures officieuses, elle le fait toujours au grand jour et que tous
les documents de cette procédure sont disponibles à tous.
J'aurais souhaité, en matière de camionnage
général, que la Ligue canadienne du trafic industriel et
l'Association des manufacturiers canadiens présentent un mémoire,
car ils interviennent très souvent devant nous lorsqu'ils ne sont pas
d'accord avec les tarifs suggérés ou demandés par les
bureaux de tarifs.
J'aurais également souhaité, en matière de
camionnage en vrac, que les grands utilisateurs de services autres que le
ministère des Transports, à savoir certaines corporations
gouvernementales, certaines corporations municipales, l'Association
québécoise des contracteurs de routes et de grands travaux et
plusieurs associations ou coopératives d'entrepreneurs de camionnage en
vrac, se soient manifestés.
Les auteurs du rapport CEGIR ont fait un travail honnête,
très intéressant, je l'apprécie beaucoup et je tiens
à les remercier. Je voudrais remercier également les membres de
cette commission, tout particulièrement le ministre des Transports, qui
y ont porté un intérêt très marqué.
Après avoir présidé la Commission des transports
pendant six ans et demi, je suis très heureux que les
délibérations de cette commission parlementaire aient pu apporter
une transparence sur ce qui se passe à la CTQ. Comme le rappelait le
procureur de l'Association des propriétaires d'autobus, il fut un temps
où les régies qui ont précédé la commission
avaient des dossiers confidentiels, des dossiers que les partis ne pouvaient
pas voir. A la Commission des transports, rien n'est confidentiel et cela le
sera tant et aussi longtemps que je le présiderai.
Cela me prendrait une minute ou deux, M. le Président, pour
donner au ministre et aux membres de la commission ma réponse à
sa question, à savoir ce que c'est de la réglementation simple,
de la réglementation souple. J'entreverrais à ce chapitre un
règlement unique sur les transports qui comprendrait quatre parties. Une
première comprendrait les définitions applicables à toutes
les réglementations sur les transports; une seconde comprendrait une
procédure renouvelée et simplifiée; une troisième
contiendrait les règles générales applicables à
tous les secteurs d'activité et à tous les permis, tandis qu'une
quatrième partie aurait pour objet certaines règles
particulières à des secteurs d'activité spécifiques
qui, en raison de leur spécificité, ne pourraient
s'intégrer à l'intérieur des règles
générales.
Cette façon de concevoir et de synthétiser la
réglementation sur les transports aurait l'avantage de mettre à
l'usage des transporteurs et de leurs clients, voire même le public en
général, un ensemble de règles claires, cohérentes,
de rédaction uniforme, en fait, un code des transports.
Pour donner également mon opinion sur une question qui a
été soulevée à plusieurs reprises au cours de ces
travaux, il s'agissait de savoir ceci, la commission est confinée
à travailler à l'intérieur des règlements,
qu'est-ce qu'il pourrait arriver pour que la commission ait un peu plus de
latitude dans ses mouvements? Je vous donnerai deux exemples. Il arrive dans
les Laurentides, au nord de Montréal, que pendant l'hiver, plusieurs
Américains viennent y faire du ski et le nombre de taxis je pense
à des régions comme Saint-Jovite est manifestement
beaucoup trop bas pour satisfaire toute la demande, alors que le ski est en
pleine vogue.
J'aurais souhaité que dans des cas comme ça, la commission
puisse avoir une certaine latitude de donner des permis saisonniers de taxi, il
y aurait certainement des taxis de Montréal qui seraient
intéressés à aller passer trois mois là-bas, car
ils ne font pas énormément d'argent à Montréal.
J'ai l'autre exemple qui a été soulevé au cours de
ces travaux, des 20% en matière de camionnage pour la location et de pas
plus de deux camions. Il pourrait arriver des cas où un préjudice
considérable peut être causé au détenteur de permis
s'il ne peut pas avoir plus de 20% ou de 2% suivant qu'il s'agit du long ou du
court terme.
Enfin, j'aimerais donner mon point de vue sur les discussions qui ont eu
lieu au niveau d'un futur Conseil consultatif des transports. Les secteurs
d'activité sont bien variés. Quant à moi, je
préconiserais la solution par laquelle les membres du Conseil
consultatif des transports seraient nommés, non pas directement par les
associations, mais à cause de leurs connaissances dans le domaine.
Toutefois, je pense qu'il faudrait que ce conseil consultatif soit
sectorisé. Ce ne sont pas les mêmes personnes qui peuvent
étudier les problèmes du taxi et ceux du camionnage en vrac. Il
pourrait peut-être y avoir une fois ou deux par année des
réunions au niveau de la procédure sur les transports, mais je
verrais mal assembler dans un même conseil des gens qui sont
d'associations et d'industries les plus diverses.
Cela dit, il me reste à vous remercier, M. le Président,
M. le ministre, MM. les membres d'avoir permis au président de la
commission et à ses collègues de faire valoir leur point de vue
et bien sûr, je tenterai de répondre à toutes les questions
qui seront posées.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. le Président
de la Commission des transports. Je donne la parole au ministre.
M. Lessard: Je dois remercier M. Prévost. Une suggestion
que je retiens et qui me préoccupe
aussi, c'est la fameuse codification des règlements au
ministère des Transports. Je vous avoue que moi aussi j'ai cette
préoccupation depuis trois ans et je présume que le
député de Charlevoix l'a eue à son tour. Lorsqu'on est
rendu à des règlements comme les 12-1, 12-m, 12-o, le 12-n et
tout ce que vous voudrez, ça va jusqu'à Z et des fois on arrive
à ZZ et on n'en a pas assez, ça commence à être
passablement compliqué pour les transporteurs qui se retrouvent... en
tout cas le ministre ne s'y retrouve plus et les avocats ne s'y retrouvent plus
des fois, alors, le pauvre transporteur a de la difficulté à se
retrouver. J'ai l'impression qu'un peu comme le Code civil, il va falloir
nommer une commission pour analyser tout ça et coordonner tout
ça, parce que c'est vraiment un problème très
sérieux et je pense qu'il va falloir penser aussi en relation avec les
auditions que nous avons eues aujourd'hui, au niveau du ministère,
à essayer de revoir beaucoup plus globalement l'ensemble des
réglementations du ministère des Transports pour coordonner tout
ça et revenir à un système plus simple.
Je ne veux pas m'étendre parce qu'il va falloir quand même
entendre CEGIR tout à l'heure ceux qui étaient
responsables du rapport mais j'aimerais, puisque vous êtes
d'accord avec les propositions, les recommandations 1 et 2 de CEGIR, qui sont,
je pense, des propositions très importantes, avoir le commentaire
suivant. Je pense qu'il faut en arriver à des choses concrètes.
Vous dites: On est d'accord avec la recommandation CEGIR à savoir que la
réglementation soit faite par la Commission des transports et que
l'élaboration des politiques générales soit faite par le
ministre. Je vous avoue que ce n'est pas encore bien clair dans mon esprit et
je poserai la même question à CEGIR tout à l'heure:
Où s'arrête l'élaboration des politiques
générales et où commencerait, comme telle, la
réglementation? Il faudrait peut-être préciser ça
par un exemple. Comment voyez-vous ça M. le juge?
M. Prévost: Selon moi, l'élaboration des politiques
du transport, cela veut dire par exemple, que l'autorité politique
dirait: Le transport des déchets, on décide de réglementer
ça ou bien dire, par exemple, le taxi, il y en a qui ne veulent pas
être soumis à notre autorité, dire: Le taxi, ça ne
va plus à la commission. Alors le ministre pourrait dire à la
commission: L'ordonnance générale du camionnage, comme vous
l'avez mentionné lors du dernier congrès, il faudrait ajouter
ça, il faudrait rénover ça. Alors vous pourriez
très bien dire à la commission: Préparez-nous un projet
dans tel ou tel sens. Nous donner les idées générales.
Ensuite selon ma conception à moi, mais il est bien
évident que comme tout bon citoyen, nous accepterons la loi telle
qu'elle nous arrivera on publierait un avis, comme plusieurs
associations l'ont mentionné, et on dirait: Voici un projet de
règlement, par exemple, pour le transport des déchets. Venez nous
faire valoir votre point de vue. On annexerait toutes les
représentations qu'on aurait, tous les mémoires, tout ce que le
monde nous aurait dit et on vous enverrait un projet de règlement
résultant des consultations que nous aurions faites avec tous les agents
économiques qui auraient bien voulu se manifester. Selon notre
proposition, qui n'est peut-être pas la meilleure, mais qui a
été bien réfléchie, je puis vous l'assurer, on vous
dirait: Si vous voulez désavouer en tout ou en partie ce
règlement-là, faites-le. Sinon, dans un délai de 90 jours
ou de 120 jours, il entrera en vigueur, mais, même en vigueur, si vous
vous apercevez que la commission a pris une mauvaise tangente ou bien qu'elle a
posé un geste qui ne sert pas bien les agents économiques, vous
pourriez toujours le désavouer.
C'est un moyen terme très différent de ce qui existait
à la régie. La régie édictait des ordonnances
générales, elle pouvait y déroger à titre
particulier à n'importe quel temps et le gouvernement n'avait absolument
aucun droit de regard. (17 heures)
M. Lessard: Si ce pouvoir vous était accordé,
est-ce que vous avez le personnel nécessaire pour le faire?
M. Prévost: Je vous avoue, M. le ministre, qu'en ayant lu
toutes les recommandations, cela ne me fait pas peur avec le personnel que nous
avons, parce que nous sommes obligés de faire beaucoup d'études,
beaucoup d'analyses pour en arriver à considérer les demandes.
Si, par exemple, on s'installait à réécrire l'ordonnance
générale sur le camionnage, j'aimerais autant passer trois ou
quatre mois sur cela. Les problèmes, on les connaîtrait de A
à Z et, à mon avis, par après, on aurait besoin de
beaucoup moins d'études pour une couple d'années pour
régler les cas. Je pense que notre source d'information serait beaucoup
plus grande et je pense qu'il y a un peu duplication. A l'heure actuelle, le
ministre fait faire des études, évidemment par ses
fonctionnaires, que je respecte et avec lesquels je collabore
régulièrement. Toute cette étude se fait là. Il est
rare ensuite que la commission ait accès à toutes ces
consultations. Alors, si on faisait les consultations en public et qu'on en
arrivait à un règlement, je pense que le surcroit de travail que
cela nous donnerait, serait compensé par les études amoindries
que nous devrions faire si nous connaissions parfaitement les secteurs sur
lesquels nous travaillons.
Il n'est pas plus long de siéger en table ronde pendant une
semaine ou quinze jours avec des associations que d'entendre des causes
à la pièce ensuite.
M. Lessard: Mais il n'y a rien dans la loi actuelle qui
empêche le ministre de demander, par exemple, à la Commission des
transports, de lui soumettre un règlement sur tel problème.
M. Prévost: Absolument pas.
M. Lessard: Une autre question qui revenait un peu je ne
veux pas interroger sur chacune
des recommandations, c'était la nécessité
d'avoir un procureur pour se présenter devant la commission. Est-ce une
question de régie interne ou si c'est dans les règlements?
M. Prévost: D'avoir?
M. Lessard: Un procureur. Si, par exemple, des citoyens de
l'Association des consommateurs décident d'aller témoigner devant
la commission et que tout à coup on leur dit: C'est regrettable, mais un
citoyen ne peut pas témoigner devant la commission, ça lui prend
un procureur... Est-ce que...
M. Prévost: Ce n'est pas écrit, M. le ministre, ni
dans la Loi des transports, ni dans les règlements sur les transports,
c'est écrit dans la Loi du Barreau, à l'enquête.
