Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Présentation de mémoires relatifs
à l'avant-projet
de Code de la route
(Quatorze heures trente minutes)
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des transports est réunie aux fins d'entendre les
mémoires de différents organismes relativement à la
réforme du Code de la route.
Les membres de la commission, pour la séance d'aujourd'hui
vous me direz, au fur et à mesure, s'il y a des remplacements à
faire sont: M. Baril (Arthabaska), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M.
Lessard (Saguenay), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M.
Mailloux (Charlevoix), M. Marquis (Matapédia), M. Perron (Duplessis), M.
Russel (Brome-Missisquoi), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Verreault
(Shefford).
Les intervenants sont: M. Bellemare (Johnson), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Desbiens (Dubuc), M. Grégoire (Frontenac); M.
Gratton (Gatineau) remplace M. Lamontagne (Roberval); M. Lefebvre (Viau), M.
Ouellette (Beauce-Nord) et M. Vaillancourt (Orford).
Il y aurait maintenant lieu de nommer un rapporteur officiel pour cette
commission. Est-ce qu'il y a des suggestions?
M. Chevrette: Je propose M. le député
d'Arthabaska.
Le Président (M. Bordeleau): Le rapporteur sera M. Baril
(Arthabaska).
Comme nous avons plusieurs mémoires à entendre, j'aimerais
tout simplement, au début, demander aux membres de la commission et aux
différents intervenants la meilleure collaboration afin qu'on puisse, si
c'est possible, entendre les mémoires qu'on devait entendre aujourd'hui,
par respect pour les personnes qui représentent les organismes qui sont
ici aujourd'hui.
Avant de débuter, par contre, j'ai certaines choses à vous
soumettre. D'abord, j'aurais besoin du consentement des membres de la
commission pour accepter les mémoires de deux associations qui n'ont pas
respecté les délais et qui les ont déposés
après les délais prévus. Je vous identifie les deux
mémoires en question, il s'agit du mémoire de l'Association
professionnelle des op-tométristes du Québec et celui de
l'Association des moniteurs et instructeurs de la conduite automobile du
Québec. Est-ce qu'il y a consentement?
Une Voix: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Avis en est maintenant
donné aux membres du secrétariat.
M. Lessard: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: En précisant, M. le Président,
qu'étant donné que nous avons beaucoup de mémoires
à entendre et que nous devons siéger mardi, il ne faudrait pas
prolonger continuellement l'audition et l'acceptation des nouveaux
mémoires. Je pense que cela devrait être la journée limite
pour...
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Ils ont
été déposés. Les organismes en question seront donc
appelés à venir déposer leur mémoire devant la
commission.
Avant de débuter, le premier mémoire qu'on devait entendre
aujourd'hui était celui de la ville de Québec, portant le
numéro 42; je voudrais...
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Avant qu'on procède à l'audition,
est-ce que je pourrais demander soit à vous, comme président,
soit au gouvernement ou au ministre, au nom du gouvernement, de nous dire
exactement qui assure la transcription des débats cet après-midi,
avec quel personnel, ainsi de suite?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre...
M. Chevrette: J'ai posé moi-même la question au
leader du gouvernement. On nous assure que ce sont les cadres de
l'Assemblée nationale qui procèdent à l'enregistrement des
débats. On souhaite que ce soit très temporaire. Vous savez qu'il
y a un protocole d'entente signé concernant les services essentiels
entre le Syndicat des fonctionnaires et l'Assemblée nationale, et on
souhaite toujours que le syndicat respecte le protocole signé en bonne
et due forme avec les représentants à la table de
négociations.
M. Gratton: M. le Président, loin de moi de vouloir
engager le débat sur le fond du litige qui oppose le syndicat au
gouvernement là-dessus, mais, si j'ai bien compris, le
député de Joliette-Montcalm nous donne l'assurance qu'il ne
s'agit pas de scabs qui s'occupent de la transcription des débats cet
après-midi?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: C'est conforme en tout à la loi qui permet
en vertu de l'article 97b ou 97c sous toutes réserves du Code du
travail, vous pourrez vérifier. Mais là le personnel de cadre
peut cela devient un scab pour le bénéfice du
député de Gatineau lorsque l'employeur embauche de la
main-d'oeuvre externe pour venir remplir les fonctions normalement
dévolues aux gens. Mais ce n'est pas le cas ici aujourd'hui et, de plus,
on souhaite et je le répète que le syndicat
respecte le protocole du respect des droits essentiels.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: C'est juste pour m'informer si la jeune fille en
arrière travaille au journal des Débats. Est-ce qu'elle travaille
au journal des Débats? Je pense que les cadres de l'Assemblée
nationale...
M. Chevrette: C'est un cadre du secrétariat des
commissions.
M. Verreault: Ah bon! Je me rappelle il n'y a pas tellement
longtemps, elle a été expulsée d'une commission, la
demoiselle en question, pour des raisons autres peut-être? Je ne voudrais
pas insister, mais je tiens à le mentionner.
M. Chevrette: La demoiselle m'a dit à moi-même au
début qu'elle était cadre. Si cela ne vous satisfait pas, allez
le lui demander.
M. Verreault: Bien, je tiens à une réponse.
Etes-vous cadre, mademoiselle?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, nous convenons tous qu'il
s'agit là d'une circonstance quelque peu spéciale et
particulière et ce n'est que notre souci de ne pas retarder
indûment l'audition des personnes qui se sont quand même
déplacées dans le but de se faire entendre devant cette
commission que nous acceptons, avec les réserves qui s'imposent, que
nous procédions immédiatement à ces auditions.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, j'allais vous lire
une lettre qui me provient de la ville de Québec, c'est-à-dire
des procureurs. Je la lis intégralement. Cela a rapport avec le
mémoire qui devait être présenté par la ville de
Québec, une lettre adressée à Me Marc Cantin, avocat,
secrétaire des commissions à l'Assemblée nationale du
Québec, Hôtel du gouvernement, Québec. "Cher
confrère, Me Jean-Charles Brochu devait présenter le
mémoire de la ville de Québec à la commission
parlementaire, chargée d'étudier l'avant-projet de loi du Code de
la route. Ce dernier, étant parti de la ville pour la semaine, il sera
malheureusement impossible de présenter notre mémoire de vive
voix. Cependant, nous osons croire que notre mémoire sera quand
même déposé à la commission et pris en
considération au moment de la préparation du projet de loi.
Veuillez nous croire. Vos tout dévoués Brochu, Roy et Boutin, par
Gratien Roy, avocat."
Cela veut dire que la ville de Québec, comme je le disais, ne
viendra déposer son mémoire. On demande simplement de le
déposer à la commission. Alors, nous le recevons.
M. Chevrette: Au journal des Débats, on l'accepte
toujours... vous le déposez, (voir annexe).
Le Président (M. Bordeleau): Avant de procéder au
premier mémoire, je vais vous aviser d'un changement qui a
été fait avec l'accord des parties concernées, soit le
mémoire de la Chambre de commerce de la province de Québec
portant le numéro 35-M qui sera entendu juste avant la Régie de
l'assurance-automobile du Québec. Alors, les parties se sont entendues,
s'il n'y a pas d'objections majeures nous allons retenir ce nouvel ordre du
jour, ce changement d'ordre du jour, d'accord.
On va passer au premier mémoire, mais j'inviterai tout d'abord le
ministre des Transports à nous livrer ses remarques
préliminaires. M. le ministre des Transports.
Remarques préliminaires
M. Lucien
Lessard
M. Lessard: M. le Président, chers collègues de la
commission parlementaire, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, d'abord nous
nous excusons des aléas qui se sont soulevés ce matin. Cependant,
nous sommes quand même heureux d'entreprendre aujourd'hui l'étude
sur l'avant-pro-jet de loi qui refond le Code de la route du Québec et
que j'ai déposé à l'Assemblée nationale le 19 juin
dernier.
J'ai demandé au leader du gouvernement de convoquer, dans les
plus brefs délais, la présente commission dans le but de recevoir
les commentaires et opinions des groupes intéressés à cet
avant-projet. 42 mémoires, maintenant 44, ont été soumis
à l'attention de cette commission. Nous les avons soumis à
l'attention de cette commission. En raison du grand nombre d'intervenants, nous
avons dû ajouter une journée d'audiences aux trois qui avaient
été initialement prévues, de sorte que nous devrons
siéger mardi prochain le 4 septembre aux heures habituelles.
L'intérêt qu'a suscité l'avant-projet de loi sur le
Code de la route ne me surprend pas car il touche à peu près tous
les Québécois et ce de façon très directe. Il y
avait, d'autre part, fort longtemps que nous n'avions consulté à
fond et aussi formellement nos concitoyens sur cette question. Je suis donc
heureux que de très nombreux Québécois profitent de
l'occasion que nous leur avons offerte pour se faire entendre sur de nombreux
aspects du projet du Code de la route.
Je prendrai donc quelques instants, M. le Président, pour faire
un bref rappel de l'histoire du Code de la route du Québec. Je vous
exposerai par la suite aussi succinctement que possible les
éléments ae la problématique reliée au Code de
la
route, telle qu'elle m'est apparue dans l'analyse qui m'a amené
à la rédaction de l'avant-projet. Je définirai par la
suite les grands objectifs autour desquels gravitent la plupart des innovations
contenues dans ce code. Vous apprécierez ainsi, M. le Président,
collègues de la commission ainsi que vous, représentants de
différents groupes, toute la minutie qui a caractérisé la
préparation du texte à l'étude car il constitue une
pièce législative majeure qui aura d'importantes
conséquences tant dans le domaine de la circulation routière que
sur les attitudes profondes des Québécois à l'égard
de cette question.
C'est en 1904 que fut présentée à
l'Assemblée nationale la première loi concernant les automobiles
du Québec. Vingt ans plus tard, le législateur
québécois remettait à jour la loi qui portait le titre de
Loi concernant les véhicules automobiles. Elle comportait 73 articles.
Depuis la fin de la dernière guerre mondiale, nous avons connu un taux
toujours croissant d'utilisation de l'automobile au Québec en même
temps que se déroulaient des quantités toujours plus grandes
d'asphalte et de béton sur nos routes anciennes et nouvelles. Dès
la fin des années soixante, nous avons senti au Québec le besoin
de refondre le Code de la route pour l'adapter aux nouvelles circonstances.
C'est cependant, depuis 1976, alors que j'ai assumé la
responsabilité du ministère des Transports du Québec, que
s'est accentué puisque ceci avait été
commencé auparavant et précisé le travail qui a
abouti à ce projet de nouveau Code de la route du Québec.
L'utilisation croissante de l'automobile et les transformations à
notre mode de vie qui ont suivi ont amené le législateur à
poser nombre de mesures ponctuelles pour harmoniser l'envahissement des
véhicules routiers. Donc, ne serait-ce que pour mettre un peu d'ordre
non seulement dans la réglementation du Code de la route, mais aussi
dans les grands objectifs sur lesquels se fonde ce code, il m'importait que
nous entreprenions au Québec une refonte du Code de la route.
Actuellement, plusieurs lois et règlements forment le cadre des
usages relatifs à la circulation routière. Je ne peux pas parler
de fouillis, M. le Président, mais je peux parler d'éparpillement
qui est non seulement cause d'inefficacité administrative quelquefois,
mais aussi qui rend difficile pour le citoyen québécois la
compréhension de l'entente. Si la refonte du Code de la route que je
soumets à l'étude de la présente commission parlementaire
contribue à simplifier et à rendre plus compréhensible
tout ce qui régit la circulation routière, nous aurons franchi
une étape importante dans notre objectif de saine administration des
affaires du Québec. Le besoin s'en faisait sentir depuis longtemps.
Je suis donc heureux de pouvoir réaliser ce que la plupart
d'entre nous attendions depuis longtemps du gouvernement du Québec.
M. le Président, une refonte dite administrative n'est pas une
fin en soi, sauf si cela peut réaliser ce dont je vous parlais tout
à l'heure, à savoir atteindre une clarté et une
précision dans un texte qui réunit toutes les données pour
une meilleure compréhension des utilisateurs. H a donc fallu tenir
compte de l'importante dimension sociale qui se rapporte au Code de la route.
Tous les Québécois, je pense, reconnaissent que l'utilisation des
véhicules routiers a modifié profondément notre vie depuis
les 75 dernières années. Mais peu d'entre nous sont actuellement
conscients de nos attitudes et gestes de tous les jours qui sont une
conséquence directe de la place prépondérante de
l'automobile dans nos vies. Cependant et fort heureusement, de plus en plus de
Québécois, conscients d'un équilibre qu'il faut
rétablir, se réunissent et s'organisent pour sensibiliser
l'opinion québécoise au tournant décisif que nous devons
faire dans notre intérêt collectif.
La principale préoccupation des urbanistes
québécois comme de leurs collègues nord-américains
a longtemps été de résoudre les problèmes que
soulevait la présence des automobiles dans nos cités et villes.
Il s'est donc produit une concentration d'investissements publics pour
répondre aux besoins de l'automobile. La conséquence en a
été que nous avons sacrifié bien souvent la qualité
de vie des Québécois pour favoriser la circulation rapide des
automobiles. (14 h 45)
Nous n'avons, entre-temps, pas pu accorder au transport en commun
l'importance qu'il mérite, comme aux autres modes de transport, la
bicyclette, par exemple. Nous n'avons pas été suffisamment
sensibles au droit des piétons à circuler en toute
sécurité dans nos environnements urbains comme ailleurs. Nous
avons souvent aussi aménagé plus de terrains de stationnement que
d'espaces verts réservés aux loisirs et à la
récréation des jeunes, des familles et des gens du
troisième âge.
Cette situation qui grève ou qui aurait pu grever dangereusement
notre qualité de vie se doit, je pense, d'être corrigée
dans les plus brefs délais. J'ai donc privilégié certaines
mesures aptes à contribuer au décongestionnement de nos routes et
de nos villes dans la formulation du Code de la route. J'ai aussi tenu à
favoriser l'harmonisation de divers modes de transport et le droit du
piéton à sa sécurité. J'ai aussi voulu tenir
compte, dans la refonte du Code de la route, du long processus que
représente la modification du comportement des Québécois
à l'égard de la sécurité routière. Nous
savons tous, en effet, le trop grand nombre de pertes de vie et de mutilations
qu'occasionnent les accidents de la route au Québec. Pourtant, les
rapports que nous présentent les journaux ne suffisent pas à
modifier comme il se devrait le comportement des Québécois.
D'autre part, il suffit d'un accident d'autobus pour enclencher le processus de
la mobilisation collective ou de ce que j'appelle l'épouvante
collective. Ceci, pour autant, ne veut pas dire que nous devons tolérer
l'augmentation du nombre d'accidents dans le transport en commun.
Il est heureux que les Québécois se montrent sensibles
à la sécurité routière. Je souhaiterais que notre
motivation et notre énergie collective se
canalisent aux bons endroits, c'est-à-dire pour une conduite
sécuritaire des automobiles appartenant à des individus. Nous
avions au Québec, en 1978, 2 300 000 véhicules de promenade
contre 6500 autobus commerciaux. Nous avons enregistré 22 accidents
mortels que nous déplorons impliquant des autobus pour un total de 63
pertes de vie. Pour la même période, 1479 accidents mortels se
sont produits au Québec pour un total de 1766 pertes de vie, mais pour
des coûts socio-économiques quand même assez
considérables de près de $1 milliard. Il s'ensuit donc, M. le
Président, que le pourcentage d'accidents mortels d'autobus par rapport
au total des accidents mortels du Québec est de 1,4%. Il s'ensuit aussi
que le pourcentage des pertes de vie dues à des accidents d'autobus par
rapport au total des pertes de vie accidentelles sur les routes du
Québec en 1978 est de 3,5%. Donc, environ 96,5% des accidents mortels
à survenir sur nos routes québécoises impliquent ces
véhicules de promenade que la plupart d'entre nous avons le plaisir de
conduire, mais aussi la responsabilité.
C'est donc à ce niveau que doivent se localiser, si vous voulez,
les inquiétudes des Québécois, tout en n'oubliant pas, non
plus, tout le secteur du transport en commun. L'évocation de ces
regrettables tragédies routières doit nous rappeler que nous
sommes tous les premiers responsables des conditions de sécurité
sur nos routes. Le gouvernement a, dans ce sens, la responsabilité
d'assurer le leadership nécessaire, mais plus souvent qu'autrement il
rencontre une résistance malheureuse dans l'application des mesures
qu'il édicte afin de nous protéger. Je n'ai, par exemple,
qu'à vous rappeler que mon collègue de Charlevoix, alors
titulaire du ministère des Transports du Québec, a connu,
à son époque, une féroce opposition à son projet de
port obligatoire de la ceinture de sécurité. Pourtant, il
s'agissait là d'une proposition responsable qui, je pense, est tout
à l'honneur du député de Charlevoix.
Nous prenons actuellement autant que possible toutes les mesures pour
faire appliquer le port obligatoire de la ceinture de sécurité,
mais il reste que nous avons encore beaucoup de chemin à faire. Mais
lorsque nous réduisons la vitesse permise, que nous imposons la ceinture
de sécurité ou que nous suspendons le permis de conduire pour une
période de trois mois pour une infraction criminelle, par exemple, nous
devons, dans un premier temps, faire face à des oppositions de toutes
sortes et, ensuite, faire face à un taux de désobéissance
et de non-respect des lois et règlements qui est trop
élevé. De telles décisions de la part du gouvernement
mon collègue de Charlevoix me corrigera si j'ai tort
tiennent toujours compte des considérations morales ou philosophiques
qui s'y rattachent. Ainsi, certains objectent que telle mesure brime telle ou
telle liberté individuelle. Cela est peut-être vrai, mais
l'ensemble de la situation n'exige-t-il pas que la première des
libertés, celle de conserver la vie des autres, soit garantie par un
ensemble de normes qui vise à les protéger.
Le ministère que je dirige a oeuvré et continuera à
oeuvrer avec conviction à la mise en place d'un cadre
général de conduite sécuritaire sur les rues et les routes
du Québec. Bien que je croie que les meilleurs résultats seront
obtenus en inculquant le respect des lois aux Québécois, j'ai
voulu simplifier ce qui dans le présent Code de la route est relatif aux
sanctions afin d'en faciliter l'application par les divers responsables, car
encore faut-il que soient appliquées et respectées les normes que
nous établissons.
J'en arrive maintenant à dégager de l'ensemble de la
problématique du Code de la route les deux grands objectifs, sur
lesquels se fonde l'avant-projet de loi qui est soumis à l'étude
de cette commission parlementaire. Le premier grand objectif du nouveau Code de
la route est celui de favoriser le maximum de sécurité pour tous
les utilisateurs de notre réseau de circulation, qu'il s'agisse des
conducteurs ou de leurs passagers, de cyclistes et des piétons. Le
nouveau code introduit à cet effet des mesures propres à assurer
une sécurité accrue pour tous et chacun d'entre nous. Mais il
faut bien comprendre que le Code de la route est un instrument
réglementaire qui vise à donner un cadre à nos pratiques
d'utilisation du système routier. C'est d'abord et avant tout par des
moyens efficaces d'éducation et aussi de contrôle que nous allons
amener les Québécois à des habitudes plus conformes aux
normes de la sécurité.
Cet objectif, M. le Président, relève de ma
responsabilité et je suis heureux de vous informer que les
priorités que je m'étais fixées en cette matière en
1977 sont, à toutes fins utiles, réalisées. Cependant,
nous pouvons toujours encore continuer d'améliorer la situation.
L'énumération de toutes les mesures que j'ai prises depuis
1976 qui, comme cela a été le cas pour le député de
Charlevoix dans le temps, ont été des mesures 'ponctuelles, mais
qui quand même dénotent un intérêt pour assurer une
plus grande sécurité routière, cette
énumération est telle que j'ai choisi de l'annexer à la
présente allocution pour référence. Des copies du bilan de
ces réalisations ont été transmises aux media
d'information afin de permettre aux Québécois de juger de
l'importance qu'accorde à la sécurité l'actuel
gouvernement du Québec comme, d'ailleurs, tous les parlementaires.
Le deuxième grand objectif que poursuit la réforme du Code
de la route est de resituer l'automobile par rapport aux autres modes de
transport. En ce qu'il est réglementaire, le code peut néanmoins
favoriser le transport en commun, tout en reconnaissant les vélomoteurs,
les bicyclettes et les piétons comme utilisateurs à part
entière de notre système routier. Cela paraît
évident pour chacun d'entre nous, mais il faut que tous les
Québécois soient sensibilisés à cette
évolution de nos habitudes de transport. C'est pourquoi le nouveau Code
de la route propose en quelque sorte les bases de ce que nous aurons à
perfectionner au fur et à mesure des besoins
changeants de nos comportements vis-à-vis de cette question.
En conclusion, M. le Président, je veux insister sur le fait que
l'avant-projet de loi sur le Code de la route est plus que la mise en oeuvre de
nombreux règlements éparpillés. Il constitue une
pièce législative qui nous permettra d'effectuer un tournant
historique dont les conséquences bénéfiques se feront
sentir au fur et à mesure que s'y ajustera le comportement des
Québécois. A moins qu'on ne me prouve le contraire, j'entends
poursuivre les objectifs généraux dont je viens de vous faire
part. Cependant, j'ai besoin des avis et des conseils de tous ceux, tant de la
commission que du public, qui se feront entendre au cours des quatre jours
d'audiences de la commission, quant aux modalités d'application de ces
objectifs.
J'ai aussi besoin de l'appui de tous ceux qui font le poids
auprès de l'opinion publique québécoise, en particulier
les media d'information pour que soit véhiculé au plus grand
nombre, de la façon la plus claire possible, le sens de la
responsabilité collective des Québécois auquel je fais
appel en présentant ce nouveau Code de la route.
M. le Président, en terminant, j'insiste pour dire que je n'ai
pas voulu prendre position, comme tel, sur des recommandations ou sur
l'ensemble des propositions du Code de la route, parce que je voulais que votre
commission parlementaire reste vraiment ouverte aux suggestions positives qu'on
nous fait. Je pense, M. le Président, que toute la question de la
sécurité routière et du Code de la route relève de
l'ensemble des Québécois.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. Il y
aurait lieu peut-être, avant de procéder à d'autres
commentaires, de demander le consentement des membres de la commission pour
annexer au journal des Débats les différents communiqués
du ministère.
M. Gratton: M. le Président, il me semble que...
M. Lessard: ... il ne s'agit pas d'un communiqué. Il
s'agit d'un... Excusez-moi, cela touche les différentes mesures qui ont
été prises depuis 1976, concernant la sécurité
routière. A ce moment-là, le communiqué comme tel n'en
fait pas partie.
M. Gratton: M. le Président, quant à nous, nous
serions tout à fait disposés à ce que ce document soit
déposé ou remis aux membres de la commission, sans pour autant
être annexé ou reproduit au journal des Débats, car il
s'agit là d'un précédent.
M. Lessard: Non, il ne s'agit pas du tout d'un
précédent.
M. Gratton: D'accord à ce point de vue, à
condition, M. le Président, qu'on nous en remette copie
immédiatement, s'il vous plaît.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: Je pense, M. le Président, que je le soumets
comme information. Je pense qu'il est important que le public sache quelles
sont les mesures ponctuelles qui ont été prises depuis quelques
mois, quelques années, concernant le Code de la route, ou les
modifications ponctuelles au Code de la route. Alors, les membres de la
commission, c'est à votre disposition.
Le Président (M. Bordeleau): On en distribue une copie
à chaque membre de la commission et on pourra l'annexer au journal des
Débats. M. le député de Charlevoix, (voir annexe).
M. Raymond Mailloux
M. Mailloux: M. le Président, afin de permettre que le
plus d'intervenants possible qui se sont déplacés puissent
être entendus aujourd'hui, contrairement à ce que je
prévoyais, je ne ferai pas la lecture du mémoire d'ouverture que
j'avais préparé au nom de l'Opposition officielle. C'est
plutôt mon intention de revenir sur quelques points particuliers sur
lesquels l'Opposition voudrait être éclairée davantage et
les points sur lesquels il y aura peut-être un désaccord profond
entre l'Opposition officielle et le gouvernement.
Je voudrais, cependant, avant d'entrer dans le vif du sujet, dire qu'en
raison des nouvelles affectations des membres de l'Opposition officielle c'est
mon collègue de Gatineau qui sera dorénavant critique officiel de
l'Opposition en matière de transports. C'est d'un commun accord, et je
ne suis pas sans dire qu'après une douzaine d'années dans cette
activité on vient les idées un peu embrouillées. Je pense
que cela apportera un meilleur éclairage de la part des forces de
l'Opposition et je le sens pleinement qualifié pour occuper une telle
fonction.
M. le Président, j'ai passé, comme je viens de le dire,
pas mal de temps dans cette activité; l'étude du Code de la
route, pour ceux qui sont près de cette activité, on ne peut la
faire sans penser immédiatement à la sécurité
routière. Il est bien évident que les nombreux intervenants qui
feront valoir leurs intérêts ou l'intérêt commun
espèrent un nouveau Code de la route, qui est d'ailleurs en
préparation depuis 1975-1976. Il y a eu deux avant-projets de loi dont
j'ai pris connaissance moi-même à la fin du dernier gouvernement
et je pense qu'on retrouve à l'intérieur de l'avant-projet du
Code de la route certains éléments des mêmes fonctionnaires
qui avaient commencé ces études; on retrouve plusieurs des
éléments. Il y a, par contre, des éléments
très nouveaux qui apparaissent, avec lesquels nous sommes
peut-être en désaccord profond.
Je disais qu'il est impossible de penser à permettre une
utilisation maximale du réseau routier dans les meilleures conditions
possible sans penser d'abord à la sécurité
routière. L'Op-
position officielle trouve très difficiles à accepter les
pouvoirs réglementaires que se donne le ministre dans l'avant-projet de
loi. Qu'on pense aux articles 402 à 414; pour une première fois,
les pouvoirs réglementaires sont tels qu'on pourrait complètement
annihiler presque tous les effets de la loi, simplement par les pouvoirs
réglementaires qui y apparaissent. Je ne sache pas qu'il y ait de
précédent, dans aucun projet de loi, où le gouvernement
s'arroge de tels pouvoirs. L'ensemble du Code de la route qui sera voté
par l'ensemble des parlementaires pourrait être modifié presque
dans l'ensemble de ses composantes, simplement par les pouvoirs
réglementaires que se donne le gouvernement. Je vous dis
immédiatement que, quand nous viendrons en Chambre, s'il n'y a pas eu
d'amendements profonds à ce chapitre IX il y aura sûrement un
"filibuster" important auquel fera face le parti ministériel. (15
heures)
Je voudrais également parler de la section III où l'on
parle des rapports médicaux. Dans le Code de la route actuel, il y a
déjà une disposition par laquelle les médecins doivent
faire rapport de maladie constatée chez un patient causant un danger
pour la sécurité routière. Par contre, à ce que je
sache, le Code de la route n'allait pas jusqu'à imposer des infractions
aux médecins qui ne faisaient pas un tel rapport. J'ai lu attentivement
l'ensemble des mémoires dans les trois semaines qui ont
précédé la tenue de cette commission et j'ai quand
même été un peu estomaqué de voir le radicalisme que
démontrait l'avant-projet du Code de la route. On demandera à
tout médecin, tout omnipraticien, tout chirurgien de rapporter au
directeur du BVA tout comportement de santé qui serait nocif à la
conduite d'un véhicule automobile.
Ici, par contre, je vais faire une division bien profonde entre les
véhicules publics et les véhicules privés. Je pense que
pour tout véhicule public l'imposition qui est faite l'est de
façon à protéger la vie de gens qui ne connaissent pas le
conducteur d'un véhicule. L'Etat doit s'assurer que ce conducteur est en
pleine possession de ses moyens. Par contre, pour le véhicule de
promenade qui est responsable, je l'avoue, de nombreux accidents je
pense que 80%des accidents sont causés par des véhicules de
promenade au Québec, depuis les toutes dernières années ou
depuis l'ensemble des années qu'on a vécues
j'espère que la commission viendra nous éclairer sur le nombre de
personnes qui sont tuées ou qui sont blessées à la suite
du comportement de santé d'un conducteur.
Je ne voudrais pas que l'Etat fasse cela, mais dans ma conception de la
sécurité routière, ce que je comprends mal, c'est
qu'environ 75% des accidents au Québec ont comme cause première
les facultés affaiblies par l'alcool. On ne peut pas se cacher la
vérité: c'est cela la triste réalité: 75% des
accidents sont causés par le phénomène "ivresse au volant"
qui amène l'ensemble des autres infractions dont le conducteur se rend
responsable. Personne d'entre nous n'obligerait le tenancier qui voit partir un
individu avec 0,15 ou 0,20 d'alcool dans le sang à le dénoncer
à la police. Dans l'ensemble du Code de la route, il ne semble pas qu'on
mette tellement l'accent sur le phénomène des
pénalités pour les infractions d'ivresse au volant.
C'est pourquoi sans apporter un refus catégorique aux rapports
médicaux qui pourraient être faits par les spécialistes et
par les omnipraticiens, probablement les optométristes qu'on a
oubliés, mais qui font quand même partie de cette discipline, je
me pose de sérieuses questions parce que le registre des
électeurs dont on a beaucoup entendu parler dans un autre projet de loi
viendra se compléter par un rapport médical où chaque
citoyen verra même son état de santé étalé
à la face du public.
M. le Président, il y a également une indication dans cet
avant-projet de loi qu'il serait permis de tourner à droite sur un feu
rouge. J'avoue que c'est tentant de dire oui à une telle
possibilité et la plupart des mémoires y souscrivent assez
généreusement. Je constate, par contre, qu'une des villes
où le phénomène pourrait probablement aggraver la
situation, la ville de Montréal, entre autres, s'est opposée
assez vertement à cette obligation. Si je fais erreur, on me le dira
plus tard. Quand on connaît le peu d'attention que porte le conducteur
québécois à un piéton qui est une quelconque
marchandise qui nuit à la circulation, il faudra que le
législateur, s'il accorde une telle permission, regarde bien
attentivement les statistiques d'accidents des toutes dernières
années, alors qu'on constate déjà, avant qu'une telle
permission soit accordée, ce qui dégagerait le trafic...
Je conviens qu'il y a des avantages: conservation d'énergie. Il y
a une quantité de situations aberrantes où il n'y a pas de trafic
et qu'on peut passer. Dans une ville comme Montréal, les gens du
Montréal métropolitain connaissent parfaitement les
artères où il y a un achalandage considérable. Je ne
voudrais pas me mettre à la place du piéton qui voudrait
traverser une de ces artères-là alors qu'on permettra à
l'automobiliste, pour toutes sortes de raisons, de tourner sur un feu rouge. Je
disais tantôt d'examiner les statistiques de la circulation
routière, des accidents. Déjà, en 1975, on constatait que
20% du total des accidents au Québec concernaient les piétons et
que 17% ou 18% des blessés du Québec étaient
également des piétons. Cela ne veut pas dire que c'est simplement
au coin de la rue. Cela peut être le piéton qui circule le long
d'une route également. Il y a quand même, dans ces statistiques,
ces éléments qui démontrent au législateur qu'il
devra apporter une attention tout à fait spéciale s'il permet une
telle possibilité aux conducteurs d'automobiles.
Etant donné que je ne lis pas mon mémoire... il y a
également l'ensemble des mémoires des corps policiers qui ont
à faire la circulation au Québec. Il y a des comportements
très différents venant d'un corps policier provincial et d'un
corps policier municipal. Je ne voudrais pas prendre cela à mon compte,
mais je me suis toujours
demandé comment il se faisait qu'un corps policier provincial qui
avait comme fonction principale d'assurer d'abord la sécurité
routière... Peut-être pas dans les très grandes villes que
je connais moins comme Montréal alors que la direction de la ville, le
conseil municipal donne des ordres à la police municipale, mais doit-on
s'occuper davantage de la sécurité que des billets de
stationnement ou autres qui peuvent congestionner la ville? Je constate un
phénomène certain: c'est que quand on a affaire aux corps
policiers municipaux ruraux ce que j'affirme là, c'est un milieu
dans lequel je vis la sécurité routière vient
peut-être des autorités municipales, mais c'est le dernier souci
de la plupart de ces corps. Je ne porte pas le blâme directement aux
policiers. Je pense qu'il y a des ordres donnés dans les
sûretés municipales, c'est un travail qui appartient à
d'autres; personne ne s'en occupe. Il s'agit de demeurer dans le milieu rural
pour savoir que sur n'importe quelle artère, grande route qui traverse
nos petites villes, on passe à 70 milles et à 75 milles à
l'heure. Quels que soient les effectifs municipaux, personne ne s'occupe
évidemment des gens qui ont à protéger le piéton ou
à assurer la sécurité routière.
M. le Président, je pense qu'on pourra, en cours de route, poser
des questions pertinentes. Par contre, on a fait référence
tantôt à des mesures adoptées en 1976 qui ne semblaient pas
populaires. C'est vrai que j'avais eu énormément de
difficultés à faire accepter la loi 13 par mes collègues,
par le gouvernement du temps. Elle a été adoptée
après de nombreuses discussions. J'ai dû revenir à la
charge plusieurs fois avant qu'elle ne soit acceptée. Dans le rapport de
la Régie de l'assurance automobile, on dit qu'il faudrait faire des
sondages avant d'imposer des mesures impopulaires. Les sondages avaient
été faits dans le temps. Je pense que le directeur du BVA qui est
ici peut l'affirmer: les sondages avaient été faits et
près de 75% des gens acceptaient la réduction de la limite de
vitesse et le port de la ceinture de sécurité. Il avait
été constaté, huit ou neuf mois plus tard, par d'autres
enquêtes que près de 60% et 70% des gens acceptaient
également de se conformer à la directive. On constate aujourd'hui
que 60% des gens s'en "foutent". Autant pour les limites de vitesse que pour le
port de la ceinture, je pense que c'est la volonté gouvernementale qui
doit primer là-dedans.
Le ministre des Transports est placé dans la même situation
que j'étais. Il a également de la difficulté à
faire accepter des mesures par les autorités gouvernementales.
Malgré les nombreuses campagnes d'information qui se font, par la
régie, par lui, on ne sent pas derrière cela que les effectifs
policiers ont des ordres radicaux de faire appliquer les lois. Je vais donner
un exemple particulier: On va beaucoup parler d'écoles de conduite, de
comportement du chauffeur québécois. Je voudrais que l'ensemble
des intervenants nous disent comment il se fait que ce fameux conducteur
québécois cause tellement d'accidents au Québec
presque un record pour tous les pays industrialisés et
qu'à l'instant où il franchit les frontières, son
comportement si douteux au Québec devient un comportement presque
exemplaire; il est aussi bon conducteur que les autres.
Il faudrait peut-être se poser des questions, à savoir si
c'est réellement son comportement ou si c'est l'inapplication des lois,
le fait que chaque conducteur sait qu'il va y avoir impunité. Il
faudrait peut-être se poser la question durant ce débat. Pourquoi
y a-t-il un double comportement semblable?
Je constate que malgré l'ensemble des campagnes de
publicité qui sont faites actuellement sur le respect des lois, il n'y a
pas, en arrière de tout cela, de la part de tout l'appareil
gouvernemental, la volonté très nette de diminuer le milliard de
perte que cela coûte par année, les 20 000 morts depuis les toutes
dernières années. On était rendu à 54 000 accidents
par année. Il n'y a pas une guerre civilequi produit cela. On a
baissé le nombre, avec le port de la ceinture de sécurité
et des limites de vitesse les deux premières années, à 43
000 en 1976/77. On remonte. Tantôt, j'ai entendu le ministre, dire 1776,
alors qu'en 1976/77, on était baissé de 1893 à 1589 morts
et 1556. Alors, on est parti dans l'autre sens encore avec toutes les
complications et 6000 lits d'hôpitaux occupés occasionnellement
par les blessés de la route. Cela mérite que les
Québécois pensent que le Code de la route est un outil
probablement important à étudier, mais avec ces
conséquences de santé et de vies humaines, je pense que c'est
important que tout le monde mette la main à la pâte et fasse en
sorte qu'on perde ce triste championnat.
M. le Président, si vous le permettez, en cours de route, pour
alterner, mon collègue de Gatineau ou moi-même pourrions
intervenir sur des questions.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, M. le
député de Charlevoix. M. le député de Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: J'ai seulement quelques commentaires à faire,
avant qu'on puisse commencer les travaux de cette commission parlementaire avec
l'audition des mémoires. Je pense que le Code de la route fait partie un
peu de l'ensemble de cadres législatifs qui ont, de temps à
autre, nécessairement besoin d'être rafraîchis, d'être
modernisés, d'être adaptés à des situations qui,
elles, évoluent et je pense que c'est dans le cadre de discussions qu'on
entreprend les travaux de la présente commission parlementaire, en ayant
en tête, évidemment, comme l'a souligné un de mes
collègues, cette préoccupation majeure pour la question de
sécurité routière, mais avec arrière-fond. Je pense
qu'on aura l'occasion d'y revenir également, avec toute la question de
la situation énergétique dans laquelle on se trouve actuellement
et qui a besoin de trouver un appui dans les différents cadres
législatifs d'un ministère ou de l'autre si on veut être
capable de faire face aux différentes situations.
M. le Président, en écoutant mes collègues, en
écoutant les propos du ministre tout à l'heure, il m'est venu la
réflexion suivante, c'est que les lois sont une chose, mais le respect
qu'ont les citoyens envers cette loi, c'en est une tout à fait
différente. Je pense que c'est une question d'attitude fondamentale par
rapport à la loi, le citoyen face au cadre législatif dans lequel
il vit, devant lequel on se retrouve actuellement. Je pense que mon
collègue, qui vient de me précéder, en a fait état
de façon passablement éloquente en indiquant que, à toutes
fins utiles, il peut exister le meilleur cadre législatif possible, mais
si la loi n'est qu'un cadre législatif, une description de situations
qu'on désire ne pas voir ou de réglementations, mais qu'elle
n'est pas effective, vivante, qu'elle ne contient pas tout un appui au niveau
de l'application, à ce moment, elle devient tout à fait futile et
on se retrouve un peu dans des situations statistiques comme celles qu'a
décrites le député de Charlevoix.
Dans ce sens-là, il faudrait peut-être avoir comme
préoccupation, derrière tout ce travail immense qui a
été fait au niveau de la refonte du Code de la route et qui se
fait actuellement et qui va se faire, d'assurer un appui dans les faits pour
que cela ne reste pas lettre morte.
Je sais que fondamentalement, au bout de la ligne il faut qu'on
en soit conscient également il n'y a aucune loi qui pourra avoir
suffisamment de dents pour être appliquée parfaitement si les
citoyens eux-mêmes ne sont pas conscients, au point de départ, de
leurs responsabilités et du rôle qu'ils ont d'abord à jouer
comme citoyens là-dedans. L'idéal, c'est d'arriver à une
situation où les citoyens n'ont pas besoin d'un policier à
côté d'eux pour respecter la loi, mais que cela devienne vraiment
quelque chose de personnel, de volontaire, qu'on respecte les lois comme
cela.
Je pense que le nombre de mémoires qui ont été
présentés dans le cadre des travaux de cette commission
parlementaire souligne l'intérêt que ce problème
revêt, l'importance du sujet qui est traité et je pense qu'avec
cet ensemble, on pourra amorcer une discussion tout à fait valable, en
ayant en tête ces principes auxquels je faisais référence
tout à l'heure. En ce qui me concerne, je serais prêt à
procéder immédiatement à l'audition des mémoires,
pour qu'on puisse entamer des discussions et aller un peu plus loin.
Le Président (M. Bordeleau): Merci M. le
député de Richmond. M. le ministre des Transports. (15 h 15)
M. Lucien Lessard
M. Lessard: Je voudrais d'abord, remercier mes collègues,
parce que je pense que chacun va prendre conscience de ces discussions de plus
en plus. C'est exact, comme le disait le député de Charlevoix,
qu'on a un problème au niveau du gouvernement lorsqu'il s'agit de
coordonner l'ensemble des lois. C'est le ministre des Transports qui est
responsable de la législation du Code de la route et c'est le
ministère de la Justice qui est responsable bien souvent de son
application. C'est pourquoi très brièvement, car je ne
veux pas prolonger la discussion là-dessus, on aura l'occasion d'en
discuter on a créé j'espère que cela va
être une structure efficace ce qu'on appelle le Conseil de la
sécurité, qui réunit le ministre de la Justice, le
ministre des Transports, le ministre responsable de la Régie de
l'assurance automobile, ainsi que le ministre de l'Education et d'autres
ministres qui interviendront de façon sectorielle, lorsqu'on en aura
besoin.
Je pense, comme le disait le député de Charlevoix, qu'il
est fondamental, avec des coûts socio-économiques de $1 milliard,
qu'au niveau du gouvernement du Québec, par l'intermédiaire non
pas d'un seul ministre, mais d'une structure permanente, d'une structure qui
coordonne l'ensemble des activités du ministère, d'en arriver
à démontrer une volonté gouvernementale et surtout de
faire en sorte que les lois soient là. Quelles que soient ces lois ou
quelque parfaites qu'elles puissent être, si ces lois ne sont pas
appliquées, ce sont des lois qui sont inutiles. C'est dans ce sens, je
pense, que cette commission va s'engager et soyez convaincus que nous
avons tous la volonté, comme les groupes qui sont là, de corriger
la situation mais c'est certain aussi qu'il y a une
génération qui ne sera pas facile, pour qui ce ne sera pas facile
de remonter la côte. C'est pourquoi on a toute une série de
programmes, dont on pourra parler, auprès des jeunes, de la maternelle
jusqu'au CEGEP, en vue de rééduquer complètement notre
jeunesse dans le sens d'une meilleure observance de la loi. Merci, M. le
Président.
Union des conseils de comté et des
municipalités locales du Québec
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. Alors,
je pense que nous pouvons maintenant procéder à entendre les
différents groupes qui attendent déjà. J'appelle donc
immédiatement l'Union des conseils de comté et des
municipalités locales du Québec à venir s'asseoir à
la table en avant et je vous demanderais d'abord de bien vous identifier pour
s'assurer de la bonne compréhension au journal des Débats.
M. Letendre (Eugène): M. Laurent Caron, à ma
droite, et je suis Eugène Letendre.
Le Président (M. Bordeleau): Vous pouvez y aller, M.
Letendre.
M. Letendre: M. le ministre, messieurs les membres de la
commission, permettez-moi, au nom de l'Union des conseils de comté, de
vous remercier de nous avoir donné la chance et l'avantage d'apporter
ces quelques réflexions devant la commission.
L'Union des conseils de comté et des municipalités locales
du Québec Inc. représente les
municipalités régies par le Code municipal et elle se
réjouit du fait qu'un avant-projet du Code de la route ait maintenant
été déposé. Nous nous replaçons dans la
perspective où le gouvernement actuel promettait ou s'engageait à
décentraliser ses pouvoirs ou à donner plus d'autonomie aux
autorités locales. Nous croyons que certains aspects de cette loi
revêtent un caractère très centralisateur et contraire aux
politiques préconisées par le gouvernement actuel. Nous
insisterons donc en particulier sur certaines ambiguïtés de la loi
et aussi sur certaines réalités du monde municipal rural
d'aujourd'hui.
L'autonomie municipale est une valeur à sauvegarder si l'on
considère qu'à l'époque où le Code municipal fut
adopté, toutes les municipalités rurales se ressemblaient dans
leurs besoins et dans leur développement. Aujourd'hui, ces
municipalités ont pris des visages très différents d'un
endroit à un autre. Certaines ont développé une vocation
résidentielle, d'autres ont conservé leur vocation agricole,
alors que d'autres sont devenues à vocation touristique. Certaines
d'entre elles cumulent même toutes ces vocations à la fois,
d'où l'importance de conserver son autonomie à l'autorité
locale pour que sa réglementation particulière corresponde bien
à son orientation et à sa vocation. Nous insistons donc sur le
fait que les administrateurs municipaux sont plus au courant des
problèmes de sécurité, de bien-être ou de
circulation dans leur municipalité que l'autorité
provinciale.
Nous croyons que l'article 418 de l'avant-projet qui nous a
été soumis ne tient pas compte de cette réalité. Il
oblige l'autorité locale à faire approuver tous ses
règlements sur des matières visées au Code de la route par
le ministère des Transports. Cette formalité nous semble inutile.
Nous sommes bien d'accord pour tout règlement que nous pourrions adopter
concernant des routes dont l'entretien est en totalité à la
charge du ministère des Transports ou, encore, des routes
numérotées; nous sommes d'accord qu'un tel règlement d'une
autorité locale soit soumis à l'approbation du ministre, mais
nous nous opposons à ce qu'un règlement soit soumis à
l'approbation du ministre lorsqu'il s'agit d'un chemin tombant sous la
juridiction municipale locale.
Lorsqu'il s'agit d'un chemin qui n'est pas une route
numérotée ou qui n'est pas à l'entretien total du
ministère des Transports, nous croyons que la municipalité
devrait avoir pleinement le pouvoir d'en réglementer seule l'usage, en
respectant les dispositions du Code de la route.
L'expression "dont il a l'entretien" ou "dont elle a l'entretien" que
nous retrouvons à bien des endroits dans l'avant-projet du Code de la
route devrait être éclaircie et précisée de
façon que l'autorité locale ait une juridiction claire et sans
ambiguïté sur tout chemin public qui n'est pas un chemin public
dont le ministère des Transports a l'entretien total ou qui n'est pas
une route numérotée.
Cette juridiction étant établie, chaque autorité
locale pourrait, en conformité avec votre Code de la route, appliquer
ses propres règlements et assurer ainsi la sécurité du
public, son bien-être, de même qu'une circulation plus
adéquate. Si nous avons insisté sur cet aspect important du Code
de la route, plutôt que sur une foule de petits détails, c'est que
d'autres articles, en particulier les articles 422 et 425, peuvent
représenter une confirmation des principes de centralisation et d'une
intrusion gouvernementale dans les affaires locales que nous avons maintes fois
dénoncée dans le passé.
Nous croyons que l'article 422 permettant au ministre des Transports
d'accorder des subventions pour favoriser l'application du Code de la route
devrait prévoir que le ministre peut adopter des règlements ou
établir des normes qui s'appliqueraient à toutes les
municipalités du Québec régies par le Code municipal et
fournir une assistance financière suivant ces normes.
Quant à l'article 425, il est superflu et inutile; le Code
municipal prévoit déjà une classification pour lesdits
chemins. Quant aux chemins publics municipaux, il appartient à chaque
autorité locale de classifier et de réglementer ses propres
chemins.
Nous voulons profiter de l'occasion qui nous est fournie pour vous
soumettre qu'il est de notoriété que l'approbation des
règlements municipaux par le ministre est souvent faite au niveau du
divisionnaire régional des transports.
Nous souhaiterions que, lorsqu'une municipalité voit
l'approbation d'un règlement refusée, elle puisse avoir une
façon d'en appeler de ce refus auprès d'un organisme qui pourrait
relever du ministère des Affaires municipales et qui pourrait
reconsidérer cette décision du ministre des Transports.
Nous pensons en particulier à la réglementation de la
vitesse sur les routes numérotées traversant les villes qui sont
situées sur lesdites routes, à l'installation d'arrêts
obligatoires à certaines intersections, de même que la
réglementation du stationnement. Nous comprenons que le ministre des
Transports a comme responsabilité d'assurer des communications entre les
différentes municipalités du Québec, mais nous croyons
ainsi que cette obligation n'est pas inconciliable avec l'organisation interne
de la circulation dans une municipalité, de même qu'avec la
protection, la sécurité du public et l'intérêt
desdites municipalités.
En conclusion, nous croyons que, pour assurer le respect tant des
impératifs qui se posent au ministre que de ceux qui se posent aux
autorités locales, l'Union des conseils de comté et des
municipalités locales du Québec est prête à
collaborer avec le gouvernement pour que l'avant-projet du Code de la route
soit révisé de façon à assurer la
responsabilité de l'autorité municipale locale sans nuire au bon
développement du système général des transports au
Québec. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Leten-dre. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, c'est exact qu'il peut
apparaître que le ministre se donne dans le Code de la route des pouvoirs
qui existaient, d'ailleurs auparavant qui semblent
discrétionnaires. Maintenant, il faut penser une chose aussi le
député de Charlevoix insistait tout à l'heure un peu sur
cela c'est que le ministre des Transports a la responsabilité
comme tel de l'ensemble de la sécurité routière. Pour
assurer la sécurité routière, il faut que nous ayons, dans
l'ensemble du Québec, une signalisation uniforme, que nous ayons une
codification de la loi ou un Code de la route uniforme. C'est dans ce sens et
non pas dans le sens de vous bluffer; il faut justement en arriver à un
code qui soit uniforme parce que, si chacune des municipalités du
Québec possède son propre code, il va se poser des
problèmes de circulation très sérieux.
D'ailleurs, vous dites à la page 3, troisième paragraphe:
Lorsqu'il s'agit d'un chemin qui relève de la municipalité, etc.,
"nous croyons que la municipalité devrait avoir pleinement le pouvoir
d'en réglementer seule l'usage en respectant les dispositions du Code de
la route." Si vous respectez les dispositions du Code de la route, je ne vois
aucun problème qui pourrait être soulevé à ce
moment-là puisque le ministre, de façon presque automatique, va
accepter la réglementation qui est soumise par les municipalités.
Mais nous sommes tous les jours, par exemple, sujets à des demandes
concernant des feux de signalisation des municipalités, à des
demandes concernant, par exemple, la réduction de la limite de vitesse.
Il y a des normes, des critères généraux pour l'ensemble
du Québec. Dernièrement, par exemple, on me demandait, dans le
prolongement d'un village là où la municipalité avait
permis la construction d'un certain nombre de maisons qui étaient
situées assez loin du village, de diminuer la vitesse de 55 milles
à 30 milles à l'heure ou à 50 kilomètres.
Il y a des problèmes sérieux qui se posent. D'abord, on
fait un peu des statistiques avec le système de radar qui a
été expliqué dernièrement dans le journal L'Equipe.
On tient compte aussi, tout en essayant de corriger la situation, de la
possibilité de concrétiser des mesures comme la réduction
de vitesse. J'ai déjà fait l'expérience dans un village
qui était très étendu dans l'ensemble du Québec.
Malheureusement, après trois jours, les policiers nous ont
indiqué qu'il était extrêmement difficile de faire
appliquer une réduction de limite de vitesse à 30 milles à
l'heure puisque les gens n'avaient vraiment pas conscience de passer dans une
localité d'une importance certaine. Donc, pour l'usager, il ne faut pas
que les routes deviennent continuellement des zones de 30 milles à
l'heure. Il faut certainement prévoir la sécurité
routière, mais on a des villages au Québec qui s'étendent
sur trois ou quatre milles de longueur. Si on met, chaque fois qu'on nous en
fait la demande, des réductions de vitesse... Avant de dire non, si on
s'aperçoit que c'est réel qu'il y a un taux d'accidents
très sérieux, on l'accepte. Quant à moi, il ne s'agit pas
je termine là-dessus et j'aimerais avoir vos commentaires
d'es- sayer d'écraser les municipalités et de centraliser
complètement au niveau du gouvernement, mais il s'agit, par exemple,
d'avoir un système, un Code de la route qui soit appliqué de
façon uniforme dans l'ensemble du Québec. Sinon, comme on a
environ 100 municipalités au Québec, on va certainement arriver
à des problèmes très sérieux concernant cette
uniformité.
Ce sont surtout des commentaires plutôt qu'une question.
J'aimerais que vous me répondiez de quelle façon, en donnant
exclusivement le contrôle de la signalisation ou le contrôle du
Code de la route à chacune des municipalités du Québec
à l'intérieur de son territoire, on peut en arriver à une
certaine uniformité du Code de la route. Est-ce que cette
uniformité du Code de la route est nécessaire? Est-ce qu'on doit
avoir des lois, par exemple, pour une municipalité de 100 habitants et
d'autres lois ou une autre loi pour une municipalité de 10 000 ou 15 000
habitants? J'aimerais avoir vos commentaires à ce sujet. (15 h 30)
Le Président (M. Bordeleau): M. Letendre.
M. Letendre: Je ne pense pas que, dans notre mémoire, il
soit écrit que nous voulons contrôler tout ce qu'il y a sur le
territoire. Il y a des routes qui sont entretenues ou numérotées
par le gouvernement, ce sont des routes qui sont reconnues beaucoup plus
passantes. Je comprends qu'à un moment donné les
municipalités donnent des permis de construction le long de ces routes
et cela devient un grand village. Si on veut protéger nos citoyens, je
pense qu'il va falloir faire quelque chose. Continuer à jouer comme on
le fait là une municipalité met une affiche de 40 milles
à l'heure; le chef divisionnaire vient, il l'enlève et il en pose
une de 50 milles ou 60 milles à l'heure, je m'excuse de parler de
milles, c'est une vieille habitude ce n'est pas de cette façon
qu'on va protéger nos piétons et qu'on va protéger notre
monde.
On dit dans notre mémoire qu'il y a des routes qui sont des
chemins privés et qu'il y a des routes qui sont municipales.
Là-dessus, on voudrait au moins pouvoir intervenir pour sauvegarder un
peu la vie de nos citoyens et leur ménager des réparations
d'automobile. C'est dans ce sens que nous avons fait notre mémoire. On
sait que c'est un avant-projet et on veut continuer à travailler avec
vous afin de trouver quelque chose qui fasse autant que possible l'affaire de
tout le monde.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: Une dernière question, M. le Président.
Je pense que le député de Charlevoix a dû vivre cette
expérience. Le gouvernement du Québec, actuellement, fait des
efforts très sérieux justement en vue de diminuer le taux
d'accidents à l'intérieur des municipalités. Nous faisons
des efforts très sérieux pour essayer de contourner les villages
lorsqu'il s'agit de routes régionales importantes. Nous avons des
objections majeures parce que, dit-on, il y a une relation entre
l'économie du
village et la circulation automobile. Nous faisons donc des efforts
importants pour essayer de contourner les villages, pour diminuer le nombre
d'accidents et augmenter la sécurité routière et c'est une
difficulté énorme pour le gouvernement du Québec. On fait
toujours de la consultation, on demande toujours l'accord des
municipalités concernées et dans une grande partie des
municipalités, on s'oppose au contour de ces villages.
Est-ce que votre organisme, comme tel, pourrait nous donner des
explications sur cela? Au niveau de l'Union des conseils de comté,
est-ce qu'on se préoccupe un peu de ce problème?
M. Letendre: M. le ministre, si vous voulez qu'on vous fournisse
quelque chose de plus approfondi sur l'étude dont vous me parlez, des
contours de villages, on pourra le faire. Actuellement, je n'ai pas ce qu'il
faut pour vous répondre. Je pourrais peut-être vous souligner
quelque chose qui a certainement dû être porté à
votre attention. Vous avez des subventions qui sont données aux
municipalités par le ministère de l'Environnement ou par le
ministère des Affaires municipales pour l'installation des égouts
et des aqueducs. Déjà, il faut avoir un certain nombre
d'habitations pour que cela puisse être subventionné. Si on fait
des chemins de contour, vous allez avoir des gens qui vont aller se construire
sur les chemins de contour on parle d'un petit village et cela
devient très onéreux de fournir l'eau, les égouts, les
trottoirs à ces gens-là. Cela prend une concentration de
population dans un même endroit. C'est peut-être une des raisons
pour lesquelles certaines municipalités vous donnent des refus. Si vous
voulez avoir une étude plus approfondie, on a un comité qui
travaille là-dessus et il pourra vous donner cela.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: C'est le contraire, je pense, on tient compte de ce
fait, on ne veut pas que la municipalité se déplace, sinon, on
devra reconstruire une autre route dix ans après. Donc, on
précise une condition, le non-accès le long de cette route
régionale, de telle façon que les municipalités n'ont pas
la possibilité de se déplacer.
J'ai voulu soulever le problème parce que c'est quand même
un problème très sérieux. Lorsque nous parlons de
sécurité routière, il faut en même temps envisager
justement de passer le moins possible à l'intérieur des
agglomérations semi-urbaines, rurales ou urbaines.
M. Caron (Laurent): Sans méchanceté, M. le
ministre, j'imagine que la loi 125 sur l'aménagement va nous
éviter ces oppositions difficiles, c'est-à-dire que nous
espérons que les contours feront aussi partie des préoccupations
de la loi 125 et, évidemment, de la loi 90, qu'ils n'iront pas non plus
hacher le sol agricole.
Il reste qu'il ne faut pas trop se surprendre non plus que le monde
municipal... le monde rural en particulier soit un monde stable. Ce sont des
gens qui se conduisent bien, la police n'a pas beaucoup de travail dans nos
coins. Ces gens, à la suite de cela, sont aussi un peu traditionnels. Il
faut leur pardonner ce défaut, la qualité de leur
stabilité. Quand les gens sont habitués à voir une rue
à un endroit, c'est toujours sentimentalement difficile de faire des
changements. Je connais plusieurs maires qui ont été battus pour
des choses semblables, pour avoir laissé contourner leur village
historique par des routes.
Je pense qu'on peut dire qu'on peut même engager l'union à
collaborer à un projet de loi semblable pour diminuer ces impacts assez
locaux, d'ailleurs, et qu'on verra de moins en moins avec la loi 125, si elle
est convenablement appliquée.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Je suis porté à appuyer cette demande
de l'union dans le sens de libérer les municipalités de la
nécessité de faire approuver la réglementation pour
l'application du Code de la route en ce qui regarde les routes qui sont, du
côté de l'entretien, à la charge complète des
municipalités locales.
Par contre, est-ce que je comprends bien le sens du mémoire
lorsqu'on parle de la nécessité ou du souhait d'avoir un droit
d'appel au moment où une réglementation n'est pas
approuvée par le ministre? Est-ce qu'il s'agirait là d'une
réglementation qui serait adoptée par une municipalité
locale, mais qui toucherait ou concernerait des routes à l'entretien du
ministère?
M. Letendre: Qui toucherait des chemins privés ou
municipaux.
M. Gratton: Si je comprends bien, à défaut
d'obtenir satisfaction quant à votre premier souhait, de ne pas avoir
à obtenir l'approbation du ministre quant à un règlement
qui concerne des routes strictement municipales, à défaut de
l'obtenir, vous dites: Tout au moins, donnez-nous la loi d'appel. Est-ce
cela?
M. Letendre: C'est ce que je comprends. Il y a une chose que je
voudrais vous expliquer. Le type qui devait être ici aujourd'hui a
été hospitalisé à la suite d'un accident
d'automobile. Les deux autres membres de la commission l'ont su trop tard, ils
ne pouvaient pas venir. On vient au pied levé remplacer ces
gens-là ce matin. Pendant les travaux, on n'était pas là
pour entendre les discussions. Ce que je comprends, c'est à peu
près la même chose que vous.
M. Gratton: On va bien s'entendre, vous et moi, M. Letendre,
parce que je relève au pied levé aussi et à deux jours
d'avis une personne qui oeuvre dans le domaine depuis 12 ans. Alors, je fais
aussi mon apprentissage en même temps que vous.
Pourriez-vous me préciser peut-être que la
donnée n'est pas disponible combien de vos membres utilisent ou
font appel aux services de la Sûreté du Québec plutôt
qu'aux services d'un corps policier autonome?
M. Caron (Laurent): Nous représentons les 1250
municipalités régies par le Code municipal, lesquelles ne sont
pas tenues d'avoir de corps policier. L'immense majorité n'ont pas de
corps policier spécial; celles qui en ont un sont des exceptions. Nous
utilisons la Sûreté du Québec, mais ces
préoccupations, évidemment, sont pour les grandes routes. Quand
il s'agit de la rue Saint-Olivier, où il y a trois résidents, et
qu'il y a des petits gars qui font de la "motocross" dans le milieu de la rue,
c'est toujours un peu difficile d'avoir la Sûreté du
Québec, mais il reste que ce sont des choses dont on sera
peut-être appelé à s'occuper.
Ce que nous demandons, c'est de ne pas être obligé
pour réglementer la rue Saint-Alfred, par exemple, où il y a 30
résidents de soumettre un règlement. On peut le faire, mais
il faudrait obtenir du gouvernement une certaine assurance que ça ne
prendra pas treize mois avant d'avoir une réponse. C'est toujours le
problème. Je prends l'exemple de certaines commissions et surtout dans
le monde municipal, on a un problème de ce côté, du
côté des délais. A part les nôtres, le temps de se
réveiller et tout cela, cela veut dire des délais inimaginables
dans certains cas.
M. Gratton: Malgré toutes les bonnes promesses et les
engagements que n'importe quel gouvernement pourrait prendre pour minimiser
autant que possible les délais, l'on sait tous, vous et moi, comme
l'ensemble des municipalités, qu'ils sont impossibles à enrayer
complètement. Donc, j'appuie d'emblée cette demande de l'union,
par rapport à la réglementation sur les routes qui sont
strictement à la charge des municipalités. Je dénombre
dans mon comté trop d'occasions où je reçois des
résolutions de conseils municipaux. Qui d'autres que les conseils
municipaux sont plus aptes à connaître la situation sur un rang ou
sur un chemin secondaire donné? Ils doivent s'adresser au
ministère des Transports avec tout le tralala du processus administratif
pour se faire répondre que non, ils ne peuvent réduire la vitesse
de 40 à 35 milles à l'heure, alors que la situation l'exige.
C'est donc, de notre côté en tout cas, un appui
inconditionnel que vous obtenez là-dessus. Une dernière
précision, quant à l'aspect de l'article 422 par rapport aux
subventions; pourriez-vous préciser un peu ce que vous préconisez
en opposition à ce qui est contenu au projet de loi?
M. Letendre: Je vais le relire.
M. Gratton: ... il y ait moins de discrétion au niveau du
ministre et que, par règlement, il édicte des normes à
partir desquelles toutes les municipalités pourraient avoir accès
à des subventions, plutôt que d'être aussi vague et
imprécis que le texte actuel de l'article 422.
M. Letendre: 422 nous semble très vague. Si on fait nos
propres normes dans différents chemins ou routes, les subventions
seraient plutôt au niveau d'une aide pour faire ce travail, si vous
voulez. Par exemple, des gens qui pourraient ressembler à des gardes de
sécurité, parce que je ne pense pas que toutes nos petites villes
puissent avoir des policiers. L'exemple de M. Caron que je vous donnais
tantôt des enfants qui font du motocross, peut-être qu'à un
moment donné on devrait avoir quelqu'un dans la municipalité qui
passerait pour tâcher de mettre de l'ordre. Ce serait dans ce
genre-là plutôt que d'avoir des subventions qui sont bien
étiquetées pour telle ou telle chose.
M. Gratton: Dernière question, M. le Président, le
mémoire est muet sur cet aspect de la réforme du Code de la
route, mais vous comprendrez qu'étant originaire de l'Outaouais, qui est
une région frontalière, la chose m'intéresse de
façon particulière. Est-ce que l'union a consulté ses
membres quant à la disposition qui permettrait dorénavant le
virage à droite sur les feux rouges et, si oui, quelles sont les
réactions que vous avez obtenues?
M. Letendre: Je ne sais pas si M. Caron a quelque chose
là-dessus.
M. Caron (Laurent): Je sais que la question est censée
d'être posée au congrès annuel alentour du 18 ou du 20
octobre. Mais c'est déjà après les dépôts de
mémoires ici. Alors, cela a été impossible que tous les
membres soient consultés sur cette chose. Je sais que les gens qui
étaient au comité ont certainement... En tout cas, la question
m'a été posée personnellement; est-ce que cela l'a
été à tous les préfets de la province, à
tous les maires? Je ne le crois pas, parce qu'ils n'ont certainement pas eu le
temps de faire tout cela, surtout qu'on était dans la période de
vacances cet été et cela aurait été très
difficile.
