Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Présentation de mémoires relatifs
à l'avant-projet
du Code de la route
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire des transports reprend ses travaux ce
matin.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont:
M. Baril (Arthabaska), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Lessard (Saguenay),
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Mailioux (Charlevoix),
M. Marquis (Matapédia), M. Perron (Duplessis); M. Russell
(Brome-Missisquoi) remplacé par M. Brochu (Richmond); M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Verreault (Shefford).
Les intervenants seront: M. Bellemare (Johnson), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Desbiens (Dubuc), M. Grégoire (Frontenac), M.
Lamontagne (Roberval), M. Lefebvre (Viau), M. Ouellette (Beauce-Nord), M.
Vaillancourt (Orford). M. Lamontagne (Roberval) est remplacé par M.
Gratton (Gatineau), M. Perron (Duplessis) est remplacé par M.
Grégoire (Frontenac).
Avant de commencer le programme de la journée, je voudrais vous
souligner qu'hier soir nous avons fait l'appel du dernier groupe, qui
était l'Union des chauffeurs d'autobus et de limousines et travailleurs
affiliés à la Fraternité internationale des Teamsters et
qu'il n'était pas ici. Par contre, nous avions modifié un peu
notre horaire et, ce matin, ils nous ont demandé de les entendre. Alors,
si j'ai le consentement des membres de la commission, nous pourrions commencer
immédiatement par ce mémoire.
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: II y a consentement, mais, avant d'inviter nos
intervenants à nous adresser la parole, j'aimerais soulever une question
de règlement. On sait que cela fait deux jours que nous siégeons
en commission. Normalement, on nous fournit presque au jour le jour les
épreuves du journal des Débats au fur et à mesure que nous
poursuivons nos discussions. Or, depuis deux jours et j'imagine que
c'est à cause des "difficultés techniques" entre guillemets
nous n'avons toujours pas d'épreuves. Pourrais-je vous demander,
M. le Président, de vous enquérir pour savoir à quel
moment nous pouvons espérer recevoir ces épreuves, de
façon à nous assurer que les propos que nous avons tenus ici, en
commission parlementaire, sont bel et bien consignés au journal des
Débats?
Le Président (M. Bordeleau): Très bien, M. le
député de Gatineau, je m'engage à m'enquérir, comme
vous le dites, et je vous en ferai part un peu plus tard au cours de la
séance.
M. Gratton: Je vous remercie. En même temps, pourriez-vous
vous enquérir où en sont rendues les épreuves du journal
des Débats pour la commission d'il y a deux semaines sur le rapport
CEGIR, parce que nous ne l'avons pas reçue, celle-là non
plus?
Le Président (M. Bordeleau): Pourtant, à ce moment,
il n'y avait pas de problème apparent.
M. Gratton: Cela prouve que les problèmes sont
peut-être les mêmes quelles que soient les personnes qui font
l'enregistrement.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. On vérifie
cela, M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. Nous sommes donc
prêts à recevoir le mémoire des Teamsters, en nous
excusant, bien sûr, auprès du groupe qui croyait être le
premier ce matin et qui sera le deuxième. Si vous voulez vous
identifier. (10 h 15)
Union des chauffeurs d'autobus et de
limousines
M. Ouellette (Richard): M. le Président, j'ai à ma
droite le vice-président du local, M. Gilles Denis.
Le Président (M. Bordeleau): Voulez-vous parler plus
près du microphone, s'il vous plaît?
M. Ouellette (Richard): M. Denis, le vice-président du
local. Je m'appelle Richard Ouellette, secrétaire-trésorier et
agent d'affaires du local 275 des Teamsters, représentant des chauffeurs
d'autobus scolaires et interurbains.
M. le Président, dans le mémoire que nous avons
déposé, il y a possiblement des choses qui regardent les
règlements du Code de la route qui est inclus dans cela, mais je crois
qu'il est important présentement, pour les chauffeurs d'autobus qu'on
représente, de faire une mise au point là-dessus,
aujourd'hui.
Sur le chapitre II, section II, le comité consultatif
médical, nous aimerions porter à votre attention que l'infarctus,
crise du coeur, ou tout autre nom connexe, se rapportant aux maladies du coeur
entraîne une perte immédiate du permis de conduire A-1 en ce qui
concerne le transport interurbain par autobus. Donc, la perte immédiate
de son emploi pour le chauffeur. Nous aimerions que la commission regarde
attentivement les restrictions se rattachant au permis de conduire A-1, car
nous croyons que l'évolution de la médecine depuis les 20
dernières années nous permet aujourd'hui de maîtriser
davantage les maladies du coeur et de remettre sur pied les personnes qui en
sont atteintes de manière qu'elles puissent reprendre leur fonction de
chauffeur.
A cet effet, nous avons annexé à notre mémoire ce
qu'on appelle le Guide à l'usage des
médecins pour déterminer l'aptitude à conduire un
véhicule automobile, fait par l'Association médicale canadienne.
Ce guide a été fait en décembre 1977 et les cardiologues
viennent à peine de le recevoir, la semaine dernière. Avec la
collaboration de l'Association des chauffeurs d'autobus du Québec, nous
avons pu prendre connaissance de cette étude. Si vous regardez, nous
n'en avons qu'une partie, les parties 4.3 et 4.9 jusqu'à 4.12
inclusivement. Cela parle des stimulateurs cardiaques, des prothèses
valvulaires, des anticoagulants, pontages coronariens. Dans les trois
premières, c'est bien entendu que le chauffeur ne pourrait pas reprendre
la conduite d'un véhicule public, mais ce qui appartient à 4.12
pontage coronarien, ou toute autre maladie de coeur, où une
opération n'est pas nécessaire, c'est seulement une maladie du
coeur, on dit à la fin ici, si on veut résumer: On estime
dès lors qu'avec une évaluation soignée et un
contrôle rigoureux, certains patients qui ont subi un pontage coronarien
peuvent continuer à conduire aussi bien des véhicules de
transport en commun que des véhicules commerciaux. On recommande que les
patients qui ont subi un pontage autocoronarien et qui souhaitent conduire
à titre professionnel fassent l'objet d'un examen complet par un
cardiologue ou un conseil de révision médicale, et ainsi de
suite.
Nous souhaiterions que la commission porte une attention spéciale
à ce document et à nos revendications sur les maladies du
coeur.
Les permis de conduire, chapitre IV, section II. Nous désirons
avoir différentes classes de permis de conduire d'autobus.
Peut-être que le texte n'est pas adapté au dernier
règlement que le ministère du Transport a fait, mais quand
même il reste beaucoup à améliorer sur les derniers
règlements qui ont été faits en septembre, je crois.
Il aurait été impensable de croire qu'un chauffeur qui a
réussi un examen sur un minibus dont la transmission est automatique,
puisse avec ce même permis conduire un type interurbain sans aucune forme
d'examen. Pour la sécurité des usagers, nous suggérons les
classes suivantes. On sait présentement que quelqu'un qui passerait son
permis de conduire sur un minibus, je crois qu'avec les nouveaux
règlements c'est 24 000 livres et moins, 24 passagers, ce
problème est quand même réglé en partie.
Mais il y a une très grande différence entre un autobus
scolaire à essence et un long courrier, de type interurbain, qui est au
diesel. Ce n'est pas la même conduite et ce n'est pas du tout la
même chose.
Voilà pourquoi nous avons suggéré les trois permis
suivants: pour un autobus de 20 passagers et moins, le moteur à essence
et le moteur diesel.
Pour ce qui se rapporte au chapitre XII, Dispositions diverses,
j'espère que ce que nous avons mis là entre dans ce chapitre.
Premièrement, un règlement interdisant à un chauffeur
d'être à la conduite d'un autobus de tout genre plus de huit
heures par jour. Un règlement interdisant à un chauffeur
d'autobus de tout genre de commencer un voyage avec des passagers à
bord, s'il est au travail depuis plus de douze heures, de plus, sans
période de repos d'un minimum huit heures.
Troisièmement un règlement interdisant à une
compagnie qui exploite un service interurbain, pour desservir le public sur sa
ou ses routes, d'utiliser des types d'équipements autres que ceux
classés interurbains.
Quatrièmement, que tout autobus classé type scolaire ne
soit utilisé à d'autres fins que le transport d'écoliers.
Tout voyage à charte-partie, ou voyages spéciaux, tel que
défini à l'ordonnance 17 de la Commission des transports du
Québec ne soit effectué qu'avec un autobus de type
interurbain.
On se souvient des malheurs qui nous sont tombés sur la
tête avec les autobus qui ne sont pas de type interurbain et qui ne sont
pas adéquats pour transporter, à pleine capacité, des
adultes. Ils ont été conçus pour transporter des enfants
avec une charge moindre qui pourrait aller à une moyenne de 80 à
90 livres, tandis que les adultes ont une moyenne 150 à 175 livres. Une
personne ne paraît pas beaucoup, mais un ensemble de 44 passagers, cela
fait une grosse différence sur le comportement du véhicule, sur
les freins, etc. Merci, messieurs.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le ministre des
Transports, avez-vous des questions?
M. Lessard: Ce serait surtout des commentaires, M. le
Président, quitte à recevoir ceux de l'Union des chauffeurs
d'autobus et de limousines. Concernant les crises du coeur, l'infarctus, vous
donnez le Guide à l'usage des médecins pour déterminer
l'aptitude à conduire un véhicule automobile. Il s'agit de
l'Association médicale canadienne. Nous avons demandé, nous
aussi, un avis concernant toute la question des crises du coeur des
problèmes de coeur. Il est certain que nous devons être beaucoup
plus exigeants lorsqu'il s'agit de chauffeurs d'autobus, parce que vous
comprenez que c'est un peu comme un pilote. Le danger est beaucoup plus grand,
c'est-à-dire en nombre d'accidents, mais lorsqu'un accident se
présente, eh bien, c'est un nombre de personnes plus important qui est
impliqué. Notre avis, nous ne l'avons pas demandé à des
médecins de médecine générale. Nous l'avons
demandé à l'Association des cardiologues. Je ne suis pas
cardiologue et je ne suis pas médecin, mais on demande des avis. Ce sont
les spécialistes qui sont les mieux placés pour mesurer
l'aptitude d'une personne à conduire un véhicule de transport en
commun. L'Association des cardiologues nous recommande de ne pas accepter
d'accorder ou d'émettre un permis à quelqu'un qui doit conduire
un véhicule de transport en commun. Cette dernière ne peut pas
conclure que même le pontage peut être sécuritaire
actuellement. C'est l'Association des cardiologues qui le dit; ce n'est pas le
ministre des Transports. Ce sont des spécialistes dans ce secteur.
Le dernier guide que nous avons remonte à 1977; il est
très recent, on peut faire la vérification, encore une fois.
Jusqu'ici, les cardiologues nous ont confirmé qu'ils ne pouvaient pas le
permettre. Vous voyez, par exemple, si le ministre des Transports du
Québec allait à l'encontre d'une recommandation qui nous est
faite par des spécialistes dans un secteur important et qu'un accident
avait lieu, je vous garantis que le ministre des Transports y
goûterait.
M. Ouellette (Richard): On interdit à un chauffeur
d'autobus qui a eu un infarctus ou quelque chose de semblable de conduire un
autobus, mais on ne lui interdit pas de conduire des véhicules qui
transportent des charges explosives, un camion-citerne ou quoi que ce soit
d'autres qui sont de matières plus dangereuses encore. La même
chose pourrait se produire, car s'il avait un accident, il pourrait y avoir des
multitudes de morts.
Présentement, nous avons un cas...
M. Lessard: Un instant. Vous avez la limite de 12 000 livres. Il
ne peut conduire un véhicule au-delà de 12 000 livres. Alors, je
pense que cela ne prend pas beaucoup de dynamite pour faire 12 000 livres.
M. Ouellette (Richard): M. le ministre, nous avons
présentement un cas qui est à l'étude. On s'est
aperçu, quand cet homme allait passer son examen afin de renouveler son
permis de conduire, qu'il avait fait possiblement un infarctus. De toute
façon, il avait une cicatrice au coeur. On ne sait pas quand, lui non
plus, on ne sait pas comment. On ne sait pas si c'est de naissance ou non. Cela
fait 30 ans qu'il travaille pour la compagnie et, aujurd'hui, on
s'aperçoit qu'il a quelque chose au coeur et on lui retire son
permis.
M. Lessard: Je conviens, monsieur. Cela peut faire 30 ans qu'on
commet des infractions au Code de la route et, un jour ou l'autre, on
s'aperçoit qu'il y a des policiers et on se fait arrêter. Je
comprends tout cela. Je suis bien prêt à soumettre votre
proposition aux cardiologues, encore une fois; mais n'étant pas
spécialistes dans le secteur, nous avons un comité de
différents spécialistes que nous consultons et qui nous font des
recommandations. L'une de ces recommandations, c'est de ne pas le permettre. Je
pense bien que ce sera encore plus urgent aujourd'hui, et ce n'est pas parce
que les accidents n'ont pas eu lieu à cause de quelqu'un qui a fait une
crise cardiaque au moment de l'accident. On nous recommande de ne pas le
permettre. Pour moi, c'est extrêmement difficile d'aller à
rencontre d'une recommandation de spécialistes qui sont censés
connaître le problème. Il y a toute la sécurité
publique là-dedans. Jusqu'à ce que les cardiologues ne
confirmeront pas qu'il n'y a aucun danger... je conviens avec vous
qu'aujourd'hui, je suis en excellente santé, peut-être, et que
demain je le disais, hier je peux prendre mon véhicule et
faire une crise cardiaque. Mais c'est un véhicule personnel que j'ai. On
est toujours en état de défaillance, un jour ou l'autre. Mais je
ne conduis pas un véhicule de 50 ou 60 passagers; je conduis mon
véhicule. Mais dans le cas du transport en commun, à ma
connaissance, je ne connais pas les normes pour un avion, mais je vous avoue
que les normes sont extrêmement sévères, très
sévères, que ce soit pour la vue ou l'ensemble, même pour
des pilotes privés. C'est très difficile, quant à moi. Je
suis sûr que je serais flagellé par l'opinion publique si j'allais
à l'encontre d'une recommandation qui vient des spécialistes dans
le secteur.
En ce qui concerne les types de permis, je n'ai jamais conduit de
diesel. Nous avons actuellement trois types de permis. Nous avons la
catégorie A1, A2, et A3. La catégorie A3, c'est tout
véhicule de 24 passagers et moins. (10 h 30)
Je pense que la catégorie A2 comprend le véhicule de 24
passagers et plus, dont la transmission est automatique. La catégorie A1
comprend le véhicule de 24 passagers et plus, dont la transmission est
manuelle. Je pense que le problème fondamental que nous avons eu en ce
qui concerne les accidents... J'ai l'impression que tout chauffeur
d'expérience peut le confirmer. Ce ne sont pas tant des problèmes
entre le moteur diesel et le moteur à essence, c'est le problème
de la possibilité de mettre le véhicule en décompression
ou en compression. On sait que quand quelqu'un est habitué à
conduire un véhicule à transmission automatique, il n'est pas
nécessairement habitué et il n'est pas nécessairement
capable, dans un véhicule lourd de transport en commun, de conduire un
véhicule à transmission manuelle, parce que vous savez que le
problème de la double "clutch" quand il s'agit de faire
décompresser le véhicule et dans certains cas le
député de Charlevoix pourrait peut-être confirmer, quand on
parle de décompression on a constaté justement que
l'individu ou le conducteur n'était pas capable de faire la double
"clutch" pour aller vers la deuxième vitesse ou vers la première
vitesse. C'est fondamental.
Vous allez me dire qu'il va peut-être réussir son examen
sur un véhicule à transmission manuelle et s'entraîner pour
la double "clutch" et, plus tard, il va laisser tomber et il va perdre sa
technique. Il reste que le problème fondamental que nous avons eu
c'est pour cette raison qu'on a mis ces catégories de permis
c'est en relation avec la transmission.
J'aimerais bien, si ce n'est pas le cas, que vous m'expliquiez quelle
différence mécanique il peut y avoir entre le moteur diesel et le
moteur à essence. Ce que vous nous recommandez, c'est de
déterminer différents permis de conduire. Nous avons
déterminé, depuis le 1er juin, trois catégories de permis
de conduire pour les autobus et, selon les catégories, telles que je
vous les ai expliquées tout à l'heure, nous n'avons pas choisi
votre option parce que partout, selon les enquêtes de coroner qui nous
ont été soumises, et en relation
avec les recommandations des spécialistes qui sont aussi au
ministère, le problème du moteur diesel ou du moteur à
essence ne nous apparaissait pas être le plus fondamental, mais c'est
bien plus la question de transmission.
M. Ouellette (Richard): Le moteur à essence, on le
retrouve sur les autobus d'écoliers. Le moteur diesel, on le retrouve
sur un véhicule à long courrier. A ma connaissance, il n'y a pas
de véhicule à long courrier qui a un moteur à essence. Ce
qui se rattache à cela, c'est que parmi les autobus d'écoliers,
c'est un fait qu'il y a des automatiques et des standards à transmission
manuelle, et la même chose se répète dans les autobus
à long courrier à moteur diesel.
Pour ce qui a trait au changement de vitesse d'un autobus
d'écoliers ou à essence, c'est une transmission
synchronisée qui s'ajuste à cela, qui ne nécessite pas une
double "clutch", tandis que le moteur à diesel nécessite la
double "clutch" sinon il est impossible de l'embrayer. Celui qui
réussirait ses examens sur un autobus d'écoliers manuel
synchronisé, vous pourriez le mettre le lendemain sur un diesel non
synchronisé qui nécessite une double "clutch" et le même
problème va survenir.
M. Lessard: Donc, on va faire une catégorie pour les
synchronisés et les non synchronisés.
M. Ouellette (Richard): Je crois que c'est le problème
principal.
M. Lessard: Dans le fond vous avez raison. Mais quand on parle
d'autobus scolaires dont l'embrayage est synchronisé. Or, quand vous
remontez à des autobus scolaires de 1956, 1960, ils ne sont pas tous
synchronisés.
M. Ouellette (Richard): M. le ministre, les autobus qui sortent
présentement en 1979 sur le diesel long-courrier ne sont pas
synchronisés.
Le Président (M. Bordeleau): M. Denis, vous avez quelque
chose à ajouter?
M. Denis (Gilles): M. le ministre, on parle du moteur diesel.
Vous parlez de transmission, mais un véhicule avec un moteur diesel
fonctionne pour l'embrayage avec la révolution du moteur aussi. Que vous
fassiez un double embrayage ou un triple embrayage, si la révolution du
moteur n'est pas adéquate, vous ne pourrez jamais l'embrayer, alors
qu'avec un moteur à essence vous n'avez pas besoin de calculer la
révolution du moteur, même pas de l'entendre. Vous pouvez
l'embrayer à n'importe quelle vitesse, que ce soit en deuxième,
en troisième, ou à peu près. Je ne dis pas que cela va
aider à la mécanique.
M. Lessard: Pas à 60 milles à l'heure.
M. Denis: Alors que le moteur diesel, si votre révolution
est trop haute ou trop basse, en aucun temps vous ne pourrez l'embrayer. Que ce
soit le double embrayage ou le triple embrayage, cela n'a pas d'importance;
c'est la révolution du moteur qui synchronise tout le mécanisme
à l'intérieur. Même si un chauffeur avait des années
d'expérience sur un type de véhicule à moteur a essence,
je vous garantis que demain matin vous l'affectez à un moteur diesel et
c'est complètement une autre façon de conduire. D'ailleurs, nous
en avons la preuve. On représente des chauffeurs de Voyageur Inc.,
où tous les types de véhicules sont à moteur diesel et,
chaque année, lors de l'embauche de nouveaux candidats qui ont souvent
travaillé dans d'autres compagnies, qui ont conduit des autobus, mais
à essence, parfois le candidat arrive en disant: C'est facile, mais je
vous dirais qu'il n'est même pas capable de faire le passage de la
première à la deuxième vitesse.
M. Lessard: Dans le diesel, est-ce que vous avez l'automatique
aussi?
M. Denis: Nous avons l'automatique aussi, mais il faut remarquer
qu'une journée vous pouvez travailler sur un automatique et le
lendemain, vous pouvez être sur une transmission manuelle.
M. Lessard: Est-ce que celui qui passerait un exernen sur diesel
automatique pourrait, par exemple, par la suite, réussir à
conduire ou à faire la décompression sur un moteur diesel
à embrayage manuel?
M. Denis: Non, M. le ministre. C'est pour cela que chez nous,
à la compagnie, le nouveau candidat doit absolument réussir ses
examens sur l'embrayage manuel au départ. C'est celui-là qui est
important, parce que, lorsqu'on va sur la Côte-Nord ou dans certaines
régions de la province où c'est très "côteux", il
faut savoir se servir du bras de vitesse.
M. Lessard: Alors, il me semble que la logique de tout conducteur
d'un véhicule je retiens votre note de transport en
commun, c'est qu'il va généralement passer son examen A-1, sur un
véhicule à embrayage manuel, plutôt que sur un
véhicule à embrayage automatique, parce que l'examen A-1 lui
permet de conduire les véhicules qui sont catégorisés A-2
et A-3.
M. Denis: Bien sûr. C'est pour cela qu'on aimerait,
lorsqu'une personne fait une demande de permis A-1, que le ministère ou
la commission s'assure qu'il est quand même possible pour ce candidat de
conduire le type de moteur diesel et à essence, parce que les deux
transmissions ne fonctionnent pas du tout de la même façon.
M. Ouellette (Richard): A moins, M. le ministre, qu'on ne mette
une restriction pour celui qui a passé son examen sur un autobus de type
automatique, que ce soit dans une catégorie ou l'autre. S'il l'a
passé sur un automatique, son permis ne sera valide que pour des
automatiques.
M. Lessard: Est-ce qu'il y a une différence entre le
moteur diesel automatique par rapport au moteur à essence
automatique?
M. Ouellette (Richard): Ce n'est certainement pas le même
type d'équipement, monsieur. Il n'y a pas la même portée de
route, il n'a pas les mêmes réactions.
M. Lessard: Non, mais je veux dire pour l'embrayage automatique,
est-ce qu'il y a une différence entre le diesel et le moteur à
essence?
M. Denis: Pas comme tel. Par exemple, la transmission automatique
sur un long-courrier diesel, M. le ministre, on peut s'en servir pour faire de
la décompression. C'est une transmission conçue pour cela, mais
sur un moteur à essence, ce n'est pas le même type de transmission
et vous ne pouvez pas vous en servir pour cela. C'est plus ou moins une
transmission d'automobile grossie, si on peut dire. Alors, je verrais mal
quelqu'un avec son automobile commencer à jouer avec sa transmission
automatique sur le coin d'une rue, parce que je pense qu'il y aurait des
problèmes assez graves, alors que le type d'autobus, vous pouvez vous en
servir pour le faire.
M. Lessard: C'est de la décompression. On passe de trois
et on s'en va à un et je vous dis que cela décompresse.
M. Denis: Continuellement à 60 milles à l'heure, M.
le ministre?
M. Lessard: Cela se fait quand on est mal pris, mais cela se fait
certainement à 60 milles à l'heure.
M. Denis: Quand on est mal pris, vous avez entièrement
raison. C'est sûr, quand c'est un cas d'urgence, alors que le long
courrier automatique, on s'en sert continuellement.
M. Lessard: Maintenant, sur le chapitre III, je comprends qu'on a
une responsabilité de la sécurité routière. Mais il
y a aussi une responsabilité de négociations là-dedans sur
des conditions de travail. On va regarder cela. Je sais que c'est une chose qui
existe, par exemple, dans le secteur aérien. Dans le secteur
aérien, il y a des conditions très précises quant au
nombre d'heures pour les pilotes pour conduire. Dans le secteur du transport en
commun, il n'y a rien actuellement, sinon les négociations collectives
qui se font. Cependant, on lit à l'article 53 de l'ancien code de la
route: "Le chauffeur d'un autobus doit s'abstenir de conduire plus de 10 heures
par 24 heures, à moins qu'il n'ait bénéficié d'un
repos de huit heures consécutives dans ladite période de 24
heures. Toutefois, un chauffeur ne peut conduire en aucun temps plus de 60
heures en une semaine". Est-ce que cette formulation...
M. Denis: Si c'était respecté, M. le ministre, ou
mis en application, ça serait déjà une amélioration
des plus considérables.
M. Lessard: On ne peut pas c'est comme le 60 milles
à l'heure avoir un policier par Québécois. Vous
êtes syndiqués. Si on l'indique dans le Code de la route, on ne
peut pas avoir une surveillance continuelle. Il va falloir que vos organismes,
que vos syndicats fassent appliquer les règlements et les
intègrent. Ils n'ont même pas besoin de les intégrer
à l'intérieur de la convention collective, si on l'indique. Cela
va être dans le code, mais si nous ne sommes pas informés que le
code n'est pas respecté... On indique 55 milles à l'heure sur les
routes, mais il y en a qui font 65 et 70.
M. Denis: Pour ce qui est du paragraphe 2, M. le ministre, pour
les douze heures, il n'y a absolument rien qui prévoit cela. On parle de
dix heures à la conduite. Je veux dire où on conduit le
véhicule, mais le nombre d'heures dans une journée, c'est quoi,
la limite? Il y a eu deux accidents d'autobus dernièrement c'est
frappant les deux chauffeurs avaient commencé leur journée
à sept heures. Un accident est arrivé à 23 heures 40 le
soir et l'autre, à 23 heures 45. A ce moment-là, je parle du Lac
Sergent et de Saint-Hyacinthe.
M. Lessard: Commencer la journée à sept heures,
cela ne veut pas dire qu'ils avaient conduit de sept heures jusqu'à 23
heures, mais...
M. Denis: Mais ils n'ont pas pu dormir et ils ne sont pas en
état de conduire.
M. Lessard: D'accord, je vous remercie. On va considérer
cela.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Lessard: Mais je souligne que dans le rapport Jodoin, à
ma connaissance, il n'y avait aucune recommandation dans ce sens.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Je voudrais revenir un moment sur le chapitre III,
sur la partie dont n'a pas parlé le ministre des Transports. Vous
mentionnez que le véhicule affecté au transport des
écoliers ne devrait pas être affecté au transport
interurbain. Vous avez mentionné, forcément, les
différences de fabrication des véhicules où l'autobus
scolaire a des freins renforcés comparativement à une automobile
à transmission renforcée. La question ne s'adressera
peut-être pas à vous parce que c'est un débat où des
intérêts très divergents s'affrontent et cela
coûterait probablement très cher et à l'usager et à
l'Etat s'il y avait des restrictions radicales. (10 h 45)
J'ai déjà moi-même, en Chambre, lors de certains
accidents sur certains terrains du Québec, mis en doute la
capacité de tel transporteur à faire de la charte-partie dans
l'ensemble du Québec où on a une géographie assez
spéciale.
II y a une question que je voudrais poser au ministre ou peut-être
à son directeur du BVA. Dans les autres provinces canadiennes et dans
les Etats américains, il y a également, forcément, des
autobus scolaires qui font également de la charte-partie. Quand je
regarde ici, dans le Québec, un transporteur scolaire qui se
promène sur la Transcanadienne en charte-partie, il est sur un terrain,
je pense, où il peut prendre les précautions qui s'imposent.
Quand je le vois dans Charlevoix et que ce n'est pas un transporteur scolaire
de Charlevoix qui connaît parfaitement le terrain, je suis un peu
perplexe devant les problèmes qui peuvent se poser et Dieu sait qu'on a
déjà eu des accidents. Est-ce que, dans les autres provinces ou
dans les autres Etats américains, la charte-partie est permise à
ces types de véhicules sur tout terrain ou est-ce qu'il y a des
restrictions? S'il n'y a pas de restrictions, est-ce parce que le terrain est
suffisamment plat pour que n'arrivent pas les problèmes en raison des
divergences de fabrication?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: On m'indique qu'aux Etats-Unis et au Canada il n'y a
pas de limites comme telles sur le terrain, mais, en Europe, il y a des limites
et c'est bien compréhensible. Comme Charlevoix est un peu la Suisse du
Québec, un conducteur doit avoir... Ce ne sont pas tous les
véhicules qui peuvent, par exemple, voyager de la France vers la Suisse
ou en direction des Alpes ou des Pyrénées. Il y a des limites en
Europe, mais il n'y en a pas sur le continent nord-américain.
M. Mailloux: Tantôt, ces messieurs faisaient remarquer que
le type de véhicule scolaire est quand même construit pour porter
une charge d'écoliers dont la pesanteur, en moyenne, tout le monde le
connaît, est probablement de 100 livres ou moins. Quand on a des
personnes âgées ou autrement, ce n'est pas la même charge du
tout.
Est-ce que des expertises ont été faites dans le
passé pour savoir si ce type de véhicule scolaire est capable de
résister valablement à telle charge? Cela se vérifie dans
les camions? Est-ce qu'on est capable de vérifier ça
également dans le type d'autobus scolaire quand il est soumis à
de telles épreuves?
M. Lessard: J'ai l'impression que ce n'est pas tant une question
de charge, parce que vous savez que la partie inférieure du
véhicule, les roues, c'est une partie de camion. Le châsis est
placé dessus. La différence au point de vue charge, je ne pense
pas que ça pose des problèmes sérieux. C'est surtout sur
une question de système de freins qu'on peut avoir des
problèmes.
Si vous me le permettez, comme il s'agit, en fait, d'une question
très technique, peut-être que M. Laflamme pourrait répondre
beaucoup mieux que moi à ce sujet. Disons que ce sera la réponse
du ministre.
Au niveau de la capacité de porter la charge des passagers, comme
il s'agit fondamentalement d'un camion qui, s'il n'y avait pas une boîte
équipée avec passagers, transporterait du gravier ou
transporterait d'autre chose, il n'y a pas de difficulté. La
difficulté vient du fait que le centre de gravité peut être
modifié parce que...
M. Mailloux: Avant d'aller plus loin, M. Laflamme, quand vous
dites que la structure portante est celle d'un camion, de quel type de camion
s'agit-il?
M. Lessard: C'est celle d'un camion, pour un autobus scolaire
normal, de quatre roues à l'arrière et deux roues à
l'avant. C'est un camion qu'on qualifierait généralement d'un
trois tonnes, je pense.
M. Mailloux: Trois tonnes?
M. Lessard: Le rapport Jodoin, à ma connaissance, nous
faisait une recommandation pour empêcher, un peu dans le sens que le fait
l'Association des chauffeurs d'autobus, les véhicules scolaires de
circuler en dehors de leur territoire.
Maintenant, comme le député de Charlevoix le comprendra,
il y a certaines régions du Québec qui ne sont pas
véritablement équipées en transport en commun et avec des
véhicules spécialisés dans le transport en commun, de
telle façon que s'il fallait limiter la charte-partie exclusivement
à des véhicules spécialisés dans ce secteur, j'ai
l'impression que les voyages coûteraient très cher. Je pense, par
exemple, à un club de personnes âgées de Baie-Comeau qui
voudraient venir à Québec et qui seraient obligées de
demander une compagnie spécialisée comme Voyageur pour faire leur
transport. L'autobus devrait probablement partir de Québec, se rendre
sur la Côte-Nord, revenir par la suite, les coûts seraient
très élevés.
M. Mailloux: M. le Président, je comprends bien la
préoccupation du ministre, et j'ai eu cette préoccupation
moi-même pendant un certain temps. Quand votre haut-fonctionnaire me
répond que c'est à peu près la capacité d'un camion
de 3 tonnes, des camions de 3 tonnes, aujourd'hui, on en rencontre peu sur les
routes et ça ne porte pas une charge tellement considérable.
Quand vous avez 50 personnes âgées ou autres qui pèsent en
moyenne 150 livres, c'est déjà 7500 livres qui ne sont pas fixes,
c'est une charge assez importante. Je ne veux pas dramatiser, mais je dis
simplement à l'intention du législateur que si en Suisse ou
ailleurs on a pris les précautions qui s'imposaient, peut-être
qu'un jour ou l'autre il faudra que l'Etat, sans qu'on aille vers des
coûts excessifs pour les collectivités, regarde s'ils ont, en tout
terrain, la protection requise.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? S'il n'y a pas
d'autres questions...
M. Lessard: Un instant! A ma connaissance, à moins que je
ne me trompe, le seul accident qui a impliqué un autobus scolaire, c'est
aux Eboule-
merits. Les accidents que nous avons eus cette année, à
Eastman, à Sainte-Rosalie, ce sont des autobus long-courrier.
M. Mailloux: Je ferai simplement remarquer au ministre que
l'accident qu'il y a eu aux Eboulements, contrairement...
M. Lessard: Ce n'est pas...
M. Mailloux: ... à ce que l'honorable coroner a dit, quand
on regarde l'utilisation qu'a faite d'un véhicule un chauffeur
donné, il n'y a pas un type de véhicule qui aurait
résisté à ce terrain de la façon dont il l'a
employé.
M. Lessard: C'est bien beau de nous recommander, dans des
enquêtes du coroner, de couper les côtes et de couper les courbes,
mais que voulez-vous, on n'a pas aplani la Suisse parce qu'il y a des
côtes et qu'il y a des courbes; cela va coûter les yeux de la
tête. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, messieurs.
M. Ouellette (Richard): C'est nous qui vous remercions.
Le Président (M. Bordeleau): Si on suit maintenant l'ordre
du jour régulier, le deuxième groupe est l'Association
provinciale des marchands d'automobiles du Québec Ltée qui a fait
parvenir au secrétariat des commissions la lettre suivante: "Me Marc
Cantin, Assemblée nationale, secrétariat des commissions,
édifice "A". "Dans une lettre que nous lui envoyons ce jour-même,
nous faisons part au ministre Lucien Lessard qu'il ne nous semble pas
nécessaire d'employer le temps mis à notre disposition à
la commission parlementaire chargée d'étudier les réformes
proposées au Code de la route. Nous espérons cependant que chacun
des participants à la commission parlementaire pourra disposer d'un
exemplaire de notre mémoire. "Veuillez nous croire, "L'Association
provinciale des marchands d'automobiles du Québec Ltée, par le
président Jean-Guy Thibault."
Je pense que déjà les membres de la commission ont
reçu le mémoire. Le mémoire sera déposé et
inscrit au journal des Débats. (Voir annexe A)
Cela va. Nous passons immédiatement au prochain organisme qui est
la Corporation professionnelle des médecins du Québec. Je
demanderais donc aux représentants de s'approcher, ceux qu'on a
déplacés tantôt, tout en m'excusant d'avoir retardé
leur audition. Si vous voulez bien vous identifier.
Corporation professionnelle des médecins du
Québec.
M. Roy (Augustin): M. le Président, M. le ministre des
Transports, messieurs les membres de la commission parlementaire, je suis le Dr
Augustin Roy, de la Corporation professionnelle des médecins du
Québec que je représente, et j'ai, à mon
côté, le Dr André Lapierre, le secrétaire
général adjoint de la corporation.
La Corporation professionnelle des médecins du Québec
s'oppose avec fermeté aux articles 19 et 23 de l'avant-projet de loi du
Code de la route. La relation médecin-patient repose sur la confiance
que celui-ci accorde à son médecin et sur l'assurance que ce
dernier conservera confidentielles toutes les informations qu'il peut obtenir
dans l'exercice de sa profession. Il faut rappeler que le secret professionnel
existe pour le malade. Il n'appartient ni aux professionnels ni à
l'Etat. La Charte des droits et libertés de la personne stipule: "Chacun
a droit au secret professionnel." Cette même charte oblige les tribunaux
à faire en sorte que le secret professionnel soit respecté.
Sur ce sujet, nous désirons rappeler ici quelques extraits du
rapport de la commission d'enquête sur la santé et le
bien-être social: "Dans le domaine de la santé et des services
sociaux où la préoccupation du praticien est de guérir, de
soigner, de prévenir ou d'assister, le succès même du
traitement ou des services exige que le malade ou l'individu puisse se confier
librement au praticien qu'il consulte sans crainte que les renseignements qu'il
lui fournit soient divulgués. Ce climat de confiance et de
sérénité est indispensable à la réussite du
traitement. On ne peut assez insister sur l'importance de protéger
l'intimité de l'individu, de plus en plus menacée par
l'utilisation de toutes sortes de moyens de surveillance."
La corporation considère qu'il est de son devoir de s'assurer que
les médecins respectent le secret professionnel. Aussi, le Code de
déontologie oblige le médecin à garder secret tout ce qui
est venu à sa connaissance dans l'exercice de sa profession. Au cours de
mémoires ou de discussions antérieures, la corporation a
accepté que dans des circonstances particulières et très
exceptionnelles, c'est-à-dire lorsqu'un intérêt
supérieur le commande, le médecin puisse être
délié du secret. Le Code de déontologie prévoit
d'ailleurs ces exceptions. La corporation, tout en maintenant le principe du
secret professionnel, est consciente que le public doit être
protégé contre tout conducteur de véhicule automobile qui
constitue un risque pour la vie d'autrui. Cet objectif constitue en soi un
intérêt supérieur.
Cependant, à la lecture de l'avant-projet du Code de la route, il
nous semble que le législateur manque d'imagination et que l'obligation
faite au médecin par l'article 19 est introduite pour pallier une
insuffisance de mesures administratives qui sont la responsabilité de
l'Etat. L'objectif ainsi poursuivi n'est plus d'un intérêt
supérieur comme celui de la protection des enfants maltraités.
C'est une exception, évidemment, que l'on accepte parce que les enfants
sont sans défense. La corporation est d'avis que l'on doit trouver des
moyens de protection du public qui ne sont pas contraires aux conditions de
base essentielles à un sain exercice de la médecine, tel le
climat de confiance et le respect du secret professionnel.
Depuis l'adoption du dernier Code de la route qui oblige "tout
médecin à faire rapport au directeur médical au bureau
à Québec du nom et de l'adresse de tout patient de 16 ans ou plus
qu'il juge inapte sur le plan médical à conduire un
véhicule automobile", la corporation a, d'une part, reçu
plusieurs commentaires de ses membres. En effet, un certain nombre de
médecins ont déclaré s'opposer à une telle
obligation pour les raisons déjà mentionnées. D'autre
part, compte tenu du fait que cet article ne semble pas avoir apporté
les résultats escomptés, la corporation se demande pourquoi le
législateur désire, dans l'avant-projet du Code de la route
actuel, en élargir la portée et le rendre excessif. L'article 19
de cet avant-projet fait de chaque médecin de la province un inspecteur
délateur au service du Bureau des véhicules automobiles.
Nous estimons que dans une société libre, il appartient
à chacun de se gouverner suivant une bonne conscience sociale, d'assumer
ses obligations envers autrui et de respecter les lois. Il appartient à
l'Etat et à ses officiers de rechercher et de sanctionner le
comportement de ceux qui s'écartent de ces règles et non au
médecin. En conséquence, nous croyons en premier lieu qu'il
appartient au conducteur lui-même d'assumer la responsabilité de
faire les déclarations qui s'imposent au Bureau des véhicules
automobiles et de ne pas conduire son véhicule automobile lorsqu'il
n'est pas en condition de le faire. Il faut quand même noter que conduire
un véhicule automobile est un privilège et non pas un droit.
Nous croyons en second lieu qu'il appartient au Bureau des
véhicules automobiles de s'assurer, par un mécanisme
d'enquête qu'il voudra bien établir, que les détenteurs de
permis n'ont pas fait de fausse déclaration dans l'obtention de leur
permis ou encore qu'ils déclarent au bureau les maladies et les
changements dans leur état de santé susceptibles d'affecter leur
capacité de conduire. C'est sur chaque conducteur que doit reposer le
devoir social de d'abstenir de conduire ou de faire les déclarations que
la loi ou les règlements voudront bien indiquer. (11 heures)
Des sanctions très sévères devraient être
imposées au conducteur qui fait une fausse déclaration ou conduit
un véhicule automobile alors que son état de santé ne le
lui permet pas. Actuellement, il y a des amendes prévues, mais nous ne
croyons pas que ce soit là un système adéquat et la
pénalité qui, à notre avis, s'imposerait serait celle de
la suspension du permis de conduire.
Nous trouvons odieux de faire reposer sur le médecin l'obligation
à la délation, obligation qui est de nature à saper
à la base la confiance qu'un patient porte envers son médecin.
Pourquoi cette obligation de délation n'est-elle pas étendue
à tout citoyen du Québec qui constate que le conducteur d'un
véhicule automobile n'est pas en état de conduire son
véhicule? Cette obligation de délation qu'aurait un
médecin à l'insu de son patient nous paraît
extrêmement préjudiciable à la qualité des relations
qu'il doit y avoir entre eux pour le bon exercice de la médecine. Il y a
même risque qu'une bonne majorité des médecins refuse, par
acquis de conscience, d'appliquer un tel article et le rendent, par le fait
même, inopérant.
Au surplus, l'article 19 de l'avant-projet est d'une portée
extrêmement générale. Il s'applique, quelles que soient les
raisons pour laquelle le patient a vu son médecin, que ce soit pour un
examen mécidal relatif au permis de conduire ou que ce soit pour toute
autre raison. Il s'applique, que le patient ait déjà un permis de
conduire ou n'en ait pas. Il s'applique, que le patient veuille un permis de
conduire ou n'en veuille pas. Il concerne non seulement les maladies
visées au guide médical, mais tout état de santé
susceptible de causer un risque immédiat ou lointain de
défaillance au volant. Cette cause de risque n'est pas
précisée dans le texte de loi et la portée du mot risque,
employé sans qualification, est extrêmement vaste.
Si je me réfère au guide médical publié par
le Bureau des véhicules automobiles et le ministère des
Transports, je vais vous donner rapidement la liste des maladies ou des genres
de maladies visées dans le guide: toutes les maladies de la vue,
incluant les problèmes d'acuité visuelle; toutes les maladies de
l'acuité auditive; toutes les maladies de l'appareil cardio-vasculaire,
infarctus, angine, hypertension; toutes les maladies de l'appareil
cérébro-vasculaire; toutes les maladies du système
nerveux; les maladies de l'appareil respiratoire; les maladies du
métabolisme: diabète, problèmes de thyroïde, glandes
surrénales, obésité; les maladies du système
musculo-squelettique; les maladies mentales ou psychiatriques; toutes les
personnes qui prennent des médicaments comme les sédatifs,
tranquillisants et antidépresseurs, narcotiques, antihistaminiques,
stimulants du système nerveux central, anticonvulsifs; toutes les
intoxications alcooliques; tous les problèmes reliés à la
sénilité. Et ce n'est là qu'une énumération
générale des catégories de maladies qui sont couvertes par
le guide médical.
Si je me réfère ensuite à ce même guide sous
le chapitre des maladies mentales, on y lit par exemple, en dessous de
constitution psychopathi-que ce sont des informations à
l'intention du médecin le texte suivant. Je ne fais que citer ce
petit exemple: "Les candidats qui n'acceptent pas les valeurs sociales
reconnues, qui ont un dossier de comportement impulsif ou irresponsable et qui
sont fréquemment en rébellion contre l'autorité souffrent
de la perte de leur bon sens et constitueront souvent un véritable
danger sur la route. Le médecin devrait signaler un tel comportement
s'il en est informé".
J'ai l'impression que, si on observait seulement cette section de ce
guide médical, un très grand nombre de personnes ne pourraient
pas conduire, y compris plusieurs personnes présentes à cette
commission parlementaire. En effet, je pense que ceux qui contestent
l'autorité ou qui se rebellent contre l'autorité
fédérale pourraient être inclus dans ce genre de
comportement. D'un autre côté, je ne voudrais pas être
partisan et je pourrais
peut-être dire que, par ailleurs, les fédéralistes
inconditionnels qui ne reconnaissent pas les changements qui s'imposent au
Québec encouragent indirectement la rébellion contre
l'autorité. On devrait donc logiquement interdire à presque tout
le monde de conduire son véhicule automobile.