Contrairement à certaines représentations qui ont
été faites, nous acceptons volontiers qu'un officier d'une
corporation détentrice d'un permis ou qu'un officier d'un opposant
introduise lui-même la requête ou l'opposition. Lorsqu'il s'agit de
venir à l'audience ou en séance, la Loi du Barreau est à
l'effet que si l'individu est une personne physique, qu'elle peut
elle-même interroger et contre-interroger les témoins. Si c'est
une corporation, la Loi du Barreau réserve ce privilège aux
avocats.
M. Lessard: Comme individu, si je veux m'op-poser, par exemple,
à l'augmentation des tarifs de la Communauté urbaine de
Montréal, de la Commission des transports, je peux, comme
individu...
M. Prévost: Vous pouvez le faire, il y en a qui le font
à chaque année. Il y en a eu une...
M. Lessard: Alors, en vertu de la Loi du Barreau, ça
s'applique strictement pour les corporations...
M. Prévost: Corporations...
M. Lessard: ... morales...
M. Prévost: Les personnes morales.
M. Lessard: Les personnes morales.
M. Prévost: Que ce soit des coopératives, des
compagnies à but lucratif ou à but non lucratif.
M. Lessard: Vous avez dû comparer un peu les Commissions
des transports de l'Ontario et du Québec. On dit souvent que la
Commission des transports de l'Ontario a beaucoup moins de personnel. Le budget
est beaucoup moins élevé, comparativement à celui du
Québec. J'aimerais avoir des explications sur ça. Est-ce que
c'est la réglementation en Ontario qui est moins forte que celle du
Québec?
M. Prévost: D'abord, en Ontario la Commission des
transports ne s'occupe pas des taxis, sauf un certain nombre de taxis entre
l'aéroport de Moulton et le Toronto métropolitain, un très
petit nombre. On a 10 000 détenteurs de permis de taxis, on en a qui
s'expriment plus ou moins bien en français et vous savez le taxi et le
vrac, ce sont en principe, dans la grande majorité des cas, des
artisans.
Les grosses corporations ont des secrétaires, des bureaux, elles
vous envoient une demande bien dactylographiée. Bien souvent, vous
savez, on a de la difficulté même à lire la lettre. Les
gens du taxi, les 10 000 taxis viennent très
régulièrement. Cela occupe nos fonctionnaires.
En Ontario, également, il n'y a aucune juridiction sur le
transport des écoliers alors qu'ici, on a 8000 autobus de transport des
écoliers. Le vrac en Ontario, c'est tout récemment que cela a
été réglementé. Avant, cela ne l'était pas
du tout et je sais qu'en Ontario, on est en train de prendre les mesures pour y
arriver. Quand vous additionnez le vrac, le taxi et les écoliers, sauf
le vrac, on vient tout juste de l'avoir. Il y a aussi la question des tarifs.
En Ontario, les tarifs sont toujours acceptés pour dépôt,
sauf s'il y a une plainte. Il est bien évident, c'est pour cela que je
disais que, sur les employés, on verra ce que vous choisirez, si on n'a
plus à faire cela, cela nous enlève un travail
considérable. Voyez-vous, dans nos fixations générales des
tarifs de taxi, de vrac, de ferroutage, de remorquage, de tirage de maisons
mobiles, de transport des vins de la Société des alcools et des
cidres de Montréal à tous les entrepôts, c'est la
Société des alcools qui nous avait demandé de
procéder à une fixation générale.
Evidemment, ce n'est pas pareil de mettre une étampe sur un tarif
et dire "accepté pour dépôt" et de l'analyser par nos
fonctionnaires, faire le rapport aux membres qui doivent dire: J'accepte ou je
n'accepte pas ou je réduis, comme le Bureau des tarifs l'a dit hier, de
13% à 6%. Je pense bien qu'on ne s'aimerait pas, vous savez, si on
prenait un tarif et si on disait: Cela ne vaut pas 13%, cela vaut 6%. Il faut
tout de même avoir examiné le problème et fait des
études pour arriver à cela. Il y a une autre question aussi,
c'est que, dans la plupart des autres organismes, on siège à un,
à deux ou à trois, selon que le président le
décide. Evidemment, même si les commissaires siègent
à trois, chacun fait son projet de décision, etc., tout cela. Je
pense que la différence peut aussi s'expliquer du fait que je pense que,
depuis quinze ans, en Ontario, la réglementation n'a jamais
été changée, sauf qu'on a ajouté la
réglementation sur le vrac dans un règlement avec des
régions qui s'apparentent beaucoup à notre
réglementation.
M. Lessard: Maintenant, une dernière question, c'est que
la firme CEGIR dit: On devrait accepter le dépôt des tarifs. S'il
n'y a pas d'opposition ou si la commission ne juge pas ces prix abusifs, 30
jours après, il y a adoption. Est-ce que cela réduirait votre
travail comme tel, puisque, de toute façon, vous auriez l'obligation de
vérifier si les prix sont abusifs ou pas?
M. Prévost: Là, voyez-vous, j'attendrais
l'énoncé de votre politique. En Ontario, on n'y regarde pas ou
à peu près pas. On attend une plainte. Ce serait à vous,
comme ministre, de dire: Ma politique, c'est que vous allez regarder les cas ou
bien vous allez les regarder seulement s'il y a une plainte.
M. Lessard: II y a des problèmes, d'ailleurs,
l'Association des consommateurs le soulevait cet après-midi, c'est
qu'étant donné que l'Association des consommateurs a de la
difficulté à se faire entendre à cause des coûts
quand même assez élevés, etc., c'est que l'un des objectifs
qu'on a donnés à la commission, c'est d'être un instrument
de protection du public aussi. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je vous avouerai, au
départ, que je me sens peut-être un peu mal à l'aise, comme
ancien titulaire du ministère et ayant eu pendant quelques années
à collaborer étroitement avec le président de la
Commission des transports, de même qu'avec tous ses collaborateurs pour
apporter des considérations vers la fin de cette commission
parlementaire. On a entendu de nombreux mémoires durant ces trois jours
et on a fait référence souventefois à ce qui existait
auparavant, soit la Régie des transports et la Commission des transports
qu'on connaît maintenant.
Tous les reproches que je pourrais adresser à la Commission des
transports, je pense en même temps qu'en les lui adressant, probablement
que je m'adresserais moi-même, par le fait que vous connaissez, les
mêmes reproches, étant en partie responsable d'une situation qui
aurait pu prévaloir dans le temps. Il est indiscutable qu'étant
partie d'un tribunal surtout administratif où pouvait se glisser
l'arbitraire et que, avec la Loi des transports et la Commission des
transports, formée en 1972, on a été possiblement d'un
extrême à l'autre, j'avoue que, voulant chasser de l'esprit du
public ce qu'on reprochait à l'ancienne Régie des transports, il
est possible qu'actuellement, ce qui, en partie, est reproché à
la Commission des transports vienne de ce que le législateur a voulu, en
formant la Commission des transports, et cela suppose que, avec l'ensemble des
règlements, plus nombreux les uns que les autres, dont a accouché
le législateur, immédiatement, on trouvait une raison de
délai supplémentaire que l'ensemble des transporteurs n'avait pas
à subir auparavant avec l'ancienne Régie des transports.
Je pense que, sans vouloir blâmer personne dans les années
quarante ou cinquante, avant la Loi des transports, on est quand même
parti de très loin. Pour le transport dans le Québec, à ce
moment, la réglementation n'existait à peu près pas et les
politiques de transport déterminées par le gouvernement
étaient peu nombreuses également. Je dis au départ que,
forcément, une partie des critiques dont on a pu prendre connaissance
à travers les mémoires durant ces trois jours peuvent venir
forcément du fait qu'une commission aussi importante, mise en place avec
la perspective dans laquelle on la dirigeait du côté juridique, de
tout cela, forcément, est née peut-être une lourdeur
administrative qui a été perçue par l'ensemble des
transporteurs. A travers les mémoires dont on a pris connaissance ici,
on a beaucoup parlé de la lourdeur administrative de la Commission des
transports, on a parlé de l'excès de juridisme que l'on
retrouvait, on a également parlé du budget de fonctionnement de
la Commission des transports, de l'utilisation de son personnel. J'avoue devant
tout le monde que des comparaisons avec l'Ontario, avec d'autres provinces
canadiennes, avec des Etats américains ou le gouvernement
américain sont toujours des comparaisons boiteuses, puisqu'on sait
pertinemment que la variété des lois ou l'organisation des
transports d'une province à l'autre ou d'un pays à l'autre, c'est
tellement différent qu'il n'est pas facile d'arriver à un juste
milieu pour déterminer où sont les vices qu'on voudrait
corriger.
Ayant entendu ces plaintes, je m'attendais, en écoutant le
président de la Commission des transports, et après avoir pris
connaissance du rapport CEGIR, à des opinions plus nuancées que
celles qu'ont énoncées le président et les commissaires
qui l'ont assisté, dans les quelques notes qu'il lisait tantôt
à cette commission. Je m'attendais à avoir des opinions un peu
plus divergentes, sans que la Commission des transports accepte des
blâmes pour les reproches qu'on a pu lui faire dans le passé. A
travers cette commission, j'ai dit qu'au nom de l'Opposition officielle, je
n'accepterais jamais la démission de l'exécutif quant au pouvoir
réglementaire. (17 h 15)
J'ai entendu tantôt les suggestions qu'a faites le
président de la commission. Je connais la procédure, il faut
quand même que ça passe par le lieutenant-gouverneur en conseil,
mais je ne sache pas que ça puisse améliorer d'un iota le
transport et, si j'affirme ceci, on pourra me corriger si on le
désire c'est que, dans les années où j'ai
été en contact avec le ministère des Transports et la
commission; une seule intervention a été faite, par mon
entremise, auprès de la commission, c'est quand on a soustrait à
sa juridiction, parce que la loi ne le prévoyait pas, la vente
d'intérêts québécois à d'autres Canadiens. Je
pense que c'était le seul moyen dont je pouvais me servir; on a dit que
c'était une intrusion du législatif dans le judiciaire.
C'était peut-être vrai, mais c'était le seul moyen qu'on
avait.
Mais je n'ai pas un exemple, dans ma pensée, où la
réglementation, que tout le monde accepte, CEGIR, la commission, les
intervenants, acceptent qu'il appartient au gouvernement de définir ses
politiques. Qu'est-ce qu'on améliorerait en laissant, aux
spécialistes qui sont à l'intérieur de la Commission des
transports, le soin de préparer l'ensemble de la réglementation,
non pas de régie interne ou autre, mais l'ensemble de la
réglementation?
Je vois, aujourd'hui, par ceux qui sont à la commission, des
fonctionnaires qui, dans le temps ont travaillé à mes
côtés, au ministère je pense qu'il y a plusieurs
témoins là et jamais un seul règlement
découlant d'une politique du ministère, dans le temps, à
ma connaissance, n'a été préparé sans que les deux
parties, avec toute leur expertise, puissent se prononcer valablement. J'ai
déjà dit que, si par hasard, le gouvernement actuel
démissionnait devant ses responsabilités, c'est lui qui en
prendra la responsabilité, mais quand on constate que le
lieutenant-gouverneur en conseil, par la suite, aura toujours à
approuver les règlements, en dernier ressort c'est toujours quand
même le gouvernement qui doit prendre les règlements, par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Qu'il ait le pouvoir de désaveu, si
c'est la Commission ou autrement, on va toujours dans la même optique
quand même.
