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Présentation de mémoires relatifs
à l'avant-projet
de Code de la route
(Dix heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, messieurs! La
commission parlementaire des transports reprend donc ses travaux ce matin pour
entendre d'autres mémoires. Les membres de la commission pour la
séance d'aujourd'hui seront: M. Baril (Arthabaska), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. Lessard (Saguenay), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Mailloux (Charlevoix), M. Marquis
(Matapédia), M. Perron (Duplessis), M. Russell (Brome-Missisquoi), M.
Samson (Rouyn-Noranda), M. Verreault (Shefford).
Les intervenants sont: M. Bellemare (Johnson), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Desbiens (Dubuc), M. Grégoire (Frontenac); M.
Lamontagne (Roberval), remplacé par M. Gratton (Gatineau); M. Lefebvre
(Viau), remplacé par M. Proulx (Saint-Jean); M. Ouellette (Beauce-Nord)
et M. Vaillancourt (Orford).
On peut procéder immédiatement, je pense, à moins
que le ministre ait des commentaires. Alors, nous allons procéder
à l'audition du premier mémoire, qui est celui de Mlle
Hélène Tétreault, qui est indiqué comme
dépôt seulement. Je demanderais au service du journal des
Débats de l'inscrire en annexe (voir annexe). On passe
immédiatement au deuxième mémoire, qui est celui de
L'AVARI. Les représentants sont déjà assis à la
table. Si vous voulez nous faire la présentation de votre
mémoire, M. Piuze.
Association des voituriers artisans remorqueurs
incorporée
M. Piuze (Bernard): Oui, M. le Président; Bernard Piuze,
procureur de l'AVARI. A mon extrême gauche, Albert Lagacé,
secrétaire de l'association, M. Guy Sirois, vice-président et M.
Louis-Paul Bouchard, président.
M. le Président, avec votre permission, j'aimerais que le
mémoire que j'ai déposé au nom de l'Association nationale
des camionneurs artisans, qui est dans la même veine que le
mémoire de l'AVARI soit déposé, si la commission est
d'accord, au journal des Débats.
Le Président (M. Bordeleau): Je crois qu'on s'était
entendu la semaine dernière et qu'on l'avait reporté à
aujourd'hui.
M. Lessard: Ici, à l'ordre du jour...
Le Président (M. Bordeleau): C'était le
mémoire no 6. Cela va, il sera donc déposé en annexe,
(voir annexe)
M. Piuze: Merci, M. le Président. Etant donné que
le mémoire de l'AVARI est très bref, je vais me permettre, M. le
Président, de vous le lire et je voudrais vous signaler que le mot
AVARI, qui est un terme qu'on retrouve dans le domaine maritime, veut dire
l'Association des voituriers artisans remorqueurs incorporée.
L'AVARI est une corporation sans but lucratif qui regroupe des
titulaires de permis de transport par remorquage. L'AVARI désire
souligner à la commission que le paragraphe 23 de l'article 1 de
l'avant-projet du Code de la route se lit comme suit: "propriétaire: une
personne qui a acquis un véhicule routier et le possède en vertu
d'un titre soit absolu, soit conditionnel qui lui donne le droit d'en devenir
le propriétaire ou d'en jouir comme propriétaire, à charge
de rendre, ou une personne locataire d'un véhicule routier pour une
période d'un an ou plus."
L'AVARI désire souligner à la commission qu'il arrive
souvent dans le camionnage que des compagnies mettent des camions à leur
nom, alors qu'en réalité ceux qui en font les paiements et
l'entretien ce sont les chauffeurs de ces camions. Cette pratique courante
permet de contourner la réglementation sur le transport, puisque le
transporteur n'a pas besoin de demander à son chauffeur,
conformément à la loi, de détenir le permis de voiturier
remorqueur et par là, n'est pas assujetti aux taux et tarifs et aux
obligations édictés par le règlement 4995 de l'ordonnance
générale sur le camionnage.
L'AVARI, au nom de ses membres, désirerait que le texte du
paragraphe 23 de l'article 1 spécifie clairement que la
propriété du véhicule ne doit pas avoir pour effet de
contourner la Loi des transports et ses règlements.
L'AVARI remercie la commission de lui avoir permis de se faire entendre
et tient à signaler qu'elle sera présente lors de la
réunion, ce que nous avons fait ce matin.
C'est la même chose, M. le Président, avec votre
permission, concernant le mémoire de l'ANCAl, sauf qu'il porte sur le
camionnage en vrac où on retrouve le même phénomène,
en particulier dans le domaine forestier où des véhicules sont
mis au nom de compagnies, alors qu'en réalité ce sont des
chauffeurs qui en font le paiement.
M. le Président, on vous remercie et nous sommes à votre
disposition pour les questions.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: M. Piuze, c'est un problème sur lequel on a eu
l'occasion de travailler, particulièrement avec des représentants
de l'AVARI, dans un dossier bien spécifique. Maintenant, je ne sais pas
si, dans le secteur de la forêt, c'est un peu le même que dans le
secteur des voituriers, dans le sens suivant: dans le cas de la forêt,
c'est la compagnie qui se trouve à louer le camion d'après
mes informations du propriétaire, donc fait un acte de location
et, par la suite, la compagnie engage le camionneur pour le conduire. C'est
donc dire qu'il y a deux opérations: d'une part, il y a une
opération de location qui est légitime, légale, c'est
très difficile d'essayer d'em-
pêcher une telle réglementation et, d'autre part, le
conducteur du camion est engagé par la compagnie, de telle façon
que le chauffeur de camion se trouve à avoir accès à
l'assurance-chômage, en cas de congédiement et autre.
Bien souvent je reviendrai tout à l'heure à
l'AVARI, mais je voudrais que ce soit bien clair, pour moi d'abord ceci
se fait à la demande même de certains camionneurs,
c'est-à-dire que, pour s'assurer d'avoir l'accès à
l'assurance-chômage, ils aiment mieux louer leurs camions, quitte
à être assurés d'être engagés. Il y a un autre
problème qui survient. S'il y a congédiement c'est bien
possible, étant donné l'ancienneté à
l'intérieur de la compagnie, que le chauffeur soit
congédié le camion demeure comme étant loué
par la compagnie.
Est-ce que c'est bien ce cas en ce qui concerne la forêt? Est-ce
que c'est bien ce que vous voulez traiter? Sinon, j'aimerais bien avoir des
explications supplémentaires parce que je sais que c'est un cas
c'est particulièrement dans un secteur où j'ai eu l'occasion de
travailler qui me paraît assez grave.
M. Piuze: Avec votre permission, M. le Président. M. le
ministre, effectivement, vous avez raison. Le problème que vous venez de
décrire existe et je pense que le ministre des Transports est non
seulement au courant, mais il va très bientôt prendre des
dispositions pour légaliser tout ça, pour permettre aux petits
camionneurs de retirer de l'assurance-chômage, etc., et de louer son
véhicule.
Ce à quoi le mémoire de l'ANCAl faisait
référence, c'est vraiment un phénomène où
les véhicules sont au nom des compagnies forestières,
indépendamment du problème que vous venez de soulever, M. le
ministre.
M. Lessard: Sur le premier objet dont j'ai discuté tout
à l'heure, vous n'avez pas... A la suite des discussions qu'on a eues,
on s'en venait vers une certaine solution à ce problème donc pas
d'objection. J'arrive au deuxième phénomène, qui touchait,
à ma connaissance, particulièrement l'AVARI, parce que dans un
cas précis, on a eu à regarder l'ensemble du dossier. (10 h
30)
Pourriez-vous m'expliquer le phénomène, comment se fait
toute cette procédure? C'est-à-dire qu'il s'agit d'un voiturier
remorqueur qui paie entièrement le camion, mensuellement, avec une
certaine compagnie de finance, avec une banque, ou autre chose, selon un
système connu de tous, et c'est le camionneur ou le voiturier qui signe,
par la suite, de bonne foi ou de foi forcée, quelquefois, une entente
avec le transporteur comme tel. Il se trouve à donner, même si
c'est lui qui est pris pour payer les primes mensuelles, son camion à la
compagnie? Est-ce comme ça ou est-ce plus complexe que ça encore?
Je sais que c'est très complexe, le dossier.
M. Piuze: Je pense, M. le Président, étant
donné qu'il s'agit d'une question complexe, d'une question de faits
pratiques, peut-être que le président de l'AVARI serait en
meilleure position que moi pour vous donner des explications.
M. Bouchard (Louis-Paul): Concernant ce que vous avez dit tout
à l'heure, la question de mettre le camion au nom des compagnies, cela
se fait fréquemment, dans des compagnies de transport qui ne sont pas de
la province de Québec, même s'ils sont de la province de
Québec, cela se fait actuellement, même pour des "leasing"
aussi.
M. Lessard: Comment le camionneur... le camionneur demeure-t-il
encore propriétaire de son camion, en réalité?
M. Bouchard: Je pense que l'enregistrement devient la
priopriété... ce qui indique la propriété du
camion, c'est l'enregistrement. A ce moment-là, le propriétaire
du camion, l'enregistrement est au nom de la compagnie.
M. Lessard: L'enregistrement est au nom de la compagnie.
Mais comment le camionneur est-il forcé d'accepter de se
soumettre à ces conditions, tout en étant dans l'obligation de
payer des primes ou le prix du camion?
M. Bouchard: II est forcé de le faire parce qu'il n'a pas
le choix. S'il ne fait pas ça, il ne travaillera pas avec son camion. Il
est forcé de le faire.
M. Lessard: II s'agit de tracteurs. Comme tels, vous tirez des
remorques.
M. Bouchard: C'est ça.
M. Lessard: Vous êtes engagés pour tirer des
remorques, il s'agit de tracteurs.
Est-ce que c'est comme ça... D'abord, l'AVARI, est-ce que vous
regroupez l'ensemble des voitu-riers remorqueurs? Combien êtes-vous dans
votre groupe?
M. Bouchard: C'est un groupe qui commence, on est environ 140
à 150.
M. Lessard: Vous êtes surtout concentrés à
Montréal, je pense.
M. Bouchard: Montréal, Québec. M. Lessard:
Dans les grands centres. M. Bouchard: Dans les grands centres.
M. Lessard: Est-ce que c'est général au niveau des
compagnies de transport? Si je comprends bien, les compagnies de transport
achètent les remorques comme telles, les chargent, etc. et, par la
suite, établissent ce système, mais est-ce qu'il y a de la
concurrence dans le secteur des compagnies qui font du remorquage comme
ça?
S'il y a concurrence, est-ce que toutes les compagnies agissent de la
même façon?
M. Bouchard: Les compagnies n'agissent pas toutes de la
même façon. Nous, on travaille avec un permis de voiturier
remorqueur, pour certaines compagnies, et d'autres sont pris pour mettre le
camion au nom des compagnies. Ils n'ont pas le choix de le faire, parce qu'ils
travaillaient pour certaines compagnies, ils ont été
congédiés de ces compagnies et là, ils sont pris pour le
faire; il faut qu'il le fassent pour pouvoir garder leurs camions.
M. Lessard: A la suite de rencontres, de discussions que vous
avez eues avec certains fonctionnaires du ministère des Transports et
à la suite du dossier qui m'est arrivé, particulièrement
à la suite d'une contestation qui a été faite, de quelle
façon... Parce que si je comprends bien, vous êtes pris à
la gorge.
M. Bouchard: On est pris pas mal à la gorge, certain, on
est lié par un contrat juste avec une compagnie.
M. Lessard: En fait, vous négociez avec la compagnie un
contrat de services.
M. Bouchard: Un contrat de services, c'est un contrat qu'elle
nous fait signer. On est obligé d'accepter son contrôle, on n'a
pas le choix.
M. Lessard: Vous demandez au législateur de prévoir
dans la définition du propriétaire une méthode qui corrige
cette situation qui permet indirectement de contourner la loi. M. Piuze, du
point de vue juridique, quelle serait la solution possible que vous
envisageriez ou que vous pourriez proposer au ministère?
M. Piuze: M. le ministre, on voit au milieu du texte les mots
"soit conditionnel", qui lui donnent le droit d'en devenir propriétaire.
Je pense que le législateur, j'en suis même très fortement
convaincu pour en avoir parlé au sous-ministre responsable du Bureau des
véhicules automobiles, veut éviter qu'un propriétaire soit
obligé de payer deux fois une taxe de vente, de payer deux
immatriculations en mettant son véhicule au nom d'une compagnie de
finance qui ait un lien dessus. C'est ce qu'on voulait prévoir.
Evidemment, en ouvrant cette porte, on permettait ce qu'on vit actuellement
dans le domaine du vrac, ce qu'on vit aussi dans le domaine des voituriers
remorqueurs, à savoir mettre les véhicules au nom des
compagnies.
Pour les camionneurs qui sont voituriers remorqueurs, c'est
peut-être plus facile pour les compagnies de les amener à faire
ça, parce qu'ils ont, en vertu de la loi, des permis qui sont
strictement rattachés à une compagnie en particulier. Si la
compagnie dit: Demain matin, je n'ai plus besoin de vos services, il est
évident que ce gars se ramasse avec un équipement de $60 000
qu'il ne peut plus légalement utiliser.
M. Lessard: Une précision, si vous me permettez, si je
comprends bien, le voiturier remorqueur n'a pas de permis de transport.
M. Piuze: II a un permis émis par la Commission des
transports en vertu de l'article 41a de l'ordonnance générale.
C'est un permis de tireur; il a le droit de tirer, mais à contrat,
exclusivement pour une compagnie bien particulière.
M. Lessard: Pour une compagnie bien particulière et c'est
la compagnie comme telle qui a le permis général de la Commission
des transports qui permet de tirer...
M. Piuze: C'est ça, M. le ministre. C'est elle qui
détient le permis émis aussi en vertu de l'ordonnance
générale. Le tireur, qui est le voiturier remorqueur, a le droit,
si la commission lui accorde le permis de 41a, de tirer, mais exclusivement sur
ses circuits à lui et en vertu de contrats bien particuliers qu'il a
avec la compagnie en question.
M. Lessard: Dans le fond, actuellement, le Code de la route, tel
qu'il est stipulé, permet une telle chose. Cependant vous me
corrigerez, s'il y a lieu la compagnie se trouve indirectement à
contourner la loi du transport général, que ce soit le
règlement du vrac ou le règlement du transport
général.
M. Piuze: C'est ça, M. le ministre, en mettant des camions
au nom de la compagnie. Il faut comprendre que le volet est double. Vous venez
de toucher deux problèmes, d'une part, la réglementation en ce
qui concerne les voituriers remorqueurs, à savoir qu'ils sont à
contrat, et aussi une disposition qu'on retrouve dans le Code de la route qui
permet, si les gars ne sont pas d'accord, de dire à n'importe qui:
Achète-toi un camion, je vais le mettre à mon nom, comme
compagnie, sur mes circuits et tu vas transporter pour moi. Je peux en parler
plus pour la forêt, parce que c'est un problème que j'ai
vécu plus longtemps. C'est bien sûr qu'en forêt, un camion,
au bout de trois ans, M. le ministre, il est fini et le camionneur a fini de
payer le camion, les mensualités. La compagnie lui dit alors: Si tu veux
continuer de travailler pour nous autres, je vais remettre un nouveau camion
à mon nom et je vais te donner de l'ouvrage pour trois autres
années. Cela dure indéfiniment et ça se
répète.
M. Lessard: L'individu continue de payer le camion.
M. Piuze: Toutes les dépenses, les
mensualités...
M. Lessard: C'est déduit directement du salaire que
rapporte le camion, si vous me permettez.
M. Piuze: C'est ça.
M. Lessard: Est-ce que vous entrevoyez une solution?
M. Piuze: Pardon?
M. Lessard: Je vous posais la question tout à l'heure:
Est-ce que vous entrevoyez une solution?
M. Piuze: En ajoutant "soit conditionnel" qui lui donne le droit
d'en devenir propriétaire, dans le cas d'institutions
financières, parce que c'est ce que le texte veut couvrir, on pourrait
avoir un titre conditionnel. Une entreprise bancaire, une caisse populaire ou
une entreprise de finance qui finance le camion pourrait détenir un
titre, dans ce cas-là. C'est ce que vous voulez prévoir, je pense
et c'est la manière de le formuler qu'il faudrait trouver, ce qu'on
aimerait et ce que l'ANCAl aimerait, pour que ça couvre clairement, dans
le texte, ce cas, afin d'éviter le phénomène qu'on vit
actuellement.
M. Lessard: Je vous remercie. Je vous avoue que c'est un
problème très complexe. Je pense qu'actuellement, en
collaboration avec vous et l'AVARI, il y a des discussions au niveau du
ministère pour essayer de trouver une solution. Je sais qu'il y a des
cas là-dedans qui sont assez pathétiques, les gens sont vraiment
pris à la gorge. Ils n'ont pas le choix, c'est: Signe ou tu perds
tout.
En tout cas, on va considérer très sérieusement
votre mémoire, soit par le Code de la route ou autrement parce
que le Code de la route ne peut pas régler tous les problèmes de
contournement de la loi du camionnage général soit par
autre chose. Je vais demander aux officiers du ministère de travailler
sur ce sujet. L'Opposition a certainement été informée de
la situation. Je pense que ce n'est pas nouveau, le député de
Charlevoix a eu à vivre les mêmes problèmes;
peut-être que dans Gatineau, c'est le même problème. Les
solutions ne sont pas faciles à trouver.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, quant à nous, nous
remercions l'AVARI aussi bien que l'ANCAl pour une présentation
semblable, de nature particulière et qui ne manque pas de susciter un
intérêt certain chez nous. C'est avec beaucoup de
dégagement qu'on collaborera avec le ministre afin d'essayer de trouver
une solution quelconque à cette situation.
Le Président (M. Bordeleau): Le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: J'ai une question à poser à celui qui a
déposé le mémoire ici, cela ne me semble pas trop clair.
Je sais que plusieurs corporations ont un nombre limité de camions,
comme des scieries vont prendre des camions à leur nom et en assument la
responsabilité totale. Le chauffeur fait le transport, au mille, et
à tous les mois la compilation se fait, on paie les dépenses du
ca- mion et le reste va au chauffeur, en plus de son salaire. Est-ce que c'est
ce qu'on dénonce actuellement ou si c'est un problème
différent?
M. Piuze: C'est aussi ça qu'on dénonce, sauf que,
M. le député de Brome-Missisquoi, je voudrais vous signaler qu'en
vertu des subventions que le gouvernement fédéral accorde pour le
transport de bois, il y a une distinction qu'il faut faire entre ceux qui se
trouvent au sud, ce qu'on appelle la ligne Borden, la route Kennedy, où
il y a des subventions qui sont accordées à ceux qui
détiennent des permis d'exploitation. Alors, on retrouve un
phénomène qui est peut-être différent, c'est que les
compagnies, c'est vrai qu'elles ont des camions à leur nom, mais comme
elles ont pu le faire dans le passé, elles se sont organisées
pour avoir des permis à leur nom, ce qui leur donne droit à des
réclamations pour les subventions fédérales.
M. Russell: C'est simplement cet abus que vous dénoncez;
donc il s'agirait de demander au fédéral qu'il retire les
subventions, ça réglerait le problème.
M. Piuze: Absolument pas, c'est simplement un exemple que je vous
donne. Ce qu'on dénonce, M. le député, ce sont les abus
que peut occasionner une loi qui permettrait à n'importe qui de dire: Je
vais mettre le camion de M. Untel à mon nom et c'est d'autant plus
facile dans le domaine des voi-turiers remorqueurs qu'ils sont liés
directement à une seule entreprise bien particulière.
Si, par exemple, la Commission des transports du Québec, qui fixe
des taux et tarifs dans le cadre de ses pouvoirs, fixe des taux minimaux et que
la compagnie s'aperçoit que par ce jeu, elle peut, d'une part, aller en
bas des taux qu'elle va payer aux camionneurs, c'est bien sûr qu'elle va
mettre le camion à son nom et souventefois, ces gens se trouvent pris
dans un cercle puisqu'ils n'auraient probablement pas les moyens de s'acheter
un camion. (10 h 45)
En évitant ces abus par une loi qui soit plus stricte, on
éviterait que les gens entrent dans le domaine du camionnage, alors
qu'ils n'ont pas le capital pour y entrer, au point de départ et,
d'autre part, on s'assurerait d'une plus grande santé économique
de la part des transporteurs qui sont dans le domaine.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M...
M. Russell: C'est une question de détail, je pense, de
comprendre et de déceler le problème. On doit coopérer
avec le ministre pour s'assurer que la situation du transport
s'améliorera au Québec parce qu'actuellement ce n'est ni
acceptable pour l'industrie... l'industrie même commence à
être malade. Peut-être qu'en examinant cette question que j'ai
soulevée en profondeur, on pourrait l'améliorer.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: Le problème qui se pose c'est là
qu'on trouve difficilement des solutions est le suivant, M. Piuze: Qui
peut empêcher un individu qui fait du remorquage, ou un autre individu
qui fait du transport du bois il me semble qu'il y a des droits, des
responsabilités individuelles qui peut empêcher cet
individu de céder son camion, alors qu'il sait qu'il n'en sera jamais
propriétaire, à une entreprise qui l'immatricule en son propre
nom? Comment l'Etat, comment le législateur peut-il empêcher
ça? N'est-ce pas intervenir indirectement dans des contrats individuels,
ça?
M. Piuze: M. le ministre, il y a un principe de droit qui veut
que, ce qu'on ne peut faire directement, on ne peut pas le faire indirectement
non plus. C'est bien sûr que le contrôle est très difficile
à exercer. Cependant, supposons, pour les voitu-riers remorqueurs, que
vous décidiez par une réglementation de donner le droit à
ceux qui détiendraient ces permis de tirer n'importe qui au
Québec, donc de ne plus être lié avec une compagnie en
particulier, il est bien évident que là, vous auriez au moins 80%
de ces cas qui n'existeraient plus, parce que les gens pourraient aussi tirer
d'autres entreprises que celles au nom desquelles ils sont obligés de
mettre leur véhicule.
Autrement dit, un élargissement de la loi pourrait corriger une
partie de ce problème.
M. Lessard: On travaille à ça actuellement.
Le Président (M. Bordeleau): Le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Me Piuze, on va prendre le cas d'une compagnie
forestière qui a un volume de bois à transporter. Elle est
propriétaire des camions. Vous donniez l'exemple selon lequel elle force
quelqu'un à faire les paiements du camion dont elle est
propriétaire; elle obligerait le voiturier remorqueur à faire les
paiements. C'est ce qui se produit dans certains cas?
M. Piuze: Dans certains cas.
M. Mailloux: C'est elle qui paie l'immatriculation, la compagnie;
qui assume les responsabilités d'assurance? Toujours la compagnie?
M. Piuze: C'est le camionneur qui paie tout ça, à
même l'argent que la compagnie... le président pourrait
peut-être en parler, il vit le problème.
M. Bouchard: C'est retenu, soit $0.02 le mille ou quelque chose
comme ça, de la paie du gars, il paie ses permis, il paie tout.
M. Mailloux: C'est toujours enlevé, mais la transaction se
fait toujours, que ce soit dans le domaine de l'assurance ou de
l'immatriculation, au nom de la compagnie.
M. Bouchard: Toujours au nom de la compagnie.
M. Mailloux: Je voudrais vous poser la question suivante: La
compagnie, pour autant que c'est à son nom, fait du compte propre.
M. Piuze: A ce moment-là, elle se trouve à faire du
compte propre.
M. Mailloux: Elle fait du compte propre. Alors que dans la
même action, pour l'autre, ce serait contre rémunération.
On évite le "contre rémunération". Est-ce à dire
que, devant le fait d'augmentations successives de la part de la Commission des
transports, les compagnies auraient tendance à agir de la sorte pour
éviter des augmentations de coût de transport ou ces
choses-là?
M. Piuze: Je ne suis pas prêt, M. le ministre... M.
Mailloux: Ex.
M. Piuze: Excusez-moi, M. le député. Je ne suis pas
prêt à...
M. Lessard: Cela m'est arrivé plusieurs fois de l'appeler
M. le ministre aussi, après.
M. Piuze: Excusez-moi, M. le ministre.
Je ne suis pas prêt à dire ça, mais il y a une chose
qui est certaine, c'est bien sûr que si, demain matin, il y a quelqu'un
qui me dit: Achète-toi un camion, je vais le mettre à mon nom, je
vais te donner de l'ouvrage pour trois ans et ça va te permettre de
payer tes assurances, ça va te permettre de faire tes paiements, en tout
cas, tu vas avoir de l'ouvrage pour faire marcher et conduire ton camion.
C'est tentant, même si je n'ai pas un cent de côté,
de dire: D'accord, j'embarque dans l'affaire. Seulement, j'embarque, mais au
détriment de qui? D'abord, à mon propre détriment dans le
fond, parce que je n'ai pas le capital pour être là et je ne
devrais pas y être. Deuxièmement, au détriment, bien
sûr, des titulaires de permis qui transportent sur les mêmes
circuits et, dans le fond, les sommes qui me seraient versées sont
définitivement des montants inférieurs aux montants versés
à un titulaire de permis, parce qu'il y a une réglementation,
parce qu'il y a différentes choses. Probablement je n'ai pas
d'étude là-dessus, il y en aura peut-être à la
Commission des transports lors des audiences au mois de décembre
que même la compagnie, sur des véhicules où elle a des
chauffeurs, des véhicules qui sont à elle, il y a des chauffeurs
et il y a des syndicats qui protègent ces chauffeurs; c'est possible que
ce soit beaucoup plus rentable pour elle de fonctionner comme ça, parce
que le gars qui le conduit dit: Le camion est à moi. Il faut qu'il
marche, ce camion.
M. Mailloux: Ce que je voulais laisser entrevoir, c'est que si la
pratique se généralisait, au lieu d'avoir des prix fixés
dans un secteur d'activité
donné par la Commission des transports, pour les transports
contre rémunération, ça devient du compte propre, à
ce moment-là. La compagnie possède normalement ses
véhicules avec ce couvert et elle évite toutes les
décisions de la Commission des transports.
M. Lessard: J'aurais une dernière question, M. le
Président. C'est exactement le problème; je pense que le
député de Charlevoix a très bien saisi de quelle
façon cette compagnie se trouve à contourner la
réglementation générale du transport et j'aurais une
dernière question pour l'information des parlementaires. Quitte à
faire disparaître le nom de la compagnie, il ne s'agit pas de faire des
procès comme tels, mais est-ce que ce serait possible de déposer
un tel contrat de services qui se fait entre des voituriers remorqueurs et une
compagnie?
M. Piuze: On en a justement ici, il faudrait peut-être
biffer les noms.
M. Lessard: Est-ce que la commission accepterait, pour qu'on
puisse déposer, pour notre information, de voir un tel contrat? Vous
n'êtes pas obligé de le faire aujourd'hui même,
immédiatement. Vous pouvez corriger l'en-tête, comme vous voulez,
et le remettre par la suite. C'est bien entendu, parce qu'on ne veut pas faire
la chasse aux sorcières non plus, ce n'est pas le cas probablement,
parce que c'est plutôt vous autres qui êtes
pénalisés. On ne voudrait pas... on voudrait voir le
problème dans le sens général comment un tel contrat se
signe et quelles sont les exigences qu'on demande aux transporteurs. D'accord?
Vous n'avez, au cours de l'après-midi, qu'à communiquer avec le
président de la commission et nous remettre un tel contrat.
Le Président (M. Bordeleau): Si cela vous est possible de
fournir un exemple, on pourra facilement en faire des photocopies et les
remettre aux membres de la commission aujourd'hui même.
M. Piuze: Le président, M. le ministre, me souligne
justement que dans le cas où les camions sont mis au nom des individus,
il semble qu'il n'y ait pas de contrat qui existe. Le camionneur ne signerait
pas de contrat. On en a, M. le Président, on va vous en
déposer.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie, M. Piuze,
ainsi que... Oui, M. le député.
M. Russell: Vous avez des cas où l'individu vend son
camion à la société ou à la compagnie, vous avez
des cas où la compagnie ou la société achète le
camion et prend une entente avec l'individu pour faire du transport au mille et
ils prennent toutes les dépenses du camion et le surplus reste à
l'individu, avec un contrat déterminé, avec un minimum. Cela
existe, ces contrats.
M. Piuze: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Merci M. Piuze, ainsi que les
membres de l'AVARI et de l'ANCAl aussi, pour l'autre mémoire.
Fédération des garagistes
et détaillants d'essence
du Québec
Nous passons donc au prochain mémoire qui est celui de la
Fédération des garagistes et détaillants d'essence du
Québec. C'est M. Thé-riault, je présume?
Si vous vouliez identifier l'autre personne qui vous accompagne.
M. Landry (Gérard): Gérard Landry, de la
Fédération des garagistes et détaillants d'essence du
Québec.
Le Président (M. Bordeleau): Vous pouvez procéder,
M. Landry ou M. Thériault.
M. Landry (Gérard): Nous autres, la
fédération des garagistes, représentons à peu
près 1400 garages du Québec, soit les garages, stations de
service, pas les vendeurs d'automobiles, garages de débosseleurs. On
trouve que ce qui n'est pas prévu dans le nouveau projet de loi... c'est
qu'autrefois on avait le droit, on avait une licence d'affaires pour les
remorqueurs. Maintenant, c'est disparu, on est enregistré F comme tous
les camions du Québec et, à la suite de ça, c'est que tous
et chacun font du remorquage avec des 4x4, jeeps. On croit qu'il y a un danger
qui existe lorsque tous et chacun font du remorquage de voitures; c'est fait
avec le strict minimum de sécurité et ça peut causer,
indirectement, certains accidents.
On croit que les remorques devraient être identifiées
différemment des autres véhicules. Je ne sais pas si vous
comprenez le problème. C'est que normalement, nous les remorqueurs, on a
des remorques équipées avec des "flashers", des lumières
de sécurité, ce qui n'est pas le cas pour les 4x4, normalement.
Cela peut causer des problèmes pour les véhicules en
arrière ou à l'avant, ça peut causer des accidents mineurs
ou majeurs dans certains cas. On croit qu'on devrait revenir à l'ancien
système d'identification et que seulement les remorqueurs
autorisés feraient le remorquage au Québec.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, M. le ministre des
Transports?
M. Lessard: Si je comprends bien, M. Landry, autrement dit, c'est
parce qu'il n'y a pas de règlement qui reconnaît les remorqueurs
comme tels, j'entends bien les remorques de garage; les 1400 dont vous parlez,
ce sont des remorques utilisées par des garagistes pour faire du
remorquage et équipées comme telles?
M. Landry (Gérard): Equipées pour faire les
remorquages, avec tout l'équipement de sécurité sur le
camion.
M. Thériault (Réal): C'est que, M. le ministre, il
n'y a pas de lettre d'identification. Anciennement, on avait FR qui est
disparu, maintenant c'est F tout court.
M. Lessard: Est-ce que les lettres FR que vous aviez avant
coûtaient plus cher que la lettre F que vous avez aujourd'hui?
M. Landry (Gérard): Auparavant, l'immatriculation FR nous
coûtait, pour un camion en bas de 4000 livres, meilleur marché et
il y avait deux taux. Aujourd'hui, ça marche à la pesanteur. Ce
n'est pas tellement défini, à l'heure actuelle, la question des
prix. C'est que, lorsqu'on remplit nos papiers du ministère des
Transports pour avoir une plaque d'immatriculation... J'ai appelé au
bureau d'information, quand cela a changé, pour avoir des informations,
pour savoir comment procéder, si on devait mettre un poids à
charge ou non. Ils ne connaissaient même pas la manière de
procéder.
C'est un terrain vague.
M. Lessard: Si je comprends bien, maintenant, toute personne qui
a une plaque F, même s'il n'est pas équipé comme tel pour
faire du remorquage, comme le fait une remorque de garage ordinaire, peut faire
du remorquage.
M. Landry (Gérard): A l'heure actuelle, c'est la pratique
courante au Québec, tout chacun fait du remorquage. On croit que cela
peut occasionner des accidents et qu'il devrait y avoir une loi
là-dessus pour améliorer le système.
M. Lessard: Donc, la solution serait un règlement.
M. Landry (Gérard): La solution serait un règlement
qui dirait que, pour faire du remorquage au Québec, il faut avoir un
équipement minimum pour ce genre de travail. Aujourd'hui, équiper
une remorque pour un garage, c'est un investissement de $18 000 à $20
000, pour être sécuritaire, pour le client, pour les gens qui
viennent et pour le gars lui-même. (11 heures)
M. Lessard: M. Landry, vous savez qu'on est très
réglementé au Québec, et chacun pour avoir son club... Je
comprends très bien votre préoccupation de sécurité
publique, parce que si je ne suis pas équipé pour faire du
remorquage, que je suis immatriculé avec une lettre F, que je n'ai pas
de lumières pour indiquer qu'il s'agit de remorquage, il y a une
question de sécurité publique. Si on définissait, dans un
règlement général ce sont des hypothèses
les exigences d'équipement pour faire du remorquage, est-ce que
ça pourrait mettre fin, quitte à l'identifier par un FR,
définir les exigences minimales pour faire du remorquage, est-ce que
ça pourrait régler le problème? Comme vous le disiez tout
à l'heure, équiper un véhicule pour faire du remorquage,
ça coûte assez cher. Normalement, si ça coûte assez
cher, et si les exigences sont assez sévères, au nom de la
sécurité publique, ce n'est pas un gars qui fait du remorquage
une fois de temps en temps qui va s'équiper. Alors, est-ce que cela
pourrait être une solution à votre problème?
M. Landry (Gérard): Ce n'est pas la solution à
notre problème, parce que la majorité des garagistes conscients
de la sécurité routière, je pense qu'ils sont
équipés en conséquence à l'heure actuelle. Cela
veut dire que ça n'empêcherait pas les garagistes de faire du
remorquage. En tant que garagiste, quand on n'est pas sur la route, si on n'a
pas les feux d'identification nécessaires pour le faire, on a un danger
de se faire casser les deux jambes.
Le passant qui a un 4x4, il fait du remorquage pour le plaisir, la
plupart du temps il se foute de ça. Du côté des garagistes,
en faisant une réglementation avec un minimum demandé pour
être remorqueur, il n'y a pas de problème parce qu'on est
déjà équipé. Les garages au Québec qui font
du remorquage ont déjà ces équipements.
M. Lessard: Par contre, dans une tempête de neige, par
exemple, quelqu'un a un jeep ou un 4x4 ne parlons pas de jeep, parce que
maintenant, c'est élargi on est loin des habitations ou loin d'un
garage, est-ce que vous auriez des objections à ce que le
règlement soit tellement sévère qu'on ne puisse pas
permettre à quelqu'un de sortir d'urgence un autre du pétrin?
M. Landry (Gérard): Ce qui arrive, en sortant quelqu'un
d'urgence, en voulant rendre service à une personne, on coupe la route
et il arrive un accident qui en blesse cinq ou six, cela n'est pas normal non
plus. Il y a un strict minimum de sécurité à avoir. Quand
on va faire un remorquage, les remorqueurs qui sont conscients du travail
qu'ils font prennent toujours le temps de vérifier s'il y a quelque
chose qui obstrue la route, puis on allume nos phares, mais ce n'est pas le cas
des gars qui ont des 4x4.
M. Lessard: II y a des endroits au Québec où les
remorqueurs sont loin.
M. Landry (Gérard): II y a peut-être des endroits
où c'est loin, mais je pense qu'au Québec on est conscient qu'il
y a des garages à peu près partout. Il y a un surplus de garages
au Québec, d'après certains ministères; je pense donc
qu'il y a possibilité d'avoir des remorqueurs dans à peu
près toutes les régions.
M. Lessard: Surtout quand c'est en bas de zéro, comme fait
remarquer le député de Gatineau, des fois on a de la
misère à en trouver un pour repartir.
M. Landry (Gérard): C'est peut-être ce qui se
produit à l'heure actuelle, parce que tout le monde en fait. Qui veut
s'équiper d'un camion de $18 000
à $20 000 et ne pas s'en servir parce que tous les voisins font
du remorquage?
M. Lessard: Est-ce qu'un tel règlement existe en Ontario
ou dans les autres provinces?
M. Landry (Gérard): A l'heure actuelle, je crois qu'il y a
une réglementation sur le remorquage au Nouveau-Brunswick je suis
situé non loin du Nouveau-Brunswick parce qu'on n'a pas le droit
de toucher à un véhicule, d'aucune manière, dans le
fossé, avant que la gendarmerie royale soit là. On n'a pas le
droit d'y toucher d'aucune manière. Le remorqueur est passible d'une
amende s'il touche à quelque chose. Cela doit être prévu de
même pour les particuliers, ils ne doivent pas avoir le droit de toucher
à un véhicule.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup, MM. Landry et
Thériault.
M. Landry (Gérard): Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Brièvement, M. le Président. Est-ce
qu'il est courant que des personnes qui ne sont pas des remorqueurs, des
propriétaires de 4x4 ou autres, parce qu'ils ont l'immatriculation font
du remorquage de façon commerciale ou si ça présente
seulement... En d'autres mots, est-ce que c'est le propriétaire d'un 4x4
qui rend service à un autre qui est en panne quelque part ou si c'est
quelque chose de plus organisé, de plus systématisé que
ça?
M. Landry (Gérard): Ce qui se produit aujourd'hui, c'est
qu'il y a des gars qui ont des 4x4 qui ne sont pas équipés pour
faire du remorquage. Ils en font avec un bout de corde et ils s'en vont avec
ça. Il y a même de nos garagistes qui ne sont pas
équipés pour le faire et qui le font de manière non
sécuritaire.
M. Gratton: En règle générale, ce genre de
personnes, ce sont d'autres garagistes, si je comprends bien.
M. Landry (Gérard): Non, pas en règle
générale. Il y a des garagistes, comme d'autres groupes de gens,
qui le font, ce qui n'est pas normal.
M. Gratton: Quand vous parlez de remorquage, sans doute que vous
excluez le service de dépannage, quand la batterie est morte ou quelque
chose comme ça. Ce n'est pas de ça que vous voulez parler?
M. Landry (Gérard): Non. Quand on parle de remorquage,
c'est quand on va chercher un véhicule qui a pris le côté
du chemin...
M. Gratton: Pour le transporter.
M. Landry (Gérard):... ou qui est en panne sur la route,
qui a besoin de partir d'un point A pour arriver à un point B. On
l'amène à un garage pour qu'on fasse la réparation. C'est
ce qu'on appelle un remorquage. Un dépannage, c'est autre chose, parce
que tu peux le faire avec un petit camion de service, un jeep ou n'importe
quoi. Cela n'implique pas un danger réel sur la route. On parle de
remorquage quand on traîne un véhicule derrière un
autre.
M. Gratton: D'accord.
M. Landry (Gérard): Le danger est là s'il y a des
gens qui suivent les deux véhicules et qui ne voient pas les feux
arrière. Souvent, la nuit, si un 4x4 remorque un autre véhicule,
il n'y a aucun branchement de lumière qui se fait entre les deux. En
arrière, les phares sont éteints, il n'y a rien; c'est un danger
pour les autres véhicules qui se trouvent derrière. C'est ce
qu'on veut essayer d'éliminer, les dangers qui peuvent se produire.
M. Gratton: Nul doute que vos représentations
méritent qu'on s'y attarde et je suis plutôt enclin à
croire, comme le ministre, qu'il va s'agir bien plus de la
nécessité d'avoir une réglementation plutôt que
strictement régir ça par l'émission de plaques
d'immatriculation. Je vous remercie, M. Landry.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: Seulement une question, M. le Président. Je
connais certaines régions où il y a quatre ou cinq garages,
quatre ou cinq remorques et, comme vous le dites, c'est tellement dispendieux
qu'ils se sont organisés pour qu'il y en ait seulement un qui fasse le
remorquage. Mais, dans un cas comme celui-là, est-ce que vous seriez
d'accord pour qu'il y ait une fixation de prix maximal pour que le public ne
soit pas exploité, comme cela arrive dans certains cas,
actuellement?
M. Landry (Gérard): On serait d'accord pour une fixation
de prix minimal. Je pense que les garagistes qui opèrent avec un
bénéfice... par contre, c'est assez difficile de fixer des prix
minimaux qui soient réalistes, si on prend certaines
régions...
M. Russell: Je parle surtout d'un prix maximal.
M. Landry (Gérard): Un prix minimal ou maximal, d'accord.
Le prix maximal, je crois que, dans certaines régions, il pourrait
être plus élevé qu'ailleurs. Dans nos régions, sans
qu'il y ait de prix maximal de fixé, pour un remorquage normal fait sur
une distance de cinq milles, il y a un prix en vigueur. Il y a peut-être
certains endroits au Québec où il y en a qui profitent de la
situation, mais la règle normale...
M. Russell: Je pourrais vous donner deux cas bien particuliers
pour illustrer ma pensée. Si mon
auto est arrêtée et que la seule chose que ça me
prend soit un "boosting", je suis obligé d'avoir une remorque, comme
cela est arrivé dans certains cas, et ça coûte $25. Je
trouve que c'est exagéré, surtout quand il s'agit d'un quart de
mille. Dans un autre cas, cela a pris un gallon d'essence. Cela a
coûté aussi $25 plus le gallon d'essence et c'était
à moins d'un mille encore. Je vous demande s'il n'y a pas là des
abus. On est venu avec une remorque, je suis bien d'accord, pas avec une auto
ou un petit jeep, quand cela aurait coûté une bagatelle.
M. Landry (Gérard): Je crois que les remorques qu'on
emploie... Je fais moi-même du remorquage. Même si on prend une
remorque pour aller faire un dépannage, on n'exige pas le taux d'un
remorquage, parce que le dépannage va prendre dix ou quinze minutes,
tandis que pour un remorquage, on va travailler 1 h 30 ou 2 heures. Ce n'est
pas le même travail. Je crois qu'il y aurait lieu d'établir un
taux horaire qui soit normal. Un taux horaire maximal devrait être
exigé des remorqueurs du Québec. Je ne crois pas que les
garagistes du Québec se plaindraient tellement de ça. A l'heure
actuelle, le remorquage est calculé selon le temps qu'on y met.
M. Russell: M. le Président, je veux dire simplement ceci:
Je suis bien d'accord pour coopérer et tâcher de trouver une
solution pour faire en sorte que les remorques qui vont sur les routes soient
bien identifiées pour protéger le public, pour sa
sécurité, mais je voudrais aussi qu'on prenne des dispositions
pour s'assurer que le public du Québec ne se fait pas exploiter, comme
cela arrive actuellement dans plusieurs cas. Surtout quand on voit que c'est
une auto étrangère, on en profite.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: Je voudrais bien vous comprendre. On a une
définition au paragraphe 33 de l'article 1, du véhicule de
service: "un véhicule d'équipement agencé pour
approvisionner, réparer ou remorquer les véhicules routiers."
