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Présentation de mémoires relatifs
à l'avant-projet
de Code de la route
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire des transports reprend ce matin ses
travaux.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont:
M. Baril (Arthabaska), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Lessard (Saguenay),
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Mailloux (Charlevoix),
M. Marquis (Matapédia), M. Perron (Duplessis); M. Russell
(Brome-Missisquoi) remplacé par M. Brochu (Richmond); M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Verreault (Shefford).
Les intervenants sont: M. Bellemare (Johnson), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Desbiens (Dubuc), M. Grégoire (Frontenac); M.
Gratton (Gatineau) remplace M. Lamontagne (Roberval), M. Lefebvre (Viau), M.
Ouellette (Beauce-Nord), M. Vaillancourt (Orford).
Comme programme de la journée nous avons douze mémoires,
je pense, à l'horaire. Je voudrais simplement rappeler aux membres de la
commission et aux intervenants qui défileront devant la commission
aujourd'hui le mandat de la commission comme tel, sans vouloir
nécessairement restreindre le droit de parole de personne qui est de
recevoir des mémoires et de procéder après à une
période de questions entre les membres de la commission et les
intervenants.
Encore ce matin, j'espère obtenir toute la collaboration autant
des membres de la commission que des représentants d'associations afin
qu'on puisse, sans empêcher personne de parler, procéder dans les
délais les plus rapides.
Nous avions hier deux organismes dont nous n'avons pu recevoir les
mémoires. Ils sont inscrits ce matin en tête de liste. J'appelle
donc en premier l'Office de la protection du consommateur, dont le
mémoire porte le numéro 28-M. Si les représentants de cet
organisme veulent bien s'approcher.
Oui, M. le député de Richmond.
M. Brochu: Les mémoires d'hier sont venus s'ajouter
à la liste de ceux qui s'étaient déjà
présentés. Je sais qu'on en a ajouté deux hier. Y en
a-t-il eu d'autres par la suite? Vous aviez annoncé que c'était
la dernière journée. Y en a-t-il eu d'autres qui se sont
ajoutés aux deux autres d'hier?
Le Président (M. Bordeleau): Non. Tout ce que nous avons
accepté, ce sont deux nouveaux mémoires. Nous avons
accepté de les entendre à la commission, même si les
délais n'étaient pas respectés. C'est tout.
M. Brochu: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Sauf qu'hier soir, il y a
deux mémoires de la journée que nous n'avons pas pu passer. C'est
ce matin que nous allons les entendre. Il s'agit de l'Office de la protection
du consommateur et du Club automobile du Québec. Si vous voulez
identifier les gens de la table.
Office de la protection du consommateur
M. Meunier (Pierre): Je vous présente à ma gauche
Me Paul Monty, qui est directeur du contentieux de Québec et, à
ma droite, M. Claude Bélanger, qui est directeur des communications.
Quant à moi, je m'appelle Pierre Meunier, je suis président de
l'Office de la protection du consommateur.
M. le Président, on vous a fait remettre ce matin un
résumé de notre mémoire. On sait à quel point votre
ordre du jour est chargé et c'est de ce résumé que je
m'inspirerai pour faire la présentation, ce qui nous permettra
peut-être d'accélérer les choses.
Donc, le 22 décembre 1978, le gouvernement adoptait la nouvelle
Loi de la protection du consommateur, la loi 72. Le 4 avril 1979, les
dispositions de cette loi créant l'Office de la protection du
consommateur et traitant de son administration étaient mises en vigueur.
Parmi ces articles mis en vigueur, signalons l'article 272 qui stipule que
l'office est chargé, bien sûr, de protéger le consommateur,
mais aussi, entre autres au paragraphe i) de cet article, de coopérer
avec les divers ministères et organismes gouvernementaux du
Québec en matière de protection du consommateur et de coordonner
le travail accompli dans ce but par ces ministères et organismes.
C'est dans cette optique que nous venons devant vous aujourd'hui
présenter ce mémoire. Disons d'emblée que nous sommes
d'accord avec l'idée de la mise à jour du Code de la route. Nous
limiterons cependant nos commentaires aux aspects de l'avant-projet qui
traitent de la protection du consommateur et plus particulièrement
à ses dispositions qui ont un impact ou des interrelations avec la
nouvelle Loi sur la protection du consommateur. A cet égard, le sujet le
plus important pour l'office est sans contesté le certificat de
conformité mécanique traité à l'article 53 de
l'avant-projet.
De plus, dans le but d'assurer une plus grande cohérence et une
meilleure concordance entre l'avant-projet du Code de la route et la nouvelle
Loi sur la protection du consommateur, nous désirons formuler certains
commentaires sur les cautionnements, les amendes, les définitions et les
amendements nécessaires à la Loi sur la protection du
consommateur.
D'abord, quelques mots sur le certificat de conformité
mécanique. Il faut tout d'abord remarquer le progrès que
constitue l'article 53 de l'avant-projet, par rapport à l'article 23,
paragra-
phes 4 et 5, traitant de ce sujet du certificat de conformité
mécanique. En effet, alors que l'actuel Code de la route assujettit les
propriétaires ou exploitants de garage à remettre un certificat
de conformité mécanique à tout acheteur, l'article 53 de
l'avant-projet étend cette obligation à toute transaction portant
sur un véhicule automobile.
Il faut malheureusement souligner que les paragraphes 4 et 5 de
l'article 23 de l'actuel Code de la route n'ont reçu qu'une application
très restreinte à ce jour. En effet, ce n'est que le 7 mars de
cette année que le ministre des Transports rendait obligatoire le
certificat de conformité mécanique pour deux catégories de
voitures seulement et ce pour, premièrement, les automobiles n'ayant pas
fait l'objet d'une immatriculation au Québec dans l'année qui
précède l'année en cours et, deuxièmement, pour les
automobiles d'occasion provenant d'autres provinces ou de l'étranger et
n'ayant jamais été immatriculées au Québec.
Le certificat de conformité mécanique n'est donc
obligatoire, en pratique, que pour une partie infime du parc automobile
québécois, soit là, on parle uniquement de
véhicules d'occasion 40 000 immatriculations d'automobiles
d'occasion, 10 000 pour le premier cas que j'ai mentionné et 30 000 pour
le second; donc, au total, 40 000 sur une possibilité de 300 000
immatriculations de véhicules d'occasion. Par ailleurs, la nouvelle Loi
sur la protection du consommateur oblige tout commerçant qui vend des
véhicules d'occasion à un consommateur, à apposer une
étiquette sur chaque automobile d'occasion qu'il offre en vente. C'est
l'article 155 de cette loi qui impose cette obligation au commerçant.
L'article 156 dit quel doit être le contenu de l'étiquette,
c'est-à-dire que cette étiquette doit fournir au consommateur le
maximum de renseignements pertinents avant qu'il achète l'automobile
d'occasion. Parmi les renseignements que le commerçant doit fournir au
consommateur, mentionnons des choses évidentes comme le prix auquel
l'automobile d'occasion est offerte, le nombre de milles ou de
kilomètres indiqués au totalisateur, l'année de
fabrication, le numéro de série, la marque, le modèle et,
ce qui est important pour les fins de nos discussions ce matin, plus
particulièrement au paragraphe h) de l'article 156, l'étiquette
doit comporter une mention disant qu'un certificat d'inspection du
véhicule délivré, conformément au paragraphe 4 de
l'article 23 du Code de la route, sera remis à l'acheteur lors de la
signature du contrat. Le certificat de conformité mécanique
constitue un élément primordial dans la décision qu'aura
à prendre le consommateur d'acheter ou de ne pas acheter le
véhicule d'occasion offert en vente.
Aussi longtemps que les paragraphes 4 et 5 de l'article 23 ne seront pas
mis en vigueur, cet article 156h de la nouvelle Loi sur la protection du
consommateur ne pourra pas l'être. Nous recommandons donc la mise en
application immédiate des paragraphes 4 et 5 de l'article 23 de l'actuel
Code de la route et ce pour toutes les automobiles d'occasion vendues par un
commerçant à un consommateur. Il semblerait également
logique et aller de soi que l'article 53 de l'avant-projet du Code de la route
soit mis en vigueur peut-être un peu plus tard le plus
tôt possible après son adoption.
Passons maintenant au cautionnement. Avant de vous parler de deux types
de cautionnement et de l'administration de ces cautionnements, j'aimerais vous
rappeler brièvement que le permis de vendeur d'automobiles d'occasion
est émis en vertu de l'actuelle Loi de la protection du consommateur par
opposition à la nouvelle. Ce permis, dans la nouvelle Loi de la
protection du consommateur, disparaît. Il disparaît
théoriquement, cependant, dans un effort de ce qu'on appelle la
déréglementation, c'est-à-dire qu'aujourd'hui deux permis
sont exigibles des commerçants de véhicules d'occasion: un permis
en vertu du Code de la route et un permis en vertu de la Loi sur la protection
du consommateur. La nouvelle Loi sur la protection du consommateur fait
disparaître ce permis et le fusionne avec le permis du Code de la route,
mais le consommateur ne s'en trouve pas pénalisé parce que toute
la protection qui existait en vertu de la Loi sur la protection du consommateur
est transférée au Code de la route, ce qui donne la même
protection au consommateur et ce qui invite peut-être ce qu'on a parfois
appelé des tracasseries ou de la paperasserie inutile pour les
commerçants.
Je passe maintenant aux commentaires sur les cautionnements de
façon plus spécifique. L'article 112 de l'avant-projet, tout
comme l'article 23 de l'actuel Code de la route, prescrit que le marchand de
véhicules routiers doit faire la demande d'un permis et fournir un
cautionnement. Alors que l'article 23 de l'actuel Code de la route stipule que
le cautionnement doit servir à rembourser le prix d'un véhicule
volé de même qu'à garantir l'exécution d'un jugement
ou d'une transaction mettant fin à une poursuite civile formée en
vertu de la Loi sur la protection du consommateur, l'avant-projet est muet
quant à l'objet de ce cautionnement.
Même si l'article 405d de l'avant-projet prévoit que le
gouvernement peut, par règlement, déterminer l'objet du
cautionnement, il nous paraît que ces précisions sont suffisamment
importantes pour être traitées dans le corps même de la loi.
Nous recommandons donc que le projet de loi du Code de la route
définisse de façon précise dans la loi l'objet du
cautionnement en reprenant les stipulations contenues à cet effet
à l'article 23 de l'actuel Code de la route, tel que je l'ai
mentionné précédemment.
Passons maintenant au cautionnement de garagiste. Alors que le permis de
garagiste existe déjà dans l'actuel Code de la route,
l'avant-projet introduit l'obligation, pour le garatiste qui désire
obtenir un tel permis, de se munir d'un cautionnement. Nous suggérons
que, comme dans le cas du cautionnement de marchand de véhicules
routiers, la loi et non le règlement prévoie l'objet du
cautionnement dont, notamment, celui de garantir l'exécution d'un
jugement ou d'une transaction mettant fin à une poursuite civile
formée en vertu
de la Loi sur la protection du consommateur. Cette suggestion nous
paraît d'autant plus normale qu'une très grande partie des actes
posés par les garagistes dans l'exercice de leurs fonctions sont
visés par la nouvelle Loi sur la protection du consommateur et,
évidemment, plus particulièrement à la sous-section qui
traite des réparations d'automobile et de motocyclette.
Quant à l'administration des cautionnements, maintenant, il nous
paraît souhaitable que l'article 405 de l'avant-projet comporte un
pouvoir réglementaire permettant au gouvernement de déterminer la
façon dont l'administrateur du cautionnement devra disposer d'un
cautionnement en cas d'annulation, de confiscation ou en vue de l'indemnisation
d'un consommateur.
Passons maintenant, si vous le voulez bien, au chapitre des amendes. Les
amendes prévues par l'avant-projet, plus particulièrement en ce
qui a trait au marchand qui dirige un commerce de véhicules routiers
sans permis, nous paraissent trop peu élevées. En effet,
l'article 113 de l'avant-projet rend passible d'une amende de $100 à
$200 le marchand qui dirige un commerce de véhicules routiers sans
permis. De telles amendes ne nous paraissent pas être de nature à
dissuader les commerçants malhonnêtes qui seraient tentés
de fonctionner sans permis et sans cautionnement. Au surcroît, les
amendes prévues par l'avant-projet sont inférieures à
celles prévues à l'actuelle Loi sur la protection du
consommateur. En effet, l'article 110 de cette loi prévoit des amendes
de $100 à $2000, ou l'emprisonnement d'au plus un an, pour une personne
physique qui n'aurait pas son permis de vendeur d'autos usagées. Dans le
cas d'une corporation, celle-ci est passible d'une amende de $500 à $25
000. En d'autres termes, en fusionnant le permis, les amendes se trouvent
réduites.
Quand je vous disais tout à l'heure qu'il y avait
équivalence, on peut peut-être se poser des questions. Il nous
semblerait malheureux qu'au moment de cette fusion le montant des amendes, pour
absence de permis, soit diminué et nous pensons que, non seulement les
amendes doivent être augmentées, mais si c'est possible, elles
doivent être harmonisées je ne parle plus de l'actuelle loi
avec la nouvelle Loi de la protection du consommateur et plus
particulièrement avec les amendes prévues à l'article 279
de cette nouvelle loi qui traite des infractions à la Loi sur la
protection du consommateur dont celle de ne pas détenir de permis
nécessaire en vertu de la nouvelle loi. Ces obligations, en vertu de la
nouvelle loi pour les détenteurs de permis, s'appliquent aux vendeurs
itinérants, aux prêteurs d'argent et aux commerçants qui
dirigent un studio de santé. (10 h 30)
La nouvelle Loi sur la protection du consommateur a
préconisé, de plus, non seulement des amendes substantielles,
mais un mode de pénalisation qui varie suivant le statut juridique du
contrevenant et selon le caractère répétitif des
infractions. Ainsi, cet article 279 établit une pénalité
plus sévère au contrevenant qui est incorporé que celui
qui gère un commerce seul ou une association et pénalise-t-il
davantage le contrevenant qui en est à une seconde infraction dans les
deux ans que celui qui contrevient à la loi une première fois.
Vous avez d'ailleurs des détails de cet article 279 à l'annexe 1
du résumé que l'on vous a remis ce matin.
Quelques mots finalement sur la concordance des définitions et
les amendements nécessaires à la Loi sur la protection du
consommateur. Il nous apparaît que, puisque l'avant-projet de Code de la
route utilise des termes nouveaux, apporte des nouvelles définitions et
modifie la Loi sur la protection du consommateur, tout en traitant des
mêmes réalités, il y aurait peut-être avantage
à harmoniser les définitions que l'on utilise dans l'une ou
l'autre loi pour décrire les mêmes réalités.
Je vous donne deux exemples, deux illustrations de cela. On parle dans
la nouvelle Loi sur la protection du consommateur de totalisateur et dans
l'avant-projet du Code de la route, on parle d'odomètre. On parle dans
la nouvelle Loi sur la protection du consommateur de commerçants et dans
l'avant-projet du Code de la route, on parle de marchands.
Dans le même souci de clarté et de compréhension
juridique, les dispositions de la Loi sur la protection du consommateur qui se
trouvent à l'annexe 2 du résumé que je vous ai remis ce
matin devraient être modifiées expressément par
l'avant-projet du Code de la route, évitant ainsi à ceux
nombreux, qui ont à travailler avec les deux textes de loi, de faire une
recherche juridique pour connaître la portée de tel ou tel
article.
En clair, ce que cela veut dire, c'est que la nouvelle Loi sur la
protection du consommateur dans les dispositions finales amende certaines
dispositions de l'actuel Code de la route. Alors, il faudrait que la
réciproque soit rendue, si vous voulez, au moment du nouveau projet de
loi du Code de la route pour que les concordances soient bel et bien
faites.
M. le Président, il s'agissait là des quelques
commentaires que l'Office de la protection du consommateur avait à
faire. Je vous demanderais de bien vouloir verser au dossier de la commission
le texte du présent résumé qui vous donnera notamment
à l'annexe 2, les détails des amendements à faire pour
fins de concordance. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci M. Meunier. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: Je constate que c'est bon d'avoir des commissions
parlementaires. Je pense qu'il est normal qu'on se fasse rappeler à
l'ordre dans le sens qu'on ait une certaine conformité avec nos lois. On
sait que, même au sein du gouvernement, il y en a tellement que des fois
on a de la difficulté à se coordonner. Les remarques que vous me
faites en ce qui concerne la conformité de l'avant-projet du Code de la
route avec la Loi du consommateur, je les retiens très
sérieusement et nous nous ajusterons en conséquence. D'autant
plus
que je pense que c'est important dans un but de plus grande
clarté d'utiliser les mêmes termes dans une loi comme dans l'autre
et éviter... puisqu'on s'est entendu probablement techniquement et
légalement sur les termes, lorsqu'on a discuté très
longuement de la Loi de la protection du consommateur. On va s'ajuster en
conséquence. Mais vous avez la responsabilité de protéger
le consommateur contre la fraude et vous avez aussi, je pense bien, des
préoccupations de protéger le consommateur contre les accidents
routiers. Est-ce que je pourrais vous demander ce que vous pensez du virage
à droite et du 110 kilomètres?
M. Meunier: M. le ministre, là-dessus, je vais
décliner, parce que je pourrais vous dire ce que j'en pense
personnellement mais, comme citoyen, j'aurais de la difficulté à
vous dire que l'Office de la protection du consommateur en pense comme tel, et
c'est toujours le risque, quand on parle de la protection du consommateur.
Evidemment, l'éventail est tellement vaste qu'on peut appliquer
ce terme de protection du consommateur à peu près à toutes
les situations qui existent dans la vie. Malheureusement, devant cet
état de fait, quant à nous, on est obligé de se
restreindre à ce que, assez souvent, la loi nous impose comme mission.
Pour ce qui est au chapitre de la sécurité, il me semble qu'il y
a peut-être des organismes plus compétents que nous pour vous
donner des opinions. Si jamais vous insistiez pour connaître notre
opinion, on pourrait toujours l'étudier et vous la faire connaître
plus tard.
M. Lessard: Hier, vous avez sans doute entendu le mémoire
ou lu le mémoire de la Chambre de commerce de Québec dans lequel
on insistait ou on protestait contre une réglementation ou un pouvoir de
réglementation qui semblait très fort et qui était
donné au directeur du Bureau des véhicules automobiles et par
conséquent, d'abord aux ministres et au lieutenant-gouverneur en
conseil, à savoir, par exemple, de déterminer des normes,
à 408 en particulier, où il y a des pouvoirs qui touchent le
consommateur, des pouvoirs très larges qui lui sont accordés; par
exemple, décréter des normes de construction et d'utilisation de
vente de phares anti brouillard, prescrire les normes de construction et
d'utilisation de vente de torches, de lampes-réflecteurs, de lanternes
portatives, etc. Vous avez toute une série de pouvoirs qui sont
donnés au lieutenant-gouverneur en conseil ou au gouvernement, si vous
voulez, pour ne pas entreprendre une discussion. Qu'est-ce que vous en pensez
comme directeur de l'Office des consommateurs? Est-ce que le gouvernement doit
se donner ces pouvoirs?
Le Président (M. Bordeleau): M. Meunier.
M. Meunier: Je pense qu'il est impossible et vous le savez
peut-être et là, je m'adresse à chacun des membres
de la commission que quiconque qu'il est impossible de prévoir
toutes les situations et que si la loi elle-même donne des pouvoirs
réglementaires, c'est pour permettre de réagir et de corriger des
situations pratiques qu'on n'avait pas prévues et qui se
présentent.
Quant aux pouvoirs réglementaires comme tels et celui-ci en
particulier, je ne peux pas vous dire qu'on l'a analysé en
détail. A priori, on ne peut pas dire que cela nous semble exorbitant.
Mais c'est une observation a priori. Le seul commentaire que je pourrais faire
et peut-être qu'il n'a aucune valeur et aucune application, quant
à nous, à l'Office de la protection du consommateur, la Loi sur
la protection du consommateur accorde également un pouvoir
réglementaire assez étendu.
La distinction, cependant, c'est que tout règlement
prépublié dans la Gazette officielle au moins 30 jours avant son
adoption. Je dois vous dire que, jusqu'à maintenant, nous n'avons pas eu
à nous plaindre de l'existence de cette disposition. Cette disposition
favorise de vastes consultations et permet peut-être enfin, on va
le voir avec les règlements qui seront prépubliés
d'avoir des règlements qui collent plus à la
réalité. Maintenant, c'est la réalité de l'Office
de la protection du consommateur. Est-ce que cela s'applique de la même
façon à votre réalité? Vous pouvez en juger
peut-être mieux que nous, mais je vous donne ce témoignage.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup M. Meunier.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, ce sera très bref. Je
remercie, moi aussi, l'Office de la protection du consommateur pour la
présentation de ce mémoire. Il y a très peu de questions
qu'on peut lui adresser. Le tout est très clair. Je suis sûr que
le gouvernement, de son côté, en tiendra compte lors de la
préparation du projet de loi comme tel. En tout cas, quant à
nous, de l'Opposition, nous remplirons notre rôle, en veillant à
ce que le gouvernement en tienne compte.
Sur la question de la réglementation cependant, je suis heureux
du témoignage que vous rendez à savoir que la Loi de la
protection du consommateur exige la prépublication de la
réglementation, et je livre mon impression personnelle indiquant que,
dans le cas du Code de la route comme dans le cas de la Loi de la protection du
consommateur, il me semble que le gouvernement, tous les
intéressés ont tout intérêt à accorder le
plus de chance possible à tous, parce que tout le monde est visé
par le Code de la route; ce ne sont pas seulement les automobiles, ce sont
aussi les piétons. Ce sont les citoyens en général. On a
tous intérêt, donc, à informer le mieux possible et
à donner toutes les occasions possibles d'intervention avant que ces
règlements ne soient adoptés.
Par rapport aux articles spécifiques 402 et 408, je ferai
remarquer, non pas à votre intention,
mais peut-être à l'intention du ministre, que les
représentations de la Chambre de commerce hier portaient bien plus sur
le fait qu'on se trouve à donner au gouvernement, au
lieutenant-gouverneur en conseil, par le biais des articles 402 et 408, un
pouvoir de réglementation qui irait même à l'encontre du
texte de la loi. Là, je ne voudrais pas aborder une discussion de
principe sur la législation déléguée, mais c'est
là, je pense, qu'est tout le noeud du problème. Dans la Loi de la
protection du consommateur c'est une question que je vous pose je
ne pense pas qu'on puisse retrouver quelque pouvoir de réglementation
qui pourrait faire fi des dispositions de la loi elle-même.
M. Meunier: Je dois vous dire qu'on n'a pas vu de ces pouvoirs de
réglementation qui pourraient, comme vous le dites, faire fi des
dispositions de la loi elle-même et je ne m'attends pas, j'espère,
que personne nous fasse cette remarque.
M. Gratton: C'est ce que je voulais que vous nous confirmiez, ma
perception de la Loi de la protection du consommateur. En fait, je pense qu'il
s'agit ici, aux articles 402 et 408, qui nous sont proposés dans
l'avant-projet, d'un précédent et je ne connais pas de
précédent à cette disposition de pouvoir, par
règlement, changer les dispositions de la loi.
M. Meunier: Par ailleurs, je ne veux pas m'immiscer dans le vif
du débat, mais je peux vous dire que c'est bien sujet à
interprétation. Je vous entendais dire que vous n'êtes pas avocat,
mais vous les connaissez suffisamment pour savoir qu'il peut y avoir diverses
interprétations de la part de plusieurs avocats sur des questions comme
celles-là.
M. Gratton: Oui, arrêtons-nous là. Je vous
remercie.
M. Lessard: Je ne m'arrêterai pas là. Je voudrais
apporter une précision, justement, particulièrement pour les
media d'information, pour qu'on ne parte pas sur une mauvaise route, s'il vous
plaît. Je voudrais très bien lire l'article 402 où il y a
eu discussion hier. On dit: Le gouvernement peut, par règlement,
malgré l'article où on définit le terme de véhicule
routier, édicter que les mots "véhicule routier" comprennent tout
autre moyen de transport qu'il indique et déterminer les articles du
présent code qui s'y appliquent ou qui ne s'y appliquent pas; b)
malgré l'article 1 définir d'autres catégories ou
sous-catégories de véhicules routiers. Il ne faudrait quand
même pas être ridicule. Si, par exemple, il se fait une
découverte d'un nouveau véhicule routier qui met en danger la vie
du public, s'il faut que je sois obligé de revenir devant
l'Assemblée nationale pour dire qu'il faudrait intégrer ce
véhicule routier à l'intérieur de la loi, ce serait... Le
ridicule ne tue pas, mais à ce point-là. On ne change aucunement
le principe du projet de loi ou on ne s'attaque aucunement au principe d'un
projet de loi. On se donne le pouvoir, comme on le disait hier cela
circule vite le transport de déterminer si un nouveau
véhicule routier doit s'appliquer au Code de la route.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, vous me permettrez de faire
une mise au point. Lorsque le ministre prétend que le pouvoir de
réglementation qui permet au gouvernement de changer une
définition n'est pas une question de principe, moi, M. le
Président, je ne comprends plus. On a un Code de la route qui
définit un véhicule routier ou un véhicule automobile et
par règlement le gouvernement pourrait décider, à un
moment donné... (10 h 45)
Je comprends que, dans le cas que décrit le ministre, une
nouvelle découverte peut être valable, mais il y a aussi des
véhicules automobiles qu'on connaît déjà qui
pourraient faire l'objet de ce même pouvoir de règlement. C'est de
cela qu'il s'agit, M. le Président, c'est-à-dire de ne pas
changer les définitions une fois que la loi est adoptée. S'il est
nécessaire de changer les définitions, qu'on revienne devant
l'Assemblée nationale. C'est tout cela le principe de la
législation déléguée ou pas.
M. Lessard: Ce ne sont pas des définitions; ce sont des
catégories de véhicules.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. Je vous remercie, M.
Meunier ainsi que les gens qui vous accompagnent. J'appelle maintenant le Club
automobile du Québec.
Club automobile de Québec
M. Lessard: Vous pouvez être certains qu'on ne soumettra
pas les chats et les chiens au Code de la route.
Le Président (M. Bordeleau): Je présume que vous
êtes Mme Tardif? Non?
M. Lessard: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
Mme Tardif (Monique): Oui. C'est M. Dufresne qui va prendre la
parole en premier.
Le Président (M. Bordeleau): Si vous voulez nous
présenter vos collègues. Vous pouvez y aller.
M. Dufresne (Jean-Claude): M. le Président, je voudrais
vous présenter Mme Monique Tardif qui est directeur du service de la
protection du consommateur au Club automobile. Je suis Jean-Claude Dufresne,
directeur général du même organisme. Mme Tardif va vous
présenter notre mémoire.
Mme Tardif: Depuis longtemps déjà, les
Québécois attendaient une refonte complète du Code de la
route. En effet, de l'avis de tous, le code tel qu'il existe actuellement et
les nombreux règlements qui s'y rattachent, malgré et
peut-être aussi à cause de la quantité de modifications qui
sont venues s'y greffer au cours des ans, ne peuvent plus être
considérés comme des instruments tout à fait
adéquats.
C'est donc avec plaisir que nous constatons la volonté du
présent gouvernement de s'attaquer à la tâche et, dans un
but de collaboration, nous vous présentons aujourd'hui quelques
réflexions et commentaires sur l'avant-projet de loi qui nous a
été soumis en attendant, peut-être, de nous prononcer
définitivement sur le projet de loi proprement dit.
D'abord, la cession d'un véhicule routier. L'on découvre
à l'article 53 l'excellent principe de la certification mécanique
obligatoire lors de tout transfert de propriété. Inutile de
souligner ici que l'idée n'est pas nouvelle puisqu'on la retrouve aussi
bien dans le code actuel, article 23, paragraphe 4, que la loi 13 (1976) dont
tous les articles ont eu le bonheur d'être promulgués, sauf celui
qui portait justement sur la certification mécanique. Il reste à
savoir maintenant si des mesures concrètes seront mises de l'avant pour
que cet important article ne soit plus lettre morte. La chose est d'autant plus
urgente que la nouvelle Loi de la protection du consommateur, qui sera
vraisemblablement mise en force à l'automne, contient certaines
dispositions qui n'auraient plus aucune signification sans la mise en vigueur
de l'article 53 du présent code. Nous demandons donc instamment au
gouvernement de mettre tout en oeuvre pour que la certification
mécanique obligatoire devienne une réalité, au moins pour
toutes les transactions de véhicules usagés.
L'émission des permis de conduire. Les plus récents
rapports sur la sécurité routière par exemple,
celui d'Ideacom et les dernières statistiques d'accidents
d'automobiles démontrent que les jeunes conducteurs sont
surreprésentés lorsqu'on fait le décompte des victimes de
la route. Cette constatation nous amène à considérer, avec
un intérêt particulier, toute loi qui est en rapport avec la
formation des nouveaux conducteurs. On s'étonne donc de ne pas retrouver
dans cet avant-projet la nouvelle mesure mise en vigueur par le
ministère en juin dernier, soit l'émission d'un permis provisoire
de deux ans pour les nouveaux conducteurs. Dans le même ordre
d'idées, n'y aurait-il pas lieu de considérer l'à-propos
de certaines mesures qui ont été retenues dans des juridictions
étrangères pour les apprentis conducteurs ou pour les nouveaux
conducteurs?
L'emploi obligatoire d'une vignette, qui peut être amovible,
indiquant que le véhicule est conduit par un apprenti conducteur ou par
un nouveau conducteur.
L'imposition d'une limite de vitesse moindre que celle acceptée
en temps normal.
L'interdiction d'usage de certaines routes à circulation
rapide.
L'interdiction de circuler pendant la nuit.
Evidemment, ces interdictions ne devraient pas en arriver à
compromettre l'apprentissage, mais devraient plutôt permettre de le faire
d'une manière plus progressive et contrôlée.
Les examens. L'article 86 dans son ensemble nous apparaît des plus
pertinents. En effet, on ne peut qu'être d'accord avec la
possibilité qui est donnée au directeur général de
rappeler à subir un examen tous les titulaires de permis de conduire qui
ont été impliqués dans un accident, qui ont plus de 70
ans, dont le permis de conduire a été suspendu, qui demandent un
changement de classe, qui n'ont pas subi d'examen depuis trois ans ou dont le
comportement sur la route fait douter de leur compétence à
conduire un véhicule.
Cependant, si on considère toute la latitude qui est ainsi
accordée au directeur général, on s'interroge sur
l'obligation qui lui est faite de rappeler à tous les dix ans tous les
titulaires d'un permis de conduire. Cette obligation, telle que décrite
au dernier paragraphe de l'article 86, risque fort d'être une contrainte
qui pourrait venir entraver le fonctionnement du Bureau des véhicules
automobiles.
Les accessoires, équipements et normes de construction. Pour ce
qui est du chapitre consacré aux accessoires, équipements et
normes de construction, nous ne pouvons faire autrement que de l'adopter
d'emblée surtout à cause de l'article 224 qui stipule que tout
véhicule automobile utilisé au Québec doit demeurer
conforme aux normes de fabrication. Par contre, une certaine partie de la
réglementation qui y est prévue nous semble d'une très
grande importance et nous aimerions insister sur les points suivants. 1) La
réglementation devra comprendre des normes quant à l'usure
maximale de la semelle des pneus et quant à l'utilisation obligatoire de
certains types de pneus, particulièrement en hiver; 2) pour ce qui est
des sièges de sécurité pour enfants, il serait
évidemment souhaitable que les normes soient prescrites le plus
tôt possible afin que l'article 216 puisse être enfin
applicable.
Du côté de la circulation, pour l'étude de cette
section, il nous a paru important de garder à l'esprit les deux buts
fondamentaux qui doivent être à la base de toute bonne politique
en matière de circulation: le premier étant de maximiser le
rendement du réseau routier et le second étant de permettre que
le tout se fasse avec la plus grande sécurité possible. Parmi les
nouvelles réglementations, qui seraient insérées au code,
plusieurs méritent d'être appuyées vivement; mentionnons,
entre autres, l'interdiction d'emprunter un terrain privé pour
éviter de se conformer à une signalisation, l'interdiction
d'augmenter la vitesse de son véhicule lorsque celui qui le suit
effectue une manoeuvre de dépassement, l'interdiction de louvoyer, la
priorité de passage aux autobus dans les villes lorsque ces derniers
veulent réintégrer la voie de circulation, l'interdiction faire
aux motocyclettes et vélomoteurs de se faufiler entre les rangées
de véhicules, l'élaboration complète des devoirs et
des droits du piéton dans le but d'assurer sa
sécurité, la législation du covoiturage.
Par contre, toutes ces excellentes additions ou modifications ne doivent
pas nous empêcher de constater que d'autres sont plus incertaines. Par
exemple, considérons l'article 238. Il stipule que sur une
chaussée à deux ou plusieurs voies de circulation aucune de ces
voies ne se trouve privilégiée par rapport à une autre et
qu'aucune ne peut être considérée comme étant
réservée pour le dépassement. Cette mesure pourrait en
effet comporter de grands avantages en permettant de décongestionner nos
artères urbaines en période de pointe puisque la destination
choisie amènerait l'automobiliste à emprunter la meilleure voie.
C'est d'ailleurs ce qui a été confirmé par la
jurisprudence à l'intérieur des villes.
Cependant, nous ne croyons pas qu'une telle mesure devrait être
adoptée pour la circulation sur les autoroutes pour les raisons
suivantes. D'abord, ces autoroutes sont aménagées. Pour une
circulation rapide, les dégagements vers la gauche sont quasi
inexistants. Dans les circonstances, il serait pas conséquent dangereux
d'accorder les mêmes droits aux véhicules qui circulent dans des
voies différentes car cela ne fait que créer de la confusion. Il
nous paraît donc impérieux de maintenir le principe du
dépassement par la gauche seulement sur toutes les voies à
circulation rapide.
L'article 247, comme son pendant du code actuel, autorise le
dépassement par la droite lorsque le véhicule qui
précède s'apprête à tourner à gauche.
Cependant, il comporte une modification de taille dans le fait qu'il permet
maintenant à l'automobiliste qui effectue cette manoeuvre d'emprunter en
partie l'accotement alors qu'auparavant cette pratique était totalement
défendue et entraînait même pour l'automobiliste pris en
faute l'inscription d'un point de démérite. Comme cette manoeuvre
en est quand même une d'exception et qu'il existe des différences
notables dans la qualité des accotements, nous croyons de bonne guerre
de faire une mise en garde plus spécifique dans le texte même de
l'article en indiquant que celui qui dépasse par la droite doit
également s'assurer de la stabilité de l'accotement.
Du côté des motocyclistes, il n'y a pas qu'une seule
façon d'ordonner la disposition d'un groupe de motocyclettes et de
vélomoteurs, on pense à la file indienne, telle que
préconisée à l'article 227 de l'avant-projet, à la
conduite en parallèle que le motocyclistes adoptent parfois et à
la formation en zigzag qui est recommandée particulièrement par
le Conseil canadien de la sécurité routière. Quant
à nous, c'est cette dernière solution que nous retenons
également comme étant la plus sécuritaire puisque chaque
conducteur a ainsi plus d'espace pour ralentir ou contourner un obstacle en cas
d'urgence.
De plus, il est important de noter qu'un groupe de motocyclistes devrait
être limité à quatre pour éviter les
carambolages.
L'article 283 a trait à la possibilité qui est offerte
à l'automobiliste de tourner à droite à un feu rouge,
lorsque la manoeuvre peut se faire sans danger. Cette disposition semble
actuellement être contestée par les piétons et
peut-être ont-ils un peu raison. En effet, la formulation actuelle de cet
article vient en contradiction avec l'article 333 qui accorde aux
piétons, faisant face à un feu vert non accompagné de feux
de piétons, la priorité absolue de passage que ce piéton
soit ou non déjà engagé dans l'intersection. Nous pensons
donc qu'il y aurait lieu de modifier l'article 283 en conséquence.
Abstraction faite de cette considération, nous sommes d'accord
avec le principe de cette innovation puisqu'il semble que dans les juridictions
où cette manoeuvre est permise depuis quelques années on n'a pas
eu à déplorer un plus grand nombre d'accidents. Cependant,
après lecture des commentaires publiés dans les journaux, on ne
saurait trop insister sur l'importance de faire mieux connaître aux
automobilistes et aux piétons toutes les restrictions qui font que cette
manoeuvre est loin d'être un droit absolu: Immobilisation du
véhicule et priorité de passage aux piétons et aux
véhicules qui circulent sur la voie perpendiculaire.
Les autobus d'écoliers. Cette section de l'avant-projet nous
amène à formuler les deux recommandations suivantes. D'abord, au
chapitre de l'identification du véhicule lui-même. Ne serait-il
pas possible d'exiger que les autobus scolaires soient d'une couleur voyante et
uniforme afin qu'ils puissent être identifiés plus rapidement tant
par les automobilistes qui les croisent que par ceux qui les suivent? En second
lieu, et bien que ce commentaire ne soit pas directement relié au projet
à l'étude aujourd'hui, nous estimons que les conducteurs de ces
véhicules et que les écoliers eux-mêmes devraient
être sensibilisés davantage aux problèmes de la
circulation, par une meilleure éducation en sécurité
routière.
La vitesse. Dans cette section, qui traite des vitesses minimales et
maximales autorisées sur les routes du Québec, notre seule
intervention se portera au niveau du privilège qui est accordé
aux autobus interurbains de circuler à une vitesse supérieure
à celle permise pour les autres véhicules et au pouvoir
discrétionnaire du ministre des Transports de consentir ce
privilège à d'autres catégories de véhicules
routiers. Nous nous opposons à ce que ce précédent soit
établi et ce pour la raison suivante. En autorisant une telle chose,
nous irions à l'encontre de l'un des deux principes fondamentaux que
nous avons énoncés plus haut et qui veut que l'utilisation du
réseau routier se fasse avec la plus grande sécurité
possible.
En effet, si on admet que le poids de ces véhicules est au
départ disproportionné en regard de celui d'un véhicule de
promenade, que les autobus déplacent énormément d'air et
qu'ils peuvent projeter quantité d'eau, de boue et de neige lors des
dépassements et qu'on considère, par ailleurs, que la mesure
proposée leur permettrait d'effectuer des dépassements continus,
on peut en conclure que le privilège qui leur serait accordé
viendrait compromettre la sécurité routière. Comme autre
motif de notre opposition, men-
tionnons le fait que si les limites de vitesse ont été
abaissées récemment, c'est dans le but exprimé de
réduire le nombre et la gravité des accidents. A ce sujet,
mentionnons qu'une enquête est actuellement en cours aux Etats-Unis afin
de déterminer la raison pour laquelle le nombre d'accidents mortels
impliquant des véhicules lourds a augmenté en flèche
depuis environ trois ans. D'après les études préliminaires
effectuées, cette détérioration de la situation serait
attribuable à la vitesse. Il est bon de souligner que cette
enquête a été provoquée par l'intervention d'une
compagnie d'autobus interurbain qui demandait à ce que soit
techniquement limitée à 57 milles à l'heure la vitesse des
véhicules lourds.
Nous terminerons ici nos commentaires et recommandations sur
l'avant-projet du Code de la route. Nous regrettons que le peu de temps mis
à notre disposition pour en faire l'étude ne nous ait permis que
de considérer les points les plus importants. Cependant, c'est avec
impatience que nous attendrons maintenant le dépôt du projet de
loi qui, du moins l'espérons-nous, sera effectué le plus
tôt possible. Le Code de la route, devenu un outil de travail efficace,
offrira l'occasion idéale de sensibiliser les usagers de la route
à leurs responsabilités sociales et individuelles en
matière de sécurité routière.
De plus, à la suite des interventions que nous avons entendues
hier, on aimerait également souligner notre accord sur une patrouille
spéciale pour l'application rigoureuse du Code de la route. (11
heures)
Le Président (M. Bordeleau): Merci, Mme Tardif. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: Je ne serai pas tout seul. Je vous remercie, Mme
Tardif, ainsi que M. Dufresne. Je voudrais d'abord parler un peu je l'ai
oublié tout à l'heure lorsque l'Office de la protection du
consommateur a présenté son mémoire du programme
que nous envisageons concernant la certification mécanique des
véhicules. Je l'ai expliqué un peu hier. Nous sommes actuellement
à travailler sur une réglementation qui serait quand même
souple, mais qui nous permettrait de prolonger, dans les plus brefs
délais possible, la certification mécanique non seulement aux
véhicules qui viennent de l'extérieur, non seulement aux autobus
scolaires, c'est-à-dire à l'ensemble des autobus, comme nous le
faisons actuellement, mais graduellement à tous les véhicules des
usagers et même, après deux ou trois ans, à l'ensemble des
véhicules au Québec.
Comment cette réglementation pourra-t-elle être faite? Je
pense que le député de Charlevoix soulevait le problème
hier et vous comprendrez qu'il nous est impossible comme tel, comme
gouvernement du Québec, d'engager un ensemble d'inspecteurs pour aller
faire la vérification mécanique pour nous. Cependant, nous
travaillons dans le cadre de la Régie de l'assurance automobile, dans le
cadre de la création des centres de réévaluation, et en
utilisant au maximum ce que nous aurions comme garages qui seraient certi-
fiés, par le Bureau des véhicules automobiles ou par le
ministère des Transports, pour faire une telle vérification en ce
sens que, eux, seraient aussi surveillés. Cela va certainement nous
prendre des ressources humaines additionnelles, mais ces garages seraient
surveillés et une amende serait appliquée à un garage qui
certifierait un véhicule automobile qui ne serait pas en excellente
condition mécanique.
Nous espérons que vous comprendrez que nous avons des
problèmes de financement. Cela comporte des coûts. De plus en plus
c'est la volonté du gouvernement on va se diriger vers une
certification mécanique qui va s'étendre à l'ensemble des
véhicules au Québec.
Pour ce qui est de la nouvelle mesure concernant le permis provisoire,
vous avez raison. On ne le souligne pas comme tel dans le Code de la route.
C'est en vertu d'un règlement. Cependant, il est possible, pour mieux
préciser le Code de la route, de l'inscrire comme principe parce que
c'est en vertu d'un règlement que le permis peut, au début,
être provisoire, mais devenir permanent si le jeune n'a pas commis
d'infraction au Code de la route. Si le jeune a commis des infractions
relativement à un certain nombre de points, à ce
moment-là, il y a la nécessité de passer un examen
d'aptitude ou passer un nouvel examen d'aptitude ou encore voir renouveler ou
être obligé de suivre un nouveau cours de conduite automobile ou
un cours qu'il n'aurait pas suivi ou encore voir, s'il n'a pas respecté
ces conditions, son permis demeurer provisoire pour une période de deux
ans.
Quant au problème de la vignette qui est soulevé, je dois
dire que ce n'est pas toujours le même conducteur. Quand on parle de
l'emploi d'une vignette obligatoire, j'aimerais avoir des explications puisque
cela existe dans d'autres pays. On dit: "... qui peut être amovible
d'accord indiquant que le véhicule est conduit par un
apprenti conducteur ou par un nouveau conducteur". J'aimerais avoir des
explications dans ce sens-là. Ce serait assez difficile d'application.
La même chose, par exemple, au paragraphe 4: "L'imposition d'une limite
de vitesse moindre que celle acceptée en temps normal." Pour les
policiers, j'aimerais mieux qu'on les force plutôt à faire
respecter la vitesse normale qui est indiquée le long de nos routes que
de faire une section spéciale pour les jaunes.
Par exemple, il y a l'interdiction d'usage de certaines routes à
la circulation rapide, l'interdiction de circuler pendant la nuit. Je vous
avoue que cela serait complexe. Je ne sais pas dans quels autres pays
j'aimerais avoir des explications on applique ces mesures-là,
mais j'ai l'impression qu'il faudrait certainement avoir une section
spéciale de corps policiers ou multiplier les corps policiers.
Déjà, hier, on nous indiquait qu'on avait des problèmes
à faire respecter le Code de la route, tel qu'il existe. Si on apporte
des précisions il y a toujours la Ligue des droits de l'homme
aussi parce que je pense qu'on n'a pas le droit d'avoir certains
règlements qui feraient une certaine discrimination à un secteur
d'une population
donnée j'aimerais avoir des explications parce que je vous
avoue que cela m'apparaît très compliqué est très
complexe. On aimerait bien vous voir.
Mme Tardif: Si je réussis à vous voir.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, Mme Tardif.