Je reste perplexe quand même, M. le Président, devant le
fait que, tantôt, en nous disant l'interprétation qu'ont les
membres de la commission, sur l'ensemble des 55 recommandations du rapport
CEGIR, je peux faire une erreur d'un ou deux j'ai cru comprendre,
à vous écouter, qu'environ 45 des 55 recommandations avaient
votre accord et que, sur les dix autres, vous aviez certaines réserves
qui pouvaient tenir compte des décisions du ministre, quant à une
addition de personnel ou autres problèmes; mais ça m'a
laissé perplexe que la Commission des transports soit aussi en accord
avec un bureau d'étude qui est supposé avoir inventorié
tous les malaises de la Commission des transports et de l'ensemble des
systèmes de transports.
Je ne veux faire référence, en aucune façon, au
témoignage qu'a rendu un des juges de la commission, dont on a
parlé tantôt; étant donné qu'il est absent comme
vous, je suis un peu mal placé pour faire référence
à la preuve qu'il a donnée; j'ai déjà, en Chambre
ou ailleurs, été en divergence d'opinion avec certains des
jugements qu'il a rendus mais il demeure quand même que, sur certains
points de son argumentation, je suis de ceux qui croient que, dans un langage
qui est peut-être trop direct, il a un peu touché du doigt
certains malaises qu'on rencontre actuellement, après les sept
années qu'a vécues la Commission des transports.
M. le Président, je ne veux pas poser de question, étant
donné l'accord parfait qui existe entre la commission et CEGIR, parce
que j'ai, comme profane en la matière, absolument besoin d'être
renseigné sur toutes les implications de l'acceptation de 45 des
recommandations.
Dans mon esprit, en écoutant les "oui", les uns après les
autres, je me suis demandé vers quelle commission... Tantôt, M. le
juge, vous avez dit que, à travers les fonctionnaires actuels dont vous
disposiez un peu plus de 300 vous seriez en mesure de
répondre vous n'avez pas dit formellement à
l'ensemble des décisions que prendrait le gouvernement. Je doute
énormément que si, sur les 45 "oui" qui ont été
donnés par votre bouche, le gouvernement devait donner suite
complètement à ces voeux, par CEGIR et par la commission, on s'en
irait vers une administration moins lourde. Je pense qu'on s'en irait vers une
commission qui serait beaucoup plus importante que celle qu'on rencontre
actuellement.
Si j'ai besoin d'avoir des avis juridiques sur certains points, sur
lesquels vous êtes en accord avec CEGIR et sur lesquels je suis en accord
également, tendant à améliorer certains délais et
de faire en sorte que les doléances dont je parlais au départ
puissent être, en partie, éliminées, tant mieux, mais j'ai
absolument besoin d'être informé valablement par des
personnes-ressources susceptibles de regarder toutes les
conséquences.
C'étaient les quelques observations, M. le Président, que
je voulais faire.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Charlevoix. M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, j'aurai quelques petites
questions et un commentaire. Tout d'abord, je ne me souviens plus du
numéro de la recommandation, mais lorsque CEGIR recommande de continuer
l'émission des plaques par le ministère des Transports, vous avez
dit: Nous sommes d'accord en principe. Cela a été votre
argumentation; c'est la seule phrase que vous avez dite. Mais, avec le ton sur
lequel vous l'avez dit, je me demandais si vous n'aviez pas des réserves
sur le plan pratique.
M. Prévost: Vous savez, c'est un dossier que nous avons
étudié depuis plusieurs années. Evidemment, le BVA ne joue
pas le même rôle que nous, au point de vue des plaques. La plaque
du BVA est un droit de circuler et c'est vendu suivant des modalités
très simples.
Je dois vous dire que nous avons envisagé plusieurs solutions. La
première, que nous trouvions idéale pour nous, aurait
été de mettre une autre plaque sur les véhicules à
permis, en somme, comme avant, quand le taxi était municipal, la
municipalité donnait une petite plaque pour le taxi.
Les problèmes que cela cause, c'est que les gens disent: II va
falloir aller au BVA chercher nos plaques et il va falloir aller à la
commission en chercher d'autres.
On a ensuite analysé une gamme de solutions et, pour
éviter des tracasseries administratives aux détenteurs de permis,
nous nous sommes reliés, par des écrans cathodiques, à
l'ordinateur du BVA, que nous pouvons "pitonner" et savoir si les gens qui
détiennent des permis vont payer le droit d'immatriculation et le droit
de commission pour les renouveler. Nous avons fait une expérience, que
nous avons appelée "Apollon", dans le taxi et nous avons fait des
arrangements avec le BVA, pour qu'il nous envoie la formule, je crois que c'est
SV-1 -A, de manière qu'on vérifie si le détenteur est en
règle avant de lui envoyer le papier. Nous avons une formule que nous
appelons CTQ-500, qui se veut une passe d'immatriculation par
laquelle nous disons au BVA: Immatriculez M. X avec telle plaque. Nous
avons commencé cette opération dans le vrac, mais à cause
de certains problèmes administratifs, l'automne dernier, nous n'avons pu
la réaliser parfaitement.
Nous avons tenté une expérience pilote à Sept-lles,
où nous avons mis un ou deux de nos fonctionnaires dans un bureau du BVA
et j'ai transmis, au ministre, le rapport de cette expérience pilote.
Personnellement, j'ai fait ma recommandation au ministre; je ne veux pas entrer
dans les détails, c'est un document qu'il a et qu'il lui appartient
d'examiner.
Nous prétendons que si nous pouvions nous décentraliser,
nous pourrions régler le problème sans beaucoup de frais
additionnels, de manière que nous soyons présents dans un certain
nombre de bureaux du BVA où les gens pourraient s'immatriculer
correctement.
M. Chevrette: En lisant le rapport CEGIR et en vous
écoutant, j'ai eu une surprise moi aussi. Vous semblez pratiquement
unanime, comme le disait le député de Charlevoix, avec les
recommandations. Ma première question sur le sujet, c'est: Etes-vous
d'accord avec l'analyse des faits de CEGIR?
M. Prévost: J'ai lu les deux volumes du rapport CEGIR
à plusieurs reprises. L'analyse des faits rapportés par CEGIR
montre évidemment des problèmes et des lacunes. Il ne faut pas se
le cacher, mais il ne faut pas perdre de vue non plus qu'un organisme qui a un
pouvoir de décision fait toujours des heureux et des malheureux: celui
qui gagne sa cause et celui qui la perd. Il y a également un autre
phénomène dans le transport et ce n'est pas seulement ici. J'en
ai parlé à mes collègues des autres provinces et des
Etats-Unis. Celui qui veut avoir un permis trouve toujours que c'est trop long
pour l'avoir. Aussitôt qu'il l'a, il trouve qu'il faut que cela prenne
bien du temps pour que les autres en obtiennent un pour venir les concurrencer.
Il est évident que lorsque CEGIR a rencontré ses témoins
externes je ne connais, pour ma part, que ce qui apparaît dans le
rapport, je n'ai pas eu accès à d'autres documents ce sont
ceux qui ne sont pas satisfaits évidemment qui se sont manifestés
le plus, et c'est toujours normal.
Les faits rapportés par CEGIR, je n'ai pas de raison de douter
que CEGIR a rapporté ce qui lui a été dit. CEGIR avait
demandé à rencontrer quelques membres de la commission. Je lui
avais suggéré de les rencontrer tous et il les a tous
rencontrés. J'avais dit à CEGIR: Rencontrez les fonctionnaires
que vous voudrez, en autant qu'on s'arrangera pour ne pas paralyser la
boîte une journée, deux jours, trois jours et les relations se
sont faites. Je n'ai pas compté, je n'ai pas fait l'addition des
recommandations sur lesquelles nous disions oui, oui partiellement ou non, mais
je puis assurer le député de Charlevoix et le
député de Joliette-Montcalm que si nous tombons d'accord sur un
certain nombre de recommandations de CEGIR, c'est que bien avant même que
CEGIR arrive à faire cette étude, nous avions déjà
certaines idées de ce genre.
Prenez la Gazette officielle. Je l'ai déjà
recommandé à plusieurs reprises. J'ai déjà
présenté au Conseil du trésor un état comparatif
des dépenses de la Gazette officielle et d'un bulletin de la commission.
Ce n'est pas... Cela me fait plaisir que CEGIR le confirme. Cela a
été notre théorie depuis toujours et, à même
les documents officiels du gouvernement, vous verrez qu'on l'a
déjà recommandé.
Lorsque CEGIR parle de décentralisation, je me suis
adressé au ministre il y a environ une année et demie pour lui
proposer une expérience pilote à Sept-lles. Que CEGIR confirme
que ce serait une bonne affaire, cela me fait plaisir, mais je ne suis tout de
même pas pour aller dire que je suis contre. Je serais illogique. Je l'ai
déjà recommandé. J'ai déjà recommandé
que les tarifs en matière de camionnage puissent être
"processés" à l'option des parties, comme ceux des autobus par
des publications dans les journaux.
(17 h 30)
Evidemment, que CEGIR parle de raccourcir les délais, je serais
illogique d'être contre. Lorsque j'ai fait la consultation avec mes
collègues, je peux vous dire que c'était spontané.
L'administrateur m'a également dit, lorsque j'ai préparé
mes commentaires, qu'il était d'accord. Il y en a d'autres. Si j'avais
le temps, je les repasserais. Parmi ces recommandations, je pourrais trouver de
la documentation pour en soutenir plusieurs. La commission a
déjà, par un comité de ses membres, préparé
un nouveau règlement 2 sur les règles de pratique pour les
simplifier et je crois, je ne veux pas parler au nom du ministre, que je l'ai
certainement envoyé au ministre et, pour autant que je me le rappelle,
le ministre l'a remis à CEGIR.
Evidemment, il y a bien des affaires qu'on a proposées dans cet
amendement ou cette refonte du règlement no 2 que CEGIR confirme. Je ne
suis pas pour toujours dire que je suis en désaccord avec ce que CEGIR a
proposé, il y en a bien d'autres. Si j'avais le temps et si c'est votre
désir, je peux les repasser une par une et je pourrai vous dire...
M. Chevrette: C'est parce que, ce matin, il y a un groupe qui a
témoigné. Vous avez assisté au témoignage, je
crois, du Conseil provincial du taxi, en particulier, qui a fait une analyse...
Remarquez bien que je vais poser aussi la question à CEGIR tout à
l'heure, parce qu'il me semblait, avant même de lire le mémoire du
Conseil provincial du taxi, qu'il y avait une certaine contradiction qui
sautait aux yeux, à partir de l'analyse des faits, par rapport aux
recommandations. C'est un peu ce que je voulais savoir de votre part. Cela ne
paraît pas contradictoire, l'analyse des faits par CEGIR par rapport aux
recommandations finales?
M. Prévost: Même si, vous savez, l'analyse des faits
révélait, ce n'est pas une admission de ma part, qu'il y a des
problèmes, je pense, et CEGIR le dit lui-même dans son rapport, au
début, sa
phase I était une étude sur la Commission des transports,
sur l'administration de la commission. Par la suite, à la phase II,
CEGIR a dit: II va falloir élargir l'étude parce que, s'il y a
des problèmes dans le transport, ce n'est pas seulement dû
à la Commission des transports, cela peut être dû à
divers autres agents impliqués dans le transports. CEGIR a donc
élargi son étude en suivant l'autorisation du ministre et CEGIR
en est arrivé à dire qu'il y aurait des correctifs à
apporter.