Si je comprends bien, vous demandez de pouvoir contrôler, en vue
de la sécurité publique tout le temps, lorsqu'il y a transport
d'un véhicule, d'un point à un autre, mais d'un point minimum
à un autre? Comme on le soulignait tout à l'heure, si je m'en
vais sur la route de Manie 5 on prend toujours des exemples qu'on
connaît le plus que je suis rendu à 40 milles dans le bois,
que je rencontre quelqu'un qui est en panne, dans une mauvaise situation
je suis encore sur un chemin public j'ai un 4x4 et simplement en
l'attachant, je le sors de la mauvaise situation dans laquelle il est. Est-ce
que vous pensez que je n'aurais pas le droit de faire ça? Je le sors
sans exiger quoi que ce soit, je ne le fais pas commercialement, je le fais
pour rendre service à quelqu'un, la même chose que si quelqu'un
est pris dans la neige, on arri- ve trois ou quatre personnes et qu'on le
pousse, qu'on le sort de la neige. Il me semble qu'on fait indirectement du
remorquage, mais on le fait, non pas en utilisant un camion. Si c'est ça
que vous demandez, j'aurais des gros points d'interrogation aussi.
M. Thériault: Je comprends votre point de vue, M. le
ministre. J'ai déjà fait 25 milles dans le parc de la
Gaspésie et mon client était parti, j'étais
commandé.
Une Voix: C'est vrai.
M. Thériault: Personne n'a payé. Pour ajouter
à la question des prix, nous avons des prix de liste
suggérés qui sont très logiques. On ne peut pas imposer de
prix, on suggère des prix qui sont très logiques.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup.
Mouvement pro-détecteur de radars
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie, messieurs,
de la Fédération des garagistes détaillants du
Québec. J'appelle un nouvel organisme, le Mouvement pro-détecteur
de radars, mémoire no 8-M.
Si vous voulez vous identifier.
M. Désy (Alain): A l'extrême-gauche, M. Maurice Roy,
technicien en électronique; à ma gauche, M. Pierre Dubois,
conseiller en publicité pour CKSH-TV, télévision
Sherbrooke; moi-même, Alain Désy, avocat.
M. le Président, M. le ministre, MM. les députés,
mesdames, messieurs, nous représentons un mouvement qui s'appelle
PRODERAD, c'est-à-dire que l'appellation est tirée de
pro-détecteur de radars. C'est un mouvement sans but lucratif,
formé simplement dans le but de représenter certains
détenteurs de détecteurs de radars, pour faire les
représentations nécessaires face à la loi qui a
été suggérée.
Nous représentons les intérêts d'un organisme connu
et désigné comme étant le Mouvement PRODERAD qui franchira
bientôt le cap des 1000 membres et nous avons reçu mandat de ces
derniers de vous transmettre les représentations suivantes. Soit dit en
passant, il y a peut-être certaines annotations qu'on pourrait ajouter au
cours du mémoire, parce qu'il y a eu des développements depuis la
rédaction du mémoire. Entre autres, actuellement, on a environ
3000 membres.
En effet, nous ne saurions taire notre déception lorsqu'à
la lecture du projet de réforme du Code de la route, nous avons pris
connaissance de la disposition de l'article de loi prévoyant la
défense, pour les automobilistes, de posséder et/ou utiliser un
détecteur de radar dans leur véhicule. Aussi, croyons-nous utile
et opportun d'apporter certaines corrections à la loi qui régit
nos routes, mais encore faut-il permettre aux usagers de se munir de tous les
éléments nécessaires pour leur
assurer la sécurité et toute la quiétude
n'excédant pas les bornes du bon sens et du bon père de
famille.
Vous permettrez donc que nous énoncions ici certaines remarques
qui, nous l'espérons, sauront vous convaincre qu'il n'est pas
nécessaire ni utile d'interdire l'utilisation d'un appareil
détecteur de radar dans un véhicule automobile.
Vocation de l'appareil. Tout d'abord, l'appareil détecteur de
radar est vendu couramment et librement chez plusieurs détaillants de
pièces d'automobiles. Soit dit en passant, il y a environ 40 000
détecteurs de radars en circulation actuellement dans la province de
Québec. Ces appareils se vendent en deux modèles. Une
première catégorie ne sert uniquement qu'à recevoir les
ondes émises par les radars en général alors que le second
modèle est muni en plus, d'un avertisseur de vitesse qui informe
l'automobiliste s'il franchit la vitesse de croisière choisie. (11 h
15)
Bien entendu, plusieurs consommateurs prudents se sont, à ce
jour, munis d'un appareil détecteur de radar et il serait vraiment
dommage que le législateur vienne enlever ce droit acquis aux
automobilistes.
Il n'y a plus aucune raison pour que les détaillants soient
brimés dans leurs inventaires. Nous ne pouvons non plus ignorer que
beaucoup de ces appareils seraient tout de même utilisés suivant
les règles d'un marché noir peu enviable. Il s'agit d'un appareil
récepteur. Au niveau des capacités de l'appareil détecteur
de radar, une enquête auprès de certains techniciens et organismes
gou-gernementaux concernés nous a permis d'apprendre que cet appareil ne
sert uniquement qu'à capter des ondes et n'en émet aucune. On
compare, dit-on, l'appareil détecteur de radar à un appareil
radio qui ne peut que recevoir des ondes. En conséquence, cet appareil
ne requiert, de par son principe de fonctionnement, aucun permis pour
utilisation.
J'aimerais ouvrir une parenthèse ici à l'effet qu'on a une
information du contentieux du DOC, Office des communications du Canada,
qu'actuellement, on ne demande pas de permis pour l'utilisation du radar, mais
c'est tout simplement un fait, parce que légalement, semble-t-il, on
pourrait le faire. De toute façon, je pourrai préciser cela
davantage tout à l'heure.
Certains techniciens se servent même de l'appareil
détecteur de radar pour ajuster des systèmes d'alarme ainsi que
des fours micro-ondes. Il ne s'agit donc pas d'un outil banal, à
utilisation restreinte et clandestine.
Utilisation constructive. L'appareil détecteur de radar se veut
un instrument servant tantôt d'outil, tantôt de mesure
préventive. Nous affirmons, de plus, qu'il est important pour
l'automobiliste qu'il puisse utiliser tous les moyens disponibles aux fins de
conserver ses points de démérite, éviter les arrestations
policières et les hausses d'assurance qui s'ensuivront dorénavant
pour les automobilistes pris en défaut. Une enquête auprès
de nos membres nous a permis de constater qu'environ 90% des gens qui gagnent
leur vie avec l'automobile ou le camion, ce sont nos membres.
Nous rappelons ici que ces gens sont déjà des usagers de
la route et qu'en conséquence ils payent des montants
considérables d'assurance. Comment, alors, peut-on blâmer ces
usagers de l'appareil détecteur de radar, de vouloir éviter bien
des problèmes possibles, en étant préventifs au maximum?
Tout le monde sait bien qu'il n'est pas nécessaire d'être un fou
du volant pour se voir soudain émettre une contravention pour avoir
franchi un règlement de vitesse. Par surcroît, lorsque les
gardiens de la loi de la route font souvent preuve d'une ruse malsaine en
contrôlant le tout en bas d'une côte, à l'issue d'une courbe
ou encore derrière une colline, ces derniers ne provoquent-ils pas alors
l'effet de surprise?
Cependant, certains corps de police jouissent d'une plus grande
maturité en incitant simplement les gens à la prudence. Ils
contrôlent ainsi la circulation automobile de façon
préventive en avisant les automobilistes par divers media d'information
de leur présence dans certains secteurs donnés. A titre
d'exemple, on pourrait citer les municipalités de Rock Forest,
Saint-Hubert, ainsi que d'autres municipalités.
Nous maintenons que ce rapprochement auprès des usagers de la
route a beaucoup de mérite et cadre enfin dans la société
de communication à laquelle nous aspirons tous.
Droits acquis. Il est également curieux de constater que ce n'est
qu'après de nombreuses années d'utilisation permise au
Québec que l'on pense aujourd'hui à interdire l'utilisation du
détecteur de radar. Serait-ce donc la législation de nos voisins
de l'Ontario qui a incité notre législateur à vouloir
ainsi créer cette contrainte? Si oui, doit-on alors rappeler que cette
partie de la loi de l'Ontario est devenue litigieuse depuis son adoption et que
le problème se poursuit présentement devant les tribunaux.
Inconstitutionnalité de la lettre de loi. Advenant l'adoption de
la cause anti-détecteur de radar, ne croyez-vous pas que le service de
communication du Canada, appelé couramment DOC, sera malheureux
d'apprendre que le gouvernement provincial désire ainsi s'immiscer dans
un domaine relevant des compétences fédérales. A ce
stade-ci de notre étude, nous pouvons déjà prévoir
que cette partie de la loi, si elle est adoptée, serait
déclarée ultra vires à court terme. Entre autres, nous
avons obtenu une opinion juridique du DOC à l'effet que les
détecteurs de radar seraient dans le champ de juridiction du
fédéral.
Autres appareils à utilisation libre. Que penser, enfin, des gens
qui utilisent couramment et sans aucune contrainte l'appareil "scanner" de
police alors que nous savons pertinemment bien que de plus en plus des gens
font un tel usage de ces appareils qui diffusent des informations souvent
privilégiées, même secrètes. Il n'est pas rare
d'entendre dire que certaines gens ont pu détourner la police, suite aux
informations ainsi captées à l'aide d'un appareil "scanner".
Rappelons qu'il serait, par ailleurs, bien possible, avec cet appareil, de
prévoir les radars policiers.
En conséquence, l'interdiction faite au possesseur de
détecteur de radar serait vaine.
Conclusion. Compte tenu de tous les éléments et remarques
énoncés précédemment, nous ne voyons vraiment pas
ce qui pourrait sérieusement motiver le législateur à
interdire l'utilisation du détecteur de radar pour les automobilistes
qui se servent de cet appareil, tantôt pour contrôler leur vitesse,
tantôt pour prévenir les billets d'infraction. Rappelons-nous
également des corps de métier qui utilisent l'appareil
détecteur de radar pour les fins de leur travail, sans oublier, bien
sûr, les fabricants de l'appareil et leurs employés.
Pour toutes ces raisons, et combien d'autres encore, nous croyons
honnêtement qu'il n'y a pas lieu de voir cette interdiction dans la
future Loi du Code de la route, comme le disait si bien notre premier ministre
Lévesque, le soir de son élection, "laissons toute la chance
voulue aux citoyens de la province."
En vous remerciant de votre bonne attention.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Désy. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: Laissons, toute la chance voulue aux citoyens du
Québec, même de se tuer?
M. Désy: Non, en fait, je pense...
M. Lessard: On va essayer de discuter un peu de principe. Vous
êtes très clair dans votre mémoire; de ce
côté, je peux vous reconnaître une certaine franchise. Vous
ne vous cachez pas, vous dites: On utilise les radars pour se protéger
contre les billets d'infraction. En fait, c'est ça.
Vous utilisez un langage très coloré pour le justifier. Je
vais donner quelques exemples. Vous dites: "Aussi croyons-nous utile et
opportun d'apporter certaines corrections à la loi qui régit nos
routes. Mais encore faut-il permettre aux usagers de se munir de tous les
éléments nécessaires pour leur assurer la
sécurité et toute la quiétude". Je pourrais faire le
raisonnement suivant: Encore faut-il des lois pour empêcher les bandits
de faire des vols et encore faut-il leur assurer toute la
sécurité et toute la quiétude, c'est-à-dire de
passer à côté de la loi. C'est une drôle de
philosophie.
Vous dites encore un peu plus loin: "Bien entendu, plusieurs
consommateurs prudents se sont, à ce jour, munis d'un appareil
détecteur de radar et il serait vraiment dommage que le
législateur vienne enlever ce droit acquis aux automobilistes." Est-ce
que c'est un droit acquis d'aller au-delà de la vitesse permise en
utilisant un moyen technique pour le faire et pour se protéger contre
les infractions, est-ce que c'est un droit acquis?
M. Désy: En fait, ce n'est pas ce but que nous voulons
atteindre, parce que de toute façon l'automobiliste qui possède
un détecteur de radar, s'il s'agit vraiment d'une personne qui fait de
la vitesse excessive, en aucun temps, il n'est préservé, en ce
sens que l'appareil ne lui permet pas d'éviter la possibilité du
radar et tout ce que cela amène. Tout simplement, ce qu'on veut, c'est
de protéger le type qui va sur la route qui, de temps à autre,
peut excéder la vitesse de 10 ou 15 kilomètres. On a quand
même des routes qui sont accessibles et circulables et il est courant de
remarquer qu'on peut dépasser de quelques kilomètres la vitesse
permise.
M. Lessard: Est-ce que le détecteur de radar, tel que
précisé, permet à un automobiliste qui va à 80
milles à l'heure ou à 110 kilomètres-heure, sur une route,
de prévenir le radar en face de lui?
M. Désy: II ne pourra pas le faire, parce qu'en fait,
ça va préserver uniquement l'individu qui va excéder
seulement de quelques kilomètres, on peut dire de 10 à 15
kilomètres; seulement cet individu pourra diminuer sa vitesse au moment
de l'avertissement, parce que si la vitesse est vraiment
dépassée, il ne pourra pas réduire assez rapidement, le
radar va le capter de toute façon. C'est sûr qu'à prime
abord, cela paraît cru de vouloir demander une telle chose et, bien
entendu, les gens que nous représentons, ce sont des gens qui gagnent
leur vie avec leurs véhicules. C'est bien sûr qu'ils n'ont pas
l'intention de se faire tuer dans le chemin. Le seul but, c'est pour les gens
qui vont circuler... Ecoutez, je pense, ce n'est un secret pour personne,
lorsqu'on descend une côte, dans une ville, c'est sûr que la
vitesse va s'accroître.
Par contre, lorsque le policier est en bas de la côte avec son
radar, c'est facile de dépasser de 10 kilomètres la vitesse
permise. Le type qui conduit, qui est toujours dans le chemin, est beaucoup
plus susceptible d'avoir des contraventions et, indirectement, de perdre des
points.
M. Lessard: Bien sûr. Mais c'est justement parce qu'il est
beaucoup plus susceptible de perdre des points qu'il crée en même
temps beaucoup plus de risques au point de vue des accidents, même si on
prévoit que ce sont tous des bons conducteurs qui doivent d'autant plus
respecter la loi. Quand vous parlez du corps policier, on en a parlé, je
ne suis pas entièrement d'accord à accepter la conception du corp
policier qui joue au chat et à la souris, mais figurez-vous que
dernièrement, il y a eu un vol à main armée sur un camion
de compagnie qui transportait de l'argent.
Si les policiers ne se cachent pas pour surveiller les bandits, ils vont
se faire descendre royalement, je vous le garantis. Vous rendez-vous compte
qu'on vit une situation épidémique en ce qui concerne la
sécurité routière? Les accidents d'automobile sont la
principale cause de mortalité au Québec. Et vous venez nous dire:
Parce qu'on voyage souvent sur les routes, donnez-nous les moyens de nous
protéger pour garder notre job, c'est-à-dire ne pas accumuler de
points de démérite. Un peu comme si vous veniez me dire... C'est
la philosophie qui sous-tend ça. Jusqu'où on peut aller avec une
philosophie comme ça. Si le pauvre
gars qui a fait un vol à main armée venait me dire:
Ecoutez, donnez-moi les moyens nécessaires de me protéger contre
la police et de la détecter, pour créer des infractions à
la loi. Votre mémoire, c'est strictement une justification des
infractions à la loi.
M. Désy: C'est peut-être une façon de le
voir. Ce n'est pas du tout le but qu'on a visé. Tout simplement ce qu'on
voulait, c'est une marge de manoeuvre permissible pour les gens...
M. Lessard: Le citoyen ordinaire a une marge de manoeuvre, mais
il n'a pas de détecteur de radar. Est-ce que, dans les lois, on peut
permettre une marge de manoeuvre aux citoyens? Est-ce qu'on peut avoir deux
catégories de lois? Le gars qui fait du commerce qui s'équipe
avec un détecteur de radar pour pouvoir dépasser de quelques
kilomètres la vitesse permise et l'autre citoyen qui n'est pas
équipé et qui va se faire arrêter, est-ce qu'on peut avoir
deux catégories de citoyens?
M. Désy: Respectueusement, je prétends qu'il n'y a
pas deux lois. Simplement, l'appareil détecteur de radar est accessible
à n'importe qui. Tout le monde peut l'acheter, tout automobiliste
pourrait en avoir un dans son véhicule, ça se vend même en
option sur des véhicules neufs.
M. Lessard: C'est justement pour ça qu'on veut le
défendre, pour faire respecter les règlements de la circulation
dans le Code de la route. Ce serait inacceptable, à mon sens
l'Opposition dira ce qu'elle voudra pour le législateur de
permettre l'utilisation... il va toujours y en avoir des moyens de
légaliser ou de se fermer les yeux sur un moyen qu'on utilise pour
passer outre aux lois.
Quand vous parlez d'utilisation constructive, je voudrais vous citer un
paragraphe de votre utilisation constructive. "L'appareil détecteur de
radar se veut un instrument servant tantôt d'outil et tantôt de
mesure préventive." Je comprends. "Nous affirmons, de plus, qu'il est
important pour l'automobiliste, qu'il puisse utiliser tous les moyens
disponibles..." tous les moyens disponibles, "aux fins de conserver ses points
de démérite... " Cela peut aller jusqu'à acheter des
fonctionnaires, je ne sais pas si ça se vend. ..."conserver ses points
de démérite, éviter les arrestations policières et
les hausses d'assurances qui s'ensuivront dorénavant pour les
automobilistes pris en défaut."
M. Désy, le meilleur moyen pour l'automobiliste de se
protéger et de conserver ses points de démérite,
d'éviter les arrestations policières, les hausses d'assurances,
est-ce que ce n'est pas de respecter la loi?
M, Désy: On est entièrement d'accord avec vous
là-dessus. Comme on l'a dit, le but de notre mémoire n'est pas de
faciliter les choses sur la route, de permettre une vitesse excessive, tout
simplement, c'est une marge de manoeuvre per- missible pour les gens qui sont
constamment dans le chemin et il arrive occasionnellement qu'ils
dépassent les normes de vitesse permise, à cause d'un paquet de
faits.
A ce moment-là, au niveau des faits comme tels, c'est sûr
que ça peut être discutable, bien entendu. Nous, c'est dans un but
constructif et non pas dans un but de permettre, comme on le dit, lorsqu'une
personne va dépasser de façon excessive la vitesse, elle ne
pourra jamais réduire assez rapidement pour éviter le radar.
M. Lessard: Quelles sont les raisons qui justifient, selon votre
utilisation constructive, un automobiliste à s'équiper de ce
qu'on appelle un détecteur de radar? Vous l'avez dit dans votre
mémoire. Je veux que ce soit bien clair, parce que ça
dépasse mon entendement. Quelles sont les raisons qui justifient un
automobiliste de s'équiper d'un détecteur de radar?
M. Désy: II y a un des motifs qui pourrait facilement
être explicité, c'est la façon qu'ont les policiers de
faire du radar. Venez dans notre région, dans les Cantons de
l'Est...
M. Lessard: A ce moment-là, c'est justement...
M. Désy: II y a de l'éducation à faire
là-dedans, c'est très clair. (11 h 30)
M. Lessard: Cela, c'est d'accord, c'est un autre problème.
On va parler de votre problème à vous qui vous amène
devant la commission parlementaire. C'est le problème du
législateur de faire appliquer la loi. C'est un des objectifs qu'on a
ici ce matin. Tout votre mémoire est très clair: vous êtes
justifiés de vous équiper d'un détecteur de radar, parce
que vous voyagez beaucoup plus souvent que d'autres sur les routes et que vous
voulez vous protéger quand vous faites de l'excès de vitesse et
que vous passez outre à la loi. C'est votre justification. Une autre
raison que vous donnez dans votre mémoire, c'est que, comme les
policiers jouent à cache-cache, vous voulez jouer à cache-cache
aussi.
M. Désy: ...
M. Lessard: J'irais jusqu'à dire que ce n'est pas
seulement pour la vitesse excessive, c'est dans toutes les lois, ça.
C'est certain que le bandit qui fait son vol armé ne le fait pas
à ciel ouvert, il ne le fait pas au moment où il y a 25 policiers
devant la banque. Il essaie de le faire au moment où les circonstances
le lui permettent. Les bandits aussi... J'extrapole votre philosophie. C'est
qu'eux aussi ils s'équipent très solidement pour ne pas perdre
leur liberté et aller en prison. Donc, la philosophie que soustend votre
mémoire va loin en esprit, à mon sens. C'est que toute personne,
tout citoyen et l'Etat devrait fermer les yeux là-dessus
peut s'équiper pour se protéger contre les arrestations
possibles. On outrepasse alors les lois faites à l'Assemblée
nationale par l'ensemble des députés.
M. Désy: Si je peux répondre. De toute
façon, comme vous le dites, vous extrapolez la philosophie qu'on a mise
dans le mémoire. Mais ce n'est pas ce qu'on dit dans le mémoire.
Tout ce qu'on dit, c'est qu'on veut que la personne qui circule
fréquemment sur la route ait un moyen de prévention pour qu'elle
soit avisée de la présence de radar et pour savoir si,
éventuellement, elle ne va pas trop vite. C'est une chose.
L'autre affaire, c'est qu'on veut également se munir contre la
façon de procéder des policiers. Ce sont les deux seuls buts
qu'on recherche. On n'a pas du tout l'intention de favoriser les infractions ou
quoi que ce soit. Ecoutez, ce sont des gens qui, pour la majorité,
gagnent leur vie avec leur véhicule, ils sont constamment dans le
chemin. Ce ne sont pas des gens qui veulent favoriser les accidents et les
excès de vitesse, pas du tout. On a deux objectifs, et je les ai
énoncés.
M. Lessard: Votre objectif, c'est de vous protéger contre
les personnes qui sont responsables de l'application du Code de la route et qui
jouent à cache-cache, selon vous.
M. Désy: Dans une certaine mesure, oui, parce que, quant
à nous, ce n'est pas une façon d'appliquer la loi.
M. Lessard: La meilleure façon... même si le
policier joue à cache-cache et qu'il est dans le bas de la côte,
si vous respectez les limites de vitesse, le policier, il ne vous fera pas mal,
vous n'aurez pas de points de démérite.
M. Désy: Ecoutez, on comprend, mais il n'est pas toujours
facile d'être en deçà de la limite, parce que ça
dépend des situations.
M. Dubois (Pierre): M. le ministre, est-ce que je pourrais
répondre à ça, s'il vous plaît, avec votre
permission?
Je pense qu'il faudrait retenir un point très important que Me
Désy a souligné, c'est que les gens qui possèdent ces
machines...
M. Lessard: M. Désy est avocat, si je comprends bien?
M. Dubois: ... ces détecteurs de radar, ce ne sont pas des
fous du volant.
M. Lessard: Personne n'est fou du volant.
M. Dubois: La plupart, comme on le disait dans le mémoire,
ce sont des gens qui gagnent leur vie avec leurs autos. Ce sont des gens qui
font entre 30 000 et 40 000 kilomètres par année; ils ne peuvent
pas toujours avoir les yeux rivés sur le compteur de milles, c'est
officiel. Le vendeur qui s'en va sur la route, ça peut arriver, il a une
journée de travail dans le corps, il revient de son travail, c'est
normal qu'il dépasse de 8 à 10 kilomètres la vitesse
permise et c'est souvent celui-là qui est le plus susceptible
d'être capté parce qu'il est là. A ce moment-là, le
fou du volant qui a un détecteur de radar, il n'y en a pas tellement,
parce que dans notre mémoire il y en a 90%...
M. Lessard: Comment détecter...
M. Dubois: Celui qui en a un ne peut pas s'en servir parce qu'il
entre dans le champ du radar trop vite; il n'en a pas le temps et il se fait
prendre.
M. Lessard: On n'a pas de détecteur de fous du volant,
excepté au moyen de l'application du Code de la route.
M. Dubois: Je suis d'accord avec vous parce que vous faites les
règlements. Ce qu'on veut appuyer, c'est le genre de type qui a
ça, soit le gars qui veut nécessairement, pour 8 ou 10
kilomètres... parce qu'il a une journée de fatigue dans le corps,
il s'en revient de son travail. Il est toujours sur la route, il paie plus cher
d'assurance et il n'a même pas le droit de déduire son automobile
de son rapport d'impôt à la fin de l'année, quand il est
à commission.
M. Lessard: C'est une autre histoire. Il en a le droit, un
instant, on peut s'en parler!
M. Désy: Je suis d'accord. Toutes les lois sont contre
nous, on paie plus cher d'assurance et on a toutes les dépenses de notre
bord. En plus, c'est nous qui écopons des contraventions. Je ne peux pas
dire que j'en ai eu, je n'en ai pas eu encore. Par contre, je veux me
protéger. Pour 8 à 10 kilomètres de trop, je ne mets
aucune vie en danger et, lorsque j'entre dans une municipalité, je
circule à la vitesse permise.
M. Lessard: Un instant! Vous ne mettez aucune vie en danger... le
législateur a décidé, a fait un Code de la route pour
qu'il soit respecté.
Je vais poser la question à M. Désy. Comme avocat, comme
tel, êtes-vous favorable à ce qu'il y ait deux groupes de
citoyens, le commerçant, par exemple qui pourrait se prémunir
contre l'application du Code de la route et le citoyen ordinaire? Tous les
individus et toutes les personnes se disent toujours qu'ils ne sont pas des
fous du volant. Ils se disent toujours cela. Il y a 58 000 blessés par
année et il y a entre 1500 et 1700 mortalités qui arrivent
à un moment donné à cause des accidents de la route. Je
pense que le législateur doit en prendre conscience et ne jamais
en tout cas, quant à moi favoriser qu'on dépasse ou qu'on
aille outre à quelque loi que ce soit y compris le Code de la route, et
c'est ce que je trouve curieux. Il me semble que toute personne qui s'en
viendrait ici, M. Désy, pour justifier à mon sens une chose comme
celle-là devrait, à mon sens si le Code de la route
n'était pas une chose dont on ne prend pas conscience, être
honnie, je pense, devrait être je ne prendrai pas des mots aussi
forts blâmée très sévèrement. Je
trouve quand même que vous avez du front, pour employer le terme
français, de vous présenter pour venir justifier une
chose comme celle-là. Dernièrement, je recevais une
lettre, une pétition signée par 200 citoyens. On me disait: Nous,
on n'est pas des fous du volant. On sait conduire. On ne veut pas être
appelés à tous les dix ans. Les 3 500 000 conducteurs au
Québec disent tous cela, mais on a les résultats aussi. Je n'ai
pas d'autres questions à vous poser.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, qu'on soit d'accord ou non
avec les représentations qui nous sont faites ce matin par le Mouvement
pro-détec-teur de radar, quant à nous, nous respectons le droit
de ces personnes de faire valoir leur argumentation sans être
injuriées d'aucune façon.
Il me semble que c'est aller un peu à l'encontre de l'objectif
que nous poursuivons, c'est-à-dire celui d'améliorer notre triste
record de sécurité routière surtout lorsqu'on a fait
valoir la semaine dernière que, quel que soit le Code de la route que
nous ayons, quelles que soient les dispositions législatives qu'on
puisse se donner, il est un fait qui demeure: on ne réussira à
assurer la sécurité routière qu'en appliquant
rigoureusement les lois qu'on a et en renseignant les usagers aussi bien que
les citoyens en général des dispositions de ces lois.
A titre personnel, je serais peut-être enclin à dire:
Allons-y. Laissons l'entière liberté à tous les individus
de faire à peu près tout ce qu'ils veulent à condition de
respecter les lois, mais cela rejoindrait un peu l'argumentation des personnes
qui nous disaient, au moment où on a adopté la loi 13 pour
obliger les automobilistes à porter la ceinture de
sécurité, que c'est mettre en cause la liberté
fondamentale, le droit fondamental d'une personne de s'attacher ou pas. Je
pense que l'objectif visé et surtout les informations que nous
possédions et qui se sont avérées fondées, à
mon avis, ont justifié le gouvernement d'adopter ces mesures.
En l'occurence, ici, il me semble, à moins qu'on en fasse la
preuve et je ne conteste pas votre droit à venir faire les
représentations que vous faites je ne vois réellement pas
à quoi peut servir un détecteur de radar dans le cadre
législatif de la discussion autour de la loi où on se retrouve ce
matin, autre qu'à avertir l'automobiliste qu'il dépasse la
vitesse permise par la loi. A ce moment-là, lorsque vous faites allusion
à la nécessité de protéger les professionnels de
l'automobile ou les gens qui se servent de leur automobile en vue de la
promenade seulement, de les protéger contre la perte de points de
démérite, je trouve qu'on s'en va à l'inverse de ce qu'on
devrait vouloir faire. Le système de points de démérite...
Je n'aime pas me faire donner des points de démérite à
titre personnel, mais c'est peut-être la seule chose qui va finir par me
motiver à faire attention, à respecter les lois et à faire
en sorte de ne pas devenir moi-même une cause d'accident.
Lorsque vous faites allusion, par exemple, dans votre mémoire, au
fait que l'utilisation constructive du détecteur de radar permettra
d'éviter des points de démérite pour prévenir les
arrestations policières et les hausses d'assurance qui s'ensuivront
dorénavant pour les automobilistes pris en défaut, là, je
pense que vous faites allusion à cette possibilité que le
président de la Régie de l'assurance automobile a
évoquée, à savoir celle d'imposer une prime d'assurance
à partir des points de démérite. Mais ce n'est pas encore
fait. La raison pour laquelle ce n'est pas fait, c'est que le système de
points de démérite ne fonctionne pas ou à peu près,
en tout cas, pas assez efficacement pour qu'on puisse s'en servir, soit
à des fins comme celles préconisées par M. de Coster, soit
à d'autres fins comme... Je pense que ce sont les gens, les
autorités de Rock Forest qui faisaient allusion à la
possibilité de donner des primes de mérite. C'est inutile d'avoir
un système de points de démérite forcément si les
délais sont de six mois entre la comptabilisation des points et le
moment de l'infraction.
Tout cela pour dire que, quant à nous, vous ne trouverez pas des
avocats très farouches de votre cause auprès du ministre. On
convient que les argumentations que vous employez, à savoir que la
police se sert souvent de moyens plus ou moins louables pour faire respecter
les lois, c'est valable. C'est un fait que plusieurs corps policiers emploient
des méthodes qui ne sont pas toujours parfaites. Le ministre des
Transports lui-même l'a indiqué à plusieurs reprises la
semaine dernière, et encore ce matin, qu'il n'est pas d'accord en
principe avec ce genre de façon de procéder. On a eu la
démonstration la semaine dernière, des autorités de Rock
Forest aussi bien que d'autres mémoires qu'on a entendus, qu'il y a des
façons beaucoup plus efficaces de faire respecter les lois, de
créer un climat différent qui amène les gens, les
automobilistes en particulier à respecter les lois. Je ne pense pas que
le détecteur de radar soit un de ces moyens quoique je ne conteste pas,
encore une fois, vos représentations à cet effet.
Je terminerai par une simple question, M. le Président. On lisait
au mémoire que votre association que votre mouvement comptait 1000
membres. Si j'ai bien compris, vous nous avez parlé de 3000
tantôt. Dois-je conclure que c'est la proposition qui est contenue
à l'avant-projet du Code de la route qui a suscité ce regain
d'intérêt pour votre mouvement et que vous avez effectivement
recruté quelque 2000 membres dernièrement?
M. Désy: Depuis la rédaction du mémoire et
depuis les démarches qui ont été faites, il y a des gens
qui sont postés à divers endroits dans toute la province et qui
ont fait signer des pétitions à cet effet auprès de gens
qui possèdent des détecteurs de radar.
M. Gratton: Qui sont devenus membres de votre mouvement?
M. Désy: C'est cela. Des membres adhérents.
M. Gratton: C'est tout à fait normal. Je trouve qu'il n'y
a pas d'autre façon pour les gens qui veulent défendre leurs
intérêts et vous avez des inté-
rets... Je trouve que c'est tout à fait normal qu'ils se joignent
à votre mouvement. J'ai peur, par contre je vous le dis bien
candidement que vous ne trouviez pas tellement de sympathie au niveau de
cette commission, mais je vais peut-être...
M. Désy: II ne faut pas surpasser quand même... On
dit qu'on prend une interprétation philosophique du rapport. On comprend
que c'est une façon... Chacun peut le voir de la manière qu'il
veut bien en prenant connaissance de ce qui est mentionné à
l'intérieur. Ce qu'on vous dit, c'est que nos buts à
l'intérieur de cela sont bien précis. D'une part, il y a quand
même deux paliers là-dessus. Il y a quand même l'utilisation
par les gens qui gagnent leur vie avec cet appareil. Il y a également
une question de continuité qui a été
vérifiée. A ce moment-là, en temps et lieu, s'il faut se
débattre, ce sera sûrement une chose, un point qui pourrait
être soulevé en temps et lieu, mais c'est quand même un
autre facteur qui est très important à ce niveau. Le DOC en a
été avisé et il a également appuyé notre
mémoire à cet effet quant à l'utilisation permissive, en
droit comme tel, de cet appareil.
M. Gratton: Remarquez bien, quant à votre première
argumentation, que l'objectif que vous visez est louable en soi, sauf que vous
devez convenir que cela permettra également de ne pas bannir
l'utilisation des détecteurs de radar, à des gens de violer la
loi impunément, ce pourquoi le Code de la route n'a pas
été conçu. Quant à la question constitutionnelle,
on en a tellement de débats constitutionnels depuis quelques
années. On en a dans tous les domaines. On n'a pas fini d'en avoir avec
le gouvernement qu'on a devant nous. Cela fait partie, j'imagine, de la
souveraineté-association et on n'est pas prêt de la trancher ici
à la commission des transports.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Gatineau. M. le député de
Brome-Missisquoi. (11 h 45)
M. Russell: Je veux simplement faire quelques remarques, M.
Désy. Je comprends la position du ministre, il faut quand même la
comprendre; il y a un principe de loi et ce n'est pas facile pour lui de
répondre favorablement au mémoire que vous avez
présenté. Par contre, je reconnais aussi votre droit de
présenter ce mémoire devant cette commission parlementaire, de
faire valoir les droits de vos clients, les gens qui sont possesseurs de
radars.
Je roule environ 40 000 milles par années, ou un peu plus; je
n'ai pas de détecteur de radar, mais je paie des amendes de temps en
temps. Par contre, je ne suis pas pour les policiers qui se cachent
derrière des viaducs ou ailleurs pour nous prendre en souricière,
pas plus que je suis tellement favorable aux radars et à la façon
dont ils sont utilisés. Mais il y a une chose qui est certaine
vous avez soulevé un point qui est très intéressant
c'est qu'il va falloir établir exactement ce qu'est un détecteur
de radar c'est facile, si on connaît un peu l'électronique, de
brancher une attache à une radio qui devient détecteur de radar.
Est-ce que, à ce moment, la police va m'enlever ma radio? Est-ce que je
vais commettre une infraction? Je pense qu'il faudra faire en sorte qu'on
établisse exactement ce qu'est un détecteur de radar.
Actuellement, il y a un appareil qu'on vend; on a mentionné qu'il y en a
deux ou trois qu'on vend et qui font exactement le même travail, mais si
on commence à établir, dans nos lois, qu'on défend les
détecteurs de radar et qu'on n'établit pas ce qu'est un
détecteur de radar, on va se créer des problèmes qui ne
sont pas acceptables: l'intrigue, et on a beaucoup trop d'intrigues dans ce
domaine pour continuer à les multiplier. Je pense donc que, même
si on ne peut pas être d'accord avec le mémoire et dire qu'on va
permettre à une classe de citoyens, parce qu'elle a de
l'équipement, de passer outre à la loi, je crois bien qu'on va
devoir quand même trouver une façon de déterminer d'avance
ce qu'est un radar pour que les policiers ne puissent pas prendre toutes sortes
d'autres excuses pour abuser des pouvoirs qu'ils ont actuellement et qui sont
mal utilisés à certains moments.
M. Roy (Maurice): Je pourrais peut-être, M. le
Président, si vous le permettez, répondre à cette
question. C'est que le détecteur de radar est un appareil
complètement indépendant d'une radio d'automobile et qui ne peut
pas s'annexer à un appareil-radio, c'est une petite boîte
complètement indépendante, qui est achetée
indépendamment de l'automobile. Dans certains cas, l'appareil s'installe
à différents endroits dans l'auto, mais il faut qu'il soit quand
même visible à l'avant du pare-brise.
Il y a d'autres cas aussi où le même appareil peut servir
à certains travaux, comme dans les systèmes d'alarme, qui servent
dans l'ajustement des distances. Alors, moi-même je fais l'installation
de systèmes d'alarme et je m'en sers; je n'aurais pas le droit de
l'avoir dans mon auto. Vous savez, c'est un facteur qui devient un couteau
à deux tranchants. Pour répondre à votre question, c'est
un appareil complètement indépendant d'un appareil-radio.
M. Russell: Celui dont vous parlez est complètement
indépendant...
M. Roy: Le détecteur de radar seulement.
M. Russell: ... mais je ne sais pas si vous admettez avec moi que
c'est possible d'avoir une attache à une radio, qui peut détecter
le radar, sans que ce soit le système que vous avez actuellement?
M. Roy: Non, la radio est un appareil indépendant;
d'ailleurs les gammes de fonctionnement des fréquences ne sont pas du
tout les mêmes. Une radio, c'est un appareil récepteur et un
détecteur, c'est un détecteur, c'est un peu diffé-
rent, parce que la radio si vous prenez comme le "scanner" de
police révèle l'information immédiatement, tandis
que le détecteur ne révèle pas, il donne seulement des
fausses alarmes pour différentes raisons.
M. Russell: D'accord. Ecoutez, on en a plusieurs sortes de ces
systèmes; je connais une société qui a une trentaine de
camions et les chauffeurs sont obligés de payer les infractions, alors
ils s'organisent toutes sortes d'affaires pour ne pas être obligés
de les payer, ça c'est certain. Je peux donc vous dire que je connais
plusieurs systèmes, pas seulement deux, plusieurs; quoique je pense que
si on veut aller dans ce domaine et légiférer, on va être
obligé d'établir clairement à quoi on se
réfère.
M. Roy: Un détecteur, c'est un détecteur; un
récepteur, c'est un récepteur.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, messieurs. J'appelle
maintenant le groupe suivant, qui est la Chambre des huissiers du
Québec. Si vous voulez vous présenter.
Chambre des huissiers du Québec
M. Roy (Serge): M. le Président, je suis Serge Roy,
président de la Chambre des huissiers du Québec; je suis
accompagné, à mon extrême gauche, par M. Alain Coulombe,
huissier, représentant la région de Québec; Mlle Odette
Desjardins, huissier et secrétaire adjoint; M. Jean-Marc Paquet, l'un
des directeurs, ainsi que, à ma droite, M. André Mathieu,
responsable du comité spécial sur les problèmes
routiers.
Je tiens à vous remercier immédiatement d'avoir permis que
nous soyons entendus par la commission. Nous tenterons de vous soumettre nos
recommandations le plus rapidement possible.
La Chambre des huissiers du Québec est une corporation à
but non lucratif qui a comme but la protection du public, celle de ses membres
et représente ceux-ci au niveau des recommandations sur divers projets
de loi, tant au niveau du gouvernement du Québec, qu'à d'autres
paliers de gouvernement.
Les huissiers sont, par définition, des officiers de justice
habilités à signifier les actes de procédure
émanant de tout tribunal à mettre à exécution les
décisions de justice ayant forme exécutoire et à exercer
toute autre fonction dévolue à un huissier en vertu de la
loi.
Tous les huissiers présentement en exercice sont régis par
la Loi des huissiers, SRQ 1974, et sont sous l'autorité du ministre de
la Justice. Le ministère de la Justice a, par cette loi,
créé un bureau de surveillance, soit le Bureau d'administration
de la Loi des huissiers, qui a le pouvoir de donner une formation à ses
officiers et qui émet les directives utiles sur le travail tout
spécial que l'huissier fait dans cette société. Ceux-ci
sont de plus soumis à un code de déontologie très
sévère et sont assermentés dans l'exercice de leur
fonction.
Il va sans dire que, de plus en plus, dans la procédure moderne,
les significations dites de dernière minute, que nous appelons
également d'urgence, sont aujourd'hui très nombreuses. Ceci
crée un problème d'importance à l'huissier lorsqu'il se
voit dans l'obligation d'arrêter son véhicule dans un endroit
à stationnement restreint ou prohibé. A titre d'exemple, il
serait impensable de remettre au lendemain l'assignation de dernière
heure à un témoin. Le délai de rigueur étant
strict, il ne permet donc aucun retard.
Il est reconnu que l'huissier est un officier public; ce dernier n'est
pas un fonctionnaire de l'Etat, mais il oeuvre tant dans l'entreprise
privée que publique. Tantôt, il exécute les
procédures des différents gouvernements municipaux, des
régies et des divers ministères du gouvernement du Québec,
et celles provenant du Code de la route.
En aparté, nous vous soulignons que plusieurs des huissiers se
spécialisent, outre les saisies dans l'exécution de mandats
d'amener, d'habeas corpus et de mandats de dépôt du Code de la
route (mandats d'arrestation). L'huissier étant, à ce chapitre,
un agent de la paix au même titre qu'un policier ou autre officier de
cette nature, il a de ce fait un rôle extrêmement important dans le
rouage de l'appareil judiciaire. Le principal outil de son travail étant
sa voiture, il est donc sur la route et doit faire face à tous les
problèmes inhérents à la circulation, à
l'intérieur de grands centres urbains comme Montréal, Sherbrooke,
Québec et les autres villes importantes.
L'huissier étant un instrument indispensable à la justice,
il a les obligations et les responsabilités d'un agent de la paix, mais
n'en a pas, par contre, tous les privilèges et doit souvent en payer le
prix.
Dans les amendements que nous vous soumettons, nous tenterons d'apporter
des correctifs qui amélioreront les conditions de travail de nos
membres, leur apporteront la protection nécessaire et augmenteront la
qualité et l'efficacité de leurs services comme
représentants du ministère de la Justice et du ministère
des Transports.
Les amendements proposés. Chapitre 1, article 1,
trente-cinquième définition, page 6: Nous aimerions ajouter "ou
tout autre véhicule conduit par un agent de la paix, lorsqu'en
exercice." Explication: Ceci régulariserait le cas des agents de la
paix, lorsqu'ils conduisent des prisonniers aux divers pénitenciers, le
tout à des fins sécuritaires, gardiens de pénitencier,
agents du ministère des Transports, gardes-chasse, huissiers, etc.
Une Voix: ...
M. Roy: Voulez-vous que je continue et qu'ensuite vous posiez des
questions?
Une Voix: Oui.
M. Roy: D'accord. Chapitre II, paragraphe 12, troisième
alinéa, page 9. On ajouterait, au troisiè-
me paragraphe: "et aux huissiers, en leur qualité d'agents de la
paix." Explication: Nous croyons juste et raisonnable que les huissiers
obtiennent, de manière officielle, les renseignements utiles et
légitimes à l'exercice de leur fonction, et plus
spécifiquement sur les plaques d'immatriculation, afin d'exécuter
les ordonnances des cours de justice avec plus de sécurité et
d'efficacité au niveau des saisies d'automobiles.