M. Gratton: II n'y a peut-être pas tellement de feux rouges
ou verts ou d'autres couleurs dans les municipalités rurales dans
l'ensemble, dans la grande majorité. Je vous remercie, MM. Letendre et
Caron.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: C'est plutôt un bref commentaire qu'une
question. Lorsqu'on poursuit un objectif comme celui de la
sécurité routière, par exemple, il faut d'abord, pour
atteindre cet objectif, avoir certains moyens uniformes à
l'intérieur d'un territoire pour être capable d'atteindre de
façon normale et efficace cet objectif. Par contre, j'achète
aussi ce que l'Union des conseils de comté nous présente
aujourd'hui, soit les tracasseries à l'inté-
rieur desquelles doivent fonctionner nos administrateurs locaux
lorsqu'ils ont à faire certaines modifications sur leur territoire.
Les mécanismes d'appel que vous suggérez, en ce qui me
concerne, on les retient également, mais je pense qu'il faut retenir, de
la suggestion que vous faites, le fait qu'on veut trouver aussi d'autres moyens
d'accélérer les rapports entre le ministère des Transports
et les municipalités rurales, pour que, lorsque nos administrateurs
ruraux, qui ont une responsabilité à prendre, qui ont la conduite
du véhicule, ont un virage à effectuer, ils puissent avoir une
réponse s'ils doivent consulter le palier voisin concerné. (15 h
45)
Je pense que trop souvent on pourrait faire un long plaidoyer
à ce sujet on a des problèmes qui sont, à toutes
fins utiles, mineurs à régler, au sujet desquels on doit
consulter le ministère des Transports. Il y a des délais vraiment
interminables. Ce n'est pas une accusation que je porte; c'est une constatation
des faits. Je pense que la démarche que vous faites va nous prouver
qu'à côté de cela, il y aurait peut-être moyen de
trouver un mécanisme de consultations et de réponses un petit peu
plus rapide que ce qu'on vit actuellement.
M. Letendre: Merci, messieurs.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, j'avais cru déceler
une contradiction, mais à la suite de l'interprétation qui a
été donnée par le député de Gatineau, il
semble bien que vous visiez à obtenir une formule à toute
épreuve, en ce sens que si vous enleviez au ministre des Transports la
responsabilité qui incomberait aux municipalités, je pense que
vous n'auriez pas besoin de la deuxième mesure. Mais peu importe. Je
m'interroge très sérieusement sur votre affirmation, à
savoir que les municipalités peuvent être responsables de la
sécurité comme telle. Je me demande si on est conscient de la
portée de l'envers de la médaille: Si tu acceptes la
responsabilité, tu la portes civilement jusqu'au bout. S'il y avait une
autorisation à demander au ministère, c'était pour
uniformiser. Je pense que la loi qui est vieille c'est vrai
même celle qui existait avant, donnait l'autorité au ministre des
Transports. Je me demande si vous accepteriez une formule du genre de celle-ci:
si le ministre n'a pas présenté d'objection dans les 30 jours
suivant le dépôt de la demande, le règlement est
adopté automatiquement. Est-ce que cela vous sourirait comme
procédure? Cela aurait peut-être pour effet de raccourcir les
délais, mais cela maintiendrait une ligne d'autorité qui,
à mon sens, n'était pas contestée en soi. C'est
peut-être la question de délai qui vous fait changer le champ de
responsabilité. Avec une procédure du genre, vous
réaviseriez-vous?
M. Caron (Laurent): Un délai de 30 jours entre deux
gouvernements, le gouvernement municipal et le gouvernement du Québec,
c'est un bien mince délai. C'est un instant. Alors, on l'accepterait
sûrement.
M. Chevrette: Remarquez bien que c'est une hypothèse. Je
cherche une solution pour clarifier un petit peu. S'il y a respect du Code de
la route qui est d'autorité provinciale, cela pourrait devenir
automatique et, à ce moment-là, le délai de 30 jours vous
permettrait d'en...
M. Caron (Laurent): C'est exactement ce qu'on demande.
Maintenant, pour ce qui regarde le droit d'appel, il y a de nombreuses
expériences où des cas comme ceux-là se sont
réglés au niveau des fonctionnaires régionaux du
ministère des Transports qui, eux-mêmes, ne connaissaient pas
toujours partout l'autorité qu'ils avaient ou qu'ils n'avaient pas. Cela
amenait des confusions, dans certains cas, abracadabrantes. Je voudrais citer
un cas j'ai les dossiers quelque part où en septembre,
disons 1976 ou 1977, on demandait au ministère des Affaires municipales
l'autorisation d'avoir un règlement pour les brigades scolaires. On a
répondu: Allez au ministère de l'Education avec cela. Le
ministère de l'Education a dit: Non, ce n'est pas nous autres; voyez
donc le ministère des Transports. On a eu une réponse au bout de
17 mois nous disant que ce n'était pas tout à fait de notre
ressort, mais qu'on pouvait subventionner cela. Je vous dis qu'on ne passe pas
pour efficace dans ce temps-là. Un délai de 30 jours,
d'après moi, il faudrait acheter cela, le payer comptant.
Le Président (M. Bordeleau): M. Caron et M. Letendre, je
vous remercie d'être venus déposer votre mémoire.
Association des chefs de police et pompiers du
Québec
J'appelle maintenant l'Association des chefs de police et pompiers du
Québec, le mémoire portant le no 24. Je demanderais aux
représentants de cette association de s'approcher et de bien
s'identifier.
M. Cyr (Marcellin): M. le Président, messieurs les membres
de la commission parlementaire, à ma droite, je vous présente M.
Jacques Marquis, officier régional de la Mauricie, région no 4
et, à ma gauche, M. Georges Fafard, officier de la région du
Bas-du-Fleuve, région no 1. Mon nom est Marcellin Cyr, président
de l'Association des chefs de police et pompiers de la province de
Québec.
L'Association des chefs de police et pompiers de la province de
Québec désire féliciter le ministre des Transports pour la
qualité de cet avant-projet du Code de la route. Nous croyons que, dans
l'ensemble, ce Code de la route correspond aux attentes des policiers du
Québec. Nous vous soumettons quelques recommandations qui, à
notre avis, amélioreront ce Code de la route qui est déjà
excellent. Nous sommes d'avis que le minis-
tre devrait procéder sans délai à l'adoption de
cette loi à l'Assemblée nationale. Nous considérons comme
très urgente l'adoption de ce nouveau Code de la route. Nous attendions
depuis longtemps cette pièce de législation qui devrait
améliorer l'efficacité des policiers et ainsi sauver des vies sur
nos routes.
Vous remarquerez que les recommandations que nous vous faisons ont
toujours pour objet de préciser le rôle de la police et des
citoyens dans une situation donnée pour faciliter les rapports
police-citoyen. Ces rapports sont toujours plus harmonieux lorsque les textes
de loi sont clairs et précis.
Nous procéderons immédiatement en commençant par
l'article 34h). Nous recommandons que le tracteur de ferme ne soit pas exempt
d'immatriculation, quitte à limiter le coût de l'immatriculation
au coût de la plaque. En effet, il nous semble, selon l'expérience
vécue, que ces véhicules se retrouveront sur les routes, ne
serait-ce que pour traverser la route, et les policiers se retrouveront
constamment dans des situations de conflit avec les agriculteurs.
L'article 39. Nous recommandons que tous les véhicules
immatriculés au Québec soient munis de deux plaques, une à
l'avant, l'autre à l'arrière. L'Association des chefs de police
et pompiers de la province de Québec a déjà soumis au
ministre des Transports des motifs sérieux à l'appui de cette
demande. Copie de cette documentation est annexée au présent
mémoire.
Les articles 43 et 50. Je vous demanderais, messieurs, de les biffer,
car il y a des dispositions spéciales à l'article 437. Il serait
peut-être préférable, à la suite d'une infraction,
que l'infraction et la peine suivent l'article en question, comme c'est le cas
dans la plupart des chapitres, excepté ceux que j'ai mentionnés,
43 et 50.
L'article 66. Nous recommandons que le permis de conduite soit
délivré avec la photo du détenteur. Cette pratique
faciliterait l'identification du détenteur réel. Nous savons par
expérience que des conducteurs suspendus ou non-détenteurs se
servent du permis de conduire d'un autre. En plus, nous savons la frustration
du citoyen qui doit attendre parfois de 5 à 10 minutes pour qu'une
vérification de permis soit faite auprès du centre de
renseignements.
L'article 109. Nous recommandons que les articles qui suivent soient
inclus au Code de la route, tel qu'il avait été recommandé
par le groupe de travail:
L'article 109-A1). Le titulaire d'un permis de garage doit y remiser
tout véhicule routier dont la possession a été prise par
un officier du ministère ou un agent de la paix dans l'exercice de ses
fonctions et ne peut en remettre la possession à quiconque que sur
directive d'un officier du ministère ou d'un agent de la paix sur un
ordre de la cour. 2). Nul ne peut reprendre possession d'un véhicule
remisé conformément au paragraphe 1) sans le consentement d'un
officier du ministère, d'un agent de la paix ou sur ordre de la cour.
3). Le titulaire d'un permis de garage ne peut utiliser un véhicule
routier dont la possession lui a été remise conformément
au paragraphe 1), sauf pour le déplacer sur les lieux de son garage.
Article 109-A1). C'est par souci d'économie de temps et pour
aider les policiers dans l'exécution de leurs fonctions que le texte
proposé oblige maintenant le garagiste à remiser les
véhicules saisis ou confisqués. D'autre part, c'est par mesure de
sécurité et de contrôle qu'on oblige le garagiste à
ne pas remettre le véhicule sans autorisation préalable.
Article 109-A2). Nouveau, cet article sert de palliatif à une
lacune existant à l'heure actuelle. Question de sécurité
et de contrôle, il évite la reprise du véhicule par un
individu dont les facultés sont affaiblies et empêche qu'un
véhicule reparte sans être conforme lorsque remisé pour
bris mécanique.
Article 109-A3). On cherche ici à protéger le
propriétaire du véhicule routier qui a été
remisé par application de la présente loi.
Article 109-B. Lorqu'un agent de la paix ou un officier du
ministère chargé de l'application du présent code remise
un véhicule routier chez un titulaire d'un permis de garage, les frais
occasionnés par ce remisage sont à la charge du
propriétaire du véhicule. Si, à l'expiration d'un
délai de 60 jours à compter de l'ordre de libération,
aucune personne n'est venue réclamer le véhicule remisé,
le titulaire du permis de garage peut s'en départir. Dans ce cas, il
n'est responsable à l'égard du propriétaire que du prix de
vente. Il y a là une concordance avec le nouveau projet de loi sur les
cités et villes, le projet de loi no 39, je crois.
Articles 196 et 197. S'il vous plaît, les biffer, car on les
reporte à l'article 437.
Article 217. Nous recommandons que le port de la ceinture de
sécurité pour les véhicules de police soit obligatoire sur
le siège avant seulement. Nous croyons que les policiers, pour
commencer, doivent donner l'exemple. De plus en plus, quand ils font des
poursuites ou des chasses à l'homme, ils sont encore plus exposés
à subir des fractures qui, souvent, demandent des congés assez
prolongés.
Article 255. S'il vous plaît, le biffer.
Article 303. Nous recommandons d'enlever "sauf dans les cas de
nécessité". Nous ne pouvons imaginer un cas qui nécessite
de faire crisser les pneus.
Article 380. Nous recommandons que l'amende puisse être
payée dans toute institution bancaire dûment reconnue au
Québec.
Si vous me permettez, messieurs, j'aimerais ajouter quelque chose
à l'article 309 et à l'article 310, s'il vous plaît. C'est
dans le cas du déblaiement de la neige à l'aide de souffleuses
où il doit y avoir un signaleur à l'avant de la souffleuse. On
mentionne les villages et je crois qu'il y a certains endroits où la rue
principale est très longue, par exemple, la ville de Gaspé
où la rue principale à 110 milles de long.
L'article 310 manque peut-être un peu de précision quant
à l'endroit de la consommation de boissons alcooliques. Je vous
remercie, messieurs.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie, M. Cyr.
M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Je vais garder l'article 310 pour la fin. Tout
d'abord, je vous remercie énormément du mémoire que vous
nous avez présenté. Je dois dire que le mémoire du Code de
la route a été aussi préparé en collaboration avec
le ministère de la Justice. Donc, la recommandation de forcer un
garagiste à remiser une automobile paraissait initialement au Code de la
route et nous avons fait la modification en consultation avec le
ministère de la Justice. A ce sujet, on nous a expliqué, par
exemple, que c'était très compliqué à faire
respecter. Deuxièmement, c'était forcer toujours la Ligue
des droits de la personne un propriétaire de garage à une
obligation qui brimait sa liberté individuelle. Je suis d'accord pour
dire que cela pose des problèmes lorsqu'un policier veut remiser un
véhicule. Vous avez entièrement raison. Un véhicule ne
devrait pas sortir du garage sans l'autorisation de l'agent de la paix si le
véhicule n'a pas été d'abord remis en bonne condition, si
c'est le cas, ou si l'individu ne s'est pas remis en bonne condition aussi, si
c'est le cas.
Soyez convaincus qu'on va tenir compte de vos remarques. J'aimerais
d'abord aborder la question des deux plaques, la plaque avant et la plaque
arrière. En 1977, lorsque nous avons envisagé la disparition de
la plaque avant, nous avons eu des consultations avec les principaux corps
policiers de l'ensemble du Québec, dont ceux de la ville de
Québec, ceux de Montréal et d'autres, ainsi qu'avec votre
association, à moins que je ne me trompe, l'Association des chefs de
police et pompier de la province de Québec. L'information que je
possède actuellement j'ai déjà eu l'occasion d'en
discuter avec les membres de votre association est que vous étiez
à ce moment-là d'accord pour la disparition de la plaque avant au
nom de l'économie, mais aussi on reviendra sur cela avec d'autres
groupes parce que la plaque avant était réellement plus ou
moins utile dans le sens qu'il est difficile d'intercepter quelqu'un par
l'avant; on le poursuit par l'arrière. J'aimerais avoir une explication
sur cela. Est-ce exact qu'il y avait eu une recommandation de votre association
dans le temps pour la disparition de la plaque avant en autant que la plaque
arrière soit réfléchissante? C'est d'ailleurs une des
revendications auxquelles on s'est plié.
Quelles sont les justifications ou les raisons qui motiveraient
l'adoption ou la réinsertion de la plaque avant? (16 heures)
M. Cyr: M. le ministre, d'abord, je crois que lors de la
consultation auprès de notre association, le tout s'était fait
par téléphone. Il n'y avait rien qui avait été
confirmé par écrit lors de cette consultation.
Maintenant, la justification pour les deux plaques, c'est que cela
faciliterait le travail du policier. Les gens qui sont attitrés aux
stationnements et dans certains milieux où le stationnement du
véhicule, le devant du véhicule fait face au trottoir ou à
la chaîne de rue et que le policier doive se déplacer à
l'arrière du véhicule pour aller inscrire l'immatriculation du
véhicule.
Ensuite, si vous me permettez, nous avons en annexe, un mémoire
à soumettre au ministre des Transports qui a été soumis le
22 décembre 1978. Après avoir reçu maintes demandes de la
part des membres de l'Association des chefs de police et pompiers du
Québec, demandant que l'on revienne à l'émission de deux
plaques, nous, de l'exécutif de ladite association, avons analysé
ces demandes et nous croyons qu'elles sont justifiées. Pour justifier
une telle demande, les membres de l'association nous donnaient plusieurs
arguments et je vous en cite quelques-uns. L'impossibilité ou presque
pour une personne victime de délit de fuite ou témoin d'une telle
offense de relever le numéro d'enregistrement du véhicule. Le
travail des policiers ou des personnes ayant à faire observer la loi
rendue plus difficile lors de l'offense commise par des automobilistes, si la
seule plaque qui est fixée au véhicule est sale, illisible ou
endommagée. Perte de temps considérable pour ce même
policier quand un propriétaire d'automobile perd la seule plaque qui est
apposée sur son véhicule, car ce dernier doit se présenter
devant un policier qui lui, doit remplir une formule faisant l'état de
ladite perte, et qui permet à l'individu de se rendre au bureau
émetteur le plus proche pour se procurer une nouvelle plaque. Le travail
est rendu plus facile pour le type qui veut voler une plaque dû au fait
qu'il n'en a qu'une à enlever, le travail des enquêteurs policiers
qui font de la surveillance pour vol à main armée à
enlèvement. Je pourrais vous en citer combien d'autres.
Si on regarde nos voisins du Canada, on s'aperçoit que les autres
provinces ont émis deux plaques pour apposer sur leurs véhicules
et si on fait le tour de tous les Etats-Unis, là encore, les bureaux
d'émission de plaques d'immatriculation en remettent deux aux
propriétaires des véhicules. Si je me rappelle, lors du
lancement, M. le ministre, de la plaque réfléchissante, il y a un
film qui avait été projeté, un film américain je
crois, où les véhicules avaient deux plaques et on disait que
cela facilitait le travail du policier lors de la surveillance de
véhicules suspects.
M. Lessard: II y a aussi beaucoup d'Etats américains qui
ont fait disparaître la plaque avant. Je ne voudrais pas reprendre chacun
des arguments. Mais je voudrais en reprendre un, parce que cela
m'apparaît important. Celui de remarquer que de voler une plaque
plutôt que d'en voler deux, on va probablement en voler deux pareil. Cela
va prendre peut-être trois minutes de plus, mais les deux vont
disparaître. On peut toujours en voler une aussi, de toute façon.
Maintenant, il aura perdu son autre plaque. Mais quand vous me dites,
"l'impossibilité ou presque pour une personne victime de délit de
fuite ou témoin d'une telle
offense de relever le numéro d'enregistrement du
véhicule", est-ce que d'après votre expérience
personnelle, on relève en général le numéro
d'enregistrement du véhicule sur la plaque arrière ou sur la
plaque avant? A la vitesse que le délit se fait?
M. Cyr: Cela dépend où le témoin sera
placé. Si vous avez des témoins qui ont vu le véhicule
venir à leur rencontre, avant qu'ils prennent le temps de se retourner
et de regardez quelle plaque le gars avait, ils ne l'ont pas vue.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: Comme je l'ai indiqué à ce moment,
c'était une expérience qu'on lançait. Nous allons
reconsidérer, revoir cela et lors de cette commission parlementaire, il
y aura d'autres personnes qui viendront témoigner. Jusqu'ici, on ne peut
pas dire tout de même, qu'on a reçu des réactions
très négatives à la disparition d'une plaque. J'aimerais
vous poser une question qui me préoccupe, puisque vous avez une
expérience dans ce secteur, c'est sur la perception de la
sécurité routière.
Les officiers municipaux ont la responsabilité à
l'intérieur des limites des municipalités d'assurer la
sécurité routière et on constate non seulement chez les
policiers municipaux, mais aussi chez les policiers du ministère de la
Justice, de la Sûreté du Québec, on a la perception qu'ils
jouent à cache-cache, c'est-à-dire qu'ils se cachent dans un
endroit donné et s'ils réussissent à en prendre un, tant
mieux. Si le policier en prend deux ou trois, il a fait une bonne
journée. Il a eu à donner trois contraventions. Il se
présente devant son patron et lui dit qu'il a fait appliquer le
règlement de la sécurité routière. Je vais poser la
question suivante, à plusieurs reprises, à plusieurs groupes.
J'envisagerais une autre perception. Je ne sais pas si c'est la bonne et c'est
là, en fait, l'objectif qu'on poursuit aujourd'hui. Il me semble que la
perception de la sécurité routière, c'est d'abord de la
prévention. Ce n'est pas de jouer au chat et à la souris.
Même, bien souvent, on se cache mal. C'est de faire prendre conscience
aux citoyens qu'il y a des officiers qui sont responsables de faire appliquer
le Code de la route qui ne sont pas là comme des gens qui ont pour
objectif essentiel la punition, mais faire prendre conscience aux citoyens
qu'ils sont aussi présents pour les informer de la
sécurité routière.
Je trouve qu'on a peut-être un peu la perception qu'ils jouent
à cache-cache par rapport à la perception qui m'apparaît
beaucoup plus positive ou qui m'apparaîtrait, en tout cas je peux
me tromper beaucoup plus positive, c'est-à-dire celle de circuler
continuellement sur les routes de telle façon que le citoyen puisse
prendre conscience qu'il y a des policiers sur la route et qu'il y a des
policiers qui font leur travail en vue de la prévention des accidents
plutôt que strictement en vue de punir et de donner une
contravention.
Le Président (M. Bordeleau): M. Cyr.
M. Cyr: Vous avez entièrement raison. C'est la
manière: être préventif dans le domaine de la
sécurité routière, mais il ne faut pas oublier que nous
avons dans la province plusieurs corps policiers qui relèvent de
conseils de ville et, parfois, ils aiment à ramasser certaines sommes
d'argent, ce qui fait que le policier, s'il veut être bien vu de son
conseil de ville, doit agir de cette manière. Mais la majorité de
nos policiers regardent la prévention pour commencer. Je ne sais pas si
vous avez déjà été questionné par un
gérant de ville qui vous demande: Coudon! Les billets, cela ne marche
pas; l'argent ne rentre pas. Cela n'est pas de la prévention à
notre avis.
M. Lessard: Vous nous disiez tout à l'heure qu'on voudrait
avoir l'autonomie municipale.
M. Cyr: Est-ce que M. Marquis pourrait vous adresser la
parole?
M. Marquis (Jacques): Mon nom est Jacques Marquis de la
région 04 de l'Association des chefs. Il faudrait quand même
être prudent quand on parle de prévenir les accidents. Vous savez,
que la première mission du policier est celle de protéger la vie.
Maintenant, on a entendu tout à l'heure un représentant de
l'Assemblée nationale mentionner que quand on quitte le Québec,
les Québécois semblent être beaucoup plus prudents. Il
faudrait se demander pourquoi. J'ai eu l'occasion de travailler dans la police
à l'extérieur du Québec et je sais pourquoi.
J'étais deux fois plus sévère comme policier à
l'extérieur du Québec qu'au Québec. Ma première
réaction en venant travailler au Québec en a été
une de stupeur parce que, au Québec, la loi ne s'applique pas comme
ailleurs. La première réaction quand tu arrives au Québec
comme policier, c'est que considérant l'automobile, les
Québécois sont des Latins et ils ont le pied pesant sur la
pédale. Ils aiment conduire vite. D'ailleurs, un de nos concitoyens va
même probablement détenir le record mondial de l'automobile. Il
faut se demander comment on doit faire prendre conscience de cette
caractéristique que nous avons, Québécois. J'ai
remarqué dernièrement que la Régie de l'assurance
automobile a fait une tentative que personnellement j'appuie: c'est celle de
prendre vraiment conscience, que les Québécois prennent
conscience de la gravité de la situation. On parle d'un nombre de morts
et de blessés qui équivaut à celui d'une guerre.
Régulièrement, les policiers se penchent sur le
problème et on se dit: Cela n'a pas de bon sens. Notre travail, c'est de
protéger la vie. Je puis vous assurer, pour avoir comparé le
travail policier d'ici et celui d'ailleurs qu'au Québec, que nos
policiers du Québec ne sont pas tellement sévères
concernant le Code de la route; ils devraient l'être encore plus si on
veut sauver des vies. Quand vous interceptez quelqu'un et que vous lui donnez
un avertissement, c'est valable, mais un bon billet
d'infraction, ça va peut-être sauver des vies.
Peut-être. C'est pour cela que dans la formation des policiers, on
insiste beaucoup sur les relations humaines, sur l'aspect préventif qui
peut être fait par une action appropriée et bien
équilibrée du policier vis-à-vis du citoyen.
Franchement, dans le domaine de la sécurité
routière, il n'y a pas beaucoup d'autres moyens que de donner un billet
d'infraction. Qui n'a pas menti à un policier concernant la vitesse, le
stop ou l'arrêt qu'il n'a pas fait, concernant le dépassement
illégal? On a tous tendance à le faire. Personnellement, je crois
que dans le domaine de la sécurité routière au
Québec, la police n'est pas encore assez sévère. Si elle
l'était un peu plus je pense que les policiers ont l'intention de
l'être on verrait le nombre de morts et de blessés diminuer
sur nos routes.
M. Lessard: M. Marquis, je souscris un peu à ce que vous
dites. Ce qu'on constate, c'est qu'il n'appartient pas seulement au ministre
des Transports d'avoir une préoccupation de la sécurité
routière, il faut que cela s'étende à l'ensemble du
gouvernement. Ce que je voulais souligner, c'est qu'il faut que les policiers
se fassent voir. Si, par exemple, en partant de Québec pour descendre
à La Malbaie je pense à un journaliste qui a fait une
expérience à la suite d'un accident, par exemple, l'accident de
Eastman et qui n'a vu aucun policier entre Québec et La Malbaie
on ne voit aucun policier, le citoyen en vient à beaucoup s'interroger.
Y a-t-il des policiers sur la route? C'est peut-être dans ce sens qu'il
faudrait agir. Je ne nie pas la nécessité des contraventions, du
tout, mais peut-être devrait-on envisager un système progressif
dans les contraventions. Quelqu'un qui dépasse de 27 kilomètres,
c'est plus grave que quelqu'un qui dépasse de 10 kilomètres la
moyenne indiquée sur le panneau de signalisation.
J'aimerais aussi avoir votre opinion sur ceci. J'ai reçu beaucoup
de lettres à ce sujet et beaucoup de gens, ici ou ailleurs, contestent
le virage à droite et vous n'en parlez pas dans votre mémoire.
J'aimerais avoir vos commentaires à ce sujet. Qu'est-ce que vous pensez
de cette nouvelle formule, en tenant compte des habitudes des
Québécois que nous connaissons, en tenant compte aussi de la
nouvelle perception que les policiers pourront avoir de la
sécurité routière, qu'est-ce que vous pensez de la
recommandation de l'avant-projet du Code de la route concernant le virage
à droite?
M. Marquis (Jacques): Concernant le virage à droite sur un
feu rouge, l'Association des chefs a examiné cela attentivement et je
dois admettre qu'on a eu une réaction semblable à celles qu'on a
entendues tout à l'heure, une réaction un peu craintive
concernant nos conducteurs québécois à cause de
l'expérience passée. Si on se fie à ce qui s'est produit
dans d'autres endroits, dans d'autres provinces ou dans les Etats où
cela existe, en parlant aux policiers, on s'aperçoit que cela ne
crée pas vraiment un problème. Déjà, dans les
faits, dans la rue, il y a déjà pas mal de virages à
droite sur les lumières rouges. Peut-être qu'en légalisant
la chose, en définissant la façon propre et correcte de faire un
virage à droite sur un feu rouge, on va même éviter des
accidents en accélérant la circulation, sans pour autant mettre
en danger la vie. Cela nous paraît une action propice à ce
moment-ci.
M. Lessard: Ce que vous avez vu ailleurs, comme policier à
l'extérieur du Québec, est-ce qu'il s'agissait d'une province
où le virage à droite était permis?
M. Marquis (Jacques): Oui. Je peux parler de l'Ontario et de la
Californie, expériences que j'ai personnellement vécues. Cela
allait assez bien dans ces deux cas.
M. Lessard: Ce sera possiblement ma dernière question, M.
le Président. Vous avez une expérience pratique du milieu et je
pense qu'il est important qu'on en tienne compte. On s'interroge
énormément sur la publicité qu'on doit faire pour faire
prendre conscience aux Québécois que la principale cause de
mortalité au Québec, c'est l'automobile. (16 h 15)
Par exemple, et avec raison, on fait des efforts considérables
pour empêcher les mortalités au travail quand quelqu'un travaille
dans le secteur de la construction. C'est normal qu'on prenne toutes les
mesures pour corriger la situation, mais les mortalités sont quand
même assez minimes par rapport au nombre de mortalités en ce qui
concerne les accidents. Est-ce qu'on a essayé différentes
formules sur le port de la ceinture de sécurité? Par exemple,
vous vous rappeliez la campagne du fédéral avec la citrouille qui
s'effondrait et l'eau qui s'écrasait et ainsi de suite. La Régie
de l'assurance automobile a lancé une autre campagne, "Alerte". Dans
votre milieu depuis que cela existe, sur le port de la ceinture de
sécurité ou dans d'autres secteurs, est-ce que vous sentez que le
conducteur, à la suite de cette publicité, réagit plus
consciemment?
Je sais que c'est une question d'opinion, mais je pense que c'est
important qu'on tente de s'ajuster. Il y en a qui disent: On devrait avoir une
publicité plus positive. Il y en a d'autres qui disent: Trop fort casse
pas. D'autres disent: Si elle est trop négative, le conducteur se dit:
Cela ne peut pas nous arriver à nous autres, c'est trop charrié.
J'aimerais avoir vos commentaires à ce sujet.
M. Fafard (Georges): Vous avez raison, M. le ministre, en ce qui
a trait à la publicité pour la sécurité
routière. C'est une chose très importante. Si on considère
la réaction du public face à des campagnes publicitaires de
sécurité et entre autres celles que vous mentionnez, l'effet est
positif. Au cours de l'été 1978, dans le Bas-Saint-Laurent, entre
autres, nous avons fait des programmes de sécurité
routière, quelque chose qui nous tient beau-
coup à coeur, et beaucoup de publicité avec les media
d'information tant dans les journaux, à la radio qu'à la
télévision. Je me souviens de la réaction du public en
général. Ces gens nous ont mentionné que ces messages leur
faisaient penser d'être plus prudents, de faire attention parce
qu'à un moment donné, un peu comme le mentionnait Jacques
Marquis, tout à l'heure, on a une tendance au Québec à se
fouter un petit peu des règlements et on oublie les points
élémentaires de sécurité. Mais si on les
répète de temps en temps, sans achaler le citoyen, du moins, cela
va faire penser. Très souvent on constate qu'un message de
publicité semblable frappe surtout l'enfant, le jeune qui, lui à
son tour, le mentionne aux parents. J'ai l'impression que c'est beaucoup plus
fort quand on peut capter l'imagination des jeunes. On va dans les
écoles, on rencontre la jeunesse et la réaction est celle-ci, le
jeune est frappé par les messages de sécurité.
Donc, je dis que c'est positif et on devrait continuer à en faire
et de plus en plus.
M. Lessard: Par exemple, d'après votre expérience
concrète, le programme SAGIX a-t-il été un programme assez
satisfaisant auprès des jeunes, de la maternelle jusqu'au...
M. Fafard: Cela a été une sensibilisation
justement. Vous allez peut-être me dire que c'est au niveau primaire.
C'est bien, mais, plus haut aussi, il faut y aller.
M. Lessard: J'ai une dernière question. Je pense que vous
travaillez, M. Marquis, à Nicolet. Il y a un problème tout
à l'heure on en discutait un peu de coordination concernant toute
la question de sécurité routière et d'application du Code
de la route. On parlait tout à l'heure des policiers municipaux.
On a nous autres aussi, par exemple, nos "jaunes" maintenant, mais
communément appelés, non pas dans le sens péjoratif mais
par l'ensemble de la population, "les bleus", et on a la Sûreté du
Québec. Est-ce que le fait qu'il y ait des difficultés de
coordination ne serait pas justement une cause parmi d'autres causes du fait
que les Québécois détiennent le championnat des
accidents?
M. Marquis (Jacques): Si vous me permettez ce diagnostic
personnel. On peut prendre comme expérience la Californie qui
malgré le fait qu'il y a plus d'une automobile par citoyen, ce qui est
considérablement plus qu'au Québec, une automobile par citoyen
dans l'Etat, il y a tout de même un taux d'accidents de beaucoup
inférieur au Québec, mais on s'aperçoit qu'en Californie
l'aspect sécurité routière, vraiment concentré,
l'effort réel et coordonné de prévention d'accidents a
commencé il y a à peu près 20 ans. Ce qui veut dire que
nous ici au Québec, on est à peu près 15 ans en retard
dans une concentration majeure d'efforts de toutes les instances vers la
sécurité routière. Cette année, on a vécu au
niveau de l'association des chefs la campagne de sécurité
routière qui s'est étendue sur un mois à laquelle ont
participé à peu près toutes les instances touchées
par cela incluant le ministère des Transports, la Régie de
l'assurance automobile, la Sûreté du Québec, les policiers
municipaux. Tout le monde s'est regroupé dans un effort concerté
et je pense que cela a été une première expérience
à laquelle on est encore à faire le bilan.
Il me semble que la voie de l'avenir est dans ce sens, un effort de
coordination de toutes les ressources vis-à-vis de la
sécurité routière, et M. Laflamme qui est à votre
côté, je pense, a eu l'occasion d'en parler, c'est un peu l'avenir
dans le domaine de la sécurité routière, la coordination
des efforts vers l'atteinte d'un but qui est celui de protéger la vie
finalement.
M. Lessard: Une des objections qui nous est apportée
concernant le port obligatoire de la ceinture de sécurité pour le
policier, c'est de nous dire: Bien souvent, il faut sortir vite de
l'automobile. Je comprends qu'en cas d'accident cela sort peut-être plus
vite avec la ceinture que sans ceinture, mais c'est une objection qu'on nous
apporte souvent et je pense, quant à moi, que vous avez raison, c'est
quand même difficile pour les gens, pour des policiers de demander, je
pense, aux citoyens de porter la ceinture de sécurité s'il ne le
fait pas lui-même, mais qu'en pensez-vous? Est-ce que vous avez
consulté l'ensemble des policiers, de vos membres à ce sujet?
M. Marquis (Jacques): A l'exécutif de l'association des
chefs, il n'y a pas d'hésitation. Je peux vous dire qu'à
l'Institut de police, il est interdit de quitter le terrain sans être
attaché qu'on soit en fonction ou non. Je pense que c'est une pratique.
Franchement, l'argument de la lenteur à se détacher, cela ne
tient pas avec les mécanismes modernes tellement plus rapides que cela
ne peut pas compter dans l'ensemble du phénomène.
M. Fafard: Si vous me le permettez, M. le ministre, nous,
à la Sûreté du Québec, même si nous
étions exemptés par la loi, beaucoup de nos membres s'attachent
parce qu'ils sentent cela beaucoup plus sécuritaire. Effectivement, nous
avons eu quelques accidents déplorables et si notre membre n'avait pas
été attaché, cela aurait été beaucoup plus
grave.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je pense que la discussion
qui a cours sur la façon de mieux assurer la sécurité
routière, que ce soit par le biais de campagnes publicitaires, de
l'éducation populaire ou de la meilleure application et du meilleur
contrôle de l'application des lois, en est une très
intéressante. D'une part, on sent... Enfin, c'est M. Marquis qui disait
tantôt, que les Québécois ont un tempérament latin
qui fait que souvent, ils sont
portés à oublier ou tout simplement à ne pas
respecter les lois. Je dirai à M. Marquis, je lui ferai un aveu que je
suis probablement plus Latin que la majorité et que lors de
l'institution du port obligatoire de la ceinture de sécurité,
j'ai eu le malheur ou le bonheur, comme vous préférez,
d'être arrêté par des policiers, de payer une contravention
de $20 et je vous avoue que cela ne m'a pas pris tellement de temps, je n'ai
pas eu besoin de grandes campagnes de publicité pour me sensibiliser
à la nécessité d'attacher ma ceinture quand je montais
dans mon automobile. Cela a duré quand même un certain nombre de
mois où je l'ai fait de façon tout à fait automatique et
où j'ai insisté auprès des membres de ma famille qui
conduisent l'automobile de faire de même. Je vous fais un nouvel aveu,
c'est que depuis environ un an maintenant, je ne l'attache plus ma ceinture de
sécurité.
Lorsque le ministre disait tantôt, si on voyait les policiers
circuler sur les routes, si on savait qu'ils sont là, ça
inciterait peut-être les gens à mieux respecter les lois. Je dis
à M. le ministre: Pas nécessairement, parce que par exemple, sur
les routes 20 et 40 on voit assez fréquemment "les bleus" et les
policiers de la Sûreté du Québec, comme on voit très
souvent les policiers de nos corps policiers municipaux sur les routes
municipales, mais, sachant qu'ils ne nous demanderont pas de porter la
ceinture, les voyant eux-mêmes ne pas la porter, en les croisant et nous
envoyant la main, ce n'est pas de nature à inciter les gens à la
porter. Tout tempérament latin que nous ayons, M. le Président,
je pense que la preuve a été faite, de façon très
éloquente, que le port de la ceinture de sécurité nous
aiderait à nous débarrasser de ce record peu enviable de la
province où le nombre d'accidents est le plus grand au Canada.
Tout ça pour dire, M. le Président, que malgré mon
tempérament latin, malgré ma tendance à vouloir être
aussi libre que possible, il me semble que nous devons considérer de
façon très sérieuse les recommandations que nous fait
l'Association des corps policiers du Québec, par rapport à la
nécessité d'appliquer les lois de façon très
stricte et de façon très ordonnée.
La représentation que faisait le député de
Charlevoix, au début de ses remarques, tantôt, en ce sens que les
Québécois ont un très bon record à
l'extérieur, lorsqu'ils conduisent à l'extérieur du
Québec, indique bien qu'il ne s'agit pas des campagnes de
publicité, qu'il ne s'agit pas des campagnes d'éducation
populaire, qu'il s'agit surtout d'une bonne application des lois, quelles
qu'elles soient, à la condition, bien entendu, que ces lois soient bien
connues et qu'elles soient raisonnables et acceptées de la
population.
M. le Président, j'aimerais, dans un dernier commentaire, dire
à l'association que la recommandation, concernant la possibilité
pour les citoyens de payer les amendes dans toute institution bancaire,
m'apparaît tout à fait valable et souhaitable. En supposant qu'il
y en aura plus à payer, avec une meilleure application des lois, aussi
bien faciliter la tâche aux citoyens de pouvoir le faire.
Je n'aborderai pas la recommandation demandant de retourner au
système des deux plaques, je pense que le ministre a déjà
indiqué que son ministère surveillera le tout; je pense qu'il y
aurait peut-être lieu, pour le ministère, de tâcher de
quantifier, si possible, la fréquence des situations qui sont
décrites à l'annexe de votre mémoire. On sait que
l'association est bien placée pour parler des difficultés que la
plaque unique engendre, il s'agirait peut-être, pour le ministère,
de quantifier tout ça pour en arriver à prendre une
décision éclairée quant aux avantages et aux
désavantages d'une plaque ou deux.
J'en arrive donc à ma question, M. le Président. Dans la
série de nouveaux articles que vous suggérez quant au remisage
des autos c'est peut-être pour mon information personnelle que je
vous pose cette question est-ce que ce sont là des dispositions
que l'on ne retrouve nulle part dans le Code de la route actuel? Comment
procède-t-on actuellement dans le cas de l'entreposage ou du remisage
d'une voiture qui est saisie par la police?
M. Marquis (Jacques): Je vais essayer de répondre à
ça. Si vous vous rappelez, dans le préambule, on a
mentionné que le but de notre intervention était de
préciser le rôle de la police et des citoyens dans une situation
donnée pour faciliter les rapports police-citoyen.
C'est, actuellement, un problème; quand un policier remise un
véhicule, disons pour une faculté affaiblie, que le conducteur
est seul à avoir un permis de conduire dans le véhicule et qu'on
ne peut absolument pas laisser le conducteur aller dans la condition où
il est, on ne peut pas non plus laisser son véhicule sur la route
puisqu'il peut devenir une cause d'accident, on remise le véhicule, mais
le policier n'a pas de pouvoirs spécifiques pour le faire. On le fait
sous la règle du bon sens, si on veut, mais il n'y a pas de pouvoirs et
c'est pourquoi on demandait que maintenant... Il se produit qu'actuellement on
a des difficultés, c'est pourquoi l'article 109 nous apparaissait
important. Premièrement, le pouvoir actuel de remiser est assez
imprécis, légalement et, deuxièmement, une fois que votre
véhicule est remisé, la seule façon de s'assurer que le
conducteur dangereux ne retourne pas à son véhicule, pour
conduire encore dans un état dangereux, c'est de le garder en prison.
(16 h 30)
Nous, on préférerait que les pouvoirs du Code de la route
définissent clairement que la police peut remiser, que le garagiste doit
conserver et que ça prend la permission de la police pour remettre le
véhicule. Nous, on s'assurerait, avant de remettre le véhicule au
propriétaire, qu'il n'est pas dans une condition dangereuse pour
lui-même et pour les autres citoyens, ce qui, actuellement, est une cause
perpétuelle de conflits. La police désire toujours avoir des
rapports harmonieux avec les citoyens; la meilleure façon, c'est d'avoir
des articles de loi qui sont clairs et précis, autant pour le citoyen
que pour la police. C'est pourquoi l'article 109 nous apparaissait
important.
Le Président (M. Boucher): D'accord. Merci, monsieur.
M. Gratton: M. le Président, je désirerais
remercier nos invités pour une excellente présentation et
réitérer que, quoi qu'on en dise, quoi qu'on fasse, il ne sera
jamais populaire, pour quelque gouvernement que ce soit, d'exiger qu'on
applique sévèrement des lois qui appellent des sanctions, des
amendes et même des emprisonnements. Mais, quels que soient les moyens
qu'on emploie, quelles que soient les campagnes de publicité, les fonds
publics qu'on y consacre, il sera impossible d'en arriver à des
résultats positifs si l'on ne commence pas par la base,
c'est-à-dire par l'application stricte des lois.
Je suis d'autant plus aise de faire cette affirmation, M. le
Président, que je ne suis pas dans les souliers du ministre des
Transports qui devra, qu'il le veuille ou non, en venir à cette
conclusion s'il veut mettre fin à ce record peu enviable que nous avons
au Québec.
Le Président (M. Boucher): D'accord. M. le
député de Richmond. Non, M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. Marquis, je pense que vous m'avez mis en cause,
tantôt, sur une affirmation que j'aurais faite quant à notre
comportement à l'extérieur des frontières. Est-ce que j'ai
compris que vous étiez en désaccord avec le fait que j'ai
avancé qu'un conducteur québécois, quand il traverse la
frontière, a un comportement aussi valable qu'un autre conducteur de
l'extérieur?
M. Marquis (Jacques): Je suis d'accord que le
Québécois, lorsqu'il quitte nos frontières, semble devenir
un peu plus prudent et un peu plus respectueux des lois.
M. Mailloux: Ceci dit, ça indique que,
définitivement, quand il est à l'extérieur, il sait que
les lois sont appliquées plus intégralement que dans le
Québec, alors qu'ici il y a à peu près
impunité.
Est-ce que, dans le fléau auquel on assiste depuis trop
d'années je n'en fais pas une proposition au ministre des
Transports la crainte étant le début de la sagesse, il ne
serait pas possible de penser à agir comme certains Etats
américains qui interceptent une personne prise en flagrant délit
d'excès de vitesse, de dépassement sur des lignes doubles ou
autrement et l'amènent immédiatement à un poste de police
ou devant un officier de justice pour qu'elle paie sa contribution?
M. Marquis (Jacques): C'est valable seulement dans le cas
d'étrangers. Aux Etats-Unis, on n'arrête pas un conducteur pour
excès de vitesse.
M. Mailloux: Ce n'est pas fait pour les Américains?
M. Marquis (Jacques): C'est fait strictement pour les
étrangers.
M. Mailloux: Vous avez fait référence aux
difficultés que rencontrent les policiers. J'en avais parlé au
début de mes remarques, parce que je m'adressais principalement aux
policiers des petites villes; j'avais dit qu'on constatait que la
sécurité était souvent une des dernières
préoccupations. Je n'ai pas tellement blâmé le policier
à ce moment, parce que je sais qu'il y a des ordres qui sont
donnés et on a fait référence c'était un de
vos voisins au fait que certains gérants municipaux s'informaient
du nombre de contraventions qui ont été données. C'est une
évidence que, je pense, on ne peut pas nier, parce que la plupart des
petites villes du Québec, qui ont voulu se payer un statut de ville, se
sont payé un corps de police qui, aujourd'hui, grève le tiers de
leur budget. La plupart veulent s'en* débarrasser actuellement; je pense
que vous faites face au problème. Je pense que ce serait se cacher la
vérité de ne pas dire que, comme ça coûte
très cher au budget d'une ville, on oblige les policiers à aller
chercher un certain revenu pour éviter que les taxes foncières ou
autres ne remontent dans la municipalité. La préoccupation du
policier, forcément, c'est une des dernières, suivant les ordres
qu'il a.
Je veux vous poser une question sur ce que vous avez dit quant à
la possibilité qui serait donnée de tourner à droite sur
un feu rouge. Vous avez mentionné que l'expérience vécue
en Ontario et en Californie était assez valable. J'étais
tenté de vous demander si, dans votre jugement disant que vous seriez
d'accord avec ça, vous englobiez également un centre comme la
ville de Montréal où le problème est quand même
différent de l'ensemble du Québec.
M. Marquis (Jacques): Concernant cette expérience de la
Californie, premièrement, cela se fait dans des villes comme Los
Angeles, qui est trois fois plus grande que Montréal, avec un
débit de circulation absolument incroyable. En plus, en Californie,
comme vous le savez, il y a près de trois millions de Mexicains qui eux
aussi sont Latins. Mais ils se sont imprégnés d'une
mentalité de respect du Code de la route, comprenez-vous? J'ai
l'impression que cela peut se faire au Québec, malgré notre sang
latin; cela peut se faire, mais il faut travailler d'arrache-pied, les
gouvernements, la police, les institutions comme la Régie de l'assurance
automobile et les citoyens surtout. La campagne qui a cours présentement
aura un effet, je crois. Peut-être pas demain matin, mais, si on poursuit
ces efforts durant assez de temps, je pense qu'on va arriver à cet
état d'esprit qu'on retrouve en Californie qui est celui du respect de
l'automobile. J'ai vu un film là-dessus qu'on devrait montrer à
tout le monde où on compare le revolver et l'automobile. Je vous assure
que le revolver c'est des "pinottes" au point de vue danger, comparé
à l'automobile. Alors, quand on aura pris conscience de cela en tant que
société, on verra bien notre taux d'accidents diminuer.
M. Mailloux: Quant à la possibilité de tourner sur
un feu rouge, je suis de ceux qui croient que si
la possibilité en est donnée dans l'immédiat, sans
que l'ensemble de la population soit consciente de sa responsabilité
comme piéton ou des lois de la circulation, c'est une erreur si on ne
sensibilise pas le public. Je vais vous donner un exemple à l'inverse.
J'ai visité Vancouver comme piéton, non pas comme automobiliste.
Au Québec, que ce soit rouge ou vert, les piétons traversent. Ils
n'attendent pas leur tour; ils traversent. Alors, c'est le comportement de tous
les citoyens du Québec. A Vancouver, j'ai eu le malheur de
m'élancer dans la circulation alors que ce n'était pas à
mon tour de traverser. J'aurais violé une fille dans la rue, cela
n'aurait pas été pire comme comportement pour ceux qui
étaient aux quatre coins de rue; cela n'aurait pas été
pire.
C'est donc dire que tout le monde, voyant mon comportement, a
jugé que j'étais en flagrant délit de toutes les lois de
la circulation pour un piéton. Quelle est la différence entre le
comportement du Québécois qui traverse une rue et le comportement
du gars de Vancouver qui depuis 20 ans sait qu'on ne peut pas traverser une rue
si ce n'est pas son tour? C'est l'appréhension que j'en ai.
J'ai une dernière observation quant à la ceinture de
sécurité que vous recommandez globalement pour les policiers.
Quand on avait imposé la ceinture de sécurité, si on avait
fait l'exclusion à ce moment, c'était principalement en raison du
fait que les automobilistes des corps policiers n'étaient pas munies de
grilles séparant le conducteur des passagers. Quand vous conduisiez un
prisonnier, vous risquiez d'être attaqué, etc. Je pense bien
qu'à ce moment-là on a fait une erreur de ne pas inviter le
policier, quand il était seul dans son véhicule ou
accompagné d'un autre policier, à utiliser la ceinture.
Je souscris forcément à l'invitation que vous faites,
parce que les policiers sont là pour donner l'exemple. Comme l'a dit
tantôt mon collègue, je pense bien que c'est un
impératif.
Une dernière colle que je voudrais vous adresser comme policier
municipal, c'est une colle que tous les gens ont à l'esprit dans le
public au Québec. Je ne fais pas référence aux très
grandes villes, parce que je connais moins le comportement des gens. On parle
beaucoup et on parlera beaucoup durant ces jours-là de notre taux de
mortalité et d'accidents. Je ne voudrais pas blâmer le policier,
parce qu'il est peut-être pris dans un mauvais contexte, mais voici ce
que je n'ai jamais compris et ce que je ne comprendrai jamais. Je fais
référence, si vous voulez, à ma ville natale où je
demeure depuis quelques décennies. On voit des gens qui sont
"paquetés" 200 ou 250 jours par année; c'est commun, quatre,
cinq, six, dix par ville. Ils ne sont jamais arrêtés ou à
peu près, et le public se demande: Comment cela se fait-il que ces
gens-là ont une impunité complète alors que le corps de
police provinciaux ou municipaux les connaissent très bien? Je n'ai pas
besoin de vous dire quelle est la référence.
La seule chose que j'ai à l'esprit qui pourrait m'inviter
à ne pas blâmer les policiers de ne pas faire les constatations
d'usage, c'est que j'ai vu un cas tragique d'un policier qui a voulu faire son
devoir, un de ces cas-là, un gars "paqueté" à longueur
d'année. Il avait déjà tué quatre personnes dans
quatre accidents. Il avait encore un permis de conduire avec une assurance qui
lui coûtait $3000. La police a réussi à le prendre bien
"paqueté", à l'amener en cour. Cette fois-là, il n'a
tué personne. La police a perdu son procès parce que quatre
autres personnes sont venues affirmer évidemment qu'il n'était
pas soûl. Il y a également les problèmes des cours de
justice où il est extrêmement pénible de plaider des causes
dans ces cas-là.
Je voudrais bien que vous me disiez parce que je fais une
affirmation brutale... Cela existe partout au Québec et le public se
demande comment il se fait que ces gens-là ont l'impunité
complète. Je voudrais connaître votre opinion à ce
sujet.
M. Marquis (Jacques): S'il est connu ou de
notoriété publique qu'un individu conduit toujours avec
facultés affaiblies, c'est le devoir de la police de se "brancher" et
d'intervenir. Je ne peux pas vous donner de raisons pour lesquelles cela ne
serait pas fait. C'est peut-être que la police est habituée comme
tout le monde à des conditions de ce type-là, mais il n'y a pas
de raison véritable. Malheureusement, je n'ai pas les chiffres, mais je
peux vous dire qu'il y a un diable de nombre de cas de facultés
affaiblies au Québec chaque année. Sûrement que cela va
avoir un impact sur la conduite de gens avec facultés affaiblies.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: ...
Une Voix: Parle plus fort.
M. Chevrette: Tu veux que je parle plus fort?
Une Voix: Je ne comprends pas.
Une Voix: Avance-toi.
M. Chevrette: Merci. Relativement au remorquage, vous remarquerez
que dans l'avant-projet du Code de la route, il y a des conditions
d'accréditation pour vérification. Si on posait comme condition,
dans l'accréditation de tel type de garage, l'obligation d'assurer le
remorquage, est-ce que cela pourrait correspondre un peu aux désirs que
vous avancez? Autrement dit, pour être accrédité, il faut
qu'un individu réponde à certaines exigences. Si une de ces
exigences était ou si l'obligation pour eux de remorquer et de garder
des autos dans l'entrepôt...
M. Marquis (Jacques): Le problème, ce n'est pas tellement
de remorquer. On trouve facilement des garages pour remorquer les
véhicules. On enlèverait la partie 1 de l'article 109 que cela
ne
nous ferait pas de mal en vertu de notre demande. Le problème est
celui du pouvoir de conserver le véhicule et celui du pouvoir de se
faire payer naturellement. Le problème de conserver le véhicule,
c'est que le propriétaire du véhicule qui se présente au
garage et qui dit: Je viens chercher mon "char", le garagiste n'a pas de
pouvoir légal pour retenir le véhicule. Il n'en a pas
actuellement. Il appelle la police et cela presse. Souvent, la police arrive et
le véhicule est parti. Maintenant, c'est le vrai propriétaire qui
est parti avec le véhicule. Est-ce qu'il y a eu vol? Actuellement, on
est dans des dédales législatifs incroyables à ce sujet
où le garagiste est furieux, la police est furieuse et le citoyen est
furieux parce que la loi n'est pas assez précise. La première
partie, quant à l'obligation de remiser, franchement, cela n'est pas un
gros problème. C'est celui de la capacité de maintenir et de
conserver le véhicule et de faire payer. C'est là qu'est le
problème.
M. Lessard: Ce problème-là, c'est qu'on a eu
beaucoup de garages qui sont demeurés avec le véhicule et vous
recommandez, dans votre proposition, qu'après 60 jours, lorsque le
véhicule n'est pas réclamé, le garagiste puisse le vendre
au coût du remisage. Mais quand il s'agit d'une minoune que le gars ne
réclame pas, je vous dis qu'il ne peut pas réclamer grand-chose.
Cela nous a déjà été recommandé; en
collaboration avec le ministère de la Justice, on va voir. Quand le
député de Joliette-Montcalm posait la question tout à
l'heure, c'est que, de plus en plus, on se dirige vers la vérification
mécanique des véhicules automobiles. Dans ce sens-là, nous
avons une partie du Code de la route qui recommande que tout garage qui veut
être accrédité pour faire de la vérification
mécanique devra obtenir un permis du ministère des Transports.
Dans ce sens-là, on pourrait déterminer, comme condition à
cette accréditation, la nécessité de remiser le
véhicule, quitte à l'Etat, peut-être, d'entrevoir une
possibilité de compensation comme dans les cas que je vous citais tout
à l'heure. (16 h 45)
M. Chevrette: II pourrait y avoir, d'autre part, des cas
inverses. Prenez un individu qui "paqueté aux as" comme on dit, est mis
en prison parce qu'il a eu un accident et qu'il a même tué des
individus, il est détenu et n'a pas de parenté dans le coin. Ce
n'est pas nécessairement une minoune, c'est une automobile qui n'a pas
mauvaise allure. Qu'est-ce qui arrive? Après 60 jours, tel que vous le
rédigez, je pense que cela irait à l'encontre des droits de
l'individu qui a droit à une certaine représentation sur son
avoir. Tel que libellé, je ne crois pas qu'on puisse se rendre à
une telle demande. Il y aurait peut-être lieu d'inventorier une formule
mitoyenne qui donnerait le droit à un garagiste de garder la possession
du véhicule, mais permettre à l'individu devant une instance
quelconque d'obtenir son bien, moyennant paiement ou quelque chose du genre et
surtout pas de permettre à un tiers de se départir d'un bien qui
ne lui appartient pas.
M. Marquis (Jacques): Ce qu'on demande n'est pas nouveau, c'est
même prévu dans la loi municipale. Quel est le titre de la loi?
C'est prévu dans le projet de loi no 39, Loi modifiant le Code
municipal, la Loi des cités et villes à l'article 433, les effets
non réclamés. Il est prévu, lorsqu'un objet a
été saisi par une autorité municipale, qu'il puisse
être vendu après 60 jours. C'est le même principe.
M. Chevrette: Un objet non réclamé c'est un objet
trouvé, mais dans le cas d'un véhicule qui est remorqué
par invitation de la Sûreté du Québec ou d'un policier
municipal, ce n'est pas un objet non identifié aperçu sur un coin
de rue. C'est quelque chose qu'on a enlevé à quelqu'un de bien
précis et on sait à qui cela appartient. 60 jours après,
le gars n'est peut-être même pas en mesure de le réclamer
parce qu'il est sur un lit d'hôpital, qu'il n'a pas de parenté
dans le milieu, ou qu'il est derrière les barreaux et qu'il ne peut pas
le réclamer. Mais je ne crois pas qu'on puisse comparer le Code
municipal dans ce secteur à un objet trouvé, des bicyclettes, par
exemple, des chiens, tout ce qui se trouve dans les municipalités. Ce
n'est pas pareil.
M. Marquis (Jacques): C'est-à-dire que l'article 433 ne
prévoit pas un objet perdu mais bien saisi, et actuellement le service
de police de la Communauté urbaine de Montréal
bénéficie d'une telle clause parce que
régulièrement il fait des ventes à l'encan. Même un
criminel, si on a saisi son véhicule qui vaut $5000 ou $10 000,
même s'il est en prison et n'a pas de famille, ne vous en faites pas, il
va s'arranger pour le réclamer. Ne vous cassez pas la tête, ils
ont beaucoup de moyens. Si le véhicule vaut seulement $50 vous pouvez
être sûr qu'il va nous rester sur les bras. Mais en
général, quand un objet a de la valeur et que le pouvoir de
réclamation est là, vous pouvez être sûr que cela va
être fait, parce que la valeur est là. On prend les moyens.
M. Lessard: Tout à l'heure, le député de
Charlevoix soulevait une question relativement aux Etats-Unis, par exemple, aux
étrangers. C'est exact que cela se fait exclusivement pour les
étrangers, mais je voudrais vous rappeler quand même les articles
385, 386, 387 où le policier pourra, s'il a des raisons sérieuses
de croire que le conducteur veut se soustraire à la justice,
émettre un avis sommaire et à 387, il sera possible, lorsqu'un
avis sommaire sera remis, d'exiger de la part de l'agent de la paix un
cautionnement. C'est peut-être un règlement qui va, comme on le
soulignait tantôt, un peu loin, mais il reste que nous aurons cette
possibilité par la suite. Cela ne veut pas dire qu'elle sera
nécessairement appliquée, mais je pense qu'on pourra avoir, sans
causer les problèmes actuels, que nous vivons des fois aux Etat-Unis,
où l'individu n'est pas capable d'attendre vu qu'il vient de
l'extérieur et il n'est pas capable d'attendre que son procès
passe avant de payer son infraction. Il ne peut pas
plaider, bien souvent, il aime mieux payer l'infraction
immédiatement. Nous sommes actuellement en communication... S'ils font
cela c'est parce qu'aussitôt qu'ils sont sortis du territoire il n'est
pas obligatoire pour eux de payer l'infraction, mais il y a dés
communications actuellement, des négociations avec les Etats
américains pour que dans ce cas-là l'Etat du Québec ou au
autre Etat, en fait un autre gouvernement, pourra agir au nom du gouvernement
américain ou de l'Etat du Vermont. Je vous remercie.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député
de...
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, j'aurais une
couple de questions à poser à M. Marquis ou aux autres membres de
l'Association des chefs de police et pompiers qui sont ici. Est-ce que l'actuel
Code de la route de la province de Québec, je ne parle pas du projet,
est aussi sévère que les codes de la route qui existent dans les
autres provinces ou dans les Etats américains?
M. Marquis (Jacques): Le Code de la route qui est soumis ici
présentement nous plaît beaucoup parce qu'il correspond justement
à ce qu'on voit ailleurs.
M. Vaillancourt (Orford): Je ne parle pas de l'avant-projet; je
parle du Code de la route actuel que nous avons ici au Québec.
M. Marquis (Jacques): Le code actuel, si vous regardez les
pénalités, c'était avant l'inflation. Elles sont
très faibles.
M. Vaillancourt (Orford): Les amendes sont moins
élevées que ce qui existe dans le projet de Code de la route
actuel, j'admets cela. Mais est-ce que la loi, le Code de la route, sans parler
des infractions, est aussi sévère, excepté les amendes,
que les autres provinces du Canada et les Etats américains?
M. Marquis (Jacques): Vous parlez du Code de la route actuel, de
celui qui est en application présentement?
M. Vaillancourt (Orford): Le Code de la route actuel, qui est en
vigueur actuellement.
M. Marquis (Jacques): C'est difficile de comparer. Franchement,
on ne l'a pas comparé comme cela, le code actuel avec ailleurs. Ce
pourquoi on a hâte d'avoir celui-là, c'est qu'il est tellement
compliqué actuellement que cela nous prend 50 heures de cours pour
donner aux policiers une chance de se retrouver dans le code actuel, une petite
chance. Tandis que dans le nouveau, on va épargner du temps et on va se
retrouver et les citoyens et tout le monde. C'est difficile de comparer
actuellement. Il est d'un autre âge, il ne se compare pas avec les autres
codes qu'on retrouve ailleurs.
M. Vaillancourt (Orford): Cela veut dire que celui que nous
étudions présentement va être beaucoup plus facile
d'interprétation pour les policiers. J'aimerais savoir de vous qui
êtes dans la police depuis de nombreuses années vous nous
disiez tout à l'heure que vous aviez travaillé dans d'autres
Etats et dans une autre province est-ce que cela dépend des
autorités provinciales ou municipales si la loi est moins
respectée dans la province de Québec que dans les autres
provinces? Est-ce que cela dépend du gouvernement ou de vos
supérieurs?
M. Marquis (Jacques): Je pense que cela dépend d'un
contexte historique, socio-historique. Je n'ai pas la date exacte, mais une
limite de vitesse sur nos routes de la province, cela fait à peu
près 30 ans qu'on en a. La tradition au Québec est depuis
longtemps un certain laxisme vis-à-vis de la route et de la
sécurité routière. C'est un contexte historique bien plus
qu'autre chose. On voit actuellement une prise de conscience qui fait que d'ici
peu d'années on va se comparer avec d'autres Etats ou d'autres
provinces.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, c'est la
mentalité des Québécois qui ne sont pas peureux, qui n'ont
pas peur des lois, qui ne s'occupent pas trop de la
sévérité de la loi. Mais croyez-vous que l'augmentation
des amendes qui existe dans le nouveau projet de loi va aider à faire
respecter la loi à l'avenir?
M. Marquis (Jacques): Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Trouvez-vous que les amendes qui sont
incluses dans le projet de loi sont assez élevées pour vous
permettre de faire respecter la loi à l'avenir avec le nouveau Code de
la route?
M. Marquis (Jacques): Les amendes dans le code actuellement, on
les trouve satisfaisantes. Elles correspondent à la situation actuelle.
Si l'inflation ne peut pas monter de 12% par année, cela va bien aller.
Maintenant, concernant ce que vous avez dit sur le contexte historique, vous
savez, ici au Québec, il y a quasiment une règle d'or qui existe
dans la tête de tout Québécois que la police doit donner
dix milles à l'heure de cadeau. Moi, j'ai patrouillé ailleurs,
comme policier; je m'en allais à 30 milles à l'heure dans une
zone de 30 et c'était 30, pas 31. C'était 30. Ici, au
Québec, on a toujours été bien tolérant et, quand
on demande au policier 50 kilomètres, c'est 50, ce n'est pas 55, il y a
une résistance, parce qu'eux aussi sont des Québécois. On
dit oui, mais il y a cette marge qu'on a toujours donnée à tout
le monde. Ce n'est pas facile à introduire.
M. Mailloux: Quant à la dernière constatation que
vous venez d'apporter, soit qu'il y a toujours une marge ce n'est
peut-être pas 10 milles à l'heure, mais 10% sur la vitesse
permise, est-ce que cela n'a pas été toléré en
raison des multiples
variantes de pneus? Vous aviez de la difficulté à faire la
preuve devant les cours de justice et, plutôt que de perdre trop de
causes, est-ce que ce n'est pas ce qui s'est produit? Mais comment,
malgré les mêmes variantes de pneus, d'autres Etats
américains ou d'autres provinces pourraient-ils être capables de
plaider les causes alors qu'on n'en est pas capable ici? Parce qu'ils ont quand
même les mêmes variantes pour prouver la vitesse.
M. Marquis (Jacques): Encore un facteur historique, parce que
traditionnellement, autrefois, on n'avait pas de radar. On se servait de
l'odomètre du véhicule. On s'est dit: Ce n'est quand même
pas parfait, et il y a nos yeux qui perçoivent et tout. Alors, on
donnait toujours une marge d'erreur au bénéfice du citoyen tout
le temps.
C'est de longue date et cela se faisait ailleurs aussi. Mais le radar,
depuis qu'il est utilisé au Québec, nous permet d'éliminer
cette marge d'erreur qu'on donnait toujours, parce que le radar est tellement
précis. Mais le radar n'est pas encore assez utilisé au
Québec. Je peux vous dire qu'aux Etats-Unis, quand l'administration
fédérale a dit qu'on descendait la zone de la vitesse à 55
milles à l'heure partout aux Etats-Unis, ils ont pris des moyens. Toutes
les autos de police des Etats américains ont un radar. C'est
l'équipement standard. Au Québec, il n'y a pas beaucoup d'autos,
il n'y a même pas 50% des autos qui ont un radar, et c'est beaucoup moins
que cela.