Il y en a d'autres là-dedans, les enquêtes
socio-économiques, on a commencé il y a environ trois ans
à en faire. On en a fait sur le déménagement des
marchandises, le déménagement des meubles et ameublements
usagés. On en a fait une sur le transport des personnes, nous avons
envoyé des lettres à tous les maires et présidents des
commissions scolaires, nous avons fait faire une étude au port de
Montréal, lors de la grève de certains ports américains,
nous avons fait faire une étude sur les mouvements entre Mirabel, Dorval
et le Montréal métropolitain. Evidemment, on ne pouvait pas faire
ça la première année. Notre gros problème, c'est
qu'on avait le personnel d'une régie qui fonctionnait avec 75
employés et qui avait environ 5000 détenteurs de permis. Durant
la même année, se sont ajoutés plus de 20 000
détenteurs de permis, avec l'obligation de fixer des taux et tarifs et
avec l'obligation de s'occuper du transport saisonnier qu'on n'avait pas avant,
ainsi que du service touristique.
M. Chevrette: Sur la question du légalisme, terme qui est
revenu, je pense, dans la majorité des mémoires, tout en disant
que ce n'était pas si mal pour certains, on disait que c'était
technocratique. Ne craignez-vous pas que le gigantisme qui est proposé
dans CEGIR, en tout cas à mes yeux, pourrait entraîner plus de
dédoublement et que cela pourrait entraîner davantage de
légalisme?
M. Prévost: Evidemment, le légalisme à la
commission, sa source provient du règlement no 2 sur les règles
de pratique et de régie interne, dans lequel il est indiqué, dans
des articles très courts, mais qui en disent beaucoup, qu'un très
grand nombre d'articles du Code de procédure civile s'appliquent. Dans
un autre article qui est très court, mais qui en dit beaucoup, cela dit
qu'un grand nombre d'articles du Code civil s'appliquent.
Là, évidemment, il y a deux thèses qui
s'affrontent: ceux qui voudraient que ce soient les procédures les plus
officieuses possible et ceux qui disent: Je veux faire valoir mes droits. A la
minute où les règles du Code de procédure s'appliquent,
c'est l'introduction de la demande, sa publication, les oppositions. Il y a des
causes où il y a 52 oppositions. L'audition s'engage. Alors, il y a les
règles de la preuve, les règles de l'interrogatoire, les
règles du contre-interrogatoire qui s'appliquent. Des avocats ont
même demandé à quelques reprises l'exclusion des
témoins. Cet article du Code de procédure s'applique à la
commission et nous avons décrété l'exclusion des
témoins.
Evidemment, je pense que, dans certaines activités et vous
le voyez un peu par les intervenants il est bien évident qu'en
matière de taxi, c'est bien compliqué parce qu'on est
obligé de suivre les règles du Code de procédure civile
pour un transfert de permis de taxi. Mais il y a d'autres affaires alors que
quelqu'un demande un permis très important ou très
considérable et qu'il y a 50 opposants. Il est évident qu'il est
difficile de traiter cela justement, sur une base de procédure
officieuse. Quand il y a 50 parties dans une cause et qu'il y a peut-être
dix ou douze avocats, il faut respecter les règles de procédure
si on ne veut pas que cela devienne une foire. Il faut quand même garder,
à ces moments-là, une attitude légaliste. Prenez, par
exemple, lorsque les intervenants demandent l'abolition du cautionnement. Nous
l'avons suggéré dans notre règlement que le ministre a
transmis à CEGIR. Parce que nous trouvons que cela coûte cher au
gouvernement de recevoir $50 et de le remettre dans 80% des cas, parce qu'on ne
le remet que lorsque c'est une procédure futile.
Nous avons proposé, à un moment donné, une
échelle de frais d'inscription. Pour faire une demande, cela
coûterait $5 ou $10, comme le gouvernement voudra. Ce sera fini. Ce ne
sera pas remboursable. Ce sont des choses, évidemment, avec lesquelles
je ne puis pas être en désaccord. Ce sont des choses que nous
préconisons depuis très longtemps. D'ailleurs, je n'ai rien
à faire valoir à mon avantage, ici devant cette commission, mais
vous remarquez que parmi tous les organismes qui ont fait entendre leurs
représentations, il y en a beaucoup qui ne sont pas très
satisfaits de la manière que cela fonctionne. Mais, lorsque M. le
ministre posait des questions à la fin: Voulez-vous encore qu'il y ait
des permis? Voulez-vous qu'on déréglemente? La plupart veulent
tous des permis. Ils veulent tous garder la commission pour arbitrer leurs
difficultés.
M. Chevrette: C'est sur cela que je finirai. C'est avec un
commentaire. Moi aussi, je dois affirmer qu'il y a eu des commentaires
passablement contradictoires, sur la commission et ses membres, par des gens
dans nos propres bureaux, commentaires qui ont été divergents par
rapport à ceux qui ont été donnés ici
officiellement en commission. J'en ignore les motifs, mais les gens qui se sont
présentés devant la commission parlementaire, après nous
avoir pris deux ou trois heures pour nous exprimer toutes sortes de points de
vue très divergents, ont été plutôt muets sur le
même sujet. C'est ce que je voulais dire.
M. Mailloux: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: ...étant donné l'observation que vient
de faire M. le député de Joliette-Montcalm, je voudrais affirmer
de mon siège que je n'ai discuté avec aucun des membres de la
commission, sauf que j'ai parlé ici avec M. le juge pour sa
présentation, mais je n'ai discuté d'aucune façon
avec...
M. Chevrette: Je ne parle pas des membres de la commission, je
m'excuse, M. le député.
M. Mailloux: ... les commissaires.
M. Chevrette: Ce n'est pas ce que j'ai dit non plus.
M. Mailloux: J'ai compris commissaires.
M. Chevrette: J'ai dit que les groupes qui sont venus devant nous
et qui envahissent littéralement nos bureaux pour s'en prendre, bien
souvent, à des procédures de la commission, à des
façons de fonctionner de la commission et même, dans certains cas,
en dénonçant des membres de la commission, se sont montrés
plutôt flatteurs ici. C'est pour ça que j'ai été
surpris moi aussi. Je voulais faire ce commentaire. Ceux qui ont à
mettre le chapeau, qu'ils le mettent, je n'ai pas de porte de sortie.
M. Prévost: On l'a remarqué nous aussi, vous
savez.
M. Chevrette: Sans doute.
M. Prévost: Tous ceux qui vivent dans une association se
réunissent à un moment donné à la table du conseil
et préconisent des solutions valables et à l'avantage du
groupement des transporteurs. Par exemple, des associations sont
déjà venues me dire que la commission donnait trop de permis
spéciaux, mais, dans les semaines qui ont suivi, on a regardé qui
demandait des permis spéciaux et il est arrivé parfois que
c'étaient les mêmes administrateurs d'associations qui trouvaient
qu'on en donnait trop, qui venaient en demander pour eux-mêmes.
C'est évident que chacun agit dans la vie dans la chaise
où il se trouve. Lorsqu'il est président ou vice-président
d'une association, il parle de grands principes pour le bien-être du
groupement, mais lorsqu'il revient dans le fauteuil de sa compagnie, il pense
plus à ses intérêts personnels. C'est là la nature
humaine et je ne le dis aucunement pour déprécier qui que ce
soit. Je pense bien que, tant qu'il y aura de l'homme, il y aura de
l'hommerie.
M. Chevrette: C'est évident, mais c'est bon de souligner
l'hommerie de temps en temps.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie. Je remercie
le président de la Commission des transports et ses adjoints qui sont
venus se présenter devant la commission.
M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, je vous remercie beaucoup,
l'heure avance. Je pense que maintenant, si la commission est d'accord, comme
c'était entendu au début, même si l'heure est tardive, si
les membres de la commission sont un peu fatigués, on devrait, je pense,
passer à CEGIR, qui nous exposera sa méthodologie et
répondra aux questions qu'on pourra poser. M. Laferrière.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, s'il y a toujours
consentement, comme prévu tout à l'heure, des membres de la
commission, nous pourrons entendre M. Laferrière et peut-être
d'autres personnes du groupe CEGIR.
Firme CEGIR
M. Laferrière (Pierre): Mon nom est Pierre
Laferrière, je suis associé de la firme CEGIR. J'ai
été responsable du déroulement de cette étude, tout
au long. Je suis accompagné de Me Claude Bonneau, qui a joué un
rôle important dans le déroulement de cette étude. Me
Bonneau est membre de l'équipe CEGIR.
Je lisais récemment un article de M. Marver Bernstein, professeur
à l'Université Princeton sur la réforme des organismes
autonomes de régulation aux Etats-Unis. Il constatait au sujet de ces
organismes: "Louangées par plusieurs, durement critiquées par
d'autres et tolérées par la plupart de ceux qu'affectent
directement ou indirectement leurs politiques et leurs décisions, les
commissions autonomes deviennent directement la cible des projets de
réforme des experts en réorganisation c'est nous
des avocats j'en ai un avec moi de ceux qui proposent un
accroissement du rôle de l'Etat dans l'économie je pense
qu'il y a eu plusieurs intervenants dans ce sens et, depuis quelques
années, de ceux qui s'intéressent à la protection du
consommateur." C'était le dernier groupe à venir
témoigner. (17 h 45)
Je pense que nous avons des problèmes normaux, je pense que la
seule chose qui serait anormale serait de ne pas s'y attaquer avec toute la
franchise nécessaire.
Nous avons suivi avec beaucoup d'intérêt les travaux de la
commission et nous sommes très heureux d'avoir l'occasion de venir nous
exprimer devant vous. Nous ne voudrions pas utiliser ce temps comme un droit de
réplique à l'endroit de tous ceux qui ont pris la peine de venir
contribuer à ces travaux. Je pense que ce ne serait pas honnête de
notre part de profiter de ces dernières minutes pour appuyer certaines
idées qui nous ont plu ou pour contredire des idées qui ne nous
ont pas plu. Sauf dans un cas où notre intégrité
professionnelle a été attaquée, je ne voudrais pas revenir
spécifiquement sur les interventions qui ont été faites.
Cependant, en suivant les travaux de la commission, nous nous sommes
familiarisés, je pense, avec les préoccupations de cette
commission, aux points qui lui sont les plus sensibles et nous voudrions
revenir brièvement sur ces points, après quoi nous serons
disponibles pour répondre le mieux possible à toutes vos
questions.
L'exposé que nous voudrions faire couvre trois points principaux:
d'abord, notre méthodologie, deuxièmement, nous voudrions vous
exposer notre conception de la régulation économique des
transports et, troisièmement, nous voudrions revenir sur certaines
recommandations spécifiques que nous avons faites, en particulier
l'élaboration de la réglementation, la présence de juges
à la commission, la composition des bancs, etc.
D'abord, notre méthodologie. Le tout a commencé par un
énoncé de problèmes qui nous a été fait,
problèmes que vous avez entendus au cours des trois derniers jours,
allégations de transport illégal, lourdeur de procédure,
préoccupations d'ordre plutôt judiciaire qu'économique, en
fait, on nous disait qu'il y avait des insatisfactions sérieuses chez
les transporteurs.
Notre première réaction, et cela a été la
première étape de notre étude, a été de
dire: Nous allons aller voir les transporteurs pour vérifier l'existence
de ces problèmes et pour voir dans quelle direction nous devons chercher
des solutions. Il aurait été facile de se précipiter tout
de suite dans les locaux de la commission et de faire un travail de
réorganisation interne sans préoccupation pour les agents de
l'industrie du transport, mais nous avons voulu d'abord aller vérifier
de nos propres yeux, avec notre propre conviction, ce qui se passait.
