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Question avec débat
(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Il s'agit de la commission permanente des transports qui se
réunit pour discuter de la question avec débat du
député de Bellechasse au ministre des Transports sur le sujet
suivant: la politique gouvernementale en matière de construction, de
subventions et d'entretien du réseau routier.
Comme la plupart des députés connaissent bien le
règlement qui nous régit sur la question avec débat, je
n'en ferai donc pas la lecture. Sur ce, je laisse la parole à celui qui
a posé la question avec débat, c'est-à-dire au
député de Bellechasse. Par la suite, le député de
Beauce-Sud, s'il y a lieu, pourra intervenir et le ministre interviendra par la
suite.
M. le député de Bellechasse. Vous pouvez rester assis, si
vous le voulez.
Exposé du sujet M. Bertrand Goulet
M. Goulet: C'est peut-être une déformation
professionnelle au niveau de l'enseignement; j'ai été
habitué à enseigner debout, M. le Président, et si vous me
le permettez, je ferai mon intervention debout.
M. le Président, M. le ministre, MM. les sous-ministres, MM. les
hauts fonctionnaires, il me fait plaisir aujourd'hui de prendre la parole sur
un sujet qui me tient particulièrement à coeur, soit la politique
gouvernementale en matière de construction, de subventions et
d'entretien du réseau routier, mais M. le Président, vous
le comprendrez plus précisément sur le réseau
routier qui touche environ 60 comtés du Québec, soit les
comtés ruraux surtout. C'est le but de mon intervention de ce matin.
Ce n'est pas là une question qui suscite un débat
idéologique comme celui qu'on a pu connaître depuis trente-cinq
heures en cette Chambre, ni un débat à caractère
intellectuel. Cependant, je sais pertinemment que le problème des routes
dans nos régions rurales du Québec est un sujet souvent
négligé par nos parlementaires, même s'il reste que dans
nos comtés ruraux la construction, les subventions et l'entretien du
réseau routier est un sujet de première préoccupation pour
mes concitoyens et pour les représentants de nos municipalités,
soit les maires et les conseillers.
Plusieurs se demandent quelle est la politique du gouvernement du
Québec concernant l'amélioration du réseau routier du
Québec et on le dit surtout au niveau des régions rurales. Depuis
plus de trois ans que le gouvernement actuel est en place et sauf erreur aucun
changement majeur n'a été apporté au système quant
à l'élaboration d'abord du budget, quant à
l'élaboration de la liste des priorités concernant le choix des
projets également et quant au programme de réalisation de ces
projets. Ce qu'on connaît actuellement, c'est à peu près le
même système qui existait sous l'ancien gouvernement et que nous
avons eu je dis bien sauf erreur depuis dix, douze ans.
Les questions que nous nous posons ce matin, ce sont d'abord celles-ci:
Quelle est la politique du Québec en matière de construction et
d'entretien des routes dans les régions rurales du Québec?
Une autre question: Qu'est-ce que le gouvernement a fait, depuis trois
ans, pour innover dans ce domaine? Que fera le gouvernement, d'ici les trois
prochaines années, pour garantir le rattrapage que plusieurs
porte-parole du Parti québécois, lors de la campagne
électorale, avaient promis, au temps où ils siégeaient sur
les banquettes de l'Opposition, ce rattrapage au niveau des régions
rurales, de façon à en venir au moins à la moyenne
provinciale? Comment peut-on réaliser le plan triennal qu'on
connaît actuellement si on continue au rythme actuel?
On démontrera tout à l'heure que, selon nos calculs,
ce sont les chiffres que nous fournit le ministère, le plan
triennal actuel qu'on fournit par exemple, pour la région 3-2
où j'habite, soit les huit comtés du sud du Québec, au
rythme où vont les choses, si on conserve ce rythme, le plan triennal
que l'on connaît actuellement, cela va prendre entre sept et neuf ans
à le réaliser, si on garde le même rythme de croissance
pour la réalisation de ces travaux.
Le gouvernement se servira-t-il des mêmes critères que ceux
dont il se sert actuellement? J'entends critères au niveau, par exemple,
de la construction, au niveau du choix des priorités, au niveau de la
classification, au niveau des budgets alloués pour ces régions,
ainsi de suite. Quel est le changement prévu à court terme, s'il
y a changement prévu? Je pense que c'est le but fondamental du
débat qu'on veut faire ce matin ou la question. Je n'aime pas appeler
cela un débat, mais la question que nous posons à l'honorable
ministre des Transports.
Lorsque le ministre nous annonça en février, au plus fort
de l'hiver, qu'il mettait à la disposition de certains comtés
ruraux un budget qui servirait à l'épandage de gravier comme cela
se fait actuellement, est-ce qu'on doit comprendre que c'est là la
nouvelle politique du gouvernement ou doit-on conclure que ce gouvernement,
comme les autres, pense aux régions rurales, en matière de
transport, chaque fois que s'annonce une élection prochaine ou un
référendum? Là, on voit des travaux qu'on a attendus
depuis trois ans. Il n'est jamais trop tard pour bien faire mais on se demande
comment il se fait qu'on fait ces travaux en plein hiver alors que, durant
trois étés, on aurait aimé voir ces travaux? Est-ce que
c'est une
nouvelle politique du gouvernement en matière
d'amélioration du réseau routier en milieu rural?
Est-ce que la nouvelle politique en matière d'amélioration
et de construction du réseau routier en milieu rural serait devenue une
politique de bout de chemin réalisé sur de la neige ou en toute
vitesse avant un scrutin général? Je dis cela parce que nous
l'avons vécu dernièrement, mais je le dis en toute
objectivité. Je ne crois pas que ce soit une nouvelle politique du
gouvernement mais, quand même, je profite de l'occasion pour poser la
question au ministre.
Etant donné que je ne suis pas ici et que je n'ai pas
demandé cette rencontre pour critiquer seulement pour le plaisir de
critiquer, vous me permettrez, M. le Président, de faire certaines
suggestions au ministre. J'aimerais qu'il nous dise par la suite ce qu'il
entend faire pour améliorer le système actuel. Les propositions
que j'aimerais formuler à l'honorable ministre... On pourrait reprocher
bien sûr au gouvernement, M. le Président, de ne pas hausser le
budget pour la construction des routes, mais je pense que ce serait trop
simpliste et un peu facile d'agir ainsi. Personnellement, je crois qu'il est
possible d'améliorer la situation par l'intermédiaire d'un
programme fondé sur cinq points. (10 h 15)
Ces cinq points, c'est d'abord une modification de la classification de
nos routes en milieu rural. Un autre point, M. le Président, c'est une
modification des normes de construction, une modification de la grille de
pondération dont on se sert actuellement pour sélectionner les
projets et les identifier, une participation également des
municipalités et des citoyens à l'amélioration du
réseau routier je pense que cela devrait faire plaisir au
ministre de voir qu'un député de l'Opposition fait une telle
proposition parce que, normalement, elle devrait être faite par des
membres du gouvernement et enfin l'instauration d'un système que
je pourrais appeler de prime à la participation consentie par le
ministère. Je parle de primes à la participation dans nos
régions, dans le sens que des gens du milieu participent ou
démontrent leur bonne foi, est-ce que le gouvernement ne pourrait pas
offrir une prime à la participation à ce moment-là?
Si vous le voulez, on va voir plus en détail ces cinq points.
D'abord, au niveau de la modification de la classification des routes,
actuellement, il existe dans la classification du ministère des
Transports quatre types de routes. Il y a les autoroutes, les routes
principales, les routes régionales et les autres routes, pour desservir,
par exemple, des chalets d'été et ces choses-là. Les
projets du réseau primaire pour 1980-1983 je donne l'exemple du
comté de Bellechasse, mais on peut le répéter à 50
ou 60 exemplaires sont essentiellement composés je parlais
du projet triennal tout à l'heure des deux derniers types de
routes, soit les routes régionales et les autres routes. En ce qui a
trait à la construction d'autoroutes dans nos régions,
l'autoroute qui devait être construite est construite.
Dans les autres comtés ruraux, il y a peut-être certaines
autoroutes, mais si vous le voulez bien, on va exclure cela du débat ce
matin. Nous croyons injuste de placer sur un pied d'égalité, par
exemple, une sortie de village et un chemin de colonisation ou une route qui
donne accès à des chalets. Actuellement, dans la classification
des routes, vous avez une route qui va desservir essentiellement un village et
une autre route, par exemple, qui va aller à des chalets et elle est
classée, au niveau de la classification du ministère, au niveau
de la même classification. A partir de ces exemples, M. le
Président, on constate que ces routes n'ont pas les mêmes
fonctions. C'est pourquoi on propose une classification adaptée à
la fonction de chacune de ces routes.
Personnellement, je verrais sept classifications au lieu de quatre: les
autoroutes, bien sûr; les routes principales je donne un exemple
d'une route principale: la route qui part de Québec pour aller à
Rivière-du-Loup, l'ancienne route 2 qui est maintenant la 132 les
routes régionales; les sorties de village; les routes de rangs
habités c'est à peu près tous les rangs que l'on
peut connaître dans nos comtés ruraux les routes de rangs
habités également, mais sans issue un rang qui est
habité où plusieurs agriculteurs demeurent, mais qui ne
mène nulle part, un rang cul-de-sac ou semblable, mais qui ne
mène pas directement à un autre village et, bien
sûr, les autres routes. On pourrait classer là-dedans les chemins
de colonisation et les routes de chalets.
Il y a également dans les propositions une modification des
normes de construction. Il faut à tout prix modifier certaines normes.
Par exemple, une route qui a un débit de 100 véhicules ou de 40
véhicules par jour, comme on le voit dans nos régions, ne devrait
pas être soumise aux mêmes normes de construction qu'une route qui
a un débit de 1000, 2000 ou 5000 véhicules. Selon les
autorités du ministère c'est ce qu'on se fait
répéter il faut bâtir sur du solide et on
prévoit pour 30 ans. Que ce soit pour 100 véhicules ou pour 2000
véhicules, bien souvent, les normes de construction se ressemblent et
c'est cela qui n'est pas correct, d'après moi.
Je suis convaincu que certains rangs je donne l'exemple de
Bellechasse; on pourrait prendre Beauce-Sud ou Montmagny-L'Islet n'auront
pas plus de débit dans 30 ans qu'ils n'en ont aujourd'hui parce que
ceux-ci ont une vocation agricole étant donné qu'ils sont
à peu près tous construits. Il y a des fermes longeant ces
rangs-là. Ceci dit, est-ce qu'il faut conclure, M. le Président,
que ces routes sont condamnées à demeurer en gravier pendant
encore 100 ans? Si le nombre d'agriculteurs est porté à diminuer
à cause du grossissement des fermes, au contraire, l'importance de ces
fermes est portée à augmenter, mais le nombre d'agriculteurs, le
nombre de résidents peut, lui, diminuer.
Ce que les gens veulent dans les comtés ruraux on se fait
répéter cela à coeur de jour lorsque nous allons dans nos
comtés ce ne sont
pas des autoroutes, ce ne sont pas des routes droites. Mais, entre une
route droite et un casse-gueule à 90 degrés, il y a
peut-être une possibilité de faire quelque chose qui soit
acceptable. Entre une route de 66 ou 70 pieds de largeur, une route qui est
carrossable et ce qu'on connaît actuellement, un petit rang en gravier de
20 ou 25 pieds où il n'y a presque pas de fossé, il me semble
qu'il devrait y avoir quelque chose d'acceptable. C'est cela que les gens
trouvent curieux: quand on fait quelque chose, on le fait très bien,
trop bien, M. le Président, et il me semble que cela coûte
beaucoup trop cher et qu'on pourrait réaliser beaucoup plus de travaux.
C'est cela, l'essence même de la question qu'on vient débattre ce
matin: faire plus de travaux avec l'argent qu'on dépense
actuellement.
Un autre argument qui nous fait croire qu'il est urgent de modifier les
normes de construction, c'est l'actuelle crise de l'énergie. De plus en
plus, les consommateurs et les fabricants se tournent vers des petites voitures
moins lourdes, plus compactes et il y a des limites de vitesse.
C'est certain que cette tendance que nous sommes à même de
constater doit avoir des incidences sur les nouvelles normes de construction.
Les voitures sont plus petites, les limites de vitesse sont réduites,
alors, je suis à me demander si les routes ont besoin d'être aussi
larges et construites avec les normes que l'on connaît actuellement.
Il est donc logique de conclure qu'une modification aux normes de
construction pourrait apporter une réduction des coûts de l'ordre
de 15%. Ce n'est pas moi qui l'ai calculé; c'est après avoir
discuté avec des ingénieurs du ministère des Transports,
à quelque endroit au Québec, soit des directeurs
régionaux, des chefs de district ou des ingénieurs du
ministère. Je leur posais toujours la question: Croyez-vous qu'il serait
possible de diminuer les normes de construction des routes et d'en venir
à économiser 15%? A 90% ou 95%, la réponse était:
Oui, c'est logique de penser ainsi. Ce sont des ingénieurs. Je ne suis
pas ingénieur en construction de routes, mais après m'être
informé à des chefs de district et pas seulement de mon district,
un peu partout au Québec, j'ai fait plusieurs appels, on m'a dit: Oui,
c'est logique de penser qu'on peut réduire les normes de construction de
route dans les milieux ruraux et peut-être épargner environ
15%.
Il y a également, M. le Président, une modification
à la grille de pondération. Je trouve complètement
aberrant qu'une route qui ne compte que quelques résidents nous
avons même, dans nos comtés, des routes où il n'y a aucun
résident, sauf un petit moulin à scie à l'autre bout de la
route ou un hôtel soit pondérée, au niveau des
critères d'évaluation, plus haut qu'une route où il
demeure 20, 30 ou 40 agriculteurs. Les agriculteurs ne sont pas
considérés comme des industriels, alors il n'y a aucun point pour
ça. Par contre, parce qu'il y a un petit moulin à scie avec deux
employés, cette petite route est pondérée. On l'appelle
route industrielle et elle peut avoir 30 points de plus dans la grille de
pondération. Je trouve ce système tout à fait
dépassé.