Mme Tardif: D'abord, cela existe en Europe. Maintenant, c'est
bien sûr que, si on considère le contrôle routier qu'on a
actuellement au Québec, c'est impossible d'application. Il y a
déjà la permission qui est donnée à tout apprenti
conducteur de plus de 18 ans de circuler dans un véhicule normal,
accompagné d'un détenteur de permis de conduire. Je pense que
c'est surtout celui-là qu'il faudrait viser. Tant qu'on n'aura pas les
cours de conduite obligatoires pour l'obtention d'un nouveau permis, il
faudrait peut-être essayer de penser à d'autres formules ou passer
carrément au cours de conduite obligatoire pour tous.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: Pour ce qui concerne les examens, vous expliquez
l'article 86 où on peut demander à un individu de passer un
nouvel examen selon une réglementation précise,
c'est-à-dire ceux qui sont impliqués dans un accident, ceux qui
ont plus de 70 ans, etc. Je vous avoue qu'on l'avait ajouté pour
discussion parce qu'il y a beaucoup de choses là-dedans qui sont
matière à discussion puisque comme je l'ai d'ailleurs
indiqué lors d'une conférence de presse il y a des choses
là-dedans qu'on a lancées pour amener une discussion sur la
sécurité routière. Techniquement, c'est un peu la
même chose comme les recommandations que vous nous faisiez tout à
l'heure. Le rappel automatique de tous les conducteurs après dix ans a
été un problème d'application difficile. Cependant, par
exemple, il faut envisager graduellement un meilleur contrôle des
conducteurs et on va se diriger dans ce sens-là de façon
plutôt graduelle, comme vous l'indiquez ou comme l'indique l'article
86.
Mme Tardif: Mais déjà je ne me souviens pas
si c'est au paragraphe e) ou f) on prévoit que tout
détenteur de permis de conduire de plus de trois ans peut être
rappelé. A ce moment-là, à l'intérieur même
de l'article, si on excluait le dernier paragraphe, le BVA pourrait rappeler
tous les détenteurs de permis de conduire et il pourrait même
décider que c'est cinq ans, à un moment donné, quand il
aura la possibilité de le faire. Je trouve difficile à inclure,
dans le Code de la route, un article comme celui-là, parce que c'est un
article qui, on le sait au départ, ne sera pas appliqué.
M. Lessard: Oui.
Mme Tardif: Cela me fait toujours peur.
M. Lessard: C'est pour cette raison que c'est un avant-projet de
loi.
L'article 2.24 qui stipule que tout véhicule automobile
utilisé au Québec doit demeurer conforme aux normes de
fabrication est un article qui devra être respecté
particulièrement comme je l'indiquais hier pour les
motocyclettes.
Pour ce qui concerne les sièges de sécurité pour
enfants, il y a des discussions depuis déjà plusieurs
années avec le gouvernement fédéral, le ministre
responsable des consommateurs au gouvernement fédéral, concernant
les normes des sièges pour enfants. Il y a déjà eu une
norme, elle n'a pas été remise en vigueur et c'est encore en
discussion pour savoir si c'est le ministre des Transports à Ottawa qui
sera responsable ou si c'est le ministre de la Consommation et des
Corporations, de telle façon qu'on n'a pas d'exigence à ce sujet
actuellement. Il n'y a pas de normes précises.
Je pense que c'est le moment de vous expliquer un peu l'article 238 qui
stipule que, sur une chaussée à deux ou plusieurs voies de
circulation, aucune de ces voies ne se trouve privilégiée par
rapport à une autre et qu'aucune ne peut être
considérée comme étant réservée pour le
dépassement. Il va falloir préciser cet article. Cela laisse
entendre que quelqu'un peut dépasser de n'importe quelle façon,
etc.
Tous les jours, si vous vous promenez le matin, par exemple, dans la
ville de Québec, lorsqu'il y a une densité de circulation
très forte, vous constatez que des gens dépassent vers la droite.
Normalement, en vertu du code existant, ils sont dans
l'illégalité puisque le dépassement à droite est
défendu. L'objectif, justement, était que lorsqu'il y a une
circulation dense comme celle-là, d'empêcher que les gens soient
continuellement à l'encontre de la loi, du Code de la route. Je pense
qu'il va falloir le préciser je ne sais pas quelle formulation il
va falloir utiliser pour éviter que les gens pensent qu'ils
peuvent dépasser de n'importe quelle façon vers la droite. Sur
cela, je pense que...
M. Tardif: Le problème qu'on a rencontré dans
l'interprétation de cet article si on le compare à l'article 240,
on retrouve la même description de route, c'est-à-dire une
chaussée à plusieurs voies de circulation. L'article 240 dit: "Le
conducteur d'un véhicule routier qui circule à une vitesse
inférieure à l'allure de la circulation doit conduire à
l'extrême droite". Par contre, on a l'article 238 qui dit: Si vous
circulez dans l'autre voie, dans le même genre de chaussée, ce
n'est pas un dépassement. Il y a certainement là une question
d'interprétation et de rédaction du texte.
M. Lessard: Par contre, dans l'ancien Code de la route, il
était défendu de dépasser à droite, mais
continuellement, tous les matins, on voit...
Mme Tardif: A droite. Oui. Dans la circulation en ville.
M. Lessard: ... constamment cette possibilité.
J'aimerais discuter avec vous un peu du covoiturage. Vous appuyez cette
mesure. Vous
savez que cette mesure va aussi être contestée
particulièrement par les propriétaires d'autobus et aussi pas les
propriétaires de taxi. Il est certain qu'avec la nouvelle Loi de
l'assurance automobile, cette possibilité du covoiturage existe, mais
pas légalement. On sait que cela se fait. C'est un peu la même
chose que le dépassement à droite. Cela se fait tous les jours,
c'est-à-dire plus particulièrement ici dans la ville de
Québec ces temps-ci. Cela se fait. On craint du côté des
taxis... Cela se fait pour se rendre au travail. Je ne présume pas que
les gens vont s'acheter des camionnettes et qu'ils le feront dans un but de
rentabilisation économique de leurs véhicules. Cela se fait aussi
en Ontario. J'ai demandé une étude devant les protestations que
j'avais eues de la part des transporteurs d'autobus et de la part des
propriétaires de taxi, pour savoir les conséquences que cela
pouvait comporter sur le transport en taxi parce que ces gens-là paient
des droits, et aussi sur le transport en commun parce que notre objectif est de
favoriser le transport en commun. Mais d'après votre expérience
parce que le club automobile est étendu un peu à travers
l'Amérique du Nord le covoiturage est-il répandu dans
plusieurs Etats américains et cela peut-il avoir des conséquences
négatives sur le transport en commun ou sur le transport par taxi?
Mme Tardif: Si on regarde du côté d'Ottawa, par
exemple, où le transport en commun est très bien organisé
et fonctionne de façon adéquate, la possibilité de
covoiturage, à ce moment-là, est utilisée par des gens qui
demeurent en banlieue. Il s'agit de personnes qui demeurent dans le même
coin et qui s'en vont à un même lieu de travail. Souvent, elles
sont loin des transports en commun qu'elles n'utiliseraient probablement pas si
elles ne se servaient pas du covoiturage. Elles ne feraient pas plus appel
à un véhicule taxi pour se rendre au travail. A mon sens, comme
il s'agit de déplacement d'un endroit donné qui est souvent une
banlieue vers un lieu de travail, cela n'atteint absolument pas le transport en
commun ou les associations de taxi.
M. Lessard: L'exemple que je donnais, c'est qu'il est certain que
si quelqu'un se rend à son travail à dix milles de chez lui et
qu'il n'y a pas de transport en commun bien organisé, il n'a pas le
choix. Il faut qu'ils s'organisent plusieurs travailleurs ensemble pour se
transporter et en changeant de véhicule bien souvent de semaine en
semaine. (11 h 15)
A l'artile 247, vous parlez de l'accotement, mais on pourra
préciser que l'individu devra utiliser la route comme telle. Il me
semble qu'on l'a...
Mme Tardif: On précise dans l'article qu'il doit le faire
de façon sécuritaire.
M. Lessard: En fait, à l'article 247, on dit qu'il n'est
cependant pas permis de quitter complètement la chaussée.
Une Voix: C'est le mot "complètement". Mme Tardif:
C'est le mot "complètement".
M. Lessard: Concernant le contrôle, à la page 10,
vous dites: "De plus, il est important de noter qu'un groupe de motocyclettes
devrait être limité à quatre pour éviter les
carambolages". Je me pose une question: Est-ce que les véhicules
automobiles devraient aussi être limités à quatre? Cela me
pose un problème très sérieux.
Mme Tardif: Ce qui arrive, c'est que souvent les groupes de
motocyclistes circulent de façon un peu plus rapprochée que les
véhicules automobiles. Je ne sais pas si vous êtes au courant,
mais, dernièrement, près de la frontière
américaine, il y a eu un accident dans lequel onze motocyclistes qui
revenaient des Etats-Unis ont été impliqués. Il y en a un
qui est tombé par terre et les autres sont entrés dans le paquet.
S'il n'y en avait eu que quatre, il y a plus de chance qu'il y ait eu moins de
morts et moins de blessés dans cet accident.
M. Lessard: C'est la même chose pour les véhicules
automobiles.
Mme Tardif: C'est la même chose pour les véhicules
automobiles, mais on est quand même mieux protégé. Ce n'est
pas parfait, mais on est mieux protégé.
M. Lessard: Pour ce qui concerne votre recommandation
relativement aux autobus d'écoliers, je vous avoue que je ne la
comprends pas, puisque le règlement no 11 précise que la couleur
des autobus d'écoliers est uniforme.
Mme Tardif: Pourquoi ne le retrouve-t-on pas dans le Code de la
route pour que tout le monde le sache? Ce n'est pas toujours une couleur
uniforme puisqu'on rencontre des véhicules d'écoliers qui sont
d'une autre couleur que jaune. Il y en a certains: les transporteurs
privés.
M. Lessard: Dans le cas où il y a intégration du
transport écolier et du transport scolaire...
Mme Tardif: Transport privé.
M. Lessard: C'est-à-dire transport en commun et transport
scolaire. En fait, notre objectif, c'est d'essayer de les intégrer
autant que possible parce que le coût du transport des écoliers
est très élevé: $232 millions par année. Mais, en
général, cela s'applique.
A la page 12, vous dites: En second lieu, et bien que ce commentaire ne
soit pas directement relié au projet à l'étude..." ...
Vous dites qu'on devrait donner une meilleure éducation à nos
jeunes sur la sécurité routière. Je voudrais souligner
ceci je l'ai souligné hier, cela a été très
peu souligné : Depuis quand même deux ans, le
ministère des Transports, parce qu'on voit toujours les
côtés négatifs de la sécurité
routière; le
côté positif, on ne le sort jamais... Quand il y a un
accident d'autobus, les media d'information sont là, mais quand on fait,
de façon journalière, de façon quotidienne, des efforts
constants pour améliorer un certain nombre de choses, on n'entend jamais
parler de cela ou très rarement. Dernièrement, tout notre
programme de Clignautobu-sagix, de MAXI-100, qui s'étend
véritablement de la maternelle jusqu'au CEGEP, qui est un
programme d'éducation chez les jeunes a raflé à peu
près tous les prix au Canada et dans l'est des Etats-Unis.
Malheureusement, on a trouvé un petit article dans un journal de
Québec qui le soulignait, mais de façon très peu
marquée. L'Ontario s'intéresse énormément à
notre programme. Depuis deux ans, on a lancé une opération sur le
cyclotourisme qui est très importante et qui est
considérée comme une des meilleures actuellement en
Amérique du Nord.
Mme Tardif: On pense que ce qui a été fait
jusqu'à présent par le ministère est réellement un
net avantage, mais hier j'entendais les policiers provinciaux qui donnaient
comme exemple qu'ils avaient demandé au ministère des Transports
la permission d'incorporer une brigade scolaire dans leur milieu. On a
été impliqué, depuis des années, dans les brigades
scolaires. Là-dessus aussi on aimerait avoir la coopération du
ministère des Transports pour que cela se généralise et
que les policiers ne viennent pas nous voir après un accident d'autobus
scolaire, mais avant.
M. Lessard: Depuis, j'ai demandé, en tout cas, aux
fonctionnaires du ministère des Transports d'avoir des communications
avec le Club automobile du Québec et je me demande même si je
n'avais pas signé une lettre à ce sujet pour voir de quelle
façon on pouvait constituer ces brigades scolaires. Il y a des
problèmes aussi; il y a des conséquences. Les enfants qui sont
d'un âge de onze ou douze ans, c'est une bonne formation, mais
lorsqu'arrive un accident ou qu'un tel enfant se fait frapper, par exemple, les
conséquences nous arrivent, parce qu'il est certain qu'on ne peut pas
avoir une sécurité parfaite.
On avait envisagé, par exemple, la possibilité d'avoir un
brigadier dans chacun des autobus, mais les coûts en seraient exorbitants
également, c'est-à-dire qu'on vous donne la
sécurité dont on a les moyens financiers. D'abord, je suis
resté surpris hier. J'aurais dû poser la question, le fait qu'on
le refuse. Mais il va falloir, si on fait une réglementation, qu'on
assure la sécurité des jeunes qui sont responsables dans ce
secteur.
Quant à moi, si vous êtes prêts... Je me rappelle il
y a, je pense, deux ans, avoir eu des communications avec le Club automobile du
Québec à ce sujet peut-être devrai-je
vérifier ma correspondance nous étions très ouverts
à trouver un moyen. Cela a déjà fonctionné et j'ai
déjà enseigné... Dans certaines des écoles, cela
fonctionnait, mais il se posait des problèmes très
sérieux. Les parents hésitent quelquefois également...
Mme Tardif: A accepter autant de responsabilités
finalement pour un enfant.
M. Lessard: En tout cas, la vitesse de 110 kilomètres
concernant les autobus, on va passer; il y a de la protestation. Mais
j'aimerais avoir des informations. A la page 13, vous dites: "D'après
les études préliminaires, une enquête a été
faite pour réduire, à la suite d'une demande de réduction
de la vitesse des autobus, à 57 milles à l'heure." Je n'ai pas
ces informations et, si c'était possible, j'aimerais que vous me les
fassiez parvenir pour que je puisse considérer cette enquête.
Mme Tardif: Sûrement. Il y a des chiffres dans ce texte. On
y parle surtout des véhicules lourds.
M. Lessard: Ah! des véhicules lourds.
Mme Tardif: On parle des véhicules lourds, mais on inclut
les autobus dans les véhicules lourds. J'ai écrit pour demander
plus d'information là-dessus, parce que c'est un document très
récent et j'attends toujours qu'on me donne la distinction entre
l'augmentation des accidents attri-buables aux véhicules lourds et la
proportion attri-buable aux autobus.
M. Lessard: Je ne doute pas que vous vous êtes
informée. Aux Etats-Unis, par exemple, les autobus de transport en
commun sur les grandes artères ont le droit de circuler à une
vitesse plus importante que les autres.
Mme Tardif: Ce n'est pas ce qu'on dit ici dans le rapport. On
demande même que, pour les véhicules lourds et les autobus, on
soit beaucoup plus sévère sur l'application du 55 milles à
l'heure.
M. Lessard: Peut-être, Mme Tardif, dans votre rapport. Mais
je vous demande aux Etats-Unis...
Mme Tardif: Non, c'est dans un document américain que j'ai
ici, du département américain des Transports, où on dit
qu'en attendant de décider si on va limiter techniquement la vitesse des
autobus et des véhicules lourds. On devrait en attendant, au moins se
limiter à 55 milles à l'heure et être beaucoup plus
exigeant...
M. Lessard: Si ce n'est pas la loi, on tolère. Je vous
remercie beaucoup de votre collaboration.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Lessard: Je m'excuse. C'est exact, on m'indique qu'aux
Etats-Unis, c'est une tolérance.
Mme Tardif: Comme le Québec.
M. Lessard: M. Dufresne, voulez-vous ajouter quelque chose?
M. Dufresne: Oui, je voudrais demander au ministre pourquoi on ne
rend pas obligatoire le port de la ceinture pour les passagers
arrière?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: Je pense que le député de Charlevoix
pourrait parler sur cela. Il va falloir quand même réussir
à imposer la ceinture de sécurité aux passagers avant. Je
me dis qu'aller vers une autre mesure quand on n'a même pas
été capable de dépasser 40% en ce qui concerne le port de
la ceinture de sécurité à l'avant, je me dis qu'on va
arriver au même résultat. Mais il y a un film que j'ai vu à
Détroit qui démontre peut-être qu'il faudra
envisager d'en faire un pour démontrer aux gens que la ceinture de
sécurité est importante à l'aide de mannequins que
la différence de danger entre un mannequin qui porte la ceinture et un
autre qui ne la porte pas. Je pense que cela nous porte à des
conclusions positives en ce qui concerne le port de la ceinture de
sécurité. Il va falloir faire les efforts nécessaires,
très sérieux, pour faire d'abord respecter la loi 13
existante.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix, vous avez quelque chose à ajouter?
M. Mailloux: Simplement en réponse à
l'interrogation que vous vous posez quant à l'obligation de porter la
ceinture partout à l'intérieur d'un véhicule. Au moment
où M. Laflamme et tous ceux qui s'occupaient du problème ont
imposé le port de la ceinture de sécurité à l'avant
du véhicule, on savait déjà qu'il y aurait des
réticences dans le public.
On voulait d'abord convaincre les gens de son utilité pour qu'ils
constatent qu'il y aurait des économies de santé à la
porter. Il y avait un autre phénomène qu'on visait: on allait au
plus pressé. Quand vous regardez les statistiques d'accidents
d'automobiles, je pense ne tromper personne en disant que près de 70% ou
75% des personnes accidentées qui décèdent sont sur le
siège avant.
Alors, c'était, dans un premier temps, de tâcher de
protéger ceux qui étaient les plus exposés, quitte,
ultérieurement, à aller vers l'autre banquette. Je pense que cela
a été un peu la raison, et, en même temps, que
l'école s'y fasse et que le public l'accepte.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, quant à nous, nous
sommes tout à fait d'accord avec le mémoire du Club automobile
quant à l'article 86 plus spécifiquement et nous nous
interrogerons sur le bien-fondé de cette obligation qu'on voudrait faire
dans l'avant-projet au directeur général de convoquer à un
examen de façon obligatoire tous les détenteurs de permis de
conduire tous les dix ans. Il nous semble que les dispositions des premiers
paragraphes de l'article 86 devraient être suffisantes et donnent,
notamment l'article e) qui don- ne au directeur le pouvoir et non l'obligation
de rappeler le détenteur de permis qui n'a pas subi d'examen depuis
trois ans, suffisamment de latitude pour couvrir toutes les
possibilités.
Dans le domaine de la circulation, nous partageons également le
point de vue du club, lorsqu'il se déclare d'accord avec le virage
à droite, moyennant, bien entendu, une bonne campagne d'information, et
lorsqu'il se dit d'accord pour maintenir le dépassement par la gauche
exclusivement. Il me semble que, pour satisfaire les buts fondamentaux dont
vous avez parlé en matière de circulation, c'est-à-dire,
d'une part, maximiser l'utilisation du réseau routier et, d'autre part,
assurer la meilleure sécurité routière possible, cela
s'inscrit là-dedans.
M. Lessard: Vous êtes en train de faire le virage à
droite?
M. Gratton: Cela fait déjà longtemps que je suis
à droite!
Nous partageons votre point de vue également lorsque vous vous
opposez à cette mesure qui permettrait aux autobus interurbains de
voyager. Je trouve que les raisons que vous invoquez à la page 13
méritent qu'on les rappelle.
Vous mentionnez que, si l'on admet que le poids de ces véhicules
est disportionné en regard de celui d'un véhicule de promenade,
les autobus déplacent énormément d'air et qu'ils peuvent
projeter quantité d'eau, de boue et de neige lors des
dépassements. Si on considère, par ailleurs, que la mesure
proposée leur permettrait d'effectuer des dépassements continus,
on peut en conclure que le privilège qui leur serait accordé
viendrait compromettre la sécurité routière. Vous
rejoignez là à peu près tous les témoignages qu'on
a reçus hier sur le sujet.
Il y a, en fait, une question que je me pose. Il y en a plusieurs, mais
celle que j'aimerais vous poser, c'est, si l'on poursuit ces deux buts
fondamentaux, la sécurité routière et l'utilisation
maximale du réseau routier: Comment prévoyez-vous atteindre ces
buts en favorisant cette mesure de covoiturage, plus spécifiquement par
rapport à la sécurité routière. On sait, par
exemple, que le détenteur d'un permis de taxi, de chauffeur de taxi ou
de transporteur public, est assujetti, dans le code actuel, en tout cas,
à des dispositions qui assurent une certaine sécurité du
public, tant sur le plan de la santé que sur le plan de la
sécurité routière. Je me pose la question, à savoir
si le fait de légaliser... (11 h 30)
On sait aussi que le covoiturage se fait présentement et
ça se fait sans aucun respect pour les obligations que doivent remplir
les transporteurs publics, notamment les chauffeurs de taxi. Or,
légaliser la situation, cela va changer quoi dans la pratique? Comment
on peut peut-être discuter et je vous laisserai le faire
tantôt cela favoriserait-il une meilleure utilisation du
réseau routier? On pourrait peut-être s'entendre en partie
là-dessus. Mais comment améliore-t-on réellement l'aspect
sécurité routière?
Mme Tardif: Au moment où vous améliorez la
fluidité de la circulation aux heures de pointe, aux heures des
travailleurs, vous favorisez la sécurité routière. C'est
ce simple moyen. On sait qu'actuellement cela se fait, que cela ne cause de
préjudice à personne. Quant à moi, quand on constate au
moment d'un changement de loi qu'il y a une pratique qui est bonne et qui est
utilisée, on doit, à ce moment, permettre de le faire. C'est
tout. Il n'y a absolument aucun inconvénient vis-à-vis de la
sécurité routière. C'est bien sûr que les gens qui
utilisent leur véhicule pour aller au travail vont se conduire
exactement comme si... ils sont d'abord conscients de leur propre
sécurité et de celle de leurs passagers. Il n'y aura aucune
différence, qu'ils soient un ou cinq dans la voiture, et il va y avoir
moins de véhicules sur la route, donc vous favorisez la
sécurité routière.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Par exemple, au niveau de l'assurance, on sait qu'un
chauffeur, un propriétaire de taxi doit posséder une certaine
assurance que le propriétaire d'un véhicule de promenade n'a pas
nécessairement besoin de détenir. C'était quand même
une certaine protection pour la personne qui voyage.
Mme Tardif: Plus maintenant, parce qu'avec la Loi de l'assurance
automobile, tous les passagers sont... En cas d'accident, les victimes sont
indemnisés par la Régie de l'assurance automobile, qu'elles
soient dans un véhicule-taxi ou dans un véhicule privé.
Donc, au niveau de l'assurance, c'est pourquoi actuellement on dit que c'est
une bonne chose de le légaliser. Cela se fait couramment et il n'y a
aucun inconvénient à le faire.
M. Gratton: Est-ce que le chauffeur qui détient un permis
de transport public ne doit pas obligatoirement fournir la preuve de son
état de santé? Est-ce que le propriétaire d'une voiture ou
d'un véhicule de promenade n'a pas l'obligation de la fournir? Est-ce
que ce n'est pas une protection additionnelle pour lui?
Mme Tardif: A ce moment-là, ce sont peut-être les
personnes qui voyagent avec lui qui vont être un très bon
contrôle. Si vous voyagez avec quelqu'un cinq jours par semaine pour
aller au travail, que vous vous apercevez qu'il n'est pas en bonne condition
physique et qu'il ne sait pas conduire, vous allez d'abord changer de personne
avec qui vous allez voyager.
M. Gratton: Vous n'avez aucune réserve quant aux
conditions inégales vous serez alors assujettis, les
transporteurs publics par rapport à ces personnes qui pourraient
faire du covoiturage une espèce de métier.
Mme Tardif: Ce ne pourrait être un métier et si on
regarde les expériences qui ont été vécues, plus
spécialement à Vancouver, c'est très difficile
d'organisation pour que cela fonctionne durant une longue période, parce
que les gens déménagent, les gens changent de travail. C'est
quelque chose qui est possible dans certains cas, mais cela ne peut pas se
généraliser à un point tel que cela nuise aux autres.
M. Gratton: J'imagine qu'on aura peut-être l'occasion de
questionner les autorités de la Commission de transport, à savoir
quel impact cela pourrait avoir sur les revenus des transporteurs publics, du
transport en commun. Je vous remercie infiniment de la qualité de votre
mémoire et de vos réponses.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie Mme Tardif
et M. Dufresne.
Avant d'entendre un prochain mémoire, j'aimerais dès
maintenant aviser les membres de la commission que le représentant de
l'Association générale des camionneurs artisans, soit Me Bernard
Piuze, avertit qu'il demande à la commission de simplement recevoir le
mémoire et que mardi prochain, lors de l'audition d'un autre
mémoire dont il sera le représentant. Les membres de la
commission pourront peut-être revenir et poser des questions sur ce
mémoire-ci.
Une Voix: D'accord, monsieur.
Le Président (M. Bordeleau): II n'y a pas d'objections des
membres de la commission?
M. Lessard: On pourrait le déposer mardi prochain?
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. On pourra
probablement le remettre sur la liste.
M. Lessard: II fera son exposé en résumant les deux
ensembles.
Une Voix: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. Nous passons au
prochain mémoire. Il s'agit de la Commission des services juridiques. Si
vous voulez bien présenter votre groupe en commençant au bout,
étant donné que vous êtes plusieurs.
Commission des services juridiques
M. Langevin (Pierre): Effectivement, j'aimerais présenter
les collègues qui m'accompagnent ce matin. A mon extrême gauche,
Me Pierre Gi-beau, Me Claude Beaulieu, Me Claude Hannan, Me Jean-Paul Perron,
Me Pierre Dideneault, Me Pierre Gagnon et Me Carol Richer. Je suis Pierre
Langevin de la Commission des services juridiques.
Inutile de vous mentionner que c'est avec plaisir et empressement que le
réseau d'aide juridique vient faire part de ses observations devant
cette commission parlementaire sur l'avant-projet du Code de la route. En
effet, dans la pratique quotidienne des avocats qui constituent le
réseau d'aide juridique, les règles relatives au Code de la route
et également les dispositions du Code criminel qui traitent
d'infractions lors de la conduite de voitures automobiles constituent une part
importante de notre travail. Qu'il suffise de mentionner qu'au cours des deux
dernières années les avocats permanents du réseau d'aide
juridique ont eu à représenter des clients dans environ 5000 cas
traitant de dispositions du Code de la route et dans environ 9000 cas de
dispositions relatives aux articles 233 et suivants du Code criminel, qui ont
trait aux infractions dans la conduite d'un véhicule automobile.
C'est dire également que l'avant-projet du Code de la route a
fait l'objet d'une étude attentive de la part de représentants de
l'aide juridique dans diverses régions du Québec de façon
à refléter les vues de l'ensemble du réseau. Nous avons
volontairement omis de traiter des dispositions qui ont trait directement
à la conduite d'une voiture automobile, nous pensons que d'autres
organismes, sociétés ou associations sont beaucoup plus
autorisés que nous le sommes à traiter de cet aspect de
l'avant-projet. Nous avons plutôt abordé cet avant-projet en
étudiant de façon spécifique l'aspect de l'administration
de la loi sous toutes ses formes. Ce que nous avons surtout tenté de
considérer dans l'étude, c'est le respect des grands principes de
droit qui sont reconnus depuis fort longtemps et dont nous avons tenté
de trouver la correspondance dans cet avant-projet de loi.
Il va sans dire que de façon très générale
nous sommes satisfaits des améliorations qu'apporte cet avant-projet du
Code de la route par rapport à la loi actuelle. Il a pour effet de
clarifier une foule de dispositions qui créaient jusqu'à
maintenant des difficultés dans leur application quotidienne, soit par
les policiers soit devant les tribunaux. Vous me permettrez, vu l'importance du
mémoire (55 pages ou environ) d'en faire un résumé
plutôt que la lecture.
A la page 3 du mémoire, on parle de l'article 8, soit de
l'appareil automatique de signature. La Commission des services juridiques
aimerait faire deux propositions relativement à cet article 8. Nous
sommes d'avis que cela a d'abord pour effet de dépersonnaliser le
rôle du directeur du Bureau des véhicules automobiles de
même que du fonctionnaire plus proprement chargé du dossier et
évidemment, par voie de conséquence, cela rend plus difficile au
citoyen ou à l'avocat qui le représente de rejoindre justement
cette personne en charge du dossier pour pouvoir discuter des motifs
précis qui amènent le fonctionnaire à prendre une telle
décision. Nous suggérons donc, qu'outre cette signature par
appareil automatique, la signature manuscrite du fonctionnaire s'y retrouve
pour qu'il puisse être facilement contacté. D'ailleurs, c'est une
pratique qui est déjà utilisée dans différents
services gouvernementaux, dont le ministère des Affaires sociales.
A l'article 11 qui traite des pouvoirs de réglementation du
directeur général, nous sommes d'avis que ce pouvoir de
réglementation est très étendu. En effet, les
règlements que, suivant l'avant-projet de loi, le directeur pourrait
adopter toucheraient non seulement l'administration quotidienne de la loi, mais
également l'exercice par un citoyen du droit de conduire ou de faire
rouler un véhicule. Nous sommes d'avis que ce pouvoir de
réglementation très large devrait être
réservé non pas au directeur du bureau, mais bien au
gouvernement.
A l'article 12 qui traite du caractère confidentiel du dossier,
nous sommes d'accord en principe avec cet article tout en nous interrogeant sur
la notion de l'intérêt légitime qui y apparaît, cette
notion nous semblant trop imprécise et susceptible d'entraîner des
abus. Par ailleurs, nous serions désireux que soit clairement
établi le droit pour un citoyen ou son procureur d'avoir accès
à son dossier et qu'il n'ait pas, lui aussi, à démontrer
un intérêt légitime.
La section II qui traite du comité consultatif médical
nous amène également à nous poser un certain nombre de
questions. Cette section de l'avant-projet accorde, selon nous, de très
larges pouvoirs au comité consultatif médical. Pour ce qui a
trait aux pouvoirs de l'article 16c, nous sommes évidemment d'accord
avec cette disposition. Cependant, pour ce qui a trait aux pouvoirs
accordés aux articles 16a et 16b qui touchent directement un citoyen en
particulier, nous recommandons que ce citoyen puisse intervenir et que le
comité consultatif médical ait des règles de
fonctionnement précises et connues du public, que le citoyen puisse
être capable de se faire entendre lorsque le comité étudie
son dossier, que le citoyen ait la possibilité, s'il le désire,
de faire témoigner ses propres médecins pour appuyer ses
prétentions, que la décision du comité consultatif
médical soit motivée, que le citoyen ait accès à
son dossier et qu'il puisse en appeler de la décision du
comité.
La section qui traite des rapports médicaux nous amène
également à faire des observations. L'obligation de
délation qui est imposée au médecin ou à
l'optométriste dans l'avant-projet nous semble à la fois
contraire à la pratique et à l'éthique professionnelles
actuellement reconnues ainsi qu'aux articles 9 et 52 de la Charte des droits et
libertés de la personne. En effet, l'article 52 se lit comme suit: "Les
articles 9 à 38 prévalent sur toute disposition d'une loi
postérieure qui leur serait contraire, à moins que cette loi
n'énonce expressément s'appliquer malgré la charte". Or,
l'article 9 qui est visé, entre autres, par cet article 52,
détermine que chacun a droit au respect du secret professionnel.
En outre, vu l'importance du principe fondamental de la primauté
du secret professionnel, nous suggérons que l'avant-projet puisse faire
appel à d'autres moyens pour contrôler l'attitude d'un citoyen
à conduire.
La Commission des services juridiques se réjouit de la nouvelle
formulation des articles 55, 88 et 89 qui mentionnent qu'une personne
conduisant un véhicule routier doit avoir avec elle certains documents.
La loi actuelle mentionne qu'elle doit porter sur elle ces documents, de telle
sorte que de nombreuses personnes d'ailleurs ont été
condamnées pour avoir gardé ces documents, tel le permis de
conduire, dans le coffre à gants de leur voiture. Nous croyons que cette
nouvelle formulation correspond plus à une réalité.
Au chapitre IV qui traite des permis de conduire et, plus
particulièrement, pour ce qui a trait aux examens, nous sommes
évidemment d'accord pour que des moyens soient mis en place afin
d'assurer un certain contrôle de la capacité de conduire d'un
individu. Cependant, nous sommes d'avis, étant donné la
rédaction du sous-paragraphe f) de l'article 86 qui prévoit qu'on
peut faire subir un examen à une personne lorsque son comportement sur
le chemin public donne lieu de croire que sa compétence à
conduire doit être vérifiée, que le premier alinéa
a) est superflu. En effet, il nous semble peu réaliste de
présumer que si un citoyen a été impliqué dans un
accident que sa capacité de conduire doit automatiquement être
vérifiée. Il nous semble que l'alinéa f) donne
suffisamment de souplesse pour contrôler les cas qui semblent le
mériter.
Enfin, nous semblons en cela rallier les vues d'autres personnes, nous
sommes d'avis que l'examen obligatoire prévu à l'article 86f va
entraîner à la fois des coûts très
élevés et une lourdeur administrative qui nous semblent inutiles
pour pallier aux difficultés actuelles. En effet, nous sommes
plutôt d'avis que l'alinéa e) de l'article 86, qui permet de faire
subir à un citoyen un nouvel examen à tous les trois ans,
permettrait l'implantation, par le Bureau des véhicules automobiles,
d'un système de vérification au hasard ainsi que le
prévoit d'ailleurs déjà la Loi sur l'assurance automobile.
Ce système nous semblerait à la fois beaucoup moins
onéreux et tout aussi efficace pour parvenir aux fins qui sont
recherchées.
Nous voulons également faire certaines remarques pour ce qui a
trait au chapitre VII qui traite de la suspension et de la révocation du
permis de conduire. Les articles 130 à 132 de l'avant-pro-jet accordent
un très grand pouvoir discrétionnaire au directeur
général. L'obtention d'un permis de conduire a longtemps
été considérée comme un privilège et non
comme un droit, mais nous pensons que cette notion ne correspond plus à
la réalité. En conséquence, un citoyen qui se voit
privé du droit de conduire a le droit de connaître les raisons
pour lesquelles on lui refuse, révoque ou suspend son permis de
conduire. Par conséquent, la Commission des services juridiques
recommande que les articles 130 à 132 mentionnent que le directeur peut,
pour cause, refuser, révoquer ou suspendre un permis. Cette façon
de procéder représente, selon nous, une certaine garantie contre
des abus discrétionnaires du directeur du Bureau des véhicules
automobiles.
Enfin, nous nous réjouissons du pouvoir de révision qui
est accordé par l'article 134 de l'avant-projet. Ce pouvoir de
révision nous semble favoriser une souplesse que nous souhaitons dans
l'application des dispositions du Code de la route.
L'article 137 a trait à l'avis du greffier, à la suite
d'une condamnation d'une personne, en vertu des dispositions du Code criminel.
Dans le but de respecter intégralement le droit d'appel du citoyen, nous
suggérons que l'avis que le greffier doit alors donner au Bureau des
véhicules automobiles soit envoyé dans les quinze jours de
l'expiration du délai d'appel ou, dans le cas où il y a appel,
après le jugement final intervenu en appel. Ce que nous voulons corriger
par cette suggestion, c'est la mise en application immédiate du
processus de suspension du permis de conduire, alors que le citoyen peut
éventuellement voir son bon droit reconnu à l'occasion d'un
appel.
La Commission des services juridiques s'est penchée longuement
sur l'article 139 de l'avant-projet et en vient à la conclusion que des
modifications devraient être effectuées. Une première
modification, c'est de supprimer les mots "s'il s'agit d'une première
infraction", au premier paragraphe de l'article. Nous croyons, en effet, que ce
prérequis, à savoir qu'il doit s'agir d'une première
infraction, est trop sévère et trop lourd de conséquences
pour le justiciable. Ainsi, un individu condamné il y a dix ans pour une
infraction prévue à l'article 138 ne pourrait pas
bénéficier d'un permis restreint même s'il en a besoin pour
se rendre à son travail ou pour d'autres circonstances. A notre avis, le
but visé dans l'avant-projet peut être atteint sans
pénaliser injustement l'ensemble de la population en modifiant l'article
139 de façon à permettre au juge d'apprécier les
circonstances de la cause, y compris les antécédents judiciaires
de l'accusé ou de l'individu.
L'autre modification que nous suggérons à cet article
consisterait à biffer le mot "principal" dans l'expression
"l'exécution du principal travail dont elle tire sa subsistance". Notre
expérience nous a démontré que, bien souvent, un individu
assure sa subsistance de plusieurs emplois, tout aussi importants les uns que
les autres, qui lui permettent de subsister. Nous ne voyons pas de
justification précise de ne pas permettre à cette personne de
bénéficier d'un permis restreint pour l'exécution des
différents emplois qu'elle peut occuper.
Nous suggérons également qu'un permis restreint puisse
être obtenu non seulement pour permettre à une personne d'exercer
son emploi, mais également pour tous autres motifs valables qui
pourraient être appréciés par le juge.
Même si actuellement la rédaction de l'article 22 de la Loi
de l'indemnisation des victimes d'accidents d'automobiles ne permet pas une
telle émission de permis restreint pour des motifs valables, certains
juges se sont trouvés tellement coincés devant cette obligation
qu'ils émettent malgré tout des ordonnances pour qu'un individu
bénéficie d'un permis restreint afin, par exemple, de se rendre
à la messe le dimanche ou d'être capable de visiter un parent
malade à l'hôpital. Il
faut comprendre que cette situation se retrouve dans les lieux qui sont
moins bien desservis par les services de transport en commun. Il est
évident que dans des villes comme Montréal et Québec, ces
motifs raisonnables pourraient être difficiles à imaginer parce
que les transports en commun permettent facilement de se déplacer. Mais
lorsqu'on pense à des régions plus reculées du
Québec où aucun service en commun n'existe, il peut arriver que
des motifs très valables permettent à une personne d'obtenir un
permis restreint.
Enfin, une quatrième suggestion quant au deuxième
alinéa de l'article 139. Nous suggérons que soit prévue la
possibilité de soumettre de nouveau une demande de permis restreint au
juge, même si cela a déjà été fait de
façon infructueuse une première fois, lorsque des faits nouveaux
permettent de démontrer le besoin d'un tel permis restreint. Ceci pour
éviter qu'une personne qui, par exemple, ne peut justifier lors de la
condamnation du besoin d'un permis restreint pour conserver son emploi puisse
éventuellement faire une nouvelle demande si, pendant la période
de suspension, il trouvait un emploi qui, justement, exigerait l'obtention d'un
tel permis restreint.
A l'article 142, selon la Commission des services juridiques, le
rédacteur de l'avant-projet a sans doute oublié d'inclure
à cet article 142, toutes les autres infractions du Code criminel qui
sont énumérées à l'article 138 de l'avant-projet du
Code de la route, soit les dispositions des articles 233, premièrement,
deuxièmement et quatrièmement du Code criminel, de même que
219, si ma mémoire est bonne.
Nous suggérons simplement que ces articles soient
également inclus.
A l'article 143 qui traite de l'entrée en vigueur de la
suspension, son délai nous semble adéquat. Cependant, nous nous
opposons vigoureusement aux principes que veut établir l'avant-projet en
proposant le texte suivant: L'avis est présumé avoir
été reçu lorsqu'il a été
expédié à la dernière adresse reçue au
bureau.
A notre avis, cette présomption de réception va à
rencontre de l'économie de notre loi. Comment présumer qu'un
individu ait reçu un avis du simple fait qu'on le lui a envoyé.
Il y a certaines situations où un citoyen n'a pas reçu l'avis et
ce, sans qu'il soit aucunement responsable. La jurisprudence, d'ailleurs, est
au même effet et nous citons dans le mémoire deux
décisions: une de la Cour suprême et l'autre de la Cour
supérieure à cet effet.
Nous recommandons donc que le texte se lise plutôt: L'avis est
présumé avoir été donné lorsqu'il a
été expédié à la dernière adresse
reçue au bureau. Ainsi, au cours d'un litige sur la question de l'avis,
le Bureau des véhicules automobiles aura deux choses à prouver,
soit la suspension d'une part et l'envoi de l'avis d'autre part, tandis que le
défendeur s'il n'a pas reçu l'avis, à ce moment, devra
faire la preuve de sa non-réception.
La section II qui traite des points de démérite nous
amène également à faire une recommandation à
l'article 161. Nous croyons que l'esprit qui anime l'article 139 de
l'avant-projet devrait également valoir pour le paragraphe g) de
l'article 161 qui se lirait ainsi: émettre, dans le cas d'une
suspension, un permis spécial autorisant cette personne à
conduire un véhicule routier déterminé ou un type
déterminé de véhicule routier pour l'exécution du
travail dont elle tire sa subsistance ou pour tous autres motifs valables.
A l'article 164, nous suggérons que le législateur
prévoyant l'émission d'un permis restreint, lorsque le permis
d'un individu est suspendu à la suite d'une condamnation en vertu du
Code criminel, il en aille de même dans le cas d'un individu qui voit son
permis suspendu pour avoir enfreint diverses dispositions du Code de la
route.
Les articles 165 et 166 qui prévoient des suspensions
prolongées dans le cas de récidive nous semblent d'une
sévérité excessive. Il faut bien garder à l'esprit
que les défendeurs trouvés coupables une seconde fois, en vertu
des articles 234, 235 et 236 du Code criminel sont automatiquement passibles
d'une peine d'emprisonnement d'au moins quatorze jours et pour une
troisième fois d'une peine minimale de trois mois
d'incarcération.
Ces punitions nous semblent suffisantes et nous sommes d'avis que la
suspension ne vient qu'ajouter une peine supplémentaire. Nous
suggérons donc que, même dans les cas de récidive, la
suspension soit de la même durée, c'est-à-dire de trois
mois. (12 heures)
L'article 168 omet, selon nous, de mentionner que l'avis de suspension
doit indiquer les recours qu'une personne peut exercer à l'encontre
d'une décision du directeur.
L'article 310 de l'avant-projet qui traite de la consommation de
boissons alcooliques sur un chemin public, crée, selon nous, une offense
grave pour un piéton qui consommerait des boissons alcooliques en
bordure, par exemple, du chemin public. Un individu, marchant sur le bord d'un
chemin public avec une bouteille de bière à la main commettrait
une infraction en vertu du Code de la route et il serait passible d'une amende
d'au moins $100. Si on pousse notre raisonnement un peu plus loin, ce
même individu qui ne peut payer ladite amende pourrait voir son permis
suspendu en vertu de l'article 401a de l'avant-projet, de telle sorte qu'il
perdrait son permis de conduire pour des raisons qui n'ont rien à voir
avec la conduite d'une voiture automobile.
A l'article 312 qui traite du délit de fuite, nous
suggérons qu'on ajoute à la fin du premier alinéa,
l'expression "selon qu'il en est alors requis", c'est-à-dire de
décliner ces noms, etc. de façon à ne pas créer
d'ambiguïtés, quant à l'obligation de s'identifier
spontanément ou d'attendre d'en être requis par une personne.
Dans le cas du deuxième alinéa de l'article 312, soit les
accidents qui impliquent un objet inanimé ou une voiture
inoccupée, nous suggérons que soit créée
l'obligation de communiquer avec un poste de police le plus rapproché
possible dans un délai raisonnable, compte tenu de toutes
les circonstances et de s'identifier, plutôt que de créer
l'obligation prévue actuellement dans l'avant-projet qui force quelqu'un
à se rendre. En effet, nous tenons compte dans cette suggestion des
réalités géographiques du Québec où parfois
les postes de police peuvent être à des distances assez
impressionnantes. Nous tenons compte également de la possibilité
que le véhicule routier, impliqué dans l'accident, puisse
être inutilisable et enfin, nous pensons que la suggestion que nous
faisons rejoint l'intention du législateur qui est de faire en sorte que
soit connu l'auteur d'un dommage à un objet inanimé ou à
un véhicule inoccupé.
Au chapitre X, procédure et preuve à la section II, l'avis
sommaire, nous considérons que l'application des dispositions relatives
à l'avis sommaire engendreraient de possibles abus de la part de
certains agents de la paix. En conséquence, nous recommandons que cette
section n'avise que les cas de non résidents au Québec et de
personnes impossibles à identifier. De plus, afin d'éviter qu'un
agent de la paix puisse exiger, dans ces cas, un cautionnement exorbitant, nous
suggérons que, le montant, le quantum du cautionnement soit
déterminé par règlement.
L'article 393 crée une présomption que le
propriétaire qui est dans le véhicule conduit par son
préposé est également coupable de l'infraction commise par
ce préposé. Nous sommes d'avis que c'est là créer
une présomption qui risque, dans plusieurs cas, de ne pas correspondre
à une réalité et nous proposons tout simplement que ce
soit le conducteur qui soit le responsable de l'infraction.
Dans le cas des mesures à défaut de l'amende, selon la
Commission des services juridiques, lorsque le défendeur est
présent ou représenté devant le tribunal, le juge ou le
tribunal devrait d'abord s'assurer de la capacité de payer de
l'individu, avant d'ordonner que celui-ci soit emprisonné pour
défaut de paiement de l'amende. La jurisprudence a d'ailleurs reconnu ce
principe.