Dans cette première étape de nos travaux, on a fait un
certain nombre de choix méthodologiques et je voudrais vous les
résumer ici, succinctement. D'abord, on a décidé de
concentrer nos recherches sur les requérants de la commission, les
transporteurs, puisqu'on nous avait dit que l'insatisfaction se situait
davantage à ce niveau. C'est un choix méthodologique que nous
avons fait. Nous n'avons consulté qu'accessoirement des utilisateurs de
services de transport. C'est l'explication du fait que des gens comme
l'Association des consommateurs du Québec n'aient pas été
consultés.
Ensuite, nous avons fait un choix de secteurs à aller
étudier. Nous avions fait un classement des différents secteurs
de transport de juridiction provinciale, notre classement comprenait huit
secteurs et on en a gardé cinq.
On avait dit au ministre qu'on n'éprouvait pas le besoin d'aller
voir tous les secteurs pour les fins de notre étude. Effectivement,
après en avoir vu cinq, on constatait que l'utilité marginale de
l'opération devenait sérieusement décroissante. Il reste
que nous avons vu des secteurs d'activité dans le domaine du transport
qui représentent autour de 70% des recettes totales de l'industrie.
Notre objectif n'était pas d'aller régler les
problèmes dans chacun des secteurs, mais d'étudier le
fonctionnement de la régulation des transports au Québec. Un
autre choix méthodologique que nous avons fait, c'est que nous avons
mené des entrevues qui étaient choisies par nous, au lieu de
procéder comme une commission d'enquête avec des avis publics pour
audiences. Il y avait des raisons à ça, il y a des avantages, il
y a des inconvénients. Parmi les avantages, il y a le fait que nous
avons fait 135 entrevues auprès de personnes ou groupes. Je pense que
c'est une réponse appréciable.
Evidemment, parmi les inconvénients, il y a certaines de nos
décisions qui peuvent être discutables et je pense en particulier,
encore une fois, à l'Association des consommateurs du Québec.
Nous avons épluché, en plus, environ 150 documents, rapports
semblables, toutes sortes de tex- tes qui pouvaient avoir une certaine
pertinence avec le sujet. Finalement, le dernier choix méthodologique
que nous avons fait, c'est celui de protéger nos sources d'information.
Nous savions, dès lors, qu'il y aurait une commission parlementaire et
nous avons préféré cette approche; dans plusieurs cas,
nous sommes convaincus que nous avons eu beaucoup plus rapidement et beaucoup
plus économiquement un portrait de la réalité qui nous
aidait dans nos travaux.
Les résultats de cette première étape ont
été, en résumé, les suivants: premièrement,
on a constaté que les problèmes énoncés
étaient bien réels, qu'ils étaient quelquefois
différents d'un secteur du transport à l'autre. Cela, les travaux
de la commission parlementaire l'ont bien confirmé. Surtout, on a
constaté qu'en analysant seulement la Commission des transports du
Québec, on passait à côté d'une partie importante
des problèmes qui avaient été énoncés. Le
processus de régulation des transports au Québec est
morcelé et, en n'examinant qu'un seul des intervenants, la Commission
des transports du Québec, on se privait d'une partie importante de la
réalité.
Cela a donc orienté considérablement les travaux de notre
seconde étape. A la seconde étape de nos travaux, nous avons donc
consulté, en plus des membres de la commission et certains de leurs
fonctionnaires, le Tribunal des transports, certains corps policiers et, au
niveau du ministère, des gens responsables des systèmes de
transport, Bureau des véhicules automobiles, etc.
Enfin, nous avons voulu consulter tous les agents qui sont actuellement
ou potentiellement impliqués dans le processus de régulation. Une
autre chose que nous avons faite à cette seconde étape, c'est que
nous avons comparé le système de régulation des transports
du Québec, en particulier sa Commission des transports, avec un certain
nombre d'autres organismes. Nous avons fait une comparaison avec l'ancienne
régie des transports, parce qu'on avait la préoccupation,
dès le départ, de ne pas réinventer la roue. Nous avons
aussi fait des comparaisons avec des régulateurs québécois
dans d'autres secteurs que celui du transport, soit la Régie des
services publics et la Régie de l'électricité et du gaz,
et nous avons comparé également avec des commissions de
transport, sur d'autres territoires: l'Ontario, la Colombie-Britannique, la
Commission canadienne des transports et, aux Etats-Unis, l'Interstate Commerce
Commission. Dans certains de ces cas, on s'est même rendu sur place et on
a rencontré des membres de ces commissions.
Notre intention n'était pas de copier ce qui se faisait ailleurs,
mais, quand même, de nous inspirer le plus possible d'idées
intéressantes qu'on pouvait y recueillir. Ces études
comparatives, dont on publie les résultats dans notre première
annexe, nous ont permis de nous apercevoir, entre autres, qu'au Québec,
en matière de régulation des transports, pour reprendre une
expression qui est revenue souvent ces derniers jours, nous étions les
seuls contre le régiment à avoir le pas.
Seulement à titre d'exemple, tous les autres régulateurs
que nous avons rencontrés ont des pouvoirs discrétionnaires et
agissent à l'intérieur d'une réglementation qui est
beaucoup plus simple que celle que nous avons ici au Québec. On pourra
revenir sur ces comparaisons, si vous le souhaitez, au moment de la
période de questions. Puis, nous avons finalement remis nos
recommandations. Le ministre nous avait informés il y a
déjà longtemps de son intention de demander une commission
parlementaire pour étudier notre rapport. Dès le début,
nous avons souscrit à cette initiative, sachant qu'elle
complétait merveilleusement bien l'approche que nous avions retenue, et,
comme le disait à juste titre le député de Richmond au
début des travaux de la commission, nous considérons que notre
document est une base de discussion et nous pensons effectivement, à la
fin des travaux de cette commission, que certaines de nos recommandations ont
été enrichies de façon extrêmement
intéressante pour les travaux de la commission.
Avant de vous exposer notre conception de la régulation, il y a
une mise au point qu'il m'apparaît important de faire. Il y a un
intervenant qui, dans un mémoire qu'il a remis, je sais qu'il n'en a pas
parlé au moment de son témoignage, mais comme les mémoires
sont déposés au dossier, je dois absolument relever ce fait, un
mémoire, celui de la ligue nouvelle des propriétaires de taxis,
qui dit: "Nous devons simplement souligner à cette commission qu'en ce
qui concerne le taxi, la méthodologie décrite dans le rapport
final n'a pas été suivie." C'est indirectement nous accuser de
mentir au ministre et je pense que cette allégation doit être
relevée. On lit dans le mémoire 6-M, celui de la Ligue nouvelle
des propriétaires de taxis de Montréal en page 7, le texte
suivant: "Malheureusement, nous avons le regret d'informer la commission
parlementaire que, 1) jamais aucun officier du CEGIR n'a rencontré
officiellement ou officieusement un ou des membres du conseil d'administration
actuel ou antérieur de la ligue A-11 ; 2) nos archives ne nous indiquent
pas qu'une demande pour une telle rencontre ait jamais été
reçue du CEGIR". Je dois vous informer que M. Jacques Roy, de notre
firme, a personnellement rencontré les représentants de la Ligue
nouvelle des propriétaires de taxis de Montréal Inc. le 23
février 1978 à leur bureau du 1691 est, rue Mont-Royal,
Montréal, que cette réunion a eu lieu de 13 h 30 à 18 h 30
et qu'elle comprenait les personnes suivantes: M. Normand N. Sylver, alors
président de la ligue, M. Jean-Guy Renaud, alors vice-président,
M. Jean Chayer, secrétaire trésorier, et M. Gérard
DesAutels, qui était alors administrateur de la ligue. M. Alain
Noèl de notre firme, de même que M. Jacques Roy, ont souvent
communiqué par téléphone par la suite à plusieurs
reprises, soit avec M. DesAutels, soit avec M. Chayer, pour obtenir de
l'information sur la ligue. Ce mémoire dit en plus, à la page 8,
"3) la ligue n'a jamais fourni de documentation à CEGIR en regard de
cette étude sur la Commission des transports; 4) nos archives ne nous
indiquent pas que CEGIR dit demander telle documentation à la ligue." Je
vous dirai qu'à l'occasion de la renconte du 23 février, M.
Chayer a remis à M. Jacques Roy de notre firme les documents suivants:
Taxi, le problème, qu'en pensez-vous? Document produit par M. Chayer et
décrivant les problèmes de l'industrie du taxi. A
également été remis à M. Roy, de notre firme, un
état des revenus et dépenses de l'exploitation d'un
véhicule-taxi et finalement un abonnement à la revue Ta-lnfo, qui
a été remis sur le champ à M. Jacques Roy et qui est
parvenu à CEGIR par la suite pendant au moins six à huit
mois.
Je voudrais maintenant aborder le deuxième point de notre
exposé.
Le Président (M. Bordeleau): M. Laferrière, je
m'excuse, quelques secondes, pour être dans les règles, j'aurais
dû demander le consentement des membres de la commission pour pouvoir
continuer parce que, normalement, on devrait suspendre nos travaux à 18
heures. Alors, si j'obtiens ce consentement...
M. Chevrette: Consentement.
Le Président (M. Bordeleau): Nous pouvons continuer. M. le
ministre, vous avez une observation?
M. Lessard: Oui, je demanderais à M. Laferrière si
on pouvait accélérer un peu, parce qu'il y a des membres de la
commission c'est regrettable qui ont des engagements assez
serrés, je pense. (18 heures)
M. Laferrière: D'accord. Deuxièmement, je voudrais
vous exposer succinctement notre conception de la régulation, et de cet
esprit qui a présidé à la formulation de nos
recommandations. Traditionnellement, dans nos économies
nord-américaines, il y a trois secteurs d'activité qui font
l'objet d'une régulation: les transports, l'énergie et les
communications. Evidemment, avec les tendances actuelles, la régulation
cherche à s'étendre à d'autres secteurs. Ces secteurs sont
des services publics qui sont souvent détenus, où les entreprises
sont souvent détenues en propriété privée.
Evidemment, le gouvernement veut s'assurer que ces services soient accessibles
et qu'ils concourent bien au développement économique du
territoire. C'est généralement des cas où le gouvernement
estime que les forces du marché doivent être compensées,
mais le gouvernement n'est pas prêt, pour assurer ceci, à prendre
lui-même la propriété de ces organisations. Alors, il
régit ou, comme on dit chez nous, il "régule",
c'est-à-dire qu'il décide d'avoir une action sur les services
offerts par le biais des permis et, sur les prix, par le biais des taux et
tarifs. Par ailleurs, si le pouvoir politique doit orienter, on ne veut pas
dans notre culture politique qu'il puisse décider de cas
particuliers.
Alors, on crée un organisme qu'on veut le plus indépendant
possible du pouvoir politique, lorsqu'il rend des décisions unanimes une
à une, mais on le veut soumis aux orientations du gouver-
nement, en matière générale. La question
fondamentale alors, c'est: Comment faire? Au Québec, depuis 1972,
l'outil privilégié qui a été retenu pour faire ce
passage du général au particulier a été la
réglementation. La réglementation, ce sont des normes
générales et impersonnelles qui cherchent à
déterminer à l'avance l'intérêt public dans chaque
cas particulier. Or, nous, on dit que, dans le cas de l'industrie des
transports, cela ne peut pas marcher. Comme l'a dit le député de
Charlevoix à plusieurs reprises au cours des travaux de la commission,
le transport est une industrie mouvante. Plusieurs intervenants ont
confirmé ce point de vue auquel on souscrit beaucoup. Nous pensons que
l'intérêt public peut être différent d'un endroit
à l'autre, d'une période à l'autre, et qu'il est à
peu près impossible de prévoir des règles qui vont
être prêtes à résoudre tous les cas.