M. le Président, au rythme où vont les choses je
cite en exemple le comté de Bellechasse, mais on pourrait prendre
d'autres comtés ruraux voisins; mes collègues sont ici; ils
pourront nous dire ce qu'ils en pensent actuellement, si rien ne change,
nous pourrons rouler sur des routes en asphalte, dans nos régions, dans
les années 2080 à 2100, environ, d'ici 100 ou 150 ans, au rythme
où on va. Avec chiffres à l'appui, on peut démontrer
ça.
Enfin, le problème que je soulève existe depuis longtemps
et bien avant la venue du gouvernement actuel, M. le Président. Si on a
60% de routes en gravier dans nos comtés, je ne suis pas prêt
à mettre la faute juste sur le Parti québécois. Les trois
dernières années, d'accord, mais pour les années d'avant,
je suis prêt à prendre un peu de blâme, et les gouvernements
précédents doivent prendre un peu de blâme aussi.
Si personne ne propose des solutions réalistes. Le
problème, c'est que dans 50 ans, on sera à peu près au
même niveau qu'actuellement. On va être pris encore avec les
mêmes problèmes. Ce n'est pas la faute du gouvernement actuel
essentiellement. Il a sa part de responsabilité, comme ceux qui nous ont
précédés ont leur part de responsabilité. Tout
d'abord, il faudrait ajouter à la grille de pondération de
façon que nos milieux ruraux soient évalués avec justice.
Il faudrait ajouter, à la grille de pondération qu'on
connaît actuellement, qui est une grille uniforme pour tout le
Québec, le critère de la productivité et celui de
l'évaluation, qui avantageraient, oui, nos régions rurales.
Actuellement, beaucoup d'agriculteurs au Québec ont plusieurs centaines
de milliers de dollars d'investissement et un taux de productivité
considérable. Cela ne compte à peu près pas ou ne compte
pas du tout dans le calcul de la pondération des projets
éventuels.
Au niveau de la productivité, c'est facile d'évaluer la
productivité d'un rang; quand il y a 30 agriculteurs qui font de grosses
affaires comparativement à un rang où il y a un petit moulin
à scie, comme je disais tout à l'heure, je pense que c'est facile
d'évaluer la productivité et de donner un certain nombre de
points de pondération pour cela, de façon que le projet qui est
prévu dans huit ans ou dans cinq ans soit réalisé dans
trois ans, dépasse les autres. Au niveau de l'évaluation,
également, vous avez des agriculteurs, actuellement, qui ont des
organisations de $300 000, $400 000, $500 000 et $600 000. C'est facile
d'évaluer une ferme et de dire: Cela vaut $500 000, donc, si tout le
rang a pour $15 millions ou $20 millions d'évaluation, il devrait
mériter un petit peu plus de points de pondération que le rang
où il y a trois chalets à l'autre bout. C'est comme cela qu'on
devrait, d'après moi, calculer l'évaluation de chaque rang. Il y
a un autre point, M. le Président, que j'aimerais toucher, c'est la
participation des municipalités et des citoyens.
Je peux vous dire que quand on en parle dans les milieux, il y a des
gens qui froncent un peu les sourcils, c'est normal, mais je pense quand
même qu'il faut être sincère et le dire. Mes suggestions
ont pour but d'inculquer à la population et au gouvernement une
conception nouvelle de leur rôle en matière de construction de
routes régionales, en particulier pour tous les comtés ruraux du
Québec. Il faut que les citoyens changent d'attitude face aux attentes
qui se font à un gouvernement, quel que soit le gouvernement. Nous avons
tendance, depuis quelques années, à toujours s'en remettre au
gouvernement lorsqu'on a un problème, ce qui entraîne parfois des
demandes exagérées, pour ne pas dire futiles, et souvent, M. le
Président, sans fondement.
Je veux dire par là que si une municipalité a huit routes,
le conseil bien souvent va envoyer huit résolutions et les huit projets
seront prioritaires. Je dis que si la municipalité donnait seulement 1%
de la construction de cette route, il y a peut-être deux ou trois projets
qui attendraient et les résolutions viendraient... Il y aurait une
sélection beaucoup plus objective dès la minute où les
gens participeraient financièrement par une contribution, si
minime soit-elle dès la minute où il y aurait une
contribution de la part des citoyens.
Compte tenu des contraintes budgétaires, il est primordial que la
population soit plus sélective et objective dans ses demandes; cela va
faire plaisir au ministre que je dise cela. Pour ce faire, je propose que les
citoyens et les municipalités participent au développement du
réseau routier. Il serait normal qu'une municipalité qui fait
participer l'ensemble des citoyens pour des travaux de construction d'une rue
dans un village fasse la même chose pour les rangs habités.
Cette participation des municipalités, après avoir
consulté à peu près tous les maires du comté de
Bellechasse-Dorchester, on en est venu à un chiffre qui pourrait se
situer aux alentours d'un taux moyen de 10% pour la participation et
j'entends par là de la municipalité ou des résidents du
milieu 10%, de façon à arriver avec des demandes beaucoup
plus sélectives, beaucoup plus objectives. Faire participer le milieu
à 10%, je pense que c'est logique. Après avoir parlé avec
les représentants municipaux, on nous a dit: 10%, ça se
défend, c'est logique.
De plus, je suis persuadé qu'il y a des gens
intéressés à collaborer ou à prêter on
l'a vécu dernièrement dans nos régions leur
assistance afin de bénéficier de routes convenables. Par exemple,
je sais pertinemment que certaines personnes s'engagent à donner une
partie du terrain. On l'a vu, on a huit projets dans le comté,
actuellement, dont trois ou quatre sont complétés, où les
résidents ont donné complètement le terrain au
ministère, gratuitement. Ils ont dit: Nous, on est de bonne foi, on veut
que vous réalisiez notre route; par contre, on vous donne le terrain. Il
faudrait que ces gens soient récompensés, et je vais vous dire
comment.
D'autres personnes s'engagent à s'occuper, par exemple, de faire
la clôture le long d'un rang. Vous allez dire: Oui, on est rendu, ce
matin, à l'Assemblée nationale, avec de la clôture.
Savez-vous, M. le Président, qu'un mille de clôture, lorsqu'il est
réalisé par le ministère des Transports, coûte
environ $10 000. C'est le chiffre qu'on m'a donné au ministère,
pour un mille de clôture. Bien souvent, on l'a vu dans nos
régions, les résidents riverains disent: Nous, on est prêt
à le faire gratuitement si le ministère veut faire notre route.
$10 000 pour un mille de clôture, si on les épargne, c'est $10 000
dans la poche des contribuables québécois et, avec cela, on peut
réaliser $10 000 de plus de travaux.
Je suis d'avis que le ministère devrait apporter une attention
toute spéciale au projet, qu'il comprenne une participation active de la
population. Je suis en mesure d'affirmer qu'avec le bon vouloir de la
population et des municipalités, et grâce à certains
aménagements techniques, nous serions en mesure de faire beaucoup plus
de travaux et ce, avec le même budget. Pas demander au ministère:
Ecoute, tu veux doubler les travaux, double le budget. Cela, se serait facile.
Ce n'est pas cela qu'on veut faire, et ce n'est pas cela la proposition que je
veux faire au ministre des Transports, ce n'est pas là-dessus que je
veux qu'il se prononce ce matin. C'est de dire au ministère: On vous
fait des suggestions et on les pense réalistes pour faire
plus de travaux que vous en faites actuellement, avec à peu près
le même budget.
Je persiste à croire qu'en adoptant les propositions qu'on a
mentionnées, les propositions en cinq points, on peut réduire les
coûts de construction de nos routes, enfin construction, achat de
terrains, clôtures, tout ce que cela peut coûter, les
dépenses inhérentes à la construction. On peut
réduire de 30% à 35% le coût des travaux en baissant les
normes et en tenant compte des cinq points que j'ai essayé de
démontrer tout à l'heure. (10 h 30)
Je vous donne un exemple: dans le comté de
Bellechasse-Dorchester, on note que les travaux prévus par le
ministère, comptabilisés par le ministère au niveau du
plan triennal, totalisent plus de $16 millions; $16 300 000 sont prévus,
par exemple, pour mon comté au plan triennal. Ce sont les travaux dans
le livre triennal évalués par le ministère.
Cependant, il faut constater qu'environ $2 millions sont donnés
par année. Je peux dire que là-dessus on a eu notre part
comparativement au budget de la province. Si on n'a pas eu moins, or n'a pas eu
plus. Quels que soient les gouvernements qui se sont succédé et
ce qu'on a pu dire en temps électoral, j'ai fait les
vérifications pour les dix dernières années et à
chaque année cela augmente un peu. On peut dire de ce
côté-là il faut être objectifs qu'on a
eu notre part. A ce chapitre dans la province, il s'est dépensé
environ $110 millions l'an passé, puis il y a eu $2 millions dans un
comté rural; c'est à peu près la même chose pour les
comtés avoisinants.
Cela veut dire concrètement que, quand tous les travaux du plan
triennal seront terminés triennal cela veut dire prévus
pour trois ans cela va prendre sept ou huit ans. Il y a $16 300 000
prévus pour cette année et, quand on va les réaliser dans
sept, huit ans, ils vont peut-être en
coûter vingt. Or, on donne $2 millions par année. Cela veut
dire que, dans trois ans, on va avoir eu $6 millions, on va être en
dessous de $10 millions par rapport à ce qui est prévu. C'est
cela, le problème. Dans le livre triennal que vous fournissez, par
exemple, dans mon comté, vous avez pour $16 millions actuellement de
projets prévus et vous donnez à peu près $2 millions par
année. Je comprends qu'il y a des contraintes budgétaires et tout
cela, et que cela s'est toujours fait de cette façon. Alors, la
règle de trois est bien simple à faire; dans trois ans, vous
allez avoir fait pour $6 millions de travaux et vous en prévoyez pour
$16 300 000. Alors, qu'est-ce qu'on va avoir? Si on réalise cela, cela
veut dire qu'à ce rythme on en a pour sept ou huit ans.
M. le Président, c'est là le fond même du
problème qu'on discute et que, honnêtement, je pense, il faudrait
régler. Je n'ai pas l'impression d'avoir inventé quelque chose
mais je pense qu'après en avoir discuté depuis trois ans avec les
maires des municipalités et avec les gens concernés, les
directeurs régionaux, les chefs de districts, c'est logique.
M. le Président, peut-être que mon intervention du
début va être plus longue, mais, par contre, par la suite, cela va
être plus court, je laisserai la parole au ministre. Au niveau de la part
du ministère, on croit que les économies obtenues par la
participation de la population des municipalités, ainsi que la
modification des normes de construction ne devraient pas signifier le retrait
de la contribution du ministère. Le cas échéant, nous nous
retrouverions avec la même situation en termes d'échéancier
pour des projets, mais cette fois avec une moins grande participation du
gouvernement, ce qui ne serait pas logique, non plus.
Aussi croyons-nous essentiel non seulement que le gouvernement
maintienne sa contribution telle que prévue au programme des projets
régionaux, mais aussi qu'il augmente son budget d'environ 20% si les
normes sont respectées. Autrement dit, on va lui faire économiser
les 20% du début; avec la participation de la population, en baissant
les normes et ainsi de suite, on fait économiser au ministère
35%. On lui dit à ce moment: Vous devriez être de bonne foi, vous
aussi, et mettre au moins 20% de plus. Cela veut dire et /e donne
toujours l'exemple du comté qu'en ajoutant 20% de plus au budget
actuel on arriverait à hausser le budget de 55% sur une période
de trois ans. Dans le cas de Bellechasse-Dorchester, par exemple, le budget
passerait de $16 300 000 de travaux réalisables à $21 900 000 en
termes de travail effectué, pas en termes d'argent nouveau. En termes
d'argent nouveau, il y aurait seulement 20%, mais en termes de travaux
réalisés, on en aurait pour $21 900 000. On pourrait dire
à la population: On va réaliser votre plan triennal dans trois
ans et non pas dans huit ans.
Je voudrais savoir combien il reste de temps, M. le Président. Je
pourrai peut-être laisser la parole à mes collègues,
quoique j'aurais autre chose, mais j'aimerais, avant de conclure, dire que ce
sont des suggestions sans prétention mais fondées sur les
désirs, les besoins de la population que je représente et des
comtés ruraux du Québec. Je lance le débat et, en tout
temps, je suis prêt à le défendre parce que je crois
à mes idées et je suis appuyé par mes concitoyens et par
les maires du comté.
Comme preuve, certains projets, dès cet été, seront
réalisés en tenant compte de ces principes énoncés
auparavant, dès cet été dans nos régions. Et je
sais qu'il s'en fait également dans le comté de Frontenac et
peut-être dans d'autres régions. Il y a des projets qu'on va
faire. Ce que vous appelez votre réseau secondaire, cela va se
réaliser cet été. C'est déjà fait, la
population a participé, a remis le terrain gratuitement. Le
problème est que les municipalités ne seront plus
intéressées à ce genre de projet si le ministère ne
leur garantit pas que les sommes ainsi épargnées seront
réinvesties dans la même localité. Autrement dit, si la
municipalité achète les terrains d'un rang pour faire
économiser $30 000 au gouvernement, elle ne voudrait pas que cela
bénéficie à la municipalité ou au comté
voisin, elle voudrait que vous les réinvestissiez. C'est cette garantie
qu'on n'a pas. Quand j'ai rencontré le sous-ministre et l'attaché
politique de l'honorable ministre j'ignore le nom de ce monsieur mais il
est ici, en arrière c'est cette garantie qu'on n'a pas pu nous
donner. C'est ce petit bout. Pourquoi serait-on de bonne foi et fournirait-on
de nos deniers alors que, vous autres, vous allez prendre cet argent et le
mettre dans les comtés voisins? On veut que vous nous garantissiez
qu'à chaque fois qu'on vous fait épargner $1 dans le
comté, au moins vous le laissiez dans le comté, que vous le
réinvestissiez. C'est cette garantie que je n'ai jamais pu avoir de qui
que ce soit.