La Corporation professionnelle des médecins du Québec
recommande plutôt que le législateur exige un examen
médical de tout conducteur à risques avant d'émettre ou de
renouveler un permis de conduire et qu'il exige un examen médical
périodique du conducteur détenteur d'un permis de conduire.
On demande également que ces rapports soient envoyés au
directeur médical du Bureau des véhicules automobiles et non pas
au directeur général, de façon à assurer, une fois
de plus, la confidentialité des données.
J'en profite, par ailleurs, pour souligner la compétence et la
compréhension du directeur général et du directeur
médical de ce bureau, qui sont M. Ghislain Laflamme et le Dr Anatole
Gagnon.
On pourrait imposer aux médecins l'obligation d'aviser le patient
sur son inaptitude temporaire ou permanente à conduire un
véhicule routier. La loi pourrait alors obliger le patient, qui a
reçu un tel avis, à se comporter en conséquence.
Nous ne voulons pas minimiser l'importance du problème du permis
de conduire, qui deviendra plus important avec le vieillissement de la
population. Nous suggérons que des recherches sérieuses soient
entreprises sur la question, parce que les notions et les statistiques
actuelles sont plutôt empiriques et sont floues. Ces statistiques doivent
être précisées et raffinées.
Il ne faut pas non plus exagérer la quantité et
l'importance des accidents causés par des gens qui souffrent de
certaines maladies. Je pense que si on lit les journaux, surtout les journaux
du lundi matin, on se rend compte que les blessés et les morts dans les
accidents sont plutôt des jeunes gens en parfaite santé, et qu'un
examen médical n'aurait rien détecté dans leur
condition.
Nous faisons ce commentaire de façon positive pour
améliorer la sécurité sur nos routes.
Par ailleurs, à titre de citoyen, en terminant, je voudrais juste
dire un mot sur la question du virage à droite, parce que j'en ai
entendu beaucoup parler, j'ai lu les journaux, j'en ai parlé avec des
gens. Dire, comme je l'ai entendu dire à plusieurs reprises, qu'on ne
devrait pas permettre le virage à droite au Québec,
d'après moi c'est une insulte au peuple québécois; dire
qu'on ne peut pas le faire à cause de notre tempérament latin, je
pense que c'est inacceptable. C'est beau de faire une prise de conscience
collective, de faire l'autocritique de soi-même, mais je pense qu'il ne
faut pas verser dans le masochisme et exagérer en faisant pratiquement
du racisme sur soi-même. Par ailleurs, les latins que nous sommes ont un
bon comportement, quand ils vont à l'extérieur du Québec,
quand ils vont en Ontario, quand ils vont aux Etats-Unis; pourquoi
n'auraient-ils pas un bon comportement au Québec?
Je pense qu'il y a une question d'attitude à changer, une
question d'information et d'éducation. L'information, même au
niveau scolaire; combien de gens connaissent le Code de la route? Très
peu connaissent véritablement toutes les notions du Code de la route. Il
faudrait également faire de l'éducation pour les conducteurs,
pour les piétons, parce que les piétons sont aussi responsables
d'un très grand nombre d'accidents, particulièrement dans les
villes, et aussi une éducation de nos policiers. Je ne veux pas les
critiquer, mais il me semble qu'ils ne sont jamais au bon endroit et qu'ils
recherchent souvent la solution de facilité. Je prends souvent la route
20 et j'en vois, de temps en temps, sous les viaducs, alors que ce n'est
absolument pas dangereux; j'aimerais bien mieux les voir sur les routes
secondaires, les routes du comté de Frontenac je voyais le
député tout à l'heure qui sont les routes de mon
comté, où c'est extrêmement dangereux de circuler. Je pense
qu'il faut, ensemble, améliorer la sécurité du public, la
sécurité des conducteurs automobiles et assumer une prise de
conscience et faire surtout de l'éducation.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Roy. M. le ministre
des Transports.
M. Lessard: Merci, Dr Roy. Je n'ai pas l'intention de discuter du
guide de la route, j'ai l'intention de discuter de l'article 19, de le bien
lire et, en même temps, de parler du problème de la
sécurité routière.
Je veux d'abord vous poser une question. Est-ce qu'il n'existe pas ce
que nous appelons la Loi sur les services de santé et les services
sociaux au Québec, qui oblige tout médecin à
déclarer des maladies qui seraient de type épidémique?
M. Roy: Oui, c'est la Loi de la protection de la santé
publique; vous ne citez pas la bonne loi, mais je ne vous en fais pas le
reproche, vous ne pouvez pas connaître toutes les lois. Certains
ministres m'ont même dit ignorer l'existence de l'article 19, dans le
Code de la route. Dans la Loi de la protection de la santé publique, il
y a des dispositions qui existent depuis très longtemps; ça se
comprend très bien, lorsque ce fut adopté, il y a de nombreuses
années, c'était dans le temps des épidémies de
variole, des épidémies qui tuaient des milliers d'individus, des
milliers de personnes lorsqu'elles commençaient. Cela existe encore,
ça se fait assez bien, mais les déclarations de maladies
infectieuses ordinairement ne présentent pas le même
caractère que des délations dans des cas de permis de conduire.
Dans le cas des maladies vénériennes, qui sont aussi des maladies
à déclaration obligatoire, je dois vous dire que la loi n'est pas
observée, ou à peu près pas.
La seule exception où on accepte et on force ou on veut que les
médecins déclarent absolument ce qui vient à leur
connaissance, c'est dans le cas des enfants maltraités. A cause de leur
impuissance à se défendre, à cause de leur faiblesse, on
pense qu'il est notre devoir de les
rapporter à l'autorité. Du côté
épidémique, cela se comprenait autrefois. Disons que cela existe
encore dans les statuts, mais c'est pratiquement désuet parce que les
épidémies sont disparues grâce à la vaccination.
M. Lessard: Elles sont disparues, mais il y a quand même eu
des cas je me rappelle, cela ne fait pas tellement longtemps
à Blanc-Sablon, à Forestville, où on a dû prendre
des mesures pour empêcher, pour prévenir l'épidémie.
Ce sont des cas isolés, mais les médecins ont, à ce
moment-là, fait leur devoir pour empêcher
l'épidémie.
M. Roy: On comprend très bien. Mais, de toute
façon, c'est une situation qui est pratiquement du passé et on ne
peut pas comparer les questions d'épidémies...
M. Lessard: Y a-t-il...
M. Roy:... aussi dangereuses que la variole, le typhus, la peste
aux questions du permis de conduire de patients qu'on devrait dénoncer
à l'Etat à 80%.
M. Lessard: Y a-t-il une maladie je comprends qu'il y a
différents facteurs au Québec dont le nombre de
mortalités dépasse, par exemple, le chiffre de 2000 par
année, ou une catégorie de maladie? Le cancer, par exemple. Y
a-t-il, d'après vos connaissances techniques, une catégorie
spéciale de maladie dont le taux des mortalités est de 2000 par
année?
M. Roy: Je comprends que vous voulez faire état du fait
qu'il y a environ, pas 2000, mais environ 1500 morts sur les routes par
année. Je ne sais pas combien de gens meurent de cancer, possiblement
plus que cela et possiblement plus de gens meurent également de maladies
cardio-vasculaires. Mais analysez les cas des 1500 personnes qui sont mortes
sur la route et vous allez vous rendre compte qu'il y en a probablement 1400
qui étaient en parfaite santé, qui étaient des jeunes qui
n'avaient absolument aucune déficience et que les autres,
évidemment, avaient des troubles relativement mineurs. Evidemment, on
fait toujours mention du cas de l'arrêt cardiaque subit où la
personne meurt au volant. Cela arrive, mais il arrive aussi que des gens
meurent dans le lit. L'arrêt cardiaque peut survenir n'importe où
et c'est absolument imprévisible. Alors, il ne faudrait quand même
pas dramatiser et exagérer sur ce contexte des morts sur la route. Il
faut les diminuer, mais ce n'est pas en forçant les médecins
à dénoncer leurs patients qu'on va diminuer ce nombre d'accidents
mortels sur la route. Je suis conscient qu'il faut les diminuer parce que le
régime d'assurance automobile actuel qui est, par ailleurs, un excellent
régime sur le plan général pour les individus le
seul reproche que j'aurais à faire à ce régime, c'est
d'être trop généreux, contrairement à ce qu'on a
déjà dit... De toute façon, si on veut que ce
régime puisse continuer, il va falloir que la sécurité
routière soit augmentée et il va falloir que les accidents
diminuent. Mais ce n'est pas en forçant les médecins à
dénoncer leurs patients qu'on va arriver à cela. C'est en
éduquant les conducteurs.
M. Lessard: D'accord.
M. Lapierre (André): M. le Président.
M. Lessard: Vous êtes sans doute...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. Lapierre, vous avez
quelque chose à dire?
M. Lapierre: Sur la question de la déclaration obligatoire
des maladies, il faut mentionner la Loi de la protection...
Le Président (M. Bordeleau): Si vous voulez parler plus
près du micro.
M. Lapierre:... de la santé publique qui oblige à
déclarer certaines maladies. Ce sont des maladies qui entraînent
quasi ipso facto un risque d'épidémie pour la population, tandis
que la déclaration d'une personne qui est susceptible de produire un
accident d'automobile ce n'est pas le but poursuivi n'est pas
aussi immédiat que la déclaration d'une maladie contagieuse. En
fait, dans le Code de la route, le but poursuivi par la déclaration par
le médecin vise l'émission du permis et, subséquemment,
possiblement ultérieurement à un accident d'automobile, mais non
pas dans l'immédiat comme le spécifie la déclaration
obligatoire des maladies.
M. Lessard: Je voudrais très bien lire l'article 19: "Un
médecin ou un optométriste doit informer le directeur
général du nom, de l'adresse, de la date de naissance et, dans le
cas du médecin, du diagnostic clinique de tout patient de seize ans et
plus atteint d'une maladie visée au guide médical ou dans tous
les cas lorsqu'il a des raisons sérieuses de croire, sur le plan
médical, que ce patient peut constituer un risque en conduisant un
véhicule automobile." (11 h 15)
Vous êtes sans doute informés que cet article est à
peu près identique à l'article qui existe en Ontario, qui existe
en Alberta, qui existe en Colombie-Britannique, qui existe dans
l'lle-du-Prince-Edouard et qui existait aussi au Québec. Je lis le Code
de la route, article 19 du temps, l'ancien Code de la route: Tout
médecin doit faire rapport, au directeur médical du bureau
à Québec, du nom et de l'adresse de tout patient de seize ans et
plus qu'il juge inapte sur le plan médical à conduire un
véhicule automobile. S'il y a vraiment un problème
sérieux, c'est un avant-projet, on peut le modifier; cependant, je
voudrais vous indiquer qu'il y a eu des consultations auparavant.
Je voudrais vous lire un extrait du procès-verbal d'une
réunion du Bureau provincial de médecine tenue le 30 septembre
1970, au siège
social du Collège des médecins et chirurgiens de la
province de Québec. "A la suite d'une lettre du président du
comité médical aviseur du ministère des Transports de la
province de Québec, demandant l'avis du collège sur la
déclaration des malades qui, selon l'avis des médecins, seraient
inaptes à conduire un véhicule automobile et qui devraient
être considérés comme des dangers publics au volant de leur
voiture, il est proposé par le Dr Raymond Benoît, appuyé
par le Dr J.-P.-A. Latour, de recommander au gouvernement, à l'instar du
gouvernement ontarien, de procéder à l'étude d'une loi qui
obligerait les médecins à déclarer les malades inaptes
à conduire un véhicule automobile et considérés
comme un danger public au volant de leur voiture. Adopté à
l'unanimité. Le régistraire, Augustin Roy."
Je voudrais aussi vous lire une lettre du 13 octobre 1977, qui est
adressée au Dr Anatole Gagnon, directeur médical, Bureau des
véhicules automobiles, ministère des Transports, etc.
Modification de l'article 19, paragraphe 3, du Code de la route. Tout cela
s'est fait en consultation. "M. le directeur, suite à votre lettre du 31
août 1977, il me fait plaisir de vous transmettre l'opinion du
comité administratif sur le sujet ci-haut mentionné. Le
comité administratif n'a pas d'objection à ce que le diagnostic
clinique soit inclus audit paragraphe 3 de l'article 19 du Code de la route.
Veuillez agréer, M. le directeur, l'expression de nos sentiments les
meilleurs. Le président-secrétaire général,
Augustin Roy."
J'aimerais avoir des explications, puisque l'article 19 a
été inscrit dans le projet de loi à la suite de
consultations continuelles entre notre médecin-directeur médical
du Bureau des véhicules automobiles et le Collège des
médecins. J'aimerais avoir des explications sur ce retour subit de
situation.
M. Roy: M. le ministre, l'explication est simple. Il arrive dans
la vie des peuples et des organisations des changements de gouvernements, donc
des changements de politiques. C'est exactement ce qui est arrivé. Vous
n'êtes pas, comme gouvernement, lié par les décisions des
gouvernements antérieurs. Vous avez le droit de changer d'avis, et c'est
normal, c'est votre responsabilité, c'est votre droit le plus strict,
comme c'est notre droit également, à cause des protestations que
nous avons eues de nos membres et aussi du fait que nous savons que la loi
actuelle est inobservée. Même si elle existe dans un contexte
assez semblable en Ontario et dans d'autres provinces comme la
Colombie-Britannique et l'Alberta, elle est encore inobservée.
Evidemment, il faudrait peut-être dire aussi que, dans la loi nouvelle,
on propose un élargissement assez considérable de la loi, non
seulement en disant que le médecin doit rapporter les cas qu'il juge
inaptes c'est une question de jugement, à ce moment mais
doit rapporter les cas de maladies qui sont énumérées dans
le guide médical dont j'ai fait mention tout à l'heure, ce qui en
élargit considérablement la portée. En plus de cela, vous
ajoutez une amende pour ajouter à l'insulte de $200
à $500 aux médecins qui ne le feraient pas.
Evidemment, ce n'est plus le même texte de loi...
M. Lessard: Un instant! Vous dites qu'il y a une amende de $100
et d'au plus $500.
M. Roy: De $200 à $500, qui est ajoutée.
M. Lessard: L'amende était de combien avant?
M. Roy: II n'y en avait pas. Il n'y a pas de prévision de
sentence...
M. Lessard: II y avait $10 avant.
M. Roy: II n'y en a pas dans la loi. Je ne sais pas où
vous la trouvez.
M. Lessard: Dans l'ancien Code de la route, il y avait $10
d'amende.
M. Roy: Où est-ce écrit dans la loi actuelle? M.
Lessard: Dans l'ancien Code de la route.
M. Roy: De toute façon, ce que je voudrais vous demander
pendant que vous cherchez...
M. Lessard: A l'article 66 dans l'ancien Code de la route, il y
avait une amende de $10. Serait-ce que c'est l'amende qui fait maintenant peur
aux médecins et qui les aurait fait changer de politique?
M. Roy: Ce que je voudrais vous demander, c'est: combien de
déclarations médicales, malgré ce qui existait dans le
Code de la route, avez-vous reçues, par année, depuis l'existence
de cette disposition?
M. Lessard: Environ une centaine par année.
M. Lapierre: M. le Président, ce n'est pas tellement
l'importance de l'amende, c'est le fait que l'article 19 est
considérablement élargi. L'article 19 antérieur...
M. Lessard: Nous sommes prêts à le limiter, si vous
voulez.
M. Lapierre:... obligeait le médecin à
déclarer le malade qu'il jugeait inapte à conduire un
véhicule automobile et il y a toute une différence entre une
personne inapte à conduire un véhicule automobile et une personne
qui est visée par le guide médical qui couvre l'ensemble des
maladies possibles quasi... Selon ce guide médical, il faudrait
déclarer tous ceux qui sont admis, par exemple, dans un institut de
cardiologie qui ont seize ans et plus, ou tous ceux qui sont admis dans un
hôpital pour des raisons qui sont mentionnées au guide. Imaginez
le nombre de déclara-
tions obligatoires qu'on devrait faire parvenir au bureau des
véhicules.
M. Lessard: Et si...
M. Lapierre: Dans l'autre paragraphe, non seulement ce sont les
maladies visées au guide médical, mais ce sont toutes les
maladies; que le malade ait déjà un permis ou non, qu'il veuille
un permis ou non, le médecin sera obligé de les déclarer.
Entre l'article 19 de l'ancien code et cet article 19, il y a toute une
différence et ce n'est pas un revirement de politique de la part de la
corporation. C'est un changement d'article qui a engendré une
réaction.
M. Roy: II faut penser aussi...
M. Lessard: Si, par exemple, nous enlevions... Si c'est
strictement la question des maladies qui sont visées au guide
médical, si on enlevait cette partie, est-ce que ça
correspondrait, à ce moment-là, exactement à l'ancien
règlement qui existait déjà et qui ne semble pas avoir
soulevé de passions? Tout ça s'est fait, d'ailleurs, comme je
l'ai expliqué tout à l'heure, à la suite d'une
recommandation qui nous parvenait du Collège des médecins. Si
nous enlevions cette partie, qu'en penserait le collège des
médecins?
M. Lapierre: II resterait la deuxième partie qui
élargit encore l'article par rapport à celui de l'ancien Code de
la route. En fait, pourquoi déclarer un malade qui vient voir un
médecin dans un cabinet de consultation?
M. Lessard: Oui, je comprends votre problème...
M. Lapierre: Un malade qui n'a pas de permis de conduire, qui
n'en veut pas, pourquoi le déclarer?
M. Roy: A part de ça, on ne fait pas état de la
gravité des maladies et de leur influence sur l'état de conduire.
A notre avis, en fait, il n'y aurait qu'un seul problème qui devrait
être rapporté et c'est essentiel évidemment pour conduire
une automobile: c'est la question de la vision. C'est clair qu'il faut une
bonne vision, une bonne acuité visuelle pour conduire un véhicule
automobile. Mais le problème des maladies rénales, les maladies
cardiaques, les maladies nerveuses, mentales, l'alcoolisme, le diabète,
ce ne sont pas, en soi, des maladies qui doivent empêcher quelqu'un de
conduire. Lorsqu'elles sont sous contrôle, il n'y a aucun
problème.
Vous allez inonder totalement le Bureau des véhicules automobiles
en exigeant des choses semblables et ce ne sera pas appliqué, en fait,
même si vous l'adoptez dans la loi. Il faudrait restreindre la
portée à des choses absolument essentielles. L'acuité
visuelle, on est d'accord que c'est essentiel. D'ailleurs, la plupart des gens
qui vont voir l'ophtalmologiste ou l'optométriste le font dans
l'intention de corriger leur vue. Il reste encore peut-être certaines
gens qui, évidemment, outrepassent les bornes et qui peuvent conduire
sans avoir une bonne vue. On devrait évidemment prendre action contre
ceux-là, mais d'une façon sélective et non pas tuer une
mouche avec un canon en visant tout le monde.
M. Lessard: Si, par exemple, on disait il reste encore la
deuxième partie de l'article: Lorsqu'il a des raisons sérieuses
de croire, sur le plan médical, etc. Il reste donc cette deuxième
partie et on m'indiquait tout à l'heure que cette deuxième partie
élargit encore l'ancienne loi. Je regrette. Selon l'ancienne loi, tout
médecin doit faire rapport au directeur médical du bureau
à Québec du nom et de l'adresse de tout patient de seize ans ou
plus qu'il juge inapte, sur le plan médical, à conduire un
véhicule automobile. Là, nous disons: Dans tous les cas,
lorsqu'il a des raisons sérieuses de croire, sur le plan médical,
etc.
Or, dans votre proposition de 1971 et si on se limitait à cette
proposition, où on nous recommandait simplement... où on disait:
II est proposé par le Dr etc., de recommander au gouvernement, à
l'instar du gouvernement ontarien, de procéder à l'étude
d'une loi... De procéder à l'étude... Mais, quand
même, sur le plan scientifique, ce sont des médecins qui avaient,
je pense, la même conscience et responsabilité sociale
j'espère que la conscience et la responsabilité sociale des
médecins en 1971 n'étaient pas différentes de celles de
1979 qui avaient donc la même conscience sociale de faire au
gouvernement une recommandation spécifique du Collège des
médecins, à l'instar du gouvernement ontarien, de procéder
à l'étude d'une loi qui obligerait les médecins à
déclarer des malades inaptes à conduire un véhicule
automobile et considérés comme un danger public au volant de leur
véhicule. Si nous enlevons, à ce moment-là, la partie qui
concerne le guide médical et si nous conservons exactement la
résolution que vous nous avez fait parvenir, qui est d'ailleurs
confirmée par une lettre du Dr Augustin Roy, en 1977, est-ce que vous
seriez d'accord ou si vous voulez tout simplement que cet article 19
disparaisse?
Je vous dis, il y a eu dernièrement et je ne connais pas
le diagnostic qui a été rendu un accident impliquant
quelqu'un qui était considéré je ne donne pas le
nom, c'est paru dans le journal de Québec comme
épileptique. C'était le grand titre "Un épileptique au
volant". Il y a eu, je pense, une personne de tuée et trois de
blessées. On blâmait le ministère des Transports et on
blâmait le ministre de ne pas avoir de règlement qui empêche
des gens qui sont dans des cas semblables de conduire. Quand vous dites: Des
maladies contrôlées, j'en conviens, lorsqu'il s'agit de maladie
contrôlée, vous n'êtes pas obligés de faire le
rapport, mais, quand il s'agit d'un alcoolique dont la maladie n'est pas
contrôlée, je pense qu'il s'agit d'un problème
important.
Je reviens à ma question. Est-ce que vous voulez tout simplement
je vais me fier à votre jugement parce que je ne suis pas
médecin et je
sais que vous avez des responsabilités de conscience
professionnelle et vous avez le secret professionnel, aussi. Si, par exemple,
je faisais exactement ce que vous me demandiez en date du 13 octobre 1977 et
dans une résolution du 30 septembre 1970, est-ce que vous me demandez
tout simplement de faire disparaître l'article, ou si je faisais
l'article exactement dans le sens on sait qu'un article, il faut quand
même que ce soit appliqué que vous me le demandez, quelle
serait votre réaction?
M. Lapierre: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. Lapierre.
M. Lapierre: Vous avez rapporté un exemple
d'épilepsie. Si vous regardez dans le guide médical...
M. Lessard: Je ne parle pas du guide, je vous dis exactement la
résolution que vous m'avez fait parvenir.
M. Lapierre: Vous avez rapporté un accident qui serait
attribuable à un cas d'épilepsie. Si vous regardez dans le guide
médical, il y a beaucoup de nuances à apporter dans
l'épilepsie.
M. Lessard: Laissons faire le guide médical.
M. Lapierre: Alors, laissons faire les exemples particuliers,
autrement on va être obligé...
M. Lessard: Prenons votre résolution du 30
septembre...
Une Voix: N'amenez pas un cas d'épilepsie alors...
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Lapierre: En ce qui concerne la Corporation professionnelle
des médecins du Québec, sa conscience professionnelle, le
mémoire dit que la corporation est consciente qu'il faut protéger
le public et qu'on n'est pas là pour nuire au législateur; au
contraire, on est là pour collaborer avec le législateur, pour
élaborer des lois qui sont là pour protéger le public,
mais aussi sauvegarder certains principes, dont celui du secret professionnel.
Le secret professionnel, on ne l'a pas inventé aujourd'hui, ça
date de toujours et il est important de le protéger. On a des articles
où on dit que le secret professionnel n'est pas seulement une clause
d'un contrat privé, tacite qui lie son malade; il a un
intérêt social, il est d'ordre public, ce secret professionnel,
aussi.
En ce qui concerne la position de la corporation, elle est
définitivement contre le nouvel article. Par contre, depuis plusieurs
années, la corporation professionnelle demande au législateur
d'établir une loi-cadre qui protégerait le secret professionnel
contre toutes les banques de don- nées qui s'établissent dans les
différents ministères et dans les différents organismes
privés. Cette loi a été promise par certains ministres,
mais elle n'est pas encore arrivée.
Compte tenu de toutes les réclamations de la corporation, compte
tenu qu'on fait du médecin, de plus en plus, un délateur
auprès de différents organismes, ce qui est imposé soit
par des conventions collectives, soit par des lois, soit par des
règlements, la corporation voudrait voir modifier cette attitude et,
dans le cas présent, pourquoi, comme politique, n'adopterait-on pas,
comme on l'a fait dans la Loi de la protection de la santé publique,
qu'on identifie par règlement, après consultation du
comité consultatif médical de la Corporation professionnelle des
médecins du Québec et des optométristes qui y sont
concernés, les maladies à déclaration obligatoire? (11 h
30)
Dans le guide médical, on dit qu'il y a des maladies qu'il est
essentiel de ne pas avoir pour conduire un véhicule automobile, ce sont
les problèmes de la vue. Cela pourrait entrer dans certaines maladies
à déclaration obligatoire. Il pourrait y en avoir d'autres, mais
cette liste devrait être dressée après consultation et
après étude sérieuse. Une fois qu'on a dressé une
liste de maladies à déclaration obligatoire, pourquoi,
plutôt que d'obliger le médecin à déclarer ses
malades, ne pas exiger un examen médical obligatoire avant
d'émettre un premier permis? Pourquoi ne pas exiger un examen
médical périodique une fois que les permis sont
déjà émis? La périodicité demeurerait
à discuter. Les catégories d'âges, bien sûr,
demeurent à discuter. Les catégories de véhicules doivent
entrer en ligne de compte. Les policiers qui arrêtent un individu sur la
route ont le droit d'exiger que le véhicule soit examiné.
Pourquoi n'auraient-ils pas le droit d'exiger, si le conducteur présente
un comportement qui semble le rendre inapte à la conduite d'un
véhicule automobile qu'il présente un rapport d'examen
médical avant de pouvoir conduire de nouveau?
L'examen médical fait en cabinet de consultation pour
diagnostiquer une pathologie chez un malade ou l'examen médical fait
pour les besoins d'une assurance-vie est différent d'un examen
médical fait selon le guide de la route qui est très bien fait.
Si on examine un examen médical qui soit fait selon ce guide et qu'un
rapport soit fait sur une formule acceptée par le Bureau des
véhicules automobiles après consultation avec le Comité
consultatif médical et la Corporation professionnelle des
médecins du Québec, on aurait des chances de déceler les
conducteurs à risques.
M. Lessard: Dr Lapierre, je suis très heureux d'entendre
cela. Quand on a parlé de cet article 19, j'ai pris la peine de
m'assurer, justement, qu'il y avait eu des consultations quelque part, parce
que je n'ai jamais voulu entrer comme tel je suis conscient des
problèmes de la sécurité routière dans le
secret professionnel. Je ne voudrais pas qu'on indique aujourd'hui que c'est le
ministre des Transports qui l'a imposé en vertu de l'article 19,
mais pour bien l'expliquer parce que c'est un problème
fondamental à l'intérieur de la loi actuellement et cela comporte
des conséquences je voudrais et je vais terminer sur cela
avoir votre réponse. On est prêt à mettre un
comité en place en collaboration avec vous, comme on l'a fait avec des
cardiologues et d'autres spécialistes.
Voici ce que nous écrivions au Dr Augustin Roy en date du 31
août 1977, au moment où nous étions en train de
réviser le Code de la route. "M. le président et chers
confrères lettre du Dr Anatole Gagnon il y a quelques
années, le Dr Armand Rioux, président du Comité
médical consultatif, vous avait demandé s'il était
souhaitable de faire inclure au Code de la route un texte de loi obligeant les
médecins à déclarer au directeur du Bureau des
véhicules automobiles le nom et l'adresse de leurs malades inaptes
à conduire. Votre approbation avait par la suite été
publiée dans l'organe officiel du collège et avait donné
lieu à une modification du Code de la route en ce sens. Actuellement, un
comité est à réviser le code en vue de sa refonte. Le
responsable, Me Ghislain K. Laflamme, a demandé si des modifications
étaient souhaitables à cet article. En étudiant l'article
19, paragraphe 3 qui se rapporte à cette obligation, le comité
médical s'interroge sur l'opportunité de modifier le texte actuel
et de demander aux médecins, à l'instar de l'article 143 du Code
de la route de l'Ontario, de faire aussi rapport sur l'état de
santé (clinical condition) en plus de donner le nom et l'adresse de
leurs malades inaptes à conduire. Les avantages de connaître cet
état de santé seraient, d'abord, de pouvoir donner au malade, au
cas où il le demanderait, les raisons pour lesquelles son permis de
conduire est annulé ou non renouvelé et, ensuite, de ne pas
attribuer la perte du permis au médecin, mais bien à
l'état physique du patient et à l'obligation d'agir que le
directeur du bureau a en de telles circonstances. En attendant votre
bienveillante réponse, veuillez agréer, M. le Président,
etc. "
Réponse en date du 13 octobre 1977: "M. le directeur,
objet: modification de l'article 19, paragraphe 3, du Code de la route
Suite à votre lettre du 31 août 1977, il me fait plaisir de vous
transmettre l'opinion du comité administratif sur le sujet ci-haut
mentionné. Le comité administratif n'a pas d'objection à
ce que le diagnostic clinique soit inclus audit paragraphe 3 de l'article 19 du
Code de la route. Veuillez agréer, M. le directeur...", etc.
Voilà, c'est exactement à la suite d'une consultation que
l'article 19 a été modifié. Si vous me dites, ce matin,
que la modification qui a été apportée ne correspond pas
à ce que vous exigiez en ce temps, je suis prêt, quant à
moi c'est là qu'est la question soit à retirer tout
simplement l'article 19, si c'est vraiment un problème sérieux
qui se pose pour vous autres et si vous me confirmez que vous n'êtes plus
d'accord avec ce que vous m'aviez dit auparavant, ou je serais prêt, si
vous croyez que l'article va trop loin, à retirer la partie qui concerne
le guide médical et à conserver l'article tel qu'il existait
auparavant.
J'aimerais avoir une réponse claire, je ne veux pas avoir un
"noui".
M. Roy: M. le ministre, ce qu'on dit, c'est qu'on s'oppose
à l'article tel qu'il est annoncé dans le projet de loi,
l'article tel que libellé qui élargit très
considérablement la portée de l'article 19 de l'ancienne loi.
Evidemment, si vous êtes prêt à retirer toute la
référence au guide médical, c'est déjà un
pas dans la bonne direction. Il faudrait peut-être, par ailleurs, cerner
davantage la situation. C'est dans le sens des recommandations qu'on fait
à la page 3, en disant qu'on suggère un examen médical
avant d'émettre un permis, comme on fait un examen de conduite, un
examen périodique, un examen de contrôle...
M. Lessard: Pourquoi ne m'avez-vous pas transmis ça
lorsqu'on vous a écrit?
M. Roy: Aussi, on voudrait que soient cernées les maladies
qui sont susceptibles de rendre dangereuse la conduite sur la route. L'article
est très vaste comme il est là et c'est pour ça qu'il est
difficile d'application.
M. Lessard: Pourquoi, Dr Roy, ce que vous me dites, ce matin,
pourquoi, lorsqu'on vous a consulté, vous ne me l'avez pas écrit
à ce moment-là? Il me semble qu'on vous demandait votre opinion.
Comment se fait-il que vous attendiez à la commission parlementaire pour
nous donner ces indications? Si je ne vous avais pas consulté, vous
auriez raison, Dr Roy, mais on vous consultait justement pour connaître
votre opinion. Pourquoi n'avez-vous pas réagi à ce
moment-là comme vous réagissez ce matin? Si vous aviez
réagi de cette façon, on aurait tenu compte sérieusement,
très sérieusement, de vos propositions.
M. Roy: On ne pouvait pas réagir sans avoir vu le texte de
la loi. Il n'a jamais été fait mention, dans la correspondance,
d'inclure dans la loi toutes les maladies indiquées au guide
médical.
M. Lapierre: Votre lettre, M. le ministre, nous demandait si on
avait objection à ce qu'on exige le diagnostic lorsqu'un médecin
déclarait quelqu'un inapte à conduire un véhicule
automobile. C'était la seule question qui était posée. On
ne pouvait pas émettre une opinion sur un texte de loi que nous ne
connaissions pas. Nous n'avons jamais vu cet article 19, ce nouvel article
19.
M. Lessard: On vous parlait du diagnostic clinique. Vous devez
savoir, je ne suis pas médecin, mais vous devez savoir ce que ça
veut dire un diagnostic clinique.
M. Lapierre: Bien oui, pour ceux qui sont jugés inaptes
à conduire.
M. Lessard: De toute façon, je reviens encore à ma
question et je voudrais bien avoir une réponse. Est-ce que vous voulez
tout simplement j'es-
père que par la suite on formera un comité pour voir s'il
n'y a pas moyen de s'entendre et qu'on aura une collaboration et des
réponses aux questions; je pose la question, les media d'information
sont là et quand arrivera tel accident, j'espère que vous ne
direz pas que c'est la responsabilité du ministre des Transports encore,
parce que c'est un organisme professionnel est-ce que vous voulez tout
simplement, dis-je, que l'article 19, en enlevant toute la question du guide
médical, disparaisse, ou qu'on le maintienne, en enlevant tout
simplement la question qui relève du guide médical? Quel serait,
selon vous, ce qui pourrait satisfaire le Collège des médecins?
La disparition complète de l'article 19 ou son maintien en le modifiant
dans le sens que je vous ai indiqué?
M. Roy: M. le Président, on est bien conscient de notre
rôle social en tant que médecins et on le dit dans le rapport et
dans notre mémoire. On est prêt à collaborer avec le
législateur, on est content que vous soyez prêt à enlever
la référence au guide médical. On voudrait par ailleurs,
pour que la loi soit appliquée parce que ça ne sert
à rien d'avoir des lois si elles ne sont pas appliquées
que cet article soit restreint aux conditions essentielles pour conduire un
véhicule automobile et que ces conditions essentielles soient
élaborées en consultation avec la Corporation des
médecins, l'Ordre des optométristes et le Comité
consultatif médical du Bureau des véhicules automobiles, de
façon que, dans la loi ou les règlements, on sache à quoi
s'en tenir.
Tout ce qu'on disait, c'était qu'on était prêt
à ce que le médecin mette le diagnostic clinique à
côté du nom du patient qu'il jugeait inapte à conduire; ce
n'est pas tout d'envoyer le nom d'une personne, si le directeur
général ne connaissait pas la condition de la personne. Dans les
conditions qu'on juge importantes pour conduire, on dit que l'acuité
visuelle est essentielle. Il pourrait peut-être y avoir d'autres
conditions exceptionnelles comme l'épilepsie, certains cas
psychiatriques, certains problèmes d'alcoolisme, mais, remarquez bien
que c'est extrêmement complexe, parce qu'il n'y a pas de preuves
scientifiques qui font que ces gens sont de plus mauvais conducteurs que
d'autres et causent plus d'accidents que d'autres. Sur ça, la recherche
n'existe à peu près pas et n'est pas concluante; il y a beaucoup
de pas à faire. On est prêt à collaborer et à cerner
le problème, parce que la loi actuelle l'élargit tellement
qu'elle inclut pratiquement 80% des patients, qui vont aller chez le
médecin.
M. Lessard: Je vous ai posé une question en limitant la
loi actuelle, c'est écrit: "Dans tous les cas, lorsqu'il y a des raisons
sérieuses de croire, sur le plan médical, que ce patient peut
constituer un risque en conduisant un véhicule automobile." Je la
limite, ça va être votre responsabilité professionnelle que
je reconnais, lorsque vous allez juger de façon sérieuse. Vous
allez me dire il y a des médecins... Je suis bien d'accord, mais il
reste qu'on a eu des centaines de cas par année qui nous ont
été envoyés par des médecins, 700 cas. Il faut
protéger votre médecin aussi; il a une responsabilité
sociale aussi. Quand on juge qu'un individu est inapte à conduire un
véhicule et qu'on lui permet d'obtenir un permis de conduire, c'est
envoyer cet individu à la mort, au risque d'un accident mortel, avec les
risques que ça comporte pour les autres. Je ne reviens plus sur
ça, je vous dis que si on conservait juste la dernière partie, je
suis prêt, par la suite, à la formuler avec vous autres. C'est une
véritable épidémie d'accidents d'automobiles actuellement.
Les médecins font des efforts pour arrêter des
épidémies; on en vit une actuellement dans les accidents
automobiles. Par la suite, on pourra former un comité.
Ne revenons pas sur l'élargissement, je suis prêt à
le retirer. S'il le faut, on fera sauter l'amende. Lorsqu'il y a des raisons
sérieuses de croire, sur le plan médical parce que
là, on ne pourra jamais imposer une amende, on la fera sauter, s'il le
faut si les médecins, de façon sérieuse, ont des
raisons de croire qu'un patient n'est pas capable de conduire son
véhicule, ne devraient-ils pas l'indiquer au Bureau des véhicules
automobiles? Vous allez me dire que c'est le principe de la délation.
Peut-être, mais il y a aussi le principe de protection de l'individu qui
est là. Si, par exemple, vous savez qu'une personne va se suicider,
est-ce que vous allez prendre les moyens, auprès des policiers, pour
qu'elle soit surveillée afin d'empêcher que cette personne aille
se suicider?
M. Lapierre: II y a une Loi de la protection de la santé
mentale qui existe pour la protection de ces personnes et la protection de la
vie d'autrui qui serait mise en danger par ces personnes.
M. Roy: Je continue dans l'autre sens. Autrefois, il y avait
peut-être des excès contraires, on internait les gens très
facilement, souvent pour des raisons de facilité, mais, maintenant,
c'est devenu le contraire, il y a un paquet de fous en circulation qu'on n'est
pas capable d'interner. Je peux vous dire que j'ai régulièrement
des appels de médecins, de membres des familles qui voudraient faire
soigner des patients qui présentent des problèmes psychiatriques
et ils ne sont pas capables de le faire parce qu'ils ne sont pas assez malades
pour être internés. Pour être interné, souvent, il
faut pratiquement avoir tué quelqu'un ou avoir commis des crimes. C'est
devenu un excès contraire, il ne faudrait pas tomber dans l'abus non
plus. Evidemment, c'est un aparté, parce que vous avez parlé des
problèmes psychiatriques.
M. Lapierre: M. le ministre, en laissant tomber la
première partie de l'article, vous dites que vous n'élargissez
pas l'article 19, par rapport à l'ancien article. Pour nous, il demeure
encore élargi, parce que c'est quand même une nouvelle formulation
et c'est une formulation qui oblige le médecin à indiquer toutes
les déficiences qui peuvent constituer un risque en conduisant un
véhicule automobile. Mais pour constituer un risque, il faut
mentionner
que la notion de risque n'est pas précisée dans le
texte...
(11 h 45)
M. Lessard: Lorsqu'il a des raisons...
M. Lapierre: C'est parce que le risque est employé sans
qualification que l'article est extrêmement vaste.
M. Lessard: On va lire l'ancien article et je vais terminer sur
cela, et arrêtons de patiner.
M. Lapierre: M. le ministre, nous ne patinons pas!
M. Lessard: Si vous me permettez, Dr Lapierre...
M. Lapierre: Nous ne patinons pas!
M. Lessard: Dans l'ancien article, on dit: "Tout médecin
doit faire rapport, au directeur médical on peut mettre le
directeur médical, au lieu de mettre le directeur du BVA du
bureau à Québec, du nom et de l'adresse de tout patient de seize
ans et plus qu'il juge inapte c'est l'ancien article sur le plan
médical à conduire un véhicule automobile". Le nouvel
article pourrait se lire comme suit: "Un médecin ou un
optométriste doit informer le directeur médical du nom, de
l'adresse, de la date de naissance et, dans le cas du médecin, du
diagnostic clinique enlevons le diagnostic clinique de toute
maladie lorsqu'il a des raisons sérieuses de croire, sur le plan
médical, que ce patient peut constituer..." On peut le rédiger.
Si vous pensez qu'il est élargi, on pourrait reprendre exactement
l'article 3 de l'ancien Code de la route seriez-vous d'accord?
exactement l'article 3 de l'ancien Code de la route. C'est ce que je veux
savoir. Vous n'en voulez pas du tout ou vous êtes prêts, de ce
côté, à un moment donné, à accepter l'article
3?
M. Roy: Ce qu'on voudrait cerner, on l'a dit tout à
l'heure, ce seraient les maladies qui font que quelqu'un devient inapte
à conduire. On a dit: On serait prêt à faire cela. En les
mettant dans la loi, les maladies qui rendent quelqu'un inapte, qui devraient
être établies après consultation avec la Corporation des
médecins et le comité consultatif médical du Bureau des
véhicules automobiles, on va restreindre la portée. On va les
identifier. A ce moment, on va dire aux médecins: Tous les gens qui ont
des problèmes d'acuité visuelle, les gens qui ont des cataractes,
les myopes graves qui ne portent pas de lunettes, qui sont dangereux,
ceux-là, vous devez les rapporter, mais les autres, vous n'avez pas
à les rapporter. Vous pouvez peut-être penser que quelqu'un ne
devrait peut-être pas conduire. C'est difficile. Il y a du subjectif
là-dedans. A ce moment, on dit: Le fardeau doit appartenir à
l'individu, et c'est à l'Etat de vérifier, par des moyens de
contrôle, et en s'assurant, par ailleurs, que les formules de
renouvellement de permis de conduire sont bien remplies. Combien de fois
m'a-t-on dit que les gens reçoivent leur formule de renouvellement de
conduire, où il y a à l'endos toute une liste des maladies qu'ils
doivent remplir et dont on ne s'occupe pas souvent? Il y a des gens qui mettent
un X, ils ne remplissent rien. Encore là, en ce qui concerne...
M. Lessard: II y en a 3 500 000, Dr Roy. C'est justement, on vous
demande votre collaboration.
M. Roy: Vous nous demandez de faire votre travail. On vous dit:
Organisez-vous pour le faire, vous êtes assez nombreux, on paie assez
cher de taxes. De toute façon, révisez donc cette formule de
renouvellement de permis de conduire. Dans cela, il y a à peu
près 20 questions sur les maladies. Les gens, quand ils remplissent
cela, ont l'impression...
M. Lessard: Je pourrais vous répondre autre chose sur les
taxes, mais...
M. Roy: Laissez-moi finir! Quand on dit: Avez-vous
déjà souffert de telle ou telle maladie? On dit 20 maladies,
maladies rénales. Il y a des maladies qui n'ont aucune relation avec le
permis de conduire. Les gens ne savent pas ce qu'ils remplissent, ils sont
inquiets. Qu'on restreigne donc la portée de ce questionnaire, qu'on
fasse donc des choses claires, logiques, qu'on informe la population, et on est
prêt à collaborer.
M. Lessard: Vous auriez dû nous le dire le 31 août
1977, Dr Roy.
M. Roy: Vous auriez dû nous parler, à ce moment,
d'une façon claire et en nous donnant le sens de la loi.
M. Lessard: On vous a parlé, on vous a écrit. On a
des résolutions du Collège des médecins. Cela doit
être une certaine responsabilité.
M. Roy: Ce n'est pas du tout ce que vous avez mis dans la
loi.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je ne voudrais pas
éterniser le débat sur la question plus longuement qu'il ne le
faut, mais je vous avoue franchement que je trouve l'attitude du ministre un
peu curieuse. D'une part, il inscrit dans un avant-projet de loi l'article 19
qui va nettement à l'encontre de la Charte des droits et libertés
de la personne, qui fait des médecins des délateurs publics. Oui,
j'y viens. Laissez-moi faire. Il défend cela tant bien que mal, il voit
que cela ne tient pas debout. A un moment donné, il se ravise et dit:
C'est à la demande des médecins qu'on le fait. C'est l'Ordre des
médecins qui nous a demandé d'intervenir dans ce sens. L'Ordre
des médecins dit: Premièrement, ce n'est pas ce qu'on a
demandé; deuxièmement, même si on l'avait demandé,
on a le droit
de changer d'idée. Le ministre leur dit: D'accord, on est
prêt à tout retirer ou, s'il vous plaît, les
médecins, dites-nous donc quoi mettre dans la loi.