La réglementation, selon nous, est un outil inadéquat dans
la plupart des secteurs du transport. Les résultats de son utilisation
massive au Québec, c'est qu'à toutes fins utiles, la Commission
des transports fonctionne comme une cour de justice. En caricaturant et en
prenant l'exemple du vrac, il y a eu des permis émis, surtout parce
qu'il existait un règlement et non pas parce qu'il existait un camion.
Pour reprendre une citation du même article, M. Bernstein, quand il fait
la description de l'évolution des organismes autonomes de
régulation aux Etats-Unis, quand il examine les raisons qui ont
amené à la création des commissions autonomes à la
fin du 19e siècle, dit ceci: On accusait les tribunaux de délais
indus dans le traitement des causes de régulation, d'un manque
d'engagement au soutien des objectifs établis par la loi, et de n'avoir
pas réussi à s'occuper de l'intérêt public en raison
de leur incapacité à commencer eux-mêmes des causes et
à conduire des enquêtes indépendantes pour découvrir
les faits pertinents. J'ai lu ceci après qu'on eut fait notre rapport,
mais je vous jure qu'à peu de choses près, cela sonne beaucoup
comme ce qu'un nombre considérable de personnes que nous avons
rencontrées nous ont dit.
Quelle est l'alternative à la réglementation? C'est le
recours à la discrétion, de donner au régulateur les
pouvoirs de déterminer lui-même l'intérêt public dans
chaque cas, évidemment dans un cadre. Dernière citation, vous me
la permettrez, sans allonger le temps des travaux de cette commission, la
commission Hoover, aux Etats-Unis, en 1949, le Committee on Indépendant
Regulatory Commissions, disait: La commission de régulation est un type
d'organisme utile et souhaitable dans tous les cas où une adaptation
constante à des conditions changeantes et la délégation
d'une large discrétion administrative sont essentielles à
l'efficacité du contrôle étatique. 1949.
Evidemment, vous allez dire: Oui, mais le régulateur finit par
décider ce qu'il veut et il échappe aux orientations du pouvoir
politique. Le danger est réel et on ne le nie pas. On a connu cette
situation avec l'ancienne Régie des transports. En Ontario, la
même situation s'est produite dans certains cas et le rapport Gregory a
proposé des correctifs là où le ministre n'avait pas
énoncé de politiques, il est arrivé que des
décisions de la commission deviennent des politiques gouvernementales de
facto, d'où notre première recommandation et je pense que c'est
la plus importante de notre rapport à savoir que le ministre ou le
gouvernement doit orienter, au moyen d'énoncés de politiques, les
décisions du régulateur. Ces énoncés de politiques
peuvent prendre des formes diverses, mais on pense nous, pour le ministre, pour
le régulateur et finalement, pour l'industrie du transport en
général que le recours à un outil comme la
réglementation, pour tenter d'orienter ce secteur important de notre
activité économique, c'est un outil qui finit par déjouer
tout le monde, le ministre, le régulateur et tous les agents
économiques impliqués.
On va écourter ici et nous serons maintenant disponibles pour
répondre à vos questions.
Le Président (M. Bordeleau): Merci beaucoup. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: Vous venez de dire justement, je comprends, on parle
d'objectifs à savoir qu'à cause de la souplesse, vous dites: La
réglementation s'en va vers la commission puis l'élaboration des
politiques générales s'en va vers le ministre. Mais quand vous
dites: Donner au régulateur le droit de déterminer lui-même
l'intérêt public, je me sens mal à l'aise devant une
proposition comme celle-là, c'est-à-dire, qu'il me semble
qu'à un moment donné, le gouvernement ou le lieutenant-gouverneur
en conseil a des responsabilités, il est responsable devant la
population et il y a un danger qui m'apparaît en fait assez important
dans chacun des cas déterminés que l'intérêt public,
c'est la commission et en même temps, les politiques
générales, en fait, la question fondamentale c'est
le ministre et les politiques particulières ou la réglementation
particulière comme telle de différents secteurs, c'est la
commission. Où commence et où s'arrête cette affaire? Parce
que dans le fond, la réglementation, c'est des déterminations de
politiques générales.
M. Laferrière: La phrase que vous avez citée, de
notre déclaration, mérite effectivement d'être
nuancée. Cela ne faisait pas longtemps que vous m'aviez demandé
d'accélérer le rythme. Je vais demander à mon
collègue, Me Bonneau de répondre à cette question qu'on
estime très importante.
M. Bonneau (Claude): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission, quand on dit que la discrétion permettrait
à l'organisme de régulation de déterminer dans chaque cas
l'intérêt public, laissez-moi vous donner un exemple ou des
exemples un peu plus particuliers. La commission ou l'organisme de
régulation doit rendre des décisions particulières,
c'est-à-dire, qu'elle a à rendre, elle a à décider
dans un cas particulier si, par exemple, un transporteur sera admis dans
l'industrie, si on lui
accorde un permis. Dans un cas comme celui-là, il faut que
l'organisme de régulation puisse être en mesure de
déterminer, dans ce cas, et à l'époque où c'est
demandé quel est l'intérêt public, c'est-à-dire,
quelles sont toutes les dimensions socio-économiques qui font qu'on
devrait ou on ne devrait pas accorder ce permis. Cela ne veut pas dire que dans
ce cas l'organisme de régulation émettrait des politiques ou que
dans sa décision il y aurait quelque chose qui pourrait être
interprété comme une politique. Cela veut dire qu'elle exerce son
jugement pour dire que dans tel cas, la réalité
socio-économique nous dit que dans l'intérêt public, on
accorde ou on n'accorde pas le permis.
M. Lessard: Justement, dans la réglementation qui a
été faite sur le vrac, par exemple, en 1972, le ministre et le
gouvernement n'ont pas dit à la commission: Vous devrez émettre.
M. Laferriè-re disait tout à l'heure que des permis de vrac ont
été émis parce qu'il y avait un règlement. Le
ministre n'a pas dit comme tel à la commission: Vous allez
émettre tant de permis de vrac. Il a dit: On fait un règlement
selon lequel le vrac doit être réglementé et un permis est
nécessaire pour faire du vrac. Mais, justement, c'est là
où la commission doit utiliser sa discrétion à partir du
règlement général. Avant d'émettre un permis de
vrac, la commission avait la possibilité et c'est le droit des
intervenants de convoquer les associations de vrac et les organismes de
vrac, les gens dans les régions, de convoquer ces différents
organismes et dire: Est-ce nécessaire de façon
socio-économique d'émettre un permis supplémentaire ou
deux ou trois permis supplémentaires? Après cela, la commission
prenait une décision, mais sa discrétion, il me semble qu'elle
est large en "mosus", à partir du règlement général
qui a été élaboré à un moment donné
en 1972. Ce qu'on demandait à la commission, c'est justement de tenir
compte de facteurs socio-économiques avant d'émettre, par
exemple, un permis de vrac. Moi, la discrétion, je la vois un peu
là-dedans. On détermine des avenues et on dit après: Vous
tenez compte de facteurs socio-économiques.
M. Bonneau: Vous venez de résumer exactement notre
position, mais permettez-moi de ne pas être d'accord quand vous dites que
le règlement sur le camionnage en vrac donne une discrétion
à la commission. De façon générale, vous venez
d'exprimer notre position.
M. Lessard: Préciser de donner un permis de vrac à
M. X ou à M. Y. Il y a une réglementation sur le vrac,
maintenant, utilisez votre discrétion pour voir si cette personne a le
droit à son permis de vrac ou pas. Et si le facteur
socio-économique ou l'intérêt économique du milieu,
en vertu de la relation d'utilité publique, oblige justement à
l'émission d'un tel permis...
M. Bonneau: Quand on donne une discrétion à un
organisme, ce qu'on veut dire, c'est qu'on lui permet de juger de chaque cas
selon l'intérêt public ou, par exemple, l'expression qui revient
souvent dans les organismes qu'on a consultés: "Public necessity
inconvénients". Il n'y a rien dans le règlement du camionnage en
vrac qui donne une telle possibilité ou une telle discrétion
à la commission. A peu près le seul règlement, ou je
devrais plutôt dire l'ordonnance qui donne une discrétion à
la commission, c'est l'ordonnance sur le camionnage. Mais les règlements
qui ont été émis depuis 1972, ce sont des
règlements qui ont à peu près les mêmes
caractéristiques, c'est-à-dire qu'on essaie de prévoir
chaque cas. On essaie de dire: II faut que telle personne rencontre telle ou
telle condition. Si elle les rencontre, elle a le permis. Si elle ne les
rencontre pas, elle ne l'a pas. On ne donne pas à la commission le
pouvoir de dire, la possibilité de dire: Dans ce contexte-là,
dans cette région-là, le temps où nous sommes, la
réalité socio-économique fait qu'on devrait refuser le
permis ou on devrait l'accorder.
M. Lessard: Je ne suis pas d'accord avec votre
interprétation. Je ne suis pas d'accord avec l'interprétation que
vous donnez sur le permis. On donne des conditions pour l'obtention d'un
permis. On prend cet exemple pour vous montrer la différence entre la
réglementation et du côté du ministère ou du
côté de la commission, mais, par exemple, un des critères
qu'on donnait dans le règlement à la commission, c'est
l'utilité publique et la commission devait juger en relation avec ces
critères d'utilité publique. A l'article 15, les conditions pour
obtenir un permis et en être titulaire-Bon! Etre majeur, être
domicilié et avoir un camion probablement, en tout cas, mais je voudrais
revenir devant la commission, pour la commission: 1) Prouver à la
commission la nécessité du service pour lequel elle requiert un
permis; 2) Que ledit service ne peut être adéquatement
assuré par un autre titulaire de permis. Ce sont les deux seules
conditions qui sont déterminées dans le règlement et,
ensuite, c'est à la discrétion et au jugement de la commission.
Jamais le législateur comme tel ou le gouvernement du temps en 1972 n'a
voulu préciser que M. X ou M. Y ou M. Un tel devait obtenir un permis.
C'est justement ce qu'on a voulu éviter, mais il appartenait à la
commission de prouver deux choses qui étaient fondamentales, une
nécessité publique. (18 h 15)
M. Bonneau: Pouvez-vous me dire l'article que vous citez?
M. Lessard: L'article 15. C'est le règlement no 12, cela?
L'article 15 de la Loi des transports, camionnage en vrac. Ce doit être
le règlement no 12. C'est cela. Attendez! Le règlement no 12.
Dans le camionnage général, c'est la même chose. A un
moment donné, on revient toujours à cette question
d'utilité publique et, dans le camionnage général, c'est
exactement la même chose. Si on demande, par exemple, un permis à
la Commission des transports entre Québec et Baie-Comeau, ce n'est pas
le ministre qui va dire: Vous devez la
Commission des transports accorder ce permis, mais le ministre a
dit dans ses règlements, par exemple: Vous devez l'accorder en relation
avec deux critères qui sont précisés, la
nécessité du service, et aucun autre transporteur ne peut le
faire adéquatement.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M.
Laferriè-re.
M. Laferrière: Ce que je voulais dire en prenant cet
exemple-là et j'avais bien dit que...
M. Lessard: Vous avez les droits acquis, par exemple. Au
début en 1972, tous ceux qui étaient dans... Ils avaient jusqu'en
avril 1973, je pense bien, pour se prévaloir des droits acquis à
ce moment-là.