On n'a pas encore généralisé l'utilisation de ces
instruments qui évitent la marge d'erreur de 10% dont on parlait.
M. Lessard: M. le Président, en relation avec cela, M.
Marquis, M. Cyr ou M. Fafard, qu'est-ce que vous pensez de défendre le
détecteur de radar, dans le Code de la route, puisqu'on a un groupe qui
viendra d'ici quelques jours pour nous recommander cela?
M. Cyr: Je recommanderais, M. le ministre, de garder...
M. Lessard: Une dernière question. On parlait tout
à l'heure des amendes. C'est vrai que c'est un problème
sérieux. Il faut les ajuster au coût de la vie. Dans certains
Etats, plutôt qu'une amende, ce sont des systèmes de points de
démérite beaucoup plus forts. En Colombie-Britannique, on l'a
regardé. Par ailleurs on a aussi regardé, et ce n'est pas facile
d'application, la possibilité d'avoir un système d'amende en
relation avec le salaire gagné. C'est-à-dire que l'individu qui
gagne $50 000 par année et qui paie une amende de $22, cela ne lui fait
pas tellement mal. Mais l'individu qui en gagne $15 000, peut-être que
$22 ou $30, c'est assez élevé. On avait mis cela sur la table un
bout de temps, mais la formule n'est pas d'application facile.
M. Mailloux: Qu'est-ce qui arrive à ceux qui sont sur le
bien-être social? Cela ne leur coûte rien?
M. Lessard: Non, ce serait en relation avec le règlement.
Il y aurait certainement le minimum existant de $22 ou $30, mais, en plus, il y
aurait un réajustement selon le salaire journalier.
M. Mailloux: Tâchez d'oublier cela.
M. Lessard: Je pense que cela va être compliqué.
M. Marquis (Jacques): Disons que le plus grand égalisateur
social, si on veut, au Code de la route, c'est le système de points de
démérite. On a vu des gens très fortunés auxquels
cela faisait mal, un billet, parce que c'était le nombre de points qui
leur manquaient. Alors, il n'y a pas de doute que l'amende est relativement peu
importante dans un système de prévention de
sécurité routière.
Le système de points de démérite a son impact,
lui.
Le Président (M. Boucher): Un instant, M. Fafard.
M. Fafard: M. le Président, si vous me permettez, j'ai une
question qui s'adresse à M. le ministre. Est-ce qu'on pourrait avoir des
précisions sur l'article 309? On dit: "Nul ne peut utiliser, sur un
chemin public, une souffleuse à neige, à l'intérieur des
cités, villes et villages, sans la présence d'un signaleur
à l'avant de celle-ci". Je prends comme exemple les endroits dans la
province où le ministère des Transports entretient lesdits
villages. Vous savez comme moi, M. le Président tantôt,
l'association l'a mentionné que vous avez des rues qui sont
très longues que vous devez entretenir. Est-ce qu'on devra comprendre
que, si vous n'avez pas de signaleur à l'avant, il y aurait infraction?
(17 heures)
M. Lessard: Voici. On a eu beaucoup d'accidents, surtout des
enfants. C'est précisé et cela existe déjà par un
règlement. On le précise dans le Code de la route. C'est à
l'intérieur des cités et villages... Vous comprendrez qu'on ne
peut pas avoir... Par exemple, tout à l'heure, on me parlait de la ville
de Gaspé. Gaspé est une municipalité qui est
répartie en plusieurs petites agglomérations. J'ai l'impression
qu'à ce moment-là, là où il y a une densité
de population assez importante, il faudra prévoir on pourrait
peut-être corriger à ce qu'il y ait un signaleur.
Vous allez me préciser également l'article 310.
Une Voix: S'il vous plaît! Oui, j'allais vous le
demander.
M. Lessard: A l'article 310, il y aura des conditions à
cela. Actuellement, vous savez qu'on peut prendre des consommations alcooliques
dans le transport aérien, là où il y a des hôtesses,
là où il y a des gens des hôtes, si vous voulez
qui sont responsables du contrôle comme, par exemple, l'Express
entre Montréal et Québec. Si on nous assure que ces conditions
seront respec-
tées, on pourra le permettre dans ce genre de transport en
commun, mais non pas permettre d'ailleurs, dans un autre article du Code
de la route, c'est bien défendu la consommation de boissons
alcooliques dans une automobile de promenade. Il s'agira spécifiquement
de cas très exceptionnels.
Une Voix: M. le ministre, si on continue. Quand on dit "un
véhicule routier en marche ou immobilisé sur un chemin public ou
en consommer à quelque endroit que ce soit sur un chemin public", on se
pose la question concernant les aires de stationnement le long de nos grands
boulevards où on voit beaucoup de gens qui sont stationnés pour
un repos de quelques minutes et qui en profitent pour prendre une petite
consommation.
Une Voix: A la première occasion, suspendez. M. Lessard:
Vous parlez des stationnements. Une Voix: C'est cela, oui.
M. Lessard: L'article 310 de la loi, tel que conçu,
s'applique strictement ou s'appliquerait strictement pour des véhicules
de transport en commun là où les conditions sont
précisées par règlement. Nous pensions, par exemple,
lorsque nous avons rédigé cet article 310, à des
transporteurs publics tels qu'il en existe actuellement entre Québec et
Montréal pour autant qu'il y a une personne qui est responsable, les
hôtesses; exactement comme dans le secteur aérien.
Une Voix: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. M. le
député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Je voudrais poser une autre question au
représentant de l'Association des policiers et pompiers. Est-ce qu'il
existe, dans certaines municipalités de la province, des conseils
municipaux qui empêchent, après avoir fait adopter des
règlements municipaux pour les faire appliquer par leurs policiers...
Est-ce qu'il y a certaines municipalités qui, après avoir
adopté certains règlements, empêchent l'application desdits
règlements?
M. Cyr: A ma connaissance, M. le Président, aucune ville
n'empêche un corps policier d'appliquer les règlements municipaux.
C'est plutôt dans le sens qu'ils veulent que leurs corps policiers
appliquent les règlements.
M. Vaillancourt (Orford): Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Je remercie messieurs de
l'Association des chefs de police et de pompiers du Québec d'être
venus présenter votre mémoire. Pour permettre aux personnes qui
s'occupent du soutien technique de pouvoir con- tinuer l'enregistrement, on
m'avertit qu'il faudra s'arrêter quelques minutes. Je voudrais suspendre
nos travaux pour quinze minutes; cela devrait être suffisant.
Association des policiers provinciaux du
Québec
A l'ordre, messieurs! J'appelle donc maintenant l'Association des
policiers provinciaux du Québec à se présenter à la
table. Si vous voulez vous identifier et identifier les personnes qui sont
présentes.
Je m'excuse, on entend très mal ici. Est-ce que vous pouvez... Si
vous voulez attendre quelques secondes on va... Cela semble aller mieux,
oui.
M. Richard (Raymond): D'accord. A ma gauche, M. Jean-Marie
Bouchard, qui est vice-président de l'association, le secrétaire
général M. Jacques Tessier.
Le Président (M. Bordeleau): Pelletier?
M. Richard (Raymond): M. Tessier, ainsi que M. Eddy Bertrand, qui
est secrétaire-trésorier. A ma droite, le conseiller juridique,
Me Lauréat Barré.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, merci. Vous pouvez
procéder. Vous êtes M. Richard.
M. Richard (Raymond): On ne lira pas nécessairement tout
notre mémoire. On va peut-être se permettre, à l'occasion,
de commenter certaines de nos remarques. On aimerait que notre mémoire
soit retranscrit au complet, si possible, au journal des Débats.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, (voir annexe)
M. Richard (Raymond): L'Association des policiers provinciaux du
Québec représente 4438 membres répartis sur tout le
territoire québécois. De par le rôle important que jouent
ses membres en matière de sécurité routière, ses
représentants se croient justifiés de faire la critique
constructive de l'avant-projet de loi pour la refonte du Code de la route.
Une analyse sommaire de l'avant-projet de loi nous a convaincus du
sérieux des modifications proposées. Les changements
suggérés par l'honorable ministre des Transports sont certes le
résultat de plusieurs mois de recherches et d'analyses. En règle
générale, nous constatons que le projet déposé pour
étude correspond, par les mécanismes de contrôle qu'il
établit, les normes qu'il édicte, à la situation qui
prévaut ou qui devrait prévaloir dans ce domaine. Pour ne nommer
que quelques-uns des amendements inscrits à l'avant-projet de loi,
notons l'obligation à tous les dix ans de rappeler à subir un
examen tous les titulaires d'un permis de conduire, la notion de virage
à droite sur un feu rouge, etc.
A notre point de vue, le nouveau Code de la route est susceptible
d'améliorer la sécurité routière. Il est à
espérer que nous franchirons bientôt, avec ces nouveaux
règlements, une étape vers une diminution des accidents et
infractions. Il y a cependant certains articles dans cet avant-projet de loi
qui pourraient être modifiés, soit pour les rendre plus
applicables, soit pour en clarifier la portée, soit encore pour
permettre à un agent de la paix ou à l'officier autorisé
de mieux contribuer à la sécurité routière. Vous
trouverez dans les pages qui suivent nos remarques sur ces articles.
Notre première remarque, M. le Président, est à
l'égard de l'article 56. Cet article oblige une personne qui conduit un
véhicule routier sur un chemin public et dont le véhicule est
impliqué dans un accident, à remettre les pièces
visées à l'article 55 sur demande d'un officier autorisé
ou un agent de la paix, soit le certificat d'immatriculation, le contrat de
location ou le document sur la durée du prêt.
Dans la section VI, les infractions et peines, à l'article 60, on
peut lire l'amende de $100 ou au plus de $200. A notre avis, l'article 56
devrait être précisé davantage concernant les pouvoirs d'un
officier autorisé ou d'un agent de la paix qui fait face au refus d'un
conducteur de se conformer à l'obligation qui lui est imposée. Il
devrait être permis à un agent de la paix qui fait face à
un tel refus de détenir sans mandat le conducteur du véhicule
routier jusqu'à ce qu'une identification positive soit faite.
Nous suggérons donc d'ajouter, après le premier paragraphe
de l'article 56, ce qui suit: "Un agent de la paix peut arrêter sans
mandat une personne qui contrevient aux dispositions du premier alinéa
jusqu'à ce qu'elle puisse s'identifier d'une façon
satisfaisante." Cette modification facilitera l'application de la
présente loi. Elle assurera une meilleure protection aux citoyens et,
par ricochet, permettra de mieux faire échec aux personnes qui
constamment, peu importe le motif, tentent de déjouer la justice.
L'article 65. Nous croyons qu'il est temps qu'un effort soit fait afin
d'essayer d'enrayer les vols de permis de conduire et la falsification de ces
derniers. Un moyen qui nous apparaît efficace serait l'addition à
l'article 65 du paragraphe suivant: "Tout permis de conduire ou
d'apprenti-conducteur doit porter la photo du détenteur lors de
l'émission ou du renouvellement du permis."
Nous avons également fait des remarques concernant l'article 90
et on porte référence à l'article 94, la sentence ou
l'amende de $100 ou de $200. A l'égard de ces articles, nous faisons les
mêmes remarques qu'à l'article 56.
Pour compléter nos remarques aux articles 56, 60, 90 et 94, nous
référons ici au chapitre IX, section I, Dispositions
générales, article 310 et section IX, Infractions et peines,
article 314, qui se lisent comme suit: "Nul ne peut consommer des boissons
alcooliques dans un véhicule routier en marche ou immobilisé sur
un chemin public ou en consommer en quelque endroit que ce soit sur un chemin
public". Il y a un pouvoir d'arrestation sans mandat pour l'agent de la
paix.
A l'article 374, je me réfère à l'amende. Ce qu'il
est bon de souligner, M. le Président, c'est que le législateur,
à l'article 310, rejoint notre demande vis-à-vis des articles 56
et 90. De plus, il semble qu'à première vue les infractions
reprochées aux articles 56 et 90 ne sont certes pas plus graves, puisque
le législateur a prévu les mêmes amendes, soit d'au moins
$100 et d'au plus $200. (voir les articles 60, 94 et 374).
Nous avons également une remarque à l'article 116. Nous
croyons que les règles de conduite des fonctionnaires du
ministère des Transports qui, au surplus, prévoient des sanctions
disciplinaires devraient se retrouver dans un règlement du
ministère à cet effet, plutôt que parmi les dispositions
d'un Code de la route.
A l'article 283, c'est l'autorisation dorénavant de virer
à droite sur un feu rouge. Il s'agit d'une nouvelle disposition qui
autorise un virage à droite en face d'un feu rouge de circulation. Comme
nous l'avons mentionné dans les notes préliminaires, cette
libéralisation nous semble une mesure adéquate dans le contexte
actuel. Nous réalisons tout de même qu'il y a certains risques
d'adopter une telle mesure, si elle n'est pas assortie de toutes les
précautions nécessaires. Il faudrait prendre les dispositions
requises lors d'une campagne de publicité pour bien informer la
population et sensibiliser celle-ci à ce nouveau règlement.
Considérant les habitudes de conduite souvent téméraires
ou hasardeuses des conducteurs, un tel changement dans les règlements de
la circulation pourrait augmenter les risques d'accidents s'il n'est pas
appliqué adéquatement.
M. le Président, nous avons entendu, au tout début, le
ministre des Transports mentionner dans son allocution que c'est évident
qu'avec toutes ces nouvelles mesures, il devrait y avoir une campagne de
publicité pour sensibiliser la population. C'est dans ce contexte que
nous disons que c'est une très bonne mesure. Il s'agit de sensibiliser
la population à cette nouvelle façon de circuler.
A l'article 308, dans le but de prévenir les accidents de toutes
sortes et de faire réaliser à tout conducteur le danger
d'abandonner, même en cas de force majeure, un véhicule routier
sur un chemin public, une propriété publique ou privée,
nous suggérons, au tout dernier paragraphe de l'article 308, ce qui
suit: "Celui qui abandonne un véhicule routier sur un chemin public, sur
une propriété de la couronne ou sur un terrain privé doit
aviser sans délai un agent de la paix ou un officier autorisé".
Une telle disposition permettrait de faciliter l'application du
troisième alinéa de cet article, quant aux recherches du
propriétaire dudit véhicule.
Ce qu'on peut ajouter, M. le Président, c'est que souvent, on
évitera, avec une telle mesure, d'occasionner des frais au
propriétaire. Il se peut que son véhicule... si le
propriétaire nous avise et qu'il dit: Mon véhicule est là
pour une heure ou deux, à ce moment, je pense que c'est plus facile et
on n'aura pas besoin de le faire remiser. C'est toujours dans le but d'une
meilleure sécurité et efficacité.
A l'article 363 du nouveau Code de la route, on parle des autobus de
type interurbain. Notre remarque est la suivante: Une raison majeure, soit
celle de la sécurité, nous porte à être en
désaccord avec la proposition contenue à l'article 363,
paragraphe a), concernant les autobus de type interurbain.
Actuellement, la vitesse permise sur les autoroutes est de 100
kilomètres par heure. Cette limite de vitesse devrait être
maintenue pour tous les véhicules routiers, y compris l'autobus de type
interurbain. L'application de l'article 363, paragraphe a), tel que
rédigé, ne ferait qu'inciter les conducteurs de véhicules
routiers à ne pas respecter la vitesse permise. Les conducteurs de
véhicules routiers, frustrés de se faire continuellement
dépasser par un autobus de type interurbain, auraient tendance à
aller plus vite ou, à tout le moins, prendre la voie de gauche pour
suivre. Le risque d'accident serait probablement accru, puisque l'autobus de
type interurbain serait, en principe, presque toujours sur la voie de gauche
pour dépasser ou circuler. (17 h 15)
Au Québec, nous avons la triste réputation d'être de
mauvais conducteurs. Des statistiques démontrent que les accidents
augmentent et que le nombre de morts ou de blessés, par suite
d'accidents résultant d'imprudences, d'erreurs humaines ou de bris
mécaniques, demeure toujours très élevé.
Les rapports de la Sûreté du Québec pour les
années 1978, 1977 et 1976 nous donnent un bon aperçu de ces
sombres statistiques. Je pense, M. le Président, que nous n'avons pas
à énumérer toutes les statistiques aux pages 27 et 28. Les
membres de la commission pourront les consulter à volonté. Rien
ne prouve qu'il y aura diminution du nombre d'accidents ou que plus de
personnes utiliseront l'autobus de type interurbain. Bien au contraire, le fait
de savoir que l'autobus de type interurbain peut circuler plus vite risque
peut-être de diminuer la clientèle de ce mode de transport,
surtout si l'on considère le nombre et la gravité des accidents
d'autobus depuis environ un an, alors que les normes de vitesse sont les
mêmes pour toutes les catégories de véhicules routiers.
Le fait de permettre aux autobus de type interurbain d'augmenter leur
vitesse maximale ne rendra pas nos conducteurs plus prudents et n'augmentera
pas les normes de sécurité. Etant donné qu'un
véhicule routier peut, sur une chaussée à deux voies ou
plus de circulation, circuler dans l'une ou l'autre voie (voir l'article 238),
le fait pour l'autobus de type interurbain de circuler à une vitesse
supérieure est de nature à favoriser le louvoiement tant de
l'autobus que des autres véhicules routiers qui devraient ainsi
céder le passage. Cet aspect serait d'ailleurs accentué si, comme
nous le prévoyons, l'autobus, pour garder une vitesse de
croisière uniforme, a tendance à emprunter la voie de gauche.
Même si l'on devait admettre que les nouvelles dispositions du Code de la
route vont favoriser le transport par autobus, ce qui n'est pas certain,
faudrait-il pour cette raison augmenter davantage la vitesse permise pour les
autobus de type interurbain pour favoriser encore plus ce mode de transport? Il
est évident que non.
Nous ne croyons pas que les fins poursuivies justifient
l'établissement de ces nouvelles normes. Les accidents d'autobus sont
évidemment moins nombreux que ceux impliquant d'autres véhicules
routiers, mais les conséquences sont beaucoup plus sérieuses,
trop, à notre avis, pour soumettre les autobus de type interurbain
à des normes différentes de celles applicables à
l'ensemble des véhicules routiers.
Le respect de la vie est trop important pour le reléguer au
second plan. Comme le dit si bien la publicité bien connue: "La personne
avant toute chose".
Pour terminer, l'avant-projet de loi dans nos remarques
générales ne reproduit pas les termes de l'article 74 de
l'actuel Code de la route, concernant l'arrestation sans mandat. Tel que
mentionné précédemment, nous favorisons le maintien de ce
pouvoir dans le cas des articles 56 et 90, comme le prévoit d'ailleurs
l'article 310 lorsqu'il y a consommation de boissons alcooliques dans un
véhicule routier. Nous croyons, si le législateur n'entend pas
rétablir les pouvoirs d'arrestation sans mandat de l'article 74, qu'il
faudrait, à tout le moins, donner une portée plus large à
l'article 427 concernant la prise de possession et le remisage d'un
véhicule routier.
Ainsi, par exemple, dans le cas où un conducteur ne serait pas
titulaire d'un permis de conduire (article 65) ou dans le cas où le
permis de conduire serait suspendu (articles 151 et 153), un agent de la paix
ou un officier autorisé devrait pouvoir prendre possession du
véhicule routier et le remiser, à moins que ne se trouve une
autre personne habilitée et capable de conduire ledit
véhicule.
M. le Président, c'était notre mémoire concernant
l'avant-projet de loi du Code de la route.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: M. le Président, je remercie l'Association des
policiers de leur mémoire. Je pense que c'est encore assez
intéressant. On l'avait dit dès le début: On n'a pas la
science infuse. C'est pour cette raison qu'on convoque une commission
parlementaire.
J'aimerais discuter un peu on parle beaucoup et je pense que
c'est l'occasion d'en parler de sécurité routière.
D'abord, on me confirme que le virage à droite ne semble pas une mesure,
pour autant qu'on prenne les précautions nécessaires, pour
augmenter le nombre d'accidents. J'aimerais un peu comme je l'ai fait
tout à l'heure parler puisque c'est là, dans le
fond, notre objectif que j'ai précisé dès le début
de cette commission de la conception de la sécurité. Le
député de Charlevoix pourra tout à l'heure vous donner un
exemple qu'il a vécu ce matin, c'est-à-dire qu'il a
traversé, de La Malbaie jusqu'à
Québec, environ cinq barrages policiers ou cinq systèmes
de radar. Je ne sais pas si c'était en relation avec le fait qu'il y
avait une commission parlementaire sur le Code de la route ce matin, mais on
m'a indiqué cela tout à l'heure.
L'un des problèmes que nous rencontrons, et je pense que le
député de Gatineau le soulignait tout à l'heure. L'un des
problèmes que nous rencontrons dans la sécurité
routière, c'est qu'on a des semaines de sécurité
routière, on a des mois de sécurité routière et on
a, à chaque année, des vérifications mécaniques qui
se font, par exemple, par la Sûreté du Québec. Mais le
problème qu'on vit bien souvent, c'est que cette préoccupation
constante de la sécurité routière, le citoyen semble
l'avoir par périodes déterminées. Par exemple, la
Fête du travail. On sait que le citoyen se surveille un petit peu plus,
parce qu'on sait qu'il va y avoir des bagarres de policiers. Il y a la
période du 24 juin et des périodes intensives, le mois de juillet
pendant le congé de la construction.
Mais, après, on ne sent pas une constance dans la volonté
de la sécurité routière. Tout à l'heure, on parlait
un peu, justement, d'une certaine conception de la sécurité
routière, à savoir plutôt essayer d'intercepter des gens en
se plaçant dans des endroits stratégiques, par rapport à
une autre conception. Je pense que, comme on le disait tout à l'heure,
il faut en arriver à intercepter des gens. Mais par rapport à une
autre conception, qui serait la prévention par les policiers du
Québec, j'aimerais savoir, de l'Association des policiers du
Québec, comment vous entrevoyez peut-être prenez-vous les
deux systèmes la conception de prévention des
accidents.
M. Bouchard (Jean-Marie): M. le Président, tout d'abord,
en ce qui concerne les policiers de la Sûreté du Québec,
c'est évident que ces derniers ne se cachent pas dans des fonds de cour
ou n'essayent pas de prendre des automobilistes en défaut.
On essaie d'inculquer depuis quelques années à nos membres
qu'il faut faire de la prévention. Il s'agit d'améliorer nos
systèmes de prévention. Il s'agit d'avoir des policiers sur la
route. Il ne faut pas seulement parler de prévention; si on a seulement
un ou deux véhicules dans un territoire, c'est évident que le
temps que ces véhicules sont, par exemple, sur la route 20, nous n'avons
pas de prévention ailleurs.
Il faut mettre les effectifs nécessaires. Il faut
améliorer les systèmes de prévention. Il faut aussi
améliorer l'équipement. On disait tout à l'heure il
y a un groupe qui est passé avant nous que, dans certains Etats
américains, il y avait plus de radars. Il y avait aussi dans des
véhicules automobiles ce qu'on appelle communément des "speed
guns". C'est un moyen. C'est bien beau au Québec de dire aux gens: II y
a de la police. Mais il n'y a pas d'équipement. Même si on croise
un véhicule de police sur la route, on ne peut prendre sa vitesse, parce
qu'à ce moment-là on n'a pas l'équipement voulu. Donc, il
faut améliorer l'équipement. Il faut être de plus en plus
professionnel.
Tout à l'heure, M. Marquis disait que c'était
compliqué pour le policier d'appliquer l'actuel Code de la route. Nous
croyons que la réforme que vous voulez faire au Code de la route, c'est
déjà un pas vers une meilleure sécurité. Les
policiers vont être plus en mesure d'appliquer le Code de la route. Il
faut éduquer nos gens. Il ne faut pas se le cacher, au Québec, on
parlait d'historique tout à l'heure, cela ne fait pas bien longtemps
qu'on a vraiment une police organisée. Avant 1960, sans parler pour un
parti ou pour un autre, il n y avail pas beaucoup de polices organisées.
On n'avait pas de policiers qui se rendaient à leur retraite.
Jusqu'à 1968, il y avait 119 policiers à la Sûreté
du Québec à la retraite. On ne gardait pas nos gens. C'est un
historique. On a commencé à avoir réellement des policiers
professionnels depuis 1960. L'Association des policiers provinciaux n'existait
pas. Ce n'était pas syndiqué avant 1966.
Donc, dans cette période d'une vingtaine d'années, on a
réussi quand même à garder parmi les corps policiers les
effectifs. On voit couramment aujourd'hui des gars de 18, 19, 20 ans qui sont
des policiers de carrière, des professionnels. Il s'agit des personnes
qui ont beaucoup de talent et ils font un bon travail. Il s'agit de leur donner
encore plus d'outils, de les former encore mieux et, à ce moment, je
pense qu'on va pouvoir faire une meilleure prévention. Il faut insister
sur la prévention. Je pense que c'est un peu dans ce sens qu'on devrait
s'orienter.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: Tout à l'heure, on disait que les
Québécois qui partent du Québec pour se diriger vers
l'extérieur du Québec se sentaient presque dans l'obligation de
respecter beaucoup plus le Code de la route de l'Etat dans lequel ils voyagent,
par exemple, les 55 milles à l'heure aux Etats-Unis.
Par ailleurs, d'après votre expérience, puisque vous avez
à intercepter non seulement des Québécois, mais des gens
qui viennent de l'extérieur du Québec, lorsque des gens de
l'Ontario, par exemple, ou des Etats viennent chez nous, ont-ils tendance
à être aussi Latins que nous le sommes devant le Code de la route?
bst-ce que le mauvais exemple les entraîne?
M. Richard (Raymond): Je vais répondre à la
première partie de la question et je laisserai un autre membre du groupe
répondre à la deuxième partie. J'ai moi-même fait
quelques voyages aux Etats-Unis et j'ai trouvé que sur les grandes
routes il y avait énormément de policiers. Il y en avait
tellement que c'est presque impossible de faire de la vitesse. Il faut se
surveiller continuellement. J'ai tenté l'expérience suivante. Je
me suis dit: Ce n'est pas possible que ce soit comme cela dans tous les Etats.
Je suis sorti un peu à l'extérieur des grandes routes et j'ai
été surpris de voir que là l'Américain avait le
pied un peu plus pesant, parce que je n'ai pas vu d'autos-patrouilles. Ce qui
fait qu'on est beaucoup plus prudent sur les grandes routes, c'est que les
personnes circulent normale-
ment, quand on va en voyage dans le sud, sur les grandes routes
où il y a des policiers. Mais quand on sort un peu des grandes routes,
on s'aperçoit qu'il y a moins de véhicules de police et que les
personnes ne suivent pas tellement la vitesse permise. C'est
l'expérience que j'ai vécue.
Concernant la deuxième partie de votre question, M. le
Président, si vous le permettez, j'inviterai M. Jacques Tessier, qui est
un patrouilleur d'expérience, à répondre. Je pense que
c'est la personne la mieux placée pour répondre à cette
deuxième partie de la question.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, M. Tessier, s'il
vous plaît.
M. Tessier (Jacques): Concernant les automobilistes
américains ou ontariens, après quelques milles en territoire
québécois, ils se rendent compte évidemment qu'on peut
circuler beaucoup plus rapidement que dans leur pays ou dans leur province. Ils
deviennent aussi indisciplinés que n'importe quel
Québécois. Vu le nombre de milles de patrouille qu'un
patrouilleur a à faire, il va arriver assez régulièrement
que quelqu'un va faire une très grande distance avant d'être
intercepté. Je pense qu'il est beaucoup plus long de se discipliner que
de devenir indiscipliné. Je peux vous dire par expérience, pour
avoir patrouillé la route 20 à la hauteur de Laurier-Station
pendant douze ans, que j'ai intercepté beaucoup de résidents de
l'Ontario, des provinces maritimes et des Etats-Unis qui circulaient
très rapidement. D'ailleurs, à titre d'expérience,
probablement que vous allez voir une auto-patrouille qui va circuler à
100 kilomètres-heure, ce qui est la vitesse permise, et
régulièrement à peu près tout le monde va passer le
véhicule de patrouille. C'est très rare qu'une file
d'automobilistes suive le policier, même dans une auto
identifiée.
Cela renforce un peu ce que M. Marquis disait tout à l'heure.
Partant du fait que l'automobiliste pense qu'il a un droit acquis à 10
kilomètres de plus, ou à 10% ou à ce que vous voudrez, il
se dit: Le policier est peut-être en panne. A 100
kilomètres-heure, ce n'est pas assez vite. Il le dépasse
régulièrement. Si vous l'arrêtez à 10 ou 15
kilomètres de plus, lorsqu'il raconte l'incident, ce n'est pas tellement
à 15 kilomètres de plus qu'il s'est fait prendre; c'est à
un kilomètre en haut de la vitesse que lui se permet et non de ce que la
loi dit. Je pense qu'en fait de publicité on a parlé tout
à l'heure de ce qu'on devrait faire. Peut-être qu'on devrait
sensibiliser les gens en leur disant que la vitesse aux Etats-Unis ou au
Québec, à 90 ou 100 kilomètres-heure, c'est la même
chose.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre. (17 h 30)
M. Lessard: Si je posais cette question, c'est parce que tout
à l'heure on nous a dit que les Québécois ont un
tempérament latin, mais les Américains se latinisent lorsqu'ils
viennent au Québec. Ce sont peut-être d'autres raisons aussi.
C'est dans ce sens un peu que je voudrais continuer. Par exemple, le nombre de
policiers au Québec, par rapport à l'Ontario, je comprends que
l'Ontario a une plus grande population, mais par 1000 habitants ou par 10 000
habitants, est-ce comparable?
M. Richard (Raymond): C'est une question de statistiques, M. le
Président, je ne saurais répondre à cela. Je ne sais pas
s'il y a un membre qui possède ces statistiques. On me fait signe que
non.
M. Lessard: Je voudrais revenir sur les 110
kilomètres-heure. Vous m'indiquiez tout à l'heure que vous
étiez allé aux Etat-Unis sur les grandes autoroutes. Je sais que
cela peut avoir la tendance que vous souligniez de pousser les automobilistes
à aller plus vite lorsqu'ils se font dépasser par le transport en
commun. Maintenant, l'objectif est justement de favoriser le transport en
commun et d'essayer de faire en sorte qu'il y ait de moins en moins
d'automobilistes afin de décongestionner les autoroutes. Si cela va plus
vite dans le transport en commun, cela pourrait inciter les gens à
utiliser de plus en plus le transport en commun.
Techniquement, il faut bien faire attention, les Québécois
ont encore un raisonnement un peu comme celui-là: en entendant 110
kilomètres, ils pensent encore aux 110 milles à l'heure. Les 110
kilomètres-heure, ce sont 66 ou 67 milles à l'heure; ce qui
était permis avant sur les autoroutes, c'était 70 milles à
l'heure. Aux Etats-Unis, dans le transport interurbain, est-ce permis d'aller
jusqu'à 70 milles à l'heure sur les autoroutes pour le transport
en commun?
M. Richard (Raymond): Je crois que pour le transport, c'est la
même vitesse. Je ne pourrais pas l'affirmer catégoriquement.
Maintenant, la mesure qui est apportée dans le nouveau Code de la route,
le fait que l'autobus puisse aller un peu plus vite que les autres
véhicules routiers, au départ, nous ne croyons pas que ce soit
une mesure susceptible d'inciter les gens à prendre le transport en
commun plus souvent. Maintenant, peut-être pour compléter la
question, M. le Président, j'inviterais M. Bouchard à parler un
peu de circulation, dans le sens de savoir comment se fait le trafic. M.
Bouchard est un peu spécialisé dans le domaine.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. Bouchard.
M. Bouchard: M. le Président, évidemment, sur les
routes, on peut dire en partant que l'idéal à atteindre serait
d'avoir un tapis et que les automobiles embarquent dessus...
En partant de ce principe, c'est sûr que si on permet aux autobus
de dépasser... Il n'y a pas tellement de conducteurs sur la route 20 qui
vont se permettre d'être dépassés par des autobus. On sait
que, actuellement, si la loi est appliquée à 100
kilomètres, c'est presque dangereux de se faire
tuer. Il faut absolument accélérer. Si on permet à
un certain type de véhicules d'aller à 110 kilomètres, je
ne pense pas que cela favorise le transport en commun. C'est comme dire
à quelqu'un: Je descends à Québec ce soir, je vais aller
vite. Embarquez avec moi, je vais aller à 100 milles à l'heure.
Je pense que je n'aurais personne. C'est un peu dans cet esprit que pour le
trafic il faut toujours, je pense, que ce soit comme une chaîne qui s'en
va, tout le monde pareil. On devrait essayer d'abord d'appliquer cela. Je pense
qu'avec les mesures qu'on amène, le tournage à droite sur un feu
rouge, et les autobus à 110 kilomètres, on devrait y aller
progressivement. Je ne pense pas que le fait d'avoir 10 kilomètres de
plus va accentuer le trafic ou permettre aux usagers d'utiliser davantage ces
moyens de transport.
M. Lessard: On va entendre les associations de transporteurs par
autobus. Je pense qu'il y a un mémoire. Ils sont naturellement d'accord
avec les 110 kilomètres-heure. Par exemple, aux Etats-Unis, on parlait
du louvoiement tantôt; je reviendrai sur cela. J'ai eu l'occasion moi
aussi de voyager un peu sur les routes américaines et on permet,
justement, une vitesse plus grande pour le transport en commun que pour le
véhicule de promenade. Pourtant, je n'ai pas constaté plus de
louvoiement, nécessairement, à un moment donné, aux
Etat-Unis. En tout cas, c'est la question. Je ne vois pas de réponse
scientifique sur cela.
Par exemple, comme c'est permis dans le Code de la route, à
l'article 274, si on donne en même temps le droit de dépassement
aux transports en commun, c'est-à-dire, que le véhicule doit
prendre la ligne de droite pour donner, lorsqu'il voit un véhicule de
transport en commun, la priorité de passage aux transports en commun,
à ce moment, la question du louvoiement peut être
diminuée.
M. Richard (Raymond): M. le Président, après avoir
analysé cette question en profondeur, nous en sommes venus à la
conclusion que ce n'était pas une amélioration.
M. Lessard: Justement, une autre réaction que j'ai eue
c'est qu'on m'a indiqué qu'il est très rare que les transports en
commun interurbains respectent les 55 milles à l'heure
c'est-à-dire, les 100 kilomètres-heure sur l'autoroute entre
Montréal et Québec. Une des raisons qu'on m'a donnée,
c'est une raison technique, c'est que la vitesse de croisière d'un
autobus est au-delà, s'ils veulent ne pas être constamment
obligés de changer de vitesse, des 100 kilomètres-heure.
M. Richard (Raymond): A ce moment, il y aurait peut-être
une solution, c'est que tous les véhicules qui circuleront sur une
autoroute aient la possibilité d'aller à 110
kilomètres-heure. Je pense que cela règle le problème. De
toute façon, si on prend l'interprétation ou l'expérience
qu'un des membres ici a donnée tout à l'heure, M. Tes-sier, c'est
qu'on pense qu'il y a dix milles à l'heure de toléré et on
peut en conclure que presque tous les automobilistes sur la route 20 vont
à 110 kilomètres-heure.
M. Lessard: Mais cette tolérance de dix milles à
l'heure ou de 10%, c'est une coutume au Québec, c'est une "common
law".
M. Richard (Raymond): M. le Président, c'est une coutume.
En fait, il y a eu plusieurs causes devant les tribunaux et on se faisait
regarder en tant que policiers avec des gros yeux parce que c'était une
personne qui était allé à cinq ou six milles à
l'heure de plus. Cela s'est établi, c'est presque devenu une
coutume.
M. Lessard: Je présume que vous êtes contre le fait
qu'on permette encore le détecteur de radar à l'intérieur
des véhicules.
M. Richard (Raymond): Nous croyons nous que cela ne devrait pas
être permis.
M. Lessard: Sur les dix ans, l'obligation et vous savez
qu'il y a de grosses réactions sur les dix ans pour un conducteur
de repasser un examen complet à tous les dix ans, pour vérifier
ses aptitudes à conduire et ses habitudes de conduire. J'ai reçu
une lettre dernièrement, une pétition disant: Nous, on sait
conduire avec la signature de 200 personnes qui savaient conduire
naturellement. Je présume qu'ils n'avaient jamais eu d'accidents et on
n'a pas besoin de passer des examens à tous les dix ans. Puisqu'il va y
avoir des réactions à cela et, après cela, et
peut-être que mécaniquement ou techniquement, le système
sera difficile à appliquer mais, si on l'appliquait, au départ
vous disiez tout à l'heure graduellement au moins pour les
personnes qui ont accumulé un certain nombre de points de
démérite?
M. Richard (Raymond): M. le Président, avec une
disposition semblable, je pense qu'il faut avoir de l'uniformité. Il
faut que ce soit uniforme pour tout le monde. Cette mesure de dix ans pour
faire passer des examens pour un permis de conduire, nous apparaît
très logique. Quand on regarde le contexte global de la
sécurité... Je peux prendre mon permis de conduire aujourd'hui,
c'est évident que dans dix ans je saurai encore conduire, je vais
peut-être même conduire mieux qu'aujourd'hui, mais ma condition
physique peut avoir changé et si je n'ai pas rapporté ce fait,
à ce moment, c'est tout de même une mesure qui va permettre
d'enlever des permis de conduire à certaines personnes. Je pense que ce
n'est pas un examen pour savoir si la personne sait conduire. Ce n'est pas cela
le but. C'est d'essayer d'enlever le permis de conduire à une personne
qui, physiquement ou pour diverses raisons mentionnées dans le Code de
la route ne peut ou n'est pas apte à conduire un véhicule
automobile. C'est une mesure qui ne nous apparaît pas
exagérée.
M. Lessard: Le problème qui se pose, c'est que je peux
aujourd'hui être en bonne condition
physique et, demain matin, faire une crise cardiaque dans mon
véhicule.
M. Richard (Raymond): Mais il reste que je pense que cela ne
justifie pas de prendre certaines mesures pour essayer d'améliorer la
sécurité routière.
M. Lessard: La question, à la page 6 de votre
mémoire, de l'identification, cela revient toujours... Je pense que vous
le savez, c'est la... Et aussi la photo sur le permis parce que, lorsque vous
vous présentez devant le juge, si l'infraction a été
commise il y a six, sept ou huit mois, on vous demande d'identifier
réellement le conducteur qui conduisait le véhicule, mais c'est
toujours le fameux problème de la carte d'identité obligatoire
qui revient un peu.
M. Richard (Raymond): Nous sommes loin, je pense, avec un permis
de conduire avec la photo, d'une carte d'identité obligatoire. Les
étudiants ont des cartes d'identité avec photo, les gardiens de
sécurité, et ce n'est pas le système de carte
d'identité obligatoire.
M. Lessard: C'est l'identification obligatoire qui n'existe pas
parce que les photos, même les ministres et les députés en
ont.
M. Barré (Lauréat): Je pense là-dessus, M.
le Président, qu'il ne faudrait pas confondre la photo que nous
suggérons d'être apposée sur le permis de conduire et une
carte d'identité obligatoire parce que ce n'est vraiment pas dans notre
optique. Le but visé, c'est qu'on n'entend pas en faire une carte
d'identité servant à toutes fins possibles ou imaginables. C'est
une pièce d'identité qui est préconisée de
façon à assurer pour les forces policières un meilleur
contrôle, une meilleure vérification et peut-être, comme
conséquence, de réprimer certains aspects de la
criminalité en ce qui concerne le vol d'automobiles et des choses du
genre. Quand on parle de photo, le fait d'avoir un permis portant la photo
est-il aussi extravagant quand on considère, par exemple, que ce ne sont
pas toutes les personnes ou tous les citoyens qui ont un permis de conduire? On
peut dresser un parallèle entre ce permis et le passeport. Ce ne sont
pas toutes les personnes ou tous les citoyens qui ont un passeport. Pourtant,
pour obtenir un passeport, on doit nécessairement fournir une photo et
la voir apposer dans le passeport. C'est une des conditions qui est
imposée, par exemple, à quelqu'un qui veut voyager à
l'extérieur. Je pense qu'on peut très bien dresser sous toutes
réserves un certain parallèle entre cette situation et la
situation existante à l'égard d'un permis de conduire. C'est
l'optique qui est envisagée d'un meilleur contrôle.
M. Lessard: Mais vous savez très bien qu'il y a toujours
un commencement à toute chose.
M. Barré: Oui, mais là on laisse au
législateur la sagesse d'arrêter à un moment
donné.
Des Voix: Oh!
M. Lessard: Vous dites, par exemple, à la page 6: "...
jusqu'à ce qu'elle puisse s'identifier de façon satisfaisante".
Ma première question est la suivante: Arrive-t-il souvent dans vos
fonctions qu'une personne refuse de s'identifier lorsque l'interception le
justifie, et que serait une identification satisfaisante?
M. Richard (Raymond): II arrive assez souvent qu'une personne au
départ refuse de s'identifier. Que serait une identification
satisfaisante? Je donne un exemple. J'arrête un individu pour une
infraction et je lui demande de s'identifier, son permis de conduire, etc. La
personne ne veut pas. A ce moment-là nous croyons que l'agent de la paix
devrait avoir le droit de l'arrêter sans mandat pour l'identifier.
L'automobiliste voit que c'est sérieux et qu'il est embarqué dans
l'auto de police. Il a un quart de mille de fait et là il décide
de s'identifier. Il sort son permis de conduire, son enregistrement, sa Master
Charge et toutes ses cartes de crédit. Je pense que c'est satisfaisant.
On le retourne à son véhicule et il s'en va. C'est d'essayer
d'avoir le bon nom.
M. Lessard: Si je comprends bien, dans l'ancien code, vous
pouviez le faire...
M. Richard (Raymond): On pouvait le faire. Article 74.
M. Lessard: ... et, dans ce nouveau code, vous ne pouvez pas le
faire. (17 h 45)
M. Richard (Raymond): En cours de route, l'individu décide
de s'identifier. On ne le conduit pas au poste. On le retourne et il s'en va.
C'est pour être certain que l'avis ou le billet d'infraction, la
contravention va être donnée à la bonne personne parce que,
s'il ne veut pas s'identifier, il y a des raisons.
M. Barré: Si vous me le permettez, M. le Président,
dans l'actuel Code de la route, dans les statuts refondus, l'article 99 qui a
remplacé l'article 74, c'est qu'on donne un pouvoir
général d'arrestation sans mandat, où on dit, par exemple,
qu'un agent de la paix peut arrêter sans mandat le propriétaire
d'un véhicule qui a commis une infraction à la présente
loi. Or, s'il ne peut s'identifier de façon satisfaisante, s'il n'a pas
de permis de conduire, s'il a un comportement équivoque, si l'agent a
des raisons sérieuses de croire que le conducteur peut se soustraire
à la justice, on remarque quand même que ce pouvoir d'arrestation
sans mandat en vertu de l'actuel code est quand même assez vaste et par
ailleurs on ne retrouve dans l'avant-projet du Code de la route qu'une seule
disposition à l'article 310 qui permet à l'agent de la paix
d'exercer ce pouvoir d'arrestation sans mandat, mais dans des conditions bien
précises qui est la consommation de boissons alcooliques dans un
véhicule.
M. Lessard: A la page 22, vous recommandez, par exemple,
l'obligation pour un individu qui doit abandonner un véhicule le long de
la route... C'est une chose qu'on peut considérer. Voilà, M. le
Président. Je vous remercie de votre mémoire. Je n'ai pas
d'autres questions, sauf que je ne suis pas encore convaincu que les 110
kilomètres-heure pour le transport en commun...; c'est subjectif, cela
et j'en conviens. On ne voit pas ni un ni l'autre où est la
préséance sur cela, mais je ne suis pas encore convaincu que ce
soit un danger d'augmentation d'accidents. Je comprends qu'on a vécu,
par exemple, des problèmes très sérieux dans le transport
aérien comme dans le transport en commun. Cependant, les statistiques
nous démontrent que, si on pouvait de plus en plus favoriser le
transport en commun en décongestionnant nos autoroutes qui sont
déjà congestionnées au maximum et en incitant la
population à prendre de plus en plus le transport en commun, je suis
convaincu qu'on pourrait quand même, que cela pourrait être une
cause de diminution considérable du nombre de morts, de la
mortalité. Mais enfin, on va attendre d'autres mémoires. C'est
à ajuster. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je suis heureux que nos
invités aient précisé un peu la portée de la
recommandation qu'ils font à l'article 56 quant à la
possibilité pour un oficier d'arrêter sans mandat celui qui refuse
de s'identifier. Je constate effectivement que cela existe dans le Code de la
route actuel et que tout ce que préconise l'association, c'est de
réinscrire les mêmes dispositions dans le code futur.
M. Barré: Effectivement. C'est même moins, parce que
vous remarquerez à l'avant-dernière page de notre mémoire
que s'il est dans l'intention du législateur de ne pas
réintroduire ce pouvoir d'arrestation sans mandat que j'appelle un
pouvoir général d'arrestation sans mandat suivant l'article 99,
on devrait à tout le moins le conserver au niveau de l'article 56, au
niveau de l'article 90 et donner d'autres moyens, cependant, à l'agent
de la paix de pouvoir voir à l'application concrète de certaines
dispositions de ce code. C'est beau de prévoir dans le code certaines
infractions si l'agent de la paix chargé de faire respecter ce code n'a
pas les outils ou le mécanisme nécessaire pour le faire
appliquer. Par exemple, à l'égard d'un conducteur qui refuse de
s'identifier, on a un bel énoncé de principe, mais sur le plan
pratique, il est difficile de le faire coïncider avec le concret.
M. Gratton: D'accord. M. le Président, je pense qu'on peut
être en accord complet ou en désaccord partiel avec certaines des
recommandations contenues au mémoire de votre association. Il en est une
avec laquelle nous souscrivons entièrement, soit celle concernant la
limite de vitesse pour les autobus interurbains. Il nous semble, analyse faite,
que sous le couvert de favoriser le transport en commun, on soit en train
effectivement de créer des problèmes au point de vue de la
sécurité routière. Je doute fort que permettre à un
autobus interurbain de circuler à 110 kilomètres à l'heure
soit une incitation quelconque à quiconque de se servir, d'utiliser le
transport en commun plutôt que la voiture.
Le ministre parlait tantôt de donner la priorité aux
autobus de circuler dans la voie de gauche. On sait que, sinon la loi, tout au
moins la coutume veut qu'on se serve de la voie de gauche sur une autoroute
strictement pour dépasser. Dieu sait que malgré toutes les
campagnes d'éducation qu'on a faites, les Québécois aussi
bien que les Ontariens, même les Américains qu'on retrouve sur nos
autoroutes aiment mordicus à voyager dans la voie de gauche les deux
mains sur le volant à quelque vitesse que ce soit. Assez souvent, on
constate que ceux qui roulent à la vitesse permise, mais plus
élevée que celui qui est à gauche doivent à
l'occasion emprunter la voie de droite, ce qui est, à mon avis,
illégal et même très dangereux en tout cas.
Là-dessus, on s'entend. Il y a deux aspects qu'avait touchés
l'Association des chefs de police qui vous a précédés qui,
à moins d'erreur, ne sont pas touchés dans votre mémoire,
par exemple, les deux plaques versus une plaque. L'association s'est-elle
penchée là-dessus et quelles sont les constatations que vous avez
faites?
M. Richard (Raymond): M. le Président, l'association s'est
penchée sur ce point et nous en sommes venus à la conclusion
qu'une plaque, c'est suffisant et qu'on devrait demeurer avec une plaque
à l'arrière.
M. Gratton: Vous ne souscrivez pas aux... M. Richard
(Raymond): D'aucune façon.
M. Gratton: ... constatations faites par l'Association des chefs
de police. Il faut croire que les policiers se satisfont plus facilement que
leurs chefs.
M. Richard (Raymond): Non, ce n'est pas...
M. Gratton: Ce ne sont pas les mêmes forces
policières.
M. Richard (Raymond): Ce ne sont pas les mêmes
policiers.
M. Gratton: D'accord. Une dernière question. On sait que
les policiers disaient que cela nécessite, par exemple, une cinquantaine
d'heures pour former le policier à bien comprendre, à bien
pouvoir appliquer le Code de la route actuel. L'avant-projet de loi vous
satisfait-il quant à sa clarté, quant à la facilité
pour le policier aussi bien que pour le citoyen ordinaire d'en saisir toute la
substance aussi bien que les pénalités qui peuvent être
encourues?
M. Barré: Je pense, à ce point de vue, M. le
Président, qu'il y a sûrement un effort très louable et
digne de mention dans l'avant-projet du Code de la route, en ce qui concerne le
regroupement des diverses dispositions relatives à tel ou tel aspect de
la circulation. On se retrouve avec quand même un Code de la route
beaucoup plus détaillé que le code antérieur qui
comportait quelque chose comme une centaine d'articles, 130 articles
exactement, alors qu'on en a plus de 400. Il est évident qu'une telle
refonte nécessitait une redistribution ou un regroupement des
dispositions. A cet égard, je pense qu'on doit reconnaître
qu'effectivement cela nous apparaît beaucoup plus facile pour fins de
référence, pour fins de compréhension. Il y a
également cet autre aspect qu'on a noté; par exemple, à la
fin de chaque chapitre relatif à certains aspects comme la vitesse,
l'équipement, on retrouve les infractions et les peines applicables plus
particulièrement à ce chapitre, ce qui facilite, encore une fois,
la référence ou l'application soit des avis sommaires ou des
billets d'infraction à être donnés relativement à
telle ou telle infraction.
M. Gratton: Si je vous ai posé la question, c'est qu'on
m'avait déjà indiqué qu'il y avait une nette
amélioration de ce point de vue. Donc, vous et moi n'avons qu'à
souhaiter que les dispositions avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord
soient modifiées par le gouvernement de façon que ce soit
réellement acceptable pour nous tous.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. D'autres questions?
M. le député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je pense qu'on a beaucoup
épilogué depuis le début de cette commission sur le
comportement des Latins que nous sommes. Il y a une autre facette du
problème dont on parle peu à cette commission parlementaire. En
fait, c'est le travail que vous avez à effectuer. Si on était
placé peut-être avec les mêmes moyens dont disposent
certaines autres provinces et certains pays étrangers, vous pourriez
peut-être avoir des effectifs plus importants pour le travail qui vous
est donné. Ce que je voudrais vous demander, c'est qu'advenant le cas
où le gouvernement décide d'allouer des fonds
supplémentaires pour la sécurité routière, si les
Québécois pensent que cela vaut la peine qu'on tâche de
perdre ce championnat, votre expérience dans les affectations des
tâches que vous faites vous amènerait-elle à nous dire que,
s'il y avait plus d'argent, plus d'effectifs et tous les outils à mettre
en place, il serait peut-être temps de penser à affecter une
section de la Sûreté du Québec essentiellement à la
surveillance des routes.
M. Richard (Raymond): Nous avons actuellement une section, nous
avons des membres qui se spécialisent dans ce travail sur les routes et
qui sont affectés à la sécurité routière. Il
ne s'agit pas seulement de donner d'autres crédits et seulement de
l'équipement. Il s'agit aussi de former davan- tage les policiers, de
donner évidemment plus d'effectif, mais en même temps aussi, il
s'agit d'informer la population, de mettre sur pied des campagnes d'information
auprès de la population. C'est tout cela qu'il faudrait essayer de
coordonner.
M. Mailloux: II y a une autre observation que je voulais faire
pour avoir vos commentaires. Le public québécois en
général qui est peut-être mal informé blâme la
Sûreté du Québec de ne pas être présente sur
la Transcanadienne et sur les autoroutes. Tantôt, en vous
écoutant, j'ai cru comprendre que vous m'aviez dit qu'aux Etats-Unis,
sur les grandes artères, il y avait beaucoup plus de policiers. Je
confesse qu'il y en a plus là, mais j'avais fait une constatation un peu
différente il y a deux ans, après avoir circulé 5000
milles sur les réseaux routiers américains et si on voyait
beaucoup de policiers aux abords des villes, sur les grandes routes, je n'en ai
pas vu autant qu'on le disait à ce moment-là. Je comprends cela
un peu. Quand on regarde les statistiques routières du Québec,
vous envisagez votre travail forcément pour tâcher de combattre
les points noirs où il y a de nombreux accidents et on constate que, sur
l'ensemble des routes à voies divisées au Québec, les
autoroutes, on y retrouve entre 3% et 5% des accidents, alors qu'elles
acceptent près de 70% du volume du parc automobile du Québec. Je
suis de ceux qui croient que ce n'est pas tant sur les routes, où il y a
la plus complète sécurité qui est accordée, que le
travail du policier doit s'effectuer, mais sur les artères secondaires
où, à chaque fin de semaine, en milieu rural ou autrement
je regardais encore dans l'Est du Québec, onze pertes de vie je
pense que c'est là que les policiers doivent être, où ils
doivent être affectés.
M. Richard (Raymond): M. le Président, il faut travailler
avec un certain effectif. Nous sommes sur le territoire québécois
et nos régions sont divisées en secteurs, c'est-à-dire
qu'un poste est donné. Prenons, par exemple, sur la relève de
soir où il y aurait trois ou quatre secteurs, donc, quatre
véhicules de patrouille, un dans chaque secteur. Il peut arriver,
à l'occasion, qu'un secteur ait deux véhicules de patrouille en
fonction des accidents et des vols. Il reste que c'est vrai qu'on ne voit pas
beaucoup de policiers, mais cela ne veut pas dire que les policiers ne font pas
du bon travail même s'ils sont absents. Si, par exemple, on arrête
dans un secteur, avec un véhicule de patrouille, un individu avec
facultés affaiblies, le temps d'aller au poste, faire un rapport et
revenir dans son secteur, c'est évident que le secteur est à
découvert pendant peut-être une heure, une heure et demie. Si le
citoyen circule à l'intérieur de ce secteur pendant cette
période, il ne voit pas de policier dans le secteur, mais on ne peut pas
en conclure qu'il ne travaille pas. Il est au poste à protéger
des vies. Il vient d'arrêter quelqu'un pour facultés affaiblies ou
un voleur, etc. Il faut expliquer cela aussi aux citoyens.
M. Mailloux: Mais vous êtes d'accord avec le fait que sur
l'ensemble des autoroutes, ce n'est pas tellement l'endroit où on
constate le plus grand nombre d'accidents par rapport au volume de
véhicules qui s'y retrouvent.
M. Richard (Raymond): Pas nécessairement.
M. Mailloux: Bon! Je voudrais vous demander une autre opinion.
J'avais fait la même constatation également dans les Etats
américains. Est apparue dans les dernières années une
nouvelle invention qu'on appelle le CB, dont disposent aujourd'hui
quantité de véhicules. On parle beaucoup de radar pour que le
travail des policiers soit effectué valablement, pour qu'on puisse
tâcher de surveiller l'application des règlements. Quand on
circule sur une route américaine, les gens ont tendance à
respecter la limite de vitesse, 55 milles à l'heure. Par contre, on
constate que quand un CB augmente sa vitesse, tout le monde suit le CB. A un
moment donné, tout le monde ralentit parce que le CB a constaté
qu'il y avait un véhicule de police à tel endroit et il l'a
rapporté à tous les autres. On dirait que c'est une chaîne
qui se fait. Le même phénomène se produit au Québec.
S'il y a un radar d'organisé, le CB immédiatement avertit tous
les gens de faire attention. Je voudrais savoir si c'est tellement une entrave
au travail des policiers et pourquoi on peut se servir des ondes aussi
facilement que cela pour contrecarrer le travail des policiers. (18 heures)
M. Richard (Raymond): Est-ce que cela entrave le travail
policier? Je ne pourrais pas répondre si cela l'entrave. Je vais laisser
M. Bouchard répondre à ceci.
M. Bouchard: Je ne pense pas que cela l'entrave. Tant mieux si
tout le monde se dit que la police est dans le coin. C'est cela qu'on veut
qu'il arrive. Elle est dans le coin, et qu'ils essaient de diminuer leur
vitesse.
Le phénomène que vous soulevez sur les autoroutes, on a le
même phénomène au Québec. On a un véhicule de
patrouille identifié. On s'en va sur un accident avec les "flashers".
Vous voyez tous les gens sortir de la cuisine. Ils partent en arrière
avec leurs voitures et ils s'en vont à 90 pour voir où l'accident
est arrivé. C'est un phénomène de curiosité.
Comment empêcher ça? On ne peut pas. Cela suit l'ambulance et
l'auto de patrouille, et ça s'en va. C'est un phénomène
qui se passe aux Etats-Unis.
La publicité comme ils font avec le radar sur les ondes de la
radio à Montréal, je suis bien d'accord sur cela; on n'a pas
besoin de s'en prendre à cela, parce que ce qui compte, c'est justement
la prévention. Si on sait que la police est dans le coin, tout le monde
va faire attention. Je ne pense pas que ça entrave le travail des
policiers.
M. Lessard: J'aurais une question sur...
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le ministre,
juste une technicité. Il est maintenant 18 heures. Alors, on devrait
déterminer maintenant si on veut terminer. De consentement unanime?
D'accord. M. le ministre.
M. Lessard: C'était ma question. Dans le mémoire de
ceux qui viennent défendre les détecteurs de radar, c'est
justement un des arguments, à savoir que par l'intermédiaire du
radar, eh bien! on sent qu'il y a un policier et là on réduit
notre vitesse, donc on réduit le danger d'accident.
M. Mailloux: Pour un court moment.
M. Bertrand (Eddy): Si vous me posez la question, c'est sûr
que je vous dirai que je suis pour le détecteur de radar comme tel et
que si les automobilistes diminuent parce qu'il y a un radar dans... C'est
à titre personnel. Les opinions peuvent être partagées. Il
y en a qui sont contre cela.
Mais tout ce qui a pour effet de diminuer les accidents, je pense qu'on
devrait être pour ça. C'est bien beau de dire: J'ai des droits
dans la vie, mais nos droits s'arrêtent où? On a tous des exemples
dans nos familles, de gens qui ont été décimés par
des accidents. Je pense que la publicité, on l'a tous dans nos familles.
Il y a des centaines et des milliers de morts. Cela n'arrête pas les gens
de faire les fous. A ce moment, on devrait avoir des mécanismes pour
diminuer ça. On n'est pas contre ça.
M. Lessard: Alors, c'est l'individu qui utilise son
détecteur de radar.
M. Richard (Raymond): M. le Président, si vous permettez,
pour compléter.
La personne qui a un détecteur de radar, normalement, veut s'en
servir pour pouvoir faire la vitesse. C'est dangereux parce que c'est pour
faire de la vitesse, pour pouvoir mettre la pédale au plancher.
Là, au cas où on prend la police juste dans la zone, on a 1500
pieds pour appliquer les freins et, après cela, ce n'est plus dangereux.
Je pense que cela ne devrait pas être permis.
M. Lessard: J'aurais une dernière question, mais je pense
que la réponse va être assez rapide. Elle fait suite à la
question du député de Charlevoix. On a l'Office des autoroutes
qui a tout son système de sécurité routière. Il y a
la Sûreté du Québec. Il y a les bleus et les jaunes du
ministère des Transports. Dans certains Etats américains, ils ont
créé ce qu'on appelle la patrouille routière. En vue d'une
meilleure sécurité routière, s'il y avait une section de
patrouille routière qui serait spécialisée dans ce secteur
quant à l'application du Code de la route pour ne pas être
aux prises avec différents problèmes, soit des délits
criminels et après cela l'application du Code de la route ne
pourrait-elle pas être un moyen de réduction du taux
d'accidents?
M. Richard (Raymond): M. le Président, on n'avait pas
touché cet aspect-là dans notre mémoire. Je suis
très heureux de la question du ministre des Transports. Je vais essayer
d'y répon-
dre. Depuis deux ans, nous faisons des pressions avec la
Sûreté du Québec. Nous avons fait au groupe de travail
Saulnier des demandes, des recommandations à l'effet que oui, ce serait
souhaitable. Il y a actuellement au Québec une force policière
qui s'appelle la Sûreté du Québec qui est capable et
efficace. On a l'expertise voulue pour s'occuper de la sécurité
routière et c'est grand temps que le ministre des Transports se penche
sur ce problème et intègre les "bleus", comme on les appelle, et
les officiers d'autoroute à la Sûreté du Québec pour
faire un corps uniforme, et je suis bien heureux de la question.
M. Lessard: Y avait-il des problèmes syndicaux qui
pourraient se soulever du côté de la Sûreté du
Québec ou du côté des autres?
M. Richard (Raymond):... pas tellement.
M. Lessard: La réaction que vous me donnez me surprend un
peu. Je peux bien me tromper, mais j'avais comme impression que la
Sûreté du Québec ne voulait pas intégrer les autres
corps policiers. Mais, si l'intégration se faisait, par exemple, il
faudrait véritablement, comme le disait tout à l'heure le
député de Charlevoix, qu'il y ait une section patrouille
routière dont en fait c'est la responsabilité de s'occuper de
l'application du Code de la route. Je me fous que ce soit le ministère
de la Justice, le ministère des Transports ou l'Office des autoroutes.
Là, on est poigné avec trois corps policiers et j'ai l'impression
que chacun se marche sur les pieds.
M. Richard (Raymond): On est poigné avec trois corps
policiers parce qu'on veut être poigné. Tant et aussi longtemps
qu'on va rester poigné avec cela, on va avoir la police qu'on a
actuellement; moins efficace un peu, c'est évident. Si on regroupe tout
cela ensemble, sans donner de budget supplémentaire, on va pouvoir avoir
de meilleurs équipements. Cela sera beaucoup mieux pour la
sécurité. Il y a certainement je ne dirais pas des
problèmes qui vont être soulevés avec l'Association des
policiers provinciaux du Québec, des points à discuter et on est
toujours, comme le disait le ministre de la Justice, ouvert aux discussions et
ce serait très facile de s'entendre.
M. Lessard: Une des choses que je trouve très curieuse,
c'est le fait que du côté des agents du ministère des
Transports, on a ce qu'on appelle un système de
téléphone et, du côté de la Sûreté du
Québec, il y a un autre système de téléphone, de
communication. Ces communications sont payées par le même
gouvernement. Les gens, soit de l'Office des autoroutes ou soit les agents du
ministère des Transports ne pouvaient pas, d'après les
informations, obtenir le même système de radio que la
Sûreté du Québec parce qu'on dit: Du côté de
la Sûreté du Québec, il y a le fameux secret professionnel;
nous autres, on travaille pour les délits criminels et il ne faut se
coordonner. Je trouve absolument curieux de voir qu'il n'y a aucune
coordination au point de vue communication entre les trois corps policiers.
M. Richard (Raymond): C'est vrai que cela a été
mentionné dans le rapport Saulnier, que la communication est presque,
à certains moments, inexistante. Il y a deux systèmes de
communication différents avec la Sûreté du Québec et
les inspecteurs des autoroutes. Nous avions mentionné, à
plusieurs occasions, entre autres à la Commission de police lors d'une
journée d'étude, que la Sûreté du Québec
était d'accord pour l'intégration, les policiers des autoroutes
sont d'accord pour l'intégration. L'Association des policiers
provinciaux se penche sur cela. Si tout le monde est d'accord, les compromis
vont être très faciles à obtenir.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Richard et merci
également au groupe qui représente l'Association des policiers
provinciaux du Québec.
M. Richard (Raymond): Merci, M. le Président, de nous
avoir permis de soumettre notre rapport.
Le Président (M. Bordeleau): Maintenant, je vous informe
que la commission suspend ses travaux. Mais auparavant, je vous rappelle qu'il
nous reste cinq mémoires à étudier, selon notre ordre du
jour pour ce soir. Je demanderais la collaboration des membres de la commission
pour être ici à 20 heures afin qu'on puisse y aller le plus
normalement possible.
La commission suspend ses travaux jusqu'à ce soir, 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 8
Reprise de la séance à 20 h 3
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous entendrons maintenant le mémoire déposé par la
Chambre de commerce de la province de Québec. Etant donné que les
intervenants semblent déjà prêts, je leur demanderais
d'identifier le groupe et de commencer le résumé de leur
mémoire.