Je crois que le Dr Roy vient de donner la réponse. Ce n'est pas
à l'Ordre des médecins de légiférer, c'est à
nous, en tant que législateurs. C'est à nous de nous assurer
qu'on respecte les droits fondamentaux, non seulement des médecins, mais
surtout des citoyens. C'est comme si on avait dit, dans le Code de la route:
Inscrivons un article pour obliger le tenancier d'un bar de dénoncer
à la police ou au directeur du BVA toute personne qui, un soir
donné, est en état d'ébriété avant qu'elle
ne prenne la route.
Qu'on se le dise bien, il y a probablement des centaines de fois plus
d'accidents qui sont causés par les facultés affaiblies des gens
qui conduisent l'automobile que par des gens dont l'état de santé
aurait dû être dénoncé par des médecins.
Alors, pourquoi ne pas dire: Tout tenancier de bar qui voit une personne qui,
à son avis, n'est pas en état de conduire son automobile à
cause de ses facultés affaiblies par l'alcool doit dénoncer cette
personne à la police. On ne le fait pas parce que cela ne tient pas
debout. Cela ne tient pas plus debout de l'exiger des médecins, par le
biais du libellé de l'article 19 actuel.
M. le Président, il me semble qu'on doit retenir les suggestions
très positives que nous fait l'Ordre des médecins. On devrait
inscrire quelque part dans le Code de la route l'obligation pour le
médecin d'aviser, comme le suggère le mémoire, le patient
qui est dans le cabinet du médecin et chez qui on constate qu'il y a un
état de santé qui pourrait l'empêcher de conduire et
obliger ce patient, ce citoyen, d'agir en conséquence. On exige un
examen médical pour tous ceux qui conduisent des véhicules de
transport public et on peut facilement exiger du médecin qu'il fasse un
rapport détaillé au bureau médical du BVA sur
l'état de santé, mais de façon spécifique, pas dire
au médecin: Si, par exemple, le bonhomme a l'air d'être
dérangé quelque peu, n'a pas l'air d'accepter l'autorité,
a l'air de vouloir dire non au référendum, faites un rapport,
parce qu'effectivement... Oui, j'exagère, mais j'essaie de faire
comprendre au ministre parce qu'il ne semble pas comprendre.
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lessard: Qu'on me ramène le député de
Charlevoix, Seigneur!
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau, je pense que vous pouvez continuer.
M. Gratton: Merci, M. le Président. Je dis donc, M. le
Président, que le ministre, ses conseillers, son entourage se sont
fourvoyés avec l'article 19 de l'avant-projet. Ce n'est pas facile
à admettre, mais il l'admet dans les faits puisqu'il nous dit: On va le
retirer ou le reformuler avec le concours, en consultation avec l'Ordre des
médecins. En tant que membre de l'Opposition officielle, tout ce que je
peux demander, c'est effectivement qu'on s'assoie autour d'une même
table, qu'on procède par comité ou qu'on procède
autrement, mais qu'on en arrive à formuler un article de loi qui
assurera la sécurité publique, qui assurera le respect du secret
professionnel et qui assurera qu'on ne fera pas de chaque médecin du
Québec un délateur public passible d'une amende ou pas.
M. le Président, à moins que nos invités n'aient
d'autres remarques à faire à ce sujet, je voudrais leur poser une
question, qui n'a rien à voir avec l'article 19. Vous savez sans doute,
messieurs, que tout de suite après vous, nous entendrons les
représentations de la Corporation professionnelle des
optométristes du Québec. Vous savez sûrement qu'elle
demande que des représentants de leur corporation siègent au
comité consultatif médical. J'aimerais savoir, de la part de
l'Ordre des médecins, si vous êtes d'accord ou pas sur cette
demande de l'Ordre des optométristes et pour quelle raison?
Le Président (M. Bordeleau): M. Roy.
M. Roy: Comme les optométristes sont concernés par
les problèmes de l'acuité visuelle, les problèmes de
vision, c'est clair qu'en ce qui concerne ces problèmes, ils devraient
être consultés concernant le comité consultatif et
l'élaboration d'un guide médical à cet effet.
M. Gratton: Est-ce que vous seriez d'accord sur une
représentation institutionnalisée?
M. Roy: Dans les cas qui concernent uniquement l'acuité
visuelle, parce que je suis sûr que ce comité consultatif
étudie un très grand nombre d'autres pathologies; alors,
évidemment, les pathologies cardiaques, les pathologies psychiatriques
ne concernent pas les optométristes, mais les cas de pathologie visuelle
les concernent parce qu'évidemment, ce sont des experts en
réfraction.
M. Gratton: La qualification que vous faites là pourra
nous être utile au moment de la discussion avec les représentants
de l'Ordre des optométristes tantôt. Je vous remercie, messieurs.
En boutade, si vous me le permettez, je dirai que les définitions que
vous faisiez tantôt à l'énumération des maladies
contenues au guide médical, vous avez mentionné qu'on pourrait
interpréter cela en voulant dire que des personnes qui contestent
l'autorité fédérale pourraient être susceptibles
d'être dénoncées. Ce serait le cas des souverainistes. Les
personnes qui défendent le statu quo, donc qui refusent de constater la
nécessité de changements, pourraient également être
dénoncées. Je suis heureux de constater que nous, en tant que
libéraux, nous ne le serions pas parce qu'on constate qu'il y a des
changements nécessaires et qu'on ne rejette pas l'autorité
fédérale.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Ne me dites pas que les libéraux sont en
train de définir leur option.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Joliette-Montcalm, avez-vous des questions à poser?
M. Chevrette: II me semblait que cela pressait pour se
définir. Maintenant, cela ne presse plus.
M. Gratton: Cela va assez bien, à part cela. Le
Président (M. Bordeleau): A l'ordre!
M. Gratton: Cela va assez bien depuis un certain temps.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais demander au
docteur Roy... Je pense qu'il faut situer le débat à un niveau un
peu plus élevé que de la façon dont cela s'est
terminé. Si j'avais voulu continuer dans la même veine, j'aurais
commencé mon exposé en vous demandant ceci...
M. Gratton: Levez-vous, levez-vous!
M. Chevrette: Est-ce que je peux terminer?
M. Gratton: Oui, levez-vous!
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Chevrette: J'aurais commencé mon exposé en
disant: C'est vrai que les gouvernements changent et que les politiques
changent. J'espère que les corps professionnels ne changent pas
d'idée parce que le gouvernement change.
Une Voix: Non, ce n'est pas... M. Gratton: Ah!
M. Chevrette: Je pense que cela aurait été
maintenir un niveau de discussion un peu trop bas, à la Gatineau.
Donc, je voudrais, M. le Président, poser une question au docteur
Roy. Vous avez semblé considérer comme épouvantable la
référence au guide médical pour déterminer
l'aptitude à conduire un véhicule automobile. Cette
référence vous fait terriblement peur par rapport à
l'article 19. J'ai entre les mains le guide médical pour
déterminer l'aptitude à conduire un véhicule automobile. A
la page V, en chiffres romains, on peut lire ceci: "En conclusion, qu'il soit
permis ici de remercier vivement toutes les personnes qui ont participé
à l'élaboration du contenu de la présente édition
du guide médical à l'usage du Bureau des véhicules
automobiles: les membres du comité ad hoc, les associations des
ophtalmologistes de la province de Québec, des cardiologues, des
neurologues, des oto-rhino-laryngologistes et celle des psychiatres, les
docteurs Claude Catellier, etc." Ce guide-là a été
préparé en étroite collaboration surtout avec ces
organismes professionnels...
M. Roy: Le député de Joliette-Montcalm...
M. Chevrette: ... en fonction de déterminer l'aptitude
à conduire un véhicule. Qu'est-ce qu'il y a d'épouvantable
dans cela? Ce sont de vos membres, je crois.
Le Président (M. Bordeleau): M. Roy.
M. Roy: Le député de...
M. Chevrette: Joliette-Montcalm.
M. Roy: ... Joliette-Montcalm était peut-être
distrait quand on en a parlé, mais on a d'abord...
M. Chevrette: Non, je n'étais pas distrait, j'ai tout
suivi.
M. Roy: ... dit que c'était...
M. Gratton: Non, il n'était pas distrait; il n'a pas
compris.
M. Roy: ... un excellent guide médical. Cela est inscrit
au journal des Débats. J'ai également félicité le
directeur médical et le directeur général du Bureau des
véhicules automobiles pour leur compréhension dans l'application
de la loi. On ne dit pas que le guide est mauvais. On dit que le guide est
très bien. Mais on dit que, si la loi s'applique telle qu'elle est et
que si les médecins doivent rapporter au Bureau des véhicules
automobiles les malades qui souffrent de toutes les maladies qui sont
là, les médecins vont rapporter 90% de leurs malades. Quasiment
toutes les maladies sont indiquées dans ce guide. C'est ce qu'on dit. On
ne dit pas que c'est mal fait. On dit que la loi est mal faite, par ailleurs,
telle qu'elle est, mais qu'elle peut être bonifiée. La commission
parlementaire est justement là...
M. Chevrette: Mais chaque spécialiste...
M. Roy: ... pour entendre nos réflexions. Il s'agit d'un
avant-projet, à part cela.
M. Chevrette: Oui, mais M. Roy...
M. Roy: Je félicite le gouvernement de présenter
cela comme un avant-projet...
M. Chevrette: C'est cela.
M. Roy: ... pour entendre nos représentations de
façon à présenter ensuite un projet qui tienne compte de
nos observations.
M. Chevrette: C'est exact.
M. Roy: On a élevé le ton un petit peu. Je connais
le député de Saguenay; je connais son tempérament, je
connais son caractère impulsif. Je sais qu'il connaît très
bien, par ailleurs, les médecins et qu'il est un homme de bonne
volonté qui comprend le bon sens et qu'après les
représentations
il va pouvoir faire les changements en conséquence. Cela est fait
sur le plan de la critique constructive. On a l'air d'échanger des
idées d'une façon un peu plus, disons, émotive, mais c'est
parce qu'on est bâti comme cela; on a un peu un caractère de
politiciens. Cela ne veut pas dire qu'on est de mauvaise foi. Au contraire, on
est de bonne foi. On veut que la loi soit bonifiée. On est prêt
à jouer notre rôle. On ne veut pas avoir une loi qui soit
inapplicable. Il y en a trop, dans les statuts, des lois dont les articles sont
inapplicables. Cela ne sert à rien d'avoir un article comme
celui-là; il ne sera pas appliqué. Mais faisons quelque chose qui
va vraiment servir l'intérêt du public. Travaillons ensemble pour
la rédaction d'un article qui apparaîtra au projet de loi
lorsqu'il sera déposé subsé-quemment.
M. Lapierre: M. le Président.
M. Chevrette: Ce que je vous demande...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Joliette-Montcalm, le docteur Lapierre aurait quelque chose à ajouter.
(12 heures)
M. Chevrette: Un instant, s'il vous plaît! J'ai une
sous-question à poser au docteur Roy. Quand un cardiologue reçoit
un patient le guide médical a été conçu
aussi par la Corporation des cardiologues du Québec si, à
l'examen du patient... Ce ne sont pas tous les individus qui peuvent
présenter un risque ou une inaptitude à conduire un
véhicule automobile, cela peut être un ou deux patients par mois
dans certains cas, ce n'est pas l'avalanche contrairement à ce que vous
dites. Ce serait ridiculiser, à ce moment-là, le guide qui a
été préparé.
M. Roy: On a tendance à vouloir beaucoup trop se servir du
médecin pour appliquer les lois et réglementer la
société. Notre rôle est d'aider les gens, les soigner, les
guérir autant qu'on peut. S'il faut que le médecin soit au
courant de tous les détails des lois et qu'il se mette à les
appliquer pour tout le monde, vous rendez sa tâche absolument impossible,
d'autant plus que...
M. Chevrette: Mais quand le patient... Je m'excuse, mais je dois
faire une mise au point. Si on mettait dans la loi que tous les mortels du
Québec vont se présenter, à la veille d'avoir un permis de
conduire, pour une visite obligatoire, ce serait beau et ce serait bon.
C'est-à-dire, l'Etat devrait payer aux corps médicaux une visite
obligatoire de tout le monde. Là, le médecin ferait rapport au
BVA parce que cet examen est fonction spécifique du permis de conduire.
Là, c'est payant, ce n'est plus de la délation. Je m'excuse, mais
ce n'est pas fort comme argument.
M. Roy: Ce n'est pas la même chose du tout et là
vous ramenez le débat à un très bas niveau.
M. Chevrette: Oui, c'est exact. C'est au niveau où vous
l'avez maintenu depuis le début.
M. Roy: Vous l'avez reproché au député de
Gatineau, là c'est vous qui le ramenez à un très bas
niveau. Vous voudriez...
M. Chevrette: Vous n'êtes pas là pour juger les
députés, monsieur, vous êtes là, monsieur...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je m'excuse, M. le Président, mais le Dr Roy
n'est pas là pour juger, il est là pour répondre aux
questions.
Le Président (M. Bordeleau): Un instant.
M. Roy: Un instant, laissez-moi répondre. Vous me
dites...
M. Gratton: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Roy: Non, je réponds à votre question. Vous
voulez que les médecins fassent l'ouvrage de l'Etat gratuitement. A ce
moment-là, vous seriez d'accord sur cela. Nous disons: Un instant. On
est prêt à faire des examens médicaux appropriés,
pas un examen général pour la forme des choses, en fonction de la
conduite des véhicules automobiles. Vous avez des examens de
compétence pour les véhicules automobiles, il pourrait y avoir
des examens médicaux ad hoc, il en existe déjà d'ailleurs.
Les personnes de 70 ans et plus, par exemple, doivent avoir... Ce matin, le
téléphone ne fonctionnait pas à l'endroit où
j'étais, j'ai dû aller appeler chez quelqu'un d'autre et on m'a
entendu donner une entrevue téléphonique. La personne m'a dit:
J'ai justement reçu, moi aussi, une demande d'examen médical
parce qu'elle a 72 ou 73 ans il faut que j'aille chez mon
médecin pour la compléter. Cela existe déjà pour
certaines catégories de personnes. Cela pourrait continuer à
être fait. On dit: Des examens appropriés, des examens aussi au
hasard pour détecter des personnes qui font de fausses
déclarations sciemment. La Régie de l'assurance-maladie le fait,
quand il s'agit de payer les médecins.
Il faudrait quand même faire en sorte que les gens n'abusent pas
du privilège de conduire un véhicule automobile. Ce n'est pas un
droit, que l'odieux et le fardeau de prouver son état de santé
repose sur les individus plutôt que sur les médecins. Il ne faut
pas non plus surestimer la gravité des accidents causés par les
personnes d'un certain âge qui ont de petits problèmes de
santé, qui ont des réflexes diminués. Tout à
l'heure, on va tous en arriver à ce stade; mais ces gens-là,
généralement, sont prudents et ce ne sont pas eux qui sont la
grande cause des accidents d'automobile, ce ne sont pas eux qui causent les
décès, ce ne sont pas eux qui généralement meurent
non plus en fin de semaine.
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, M. le ministre,
je voudrais... C'est parce qu'il est midi.
M. Lessard: Très brièvement.
Le Président (M. Bordeleau): Cela me prend le consentement
des membres de la commission. Est-ce que je l'ai?
M. Gratton: Consentement, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, allez-y, M. le
ministre.
M. Lessard: Très brièvement.
M. Gratton: Tout le monde se fâche.
M. Lessard: Je suis prêt à modifier l'article en
conséquence. On ne vous demande pas de nous envoyer un rapport sur
toutes las maladies. On vous demande tout simplement, selon la nouvelle loi,
d'après la modification de l'article, il me semble que c'est une
responsabilité professionnelle, d'informer le directeur médical
du Bureau des véhicules automobiles, lorsque le médecin constate
qu'il y a des raisons sérieuses de croire, sur le plan médical,
que tel individu peut constituer un risque en conduisant un véhicule
routier. C'est seulement cela. Contrairement à ce qu'on a dit tout
à l'heure, je ne me suis pas fourvoyé. J'ai fait un avant-projet
de loi, justement. Il y a des choses que j'ai mises dans cet avant-projet de
loi auxquelles je croyais plus ou moins, dont je voulais discuter, parce que
c'est cela la consultation, c'est cela la transparence, c'est cela justement
essayer de gouverner avec l'ensemble de la population. Mais si je l'ai mis
ainsi dans l'article 19 pour plus de discussions, je l'ai mis après
avoir consulté les officiers du ministère et après
m'être bien assuré que j'avais des documents à l'appui, que
j'ai cités ce matin, qui provenaient des personnes qui étaient
directement impliquées.
Or, ces personnes me demandaient, peut-être pas de cette
façon, d'inclure un article pour prévoir des cas semblables.
C'est dans ce sens-là qu'il faut voir l'article 19. Je suis prêt,
moi, avec vous autres, j'aurais aimé mieux que ça se fasse en
1977... Si j'avais reçu une lettre, en 1977, à la suite de la
lettre du Dr Gagnon, me disant: On va former un comité et on va analyser
ça; on l'aurait formé, le comité, et on aurait
analysé ça. Mais, ce que je trouve regrettable, c'est que c'est
seulement ce matin c'est votre droit, puisque c'est une commission
parlementaire qu'on vient nous dire que cet article... Je comprends que
vous ne l'avez peut-être pas vu de la façon qu'il a
été rédigé, mais, cependant, par exemple, c'est
à votre demande que je l'ai inscrit, cet article, comme il existait dans
l'ancien Code de la route. De toute façon, on...
Une Voix: Ce n'est pas ce matin...
M. Roy: Un instant! Je vais simplement faire une remarque. Cela
n'a jamais été à notre demande. Nous avons répondu
à votre demande, mais nous n'avons jamais demandé que l'article
soit changé. Nous n'avons jamais demandé qu'un article semblable
soit inséré et nous n'avons jamais vu l'article. Mais, je suis
conscient, évidemment, de la bonne foi du ministre, du fait qu'il s'agit
d'un avant-projet. Tout ce que je demanderais au ministre, c'est de ne pas s'en
tenir à l'article, tel qu'il est rédigé actuellement,
même quand il enlève la référence au guide
médical, mais plutôt de nous donner l'assurance qu'il y aura une
consultation avec les gens intéressés à la
rédaction d'un nouvel article de loi qui va cerner davantage la
réalité dans l'intérêt du public, auquel on tient
tous, le ministre, comme la Corporation des médecins.
M. Lessard: Je suis entièrement d'accord...
M. Roy: C'est l'impression que je voudrais qui se dégage
ici, ce matin, de ces échanges, certainement animés, à
certains moments, mais qui sont agréables, par ailleurs.
M. Lessard: J'aurais voulu que ça se fasse, parce qu'il me
semble qu'il y avait eu des consultations. Si vous me l'aviez proposé en
1977, on l'aurait fait. Quant à moi, j'accepte... C'est dans ce but qu'a
été rédigé l'avant-projet de loi. J'espère
que lorsque nous adopterons la loi et l'article que vous préparerez, en
collaboration avec mon comité médical, je l'accepterai, en autant
qu'il sera aussi applicable. J'espère que, lorsque nous adopterons la
loi en première et deuxième lecture, je n'aurai pas une autre
proposition qui modifiera la proposition antérieure.
M. Roy: Alors, je peux assurer le ministre il s'agit de
consultations publiques, avec tout le contexte de la loi qu'on s'engage,
si la loi est logique, applicable et réaliste, à l'approuver et,
ensuite, à la recommander à nos membres et à demander leur
bonne collaboration pour son application. Mais il faudrait tenir compte du fait
aussi qu'on ne garantit pas l'approbation d'une façon définitive,
comme un chèque en blanc, sans avoir vu le texte final.
Une Voix: C'est ça.
M. Roy: C'est pourquoi on demande d'être consulté.
Si tout le monde est de bonne foi, comme ça semble bien être le
cas, nous allons en arriver à une rédaction d'un article qui va
tenir compte de la réalité, qui va faire en sorte que les
médecins remplissent leur devoir social, que le gouvernement remplisse
le sien également et que, tous ensemble, on assure une meilleure
sécurité sur nos routes.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, Dr Roy. M. le
député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je pense qu'on est plus
calme un peu. J'ai déjà apporté moi-même les
réserves que j'avais quant aux articles 19 à 23. Je ne voudrais
pas tellement revenir sur cette
facette. Je conviens qu'il appartient au Collège des
médecins de collaborer avec l'autorité dans certains cas
où ça peut apporter une plus grande sécurité
à l'ensemble des utilisateurs du réseau routier.
Je crois, par contre, que l'individu doit d'abord prendre sa propre
responsabilité. C'est le premier objectif que les citoyens devraient
viser si on veut en arriver à un taux acceptable d'accidents sur le
réseau routier. On a mentionné tantôt que les corps
policiers, s'ils le jugent à propos, que ce soit le corps policier
provincial ou municipal... A cause d'un comportement anormal, certains
individus sont impliqués dans des accidents. S'ils ont un comportement
qui laisse à désirer, il appartient aux surveillants de la route,
qui sont les premiers à faire les constatations qui s'imposent, à
remettre aux autorités en place le soin de voir à ce que ces
individus de par leur comportement, soient susceptibles de subir un examen
médical pour prouver qu'ils ont les capacités requises ou la
santé requise pour conduire un véhicule.
C'est une pièce de législation extrêmement
importante qui est devant chacun des intervenants et devant l'Etat. Je ne suis
pas de ceux qui pensent que l'ancien Code de la route était parfait,
loin de là; en 1975, 1976 et maintenant, il y a eu des avant-projets par
lesquels on a étudié attentivement le comportement de l'ensemble
des conducteurs; il y a matière à réflexion et à un
changement du code de la route.
Par contre, je constate qu'on tait fausse route actuellement. Je
délaisserai probablement cette activité. On fait fausse route et
on se cache, on dirait, sciemment la vérité actuellement dans le
triste record d'accidents qu'on a sur nos routes. Les objectifs qu'on devrait
viser, je me demande si on ne passe pas à côté. Voici une
loi extrêmement compliquée. On a mentionné, en cours de
route, que quelle que soit la bonne volonté de tout le monde, on n'avait
pas les objectifs humains et on n'avait pas en place tous les outils requis
pour que la loi puisse être applicable.
Le grand reproche que je fais, autant au gouvernement antérieur
qu'à celui d'aujourd'hui, c'est l'absence de volonté, quand on
adopte une loi, qu'elle soit appliquée, peu importe le prix. On retrace
derrière tout cela la crainte du législateur que, quand cela
déplaît à un trop grand secteur de la population, l'on
perde des votes et que l'on aille se faire foutre par terre. C'est quand
même là, la triste vérité à laquelle j'ai
fait face et à laquelle vous faites face actuellement.
On parle beaucoup de dangers sur la route quant au comportement, du
côté de la santé d'un individu. J'ai déjà dit
qu'on parle très peu, dans ce Code de la route, du comportement de tous
les automobilistes qui sont la cause première des accidents, soit par
facultés affaiblies par l'alcool. Dieu sait combien de problèmes
on a eus devant les tribunaux, les difficultés que rencontre la
Sûreté du Québec devant toutes les subtilités de la
loi. Je n'ai jamais compris, devant un individu qui est un danger public, parce
qu'il a les facultés affaiblies, que les tribunaux, parce qu'il doit
gagner sa vie, le retourne sur le réseau routier durant la semaine, pour
gagner sa vie et que, durant la fin de semaine, il n'a pas le droit; comme si
le danger était moins grand. Je pense que le citoyen qui doit gagner sa
vie avec un véhicule donné devrait lui-même faire en sorte
que sept jours par semaine il démontre un comportement acceptable par
tout le public. Je pense que de ce côté, il y a matière
à réflexion profonde.
Dr Roy, tantôt vous avez blâmé un peu
sévèrement l'idée que nous avons apportée, savoir
que le public québécois n'était pas prêt à
accepter le virage à droite. Vous avez dit que c'était faire
injure aux citoyens québécois de ne pas les considérer
comme d'autres citoyens d'autres pays où la mesure a été
adoptée sans de trop grands dangers. J'avais moi-même, hier ou
avant-hier, mis ma propre personne en cause alors que, comme ministre des
Transports, devant supposément connaître la directive que doit
suivre un piéton dans la circulation, à Vancouver je ne
répéterai pas ce que j'ai dit à ce moment-là
j'ai été pris en défaut par tout le monde à la
fois.
Quant à la réserve que nous avons apportée sur la
possibilité que, dans l'immédiat, on vire à droite, je
pense que vous-mêmes, comme d'autres, dites que les lois ne sont pas
appliquées, qu'on connaît mal les lois. Il faudrait au moins que
l'éducation se fasse d'abord. Cela me trouble qu'on le permette
immédiatement s'il y a déjà 21% des piétons qui
sont en cause, si on ne fait pas l'éducation requise avant de le
permettre cela peut être dans quatre mois ou cinq mois
qu'on dise au public de quelle façon il doit se comporter autant comme
piéton que comme automobiliste. Si on fait cela dans l'immédiat,
je crains je n'empêche pas le législateur de le faire
que les 21% de piétons qui sont dans le total des accidents,
n'augmentent peut-être à 27%, 28% ou 30%. C'est la réserve
que nous avons apportée. On n'est pas contre, évidemment, parce
que c'est invitant et je pense que tout le monde est un peu pour cela.
Ce n'est pas là qu'est le sens de mon propos. Je voudrais
profiter de la circonstance qui nous est offerte, devant le Collège des
médecins qui est ici représenté par vous, pour parler de
la loi 13 que nous avions adoptée en 1976 et des résultats que
nous avons connus alors. On a fait quelques campagnes de publicité, il y
a eu des résultats. On a quand même constaté, durant les
six premiers mois malgré que la loi ait été
observée par ceux qui le voulaient, on n'avait pas fait une obligation
radicale à la police, on disait: Faisons l'éducation en
1975, 52 000 blessés par rapport à 40 300, en 1976. (12 h 15)
Je pense que cela a été important, non seulement la
ceinture, mais aussi la limite de vitesse. En 1977, ceia s'est maintenu
à 43 000 et on constate une augmentation depuis, parce que la loi n'est
pas appliquée et que les pouvoirs politiques, quels qu'ils soient, ne
font pas le nécessaire pour la faire appliquer. Voici ce que je veux
savoir de la part du Collège des médecins.
Quelle a été votre perception des deux mesures, les
limites de vitesse et la ceinture de sécurité? Qu'est-ce que cela
a donné dans les nombreux accidents pour lesquels vous êtes
appelés et que vous avez dû traiter?
M. Roy: On n'a pas présenté de mémoire sur
la question de la ceinture de sécurité, mais j'ai eu l'occasion
de dire publiquement à de nombreux endroits, au cours d'émissions
radiophoniques et télévisées, de débats et j'ai eu
l'occasion d'argumenter avec des gens qui étaient contre qu'il
était scientifiquement prouvé que le port de la ceinture de
sécurité diminuait considérablement la gravité des
accidents et diminuait aussi le nombre d'accidents. Evidemment, il faudrait
faire des distinctions quant à la vitesse à laquelle roulent les
véhicules automobiles. C'est sûr que quelqu'un qui roule à
100 milles à l'heure, qu'il porte sa ceinture de sécurité
ou non, a bien de grosses chances de se tuer; mais la ceinture de
sécurité est surtout efficace à des vitesses basses,
disons, en bas de 45 milles à l'heure dans les villes où arrivent
quand même la majeure partie des accidents. Les accidents les plus
coûteux il faut se le rappeler ne sont pas
véritablement des accidents mortels. Ce sont des accidents qui blessent
et qui rendent les gens invalides. A cet égard, la ceinture de
sécurité est une très bonne mesure et seulement selon les
circonstances particulières, les gens doivent être exemptés
du port de la ceinture de sécurité. Il y a d'ailleurs des
exceptions prévues dans la loi en ce qui concerne les gens qui sont
incapables de porter la ceinture de sécurité et je crois que les
gens en général s'habituent progressivement. Il faudrait encore
plus d'éducation, plus d'information et, je pense, plus de
sévérité de la part des corps policiers. Je me souviens
que l'an dernier, à Montréal, par exemple, au printemps, les
policiers ont averti qu'ils seraient très sévères pour la
ceinture de sécurité. Pendant un mois, tout le monde portait la
ceinture de sécurité ou à peu près parce que les
policiers se sont installés à des endroits stratégiques.
Les gens l'avaient. Evidemment, dès que la police diminue
l'intensité de sa vérification, c'est sûr qu'il y a des
gens qui la portent moins, mais il reste que c'est une habitude qui se
crée davantage. Si on regarde sur la route, de plus en plus, les gens
ont leur ceinture de sécurité. De plus en plus aussi, les
ceintures sont bien adaptées aux personnes. Au début, dans les
voitures avant 1975 ou 1976, les ceintures étaient mal faites, mais
maintenant, elles sont quand même assez bien faites. Je pense que
c'était une bonne mesure. C'est une mesure qui va réduire les
accidents et surtout réduire leur gravité. Evidemment, encore
là, c'est tout un ensemble de mesures qui vont faire diminuer les
accidents d'automobiles. Le Code de la route, je pense qu'on devrait
l'enseigner à l'école, parce que tout le monde est apte à
être sur la route un de ces jours comme conducteur ou comme
piéton, l'enseigner et enseigner le civisme, éduquer les
gens.
Le virage à droite, je ne trouve pas cela dangereux selon les
circonstances. C'est sûr qu'il y a peut-être des endroits où
il ne devrait pas y avoir de virage à droite, mais pourquoi la police ne
fait-elle pas observer le fait que des piétons traversent à la
lumière route? C'est une infraction, traverser à une
lumière route, pour un piéton. Connaissez-vous des piétons
au Québec qui ont des billets d'infraction à la circulation pour
cela? Allez à Ottawa, à Toronto ou à Edmonton et essayez
de traverser à une lumière route. Vous ne le ferez jamais et vous
n'aurez même pas le culot de le faire parce que personne ne le fait et
vous allez vous faire prendre tout de suite. Nos Canadiens, nos
Québécois qui vont ailleurs observent les lois, mais ici, ils
s'en foutent parce que les policiers ne les font pas observer. Je disais tout
à l'heure que les policiers se cachaient à des endroits. Ils
tendent presque des pièges, des guets-apens au bon conducteur, alors
qu'ils devraient être à des endroits où c'est vraiment
dangereux. La signalisation routière devrait être
améliorée. Evidemment, je parle comme citoyen. Je ne suis pas
contre le fait que les autobus aillent un peu plus vite pour améliorer
le transport en commun. Je sais qu'il y a des critiques contre cela, mais il
faut être logique. Je ne dis pas n'importe où. Il y a des routes
où cela devrait être à la même vitesse que d'autres,
mais sur les autoroutes, je ne vois pas pourquoi Voyageur, Bourgeoys et les
autres pour ne pas faire de discrimination, ne pourraient pas aller à 70
milles à l'heure. Je vais moi-même à 70 milles à
l'heure. Ce n'est pas dangereux, pas une miette. Evidemment, il y a des gens
qui sont bien plus dangereux à 40 milles à l'heure, par ailleurs.
Il faut être logique et raisonnable. Il y a une question de
densité de population. Ce n'est pas sur la route 20 qu'arrivent la
majeure partie des accidents compte tenu de la densité de la population.
C'est sur les routes secondaires. Les policiers ne sont pas là.
Vous parlez d'ébriété au volant. Il y a des gens
qui sont ivres. Il serait facile de les prendre à la sortie des clubs de
nuit et des tavernes. Je viens du comté de Frontenac. Le
député était ici tout à l'heure et il est sorti. Je
n'ose pas, quand je vais voir ma mère à East-Broughton,
près de Thetford-Mines, me promener là le vendredi soir et le
samedi soir, sauf quand les gars sont à la taverne ou à
l'hôtel. Entre 21 heures et minuit, c'est pas mal sécuritaire. A
20 heures, c'est dangereux parce que les gars se dépêchent
à aller à l'hôtel. A minuit et à 1 heure, c'est
singulièrement dangereux, parce que, en plus, les routes sont mauvaises
et les gens conduisent comme des fous, mais jamais je ne vois un policier sur
les routes à ce moment-là. Cela coûte peut-être trop
cher d'avoir des policiers à ce moment-là, mais c'est là
où ils devraient être, pas sur la route 20 en plein jour.
M. Mailloux: La dernière réflexion que je voudrais
faire à l'attention du ministre, c'est la suivante; on parle
beaucoup...
M. Roy: Je passe par la Beauce aussi...
M. Mailloux: On parle beaucoup de tous les rapports
médicaux auxquels tout citoyen devrait être soumis. Qu'on regarde
les statistiques, d'une
année à l'autre; on voit qu'entre 23 heures et 3 heures du
matin il y a 35% des accidents, principalement chez les jeunes et qu'il n'y a
pas, à mon sens, plus de 20%, ou peut-être moins, du parc
automobile qui sont en circulation à ce moment-là. On parle
très peu dans le Code de route, actuellement, de ce qu'on devra faire
pour corriger cette situation. Ce que vous venez de dire, c'est exact;
après 11 heures du soir, un citoyen qui tient à sa vie, dans bien
des cas, est mieux de ne pas être sur le réseau routier.
Qu'on regarde le dernier accident qui est arrivé à
Saint-Aimé-des-Lacs; une jeune femme suivant son mari dans une autre
automobile est venue se faire tuer sur la troisième voie. Des accidents
comme ça, on devrait prendre les moyens...
M. Roy: Vous comprenez ma pensée, je parlais de Frontenac,
parce que le gouvernement a redécoupé les comtés; ma place
a toujours été dans le comté de Frontenac, mais cela a
toujours été dans la Beauce autrefois. Quand je m'en retourne,
c'est par la Beauce, c'est aussi dangereux par la Beauce que sur
n'importe...
M. Mailloux: Que ce soit dans la Beauce ou ailleurs, entre 23
heures et 3 heures du matin, ce n'est pas trop sécuritaire.
M. Roy: C'est parce que je me considère comme un Beauceron
de coeur.
M. Lessard: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: M. le Président, il est certain, comme le
soulignait le député de Charlevoix, que toute la question de
sécurité routière doit naturellement demander la
coordination d'un ensemble de ministères, que ce soit le
ministère de la Justice, le ministère de la protection des
consommateurs, le ministère des Transports, le ministère de
l'Education, le ministère des Affaires sociales, le Collège des
médecins et autres organismes. C'est dans ce sens qu'on a formé
cette année le comité consultatif des transports. Je suis quand
même heureux de souligner ceci. On parlait de l'éducation des
jeunes. Ce matin, dans le Journal de Québec... Il ne faudrait quand
même pas souligner seulement ce qui est négatif dans la
sécurité routière, parce que depuis 1976 et avant,
auprès des jeunes, on a fait des efforts considérables. Il y a eu
dernièrement, par exemple, je suis heureux de le souligner, des jeux sur
la sécurité routière et le Québec s'est
classé premier parmi 18 Etats américains. Maintenant, on s'en va
dans un concours international.
Il reste que la signalisation... Même nos jeunes, sur le port de
la ceinture de sécurité, sont plus informés que les
adultes, suite à ce programme qui s'étend de la maternelle
jusqu'au niveau des CEGEP. Je suis heureux de le souligner ce matin, parce que
je l'avais vu souligné dans le Journal de Québec ou un autre
journal, il y a quelques jours, mais il y avait environ cinq lignes. Au moins,
là, le Québec se classe premier et on en est content et fier.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre.
M. Roy: Je peux terminer?
Le Président (M. Bordeleau): Un dernier commentaire,
rapidement.
M. Roy: Je voudrais remercier le ministre et les membres de la
commission de nous avoir entendus. Nous félicitons le ministre d'avoir
voulu déposer un avant-projet de loi qui peut être remanié,
parce qu'il n'engage pas le législateur comme tel. Nous l'assurons de
notre collaboration pour la rédaction d'un article qui va être
applicable. En disant que ce qu'on a dit, ce n'était pas pour
défendre le médecin, c'était pour défendre le
public et les patients qui ont droit au respect du secret professionnel et
défendre l'intérêt général du public qui doit
être protégé contre les conducteurs de véhicules
automobiles qui sont inaptes à conduire.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Roy. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Avant que vous invitiez un nouveau groupe, tout est
redevenu calme, j'aimerais poser une seule question très brève,
elle s'adresse indistinctement au Dr Roy ou au Dr Lapierre. Selon
l'interprétation que vous faites du guide médical actuel, en
supposant que l'article 19 de l'avant-projet soit adopté dans son
libellé actuel, estimez-vous, professionnellement ou personnellement,
que le comportement plutôt émotif du ministre des Transports et du
député de Joliette-Montcalm ce matin les auraient rendus
susceptibles d'être dénoncés au BVA?
M. Roy: Je serais tenté de dire que votre question est
antiréglementaire.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, c'est à peu
près ça, Monsieur.
M. Roy: J'ai beaucoup d'estime pour le député du
Saguenay et ministre des Transports, je connais son caractère...
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, s'il vous
plaît.
M. Lessard: Je constate que je vais m'ennuyer du
député de Charlevoix, qui est maintenant rendu au Tourisme et que
ça va être le député de Gatineau qui sera aux
Transports. Les discussions...
M. Gratton: Je tâcherai de le désennuyer.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, je vous remercie, Dr
Roy ainsi que Dr Lapierre. Avant d'ajourner pour l'heure du dîner, je
voudrais répondre à la question posée par le
député de Gatineau, ce matin. En ce qui concerne la commission
des transports qui avait siégé, les 7, 8 et 9 août, sur le
rapport CEGIR, il semble que la première transcription est
déjà faite et qu'elle est distribuée ou sera
distribuée. On me dit que c'est déjà fait. Du
côté de la commission de cette semaine, malheureusement, on ne
peut pas me fixer de date précise, étant donné qu'il y a
un problème de travail, mais on collabore pour le faire le plus
rapidement possible. Est-ce que cela vous satisfait, M. le député
de Gatineau?
M. Gratton: Oui, M. le Président, avec une autre question.
Devons-nous supposer que nous aurons ces épreuves à
l'intérieur d'une fourchette de deux mois ou trois mois? Vous n'avez pas
d'indication à ce point de vue-là?
Le Président (M. Bordeleau): Je n'ai pas d'indication
précise, mais cela devrait être le délai normal. Cela
devrait revenir à la normale sous peu. Je l'espère.
M. Gratton: Un jour ou l'autre. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): La commission ajourne ses
travaux à cet après-midi, 14 heures.
Suspension de la séance à 12 h 26
Reprise de la séance à 14 h 12
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des transports reprend ses travaux. J'appelle maintenant
le prochain groupe, qui est la Corporation professionnelle des
optotnétris-tes du Québec. Je constate que les gens sont
déjà assis. Je vous félicite. Si vous voulez vous
présenter et présenter les gens qui vous accompagnent.
Corporation professionnelle des optométristes
du Québec
M. Denault (Michel): M. le Président, M. le ministre, M.
le représentant de l'Opposition officielle, distingués membres de
la commission, j'ai le plaisir de vous présenter les
représentants de l'Ordre des optométristes qui m'accompagnent
aujourd'hui devant cette commission: A ma droite, le Dr Claude Ga.'eau, qui est
directeur général et secrétaire de l'Ordre des
optométristes du Québec; à ma gauche immédiate, Me
Daniel Lavoie, qui est le conseiller juridique de la corporation et, à
ma gauche, le Dr Martin Giasson, optométriste de Québec et membre
du comité de législation de l'Ordre des optométristes.
Le Président (M. Bordeleau): Et vous êtes
monsieur?
M. Denault: Michel Denault, optométriste, président
des optométristes du Québec.
Le Président (M. Bordeleau): Merci.
M. Denault: M. le Président, la Corporation
professionnelle des optométristes du Québec souscrit en principe
à la réforme du Code de la route et reconnaît
l'indispensabilité d'une réorganisation au plan administratif de
la procédure de consultation du directeur général
concernant l'état de santé et l'aptitude physique des
conducteurs. La Corporation professionnelle des optométristes du
Québec désire touefois attirer l'attention sur la confusion
contenue principalement aux sections II et III du chapitre II entre les
rôles respectifs du médecin et de l'optométriste.
La Corporation professionnelle des optométristes du Québec
souligne en effet que, même si l'article 19 oblige autant
l'optométriste que le médecin à informer le directeur
général de l'identité de tout patient susceptible de
représenter un danger pour la sécurité routière,
seuls des membres de la Corporation professionnelle des médecins du
Québec constituent le comité consultatif dont une des
responsabilités consiste justement à définir le contenu du
guide servant au dépistage des déficiences intéressant le
contrôle de la sécurité routière.
La Corporation professionnelle des optométristes du Québec
souligne de plus que la rédaction des articles contenus aux sections II
et III du chapitre II devrait tenir compte de l'étendue des champs
d'exercice professionnel du médecin et de l'optométriste et qui
sont déjà prévus à l'intérieur des lois
habilitantes de ces professions. (14 h 15)
La Corporation professionnelle des optométristes du Québec
rappelle à ce sujet la définition contenue dans la Loi sur
l'optométrie, (Lois du Québec, 1973, chapitre 52 et les
amendements), qui définit l'exercice de l'optométrie comme suit:
"16. Constitue l'exercice de l'optométrie tout acte autre que l'usage de
médicaments qui a pour objet la vision et qui se rapporte à
l'examen des yeux, l'analyse de leur fonction et l'évaluation des
problèmes visuels, ainsi que l'ortnoptique, la prescription, la pose,
l'ajustement, la vente et le remplacement de lentilles ophtalmiques."
Aux recommandations que vous trouvez à la page 3 de notre
mémoire, j'ajouterai deux autres recommandations, M. le
Président, dont je vous ferai part à la fin de la lecture de ces
recommandations.
La recommandation 1: Que l'article 11, paragraphe c), soit
modifié afin de taire disparaître le mot "médical" à
la première ligne et le remplacer, à la deuxième ligne,
par les mots "de santé". Ceci, conformément à
l'utilisation qui est faite dans le domaine de la Régie de
l'assurance-maladie, du ministère des Affaires sociales où,
dorénavant, on utilise, pour les professionnels du secteur, l'expression
"professionnels de la santé".
Le paragraphe c) de l'article 11 devrait se lire: "Etablir, après
consultation du comité consultatif, un guide de santé pour
l'émission des permis de conduire, des permis d'apprenti-conducteur et
des permis de chauffeur de taxi." Je devrais vous faire part
immédiatement de l'amendement que nous suggérons au paragraphe c)
de l'article 11. Nous suggérons que le directeur général
doit établir, après consultation du comité consultatif, un
guide de santé, plutôt que "peut" et, de façon
générale, remplacer, partout ailleurs où ils se trouvent
les mots "comité consultatif médical" et "guide médical"
par les mots "comité consultatif" et "guide de santé". 2. Le
titre de la section II du chapitre II devrait se lire: "Le comité
consultatif" au lieu de "comité consultatif médical".
A la recommandation 3, nous suggérons de rayer, à la
deuxième ligne du premier alinéa de l'article 14, le mot
"médical" et ajouter, à la fin de l'alinéa, les mots "et
de la Corporation professionnelle des optométristes".
L'article 14 devrait se lire ici, je suggère un autre
amendement à l'article 14; au lieu de lire: "Le gouvernement peut
constituer un comité consultatif", nous suggérons que le
gouvernement "doit constituer un comité consultatif composé de
membres de la Corporation professionnelle des médecins du Québec
et de la Corporation professionnelle des optométristes du
Québec." Nous considérons que le comité consultatif est un
outil indispensable à la bonne administration du Code de la route et il
nous semble beaucoup plus logique et cohérent qu'un comité de
pairs, intéressé directement par l'application du Code de la
route, soit constitué et doive être constitué par le
gouvernement; tandis que ce qui est prévu à l'article 14, c'est
que le gouvernement "peut" constituer et nous suggérons qu'il "doit"
constituer.