Chapitre III, article 26, section 3, page 15. On voudrait ajouter: "Si
le propriétaire d'un véhicule est un huissier en exercice et si
ce dernier en fait la demande, il peut lui être octroyé une plaque
d'immatriculation gouvernementale, G ou autre, et ce dernier peut faire
inscrire sur son certificat d'immatriculation cette qualité d'officier
de justice, à l'adresse de son bureau local." Explication: Ceci
faciliterait les déplacements de ces officiers et serait une
reconnaissance officielle de leur statut, à l'intérieur des
cadres judiciaires et policiers.
Chapitre III, section 4, article 49, sixième paragraphe, page 15.
On voudrait ajouter: "Lors d'une vente en justice, l'huissier instrumentale
fait parvenir, au Bureau des véhicules automobiles central un double de
l'acte de vente avec les renseignements pertinents". Explication: Ceci dans le
but d'éviter toute altération d'un acte authentique, lequel doit
être certifié par le sceau de l'huissier qui en conserve un double
à son étude.
Chapitre V, section 2, article 163, page 39. On ajouterait: "Cette
convocation doit être signifiée par ministère d'huissier,
par les moyens appropriés prévus au Code de procédure
civile." Explication: Vu l'importance que revêt une telle convocation
(perte de travail due à l'annulation du permis de conduire), nous
trouvons extrêmement important de le faire d'une manière
officielle. J'aimerais ajouter aussi qu'en signifiant le jugement par lequel
l'individu perd son permis de conduire, on pourrait lui demander de nous
remettre son permis de conduire, qu'on ferait parvenir au Bureau des
véhicules automobiles.
Chapitre VIII, section I, article 184, page 44: On voudrait ajouter "ou
agents de la paix", à la première ligne. Explication: Afin
d'englober tous les agents de la paix et être en accord avec l'article 1,
35e définition, incluant les officiers du ministère des
Transports, les agents de la paix du ministère de la Justice et autres
officiers de même nature.
Chapitre VIII, Section VIII, article 217, page 50. A la troisième
ligne, nous aimerions ajouter "d'huissiers ou d'autres agents de la paix".
Explication: Ceci serait également en accord avec les normes de
sécurité demandées par les policiers, lorsqu'un
prévenu fait l'objet d'un mandat d'ha-beas corpus ou autres. Il
sécuriserait les officiers en charge de tels mandats.
De plus, l'huissier, dans l'exercice de ses fonctions, doit descendre de
son véhicule à plusieurs reprises, 30 à 40 fois par jour,
en moyenne, afin de signifier les procédures qui lui sont
confiées et cela, souvent dans le même arrondissement.
Chapitre X, Section IV, articles 401b) et c), page 84: On ajouterait,
à b), "la saisie des biens meubles de la partie défenderesse", au
lieu de "du défendeur". Cela engloberait les compagnies, à ce
moment-là.
A l'article c), "l'incarcération du prévenu pour une
période n'excédant pas trois mois", afin d'être en accord
avec le libellé des mandats d'arrestation où le défendeur
est alors appelé "prévenu" au niveau du Code de la route.
En conclusion, nous constatons que l'huissier, dans la majorité
des cas, est l'officier qui exécute les amendes relatives au Code de la
route, soit par la saisie des meubles ou par l'incarcération des
prévenus.
Depuis plusieurs années, la Sûreté du Québec
et les différents corps policiers municipaux se retirent de plus en plus
de ce champ d'action. Nous croyons donc que si le ministère de la
Justice et le ministère des Transports désirent une plus grande
efficacité dans l'exécution de ces ordonnances, ils doivent
donner à l'huissier les outils et la protection nécessaires
à son travail et lui conférer les prérogatives que lui
accorde son statut d'agent de la paix.
Nous sommes d'opinion que votre commission est à même de
solutionner certains problèmes de l'huissier et nous osons croire que
ces quelques amendements seront étudiés par votre comité
de législation et deviendront, dans un avenir rapproché, un
apport pour cette justice que nous desservons.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, monsieur.
M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Est-ce que, comme huissiers, d'après
l'interprétation que j'aurais de votre texte, vous avez quelquefois,
à conduire des personnes puisqu'il s'agit, je pense, d'un
véhicule privé qui sont en état d'arrestation?
M. Roy: Souventefois sur des mandats d'arrestation qui
relèvent du Code de la route ou des cours municipales, sur des mandats
d'amener lorsqu'un témoin ne se présente pas à la cour sur
assignation et, en d'autres termes, au niveau des tutelles et curatelles quand
il y a une ordonnance rendue d'amener un individu à un institut
psychiatrique. Nous avons à faire ça.
M. Lessard: Normalement, un huissier doit faire un travail assez
discret, je pense, et si votre véhicule est identifié, comme vous
le demandez, est-ce que ce travail va demeurer discret?
M. Roy: On parle dans le mémoire d'un G, mais je pense
que... Je ne suis pas au courant exactement des normes au ministère des
Transports, mais je sais qu'au niveau des autos fantômes de la police,
par exemple, ils ont certains numéros que les policiers connaissent
entre eux, mais qui ne sont pas nécessairement connus du
public. On parle de G là, mais il y a peut-être un autre
système qui consiste à avoir un numéro quelconque ou une
tolérance dans le sens que si vous recevez la sommation ou que vous
comparaissez en cour, à ce moment-là, vous disiez: Ecoutez, on se
réfère à... On plaide non coupable et là, je ne
sais pas...
M. Lessard: Si je comprends bien, vous voulez des voitures munies
de feux rouges et bleus et de sirènes?
M. Roy: Non, pas nécessairement. Si un des membres
désire avoir un clignotant, parce qu'il est porté à
travailler souventefois à des urgences, à ce moment-là,
que la possibilité lui soit donnée sans qu'il soit
pénalisé, mais non pas travailler à longueur de
journée avec ça. C'est seulement dans un cas d'urgence qu'il peut
s'en servir.
M. Lessard: Oui. Il y a déjà eu des endroits
où c'était permis, ces utilisations de feux ou de sirène,
mais on n'est pas toujours là pour surveiller dans quel cas, en fait,
dans quelles circonstances c'est appliqué.
Vous parlez de vous relever de l'obligation de porter la ceinture de
sécurité. L'Association des policiers et de pompiers du
Québec, vendredi, je pense, ou jeudi, me recommandait, au contraire,
d'imposer aussi aux policiers, étant donné qu'ils ont à
circuler assez vite, le port de la ceinture de sécurité
obligatoire. Comment conciliez-vous ça... C'est drôle, moi, je la
porte pas mal, quand je conduis mon véhicule, la ceinture de
sécurité et quand j'ai à descendre et parfois,
écoutez, on fait du bureau dans le comté et on a à aller
voir des individus et des gens, c'est assez urgent, les députés
aussi, parce que tous les députés... je ne trouve pas que
ça prend un temps énorme de s'attacher et de se détacher.
(12 heures)
M. Roy: Si vous permettez, M. le ministre. Au niveau du
constable, je suis d'accord avec vous, quand il est question de courir
après un individu, il s'attache et s'en va à 115, 125 milles
à l'heure. Mais quand il arrête son individu et qu'il l'embarque
dans son auto, la majorité des autos de police sont
protégées par un grillage. L'huissier, lui, ne s'en va pas
à 100 milles à l'heure pour chercher son gars, il y va à
cinq ou six heures le matin et il a un mandat de l'amener ou un mandat
d'emprisonnement. Viens-t'en, tu ne paies pas. Tu as une amende de quelques
dollars. Le gars ne s'en vient pas. Tu l'embarques dans ton auto. Tu n'as pas
de grille de sécurité. Tu mets ta ceinture. Il peut arriver,
prendre la ceinture et te la mettre autour du cou et dire: Mon noir, je
débarque ici.
M. Lessard: Est-ce que c'est déjà
arrivé?
M. Roy: C'est sûrement déjà arrivé.
C'est ce qui est arrivé dans une municipalité dans la
région de Montréal en Cour municipale, où un huissier qui
a exécuté un mandat comme celui-là a été
arrêté par la police pour non-port de la ceinture de
sécurité. Il a expliqué au policier ce qui se passait. Le
policier lui a dit: Tu t'expliqueras en cour. Le juge à la cour lui a
simplement dit: Ecoutez, moi, j'applique la loi.
M. Lessard: Non, ce que je vous demande, le cas que vous me
donnez, à savoir, par exemple, que quelqu'un était
derrière le véhicule et il aurait utilisé la ceinture pour
étouffer l'huissier...
M. Roy: II a tenté de l'étouffer. L'huissier a
réussi à se défendre.
M. Lessard: Tenté? Est-ce que, dans ces circonstances,
vous iriez jusqu'à demander à être armés?
M. Roy: Moi, en tant que président de la chambre, je
dirais non. On ne demanderait pas ça parce qu'il y a toujours un risque,
lors d'une saisie ou d'un mandat d'emprisonnement, que la pagaille ou
l'engueulade s'ensuive et un huissier c'est un gars comme un autre. A un moment
donné, il peut perdre patience. On préfère que nos membres
n'aient pas... Il y en a quelques-uns qui ont fait des demandes de permis de
port d'arme. Quand la Sûreté du Québec leur accorde, tant
mieux, mais c'est très minime.
M. Lessard: Je termine là-dessus. Comme je ne suis pas
avocat, comme tel, et que je ne connais pas, très
précisément, le travail que vous avez à faire comme
huissiers à tous les jours parce que quand vous me parlez de 40, 50
mandats par jour à livrer, et comme le Code de la route a
été préparé en relation aussi avec le
ministère de la Justice, je transmettrai vos revendications, je vais en
discuter avec le ministre de la Justice et on verra ce qui peut être
acceptable là-dedans et ce qui ne l'est pas.
Je vous remercie beaucoup.
M. Roy: II serait possible, à ce moment-là, d'avoir
un genre de comité tripartite du ministère des Transports, du
ministère de la Justice et de la Chambre des huissiers pour discuter de
tout ça?
M. Lessard: Ecoutez...
M. Roy: Cela peut être envisagé?
M. Lessard: ... je verrai le ministre de la Justice à ce
sujet-là, parce que je pense que ce sont, d'abord, les recommandations
du ministre de la Justice qui vont m'influencer en ce qui concerne votre
mémoire comme tel.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre.
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le député de Charlevoix, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, une couple de questions
seulement.
Quand vous demandez que vos véhicules soient
considérés comme véhicules d'urgence, en regardant
l'ensemble des suggestions que vous faites, je pense qu'il y a quelque chose
à retenir pour le législateur. Est-ce qu'un certain type
d'identification de la plaque d'immatriculation ne devrait pas permettre, avant
qu'il y ait des contraventions de données, que la police puisse
vérifier quelle sorte de travail vous faites, quand vous mentionnez
"stationnement sur un terrain interdit" ou ces choses. Je pense qu'on peut
retenir quelque chose là-dedans, ou, avant de coller une contravention,
il y aurait peut-être lieu, évidemment, qu'une vérification
s'impose. Mais quand vous dites que ces véhicules soient
considérés comme véhicules d'urgence, plus on
élargit, évidemment la notion de véhicule d'urgence,
à un moment donné, tout le monde va être
considéré... parce qu'on a parlé des
véhicules automobiles des médecins également. Je pense que
tous ceux qui ont vécu dans la province savent que, parfois, les
véhicules des médecins servent d'ambulance, mais, quantité
de fois, par contre, c'était pour leur propre compte, pour leur famille
et où on abusait des lois.
Je voudrais que vous me donniez un renseignement sur l'ensemble du
travail effectué par les huissiers. Est-ce qu'il y a tellement
d'urgences qui appellent une telle réglementation?
M. Mathieu (André): Dans les ordonnances de cour, qui sont
très nombreuses, il arrive journellement que ces ordonnances doivent
être faites rapidement. On ne voudrait pas causer...
M. Mailloux: Qu'est-ce que ça signifie, rapidement? Dans
une journée, deux jours, trois jours ou à quelques heures
d'avis?
M. Mathieu: C'est dans la journée immédiate,
c'est-à-dire que si on reçoit une urgence à trois heures
et c'est une place d'affaires, c'est évident qu'on ne peut pas remettre
ça au lendemain, sans quoi le cours de la justice devient
inopérant. On est nanti de ces ordonnances journellement et il y en a
passablement. On peut prendre le cas des injonctions, par exemple.
Il y a aussi une autre chose, comme vous le mentionniez tantôt.
Lorsque l'huissier est nanti d'une ordonnance d'un juge d'enlever un
véhicule ou, enfin, une ordonnance de saisie, c'est évident qu'il
doit quand même effectuer cette saisie avec toute la rigueur qu'un
officier doit y mettre, c'est-à-dire que si un individu se soustrait
à l'exécution du mandat ou de l'ordonnance d'un juge, on ne peut
pas librement le laisser aller comme ça et dire: C'est bien dommage,
mais mon gars vient de partir; je l'ai manqué. Comme officier de
justice, on a la responsabilité d'exécuter le mandat avec toute
la force voulue. A ce moment-là, si l'individu quitte les lieux de la
saisie avec son véhicule qui est l'objet d'une ordonnance de la cour, on
se doit nous, de procéder immédiatement à la saisie du
véhicule. De là l'importance que revêt notre demande sur le
véhicule d'urgence, à savoir la possibilité d'avoir un
clignotant. On ne veut pas faire des urgences constamment avec un clignotant
rouge. Ce n'est pas là le but. Le but visé est d'effectuer
l'ordonnance de cour avec toute la rigueur qu'il faut, à savoir faire
coller l'individu s'il quitte les lieux et éviter que l'individu se
défile à la justice. C'est là le but visé.
Le Président (M. Bordeleau): M. Paquet? M. Lessard:
Une explication qui fait suite... Le Président (M.
Bordeleau): M. le ministre.
M. Lessard: En fait, votre véhicule est un véhicule
personnel. C'est là le problème.
M. Roy: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Je pense que M. Paquet aurait
quelque chose à ajouter.
M. Paquet (Jean-Marc): II arrive plusieurs fois que lorsqu'on
doit saisir un véhicule ou procéder à l'arrestation d'une
personne, surtout au niveau du Code de la route, on exécute surtout
beaucoup de mandats d'emprisonnement. Evidemment, les gens ne nous attendent
pas avec le sourire. Plusieurs coopèrent, mais d'autres ne
coopèrent pas. Lorsqu'un prévenu s'enfuit ou essaie
d'échapper à l'arrestation, les policiers, eux, ont la
possibilité d'appeler à leur aide ou de demander l'assistance
d'autres véhicules. Nous, évidemment, étant des bureaux
privés travaillant pour les ministères, on n'a pas cette
assistance et l'assistance, à ce moment-là, se confirme dans
l'immédiat simplement au niveau du bureau, si un bureau a dix ou quinze
véhicules avec des radios mobiles pour avoir de l'aide dans le cas d'une
arrestation. C'est pour ça qu'on demande d'avoir les outils
nécessaires qui nous permettent de faire notre travail.
Il y a certaines occasions où on va procéder à la
saisie d'une automobile et la personne s'enfuit avec l'automobile. J'imagine
qu'on a seulement un choix présentement, c'est de laisser l'automobile
partir et de la rattraper à un autre moment. Je pense que, si un
huissier avait un clignotant sur sa voiture, ou peut-être même une
sirène, il pourrait arrêter cet automobiliste et je pense que la
personne est assez gênée, à ce moment-là, de se
faire poursuivre par une automobile équipée d'une
sirène.
M. Mailloux: Dites-moi donc une dernière question
ça commence où et ça arrête où, le
travail d'un huissier? Vous dites: On a mandat d'amener quelqu'un et il y a
souvent de la résistance, parce que personne n'aime ça. S'il y a
trop de résistance, ce n'est plus votre travail; c'est le travail de la
police, de...
M. Mathieu: L'huissier est un agent de la paix. Il doit
exécuter son mandat dans toute la rigueur...
M. Mailloux: Ou la possibilité...
M. Mathieu: La possibilité de faire appel aux policiers,
mais il doit retenir l'individu.
Une Voix: S'il est capable.
M. Mailloux: Avec les moyens du bord que vous avez.
M. Mathieu: Bien oui, évidemment! L'huissier est toujours
assisté d'un autre. On ne se présente pas là tout
seul.
M. Mailloux: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: Une petite question simplement. Si la commission
décidait, à un moment donné, de répondre oui
à votre demande et qu'on exigeait, par contre, que votre auto soit
identifiée comme une auto de police ou d'autres autos du même
genre...
M. Paquet: ... pas...
M. Russell: ... préféreriez-vous ça, ou
rester comme vous l'êtes actuellement et garder l'anonymat...
M. Roy: On préférerait rester comme on est.
M. Russell: Bon! Cela répond à ma question, M. le
Président.
M. Roy: Je vous remercie.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, messieurs.
Le prochain mémoire est celui de M. Jacquelin Dumont. Je
présume que c'est M. Dumont?
M. Jacquelin Dumont, à titre personnel
M. Dumont (Jacquelin): Je me présente. Mon nom est
Jacquelin Dumont. Je suis ingénieur à l'emploi de la ville de
Montréal depuis 20 ans. Je travaille dans l'entretien, la
réparation, le fonctionnement, la synchronisation des feux de
circulation et j'ai juridiction sur tous les feux de circulation à
Montréal. Oui, monsieur?
Le Président (M. Bordeleau): Avant de commencer, puis-je
vous suggérer de résumer votre mémoire, au lieu de le lire
au complet?
M. Dumont: Je suis bien content que vous me fassiez cette
suggestion. C'est exactement ce que je voulais vous demander.
Le Président (M. Bordeleau): On va s entendre. Vous pouvez
y aller, M. Dumont.
M. Dumont: Quand, en mars 1978, lors d'un congrès ou d'un
colloque de l'AQTR, qui est l'Association des transports et routes du
Québec, on a lancé la question du virage à droite au feu
rouge, je me suis senti directement visé dans mon travail, en plus de
l'être personnellement pour ma sécurité individuelle et
celle de ma famille.
C'est pour ça que je me suis engagé, depuis un an et demi,
à étudier le dossier tel qu'il se présentait et à
faire certaines études.
D'abord, je veux présenter la question de principe: Quand on
analyse cette question, il faut comprendre qu'il y a des objectifs qu'il faut
atteindre et qui sont légitimes. Maintenant, devant l'admission
universelle de possibilité d'accident, là, je me pose des
questions, à savoir comment les organismes professionnels ou même
des conseillers gouvernementaux puissent suggérer des mesures qui sont
entachées certainement d'une quantité d'accidents pour la
question de la quantité, on y verra plus tard alors qu'il y a
à notre disposition des moyens techniques. Quand je parle de moyens
techniques, je ne m'en vais pas chercher des moyens spatiaux; ce sont des
moyens de base qui existent et de l'appareillage qui couvre la province de
Québec... Il n'y a absolument aucune municipalité qui n'a pas au
moins un contrôleur électromécanique qui peut
répondre aux objectifs que l'on veut bien atteindre, qui sont, comme on
le répète souvent, premièrement, l'économie de
carburant, deuxièmement, évidemment, les conséquences de
réduction de pollution et d'émissions nocives et,
troisièmement, l'amélioration de la circulation.
Alors, je veux traiter de l'économie de carburant. Lors du
congrès de l'AQTR en 1978, l'AQTR, à la page 4 de leur
mémoire, cite une économie de deux millions de gallons par
année à travers la province. Même si ce chiffre est
spectaculaire, il faut tenir compte que ça ne représente
qu'un-dixième de 1% de la consommation totale au Québec.
J'ai fait une petite comparaison dans mon mémoire,
c'est-à-dire que je prends un salarié de $20 000 et, à la
fin de l'année, il aurait économisé $20. Il n'y a pas de
quoi se vanter, et je ne crois pas que c'est avec ce genre d'économie
qu'on va régler le problème d'autosuffisance
énergétique au Québec.
Ensuite de ça, j'ai fait moi-même des calculs. Mes calculs
ont été vérifiés par des gens qui travaillent au
ministère des Transports de la province de Québec, des gens qui
résident à Montréal, et j'atteins difficilement un million
de gallons. Quand je dis "difficilement", c'est avec des hypothèses
exagérées et extravagantes. (12 h 15)
Maintenant, je vais vous dire que, même dans le rapport de l'AQTR,
ce que je trouve drôle, c'est qu'à la page 12 vous trouverez un
chiffre qui est le délai de réduction de cinq secondes. On peut
trouver ça en moyenne. Or, les calculs de l'AQTR ont été
basés sur des délais de réduction de dix secondes. Si vous
prenez cinq secondes au lieu de
dix secondes, vous venez de passer directement de deux millions
d'économie à un million. Là, il reste $10 en banque pour
une année. Je ne crois pas que l'argument d'économie de carburant
soit tellement sérieux. La même chose pour la réduction de
pollution qui s'ensuit.
Quant à l'amélioration de la circulation, là, on se
trouve dans un domaine qui n'est même pas contesté. Mes propres
calculs de 1978 m'avaient donné 1%, parce que je disais, pour la ville
de Montréal, qu'il y avait un certain pourcentage de prohibition.
Maintenant, si on ne met pas de prohibition, cela arrive à peu
près à 1,2%. J'ai trouvé, par la suite, dans la
littérature américaine, dans "Traffic Engineering", de novembre
1976, à la page 30, exactement les mêmes chiffres de
l'expérience américaine, soit 1,5% de la population, ce qui veut
dire que, pour l'amélioration de la circulation, vous auriez un
véhicule et demi sur 100 qui serait affecté par la mesure.
Je ne crois pas réellement qu'un véhicule et demi sur 100
puisse faire quelque chose, quoi que ce soit, pour améliorer la
circulation d'une façon appréciable, surtout qu'à l'heure
de pointe le virage à droite au feu rouge est absolument impossible de
par la caractéristique même de ce qu'on appelle une heure de
pointe. Une heure de pointe, ça veut dire essentiellement de la
saturation, d'un côté comme de l'autre. Or, en période de
saturation, il est impossible d'avoir des délais indus ou
irraisonnables. C'est absolument impossible. Je sais, d'après le
comportement des conducteurs montréalais, qu'il y en a qui vont
s'essayer quand même, et c'est là que le problème va
commencer.
Pour ce qui est des accidents, on admet qu'il y en a, mais pas beaucoup.
Dans la littérature américaine, effectivement, on ne donne pas
beaucoup de chiffres. Les chiffres semblent bas. Ce qui est malheureux, c'est
que ce qui est bas aux Etats-Unis est élevé dans la province de
Québec. D'un autre côté, j'ai remarqué, dans la
littérature américaine, que les chiffres étaient
incomplets. On admet que les municipalités ne sont pas foutues de bien
enregistrer les virages à droite, cette forme d'accident. J'ai toutes
les références ici. D'ailleurs, les références sont
dans le mémoire.
A partir de ces chiffres, il a fallu établir... J'ai
essayé, à peu près comme tout le monde, d'établir
des possibilités. Il faut faire attention à "possibilités"
et "probabilités". On ne travaille pas avec des probabilités
quand on essaie de définir les accidents. Des possibilités,
c'est-à-dire qu'on essaie de faire des comparaisons suivant une
expérience qui s'est passée ailleurs et qu'on transpose chez
nous, ici, au Québec.
Je cite une méthode dans mon mémoire, et je vous avertis
tout de suite que, quand on travaille avec des chiffres comme ça, c'est
un petit peu avec de l'angoisse, parce qu'on n'est jamais sûr si les
chiffres correspondent aux accidents, aux intersections, si ce sont des
intersections signalisées... De toute façon, on a un petit peu
d'angoisse et l'angoisse est encore bien plus grande quand on arrive avec des
chiffres qui se démar- quent considérablement de ceux que vous
avez déjà dû entendre parler ici.
Maintenant, je sais que, quand je dis qu'on a une possibilité de
775 accidents à Montréal, il y en a qui peuvent dire: Tu
exagères. Evidemment, j'ai eu un petit peu ce réflexe aussi. Par
la suite, moi aussi, entre-temps, j'ai réussi à faire un autre
calcul, à prendre une autre approche, et je suis arrivé au
même nombre, ou à peu près. Fixons-nous un ordre de
grandeur. Il faut être honnête là-dedans. Ce ne sont pas 775
accidents, ni 600, ni 500. On travaille avec des possibilités. Il n'y a
pas un chiffre absolu. Ce n'est pas vrai. Personne n'a la vérité
absolue dans ce domaine, moi le premier.
L'autre méthode, c'est une méthode que je n'ai pas
comparée avec une autre ville. C'est une méthode que j'ai prise
à Montréal même. A Montréal, j'ai
considéré qu'un virage à droite sur un feu rouge, on se
trouvait à convertir le système de feu en stop. J'ai pris les
chiffres dont je disposais dans les statistiques de la ville de Montréal
sur les accidents concernant le virage à droite. J'ai fait des
comparaisons de virage à droite au stop et j'ai dit que, pour ce
mouvement de virage à droite, on se trouvait à convertir les
intersections signalisées avec feux comme des stop et j'ai
trouvé, avec toutes sortes de nuances, qu'on pouvait arriver à
peu près au même ordre de grandeur que ma première
hypothèse.
Je trouve que, personnellement, pour les avantages qu'on veut bien avoir
et que, pour ma part, sont faux, je me dis qu'on court un risque qu'on ne
devrait pas courir.
De toute façon, on remarque qu'aux Etats-Unis, tout l'Est
américain s'est vu imposer cette mesure par le président Ford en
décembre 1975, sous la menace de perdre des subventions
fédérales. Alors, un cadeau empoisonné, qui vient d'une
influence extérieure, je ne vois pas pourquoi on se l'imposerait, on se
la donnerait. Je trouve que c'est une manifestation de masochisme.
En Ontario, ce qui n'existait pas avant, il y a un nouveau
phénomène. On dit toujours: L'Ontario a ça fait longtemps,
cela fait 40 ans. Il y a des gens qui commencent à manifester de
l'opposition. Il y a des gens qui m'ont répondu: Oui, mais tu sais, des
chiâleux, il y en a toujours et, peu importe ce que tu fais, il va
toujours y avoir des gens qui vont être contre. C'était juste une
réflexion, sauf qu'avant il n'y avait pas de chiâleux et,
aujourd'hui, il y en a. C'est signe qu'il se développe une situation
où les gens, même aux endroits qui ont une expérience de
longue date dans ce mouvement, commencent à se poser des questions.
Evidemment, c'est toujours en conversations privées, lors de
colloques... où on se rencontre.
Il reste un dernier argument, que j'ai lu et vous pouvez le lire aussi
dans le rapport de l'AQTR. On dit que le fait que nous soyons la seule
juridiction à ne pas avoir ce mouvement, crée un danger. Je
voudrais bien savoir comment on peut m'expliquer une situation concrète
où il y aurait un danger pour les gens de la province de Québec
ici, si on n'a pas ça, même pour le Québécois qui va
à
l'extérieur du pays ou pour l'étranger qui vient chez
nous. Il n'y a absolument aucune sorte de danger à ne pas l'avoir.
M. le Président, je termine. Je crois que j'ai donné
l'essentiel de ma pensée. Il y a des détails. Si vous les voulez,
je suis ouvert aux questions.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Dumont.
M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. Dumont, je tiens, je pense bien, à vous
remercier, puisque c'est un mémoire que vous présentez comme
citoyen. Vous ne venez pas ici en tant qu'organisme. Ceci vous a donc
demandé énormément de travail, de recherche
bénévole et gratuite. Je tiens à vous remercier, parce que
vous le faites dans le sens d'une conscience de la sécurité
routière. C'était l'objectif justement de cette commission
parlementaire, c'est-à-dire qu'il est certain que nous avons
décidé de faire un avant-projet de loi parce que nous voulions
consulter les citoyens ou les organismes qui se spécialisent dans des
secteurs particuliers. Il est certain que je ne veux pas indiquer dans
quel sens on se dirigera tous les mémoires seront
sérieusement analysés, particulièrement ceux qui traitent
du virage à droite, ceux qui traitent des 110 kilomètres-heure
pour les autobus. Je pense que vous avez fait un travail de recherche quand
vous dites qu'il n'y a pas de statistiques précises. J'ai moi-même
ici, en fait, des études américaines où on dit, par
exemple, qu'à Denver il n'y a pas eu de conséquences
négatives sur le virage à droite, ainsi que dans plusieurs Etats
américains.
Mais, encore là, je ne peux pas dire que c'est vraiment
concluant, c'est-à-dire que les statistiques ne nous amènent pas
à conclure, ni d'un côté, ni de l'autre, et la
vérité là-dedans, je pense bien qu'on ne l'a pas, ni l'un,
ni l'autre. C'est l'expérience qui va nous permettre de l'avoir, de
l'acquérir. En tout cas, je vous remercie. Vous nous apportez, de ce
côté-là, une contribution importante comme simple citoyen
et je pense qu'on doit féliciter les citoyens qui acceptent de faire des
travaux comme ça bénévolement et gratuitement pour venir
se présenter en commission parlementaire.
Je vous remercie beaucoup, M. Dumont...
M. Dumont: Merci, M. le ministre, de votre
compréhension.
M. Lessard: ... et soyez convaincu que votre mémoire sera
analysé sérieusement.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Moi aussi, M. le Président, je voudrais
remercier M. Dumont de la qualité de son mémoire. J'aimerais
cependant lui demander... On a eu la semaine dernière l'occasion
d'entendre les autorités de la ville de Montréal qui, elles
aussi, parmi un certain nombre de recommandations, faisaient celle d'interdire
ou de continuer à interdire le virage à droite sur feu rouge et
nous citaient une étude soi-disant, sûrement faite à la
ville de Montréal, qui démontrait que le nombre d'accidents
additionnels que pourrait susciter cette mesure se chiffrait à quelque
chose entre 0,7% et 3,9%.
Je constate, à la page 5 de votre mémoire, que vous
utilisez les 23% des accidents à Los Angeles, qui sont causés par
le virage à droite sur feu rouge, pour en arriver à une
conclusion qui nous amène à 3,3%. La question que je me pose,
c'est: Est-ce que l'étude à laquelle on faisait allusion la
semaine dernière dans la présentation de la ville de
Montréal est le fruit de vos travaux, M. Dumont, ou si c'est une
étude séparée?
M. Dumont: Absolument pas, M. le député. Ce sont
deux travaux. Nos travaux sont absolument indépendants l'un de
l'autre.
Quant à moi, je regrette, mais je n'ai pas lu le rapport qui a
été fourni par la ville de Montréal. Alors, je peux
difficilement discuter votre... A moins que vous n'ayez un point précis.
Vous parlez des 3,3%... Voyez-vous, moi, j'arrive à 3%. J'arrive le plus
fort. Je me suis servi de Los Angeles. Si vous remarquez mon tableau à
la page 4, les chiffres de Los Angeles ressemblent assez drôlement
à ce qu'on rencontre à Montréal. Autrement dit, comme vous
voyez, dans les accidents de piétons, on cite 54%. Le pourcentage est
3,6%, ce qui est assez raisonnable dans une échelle de 0% à 29%,
comme le cite le rapport de l'AQTR, par exemple. Alors, on ne peut pas
descendre en bas de 54 accidents de piétons, c'est tout simplement
impossible. On crée exactement le même nombre d'accidents au pro
rata qu'à Los Angeles. Maintenant, je ne sais pas à quoi
correspond votre 0,6%. Je ne peux pas dire honnêtement à quoi
ça s'applique.
M. Gratton: Malheureusement, les personnes qui
témoignaient devant nous la semaine dernière n'étaient pas
en mesure de nous donner beaucoup de détails non plus. On parlait des
conclusions de l'étude sans nous en fournir les données.
Ce serait peut-être utile, M. Dumont, que vous, qui travaillez
à la ville de Montréal, puissiez consulter cette étude et,
possiblement, si vous jugez que ça pourrait être utile au ministre
et au législateur en tant que tels, fassiez des commentaires sur cette
étude de la ville de Montréal.
M. Dumont: Apparemment, je suis à votre service n'importe
quand.
M. Gratton: Vous êtes bien aimable, M. Dumont. Quant
à moi, je trouve que votre mémoire constitue tout au moins une
bibliographie qui pourrait en inspirer plusieurs spécialisés dans
le domaine s'ils prenaient la peine de s'y référer.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, très
brièvement. Je voudrais appuyer les commentaires qui ont
été faits par le ministre, ainsi que par le député
de Gatineau en ce qui concerne le mémoire. Il est étoffé,
bien nourri et bien présenté.
Par contre, je voyage beaucoup dans Montréal et je me pose
beaucoup de questions, parce que les renseignements que j'ai obtenus,
après avoir discuté avec plusieurs spécialistes, semblent
démontrer que les accidents de piétons arrivent aux coins de rue,
lorsque j'ai le droit de passage et que les piétons ont le droit de
passage. Je vais prendre comme exemple la ville de Montréal vous
la connaissez bien au coin d'University et de Dorchester. J'arrive
là, j'attends le feu vert et quand le feu est vert, le public commence
à traverser Dorchester. Moi aussi, je veux tourner à droite sur
Dorchester, j'ai le droit, mais on dit d'attendre que le piéton traverse
et de traverser ensuite. Vous savez que c'est arrivé quelques fois que
les piétons ont traversé et le feu est devenu rouge. Cela faisait
un bout de temps que l'auto attendait et elle est restée là. (12
h 30)
C'est là, je pense c'est une suggestion pour y arriver
qu'on devrait peut-être étudier quel genre de feu de
signalisation il devrait y avoir pour donner droit aux piétons et aussi
donner droit à une automobile à un certain moment. Je pense que
c'est là qu'on pourrait peut-être éviter des accidents qui
arrivent dans la ville de Montréal et c'est beaucoup plus grave que
donner le droit de tourner sur un feu rouge.
M. Dumont: J'en retiens la suggestion effectivement. Il y a des
études qui se font dans ce sens-là.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Dumont.
M. Dumont: Je vous remercie, M. le...
Le Président (M. Bordeleau): Avant de suspendre la
séance, il y aurait peut-être lieu d'accepter de déposer le
mémoire suivant, qui est simplement un dépôt, soit celui
de...
D'accord. Etant donné qu'il est déjà 12 h 30 et
plus, la commission suspend ses travaux à cet après-midi, 14
heures.
Suspension de la séance à 12 h 31
Reprise de la séance à 14 h 21
Le Président (M. Bordeleau): La commission parlementaire
des transports reprend ses travaux. Nous en sommes maintenant au mémoire
no 13, celui de Mme Suzanne Rivest. Je pense que le ministre des Transports a
un commentaire avant de déposer le mémoire, (voir annexe)
M. Lessard: M. le Président, quant à moi, je suis
d'accord pour déposer le mémoire, mais comme ce matin j'ai pu
avoir une réaction assez dure vis-à-vis du mémoire pour
prôner la conservation des détecteurs de radar, je voudrais quand
même, M. le Président, faire mention d'une lettre qui
paraîtra dans le journal des Débats. C'est une lettre d'une
citoyenne québécoise qui, je pense, mérite qu'on la lise;
elle n'est pas longue.
Lettre de Mme Suzanne Rivest
"Secrétariat des commissions de l'Assemblée nationale,
Hôtel du Gouvernement. A qui de droit. A quoi sert de refaire le projet
de refonte du Code de la route si on ne fait pas respecter les
règlements? Nous faisons, ma famille et moi, plusieurs milles chaque
année dans notre province et nous voyons très peu de policiers.
Où sont-ils? Des erreurs terribles se commettent et enlèvent la
vie à des milliers de gens. La vie des gens n'est pas importante. Mon
fils âgé de 17 ans et 9 mois, ainsi que ses deux compagnons de 19
ans et 16 ans ont perdu la vie l'année dernière sur la route 116
à la hauteur de Sainte-Madeleine, des adolescents en pleine santé
qui ne demandaient qu'à vivre. Ils se promenaient par un beau soir du
mois d'août dernier en mobylette neuve 1978 en très bonne
condition et après avoir travaillé tout l'été,
comme récompense, un maniaque de la vitesse avec une Trans-Am ne les a
même pas vus et avoue en pleine cour qu'il allait à 75 milles
à l'heure. Comment fait-il pour savoir la vitesse à laquelle il
allait s'il ne pouvait rien voir? Conclusion: boisson plus vitesse
égalent trois morts. Ce monsieur s'en tire par contre avec un verdict
d'accident sans responsabilité. Continuons donc de donner des sentences
semblables et ne mettons pas plus de policiers pour protéger nos
enfants. Dans plusieurs années il n'y aura que des personnes
âgées dans notre pays. A qui la faute? Nous allons aux Etats-Unis
et la vitesse est bien plus surveillée; ils tiennent à la vie des
gens, eux. C'est très révoltant de vivre dans un pays comme le
nôtre. Ensuite, on nous dit: Ayez des enfants. Croyez-vous que c'est
encourageant? Qu'on prenne des moyens! Il y en a sûrement, comme par
exemple, policiers fantômes en quantité, amendes très
sévères respectées, etc. Avec les amendes payées on
arrivera à boucler le budget. Une citoyenne bien peinée, Suzanne
Rivest, 1560, rue Catilpas, Saint-Hyacinthe."
Si je voulais la souligner c'est que d'abord je n'accepte pas
nécessairement toutes les conclusions auxquelles en arrive Mme Rivest.
Cependant c'est que c'est justement dans des circonstances comme
celle-là, c'est beau de voir des statistiques dans la
sécurité routière, mais ce sont aussi des visages, comme
le disait M. DeCoster, ce sont des gens qui vivent tous les jours des
problèmes très particuliers et très pathétiques en
ce qui concerne la sécurité routière. Je voulais quand
même la souligner, parce que je reçois de nombreuses lettres comme
celle-là. Dernièrement, un médecin avait perdu aussi son
fils dans des circonstances semblables.
C'est pour cela que des fois, comme législateurs, on a nos
responsabilités, à savoir par exemple toute la question de la
sécurité routière, l'application de la refonte du Code de
la route. C'est bien beau de faire une belle loi mais, à un moment
donné, il va falloir l'appliquer.
M. le Président, si je voulais la souligner c'est parce que je
pense que cela correspond quand même à des lettres que des
citoyens nous font parvenir et qui démontrent l'obligation pour le
législateur d'être très sévère
vis-à-vis de l'application du Code de la route.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, simplement pour appuyer ce
que vient de dire le ministre, quant à la nécessité, pour
les autorités, d'appliquer le plus rigoureusement possible les lois et
règlements quels qu'ils soient. Je pense que le tout tombe tout à
fait à point, parce que c'est ce que s'apprête à nous
répéter pour la nième fois, et, ils l'avaient
déjà fait en 1972, ils le feront à nouveau cet
après-midi, le Bureau d'assurance du Canada.
M. Lessard: Comme le député de Gatineau m'avait
demandé jeudi des statistiques concernant les rapports médicaux
que nous pouvions recevoir chaque année vous constaterez qu'il
s'agit d'estimation en fait parce qu'on n'a pas de chiffres officiels
mais je voudrais déposer le rapport du Dr Anatole Gagnon qui est
président du comité médical et qui nous indique qu'on
reçoit environ 250 à 300 rapports par année. M. le
Président, je dépose le document, à la demande du
député de Gatineau.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous ferai remarquer qu'il
n'y a pas de dépôt de document comme tel, mais il nous fera
plaisir d'en faire faire des photocopies pour les distribuer aux membres de la
commission.
M. Lessard: D'accord.
M. Gratton: M. le Président, je présume que tout
autre information par rapport aux autres provinces pourra venir
éventuellement.
M. Lessard: Nous avons des informations par rapport à
l'Ontario, aussi.
M. Gratton: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Alors nous sommes prêts
à procéder au prochain mémoire qui est celui... Disons
avant de passer que celui de Mme Rivest sera déposé en annexe au
journal des Débats. Le prochain c'est le Bureau d'assurance du Canada.
Il semble que les gens sont déjà en place, si vous voulez bien
vous présenter.
Bureau d'assurance du Canada
M. Medza (Raymond): Je suis Raymond Medza, président du
comité consultatif du Qué- bec. Je suis accompagné de M.
Sébastien Allard, vice-président principal de la compagnie
d'assurance Royale et M. Yvon Desautels, directeur des relations publiques.
M. le Président, le Bureau d'assurance du Canada, le BAC est une
association qui a pour objet de faciliter les rapports entre les assureurs
exerçant au Canada et de favoriser les recherches techniques afin de
donner au public le meilleur service dans le domaine des assurances IARD,
c'est-à-dire, accidents, incendie et risques divers. Le BAC
réunit quelque 180 compagnies d'assurance dont 107 l'an dernier
pratiquaient l'assurance automobile au Québec et à cause de sa
nature le BAC a toujours apporté une attention particulière
à la sécurité routière, notamment en
réclamant une plus grande diligence dans l'application des
règlements et des lois touchant l'usage d'un véhicule automobile.
Cet avant-projet présente donc un vif intérêt pour notre
industrie.
Nous avons examiné attentivement les articles de l'avant-projet
et dans l'ensemble, nous endossons son contenu et nous le supportons. Nos
commentaires sont donc brefs. Il est opportun de rappeler que le Bureau
d'assurance du Canada a maintes fois exprimé aux divers gouvernements
ses préoccupations au sujet de la sécurité
routière, et cela, depuis sa création en 1968. A chaque
représentation du BAC, nous avons souligné l'incidence du nombre
et de la gravité des sinistres sur la tarification, à savoir que
le montant des primes exigées est établi en fonction du nombre et
du montant des réclamations. Nos plus récentes interventions en
ce sens ont été le mémoire au Comité d'étude
sur l'assurance automobile en janvier 1972 et le mémoire
présenté à la commission parlementaire sur le rapport
Gauvin en septembre 1974.
Le BAC et la sécurité routière. Dans le
mémoire présenté par le BAC au Comité
d'étude sur l'assurance automobile du gouvernement du Québec en
1972, nous pouvons lire en page 11 : "C'est pourquoi le BAC préconise de
façon prioritaire l'établissement d'un Code de la route
réaliste auquel l'adhésion devra se faire strictement, sans
hésitation ni exception pour quelque raison que ce soit." Nous
préconisions alors plus de rigueur dans l'application de la loi et
déclarions que la sécurité routière contribuerait
à diminuer la fréquence et le coût des accidents avec pour
effet une réduction au niveau des primes.
Nos préoccupations furent d'ailleures reprises dans les 18
premières recommandations du rapport Gauvin traitant du système
de la sécurité routière. La recommandation 17 reprenait
sur la "surveillance constante et vigilante des routes de la province par un
coprs de policiers qualifiés et dûment équipés
à cette fin". Cela nous apparaissait et nous apparaît toujours
comme une des clés les plus importantes pour une plus grande
sécurité sur nos routes. (14 h 30)
En plus de réaffirmer nos convictions exposées dans notre
mémoire présenté à la commission parlementaire sur
le rapport Gauvin en septembre 1974... Nous suggérions des normes
plus
sévères concernant les modifications faites aux
véhicules automobiles, l'inspection des véhicules automobiles,
l'interdiction aux véhicules endommagés de circuler et le
contrôle de la formation des conducteurs.