Chambre de commerce de la province de
Québec
M. Lambert (Jean-Paul): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les membres de la commission, mon nom est Jean-Paul Lambert,
trésorier de la Chambre de commerce de la province de Québec et
chef de cette délégation. Je suis aussi président de
Yamaska Automobile de Saint-Hyacinthe et de Saint-Jean.
Permettez-moi, tout d'abord, de vous présenter les autres
personnes qui composent notre délégation à cette occasion:
Mlle Aline Hooper, membre de notre bureau exécutif et présidente
de Aline Hooper et Associés de Dorval; M. Germain Blackburn, de
Québec, de Gérard Lebeau Limitée; M. Raymond
Gagné...
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. Lambert.
Pourriez-vous nous donner leur nom dans un certain ordre afin qu'on puisse les
identifier plus facilement?
M. Lambert: Oui, d'accord. M. Raymond Gagné, directeur des
opérations...
M. Lessard: De gauche à droite, selon ce que vous
aimez.
M. Lambert: Cela va.
M. Lessard: Vous aimez mieux la gauche que la droite. Est-ce que
c'est cela?
Une Voix: Continuez. Il a commencé par la gauche.
M. Lambert: C'est cela. M. Raymond Gagné, directeur des
opérations pour le Québec de la compagnie Canadian Tire; Mlle
Aline Hooper que j'ai présentée tantôt; M. Raymond Lemay,
vice-président de UAP; M. Jean-Paul Létourneau,
vice-président exécutif de la Chambre de commerce provinciale; Me
Marie Mandeville, avocate au service de la société General Motors
de Montréal; Me Francine Charbonneau, directeur de notre service de
législation; M. François Bastien, conseiller au service des
communications également attaché à notre permanence.
Est-ce que tout le monde a été présenté? Oui. Cela
va.
J'aimerais aussi remercier le président de la commission et le
président de la Régie des assurances, M. Robert De Coster, de
nous avoir permis de devancer l'ordre de présentation. Nous demandons
aussi au président de la commission de bien vouloir reproduire le texte
de notre mémoire au journal des Débats (voir annexe).
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, ce sera fait
ici.
M. Lambert: Merci. Nous n'avons pas l'intention, fort
heureusement, de lire le mémoire de 42 pages que nous avons
déposé. Je me permettrai tout simplement, M. le ministre et M. le
Président, d'en rappeler les grandes lignes. Mais, auparavant, je
dépose devant cette commission une annexe de quelque six pages ayant
trait tout particulièrement aux articles 408 et 409. Les très
larges pouvoirs ae réglementation de ces articles ont
nécessité un examen et des consultations qu'il ne nous a pas
été permis de réaliser dans les courts délais dont
nous disposions pour préparer notre mémoire. Je reviendrai
à ce document dans quelques moments.
Nous vous signalons, dans les premières pages de notre
mémoire, les pages 2 à 5, les principales recommandations de
notre organisme en matière de sécurité routière.
Elles ont toutes leur importance, mais permettez-moi d'attirer plus
particulièrement votre attention sur les trois premières au bas
de la page 2 et au haut de la page 3, en somme, sur l'application de l'actuel
Code de la route. A notre avis, si un gouvernement au Québec avait le
courage politique d'appliquer le Code de la route actuel pour ce qui est des
infractions commises par les conducteurs de véhicules, la
sécurité routière serait considérablement accrue.
Les pertes de vie et autres dommages pourraient être coupés
très considérablement, si l'on se fie aux résultats
d'expériences déjà conduites en ce sens.
Suit ensuite, aux pages 6 à 8, la nomenclature des articles de
l'avant-propos que nous appuyons. Aux pages 9 à 13, nous nous attardons
à démontrer comment certaines dispositions (articles 265 à
268) vont trop loin dans le détail et peuvent, si appliquées
à la lettre, devenir pratiquement impossibles à respecter dans
certaines circonstances. Aussi suggérons-nous des modifications au
dernier paragraphe de la page 12 et au deuxième de la page 13.
A la section IV, aux pages 14 et 15, nous abordons une question qui nous
paraît très importante, le pouvoir de réglementation.
Enfin, la recommandation qui est faite au sujet de la façon d'aborder la
réglementation fait l'unanimité chez tous nos membres
consultés et impliqués dont quelques-uns nous accompagnent
aujourd'hui.
En conséquence, les recommandations apparaissant à la page
15 sont pour nous de la plus haute importance. En somme, un avis et de la
consultation avant l'adoption d'un règlement, ce ne devrait pas
être trop demander à un gouvernement qui a fait voeu de
transparence dans l'administration de la chose publique.
Aux pages 16 et 17, nous signalons ce qui est sans doute un oubli de
rédaction concernant la façon d'exercer certains pouvoirs. La
section VI, aux pages 18 et 19, relève de ce qui nous paraît
être une illégalité à moins que la
possibilité d'amender une loi par ses règlements ne soit devenue
récemment acceptable. Nous passerons, pour le moment, très
rapidement sur nos commentaires de la section VII, aux pages 20 à 24,
puisque nous reviendrons dans notre annexe sur les articles 225, 408 et 409.
Soulignons, toutefois, nos interrogations de la dernière moitié
de la page 23 et à la page 24. En pages 25, 26 et 27, nous nous opposons
à des pouvoirs discrétionnaires trop grands laissés au
directeur général du Bureau des véhicules automobiles et
nous demandons que des critères soient établis pour guider nos
décisions, ainsi qu'un droit d'appel sur ces décisions dans
certains cas.
Suivent des commentaires d'ordre technique sur les articles 11 et 13,
pages 28 et 29, et puis notre opposition aux articles 19 et 23 correspond en
cela à celle déjà formulée par les médecins.
En page 30, nous suggérons une modalité facilitant
l'application de l'article 55. Au sujet de l'article 108, nous plaidons,
aux pages 30 et 31, contre l'alourdissement des fardeaux bureaucratiques
imposés à l'entreprise et nous demandons de préciser
l'article 110. Concernant l'article 111, nous nous opposons à la peine
de mort prononcée par un fonctionnaire à l'égard d'une
entreprise; telle peut-être, en effet la conséquence de la
confiscation des livres d'une entreprise. Aussi, recommandons-nous une
façon moins draconienne d'appliquer la loi.
En pages 32 et 33, nous nous opposons à nouveau aux pouvoirs trop
grands du directeur général conférés par les
articles 120, 121 et 127.
Enfin, et pour terminer plus rapidement, nous faisons des remarques,
suggérons des amendements, soulevons des interrogations dans tout le
reste du mémoire, quant aux articles 139,143,159, 160, 288, 308, 388,
356, 422, 424 et 429; signalons en passant l'iniquité que nous soulevons
en page 39 à l'égard de l'article 429 dont nous demandons le
retrait.
La conclusion de ce mémoire, en page 41, attire votre attention
sur les conditions très difficiles qui ont été faites
à ceux qui voulaient réagir sérieusement à
l'ensemble de ce projet de loi. Nous souhaitons qu'à l'avenir, des
consultations semblables se fassent dans de meilleures conditions pour les
intervenants, conditions qui permettent à tous les
intéressés d'intervenir.
Dans notre annexe déposée précédemment,
après une analyse plus approfondie des articles 408 et 409, nous en
revenons principalement à la requête du besoin d'un avis ou de la
consultation sur les règlements. Nous tenons à préciser
ici que cette demande n'est pas pour protéger des fabricants ou des
commerçants peu scrupuleux ou fautifs vis-à-vis de leurs
responsabilités à la clientèle. Au contraire, nous voulons
donner à ceux qui sont des citoyens corporatifs responsables et soucieux
du respect des lois l'occasion d'aider le législateur à atteindre
ses objectifs de manière plus efficace et en pénalisant, le moins
possible, ceux qui se comportent raisonnablement dans le marché, sans
oublier celui qui finit par payer la note, le consommateur. Incidemment, nous
demandons une analyse coûts-bénéfices de ces
règlements, préalablement à leur adoption et application.
(20 h 15)
Nous revenons sur la question de chevauchement de juridictions par
rapport aux législations fédérales, puis nous attirons
votre attention sur les dangers de retarder nos progrès
technologiques.
Voilà, M. le Président, le résumé de notre
mémoire et de ses annexes. Nous avons ici des personnes qui, selon leur
compétence, seront prêtes à répondre à vos
questions. Nous souhaitons que vous puissiez répondre à celles
que nous vous avons adressées. Nous vous remercions de cette occasion de
réaliser cet échange. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Lambert. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
reprendre l'ensemble des recommanda- tions qui nous ont été
faites par la Chambre de commerce. On va essayer d'oublier, si vous le voulez,
les arbres et regarder la forêt. Je voudrais auparavant reprendre ce que
vous dites, à la page 41: "Nous nous classons parmi les organisations
bien structurées avec le personnel adéquat pour faire face
à la demande et nous avons à peine suffi à produire
à temps le présent mémoire." A la page 41, vous affirmez
ceci: "Fortuitement, nous avons découvert dans le journal du 24 juillet
dernier le feuilleton de la Chambre auquel nous sommes abonnés ne
nous a pas été livré vu la grève du service de
messagerie interne du gouvernement une information à savoir que
le délai de production du mémoire sur l'avant-pro-jet de loi sur
le Code de la route expirait le 11 août 1979."
Puis-ie informer les membres de la Chambre de commerce qui, avec une
organisation aussi bien structurée doivent certainement lire les
journaux que c'est en date du 19 juin 1979 que je faisais une conférence
de presse au cours de laquelle je rendais public le Code de la route? C'est
à cette occasion que j'avais indiqué le 19 juin que
la commission parlementaire devrait siéger les 28, 29 et 30 août.
Toujours le 19 juin, j'avais invité tous les intéressés
à présenter un mémoire avec une date limite, soit le 6
août 1979; donc, près de deux mois. Nous avons retardé,
à la demande d'un certain nombre de groupes, cette date limite au 11
août et même, ce matin, nous avons accepté deux autres
mémoires. Si vous voulez faire des commentaires...
M. Lambert: On peut faire des commentaires. Peut-être
pourrais-je demander à notre vice-président exécutif de
faire quelques commentaires à ce sujet.
M. Létourneau (Jean-Paul): M. le Président... M.
Lessard: Oui, M. Létourneau.
M. Létourneau: ... malheureusement, nous avons pas pris
connaissance des reportages que les journaux ont pu faire de la
conférence de presse du ministre et je pense que...
M. Lessard: Mais vous êtes bien organisés.
M. Létourneau: Pardon?
M. Lessard: Vous êtes bien organisés.
M. Létourneau: Nous espérons être bien
organisés, mais nous nous fions surtout aux communications officielles
qui nous parviennent du gouvernement. Or, à cause de la grève
perlée, ou je ne sais trop, de la lenteur des services au moins dans les
communications émanant de l'Assemblée nationale, nous n'avons pu
obtenir... Nous avons dû utiliser des moyens extraordinaires, d'abord,
pour obtenir l'avant-projet de loi et ensuite, nous n'avons pu obtenir le
feuilleton. Il ne nous est pas parvenu durant assez longtemps soit au moins un
mois...
M. Lessard: M. Létourneau...
M. Létourneau: Nous ne voulons pas rendre
l'Assemblée nationale ou le ministre responsable de cette situation. Ce
n'est pas ce que nous avons dit. Nous avons tout simplement regretté
qu'à cause d'un concours de circonstances, et du fait que la commission
parlementaire a été annoncée dans le brouhaha de la fin de
la session, probablement qu'on n'y a pas accordé toute l'importance
qu'elle aurait dû recevoir; nous avons manqué les communications
de cette façon.
Il ne s'agit pas et je le répète d'un
blâme à l'endroit du ministre ou de l'Assemblée nationale.
Tout simplement, c'est un concours de circonstances et, en plus de cela, il y a
le fait que l'affaire a été présentée en
période de vacances, ce qui pour quiconque crée évidemment
une situation plus difficile qu'en temps ordinaire avec des délais
relativement courts compte tenu de l'importance de la législation.
M. Lessard: Vous conviendrez, quand même, que c'est le 19
juin et c'est le 18 juin que ce projet de loi... Et vous êtes,
d'ailleurs, le seul groupe groupe bien organisé qui,
justement, indique le fait que vous avez été très
tardivement informés. Nous avons suivi les délais normaux.
D'ailleurs, ce n'était pas la première fois, le 19 juin, que je
parlais de la réforme du Code de la route. J'en ai parlé à
maintes et maintes reprises. D'après ce que je peux voir, vous
êtes une organisation assez bien structurée, assez bien
organisée. Alors, le blâme qu'on semble porter actuellement
à la page 41 par rapport à ce que vous indiquez à la page
42, je ne le prends pas.
Une Voix: Le ministre ne le prend pas.
M. Lessard: Dans une déclaration...
Une Voix: Pourquoi?
M. Lessard: C'est parce que c'est un blâme à tous
les parlementaires.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
M. Lessard: Un instant!
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Gatineau a une question de
règlement.
M. Gratton: Je soulève une question de règlement,
M. le Président. Quant à moi, en tant que membre de cette
commission, je n'ai nullement été offusqué par ce que fait
valoir la Chambre de commerce à la page 41. J'ai compris que la Chambre
de commerce voulait expliquer...
M. Lessard: II n'y a pas de question de règlement
là.
M. Gratton:... la nécessité pour elle de
présenter des annexes aujourd'hui, à ce moment-ci et, comme on
l'a expliqué, les délais étaient trop courts pour que la
chambre puisse présenter les informations qui sont en annexe dans le
mémoire qui a été déposé originalement.
Quant à moi, la Chambre de commerce...
M. Lessard: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Non, non. M. le
député de Gatineau...
M. Gratton: ... a produit le mémoire le plus complet de
tous ceux qui nous ont été présentés.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau...
M. Gratton: Je pense bien que ce n'est pas la chambre qui se
plaint de ne pas avoir eu le temps suffisant pour faire une étude
valable.
Le Président (M. Bordeleau):... à l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Gratton: Au contraire, c'est l'étude la meilleure
jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Bordeleau): Je doute fort que votre
question soit une question de règlement. M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: M. le Président, le député de
Gatineau dit que ce n'est pas la chambre qui se plaint. Le député
de Gatineau aurait dû lire le mémoire de la Chambre de commerce
où il est dit: "II est évident que nous avons été
bousculés." Or, nous avons respecté pour l'ensemble des groupes
qui se sont présentés ici les délais normaux.
M. Gratton: Si c'est tout ce que vous avez retenu du contenu du
mémoire...
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Gatineau!
M. Gratton:... ce n'est pas très sérieux, votre
affaire.
M. Lessard: M. le Président, je prenais connaissance ce
matin et je pensais que vous alliez en parler un peu à l'occasion
de ce dépôt du mémoire en commission parlementaire
d'une déclaration publique de la Chambre de commerce dans laquelle vous
indiquiez ou peut-être qu'on résumait vos
déclarations qu'il était à peu près
impossible de se retrouver dans ce Code de la route. Pourtant, cet
après-midi, nous avons entendu des mémoires de la part de gens
qui sont directement impliqués par le Code de la route, de gens qui ont
eu à travailler avec l'ancien Code de la route, qui auront à
travailler avec le nouveau Code de la route et qui nous indiquaient que ce
docu-
ment apparaissait enfin pour l'ensemble des citoyens comme pour ceux qui
auraient à l'appliquer comme étant un document clair. Je n'ai pas
trouvé ce soir justement dans votre présentation ce qui
ressortait des informations, en tout cas, que nous donnaient les journaux ce
matin.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M.
Létour-neau.
M. Létoumeau: M. le Président, je regrette, mais je
ne me souviens pas qu'un porte-parole de notre organisation ait tenu les propos
que je viens d'entendre. Je ne sais pas d'où ils sont cités. Nous
avons adressé effectivement certains reproches à l'endroit du
code et de son contenu dans le mémoire. Nous avons reconnu certains bons
points que nous soulignons également, mais je ne crois pas que nous
l'ayons à ma connaissance, en tout cas commenté
dans le sens de dire que nous ne nous retrouvions pas dans ce document. Dans
notre entourage, ce n'est pas une observation qui nous est apparue
pertinente.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: Dans le résumé de votre mémoire,
vous parlez pour un gouvernement transparent de la nécessité
d'une prépublication des règlements. A votre connaissance, tant
selon l'ancien Code de la route que selon le nouveau Code de la route, est-ce
qu'il n'a pas existé et est-ce qu'il n'existe pas, en vertu de ce
présent Code de la route, la nécessité justement, dans ce
qu'on appelle la Gazette officielle, de publier les règlements avant
leur adoption finale?
M. Létourneau: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. Létourneau.
M. Létourneau: ... notre observation du présent
avant-projet de loi est en ce sens que les modalités d'adoption des
règlements ne prévoient pas un avis dans la Gazette officielle.
Elles prévoient qu'ils soient effectivement publiés dans la
Gazette officielle, mais en vigueur dès le moment de leur publication.
Pour nous, c'est un point assez important. Je suis heureux de voir que M. le
ministre semble indiquer, en tout cas, que ce pourrait être un avis dans
la Gazette officielle parce que c'est justement ce que nous recherchons, mais
notre interprétation de l'avant-projet de loi est dans le sens
qu'actuellement il n'y aurait pas, justement, d'avis. Les règlements
seraient publiés et, à ce moment-là, ils seraient
automatiquement en vigueur. L'article 414, M. le Président, donnerait ce
pouvoir au législateur.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
Ml. Lessard: Vous parlez dans votre mémoire... En fait, je
pense que l'ensemble de votre mémoire tourne autour des
règlements très forts qui seraient entre les mains du directeur
du
Bureau des véhicules automobiles. Pourrais-je vous demander si
vous avez tenu compte, dans votre présentation, de l'article 135 de la
loi?
Une Voix: Me Charbonneau, si vous voulez répondre à
cette question, s'il vous plaît.
Le Président (M. Bordeleau): Me Charbonneau.
Mme Charbonneau (Francine): Est-ce qu'il m'est possible de poser
une question?
M. Lessard: Oui.
Mme Charbonneau: S'agit-il de l'article 135 de la loi ou de
l'article 135 de l'avant-projet de loi?
M. Lessard: C'est-à-dire de l'avant-projet de loi.
Mme Charbonneau: On a tenu compte effectivement de l'article 135
qui traite du directeur général et de l'avis qu'il doit
expédier. C'est bien cela? On a effectivement tenu compte de l'article
135 dans le sens où on constatait que le directeur devait émettre
un avis expliquant les motifs de sa décision. On était surpris
qu'à un moment donné, il doive aussi indiquer les recours qu'on
pouvait exercer à l'endroit de sa décision, alors qu'il n'y avait
aucun recours de prévu à l'avant-projet de loi.
M. Lessard: II y a encore, en vertu du projet de loi, le recours
au Tribunal des transports, le recours lorsque vous n'êtes pas satisfait.
Cela se fait encore même si constitutionnellement, il y a eu des
problèmes quant au recours final sur le fait qu'on refusait aux
tribunaux administratifs la possibilité d'avoir un recours final, mais
actuellement, le Tribunal des transports peut entendre des recours de
décisions qui sont prises par le directeur du Bureau des
véhicules automobiles.
Mme Charbonneau: Oui, mais à partir du moment où
l'avant-projet remplace la loi, il faut prévoir dans l'avant-projet un
recours des décisions.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: L'avant-projet, c'est un Code de la route.
L'avant-projet ne remplace pas la Loi du ministère des Transports comme
telle, qui reconnaît ce principe du recours et qui reconnaît le
Tribunal des transports comme étant un organisme de recours.
Mme Charbonneau: Oui, mais à partir du moment où
une loi postérieure intervient, normalement, on précise dans
cette loi postérieure qu'il y aura recours des décisions tel que
prévu dans la loi antérieure. Sinon, il va y avoir
ambiguïté et on ne sera pas certain. (20 h 30)
M. Lessard: La loi générale l'emporte sur la loi
particulière.
Mme Charbonneau: La loi particulière l'emporte sur la loi
générale.
M. Lessard: Jamais.
Mme Charbonneau: On s'entend tout à fait. La loi
particulière l'emporte sur la loi générale. Il S'agit de
savoir laquelle est générale et laquelle est
particulière.
M. Lessard: La loi de l'ensemble du ministère, qui
crée le ministère des Transports à l'intérieur
duquel sont constitués la Commission des transports, le Tribunal des
transports, etc.
Mme Charbonneau: Est la loi générale. M.
Lessard: C'est cela.
Mme Charbonneau: Et celle-là sera la particulière.
La particulière l'emporte sur la générale.
M. Lessard: L'une n'abolit pas l'autre. La loi du Code de la
route n'abolit pas la loi constituant le ministère des Transports comme
tel et qui crée les organismes qui sont intégrés à
l'intérieur du ministère des Transports, que ce soit la
Commission des transports ou que ce soit le Tribunal des transports.
Mme Charbonneau: Cela, je le comprends. Tout ce qu'on dit, c'est
que vous avez une loi qui, au moment où l'avant-projet de loi entrera en
vigueur après sa sanction, sera une loi postérieure à la
loi générale. Il serait bon de prévoir à
l'intérieur de cette loi-là qu'il y aura toujours le recours
à la loi générale parce qu'elle est
postérieure.
M. Lessard: II me semble que c'est implicite. En tout cas, je ne
suis pas avocat, mais on m'indique du côté du contentieux que
c'est implicite. Enfin, on pourra voir...
Mme Charbonneau: Disons que...
M. Lessard: ... s'il y a moyen de préciser, mais, à
notre connaissance, selon ce qui est précisé dans la loi
générale du ministère des Transports, il est toujours
possible d'en appeler parce que le Tribunal des transports n'est pas aboli pour
autant, de toutes les décisions. Dans la Loi du ministère des
Transports, il existe une définition du Bureau des véhicules
automobiles et des responsabilités du directeur. Les
responsabilités du directeur étant définies dans la loi
générale, il est précisé en même temps que
toute décision... C'est pourquoi on indique, d'ailleurs, à
l'article 135, que le directeur général du Bureau des
véhicules automobiles doit informer toute personne de son droit de
recours. Or, c'est en vertu de la loi générale que le directeur
général doit informer la personne concernée de son droit
de recours qui est le Tribunal des transports.
Mme Charbonneau: M. le Président, je ne voudrais pas faire
un grand débat en droit, mais, selon Pigeon, Règles
d'interprétation et de rédaction des lois, normalement, quand une
loi postérieure intervient, on précise toujours qu'il y a recours
à la loi générale; sinon, ce ne sera pas aussi clair que
cela. De toute façon, M. le Président, s'il semble si clair que
cela qu'il va y avoir un recours à la loi générale,
j'imagine que personne n'aura d'objection à le préciser.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Lessard: Vous avez l'article 56 de la Loi des transports
où on dit ceci: "II y a appel à ce tribunal parce que
là, ce n'est pas une modification à la Loi des transports que
nous apportons; c'est le Code de la route de toute décision du
directeur du Bureau des véhicules automobiles suspendant, annulant ou
refusant un permis ou un certificat d'immatriculation hors les cas où la
loi lui enjoint d'agir ainsi."
Mme Charbonneau: Je suis parfaitement consciente qu'il y a un
droit d'appel, mais, encore une fois, j'en reviens aux règles de
rédaction et d'interprétation d'une loi où normalement,
lorsqu'une loi postérieure entre en vigueur, on doit le
préciser.
M. Létourneau: M. le Président...
M. Lessard: D'accord, mademoiselle, on...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M.
Létourneau.
M. Létourneau: II semble, M. le Président, que nous
sommes fondamentalement d'accord sur les deux derniers points dont nous venons
de discuter. Il semble que l'intention du législateur, si je comprends
bien les propos de M. le ministre, c'est qu'il pourrait y avoir avis quant
à la publication des règlements et qu'il y a effectivement appel.
Cette question, de l'avis est pour nous une question très importante
compte tenu des conséquences que certains règlements peuvent
avoir sur des entreprises qui oeuvrent au Québec, des entreprises qui
sont représentées ici avec nous et qui sont très
intéressées, fondamentalement intéressées, à
ce que la réglementation qui pourra découler de la loi puisse
être examinée non pas dans le but de faire opposition aux
objectifs du législateur, mais dans le but de s'assurer qu'on pourra
l'appliquer de la manière la moins coûteuse et la plus efficace
possible pour les gens qui se comportent bien dans le marché. On n'est
pas ici pour défendre ceux qui ne prennent pas leurs
responsabilités vis-à-vis de la clientèle, mais, compte
tenu des conséquences quand on réglemente, par exemple, la
construction des pneus, des phares, des véhicules et ces
choses-là, c'est d'assez grande conséquence pour plusieurs
entreprises; surtout la vente et la distribution, aussi l'installation, pour
plusieurs entreprises, c'est de grande conséquen-
ce on aimerait, s'il y a possibilité, M. le ministre, et
cela semble être votre désir, qu'il y ait avis de publication et
qu'il puisse y avoir échange entre les personnes qui voudraient bien que
ce soit appliqué, efficace, ajuster l'objectif de celui qui
rédige la loi avec la pratique courante des choses. C'est à cette
occasion que nous aimerions qu'elle puisse exister. C'est ce que nous vous
demandons et pour nous c'est très important.
M. Lessard: Si je comprends bien, M. Létour-neau, c'est
que vos craintes concernant la réglementation parce que vous
savez qu'il y a deux responsabilités quand vous parlez de
responsabilité conjointe en ce qui concerne la fabrication comme telle
des automobiles, cela relève du gouvernement fédéral
c'est que vous craignez justement que le gouvernement du Québec
prenne ou fasse des règlements concernant la qualité minimale
d'un pneu ou d'un véhicule.
M. Létourneau: Ce n'est pas qu'on craigne cela en soi, M.
le ministre, seulement si les normes qu'on veut appliquer ici étaient
différentes de celles qui s'appliquent dans d'autres juridictions au
Canada ou en général en Amérique du Nord, cela pourrait
avoir des conséquences qu'on aimerait examiner préalablement avec
le législateur avant de procéder dans ce sens.
M. Lessard: Je n'ai pas trop peur de ce côté, parce
que par rapport à ce qu'on voit ailleurs, on est encore en retard dans
la sécurité routière. Mais j'aimerais justement qu'on
revienne à la sécurité routière. Il est certain que
le directeur du Bureau des véhicules automobiles a des pouvoirs en vertu
d'une réglementation du Code de la route, après infraction
à ce code. Le directeur du Bureau des véhicules automobiles a des
pouvoirs de suspension, d'annulation de permis ou peut même aller
jusqu'à retirer un véhicule de la circulation,
particulièrement des véhicules usagés qui ne correspondent
pas aux critères minimaux. En fait, ce pouvoir, comme je l'indiquais
tantôt et on pourra peut-être le préciser davantage
est limité par l'article 135 et en même temps limité
par l'article 56 de la Loi des transports.
Cependant, et c'est sur cela que je voudrais questionner, est-ce que
pour vous, la chambre de commerce... Je voudrais, avant d'aller plus loin... On
parle de 37 000 membres et vous nous informez que tous les membres
consultés semblent être d'accord sur ce mémoire, quel
genre, à l'intérieur je comprends que vous avez
été bousculé de consultation a été
faite auprès de vos membres?
Le Président (M. Bordeleau): M. Létourneau.
M. Létourneau: M. le Président, nous avons d'abord
considéré parmi nos membres ceux qui pouvaient être les
plus intéressés, notamment concernant les articles 408 et 409
dans le domaine du commerce et de l'industrie c'était normal, je
pense et nous avons certainement touché une centaine
d'entreprises diverses pour savoir quelles étaient leurs
réactions. Dans la presque totalité des cas, nous avons
constaté que les entreprises n'étaient pas du tout au fait que le
Code de la route proposait de tels pouvoirs de réglementation, alors
nous avons expliqué cette situation et nous avons discuté avec
eux. La réaction unanime à laquelle nous faisons allusion, M. le
ministre, concernant le mémoire, c'est sur ce point particulier du
besoin qu'on nous a fait sentir, d'avoir l'avis au moment de la
réglementation, d'avoir une chance de discuter avec le
législateur lors du dépôt d'une réglementation.
C'est cela le point qui a fait l'unanimité de tout le monde. Je pense
que c'est une requête qui n'est pas abusive ou qui ne demande pas...
M. Lessard: Maintenant, devant le fait on le soulignait
cet après-midi qu'il y a au Québec une situation d'urgence
je pense que chacun en prend conscience en ce qui concerne
l'amélioration de la sécurité routière, c'est bien
beau d'en parler, mais il faut prendre les mesures nécessaires pour
corriger un certain nombre de situations.
Je n'ai pas besoin de vous rappeler, par exemple, l'histoire d'un
certain pneu. Devant le problème très sérieux de la
sécurité routière, ne pensez-vous pas je comprends
que vous vouliez être consultés, je pense que c'est tout à
fait normal et je me rappelle un peu la discussion de la loi sur la protection
du consommateur qu'il est important et urgent parce que cela
signifie des consommateurs qui se tuent ainsi chaque année
d'avoir un contrôle d'abord sur les véhicules usagés, sur
les ventes et sur l'inspection mécanique de ces véhicules et
aussi sur la fabrication d'un certain nombre de produits de telle façon
qu'on puisse résorber ce problème urgent auquel nous sommes
confrontés actuellement?
M. Létourneau: Nous sommes d'accord avec le ministre sur
l'importance et l'urgence d'agir en matière de sécurité
routière; cependant, nous disons depuis longtemps et nous avons
entendu le même argument cet après-midi que s'il doit y
avoir des priorités en matière de sécurité
routière, elles devraient d'abord être dans le domaine de la
détection ou de l'interception des conducteurs en état
d'ébriété. On a parlé de 85% des accidents,
quelqu'un a mentionné cette statistique cet après-midi. On a dit
que, dans les cas d'accidents, il y avait beaucoup d'infractions au Code de la
route au niveau du conducteur du véhicule automobile. Nous disons depuis
longtemps que la première grande priorité est celle de
l'application du Code de la route et nous l'avons répété
dans les premières recommandations que nous faisons dans notre
mémoire.
Pour ce qui est du besoin nous le reconnaissons aussi
d'avoir des normes pour que les pièces des véhicules soient
sécuritaires, il faut le faire, certainement, mais nous ne croyons pas
que l'avis que nous demandons va retarder tellement longtemps l'application
d'une loi. Il nous semble
que cela pourrait même conduire à une loi plus efficace
dans ce domaine.
Le Président (M. Bordeleau): Alors... M.
Létourneau: II y a...
Le Président (M. Bordeleau): Excusez, continuez, M.
Létourneau.
M. Létourneau: C'est tout pour le moment.
Le Président (M. Bordeleau): Avant de continuer, je pense
que Me Charbonneau avait un complément de réponse à
apporter.
Mme Charbonneau: Tout à l'heure, on parlait de la
consultation de nos membres. A part les consultations immédiates qui ont
été effectuées sur l'avant-projet de loi, j'imagine que la
plupart d'entre vous êtes au courant qu'au congrès, chaque
année, des politiques d'action sont votées par nos 37 000
membres. Depuis un certain nombre d'années, un grand nombre de
recommandations sont faites par nos membres quant à la
sécurité routière. Il faut être bien conscient que
nos membres aussi conduisent une voiture, ils mettent leur vie en danger en le
faisant et ils mettent la vie d'autres personnes en danger s'ils sont
négligents. Toutes les recommandations qu'on a faites sur la
sécurité routière, entre autres, regardent l'application
un peu plus stricte du Code de la route.
Je pense que nos membres sont conscients du fait que la
sécurité est un impératif, ainsi que la consultation. Si
vous me permettez, j'aimerais vous rappeler une phrase que j'ai entendue
à cette commission durant la journée. Je le dis, je vous
l'assure, sans malice. J'ai entendu quelqu'un qui disait: Nous n'avons pas la
science infuse et la consultation est un avantage. Si cela s'applique au niveau
d'un avant-projet de loi, cela s'appliquerait aussi au niveau d'une
réglementation. Encore une fois, je le dis sans malice.
M. Létourneau: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. Létourneau.
M. Létourneau: ... un dernier point concernant les choses
que nous avons découvertes au moment de la consultation de nos membres
sur cette question de sécurité. Il semble, par ce que nous
observons du pouvoir de réglementation, qu'on accorde beaucoup
d'importance à la qualité des pièces qualité
du silencieux et des pneus, qualité d'autres pièces de
l'automobile alors que des gens qui sont dans l'industrie secondaire,
dans l'industrie de la réparation, nous ont indiqué qu'il y a une
autre situation qui pourrait être, dans certains cas, tout autant une
cause de danger pour le consommateur: c'est le manque de personnel
compétent pour l'installation des pièces. (20 h 45)
II semblerait que, dans plusieurs cas, sont tout aussi dangereuses des
pièces de bonne qualité mal installées sur un
véhicule. Certaines personnes assez expérimentées dans le
domaine nous ont dit que c'était même, pour elles dans leur
commerce, dans leur industrie, un problème plus grand: la question de
trouver des personnes compétentes pour faire l'installation que la
question de la qualité des pièces installées. Elles
rencontraient beaucoup plus souvent de problèmes qui pouvaient causer
des dangers au consommateur à cause de ce manque de compétence.
On a ajouté la trop grande facilité qu'il y aurait au
Québec d'obtenir un permis ou un certificat de compétence en
mécanique automobile. Nous n'avons pas fouillé à fond
cette affirmation, mais je vous informe, MM. les membres de la commission et M.
le Président, que c'est une remarque qui nous a été faite
à deux reprises par des gens fort expérimentés dans le
domaine.
M. Lessard: Est-ce que vous voudriez nous demander qu'on
réglemente en plus l'installation des pièces?
M. Létourneau: Non, nous signalons tout simplement par
là que la question de la sécurité routière
dépasse de beaucoup les pouvoirs ou la compétence du
ministère des Transports. On l'a vu cet après-midi, nous le
disons nous-mêmes souvent: c'est un effort de coordination qu'il va
falloir faire entre le ministère des Transports, le ministère de
la Justice, les cours et le Bureau des véhicules automobiles. Il y a un
tas d'intrants ou d'intervenants qui doivent être coordonnés dans
ce travail. Nous reconnaissons cela.
M. Lessard: II est certain que...
M. Lambert: J'allais dire, M. le ministre, que la
vérification au niveau de la mécanique sur les voitures, surtout
sur les voitures d'un certain âge, c'est une loi qui est très
bienvenue. Cela peut éviter plusieurs accidents dans ce domaine.
Le Président (M. Bordeleau): Me Charbonneau a quelque
chose à ajouter.
Mme Charbonneau: Je m'excuse, M. le Président. Un des bons
points qu'on avait trouvé à l'avant-projet de loi, c'était
la possibilité de l'inspection mécanique qui devrait être
définie. On est entièrement d'accord avec cet objectif, mais il
faut quand même des ressources humaines compétentes pour le mettre
en application. Je parle, semble-t-il, en connaissance de cause, parce, que
j'ai lu dans les journaux que les femmes étaient des poissons
idéaux pour les mécaniciens, de qui ils exigent un plus haut
coût.
M. Lessard: Pardon? Je n'ai pas... Une Voix: C'est de la
discrimination.
Mme Charbonneau: Je dis que je parle en connaissance de cause,
parce que j'ai lu dans les journaux que, quand une femme se
présentait
dans un garage, on demandait instantanément 331/3% de plus parce
que, semble-t-il, on est des beaux poissons et on n'y connaît rien.
M. Lessard: Maintenant, avec la nouvelle Loi de la protection du
consommateur, vous êtes capable d'exiger une évaluation de vos
dommages.
Mme Charbonneau: J'en suis consciente, M. le ministre. Ce qui me
console un peu, c'est que maintenant ce ne sont plus les avocats qui sont des
voleurs; ce sont les mécaniciens.
M. Lambert: M. le ministre, je sens le besoin de me
défendre. Je vous dis que de la discrimination, il y en a
peut-être, mais pas à ce niveau-là, absolument pas. La
plupart du temps, elles sont très bien servies et la discrimination peut
être à leur avantage s'il y en a.
M. Lessard: M. le Président, je n'ai pas d'autres
questions. Concernant un certain nombre de choses qui ont été
discutées cet après-midi, soit le virage à droite, je
pense que vous êtes d'accord.
Une Voix: Oui.
M. Lessard: Les 110 kilomètres/heure...
Une Voix: Pas d'objection.
M. Lessard: ... pour les transports interurbains sur les
autoroutes, est-ce que vous allez regarder cela un peu?
Une Voix: M. Lambert, avez-vous quelque chose à...
M. Lambert: On n'a pas d'objection en soi. La seule chose, c'est
que cet après-midi il y en a qui ont soulevé des points qui
méritent peut-être considération en ce sens-là.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup.
M. Létourneau: M. le Président, est-ce que vous
nous permettez d'insister auprès de M. le ministre sur cette fameuse
question des avis pour les règlements. Pour nous, cela nous semble
très important, très fondamental. Plusieurs de nos membres nous
ont demandé d'intervenir et je sens que l'intention du
législateur est que nous en ayons. Nous aimerions au moins savoir si
cette intention est vraiment existante.
M. Lessard: M. Létourneau, vous savez que le Québec
a été assez longtemps le dépotoir des "minounes" qui nous
provenaient de l'Ontario, parce que cette dernière province avait fait
un règlement sur les "minounes". A ma connaissance, au ministère
des Transports on a passablement d'interlocuteurs lorsque nous
avons à rédiger un règlement, nous le faisons parce
que je ne suis pas trop un "réglementeux" selon des objectifs qui
nous apparaissent nécessaires, mais qui proviennent, bien souvent, d'un
certain nombre d'organismes qui nous font ces demandes.
Je pourrais vous citer une série de règlements que nous
avons adoptés depuis un certain temps et dont la rédaction s'est
faite en collaboration avec les personnes impliquées. Il est certain que
nous avons à prendre des décisions et nous avons aussi à
tenir compte je comprends que vous devez tenir compte des
intérêts de vos membres, vous aussi de l'ensemble des
contribuables québécois dont les consommateurs
québécois. De ce côté, étant donné que
nous vivons une situation qu'il faut corriger au Québec, nous devons
prendre des mesures draconiennes qui ont été prises ailleurs.
Nous devons prendre des mesures draconiennes qui ne plairont pas à
l'ensemble de vos membres comme la Loi sur la protection du consommateur n'a
pas plu à l'ensemble de vos membres, comme la Loi sur l'assurance
automobile n'a pas plu à l'ensemble de vos membres. Nous devons prendre
des mesures dans ce sens-là. Nous avons fait une consultation.
Normalement, lorsque nous avons à prendre des décisions ou
à faire une réglementation dans ce sens, nous essayons de
consulter le plus possible pour obtenir le maximum d'informations en vue d'un
règlement qui soit le plus efficace.
Le Président (M. Bordeleau): Me Mandeville.
Mme Mandeville (Marie): Je voudrais souligner, à l'appui
de cette demande de publication avec un avis de 60 à 90 jours, que par
le passé, quand on a demandé cela, il est arrivé qu'un
règlement a été publié. Le gouvernement nous a
demandé une consultation et, à la suite de cela, on a
établi un échéancier, par exemple, pour la production
d'une pièce, si c'était un règlement sur la construction,
et cela a été à l'avantage de tout le monde de savoir dans
quel délai cela pouvait être fait. Cela a été
à l'avantage du gouvernement, des contribuables et de la personne qui
faisait ces pièces, ainsi qu'à celui de tout le monde alentour.
C'est la raison sous-jacente à cela. Même si le règlement
entre en vigueur, il est évident c'est de connaissance publique
qu'on ne pourra pas produire un silencieux ou je ne sais trop quel autre
morceau en 30 jours. Cela ne pourra même pas être mis sur la
même année-modèle, si on parle de véhicules neufs,
évidemment.
M. Lessard: Si, par exemple, on précise un préavis
de 60 jours en ce qui concerne les pouvoirs de réglementation inscrits
à l'article 405 et aux autres, seriez-vous d'accord avec les limites de
l'article 135 et les limites que je vous ai indiquées en vertu de la loi
56, la Loi du ministère des Transports? Croyez-vous que la
réglementation ou le pouvoir de réglementation
décerné au directeur du Bureau des véhicules automobiles
est encore très fort?
M. Létourneau: M. le Président, si vous me
permettez...
Le Président (M. Bordeleau): M. Létourneau.
M. Létourneau: ... je pense que les deux questions sont
séparées. L'avis, c'est une question et la question des pouvoirs
du directeur général en est une autre. M. le ministre, vous avez
fait des remarques, tantôt, concernant la consultation des
intéressés; nous savons que votre ministère le fait et
nous le reconnaissons. Cependant, nous avons constaté une chose dans le
travail que nous avons fait en préparation de ce mémoire: c'est
insoupçonnable parfois les gens qui sont touchés, qui sont
intéressés par une chose. On pense que c'est seulement le premier
et tout à coup c'est l'utilisateur qui rebondit, c'est une autre
personne à laquelle on n'aurait pas du tout pensé. Il faut
s'assurer qu'on couvre bien tout le monde, comme première dimension.
M. Lessard: Je suis bien d'accord, M. Létourneau, mais une
consultation, ce n'est pas un référendum.
M. Létourneau: Non, ce n'est pas l'idée.
M. Lessard: Quand vous parlez de la consultation de vos
membres...
M. Létourneau: C'est la façon normale. M.
Lessard: ... de vos 37 000 membres...
M. Létourneau: Tout ce que nous demandons, c'est
simplement l'avis normal qu'on donne dans d'autres circonstances quand on
publie un règlement pour permettre aux gens qui ont quelque chose
à dire et qui veulent le dire d'échanger à ce sujet avec
le législateur.
L'autre dimension que nous soulevons, parce qu'on a attiré notre
attention là-dessus aussi, c'est que souvent, en matière de
réglementation, on est là dans un domaine à technologie
très rapide, qui évolue très rapidement. Le
règlement peut c'est simplement un danger qu'on met en
évidence, qui pourrait se produire à un moment
donné, geler, à toutes fins utiles, une technologie parce que des
normes sont faites à partir de la technologie connue au moment où
on fait la réglementation, une technologie qui évolue très
rapidement. Nous ne voulons pas par là dire qu'il ne faudrait pas
réglementer. Nous voulons simplement soulever la difficulté ou le
danger qui existe lorsqu'on veut aller trop loin dans le domaine.
Le Président (M. Bordeleau): Me Charbon-neau, vous avez
quelque chose à ajouter.
Mme Charbonneau: Oui, M. le Président. Il y a un autre
aspect qu'il faut considérer. Dans l'avant-projet de loi, il y a
différents pouvoirs de réglementation qui sont dévolus au
directeur, mais il y a aussi, aux articles 402 et suivants, des pouvoirs de
réglementation qui sont dévolus au gouvernement. Il y a là
une nuance à faire.
M. Lessard: Oui, il y a des pouvoirs qui sont dévolus au
lieutenant-gouverneur en conseil, au ministre qui soumet la
réglementation au lieutenant-gouverneur en conseil. Mais à
l'intérieur...
Mme Charbonneau: Oui.
M. Lessard: Comprenez-vous?
Mme Charbonneau: Non, malheureusement pas. Est-ce que vous
pourriez parler un peu plus fort, s'il vous plaît?
Une Voix: Elle ne comprend pas.
Une Voix: C'est une question de volume, M. le ministre.
M. Lessard: II y a certainement, comme dans toute loi, des
pouvoirs qui sont réservés au ministre comme tel et au
gouvernement. Le ministre soumet ses règlements au lieutenant-gouverneur
en conseil. Mais en relation avec l'application, une fois que le Code de la
route a été défini et adopté à
l'Assemblée nationale, en vue de faire en sorte que ce Code de la route
puisse être appliqué un peu comme on le disait cet
après-midi, il y a des pouvoirs qui sont donnés, par exemple,
à la Sûreté du Québec ou aux officiers du
ministère des Transports ou encore aux policiers des différentes
localités en relation avec ce qui est prévu dans la loi, que ce
soit au sujet de la vitesse, etc. Il ne faut pas que ces choses-là
relèvent tout le temps du lieutenant-gouverneur ou du ministre, la
suspension ou l'annulation, par exemple, du permis de celui qui atteint douze
points de démérite. L'application de cette réglementation,
c'est-à-dire du Code de la route, se fait par le directeur du Bureau des
véhicules automobiles.
Le Président (M. Bordeleau): Me Charbonneau.
Mme Charbonneau: M. le Président, je me rends compte que
mon intervention était confuse. Tout ce que je voulais souligner, c'est
que l'article 135 concerne les décisions du directeur et, lorsque nous
demandons une consultation, on parle, entre autres, des pouvoirs de
réglementation prévus aux articles 402 et suivants, qui sont des
pouvoirs de réglementation dévolus au gouvernement et non pas au
directeur. C'est tout ce que je soulignais. De sorte qu'il faut vraiment
séparer l'article 135 des articles 402 et suivants parce qu'ils ne sont
pas adressés aux mêmes autorités. C'est sous réserve
du fait qu'on aimerait qu'à l'article 135 ce soit précisé,
qu'il y a un droit d'appel.
M. Lessard: A l'article 135, c'est le droit d'appel sur les
décisions du directeur du Bureau des véhicules automobiles. Pour
ce qui concerne les décisions du lieutenant-gouverneur en conseil ou de
la politique gouvernementale, il y a, au
niveau de chacun des ministères, comme je le fais, une
consultation et il y a une consultation globale qui s'appelle les
élections aussi.
Mme Charbonneau: M. le ministre, je suis bien d'accord avec cela.
Tout ce que je dis, c'est que l'article 135 et les articles 402 et suivants ne
relèvent pas des mêmes autorités. Quand on parle de
consultation, c'est sur une réglementation. A ma connaissance, il n'y a
pas d'appel des décisions sur une réglementation.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Lessard: Je trouve cela très intéressant. M.
Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Vous me permettrez sûrement, M. le
Président, de féliciter la Chambre de commerce du Québec
pour la qualité de son mémoire. Même si la Chambre de
commerce elle-même, à la page 41, dit avoir disposé d'un
délai de quinze jours ouvrables seulement, je félicite la Chambre
de commerce d'avoir réussi à produire un mémoire aussi
complet, aussi sérieux, aussi objectif dans ses recommandations, dans un
laps de temps aussi limité. Je répète ce que je disais
tantôt: Je ne suis pas du tout offusqué par ces
allégations. Je pense qu'elles expliquent tout simplement un état
de fait. Elles expliquent, entre autres, la nécessité que vous
avez sentie de produire une annexe au mémoire original.
Je dirai à l'intention du ministre qui, tantôt, semblait
vouloir mettre en doute la représentativité, la validité
de certaines des recommandations que la Chambre de commerce nous fait ce soir,
principalement par rapport à la nécessité de donner des
avis, de faire de la consultation de façon même
institutionnalisée, si possible, vis-à-vis de la
réglementation, que ce n'est pas depuis la découverte du
Québec le 15 novembre 1976 que la Chambre de commerce du Québec
préconise cela. Elle en avait même fait l'objet d'un
mémoire annuel présenté au gouvernement d'alors, le
gouvernement libéral dirigé par M. Robert Bourassa. Ce ne sont
donc pas des couleurs politiques partisanes quelconques qui motivent
aujourd'hui la Chambre de commerce d'être tout à fait constante
dans ses représentations auprès du gouvernement par rapport
à la législation déléguée. (21 heures)
Cela étant dit, M. le Président, nous aussi avons d'abord
étudié le mémoire de très près, et, en tant
qu'Opposition officielle, nous avons étudié attentivement cet
avant-projet du Code de la route, et, loin de le condamner en bloc, pas plus
que la Chambre de commerce ne le fait d'ailleurs, nous y retrouvons plusieurs
éléments positifs. Mais notre rôle à nous, en tant
qu'Opposition, n'est pas nécessairement d'en faire valoir seulement les
points positifs, mais aussi d'en dégager certains éléments
qui nous préoccupent. De la même façon que si la Chambre de
commerce devait se limiter, lorsqu'elle comparaît devant la commission
parlementaire, à encenser le gouvernement, je vous inviterais,
messieurs, mesdames à ne pas perdre votre temps ni le nôtre.
M. le Président, j'aimerais demander à la Chambre de
commerce d'expliciter je sais ce qu'elle va me répondre, mais il
est bon que ce soit consigné au journal des Débats cette
réserve, voire cette nécessité qu'elle constate de biffer
les articles 402, paragraphes a), b) d) et 409, paragraphe b),
c'est-à-dire les pouvoirs de réglementation que se donne, non pas
le ministre, parce qu'on parle du gouvernement, de déroger par
réglementation à des dispositions de la loi. Si vous voulez bien
expliciter les dangers que vous voyez à cette procédure
législative.
M. Lambert: Merci, M. le député de Gatineau, je
vais demander à Me Charbonneau de parler là-dessus.
Le Président (M. Bordeleau): Me Charbonneau.
Mme Charbonneau: En fait, il y a deux aspects, il y en a
même trois qui sont sous-jacents à cette recommandation. Il y a un
premier aspect qui est strictement d'ordre juridique. C'est un principe
fondamental en droit, qu'on ne modifie pas la loi par règlements, de
sorte que ces articles sembleraient aller à l'encontre de ce principe.
On s'est posé la question suivante: Est-ce que par stipulation il est
possible d'exclure, dans la loi mère, la possibilité, le vieux
principe en droit qui dit qu'un règlement ne doit pas modifier la loi?
Selon nous, ce n'est pas possible, parce que cela devient une
délégation illégale de pouvoirs. L'assemblée
nationale a le pouvoir de faire des lois et si on délègue
l'autorité de modifier ces lois par règlement, selon nous, c'est
ultra vires, primo.
Il y a un second aspect qui est d'ordre démocratique. Les
élus du peuple doivent faire les lois. Je suis bien consciente que le
gouvernement est quand même l'élu du peuple, mais c'est le pouvoir
législatif qui a ce pouvoir et, si on le délègue à
l'exécutif, cela devient encore là l'érosion du pouvoir
législatif, comme on l'avait souligné au moment où on
avait présenté notre mémoire.
Il y a un troisième aspect qui, en fait, a un mandat de
confiance. Quand on vote pour un député, on vote parce que c'est
un homme qui nous plaît, ou parce qu'il représente le parti qu'on
aimerait voir au pouvoir. A ce moment, je pense que ce sont aux gens à
qui on a confié le mandat de le remplir avec un certain contrôle.
S'ils désirent confier ou déléguer le pouvoir de remplir
leur mandat, il faut quand même qu'il y ait un certain contrôle
pour savoir comment le mandat va être rempli. Or, à sa face
même, on ne voit pas que les règlements vont retourner à
l'Assemblée nationale pour qu'elle constate que ce mandat a
été rempli de façon adéquate pour eux.
M. Gratton: Donc, si j'ai bien compris, cette demande que la
chambre formule, à savoir donner un avis dans la Gazette officielle de
toute réglementation avant qu'elle ne soit adoptée, ne s'applique
pas à la réglementation à laquelle on fait
référence dans les articles 402 paragraphes a), b) d) et 409
paragraphe b). Est-ce que je vous interprète bien?
Mme Charbonneau: Tout à fait, parce que nous
désirons que ce soit biffé.
M. Gratton: Que ces articles soient biffés, parce qu'ils
vont à rencontre...
Mme Charbonneau: Qu'ils soient rayés. M. Gratton:
On se comprend là-dessus. M. Charbonneau: D'accord.
M. Gratton: Une dernière chose, M. le Président, je
noterai moi non plus je ne suis pas avocat et j'ai souvent dit que je ne
souhaitais pas le devenir qu'à l'article 135 on parle d'une
réglementation; j'ai bien saisi la différence tantôt, qui
donne les pouvoirs au directeur général. Le directeur
général en vertu des articles 130 et subséquents a le
pouvoir de refuser d'émettre, de résilier, enfin un pouvoir de
vie et de mort sur les permis et les plaques d'immatriculation,
l'émission des permis, ainsi de suite. (21 heures)
A l'article 135 on dit que: Le directeur général,
lorsqu'il refuse d'émettre, révoque, suspend ou restreint les
effets d'un permis visé au présent code, ou immatriculation etc.,
doit donner un avis écrit à la personne concernée, lui
indiquant les motifs à l'appui de sa décision et les recours
qu'elle peut exercer s'il en est. Ces trois mots "s'il en est", je pense bien,
vous justifient de réclamer qu'on inscrive clairement dans le Code de la
route, pas dans la Loi du ministère des Transports ou dans la Loi de la
Commission des transports, mais cette même loi qui confère des
pouvoirs au directeur général du Bureau des véhicules
automobiles, les recours auxquels les personnes visées par ces
décisions du directeur général ont droit. Parce
qu'autrement, vous êtes avocate, d'autres sont juristes, eux peuvent
peut-être s'y retrouver dans l'interprétation des lois, mais moi,
en tant que citoyen ordinaire, j'aime bien savoir de quel recours il
s'agit.
Tantôt, les gens qui représentaient l'Association des
policiers du Québec nous disaient qu'ils retrouvaient une formulation
heureuse dans ce Code du travail parce que cela devenait plus facile que sous
l'ancien code de l'interpréter et d'en apprendre les dispositions. Il me
semble que, dans ce but de compléter ce travail d'uniformisation et de
bonne interprétation, on devrait l'inscrire comme vous le souhaitez.
Je vous remercie. J'aurais des milliers de questions à vous
poser, mais le gouvernement nous bouscule, nous avons encore quatre organis-
mes à entendre avant 10 heures ce soir. Vous vous imaginez qu'on doit
abréger.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Oui, M. le Président. J'étais
déjà passablement d'accord sur plusieurs recommandations qui sont
appuyées par la chambre de commerce. J'ai dit les réserves que
j'avais quant à la possibilité de tourner sur une lumière
rouge quand il n'y a pas de danger et de même quand au doute que j'avais
sur la possibilité qu'on permette aux autobus interurbains de circuler
plus vite que les autres et d'autres se sont également prononcés
à ce sujet.
Je voudrais, par contre, revenir sur deux points dont on n'a pas encore
parlé, que la chambre de Commerce appuie et pour lesquels j'ai de
profondes réserves. Cela vise également la sécurité
routière. Je veux parler du rappel à un examen de conduire, pour
tout conducteur, à tous les dix ans, de même que pour tout
véhicule de cinq ans et plus.
Si vous voulez, on va lire ensemble l'article 86 quant aux
véhicules qu'on devrait rappeler à tous les cinq ans. L'article
86 dit que: Le directeur peut, a) qui conduit un véhicule routier alors
que ce dernier a été impliqué dans un accident; b) qui est
âgé de 70 ans ou plus c'est pour les permis de conduire
; c) dont le permis de conduire, le permis d'apprenti-conducteur ou le
permis de chauffeur de taxi a fait l'objet d'une suspension; d) qui veut faire
modifier la classe de son permis de conduire, de son permis
d'apprenti-conducteur ou une restriction qui y apparaît; e) qui n'a pas
subi d'examen depuis trois ans; ou f) lorsque le comportement de ce conducteur
sur le chemin public ou son état de santé lui donne lieu de
croire que sa compétence à conduire doit être
vérifiée. Le directeur doit rappeler, à tous les dix ans,
à un examen, tout titulaire. Combien cela fait-il de gens? On a
parlé tantôt d'effectifs humains à mettre en place pour
qu'une telle procédure, avant qu'un tas de gens semblable soient
rappelés et on va ajouter à cela des gens qui, à tous les
dix ans, doivent subir un examen de conduite.
Est-ce que la chambre de commerce est capable de me convaincre que c'est
principalement sur ces points, qui sont dans l'article 86, que le
ministère, le BVA doivent rappeler des gens à subir un examen.
J'ajoute à cela que, quand vous regardez le rapport statistique "doivent
être rappelés les gens qui sont impliqués dans des
accidents", il y en a 177 000 par année déjà. Est-ce qu'on
est capable à moins que ce soit un leurre complet de
penser que pour la sécurité routière, que le gouvernement
est en mesure de mettre en place les effectifs requis pour que le directeur du
BVA satisfasse à la plupart de ces conditions, en plus les cas de dix
ans?
Ce que j'ajoute c'est ceci: Quand un conducteur d'automobile je
ne parle pas ici des véhicules qui conduisent des personnes contre
rémunération: autobus, taxis ou autres; ceux-là, il est
né-
cessaire qu'ils soient rappelés à des examens
périodiques, j'en conviens, je fais abstraction de ces
véhicules... Je conduis un véhicule depuis 20 ans, je n'aurais
pas eu d'accident pendant 20 ans, est-ce que vous pensez que ce gars doit
être rappelé à un examen de conduite quand il n'a, d'aucune
façon... ce n'est pas 10 ans, je trouve que cela ne compte pas, c'est le
dossier d'un conducteur qui fait que, s'il devient un danger public, on doive
le rappeler à un examen de conduite. Oui.
M. Lessard: C'est ce que j'ai indiqué ce matin. Le
Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Mailloux: Doit rappeler, le directeur doit rappeler.
M. Lessard: D'accord. Mais j'ai indiqué ce matin, par
exemple, que je pouvais être d'accord avec une recommandation selon
laquelle on tiendrait compte du dossier du conducteur plutôt que
d'appliquer cela de façon intégrale.
M. Mailloux: Déjà, à ce moment-là, on
aurait enlevé quelque cent mille personnes qui seraient appelées
à venir passer un tel examen, alors que souventefois c'est un des
meilleurs conducteurs dont on aurait à examiner la conduite.
M. Lambert: Oui, M. le député de Charlevoix...
M. Mailloux: Oui.
M. Lambert: ... la Chambre de commerce appuie cela sous
réserve que les effectifs au niveau gouvernemental soient capables de le
faire. Evidemment, il revient au directeur de vérifier cela. On revient
aussi sur un point qui est très important: c'est sur la
sécurité telle qu'elle est appliquée par les officiers de
la route. On trouve cela extrêmement important. On a parlé de
l'alcoolisme tantôt. C'est extrêmement important de vérifier
cela.
Une Voix: C'est là qu'est la priorité.
M. Lambert: La priorité, d'après nous, c'est
là.
Le Président (M. Bordeleau): Me Charbon-neau. Excusez-moi,
M. le député.
Mme Charbonneau: M. le Président, quand on a appuyé
la mesure de l'article 86, c'est qu'à la façon dont on le lisait,
les paragraphes a) à f) de l'article 86 étaient un pouvoir du
directeur, alors que le dernier paragraphe de l'article 86 était un
devoir du directeur. Le seul cas où le directeur devait rappeler
quelqu'un, c'est après dix ans. D'où, à l'article 86 de a)
à f), le directeur pouvait juger lui-même ses ressources humaines
et déterminer s'il était capable de rencontrer certains objectifs
dans une année et les reporter sur plusieurs années si
nécessaire.
M. Mailloux: Oui.
Mme Charbonneau: D'accord? Alors, en d'autres termes, on appuyait
cette disposition parce que c'était un pouvoir...
M. Mailloux: D'accord, mais...
Mme Charbonneau:... et que c'était au directeur de juger
s'il avait les dispositifs humains et les ressources techniques pour le faire.
Le second aspect...
M. Mailloux: Je vous fais remarquer...
Mme Charbonneau: Me permettez-vous de terminer?
M. Mailloux: Oui.
Mme Charbonneau: Un second aspect, c'est qu'au dernier paragraphe
de l'article 86, ce qu'on trouve intéressant... Je suis d'accord avec
vous pour dire que le dossier du conducteur fait preuve d'une certaine
prudence, d'une certaine éthique, de civisme au volant. Mais, en
attendant, un conducteur physiquement évolue en dix ans. Sa vue peut
baisser, ses capacités et ses réflexes peuvent baisser. Il serait
peut-être nécessaire, au bout de dix ans, d'établir
certaines restrictions à son permis de conduire; ceci pour la
sécurité de la personne elle-même, ainsi que pour la
sécurité des autres conducteurs québécois. C'est
pour cela qu'on appuyait cette mesure.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Charlevoix.
M. Mailloux: Mademoiselle, je demeure en dissidence avec le
devoir qu'on fait au directeur du BVA de les rappeler à tous les dix ans
parce que, après les dernières paroles que vous avez
prononcées, je suis de ceux qui croient que chaque individu, quand il
évolue dans la vie et qu'il devient plus âgé, est
très près de son médecin et très près de son
optométriste également. Normalement, la première vie qu'il
a à conserver, c'est la sienne. Je pense qu'il faut quand même
garder cela à l'esprit.
Le deuxième point sur lequel je suis en désaccord avec ce
que la loi dit, c'est celui de rappeler un véhicule automobile à
tous les cinq ans. Je me rappelle que, dans le passé, en écoutant
parler les experts qui regardent le comportement des véhicules
automobiles, je pense que la vérité doit encore être
la même aujourd'hui on me disait que le véhicule à
peu près le plus dangereux je ne parle pas des "rninounes", je
fais abstraction de cela; tout le monde est conscient de cela c'est le
véhicule qui sert à celui qui le change tous les ans ou tous les
deux ans parce que, ne voulant pas faire de réparations importantes, il
va normalement jusqu'à l'usure complète de ce véhicule et
il le change, par la suite, pour un neuf. Je possède un véhicule
de six ans. Je suis prêt à le rapporter si la loi m'y oblige.
Celui qui conduit un véhicule de cinq ans et de six ans...
Une Voix: Oui.
M. Mailloux: ... normalement, il va vérifier les freins,
la transmission, les pneus, les câbles parce que c'est encore sa vie qui
est dans cette automobile. Je ne pense pas que ce soit le plus dangereux parmi
toutes les classes de véhicules. Je vous rappelle encore les chiffres.
Si vous allez vers l'inspection mécanique, vous avez déjà
les autobus scolaires, les autobus qui transportent d'autres personnes et les
taxis que vous devez rappeler périodiquement par l'obligation de la loi
ou des règlements. Or, vous avez 177 000 accidents pour l'année
1977. Cela veut dire on ne multipliera pas par deux environ 250
000 véhicules qui seraient impliqués. Je pense que le directeur
du BVA ou la police devrait, dans ces cas-là, non pas pour un peu de
tôle brisée, mais aussitôt qu'il y a quelque chose qui peut
mettre la conduite du véhicule en danger, le rappeler pour une
inspection mécanique. Mais cela fait déjà beaucoup de
véhicules. Je pense que le gouvernement, la société n'est
pas en mesure de mettre en place autant d'effectifs humains et autant d'argent
pour cette inspection-là.
Le Président (M. Bordeleau): Me Charbon-neau.
M. Lessard: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: ... j'aurais un commentaire à ce sujet
d'abord. C'est qu'il n'est pas dit dans le Code de la route actuel que
l'inspection mécanique annuelle doit être faite de toutes les
automobiles de plus de cinq ans.
Dans le mémoire de la Chambre de commerce, il est justement dit
qu'il serait nécessaire de prévoir l'inspection mécanique
annuelle de tous les véhicules automobiles vieux de cinq ans et plus.
Quant à moi, c'est un objectif que nous devrons poursuivre.
Actuellement, nous voulons le faire sur tout transfert de véhicules
usagés, d'abord, qui viennent de l'extérieur. Nous voulons aussi
on le fait pour les autobus étendre ce système aux
véhicules où il y aura transfert.
C'est dans ce sens, je pense, qu'il faut bien préciser nos
objectifs. Mais je ne pense pas qu'il appartienne comme tel au gouvernement du
Québec de vérifier chaque véhicule. Peut-être que
sur une longue période cela pourrait s'avérer utile et
nécessaire. Nous aurons, par exemple, en relation avec le BAC, le Bureau
d'assurance du Canada, des centres de vérification en relation avec
l'assurance automobile. Nous avons l'intention d'accréditer des garages
de telle façon que nous aurons une structure pour vérifier si les
garages font bien leur travail, si les mécaniciens sont
compétents, mais nous n'avons pas l'intention... Ce que nous allons
exiger pour les véhicules de cinq ans et plus je ne suis pas
d'accord, M. le député de Charlevoix, avec ce que vous dites
concernant la sécurité des véhicules de cinq ans et plus;
c'est de qualification bien subjective selon les ressources humaines,
c'est un certificat mécanique de cet individu qui se présentera
soit au centre de vérification du bureau mis sur pied en collaboration
avec la Régie de l'assurance automobile du Québec et le Bureau
d'assurance du Canada, examen qui pourra être fait par les garages
accrédités pour ce faire.