M. Laferrière: C'est précisément à
cet aspect du problème que je faisais allusion quand j'ai lancé,
non pas cette boutade, mais cette phrase qui je l'ai dit à ce
moment-là simplifiait un peu la réalité. Ce que
j'ai voulu dire par cela, c'est que la commission est dans un système
où, comme dans une cour de justice, la préoccupation pour les
règlements, le respect des règlements intégralement et des
lois est pour elle et là, je ne cherche pas les
responsabilités de qui que ce soit un facteur extrêmement
important, et elle peut avoir tendance à privilégier ces
éléments plutôt que de privilégier des
considérations comme des réalités pratico-pratiques de
clientèle, de véhicules, etc. On peut prendre chaque cas,
l'éplucher et démontrer le contraire, mais je pense que cet
esprit qui vient de toutes sortes de raisons existe dans la structure actuelle
de régulation au Québec.
M. Lessard: Vous parliez et ce sera ma dernière
question du fait que le Québec semblait être et je
voudrais voir... la seule province à avoir le pas dans l'ensemble
du Canada. En Ontario, par rapport à un règlement que je vous
cite, un règlement qui m'apparaît très
général à mon sens, il me semble que c'est cela, un
énoncé de politique générale, c'est-à-dire
qu'il y a eu l'énoncé dans le règlement no 12 de la
politique générale vis-à-vis du vrac, quelle
différence y a-t-il, par exemple, par rapport à la
réglementation que nous avons ici au Québec?
M. Bonneau: En Ontario, c'est un organisme qui a beaucoup de
discrétion. C'est le principe. A un moment donné, on a même
jugé qu'il en avait trop dans la mesure où le ministère ou
le ministre n'avait pas émis de politique. D'ailleurs, il y a un rapport
très sérieux qui a été fait sur la situation du
camionnage en Ontario. Une des conclusions, c'est que la discrétion doit
être conservée pour l'organisme dans ses règlements, mais
ils doivent être encadrés par les politiques du ministre.
Qu'est-ce qui se passe au jour le jour? En Ontario, la commission a une
juridiction sur tout le transport, sauf les secteurs qui sont
spécifiquement exclus.
Elle a une juridiction, c'est-à-dire un pouvoir
général de régulation ou un pouvoir général
de contrôle et de surveillance sur tous les secteurs, sauf ceux qui sont
exclus.
Cela veut dire que tous les secteurs doivent obtenir un permis de cette
commission. Il n'y a pas de règlement, par exemple, dans le secteur du
taxi, de règlement sur le camionnage en vrac, un autre sur le camionnage
général et spécialisé; on a un pouvoir
général qu'on donne à l'organisme, sauf dans les secteurs
qu'on exclut spécifiquement.
M. Lessard: Je suis d'accord. Dans le fond, ce que vous me dites,
c'est qu'il s'agirait peut-être de simplifier notre
réglementation, qui a été faite un peu morceau par
morceau; de la reprendre et de faire parce que j'ai l'impression que
cette preuve, dont je parlais tout à l'heure, à la commission,
elle est aussi dans l'ordonnance générale du camionnage
général, elle est dans le camionnage en vrac un
règlement, de coordonner tout ça pour faire un règlement
général, de telle façon qu'on se retrouverait un peu
mieux.
Il y a une autre question qu'on pourrait ajouter, mais je veux
accélérer un peu. La Commission canadienne des transports. On
commence à se plaindre des décisions de la Commission canadienne
des transports. Justement, la Commission canadienne des transports, c'est elle
qui se réglemente; le ministre énonce des politiques
générales, je suis bien d'accord, mais parfois il arrive que les
politiques générales... Prenons le cas de Nordair, où on
demande au bureau du ministre de soustraire la décision à la
commission, mais la réglementation, à la Commission canadienne
des transports, se fait par elle-même et les députés et la
population réagissent assez durement.
En relation avec ça, qu'est-ce que votre proposition a de
différent avec l'ancienne régie?
M. Bonneau: La Commission canadienne des transports vous
avez oublié un élément a aussi le pouvoir de
déterminer les politiques de transport. C'est surtout là-dessus
que les objections se portent. La réglementation, telle que nous la
concevons, c'est le détail, c'est le commun de la loi ou des politiques,
mais, au niveau de la Commission canadienne des transports, on va très
loin, on donne même le pouvoir d'énoncer les politiques,
concurremment avec le ministre. C'est très différent de la
régie. C'est-à-dire que la régie avait aussi le pouvoir de
préparer des règlements en faisant des ordonnances
générales et ces ordonnances n'étaient pas soumises
à des politiques qui auraient été énoncées
par le ministre. Sur ce plan, il y a beaucoup de similitude entre la
régie et la Commission canadienne des transports et il y a une grosse
différence avec l'organisme que nous proposons.
M. Lessard: D'accord, je vous remercie beaucoup; je vais laisser
le temps au député de Charlevoix de poser des questions.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je comprends que l'heure est
passablement avancée, mais je tâcherai de passer à travers
en quelques minutes.
Je ne voudrais pas revenir sur quantité de considérations,
bonnes ou mauvaises, que j'ai faites à l'endroit du rapport CEGIR. Je ne
retire pas forcément ce que j'ai dit; j'ai apporté des
appréciations où j'ai été en désaccord. Je
comprends, par contre, que je ne mets pas en doute le travail professionnel de
votre organisme, connaissant assez bien les difficultés qu'on a à
inventorier l'ensemble des transports du Québec.
Justement, tantôt, ce sont des questions qui sont revenues un peu
à travers les discussions; on était un peu surpris de la trop
grande réglementation qu'il y a à travers l'ensemble des
transporteurs.
Quelles que soient les études qui pourraient se poursuivre en
vérifiant avec les autres provinces canadiennes et les Etats
américains, il y a une constatation qui est faite et que d'autres ont
faite comme moi, depuis plusieurs années. C'est que, dans le
Québec, le gouvernement, la Commission des transports ou l'organisme qui
doit régir des transports est pris avec un problème qu'on ne vit
nulle part ailleurs, dans aucune autre partie de l'Amérique du Nord, je
pense. On pourra me contredire dans les jours suivants, mais le gouvernement
est pris avec un problème, que j'appellerais social, dans le transport,
dans plusieurs secteurs d'activité. Il n'y a pas de
référence possible à faire avec l'Ontario, avec les
Etats-Unis ou d'autres provinces canadiennes dans les chiffres que vous nous
donnez dans vos annexes. Il n'est peut-être pas nécessaire de
faire une réglementation aussi hermétique et de laisser, à
l'organisme qui est là, autant de latitude, parce que, que ce soit en
fonction du transport de personnes ou du transport de marchandises, dans de
trop nombreux cas, le volume à transporter, de l'un ou de l'autre, ne
correspond pas au trop grand nombre de transporteurs qu'il y a en place.
Il ne faut pas se le cacher, le transport en vrac a été un
phénomène social qu'il a fallu régler. Quand on parle du
règlement 12, au moment où on a adopté le règlement
12, si ma mémoire est fidèle, on ne pouvait au moins pas nier les
droits acquis de ceux qui en avaient auparavant. Je pense que, en discussion
avec la commission, il avait été fortement conseillé de
tâcher de ne pas ajouter, à moins qu'un besoin soit prouvé
dans une région donnée.
Alors, il y a un problème particulier et, comme je le disais
auparavant, en faisant référence, et à l'ancien organisme,
qui était la Régie des transports, et à la Commission des
transports, de l'administratif, il a peut-être fallu aller trop loin dans
la réglementation et tout le monde est resté passablement
mêlé, le ministre, comme ses fonctionnaires, la commission et tout
le monde.
Je voudrais simplement revenir sur deux ou trois points et, pour une
dernière fois, me faire expliquer par vous autres, qui avez fait une
recommandation formelle, à votre recommandation no 2. Quand vous
insistez et que le président de la commission, avec ses commissaires,
insiste pour que soit accordé, essentiellement, à la Commission
des transports le pouvoir de réglementation, étant donné
ce que j'ai dit comme témoin, ainsi que d'autres, qu'est-ce que vous
pensez que ça peut changer de ce qui s'est produit dans le Québec
depuis quelques années? Si un organisme autonome, qu'est la Commission
des transports, a le droit de faire tous ses règlements, alors que, dans
le passé jusqu'à maintenant, elle a eu une collaboration
étroite du ministère et que rien n'a été je
pense... Qu'est-ce que ça va changer?
M. Bonneau: Dans l'optique des recommandations qui sont
proposées dans notre rapport, ça demanderait un
développement assez long, mais la conséquence c'est que
l'importance des règlements diminue. Il va quand même rester des
règlements à promulguer ou des règlements à
amender.
Nous, ce qu'on s'est tout simplement demandé c'est: Puisqu'il
faut élaborer des règlements, qui est le mieux placé pour
le faire? La raison, elle a été énoncée à
plusieurs reprises, par différentes parties qui ont
témoigné ici. C'est que nous pensons que la commission, qui est
un organisme de régulation est celui qui est le plus près,
quotidiennement, des problèmes, qui a à vivre directement ces
problèmes, qui est le mieux placé pour faire le détail
d'application des politiques et des lois, où on trouve
l'orientation.
Mais je voudrais, ici, enlever une équivoque qui
transparaît peut-être dans notre rapport; c'est que l'importance de
la recommandation 2 n'est pas si grande pour nous.
M. Mailloux: Pas si grande que?
M. Bonneau: Pas si grande qu'elle le laisse peut-être
paraître ou que certains ont perçu.
M. Mailloux: Vous m'excuserez, mais au moment où le
gouvernement accepterait qu'une commission autonome ait le pouvoir de faire ses
propres règlements, avec l'approbation du lieutenant-gouverneur en
conseil je l'avoue est-ce que vous n'admettez pas
immédiatement que c'est une démission complète de
l'exécutif? Parce que vous me disiez, tantôt, que l'ensemble des
fonctionnaires de la commission est dans le milieu du problème tous les
jours. Cela, personne ne le conteste, tout le monde admet ça. Mais,
comme il y a une collaboration étroite, de tous les jours, entre la
commission et les fonctionnaires, je n'ai jamais vu de désaccord
profond; s'il y a un désaccord, c'est que le désaccord va venir
des fonctionnaires proches du ministre, parce que, lui, a à
répondre devant une population, à différents moments,
alors qu'une commission des transports n'a pas à répondre. On en
a peut-être trop parlé, mais je pense qu'on joue sur les mots,
parce que, en dernier ressort, ce sera toujours le pouvoir politique qui
aura à décider, dans le domaine des transports, vers
quelle option on doit se diriger.
M. Bonneau: Dans notre esprit, étant donné que
c'est soumis, pour approbation, au lieutenant-gouverneur en conseil, ça
ne correspond pas à une démission de l'exécutif. Cela nous
a semblé suffisamment fort, comme mécanisme, pour conserver au
gouvernement sa responsabilité. (18 h 30)
L'esprit qui est derrière cette recommandation, si vous voulez,
c'est qu'on estime que l'adoption d'un modèle comme celui qu'on propose
va devoir amener des changements de comportement au ministère et
à la commission. On trouve que cela inciterait peut-être davantage
le ministère à travailler au niveau des politiques s'il n'a pas
la préoccupation de coucher cela dans des règlements très
détaillés et, en même temps, en plaçant ce pouvoir
d'élaborer la réglementation au niveau de la commission, on
enlèverait une autre tentation qui est celle de réglementer
beaucoup. Ce sont les motifs de notre recommandation. Nous ne pensons pas que
ce soit une démission de l'exécutif. Cela se fait dans d'autres
territoires et je ne pense pas que les exécutifs soient moins
responsables.