Bref, l'ensemble de cet avant-projet de loi coïncide parfaitement
avec les objectifs que le BAC s'est fixés depuis plus de dix ans. Nous
aimerions, toutefois, faire certains commentaires sur quelques-uns des
articles.
L'article 1. Nous recommandons que le législateur s'assure de la
concordance des définitions de l'article 1 de l'avant-projet de loi sur
le Code de la route avec celles déjà formulées dans
l'article 1 de la Loi sur l'assurance automobile (statuts refondus de 1978,
chapitre 68). Les définitions de chemin public, de propriétaire
et de toutes les catégories de véhicules devraient faire l'objet
d'une attention particulière.
A l'article 12, nous croyons que les assureurs ont un
intérêt légitime à obtenir les renseignements du
Bureau des véhicules automobiles. En conséquence, nous
recommandons que l'article 12 soit modifié comme suit: Un tel
renseignement n'est communiqué que si le demandeur autre que l'assureur
fait la preuve à la satisfaction du directeur général
qu'il a un intérêt légitime à l'obtenir.
Nous croyons qu'aux articles 33 à 37 inclusivement, qui traitent
d'exemptions d'immatriculation, le législateur devrait s'assurer de la
concordance avec l'arrêté en conseil 377-78 fait en vertu de la
Loi de l'assurance automobile.
A l'article 54, l'industrie des assurances se réjouit de
l'intérêt manifesté par le législateur pour
l'inspection mécanique des véhicules. L'expérience acquise
par les assureurs dans ce domaine nous incite à encourager une
participation de notre organisme à l'élaboration de normes.
A l'article 130, dans le cas de véhicules endommagés qui
circulent impunément sur les chemins publics, nous recommandons que le
directeur général du BVA exerce les pouvoirs qui lui sont
conférés par l'article 130, soit la suspension et la
révocation de l'immatriculation. Toutefois, cette suspension serait
levée lorsque le véhicule aurait satisfait aux exigences de
l'inspection prévue à l'article 51.
Enfin, à l'article 363g, conscients des responsabilités
sociales que nous avons tous de préserver la santé et la vie des
jeunes écoliers, les assureurs recommandent de réduire la vitesse
maximale de 50 kilomètres à 30 kilomètres à l'heure
dans les zones scolaires. Le comportement imprévisible des jeunes
écoliers justifie des mesures de sécurité exceptionnelles
de la part des automobilistes circulant dans les zones scolaires.
Voilà, M. le Président, ce que nous avions à dire
au sujet du projet de loi et nous sommes à votre disposition pour
répondre à vos questions.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Med-za. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, je tiens à remer- cier
le Bureau d'assurance du Canada de la constance de ses revendications en ce qui
concerne la sécurité routière. Je présume, lorsque
vous dites à la page 2: C'est pourquoi le BAC préconise de
façon prioritaire l'établissement d'un code de la route
réaliste auquel l'adhésion devra se faire strictement, sans
hésitation ni exception pour quelque raison que ce soit, que vous
n'êtes pas favorable au maintien du détecteur de radar.
M. Medza: Non, sûrement pas.
M. Lessard: Merci.
En ce qui concerne l'inspection des véhicules automobiles, j'ai
déjà expliqué un peu la procédure que j'envisageais
pour améliorer l'inspection mécanique, c'est-à-dire que je
ne veux pas créer une grosse structure de l'Etat; on sait que cela peut
amener des conséquences, comme la lenteur administrative. Que
voulez-vous, on est soumis aux règles administratives qui sont
là. Je voudrais utiliser beaucoup plus la régionalisation et les
garages certifiés, sur lesquels il y aurait un certain contrôle,
une certaine surveillance, mais, en même temps, je pense qu'en
collaboration avec la Régie de l'assurance automobile, on avait
prévu dans la loi la création d'une dizaine de centres
d'évaluation d'accidents et autres.
Il y en a un, je pense, qui a été ouvert à
Québec, il y a quelque temps. J'aurais une question relativement
à l'inspection mécanique. Est-ce que, à part celui de
Québec, il y en a d'autres qui sont prévus à brève
période? La question qui m'intéresse le plus c'est que: Est-ce
qu'il pourrait être possible pour le ministère des Transports ou
pour le gouvernement du Québec, par la suite, d'utiliser vos centres
d'évaluation et en même temps les reconnaître comme des
centres d'inspection mécanique des véhicules automobiles?
M. Medza: M. le Président, nous avions déjà
prévu aller dans cette voie, mais je me permettrais de vous demander la
permission de laisser M. Allard répondre à cette question?
M. Allard (Sébastien): Oui, je pense que je peux vous
donner une réponse à ceci. D'abord, vous avez demandé
combien de centres seraient ouverts? D'ici la fin de l'année, il devrait
y en avoir à peu près une dizaine dans la province. Ici à
Québec, il y en a un qui s'est ouvert la semaine dernière et il
devrait y en avoir deux autres avant la fin de l'année. Dans la
région de Montréal, il est prévu qu'il y en aura quatre
avant la fin de l'année qui fonctionneront et aussi, avant la fin de
l'année, à Hull, Sherbrooke, Trois-Rivières et Chicoutimi
ou en tout cas dans cette région, Chicoutimi-Lac-Saint-Jean. A la fin de
l'an prochain il devrait en avoir en tout 15 à 18 dans la province. Ces
centres sont ouverts au public, n'importe qui pourra faire examiner sa voiture,
même si ce n'est pas une voiture qui a été
accidentée, et même si on n'a pas prévu, à ce
moment-ci, un groupement des assureurs automobiles, le gouvernement pourra
utiliser les centres pour faire faire des inspections obliga-
toires du véhicule endommagé et il est sûr que les
centres pourront prévoir les cas que le gouvernement voudrait faire
examiner aux centres. Il n'y a rien qui empêcherait cela. Je pense que ce
serait aller dans la bonne direction de choisir cette voie.
M. Lessard: Merci, M. Allard. Je pense bien qu'il devra, entre la
Régie de l'assurance automobile, le ministère des Transports et
le Bureau de l'assurance du Canada y avoir une certaine coordination,
discussion à ce sujet pour voir de quelle façon, que ce soit au
niveau des autobus pour écoliers ou au niveau des véhicules de
promenade ou autres, on pourrait intégrer ces centres à
l'intérieur d'une organisation qui serait beaucoup plus
décentralisée. On comprend que vous ne pouvez pas en
établir partout dans toutes les régions du Québec, mais je
pense que cela pourrait être un apport très efficace pour nous,
pour assurer ou étendre l'inspection mécanique dans les plus
brefs délais possible.
M. Allard: M. le Président, est-ce que vous me permettriez
d'ajouter quelque chose pour le ministre des Transports. Eventuellement, il
sera probablement possible de faire des inspections à peu près
partout dans la province par des évaluateurs qui pourraient être
des inspecteurs itinérants, de sorte que le public puisse avoir partout
les services qui vont être donnés dans les centres
d'estimation.
L'autre précision, c'est que les centres d'estimation
relèvent du groupement des assureurs automobiles, et non pas du Bureau
d'assurances du Canada. Cela a été voulu par la Loi de
l'assurance automobile; alors je me permets cette précision.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup. A l'article 130, vous
recommandez que le directeur général du Bureau des
véhicules automobiles exerce les pouvoirs qui lui sont
conférés par l'article 130, soit la suspension ou la
révocation de l'immatriculation. Depuis les débuts de cette
commission parlementaire, on a contesté un peu les pouvoirs qu'on
calculait importants et même discrétionnaires qu'on accordait au
directeur du Bureau des véhicules automobiles. Naturellement, j'ai
essayé de préciser que ces pouvoirs étaient définis
à l'intérieur de pouvoirs qui étaient donnés au
gouvernement du Québec et qui sont soumis au lieutenant-gouverneur en
conseil. Est-ce que, selon vous, parce que vous avez fait aussi une analyse
légale du projet de loi, les pouvoirs qui sont donnés, en vertu
du Code de la route, au directeur du Bureau des véhicules automobiles
sont des pouvoirs dangereux ou des pouvoirs trop forts ou trop
discrétionnaires? Est-ce que vous avez des remarques à faire sur
cela?
M. Medza: Lorsque nous avons discuté, M. le
Président, avec nos conseillers juridiques, ils n'ont pas relevé
avec insistance des points de réticence face aux pouvoirs qui
étaient accordés. Ceux qui, croyions-nous, pouvaient devenir un
fardeau pour lui, particulièrement au niveau de la permission à
l'article 12, par exemple, nous prévoyons d'ajouter dans le code une
disposition qui permettrait au directeur du BVA de ne pas être
surchargé de demandes d'exemption. Mais dans les autres articles nous
n'avons pas relevé ou nos conseillers juridiques ne nous ont pas fait
voir de réticence à cet endroit.
M. Lessard: M. le Président, je remercie les membres du
BAC pour leur présentation en ce qui concerne la conciliation ou la
concordance des définitions des différents articles que vous
soulignez. On va regarder cela parce que comme je l'ai
déjà dit jeudi dernier lors du dépôt du
mémoire de M. Vignola, je pense, qui est directeur de la police à
la Communauté urbaine de Montréal je pense que c'est
très important qu'on puisse s'ajuster entre les différentes lois
du gouvernement. Je suis bien heureux que vous le souligniez. On va voir si
vraiment il y a des faiblesses et on va certainement en tenir compte. Je vous
remercie beaucoup de votre positif dans ce dossier.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Gatineau.
M. Lessard: Positivisme, s'il vous plaît.
M. Gratton: M. le Président, la recommandation que vous
faites d'ajouter des mots à l'article 12 serait pour permettre, à
ce moment-là, au directeur général du BVA de fournir des
renseignements à tout assureur qui en ferait la demande. Est-ce que
cette disposition existe dans le Code de la route actuel?
M. Medza: A ma connaissance, elle n'existe pas dans le code
actuel. Nous obtenons actuellement des détails du Bureau des
véhicules automobiles sur demande lorsque nous désirons avoir le
dossier de conduite de quelqu'un, particulièrement au niveau des
condamnations ou des points de démérite. Or, tout ce que nous
préconisons ici c'est de légaliser, si on veut, une pratique qui
est prévue par règlement.
M. Gratton: Cela existe déjà, il n'y a pas de
problème présentement; il s'agit juste de s'assurer que le texte
de la loi est complet.
M. Medza: Voilà!
M. Gratton: D'accord? Quant à votre recommandation de
réduire à 30 kilomètres/heure la vitesse permise dans les
zones scolaires, on peut bien être tout à fait d'accord avec cette
recommandation mais est-ce que vous faites cette recommandation à partir
de constatations qui sont comptabilisées dans des statistiques ou si
c'est strictement une constatation générale de faits que vous
faites présentement?
M. Medza: Nous la faisons en partant du principe qu'à
l'article 3.63a on a prévu 50 kilomè-
tres alors qu'actuellement, dans la plupart des zones scolaires, on
remarquera que les limites de vitesse sont déjà à 30 km.
De plus, si on regarde un tableau qui a été préparé
par l'Office mondial de la santé, entre les accidents survenus à
20 milles à l'heure versus 30 milles à l'heure, donc 30
kilomètres versus 50 km, la possibilité de décès ou
de sortir vivant d'un accident est de 1 sur 316 quand elle est à 30
kilomètres et elle est de 1 sur 97 quand on ajoute les 20
kilomètres de plus. Alors, on sait déjà que les enfants
sont imprévisibles et qu'il est difficile de faire respecter ce 30
kilomètres dans une zone scolaire, je me demande ce qui va arriver si on
va plus haut.
M. Gratton: Je vous avoue qu'à prime abord je serais
porté moi aussi à appuyer votre recommandation à cet
effet. Une dernière question: Est-ce que vous possédez ou si vous
avez une opinion sur l'opportunité ou pas de permettre les virages
à droite au feu rouge, moyennant bien entendu des campagnes
d'éducation populaire, etc., que tout le monde réclame?
M. Medza: Nous n'avons pas de statistiques précises
à savoir si des accidents surviennent. Tout ce qu'on peut dire c'est que
si on compare les statistiques du Québec et de l'Ontario, par exemple,
au niveau des accidents, on sait que la fréquence est moins
élevée en Ontario et que ce droit de virage à droite
existe. Est-ce qu'il y a une incidence l'un sur l'autre? Je ne me reconnais pas
la compétence d'émettre une opinion à ce sujet.
M. Gratton: Mais en tant que tel vous ne vous objectez pas non
plus à ce que... (16 h 45)
M. Medza: Sur principe, je pense qu'on doit répéter
un peu ce que nous avons dit tout au long de ce mémoire. C'est que tout
passe d'abord par la rigidité de l'application de la loi ou la diligence
qu'on fait dans l'application de la loi. Si les piétons ne se conduisent
pas de façon à permettre au conducteur de traverser, de passer,
et si les conducteurs ne permettent pas aux piétons de passer, ce sera
évidemment l'hécatombe.
M. Gratton: Je pense qu'à quelques exceptions près
on est unanime à dire qu'il faut une application rigoureuse des lois. Il
s'agit de trouver les moyens qu'il en soit ainsi dans les faits. Je vous
remercie.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Gatineau. M. le député de
Brome-Missisquoi; après, M. le ministre.
M. Russell: M. le Président, je serai très bref.
J'avais quatre questions, mais le député de Gatineau s'est
emparé de trois. Ce n'est pas pour dire qu'il m'a volé mais que
nous avons une pensée commune. Je voudrais simplement obtenir une
opinion.
Une Voix: C'est un rapprochement.
M. Russell: Oui, c'est un rapprochement dans le domaine des
véhicules automobiles. Je voudrais savoir si votre groupement serait
d'accord pour que le ministre des Transports fasse en sorte qu'on ait une
inspection obligatoire pour chaque véhicule du Québec avant
l'immatriculation, comme cela se produit dans certains Etats américains,
la Floride, par exemple.
M. Lessard: En Floride, deux fois par année.
M. Medza: Je dois vous avouer que nous ne nous sommes pas
penchés plus à fond sur cet article. Nous croyons que
l'inspection des véhicules est nécessaire. Lorsqu'on voit les
rapports d'accidents et qu'on mentionne l'état des véhicules,
c'est déjà suffisant pour nous laisser croire que l'inspection
pourrait améliorer cette situation.
M. Russell: Obligatoire, avant l'immatriculation.
M. Medza: Obligatoire. Et des conducteurs.
M. Russell: II s'établirait un contrôle
définitif et la personne qui sait qu'elle est obligée d'aller
passer un examen s'assurerait que son auto est en meilleure condition que
normalement.
M. Medza: A la condition que le conducteur ait lui-même
bien passé son examen. Il peut avoir une auto en très bonne
condition mais notre opinion c'est que l'examen du conducteur doit passer avant
celui de l'automobile.
M. Russell: Là-dessus, je peux vous dire qu'un bon
conducteur peut conduire un véhicule en mauvais état mais qu'un
mauvais conducteur ne peut même pas conduire un véhicule qui est
en bon état.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: J'aurais une dernière question que j'avais
oubliée et qui fait suite à la question du député
de Gatineau. Sur l'article 12, j'ai une inquiétude, parce que l'article
12 tel que rédigé dans l'avant-projet de loi se lit comme suit:
"Aucun renseignement sur une matière de la compétence du bureau
ne peut être communiqué sous quelque forme que ce soit sans
l'approbation du directeur général. Un tel renseignement n'est
communiqué que si le demandeur fait la preuve, à la satisfaction
du directeur général, qu'il a un intérêt
légitime de l'obtenir".
Déjà, on a reçu quelques demandes, depuis les
débuts de cette commission parlementaire, pour obtenir des informations
du Bureau des véhicules automobiles, que ce soit la Ligue des taxis ou
d'autres et, à plusieurs reprises, on sentait que des gens voulaient
avoir des informations du Bureau des véhicules automobiles pour faire
plutôt du marketing avec cela. L'article tel que rédigé
permet, lorsque l'obtention d'un tel renseignement
est justifié... je pense que l'article 12 permet de le faire
quand c'est jugé d'intérêt public. J'aurais peur d'ouvrir,
si on inscrivait "autre qu'un assureur", la porte à des abus; c'est ce
qui m'inquiète énormément. Je comprends que vous ayez un
code d'éthique, tout le monde dit qu'il a un code d'éthique, mais
j'aurais énormément peur de cette chose. J'aimerais mieux
conserver l'article tel qu'il est là, c'est-à-dire garder le
fardeau de la preuve sur celui qui veut avoir le renseignement. Il faut bien
comprendre une chose, le citoyen qui accorde des informations sur son adresse,
etc., au Bureau des véhicules automobiles ne veut pas que ce soit
utilisé par le huissier je fais la relation avec le huissier de
ce matin. C'est la même chose pour le ministère du Revenu
il croit à une certaine confidentialité.
Sur cela, je vous avoue que, du côté de l'Etat, je crois
qu'on doit être très respectueux de cette confidentialité
et j'hésiterais énormément à ouvrir parce que,
suite à de nombreuses demandes qui nous ont été faites
depuis le début à ce sujet, si on ouvre, les citoyens n'auront
plus confiance, quand ils fourniront des informations au Bureau des
véhicules automobiles, et j'en serais assez inquiet. Ce sont les
remarques que je voulais faire.
Le Président (M. Bordeleau): M. Allard, vous voulez
ajouter un commentaire?
M. Allard: Est-ce que vous me permettez? Le Président
(M. Bordeleau): Oui
M. Allard: Si je pouvais poser une question, M. le
Président. La raison pour laquelle les assureurs pourraient, seraient
intéressés à ces renseignements, c'est que cela
permettrait d'établir la tarification d'un automobiliste. La
Régie de l'assurance automobile sera dans la même position et le
genre de renseignements que le ministère des Transports pourrait
communiquer à la Régie de l'assurance automobile pour sa
tarification devrait aussi être disponible aux assureurs pour les
mêmes besoins. C'est dans ce sens. On ne serait pas
particulièrement intéressés à savoir si M. Untel a
été condamné pour un vol, quoique cela pourrait
peut-être être intéressant. Mais ce sont les condamnations
au Code de la route et le dossier d'accidents qui pourraient intéresser
les assureurs.
M. Lessard: M. Allard, sur ce point justement, l'article 12 tel
que rédigé le permet. Ce sur quoi j'affirmais mes
hésitations, c'est dans l'obligation de le mettre dans la loi comme tel.
Je vous dis: Si vous avez besoin de renseignements, ces renseignements ne
devront être communiqués qu'avec l'approbation du directeur
général, et il vous appartiendra à ce moment-là de
faire la preuve que c'est légitime pour vous autres, que c'est un
besoin. D'après ce que M. Laflamme, le directeur du Bureau des
véhicules automobiles, me disait tout à l'heure, c'est que,
jusqu'ici, je pense bien qu'il n'y a pas eu d'objection majeure dans la
question de tarification à vous fournir ces renseignements.
J'aimerais mieux garder l'article 12 tel que rédigé
plutôt que l'ouvrir aux assureurs. Après cela, si je l'ouvre aux
assureurs, je serai obligé de l'ouvrir à d'autres groupes. Je
pense que c'est normal pour le citoyen de voir que le Bureau des
véhicules automobiles sera respectueux des informations que pourra
contenir son dossier. En même temps, au nom de l'intérêt
public et de la sécurité routière, on peut, si la preuve
nous est faite, vous fournir ces renseignements. Je vous remercie.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie
également, messieurs du BAC. J'invite maintenant le groupe suivant qui
est le groupe ROUBEC mémoire no 16. Si vous voulez vous identifier.
Groupe ROUBEC
M. Boutin (Georges-H.): M. le Président, j'ai à ma
gauche M. Jean-Guy Claveau, le vice-président du groupe ROUBEC, ainsi
que, à ma droite, M. Richard Téoli qui en est le
contrôleur.
Le groupe ROUBEC est un groupement d'auto-écoles. Nous avons
présentement 40 autoécoles à travers la province. Nous
avons profité de l'occasion qui nous était offerte pour venir
exposer nos revendications et préoccupations concernant principalement
l'aspect sécuritaire de la nouvelle loi.
Le Président (M. Bordeleau): Excusez-moi. Je
présume que vous êtes M. Boutin?
M. Boutin: C'est cela.
Le Président (M. Bordeleau): Vous pouvez continuer.
M. Boutin: Merci. Dans ce mémoire, nous nous sommes
appliqués à toucher principalement les points majeurs tels que:
le conducteur, sa formation, sa conduite sur les routes ainsi que les exigences
requises pour l'obtention de son permis de conduire. Si vous me permettez, je
vais passer rapidement les articles parce que nous en avons au-dessus d'une
trentaine.
D'abord, à l'article 11, on dit que: "Le directeur
général peut, par règlement, déterminer les
connaissances minimales." Nous aurions aimé que vous recommandiez que le
directeur général consulte les véritables
spécialistes afin de déterminer les connaissances minimales.
C'était, dans le rapport Gauvin, une des principales recommandations:
qu'il y ait au Québec un organisme groupant les principales personnes
intéressées dans le domaine de la sécurité
routière.
Pour ce qui est de l'article 66, concernant les permis de conduire, on
dit: "Etre âgée d'au moins 16 ans et avoir suivi avec
succès un cours de conduite approuvé par le directeur
général." ROUBEC recommande qu'un permis d'apprenti-
conducteur ne soit émis qu'à la condition suivante: qu'il
y ait une preuve d'inscription officielle à un cours de conduite de la
classe appropriée et ceci pour les moins de 18 ans.
Antérieurement, cette loi existait pour les jeunes de 16 ans. Pour les
personnes de 18 ans et plus, on recommande l'obligation de suivre un cours
minimum de théorie traitant des sujets vitaux: code, signalisation, loi
naturelle, conduite, conditions adverses et un examen de qualification
pratique.
A l'article 71, on dit: "Le titulaire d'un permis de conduire, qui
assiste un apprenti-conducteur, doit prendre place à ses
côtés." ROUBEC recommande que le titulaire soit détenteur
d'un permis de moniteur qualifié de la classe appropriée.
Présentement, on voit des jeunes de 16 ans qui détiennent un
permis de conduire et qui enseignent à d'autres personnes parce qu'ils
ont un permis de conduire.
A l'article 75, concernant le cyclomoteur, nous trouvons qu'à
l'heure actuelle la loi est très large et ne permet absolument aucune
vérification des connaissances du jeune conducteur, et même on lui
donne la possibilité de se promener sans même avoir un casque
protecteur.
Concernant la section IV, l'article 85, pour les examens, on dit: "Le
directeur général établit les formalités, les
modalités et le contenu des examens." ROUBEC recommande fortement que
les examens soient selon les normes des programmes imposés par le BVA
aux écoles professionnelles de conduite. Vous allez dire que depuis un
certain temps cela a été fait. C'est vrai et on a fait des
recommandations là-dessus. Cela s'est avéré passablement
efficace. Mais ce qui s'est produit par après c'est qu'au Bureau des
véhicules automobiles où antérieurement on
exigeait, comme pour les écoles de conduite maintenant, 75% pour la
théorie et 70% pour la pratique on exige 60% pour toute personne
qui passe au Bureau des véhicules automobiles présentement. En
réalité, il y a pénalisation concernant les
élèves passant par les écoles de conduite.
Pour les classes de permis, ROUBEC suggère fortement qu'à
tous les dix ans le directeur général doit rappeler à
subir un examen médical, un examen théorique sur le Code de la
route et exiger un recyclage s'il y a échec, tout titulaire d'un permis
de conduire délivré par le bureau.
Pour ce qui est des articles 89 et 90, on demande d'ajouter "ainsi que
son permis de moniteur de la classe appropriée".
L'enseignement et la conduite d'un véhicule routier, à
l'article 116, on dit: "Un fonctionnaire du ministère des Transports,
son conjoint ou son enfant mineur, ne peut sous prétexte de destitution
avoir des intérêts directs ou indirects dans une école de
conduite." On demande de biffer: "A moins qu'il n'ait reçu une
permission écrite du ministère des Transports."
A l'article 117: "un spécialiste invité comme
conférencier par un titulaire d'un permis d'école de conduite..."
qu'on demande de biffer complètement. ROUBEC est certain qu'une telle
politique favoriserait grandement les vendeurs de toute sorte au
détriment de l'enseignement de la conduite automobile.
A l'article 122, ROUBEC suggère d'ajouter au présent
article: "et ce après consultation des professionnels du milieu. C'est
encore pour déterminer le contenu des programmes et des formules,
déterminer les mentions.
Aux articles 123 et 124, ROUBEC demande de bien vouloir définir
les expressions: permis de formateur et permis de formation. Dans les
amendements du 15.63 présentement qu'on appelle la loi 24, il n'y a
absolument rien qui parle du permis de formateur et c'est la première
fois dans le code qu'on voit apparaître ce mot.
A l'article 125: "... qui n'a pas suivi d'examen de qualification depuis
quatre ans." On demande de remplacer par ces mots: "... qui n'a pas
oeuvré dans le domaine depuis au moins deux ans."
A l'article 126, au lieu d'un délai de 90 jours, on demande un
délai de 30 jours.
Pour ce qui est de l'article 127, on dit: "Le directeur
général peut exiger que tout détenteur de permis de
formateur qui subit un échec à l'examen de qualification..." Nous
demandons de biffer complètement cet article. Cela veut dire qu'il y
aurait une éventualité d'examens, continuellement, dans le
domaine. Je me demande si les médecins, les avocats ou quelle que soit
la classe de société, ont à passer des examens à
tous les deux ans pour conserver leur titre.
Concernant la section XI, les infractions et peines, l'article 128.
ROUBEC trouve cet article très intéressant pour épurer le
domaine mais joliment délicat pour les extensions de permis. Lorsqu'on
sait que, des fois, cela prend 30 jours et même plus pour avoir une
extension de permis et lorsqu'il y a un cours à donner à X
endroits, si nous avons ce délai pour le paiement des amendes, vous
savez comment le système va fonctionner. Il y a des propriétaires
d'école de conduite qui vont être pénalisés parce
qu'il y aura eu une demande du public pour un cours à tel endroit et le
propriétaire n'aura pas eu son prolongement de permis. (15 heures)
J'insiste énormément sur le point suivant, concernant le
permis d'instructeur. Présentement, il n'y a rien dans la loi qui permet
à un instructeur de pouvoir conserver son permis à la suite d'une
maladie s'il n'a pas son certificat médical; s'il y a quelque chose, il
perd automatiquement son permis. Il pourrait y avoir quelque chose le couvrant
dans la loi. S'il a fait un infarctus, il ne peut plus aller sur la route;
alors, on pourrait lui donner la possibilité d'être en classe pour
dispenser la théorie; ce serait quelque chose de très bien.
Pour ce qui est des points de démérite, à l'article
161d, on dit: Exiger que cette personne assiste à des séances
d'éducation en sécurité routière. ROUBEC
s'interroge sur les groupes ressources qui seront invités à
dispenser ces séances d'information routière ainsi que la
qualification de ces groupes.
Pour ce qui est des articles 189 et 190, ROUBEC recommande une
législation ferme con-
cernant la sécurité des pneus et rétablissement de
normes précises concernant la vente des pneus usagés. Vous savez
sans doute qu'il y a présentement des garages qui vendent plus de pneus
usagés que de pneus neufs. Cela prendrait une bonne législation
là-dessus.
Pour ce qui est des changements apportés au véhicule,
à l'article 220, nous recommandons la vérification annuelle des
véhicules de plus de trois ans de fabrication.
Les dispositions générales. La circulation. On dit: Les
articles 230 à 312 inclusivement sont les plus intéressants, mais
nous aimerions apporter quelques suggestions à l'article 242. L'article
242 se lit comme suit: Le conducteur d'un véhicule routier peut
dépasser un cyclomoteur ou une bicyclette à l'intérieur de
la même voie de circulation. Je pense qu'au point de vue de la
sécurité on pourrait ajouter facilement: A la condition que le
conducteur s'assure que le dépassement se fasse en toute
sécurité.
Article 277. Dans une voie de circulation, les conducteurs de
motocyclette et de vélomoteur qui circulent en groupe de deux ou plus,
doivent circuler à la file indienne. ROUBEC recommande, pour la plus
grande sécurité des motocyclistes, de ne pas circuler par groupe
de plus de quatre, ni de circuler en file indienne, ni parallèle, mais
d'utiliser la formation en zigzag qui est recommandée par le Conseil
canadien de la sécurité routière.
Articles 283 et 284 concernant les feux de circulation. Nous sommes
convaincus qu'il serait des plus souhaitable que l'autorité profite de
l'occasion pour uniformiser les couleurs des flèches utilisées
dans les feux de circulation afin d'éviter toute ambiguïté
dans l'esprit des conducteurs et ce, avec la participation obligatoire des
cités, villes et villages du Québec.
Article 287 concernant les pneus à crampons. Même s'il est
prouvé que les pneus à crampons détériorent le
pavé de nos routes, le gouvernement, ne serait-ce que pour sauver une
seule vie au Québec, devrait favoriser les pneus à crampons
durant la période hivernale. Il s'avère que les pneus à
crampons sont souvent beaucoup plus efficaces que les pneus à neige
puisque très souvent, en hiver, nos routes sont plus glacées
qu'enneigées.
Article 312. Sur les lieux d'un accident. Le conducteur d'un
véhicule impliqué dans un accident doit rester sur place ou y
revenir au plus tôt. Nous donnons donc à la population la chance
de pouvoir partir et de revenir après. Nous demandons de biffer les mots
"ou y retourner immédiatement".
Pour ce qui est de la vitesse, ROUBEC demande avec instance une
application plus rigoureuse des limites de vitesse imposées. Comment se
fait-il que la majorité des Québécois conduisent
très prudemment en dehors du Québec alors qu'ils se permettent
des habitudes irresponsables sur nos routes? Il serait grand temps que toutes
les municipalités aient les mêmes normes concernant les
critères de la limitation de vitesse. Je vous demande de vous placer une
minute à notre endroit.
Quand on donne des cours de conduite et qu'on force les
élèves à respecter intégralement les limites de
vitesse et qu'on se fait dépasser continuellement à 60 ou 70
milles à l'heure, je vous assure que c'est dur.
Concernant les autobus. Il sera des plus cocasse de constater qu'un
très grand nombre d'automobilistes, à la suite d'un manque de
surveillance routière, dépasseront les autobus de type
interurbain roulant à 110 kilomètres/heure.
Si la loi permet aux conducteurs d'autobus d'aller plus vite que les
automobilistes, suivant la manière dont cela se passe
présentement, je vous assure qu'il y aura beaucoup plus d'automobilistes
qui vont doubler.
Les infractions et peines. On dit: II serait juste de prévoir des
infractions et peines pour les piétons adultes qui transgressent les
lois du Code de la route. Nous déplorons le fait que dans le projet de
loi il n'y ait rien qui concerne le piéton. Le piéton adulte a
une responsabilité face aux jeunes. On pourrait profiter de l'occasion
pour souligner ce fait en faisant une certaine réglementation.
Finalement, l'article 422. On dit: Le ministre des Transports peut
accorder des subventions pour favoriser l'application du présent code.
Il serait vraiment maladroit de ne pas souligner cet article qui, pour la
première fois dans un Code de la route, permettra au ministre des
Transports d'accorder des subventions pour favoriser l'application du
présent code. Présentement, par une publicité choc,
à coups de millions, la Régie de l'assurance automobile tente de
sensibiliser par la peur le conducteur québécois à une
conduite sécuritaire. Sans minimiser l'importance de la motoneige, quels
sont les budgets votés pour ce type de véhicule de
catégorie hors route par rapport à ceux votés pour la
sécurité routière qui, elle, touche toute catégorie
de véhicules automobiles? Si, pour quelques accidents de chasse, le
gouvernement a cru bon de rendre obligatoire un cours de maniement d'armes,
pour quelle raison cette même obligation ne serait-elle pas
imposée pour la conduite de tous les véhicules routiers qui, eux,
causent plus de 1500 mortalités par année? Quand voyons-nous
l'autorité favoriser l'entreprise privée qui a été
le seul véritable formateur routier depuis 30 ans? Par tous les moyens,
l'autorité essaie de concurrencer l'entreprise privée et ceci
à même les deniers publics.
Messieurs, si vous saviez comme nous avons de la difficulté
à obtenir des dépliants ou de l'information susceptible
d'intéresser nos étudiants, vous en seriez
déconcertés! Nous sommes propriétaires d'école de
conduite et on a même de la difficulté à avoir la liste des
écoles de conduite du Québec. Il y a une loi concernant les
écoles de conduite et cela fait six mois qu'on essaie de l'avoir. On a
de la difficulté à l'avoir. N'y aurait-il pas lieu de remettre
certaines choses à leur place en vous rappelant qu'il faut travailler
sur l'humain si nous voulons, un jour, obtenir véritablement des
résultats satisfaisants?
En terminant, le groupe ROUBEC, représentant 40
auto-écoles du Québec, vous demande de
favoriser les véritables éducateurs routiers qui ont comme
objectif principal de former aujourd'hui les véritables conducteurs de
demain. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Boutin.
M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Je vous remercie, M. Boutin. Je pourrai difficilement
commenter chacun des articles dont vous parlez dans votre document. Il y a des
choses qui trouvent leur réponse dans le Code de la route, en
particulier, le deuxième paragraphe de l'article 287 qui permet au
ministre de déterminer l'utilisation, selon des conditions
précises, des pneus antidérapants. Il y a aussi les infractions;
je pense qu'à l'article 372 on y répond comme suit: Quiconque
contrevient à l'un des articles des sections II et V commet une
infraction et est passible en outre des frais d'une amende d'au moins $25 et
d'au plus $50. Des piétons, il est certain qu'il va falloir faire leur
éducation. J'ai donné l'exemple l'autre jour d'un véhicule
automobile qui avait priorité au feu vert, alors que, dans la rue
Saint-Jean, par exemple, les piétons passaient malgré tout au feu
rouge de telle façon que les véhicules devaient s'arrêter.
Le problème est l'identification. Il est difficile de demander à
un policier de donner une contravention à des piétons s'il n'y a
pas identification obligatoire. Les policiers nous ont demandé la
possibilité d'amener au poste sans mandat tout individu qui refuserait
de s'identifier. Le danger que tout cela comporte est qu'on commence par
s'identifier pour une infraction au Code de la route et que cela
s'élargisse. Le problème qui se pose est celui de la carte
d'identité obligatoire. De toute façon, nous allons analyser vos
suggestions.
Un autre commentaire que je voulais faire touche le fait qu'on
émet à peu près actuellement 225 000 permis d'apprentis
conducteurs par année. Vous demandez qu'on puisse exiger un permis de
moniteur ou monitrice pour enlever tout terme sexiste dans nos
discussions pour donner un cours de conduite automobile. D'abord, je
vous avoue que vous allez avoir des problèmes de recrutement avec 225
000 permis par année; cependant, lorsqu'une personne suit un cours de
conduite automobile, elle peut automatiquement recevoir son permis une fois les
examens du Bureau des véhicules automobiles passés alors que dans
le cas contraire, si une personne n'a pas suivi de cours de conduite
automobile, cela prend une période de cinq mois avant de pouvoir lui
émettre un permis provisoire de conducteur. Donc, on favorise quand
même par cette mesure les écoles de conduite automobile.
Dans le fond, ce que vous demandez c'est là mon
problème cela voudrait dire que je devrais refuser à tout
père de famille ou à toute mère de famille, qui conduit
déjà un véhicule automobile, de pouvoir donner un cours
comme tel, de pouvoir enseigner à son fils ou à sa fille la
conduite automobile. Cela me paraît un peu fort!
Je pense que je vais faire un commentaire tout de suite pour faire la
relation. Vous dites: Nous, on exige 70% ou 75% de nos individus, des personnes
qui suivent des cours de conduite automobile à nos écoles alors
que le Bureau des véhicules automobiles exige 60%. Vous parlez de
discrimination vis-à-vis des conducteurs qui suivent des cours de
conduite dans les écoles. Il n'y a pas de discrimination. Au bureau,
c'est 60% pour tout le monde quel qu'il soit, qu'il ait suivi un cours ou non.
Cependant, le cours, il va l'avoir suivi pendant cinq mois. Il reste qu'il y a
un certain contrôle, un peu comme dans les armes à feu. Le cours
de maniement d'armes à feu comme tel est un peu un cours de pratique,
c'est-à-dire que c'est pratiquement un examen qu'on fait passer aux
individus pour savoir s'ils sont capables de manier une arme à feu. Cela
ne dure qu'une journée.
Dans le cas qui nous préoccupe, le Bureau des véhicules
automobiles est autorisé à exiger un examen théorique et
pratique de toute personne qui veut obtenir un permis de conduire. Sur cela, il
y a un certain contrôle.
M. Boutin: Si vous me le permettez, j'aimerais savoir pour quelle
raison aux écoles de conduite vous exigez 70% et 75% pour la pratique
tandis qu'au Bureau des véhicules automobiles, à la suite d'un
trop grand nombre d'échecs de la population en général,
les exigences sont maintenant de 60%? Cela veut dire que vous voulez avoir deux
classes de conducteurs différents: ceux qui sont passés par les
écoles de conduite et ceux qui n'ont pas le moyen d'aller dans une
école de conduite.
M. Lessard: Je ne comprends pas. Le Bureau des véhicules
automobiles exige-t-il que chaque étudiant, qui suit un cours de
conduite automobile dans une école, obtienne 70% ou 75%? Est-ce exact?
Est-ce ce que vous affirmez?
M. Boutin: Oui, c'est cela.
M. Lessard: Le véritable examen permettant d'obtenir un
permis de conduire est fait par le Bureau des véhicules automobiles.
Donc, vous avez de bonnes chances que vos étudiants, après avoir
suivi un cours, passent avec 80%. Tout le monde est sur un pied
d'égalité devant le Bureau des véhicules automobiles,
c'est 60% pour passer l'examen.
M. Boutin: De ce côté-là, on n'a aucun
problème. Ce que je trouve drôle, c'est qu'à la suite
d'échecs au Bureau des véhicules automobiles, d'échecs de
personnes qui, supposons, n'auraient pas pris de cours, étant
donné que le taux des échecs était trop grand, on exige
maintenant 60% au Bureau des véhicules automobiles. (15 h 15)
D'un côté, on fait les examens selon les normes des
programmes de cours de conduite donc, cela devient un peu plus difficile
pour ceux qui n'ont pas de notion de base du Code de
la route et ainsi de suite et d'un autre côté, on
arrive au Bureau des véhicules automobiles et au lieu d'exiger 75% comme
antérieurement, on exige 60% afin de favoriser une distribution rapide
de permis. Donc, il y a moins d'échecs, les gens sont plus satisfaits et
on a des chauffeurs sur nos routes!
M. Lessard: Disons que c'est un point bien technique et je ne
voudrais pas avoir une longue discussion sur cela puisqu'on a toujours des
communications entre les groupes. On a modifié les examens en
conséquence, comme si c'étaient des examens universitaires; donc,
on exige 60% à l'université et je verrais difficilement qu'on
commence à exiger 75% ou 80% au Bureau des véhicules automobiles.
Ma question principale est celle-ci. C'est vrai que vous avez été
les premiers à donner des cours. Il y a eu un commencement de
création d'écoles de conduite automobile et depuis plusieurs
années on prend un peu plus conscience des dangers que comportent les
véhicules automobiles. Comme le disait un policier je pense que
c'est M. Marquis, en commission parlementaire un véhicule
automobile est bien plus dangereux qu'un revolver!
Devant ce phénomène la question suivante et je
comprends que ce ne sera pas facile d'y répondre de votre part un
peu comme en 1960 on a pris conscience qu'il fallait que l'Etat se
préoccupe de l'éducation, seriez-vous favorable à ce que
des cours de conduite automobile soient donnés au niveau du secondaire,
à l'intérieur des cours du ministère de l'Education?
M. Boutin: Je dois dire que c'est une question joliment
délicate. Je peux dire que tout est possible ici bas. Si le gouvernement
favorise les commissions scolaires en leur donnant des subventions, et qu'il
fait la même chose pour l'entreprise privée, je ne vois pas
quelles difficultés il pourrait y avoir. Il faut, par tous les moyens,
s'organiser pour que le plus de gens possible passent par les écoles de
conduite et connaissent la sécurité routière en prenant
des cours de conduite automobile. On n'est pas contre cela, mais à la
condition que la compétition soit vraiment légale. Si vous donnez
de l'aide à coups de millions à X commissions scolaires
vous me permettrez de ne pas donner d'exemple ici face à des
écoles de conduite privées, je me demande de quelle façon
on serait protégé dans cette loi.
M. Lessard: Combien ça coûte, un cours de conduite
automobile? Je sais bien que c'est difficile à dire de région en
région, mais quelle est le coût moyen, à peu près,
et pour combien d'heures de cours?
M. Boutin: Présentement, la loi demande 30 périodes
de théorie, 8 heures de pratique sur une voiture à transmission
automatique et 10 heures sur une voiture à transmission
régulière.
M. Lessard: Un instant. Vous dites 30 heures de
théorie...
M. Boutin: C'est 30 périodes de 50 minutes par
période tandis que la pratique, pour une transmission automatique, est
de 8 heures; pour une transmission régulière, 10 heures.
M. Lessard: Cela veut dire 38 heures dans le cas de l'automatique
et disons 40 heures dans le cas d'une transmission manuelle. Combien
coûte un cours de conduite automobile?
M. Boutin: Présentement, cela varie selon les
régions et les écoles. Cela peut varier de $150 à $200 ou
$225 pour transmission automatique ou régulière. Vous prenez un
cours de danse, cela peut aller jusqu'à $500 ou $700. Il n'y a pas de
voiture, à ce moment-là.
M. Lessard: Vous fournissez le véhicule?
M. Boutin: On fournit le véhicule, les
élèves ont une assurance de $500 000 et ils ont un instructeur,
un moniteur qualifié à côté. Il y a le local, le
téléphone, etc. C'est pas cher!
M. Lessard: Ce n'est pas cher, mais c'est toujours cher pour
celui, par exemple, qui a trois, quatre ou cinq enfants, pour qui cela arrive
dans la même période et qui est obligé de payer ces
montants. C'est pour cette raison que votre recommandation, à savoir la
reconnaissance des moniteurs de façon exclusive pour donner un cours de
conduite automobile, je trouve qu'elle est très sévère
parce que le cours de maniement d'arme à feu, je pense qu'il ne
coûte pas très cher. Il est donné par des associations...
Au niveau de l'ensemble des régions, je pense que c'est $6. C'est vrai
qu'il dure moins longtemps que le vôtre.
M. Boutin: Si vous me le permettez... M. Lessard: Oui.
M. Boutin: ... si le public savait que la personne qui prend des
cours de conduite, par le rabais d'assurance qu'elle reçoit
immédiatement, généralement, dès la première
année, entre dans son argent... Cela veut dire que le cours de conduite
ne coûte pas cher.
M. Lessard: Je vous remercie.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. Boutin, dans votre mémoire
vous avez donné de nombreuses suggestions, mais vous ne nous avez pas
dit ce que vous pensiez des détecteurs de radar. Etes-vous pour ou
contre les détecteurs de radar?