Le Président (M. Bordeleau): Me Charbon-neau, vous aviez
quelque chose à ajouter?
Mme Charbonneau: Non, mon intervention est devenue inutile.
M. Mailloux: Je veux Doser une dernière question au
ministre directement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Dans l'évaluation que le ministre a faite de
tous les impératifs quant à l'inspection mécanique, pour
toutes sortes de raisons mentionnées, vous allez chercher sur un parc
automobile de 3 500 000 environ 600 000 ou 700 000 véhicules par
année. Pouvez-vous décemment faire croire à la population
du Québec que vous êtes en mesure d'avoir les effectifs humains,
les effectifs du côté technique et autres?
M. Lessard: Voici.
M. Mailloux: C'est un espoir!
M. Lessard: Nous travaillons actuellement à une
réglementation qui nous permettrait d'accréditer des garages.
M. Mailloux: D'accord.
M. Lessard: Je pense qu'on doit régionaliser parce que
ça deviendrait d'une bureaucratie incroyable. Que nous ayons nos
garages, avec la Sûreté du Québec, pour faire la
vérification, d'accord. C'est un objectif qui ne sera pas atteint du
jour au lendemain, mais je voudrais vous donner quelques exemples. Dans
certains Etats américains, au Colorado, par exemple, on exige tous les
trois ans un examen visuel, un examen théorique. Au Delaware, tous les
quatre ans, même examen. Je pourrais en citer d'autres. Dans ('Illinois,
on exige un examen visuel, théorique et pratique tous les neuf ans des
chauffeurs. Pour les autres, c'est à tous les trois ans, quatre ans ou
deux ans, etc.
Je comprends qu'on ne peut pas faire cela du jour au lendemain, mais il
reste qu'il va falloir en arriver à cela. Vous avez raison, le Bureau
des véhicules automobiles, avec ses inspecteurs on a 25
inspecteurs nouveaux s'est vu exiger de plus en plus d'inspections, que
ce soit les taxis ou les autobus scolaires et c'est maintenant les autobus pour
le transport urbain. Il va falloir qu'un jour ou l'autre c'est dans ce
sens, l'objectif de la commission parlementaire, c'est aussi dans ce
sens la création d'un comité interministériel du
transport et je pense que vous en êtes conscient, M. le
député de Charlevoix, l'Etat du Québec se donne les moyens
financiers pour réduire le taux d'accidents qui nous coûte $1
milliard par année.
Une Voix: L'indépendance!
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Je suis bien d'accord avec cela et je ne poursuivrai
pas avec le ministre des Transports parce que déjà en 1976, avec
son sous-ministre actuel, on pensait habiliter tous les distributeurs
autorisés de véhicules automobiles dans la province à
faire les inspections mécaniques requises et autres. Malgré tout
cela, il y a encore un volume qui dépasse ma compréhension. C'est
la seule chose que je voulais faire comprendre au ministre, cela dépasse
ma compréhension.
Le Président (M. Bordeleau): M. Lambert, avez-vous un
commentaire à faire?
M. Lambert: Un membre de notre groupe, M. Raymond Gagné,
vice-président de l'UAP, aimerait faire quelques commentaires.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. Lemay.
M. Gagné (Raymond): C'est simplement une brève
remarque. Je ne suis pas un avocat, ni un politicien, mais je vais essayer
d'être très positif. Tout à l'heure, le ministre m'a fait
un peu de peine. (21 h 15)
Je représente quand même une compagnie
québécoise importante, qui fait autant d'affaires à
l'extérieur du Québec qu'à l'intérieur et on a
mentionné que, trop longtemps, le Québec avait servi de
dépotoire. A ma connaissance, depuis nombres d'années que
j'exploite un commerce de pièces et d'accessoires d'automobiles. Je n'ai
jamais eu connaissance que les pièces qui étaient vendues au
Québec étaient différentes d'ailleurs au Canada.
Je ne voudrais pas, M. le ministre, que vous pensiez que les compagnies,
ici au Québec, ne sont pas responsables. Je ne voudrais pas que vous le
pensiez.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, je n'ai jamais parlé
de pièces. J'ai parlé de vieilles automobiles. L'Ontario avait
fait un règlement très sévère pour contrôler
ce que j'appelle les "minounes", les vieilles voitures et
peut-être que c'est vrai qu'on aurait pu mal se comprendre quand
je parlais de dépotoir, je voulais dire que le Québec servait de
"dumping" de vieilles autos qui ne se vendaient plus en Ontario, là
où la réglementation est plus sévère par rapport au
Québec, et les gens de l'Ontario c'est pour protéger
peut-être nos hommes d'affaires responsables dans le secteur des
automobiles d'occasion venaient vendre au Québec des
véhicules qu'ils ne pouvaient pas vendre chez eux.
Le Président (M. Bordeleau): II n'y a pas d'autres
questions des membres de la commission? M. Létoumeau.
M. Létourneau: M. le Président, c'est
évident que ce serait trop long de passer toutes les requêtes
qu'il y a dans notre mémoire, mais il y a un point sur lequel nous
aimerions diolaguer avec le ministre, si possible. C'est au sujet de l'article
108.
Le législateur croit qu'il est possible d'obtenir des
résultats positifs concernant le vol des véhicules, en demandant
aux marchands de fournir un rapport mensuel, dont il est question à
l'article 108. Nous exprimons des doutes quant à l'efficacité
éventuelle de cette méthode.
D'abord, nous devons reconnaître que, dans l'intérêt
de nos membres, il s'agit là de frais additionnels importants, l'achat
des formules et du papier qu'on envoie à des autorités
gouvernementales. Trop souvent, nos membres constatent qu'ils remplissent des
formules et qu'à l'autre bout, on n'a pas la capacité technique
ou humaine de traiter ces formules, de vérifier leur contenu et de les
utiliser comme c'est l'objectif premier.
On sait que le Bureau des véhicules a déjà des
difficultés seulement avec l'enregistrement des véhicules.
Là, on va demander une montagne d'information qui va arriver où?
Comment va-t-on être capable de la traiter? Est-ce qu'on va être
capable efficacement d'arriver à l'objectif qu'on vise par
là?
Nous plaidons ici l'intérêt de nos membres qui sont
déjà débordés par l'obligation de remplir toutes
sortes de formules et là on en ajoute une. Nous doutons de son
efficacité, à la fin du compte, à cause de la montagne
d'information qui va s'acheminer vers je ne sais quel bureau à
Québec. Est-ce qu'on va être capable de traiter tout ça et
de vraiment en faire ressortir ce qui est nécessaire pour atteindre
notre objectif?
Nous soulignons cet aspect au législateur et le prions de
reconsidérer très attentivement cette disposition, parce qu'on
sait que ça va être coûteux, mais on doute de son
efficacité.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: D'abord, je dois dire, M. le Président, que
nos problèmes d'immatriculation de véhicules automobiles ont
été passablement résorbés, suite à la
décentralisation que nous avons faite dans chacune des caisses
populaires. Contrairement à ce qu'on présageait, lorsque nous
avons travaillé en collaboration avec Mme Payette et la Régie de
l'assurance automobile, à savoir un achalandage terrible, eh bien!
maintenant, nous ne sommes plus dans l'obligation d'accorder un mois ou quinze
jours additionnels comme cela se faisait auparavant. Nous pouvons respecter la
date limite.
En ce qui concerne 108, cet article nous avait été
demandé par la brigade antivol du ministère de la Justice. Vous
avez probablement raison. C'est beau de faire des règlements, mais il
faut voir si on est capable de les appliquer. Je prends en considération
votre demande. On pourrait considérer, en collaboration avec le
ministère de la Justice, le fait de ne pas se limiter exclusivement, en
vue, justement, d'un meilleur contrôle de la sécurité
routière, aux véhicules usagés. Alors, je prends note de
votre remarque.
Le Président (M. Bordeleau): M. Lambert,
brièvement, s'il vous plaît.
M. Lambert: M. le Président, j'aimerais qu'un autre de nos
membres, M. Raymond Gagné, qui est directeur des opérations pour
le Québec de la compagnie Canadian Tire, puisse émettre une
idée.
Le Président (M. Bordeleau): M. Raymond Gagné!
M. Gagné (Raymond): M. le Président, j'ai
été heureux d'entendre, ce matin, qu'un membre de la commission
parlementaire...
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, s'il vous
plaît, M. Gagné, je pense que vous n'êtes pas
enregistré. Est-ce que vous pourriez changer de microphone?
M. Lessard: Ce sont des problèmes techniques. Canadian
Tire est-il capable de régler cela?
M. Gagné: Cela va mieux? M. Lessard: Oui, cela
va.
M. Gagné: M. le Président, j'ai été
heureux d'entendre dire, ce matin, qu'un membre de la commission parlementaire
manquait lui-même d'expérience au sujet du ministère des
Transports, ainsi de suite. C'est ce qui me permet d'intervenir, je manque
aussi d'expérience, en étant à ma première
expérience en commission parlementaire. J'ai pris connaissance avec
intérêt, la semaine dernière, du nouveau projet de loi
concernant le Code de la route. Je dois vous féliciter; il y a
sûrement, dans ce nouveau projet de loi, beaucoup de choses positives et
constructives; j'approuve le gouvernement et j'espère que ça va
se régler le plus rapidement possible.
En tant que distributeur pour Canadian Tire, il est certain que les
articles qui me concernent le plus sont les articles 408 et 409. J'aimerais
demander à M. le ministre s'il peut m'expliquer c'est possible
que ce soit moi qui aie plus de difficultés à comprendre, ou
à cause de mon manque d'expérience, je ne comprends pas
très bien ce qui est inscrit beaucoup plus clairement, lorsque M.
le ministre écrit dans son projet de loi que prohiber l'installation et
l'utilisation de feux, de phares, ainsi de suite, prescrire les normes de
fabrication, de vente et d'utilisation des pneus, la même chose
s'applique pour un silencieux, ainsi de suite. Ceci me paraît très
confus et j'apprécierais beaucoup avoir certaines explications à
ce sujet.
M. Lessard: En ce qui concerne j'indique mon intention
des modifications aux silencieux, particulièrement de la
motocyclette, j'ai l'intention de proscrire certains silencieux qui vont
au-delà de ce qui est permis pour l'oreille humaine. Bien souvent, il
s'agit de modifications à certains véhicules, et on sait qu'il y
a un article, dans le projet de loi qui, justement, défend des
modifications au véhicule sans avoir certaines autorisations. En ce qui
concerne, par exemple, certains phares, des phares blancs derrière des
véhicules, il y a des phares jaunes et rouges qui sont limités
pour des véhicules restreints, mais en ce qui concerne des phares blancs
qui seraient derrière le véhicule et qui pourraient être
utilisés pour un véhicule qui est en marche, un tel phare peut
aveugler personnellement, j'ai eu connaissance d'un tel accident
le véhicule qui circule derrière. C'est dans ce sens, non pas en
vue d'empêcher une meilleure sécurité routière, mais
de proscrire certaines choses qui vont à l'encontre de la
sécurité routière. En même temps, notre objectif est
de répondre à des normes d'environnement, des normes qui
correspondent à l'environnement normal en ce qui concerne le bruit.
On m'a indiqué, par exemple, que certaines motos
fabriquées par des industriels étaient aussi silencieuses qu'un
véhicule ordinaire, mais par suite de modifications, autant aux motos
qu'à certains véhicules, on se comprend difficilement et c'est
très dur pour l'oreille et l'environnement, et les gens commencent un
peu à avoir leur voyage de ça. Il est certain que c'est dans ce
sens; il ne s'agit pas de diminuer des ventes qui permettraient une
amélioration de la sécurité routière, mais il
s'agit de prescrire un certain nombre de choses qui vont à l'encontre de
la sécurité routière.
M. Gagné: Je vous remercie de votre explication. Je crois
que vous comprendrez que je suis passablement d'accord avec ce que vous dites.
Par contre, de la façon dont c'est expliqué dans les articles a),
b), c), d) et ainsi de suite, cela ne me permet pas de découvrir tout
cela. C'est pour cela qu'à ce moment-là j'appuie la demande de M.
Létourneau d'obtenir un délai avant la publication, pour donner
une chance à des manufacturiers et des distributeurs tels que Canadian
Tire et mes autres confrères de pouvoir réagir.
M. Lessard: Oui, il est certain que dans ces secteurs, à
savoir les normes de construction, d'utilisation et de vente de phares
antibrouillard, etc., cela va aussi en relation avec la protection du
consommateur. Il est certain que nous devrons avoir des consultations.
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, M. Lambert. Je ne
voudrais pas couper la parole à
personne, sauf que cela fait 1 h 30 que nous discutons de votre
mémoire. Je constate que nous en avons quatre autres à entendre
avant d'aller à la couchette, alors, j'aimerais que vous fassiez cela
dans le minimum de temps.
M. Lambert: Dans ce cas-là, mes dernières paroles
seront pour vous remercier, M. le Président, M. le ministre et messieurs
de la commission. Je remercie tout particulièrement, aussi, M. le
ministre de nous avoir précisé ses intentions parce que cela nous
enlève beaucoup d'angoisse. Merci.
M. Lessard: Je vous remercie, monsieur.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie beaucoup,
mesdames et messieurs, les représentants de la Chambre de commerce du
Québec d'être venus présenter votre mémoire devant
la commission.
J'appelle donc immédiatement la Régie de l'assurance
automobile du Québec. M. de Coster vous pouvez procéder,
peut-être en présentant les gens qui vous accompagnent.
Régie de l'assurance automobile du
Québec
M. de Coster (Robert): Les présenter, M. le
Président?
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît,
lentement de sorte qu'on puisse prendre les noms, peut-être dans l'ordre,
de gauche à droite.
M. de Coster: D'abord à ma droite, M. Gilles Saint-Amour,
au service des communications, à la direction des communications; il est
spécialement mandaté pour la question de la
sécurité routière. A ma droite immédiate, M. Pierre
Melançon, directeur des communications à la Régie de
l'assurance automobile; lui aussi est impliqué très directement
en sécurité routière; M. Normand Bergeron, qui est au
service de recherches à la régie et qui a fait du travail de
recherche en sécurité routière.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, merci. Alors, vous
pouvez y aller.
M. de Coster: Je vous remercie d'abord, M. le Président,
et par votre biais le ministre des Transports, de nous avoir invités
à exprimer nos vues sur la réforme du Code de la route. Le
document que je vais lire est tout simplement un réaménagement,
dans l'introduction et dans la conclusion, du mémoire qui a
déjà été déposé. Alors, il n'y a rien
de particulièrement changé dans ce que nous allons vous lire.
Vous allez pouvoir suivre aussi avec le mémoire qui a déjà
été déposé.
Comme vous le savez ou comme le ministre le sait, la régie a
déjà communiqué, à ses collègues, ses
commentaires sur les aspects techniques de la loi. Notre intervention
aujourd'hui se veut fondamentalement un plaidoyer sur la sécurité
routière. C'est un cri d'alerte que nous lançons. Nous
prêchons, j'en suis sûr, à des convertis, mais nous
saisissons cette occasion particulière, cette occasion spéciale,
pour continuer à prêcher et à prêcher avec
vigueur.
Partout dans le monde industrialisé, les accidents de la route
constituent une menace permanente, une véritable plaie sociale. Le
délégué à la sécurité routière
auprès du premier ministre de France, M. Christian Girondeau,
écrivait ce qui suit dans son livre intitulé "La mort inutile":
"350 000 morts, 8 millions de blessés depuis la libération, soit
1945, sur les routes de France. Près de 3 millions de morts et de 100
millions de blessés dans le monde pendant la même période.
Les chiffres, disait-il, ont beau être connus, diffusés,
répétés, ils provoquent toujours la même stupeur."
Il continue en disant: "Quel être censé ne serait atterré
en les relisant, rempli d'effroi devant leur monstruosité et leur
absurdité, car ce sont là des bilans de guerre, d'une guerre
terrible, inhumaine qui, jour après jour, remplit nos cimetières
et nos hôpitaux, d'une guerre qui ne connaît jamais de vainqueur,
mais seulement des pauvres vaincus." (21 h 30)
Le Québec est tout aussi durement touché par les accidents
de la circulation. Officiellement et ces chiffres sont conservateurs,
probablement à 20% depuis 1955, soit 24 ans, pas moins de 34 000
Québécois ont perdu la vie sur les routes du Québec et
plus de 870 000 ont subi des blessures. Invariablement, présentement,
d'année en année, de 1600 à 2000 Québécois
meurent sur les routes. Invariablement, d'année en année, 50 000
personnes subissent des blessures dans 200 000 accidents; 20 000 sont admises
en centre hospitalier pour 250 000 jours d'hospitalisation.
C'est dans ce contexte, M. le Président, que se situe notre
intervention qui se veut d'ailleurs très positive. Vous comprendrez
qu'une régie dont l'existence même découle d'une
préoccupation nettement humanitaire et sociale ne pourrait
décemment prétendre jouer pleinement son rôle si, en se
cantonnant dans la complaisance et la courte vue, elle se satisfait de verser
les sommes prévues par la loi aux victimes des accidents sans se
préoccuper hautement d'en comprendre les causes et, bien sûr, de
les prévenir. Il était prévisible, en toute logique, que
la régie en vienne à s'engager dans la lutte contre ce
phénomène que l'Organisation mondiale de la santé qualifie
de fléau et d'épidémie du 20e siècle.
Nos activités quotidiennes nous mettent en contact avec des
individus et des familles durement éprouvés. Cette position, dans
le noeud même de la problématique des accidents de la route, ouvre
une nouvelle dimension sur une question fort complexe et plutôt inconnue.
Pour nous, les statistiques ont enfin un visage, une identité. Ce sont
des hommes, des femmes et malheureusement des enfants qu'on cache
derrière les chiffres annuels, chiffres qu'on traduit en courbes
graphiques et qu'on semble oublier d'une année à l'autre.
Certes, le côté humanitaire de notre action s'impose de
lui-même, mais il importe aussi de rappeler que la régie a
reçu également le mandat
de maintenir à son plus bas niveau possible le coût de
l'assurance automobile au Québec. Cet aspect de nos activités
fait partie, lui aussi, de la réforme de l'assurance automobile et tous
s'accordent à dire que seule une réduction substantielle de la
fréquence et de la gravité des accidents peut nous permettre de
contenir le coût de l'assurance automobile qui, comme vous le savez,
à l'heure actuelle, au Québec, s'élève à
environ $900 millions.
La régie conçoit donc son intervention dans le domaine de
la prévention routière comme une action s'inscrivant dans la
continuité de son mandat. Elle entend poursuivre cette intervention avec
ténacité, en maintenant le haut niveau d'intérêt
qu'elle démontre face à tout ce qui a trait à la
prévention des accidents. Chose étrange, ce très grave
problème de la santé publique n'a jamais provoqué chez
nous, au Québec, ce sentiment d'indignation qu'il suscite ailleurs dans
les pays industrialisés et qui est toujours à l'origine de la
détermination d'intervenir, avec le résultat que le Québec
présente, en ce domaine, un des pires dossiers de
l'hémisphère occidental. Faute d'avoir été
examinée dans une perspective suffisamment vaste, cette grave
épidémie des temps modernes n'a jamais entraîné chez
nous la prise de conscience qui se présente toujours comme le
détonateur de l'action. On s'émeut, à juste titre, devant
une catastrophe aérienne, ne serait-ce que celle du F-27 où 16
personnes sont décédées récemment. On
s'émeut, à juste titre, d'un accident d'autobus comme celui dans
lequel décédaient récemment onze personnes sur la route
20. De fait, les accidents impliquant des modes de transport public donnent
lieu à de vives réactions de la part des autorités qui
procèdent à des enquêtes et se montrent soucieuses de
réglementer dans des délais parfois étonnamment courts.
Or, tout démontre que les avions, les trains et les autobus sont des
moyens de transport beaucoup moins meurtriers que l'automobile qui cause,
cumulativement, un nombre bien plus grand d'accidents mortels que tous les
autres types de transport réunis.
On se préoccupe, avec raison, de ce problème social que
constituent les accidents de travail, et les initiatives du ministre d'Etat au
développement social, appuyées fortement par le milieu ouvrier,
ont montré une détermination réelle d'intervenir,
secondé en cela par une population déjà
alertée.
Pourtant, les accidents de travail et les maladies industrielles ont
causé, en 1978, la mort de 203 travailleurs, alors que les
tragédies de la route fauchaient, selon des données
préliminaires, 765 victimes.
Nous en venons au Code de la route. Nous croyons que le Code de la
route, en tant que loi visant à définir les règles
d'utilisation des véhicules automobiles, doit répondre aux
réalités changeantes de notre époque. Sa réforme
nous apparaît opportune et nous voyons dans les articles proposés
des éléments qui vont nettement dans le sens d'une
évolution propre à relever les défis que nous propose la
fin de cette décennie.
Le volet traitant du transport en commun nous a particulièrement
intéressés. Nous accueillons favorablement les orientations qui
auraient pour effet de diminuer la masse des véhicules privés au
profit du transport en commun. Les moyens préconisés pour
atteindre ces objectifs sont sujets à discussion, selon nous, puisqu'ils
sont principalement axés sur la fluidité de la circulation, mais
tel n'est pas présentement notre propos et nous sommes convaincus que le
transport en commun, en étant nettement plus sécuritaire que la
circulation individuelle, contribuerait, s'il suivant l'évolution
nécessaire, à améliorer le bilan routier
québécois de manière déterminante.
Il s'imposait de mettre l'accent sur cet aspect de la
problématique automobile au Québec. Les problèmes
inhérents à la circuration sont, en effet, nombreux et complexes.
La tendance à l'urbanisation périphérique, qui suscite des
déplacements massifs de travailleurs, crée des situations de plus
en plus difficiles, notamment à Montréal dont l'accès est
fortement restreint.
L'utilisation massive des véhicules automobiles privés
multiplie les embouteillages; il en résulte un gaspillage
considérable d'énergie et une augmentation substantielle de la
pollution atmosphérique, sans compter que le risque d'accidents
s'accroît avec le nombre de véhicules en circulation. Pour toutes
ces raisons, nous souscrivons au principe de vouloir privilégier le
transport en commun.
Toutefois, nous croyons que le développement du transport en
commun doit refléter un souci constant de ne pas sacrifier la
sécurité pour améliorer la rapidité de circulation
des véhicules publics ou pour conserver l'énergie. En aucun cas
il ne devrait être permis d'accroître les risques d'accidents. Le
progrès souhaité n'en serait pas un s'il devait se
réaliser au prix de vies humaines.
Nous nous interrogeons, par exemple, quant au bien-fondé
d'accorder aux autobus un statut particulier au plan de la vitesse. D'une part,
ce serait consacrer un droit que les conducteurs d'autobus ont
déjà depuis longtemps considéré comme acquis si on
juge leur comportement sur les routes, compte tenu des horaires très
serrés qu'ils doivent respecter et de la tolérance dont les
policiers, sans raison, font preuve à leur endroit. D'autre part, ce
serait ouvrir une porte, à notre avis, à des abus bien plus
grands et créer un précédent inutile.
A nos yeux, cette partie de la réforme du Code de la route
démontre l'apparition d'une pensée nouvelle appliquée
à un problème d'ensemble. Nous nous étonnons, cependant,
que cette inspiration se soit limitée à des articles visant
à favoriser la fluidité de la circulation des autobus sans
déboucher sur un problème d'une gravité autrement plus
grande et qui aurait dû être traité en toute
priorité. C'est à ce niveau que se situent les sérieuses
réserves que nous tenons à exprimer quant à l'importance
relative que cette réforme accorde à la sécurité
routière.
Nous aurions souhaité reconnaître, dans les orientations
que propose la présente réforme, une
préoccupation sociale encore plus marquée, une
volonté articulée de s'attaquer à un problème de
santé publique qui semble encore une fois nous échapper. Nous
tenons encore à rappeler que la problématique des accidents de la
route est complexe et qu'aucune solution efficace et durable ne peut être
obtenue par des mesures partielles ou isolées. C'est dans un ensemble de
mesures cohérentes, intégrés dans un plan national,
doublées d'une volonté politique manifeste et d'une
sensibilisation soutenue de la population que la solution au grave
problème des accidents de la route au Québec trouve ses
conditions idéales.
Dans cette perspective, le Code de la route nous apparaît un des
éléments de cette stratégie dont on ne peut nier la
portée réelle. Toutefois, selon nous, la seule opération
de rajeunissement du Code de la route ne constitue pas une contribution
significative à la réduction des accidents de la route. La
gravité du problème est telle que nous croyons devoir, une fois
de plus, en rappeler les composantes majeures.
Les tragédies routières sont à ce point
fréquentes qu'elles n'émeuvent généralement
personne, sinon les principaux intéressés. Il faut des morts
à la dizaine pour que tressaille momentanément une opinion
publique confortablement installée dans une indifférence qui
dépasse l'entendement. Toute autre activité humaine qui ferait un
nombre équivalent de victimes provoquerait une levée de
boucliers. Or, notre capacité collective d'indignation ne s'est jamais
manifestée face à l'hécatombe annuelle sur nos routes.
Sur le plan humain, les conséquences de ce fléeau ne sont
pas mesurables. Les statistiques ne font jamais état des traumatismes
qu'engendrent toutes ces morts prématurées, inutiles, absurdes.
Des morts, on n'en parle qu'une fois; en trois lignes, dans la colonne des
faits divers.
Nous n'avons pas ici l'intention de décrire par le détail
tout ce que ceci signifie pour les individus. Chacun de nous connaît,
dans sa famille ou chez ses amis, des gens qui ont été victimes
d'accidents. Ce fléau n'épargne vraiment personne.
Pour la collectivité québécoie, le cumul des morts
et des blessés prend des proportions inquiétantes. Devons-nous
rappeler que les victimes sont en majorité des gens ayant entre 15 et
25, ceux-là mêmes qui constituent la force vive d'une nation, la
relève nécessaire dans un Québec où ce
phénomène, vu en regard de notre faible taux de natalité,
risque d'avoir des incidences démographiques tout simplement
désastreuses?
Dans une société où les besoins de tous ordres se
révèlent de plus en plus nombreux, où l'on souhaite une
utilisation plus efficace des deniers publics et où l'on exprime face
à l'Etat des exigences grandissantes, il est impérieux de
démontrer la plus grande efficience dans la gestion des montants
confiés à l'administration publique. Or, toutes ces morts, toutes
ces souffrances se traduisent par des coûts astronomiques pour la
collectivité québécoise. Les pertes économiques
encourues suite à des accidents sont énormes. Nous estimons
grossièrement à entre $1 milliard et $1,5 milliard et ce
qu'une façon conservatrice par année ce gaspillage, le
plus aberrant qu'on puisse imaginer.
Or, jusqu'à aujourd'hui, le Québec ne s'est jamais
donné les moyens ayant une envergure suffisante pour agir sur l'ensemble
d'un domaine aussi vaste et complexe. Les interventions sont demeurées
ponctuelles, les effets étant également limités dans le
temps. De toute manière, il n'a jamais été possible de
connaître les retombées exactes des actions entreprises pour
promouvoir la sécurité routière. Tout ce que nous savons
de manière certaine, c'est que le nombre d'accidents et de victimes
augmente presque invariablement d'une année à l'autre.
Si on compare le bilan du Québec avec celui de l'Ontario, par
exemple, notre piètre performance ressort encore plus clairement. En
1977, il y a 1556 tués sur les routes québécoises contre
1420 en Ontario. En taux par 100 000 habitants, cela donne 24,7 pour le
Québec et 16,9 pour l'Ontario. Ces comparaisons sont loin d'être
flatteuses et, pour peu qu'on regarde les données comparant
Montréal et Toronto, elles deviennent nettement embarrassantes. Selon
les chiffres préliminaires dont nous disposons, 152 personnes, dont 81
piétons, ont été tuées dans des accidents sur le
territoire de la Communauté urbaine de Montréal en 1978, alors
que 85 Torontois, dont 49 piétons, perdaient la vie dans une ville
pourtant plus populeuse que Montréal.
Nous reconnaissons que de sérieuses tentatives ont
été faites pour redresser la situation. Ceux qui se
préoccupent de la question avaient fondé d'immenses espoirs sur
l'adoption de certaines mesures dont on attendait des résultats positifs
à moyen terme. L'obligation de porter la ceinture de
sécurité, par exemple, est tout simplement ignorée par
plus de 60% des automobilistes québécois. Cela démontre,
à notre avis, qu'il ne suffit pas d'adopter une loi pour régler
un problème. Toute mesure doit s'intégrer dans une
démarche globale visant à préparer le climat dans lequel
elle s'appliquera, à commencer par un sondage visant à mesurer la
réceptivité de la population. Il s'agit ensuite de mener au
besoin de vastes campagnes d'information et subséquemment de veiller
à une application vraiment rigoureuse.
On ne peut espérer une augmentation spectaculaire du nombre
d'automobilistes qui respectent le port de la ceinture au sein d'une
collectivité si les citoyens et les policiers ne sont pas convaincus de
son utilité.
Le gouvernement, en adoptant le système de points de
démérite, croyait aussi donner aux responsables un excellent
outil de compilation et de suivi du dossier des conducteurs délinquants.
Nous souhaitions, pour notre part, utiliser ce moyen pour ajuster la
contribution d'assurance en fonction du risque que certains automobilistes
fautifs représentent. Or, il nous a été impossible de le
faire étant donné le manque de rigueur de ce système.
Encore là, nous croyons que le manque d'uniformité et de
fermeté dans l'application de cette mesure, assorti à de
sérieux problèmes dans
sa gestion, contribue à neutraliser les effets
bénéfiques que pourrait avoir le système de points de
démérite s'il était vraiment fonctionnel. (21 h 45)
L'attitude des conducteurs face à l'utilisation des
véhicules automobiles et leur comportement sur la route tout le
monde le sait sont à l'origine de la presque totalité des
accidents, soit au moins 85%. Ces facteurs reconnus partout comme étant
la cause majeure des accidents se retrouvent chez nous avec une acuité
plus grande encore. Trop souvent les Québécois se conduisent au
volant de manière anarchique, désordonnée, en faisant
preuve d'un mépris des lois et d'une inconséquence incroyable.
Compte tenu de ce fait, nous nous interrogeons quant à
l'opportunité et au réalisme de permettre, au point où
nous en sommes, certaines pratiques qui sont en usage ailleurs, mais qui
risquent de s'avérer désastreuses chez nous. Ainsi, les virages
à droite sur les feux rouges et les dépassements par la droite,
pour ne citer que ces exemples, devraient être réexaminés
à la lumière des habitudes de conduite solidement ancrées
dans la mentalité québécoise.
Enfin, il nous apparaît essentiel d'insister sur le fait que
l'application vigoureuse et rigoureuse du Code de la route est un facteur
déterminant de son efficacité. Il faut, selon nous, des mesures
preventives plus sévères, mais encore davantage, une rigueur et
une efficacité encore jamais vues chez nous des systèmes
policiers, judiciaires et administratifs. Cette application
systématique, cohérente du Code de la route ne saurait se faire,
non plus, sans inculquer à ceux qui sont chargés de son
application, une valeur tout aussi grande à la prévention des
accidents de la route qu'à la lutte contre le crime.
Un sondage que nous avons effectué récemment nous
révèle, à ce propos, que le moment est propice à
une action décisive. En effet, une forte proportion de
Québécois pense que les accidents constituent une menace
sérieuse pour eux et leur famille. La grande majorité croit que
les comportements fautifs des conducteurs sont la cause des accidents,
notamment la conduite en état d'ébriété et la
vitesse excessive. Un nombre impressionnant de nos concitoyens souhaite une
intervention vigoureuse de l'Etat sous la forme de lois plus
sévères, de pénalités plus fortes et d'une action
policière plus stricte.
Il est intéressant de noter que plus de la moitié des
Québécois sont d'avis que la surveillance routière est
présentement moins stricte au Québec qu'aux Etats-Unis et en
Ontario.
La gestion du dossier de la sécurité routière. A un
problème d'ordre social attribuable en grande partie, comme nous l'avons
dit, au comportement des conducteurs, on a proposé dans l'ensemble des
solutions tenant surtout de l'ingénierie. Faute d'une analyse globale,
on a aussi tenté d'agir au niveau des séquelles plutôt que
de s'en prendre à l'ensemble des causes. Les interventions se sont
multipliées, souvent avec une bonne volonté évidente, sans
que les efforts ne soient coordonnés et inscrits dans une action
cohérente et suivie.
Pourtant, les accidents de la route, pris comme un
phénomène social, peuvent être sérieusement
combattus, leur fréquence et leur gravité réduites, pour
peu qu'on adopte une approche qui corresponde à la véritable
nature du problème, avec des moyens proportionnels à son ampleur.
C'est la voie qu'ont suivie, sans exception, tous les Etats qui ont
réussi à freiner l'augmentation des accidents sur leurs routes,
à les réduire considérablement dans certains cas.
Fait à noter, les pays qui ont un dossier sécuritaire
édifiant refusent même le concept d'un niveau acceptable
d'accidents et poursuivent leurs efforts en recherches et en communication de
masse pour diminuer constamment le taux de leurs accidents. Dans tous les cas,
le gouvernement concerné a démontré une volonté
très ferme d'intervenir en se donnant les moyens de le faire. Au
Québec, nous voyons apparaître la première manifestation
d'un tel niveau de préoccupation, par la création d'un Conseil
interministériel en sécurité routière. C'est
pourquoi il nous apparaîtrait prématuré de consacrer un
service gouvernemental dans un ordre de gestionnaire global de la
sécurité routière au Québec. Si tel était le
cas, nous aurions souhaité, au préalable, que se tienne une
réflexion de fond sur l'ensemble de la problématique à
partir d'une pensée novatrice, avant que ne soit arrêtée
une décision qui enferme la gestion dans le statu quo, en quelque
sorte.
L'insuccès chronique du Québec en matière de
prévention routière ne s'explique pas autrement que par l'absence
d'une politique nationale et d'une structure intégrée susceptible
de définir et de surveiller toutes les étapes de son application.
Si nous insistons sur l'élaboration d'une politique nationale, c'est
qu'elle nous apparaît comme étant la seule approche
cohérente capable de produire des résultats valables.
Nous devons, de toute urgence, approfondir notre connaissance des causes
des accidents, centraliser l'information au sein d'un organisme ayant
l'autorité nécessaire pour définir les mandats de chaque
intervenant afin de coordonner leur action selon une stratégie
d'ensemble. Le temps des actions isolées et des solutions ponctuelles
est résolu. Il faut, de toute urgence, consentir à une
réflexion en profondeur pour bien saisir l'ensemble du problème,
réflexion d'où sortira, nous l'espérons, une pensée
nouvelle en sécurité routière.
En conclusion, il n'est pas de notre intention de reprendre par le
détail tous les articles du Code de la route qui ont trait à la
sécurité routière et d'en faire une analyse approfondie.
Nous tenons à situer notre intervention au niveau de l'esprit
plutôt que de la lettre. Toutefois, nous pouvons déjà
identifier trois grands blocs d'interventions sur lesquels pourraient porter la
refonte du Code de la route et qui démontreraient une volonté
bien arrêtée de s'attaquer aux problèmes.
Selon nous, les articles portant sur la vitesse, sur la conduite avec
facultés affaiblies et sur le port de la ceinture de
sécurité devraient véhiculer, à la fois par leur
contenu et leur niveau d'appli-
cabilité, une pensée délibérément
orientée vers la recherche d'une solution efficace à
l'épidémie des accidents de la route. Si la réforme du
Code de la route ne dénote pas, face à la prévention
routière, le haut niveau de préoccupation que nous aurions
souhaité y trouver, nous ne voyons pas que la population en
général, prendra cette nouvelle version plus au sérieux
que la précédente.
Quelle garantie, quel espoir avons-nous, en effet, de voir les
automobilistes considérer le Code de la route autrement que comme une
loi mineure? Comment procéderons-nous pour modifier la perception qu'on
de trop nombreux automobilistes et piétons de cette loi qui,
censément, existe pour leur protection? Comment convaincre les policiers
qu'ils doivent l'appliquer avec une rigueur éclairée, comme une
loi aussi importante que toutes les autres? Que ferons-nous pour mettre un
terme à cette pratique, chère à certains policiers, qui
consiste à se cacher pour sévir plutôt qu'à se
montrer pour prévenir et empêcher les citoyens d'en conclure que
les règlements de la circulation sont d'abord un mode de financement
pour les municipalités?
En attendant d'obtenir des réponses à ces questions, nous
devons constater que pour l'instant, le Code de la route n'a pas, dans l'esprit
des Québécois, la même valeur que les autres lois. Du point
de vue pénal, les infractions commises n'entraînent pas des
conséquences aussi graves que d'autres condamnations, ni la même
réprobation sociale qui suit les manquements à d'autres lois.
De plus, l'absence de cohérence entre les niveaux d'application
du Code de la route discrédite cette loi aux yeux des citoyens. Lorsque
l'action policière n'est pas suivie au niveau juridique ou que les
points de démérite sont attribués six mois après
l'infraction, comment éviter que les automobilistes en déduisent
que l'Etat lui-même ne prend pas le Code de la route au
sérieux?
Cette attitude des citoyens face au Code de la route et l'importance
relative que lui accorde les juristes sont autant de facteurs qui contribuent
à la réticence qu'ont de nombreux policiers à
exécuter cette partie de leur travail. Ils se sentent en effet
dévalorisés d'appliquer une loi dont l'ensemble de la population
ne reconnaît pas, a priori, le bien-fondé. A notre avis, le Code
de la route doit être plus qu'une loi. Il doit être le reflet de la
volonté gouvernementale d'exprimer sa préoccupation pour le
bien-être de ses citoyens en utilisant les moyens dont dispose un Etat
moderne pour juguler un fléau qui menace d'aussi sérieuse
manière notre devenir collectif.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. de Coster. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, je tiens à remercier
M. de Coster pour son plaidoyer en faveur de meilleures mesures de
sécurité routière. Je vais laisser les points
précis du Code de la route en particulier la question concernant
le trans- port en commun, la question des 100 kilomètres ou le tournage
à droite, je pourrai y revenir pour essayer de préciser ou
de faire préciser certaines affirmations, qui sont réelles, du
président de la Régie de l'assurance automobile.
A la page 3 du mémoire, il affirme ce qui suit: "A nos yeux,
cette partie de la réforme du Code de la route démontre
l'apparition d'une pensée nouvelle appliquée à un
problème d'ensemble. Nous nous étonnons cependant que cette
inspiration se soit limitée à des articles visant à
favoriser la fluidité de la circulation des autobus, sans
déboucher sur un autre problème d'une gravité autrement
plus grande et qui aurait dû être traité en toute
priorité. C'est à ce niveau que se situent les sérieuses
réserves'que nous tenons à exprimer quant à l'importance
relative que cette réforme accorde à la sécurité
routière.
J'aimerais avoir des explications à savoir sur quoi nous aurions
dû déboucher, à savoir quel problème d'une
gravité autrement plus grande aurait dû être traité
en premier lieu? Il est certain j'y reviendrai tout à l'heure
que le Code de la route n'est qu'un instrument, mais j'aimerais qu'on
puisse développer un peu le sens de ce paragraphe, à savoir sur
quel problème nous aurions dû donner la priorité. Est-ce le
problème global des accidents? Je me dis, comme je l'ai dit à
maintes et maintes reprises, comme vous l'avez affirmé ce soir, comme
vous l'avez dit en conférence de presse: Nous avons conscience qu'il y a
un problème très sérieux, mais j'aimerais avoir des
explications à savoir lequel, parmi tous les problèmes, devrait
être traité en premier lieu?
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, M. de Coster.
Etant donné qu'il est dix heures, normalement, selon le
règlement, la commission devrait ajourner ses travaux à moins
qu'il y ait consentement des membres pour continuer.
Des Voix: Consentement, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): II y a consentement, alors
nous continuons, M. de Coster.
M. de Coster: En somme, ce que nous avons voulu souligner, c'est
que le problème, comme vous l'avez souligné vous-même, M.
le ministre, de la sécurité routière ou la
problématique des accidents de la route est un problème qui est
vaste et complexe dans son ensemble.
Ce que nous aimerions voir, c'est l'établissement de mesures
cohérentes dans un ensemble qu'on retrouverait comme plan national de
sécurité routière. La première des
préoccupations, c'est de retrouver un plan coordonné, un plan
cohérent, un plan complet de sécurité routière au
niveau national. Ce qu'on espère retrouver, en plus du comité
interministériel que nous avons mentionné, de la création
duquel nous nous réjouissons, c'est un mécanisme ou un organisme
qui serait spécifiquement mandaté pour concevoir ce plan
d'ensemble, ces mesures complètes et cohérentes et qui le serait
aussi pour voir, non seulement à l'éla-
boration, mais à l'exécution de ce plan d'ensemble et
à la coordination des efforts des différents organismes qui sont
spécifiquement mandatés pour l'appliquer à travers le
réseau.
Cela veut dire l'établissement du plan d'ensemble, cela veut dire
de la recherche sur la sécurité routière, cela veut dire
de l'information sur la sécurité routière et cela veut
dire l'exécution du plan lui-même.
Nous concevons le Code de la route comme l'un des éléments
très importants, une des pièces majeures de toute cette
problématique de la sécurité routière et nous ne
croyons pas, à l'heure actuelle, que le Code de la route tient compte
assez rigoureusement d'une préoccupation de sécurité
routière qui va faire changer le comportement des automobilistes qui est
fautif à l'heure actuelle et faire modifier la philosophie ou l'attitude
qu'ont les automobilistes vis-à-vis du Code de la route, qui,
aujourd'hui, comme on l'a souligné, est considéré comme
une loi plutôt mineure, dont la sévérité des mesures
n'est pas aussi grande que dans d'autres pays et dont l'application n'est pas
aussi vigoureuse ou aussi rigoureuse qu'on pourrait le souhaiter.
Nous avons retrouvé, dans le Code de la route nous le
soulignons ici une préoccupation pour le transport en commun.
Nous avons trouvé là davantage une préoccupation
axée vers la circulation elle-même, vers la conservation de
l'énergie ça été pris comme exemple
et nous aurions souhaité qu'on aille au-delà de ces
préoccupations pour imprégner, peut-être, une
préoccupation plus vigoureuse en matière de
sécurité routière et particulièrement dans les
domaines comme l'alcool ou la conduite avec facultés affaiblies, le port
de la ceinture elle-même, les points de démérite, etc. (22
heures)
Alors, c'est l'ensemble peut-être que la formulation a
porté à interprétation c'est réellement ce
qu'on avait comme philosophie à l'expression de ces...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: J'ai la même préoccupation que vous. Il
s'agit de trouver le moyen... tout à l'heure, on reviendra sur le
comité interministériel qui a été constitué
mais en vertu de la Loi du ministère des Transports où on
précise les pouvoirs du ministre, il est dit que le ministre, plus
particulièrement, a le pouvoir de promouvoir le développement et
la mise en oeuvre de programmes de sécurité et de
prévention des accidents. On parlera de la division de pouvoirs
après. Mais est-ce que vous voudriez dire que la gestion de la
sécurité comme telle ou cette autorité qui est
accordée au ministre en vertu de la loi, devrait plutôt être
enlevée du ministère des Transports et donnée à un
organisme quelconque qui serait constitué?
M. de Coster: M. le ministre, je ne voudrais pas dire qu'on
devrait soustraire l'autorité au ministre des Transports, qu'on devrait
lui soustraire son mandat d'oeuvrer en sécurité routière,
mais ce que nous constatons, à l'examen des pays où,
effectivement, des résultats marqués en sécurité
routière ont été notés, il y a eu des organismes,
des plans nationaux spécialement créés et placés
à un niveau où il n'y a absolument aucun conflit, où il ne
peut pas y avoir de fragmentations ou de conflits d'autorité. En France,
par exemple, il y a eu, sous M. Chaban Delmas, la création de l'Office
de la sécurité routière qui a été
placé au niveau du premier ministre lui-même. Il y a eu un
comité interministériel et les ministères titulaires ont
continué à avoir leur autorité, excepté que cet
organisme coordonnait les efforts, a établi un plan national, et a
apporté une vigueur qu'on peut difficilement ou qu'on pouvait à
ce moment-là, au moins en France, difficilement attribuer à un
organisme de tutelle.
Si nous prenons l'expérience de la Suède, c'est la
même chose...
M. Lessard: ... Belgique.
M. de Coster: II y a, comme vous le savez, une expérience
au Japon également, qui est dans ce sens. La Suisse a une
expérience en ce sens aussi, excepté que là, il y a
peut-être l'aspect intéressant d'un organisme mixte, entre une
entreprise privée et un organisme d'Etat. L'Australie s'oriente vers ce
système-là. Non pas que les ministres titulaires ou les
ministères titulaires n'ont pas un rôle à jouer, bien au
contraire. Ils ont un rôle à jouer, mais le problème semble
déborder le ministère lui-même et semble englober tellement
d'aspects qu'ils ont cru, eux, à la nécessité de situer
cette préoccupation à un niveau réellement
supérieur.
M. Lessard: Mais ne pensez-vous pas, justement, que la
proposition que j'ai faite au Conseil des ministres et qui a été
acceptée, constituant parce qu'on ne peut pas découvrir
Rome en un jour le Conseil de la sécurité routière,
avec le ministre de la Justice, le ministre de l'Education, le ministre
responsable de l'assurance automobile et naturellement, les principaux
fonctionnaires qui sont attachés à ce ministre, est-ce que,
justement, la création de ce Conseil de sécurité ne
démontre pas parce que j'ai constaté également les
problèmes que nous rencontrons par une fragmentation que
l'intention du gouvernement d'empêcher la fragmentation et d'en arriver
il y a des choses que vous affirmez, concernant par exemple, toute la
coordination avec les corps de policeà affirmer ou à
développer une politique nationale de sécurité
routière, mais où ce ne sera pas juste le ministre des Transports
qui en aura conscience, mais où d'autres ministres aussi seront
impliqués là-dedans et pourront en prendre conscience?
M. de Coster: M. le ministre, j'ai vu le mémoire que vous
avez déposé au Conseil des ministres, j'ai vu la
résolution du Conseil des ministres et, comme nous le soulignons dans le
rapport, nous considérons que c'est réellement la
manifestation
d'une préoccupation et d'une volonté... Dans les pays
comme la France, et dans les autres pays que j'ai déjà
mentionnés, ces comités interministériels existent. Ce
sont des comités qui ont pour but de faire se concerter les ministres
titulaires, de susciter la recherche, de susciter la collecte d'information, de
susciter l'établissement d'un plan national. Nous notons, par exemple,
que le rôle des ministres, à ce moment-là, a
été un rôle de catalyseur pour susciter les travaux, mais,
effectivement, il y a toujours eu un mécanisme central. Qu'il soit
greffé à ce comité ou qu'il soit greffé au cabinet
du premier ministre, il faut qu'il soit greffé à
l'autorité qui est capable, en somme, de faire concevoir ce plan et d'en
assurer son application.
Ici, nous ne préjugeons pas de ce que seront les fonctions du
comité interministériel; ce que nous disons, c'est qu'il doit y
avoir ce mécanisme. Qu'il soit relié au comité
interministériel ou qu'il soit relié à une autre
autorité, il ne nous appartient pas de le définir.
M. Lessard: Justement, en parlant du comité
interministériel, à la page 7 de votre mémoire, vous
dites: "Dans tous les cas, le gouvernement... Au Québec, nous voyons
apparaître la première manifestation d'un tel niveau de
préoccupations par la création d'un conseil
interministériel de sécurité routière. C'est
pourquoi il nous apparaîtrait prématuré de consacrer un
service gouvernemental dans un rôle de gestionnaire de la
sécurité routière au Québec. Si tel était le
cas, nous aurions souhaité, au préalable, que se tienne une
réflexion de fond sur l'ensemble de la problématique, à
partir d'une pensée novatrice, avant que ne soit arrêtée
une décision qui enferme la gestion dans le statu quo, en quelque
sorte."
Je vous avoue que la prémisse à savoir que la
création d'un conseil interministériel va peut-être nous
conduire à quelque chose, enfin, que la conclusion parce que vous
allez être membre, quand même, comme fonctionnaire de ce
comité interministériel je m'interroge un peu sur la
conclusion.
M. de Coster: M. le ministre, il y a probablement confusion dans
la terminologie que nous avons employée. Ce à quoi nous voulions
nous référer, c'est à l'article 2 du projet de loi qui
semble vouloir identifier le Bureau des véhicules automobiles, qui est
le service gouvernemental auquel nous nous référons
spécifiquement, qu'on dit chargé du contrôle de la
compétence des conducteurs de véhicules routiers et de la
sécurité routière en ce qui a trait au comportement des
usagers de la route.
Nous nous sommes interrogés quant aux intentions du projet de
loi. Est-ce qu'il veut identifier le Bureau des véhicules automobiles
comme le mécanisme privilégié en matière de
contrôle de sécurité routière en ce qui a trait au
comportement des usagers de la route? Si c'est là l'esprit du projet de
loi, nous disons que nous aurions aimé, surtout dans l'esprit de la
création du conseil interministériel, qu'avant que soit
identifié le Bu- reau des véhicules automobiles comme le
mécanisme de contrôle de sécurité routière en
matière de comportement des usagers, que le comité
interministériel ait le temps de penser à cette formulation.
Je m'excuse de la confusion, s'il y a confusion ici, je le
répète, nous ne mettons pas en doute l'utilité du conseil
interministériel et son rôle, mais nous disons qu'étant
donné que le conseil interministériel a été
créé nous souhaiterions qu'il n'y ait pas d'organisme qui soit
mandaté spécifiquement par une loi, ou en exclusivité par
une loi pour s'occuper de sécurité routière.
M. Lessard: En attendant que notre politique globale soit
constituée, tel que vous le précisez, dans la loi, en relation
avec les ministres concernés, il faut qu'il y ait un bureau en
fait, ce bureau a été rattaché au ministère des
Transports, constitué par la loi qui soit responsable de
l'émission des permis...
M. de Coster: Sans aucun doute.
M. Lessard:... de l'enregistrement des points de mérite,
etc. On le sait aussi, cela nous a créé des problèmes,
cela a été fait en collaboration, mais, jusqu'ici, ce bureau est
responsable aussi de ramasser l'argent pour la régie.
M. de Coster: M. le ministre, je pense qu'on ne conteste pas
ça. Je ne voudrais pas qu'on donne l'impression de contester ce fait. Je
pense que le Bureau des véhicules automobiles aura toujours son
rôle à jouer; il aura toujours un rôle bien
spécifique à jouer. La préoccupation que nous avions ou
l'interrogation que nous avions est la suivante: Est-ce que l'article 2 a pour
but de conférer une exclusivité au Bureau des véhicules
automobiles en ce qui a trait aux initiatives en sécurité
routière?
M. Lessard: Je n'ai pas en mémoire, en ce qui concerne la
sécurité routière, la Loi de la Régie de
l'assurance automobile. Comme vous l'indiquez dans votre mémoire,
étant donné que vous avez la responsabilité de maintenir
les assurances au plus bas coût, vous étendez votre mandat en
disant que vous devez vous préoccuper en même temps de la
sécurité routière. J'en conviens, mais, en vertu de la loi
actuelle nous aurons certainement des rencontres du comité
interministériel la responsabilité première de
promouvoir le développement et la mise en oeuvre de programmes de
sécurité et de prévention des accidents relève, en
vertu de l'article 3 de la Loi du ministère des Transports, du ministre
des Transports.
Ce qui m'inquiète, M. de Coster c'est pourquoi j'ai
créé ce comité interministériel de la
sécurité routière c'est que justement le
développement de politiques de sécurité routière
est en train de s'éparpiller un peu partout actuellement je n'ai
pas besoin de vous dire... on reviendra à ça tout à
l'heure par exemple, entre la Sûreté du Québec, le
ministère de la Justice, le
ministère des Transports. Je constate que, du côté
de la régie, il y a des initiatives et je vous avoue, sans
coordination, à ma connaissance, mais je peux me tromper avec le
ministre responsable, que ce soit dans le lancement de la publicité
Alerte, que ce soit sur un colloque international qui a été
lancé. A mon sens, vous parlez beaucoup dans votre mémoire de
coordination, mais, jusqu'ici, on semble s'en aller en parallèle. Cela
commence aussi à être inquiétant.
M. de Coster: D'accord que la fragmentation et le manque de
coordination est néfaste à l'élaboration d'un plan global
et à son exécution, M. le ministre. La régie a
tenté, cependant, de rester dans un contexte global
général et ce que nous avons tenté de faire à
l'heure actuelle, c'est simplement d'alerter la population, d'essayer de lui
faire prendre conscience des problèmes de la sécurité
routière. C'est ce que nous avons tenté de viser par chacune de
nos interventions. C'est le leitmotiv, le thème de nos interventions.
Nous ne voulons, d'aucune façon, intervenir dans les juridictions des
autres organismes. Nous avons tenté d'élever la prise de
conscience de la population à un problème qu'on considère
extrêmement sérieux. C'est le but de toutes nos initiatives, c'est
le but de toute notre stratégie en matière de
sécurité routière.
M. Lessard: Je suis d'accord...
M. de Coster: Nous aurions souhaité
énormément pouvoir nous inscrire à ce moment-là
dans une politique gouvernementale globale qui aurait été
certainement plus efficace pour tout le monde.
M. Lessard: D'accord, mais il est quand même bon de
coordonner nos opérations de telle façon, un peu comme vous le
dites dans votre mémoire, que l'argent des contribuables je ne
pose pas de jugement de valeur soit utilisé de la façon la
plus efficace possible. Si, de mon côté, en sécurité
routière, j'ai mon programme sur les jeunes, sur le port de la ceinture
de sécurité, etc., et d'autres programmes qui venaient et que,
d'autre part, par exemple, la Régie de l'assurance automobile
développe ses propres programmes, on va se marcher sur les pieds.
M. de Coster: C'est certain, M. le ministre. Je pense que vous
êtes aussi conscient qu'il y avait deux ministères qui
commençaient une campagne publicitaire sur l'alcool. Je suis bien
d'accord là-dessus. Je pense que ce qu'on souhaite tous, c'est qu'on en
vienne à cette coordination sous un mécanisme qui sera
réellement efficace. {22 h 15)
Je m'excuse. On fait un peu le parallèle avec les
problèmes de sécurité au travail et de maladies
industrielles. On a retrouvé une préoccupation très grande
dans ce domaine et on retrouve, de la part du ministre d'Etat au
développement social, une pensée, une philosophie, un plan
d'ensemble qui vise toute la sécurité au travail et la
prévention des maladies industrielles. En somme, c'est une pensée
globale dans ce sens qu'on voudrait souhaiter pour la sécurité
routière.
M. Lessard: Et c'est l'objectif du conseil de la
sécurité où les ministres se réuniront. Il y aura
un secrétariat permanent je l'espère en tout cas et
on pourra le faire au niveau de la régie, au niveau du ministre
responsable de la sécurité, au niveau du ministre responsable de
l'application du Code de la route aussi parce que, comme vous le
soulignez dans votre mémoire, c'est fondamental au niveau du
ministre de l'Education en ce qui concerne les cours de conduite automobile et
au niveau d'autres ministères, ministère des Affaires sociales,
par exemple parce qu'il ne faut quand même pas que le
comité devienne le Conseil des ministres lorsque le besoin s'en
fera sentir. C'est l'objectif, mais on ne peut pas le faire du jour au
lendemain.
J'aurais une autre question; vous dites, à la page 6 de votre
mémoire: II nous a été impossible de le faire,
étant donné l'utilisation du point de démérite. On
a la même préoccupation; je pense que le Bureau des
véhicules automobiles a été passablement surchargé
lorsque nous avons eu, ainsi que la régie, à percevoir et
à travailler ensemble pour la perception des fonds de l'assurance
automobile du Québec. On avait comme objectif je l'avais
d'ailleurs indiqué dans mon livre blanc d'établir un genre
de points de démérite, un peu comme l'Alberta. Le système
de points de démérite, tel qu'il est fait actuellement, nous en
sommes conscients, ne peut pas nous permettre de répondre aux objectifs
que vous visez, à savoir faire payer, par le conducteur dangereux, des
primes plus élevées que le conducteur qui n'a pas d'accident.
J'aimerais quand même savoir quelles sont les raisons qui ont fait que le
système de points de démérite, étant donné
son manque de rigueur, a été impossible à utiliser.
M. de Coster: M. le ministre, je pense que nous avons eu avec le
Bureau des véhicules automobiles, sur cette question de points de
démérite, de longues discussions; nous avons fait des travaux
pour essayer de cerner complètement toute cette problématique des
points de démérite. Ce que nous avons constaté,
fondamentalement, c'est qu'il y avait d'abord un manque flagrant
d'uniformité dans le traitement des infractions dans tout le
mécanisme. Cette remarque que nous faisons dans le mémoire n'est
pas dirigée uniquement ou directement au Bureau des véhicules
automobiles, c'est tout le mécanisme qui nous apparaît
défectueux dans son application. C'est un mécanisme que, je
pense, beaucoup de monde nous envie, mais, dans son application, il a
trouvé des difficultés, particulièrement dans le manque
d'uniformité du traitement des infractions par les corps policiers et
par les cours municipales. C'était un des éléments qui
faisaient qu'il y avait, dans le système, une iniquité flagrante
qu'il nous était impossible d'accepter sur le plan de la
tarification.
La deuxième carence ou la deuxième faiblesse qu'on a
trouvée, c'était la période de temps entre la commission
de l'infraction et son inscription dans les dossiers, ce qui faisait que
ça prenait environ six mois avant que l'infraction se retrouve dans le
fichier. Lorsque venait la période de la tarification, la période
était tellement longue que ça enlevait complètement
l'efficacité de la mesure.
M. Lessard: A ce moment, recommanderiez-vous que les points de
démérite soient inscrits au fichier du conducteur
immédiatement au moment où l'infraction est constatée?
M. de Coster: M. le ministre, ce sont des procédures qui
relèvent du Bureau des véhicules automobiles et nous n'avons pas
tenté, avec le Bureau des véhicules automobiles, de modifier son
système et les procédures; ce que nous avons constaté,
c'est qu'il nous était impossible, avec le système actuel, de
l'appliquer.
Nous devons conclure, surtout dans le contexte des tout derniers mois,
M. le ministre, que les faiblesses de ce système faisaient que le
système de points de démérite lui-même, qui est
souhaitable, très souhaitable, en somme, perdait
énormément de son efficacité.
M. Lessard: Parce que, d'abord, il a été
contesté, mais il va être corrigé par le nouveau Code de la
route. Lorsque je vous posais cette question-là, ce n'est pas tant une
question de modalités. Le problème soulevé d'abord, c'est
qu'au ministère de la Justice on envoit l'infraction;
deuxièmement, pour nous, au Bureau des véhicules automobiles,
jusqu'à ce que la preuve soit faite que la personne a été
condamnée, il nous est impossible... On vivra toujours avec ce
problème. L'efficacité ne doit pas aller au-dessus des droits
individuels des citoyens.
M. de Coster: D'accord.
M. Lessard: II nous est impossible d'inscrire des points de
démérite tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas eu
confirmation du tribunal que la personne était en faute. Quels que
soient les points de démérite, je pense que nous aurons toujours
ce problème.
M. de Coster: Je pense qu'on aurait peut-être pu vivre avec
des délais moins grands, qu'il aurait pu y avoir une certaine
amélioration dans le mécanisme lui-même qui aurait
rétréci les délais, mais ce qui nous gênait le plus
c'était le manque d'uniformité qui fait qu'il y a des corps
policiers qui ne font même par rapport des infractions alors que d'autres
le font religieusement. Il y en a qui font les rapports avec une grande rigueur
et d'autres qui sont absolument insouciants.
M. Lessard: Je reviens justement à la dernière
question. Je pense que le gros problème de la sécurité
routière et vous le soulignez vous-mêmes et du Code
de la route, c'est que chaque corps policier l'interprète à sa
façon. Nous avons au Québec les corps policiers municipaux, nous
avons la Sûreté du Québec, nous avons l'Office des
autoroutes du Québec et nous avons, au ministère, les agents
routiers qui sont spécialisés plutôt dans le secteur
très spécifique du transport.
M. de Coster: Mais, M. le ministre, je m'excuse, je comprends ce
que vous nous dites. Il reste tout de même qu'en se promenant sur les
routes du Québec, à l'heure actuelle, on constate chez le
conducteur une insouciance quasi suicidaire, un comportement absolument
déréglé, incompréhensible, et les résultats
sont là.
M. Lessard: Oui, j'en arrive justement, M. De Coster, à ce
point. C'est le ministre qui est responsable de la rédaction du Code de
la route, cependant l'application de cette réglementation relève
du ministère de la Justice. On le soulignait et je pense que je suis
entièrement d'accord sur une des dernières recommandations que
j'ai essayé de faire préciser par des policiers cet
après-midi, c'est que certains corps policiers font beaucoup plus,
à un moment donné; plutôt que de faire de la
prévention, ils jouent beaucoup plus à la cachette. Cette
division entre différents organismes probablement explique le fait que
la population est plus ou moins consciente d'appliquer ou de respecter le Code
de la route. Je prends l'exemple du port de la ceinture obligatoire. Tant et
aussi longtemps que les corps policiers, par exemple, n'auront pas conscience
qu'il y a une infraction prévue dans le Code de la route et qu'il faut
l'appliquer, les gens, comme le disait le député de Gatineau, ce
matin, ne respecteront pas le Code de la route.
En conclusion, c'est plutôt un commentaire que je voulais faire,
il va y avoir le Conseil de sécurité routière qui a pour
objectif, justement, d'essayer de coordonner les mêmes objectifs,
c'est-à-dire faire en sorte que les objectifs du ministre des Transports
se transmettent aussi au ministre de la Justice qui lui les transmettra aux
corps policiers, mais étant donné les problèmes que cela
soulève, est-ce que vous seriez d'accord et ce sera un des
objectifs qu'on regardera au Conseil de la sécurité
routière, si vous ne voulez pas me répondre, c'est votre droit
qu'une patrouille routière soit responsable, avec un objectif
précis, de la sécurité routière et soit
spécialisée dans l'application du Code de la route au lieu
d'avoir une division comme nous l'avons actuellement?
M. de Coster: M. le ministre, là-dessus, je pense qu'on
doit avouer notre incompétence pour pouvoir porter jugement
là-dessus. Encore une fois, ce que nous essayons de faire, ce n'est pas
tellement d'indiquer des mesures spécifiques ou des comportements
spécifiques des agents de sécurité routière, c'est
plutôt de faire le portrait ou le bilan de la sécurité
routière, et le bilan à l'heure actuelle est tellement
désastreux qu'on dit qu'il faut qu'il se fasse quelque chose. Le but de
notre
intervention, c'est de montrer réellement quel est ce bilan et
comment on en arrive à ne pas pouvoir l'améliorer, comme certains
autres pays l'ont fait.
M. Lessard: Monsieur, en terminant, quand je suis arrivé
au ministère, moi aussi, j'ai constaté le bilan, comme vous,
quand vous êtes arrivé à la Régie de l'assurance
automobile. Je pense que c'est normal que tout le monde qui est
préoccupé par la sécurité routière en parle.
Malheureusement, je dois le dire, comme vous l'avez dit et comme je l'ai dit
à maintes reprises, on dramatise bien souvent. Je déplore les
accidents d'autobus et du transport en commun et on va prendre des mesures pour
corriger cela le plus tôt possible, mais, malheureusement, c'est
simplement à ces occasions qu'on parle de sécurité
routière ou à l'occasion de quelques fins de semaine qui sont
particulières.