Aussi, il faudrait que le gouvernement encourage ce système en
accordant ce que j'appelle une prime à la participation, de façon
à vraiment encourager les municipalités ou les résidents
qui, par ce geste d'initiative et de participation, prennent une part active au
développement de la région. Autrement dit, si on économise
$50 000 dans un rang, au lieu de faire un kilomètre de route, le
ministère devrait dire: Vous êtes de bonne foi, on va vous en
faire un kilomètre et demi; on va vous le redonner, on va vous donner
une prime à la participation.
J'ai préparé un document de travail expliquant mes
propositions et je l'ai remis au ministre des Transports. Ce que je lui dis ce
matin, ce n'est rien de nouveau pour lui. J'avais intitulé cela
"Bellechasse-Dorchester, en asphalte ou en poussière" mais on pourrait
dire la même chose pour environ 60 comtés du Québec.
J'expliquais mes propositions et j'ai remis cela au ministre des Transports, il
y a environ deux ou trois mois, sauf erreur. J'aimerais que le ministre nous
dise ce matin s'il en a pris connaissance. Qu'est-ce qu'il en pense? A-t-il
l'intention d'aller de l'avant avec un tel projet, au niveau du Québec?
Si on y va au niveau du Québec, dans combien de temps? Ou, encore, y
aller au niveau expérimental avec certains comtés types. Si vous
voulez des comtés types, vous
avez déjà commencé dans Bellechasse-Dorchester, il
y a d'autres comtés qui seraient intéressés. On est
prêt à aller de l'avant et je suis prêt à aller
vendre cette salade dans nos régions, les gens sont acheteurs.
Ce qu'on veut, c'est votre réponse, que vous nous disiez: On
accepte, on va de l'avant. Non pas après les prochaines
élections, non pas dans cinq ans, tout de suite, dès cet
été. C'est ce qu'on voudrait et c'est ce que j'ai demandé
au sous-ministre lorsque je l'ai rencontré ainsi que le chef de cabinet
ou l'attaché politique qui y était, mais je n'ai pas eu de
réponse. Je comprends que ces gens n'étaient pas mandatés
pour dire oui ou non, mais ce sont là des suggestions concrètes,
objectives, ce n'est pas du tirage de boue, comme on dit. J'aimerais que le
ministre nous dise, à un moment donné: On prend cela en
considération et vous aurez une réponse dans un avenir
très prochain. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci
beaucoup.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: Avec la permission du ministre et votre permission,
M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Mathieu: ... je ne voudrais pas allonger indûment ce
débat. Je crois que c'est mon devoir de député de
Beauce-Sud de venir y participer vu que c'est un sujet primordial et qui
inquiète grandement les citoyens du comté que j'ai l'honneur de
représenter. C'est un projet qui me tient bien à coeur et nous
sommes là pour le bien commun du comté que nous
représentons. C'est pourquoi je crois que c'est mon devoir ce matin de
participer à ce débat.
Je veux d'abord vous dire que je n'arrive pas ici avec de
l'improvisation puisque, au cours du mois de janvier, j'ai visité 32
conseils municipaux de mon comté. Je me suis assis à 32 tables de
conseils; je voulais connaître leurs projets, leurs priorités pour
être sûr de rendre fidèlement les réalisations
auxquelles ils aspiraient.
Je veux d'abord mentionner qu'un des grands problèmes du
réseau de Beauce-Sud, évidemment, c'est le projet d'autoroute de
la Beauce. Je ne veux pas revenir là-dessus. Je sais que le ministre est
sensibilisé à ce problème. Je veux seulement citer un
extrait du journal des Débats du 9 mai 1979, pages 3095 et 3096,
où l'ancien ministre, M. Lucien Lessard, disait qu'il avait
décidé de prolonger l'autoroute à deux voies
jusqu'à Saint-Georges, que les deux autres voies seraient construites
éventuellement et qu'il n'y avait pas eu d'expropriation. Je voudrais
que dans sa réponse tout à l'heure le ministre me dise ce qui
arrive de ce projet qui est tellement important pour les gens de la Beauce
entière. Vous savez que cette autoroute serait le lien normal avec le
port d'entrée des Etats-Unis. C'est une route très
fréquentée. Je crois qu'il y a urgence dans ce domaine. Vous
savez que le réseau actuel est un obstacle considérable au
développement économique et social de la région.
En ce qui concerne le réseau de voirie que nous pourrions appeler
secondaire, je peux dire que j'ai pris connaissance du document
préparé par mon collègue, le député de
Bellechasse et que, dans son ensemble, je souscris totalement à ses
arguments. Je ne veux pas les reprendre un après l'autre pour ne pas
abuser du temps qui m'est alloué. Cependant, je veux mentionner que mon
comté souffre d'un retard considérable en matière de
réseau de voirie secondaire. Il va falloir absolument prendre les
bouchées doubles et adopter une politique de rattrapage. Je mentionne
quelques problèmes. D'abord, les usagers circulent dans la
poussière avec le danger d'accident que cela comporte, avec les dommages
causés aux voitures, les dommages causés à
l'environnement. Songeons d'abord à la poussière sur les
récoltes, dans les maisons, sur les propriétés. Ensuite,
notre réseau secondaire absorbe le trafic des autobus d'écoliers,
des camions lourds qui doivent circuler pour se rendre chez les cultivateurs
pour la cueillette du lait, la livraison de la moulée, des animaux,
etc.
Je voudrais fournir quelques statistiques. Dans mon comté, il y a
quelque 800 kilomètres de chemin, plus précisément 796,9
kilomètres de route en gravier dans le moment. Si on en faisait 5000 par
année, cela prendrait 159 ans. Cela veut dire qu'on aurait fini en l'an
2139. Je pense que les os ne feront plus mal à personne et je crois
qu'il va falloir adopter une politique audacieuse, une politique globale pour
qu'au moins dans ce projet de cinq ans, ce problème soit
réglé.
On me dira peut-être que les municipalités auraient
peut-être leur part à faire. J'entérine ce que vient de
dire mon collègue, mais je mentionne que, dans mon comté, par
exemple, la municipalité de Saint-Zacharie a 77,6 kilomètres de
route en gravier vous comprenez que la municipalité ne peut pas
prendre cela à sa charge Saint-Victor, 59,5, Saint-Ephrem, 58,4,
Saint-Côme, 48, Saint-Benoît, 42, Saint-Gédéon, 39,
Saint-Martin, 37, Saint-Evariste, 36, Saint-Ludger, Risborough, 35, Courcelles,
33, Sainte-Clothilde, 30, Saint-Prosper, 29, Saint-Robert, 26. Ce sont des
statistiques qui nous démontrent l'urgence de la situation.
En ce qui concerne une stratégie, une approche pour régler
ce problème, j'ai discuté longuement avec l'ancien titulaire du
ministère, l'actuel député de Charlevoix, M. Mailloux. M.
Mailloux me disait cela rejoint l'intervention du député
de Bellechasse principalement en ce qui concerne la modification des normes
que, dans son comté, il y a eu la construction de la route de
l'Anse-Saint-Jean à Saint-Siméon. D'après les
critères qui avaient été établis, d'après
les normes, le premier mille et demi a coûté $1 500 000.
Finalement, on a construit 20 autres milles avec environ $400 000;
évidemment, ce montant ne comprend pas le revêtement d'asphalte,
etc.
Je crois que cela démontre l'importance du projet mis de l'avant
ce matin et des recommandations faites par mon collègue, le
député de Bellechasse, à savoir que ce dont les gens ont
besoin, ce ne sont pas des routes on va dire à tout
casser, mais c'est d'une stratégie de développement qui tienne
compte du besoin urgent de construction de routes et du flot de circulation,
c'est-à-dire une route qui desserve un rang où il y a 30
cultivateurs. Peut-être que l'emprise et l'infrastructure peuvent
être moins considérables que pour une route principale.
A un moment, dans la province, où les grands projets diminuent
il fallait les faire un jour il n'y a plus beaucoup d'autoroutes
à construire, on s'attend, nous des comtés ruraux, que les fonds
qui ne sont plus affectés aux grands projets servent au
développement de notre réseau secondaire. Je voudrais mentionner
au ministre que, normalement, pour le bien commun du comté que je
représente, il faudrait, dans une stratégie et une politique de
réalisation, de complétion de notre réseau secondaire...
Si on prenait, par exemple, nos 800 kilomètres et qu'on tâchait de
le faire dans une période de huit ans, supposons, cela ferait dix
kilomètres par année.
Pour ce qui est de la part de la population, j'ai dit à tous mes
conseils municipaux, pour l'année 1980, de commencer par obtenir les
cessions de terrain gratuitement. Je sais que, actuellement, dans tous les
rangs, dans toutes les municipalités de Beauce-Sud, circulent des
requêtes demandant aux propriétaires de céder le terrain
gratuitement pour démontrer d'abord que les propriétaires de
terrain et les usagers reconnaissent l'urgence de la situation et qu'ils sont
prêts à faire leur part. Alors, pour ce qui est du comté,
vous comprendrez que, si tous les usagers arrivent et donnent le terrain, cela
démontre sans l'ombre d'un doute l'urgence et qu'ils le désirent.
(10 h 45)
Dans mon comté, la grande priorité dans le moment
je le répète c'est le réseau routier et je pense
qu'il ne faudrait pas arrêter de travailler tant qu'on n'aura pas un
projet global et l'assurance que, sur une période de huit ou de dix ans
au maximum, nos 800 kilomètres de chemins en gravier seront
complétés. Je ne reprends pas les points du député
de Bellechasse. Je peux dire que je les entérine globalement pour gagner
du temps ce matin à ce débat, mais je voudrais que le ministre
prenne en considération ma demande. Je la résume en deux points:
premièrement, qu'est-ce qui arrive de notre réseau d'autoroute de
la Beauce? Deuxièmement, est-ce que toutes les personnes qui
actuellement, dans mon comté, donnent du terrain à leurs
municipalités pour l'avancement, pour la réalisation du
réseau de voirie peuvent s'attendre que, sur une échelle de cinq
ou huit ans au maximum, ce réseau sera complété pour que,
comme le disait mon collègue de Bellechasse, dans ces rangs, on
arrête de circuler et de manger de la poussière pour, une fois
pour toutes, circuler sur des chemins qui seront convenables? Merci, M. le
ministre.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Julien Giasson
M. Giasson: ... je ne voudrais pas prolonger indûment le
débat, puisque nous aurons l'occasion, au cours des prochaines semaines,
de participer à l'étude des crédits du ministère
des Transports. Donc, il serait inutile de faire le grand tour d'horizon qui
touche toutes les politiques du ministère.
Cependant, dans le document qu'a préparé notre
collègue de Bellechasse, il y a sûrement des
éléments fort intéressants, mais il y a également
des suggestions des plus pertinentes pour faire davantage de travaux de
construction d'infrastructures ou de pavage avec les ressources que le
ministère veut bien y consacrer, c'est-à-dire cette
recommandation qu'on invite la population à participer directement avec
le ministère à l'exécution de certains projets.
Dans le document du député de Bellechasse, parmi beaucoup
de commentaires fort à point, fort pertinents, je note, entre autres,
qu'il dit ceci: "Je suis d'avis que le ministère devrait porter une
attention toute spéciale aux projets qui comprennent une participation
active de la population". Cela m'apparaît une opinion remplie de logique
et de gros bon sens. Pourquoi le ministère, dans une volonté bien
précise, ne consacrerait-il pas davantage de ressources à des
projets dans lesquels la population du milieu a décidé de
s'impliquer véritablement?
Je ferai référence à une situation qu'on vit depuis
environ deux ans. En octobre 1978, l'administrateur régional de la
région de la Chaudière, qui comprend environ huit ou neuf
comtés sur la rive sud, adressait aux chefs des huit districts de sa
région un document qui constituait une première, dans le sens que
le ministère des Transports indiquait à ses chefs de division et
à ses ingénieurs à la tête de nos divisions de
voirie que le ministère était prêt à
considérer de façon toute particulière des projets
demandés par des municipalités, à condition que ces
municipalités éliminent toute l'opération de
l'expropriation traditionnelle dans le projet, c'est-à-dire que les
municipalités se portent acquéreurs des lisières de
terrain requises pour une emprise plus large de la route. Dans le document de
l'administrateur régional, on posait les conditions que devaient
respecter les municipalités et les engagements que prendrait le
ministère suite à l'acceptation par les municipalités de
certaines conditions.
J'ai pris connaissance du document et j'ai cru opportun de le
transmettre aux municipalités et, d'ailleurs, je présumais que le
chef de district ferait la même chose, tant et si bien que quelques
municipalités au courant de cette nouvelle politique ont
décidé de bouger immédiatement, ont fait les
démarches requises, ont informé les contribuables de leur milieu
qui possédaient des terrains en
bordure de routes ou de chemins qui faisaient l'objet d'une
priorité et les municipalités ont réussi à se faire
donner ou ont acheté, selon les conditions qui étaient possibles
pour elles, des lisières de terrain requises pour l'élargissement
de l'emprise. On leur avait dit: Fournissez cela, donnez au ministère
des Transports les terrains et le ministère va accorder une
priorité très grande à ces projets.