M. Boutin: Cela a paru ce matin. On était tous ici.
Concernant le radar... On est ici pourquoi? On est ici pour la
sécurité routière. Si on est ici pour favoriser
l'équipement permettant aux gens de violer la loi, je pense bien que ce
n'est pas trop logique.
M. Vaillancourt (Orford): Ce qui veut dire que vous n'êtes
pas en faveur du détecteur de radar.
M. Boutin: Avec raison.
M. Vaillancourt (Orford): Oui. Maintenant, que pensez-vous du
virage à droite?
M. Boutin: Le virage à droite, on n'y a pas touché.
On l'a analysé. On s'est dit qu'il y aurait des organismes qui y
toucheraient. Nous avons la préoccupation, justement, du piéton
là-dessus. J'entendais le ministre dire tout à l'heure qu'aux
feux rouges, les piétons traversent. Imaginez-vous donc que, si aux feux
rouges on nous donne la possibilité de tourner à droite, ce que
cela va faire.
M. Vaillancourt (Orford): Comme le ministre le disait tout
à l'heure, c'est assez difficile de reconnaître quelqu'un ou de
lui donner un billet d'infraction; s'il n'est pas "immatriculé". Ce
n'est pas facile.
M. Boutin: II faudrait aller en Ontario pour savoir comment on
identifie les piétons, parce que les piétons paient des amendes
là-bas.
M. Vaillancourt (Orford): Vous dites dans votre mémoire,
à la page 11 ou à la page 12, vous suggérez que la loi
dise que les vélos ou les bicyclettes doivent circuler en zigzag au lieu
de circuler en file indienne. Quelle est l'idée de cela?
M. Boutin: Imaginez-vous donc que vous êtes quatre ou cinq
motocyclistes un à la suite de l'autre. Si le premier passe sur un
silencieux, le dernier n'aura jamais la chance de le voir, tandis que si c'est
en zigzag, un est là et l'autre est là. A ce moment-là,
s'il y a obstacle, le danger est visible. A bicyclette, il n'y a pas de
problème. Cela va à X milles à l'heure, mais à
moto, vous savez comment cela peut aller. On trouve cela drôle. On prend
un livre qui dit en file indienne, comme le guide de l'automobiliste, et on
prend le livre du conseil canadien qui dit en zigzag. Dans les cours de moto,
quand cela se donne, on parle de sécurité et on est là
à recommander que, justement, à cause de la vitesse, à
cause du danger et à cause d'une question de visibilité, parce
que le conducteur prend position dans 95% d'après ce qu'il a vu, il faut
lui donner la chance de bien voir en avant...
M. Vaillancourt (Orford): Ce qui veut dire que quatre
vélos qui circuleraient en zigzag prendraient à peu près
l'espace d'une automobile sur la route.
M. Boutin: C'est cela.
M. Lessard: II pense que ce sont deux bicycles et il passe entre
les deux, alors que c'est une automobile.
M. Vaillancourt (Orford): C'est ce qui pourrait être
dangereux le soir.
En ce qui concerne les pneus à crampons, vous demandez qu'il y
ait dans la loi une réglementation spéciale. Actuellement, si je
me souviens bien, le pneu à crampons est autorisé, par la loi du
15 novembre au 15 avril, suivant une directive du ministre, mais vous aimeriez
que ce soit inscrit dans la loi au lieu que ce soit une
réglementation.
M. Boutin: Non. Excusez, M. le député. On voulait
absolument que cela soit conservé parce que c'est important, les pneus
à crampons. On ne voulais pas que cela disparaisse.
M. Vaillancourt (Orford): Je crois que ce n'est pas dans la loi
actuelle non plus et ce n'est pas dans le projet de loi que nous
étudions dans le moment. C'est plutôt une
réglementation.
M. Boutin: II y avait un article dans l'avant-projet de loi
là-dessus.
M. Vaillancourt (Orford): II y a un article qui... M. Boutin:
Oui.
M. Vaillancourt (Orford): En ce qui me concerne, je n'ai pas
d'autres questions. Je tiens à vous féliciter de votre
mémoire. Je vois que vous avez fourni beaucoup de travail. Vous avez
pris la peine d'étudier le projet de loi, et les nombreuses suggestions
que vous nous faites vont certainement nous éclairer lorsque viendra le
temps d'étudier le projet de loi dans son ensemble article par article.
Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député d'Orford. M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, je vais commencer là
où le député d'Orford a fini. En ce qui concerne les
crampons sur les pneus, avez-vous des preuves indiquant que c'est plus
sécuritaire à haute vitesse que les pneus ordinaires?
M. Boutin: Au point de vue du danger, ce qu'on a entendu dire
là-dessus, c'est que c'était toujours au départ
qu'éventuellement le clou partait et pouvait briser le pare... Les
débuts ont été difficiles, mais aujourd'hui, la
manière dont ils sont placés, il n'y a pas de... Naturellement,
c'est certain que cela a été...
M. Russell: C'est une optique personnelle. Vous n'avez pas de
statistiques qui démontrent la sécurité
additionnelle...
M. Boutin: Non. Au point de vue statistiques, non.
M. Russell: ... parce que j'ai une expérience personnelle.
Je vous dis cela simplement parce que j'ai eu des crampons sur mes pneus et
maintenant, je n'en ai plus et je n'en veux plus.
M. Boutin: Pourquoi?
M. Russell: Pour bien des raisons. C'est parce qu'à haute
vitesse d'abord, cela ne garantit rien de plus. C'est seulement à basse
vitesse. Pour la plupart des voyageurs à moins que ce soit un
chauffeur de taxi dans la ville de Québec, je recommanderais
peut-être des crampons je sais que sur les routes, cela ne leur
fait pas de bien. Si vous regardez le nombre de jours où il peut y avoir
de la glace sur les routes de la province, les dommages que cela peut faire...
Je pense que l'un vaut l'autre. On pourrait peut-être s'entendre pour
réexaminer la situation et voir si cela donne réellement de la
sécurité additionnelle avant qu'on puisse l'incorporer dans un
texte de loi ou dans une réglementation quelconque. M. le
Président, c'est simplement... Si vous aviez eu des statistiques,
j'aurais été heureux de vous entendre. Comme vous n'en avez pas,
je prends simplement cela comme une opinion personnelle que vous
émettez.
M. Boutin: C'est à la suite d'une consultation
auprès de tous nos "franchisés".
M. Russell: De personnes comme moi qui les ont
utilisés...
M. Boutin: Oui, c'est...
M. Russell: ... et qui ont été heureuses du...
M. Boutin: Non, des propriétaires d'école de
conduite.
M. Russell: D'école. En ce qui concerne la question des
écoles, vous semblez exiger qu'un jeune âgé de moins de 18
ans obtienne un permis obligatoire d'un cours à votre école.
Avez-vous une objection à ce que le système actuel soit maintenu
et qu'on exige du jeune qu'il passe un examen du Bureau des véhicules
automobiles plutôt que d'exiger un certificat d'une école
quelconque.
M. Boutin: C'est parce que antérieurement, le jeune de 16
ans, pour obtenir son permis d'apprentissage, cela lui prenait absolument la
preuve qu'il était enregistré à une école de
conduite. La loi a été modifiée à un moment
donné. Au lieu du permis d'apprentissage qui avait une durée de
deux mois, aujourd'hui il a une durée de six mois. Le jeune de 16 ans
qui va chercher son permis d'apprentissage, donc, a six mois pour pouvoir
conduire. A ce moment-là, au bout de six mois il va chercher de nouveau
un permis d'apprentissage, ce qui fait que de 16 à 18 ans, il fait son
apprentissage avec des permis d'apprentissage.
M. Russell: Vous ne seriez pas d'accord qu'un jeune de 16 ans qui
se présente au Bureau des véhicules automobiles et qui demande
à subir un examen, quitte à le passer ou le passer à
côté et faire la preuve qu'il est réellement
qualifié pour conduire un véhicule, que ce soit aussi valable
qu'un certificat prouvant qu'il a été inscrit dans une
école ou qu'il aurait un certificat quelconque pour subir son examen
à l'école.
M. Boutin: Je pense que si vous prenez tout ce qui se passe au
point de vue des électriciens ou de quelque métier que ce soit,
avant d'aller chercher une carte, il faut avoir fait X années
d'expérience. Le jeune, justement à cause de son manque de
maturité et surtout son manque de connaissances... Le jugement d'une
personne, c'est quoi? C'est selon les connaissances qu'il a. S'il n'a pas de
connaissances, comment voulez-vous qu'il puisse porter un jugement sur la
route. Sur la route, c'est une fraction de seconde pour prendre position.
M. Russell: Je ne veux pas faire un plaidoyer, mais je pense que
les exemples que vous venez de donner me démontrent certainement que
c'est peu sérieux. Je n'ai jamais été d'accord que, pour
les électriciens comme pour les opérateurs de machines fixes on
exige une expérience de deux ans pour première, deuxième
ou troisième classe avant même de l'accepter à un examen.
Je pense qu'une personne est qualifiée ou ne l'est pas. S'il se
présente au Bureau des véhicules automobiles et dit être
prêt à subir un examen, qu'on prenne le meilleur instructeur et
qu'on lui donne un examen sévère, que le jeune homme ait 16 ou 17
ans et qu'il passe à 80% ou 78% suivant les exigences, c'est aussi
valable qu'exiger des inscriptions à une école quelconque. Je
pense que c'est peu sérieux si on ne fait pas cela. C'est mon option de
cela. Je dois vous dire que je parle par expérience parce que je
n'aurais pas accepté que mon fils s'inscrive à une école
de conduite parce que je voulais lui montrer à conduire. J'en ai cinq et
cela fait quelques années qu'ils passent déjà par
là et ils ont tous eu leur permis quand ils étaient assez jeunes.
Jusqu'à maintenant, je n'ai pas eu d'expérience malheureuse. Je
peux vous dire... (15 h 30)
Une Voix: ...
M. Russell: Non, jamais. Je peux vous dire ceci: II y a des gens
que je connais qui sont passés par une école de conduite. Je ne
veux pas déprécier les écoles, mais, comme
expérience, à la première heure, je
préférerais qu'ils ne soient pas passés par une
école, mais qu'ils aient appris sérieusement à conduire et
qu'ils aient acquis le sens des responsabilités, plutôt que
d'être passés seulement par une école où ils ont
obtenu un certificat. Le certificat peut être obtenu... C'est un peu
comme les jeunes qui subissent souvent des examens universitaires et qui,
dès qu'ils pratiquent, pensent avoir le monopole de la
vérité. De la même façon, quand vous montez dans un
véhicule et que vous pensez pouvoir conduire et que vous manquez
d'expérience, c'est drôlement dangereux. J'aimerais mieux qu'on
sorte de l'école en sachant qu'on a de la théorie et un peu de
pratique, mais qu'on manque de beaucoup d'ex-
périence avant de se lancer dans toutes les sortes de folies qui
peuvent se produire sur les routes.
M. Boutin: M. le Président, si vous me le permettez, c'est
malheureux de constater que dans tous les domaines, lorsque nous voulons
aspirer à une perfection quelconque, il faut prendre les moyens d'y
arriver. Là, il y a la question de la formation d'un être humain
face à la conduite. On n'est pas là pour pleurer. On sait ce qui
se passe sur les routes, mais pour quelle raison ici au Québec, par tous
les moyens, veut-on essayer d'empêcher les gens justement d'aller
chercher ces connaissances? Je comprends qu'il y ait des gens, des autodidactes
qui apprennent tout seuls. On n'est pas contre cela, mais on rencontre des gens
de 40 et 50 ans qui viennent dans nos écoles de conduite. Ils
s'imaginaient tout connaître. Il y en avait qui donnaient des cours
à leurs parents et à leurs amis. Justement, aussitôt qu'on
touche au domaine de la sécurité routière, nous sommes
tous des spécialistes. On ne peut pas parler d'école de conduite.
Quand il y a un accident, les gens disent: Vous ne montrez pas cela à
l'école? Pour quelle raison ne nous diraient-ils pas: Ce doit être
certainement une personne qui n'est pas allée prendre un cours de
conduite? C'est nous qui passons pour avoir tous les péchés de la
belle province. Un instant, là!
M. Russell: Je suis d'accord, mais je déduis de votre
exposé que le Bureau des véhicules automobiles est peu
sérieux quand il donne des cours et qu'il donne des points pour
classifier un individu qui va là pour subir un examen. C'est ce que je
dois déduire de votre exposé. Je suis contre le fait qu'on
émette un permis à quelqu'un sans lui faire subir un bon
examen... Vous parlez de 60%. Cela peut être 70%. Je n'y ai pas
d'objection. Que la personne se qualifie. Mais là où je ne suis
pas d'accord, c'est qu'on exige qu'on se soit inscrit à une école
quelconque ou qu'on ait un certificat d'une école quelconque. Je pense
que la meilleure preuve, c'est qu'on subisse un examen et qu'on démontre
au Bureau des véhicules automobiles qu'on est réellement
qualifié pour obtenir ce permis de conduire. Je pense que c'est beaucoup
plus sérieux que tous les permis, toutes les autres exigences qu'on peut
avoir. C'est ma conception...
M. Boutin: Seulemet un petit mot. M. Russell: Oui.
M. Boutin: Présentement, c'est dans la loi. A 16 et 17
ans, les cours sont obligatoires.
M. Russell: C'est là-dessus que je vous posais la question
et je ne suis pas tout à fait d'accord que ce soit un cours obligatoire
plutôt qu'un examen qui prouve la capacité de conduire, le sens
des responsabilités... On passe un examen théorique aussi bien
qu'un examen pratique. Je préférerais qu'on soit beaucoup plus
sévère au Bureau des véhicules automobiles quant à
l'exa- men c'est ma conception que d'exiger qu'on soit inscrit
à un cours. De même, j'exigerais un examen de connaissances
minimales avant de donner un permis d'apprentissage. Je trouve que cela ferait
beaucoup plus sérieux. C'est ma conception, remarquez bien. Je ne dis
pas que je suis d'accord ou en désaccord avec la loi, avec ce qu'on
propose dans la loi. On va discuter de cette loi. Je voulais simplement avoir
votre opinion et votre raisonnement là-dessus. Je peux vous dire que je
ne suis pas contre les écoles, mais je ne suis pas pour qu'on leur donne
un blanc-seing qui signifie que leur inscription ou leur permis devient une
autorité. Je ne suis pas tout à fait sûr... Je ne veux pas
cautionner toutes les écoles et tous les permis qu'on va émettre,
connaissant l'être humain.
M. le Président, j'ai beaucoup d'autres questions, mais je pense
que ce sont toutes des choses qui vont revenir devant nous. Je peux simplement
vous dire que je suis bien heureux de votre mémoire. Cela nous donne une
autre lumière sur la question de la loi. On va s'en servir, l'examiner
de façon bien approfondie pour nous aider à critiquer ou à
revendiquer certaines clauses, certains amendements qu'on pourrait demander au
projet de loi qui est devant nous actuellement. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie, M. Boutin,
ainsi que les gens qui vous accompagnent, d'avoir participé à nos
travaux.
J'appelle maintenant M. Guy Marchant, le mémoire no 18.
M. Guy Marchant, à titre personnel
M. Marchant (Guy): Guy Marchant, je suis informaticien à
Ottawa et je suis venu aujourd'hui pour la commission. Ne sachant pas comment
se déroulait une commission parlementaire, je n'ai pas
préparé de présentation en tant que telle. J'ai simplement
mon mémoire avec moi. Je voudrais simplement, à titre de
présentation, vous remercier, pour me donner l'opportunité, en
tant que simple citoyen, de participer à l'élaboration du nouveau
Code de la route. Chacun de nous a toujours eu l'occasion de protester devant
un règlement, en disant: on devrait faire ci, on devrait faire
ça, là, on a au moins l'occasion de pouvoir participer à
l'élaboration de nouveaux règlements. Je ne sais pas si vous
voulez que nous regardions ensemble les différentes suggestions ou
recommandations que j'ai écrites ici. Je ne voudrais pas le relire,
puisque vous l'avez sous les yeux. Peut-être pourriez-vous me poser des
questions ou si vous voulez, je peux passer les quelques points en revue.
Le Président (M. Bordeleau): Les membres de la commission
ont dû lire votre mémoire. Il y aurait peut-être lieu de
passer aux recommandations, par exemple.
M. Marchant (Guy): D'accord. La première recommandation
est au sujet des permis de con-
duire et des écoles de conduite. Il est question, dans les
articles 85 et 122, du contenu de l'examen de compétence et du contenu
des programmes d'enseignement. Je ne connais pas ce contenu, mais je peux en
déduire facilement que la conduite des véhicules à
boîte de vitesse manuelle n'était qu'optionnelle, aussi bien dans
l'enseignement que pour passer le permis. Alors, il me semble que le permis de
conduire ne spécifie pas qu'on est spécialisé dans la
conduite du véhicule automatique seulement. Il semble attester qu'on est
capable de conduire n'importe quel type de véhicule automobile. Cela est
vrai ici au Québec, en dehors du Québec et surtout à
l'étranger, quand on se présente avec un permis canadien qui est
accepté, mais qui ne nous permet pas de conduire, quelquefois, une
voiture à boîte de vitesse manuelle. Je pense que cela devrait
être inclus dans les cours de conduite et cela devrait être inclus
dans l'examen. C'est souvent utile. En plus, ces voitures sont plus
économiques, alors elles vont venir de plus en plus sur le
marché. Je pense que ce serait une bonne chose, les écoles de
conduite n'en seraient certainement pas fâchées, elles auraient un
cours supplémentaire, ça leur rapporterait plus d'argent.
D'ailleurs, je cherchais moi-même des cours de conduite
améliorée. Je sais conduire, j'ai pris bien des cours de conduite
supplémentaires, cours de conduite sur glace, cours de conduite rapide,
etc., je cherche des cours qui améliorent la conduite, pas seulement qui
apprennent à conduire, mais je n'en ai jamais trouvé dans les
écoles actuellement. J'aimerais pouvoir trouver ce genre de cours. C'est
tout pour la première partie.
Ma deuxième recommandation est au sujet des réflecteurs ou
catadioptre et des phares antibrouillards. Je n'ai pas trouvé dans les
articles 173, 174, 188 de mention pour les réflecteurs sur les
véhicules et je pense que tous les véhicules devraient en
être munis. Est-ce que c'est une omission, je ne sais pas.
Le Président (M. Bordeleau): Je peux suggérer une
procédure, ce serait de lire vos recommandations.
M. Marchant (Guy): D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Pour qu'on puisse
procéder à un échange de questions et de commentaires
après entre le ministre et les représentants de l'Opposition.
M. Marchant (Guy): Parfait. Je pense qu'il serait souhaitable
qu'il y ait des réflecteurs rouges ou jaunes à l'arrière
et sur les flancs de tous les véhicules. Je pense également qu'en
raison du climat ici au Québec, un phare antibrouillard, au moins,
devrait être exigé sur tous les véhicules. Cela sert en
temps de pluie, en temps de brouillard et en temps de neige également.
J'entends par phare antibrouillard celui qui est défini dans le grand
Larousse, qui éclaire au ras du sol, qui permet de voir les lignes
blanches ou jaunes et les bas côtés de la route. C'est ça
que j'entends par phare antibrouillard.
Ma recommandation suivante au sujet des articles 177 et 178,
également, il n'est pas mentionné de réflecteur. L'article
177 stipule qu'une motocyclette doit être munie de feux indiquant un
changement de direction seulement à l'arrière. Je me demande
pourquoi, s'il ne serait pas consistant de demander de les avoir à
l'avant également, surtout lorsqu'une motocyclette arrive à une
intersection et coupe à gauche pour tourner et si on n'a pas fait signe,
quelquefois, ça peut être une cause d'accident.
Ma recommandation suivante, à l'article 179, vise les bicyclettes
ou tricycles qui sont immobilisés ou en mouvement la nuit. On leur
demande d'être équipés de lumières ou de
réflecteurs seulement s'ils circulent la nuit. Je pense qu'on devrait
exiger ceci en tout temps, parce que bien des bicyclettes et des tricycles ne
sont pas supposés être dehors la nuit, mais ils le sont, ne
serait-ce qu'à la tombée de la nuit et on les voit mal quand on
les voit. C'est en tout temps qu'ils devraient en être
équipés.
Ma recommandation suivante, aux articles 180 et 188, c'est pour
l'éclairage, pour les phares blancs, par exemple. On ne précise
pas à quelle hauteur doivent être installés les phares
blancs. Ma recommandation est qu'on devrait spécifier une hauteur.
Juste avant de venir ici, je suis allé dans un grand garage, qui
vend du produit Ford, et j'ai pu constater, de visu, que les tracteurs pour
semi-remorques, par exemple, avaient leurs phares au-dessus du toit de ma
voiture. Or, ces phares, même quand ils sont diminués pour
croisement, sont automatiquement éblouissants, puisqu'ils sont au-dessus
de vos yeux.
Je pense que, sans rien changer aux véhicules, on pourrait
simplement ajouter des phares plus bas sur le pare-chocs, ou un peu plus bas,
pour les croisements et que ces feux soient éteints, au moment d'un
croisement, comme ça se fait sur certaines voitures à quatre
phares d'ailleurs: on éteint les grandes lumières et on allume
seulement les petites.
Il y avait également la question de l'intensité, pour voir
l'intensité à 150 mètres ou 90 mètres. Je pense que
c'est peu précis. Il existe des moyens techniques, à l'heure
actuelle, de mesurer l'intensité de l'éclairage, soit de la
source d'éclairage, soit de l'éclairage réfléchi
sur une cible quelconque. Il existe des moyens techniques de la mesurer. S'il
existe des moyens techniques de la mesurer, d'une part, ce serait plus
précis et, d'autre part, ce serait vérifiable, donc
contrôlable à l'enregistrement des bureaux de vérification
par exemple.
Justement, l'intensité des phares, lorsqu'ils sont descendus,
lorsqu'ils sont baissés pour un croisement, selon l'article 300, il
n'est pas question, lorsque l'on précise la puissance de ces phares, si
on doit la mesurer avant, après ou dans les deux cas. Je pense que ceci
devrait être précisé. Est-ce que c'est pleine
lumière ou en
code seulement? D'ailleurs, à propos des codes, je voudrais poser
une question supplémentaire: Est-ce qu'on utilise l'éclairage
biasymétrique qui permet de voir un peu plus, sur le côté
droit, les piétons et les cyclistes?
Pour la recommandation suivante, à l'article 181, qui stipule
qu'une automobile soit équipée de phares antibrouillard,
là, j'ai cru comprendre qu'il y avait une erreur d'appellation sur le
mot "antibrouillard". J'ai moi-même regardé dans les dictionnaires
que j'avais à la maison, je n'ai pas pu trouver de définition
très claire et j'ai communiqué avec l'Office de la langue
française qui m'a donné la définition suivante:
D'après le Grand Larousse de la langue française: projecteur
antibrouillard, projecteur d'automobile dont le faisceau lumineux est
dirigé vers le sol et éclaire les bas côtés de la
route. Dans ce cas, je pense qu'un interrupteur est inutile si c'est cela, un
phare antibrouillard et, s'il est installé selon les prescriptions de
cet article, il n'y a pas de raison de l'éteindre puisqu'il ne peut pas
être éblouissant; il est très bas. Par contre, à
cause peut-être de cette appellation de phares antibrouillard, cet
article ne prévoit pas l'installation d'autres types de phares
supplémentaires, comme longue portée ou phares rectangulaires,
avec une plage d'étalement lumineuse plus large, etc. Je pense que
ça pourrait être spécifié.
L'article suivant, 186, prochaine recommandation: Encore pour les phares
et réflecteurs, on dit qu'ils doivent être visibles d'une distance
d'au moins 150 mètres. Je pense que, là encore, on devrait
utiliser une mesure plus précise, on devrait utiliser des instruments de
mesure, de façon que ce soit mesurable et vérifiable, donc,
contrôlable.
Recommandation suivante, à l'article 191, où on parle de
l'avertisseur sonore pour un véhicule automobile ou un cyclomoteur, je
pense qu'il serait souhaitable qu'on ait deux systèmes d'avertisseurs
sonores j'en ai moi-même deux sur ma voiture un pour la
ville, un pour la route, parce que ceux qui sont, en général,
pour la ville, sont parfaitement insuffisants sur la route. Derrière un
camion, un autobus ou un gros véhicule, on ne se fait pas entendre. Par
contre, ceux qui sont faits pour la route, sont très forts, sont presque
dangereux en ville, parce qu'ils font sursauter les gens, ils sont très
désagréables. On pourrait donc avoir deux puissances. Moi, j'ai
tout simplement monté un inverseur sur ma voiture pour avoir les deux,
mais peut-être que deux avertisseurs seraient nécessaires. On ne
parle pas également de leur puissance.
Je pense que le niveau sonore admissible devrait être
spécifié par une mesure scientifique, en décibels, etc. Il
n'est pas question des motocyclettes dans cet article, parce que, sans doute,
les motocyclettes font bien du bruit, c'est certainement vrai pour la ville et
leur bruit est suffisant, mais, sur la route, là encore, je ne pense pas
qu'une motocyclette puisse toujours se faire entendre du camion ou de l'autobus
qui est devant. Donc peut-être qu'un avertisseur sonore devrait
également être monté sur des motocyclettes qui peuvent
avoir certains problèmes à doubler un véhicule, à
se faire entendre par un gros véhicule qui est devant.
L'article suivant, 196: Le niveau maximum sonore admissible pour
l'échappement d'un véhicule ou d'un cyclomoteur. Là encore
je dis que ça devrait être mesurable, ça se fait dans
beaucoup de pays et, si c'est mesurable, c'est vérifiable. Les
motocyclettes sont exclues de cet article. Là, j'ai été
vraiment surpris, parce que là, ce sont les motocyclettes qui font le
plus de bruit, surtout en ville, dans les quartiers résidentiels. Je
pense que les motocyclettes devraient également être
équipées, je ne dirais pas d'un silencieux, mais d'un
système qui affaiblisse le bruit d'échappement et, là
encore, que ce soit mesurable, donc contrôlable et vérifiable. (15
h 45)
Toujours dans mon mémoire, j'ai quelques notes
supplémentaires, que je n'ai pas mentionnées, mais je reste avec
mon mémoire pour l'instant.
Pour toute la section VIII du chapitre VIII, on mentionne les autobus en
général et les autobus scolaires en particulier, mais dans aucun
de ces articles mentionne-t-on les ceintures de sécurité dans les
autobus et encore moins les appuis-tête. Je pense que, à la
lumière des derniers accidents qui se sont produits, notamment au
Québec, que des ceintures de sécurité dans les autobus de
voyageurs pourraient être montées. Le voyageur aurait l'option de
la mettre ou de ne pas la mettre, il n'est pas question de la rendre
obligatoire, mais elle devrait être présente, à titre
supplémentaire de sécurité. Dans les autobus scolaires, en
particulier, alors qu'on fait une très grosse publicité, qu'on se
sert des enfants dans la publicité pour le port de la ceinture de
sécurité, on n'en met pas dans les autobus scolaires; cela me
semble inconsistant. J'ai déjà eu une discussion avec quelqu'un
du ministère à ce sujet, je ne me rappelle même plus qui
c'était, c'était une personne que je n'ai rencontrée
qu'une fois; elle me disait que c'était à cause du plancher des
autobus qui sont en bois, etc. Il y a peut-être de très bonnes
raisons, mais je pense qu'on devrait quand même au moins habituer les
enfants à porter la ceinture dès qu'ils sont dans un autobus
scolaire; ce serait une bonne sécurité en cas d'accident, de
toute façon.
Quant aux appuis-tête, dans les autobus ordinaires, pas de
problème; ils sont toujours là. Vous savez quelle est
l'importance de l'appui-tête, dans les cas d'accidents, pour le cou. Des
gens ont déjà été tués comme ça; par
exemple, l'Agha Khan a été tué il y a une vingtaine
d'années, en France, comme ça. Je pense que dans les autobus
scolaires aussi il devrait y avoir un appui-tête; également il
devrait être obligatoire dans les voitures. Il n'en est question nulle
part.
Pour les articles 211, 212, 213, 214 et 215 qui visent les passagers
occupant les places avant du véhicule automobile, il n'est pas question
de ceintures pour les places arrière. Or, il y a certains types de
véhicules, les véhicules à deux portes, par exemple, dont
le siège avant est rabattable. Dans ce cas, en cas de choc ou de
freinage brutal,
le passager arrière, s'il n'est pas attaché, vient buter
contre le dossier du siège avant et ce choc peut être
extrêmement violent. Vous connaissez les lois de l'inertie, etc., vous
savez que ça peut débloquer le petit loquet, qui n'est
certainement pas très costaud sur la plupart des voitures et toute
l'inertie, avec la force du mouvement et du poids des passagers arrière,
va venir s'ajouter au poids du passager avant, donc sur sa ceinture, et
ça peut lui causer des blessures. La ceinture n'étant pas faite
pour double poids, ça peut aussi briser la ceinture et, à ce
moment, être encore plus dangereux. Je pense que, sur ce type de
véhicule, dont le siège avant se rabat pour faciliter
l'accès aux places arrière, la ceinture arrière devrait
être obligatoire et devrait être portée.
A l'article 200, je pense qu'il y a eu une coquille à
l'impression, une faute de typographie, on lit "convenir" et je pense qu'il
faudrait lire "convertir". On pourra voir ça tout à l'heure.
A l'article 283, qui stipule dans quelles conditions un conducteur peut
effectuer un virage à droite, en face d'un feu rouge; je ne voudrais pas
discuter ici de l'opportunité du virage à droite, mais je dis
que, dans la même logique, il est possible de permettre aussi le virage
à gauche sur deux rues qui sont toutes deux à sens unique. Cela
fonctionne depuis le 1er janvier de cette année, à Ottawa,
où j'habite, j'habite tout en face, à Hull et il
n'y a eu, paraît-il, aucun problème. J'ai pris, tout
dernièrement, un cours de conduite préventive, comme on dit
là-bas, avec des gens qui sont en relations permanentes avec le Bureau
des véhicules et ils n'ont eu aucun problème de ce
côté, ça n'a pas causé d'accidents
supplémentaires; la logique est la même. Avec les mêmes
restrictions, évidemment, ça devrait être possible.
J'ai peut-être une parenthèse à ouvrir. On a
discuté, tout à l'heure, du virage à droite, j'ai
intercepté l'intervention de M. Dumont, qui en avait parlé. Il
m'a conté les expériences malheureuses qu'ils ont eues, mais il
m'a précisé qu'il y avait généralement une
flèche verte à ces endroits. Je lui ai dit que j'avais vu, aux
environs de Québec, une flèche orange. Je pense qu'avec une
flèche orange ou une flèche rouge, ça induirait
peut-être le conducteur à plus de prudence, sans lui dire: Vous
pouvez y aller, c'est vert, tournez. Evidemment, ça demandrait des
installations supplémentaires alors que la loi, telle qu'elle est, ne
demande aucune installation supplémentaire, et c'est là le gros
avantage.
Pour l'article suivant, no 300, on spécifie les distances pour
l'éclairage et pour la diminution des phares principaux à une
distance de 150 mètres. Je dis que, à cette distance, les phares
actuels montés sur les véhicules sont éblouissants bien
avant 150 mètres; ils sont beaucoup trop puissants. En plus, il est
très difficile, la nuit, d'évaluer la distance d'un
véhicule, surtout d'un véhicule en mouvement quand on est
soi-même en mouvement; c'est très très difficile.
Je pense qu'on devrait baisser nos phares dès qu'on voit des
phares en sens inverse. Au moins, que la personne qui est en face ou que le
véhicule qui vient en face baisse ses lumières. Cela veut dire:
Je suis ébloui, baisse aussi les tiennes; il vous fait signe. Il me
semble que ce serait plus facile dans ce cas.
En ce qui concerne l'article 301, je n'ai pas réussi vraiment
à le comprendre. Je ne sais pas s'il y a une faute d'impression ou si
c'est moi qui n'ait pas réussi à comprendre le texte, mais, de
toute façon, il concerne les restrictions pour les antibrouillard. Je
signale, dans mes recommandations, que toute restriction concernant les phares
antibrouillard semblent inutiles, si ces phares sont conformes à la
description qu'en donne le grand dictionnaire Larousse, et je la
répète: projecteurs d'automobile dont le faisceau lumineux est
dirigé vers le sol et éclaire les bas-côtés de la
route. Donc, automatiquement, ils doivent être montés très
bas et ils ne peuvent éclairer que très bas et ils ne peuvent
être éblouissants. Si c'est cela qui est considéré
comme antibrouillard et que le phare est monté tel que
spécifié à l'article 181, à ce moment-là, je
pense qu'il est inutile qu'il soit mis en bas du croisement.
J'ai ici une page de remarques générales pour les
familiales, véhicules qui ont une plate-forme de chargement
derrière les sièges. Ces véhicules n'ont aucun dispositif
de retenue de ce chargement, que ce soit des bagages ou autre chose. Or, en cas
d'accident, je l'ai appris dernièrement lors de secours,
l'arrière du véhicule qui est accidenté ou qui donne un
coup de frein brutal tend à se soulever et les objets qui sont
derrière tendent à passer vers l'avant, d'une part. D'autre part,
l'ensemble de ce chargement tend à glisser vers l'avant de toute sa
force d'inertie qui peut être très grande, quand on a 500 ou 1000
livres de chargement, et à venir écraser littéralement la
banquette avant et les passagers qui y sont.
Je pense qu'on devrait prévoir un dispositif, je ne peux pas dire
lequel exactement, qui freine le glissement, qui empêche
l'écrasement de la banquette avant, surtout si ce sont des banquettes
rabattables, comme c'est quelquefois le cas; qu'un filet ou un dispositif
quelconque empêche que les objets ne passent par-dessus la tête des
passagers ou ne viennent les cogner derrière la tête. C'est
extrêmement dangereux. Il n'en est pas fait mention du tout.
Moi-même, j'ai fait installer dans ma voiture, qui a un siège
arrière rabattable c'est une Sabre, c'est le même
système que les Renault, le siège arrière peut se rabattre
pour faire une plate-forme de chargement et, à ce moment-là, il
est en communication avec le coffre j'ai fait installer une plaque de
sécurité, qui a 1/8 de pouce d'épaisseur et qui peut
s'enlever avec des boulons, de façon que le chargement du coffre ne
vienne pas écraser mon bébé qui est en arrière lors
d'un choc ou d'un coup de frein. C'est un danger réel. Je suis seulement
préoccupé par la sécurité; comme vous le voyez dans
ces articles, c'est tout ce que j'ai touché.
Pour les pneus à crampons, je n'en ai pas fait mention, parce que
je n'en avais pas vu mention dans le mémoire. J'en ai toujours eu et je
suis d'accord avec M. le député qui disait tout à l'heure
qu'à haute vitesse ça ne sert pas à grand-chose,
surtout dans les virages; si on s'imagine que ça vous freine, pas
du tout. Par contre, à basse vitesse, ça peut vous éviter
d'écraser un piéton ou ça peut vous éviter un
accident en ville ou n'importe où. Cela m'a souvent aidé
énormément à m'arrêter.
C'est tout ce que j'ai à dire sur mon mémoire en
particulier. Si vous avez des questions à me poser, je suis
prêt.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Marchant. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: M. Marchant, vous avez dit tout à l'heure que
vous étiez technicien en informatique?
M. Marchant (Guy): Je suis informaticien, oui.
M. Lessard: Est-ce que vous vous occupez de
sécurité routière comme hobby?
M. Marchant (Guy): Non, pas du tout. Je suis simplement
concerné par la sécurité routière, parce que j'aime
l'automobile. J'ai toujours eu des autos que j'estimais de qualité et de
sécurité. J'ai acheté une Sabre parce que je la
considérais de sécurité et je fais beaucoup de route, je
conduis énormément.
M. Lessard: Vous avez un mémoire qui démontre une
cherche profonde. Il est certain que le Code de la route n'a pas pour objectif
de tout préciser, parce qu'on va avoir un Code de la route
extrêmement complexe. Je pense, par exemple, à la
définition qu'on me demandait je ne sais pas si c'est vous
ce matin concernant les détails techniques on commence à
avoir pas mal de recommandations on me demandait de préciser la
qualité des pneus. Il est précisé, dans le Code de la
route, que le ministre peut déterminer la qualité des pneus. Il
est précisé, dans le Code de la route, que le ministre peut
déterminer la qualité minimale du phare antibrouillard.
Je comprends que vous apportiez une définition du Larousse,
maintenant, mais je me fie plutôt au phare antibrouillard existant,
c'est-à-dire qu'il transmet un jet de lumière comme tel, non pas
nécessairement... il est par en bas un peu, justement en cas de brume.
Vous parliez de l'article 301 en cas de brouillard, cela me paraît clair,
les phares antibrouillard ne peuvent être tenus allumés que
lorsque les conditions atmosphériques le nécessitent. Lorsque
l'éclairage avant du véhicule est diminué, si vous avez
déjà fait l'expérience avec les phares antibrouillard, si
vous ne devinez pas votre éclairage, les phares antibrouillard ne sont
pas efficaces. C'est dans ce sens que l'article 301 s'interprète.
Concernant les réflecteurs rouges ou jaunes arrière,
actuellement, on a déjà mis la plaque d'immatriculation
réfléchissante. C'est déjà une indication. On ne
peut pas non plus multiplier.
Touchant toute la question de la bicyclette, c'est exact que le Code de
la route est assez muet sur ça. Nous avons reçu des
recommandations à ce sujet jeudi dernier par Vélo-Québec.
Il va falloir considérer ça. En ce qui concerne les silencieux,
je ne pense pas que le Code de la route exempte les motocyclettes du
contrôle des silencieux. Au contraire, l'article 408...
M. Marchant (Guy): ... dont je parlais ici.
M. Lessard: Alors l'article 408 dit: "prescrire les normes de
fabrication, d'installation, d'utilisation et de vente d'un silencieux". Mais
à un autre article, 224... Ce n'est pas comme mon petit
catéchisme, je le connaissais plus par coeur que ça mais,
celui-là, je le connais moins. Je le connais, mais dans ses grandes
lignes. Article 196, "un véhicule automobile et un cyclomoteur,
immobilisé ou en mouvement sur un chemin public, doit être pourvu
d'un silencieux et d'un système d'échappement en bon état
de fonctionnement." Sur ça, je vous avoue que... je vous ai dit tout
à l'heure qu'il y avait moyen de déterminer, pour le ministre,
les normes minimales concernant le silencieux. Quant à moi, je pense que
tout le monde commence à avoir son voyage, c'est le cas de le dire, vous
me passerez l'expression, de se faire, pendant une partie de la nuit, taper les
oreilles continuellement. Je vous avoue que j'y tiens, de concert avec les
fabricants de motocyclettes et, avec le ministre responsable de
l'environnement, parce que c'est une de ses responsabilités, on va
certainement définir des normes.
J'ai eu l'occasion de constater qu'une motocyclette qui sortait de chez
le fabricant et une motocyclette dont le nombre de ce est assez important, ne
faisait pratiquement pas plus de bruit qu'un véhicule ordinaire. C'est
parce qu'on modifie le système de silencieux et cela sera défendu
par le nouveau Code de la route. Là-dessus, je pense que tout le monde
commence à avoir son voyage.
M. Marchant (Guy): Est-ce que je peux me permettre ici une
remarque?
M. Lessard: Oui.
M. Marchant (Guy): Je suis entièrement d'accord que ce
sera défendu, c'est très bien, mais si le bruit n'est pas
mesurable, le contrôle sera difficile.
M. Lessard: Les dicibels.
M. Marchant (Guy): II faut quand même fonctionner avec les
fabricants. Vous savez, il faut faire une distinction, c'est que toute norme
concernant la fabrication des véhicules routiers comme telle est de la
responsabilité du gouvernement fédéral. Là, on
s'accorde, on a quand même un comité, Transport Québec,
Transport Canada, pour faire valoir des revendications à ce sujet, mais
c'est la responsabilité du gouvernement fédéral. (16
heures)
M. Lessard: Concernant les autobus scolaires, on a, depuis le
dépôt du rapport Jodoin, on a considéré la
possibilité d'avoir des ceintures de
sécurité pour les passagers. Le rapport Jodoin ne
recommande pas je pense que c'est un instrument extrêmement
valable, il avait donné lieu à une recherche assez
considérable en ce qui concerne le transport urbain dans les
autobus scolaires comme dans les autobus interurbains, le port ou l'obligation
d'avoir des ceintures de sécurité. En ce qui concerne la ceinture
de sécurité dans les autobus scolaires, le problème, c'est
qu'il n'y a pas de brigadier scolaire dans chacun de ces autobus et ceci
pourrait créer des accidents assez sérieux, c'est-à-dire
que les enfants pourraient s'amuser avec ça et se frapper les uns les
autres. C'est un argument qui revient constamment. Cependant, le rapport Jodoin
nous recommande, pour les sièges avant, d'avoir la ceinture de
sécurité pour empêcher que l'enfant soit projeté.
Par ailleurs, ils nous disent, en ce qui concerne la ceinture sur les autres
sièges, pour autant que l'endos du siège avant soit bien
rembourré c'est une meilleure protection que d'obliger les compagnies
à placer des ceintures de sécurité.
M. Marchant (Guy): Si je peux me permettre ici une remarque. Pour
la question de blessures possibles avec les boucles de ceinture de
sécurité, il existe des systèmes, comme celui qui est
monté sur ma voiture, la Sabre, qui n'a pas de boucle. La boucle est
directement montée sur le côté du siège, c'est
seulement la courroie qui vient se mettre dans la boucle et que l'on ferme
par-dessus la courroie. La courroie elle-même, la ceinture
elle-même n'a aucune boucle. Le système se bloque sur un verrou de
sécurité qui se trouve à côté. Donc,
là, il n'y a plus de danger.
M. Lessard: Seulement comme remarque, vous dites qu'il serait
souhaitable qu'à l'intersection de deux chaussées à sens
unique, le virage à gauche soit permis. Il est déjà permis
quand c'est indiqué. Vous voulez dire, là où il y a une
lumière, d'accord.
M. Marchant (Guy): Dans la même logique que dans les
virages à droite. Cela fonctionne.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup. On va considérer,
en relation avec le fait qu'il ne faut pas surcharger. On a voulu codifier et
éclaircir le Code de la route, il ne faut donc pas le surcharger par une
série de mesures très précises sinon, on va avoir de la
difficulté à se comprendre. Cependant, je vous félicite
pour votre intérêt en ce qui concerne la sécurité
routière, de la recherche considérable que vous semblez faire, un
peu comme quelqu'un qui s'en préoccupe énormément. Je vous
en remercie, M. Marchant.
M. Marchant (Guy): Je vous remercie, M. Lessard.
Le Président (M. Bordeleau): Le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, en constatant que M. Marchant
est issu du comté de Gatineau, j'aurais presque l'intention, le
goût de lui deman- der de m'appuyer dans mes revendications auprès
du ministre des Transports. Il nous a dit tantôt qu'il faisait beaucoup
de voyages en automobile. Sûrement que, s'il a voyagé sur les
routes du comté de Gatineau, il a été à même
de constater que plusieurs d'entre elles ont besoin de réfection. Il
pourrait peut-être m'aider à faire les représentations que
je fais régulièrement au ministre des Transports.