Nous sommes heureux de constater que le législateur a
prévu à l'article 40, d'autres solutions que
l'incarcération du défendeur.
Le sous-paragraphe c) de l'article 401 devrait accorder au juge le
pouvoir d'ordonner que l'incarcération imposée soit purgée
de façon discontinue. Selon nous, si le juge ordonne l'emprisonnement,
il faudrait par exemple, en prévoir un de nuit. Cet emprisonnement de
nuit serait possiblement aussi coûteux pour la société,
mais nous semble moins onéreux pour l'individu, car le risque de perdre
un emploi est moins grand.
A l'article 427, la confiscation du véhicule routier, nous
recommandons l'abolition pure et simple de cet article 427 de l'avant-projet
car, dans l'application quotidienne de cet article, nous craignons l'arbitraire
de certains policiers et anticipons quelques abus. De plus, le deuxième
alinéa de l'article 427 accorde une trop grande discrétion
à l'agent de la paix, car celui-ci devient alors juge et partie. Il
suffit d'imaginer les difficultés qu'aura à rencontrer le
conducteur pour satisfaire l'agent de la paix.
Avant de terminer ce mémoire, la Commission des services
juridiques désire faire deux autres recommandations majeures.
Dans une première recommandation, la commission suggère
que soient réduits les frais juridiques lorsque le défendeur se
prévaut de son droit de faire un procès. Nous croyons que
l'imposition de frais additionnels lorsqu'il y a procès nie au
justiciable le droit à une défense pleine et entière telle
que promulguée à la Charte des droits et libertés de la
personne.
Une autre recommandation est que le juge qui a à rendre une
sentence à la suite d'une condamnation pour une infraction au Code de la
route ne soit pas lié par les amendes minimales qui apparaissent dans
l'avant-projet.
En effet, des études, et d'ailleurs une apparaît en annexe,
ont démontré que ces amendes minimales sont plus ou moins lourdes
à porter selon que la personne a de plus ou moins grands moyens
financiers.
Nous sommes d'avis que le juge devrait avoir la latitude pour tenir
compte dans l'application de la peine de la capacité de payer de la
personne condamnée, de façon que les peines soient
proportionnelles pour les citoyens dans des cas semblables.
C'étaient les principales recommandations que voulait faire la
Commission des services juridiques face à cet avant-projet.
Il y aurait peut-être lieu, puisqu'elle résume la
philosophie dans laquelle nous avons abordé l'étude de
l'avant-projet, que je lise la courte conclusion qui termine notre
mémoire: "Tout en faisant sienne la préoccupation du
législateur québécois d'assurer sur les routes la
présence de conducteurs compétents et respectueux des lois, la
Commission des services juridiques se soucie, et c'est aussi sa raison
d'être, que ce louable effort s'inscrive dans le respect des grands
principes de notre loi et de la sauvegarde des libertés civiles. C'est
souvent à l'occasion d'une présumée infraction au Code de
la route que le citoyen ordinaire fera son unique expérience du
processus judiciaire. Nous souhaiterions donc que ce citoyen se rende compte
que tous sont égaux devant la loi et que le texte de loi, source du
conflit qui l'amène devant la cour, soit compréhensible et
équitable. "Le citoyen doit apprendre à respecter la loi. Pour ce
faire, l'intention du législateur et les buts visés par ces
réglementations doivent être intégrés naturellement
à l'attitude que le citoyen développera dans son comportement
routier quotidien. "Nous souhaitons que le civisme du conducteur soit
inculqué aux jeunes adolescents dès l'étape des
études secondaires en milieu scolaire par tous les moyens mis de l'avant
par la pédagogie contemporaine. "Le conducteur ne doit pas se sentir en
confrontation avec l'Etat et ses agents de la paix sur les routes du
Québec. C'est plutôt une complicité responsable qu'il faut
susciter, afin que chacun comprenne qu'il y va de son intérêt et
de celui de sa collectivité. Avant de priver un individu de son droit de
conduire, il faut s'assurer que tout a été fait dans la
légalité en prenant soin de ne pas cau-
ser une plus grande injustice. Il faut bien comprendre que l'automobile
fait partie de nos moeurs et constitue, en fait, un prolongement de nos moyens
de communication. Refuser à un citoyen l'autorisation légale de
conduire son véhicule routier représente pour lui un acte
extrêmement punitif. Cette décision doit donc correspondre
à une nécessité et être proportionnelle à la
gravité du geste négatif et irresponsable du conducteur".
Telle a été notre optique au cours de cette étude.
Nous vous remercions pour votre invitation et votre attention et vous
garantissons notre plus grande disponibilité tout au cours de
l'élaboration de votre projet de loi. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: M. le Président, vous comprendrez que je ne
pourrai commenter chacune des recommandations qui sont faites...
Le Président (M. Bordeleau): Je le souhaite, M. le
ministre.
M. Lessard: ... dans ce mémoire parce que cela serait
très long. Cependant, comme remarques générales, à
la suite de votre mémoire, je m'interroge énormément
il y a des précisions que vous nous apportez sur lesquelles je
vais donner des explications à savoir si vous avez pris
connaissance du rapport d'hier de M. de Coster, président de la
Régie de l'assurance automobile du Québec, qui démontre
que la principale cause de mortalité au Québec actuellement, ce
sont les accidents routiers. Vous me demandez constamment, ou à peu
près, à travers l'ensemble du mémoire il y a des
choses qu'on peut corriger de réduire... Autrement dit, on veut
un Code de la route, mais qui ne fasse de mal à personne. Je regrette,
mais je veux un Code de la route qui fasse mal à ceux qui commettront
des infractions à la loi. C'est le temps qu'on prenne conscience, au
Québec... Je vais donner tantôt des exemples.
Vous me demandez, par exemple, qu'un permis de conduire ne soit pas un
privilège, mais un droit. Je regrette... De l'avis des citoyens, vous
êtes probablement ceux qui sont assez proches des pauvres gens et des
gens qui ont des difficultés. Vous avez certainement dû
rencontrer, avant la création de la Régie de l'assurance
automobile, des gens qui ont eu à subir des accidents causés par
des personnes qui n'étaient pas assurées et qui étaient en
état d'ivresse. Ces gens-là sont actuellement forcés de
vivre à même la société parce qu'ils n'avaient
aucune protection. Il va falloir être sévère et
sérieux. Je vais donner tout à l'heure des cas sur lesquels je
m'interroge un peu.
Pour ce qui concerne les pouvoirs de réglementation du directeur
général, quand on regarde les pouvoirs globalement, vous dites
qu'il faudrait que ces pouvoirs soient donnés au gouvernement. Ce n'est
quand même pas le ministre qui va signer tous les permis de conduire et
ce n'est pas le ministre qui va préparer les formules. Il s'agit de pou-
voirs administratifs qui sont délégués en relation avec
les règlements qui sont adoptés par le lieutenant-gouverneur en
conseil, par le gouvernement. Il ne s'agit pas, contrairement à ce que
vous dites à la page 5: "II nous semble anormal que le
législateur délègue son pouvoir de légiférer
à un simple fonctionnaire"... Jamais on ne délègue dans
cette loi le pouvoir de légiférer aux fonctionnaires. Par
exemple, on délègue le pouvoir de gérer, d'administrer ou
d'appliquer des décisions qui sont prises à l'Assemblée
nationale et, par la suite, en relation avec la loi et, si le
lieutenant-gouverneur a des pouvoirs de réglementation, en relation avec
ces pouvoirs de réglementation. Il s'agit de pouvoirs administratifs. Si
on veut un Code de la route qui fonctionne et qui puisse être
appliqué, cela prend des gens quelque part pour l'appliquer. Ce n'est
pas le ministre qui va être capable de faire tout cela.
A des endroits, vous dites que cela devrait être un fonctionnaire
qui signe, à la page 4. C'est le directeur qui prend la décision
en vertu de ses pouvoirs. Ce n'est pas un fonctionnaire, ce n'est pas un
adjoint qui prend la décision de suspendre un permis. C'est le
directeur. Cela ne peut pas être contresigné par un fonctionnaire.
Cependant, les gens ont toujours la possibilité de communiquer avec le
bureau pour savoir avec qui communiquer. (12 h 15)
Cela peut être des points importants. Je l'ai justement
indiqué, dans les pouvoirs... Est-ce que vous avez
considéré, par exemple, l'article 135 où l'individu...
Quand vous dites que le directeur doit donner des explications et les motifs
justifiant sa décision, à l'article 135, c'est bien clair; les
motifs doivent être donnés en relation avec l'article 135. Est-ce
que cela répond à votre question?
Une Voix: Oui.
M. Lessard: Vous avez raison en ce qui concerne l'article...
Relativement à l'article 139, vous soulevez un cas extrême qui
doit être corrigé. Il s'agit d'une première infraction. Le
juge peut émettre un permis restreint. Il est certain qu'on peut
préciser à l'intérieur d'une période X pour une
deuxième infraction, etc. Mais il y a deux choses que vous demandez:
d'abord, en cas de délit criminel, d'ivresse au volant ou autres, qu'il
y ait une suspension automatique de trois mois à moins que le juge, lors
de la première infraction s'il s'agit d'une première
infraction juge à propos que cette personne a besoin de son
permis pour travailler. Une chose est fondamentale, par exemple. Si la personne
concernée a besoin de son permis pour travailler, elle doit être
d'autant plus respectueuse de la loi. Quand vous me demandez d'avoir, pour la
deuxième infraction en cas d'ivresse au volant, de délit de fuite
ou autres, exactement les mêmes condamnations ou les mêmes peines,
si vous voulez, je regrette. Quand il y a récidive, il me semble que, du
point de vue légal, on doit être un petit peu plus
sévère.
Une Voix: Me Dideneault pourrait peut-être expliciter un
peu plus notre position à ce sujet.
M. Dideneault (Pierre): En fait, M. le ministre, ce que nous
voulons dire dans notre mémoire, c'est que les individus qui ont
été arrêtés dans le cadre d'une infraction au Code
criminel auront été assez sévèrement punis par le
juge qui aura émis sa sentence. Dans la majorité des cas, quand
les procureurs de la poursuite et la police prennent leurs
responsabilités, il y a un avis de récidive qui est
signifié à ces gens-là. Ces gens-là vont faire de
la prison. Vous savez très bien que dans plusieurs de ces cas-là,
les cas de facultés affaiblies, n'importe quel individu dans la
société, que ce soient des membres du clergé, des membres
des assemblées nationales, quelles qu'elles soient, des simples
citoyens, des patrons, des chômeurs, n'importe qui peut être
arrêté pour des causes de facultés affaiblies. Ces
gens-là, s'ils se font prendre...
M. Lessard: Mais...
M. Dideneault: ... pour une récidive, vont aller en
prison. Ce sont des gens qui ne sont pas criminalises, mais qui ont
peut-être une attitude insouciante de boire et de conduire leur
véhicule automobile.
Nous considérons que la leçon est sérieuse parce
qu'il n'y a rien de drôle à aller, à Bordeaux ou ici dans
la région de Québec, réfléchir sur le fait qu'on a
pris un coup au party de Noël et qu'on n'aurait peut-être pas
dû conduire après. Ces gens-là ont leur leçon. Ce
qu'on craint, c'est le handicap sérieux au niveau du coût social
de mettre quelqu'un en chômage un père de famille
pour une erreur de jugement. Nous considérons que...
M. Lessard: Mais...
M. Dideneault:... l'individu qui a accumulé des points de
démérite par une série d'infractions routières,
à notre avis, est autant, sinon plus, dangereux comme conducteur que
l'individu qui a pris un coup, à un moment donné, qui a conduit
en état d'ébriété et qui n'a pas
nécessairement eu un accident.
M. Lessard: Nos statistiques nous prouvent le contraire. L'une
des principales causes d'accidents, c'est l'ivresse au volant. Quand vous dites
qu'il est puni, il est puni, bien souvent, lorsqu'il y a eu accident et qu'il y
a eu des conséquences de l'accident: des blessures ou des
mortalités. Pensez-vous que l'individu qui, dans un moment-Bien souvent,
ce qui arrive, c'est que ce n'est pas la première fois, quand il se fait
arrêter, qu'il conduit en état d'ivresse. Il va nous dire quand il
viendra dans nos bureaux comme quand il va dans vos bureaux quand
il vient dans mon bureau, il vient me dire: M. Lessard, c'est la
première fois que cela m'arrivait. Je n'ai pas toujours
été avec lui. Il reste qu'il a une responsabilité quand il
conduit un véhicule. Il faut que chacun des individus l'assume. Si, par
la suite, cet individu peut obtenir son permis comme il le veut, il devra
prendre conscience c'est dans ce sens-là qu'on a admis que
c'était un privilège et non un droit qu'il a des
responsabilités sociales et civiques. Quand vous voyez à l'Aide
juridique comme j'en ai vu des enfants qui se sont fait frapper,
qui sont invalides pour le reste de leur vie, par des gens qui étaient
ivres au volant, ce n'est pas aux personnes qui subissent les
conséquences d'un tel accident à en souffrir. L'individu doit
avoir une certaine responsabilité aussi.
C'est beau d'excuser un peu tout le monde, mais il reste qu'il y a
près de 2000 décès routiers par année et tout
près de 60 000 blessés. C'est bien déplorable pour ceux
qui décèdent, mais les blessés nous coûtent encore
plus cher. C'est $1 milliard par année que cela coûte à la
société.
M. Dideneault: Nous sommes bien d'accord, M. le ministre, avec
votre préoccupation, et tout le monde est d'accord pour dire qu'il y a
des abus au niveau de l'attitude de certains conducteurs qui boivent et qui
conduisent leur véhicule. Nous en sommes quand même soucieux. Ce
n'est peut-être pas de cette façon qu'on va régler le
problème. Vous avez entendu d'autres gens dire ici, devant vous, qu'il y
aurait peut-être une façon quelconque d'essayer de faire prendre
conscience aux gens du Québec...
M. Lessard: Oui, on est tous pour la...
M. Dideneault: Leur faire prendre conscience, très jeunes.
Il y a peut-être des renforcements positifs qu'on devrait essayer
d'imaginer, un peu comme la Colombie-Britannique fait actuellement. Ils
essaient d'inciter les gens à avoir une attitude responsable en les
récompensant au bout de la ligne par des taux réduits
d'assurance...
M. Lessard: Oui.
M. Dideneault: ... ou des taux quelconques de ce genre. Quand les
gens sont pénalisés, un an et demi après avoir commis une
infraction routière, ils n'ont rien appris parce qu'ils ne se
souviennent pas de ce qu'ils ont fait une année. La punition, au bout de
la ligne les spécialistes en modification du comportement vous le
diraient tout de suite c'est, complètement inutile. Ils ne font
pas du tout le lien entre la pénalité de $50 ou $100 qu'ils
reçoivent un an et demi après. Si les gens avaient un peu plus de
conscience. Cela s'éduque.
M. Lessard: Oui, d'accord. Le Code de la route est un instrument
parmi d'autres. L'éducation on en a parlé on en
fait, mais il ne faut pas excuser non plus de toutes les façons. Je
pense que quelqu'un se souvient aussi quand il a vu pour une première
fois. Quand il a vu, pendant trois mois, sa suspension de permis de conduire,
je pense qu'il s'en souvient après lorsqu'il conduit. Il y a toujours
encore un principe: la crainte est le commencement de la sagesse. Cela ne veut
pas dire de tout écraser et d'y aller seulement par la crainte; il faut
aussi éduquer. Si on les laisse faire...
Pour ce qui concerne la page 23, "l'avis est présumé avoir
été reçu lorsqu'il a été
expédié à la dernière adresse reçue au
bureau", c'est encore la responsabilité de l'individu. Dans la loi, il
est dit que lorsqu'un individu change d'adresse, il doit faire parvenir son
changement d'adresse au Bureau des véhicules automobiles, sinon on
n'aura plus aucun contrôle concernant les adresses des conducteurs. Un
peu comme le soulignait hier la ville de Montréal, il sera très
difficile de trouver les coupables.
Il y a des recommandations. Vous avez raison et il faudrait
préciser si c'est lors de la première infraction. Si cela fait
dix ans qu'il a commis une infraction, il faudrait préciser cela.
Je voudrais d'abord parler du rapport médical, très
brièvement cependant, puisque j'aurai l'occasion d'en parler plus
particulièrement avec les médecins. Le rapport médical
n'est pas nouveau. Toujours en relation avec la sécurité
routière, à l'Ile-du-Prince-Edouard, au Manitoba, en Alberta,
etc., le rapport médical est exigé. Mais au Québec
je sais que M. le député de Charlevoix disait hier qu'il allait
s'opposer très fermement, à un moment donné, au rapport
médical sous l'ancien Code de la route, le Code de la route
existant ce n'est pas moi qui l'ai fait, il a été fait
sous l'ancien gouvernement en 1972, par M. Bernard Pinard on dit
à l'article 19: "Tout médecin doit faire rapport au directeur
médical du bureau à Québec du nom et de l'adresse de tout
patient de 16 ans ou plus qu'il juge inapte sur le plan médical à
conduire un véhicule automobile."
M. Gratton: ... est-ce qu'on l'a déjà
appliqué? M. Lessard: Oui.
M. Gratton: Est-ce qu'il y avait des amendes de prévues en
cas d'infractions?
M. Lessard: II n'y a pas d'amendes, mais j'ai ici... il y a une
amende de $10. Le 21 janvier 1971 on pourra en discuter plus lorsque
d'autres groupes viendront se présenter on disait: "A la suite
d'une lettre du président du comité médical et conseiller
juridique du ministère des Transports de la province de Québec,
demandant l'avis du collège sur la déclaration des malades, qui
selon l'avis du médecin seraient inaptes à conduire un
véhicule automobile et qui devraient être considérés
comme des dangers publics au volant de leurs voitures, il est proposé
par le Dr Raymond Benoît, appuyé par le Dr J.P.A. Latour de
recommander au gouvernement, à l'instar du gouvernement onta-rien, de
procéder à l'étude d'une loi qui obligerait les
médecins à déclarer les malades inaptes à conduire
un véhicule automobile et considérés comme un danger
public au volant de leurs voitures."
Enfin, une dernière remarque, en parlant des médecins au
comité médical. Le comité médical comme tel, n'a
aucun pouvoir de décision. Le comité médical fait des
recommandations au directeur du Bureau des véhicules automobiles. Ce
comité, à l'article 16 a pour fonction de faire des
recommandations au directeur général à la suite de
l'étude des rapports médicaux, des dossiers et de la
documentation qui lui sont transmis, etc.
Il appartient au directeur, par la suite, de prendre une décision
en relation avec le rapport. Mais tout individu, en vertu, comme on le disait
hier, de l'article 56 de la Loi des transports, a le droit d'en appeler au
Tribunal des transports.
C'étaient les commentaires, M. le Président, que j'avais
à faire. Je ne peux pas naturellement continuer parce que ce serait trop
long. Je pense que vous avez fait globalement un mémoire de recherches
importantes sur la loi. Il y a des choses qui m'apparaissent positives, mais je
vous trouve quand même très souples, étant donné
l'urgence et les circonstances qui existent actuellement au Québec,
concernant les infractions des criminels.
Il y a l'affaire des douze points. Je peux la regarder. En tout cas,
cela me pose des problèmes des douze points.
Globalement, vous avez fait une excellente recherche. Quant à
nous, comme législateurs, il va falloir être un peu plus
sévères que ce que vous exigez, étant donné les
circonstances d'urgence, comme on le dit, on est en état de guerre et en
état de guerre, il faut respecter les libertés civiles, les
droits des citoyens, comme vous le dites en conclusion. Nous en sommes
conscients. Mais en même temps, la liberté des gens s'arrête
là où commence la liberté des autres. Le respect de ma vie
et de la vie des autres, je pense que c'est aussi important.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je ne sais pas si c'est parce
que la Commission des services juridiques a cru bon, avec l'expertise qu'elle
possède, de tenter de faire profiter au gouvernement de son
expérience vécue... On parle de 5000 dossiers dont les avocats de
l'aide juridique se seraient occupés, qui relèvent du Code de la
route. Je ne sais pas si cette expertise qui vient à l'encontre de
certaines des données de cet avant-projet suscitent des
répréhensions chez le ministre. Mais toujours est-il qu'il me
semble que le mémoire de la commission devrait être un instrument
très utile pour le gouvernement dans la rédaction de son projet
de loi éventuel. (12 h 30)
Par exemple, pour ce qui concerne l'obligation de délation du
médecin et de l'optométriste, vous rejoignez là une des
appréhensions majeures que le député de Charlevoix a fait
valoir au nom de l'Opposition officielle hier. Vous allez même
jusqu'à prétendre avec raison, d'après moi
que les dispositions de l'avant-projet vont à l'encontre de l'article 52
de la Charte des droits et libertés de la personne. Je voudrais que vous
me disiez, à moi qui ne suis ni avocat ni juriste, quelle est votre
interprétation, quelle est votre opinion face à ce texte. Si le
législateur veut obliger le médecin et l'optométriste
à dénoncer les personnes dont il est question, dois-je comprendre
qu'il devra inscrire
dans le Code de la route le texte spécifique, à savoir que
cette disposition a préséance sur les dispositions de l'article
52 de la Charte des droits de l'homme?
M. Gagnon (Pierre-E.): Si on prend strictement le niveau
juridique, il faudrait que le texte qui est mentionné dans la Charte des
droits et libertés de la personne, soit l'article 52, soit
mentionné expressément dans l'avant-projet du Code de la
route.
M. Gratton: Selon vous, de deux choses l'une: soit que le
législateur, le gouvernement décide qu'il n'y aura pas obligation
de délation de ces personnes de la part du médecin ou de
l'optométriste, soit que, si on veut en faire une obligation, on
inscrive dans le Code de la route cette prévision selon laquelle cela va
à l'encontre de la Charte des droits et libertés de la
personne.
M. Gagnon (Pierre-E.): Oui, parce que l'article 52 in fine se lit
comme suit: "à moins que cette loi n'énonce expressément
s'appliquer malgré la charte".
M. Gratton: D'accord.
M. Gagnon (Pierre-E.): Toutes les lois qui ont été
adoptées après la charte devraient mentionner, à mon avis,
cette expression.
M. Gratton: Je trouve que les rédacteurs de la Charte des
droits et libertés de la personne ont fait preuve de beaucoup de
prévoyance en inscrivant cette obligation. A mon avis, si on est en
train ou si on a l'intention de contrer des dispositions de la Charte des
droits de l'homme, on devrait au moins le dire ouvertement pour que tous en
soient informés. Je vous remercie de cette précision.
Au début de votre mémoire, vous parlez de ce pouvoir de
réglementer qui, selon vous c'est la lecture que je fais aussi de
l'article 11 permettrait au directeur général de
réglementer certaines choses. Le ministre vous a dit en réponse
qu'il n'avait jamais été question pour le directeur
général de réglementer seul. C'est le gouvernement qui
réglemente et c'est le directeur général qui verra
à la bonne application du règlement. Ne vous semble-t-il pas, si
c'est cela qu'on veut dire, qu'il serait mieux de l'écrire comme tel
dans le texte de loi et que cela serait beaucoup plus clair non seulement pour
vous, praticiens, mais aussi pour le citoyen?
M. Richer (Carol): La commission a considéré un peu
comme surprenant le libellé de l'article 11, soit les trois
alinéas, parce que ces alinéas affectent des droits des citoyens.
On pense que, dans le processus normal, le pouvoir de réglementation
appartient au gouvernement. C'est pour cette raison que la commission a
recommandé que ce pouvoir de réglementation soit ramené
aux articles 402 et suivants de l'avant-projet. C'est sûr que le
directeur général, à notre avis, peut émettre des
directives, des règles pour sa propre régie interne. A moins que
ces règles n'attaquent ou n'affectent des droits fondamentaux des
citoyens, nous disons que le législateur, c'est-à-dire le
gouvernement ou l'Assemblée nationale, devrait prendre les devants et
être l'auteur de ces dispositions.
De plus, on remarque à l'article 13 de l'avant-projet de loi que
le directeur peut, par écrit, déléguer
généralement ou spécialement à une personne qu'il
désigne l'exercice des pouvoirs que lui attribue le présent code.
C'est pour cela, M. le ministre, qu'on a inséré dans notre
mémoire que, légalement parlant, si on le voulait, le directeur
du BVA pourrait déléguer ses pouvoirs de réglementation
à un fonctionnaire.
M. Gratton: Je tiens pour acquis que le ministre a répondu
tantôt à cette appréhension en disant: II n'est question
pour personne d'autre que le gouvernement de faire des règlements. Je
présume donc qu'il s'agit strictement d'une question de rédaction
que le gouvernement corrigera sûrement dans son éventuel projet de
loi.
Mais au sujet des articles 402 et 408 en particulier, je m'interroge sur
le silence que fait le mémoire à leur sujet. Si à
l'article 11, vous considériez opportun de souligner que le pouvoir de
réglementation ne devrait pas appartenir à un fonctionnaire, mais
bien au gouvernement et dans votre souci de faire en sorte que les lois, en
général, soient le plus facilement compréhensibles pour
tous, surtout pour le citoyen ordinaire, ne craignez-vous pas que les pouvoirs
que se donne le ministre aux articles 402 et 408 de faire des règlements
qui, sans aller à l'encontre du texte de la loi peuvent quand même
soit ajouter à l'interprétation qu'on fait, par exemple, de
l'article 1 ou retrancher les dispositions d'autres articles ou d'autres
parties de la loi?
Est-ce que le citoyen ordinaire, lui, sinon l'avocat qui le
défend, ne risque pas d'être placé dans une situation
où il va lire la loi, penser qu'on parle de telle chose quand on parle,
par exemple, d'une définition, et qu'éventuellement, il pourrait
y avoir une réglementation adoptée en vertu des articles 402 et
408 qui viendrait dire: Non, ce n'est pas cela. Un véhicule automobile
ce n'est pas seulement cela. C'est aussi ce qu'on a à décider
dans la réglementation.
Est-ce que vous êtes satisfaits que la procédure
législative employée aux articles 402 et 408 ne créera
aucune difficulté quant à l'interprétation des
dispositions de la loi?
M. Langevin: Si vous me permettez, en tant qu'avocat, je dois
dire que le principe de législation déléguée est un
principe qu'on reconnaît assez facilement. C'est un moyen d'accorder au
législateur une souplesse qui lui permet d'apporter des
réglementations qui varient selon les situations à corriger.
C'est évident que lorsqu'on parle de législation
déléguée, on parle d'une plus grande complexité
dans la compréhension d'une loi. Mais je ne pense pas qu'on doive, dans
le but d'assurer la
plus grande compréhension possible, renoncer à la
souplesse que permet la réglementation par le gouvernement. Là,
je fais une distinction très nette entre 402 et 11. Alors que le
gouvernement répond au public de sa réglementation, l'article 11
fait que c'est une personne qui ne répond pas à la population,
qui elle a un droit de faire une réglementation qui affecte non
seulement l'administration courante d'un bureau, mais le droit ou non d'une
personne de faire circuler ou non un véhicule sur la route, le droit ou
non pour une personne de circuler elle-même, de conduire un
véhicule.
Je fais une distinction très nette entre l'article 11, qui selon
nous, touche aux droits substantifs de l'individu et l'article 5 qui permet au
directeur de faire des règlements pour l'administration courante. Par
exemple, prescrire les formules en usage pour l'immatriculation, etc.
Je comprends que ce n'est pas nécessaire que le gouvernement
détermine quelle va être la forme d'un permis de conduire. Mais
par contre, il nous apparaît essentiel que le gouvernement
détermine qui aura ou n'aura pas de permis de conduire, règle
générale. Je comprends que les cas particuliers dépendent
du directeur général, mais que les règles
générales soient déterminées par le
gouvernement.
C'est ce qu'on veut faire ressortir dans notre mémoire.
M. Gratton: Quant à la distinction que vous faites entre
l'article 11 et l'article 5, j'en conviens, comme je l'ai dit tantôt,
j'imagine que le gouvernement corrigera le libellé de l'article 11 pour
faire en sorte qu'on soit tous d'accord là-dessus. Mais pour revenir
à l'article 402, par exemple, lorsqu'on dit que le gouvernement peut par
règlement, a: malgré l'article 1 édicter des
règlements, etc... Ce que je voudrais savoir, à titre de
praticien, de représentant des praticiens dans le domaine, compte tenu
du souci que vous avez tous de faire en sorte que... d'ailleurs, c'est
peut-être une des rares choses sur laquelle on est tous unanimes, de dire
que le Code de la route ne sera utile que dans la mesure où tout le
monde, non seulement le comprendra, mais où tout le monde acceptera
aussi ces dispositions.
Je vous pose la question: L'article 402 donne le pouvoir au gouvernement
d'élargir l'interprétation d'un article ou d'une disposition de
la loi. Excusez mon ignorance, mais cela n'est-il pas un peu inusité
comme procédure législative, comme technique législative?
Cela ne pourrait-il pas devenir une cause de mauvaise interprétation, de
mauvaise compréhension de la part des usagers, des citoyens, quant
à la portée éventuelle du Code de la route?
M. Langevin: Je dois vous avouer que j'aurais beaucoup plus de
crainte si, par exemple, l'article 402a prévoyait que le gouvernement
peut déclarer que ne sont plus des véhicules routiers ceux qui
sont déjà décrits à l'article 1. Mais, c'est
plutôt l'addition de nouveaux véhicules qu'on ne peut pas imaginer
pour l'instant. Je comprends que le gouvernement veuille conserver la
possibilité au cas où la technologie ferait apparaître un
nouveau véhicule, de le régir par le Code de la route.
M. Gratton: Oui, mais...
M. Langevin: C'est dans ce sens-là...
M. Gratton: Je m'excuse. On parle d'un cas d'espèce
à a), mais si on se reportait à d), on verrait que cela concerne
tout le chapitre IX régissant la circulation. Je ne pose pas la question
sur les modalités; c'est sur le principe général, la
procédure selon laquelle on peut dire: Vous pouvez réglementer
malgré des articles de la loi ou des parties de la loi.
M. Lessard: Pendant la période de dégel, est-ce que
je vais faire une loi?
M. Gratton: Pardon?
M. Lessard: Pendant la période de dégel, est-ce que
je vais devoir venir à l'Assemblée nationale pour interdire, par
exemple...
M. Gratton: Voyons donc! Il n'est pas question de cela.
M. Langevin: Ecoutez! Je ne sais pas si mes collègues
connaissent des cas où des pouvoirs de réglementation semblables
existent. On a étudié ces articles 402 et suivants comme les
autres. Nous n'avons pas été surpris de cette existence d'un
pouvoir de réglementation. Maintenant, à votre question, je ne
peux pas répondre à brûle-pourpoint et dire si je sais ou
si j'ignore qu'il existe des précédents.
M. Gratton: D'accord. M. le Président, j'ai une
dernière question, mais cela ne fait l'objet d'aucune remarque dans
votre mémoire. Hier, l'Association des policiers provinciaux du
Québec a fait des recommandations, à savoir inscrire dans le Code
de la route que le permis inclue la photographie de son détenteur et que
les policiers puissent avoir le pouvoir d'arrêter sans mandat toute
personne qui refuse de s'identifier ou qui n'est pas en mesure de s'identifier.
J'aimerais savoir si vous, en tant que praticiens ou en tant que
représentants de la Commission des services juridiques, avez des
commentaires à formuler quant à ces recommandations de
l'Association des policiers provinciaux du Québec.
M. Gagnon (Pierre-E.): Vous dites que l'Association des policiers
provinciaux du Québec suggère que soit accolée au permis
de conduire la photographie du détenteur.
M. Gratton: Oui. C'est la recommandation formelle qu'on nous a
faite hier.
M. Dideneault: En fait, si je peux répondre, ce qu'on
pourrait craindre, c'est que de cette façon on procède de
façon détournée à établir la fameu-
se carte d'identité qui a été le sujet de longs
débats ici depuis des années. C'est toujours,
évidemment... Est-ce que c'est cela finalement que cela va devenir? Le
permis de conduire est quasiment... La majorité substantielle de la
population en a un. Eventuellement, cela va devenir une nouvelle carte
d'identité qui va servir.
Dans cette pensée-là, nous avons remarqué hier,
dans le rapport de la police de Montréal, une recommandation que nous
aurions aimé faire nôtre nous sommes heureux qu'elle l'ait
faite à savoir que le Code de la route devrait prévoir une
infraction pour les gens qui se servent du permis de conduire de quelqu'un
d'autre sur la route et qui l'exhibent. A un moment donné, ils ne l'ont
pas et ils sont suspendus. Il y a d'autres peines pour cela. Comme on l'a dit,
ces gens-là se trouvent accusés devant la Cour criminelle de
supposition de personne, qui est une infraction punissable de quatorze ans
d'emprisonnement. C'est une accusation très grave dans le Code criminel.
Chaque fois que les policiers témoignent dans ces causes, ils nous
regardent en haussant les épaules et disent: Qu'est-ce que vous voulez
qu'on fasse? Il faut l'accuser de cela, il a hésité et, à
un moment donné, il a sorti... L'hésitation de quinze secondes
qu'il a eue devant nous fait qu'il est accusé d'une affaire punissable
de quatorze ans. (12 h 45)
Nous pensons qu'effectivement, si on est plus réaliste, quant
à l'acte qui est commis, une infraction précise au Code de la
route disant que quelqu'un se servant du permis de conduire de quelqu'un
d'autre ou l'exhibant commet une infraction au Code de la route...
M. Lessard: II est passible de quatorze ans. Cela ne veut pas
nécessairement dire qu'il va avoir quatorze ans. Je présume que
les juges sont capables de juger de...
M. Dideneault: Oui, sauf que dans ses antécédents
judiciaires, il a une accusation qui a été punissable de quatorze
ans. Supposition de personne, l'employeur qui, éventuellement, verrait
cela sans entrer dans les détails, va penser qu'il a affaire à un
dangereux fraudeur ou quelque chose du genre.
M. Gagnon (Pierre): II s'agissait d'autre part d'un casier
judiciaire et étant donné que c'est un maximum de quatorze ans,
ce même individu n'est pas admissible, on va dire, à la
libération conditionnelle ou inconditionnelle prévue à
l'article 162.1 du Code criminel. Ce qui fait que la proposition des policiers
de créer une infraction au Code de la route nous semble très
favorable.
M. Gratton: Est-ce que vous avez des commentaires quant à
cette autre recommandation des policiers qui demandent d'ajouter à
l'article 156 ce qui suit: "Un agent de la paix peut arrêter, sans
mandat, une personne qui contrevient aux dispositions du premier alinéa
jusqu'à ce qu'elle puisse s'identifier d'une façon
satisfaisante." Le premier alinéa fait l'obligation à la personne
de fournir les documents nécessaires en cas d'accident.
M. Langevin: On peut comprendre d'une part l'intérêt
que peuvent avoir les policiers de pouvoir arrêter sans mandat une
personne qui ne peut s'identifier de façon positive ou satisfaisante au
moins, en vertu de l'article 56. Maintenant, on peut également craindre
que pour avoir malheureusement, par exemple, oublié son permis de
conduire à la maison, on se retrouve sous le coup d'une
détention. Il nous semble que cela peut amener une personne à
subir dans l'immédiat une peine beaucoup plus importante que ne devrait
entraîner une infraction quand même relativement mineure; le fait
d'oublier son permis chez soi, par exemple. Même si c'est une
détention qu'on peut appeler préventive, c'est-à-dire,
jusqu'à l'identification positive de la personne, cela constitue une
privation de la liberté de cette même personne pendant le
délai que cela prend.
M. Gratton: Merci. M. le Président, en terminant,
étant donné l'allusion qu'a faite la commission à
l'article 52 de la Charte des droits et libertés de la personne,
pourrais-je demander au ministre s'il a reçu de la Commission des droits
de la personne un avis quant à l'avant-projet que nous étudions
ce matin et si oui, s'il accepterait de le déposer aux membres de la
commission?
M. Lessard: M. le Président, pas à ma connaissance.
Je vais considérer le cas sérieusement, la remarque qui est faite
en relation avec le ministère de la Justice. Je vais vérifier
auprès du ministre de la Justice. A ma connaissance, nous n'avons eu
aucune lettre de la Commission des droits de la personne. Je dis bien: A ma
connaissance.
M. Gratton: Est-ce que le ministre aurait objection à nous
donner l'assurance qu'il demandera à la Commission des droits de la
personne de fournir un avis si la commission le juge...
M. Lessard: Ecoutez, cela concerne, je pense, le rapport
médical.
M. Gratton: Non, concernant toutes les dispositions qui
pourraient...
M. Lessard: En ce qui concerne vos remarques, cela concerne le
rapport médical.
M. Gratton: Quant à cet aspect, oui.
M. Lessard: Si cela concerne le rapport médical, c'est que
comme je le soulignais tout à l'heure, à un moment donné,
le rapport médical ce n'est pas nouveau. Il existe dans toutes les
provinces, dans plusieurs provinces canadiennes et il existait dans l'ancien
Code de la route. Je peux me scandaliser de voir les protestations de la
part
de l'Opposition actuellement au nom des droits de la personne, alors
qu'ils n'ont jamais rien fait. C'est M. Bernard Pinard qui a adopté, en
fait, ce Code de la route. C'est simplement une confirmation qui a
été faite en 1972. C'est simplement une chose qui existe
déjà, que les rapports médicaux. Voici, c'est que je n'ai
pas reçu d'avis.
M. Gratton: Une précision, M. le Président. M. le
Président, ce n'est pas en regard exclusivement de cette disposition, de
cette obligation de délation. Je dirai au ministre que si le
gouvernement libéral s'est trompé en 1972, ce n'est
sûrement pas une excuse pour le gouvernement péquiste de se
tromper à nouveau en 1979.
M. Lessard: La Commission des droits de la personne a le droit de
se pencher sur tout projet...
M. Gratton: La commission n'existait pas en 1972, alors elle
pouvait difficilement se prononcer. Là, elle existe. On a une Charte des
droits et libertés de la personne. Je demande au ministre tout
simplement, non seulement par rapport à la question de la
délation, mais aussi par rapport à toutes les autres dispositions
du Code de la route qui pourraient avoir une consonance ou une relation avec la
charte, de nous donner son avis.
M. Lessard: Tous les groupes ont été avisés.
Il y a des groupes ici aujourd'hui. Il y a 47 groupes qui présentent des
mémoires. Tous les groupes ont été avisés qu'il y
avait une commission parlementaire sur le Code de la route et la Commission des
droits de la personne, comme elle l'a d'ailleurs fait pour d'autres projets de
loi, avait le droit de se présenter. Elle a le droit aussi de m'envoyer
un avis. Je n'y ai aucune objection et nous analyserons cet avis. Si j'avais un
tel avis, je serais prêt à le déposer auprès de la
commission. Pour le moment, je n'en ai pas.
M. Gratton: M. le Président, j'irai un petit peu plus loin
que cela. Je vais faire la demande écrite à la Commission des
droits de la personne pour qu'on ait un avis. J'aurai au moins cette
satisfaction. Merci.
M. Lessard: C'est votre droit. Vous êtes bien respectueux
des droits de la personne de ce temps-ci. Ce n'était pas le même
cas en 1970, par exemple, quand vous avez enfermé 500 personnes avec
l'autorisation du ministre de la Justice du temps.
M. Gratton: Y a-t-il autre chose aussi qu'on aurait fait qui
n'aurait pas fait votre affaire à ce moment?
M. Lessard: Vous en avez fait pas mal.
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: Etant donné qu'on respecte le
règlement, on pourrait peut-être parler du député de
Sainte-Marie, M. Bisaillon, qui a une très belle photo ici.
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Joliette-Montcalm. M. le ministre
des Transports.
M. Gratton: C'est une des victimes du parlementarisme, oui.
M. Lessard: Juste une dernière remarque pour essayer,
puisque le député de Gatineau n'a pas fait ses classes encore
dans le transport, de lui préciser qu'à l'article 402...
M. Gratton: II semble que le ministre après trois ans ne
les ait pas faites lui non plus.
M. Lessard: A d), on dit: "Malgré le chapitre IX,
régir la circulation des véhicules routiers sur tout chemin
public ou certains d'entre eux ou en interdire l'accès à
certaines catégories ou sous-catégories de véhicules
routiers". Mettons, par exemple, qu'il y a un pont qui s'effondre, est-ce que
je vais devoir aller devant l'Assemblée nationale pour interdire
l'accès à cette route? C'est cela justement qu'on prévoit
à l'article 402.
M. Gratton: Prévoyez dans la loi les cas d'exception.
C'est cela qu'on vous demande.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. Je remercie la
Commission des services juridiques de sa contribution à notre
commission.
M. Langevin: Nous vous remercions de votre accueil.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que les membres de la
commission préfèrent suspendre la séance jusqu'à 15
heures? La commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 12 h 53
Reprise de la séance à 15 h 15
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des transports reprend maintenant ses travaux.
Nous allons entendre l'Association des propriétaires d'autobus du
Québec dont le porte-parole est Me Wilbrod Bhé-rer. Me
Bhérer, vous pouvez y aller et faire la présentation des gens qui
vous accompagnent.
Association des propriétaires d'autobus du
Québec
M. Bhérer (Wilbrod): M. le Président, nous avons
ici comme délégation de l'association le président de
l'association, M. Roger Bourgeois d'Autobus Drummondville, M. Raymond Tremblay
du lac Saint-Jean, de Chicoutimi et de la Côte-Nord, M. Paul Noreau le
secrétaire de l'association et moi-même...
Le Président (M. Bordeleau): Excusez-moi, M. Noreau?
M. Bhérer: Noreau.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
M. Bhérer: Paul Noreau. Nous sommes venus ici, M. le
Président, assez récemment. Nous avons alors fait état de
la représentativité de l'association. Je n'ai pas à
recommencer. Notre mémoire y réfère d'ailleurs. Cependant,
nous notons que notre association a communiqué avec un certain nombre de
ses membres, tous ses membres, en fait nous en avons au-delà de
100 pour leur demander quelle était la situation qui les
préoccupait.
Il y a trois sujets sur lesquels je voudrais appuyer
particulièrement, sans lire tout le mémoire. C'est celui relatif
aux arrêts dans les centres, dans les villages ou dans les endroits
où il y a une ligne double, où c'est défendu de
dépasser. A l'article 341, on défend de laisser monter les
personnes dans les véhicules autobus aux endroits où la ligne
double ou la ligne continue défend de dépasser. Or, dans les
villages de la province de Québec, en général, il y a
toujours une ligne double ou une interdiction de dépasser. Pour nous
assurer que c'était très mauvais, cette suggestion, et que cela
pouvait empêcher les gens de monter dans l'autobus si on ne permet pas
cela, nous avons consulté nos membres et déjà nous avons
reçu des réponses de 28 de nos membres qui nous disent que dans
435 municipalités qu'ils desservent, il y a des lignes qui ne permettent
pas de dépasser dans les villages, même à l'entrée
et à la sortie des villages.
Cela veut dire que ces gens ne pourraient pas monter dans l'autobus et
on croit que c'est une suggestion qui ne devrait pas être retenue,
à moins que ou plutôt qu'on dise, aux véhicules qui sont en
arrière de l'autobus, qu'ils attendent. Enfin, le public en
général doit passer avant l'intérêt privé, de
celui qui attend en arrière de l'autobus. On vous fait remarquer cela.
Le transport scolaire, d'ailleurs, lui, a le privilège de les faire
monter même s'il y a une ligne double et là il ne l'aurait pas. Il
ne pourra pas arrêter parce que cela s'appliquerait au transport scolaire
comme au transport régulier par autobus. La plupart du temps, l'autobus
est appelé à traverser la rue principale de la ville ou du
village et il nous semble que cette disposition soit contraire à
l'intérêt public.
D'autre part, je voudrais vous signaler que nous sommes heureux des
remarques que vous avez faites au sujet de certaines applications de mesures
préventives pour assurer la qualité et la sécurité
du transport par autobus. Entre autres, vous avez suggéré ou le
projet suggère d'augmenter la vitesse des autobus à 110
kilomètres-heure. Je vous fais remarquer que ce n'est pas un caprice.
Les autobus actuels ont été fabriqués pour voyager
à 70 milles à l'heure et dès que vous baissez leur
régime de vitesse à 55 milles à l'heure ou 110
kilomètres, de 110 à 55, c'est 90 à peu près, alors
là vous les mettez en état de dépendance d'une autre
vitesse. Ils sont obligés de diminuer. La consommation de carburant va
augmenter quand même. On est mieux de les laisser circuler à 110
kilomètres-heure, qui est leur régime normal pour lequel ils ont
été conçus, que de vouloir les faire circuler à un
régime de 55 milles ou de 90 kilomètres qui n'est pas leur
régime de croisière. Ils n'ont pas été
fabriqués pour cela. On me dit que les Etats-Unis ont eu le même
problème et c'est pour la même raison qu'ils ont permis aux
autobus de voyager à 110 kilomètres-heure au lieu de 55, pour
raison d'efficacité du carburant.