Alors, il va falloir qu'on prenne conscience de ça. Mais le bilan
est connu; on l'écrit, on le dit et on le crie. Peut-être qu'en le
criant les gens vont venir à en prendre conscience. C'est pour ça
que je constate que votre mémoire est très globaliste, à
part quelques remarques concernant les 110 kilomètres ou le tournage
à droite. Mais une fois qu'on a pris conscience de ce bilan, ce sont les
moyens qui seront plus difficiles à appliquer, parce qu'on a conscience
du bilan, mais modifier les attitudes et les habitudes des citoyens, c'est plus
difficile.
M. de Coster: M. le ministre, je pense qu'on vous souligne que
quand même on aurait le meilleur Code de la route, si son application
n'est pas rigoureuse, le code n'aura jamais son efficacité
complète. Alors, je pense qu'on souscrit énormément
à ce que vous nous dites, qu'on devrait avoir une application beaucoup
plus rigoureuse par les corps policiers qu'elle ne l'est maintenant. Je pense
qu'on pourrait facilement être accusés d'intervenir si on disait:
Bien, nous pensons que le corps policier devrait être un corps unique
plutôt que plusieurs corps. Mais tout ça devrait être
examiné globalement de façon qu'on puisse arriver par la
recherche, l'information et tout ça, globalisant tout ça,
à un plan national qui verra à déterminer si effectivement
il ne devrait pas y avoir un corps policier de patrouille, plutôt que les
différents corps qu'on a à l'heure actuelle.
M. Lessard: C'est exactement le but de la création du
Conseil de la sécurité routière.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, un très bref
commentaire dont la longueur sera indirectement proportionnelle à
l'intérêt que j'ai mis à étudier le mémoire
de la régie et à l'importance que je lui accorde. Par sa
qualité, le mémoire de la régie invite à une
réflexion que trop peu d'entre nous prenons la peine d'entreprendre et
j'en suis plus coupable que d'autres, puisque j'y ai souvent été
invité par mon collègue de Charlevoix au moment où il
était ministre des Transports et depuis qu'il est dans l'Opposition.
Quant à nous, M. le Président, nous souscrivons
entièrement à la philosophie qui sous-tend le mémoire que
vient de nous présenter le président de la Régie de
l'assurance automobile. Nous partageons, par exemple, votre point de vue,
lorsque vous dites que, quelles que soient les révisions au Code de la
route que nous puissions contempler, quels que soient les comités
interministériels que l'on puisse créer, quelles que soient les
mesures et l'expression est de vous qui relèvent surtout
de l'ingénierie qu'on puisse imaginer, on n'arrivera jamais aux
résultats que tous souhaitent en matière de
sécurité routière s'il n'y a pas une volonté
politique de faire en sorte que ce que nous avons déjà comme
outils soit utilisé de façon efficace, rigoureuse et
responsable.
Vous dégagiez tantôt, dans la lecture de votre
mémoire, trois éléments d'une politique de
sécurité routière: la vitesse, le problème des
facultés affaiblies et le port de la ceinture de sécurité.
Tout cela existe déjà dans le Code de la route, dans les lois et
dans les réglementations que le Québec possède. Pourtant,
les résultats de l'application des mesures qu'on a votées, qu'on
a adoptées ici à l'Assemblée nationale ou au Conseil
exécutif ne font pas la preuve qu'elles ont été efficaces.
(21 h 30)
Je conclus de la lecture de votre mémoire, M. de poster qu'il
faudra effectivement se donner une politique nationale de la
sécurité routière. Il faudra également en confier,
non seulement l'élaboration, mais, éventuellement, la mise en
application et le contrôle à un organisme quelconque.
Peut-être bien que c'est là la conclusion à laquelle en
viendra le comité interministériel créé par le
présent gouvernement.
Entre-temps, M. le Président et je termine
là-dessus il y a sûrement moyen de mettre en application ce
que nous avons déjà comme outils, et tout ce qui manque, à
ce jour et j'accepte volontiers que ce n'est pas facile, pour aucun
ministre, qu'il soit péquiste, libéral ou autre c'est
qu'il y ait une volonté politique de nous servir de ce que nous avons
déjà, et ce sera déjà beaucoup.
Je remercie encore une fois les régisseurs, en les invitant
à faire quelques commentaires qu'ils considéreront valables.
Quant à moi, j'ai beaucoup profité de l'étude du
mémoire et de l'audition de ce mémoire en commission
parlementaire.
Le Président (M. Bordeleau): Je remercie maintenant les
membres de la Régie de l'assurance automobile du Québec d'avoir
présenté ce mémoire, et je me vois dans l'obligation de
suspendre les travaux de cette commission pour quinze minutes, environ.
M. Gratton: M. le Président, avant de suspendre, est-ce
que je pourrais demander au ministre s'il entend demander à la
commission d'entendre... je crois qu'il nous reste trois mémoires.
M. Lessard: Je ne veux pas forcer les membres de la commission.
Je sais que ce sont de longues journées, et je pense qu'il y a eu des
gens qui que voulez-vous, les aléas de ce matin, on ne pouvait
pas les contrôler se sont déplacés et qui sont ici
ce soir, donc, s'il y avait consentement des membres, j'irais jusqu'à
épuisement des mémoires, sinon épuisement des membres.
M. Gratton: M. le Président, j'assure tout de suite que je
ne m'épuiserai pas, quelle que soit l'heure à laquelle nous
terminerons. Je voudrais qu'on remarque que si on suspend pour quinze ou vingt
minutes, nous ne reprendrons qu'à 23 heures et nous aurons encore trois
mémoires à entendre. Quant à nous, il me semble qu'il
pourrait peut-être, durant cette suspension de quinze à vingt
minutes, y avoir certaines discussions entre le gouvernement et les personnes
que nous devons encore entendre, à savoir l'opportunité de les
entendre ce soir.
Si les organismes désirent toujours être entendus ce soir,
ce n'est pas l'Opposition officielle qui s'y opposera M. le Président,
mais je ferai remarquer tout au moins au gouvernement que c'est une mauvaise
pratique de l'ancien gouvernement et que le nouveau gouvernement n'a pas
corrigée de convoquer huit ou neuf organismes pour la première
journée d'une commission parlementaire qui doit entendre ceux-ci,
lorsqu'on sait que la première journée se prête toujours
à des discussions d'ordre général qui retardent l'audition
de ces mémoires.
M. Lessard: Je dois souligner que si ce n'avait été
de la perte du temps de ce matin, nous aurions respecté notre programme.
Cependant, pendant les quinze minutes, on va discuter, si vous le permettez,
s'il y a possibilité, en collaboration avec le Club automobile du
Québec et l'Association des consommateurs parce qu'il faut
prévoir aussi que mardi prochain on devra siéger
d'entendre l'organisme qui vient de l'extérieur, soit la ville de
Montréal, quitte à demander aux deux autres organismes... Quant
à moi, j'aimerais autant, parce que même ces organismes, je pense,
souhaiteraient être entendus ce soir, si, après discussions, ils
désireraient plutôt passer demain, je vous ferai rapport. On peut
y aller tout à l'heure, en discutant avec eux, et je vous ferai
rapport.
M. Gratton: J'invite le ministre à tenir ces discussions,
et nous lui faisons confiance quant au bon déroulement de nos travaux
après la suspension.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. Suspension de la
séance à 21 h 35
Reprise de la séance à 22 h 54
Le Président (M. Baril): A l'ordre messieurs!
La commission permanente des transports reprend maintenant ses travaux.
J'inviterais maintenant les représentants de la ville de Montréal
à venir présenter leur mémoire.
M. Lessard: M. le Président, suite à des
discussions que nous avons eues avec l'Association des consommateurs du
Québec ainsi qu'avec le Club Automobile du Québec, ces deux
organismes sont prêts à attendre à demain pour soumettre
leur mémoire. Nous nous excusons encore une fois et nous les en
remercions; étant donné l'heure, cela se serait certainement
terminé très tard. Dans les circonstances, nous allons entendre
le mémoire de la ville de Montréal afin d'éviter à
ces gens de devoir revenir demain.
Ville de Montréal
M. Lorange (Pierre): M. le ministre, je vous remercie de cette
déférence à l'endroit de la ville de Montréal et je
voudrais remercier les associations qui nous ont cédé leur place
pour permettre à la ville de Montréal de présenter le
résumé de son point de vue sur l'avant-projet de la refonte du
Code de la route.
Auparavant, je voudrais, avec la permission du président,
présenter nos collaborateurs qui sont, pour la plupart, des hauts
fonctionnaires de la ville de Montréal qui ont participé à
la fois à l'étude de l'avant-projet de même qu'à la
rédaction et à la préparation du mémoire que la
ville a fait parvenir au secrétaire de la commission il y a
déjà une quinzaine de jours et que nous sommes très fiers
de déposer ce soir officiellement.
Je veux donc vous présenter à ma gauche, Me Jules Allard
qui est le directeur adjoint du contentieux de la ville de Montréal et,
à sa gauche, Me Jean Rochette du même service, le contentieux de
la ville de Montréal. A la gauche de Me Rochette, M. Roland Reeves,
greffier de la Cour municipale de Montréal. A ma droite, M. Yves
Pellerin, du service de la circulation, surintendant de la division technique;
à sa droite, M. Bernard Lalande qui est le surintendant de la division
du contrôle du stationnement.
Malgré les divers amendements qui furent apportés au cours
des années au Code de la route actuellement en vigueur afin de l'adapter
aux nouvelles réalités de la circulation routière au
Québec, à l'évolution des véhicules automobiles et
à l'apparition de nouveaux types de véhicules routiers, il
devenait de plus en plus nécessaire de moderniser la loi dans ce
domaine.
La ville de Montréal accueille donc favorablement l'avant-projet
du Code de la route que le ministre des Transports propose.
Saisissant l'occasion offerte aux personnes, aux groupes
intéressés à se faire entendre sur cette proposition de
réforme, la ville de Montréal désire toutefois, par
l'intermédiaire de ses représentants ici présents, faire
connaître ses commen-
taires à cette commission, lui faire part de ses
propositions.
Le territoire de la ville de Montréal compte actuellement 1600
kilomètres de chemins publics environ. En décembre 1978, 513 000
véhicules étaient immatriculés à Montréal,
dont 395 000 véhicules de promenade. Dans le Montréal
métropolitain, 1 225 000 véhicules sont immatriculés, dont
1 040 000 véhicules de promenade. Durant la même année, 3
010 000 véhicules sont entrés et sortis de l'île de
Montréal en utilisant les quinze ponts qui l'entourent. A
Montréal, 740 000 véhicules différents font un ou
plusieurs voyages par jour sur le territoire de la ville, dont 335 000 à
l'heure de pointe, en fin d'après-midi, soit entre 16 h 30 et 17 h
30.
Parmi les automobilistes qui circulent à Montréal, 54,5%
résident à l'intérieur de ce territoire et 45,5% sont
d'ailleurs, dont 20% des autres municipalités situées sur
l'île de Montréal, 16% des autres municipalités du
Montréal métropolitain, 7% du reste du Québec, 2% du reste
du Canada et 0,5% des Etats-Unis ou d'ailleurs.
Dans cette mesure et en fonction de son expérience acquise dans
ce domaine, la ville de Montréal désire se faire entendre au
sujet de la réforme du Code de la route du Québec. Nos
commentaires et nos propositions sont exposés en détail au
mémoire que nous avons fait parvenir au secrétaire des
commissions et dont les membres de cette commission ont ainsi pu obtenir
copie.
Il n'est évidemment pas dans notre intention de lire
intégralement le contenu de ce mémoire, nous nous limiterons
à résumer la position de la ville de Montréal à
l'égard des éléments de cette réforme qui lui
paraissent les plus importants, tout en assurant les membres de cette
commission de notre entière disponibilité pour répondre
aux questions qu'ils désiraient poser.
Description sommaire du contenu du mémoire de la ville de
Montréal: Après quelques commentaires et suggestions à
l'égard de la forme même de l'avant-projet, notre mémoire
traite de l'ensemble des chapitres qu'il contient et aborde les
différents aspects de la réforme proposée.
Comme en témoignent les chiffres cités
précédemment, la ville de Montréal connaît de
sérieux problèmes de circulation et, en raiéon du nombre
important de véhicules circulant sur son territoire, droits de
circulation de types différents et d'aménagements variés,
elle a porté une attention particulière aux règles de la
circulation proposées à l'avant-projet de loi.
Le volume également important des contraventions au Code de la
route ou aux règlements de la ville en matière de circulation,
dont s'occupe annuellement le greffe de la Cour municipale de la ville de
Montréal et les difficultés rencontrées dans
l'administration des procédures relatives à ces infractions ont
aussi incité la ville à formuler certains commentaires concernant
l'immatriculation des véhicules, les permis de conduire, les pouvoirs
des agents de la paix et la procédure à l'égard des
contrevenants. (23 heures)
En tant que corporation municipale détenant différents
pouvoirs en matière de circulation routière, suivant les
dispositions de sa charte ou celles du Code de la route actuel, le
présent mémoire contient aussi de nombreux commentaires ou
critiques relativement aux pouvoirs accordés à l'autorité
locale en vertu de l'avant-projet afin que la réforme du Code de la
route tienne compte des particularités propres à la ville de
Montréal ou communes à toutes les corporations municipales, tout
en reconnaissant la nécessité d'une certaine uniformité
dans le domaine routier à travers le Québec.
C'est dans le but d'apporter une collaboration franche et utile et
à la lumière de son expérience acquise que la ville de
Montréal vous soumet les divers commentaires et propositions contenus
dans ce mémoire dont nous allons maintenant résumer les
principaux éléments.
Les officiers de l'autorité locale. Actuellement, des
préposés au service de la circulation exercent à
l'égard de la réglementation municipale, en matière de
stationnement, les pouvoirs que l'article 1139 de la charte de la ville de
Montréal accorde à l'agent de la paix dans le cas d'une
infraction à une disposition d'un règlement de la ville relative
à la circulation, à la sécurité publique ou
à l'usage d'un véhicule automobile ou d'un accessoire d'un tel
véhicule. Sans être des agents de la paix, ces officiers peuvent
émettre des billets de contravention, des billets d'assignation, porter
plainte ou faire remorquer des véhicules stationnés
illégalement.
Eventuellement, il est possible que l'administration municipale juge
opportun de confier des responsabilités additionnelles à ces
officiers telles que le contrôle de la vitesse des véhicules
routiers sur les chemins publics dont l'entretien est à la charge de la
ville. Cette caractéristique propre à Montréal est
ignorée par l'avant-projet du Code de la route et appelle des
modifications à ses dispositions. Nous proposons principalement que le
nouveau Code de la route reconnaisse l'existence de ces officiers qui sont
d'ailleurs appelés à jouer un rôle de plus en plus grand en
matière de circulation en milieu urbain et qu'il leur accorde les
mêmes pouvoirs qu'il délègue à l'agent de la paix.
D'ailleurs, l'avant-projet accorde la majorité de ces pouvoirs aux
officiers du ministère des Transports chargés de l'application du
Code de la route.
Le virage à droite sur un feu rouge. L'avant-projet propose de
permettre le virage à droite sur un feu rouge, à moins qu'une
signalisation ne l'interdise ou qu'un feu de piéton n'accorde le droit
de passage aux piétons. La ville de Montréal ne peut être
d'accord avec une telle mesure. Il faut réaliser qu'actuellement, au
Québec, bon nombre de conducteurs et de piétons n'ont pas la
discipline et le sens des responsabilités voulus pour l'introduction de
cette nouvelle règle au Code de la route. Nous détenons
malheureusement la triste réputation de battre le record d'accidents de
la route. Les statistiques à ce sujet sont assez éloquentes et la
publicité faite par la Régie de
l'assurance automobile à la radio et à la
télévision au cours des derniers mois démontre la
nécessité de faire prendre conscience aux citoyens du
Québec de leurs responsabilités.
Une étude statistique que le Service de la circulation de la
ville de Montréal a effectuée et que nous avons annexée au
présent document permet d'établir que les accidents impliquant un
piéton à la suite d'un virage à droite sur un feu rouge
augmenteront de 0,9% à 4% à Montréal, et que le nombre de
piétons impliqués variera de 20 à 90. Cette étude
permet également de prévoir une augmentation d'accidents aux
intersections de 0,7% à 3% à Montréal, soit, en nombre, de
90 à 380 accidents additionnels par année.
Ce nombre accru d'accidents à prévoir, si la mesure
proposée est adoptée, entraînera nécessairement des
coûts que la Régie de l'assurance automobile et le
ministère des Affaires sociales devront assumer. Ce ne sont pas,
à notre avis, les quelques centaines de milliers de dollars
épargnés en temps et en énergie qui peuvent justifier un
accroissement prévisible du nombre d'accidents, surtout si on veut que
le slogan "La personne avant toute chose" ait un sens quelconque.
Dans les circonstances actuelles, connaissant l'indiscipline d'un bon
nombre de piétons et d'automobilistes québécois, nous
sommes d'avis que s'il insiste pour imposer une telle mesure, le gouvernement
le fasse à titre expérimental, en laissant le soin aux
autorités locales de déterminer les endroits où on peut
autoriser un virage à droite sur un feu rouge, sans entraîner de
risques accrus pour les piétons et les automobilistes.
D'ailleurs, à notre connaissance, une telle mesure n'a pas
été imposée du jour au lendemain dans les Etats
américains et dans les autres provinces. Mais bien au contraire, elle
s'est faite graduellement.
Pas de traitement particulier pour les conducteurs et
propriétaires de véhicules de moins de 18 ans. En vertu du Code
de la route actuel et de l'avant-projet présentement à
l'étude, un véhicule automobile peut être
immatriculé au nom d'une personne mineure, et une personne
âgée d'au moins 16 ans peut obtenir un permis de conduire qui
l'autorise à circuler sur les chemins publics au même titre qu'une
personne de plus de 18 ans.
Par contre, en raison des dispositions de la Loi sur la protection de la
jeunesse, un conducteur ou un propriétaire de véhicule de moins
de 18 ans qui commet une infraction au Code de la route ou à un
règlement municipal relatif à la circulation, ne peut être
poursuivi suivant la procédure et devant les tribunaux ordinaires, mais
doit faire l'objet d'un rapport au directeur de la Protection de la jeunesse
qui, conjointement avec la personne désignée par le ministre de
la Justice, décide de saisir le Tribunal de la jeunesse du cas de cette
personne.
En vertu du Code de la route d'une part, l'Etat considère qu'une
personne mineure est assez responsable pour avoir le droit de conduire un
véhicule routier sur les chemins publics ou pour posséder un
véhicule immatriculé à son nom et suivant la Loi de la
protection de la jeunesse, d'autre part, l'Etat soustrait ces mêmes
personnes au régime appliqué au conducteur ou propriétaire
de véhicule de plus de 18 ans.
Ce traitement particulier dont jouissent les conducteurs ou
propriétaires de véhicules de moins de 18 ans entraîne de
sérieux inconvénients administratifs aux greffes des cours de la
justice, comme le greffe de la Cour municipale de Montréal. Après
avoir été décelées sur informatique, 1004
contraventions, par une personne de moins de 18 ans ayant omis d'effectuer le
paiement libératoire suite à l'émission d'un billet, d'une
sommation ou d'un avis préliminaire, auront été
référées par le greffier de la Cour municipale au
directeur de la Protection de la jeunesse lors de la première
année d'application de la loi. Sans compter les problèmes
administratifs que le directeur rencontre lui-même avec ces cas, il va
sans dire que cette situation nécessite de la part du greffier une
multitude d'opérations afin d'annuler les dossiers de ces contraventions
à la Cour municipale et effectuer leur transfert au directeur de la
Protection de la jeunesse.
Mais les effets les plus sérieux de l'application des
dispositions de la Loi sur la protection de la jeunesse aux infractions
commises au Code de la route ou aux règlements municipaux relatifs
à la circulation sont dus aux mesures de déjudiciarisa-tion
contenues dans cette loi. Par exemple, ces mesures rendent presque
inopérante l'application du système de points de
démérite ou de suspensions de permis de conduire aux
contrevenants de moins de 18 ans qui ont omis d'effectuer le paiement
libératoire et dont le cas a ainsi été soumis au
régime de la Loi sur la protection de la jeunesse.
Malgré l'intention louable que recherchait sans doute le
législateur lors de l'adoption de cette dernière loi, il n'en
demeure pas moins que son application aux infractions relatives à la
circulation engendre ou est susceptible d'engendrer des abus de tout genre.
Si les personnes âgées de moins de 18 ans sont
considérées par la loi assez responsables pour conduire un
véhicule sur les chemins publics ou pour posséder un
véhicule à leur nom, la loi devrait les considérer
également assez responsables pour faire face aux conséquences de
leurs faits et gestes à titre de conducteurs ou de propriétaires
de véhicules.
Pour ces motifs, il y aurait lieu de prévoir dans le Code de la
route ou dans la Loi sur la protection de la jeunesse, une disposition ayant
pour effet de faire exception à cette dernière loi, dans le cas
d'infractions au Code de la route ou aux règlements municipaux relatifs
à la circulation et commis par une personne mineure à titre de
conducteur ou de propriétaire d'un véhicule. L'ampleur des
problèmes administratifs et les abus de tout genre engendrés par
la procédure actuelle appelleraient même un correctif
immédiat avant même la présentation du projet de loi, suite
à cet avant-projet.
Amendes, suspensions ou non-renouvellement du permis de conduire ou de
l'immatriculation du véhicule du conducteur récalcitrant.
Sui-
vant les données statistiques, dont nous devons toutefois
signaler le caractère approximatif, 72 621 mandats d'emprisonnement,
émis par la Cour municipale de Montréal, furent
exécutés en 1978 à l'égard de personnes ayant
été trouvées coupables d'une infraction quelconque et
ayant fait défaut d'acquitter dans les délais l'amende qui leur
fut imposée. A la suite de l'exécution de ces mandats, $2 519 868
ont été perçus dont 80% de ce montant sont relatifs
à des infractions à la circulation dans la ville de
Montréal.
De plus, la section des mandats, au service de la police de la
Communauté urbaine de Montréal, avait déjà, en
janvier 1978, 73 843 mandats à exécuter, ce qui
représentait environ $3 300 000. Le mandat étant l'étape
finale des procédures intentées contre un contrevenant, il
convient de mentionner certaines données quant au nombre de
contraventions à la circulation à Montréal et de
résumer les différentes étapes de la procédure
suivie pour percevoir les amendes imposées par la Cour municipale.
En 1978, 1 138 689 billets de stationnement et 196 586 billets de
circulation, au sens précis du terme, furent émis à
Montréal. A la suite de l'émission d'un billet d'infraction, le
contrevenant peut acquitter l'amende prévue à une institution
financière; si cette amende n'est pas acquittée dans un certain
délai, le contrevenant reçoit un avis destiné à lui
rappeler qu'il peut éviter une poursuite en acquittant l'amende hors
cour. Après l'écoulement de ce second délai, une sommation
est émise contre le contrevenant en question; cette sommation lui laisse
toutefois la possibilité d'acquitter l'amende avant le jour fixé
pour sa comparution devant le tribunal. Si le défendeur n'a pas
acquitté l'amende et n'a pas comparu au jour fixé, il est
trouvé coupable par défaut. Il reçoit alors un avis de
jugement par défaut lui indiquant le montant de l'amende qu'il peut
acquitter dans le délai qui lui est imparti. Si le défendeur fait
encore défaut de s'acquitter de l'amende, un mandat d'emprisonnement est
alors émis par la Cour municipale.
Cette énumération des diverses étapes de la
procédure a pour but de démontrer tous les efforts accomplis par
l'autorité publique pour permettre à un citoyen de s'acquitter le
plus facilement possible de ses obligations découlant d'une infraction
à la circulation. Sur plus d'un million de billets de contravention en
1978, seulement 75 000 mandats d'emprisonnement durent être émis
par la Cour municipale; cela signifie que les personnes visées par ces
mandats d'emprisonnement portent sur une catégorie d'automobilistes qui
refusent non seulement d'obéir à la loi, mais aussi de collaborer
avec le pouvoir public. Ce sont des gens qui n'ont aucun sens de l'ordre et du
respect de la loi.
Ces contrevenants récalcitrants nous obligent à maintenir
une structure coûteuse (une section policière
spécialisée afin de les retracer) alors que l'ensemble des
citoyens doit ultimement en faire les frais. Malgré tout, ces gens
peuvent sans difficulté continuer de bénéficier de leur
permis de conduire ou de leur certificat d'immatriculation ou en obtenir le
renouvellement. Il nous semble para- doxal que l'Etat accepte de faire autant
de frais pour percevoir de ces contrevenants les amendes qui leur furent
imposées tout en permettant de jouir du privilège de conduire un
véhicule ou d'en posséder un. Cette situation appelle
sûrement des mesures correctives visant, d'une part, à renforcer
le respect de la loi et, d'autre part, à faciliter la perception des
amendes à un moindre coût.
En conséquence, le Code de la route devrait, à notre avis,
imposer au directeur général du Bureau des véhicules
automobiles l'obligation de suspendre tout permis de conduire, permis
d'apprenti conducteur, toute immatriculation de véhicule routier ou le
privilège de les obtenir lorsqu'un défendeur omet de payer dans
les délais fixés l'amende qui lui fut imposée à la
suite d'une déclaration de culpubalité par un tribunal. Un tel
pouvoir est d'ailleurs prévu à l'article 149 de l'avant-projet
à l'égard d'une condamnation pour dommages et
intérêts. Avec tous les progrès et les possibilités
de l'informatique moderne, nous croyons que la présente proposition
pourrait être acceptée et mise en application sans
difficulté. (23 h 15)
L'immatriculation des véhicules et les corporations
fantômes. Relativement à une demande d'immatriculation par une
corporation, certaines dispositions particulières devraient être
prévues dans le Code de la route lui-même ou dans les
règlements adoptés par le gouvernement afin d'éviter
autant que possible que des personnes n'utilisent le voile corporatif pour se
soustraire à l'autorité de la loi ou aux poursuites
intentées contre elles. A la Cour municipale de la ville de
Montréal, environ 1000 cas se présentent chaque année
où la signification des procédures et l'exécution des
jugements connaissent toutes sortes de difficultés et sont même
impossibles. Dans certains cas, il s'agit d'une corporation qui n'a jamais
été existante, qui cesse de l'être ou encore qui est
inopérante. Dans d'autres, la corporation ne possède qu'une
adresse fictive ou n'a aucun actif autre que le véhicule
immatriculé et, même dans ce cas, le véhicule est
demeuré la propriété d'un créancier. Autant de
situations qui entraînent une perte d'énergie et d'argent de la
part des autorités chargées de l'application du Code de la route
ou des règlements municipaux et qui permettent à des individus
malhonnêtes d'enfreindre la loi sans qu'il soit possible de sévir
contre eux.
En conséquence, la ville de Montréal propose que les
mesures suivantes soient adoptées. Premièrement, seuls les
administrateurs d'une corporation devraient pouvoir faire une demande
d'immatriculation. Deuxièmement, parmi les renseignements qui devraient
être exigés lors d'une demande d'immatriculation par une
corporation, devraient l'être le numéro des lettres patentes et la
date de celles-ci, ainsi que le nom de tous les administrateurs de la
corporation et leur adresse personnelle. Troisièmement, le Bureau des
véhicules automobiles ne devrait effectuer l'immatriculation d'un
véhicule au nom d'une corporation qu'après avoir
vérifié l'exactitude des renseignements demandés
auprès des services compétents
du ministère des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières du Québec ou du ministre de la
Consommation et des Corporations du Canada. A cette fin, l'immatriculation d'un
véhicule au nom d'une corporation ne devrait être effectuée
qu'aux endroits munis de moyens de communication adéquats avec ces
services. Cinquièmement, en cas d'impossibilité d'exécuter
un jugement rendu contre une corporation à la suite d'une poursuite
intentée en vertu du Code de la route ou d'un règlement municipal
relatif à une matière visée par le code, les
administrateurs devraient être réputés avoir commis
eux-mêmes l'infraction dont la corporation a été
trouvée coupable. Dans un tel cas, le jugement deviendrait ainsi
exécutoire contre les administrateurs personnellement.
Les piétons et la loi. A Montréal, en 1977, 2313
piétons furent blessés lors d'accidents de circulation et 68
furent tués. Au moins 46% des piétons blessés et 75% des
piétons tués le furent en commettant une infraction aux
dispositions de la loi relativement aux règles à suivre pour
traverser la chaussée. Ces statistiques et nos constatations de tous les
jours démontrent l'indiscipline d'un bon nombre de nos piétons
malgré les prescriptions précises de la loi.
En pratique, les règles du Code de la route ou des
règlements municipaux concernant les piétons ne peuvent
être appliquées par les agents de la paix vu l'absence
d'obligation de la part du piéton de s'identifier auprès du
policier qui, ainsi, ne peut efficacement lui émettre un billet
d'assignation. A l'instar de l'article 310 de l'avant-projet qui permet
à un agent de la paix d'arrêter sans mandat une personne qui
consomme des boissons alcooliques sur un chemin public et qui ne peut
s'identifier d'une façon satisfaisante, il y aurait lieu d'ajouter au
Code de la route un article autorisant un agent de la paix à
arrêter sans mandat un piéton qui contrevient à l'une des
dispositions de la section V du chapitre relatif à la circulation, mais
qui ne peut s'identifier d'une façon satisfaisante.
La protection des citoyens et les coûts que l'Etat doit assumer
à la suite des accidents impliquant un piéton exigent que la loi
soit assurée de l'autorité qui lui est nécessaire pour que
celui-ci la respecte. L'avant-projet comporte une série de mesures afin
que les conducteurs respectent effectivement les dispositions du Code de la
route. Le même souci devrait être manifeste à l'égard
des piétons.
Les pouvoirs de l'autorité locale. L'article 415 de
l'avant-projet prévoit que l'autorité locale peut exercer les
pouvoirs qui y sont énumérés en précisant toutefois
qu'elle peut les exercer par règlement. L'article 557 de la charte de la
ville de Montréal prévoit que le comité exécutif
peut, par résolution, décréter la circulation dans un seul
sens dans ses rues et ruelles et interdire aux camions l'usage de ces rues et
ruelles ou de toute partie des rues et ruelles de la ville. Comme ces derniers
pouvoirs sont relatifs à des matières visées aux
paragraphes e) et h) de l'article 415, nous considérons qu'il serait
souhaitable que cette dernière disposition ne précise pas la
manière suivant laquelle peuvent être exercés les pouvoirs
qui y sont énumérés. A l'instar des autres pouvoirs
attribués à l'autorité locale, en vertu des autres
articles de l'avant-projet qui n'indiquent pas la manière de les
exercer, l'autorité locale pourrait régir les matières
visées à l'article 415 par l'adoption d'un règlement ou
d'une résolution suivant les dispositions de la loi qui la
régit.
Relativement à l'article 416, notre mémoire contient une
analyse sur les conséquences juridiques qu'il pourrait avoir sur les
pouvoirs que détient actuellement la ville de Montréal en vertu
de sa charte, non seulement à l'égard de la ville de
Montréal, mais aussi des autres corporations municipales. Cet article,
par sa formation intransigeante et ambiguë, risque d'affecter
sérieusement les pouvoirs de réglementation de l'autorité
locale sans même qu'il soit possible de déterminer toutes les
conséquences qui en découleraient, d'où une source de
contestation de la réglementation locale.
Même pour assurer la prépondérance du Code de la
route sur la réglementation locale ou pour uniformiser la
législation dans le domaine de la circulation routière, il
suffirait de la traditionnelle disposition, d'ailleurs inutile vu les principes
généraux au droit public, qui stipule que l'autorité
déléguée peut adopter des règlements pourvu que
ceux-ci ne soient pas inconciliables avec les dispositions de la loi. Cela
suffirait d'autant plus que les articles 417 et 418 de l'avant-projet exigeront
que toute disposition d'un règlement d'une autorité locale,
relative à une matière visée par le Code de la route, soit
approuvée par le ministre des Transports pour être maintenue ou
pour entrer en vigueur suivant qu'il s'agira d'un règlement existant ou
d'un règlement adopté après l'entrée en vigueur du
nouveau Code de la route.
Conclusions. C'est dans le but d'apporter une collaboration franche et
utile et à la lumière de son expérience acquise que la
ville de Montréal vous soumet ces divers commentaires relativement
à l'avant-projet du Code de la route afin que ce dernier devienne un
outil utile et efficace, tant pour les autorités locales que
gouvernementales, de contrôle de la circulation routière et qui
visera, nous l'espérons, à permettre aux citoyens du
Québec de circuler et d'utiliser la chaussée et les chemins
publics de la façon la plus sécuritaire possible.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: Je remercie la ville de Montréal pour son
mémoire. Il y a, je pense, d'excellentes recommandations; je les
préciserai tout à l'heure. Ce sont surtout des questions
d'interprétation de texte que nous pouvons corriger. Il y aura
certainement moyen de s'ajuster. J'ai regardé, à la fin de votre
mémoire, l'annexe dans laquelle on parle de l'étude qui a
été faite par le service de la circulation concernant le virage
à droite. Cela semble
être une étude assez complexe, on va jusqu'à
calculer l'épargne d'énergie, etc.; je ne sais pas si on calcule
aussi le fait qu'on pourrait décongestionner la circulation.
D'abord, à la page 4 de votre mémoire, concernant les
officiers de la ville de Montréal qui ont le droit actuellement, en
vertu d'une disposition des règlements relative à la circulation,
d'émettre des billets de contravention sans être agent de la paix,
je présume que ces gens-là sont officiels, qu'ils doivent
s'identifier avant d'émettre des billets de contravention.
M. Lorange: Pour la plupart, ce sont des officiers, ceux qu'on
appelle les préposés au stationnement, c'est-à-dire qu'ils
n'émettent que des contraventions aux règlements ou aux
règles du stationnement seulement et non de la circulation.
M. Lessard: Qu'est-ce qui vous empêcherait comme tels de
leur donner le poste d'agent de la paix ou de les assermenter comme agents de
la paix?
M. Lorange: On peut peut-être poser la question à Me
Allard.
Une Voix: Oui, M. Allard.
M. Lessard: Avec restriction en ce qui concerne leurs pouvoirs
sur le stationnement comme tels.
M. Allard (Jules): Ils ont actuellement, M. le ministre, les
pouvoirs d'agent de la paix, mais... Est-ce qu'on m'entend?
Une Voix: Oui, cela va.
M. Allard: Ils ont actuellement les pouvoirs d'agents de la paix
en vertu de la charte de la ville de Montréal, mais ils n'ont pas le
titre d'agent de la paix. Ce sont des fonctionnaires qui ne relèvent pas
des lois qui régissent les agents de la paix. Leur rôle consiste
à appliquer les dispositions de la loi de Montréal concernant le
stationnement dans le moment.
Une Voix: Mais si...
M. Allard: Eventuellement, ils pourront appliquer les
dispositions du Code de la route.
M. Lessard: Avec restriction à leur fonction respective,
à savoir le stationnement.
M. Allard: Mais je me demande s'il ne serait pas plus simple,
dans le Code de la route, de reconnaître ce phénomène qui
va peut-être se multiplier dans d'autres municipalités je
sais que Québec a commencé, elle aussi puisqu'on
reconnaît qu'il y a également des fonctionnaires du
ministère des Transports...
M. Lessard: Oui, mais...
M. Allard: ... en sécurité routière, alors
on pourrait reconnaître les fonctionnaires de l'autorité
locale.
M. Lessard: Les fonctionnaires du ministère des
Transports, je présume qu'ils ont des pouvoirs comme tels et qu'ils sont
assermentés. Je pense à la protection du citoyen aussi et
à la Ligue des droits de l'homme. Il me semble, en vertu de votre
charte, qu'ils sont actuellement reconnus comme agents de la paix. Mais il me
semble que des personnes comme celles-là doivent être
assermentées comme telles ou devraient, en tout cas, être
assermentées comme telles dans l'exercice de leurs fonctions pour
être bien sûr qu'elles exécutent leurs fonctions de
façon régulière et normale et qu'elles soient aussi dans
l'obligation de s'identifier lorsqu'elles donnent un billet de contravention
sinon je ne sais pas cela peut conduire à des abus.
M. Allard: Non, il n'y a aucun problème d'abus. Elles sont
d'abord en mesure de s'identifier; elles sont en uniforme. La charte de la
ville de Montréal dit que dans tous les cas prévus à
l'article 1139, qui est l'article qui prescrit les pouvoirs d'un agent de la
paix, d'un policier, d'un constable d'émettre un billet de contravention
pour une infraction de stationnement et/ou un billet de sommation dans le cas
d'une infraction de circulation... La façon de procéder
diffère dans les deux cas. Dans le cas d'une infraction de circulation,
on procède en remettant un billet au conducteur tandis que dans le cas
d'une infraction de stationnement, le billet est placé sur le pare-brise
du véhicule. Il n'y a pas de contact dans 99% des cas entre le
conducteur et l'agent de la paix ou le fonctionnaire municipal
préposé à l'émission des billets de stationnement.
Lorsqu'il y a contact, c'est bien sûr que le fonctionnaire est tenu de
s'identifier.
M. Lessard: Mais il y a...
M. Allard: II a des pièces d'identité
prévues pour cela.
M. Lessard: Mais le policier ou l'agent de la paix qui impose un
billet de contravention à un individu parce qu'il est mal
stationné n'a pas de contact non plus avec l'individu.
M. Allard: Pas plus.
M. Lessard: En tout cas, cela peut être un ajustement qui
peut se faire. Cela m'apparaît, en tout cas, mineur, mais c'est une
remarque dont on tiendra compte.
Vous parlez, à la page 5, d'une étude statistique que le
Service de ia circulation de la ville de Montréal a affectuée
concernant le virage à droite. Vous nous donnez des statistiques assez
frappantes et assez intéressantes qui passeraient... On
indique qu'à la suite du virage à droite sur un feu route,
les accidents augmenteraient de 0,9% à 4% à Montréal et
que le nombre de piétons impliqués variera de 20 à 90. (23
h 30)
Cette étude permet également de prévoir une
augmentation d'accidents aux intersections de 0,7 à 3, à
Montréal, soit un nombre de 90 à 380 accidents additionnels par
année. Je trouve cela fort un peu. Je voudrais savoir comment a
été faite cette étude statistique. De quelle façon,
techniquement, avez-vous pu prévoir que cela passerait de 1 à 4,
soit de 400%? Dans un autre cas, c'est 400% aussi.
M. Lorange: Cette étude statistique est basée sur
les statistiques de certaines villes comparables à la ville de
Montréal, non pas basée sur la population même, mais sur le
nombre d'intersections protégées ou sur lesquelles des feux de
circulation sont aménagés. Par exemple, les villes de Chicago,
Denver et Los Angeles- Je crois que la ville la plus semblable est
peut-être Denver avec un peu plus de 1000 intersections. Alors que nous
en avons 1250, Los Angeles en possède un peu plus de 1600.
M. Lessard: Est-ce qu'à Los Angeles, en Californie... On a
eu, ce matin, le témoignage d'un policier. Est-ce que dans ces
statistiques on a comparé la situation avant qu'on permette le virage
à droite et la situation actuelle?
M. Lorange: C'est avec notre situation, ce qui se passe à
Montréal et ce qui se passe dans ces villes qui permettent le virage
à droite sur un feu rouge. L'étude comparative a
été basée sur ces deux facteurs.
M. Lessard: Autrement dit, vous avez considéré, en
tenant compte du nombre d'intersections le nombre d'accidents qu'il y a dans
ces villes qui permettent le virage à droite. Vous avez dit: S'il y a un
nombre d'accidents X à Los Angeles à certaines intersections,
cela va intégralement s'appliquer à Montréal.
Une Voix: Oui, M. Pellerin.
M. Pellerin (Yves): Quand nous disons que les accidents peuvent
augmenter de 90 à 380, c'est d'après un rapport du Transportation
Research Board, le "record" no 644. C'est une étude qui date de 1977
où on nous offre des données statistiques sur des accidents qui
arrivent actuellement dans les villes de Los Angeles, Denver et Chicago. Tout
au long de la journée, on nous a dit que les gens étaient
respectueux des lois, mais on retrouve dans ces villes des accidents dus
à des virages à droite sur feu rouge même si, à Los
Angeles, c'est depuis 1937 qu'ils ont la permission de virer à droite
sur un feu rouge. Il arrive des accidents.
M. Lessard: Cela, c'est certain.
M. Pellerin: C'est certain, c'est ça.
M. Lessard: C'est certain qu'il arrive des accidents. La
première dame qui va se faire écraser à la suite de
l'adoption de ce nouveau règlement, soyez convaincu que le ministre des
Transports va se faire ramasser. Je me demande quelque chose. J'aime bien avoir
des statistiques, mais je ne veux pas que ce soit lancé dans les airs
non plus. De façon scientifique, est-ce qu'on a réussi à
prouver là-bas et je vais vérifier le rapport qu'il
y avait une relation entre le virage à droite et les accidents?
M. Pellerin: C'étaient effectivement des accidents dus
à des virages à droite sur feu rouge dans ces trois villes. A
Chicago, on n'a qu'un échantillon de 78 intersections et on a
dénombré un certain nombre d'accidents dus à des virages
à droite sur feu rouge. Nous avons pris les indices ou les pourcentages
et nous les avons appliqués à la ville de Montréal. C'est
pour cela qu'on peut arriver à un certain nombre prévisible
d'accidents entre 20 à 90 piétons ou de 90 à 380 accidents
d'automobiles.
Je peux mentionner quelque chose contenu dans mon rapport aussi. Une
chose qui va peut-être vous surprendre c'est qu'à Montréal
on a des virages à droite sur feu vert.
M. Lessard: Oui.
M. Pellerin: Cela existe actuellement et on retrouve 190
accidents de piétons aux intersections, accidents qui sont dus à
des virages à droite sur feu vert. En même temps, on retrouve 379
accidents de piétons dus aux intersections qui permettent un virage
à gauche sur feu vert.
Donc, lorsqu'un véhjcule tourne à gauche, on retrouve 379
accidents de piétons à Montréal à la suite de cette
manoeuvre effectuée légalement.
M. Lessard: II est certain que cette mesure il n'y a pas
de décision de prise; je parlerai tout à l'heure des Etats
américains s'inscrit aussi dans un ensemble de mesures qui sont
prévues pour les piétons à partir de l'article 331 de la
loi. Je pense qu'on n'a peut-être pas assez regardé les mesures
que nous prévoyons pour les piétons à ce sujet.
Peut-être allez-vous me dire vous avez raison étant
donné le problème d'identification qu'il s'agit de voeux
parce qu'il n'y a pas de sanctions inscrites pour le piéton. C'est le
problème auquel nous devons nous confronter, parce que je dis une chose:
si on veut discipliner les automobilistes, il va falloir aussi discipliner les
piétons. Cela prend, je pense, des infractions. On m'indique qu'à
Vancouver, par exemple, on utilise plutôt le droit criminel pour forcer
l'individu à s'identifier. Je vous avoue que c'est un problème
qu'on va discuter. Cependant, quand on a décidé de faire discuter
ce problème du virage à droite, on se basait sur un certain
nombre d'Etats. On va sérieusement considérer
votre étude. Cela me surprend un peu d'insister aussi fortement,
parce qu'il y a déjà des virages à droite. Il y a des
individus qui font déjà des virages à droite. Il y a des
individus qui font déjà des virages à droite à
Montréal même si cela est défendu.
M. Pellerin: C'est-à-dire qu'on a quelques diagonales
où les gens font des virages à droite permis en tout temps, mais
très peu.
M. Lessard: On constate, par exemple, particulièrement
depuis 1977, que l'ensemble des Etats américains, d'après des
études qui ont été faites je ne veux pas tout citer
ont adopté le virage à droite dans une
préoccupation d'épargne d'énergie, mais aussi dans une
préoccupation de décongestionner la circulation de telle
façon que le conducteur soit moins anxieux. Le conducteur, dans un
décongestionnement de circulation, est moins nerveux.
Une Voix: Plus décontracté.
M. Lessard: Cela donnerait certaines conséquences
positives.
M. Pellerin: Si vous me le permettez. Dans l'étude qui
vous semble assez technique naturellement, je le concède, c'est
technique on a un pourcentage de 10% de virages à droite à
Montréal et on prévoit qu'avec une mesure permettant le virage
à droite sur feu rouge en tout temps, on avantagerait 1,5% de ces 10%. A
un moment donné, le premier véhicule peut tourner à
droite, mais par contre, si ce n'est pas une voie exclusive pour tourner
à droite, il peut arriver que le second ou le troisième
véhicule soit arrêté, parce que l'autre véhicule
veut continuer tout droit.
M. Lessard: Mais il y a toujours priorité pour le
piéton.
M. Pellerin: Toujours priorité. Il y a obligation, oui.
Lorsque vous dites que la majorité des Etats américains sont
tenus actuellement au virage à droite sur feu rouge en tout temps, sauf
si cela est indiqué, on vous disait qu'au lieu de passer d'une mesure
où c'est actuellement défendu en tout temps et permettre en tout
temps après, on pourrait peut-être aussi faire comme les Etats
américains ont fait: il y avait une période transitoire
échelonnée sur cinq ou dix ans durant laquelle on habitue,
à certaines intersections où il n'y a pas de danger pour les
piétons, les automobilistes c'est un genre d'éducation
à faire une nouvelle manoeuvre qu'ils ne sont pas habitués
de faire. Il ne faut pas se leurrer, il faut que les policiers soient là
pour la faire respecter.
M. Lessard: Le Code de la route permet cette possibilité
en disant, par exemple, que le virage à droite est permis pour autant
qu'une autre indication ne l'empêche pas.
Une Voix: C'est sûr.
M. Pellerin: D'accord, mais nous voulions aller un peu à
l'inverse. On vous suggérait d'aller à l'inverse.
M. Lessard: C'est-à-dire de faire...
M. Pellerin: Les habituer tranquillement à quelques
intersections.
M. Lessard: ... le virage à droite pour autant que cela
est permis.
M. Pellerin: C'est cela. Oui, c'était la nuance.
Une Voix: Oui, bien sûr.
M. Pellerin: Ce qu'on fait dans certains cas.
M. Lessard: Je voudrais vous rappeler en particulier l'article
336...
Une Voix: Mais sur feu vert, par exemple. On ne le fait pas sur
feu rouge.
M. Lessard: ... de l'avant-projet de loi où on dit: "Quand
il y a une traverse de piétons clairement identifiée et non
située à une intersection, un piéton ne peut s'engager
dans la traverse avant d'avoir fait connaître au conducteur d'un
véhicule routier, son intention de s'y engager, en levant le bras, et
sans s'être assuré qu'il peut le faire sans risques.
Il y a aussi un code que nous devrons prévoir pour le
piéton, une réglementation. Vous avez un peu raison, c'est un
problème. La discipline des piétons, c'est bien beau. Il faut
prévoir des règlements mais, si vous n'avez aucun pouvoir de
faire respecter la réglementation, cela ne devient que des voeux
pieux.
Vous soulignez un problème concernant la Loi de la protection de
la jeunesse. Comme c'est la responsabilité du ministère de la
Justice et que nous avons constitué un comité
interministériel concernant la sécurité routière,
je ferai part au ministre de la Justice de ce qui semble paraître comme
une certaine...
M. Lorange: C'est l'esprit de notre démarche dans ce
sens.
M. Lessard: Concernant les amendes. Tout le monde vient nous dire
ici: Nous voulons conserver notre autonomie locale et particulièrement
Montréal. C'est quand même assez important. L'autonomie, c'est bon
jusqu'à ce qu'on ait des problèmes. Quand il y a des
problèmes qui se créent, on dit: On va transférer cela au
gouvernement du Québec. Là, je vais donner un exemple. La chambre
de commerce a dit: Le directeur du Bureau des véhicules automobiles a
trop de pouvoirs. Là, vous ajoutez un pouvoir nouveau au numéro
11 en disant que si, par exemple, à la suite d'un rapport de la
comptabilité de la ville de Montréal l'individu
n'a pas payé le prix de son infraction, on devrait tout
simplement demander au directeur du Bureau des véhicules automobiles de
suspendre son permis.
Je me dis une chose. Il y a une étape dont la ville de
Montréal est responsable. Dans le cas de quelqu'un qui r.e paie pas son
infraction, la condamnation est soit de payer l'infraction ou sept jours de
prison, ou 17 jours de prison, je ne sais pas, je donne simplement un
exemple.
M. Lorange: On pourrait peut-être demander à Me
Allard de fournir une réponse à votre question.
M. Lessard: Un six jours ou un séjour!
M. Allard: L'alternative de l'emprisonnement, effectivement, M.
le ministre, est imposée dans plus de 75 000 cas par année chez
nous; cela commence à être beaucoup de dossiers! Ces 75 000 cas ne
visent pas 75 000 citoyens différents, il faut bien s'entendre, cela
vise peut-être des gens qui ont cinq ou six condamnations, très
souvent. On aurait des exemples à donner ici aux membres de la
commission, on a apporté de la documentation. Nous avons, entre autres,
ce livre que je pourrais vous exhiber; c'est un des six volumes d'imprimante,
d'informatique, de "listing" si vous me permettez l'anglicisme, de liste de
numéros de mandats d'emprisonnement. Imaginez le volume de transactions
que nous avons à mener avec ces gens. Qui sont ces gens?
M. Lessard: Je présume que cela arrive plutôt
pendant la période de l'hiver. Les gens veulent s'en aller à la
chaleur.
M. Allard: Je ne peux pas vous dire à quelle
période cela arrive le plus souvent. Tout ce que je peux vous dire,
c'est que cela touche une catégorie d'automobilistes qui, eux, se
foutent entièrement de la loi, qui se foutent complètement du
Code de la route et du projet que vous êtes en train de faire, qui ne
s'en soucieront pas. Ils stationnent leur véhicule où ils
veulent, ils commettent les infractions qu'ils veulent, ils savent qu'à
un moment donné, au bout de la ligne, on va avoir
énormément de difficultés à les retrouver. Ils
disparaissent, ils changent d'adresse sans prévenir le Bureau des
véhicules automobiles. C'est cette catégorie qui est
peut-être 4% ou 5% des automobilistes irresponsables, mais qui causent
des accidents quand même, qui causent des problèmes de
sécurité routière et à qui l'Etat, dans sa
générosité, va réémettre des permis de
conduire, va réémettre des certificats d'immatriculation alors
que ces gens sont en faute devant les tribunaux. Ils doivent parfois pour
plusieurs centaines de dollars d'amendes. Ils ont été
condamnés par les tribunaux. (23 h 45)
Je ne dis pas qu'on devrait bloquer leur permis au moment où ils
viennent de recevoir un billet. Mais s'ils n'ont pas réagi dans le
délai qui leur est imparti sur le billet, sur l'avis sommaire qu'ils ont
reçu, sur la sommation dont ils ont eu signification également,
s'ils ne se sont pas montrés à aucun de ces moments, pourquoi un
Etat le moindrement organisé, d'une part, prêche-t-it la
sécurité routière, sécurité qui s'applique
à tous ceux qui ont pignon sur rue, tous ceux qui respectent la loi,
tous ceux qui sont bien identifiés et, d'autre part, laisse-t-il
complètement de côté ne s'occupe-t-il pas de ces
délinquants chroniques dans le domaine de la sécurité
routière?
M. Lessard: Maintenant, je ne voudrais pas insister, mais
s'agit-il d'infractions de stationnement ou d'infractions au Code de la route?
S'il s'agit d'infractions au Code de la route, je présume que cela s'en
va directement au Bureau des véhicules automobiles pour être
inscrit dans le système de points de démérite. Donc,
après neuf points... Je pense que c'est après sept points qu'il y
a appel?
Une Voix: II y a un avis à six points.
M. Lessard: II y a un avis à six points. Après neuf
points l'individu passe devant le fonctionnaire et après douze points,
il y a suspension du permis.
M. Allard: D'abord, M. le ministre, vous me permettrez
respectueusement de ne pas reprendre les commentaires que d'autres ont
prononcés à propos du système de points de
démérite, mais je demanderai peut-être à M.
Reeves...
M. Lessard: Oui, mais il faut faire attention. M. Allard:
Oui.
M. Lessard: On a eu des problèmes de contestation.
Maintenant, cela va être inscrit dans le Code de la route. On a eu des
problèmes de signature du directeur du Bureau des véhicules
automobiles.
M. Allard: Je comprends, mais enfin on a vécu des
aventures pénibles. Je comprends M. Laflamme également à
ce niveau-là. Par contre, pour répondre de façon plus
précise à votre question, le greffier de la Cour municipale qui
vit quotidiennement avec ces problèmes-là pourrait vous donner
quelques informations.
M. Reeves (Roland): Je pense que les gens qu'on recherche au
niveau des mandats sont probablement les mêmes que le BVA recherche pour
appliquer les sanctions de suspension de permis. Ce sont des gens qui
déménagent.
M. Lessard: Je ne comprends pas.
Le Président (M. Baril): Est-ce que vous pouvez vous
rapprocher?
M. Reeves: Je m'excuse.
Le Président (M. Baril): D'abord, j'aimerais que vous vous
identifiiez, Monsieur?
M. Reeves: Je suis M. Reeves.
Le Président (M. Baril): M. Reeves, je vous en prie.
M. Reeves: M. le Président, je pense que les cas
difficiles qui sont recherchés par l'escouade des mandats, ce sont
probablement les mêmes qui sont recherchés par le directeur du BVA
pour appliquer les sanctions de permis et pour les faire venir à leurs
bureaux pour un examen afin de savoir ce qui se passe, ceux qui approchent des
sept points.
M. Lessard: On ne sera pas plus efficace. D'accord, je vous
remercie.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, la ville de Montréal,
comme il se devait, a souligné à l'attention de la commission
certains éléments du Code de la route qui viennent, sinon en
contradiction, quand même rendre plus difficile l'opération sur le
territoire de la ville de Montréal en vertu d'abord de sa charte et en
vertu de certaines dispositions spéciales qui y sont contenues. Les
suggestions et les recommandations que fait la ville de Montréal au
législateur, par rapport à ce Code de la route, mériteront
sûrement une attention toute particulière de la part du
ministère. Quant à nous, de l'Opposition, nous pouvons assurer
les autorités montréalaises que nous veillerons, lors de
l'étude du projet de loi qui découlera de cet avant-projet,
à ce que les représentations de la ville de Montréal
soient bel et bien respectées dans la mesure où cela sera
possible.
Je vous ferai remarquer que même si, à l'occasion, les
remarques de la ville semblent particulières à la ville de
Montréal, elles sont également, dans certains cas,
partagées par d'autres villes. Par exemple, c'est le cas des officiers
de l'autorité locale, les préposés au service de la
circulation que l'on retrouve dans d'autres municipalités, notamment
dans celle de Hull.
Compte tenu de l'heure, M. le Président, j'aimerais me limiter
simplement à constater, comme l'a fait le ministre, l'espèce de
contradiction que l'on retrouve aux conclusions de l'étude du service de
circulation j'imagine de la ville de Montréal par rapport
aux conséquences qu'un virage à droite sur feu rouge pourrait
entraîner. La ville de Montréal rejoint ce que nous disait la
Régie de l'assurance automobile tantôt, à savoir que
certaines pratiques qui sont en usage ailleurs risquent de s'avérer
désastreuses chez nous. Ainsi, les virages à droite sur les feux
rouges et le dépassement à droite, pour ne citer que ces
exemples, devraient être réexaminés et cela, selon la
régie, compte tenu de l'attitude des conducteurs
québécois, etc.
Par contre, on se rend compte dans ce même mémoire de la
Régie de l'assurance automobile, qu'en 1978, par exemple, 152 personnes,
dont 81 piétons, avaient été tuées à
Montréal, alors que, pour la même année, 85 personnes
seulement, dont 49 piétons, avaient été tuées dans
des accidents d'automobile à Toronto. Pourtant, à Toronto
il est vrai que ça existe depuis longtemps on a le virage
à droite sur feu rouge; on a même encore des tramways qui
compliquent drôlement la situation des automobilistes, ce qu'on ne
retrouve pas à Montréal. Je n'ai pas analysé la
méthode de travail et la procédure employée au moment de
l'étude, mais je m'interroge sur les conclusions auxquelles vous en
venez dans votre étude, à savoir qu'il y aurait une augmentation
de quelque 400% des accidents impliquant des piétons et des accidents
aux intersections. Je me demande si on peut réellement en arriver
à accorder une certaine véracité ou une certaine
fiabilité à ces résultats. Finalement, une des raisons
premières du grand nombre d'accidents aux intersections, à
Montréal, n'est-elle pas l'indiscipline complète, le fait que
c'est non seulement l'automobiliste qui vire à droite sur un feu rouge,
c'est également le piéton qui traverse sur le feu rouge et c'est
à la va comme je te pousse. Tout le monde y va le premier et,
inévitablement, il faut que les deux se rencontrent à un moment
donné.
Je me demande si la ville c'est la question que je pose
est réellement convaincue selon l'analyse, l'étude et surtout ses
conclusions, que, effectivement, une telle mesure entraînerait les
conséquences prévues dans votre mémoire.
M. Lorange: Je voudrais rétablir les faits, M. le
député, car il y a une confusion dans votre esprit et dans
l'esprit du ministre. Les accidents aux intersections, les accidents accrus
possibles avec le virage à droite sur un feu rouge n'augmenteraient pas
de 400%, mais on dit, dans nos statistiques, de 0,7% à 4% par rapport
à l'ensemble des accidents qui se produisent actuellement. Si vous
voulez, je vais demander à nouveau à M. Pellerin de
spécifier davantage.
M. Pellerin: Je vais seulement répéter les
pourcentages. Tantôt, je vous ai parlé en chiffres absolus, mais
je vais maintenant vous parler en pourcentage d'accidents. Au point de vue des
accidents occasionnés par les virages à droite sur un feu rouge,
c'est de 0,7% à 3%.
M. Gratton: Est-ce que 0,7%, c'est le nombre d'accidents qu'il y
a présentement lors des virages sur feu rouge?
M. Lorange: C'est une hypothèse.
M. Pellerin: C'est une hypothèse du nombre total
d'accidents; sur 100% d'accidents, on retrouverait de 0,7% à 3%
d'accidents de plus dus à des virages à droite sur feu rouge.
M. Lorange: C'est-à-dire que le minimum...
M. Pellerin: C'est une marge. Cela peut varier, on n'a pas encore
la mesure. En se fiant sur les villes qui l'ont déjà et qui l'ont
expérimenté depuis fort longtemps, on retrouve ce pourcentage
dans ces villes.
M. Lessard: II y a quand même une augmentation de 300%.
M. Gratton: Non, c'est une marge qui pourrait varier entre 0,7%
et 3%.
M. Lorange: Entre 0,7% et 3%.
M. Lessard: L'optimiste et la pessimiste.
M. Lorange: Par rapport aux accidents qui se produisent
actuellement, selon le système connu.
M. Lessard: J'aime bien que vous corrigiez vos chiffres.
M. Pellerin: Ce n'est pas 300%. M. Gratton: Non, là
je comprends.
M. Pellerin: Pour les piétons, c'est de 0,9% à 4%.
Il faut quand même prendre les chiffres tels qu'ils sont; en pourcentage,
c'est de 0,9% à 4%.
Si vous me permettez juste une parenthèse, il y a maintenant le
constat à l'amiable. Je peux vous dire que, pour tous les services de
circulation, et même de police, au point de vue de la prévention
des accidents, il devrait y avoir une disposition pour que les compagnies
d'assurance fournissent encore les rapports d'accidents pour qu'on continue
à faire de la prévention. Je ferme ma parenthèse.
M. Lessard: Sur cela, je peux vous indiquer que ça nous
pose aussi des problèmes au niveau du Bureau des véhicules
automobiles. Actuellement, on m'indique qu'il n'est pas officiellement reconnu
parce que ça nous prend des statistiques. Cela nous pose des
problèmes. On se demande même s'il est légal
actuellement.
M. Pellerin: Est-ce que je peux vous dire qu'actuellement
à Montréal au point de vue du nombre de rapports d'accidents,
cela a diminué de 50%? Je pense qu'on vit un problème commun.
M. Lorange: Ce n'est peut-être pas le nombre d'accidents
qui a baissé de 50% comme le nombre de rapports.
M. Pellerin: C'est le nombre de rapports, ce n'est pas le nombre
d'accidents.
M. Lorange: C'est toute la différence.
M. Pellerin: Les statistiques vont être
faussées.
M. Gratton: M. le Président, pour terminer, quant à
moi, je ne voudrais pas que la brièveté de mes questions et de
mes remarques vous laisse présumer un manque d'intérêt de
notre part, bien au contraire, nous y reviendrons en temps opportun. Mais par
rapport à cette mesure du virage à droite sur feu rouge,
étant moi-même de l'Outaouais, ayant moi-même l'occasion
à de nombreuses reprises, de façon très
régulière de circuler en Ontario, à Ottawa par exemple, je
ne suis pas le seul dans cette situation, on dit que près de 30% ou 40%
de la population de l'Outaouais québécois travaillent du
côté ontarien, et ils y voyagent quotidiennement, je serais
intéressé de connaître si le ministère en
disposait des statistiques quant aux accidents que l'on peut constater
impliquant des automobilistes québécois qui font des virages ou
qui ne les font pas, à Ottawa. Je sais que je les fais, en tout cas.
En concluant, lorsque à la page 6 de votre mémoire, vous
dites que "connaissant l'indiscipline d'un bon nombre de piétons et
d'automobilistes québécois, nous sommes d'avis que s'il insiste
pour imposer une telle mesure" c'est-à-dire cette mesure du virage
à droite aux feux rouges "le gouvernement le fasse à titre
expérimental, en laissant le soin aux autorités locales de
déterminer les endroits où l'on peut autoriser un virage à
droite sur un feu rouge", je soutiens respectueusement que si cela devait
être la décision du gouvernement, on empirerait la situation.
En fin de compte, le piéton qui est bien éduqué,
qui connaît on présume qu'il y aurait campagne de
sensibilisation la situation, pourrait être plus apte à
respecter le code que si la chose varie d'une intersection à l'autre. Je
crois bien que c'est le cas à Toronto, c'est le cas à Los
Angeles. C'est le cas partout où cette disposition existe. Un fait
demeure: il est plus facile de généraliser sur l'ensemble du
territoire d'une municipalité donnée. Peut-être bien que la
distinction ou l'exception qu'on devrait faire, c'est que cela ne s'applique
pas à la ville de Montréal, point.
M. Lorange: Oui, mais je dois vous avouer, M. le
député, que nous ne sommes pas d'accord de
généraliser cette disposition. Nous croyons que si cela devait
faire partie intégralement de la refonte de la loi, cette
procédure soit laissée à la discrétion des
municipalités de l'appliquer à certains endroits, parce
qu'évidemment il y a peut-être certaines intersections où
une telle procédure, une telle disposition augmenterait le nombre
d'accidents inévitablement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: En parlant de discrétion, je pose juste une
question. Vous avez le pouvoir, en vertu de votre charte, de
décréter des artères où les autobus sont
prioritaires comme l'expérience qu'on a faite sur le pont Champlain et
autres. Jusqu'ici, on n'a pas pris de décision dans le cadre de
favoriser le transport en commun ou on n'a pas eu beaucoup de décisions
dans ce sens-là de la ville de Montréal.
M. Lorange: Voulez-vous dire qu'on aurait pu adopter des mesures
semblables, par exemple?
M. Lessard: Pour favoriser la décongestion et le transport
en commun, il me semble que cela devrait être une préoccupation de
la ville de Montréal, de faire comme on le fait ailleurs dans certaines
villes, des sens contraires, comme on l'a fait, par exemple, sur le pont
Mercier où les résultats sont très positifs, où il
y a eu une augmentation considérable de 65% de l'utilisation du
transport en commun. Il me semble que cela pourrait nous permettre de mieux
rentabiliser le transport en commun, plutôt qu'augmenter les tarifs.
M. Lorange: Je pense bien, M. le ministre, que la ville de
Montréal, par les gestes qu'elle a posés antérieurement a
toujours favorisé cela, au lieu de favoriser davantage le transport en
commun dans la ville de Montréal, à l'intérieur des
limites de la ville. Elle a pris toutes sortes de mesures dans ce
sens-là, dans cette direction-là. (minuit)
M. Lessard: Je vous avoue que par rapport à des villes
européennes, on est très en retard.