Qu'en est-il depuis cette lettre et depuis que certaines
municipalités ont décidé de procéder ainsi? Je ne
l'ai pas avec moi, mais de mémoire, c'est octobre 1978. Certaines
municipalités, désireuses d'avoir ces travaux, se sont
empressées d'aller voir des propriétaires et d'acquérir
les espaces requis. Elles les ont mis à la disposition du
ministère des Transports par le district, mais il semble que le
ministère n'a pas été en mesure de donner suite rapidement
à ces capacités que le ministère de la Voirie avait de
procéder immédiatement à des travaux. Il n'y avait aucune
expropriation et sur des projets donnés, il n'y avait même pas de
déplacement de services d'utilités publiques ni de
bâtiments.
J'ai à l'esprit, par exemple, la route de la Station, de
Sainte-Appolline, où il n'y a pas de service d'utilités
publiques. Vous n'aviez aucun déplacement de bâtiments à
effectuer. Donc, il s'agit d'un cas patent où, dans une volonté
du ministère de consacrer $100 000 ou $150 000, vous pouviez
procéder dans la même année. Je vais citer un autre projet,
celui du chemin Taché-Ouest, à Sainte-Perpétue, chemin au
sujet duquel il y a eu rencontre de la municipalité de
Sainte-Perpétue et même celle de Sainte-Félicité
il s'agit d'un chemin qui traverse les deux municipalités
avec le chef de district qui a été très réceptif.
Il a dit: Procédez et dès que vous aurez rempli la part qu'on
exige de la municipalité, vous pouvez être certain que le
ministère des Transports va procéder. Là encore, la
municipalité a fait les démarches et fait céder les
terrains requis. On a même indiqué qu'on commencerait, dans un
premier temps, à construire un ponceau qui était requis sur le
chemin Taché-Ouest. Mais de parole en parole, de promesse en promesse,
le temps a passé et on sait, d'ores et déjà qu'en 1980 il
ne sera pas possible, j'imagine, pour le ministère des Transports, de
commencer les travaux sur le chemin Taché-Ouest, tout au moins le
tronçon qui traverse la paroisse de Sainte-Perpétue.
Je dis que cette collaboration que les municipalités sont
prêtes à apporter et apportent effectivement sur certains projets,
ce n'est pas suivi par la même volonté du ministère de
consacrer les ressources financières requises pour exécuter les
travaux sur ces projets. La faiblesse, présentement, M. le
Président, n'est pas du côté des municipalités. Il y
a plusieurs municipalités qui apportent une collaboration dans le sens
des demandes exprimées par le ministère et le ministère
n'est plus capable de fournir sa marchandise lorsque l'autre partie a fait son
travail et a effectué ce qui devait être fait.
La question que je pose au ministre: Est-il possible, M. le ministre, de
croire que cette nou- velle formule qui a été lancée par
votre ministère, constituant des invitations aux municipalités
d'apporter une collaboration, est-il possible de croire ou de penser qu'enfin
le ministère des Transports va mettre les sommes requises pour effectuer
ces travaux? Ces projets ne coûtent pas des millions. Il s'agit de
projets qui peuvent coûter $100 000, $150 000 ou $200 000 et qui
paraissent des plus urgents pour les municipalités qui soutiennent ces
projets et qui sont prêtes à fournir encore peut-être
davantage que ce que vous leur avez demandé sur de tels projets.
La déception que nous vivons, M. le ministre, que les
municipalités vivent, et la déception que nous partageons, comme
députés, c'est de constater que cet appel que votre
ministère a lancé aux municipalités en proposant de
nouvelles règles du jeu n'est pas suivi, lorsque les
municipalités ont bougé, par l'expression d'une volonté
réelle du ministère de consacrer les sommes ou les ressources
financières à l'exécution de ces petits projets. Ce ne
sont pas des autoroutes, ce ne sont pas des routes régionales, ce sont
des chemins municipaux, qu'on appelle voirie rurale, qui sont bordés
d'habitations qui, souvent, sont des moyens de communication entre paroisses.
C'est le cas du chemin Taché-Ouest, à Sainte-Perpétue.
J'aimerais, M. le ministre, que vous ayez au moins la possibilité
de nous dire: Oui, à l'avenir, ces projets, nous allons les soutenir,
nous allons les considérer de façon encore plus marquée et
plus réelle que dans le passé, et lorsque les
municipalités voudront apporter leur collaboration, le ministère
va s'empresser à donner suite à l'attribution de crédits
ou de budgets pour l'exécution de ces travaux ou de ces projets.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre des Transports.
Réponse du ministre M. Denis de
Belleval
M. de Belleval: M. le Président, je pense que la
discussion de ce matin est particulièrement opportune et se
déroule dans un cadre approprié, peut-être même plus
approprié que celui qu'on retrouve quand on discute des crédits
des ministères. Cela nous donne la chance de fouiller une question un
peu plus en profondeur, de répondre à des attentes de la
population dans un cadre assez détendu et nous donne aussi assez de
temps pour fournir les explications nécessaires. Je pense que c'est un
bel exemple d'une revalorisation de notre parlementarisme et d'une utilisation
efficace de ces nouvelles occasions que nous fournissent certaines
réformes apportées depuis quelques mois, sinon quelques
années, dans notre système parlementaire. Je suis heureux, ce
matin, de participer à cette discussion.
Je voudrais rapidement répondre aux principales questions et
préoccupations que les députés de l'Opposition m'ont
posées ce matin. Tout
d'abord, à une affirmation générale du
député de Bellechasse à savoir que, depuis 1976, il n'y
avait vraiment pas eu de changements majeurs par rapport aux politiques
antérieures en matière de construction de routes rurales ou de
chemins municipaux en milieux ruraux ou d'allocation de budgets de voirie
locale ou régionale.
Je pense que, de ce côté-là, il faut quand
même noter un certain nombre de changements qui ont été
apportés depuis trois ans et qui vont s'accélérer durant
les prochains mois à la suite des informations que j'ai à vous
communiquer et des décisions que j'ai prises depuis que je suis au
ministère, c'est-à-dire depuis octobre 1979.
Tout d'abord, en ce qui concerne les priorités du
ministère comme telles, sur un plan global, je pense que nous avons
annoncé, dès notre arrivée aux affaires à la fin de
1976, que, conformément à notre programme politique, nous
donnerions la priorité, à l'avenir, aux grandes liaisons
interrégionales et aux liaisons régionales par rapport aux
budgets de construction autoroutière en général et, en
particulier, aux budgets de construction autoroutière en milieu
urbain.
Je pense que, déjà, à travers nos budgets, on voit
une réflexion de ces préoccupations, à savoir une
augmentation relative des budgets consacrés aux travaux en milieux
ruraux et aux liaisons régionales et interrégionales par rapport
aux grands projets routiers de type autoroutier. Il faut bien voir, cependant,
que cette espèce de "rebalancement" graduel du budget, cette
réorientation du budget vers de nouvelles priorités ne peut se
faire tout d'un coup, parce qu'il reste de grands projets autoroutiers à
compléter, y compris des projets autoroutiers qui avaient
été commencés par nos prédécesseurs et qu'il
faut terminer.
Par exemple, ici même à Québec, l'autoroute
Dufferin, de douloureuse mémoire, constitue, je pense bien, maintenant,
vis-à-vis de tout le monde, une répartition douteuse de nos
priorités en matière routière et en matière de
transport en milieu urbain. Il reste que cette autoroute en milieu urbain
coûte facilement $20, $30, $40 millions le mille, selon certaines
sections. On voit déjà la disproportion des sommes par rapport
à l'utilité de semblables investissements. Cette autoroute n'est
pas encore terminée, malgré tout, et il faut investir encore
plusieurs millions de dollars pour la terminer. On ne peut pas la laisser dans
l'état où elle est actuellement; il faut, finalement,
rentabiliser les viaducs qui ont déjà été
construits et les portions qui ont déjà été
construites. (11 heures)
A Montréal, la fameuse autoroute Ville-Marie a coûté
$40 ou $50 millions le mille. Je pense qu'il y a des sections en plein milieu
du centre-ville qui ont coûté $70 millions le mille à cause
des tunnels et de tous les échangeurs sous la Place Ville-Marie, etc.,
cette fameuse autoroute, il reste qu'elle n'est pas encore terminée et
qu'il faut la terminer.
Il y a aussi d'autres grands projets d'autoroute. J'ai annoncé,
d'ailleurs, au niveau de cette autoroute, qu'elle serait terminée d'une
nouvelle façon, qu'elle serait terminée non pas sous forme
d'autoroute, mais sous forme de boulevard urbain, ce qui va donner un
très bon niveau de circulation pour évacuer entre autres le
camionnage le long du port de Montréal jusqu'au tunnel
Louis-Hippolyte-Lafontaine. Mais, avec le nouveau système de
construction que nous avons adopté, cette autoroute en milieu urbain
sous forme de boulevard, ce sont plusieurs dizaines de milliers de dollars
qu'on va économiser. On va permettre la finition du boulevard, mais on
va économiser des millions de dollars qui vont être
utilisés justement dans des projets en milieux non urbains, en milieux
régionaux, en milieux ruraux.
Il faut aussi terminer notre grand réseau autoroutier
interrégional qui avait été mis en plan et qui s'impose.
Le député de Beauce-Sud, qui est très
préoccupé de voirie rurale, ou semi-rurale, admettra
lui-même, et il l'admet par ses propres préoccupations, par ses
propres questions, que l'autoroute de la Beauce est quand même, aussi,
une priorité. Il faut la "balancer" cette priorité si vous
me permettez cet anglicisme par rapport aux priorités qu'il a,
cependant, et qui sont tout aussi légitimes, dans les chemins de rangs
ou les liaisons entre paroisses, disons entre villages, qui doivent être
aussi améliorés dans son comté. Il faut donc terminer ce
grand réseau autoroutier malgré tout, l'autoroute de la Beauce,
et les travaux recommenceront dès ce printemps, de ce point de vue,
conformément au programme du ministère; je puis rassurer le
député de Beauce-Sud de ce côté-là. Il faut
terminer aussi l'autoroute de la rive nord, par exemple, entre Québec et
Montréal; il y a quelques sections à terminer entre
Trois-Rivières et Montréal et une immense section entre Donnacona
et Trois-Rivières. Il y a d'autres régions qui posent aussi des
problèmes de ce côté-là les grands axes
interrégionaux. Sans mentionner d'autoroute, par exemple, il y a la
route principale, la seule route d'accès, à toutes fins
pratiques, entre Montréal et l'Abitibi-Témiscamingue, la route
117, qui est un axe vital pour la région de
l'Abitibi-Témiscamingue qui avait été
négligé au fil des années et sur lequel il faut investir
littéralement des dizaines de millions de dollars, non pas pour le
transformer en autoroute, mais simplement pour améliorer la route
actuelle, de la même façon qu'on a fait, par exemple, pour la
route entre Québec et Chicoutimi. On parle de dizaines de millions de
dollars pour rénover la 117 entre Sainte-Agathe et Val-d'Or. Je crois
que ce sont $120 millions qui sont prévus. On voit que les sommes sont
considérables et qu'on doit aussi investir dans ce domaine.
C'est ce qui explique que peut-être, au niveau du budget, le
rééquilibre entre ce grand réseau qu'il nous faut
compléter, y compris le réseau autoroutier, et la voirie
proprement régionale ne peut se faire que sur une période de
temps. Il n'en reste pas moins que, au cours des trois dernières
années, on a déjà vu ce rééquilibre et qu'on
le verra, je pense, davantage l'année prochaine et dans les
années qui vont suivre. Vous serez en mesure de le constater quand le
ministre des Finances déposera le budget et que nous discu-
terons des crédits du ministère des Transports durant les
prochains jours.
En ce qui concerne la façon d'utiliser ces sommes qui seront
relativement plus considérables pour les budgets de construction
routière au niveau proprement régional, est-ce qu'il y a eu des
changements? Oui, il y a eu des changements, M. le député de
Bellechasse. En particulier, l'automne dernier, dès mon arrivée
au ministère, nous avons modifié les normes de construction pour
les routes en milieux ruraux et les routes auxquelles vous faisiez allusion,
c'est-à-dire des routes qui relient deux paroisses ou des chemins de
rang. Effectivement, par exemple je pourrai déposer un document
là dessus et donner le tableau pertinent les chemins dont
vous parlez, les chemins où il y a environ 100, 200, 300
véhicules par jour, ce sont essentiellement des chemins de rang ou des
chemins qui relient deux rangs importants ou deux villages et qui constituent
parfois même des sorties de village.
Nous avons réduit les normes concernant la largeur de l'emprise
de 24 mètres à 20 mètres, c'est-à-dire une
diminution de 18% de l'emprise. Nous avons réduit aussi les dimensions
des accotements, les dimensions des voies. Enfin, il s'agit d'une
réduction de presque 20% en ce qui concerne ces routes. En ce qui
concerne les routes de niveau un peu plus élevé, 250 à 400
véhicules par jour, nous avons réduit l'emprise de 30
mètres à 20 mètres, c'est-à-dire une
réduction de 34%. Je pense que cela démontre bien j'ai ici
les plans que, déjà, nous avons agi de ce
côté de façon formelle. C'est une direction formelle. C'est
sûr que cela va permettre d'accélérer les travaux parce
que, si nous prenons moins d'emprise, évidemment, au niveau des
expropriations, des déplacements d'utilités publiques, on
rencontre moins de problèmes. Cela réduit aussi les coûts.
Je dois dire que, de ce côté, même si on réduit
parfois les emprises de 20% ou de 34%, les coûts en moyenne ne sont pas
réduits dans la même proportion. On calcule environ 8% pour la
réduction des coûts, mais c'est quand même bienvenu.