Maintenant, il y a un autre petit sujet à l'article 415 qui nous
préoccupe un peu. Je pense bien que ce n'est pas une
préoccupation majeure du ministère, ni de ceux qui vont mettre en
vigueur le Code de la route. On voudrait laisser au ministre le pouvoir de
réglementer les postes d'attente des autobus. Je pense qu'on est aussi
bien de laisser faire cela par les propriétaires des autobus. Ils savent
mieux où situer les postes d'attente où leur public est le mieux
servi et par qui il sera mieux servi, que de laisser cela soit au
ministère ou à ses fonctionnaires. C'est l'article 415,
paragraphe f).
Le principal sujet de nos remarques, M. le Président, et M. le
ministre, ce n'est pas cela. C'est le covoiturage.
M. Lessard: Je m'y attendais.
M. Bhérer: On vous a déjà parlé de
cela, M. le ministre, mais comme nous sommes devant la commission
entière, nous croyons qu'il est tout à fait rétrograde que
de vouloir revenir au covoiturage, d'abord, pour deux raisons. On veut
privilégier le service de transport en commun d'une part, pour sauver le
carburant et obliger les gens à décongestionner les centre-ville.
D'autre part, on permet à des personnes de se servir de leur
véhicule à meilleur rendement, en leur permettant d'amener des
gens avec eux dans leur véhicule, en les faisant payer ce qui veut dire
qu'on va doubler en parallèle, par un petit service
privilégié pour quelques-uns seulement, au bénéfice
de quelques-uns, le service de transport privé vers le centre-ville
à ('encontre des intérêts du transport en commun que ce
soit le service de communauté urbaine ou que ce soit le service de
voyageurs suburbains qui viennent travailler en ville ou même des
interurbains. Je comprends que les taxis se plaignent de cela, mais nous, nous
avons beaucoup de gens, de travailleurs qui voyagent avec nous et qui voyagent
dans un service organisé, dans un service qui est au service de tout le
monde et qui n'est pas privilégié à quelques-uns. Je
comprends que le covoiturage permette d'aller chercher quelqu'un chez lui et de
l'amener à son bureau. Le transport en commun, ce n'est pas fait pour
cela. C'est évident. Si on veut avoir un service privé en plus du
transport en commun, on n'aura pas de transport en commun, M. le
Président, et cela permet d'oublier qu'il existe un grand nombre de
services publics organisés pour des fins particulières comme cela
afin de transporter les voya-
geurs. Nous avons dénombré pas moins de 57 services
spécifiquement affectés au transport des voyageurs. Ces services
se retrouvent principalement autour des usines, des industries et à
l'intérieur des localités pour ne mentionner que des endroits
tels que la région de l'amiante où il existe plusieurs
transporteurs qui offrent un service spécial aux travailleurs des mines,
à la région de la Gaspésie et plus particulièrement
à Murdochville où deux ou trois transporteurs ont mis sur pied,
à la demande des travailleurs et des entreprises, des services
réservés uniquement aux travailleurs miniers pour les accommoder
suivant les différentes équipes de travail.
Dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de nombreux
transporteurs offrent des services distincts aux travailleurs pour des usines
ou des moulins à scie. De même dans la région de l'Abitibi,
de Chibougamau, de la Côte-Nord et un peu partout à
l'intérieur du Québec, de tels services sont offerts uniquement
aux voyageurs. Tous ces gens, ceux qui ont mis en place les services, ont
investi leur argent et leur énergie pour offrir à la population
du Québec un meilleur service de transport en commun qui pourrait
satisfaire tous les besoins. La loi du covoiturage vient compromettre et
même anéantir tous ces efforts. Nous trouvons que par ce geste,
d'autant plus inconséquent, pour ne pas dire incohérent, le
gouvernement tente, d'une part, de réduire la consommation de carburant
et invite le covoiturage à en dépenser davantage.
Je vous donne un exemple. Un autobus transporte 50 passagers sur 25
milles avec deux gallons d'essence, deux gallons de carburant. Il transporte 25
passagers sur 12 à 15 milles. Un véhicule privé, en
comparaison, peut transporter quatre passagers sur 12 à 15 milles, alors
que l'autobus va transporter 25 passagers pour la même quantité de
carburant. Quel avantage y trouve-t-on? Favoriser quelques-uns qui veulent
faire du transport en commun en réduisant leur coût de transport
à eux pour qu'ils puissent se transporter bien confortablement dans leur
véhicule pour venir travailler en ville! Il me semble que c'est une
erreur grave de vouloir favoriser ce voiturage qui ne bénéficie
qu'à quelques-uns et qui risque on l'a dit à maintes
reprises, et c'est vrai de faire disparaître à la longue
les services de transport en commun autour des agglomérations urbaines,
ce qui va demander de plus en plus de subventions aux communautés
urbaines pour le transport en commun parce qu'il y aura moins de gens qui vont
voyager avec eux. Je trouve cela tout à fait incohérent. Je ne
sais pas pourquoi on a eu une idée comme celle-là de nos
jours!
C'est ce que nous trouvons de mauvais dans le projet; quant au reste,
nous n'avons qu'à nous réjouir. Si on devait adopter cette
idée de covoiturage, nous suggérons qu'il soit limité
à trois personnes additionnelles en plus du chauffeur, ce qui constitue
dans l'état actuel des choses le nombre additionnel de passagers que
peut accepter un véhicule privé. Ce covoiturage ne devrait
être toléré que pour le transport au travail dans un rayon
de cinq milles, c'est-à-dire à l'intérieur d'une
communauté urbaine, dans des endroits où un garage public est
aménagé pour garer le véhicule afin qu'il n'ait pas, comme
voiturier public qu'il deviendra, à encombrer les lieux pour se
stationner. L'autobus et les autres véhicules publics sont
obligés de s'organiser, de s'aménager des endroits de remisage.
On leur impose, comme le disait quelqu'un ce matin, des mesures de
sécurité très importantes, on les oblige à avoir
des assurances considérables. Quelqu'un a dit ce matin: Ce n'est pas
important, l'assurance, on est tous couverts! Oui, mais ce n'est pas à
cause de cela que toutes les subventions seront permises.
M. le Président, je ne veux pas prolonger indûment notre
intervention. Notre mémoire contient quelques autres suggestions et
quelques autres commentaires, mais pour nous ce sont les trois sujets qui nous
préoccupent davantage. Nous sommes à votre disposition pour
répondre à vos questions.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, merci, M.
Bhérer.
M. le ministre des Transports. (15 h 30)
M. Lessard: A l'article 341, l'opposition soulevée par M.
Bhérer ainsi que par l'Association des transporteurs par autobus,
suscite des questions. Je pense que dans certains petits villages il y des
problèmes particuliers qui peuvent être soulevés et on va
essayer de reformuler l'article dans le sens que là où il y aura
une double ligne, un véhicule de promenade devra s'arrêter et ne
pas doubler un véhicule de transport en commun. On va regarder cela, je
pense que votre objection est sérieuse de ce côté. Je
commence par le positif.
M. Bhérer: On ne s'attend pas à ce vous acceptiez
tout, mais on vient vous faire des recommandations en toute bonne
volonté.
M. Lessard: Je garde les problèmes plus difficiles pour la
fin. Au sujet des 110 kilomètres il y a de grosses objections; je l'ai
présenté, ce sujet, pour discussion. On m'a indiqué ce
matin qu'aux Etats-Unis c'est toléré et non pas
légalisé comme tel; on va faire les vérifications
nécessaires. J'ai toujours dit et je l'affirme encore j'ai des
statistiques devant moi qu'il faut favoriser le transport en commun
parce que le taux d'accidents est fort minime, même s'il arrive des
problèmes comme cela vient de se produire en Ontario et ailleurs. Parmi
bien des moyens de favoriser le transport en commun, vous avez celui qui donne
la priorité à l'autobus qui fait du transport en commun, un peu
comme l'avion, et c'est favoriser le transport en commun dans le sens qu'on lui
permet de diminuer le temps de circulation entre Québec, Montréal
ou d'autres endroits. C'est très contesté. Au contraire, on est
même venu me dire ce matin qu'on devrait réduire la vitesse des
transporteurs lourds. J'ai demandé une enquête, j'ai
demandé des informations ce matin sur une étude qui se ferait aux
Etats-Unis. Quant à moi, cela me parais-
sait une des mesures pouvant favoriser le transport en commun, mais ce
n'est peut-être pas le temps.
Je suis encore convaincu que ce qui est arrivé ne sont que des
accidents de parcours que nous déplorons, mais le climat n'est
peut-être pas propice à la permission des 110 kilomètres
à l'heure. C'est sur cela que je vais poser ma question. Je voulais,
hier, poser cette question aux policiers. L'expérience me prouve
qu'entre Québec et Montréal vous parliez tout à
l'heure d'une vitesse de croisière je n'ai pas vu de transporteur
en commun ou d'autobus circuler à moins de 70 milles à l'heure.
Dans ce sens, si on était très strict sur les 100
kilomètres à l'heure, étant donné qu'on parle d'une
vitesse de croisière, est-ce que cela créerait des dangers
supplémentaires ou des dangers techniques ou autres? C'est vous autres
qui avez le fardeau de la preuve.
M. Bhérer: Même si on réduit la vitesse, il
n'est pas question d'augmenter la densité des accidents, je ne crois
pas, mais on continue sûrement l'efficacité du véhicule et
on diminue sa capacité de réduire sa consommation d'essence ou de
carburant. A 55 milles à l'heure ou à 90 kilomètres
à l'heure, c'est prouvé techniquement que l'autobus n'est pas en
vitesse normale de croisière et qu'au lieu de voyager en
cinquième vitesse, il voyage en quatrième vitesse alors que le
moteur tourne plus fort, a besoin de plus de force parce qu'il est moins
décommandé, et cela prend plus de carburant. C'est ça, le
problème.
Quant à la vitesse, M. le Président, M. le ministre, 70
milles à l'heure sur une route comme Québec-Montréal, sur
les grandes routes et les autoroutes où il y a deux ou trois aires de
circulation, dans une seule direction, c'est assez difficile de faire un
accident à cette vitesse à moins d'être un très
mauvais conducteur. Les conducteurs d'autobus sont des professionnels du
métier. Ils ont très rarement des accidents et ce n'est pas eux
qui généralement les génèrent.
Il y a évidemment un aspect de la question qu'on ne peut pas
sous-estimer. Quand on entend les gens s'opposer à cela, on voit qu'elle
est leur idée. Ils disent: II va y avoir du chevauchement. C'est
défendu de chevaucher, il y a du chevauchement, vous verrez à ce
que cela cesse. Ce n'est pas parce que quelqu'un va enfreindre la loi qu'on va
l'empêcher de dépasser pour aller prendre sa vitesse, pour aller
continuer à sa vitesse. C'est défendu de chevaucher, et je le
sais parfaitement, puisque je me suis déjà fait arrêter aux
Etats-Unis pour avoir fait cela. C'est défendu sur toutes les routes de
chevaucher, de circuler à travers les gens et de dépasser
à droite aussi, mais il y en a beaucoup qui passent à droite. Je
pense que si on faisait respecter les lois comme on doit les respecter et qu'on
ne permette pas de chevauchement et qu'on porte des contraventions contre ceux
qui ne les respectent pas, cela irait bien. Mais ce n'est pas parce que
quelqu'un va enfreindre la loi qui défend le chevauchement qu'on va
défendre aux autres qui n'enfreignent pas cette loi de circuler à
70 milles à l'heure parce que leur véhicule est plus
économique à cette vitesse. Là est la question. Ensuite il
y a le fait, M. le Président, M. le ministre, que celui qui voyage en
autobus ne doit pas être déconsidéré par rapport
à celui qui voyage en automobile. Entre vous et moi, si vous allez sur
les routes entre Québec et Montréal, vous ne voyez pas grand
monde qui voyage à 55 milles à l'heure ou à 90
kilomètres à l'heure. Pardon?
M. Lessard: C'est 100 kilomètres. C'est 55 milles à
l'heure sur les routes régionales, mais 100 kilomètres sur
l'autoroute.
M. Bhérer: ... Enfin... Je ne voyage pas tellement
souvent, mais je vous assure qu'on pense que la limite de vitesse est de dix
milles de plus ou dix à quinze kilomètres de plus que ce qui est
marqué sur le tableau. On prend comme acquis qu'il y a une
tolérance. Tout le monde fait cela et c'est vrai aussi dans une certaine
mesure. Si on dit que c'est 70 milles ou 110 kilomètres, pas de
chevauchement et qu'on fait respecter la loi, les propriétaires
d'autobus vont respecter la loi, ne vous promets cela, M. le ministre. Non,
non. Ce sont des gens sérieux et ce sont des gens qui... Mais le
passager qui voyage là-dedans, lui, ces 20 kilomètres
additionnels, reportez cela sur... Quoi... Six fois trois... Enfin... 250
kilomètres à peu près. C'est une affaire de quinze ou
vingt minutes de plus. Pourquoi leur faire perdre vingt minutes de plus et dans
cette idée, il y a moins de monde qui voyage en autobus. Il y a moins de
gens qui sont tentés de voyager en autobus; 20 minutes, 25 minutes pour
des gens qui veulent voyager en autobus, cela compte. Ce sont toutes des
considérations qui aident à reconsidérer l'autobus. Vous
savez, M. le Président, l'autobus n'est pas utile seulement à
ceux qui voyagent entre Québec et Montréal. Aujourd'hui, c'est
tellement bien intégré, le transport, il faut que tout le monde
se rende compte de cela. On dessert 1100 municipalités. Il y a 850
municipalités qui ne sont pas desservies par d'autre service de
transport que l'autobus et tous ces gens sont reliés avec toutes les
parties de la province de Québec. On s'en vient à Québec
et vous avez des circulations qui partent pour aller dans toutes les
régions et ainsi de suite à Montréal. Tout est
intégré à des heures tellement précises qu'on peut
partir le matin ou le soir, la veille de Gaspésie et le lendemain soir
être rendu à Toronto.
M. Lessard: En avion aussi, M. Bhérer.
M. Bhérer: Pardon?
M. Lessard: D'accord, on va parler d'un autre... En avion aussi,
on peut faire cela.
M. Bhérer: Oui, oui, je comprends...
M. Lessard: J'aimerais parler d'un sujet...
M. Bhérer: ... mais l'avion, au prix que cela coûte,
ce n'est pas pour ceux qui voyagent en
autobus. Ils n'ont pas le choix entre l'avion et les autobus, ceux qui
voyagent en autobus.
M. Lessard: Je voudrais parler maintenant, M. Bhérer, du
covoiturage. Vous parlez de mesures incohérentes par rapport aux
objectifs que nous poursuivons. Vous dites qu'il s'agit là d'une mesure
dont l'objectif est justement non pas d'épargner l'énergie, mais
de contribuer à dépenser de l'énergie. Je vous avoue que
là, je ne vous suis pas. Je comprends que vous venez défendre ici
comme les chauffeurs de taxis vont venir défendre les
intérêts du transport en commun que nous voulons favoriser et je
pense qu'on a les mêmes préoccupations. Mais il ne faudrait quand
même pas dramatiser. Quand vous me dites qu'il y a 1100
municipalités qui sont desservies par l'autobus, cela dépend de
quelle façon aussi. Ce ne sont pas toutes des grandes compagnies.
Aujourd'hui, dans beaucoup de municipalités du Québec, de
petites municipalités du Québec, il n'y a pas de transport en
commun et il se fait quand on s'est rencontré, je vous ai
donné des cas que je connais mieux tous les jours,
particulièrement ici à Québec parce qu'il n'y a pas de
transport en commun, du covoiturage, ce qu'on appelle, par exemple, le "car
pool" aux Etats-Unis en vue justement de favoriser d'abord la
décongestion des routes, d'essayer de faire en sorte que les gens
cherchent à voyager ensemble en plus grand nombre. Il s'agit de se
promener sur le boulevard Métropolitain à Montréal. On a
toujours les défauts de nos fonctions pour vérifier qu'on se
promène un par un en grande majorité. On a, par exemple... On
peut vérifier aux postes de péage au niveau des autoroutes aux
Etats-Unis, il y a le système des "car pool"... En Ontario, en 1977...
il ne faut quand même pas dramatiser. Il ne faut pas venir charrier en
disant que cela va être sa disparition avec le covoiturage du transport
en commun. On prend des mesures là-dedans, justement, pour favoriser le
transport en commun. Mais j'ai regardé avant... parce qu'il y a une
suite justement à des tentatives de décongestionner des routes et
des autoroutes et d'essayer de permettre le regroupement d'un certain nombre de
personnes qui, dans des endroits particuliers, par exemple...
C'est certain que, chez nous à Ragueneau, les gens qui
travaillent chez Reynold's n'ont pas le moyen, ne sont pas capables de voyager
par autobus. Il n'y a pas d'autobus. Ils font du covoiturage tous les jours et
ils s'organisent de semaine en semaine. Ils changent de véhicule. Le
gars qui se rend le lundi matin, par exemple, à Gagnon,
c'est-à-dire à Manic 5 ou qui se rend à Labrieville ou
ailleurs pour aller travailler, il fait du covoiturage et cela ne nuit pas du
tout au transport en commun. Il n'y a pas de transport en commun.
Il reste maintenant, quand vous regardez dans les grandes villes,
qu'est-ce que cela peut donner? On a communiqué avec l'Ontario qui a
adopté en novembre 1977... Parce qu'il me semble que les mêmes
causes doivent produire les mêmes effets quelque part. Chez nous, on
dramatise tout le temps. J'ai vu une dramatisation hier, la multipli- cation
des accidents si on permettait le virage à droite. J'ai une étude
qui démontre que c'est presque le contraire.
Chez nous, on veut tout le temps... Quand on veut faire quelque chose de
nouveau qui favorise à un moment donné des choses qui se font
à tous les jours... Ah! non, au Québec, on est trop fou pour
faire cela. On est trop bête pour faire cela. On n'est pas assez
intelligent pour faire cela. On a demandé, on a fait des
vérifications et en Ontario, en novembre 1977, un projet de loi fort
semblable au nôtre a été présenté et les
objectifs étaient identiques aux nôtres. Les objectifs, en fait,
étaient les mêmes, à savoir qu'il se faisait du covoiturage
et nous, tous les jours, nos "bleus", par exemple, sont même pris pour
arrêter des individus à la suite de plaintes qui sont faites par
des chauffeurs de taxi. Ils n'ont pas le choix. Ils sont obligés de le
faire. Ce n'est pas un gars de Ragueneau qui va prendre, à un moment
donné, pour un traiet de douze milles, un taxi pour aller travailler
chez Reynold's. Cela ne nuira pas au taxi du tout parce qu'il ne le prend pas,
de toute façon, le taxi. (15 h 45)
Ils ont fait l'étude en Ontario. Il n'y a pas eu d'opposition ou
à peu près aucune opposition. La loi ontarienne permettant le
covoiturage n'a suscité aucun problème au sein de l'industrie du
transport par autobus et ce, après un an d'expérience. Il n'y a
pas de compagnies qui sont tombées en Ontario. Actuellement, l'Ontario a
mis en marche un programme qui favorisera le transport coopératif par
fourgonette. Déjà, dix véhicules fonctionnent ainsi
à la compagnie 3M de London, Ontario. Il y a 34 véhicules chez
Chrysler à Windsor. Le ministère des Transports ontarien est en
discussion avec d'autres compagnies. Mais d'après les informations
parce que c'est un système qui est exceptionnel ce n'est
pas en vue de faire disparaître le transport en commun cela se
fait ailleurs aussi que nous permettons le covoiturage. C'est justement
en vue de favoriser plutôt le regroupement.
Je vous avoue qu'après avoir vérifié ces
choses-là, je pense bien qu'entre Québec et Montréal le
covoiturage ne dérangera pas Voyageur. Cela me surprendrait, en tout
cas. Alors, je vous avoue que vos remarques sur ce point m'apparaissent un peu
dramatiques. Je vous comprends que vous les fassiez, comme je vais comprendre
la Ligue des taxis tout à l'heure qui vient de faire une revendication
à ce sujet.
J'avoue que ce sont toujours des batailles, à mon sens, des
batailles à contre-courant. C'est mon impression et comme je vous l'ai
dit, lorsqu'on parlait du 110 kilomètres-heure, vous avez le fardeau de
la preuve.
M. Bhérer: M. le ministre, on n'est pas ici pour faire de
la dramatisation. Nous croyons vous faire ces représentations, et quand
j'emploie le mot "incohérent" c'est pour que cela frappe les esprits un
peu. Je ne veux pas créer une situation de doute sur vos intentions, ni
sur vos désirs de bien ad-
ministrer. Vous avez toujours été très
compréhensif envers nous. Mais il y a tout de même je l'ai
dit 57 petites entreprises de transport qui sont organisées dans
des centres miniers, des centres de petites usines, pour transporter les
travailleurs. Ces gens-là vont disparaître, que vous le vouliez ou
non. Quel va être le bénéfice?
M. Lessard: Je ne suis pas d'accord avec la prémisse que
vous posez.
M. Bhérer: Non, alors, on ne voit pas les choses de la
même manière. Je ne sais pas si vous êtes aussi près
que nous des transporteurs d'autobus, par exemple.
M. Lessard: On va tenir compte de vos remarques.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Bhérer: Si vous parlez de la Côte-Nord, vous
dites qu'à Gagnon, il n'y en a pas ou à Wabush et à ces
endroits-là, je le pense bien. Mais aux endroits où il n'y en a
pas, permettez-le, il n'y a pas d'objection. Mais où il y a des services
organisés, pourquoi doubler ces services? Où il y a des services,
pourquoi les doubler? Je veux bien, où il n'y en a pas, que ce soit
permis; il n'y a pas d'objection à cela, au contraire. Mais quand il y a
des gens qui ont investi de l'argent et qui ont obtenu non seulement des
autorisations, mais qui se sont fait imposer par la Commission des transports
des horaires, des routes à desservir pour un certain nombre de
travailleurs et qui ont investi de l'argent là-dedans et que c'est leur
vie, pourquoi les enlever de la route et dire: On va donner cela...
M. Lessard: On ne les enlève pas, M. Bhérer. Il
faudrait quand même...
M. Bhérer: Mais ils vont disparaître.
M. Lessard:... lire l'article 1, le paragraphe 31 sur la
définition du véhicule de promenade collectif: "Un
véhicule de promenade, utilisé par son
propriétaire-conducteur et d'autres passagers qui participent à
ses dépenses d'utilisation ce n'est pas à but lucratif
comme moyen de transport pour se rendre à leur lieu d'occupation
et en revenir et dont le nombre de passagers est déterminé par
règlement du gouvernement."
Donc, c'est strictement pour se rendre à leur lieu de travail,
leur lieu d'occupation et y revenir. Ce n'est pas pour faire du transport
à but lucratif et personne n'aura le droit de s'acheter une fourgonnette
et de faire du transport ou du covoiturage.
M. Bhérer: Je vous cite ces faits pour que vous compreniez
les motifs de notre intervention. Je crois qu'elle est judicieuse.
M. Lessard: Je les comprends.
M. Bhérer: Je crois qu'elle est judicieuse, je crois
qu'elle vous porte à réfléchir et on espère que
déjà vous comprendrez peut-être un peu mieux la situation
de ces petits propriétaires d'autobus qui sont organisés et qui
donnent des services et qui vont disparaître. Ceux qui font des pressions
pour transporter des gens à leur travail, pour réduire leurs
frais de transport, quels intérêts ont-ils? C'est leur
intérêt personnel, ce n'est pas l'intérêt du
transporté. C'est leur intérêt personnel qui est en jeu,
contre l'intérêt public de celui qui est déjà
organisé et qui fait déjà du transport. Où il n'y a
pas de transport public, il n'y a pas de question, on ne s'y oppose pas, mais
où il y en a, il me semble qu'on devrait privilégier le service
existant.
M. Lessard: Mais, avez-vous réellement des statistiques?
Je vous parlais de l'expérience de l'Ontario. Avez-vous des statistiques
qui démontreraient qu'en acceptant le covoiturage, comme vous l'avez
affirmé un peu tout à l'heure, que c'est la disparition de 34
entreprises et petites entreprises au Québec?...
M. Bhérer: M. Bourgeois me dit que le meilleur exemple que
j'aie c'est la Commission de transport de la communauté urbaine de
Québec qui n'existe pas depuis le 28 janvier et les gens font du
covoiturage. Alors, cela marche. Cela va très bien. Il n'y a pas de
transport. C'est tout à fait normal, mais vous me demandez des
exemples.
M. Lessard: Vous sauvez combien de millions?
M. Bhérer: Sauvés à la ville de
Québec, sauvés au gouvernement et sauvés à tout le
monde. Ils ne paieront pas pendant ce temps-là.
Le Président (M. Bordeleau): Messieurs, à l'ordre,
s'il vous plaît! Je me dois ici d'interrompre les discussions...
M. Bhérer: J'allais dire que...
Le Président (M. Bordeleau):... si on déborde un
peu trop le mandat comme tel de la commission. Si vous avez terminé
là-dessus, M. Bhérer, je vais passer la parole au
député de Gatineau.
M. Lessard: Quand ils ne font pas de profits ils se vendent au
Québec.
M. Gratton: Merci, M. le Président. Quant à nous,
les points que soulève le mémoire de l'association sont
très bien explicités. M. le Président, je disais donc que
les points que soulève le mémoire de l'association sont fort
explicites. Je pense qu'à la suite de la discussion que le
président de l'association vient d'avoir avec le ministre, il est
inutile d'insister. Quant à l'aspect du covoiturage, nous souscrivons
volontiers aux objections de l'association, même si ce n'est pas
nécessairement pour les mêmes raisons. C'est pourquoi, M. le
Prési-
dent, je m'interroge quant au dernier paragraphe de votre mémoire
à la page 5, où vous dites: "D'autre part, si cette proposition
de covoiturage devait être acceptée"... Vous faites une suggestion
de limiter à trois passagers plus le chauffeur et dans un rayon de cinq
milles, etc. Je pense que vous conviendrez avec moi que votre suggestion risque
de créer beaucoup plus de problèmes qu'elle n'en
réglerait. Je vous fais la suggestion suivante: sur le plan
stratégique, tenez donc votre bout et dire: On ne veut pas du
covoiturage tout simplement, plutôt que de suggérer des
demi-mesures qui ne seraient pas applicables de toute façon. C'est une
suggestion très amicale que je vous fais et je dirais, M. le
Président, que tout ce débat qui entoure le covoiturage, à
mon avis, est un faux débat, parce qu'en définitive, il se fait
déjà du covoiturage, même si c'est illégal. A mon
avis, je doute fort qu'il s'en fasse beaucoup plus une fois qu'on le
légalisera. Le directeur général du BVA pourrait nous
citer des statistiques qui, j'en suis sûr sans les connaître, nous
démontreraient que des condamnations pour le viol des dispositions du
présent Code de la route sont presque inexistantes, ou en tout cas
relativement minimes en nombre. L'objectif qu'on vise de mieux exploiter le
réseau routier, de faire des économies d'énergie, je pense
que votre mémoire le démontre, c'est le contraire qui se
produirait.
Quant à moi, M. le Président, je préférerais
de loin que le débat sur l'avant-projet du Code de la route porte sur
des sujets qui ont une plus grande portée, bien que je reconnaisse, avec
l'Association des propriétaires d'autobus, qu'il en a sûrement une
pour leurs intérêts, et je reconnais donc qu'ils ont eu raison de
le soulever. C'est tout ce que j'avais à dire, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
M. Lessard: Mais ils sont d'accord sur les 110
kilomètres?
M. Gratton: Oui, sur les 110 kilomètres, nous ne
partageons pas votre point de vue là-dessus, mais cela ne nous
empêchera pas d'être d'aussi bons amis à la fin de cette
commission.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, je vous remercie, M.
Bhérer et ceux qui vous accompagnent d'être venus présenter
votre mémoire et j'appelle donc le prochain groupe qui est l'Association
du camionnage du Québec Inc.
M. Bhérer: M. le Président, M. le ministre,
messieurs les membres, je vous remercie moi aussi de votre condescendance.
M. Lessard: Merci beaucoup, M. Bhérer, ainsi que ceux qui
vous accompagnent.
Le Président (M. Bordeleau): Un du groupe, M.
Lagacé?
Association du camionnage du Québec
Inc.
M. Alary (Jacques): Non, c'est M. Alary...
M. le Président, M. le ministre, je vais vous présenter
les gens qui m'accompagnent. Jean-Claude Riopel de l'Association...
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, s'il vous
plaît, je pense que cela ne fonctionne pas. Cela va, oui.
M. Alary: M. le Président, M. le ministre, je voudrais
vous présenter les gens qui m'accompagnent: Jean-Claude Riopel de
l'Association de camionnage, Yves Lagacé de Brazeau Transport, Jean
Delangis de Delangis Transport, vice-président de l'Association du
camionnage et moi-même, Jacques Alary.
Notre porte-parole devant vous aujourd'hui va être Jean Delangis
qui va vous brosser un peu le résumé de notre mémoire et
nous vous demanderions la permission d'ajouter un addenda sur trois points que
nous avons omis de toucher dans notre mémoire original.
Le Président (M. Bordeleau): Effectivement, M. Alary, j'ai
reçu votre addenda et il a déjà été
distribué, je pense, à tous les membres de la commission, ou il
va l'être dans les minutes qui suivent. Alors, vous pouvez
procéder avec la lecture du résumé de votre
mémoire.
M. Delangis (Jean): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les membres de la commission parlementaire, l'Association du
camionnage du Québec est heureuse de se présenter à
nouveau devant vous pour vous soumettre ses commentaires concernant
l'avant-projet de la refonte du Code de la route. Notre association, organisme
sans but lucratif, représente plus de 1400 membres qui ont un chiffre
d'affaires annuel au Québec de plus de $1 milliard et fournissent
au-delà de 60 000 emplois directs. Nous avons remarqué, en
faisant l'étude du document proposé qu'il s'agit de la refonte de
l'ancien Code de la route, que de nombreux articles demeurent les mêmes,
sauf qu'on y a changé seulement la phraséologie ou les termes
utilisés.
Le premier commentaire que nous désirons formuler touche le
chapitre 3 du code traitant de l'immatriculation. Notre association
apprécierait la possibilité d'immatriculer certains
véhicules par périodes de trois mois et ce, dans le but de
répondre à des demandes particulières. Nous citons, par
exemple, la période des déménagements, le transport
spécialisé à certaines occasions et le transport de
maisons, etc. Présentement, les véhicules doivent être
immatriculés annuellement d'après un minimum établi comme
suit: le poids brut du véhicule, plus 456 kilogrammes, et durant les
périodes achalandées nous devons payer des certificats mensuels
pour répondre à la demande. Ce système qui constitue une
amélioration ne répond pas
adéquatement aux besoins dans notre industrie et à la
clientèle desservie et ce, dû au coût minimum obligatoire
trop élevé.
Nous apprécierions également la possibilité de
payer notre immatriculation sur une base mensuelle. Présentement, nous
devons débourser de grosses sommes, à des périodes fixes,
ce qui affecte souvent de façon considérable nos marges de
crédit, surtout quand cette obligation arrive à la période
où l'activité au sein de notre industrie est plutôt
calme.
A l'article 27 de l'avant-projet, nous nous demandons pourquoi un
individu ne pourrait pas jouir des mêmes privilèges que ceux
octroyés à une corporation et par le fait même
présenter une seule demande d'immatriculation pour plusieurs
véhicules routiers dont il est propriétaire.
A la section III, lorsque l'on demande que la plaque d'immatriculation
soit fixée solidement à l'arrière du véhicule, sauf
dans le cas de directives contraires, nous aimerions, pour le tracteur routier,
voir cette plaque apposée à l'avant du véhicule et ce,
afin de faciliter l'identification de ces derniers lorsqu'ils forment un
ensemble de véhicules. (16 heures)
Nous soulevons la grande difficulté pour les tracteurs routiers
de se soumettre au deuxième alinéa de l'article 41, obligeant
l'éclairage suffisant de toutes les plaques d'immatriculation, surtout
si elles sont apposées à l'avant du véhicule, vu
l'importance de l'identification du tracteur routier.
Nous désirons également attirer votre attention sur les
plaques amovibles qui peuvent difficilement se fixer à un endroit
spécifique. Nous désirons le moyen d'apposer ces plaques à
l'endroit le plus pratique pour notre opération.
A l'alinéa b) de l'article 66, nous apprécierions que la
nécessité d'une durée de cinq mois, pour le permis
temporaire d'apprenti-chauffeur de véhicules lourds, soit
substituée par une période de deux mois, car ce dernier,
après un cours de formation reconnu, pourrait s'appliquer aux exigences
des examens du ministère des Transports et entreprendre une
carrière de chauffeur de véhicules lourds.
Dans le cas de changement de classification de permis, nous croyons
à la période d'apprentissage inférieure à cinq
mois, lorsque le titulaire conduit quotidiennement durant une période
d'années.
L'article 70 oblige le détenteur d'un permis
d'apprenti-conducteur à être assisté d'une personne
titulaire d'un permis de la même catégorie et de la classe
appropriée. Cette exigence gênerait la formation d'un conducteur
de véhicules lourds qui pourrait être embauché durant sa
période d'apprentissage.
Il faut noter que dans le programme de formation de conducteurs de
véhicules lourds, il est parfois demandé à ces apprentis
d'être seuls pour effectuer certaines manoeuvres, permettant ainsi de
perfectionner leurs connaissances.
A l'article 131, le directeur peut retirer les plaques d'immatriculation
à une personne ne respectant pas l'article 84 de la Loi sur l'assurance
automobile. Nous croyons que cette liberté devrait lui être aussi
permise dans le cas de transport illégal ou du non respect de la Loi des
transports et ce, après avoir reçu la demande d'un organisme
responsable de l'application de la Loi des transports au Québec. Ces
plaques devraient également être confisquées, lorsque
l'utilisation est contraire aux fins de celles qui avaient fait l'objet de la
demande.
A la section II du chapitre VII, où l'on traite de points de
démérite, il plairait à notre association, afin
d'encourager les chauffeurs et les conducteurs de véhicules lourds
à suivre des cours de conduite préventive et de les inciter
à se recycler, qu'un système de récompense soit
envisagé dans le nouveau Code de la route, par exemple, un crédit
de trois points pour celui qui suit de tels cours.
A l'article 192, définissant un détecteur de radar, il
nous conviendrait que ce terme soit défini plus clairement, afin de ne
pas prêter à confusion avec les détenteurs autres que celui
auquel veut référer le code.
Au chapitre VIII, section IX, à l'article 220, il serait
préférable que le Code de la route donne plus de
précisions quant à la modification aux châssis et à
la carosserie, car nous effectuons souvent des transformations
considérées jusqu'à date comme normales pour un
véhicule commercial.
A l'article 268, section I, chapitre IX, nous attirons votre attention
sur le fait qu'il est quasi impossible pour un ensemble de véhicules
d'effectuer un virage à droite, sans empiéter sur la gauche ou le
centre de la chaussée sur laquelle le véhicule s'engagera de
façon sécuritaire, dû à la nécessité
de s'assurer qu'aucun véhicule ne puisse passer à la droite du
camion effectuant un tel virage, annulant ainsi les risques d'accidents. Nous
croyons au retrait de la section "et de ne pas empiéter sur la gauche ou
le centre de la chaussée sur laquelle il s'engage", en y ajoutant le
terme "de façon sécuritaire".
A l'article 355, où vous référez au permis
d'escorte, nous désirons des explications précises quant à
la teneur de ce permis. Nous aimerions également pouvoir discuter du
bien-fondé dudit permis avec les autorités compétentes, et
si le ministère doit émettre ce genre de permis, il devrait
être automatiquement remis à tout détenteur de permis
général ou spécialisé de la Commission des
transports du Québec, l'escorte faisant partie des activités
normales des entreprises de transport.
A l'article 359, concernant les instruments servant à la
pesée des véhicules, il faudrait s'assurer de l'approbation de
ces balances par le Service des poids et mesures du gouvernement
fédéral, autorité, semble-t-il, compétente en la
matière.
Notre association s'oppose catégoriquement au paragraphe a) de
l'article 363, permettant à un autobus de circuler à une vitesse
de 110 kilomètres à l'heure sur certaines routes, lorsque la
prescription pour les autres véhicules s'établit à 100
kilomè-
tres-heure, et ce, considérant que des études
effectuées dans différentes régions ont prouvé que
la vitesse la plus sécuritaire pour un véhicule lourd est de 90
kilomètres-heure. A cette vitesse, le chauffeur du véhicule peut
conduire à bon port les passagers ou le cargo qu'il transporte sans
danger pour les autres usagers des grandes routes du Québec.
Si nous nous référons aux statistiques d'accidents par
autobus ou autres véhicules, où bien souvent le facteur humain
est la première cause de ces accidents, nous croyons que les autobus et
les véhicules lourds ne devraient pas excéder la vitesse de 90
kilomètres-heure.
Permettez-nous d'ajouter trois recommandations d'une importance capitale
pour les transporteurs publics qui n'apparaissent pas à notre
mémoire original, que nous venons justement de présenter.
En prenant connaissance des définitions qui apparaissent à
l'article 1 de la refonte du code, nous constatons qu'elles ne correspondent
pas exactement à celles qui figurent dans les multiples lois et
règlements régissant le transport, et nous craignons qu'elles ne
portent à confusion lors de l'interprétation.
Nous suggérons à la commission de repenser chacune de ces
définitions afin de s'assurer qu'elles répondent bien aux besoins
et aux différents termes utilisés dans le Code de la route. Nous
préconisons également que toutes les définitions
concernant les lois et règlements de transport soient incorporées
au nouveau Code de la route, outils de base régissant la circulation
routière. Pour ne donner qu'un exemple de la non-conformité de
certaines de ces définitions, nous attirons votre attention sur
l'article 1, dix-septième alinéa, où l'on définit
le terme "personne" comme étant une personne ou une
société, en omettant d'y inclure leur corporation.
Dû à la grande mobilité des camions, nous croyons
qu'un article devrait figurer au nouveau Code de la route, en vue
d'empêcher toutes les municipalités d'imposer des taxes
additionnelles aux routiers publics.
Concernant le bruit et la pollution, l'Association du camionnage du
Québec désire que le nouveau Code de la route prévoie
l'approbation de tous les règlements sur le bruit et la pollution par le
gouvernement provincial, qu'aucune municipalité ne devrait appliquer ses
propres règlements sans votre autorisation préalable, le tout,
dans le seul but de permettre aux camions de desservir toutes les
municipalités sans contraintes.
Nous espérons que ces recommandations seront retenues et nous
vous remercions de nous avoir permis de les ajouter à notre
mémoire.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Delan-gis. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: Merci. Comme il s'agit cela va être
assez court de discussions que nous avons eues à plusieurs et
plusieurs reprises avec l'Association du camionnage du Québec,
concernant le droit d'immatriculation, il y a toujours possibilité
d'abord, avec la nouvelle réglementation que nous avons actuellement,
vous pouvez toujours demander un crédit, vous pouvez toujours vous
enregistrer selon la charge que vous présumez avoir au cours d'un mois,
deux mois, ou trois mois et faire des modifications par la suite.
Essentiellement, il s'agit de modalités concernant les procédures
du BVA.
Concernant la plaque d'immatriculation avant ou arrière, on dit
au paragraphe b), que le directeur général peut à
l'égard de l'une ou l'autre des catégories de plaques
établies, en vertu de l'article 46. déterminer un mode de
fixation particulier. Donc, c'est possible quand c'est justifié de le
faire, de même qu'à 403. A 403b, il est dit que le directeur du
BVA doit déterminer les droits d'immatriculation exigibles en fonction
de la catégorie ou sous-catégorie et décréter que
ces droits peuvent être payables autrement qu'annuellement.
Cependant, je ne suis pas nécessairement favorable à ce
que le citoyen puisse payer annuellement, alors que les corporations devraient
nécessairement payer mensuellement. De toute façon, je tiens
compte de votre remarque.
Si je comprends bien cela m'apparaît un point fondamental
et important l'Association du camionnage du Québec serait
d'accord pour qu'on puisse réduire, à 90 kilomètres
l'heure, la vitesse sur les routes du Québec pour les camions
lourds.
M. Delangis: Oui, M. le ministre.
M. Lessard: Je présume que vous avez consulté tous
vos membres?
M. Delangis: Je dois vous dire qu'étant donné la
crise d'énergie, il n'y a pas grand choix qui se présente
à nous. Plusieurs entreprises ont d'ailleurs commencé,
indépendamment de toute législation, à réduire leur
vitesse à peu près partout au monde et en particulier au
Québec.
M. Lessard: Je ne le constate pas sur les routes.
M. Delangis: De toute façon, nous voyons de plus en plus
de publicité à cet effet. Les rapports et les informations
arrivent et confirment que cette réduction de vitesse réduit de
façon considérable l'énergie, les accidents et les
coûts d'exploitation en général et même la cargaison.
Alors, l'association n'a pas d'autre choix que d'être en faveur de cette
disposition.
M. Lessard: Seriez-vous en faveur d'étendre cette
disposition à l'ensemble des véhicules automobiles?
M. Delangis: Oui, M. le ministre.
M. Lessard: A l'ensemble des véhicules automobiles.
M. Delangis: Oui.
M. Lessard: A la page 5 je pense que vous ne l'avez pas
lue vous avez une recommandation qui se lit comme suit: "Conscients de
notre situation géographique nord-américaine, nous
suggérons à la commission des textes obligatoirement bilingues
sur les panneaux routiers où il y a des inscriptions exemple:
attachez votre ceinture en vue de permettre à nos touristes de
les comprendre." Dernièrement justement, un journaliste était au
Maroc et il a constaté il se rendait au Maroc que le signe
arrêt était en marocain et il a arrêté aussi. Quand
vous allez en Ontario, par exemple de toute façon, on installe,
lorsqu'il s'agit d'utiliser des lettres et des mots, aux frontières, des
panneaux de signalisation qui sont bilingues pour habituer le touriste
est-ce que vous avez des affiches bilingues lorsque le camionneur voyage en
Ontario?
M. Alary: Là-dessus, M. le ministre, ce qu'on vise, c'est
bien plus une question de sécurité. Je vais vous donner deux ou
trois exemples. A l'entrée du tunnel Hippolyte-Lafontaine, c'est
marqué "Tunnel Hippolyte-Lafontaine, matières dangereuses
interdites". Le camionneur qui vient de l'Ontario qui utilise le Québec
comme corridor pour aller dans les Maritimes, s'il passe avec un chargement de
dynamite dans le tunnel...
M. Lessard: Quand vous arrivez en Ontario et que vous avez la
même situation.
M. Alary: On a peut-être un avantage sur la population
ontarienne. On est peut-être bilingue. C'est peut-être un avantage
pour nous autres.
M. Lessard: Vous donnez l'exemple de la ceinture, attachez votre
ceinture, c'est un pictogramme qui démontre que la ceinture...
M. Alary: Oui, d'accord. A ce moment-là, il n'y a aucun
problème. Voici un autre exemple. Dans une courbe, sur l'autoroute des
Laurentides, on voit une affiche qui se lit comme suit: "Chauffeurs, testez vos
freins". En bas, il y a un poste de péage. On a quand même
vécu des expériences. On laisse une barrière à
droite, on met un pylône de plastique et, régulièrement,
les camions, parce que la pente est trop raide, passent tout droit et se
servent de cet endroit pour pouvoir passer.
Voici un autre exemple. Encore sur l'autoroute des Laurentides, il est
dit: dans les prochains kilomètres, aucun épandage de sel
à cause de raisons de protection de l'eau. L'Américain qui s'en
vient avec un Winnebago, qui s'engage sur cette route et qui, tout à
coup, voit tout le monde réduire la vitesse, se demande pourquoi. Il
doit s'aventurer sur cette descente où il y a de la glace ou du sable.
Je pense qu'on doit protéger la vie des gens. On peut remplacer toutes
ces littératures par des signaux qui vont dire la même chose.
M. Lessard: En Allemagne, pays qui est entouré de
plusieurs pays, vous allez avoir des "quadrilingues" et des
"quintuplingues".
M. Alary: Si on utilise un signe universel ou un signe dont tout
le monde peut comprendre la signification, on résout le...
M. Lessard: C'est plutôt dans ce sens-là qu'on doit
envisager quelque chose.
M. Alary: C'est bien plus la sécurité
routière qu'on vise par cette demande.
M. Lessard: Lorsque vous avez la même situation en Ontario,
vous prévoyez quand même.
M. Alary: On vit au Québec, on ne vit pas en Ontario.
M. Lessard: D'accord, mais un instant, M. Alary.
M. Alary: Non, mais je veux dire que quand bien même, en
Ontario, ils utilisent des signes...