Le nombre des membres du comité est déterminé par
le gouvernement.
La recommandation 4, à la deuxième ligne du paragraphe a)
de l'article 16, les mots "et optorné-triques" devraient être
ajoutés après les mots "rapports médicaux".
Le paragraphe a) de l'article 16 devrait se lire: "De faire des
recommandations au directeur général, à la suite de
l'étude des rapports médicaux et optométriques des
dossiers et de la documentation qui lui sont transmis concernant l'état
de santé et l'aptitude physique d'un détenteur ou d'un
requérant de permis de conduire, de permis d'apprenti-conducteur ou de
permis de chauffeur de taxi. "
A la recommandation 5, nous proposons qu'à la fin du paragraphe
c) de l'article 16, les mots "et optométrique" devraient être
ajoutés après les mots "de nature médicale". Le paragraphe
c) de l'article 16 devrait se lire: "Donner au directeur général
des avis de nature médicale et optométrique."
Recommandation 6: à la première ligne de l'article 17, le
mot "médical" devrait être rayé, et l'article 17 devrait se
lire: "Les membres du comité consultatif se réunissent sur
convocation du directeur général."
Recommandation 7: à la première ligne de l'article 18, le
mot "médical" devrait être rayé et l'article 18 devrait se
lire: "Le secrétaire du comité consultatif est
désigné par le directeur général et le
représente à chacune des réunions du comité. Au cas
d'absence ou d'incapacité de cette personne, le directeur
général désigne un remplaçant parmi les membres du
comité."
Recommandation 8, le titre de la section III du chapitre II devrait
être modifié en ajoutant les mots "et optométriques"
après les mots "médicaux". Le titre devrait se lire: "Les
rapports médicaux et optométriques."
Recommandation 9, à la troisième ligne de l'article 19,
les mots "ou de l'optométriste" devraient être ajoutés
après le mot "médecin". A la quatrième ligne, les mots "ou
d'une déficience visuelle" devraient être ajoutés
après le mot "maladie". A la même ligne, le mot "médical"
devrait être rayé, et les mots "de santé" ajoutés. A
la sixième ligne, les mots "ou optométriques" devraient
être ajoutés après les mots "le plan médical".
L'article 19 devrait se lire: "Un médecin ou un optométriste doit
informer le directeur général du nom, de l'adresse, de la date de
naissance, et dans le cas du médecin ou de l'optométriste, du
diagnostic clinique de tout patient de seize ans et plus atteint d'une maladie
ou d'une déficience visuelle visée au guide de santé ou,
dans tous les cas, lorsqu'il a des raisons sérieuses de croire, sur le
plan médical ou optométrique, que ce patient peut constituer un
risque en conduisant un véhicule routier."
Recommandation 10, à la septième ligne de l'article 20,
les mots "par un médecin ou un optométriste" devraient être
ajoutés après le mot "vue". L'article 20 devrait se lire: "Le
directeur général, sur réception d'un rapport visé
à l'article 19, peut suspendre, révoquer ou refuser
d'émettre ou de renouveler le permis de conduire, le permis d'apprenti
conducteur ou le permis de chauffeur de taxi, en restreindre les effets pour
requérir de cette personne qu'elle se soumette à un nouvel examen
médical par un médecin qu'il détermine ou à un
examen de la vue par un médecin ou un optométriste et en produise
le rapport au bureau dans le plus bref délai."
Nous suggérons, à l'article 20 également, que le
rapport des professionnels de la santé soit soumis au comité
consultatif, plutôt que d'être soumis au bureau. Nous croyons qu'il
est sage et opportun que ce système puisse s'administrer sainement et
que ceux qui sont les mieux habilités à juger des rapports qui
sont soumis, nous suggérons que plutôt d'être soumis au
bureau, ils soient soumis au comité consultatif.
Recommandation 11, aux deuxième et quatrième lignes de
l'article 22, le mot "médical" devrait être rayé et
l'article 22 devrait se lire: "Le rapport visé à l'article 19 est
réservé à l'information du directeur
général, du comité consultatif ou du fonctionnaire
désigné par le directeur général pour le
représenter auprès du comité consultatif et ne foit pas
être rendu public; il ne peut être admis en preuve en aucun cas
dans un procès ou dans
des procédures judiciaires, si ce n'est dans le cours de
l'application de l'article 20."
Recommandation 12, à la première ligne du deuxième
alinéa de l'article 85, les mots "ou optométrique" devraient
être ajoutés après le mot "médical". L'article 85
devrait se lire: "Le directeur général établit les
formalités, les modalités et le contenu des examens de
compétence que doit subir le requérant d'un permis de conduire,
d'un permis d'apprenti-conducteur ou d'un permis de chauffeur de taxi. Le
directeur général peut aussi exiger un examen médical ou
optométrique ou que lui soit fourni un certificat de capacité
visuelle ou auditive.
M. le Président, l'Ordre des optométristes, dans cette
présentation, assume une cohérence que nous continuons depuis de
nombreuses années, tant auprès du Bureau des véhicules
automobiles qu'auprès de la Législature. L'Ordre des
optométristes a conservé, tout au long de ses échanges
passés, une cohérence d'action que nous confirmons aujourd'hui.
Nous avons demandé, à multiples reprises, d'avoir des
représentants au Bureau des véhicules automobiles et nous
demandons maintenant d'avoir des représentants non seulement au Bureau
des véhicules automobiles, au comité consultatif, mais
également, s'il y a lieu de modifier l'article 19, tel qu'il a
été proposé ce matin. Nous demandons d'être partie
à la consultation.
Les optométristes sont les plus importants distributeurs de
services oculo-visuels au Québec. Ils sont distribués
géographiquement à travers toute la province. Si
l'optométrie, étant ce plus important distributeur de services
oculo-visuels, n'est pas partie à la consultation, ne fait pas partie du
comité consultatif, ceci implique que les patients qui consultent les
optométristes ne seront pas... les rapports fournis par les
oprométristes concernant ces patients ne seront pas analysés par
ceux qui les produisent.
Nous suggérons, dans l'intérêt public je
pense que c'est là une de nos responsabilités fondamentales qui
découlent de l'article 23 du Code des professions nous assumons
la responsabilité qui y est émise, c'est-à-dire de veiller
à l'intérêt public. Nous sommes conscients des
difficultés qui sont inhérentes au Code de la route; cependant,
nous assumons ce respect de la liberté de l'individu que commande ce
Code de la route et nous devons faire preuve du fait que personne ne devrait
posséder un permis s'il ne jouit des habiletés visuelles assurant
la sécurité routière pour lui-même et pour les
autres.
En parlant d'habiletés visuelles, je voudrais bien ici qu'on note
bien que lorsqu'on parle d'acuité visuelle, ceci constitue une des
habiletés visuelles. Vous me permettrez, M. le Président, de vous
énoncer brièvement les habiletés fondamentales, qui sont
visuelles, qui sont associées à la conduite d'un véhicule
automobile.
Il y a non seulement cette notion de pouvoir voir clair,
c'est-à-dire cette notion d'acuité visuelle, mais il y a, en
plus, le fait que le conducteur d'une automobile doit posséder, pour
condui- re un véhicule en toute sécurité pour
lui-même et le public, une coordination binoculaire adéquate,
avoir un degré de stéréocularité,
c'est-à-dire une perception de la profondeur qui soit adéquate,
avoir des champs visuels normaux et ceci est très important,
évidemment, à l'intérieur d'un système de
sécurité routière. De plus, vous savez pertinemment que la
résistance à l'éblouissement est un des facteurs
fondamentaux pour la conduite de nuit et je pense qu'un membre de la commission
l'a souligné ce matin, combien d'accidents surviennent la nuit. La
question de la résistance à l'éblouissement, la question
de la conduite nocturne sont des facteurs importants que les
optométristes peuvent évaluer et si, en fonction d'un guide de
santé remanié, qui soit tout à fait conforme aux exigences
actuelles de la conduite d'un véhicule moteur et qui soit conforme aux
habiletés fondamentales visuelles inhérentes à la conduite
d'un véhicule moteur en toute sécurité, je pense
qu'à ce moment-là, les optométristes pourront collaborer
efficacement à la sécurité routière dans la
province de Québec. Nous ferions preuve de beaucoup
d'inconséquence, au plan de l'argumentation, si on refusait certains
contrôles étatiques au nom de la vie privée et de la
confidentialité. Dans un système public, nous croyons que la
liberté personnelle ne peut primer sur la sécurité
collective. Ce qu'il est important de s'assurer, c'est que les atteintes
à la vie privée soient réduites au minimum.
Je demeure à votre disposition, M. le Président, pour
répondre à toute autre question que les membres de cette
commission voudraient bien nous poser.
Le Président (M. Marquis): Merci, M. Denault. Je donne la
parole immédiatement au ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, je tiens d'abord à
remercier les optométristes de leur mémoire. Cependant, je
voudrais quand même avoir un certain nombre d'informations qui sont pour
moi des informations assez techniques.
Je n'ai pas besoin de vous cacher qu'il y a une discussion très
importante entre les optométristes et les ophtalmologistes. J'aimerais
savoir, en fait, même si vous définissez, en vertu de votre Code
des professions, votre fonction comme optométriste, j'aimerais savoir
quelle est la distinction entre l'ophtalmologiste et l'optométriste. (14
h 30)
M. Denault: Je pense que je ne vous ferai pas part des
débats que cette question suscite depuis de nombreuses années. Il
se produit maintenant et le Dr Augustin Roy en a fait la preuve ce matin
une ouverture d'esprit qui, dans le passé, n'existait pas. Je
suis fort heureux de constater que le Dr Augustin Roy reconnaît que
l'optométrie devrait être partie au comité consultatif.
C'est déjà la preuve d'une ouverture d'esprit qui, à mon
avis, est très intéressante. J'espère que, de la
même façon, cette attitude du Dr Roy se prolongera jusqu'au niveau
de l'ophtalmologie. Il n'y a pas
d'incompatibilité à ce que les optométristes et les
ophtalmologistes puissent travailler ensemble.
Les problèmes de santé oculaire, la pathologie oculaire,
les maladies des yeux et je voudrais bien qu'on ne confonde pas un
problème visuel avec une maladie des yeux, une myopie, ce n'est pas une
maladie médicale, ce n'est pas une myopie optométrique, ce n'est
pas une myopie médicale non plus, c'est une myopie, point final. Je
voudrais bien que se démystifie cette question de relations entre
optométristes et ophtalmologistes, que tous les intervenants à
l'intérieur d'un tel système puissent travailler ensemble, il n'y
a aucune espèce d'objection à cela. Je pense que les chasses
gardées devraient se terminer. Il devrait se créer une ouverture
d'esprit, et si le législateur considère que
l'optométriste est un important distributeur de services oculo-visuels
au Québec, je pense qu'il lui appartient, et non pas à d'autres
corporations professionnelles ou d'autres associations de nature syndicale, de
dicter, à mon avis, la façon de voir comment, pour
l'intérêt public, il est important que les optométristes
assument leurs responsabilités collectives vis-à-vis du public et
qu'ils soient intégrés au comité consultatif comme membres
entiers et participants, de la même façon que nous voulons,
lorsqu'il y aura des consultations au niveau de la modification de l'article
19, que les optométristes soient consultés.
M. Lessard: M. Denault, je reviens encore à la question,
je ne suis pas un spécialiste dans le secteur de la médecine,
dans le secteur de l'optométrie. Où s'arrête, par
exemple... D'après ce que je peux comprendre, l'ophtalmologiste est
celui qui veille aux maladies des yeux comme telles. Où se divisent les
deux secteurs, de quelle façon? Est-ce qu'il y a une entente du
côté d'un organisme, d'une corporation professionnelle par rapport
à l'autre? Est-ce que le travail que vous faites est différent de
celui de l'ophtalmologiste et où, justement, cette différence se
précise-t-elle?
M. Denault: Je vous ferai remarquer, M. le ministre, d'abord, que
l'Association des ophtalmologistes n'est pas une corporation professionnelle,
c'est une association de nature syndicale. Le représentant de la
corporation, c'est le Dr Augustin Roy. Il a fait des déclarations ce
matin, nous en avons pris bonne note, et j'espère que la commission,
également, en a pris bonne note. L'Association des ophtalmologistes est
une association syndicale qui veille à l'intérêt de ses
membres, ce n'est donc pas une corporation professionnelle; les
ophtalmologistes font partie de la grande Corporation des médecins du
Québec.
Ceci dit, je veux répondre d'une façon très
spécifique à votre question. Il est évident qu'il y a des
chevauchements...
M. Lessard: Le Dr Roy a l'air de réagir.
M. Denault: ... entre l'optométrie, l'ophtalmologie,
l'optique d'ordonnance, ainsi de suite. Ce sont des chevauchements qui ne sont
pas au détriment, je pense bien, des services rendus à la
population du Québec. Les optométristes demeurent les plus
importants distributeurs de services oculo-visuels. Les médecins
ophtalmologistes, évidemment, doivent s'intégrer pour leur
chirurgie oculaire à l'intérieur d'un système hospitalier.
Donc, vous les retrouvez en plus grand nombre dans les grands centres,
Montréal, Québec, Sherbrooke, Trois-Rivières et
quelques-uns près des réseaux hospitaliers, tandis que
l'optométriste tente actuellement une percée pour
s'intégrer au réseau d'établissements des services de
santé, au niveau des départements de santé communautaire,
particulièrement, et des centres locaux de services communautaires.
Je pense que les optométristes conservent une liberté de
rayonnement à travers la province que nulle autre corporation n'a
actuellement. Je pense que c'est important, pour cette distribution des
services et des rapports à soumettre au Bureau des véhicules
automobiles et au comité consultatif, que les optométristes
soient partie à la consultation. Je ne pense pas que ce soit au
détriment de l'ophtalmologie que l'optométriste devienne un
participant. Ce serait compléter, tout simplement, l'équipe
multidisciplinaire.
M. Lessard: Le problème que je me pose et vous
l'avez souligné un peu à la fin de votre intervention
c'est que, dans le fond, vous demandez au ministre des Transports, qui est un
profane dans les secteurs de la médecine, de l'optométrie, de la
psychiatrie, de la chiropraxie, de régler un problème qui devrait
être réglé à un autre niveau. Je pense qu'il y a
l'Office des professions qui a une responsabilité et qui ne
relève pas du ministre des Transports comme tel mais qui relève,
je pense, du ministre de l'Education, du vice-premier ministre, M. Jacques-Yvan
Morin. Je ne peux pas contre-interroger M. Roy parce qu'on s'est
contre-interrogé pas mal ce matin. Je suis bien prêt à
reconnaître vos revendications, mais il va falloir que je soumette ces
responsabilités à d'autres instances parce que le jour où,
par exemple, je prends une décision selon les recommandations que vous
me faites, je viens peut-être intervenir dans un secteur qui ne
relève pas de moi, à savoir l'Office des professions. Vous me
dites que le Dr Roy est le président des ophtalmologistes. Vous dites
qu'il y a eu des ouvertures ce matin. Là, peut-être que j'ai vu
des fermetures sur des choses, mais je n'ai pas saisi l'ouverture dont vous
parlez et j'aimerais que vous me précisiez dans quel sens il y aurait eu
ouverture ce matin.
M. Gareau (Claude): M. le Président...
M. Lessard: Je n'ai pas d'objection, mais je ne voudrais pas que
la bataille prenne au comité.
M. Gareau: D'accord. M. le Président...
M. Lessard: Oui. Vous n'avez qu'à parler au
microphone.
M. Gareau: M. le Président, je ne pense pas que l'Ordre
des optométristes comme tel demande au ministre des Transports de
régler une bataille de juridictions, comme vous semblez le
sous-en-tendre. En 1972, le gouvernement s'est penché sur la
réforme des corporations professionnelles. Il a redéfini les
champs de chacune, dont celui de l'optométrie et il lui a donné
une définition qu'on cite dans notre mémoire. En 1970, le
gouvernement a également reconnu le rôle de l'optométris-te
au Québec et il l'a inclus dans le régime
d'assurance-maladie.
M. Lessard: Vous êtes inclus dans le régime
d'assurance-maladie?
M. Denault: Exactement. Qui plus est, au niveau de la
Régie de l'assurance-maladie, nous avons deux optométristes comme
fonctionnaires qui sont là et ce sont eux qui étudient les
rapports de tous les optométristes soumis à la Régie de
l'assurance-maladie. Nous demandons l'équivalence au niveau du
ministère des Transports. A compter du moment où le
ministère des Transports nous crée des obligations et crée
des obligations à nos membres, nous disons que nous avons des
droits.
M. Lessard: Je comprends très bien, d'autant plus qu'on le
souligne dans l'article 19. Je prends en note ces remarques. En fait, je vais
vous poser une autre question. Vous étiez là ce matin lors de la
discussion très intensive avec le Dr Roy, président de la
Corporation des médecins, qui, à la suite de discussions
et je ne veux pas revenir là-dessus et de consultations protestait
énergiquement contre l'article 19 que nous avions placé là
à la suite de discussions qu'on avait eues. Il protestait au nom d'un
principe que je reconnais, à savoir le secret professionnel et
l'assurance que le patient qui va aller se faire soigner par un médecin
se sentira bien à l'aise.
Par ailleurs, comme je l'ai souligné ce matin, nous vivons une
véritable épidémie dans le secteur des accidents
d'automobiles, à savoir 1500 morts par année, 50 000
blessés, etc. Vous avez, je pense, le même secret professionnel
que l'Ordre des médecins, que tout médecin... Mais vous ne
semblez pas, quant à vous... Je sais que le Dr Roy a expliqué
pourquoi, du côté de l'optométrie, on devrait
reconnaître non pas ce qu'il appelait le droit à la
délation, mais reconnaître qu'un rapport médical pouvait
être transmis au directeur du BVA ou encore au directeur
médical.
J'aimerais savoir de vous je connais la réponse, mais
j'aimerais qu'elle soit précisée si vous vous opposez, si
c'est rédigé ou modifié dans le sens que je l'indiquais ce
matin, à ce que l'opto-métriste, lorsqu'il a des raisons
sérieuses de croire, sur son plan à lui, qu'un individu n'est pas
apte à conduire une automobile, lorsque vous constatez qu'un tel
individu existe, fasse rapport au directeur médical?
M. Denault: Pas plus, M. le Président. Nous nous sommes
opposés, initialement, à ce premier projet du Code de la route
qui a été établi en 1973. Pas plus maintenant. Nous disons
que nous défendons, au-delà de l'intérêt collectif,
le secret professionnel. Je pense qu'il y a des implications que les
corporations professionnelles ont vis-à-vis de l'intérêt
public qui débordent largement la protection de chacun des membres.
Nous disons cependant qu'en ce qui concerne je pense que cela a
été reconnu ce matin par le Dr Roy les problèmes
visuels, la limitation, l'encadrement est relativement plus facile qu'en ce qui
concerne un problème de santé en général. Nous,
nous croyons que nous assumons une responsabilité en tant que
corporation professionnelle et nous croyons que l'intérêt
collectif prime sur l'intérêt individuel dans le cas, comme vous
dites, d'une épidémie d'hécatombes, comme on en
connaît actuellement, mais je pense que cette déclaration
obligatoire doit être limitée. Nous l'appellerons
déclaration obligatoire limitée. Limitée, en ce qui nous
concerne, à l'intérieur d'un guide de santé qui
prévoirait, comme je l'ai exprimé précédemment, les
bornes à travers lesquelles on considère qu'un conducteur d'un
véhicule moteur peut conduire, en toute sécurité, pour lui
et pour les autres, un véhicule moteur.
Je vous ai expliqué tantôt qu'il y avait plus que la notion
de l'acuité visuelle. Il y avait les champs visuels, il y avait la
coordination des yeux, il y avait la perception de la profondeur, la
résistance à l'épanouissement, la vision nocturne, toutes
des composantes d'habileté visuelle qui sont inhérentes à
la conduire d'un véhicule moteur. Evidemment, on le sait, la vision,
c'est le pilote de l'adaptation. Un individu ayant une déficience
usuelle importante, personnellement, comme praticien de la santé, je ne
serais pas d'accord que cet individu risque de tuer mon enfant le lendemain
matin. C'est impensable.
Je pense que j'ai une responsabilité sociale importante qui est
partagée par la corporation. C'est pourquoi nous disons que, partageant
cette responsabilité sociale, l'optométrie doit être
présente dans le débat et constituer un élément
important au niveau de la consultation.
M. Gareau: M. le Président, est-ce que je peux ajouter
quelques mots? Chacun sait, autour de la table, depuis ce matin, que depuis
1972, depuis les modifications au Code de la route, il a été
difficile d'appliquer l'article 19. Une des raisons pour lesquelles il a
été difficile de l'appliquer intégralement, c'est que
l'optométrie n'était pas incluse.
M. Lessard: J'arrivais à cette question.
M. Gareau: Etant donné que nos membres
optométristes à travers la province font environ 70% de tous les
examens visuels au Québec, il est impensable pour le gouvernement, et
d'ailleurs, c'est la raison pour laquelle vous avez pensé ajouter le mot
optométriste... Pour revenir à votre question de tout à
l'heure, je pense qu'on est bien prêt à collaborer avec le
gouvernement, pour
autant que sur les balises qui seront apportées, nous soyons
consultés. (14 h 45)
M. Lessard: Si je comprends bien ça va être
la dernière question il va falloir avoir une logique dans
l'esprit de la loi, c'est que, si on vous reconnaît à l'article
19, il va falloir en même temps vous reconnaître le droit
d'être présents au comité médical.
M. Denault: On l'appelle comité consultatif, M. le
Président.
M. Gareau: Comme on le soulignait ce matin, M. le
Président, pour les problèmes visuels uniquement, parce que je ne
serais pas intéressé à ce qu'un représentant des
optométristes siège sur tous les autres aspects de la
santé.
M. Lessard: Je ne voudrais pas prolonger la discussion, mais je
vois que vous insistez énormément pour changer le comité
médical par le comité consultatif; je comprends que
médical fait appel à une profession très précise.
Quelle est la formation d'un optométriste?
M. Denault: L'optométriste est un diplômé de
l'Université de Montréal; le cours, actuellement, mène
à un doctorat professionnel, il est de quatre ans.
M. Lessard: Donc, c'est reconnu, il y a une faculté?
M. Denault: Oui, c'est maintenant une école intimement
affiliée, ça constitue un département indépendant,
à l'intérieur de l'Université de Montréal; les
critères d'admission sont les mêmes que dans toutes les
corporations de la santé, c'est-à-dire que le
cégépien doit avoir pris l'option santé ou l'option
science. Evidemment, l'admission, à l'intérieur de
l'optométrie, est beaucoup plus difficile que dans n'importe quelle
autre faculté ou département, parce qu'il n'y a que 40 admissions
et c'est la seule école francophone en Amérique du Nord. Il y a
entre 500 et 600 demandes chaque année pour l'admission à l'Ecole
d'optométrie et, malheureusement, un contingentement a été
fait, non pas par nous, M. le Président, mais par
l'université.
M. Lessard: Si je comprends bien, c'est un cours qui donne suite
au CEGEP?
M. Denault: Option santé, c'est-à-dire la
même chose que pour entrer en médecine, en médecine
dentaire, en pharmacie, etc.
M. Lessard: Ce n'est pas une spécialisation de la
médecine?
M. Denault: Pas du tout, c'est complètement
indépendant.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, avant d'interroger nos
invités, j'aimerais demander... On vient de faire allusion je
pense que c'est le Dr Gareau au fait que, si on a, en vertu de l'article
19 du Code de la route, eu très peu de rapports faits au bureau
médical, c'est en partie à cause du fait que
l'optométriste n'était pas habilité ou obligé de le
faire.
M. Denault: II n'était pas protégé par la
loi.
M. Gareau: II a été demandé, par le
directeur du Bureau des véhicules, en 1972 ou 1973, à nos membres
de faire des rapports. Comme ordre, nous nous sommes opposés, parce
qu'il n'y avait pas d'immunité qui protégeait les
optométristes. Après, on nous a dit qu'on apporterait un
amendement à la loi.
M. Gratton: Je vous remercie de la précision. Je suis un
de ceux qui considèrent que les médecins n'avaient pas ce
problème que les optométristes avaient jusqu'à maintenant,
vous en conviendrez.
On nous a dit, ce matin: II y a environ une centaine de rapports qui
sont faits annuellement. Je vous avoue que 100 rapports annuels, cela ne me
semble pas très volumineux; il y a sûrement plus de 100 personnes
qui ont un permis de conduire ou qui désirent en avoir un qui sont
passées chez le médecin et pour qui on a constaté un
handicap sérieux, mais il n'y a pas eu de rapport.
J'aimerais demander au ministre de nous fournir peut-être
pour mardi prochain les statistiques exactes du Bureau des
véhicules automobiles, quant à ce genre de rapports qui ont
été faits par des médecins au cours des dernières
années. Il me semble qu'il pourrait être utile à notre
discussion, également, que nous sachions combien il y a eu de ces
rapports au niveau du Bureau des véhicules automobiles de l'Ontario,
puisqu'on sait que, dans le Code de la route de l'Ontario, il y a une
disposition semblable, que je ne connais pas, mais que je tâcherai de
connaître dans tous ses détails avant mardi prochain. J'aimerais
donc que le ministre nous dise s'il ne considère pas que ça
pourrait être utile à nos discussions que d'avoir les statistiques
exactes quant au Québec et quant à l'Ontario.
M. Lessard: M. le Président, je n'ai pas d'objection;
j'indiquais, ce matin, que nous avions reçu environ une centaine de
rapports de médecins, à la suite de la loi de 1972, nous
indiquant que telle personne n'était pas apte à conduire un
véhicule automobile.
Je pense que ce n'est pas non plus de peu d'importance; même si
nous n'en avons reçu que cent, c'est peut-être autant de victimes
qui ont été sauvées à la suite de tels rapports, et
d'autres victimes aussi qui auraient pu subir des conséquences à
la suite d'accidents qui auraient été
faits par ces personnes. Cependant, ce ne sont pas les seuls rapports
médicaux que nous exigeons. Nous exigeons environ 30 000 rapports
médicaux; dans certaines catégories, particulièrement les
conducteurs de transport en commun, nous exigeons, à ce moment, l'examen
médicai.
Maintenant, ce matin, on nous proposait ou on laissait entendre qu'il
appartenait à l'Etat de faire passer des examens médicaux
à chacune des personnes qui demanderaient un permis de conduire. Il faut
bien constater ceci, c'est qu'il y a environ 3 500 000 conducteurs au
Québec. Si on estime qu'un examen médical est au coût de
$10 environ, c'est donc $35 millions sur une période de deux ans ou $17
millions par année que cela pourrait coûter. Je n'ai aucune
objection. Nous allons vérifier en ce qui concerne l'Ontario. On a des
communications, des ententes actuellement entre l'Ontario et le Québec
pour s'échanger des statistiques dans ce sens. On pourra essayer de le
faire, au niveau de l'Ontario, comme au niveau des autres provinces, la
Colombie-Britannique, l'Ile-du-Prince-Edouard, pour savoir si les rapports
médicaux sont plus importants dans ces provinces que chez nous.
M. Gratton: M. le Président, je n'ai pas voulu, loin de
là, indiquer qu'il n'était pas important de connaître cette
centaine de personnes annuellement. Ce que je recherche, c'est de savoir, comme
le disait le Dr Roy ce matin, de quelle façon on peut, le plus
efficacement possible, déceler ces personnes. Evidemment, on a eu
l'article 19 jusqu'à maintenant. Je considère qu'une centaine par
année, cela démontre bien l'inefficacité de l'article 19
du code actuel. Ce que je voudrais qu'on puisse faire, c'est de finir par
formuler un article, un texte législatif qui pourrait laisser supposer
qu'on atteindra la meilleure efficacité. A mon avis, cela devra inclure
l'immunité pour les optométristes dont vous parlez, messieurs de
la corporation.
M. Lessard: Si le député de Gatineau me permet, il
ne faut pas parler nécessairement de l'inefficacité. Si nous
avons reçu environ cent rapports médicaux, c'est peut-être
parce qu'il y avait ces cent personnes qui avaient été
jugées par les médecins inaptes à conduire. Il ne faut pas
en avoir 1000 s'il y en a cent qui sont considérées inaptes par
les médecins. Il ne faut quand même pas forcer la nature non plus
et dire aux médecins de nous indiquer 30 000 personnes qui sont inaptes
à conduire. On a reçu...
M. Gratton: M. le Président, on déforme mes
paroles. Ce n'est pas cela du tout que j'ai prétendu.
M. Lessard: Ce que je veux dire, c'est que vous parlez
d'inefficacité. On ne peut pas juger de l'inefficacité. Ce sont
peut-être ces cent personnes qui étaient considérées
par les médecins comme étant inaptes à conduire. On se fie
au jugement des médecins.
M. Gratton: Je me base sur l'aveu des méde- cins
eux-mêmes qui disent ne pas l'avoir fait. C'est écrit en toutes
lettres dans le mémoire de l'Ordre des médecins ce matin
qu'advenant l'adoption de l'article 19 tel que proposé à
l'avant-projet, les médecins disent déjà qu'ils ne
l'observeront pas. Inutile de se cacher la tête dans le sable et de dire
que cela va bien aller parce qu'on inscrit cela dans le projet de loi. Ce n'est
pas cela. Il faut inscrire quelque chose dans le projet de loi que les
médecins vont respecter, que les optométristes vont respecter et
qui va nous donner les résultats efficaces.
M. Lessard: Et qu'ils ont demandé en 1971.
M. Gratton: Voulez-vous qu'on recommence celui-là?
Le Président (M. Marquis): A l'ordre! M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: On peut recommencer ce débat, si vous voulez,
parce que je pense que de ce point de vue...
M. Lessard: Le débat a été clair ce
matin.
M. Gratton: II a été clair, et le gagnant, ce
n'était pas le ministre. La question que je voudrais poser à
l'Ordre des optométristes, c'est que l'ensemble de vos recommandations
vise deux objectifs: Le premier, que l'Ordre des optométristes soit
représenté au conseil consultatif. On ne l'appellera même
pas conseil consultatif médical, on va l'appeler conseil consultatif
tout court, pour les besoins de la discussion aujourd'hui. Le deuxième
que les articles des sections II et III du chapitre II tiennent compte de
l'étendue des champs d'exercice du médecin et de
l'optométriste. Je n'ai pas encore bien compris si votre corporation
partage essentiellement le point de vue de l'Ordre des médecins quant au
libellé de l'actuel article 19.
M. Denault: Si vous me le permettez, M. le Président, je
voudrais enchaîner, à partir de cela, sur les rapports dont vous
faisiez état tantôt. Vous remarquerez qu'à l'article 19
tout patient âgé de seize ans et plus sera assujetti à une
déclaration de la part du professionnel. Ceci implique que des rapports,
il y en aura une foule. J'examine les déficients mentaux d'une
institution et je serai obligé de faire un rapport pour tous les
déficients mentaux même s'ils ne conduiront jamais un
véhicule automobile. A ce niveau-là, le Bureau des
véhicules automobiles sera envahi de rapports sur des individus de seize
ans et plus parce qu'on dit tout patient de seize ans et plus atteint des
problèmes, visés au guide médical, qu'on appelle le guide
de santé. Il y aura des rapports à profusion.
Maintenant, en ce qui nous concerne c'est la position que nous
avons expliquée tantôt d'une part, on considère que
le comité consultatif est l'outil privilégié qui devra
recevoir les rapports en provenance des professionnels de la santé. Ce
sont eux qui sont habilités à les examiner. D'autre
part, nous considérons que la déclaration obligatoire est
limitée, en ce qui nous concerne. Vous comprendrez je l'ai
expliqué tantôt qu'en ce qui concerne les problèmes
visuels il y a des bornes, des balises, des frontières qui sont
relativement facilement délimitables, même si cela déborde
amplement la notion d'acuité visuelle comme telle, comme je l'ai
expliqué. C'est relativement plus facile.
Le problème des médecins est un problème d'une
autre dimension parce que, évidemment, cela touche la santé
globale d'un individu. Je pense que la démonstration a été
faite; je ne veux pas insister là-dessus et prendre leur défense.
Ils s'organiseront et je pense bien qu'ils savent le faire. Ce que nous disons,
c'est que nous avons, comme corporation professionnelle, en vertu de l'article
23 du Code des professions, la responsabilité de protéger
l'intérêt public. Nous avons donc une responsabilité
sociale et, à ce niveau-là, l'Ordre des optométristes
considère qu'en ce qui concerne les balises que je vous ai
énoncées nous ne pouvons pas être contre une
déclaration obligatoire. Cependant, nous la disons limitée, en ce
qui nous concerne.
M. Gratton: D'accord. Essentiellement, vous dites la même
chose que le docteur Roy ce matin, sauf qu'il y a des limites...
M. Denault: Ah, bien...
M. Gratton: Peut-être pas dans les mêmes termes et on
n'embarquera pas là-dedans. La conclusion que je tire de tout cela,
c'est que, compte tenu de l'affirmation du ministre ce matin, à savoir
qu'il y a de fortes chances que l'article 19 soit rédigé de
façon différente que ce que l'on retrouve dans l'avant-projet,
compte tenu également qu'on s'est entendu, de part et d'autre, pour dire
qu'il y aura consultation avec la Corporation des médecins...
M. Denault: Et l'Ordre des optométristes,
j'espère.
M. Gratton: Cela n'avait pas été dit et c'est la
conclusion que je veux tirer. Il sera sûrement très utile que la
Corporation des optométristes soit également consultée
quant à la définition des limites dont on parle.
Une dernière question, M. le Président. Vous avez entendu
le docteur Roy, ce matin, lorsque je lui ai posé la question, qualifier
quelque peu son approbation à donner suite à votre demande quant
à votre inclusion. Quelle interprétation lui avez-vous
donnée? Etes-vous complètement satisfaits au point de dire que
les deux corporations s'entendent de façon parfaite sur cet aspect?
M. Oenautt: Je dois vous dire que la déclaration du
docteur Roy nous a été fort agréable et qu'elle constitue,
comme je l'ai dit au ministre tantôt, une ouverture d'esprit souhaitable.
Maintenant que cette collaboration en tout cas, publique- ment
nous a été transmise j'espère qu'ils ne se
dédiront pas j'espère que nous aurons l'occasion de
travailler dans une équipe multidisciplinaire. Je pense que cette notion
d'équipe multidis-ciplinaire est maintenant acquise dans les
réseaux de distribution des services de santé. Je ne vois pas
pourquoi il y aurait des pressions de faites auprès de quelque
ministère que ce soit pour dire: Les optométristes, c'est
dangereux; il y a les ophtalmologistes, ils ne devraient pas être avec
eux. C'est un débat qui me semble nettement dépassé
aujourd'hui. Il y a des responsabilités sociales que le
législateur doit prendre et nous suggérons qu'il les prenne. (15
heures)
M. Gratton: M. le Président, compte tenu des reproches
qu'on m'a faits du côté ministériel, ce matin, à
savoir que j'engageais la discussion à un niveau qu'on
n'appréciait pas de l'autre côté, je suis très
heureux d'avoir posé la question au Dr Roy. Au moins celle-là
aura créé une atmosphère de bonne entente entre vos deux
corporations. Là-dessus, je remercie nos invités.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Beauce-Nord avait une question.
M. Ouellette:... de m'adresser au ministre des Transports pour
lui demander des subventions dans le programme triennal de l'extension de
l'autoroute. Aujourd'hui, je vais changer mon fusil d'épaule et lui
parler du problème qui nous concerne. J'ai écouté avec
beaucoup d'intérêt la vaste discussion de ce matin avec le Dr Roy.
Je ne relèverai pas les propos qu'il y a eu là, ce serait trop
long, mais avec autant d'intérêt que ce qui vient d'être
dit, l'échange entre le député de Gatineau, le ministre et
le groupe des ophtalmologistes des optométristes, pardon, la
langue m'a fourché je vais demander au ministre non pas d'inclure
nécessairement les optométristes dans l'éventuel
comité consultatif je lui laisse la décision finale
mais de nous donner la garantie à tout le moins qu'il va se pencher
sérieusement sur l'étude de cette possibilité.
Les raisons que j'aurais de faire des pressions pour que les
optométristes soient reconnus à ce comité, et
présents, sont nombreuses. Je ne les énumérerai pas
toutes, mais il y en a une qui m'intéresse et elle est collée
à la réalité quotidienne. Tout à l'heure, je pense
que c'est M. Denault qui disait que 70% des problèmes visuels sont
traités par les optométristes, ce qui laisse peut-être 30%
aux ophtalmologistes. Si on respecte l'esprit de l'article 19, qui veut
protéger le public en demandant aux gens de la pratique médicale
et autres d'avertir le BVA que certaines personnes sont inaptes à
conduire un véhicule automobile, je pense qu'on doit
nécessairement accorder beaucoup d'importance aux optométristes,
puisque ce sont eux qui souvent vont recevoir des cas qui ne seront
peut-être jamais référés nécessairement aux
ophtalmologistes. S'il s'agit de maladie, on va tout de suite m'envoyer chez
l'ophtalmologiste, mais si on parle de problèmes visuels, qui ne
requièrent aucun soin médical, aucune chirurgie, il y a de
fortes chances que le patient s'arrête chez l'optométriste et
n'aille jamais voir l'autre corps dit médical. Je pense que si on
demande aux optométristes de rendre service à l'Etat en faisant
des rapports indiquant qu'une personne ou une autre est inapte à
conduire, on doit leur rendre la pareille, c'est-à-dire leur permettre
de faire valoir leur point de vue selon leur compétence à ce
comité consultatif.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, très
brièvement, je l'ai indiqué dès le début, je n'ai
pas voulu présenter comme tel un projet de loi de cette envergure
immédiatement à l'Assemblée nationale parce que je voulais
qu'un certain nombre de choses soient discutées dans l'opinion publique,
choses auxquelles je n'étais pas nécessairement attaché,
mais dont il m'apparaissait qu'il était important de discuter. Il est
certain que si j'avais fait une commission parlementaire pour revenir lors de
la prochaine session avec le même projet de loi, la question aurait
été: Mais pourquoi avez-vous fait une commission parlementaire?
Ce n'est pas cela de la consultation à mon sens. On a fait une
commission parlementaire sur l'avant-projet de loi justement pour savoir quelle
était l'opinion des gens et en indiquant très bien que le
ministre allait tenir compte des revendications d'un certain nombre de
personnes, dont les différents groupes qui se sont
présentés depuis le début à cette commission
parlementaire.
On avait placé l'article 19, tel qu'il est là, comme je
l'ai indiqué je ne veux pas reprendre la discussion de ce matin
à la suite d'une certaine consultation. Il a pu y avoir
mésentente entre la consultation et les lettres que nous avons
reçues du Collège des médecins et autres nous confirmant
que... etc., comme je l'expliquais ce matin, mais ce qui importe dans cette
commission parlementaire c'est de s'ajuster à des organismes qui nous
ont présenté des mémoires. On a eu des mémoires de
l'Association des policiers, hier, qui étaient extrêmement
intéressants, qui nous ouvrent la porte à
énormément de choses. De même, en ce qui vous concerne,
quant à moi, je ne voudrais pas, parce que je voyais réagir un
peu le Dr Roy tout à l'heure à la suite de votre
déclaration à savoir qu'on vous aurait reconnus ce matin, et que
le docteur Roy vous aurait reconnus officiellement.
M. Denault (Michel): On n'a pas à être reconnu.
C'est la loi qui nous reconnaît, M. le Président.
M. Lessard: Oui, vu que c'était la loi de 1973. Quant
à moi, je n'ai pas d'objection étant donné qu'on
l'a prévu dans la loi; on l'avait prévu dans la loi à la
suite de votre demande à ce qu'on forme, s'il n'y a pas trop de
chicane je ne veux pas me mettre à la place d'un autre ministre
qui est responsable des codes de professions et je ne veux pas régler un
problème pour lequel je ne suis qu'un profane un comité
groupant des optométristes. Ce matin, le docteur Roy a confirmé
que pour les optométristes, c'était important de faire rapport de
cela je le dis de mémoire au directeur médical ou
au directeur du Bureau des véhicules automobiles. Quant à moi, je
n'ai aucune objection. Au contraire, j'espère que d'ici les quelques
semaines qu'il nous restera avant de présenter le projet de loi à
l'Assemblée nationale, on pourra constituer un groupe qui comprendra les
optométristes et les médecins concernés en vue d'en
arriver à une rédaction du projet de loi qui respecte le secret
professionnel et, en même temps, qui correspond aux objectifs de ce
projet de loi: assurer une meilleure sécurité routière
dans l'ensemble du Québec.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Gatineau.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup.
M. Gratton: M. le Président, non pas sur le fond des
représentations de la corporation, mais sur la forme, je voudrais
simplement dire que vos membres méritent des félicitations pour
l'excellent lobby qu'ils ont entretenu auprès des députés.
J'écoutais le député de Beauce-Nord tantôt et je
présume qu'il a aussi été l'objet du même lobby que
nous, de l'Opposition.
M. Lessard: Moi, je n'en ai pas eu.
M. Gratton: Je félicite vos membres. Le ministre
étant ministre, il n'est peut-être pas aussi facile d'accès
que les simples députés.
Une Voix: C'est l'ABC du succès.
Le Président (M. Marquis): M. le député de
Charlevoix.
M. Gratton: Ceux de Hull en particulier, M. le
Président.
Une Voix: Les membres de l'ordre ont coutume d'appuyer les
représentations de la corporation.
M. Gratton: Cela rend la tâche d'autant plus facile pour
nous. On n'a pas besoin de vous demander si vos membres sont d'accord avec
votre exécutif. On le savait, cette fois-ci.
M. Mailloux: Je voudrais vous poser une question bête.
M. Lessard: Vous avez le droit.
M. Mailloux: Je ne vous oblige pas à me
répondre.
Une Voix: On va tenter d'y répondre.
M. Mailloux: II y a une différence profonde entre ce qu'a
dit ce matin le docteur Roy, à savoir
qu'il préférait que la confidentialité de tout
rapport médical soit gardée entre le médecin et la
personne qui se fait soigner, et ce que vous avez dit tantôt, vous
autres, les optométristes, à savoir que l'intérêt
collectif primait sur l'intérêt privé. Comme les
facultés visuelles sont un élément important pour assurer
la bonne conduite d'une automobile, vous avez dit que vous étiez
prêts à faire le rapport quand un patient s'adresse à vous
et que vous constatez qu'il est un danger public. Ce n'est pas à ce
sujet que je veux me prononcer et que je veux apporter une appréciation.
S'il arrivait que cette divergence d'opinions entre le collège qui ne
veut pas soumettre de rapports et vous autres qui êtes prêts
à en soumettre... Demain matin, j'ai des troubles de vue et je sais que
si je me présente chez vous, il y a forcément une
possibilité que vous apportiez les corrections qui s'imposent pour que
ma vue devienne meilleure et que je puisse continuer. Je me mets à la
place du public. Ne va-t-il pas se poser des questions, à savoir: Etant
donné que j'ai une faiblesse de vue, si je vais voir
l'opto-métriste, qu'il fait un rapport et que je perds mon permis de
conduire, que va-t-il arriver?
M. Denault: M. le Président.
M. Mailloux: N'y a-t-il pas le danger qu'il n'aille plus vous
voir...
M. Denault: Nous avons bien... M. Lessard: Vous allez
perdre de la clientèle. M. Mailloux: ... et que la situation
s'aggrave? Une Voix: Question bête.