C'est un autre exemple, je pense, du fait qu'on réagit
vis-à-vis des demandes que le député de Bellechasse
je le félicite a su articuler d'une façon cohérente
dans un document et que d'autres députés aussi, au fil des
années, depuis quelques mois en particulier, ont aussi
présentées. Je pense, en particulier, au député
d'Arthabaska qui est ici avec moi, ce matin, M. Baril, qui a aussi des
problèmes considérables, qui a un grand comté rural et
plein de routes secondaires, un peu comme les vôtres. Je pense aussi au
député de Frontenac, M. Gilles Grégoire, qui a fait des
demandes dans ce sens et aussi au député de Montmagny-L'Islet qui
est avec nous ce matin. D'autres députés de comtés ruraux
ont fait des demandes un peu semblables.
L'important n'est pas seulement que vous fassiez des demandes, mais que
vous ayez des réponses. Alors, je pense que celle dont je viens de
parler démontre qu'il y a eu effectivement une réponse en ce qui
concerne les fameuses normes qui étaient trop élevées,
à mon avis. Il faut bien se rendre compte, cependant, qu'on ne peut pas
réduire les normes indéfiniment parce que, même sur un
chemin où il passe peu de véhicules, quand on améliore la
route, il est normal que la vitesse moyenne augmente et si on fait trop de
compromis avec la géométrie ou avec l'emprise, on aura des
problèmes du côté de la sécurité
routière.
Deuxièmement, il faut bien voir que, quand on améliore une
route, un des principaux facteurs d'amélioration de la route, c'est
l'amélioration du drainage. Cela se comprend : dans un pays nordique
comme le nôtre où il y a des périodes alternatives rapides
et fréquentes de gel et de dégel, le drainage est de
première importance. Si on veut avoir un bon drainage, il faut que les
fossés, évidemment, soient suffisamment creux, soient aussi
suffisamment éloignés de l'emprise comme telle, de façon
que les accotements soient sécuritaires et que, au fond, on ne ramasse
pas la route, si je puis dire, dans le fossé aussitôt construite.
Alors, il y a une limite aussi à la réduction de l'emprise qu'on
peut effectuer. Je pense que les diminutions de normes que nous avons
apportées en octobre 1978 répondent à vos demandes de ce
côté.
Maintenant, est-ce qu'on a fait aussi d'autres modifications qui
répondent à vos propositions? Je dois dire que oui, en
particulier en ce qui concerne la fameuse question de la contribution des
municipalités. Tout d'abord, j'ai décidé que, pour la
prochaine campagne d'élaboration de priorités en matière
de voirie régionale, celle qui va commencer au mois de juillet, au mois
d'août prochains à tous les mois de juillet et les mois
d'août, nous rencontrons les députés avec nos chefs de
districts pour élaborer les priorités de l'année qui suit
à l'occasion de cette prochaine révision du budget
triennal, c'est-à-dire le budget de voirie régionale, nous avons
éliminé cette grille de pondération en ce qui concerne les
travaux d'amélioration locale, les travaux sur les chemins municipaux,
de façon à tenir compte plutôt de priorités telles
que perçues par les municipalités elle-mêmes en ce qui
concerne ces travaux.
Autrement dit, nous avons sorti de la programmation triennale globale
les travaux comme vous le demandiez, d'ailleurs, M. le
député de Bellechasse qui constituent des travaux de
premier niveau, c'est-à-dire la liaison entre un village et la route de
sortie principale par rapport aux routes de rang, aux chemins qui sont de
nature purement locale. Vous aviez raison de ce côté-là.
C'est évident qu'en vertu de notre table de pondération, on se
trouvait à reporter toujours dans le temps, au fond, des travaux sur des
chemins de rang où il passe peu de personnes par rapport aux travaux
plus prioritaires, bien sûr, d'une sortie de village ou d'une liaison de
premier niveau entre deux villages.
Du côté de ce budget, nous allons tenir compte, d'abord et
avant tout, des priorités des municipalités, et ces
priorités, nous n'entendons pas que les municipalités les
élaborent dans un cadre trop étroit. En particulier, nous allons
donner priorité aux chemins où la municipalité s'implique,
c'est-à-dire qu'elle obtient elle-même les surlargeurs quand il
faut obtenir des surlargeurs, et fournir d'autres services connexes. Mais
là-dessus, je pense qu'il
faut se mettre en garde aussi. Il ne faudrait pas qu'à chaque
fois que les terrains nous sont donnés gratuitement, on impose au
ministère, par exemple, de refaire les clôtures ou des choses
semblables et que, automatiquement, le chemin doit être refait en
priorité. Il se peut fort bien qu'effectivement il n'y ait pas
d'expropriation à faire, il n'y ait pas de déplacement
d'utilités publiques, mais que vraiment, le niveau de priorité du
chemin soit très bas par rapport à d'autres chemins dans la
même municipalité.
Je pense qu'il ne faudrait pas en faire un automatisme absolu et
qu'à chaque fois qu'il n'y a pas d'expropriation et que la
municipalité est d'accord, on y va. Je parle de cas qui seraient
aberrants. Effectivement, j'ai l'impression que cela peut se produire peu
souvent. Je ne veux pas agiter un drapeau rouge ou un épouvantail, mais
je pense qu'en général les municipalités sont capables...
Je ne veux pas faire de relation trop directe entre la couleur rouge et les
épouvantails. Je ne veux pas recommencer d'autres débats ici,
mais c'est drôle, c'est comme cela. Les drapeaux rouges, paraît-il,
les drapeaux qu'on agite devant certains animaux sont rouges. Ce n'est pas moi
qui ai choisi la couleur.
Quoi qu'il en soit, disons qu'en principe, je pense qu'on s'entend
là-dessus. Non seulement cela, mais j'ai fait émettre une
directive, que j'ai d'ailleurs devant moi, qui a été émise
sous la signature du sous-ministre adjoint responsable du réseau
routier, M. Blais, qui m'accompagne ici ce matin. C'est une directive qui
traduit cette préoccupation auprès des chefs de district. Je n'ai
pas précisé dans cette directive une demande particulière
que faisait le député de Bellechasse parce que les
municipalités peuvent être assurées qu'en retour,
cependant, les sommes épargnées au ministère seront
réinvesties dans la même municipalité ou ne serviront pas
tout simplement à débloquer des budgets pour d'autres
municipalités.
Je ne sais pas comment on peut traduire cela directement dans les faits.
Il faut bien voir que les budgets ne sont pas alloués par
municipalité sur une base stricte, mais plutôt sur une base de
région et ensuite répartis sur une base de municipalité
par rapport à des priorités intermunicipales. Cependant, je peux
l'assurer que nous allons trouver une formule en vertu de laquelle,
effectivement, des travaux additionnels pourraient être faits plus
rapidement dans une municipalité où la contribution municipale
est significative et plus importante que dans d'autres cas. Je pense que c'est
correct que si une municipalité veut contribuer d'une façon
particulière à la réalisation de travaux dans cette
municipalité, effectivement, les sommes ainsi épargnées au
ministère soient réinvesties dans la municipalité. Il
s'agira de trouver une formule concrète pour voir cela, mais je pense
que c'est une préoccupation normale. (11 h 15)
Maintenant, je dois dire que nous sommes aussi en train
d'élaborer une nouvelle classification de notre réseau routier
qui répondra largement aux préoccupations que vous avez
soulevées ce matin et qui fera en sorte, comme je viens de le
mentionner, que les travaux sur les réseaux locaux
bénéficieront d'une programmation particulière
plutôt que d'être tout simplement noyés dans des
priorités plus importantes qui font que, finalement, ces travaux
risquent de n'être jamais exécutés parce que justement
noyés dans des priorités portant sur d'autres travaux.
J'ai l'intention d'ailleurs, une fois cette classification nouvelle
définie, d'en discuter avec l'Union des conseils de comté, qui
est l'organisme qui représente les municipalités rurales au
Québec, de façon à avoir leur opinion sur cette nouvelle
classification, à voir si elle correspond à leurs besoins tels
que ces municipalités les perçoivent, et à voir ensuite
comment on peut impliquer davantage les municipalités dans la
planification et dans la programmation de la réfection de ce
réseau routier municipal, y compris la possibilité que les
municipalités assument des responsabilités directes quant
à la réfection et à l'entretien de ce réseau et
même aussi à la participation à ses coûts
d'entretien, à ses coûts de réfection ou même de
construction, à l'occasion, dans un cadre qui sera peut-être le
cadre de la loi no 125, la loi qui devrait mettre en oeuvre les nouveaux
conseils de comté.
Je pense que là nous avons une base qui permettrait sans doute de
donner davantage de responsabilités aux municipalités dans ce
domaine; donc de rapprocher l'exécution des travaux et la
détermination des priorités des gens eux-mêmes, à la
base, et des corps municipaux. Il va sans dire qu'une telle réforme doit
être discutée, comme je l'ai dit, avec les conseils de
comté eux-mêmes, avec les municipalités rurales. On doit
prévoir également des compensations financières, les
budgets adéquats. Je pense que, comme on l'a expliqué le
ministre des Finances et le ministre des Affaires municipales ont
été très clairs à ce sujet il n'est pas
question de fournir de nouvelles responsabilités aux
municipalités sans, d'abord, qu'elles n'y consentent et que cela se
fasse dans un cadre financier accepté par les deux parties, de
façon qu'on ne fasse pas tout simplement passer le fardeau aux
municipalités sans passer en même temps aussi les moyens
financiers pour résoudre le problème.
Pour une grande partie de notre réseau municipal qui est
actuellement sous la responsabilité du ministère des Transports,
nous aurions avantage à aller dans le même sens que tous les Etats
américains et à peu près toutes les provinces du Canada
aussi, à savoir renforcer les responsabilités municipales en
matière de voirie locale en milieu rural, mais cela devra se faire d'une
façon cohérente. Oui, le député me dit que cela va
coûter de l'argent. C'est ce que je viens de dire. Il faut que cela
s'accompagne d'un transfert financier adéquat, mais cela a
été fait ailleurs et cela a été fait d'une
façon qui semble correcte. Il s'agit de regarder cela tranquillement. Ce
n'est pas quelque chose qu'on peut faire demain matin, mais je pense que la
nouvelle classification dont je viens de parler nous permettra de nous fournir
un cadre conceptuel si je peux dire un cadre
logique pour pouvoir discuter avec les conseils de comté de
façon à améliorer le système actuel dans le cadre
actuel, dans un premier temps, et ensuite peut-être d'élaborer ce
deuxième cadre dont je parlais qui verrait les responsabilités
directes des municipalités renforcées.
C'est, en résumé, l'orientation que je veux donner en
matière de voirie locale et de voirie régionale.
Je voudrais terminer mon intervention en plaçant les
problèmes que vous avez posés dans une perspective plus
générale qui démontre bien aussi l'ampleur des
problèmes. Nous avons 28 000 milles de routes en gravier, actuellement,
au Québec, par rapport à 35 000 milles de routes
pavées.
Si on regarde la situation en Ontario, il y a 42 000 milles de routes
pavées et 53 000 milles de routes en gravier, ce qui veut dire que la
proportion des routes en gravier en Ontario est plus considérable que
les routes pavées, alors que c'est le contraire chez nous. Nous avons,
en proportion, plus de routes pavées qu'en Ontario. Alors, ça
démontre bien que, de ce point de vue, notre situation n'est pas
exceptionnelle ou que, si elle est exceptionnelle, elle est plutôt en
faveur du pavage que du gravier.
Il n'en reste pas moins que, s'il fallait paver ces 28 000 milles de
routes, il nous en coûterait environ $1 500 000 000, puisque,
actuellement, un mille de route nous coûte environ $50 000 à
paver. Je pense qu'il est important que les citoyens se rendent compte de
l'ampleur des sommes en cause.
Tantôt vous disiez que, pour 800 kilomètres de routes en
gravier, on pourrait, pendant huit ans, paver dix kilomètres par
année; d'abord, vous faisiez une légère erreur; ce
n'était pas dix kilomètres, mais plutôt 100
kilomètres par année qu'il faudrait faire pour réaliser le
projet en huit ans et vous voyez tout de suite les sommes qui sont en cause
simplement pour le comté de Beauce-Sud. Il n'y a pas un ministre des
Transports responsable, pas un député je suis certain,
d'ailleurs, que ce n'est pas votre intention qui pourrait promettre que,
d'ici une date quelconque, toutes les routes du Québec vont être
pavées, c'est absolument impossible. Il y a des routes qui devront
toujours rester en gravier. Ce serait irresponsable de faire le contraire.
Ceci étant dit, actuellement, nous pavons de nouveaux chemins
pour environ 800 kilomètres par année. Je parle de nouveaux
chemins ruraux. Je ne parle pas de repavage sur d'anciennes routes ou
autoroutes. Cela veut dire tout de suite $25 millions pour 800
kilomètres; alors, on voit les sommes qui sont en cause. J'essaie
vous le verrez dans les prochains budgets d'augmenter les
crédits, malgré tout, pour le pavage en milieu rural pour
répondre, entre autres, aux besoins dont vous avez parlé. Mais il
faut replacer cet effort dans l'immense besoin qui existe. Comme je l'ai dit,
par rapport à l'Ontario, on n'est pas si mal placé. On est dans
une meilleure situation, relativement parlant.