M. Mailloux: Deux dernières questions peut-être. A
quelques-unes de vos recommandations, en somme 13,17, 18,19, 25 et autres, on
constate, si on fait une analyse sommaire de ce que cela va apporter comme
conséquences qu'il y aura une utilisation de tous les instants de tout
le personnel de la Commission des transports actuelle et cela nous
amènera vers un personnel assez nombreux pour enquêtes
socio-économiques, enquêtes supplémentaires sur les
transports illégaux ou autrement. Vous m'excuserez si je ne l'ai pas
parcouru en son entier, j'ai pu passer un chapitre. Est-ce que vous avez fait
l'inventaire des coûts que cela pourrait entraîner à un tel
organisme ou si, en accord avec le président, vous êtes en mesure
d'affirmer que toutes ces disciplines pourraient être
exécutées sans coûts extraordinaires
supplémentaires.
M. Laferrière: II y a un endroit dans notre rapport
je ne me souviens plus exactement où, je ne pourrais pas retrouver la
page tout de suite où on examine sommairement, je l'avoue, cette
question et c'est également notre opinion que ce changement de
rôle de la commission pourrait se faire avec sensiblement la même
quantité de ressources.
M. Mailloux: Avec l'utilisation du personnel en place. Vous
conseilleriez, parce que dans l'organisme en Ontario, ils sont peu nombreux. Je
conviens qu'il y a moins de permis à surveiller, mais je pense qu'ils se
servent assez souvent de maisons spécialisées pour des
enquêtes, plutôt qu'avoir un personnel permanent.
M. Laferrière: Nous sommes toujours d'accord sur cela.
M. Mailloux: Oui, j'imagine. C'est un peu la même
observation que j'ai eue de certains avocats quant à la nomination des
juges.
M. Laferrière: II y a une différence importante
aussi avec l'Ontario, c'est qu'en Ontario la commission recommande au ministre
l'émission d'un permis etc. C'est le ministère qui fait le
travail d'émission. La commission elle-même a très peu de
"processing" administratif, c'est tout au ministère.
M. Mailloux: Une dernière question, si vous le permettez,
étant donné l'heure avancée. Quant à la nomination
des juges, vous avez dit: Pas d'obligation, dans la loi, de nomination. Est-ce
que cela laisse supposer que vous pensez que quelle que soit la cause à
être entendue, il n'est pas nécessaire d'avoir de juge ou si vous
laissez cela à la discrétion du ministre, devant certains litiges
qui arrivent, devant des causes entendues devant la commission, qu'il y ait
besoin de personnes ayant une formation juridique?
M. Bonneau: On n'est pas contre le fait qu'il y ait des personnes
à la commission qui aient une formation juridique. Ce qu'on a voulu
faire ressortir surtout...
M. Mailloux:... ne vous semble pas favorable.
M. Bonneau: Cela peut être interprété comme
cela. J'ai relu aujourd'hui les différentes recommandations. Ce n'est
pas tout à fait la façon que je les ai
interprétées. La chose sur laquelle on a voulu insister, c'est
que le critère de base qui devrait servir pour nommer des commissaires
ou des membres de la commission, c'est la compétence au niveau du
domaine des transports, la compréhension, la dimension
socio-économique.
Nous convenons que la commission resterait quand même un organisme
quasi juridiciaire; quasi, cela veut dire qu'elle rendrait des décisions
dans l'intérêt public et judiciaire, dans la mesure où elle
aurait quand même des procédures de nature judiciaire pour
protéger les parties. Mais il reste que, ce sur quoi nous avons voulu
insister, c'est la dimension socio-économique au niveau des membres de
la commission. Mais l'obligation de nommer des juges... Nous convenons qu'il
doit y avoir des gens qui ont une formation juridique au niveau de la
commission. D'ailleurs, quand nous employons le terme
"multidisciplinarité", c'est évident que la discipline du droit
est comprise là-dedans et nous disons aussi que le président ou
un des vice-présidents doit avoir une formation juridique.
M. Lessard: Je vous avoue que cela me surprend un peu,
n'étant pas avocat, qu'il y ait autant de juges comme commissaires,
comme juges, qu'il y ait des avocats. Est-ce que ce serait la Loi du Barreau
qui l'oblige ou si c'est la Loi de la Commission des transports qui oblige
qu'il y ait six ou sept juges, qu'il y ait six juges de la Cour provinciale? Il
faut qu'ils soient juges de la Cour
provinciale pour être nommés à la Commission des
transports. Il faut que ce soit absolument six juges. Il ne pourrait pas y
avoir deux juges, un juge président, un juge vice-président et
des avocats pour faire le reste.
M. Laferrière: La Loi des transports est très
claire à cet effet. Cela prend six juges de la Cour provinciale.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, M. le ministre? M.
le député de Charlevoix. M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Vous m'annoncez, il faut bien que je parle. Il y a
eu une analyse faite ce matin par le Conseil québécois du taxi.
Ces gens vous ont sorti beaucoup de citations de votre rapport, ce qui permet,
en tout cas, de s'interroger sur les conclusions par rapport à l'analyse
des faits. Vous avez assisté à toutes les séances.
J'aimerais entendre votre opinion là-dessus. Je vais vous dire pourquoi.
A un moment donné, en analysant les faits, moi le premier, je pensais
que la conclusion serait de créer une direction générale
au ministère des Transports, avec des pouvoirs dévolus aux autres
recommandations et vous arrivez à la conclusion du maintien de la
commission et vous la renforcez.
M. Laferrière: A l'égard du taxi seulement?
M. Chevrette: Non, eux autres ont fait l'analyse du rapport en
fonction des recommandations auxquelles vous arrivez. Moi, j'ai eu le
même réflexe quand j'ai lu votre rapport, à analyser les
faits. Parce que vous affirmez à plusieurs occasions: Le
ministère fait telle chose. Le ministère est capable de faire
telle chose. La commission ne fait pas telle chose correctement. Si bien
qu'à un moment donné, tu es porté à croire que la
firme CEGIR était sur le point de recommander une direction
générale au ministère des Transports, avec les pouvoirs
que vous y apportez. Mais, contrairement à l'analyse des faits, vous
arrivez à la conclusion qu'il faut maintenir la Commission des
transports, mais avec des pouvoirs accrus. C'est cela... Moi aussi, en
écoutant les gars du taxi, ce matin, cela reflétait l'impression
que j'avais eue et j'aimerais vous entendre sur ce sujet.
M. Laferrière: C'est une question importante que vous
soulevez là. En fait, il y a deux questions dans ce que vous nous
demandez. La première est générale et concerne
l'orientation de notre rapport. La deuxième concerne le taxi en
particulier. C'est sûr que, plus on réglemente, plus la
nécessité d'un organisme autonome de régulation s'estompe.
On peut penser que, théoriquement, on va arriver à un point
où on a tellement bien déterminé quoi faire dans chaque
cas qu'on n'aura plus besoin d'un organisme autonome pour rendre des
décisions. Il pourrait même y avoir des affiches à la porte
du ministère; si votre cas, c'est "A" et puis "B", à ce moment,
vous faites "C". Appuyez sur le bouton et le permis va sortir. Plus on
réglemente, plus on pousse la réglementation dans le
détail, moins il devient nécessaire que quelqu'un intervienne
dans le processus pour considérer les choses qui ne seraient pas dans le
règlement.
Si on continue dans la voie actuelle, c'est bien sûr qu'on laisse
de moins en moins de choses à faire à la commission. Mais nous,
nous pensons que ce n'est pas possible de faire ça dans l'industrie du
transport. C'est pour ça que ce point est fondamental, mais,
théoriquement, c'est un choix, il pourrait ne pas y avoir de commission
des transports. Mais, là, le ministre prend toute une
responsabilité, parce qu'il s'oblige à prévoir, par voie
réglementaire, tous les cas qu'il est possible de rencontrer.
Pour le taxi, j'ai beaucoup sympathisé avec l'intervention du
Conseil québécois du taxi et ma réponse, là-dessus,
va être bête; c'est dommage, mais on n'avait pas mandat de vous
faire des recommandations sur le sujet qu'ils ont amené devant vous. Ce
ne sont pas cinq rapports Bossé, nos annexes; nous n'avions pas comme
mandat de vous recommander des décisions de politiques dans ces
secteurs. Pour nous, une décision de politiques, c'est de placer
l'industrie du taxi sous la juridiction de la Commission des transports.
Nous, on vous a décrit ce qui serait un bon mécanisme de
régulation; les décisions que le ministre peut prendre, à
l'intérieur de ça, mais il ne nous a pas demandé de dire
ce qu'on en pense. S'il veut nous le demander, ça nous fera plaisir,
mais, dans le cas de cette étude-ci, je suis obligé de vous
répondre bêtement et je suis obligé de vous signaler que
beaucoup des suggestions qui ont été faites par cet intervenant,
il vous est possible de le faire, avec l'approche qu'on préconise, sans
commander d'autres études.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Je remercie M.
Laferrière et M. Bonneau d'être venus s'exprimer devant la
commission. S'il n'y a pas d'autre commentaire, de part et d'autre, la
commission va maintenant...
M. Lessard: Très brièvement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Lessard: Je voudrais remercier la firme CEGIR, ainsi que tous
les groupes qui sont venus témoigner à cette commission
parlementaire ainsi que ceux et celles qui y ont assisté. Je voudrais
aussi remercier les membres de cette commission parlementaire, puisque les
discussions ont, je pense, été extrêmement positives.
Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Le seul mot que je voudrais
ajouter, M. le Président, c'est que, comme vient de le dire mon
collègue, espérons que l'ensemble des discussions aura pour effet
d'améliorer les systèmes de transport; qu'on soit en accord ou en
désaccord avec certaines des recommandations, il appartiendra à
l'autorité en place de proposer des législations, si elles
devenaient nécessaires et, à ce moment, les recom-
mandations, que nous pensons pertinentes pour améliorer et le
sort des transporteurs et le sort de tous les contribuables qui ont à
supporter les conséquences, ce sera dans ce sens que ce sera fait.
M. le député de Richmond.
M. Brochu: Personnellement, M. le Président, si vous me
permettez, j'ai grandement apprécié les travaux de cette
commission. Pour moi, qui suis profane dans le domaine des transports, j'ai
égoïstement tiré profit de la situation, puisque cela a
été l'occasion de m'initier à un domaine qui ne
m'était pas directement familier, puisque j'ai eu à remplacer M.
Russell, député de Brome-Missisquoi, sur cette question. J'avoue
que j'ai appris un nombre fort intéressant de choses et
réalisé qu'il s'agit d'un domaine fort complexe et que cette
recherche d'un équilibre, entre ce qu'était l'ancienne
régie et ce qui est, pour le moment, la Commission des transports du
Québec, m'apparaît comme une démarche tout à fait
louable. Je maintiens ma première assertion, lorsque je disais que le
rapport CEGIR était un contexte de discussion tout à fait valable
dans ce sens.
Je tiens, en terminant, à féliciter ceux qui ont
participé à cette commission parlementaire, en particulier les
représentants de la firme CEGIR, pour le sérieux de leur document
et aussi la rigueur avec laquelle ils ont abordé la démarche
qu'ils ont empruntée pour arriver à la présentation qu'ils
nous ont faite. Là-dessus, je les en félicite et les en remercie,
je pense que le reste du travail reste à faire, mais je pense que
l'amorce est tout à fait intéressante.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Richmond. Je m'associe à ceux qui m'ont
précédé pour remercier tous les intervenant:' à
cette commission, et les membres de la commission, pour avoir apporté
leur collaboration à nos travaux.
Je demanderai au député de Champlain de faire rapport
à l'Assemblée nationale, à la prochaine occasion.
La commission ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 18 h 45