J'ai seulement une question... D'abord, je désire
féliciter M. Marchant pour la valeur de son mémoire. Je pense que
les recommandations qu'il contient, dans un très grand nombre,
méritent d'être retenues par les autorités du
ministère des Transports, sinon elles pourraient être incluses au
projet de loi lui-même, tout au moins, elles pourraient être
insérées dans la réglementation qui est afférente
à ce Code de la route.
Vous disiez tantôt, cela m'a échappé, que l'Ontario
permet depuis le 1er janvier dernier, les virages à gauche au feu rouge
en cas...
M. Marchant (Guy): Je n'ai pas dit l'Ontario, mais la ville
d'Ottawa en tout cas. Je ne sais pas pour l'Ontario en général.
Je sais que pour la ville d'Ottawa, oui, c'est permis depuis le 1er janvier.
Cela m'a été confirmé lorsque j'ai pris ce cours, il y a
un mois ou deux, de conduite préventive et en effet, je l'ai
pratiqué, j'ai vu que d'autres le pratiquaient et apparemment, il n'y a
pas eu de problème, uniquement à voie unique
évidemment.
M. Gratton: Comme vous, je suis souvent appelé à
voyager en Ontario, dans la ville d'Ottawa en particulier. Je prends votre
parole, je m'y risquerai et j'espère seulement que je ne me ferai pas
arrêter par la police d'Ottawa. Je vous remercie pour votre
mémoire, M. Marchant.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Brôme-Missisquoi.
M. Russell: Je ne veux pas tellement ajouter à la valeur
du mémoire que nous a présenté M. Marchant. C'était
valable et je suis convaincu que le ministre va s'en sortir. Sinon,
l'Opposition s'en servira lorsqu'on discutera en commission la loi qui nous est
présentée actuellement. Je suis d'accord avec plusieurs des
recommandations qui nous sont faites même si je ne suis pas d'accord avec
d'autres et je suis certain que si le ministre ne l'est pas cela nous donnera
de bons sujets de conversation à la commission qui va suivre pour
insérer dans ce nouveau Code de la route.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Marchant.
M. Marchant (Guy): Merci. Bonjour.
M. Paul Mackey, à titre personnel
Le Président (M. Bordeleau): J'appelle maintenant M. Paul
Mackey avec le mémoire no 19.
M. Mackey (Paul): J'ai essayé de prendre en pitié
un peu... J'ai fait mon mémoire assez court et
j'essaierai même de l'abréger quelque peu pour vous rendre
la tâche un peu plus facile.
M. le ministre, messieurs les députés, voici mes
commentaires sur l'avant-projet du Code de la route. Je commente
particulièrement le chapitre IX sur la circulation qui, je crois, a
été conçu pour nettement privilégier les
véhicules automobiles. Cela est un peu surprenant de voir, dans cette
période où on commence à se poser beaucoup de questions
sur l'avenir des transports, surtout des véhicules automobiles
particuliers, que ce soit ainsi. Il y a eu une certaine période
où le transport était conçu comme une fin en soi. Un
déplacement plus rapide était un bien de haute valeur. On
considérait les autres effets du transport, socio-économiques ou
environnementaux, comme très secondaires. Heureusement, de nos jours, on
tend à voir de plus en plus le transport comme une fonction au service
d'objectifs socio-économiques. Dans cette optique, il faut
élargir les critères d'appréciation du transport à
des paramètres qui lui sont extrinsèques.
Je prends quelques exemples: La crise d'énergie qui
représente une lourde charge pour l'économie dans la balance des
paiements, la qualité de vie en milieu urbain, le bruit dont le ministre
a déjà fait mention, la pollution de l'air, l'inactivité
physique des Québécois, ensuite, même la perte de vie,
d'animation dans les centres à cause de la circulation automobile
où par contre, les piétons peuvent jouer un rôle
très important. De ces quelques exemples, il en ressort que l'on doit
privilégier les modes de transport non motorisés.
Pour commenter quelques articles du projet de loi, à l'article
257, les restrictions qu'on met à la circulation de bicyclettes et de
piétons devraient être édictées seulement lorsqu'il
existe des choix raisonnables. Or, il n'y en a pas toujours et je cite quelques
exemples.
A l'article 278, l'exigence dans l'actuel Code de la route est "aussi
près que possible de la bordure droite du chemin". Compte tenu de
l'entretien insuffisant des bordures de routes et je pourrais ajouter de la
conception technique même des routes qui font que le drainage se fait sur
les bords de la route, je pense que ce serait beaucoup mieux de garder la
formulation du code actuel et non de dire à l'extrême droite de la
route.
A l'article 280, on devrait définir "pistes cyclables". Le
ministère a déjà émis une définition de
"piste cyclable", "bande cyclable" et "chaussée partagée".
A l'article 283, je m'oppose au virage à droite sur feu rouge. Il
y a eu beaucoup de commentaires déjà. Alors, je passe.
L'expression "piétons qui sont déjà engagés dans
l'intersection" que l'on retrouve aux paragraphes 1, 5, 6 et 7 de cet article
283 n'est pas totalement satisfaisante. Les piétons hésitent
à s'engager dans une intersection lorsqu'il y a des autos. On ne devrait
pas faire attendre le piéton jusqu'à ce que toutes les
automobiles soient passées. Il faut au moins se réjouir qu'on
n'ait pas restreint l'accession de passage au seul cas où
l'automobiliste pense que celui-ci risque de heurter le piéton. Dans
l'actuel code, ce n'était pas simplement que le piéton
était engagé, mais qu'en plus l'automobiliste risquait de le
heurter. C'était totalement laissé au jugement de
l'automobiliste.
En ce qui a trait aux bicyclettes, je pense qu'il serait bien de tenir
compte de leurs caractéristiques de fonctionnement. Il est beaucoup plus
difficile de repartir en bicyclette qu'en auto ou à pied. C'est pourquoi
j'ajouterais l'alinéa suivant à cet article: "Malgré toute
disposition contraire du présent code, le conducteur d'une bicyclette
peut omettre d'arrêter à un signal d'arrêt ou à un
feu de circulation à la condition de s'assurer préalablement
qu'il peut franchir l'intersection sans risque".
C'est actuellement une pratique assez courante qui n'a pas d'incidence
majeure sur la sécurité. Je pourrais ajouter aussi le fait que si
le cycliste décide de franchir la route, il ne met en danger que sa
propre vie et non celle d'un autre usager de la route.
A l'article 332, il ne faudrait pas restreindre ainsi la mobilité
du piéton. Il est préférable de garder la formulation
actuelle de l'article 48 dans l'actuel code: "Ailleurs qu'à une
intersection, le piéton doit céder la priorité de passage
à tous les véhicules."
A l'article 334, aux intersections, je pense que le conducteur doit
céder le passage au piéton ce qui était la formulation de
l'actuel code et non le contraire. On dit maintenant que cela devrait
être le conducteur du véhicule qui devrait avoir le droit de
passage.
A l'article 336, il serait mieux de dire: "... en levant le bras, et en
laissant le droit de passage aux véhicules qui sont déjà
engagés dans la traverse ou qui en sont si près qu'il est
impossible au conducteur de s'arrêter sans danger." La formulation, si je
me souviens bien, c'est que lorsqu'il n'y a aucun danger... Malheureusement,
sur nos routes québécoises, il y a très souvent un risque
ou un danger. Je pense que ce n'est pas une bonne formulation.
A l'article 338, on devrait éliminer les mots "en pressant le
pas". On dit que lorsque le feu de circulation pour piétons passe du
piéton blanc à la main orange, c'est que le piéton devrait
traverser en hâtant le pas. Je pense que c'est un peu abusif. Je pense
surtout, par exemple, aux personnes âgées ou d'autres, lorsqu'on
dit "en pressant le pas".
A l'article 342 où on interdit les passages en diagonale, je
pense qu'alors il faudrait multiplier les signalisations qui permettent la
traversée en diagonale ou multiplier les feux de piétons pour
éviter de retarder le piéton qui doit traverser dans les deux
sens. J'espère que les municipalités utiliseront la
possibilité de créer des mails pour piétons tel que
prévu à l'article 415.
C'était surtout sur la circulation. Au sujet de la vitesse, les
deux articles sont un peu dans le même sens. On devrait comparer la
vitesse du conducteur dont on veut parler à la limite de vitesse
permise. Si le conducteur roule à limite de vitesse, à ce
moment-là, je ne pense pas qu'il devrait céder le passage
à des automobiles qui veulent le dépasser. C'est un point.
Je vais passer à la question suivante sur le bruit. L'article 191
parle du bruit produit par les
avertisseurs sonores ainsi que par les sirènes, je pense qu'on
devrait limiter le bruit produit. Plusieurs villes américaines ont
déjà réglementé en la matière pour
protéger le bien-être des citoyens. M. Marchant en a
déjà parlé. Je suggère une limite de 90
décibels à 50 pieds. Cela a été
vérifié par un expert en acoustique. Cela donnerait un bruit
suffisant, mais sans effet abusif.
L'article 196 est un article dont on a déjà traité,
sur les avertisseurs. Il faudrait prévoir des amendes. Dans la section
des amendes aux articles 226 à 229, on ne donne pas d'amende pour des
silencieux défectueux.
Je vais passer les articles 197 et 303. A l'article 368, on devrait dire
"appropriés et que ces signaux soient en bon état de
fonctionnement". "... qui devraient être en fonctionnement", cela
contredit un article précédent.
J'espère que ce ne fut pas trop long pour vous. Si vous avez des
questions à me poser, cela me fera plaisir d'y répondre.
Le Président (M. Perron): Merci beaucoup, M. Mackey. Je
voudrais donner la parole à M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Très brièvement, M. le
Président, comme je l'ai indiqué, nous avons eu le
mémoire, je pense, du groupe Véto-Québec, mais c'est
l'ancien groupe Cyclo-Touriste qui nous a... mémoire, en fait, je pense
bien qui était un peu comme celui que nous avons ce matin, très
technique, mais en même temps qui nous a fait prendre conscience à
chacun que c'est exact que le Code de la route a des faiblesses
considérables en ce qui concerne le cycliste. On nous a indiqué
encore certaines faiblesses particulièrement à l'article 332. (16
h 15}
C'est un peu ce que je soulevais à la suite des remarques de M.
Mackey, c'est sûr qu'il y a certaines municipalités où les
traverses de piétons ne sont pas très bien
désignées. A ce moment-là, cela veut dire que le
piéton ne traversera jamais.
Maintenant, à l'article 338, en pressant le pas, vous avez
raison. Je pense qu'on peut modifier ça. J'ai dit l'autre jour à
l'association Vélo-Québec qu'on allait considérer
sérieusement un chapitre sur les piétons. Même au niveau
des piétons, il va y avoir des corrections.
Vous m'indiquez à la page 2 de votre mémoire:
malgré toute disposition, le cycliste pourrait ne pas s'arrêter
à un signal d'arrêt ou à un feu de circulation, à
condition de s'assurer préalablement qu'il peut franchir l'intersection
sans risque. Je vous avoue que ça commence comme ça et ensuite,
cela ne s'arrête plus. Les gens disent, l'arrêt n'est pas un
terrain de stationnement. Je vous avoue que j'hésiterais pour la
protection des cyclistes aussi.
M. Mackey: ... la création de pistes cyclables qu'on
manque dans bien des municipalités.
M. Lessard: Oui, d'abord, on a un climat difficile pour le
cyclisme. Cela ne dure pas, comme en
Europe, à longueur d'année. En ce qui concerne les pistes
cyclables, il y a un autre danger, quand on parle de pistes cyclables le long
des routes nationales, c'est que lorsque vous allez en Europe, vous avez une
bordure qui empêche le véhicule de pouvoir utiliser la piste
cyclable pour se stationner. Chez nous, je vous avoue que si on met la bordure,
quand va arriver la période d'hiver pour ouvrir les chemins, la bordure
ne restera pas longtemps. On a des handicaps qu'on n'a pas ailleurs; c'est
certain que dans certains pays d'Europe, c'est beaucoup plus poussé que
chez nous. Ils n'ont pas le même climat, Amsterdam et le Québec,
ce n'est pas la même chose du tout.
M. Mackey: Au Québec, je me sers de ma bicyclette
jusqu'à la fin du mois de novembre et je commence à m'en servir,
comme cette année, c'était au milieu du mois de mars; ce n'est
quand même pas trop pire.
M. Lessard: Oui, il faut le considérer. Maintenant,
à partir de là, comme vous êtes un amateur de la
bicyclette, est-ce que vous seriez pour l'immatriculation obligatoire,
puisqu'on parlait tout à l'heure de la création de pistes
cyclables qui deviendrait un système routier pour la bicyclette? On a
déjà investi tout près de $3 millions au ministère
des Transports, depuis deux ans. C'est un programme qu'on a commencé,
mais il va falloir que le cycliste qui veut faire reconnaître aussi sa
bicyclette comme un véhicule routier ordinaire, avec ses routes, il va
falloir que le cycliste accepte de participer financièrement à
ces investissements. Est-ce que vous seriez d'accord pour l'immatriculation
obligatoire des bicyclettes?
M. Mackey: L'objectif, dans l'immatriculation, c'est que le
cycliste participe financièrement aux pistes cyclables. Je serais
prêt à faire ça dans la mesure où le cycliste
arrêterait de payer pour les routes qui ne s'autofinancent pas. C'est
environ 40%.
M. Lessard: Les pistes cyclables non plus.
M. Mackey: On ne fait que commencer avec les pistes
cyclables.
M. Lessard: On va créer l'office des cyclistes. Je vous
remercie M. Mackey de votre intérêt. Il y a un certain nombre de
choses dont on devra tenir compte. Je pense bien que vous êtes membre de
l'association Vélo-Québec. En tout cas, on retrouve dans votre
mémoire des recommandations qui se rejoignent. Merci beaucoup.
Le Président (M. Perron): Le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, nul doute que plusieurs
recommandations que nous fait M. Mackey méritent d'être
étudiées à fond. Il y en a une ou deux sur lesquelles je
me pose de sérieuses questions, par exemple, celle où vous
préconisez de permettre ce que les personnes qui utilisent
la bicyclette font déjà, c'est-à-dire traverser les
intersections sans faire d'arrêt. Ne craignez-vous pas que cela ait un
effet d'entraînement. Il est vrai que les gens le font
déjà, mais le légaliser dans les textes de loi
n'inviterait pas, non seulement les gens à bicyclette, mais
éventuellement les piétons et peut-être bien les
automobilistes, à faire de même?
M. Mackey: II y a quand même une différence à
établir entre les cyclistes et les automobilistes. Si un automobiliste
décide de traverser et qu'il n'a pas jugé correctement la
situation, qu'il cause un accident, à ce moment-là, il risque de
causer des dommages considérables, des blessures à d'autres.
Si le cycliste décide de traverser, il ne cause pas de dommages
ou de blessures à autrui, compte tenu des caractéristiques du
fonctionnement de la bicyclette. A ce moment-là, il court le risque
lui-même. Je pense que c'est la distinction à établir. Pour
ce qui est de l'effet d'entraînement, je pense qu'il pourrait être
clairement établi que ce n'est pas possible pour les automobilistes de
passer, même s'il y en a qui le font déjà, aux feux rouges.
On en voit assez souvent dans la région de Québec qui non
seulement tournent simplement à droite, mais qui passent tout droit
à un feu rouge.
M. Gratton: Je saisis bien la distinction que vous faites quant
à la gravité quand c'est fait par un automobiliste et quand c'est
fait par une personne à bicyclette. Vous conviendrez quand même
qu'il pourrait se présenter des situations où le fait, pour une
personne à bicyclette, de pratiquer cela pourrait amener des accidents
beaucoup plus graves, qui impliqueraient d'autres personnes que la personne
à bicyclette. Je pense, par exemple, à la manoeuvre que devrait
faire un automobiliste pour éviter une bicyclette, qui pourrait l'amener
à monter sur un trottoir ou quelque chose de semblable.
En tout cas, je pense bien qu'on s'entend sur le fait que ce n'est ni
à vous ni à moi d'en décider, mais je vous livre un peu le
fond de ma pensée là-dessus.
M. Mackey: Si la suggestion suscite une étude plus
poussée du ministère, cela me donnerait satisfaction.
M. Gratton: II en est de même, à mon avis, de votre
remarque au sujet de ces personnes qui, sur une autoroute, voyagent à
une vitesse moindre que la limite permise. Vous semblez contester le fait qu'on
les oblige à circuler dans la voie de droite. Il s'agit de l'article
240. Sûrement que vous êtes conscient que, si on n'oblige pas
l'automobiliste qui circule à une vitesse moindre que la limite
permise...
M. Mackey: Si je peux vous corriger, je suggère que ce
soit ce libellé, qu'il voyage à une vitesse inférieure
à la limite permise, sensiblement inférieure. Le projet de code
parle d'une vitesse inférieure à celle du flot de
véhicules, mais cela ne dit pas à quelle vitesse va le flot de
véhicules.
M. Gratton: Je vois la distinction, je pense que vous avez
peut-être raison de ce point de vue. Sauf que je pense qu'on devrait se
ranger de toute façon. Celui qui ne voyage pas à la limite de
vitesse, vous conviendrez qu'il devra être à droite, à
moins qu'on veuille encourager les gens à doubler sur la droite.
M. Mackey: C'est ça, s'il est en bas...
M. Gratton: Le ministre a déjà indiqué qu'il
corrigerait cela dans l'avant-projet de loi. Merci, M. Mackey.
M. Mackey: Bienvenue.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député
de...
M. Russell: Je n'ai pas de remarques, M. le Président. Les
meilleures remarques ont été faites et celle sur laquelle
j'insisterai beaucoup, je compte faire une bataille, c'est qu'on permette aux
bicyclettes de passer à un feu rouge. J'ai vécu au moins deux
fois des expériences, pas malheureuses, mais très exigeantes de
la part du chauffeur. Il y a des jeunes qui suivent l'exemple, ils ne font pas
attention, ils vont passer sans savoir s'il y a une automobile qui s'en vient,
ils sont complètement distraits. Je pense que c'est une habitude qu'on
ne devrait pas accepter dans nos moeurs.
M. Mackey: Comme je le disais à M. Gratton, si on donnait
d'autres choix, cela me satisferait.
M. Russell: ... simplement, je vous remercie de
l'intérêt que vous portez à la sécurité
publique et vos commentaires sont justifiés dans plusieurs cas.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie, M. Mackey.
J'appelle maintenant l'Ecole de conduite Lauzon Limitée, mémoire
no 30.
Ecole de conduite Lauzon Limitée
M. Melançon (Jacques): Mon nom est Jacques
Melançon, secrétaire de l'Ecole de conduite Lauzon
Limitée. Je vous présente, à ma droite, Me Richard Roy,
notre procureur; le président de la compagnie, M. Handfield; le
président et fondateur de Lauzon, M. Léonard Lauzon, et notre
associé, qui est en charge du territoire est de la province à
partir de Québec, Mme Parent.
Le Président (M. Bordeleau): Madame? M.
Melançon: Mme Parent.
M. Roy (Richard): M. le Président, l'avant-projet du Code
de la route apporte, dans le chapitre VI, intitulé "L'enseignement de la
condui-
te d'un véhicule routier", une confirmation opportune du
rôle des écoles de conduite privées, dans la politique de
sécurité routière et dans l'ensemble des mesures dans le
sens qu'entend définir le code révisé. Tandis que dans le
code actuel, un seul alinéa de quatre lignes est le seul endroit
où l'on mentionne le terme "école de conduite", sans d'ailleurs
en définir le sens, c'est maintenant tout un chapitre où l'on
trouve particulièrement une description caractéristique d'une
école de conduite et où l'on stipule, non moins clairement, que
l'autorité en ce domaine relève du ministre des Transports, qui
demeure le seul propriétaire des permis délivrés en vertu
du chapitre réservé aux écoles de conduite.
Le but de ce mémoire est d'apporter notre appui au sens
général des clauses 115 à 128 de l'avant-projet, surtout
dans l'optique où les écoles de conduite, selon le sens
général de ce chapitre, relèvent de la compétence
du ministère des Transports et non de celle du ministère de
l'Education.
Sans discuter, ici, certains amendements actuellement en discussion sur
la réglementation qui donnera plein effet à la loi, nous
suggérons une seule clarification au chapitre VI, à savoir que le
directeur général, à qui on accorde une très grande
autorité sur l'école de conduite, soit mandaté uniquement
par le ministre des Transports et sous sa seule autorité, relativement,
entre autres, aux prescriptions de l'article 122.
Notre opinion, sur ce point, relève du souci que notre
société attache à ce que les écoles de conduite,
telles que décrites dans l'avant-projet, ne soient pas assimilées
au système d'enseignement relevant du ministère de
l'Education.
Les objectifs, visés par les écoles de conduite, nous
apparaissent relever plus d'une politique de sécurité
routière que de la formation scolaire de la jeunesse. Ceci ne laisse
cependant pas sous-entendre que les commissions scolaires et les
collèges n'aient pas à offrir, à leur clientèle, de
quelque niveau d'âge qu'elle soit, des cours d'initiation à la
sécurité routière et aux réglementations du Code de
la route.
Le mémoire qui suit vous renseigne sur les écoles de
conduite privées, en général, la nôtre y compris,
leur importance et les raisons qui motivent notre désir de maintenir le
développement des écoles privées comme le meilleur outil
dont peut actuellement se servir le ministère des Transports pour
atteindre ses objectifs de sécurité routière au
Québec.
L'Ecole de conduite Lauzon Ltée est une compagnie qui a
été créée par lettres patentes émises par le
Québec en octobre 1947. La compagnie, qui en est maintenant à son
trente-cinquième anniversaire, a été conçue dans le
but de continuer les affaires de l'école de conduite fondée trois
ans plus tôt, par M. Léonard Lauzon, qui est au bout de la table,
l'un des premiers, sinon le premier initiateur de la conduite automobile dans
le Québec. M. Léonard Lauzon fait toujours partie des cadres
supérieurs de l'école et on le reconnaît officiellement
comme étant le président-fondateur.
Grâce à des campagnes régulières et
coûteuses de publicité qui ont peut-être, plus que tout
autre stimulant, inculqué à la population du Québec
l'importance de cours de conduite automobile professionnels comme base
fondamentale de la sécurité sur route, le nom de Léonard
Lauzon est devenu synonyme d'école de conduite et une leçon de
conduite se prononce couramment, dans le Québec, "une lauzon de
conduite".
L'Ecole de conduite Lauzon, à titre d'entité corporative
distincte, inscrit en moyenne, depuis cinq ans, au-delà de 10 000
aspirants conducteurs par année, dans ses quatre succursales de la ville
de Montréal. Grâce à un programme intensif d'expansion
instauré depuis 1977 et axé sur un contrôle de
qualité d'enseignement de plus en plus strict, ces écoles de
conduite Lauzon, sous forme de franchises ou d'associations, comptent
maintenant 31 unités, dont 18 dans l'agglomération
montréalaise, cinq dans la région de Québec et huit
dispersées dans différents districts, depuis l'Outaouais, les
Laurentides, la Mauricie, le Saguenay jusqu'aux Cantons de l'Est.
Chaque franchise ou école associée Lauzon, selon le
programme de développement établi à partir de projection
de population, se voit réserver un territoire délimité
d'une façon précise ou selon des prévisions
sérieuses qui tiennent compte de la présence d'écoles
concurrentes, pour assurer un service de qualité et de
compétence, à un potentiel minimum éventuel de 1500
élèves par année, nombre qui, selon l'expérience
antérieure de la maison mère, assure à la fois une
efficacité d'enseignement maximale, un service soutenu à la
population, leurs ressources financières pouvant assurer des emplois
sûrs, sainement rémunérés et aussi un rendement
adéquat au propriétaire de l'école.
Le programme d'expansion de Lauzon n'a pas encore été
pleinement atteint dans toutes les régions du Québec et l'on
prévoit une autre période de deux ans, avant d'avoir atteint
l'objectif prévu, en tenant compte des ressources humaines disponibles,
de l'utilisation rationnelle des fonds requis, des structures administratives
et pédagogiques existantes ou de celles actuellement en
entraînement ou sous analyse.
Le nombre d'élèves inscrits chez Lauzon et dans ses
écoles associées atteindra, cette année, y compris les
cours offerts dans les institutions d'enseignement secondaire et
collégial, 30 000 élèves et, au 30 juin 1979, le chiffre
d'élèves inscrits était de 16 500 environ. (16 h 30)
On compte à l'heure actuelle liste officielle de juin 1979
188 permis d'écoles de conduite actives. On estime à
environ 100 000 le nombre d'aspirants conducteurs qui étaient inscrits
à leurs cours en 1978. Les 188 écoles de conduite sont
localisées dans toutes les régions du Québec et l'on peut
dire qu'il n'existe pas une seule ville ou un seul village important qui ne
reçoive ou ne puisse recevoir les services d'enseignement d'une
école de conduite reconnue. En effet, sur demande au service de la
sécurité routière du ministère des Transports,
toute école peut obtenir un permis d'extension l'autorisant à
organiser dans un local approprié, en quelque lieu que ce soit, un
cours
de conduite devant être complété en vertu du permis
d'extension temporaire, dans une période d'au plus 90 jours. Les
écoles se prévalant de cette autorisation depuis 1978 et
au-delà de 400 tels permis d'extension ont été
émis. Jusqu'à maintenant, en 1979, ce chiffre atteint
au-delà de 250. En somme, le Québec à l'heure actuelle,
par son réseau d'écoles de conduite privées offre un
service d'enseignement de la conduite automobile à l'étendue de
son territoire organisé et les écoles sont en mesure de
répondre à tous les besoins normaux de la très grande
majorité de la population. Le seul manque de personnel restreint
à l'occasion la quantité de services demandés. Pour une
population adulte d'environ... Pardon?
Le Président (M. Bordeleau): Un instant! M. le ministre
des Transports.
M. Lessard: Je veux bien m'assurer une collaboration de tous les
membres de la commission parlementaire quant à moi, en tout cas, mais le
mémoire de Lauzon qui nous est soumis est un mémoire, en fait, de
18 pages. Je reconnais la qualité de l'Ecole de conduite de Lauzon, la
qualité du mémoire concernant l'importance du réseau des
écoles de conduite privées au Québec, l'évaluation
qui me semble très scientifique de la qualité de la
clientèle des écoles de conduite, mais il me semble qu'on
pourrait, à un moment donné, parce que l'objectif, c'est le Code
de la route et la sécurité routière en relation avec les
écoles de conduite. J'en conviens comme vous le soulignez, il y a
un chapitre sur les écoles de conduite mais on pourrait
peut-être en arriver à un résumé pour passer aux
recommandations. Qu'est-ce que vous nous recommandez pour améliorer le
Code de la route actuel? De toute façon, si on regarde tout cela, je
pense que tous les membres de la commission ont eu l'occasion de lire les
mémoires et le mémoire sera intégralement à
l'intérieur du journnal des Débats. Donc, si je pouvais demander
votre collaboration pour essayer de résumer un peu et d'en arriver aux
conclusions, aux modifications que vous recommandez concernant le Code de la
route. Bien humblement, je vous soumets cette possibilité, à
moins que... C'est certain que si du côté de l'Opposition, vous
voulez qu'on lise tout complètement, je n'ai pas d'objection, mais il me
semble qu'il y aurait peut-être moyen, comme on l'a demandé aux
autres, de résumer parce que normalement, on demande 20 minutes
d'exposé et après cela, c'est la discussion. Si on pouvait
résumer...
M. Roy: C'était strictement abordé dans la
perspective de vous donner un petit repas à 16 h 30 parce que j'imagine
que vous n'avez pas pu nécessairement lire tous les mémoires qui
sont présentés devant vous.
M. Lessard: Non. Tous les membres de la commission, normalement,
se préparent pour la commission parlementaire et lisent les
mémoires.
M. Roy: Si on peut schématiser un peu l'essentiel de ce
mémoire, la clientèle potentielle des écoles de conduite
s'en va en rétrécissant en raison de la baisse de la
natalité, en raison également du vieillissement de la population
qui va en s'accroissant. Je pense que c'est reconnu par tous les bureaux de
démographie au Québec. La clientèle possible des
écoles de conduite s'en va en rétrécissant. Celle qui
n'est pas encore totalement exploitée ou explorée, c'est celle
des femmes qui n'ont pas toutes, encore, accès à la conduite
automobile. La recommandation principale, c'est que les écoles de
conduite, particulièrement celle de Lauzon désirent que
l'hégémonie concernant les écoles de conduite
relève du ministère des Transports et non pas du ministère
de l'Education.
Il est bien évident que dans les écoles de niveau
secondaire ou même au niveau des CEGEP, on peut donner des cours ou
éduquer les jeunes sur le Code de la route, sur la
sécurité, d'avoir conscience de cela, mais non pas qu'on dispense
dans les écoles des cours servant à passer le test que prescrit
le Code de la route qui est dirigé et administré par le Bureau
des véhicules automobiles pour obtenir un permis de conduire. C'est
l'essence de la recommandation. Il est bien évident que le projet de loi
qui est devant vous aux articles 115 à 128 étoffe davantage la
notion d'école de conduite, donne les tenants et aboutissants et donne
au directeur général la possibilité de réglementer
sur le contenu des cours, etc. Cela n'empêchera pas, je pense, le
ministre de l'Education dans un autre projet de loi d'en arriver à
proposer à l'intérieur de l'immense Loi de l'instruction publique
ou d'imposer des programmes de cours de conduite qui pourraient
éventuellement servir comme prérequis pour l'obtention d'un
permis de conduire.
M. Melançon: II s'agit...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. Melançon.
M. Melançon: ... d'une façon objective, M. le
Président, la seule recommandation particulière que nous faisons,
c'est de bien s'assurer que le directeur général a tous les
pouvoirs en ce qui regarde les écoles de conduite. Depuis deux ans, il y
a eu un changement dans l'administration des écoles de conduite en
donnant au ministère de l'Education un droit de regard qui puisse se
définir par des formules à remplir que nous soumettions depuis un
an par l'intermédiaire du ministère des Transports, mais dont
toute une section est fournie au ministère de l'Education de telle sorte
que nous voyons du point de vue des écoles de conduite une orientation
de plus en plus marquée vers le transfert de l'autorité du
ministère des Transports vers le ministère de l'Education. Nous
croyons, dans ce domaine particulier des écoles de conduite qui est un
instrument à notre point de vue en faveur du ministre des Transports
pour donner plein effet au Code de la route, qu'on a
besoin d'une seule autorité et cette seule autorité
devrait être le ministre des Transports. On remarque aujourd'hui que le
Code de la route nomme un directeur général pour tous les
éléments du Code de la route. On veut confirmer que cela reste
là et que cela ne s'en aille pas au ministère de l'Education.
C'est notre point de vue.
Les raisons pour lesquelles nous le faisons... Nous sommes pleinement
d'accord que le Québec, comme n'importe quel pays ou Etat, est en pleine
évolution. On ne sait pas ce qui se produira dans cinq ou dix ans, mais
nous disons qu'aujourd'hui, le réseau des écoles surtout à
un moment où la population et les tendances démographiques sont
en diminution constante du potentiel des élèves tant dans les
écoles de conduite que dans les commissions scolaires, ce n'est pas le
temps de poser des jalons qui remettraient l'enseignement dans les
écoles publiques tandis que nous avons mis des fonds
considérables depuis des années en tant qu'école de
conduite pour donner cet enseignement et, au moment où on est prêt
à atteindre à peu près l'ensemble de toute la population
pour donner le plein service, on dit que ce n'est pas le temps de créer
une deuxième concurrence à côté.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Me-lançon.
M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, je tiens d'abord à
féliciter M. Léonard Lauzon de sa préoccupation
première, une des préoccupations très importantes en ce
qui concerne la sécurité routière. Si j'ai à suivre
un cours de conduite, j'irai suivre une "Lauzon de conduite".
Ce que je veux souligner dans l'ensemble du mémoire, c'est que
depuis juin dernier je pense que la reconnaissance des écoles de
conduite se fait par le ministère des Transports. Il est certain qu'il y
a une relation avec le ministère de l'Education, une consultation, mais
actuellement, c'est le ministère des Transports. Je pense qu'on a eu
avec les organismes représentatifs depuis plusieurs mois des
consultations assez sérieuses et assez continuelles avec les
écoles de conduite, et soyez assurés que cela va se continuer
dans le sens d'assurer les meilleurs programmes de sécurité
routière et en même temps les meilleurs cours possible. Je vous
remercie beaucoup. Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Gatineau, vous avez des questions?
M. Gratton: Non, M. le Président, je pense que c'est
clair, l'école de conduite Lauzon défend ses
intérêts de façon très éloquente et les
représentations que vous nous faites méritent sûrement
toute notre considération.
M. Melançon: Est-ce que je peux vous faire remarquer que
nous essayons de défendre les intérêts de toutes les
écoles de conduite ce matin?
M. Gratton: Je n'ai pas voulu laisser sentir... je suis tout
à fait d'accord avec la précision que vous apportez.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: Quelques remarques. Je suis d'accord avec
l'école de conduite Lauzon, à savoir que cela doit relever du
ministère des Transports, et non du ministère de l'Education. Je
pense que vous allez avoir l'appui de l'Opposition pour défendre ce
point, du moins en ce qui concerne l'Union Nationale.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie, messieurs
de l'Ecole de conduite Lauzon. J'appelle maintenant le Conseil de l'industrie
de la motocyclette et du cyclomoteur, mémoire no 31. C'est M.
MacMillan?
Conseil de l'industrie de la motocyclette et du
cyclomoteur
M. MacMillan (Bruce): Oui. M. le Président, M. le
ministre, mon nom est Bruce MacMillan, directeur exécutif du MMIC. Je
représente les distributeurs canadiens de motocyclettes, de marque BMW,
Harley Davidson, Honda, Kawasaki, Suzuki et Yamaha, et l'Association canadienne
des cyclomoteurs qui est un membre affilié de notre conseil.
Les membres de notre conseil représentent plus de 85% des ventes
de motocyclettes et de cyclomoteurs au Canada. Notre conseil apporte son
assistance à quatre associations provinciales du Canada. L'association
provinciale du Québec est l'Association des marchands de motos du
Québec, qui présente aussi un mémoire aujourd'hui. Nous
espérons que l'on considérera l'effort sérieux que nous
avons fait pour rendre cette loi plus efficace. Je voudrais résumer
brièvement les six points de notre mémoire.
Dans le premier point, on suggère d'ajouter les mots "comprenant
trois roues ou moins" pour clarifier la définition des mots
"motocyclette" et "vélomoteur".
Notre deuxième recommandation, c'est d'ajouter une
définition pour la motocyclette hors route. Concernant cette
définition, la firme Bombardier Ltée de Valcourt s'est
récemment jointe à notre conseil comme membre affilié.
Bombardier, comme vous le savez, est le seul fabricant de motos au
Québec et au Canada et fabrique des motos hors route seulement. Je
regrette qu'il n'ait pas été possible qu'un représentant
de Bombardier m'accompagne ici aujourd'hui, mais nous sommes disponibles pour
travailler avec le ministère afin de formuler une définition des
motos hors route.
Troisièmement, nous recommandons d'augmenter le nombre de
paragraphes à l'article 34 en incluant le véhicule non
routier.
Quatrièmement, remplacer le dernier alinéa de l'article
177 par le suivant: Le paragraphe C du
premier alinéa du présent article s'applique à tout
véhicule fabriqué à compter de la troisième
année suivant la date d'entrée en vigueur du présent
article. Exempter des provisions de l'article 177 les véhicules hors
route.
Cinquièmement, supprimer l'article 178 puisque la loi
fédérale n'exige pas les mêmes normes pour les cyclomoteurs
importés.
Sixièmement, comme l'a recommandé ROUBEC, d'après
le Manuel du motocycliste publié par le Conseil canadien de la
sécurité, les motocyclistes voyageant par groupes de deux ou plus
doivent adopter la formation en zigzag et ne pas circuler à la file. (16
h 45)
Etant donné que notre mémoire a de nombreux points communs
avec celui de l'Association des marchands de motos du Québec, je
suggère que vous attendiez la présentation de ce dernier pour
poser des questions. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Mac-Millan. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: Je suis d'accord parce que j'aurai probablement les
mêmes questions à poser à M. MacMillan qu'au
représentant de l'Association des marchands.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, M. MacMillan, si
vous voulez quand même demeurer tout près, nous allons entendre
immédiatement l'Association des marchands de motos du Québec.
Vous pouvez y aller, en identifiant les personnes qui sont
présentes.
Association des marchands de motos du
Québec
M. Lelarge (Philippe): Je vais d'abord identifier les gens avant
de commencer la lecture du mémoire. A ma gauche, M. André Lemay,
président de l'Association des marchands de motos, M. Gilles Vachon,
premier vice-président, M. Jean-Jacques Herbert, deuxième
vice-président, et M. MacMillan que vous venez d'entendre.
M. le Président, M. le ministre, messieurs les membres de la
commission parlementaire...
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, vous êtes
monsieur?
M. Lelarge: Je suis le procureur de l'Association des marchands
de motos, M. Philippe Lelarge.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. Vous pouvez
continuer.
M. Lelarge: L'Association des marchands de motos du Québec
est une association à but non lucratif dont la création remonte
à 1965. Elle regroupe 175 marchands de motos, soit la majorité
des marchands de motos de la province de Québec, à
l'intérieur de quinze régions administratives. Toutes les formes
ou modifications au
Code de la route ne peuvent faire autrement que d'avoir des
répercussions importantes sur les membres de l'association, c'est
pourquoi l'association suit avec intérêt l'élaboration d'un
nouveau Code de la route.
Suite à l'occasion qui lui a été offerte de se
faire entendre devant la commission parlementaire, l'Association des marchands
de motos du Québec désire donc apporter quelques commentaires et
soumettre humblement ses recommandations. Celles-ci seront d'ailleurs peu
nombreuses étant donné que l'association soutient assez
généralement le projet de Code de la route.
J'ouvre une parenthèse pour souligner que la
Fédération des motos du Québec nous a demandé
d'exposer également son point de vue. La Fédération de
motos du Québec est un organisme qui regroupe les principales
associations d'utilisateurs de motos au Québec, soit pour usage sportif,
soit pour usage touristique. Cette fédération, en raison de
contraintes de temps, n'a pu soumettre de mémoire, mais elle nous a fait
parvenir des recommandations assez semblables aux nôtres et, avec votre
permission, M. le Président, j'aimerais lire certaines des
recommandations qui viennent appuyer les nôtres.
Tout d'abord, au chapitre des définitions. Les définitions
apparaissant au Code de la route sont d'une importance capitale, non seulement
en ce qui a trait au champ d'application du Code de la route lui-même,
mais aussi par rapport à diverses lois et règlements provinciaux
et municipaux dans des domaines variés comme l'assurance, la
publicité, etc. Tout d'abord, et suivant une recommandation de M.
MacMillan, la définition des mots "cyclomoteur", "motocyclette" et
"vélomoteur", respectivement aux articles 1.10, 1.15 et 1.40 devrait
être restreinte en spécifiant que lesdits véhicules doivent
posséder trois roues ou moins, faute de quoi ces définitions
telles que présentement rédigées pourraient être
interprétées de façon à englober tous les
véhicules, y compris les véhicules automobiles qui ont quatre
roues.
Deuxièmement, l'exclusion du marchand de cyclomoteurs de la
définition du mot "marchand" à l'article 1.14, de même
qu'aux dispositions du chapitre V du projet de Code de la route ne nous
apparaît pas souhaitable. En effet, les acheteurs de cyclomoteurs, au
même titre que les acheteurs de motocyclettes, d'ailleurs, devraient
être assurés de pouvoir compter sur un service d'entretien fourni
par celui qui leur vend le véhicule, ainsi que sur des conseils
éclairés d'un vendeur qualifié, et ceci quant au choix,
à la conduite et à l'entretien du véhicule, choses que
seul un marchand spécialisé est en mesure de fournir, et j'ajoute
dont il a intérêt à fournir.
En outre, seul un marchand spécialisé est en mesure ou est
intéressé à reprendre des véhicules usagés
en échange. Dans l'intérêt des consommateurs, il nous
semble que la définition de "marchand" devrait englober le marchand de
cyclomoteurs également.
Etant donné, aussi, le grand nombre de véhicules hors
route au Québec, il serait souhaitable qu'une définition d'un tel
véhicule apparaisse au
Code de la route et qu'un statut particulier y soit prévu. Nous
sommes disposés, avec le Conseil de l'industrie et de la moto, à
vous aider à produire une telle définition.
En ce qui a trait au permis d'apprenti conducteur, il n'apparaît
pas qu'une disposition spéciale existe quant au permis pour les
vélomoteurs. Il nous semble que l'article 70, tel que
rédigé, est incomplet et devrait également s'adresser aux
vélomoteurs.
Quant au système de freinage, nous avons les deux commentaires
suivants à faire. Tout d'abord, l'exigence de l'article 193.2 à
savoir que les deux systèmes de freinage, qui sont le système
avant et le système arrière pour ces véhicules, soient
indépendants l'un de l'autre, nous semble injustifiée et
rétrograde. En effet, des études effectuées sur des
motocyclettes de marque Moto-Guzzi qui sont munies, à l'origine, par les
manufacturiers, d'un tel système de freinage où le frein
arrière actionne partiellement le frein avant, ont
démontré la plus grande efficacité et la plus grande
sécurité d'un tel système.
A cet effet, j'ai une recommandation que je peux déposer à
cette commission avec la permission du président. Notamment, il y a des
statistiques qui indiquent que la distance de freinage, à 60 milles
à l'heure, est réduite de 197 pieds à 157 pieds avec un
tel système de freinage. Je déposerai cette documentation, avec
la permission du président.
Tout porte à croire que malgré le coût plus
élevé, plusieurs autres manufacturiers installeront des
systèmes de freinage similaires à l'avenir. Il serait regrettable
que de telles innovations techniques et surtout sécuritaires soient
bloquées par l'exigence de l'article 193.2. Je soulignerais notamment
que la police de Laval utilise des motocyclettes de marque Moto-Guzzi et qu'ils
sont fort satisfaits de ce système de freinage.
Deuxièmement, compte tenu du fait que lors du freinage d'une
motocyclette qui possède un système de freinage avant et
arrière, plus de 70% de la force de freinage provient de la roue avant
seule, en raison du transfert de poids, il nous apparaît souhaitable,
d'un point de vue sécuritaire, que les cyclomoteurs soient
également tenus d'être équipés d'un système
de freins avant, contrairement à ce qu'exige l'article 193.3. En outre,
la présence d'un seul système de frein arrière sur les
cyclomoteurs risque d'engendrer chez les conducteurs de cyclomoteurs des
habitudes dont ils auront du mal à se débarasser si, plus tard,
ils sont appelés à conduire un vélomoteur ou une
motocyclette, habitudes qui risquent de les empêcher d'utiliser les
systèmes de freins de ces véhicules avec toute
l'efficacité et la sécurité voulues.