Un dernier point. Le député de Bellechasse a fait allusion
au programme de rechargement de gravier qui se poursuit actuellement au
Québec. C'est une première depuis la Confédération,
si je puis dire, pour reprendre l'expression chère à bien du
monde! Il se demandait si c'était en rapport avec des élections
ou un référendum à venir. Je dois dire que c'est en
rapport tout simplement avec la température, qui est de juridiction
fédérale, comme tout le monde le sait. Effectivement, vous le
savez, nous avons connu un hiver exceptionnel et de nombreuses régions
du Québec se sont trouvées, à toutes fins pratiques,
libres de neige, jusqu'à tout récemment, de sorte que j'ai eu
l'idée, dès la fin de février, de rencontrer les chefs de
district, un par un, et de vérifier avec eux s'il serait possible
d'effectuer des travaux qu'on peut effectuer maintenant, au moment où la
main-d'oeuvre et la matière première sont disponibles. Les
ingénieurs m'ont indiqué que la première était
disponible; qu'il y a plusieurs bancs de gravier sur lesquels il y a du
concassé d'accumulé et dont seule la surface est gelée et
qu'il suffit de défoncer rapidement avec un chargeur afin d'avoir
accès à du gravier de première qualité. Les routes
peuvent très bien être rechargées en plein hiver, sans
aucun problème.
Vous savez aussi qu'il y a des camionneurs artisans qui sont disponibles
à ce temps-ci de l'année. Ces travaux nous ont permis,
jusqu'à vendredi dernier, de réaliser pour $11 millions de
rechargement de gravier un peu partout à travers le Québec et de
faire travailler environ 1200 camionneurs artisans. Je pense que cela
démontre bien mon souci d'améliorer les choses du
côté de la voirie régionale. Je dois dire qu'il n'y a pas
eu de répartition particulière du côté des
régions ou des comtés. Evidemment, les comtés du
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de Québec
et de la Côte-Nord n'ont pas pu bénéficier de ce
rechargement parce qu'il y a trop de neige dans ces régions. Il n'est
pas question de faire cela là. Les autres régions ont pu
bénéficier de ce programme. D'ailleurs, il s'est fait pour $70
000 de travaux dans le comté de Bellechasse. Dans le comté de
Beauce-Sud, je pense que les travaux possibles n'ont pu commencer à
cause des conditions de neige ou peut-être des conditions de bancs de
gravier qui n'étaient pas disponibles. En tout cas, il y a des travaux
de prévus.
Dans Beauce-Nord, par exemple, qui est le comté voisin, il y a eu
pour $33 000 de travaux. Je pourrais continuer toute la liste. Je pourrais
même vous la déposer et vous pourrez regarder la
répartition des sommes. Savez-vous que ces $11 millions de travaux,
peut-être $12 millions, peut-être $13 millions quand nous aurons
fini juste au moment du dégel, permettront certainement dans beaucoup de
comtés de reprendre des retards accumulés et de fournir des
routes de grande qualité, de première qualité durant
l'été qui vient? Je pense que cela démontre, là
encore, nos préoccupations pour assurer aux milieux ruraux une meilleure
répartition de nos budgets.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Bellechasse.
Discussion générale
M. Goulet: Le ministre a donné des chiffres concernant le
réseau routier, comparativement à l'Ontario. Je le mets en
kilomètres; 58 780 kilomètres de routes au Québec
entretenues par vous autres. Ces chiffres sont-ils exacts?
M. de Belleval: Pardon?
M. Goulet: 58 780 kilomètres de routes entretenues par le
ministère des Transports. Cela veut dire 35 000 milles à peu
près.
M. de Belleval: Oui.
M. Goulet: Là-dessus, il y a 47 070 kilomètres,
selon le rapport du ministère des Transports, qui sont des routes
régionales et d'autres routes. Ce sont les routes dont on parle ce
matin. On exclut les autoroutes là. Dans ces 47 000, vous en avez 53,5%
qui sont en gravier, qui étaient en gravier selon votre dernier rapport.
Est-ce que ce sont les chiffres que vous aviez donnés, parce que vous
nous avez donné le total du Québec?
M. de Belleval: C'est 28 000 milles de routes en gravier.
M. Goulet: En tout cas, au niveau des routes régionales,
si on enlève les autoroutes.
M. de Belleval: Écoutez, ce que je voulais signifier par
ces statistiques, c'est la proportion des routes en gravier par rapport aux
routes pavées au Québec et en Ontario. Cela démontre qu'en
proportion on a plus de routes pavées qu'en Ontario. C'est simplement la
proportion des chiffres qui compte.
M. Goulet: Dans les routes régionales telles qu'on les
trouve dans nos comtés ruraux, les routes qu'on touche ce matin,
excluant les autoroutes, il y a encore 53% de routes au Québec qui sont
en gravier.
M. de Belleval: Oui, quand vous faites un comté ou
l'autre... Je donnais le réseau global et de l'Ontario et du
Québec et la proportion entre les chemins de gravier et les chemins
asphaltés en Ontario et au Québec, ce qui démontre qu'en
proportion on a plus de chemins asphaltés qu'en Ontario. Mais ceci
étant dit, il se peut fort bien qu'effectivement dans le comté de
Bellechasse c'est le cas, d'ailleurs la proportion des
routes en gravier par rapport aux routes pavées soit de je ne
sais pas 55%.
M. Goulet: La moyenne provinciale est de 53,5% et dans
Bellechasse justement c'est le cas, on prend le même exemple de
l'Ontario on a 66% de routes en gravier. La moyenne provinciale est
à 53,5% au niveau des routes, si j'exclus les autoroutes. D'accord. Ceci
dit, M. le Président, ce n'était pas tellement là-dessus.
Le ministre a parlé de beaucoup de choses. Au niveau de l'acheminement
des demandes, ce qu'on fait actuellement dans le comté, cela se
passe comme cela parce qu'on nous avait dit d'agir ainsi; c'est parce que le
ministre nous avait parlé tout à l'heure qu'il pourrait
peut-être changer cela on demande aux municipalités, qui
sont tout de même des gouvernements élus, les représentants
municipaux, d'élaborer une liste de priorités. Personnellement,
j'exige qu'elles identifient leurs priorités par ordre d'importance,
première, deuxième, troisième, parce que c'est facile de
demander, mais de là à l'identifier... Autour d'une table de
conseil dans une municipalité rurale, il y a des représentants de
tous les coins de la municipalité. (11 h 30)
Ces demandes, bien sûr, sont acheminées au ministère
des Transports, au bureau de district. On y met une pondération et,
là-dessus, le chef de district ne peut pas jouer tellement parce qu'il
joue dans un cadre de 10% environ, de 20% à 30%, de 30% à 40%,
ainsi de suite. Ces demandes vont au bureau régional et entrent dans
toute la région. Cela veut dire, peut-être, huit comtés,
dans notre cas, les trois députés qui sont ici, huit
comtés et la moitié d'un autre. On nous dit: Selon les
disponibilités budgétaires, une route qui a 120 points de
pondération dans le comté de Beauce-Sud va passer après
une route qui a 180 points de pondération dans le comté de
Bellechasse. Cela, ça va, mais selon le principe qu'on touche dans le
petit document que j'ai déposé, il faudrait sortir de la
région et revenir à la municipalité parce que...
M. de Belleval: C'est ce que j'ai décidé de faire,
c'est ce que je vous ai dit tantôt. Pour les chemins municipaux, nous
allons abolir cette grille de pondération de façon que vous ne
soyez pas en concurrence d'un chemin de rang avec tout le reste des chemins
qu'il peut y avoir dans le reste de la région.
M. Goulet: Vous allez l'abolir ou la modifier?
M. de Belleval: On va l'abolir complètement, on va tout
simplement fonctionner à partir, compte tenu des disponibilités
budgétaires, bien sûr, des priorités municipales.
M. Goulet: Je suis d'accord, M. le ministre, mais...
M. de Belleval: Ce sera à la municipalité
d'établir sa grille et de nous faire connaître ses
priorités.
M. Goulet: Au niveau du ministère des Transports, je ne
suis pas heureux d'entendre dire que vous allez abolir la grille. Je demande de
la modifier parce que, à un moment donné, il faut se baser sur
quelque chose.
M. de Belleval: On va la conserver en ce qui concerne les autres
travaux, mais pas en ce qui concerne les travaux que vous appelez
d'améliora-
tion locale, ou des travaux sur les routes, les chemins municipaux, les
chemins qui sont vraiment de nature municipale. Si vous me parlez, par exemple,
d'une sortie de village, d'une route entre deux villages, ce qu'on appelle un
réseau primaire, c'est évident qu'il faut y aller par
priorités techniques. Je pense qu'il faut considérer le volume de
circulation etc. C'est très bien.
C'est évident que si vous mettez en concurrence ce genre de route
avec des routes où, comme vous le disiez, il ne passe que 100 ou 150
personnes par jour et si on fait une grande pondération régionale
d'un comté à l'autre, vous avez raison, il y a des routes
là-dedans qui sont peut-être en très mauvais état et
qui ne finiront jamais par être réévaluées.
Là, on se dit: Plutôt que de fonctionner de cette façon, on
s'entendra plutôt avec les municipalités sur leur propre
perception des priorités.
M. Goulet: Cela change complètement le débat, M. le
Président, ce n'est pas cela du tout qu'on demande. Le ministre
parle...
M. de Belleval: C'est ce que vous demandez, il me semble.
M. Goulet: Non, non. Le ministre parle des chemins municipaux. On
s'entend, le budget que vous donnez à chaque année à la
municipalité pour réaliser elle-même certains travaux; ce
n'est pas cela du tout. Ce matin, je voudrais qu'on s'en tienne aux routes qui
appartiennent et qui sont entretenues par le ministère des
Transports.
M. de Belleval: C'est de celles-là que je parle. Quand on
parle de chemins municipaux, on parle de chemins municipaux entretenus par le
ministère des Transports, mais qui sont à vocation
véritablement municipale. C'est l'équivalent de rues en milieu
urbain, mais c'est pour une paroisse; si on veut, c'est un chemin de rang,
c'est un chemin qui relie un rang à un village, c'est
l'équivalent d'une rue. Si c'était un village ou une ville, ce
serait considéré comme une rue, et normalement on ne s'en
occuperait pas. En milieu urbain, on ne s'en occupe pas, ce sont les
municipalités qui s'occupent de cela. C'est ce qu'on appelle des chemins
municipaux.
J'ai très bien compris que dans votre document, ce que vous
critiquez, c'est que, quand on en arrivait au niveau de l'élaboration
des priorités sur ces chemins municipaux, ces chemins de rang, il y
avait une grille de pondération et on faisait une espèce
d'allocation régionale, même pas, d'ailleurs, municipale,
même pas au niveau du comté. Vous pouviez avoir une
priorité 10 au niveau du comté de Bellechasse, mais qui tombait
en priorité 80 au niveau de la région parce que, ailleurs, il y
avait d'autres chemins soi-disant plus prioritaires.
Au niveau de ces chemins, vous avez raison de dire que ce sont les
municipalités qui sont le plus en mesure de déterminer leurs
priorités. Nous allons leur fournir un guide, bien sûr, pour leur
permettre de faire leur travail; nous allons leur fournir un cadre d'analyse,
mais ce seront elles qui seront en mesure de nous répartir les
priorités à travers leurs propres municipalités. On va
faire un budget spécial pour ce genre d'améliorations,
plutôt que de les noyer dans le grand budget. Là, encore, c'est
cela que vous me demandiez; il me semble que cela répond à vos
objections.
M. Goulet: M. le ministre, vous venez de répondre en
disant: On va faire un budget spécial. Je n'ai jamais voulu sortir des
normes uniformes pour le Québec. On peut avoir des normes uniformes pour
le Québec, mais pour un troisième réseau routier;
actuellement, il y a les autoroutes et les autres routes dans votre budget. On
pourrait en avoir un troisième: pour les autoroutes et les routes
régionales, un budget, et un budget pour les routes dont vous
parlez...
M. de Belleval: C'est ce qu'on dit! C'est ce que je dis!
M. Goulet: Oui, mais que les critères de sélection
et les budgets qui seront distribués soient faits selon des normes,
selon une grille de pondération uniforme et non pas
discrétionnaire. Je l'espère, parce que ça va être
encore le tiraillage qu'on voyait dans les bonnes années d'autres
gouvernements. A ce moment-là, un gars peut aller chercher $1 million ou
$2 millions et l'autre va aller en chercher... A l'intérieur d'une
région...
M. de Belleval: Vous admettez vous-même qu'on ne fonctionne
plus comme cela.
M. Goulet: Je veux dire...
M. de Belleval: Vous le disiez tantôt. Je ne sais pas si
c'était vous ou le député de... C'est vous, je pense, qui
avez indiqué que vous avez reçu votre juste part des
crédits.
M. Goulet: Oui, les $2 millions. Oui, justement, j'ai une
question là-dessus, on va un peu à gauche et à droite.
M. de Belleval: Utiliser la même juste répartition,
mutatis mutandis, pour les chemins municipaux.
M. Goulet: D'accord.
M. Giasson: C'est vrai, la même répartition...
M. de Belleval: C'est le député de Bellechasse
lui-même qui l'admettait tantôt.
M. Giasson: Non, non. C'est ce que vous allez faire pour tous les
comtés...
M. de Belleval: Pardon?
M. Giasson: C'est ce que vous allez faire pour tous les
comtés, mutatis mutandis, $2 millions?
M. de Belleval: On ne donne pas le même montant à
chaque comté, cela dépend de la dimension du comté, de ses
besoins. Les besoins ne sont pas les mêmes partout. Vous admettrez avec
moi qu'actuellement, si on regarde le comté de Charlevoix, on dirait
je ne sais pas ce qui s'est passé qu'il y a moins de
priorités compte tenu des travaux qui ont été
effectués dans ce comté pendant quatre ou cinq ans.
M. Giasson: Les priorités ont été mieux
exprimées.
M. de Belleval: M. le député de Bellechasse, ne
venez pas me conter d'histoires! Pas de Bellechasse, mais de
Montmagny-L'Islet.