M. Lorange: Peut-être, mais...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, j'ai manqué une
série de mémoires, ce soir, mais il y en a quelques-uns, depuis
cet après-midi, qui m'ont frappé, à savoir qu'on demande
au ministère d'intervenir pour ne pas émettre, avec la
bénédiction de l'Etat on a employé l'expression
tantôt des permis suite à des infractions
répétées ou quoi que ce soit. J'aimerais demander à
leur conseiller juridique, parce qu'on est pris, dans un Parlement, avec des
contraintes de ligues de droit de l'homme, avec toutes sortes d'opinions qui
nous viennent d'un peu partout, y compris celles de l'Opposition qui se dit
carrément favorable aux recommandations, mais quand vient le temps
d'appliquer une recommandation, elle invoque les libertés
individuelles.
Etant donné qu'il y a des moyens, avec les tribunaux civils, de
récupérer des sommes d'argent, même si cela devient
difficile de...
M. Allard: C'est illusoire, concernant ce groupe de personnes, on
peut difficilement les retracer. Je peux vous donner quelques exemples que le
greffier de la Cour municipale a apportés. Il y a des gens qu'on
recherche depuis quatre ans, qui ont quinze ou vingt mandats d'emprisonnement
d'émis à leur endroit. Ces gens, vous ne leur réclameriez
pas ces sommes dans un tribunal civil.
On a interrogé le Bureau des véhicules automobiles.
Pendant cette période, on a réémis des permis de conduire
à ces gens. Si, par informatique, le Bureau des véhicules
automobiles avait été informé que ces gens
n'étaient pas en règle avec une Cour municipale, que ce soit
celle de Montréal ou une autre, ou même la Cour des sessions de la
paix, qu'il retienne temporairement le permis et qu'il informe ces gens qu'il y
a un problème à la cour, que ces gens apportent un certificat
attestant qu'ils ont payé les amendes pour lesquelles ils ont
été condamnés. Je trouve tout à fait aberrant,
quant à moi...
M. Chevrette: Vous ne pensez pas que le fait... je ne sais pas
s'il y aurait moyen de trouver une formule intermédiaire. Remarquez bien
que je ne veux pas allonger le débat, mais ça pourrait être
un excellent moyen, probablement, de redécouvrir nos "pistolets" qui
s'évadent, mais lorsque la localisation s'est faite, le fait de
suspendre l'émission d'un permis ou le renouvellement d'un permis pour
ces individus, cela ne va-t-il pas contre les libertés de
l'individu?
M. Allard: Non, l'émission d'un permis, c'est un
privilège, vous avez toutes sortes de conditions qui sont dans
l'avant-projet du Code de la route et qui ne permettent pas à tout le
monde d'avoir un permis; il faut avoir certaines qualifications.
M. Lessard: Le directeur du Bureau des véhicules
automobiles peut suspendre pour des...
M. Chevrette: Je suis heureux de l'entendre. Quand on dit qu'on
vous appuie, on verra si on vous appuie sur toute la ligne.
M. Allard: Je vous remercie beaucoup.
M. Lessard: On va suspendre...
Le Président (M. Bordeleau): Je remercie les officiers de
la ville de Montréal d'être venus présenter un
mémoire devant la commission. Nous allons ajourner les travaux
jusqu'à demain, étant donné qu'il reste encore pour ce
soir deux mémoires à présenter et qu'il a
été entendu, plus tôt en soirée, qu'ils seraient
présentés demain. J'avertis déjà les membres de la
commission que nous entendrons, demain matin à 10 heures, d'abord le
mémoire de l'Office de la protection du consommateur et, en second lieu,
le Club automobile du Québec.
La commission ajourne ses travaux jusqu'à demain matin, 10
heures.
Fin de la séance à 0 h 4
ANNEXE A
Mémoire de la ville de Québec sur
lavant-projet du Code de la route
Remarques préliminaires
Nous remercions le gouvernement pour avoir pensé de consulter les
personnes intéressées en publiant un avant-projet avant
l'adoption d'un nouveau Code de la route.
Nous constatons cependant que la consultation de ce document qui
comporte quatre cent cinquante articles est très difficile vu l'absence
de notes explicatives et de table de concordance avec les articles du Code
actuellement en vigueur. Il est souvent très difficile en effet de
saisir le but poursuivi par le législateur lorsque l'on remarque que
certaines dispositions du Code actuel sont sensiblement modifiées ou ne
sont tout simplement pas reproduites.
La lecture de ce volumineux document nous amène à
constater tantôt une timidité certaine dans l'originalité
et l'innovation, tantôt une certaine audace le tout en passant par une
série de voeux pieux.
A titre d'exemples qui seront plus spécifiquement traités
plus loin, nous constatons que l'article 69 du Code est repris dans
l'avant-projet de l'article 393. Cette disposition qui date de décembre
1973 permet à un conducteur de commettre toutes les infractions qu'il
désire et cela sous le nez d'un policier si ce dernier est dans
l'impossibilité de l'intercepter pour l'identifier. Aussi, à
l'article 196 de l'avant-projet, on permet encore à un individu
d'installer sur son véhicule un système d'échappement et
un silencieux spécialement fabriqués pour faire le plus de bruit
possible, à la condition que ce "silencieux" soit en bon état de
fonctionnement... pour faire du bruit.
Par ailleurs, certaines amendes sont doublées ou
multipliées par 5 ou par 10, ce qui pourra être qualifié
d'augmentation audacieuse par certaines personnes.
Comme derniers exemples, nous référons aux infractions
commises par des personnes qui ne sont pas à la conduite d'un
véhicule routier, comme le cycliste et le piéton (voir les
articles 331 et 350). Ces articles seront difficiles d'application et demeurent
de simples voeux si le contrevenant refuse de s'identifier. Il nous semble donc
de première importance que l'obligation de s'identifier prévue
à l'article 310 de l'avant-projet soit étendue à tous les
contrevenants pour quelque infraction que ce soit.
Remarques et suggestions
Nous examinerons maintenant de façon plus particulière
certains articles de l'avant-projet de loi pour lesquels nous voulons soumettre
des commentaires:
Chapitre I
Article 1 6° - Cette définition est incomplète.
Véhicule abandonné: il y aurait lieu de définir ce
que l'on entend par véhicule abandonné. En effet, à
l'article 308 il est décrété que nul ne peut abandonner un
véhicule sur un chemin public ou sur une propriété de la
Couronne et le dernier alinéa prévoit que cette disposition
s'applique également au véhicule routier abandonné sur un
terrain privé. Le mot "abandonné" comprend l'idée de
laisser sans intention de reprendre. Il est subjectif au conducteur ou au
propriétaire. Il serait préférable d'adopter les mots:
"laisser illégalement ou sans droit" ou d'ajouter ces mots à
celui "d'abandonner". 11° - Dans la définition d"'ensemble de
véhicules routiers", il est mentionné "essieu amovible". Il
serait bon de définir ce que l'on entend par les mots "essieu amovible".
20° - II y aurait lieu de définir aussi ce qui constitue une plaque
altérée. L'article 63, paragraphe c), décrète que
c'est une infraction d'altérer une plaque au point d'empêcher
l'identification d'un véhicule routier et, au paragraphe a) de conduire
un véhicule routier muni d'une plaque altérée. Prenons
l'exemple suivant: la lettre E sur une plaque peut facilement se lire F si la
peinture a disparue accidentellement ou volontairement sur la dernière
patte du E.
De loin, l'identification sera empêchée, mais de
près, on pourra identifier le véhicule car les chiffres et
lettres ont leur forme dans le matériau de la plaque.
La personne poursuivie pourra toujours prétendre en
défense que, vue de près, la plaque permet d'identifier le
véhicule puisque ce n'est que la peinture d'une partie de la lettre E
qui est disparue mais non la lettre elle-même.
Il faut également souligner que l'article 41 stipule qu'une
plaque d'immatriculation doit être suffisamment éclairée et
libre de tout objet ou matière pouvant en empêcher la lecture mais
aucune mention n'est faite de la distance normale d'où la lecture peut
être faite. Il faudrait donc définir les mots "plaque
altérée".
35°. "Véhicule d'urgence": n'y aurait-il pas lieu d'ajouter
le véhicule du médecin, à la condition qu'il soit
identifié comme tel. A titre d'exemple, il existe dans la région
de Québec des voitures bien identifiées sous le nom de
"Télé-Médic".
Chapitre III
Un mode d'immatriculation des bicyclettes devrait être
instauré afin de démanteler les réseaux de voleurs.
Actuellement, les bicyclettes volées dans une ville où des
plaques sont nécessaires seront vendues dans une municipalité
voisine qui n'exige aucune immatriculation. Il est donc pratiquement impossible
de répérer une bicyclette volée.
Toutes les bicyclettes devraient porter une plaque d'immatriculation
valide pour la durée de la bicyclette; une bicyclette volée
serait plus facilement retrouvée par la plaque d'immatriculation. Il
s'agirait de tenir à date les changements de propriétaire en
exigeant le transfert d'immatriculation.
Nous suggérons donc d'amender en conséquence l'article
33.
Chapitre III - Section V: Port du certificat
Chapitre IV - Section V: Port du permis
Comme l'avant-projet de loi prévoit une hausse sensible des
amendes, nous suggérons l'instauration de l'avis de 48 heures pour
certaines infractions comme celles visant le port du certificat
d'enregistrement, le port du permis de conduire, le port du certificat
d'assurabilité, ainsi que certaines infractions concernant les
accessoires et équipements des véhicules routiers.
Ainsi, celui qui n'a pu se rendre compte qu'un feu arrière est
défectueux ou celui qui oublie son permis de conduire à la
maison, aurait 48 heures pour se rapporter à la police et prouver que
son véhicule est réparé ou encore pour exhiber son permis
de conduire.
Article 55 paragraphe c)
II est un peu illusoire de croire qu'un marchand va toujours penser de
rédiger un document établissant qu'un véhicule
prêté l'a été pour une heure ou une journée,
soit le temps d'effectuer l'examen périodique ou les réparations
mineures du véhicule de son client.
Article 56
Cet article oblige un conducteur d'exhiber les pièces
visées à l'article 55 sur demande d'un agent de la paix ou d'une
personne intéressée.
Qu'entend-on par "personne intéressée"? Cette expression
inclut-elle le témoin d'un accident ou d'une infraction? Nous croyons
qu'il faudrait définir la compréhension de cette expression.
Articles 57, 62 et 63
A ces articles, il y aurait lieu d'indiquer comme dans le Code actuel,
un minimum de jours d'emprisonnement, à défaut du paiement de
l'amende.
Articles 66 et 67
Ici se pose la question du mineur que l'on autorise à conduire un
véhicule routier.
Il nous semblerait logique que le mineur soit considéré
comme majeur pour l'application du Code de la Route afin qu'il puisse
être traduit devant la Cour des poursuites sommaires, à moins
qu'il ne demande lui-même ou par son tuteur ou son avocat d'être
traduit devant le tribunal de la jeunesse.
A titre d'exemple, le mineur accusé d'avoir brûlé un
feu rouge devrait être assigné à comparaître devant
une Cour municipale ou la Cour des poursuites sommaires plutôt que
d'être plongé, avec ses parents, dans la lourdeur administrative
du tribunal de la jeunesse. Si on ne permet pas au mineur d'effectuer un
paiement libératoire sur réception d'un avis préalable, on
le place dans une situation plus défavorable que celle du majeur. En
cette année de l'enfant, il nous semble qu'on devrait laisser ce dernier
libre de payer sa contravention ou de choisir de contester devant la Cour de
son choix, sans que ses parents ou tuteur ne soient dérangés pour
se présenter aux professionnels du tribunal de la jeunesse.
Article 86
L'obligation pour le directeur général de rappeler
à un titulaire d'un permis à subir un examen à tous les
dix ans devrait s'appliquer uniquement aux titulaires qui ont été
impliqués dans un ou plusieurs accidents ou qui ont perdu des points
durant cette période.
Articles 92, 93, 94, 95 et 128
A ces articles, il faudrait prévoir un nombre minimal de jours
d'emprisonnement à défaut du paiement de l'amende
imposée.
Articles 129 et suivants
La suspension des permis ne veut plus dire grand-chose si la plupart des
individus affectés peuvent s'adresser au tribunal pour obtenir un permis
d'utilisation restreinte. L'expérience démontre que les tribunaux
sont excessivement larges dans l'octroi de l'ordonnance nécessaire
à l'émission de ces permis. Cette procédure devrait
être revisée.
Article 174
La référence au paragraphe d) de l'article 173 devrait
être remplacée par une référence au paragraphe
c).
Article 186
II faudrait ajouter une réserve ou une référence
à l'article 180 qui spécifie que dans le cas d'un cyclomoteur,
l'éclairage doit être de 90 mètres et non de 250
mètres.
Article 187
II serait bon de prévoir à cet article ou ailleurs
l'obligation pour un conducteur de nettoyer et le pouvoir pour un agent de la
paix d'exiger de nettoyer aussi le rétroviseur et les fenêtres des
véhicules.
Il arrive que certains conducteurs imprudents se contentent de conduire,
l'hiver, avec une visibilité très réduite, soit quelques
centimètres seulement dans le pare-brise alors que la fenêtre
arrière est complètement obstruée par de la neige ou de la
glace.
Chapitre VIII Section IV
Article 196
Comme nous le mentionnions précédemment, cet article n'est
pas assez sévère. Il permet en effet d'installer sur un
véhicule un silencieux fabriqué spécialement pour faire du
bruit à la condition qu'il soit en parfait état de
fonctionnement. Il est vrai cependant que certaines normes peuvent être
prescrites par règlement du Gouvernement, mais il serait
préférable de corriger cette lacune dans le texte même de
cet article de la Loi pour éviter le plus possible la législation
postérieure par règlement du Gouvernement.
Article 200
Cet article devrait interdire les verres, genre miroir, qui ne sont
transparents que de l'intérieur. L'utilisation de ce matériau est
dangereuse car les rayons de soleil sont réfléchis et risquent
d'aveugler les autres utilisateurs des voies publiques.
Chapitre IX
Article 230, paragraphe b) 2° L'obligation d'installer
à toute intersection une signalisation pour au moins une
chaussée, devrait être appliquée lorsque jugé
nécessaire seulement. Par le jeu des articles 421 et 437, le ministre et
l'autorité locale pourraient être poursuivis dans le cas où
cet article n'est pas respecté.
Article 283
Le dernier alinéa de premièrement devrait être
reformulé dans un français meilleur afin d'en comprendre le
sens.
Articles 298 et 299
Ces articles devraient être localisés ailleurs soit
à l'article 182 et le texte de l'article 29 du Code actuel devrait
être repris.
Article 303
Les mots "sauf dans le cas de nécessité" devraient
disparaître. Si ces mots réfèrent uniquement au freinage
dans les cas d'urgence, on devrait plutôt lire "nul conducteur ne peut,
lors de la mise en marche, l'accélération ou le changement de
direction d'un véhicule routier, en faire crisser les pneus".
Article 308
Le mot "abandonner" devrait être défini ou remplacé
par les mots "laisser illégalement ou sans droit".
Article 310
L'obligation de s'identifier pour un contrevenant devrait être
étendue à toutes les infractions pour lesquelles on ne peut
exhiber le permis de conduire; c'est le cas notamment des infractions commises
par les cyclistes, les piétons et les autres personnes. C'est toute la
Section V, soit les articles 331 à 350, qui devient inopérante si
on ne peut identifier les contrevenants. Les infractions
énumérées qui ne peuvent être sanctionnées
par l'application d'une amende demeurent une série de voeux pieux.
L'article 74 du Code actuel devrait donc être repris en l'ajustant en
conséquence.
Article 317
Le dernier alinéa de cet article permet à certains
véhicules routiers de stationner aux endroits prohibés pour y
laisser monter ou descendre des personnes handicapées.
Tel que rédigé, ce texte permettrait à un
conducteur de stationner à un endroit prohibé le matin pour
laisser descendre des personnes handicapées, de demeurer à cet
endroit toute la journée, pour reprendre les mêmes personnes le
soir. Nous suggérons donc le texte suivant: "Malgré
l'alinéa précédent, un véhicule routier servant
à transporter une personne handicapée et identifiée au
moyen du symbole de l'accessibilité universelle, peut être
immobilisé aux endroits où le stationnement est prohibé,
uniquement pendant la période de temps nécessaire pour permettre
l'embarquement ou le débarquement d'une telle personne".
Article 318
Si cet article est utile pourquoi référer uniquement au
carburant? Le stationnement pourrait être effectué pour ajouter de
l'eau au radiateur ou réparer une courroie. De toute façon, les
mots "sauf en cas de nécessité" démontrent une situation
d'urgence qui est aussi valable pour ajouter de l'essence que pour d'autres
réparations mineures.
Articles 324 et suivants
Dans cette Section IV, il serait bon de prévoir que les circuits
d'autobus affectés au transport d'écoliers doivent être
déterminés en collaboration avec l'autorité locale.
Souvent il suffirait de modifier les circuits quelque peu pour éviter
des risques d'accidents mortels. Qui mieux que l'autorité locale
connaît bien les endroits qui devraient être évités
par les écoliers qui attendent l'autobus scolaire?
Article 349
Le deuxième alinéa devrait se lire comme suit: "Cependant,
lorsque le véhicule est muni à l'avant de deux banquettes
individuelles, le nombre de passagers y compris le conducteur est réduit
à deux".
Article 352
Puisque cet article ne veut certainement pas dire que le ministre peut
faire la pluie et le beau temps, il devrait être localisé aux
environs de l'article 410 pour en comprendre le sens et la portée.
Article 363
Les pénalités prévues pour excès de vitesse
ne sont plus graduées suivant le nombre de kilomètres-heure qui
excèdent la vitesse permise tel que c'était anciennement
stipulé dans le Code de la Route.
Il nous semble cependant qu'il est plus dangereux de circuler à
cent kilomètres-heure dans une zone où la vitesse permise est de
cinquante kilomètres-heure que de circuler à soixante
kilomètres-heure dans la même zone. L'amende devrait donc,
à notre point de vue, être proportionnelle à la vitesse
excédant celle permise.
Articles 371 et suivants
Nous suggérons d'ajouter aux articles qui traitent des amendes
une disposition à l'effet qu'à défaut de payer l'amende,
le contrevenant est condamné à l'emprisonnement minimal de huit
jours.
Article 386 c) Nous suggérons d'indiquer à la place
du nombre de points de démérite prévus, une mention que
des points de démérite sont prévus pour cette infraction.
Ceci éviterait des complications si le constable ou l'agent de la paix
commet une erreur dans l'inscription du nombre de points de
démérite. a) Ce paragraphe exige que l'avis sommaire
indique la marque, le modèle et le numéro de série du
véhicule. Nous soumettons que ce paragraphe devrait être
biffé au moins pour ce qui concerne le numéro de série du
véhicule qui n'est pas toujours facilement identifiable.
Article 393
Nous reviendrons à cet article plus loin pour suggérer un
amendement.
Article 401
II nous semble essentiel que cet article indique un nombre minimal de
jours d'emprisonnement comme l'indique actuellement l'article 66 du Code. Il
faudrait prévoir également que la peine d'emprisonnement pour
plus d'une infraction n'est pas purgée concurremment.
Il arrive en effet que certaines personnes cumulent les infractions pour
se présenter à la Cour une journée et recevoir la
condamnation pour toutes les infractions commises. Si le juge fixe
l'emprisonnement de huit jours à défaut du paiement de l'amende
dans chaque cas, il ne faudrait pas que le contrevenant ne purge que huit jours
d'emprisonnement pour une série d'infractions afin d'éviter de
payer un fort montant d'amende.
La mention de peine d'emprisonnement non concurrente nous semble donc
importante.
Article 416
Cet article nous semble inutile et ne devrait pas être reproduit
dans le Code.
Article 419
II semble y avoir une erreur dans cet article qui réfère
à l'article 420 au lieu de l'article 415.
Chapitre XI
Article 431
II nous semblerait très important que les autorités
locales soient informées des accidents qui se produisent dans leur
localité afin de pouvoir prendre les mesures de sécurité
nécessaires afin de les prévenir.
La Loi devrait prévoir l'obligation pour le directeur
général de faire parvenir copie des rapports d'accidents à
chaque municipalité concernée, surtout pour les grandes villes
comme Québec, Montréal et Laval. En effet, comment désirer
corriger une situation dangereuse si elle est ignorée.
Assistés sociaux et aide juridique
Depuis un certain temps, nous avons remarqué que la plupart des
contestations des billets de la circulation et de stationnement venaient
d'assistés sociaux pouvant bénéficier de l'Aide
juridique.
Comme les dispositions de la charte de la Ville prévoient un
mécanisme autorisant d'annuler un billet émis par erreur, les
contestations de ce genre de billets ne modifient pas les résultats
d'une cause intentée dans de tels cas.
Comme l'argent du public sert souvent à défendre des
causes perdues d'avance dans des cas d'infraction statutaire, il faudrait
peut-être se demander si l'Aide juridique ne devrait pas être
exclue de ces genres de causes.
Celui qui voudrait contester une infraction à la circulation ou
au stationnement aurait à payer son avocat s'il désire avoir
recours à de tels services.
L'exemple de la Cour des petites créances démontre que le
justiciable est assez bien servi même si tous les avocats en sont
exclus.
Article 393
Nous voulons revenir, en terminant, sur l'article 393 de l'avant-projet
du Code de la Route.
En 1974, la Ville de Québec avait présenté un
projet d'amendement à sa charte qui modifiait le sens de l'article 69 du
Code de la Route. Comme cet article venait juste d'être amendé, on
a refusé les modifications à la charte en nous assurant que lors
de la refonte du Code de la Route ce point serait étudié de
façon plus approfondie afin de trouver une solution applicable dans
l'ensemble de la Province.
Cet article 393 reproduit, à toutes fins pratiques, l'article 69
du Code de la Route tel qu'amendé en décembre 1973, alors que fut
renversé le fardeau de la preuve.
Avant décembre 1973, le policier n'était pas obligé
d'intercepter le contrevenant et le propriétaire du véhicule
était responsable des infractions commises avec son véhicule,
sauf s'il pouvait prouver que lors de l'infraction le véhicule
était, sans son consentement, en la possession d'un tiers autre que son
chauffeur.
L'instauration du système de point de démérite a
fait en sorte que cet ancien article 69 est devenu trop sévère
dans son application.
Il nous semble cependant qu'avec un peu d'imagination, il serait
possible de rédiger un article qui permettrait de rejoindre le
conducteur contrevenant. Autrement, l'article 393 peut être
considéré comme un sauf-conduit pour les contrevenants qui
circulent dans les villes comme Québec, Montréal ou Laval, alors
qu'il est impossible, la plupart du temps, d'intercepter les contrevenants vus
en flagrant délit d'infraction.
S'il est vrai que la sécurité routière est un des
principaux objectifs du Ministère des Transports et que le Gouvernement
est désireux que la Province perde le championnat annuel des accidents
mortels, il faudrait légiférer de façon à atteindre
les objectifs suivants: 1. Rendre les propriétaires de véhicule
conscients de leurs responsabilités en tant que tel. Ainsi, un
propriétaire devrait être pénalisé s'il prête
son véhicule à une personne qui n'a pas de permis de conduire ou
dont le permis a été suspendu. 2. Faire l'éducation des
automobilistes en les entraînant d'abord à respecter les
règlements de la circulation. L'article 393 est loin d'atteindre ce but
puisqu'il autorise du conducteur à commettre les infractions qu'il
désire s'il est assuré qu'aucun policier ne peut l'intercepter.
3. Rejoindre les conducteurs contrevenants afin de pouvoir appliquer d'une
façon efficace le système de points de démérite. 4.
Finalement, écarter des routes de la province les conducteurs dangereux
qui violent constamment ou trop souvent les règlements de la
circulation.
Pour faire l'éducation des propriétaires et des
conducteurs qui en ont besoin, il est absolument
essentiel de rejoindre ces derniers. Nous proposons donc un projet
d'article qui permettrait toujours de rejoindre le conducteur d'un
véhicule avec lequel une infraction aurait été commise. Le
propriétaire ne risquerait donc plus d'être pénalisé
par le paiement de l'amende et la perte de points, car s'il n'était pas
le conducteur de son véhicule lors de l'inrraction, il pourrait se
disculper sans être obligé de comparaître en Cour. Voici le
texte que nous proposons avec les notes explicatives pour chaque paragraphe:
393. 1. Le propriétaire d'un véhicule automobile est
responsable de toute infraction commise avec ce véhicule à
rencontre des dispositidns du Code de la route et des règlements
municipaux concernant la circulation et le stationnement 2. Cependant, le
propriétaire inculpé pour une infraction concernant la
circulation ou le stationnement peut se disculper en produisant au greffe de la
Cour, dans le délai indiqué dans l'avis préalable
lorsqu'un tel avis lui est adressé, sinon dans le délai
fixé pour comparaître, un affidavit établissant qu'au
moment de l'infraction, son véhicule était, sans son
consentement, en la possession d'un tiers autre que son chauffeur ou
était conduit par une autre personne signataire de l'affidavit et
détentrice d'un permis de conduire. 3. Si le propriétaire
est une compagnie et que le conducteur du véhicule n'a pas
été identifié lors d'une infraction à la
circulation ou au stationnement, un avis préalable doit être
adressé au propriétaire responsable qui peut se disculper en
produisant au greffe de la Cour, dans le délai indiqué dans
l'avis, mais qui ne peut être moindre que dix (10) jours, un des
documents suivants: a) une copie certifiée du contrat de location si, au
moment de l'infraction, le véhicule était loué, laquelle
copie doit indiquer clairement la période de location, les nom et
adresse du locataire et le numéro de son permis de conduire s'il s'agit
d'une personne physique. En ce cas, le locataire est le seul responsable de
l'infraction et un avis préalable doit lui être adressé
avant toute poursuite. Il peut cependant se disculper suivant les dispositions
du paragraphe 2 qui s'appliquent "mutatis mutandis". Si le locataire est une
compagnie, cette dernière peut se disculper en produisant l'affidavit
mentionné au sous-paragraphe b); b) un affidavit établissant au
moment de l'infraction que son véhicule était, sans son
consentement, en la possession d'un tiers autre que son employé ou
préposé ou établissant qu'il était en la possession
d'un de ses employés ou préposés dont les nom, adresse et
numéro de permis de conduire doivent être clairement
indiqués; le paragraphe 2 s'applique "mutatis mutandis" pour cet
employé ou préposé. 4. Lorsqu'une compagnie est
condamnée par suite de son défaut de se disculper, l'article 15
du Code de la route (insérer le nouvel article de l'avant-projet)
s'applique et le directeur doit annuler ou suspendre, pour une période
d'au moins trois (3) mois, l'immatriculation du véhicule de
Notes explicatives 1. Cette disposition est
fondamentalement la même que celle du paragraphe premier de l'article 69
du Code de la route; 2. Le propriétaire qui n'était pas le
conducteur de son véhicule au moment d'une infraction pourra se
disculper rapidement sans attendre son procès, en fournissant un
affidavit, soit la même preuve qui est exigée dans les
dernières lignes du paragraphe 1 de l'article 69 du Code de la route, si
son véhicule était, sans son consentement, en la possession d'un
tiers au moment de l'infraction. Si le propriétaire avait
prêté son véhicule à ce moment, il devra, pour se
disculper, fournir l'affidavit de la personne qui conduisait alors son
véhicule. Si le propriétaire avait prêté son
véhicule à une personne qui n'avait pas de permis de conduire, il
ne pourra pas se disculper. 3. La compagnie propriétaire d'un
véhicule pourra également se disculper en fournissant le contrat
de location, s'il s'agit d'un véhicule loué, ou le nom de son
préposé conducteur. Le locataire ou préposé
deviendra alors responsable de l'infraction commise mais pourra
également se disculper s'il avait permis à une autre personne de
conduire le véhicule de la compagnie au moment de l'infraction. 4.
Comme le système de points de démérite ne peut s'appliquer
à la compagnie qui n'a pas de permis de conduire, la seule sanction
efficace serait la suspension des plaques du véhicule de cette compagnie
qui aurait refusé de se disculper.
cette compagnie avec lequel l'infraction a été
commise;
Cette disposition s'applique aussi au propriétaire qui n'a pas de
permis de conduire. Si la compagnie est locataire du véhicule avec
lequel l'infraction est commise, une amende additionnelle de $200.00 doit
être imposée lors de sa condamnation et doit être
également exigée lors du paiement libératoire. 5.
Aucun point de démérite ne peut être imputé à
une personne pour une deuxième infraction à moins qu'elle n'ait
été interceptée lors de la première infraction ou
qu'elle n'ait reçu avant la deuxième infraction l'avis
préalable relatif à la première infraction. 6.
Lorsqu'un agent de la paix intercepte un véhicule à la suite
d'une infraction à la circulation ou au stationnement et qu'il constate
que le conducteur est domicilié en dehors de la province, il peut exiger
au cautionnement dont le montant doit être égal au minimum de
l'amende prévue pour l'infraction commise.
La suspension des plaques s'appliquerait également dans le cas
d'un propriétaire condamné, n'ayant pas de permis de conduire. Si
la compagnie n'était que locataire du véhicule d'une autre
compagnie qui se serait disculpée, en ce cas, cette compagnie locataire
qui refuserait de se disculper aurait une amende additionnelle à payer
afin de l'inciter à fournir le nom de son préposé pour que
le système de point puisse être appliqué efficacement.
5. Cette disposition est prévue afin de ne prendre aucun
conducteur par surprise et suspendre son permis de conduire avant qu'il ait pu
prendre connaissance des infractions qu'il aurait pu commettre dans un court
délai. 6. Le principe de l'interception étant
conservé, il est normal d'exiger un cautionnement d'un conducteur
domicilié en dehors de la province.
Si l'augmentation des amendes est le seul moyen prévu par le
gouvernement pour faire réfléchir les conducteurs imprudents ou
impénitents, nous croyons que cette mesure est nettement insuffisante.
En effet, les conducteurs étant assurés de ne pas être
interceptés par la police si aucun n'est en vue, peuvent s'en donner
à coeur joie pour violer la loi et les règlements de la
circulation. Les conducteurs seront donc plus vigilants pour observer la
présence de policiers que pour observer les règles de la
circulation.
Or, la crainte d'être pénalisés sans interception,
plus l'augmentation des amendes feraient réfléchir
sérieusement la plupart des conducteurs. S'il est vrai que la crainte
est le commencement de la sagesse, on ne devrait pas hésiter à
adopter une mesure du genre de cette proposée afin de mettre de l'ordre
sur les chemins publics de la province, y compris ceux des grandes villes,
où l'interception est, la plupart du temps, impossible.
Nous osons croire que ces quelques commentaires pourront être
utiles aux membres de la commission parlementaire afin que puissent être
adoptées les mesures qui seront jugées les plus efficaces pour la
confection du nouveau Code de la route.
Brochu, Roy & Boutin Procureurs de la Ville de Québec
ANNEXE B
Mesures prises dans le domaine de la
sécurité routière entre novembre 1976 et août
1979
Le niveau de sécurité sur nos routes dépend du
comportement de ses usagers. Un comportement ne se modifie pas radicalement du
jour au lendemain. Il faut mettre en place des mécanismes qui agissent
peu à peu sur les usagers et les incitent à modifier
progressivement leur conduite.
Pour y arriver, le ministre des Transports annonçait, dans le
livre bleu, publié en avril 1977, et intitulé "Pour une
réforme de l'assurance automobile", son programme d'action pour les
prochaines années dans le domaine de la sécurité
routière.
Deux ans et demi plus tard, le programme a, à toutes fins
pratiques, été réalisé dans sa presque
totalité.
La formation nous apparaissait alors, et encore maintenant, comme la
clé de voute de toute action efficace en sécurité
routière. Nous avons pris les mesures suivantes dans ce champ.
1 Formation
Pour réussir dans ce domaine, il faut la présence de cinq
éléments: 1)du matériel pédagogique 2) des
enseignants 3) des cours 4) des examens et enfin 5) de l'information
générale au public.
1) Matériel pédagogique
Nous avons fait rédiger, imprimer et diffuser 7 manuels
disponibles pour tous chez l'Editeur officiel: a) Les techniques de conduite,
mars 1979 b) Le conducteur, décembre 1978 c) La signalisation
routière et le conducteur, novembre 1978 d) Le guide de la route,
janvier 1978 e) Le manuel du conducteur de véhicules lourds, (à
l'impression) f) La mécanique des véhicules automobiles,
(à l'impression) g) Les lois et règlements à l'intention
du conducteur, (à l'impression). 2) Des enseignants
Nous avons pris des arrangements avec trois cégeps afin que des
cours de formation de moniteurs soient organisés sur une base de
formation professionnelle. Les cégeps diffusent des cours à
Montréal (Vieux-Montréal), à Trois-Rivières
(Vieilles Forges) et à Québec (François-Xavier Garneau)
depuis septembre 1978. 3) Des cours
En 1977, nous avons fait refondre entièrement les programmes des
cours donnés par les écoles de conduite. Ces cours ne contenaient
que 8 heures de théorie et 6 heures de pratique. Maintenant
l'enseignement minimum est de 30 heures de théorie 10 heures de pratique
pour les véhicules à transmission manuelle et 8 heures pour les
véhicules à transmission automatique.
De plus, le ministère de l'Education a été
pressenti pour introduire ces cours dans le réseau public. Dès
septembre 1980, un cours de base en sécurité routière fera
partie du programme d'enseignement dans les écoles.
Actuellement, au moins 20 commissions scolaires régionales
diffusent des cours de conduite dans le cadre de leurs programmes
d'enseignement aux adultes.
En juin 1979, un arrêté en conseil fut adopté pour
permettre la diffusion par les écoles de conduite d'un cours
spécialisé de formation en conduite de la motocyclette.
En 1978 et en 1979, nous avons diffusé dans le réseau des
écoles publiques des programmes de sensibilisation à la
sécurité routière par l'entremise des programmes Sagix et
Maxi 100. Le programme Sagix m'apprend, utilise la méthode des mobiles
et des chansonnettes et s'adresse à tous les enfants de la maternelle et
de première année.
Le programme Bingo Sagix s'adresse aux élèves de
première, deuxième et troisième année. Il s'agit
d'un jeu de bingo avec prix à gagner dont les données sont les
règles de la signalisation.
Sagix plus en est une formule évoluée pour
élèves plus âgés. Enfin, Maxi-100 est un jeu de
même nature mais qui fut distribué dans les cegeps. 4) Des
examens
Au cours de l'année 1978, tous les examens de conduite
administrés par le bureau des véhicules automobiles ont
été transformés. Une équipe a été
chargée de reviser continuellement ces examens de façon à
mieux rejoindre les besoins d'évaluation de la compétence des
conducteurs.
Ces examens connaîtront prochainement d'autres modifications car
le test pratique devra se passer sur piste afin de pouvoir réaliser des
manoeuvres difficiles à exécuter dans le trafic.
Les candidats aux permis d'autobus et de motocyclettes passent
maintenant des examens spécifiques et obtiennent des permis restreints
aux véhicules avec lesquels ils ont réussi l'examen.
De plus, un psychologue a été engagé pour
développer un examen d'attitude suite à la décision prise,
découlant d'une recommandation du rapport de la firme Idéacom,
d'émettre des permis provisoires pour une période de deux ans.
Cette mesure est en vigueur depuis juin 1979.
Nos examinateurs ont également été soumis à
des cours spécifiques de formation quant à la motocyclette et aux
véhicules lourds afin qu'ils puissent mieux répondre aux
besoins.
Enfin, depuis juin 1978, les élèves des écoles de
conduite sont tous astreints aux examens du bureau, contrairement à la
situation antérieure où seul un candidat sur cinq était
examiné par le bureau.
Pour répondre à ces examens maintenant
spécialisés, un nouveau système de classes de permis de
conduire entrera en vigueur en juin 1980 quoique certaines de ces classes
soient déjà entrées en vigueur depuis juin 1979.
Un nouveau guide médical pour déterminer l'aptitude
à conduire est en cours de rédaction avec le concours des
diverses associations de spécialistes en médecine. Ce nouveau
guide sera disponible dès octobre 1979. 5) De l'information
générale au public
De multiples programmes ont été mis sur pied pour
rejoindre le grand public. Nous avons distribué quelques millions de
dépliants relatifs à la ceinture de sécurité, au
système de points de démérite, aux permis de conduire,
à la sécurité routière, etc..
Nous avons utilisé la radio et la télévision pour
diffuser le célèbre message "Tout le monde s'attache au
Québec".
Nous avons lancé une revue spécialisée
intitulée "Sécurité Transports" qui est diffusée
à tous les milieux qui oeuvrent dans le domaine de la
sécurité routière: écoles de conduite, compagnies
de transport, médias d'information, et tous ceux qui en font la demande.
Cette revue est publiée quatre fois par année mais cette
fréquence pourra être augmentée au besoin.
Dans ses programmes d'éducation publique, le ministère
dispose de trois simulateurs de collision pour promouvoir le port de la
ceinture de sécurité. Ces simulateurs sont utilisés aussi
par les forces policières. Ils servent dans les expositions
régionales, les manifestations locales, les centres d'achats, etc.. Des
milliers de brochures sur la sécurité routière sont alors
diffusées par la même occasion.
II
Etudes
a)Rapport Idéacom
Afin de connaître les meilleures façons de nous adresser
à la population la plus visée par les accidents d'automobiles,
soit les jeunes conducteurs, nous avons commandité une étude qui
a connu beaucoup de succès, qui nous a été remise en
janvier 1979 par la firme Idéacom et qui est utilisée par tous
ceux qui oeuvrent dans le domaine de la sécurité routière.
b) Rapport Jodoin
Parallèlement à cela, le commissaire Jodoin
étudiait la sécurité par autobus et son rapport rendu
public en mars 1979 nous amenait à prendre plusieurs mesures dans ce
secteur, qui ont déjà été annoncées par
ailleurs, au niveau de l'inspection mécanique, de la qualification des
conducteurs et de la modification des règlements relatifs aux
autobus.
III
Législation
Beaucoup de règlements ont été adoptés ou
modifiés afin d'accroître la sécurité sur nos
routes. Il faut cependant attirer l'attention sur quatre mesures
particulièrement importantes. a) La loi de l'indemnisation des victimes
d'accidents d'automobile
Elle a été amendée pour imposer des suspensions de
permis de conduire pour une période de trois mois à toute
personne trouvée coupable de: négligence criminelle au volant,
délit de fuite, conduite dangereuse, conduite avec facultés
affaiblies, refus de subir le test d'haleine et enfin d'avoir conduit avec plus
de 80 milligrammes d'alcool par 100 millilitres de sang. Le système de
points de démérite a été modifié en
conséquence. b) Le Code de la route
L'avant-projet du Code de la route qui a été
déposé en juin est l'aboutissement d'un travail de plusieurs
années, réalisé par une équipe pluridisciplinaire
qui s'est inspirée de la législation québécoise, de
celles des autres provinces et états américains, du modèle
de réglementation de la circulation routière pour les pays
d'Amérique par l'Organization des états américains et de
l'Uniform Vehicle Code publié par l'American Association of Motor
Vehicle Administrators. c) Les permis spéciaux
Une directive réglementant l'émission des permis
spéciaux requis pour le déplacement d'objets hors dimensions a
été adoptée en juin 1979 pour accroître la
sécurité de la circulation lors de leur transport. d) Les limites
de vitesse
Lors de l'adoption, en janvier 1978, des lois nécessaires
à la transformation au système métrique de nos limites de
vitesse, celles-ci ont été ramenées sur les autoroutes de
70 milles à l'heure à 62 milles à l'heure, soit 100
kilomètres. e) L'inspection mécanique
Dans le domaine de l'inspection mécanique, des amendements ont
été apportés pour obliger celui qui demande
l'immatriculation d'un véhicule provenant de l'extérieur du
Québec à présenter un certificat de conformité
mécanique avant d'être immatriculé; de même depuis
juillet 1979, tous les autobus faisant l'objet d'un transfert de
propriété doivent être préalablement
inspectés. Cette disposition s'ajoute à la directive d'août
1978 imposant l'obligation aux autobus d'afficher une fiche technique
démontrant une inspection à tous les trois mois.
IVSurveillance routière
Nous avons fait des démarches auprès du ministère
de la Justice afin de coordonner l'action policière sur les routes du
Québec en fonction des endroits identifiés comme dangereux et des
moments de la semaine ou du mois où une surveillance peut
s'avérer plus rentable.
L'augmentation des infractions quant au port de la ceinture de
sécurité, constatée par la Sûreté du
Québec est très remarquable. En effet, plus de 70 000 billets
d'infraction ont été émis pour contravention aux
dispositions de la loi relativement à la ceinture de
sécurité.
Nous avons également entrepris l'étude d'une force
policière spécialisée en circulation routière et
qui serait chargée d'agir un peu comme les patrouilles de la route qu'on
connaît aux Etats-Unis.
Enfin, depuis janvier 1978, une nouvelle formule de rapport d'accident
est en vigueur. Elle nous permet de connaître avec plus de
précision les coordonnés d'un accident et devient ainsi un moyen
plus efficace de détection des correctifs à apporter en
sécurité routière.
V Réorganisation administrative
Nous sommes à compléter la réorganisation de la
direction de la Sécurité routière. Nous voulons que le
service appelé, Etudes en sécurité routière, soit
en mesure de jouer un rôle dynamique dans le diagnostique des causes
d'accident au Québec et puisse nous indiquer les remèdes à
apporter qui soient propres à notre situation particulière.
Enfin en juin 1979, nous avons obtenu pour le service de la
vérification mécanique, l'autorisation du Conseil du
trésor d'engager 25 mécaniciens de plus afin que nous puissions
établir des programmes de contrôle de l'état des
véhicules utilisés au Québec. Nous mettrons d'abord
l'accent sur les autobus mais nous interviendrons aussi dans le domaine des
camions et des autres véhicules.
VICoordination et concertation
La loi du ministère des Transports sanctionnée le 29 mars
1972 donne au ministre des Transports la responsabilité de "promouvoir
le développement et la mise en oeuvre de programmes de
sécurité et de prévention des accidents". Cependant, la
sécurité routière rejoint les préoccupations de
bien d'autres organismes, particulièrement dans certains aspects de
leurs activités.
Afin de coordonner toutes ces activités et de créer un
organisme de concertation sur les meilleures mesures à prendre, le
Conseil des ministres a créé en juin 1979 un "Comité
interministériel de sécurité routière" sous la
présidence du ministre des Transports et composé du ministre de
la Justice, du ministre de l'Education, du ministre des Consommateurs qui sont
assistés par le Directeur général du BVA, le Directeur
général de la Sûreté du Québec, le
Sous-ministre de l'Education et le Président de la Régie de
l'assurance automobile de même que d'un secrétaire permanent.
Ce comité saura donner à la sécurité
routière une vigueur nouvelle qui se répercutera par le Conseil
des ministres dans tous les ministères et organismes du gouvernement du
Québec où cela sera nécessaire.
Conclusion
La sécurité routière est devenue non seulement une
préoccupation constante du ministère des Transports mais
également une activité privilégiée importante.
Il est important de mettre en place des mécanismes durables et
systématisés qui pourront traduire en programmes réguliers
des mesures indispensables à la transformation du comportement de
l'usager de la route québécoise. Ces programmes maintenant
conçus connaîtront des développements profonds dans les
années à venir. Cela est d'autant plus important que nous
replongeons vers un cycle de recrudescence des tragédies
routières partout en occident. L'Express du 27 juin 1979 mentionne que
telle est la situation en France, et les bulletins publiés mensuellement
par l'American Association of Motor Vehicles Administrators font état de
la même situation aux Etats-Unis.
En Ontario, la situation a tendance à devenir encore plus
dramatique comme nous le rapportaient les journaux. Grâce à notre
action, même si le Québec connaît aussi une recrudescence
certaine des accidents, nous avons réussi à empêcher que
cet accroissement prenne l'ampleur de ce qui se produit ailleurs. Il ne faut
donc pas diminuer nos efforts.
Québec, août 1979
ANNEXE C
Commission parlementaire
Avant-projet Code de la route
Mémoire présenté par
L'Association des policiers provinciaux du Québec
le 11 août 1979 Notes
préliminaires
L'Association des Policiers Provinciaux du Québec
représente 4,438 membres, répartis sur tout le territoire
québécois. De par le rôle important que jouent ses membres
en matière de sécurité routière, ses
représentants se croient justifiés de faire la critique
constructive de l'avant-projet de loi pour la refonte du Code de la route.
Une analyse sommaire de l'avant-projet de Loi nous a convaincus du
sérieux des modifications proposées. Les changements
suggérés par l'Honorable Ministre des Transports sont certes le
résultat de plusieurs mois de recherches et d'analyses.
Règle générale, nous constatons que le projet
déposé pour étude correspond par les mécanismes de
contrôle qu'il établit, les normes qu'il édicte, à
la situation qui prévaut ou qui devrait prévaloir dans ce
domaine.
Pour ne nommer que quelques-uns des amendements inscrits à
l'avant-projet de Loi, notons l'obligation à tous les dix ans de
rappeler à subir un examen tous les titulaires d'un permis de conduire,
la notion de virage à droite sur un feu rouge, etc..
A notre point de vue, le nouveau Code de la route est susceptible
d'améliorer la sécurité routière. Il est à
espérer que nous franchirons bientôt avec ces nouveaux
règlements, une étape vers une diminution des accidents et
infractions.
Il y a cependant certains articles dans cet avant-projet de Loi qui
pourraient être modifiés, soit pour les rendre plus applicables,
soit pour en clarifier la portée, soit encore pour permettre à un
agent de la paix ou à l'officier autorisé de mieux contribuer
à la sécurité routière. Vous trouverez dans les
pages qui suivent nos remarques sur ces articles.
ASSOCIATION DES POLICIERS PROVINCIAUX DU QUÉBEC
CHAPITRE III
SECTION V Le port du certificat
Article 56
Une personne qui conduit un véhicule routier sur un chemin public
doit remettre les pièces visées à l'article 55 sur demande
d'un officier autorisé par le directeur général et muni
d'un certificat d'identité signé par le directeur
général et attestant qu'il est chargé de
l'exécution du présent code, sur demande d'un agent de la paix
ou, sur demande d'une personne intéressée, lorsque le
véhicule routier est impliqué dans un accident, afin que cette
personne, cet agent de la paix ou cet officier puisse examiner ces
pièces.
Sous réserve des autres dispositions du présent code, ces
pièces doivent être remises à leur détenteur
dès qu'examen en a été fait.
Cet article oblige une personne qui conduit un véhicule routier
sur un chemin public et dont le véhicule est impliqué dans un
accident, à remettre les pièces visées à l'article
55 sur demande d'un officier autorisé ou un agent de la paix, soit le
certificat d'immatriculation, le contrat de location ou le document sur la
durée du prêt.
Dans la section VI, Infractions et peines, à l'article 60, on
peut lire:
Article 60
Quiconque contrevient à l'un des articles 24, 30, 49, 54 ou 56,
commet une infraction et est passible, en outre des frais d'une amende d'au
moins cent dollars et d'au plus deux cents dollars.
A notre avis, l'article 56 devrait être précisé
davantage concernant les pouvoirs d'un officier autorisé ou d'un agent
de la paix qui fait face au refus d'un conducteur de se conformer à
l'obligation qui lui est imposée.
Il devrait être permis à un agent de la paix qui fait face
à un tel refus de détenir sans mandat le conducteur du
véhicule routier jusqu'à ce qu'une identification positive soit
faite.
Nous suggérons d'ajouter après le premier paragraphe de
l'article 56 ce qui suit: "Un agent de la paix peut arrêter sans mandat
une personne qui contrevient aux dispositions du premier alinéa,
jusqu'à ce qu'elle puisse s'identifier d'une façon
satisfaisante."
Cette modification facilitera l'application de la présente Loi.
Elle assurera une meilleure protection aux citoyens et par ricochet, permettra
de mieux faire échec aux personnes qui constamment, pour divers motifs,
tentent de déjouer la justice.
CHAPITRE IV
SECTION I Les classes de permis
Article 65
Nul ne peut conduire un véhicule routier sur un chemin public
à moins d'être titulaire: a) d'un permis de conduire de la
catégorie et de la classe appropriée déterminée par
règlement du gouvernement; ou b) d'un permis d'apprenti-conducteur de la
classe appropriée déterminée par règlement du
gouvernement.
Nous croyons qu'il est temps qu'un effort soit fait afin d'essayer
d'enrayer les vols de permis de conduire et la falsification des permis. Un
moyen qui nous apparaît efficace serait l'addition à l'article 65
du paragraphe suivant: "c) Tout permis de conduire ou d'apprenti-conducteur
doit porter la photo du détenteur lors de l'émission ou du
renouvellement du permis."
CHAPITRE IV
SECTION V Le port du permis
Article 90
Les personnes visées aux articles 88 et 89 doivent remettre leur
permis de conduire, leur permis d'apprenti-conducteur ou leur permis de
chauffeur de taxi sur demande d'un agent de la paix, d'un officier du
ministère ou, sur demande de tout personne intéressée,
lorsque le véhicule routier concerné est impliqué dans un
accident, afin que cette personne, cet agent de la paix, ou officier puisse
examiner ce permis.
Sous réserve des autres dispositions du présent code, ce
permis doit être remis à son détenteur dès qu'examen
en a été fait.
SECTION VI Infractions et peines
Article 94
Quiconque contrevient à l'un des articles 65, 70, 73, au premier
alinéa de l'article 74, à l'article 90 ou au deuxième
alinéa de l'article 91 commet une infraction et est passible, en outre
des frais, d'une amende d'au moins cent dollars et d'au plus deux cents
dollars.
Nous faisons à l'égard de ces articles les mêmes
remarques qu'à l'article 56.
Pour compléter nos remarques, aux articles 56, 60, 90 et 94, nous
référons ici au CHAPITRE IX, SECTION I, Dispositions
générales, Article 310 et, SECTION IX, Infractions et peines,
Article 374, qui se lisent comme suit:
Article 310
Nul ne peut consommer des boissons alcooliques dans un véhicule
routier en marche ou immobilisé sur un chemin public ou en consommer en
quelqu'endroit que ce soit sur un chemin public.
Un agent de la paix peut arrêter sans mandat une personne qui
contrevient aux dispositions du premier alinéa et qui ne peut
s'identifier d'une façon satisfaisante.
Malgré le premier alinéa, le gouvernement peut autoriser,
à certaines conditions, la consommation de boissons alcooliques dans
certaines catégories de véhicules routiers qu'il
détermine.
Article 374
Quiconque contrevient à l'un des articles 232 (1°), 235
(1°), 309, 310, 323, 355 ou 368 (2°) commet une infraction et est
passible, en outre des frais, d'une amende d'au moins cent dollars et d'au plus
deux cents dollars.
Il est bon de souligner que le législateur, à l'article
310, rejoint notre demande vis-à-vis des articles 56 et 90.
De plus, il semble qu'à première vue, les infractions
reprochées aux articles 56 et 90 ne sont certes pas plus graves puisque
le législateur a prévu les mêmes amendes, soit d'au moins
cent dollars et d'au plus deux cents dollars (voir articles 60, 94 et 374).
CHAPITRE VI
L'enseignement de la conduite d'un
véhicule routier
SECTION I Dispositions générales
Article 116
Un fonctionnaire du ministère des transports, son conjoint ou son
enfant mineur, ne peut, sous peine de destitution, avoir des
intérêts directs ou indirects dans une école de conduite
mettant en conflit son intérêt personnel et les devoirs de sa
fonction.
Toutefois, il n'y a pas lieu à destitution si un tel
intérêt lui échoit par succession, legs ou donation pourvu
qu'il y renonce ou en dispose avec toute la diligence possible.
A moins qu'il n'ait reçu une permission écrite du ministre
des transports, un fonctionnaire du ministère des transports ne peut
collaborer à l'enseignement, au sein d'une école de conduite qui
dispense un ou des programmes de formation relatifs à la conduite d'un
véhicule routier, sous peine de mesures disciplinaires.
A notre sens, cette disposition devrait faire partie, s'il y a lieu, du
code de déontologie, et non de la présente Loi.
Nous croyons que les règles de conduite des fonctionnaires du
ministère des transports qui au surplus prévoient des sanctions
disciplinaires, devraient se retrouver dans un règlement du
ministère à cet effet, plutôt que parmi les dispositions
d'un Code de la route.
CHAPITRE IX
La circulation
SECTION I Dispositions générales
Article 283
Aux lieux où des feux de circulation sont en opération, le
conducteur d'un véhicule routier doit: 1° En face d'un feu rouge,
immobiliser son véhicule avant la traverse de piétons ou la ligne
d'arrêt ou, s'il n'y en a pas, à la ligne latérale de la
chaussée qu'il croise. Il ne peut reprendre sa route que lorsqu'une
signalisation lui permettant d'avancer apparaît.
A moins qu'une signalisation ne l'interdise ou qu'un feu de
piéton n'accorde le droit de passage aux piétons, le conducteur
peut effectuer un virage à droite après avoir immobilisé
son véhicule et s'être assuré qu'il peut effectuer cette
manoeuvre en toute sécurité; dans ce cas, il doit accorder la
priorité de passage aux piétons déjà engagés
dans l'intersection et aux véhicules qui circulent sur la voie sur
laquelle il veut s'engager à une distance telle qu'il y aurait risque
d'accident. 2° En face d'un feu rouge clignotant, effectuer un arrêt
complet et se conformer aux dispositions de l'article 271. 3° En face d'un
feu jaune, arrêter à la ligne latérale de la
chaussée qu'il s'apprête à croiser, à moins qu'il
n'y soit engagé ou en soit si près qu'il lui serait impossible de
le faire sans danger. Il ne peut reprendre sa route que lorsqu'une
signalisation lui permettant d'avancer apparaît. 4° En face d'un feu
jaune clignotant, ralentir la vitesse de son véhicule et continuer sa
route après s'être assuré qu'il peut le faire sans risque.
5° En face d'un feu vert, continuer tout droit ou tourner à gauche
ou à droite, à moins d'une signalisation contraire
installée par le ministre des transports ou l'autorité locale; il
doit néanmoins céder le passage aux véhicules routiers qui
se trouvent déjà dans l'intersection et aux piétons qui y
sont déjà engagés.
Cependant, le conducteur d'un véhicule routier qui
s'apprête à effectuer un virage à gauche doit céder
le passage à un véhicule routier venant en sens inverse. 6°
En face d'un feu vert clignotant, continuer tout droit, tourner à gauche
ou à droite, à moins d'une signalisation contraire
installée par le ministre des transports ou l'autorité locale. Il
doit néanmoins céder le passage aux véhicules routiers qui
se trouvent déjà dans l'intersection et aux piétons qui y
sont déjà engagés. 7° En face d'une flèche
verte, circuler uniquement dans le sens indiqué par la flèche; il
doit néanmoins céder le passage aux véhicules routiers qui
se trouvent déjà dans l'intersection et aux piétons qui y
sont déjà engagés.
II s'agit d'une nouvelle disposition qui autorise un virage à
droite en face d'un feu rouge de circulation. Comme nous l'avons
mentionné dans les notes préliminaires, cette
libéralisation nous semble une mesure adéquate dans le contexte
actuel.
Nous réalisons tout de même qu'il y a certains risques
d'adopter une telle mesure si elle n'est pas assortie de toutes les
précautions nécessaires. Il faudrait prendre les dispositions
requises lors d'une campagne de publicité pour bien informer la
population et sensibiliser celle-ci à ce nouveau règlement.
Considérant les habitudes de conduite souvent
téméraires ou hasardeuses des conducteurs, un tel changement dans
les règlements de la circulation, pourrait augmenter les risques
d'accidents s'il n'est pas appliqué adéquatement.
CHAPITRE IX La circulation
SECTION I Dispositions générales
Article 308
Sauf en cas de nécessité, nul ne peut abandonner un
véhicule routier sur un chemin public, ou sur une
propriété de la Couronne.
Un agent de la paix ou un officier du ministère chargé de
l'application du présent Code est autorisé à
déplacer, faire déplacer et remiser, aux frais de son
propriétaire, un véhicule abandonné conformément au
premier alinéa.
La personne qui procède au remisage doit effectuer des recherches
raisonnables en vue de retrouver le propriétaire du véhicule
abandonné.
A l'expiration d'un délai de soixante jours de la date de
remisage, si personne n'est venu réclamer le véhicule, la
propriété en est transférée à la curatelle
publique qui peut en disposer librement; dans ce cas, les frais de remisage
encourus ne peuvent excéder la valeur marchande du véhicule.
Ces dispositions s'appliquent également au véhicule
routier abandonné sur un terrain privé, à la suite de la
réquisition du propriétaire du terrain.
Dans le but de prévenir les accidents de toutes sortes et de
faire réaliser à tout conducteur le danger d'abandonner,
même en cas de force majeure, un véhicule routier sur un chemin
public, une propriété publique ou privée, nous
suggérons d'ajouter au dernier paragraphe de l'article 308 ce qui suit:
"Celui qui abandonne un véhicule routier sur un chemin public, sur une
propriété de la Couronne ou sur un terrain privé, doit
aviser sans délai un agent de la paix ou un officier
autorisé."
Une telle disposition permettrait de faciliter l'application du
troisième alinéa de cet article quant aux recherches du
propriétaire dudit véhicule.
CHAPITRE IX La circulation
SECTION VII La vitesse
Article 363
Nul ne peut conduire un véhicule routier à une vitesse: a)
inférieure à soixante kilomètres par heure et
supérieure à cent kilomètres par heure sur les autoroutes,
à l'exception des autobus de type interurbain pour lesquels la vitesse
maximale permise est de cent dix kilomètres par heure; b)
excédant quatre-vingt-dix kilomètres par heure sur les grands
chemins publics numérotés à surface en béton de
ciment, en béton bitumineux et autres surfaces du même genre en
dehors des cités, villes et villages; c) excédant quatre-vingt
kilomètres par heure sur les autres chemins publics à surface en
béton de ciment, en béton bitumineux et autres surfaces du
même genre en dehors des cités, villes et villages; d)
excédant soixante-dix kilomètres par heure sur les chemins
publics en gravier en dehors des cités, villes et villages; e)
excédant soixante kilomètres par heure sur les chemins publics de
terre en dehors des cités, villes et villages;
f) excédant cinquante kilomètres par heure dans les
cités, villes et villages, sauf sur les autoroutes et sur les chemins
publics ou parties de chemins publics sur lesquels l'autorité
compétente a placé une signalisation conformément à
l'article 364; g) excédant cinquante kilomètres par heure dans
les zones scolaires lors de l'entrée ou de la sortie des
élèves.
Nul ne peut conduire un véhicule routier à une lenteur
susceptible de aêner ou d'entraver la circulation normale, excepté
dans le cas où la chose est requise par mesure de sécurité
ou de nécessité.
Une raison majeure, soit celle de la sécurité, nous porte
à être en désaccord avec la proposition contenue à
l'article 363, par. a), concernant les autobus de type interurbain.
Actuellement, la vitesse permise sur les autoroutes est de 100
kilomètres par heure. Cette limite de vitesse devrait être
maintenue pour tous les véhicules routiers, y compris l'autobus de type
interurbain. L'application de l'article 363, par. a), tel que
rédigé, ne ferait qu'inciter les conducteurs de véhicules
routiers à ne pas respecter la vitesse permise. Les conducteurs de
véhicules routiers, frustrés de se voir continuellement
dépassés par un autobus de type interurbain, auraient tendance
à aller plus vite ou, à tout le moins, prendre la voie de gauche
pour suivre.
Le risque d'accident serait probablement accru puisque l'autobus de type
interurbain serait en principe presque toujours sur la voie de gauche pour
dépasser ou circuler.
Au Québec, nous avons la triste réputation d'être de
mauvais conducteurs. Des statistiques démontrent que les accidents
augmentent et que le nombre de morts ou de blessés par suite d'accidents
résultant d'imprudences, d'erreurs humaines ou de bris
mécaniques, demeure toujours très élevé.
Les rapports de la Sûreté du Québec pour les
années 1978, 1977 et 1976 nous donnent un bon aperçu de ces
sombres statistiques.
Rien ne prouve qu'il y aura diminution du nombre d'accidents ou que plus
de personnes utiliseront l'autobus de type interurbain. Bien au contraire, le
fait de savoir que l'autobus de type interurbain peut circuler plus vite risque
peut-être de diminuer la clientèle de ce mode de transport surtout
si l'on considère le nombre et la gravité des accidents d'autobus
depuis environ un an alors que les normes de vitesse sont les mêmes pour
toutes les catégories de véhicules routiers.
Le fait de permettre aux autobus de type interurbain d'augmenter leur
vitesse maximale ne rendra pas nos conducteurs plus prudents et n'augmentera
pas les normes de sécurité. Etant donné qu'un
véhicule routier peut, sur une chaussée à deux voies ou
plus de circulation, circuler dans l'une ou l'autre voie (article 238), le fait
pour un autobus de type interurbain de circuler à une vitesse
supérieure, est de nature à favoriser le louvoiement tant de
l'autobus que des autres véhicules routiers qui devraient ainsi
céder le passage. Cet aspect sera d'ailleurs accentué, si comme
nous le prévoyons, l'autobus, pour garder une vitesse de
croisière uniforme, aura tendance à emprunter la voie de
gauche.
Même si l'on devait admettre que les nouvelles dispositions du
Code de la route vont favoriser le transport par autobus, ce qui n'est pas
certain, faudrait-il pour cette raison augmenter davantage la vitesse permise
pour les autobus de type interurbain, pour favoriser encore plus ce mode de
transport? Il est évident que non.
Nous ne croyons pas que les fins poursuivies justifient
l'établissement de ces nouvelles normes. Les accidents d'autobus sont
évidemment moins nombreux que ceux impliquant d'autres véhicules
routiers. Mais les conséquences sont beaucoup plus sérieuses,
trop à notre avis pour soumettre les autobus de type interurbain
à des normes différentes de celles applicables à
l'ensemble des véhicules routiers.
Le respect de la vie est trop important pour le reléguer au
second plan. Comme le dit si bien une publicité très connue: "La
personne avant toute chose."
REMARQUES GÉNÉRALES
L'avant-projet de Loi ne reproduit pas les termes de l'article 74 de
l'actuel Code de la route, concernant l'arrestation sans mandat. Tel que
mentionné précédemment, nous favorisons le maintien de ce
pouvoir, dans le cadre des articles 56 et 90, comme le prévoit
d'ailleurs l'article 310 lorsqu'il y a consommation de boissons alcooliques
dans un véhicule routier.
Nous croyons, si le législateur n'entend pas rétablir les
pouvoirs d'arrestation sans mandat de l'article 74, qu'il faudrait à
tout le moins, donner une portée plus large à l'article 427
concernant la prise de possession et le remisage d'un véhicule
routier.
Ainsi par exemple, dans le cas où un conducteur ne serait pas
titulaire d'un permis de conduire (article 65) ou dans le cas où le
permis d'un conducteur serait suspendu (articles 151 et 153), un agent de la
paix ou l'officier autorisé devrait pouvoir prendre possession du
véhicule routier et le remiser, à moins que ne se trouve une
autre personne habilitée et capable de conduire ledit
véhicule.
ANNEXE D(1)
L'avant-projet de loi sur le Code de la route
Mémoire de la Chambre de Commerce de la
province de Québec
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre des Transports,
Messieurs les membres de la Commission parlementaire
A- Introduction
(1) La Chambre de Commerce de la province de Québec
apprécie et vous remercie de l'occasion offerte, dans le cadre des
audiences de la Commission parlementaire, de vous soumettre ses observations et
recommandations relativement à l'avant-projet de loi sur le Code de la
route.
(2) La Chambre
La Chambre, fédération regroupant quelque deux cent dix
chambres de commerce actives au Québec, représente ainsi plus de
37 500 membres, dont la majorité sont des hommes d'affaires, ainsi que
2500 entreprises commerciales et industrielles, lesquelles adhèrent
directement à la Chambre du Québec et l'appuient dans ses
objectifs et son action.