M. Lessard: M. Alary, un instant. Vos camionneurs voyagent aussi
en Ontario. Il y a des membres de l'Association du camionnage du Québec
qui font du transport en Ontario.
M. Alary: Je suis parfaitement d'accord et on s'adapte aux
règlements.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup. Quant à M. Goyette,
j'aurais bien aimé le voir aussi à cette commission
parlementaire...
M. Alary: Je peux peut-être...
M. Lessard: ... étant donné que je ne l'ai pas vu
lors de la discussion de la Commission des transports.
M. Alary: Je peux peut-être l'excuser. Il a subi une
intervention chirurgicale et il ne pouvait pas être des nôtres cet
après-midi.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, nous apprécions
d'autant plus les recommandations et les observations de l'Association du
camionnage du Québec Inc., à savoir que tous reconnaissent que
vous représentez ce qu'on peut appeler l'élite
parmi les chauffeurs de camions lourds. Les recommandations et les suggestions
que vous faites...
Une Voix: ...
M. Gratton: Pardon?
Une Voix: ...
M. Gratton: Les employés de ces employeurs qui sont
membres de l'association, oui. On sait que les chauffeurs de transport,
communément
appelés, sont parmi ceux qui peuvent peut-être nous servir
des leçons au point de vue sécurité routière. C'est
dans cette optique que nous retiendrons les recommandations que vous faites au
moment de l'étude d'un éventuel projet de loi. (16 h 15)
Je n'ai pas de question pour l'association sauf on s'en doute
bien que je leur dirai que spécifiquement, quant à la
recommandation que les textes bilingues obligatoires sur les panneaux routiers
soient disponibles, on peut difficilement ne pas y souscrire. Je ne serai pas
malin au point de demander à l'association ce que pourrait être
son opinion sur le fameux débat qui retient maintenant l'attention du
cabinet depuis au moins six mois, à savoir: Devons-nous utiliser "stop"
ou "arrêt" ici au Québec? Cela n'a rien à voir avec
l'association du camionnage, j'en conviens. Mais je trouve que l'occasion
serait excellente pour le ministre de nous dire où en est rendue cette
épineuse question et à quel moment nous aurons le bonheur et le
plaisir de savoir comment on s'en sortira au gouvernement.
Cela dit, M. le Président, j'aimerais remercier nos
invités et les assurer que les représentations qu'ils nous font
seront retenues au moment oppo-tun.
M. Lessard: On va prendre le signe arabe.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le
député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, j'ai déjà dans
le passé assisté à quelques réunions annuelles
où l'association du camionnage donnait des certificats aux chauffeurs
les plus méritants que vous employez. A l'instar de mon collègue,
je sais que le professionnalisme de vos employés peut être
cité en exemple, je pense, comme conduite automobile. Par contre, je
constate sur la facette de la sécurité routière
parce que votre mémoire, je pense que l'Opposition veut l'étudier
attentivement avant que revienne le projet de loi en Chambre qu'il y a
une chose qui m'inquiète dans la conduite de certains de vos
employés. C'est le phénomène suivant. Probablement qu'il y
a l'attitude où on veut évidemment se suivre de très
près, mais le Code de la route défend à des
véhicules qui contiennent une remorque de se suivre de très
près et principalement sur les voies qui ne sont pas divisées,
les routes secondaires de la province. Je pourrais parler de la mienne en
particulier, le boulevard Talbot et d'autres. Souvent, on déplore le
fait que ces véhicules se suivent de très près. Cela
devient extrêmement pénible pour les automobilistes qui
sont quand même la majorité sur les routes de
dépasser. Le voeu que je pourrais exprimer, c'est qu'à l'occasion
de vos rencontres, lors de congrès, que vous les invitiez
peut-être au respect intégral de la distance à laisser
entre deux véhicules donnés sur une route. Quand ils nous font un
signal de passer, on peut s'y fier, je m'y suis toujours fié, mais je
pense que si le gars fait une erreur et qu'il paie pour cela, il va se tasser
davantage pour nous laisser passer. Mais la tendance qu'on a souvent
probablement que ce sont des collègues ou des gens qui demeurent ou qui
veulent arriver au même point au même moment c'est de se
rapprocher. C'est une constatation que j'ai faite depuis deux ans. Je pense que
vous pourriez la faire. Ce serait quand même significatif pour la plus
grande protection des automobilistes qui ont à circuler
également.
M. Alary: Notre association est parfaitement d'accord avec vous
parce que toutes les fois qu'on en a l'occasion, on le répète aux
chauffeurs. Dans la plupart de nos compagnies on a, ni plus ni moins, des
sentences qui peuvent aller jusqu'à une suspension si le chauffeur suit
de trop près, ne respecte pas le Code de la route ou met en péril
la vie des gens.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: A la page 5 de votre mémoire, vous dites
ceci: "Considérant que des études effectuées dans
différentes régions ont prouvé que la vitesse la plus
sécuritaire pour un véhicule lourd est de 90
kilomètres-heure..." Je voudrais savoir d'abord à quelle sorte
d'études vous faites allusion, à quelle région...
M. Alary: M. Chevrette, les études auxquelles nous faisons
allusion dans notre mémoire sont des études
préparées entre autres, par l'Association du camionnage
américain et par certaines associations provinciales canadiennes. C'est
l'expérience aussi... On regarde parmi nos compagnies membres et on
s'aperçoit qu'il y a un roulis à 90 kilomètres-heure.
C'est la vitesse idéale pour un véhicule lourd et c'est là
la vitesse la plus sécuritaire également, même pour la
personne qui conduit ce véhicule.
M. Chevrette: Pourriez-vous nous fournir les titres ou les
références de ces études?
M. Alary: Je n'ai peut-être pas les titres et les
références, mais il y a certainement moyen de trouver des
statistiques sur...
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, M. le
député de Joliette-Montcalm?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: J'ai une question supplémentaire que votre
expérience pourrait nous donner. On parle beaucoup de la consommation
d'énergie, de la conservation de l'énergie et de la prise de
moyens pour en arriver là. J'avais toujours entendu dire que sur les
véhicules légers, autant aux Etats-Unis qu'ailleurs où il
y a eu des limites de
vitesse imposées à 55 milles à l'heure,
c'était à peu près la vitesse idéale pour en
arriver à une meilleure consommation possible, le meilleur rendement,
mais la meilleure consommation. Je pense qu'on a un peu tous
apprécié ceux qui ont conduit de cette façon,
principalement sur le réseau américain, non pas sur un
véhicule de promenade. On a parlé ici des autobus à qui on
donnerait une permission supplémentaire. Est-ce que votre
expérience sur un véhicule lourd ou sur un autobus vous
permettrait de dire qu'au moment où on ira au-delà de 50 milles
à l'heure transformez-les en kilomètres c'est
à 55 kilomètres qu'un véhicule lourd consomme
également moins d'énergie ou donne le meilleur rendement? Est-ce
à 55 milles à l'heure qu'un véhicule lourd...
M. Alary: C'est environ 55 ou 56 milles à l'heure. On
calcule le temps pris pour se rendre à un endroit versus la consommation
idéale ou le coût du pétrole utilisé. Il est certain
que si on roule à 50 milles à l'heure, on va consommer moins,
mais si on amène tous les autres facteurs économiques, on
s'aperçoit que la vitesse rentable où tout le monde est gagnant,
autant la compagnie de transport que les utilisateurs, c'est 55 milles à
l'heure.
M. Delangis: J'ai fait moi-même dans mon entreprise des
études à cet effet. Les résultats qu'on a sur, par
exemple, une centaine de milles milles parcourus, c'est une économie de
carburant de 20% entre circuler aux environs de 55 milles à l'heure par
rapport à 62 ou 63 milles à l'heure.
M. Mailloux: 20%?
M. Delangis: Oui. En fait, nos véhicules circulaient
anciennement... ils faisaient cinq milles au gallon et, depuis la
réduction de la vitesse, on a augmenté cette consommation
à six milles au gallon.
M. Mailloux: Pourrait-on faire une comparaison entre le genre de
véhicule dont vous vous servez, le "van" et l'autobus interurbain?
M. Delangis: Je n'ai pas d'expérience sur les autobus
comme tels. On a réussi à pouvoir les faire fonctionner
économiquement, sernble-t-il, à 70 milles à l'heure. Il
semble que c'est plus facile de trouver un moyen de les faire
éventuellement circuler à 55 milles à l'heure, aussi
économiquement sinon plus qu'à 70 milles à l'heure.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. Mailloux:
Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, M. le
député de Joliette-Montcalm?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Je remercie les gens de
l'Association du camionnage du Québec.
M. Lessard: Merci et prompt rétablissement à M.
Goyette.
Le Président (M. Bordeleau): Avant d'appeler le prochain
organisme, je voudrais souligner aux membres de la commission qu'il nous reste
six mémoires actuellement à entendre et que, normalement, selon
le règlement, les travaux doivent s'arrêter à 18 heures. Je
voudrais savoir si c'est le désir des membres de la commission de donner
leur consentement pour qu'on puisse continuer après 18 heures.
M. Lessard: Oui, il y a un accord. Je pense qu'il y a eu
discussion avec, les membres de l'Opposition pour que nous puissions
siéger ce soir, mais cela peut aller assez vite, quitte à ne pas
siéger jeudi soir.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Si on me permet une suggestion...
Le Président (M. Bordeleau): Allez-y.
M. Chevrette: Je n'ai rien contre le fait de siéger ce
soir, mais je préfère de beaucoup qu'on file à 18 heures.
Si on termine à 20 heures, on va couper la soirée.
M. Lessard: Non, non. Je suis d'accord. On verra s'il nous
reste...
Le Président (M. Bordeleau): Non, mais c'est une
suggestion. M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, nous sommes à
l'entière disposition du gouvernement comme toujours.
M. Mailloux: ... Vers 7 h 30, vous n'auriez pas un autre objectif
en tête.
M. Chevrette: ... député de Charlevoix.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? On pourra
vérifier, de toute façon, à 18 heures s'il y a
consentement pour continuer et terminer peut-être.
Le prochain organisme que j'appelle est donc la Ligue nouvelle des
propriétaires de taxis de Montréal Inc., mémoire no
21.
Si vous voulez bien nous présenter les gens qui vous
accompagnent.
Ligue nouvelle des propriétaires de taxis de
Montréal
M. Ferland (Pothier): M. le Président, qu'il me soit
permis, au départ, de vous présenter le président de la
ligue, M. Salvatore, à ma gauche et, dans le même ordre, M.
Sainte-Marie, directeur général, M. Pires, secrétaire
trésorier, M. Ferrera, membre du conseil d'administration et M.
Bélan-
ger, membre du conseil d'administration. A ma droite, M. Bonhomme,
vice-président, M. Bray, membre du conseil, et M. Bessette, membre du
conseil.
Vous avez en main le mémoire écrit et il n'est pas
question, bien sûr, d'en faire la lecture. Pour ma part, je voudrais
ajouter à peine quelques considérations, mais de principe ou
d'ordre très général, à nos remarques
préliminaires. Le directeur général, par la suite, ira
dans quelques détails de notre mémoire.
Je voudrais profiter de cette circonstance pour constater que, dans le
cas actuel du Code de la route, comme dans beaucoup d'autres cas de lois qui
ont été adoptées depuis plusieurs années, le droit
des gens, les droits de l'homme appelons-les comme on veut sont
l'objet d'une triple action: action executive-administrative, action
législative et action judiciaire.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, monsieur. Pour
les fins du journal des Débats, pourriez-vous vous identifier? On m'a
dit qu'on n'avait pas votre nom.
M. Ferland: Excusez-moi. Mon nom est Po-thier Ferland, je suis
conseiller juridique de la ligue.
Donc, le citoyen est soumis à une triple action et tel que c'est
prévu dans la loi. Il n'est pas question de critiquer quelque but
recherché par le projet en cours; au contraire, au sujet des objets
visés, la ligue est tout à fait d'accord comme c'est écrit
au mémoire. Ce que le législateur veut atteindre, il le fait en
prévoyant des moyens qui seront exercés en grande partie au
niveau de l'administration. Or, ces moyens que peut prendre un administrateur
touchent les droits les plus sacrés des citoyens comme celui de gagner
leur vie. Dans tous ces cas, aucun contrôle réel des
décisions ne peut être exercé. Il arrive que l'avis des
gens est affecté beaucoup plus par ces décisions administratives
que par jugement de cour.
Quoi qu'on dise à ce dernier niveau, il est établi
qu'avant de perdre ses droits, un citoyen a le loisir de les défendre.
C'est une des bases de notre type de démocratie depuis des
siècles et personne n'a encore trouvé mieux. Un juge peut
être parfois moins intelligent qu'un fonctionnaire, mais j'ai le loisir
de lui faire valoir mon point de vue, ce que je ne peux faire ailleurs.
Personne ne va nier qu'en principe c'est préférable pour
éviter l'arbitraire et le discrétionnaire. J'admets fort bien que
des raisons dites d'efficacité, dans un court terme, veulent
l'état de choses que je déplore, mais rien ne prouve qu'il
n'existe pas de moyens pour préserver à la fois
l'efficacité et les droits de l'homme. Je pense à des
règles administratives uniformisées, je pense à des
tribunaux administratifs soumis à des règles strictes et je pense
à des appels uniformisés de ces décisions administratives.
C'est possible et cela se fait ailleurs. (16 h 30)
Je pense surtout, en même temps, à l'abolition de cette
habitude prise il y a déjà longtemps. Cela ne commence pas
cela fait plusieurs années sous tous les régimes
politiques l'habitude a été prise, à chaque nouvelle loi
de cette nature, de faire disparaître les brefs de prérogatives
chaque fois que des pouvoirs sont confiés à des administrateurs.
Il m'apparaît évident qu'on recherche là la protection des
administrateurs et non celle du public.
Ce que je vous dis là s'applique à tous les domaines de
l'administration et à tous les domaines de la législation qui
prévoient ces interventions. Je vous demande simplement de garder
à l'esprit quand vous légiférez en cette
matière ce principe de la préservation de la
liberté des droits de l'homme.
Je vais maintenant demander au directeur général de vous
commenter, plus en détail, les recommandations ou les réactions
de la ligue à l'endroit de cet avant-projet.
M. Sainte-Marie (Jean-Paul): M. le Président, M. le
ministre, MM. les députés, M. le directeur général,
nous, de la ligue A-11, sommes particulièrement heureux, cet
après-midi, de nous présenter devant vous et de pouvoir discuter
de cet avant-projet du Code de la route soumis à l'Assemblée
nationale par M. le ministre des Transports.
Nous considérons ce texte d'une qualité assez rare dans
notre législation. Nous avons été fortement
intéressés et impressionnés par la qualité de la
présentation et de la législation qui s'y tléroule. Le
mémoire que nous vous offrons est l'objet des recherches et des
études qui ont été faites par les membres du conseil
d'administration, soit individuellement soit conjointement, et
représente ce qu'ils croient être des questions
intéressantes, pouvant apporter des amendements au texte. Cependant,
pour démontrer l'intérêt qu'il trouve dans ce texte et dans
la qualité de ce texte, le conseil d'administration aimerait, au
préalable, vous faire part d'une proposition qui ne se trouve pas au
mémoire et qui serait celle-ci, en deux volets. D'abord, lorsque le
directeur général émet un permis de conducteur ou le
renouvellement d'un permis de conducteur, qu'il remette en même temps une
copie du Code de la route au titulaire du permis et qu'un texte soit
ajouté à ce code pour rendre obligatoire la présence dans
la voiture ou dans le véhicule routier d'un texte du Code de la route en
permanence.
Je pense, M. le ministre, que vous avez montré la voie dans ce
sens lorsque, il y a quelques mois, vous avez amendé le règlement
no 6 du taxi et imposé l'obligation, pour les gens du domaine du taxi
qui desservent les aéroports, d'avoir dans leur voiture un indicateur
des rues de l'île de Montréal. Je pense que cette idée, qui
est superbe, devrait être poursuivie et incluse dans le Code de la route,
de façon que toute voiture en circulation sur les routes du
Québec ait un Code de la route. En fin de compte, vous savez que la loi
ne peut être respectée que si elle est connue. Je ne crois pas
qu'il existe beaucoup de détenteurs de permis de conduire dans le
Québec qui ont en leur possession une copie du Code de la route
actuel.
II serait peut-être possible, pour parvenir à cette fin,
d'augmenter le droit que doit payer un contribuable pour obtenir un permis d'un
montant forfaitaire qui représenterait le coût de l'impression et
la distribution de ce texte. Je pense que cela vaudrait la peine de le faire,
de façon que tous les conducteurs de voiture au Québec
possèdent un exemplaire du Code de la route et que toute voiture en
contienne un.
Ceci dit, nous avions il y a deux semaines, lorsque nous sommes venus
ici pour étudier le rapport CEGIR sur la Commission des transports,
soulevé cette question que vient de mentionner Me Ferland
sur l'importance de plus en plus grande prise par l'administration, par
règlement.
Cette fois-ci, dans le Code de la route, nous constatons qu'il y a une
quantité considérable d'articles qui sont indiqués par la
législation, mais qui devront être définis par le
gouvernement. En passant, je n'ai pas à ma disposition, à nos
bureaux, à nos archives, la documentation nécessaire pour
affirmer, sans erreur, ce que je vais dire. Mais je ne crois pas qu'il existe
encore de loi qui ait ordonné d'abandonner l'appellation
"lieutenant-gouverneur en conseil" pour la remplacer par l'appellation
"gouvernement". Remarquez que je suis en faveur de l'idée d'appeler
"gouvernement" plutôt que "lieutenant-gouverneur en conseil". C'est
encore là une tradition qui mériterait d'être perdue.
Actuellement, je pense que cela n'existe pas.
Le problème, c'est qu'une quantité considérable de
la législation prévue dans le code doit être définie
et appliquée par règlement qui peut aller comme on dit
d'ailleurs dans le texte lui-même à l'encontre de la loi,
c'est-à-dire que le gouvernement peut définir des obligations
pour les contribuables qui sont contraires à ce que la loi
prévoit. C'est peut-être aller un peu loin dans le sens de
l'application de la loi. En fait, les contribuables, les citoyens en
général, s'attendent d'être obligés de respecter la
loi. Si le gouvernement se donne lui-même le droit de promulguer les
textes qui sont contraires à la loi, il me semble qu'il serait
préférable je vous le suggère respectueusement
que ce soit le législateur lui-même, que ce soit
l'Assemblée nationale elle-même qui fasse ces changements et non
le gouvernement par règlement.
On sait que l'article 409b et l'article 402d du Code de la route
prévoient que le gouvernement peut, par règlement, promulguer les
textes qui vont à l'encontre du Code de la route lui-même.
Mais il y a aussi une question de services. Il y a aussi une question de
travail, de rapidité de travail. Par exemple, dans ce qui nous
intéresse, nous dans le secteur du taxi, nous pensons aux postes de
stationnement dans les rues de la ville de Montréal. L'article 415f du
code prévoit que la ville de Montréal peut toute autre
municipalité d'ailleurs peut par règlement, localiser les
postes d'attente pour les taxis et les autobus. Si on prend le texte à
la lettre, cela veut dire, que, pour établir un poste à un coin
de rue à Montréal, cela prend un règlement municipal; ce
qui impli- que une décision du conseil municipal; ce qui, suivant la
Charte de la cité de Montréal, implique une motion
préalable et tout le reste. Actuellement, suivant la Loi des
cités et villes, je crois, tout règlement promulgué par la
ville de Montréal, qui s'applique à une matière relevant
du Code de la route ou de la Loi des transports, doit être
approuvé par M. le ministre des Transports; un règlement. En ce
qui concerne la localisation des postes de taxi actuellement à
Montréal, on procède par décision du comité
exécutif qui, lui, détient ses pouvoirs d'un règlement
promulgué en vertu de la charte. Il y aurait peut-être lieu,
à ce moment-là, d'amender l'article 415f pour qu'une
autorité locale puisse, par règlement, autoriser son conseil ou
son comité exécutif suivant le cas, suivant la
municipalité à localiser les postes de taxi et non pas
procéder par règlement.
Actuellement, à Montréal, notre expérience est
assez désagréable. Oui.
M. Lessard:... si on mettait "par règlement ou
résolution".
M. Sainte-Marie: Pardon?
M. Lessard: Si on mettait à l'article 415 "par
règlement ou résolution".
M. Sainte-Marie: A l'article 415. Actuellement c'est par
règlement. Ce n'est pas par résolution. Dans l'avant-projet,
c'est par règlement.
Une Voix: Le ministre demande: Si on ajoutait "ou par
résolution".
M. Sainte-Marie: "Ou par résolution", oui. Une Voix:
Oui, cela fait.
M. Sainte-Marie: Actuellement, cela prend d'après
notre expérience avec la ville de Montréal quand nous
présentons une demande de poste de taxi environ trois semaines
pour recevoir une réponse négative et cela peut prendre un an
pour recevoir une réponse positive. Si, en plus de cela, avant de
pouvoir occuper le poste, nous devons ensuite envoyer la demande à
Québec pour passer par l'intermédiaire du ministère pour
obtenir la balle du ministre, à ce moment-là, nous pouvons
attendre longtemps avant d'utiliser notre poste.
Il y a une notion qui est introduite dans le projet de loi qui est celle
de la propriété par le directeur général de
certains objets. L'article 45 dit que le directeur général
demeure propriétaire de la plaque d'immatriculation et que le directeur
général demeure propriétaire des permis d'école de
conduite. Le texte du code utilise le verbe "demeure", ce qui veut dire qu'il
l'est déjà.
Je veux bien croire que c'est le gouvernement qui finance la fabrication
des plaques d'immatriculation. Je ne crois pas que le directeur
général comme tel en soit propriétaire lorsqu'elles sont
fabriquées, mais ces plaques, en fait, n'ont une
vie, une existence que lorsqu'elles sont attribuées à un
contribuable pour être appliquées sur un véhicule. A ce
moment-là, on dit que le directeur en demeure le propriétaire. On
essaie de voir pour quelles fins ce verbe est utilisé. On arrive
évidemment à la conclusion que c'est pour retirer la plaque. Le
directeur, suivant le code actuel et suivant le projet, n'est pas
propriétaire du permis de conduire, mais il peut le retirer en
émettant l'ordre, et le refus de remettre le permis de conduire devient
une infraction au Code de la route.
On pourrait faire la même chose et je vous le
suggère respectueusement pour la plaque d'immatriculation. On
enlèverait à ce moment du projet de loi cette notion que c'est un
fonctionnaire aussi compétent qu'il soit et la qualité du
fonctionnaire n'est pas en jeu qui est propriétaire d'un objet
pour lequel le contribuable paie un bon prix pour l'obtenir.
Lorsqu'on parle de permis, par exemple, c'est un peu plus
sérieux. L'individu qui remplit les obligations nécessaires pour
obtenir un permis d'école de conduite se voit limité dans son
droit par le fait que le permis est la propriété du directeur
général. On se demande à ce moment-là pourquoi le
directeur général demeurerait propriétaire des permis
d'école de conduite et non pas propriétaire des permis de
conducteur, non pas propriétaire des permis de garagiste, de
réparateur et le reste. Ensuite, lorsqu'on prend l'article 101 du code,
on entrevoit peut-être un peu de lumière et cela dit sans
arrière-pensée, on prend le texte tel qu'il est "Les
droits que confère un permis de garagiste..." Cela veut dire,
rédigé comme cela, que le garagiste n'a pas de droit en
lui-même. C'est le permis qui lui confère le droit.
En fait, M. le ministre, le permis constate le droit. Il constate que le
contribuable a rempli les conditions nécessaires pour exercer son droit,
mais le permis ne confère pas le droit, pas plus que le permis de
conduire ne confère à un contribuable, à un citoyen le
droit de conduire. Le citoyen a le droit de conduire. Dans la
société d'aujourd'hui, le citoyen a le droit de conduire comme il
a le droit de marcher sur le trottoir, comme il a droit de lire et, s'il
remplit les conditions prévues par la loi, il peut obtenir le permis de
le faire, mais il a le droit de le faire. Il y a une différence entre le
permis et le droit. Il y a le droit inné du citoyen de le faire et il y
a le permis qui constate le droit qu'il peut le faire.
Là, on arrive à l'autre notion qui est apportée
dans le code, la notion de privilège qui est une nouvelle notion qui
n'existe pas dans le code actuel, le privilège d'obtenir un permis. Par
le code, le directeur général obtient le droit de suspendre le
privilège d'obtenir un permis d'école de conduite, d'obtenir une
immatriculation d'un véhicule routier, ou un permis de conducteur ou
d'apprenti conducteur. A ce moment-là, qu'est-ce que c'est que le
privilège d'obtenir un permis? Que représente cette notion qui
n'existait pas antérieurement dans le code? Si je veux obtenir un
permis, je m'adresse au fonctionnaire en cause et je demande la documentation
nécessaire. Je fais la preuve que je remplis les conditions
prévues au règlement et j'obtiens le permis qui constate le droit
que je veux exécuter. On dit: II y a une autre notion. C'est celle du
privilège d'obtenir ce permis. Ce qui est curieux, c'est que dans le
texte et dans la Loi des transports on prévoit un appel de la
décision du directeur général de refuser le permis, mais
il n'y a pas d'appel de la décision du directeur général
de suspendre le privilège. La Loi des transports est précise
là-dessus. Elle n'inclut pas l'appel de la décision de suspendre
le privilège parce que cette notion n'existe pas dans la Loi des
transports. (16 h 45)
Une Voix: Dans la Loi des transports, pas dans le Code de la
route.
M. Sainte-Marie: La Loi des transports permet l'appel, devant le
tribunal des transports, d'une décision du directeur
général qui refuse l'émission d'un permis, qui annule un
permis ou qui suspend un permis. Mais le texte de la Loi des transports ne
permet pas l'appel de la décision qui suspendrait le privilège
d'obtenir un permis. Il y a une différence entre les deux.
M. Lessard: M. Sainte-Marie, à l'article 56, il y a appel
à ce tribunal de toute décision du directeur du Bureau des
véhicules automobiles; de toute décision.
M. Sainte-Marie: L'article 134, M. le ministre. Excusez-moi, une
seconde.
M. Lessard: Je parle de la loi.
M. Sainte-Marie: Oui, je viens de l'entendre.
M. Lessard: Je ne voudrais pas commencer, mais c'est parce qu'on
s'en va.
M. Sainte-Marie: Non, mais...
M. Lessard: Je suis bien heureux d'avoir des cours juridiques; je
ne suis pas avocat. Je parle de la loi générale qui constitue le
ministère des Transports comme tel et par laquelle sont
constitués le Bureau des véhicules automobiles, les
responsabilités du tribunal des transports et les responsabilités
du directeur. A l'article 135 du Code de la route, il y a des décisions.
Le directeur du Bureau des véhicules automobiles doit donner des
explications lorsqu'il suspend un permis, mais ceci n'annule jamais la Loi
générale du ministère des Transports, à savoir
l'article 56.
M. Sainte-Marie: Sauf qu'il y a une partie de la jurisprudence en
semblable matière qui vous dit toujours: Ah! Cela n'existait pas au
moment où telle loi a été adoptée, comme en
matière de juridiction; n'est-ce pas? Il va se trouver des gens qui vont
dire: Au moment où le Code de la route, tel qu'on le voit maintenant, a
été voté, il n'y avait pas
cette histoire-là; tant pis. L'article 56 auquel vous
référez, au moment où il a été
adopté, ne pouvait pas prévoir ce nouveau privilège qui
est donné au directeur du Bureau des véhicules automobiles. C'est
pour essayer d'éviter des difficultés. On en voit tous les jours.
C'est cela le problème.
Une Voix: Je n'embarque pas là-dedans.
M. Lessard: Toute décision. En tout cas, on n'embarque pas
là-dedans.
Une Voix: D'accord, M. le ministre.
M. Lessard: Comme deux groupes ont parlé de ce sujet, on
pourra voir s'il n'y a pas moyen de corriger cette situation.
M. Ferland: On ne va pas passer la nuit sur ce sujet.
Une Voix: Non, bien sûr.
M. Ferland: Je tiens à vous le dire.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, M. le
député...
M. Sainte-Marie: Nous allons maintenant, si vous le voulez bien,
étudier quelques articles du Code de la route à la suite
numérique. Commençons par l'article 1, paragraphe 3, la
définition de l'autobus. Nous remarquons d'abord que l'autobus est
maintenant un véhicule automobile pour onze personnes ou plus, alors
que, sous le code actuel, le véhicule routier devient un autobus
à partir du moment où il peut transporter neuf passagers. Le mot
"principalement" n'est peut-être pas suffisamment fort. Nous proposons
que ce soit "exclusivement" des passagers avec leurs bagages plutôt que
"principalement" des passagers.
Au paragraphe 9 de l'article 1, dans la définition du chemin
public, à l'avant-dernière ligne, les mots "seulement à
l'égard des véhicules utilisés pour les fins de cette
construction ou réfection" s'appliquent évidemment aux
véhicules qui circulent sur les chemins en construction ou en
réfection. Il faudrait peut-être dire, à ce
moment-là "et dans ce cas peut s'appliquer aux membres du paragraphe qui
précède".
On utilise le mot "superficie" pour décrire l'espace couvert par
le chemin public. Normalement, le mot "superficie" donne une indication de
nombre. On dit qu'un terrain a une superficie de 4000 pieds carrés. Il
serait préférable d'utiliser le mot "surface" ou "espace".
Au paragraphe 14 de l'article 1, nous suggérons d'enlever le mot
"cyclomoteur", mais nous le justifierons au paragraphe 36 de l'article 1.
Le paragraphe 15 qui définit la motocyclette, tel que
mentionné, dit: "un véhicule routier muni d'un moteur d'une
cylindrée de plus de cent vingt-cinq centimètres cubes". A ce
moment-là, cette définition inclurait l'automobile qui aurait un
moteur de plus de 125 centimètres cubes. Nous sug- gérons qu'il
soit marqué "un véhicule routier de deux roues."
Au paragraphe 17 de l'article 1, la personne... il me semble qu'on
pourrait répéter la définition actuelle au présent
code ou utiliser la vieille expression "toute personne physique ou morale".
Parce qu'ici, tel que c'est rédigé, cela n'inclut pas les
corporations. Ici, c'est écrit "personne ou société". A ce
moment-là, la corporation ne serait pas utilisée dans le mot
"personne".
Maintenant, au paragraphe 26...
M. Mailloux: "Personne" c'est "physique ou morale"?
M. Ferland: Pas quand c'est employé "ou avec association",
parce que là, on y fait une comparaison.
M. Sainte-Marie: Maintenant, si vous prenez le paragraphe 26 de
l'article 1 "Pour le véhicule automobile", cette fois-ci, le
véhicule automobile, tel que défini et rédigé ici,
peut inclure la motocyclette parce que le véhicule automobile est un
véhicule routier mû par une force autre que musculaire et
conçu, agencé et adapté pour le transport d'une personne.
Alors, prenez une motocyclette et vous avez là la description de ce que
pourrait être une motocyclette. Nous suggérons donc, à ce
moment-là, "un véhicule routier à quatre roues".
Le véhicule de commerce privé à l'article 27, est
décrit comme étant un véhicule servant principalement
à un transport de biens qui ne nécessite aucun permis. La Loi des
transports prévoit que tout véhicule qui transporte des biens
pour compensation doit être muni d'un permis. A ce moment, on se dit: un
véhicule de commerce, évidemment, prévoit une
compensation, un avantage pécuniaire. On se demande, à ce moment,
qu'est-ce qu'on veut dire par véhicule de commerce privé?
Pour l'article 39 qui définit le taxi et qui nous
intéresse plus particulièrement, nous suggérons qu'il
devrait être semblable à la définition prévue au
règlement no 6 ou à la Loi des transports pour le véhicule
taxi, parce qu'ici, la définition telle que mentionnée, pourrait
inclure le véhicule transportant des voyageurs en commun pour
considération, sans compteur, au termes du règlement no 16,
promulgué en vertu de la Loi des transports qui est le règlement
du transport en commun. Il faudrait donc, à ce moment, mentionner qu'un
véhicule taxi est un véhicule automobile de type berline,
limousine ou familial pour lequel un permis d'un propriétaire de taxi a
été délivré, parce que le véhicule routier
ne devient un taxi qu'une fois que le permis est émis, mais pas
avant.
M. Lessard: J'aurais une question sur la définition...
M. Sainte-Marie: A l'article 36?
Le Président (M. Bordeleau): Un instant s'il vous
plaît. M. le ministre.
M. Lessard: ... à l'article... "véhicule automobile
c'est correct "qui a deux roues". Mais ceux qui ont six
roues...
M. Sainte-Marie: Deux roues ou plus. M. Lessard: Quatre
roues et plus.
Le Président (M. Bordeleau): Un instant s'il vous
plaît. Est-ce que vous avez l'intention... j'aimerais m'informer pour
voir jusqu'où on peut aller. De la façon que je vois aller cela,
on pourrait mettre plusieurs heures, mais je ne voudrais pas d'autre part
brimer le droit des autres personnes qui attendent pour se présenter
devant la commission. Alors, ce que je voudrais vous demander, c'est de
résumer le plus succinctement possible votre mémoire et
après cela, on pourra procéder à une période de
questions de la part des membres de la commission. Autrement, votre
mémoire est passablement volumineux et je crains qu'on va devoir coucher
ici ce soir. M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, si vous le permettez, on va
considérer très sérieusement votre mémoire sur des
choses comme celles-là. Normalement, on n'est pas en commission
parlementaire pour étudier un avant-projet article par article. On va
venir en commission, en deuxième lecture, pour étudier le projet
de loi article par article. Là, si on se dirige là-dedans,
normalement on demande pour ne pas brimer les droits des autres
personnes qui sont ici pour discuter du Code de la route dans ses principes
généraux, tout en présentant des mémoires pour
corriger, à un moment donné, certains termes, je pense que c'est
peut-être nécessaire un exposé de 20 minutes et
après cela, il y a discussion, mais on est parti pour passablement de
temps. Mais je ne voudrais quand même pas qu'on commence, parce que vos
interprétations peuvent être contestées vous savez
ce que c'est, deux avocats ensemble par nos avocats. Si on commence
à faire du juridisme exclusivement... Cependant, soyez convaincu qu'on
va tenir compte on les a lues, d'ailleurs des recommandations qui
sont faites pour corriger le texte.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, M. le ministre.
M. Lessard: Je vous avoue que je ne me sens pas capable de
répondre article par article. On va être bon pour aller, avec la
ligue de taxis, jusqu'à minuit au rythme où on va là.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, est-ce que vous
auriez une suggestion?
M. Ferland: Je suis satisfait de savoir qu'il y a quelqu'un qui
va prendre chacune des suggestions qui sont faites là parce que ce sont
des suggestions constructives et sérieuses. Si on me dit que cela va se
passer comme cela, je suis entièrement satisfait.
M. Sainte-Marie: Le soin que nous avons apporté à
préparer ce mémoire est l'indication de l'intérêt
que nous avons trouvé dans votre projet, M. le ministre.
M. Lessard: Oui, j'en conviens, M. Sainte-Marie. Il y a 500
articles, M. Sainte-Marie.
M. Sainte-Marie: Je comprends fort bien. Alors, si vous me le
permettez, nous allons nous attaquer à l'article 283, si vous voulez, le
deuxième paragraphe, qui est le virage à droite. Ensuite, nous
traiterons des questions plus particulières au taxi.
Avant de vous expliquer notre position sur le virage à droite,
j'aimerais au préalable protester contre certaines affirmations qui
auraient été faites ici que les Montréalais sont trop
indisciplinés, ou trop ignorants, ou trop peu connaissants pour
respecter le principe du virage à droite. Je pense que c'est
peut-être par un défaut d'imagination qu'on vous a affirmé
cela ou c'est peut-être parce qu'on a peur un peu de la tâche qui
pourrait être imposée en vue de faire respecter cette loi. Vous
savez que c'est vrai qu'à Montréal, aux heures de pointe, dans
les grandes artères, la circulation piétonnière est
tellement dense qu'automatiquement et forcément on ne respecte pas
toujours le feu rouge. Mais peut-être que si on y mettait un petit peu
plus de surveillance policière de façon que, comme à New
York, par exemple, ou à Toronto, ou à Vancouver, sur les coins
où la densité humaine est très forte aux heures de pointe,
les policiers dirigent la circulation et forcément arrêtent les
piétons lorsque c'est le temps pour les autos de passer.
Nous sommes en faveur du virage à droite. C'est bon ailleurs et
nous ne voyons pas pourquoi ce ne serait pas bon dans la province de
Québec. Si les Américains, les Ontariens, les Français
sont capables de respecter cette méthode de conduire une voiture, il n'y
a rien qui dit, dans notre nature de Québécois, que nous ne
sommes pas capables de le faire.
Donc, en principe, nous sommes en faveur. Cependant, à
Montréal, il y a un problème et nous ne parlons que de
Montréal parce que nous ne connaissons pas les autres
municipalités et nous ne sommes pas mandatés pour parler des
autres municipalités, mais à Montréal il y a un
problème qui vient de ce que les arrêts d'autobus sont
situés sur les coins et je peux vous indiquer ce que cela
représente.
L'été dernier, à peu près à ce
temps-ci, j'étais dans mon taxi sur la rue Dorchester vers 18 heures le
soir, face à l'entrée principale du complexe Desjardins. Je
voulais monter à droite sur la rue Mansfield, donc j'étais du
côté nord de Dorchester... sur la rue Jeanne-Mance, je m'excuse,
donc du côté nord de la rue Dorchester et je voulais monter
à droite. Il y avait, à l'intersection même, un autobus de
la CTCUM qui était suivi d'un autre autobus de la CTCUM. Ce
deuxième était suivi d'un autobus de Métropolitain-Sud qui
prenait des citoyens qui s'en allaient sur la rive-sud et moi
j'étais en arrière et j'attendais parce que je voulais
tourner à droite. Il y a un policier en civil qui est entré et
qui ma collé un billet, comme on dit, de $50 plus $46 de frais de
stationnement en-dehors d'un poste de taxis parce que je ne pouvais pas aller
à gauche pour tourner à droite, parce qu'en allant à
gauche pour tourner à droite en avant des autobus, je commettais une
infraction et en plus de créais un danger pour les citoyens qui
traversaient les rues. Alors, à Montréal, cette question
d'arrêt d'autobus sur les coins rend impraticable le virage à
droite au moins dans le centre de la ville.
Nous proposons, comme solution évidemment, ce n'est pas,
à ce moment-là, du ressort du Code de la route mais nous
proposons comme solution que les arrêts d'autobus soient situés
entre les intersections, au milieu des intersections plutôt qu'à
l'intersection même. N'oubliez pas que l'autobus qui arrête
à l'intersection commet plusieurs infractions au Code de la route.
L'infraction qui défend d'arrêter au coin d'une intersection, qui
défend d'arrêter à moins de cinq mètres d'un signal
d'arrêt et ainsi de suite. Chaque fois que ces autobus le font, ils
commettent toutes ces infractions. Je dois dire que si nous, du taxi, recevons
notre large part de billets d'infraction pour ces causes-là, les autobus
en général n'en reçoivent pas. Cela crée quand
même le problème. Là-dessus, donc, nous
répétons la position que nous prenons là-dessus. Nous
sommes en faveur du virage à droite. Nous ne pouvons pas voir comment ce
virage à droite créerait pour le piéton des embarras plus
considérables que ceux qui existent actuellement. Nous sommes
assurés que les Montréalais et les Québécois en
général respecteraient les règles là-dessus, sauf
qu'au point de vue pratique, il y a un problème à
Montréal. (17 heures)
Maintenant, vous avez dans le Code de la route, la prévision du
droit de passage du piéton. Sur les feux il n'y a pas de
problème. Là où les intersections ne sont pas
protégées par des feux, mais qu'il y a des lignes de traverse, le
piéton peut s'avancer et on dit: en avançant le bras. Nous
proposons: en avançant le bras à l'horizontale, peut-être
à la verticale, comme vous le voulez, M. le ministre, mais dans un sens
ou dans l'autre. Il faudrait l'indiquer dans le code parce que le code ne
l'indique pas. Il s'agit d'avancer le bras. Si vous faites ça comme
ça, je m'excuse M. le ministre, vous levez le bras. Si vous l'avancez
horizontalement, peut-être que c'est ce que ça veut dire, mais
peut-être le dire horizontalement.
M. Lessard: On va mette un "Stop".
M. Sainte-Marie: Peut-être. Là où ça
devient curieux, c'est que dans les intersections où il n'y a pas de
feu, où il n'y a pas de ligne de traverse, le code dit que le
piéton doit laisser le passage à l'auto, ce qui me semble
contraire à la coutume. On dit toujours que le piéton a droit de
passage sur la voiture et là je dis que, dans les endroits où il
n'y a pas de protection à l'intersection, ni de protection de feu, ni de
protection de ligne de traverse, à ce moment-là, ça
devient la chasse aux piétons.
L'automobiliste dit: Moi, j'ai le droit de passage, que je vienne dans
quelque sens que ce soit, le piéton n'a qu'à s'ôter; cela
crée un danger. Il faudrait dire à cet article-là, je
pense, que le piéton aussi doit indiquer son intention de traverser en
levant le bras et à ce moment-là l'automobiliste doit
arrêter.
Nous nous attaquons maintenant au problème qui relève plus
strictement du taxi.
Le Président (M. Bordeleau): M. Sainte-Marie, avant que
vous ne continuiez, je voudrais simplement vous rappeler que ça fait
approximativement 20 minutes que vous tentez de résumer votre
mémoire. C'est le temps qu'on alloue normalement à l'organisme
pour le résumer. Je vous laisserais peut-être quelques minutes
additionnelles pour compléter. Cinq minutes, mais il faudrait que...
M. Sainte-Marie: J'ai fini. J'espère que vous le
lirez.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous fais remarquer que
les membres de la commission l'ont déjà reçu et
probablement déjà lu. Je rappellerais aussi, pour le
bénéfice de tout le monde, que le mandat de la commission est
très précis, c'est un mandat pour recevoir les mémoires
d'organismes et pour poser certaines questions à ces organismes en vue
d'éclairer le ministre dans l'élaboration d'un nouveau projet de
loi. Il n'est pas question d'entrer dans un débat de deuxième
lecture qui se fera plus tard article par article.
M. Sainte-Marie, si vous voulez continuer, mais je vous avoue qu'il
faudrait résumer dans quelques minutes.
M. Sainte-Marie: S'il y a des questions.
Le Président (M. Bordeleau): Vous êtes disponible
pour les questions?
M. Sainte-Marie: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord; M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: J'aimerais quand même qu'il prenne quelques
minutes pour nous parler du covoiturage. C'est quand même un
problème important. J'aimerais que M. Sainte-Marie ou M. Ferland prenne
quand même quelques minutes pour nous parler de ce problème. Je le
pose sous forme de question. J'ai déjà donné un peu
d'explications tout à l'heure, mais je pense qu'il y a un
problème fondamental. C'est peut-être un problème de
définition. Certainement qu'on consultera votre texte mais, pous les
taxis, il y a un problème concernant le covoiturage. Je pense qu'il
faudrait peut-être y toucher et voir quelles sont les objections majeures
que vous y voyez.
M. Sainte-Marie: II y a un problème pour l'industrie du
taxi à Montréal qui est celui du contrôle des chauffeurs.
D'après les chiffres que nous avons, il y a actuellement environ 14 000
ou 15 000 permis de chauffeurs de taxi qui peuvent conduire dans les limites du
territoire de la ligue A-11. Il y a 5000 voitures de taxi. Sur les 5000 ou 5200
voitures de taxi, il y en a à peu près 3000 ou 3100 qui sont
exploitées par les propriétaires eux-mêmes artisans, donc
qui n'ont pas de chauffeurs. Donc, il y a environ 12 000 permis de chauffeurs
de taxi pour 12 000 taxis qui peuvent être conduits. Il y a un surplus
extraordinaire de chauffeurs de taxi et par suite de ce surplus la
qualité des chauffeurs est très mauvaise. Les plaintes que nous
recevons du public sont extrêmement nombreuses. Nous n'avons aucun moyen
de rejoindre et d'identifier les individus contre qui les plaintes sont
portées. Le passager lui-même, à cause de la nature du
permis, qui est tellement petit...
M. Lessard: M. Sainte-Marie, si vous me le permettez, c'est un
problème que nous avons déjà discuté lorsque nous
avons analysé CEGIR. Est-ce que cela a des relations avec le
covoiturage? Lorsque vous avez présenté votre mémoire lors
d'une commission parlementaire antérieure, nous avons touché
à ce problème et il ne faudrait pas revenir, encore une fois, sur
ce problème. Comme je l'ai dit, on va essayer... Là, vous voulez
parler de la possibilité d'utiliser les chiffres du Bureau des
véhicules automobiles. Là, c'est le Code de la route. Qu'est-ce
que vous pensez du covoiturage?