Si vous me permettez, je passerai à notre dernier point pour
revenir au point qui suit, étant donné que c'est notre
recommandation principale. Je vais donc parler de la circulation et du
dépassement immédiatement.
Pour des raisons sécuritaires, nous souhaiterions que l'article
242 qui prévoit le dépassement d'un cyclomoteur à
l'intérieur de la même voie, soit modifié en y ajoutant
"à condition qu'il y ait un espace suffisant pour assurer un
dépassement sans danger". Cette recommandation rejoint la recommandation
du groupe ROUBEC qui a été faite précédemment.
D'ailleurs, la FMQ dont j'ai parlé précédemment fait la
même recommandation. Cette dernière recommande, au sujet de
l'article 242, qu'on modifie ce règlement en y ajoutant "pourvu que le
dépassement puisse s'effectuer sans aucun risque pour le véhicule
dépassé".
La FMQ a d'ailleurs quelques autres suggestions à faire sur la
circulation des véhicules, et je me permettrai de les lire ici,
notamment sur l'article 238 qui prévoit le dépassement par la
droite. La FMQ dit: "Nous considérons que ce règlement comporte
plusieurs risques pour les motocyclistes. D'une part, et de façon
pratique, le doublage par la droite que ce règlement permettra ne fera
qu'accroître les risques d'accidents à l'égard des motos,
malgré le peu de justifications à cet effet et aux normes
relatives aux phares, il est trop fréquemment dit que les motos sont
difficiles à voir. On peut donc imaginer ce qui se produira si on
considère l'angle mort pour le conducteur du véhicule qui
dépasse par la droite.
D'autre part, nous croyons que ce règlement pourrait encourager
une pratique très risquée chez les motocyclistes
eux-mêmes.
Quant à l'article 277 qui prévoit la circulation à
la file indienne, il y a ici une recommandation similaire à celle du
groupe ROUBEC et à celle du Conseil de l'industrie de la motocyclette et
du cyclomoteur. La FMQ suggère que ce règlement soit
modifié de façon à permettre de circuler en formation dite
damier ou zigzag, tel que conseillé par le Conseil canadien de
sécurité. Il serait aussi souhaitable que le ministre fixe,
après consultation avec les concernés, un nombre maximum de motos
pouvant circuler en une seule formation.
Finalement, quant à l'article 275 qui prévoit que le
conducteur d'un véhicule à deux roues doit circuler assis sur la
selle, la FMQ demande que le règlement soit modifié en y ajoutant
le terme "généralement". En effet, le Conseil canadien de
sécurité, aussi bien que nos organismes suggèrent des
positions autres qu'assis dans certains cas, ceci, par exemple, pour
éviter certains obstacles traînant sur la route, tels des poutres,
des systèmes d'échappement, etc, tel que le prévoit le
livre du Conseil canadien de sécurité, d'ailleurs.
Comme dernier point, finalement, c'est la question des chemins
réservés à certaines catégories de
véhicules, c'est notre principale recommandation. Le chapitre IX
contient des dispositions disant que certaines catégories de
véhicules pourraient être exclues ou interdites d'accès sur
les chemins publics. A notre avis, il faut éviter que de telles
dispositions puissent être interprétées de façon
à interdire l'accès des chemins publics aux vélomoteurs et
aux motocyclettes lorsque ces chemins publics demeurent accessibles aux
véhicules de promenade tels les automobiles. Une telle discrimination
qui existe déjà et qui tend malheureusement à se
répandre apparaît, en effet, tout à
fait contraire à l'esprit de la législation récente
des derniers gouvernements en matière des droits de la personne et
pourrait finalement constituer une discrimination selon le revenu du
propriétaire du véhicule. En effet, il est certain que
généralement les automobiles et les voitures sont plus
dispendieuses que les motos, alors que les revenus des principaux utilisateurs
de telles catégories de véhicules, c'est-à-dire les gens
de 18 à 30 ans, sont inférieurs à la moyenne, et
certainement inférieurs à la moyenne des propriétaires
d'automobiles.
Je reprendrai une phrase que M. le ministre a prononcée ce matin
à savoir si on peut avoir deux catégories de citoyens, je laisse
la question en suspens.
Le problème nous semble d'autant plus pressant depuis la
fermeture de la rue Saint-Denis à Montréal. C'est en effet le
premier cas où une artère principale est fermée puisque
c'étaient en général des quartiers résidentiels qui
avaient été interdits d'accès aux motocyclettes et aux
vélomoteurs, et la rue Saint-Denis est la première artère
de grande circulation qui dessert entre autres l'Université du
Québec, à Montréal, qui est fermée. Nous nous
permettons de demander jusqu'où cela peut aller, quelle est la limite
d'une telle situation? En général, les vélomoteurs et les
motocyclettes répondent, au moment de leur vente, à des normes
qui sont édictées par les diverses autorités
compétentes et principalement, le gouvernement fédéral en
matière d'importation.
C'est généralement à la suite de modifications
intempestives par le propriétaire que le niveau sonore s'accroît,
ainsi que l'a mentionné M. le ministre, ce matin, mais il s'agit
là d'une minorité des véhicules. Il serait illogique et
injuste d'interdire la circulation de véhicules répondant aux
normes établies, surtout en raison des agissements d'une
minorité.
Une meilleure solution, à notre avis, serait l'application
stricte de l'article 196 sur les systèmes d'échappement, afin
d'en prévenir les modifications. Nous nous permettons donc de
recommander que le chapitre IX contienne une disposition disant que les
motocyclettes, les vélomoteurs et les autres automobiles de promenade
constituent, aux fins du présent chapitre, une seule et même
catégorie de véhicules routiers, et qu'aucune discrimination ne
soit possible entre eux, relativement aux dispositions du chapitre IX.
Nous suggérons également qu'un standard de bruit soit
établi au Code de la route, et nous sommes prêts à apporter
notre collaboration à cet effet. Nous suggérons qu'ensuite ce
standard soit mis en vigueur rigoureusement et énergiquement. C'est une
recommandation qui est d'ailleurs faite par la Fédération de
motos du Québec qui parle de l'article 233 et qui dit: "Nous nous
opposons aux mesures discriminatoires prises envers l'ensemble des
motocyclistes par l'application de restrictions de circuler dans certains
quartiers ou certaines rues. Il serait souhaitable que le ministre modifie ce
règlement de façon à éviter ce genre de pratiques
de la part d'autorités locales".
Voilà qui termine notre exposé. Nous sommes prêts
à répondre à toutes les questions des membres de la
commission parlementaire.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Lelarge. M. le
ministre des Transports. (17 heures)
M. Lessard: D'abord, je tiens à remercier votre organisme,
l'Association des marchands de motocyclettes, ainsi que M. MacMillan, pour le
mémoire que vous avez présenté.
Je suis très content que vous répondiez, en grande partie,
aux questions que j'avais à vous poser concernant le bruit; je comprends
un peu l'Association des marchands d'être d'accord, parce que je calcule
que si, par exemple, la motocyclette a mauvaise presse auprès de
je ne dirais pas de l'ensemble beaucoup de citoyens, c'est justement
à la suite de modifications intempestives comme vous le dites
faites par le propriétaire parce qu'une motocyclette qui sort de
l'industrie de fabrication, généralement, a un bruit qui est
acceptable, mais ce n'est malheureusement pas toujours le cas. Lorsque vous
dites qu'une minorité... Je ne sais pas, je me demande si la
minorité n'est pas devenue majorité. Mais je suis très
heureux de votre appui à ce sujet et il est certain que ça
n'améliorera pas nécessairement la sécurité
routière, mais il reste que ça va améliorer
l'environnement et la réputation des motocyclistes aussi.
Il est certain que dans le prochain Code de la route je l'ai
indiqué on devra, en coopération avec vous, comme je l'ai
indiqué tout à l'heure, et avec le ministre responsable de
l'environnement, déterminer un nombre acceptable de décibels qui
devra être respecté. Ce que je ne comprends pas c'est que souvent
je vois certaines interceptions de véhicules de promenade, par des
policiers, à la suite de tuyau d'échappement fautif, mais qui est
encore passablement moins bruyant que certaines motocyclettes; les
motocyclettes continuent de se promener en faisant du bruit, à la suite
de modifications intempestives.
Mais, on va certainement tenir compte d'un certain nombre de vos
revendications. A l'article 238, si je ne me trompe pas, j'avais indiqué
que j'étais prêt à faire certaines modifications pour
rendre l'article plus clair.
Dans le cas de "sauf le cyclomoteur", je pense que c'est à
l'article 1.10; justement on voulait les inclure, c'est simplement une question
de phraséologie, le cyclomoteur serait compris comme un véhicule,
mais vous avez un peu raison, c'est toujours bon pour des avocats...
C'est-à-dire au paragraphe 14 et non 10, on dit: "Un marchand de
véhicules routiers à l'exception des véhicules non
motorisés, sauf le cyclomoteur", mais le cyclomoteur se trouve à
être motorisé, alors, d'accord, on va éclaircir
l'article.
En ce qui concerne le système de freinage, voici pourquoi
l'article 193... Peut-être est-ce exact, selon vos études, qu'un
système de freins, qui serait unique, c'est-à-dire qui couvrirait
à la fois la roue avant et la roue arrière, serait peut-
être, selon vos statistiques, plus efficace, pour utiliser vos
termes: "les motocyclettes, qui sont munies d'origine d'un système de
freinage où le frein arrière actionne
partiellementj'ameraiscom-prendre "partiellement"le frein avant,
ont démontré la plus grande efficacité et surtout la plus
grande sécurité d'un tel système". Peut-être est-ce
exact, mais, dans un tel cas, si le système de frein parce que
là on tombe à un système de frein unique unique
fait défaut, qu'est-ce qui arrive? C'est là l'objectif de
l'article 193, c'est d'avoir deux systèmes de freins, s'il y en a un qui
fait défaut à l'arrière, il y a une protection avec celui
d'avant, ce sont deux systèmes de freins indépendants. Est-ce
que, dans ce cas, les deux systèmes de freins sont
intégrés de telle façon que s'il y en un qui fait
défaut, c'est final, il n'y a plus de frein?
M. Lelarge: Je me permettrai de souligner que les deux
systèmes de freins demeurent partiellement indépendants, dans le
sens qu'il existe deux contrôles, comme sur les motocyclettes standards,
c'est-à-dire un contrôle à main et un contrôle
à pied actionnant l'un le frein avant, l'autre le frein arrière.
Cependant, les deux systèmes sont reliés entre eux, de
façon qu'en appliquant le frein arrière, on applique l'un des
deux freins à disques en avant. Mais, en cas de panne de l'un des
systèmes, l'autre système demeure entièrement
fonctionnel.
M. Lessard: A ce moment, ça correspond à l'objectif
de l'article 193, c'est-à-dire que ça devient deux
systèmes séparés?
M. Lelarge: II y a peut-être une question de
phraséologie; la façon dont l'article est
rédigé.
M. Lessard: A l'article 193. 2. on dit: "La motocyclette et le
vélomoteur doivent être munis d'au moins deux systèmes de
freins, agissant l'un sur la roue avant, l'autre sur la roue arrière et
dont les contrôles sont indépendants l'un de l'autre". Alors, si
vous me confirmez que chaque opération est indépendante, il n'y a
pas de problème.
M. Lelarge: C'est-à-dire qu'elles ne sont pas
entièrement indépendantes, dans le sens que, si on actionne l'un
des freins, ça actionne le frein sur les deux roues à la fois,
donc elles ne sont pas, en théorie, entièrement
indépendantes. Cependant ils demeurent suffisamment indépendants
pour qu'en cas de bris de l'un, l'autre ne soit pas affecté.
Peut-être l'article pourrait-il être rédigé de
façon différente, justement pour indiquer que les systèmes
doivent avoir une indépendance suffisante pour assurer que le
non-fonctionnement de l'un empêche pas le fonctionnement de l'autre.
M. Lessard: En ce qui concerne la question de permettre aux
autorités locales ou encore au directeur du Bureau des véhicules
automobiles d'interdire certains véhicules routiers à des routes,
je pense que c'est un peu l'évidence dans le sens suivant. Par exemple,
de plus en plus au Québec, on tient compte du fait que les
piétons ont des droits aussi et c'est dans ce sens qu'on peut
prévoir que des voies réservées seront exclusives au
transport en commun ou au transport par taxi ou encore que la rue Saint-Jean,
ici à Québec, sera réservée exclusivement aux
piétons. C'est dans ce sens que l'article 233 dit: "Le ministre des
Transports ou l'autorité locale peut, par une signalisation,
réserver sur un chemin public dont il a l'entretien des voies de
circulation à l'usage exclusif de certaines catégories de
véhicules routiers". Ce n'est pas en vue de discriminer la motocyclette,
c'est tout simplement en vue de correspondre à des besoins des
centre-ville des piétons et des transports en commun, à des
besoins qui peuvent se développer avec le temps.
M. Lelarge: Malheureusement, la discrimination envers les
motocyclettes est une situation qui existe déjà; notre but serait
que, si une automobile de tourisme peut passer à un certain endroit, une
motocyclette n'en soit pas exclue non plus. Il nous semble qu'attaquer le
problème causé par le bruit, en supprimant carrément
toutes les motocyclettes, ce n'est pas une solution rationnelle ou une solution
juste. Les véhicules automobiles de tourisme et les motocyclettes
devraient constituer une seule et même catégorie qui ne pourrait
pas être séparée d'usage sur tous les chemins publics.
M. Lessard: Je vous remercie.
M. Lemay (André): M. le Président, est-ce que je
pourrais répondre à la question de M. le ministre? La
motocyclette, le vélomoteur ou le cyclomoteur sont des moyens de
transport, en ce sens, pourquoi enlever le droit de passage à
l'utilisateur? On parle de bruit, à ce moment, c'est plutôt pour
le bruit, si vous voyez ce que je veux dire.
M. Lessard: Si on conserve ce pouvoir, c'est que, dans certaines
routes de municipalité, on ne permet pas que les véhicules lourds
circulent. Je comprends votre objection. Il est certain que si on peut
régler le problème du bruit par une réglementation
très sévère, je pense que ça va calmer les citoyens
qui exigent de plus en plus, de la part des municipalités, des
règlements spéciaux pour la motocyclette. Je vous avoue qu'il y a
des nuits, lorsque vous êtes dans certains villages, où ce n'est
pas facile de dormir.
En ce qui regarde les tout-terrain; comment définiriez-vous
ça? Vous connaissez les terra jets, vous connaissez tous les six-roues,
on ne fera pas de publicité, mais il y a la motoneige; c'est vrai que
ça commence à se multiplier de plus en plus. Vous voudriez qu'on
donne une définition de l'ensemble des véhicules hors route.
M. Lemay: C'est une réponse qui est très difficile
à planifier, en ce moment, mais après étude du
ministère des Transports, de l'industrie et de notre association, on
pourrait certainement arriver à déclarer ce qu'est un
véhicule hors route.
Normalement, un véhicule hors route utilisé en ce moment
est un véhicule qui n'a pas le même système
d'échappement, n'a pas de lumière, n'a pas de clignotant...
M. Lessard: II a des lumières, mais pas de clignotant.
M. Lemay: Exact.
M. Lessard: Un Terrajet a des lumières, mais pas de
clignotant.
M. Lemay: Exact. Dans le cas de certaines motos, on a certains
modèles qui ont des lumières et sur d'autres, on n'en a pas du
tout. Les ailes sont plus hautes, ainsi de suite, les pneus sont à
crampons. A partir de cela, on pourrait réellement définir ce
qu'est un véhicule hors route.
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Bordeleau): Le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, très
brièvement, l'Association des marchands de motos et le Conseil de
l'industrie de la motocyclette et du cyclomoteur font allusion aux dispositions
de l'article 233 qui permet au ministre ou à l'autorité locale de
réserver, sur un chemin public dont il a l'entretien, des voies de
circulation à l'usage exclusif de certaines catégories de
véhicules routiers. Vous faisiez allusion tout à l'heure au fait
que certaines municipalités peuvent se servir des dispositions de cet
article pour empêcher la circulation des motocyclettes sur des rues
spécifiques. On parle du cas de Longueuil, par exemple, peut-être
bien, est-ce que cela pourra s'étendre à l'ensemble des rues
d'une municipalité.
Est-ce que c'est effectivement le cas dans certaines
municipalités ou on exclut tout à fait ou on prohibe
complètement la circulation en motocyclette, à partir des
dispositions d'un article semblable?
M. Lemay: J'aimerais vous répondre, M. le
député, que M. Jacques Hébert pourra vous faire ses
commentaires.
M. Hébert (Jacques): Le dernier exemple qui est
peut-être le plus frappant, c'est la première fois dans la
province qu'une ville interdit la circulation des motocyclettes sur une
artère principale. On parle de la rue Saint-Denis à
Montréal, à partir de la rue Ontario jusqu'à Dorchester.
Il faut se souvenir que c'est une artère réellement principale
qui mène directement à l'Université du Québec
à Montréal, qui doit ouvrir ses portes cette semaine ou la
semaine prochaine. C'est aussi un chemin qui devient une route provinciale, que
les touristes doivent emprunter pour se rendre d'une place à l'autre. On
doit se demander, à ce moment-là, avec la crise de
l'énergie que le monde est en train de connaître, avec
l'économie d'essence, est-ce qu'a- vec la possibilité de
déplacement que la motocyclette va donner aux jeunes étudiants,
aux jeunes travailleurs, est-ce qu'on doit regarder l'avenir, où une
municipalité pourrait, simplement sur recommandation... On pourrait
déposer ici les règlements que la ville de Montréal a
adoptés et comme on peut le voir, cela a plutôt été
amené à la suite de la demande d'une association de marchands de
la rue Saint-Denis qui tiennent des restaurants, des boutiques, etc., en disant
que les motos faisaient trop de bruit.
On doit se demander: Est-ce que la majorité des motocyclistes
doivent souffrir à cause des modifications du système
d'échappement qu'une certaine minorité de motocyclistes ont
faites à leurs motos, est-ce que c'est réellement juste que toute
la gamme des motocyclistes, qui peut s'étendre aussi bien à un
touriste qui vient des Etats-Unis qu'à un étudiant qui veut se
rendre à l'université, doit être condamnée à
ne pas se servir d'une artère, simplement parce que les normes
concernant le bruit ne sont pas appliquées? (17 h 15)
M. Gratton: Je vous avoue que je suis moins sensible à
votre argumentation quand vous me parlez d'une artère donnée dans
une ville donnée. C'est pourquoi je posais la question. Est-ce qu'il y a
des municipalités qui peuvent se prévaloir d'un article semblable
pour exclure toute circulation de motocyclettes dans l'ensemble du
réseau routier d'une ville. A Longueuil, par exemple qu'est-ce qu'on a
fait? Est-ce que vous pouvez me parler du cas de Longueuil? Est-ce qu'on a un
règlement dans ce sens.
M. Hébert: Je pense que M. André Lemay...
M. Lemay: On peut dire que dans 80% des rues de la
municipalité de Longueuil on a enlevé le droit aux motocyclistes
de se promener.
M. Gratton: En invoquant quelles raisons?
M. Lemay: Aucune raison. On a essayé de demander pourquoi
à la ville. Une des raisons qui semblent de prime abord être celle
qui les aurait incités à poser un tel geste serait le bruit.
M. Gratton: Le bruit.
M. Lemay: Toujours le bruit.
M. Gratton: Est-ce que vous êtes satisfait de la
recommandation que fait l'association d'inclure au chapitre IX une disposition
de non-discrimination à l'égard d'un véhicule quelconque?
Est-ce que vous pensez que cela réglerait le problème?
Cela ne réglerait sûrement pas le problème dont me
parlait monsieur tantôt, de bannir la circulation des motocyclettes sur
une artère donnée.
M. Lelarge: Nous voulons que les motocyclistes soient
considérés entièrement de pair avec les véhicules
de tourisme. Si les automobiles sont
bannies d'une route pour quelque raison que ce soit, nous n'avons aucune
objection à ce que les motocyclettes soient bannies elles aussi. Si par
contre les automobiles sont autorisées à emprunter un chemin
public ou une certaine rue, nous ne voyons pas pourquoi les motocyclistes
devraient être sujets à une discrimination. La seule raison qui a
été apportée jusqu'à présent est le bruit.
Si ce problème est réglé, nous ne voyons pas pourquoi les
motocyclistes ne devraient pas pouvoir aller où vont les automobiles.
Nous voulons que ce soit une seule et même classe. Si la classe est
interdite en entier, nous n'avons aucune objection, mais nous voulons que les
motocyclistes puissent aller aux mêmes endroits que les automobilistes,
sinon c'est une espèce de forme de discrimination, on fait des
motocyclistes des citoyens de deuxième classe.
M. Gratton: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, ce sera une courte
observation. Cela ne s'adresse peut-être même pas à ceux qui
vendent de ces véhicules. Quand vous dites que c'est une minorité
d'utilisateurs dont se plaint le public, je pense que là vous ne dites
pas tout à fait la vérité, parce que la minorité
est rendue pas mal importante, un peu partout où l'on vit dans le
Québec. Je ne blâme pas forcément le distributeur de tels
équipements, parce que vous n'en êtes pas responsable. Ce que je
me demande par contre, c'est si devant l'importance qu'on retrouve de tous ceux
qui achètent de l'équipement et dans les semaines qui suivent
immédiatement, ce n'est pas un bris qu'on fait disparaître les
silencieux, c'est volontairement que trop de jeunes aujourd'hui le font
disparaître radicalement. Je pense qu'on pourrait demander à M.
Laflamme de vérifier, le jeune est influencé psychologiquement
par le bruit, que ce soit dans le bar-salon ou ailleurs, il faut que ce soit
bien fort, sinon, il n'est pas en état de puissance et il ne se sent pas
forcément là.
Le Japon a fait une étude sur l'ensemble de ces problèmes
pour en arriver à baisser fortement les décibels permis. Ce que
je me demande c'est ceci: Qu'on le veuille ou pas, cela ne vous rejoint pas,
cela rejoint l'utilisateur, il va falloir que le ministère des
Transports fasse le nécessaire pour que le public ait un certain bruit
acceptable, que les pénalités soient beaucoup plus fortes pour
ceux qui, actuellement, immédiatement font un changement sur la
pièce d'équipement en question, de telle sorte que ce qui passe
dans la rue en faisant un bruit infernal qu'on connaît... Ce n'est plus
une minorité, c'est rendu qu'il y en a trop et s'il n'y a pas des
mesures réglementaires qui sont apportées contre ces gens, la
tranquillité dans la province, on n'en aura plus beaucoup
tantôt.
Loin de moi la pensée de prohiber l'usage de tout ce que vous
vendez, parce que je pense que tout le monde sait que cela ne prend pas
tellement d'espace, cela prend moins de carburant. On en connaît
l'utilisation d'ailleurs par tous les gens qui sont moins fortunés. Je
pense que les règlements devraient être modifiés pour faire
en sorte que tous ceux qui changent l'équipement pour les raisons qu'on
connaît, qu'ils paient pour les conséquences de leurs gestes.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Charlevoix. M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, je pense que mes remarques
vont dans le sens de celles du député de Charlevoix. Quand vous
répondrez, vous pourrez répondre aux deux.
Je pense que si on ne fait pas le nécessaire pour arrêter
ce bruit infernal qui est fait par les propriétaires de motocyclettes,
les vendeurs vont en vendre moins tout à l'heure, parce qu'ils vont
être bannis à peu près un peu partout. Je pense que c'est
le devoir d'une municipalité de le faire, lorsque quelques personnes
vont déranger toutes les personnes d'une région ou d'un village,
je vous dis que ce n'est pas drôle quand vous êtes responsable d'un
conseil municipal et que vous avez le public qui vient en masse et avec raison
se plaindre de ce bruit qui se fait souvent intentionnellement pour
déranger quelqu'un. Je pense que c'est au gouvernement d'agir. Il n'est
pas trop tard, mais il faut agir immédiatement.
Je reviens simplement sur un point, lorsque vous parliez de freinage.
J'ai cru entendre qu'il y avait anciennement, quand j'ai connu les
motocyclettes et que je les utilisais moi-même dans des circonstances
peut-être différentes de celles d'aujourd'hui, il y avait un frein
en arrière qui était actionné par le pied et un en avant
qui était actionné à la main. Ces deux freins
étaient complètement indépendants, l'un pour la roue d'en
avant et l'autre pour la roue d'en arrière. Ils n'étaient pas
reliés. Je n'aurais pas d'objection que les deux soient reliés
à condition qu'ils soient équilibrés et bien
contrôlables lorsqu'on freine avec le pied, que les deux roues freinent
en même temps à condition que la roue arrière freine avant
l'autre. C'est une question de réglementation. Vous me dites
qu'aujourd'hui les deux marchent indépendamment; vous pouvez freiner les
deux roues avec la main et les deux roues avec le pied.
M. Lelarge: Non, ce n'est pas comme cela que cela fonctionne. Si
vous me permettez, pour rentrer dans des détails un peu techniques, le
système de frein arrière est toujours commandé par le pied
et le système de frein avant par la main comme auparavant; cependant la
pédale de frein arrière commande aussi partiellement l'un des
freins avant. Il y a deux freins à disques à l'avant et la
pédale de frein arrière commande en même temps l'un des
deux freins à disques avant. La manette de frein avant commande l'autre
frein avant.
M. Russell: Seulement le frein avant.
M. Lelarge: Seulement le frein avant. M. Russell: Pas le
frein arrière. M. Lelarge: Pas le frein arrière.
M. Russell: Parce que je sais que c'est assez dangereux de
freiner seulement à l'avant. J'ai connu des gens qui ont
déjà fait cette expérience. Evidemment quand on freine
c'est parce qu'on roule. Je n'ai pas d'autres remarques.
M. Mailloux: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Un commentaire.
M. Lemay: Oui, un commentaire final au député de
Charlevoix.
Tout à l'heure, M. le député vous nous avez dit
qu'on ne disait pas tout à fait la vérité. Cela me fait
mal au coeur. Il y a environ Me Lafrance pourra peut-être me
reprendre là-dessus 150 000 motocyclettes au Québec. Il se
vend environ 800 à 1000 systèmes d'échappement pour toute
la province de Québec. Quand on parle de système
d'échappement, on parle de système d'échappement
modifié. Les premières motos... l'acheteur d'une moto, sous peine
de perdre sa garantie initiale qui en temps normal dure environ un an, n'a pas
le droit de changer son système d'échappement. Sans cela, il perd
sa garantie automatiquement. Les motocyclettes d'aujourd'hui sont
conçues d'une façon telle que, si vous changez votre
système d'échappement, vous pouvez avoir des bris de moteur. Ce
sont plutôt des motocyclettes d'il y a plusieurs années que les
gens changent parce que leur système d'échappement est rendu
à un état de décomposition. On la change et au lieu de
mettre un original qui est assez onéreux, on en met un modifié.
Là-dessus ce serait cela, qui, à mon avis est assez juste, comme
renseignement que je peux vous donner en ce moment, sans statistiques.
Il est sûr que le bruit nous affecte tous
énormément. Je me rappelle entre autres les bruits de motoneige
pendant toute une nuit. Par contre, on ne se rappelle jamais quand on n'en
entend pas passer. Il y a une minorité qui fait du bruit et cela nous
fatigue énormément, cela nous empêche de vivre, mais ceux
qui vont bien, on ne les voit jamais. Il faudrait toujours en tenir compte.
Là-dessus, M. le Président, j'ai terminé mon
commentaire. J'aimerais, M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, mesdames et messieurs, si vous me le permettez, vous
remercier de nous avoir entendus en commission parlementaire et soyez
assurés de notre entière collaboration au sujet du projet du Code
de la route.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie, M. Lemay,
ainsi que les gens qui vous accompagnent.
J'appelle maintenant l'Association des recy-cleurs de pièces
d'automobile et de camion Inc.
Avant de procéder à l'audition de ce mémoire,
j'aimerais obtenir quelques indications des membres de la commission pour
savoir si vous donnerez votre consentement à six heures pour qu'on
continue ou si vous préférez revenir à 20 heures. Il nous
reste actuellement trois mémoires à entendre.
M. Gratton: M. le Président, il me semble qu'on devrait
tenter par tous les moyens d'en terminer. Quant à nous, à
condition qu'il ne soit pas question de siéger à des heures
indues, nous accepterons volontiers de siéger à 18 heures.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Alors, nous
continuerons après 18 heures pour terminer l'audition de tous les
mémoires que nous avons à l'ordre du jour.
J'en avise automatiquement les gens qui auront des mémoires
subséquents à présenter. J'imagine que c'est monsieur
Fugère.
Association des recycleurs de pièces
d'automobile et de camion Inc.
M. Fugère (Roger): M. le Président, M. le ministre,
à ma gauche, M. Mainguy, représentant juridique de l'association,
et M. Carrier, trésorier de notre association. Mon nom est Roger
Fugère et j'agis comme représentant et directeur de notre
association.
L'ARPAC est une corporation sans but lucratif formée en 1971.
Cette association compte déjà une centaine d'entreprises. Les
plus importantes sont toutes membres de l'association. Les membres de notre
association se sont réunis afin de mieux structurer cette nouvelle
industrie du recyclage de l'automobile, d'en obtenir la reconnaissance par les
autorités et l'acceptation par le public.
Enfin, les administrateurs se sont consacrés depuis 1971 et avec
beaucoup d'efforts à rencontrer les officiers concernés au
ministère des Transports, au ministère de l'environnement, au
Bureau des véhicules automobiles, à la Sûreté
provinciale, etc. Je ne voudrais pas relire le mémoire car je suis
persuadé que les membres de la commission en ont déjà pris
connaissance. Je voudrais par contre signaler qu'en 1974 nous avons
déjà présenté un mémoire semblable.
L'article 35 du Code de la route stipule expressément qu'un
numéro de série ne doit pas être enlevé sur un
véhicule automobile, alors que l'article 3.91 du règlement no 3
concernant l'immatriculation des véhicules automobiles stipule qu'un
propriétaire doit remettre sa plaque d'identification pour obtenir son
crédit de plaques. Il esttrès difficile pour nous de fonctionner
légalement dans cette situation.
Nous avions suggéré et nous suggérons dans le
mémoire qu'une formule soit émise au centre de recyclage ou au
recycleur afin que nous-mêmes puissions remettre au vendeur d'une
automobile accidentée ou déclarée perte totale une formule
qui pourrait s'appeler V-2 et qui permettrait au propriétaire d'obtenir
le crédit de ses plaques. Une
deuxième copie de cette formule pourrait être
retournée au ministère des Transports les avisant que l'auto est
retournée sur la route ou démantelée pour être
vendue en pièces.
Présentement, il serait assez difficile pour le ministère
des Transports d'émettre cette formule V-2 car nous ne sommes pas
reconnus comme recycleurs présentement. Le but de l'association est
surtout de se voir reconnaître comme recycleurs et surtout de se voir
régis par le ministère des Transports afin d'avoir des permis
spécifiques à notre genre de commerce et d'industrie. (17 h
30)
Si nous étions régis, nous pourrions certainement
réduire de beaucoup les vols d'automobiles qui sont présentement
une plaie, surtout dans la région de Montréal. Je vous
remercie.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, merci, M.
Fugère. M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Je ne comprends pas, je vous avoue, la relation entre
le règlement 3 de l'immatriculation qui, justement, oblige toute
personne qui veut obtenir un crédit pour une période de six mois,
par exemple, sur sa plaque d'immatriculation de remettre sa plaque et la
question du numéro de série d'identification du véhicule
routier. Il me semble que ce sont deux objectifs différents. C'est que
si, par exemple, le règlement de l'immatriculation oblige les personnes
à remettre leurs plaques pour obtenir leur crédit, c'est pour
empêcher justement que ces plaques continuent d'être
utilisées sur la route. Il s'agit d'une question d'immatriculation et la
loi indique que le directeur du Bureau des véhicules automobiles demeure
toujours propriétaire de la plaque. Donc, si vous vous présentez
pour obtenir un crédit ou tout individu qui se présente pour
obtenir un crédit, il doit remettre sa plaque puisqu'il ne doit plus
circuler sur les routes. C'est l'objectif d'ailleurs de la demande qu'il fait.
Mais le numéro de série me paraît complètement
différent par rapport au règlement 3, c'est-à-dire que le
numéro de série c'est pour bien être capable d'identifier
le véhicule comme tel, mais fabriqué par le fabricant, si vous me
permettez. Je ne comprends vraiment pas cela ou les cas prévus au
présent règlement, pourquoi vous vous opposez à l'article
35 comme tel, parce que c'est justement pour...
M. Fugère: On ne s'oppose pas à l'article 35, on
s'oppose à l'article 3.91 qui stipule qu'il faut enlever le
numéro de série.
M. Lessard: Vous n'enlevez pas le numéro de série,
ce n'est pas la même chose.
Si le véhicule est considéré comme n'étant
plus apte à prendre la route, si on laisse les numéros de
série en circulation, ils vont se changer; c'est là que le vol va
se multiplier. Là ils vont changer les numéros de série,
c'est-à-dire qu'ils vont prendre le numéro de série du
véhicule qui n'est plus apte à circuler sur la route et ils vont
le mettre sur un autre véhicule.
M. Fugère: Vous comprendrez, M. le ministre, que ce
règlement a été fait justement pour essayer
d'éviter le vol d'automobile, mais je crois qu'au contraire il a
plutôt aidé le vol d'automobile. Je suis un recycleur. Si
quelqu'un vient chez nous vendre son automobile et s'il n'a pas de
numéro de série, il n'y a rien qui me dise que l'auto est
volée ou si elle est légalement sur le marché; je ne peux
pas identifier cette automobile. Mais si le numéro de série
était sur le véhicule, je pourrais l'identifier. D'ailleurs, on
l'a fait assez longtemps avec la Sûreté de Montréal et la
police provinciale où nous retournions le numéro de série
à la sûreté et eux nous retournaient la confirmation du
véhicule. Aujourd'hui si quelqu'un entre chez nous avec une auto qui n'a
pas de numéro de série, je l'achète très
honnêtement et c'est peut-être une auto volée. Il n'y a
aucune façon pour l'identifier.
M. Lessard: Si vous l'achetez d'un autre recycleur.
M. Fugère: Non, mais vous-même vous avez une perte
totale, M. le ministre avec votre auto. Vous voulez récupérer
votre crédit, vous enlevez donc votre numéro de série,
vous allez au Bureau des véhicules automobiles qui vous remet votre
crédit. Vous attachez votre auto en arrière d'une remorque et
vous vous en allez chez nous pour nous la vendre. Comment puis-je identifier
l'automobile?
M. Lessard: Je comprends votre idée. Il y a une chose
à l'article 24. C'est que vous faites le commerce des pièces, des
vieux...
M. Fugère: Des pièces d'autos usagées. M.
Lessard: Des pièces d'autos usagées.
M. Fugère: Pas des vieux; j'achète des
modèles aussi récents que...
M. Lessard: Donc, c'est cela, vous achetez les autos
usagées pour obtenir les pièces. Vous démantelez l'auto et
obtenez les pièces.
M. Fugère: C'est cela.
M. Lessard: Alors, si le numéro de série a
été remis au Bureau des véhicules automobiles, vous ne
pouvez pas savoir si le véhicule était volé ou pas.
M. Fugère: Bien...
M. Lessard: S'il était accidenté, en tout cas.
M. Fugère: Même s'il était accidenté,
j'achète les véhicules des compagnies d'assurance à 95%.
Je ne suis pas inquiet pour mon commerce, chez moi. Je suis inquiet pour les
commerces autour de chez nous, par exemple. Ce sont ceux-là qui
m'inquiètent bien plus que le mien.
M. Lessard: En tout cas, cela devient... M. Fugère:
Pour l'industrie en général.
M. Lessard: ... bien technique; on va regarder cela. Il reste que
dans les articles 1 et 24, le recycleur est dé.ini dans le nouveau Code
de la route.
M. Fugère: Je ne l'ai pas vu.
M. Lessard: Le recycleur est défini comme tel: "La
personne qui fait commerce..." Donc, vous avez une certaine reconnaissance. On
dit: "La personne qui fait commerce de retirer des pièces de
véhicules routiers mis au rancart et de les revendre on dit bien
des véhicules routiers mis au rancart ou d'acheter des
véhicules routiers mis au rancart et d'en revendre les carcasses ou de
remettre en circulation des véhicules routiers qu'elle reconstitue avec
les pièces ou carcasses acquises."
A l'article 97, il y a un permis de recycleur.
M. Fugère: Qui est un avant-projet! M. Lessard:
Pardon?
M. Fugère: Qui est un avant-projet! Qui fait partie
du...
M. Lessard: Bien oui, je comprends mais il est avant-projet pour
cela.
M. Fugère: Est-ce qu'à ce moment-là tous les
recycleurs devront être munis de ce fameux permis?
M. Lessard: Oui.
M. Fugère: Félicitations! Nous attendons cela
depuis 1971. Je crois que cela pourra aider l'industrie.
M. Lessard: Article 97.
M. Fugère: Je n'étais pas au courant,
excusez-moi!
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Je ne sais pas si j'ai bien compris. L'individu qui
décide de ne pas utiliser son véhicule doit se présenter
au bureau d'immatriculation pour recevoir le crédit. Actuellement, c'est
ce qui se fait. Si, par contre, le véhicule est déclaré
hors d'usage pour revente, à ce moment-là il y a une obligation
de rapporter le numéro de série de la carosserie ou du
moteur...
M. Fugère: De la carosserie.
M. Mailloux: De la carosserie au Bureau des véhicules
automobiles. Ce que vous demandez c'est que cette procédure se fasse
mais par votre entremise?
M. Fugère: Absolument.
M. Mailloux: Plutôt qu'être directement
remboursé par le Bureau des véhicules automobiles?
M. Fugère: C'est cela. C'est que...
M. Mailloux: La question que je veux vous poser là-dessus,
c'est qu'au moment où forcément c'est fait par le
ministère pour des raisons qu'on connaît bien tous les
recycleurs seraient autorisés à se conformer à une telle
procédure, est-ce que le ministère serait davantage
protégé contre un de vos membres qui pourrait être
tenté également...
M. Fugère: D'accord. C'est pour cela que j'aimerais
demander au ministre que l'association qui, je crois, est très bien
documentée, pourrait suggérer des façons de
réglementer les recycleurs. Ce qui serait très très
important. D'ailleurs, des lois importantes ont été
adoptées dernièrement aux Etats-Unis j'ai avec moi des
copies de ces lois qui contrôlent justement ces...
M. Mailloux: Tantôt, vous avez dit vous-même, en
parlant: On veut bien observer la loi mais on a des voisins qui ne l'observent
pas tellement. Est-ce à dire que ceux-là pourraient être
également des membres de l'association?
M. Fugère: Absolument. Malheureusement. C'est ce qu'on
cherche, M. le député, à éliminer; c'est ce qu'on
voudrait, avec l'appui du ministère des Transports, éliminer.
M. Mailloux: Merci.
M. Lessard: M. Fugère...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Lessard:... seulement comme information. Je vous
suggère très honnêtement de lire les articles 96, 97 et
suivants du projet de loi où le recycleur est... et ensuite l'article
dont je vous parlais tout à l'heure, l'article 1.24, où le
recycleur est défini et où, en vertu de l'article 97 je
vais vous le lire, si vous permettez "Nul ne peut exploiter un garage,
faire le commerce de véhicules routiers ou agir comme recycleur,
à moins qu'il ne soit titulaire du permis approprié." On pourrait
continuer...
M. Fugère: Je regrette de n'avoir pas connu ce projet de
règlement, M. le ministre. Je suis extrêmement...
M. Lessard: On exige un cautionnement et on va être
beaucoup plus sévère. Indirectement, à ce
moment-là, vous êtes reconnu comme tel à
l'intérieur du Code de la route.
M. Fugère: Soyez assuré de la coopération de
l'association.
M. Lessard: Merci beaucoup.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: Vous êtes combien dans l'association?
M. Fugère: Membres de l'association, nous sommes
peut-être une centaine. Il y a peut-être au Québec,
malheureusement, 300 ou 400 de ce qu'on appelait auparavant les "scrapyards".
Il y en a plusieurs, remarquez bien, la grosse majorité demeure des
"scrapyards". Un projet de règlement qui avait été
émis par le ministère de l'Environnement, qui a été
publié mais jamais adopté, en aurait probablement
éliminé les trois quarts. C'est ce que nous souhaitons en
fait.
Il y a peut-être, au Québec, 25 ou 30 recy-cleurs
très bien équipés, très bien organisés,
contre à peu près 300 ou 400 qui opèrent des commerces
illicites, des "chop shops" qu'on appelle, qui coupent des autos ici et
là, et qui sont nos plus gros concurrents.
M. Russell: Donc, le projet de loi actuel ne peut que vous
aider?
M. Fugère: Absolument, c'est ce que nous recherchions
d'ailleurs.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Merci, M.
Fugère...
M. Fugère: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): ... ainsi que les personnes
qui vous accompagnent. J'appelle maintenant l'Association professionnelle des
opto-métristes du Québec. Il s'agit du mémoire no 43. M.
le ministre.
M. Lessard: M. le Président, il y aurait un mémoire
qui est identifié comme 41M de M. Peter-A. Stern qui nous demande
simplement de prendre en considération son mémoire pour
dépôt seulement.
Le Président (M. Bordeleau): II sera
déposé.
M. Gratton: M. le Président, est-ce qu'on peut nous
assurer qu'on nous en remettra une copie?
Le Président (M. Bordeleau): Je m'informe
immédiatement auprès du secrétariat, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, si vous voulez bien
vous identifier.
Association professionnelle des optométristes
du Québec
M. Rodrigue (Jean-Marie): L'Association professionnelle des
optométristes du Québec, Dr Paul Lambert, vice-président;
conseiller juridique, Me Yvan Brodeur; notre directeur administratif, Me Guy
Lamoureux.
Le Président (M. Bordeleau): Et vous êtes,
monsieur?
M. Rodrigue: Jean-Marie Rodrigue...
Le Président (M. Bordeleau): Merci.
M. Rodrigue: ... président de l'association. L'Association
professionnelle des optométristes du Québec est un organisme
incorporé en vertu de la Loi des syndicats professionnels et
représentant 730 optométristes du Québec qui desservent le
territoire complet du Québec, y compris le Nouveau-Québec.
Le rôle premier de l'association consiste à
représenter ses membres et à négocier des ententes
principalement avec le ministre des Affaires sociales, aux termes de l'article
15 de la Loi de l'assurance-maladie, aux fins de prévoir les conditions
de dispensation des services optométriques à la population dans
le cadre du régime d'assurance-maladie. Rappelons que les services de
santé dispensés par les optométristes dans le cadre du
régime d'assurance-maladie représentent environ 80% de l'ensemble
des services oculo-visuels dont bénéficie la population du
Québec, ce qui représente à peu près un million de
bénéficiaires par année.
Rappelons que les services de santé visés dans cette loi
sont aussi des services assurés, donc régis par notre entente, en
vertu de la Loi de l'assurance-maladie du Québec.