M. Denault: ... établi tantôt que tout rapport en
provenance de professionnels de la santé devrait être soumis non
pas au directeur général, mais bien au comité consultatif,
c'est-à-dire jugé par les pairs établis par ceux qui sont
habilités à le faire. Ce qui est très différent de
la version actuelle. Comme je le disais précédemment, vous savez
que les bornes à travers lesquelles se fait une déclaration
obligatoire je pense bien que cela a été reconnu ce matin
et on l'a souligné à multiples reprises c'est qu'en fait la
seule chose limitée et délimitée, organisée, plus
segmentable qu'un problème de santé général
cela a été reconnu c'étaient les problèmes
visuels. Le docteur Roy a appelé cela de l'acuité visuelle. J'ai
donné un prolongement à la définition d'un problème
visuel. C'est quelque chose de plus cernable. Les patients qui viennent nous
consulter, bien souvent, ont des problèmes visuels. Ceux qui n'en ont
pas trop maintenant, depuis la venue de la Régie de
l'assurance-maladie viennent plus souvent nous consulter qu'ils ne le
faisaient auparavant. Règle générale, ce sont des gens qui
présentent des problèmes.
S'il arrive et je pense que c'est fondamental qu'un
problème visuel est tellement important que cela constitue une
déficience qu'on ne peut pas corriger, ni par les prothèses
visuelles usuelles, ni par la chirurgie, il est évident que c'est une
responsabilité sociale importante pour nous de faire rapport au
comité consultatif d'un tel cas. C'est pour cela que je soulignais
tantôt si vous me le permettez le fait que maintenant, dans
l'article 19, tout le monde est concerné, tout patient de 16 ans et
plus, non pas tout détenteur de permis. Cela, on le comprend, parce que
si on limitait cela strictement aux détenteurs de permis, on comprend
très bien qu'un individu qui viendrait nous consulter dirait: Ecoutez,
je ne conduis pas, je n'ai jamais conduit de ma vie. Je ne peux pas faire une
enquête pour savoir s'il a son permis dans sa poche, c'est bien
évident, on comprend très bien cela, il y a une extension qui est
donnée qui va faire qu'il y aura une foule de rapports qui vont arriver
au Bureau des véhicules automobiles, parce que tous les patients qui
n'ont pas de permis de conduire comme tous les déficients mentaux, par
exemple, qui n'en auront jamais, on va être obligé de soumettre un
rapport.
M. Mailloux: Ce n'est pas là qu'était le sens de ma
question.
M. Gareau: En fonction de votre question, depuis 1972, il y a eu
beaucoup de conducteurs qui se sont adressés au bureau de
l'optométriste précisément parce que les
optométristes n'étaient pas obligés de faire de
déclaration obligatoire. Dans mon optique, il ne serait pas question
qu'uniquement les optométristes ou uniquement les médecins soient
assujettis à ce genre d'obligations. Si les deux ne sont pas assujettis,
je pense que la disposition de la loi sera impraticable.
M. Lavoie (Daniel): Pour ajouter aux propos du Dr Gareau, je
pense que cela découle du grand principe que la loi ne peut être
discriminatoire. Si on fait l'obligation à l'optométriste, on
doit aussi la faire au médecin. Si on ne veut pas la faire au
médecin, on doit, de la même façon, ne pas la faire
à l'optométriste. Je pense que cela découle du principe
même de toute législation.
Le Président (M. Marquis): Je pense que les discussions
sont terminées. On remercie les membres de la Corporation
professionnelle des optométristes du Québec d'être venus
présenter leur mémoire, d'avoir répondu aux questions des
membres de la commission.
M. Denault: M. le Président, je vous remercie, je remercie
M. le ministre, messieurs les membres de la commission, M. le
représentant de l'Opposition officielle. Merci infiniment.
Le Président (M. Marquis): J'inviterais maintenant le
groupe suivant qui, d'après la liste, serait l'Association pour la
protection automobile à venir présenter son mémoire
à la commission.
Association pour la protection des
automobilistes
M. Edmonston (Philippe): II nous fait plaisir de suivre des
optométristes, cela va nous permettre de voir un peu plus clair,
peut-être.
Le Président (M. Marquis): On peut vous demander de vous
présenter et de présenter celui qui vous accompagne, s'il vous
plaît?
M. Edmonston: Je suis Philippe Edmonston, je suis le
président de l'Association pour la protection des automobilistes et
membre du conseil d'administration de la Consumer's Union des Etats-Unis. A ma
droite, il y a Me Jacques Cas-tonguay, vice-président de l'Association
pour la protection des automobilistes. C'est Me Caston-guay qui va vous donner
un tour d'horizon des impressions générales de l'APA sur ce
projet de loi. Je vais terminer l'exposé de l'APA par la suite.
M. Castonguay (Jacques): II n'est pas de mon intention de lire le
mémoire au complet, vous l'avez devant vous et vous l'avez probablement
déjà lu. Ce que je voudrais faire, cependant, c'est d'ajouter
certaines choses à ce qui est déjà là,
peut-être pour préciser certaines choses qui ne sont
peut-être pas claires à la lecture.
Le Président (M. Marquis): Si vous pouvez élever le
ton, s'il vous plaît.
M. Castonguay: D'accord. (15 h 15)
En ce qui concerne les fameux rapports médicaux, on en sort. Il y
a deux groupes, un ce matin et un cet après-midi. De notre
côté, notre position relativement à ça,
évidemment, n'est pas au même niveau du tout. En tant que groupe
de consommateurs, cependant, on s'interroge sur un point: dans le cas où
il y aurait erreur de la part du médecin, évidemment son rapport
se rend au directeur du BVA et le directeur du BVA prend sa décision, on
le suppose, avec le rapport qu'il a en main. Qu'est-ce que le citoyen ou, dans
ce cas, notre consommateur, notre membre peut faire?
M. Lessard: L'article 56 de la Loi des transports permet à
tout citoyen d'en appeler de toute décision du directeur du Bureau des
véhicules automobiles au Tribunal des transports.
M. Castonguay: Sur n'importe quel sujet?
M. Lessard: Sur toute décision du directeur du Bureau des
véhicules automobiles.
M. Castonguay: Egalement tout ce qui concerne les questions de
fait; ce n'est pas seulement les questions de droit ou de mauvaises
décisions administratives?
M. Lessard: Tout. L'article 56 de la Loi des transports est
très clair: "II y a appel à ce tribunal le Tribunal des
Transports de toute décision du directeur du Bureau des
véhicules automobiles suspendant, annulant ou refusant un permis ou un
certificat d'immatriculation, hors les cas où la loi lui enjoint d'agir
ainsi.
M. Castonguay: C'est un procédé ou un processus qui
existe effectivement, mais on se demandait s'il n'y aurait pas
possibilité aussi, avant ça, dans certains cas, que l'individu
s'adresse directement au directeur du BVA et tente de faire réviser
ça, on suppose avec son propre rapport, sans aller au Tribunal des
transports, ce qui nécessite, dans pratiquement tous les cas, de faire
appel à un avocat et de tenir compte de certains délais.
M. Lessard: Oui, à ma connaissance, lorsqu'un individu
fait parvenir un rapport médical d'un médecin familial ou
spécialisé dans le secteur où on lui a refusé son
permis ou qui a justifié les raisons de refus de permis, il peut
présenter ce rapport médical au directeur du Bureau des
véhicules automobiles qui peut, lui, modifier sa décision avant
d'aller au Tribunal des transports. L'article 134 dit: "Le directeur
général peut réviser la décision de suspendre, de
révoquer ou d'émettre un permis de conduire, un permis d'apprenti
conducteur ou un permis de chauffeur de taxi." C'est-à-dire que cela
peut être changé s'il y a des preuves valables. C'est
déjà arrivé, j'ai demandé à des individus:
Faites parvenir un rapport médical contestant la décision et on
le fera analyser à nouveau; ce fut modifié.
M. Castonguay: D'accord.
M. Lessard: Si je comprends bien, vous êtes d'accord avec
l'article 19.
M. Castonguay: Oui, on est d'accord là-dessus. Comme je
vous le dis, on n'a pas l'intention de transporter la discussion au même
niveau que ce qui a été discuté ce matin.
M. Lessard: II pourra être modifié en ajustement
avec ce qu'on a dit ce matin.
M. Castonguay: Exactement. Quant à la cueillette des
informations, en gros, notre position est ceci: c'est que, surtout comme groupe
de consommateurs, on a déjà eu à faire face à
quelques refus de la part du BVA, parce que, dans certaines de nos
enquêtes, les données qui étaient recueillies par le BVA
nous auraient été très utiles. On comprend, cependant,
qu'il y a des informations qui sont recueillies, qui sont extrêmement
confidentielles; par exemple, le cas du rapport médical, cela en sera
un. Mais on se demande s'il n'y aurait pas aussi possibilité qu'il y ait
une distinction entre les données qui sont tout à fait
confidentielles et celles qui le seraient moins et qui pourraient être
utiles dans certains cas. A la façon dont la loi est
rédigée, il faut faire la preuve si j'ai le texte
exact...
M. Lessard: II faut que le demandeur fasse la preuve.
M. Castonguay: Exactement, et à but légitime, si ma
mémoire est fidèle. De façon générale, on
s'est heurté à ça déjà, c'est-à-dire
qu'on avait des
enquêtes à faire sur des groupes de voitures ou des choses
comme ça et on aurait aimé ça aurait
été très utile avoir les informations du BVA. Cela
n'a pas été possible, alors que, dans ce qu'on demandait, il n'y
avait absolument rien de confidentiel; c'était en rapport avec les
marques de voitures, etc., les années auxquelles elles avaient
été immatriculées pour la première fois, etc. Ce
qu'on aurait aimé voir, à tout le moins, c'est une distinction
entre ce qui est confidentiel et je pense que là-dessus on
s'entend très bien, à savoir que, pour le respect de la vie
privée, ça ne doit pas sortir n'importe où l'autre
aspect qui est peut-être moins important pour le public, mais plus
important pour les groupes de consommateurs.
Quant à l'immatriculation et au permis de conduire, on se demande
c'était l'attitude de l'association si c'était
nécessaire de donner un permis de conduire ou de pouvoir accorder un
permis de conduire à un mineur, sauf dans le cas où il s'en
servirait pour travailler et où cela serait absolument
nécessaire.
Quant au permis de garagiste, il y a une disposition dans la loi qui dit
qu'avant de faire l'immatriculation, le garagiste ou le vendeur, à tout
le moins, doit être capable de fournir un certificat attestant que le
véhicule est en bon état. Cela regroupe un peu ce qui concerne la
protection du consommateur en général et la loi qui sera
bientôt en vigueur. Pourquoi ne pas se servir, d'une façon ou
d'une autre, de cela pour éviter qu'il y ait des ventes avec
défauts cachés ou des ventes frauduleuses, etc.? Quand on se
présente au Bureau des véhicules automobiles avec un papier
attestant que la voiture est en bon état, d'après la loi, cela
peut avoir été fait par le garagiste lui-même si on
parle d'un vendeur, peut-être par un garagiste indépendant, mais
quand ce sera un garagiste qui sera vendeur, probablement par lui. S'il y avait
une façon de faire en sorte que, avant la vente même, on oblige le
garagiste à fournir un certificat de bon état de la voiture ou,
tout au moins, dans le cas où l'acheteur désire le faire, qu'il
ait la possibilité de le faire, c'est-à-dire que ce certificat
soit celui qui émane ou qui a été demandé par
l'acheteur ou par un garagiste de l'acheteur, je pense que cela ferait toute
une différence à ce niveau-là.
En ce qui concerne les accessoires et l'équipement des voitures,
vous trouvez des commentaires dans notre mémoire à ce sujet
à la page 6. Concernant la couleur des phares, on fait une proposition
qui a déjà été avancée et qui existe
d'ailleurs en Europe, dans plusieurs pays, sur la fameuse question des phares
jaunes qui sont moins aveuglants que les phares blancs, semble-t-il,
d'après les études qui ont été faites.
Quant aux pneus, freins et silencieux, on se demande, d'une part, si la
loi ne devrait pas être un peu plus précise à ce sujet. On
parle d'un silencieux: celui qui vend un silencieux; pourquoi pas celui qui
l'utilise, de façon très claire? Il fait du bruit et c'est
peut-être soumis à la même peine?
Si on regarde tout ce qui existe comme pièce, qui va dans une
voiture. Celui qui vend des pièces qui ne satisferaient pas aux normes
du gouvernement. Cela s'applique beaucoup dans le cas des pièces
usagées. Dans le cas des pièces neuves, probablement beaucoup
moins, mais dans le cas des pièces usagées, cela pourrait
s'appliquer, à savoir qu'il y a infraction pour celui qui vend des
pièces qui ne seraient pas conformes aux normes.
Egalement, l'article 225 qui traite des véhicules
fabriqués et conçus au Québec comme devant satisfaire aux
normes. Pourquoi la même chose ne s'appliquerait-elle pas pour les
véhicules qui sont simplement vendus au Québec? Pourquoi ces
véhicules ne devraient-ils pas satisfaire aux normes
également?
Quant à la rouille, cela fait partie de la sécurité
routière. Un rapport a été déposé il n'y a
pas tellement longtemps auprès du ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières concernant la rouille
des voitures au Québec. L'APA a participé à la
rédaction de ce rapport. Il est clair cela a été
clairement établi que les véhicules rouillés sont
des véhicules dangereux, c'est-à-dire qu'ils sont beaucoup moins
résistants. Ne devrait-on pas, par exemple, préciser
également que la rouille pourrait être un facteur de danger? C'est
une chose que les gens ne connaissent pas tellement. Les gens circulent avec
des voitures rouillées, qui tiennent de peur, et les freins à
bras fonctionnent probablement quand même, ils sont normaux, le moteur
fonctionne aussi, mais le reste est extrêmement dangereux.
Au niveau du transport collectif, l'APA déplore, cependant, qu'il
n'y ait pas, de la part du gouvernement, de volonté c'est de
cette façon qu'on le perçoit, en tout cas à savoir
d'élaborer du côté du transport collectif. Vous avez le
texte de notre mémoire aux pages 6, 7 et 8; je n'ai pas l'intention de
le reprendre en entier. Il y a déjà des choses qui sont dans le
projet de loi ou dans l'avant-projet de loi concernant le transport collectif,
comme les voies réservées, etc., mais ne pourrait-il pas y en
avoir d'autres? La loi ne pourrait-elle pas, dès maintenant, ouvrir la
porte à d'autres modes de transport collectif sans nécessairement
que cela soit mis en vigueur maintenant? Pourquoi devrait-on limiter la
juridiction du ministre à ce sujet, à savoir de s'en tenir
à trois articles qui parlent des voies réservées, entre
autres, et de deux autres sujets?
On a déjà parlé et cela fait partie du
mémoire des droits d'immatriculation réduits pour ceux qui
se servent du covoiturage et du feu vert pour le passage des véhicules
prioritaires, etc., enfin tout ce qui ne se retrouve pas dans la loi, à
notre connaissance.
Ce sont les observations que je voulais faire. Je vais passer la parole
à M. Edmonston, qui, lui, s'est réservé d'autres points
qu'il voudrait vous soulever.
M. Lessard: Maintenant, si...
Le Président (M. Marquis): M. le ministre. M.
Edmonston: D'accord.
M. Lessard: Je pourrais peut-être répondre sur un
certain nombre de choses.
Concernant l'article 12, il est certain qu'on doit être
très prudent. Etant donné les informations qu'on demande aux
individus, nous assurons qu'on ne peut communiquer toute information que nous
pouvons recevoir aux gens qui nous en font la demande. Particulièrement,
nous avons de plus en plus de demandes d'organismes qui voudraient avoir
certaines listes de véhicules et autres pour, selon nos impressions,
faire du marketing. Je comprends que ce n'est pas du tout vos
préoccupations, mais vous comprenez qu'on ne peut quand même pas
donner la liste des propriétaires de telle catégorie de
véhicules quand on sait très bien que c'est en vue d'en faire du
marketing. Quand il s'agit, dans un cas comme le vôtre, de protection du
consommateur et, en même temps, de protection de l'automobiliste, je
pense que c'est certainement possible, mais il faut prendre des
précautions.
On dit, au paragraphe 2: "Un tel renseignement n'est communiqué
que si le demandeur fait la preuve à la satisfaction du directeur
général... qu'il a un intérêt légitime de
l'obtenir." Si ce ne sont vraiment pas des choses confidentielles, la preuve
sera facile à faire.
M. Edmonston: M. le ministre, juste pour faire un bref
commentaire là-dessus. Dans le dernier rapport disant que nous avons
reçu une subvention du ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières, c'était une
information banale que nous avons demandée au Bureau des
véhicules automobiles. On demandait tout simplement combien de voitures
il y avait sur la route à ce moment-là, combien d'automobiles de
catégorie 1971, 1972, 1973, 1974, 1975; rien de confidentiel. On s'est
adressé à Mme Rita Poirier, on s'est adressé à tout
le monde; on a perdu deux semaines de travail parce que chaque individu au
Bureau des véhicules automobiles renvoyait la balle à l'autre. Si
on parle d'un certain malaise qui existe au sein du BVA, c'est un
véritable exemple, ce qui est arrivé. Finalement, on a
été obligé de dépasser tout cet engrenage parce que
cela ne marchait plus.
M. Lessard: Oui, mais attention, M. Edmonston. Ce que vous
considérez parfois comme des grenailles pour l'ensemble du gouvernement,
on peut regarder cela, mais, quand on fait fonctionner l'ordinateur pour
établir toute une catégorie ou des réponses à des
questions, on peut arriver à des coûts assez élevés.
Je comprends que les informations sont assez banales, mais les
coûts...
M. Edmonston: M. le ministre, on n'a même jamais eu
l'estimation des coûts que cela pouvait comporter. On peut toujours
mettre le blâme sur le coût de l'ordinateur ou le fait qu'il ne
fonctionne pas bien, mais ce que je veux vous indiquer, c'est que, selon nous,
c'est une preuve peut-être qu'on est un peu sévère
qu'il y a un manque de coopération, pour des raisons pas tout
à fait clai- res. C'est seulement pour vous montrer ce qui arrive avec
un groupe de la protection des consommateurs quand il demande une information
non pas confidentielle, mais vraiment nécessaire. Dans notre cas, c'est
arrivé. Nous espérons qu'à l'avenir cela n'arrivera plus,
c'est tout.
M. Laflamme nous indique que cela n'arrivera plus, c'est cela?
Merci.
M. Lessard: Si cela se reproduisait, M. Edmonston, vous pourriez
toujours communiquer avec moi.
Le certificat de mécanique je l'ai expliqué
à plusieurs reprises c'est certain que notre objectif, c'est d'en
arriver à une vérification mécanique annuelle. On ne peut
pas partir du déluge du jour au lendemain. On est en train,
actuellement, de travailler à un projet où il y aurait des
garages qui seraient certifiés, qui seraient reconnus pour faire
l'inspection mécanique des véhicules automobiles. (15 h 30)
Etant certifiés, ils auront des droits et des obligations, en
même temps. Le mécanicien aura des obligations et le garagiste
aura des obligations. Vous comprenez très bien qu'on ne peut, comme
gouvernement, à moins d'accepter des coûts astronomiques,
créer toute une série d'inspecteurs qui commencent à faire
toute l'inspection de tous les véhicules automobiles au Québec.
On peut faire ce qu'on appelle des "check-up", par exemple, des
vérifications avec un nombre d'inspecteurs suffisant pour voir et
inspecter, comme on le fait en Ontario, les garages qui font le travail, de
telle façon qu'on ait un certain contrôle. Notre objectif, c'est
d'en arriver graduellement à l'inspection mécanique de tous les
véhicules, mais graduellement; on a commencé par les
véhicules usagés, les véhicules où il y a transfert
de propriété, etc. On se dirige dans ce sens, mais lorsqu'on aura
les centres d'évaluation du BAC, en relation avec l'Assurance automobile
du Québec, et ensuite les garages certifiés, je pense que ce sera
beaucoup plus facile. Vous comprenez que s'il faut placer dix centres dans
l'ensemble du Québec et qu'on impose la vérification
mécanique à tous les dix ans, le gars qui est à Natashquan
ou à Sept-lles et qui est obligé de s'en venir à
Québec pour faire vérifier son automobile, je regrette, m'ai mon
voyage c'est le cas de le dire.
M. Edmonston: D'accord.
M. Lessard: Les accessoires concernant les
pénalités, c'est que dans le Code de la route actuel, toute
infraction il y a lieu de définir les accessoires au Code
de la route entraîne une pénalité minimale de $50. C'est
à l'article 437.
Le transport collectif, je suis bien d'accord je termine
là-dessus j'ai une préoccupation pour le transport
collectif. On a parlé de 110 km/heure. J'aimerais bien, tout à
l'heure, connaître votre position. Quant à moi, à la suite
des remarques que j'ai reçues, je ne suis pas gelé dans le ciment
du tout en ce qui concerne les
110 km/heure en ce qui concerne les autobus, mais c'est bien beau de
dire... D'abord, il y a une question d'autonomie municipale. Je le disais
à la ville de Montréal qui m'a demandé encore plus
d'autonomie municipale. La ville de Montréal est considérablement
en retard dans le sens de favoriser le transport en commun, d'avoir des voies
réservées pour les autobus, les taxis, etc. Même, pour les
voies réservées, on a fait une expérience qui a
été très concluante sur le pont Champlain...
M. Edmonston: C'est un problème auquel vous êtes
toujours confronté, M. le ministre, c'est le problème de
juridiction.
M. Lessard: Oui, il y a des questions de juridiction.
M. Edmonston: On peut parler de juridiction municipale comme, ce
matin, M. Roy aurait pu vous dire: C'est de juridiction médicale. Comme
on a les droits de la collectivité en jeu, à ce moment-là,
cela prend le leadership, le courage du gouvernement provincial. Même si
cela va frapper les gens qui ont des intérêts visés
là-dedans un peu trop, c'est important qu'il y ait ce leadership.
M. Lessard: Vous n'avez pas affaire souvent à la
Commission des droits de la personne. Je suis d'accord avec vous, il y a
peut-être des mesures incitatives qu'on va essayer de prévoir,
justement, dans les prochaines subventions pour le transport en commun, pour
qu'au niveau des autorités municipales, on ait cette
préoccupation, parce qu'on est véritablement en retard.
L'avant-projet de loi n'est pas là juste pour dire... Il y a des erreurs
dans l'avant-projet de loi, et il y a des choses qu'il faut corriger. Si j'ai
voulu faire une commission parlementaire, c'est que je jugeais que
peut-être, dans l'opinion publique, il y avait des choses qui
étaient valables. On a entendu hier des policiers qui nous ont fait un
témoignage formidable. C'est bien beau de dire qu'on aurait dû
prévoir d'autres moyens pour favoriser le transport collectif. J'en
attends, donnez-m'en et je vais voir ce que je peux faire avec.
Quels sont les moyens que j'aurais dû ajouter pour le transport
collectif?
M. Edmonston: Voulez-vous que je réponde?
M. Lessard: Oui, je vous pose la question. On a dit: II y a
seulement trois ou quatre articles qui s'occupent du transport collectif.
Peut-être, il me semble qu'il y en a plus que cela, qu'il y a une
volonté, mais peut-être. M. Castonguay a dit: On aurait dû
prévoir d'autres moyens. Lesquels? Donnez-m'en.
M. Edmonston: Vous posez la question, vous voulez la
réponse?
M. Lessard: Oui, je vous pose la question, je veux la
réponse.
M. Edmonston: Vous voulez la réponse, c'est justement
qu'il y a beaucoup d'autres choses à faire. C'est tout.
M. Lessard: Quelles autres choses à faire?
M. Castonguay: II y en a déjà dans le rapport,
c'est-à-dire qu'on parle de frais d'immatriculation moindres, pour
inciter les gens à faire du covoitu-rage.
M. Lessard: Voulez-vous parler plus fort, M. Castonguay, s'il
vous plaît? On vous entend mal.
M. Castonguay: C'est pour inciter les gens à faire du
covoiturage, selon l'expression bien connue.
M. Lessard: C'est compris, c'est dans la loi.
M. Castonguay: C'est dans cette loi?
M. Lessard: Oui, le covoiturage est dans la loi.
M. Castonguay: D'accord, mais il y aura des moyens bien
précis pour donner la possibilité de réduire les frais
d'immatriculation pour ceux qui font du covoiturage.
M. Lessard: Cela est une autre chose. En ce qui concerne les
frais d'immatriculation, il faudrait faire attention; c'est que les gens qui
font du covoiturage ne le font pas à l'année, mais il y a
d'autres moyens qui m'apparaissent plus faciles d'application, par exemple,
comme on le fait aux Etats-Unis, le "car pool". Sur les autoroutes, là
où il y aura du covoiturage, vous pouvez réduire ou même
annuler complètement le paiement au poste de payage et augmenter le
paiement lorsque ce sera un seul individu qui voyagera dans son
véhicule. Mais, avant de faire ça, il fallait se donner le
pouvoir du covoiturage, on n'avait pas le droit avant.
M. Edmonston: Si je comprends bien, si vous pouvez avoir ce
pouvoir, vous avez bien l'intention de le faire?
M. Lessard: Oui.
M. Edmonston: D'accord, vous venez de répondre à la
question.
M. Lessard: Le covoiturage, c'est un principe, je l'ai
défendu hier et j'ai l'intention de le maintenir. Maintenant, si j'ai
trop de monde devant le parlement, vous viendrez m'aider.
M. Edmonston: Sur la question de l'éducation, M. le
ministre.
M. Lessard: Oui, sur l'éducation, je voudrais vous
répondre.
M. Edmonston: D'accord, voulez-vous que je fasse l'intervention
ou voulez-vous répondre avant que je la fasse?
M. Lessard: Oui.
M. Edmonston: Premièrement, il y a une tendance, depuis
longtemps, à utiliser les réclames publicitaires chocs, qui font
peur; par exemple, une chance sur treize, des photos avec des béquilles
ou des films avec les béquilles des gens qui se sont tués
accidentellement sur les routes. Je ne sais pas qui dirige cette équipe
d'audio-visuel, mais franchement c'est vraiment une tactique ou une approche
désuète. C'est utilisé en Angleterre, ça ne marche
pas; on a même montré des photos de femmes avec des cicatrices,
sur de grands panneaux, en Angleterre. Cela a marché un an ou un an et
demi, parce que les gens n'étaient pas tellement sensibilisés,
mais après les gens se moquaient un peu de ça, parce qu'ils les
avaient déjà vus. Ils ont dit: C'est tellement lointain,
ça ne va pas m'arriver; ils sont devenus pas mal insensibilisés.
Je crois que la même critique peut être portée sur les films
concernant les béquilles et les autres choses.
Une chose qui va vous surprendre, M. le ministre, c'est que, quand on
parle d'éducation en sécurité routière, on utilise
souvent ça comme une approche de dernier ressort. On ne sait pas quoi
faire, donc on fournit de l'argent à des amis qui sont en relations
publiques, c'est un gouvernement que je ne veux pas vous nommer, mais il fait
toutes sortes de réclames qui sont d'une efficacité pas seulement
douteuse, mais vraiment d'aucune efficacité, comme ça a
été prouvé ailleurs.
Donc, quand on parle d'éducation en sécurité
routière, les dernières études américaines ont
démontré ceci sur les étudiants, les jeunes et même
les gens moins jeunes qui ont suivi les cours d'apprentissage ou les cours de
conduite. Me La-flamme est probablement au courant de ces études. Il n'y
a aucun lien de causalité, le fait d'avoir suivi le cours ne signifie
pas que celui qui a suivi le cours est meilleur chauffeur. Surprenant? Mais on
se pose des questions: Pourquoi les compagnies d'assurances ont-elles des
rabais pour les gens qui ont suivi des cours de conduite? La réponse
à ça, c'est que c'est vrai que les gens qui ont suivi des cours
de conduite sont des meilleurs chauffeurs, mais ce n'est pas à cause des
cours de conduite. Vous connaissez la réponse?
M. Lessard: Non.
M. Edmonston: La réponse, M. le ministre, c'est que ces
gens viennent du milieu, ils ont conscience de leurs obligations, de leurs
responsabilités. Les gens de ce milieu, statistiquement, ne sont pas les
gens qui causent des morts sur nos routes, ces gens qui suivent des cours de
conduite ou qui sont déjà sensibilisés à ce sujet.
Je crois que Me Laflamme est d'accord avec moi.
Si vous voulez placer votre argent où ce sera le plus rentable en
matière de sécurité, ce n'est pas là du tout, ce
n'est pas avec le cours de formation en sécurité routière.
Si je vous parle d'éducation, aujourd'hui, je ne veux pas que vous me
mêliez là-dedans et que vous pensiez que je parle de cet aspect
traditionnel de mettre un paquet d'argent dans l'audiovisuel ou dans des
écoles de conduite. Pas du tout. L'éducation pour la
sécurité routière, c'est comme l'ancien proverbe
français: "La crainte est le commencement de la sagesse". Mais ce n'est
pas la crainte de se faire tuer; on ne craint pas, on voit la mort comme un
fait très lointain; ce n'est pas cette crainte. Selon les études
de la Californie et de New York, croyez-le ou non, c'est la crainte de se faire
incommoder par un policier, qui ne va pas seulement vous donner une amende de
$50, mais parce que vous êtes déjà pressé, il va
vous mettre encore plus en retard que vous ne l'êtes déjà.
C'est l'humiliation, etc.
C'est pour cette raison que nous, les Québécois, nous
avons une personnalité vraiment schizophrène. Je ne parle pas de
fédéralisme et de séparatisme, je parle d'une autre
schizophrénie qui existe chez nous. Aussitôt que nous voyageons
vers le sud, aussitôt que nous voyageons vers l'ouest je ne sais
pas pour l'est, le Nouveau Brunswick ou les autres mais surtout vers
l'ouest et vers le sud, du moment qu'on frappe la route 87, du moment qu'on
frappe l'Ontario, on est devenu des citoyens au-dessus de tout soupçon.
C'est justement sur la surveillance policière que je veux revenir. Si
vous avez eu un thème concernant l'éducation de l'automobiliste,
un thème majeur, dans toutes ces commissions parlementaires, pour tout
le monde qui a parlé jusqu'à maintenant je ne suis pas au
courant du mémoire des policiers, j'aurais aimé être ici
hier pour entendre leur mémoire ce thème majeur c'est
qu'il y a un manque évident de surveillance sur nos routes et une
désobéissance civile de la part de policiers refusant de mettre
en application, dans toute leur sévérité, les sanctions
déjà établies dans le Code de la route, l'ancien Code de
la route.
M. Lessard: Je voudrais d'abord vous répondre sur
ça. On a eu énormément de discussions depuis le
début de cette commission parlementaire, discussions extrêmement
intéressantes. D'abord, au niveau de l'éducation, je ne sais pas
si vous étiez ici ce matin. Je soulignais quand même qu'on avait,
depuis 1976, un programme d'éducation de la jeunesse à partir de
la maternelle jusqu'au CEGEP, de façon que le Québec s'est
classé premier pour les programmes de sécurité
routière auprès des jeunes. Il faut se dire une chose, c'est
qu'il faut faire un effort considérable en ce qui regarde les
conducteurs de demain, parce que les conducteurs d'aujourd'hui ont de mauvaises
habitudes je reviendrai tout à l'heure sur la façon de les
corriger qui sont dures à corriger. Donc, on s'attaque
actuellement aux jeunes et c'est certain que ce n'est pas demain matin qu'on
aura des résultats. Quand on commence à la maternelle... Il reste
que j'ai déjà joué avec des adultes au jeu SAGIX, qui
montre la signalisation, et les adultes n'y arrivaient pas. Ils se trompaient
énormément sur la signa-
lisation, alors que des enfants, parce qu'ils jouent à
l'école actuellement, connaissent très bien et parfaitement la
signalisation routière à cause des jeux que nous avons mis en
circulation dans les écoles. Ils ont été proclamés,
par plusieurs Etats américains et provinces canadiennes, comme
é-tant les meilleurs jeux. Donc, du côté des jeunes, ce
n'est pas parfait, on commence.
Du côté des adultes, sur ça, je voudrais
avoir vos commentaires c'est vrai qu'on manque de surveillance. Nous
avons, hier, entendu un policier de Rock Forest, c'est-à-dire deux
policiers, et aussi M. Vignola, de la Communauté urbaine de
Montréal. Je vous avoue que j'aurais bien aimé que ces
témoignages soient filmés, parce qu'on avait une conception
complètement novatrice de la sécurité routière et
qui m'apparaît valable. Il ne faut pas non plus être des anges,
mais ça m'apparaît valable, c'est-à-dire une
prévention, une éducation. (15 h 45)
Ils allaient jusqu'à indiquer, par exemple, que quelquefois ils
arrêtaient des automobilistes qui respectaient la limite de vitesse, mais
ils les arrêtaient pour les féliciter d'avoir respecté les
limites de vitesse. Donc, ce n'est pas strictement négatif, ce qu'ils
font, c'est positif. Les gens restaient bouche bée lorsqu'ils se
faisaient arrêter par un policier avec le beau sourire aux lèvres
qui les félicitaient d'avoir respecté les limites de vitesse. Des
points de démérite, c'est valable. La crainte, comme vous le
dites, est le commencement de la sagesse. Des points de mérite aussi,
cela peut être valable. Il y a une autre conception.
Il y a un autre fait que j'ai toujours déploré et que je
déplore encore, c'est le jeu du chat et de la souris avec les policiers,
c'est-à-dire que ma conception de la sécurité
routière, ce n'est pas que le policier m'arrête
nécessairement, qu'il soit caché dans un coin, qu'il me donne un
billet d'infraction. Tout le monde est capable de faire cela. On va surveiller
les endroits stratégiques. On en a des policiers au Québec et on
en a pas mal. Si on les voyait continuellement circuler sur nos routes, au lieu
de les voir cachés, on se surveillerait peut-être plus. Donc, il y
a une conception différente. Au lieu de jouer au chat et à la
souris, peut-être qu'on devrait faire de la prévention et changer
notre conception d'écraser continuellement le conducteur.
Il y a une autre chose aussi, je vais terminer sur cela, quitte à
avoir vos commentaires. Vous me parlez de la publicité qui se fait
actuellement. On a eu la citrouille, cela n'a pas donné grand-chose.
M. Edmonston: Cela n'a pas donné grand-chose.
M. Lessard: J'ai un peu la même préoccupation,
quoique j'ai vu à Détroit, par exemple, des petits films
où on démontre la nécessité de la ceinture de
sécurité avec des mannequins; à 15, 30 ou 50 milles
à l'heure on voit la différence. Je vous avoue que cela m'a
frappé énormément. C'est là que j'ai
été convaincu que la ceinture de sécurité
protégeait du monde. Ce film, je pense qu'il va falloir le reproduire
dans nos cinémas ou ailleurs.
Il y a un problème que nous constatons, que j'ai constaté
et que le député de Charlevoix lui-même a constaté.
C'est le ministre, en vertu de l'article 3 de la Loi du ministère des
Transports, qui est responsable de la préparation des programmes de
sécurité, de l'ensemble de la sécurité
routière et de la préparation du Code de la route. C'est un autre
ministre qui est responsable de l'application, c'est-à-dire le ministre
de la Justice, par l'intermédiaire de la Sûreté du
Québec. Ce n'est pas une question de ministre comme tel, mais ce que je
veux dire, c'est que la sécurité routière, actuellement,
est fractionnée à l'intérieur du gouvernement en
différents ministères.
M. Edmonston: C'est depuis toujours.
M. Lessard: Vous avez de l'autre côté la
Régie de l'assurance automobile. Je l'ai dit à M. De Coster. On a
une section de la sécurité routière et on a des
études, comme vous avez démontré tout à l'heure,
à savoir que ce n'est pas nécessairement la peur avec des films.
Quand je vois Alerte je ne veux pas porter un jugement cela
m'apparaît tellement irréaliste que cela ne me touche pas. Ce
n'est pas un programme qui a été lancé par le
ministère des Transports. Je faisais une remarque à M. De Coster,
parce que M. De Coster me disait que c'était le temps qu'on coordonne.
Là, on ne coordonne pas, on a un autre organisme qui
"décoordonne" encore. Je disais qu'il fallait en arriver là.
C'est pourquoi on a constitué le comité consultatif.
J'espère que cela sera quelque chose d'important; pas le comité
consultatif, mais le Conseil de la sécurité routière, qui
réunit les quatre ministres pas les plus importants les
plus directement impliqués, à savoir ceux de la Justice, des
Transports, de l'Education et Mme Payette. A ce comité s'ajouteront des
ministres sectoriels comme celui des Affaires sociales, parce qu'il y a des
coûts sociaux aussi. Avec cela, on espère, comme le demandait
aussi M. De Coster, avoir une politique nationale de sécurité,
mais qui ne sera pas seulement la préoccupation du ministre des
Transports, mais de l'ensemble du gouvernement. Dans ce sens, je vous pose la
question suivante: Etant donné cette division entre l'application du
Code de la route et la préparation du Code de la route, est-ce que vous
seriez d'accord pour une patrouille routière je me fous de quel
ministre elle relèvera qui soit sous la responsabilité du
ministre qui aura à préparer le Code de la route et l'ensemble
des politiques de la sécurité routière?
M. Edmonston: Je suis d'accord que le Code de la route soit
appliqué. Que ce soit un ministre ou un autre, je crois que c'est
à vous de décider de la meilleure façon. C'est pour cette
raison que j'accepte présentement cette idée d'une étude
globale sur la question, parce que le problème est trop important pour
chercher une solution à court terme, un ministère après
l'autre. Je suis d'accord avec vous.
La seule chose, après avoir passé onze ou douze ans sur la
même question, après avoir assisté à plusieurs
commissions parlementaires, le problème est tellement sérieux
qu'on a un certain sentiment de chat qui s'est fait échauder, qui a peur
de l'eau froide. Vous avez un autre comité consultatif. On va travailler
avec, on va collaborer. Franchement, vous devez être tanné de
temps en temps de voir toutes ces lenteurs. Les problèmes sont tellement
clairs sur certains aspects, surtout la surveillance. On va l'accepter
quoique...
M. Lessard: J'aurais une autre question. Je comprends que vous
soyez pessimiste. Il faut démontrer une volonté politique. Il
faut tenir compte aussi que cela ne fait pas longtemps qu'il y a des politiques
de sécurité routière. Je me rappelle, je pense que c'est
en 1973 ou en 1974 quand le député de Charlevoix a lancé
la loi 13 sur le port de la ceinture de sécurité. Je pense
qu'actuellement les gens attendent. C'est vrai que le malheur des uns fait le
bonheur des autres. Je suis certain que l'accident d'Eastman et d'autres
accidents ont fait que les gens ont pris conscience qu'il y a un
problème.
Une autre question, la dernière, je comprends votre pessimisme,
je ne veux pas l'annuler ou le réduire, attendons les résultats.
Il reste que ce sont des choses dont les résultats ne peuvent pas se
faire sentir du jour au lendemain, surtout quand on parle d'éducation du
primaire au secondaire. Que pensez-vous du virage à droite?
M. Edmonston: Je suis un peu schizophrène là-dessus
comme des Québécois schizophrènes.
M. Lessard: Justement, je voulais utiliser le même terme
que vous.
M. Edmonston: Je vais vous démontrer les faiblesses et les
puissances là-dedans. Premièrement, je trouve que c'est logique
de pouvoir faire un virage à droite sur un feu rouge. J'ai vu des
Québécois bien se comporter en Floride, en Ontario, en
Colombie-Britannique. Cela fonctionne, c'est bien. Il y a un contexte. Il y a
nombre d'automobiles sur la route. Nous sommes transformés par nos
concitoyens. On voit un concitoyen violer la loi sans punition. On a la
tendance bien naturelle de faire la même chose. Donc, j'ai vraiment
pensé là-dessus, parce que je suis toujours pour cela, je dois
l'admettre. Heureusement que vous n'avez pas le procès-verbal de l'APA,
en 1970; je dois admettre que j'ai fait erreur, mais pas pour des raisons
racistes comme M. Mailloux. L'ancien ministre a dit une fois qu'il ne faut pas
imposer la ceinture de sécurité obligatoire, parce que nous
sommes des latins et que nous avons un esprit qui ne veut pas respecter la loi.
Je ne crois pas que c'est pour cette raison. Nous vivons dans un contexte
social où la loi n'est pas appliquée, parce qu'elle n'est pas
appliquée par les corps policiers. M. le ministre, je vois beaucoup
d'énergie qu'on peut épargner, comme l'essence, le carburant en
faisant des virages à droite sur un feu rouge. Je vois aussi beaucoup de
piétons qu'on peut perdre en épargnant cette énergie: Je
ne veux pas prendre de chance. Si je suis un peu consolateur, je vous demande
de m'excuser, je trouve que le problème est un peu trop mineur pour
sacrifier quelques piétons. J'ai été surpris de la
position de la Corporation des médecins, de M. Roy. Je ne veux pas lui
prêter des motifs qui ne sont pas à lui. Je suis certain qu'il ne
cherche pas des clients, des gens écrasés parce qu'il a
appuyé cette position d'avoir le virage à droite sur un feu
rouge. Je ne veux pas lui prêter des motifs non honorables. Je trouve
qu'on court vraiment un risque grave. C'est une hypothèse. On va voir.
Si le gouvernement a le courage ou l'ignorance de faire adopter cette mesure
quand même, on va voir très vite le résultat. Est-ce que je
peux continuer l'exposé?
L'article concernant le détecteur de radar. Je ne sais pas
où ça se trouve dans le projet de loi présentement, mais
je trouve ça très bon. C'est une chose qu'ils ont faite en
Ontario, après avoir vu des compagnies privées qui ont pas mal
bénéficié de la vente de détecteurs de radar, mais
je trouve que c'est une façon de saboter la loi. C'est pour cette
raison, si je comprends bien, que vous avez mis cette disposition dans la loi,
parce qu'on a une loi et on permet aux gens de la saboter
systématiquement. Est-ce que c'était ça, la raison?
Je voudrais bien vous demander, pour cette raison, donc, si ça
s'applique aussi aux animateurs radiophoniques.
M. Lessard: Aux?
M. Edmonston: Aux animateurs radiophoniques, les animateurs
à la radio...
M. Lessard: Aux animateurs radiophoniques, ah!...
M. Edmonston: ... qui vont dire: Ah! notre opération
radar, tout le monde qui m'écoute... Il y a certains animateurs
radiophoniques qui disent c'est une marque de commerce même de
l'émission entre quatre heures et six heures: II y a un radar
là, un radar là, un radar là. En réalité, je
sais que les policiers de Rock Forest, quand ils ont fait leur exposé
j'en ai entendu parler par un de mes confrères ont dit
qu'ils mettent le radar et que ce sont eux-mêmes qui appellent les postes
de radio pour dire: Nous avons un radar sur telle ou telle rue...
M. Lessard: Ils ne disent pas l'heure. M. Edmonston:
D'accord? Excusez? M. Lessard: ils ne disent pas l'heure.
M. Edmonston: D'accord. En tout cas, les gens sont
avisés...
M. Vaillancourt (Orford): La radio l'annonce. Ils avertissent le
poste de radio que le radar est
installé à tel endroit. Le poste de radio de Sherbrooke
l'annonce à peu près à toutes les demi-heures. En plus de
ça, il y a une affiche, à peu près 2500 pieds...
M. Edmonston: C'est ça.
M. Vaillancourt (Orford): ... avant l'endroit où est
situé le radar.
M. Edmonston: II semble, parce que c'est le policier même,
y avoir un effet bénéfique avec cette politique des corps
policiers. Ce qui m'agace un peu, c'est qu'on a des compagnies qui cherchent
à en profiter avec le sabotage du radar et il y a aussi des animateurs
radiophoniques qui peuvent faire la même chose. Si on veut continuer dans
le même sens que l'article, je crois que vous devez l'élargir pour
inclure non seulement les détecteurs de radar, mais toute personne qui
cherche à saboter l'efficacité... Je ne parle pas des corps
policiers, parce qu'ils ont une politique bien en tête. Toute personne
qui cherche à saboter... Parce que je trouve que d'après le sens
de votre article, c'est seulement logique.