M. Sainte-Marie: M. le ministre, comme je vous le disais tout
à l'heure, nous avons mis beaucoup de travail à la
préparation de nos représentations.
M. Lessard: Oui, mais les autres membres aussi qui vont
témoigner.
M. Sainte-Marie: Nous sommes très satisfaits du texte du
code lui-même. Nous trouvons que c'est une pièce de loi
supérieure qui est certes égale à ce qu'on peut trouver
ailleurs actuellement et qui est probablement supérieure à
presque tout ce que l'on trouve ailleurs. Nous sommes très heureux comme
Québécois que cela ait été fait. Nous souhaitons
qu'elle soit promulguée le plus rapidement possible. Nous souhaitons
également que certaines de ses parties soient explicitées
davantage de façon à éclairer davantage le citoyen sur les
obligations qu'il a en vertu de ce code, et que ses connaissances ne soient pas
basées simplement sur des règlements qui peuvent être
adoptés hors sa connaissance. Mais pour le reste, je pense que je peux
exprimer l'opinion des membres du conseil d'administration qui, eux, parlent au
nom des membres de la ligue: vraiment, M. le ministre, nous devons vous dire
merci pour ce texte.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup d'autant plus qu'en-dedans
de quelques semaines vous avez pris la peine de vous déplacer et de
travailler de façon très sérieuse sur l'avant-projet et
même de travailler en profondeur article par article pour apporter des
corrections. Comme je l'ai indiqué, il y a des choses à corriger.
Je pense que nous avons eu d'excellentes suggestions tant de votre part que de
la part d'autres organismes. C'était le but de lavant-projet.
Comme je vous l'indiquais tout à l'heure, on a déjà
eu l'occasion de discuter d'un certain nombre de dossiers lorsqu'on a
étudié la commission. Personnellement, je tiens à vous
remercier. Je n'ai pas d'autres questions, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, M. le ministre. M.
le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, très
brièvement. Je remercie aussi la ligue pour la qualité de son
mémoire. Lorsque M. Sainte-Marie disait tantôt qu'il trouve que
l'avant-projet est un texte supérieur, je pense qu'il le faisait avec
les réserves que la ligue énonce elle-même dans son
mémoire. Notamment, j'ai été assez impressionné par
l'analyse quantitative et l'analyse qualitative que la ligue a faites du nombre
de règlements et de la nature des complications que ces
règlements pourront apporter. Quand on constate, par exemple, que sur
383 articles de la loi qui touchent réellement à la route
je le tire de la page 7 de votre mémoire 45 de ces articles ne
peuvent valoir que s'il y a un règlement du gouvernement qui en permette
et détermine l'application et quatorze ne peuvent valoir que sur
décision du directeur du Bureau des véhicules automobiles, vous
rejoignez les appréhensions que nous, de l'Opposition officielle,
affirmons depuis le début de cette commission, soit hier, à
savoir que la législation déléguée est
outrancière dans ce texte de l'avant-projet et qu'il faudra absolument
que le gouvernement y amène un peu plus de clarté et, surtout
dans le cas des articles 402 et 408, qu'il nous propose une formulation
complètement différente.
Je note également que, contrairement à ce qu'on nous avait
laissé entendre, la ligue n'est pas nécessairement contre le
virage à droite sur le feu rouge en tant que tel.
Une Voix: Oui.
M. Gratton: Elle est contre le virage à droite sur feu
rouge dans le centre-ville de Montréal à cause du fait que les
autobus arrêtent à l'intersection des rues.
Une Voix: Oui.
M. Gratton: II me semble que si cela était la seule
objection pour la région de Montréal où, après
tout, c'est là qu'on retrouve le plus grand nombre d'accidents de cette
nature, la simple
solution serait tout simplement de faire arrêter les autobus
après l'intersection plutôt qu'avant. Donc, à mon avis, si
c'est la seule raison pour s'opposer au virage à droite sur feu rouge,
ce n'est pas une raison qui justifierait le ministre de ne pas inclure cette
disposition dans son projet de loi.
Finalement c'est loin d'être exhaustif; je vous avoue que
j'aurais eu un très grand nombre de questions, mais on pourra les poser
en temps et lieu je constate que vous êtes tout à fait
opposés aux dispositions de l'avant-projet sur le transport collectif ou
sur le covoiturage...
Une Voix: Evidemment.
M. Gratton: ... et que vous faites une suggestion qui pourrait
remplacer cela, soit une disposition du Code de la route qui permette aux
chauffeurs de taxi de demander ou de conclure des ententes a...
M. Sainte-Marie: Tant par tête.
M. Gratton: Oui. Je vous avoue que de prime abord, après
une analyse très préliminaire, cela me sourit beaucoup plus que
ce qui est proposé. Là-dessus, encore une fois, je m'excuse de
l'espèce de bousculade à laquelle on vous soumet. Ce n'est
volontaire ni de la part du gouvernement, ni de qui que ce soit. Je pense que
les éclairages que vous nous apportez sont très valables et ne
sauraient être laissés tout simplement sur les tablettes par le
gouvernement ou par l'Opposition officielle.
M. Sainte-Marie: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie, messieurs
de la Ligue nouvelle des propriétaires de taxis de Montréal.
J'appelle maintenant la Ligue de taxi Québec Inc., agglomération
A-36.
Ligue de taxi Québec Inc., agglomération
A-36
M. Morin (Patrick): M. le Président, M. le ministre,
j'aimerais d'abord vous présenter le secrétaire de la Ligue de
taxi Québec Inc., agglomération A-36.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que vous pouvez parler
un peu plus fort et plus près du micro?
M. Morin (Patrick): M. le Président, M. le ministre,
j'aimerais d'abord vous présenter le secrétaire de la Ligue de
taxi Québec Inc., agglomération A-36, M. Claude Provost, et
m'identifier comme étant Patrick Morin, président de la Ligue de
taxi Québec Inc., agglomération A-36.
Nous nous devons d'abord de vous remercier de cette initiative de
refondre le Code de la route qui en avait grandement besoin pour s'ajuster
à la façon de vivre et aux nécessités qu'impose
notre siècle.
Ce dont nous pouvons être le plus fiers dans cet avant-projet de
loi, c'est sans aucun doute le droit de tourner à droite à un feu
rouge avec la prudence naturelle que ce droit nécessite. Le fait de
circuler plus rapidement dans la voie de droite, conformément aux
dispositions du deuxième paragraphe de l'article 238, ne peut être
considéré comme un dépassement et place le conducteur
québécois à la fine pointe de l'actualité. Je pense
qu'il était temps que cela se fasse. Cela fait déjà assez
longtemps qu'on est derrière les autres à ce sujet que cela
s'explique tout seul.
En tant qu'artisans du taxi, pour qui le Code de la route constitue,
à toutes fins utiles, une bonne part des conditions de travail, nous
croyons que ces deux dispositions nouvelles amélioreront davantage le
service à la population et nous aideront dans notre travail en
accélérant le débit de la circulation.
Quelques points, cependant, ne nous satisfont pas pleinement et
permettez-nous de les souligner. D'abord, au paragraphe 31 de l'article 1, ce
nouveau concept de véhicule de promenade collectif, appelé aussi
covoiturage, nous cause quelques problèmes.
Bien que le Code de la route stipule "pour se rendre à leur lieu
d'occupation et en revenir", nous voyons mal la police du ministère ou
la police municipale vérifier les cas de covoiturage pour s'assurer
qu'effectivement les individus ne font pas carrément du taxi. Il n'y
aura donc, à toutes fins utiles, aucun contrôle sur ce genre de
transport de personnes. De plus, on parle de participation aux frais, ce qui,
bien que logique, implique quand même la notion de per capita qu'on a
jusqu'ici refusée aux taxis.
Si les frais sont plus élevés dans un véhicule, ils
le sont aussi dans un autre. Bien que ce ne soit pas le temps d'en parler ici,
il nous semble que le ministère devrait comprendre qu'il en coûte
plus cher de transporter quatre personnes que d'en transporter une. Par
conséquent, s'il est logique pour un particulier de demander quatre
participations aux frais, il serait très souhaitable de garder la
même logique pour les tarifs du taxi.
En un mot, et pour être bien clair sur la question du covoiturage,
il n'y a rien là. Cela n'est pas compliqué. Cela ne nous nuit pas
du tout, sauf que les ouvriers de la dernière heure vont avoir plus de
privilèges que ceux qui oeuvrent dans le transport depuis X
années, c'est-à-dire qu'ils n'auront pas les excédents
d'assurance. Ils n'auront pas cela. (17 h 15)
On n'est pas jaloux de cela, il n'y a rien là! D'un autre
côté, il faut que cela soit pris en considération dans les
tarifs du taxi et que cela soit fait le plus tôt possible afin que le
tarif du taximètre, pour une course, comprenne un excédent
forfaitaire de $0.50 par personne additionnelle parce que cela coûte plus
cher pour tout. Cela coûte plus cher pour les freins, cela coûte
plus cher d'essence; il y a plus de frais. Le covoiturage, on n'a rien contre
cela, mais on voudrait avoir le même privilège que le gars qui va
transporter des personnes au travail. S'il en transporte deux, il va demander
$5 chacun, s'il en transporte quatre, il va demander encore $5 chacun. C'est
dans ce sens.
Deuxièmement, la section VIII du chapitre VIII concernant la
ceinture de sécurité. Cela ne nous plaît pas du tout. Nous
demandons que l'article 217, qui exempte les véhicules de police de la
ceinture de sécurité, soit amendé pour en exempter aussi
les véhicules taxis. La principale raison de notre réticence
à porter cette ceinture vient du fait qu'elle constitue une arme pour un
éventuel agresseur étouffant et immobilisant le chauffeur en
moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. Les raisons secondaires
sont d'ordre pratique, c'est-à-dire que nous avons assez souvent
à transporter des personnes, mâles ou femelles, en état
d'ébrié-té assez avancé, et l'installation ou la
désintalla-tion de cette fameuse ceinture apporterait certainement des
problèmes dans le premier cas et possiblement des abus dans l'autre.
En outre, les personnes blessées dans nos véhicules taxis
sont extrêmement rares. Nous avons demandé à M. De Coster,
de la Régie de l'assurance automobile du Québec, des statistiques
à cet effet. Malheureusement, au moment où nous écrivons
ces lignes, ces statistiques ne sont pas disponibles. Selon la petite
enquête maison que nous avons faite, nous sommes en mesure d'affirmer
que, dans 99% des cas, le port de la ceinture n'aurait rien changé. La
majorité des accidents qui se produisent dans les taxis sont des
accidents latéraux où la ceinture n'a absolument aucun effet.
L'autre forme d'accidents la plus courante est le cas de taxis qui frappent des
piétons. Que le chauffeur ait sa ceinture ou qu'il ne l'ait pas, cela ne
change rien à l'état du piéton quand il est fini.
M. Lessard: C'est le piéton qui devrait avoir sa
ceinture!
M. Morin (Patrick): II faudrait attacher les piétons sur
le trottoir. Je pense que cela s'explique facilement. Jusqu'à
maintenant, on tolérait que dans les taxis on ne porte pas la ceinture
de sécurité dans le cas des passagers ou du conducteur, mais une
tolérance, cela peut finir n'importe quand. Nous voudrions que cela soit
inclus dans la loi afin que les taxis en soient exemptés.
Troisièmement, nous demandons que le premier alinéa de
l'article 363 soit amendé pour se lire: "A l'exception des autobus de
type interurbain et des taxis." En effet, les clients qui prennent des taxis
pour faire de la grand-route le font parce qu'ils sont pressés et qu'ils
n'ont pas d'autre choix puisque nos prix ne sont aucunement compétitifs.
Souvent, ce sont des cas de gens que nous transportons à des
hôpitaux et la rapidité est importante. L'histoire de pouvoir
rouler à 110 kilomètres sur la grand-route, je ne vois pas
pourquoi on n'aurait pas ce droit, nous aussi, pour les raisons que je vous ai
mentionnées. D'abord, parce qu'on n'est pas compétitif avec les
autobus, ce n'est sûrement pas à cause de cela. Ceux qui se
promènent sur les grand-routes, ce sont nos taxis-régions, les
taxis de campagne. Généralement, le gars ne sortira pas de
Saint-Georges-de-Beauce pour venir à Québec seulement pour rire,
c'est parce qu'il y a une urgence et qu'il doit être là en un
temps déterminé, parce qu'il doit entrer à l'hôpital
et pour des choses comme cela. Ce ne sont pas des caprices.
Voilà, M. le ministre, l'essentiel de nos propos concernant cet
avant-projet de loi. Il y a deux autres petites choses que j'aimerais ajouter.
Premièrement, connaissant bien le gouvernement, pour plusieurs raisons,
je suis sûr qu'il va y avoir une campagne de publicité assez
fantastique pour encourager le covoiturage. Or, j'espère que le
gouvernement ne commettra pas la même erreur que le gouvernement du
Canada a faite en faisant de la publicité sur le covoiturage sans faire
penser que le covoiturage cela peut se faire aussi par taxi. Cela ne
coûtera pas un cent de plus au gouvernement puisque, de toute
façon, il va quand même faire cette campagne de publicité
et on aimerait que soit ajouté le mot "taxi". Partez avec vos amis,
partez plusieurs en taxi ou en autobus! Il faut qu'on soit là parce que
du point de vue de la publicité, notre industrie a toujours
été assez peu soignée de ce côté.
La deuxième chose que j'aimerais ajouter à ce petit
mémoire est à propos de l'article 45 où on dit que le
directeur général demeure le propriétaire. On n'a rien
contre cela. D'un autre côté, on dit qu'il peut en reprendre la
possession. La reprise de possession, c'est toute une affaire! J'en parle parce
qu'on est en train de vivre la situation à Québec. Il y a eu une
erreur au Bureau des véhicules automobiles tout le monde peut se
tromper et il y a un taxi régional qui a eu une plaque T-36. Les
gens du ministère, qui sont très forts pour nous enlever nos
plaques au bureau de l'inspection des automobiles, n'ont pas le droit d'aller
chercher la plaque de ce gars-là, cela prend la Sûreté du
Québec.
Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas quand il s'agit d'enlever les
plaques. Quand on passe à l'inspection mécanique, je me demande
jusqu'à quel point on a le droit de nous enlever notre plaque, s'il y a
un "bail-joint" qui est "loose".
M. Lessard: Si?
M. Morin (Patrick): S'il y a un joint de rotule, pardon, qui est
défectueux!
M. Lessard: Vous avez un avis de 48 heures.
M. Morin (Patrick): Non, monsieur, hélas!
Hélas!
M. Lessard: D'accord, il ne faut pas que je me trompe. C'est
possible qu'il y ait des modifications dans ce sens et que vous ayez un avis de
48 heures plutôt qu'une amende immédiate de $50. C'est un autre
problème.
M. Morin (Patrick): Le problème n'est pas là, M. le
ministre.
M. Lessard: En ce qui concerne le problème
spécifique dont vous parliez tout à l'heure, peut-
être faudrait-il voir M. Laflamme après la réunion
pour s'ajuster et revoir le dossier.
M. Morin (Patrick): Pour revenir à ce que je disais, ce
n'est pas une question d'amende. Si je me présente au bureau de
l'inspection mécanique et que j'ai un joint de rotule qui est
défectueux; on ne me donne pas 48 heures, on ne me donne pas d'amende,
on m'enlève immédiatement mes plaques et on me donne un transit
pour aller le faire réparer. Qui plus est, quand c'est
réparé, même si c'est la même journée, je ne
peux pas retourner au bureau d'inspection mécanique chercher mes
plaques, il faut que je me représente au 880, chemin Sainte-Foy, pour
aller chercher de nouvelles plaques.
M. Lessard: C'est dans ce sens-là que je dis
qu'actuellement vous avez raison. On regarde le règlement no 6 et on est
assez avancé. Il y a des infractions qui me paraissaient un peu
exagérées, en particulier, l'amende immédiate de $50 que
vous aviez pour le nettoyage de vos véhicules. Je pense que
c'était un règlement assez raide. On est en train de le regarder
et on va s'ajuster.
M. Morin (Patrick): Oui, parce qu'actuellement c'est abusif,
c'est fait de façon abusive. En tout cas! Si c'est pour changer, je vais
dire comme les Juifs: Dieu soit loué, meublé ou non!
M. Lessard: De mémoire, je ne dis pas que cela va
satisfaire chacun. S'il y a un défaut mécanique ou autre et si le
véhicule n'est pas en condition de circuler, c'est différent,
mais pour des cas mineurs, je pense bien que vous avez le droit comme les
autres aux 48 heures.
M. Morin (Patrick): Je vous remercie à l'avance. Nous
espérons que ces amendements seront agréables et qu'ils seront
acceptés. Comme je l'ai dit, ce ne sont pas des caprices de notre part,
cela colle à la réalité. On croit que les amendements
proposés vont améliorer de façon considérable nos
conditions de travail.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Morin. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup, M. Morin. D'abord, deux
commentaires. Sur le port de la ceinture de sécurité, je voudrais
vous rappeler l'article 208. Je comprends que l'article 217 soit précis,
puisqu'il s'applique aux membres d'un corps public de police. On dit: "pouvant
être utilisé pour le transport de personnes en état
d'arrestation", on le précise, mais je voudrais vous rappeler l'article
208. Il est bien précisé que "nul ne peut conduire sur un chemin
public un véhicule de promenade dont la ceinture de
sécurité prévue pour le conducteur, selon la Loi sur la
sécurité des véhicules automobiles, a été
enlevée...", et l'article 210 dit: "Une personne qui conduit sur un
chemin public un véhicule de promenade équipé d'une
ceinture de sécurité doit porter et boucler correctement cette
ceinture".
C'est précisé dans la loi aussi à l'article 1. Pour
les taxis, c'est précisé. Vous n'êtes pas
tolérés, vous êtes exemptés actuellement un peu pour
les raisons dont parlait le député de Charlevoix. Paragraphe 39,
"véhicule-taxi: un véhicule automobile servant au transport de
personnes, contre rémunération, qui nécessite un permis de
la Commission des transports, et dont le nombre de passagers est
déterminé par règlement du gouvernement adopté en
vertu de la Loi des transports". Donc, vous n'êtes pas
considéré comme véhicule de promenade, excepté que
si vous utilisez votre véhicule quand vous ne voulez pas faire de taxi
entre telle heure et telle heure, que vous êtes avec votre famille ou que
vous allez faire votre marché, à ce moment, vous êtes dans
l'obligation de porter votre ceinture de sécurité. Si, par
exemple, vous êtes au travail comme tel, et que vous conduisez votre
véhicule-taxi, il ne s'agit pas d'une tolérance, vous avez le
droit d'être exempté du port de la ceinture de
sécurité. Cependant, je vous indique que même les
policiers, l'Association des policiers provinciaux du Québec et les
chefs policiers et pompiers nous ont recommandé d'imposer la ceinture de
sécurité. Comme vous l'indiquez, vous avez des situations assez
spéciales, il faut en tenir compte. De ce côté, je ne vois
pas de modifications importantes qui pourraient s'ensuivre.
M. Morin (Patrick): Je vous remercie de la précision, M.
le ministre, parce que je n'avais pas pris cela comme cela. De toute
façon, il y a eu une petite bataille à un moment donné,
à savoir si c'était le dôme qui faisait un taxi ou si
c'était la plaque, parce que si on fait du protocole pour le
gouvernement, comme c'est arrivé dernièrement, transporter des
gens dans le comté de Charlevoix et tout cela, les gens mêmes du
protocole qui nous engagent exigent qu'on enlève le dôme, mais
à ce moment, on est au travail quand même. Je vous laisse le
choix.
M. Lessard: L'article 206 est encore clair. Aux fins de la
présente section, les mots "véhicule de promenade" signifient un
véhicule automobile servant principalement au transport d'au plus dix
personnes à la fois, à des fins personnelles et sans
considération pécuniaire, et incluent un véhicule de
promenade collectif ainsi qu'un taxi ou un véhicule de promenade
loué lorsqu'ils sont utilisés aux mêmes fins qu'un
véhicule de promenade.
Considérant le covoiturage, je suis content que vous ne
dramatisiez pas la situation. Cependant, il faut bien qu'on se comprenne, parce
que vous demandez un peu la même chose, à savoir: si, entre
l'aéroport de Québec et le château Frontenac, cela
coûte $11, s'ils sont quatre personnes, cela derait être $13.50 par
personne. Dans le covoiturage, c'est un prix de compensation comme tel. En
fait, c'est une estimation, parce que ce ne sont pas les mêmes tarifs que
ceux du taxi. Je ne présume pas qu'à un moment donné, le
covoiturage va être du même tarif que celui du taxi, sans cela les
gars vont dire: Un instant, cela coûte trop cher. D'autant plus que bien
souvent,
dans le coût de voiturage, ce que je vois en pratique, ce sont des
gens qui s'organisent pour voyager ensemble et même souvent ne demandent
pas de montant, mais changent de véhicule de semaine en semaine. Si, par
exemple, le prix de l'essence est de $10 pour aller d'un endroit à tel
autre, s'ils sont quatre, ils divisent par quatre, $2.50 par personne, un peu
comme si on est quatre dans le taxi entre l'aéroport et le château
Frontenac; si cela coûte $10, je peux verser $10, mais réclamer
aux autres $2.50 chacun.
M. Morin (Patrick): La question est de principe, justement.
M. Lessard: Parce que dans...
M. Morin (Patrick): Les autobus facturent per capita, n'importe
quoi dans le transport. Même dans le transport de la marchandise, cela ne
coûte pas le même prix, envoyer 10 000 livres de marchandise et en
envoyer 100 000 livres.
M. Lessard: On l'a fait pour les colis. Il n'y a pas de
réponse négative. Dans le cadre des règlements qu'on est
en train de faire, on considérera cela. Je vous remercie beaucoup de
votre mémoire.
M. Morin (Patrick): D'accord.
M.Lessard:Je pense qu'à ma connaissance...Je vous remercie
beaucoup, M. Morin, ainsi que ceux... (17 h 30)
Le Président (M. Bordeleau): Un instant! Si vous voulez
attendre quelques minutes, peut-être que M. le député de
Gatineau aurait quelques questions.
M. Gratton: Oui, très brièvement, en fait. D'abord,
je me réjouis, comme nos invités, j'imagine, de cette
semi-ouverture que vient de faire le ministre; il n'oppose pas une fin de
non-recevoir à la possibilité de permettre aux taxis de faire du
transport avec une charge per capita. On a vu que la ligue A-11 de
Montréal le réclamait tantôt, comme vous d'ailleurs, et je
pense qu'en définitive, au premier abord, ça pourrait constituer
une solution de rechange au covoiturage ou au transport collectif, telle que
préconisée dans le projet de loi.
Lorsque vous affirmez que vous êtes d'accord avec les dispositions
de l'article 238, qui permet le dépassement à droite, dois-je
comprendre qu'à titre de propriétaires de taxis qui voyagez
surtout dans le secteur urbain, que c'est surtout de dépassements en
secteur urbain dont vous parlez, ou est-ce que vous êtes également
d'accord pour ce genre de dépassement sur les autoroutes, par
exemple?
M. Morin (Patrick): Non, je parlais surtout du milieu urbain,
parce qu'il y a des villes, et il y a des cités qui sont quand
même toutes petites, par exemple, Québec. Dans mon esprit de
chauffeur de taxi, une petite ville, c'est une ville où on permet les
virages à gauche sur des grandes artères. Quand on voit quelqu'un
qui vire à gauche sur une grande artère, ça, c'est une
petite ville, c'est sûr, parce que, normalement, il n'y a pas de virage
à gauche. A Québec, ça se produit souvent sur le boulevard
Saint-Cyrille, par exemple. Celui qui dépasse à droite, avant
ça, il n'avait pas le droit; si un personne qui avait
décidé de virer à gauche changeait d'idée et
décidait de virer à droite, quand on la frappait, on était
en tort. Cela, je pense que ça replace les choses dans leur bonne
perspective et, en même temps, s'il y a... Prenons encore l'exemple du
boulevard Saint-Cyrille où il y a quatre voies, deux de chaque
côté, si on a la chance de circuler plus vite dans la voie de
droite et de dépasser deux ou trois véhicules, je ne vois pas ce
qu'il y aurait de mal à ça, mais, dans la province de
Québec, ce n'était pas permis depuis X années. Je trouve
donc que c'est une bonne raison qu'on ait le droit de faire ça. Sur les
autoroutes, ce serait une pratique dangereuse, je pense.
M. Gratton: C'est ce que je voulais clarifier, parce que je pense
exactement la même chose que vous là-dessus. Mais la lecture de
votre mémoire pouvait peut-être nous laisser nous méprendre
et conclure que vous proposiez que ça devrait se faire sur les
autoroutes aussi, ce que vous ne dites pas. Il reste à savoir si la
formulation de l'article 238, elle, ne limite pas la chose à la
circulation sur les rues urbaines, mais, sauf erreur, permet ce genre de
dépassement dans l'ensemble du réseau routier.
M. Lessard: Ce sera précisé.
M. Gratton: Pardon? Le ministre me dit que ce sera
précisé. Alors, tout le monde est d'accord, tout le monde est
heureux dans le meilleur des mondes.
Je note, M. le Président, que la Ligue de taxi du Québec
Inc. est d'accord pour le virage à droite sur feu rouge et voudrait
même en appuyant la disposition qui permettrait à des
autobus interurbains de circuler à 110 kilomètres à
l'heure que cette disposition s'applique aux taxis qui circulent sur les
autoroutes. Je vous avouerai que, là-dessus, je
préférerais vous voir, et les taxis et les autobus interurbains
respecter la même limite de vitesse que les voitures de promenade
à cause des nombreuses raisons qui ont été
évoquées par d'autres organismes, dont l'Association des
policiers, hier.
Messieurs, je vous remercie infiniment pour votre mémoire et sans
doute que, déjà, vous avez contribué de façon
tangible à faire préciser l'article 238, puisque le ministre
vient d'admettre qu'on le fera dans le texte final. Je vous en
félicite.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Joliette-Montcalm, une courte question?
M. Chevrette: Le député de Papineau vient de
toucher à la question...
M. Gratton: Pardon? Une Voix: De Gatineau.
M. Chevrette: De Gatineau. Je voudrais vous poser une toute
petite question. Quand vous demandez 110 kilomètres-heure, tout comme le
transport interurbain, si on vous plaçait tous sur un pied
d'égalité, quelle serait votre réaction? Est-ce que vous
demandez 110 kilomètres-heure parce qu'on a fait une ouverture pour le
transport interurbain, ou si on avait tout simplement dit: C'est 100 km.,
auriez-vous senti le besoin d'ajouter une vitesse additionnelle pour les
taxis?
M. Morin (Patrick): Je vous répondrai très
franchement que, de toute façon, on s'efforce d'aller le plus rapidement
possible tout en étant prudent. Cela n'aura probablement rien
changé aux faits, qu'on le demande ou qu'on ne le demande pas, mais,
d'un autre côté...
M. Lessard: Autrement dit, on aurait été aussi bien
de vous laisser à 100 kilomètres parce que si on vous monte
à 110, cela va monter à 130.
M. Morin (Patrick): Pas nécessairement, mais il faut
comprendre que si, par exemple, ça fait déjà quatre
heures, cinq ou six heures que je fais du taxi à Québec et que je
prends un voyage pour Montréal, le gars a hâte d'être rendu,
mais moi je ne suis pas revenu.
M. Chevrette: Je reconnais...
M. Morin (Patrick): Cela va faire dix heures de volant que je
fais, alors j'ai hâte de m'en revenir.
M. Chevrette: C'est parce que...
M. Morin (Patrick): On pourrait peut-être permettre aux
taxis d'accélérer un peu tout en étant prudent.
M. Chevrette: L'argumentation que vous développez,
à mes yeux, est aussi valable que pour le transport interurbain. Je
pense que, dans les faits, votre argumentation est aussi solide pour un que
pour l'autre. C'est parce qu'il y a des groupes qui, hier, ont vraiment
démontré que si on laisse aller un autobus assez rapidement sur
la voie de gauche, si je suis, instinctivement, parce que ça va plus
vite, je vais m'enfiler derrière vous, je vais vous suivre. Si, en plus
des autobus, il y a aussi les taxis, on ne corrige rien à la situation
antérieure, alors qu'on veut ralentir la circulation, la tenir à
un standard bien précis. A mes yeux, je ne dis pas que votre
argumentation n'est pas valable, exiger la même chose, je vous dis que ni
l'un ni l'autre ne devrait avoir ce privilège.
M. Morin (Patrick): C'est une question d'opinion.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Morin et M.
Provost.
M. Lessard: Merci. M. Laflamme est à votre
disposition.
Le Président (M. Bordeleau): J'appelle maintenant le
Conseil québécois du taxi.
Conseil québécois du taxi
M. Levasseur (Paul): M. le Président, les collègues
qui sont autour de moi sont des représentants de régions. Nous
parlons généralement au nom de l'ensemble du Québec,
après avoir visité toutes les ligues du Québec. A ma
droite, un représentant de Rivière-du-Loup, M. Gilles Pelletier,
à son côté, le représentant de
Trois-Rivières, M. Guilbert, ici, Mme Brière,
représentante de la région de Montréal, M. Poliquin,
président intérim du Conseil québécois du taxi de
Trois-Rivières, également, son copain, M. Laflamme de Chicoutimi.
Evidemment, il y a des régions qui ne sont pas
représentées, cela se comprend très bien, l'Abitibi, c'est
un peu loin.
Nous allons procéder immédiatement...
M. Chevrette: Vous oubliez un nom...
M. Levasseur: C'est moi, M. Levasseur, pardon. On voulait
tellement résumer les débats qu'on commence tout de suite
à passer...
Une Voix: ...
M. Levasseur: Non, pas du tout, devant vous, c'est toute une
décompression, il n'y a pas de problème.
Nous commençons tout de suite. D'abord, nous voulons vous
remercier, M. le Président et messieurs de l'autorité. Nous
passons tout de suite à la page suivante qui est le commencement du
mémoire que nous vous présentons sur l'avant-projet de refonte du
Code de la route.
Au sujet du permis de chauffeur de taxi, actuellement, un délai
de plusieurs semaines et même de trois mois s'écoule
généralement entre le jour où le candidat dépose sa
demande et l'obtention de son permis. Cela se fait au BVA, cela fait partie du
Code de la route. Cette situation nuit considérablement aux
propriétaires et aux candidats chauffeurs, par exemple, lorsqu'un
propriétaire artisan doit soudainement cesser de conduire sa voiture,
par exemple encore, lorsque le propriétaire de plus d'une voiture manque
de chauffeurs et veut encourager les étudiants pendant leurs vacances,
comme c'est arrivé cet été. Cet été, tout le
monde voulait embaucher des étudiants, il y a des propriétaires
de plusieurs voitures de taxi qui ont voulu engager des étudiants, mais
comme ça prenait trop de temps pour avoir le permis, on n'a pas pu le
faire, alors qu'un permis temporaire... Nous suggérons qu'un permis
temporaire de chauffeur de taxi d'une durée de trois mois soit remis
dans les premiers jours suivant le dépôt au bureau du BVA, des
formules et documents requis, y compris le rapport médical. Ce permis
temporaire pourrait être retiré durant ou à la fin de cette
période ou, au contraire, être
remplacé par le permis permanent. C'est une question de
procédure fonctionnelle, nous cherchons toujours la question du
fonctionnel pour le taxi, pour le public et pour tout le monde.
Nous notons que les quatre derniers paragraphes de cet article se
retrouvent dans le règlement no 4, à l'article 40, ce qui nous
amène à nous demander s'il y aura également refonte du
règlement no 4. Ces quatre paragraphes traitant de l'affectation des
chauffeurs de taxi, nous aimerions en savoir davantage sur le système du
contrôle des affectations, c'est-à-dire quel organisme,
gouvernemental ou autre, s'en verra confier la responsabilité,
étant donné que le BVA n'a pas encore mis en pratique cette
disposition du règlement no 4.
Section I du chapitre VII: Suspension et révocation des permis.
Nous suggérons que le directeur général du BVA profite
plus souvent de son pouvoir, accordé à l'article 130, de
révoquer, pour des périodes d'au moins trois mois,
l'immatriculation des voitures fantômes qui pullulent au Québec et
font du taxi sans permis.
L'amende de $50 imposée aux très rares contrevenants pris
en défaut est vite payée, mais le coupable continue de plus belle
à opérer ouvertement sans permis; on a même des noms de
municipalités, des noms de personnes comme celles-là. Il
suffirait d'une couple d'exemples, dans quelques municipalités du
Québec, pour faire disparaître cette plaie des fantômes. En
certains lieux, cette plaie est tellement importante et contagieuse, que les
détenteurs de permis se demandent pourquoi avoir un permis. Il est
même arrivé, dans certaines régions, dans certaines
municipalités, qu'un détenteur de permis a laissé tomber
son permis, pour ne pas avoir à répondre à toutes les
exigences, surtout financières, et il continuait de plus belle à
faire du taxi aux yeux de ses anciens confrères.
On note, à l'article 133, "que le directeur général
doit". Ce même mot "doit" devrait être écrit à
l'égard du fantôme, qui devrait voir son immatriculation
révoquée pour au moins trois mois, lors d'une première
offense et de six mois pour chaque offense subséquente.
Le silencieux: nous sortons du taxi seulement pour deux secondes
nous suggérons d'ajouter la motocyclette et de fixer le nombre de
décibels que ne doit pas dépasser telle catégorie de
véhicules. Surtout dans les villes, les véhicules à deux
roues sont des vraies pestes de bruit, de la vraie pollution.
Article 274: A l'intérieur des cités et villes, lorsqu'il
n'y a pas de voie réservée exclusivement à la circulation
des autobus. Ces voies de circulation, comme celles de la ville de
Québec et du pont Champlain, devraient également être
ouvertes aux taxis, comme la chose se fait dans plusieurs grandes villes,
exemple, à Paris. Le taxi est justement considéré comme le
prolongement du transport public; le taxi est beaucoup moins encombrant que
l'autobus; le taxi est également beaucoup plus rapide, de sorte qu'il ne
nuira pas à la circulation de l'autobus. L'expression de pro- longement
du service du transport public, messieurs, je l'ai prise dans un rapport
publié il y a une couple d'années, que je n'ai pas sous la
main, malheureusement du Conseil des transports de la région de
Montréal, qui voudrait qu'on considère le taxi un peu comme
prolongement du transport public, de façon à soulager les
transports publics. On parlait, à ce moment, de gros autobus encombrants
qui se promènent pendant des heures avec deux ou trois personnes
à leur bord, alors que peut-être le taxi peut intervenir.
Le public, qui utilise les taxis, est généralement
pressé; s'il est prêt à payer un prix plus
élevé que le transport en commun, ce n'est pas pour voir le taxi
obligé de rester dans une file de voitures et y attendre de nombreuses
minutes. S'il y a des corridors, des couloirs pour aller plus rapidement, les
clients du taxi devraient pouvoir en profiter.
Covoiturage: Je crois que c'est un mot qu'on a entendu assez souvent
depuis une couple de jours. Cet article édicte que le premier
alinéa de l'article 31 de la Loi des transports ne s'applique pas
à un propriétaire-conducteur d'un véhicule de promenade
collectif, lequel propriétaire n'a donc pas à obtenir de permis
pour transporter des personnes avec rémunération, alors que le
propriétaire de taxi paie $50 par année.
Donc, ce propriétaire-conducteur va continuer à payer $85
à la Régie d'assurance automobile pour faire du taxi, alors que
le propriétaire de taxi paie $255 l'an. En toute équité,
ce dernier montant devrait être réduit à $85 pour un
propriétaire de taxi.
Ce propriétaire-conducteur, libre comme le vent, qui va conduire
de nombreuses personnes, n'est soumis à aucune réglementation,
comme celle qui enserre la voiture et le propriétaire de taxi
lui-même. (17 h 45)
Règlements no 4, no 6 et no 16: Les dangers que l'on veut
éviter aux personnes transportées par taxi n'existent donc pas
pour les passagers de ce propriétaire conducteur. Celui-ci pourra donc
rouler sur des pneus usés, le moteur sale, et une voiture rendue au bout
de sa tôle, toutes choses qui peuvent entraîner de lourdes amendes
pour le taxi. Le chauffeur de taxi doit subir un examen médical, mais
pas le propriétaire conducteur. Le propriétaire de taxi devra
laisser sa profession lorsqu'il atteindra 70 ans. Le conducteur collectif de 71
ans et plus sera-t-il donc moins dangereux que le chauffeur de taxi? Le
propriétaire de taxi doit faire la preuve qu'il est assuré contre
toute responsabilité civile pour au moins $100 000. Le conducteur
collectif devra-t-il faire la même chose? Comment la police, s'il en est,
pourra-t-elle s'assurer que les personnes transportées moyennant
rémunération du ou vers le milieu du travail sont des
collègues de travail du conducteur?
A ce sujet, permettez-moi simplement de laisser la parole à notre
confrère de Chicoutimi. M. Laflamme, s'il vous plaît, vous avez un
exemple assez pratique à apporter, je crois, là-dessus.
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, s'il vous
plaît! M. Laflamme, voulez-vous parler dans le micro?
M. Laflamme (J.-A.): Disons que j'ai fait une recherche assez
succincte concernant le covoi-turage dans certains établissements de
Chicoutimi, notamment, l'hôpital de Chicoutimi. Je peux vous donner un
exemple assez flagrant ici d'une personne, d'une épouse qui transporte
son mari à l'hôpital et qui transporte aussi ses compagnons de
travail. Elle fait huit voyages par jour à $3.75 le voyage; cela veut
dire cinq passagers à $0.75. Là-dessus, il y a deux personnes qui
prenaient le taxi soir et matin et qui maintenant ne le prennent plus. Dans des
établissements commerciaux, les syndicats ont décidé
d'organiser eux-mêmes le covoiturage. C'est dû à la
grève des transports en commun à Chicoutimi qui existe depuis le
mois de février. Je pense bien que tout cela va continuer. C'est
tellement bien structuré, tellement bien organisé que cela
devrait continuer, si le covoiturage est permis, certainement. Il y a eu une
courbe ascendante pour le taxi au début de la grève, pendant un
mois environ. Cela a été très bien. Mais, depuis le mois
de mars environ, la courbe a été descendante et elle est revenue
à un niveau presque normal. Il y a à peu près 10% à
15% de plus d'achalandage dans le taxi.
Evidemment, c'est dû au covoiturage. Si c'est permis, cela va
continuer certainement. C'est bien organisé. Donc, ce sont des exemples
que j'avais à apporter. On pourrait en apporter d'autres aussi. Je
laisse la parole à M. DesAutels.
M. DesAutels: Je continue. Le conducteur collectif pourra
établir le prix qu'il voudra sans être soumis à aucun
contrôle, alors que le taxi devra évidemment rouler au
taximètre. Le taxi peut faire du transport à contrat
régulier avec tous les travailleurs qui veulent se partager le prix de
la course. Cela peut se faire aussi. Le taxi va faire du covoiturage. Ces
conducteurs collectifs, comme ceux d'une limousine, pourront exiger un prix per
capita, par groupes, par contrat avec l'entreprise ou selon les distances,
à leur goût, sans permis. Nous comprenons que le covoiturage
constitue une mesure générale pour ménager
l'énergie à laquelle tous les citoyens se doivent de contribuer.
Il demeure que les taxis seront les premiers touchés par une certaine
perte de clientèle, d'où les suggestions suivantes:
Que les covoituriers s'enregistrent aux ligues de taxi de leurs
territoires et y paient une cotisation annuelle équivalente à
celle que le propriétaire de taxi doit payer à compter du 1er
janvier 1980. Que la prime d'assurance des personnes de $255 soit
réduite au niveau de celle de covoiturier. Puisqu'on doit subir le mal,
alors peut-être que le taxi pourra lui-même profiter d'une
situation de ce genre. Qu'une campagne soit entreprise dans tout le
Québec pour faire cesser cette plaie du fantôme qui
déjà gruge la clientèle du taxi. On sent peut-être
moins cette plaie dans les grandes villes comme Québec et
Montréal, mais je vous invite à faire le tour du Québec,
vous allez voir que des fantômes dans certaines municipalités il y
en a plus que les gens qui ont des permis. A tel point je peux nommer la
ville, il n'y a rien de confidentiel dans tout cela qu'il n'y a qu'une
seule personne à avoir un permis dans la ville de Bedford. Cet homme a
69 ans, il va avoir 70 ans au mois de juin 1979. Il nous a appelés parce
qu'il était le seul à avoir un permis dans la ville et qu'il veut
le vendre parce qu'il va atteindre 70 ans. Le règlement l'oblige
à laisser. Je ne suis pas capable de vendre mon permis, dit-il, tout le
monde fait du taxi ici et personne ne veut l'acheter.
C'est la situation qui existe à bien des places dans les
différentes régions du Québec. Nous suggérons donc
qu'une campagne soit entreprise dans tout le Québec pour faire cesser
cette plaie du fantôme qui déjà gruge la clientèle
du taxi. Que le taxi ait le droit de circuler dans les voies rapides
actuellement réservées aux autobus.
Impact sur l'industrie du taxi: "Les frais encourus par le
propriétaire sont énormes; plusieurs sont fixes et
incontrôlables." C'est marqué dans l'industrie du taxi, CGGL, 1977
page 76. CGGL avait constaté que les frais encourus par le
propriétaire de taxi sont énormes. Les fantômes sans permis
grugent déjà les revenus du taxi. Le revenu net du taxi
augmenterait de 10% à 50%, selon les régions s'il n'y avait pas
de fantôme. Cela implique toute l'histoire de la nécessité
du permis.
Selon les régions, le covoiturage va encore contribuer à
une autre diminution de quelque 10% à 30% du revenu du taxi et à
favoriser encore l'apparition d'autres fantômes. On vient de vous en
donner un exemple flagrant à Chicoutimi, où la personne fait une
trentaine de dollars par jour et dont deux anciens clients du taxi qui l'ont
laissé.
CGGL, page 71, établit le revenu net du taxi entre $9000 et $10
000 à Montréal et aux environs de $8000 ailleurs au
Québec. Nous suggérons donc que la réglementation et une
certaine publicité favorisent le covoiturage par taxi. Nous somme pour
le covoiturage, mais autant que possible par taxi. Pourquoi pas? Ce sont des
professionnels du transport, des personnes qui paient pour. Alors, on pourrait
très bien faire de la publicité, en ayant des slogans comme:
Laissez votre voiture chez vous; voyagez par taxi en groupe. Covoitu-rez.
Messieurs, je vous remercie.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: Concernant le règlement no 4, il est certain
étant donné qu'on l'a fait sur la refonte de l'ensemble
des règlements qu'il va y avoir des modifications au
règlement no 4. Il y a des règlements qui sont
insérés à l'intérieur du Code de la route qui ne
seront plus là. Alors, c'est évident.
En ce qui concerne les fantômes, je me suis informé
tantôt quelle était l'amende. C'est certain que les fantômes
ne sont pas des gens qui ont des licences de taxi. Ce sont des gens qui font du
taxi illégalement, sans permis. L'amende est de $50. Je
pense qu'il va falloir considérer une amende plus
sérieuse. Cependant, si l'amende est sérieuse, il est difficile
pour le directeur du Bureau des véhicules automobiles d'enlever le
permis comme tel ou la plaque, qui est une plaque privée, qui n'est pas
une plaque de taxi. Alors, on va essayer de ce côté, il se
fait du taxi fantôme de voir quelles seraient les mesures à
prendre, on le prend en considération.
Quand vous dites qu'il y a des endroits où les gens ne veulent
pas prendre leur licence de taxi, je peux citer des endroits où
on a des normes actuellement en vertu du règlement no 6 il n'y a
qu'un taxi, un endroit par exemple, de 1200 habitants. Soit que cet individu
s'aperçoive qu'il n'est pas capable de vivre avec sa licence de taxi
comme telle et qu'il fasse du taxi de façon temporaire. Dans ces
circonstances, ce qui arrive, il laisse sa licence, mais comme il n'y a pas de
transport en commun et qu'il n'y a personne pour transporter, il fait du taxi
illégalement. Mais il n'y a aucun taxi qui pourrait vivre de
façon permanente dans un endroit comme celui-là. Alors, il y a
des problèmes comme celui-là qui existent. Il y a l'autre
problème aussi où il n'y a qu'un taxi, mais comme le taux dans
certaines régions, par exemple, est 1500 habitants par taxi
à Montréal c'est 800 si c'est une population de 2000 ou
2500, est-ce qu'à ce moment, il ne peut pas y avoir émission d'un
deuxième permis? Là, la personne qui fait du taxi, bien souvent,
ne peut pas fournir à la clientèle.
Il y a des problèmes qui se posent, à un moment
donné, dans des régions comme des petites régions
périphériques où il est certain que la personne aime mieux
faire du taxi fantôme que de payer une cotisation, puisqu'elle sait
très bien que le taxi qu'elle fait, c'est un surplus bien souvent. Ce
n'est pas sa fonction principale puisqu'elle ne serait pas capable de vivre que
de cela.