Nous souscrivons sans réserve aux objectifs de lavant-projet de
loi du Code de la route visant à assurer un contrôle plus efficace
de l'état de santé et de l'aptitude physique des
détenteurs et des requérants d'un permis d'apprenti conducteur et
d'un permis de chauffeur de taxi. Nous souhaitons cependant qu'il y ait lieu
d'apporter certaines modifications à l'avant-projet pour que ces
objectifs soient plus sûrement atteints.
Nous sommes d'avis que le processus de consultation prévu
à l'article 11c en vue d'établir un guide médical devrait
être élargi aux fins d'assurer une participation plus
représentative des professionnels directement concernés qui
dispensent ces services. Nous considérons également qu'il y
aurait lieu d'élargir la composition du comité consultatif
créé par l'article 14 de l'avant-projet de loi dans le but
d'assurer une participation explicite des optométristes à ce
comité. L'article 11c de l'avant-projet de loi. Cette dispo-
sition prévoit que: Le directeur général peut, par
règlement: établir, après consultation du comité
consultatif médical, un guide médical pour l'émission des
permis de conduire, des permis d'apprentis conducteurs et des permis de
chauffeurs de taxi." La consultation prévue à cette disposition
vise évidemment à assurer la qualité du guide
médical. Nous croyons que cette consultation devrait également
tendre à faire participer à l'élaboration du guide
médical, les groupements représentants les professionnels de la
santé touchés par l'application de cette loi. (17 h 45)
A l'article 19 de la loi, il est prévu qu'un médecin ou un
optométriste doit informer le directeur général de
l'identité d'un patient atteint d'une maladie visée au guide
médical. Il nous apparaît que la consultation prévue
à l'article 11c devrait être étendue pour couvrir les
ordres professionnels et les associations professionnelles représentant
les médecins et les optométristes dans le but d'atteindre une
participation qui ne pourra que déboucher sur une application plus
satisfaisante de la loi.
D'autre part, nous ne croyons pas qu'il y ait lieu de prévoir
à l'article 11c la consultation du comité consultatif
médical, étant donné que l'article 16c prévoit
déjà que le directeur général peut requérir
de cet organisme des avis de nature médicale.
Enfin, nous entendons démontrer plus avant dans ce mémoire
que l'expression "comité consultatif médical" devrait être
modifiée. Nous nous permettons dès maintenant d'attirer votre
attention sur le fait que l'expression "guide médical" et clairement
inappropriée pour ce cas-ci. Ainsi, une simple lecture de l'article 19
nous indique que ce guide sert d'élément de
référence tant à l'optométriste qu'au
médecin. Il est évident que pour autant que l'optométriste
est concerné il s'agit là d'un guide de santé.
L'utilisation de cette dernière expression est d'ailleurs sûrement
plus conforme à la réalité des compétences
professionnelles respectives. On n'a qu'à se référer, si
vous voulez, à d'autres appellations que le gouvernement utilise de
façon courante maintenant. Je ne fais que me référer
à la Loi de l'assurance-maladie et on ne parle pas de la Loi de
l'assurance médicale où on discute dans une autre commission
parlementaire le projet de loi sur la santé et la sécurité
au travail. Là encore, il est question de santé étant
donné que cela implique différents groupes professionnels qui
oeuvrent dans le secteur.
L'article 14 de l'avant-projet de loi prévoit la formation d'un
comité consultatif médical composé de membres de la
Corporation des médecins du Québec. Il nous apparaît que
l'élargissement de la composition de ce comité ne pourrait
qu'enrichir la qualité des recommandations du comité en assurant
une cohérence souhaitable entre la composition du comité et les
obligations créées tant à l'optométriste qu'au
médecin à l'article 19 de l'avant-projet de loi. En effet,
l'article 19 crée une obligation à l'optométriste et au
médecin d'informer le directeur général de
l'identité d'un patient atteint d'une maladie visée au guide
médical et lorsqu'il a des raisons sérieuses de croire que ce
patient peut constituer un risque en conduisant un véhicule routier.
Cette obligation faite tant à l'optométriste qu'au médecin
traduit dans les faits la réalité de la pratique médicale
et optométrique. En d'autres termes, il est évident que les
médecins et les optométristes représentent les deux
groupes professionnels de la santé les plus directement responsables
dans l'application des normes de sécurité routière.
En créant une obligation légale et explicite à
l'optométriste et au médecin, le législateur ne fait que
reconnaître cette réalité. Dans ce cadre, la participation
de l'optométriste au niveau du comité consultatif ne peut
qu'assurer une cohérence plus sûre dans l'application de la loi.
La présence d'optométristes ne peut qu'enrichir les
recommandations de ce comité en assurant notamment une perception plus
exacte et plus adéquate des rapports soumis par les optométristes
dans le cadre de l'article 19 de la loi. Nous faisons cette affirmation croyant
qu'il est évident que les approches diagnostiques et
thérapeutiques peuvent différer de façon légitime
entre les divers professionnels de la santé.
Enfin, nous sommes d'avis que les modalités de participation des
optométristes et des médecins au sein du comité
consultatif devraient être déterminées par le gouvernement
plutôt que par le législateur aux fins de permettre une souplesse
et une efficacité plus grande.
Nous vous soumettons donc les recommandations suivantes. La
recommandation no 1: le paragraphe c) de l'article 11 devrait se lire
"établir après consultation des organismes les plus
représentatifs des médecins et des optométristes un guide
de santé pour l'émission des permis de conduire, des permis
d'apprentis conducteurs et des permis de chauffeur de taxi".
La recommandation 2: le titre de la section II du chapitre II devrait se
lire: "Le comité consultatif" au lieu de "Le comité consultatif
médical".
La recommandation no 3: l'article 14 devrait se lire "Le gouvernement
peut constituer un comité consultatif composé de membres de la
Corporation professionnelle des médecins du Québec et de la
Corporation professionnelle des optométristes du Québec. Le
nombre des membres du comité est déterminé par le
gouvernement. Le gouvernement détermine également les
modalités de consultation en tenant compte de la compétence
professionnelle respective des membres du comité". Je crois que cela va
de soi.
La recommandation no 4: le paragraphe a) de l'article 16 devrait se lire
"de faire des recommandations au directeur général à la
suite de l'étude des rapports médicaux et optométriques".
Cet article est le même, en d'autres mots, que le texte; on demande
d'ajouter "et optométriques" puisque, comme on le disait, nos rapports
constituent près de 80% des rapports que le Bureau des véhicules
automobiles reçoit. On considère que c'est légitime et
justifié.
La recommandation no 5: le paragraphe c) de l'article 16 devrait se lire
"donner au directeur général des avis de nature médicale
et optomé-trique". C'est tout simplement une addition.
La recommandation no 6: l'article 17 devrait se lire "Les membres du
comité consultatif se réunissent sur convocation du directeur
général".
La recommandation no 7: l'article 18 devrait se lire "Le
secrétaire du comité consultatif est désigné..."
C'est le même article excepté que nous suggérons
l'appellation "comité consultatif" contrairement à l'appellation
"comité consultatif médical".
La recommandation no 8: le titre de la section III du chapitre II
devrait être modifié en ajoutant les mots "et
optométriques" après le mot "médicaux". En d'autres mots,
cela devient toujours les concordances une fois que le principe est
accepté. Le titre devrait se lire "Les rapports médicaux et
optométriques".
La recommandation no 9: l'article 19 devrait se lire "Un médecin
ou un optométriste doit informer le directeur du nom, de l'adresse, de
la date de naissance et du diagnostic clinique de tout patient de 16 ans et
plus atteint d'une maladie ou d'une déficience visuelle visée au
guide de santé ou lorsqu'il y a des raisons sérieuses de croire
sur le plan médical ou optométrique que ce patient peut
constituer un risque en conduisant un véhicule routier".
La recommandation no 10: l'article 20 devrait se lire "Le directeur
général, sur réception d'un rapport visé à
l'article 19, peut suspendre, révoquer, refuser d'émettre ou de
renouveler le permis de conduire, le permis d'apprenti conducteur ou le permis
de chauffeur de taxi..." Le reste de l'article est conforme au projet.
La recommandation 11: l'article 22 devrait se lire "Le rapport
visé à l'article 19 est réservé à
l'information du directeur général, du comité
consultatif". Les deux modifications sont les appellations "comité
consultatif".
La recommandation no 12: le texte est identique excepté que nous
demandons l'addition du mot "optométrique", toujours en
conformité et en concordance.
Ceci constitue, M. le ministre et MM. les membres, l'essentiel des
demandes que l'Association des optométristes vous formule.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Rodrigue. M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, M. Rodrigue, on a
déjà reçu le mémoire de la Corporation des
optométristes du Québec qui correspond sensiblement à
votre mémoire ou à vos demandes. Naturellement, il va y avoir des
consultations, il n'appartient pas au ministre des Transports comme tel de
régler un problème entre les ophtalmologistes et les
optométristes, quoiqu'on indique dans l'article 19 quand même une
précision concernant les optométristes et si on le maintient
comme tel, il va falloir avoir aussi une certaine logique, une certaine
rationalité dans l'ensemble du projet de loi.
La question que je voudrais vous poser est la suivante: L'article 19 a
soulevé la colère du Collège des médecins du
Québec en réponse à la colère du ministre
d'ailleurs parce qu'il y avait eu une certaine consultation je l'ai
démontrée d'ailleurs entre le Collège des
médecins peut-être de la confusion aussi, je l'admets
depuis 1971 et même en août 1977 et le ministère des
Transports à ce sujet. On a crié justement à la
délation qu'imposait le ministre, qui était imposée par le
ministre et on s'y refusait énergiquement. J'ai accepté à
ce moment-là, étant donné qu'il y avait eu quand
même certaines consultations, de se reconsulter pour réorganiser
l'article en question pour qu'il nous permette d'avoir un certain
contrôle sur des personnes qui sont réellement jugées par
vous autres "inaptes" à conduire un véhicule automobile.
Je présume que vous avez un code de déontologie aussi, un
code d'éthique et que vous êtes soumis au secret professionnel
comme les médecins. J'aimerais savoir, de la part de l'Association des
optométristes, si vous avez les mêmes objections qui nous ont
été faites par le Collège des médecins du
Québec et si vous croyez que cet article constitue pour vous de la
délation ou si selon des principes déontologiques ou des
principes d'éthique professionnelle vous jugez que cet article ne pose
pas de problèmes sérieux quant à votre association
professionnelle.
M. Rodrigue: Nous attendions justement d'être
présents à la commission parlementaire pour préciser cette
partie de notre mémoire, cet article-là, afin de la circonscrire
davantage. Avant de répondre à votre question, M. le ministre, si
vous me le permettez, j'aimerais relever quelque chose qui, je vous l'avoue,
m'a un peu surpris: Vous dites que le ministre des Transports ne peut pas
régler un problème qui peut exister, apparemment, entre les
optométristes et les ophtalmologistes. Je vous avoue que je ne vois pas
comment il peut y avoir des problèmes à ce niveau. Il
m'apparaît que les choses sont bien identifiées, le
législateur a déjà prévu, au niveau des projets de
loi qui définissent les professions, l'exercice et le cadre d'exercice.
Pour autant qu'on est concerné, à moins que le directeur du
Bureau des véhicules automobiles nous avise du contraire, je n'ai pas eu
connaissance que des optométristes aient fait des rapports sur autre
chose que ce pourquoi ils étaient légalement autorisés
à fonctionner. Alors, je saisis mal cette remarque, si vous me permettez
de vous le souligner. Au contraire, je crois que cela permettrait de favoriser
grandement cette partie de fonctionnement du Bureau des véhicules
automobiles. J'imagine que vous êtes au courant. On vous a sans doute
avisé qu'il y avait beaucoup de difficultés de fonctionnement
entre le Bureau des véhicules automobiles et les optométristes
depuis quelque temps, et l'association n'est pas sans résister à
des critiques et à des pressions énormes de nos membres quant
à l'obligation ou le devoir qu'on se fait par éthique de
répondre aux formulaires et aux demandes des citoyens, mais
aussi à l'égard des droits qu'on nous refuse au niveau du
Bureau des véhicules automobiles.
On veut bien recommander à nos membres, dans l'attente de la
révision du projet de loi, de continuer à fournir les services
pour le bénéfice de la population et pour le bon fonctionnement
du Bureau des véhicules automobiles, de continuer à
répondre à leurs obligations, mais on aimerait aussi que le
législateur reconnaisse qu'il y a des droits qui accompagnent ces
obligations.
Quant à l'article 19, nous convenons et nous concevons que dans
le cadre d'un travail d'équipe, d'un travail multidisciplinaire à
l'intérieur du comité consultatif, de même que dans la mise
sur pied des normes édictées par le comité consultatif,
après consultation nous souhaitons et inscrites dans la loi
auprès des différents groupes concernés que les cas
où il serait fait mention "obligation de référer" seraient
vraiment circonscrits, vraiment identifiés et définis comme
représentant un danger réel auquel tout le monde souscrit. Dans
ce cadre, l'association ne perçoit pas de résistance fondamentale
de la part de ses membres. Je dis bien dans ce cadre-là, dans un cadre
où nous avons participé à la mise sur pied des normes,
à la définition des cas-problèmes qui représentent
réellement un danger, où il pourrait y avoir une obligation de
faite par le législateur, nous croyons que nous pourrions apporter notre
collaboration. C'est ce que nous percevons de la part de nos membres. (18
heures)
Je reviens sur cela que c'est vraiment où les problèmes
sont bien identifiés. Par contre, si la conception qui serait faite
voulait que les cas seraient n'importe quels cas qu'un individu juge pouvant
représenter un danger et où la définition de ces
problèmes n'a pas été faite par une équipe
multidisciplinaire et autorisée, cela représenterait
assurément une objection fondamentale de la part de nos membres.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: J'ai bien noté que, comme l'Ordre des
optométristes avant eux, l'association se dit d'accord avec le
libellé de l'article 19 à condition que celui-ci circonscrive de
façon très particulière la portée des situations
qui doivent être dénoncées. Je vous avouerai bien
candidement que je trouve curieux que votre mémoire n'y fasse pas
allusion, sauf par le biais des recommandations que vous faites pour apporter
les changements voulus. Je suppose que vous tenez pour acquis que les
recommandations que vous faites aux divers articles seront
entérinées telles quelles, ce qui vous permettra ensuite de ne
pas parler de l'article 19 autrement que de la manière dont vous le
faites dans le mémoire.
Sur le plan technique des recommandations que vous faites, je pense que
cela rejoint exactement ce que l'Ordre des optométristes avait
recommandé; je comprends l'hésitation du ministre à ne pas
s'engager aujourd'hui à faire tex- tuellement les changements que vous
requérez. Quant à nous, nous avons déjà
indiqué clairement que l'article 19, dans sa forme actuelle, est tout
à fait inacceptable, que le gouvernement devra en limiter la
portée et ce de façon très substantielle; en
conséquence, je pense que nous pouvons dire que nous rejoignons les
appréhensions que l'association émet dans son mémoire.
Il y a seulement une chose qui me chicotte dans tout cela, c'est lorsque
vous parlez des modalités de participation des optométristes et
des médecins au sein du comité consultatif. Vous semblez
être prêt à laisser cela au pouvoir réglementaire
plutôt qu'au pouvoir législatif. Je voudrais tout simplement vous
demander si vous êtes conscient qu'en ce faisant vous risquez que ces
modalités changent au gré des gouvernements, au gré des
ministres qui peuvent se retrouver responsables d'un ministère
donné. Ne seriez-vous pas beaucoup plus à l'aise d'avoir
certaines garanties inscrites dans un projet de loi qui nécessite
l'intervention de l'Assemblée nationale?
M. Brodeur (Yvan): Disons que la garantie minimale que nous
recherchons est essentiellement une modification dans la composition du
comité pour s'assurer de la participation d'opto-métristes
à ce comité. Pour ce qui est des modalités de
fonctionnement, nous avons plutôt choisi de laisser cela au pouvoir
gouvernemental. Pourquoi? Pour répondre à votre question, c'est
essentiellement parce que les champs de juridiction médicaux et
optométriques se recoupent, c'est-à-dire que la juridiction des
médecins est plus large que celle des optométristes et la
participation de ces gens à l'intérieur d'un comité
poserait sûrement la question de savoir à partir de quelles
modalités le comité va fonctionner. Je ne sais pas si je suis
assez clair.
Essentiellement, ce comité serait saisi de problèmes qui
seraient optométriques, mais qui pourraient également être
de nature non optométrique. Il s'agirait évidemment
d'établir des normes de fonctionnement de ce comité et nous ne
nous sentons pas prêts actuellement à préciser ces normes.
Nous pensons effectivement que tenter de préciser ces normes de
collaboration entre les optométristes et les médecins à
l'intérieur du comité, ce serait peut-être
prématuré et il y aurait peut-être lieu de laisser le temps
définir un peu ces modalités de fonctionnement.
L'avantage de la souplesse de l'intervention gouvernementale par rapport
à l'intervention législative fait qu'on a plutôt choisi
cette voie. Il est évident que, comme il n'y a pas actuellement
d'expérience dans ce secteur, il serait un peu difficile d'apporter une
définition précise, on préfère que cela ne soit pas
dans le projet de loi. Ce n'est pas un choix idéologique, c'est un choix
beaucoup plus pratique.
M. Gratton: Je comprends ce qui vous amène à la
formuler ainsi. Il est important qu'entre nous on se comprenne bien. Vous
exigez je ne sais pas à quel article que des
représentants de
l'Ordre des optométristes soient membres en bonne et due forme du
comité consultatif, au départ. Cela étant acquis, vous
dites: Les modalités de notre participation peuvent varier selon les
règlements. Ce que je ne voudrais pas, c'est que le gouvernement
s'inspire de cette phrase de votre mémoire pour dire: La participation
des optométristes au comité consultatif consistera à
consulter un représentant de l'Ordre des optométristes au moment
où il s'agira d'évaluer des rapports qui ont une incidence sur le
domaine optométrique, et que l'ordre ne soit pas
représenté comme tel au sein du comité consultatif. Je
pense bien que ni vous ni moi ne voulons que ce soit l'interprétation
qu'on donne à cette phrase.
M. Brodeur: Ce n'est pas l'interprétation qu'on y donne,
non.
M. Gratton: D'accord. Je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Bon, pas de questions.
M. Gratton: A moins que le ministre nous dise qu'il accepte
volontiers, dès aujourd'hui, de s'engager à donner une
représentation à l'Ordre des optométristes au sein du
comité consultatif.
M. Lessard: En fait, on va reconsidérer l'article 19. Je
pense que l'acuité visuelle est importante avant d'émettre un
permis de conduire. Si on demande dans le même sens la collaboration des
optométristes, comme je l'ai indiqué tout à l'heure, il va
falloir être rationnel. Une loi existe et les reconnaît comme
corporation professionnelle. Je regarde le guide médical et il y a des
exigences vis-à-vis des yeux, l'acuité visuelle. Il est certain
qu'on devra considérer une certaine rationalité. Comme
l'indiquait tout à l'heure M. Rodrigue, si on leur impose des
obligations, il faut en même temps au moins les reconnaître dans la
consultation.
M. Gratton: Compte tenu de ce que vient de dire le ministre et de
ce qu'il avait d'ailleurs dit la semaine dernière, si j'étais
optométriste, je partirais relativement confiant que j'aurai gain de
cause au moins en partie, en tout cas.
Le Président (M. Bordeleau): Merci.
M. Rodrigue: Si vous me le permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. Rodrigue, oui, pour le mot
de la fin, si on peut dire.
M. Rodrigue: ... pour le mot de la fin, oui. Premièrement,
le ministre a fait allusion à l'acuité visuelle; j'en conviens,
c'est un peut-être le plus sommaire des tests que nous
avons à faire dans le rapport que nous devons fournir.
M. Lessard: C'était un exemple, je ne pouvais pas tous les
donner.
M. Rodrigue: Oui, d'accord. C'est quand même un
rapport...
M. Lessard: Tout ce qui relève de l'optométrie.
M. Rodrigue: Tout ce qui relève de l'optométrie.
Cela constitue, comme on le disait, environ 80% des rapports fournis au Bureau
des véhicules automobiles. Nous quittons dans l'espoir qu'enfin nous
pourrons considérer que ce projet de loi, lorsqu'il sera
rédigé dans sa forme définitive, intégrera, pour un
meilleur fonctionnement au niveau des comités comme tels, comme l'a fait
la Régie de l'assurance-maladie, comme l'ont fait d'autres régies
gouvernementales, sans plus de discrimination je ne veux pas employer le
terme à mauvais escient sans discrimination aucune dans sa
fonction réelle, comprendra quand même quelqu'un qui fournit 80%
des rapports. Ce n'est pas simplement en consultation, dans la rédaction
de l'article 19, que nous espérons une consultation, c'est vraiment au
niveau des nominations à l'intérieur des comités
consultatifs et à l'intérieur de certaines phraséologies
et terminologies qui sont vraiment représentatives de l'esprit de
multidisciplinarité d'ailleurs qui est prêché par le
gouvernement et qui le démontrerait dans les écrits et dans les
projets de loi. On vous remercie.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Rodrigue, ainsi que
les personnes qui vous accompagnent. On procède maintenant avec
l'Association des moniteurs et instructeurs de la conduite automobile,
mémoire no 44.
Mémoire no 44. Vous pouvez y aller en vous identifiant.
Association des moniteurs et instructeurs de la
conduite automobile
M. Hamelin (Pierre): Je voudrais vous présenter M. Armand
Desalliers, vice-président de l'association.
Le Président (M. Bordeleau): M. Desalliers?
M. Hamelin: M. Desalliers. Je suis Pierre Hamelin,
président de l'association. Je voudrais tout d'abord remercier la
commission de nous avoir reçu étant donné que nous avons
remis notre mémoire en retard. Nous demandons aussi l'indulgence de la
commission au sujet du mémoire que nous vous avons soumis; il comporte
certains changements au niveau des articles, malheureusement, comme vous avez
pu le constater, il n'y a pas de raison explicite à ces changements. Si
la commission le permet, nous allons vous les faire parvenir au cours de la
semaine.
Qu'est-ce que l'AMICA? C'est une association qui existe depuis cinq ans.
Elle comprend environ
900 moniteurs et instructeurs en conduite automobile; là-dessus,
nous pouvons dire qu'il y a environ 450 membres de l'association, qui
regroupent notre association. Le but de l'AMICA est de travailler à
l'amélioration de l'enseignement. Avant de vous passer M. Desalliers qui
va, assez brièvement je l'espère, finir cette session, j'aimerais
dire que ce que nous espérons, entre autres, de cette commission est
à la suite des groupements qui ont défilé ici
depuis trois jours, que quoi qu'il se décide au niveau du nouveau
Code de la route, nous espérons fortement qu'il sera appliqué.
Qu'on ait de belles lois, qu'on ait de beaux articles, c'est fantastique, mais
il faut aussi que ce soit appliqué. Aujourd'hui, on a fait des
comparaisons et toute comparaison n'est pas nécessairement toujours
bonne. Entre autres, on a parlé de certains règlements qui
existent en Ontario. C'est fantastique je pense que la plupart des
personnes qui sont ici l'ont vécu lorsqu'on va faire un tour en
Ontario, de voir que la pédale à gaz, en passant la
frontière, on la lâche. Quand on revient au Québec, on peut
se permettre de peser dessus parce que, malheureusement, les règlements
ne sont pas appliqués.
Je pense qu'on n'est pas assez sévère. Malheureusement,
changer l'attitude des gens, ce n'est pas facile et la seule solution qui nous
reste est celle des amendes. Une loi qui n'a pas de dents n'est malheureusement
pas souvent respectée. On le voit régulièrement en
conduite automobile. Merci.
M. Desalliers (Armand): Pour procéder le plus rapidement
possible, vous avez une copie des articles modifiés et j'explique au fur
et à mesure pourquoi on demande ces modifications. D'abord, à
l'article 70, on mentionne que "le titulaire d'un permis d'apprenti-conducteur
doit, en conduisant un véhicule routier, être assisté d'une
personne titulaire d'un permis de moniteur ou d'instructeur de la
catégorie et de la classe appropriée déterminée par
règlement du gouvernement". On a ajouté que toute personne,
maintenant, devrait être accompagnée d'un moniteur ou d'un
instructeur en conduite automobile pour conduire un véhicule automobile
s'il détient un permis d'apprentissage. On fait la comparaison, à
ce moment-là, un peu avec le domaine de l'électricité.
Dans votre maison, vous n'avez même pas le droit de connecter votre
poêle électrique si c'est un 220, cela prend un électricien
pour le faire. On a apporté cette loi à la suite d'incendies,
c'étaient des causes dangereuses. Plusieurs personnes sont
décédées sur les routes ou ont été
blessées et on demande que seuls les moniteurs ou instructeurs en
conduite automobile puissent assister les apprentis conducteurs.
A l'article 71, on mentionne que: Le moniteur ou l'instructeur qui
assiste un apprentis conducteur, doit prendre place à ses
côtés. C'est pour donner suite à l'article 70 qu'on a
changé le terme.
A l'article 85, c'est à la suite d'une consultation avec de
nombreux élèves dans les écoles de conduite, avec des
moniteurs, qu'on s'est rendu compte que l'examen visuel passé au Bureau
des véhicules automobiles pour l'obtention d'un permis d'apprentissage
n'était pas toujours ce qu'il y avait de plus sérieux. On s'est
rendu compte qu'il y avait des élèves qui n'avaient pas
l'acuité visuelle ou le champ visuel nécessaire. On n'est pas
sans savoir non plus qu'à la suite d'un accident les gens disent:
Qu'est-ce qui est arrivé? Je ne le sais pas, je ne l'ai pas vu. Il y a
95% des manoeuvres, qu'on doit effectuer en conduisant un véhicule
automobile, qui dépendent de ce qu'on a vu. (18 h 15)
C'est pour ça qu'on mentionne, à ce moment-là, que
pour obtenir un permis d'apprenti conducteur, on devra exiger un certificat de
capacité visuelle délivré par un spécialiste, soit
un optomé-triste ou un ophtalmologiste, pour l'obtention du permis ou
pour un changement de catégorie.
A l'article 115, nul ne peut donner, offrir de donner des cours ou autre
enseignement sur la conduite d'un véhicule routier... On a enlevé
les mots "avec rémunération". Toute personne maintenant, que ce
soit avec ou sans rémunération, devra passer par un moniteur ou
instructeur pour suivre son cours de conduite.
A l'article 247 toujours pour aller le plus rapidement possible
on a modifié l'article actuel qui dit que pour dépasser un
véhicule... on pouvait dépasser un véhicule par la droite,
en autant que le véhicule qui nous précède s'apprête
à effectuer un virage à gauche, mais ici, on permet de quitter
l'accotement. On devrait mentionner, à ce moment-là, qu'il n'est
permis de quitter complètement ou en partie la chaussée, qu'on ne
devrait pas la quitter du tout, parce qu'on précise de quitter
complètement la chaussée.
A l'article 255, qui se réfère encore à l'article
247, on dit: Nul ne peut circuler sur l'accotement d'un chemin public, sauf en
cas de nécessité.
Pour continuer maintenant à l'article 271: tel que prévu
à l'article 283, qu'on précise à ce moment-là,
à un feu de circulation, à quel endroit un véhicule doit
s'immobiliser; on aimerait que la même chose se produise quand il y a un
signal d'arrêt ou un stop, comme vous voudrez. Le conducteur d'un
véhicule routier qui fait face à un signal d'arrêt, tout
comme à un feu de circulation, doit immobiliser son véhicule
avant la traverse de piétons ou la ligne d'arrêt ou, s'il n'y en a
pas, à la ligne latérale de la chaussée qu'il croise. Il
doit alors céder le passage aux piétons, etc.
A l'article 298b et pour amener une précision qui n'existe
pas à l'article 298 on aimerait que soit précisé
dans le code que nul ne peut circuler sur un chemin public avec seulement les
feux de position ou de stationnement allumés, si vous voulez, parce que
les feux de stationnement ou de position, qu'on appelait autrefois les
"parking", doivent être utilisés seulement quand un
véhicule est immobilisé en bordure de la route et non pas s'en
servir au début quand il commence à faire sombre ou s'en servir
comme des phares de code. Quand un véhicule est en circulation, tout
comme une moto, il devrait avoir ses phares allumés, si c'est le soir ou
même à la brunante.
Mais les feux de stationnement doivent être utilisés
seulement quand le véhicule est stationné en bordure de la route
et que le moteur est en marche.
A l'article 314: On a probablement oublié d'autres ont
dû en faire mention que, si le véhicule monte une pente et
qu'on stationne le véhicule, les roues devraient être
tournées vers le centre de la chaussée au lieu d'être
tournées vers l'extérieur de la chaussée, chose qui n'a
pas été précisée à l'article 314.
Les articles 363, 364 et 366, en ce qui a trait aux limites de vitesse
pour les autobus et que, par règlement, on pouvait augmenter ou diminuer
ces limites de vitesse, à ce moment-là, on trouve qu'il est
très important que tous les véhicules qui circulent sur une route
devraient circuler à la même vitesse et avoir les mêmes
limites de vitesse maximale, et qu'un véhicule qui circulerait à
une vitesse plus lente ou plus rapide, à ce moment-là, ne suit
plus le rythme de la circulation. Ce sont ceux qui ne suivent pas le rythme de
la circulation, justement, qui peuvent causer des accidents.
Je vous remercie, j'ai terminé.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, Desalliers.
M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Oui, concernant le stationnement, je pense que vous
avez raison.
Concernant l'article 298: "Nul ne peut circuler, etc.", c'est que dans
un autre article il est dit que, lorsque vous circulez dans la nuit, vous devez
allumer vos phares.
M. Hamelin: Excusez. La nuit, ça n'occasionne pas de
problèmes, mais, souvent, on voit, au début de la noirceur, que
les gens vont mettre les feux de position.
M. Lessard: C'est la définition de la nuit, au
début de la noirceur.
M. Desalliers: Le moment qui est le plus dangereux, c'est
toujours à la brunante, ce qu'on appelle entre chien et loup, plusieurs
allument les feux de circulation et on ne peut différencier un
véhicule en circulation d'un véhicule en stationnement sur une
route à deux sens. A ce moment-là, s'il n'y avait que les phares
allumés, on pourrait distinguer le véhicule en circulation.
M. Lessard: D'accord, on prend en considération cette
précision. Je parlais à l'Association des écoles de
conduite il y a quelque temps, on disait que vous êtes 900 moniteurs et
monitrices j'es-pères qu'il y a des monitrices on
émet environ 225 000 permis provisoires par année. Le jour
où je vais me diriger vers l'exclusivité du moniteur ou de la
monitrice, à ce moment-là, je l'inscrirai dans les écoles
de conduite au niveau du secondaire.
M. Desalliers: D'accord, pas de problème.
M. Lessard: On est en consultation avec le ministère de
l'Education. Il faut quand même dire une chose, comme les
députés le soulignaient, il reste qu'un père de famille
doit avoir la liberté d'agir, pour permettre à son fils
d'apprendre à conduire. Quand vous parlez de l'article 70, vous dites:
Le titulaire d'un permis d'apprenti conducteur, doit, en conduisant un
véhicule routier, être assisté d'une personne titulaire
d'un permis de moniteur ou instructeur, etc. Cela commence à être
pas mal exigeant. Je comprends qu'on doit être d'autant plus
sévère qu'on a des problèmes concernant la
sécurité routière, mais il y a d'autres moyens qui doivent
être pris et, en particulier, ce que vous avez souligné au
début, à savoir l'application réelle du Code de la
route.
Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je remercie l'association
pour son mémoire. Comme le ministre l'a indiqué d'ailleurs, il y
a certaines recommandations qui devront sûrement être retenues par
l'Assemblée nationale et il y en a d'autres, comme celle que vient de
mentionner le ministre, à savoir obliger tout apprenti conducteur
à être accompagné d'un moniteur, recommandation à
laquelle je peux difficilement souscrire pour le moment. Sans doute que les
fonctionnaires aussi bien que les autorités politiques du
ministère feront une analyse exhaustive des recommandations que vous
faites dans votre mémoire, et que vous en retrouverez plusieurs dans le
projet de loi que l'Assemblée nationale sera sûrement
invitée à étudier prochainement.
Quant à nous, de l'Opposition, nous nous ferons fort de
surveiller que, sinon l'ensemble, tout au moins les principales recommandations
soient retenues lorsque nous y pourvoirons. Je vous remercie.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, je veux simplement remercier
les personnes de l'association de leur intérêt au projet de loi.
Je peux vous assurer que si le ministre a l'intention de tourner ça vers
le ministre de l'Education, vous avez un supporter pour que ceci demeure dans
les écoles et avec l'entreprise privée, parce qu'on a trop de
bons exemples en ce qui concerne les infirmières et d'autres domaines,
où on a enlevé ça des hôpitaux; ça recule
plutôt que d'avancer. Je pense que la même chose pourrait arriver
dans ce cas-là.
Je préfère que ça reste entre les mains du ministre
des Transports, dans le contrôle actuel, avec un peu
d'amélioration.
En ce qui concerne les autres recommandations, je suis d'accord avec
plusieurs, peut-être pas la totalité, mais je pense bien qu'on
pourra les prendre en note quand ce sera le temps de discuter du projet de loi.
Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. La commission des
transports est maintenant au terme de son étude, étant
donné qu'on a reçu tous les mémoires prévus
à l'ordre du jour. Avant d'ajourner, est-ce que M. le ministre aurait un
commentaire de la fin?
M. Lessard: Très brièvement, parce que je pense que
les participants à cette commission parlementaire, de même que les
groupes qui ont présenté des mémoires, ont fait un travail
assez important aujourd'hui, comme les autres journées.
Je tiens à remercier d'abord tous les membres de cette commission
parlementaire. Il y a eu une discussion, je pense, véritablement
positive dans le but d'améliorer la sécurité
routière. Je tiens à remercier aussi tous les groupes parce que
j'ai été très heureusement surpris de la qualité de
leurs représentations et, certainement, comme je l'ai dit et cela
a été l'objectif du dépôt de cet avant-projet de loi
nous tiendrons compte et je vais demander un rapport complet de
tous les mémoires comme tels nous tiendrons sérieusement
compte des remarques qui nous ont été faites. J'espère,
avec tout le travail que cela constitue, qu'on pourra déposer ce projet
de loi au moins avant la fin de décembre, de façon qu'on puisse
reprendre la discussion après la période de décembre parce
que cela prend quand même un certain temps pour colliger tout cela. Merci
à chacun des membres. Merci à tous les groupes. Quant à
moi, je sors pas mal mieux équipé, je pense, pour
présenter un Code de la route qui corresponde aux besoins des citoyens
et qui va nous permettre, je l'espère, d'améliorer l'ensemble de
la sécurité routière. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je m'en voudrais à mon
tour de ne pas souligner que nous aussi de l'Opposition officielle sortons de
cette commission parlementaire beaucoup mieux informés que lorsque nous
y sommes entrés. Je réitère le fait que nous appuyons les
efforts du ministre pour refondre ce Code de la route. Il est évident
qu'il y a certaines dispositions de l'avant-projet avec lesquelles nous ne
sommes pas d'accord. Nous avons indiqué lesquelles. Le ministre a
déjà indiqué, quant à lui, qu'il accepterait de
modifier certains articles et c'est avec beaucoup d'intérêt que
nous attendrons le dépôt du projet de loi qui reprendra sans doute
plusieurs des représentations qui nous ont été faites ici
par les groupes intéressés que je remercie de nous avoir
éclairés.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, je pense bien qu'il est de
mise de remercier tous ceux qui ont participé à déposer
des mémoires ici, des mémoires bien structurés. Je
comprends qu'on ne soit pas tous d'accord avec les mémoires, tant le
gouvernement que l'Opposition. Par contre, c'est de cela que vont jaillir les
idées, les meilleures, je l'espère, pour qu'on ait le meilleur
Code de la route du Canada, et pas seulement du Québec. Donc, à
tous ceux qui se sont dévoués, qui ont certainement
travaillé toujours pour la même paie, par un gros merci je vous
paie immédiatement. Merci.
M. Lessard: M. le Président, je m'excuse. On oublie
toujours nos plus proches collaborateurs. Je voudrais quand même
remercier aussi toutes les personnes, tous les fonctionnaires qui ont
travaillé depuis deux ans et demi particulièrement M.
Laflamme à nous préparer ce Code de la route, à le
codifier. Je pense qu'on a eu une bonne collaboration de leur part.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie, messieurs.
Je demanderai donc au rapporteur de la commission de faire son rapport. La
commission des transports ajourne donc ses travaux sine die.
Fin de la séance à 18 h 30
ANNEXE I
Lettre de Mme Hélène
Tétreault
Le 22 juillet 1979
Commission parlementaire sur le projet de refonte du code de la route,
A/S M. Jacques Pouliot, Secrétaire des Commissions, Assemblée
Nationale, Québec.
Monsieur,
J'aimerais que vous fassiez parvenir aux membres de ladite commission le
commentaire suivant. N'ayant qu'une seule opposition personnelle à
formuler au sujet de ce projet, je manque de courage et de papier pour vous la
faire parvenir en cent exemplaires.
L'une des mesures proposées pour économiser la
consommation d'essence serait de permettre aux automobilistes de tourner
à droite sur feu rouge. En cela vous faites confiance aux conducteurs
québécois. C'est là, votre plus grand tort.
L'imprudence, voire l'inconscience, de beaucoup de ces gens
dépassent l'entendement. Les quotidiens du lundi nous rappellent qu'il
est une race d'irréductibles qui ne prennent point de vacances: "those
magnificent men in their flying machines". Traduction libre: Les
sorcières volent bas cette année.
Fabulation? Si peu. Prenez la peine d'essayer votre jogging matinal en
tout autre endroit qu'aux Plaines d'Abraham, et vous comprendrez.
Il me semble inopportun d'accélérer la circulation
automobile: ceci équivaut à mettre davantage en péril la
santé et la vie des personnes qui économisent déjà
l'énergie en marchant, courant, pédalant. Sans compter les
enfants qui, eux, de par leur taille et leur faible faculté de
concentration, ne peuvent se fier qu'à la couleur des feux de
circulation.
En espérant que vous prendrez ma demande en considération,
permettez-moi de ne vous dire qu'aurevoir, car je suivrai avec
intérêt ce qu'on dira de cette commission, n'ayant pas l'intention
de remiser ni mes Adidas ni mon "dix vitesses".
Hélène Tétreault, 47 Vertu,
Greenlay, (cté Johnson),
Que., J1S1N4
ANNEXE II
Mémoire présenté à la
Commission parlementaire des transports
Les 28, 29 et 30 août 1979 sur l'avant projet du
Code de la route
(Réforme du Code de la route) par l'Association
nationale des camionneurs artisans Inc.
Fait à Sainte-Foy, Le 2 août
1979.
Le secrétaire des commissions, monsieur Jacques Pouliot, a fait
publier dans la Gazette Officielle du Québec du 4 juillet 1979, à
la page 4789, un avis public informant les citoyens qui veulent s'exprimer sur
l'avant-projet du Code de la route de voir à déposer un
mémoire à la commission.
L'Association nationale des camionneurs artisans Inc. qui regroupe la
majorité des détenteurs de permis de camionnage en vrac du
Québec désire attirer l'attention de la commission parlementaire
sur la définition du mot "propriétaire" que l'on retrouve au
paragraphe 23 de l'article 1 de l'avant-projet: "23° "propriétaire":
une personne qui a acquis un véhicule routier et le possède en
vertu d'un titre soit absolu, soit conditionnel qui lui donne le droit d'en
devenir le propriétaire, à charge de
rendre ou, une personne locataire d'un véhicule routier pour une
période d'un an ou plus:"
L'Association nationale des camionneurs artisans Inc. a constaté
qu'il arrive souvent que des requérants de service immatriculent des
véhicules à leur nom alors qu'en réalité des
chauffeurs ou d'autres personnes sont les vrais propriétaires. Cette
procédure a pour conséquences directes de pénaliser les
détenteurs de permis et d'encourager le non respect de la
réglementation.
Il y aurait lieu que cette définition, lorsqu'elle parle de titre
conditionnel ne s'applique qu'à des institutions de crédit.
L'Association nationale des camionneurs artisans Inc. considère, en
effet, que la Loi existe pour tout le monde. Comment inciter des gens à
respecter la Loi et les règlements sur le transport, avec les
coûts que cela implique, s'il est possible de contourner ces obligations
en faisant figurer des véhicules au nom d'un tiers?
Le législateur se devrait d'essayer de trouver une formule qui
tout en protégeant les intérêts des institutions
financières ne permettrait pas de brimer les droits de d'autres
individus.
L'Association nationale des camionneurs artisans Inc. remercie la
commission parlementaire de l'avoir entendue et demeure persuadée qu'il
y va de l'intérêt public de faire en sorte que les droits de ceux
qui respectent la Loi soient respectés.
Québec, le 2 août 1979
LANÇAI - par
Bernard Piuze Conseiller juridique
ANNEXE III
Lettre de Mme Suzanne Rivest
Le 6 août 1979
Secrétariat des commissions à l'Assemblée
nationale, Hôtel du Gouvernement, Québec, P.Q.
A qui de droit,
A quoi sert de refaire le projet de refonte du Code de la route si on ne
fait pas respecter les règlements? Nous faisons, ma famille et moi,
plusieurs milles chaque année dans notre province et nous voyons
très peu de policiers. Où sont-ils? Des erreurs terribles se
commettent et enlèvent la vie à des milliers de gens. La vie des
gens n'est pas importante... Mon fils âgé de 17 ans 9 mois, ainsi
que ses deux compagnons de 19 ans et 16 ans ont perdu la vie l'année
dernière sur la route 116 à la hauteur de Ste-Madeleine. Des
adolescents en pleine santé qui ne demandaient qu'à vivre. Ils se
promenaient par un beau soir du mois d'août dernier en mobylette neuve
(1978) en très bonne condition et après avoir travaillé
tout l'été, comme récompense, un maniaque de la vitesse
avec une Trans-Am ne les a même pas vus et avoue en pleine cour qu'il
allait à 75 milles à l'heure. Comment fait-il pour savoir la
vitesse qu'il allait s'il ne pouvait rien voir? Conclusion: boisson-vitesse
3 morts. Ce monsieur s'en tire par contre avec un verdict "d'accident
sans responsabilité". Continuons donc, de donner des sentences
semblables et ne mettons pas plus de policiers pour protéger nos
enfants. Dans plusieurs années, il n'y aura que des personnes
âgées dans notre pays. A qui la faute? Nous allons aux E.U., la
vitesse est bien plus surveillée. Ils tiennent à la vie des
gens... eux. C'est très révoltant de vivre dans un pays comme le
nôtre. Ensuite, on nous dit "ayez des enfants..." Croyez-vous que c'est
encourageant? Qu'on prenne des moyens. Il y en a sûrement, comme par
exemple: policiers fantômes en quantité, amendes très
sévères respectées etc. Avec les amendes payées, on
arrivera à boucler le budget.
Une citoyenne bien peinée,
Suzanne Rivest 1560, rue Catilpas Ste-Hyacinthe, J2T 4M7 P. Que.