M. Lessard: C'est-à-dire que la loi s'applique pour les
détenteurs de radar à l'intérieur des véhicules
automobiles.
M. Edmonston: D'accord.
M. Lessard: Je vous avoue que je ne vous suivrais pas. Il ne
faudrait quand même pas que le ministère des Transports ou autre
organisme commence à contrôler les ondes. Il n'y a rien qui
empêche quelqu'un, par exemple, qui a vu un radar, d'avertir son ami
qu'il y a un radar là. Vous savez, il ne faudrait pas... Je suis bien
prêt à prendre les mesures nécessaires, mais ce n'est
peut-être pas là où sont les principales causes
d'accidents. Je suis bien prêt à prendre les mesures
nécessaires pour essayer d'améliorer la sécurité,
mais...
M. Edmonston: D'accord. Mais nous avons...
M. Lessard: ... je ne suis pas prêt à aller... Je
vous avoue... Je prends votre suggestion, mais je ne suis pas prêt
à aller jusqu'à...
M. Edmonston: D'accord. M. le ministre, nous avons parlé
du respect de nos lois provinciales. Simplement pour cette raison de respect,
vous serez surpris de savoir comment est sérieux le non-respect de nos
lois, et si on parle de ce mouvement insidieux de prêcher la
désobéissance civile... En tout cas, je ne veux pas parler trop
longtemps là-dessus, mais je trouve que c'est un parfait exemple qu'on
peut utiliser.
M. Lessard: Ce n'est pas de la désobéissance
civile. Si, par exemple, un poste de radio essayait de convaincre des gens
d'aller à 75 milles à l'heure dans une zone de 30 et faisait une
grande campagne de publicité dans ce sens, là, ce serait de la
désobéissance en relation avec une loi. Mais, informer quelqu'un
qu'il y a un radar à tel endroit, ce n'est pas dire aux gens:
Dépassez la limite permise. C'est dire: Ecoutez, surveillez-vous.
M. Edmonston: D'accord.
M. Lessard: Ce n'est pas de la désobéissance
civile.
M. Edmonston: Oui, je crois que j'ai mal choisi mes mots. Mais je
crois que les gens qui vendent les détecteurs de radar vont utiliser le
même argument. Ah! avec notre machine, ça va obliger
l'automobiliste à être plus prudent...
M. Lessard: ...
M. Edmonston: Comprenez-vous? Aussitôt qu'il a un signal
électronique je ne parle pas d'une émission radiophonique,
mais du signal électronique il va ralentir. Vous n'avez pas
acheté cet argument l'an passé; vous n'achetez pas l'argument
d'un animateur radiophonique.
M. Lessard: Non, on n'achètera pas cet argument, leur
demander pourquoi ils ont acheté le radar. Ce n'est pas pour aller moins
vite. (16 heures)
M. Edmonston: M. le ministre, à l'article 34 on parle de
plaques d'immatriculation. Il y a une chose qui se passe et peut-être que
vous n'êtes pas au. courant, mais peut-être que vous êtes au
courant aussi; c'est au sujet de la plaque X. Dans votre comté, il y a
plusieurs garages qui utilisent la plaque X. Vous savez qu'il y a des abus
à ce sujet; vous le savez.
M. Lessard: On l'a maintenant corrigé. M. La-flamme n'est
pas ici. Avec la nouvelle immatriculation qu'on a faite, cela est maintenant
corrigé. La lettre X doit être utilisée
spécifiquement pour un démonstrateur.
M. Edmonston: M. le ministre, ne vous fiez pas trop aux gens qui
vous disent que c'est corrigé. Vous allez en vacances de temps en temps,
mais au Sud, il y a Fort Lauderdale et Miami qui sont deux endroits très
populaires pour les Québécois. Ma famille vient de Fort
Lauderdale et c'est pour cette raison que je peux me payer des vacances qui ne
coûtent pas tellement cher. Je suis surpris de voir le nombre de
démonstrateurs qui se trouvent à Fort Lauderdale et à
Miami pour quelques mois. Cela me choque pour deux raisons et vous comprenez
probablement les deux raisons. Premièrement, concernant la politique
fiscale québécoise, c'est de l'argent qui devrait être dans
la poche pas celle de M. Parizeau des gouvernements. Ces
gens-là qui font une utilisation personnelle... On n'envoie pas un
démonstrateur pour quelques semaines ou quelques mois à Fort
Lauderdale ou à Miami. D'accord? On n'envoie pas ces gens.
Deuxièmement, j'ai vu seulement quatre
voitures, mais sur ces quatre voitures que j'ai vues, le nombre de
milles variait. On ne recule plus le compteur aujourd'hui. On ne le recule pas,
on le débranche. Malgré la prétention des compagnies
d'automobiles, on peut le débrancher facilement. D'accord? On a vu des
kilométrages de 1000 kilomètres, de 1500 kilomètres et de
500 kilomètres. M. le ministre, cela fait beaucoup plus de 500
kilomètres pour aller à Fort Lauderdale ou à Miami.
Comment allez-vous appliquer le sens de l'article 34 concernant les
plaques X? N'y a-t-il pas une possibilité d'imposer une sanction
très sévère, pas seulement une sanction, mais aussi une
surveillance? Je ne suis au courant d'aucune sanction qui ait
été, dans le passé, imposée à un garagiste
pour avoir envoyé son démonstrateur avec sa femme, son
gérant de service ou son gérant des ventes à Fort
Lauderdale, avec une voiture équipée d'une plaque X plutôt
que d'une plaque normale.
M. Lessard: Je ne comprends pas lorsque vous parlez de la plaque
X. La plaque X coûte actuellement le double de la plaque ordinaire.
M. Edmonston: Excusez-moi, je ne vous entends pas.
M. Lessard: La plaque X coûte actuellement le double de la
plaque ordinaire; elle coûte deux fois plus que la plaque ordinaire.
M. Edmonston: Oui, mais elle est utilisée sur plusieurs
véhicules.
M. Lessard: D'accord.
M. Edmonston: Si elle est utilisée sur quatre
véhicules, il y a une épargne de 50%.
M. Lessard: Je comprends, mais s'il en prend une pour aller en
Floride...
M. Gratton: Elle n'est pas utilisée sur quatre voitures
à Fort Lauderdale.
M. Lessard: ... il est bloqué pour ses autres
démonstrateurs à son garage.
M. Edmonston: Si on ne lui permet pas d'envoyer ses
démonstrateurs, c'est une façon de protéger les
consommateurs surtout. Le but des plaques X, c'est seulement pour permettre
l'utilisation aux démonstrateurs. Aussitôt qu'ils ont
traversé les frontières, ils ne sont plus des
démonstrateurs, je crois.
M. Lessard: On m'informe qu'on est en train de considérer
tout cela avec le ministère du Revenu...
M. Gratton: Cela ne change rien.
M. Lessard: ... et voir les abus que cela entraîne.
M. Edmonston: D'accord. M. Laflamme, concernant la plaque X, vous
savez qu'il y a des vendeurs de voitures professionnels qui vendent des
voitures comme vendeurs particuliers. Avez-vous déjà entendu
parler de cela? Ils mettent les automobiles en vente comme un vendeur
particulier le fait. Ils ont les plaques X sur ces voitures, mais ils les
enlèvent parce qu'ils ne veulent pas que le consommateur découvre
que c'est une voiture d'un concessionnaire. Ces vendeurs ont toute la
paperasse. Par le passé, ils ont eu toute la paperasse, tous les papiers
d'immatriculation parce qu'ils travaillaient comme agent vendeur chez eux. La
révision du Code de la route a-t-elle pu apporter une correction
à cet abus? Des agents ou les amis des concessionnaires qui prennent des
voitures en consignation et qui les vendent comme particuliers, mais en
réalité eux-mêmes sont des filiales de concessionnaires,
mais qui exploitent leur propre maison.
Le Président (M. Bordeleau): M. Edmonston, une petite
remarque en attendant la réponse du ministre. Je dois vous faire
remarquer que le temps avance rapidement, et, pour respecter les autres
personnes qui ont des mémoires à présenter cet
après-midi, je vais simplement vous demander de résumer le plus
possible vos arguments.
M. Edmonston: D'accord.
M. Lessard: On a quand même, actuellement, pris des mesures
pour reconnaître les marchands, les recycleurs d'automobiles, comme on a
pris des mesures pour limiter la vitesse à 55 km/h sur les routes
régionales, comme on a pris des mesures pour limiter la vitesse à
100 km/h sur les autoroutes. Que voulez-vous, il y a des mesures actuellement,
et, pour ceux qui passeront à côté du Code de la route, des
pénalités sont prévues. Mais ne nous demandez pas de
rendre le monde parfait, de sortir les gens de prison en pensant qu'ils vont
devenir des anges. Que voulez-vous qu'on fasse? On a adopté une loi pour
la protection du consommateur, on pourrait être encore plus
sévère, mais on vit en relation avec d'autres provinces qui sont
à côté de nous, au point de vue commercial. Il faut en
tenir compte. Il y a toujours un avocat de la défense, c'est normal. Je
sais bien que vous travaillez continuellement là-dedans et que vous
voudriez voir la perfection sur les routes, mais il y a des lois qui sont
là et on ne peut pas mettre 6 millions de policiers pour surveiller les
6 millions de Québécois, on ne les a pas. Que voulez-vous que j'y
fasse?
M. Edmonston: Je vous comprends, mais je ne vise pas la
perfection, c'est pour cela que je vous félicite pour la loi...
M. Lessard: Oui, mais c'est dans la loi.
M. Edmonston: La loi n'est pas parfaite, mais, quand même,
c'est un premier pas. Je ne cherche pas la perfection.
M. Lessard: Je vous dis qu'on a le permis du recycleur, le permis
du marchand. Il y aura toujours des gens qui s'organiseront comme
intermédiaires, qui essaieront de passer à côté de
la loi.
M. Edmonston: D'accord. Très brièvement, parce que
le président... Pour les examens obligatoires, nous sommes d'accord avec
cela, nous voulons seulement être assurés qu'il y aura un droit
d'appel pour les examens obligatoires. Il y a aussi le corps policier qui peut
recommander qu'un individu passe un examen médical s'il a un accident.
Même le constable. S'il a détecté certaines
défaillances physiques chez l'individu qui a causé un accident ou
qui a été surpris au volant, contrevenant à la loi, je
crois que le constable est bien placé pour demander qu'il subisse un
examen médical.
Ce matin, je crois que M. le député de Gatineau a
parlé du fait de rendre obligatoire l'examen médical. Est-ce
qu'il ne serait pas possible d'obliger les gens qui sont propriétaires
de taverne de limiter la quantité de boisson, de dire à un
individu: Tu ne peux pas boire et d'indiquer à la police que l'individu
a trop bu? Aux Etats-Unis, la Cour suprême a clairement dit que si un
propriétaire de taverne continue à donner de la boisson à
un individu qui est évidemment ivre, le propriétaire de taverne
peut être rendu responsable des dégâts que l'individu cause
par la suite. Cela vous indique un peu les responsabilités que la loi
impute à un individu qui nuit à la collectivité. Pour les
dommages qu'un individu peut causer à la collectivité, le
propriétaire de taverne...
M. Gratton: Vous ne voudriez pas...
M. Edmonston: ... peut être tenu responsable pour ces
dommages.
M. Gratton: J'en conviens. Vous n'êtes pas en train de
plaider pour qu'on inscrive dans le Code de la route cette obligation pour le
tavernier de faire le rapport dont on parle?
M. Edmonston: Je crois que c'est une obligation pour le
médecin, aussi, s'il trouve que l'individu a une maladie qui peut
affecter son comportement au volant. C'est seulement mon opinion parce que je
n'ai pas sondé l'opinion des 6000 automobilistes membres de l'APA, mais
je trouve que le médecin a cette responsabilité.
M. Lessard: Ils vont changer de taverne. M. Edmonston: De
taverne?
M. Lessard: Le propriétaire qui fait cela va perdre vite
sa clientèle. Je comprends votre problème.
M. Edmonston: Ce n'est pas un problème pour moi, c'est
plutôt pour vous.
L'article 139, c'est très bon, félicitations! La
magistrature vous a demandé de laisser le juge décider ces
choses, et je voulais vous féliciter là-dessus.
L'article 207, la ceinture de sécurité. Avez-vous pris un
taxi récemment? Avez-vous essayé de boucler la ceinture de
sécurité à l'arrière d'un taxi? Je pense que vous
n'êtes pas obligé, mais c'est très bon de le faire parce
que la loi, pour les voitures de promenade, préconise que les individus
à l'avant devraient boucler leur ceinture pour mieux permettre aux gens
qui ne sont pas attachés, à l'arrière, de frapper comme
des fous dans le pare-brise, dans la trajectoire.
D'abord, je trouve que la loi est vraiment boiteuse parce qu'on doit
être attaché à l'avant et les gens, à
l'arrière, peuvent voler à leur gré.
Pour les taxis, à l'article 207, on dit que nous devons respecter
la loi fédérale sur la sécurité automobile. C'est
une loi qui date de 1971 et cette loi, justement, dit qu'on ne devrait pas
enlever la ceinture de sécurité; cela veut dire en avant et en
arrière. Si l'article 207 est adopté demain, j'attends du
ministère des Transports qu'il fasse une razzia on peut dire
razzia? dans les aéroports de Québec, à
l'aéroport de Dorval, à Montréal, où la plupart des
voitures n'ont pas de ceintures en arrière. Elles ne fonctionnent pas,
elles sont coupées, elles sont sous le siège avec toutes sortes
de choses dégueulasses, on n'a pas envie d'aller la chercher. Si c'est
adopté, attention! Je suis d'accord avec cela parce que cela
comprendrait toutes les ceintures de sécurité, pas seulement en
avant, toutes. Je trouve que c'est excellent, cet article, c'est une
très bonne disposition.
Il ne faudrait pas, après avoir adopté cette loi, dire:
C'est l'APA, Edmonston et les autres qui nous harcèlent parce qu'il y a
des taxis qui ont débranché ce système ce ceinture. C'est
cela qu'il faudrait comprendre. Les règlements que nous avions
n'obligeaient pas les taxis. Vous allez vous-même pouvoir dénoncer
les abus dans ce sens. Je suis très content de cela.
M. Lessard: On va faire la vérification.
M. Edmonston: L'article 336, c'est la plus belle chose que j'aie
jamais vue. Le piéton qui veut traverser la rue, à
Montréal et à Québec, fait signe aux voitures pour
s'assurer que les voitures vont arrêter. Levant le bras, il peut le faire
sans risque. Venez à Montréal!
M. Lessard: Un instant, il faut quand même...
M. Edmonston: Faites-vous cela? Je l'ai fait
déjà.
Le Président (M. Marquis): M. le ministre.
M. Lessard: Quand il y a une traverse de piétons
clairement identifiée, je comprends, on ne refera pas le monde
aujourd'hui. Hier, par exemple, je circulais sur la rue Saint-Jean et les
automobilistes étaient sur une lumière verte, donc les
piétons étaient sur la lumière route et c'étaient
les automobilistes qui s'arrêtaient pour laisser passer les
piétons.
M. Edmonston: D'accord.
M. Lessard: II va y avoir de l'éducation à faire
des deux côtés. La façon, ce serait peut-être
l'obligation pour le piéton de s'identifier et d'avoir des
pénalités, aussi. C'est bien beau de mettre la faute sur
l'automobiliste, mais il y a aussi le piéton, on est tous pareils de ce
côté-là. La question de l'identification, c'est tout le
problème de la carte d'identité obligatoire qui revient sur la
carte.
M. Edmonston: En attendant l'éducation, c'est la chasse
aux piétons. (16 h 15)
M. Lessard: Non, ce n'est pas la chasse aux piétons. Il ne
faut pas non plus qu'ils aillent se lancer devant l'automobiliste qui est
à trois pieds de la traverse de piétons. Il faut quand même
qu'ils prennent conscience qu'une automobile, ça ne s'arrête pas
sur une distance de deux pieds; je présume que les piétons sont
aussi responsables.
M. Edmonston: Vous êtes bien placé pour le
présumer.
M. Lessard: C'est ce que je trouve curieux...
Le Président (M. Bordeleau): M. Edmonston, je voudrais
vous demander d'accélérer un peu.
M. Edmonston: D'accord, j'aurais eu autre chose à dire,
mais je crois qu'on devra probablement terminer maintenant.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, j'aurais eu un très
grand nombre de questions sur des sujets spécifiques contenus dans le
mémoire de l'association, mais, compte tenu de l'heure, je m'en
abstiendrai. Je me limiterai à faire un seul bref commentaire.
Dans votre conclusion, vous affirmez: "II faudra attendre à la
prochaine révision du Code de la route, en l'an 2040." Je n'ai pas
l'habitude de me faire le défenseur du gouvernement, ce n'est d'ailleurs
pas mon rôle, à titre de membre de l'Opposition officielle. Je
devine que l'association a voulu, par là, attirer l'attention sur
certaines des choses qu'on ne retrouve pas à l'avant-projet du Code de
la route. D'ailleurs, je reconnais à M. Edmonston et à son
association ce don, ce flair de la publicité qui lui fait employer des
expressions qui font image et qui, souvent, font la une de nos journaux. Je
vous en félicite.
M. Edmonston: Je vous félicite aussi, parce qu'on le fait
tous les deux.
M. Gratton: Ce n'est pas nécessaire! Je dirais, par
contre, comme le ministre le disait tantôt, que c'est quand même
impossible, pour quelque loi que ce soit, de tout régler, surtout dans
un texte législatif. Ce n'est pas tout non plus de dire: C'est le
tempérament latin des Québécois je ne vous en fais
pas reproche, vous allez voir que je vous donne raison à la fin
qui fait qu'on a le taux d'accidents qu'on a. Au contraire, il s'agit de deux
choses particulières. Cela rejoint ce que vous dites; cela rejoint
également ce que disait M. de Coster, de la Régie de l'assurance
automobile. D'une part, il faut appliquer les lois qu'on a, bien
qu'incomplètes, bien que n'allant pas assez loin, selon votre avis, mais
celles qu'on a, les appliquer rigoureusement. Cela implique le rôle de la
police et le rôle de tout l'appareil judiciaire. Il faut également
éduquer nos automobilistes, nos piétons, bref, nos citoyens.
Là où je rejoins vos appréhensions, c'est que les
deux aspects relèvent d'une volonté politique qui peut être
existante ou pas existante. Je pense que la volonté politique est
sûrement là. Partiellement, en tout cas, elle était
là au moment où on a adopté la loi 13, pour obliger les
gens à porter la ceinture de sécurité. Cela a donné
quoi? Cela a donné que 60% des gens ne la portent pas au Québec,
parce que, d'une part, on n'a pas appliqué la loi convenablement et,
d'autre part, malgré tout l'argent qu'on a dépensé pour la
publicité, l'éducation ne s'est pas faite. C'est évident,
les gens ne la portent pas.
La volonté politique existait donc, mais on n'a pas de
résultat valable. Je dis donc que, quant à moi, même si je
suis là pour faire remarquer les failles de cet avant-projet et de la
loi éventuelle c'est mon rôle en tant que
député d'Opposition on devra commencer par nous satisfaire
du fait que ce que nous avons déjà et ce que nous sommes en train
d'étudier sera applicable de façon rigoureuse, que les gens
auront la volonté de l'appliquer, et, ce qui est encore plus important,
que nos citoyens en connaîtront le contenu et l'accepteront comme
étant raisonnable.
De ce point de vue, M. Edmonston, je vous demande de me dire
brièvement si vous n'êtes pas d'accord sur le fait que les efforts
que nous faisons ensemble aujourd'hui et que nous continuerons de faire au
cours des prochains mois ont bien le mérite d'avoir des objectifs sur
lesquels nous nous entendons tous et méritent bien, dans le cas du
ministre des Transports, même s'il ne règle pas tout, de ne pas
recevoir une condamnation du genre de celle que vous faites dans votre
conclusion.
M. Edmonston: D'accord, laissez-moi peut-être amoindrir un
peu la condamnation. Je n'avais pas pensé que les condamnations
étaient aussi fortes que ça. C'est simplement une série de
critiques sur certains articles bien spécifiques. Quand j'ai entendu
parler de la loi et que je l'ai lue la première fois, j'étais
très content, parce que je partage beaucoup vos commentaires. Je trouve
que la loi fait vraiment un pas en avant, un pas qui était vraiment
nécessaire depuis le projet de loi no 6 qui avait été
proposé par le gouvernement précédent.
Mais, vous savez, le groupe de protection des consommateurs, sans
être méchant, les choses qui sont bonnes, nous devons le dire
très vite,
d'accord, comme j'ai félicité... Mais nous devons nous
concentrer, comme vous, les membres de l'Opposition, sur les failles des lois.
Mais nous, nous n'avons pas le même avantage que vous, les membres de
l'Opposition, dans le sens qu'un jour, vous pouvez être élus.
Nous, nous ne serons jamais élus.
M. Lessard: Cela dépend.
M. Gratton: Vous ne serez jamais battus, non plus, par exemple.
Cela aussi, c'est un avantage pour vous. Vous ne serez jamais battus, n'ayant
jamais été élus. C'est important, ça aussi.
M. Edmonston: C'est vrai, mais quand vous représentez une
certaine "constituency", un certain groupe de gens intéressés,
par exemple, les automobilistes, aujourd'hui, j'essaie de parler beaucoup du
transport en commun, de sortir d'un groupe composé de gens simplement
intéressés à promouvoir leur automobile, vous comprenez?
Il faut sortir un peu de ces intérêts bien étroits. C'est
pour cette raison que nous avons peut-être critiqué la loi un peu
trop, à votre avis, mais je trouve que, de temps en temps, vous pouvez
avoir des critiques de gens qui ne sont pas nécessairement vos
adversaires, mais qui veulent aussi contribuer à l'élaboration
d'un projet de loi qui va satisfaire tout le monde. Ce n'est pas une critique
méchante qu'on fait, mais plutôt une critique qui va vous servir,
je crois, quand vous étudierez le projet de loi article par article.
S'il y a une critique à faire à notre endroit aujourd'hui, c'est
peut-être que nous sommes trop allés dans les détails,
surtout quand je vous ai parlé du projet de loi article par article.
Mais, pour revenir à votre question, je suis d'accord. Je
félicite le gouvernement d'avoir eu le courage de présenter un
projet de révision du Code de la route.
M. Gratton: M. le Président, maintenant que j'ai obtenu
cette concession de M. Edmonston, j'aimerais, à l'intention du ministre,
lui dire que, quant à moi, il n'est pas question de voter cet
avant-projet de loi dans sa forme actuelle. Quant à nous, de
l'Opposition officielle, nous y verrons, avec le concours de personnes comme
l'Association de protection des automobilistes.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Edmonston...
M. Edmonston: Merci beaucoup.
Le President (M. boraeleau): ... ainsi que les personnes qui vous
accompagnaient.
Le prochain mémoire est celui de M. Réjean
Lévesque, qui est inscrit comme étant pour dépôt
seulement. Il sernole que M. Lévesque n'ait pas été
rejoint pour venir présenter lui-même son mémoire. On peut
quand même le féliciter de son travail et de son apport à
la commission. Bien sûr, nous allons demander au secrétariat des
commissions d'ajouter le mémoire en annexe au journal des Débats.
(voir annexe B)
Le prochain est donc: L'Opération Chemin du Roy. C'est le
mémoire no 7.
Si vous voulez vous présenter et présenter le groupe.
Opération Chemin du Roy
M. Laurion (André): M. le Président, M. le
ministre, messieurs les députés, j'aimerais vous présenter
Mme Louise Ponton, M. Daniel Vachon et M. Robert Bergeron, qui sont tous des
membres de l'Opération Chemin du Roy. Nous représentons à
peu près 450 personnes de l'avenue Royale qui nous ont appuyés
dans notre travail pour tenter de diminuer et ralentir la circulation sur
l'avenue Royale à Beauport.
Le Président (M. Bordeleau): J'imagine que vous êtes
M. Laurion?
M. Laurion: André Laurion, oui, c'est ça.
Les résidents de l'avenue Royale à Beauport ont mis sur
pied l'Opération Chemin du Roy, afin de diminuer et ralentir la
circulation devant leur demeure. Après un an d'efforts, nous devons
constater notre échec. Nous n'avons pu modifier notre environnement.
Je calculais tout à l'heure que depuis les six heures que nous
sommes ici, il y a eu environ 325 véhicules qui ont dû passer
au-dessus de 65 kilomètres-heure sur l'avenue Royale, d'après les
études statistiques que nous avons faites à l'aide d'un radar.
Cependant, nous sommes conscients que notre situation tout à fait
particulière n'est pas exceptionnelle. C'est pourquoi nous souhaitons
que nos observations au sujet de la réforme du Code de la route servent
à tous ceux qui habitent le long d'un chemin où la circulation
est incontrôlée.
Sur l'avenue Royale à Beauport, il y a plus d'un accident par
jour. Le tiers des accidents de Beauport a lieu sur l'avenue Royale. A tous les
onze jours, il y a un blessé. Par ailleurs, une étude que nous
avons faite l'automne dernier révèle que 83% des résidents
sont embêtés par la circulation et que 85% d'entre eux croient que
les responsables de la circulation font leur travail d'une façon peu ou
pas satisfaisante. Parmi les opinions recueillies au sujet des solutions
possibles, il y avait 89% des répondants qui étaient d'accord
pour diminuer la vitesse maximale permise et 80% étaient en faveur de
l'installation d'arrêts.
Bien que nous ayons déposé les résultats de notre
enquête au conseil municipal de Beauport en février dernier, rien
d'appréciable n'a encore été fait. La situation n'a pas
changé. Les autorités locales se sont satisfaites de nous
promettre une surveillance policière accrue et ont demandé qu'une
étude d'un bureau d'ingénieurs soit
accélérée. Depuis, cette étude nous est parvenue.
Insatisfaits, nous avons récemment loué a nos frais un radar. Les
quelque 5000 lectures que nous avons accumulées confirment que la
vitesse sur l'avenue Royale à Beauport est encore nettement au-dessus de
la vitesse limite; même plus, la vitesse est la même dans les zones
de 30 kilo-
mètres-heure que dans les zones de 50 kilomètres-heure.
Entre 50% et 100% des véhicules routiers qui circulent sur l'avenue
Royale dépassent la vitesse maximale affichée et ce, en
dépit de la surveillance policière accrue. A toutes les heures,
sur l'avenue Royale, il y a environ cinq véhicules qui passent au-dessus
de 75 kilomètres-heure. A toutes les heures, il y a environ 57
véhicules qui passent au-dessus de 65 kilomètres-heure.
Compte tenu de cette situation et de l'expé-rieuce que nous avons
acquise, nous croyons qu'il est de notre devoir de vous faire connaître
nos observations au sujet du Code de la route.
Un des principaux points saillants de l'avant-projet de loi sur le Code
de la route concerne la reformulation des pouvoirs conférés aux
municipalités. C'est ce qui était écrit dans le
communiqué de presse du ministre des Transports. Or, notre
expérience à Beauport nous porte à craindre que le simple
fait de conférer des responsabilités claires aux autorités
locales ne signifie pas pour autant que celles-ci les assumeront. Nos
suggestions vont donc devoir tenir compte, pour être efficaces, du peu
d'intérêt porté par la majorité des autorités
locales à l'observation du Code de la route et des difficultés
auxquelles font face les citoyens qui souhaitent influencer leur milieu.
Si le nouveau Code de la route vise à adapter à la
réalité d'aujourd'hui un Code de la route datant du début
du siècle, on doit tenir compte de l'urbanisation des populations et de
l'importance des conflits potentiels entre les habitations et les voies de
circulation. Le nouveau code nous est apparu favoriser l'efficacité, la
fluidité de la circulation beaucoup plus que la sécurité.
On a semblé défavoriser les citoyens résidents au profit
des citoyens conducteurs. Nous sommes d'avis que le futur Code de la route
pourra être considéré comme un réel progrès
s'il contribue à augmenter la qualité de vie de tous les
citoyens, et non pas seulement à faciliter la rapidité de la
circulation. L'on se doit de subordonner la circulation à la fonction
résidentielle, du moins à l'intérieur des limites des
municipalités urbaines.
Nous en venons donc à l'étude des 450 articles du nouveau
code. Il y en a seulement 149 qui touchent directement la circulation; c'est le
chapitre IX qui a particulièrement retenu notre attention. Notre
expérience à Beauport nous porte à croire que l'article
230, qui investit les autorités locales des responsabilités de
diriger la circulation et d'installer la signalisation appropriée, se
doit nécessairement d'être compensé par un système
de contrôle adéquat. (16 h 30)
Une simple vérification des panneaux de signalisation sur
l'avenue Royale, par exemple, démontre que, sur seulement 15% de la
longueur de cette avenue, les vitesses sont les mêmes des deux
côtés de la rue. On voit comment l'installation de simples
panneaux de signalisation peut créer des difficultés aux
autorités locales. On l'a d'ailleurs fait remarquer aux autorités
municipales, il y a plus d'un mois, et, encore aujourd'hui, rien n'a
été fait. Nous suggérons que le ministre des Transports ou
les autorités locales puissent, à l'article 233, réserver
un chemin public non seulement à l'usage exclusif de certaines
catégories de véhicules, mais aussi à l'usage exclusif des
piétons. Ceux-ci nous semblent avoir été oubliés,
négligés.
Nous suggérons que toute personne qui circule sur une moto, un
vélomoteur ou dans une caisse adjacente soit tenue de porter un casque
protecteur attaché, car nous sommes conscients que plusieurs
motocyclistes perdent leur casque lors d'accidents parce qu'ils ne l'ont pas
attaché. Cette observation nous est venue à la suite d'accidents
sur l'avenue Royale, où il nous en arrive à toutes les deux
semaines, comme on vous le disait, où des motocyclistes se sont fait
blesser gravement parce qu'ils n'avaient pas attaché leur casque.
On devrait faciliter les démarches des citoyens qui souhaitent
que des traverses de piétons soient aménagées. De plus,
l'obligation des piétons de lever le bras, comme disait M. Edmonston
tout à l'heure, avant de s'engager sur une traverse est nettement
superfétatoire. Un piéton écrasé ne peut argumenter
qu'il avait levé son bras. L'existence même d'une traverse
confère aux piétons le droit de traverser. Il n'a pas à en
demander la permission. Voici un exemple de la suprématie du
véhicule qui pourrait être atténuée.
S'il est des normes de masse et de dimension pour protéger les
chaussées, le nouveau code ne prévoit aucun recours aux
résidents le long des voies de circulation dont les résidences
sont détériorées par le bruit, les vibrations et la
pollution des véhicules routiers. Nous croyons que la vitesse maximum
dans les zones scolaires devait être établie à 30 km/h en
tout temps, et non seulement comme il est écrit dans le code
présentement, le code à l'étude, lors de l'entrée
ou la sortie des élèves. Les enfants circulent autour de leur
école en tout temps et en toute saison. L'établissement d'une
vitesse aussi basse nous semble nécessaire pour la
sécurité des enfants et facilitera aussi le travail de ces
quelques autorités locales qui se soucieraient de donner des
contraventions.
Par ailleurs, toutes les intersections à proximité des
écoles devraient obligatoirement comporter des traverses de
piétons et préférablement avec des buttes convexes. On les
aurait nommées des policiers dormants, mais cela portait à
confusion.
Nous avons été agréablement surpris d'apprendre que
les véhicules d'urgence ne pouvaient circuler en dehors des normes
habituelles, à moins que les véhicules fassent fonctionner leurs
signaux lumineux ou audibles. Notre récente enquête nous a
démontré que plus de 57% des véhicules de police à
Beauport ne se conformaient pas à cette règle. Par ailleurs, nous
notons qu'aucune peine n'a été prévue pour une infraction
aux articles 368 et 370 qui demandent aux corps policiers de suivre ces
indications. Nous demandons qu'une amende exemplaire de $200 à $500 soit
infligée à quiconque contrevient à ces deux articles,
policiers inclus. Bien sûr, on pourra argumenter qu'on ne trouvera jamais
un policier pour
donner une contravention à un autre, mais qui sait? Un groupe de
citoyens qui accumulerait une masse de données pourrait peut-être
réussir. Nos observations générales et nos commentaires
particuliers sur la circulation, appuyés par l'expérience que
nous avons acquise à Beauport nous amènent à
suggérer la mise en place d'un mécanisme formel pour faciliter
aux citoyens l'expression de leurs revendications, ainsi qu'un système
visuel pour avertir les autorités locales et nationales, autant que la
population des endroits potentiellement dangereux.
Calqué sur le comité consultatif médical, un
comité consultatif sur la circulation aurait pour fonction de reformuler
des recommandations au directeur général du Bureau des
véhicules automobiles à la suite de l'étude de dossiers
qui lui seraient transmis concernant les conflits entre les citoyens et les
voies de circulation. Le Bureau des véhicules automobiles est
chargé, selon le nouveau code, de la sécurité
routière en ce qui a trait au comportement des usagers de la route. Or,
c'est précisément le comportement des usagers de la route qu'il
conviendrait de modifier pour réduire les accidents. Ce comité
pourrait appuyer le directeur général dans ses
responsabilités et lui fournirait son avis sur l'exercice des
responsabilités confiées aux municipalités.
En ce moment, lorsqu'un citoyen ou plus souvent un groupe de
citoyens est lésé par les usagers des voies de circulation
et que les autorités locales piétinent, il ne peut que
déménager ou tenter de prendre le pouvoir local. Devant de telles
difficultés à surmonter pour vaincre le dieu de la vitesse, les
citoyens se résignent souvent. Il ne faut pas être surpris qu'il
n'y en ait pas plusieurs qui se plaignent; c'est trop compliqué. La
Régie de l'assurance automobile constatera pour longtemps encore que les
Québécois font beaucoup trop d'accidents si le ministre des
Transports ne se décide pas à prendre les mesures
nécessaires pour faire du Code de la route une véritable
"pièce législative majeure jouant un rôle de premier plan
dans le domaine de la sécurité routière, comme vous le
souhaitez.
Ce comité consultatif sur la circulation pourrait être
responsable, avec la Régie de l'assurance automobile, de mettre sur pied
un système de points de démérite routier qui, lui,
fonctionnera.
De la même façon que les personnes condamnées pour
une infraction au Code de la route se voient attribuer un certain nombre de
points de démérite, les voies de circulation devraient se voir
attribuer également des points de démérite aux endroits
où les accidents ont lieu. Ce serait véritablement une mesure
incitatrice et permanente. Dès que le nombre de points inscrits aurait
atteint un certain niveau, le ministre des Transports exigerait que
l'autorité locale concernée installe un panneau noir à
l'endroit dangereux.
Nous sommes d'avis que les autorités locales et nationales, dont
le territoire sous leur responsabilité deviendrait truffé de
panneaux noirs, prendraient rapidement conscience des carences et seraient
ainsi incitées à prendre les mesures néces- saires pour
modifier la situation. Une saine compétition pourrait même surgir
entre les municipalités qui ne voudraient pas voir de tels panneaux sur
leur territoire.
De plus, ces panneaux, indiqueraient clairement aux usagers des voies de
circulation qu'ils approchent d'un endroit potentiellement dangereux. Les
panneaux devraient être maintenus en place pendant deux ans. Pour avoir
un impact véritable, nous croyons qu'une mesure doit être
significative, voire spectaculaire: voici une telle mesure qui, en outre, n'a
pas d'implications budgétaires appréciables, si on les compare
aux bénéfices qu'elle est susceptible d'apporter.
Tel quel, le nouveau Code de la route, selon nous, est beaucoup plus une
réforme administrative, certes opportune, mais sans impact majeur
prévisible sur la sécurité des piétons, des
résidents et des usagers des voies de circulation. Si la réforme
proposée a véritablement comme objectif une plus grande
sécurité routière et si "la personne avant toute chose"
n'est pas un vide slogan publicitaire, nous croyons que nos suggestions
contribueront réellement à améliorer la circulation sur
toutes les routes du Québec.
Les citoyens devront évidemment encore se prévaloir de la
Loi de la protection de l'environnement pour se protéger contre le bruit
et la pollution attribuables aux véhicules routiers. Mais nous croyons
qu'il est important de mettre en place des mesures pour faciliter l'expression
des revendications des citoyens relatives au comportement des autorités
locales et des usagers des voies de circulation.
Depuis 1966, et peut-être avant, il y a eu des études qui
suggéraient aux autorités locales de Beauport de prendre des
mesures pour améliorer la circulation sur l'avenue Royale. En treize
ans, rien ne s'est fait, les études sont restées lettre morte,
les accidents continuent, beaucoup de citoyens ont choisi de
déménager. Est-il vraiment nécessaire de céder
devant la violence des chauffards, ou pouvons-nous compter sur l'appui d'un
gouvernement suffisamment conscient de la qualité de la vie des citoyens
pour mettre en place des mesures significatives capables de faire virer la
circulation vers la sécurité?
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Lau-rion. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, je remercie le groupe de
l'Opération Chemin du Roy de ses suggestions. Il y en a une qui me
frappe en particulier. Je pense que cela rejoint un peu celle de M. Edmonston
tout à l'heure. C'est celle concernant les traverses pour
piétons. Je pense que vous avez raison, pour autant qu'on ait une
indication claire de traverse de piétons. Quand vous allez dans les pays
européens, c'est évident que le piéton a toujours
priorité à une traverse de piétons. On envisagera de
modifier, pour autant qu'on ait un panneau indiquant "traverse pour
piétons". On devrait en arriver au lieu de lever la main
à reconnaître véritablement que là où il y a
une tra-
verse pour piétons, il y a priorité. Cela se fait partout
ailleurs. Le fardeau de la preuve, à ce moment-là, revient
à l'automobiliste.
Cela me frappe un peu quand vous dites que vous avez loué un
radar à vos frais.
M. Laurion: Oui, on en a loué un à nos frais et,
par la suite, on a eu la chance d'en avoir un encore meilleur qui nous a
été prêté par le ministère des Transports. On
vous en remercie, M. Lessard.
M. Lessard: J'avais bien indiqué qu'il ne s'agissait pas
de faire un précédent non plus parce que les radars du
ministère ne peuvent pas se promener d'un groupe à l'autre.
Ecoutez! Il y a quand même une chose. Dans un programme de
sécurité routière, c'est toujours l'intérêt
collectif et l'intérêt individuel. Il y a toujours aussi le
problème de l'autonomie municipale qui est là. On peut
très bien ne pas aimer, en tout cas... Vous dites que, malgré
toutes les pressions que vous avez pu faire auprès de vos
autorités locales, rien n'a changé, mais que voulez-vous? C'est
un peu la même chose vis-à-vis d'un gouvernement. Quand on n'est
pas satisfait d'un gouvernement, on le change. Vous avez des autorités
locales. Elles ont des responsabilités précises en ce qui
concerne la signalisation. Vous dites, par exemple, qu'on n'indique nulle part
qu'on peut réserver une route pour les piétons; on ne peut pas
réserver une route pour les piétons. Une route, c'est
réservé aux véhicules routiers. On peut réserver
des trottoirs pour les piétons, c'est exclusif. Cependant, à
l'article 415, paragraphe e, il est dit qu'une autorité locale peut, par
règlement c'est ce que la ville de Québec a fait pour la
rue Saint-Jean prohiber, avec ou sans exception, la circulation, dans
certaines rues qu'elle indique, de tout véhicule routier, pourvu que ce
règlement laisse à l'usage de ces véhicules routiers des
rues qui leur permettent de traverser la municipalité à quelque
part, et pourvu que... Comme ministre des Transports, je ne peux pas faire des
routes et, après, dire que ce sont des routes pour piétons. Il
appartient aux autorités municipales de le faire. Les autorités
municipales ont des responsabilités. Si on prend toujours leur place,
à ce moment-là, les paliers de gouvernement vont être... On
met des minimums, mais chaque palier de gouvernement a ses
responsabilités.
Je ne comprends pas, concernant les 15% que j'ai vus quelque part...
Vous dites: Une vérification des panneaux de signalisation sur l'avenue
Royale, par exemple, démontre que, sur seulement 15% de sa longueur, les
vitesses sont les mêmes des deux côtés de la rue.
Voulez-vous dire que, d'un côté de la rue, c'est une telle vitesse
et que, de l'autre côté, c'est une autre vitesse?
M. Laurion: En plein cela. Cela nous étonne parce que le
maire actuel si je ne me trompe pas était adjoint
parlementaire du ministre des Transports.
M. Lessard: Je ne le connais pas. (16 h 45)
M. Laurion: Cela devrait lui faciliter la tâche pour
s'occuper de panneaux indicateurs. Il n'a même pas été
capable de faire cela correctement. On a constaté que, sur une
très très faible proportion de la rue, les panneaux indicateurs
sont les mêmes d'un côté comme de l'autre. Cela
démontre, en somme, que lorsque vous déléguez des
responsabilités à un autre palier gouvernemental, d'une certaine
façon, je veux bien croire que ça existe, le pouvoir municipal et
l'autonomie municipale, mais vous vous lavez un peu les mains comme Ponce
Pilate et vous laissez ça aller à des gens qui ne s'en occupent
absolument pas.
M. Lessard: Là, je vous avoue je ne l'ai pas vu
honnêtement que je ne comprends pas...
M. Laurion: Nous non plus. Cela fait un an qu'on travaille
là-dessus et on ne comprend pas.
M. Lessard: Vous voulez dire que d'un côté du
chemin, sur le même chemin...
M. Laurion: Oui.
M. Lessard: ... vous pouvez avoir 35 ou 40
kilomètres-heure...
M. Laurion: Et de l'autre côté, c'est 50. C'est
parce que la signalisation est mal faite. Enfin, les panneaux ne sont
pas...
M. Lessard: Est-ce que cela dépend des gens qui sont
situés de l'un ou de l'autre côté de la route? Quand on
parle d'une signalisation uniforme, il me semble qu'elle devrait être
uniforme à l'intérieur d'un secteur spécifique.
M. Laurion: C'est simplement pour vous démontrer comment
on ne peut pas se fier. Il ne suffit pas de déléguer une
responsabilité à un autre palier gouvernemental pour que le tout
nécessairement se fasse.
M. Lessard: Je vais faire vérifier ça. Je trouve
que c'est absolument...
M. Laurion: Oui, mais vous voyez ce qui va arriver. On va
replacer des panneaux. En ce moment, on a des grands bouts où c'est 30
kilomètres-heure. Il n'y a personne qui les suit. Notre enquête
par radar a démontré qu'on allait exactement à la
même vitesse, que ce soit dans des zones de 30 ou de 50.
M. Lessard: II faut aussi être réaliste, par
exemple, M. Laurion. Moi, je reçois des demandes, de la part des
municipalités. Tout le monde voudrait avoir des boulevards à
quatre voies à l'intérieur des municipalités. Bon! Mais
quand vous arrivez sur une route à quatre voies et si vous placez un
panneau "50 kilomètres", je vous dis que c'est
dur à faire suivre, 50 kilomètres sur une route à
quatre voies. Les gens n'ont pas l'impression d'être sur une route...
Moi, je leur dis: Vous allez avoir de la difficulté. Qu'est-ce qu'on
fait, nous, pour évaluer la moyenne de vitesse de circulation? On
utilise le système que vous avez utilisé, le système de
radar, et on essaie d'évaluer un réalisme. Quand vous dites de
demander 30 kilomètres dans une zone scolaire, je vous avoue que 30
kilomètres... Il faut tenir compte de la densité de population,
d'accord, mais les autos sont un peu mieux organisées aujourd'hui au
point de vue prévention qu'elles ne l'étaient en 1930. Cela veut
dire 18 milles à l'heure, 30 kilomètres. On va être
obligé de réduire la vitesse des bicyclettes aussi. Il y en a qui
vont plus vite que ça et qui sont moins équipées. Il faut
être réaliste aussi. Je suis bien prêt à dire...