Il est évident que les besoins ne sont pas les mêmes d'un
comté à l'autre, compte tenu de l'histoire plus ou moins
récente de ces comtés en matière de voirie rurale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, il s'agit bien d'un
débat avec question. Le ministre a fait un long tour d'horizon dans la
réplique et les réponses qu'il a voulu donner; il a fait un tour
du Québec. Nous sommes même allés en Ontario en passant par
les drapeaux rouges. C'est de bonne guerre! Cependant, j'aurais trois questions
à poser: Le ministre nous a dit que son ministère veut abolir la
grille de pondération en ce qui a trait aux chemins municipaux ou ce
qu'on appelle communément la voirie rurale. J'aimerais déclarer,
aujourd'hui, que je ne crois pas à la formule de pondération
telle qu'elle a été établie. Je ne serai pas peiné
de la voir disparaître. C'est si peu sérieux, M. le ministre, que
j'aimerais que vous m'expliquiez, dans le cas de l'établissement des
priorités dans la région de la Chaudière, qui compte huit
comtés, huit districts de voirie, comment il se fait qu'un projet d'une
route donnée, n'ayant jamais paru au programme triennal des
années précédentes, nous arrive subitement pour la
projection...
M. de Belleval: Vous avez un exemple à nous donner?
M. Giasson: Oui, le chemin du lac des Plaines qui n'avait jamais
été au programme triennal et qui apparaît subitement au
quatorzième rang de toute la région de la Chaudière.
M. de Belleval: Quand est-il apparu? Lors de votre consultation
au mois d'août dernier?
M. Giasson: Non. Il est apparu subitement dans le cahier qu'on
nous a remis pour la discussion que nous avions l'automne dernier.
M. de Belleval: C'est évident qu'à un moment
donné, il y a des projets... Le plan étant établi à
tous les ans, à un moment donné, il y a des projets qui
n'apparaissaient pas l'année précédente et qui
apparaissent, pendant que d'autres disparaissent parce qu'ils ont
été réalisés.
M. Giasson: M. le ministre, je voudrais que vous compreniez
très bien! Ce projet n'a jamais paru au cahier triennal, cahier dans
lequel vous aviez 175, 180 priorités couvrant la région de la
Chaudière. Subitement, un nouveau cahier sort, ce projet qui n'a jamais
été au cahier antérieur devient la quatorzième
parmi cent quatre-vingts priorités.
M. de Belleval: Je peux vérifier pourquoi il en est ainsi.
Vous avez pu vous-même poser la question lors des rencontres avec le chef
de district.
M. Giasson: Je n'ai jamais eu de réponse. C'était
trop fort pour les gens de ce niveau-là, c'est pour cela que je dois
m'adresser au ministre.
M. de Belleval: Écoutez, je suis ministre des Transports
depuis le mois d'octobre dernier, vous avez discuté de cela au mois
d'août, c'est la première fois que vous m'en parlez à
l'occasion du débat ce matin. Il y a quelqu'un qui est attaché
à mon cabinet pour répondre exclusivement aux questions des
députés, des députés de l'Opposition comme des
autres, et ces gens sont disponibles. Moi, je suis en Chambre
régulièrement, vous auriez pu me poser cette question il y a bien
des mois.
M. Giasson: J'ai posé la question à votre
sous-ministre en titre lors de la réunion habituelle, la réunion
annuelle; il ne trouvait pas de réponse. J'en ai parlé à
l'administrateur régional, il n'a pas de réponse. J'en ai
parlé à des gens de mon comté...
M. de Belleval: Depuis le mois d'octobre, vous n'avez pas
pensé m'appeler ou m'en parler, ici, en Chambre?
M. Giasson: Oui, je vous en parle en Chambre parce que...
M. de Belleval: Vous m'en parlez ce matin.
M. Giasson: ... c'est vous qui abordez le problème de la
pondération et du grillage.
M. de Belleval: Non, non, mais écoutez...
M. Giasson: Je vous en parle à cette occasion.
M. de Belleval: ... vous m'arrivez avec un cas particulier. Il
faudrait que je vérifie. Je vais le vérifier, si vous voulez,
d'accord?
M. Giasson: Très bien. Deuxièmement, dans
l'attribution d'une aide financière pour l'entretien des chemins
d'hiver, les chemins municipaux, est-ce qu'il y aurait possibilité de
revoir les critères que vous utilisez présentement?
M. de Belleval: II n'y a aucun critère qui est
coulé dans le béton. On est toujours disponible pour
améliorer nos méthodes de travail. Si vous avez des suggestions
concrètes à faire de ce côté, cela nous fera plaisir
de les examiner. D'ailleurs, vous le savez vous-même, dans votre
comté, il s'est présenté un problème; le
ministère, à partir d'un cheminement logique, avait
décidé une chose et, finalement, en consultant les
municipalités et vous-même d'ailleurs, on s'est rendu compte qu'on
était mieux de revenir à une autre décision et c'est ce
qu'on a fait.
M. Giasson: Je ne parle pas...
M. de Belleval: Alors, tout cela pour dire que ce n'est pas
l'évangile, ces choses; on peut les changer. Je pense que le
système a été amélioré au fil des
années, pas d'ailleurs seulement sous le gouvernement actuel. C'est un
long processus de maturation mais il n'est pas fini. Je suppose qu'on peut
toujours l'améliorer.
M. Giasson: M. le ministre, si vous me permettez, je n'ai pas
à l'esprit l'attribution des contrats d'entretien. C'est la subvention
que vous accordez aux municipalités pour...
M. de Belleval: Ah! excusez. Enfin, c'est un peu le même
dossier.
M. Giasson: Je vais vous donner un cas patent. Vous avez un
chemin qui relie une population de deux municipalités, le chemin du rang
4, Saint-Adalbert, qui débouche dans la paroisse de Sainte-Lucie. Toute
la partie de ce chemin dans Saint-Adalbert est subventionnée, a
été admissible à une subvention. Le tronçon qui se
trouve dans la paroisse de Sainte-Lucie n'est pas subventionné et vous
avez les propriétaires d'érablières qui ont loué
des terrains du ministère des Terres et Forêts en vue d'exploiter
les érablières.
M. de Belleval: C'est un chemin où il n'y a pas
d'habitation, je suppose? C'est un bout de chemin où il n'y a pas
de...
M. Giasson: II n'y a pas d'habitation permanente. Est-ce qu'il
n'y aurait pas possibilité de revoir le cas de ces chemins?
M. de Belleval: Bien, écoutez, c'est une question
financière. Si on se met à subventionner des chemins où il
n'y a pas d'habitation dans le bout, je ne sais pas, de Sainte-Lucie et
Saint-Adalbert, il y a bien d'autres saints et d'autres saintes qui ont
donné leur nom à beaucoup de chemins de milliers de
kilomètres, ailleurs, dans d'autres comtés, qui vont demander la
même chose et il va falloir que j'augmente mes budgets de tant de
millions de dollars et cela va en faire moins pour construire d'autres choses
ou pour faire autre chose. C'est essentiellement une question
budgétaire.
Maintenant, il se pourrait aussi que, dans des cas particuliers, il y
ait des aberrations, compte tenu d'une politique générale qui ne
peut jamais rejoindre tous les cas particuliers. On examine cela; parfois, on
fait des changements. Mais, c'est sûr que, si c'est un changement de
principe, un changement qui implique un précédent qui peut
s'appliquer à des milliers ou des centaines d'exemplaires, il est
évident qu'on regarde cela de façon très
précautionneuse parce qu'on peut ouvrir les vannes.
M. Giasson: Je soulève la question parce qu'il s'agirait
de donner un traitement égal à toutes les
municipalités.
M. de Belleval: C'est là le problème.
M. Giasson: C'est que vous avez d'autres municipalités qui
comptent des chemins qui relient, qui unissent deux paroisses, chemins en
bordure desquels vous n'avez aucune habitation, sur une longueur de cinq et six
milles, et on maintient la subvention.
M. de Belleval: Parce que...
M. Giasson: Dans d'autres cas absolument identiques, on ne la
maintient pas. C'est ce que je veux porter à votre attention.
M. de Belleval: Mais ce ne sont pas des cas identiques du
même point de vue. C'est vrai que, dans les deux cas, il n'y a pas
d'habitation mais, dans un cas, cela relie deux villages tandis que, dans
l'autre cas, cela relie un village à une section tout simplement
où il n'y a pas d'habitation, où il y a des exploitations
forestières peut-être mais où il s'agit d'avoir
accès à l'arrière-pays tout simplement.
M. Giasson: Les cas que je vous cite qui sont
subventionnés ne relient pas deux villages, cela relie deux
paroisses.
M. de Belleval: Ah bien! deux paroisses.
M. Giasson: Ce n'est pas de village à village.
M. de Belleval: Non, non, deux paroisses, si vous voulez.
M. Giasson: Mais c'est un cas absolument identique,
semblable.
M. de Belleval: Oui, mais ce qu'on relie, au fond, le fondement
de la politique, c'est qu'on subventionne des chemins qui relient des gens
entre eux mais non pas des chemins qui relient des gens à des centres
d'exploitation des ressources comme, par exemple, des
érablières.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
M. le député de Beauce-Sud et, par la suite, M. le
député de Bellechasse. (11 h 45)
M. Mathieu: Rapidement, je vais poser deux ou trois questions au
ministre relativement aux travaux d'autoroute de la Beauce. Il pourra me
répondre pour gagner du temps. Premièrement, est-ce qu'on peut
s'attendre que les travaux seront entrepris au cours de l'année
financière 1980-81? Deuxièmement, lorsque le ministre dit, par
exemple, que s'il y a une autoroute dans une région comme à
Beauce-Sud, j'ai cru comprendre tout à l'heure qu'il fallait que le
budget de voirie rurale en souffre.
M. de Belleval: Non, non. Pas du tout.
M. Mathieu: Je voudrais bien mentionner que l'autoroute, c'est
bien sûr qu'elle dessert la population, mais elle dessert en plus les
usagers du reste de la province qui vont aux États-Unis. Vu que notre
comté a un gros rattrapage à faire, il ne faudrait pas, parce
qu'on a l'autoroute, qu'on ait une diminution du budget de voirie rurale. Ma
troisième question au ministre est la suivante: J'ai un problème
un peu spécial. Lorsque les municipalités ont reçu le
terrain des particuliers, des cultivateurs, on commence par faire signer un
consentement au cultivateur pour qu'il donne le terrain nécessaire selon
les normes du ministère, mais on ne peut pas, à ce
moment-là, faire un acte notarié pour la cession de terrain parce
qu'on ne connaît pas l'emprise. Est-ce que ce document signé,
dirigé au ministère va permettre que l'arpentage se fasse pour
qu'après, quand on connaîtra l'emprise exacte, il y ait des
contrats finals qui soient concrétisés? Ce sont mes trois
questions.
M. de Belleval: Pour l'autoroute de la Beauce, les travaux
reprendront aussitôt que possible à la fonte des neiges,
aussitôt que les plans... C'est déjà dans la machine. Il
n'y a pas de problème de ce côté. Deuxièmement, non,
il n'y a pas de répartition intrarégionale entre les travaux de
grande voirie, style autoroute, et le budget triennal. Il y a un budget
quinquennal qui s'occupe des grandes autoroutes et des grandes liaisons
interrégionales comme la route 132, la route 138, la route du parc des
Laurentides, la route du parc de La Vérendrye, etc. C'est un budget.
Donc, il n'y a pas de répartition sur une base régionale entre ce
budget et le budget régional, de sorte qu'une région n'est pas
pénalisée sur son budget local parce qu'il y a des travaux
nationaux qui s'effectuent dans ce comté. Je pense qu'il faut que ce
soit clair.
Tout ce que je voulais dire, c'est que, cependant, en termes d'enveloppe
globale du ministère des Transports, il est évident qu'à
un moment donné l'enveloppe est fermée. Je peux jouer à
l'intérieur de l'enveloppe, mais je ne peux pas la défoncer.
C'est sûr que ce qu'on fait comme priorité ces temps-ci, c'est
qu'on essaie d'en mettre plus au niveau du budget régional et moins au
budget de la très grande voirie. Cela implique, quand même, un
niveau d'activité au niveau des grandes autoroutes qui soit un peu moins
excessif que ce qu'on a connu dans les années soixante et au
début des années soixante-dix. Si vous voulez que
j'accélère les travaux de l'autoroute de la
Beauce, je peux bien le faire, mais à ce moment-là
et si je fais cela partout les priorités que vous avez sur le
plan régional non pas simplement dans le comté de Beauce-Sud,
mais dans tous les comtés ruraux vont s'en ressentir. Je pense qu'on va
le voir quand on va discuter des crédits du ministère.
Effectivement, quand on a deux projets, deux paquets de projets et qu'on a
à choisir comment partager la tarte, on a décidé de donner
une plus grosse portion de tarte pour les projets régionaux que pour les
projets de grandes autoroutes.
Ceci étant dit, j'ai les contraintes dont j'ai parlé
tantôt, les travaux qui sont déjà en cours et le fait que,
quand il y a une région qui bénéficie d'une seule route,
je ne peux pas dire que c'est optionnel. La route 117 qui va en
Abitibi-Témiscamingue, ce n'est pas un projet que je peux retarder ou
pas. Au contraire, c'est leur route. Il faut que je mette la priorité
là-dedans et, après cela, on s'en va comme cela.
Troisièmement, votre question sur l'arpentage. Ce que je demande
maintenant aux chefs de districts et aux municipalités, c'est la chose
suivante: Quand il s'agit d'un chemin municipal, le principe, comme je l'ai
dit, c'est qu'on n'exproprie plus les emprises. Cela n'a pas de bon sens. Cela
coûte trop cher et ce sont des délais épouvantables. Donc,
cela ne rencontre les intérêts de personne, finalement.