Il y a des problèmes comme cela, d'autant plus que vous
êtes dans les régions qui ne correspondent pas exactement aux
mêmes problèmes qu'on vit à Montréal ou
ailleurs.
En ce qui concerne l'article 196, M. DesAutels, vous n'avez pas besoin
de me convaincre. Tout le monde commence à avoir son voyage des
motocyclettes avec des silencieux modifiés qui viennent nous siffler
dans les oreilles à 2 heures du matin et on dirait qu'ils le font
exprès.
Concernant les voies de circulation, je vous avoue qu'on est très
en retard dans le transport en commun ou dans les efforts en vue de favoriser
le transport en commun. On sait par exemple que, dans des pays
européens, les voies réservées sont multiples et à
contresens. Il faut faire attention ici. On l'a fait, par exemple, pour le pont
Champlain et je pense que cela va très bien. On n'est pas encore
habitué. Comme cela peut être le cas à Paris, par exemple,
il faut avoir des indications assez importantes pour habituer les gens à
ce que cela se fasse. Je ne comprends pas encore qu'avec le système
à Paris, il n'y a pas plus d'accidents. C'est simplement une ligne. Mais
il reste une chose, je le disais hier à la ville de Montréal, il
y a toujours une autonomie municipale. Je considère que les voies
réservées pour les autobus sont essentielles pour le transport en
commun. Cela pourrait être utilisé pour les taxis
également.
En ce qui a trait aux règlements municipaux, il faut que les
municipalités et les villes... quant à moi, on va essayer de
favoriser une telle chose dans notre politique des transports en commun. Mais
je vous avoue qu'on est très en retard de ce côté
actuellement. Quant à moi, votre objectif me paraît très
valable et c'est un de mes objectifs.
En ce qui concerne le covoiturage, on peut prendre le cas de Chicoutimi.
C'est un cas assez spécial, puisqu'il y a une grève de transport
en commun comme le cas ici de Québec. On ne se gêne pas. Je vois
des demandes comme "Désirerais voyager vers Montmorency" et ce n'est pas
seulement depuis qu'il y a la grève. Cela se faisait avant. On demande
tout simplement si quelqu'un voyage dans cette direction-là, qu'il
puisse voyager avec lui. Le covoiturage n'est pas nouveau. Mais le covoiturage
n'est pas pour faire du taxi et ce n'est pas au même prix que le taxi.
C'est en vue de permettre à des gens qui, de toute façon,
à moins d'avoir des fonctionnaires dont les taxis sont payés par
le gouvernement... mais les gens qui se rendent à leur travail, à
ma connaissance, à moins d'urgence, ne prennent pas le taxi. Ils
s'organisent, soit pour prendre leur véhicule ou le transport en commun.
Mais si quelqu'un prend le taxi à tous les jours pour se rendre à
son travail s'il est assez loin, il va manger sa paie assez vite. Donc, ils
s'organisent pour se rendre à leur lieu de travail en se regroupant.
Je reconnais qu'il y a peut-être des choses concernant des
recommandations, mais cela va être encore bien pire pour votre industrie,
si le covoiturage devient du taxi. Ce n'est pas l'objectif que nous poursuivons
du tout. C'est de permettre à du monde qui voyage individuellement
actuellement, chacun avec son auto... Tantôt, j'avais une suggestion de
la Ligue des taxis de Montréal, la nouvelle ligue no 11. On pourrait
peut-être favoriser aussi dans le sens de la proposition qu'on nous a
soumise. Mais le jour où on va faire du covoiturage, un nouveau
système de taxi, ce ne sera plus, à mon sens, du covoiturage et,
là, cela va aller directement en concurrence avec le taxi. Ce serait
dangereux pour l'industrie du taxi. Là, je m'inquièterais
énormément, parce que c'est certain que, si on demande $255 pour
la régie et si on demande tout ce que vous demandez, bien, le gars va
continuer de faire du covoiturage à un moment donné et il va
continuer de le faire illégalement et il ne paiera jamais les $255.
Je donnais l'exemple de l'Ontario, cela fait un an. D'après tous
les rapports qu'on a, il n'y a pas eu de conséquences énormes sur
l'industrie du taxi.
Concernant la publicité, il va falloir, quant à nous, dans
le sens que vous l'indiquiez, favoriser les centre-ville et là où
la densité de la population est forte, essayer d'inciter, en tout cas,
de prendre des mesures incitatives pour que les villes de Québec, de
Montréal et les grandes villes, comme
on le fait ailleurs, reconnaissent la priorité au transport en
commun, y compris le taxi, pas le covoiturage. (18 heures)
En ce qui concerne votre publicité, vous vous êtes
regroupés en ligues. Il y a un certain nombre de ligues. Vous avez le
Conseil québécois du taxi. Il n'appartient pas au gouvernement,
par exemple, de faire de la publicité pour l'Association du camionnage
du Québec. On va faire une publicité globale pour le transport en
commun, mais il me semble que, de votre part, cela pourrait certainement
s'organiser, un genre de publicité comme celle-là, à
savoir comme vous le dites à la fin: Laissez votre voiture chez vous;
voyagez par taxi. Ce sont des efforts; chaque industrie doit faire des efforts
pour convaincre les gens d'utiliser les services. Il faut que ce soit
concurrentiel.
C'est certain que quand je pars de l'aéroport de Québec et
que je m'en viens ici au centre-ville et que cela coûte $12, je comprends
que cela vous coûte cher et que vous avez des frais, etc. A ce
moment-là, il y en a plusieurs qui aiment mieux attendre la limousine,
même si elle vient une demi-heure ou trois quarts d'heure
après.
M. DesAutels: M. le ministre, je veux simplement dire un mot. En
ce qui concerne les taxis, presque à chaque fois qu'il y a une
amélioration dans le transport, que ce soit présent par les
lignes de métro, évidemment ils s'en ressentent. Si par exemple,
la Commission des transports accorde des permis aéroportuaires, comme
elle en accorde trop souvent, cela pose plusieurs problèmes à la
ligue à ce moment et le taxi en perd encore, d'autant plus que les
limousines en question, la plupart du temps, ne suivent pas du tout les
règlements qu'elles devraient suivre. Ils se foutrent du trajet
royalement. L'histoire de permis aéroportuaires au règlement no
16 est un projet fixe, c'est un arrêt fixe. La plupart du temps, en
dehors des grandes villes, dans les petites régions, dans les petits
aéroports, c'est écrit: limousine, mais ce n'est pas limousine du
tout; c'est une berline. La berline enlève son dôme de taxi et met
un dôme de limousine et ce n'est pas plus une maudite limousine que
c'était. C'est un taxi.
Alors, à ce moment, on en enlève toujours un peu, le taxi
se fait gruger de tout côté. C'est pour cela que je m'excuse
d'avoir posé la question du covoiturage qui nécessairement fait
partie d'un plan d'ensemble pour économiser l'énergie. Tout le
monde comprend ça. Mais je voulais simplement qu'en compensation, si on
peut donner certaines compensations d'action, on pensait tout à l'heure,
on suggérait la question de $255, s'il était un petit peu
diminué... C'est un peu dans l'optique globale de la chose que le
taxi... On rogne des coins ou on rogne des pas et à un moment
donné, il va rester pris dans le milieu. Si on veut que le taxi existe,
c'était cela l'idée globale de la chose. On parlait du
covoiturage par taxi. Favorisons le covoiturage par taxi plutôt que par
des gens qui ne sont pas habitués à conduire. C'était
seulement cela, M. le ministre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, pourrais-je demander à
nos invités si le conseil a parmi ses membres des propriétaires
de taxis de la région de l'Outaouais?
M. DesAutels: Si j'ai rencontré...
M. Gratton: Si parmi les membres du conseil, on retrouve des
propriétaires de la région de l'Outaouais.
M. DesAutels: Dans la région de l'Outaouais, il y a les
membres de l'agglomération de Hull et de la nouvelle
agglomération de Gatineau que j'ai rencontrés il y a à peu
près un mois, je crois. Ils vont entrer, ils vont faire partie du
conseil d'ici un mois aussi, à l'occasion du congrès du taxi que
nous allons avoir les 20 et 21 octobre prochains.
M. Gratton: Ils ne font pas encore partie du conseil, mais vous
pensez qu'ils en feront partie à compter d'un mois?
M. DesAutels: Ah oui, c'était leur promesse de se joindre
au conseil. Mais Gatineau vient à peine d'être formé en
agglomération. On n'est pas encore habitué. Il y a encore des
petits frottements internes. Alors, ces choses vont se tasser tranquillement. A
ce moment, ils ont promis de faire partie du conseil.
M. Gratton: Donc, vous êtes probablement à
même de nous parler de l'expérience particulière que
peuvent avoir les propriétaires de taxis, les chauffeurs de taxi dans ce
secteur où par rapport au covoiturage, par exemple, des voitures de
l'Ontario qui elles, peuvent en faire et viennent chercher, par exemple, des
fonctionnaires fédéraux, qui viennent à Hull. De toute
façon, c'est très particulier à la région. Cela a
quand même une très grande importance dans la région, mais
ce n'est peut-être pas très utile pour les fins de notre
discussion.
M. DesAutels: Je m'excuse, M. le député de
Gatineau, cela peut avoir une certaine importance, parce que depuis quelque
temps, le gouvernement fédéral, à cause de ses
élections et de son budget, a coupé les promenades en taxi de la
part des employés fédéraux. Maintenant, ils font du
covoiturage à pleine auto. Alors, cela touche beaucoup le taxi de Hull
et de Gatineau.
M. Gratton: D'accord, c'est parce que je voulais dire et
d'ailleurs, je ne pense pas qu'au niveau d'une refonte du Code de la route cela
puisse être très pertinent pour l'ensemble de la province, cette
situation qui est plutôt particulière à l'Outaouais.
Je vous dirai tout simplement que je trouve que l'argumentation que vous
apportez, en faisant des réserves vis-à-vis du covoiturage, est
proba-
blement la meilleure que j'ai entendue jusqu'à présent
devant la commission. Effectivement, quand on discutait ce matin, avec le Club
automobile, des disparités qu'il y a entre la nécessité,
par exemple, pour le propriétaire d'un taxi d'avoir de bonnes
assurances, et bien d'autres obligations dont ne sont pas affligés ceux
qui font du covoiturage. Il y a effectivement une disparité qui est au
désavantage des chauffeurs de taxi.
Je vous avoue que je voudrais bien savoir, s'il vous est possible de me
le dire, ce que vous préférez entre le statu quo,
c'est-à-dire un covoiturage dont tout le monde sait qu'il existe mais
qui n'est pas légal, et le covoiturage tel que préconisé
dans lavant-projet avec les concessions que vous exigez. Entre nous, entre
parenthèses, lorsque vous demandez que les taxis ne paient que $85 comme
les covoituriers pour la Régie de l'assuran-ce-maladie, vous risquez
bien plus de voir le contraire, c'est-à-dire que les covoituriers soient
forcés de payer $255 comme les taxis. Je ne vous donne pas une grosse
chance là-dessus. Fermons la parenthèse.
Entre ces deux choix...
M. Lessard: Cela devait vous coûter plus cher avant.
M. Gratton: ... le statu quo avec covoiturage illégal ou
le covoiturage prévu à l'avant-projet avec certaines des
concessions que vous réclamez, lequel des deux
préférez-vous?
M. DesAutels: Le covoiturage, cela fait partie d'un plan
d'ensemble pour le bien public général: Sauvons de
l'énergie! Tout le monde est prêt à participer à
cela. Le monde du taxi va participer à cela. On aime mieux avoir un
covoiturage légal, c'est bien sûr, mais on ne voudrait pas que ce
soit le monde du taxi qui perde encore quelque chose. Il y aurait moyen de
rattraper quelque chose pour compenser. On ne demande pas de bloquer tout le
covoiturage; j'en ai fait quand j'allais à l'université, quand
j'étais petit gars. Pardon, j'étais grand gars à ce
moment-là! Cela a toujours existé, le covoiturage. Avec la
publicité qui s'en vient, le danger est d'agrandir la plaie, d'augmenter
le cancer, la question des fantômes. C'est de cela qu'on a un peu
peur.
Encore une fois, je ne parle pas des grandes villes parce que la police
est assez près des citoyens, mais dans les autres régions, c'est
un problème. Pour répondre à votre question et pour "make
it short", je crois que c'est mieux d'avoir un covoiturage légal pour
répondre au bien-être général tout en essayant
d'empêcher le secteur du taxi de trop en souffrir. C'est
l'idée.
M. Gratton: Ne croyez-vous pas que la loi concernant le
covoiturage pourrait avoir comme conséquence indirecte l'augmentation
des taxis fantômes?
M. DesAutels: Si on prend soin d'enlever les fantômes qui
sont déjà là, on va enlever la gangrène. Les autres
n'auront peut-être pas tendance à le faire. Actuellement, il y a
pas mal de gangrène!
M. Gratton: M. DesAutels, je vous préviens. Il n'y a pas
de covoiturage illégal présentement et on ne contrôle pas
tellement bien, selon ce que vous nous dites, le nombre de voitures
fantômes. Ce n'est pas parce qu'on va légaliser le covoiturage que
nous pourrons bien contrôler les voitures fantômes. Je vous
préviens à ce point de vue. De toute façon, je pense que
vous nous apportez un éclairage différent des autres qui sont
venus nous rencontrer et je vous en remercie.
M. DesAutels: M. le député, juste un mot pour
finir. Ce que vous dites, ça nous a fait plaisir de l'entendre
évidemment, mais je ne fais que transmettre le voeu des gens de toutes
les régions du Québec. Cela ne vient pas de moi seulement, ce
sont des voeux, on en a discuté partout, de toutes les régions.
On a vu ceux de Hull, ceux de Gatineau et ce sont eux qui parlent.
M. Gratton: C'est dans ce sens que je vous remercie. Quant
à moi, cela m'éclaire. J'imagine que le ministre a
peut-être besoin de moins d'éclairage que moi et qu'il en retient
quelque chose lui aussi.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Gatineau.
M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Je voudrais simplement ajouter ceci. Il existe une
distinction importante entre le taxi fantôme et le covoiturage qui se
fait actuellement. J'ai peur de la définition quand on parle du
covoiturage. Le covoiturage, c'est pour se rendre à son travail. Bien
souvent, c'est un travailleur qui travaille déjà là et on
se regroupe. Comme je le disais à M. DesAutels, quand je travaillais sur
les chantiers de la Manic, le lundi matin, on faisait du covoiturage en esprit,
on s'embarquait dans la même auto et la semaine suivante, c'était
un autre véhicule, on échangeait cela. C'était
illégal. S'il avait fallu prendre un taxi, on aurait mangé notre
paie de la semaine!
Le taxi fantôme, c'est un phénomène
complètement différent, c'est quelqu'un qui ne fait pas de
covoiturage comme tel. Lui, il fait réellement du taxi. Par exemple, il
va chercher quelqu'un et le conduit au lieu de son travail, où il ne
travaille pas lui-même. Cela devient du taxi fantôme. Dans ce sens,
quand vous parliez du monsieur de 79 ans... Il y a une chose quand même
qu'on doit voir et que les taxis doivent voir. L'autre jour, par exemple, j'ai
eu un écho du cas de quelqu'un qui faisait illégalement du taxi.
Qu'on soit d'accord pour la délation... vous avez le droit de
protéger votre vie, votre gagne-pain. Quand on reçoit des
plaintes selon lesquelles il se fait illégalement du taxi, alors qu'il y
a un service existant... S'il n'y a pas de service existant, le pauvre
monsieur, je ne suis pas pour le condamner; bien souvent, il rend service
à
son voisin ou à son "chum" d'à côté. Quand il
y a un service existant, il y a des "bleus" qui sont là des
"jaunes" maintenant pour vérifier, mais c'est certain que ce
n'est pas facile.
Le transport illégal, que ce soit dans le domaine du camionnage
général ou dans celui du taxi, ce n'est pas facile. Bien souvent,
on transporte les gens à un prix assez minime et c'est entendu avec la
personne que, si la police les arrête, elle doit dire qu'elle n'a pas
payé. C'est un peu comme dans la construction, les artisans et ainsi de
suite. Il reste qu'il va falloir faire un effort, j'en suis convaincu avec
vous, et je retiens sérieusement votre recommandation concernant
l'utilisation des voies réservées, et surtout la multiplication
des voies réservées. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Bordeleau): Merci à vous, M.
DesAutels, et au groupe qui vous accompagne. Il passe 18 heures et il faudrait
le consentement des membres de la commission pour poursuivre les travaux,
même si on s'était entendu auparavant. Il resterait à
l'ordre du jour trois mémoires. Ai-je le consentement?
M. Gratton: Oui, M. le Président.
M. Lessard: M. le Président, il y aurait consentement. Je
pense bien que cela va aussi favoriser les personnes qui sont ici. Cependant,
comme, M. le Président, vous étiez prêt à
l'annoncer, on va suspendre la séance une quinzaine de minutes.
Le Président (M. Bordeleau): J'aimerais suspendre la
séance cinq minutes pour qu'on se dégourdisse les jambes un peu.
On prendra à la suite les trois autres mémoires. Le prochain
mémoire sera celui du Service de police de la Communauté urbaine
de Montréal. En attendant, la commission suspend ses travaux cinq
minutes.
Suspension de la séance à 18 h 13
Reprise de la séance à 18 h 30
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Le prochain mémoire que nous entendrons est celui du Service de
police de la Communauté urbaine de Montréal. Vous pouvez
commencer en vous présentant et en présentant les gens qui vous
accompagnent.
Service de police de la CUM
M. Vignola (Henri-Paul): Mon nom est Henri-Paul Vignola,
directeur du Service de police de la Communauté urbaine de
Montréal. Je suis accompagné de Me Louise Laurendeau de
l'étude légale du Service de police de la CUM.
M. le Président, messieurs les membres. Je tiens à vous
remercier au nom du Service de police de la Communauté urbaine de
Montréal du privilège que vous nous donnez de vous soumettre le
présent mémoire.
Le Service de police de la Communauté urbaine de Montréal
porte un grand intérêt à l'avant-projet de loi sur le Code
de la route déposé à la dernière session de
l'Assemblée nationale. Aussi, tenons-nous à faire quelques
commentaires sur certains articles de l'avant-projet nous touchant plus
particulièrement.
Le Code de la route est, sans doute, la loi québécoise la
plus connue des policiers puisque son application est, pour eux, quotidienne.
Ils sont donc à même d'en constater toutes les imprécisions
et les imperfections qui rendent plus difficile leur travail de gardiens de la
loi; problèmes d'interprétation, mais aussi absence de
dispositions sur certaines conduites qui mériteraient sanctions ou
pouvoirs mal définis.
C'est donc avec plaisir que nous notons le souci de précision qui
transparaît à la lecture de l'avant-projet de loi sur le Code de
la route. Bien que beaucoup plus volumineux que le présent code,
l'avant-projet de loi, par sa construction et sa rédaction mieux
structurées et plus logiques, permettra à ses utilisateurs une
consultation facilitée.
Nous voulons toutefois suggérer quelques modifications dans le
but de clarifier certains articles et d'en rendre l'application plus facile
pour le policier. Nous proposons aussi d'inclure dans le Code de la route des
dispositions qu'il nous semble utile d'y voir.
Au niveau des définitions, nous suggérons qu'une
définition de ce qui constitue un accident, qui se lirait comme suit,
devrait apparaître dans le Code de la route: "Un accident est un
événement entraînant des dommages corporels ou
matériels attribuables au mouvement d'un véhicule routier sur un
chemin public". Dans le Code de la route, il n'existe aucune définition
du mot "accident". Nous devons nous référer à la Loi de
l'indemnisation ou simplement à la définition juridique qui
apparaît dans un dictionnaire. Je pense que cette définition
serait une précision importante dans la prise des rapports
d'accidents.
A l'article 25, nous suggérons que l'obligation du
propriétaire d'un véhicule sujet à l'immatriculation
d'aviser le directeur de tout changement d'adresse s'applique même
lorsque l'immatriculation est suspendue afin que cette information soit
disponible dès que la période de suspension sera terminée,
afin de permettre au Service de police d'avoir une continuité
d'information des données. Souvent, le fait de ne pas avoir cette
information nous crée des difficultés lors de poursuites pour
infractions au Code de la route, non payées.
A l'article 39, nous souhaiterions voir établir le principe que
les plaques d'immatriculation délivrées par le Bureau des
véhicules automobiles du Québec aient une correspondance directe
avec le type de véhicule, tel que défini au Code de la route. On
éviterait ainsi la confusion qui a découlé, l'année
dernière, de la plaque "V" qui ne correspondait à aucun type
précis de véhicule et,
cette année, de la plaque "M" qui est apposée non
seulement pour les motocyclettes, mais aussi pour les véhicules
visés à l'article 15a. Il devenait alors difficile pour les
policiers de savoir si on devait appliquer à ces véhicules les
dispositions visant les motocyclettes. En fait, ce qu'on demande, c'est de
mettre de l'ordre dans le système de numérotation des plaques
d'immatriculation.
L'article 44. En ce qui concerne l'interdiction de fixer à
l'avant du véhicule une plaque qui peut être confondue avec la
plaque d'immatriculation, nous suggérons que cette notion soit
clarifiée puisque l'interprétation du présent article 28,
paragraphe 3, qui est au même effet, a posé des
difficultés, notamment quant à la présence de chiffres sur
des plaques dites décoratives. On voudrait qu'on puisse établir
des normes pour éviter l'arbitraire dans l'application de la loi. On
trouve que l'expression "qui ne peut être confondue" est trop
générale et prête à l'arbitraire.
Le chapitre IV concernant le permis de conduire devrait contenir une
infraction pour le détenteur d'un permis de conduire qui prête ce
permis à une autre personne. La personne qui s'identifierait, pour
quelque fin que ce soit, avec le permis d'une autre personne commettrait aussi
une infraction. Le permis de conduire étant utilisé de
façon courante comme pièce d'identité, cela permettrait,
dans des cas mineurs, de porter une accusation de gravité moindre que
celle de supposition de personne qui est contenue au Code criminel et dont la
peine maximale est de quatorze ans.
En bref, actuellement, on est appelé à frapper une mouche
avec un bâton de baseball tandis que si on avait une stipulation dans le
Code de la route, cela nous éviterait d'avoir à poser des gestes
semblables. C'est une infraction qui est moins grave, qui présente moins
de conséquences sur le plan social, et cela deviendrait pour tout le
monde un outil beaucoup plus approprié dans les circonstances.
La suggestion faite en regard de l'article 25 s'appliquerait aussi
à l'article 77.
Le dernier paragraphe de l'article 111 qui autorise un agent de la paix
à visiter l'établissement d'un recycleur ne crée pas
d'infraction pour celui qui lui en refuserait l'accès ou entraverait son
travail. Nous suggérons qu'une infraction spécifique soit
établie à cet effet. Encore là, c'est pour éviter
une infraction beaucoup plus grave au Code criminel en vertu de l'article 118
qui permet à un policier de porter une accusation d'entrave au travail
d'un agent de la paix, qui est un acte mixte qui entraîne un maximum de
deux ans d'emprisonnement et un casier judiciaire.
L'article 143. Nous tenons à appuyer cette disposition qui
réglerait de nombreux problèmes quant aux accusations ayant trait
aux suspensions d'immatriculation ou de permis de conduire. Au sujet des
personnes faisant l'objet de suspensions, qui souvent négligent d'aviser
le Bureau des véhicules automobiles du Québec de leur changement
d'adresse, l'absence de réception de l'avis de suspension devenait une
défense toute trouvée et rendait souvent illusoire la poursuite
de ces infractions.
L'article 154. Nous suggérons que le pouvoir de confiscation
décerné à l'agent de la paix par cette disposition
s'applique non seulement sur demande du directeur du Bureau des
véhicules automobiles du Québec, mais aussi dans tous les cas
où le policier constate lui-même qu'une personne continue à
utiliser un permis de conduire, un certificat ou une plaque d'immatriculation
qui sont l'objet d'une suspension ou d'une révocation.
L'article 184. Nous suggérons qu'aux fins de cette disposition un
véhicule d'urgence puisse comprendre un véhicule utilisé
par un médecin, principalement aux fins de répondre à des
appels d'urgence. Ce type de service qui s'est développé au cours
des dernières années sur le territoire de la Communauté
urbaine de Montréal ne constitue pas un service d'ambulance au sens de
la loi puisque ce véhicule ne transporte pas de malades ou de
blessés, mais nous sommes d'avis qu'il devrait bénéficier
de certaines des prérogatives qu'on accorde aux véhicules
d'urgence. Je pense à l'organisme privé qui s'appelle
Télé-Médic qui oeuvre sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal qu'on peut considérer d'une
certaine façon comme un collaborateur très étroit quant
aux urgences. Il nous rend de grands services, en particulier lorsqu'on est
pris devant un accident fatal ou des morts subites. Il doit se promener d'une
extrémité à l'autre de la communauté urbaine.
Actuellement, il a des feux clignotants de couleurs rouge et bleu. On se
sentirait très mal à l'aise de lui donner des billets de
contravention quand on a constamment besoin du personnel de cet organisme
privé. Donc, il profite d'une tolérance qui est contraire
à la loi et cela indispose tout le monde. D'ailleurs, on l'a
avisé que possiblement on prendrait des dénonciations contre lui,
mais on retarde toujours, parce qu'effectivement, ces gens sont constamment
avec le personnel policier.
L'article 185. Nous notons qu'aucune pénalité n'est
fixée en regard de cette disposition sinon la confiscation que peut en
faire l'agent de la paix. Nous suggérons donc qu'une
pénalité soit établie.
L'article 312. Nous appuyons le principe mis de l'avant au
deuxième paragraphe de cet article. Cette disposition pourra contribuer
à augmenter le sens des responsabilités du conducteur
impliqué dans des accidents.
L'article 329. L'article 44, paragraphe 1 de l'actuel Code de la route,
quant aux croisements et aux dépassements d'autobus scolaires,
apparaît difficilement applicable pour les grandes artères de la
Communauté urbaine de Montréal. La disposition projetée en
excluant les rues séparées par un terre-plein ou par une autre
séparation physique surélevée constitue déjà
une amélioration. Nous proposons toutefois d'exclure aussi les
chaussées comportant six voies de circulation ou plus. Il nous
paraît préférable que le circuit des autobus soit
modifié pour laisser monter ou descendre les enfants sur une rue moins
achalandée plutôt que bloquer la circulation pendant plusieurs
minutes sur une grande artère. Dans les autres rues, il serait
sans doute suffisant de prévoir que le croisement d'un autobus scolaire
ne pourra s'effectuer qu'après avoir fait un arrêt complet et
s'être assuré que cette manoeuvre pouvait se faire en toute
sécurité pour les écoliers.
L'article 380. L'article 380 touche deux aspects, l'aspect
identification et le point de démérite. Je veux toucher le
premier point, l'identification. Cette disposition qui prévoit qu'un
billet d'infraction peut être remis à toute personne commettant
une infraction au Code de la route n'établit toutefois pas comment le
policier pourra ainsi procéder si la personne piéton,
passager ou cycliste refuse de s'identifier de façon
satisfaisante. La récente décision de la Cour suprême dans
l'affaire Moore est bien venue dire qu'un cycliste commettait une infraction
à l'article 118 du Code criminel s'il refusait de s'identifier, mais les
juges, majoritairement, se sont basés pour ce faire sur des dispositions
de la Loi des poursuites sommaires de la Colombie britannique qui n'a pas
d'équivalent au Québec. Bien que la Cour d'appel ait
décidé que cette obligation découlait de la Common Law,
argument qui n'a pas été renversé, mais simplement
ignoré par la Cour suprême, il nous paraît souhaitable que
le Code de la route prévoie une solution à ce problème ce
qui éviterait d'avoir recours inutilement au Code criminel à la
suite d'une infraction mineure. Nous suggérons donc que le policier
puisse effectuer l'arrestation sans mandat de toute personne qui, ayant commis
une infraction au Code de la route, refuse de s'identifier de façon
satisfaisante à l'agent de la paix qui le requiert aux fins de l'article
380. Encore là, on a le choix, si la personne refuse, de détenir
la personne et si elle ne veut pas s'identifier de porter une accusation
d'entrave à un agent de la paix, qui est un acte mixte qui
entraîne un maximum de deux ans.
Je pense que la proposition que je vous fais rentre exactement dans
l'esprit de la déjudiciarisa-tion qui a justement pour but
d'éviter de placer le citoyen dans le rouage administratif de la justice
et surtout de faire un dossier à quelqu'un.
La deuxième partie touche le point de démérite. Par
ailleurs, quant à l'exigence que le billet d'infraction contienne la
mention du nombre de points de démérite qu'entraîne une
condamnation, nous sommes d'avis que cela amènera, pour les policiers,
un travail supplémentaire qui pourrait être évité en
dressant au verso des billets la liste des infractions entraînant des
points de démérite ainsi que leur nombre. Il y a d'autres raisons
sur le plan pratique. Je pense que cela entraînerait, en supposant que le
policier se trompe, une contestation, en cas d'erreur du policier, soit
à la cour ou qu'on demande une annulation de billet au niveau des
services de police ou au niveau du greffier, et on considère aussi que
cet ajout n'est pas un élément essentiel à la
rédaction du billet. (18 h 45)
En pratique, à part cela, on considère que ce serait
l'occasion d'engendrer des disputes inutiles entre le policier et le citoyen,
parce qu'on com- prend le contexte émotif dans lequel se déroule
habituellement l'émission d'un billet de contravention à la
circulation. Donc, si on peut éviter des troubles inutiles,
faisons-le.
A l'article 427, la portée de cette disposition devrait
être élargie pour permettre à l'agent de la paix de remiser
un véhicule sans immatriculation valide ou dont le conducteur ne
détient pas de permis de conduire valide. C'est en effet le seul moyen
efficace de s'assurer que l'infraction ne sera pas continuée ou
répétée. C'est le cas, par exemple d'un permis non valide
ou suspendu ou valide, mais non de la classe appropriée.
D'autres réflexions touchent le Code de la route et les jeunes.
La nouvelle Loi sur la protection de la jeunesse en ce qu'elle s'applique aux
jeunes de moins de 18 ans qui possèdent ou conduisent un véhicule
automobile, établit des procédures qui apparaissent
inappropriées ou mêmes injustes. De l'avis même des
intervenants sociaux avec lesquels notre service collabore pleinement et
régulièrement dans l'application de cette nouvelle loi, les
mécanismes d'intervention sociale prévus à la loi 24,
s'appliquent fort mal au cas d'un jeune à qui l'on a confié, en
lui remettant un permis de conduire, des responsabilités d'adulte. Il
n'est pas juste pour ce jeune lui-même et pour la sécurité
des autres utilisateurs de la route, de lui permettre de s'acquitter de ses
obligations comme tout autre conducteur. Il nous importe principalement que les
jeunes conducteurs qui mettent en danger la vie de leurs concitoyens soient
sujets à la perte des points de démérite et à la
suspension de leur permis de conduire. Je pense que ce serait une grande
école vers l'âge adulte.
Nous suggérons donc que les infractions au Code de la route qui
ont trait à la conduite ou à la propriété d'un
véhicule automobile soient poursuivies selon la procédure
établie au Code de la route, nonobstant les dispositions de Loi sur la
protection de la jeunesse.
Nous voulons enfin souligner une ambiguïté touchant l'agent
de la paix, du fait qu'à certaines dispositions, par exemple, l'article
111, où on parle "d'un officier du ministère ou d'un agent de la
paix chargé de l'application du présent code", et qu'ailleurs,
par exemple, à l'article 320, on utilise les termes "un agent de la paix
ou un officier du ministère chargé de l'application du
présent code". On devrait éliminer cette disparité dans la
rédaction, afin qu'il n'y ait pas de doute quant aux pouvoirs des agents
de la paix de faire appliquer toutes les dispositions du Code de la route.
Je vous remercie, messieurs, de m'avoir donné
l'opportunité de faire cette présentation.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Vigno-la. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, je pense que c'est nous qui
devrions vous remercier. Nous avons eu, je pense, depuis le début de
cette commission parlementaire d'excellents mémoires.
C'est l'objectif et c'est très important. On doit remercier Mlle
Laurendeau également qui a certainement dû contribuer à ce
mémoire. J'aurai juste une question à vous poser parce que je
vous avoue que l'ensemble, en tout cas, une grande partie des recommandations
que vous nous faites vont nous permettre très honnêtement de
clarifier encore beaucoup mieux le Code de la route, et je pense que vous avez
fait un excellent travail. Malgré tous les risques qu'il peut y avoir au
gouvernement, on constate que ces commissions parlementaires sont importantes,
parce que du point de vue de la clarification je comprends qu'il y a des
objectifs qu'on n'a pas discutés encore comme tels d'un certain
nombre d'articles, je vous avoue que c'est un mémoire d'une
qualité très supérieure et je vous en remercie.
J'aurais une question à vous poser, étant donné
quand même que vous êtes le directeur du Service de police de la
Communauté urbaine de Montréal. J'aimerais vous poser une
question qui est en discussion. Qu'est-ce que vous pensez du virage à
droite?
M. Vignola: Le virage à droite. Bon! Je vais vous
répondre qu'en principe je suis en faveur, mais qu'en pratique je suis
contre. Cela ne vous aide pas beaucoup, n'est-ce pas?
M. Lessard: C'est quasiment une réponse de ministre!
M. Vignola: Disons que je vais reprendre l'argumentation qui vous
a été servie par les autorités de Montréal. En
fait, à Montréal, on peut dire que les automobiles et les
piétons sont très indisciplinés. Il ne s'agit pas de les
blâmer, il ne s'agit pas de faire une en-tête de journal pour dire
que les automobilistes et les piétons sont indisciplinés, il y a
des raisons à cela. C'est pour cela que je dis que je serais en faveur,
mais à certaines conditions.
Premièrement, il faudrait changer la position des autobus de la
CTCUM qui stationnent toujours d'un côté de l'intersection, ce qui
veut dire que, si on obstrue l'intersection, vous allez obliger les gens qui
vont tourner à droite à passer devant l'autobus. Les feux de
circulation étant obstrués, on engage les gens dans la rue.
Deuxièmement, je serais en faveur si le législateur
imposait de façon graduelle, surtout à Montréal, l'usage
de signaux de circulation prioritaires pour les piétons aux
intersections où il y a des feux de circulation conventionnels. Si on va
dans les autres provinces, on dit: Les piétons sont donc respectueux des
règlements! Si vous regardez, partout il y a des signaux prioritaires
pour les piétons; donc, on a créé un entraînement.
En fait, les gens ne sont pas bêtes, ils ne sont pas plus bêtes au
Québec qu'ailleurs, il s'agit de faire leur éducation et de les
convaincre que c'est nécessaire pour leur propre protection. Il faudrait
insister, en particulier auprès de la ville de Montréal, pour
qu'elle installe des signaux prioritaires pour les piétons. Evidemment,
cela va entraîner des coûts et c'est pour cela que je
suggérerais que le législateur prévoie de façon
graduelle cet établissement. A ce moment-là, je serais prêt
à souscrire à ce nouvel amendement du Code de la route.
M. Lessard: Dans le Code de la route, on prévoit
même des subventions aux municipalités pour qu'elles favorisent de
telles mesures.
M. Vignola: Sans ces signaux, le risque est trop grand
d'augmenter le nombre de blessés et de morts parmi les piétons
à ces intersections parce que c'est au plus fort la poche actuellement.
C'est le piéton ou l'automobiliste et c'est toujours une course contre
la vie!
M. Lessard: En tout cas, je vous remercie beaucoup.
M. Vignola: J'aurais peut-être quelque chose à
ajouter, ce n'est pas dans mon mémoire et ça touche la question
de la photo sur la carte d'identité. J'ai entendu des remarques ce matin
et, personnellement, je serais en faveur de la photo sur la carte
d'identité justement pour empêcher les faussaires et les fausses
identités. Je pense que ce serait une façon d'abord très
simple de contrôler l'identité des personnes. On a beau faire une
description physique sur la carte, ce n'est jamais comme une photo.
Un autre point concerne la vitesse sur les autoroutes. Je n'en ai pas
parlé dans le mémoire parce que cela ne concernait pas tout
à fait la communauté urbaine, mais si vous me donnez l'occasion
de glisser mon point de vue...
M. Lessard: Je vous aurais posé la question.
M. Vignola: ... je serais d'avis qu'on uniformise la vitesse
à 60 et 100 de telle sorte qu'on ne crée de confusion ni chez le
citoyen ni chez le policier. A un moment donné, les gens ne savent pas
additionner et cela crée de la confusion. A un tel, on accorde un
privilège en somme, cela devient presque un privilège
et à d'autres, on le défend. Les gens qui sont ignorants
et qui viennent de l'extérieur seront peut-être portés
à respecter la vitesse la plus élevée; à un moment
donné, on les rappelle à l'ordre, mais ils ont eu un mauvais
exemple.
Concernant le jour où on va appliquer le nouveau code, cela va
avoir tout un impact sur les services de police et il faut que je vous en
parle. D'une certaine façon, le nouveau code va devenir
révolutionnaire pour le policier et cela va nécessiter de la
formation de la part des policiers. Je demanderais que le gouvernement
prévoie des programmes subventionnés, pour nous aider à
dispenser un enseignement de la meilleure qualité possible à ces
policiers, et un recyclage d'une durée d'au moins 50 heures. Je serais
d'avis qu'on ait des programmes préparés à l'avance
à l'Institut de police avec un manuel pour l'étudiant, un manuel
pour l'instructeur, des moyens audiovisuels disponibles pour tous les services
de police, un peu je ne veux pas employer
l'expression anglaise comme un paquet tout fait d'avance dont on
n'a qu'à enlever la ficelle pour le déballer sur place. Pour les
corps de police de petite et de moyenne dimension, l'institut devrait
prévoir des équipes d'instructeurs itinérants qui soient
à la disposition de ce personnel, un peu selon l'exemple qu'on a suivi
pour l'application de la Loi sur la protection de la jeunesse où,
effectivement, l'Institut de police a fait un effort surhumain pour, en
très peu de temps, rejoindre plusieurs milliers de policiers.
Un point a été soulevé par la ville de
Montréal concernant le contrôle de la vitesse. Je ne sais pas si
cela vous intéresse d'avoir mon point de vue, mais si vous le
sollicitez, je vais vous le donner.
M. Lessard: Allez-y.
M. vignola: Au départ, je pense que la commission de
police devrait définir les tâches considérées comme
faisant partie de la fonction policière. Je considère que le
contrôle de la vitesse est une responsabilité policière. Si
elle est accordée à d'autres que les policiers, d'après
moi, il y a chevauchement dans les tâches et conflit de juridiction. Il
faut se rappeler que le conrôle de la vitesse et les autres infractions
de la circulation en mouvement sont souvent à l'origine d'enquêtes
policières et criminelles qui ont entraîné l'arrestation de
suspects et de personnes en fuite.
D'abord, si c'est accordé à d'autres, cela va créer
un désintéressement du personnel policier et c'est un peu
l'erreur qui a toujours existé je ne dirai pas au Québec,
mais je peux parler de mon expérience à Montréal
d'avoir considéré le problème de la circulation comme le
problème d'un autre. A une époque, nous, au service de police de
Montréal, on avait des sections spécialisées d'environ 200
policiers qui s'occupaient exclusivement du problème de la circulation.
Ils portaient des casques blancs. L'ouvrage de la circulation et de la
prévention des accidents, c'était aux casques blancs. Les casques
noirs, eux, il pouvait y avoir n'importe quelle infraction, ils n'appliquaient
pas ça. Aujourd'hui, on a impliqué tout le monde, on a
développé un système de micro-analyse des accidents de
telle sorte qu'on rend le directeur d'un poste responsable de la
prévention des accidents et il doit impliquer tout son personnel. S'il a
150 policiers, il y a 150 policiers qui travaillent sur la prévention
des accidents. L'an passé, on a réussi à diminuer de 8%
les accidents sur le territoire de Montréal; cette année, on a
été un peu moins chanceux. Tout de même, tout le monde est
impliqué dans la prévention.
En créant des classes de policiers spécialisés, on
risque de désintéresser le policier de sa tâche
première qui est la prévention et la sécurité des
citoyens.
M. Lessard: M. Vignola et Mlle Létourneau, soyez
convaincus que beaucoup de vos recommandations seront intégrées
à l'intérieur du nouveau Code de la route parce que cela a
apporté un éclaircissement. Concernant la photo sur la carte
d'identité, il faut que cela soit discuté avec le ministre de la
Justice. Au Québec, c'est une discussion importante, c'est le fameux
problème d'en arriver à la carte d'identité obligatoire et
là, tout citoyen est poigné pour s'identifier chaque fois qu'il
fait la moindre chose.
M. Vignola: Oui, mais je pense qu'on déforme l'affaire. En
réalité, le citoyen qui aurait une carte d'identité se
ferait bien moins achaler que s'il n'en avait pas.
M. Lessard: Dans le fond, vous avez raison.
M. Vignola: En réalité, la plus grande façon
de sauver la liberté de la personne c'est justement quand il y a moyen
de s'identifier. C'est à partir du moment où il n'y a pas moyen
de s'identifier que les problèmes commencent. On l'amène au poste
et tout le charivari qui va avec ça.
M. Lessard: Comme dans le domaine de la finance, si vous n'avez
pas de carte de crédit, vous ne pouvez pas emprunter!
M. Vignola: C'est cela.
M. Lessard: C'est exact. D'ailleurs, je pense que tous les
députés à l'Assemblée nationale ont...
Une Voix: Ils ont des cartes de crédit!
M. Lessard: ... des cartes de crédit, certainement, mais
ils ont aussi une carte d'identité où leur photo apparaît.
Je suis bien d'accord avec vous, mais si j'ai oublié ou perdu ma carte,
si je ne l'ai pas, là... Avec toutes les cartes qu'on a au
Québec, on peut toujours en trouver une pour s'identifier. C'est
toujours le danger d'en arriver à des abus. Vous connaissez un peu le
système dans certains pays européens.
M. Vignola: Mais on a du chemin à faire avant d'en arriver
là, ne vous inquiétez pas!
M. Lessard: II y a du chemin, oui, mais parfois cela va plus vite
qu'on pense, M. Vignola. Je vous remercie et soyez convaincu qu'on va tenir
compte de la grande partie avec M. Laflamme, on a constaté que
les recommandations que vous faisiez étaient très
sérieuses de vos recommandations et on vous remercie de la
qualité de votre mémoire.
M. Vignola: Je vous remercie.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Je veux faire miennes les paroles du ministre quant
à la qualité du mémoire, quant aux sujets qui seront
sûrement retenus par le gouvernement et appuyés par l'Opposition
officielle. Votre mémoire, aussi bien que les remarques
qui ont suivi, a relevé plusieurs points inédits, dont
personne ne nous avait parlé depuis le début de ces
séances, comme d'autres ont rejoint des recommandations que nous avions
entendues de la part de l'Association des policiers provinciaux hier aussi bien
que l'Association des chefs de police et pompiers du Québec. (19
heures)
Je suis particulièrement heureux d'avoir entendu les commentaires
que vous faisiez, je pense, à titre personnel, mais avec une expertise
peu commune sur le virage à droite au feu rouge. On avait l'impression,
jusqu'à aujourd'hui, ayant entendu la ville de Montréal hier s'y
opposer et même faire état d'une étude qui était
loin d'encourager le gouvernement à se diriger dans ce sens-là,
que tout le monde à Montréal s'y opposait, y inclus les
chauffeurs de taxi et la police de Montréal. Or, aujourd'hui,
grâce à votre témoignage et à celui de la ligue
A-11, on constate que le gros problème qui pourrait contrevenir à
la possibilité de permettre ces virages à droite sur feu rouge
à Montréal, c'est la localisation des arrêts d'autobus,
qu'il s'agirait de refaire, ainsi que les autres conditions, les autres
qualifications que vous avez apportées, à savoir de le faire de
façon graduelle, de faire une éducation. Tout le monde convient
de cela.
Personnellement, quant à moi, l'impression que j'avais hier s'est
fortement modifiée aujourd'hui grâce à votre
témoignage, et je vous remercie pour celui-là comme pour les
autres.
M. Vignola: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie
également, M. Vignola, ainsi que Mlle Lauren-deau, pour votre rapport
à la commission. J'appelle maintenant le service de police de la
municipalité de Rock Forest.
Service de police de Rock Forest
M. Tremblay (Richard): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les membres de cette distinguée commission. Je tenterai
d'être aussi bref que mon prédécesseur, M. Vignola.
Permettez-moi de me présenter. Je suis le sergent Richard Tremblay, de
la section communautaire de la police de Rock Forest située dans la
région de Sherbrooke. Je suis accompagné de mon directeur de
police, M. Richard Parenteau, qui m'aidera à répondre à
vos nombreuses questions.