M. Laurion: Mais, on est très réaliste, vous savez,
parce qu'on ne se fie pas simplement à des chiffres comme des moyennes.
En regardant ce qui se passe sur cette avenue et dans des zones
supposément de 30 kilomètres-heure, on a pris des gens qui
allaient à 75 et 80 kilomètres.
M. Lessard: Oui.
M. Laurion: Evidemment, la moyenne était autour de 50,
même si c'était une zone de 30. Mais il y en a qui vont
très vite.
M. Lessard: Vous parlez de zones d'hôpitaux et de zones
scolaires.
M. Laurion: C'est ça.
M. Vachon (Daniel): II y a un problème sur lequel on
travaille depuis un an et on a commencé...
M. Lessard: Un peu plus fort, s'il vous plaît!
M. Vachon: Cela fait à peu près un an qu'on a
manifesté l'existence de ce problème... Le micro?
Une Voix: Cela va, ça marche.
M. Vachon: Cela fait à peu près un an qu'on
travaille sur ce problème et on a fait des représentations
auprès des autorités municipales. Comme M. Laurion, l'indiquait
tout à l'heure, au sujet de la signalisation, on leur a souligné
ceci, il y a à peu près un mois, et il n'y a rien qui a
été fait. C'est ça qui nous amène d'ailleurs
à faire la recommandation pour la mise en place d'un comité
consultatif sur la circulation. Tout à l'heure, on vous a parlé
du problème de signalisation. Vous avez dit que vous feriez des
vérifications. Ce n'est peut-être pas un moyen normal, quand
même, pour faire valoir notre difficulté. Il devrait
peut-être y avoir une façon beaucoup plus rigide, beaucoup plus
structurée pour que les citoyens, qui ont des problèmes, à
un moment donné, avec les autorités municipales, puissent faire
valoir leurs doléances. Les autorités municipales, qui ont
à administrer les règlements par la suite, pourront être
surveillées plus facilement.
M. Lessard: Un instant! Les problèmes avec les
autorités municipales... Vous avez un moyen, par exemple, pour une loi
gouvernementale, vous avez l'Ombudsman. Mais, ce n'est pas le gouvernement
supérieur qui doit aller régler continuellement des
décisions du gouvernement municipal. Le moyen, c'est le système
démocratique, le système électoral. Que voulez-vous que je
fasse? Le maire que vous avez, ce n'est certainement pas moi qui l'ai
placé là. Je ne suis pas un électeur de Beauport. Le
gouvernement du Québec...
Une Voix: ... maire...
M. Lessard: ... s'il y a des taxes qui sont
déterminées, qui sont votées par votre conseil municipal,
à l'intérieur du cadre d'une commission municipale, ce n'est pas
le gouvernement du Québec qui va aller administrer à la place des
autorités municipales. Vous êtes électeurs de la
municipalité, pour le meilleur et pour le pire. Nous, on met des cadres
généraux, des bases générales, mais, à
l'intérieur de ça, l'autorité municipale a ses
responsabilités.
En ce qui concerne le comité consultatif, vous savez, j'aime
mieux organiser une bonne direction de la circulation et du transport. Il y
aura un comité consultatif sur les transports et une de ses
responsabilités sera aussi de s'occuper de prévoir la
circulation. Il y aura une section sur la circulation, et d'autres, mais la
multiplication de ces comités consultatifs, ce n'est pas là que
j'ai nécessairement vu les meilleurs résultats. Les
législateurs sont là, comme on le disait, pour prendre des
responsabilités; qu'ils les prennent, de même que les responsables
municipaux. Je n'ai aucune loi qui puisse me permettre de déloger un
maire qui a été élu par l'ensemble des citoyens, de
façon démocratique.
M. Laurion: Même s'il ne suit pas les lois? Même si
les lois ne sont pas suivies sur le territoire dont il est responsable?
M. Lessard: On va vérifier ça. S'il s'agit d'une
loi qui n'est pas appliquée à l'intérieur de sa
municipalité, là, oui, on a le pouvoir d'intervenir. Quant
à moi, je vous remercie, on va vérifier l'affaire des 15%, voir
si c'est vraiment rendu à ce point. Le ridicule ne tue pas, mais les
raisons dépassent mon entendement.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. Un
commentaire?
M. Bergeron (Robert): M. le ministre, si vous trouvez que c'est
important de vérifier pour une question de 30 kilomètres d'un
côté et de 50 kilomètres de l'autre; il me semble que c'est
plus important de vérifier que les vitesses sont constamment
dépassées, au détriment de la sécurité des
vieilles gens et des enfants.
M. Lessard: Justement, j'ai discuté de ça, je suis
entièrement d'accord avec vous. Quand on dit "vérifier", c'est
qu'il y a, à l'intérieur du territoire des municipalités,
parce qu'on ne refera pas le monde du jour au lendemain non plus... Il y
a une police à Beauport; la police, à Beauport, est responsable
au conseil municipal et, au conseil municipal, vous êtes des citoyens,
vous devriez vous faire entendre. Si...
M. Gratton: On peut faire une plainte à la Commission de
police...
M. Lessard: Oui, comme le dit le député de
Gatineau, il y a ça aussi, mais si vous constatez que la
Sûreté ne fait pas respecter les lois de la circulation, il y a la
Commission de police qui est en haut de tout ça. Ce n'est pas moi qui
vais aller faire la police; on a des policiers, on a des structures pour
ça.
Quand on a une plainte selon laquelle un policier ne fait pas son
travail j'en ai des plaintes de citoyens j'en appelle à la
Commission de police en haut, mais ce ne sont pas les députés qui
vont aller diriger la circulation et faire appliquer les règlements. On
sait que les lois ne sont pas appliquées et sont mal respectées
au Québec; on essaie de se donner des instruments, un comité
consultatif, etc. J'avoue qu'on voudrait bien que ça aille plus vite que
ça, mais, vous autres...
Je disais, hier ou avant hier, qu'on tente, autant que possible, au
ministère des Transports, en vue d'améliorer la
sécurité routière, de contourner les villages. Vous
autres, vous voulez avoir la paix, vous n'êtes probablement pas des
commerçants, vous voulez avoir la paix. On tente donc de contourner les
villages. Or, j'ai un problème chez nous, où je tente de
contourner le village, justement, au nom de la sécurité
routière, de l'environnement. Si vous voyiez les pressions, les
pétitions, etc., pour qu'on passe à l'intérieur du
village! Là, on veut quatre voies à l'intérieur du
village, et quand on va faire une route à quatre voies, on va avoir des
pétitions pour nous dire: Faites respecter les 30 milles à
l'heure. Faire respecter les 30 milles à l'heure sur une route à
quatre voies, je vous garantis que ce n'est pas facile. Après ça,
on nous dit: Cela n'a pas de bon sens, la route a quatre voies et nos enfants
doivent traverser ces quatre voies pour aller à l'école;
faites-nous un tunnel pour passer en dessous ou un passage pour piétons.
Il faut avoir de la logique comme citoyen. Bien souvent on est aux prises avec
ça.
M. Laurion: II y a une nette différence ici. Vous avez un
groupe de citoyens. Lorsqu'on a déposé notre rapport "Radar
Atout" au conseil municipal, c'est un commerçant qui l'a
déposé. Tout ce qu'on demande, en somme, c'est que la loi soit
respectée. On ne demande pas quatre voies. On demande seulement la paix,
que les lois soient respectées. Cela fait un an qu'on demande que les
lois soient respectées sur l'avenue Royale.
Cela ne se fait pas. Il y a un tiers des accidents à Beauport,
sur l'avenue Royale. On a calculé combien cela coûtait. Cela a
coûté $2 260 000 en deux ans pour les accidents sur l'avenue
Royale, selon les statistiques de la Régie de l'assurance
automobile.
M. Lessard: D'accord. Il y a une police municipale qui est
là pour faire respecter la loi.
M. Laurion: On a adressé toutes nos doléances au
chef des pompiers-policiers de Beauport.
M. Lessard: De toute façon, on va voir dans ces
circonstances s'il y a moyen de se donner des pouvoirs. Ce n'est pas
facile.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je ne suis pas un
habitué de l'avenue Royale, mais les quelques fois qui m'ont
amené à y circuler m'ont fait constater que la situation que vous
décrivez est exacte, je parle au point de vue de la circulation. C'est
une situation que l'on retrouve un peu partout sur des routes de cet âge,
qui ont été conçues bien avant l'arrivée de
l'automobile et qui sont, de par leur caractère, des rues
résidentielles. Dans ce cas, c'est la topographie, le panorama qu'elle
offre, c'est ce qui fait le charme pour les résidents de cette rue, qui
crée également la difficulté, puisque c'est devenu une
artère principale et que plusieurs automobilistes l'empruntent, non pas
pour se rendre à leur domicile, mais pour faire le voyage, entre autres,
au club de golf Boischâtel qui m'intéresse de façon
particulière. J'y ai d'ailleurs circulé assez souvent pour savoir
que vous avez tout un problème. La situation que vous décrivez
par rapport aux relations que vous avez avec le conseil municipal n'est
sûrement pas de nature à aider à résoudre ces
problèmes.
Par contre, je suis obligé un peu d'être d'accord avec le
ministre quant à l'opportunité pour le gouvernement du
Québec, le ministère des Transports d'intervenir dans ce qui est
effectivement une juridiction strictement municipale. Je suis d'accord avec
vous qu'il est important on va y regarder de très près au
moment de l'étude du Code de la route de mettre en place ce que
vous appelez des mesures pour faciliter l'expression des revendications des
citoyens relatives au comportement des autorités locales et des usagers
des voies de circulation. Je pense qu'il y a peut-être des moyens
vous en suggérez quelques-uns qui pourront être
étudiés. En définitive, ce sera toujours l'autorité
municipale, à mon avis, qui devra être autonome dans ces
matières avec tous les recours que vous, en tant que citoyens, et que le
ministre, en tant que membre du gouvernement, pourrez avoir.
Ceci dit, j'aurais une seule question. Vous avez mentionné,
à la lecture de votre mémoire, que l'étude que le conseil
municipal avait demandé qu'on accélère, a
été reçue depuis la rédaction
de votre mémoire. Etes-vous en mesure de me dire quelles sont les
conclusions de l'étude et si cela va changer quelque chose à
votre perception de la situation?
M. Laurion: Cette étude a été
commandée par les autorités municipales à un bureau
d'ingénieurs spécialisés en circulation. Donc, les
résultats du rapport sont principalement pour faciliter la
fluidité de la circulation. Dans cette étude, nulle part on ne
fait mention des caractéristiques spécifiques de l'avenue Royale,
vieille artère que vous connaissez, étroite, emprises variables,
maisons très rapprochées de l'avenue, une pente d'un
côté, en fait tous ces éléments, un seul trottoir,
nulle part on ne tient compte de cela et nulle part, dans l'étude, on ne
tient compte des accidents sur l'avenue Royale. On tient compte simplement du
comptage et des moyennes de vitesse. C'est grossier, des moyennes de vitesse.
(17 heures)
Aujourd'hui, des moyennes, cela ne veut rien dire. Si vous avez la
tête dans le réfrigérateur et les pieds dans le fourneau,
vous êtes à la température moyenne. Il y a des gens qui
passent à 75 kilomètres-heure et d'autres à 20
kilomètres-heure sur l'avenue Royale. Les moyennes? C'est autour de 55
kilomètres-heure. La moyenne est au-dessus de la vitesse maximale
affichée. C'est donc dire qu'il y en a qui y vont sur le temps des
pommes sur l'avenue Royale. Ce sont ceux-là. On a calculé qu'en
moyenne, il y en avait cinq à toutes les heures qui passaient au-dessus
de 75 kilomètres-heure. Il y en a 17 à toutes les heures qui vont
au-dessus de 70 kilomètres-heure, et il y en a 35 à toutes les
heures qui vont au-dessus de 65 kilomètres-heure.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: M. Laurion, je voudrais quand même
préciser, si le député de Gatineau me le permet, quand
vous dites qu'à nulle part, on ne tient compte des situations comme
celle de l'avenue Royale. Que le gouvernement du Québec ne connaisse pas
toutes les rues de toutes les municipalités...
M. Gratton: Non, on ne parlait pas de...
M. Laurion: Excusez-moi, M. le ministre! On parlait de
l'étude d'un bureau de conseillers en circulation.
M. Lessard: D'accord. Je voulais vous faire remarquer qu'à
l'article 415, on donne aux autorités locales le soin d'édicter
la vitesse.
M. Laurion: L'étude conclut que 50
kilomètres-heure, c'est parfait sur l'avenue Royale et que pour aucune
raison au monde, on ne devrait mettre d'arrêt sur l'avenue Royale.
M. Gratton: Et pas de recommandation pour réserver des
aires pour les piétons, circulation à sens unique, ce genre de
choses?
M. Laurion: Absolument rien de ce genre.
M. Vachon: D'ailleurs, on classifie l'avenue Royale comme un
collecteur principal de la circulation. C'est ce qui motive le choix de la
vitesse à 50 kilomètres-heure. Selon cette classification, il ne
doit pas y avoir d'arrêt. C'est aussi bête que cela.
M. Gratton: Entre nous, est-ce qu'il est possible de faire de
l'avenue Royale autre chose qu'une artère principale? Prenons l'exemple
de Boischa-tel, est-ce que je peux y aller autrement qu'en empruntant l'avenue
Royale?
M. Laurion: Beau dommage! Oui, c'est sûr. Prenez le
boulevard Sainte-Anne, ensuite vous prenez le boulevard des Chutes et aux
chutes Montmorency, vous êtes rendu à votre club de golf.
M. Gratton: Le problème, c'est que je ne trouverai pas
cela aussi charmant que si j'emprunte l'avenue Royale comme je le fais
présentement. Vous avez définitivement un problème.
Pardon?
M. Laurion: II y a des voies parallèles. Il y a plusieurs
voies parallèles.
M. Gratton: Si tel est le cas, si vous me décrivez bien
les conclusions du rapport, j'ai bien l'impression que ce n'est pas ce rapport
qui va vous donner satisfaction. Je vous avoue que ce n'est pas non plus la
commission parlementaire d'aujourd'hui, quant à moi. Je vous remercie de
votre témoignage.
M. Laurion: M. le ministre, je suis surpris que vous ne fassiez
aucune mention de notre suggestion à propos des points de
démérite routier, des points noirs. Vous avez semblé
mettre cela sous la couverture. Quelle est votre opinion à ce sujet, si
je peux vous poser une question?
M. Lessard: Oui, vous avez le droit. C'est la première
fois. Il faudrait que je regarde. Je n'ai pas d'opinion comme telle
actuellement. C'est nouveau. Cela ne m'emballe pas plus que cela. Cela va
prendre la collaboration des municipalités, puisque c'est à
l'intérieur des municipalités, parce que nous autres, on a une
signalisation de nos points noirs. Quand on a le quadrilatère, le
damier, on a une signalisation pour indiquer les dangers et les courbes, etc.
Les municipalités ont la possibilité d'utiliser cette
signalisation aussi. On va considérer cela, mais on va considérer
la façon de l'appliquer aussi, si c'est réaliste. Je n'ai pas
d'opinion pour le moment. Je la prends en considération.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie, M. Laurion,
ainsi que les gens qui vous accompagnent. Nous allons passer au dernier
mémoire pour aujourd'hui, celui de Vélo-Québec,
Fédération québécoise de cyclotourisme. Avant de
débuter, étant donné que votre mémoire est
quand
même assez long, je ne connais pas dès maintenant vos
intentions, mais si je peux me permettre une suggestion, ce serait
peut-être de le résumer. De toute façon, je laisse cela
à votre discrétion. Il y a toujours une question de temps
qui...
Vélo-Québec
M. Labrecque (Michel): Ma discrétion, c'était
qu'étant donné que nous sommes les seuls représentants...
On a assumé le leadership des consultations pour présenter un
mémoire qui représente une des volontés de l'ensemble des
usagers de la bicyclette. On s'est dit qu'on présenterait le
mémoire intégralement, sans aller dans le fond de chacune des
propositions, puisqu'il y en a 50.
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Labrecque: Je vais nous présenter: Michel Labrecque,
président de Vélo-Québec; Louise Roy, directeur technique
à Vélo-Québec, et je demanderais au président s'il
serait possible de mettre à l'avant une bicyclette qu'on a amenée
ici, comme exemple, pour faciliter la compréhension aux membres de la
commission parlementaire de certains aspects. C'est plus visuel et ce serait
peut-être plus compréhensible pour un chapitre du Code de la
route...
Le Président (M. Bordeleau): Je ne vois pas d'objection
majeure. D'ailleurs, j'avais déjà donné mon consentement
ce matin.
M. Labrecque: On pourrait l'amener ici, à l'avant. Comme
ça, les membres de la commission pourraient...
Le Président (M. Bordeleau): Je ne vois pas de
problème.
M. Lessard: J'aime mieux ça qu'une auto. Mme Roy
(Louise): Oui.
M. Labrecque: On a constaté, d'ailleurs, qu'on avait
accès plus facilement au salon rouge qu'au métro.
Le Président (M. Bordeleau) : Ah bon !
M. Labrecque?
M. Labrecque: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Je n'ai pas très bien
compris vos intentions concernant le mémoire...
M. Labrecque: Nos intentions sont de passer à travers le
mémoire complètement. Nous allons faire un survol des
propositions, sans aller dans le fond, sans aller dans les détails et
dans les explications techniques qu'on a joints au mémoire.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
M. Labrecque: Mais on a l'intention de passer à travers
les 42 pages du mémoire.
Le Président (M. Bordeleau): Bon! Mme Roy:
C'est-à-dire les propositions.
Le Président (M. Bordeleau): Les propositions.
M. Labrecque: Les propositions.
Le Président (M. Bordeleau): Je pense que ça peut
aller.
Mme Roy: On est désolé d'être les derniers.
M. Labrecque: Rapidement, en introduction...
Le Président (M. Bordeleau): Ce n'est pas le
président de la commission, non plus, qui a fait l'ordre du jour.
M. Labrecque: Rapidement, en introduction, ce qu'on dit, c'est
qu'on est déçu de l'avant-projet de loi sur le Code de la route,
puisque, des règlements qui sont déjà dans le Code de la
route, certains démontrent une ignorance totale du véhicule
qu'est la bicyclette. Deuxièmement, il y a foule de règlements
qui pourraient être mis en place pour que, non pas dans un mois, non pas
dans un an, mais pour que, dans cinq ans, à partir de mesures de
sécurité et d'éducation routière, etc., on puisse
entrevoir une meilleure coexistence.
Les chiffres, le ministère des Transports les possède. Les
chiffres qui disent que la bicyclette, c'est un véhicule
écologique, un véhicule rapide en milieu urbain, un
véhicule qui coûte peu, un véhicule d'avenir, ces chiffres,
le ministère les possède, puisque ce sont ses propres services
qui ont publié un document qui s'appelle "Les aménagements
cyclables, leurs normes, leurs conceptions" et "La bicyclette, un moyen de
transport". Ce sont deux études que le ministère a
publiées.
De ça, on se dit: Ne reprenons pas à zéro toutes
les statistiques, toutes les enquêtes, toutes les études pour
savoir si on doit promouvoir la bicyclette comme véhicule urbain. Si le
Code de la route doit tenir compte de la bicyclette soit comme outil de loisir,
soit comme véhicule de transport. On dit: Oui, les chiffres sont
là, on s'en sert. C'est principalement le but de l'introduction.
Ensuite, l'avant-projet de loi sur le Code de la route propose une
définition des véhicules: véhicules routiers,
véhicules moteurs, etc. Ce qu'on propose, c'est une définition de
la bicyclette pour une meilleure compréhension du mémoire, en
page 8.
La bicyclette, c'est un véhicule routier à deux roues de
même diamètre, ayant une roue arrière
motrice, mue uniquement par la force musculaire. Cela se rapproche de la
définition de l'avant-projet de loi sur le Code de la route, mais, pour
nous, le mot "bicyclette, englobe les mots suivants le "tandem", les
bicyclettes "mustang", la bicyclette "moto-cross", le "tricycle" et le
"triporteur", qui sont un ensemble de véhicules mus par force motrice et
qui ont une, deux, trois ou plusieurs roues. C'était pour faciliter la
compréhension du mémoire.
Le mémoire se divise en trois parties. Au chapitre 2, on va voir
nos propositions pour contrer le vol des bicyclettes. Ensuite, au chapitre 3,
on propose des modifications, ainsi que divers règlements qui vont
améliorer la sécurité du véhicule qu'est la
bicyclette.
Et, enfin, de mémoire, on propose des modifications aux
règlements existants sur la circulation et de nouveaux
règlements.
On va commencer avec nos propositions pour contrer le vol des
bicyclettes.
Mme Roy: Comme le vol de bicyclettes c'est, sans contredit, un
fléau et je serais curieuse de faire une enquête chez les
personnes présentes aujourd'hui, à savoir combien il y en a qui
se sont déjà fait voler des bicyclettes chiffres à
l'appui, il n'existe rien pour résoudre ce fléau.
Vélo-Québec croit qu'en utilisant simultanément
certains règlements du Code de la route, il y aurait une diminution du
nombre de vols. Ces mesures sont: - L'obligation pour les manufacturiers
d'apposer un numéro de série différent sur l'ensemble des
bicyclettes vendues au Québec. - Immatriculation obligatoire de toutes
les bicylettes sur l'ensemble du territoire québécois.
L'immatriculation, ce ne serait pas ces plaques de métal qui sont
utilisées dans certaines municipalités. On les considère
dangereuses. On conseille plutôt une plaque de plastique comme
celle-là, qu'on peut apposer à l'arrière ou au banc du
vélo ou un auto-collant fait spécialement pour cette utilisation.
- L'obligation aussi, pour tout marchand de bicyclettes, de fournir un rapport
de toutes ses ventes, achats ou échanges de bicyclettes usagées
ou neuves, ainsi que la création d'espaces de stationnement
réservés aux bicyclettes. Cela, Robert Letarte en parlait dans
son rapport. Ce serait dans les proportions de huit pour un,
c'est-à-dire dans un espace de stationnement à l'intérieur
d'une aire de stationnement d'automobiles, il y a huit bicyclettes qui entrent
dans l'espace de stationnement d'une automobile. C'est pour le parc-auto. C'est
une norme qui est aussi utilisée au niveau mondial. - La dernière
mesure serait l'incitation à déclarer tous les vols de
bicyclettes. On sait très bien que les consommateurs sont contraints
d'acheter toujours des bicyclettes neuves. Contrairement aux automobiles, parce
qu'à chaque fois qu'on se fait proposer une bicyclette usagée,
c'est automatiquement du recel, puisqu'il n'y a pas de contrôle sur le
vol des bicyclettes. Il n'y a aucun marchand qui est intéressé
à vendre des bicyclet- tes usagées, même si elles sont
bonnes. Même s'il pouvait satisfaire une clientèle, il ne le fait
pas.
En référence au règlement 203 de l'avant-projet de
loi sur le Code de la route, il est suffisamment clair quant à
l'obligation d'apposer un numéro de série. Comme le disait
Jean-Claude Leclerc, dans un éditorial du journal Le Devoir: "Telle
compagnie étrangère fait impunément entrer des bicyclettes
au pays qui ne portent aucun numéro de série. Tel autre fabricant
utilise la même série de numéros pour plusieurs de ses
productions d'une année à l'autre, de sorte qu'un même
numéro de série peut se retrouver sur plusieurs véhicules
de même marque et de séries différentes". Donc, aucun
contrôle sur les numéros de série sur les bicyclettes,
comparativement aux véhicules motorisés. Cela, ce ne sont pas des
nouvelles. Tout le monde sait ça.
On propose donc, là-dessus, qu'au niveau du contrôle, il
soit assigné à chaque compagnie qui vend des bicyclettes au
Québec un code alphanumérique différent, autorisé
en vertu du règlement 408j de l'avant-projet de loi sur le Code de la
route; que les bicyclettes d'une même compagnie, peu importe les
modèles, soient identifiées à l'aide d'un code
alpha-numérique différent; que le code alpha-numérique
soit inscrit sous la boîte du pédalier; que l'immatriculation ne
soit accordée qu'à la condition d'avoir le code
alpha-numérique inscrit sur la bicyclette.
La bicyclette, véhicule non motorisé, est exempte
d'immatriculation au Québec. Le règlement 145a, alinéa b)
permet aux municipalités d'exiger que les bicyclettes soient
enregistrées. Ce règlement est farfelu, à notre sens,
surtout que, dans les régions métropolitaines comme Québec
et Montréal, on yole une bicyclette à Laval et on la revend
à Montréal, et le contraire se produit très souvent.
Certaines villes exigent l'enregistrement et d'autres, non. Une
bicyclette volée à Montréal pourrait facilement être
enregistrée dans une ville voisine, puisque le contrôle
intermunicipal est inexistant et, de plus, elle n'a pas besoin d'être
à nouveau immatriculée.
En référence aux règlements 24 et 33 de
l'avant-projet de loi sur le Code de la route, nous proposons que toutes les
bicyclettes utilisant le réseau routier québécois soient
immatriculées. Je vous ai donné l'exemple des plaques tout
à l'heure.
L'instauration de l'immatriculation des bicyclettes au Québec
pourrait compliquer les échanges, les ventes mais aussi les nombreux
vols. D'autres difficultés sont posées par la durée de
l'immatriculation. Voici des façons de résoudre les
problèmes: II y aurait la plaque de longue durée vous
pouvez lire les détails il y a aussi la plaque annuelle qui,
chaque année, sans limiter d'achat sur la saison de l'utilisation, varie
beaucoup d'un usager à l'autre. Chaque cycliste devrait se procurer sa
plaque après que les vérifications suivantes, comme pour la
plaque séquentielle, aient été effectuées. (17 h
15)
On fait une comparaison avec la plaque de longue durée. On parle
de créer, avec les sommes ramassées au niveau des
immatriculations, un fonds qui pourrait permettre au gouvernement du
Québec d'instaurer d'autres services favorisant l'usage de la
bicyclette. C'est, en gros, les mesures qu'on propose, au niveau du vol des
bicyclettes, du stationnement et de l'immatriculation.
M. Labrecque: D'accord. Au- chapitre 3, à la page 18, vous
avez nos propositions pour améliorer la sécurité des
bicyclettes. On s'entend, aussi bien aux Etats-Unis qu'au Canada, sur le fait
qu'à peu près 15% du total des accidents de bicyclette sont
provoqués par un vélo en mauvais état de fonctionnement ou
ayant des pièces fragiles, des pièces faibles. Ce qu'on propose,
c'est qu'à la source, pour les manufacturiers, on exige, comme cela se
fait dans le cas de la motoneige, comme cela se fait dans le cas d'autres
véhicules, que la bicyclette respecte certaines normes de
fabrication.
Les propositions sont principalement basées sur une étude
du CPSC américain, une loi du CPSC américain. Le CPSC, c'est le
Consummer Product Safety Commission qui, depuis 1976, oblige toutes les
bicyclettes vendues aux Etats-Unis à respecter des normes. On en profite
au Québec, mais il faut dire aussi qu'on se fait écouler beaucoup
de marchandises que la plupart des manufacturiers ne peuvent plus vendre aux
Etats-Unis. Aux Etats-Unis, pourquoi a-t-on adopté cette loi? Parce que,
comme ici, la principale cause ou le jouet qui causait les principaux accidents
aux enfants, c'était la bicyclette. Donc, on a adopté la loi.
Cela fait deux références, dont l'une à des
règlements déjà existants. Par exemple, nous proposons
qu'une bicyclette au sens défini au début, ce qui implique
tandem, moto-cross, etc., immobilisée ou en mouvement sur un chemin
public, doit être munie, à l'avant, d'un réflecteur blanc;
en arrière, d'un réflecteur rouge; sur chaque pédale,
à l'avant et à l'arrière, d'un réflecteur de
couleur ambre, un réflecteur ambre étant fixé au rayon de
la roue avant et un réflecteur rouge fixé au rayon de la roue
arrière. Il y aurait possibilité pour certains types de
vélos de changer les réflecteurs de côté pour des
pneus ayant un flanc réflectorisé ou des bandes
réfléchissantes totalisant une surface X.
On propose également qu'une bicyclette en mouvement la nuit sur
un chemin public soit munie, à l'avant, d'un feu blanc qui, dans des
conditions atmosphériques normales et sur une route horizontale, sera
visible à une distance de 150 mètres; à l'arrière,
d'un feu rouge qui, dans des conditions atmosphériques normales et sur
une route horizontale, sera visible à une distance de cent
mètres. Si on prend ces propositions, c'est différent de ce qui
est contenu présentement dans le Code de la route. Le Code de la route
est tellement léger à ce sujet que n'importe quel automobiliste
qui rencontre un cycliste la nuit, se dit: On ne le voit pas. Le Code de la
route, ce qu'il demande, c'est un petit réflecteur rouge à
l'arrière. Or, pour que le réflecteur réfléchisse,
cela prend une source lumineuse. Par exemple, si le véhicule se
déplace de côté, la source lumineuse n'est pas
dirigée sur le réflecteur arrière. Si on est dans une
courbe, la source lumineuse n'est pas dirigée sur le réflecteur.
On propose cela comme minimum. C'est le minimum pour que le cycliste soit vu la
nuit.
Cela était pour des règlements qui sont déjà
dans le Code de la route. On propose d'ajouter des règlements. Cela fait
un peu référence à ce qui se fait au niveau de la
motoneige. Des normes de fabrication, par exemple, concernant les pneus. Les
enfants gonflent leurs pneus sans savoir à quelle pression les mettre.
Ils le font selon le diamètre de la roue. J'ai une roue de 24 pouces, je
mets 24 livres, sachant pertinemment qu'une roue mal gonflée peut
provoquer des déjantages, des accidents.
Il faudrait que des normes soient établies sur la qualité
des freins. Tous ceux qui se sont promenés sous la pluie avec des freins
à friction sur jante des freins à friction sur jante sont
des freins qui sont actionnés par des manettes, la pression étant
appliquée par deux patins de caoutchouc sur chaque côté de
la jante ... Les freins à friction sur jante, quand il pleut,
l'eau agissant comme lubrifiant, perdent jusqu'à 95% de leur
efficacité.
Donc, on dit qu'il doit y avoir des normes un peu plus strictes que
celles qu'utilisent actuellement les manufacturiers. On propose que l'ensemble
des réflecteurs précédemment mentionnés, incluant
ceux qu'on pose aux rayons des roues, soient déjà fixés au
moment de l'achat et que les bicyclettes vendues soient conformes à des
normes édictées par le gouvernement concernant, par exemple, la
hauteur maximale jusqu'à laquelle une selle doit être
levée, la hauteur maximale d'un guidon, la potence et ce qui relie le
guidon au cadre, la hauteur maximale de la potence par rapport au cadre,
qualité de freins, qualité de fixation des roues, qualité
de fixation des pédales.
Pourquoi s'attaque-t-on à cela? Parce qu'on se dit: Si, des 100%
des accidents à bicyclette, on est capable de régler ces premiers
15%, ou ces premiers 14% ou ces premiers 12,5% en mettant des bicyclettes de
qualité sur le marché, c'est déjà un pas de
franchi. Les manufacturiers, il faut s'y attendre, vont être
réticents. Aux Etats-Unis, ils l'ont été. Quand la loi a
été adoptée, ils ont dit: On a un marché de six
millions à côté, on va écouler les vélos
là-bas. Alors, on se fait passer le matériel invendu aux
Etats-Unis.
On propose aussi qu'une brochure soit donnée avec toutes les
bicyclettes. Cela fait référence un peu à la circulation
et au fait que les gens qui conduisent une bicyclette n'ont pas besoin d'un
permis de conduire, ils n'ont pas de cours de conduite. Donc, il ne connaissent
pas forcément les règlements. On tient trop souvent pour acquis
que tous les usagers du réseau routier, un jour ou l'autre, vont en
venir à conduire une automobile. Un enfant, quand il commence à
conduire sa
bicyclette, pour lui, les panneaux ne veulent pas forcément dire
de s'arrêter, de tourner, de prendre garde à certaines choses. On
dit qu'une brochure devrait venir avec les bicyclettes, cette brochure
en page 27 comprendrait les explications sur le bon fonctionnement des
freins et leur comportement sous la pluie, des explications, dans le cas de
bicyclettes à plusieurs vitesses, sur les développements et leur
utilisation, des instructions permettant d'effectuer un assemblage de
qualité et sécuritaire, des explications concernant la
vérification sommaire des pièces mobiles, des mesures de
précaution contre le vol, les principaux ajustements de base, ainsi que
les principales lois concernant les cyclistes ou tout autre usager du
réseau routier. Pour le chapitre 3, concernant les normes de
fabrication, c'est à peu près tout.
On aborde le chapitre 4 sur nos propositions pour améliorer la
circulation à bicyclette.
Mme Roy: Avec les nouveaux cours pour motocyclistes,
règlement 67 du chapitre IV, section II du projet du Code de la route,
il restera peu d'usagers de la route qui n'auront pas suivi de cours de
conduite spécifiques à leur véhicule. On trouve que ce
sont de très bonnes intentions. Probablement que ce sera très
efficace. J'imagine que le contrôle qu'il y a depuis une dizaine
d'années à ce niveau n'est passé inaperçu pour
personne. En tout cas, aujourd'hui, on s'en est rendu compte. Les cyclistes de
tout âge qui empruntent le réseau routier, eux, sont de ceux qui
n'auront pas suivi de cours de conduite. Sans promouvoir un cours de conduite
obligatoire pour les cyclistes menant à un permis de conduire, nous
pensons qu'un programme d'éducation libre doit être mis en place.
La sécurité routière n'est pas innée chez l'enfant;
le sens dans lequel il doit rouler, le respect des panneaux de diverses formes
et de couleurs doivent s'apprendre. Plus vieux, on lui apprendra qu'il est
conducteur d'un véhicule, possédant les mêmes droits et
devant respecter les mêmes règlements. Il doit aussi
connaître les limites de son véhicule, conduire dans la
circulation, négocier des virages à vive allure, freiner
sécuritairement sous la pluie.
C'est ce à quoi on tient: le futur conducteur d'une automobile
doit aussi connaître les diverses réactions du cycliste. Il sera
appelé à le côtoyer quotidiennement. Par exemple, souvent
le cycliste donne l'impression, vu de dos, qu'il maintient un équilibre
assez précaire. Il s'agit alors souvent d'un balancement tout à
fait normal pour un cycliste qui monte une pente en danseuse. On
interprète cela comme: Où va-t-il? Qu'est-ce qu'il fait?
L'automobiliste a souvent de la difficulté à interpréter
les réactions des cyclistes, parce qu'il ne l'a jamais vu nulle part non
plus.
On propose de poursuivre le programme de la bicyclette et de la
sécurité routière. On a la brochure ici que tout le monde
a sans doute vu ici. Il y en a en arrière, si vous voulez vous en
procurer. C'est un projet qu'on a fait cette année en collaboration avec
le ministère des Transports, à l'aide d'une subvention du
ministère des Transports, qui s'adresse aux jeunes de la
quatrième année du niveau primaire. Sans aucun doute, cela
s'avère une réussite pour la première partie du programme.
Il y a déjà 100 000 enfants, au cours de l'été, des
centres de loisirs, des services municipaux et des groupements de jeunes qui
ont vu le montage. Ce sont quatre diaporamas sur la sécurité
à bicyclette. On remet aux jeunes la brochure à la suite du
visionnement des montages. Cet été, ce programme s'adresse
surtout au niveau scolaire. Il atteindra dans l'année qui vient 100 000
jeunes au niveau de la quatrième année dans toutes les
écoles du Québec. On remet aussi un autocollant aux enfants.
C'est "Cycliste prudent". Il peut coller cela sur sa bicyclette. Ce programme
est en très forte demande. Cet été, les services de
police, desquels on a eu beaucoup de commentaires très positifs, se sont
montrés très intéressés à s'en servir comme
moyens audiovisuels d'éducation quant à la sécurité
à bicyclette.
On propose aussi que pourrait être réalisé un film
sur les techniques de route et le cyclisme urbain qui s'adresserait à un
public plus vaste, l'ensemble de la population. Le mouvement du film permettra
de mieux expliquer la conduite sécuritaire d'une bicyclette. On peut
penser à une utilisation souple à l'intérieur des
écoles secondaires et même dans les cours de conduite
automobile.
On propose aussi de mettre au programme des écoles de conduite,
en vertu des dispositions du règlement 122a, des notions concernant les
' divers comportements des cyclistes, que ce soit en milieu urbain ou
rural.
L'usager de la bicyclette, lui, ne suit pas de cours de conduite, n'a
pas besoin de permis de conduire et n'est donc pas soumis au système de
points de démérite. Alors, qu'advient-il lorsqu'un cycliste
enfreint la loi? Présentement, rien, ou à peu près. Ce
qu'on demande, c'est... Nous avons eu des consultations avec des policiers de
la Sûreté du Québec et de la Communauté urbaine de
Montréal. On a appris qu'en milieu urbain ils concentrent leurs efforts
sur l'éducation au niveau des écoles primaires, surtout pendant
la semaine de la police, et qu'il leur est très difficile de donner des
contraventions puisque, très souvent, il s'agit de mineurs. Ils ne sont
pas soumis aux règlements du Code de la route, parce qu'ils sont
mineurs.
Etant désarmés devant ce qu'ils qualifient de
fléau, ils en viennent à souhaiter que les jeunes conduisent une
voiture le plus tôt possible. En milieu rural, on s'applique surtout
à faire respecter le règlement relatif à la file
indienne.
En s'inspirant des règlements des Etats-Unis et de la Chine, on
propose qu'un blitz printanier soit effectué par la police, au
même titre qu'il y a des contrôles sévères
d'excès de vitesse ou du stationnement automobile, mais, cette fois,
cela concernerait les cyclistes. On propose que les policiers possèdent
la brochure sur la bicyclette et la sécurité routière et
qu'ils puissent la distribuer aux contrevenants; que, pour des délits
graves ou
répétés, le policier puisse confisquer la
bicyclette. Elle sera remise au propriétaire lorsque celui-ci aura
assisté au visionnement du montage audiovisuel ou du film. On propose
aussi qu'une application plus stricte des lois soit entreprise. Les
règlements qui nécessitent une attention particulière sont
ceux relatifs aux réflecteurs et feux dont doit être munie une
bicyclette, ce dont on a parlé tout à l'heure.
Le respect des règlements de la circulation. Je pense que c'est
très important en milieu urbain, et c'est un des commentaires qu'on a,
la majorité du temps, quand les gens nous téléphonent,
à Vélo-Québec, ou entrent en contact avec nous. C'est
toujours la même argumentation. C'est que les cyclistes ne respectent pas
les règlements de la circulation, et, comme la majorité d'entre
eux n'est pas soumise au cours de conduite, c'est un véritable
fléau.
Il y aurait aussi le respect des rues à sens unique et le respect
du sens de la circulation à bicyclette. On voit souvent aussi des
cyclistes qui circulent à sens contraire dans une rue à sens
unique.
On propose donc aussi, au niveau des aménagements, que le
document réalisé par M. Robert Letarte, "Les aménagements
cyclables, leur nombre et leur conception", devienne un règlement
à l'exemple du règlement 7 sur la motoneige et que lui soient
adjointes les futures normes de fabrication et d'admissibilité de vente
dont M. Labrecque a parlé aussi tout à l'heure.
M. Labrecque: En référence au règlement 255
de l'avant-projet de loi sur le Code de la route, on propose qu'il soit permis
aux bicyclettes... Lors de la rédaction du mémoire de
Vélo-Québec, on s'est dit que certains règlements
reflétaient bien l'ignorance complète qu'ont les fonctionnaires
du ministère des Transports du véhicule qu'est la bicyclette.
C'est un de ces règlements.
On dit au début que la bicyclette est un véhicule routier
et on interdit aux véhicules routiers de rouler sur les accotements.
Pourtant, de nombreuses routes sont très étroites et sont suivies
d'un accotement; de respecter ce règlement, c'est ne pas profiter de ce
qu'on pourrait qualifier de bande cyclable, de ne pas pouvoir rouler sur cet
accotement. Donc, on propose une modification à ce niveau.
On propose aussi qu'un signal soit ajouté. Présentement,
les cyclistes utilisent concédons-le en très infine
minorité, les signaux pour indiquer aux automobilistes ou aux autres
usagers de la route qu'ils vont tourner. Par exemple, les virages à
droite, à gauche et arrêts. (17 h 30)
On propose qu'un autre signal soit ajouté, parce qu'on l'utilise
les cyclistes qui font leurs signaux l'utilisent c'est le bras
droit étendu, par exemple, dans le cas de jonction à droite, pour
indiquer à l'automobiliste que le cycliste va se déplacer
complètement vers la droite.
On propose aussi qu'aux intersections cette
référence est très importante, page 33 ou
croisements non réglementés par une signalisation, ou
réglementés uniformément à chaque coin par un
arrêt, un conducteur automobile doive céder le passage à
toute bicyclette venant à sa droite ou à sa gauche. Cela fait
référence à ce qu'on dit en page 31, quand on explique
qu'une bicyclette, pour la mettre en mouvement, ça demande
énormément d'énergie au cycliste. Le cycliste,
l'expérimentant, dit: Moi, mes arrêts, je vais les faire à
l'américaine et, tranquillement, il ne fait plus ses arrêts. On se
dit: connaître la bicyclette, c'est lui permettre, par exemple, aux
multiples arrêts, quand il utilise des rues moins passantes je
prends l'exemple, à Montréal, de Saint-Denis-Berry des
artères parallèles moins passantes, de circuler et de ne pas
avoir à faire un arrêt... D'avoir à faire son arrêt,
mais d'avoir priorité, c'est-à-dire de pouvoir continuer sur la
route, sans mettre le pied à terre, repartir.
On propose aussi ça, c'est au niveau d'un règlement
spécial, le règlement 275 que le conducteur d'une
bicyclette doive circuler assis sur sa selle et tenir constamment au moins une
main sur le guidon. Lorsqu'il monte une côte, il peut se mettre en
position dite de danseuse, debout, et tenir constamment ses deux mains sur le
guidon, à moins qu'il n'effectue un changement rapide de
développement.
Notre proposition fait référence au règlement 275
parce qu'on a modifié, dans l'avant-projet de loi sur le Code de la
route, l'ancien règlement. Je pense que c'est l'ancien règlement
43 qui n'obligeait pas le cycliste à circuler assis sur sa bicyclette en
tout temps.
Maintenant, quand on est dans une région comme la Beauce, les
Laurentides, la Gaspésie, on ne peut pas se lever sur son vélo
pour monter une côte, parce qu'on va enfreindre un des règlements
du Code de la route. Si vous avez circulé un peu, si vous vous
êtes déplacés à bicyclette, aussitôt qu'il y a
une côte, on se place debout sur les pédales et on utilise une
technique de base en circulation à bicyclette.
On propose aussi il y a une modification au niveau du texte
qu'il n'y ait pas plus de deux et non pas d'une personnes
sur une bicyclette, à moins que cette dernière ne soit munie de
guidons fixes, d'un autre système de pédaliers et d'une selle. Ce
qu'on entend par là, c'est que ce soit un tandem et non pas une selle
plus allongée, une "mustang", qui pourrait prendre deux personnes. Et si
on désire placer un enfant sur une bicyclette, que l'enfant soit assis
dans un siège sécuritaire, que ses pieds ne risquent pas de se
prendre dans les rayons, que l'enfant ne risque pas de pouvoir se lever et
tomber.
Donc, on propose qu'il y ait des normes d'établies aussi
concernant la vente d'une pièce qui est vendu pour un véhicule
routier.
On propose, en référence au règlement 278, que la
file indienne soit limitée à quinze véhicules
quinze bicyclettes ce qui représente une longueur approximative
de dépassement de 40 mètres par temps sec et 60 mètres
sous la pluie.