(3) Objectifs de la Chambre
La Chambre, constituée par une loi spéciale du parlement
fédéral a pour objectifs de "favoriser le progrès
économique, civique et social du Québec." Ses objectifs, vastes
à souhait, permettent de situer l'intervention de la Chambre devant
vous, ce jour.
B- Intervention de la Chambre
La Chambre situe son intervention à deux niveaux précis,
certaines questions fondamentales soulevées par l'avant-projet de
loi sur le Code de la route; certains aspects techniques de
l'avant-projet.
C- Questions fondamentales I - La
sécurité routière
L'avant-projet de loi sur le Code de la route, comme son nom l'indique,
vise à établir les règles qui régiront la
circulation routière. L'objectif sous-jacent à cette
législation proposée est d'assurer la sécurité sur
nos routes.
Une prémisse fondamentale sous-tend la réalisation d'un
objectif de sécurité routière, savoir que la loi soit
respectée et appliquée.
Effectivement, toute législation qui serait sanctionnée
sans pour autant être appliquée, serait inutile.
En ce sens, nous sommes conscients que l'application des dispositions
régissant la circulation routière exige un effort collectif et
concerté des autorités concernées, lesquelles ont à
surveiller et à contrôler avec diligence et fermeté
l'application de la loi, ainsi que des usagers de la route, lesquels ont
à respecter les dispositions de la loi et à circuler sur nos
routes avec discipline, prudence et civisme.
Dans cette optique, la Chambre propose aujourd'hui certaines
recommandations, lesquelles visent à assurer une plus grande
sécurité routière.
Ces recommandations sont réalisables à court ainsi
qu'à long terme. 1. A court terme, il y aurait lieu d'établir une
meilleure coordination et une collaboration plus étroite entre les
autorités suivantes, soit la Sûreté du Québec, les
ministères de la Justice et des Transports et les Polices municipales.
2. Il serait également opportun de contrôler plus
sévèrement et appliquer uniformément la loi par tous les
corps policiers tant provincial que municipaux. 3. Il serait utile, à ce
moment, d'augmenter le nombre de policiers spécialement affectés
à la circulation sur nos routes et de faire de ce travail une
spécialité. 4. Il y aurait lieu d'adopter une législation
sévère instituant des normes de sécurité auxquelles
devraient se conformer les commerçants qui exercent leurs négoces
le long des routes en y installant des comptoirs ou autres facilités en
vue d'offrir leurs marchandises aux voyageurs. 5. Dans le but d'augmenter la
sécurité des véhicules automobiles circulant sur nos
routes, il serait nécessaire de prévoir: l'inspection
mécanique annuelle de tous les véhicules automobiles vieux de 5
ans et plus; l'obligation de pourvoir tous les véhicules
usagés de feux directionnels et clignotants avant d'être remis en
vente; la mise en vigueur de ces dispositions après un avis de
six mois. 6. Il serait opportun d'accentuer l'application du Code des
"Inscriptions générales sur la signalisation routière du
Québec" qui veille à ce que: les panneaux de signalisation
sur les sites de construction soient adéquats et en bon état le
jour et la nuit et en toute saison; les voies de détour que
l'automobiliste doit emprunter en raison de l'exécution de certains
travaux soient clairement indiquées (que ces sites de construction
soient situés dans les régions urbaines ou ailleurs); les
lignes blanches de démarcation et de bordure des voies d'accès,
après l'accomplissement de travaux de réfection de la
chaussée, soient repeintes immédiatement. 7. Il y aurait lieu
d'améliorer le système de signalisation routière qui
consiste à poster un homme ou un mannequin muni d'un drapeau comme seul
avertissement d'un danger sur la route et appliquer une méthode plus
efficace pour faire ralentir les véhicules moteurs avant un site de
construction ou de réfection routières. 8. Il faudrait continuer
la politique d'uniformisation de la signalisation routière en appliquant
les mesures suivantes: l'indication de toutes les courbes et
intersections sur toutes les routes provinciales; l'établissement
d'une signalisation routière plus adéquate au printemps
particulièrement, pour indiquer certains dangers saisonniers;
l'amélioration générale de l'équipement de
sécurité sur les anciennes routes; l'installation de la
pré-signalisation pour toutes les sorties ou jonctions sur les
autoroutes où la limite de vitesse est de 72km/h ou plus. 9. Il y aurait
lieu d'afficher au moyen de symboles ou de pictogrammes, aux frontières
du Québec, l'obligation pour les automobilistes du port de la ceinture
de sécurité. 10. Il y aurait lieu d'obliger ceux qui veulent
obtenir un permis de conduire à suivre des cours de conduite. 11. Il y
aurait finalement lieu à court terme, d'adopter des signaux lumineux
adéquats à tous les passages à niveau. 12. A long terme,
l'adoption des mesures suivantes serait opportune soit:
l'élimination systématique de tous les passages à niveau
sur les routes provinciales;
l'organisation de cours pour les jeunes et aussi les adultes en
matière de sécurité routière, de respect de la
propriété et de respect de la loi; la distribution d'un
exemplaire du Guide de l'automobiliste à chaque conducteur lors du
renouvellement de son permis; la construction de voies auxiliaires le
long des routes principales et surtout sur les routes sinueuses comportant de
nombreuses côtes; accorder une attention prioritaire à ces
aménagements. 13. Et finalement, à long terme, il serait opportun
d'instaurer un système de dépannage (boîtes
téléphoniques et postes de premiers soins) le long des
principales routes provinciales, des autoroutes et des endroits isolés
de leurs parcours là où ces services ne sont pas facilement
disponibles.
Il - Certains points que nous appuyons de
l'avant-projet
Un examen de l'avant-projet de loi a permis de faire ressortir certaines
dispositions avec lesquelles la Chambre s'inscrit en accord. 1. Ainsi, les
articles 235 et 304, deuxièmes paragraphes de l'avant-projet de loi
lorsqu'ils stipulent l'interdiction de placer, maintenir ou exhiber sur une
propriété privée, tout affiche, signal, indication ou
dispositif susceptible de créer de la confusion ou de faire obstruction
à la signalisation apparaissant sur un chemin public ainsi que
l'interdiction de déposer ou permettre que soit déposée de
la neige ou de la glace sur un chemin public, devraient permettre
d'éliminer le long des routes les lumières éblouissantes
et trompeuses et le dépôt d'amas de neige ou de glace sur les
routes ce qui ne peut que contribuer à améliorer la
sécurité routière. 2. L'article 304 de l'avant-projet de
loi lorsqu'il stipule l'interdiction de jeter, déposer, lancer ou
permettre que soit jeté, déposé ou lancé tout
objet, devrait éviter la disposition de déchets et
détritus sur les chemins publics ailleurs que dans les endroits et les
réceptacles prévus à cette fin. En ce sens et afin
d'intensifier les effets positifs de cette disposition, il serait opportun de
sensibiliser, à travers les cours de civisme dans le réseau
scolaire, les écoliers à leur fierté et leur
responsabilité de protéger l'environnement.
Il serait opportun d'étendre cette interdiction à la loi
des cités et villes et au Code municipal et de sévir en
général davantage à l'endroit des personnes qui jettent
des rebuts sur la voie publique.
Il y aurait lieu finalement de généraliser la pratique
d'installer des panneaux indiquant la défense de jeter des rebuts avec
le montant de l'amende à payer au cas de contravention à cette
disposition. 3. Les articles 51, 52 et 53 de l'avant-projet de loi traitent de
l'obligation de soumettre un véhicule à l'inspection
mécanique dans certains cas particuliers, entre autres lors de la
cession du droit de propriété du véhicule routier. La
Chambre applaudit cette initiative surtout que l'inspection mécanique
devra être effectuée par une personne détentrice du permis
prescrit à cette fin par règlement du gouvernement.
La Chambre espère que ces dispositions permettront
l'avènement de plus en plus de mécaniciens compétents dont
la rareté constitue une lacune sérieuse au Québec.
D'ailleurs, il serait important d'intensifier les cours de
mécanique déjà offerts dans certaines institutions
scolaires dans le cadre de l'article 54 de l'avant-projet de loi. 4. L'article
413 de l'avant-projet de loi confère au gouvernement le pouvoir de
"décréter l'inspection mécanique obligatoire de certaines
catégories ou sous-catégories de véhicules routiers d'une
même marque, modèle, série et année qu'il
détermine, immatriculés ou possédés au
Québec."
L'absence de règlement ne nous permet pas de juger l'impact de
cette disposition, qui nous apparaît cependant à sa face
même, fort positive.
Advenant le cas cependant où l'intention du législateur
serait de répondre à un voeu de la Chambre, formulé
antérieurement aux présentes, avoir l'inspection mécanique
annuelle de tous les véhicules vieux de 5 ans et plus, la Chambre
applaudirait évidemment cette initiative. 5. Les articles 177 et 178 de
l'avant-projet de loi sont également les bienvenus puisqu'ils
permettront une méthode d'identification nocturne adéquate pour
les motocyclettes et les scooters. 6. L'article 86 de l'avant-projet de loi
lorsqu'il confère au directeur général le pouvoir de
rappeler le titulaire d'un permis de conduire, d'un permis
d'apprenti-conducteur ou de chauffeur de taxi dans certains cas, et,
l'obligation, à tous les dix ans, de rappeler à subir un examen,
tout titulaire d'un permis de conduire délivré par le bureau,
devrait permettre d'intensifier la sécurité routière.
7. La Chambre constate avec plaisir que l'article 283 de l'avant-projet
donne suite à un de ses voeux a l'effet de modifier le code de la route
afin de permettre le virage à droite après un arrêt aux
intersections où se trouvent des feux de circulation, même si le
feu est rouge, pourvu qu'il n'y ait pas danger d'accrochage avec un
véhicule venant de la gauche sur la voie transversale. 8. La Chambre
constate également avec plaisir que l'article 412 du Code de la route
pourrait permettre le maintien de la pratique d'utiliser des vendeurs à
commission pour l'émission des plaques d'immatriculation.
Ill - Les habitudes de conduite des
Québécois
Les articles 265, 266, 267 et 268 de l'avant-projet de loi stipulent ce
qui suit, savoir: 265. Sur une chaussée à circulation dans les
deux sens, le conducteur d'un véhicule routier qui s'apprête
à effectuer un virage à gauche à l'intersection d'une
chaussée où la circulation se fait également dans les deux
sens, doit, après avoir signalé son intention et s'être
assuré qu'il peut le faire sans risque, s'approcher de la ligne
médiane de la chaussée sur laquelle il circule, continuer en
ligne droite jusqu'à la ligne latérale de la chaussée sur
laquelle il veut s'engager et effectuer le virage à gauche dès
que la voie est libre, pour s'engager dans l'autre chaussée, à
droite. 266. Sur une chaussée à circulation dans un même
sens, le conducteur d'un véhicule routier qui s'apprête à
effectuer un virage à gauche à l'intersection d'un chemin public
où la circulation se fait dans les deux sens doit, après avoir
signalé son intention et s'être assuré qu'il peut le faire
sans risque, s'approcher de l'extrême gauche de la chaussée sur
laquelle il circule, continuer en ligne droite jusqu'à la ligne
latérale de la chaussée sur laquelle il veut s'engager et
effectuer le virage à gauche dès que la voie est libre, pour
s'engager sur l'autre chaussée, à la droite de cette
dernière.
Sur une chaussée à circulation dans un même sens, le
conducteur d'un véhicule routier qui s'apprête à effectuer
un virage à gauche à l'intersection d'une chaussée
à deux voies ou plus de circulation dans les deux sens doit,
après avoir signalé son intention et s'être assuré
qu'il peut le faire sans risque, s'approcher de l'extrême gauche de la
chaussée sur laquelle il circule, continuer en ligne droite
jusqu'à la ligne latérale de la chaussée sur laquelle il
veut s'engager et effectuer le virage à gauche dès que la voie
est libre, pour s'engager dans l'autre chaussée, à la droite et
le plus près possible de la ligne médiane.
Sur une chaussée à deux voies ou plus de circulation dans
les deux sens, le conducteur d'un véhicule routier qui s'apprête
à effectuer un virage à gauche à l'intersection d'une
chaussée à deux voies ou plus de circulation dans les deux sens
doit, après avoir signalé son intention et s'être
assuré qu'il peut le faire sans risque, s'approcher de l'extrême
gauche de la chaussée sur laquelle il veut s'engager et effectuer le
virage à gauche dès que la voie est libre, pour s'engager sur
l'autre chaussée, à la droite et le plus près possible de
la ligne médiane.
Sur une chaussée à circulation dans un même sens, le
conducteur d'un véhicule routier qui s'apprête à effectuer
un virage à gauche à l'intersection d'une chaussée
à circulation dans un même sens doit, après avoir
signalé son intention et s'être assuré qu'il peut le faire
sans risque, s'approcher de l'extrême gauche de la chaussée
jusqu'à la ligne latérale de la chaussée sur laquelle il
veut s'engager et, si la voie est libre, tourner court à gauche. 267.
Sur une chaussée à circulation dans les deux sens, le conducteur
d'un véhicule routier qui s'apprête à effectuer un virage
à gauche à l'intersection d'une chaussée à
circulation dans un même sens doit, après avoir signalé son
intention et s'être assuré qu'il peut le faire sans risque,
s'approcher de la ligne médiane de la chaussée sur laquelle il
circule, continuer en ligne droite jusqu'à la ligne latérale de
la chaussée sur laquelle il veut s'engager et si la voie est libre,
tourner court à gauche. 268. Le conducteur d'un véhicule routier
qui veut effectuer un virage à droite à une intersection doit,
après avoir signalé son intention et s'être assuré
qu'il peut le faire sans risque, tourner court et ne pas empiéter sur la
gauche ou le centre de la chaussée sur laquelle il s'engage.
Ces dispositions, nous nous en rendons compte, sont inspirées par
le souci de régir certaines manoeuvres considérées
dangereuses, afin d'assurer un maximum de sécurité aux
automobilistes qui les exécutent.
Il nous semble cependant que ces dispositions sont un peu trop
exhaustives et entrent beaucoup trop dans le détail de la manoeuvre
à effectuer.
Il nous semble, de plus, que ces dispositions collent plus ou moins bien
à la réalité des habitudes de conduite
québécoises.
Considérons dans ce sens l'article 265 de l'avant-projet de
loi.
Dans le contexte de cet article, l'automobiliste, qui désire
tourner à gauche, devra s'approcher de la ligne médiane de la
chaussée sur laquelle il circule, continuer en ligne droite
jusqu'à la ligne latérale de la chaussée sur laquelle il
veut s'engager et effectuer le virage à gauche dès que la voie
est libre.
Tous les jours, des milliers de véhicules effectuent des virages
à gauche sans s'avancer jusqu'à la ligne latérale de la
chaussée sur laquelle ils veulent s'engager, et sans pour autant
accentuer leurs risques d'accident. En fait, dans certains cas et selon les
circonstances, il est moins dangereux de dégager rapidement la voie au
profit d'autres véhicules, et pour ce faire de ne pas s'avancer
jusqu'à la ligne latérale en question.
Evidemment, chaque cas est un cas d'espèce, et cet article
devrait en conséquence, laisser à l'automobiliste la latitude
voulue pour décider chaque cas au mérite.
Prenons un exemple.
Dans le contexte de l'article 268 de l'avant-projet de loi, un
véhicule qui tourne à droite ne doit pas empiéter sur la
gauche ou le centre de la chaussée sur laquelle il s'engage.
Cette interdiction d'empiétement représente dans certains
cas une quasi-impossibilité physique.
En effet, certaines intersections ont des angles tellement
fermés, qu'un véhicule de taille ne peut tourner à droite
sans empiéter sur la ligne médiane.
Interprété à la lettre, l'article 268 implique
qu'un automobiliste qui tourne à droite et empiète en ce faisant
sur la ligne médiane de la chaussée commet une infraction. Et
pourtant dans certains cas, il est difficile ou pratiquement impossible
d'éviter un tel empiétement.
Qui plus est, dans certains cas, par exemple, si un véhicule est
stationné à l'endroit où notre automobiliste désire
tourner à droite, ce dernier sera obligé d'empiéter sur la
ligne médiane tout au moins pour éviter un accrochage et par
mesure de prudence et de sécurité.
Nous le voyons bien, le détail de cette disposition lui
enlève beaucoup de flexibilité dans son application.
En fait, un respect aveugle de cet article pourrait même causer
des accidents plutôt que les prévenir.
Dans le cas particulier de l'article 268, prévoir qu'un
véhicule ne devra pas empiéter sur la ligne médiane ou la
gauche de la chaussée, sans que le conducteur se soit assuré
qu'il peut le faire sans risque d'accident rencontrerait les objectifs
recherchés de sécurité dans la manoeuvre tout en
permettant la flexibilité requise dans l'application de la loi face
à la multitude de situations qui peuvent se produire chaque jour dans la
circulation routière.
Ces exemples nous démontrent que les articles 265,266, 267 et 268
de la Loi devraient être modifiés afin de leur conférer une
plus grande flexibilité dans leur application.
Ils devraient être modifiés également pour
éviter que leur interprétation à la lettre
n'entraînent des non-sens, par exemple qu'un automobiliste ne soit
accusé d'avoir empiété sur la ligne médiane de la
chaussée, lors d'un virage à droite, alors que cette manoeuvre ne
présentait aucun danger pour qui que ce soit. Finalement, ces articles
devraient être modifiés afin de leur permettre de s'ajuster
parfaitement à la réalité qu'ils recouvrent.
Un conducteur automobile n'est pas un automate qui répète
manoeuvre après manoeuvre les mêmes gestes
stéréotypés.
Selon le genre de véhicule qu'il conduit (traction, taille,
poids, moteur, tenue de route) l'état de la chaussée, les
conditions climatiques, la densité de la circulation,
l'aménagement physique des intersections, il modifiera sa façon
d'effectuer une manoeuvre.
Un conducteur se doit de s'adapter aux circonstances et la loi qui le
régit alors se doit de s'adapter au conducteur en lui fixant les
paramètres de la sécurité routière dans une
manoeuvre automobile donnée et en lui laissant quant au reste la
latitude voulue pour poser le jugement nécessaire.
IV - Le pouvoir de réglementation
Un examen rapide de l'avant-projet de loi nous permet de constater que
les articles 11, 53, 54,189, 190, 224, 225, 232 (2), 236, 295, 296, 297, 326,
351, 402, 403, 404, 405, 406, 407, 408, 409, 410 et 411 entre autres, auront
à être explicités par une réglementation future.
Il semble clair à ce moment qu'il est difficile pour les
intéressés d'évaluer l'impact global de la
législation proposée sans disposer d'une copie de la
réglementation complémentaire à la loi.
Nous recommandons en conséquence qu'à l'avenir, un projet
de réglementation soit déposé à l'Assemblée
nationale avant l'adoption du projet de loi afin de permettre aux
intéressés d'évaluer la portée de la
législation proposée en tout état de cause.
Sur cette question, nous remarquons de plus que les articles 11 et 414
de l'avant-projet de loi stipulent que les règlements pertinents
entreront en vigueur à la date de leur publication à la Gazette
officielle ou à tout autre date ultérieure qui y est
fixée. Nous remarquerons de plus dans le cas spécifique de
l'article 11 qu'aucune forme de contrôle gouvernemental n'est
prévue en ce qui a trait au pouvoir de réglementation du
directeur général.
Compte tenu du nombre très important d'articles qui auront
à être explicités par règlement, compte tenu de la
complexité des sujets qui seront traités par règlement,
compte tenu des conséquences
gigantesques que pourraient avoir ces règlements sur les citoyens
et l'entreprise québécoise, nous croyons qu'une consultation
devrait s'effectuer sur ces règlements et que les
intéressés devraient avoir l'occasion de transmettre leurs
commentaires sur ces derniers. En conséquence, nous suggérons des
amendements aux articles 11 et 414 de l'avant-projet de loi afin qu'ils
prévoient que les règlements n'entreront en vigueur
qu'après l'accomplissement des formalités suivantes, soit:
publication d'un projet de réglementation à la Gazette officielle
du Québec accompagné d'un avis précisant que les
intéressés disposeront d'un délai de quatre-vingt-dix (90)
jours à compter de la date de publication dudit avis pour faire parvenir
leurs commentaires au ministre relativement au projet de réglementation;
à l'expiration du délai de 90 jours, publication d'un avis
à l'effet que le projet de règlement déjà
publié n'a pas été modifié et entre en vigueur tel
quel ou si le projet de règlement a été modifié
publication de sa version définitive avec avis à l'effet qu'il
entre en vigueur.
Dans le cas des règlements prévus à l'article 11 de
l'avant-projet de loi, nous suggérons l'ajout d'une formalité
supplémentaire à l'effet qu'à l'expiration du délai
de 90 jours, le projet de réglementation devra obtenir l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil.
Par la suite, il y aurait publication d'un avis à la Gazette
officielle précisant que: le projet de règlement
déjà publié n'a pas subi de modification; le projet
de règlement a été approuvé par le
lieutenant-gouverneur en conseil; le projet de règlement entre en
vigueur à la date de la publication dudit avis à la Gazette
officielle; ou si le projet de règlement a été
modifié: publication de la version définitive du projet de
règlement et publication simultanée d'un avis précisant
que le projet de règlement modifié a été
approuvé par le lieutenant-gouverneur en conseil et entre en vigueur
à la date de publication du présent avis à la Gazette
officielle du Québec.
V- L'obligation de procéder par
réglementation
Les articles 46, 310, 314, 321, 323, 352 et 359 de l'avant-projet de loi
nous intriguent.
Ces articles confèrent ou, au gouvernement, ou au ministre des
transports, ou aux autorités locales, ou au directeur
général le pouvoir de déterminer certaines choses, sans
pour autant préciser que ce pouvoir devra s'exercer par
règlement.
Les articles généraux de réglementation
confèrent au gouvernement et à personne d'autre (402 et s.) le
pouvoir de faire des règlements sur certains sujets y
énumérés, sujets qui ne répètent pas et ne
comprennent pas les matières touchées aux articles 46, 310, 314,
321, 323, 352 et 359 de l'avant-projet.
Ainsi, les articles 46, 314, 321, 352 et 359 confèrent des
pouvoirs à certaines autorités, autres que le gouvernement, mais
ne précisent pas comment exercer ces pouvoirs, par règlement ou
autrement alors que les articles 402 et s. ne confèrent des pouvoirs
généraux de réglementation qu'au gouvernement.
Les articles 310 et 323 confèrent certains pouvoirs au
gouvernement, sans préciser comment il devra exercer ces pouvoirs et
alors que les articles généraux de réglementation ne
touchent pas les matières visées aux articles 310 et 323.
Doit-on en déduire que les autorités concernées
choisiront à leur gré leur mode de législation, sans
contrôle d'aucune sorte?
Nous croyons plutôt qu'il s'agit d'un oubli au sein de ces
dispositions et suggérons qu'elles soient amendées pour
prévoir que les autorités pertinentes pourront par
règlement exercer les pouvoirs prévus à ces articles.
Ces règlements devant être mis en vigueur selon l'article
414 de l'avant-projet de loi, amendé selon notre recommandation
antérieure.
VI- La légalité du pouvoir de
réglementation
Les articles 402, paragraphes a, b et d et 409, paragraphe b, stipulent
ce qui suit: 402. Le gouvernement peut, par règlement: a) malgré
l'article 1, édicter que les mots "véhicule routier" comprennent
tout autre moyen de transport qu'il indique et déterminer les articles
du présent code qui s'y appliquent ou qui ne s'y appliquent pas; b)
malgré l'article 1, définir d'autres catégories ou
sous-catégories de véhicules routiers; d) malgré le
chapitre IX, régir la circulation des véhicules routiers sur tout
chemin public ou certains d'entre eux ou en interdire l'accès à
certaines catégories ou sous-catégories de véhicules
routiers;
409. En outre des pouvoirs prévus à l'article 402, le
gouvernement peut, par règlement, pour l'application des dispositions
relatives à la circulation: b) décréter les règles
de circulation applicables sur une chaussée comportant une piste
cyclable ou une voie réservée à l'usage exclusif d'une
catégorie de véhicules routiers, lesquelles peuvent être
dérogatoires aux règles prévues au chapitre IX.
Il est un principe fondamental en droit à l'effet qu'on ne peut
modifier une loi par règlement et qu'une réglementation ne peut
aller au-delà ou outrepasser les dispositions de la loi-mère!
Dans ce contexte, les dispositions des articles 402 (a, b, d) et 409b,
de lavant-projet de loi nous apparaissent bizarres.
Elles soulèvent, en fait, une question d'ordre juridique fort
intéressante, savoir: "Est-il possible d'exclure l'application de ces
principes en stipulant dans la loi-mère que la réglementation
pourra déroger à certaines dispositions de ladite
loi-mère?"
Ces stipulations des articles 402 (a, b, d) et 409b, nous apparaissent
illégales. Elles nous semblent, en premier lieu une entorse dangereuse
à l'étanchéité des pouvoirs législatifs et
exécutifs et semblent consacrer, encore une fois, l'érosion du
pouvoir législatif.
Ces stipulations nous semblent de plus constituer une
délégation illégale de pouvoir. En effet, le Souverain du
chef de la province de Québec, délègue aux
députés élus, lesquels constituent l'Assemblée
nationale, le pouvoir de légiférer. Ce pouvoir de
légiférer, croyons-nous, ne peut être
délégué au gouvernement. Celui qui est doté d'un
pouvoir délégué ne peut le déléguer à
quelqu'un d'autre, même s'il s'agit, en l'occurrence du gouvernement.
Finalement, ces stipulations nous semblent contraires à l'ordre
public.
Effectivement, selon nous, il est impossible aux députés,
élus du peuple, de voter sur une législation pour ensuite
abandonner au pouvoir exécutif le pouvoir de modifier cette loi par
règlement, et d'aller à rencontre de leur volonté sans
aucune forme de contrôle.
Nous considérons donc les articles 402, a, b, d, et 409b de
l'avant-projet de loi inacceptables et en demandons le retrait pur et
simple.
VII - Redondance de certains pouvoirs de
réglementation
Les articles 225-408 et 409 de l'avant-projet de loi stipulent ce qui
suit: 225. Un véhicule routier, conçu et fabriqué au
Québec, doit être conforme aux normes de construction
édictées par règlement du gouvernement. 408. En outre des
pouvoirs prévus à l'article 402, le gouvernement peut, par
règlement, pour l'application des dispositions relatives aux normes de
construction: a) décréter les normes de construction,
d'utilisation et de vente des phares antibrouillards; b) prescrire les normes
de construction, d'utilisation et de vente des torches, lampes,
réflecteurs ou lanternes portatifs; c) déterminer, en fonction
d'une catégorie ou sous-catégorie de véhicules routiers,
le nombre minimum de torches, lampes, réflecteurs ou lanternes portatifs
dont doit être muni un véhicule routier; d)
décréter, pour des catégories de véhicules routiers
autres que ceux visés à l'article 184, l'obligation ou
l'autorisation d'être muni de feux fixes, clignotants ou pivotants et en
déterminer la couleur; e) prohiber l'installation et l'utilisation de
phares, feux et réflecteurs autres que ceux prescrits au présent
Code, sur un véhicule routier; f) prescrire les normes de fabrication,
de vente et d'utilisation d'un pneu; g) établir les normes de
réchapage d'un pneu de véhicule routier et établir les
conditions de vente, d'utilisation et d'inspection d'un pneu
réchappé; h) déterminer les normes d'utilisation des
appareils servant à prévenir le vol d'un véhicule routier;
i) prescrire les normes de fabrication, d'installation, d'utilisation de vente
d'un silencieux; j) déterminer les conditions d'émission d'un
numéro de série et fixer les droits exigibles pour sa
délivrance; k) prévoir d'autres cas où le port de la
ceinture de sécurité n'est pas obligatoire;
I) prescrire l'installation et l'utilisation, dans un véhicule de
promenade, d'un dispositif de sécurité pour enfant de moins de
cinq ans et en déterminer les normes d'installation et d'utilisation; m)
interdire l'enlèvement, la modification et la mise hors d'usage de
ceintures de sécurité de véhicules routiers autres que les
véhicules automobiles; n) obliger les passagers occupant la banquette
arrière d'un véhicule de promenade à porter la ceinture de
sécurité;
o) obliger les conducteurs et les passagers d'un véhicule routier
autre qu'un véhicule de promenade à porter la ceinture de
sécurité; p) prescrire les normes de construction d'un
véhicule routier conçu et fabriqué au Québec; q)
établir des normes relatives à la vente et l'usage d'huile
servant au fonctionnement des freins; r) déterminer, dans le cas d'un
véhicule routier ou d'un ensemble de véhicules routiers, la
quantité et la masse de gazoline qui peut être transportée
par le véhicule ou l'ensemble de véhicules routiers et l'arrimage
des charges; s) établir les normes relatives à l'usage de
dispositifs qui empêchent l'éblouissement causé par les
phares; t) exiger que les véhicules routiers, certaines
catégories ou sous-catégories d'entre eux soient munis de
dispositifs pour limiter la vitesse automatiquement et régir l'usage de
ces dispositifs; u) régir la couleur et l'intensité des phares,
feux et réflecteurs; v) exiger, pour certaines catégories ou
sous-catégories de véhicules routiers, un système de
freins auxiliaire susceptible de fonctionner indépendamment du
système de freins principal et en régir l'usage; w) exiger, pour
certaines catégories ou sous-catégories de véhicules
routiers, un ralentisseur indépendant du système de freins
principal et en régir l'usage; x) exiger qu'un véhicule routier
soit muni d'autres accessoires ou équipements que ceux prévus au
présent Code. 409. En outre des pouvoirs prévus à
l'article 402, le gouvernement peut, par règlement, pour l'application
des dispositions relatives à la circulation: a) prescrire les normes de
fabrication, d'utilisation et de vente de la signalisation; b)
décréter les règles de circulation applicables sur une
chaussée comportant une piste cyclable ou une voie
réservée à l'usage exclusif d'une catégorie de
véhicules routiers, lesquelles peuvent être dérogatoires
aux règles prévues au chapitre IX; c) prescrire les normes de
fabrication, d'utilisation et de vente des casques protecteurs; d) prescrire
les normes et interdictions relatives au transport de matières
dangereuses; e) autoriser, à certaines conditions et pour des fins
spécifiques, certaines catégories ou sous-catégories de
véhicules routiers à être munis de phares blancs à
l'arrière du véhicule et en régir l'usage; f) prescrire
l'installation et l'utilisation d'accessoires sécuritaires pour les
autobus affectés au transport d'écoliers et en déterminer
les normes d'utilisation et d'installation; g) régir l'usage
extérieur d'un haut-parleur dont est équipé un
véhicule routier; h) édicter des normes relatives à la
consommation d'énergie par les véhicules routiers.
Beaucoup des sujets énumérés à ces articles
font déjà l'objet ou sont déjà régis par des
dispositions de lois fédérales à cet égard.
Aussi, au-delà de la question de concordance entre les
dispositions fédérales et nos règlements à venir,
ces pouvoirs énoncés aux articles 225-408 et 409 nous laissent
sceptiques. En effet, pourquoi se conférer de tels pouvoirs de
réglementation?
Certainement pas, pour répéter au Québec, les
dispositions fédérales pertinentes car il y aurait
redondance.
Certainement pas pour prévoir au Québec des normes moins
sévères qu'au fédéral, car ce serait inutile
puisque les règles fédérales s'appliqueraient de toutes
façons.
Pourquoi?
Pour légiférer au Québec, et prévoir des
règles plus sévères qu'au fédéral?
Certainement pas, car ce serait nuire au Québec en y faisant fuir
certaines entreprises ou en plaçant les entreprises
québécoises dans une position de concurrence
désavantageuse, ce qui serait absorbé dans les deux cas par les
consommateurs québécois.
Mais pourquoi alors?
De plus, et en ce qui a trait à l'article 408 plus
spécifiquement, les normes y énumérées posent-elles
un problème au Québec, en d'autres termes, la qualité de
ces biens est-elle inférieure ou manque-t-on plutôt des ressources
humaines compétentes, entre autres des mécaniciens, pour les
installer et les réparer adéquatement?
Vu que les conséquences pratiques des articles 225, 408 et 409
pourraient être gigantesques et vu le délai relativement court qui
nous a été donné pour produire le présent
mémoire, nous nous réservons le droit de produire dans l'avenir
un document supplémentaire à ce mémoire lequel comportera
entre autres, nos considérations sur les articles 225, 408 et 409 de
l'avant-projet de loi.
VIII - Les pouvoirs discrétionnaires du
directeur général et le droit d'appel de ses
décisions
Les articles 104, 123, 132 et 134 de l'avant-projet de loi stipulent ce
qui suit:
104. Le directeur général peut refuser la
délivrance d'un permis de garagiste, de marchand ou de recycleur, le
suspendre ou le révoquer. 123. Le directeur général peut
refuser l'émission d'un permis d'école de conduite, d'un permis
de formateur ou d'un permis de formation ou suspendre le privilège d'en
obtenir un. Il peut révoquer ou suspendre un permis d'école de
conduite ou un permis de formateur. 132. Le directeur général
peut refuser l'émission ou le renouvellement d'un permis de conduire,
d'un permis d'apprenti-conducteur ou d'un permis de chauffeur de taxi, en
restreindre les effets ou suspendre le privilège d'en obtenir un. Il
peut aussi révoquer un permis de conduire, un permis
d'apprenti-conducteur ou un permis de chauffeur de taxi, ou le suspendre et
exiger la remise de ce permis et de tout autre permis de conduire émis
par une autre autorité administrative.
Le directeur général n'est pas tenu de remettre en vigueur
un permis de conduire, un permis d'apprenti-conducteur ou un permis de
chauffeur de taxi. 134. Le directeur général peut reviser sa
décision de suspendre, révoquer ou d'émettre un permis de
conduire, un permis d'apprenti-conducteur ou un permis de chauffeur de
taxi.
A leur lecture même, nous constatons que les articles 104,123 et
132 confèrent le pouvoir au directeur général de refuser
l'émission d'un permis, de le suspendre ou le révoquer.
L'article 134 confère au directeur général le
pouvoir de reviser sa décision de suspendre, révoquer ou
d'émettre un permis de conduire, un permis de chauffeur de taxi ou un
permis d'apprenti-conducteur.
Et tous ces articles confèrent de tels pouvoirs au directeur
général sans préciser d'aucune façon les
critères qui devront le guider dans ses décisions et sans
l'obliger d'aucune façon à rendre ses décisions suivant
les règlements que pourra édicter le gouvernement en vertu de ses
pouvoirs généraux de réglementation relativement aux
matières visées aux articles 104, 123 et 132 de l'avant-projet de
loi.
En fait, la seule obligation du directeur général est
celle prévue à l'article 135 de l'avant-projet de loi savoir:
"lorsqu'il refuse d'émettre, révoque, suspend ou restreint les
effets d'un permis visé au présent code, ou une immatriculation
ou le privilège d'en obtenir, donner un avis écrit à la
personne concernée, lui indiquant les motifs à l'appui de sa
décision et les recours qu'elle peut exercer s'il en est."
Ainsi, le directeur général est doté de pouvoirs
discrétionnaires, alors qu'aucun droit d'appel de sa décision
n'est prévu à l'avant-projet de loi, si ce n'est le pouvoir du
directeur général de reviser sa propre décision.
La Chambre croit que les articles 104,123,132 et 134 de l'avant-projet
de loi devraient être amendés de façon à
prévoir les critères qui devront guider le directeur
général dans ses décisions.
De plus, il y aurait lieu d'amender l'avant-projet de loi pour
prévoir un droit d'appel des décisions du directeur
général, outre le pouvoir prévu à l'article 134 de
l'avant-projet de loi.
IX - Droit d'appel
Un droit d'appel devrait également être prévu de
toutes les décisions rendues par le directeur général en
vertu des articles 155 à 170 de l'avant-projet de loi, savoir la
question des points de démérite et de la suspension de permis en
conséquence.
Si une personne peut perdre son permis de conduire, lequel peut
être pour elle essentiel à l'accomplissement de son travail, alors
il est normal qu'elle puisse en appeler des décisions du directeur
général.
La Chambre propose donc qu'un droit d'appel soit prévu à
l'avant-projet de loi des décisions rendues par le directeur
général en matière de points de démérite et
de suspensions de permis (arts. 155 à 170 de l'avant-projet).
D- Les aspects techniques de l'avant-projet de
loi
Les articles 11 et 13
Les articles 11 et 13 de l'avant-projet de loi stipulent ce qui suit:
11. Le directeur général peut, par règlement: a)
déterminer les normes de sécurité auxquelles doit
satisfaire un véhicule routier pour être autorisé à
circuler; b) déterminer les connaissances minimales,
vérifiées par examen, que doit avoir une personne pour être
autorisée à conduire un véhicule routier; c)
établir, après consultation du comité consultatif
médical, un guide médical pour l'émission des permis de
conduire, des permis d'apprenti-conducteur et des permis de chauffeur de
taxi.
Les règlements par le directeur général en vertu du
premier alinéa entrent en vigueur à la date de leur publication
à la Gazette officielle du Québec ou à toute autre date
ultérieure qui y est fixée. 13. Le directeur peut, par
écrit, déléguer généralement ou
spécialement à une personne qu'il désigne l'exercice des
pouvoirs que lui attribue le présent code.
Ces articles soulèvent, chez nous, quelques commentaires.
L'article 13, lequel confère au directeur le pouvoir, par
écrit, de déléguer généralement ou
spécialement à une personne qu'il désigne l'exercice des
pouvoirs que lui attribue le présent code, confère-t-il au
directeur le pouvoir de déléguer à cette personne les
pouvoirs de réglementation attribués à tel directeur par
l'article 11, entre autres?
Nous croyons que non, car il n'est certainement pas dans l'intention du
législateur de permettre une délégation de pouvoirs,
laquelle nous apparaît illégale.
Afin d'éviter toute ambiguité nous croyons qu'il serait
opportun à l'article 13 de préciser que le directeur peut
déléguer l'exercice de ses pouvoirs, à l'exception de
l'exercice de ses pouvoirs de réglementation.
Les articles 19 et 23
Les articles 19 et 23 de l'avant-projet de loi stipulent ce qui suit:
19. Un médecin ou un optométriste doit informer le directeur
général, du nom, de l'adresse, de la date de naissance et, dans
le cas du médecin, du diagnostic clinique de tout patient de seize ans
et plus atteint d'une maladie visée au guide médical ou, dans
tous les cas, lorsqu'il a des raisons sérieuses de croire, sur le plan
médical, que ce patient peut constituer un risque en conduisant un
véhicule routier. 23. Quiconque contrevient à l'article 19,
commet une infraction et est passible, en outre des frais, d'une amende d'au
moins cent dollars et d'au plus cinq cents dollars.
A la lecture de ces articles, nous constatons qu'ils ont pour effet
d'obliger un médecin à trahir son secret professionnel sous peine
d'infraction.
S'il est impossible dorénavant de se fier à son
médecin quant à la confidentialité de notre état de
santé, alors où s'en va la relation de confiance indispensable
entre un médecin et son patient?
Nous proposons le retrait de ces deux dispositions.
L'article 55
L'article 55 de l'avant-projet de loi se lit comme suit: 55. Une
personne qui conduit un véhicule routier sur un chemin public doit avoir
avec elle: a) le certificat d'immatriculation du véhicule ainsi que
l'attestation d'assurance ou de solvabilité prévue aux articles
97 et 102 de la Loi sur l'assurance automobile (1977, chapitre 68); et b) le
contrat de location, lorsque le véhicule routier est sous bail; ou c) un
document faisant preuve de la durée du prêt, lorsque le
véhicule est prêté par un marchand.
Le paragraphe b de cette disposition pourrait entraîner certaines
difficultés d'application pratique.
Effectivement, il arrive qu'une compagnie loue par
l'intermédiaire d'un seul contrat de location un certain nombre de
véhicules routiers, il devient donc impossible pour chaque conducteur
d'un véhicule loué d'être muni du contrat de location
attestant cette dernière.
Nous suggérons donc que le paragraphe b de l'article 55 soit
modifié pour qu'il prévoit le contrat de location ou tout autre
document attestant la location lorsque le véhicule routier est sous
bail.
L'article 108
L'article 108 de l'avant-projet de loi stipule ce qui suit: 108. Un
marchand de véhicules routiers doit faire au directeur
général, suivant la forme qu'il détermine, un rapport
mensuel de toutes ventes, achats ou échanges de véhicules
routiers usagés ou neufs effectués durant le mois.
La production d'un rapport pourrait permettre aux policiers de
contrôler plus facilement les automobiles volées. Malheureusement,
un rapport mensuel est très onéreux pour le marchand. Nous
suggérons en conséquence un rapport bi-annuel.
L'article 110
L'article 110 de l'avant-projet de loi stipule ce qui suit:
110. Un recycleur qui récupère un véhicule routier
encore muni du numéro de série ou de la plaque d'immatriculation
doit le remettre, sans délai, au directeur général.
Cet article est ambigu.
Que doit remettre le recycleur?
Le numéro de série?
Le véhicule routier? Nous présumons qu'il s'agit du
numéro de série, il serait opportun de le préciser.
L'article 111
L'article 111 stipule ce qui suit: 111. Le titulaire d'un permis de
recycleur doit tenir, en la manière déterminée par le
directeur général, un registre indiquant: a) chaque
véhicule routier ou pièces usagées, accessoires,
carcasses, châssis ou engin de tout véhicule routier reçu
ou acquis par lui, sa description et le numéro d'identification, la date
de la réception ou de l'acquisition, le nom et l'adresse de la personne
de qui il l'a acquis ou reçu; b) chaque véhicule routier ou
carcasse, châssis ou moteur ou transmission dont il a disposé, la
description et le numéro d'identification, la date de la disposition et
le nom et l'adresse de la personne qui en a acquis la propriété;
c) chaque véhicule routier détruit ou démantelé par
lui, la date de la destruction ou du démantèlement.
Le titulaire d'un permis de recycleur doit conserver, en tout temps,
à sa place d'affaires, le registre visé au premier
alinéa.
Un officier du ministère ou un agent de la paix chargé de
l'application du présent code, est autorisé à visiter
l'établissement titulaire d'un permis de recycleur, inspecter son
inventaire, consulter le registre visé au premier alinéa et le
confisquer s'il y a lieu.
Nous suggérons de modifier la fin de cet article afin qu'il
prévoit que l'officier du ministère ou l'agent de la paix pourra
prendre des photocopies des registres plutôt que de les confisquer, ceci
afin d'éviter de paralyser l'entreprise.
Les articles 120 et 121
Les articles 120 et 121 stipulent ce qui suit: 120. Un permis
d'école de conduite ne peut être transféré qu'avec
l'autorisation préalable du directeur général et en autant
que l'acquéreur satisfasse aux conditions d'obtention prescrites par
règlement du gouvernement. 121. Toute vente ou fusion d'école de
conduite, toute transaction ou contrat de nature à produire un
changement dans le contrôle ou l'administration d'une école de
conduite, doit être approuvé préalablement par le directeur
général et en autant que la personne qui acquiert le
contrôle ou l'administration satisfasse aux conditions d'obtention
prescrites par règlement du gouvernement.
La Chambre ne voit pas la nécessité, dans les cas
visés aux articles 120 et 121, d'obtenir l'autorisation préalable
du directeur général. Il s'agit pour elle d'une ingérence
gouvernementale indue dans l'administration de l'entreprise privée.
Pour elle, le nouvel acquéreur devrait s'adresser au directeur
général, après son acquisition pour obtenir le transfert
du permis.
La Chambre suggère de modifier ces articles en
conséquence.
L'article 127
L'article 127 de l'avant-projet de loi stipule ce qui suit: 127. Le
directeur général peut exiger que tout détenteur de permis
de formateur qui subit un échec à l'examen de qualification
s'inscrive à nouveau, à un programme de formation professionnelle
relatif à la conduite d'un véhicule routier, de la
catégorie et de la classe appropriée.
Cet article confère un pouvoir discrétionnaire au
directeur général. Alors qu'aucun droit d'appel des
décisions de ce dernier n'est prévu à l'avant-projet de
loi. La Chambre croit qu'il serait opportun de prévoir à
l'article 127 les critères qui guideront le directeur
général dans ses décisions, de plus, elle croit qu'il y
aurait lieu de modifier l'avant-projet de loi pour prévoir un droit
d'appel de la décision du directeur général à
l'article 127.
L'article 139
L'article 139 de l'avant-projet de loi stipule ce qui suit: 139.
Toutefois, s'il s'agit d'une première infraction, la personne
condamnée, immédiatement après la déclaration de
culpabilité ou la sentence, peut obtenir du juge qui l'a
prononcée d'ordonner au directeur général de lui
délivrer un permis restreint si elle établit, à la
satisfaction du juge, qu'elle doit conduire un véhicule routier pour
l'exécution du principal travail dont elle tire sa subsistance.
Si cette personne n'a pas, pour un motif valable dont la preuve lui
incombe, présenté sa demande au temps prévu par le premier
alinéa, elle peut encore le faire en s'adressant, par requête, au
même juge ou à un juge du même tribunal; si ce tribunal ne
siège pas dans le district où la personne entend présenter
sa requête, celle-ci peut alors être adressée à un
juge d'un tribunal civil, sauf une cour municipale.
La décision est finale et sans appel.
La Chambre considère assez lourd le fardeau de la preuve
imposée à une personne, laquelle aura dans le cadre du
deuxième paragraphe de cet article à démontrer un motif
valable pour lequel elle n'a pas présenté sa demande au temps
prévu par le premier paragraphe de cet article.
La Chambre propose, en conséquence, de supprimer les mots "pour
un motif valable dont la preuve lui incombe".
L'article 143
L'article 143 se lit comme suit: 143. Les suspensions prévues au
présent code prennent effet quinze jours à compter de la date de
l'avis de suspension du directeur général. L'avis est
présumé avoir été reçu lorsqu'il a
été expédié à la dernière adresse
reçue au bureau.
De façon générale, la Chambre a toujours
demandé d'éviter de présumer qu'un avis est "reçu"
s'il a été expédié normalement et non par courrier
recommandé.
La raison de cette demande repose sur les lenteurs et les grèves
postales.
Nous comprenons, dans ce cas-ci, que cette demande éviterait
indirectement la question "de la dernière adresse reçue au
bureau".
Nous admettons de plus qu'une personne qui n'aurait pas avisé le
bureau de son changement d'adresse aurait commis une infraction, de sorte
qu'elle devrait assumer les conséquences de cette contravention dans le
cadre de l'article 143.
Nous croyons cependant que les complications postales justifient
d'amender cet article pour qu'il précise "expédié par
courrier recommandé".
Les articles 159 et 160
Nous soumettons quant à ces articles la même argumentation
et pour les mêmes raisons qu'à l'article 143 de l'avant-projet de
loi.
L'article 288
L'article 288 stipule ce qui suit: 288. Aucun véhicule routier,
bâtiment ou objet qui est susceptible de détériorer le
chemin public ne peut y être transporté ou y circuler, à
moins d'une autorisation préalable du ministre des Transports,
donnée aux conditions qu'il détermine.
Lorsque le transport est effectué, en tout ou en partie, dans le
territoire d'une autorité locale, celle-ci doit également fournir
son autorisation.
Nous sommes généralement réfractaires aux pouvoirs
discrétionnaires.
Aussi, par mesure de protection pour le ministre et l'autorité
locale, suggérons-nous d'ajouter les critères qui le guideront
dans sa prise de décision par règlement.
L'article 308
L'article 308 stipule ce qui suit: 308. Sauf en cas de
nécessité, nul ne peut abandonner un véhicule routier sur
un chemin public, ou sur une propriété de la Couronne.
Un agent de la paix ou un officier du ministère chargé de
l'application du présent code est autorisé à
déplacer, faire déplacer et remiser, aux frais de son
propriétaire, un véhicule abandonné conformément au
premier alinéa.
La personne qui procède au remisage doit effectuer des recherches
raisonnables en vue de retrouver le propriétaire du véhicule
abandonné.
A l'expiration d'un délai de soixante jours de la date de
remisage, si personne n'est venu réclamer le véhicule, la
propriété en est transférée à la curatelle
publique qui peut en disposer librement; dans ce cas, les frais de remisage
encourus ne peuvent excéder la valeur marchande du véhicule.
Ces dispositions s'appliquent également au véhicule
routier abandonné sur un terrain privé, à la suite de la
réquisition du propriétaire du terrain.
Une seule question quant à cet article: qu'arrive-t-il si les
frais de remisage excèdent la valeur du bien?
L'article 338
L'article 338 stipule ce qui suit: 338. Lorsque des feux de
piétons sont installés par le ministre des Transports ou
l'autorité locale, le piéton peut, en face du signal blanc,
traverser la chaussée; le clignotement de ce signal avec le signal
orange signifie que celui qui a déjà commencé à
effectuer la traversée peut la terminer en pressant le pas jusqu'au
trottoir ou à la zone de sécurité. En face du signal
orange, le piéton ne peut s'engager sur la chaussée.
Nous présumons que la forme des feux sera différente pour
permettre aux personnes qui sont daltoniens de savoir quand traverser.
Si tel n'était pas le cas, la Chambre en fait une recommandation
formelle.
L'article 356 356. Un permis spécial ou un permis d'escorte est
réputé n'avoir jamais été émis lorsque les
conditions ou restrictions qu'il contient ne sont pas respectées.
La logique de cette disposition nous échappe. Si les conditions
de permis d'escorte ne sont pas respectées, pourquoi ne pas
considérer ce fait comme une infraction?
Pourquoi choisir de déterminer que le permis en question est
"réputé n'avoir jamais été émis?"
L'article 422
L'article 422 stipule ce qui suit: 422. Le ministre des Transports peut
accorder des subventions pour favoriser l'application du présent
code.
Nous croyons qu'il serait opportun de préciser à cet
article, à qui on accordera ces subventions et à quelles
conditions. Sinon, le ministre sera doté d'un pouvoir
discrétionnaire d'accorder des subventions à même les fonds
publics.
L'article 424
L'article 424 stipule ce qui suit: 424. Le ministre des Transports peut
nommer, parmi les titulaires de permis de marchand, ceux qui peuvent devenir
mandataires du Bureau et déterminer les conditions du mandat, lequel
doit être à titre gratuit et ne se rapporter qu'à
l'immatriculation des véhicules routiers et toute autre opération
y afférente.
Cet article 424 combiné à l'article 412 de l'avant-projet
de loi soulèvent quelques interrogations: 1. Pourquoi le pouvoir de
nommer des mandataires est-il accordé dans un cas au gouvernement et
dans l'autre au ministre? 2. Quelle est la définition du mot
gouvernement pour les fins de cet avant-projet de loi et plus
particulièrement dans le cadre de l'article 412? 3. Quels sont les
critères qu'auront à rencontrer les personnes qui désirent
être nommées mandataires dans le cadre de ces deux articles?
Il serait opportun de prévoir dans l'avant-projet de loi une
définition du mot "gouvernement".
Il serait opportun de préciser aux articles 412 et 424 de
l'avant-projet de loi que les critères qu'auront à rencontrer les
personnes qui désirent être nommées mandataires seront
précisés par règlement.
L'article 429
L'article 429 stipule ce qui suit: 429. Toute somme devenant due
à la Couronne, en vertu du présent code, constitue une dette
privilégiée sur le véhicule routier, prenant rang
immédiatement après les frais de justice.
Nous demandons le retrait pur et simple de cette disposition. Cette
disposition nous semble inéquitable pour les créanciers qui ont
le véhicule automobile comme garantie de leur prêt, car selon
nous, ce
n'est pas aux créanciers de payer les amendes imposées
à leurs débiteurs, lesquels s'ils ne peuvent payer devraient
normalement en droit pénal, subir une détention.
Le créancier n'a pas à se porter garant du paiement des
amendes imposées à son débiteur.
E- Conclusion
La sécurité routière est une question qui, de tout
temps, a toujours grandement préoccupé la Chambre.
Cette préoccupation explique la recommandation de la Chambre
à l'effet de surveiller avec fermeté, diligence, et pourtant avec
bon sens, l'application de nos législations routières.
Car l'avant-projet de loi, aussi complet et exhaustif qu'il soit, serait
inutile, s'il devait ne pas être appliqué, après sa
sanction.
Nous suggérons, cependant, que l'avant-projet de loi dans sa
description des manoeuvres routières est trop détaillé ce
qui lui confère une grande rigidité dans son application.
Nous croyons de plus qu'il aurait avantage à être
modifié pour éliminer de façon générale les
pouvoirs discrétionnaires et pour inclure des recours, soit un droit
d'appel à rencontre des décisions du directeur
général.
Quant au pouvoir de réglementation, il est tellement exhaustif et
doté d'un impact potentiel énorme, qu'il y aurait lieu de
prévoir une période d'intervention des intéressés
pour s'assurer qu'il sera possible à tous de coexister avec les
règlements et leur contenu.
Deux points du pouvoir de réglementations nous tracassent
prodigieusement, soit les articles 408 et 409 de l'avant-projet de loi, et la
légalité de certains pouvoirs prévus aux articles 402
paragraphes a, b, d et 409 paragraphe b.
Ils nous tracassent tout particulièrement parce que le temps qui
nous a été alloué ne nous a pas permis d'en creuser tous
les aspects et conséquences.
Car le temps alloué a été vraiment trop court.
Fortuitement, nous avons découvert dans le journal du 24 juillet
dernier, (Le Feuilleton de la Chambre, auquel nous sommes abonnés ne
nous a pas été livré vu la grève du service de
messagerie interne du gouvernement), une information à l'effet que le
délai de production du mémoire sur l'avant-projet de loi sur le
Code de la route expirait le 11 août 1979.
Simultanément, notre personnel approfondit l'étude du
projet de loi 17 sur la santé et la sécurité au travail
dont la date d'échéance du mémoire est le 17 août
1979.
Notre personnel, diminué en nombre, devrions-nous
préciser, car comme partout ailleurs, les gens sont en vacances à
la Chambre.
Deux réformes aussi fondamentales (le 17 et l'avant-projet) avec
des dates d'échéance de mémoire rapprochées dans le
temps, en période de vacances, c'est beaucoup et beaucoup trop.
Nous avons disposé d'un délai de 15 jours ouvrables pour
trouver (nous avons également un abonnement au projet de loi, mais
l'avant-projet de loi ne nous a pas été transmis vu la
grève du service de messagerie interne du gouvernement), lire et
approfondir l'avant-projet de loi, de quelque 97 pages et 451 articles,
consulter nos membres, et préparer le mémoire.
Il est évident que nous avons été
bousculés.
Il est évident, de plus, que certains éléments des
présentes sont moins approfondis que d'autres.
Aussi, nous réservons-nous le droit de produire à
l'audition de la commission parlementaire ou avant un document
supplémentaire qui explicitera et complétera l'actuel
mémoire et, sans limiter la généralité de ce qui
précède, qui portera entre autres sur les articles 402, 408 et
409 de l'avant-projet de loi.
Nous nous classons parmi les organisations bien structurées avec
le personnel adéquat pour faire face à la demande, et nous avons
à peine suffi à produire en temps le présent
mémoire.
Qu'en est-il des citoyens "ordinaires" qui désireraient
intervenir sur l'avant-projet de loi?
La Chambre de Commerce de la province de Québec
Montréal, le 11 août 1979
ANNEXE D (2)
L'avant-projet de loi sur le Code de la route
Annexe au Mémoire de la Chambre de Commerce de
la Province de Québec
Les articles 408 et 409 de l'avant-projet de loi sur
le Code de la route
Les présentes constituent une annexe au mémoire de la
Chambre de Commerce de la Province de Québec sur l'avant-projet de loi
sur le Code de la route et portent sur les articles 408 et 409 dudit
avant-projet.
Ces articles dotent le gouvernement de certains pouvoirs de
réglementation.
Les règlements ainsi adoptés par le gouvernement en vertu
de ces articles entreront en vigueur à la date de leur publication
à la Gazette officielle du Québec ou à toute autre date
ultérieure qui y sera fixée (art. 414).
En premier lieu, nous nous rendons compte que le terme "gouvernement"
n'est aucunement défini à l'avant-projet de loi.
Le terme "gouvernement" devrait donc s'interpréter en son sens
usuel, tel qu'on le retrouve au dictionnaire.
Selon le petit Robert, un gouvernement c'est "le pouvoir qui gouverne un
Etat" ou encore "le pouvoir politique"; les organes de ce pouvoir
(exécutif, législatif) ou finalement "ceux qui détiennent
le pouvoir du gouvernement d'un Etat".
Ces définitions ne nous éclairent pas vraiment quant
à la détermination de la portée du terme "gouvernement"
utilisé aux articles 408-409 et 414 de l'avant-projet de loi.
Effectivement, ce terme désigne-t-il le lieutenant-gouverneur en
conseil? ou le lieutenant-gouverneur en conseil et les députés du
parti au pouvoir? ou l'Assemblée nationale?
Nous croyons que le terme "gouvernement" aurait avantage à
être défini à l'avant-projet de loi.
En deuxième lieu, nous croyons que les règlements
prévus aux articles 408 et 409 de l'avant-projet de loi devraient faire
l'objet d'une consultation avant leur entrée en vigueur.
En ce sens, nous reprenons l'essentiel de notre recommandation,
expliquée de façon élaborée au mémoire,
à l'effet que les règlements du "gouvernement" devraient
être publiés à la Gazette officielle du Québec avec
avis qu'à l'expiration des quatre-vingt-dix jours suivant cet avis, ils
entreront en vigueur dès publication de leur texte définitif
à la Gazette officielle.
Ce délai de quatre-vingt-dix jours devrait permettre aux
intéressés de transmettre leurs commentaires aux autorités
pertinentes.
En troisième lieu, nous désirons aborder la nature
même des pouvoirs de réglementation accordés au
"gouvernement" en vertu des articles 408 et 409 de l'avant-projet de loi.
A leur face même, il est impossible de déterminer si les
règlements prévus aux articles 408 (paragraphes a-b-h-i-t-v et
x)et 409 paragraphe (h) visent des véhicules routiers neufs ou visent le
marché secondaire ("after market") ou le marché de pièces
de remplacement.
En vertu de l'article 91 paragraphe (2) de l'Acte de l'Amérique
du Nord Britannique, le gouvernement fédéral possède le
pouvoir de réglementer le trafic et le commerce. ("Trade and
commerce").
Ce pouvoir a été interprété comme incluant
le commerce inter-provincial ou international.
Le gouvernement fédéral aurait donc juridiction pour
réglementer les normes de construction des pièces, appareils,
accessoires qui composeront un véhicule routier neuf ainsi que les
normes de construction du véhicule routier neuf, lequel sera
expédié interprovincialement ou internationalement.
En conséquence, nous présumons et
préférerions que les articles 408 (paragraphes a-b-h-i-t-v et x)
et 409 (paragraphe h) visent des pièces ou accessoires de remplacement
ou visent le marché secondaire, ou encore visent des accessoires ou
équipements qui serviront à la construction d'un véhicule
routier qui ne sera pas expédié en dehors du Québec.
Ou en d'autres termes, nous préférerions que les pouvoirs
prévus à 408 (paragraphes a-b-h-i-t-v et x) et 409 (paragraphe h)
soient exercés à l'intérieur des juridictions
constitutionnelles du Québec.
De plus, nous croyons que ces pouvoirs devraient être
exercés avec le souci d'harmoniser la réglementation
québécoise avec la réglementation des autres provinces
canadiennes, du gouvernement fédéral, et des autres juridictions
nord-américaines pour éviter de balkaniser le marché et
éviter des coûts aux consommateurs québécois.
Seule une situation tout à fait spéciale et
particulière du marché québécois devrait permettre
de déroger à ce souci.
En ce sens, les pouvoirs prévus aux articles 408 (paragraphe q)
et 409 (paragraphes (a et c), lesquels nous reconnaissons être de la
juridiction législative du Québec, devraient être
exercés avec le même souci d'harmonisation et de concordance avec
les autres législations nord-américaines, et ceci pour les
mêmes raisons.
Quant au pouvoir de prescrire les normes de construction d'un
véhicule routier conçu et fabriqué au Québec
(articles 225 et 408 paragraphe (q), nous nous permettons de rappeler que
l'expédition de ces véhicules hors du Québec, obligerait
les fabricants à rencontrer les normes de construction
fédérale.
Aussi, les normes provinciales ne pourraient-elles être moins
sévères que les normes fédérales, sinon elles
seraient inutiles.
Si les normes provinciales étaient plus sévères,
elles placeraient les manufacturiers québécois dans une position
concurrencielle désavantageuse, face aux autres marchés
nord-américains.
Finalement, si les véhicules n'étaient pas
expédiés hors du Québec, des normes provinciales plus
sévères qu'ailleurs imposeraient des coûts
supplémentaires aux consommateurs québécois.
Encore, le souci de concordance de notre réglementation avec les
réglementations nord-américaines est primordial.
L'article 408 (paragraphe f) traite du pouvoir conféré au
gouvernement fédéral de "prescrire les normes de fabrication, de
vente et d'utilisation d'un pneu".
Le gouvernement fédéral a légiféré le
"motor vehicle Tire Safety Act" lequel vise les objectifs prévus
à l'article 408 (paragraphe f).
Encore là, et pour les raisons énoncées plus haut,
le souci de concordance des législations est fondamental.
L'article 408 paragraphe (j) stipule le pouvoir conféré au
gouvernement de "déterminer les conditions d'émission d'un
numéro de série et de fixer les droits exigibles pour sa
délivrance".
S'agit-il du numéro de série nécessaire lors du
retrait d'un véhicule au rancart?
S'agit-il des numéros de série nécessaires au
manufacturier de véhicules ou de pièces?
S'il s'agit de l'émission d'un numéro de série pour
un véhicule mis au rancart, qu'on désire remettre en circulation,
il serait opportun de le préciser.
Quant au paragraphe (r) de l'article 408, nous croyons qu'il serait
opportun de préciser si cet article vise: un transporteur de gazoline?
ou le réservoir d'alimentation normal du véhicule? ou le
transport d'une réserve d'essence au cas où le véhicule
routier manquerait de gazoline?
Si cet article visait le réservoir d'alimentation normal du
véhicule, il remettrait alors en cause le problème de la
concordance entre les normes fédérales et les normes
provinciales.
Nous croyons, en conséquence que cet article ne devrait pas viser
le réservoir d'alimentation normal du véhicule mais devrait viser
plutôt le transport d'une réserve d'essence au cas où le
véhicule routier manquerait de carburant.
En conclusion, la Chambre rappelle la nécessité de tenir
une consultation des intéressés sur les projets de
règlements qui résulteront des articles 408 et 409 de
l'avant-projet de loi.
Effectivement, la diversité et l'importance des sujets
traités à ces articles justifient selon nous une telle
consultation.
La Chambre s'inquiète de plus de l'harmonisation des
règlements, lesquels seront légifèrés en vertu
desdits articles 408 et 409, et des autres législations
nord-américaines pertinentes. Cette concordance est, selon nous, vitale
au marché québécois actuel et futur.
La Chambre croit de plus qu'il serait opportun d'établir une
analyse coûts-bénéfices des différents projets de
règlements avant leur entrée en vigueur, afin de s'assurer que le
consommateur québécois profitera de la sécurité
désirée à un prix abordable.
D'ailleurs, l'un des éléments dont on devrait tenir compte
lors de l'élaboration d'une analyse coûts-bénéfices,
c'est l'évolution technologique.
La technologie évolue de jour en jour. Pourtant la
réglementation établira des normes technologiques à un
moment donné dans le temps. Afin de s'assurer que le consommateur
québécois ne sera pas privé des avantages de
l'évolution technologique, il faudrait s'assurer d'une certaine
vigilance et célérité dans la révision et la mise
à jour de la réglementation.
Finalement, il serait opportun de prévoir un délai dans la
mise en application des règlements, car dans beaucoup de cas il sera
impossible d'appliquer les règlements dès leur entrée en
vigueur.
Montréal, ce 28 août 1979
La Chambre de Commerce de la province de Québec