Permettez-moi, M. le ministre, tout d'abord de vous dire merci au nom
des citoyens que je représente comme policier, car ce projet de refonte
du Code de la route, cet avant-projet, remplit les exigences de notre
société d'aujourd'hui. Permettez-moi de vous souligner quelques
détails que nous aimerions ajouter à cet avant-projet.
Nous avons tout d'abord préparé ce mémoire en deux
sections: une section de recommandations et une autre de suggestions. Je vous
parlerai tout d'abord de l'article 33.1 du Code de la route. M. le ministre, je
serai assez bref. Vous savez qu'actuellement au Québec l'article 33.1
oblige le véhicule automobile à être muni de fermeture
à clef et d'appareils pour empêcher qu'il ne soit mis en
mouvement. Lorsque le véhicule est laissé seul sur un chemin
public, il doit être mis et tenu sous clef ou fermé de
façon qu'il ne puisse être mis en mouvement. Je ne vous apprendrai
rien, M. Lessard, en vous disant qu'au Québec actuellement nous avons
plus de 20 000 véhicules volés annuellement. C'est à la
suite de l'étude de votre avant-projet que nous apprécions
énormément les permis de recycleurs qui vont contrecarrer un
pourcentage assez élevé... ce qui va causer de sérieux
problèmes au receleur de pièces de véhicules volés.
Par contre, M. le ministre, je pense qu'il serait très important
d'intensifier auprès de la population des campagnes de publicité,
comme vous le faites, par exemple, pour la ceinture de sécurité,
pour qu'elle comprenne l'importance qu'il y a à respecter cet article du
Code de la route, et de faire preuve également d'une certaine
sévérité envers ceux qui commettent des infractions.
Vous allez me dire, M. le Président: Ecoutez! Je ne pense pas que
les policiers vont commencer à surveiller les gens qui laissent leur
véhicule déverrouillé ou leur clef à
l'intérieur. Je pense que les gens devraient être informés
du fait qu'ils ont le devoir de le faire. Cela diminuerait le pourcentage
très élevé de vols d'automobiles qui, au niveau de la
gestion policière, prennent énormément du temps de tous
les corps policiers alors que ceux-ci sont financés par les deniers
publics.
Je remarque, dans l'avant-projet du Code de la route, M. le ministre,
que maintenant vous identifiez le vélomoteur, le cyclomoteur et la
motocyclette. Permettez-moi de vous faire remarquer l'expérience du
Danemark. Il s'est glissé une erreur de transcription lors de la
présentation du mémoire. Ce n'est pas une étude sur les
cyclomoteurs qui a été faite au Danemark, mais bien une
étude sur les vélomoteurs et qui appuie énormément
la thèse d'exiger les casques obligatoires pour le vélomoteur.
Mais je pense, M. le ministre, considérant le jeune conducteur qui
circule au Québec actuellement sur les cyclomoteurs, considérant
que c'est quand même notre société de demain en grande
partie qui se véhicule là-dessus au Québec, je pense que
ce jeune de quatorze à seize ans qu'on oblige à jouer au hockey
avec un casque protecteur, nous devrions l'obliger à porter un casque
protecteur, même sur son cyclomoteur.
Je vous assure, M. Lessard, que lorsqu'on se rend à un accident
impliquant un jeune homme de quatorze à seize ans circulant sur un
cyclomoteur, souvent, s'il avait eu un casque, il serait beaucoup moins
gravement blessé et je pense que le présent avant-projet du Code
de la route devrait y annexer le port obligatoire d'un casque protecteur pour
le cyclomoteur, approprié à ce type de véhicule. Je pense
qu'il devient très important de le faire.
Permettez-moi, M. le Président, de vous souligner, ainsi
qu'à M. le ministre et messieurs les membres de cette commission qu'au
niveau de l'article 44.1 du Code de la route actuel, je suis un
peu en désaccord avec l'avant-projet de refonte du Code de la
route en ce qui a trait à la circulation des autobus scolaires sur les
artères munies de séparations, de terre-pleins, ou de voies, ou
de choses rigides.
Je constate dans l'avant-projet, M. Lessard, que pour l'automobiliste
qui croisera, sur un chemin public muni d'un terre-plein, il ne sera pas
nécessaire d'arrêter pour ce véhicule autobus
scolaire-là. Mon prédécesseur, M. Vignola, mentionnait que
cela créait une situation de circulation et qu'il serait important de
modifier les parcours. Je sais que cela coûte énormément
cher, mais si on n'oblige pas les automobilistes qui croisent l'autobus
scolaire sur une artère large munie d'un terre-plein à
arrêter, je pense qu'il serait important d'exiger des compagnies de
transport scolaire lorsqu'elles ont à voyager des étudiants en
bas âge sur les voies rapides, qu'elles fassent descendre ces enfants du
côté où ils résident.
J'essaie, M. le Président, d'être assez rapide dans
l'explication. J'invite les membres de cette commission à analyser les
documentaires que j'y annexe et je me rends immédiatement à
l'article 48.3, paragraphe 2, du présent Code de la route qui indique:
"Quand il n'y a pas de trottoir à l'usage du piéton, celui-ci
doit emprunter l'extrême gauche du chemin public de façon à
croiser la circulation automobile".
Vous savez, M. Lessard, qu'on entend parler à la radio et
à la télévision, on incite les gens à participer,
à faire de la marche à pied, à faire du jogging, à
participer à une activité physique. Je fais allusion à
Kino Québec qui fait cela régulièrement. De plus en plus,
des gens adhèrent à cette pratique et je pense qu'il serait
important, considérant le nombre important d'accidents de piétons
le soir, d'annexer au présent Code de la route le port de
matières réfléchissantes la nuit; ce devrait être
obligatoire pour les gens qui circulent la nuit au Québec.
Je vous entretiendrai quelques instants, M. le Président, de
l'arrêté en conseil 1464. Depuis les dix dernières
années, M. le ministre, nous avons participé à
l'application de l'arrêté en conseil 1464. Il est important de
vous souligner que nous avons toujours reçu une excellente collaboration
du service d'inspection mécanique de votre ministère dans
l'humaine mesure du possible. Je constate avec l'avant-projet, l'arrivée
bientôt au Québec de centres de vérification
mécanique qui permettront, évidemment, de diminuer les
délais interminables que nous avons à endurer et que
l'automobiliste a à supporter financièrement.
Je vous donne un exemple très précis: un automobiliste
dans l'Estrie actuellement qui se fait arrêter par un policier
preuve à l'appui il y a un délai qui s'écoule entre
six et même jusqu'à 24 jours, avant qu'un inspecteur du
ministère soit capable de venir faire subir à ce véhicule
une inspection de véhicule automobile.
Vous savez, M. Lessard, cela va bien lorsqu'on arrête une personne
qui vit dans l'Estrie qui peut retourner chez elle en véhicule taxi ou
en autobus, mais il nous est arrivé régulièrement
d'arrêter des gens de l'extérieur, de Toronto ou de
Montréal et lorsque le policier a le doute raisonnable de croire que ce
véhicule est dangereux pour les autres automobilistes, il n'est pas
question de faire des 48 heures.
Le doute raisonnable est très important et je pense que lorsque
nous prenons la décision de faire inspecter un véhicule pour des
raisons vraiment sérieuses, qu'on arrête un automobiliste, M.
Lessard, et que le véhicule a une pédale à frein au fond
du plancher que le frein à main ne fonctionne pas, que nous ouvrons la
valise et que le tour du support du réservoir est complètement
pourri, je pense que ce véhicule est plus que dangereux. Alors, ce
véhicule est immédiatement remisé dans un garage à
$2 par jour, plus le remorquage et ce bonhomme doit retourner chez lui de ses
propres moyens.
Nous avons même eu des poursuites contre notre service de police
et votre ministère a eu des poursuites aussi à cause de ces
délais interminables. Nous avons très hâte, en tout cas
dans l'Estrie, M. le ministre, de vous entendre annoncer l'ouverture prochaine
d'un centre permanent d'inspection mécanique qui nous permettra de vous
prouver contrairement à la revue Sécurité et
transport dont je fais allusion dans ce mémoire qu'il est
très rarement mentionné que les véhicules impliqués
dans des accidents n'avaient aucun défaut mécanique.
Vous savez, M. Lessard, étant policier depuis des années,
je peux vous dire que ces déductions faites sont souvent basées
sur la copie du rapport que le policier rédige, souvent sur un accident,
par un numéro que le policier indique sur le rapport d'accident. Le
policier a souvent à couvrir un gros accident, il est seul, il manque de
personnel ou il y a énormément de circulation, alors, il ne fera
pas l'enquête mécanique du véhicule pour déterminer
la cause de l'accident. Ce sont pour des raisons de personnel, ou parce que le
véhicule est vraiment trop endommagé, ou il y a une question de
temps, que ces études mécaniques sont souvent
référées au ministère des Transports lors
d'accidents importants où il y a des poursuites criminelles.
Considérant, M. le ministre, que le taux d'accidents chez nos
jeunes au Québec est assez important, considérant le jeune
âge et selon les statistiques, les titulaires de permis de 16 à 19
ans sont les plus vulnérables d'accidents mortels au Québec.
Considérant que la vitesse est encore un problème assez
important, que le jeune homme de 16 à 19 n'a pas toujours les moyens
d'avoir une limousine ou un véhicule en ordre, je pense qu'il demeure
très important que les véhicules automobiles soient
inspectés et nous serons très heureux bientôt de voir
l'ouverture officielle, j'espère, d'un centre permanent chez nous dans
l'Estrie. Je pense qu'au niveau du Québec, il est très important
que ces inspections mécaniques se fassent.
Nous sommes heureux d'apprendre dans l'avant-projet, M. Lessard, que
lorsqu'un marchand d'automobiles revendra, il sera obligé d'avoir un
certificat d'inspection mécanique. Je
pense qu'il y a bien des jeunes qui achètent des véhicules
qui actuellement se font royalement embarqués. Ces jeunes, assez
souvent, causent des accidents et si tout le système était mis en
branle, souvent on sauverait des vies.
Je ne vous entretiendrai pas plus longtemps, mais je vous assure que les
inspections mécaniques sont quelque chose de très important. Chez
nous, nous croyons à cela et nous croyons qu'il est important de ne pas
créer de préjudices aux gens que nous arrêtons pour ces
inspections et de leur faire subir des délais interminables incroyables
qui causent des conflits entre la police et la commission de police. Les gens
se plaignent un peu partout. Vous comprenez bien que même si on a de la
pression, il n'est pas question que le doute raisonnable après trois ou
quatre jours, qu'on dise: On n'en a plus. Le doute raisonnable est là et
on attend l'inspection du ministère. Je peux vous assurer que nos
statistiques prouvent que lorsque les véhicules sont inspectés,
rarement sont ceux qui repartent avec un beau bonjour et un: II n'y avait rien
sur votre véhicule. On s'excuse de vous avoir arrêté. La
majorité à 99,9%, M. Lessard, de ces véhicules sont plus
que dangereux ou ont besoin de modifications importantes.
Permettez-moi, M. le Président, M. le ministre, je suis ici
depuis hier et je constate un problème que tout le monde ressent
à travers le Québec, tout le monde, même l'ex-ministre des
Transports, M. Mailloux, mentionnait que plusieurs corps de police avaient de
la difficulté au niveau municipal et tout cela, que les automobilistes
du Québec étaient beaucoup plus respectueux des lois quand ils
passaient les frontières des Etats-Unis. (19 h 15)
Je pense que le principe fondamental, M. Lessard, c'est que tout va dans
l'éducation. Actuellement au Québec, nous en sommes très
fiers, le ministère des Transports possède un système de
points de démérite pour la personne qui commet des infractions au
Code de la route. La présente suggestion, M. le ministre, serait la mise
en application d'un système de points de mérite qui aurait pour
but de permettre aux automobilistes respectueux de nos lois d'obtenir des
avantages qui leurs sont dus et cela au profit de ceux qui font fi des lois
régissant nos routes au Québec ou ailleurs.
Vous savez, M. Lessard, lorsqu'un policier intercepte un véhicule
sur la route, habituellement, c'est afin de rédiger une contravention
à ce dernier relatif au non-respect d'une loi routière. Mais il
arrive rarement, et peut-être jamais, à ce même policier,
d'arrêter un automobiliste pour le remercier d'avoir respecté la
vitesse permise sur telle ou telle rue ou un arrêt obligatoire au coin
d'une autre rue. J'ai personnellement, M. le ministre, tenté
l'expérience et je vous assure que les gens en étaient
restés bouche bée et semblaient très heureux et fiers de
cette initiative.
En résumé, M. le ministre, la suggestion serait
d'émettre, au conducteur détenteur d'un permis de conduire au
Québec, des points de mérite qu'il pourrait accumuler
d'année en année ou de six mois en six mois s'il n'est pas
arrêté pour infraction et, automatiquement, selon une norme
établie en collaboration avec la Loi sur l'assurance automobile,
diminuerait le coût d'immatriculation de son véhicule au niveau de
la prime gouvernementale d'assurance et, s'il est non propriétaire d'un
véhicule, diminuerait la prime d'assurance gouvernementale sur son
permis de conduire. Comme chaque ville doit faire parvenir à votre
ministère nous laissons supposer le nom de chaque
contrevenant à la loi en vertu d'un règlement municipal, le
contrôle pourrait bien se faire.
Rendu à ce point, M. Lessard, je pense qu'il y a une chose dont
je dois vous informer et je pense que c'est une chose très importante,
le système de points de démérite c'est bon en autant que
tout le monde réfère à Québec, au contentieux du
Code de la route, les informations que tel ou tel conducteur d'un
véhicule automobile a commis une infraction. Je pense que vous savez
où je veux en venir. Je pense qu'on devra bientôt, au
Québec, en arriver à ce qu'un corps de police municipale ou non,
la Sûreté du Québec, peu importe le nombre de policiers que
nous avons dans notre corps de police, nous devrons en arriver à
acheminer, au contentieux du Code de la route, toutes les infractions et que la
paiement se fasse au contentieux. Il y aurait une duplication incroyable de
travail d'éliminée, il y aurait un contrôle beaucoup plus
honnête et sérieux pour tous les automobilistes du Québec
et je pense qu'il va falloir vraiment que le gouvernement envisage ce
problème très sérieusement. Il ne faut pas se cacher que
des gens créent de la partisanerie politique avec les points de
démérite dans des municipalités. Il ne faut pas se le
cacher. Chaque ville se doit d'informer le gouvernement d'une infraction
commise par une personne. Mais je pense que le gouvernement aurait
intérêt à faire enquête là-dessus. Je pense
qu'il y a des municipalités qui font fi de ces recommandations et qui
évitent à des amis de subir le même sort que d'autres
automobilistes subissent.
Pour financer le système de points de mérite, M. le
ministre, et permettre la réalisation de ce projet, il faudrait que le
coût en soit absorbé par le conducteur non respectueux des lois et
qu'en pourcentage, selon les points de démérite perdus, il paie
plus cher pour conduire et circuler au Québec. Ce qui veut dire que le
gars, M. Lessard, qui conduirait régulièrement d'une façon
vraiment dangereuse, qui ne veut vraiment pas comprendre le bon sens, qui ne
veut vraiment pas s'attacher, lorsqu'il renouvellera sa plaque de
véhicule automobile, qu'il paie $500 ou $600 pour avoir un morceau de
plaque. Lorsqu'il renouvellera son permis de conduire et que cela lui
coûtera une petite fortune, je pense que l'année suivante, si cela
coupe ses vacances d'été, il sera porté à dire: Ce
serait bon de faire comme les autres.
Personnellement, j'ai fait du radar, j'ai arrêté des gens
qui circulaient à une vitesse respectueuse de la loi. On les a
informés qu'on les arrêtait parce que vraiment on voulait les
féliciter de collaborer à la prévention routière;
ces gens
étaient estomaqués. Les gens disaient: Vous
m'arrêtez pour me dire: Merci. C'est la première fois de ma vie
qu'un policier m'arrête pour me dire: Merci. Je pense qu'on est rendu en
1979. Il est grandement temps qu'on arrête de se servir de la police pour
faire fonctionner le service de police et que ce policier serve justement
à faire fructifier les deniers, que les budgets grossissent un peu et
qu'on arrête de dire que la petite police municipale n'est pas partout
pareille, mais je suis inquiet dans certains coins du Québec. Un
policier, que ce soit un policier municipal de quelque ville que ce soit, c'est
un policier qui a un devoir face à l'automobiliste et contrairement
à ce qu'on peut penser, la police veut changer son orientation face aux
citoyens. On ne veut pas seulement changer au niveau de l'application du Code
de la route, on veut changer l'application de tout notre travail. Je vous
parlerai dans deux secondes de la nouvelle orientation de la police face aux
relations communautaires.
Mettez-vous à ma place, M. Lessard: si vous vous faites
arrêter dans un petit village d'une façon cavalière, que
vous venez vivre chez nous et que je vous demande votre collaboration pour
participer à l'opération Volcan ou devenir membre de parents
secours, et que vous êtes témoin d'un accident c'est votre
devoir de citoyen de collaborer avec moi ,vous allez peut-être
dire: Qu'il fasse son travail comme l'autre là-bas, qu'il cherche. Cela
crée des situations qui ne sont vraiment pas drôles. On dit: La
police n'est là que pour nous arrêter. On fait vraiment notre
possible pour essayer de suivre l'évolution de la société
et, personnellement, je suis très fier de l'avant-projet du Code de la
route. Je pense que ces petits points-là sont très importants.
L'automobiliste du Québec n'est pas pire qu'ailleurs. Comme le disait M.
Vignola, c'est une question d'éducation. Il est grand temps qu'on
arrête de dire: Ecoutez! On conduit en fou, on a les pires statistiques,
etc. La grande majorité de nos automobilistes au Québec a quand
même le sens de ses responsabilités. Qu'est-ce que cela donne
à ces gens-là, à part que d'entendre crier, surtout
celui-là qui se fait arrêter...
Je pense qu'il est temps pour moi d'arriver à la dernière
page de mon mémoire et de vous parler d'une expérience qu'on vit
chez nous depuis le mois de mai 1979. Permettez-moi, M. le ministre, de vous
citer clairement une phrase que vous avez dite hier après-midi et qui
termine la dernière explication de ce mémoire: II est grand temps
pour tout le monde, surtout pour nous, d'arrêter de jouer au chat et
à la souris. Ce temps-là est complètement révolu.
Le policier qui utilise le radar se cache dans une courbe, dans une côte
ou près d'une haie de cèdre et l'automobiliste surveille d'un
oeil agressif ce dernier. Le jeu commence et recommence de jour en jour dans la
majorité des villes du Québec. Une chose est certaine je
le répète ni l'un ni l'autre, policier et automobiliste,
ne deviendront de très bons amis à la suite de ces
manières plutôt cavalières. L'automobiliste ainsi
intercepté dans un piège radar ne saura, à l'avenir, de
bon coeur offrir sa collaboration au service de l'ordre car il n'aura pas
accepté l'attitude du policier et ce, même après des
années.
La vie continue. Une nouvelle section se forme dans le corps de police
où réside l'automobiliste; une section communautaire ayant comme
principal but d'oeuvrer auprès de la communauté pour
connaître ses besoins et travailler ensemble, la sensibiliser à la
prévention routière et obtenir sa collaboration face à la
lutte contre le crime. Non, ce pauvre policier qui croit en cette nouvelle
orientation sera bien vite déçu, car comment voulez-vous que ce
citoyen, ce bénévole, cet automobiliste, ce sportif, cette
personne âgée ait de l'intérêt envers ce nouveau
rôle très important pour l'évolution s'il possède
encore en mémoire la méthode peu orthodoxe que j'ai
personnellement personnellement, M. Lessard comme mes
confrères, utilisée pour capturer des automobilistes au
radar.
Je demeure, M. le ministre, convaincu du rôle important que joue
le policier en utilisant judicieusement le radar sur nos routes au
Québec. Mais étant moi-même policier depuis plusieurs
années, je refuse d'endosser cette méthode. Comme je vous
l'expliquais, le jeu du chat et de la souris commence à être
révolu et il est grand temps de changer cette orientation. Croyez-vous
que le témoin d'un véhicule suspect dans une rue hésitera
avant de communiquer la situation à son service de police?
Sûrement, car il pensera, dans sa tête, à sa prise de bec
d'il y a quelques années avec le policier.
Considérant l'analyse du présent rapport annuel de la
Sûreté du Québec de 1978, à la page 38, la
Sûreté a enquêté sur 893 accidents mortels, 8160
accidents avec blessures corporelles et 50 992 accidents avec dommages
matériels. Selon les mêmes sources d'information, les causes
d'accidents de 1978 sont demeurées les mêmes que celles des
années précédentes: les vitesses excessives dans les zones
de 80 à 100 kilomètres.
Ces données sont quand même très
inquiétantes, nous en sommes convaincus. Il faut effectuer des
vérifications au radar sur nos routes. Mais jouons franc jeu: soyons
professionnels, servons-nous de méthodes adaptées à notre
société moderne et utilisons justement les media d'information.
Dans l'Estrie, depuis le mois de mai 1979 je vous invite, M. Lessard, si
jamais vous vous rendez dans l'Estrie, à venir à Rock Forest:
c'est ce qui relie l'autoroute des Cantons de l'Est à la ville de
Sherbrooke; le boulevard a douze milles de longueur nous avons fait
imprimer 10 000 calendriers de 1979 et le directeur a adressé un message
aux automobilistes de la région. Nous avons distribué, par
l'entremise de tous les commerces, restaurants, épiceries, tabagies,
plus de 10 000 calendriers et les journées en rouge sont les
journées consacrées à l'opération radar. Le matin,
nous annonçons dans les postes de radio de la ville les rues qui seront
surveillées au radar au cours de cette journée-là.
L'automobiliste connaît, par la date et la radio, les endroits.
C'est bien évident, M. le ministre, que je ne dirai pas, pour un
boulevard de douze milles de longueur, aux automobilistes à
l'écoute que je suis stationné à l'angle de telle rue et
de telle rue, en direction de Montréal. Non, pas du tout. Nous avons,
depuis quinze jours, annexé à ce calendrier et à cette
information radiophonique des systèmes de pancartes qui sont, chaque
fois que le radar est en opération, placées sur l'accotement des
routes vérifiées. Cette pancarte indique: Attention! Nous
vérifions votre vitesse au radar. Merci. Police de Rock Forest,
Sherbrooke métropolitain. Le matin, de bonne heure, nous mettons ces
pancartes-là dans les rues qui sont vérifiées. Je ne dis
pas l'heure à laquelle le véhicule radar sera sur le boulevard
Bourque. Je ne donnerai pas l'indication de l'intersection, mais nous tentons,
par cette expérience, M. Lessard, de développer, de la part de
l'automobiliste, une habitude volontaire du respect de la loi. On essaie de
dire au gars qui demeure dans notre coin: Ecoute! Tu as le feu au
derrière quand tu te fais émettre un billet de circulation parce
que cela coûte une petite fortune. On est d'accord que cela coûte
cher qu'on a un rôle drôlement difficile à jouer, celui
d'aller chercher l'argent dans la poche des gens, surtout avec l'inflation
qu'on connaît. Nous tenons d'inciter les gens à prendre cette
habitude de respecter nos limites de vitesse permise.
Je vais vous dire, M. le ministre, que depuis le mois de mai, nous avons
connu à ce jour je ne peux pas vous donner aujourd'hui des
chiffres précis, mais je vous promets de vous les faire parvenir
à la fin de notre saison de radar une baisse assez importante
d'accidents avec blessés et une baisse d'accidents mortels. Nous avons
constaté une chose très importante lorsque nous arrêtons un
automobiliste. Lundi, il y a quinze jours, la veille de ce lundi alors que je
suis venu présenter un mémoire à la commission de la
justice, j'ai arrêté 125 automobilistes. J'étais
très souriant, de bonne humeur et je n'avais absolument pas de rancune
à les arrêter. Ces gens-là avaient, pour la
majorité, leur calendrier et d'autres disaient: J'ai complètement
oublié cela. Quand je vous parle de 125 automobilistes, M. Lessard, il
faut que je vous dise qu'il passe peut-être 1000 automobiles à
l'heure de chaque côté; c'est quand même un pourcentage
assez important.
Cela m'amène à vous dire que l'important, c'est de
créer un climat face à la police et au citoyen. Je ne vous dis
pas que ce projet d'agenda radar est fantastique et incroyable, mais je vous
dis qu'il est à l'avantage du gouvernement de l'étudier à
fond et de venir voir nos résultats chez nous pour pouvoir arrêter
cette cabale de radars et de toutes sortes de situations à travers le
Québec qui créent justement une situation qui nuit à la
crédibilité des policiers. Je suis quand même convaincu
je suis très convaincu que les automobilistes de ma
région sauront vraiment faire preuve de diligence et de respect de la
loi et qu'ils sauront développer un respect des limites de vitesse
permise.
C'est évident que le gars qui se fait arrêter se dit: C'est
de ma faute; je le savais. Le gars ne développe pas de
l'agressivité envers le policier et même les policiers qui
interceptent nous le mentionnent: Sur un nombre de X véhicules
arrêtés, très rares sont ceux qui sautent sur nous autres
comme auparavant. Vous savez que les automobilistes tentent de se vider le
coeur. Je pense que le rôle de la police n'est pas de calculer le nombre
de billets émis dans une journée de travail. Je suis heureux
permettez-moi de vous le souligner de travailler avec un
directeur de police qui me demande: Combien de fois as-tu été
appelé sur les lieux d'un accident? Qu'est-ce que cela représente
avec l'année passée et l'autre année avant? Notre
problème important à nous, c'est cela. C'est le nombre
d'accidents qui nous intéresse, ce qui se passe, où cela se passe
et à quelle heure.
Permettez-moi, en terminant, de vous souligner que, depuis environ une
semaine, un nouveau policier fait partie de notre corps de police et il
s'appelle le constable Sanschagrin parce qu'il est toujours de bonne humeur.
Nous appelons cela de la gestion d'équipement. Permettez-moi de vous
faire remarquer une expérience que j'ai tentée dimanche dernier
lorsqu'il passait 950 automobiles à l'heure sur le boulevard Bourque en
direction de la ville de Sherbrooke. Une compagnie qui travaillait pour le
ministère des Transports faisait une étude de statistiques.
C'était une journée de radar. Nous avons installé dans un
véhicule radar notre mannequin Sanschagrin qui opérait le radar.
Environ un demi-mille avant son radar, il y avait des enseignes "Nous
vérifions votre vitesse". Il y avait évidemment des policiers.
Notre baisse de vitesse a été très importante. Même
les gens qui travaillaient pour cette compagnie, qui font des analyses pour le
gouvernement, ont été très emballés de voir
l'efficacité de ce bonhomme qui est toujours de bonne humeur, je vous le
répète. Comme j'avisais les automobilistes chez moi, je leur
disais: Vous voyez ce nouveau policier est arrivé. Une chose
drôle, les gens disent: Ecoutez! Si vous l'annoncez, si vous en parlez de
votre constable Sanschagrin, les gens vont prendre l'habitude de dire que c'est
un mannequin. Mais on avise bien les gens que régulièrement la
relève de ce constable est faite par de vrais policiers.
Nous développons vraiment une habitude chez les gens, celle de
respecter la présence de ce véhicule. Ils ne savent jamais si
c'est un vrai policier ou non. Il faut être rendu près de lui pour
le savoir. La première journée que nous l'avons essayé, il
y a même des gens qui sont allés lui demander de l'information,
mais il n'a pas répondu. (19 h 30)
Le résultat, c'est que nous croyons qu'il est important de se
servir des autos patrouilles qui à certains moments dorment à
l'arrière d'un poste de police et permettez-moi, M. le ministre, de vous
faire parvenir de l'information à la suite de ces expériences. Je
vous le répète, M. le ministre. Il y a une solution très
importante qu'il ne faut pas que vous oubliiez. Il va falloir que les
infractions s'en
aillent toutes à la même place, qu'il y ait un
contrôle à la même place pour tout le monde au
Québec. Je vous remercie et je suis disponible aux questions. Je
m'excuse si j'ai un peu dépassé le temps qui m'était
alloué, mais l'emballement, vous comprenez, et l'attente que nous avons
eue depuis deux jours...
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, merci M. Tremblay.
M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Non, c'était très intéressant,
M. Tremblay. Même, je regrette des fois, quand j'entends des
témoignages comme ceux-là, que les commissions parlementaires
n'aient pas été télévisées, parce qu'il me
semble qu'avec le témoignage chaleureux que vous avez donné sur
cette nouvelle conception de la sécurité routière, aurait
été énormément profitable pour l'ensemble des
citoyens et aussi pour l'ensemble des policiers du Québec. Je suis
convaincu que... d'abord, je pense bien que c'est vous et M. Parenteau, mais je
ne sais pas quelle sorte de maire vous avez chez vous, parce que cette
conception n'est malheureusement comme le disait le député
de Charlevoix au cours de cette commission parlementaire pas
partagée par l'ensemble des maires des petites municipalités qui
cherchent bien souvent à aller chercher de l'argent et le policier est
pris un peu entre la municipalité et sa responsabilité ou sa
nouvelle conception sociale. Quant à moi, votre témoignage m'a
énormément impressionné. Vous démontrez que votre
travail n'est pas négatif; c'est un travail positif, d'autant plus que
c'est quelque chose de nouveau. Ce n'est pas la routine régulière
et je pense que ce sont d'eux d'ailleurs, comme celui de M. Vignola tout
à l'heure excellents mémoires qui méritaient
d'être entendus et qui auraient certainement, sans minimiser les autres
pour autant parce que je pense qu'on a eu d'excellents mémoires
au cours de cette commission parlementaire mérité
d'être répandus à travers le Québec, parce que ce
n'est pas souvent qu'on voit une nouvelle conception comme cela.
Combien êtes-vous de policiers à Rock Forest?
M. Parenteau (Richard): Nous sommes présentement quatorze
policiers chez nous pour une population de 14 000.
Une Voix: Incluant le constable Sanschagrin. M. Parenteau:
On l'a oublié. On est quinze.
M. Lessard: Parce que si vous continuez tantôt avec le
constable Sanschagrin, vous étiez en train de justifier la disparition
des policiers. Mais par la suite, M. Tremblay a fait une...
M. Tremblay (Richard): Non, au contraire.
M. Parenteau: Non, on justifiait la présence de
véhicules de police sur le chemin, plutôt qu'en arrière
d'un poste de police, lorsque nous avons des périodes où tous nos
véhicules ne sont pas sur le chemin.
M. Lessard: J'aurais quelques questions, parce que je vous avoue
que j'aimerais bien recevoir les autres informations que vous vouliez me faire
parvenir, car votre mémoire pourrait soulever beaucoup de questions
extrêmement intéressantes. Je pense que c'est une conception
très nouvelle de prévention. Quant à moi, en tout cas, il
ne faut pas être idéaliste non plus pour voir quelle
expérience cela donne, mais je l'ai dit à plusieurs reprises, la
conception du chat et de la souris, je ne pense pas que cela en soit une qui
aide d'abord le policier, mais qui aide le citoyen et qui soit une conception
de prévention et de sécurité.
Seulement quelques questions sur des détails, parce que
globalement je trouve votre mémoire extrêmement intéressant
et on va considérer sérieusement la proposition. Je ne sais pas
de quelle façon on peut l'appliquer, mais la question du mérite,
c'est vrai qu'on travaille tout le temps avec le bâton et on sait que les
étoiles sont disparues des petites écoles. Je ne sais pas si on
va les remettre au niveau des conducteurs.
Juste une question concernant la mise sous clef obligatoire des autos.
Je vous avoue bien honnêtement que je ne barre à peu près
jamais ma maison et je ne barre pas mon auto parce que de toute façon,
quand ils décident de passer à travers et je me suis
déjà fait voler, non pas mon auto, mais différents
produits à l'intérieur de l'auto parce qu'on sait
très bien que les voleurs ont énormément de
facilités à ouvrir maintenant et c'est un peu comme au chalet,
j'aime autant leur donner la facilité d'ouvrir que de leur donner la
possibilité de tout défoncer. Sur cela, je ne suis pas tellement
convaincu.
Il y a une chose qui m'a frappé, par exemple, c'est que chez les
jeunes moins avertis la recherche de l'auto comporte des coûts, etc.,
mais je vous avoue que ce n'est pas... Je suis peut-être dans l'erreur,
mais...
Le Président (M. Bordeleau): M. Parenteau.
M. Parenteau: M. le Président, il y a quelque chose qui
est bien important à constater. Un voleur professionnel, si on l'appelle
ainsi, va prendre la peine de briser pour entrer, mais le jeune qui, en
principe, en est à ses premières infractions ne prendra pas le
"challenge" de débarrer la porte et de casser la vitre. Tandis que si on
laisse les portes débarrées avec les clés à
l'intérieur, il n'y a rien de plus facile pour lui que de monter dans
l'auto et de partir. C'est peut-être une partie du problème comme
tel, mais celui qui en est à sa première infraction, qui
débute dans les vols d'autos ou dans les vols de maisons, ou ce que vous
voudrez au niveau du vol, il ne prendra pas le "challenge" de casser les
vitres, ou d'essayer d'ouvrir de quelque façon possible. Il y a aussi
d'autres possibilités.
M. Lessard: D'accord, je prends la leçon.
M. Tremblay (Richard): Je vais vous dire quelque chose juste pour
clore cela, M. Lessard. Vous savez qu'en proportion, sur les 20 000
véhicules volés annuellement au Québec, la majorité
des vols d'automobiles sont des vols pour la promenade. Je vous l'explique dans
le mémoire. Je ne vous l'ai pas résumé parce que vous
l'avez sûrement lu, mais ce sont des vols pour la promenade. Le policier
que j'envoie à un appel à un centre commercial parce qu'une dame
s'est fait voler son véhicule et que la dame me dise qu'elle a
laissé les clés dedans parce que c'est son habitude, elle fait
toujours cela à la maison et elle a tout oublié dedans. C'est
très facile pour le voleur de sauter dans l'auto, à part cela. On
retrouve le véhicule, la majorité du temps, sans aucun dommage.
J'en conviens volontairement. Mais j'envoie une auto patrouille avec deux
policiers que je mobilise pour cette chose-là, qui vont remplir des
rapports qui ne finiront plus. C'est une question de gestion et je me dis qu'il
y a des choses plus importantes. Je me dis que si le gouvernement
décidait d'intensifier une petite campagne de publicité
comparative à celle de la ceinture, je pense que nous aurions un
pourcentage de gens qui barreraient leur véhicule et on baisserait
peut-être seulement de 2000 par année, mais ce serait bien 2000
véhicules de moins de volés au Québec.
M. Lessard: Une dernière remarque, parce que le temps
presse. Concernant la vérification des véhicules automobile, vous
avez raison sur cela et c'est pourquoi plutôt que d'avoir des centres
gouvernementaux qui coûteraient des millions de dollars, dont on n'a pas
le moyen, on veut, comme je l'expliquais à plusieurs reprises, certifier
des garages reconnus qui devront faire un travail compétent et qui
seront responsables de leur travail. On aura certainement des inspecteurs pour
vérifier le travail de ces garages qui seront responsables et des
amendes seront attachées tant aux mécaniciens qu'au
propriétaire du garage s'il n'est pas capable de faire la
vérification mécanique de façon satisfaisante. Je vous
remercie beaucoup de votre témoignage, je pense que cela a
été excellent.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, moi aussi je concours aux
propos du ministre quant à l'aspect positif et innovateur des
expériences qui sont présentement tentées dans la
municipalité de Rock Forest et j'aimerais savoir si ces
expériences que vous tentez, vous avez eu l'occasion d'en discuter
à des rencontres de l'association des policiers ou d'autres organismes
semblables?
M. Parenteau: On en a discuté à maintes reprises
dans les associations comme l'Association des chefs de police et pompiers du
Québec. On parle de projets pilotes qu'on a souvent lancés chez
nous, autant au niveau des campagnes, avec des films qu'on a tournés,
autant avec des opéra- tions qu'on appelait l'"opération minoune"
auxquelles le ministère a collaboré à 150% alors qu'on
avait exposé dans nos mails des vraies "minounes", quelque chose de
flagrant, pour inciter les gens à la sécurité. C'est une
chose qui se développe tranquillement au Québec au niveau de la
police.
C'est une nouvelle image qu'on veut projeter. C'est peut-être une
des principales raisons pour lesquelles on est ici aujourd'hui. Un corps de
police de quatorze hommes fait en sorte, non pas de changer le système,
mais tente d'élaborer avec d'autres corps de police des idées,
une approche du citoyen, par exemple, le genre de radar ou autre. C'est une
chose que, tranquillement, je pense, est en train d'être
digéré et, comme pour tout projet, on doit en évaluer le
"feed-back". On vous a donné un exemple aujourd'hui, M. le ministre. On
va vous donner à la fin de l'année le résultat de notre
genre de radar. Si on est plusieurs corps de police à essayer le
même projet, on n'aura peut-être pas les mêmes
résultats. Donc, avec un résultat positif de nos projets
innovateurs, comme vous le mentionniez, on va par la voie du directeur que je
suis, l'exploiter au niveau des régions pour voir, statistiquement
parlant, ce que cela donne.
On a dit, pendant les deux jours qu'on a été ici, qu'on
était rendu à un volume de 40% seulement du port de la ceinture.
Comme le sergent Tremblay vous l'a mentionné, il serait grand temps
qu'on ait au Québec une seule place pour recevoir on se
répète les infractions. Donc, ce serait uniforme pour tout
le monde. Il y aurait une seule justice appliquée aux automobilistes qui
doivent circuler de place en place.
M. Tremblay (Richard): Permettez-moi, monsieur le
représentant de l'Opposition officielle, de vous souligner tout d'abord
l'intérêt que nous avons porté à ce mémoire
pour deux raisons. Tout d'abord, nous présentons au gouvernement ces
modifications et cette méthode innovatrice, mais nous ne pouvions pas
poursuivre seulement de front la commission parlementaire sur la refonte du
Code de la route. Nous avons pris l'initiative la semaine dernière de
venir rencontrer la commission sur la réforme de la Loi modifiant la Loi
de police, le projet de loi 48, et présenter au ministre de la Justice
du Québec des arguments qui, d'après nous, sont très
positifs.
Tout d'abord, vous demandiez si nous avions tenté de sensibiliser
d'autres corps de police. C'est bien évident, et soyons vraiment
honnêtes, tous les corps policiers de la région de l'Estrie
n'appuient pas notre méthode. Par contre, nous avons mentionné au
ministre de la Justice deux points très importants, et je pense qu'il
est très judicieux de vous les mentionner ici aujourd'hui. Nous avons
mentionné à M. Bédard que nous croyions qu'il était
très important que la Commission de police du Québec ait des
pouvoirs au niveau des sanctions pour les policiers qui commettent des erreurs
à l'intérieur de la province de Québec pour dire: Ecoutez,
tel policier, vous êtes inapte à faire votre travail au
Québec pour tant de
temps. Nous croyons qu'il est important que la Commission de police ait
un certain contrôle sur l'équipement des policiers. Mais nous
avons posé deux questions à M. Bédard, soit celles-ci: Ne
serait-il pas important pour les policiers du Québec qui se rendent
à l'entraînement à l'école de police je vous
le dis et je l'ai répété la semaine passée en
commission parlementaire, cet entraînement qui nous est donné
depuis des années est très professionnel et les policiers du
Québec en sont fiers... Je pense qu'il est grandement temps que les
policiers qui se rendent à l'école de police aient une formation
supplémentaire en relations humaines pour leur permettre de
développer une approche plus positive des responsabilités
sociales et des problèmes sociaux que rencontre
régulièrement la police aujourd'hui, en 1979.
De plus, la question que nous avons posée à M.
Bédard... Nous lui avons dit que nous étions un peu inquiets du
fait que les municipalités de 5000 et plus devront établir ou
maintenir un corps de police. C'est pour cette raison-là que nous avons
mentionné à cette commission qu'il serait très important
que la Commission de police ait juridiction sur les méthodes
d'utilisation d'appareils radars pour éviter les abus de ces
appareils
Je pense que du côté du ministère des Transports, il
est drôlement important d'irriguer les billets d'infractions à un
seul endroit au Québec, à Québec, et que le contrôle
se fasse à un seul endroit. Nous avons entrepris des démarches
auprès du législateur et nous croyons qu'il faut partir d'en
haut, aller rencontrer le législateur qui fait les lois et, par la
suite, nous allons rencontrer nos confrères. Je pense qu'avec l'appui du
gouvernement, on peut arriver à quelque chose.
M. Gratton: M. le Président, je suis sûr que le
comité interministériel sur la sécurité
routière voudra en prendre bonne note. Une question simplement de
détail, compte tenu de l'approche plutôt différente que
vous avez par rapport à l'opération radar. Quelle est votre
impression personnelle sur l'opportunité ou non de bannir l'utilisation
des détecteurs de radar?
M. Tremblay (Richard): Les détecteurs de radar,
personnellement, ne me dérangent pas. Qu'il y ait des détecteurs
ou non, je pense que les jeunes n'en auront pas besoin, si on peut arriver
à avoir des méthodes universelles d'utilisation de ces appareils
au Québec. (19 h 45)
Nous n'avons rien inventé, chez nous, à Rock Forest, en
vous disant qu'on dit aux gens qu'on se sert du radar et qu'on est
"tannés" de capturer des gens. A la Sûreté du
Québec, actuellement qu'on me corrige si je me trompe il
est complètement interdit de faire du radar dans une courbe ou dans le
bas d'une côte. Ces situations se retrouvent la majorité du temps
chez des corps policiers municipaux.
Il y a des policiers municipaux au Québec qui sont
fatigués de nuire à leur crédibilité face à
leur profession, à cause d'un certain nombre de poli- ciers qui sont
dans l'obligation de faire ces tentatives. Je pense qu'il est grandement temps
que le législateur s'y penche et nous aide à travailler avec
l'automobiliste.
M. Parenteau: Nous pensons aussi en même temps que le
détecteur de radar fait que les gens qui ont à détecter le
radar sont plus prudents à des endroits stratégiques, ce qui fait
qu'on aura peut-être un pourcentage minimum de sécurité
à des endroits donnés. Il y a le fait qu'en virant de bord, ils
peuvent partir dans un autre sens, mais au moins il y aura le pourcentage de
ceux qui, attentifs au radar et aux courbes, pourront être plus
prudents.
M. Tremblay (Richard): Je pense bien, M. Gratton, que les gens
n'auront pas besoin de détecteur de radar si, un jour, on peut arriver
à une pratique professionnelle de ces appareils.
M. Gratton: J'en conviens avec vous et je suis heureux de
constater que vous avez de la suite dans les idées. Vous êtes
constants dans votre philosophie. Messieurs, je vous remercie et même je
vous fais une suggestion: II me semble que, si le ministre, dans cet
avant-projet de loi, se donne le pouvoir de donner des subventions, je vous
inviterais à lui en demander une tout de suite. Il me semble qu'il
devrait normalement être très réceptif à une demande
de votre part pour vous aider à financer...
Une Voix: Du bon patronage!
M. Gratton: Oui, ce serait du bon patronage auquel nous
souscririons, même en tant qu'Opposition officielle.
Vous le savez vous-même, le député d'Orford, qui
représente la circonscription où est située Rock Forest,
était avec nous toute la journée; il a dû s'absenter, comme
je pense, il vous l'a expliqué. Il m'a demandé lui aussi de vous
remercier en son nom et aussi au nom de l'Opposition officielle. Je n'ai qu'un
souhait à formuler, c'est que vous nous informiez, nous aussi de
l'Opposition, des résultats de vos expériences.
Félicitations de votre façon nouvelle et tout à fait
intéressante de voir les choses.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Tremblay. Merci, M.
Parenteau. Un petit mot de la fin.
M. Tremblay (Richard): Permettez-moi de remercier la commission
d'avoir accepté de nous entendre pendant ces longues minutes, mais nous
espérons vraiment que la commission s'y penchera... Nous sommes
très fiers que, bientôt au Québec, les citoyens auront fait
un pas de plus avec un projet de réforme du Code de la route vraiment
adapté à leurs besoins. Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Bordeleau): II reste un mémoire
sur notre ordre du jour. Il s'agit des Chauf-
feurs d'autobus et de limousines et travailleurs affiliés
à la Fraternité internationale des Teamsters. Est-ce que les
représentants du groupe sont ici?
M. Gratton: Je recommande qu'on inscrive au journal des
Débats le mémoire des teamsters.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, le mémoire
sera inscrit au journal des Débats.
M. Lessard: Je n'ai qu'une remarque, c'est que leur
recommandation concernant le permis de conduire pour autobus est
déjà faite.
Le Président (M. Bordeleau): La commission ajourne ses
travaux à demain, dix heures.
Fin de la séance à 19 h 49