En référence au règlement 242, où on dit: Le
cycliste doit circuler à l'extrême droite de la chaussée,
cet espace résiduel, on ne sait où, la gravelle, les trous, les
grilles d'égout, c'est le coin du cycliste.
Le ministre Lessard disait hier: J'ai deux préoccupations, dont
une est de replacer le véhicule de promenade dans sa position; qu'on
fasse un partage de la chaussée, sans mettre des lignes, mais que
l'autobus, le transport en commun, les usagers d'autres véhicules
puissent faire un partage équitable.
On se dit: Où est notre position? Il y en a deux. Le
règlement 242 dit qu'un véhicule peut dépasser une
bicyclette qui est aussi un véhicule dans la même
voie. Donc, il peut nous coincer. Ce qu'on propose, c'est que sur l'ensemble du
réseau routier québécois, une bande imaginaire d'un
mètre, sans qu'il y ait de la peinture, sans qu'il y ait des poteaux,
une bande imaginaire d'un mètre de largeur à la droite de la
chaussée soit l'espace dans lequel le cycliste se déplace, et non
plus à l'extrême droite de la chaussée.
M. Lessard: Sur la rue Royale, on va avoir des
problèmes.
M. Labrecque: Pardon?
M. Lessard: Sur la rue Royale, dont on parlait tantôt, on
va avoir des problèmes.
M. Labrecque: Ce qu'il faut comprendre par ça, ce n'est
pas que les autos n'auront pas le droit de pénétrer dans cet
espace d'un mètre. C'est qu'on attend du cycliste qu'il puisse dans un
mètre, éviter un trou, qu'il puisse se déplacer. C'est un
changement à long terme. Quand le règlement se trouve dans le
Code de la route, il se trouve dans les écoles de conduite. Quand il se
trouve dans les écoles de conduite, forcément à long
terme, les gens vont apprendre qu'il y a des modifications au règlement
et qu'il y a un comportement chez le cycliste.
Nous faisons référence à des études, en
Angleterre, menées par Beauvais et, aux Etats-Unis, par Whitt, du MIT,
qui disent qu'un véhicule routier de la grosseur d'un autobus qui
dépasse une bicyclette à 70 km/h ou à 100 km/h, est
capable de tasser le vélo en plein centre de la route ou il est capable
de le projeter à terre complètement. On le vit quotidiennement.
On se dit: Si on est interdit sur les autoroutes, c'est pour deux raisons: la
vitesse de déplacement des véhicules qui crée une succion
et, deuxièmement, les points majeurs de conflit aux sorties et aux
entrées. On dit: D'accord, on ne veut pas aller sur les autoroutes,
elles sont plates, elles sont larges et on n'a pas de beau paysage.
Donc, est-ce qu'on doit appliquer le même règlement aux
petites routes comme la 112, la 117, la 148, des routes qui sont
étroites, où le camionnage est permis et où ils filent
à 70 km/h, parce qu'ils peuvent aller jusqu'à 90 km/h? Pour nous,
il était difficile de déterminer quelle était la grosseur
du véhicule en mètres; on propose qu'aucun véhicule
routier de taille supérieure ou égale à un autobus
on donne l'autobus comme exemple ne puisse doubler un cycliste à
plus de 50 Km/h.
On propose ça aussi, c'est important ceci
concernant tous les ponts. Par exemple, dans la région
métropolitaine, pour traverser le fleuve, il y a le pont
Jacques-Cartier. Le reste, ce sont des ponts d'autoroute; pour passer de
l'île de Montréal à l'île de Laval, il y a le pont
Papineau qui est l'autoroute 19, l'autoroute 13, l'autoroute 25, on ne peut pas
traverser à bicyclette. Voici ce qu'on demande, lorsqu'il y a des
aménagements de ce type réservés seulement à un
type de véhicule. Si on veut éviter aux cyclistes de faire quatre
kilomètres pour rien, parce qu'il n'y a qu'un pont qui est permis, on
propose qu'il y ait une structure adjacente parallèle ou des moyens
différents offerts dans un rayon inférieur à un
kilomètre permettant de circuler et de traverser les rivières ou
autres obstacles.
Quand on parle de structure, cela peut être un pont; quand on
parle de moyens, ça peut être des autobus qui font le transit
d'une rive à l'autre, cela peut être l'accès du
métro. Cela peut prendre différentes formes. On signale, dans les
deux pages qui suivent, qu'aux Etats-Unis, en Californie, par exemple, de plus
en plus, on encourage le port du casque protecteur pour les cyclistes et que,
dans le Delaware, on en est même venu à une loi concernant ce
qu'on appelle les grands randonneurs, ceux qui partent avec bagages, sacoches,
les obligeant à porter un casque protecteur.
On se dit que c'est la logique de certains fonctionnaires au
ministère des Transports qui nous disent: Les accidents de bicyclette
continuent d'augmenter. Donc, pour les solutionner, il faudrait que la
bicyclette tombe dans l'oubli; le nombre de cyclistes va diminuer,
forcément les accidents vont diminuer. Ou bien on va protéger le
cycliste en lui mettant un casque, des épaulettes, des
genouillères et, comme ça, il n'aura pas de blessures aux jambes,
aux coudes et à la tête.
Ce qu'on propose, c'est que, tranquillement, on mette en place des
structures et des règlements qui vont augmenter la
sécurité du cycliste. On propose aussi je trouve
étonnant qu'on n'y ait pas pensé au niveau de la rédaction
du Code de la route qu'un piéton qui circule le long d'une route
où il n'y a pas de trottoir doive circuler en sens inverse à la
circulation. On dit qu'il est important de souligner qu'un cycliste qui
débarque de sa bicyclette parce que la côte est trop difficile
soit encore considéré comme un cycliste et puisse se
déplacer du même côté. Sinon, il va être
obligé de traverser les deux voies au milieu de la côte, donc
risquer de se faire frapper deux fois dans une côte, la
visibilité est mauvaise et, rendu en haut de la côte, s'il
veut la
descendre en vélo, il est encore obligé de retraverser les
deux voies pour se replacer à droite du chemin. Encore là, il
risque de se faire frapper deux fois.
On sait que les côtes, ce sont des endroits où la
visibilité est mauvaise et les risques d'accident sont fréquents
pour des piétons. Il reste la page 40...
En référence au règlement 348 du projet de Code de
la route, on n'a pas de chiffres pour vous dire combien de cyclistes se sont
écrasés la face dans une porte, combien de cyclistes ont
passé par-dessus leur guidon parce que la roue s'était
coincée dans une grille d'égout; on n'a pas de chiffres. Vous en
avez peut-être besoin pour dire: Oui, il y a eu 500 cyclistes
l'année dernière, on va penser à faire une loi
là-dessus.
Les grilles d'égout, c'est un cauchemar quotidien pour l'ensemble
des cyclistes. Les grilles d'égout, c'est le "piège à
cons". Je veux dire que les grilles d'égout dont les fentes sont dans la
même direction que la roue, ça coince la roue et il n'y a aucune
façon d'éviter ces accidents quand il y a une auto du
côté gauche. Ce qu'on propose, c'est que toutes les grilles
d'égout de toutes les municipalités aient des ouvertures
orientées perpendiculairement aux chemins publics. Ainsi il y a moindre
danger qu'une partie de la roue s'engage dans une de ces ouvertures. Il est
même possible de créer des grilles d'égout
différentes. Présentement, on a des grilles d'égout
à 90 degrés, à 45 degrés. On éviterait ce
problème.
M. Lessard: Quadrillés?
M. Labrecque: Quadrillés aussi. Ce qu'on propose aussi...
Pour des automobilistes et pour des gens qui ne circulent pas en vélo,
c'est difficile de comprendre et de dire: Oui, ce serait important pour que les
1 200 000 usagers de la bicyclette de plus de 18 ans, selon l'enquête
SORECOM, ou ceux qui utilisent leur vélo pour aller chercher des
cigarettes, c'est dur pour un automobiliste, dis-je, de comprendre que nul ne
puisse ouvrir la portière gauche d'un véhicule routier lorsque
celui-ci est stationné sur le côté d'un chemin public ayant
deux voies et plus dans les deux sens. Très difficile à
appliquer, très compliqué, les conducteurs ne comprendront pas,
les conducteurs ne le feront pas. On parle aussi d'éducation. Le
règlement, on le met en place et on le dit aux gens.
Les portières qui s'ouvrent du côté gauche, c'est
aussi un fléau, un problème quotidien pour nous autres. C'est
très dangereux. Ils ne l'apprendront pas demain matin. Le
règlement, s'il est adopté, ils ne l'apprendront pas non plus
demain matin, mais tranquillement, on va dire que c'est très dangereux.
Certains Etats américains ont interdit ça; d'autres ont
proposé le stationnement avec un angle pour éviter qu'on sorte de
ce côté. C'est évident que dans une petite MG avec un bras
manuel, ça présente des problèmes, mais...
En conclusion, quotidiennement, nous vivons, nous subissons ces
tracasseries. Plusieurs règle- ments de la circulation qui sont faits
pour être exécutés rapidement à l'intérieur
d'habitacles relativement solides sont incompatibles avec la nature même
du déplacement à bicyclette. Il est évident que dans ce
semblant de coexistence entre les cyclistes et les véhicules
automobiles, on ne ressent pas trop le besoin de protéger le cycliste.
Des mesures qui semblent superficielles ou difficiles à mettre en
application faciliteraient grandement le déplacement à
vélo. Ce Code de la route qui ira en commission parlementaire servira
pour combien d'années, 15, 20 ou 30 ans?
Mettons en place, dès aujourd'hui, des règlements qui ne
seront pas trop désuets par rapport aux changements que provoqueront
forcément le manque de carburant, la concentration des habitations, des
lieux de travail et des commerces. Ce n'est pas tout d'interdire les
rouli-roulant et les radars. Quand on fait plus de 50 propositions, ce n'est
pas pour venir discuter de la difficulté d'application de l'une par
rapport à l'autre. Ce n'est pas pour qu'on se fasse dire que le couloir
d'un mètre, ça paraît difficile.
La bicyclette, c'est un véhicule à part entière. Je
prends textuellement les mots du ministre: "C'est un véhicule routier
dans le Code de la route". Dans l'avant-projet, il est oublié, il est
négligé et même, quand on fait des règlements,
ceux-ci démontrent l'ignorance qu'ont les fonctionnaires du
véhicule. Monter une côte assis, avec des bagages, c'est
difficile.
Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Labrecque. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup M. Labrecque, ainsi que
Mlle Roy, d'abord, du réalisme que vous avez démontré
dès le début, parce que vous avez pris la précaution de
parler d'un programme de cinq ans. Il est certain que ça ne fait pas
longtemps qu'au ministère des Transports, on se préoccupe de la
bicyclette. Justement à la suite de l'étude que nous avions de M.
Letarte, étude très bien faite, d'ailleurs, une des excellentes
études que nous avons au ministère des Transports. Nous avons
commencé à élaborer un certain nombre de choses. Nous
avons eu, par exemple, l'ancien programme de $1 200 000 l'an passé, $1
500 000 pour des pistes cyclables. Nous avons collaboré avec vous pour
une campagne d'information sur la bicyclette; je pense que nous avons mis
là-dedans $60 000 ou $100 000. Je pense qu'il est important, pour les
raisons que vous donnez... (17 h 45)
J'aurais énormément de questions, mais j'ai un avion
à prendre à une heure précise. Votre mémoire est
assez intéressant, cela a des conséquences, toute la question de
l'immatriculation. On parle de plus de 1 million de plus de 18 ans qui
utilisent la bicyclette; c'est sans calculer que chacun d'entre nous, on a tous
des enfants et sans calculer le nombre d'enfants qui apprennent d'ailleurs,
à partir de la bicyclette, la signalisation
routière et même qui apprennent... C'est leur premier cours
de conduite, je pense, la bicyclette.
Il y a des choses là-dedans, vous avez probablement raison. Vous
savez, avant de changer d'option, on vit dans le système de l'automobile
et le piéton et bien souvent le cycliste, sont plus ou moins
considérés. On a eu tout un système d'autoroutes, tout
était là, on s'en va vers un peu plus de transport en commun. Il
faut que le législateur soit informé. Quant à moi, je ne
suis pas un spécialiste en bicyclette, mais j'en fais. J'ai vu le film
que vous avez fait en collaboration avec nous autres; même, quand on l'a
présenté ensemble, il y avait certaines personnes qui semblaient
en sourire. Il faut bien préciser qu'il s'agit d'un film qui
était présenté pour des jeunes, des enfants en bas de 14
ou 16 ans. C'était un des films que nous présentions parmi
d'autres.
Il y a un travail à faire là-dedans. On a un chapitre sur
les piétons qu'on va devoir élaborer. Je pensais tout à
l'heure à une suggestion qui nous était apportée. Je pense
qu'on va tenir compte très sérieusement de votre mémoire.
Vous avez parlé de cinq ans, c'est une révolution que vous nous
proposez, une révolution de la mentalité des gens, une
révolution de la mentalité de l'automobiliste. Je pense
simplement, par exemple, à l'ouverture de la portière du
côté gauche; c'est certain que quelqu'un qui sort du
côté gauche quand il est stationné du côté
droit, il y a des dangers de se faire organiser le portrait, de se faire
frapper. C'est la même chose pour...
C'est une révolution qui ne se fera pas du jour au lendemain. Je
comprends que vous êtes des spécialistes dans le secteur de la
bicyclette mais, il y a des facteurs financiers. Si on exige que tout jeune,
lorsqu'il achète une bicyclette... Je comprends, on n'a pas de
statistiques, mais on sait qu'il y a plusieurs jeunes qui se font tuer en
bicyclette. Il y a des coûts, mais ce sont des choses qui s'ajoutent par
la suite, que les jeunes nous demandent par la suite. Si vous ne les achetez
pas au moment où vous avez ces signalisations, le jeune, qui est
très fier de sa bicyclette, nous les demande. Je pense que ça
coûte plus cher, acheter pièce par pièce que de tout avoir
directement du fabricant.
Vous parlez des réflecteurs blancs avant, de l'obligation pour
les manufacturiers d'apposer un numéro de série; le numéro
de série, il y en a un, je pense, sur les bicyclettes.
M. Labrecque: II y en a un, je suis d'accord avec vous, mais vous
pouvez lire le texte de Jean-Claude Leclerc; il dit que les numéros,
c'est ce qu'il y a de plus farfelu. La même production, d'une même
compagnie, porte le même numéro; d'une année à
l'autre, on utilise les mêmes numéros; entre certains fabricants,
ils utilisent les mêmes numéros. Donc, à quoi sert un
numéro de série s'il ne fait pas une différence entre
chacun des véhicules?
M. Lessard: Concernant l'immatriculation, vous parliez d'une
vignette qu'on pourrait coller...
M. Labrecque: Autocollant ou plaque de plastique.
M. Lessard: Ceci n'empêchera pas le vol pour autant, parce
que ça s'enlève tout seul.
M. Labrecque: Ce qu'il faut comprendre, on l'explique dans le
mémoire, mais je vais vous l'expliquer brièvement, c'est qu'il
n'y a pas de panacée au vol des vélos. S'il s'en vole 20 000
annuellement, dans la ville de Montréal, on ne réglera pas
ça demain matin. Il faut mettre plusieurs éléments en
place. L'immatriculation en est une. Premièrement, il faut que ce soit
à la grandeur du territoire québécois, parce que, d'une
municipalité à l'autre, ça ne sert à rien.
Disons que c'est acquis, qu'on est obligé d'avoir une plaque. Le
jeune ne peut circuler sans plaque. Donc, il est obligé d'en poser une
s'il a enlevé celle de la bicyclette volée. Il est obligé,
l'année suivante, de se présenter avec son véhicule pour
acheter une nouvelle plaque. C'est lors de ce nouvel achat qu'on
vérifiera le numéro de série et on dira: Ce
véhicule ne t'appartient pas, comme cela se fait pour les
véhicules automobiles.
M. Lessard: C'est une mesure parmi d'autres.
M. Labrecque: C'est une mesure parmi d'autres.
Mme Roy: C'est un système à mettre en place.
M. Lessard: II y a toujours le problème du piéton
ou du cycliste, lorsqu'on vient pour lui imposer une peine selon le Code de la
route ou le code de la bicyclette qu'on pourrait avoir; on a un chapitre sur
les piétons, on peut avoir un chapitre sur la bicyclette. Il va falloir
y aller, comme on le disait, de façon réaliste; on ne peut faire
des lois inapplicables. Comment, par exemple, un policier peut-il donner une
peine si la personne refuse de s'identifier?
M. Labrecque: Ce qu'on propose, c'est la confiscation du
véhicule, c'est de permettre au policier de confisquer le
véhicule, parce que la personne a commis une infraction.
Premièrement, quand c'est un mineur, c'est difficile; on peut lui donner
de l'information du type brochure sur la sécurité. Si
l'infraction commise est majeure, on peut confisquer son véhicule et lui
dire de se présenter au poste de police pour le récupérer
ou lui donner de l'information sur la sécurité, lui demander de
décliner son identité, s'il faut lui imposer les $50 d'amende
minimale pour l'ensemble des infractions.
Mais brûler un feu rouge, ce n'est pas une infraction mineure,
c'est une infraction majeure. Les policiers doivent commencer à donner,
peut-être pas des contraventions, mais dire aux cyclistes: Vous avez
enfreint un règlement. Cela non plus, ce n'est pas pour demain matin. Ce
serait porter l'odieux d'une situation seulement sur un type de
véhicule.
M. Lessard: Quand vous parlez du feu blanc et du feu rouge
arrière...
M. Labrecque: Oui.
M. Lessard:... est-ce que vous parlez d'un feu réel
blanc...
M. Labrecque: Oui, un feu implique un éclairage actif,
cela n'implique pas une "réflectorisa-tion", parce que, pour que le
réflecteur fonctionne, ça prend une source lumineuse. Quand le
vélo est de côté, quand on est dans une courbe, on ne le
voit pas. Et le temps de réaction à 60 km/h, 90 km/h est court.
Quand on parle de feu avant, de feu arrière, on parle aussi d'une
bicyclette en mouvement. Si on ne parle pas d'une bicyclette en mouvement, on
exclut les dynamos, comme à l'heure actuelle dans le Code de la route;
on dit: En mouvement ou immobilisé avec feux avant et arrière. On
élimine complètement les dynamos, donc on oblige les cyclistes
qui veulent respecter la loi à se procurer un système à
batteries, donc à utiliser un système inefficace, coûteux
et à changer les batteries fréquemment. Cela entraîne de la
pollution; ensuite, l'éclairage est loin d'être suffisant avec des
batteries.
M. Lessard: II reste quelques minutes, je présume que le
député de Gatineau... Votre mémoire est un mémoire
d'avant-garde, très bien préparé.
Mme Roy: On le trouve conservateur.
M. Lessard: Vous le trouvez conservateur...
M. Labrecque: On le trouve conservateur.
M. Lessard: Je veux dire par rapport au Québec. Je
comprends que si vous allez à Amsterdam ou ailleurs...
Mme Roy: Non, on est très localisé.
M. Labrecque: Ce que je voulais souligner, c'est qu'il faut
absolument qu'il y ait des règlements qui soient changés. Je
prends le règlement qui nous oblige à circuler assis, je prends
le règlement qui nous interdit les accotements; il faut que ce soit
changé, sinon c'est vraiment un non-sens d'application, à la
base.
M. Lessard: On va s'ajuster.
Le Président (M. Bordeleau): Le député de
Gatineau.
M. Gratton: Très brièvement, M. le
Président, je voudrais demander à nos invités de ne pas
être trop sévères à l'endroit de ceux qui ont
rédigé l'avant-projet de loi. Je suis moi-même un cycliste
assez assidu et je vous avoue qu'avant l'audition de votre mémoire
j'aurais probablement eu exactement la même réaction qu'ont eue
les rédacteurs du projet de loi, c'est-à-dire presque celle
d'oublier la bicyclette. Ce n'est pas dans nos moeurs, ce n'est pas dans nos
traditions et il est bon que des personnes comme vous viennent le rappeler au
législateur.
Je trouve que votre mémoire fait preuve d'une recherche
très poussée et très positive et mérite
sûrement d'être l'objet d'une analyse complète de la part
des fonctionnaires du ministère des Transports. Je suis heureux de
constater que le ministre des Transports s'y est engagé. Il y a des
éléments dans vos recommandations qui, comme vous le disiez il y
a deux secondes, méritent et doivent être incorporés
dès maintenant au projet de loi qu'on étudiera prochainement. Il
y en a d'autres qui, comme vous le disiez c'est un aspect
intéressant que j'ai noté ne seront probablement jamais
respectés, en tout cas, à brève échéance et
qui seraient plutôt difficiles, sinon impossibles d'application. Mais, le
fait d'être inclus au Code de la route ou dans une recommandation
découlant du Code de la route ou même dans le cas, par exemple,
des mesures que vous préconisez contre le vol, peut-être bien dans
la Loi sur la protection du consommateur ça reste à voir
cela les inclut automatiquement dans les manuels d'éducation des
jeunes et des moins jeunes, si possible.
C'est un aspect assez intéressant que vous avez soulevé,
qui a retenu mon attention. J'aurais voulu moi aussi vous poser plusieurs
questions plus détaillées. Je vous promets qu'on fera une
étude exhaustive de votre mémoire et je m'engage même
à vous faire parvenir je sais que vous l'obtiendrez de toute
façon copie du projet de loi et à faire en sorte que vous
soyez consultés également au moment du dépôt du
projet de loi.
M. Labrecque: D'accord.
M. Gratton: Je pense que selon ce que vient de nous dire le
ministre, vous y retrouverez tout au moins certains des éléments
que vous préconisez et on tâchera, en tant qu'Opposition, parce
que c'est notre rôle, d'en faire incorporer d'autres, si c'est là
votre désir et notre jugement. Je vous remercie.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: Je voudrais ajouter une chose, concernant
l'immatriculation. Cela ne sera pas reçu avec joie dans toutes les
régions du Québec. Il reste que les cyclistes nous en demandent
de plus en plus au ministère des Transports, ils nous demandent des
pistes cyclables, ainsi de suite, ça devient un véhicule routier,
qui utilise particulièrement les routes, contrairement à des
véhicules comme la motoneige.
M. Labrecque: Qui est en sentiers, mais hors réseaux
routiers.
M. Lessard: Puisqu'on investit, on parlait tout à l'heure
de tout près de $3 millions, à part de la
contribution du Haut-Commissariat, ce serait probablement normal que le
cycliste qui utilise les voies routières, les voies de circulation,
participe aussi au financement.
Mme Roy: En tant que citoyen aussi.
M. Labrecque: On est d'accord...
M. Lessard: En tant que citoyen, mais...
Mme Roy: Si on n'observe pas les règlements de
circulation, souvent, c'est parce qu'on se sent moins impliqué. C'est
une constante qu'on retrouve chez les jeunes.
M. Labrecque: Je vais lancer une invitation pour... sans que
vous... on a souligné qu'il y avait un manque, au niveau du
ministère, quant à sa connaissance particulière et
technique de pointe concernant la bicyclette, c'était évident par
certains règlements; il y a une expertise qui est là, Robert
Letarte en est l'exemple. Mais on est prêt à travailler encore
longtemps et particulièrement sur le Code de la route. On vous remercie
beaucoup.
Mme Roy: Parce que les cyclistes nous en demandent aussi.
M. Lessard: On vous remercie beaucoup, mais jusqu'ici, on a
collaboré avec vous.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie, M.
Labrecque et Mme Roy, de votre apport à la commission. La commission
ajourne ses travaux à mardi, le 4 septembre, à 10 heures.
Fin de la séance à 17 h 59
ANNEXE A
Mémoire présenté par
L'Association Provinciale des Marchands d'Automobiles
du Québec Limitée
Relativement à l'avant-projet de refonte du
Code de la Route
Août 1979
L'Association Provinciale des Marchands d'Automobiles du Québec
Limitée réunit onze (11) associations régionales de
marchands d'automobiles regroupant plus de huit cent vingt-cinq (825) membres,
tous des marchands d'automobiles possédant une franchise dûment
reconnue des grands manufacturiers d'automobiles.
Les diverses instances de l'Association Provinciale des Marchands
d'Automobiles du Québec ont étudié avec
intérêt et attention l'ensemble des dispositions contenues dans
l'avant-projet visant à modifier et refondre le Code de la route actuel.
Les membres de l'Association ont pu apprécier l'esprit innovateur du
législateur en certaines matières contenues à
l'avant-projet et plusieurs modifications et précisions apportées
ne sauraient, dans leur ensemble, qu'emporter l'adhésion de
l'Association Provinciale des Marchands d'Automobiles du Québec.
L'Association a toujours voulu collaborer étroitement avec le
Ministère du Transport et le Bureau des Véhicules Automobiles sur
tout sujet touchant de près ou de loin le domaine de l'automobile. Nous
sommes heureux de constater que, comme par le passé, plusieurs de nos
interventions et représentations aient été l'objet d'une
attention particulière et se soient transposées en mesures
législatives, réglementaires ou administratives.
A l'égard de l'avant-projet relatif au Code de la Route, nous ne
voudrions souligner que quelques points sur lesquels, nous semble-t-il, des
précisions gagneraient à être apportées.
Sur un plan général, en premier lieu l'avant-projet
annonce une loi-cadre éventuelle dont les pouvoirs de
réglementation sont très étendus tant par les sujets sur
lesquels la réglementation peut porter que par la juridiction absolue
accordée au gouvernement aux fins de prescrire des normes qui pourraient
avoir pour effet d'altérer la portée initiale de la
législation. Il est ainsi difficile d'apprécier la portée
réelle de certaines dispositions législatives éventuelles
notamment aux chapitres des permis, des cautionnements, de l'inspection
mécanique d'un véhicule routier.
En outre, nous nous interrogeons sur la juridiction du gouvernement
quant à la prescription par voie réglementaire de dispositions
relatives aux normes de construction eu égard aux équipements
dont peuvent être munis des véhicules routiers. Sur le pouvoir
réglementaire cependant, notre principale préoccupation et
représentation est à l'effet que la loi éventuelle devrait
prévoir, comme c'est le cas dans d'autres législations
récemment adoptées, la publication des règlements à
intervenir en application de la loi permettant dans un délai d'au moins
soixante (60) jours de faire valoir tout commentaire, remarque ou opposition
aux règlements ainsi annoncés par publication dans la Gazette
Officielle. Cette prévision permettrait ainsi à toute partie
intéressée de faire valoir toute représentation utile sur
le contenu de la réglementation découlant de la loi.
Sur un plan plus particulier, en second lieu l'Association désire
faire valoir certains points de vue visant à faire préciser
quelques articles de l'avant-projet. Les membres de l'Association ont fait
valoir à quelques reprises au cours des années antérieures
qu'il leur semblait utile pour des fins administratives gouvernementales entre
autres, de distinguer les types et catégories de commerçants de
véhicules routiers. Ainsi, les concessionnaires d'automobiles qui, par
définition, sont ceux qui détiennent une franchise d'un
manufacturier reconnu de véhicules automobiles assument à eux
seuls la totalité des ventes de véhicules automobiles neufs au
Québec. Leur commerce accessoire et connexe se situe ainsi dans la vente
des voitures usagées ainsi que dans l'entretien, la réparation et
la modification de véhicules automobiles.
Il est vrai que l'avant-projet apporte une modification à ce
chapitre comparativement aux dispositions du Code actuel qui utilise le terme
de "commerçant". En effet, l'avant-projet utilise le terme "marchand"
sans toutefois apporter les distinctions souhaitables en terme de
définition, entre ceux qui détiennent une franchise pour la vente
de véhicules automobiles et ceux qui font exclusivement commerce de
véhicules usagés. Une telle distinction comporte des
intérêts administratifs certains sur le plan de l'enregistrement
des commerces, des permis, des cautionnements et de l'immatriculation. Nous
nous permettons de signaler qu'une distinction de cette nature et de cet ordre
a été effectuée dans la Loi relative à la
protection des consommateurs.
Au surplus, par certaines dispositions de l'avant-projet, le
gouvernement fait valoir son intention de procéder par voie
réglementaire à l'institution de l'inspection mécanique
des véhicules routiers: dans cet ordre d'idées, la distinction
des catégories de marchands prend une importance
prépondérante selon que nous nous en exprimons plus loin dans le
présent mémoire.
Il est apparu à l'Association que certaines dispositions
contenues à l'avant-projet ont pour objet de faciliter d'une part
l'identification administrative des véhicules routiers, leur provenance,
les transactions dont ils sont l'objet, leur propriétaire et, d'autre
part, le travail policier de recherche dans les cas d'infractions et de vols.
C'est le cas des dispositions consignées entre autres aux articles 55,
101 et 108 de l'avant-projet.
Cet objectif de faciliter l'identification administrative des
véhicules routiers aux fins entre autres d'améliorer les
résultats des recherches policières est un objectif qui, pour
louable qu'il soit, nous semble entraîner des difficultés
d'application dans la pratique quotidienne de l'opération des commerces,
des ventes, des échanges ou location de véhicules automobiles.
Ainsi, la définition de "propriétaire" proposée par
l'avant-projet ferait en sorte que dorénavant, un personne locataire
d'un véhicule routier pour une période d'un (1) an ou plus serait
considérée comme propriétaire effectif du véhicule
automobile. Cette disposition nous semble pouvoir créer une confusion
certaine en ce qui a trait au titre propriété réelle du
véhicule automobile. Nous comprenons que l'immatriculation prévue
au chapitre 3 de l'avant-projet témoignerait de la qualité de
propriétaire au sens du Code de la Route. Nous nous permettons à
cet égard de rappeler nos représentations antérieures sur
ce sujet. Il nous apparaît que le contrôle du véhicule
automobile loué par le locateur est rendu beaucoup plus difficile en
tenant compte des transactions possibles dont peut faire l'objet un tel
véhicule, si le locataire est réputé propriétaire
lorsque la location en est une pour une période d'un (1) an ou plus.
Nous soumettons que le locateur doit demeurer seul propriétaire du
véhicule automobile ce qui n'empêche pas, au niveau de
l'immatriculation, d'identifier le locataire aux fins d'imputer à la
bonne personne les infractions éventuelles au Code de la Route.
Sur ce sujet, la suggestion que nous formulons nous semble davantage
satisfaire aux dispositions de l'article 55 proposé à l'effet
qu'une personne qui conduit un véhicule routier, lorsqu'il s'agit d'un
véhicule loué, doit avoir avec elle le contrat de location. Le
sous-alinéa b) de l'article 55 nous apparaît
particulièrement pertinent dans le cas d'un contrat de location à
court terme, c'est-à-dire pour une location de moins d'un (1) an.
Cependant, lorsqu'il s'agit de location à long terme, il nous semble
qu'il y aurait discordance entre la définition de "propriétaire"
et l'obligation d'avoir avec soi le contrat de location. En effet, pour
satisfaire à la définition de "propriétaire" tel que
proposé, le certificat d'immatriculation porterait le nom du locataire,
dès lors considéré comme propriétaire au sens du
Code de la Route, alors que le contrat de location ferait foi de la
qualité de locataire du véhicule routier sous bail. La suggestion
voulant que l'immatriculation porte à la fois le nom du
propriétaire véritable et celui du locataire nous semblerait donc
satisfaire aux objectifs recherchés. Par ailleurs, dans plusieurs cas,
notamment lorsqu'il s'agit de flotte de véhicules de location sous bail
par un même locataire, la pratique commerciale n'exige pas qu'il y ait un
contrat pour chacun des véhicules sous bail. Nous soumettons donc que le
port avec soi du contrat de location ne devrait prévaloir que dans le
cas de location à court terme.
Les dispositions de l'article 108 proposé visant à obliger
un marchand de véhicules routiers à faire un rapport mensuel de
tout achat, vente ou échange de véhicules routiers usagés
ou neufs effectué durant le mois nous semblent particulièrement
destinées à exercer un contrôle sur la provenance et la
destination du véhicule routier en terme d'achat, d'échange et de
propriété de tel véhicule routier. Nos
représentations sur ce sujet reprennent, dans un premier temps,
l'idée de la distinction devant être faite entre les
concessionnaires franchisés d'automobiles neuves ou camions et les
autres marchands de véhicules routiers. En effet, l'article tel que
libellé obligerait le concessionnaire de véhicules automobiles
à tenir et à fournir un rapport des voitures neuves qui lui sont
livrées par le manufacturier. Cette
obligation à elle seule représente un fardeau
administratif lourd et onéreux qui ne permet pas pour autant, nous
sernble-t-il, de satisfaire aux objectifs précités puisque ces
véhicules n'ont pas encore fait l'objet d'immatriculation. En ce qui a
trait aux autres véhicules routiers, l'ensemble des renseignements
fournis par les concessionnaires au Bureau des Véhicules Automobiles sur
les véhicules routiers, objet de transactions, nous semble suffisant
pour permettre la réalisation des objectifs visant à
l'identification de tels véhicules routiers et ainsi faciliter la
tâche des forces policières dans les cas où des recherches
doivent être effectuées. L'organisation administrative
exigée de la part d'un concessionnaire franchisé fait en sorte
que les renseignements utiles et nécessaires à l'égard
d'un véhicule automobile soient facilement disponibles au niveau de
l'entreprise, même sans qu'il soit nécessaire d'imposer le fardeau
additionnel d'un rapport mensuel.
Par ailleurs, en ce qui a trait à l'émission des permis de
garagistes, de marchands et de recycleurs, nous nous interrogeons sur le fait
que de tels permis ne peuvent être délivrés qu'à
titre personnel au représentant dûment mandaté d'une
corporation, ce dernier étant pour les fins du chapitre relatif au
permis, considéré comme propriétaire. Encore une fois,
dans le cas des concessionnaires franchisés, il ne fait pas de doute que
l'entité corporative est une entité responsable et identifiable
et, qu'en conséquence, l'émission de permis à titre
personnel n'ajoute en rien à la garantie recherchée par le
législateur. Au surplus, la mise en oeuvre des dispositions de l'article
101 proposé nous semble comporter des conséquences
administratives sérieuses sur le système des cautionnements
collectifs tel que connu et appliqué actuellement pour et par les
concessionnaires franchisés. En conséquence, il y aurait donc
lieu de préciser à tout le moins, la responsabilité de la
corporation et la responsabilité du représentant mandaté
de la corporation si telles dispositions étaient maintenues. Il
apparaît de plus que les concordances nécessaires devraient
être effectuées au texte de la loi en ce qui concerne la nature et
les conditions du cautionnement prévues à l'article 102.
En dernier lieu, l'Association Provinciale des Marchands d'Automobiles
du Québec note que plusieurs articles de l'avant-projet traitent de
l'inspection mécanique des véhicules routiers. Comme la mise en
oeuvre de dispositions traitant de ce sujet spécifique semble devoir se
faire par voie réglementaire, nous nous permettons de
réitérer notre position à l'effet que l'Association
Provinciale des Marchands d'Automobiles du Québec démontre un vif
intérêt pour toute législation ou réglementation
visant l'inspection obligatoire des véhicules automobiles. L'Association
soumet que dans le cadre de l'inspection obligatoire des véhicules
automobiles et de l'émission des certificats de conformité
mécanique, elle peut et doit jouer un rôle prédominant dans
la mesure où les membres, marchands d'automobiles franchisés,
apparaissent comme l'outil indispensable à l'émission des
certificats de conformité mécanique.
Les marchands d'automobiles franchisés au Québec ont
à leur disposition un personnel hautement qualifié qui doit
suivre un entraînement spécialisé et constamment
renouvelé pour être en mesure d'assurer un travail
compétent et sécuritaire, eu égard aux véhicules
produits par les manufacturiers, en tenant compte des progrès constants
en mécanique et des changements apportés
régulièrement pour satisfaire aux exigences des normes
législatives relatives aux véhicules automobiles.
De plus, point n'est besoin d'insister sur l'organisation tant physique
qu'administrative des commerces opérés par les marchands
d'automobiles franchisés. Il est de leur obligation, en vertu de la
franchise détenue, de posséder des ateliers de mécanique
équipés de l'outillage le plus perfectionné et le plus
récent pour rencontrer les exigences techniques soulevées par les
modifications mécaniques apportées aux nouveaux modèles de
véhicules automobiles. Ces exigences supposent des lieux physiques bien
aménagés et pouvant satisfaire aux nécessités des
services à être rendus aux détenteurs de véhicules
automobiles et camions.
C'est dire qu'au niveau de la compétence de la main-d'oeuvre
spécialisée, de l'équipement technique perfectionné
et de l'organisation physique et administrative, les marchands d'automobiles
franchisés au Québec offrent la meilleure garantie d'un service
d'inspection technique des véhicules automobiles. Cette qualité
des services est hautement assurée tant par les obligations
résultant de la franchise émise par un manufacturier que par
l'appartenance à l'Association Provinciale des Marchands d'Automobiles
du Québec. Nous soumettons qu'il serait logique que les certificats de
conformité mécanique soient émis exclusivement par des
marchands d'automobiles et de camions franchisés. Si, toutefois, vos
recherches démontrent qu'il était nécessaire que d'autres
garages spécialisés soient requis pour assurer l'inspection
obligatoire des véhicules automobiles, nous insistons fortement pour que
des critères de compétence des plus rigoureux soient
imposés puisqu'il nous apparaît évident que la
qualité des certificats de conformité reposera essentiellement
sur l'intégrité et la compétence des mécanismes qui
effectueront les examens. Le choix sérieux des candidats assurera seul
le succès de l'opération de l'inspection des véhicules
automobiles.
Les quelques commentaires qui précèdent constituent
certains points de vue que l'Association Provinciale des Marchands
d'Automobiles du Québec entend soumettre humblement à l'attention
du législateur.
L'Association Provinciale des Marchands d'Automobiles du Québec
Limitée Québec, le 10 août 1979.
ANNEXE B
Mémoire sur la sécurité
routière du Québec
Par: Réjean Lévesque, Sûreté Municipale,
Montmagny.
Présentation
II me fait plaisir, M. le Ministre et membres de cette commission, de
vous soumettre bien humblement ce mémoire sur la sécurité
routière du Québec.
Etant policier depuis octobre 1965, je peux avoir une bonne idée
sur ce qui se passe sur nos routes et quel comportement nos conducteurs
adoptent. Je ne prétends pas avoir des solutions miracles, mais
l'opinion d'un policier ne peut surtout pas nuire, bien que j'avance cela sans
prétention. La fierté d'être Québécois et le
désir de servir ma race sont les deux raisons qui m'amènent
ici.
Veuillez donc, M. le Ministre et messieurs de la commission, accepter
mes salutations les plus distinguées.
Cordialement vôtre, Constable Réjean Lévesque.
Avant-propos
La sécurité routière au Québec est un
problème qui remonte à plusieurs années, et avec la
multiplication des véhicules moteurs, le tout tente à
s'accentuer.
Il y eut beaucoup de travail de fait pour combattre ce fléau,
soit campagnes de sécurité, points de démérite,
test d'ivressomètre, écoles de conduite, etc., mais cependant
malgré tout ceci, le mal tarde à disparaître.
La compétence des conducteurs est souvent mise en cause, et
pourtant, 35% des conducteurs impliqués dans des accidents sont des
jeunes qui viennent tout juste de subir avec succès un examen de
conduite.
Je crois avant tout que c'est une question de mentalité et de
manque de maturité. Comment peut-on améliorer cet état de
chose?
Je proposerais d'attaquer le problème par trois moyens:
L'éducation, la prévention et la répression. Il serait
inutile et coûteux de faire subir un nouvel examen de conduite à
tout le monde. En intensifiant nos actions sur les conducteurs
récalcitrants, sur les conducteurs de 60 ans et plus et sur nos jeunes
conducteurs, nous cernerons rapidement le problème, et la
sécurité routière au Québec ne sera plus un
rêve, mais une réalité.
L'éducation
Avant d'exercer un métier, il faut apprendre tous les rudiments
afin d'en être à la hauteur et de le maîtriser parfaitement.
Pour la conduite automobile, il n'en est pas autrement. La conduite d'un
véhicule demande une connaissance élémentaire du V.A. que
l'on conduit, une étude du code de la route et une maturité,
sachant que l'on tient entre nos mains non seulement notre vie, mais celle des
autres. Alors, faut-il de la compétence! Par conséquent je
propose: -Que toute personne désirant un premier permis de conduire soit
âgèe d'au moins 18 ans, qu'elle suive un cours de conduite
obligatoire dans une école de conduite reconnue par le Ministère.
-Que chaque école de conduite ait une période d'allouée
à un policier, lequel verrait à sensibiliser les nouveaux
conducteurs sur le rôle du policier, et lequel ferait part de son
expérience sur difîérentes scènes d'arrestations et
d'accidents. -Que chaque corps policier désigne un de ses membres
à l'éducation, à la prévention, en rencontrant
périodiquement les groupements de son territoire, tels que
conférences dans les écoles, clubs sociaux, etc.. -Que toutes les
bicyclettes soient immatriculées afin d'établir un meilleur
contrôle, tant dans le va et vient que dans le bon état de
fonctionnement. -Que toute personne ne possédant pas un permis de
conduire régulier et étant propriétaire d'une bicyclette,
suive un cours de sécurité à bicyclette.
Prévention
Après avoir éduqué et bien formé nos futurs
conducteurs, il convient de continuer le travail par la prévention. La
prévention peut se faire de différentes façons. Par
conséquent je propose: -Que chaque corps policier augmente sa
présence aux endroits stratégiques et en faisant une patrouille
préventive. -Que chaque corps policier consacre plus d'importance
à la patrouille active en faisant plus de vérifications aux
endroits et heures stratégiques, afin de déceler les conducteurs
en état de boisson. -Que tout véhicule circulant sur les routes
du Québec ait ses phares allumés afin de mieux se signaler, et
cela, jour et nuit. -Que les conducteurs âgés de 60 ans et plus
subissent un examen de conduite avant l'obtention d'un renouvellement de
permis, et ce, à tous les quatre ans. -Que l'on abaisse l'heure de
fermeture des débits de boisson à 01:00 hre de la nuit.
Répression
La répression policière n'est jamais populaire, même
si elle est indispensable. Malgré l'éducation et la
prévention, plusieurs conducteurs défient les lois et se foutent
éperdument de la sécurité routière, et par le fait
même de la vie des autres et souvent de la leur. Il devient alors
important d'avoir cette arme ultime afin d'éliminer sur la route ces
personnes insouciantes des lois et règlements. Par conséquent je
propose: -Que l'on augmente l'amende et les points de démérite
à toutes les infractions qui sont les causes les plus fréquentes
d'accident, telles que: omettre de faire son arrêt obligatoire, omettre
d'arrêter à un feu rouge, dépassement interdit, omettre de
céder le passage à un V.A. qui en a la priorité,
excès de vitesse, facultés affaiblies, etc.. -Que les conducteurs
qui auront accumulé 12 points suivent un cours de conduite
supplémentaire, subissent également un autre examen pour
l'obtention d'un permis de conduire provisoire d'un an, après une
suspension de 3 mois. -Que les conducteurs qui auront accumulé 9 points
suivent un cours de recyclage en sécurité routière. - Que
tout conducteur qui récidivera en accumulant à nouveau 12 points,
perde son permis de conduire pour 6 mois et qu'il rencontre un psychologue afin
de faire évaluer son degré de maturité. -Que tout
conducteur qui consomme de la boisson alcoolique dans son véhicule sur
un chemin public, qu'il soit en marche ou pas, perde 5 points en plus d'une
amende. -Que les corps policiers du Québec fassent des patrouilles avec
des véhicules fantômes, afin de mieux déceler les
véritables dangers publics.
Conclusion
Ce mémoire que vous venez de lire n'a pas de solutions miracles,
mais j'ai voulu par mon expérience, apporter mon aide à la
sécurité routière.
L'auteur.