Le principe, c'est que la municipalité est chargée d'aller
chercher les terrains, soit qu'elle les paie elle-même ou soit qu'elle se
les faisse céder gratuitement. En règle générale,
elle se les fait céder gratuitement. Il s'agit d'avoir dix pieds de
chaque bord de la route et on s'en va avec cela. Les cultivateurs
eux-mêmes, la plupart du temps maintenant, comprennent le système
et acceptent de donner ces dix pieds ou ces quinze pieds de façon
à permettre l'accélération des travaux.
Pour répondre à l'objection du député de
Bellechasse, normalement dans un cas semblable, la priorité est
là-dessus. C'est ce que j'ai dit à mes fonctionnaires: Quand vous
avez les terrains, que les municipalités s'entendent avec les
propriétaires et que les terrains sont donnés, la priorité
augmente sur ce projet. Je ne comprends pas ce qu'il en est du rang
Taché, etc. Je vais vérifier ce qui s'est passé. Il peut y
avoir d'autres aspects qui sont intervenus, mais normalement ce sera la
politique. Ce qu'on fait, c'est que le maire ou le secrétaire
trésorier va, avec une formule, chercher les donations de terrain. On
n'a pas besoin d'arpentage. On dit: Ecoutez! C'est à peu près
quinze pieds. On peut fournir un plan approximatif; donc le propriétaire
sait exactement à quoi il s'engage. Est-ce qu'il s'engage à
quinze pieds et non pas à 150 pieds? Mais ce peut être,
finalement, treize pieds et demi, je ne le sais pas, quand on terminera
l'arpentage final. Avec cela, nous sommes prêts à commencer.
Par après, les actes notariés définitifs peuvent
être faits, de sorte qu'on n'a plus besoin, comme avant, soit de
procéder par expropriation ou soit d'attendre que tous les papiers
soient signés en
bonne et due forme avant qu'on puisse commencer. Alors, cela sauve du
temps, cela enlève aussi une certaine frustration de la part des
propriétaires. Nous donnons une garantie. Nous avons quand même un
papier qui a une valeur. On me dit qu'il a une valeur légale correcte.
Chacun sait à quoi s'en tenir et la borne finale est mise un peu plus
tard, l'année suivante, cela ne presse pas.
M. Mathieu: Simplement pour compléter. Il y a des maires
qui m'ont dit j'ai préparé des entêtes de
requêtes pour tous les maires et ils les font signer partout que
le divisionnaire de tel secteur exigeait un contrat notarié tout de
suite.
M. de Belleval: Je sais. Autrefois, c'était comme cela.
Mais maintenant j'essaie de changer les procédures. C'est ce que je vous
explique. Vous me dites que vous n'aimez pas les anciennes procédures;
j'essaie de les changer; c'est ce que je fais.
M. Mathieu: Mon point, c'est qu'avant d'arriver à l'acte
notarié ou à l'acte final, qu'il soit notarié ou sous
seing privé, peu importe, il importe qu'un arpentage soit fait à
un moment donné pour qu'on connaisse l'emprise.
M. de Belleval: Nous autres, quand on fait la route, cela nous
prend un arpentage, de toute façon. Mais l'acte notarié en bonne
et due forme peut être retardé, ce n'est pas grave, et on peut
faire la route avant.
M. Mathieu: Je suis bien d'accord.
M. de Belleval: Autrefois, on attendait d'avoir un acte
notarié en bonne et due forme. Cela pouvait prendre un an, un an et
demi, deux ans. S'il y avait un propriétaire qui n'était pas de
bonne humeur, cela pouvait retarder d'une autre année. Comme nous sommes
sujets aux saisons, un retard d'une semaine ou de quinze jours pouvait vouloir
dire effectivement un retard d'un an. Au lieu de faire cela, on procède
à partir...
Une Voix: D'une requête.
M. de Belleval: ... d'une requête, d'une cession de terrain
de bonne foi et authentique, et on fait l'arpentage et l'acte notarié
plus tard. Les travaux peuvent être faits, finis, et l'acte
notarié peut survenir quelques semaines ou quelques mois plus tard. Cela
n'est pas grave, de toute façon, c'est gratuit.
J'ai rencontré tous les ingénieurs de district. Je pense
que c'est la première fois qu'un ministre des Transports rencontrait
tous les chefs de district un par un pour établir le programme
budgétaire de l'année qui vient. Je voulais, parce que j'arrivais
au ministère, rencontrer tout le monde et prendre également
connaissance, le plus à la base même, des problèmes
réels et aussi expliquer aux gens ce vers quoi je m'en allais. On s'en
est parlé et tout le monde était d'accord qu'effectivement cela
sauverait du temps. Une autre réforme, petite, mais qui contribue
à accélérer les choses. C'est tout le "red tape" interne,
à partir du district de la région jusqu'au central.
Pour les travaux du type dont vous parlez, les chefs de district et les
chefs régionaux vont avoir plus d'autorité pour faire leurs plans
et les approuver eux-mêmes plutôt que de passer par
l'Environnement, etc., au niveau central et introduire un mois et deux mois de
plus dans le circuit. Alors, on a supprimé des étapes comme
celle-là. Ce qui veut dire qu'on va enlever une partie de la frustration
des maires, des ingénieurs eux-mêmes, d'ailleurs, dans le
comté et des députés.
Je vous ai ouvert les portes du ministère encore plus, j'ai
nommé deux adjoints au cabinet du ministre pour discuter directement
avec vous quand vous avez des problèmes particuliers qui se posent, de
façon que vous sachiez ce qui se passe et pourquoi, par exemple, un
projet retarde ou, au contraire, va se faire. Je pense que les critiques vont
diminuer beaucoup, parce que vous-mêmes, étant mieux
informés, vous serez plus en mesure d'informer les gens.
Les projets retardent vous le savez parce qu'on a un
problème d'expropriation. Si vous le savez, vous pouvez intervenir
à votre niveau et vous allez cesser de vous poser des questions et de
penser que c'est de la mauvaise volonté de notre part, alors qu'il y a
un problème très concret qui se pose. J'ai remarqué que
quand les députés sont au courant et qu'ils se rendent compte que
le problème n'est pas au ministère, mais dans la paroisse, dans
le village ou du côté d'une compagnie, ou quelque chose comme
ça, vous-mêmes, vous prenez le problème, vous allez voir
ces gens et vous contribuez à accélérer les travaux.
Je pense qu'on fait une meilleure équipe en tant que
députés et ministère. C'est le sens, au fond, de tout ce
que je recherche.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, lorsque le ministre a
répondu au député de Montmagny-L'Islet, il a donné
l'exemple des municipalités où il y a des résidents qui
cèdent l'emprise et où vous devancez les priorités. C'est
justement le but de l'intervention de ce matin. Ce n'est pas ça qui se
passe. Devancer une priorité au niveau secondaire... La demande que
j'avais formulée au sous-ministre et que je répète depuis
six mois, c'est qu'on prenne le programme du réseau primaire et qu'on le
transfère au réseau secondaire. Or on ne veut pas faire
ça.
On a quelques projets au réseau primaire. On va prendre votre
liste de priorités telle qu'elle est actuellement, le programme
triennal. Par exemple, les projets nos 9, 19 et 48 sont des projets de
Bellechasse. Entre ça, il y a les projets nos 10 et 11 qui peuvent
être d'Arthabaska ou de Montmagny. Qu'est-ce qui arrive? Si on travaille
très fort pour réaliser tel projet, qu'on va rencontrer les
citoyens de la municipalité pour leur dire: Vous allez
participer, d'accord, on fait économiser X argent au
ministère des Transports et le projet peut être devancé, ce
qui arrive, c'est qu'on travaille pour les autres. En effet, au niveau de la
région, il arrivait, par exemple, que vous disiez: Cette année,
on a 180 projets de prévus; on va en réaliser environ 40
sauf erreur, l'an passé, on devait réaliser 40 et les
autres, ça sera pour la deuxième ou la troisième
année. Si nous, dans Bellechasse c'est la même chose que
les autres comtés on travaille très fort pour le projet no
9 et qu'on le réalise, on vous fait économiser de l'argent, mais
au lieu de se rendre au projet no 40, vous allez vous rendre au projet no 41.
Et, si le no 41 n'est pas le mien, ça me donne quoi de travailler
à ce moment-là? C'est ça que les municipalités
disent: Tant qu'on n'aura pas cette garantie du ministre que si le projet no 9
est, par exemple, à Saint-Charles-de-Bellechasse et qu'on fait
économiser $50 000 au ministre, il faudrait qu'il soit
comptabilisé sur le projet no 19, qui est un autre projet de
Bellechasse, pas sur les nos 10 ou 11 qui sont des projets de Montmagny...
Vous dites: Oui, il faut vérifier pour toute la province.
Ensuite, il faut administrer pour toute une région. Ce que je demande au
directeur régional ou, encore, au sous-ministre, c'est de trouver le
moyen de comptabiliser ces choses au niveau d'un comté. Mais les
priorités ne devancent vraiment pas... Vous avez sorti, l'an
passé, un petit budget pour le réseau secondaire, comme vous
l'appelez. Il est inscrit comme ça dans votre livre triennal. Vous
arrivez avec ça, mais je vous dis, par exemple, que je voudrais prendre
des projets qui sont au primaire et les mettre au secondaire. Là, on
nous arrive avec toutes sortes d'argumentations. On dit: On fait aussi bien de
les laisser là. Justement, il ne devrait pas avoir de primaire et de
secondaire.
Dans votre grille de pondération, si vous conservez à peu
près la même... Il peut y avoir des différences de budgets
au niveau des types de routes; on s'entend, mais pas aux réseaux
primaire et secondaire. Vous avez des routes dans le réseau secondaire
actuellement que vous appelez secondaires, selon vos appellations, qui sont
plus importantes que des routes dans le réseau primaire, dans votre
livre, et qui sont même plus pondérées. Prenez votre livre
triennal de cette année; vous en avez deux sortes. Ce n'est pas
ça qu'on voudrait; on voudrait qu'il n'y ait qu'un réseau.
Si vous voulez mettre trois budgets: un pour les autoroutes, un pour les
routes régionales, et un pour les autres, d'accord. Mais ce n'est pas
ça que vous avez fait. Vous avez pris certaines routes qui
étaient dans le réseau que vous appelez primaire et vous l'avez
appelé réseau secondaire. Elles sont plus
pondérées, mais bien souvent elles n'ont pas été
devancées. C'est la première chose. Donner une garantie aux
municipalités et dire: Oui, il y a 1500 municipalités au
Québec et ça va prendre du monde. A ce moment, il n'y a personne
qui va être intéressé. Honnêtement, je pense que
c'est être objectif de dire ça. (12 heures)
Je serais bien fou, comme député de Bellechasse, de
travailler jour et nuit et qu'à un moment donné, au lieu d'avoir
neuf projets qui vont se réaliser dans le comté, j'en ai onze,
mais ces onze projets, cela va être les comtés avoisinants dans la
région qui vont les avoir. A ce moment...
M. de Belleval: Je ne comprends pas le député de
Bellechasse de ne pas comprendre dans un sens parce que ce que j'essaie de lui
expliquer depuis le matin, c'est qu'une bonne partie, sinon toutes, à
toutes fins pratiques, de ses recommandations, comme celles de beaucoup de
députés, c'est exactement ce qu'on est en train de mettre en
application. Je vais essayer de réexpliquer les choses. Au niveau du
budget triennal, on va faire la différence, à l'avenir, entre le
réseau numéroté, par exemple, les sorties de village dont
vous parlez, et le réseau proprement municipal. Le réseau
numéroté, le réseau des sorties de village, au fond, le
grand réseau de base intrarégional, lui c'est évident que
là-dessus il faut continuer à y aller avec une grille de
pondération. Je pense que le député est d'accord avec
cela. Le nombre de véhicules qui circulent, l'état de
détérioration de la route, des choses comme cela. Je pense que
c'est important. On parle d'une route numérotée. On parle d'une
route quand même d'importance vitale sur le plan de la région. La
route je ne sais pas moi de Saint-Pamphile à L'Islet,
c'est une épine dorsale pour toute une série de villages dans ce
coin. C'est une route numérotée, je ne me souviens plus de son
numéro.
M. Giasson: 204.
M. de Belleval: Pardon?
M. Giasson: 204, Saint-Pamphile et Saint-Jean.
M. de Belleval: C'est une route numérotée. C'est
une route qui est dans le budget triennal, pas dans le budget national, elle
est dans le budget local ou régional, si l'on veut. Ce qu'on veut, pour
répondre à vos objections, c'est de ne pas essayer de mettre en
compétition dans le comté de Montmagny-L'Islet la
réfection importante, à un moment donné, qu'il faut faire
sur la route de Saint-Pamphile à L'Islet parce que le pavage
s'est détérioré avec le temps, le drainage est mauvais, il
y a des bouts qui n'ont pas été améliorés depuis
quinze ans et la route a fait son temps il faut la refaire avec,
dans le même comté, un rang de Saint-Pamphile même. On va
séparer cela. C'est ce que vous vouliez; vous vouliez avoir trois
budgets.
M. Goulet: Exactement, mais vous dites...
M. de Belleval: Vous allez en avoir trois. Deuxièmement,
en ce qui concerne... Oui ou non, c'est cela que vous demandez?
M. Goulet: Est-ce que vous me permettez une petite question?
M. de Belleval: Oui.
M. Goulet: Vous dites: On va faire cela. Moi je dis ce qui existe
cette année. Tout à l'heure, vous avez dit: On l'a
déjà fait, réseau primaire, réseau secondaire. Vous
avez dit cela au député. Là vous dites: On va faire...
M. de Belleval: Quand je dis qu'on l'a déjà fait,
j'ai dit: J'ai déjà décidé de le faire pour le
budget qui s'en vient.
M. Goulet: Ah oui! Un instant, d'accord, mais cette année,
parfait, vous avez dit tout à l'heure...
M. de Belleval: Cette année. Je n'étais quand
même pas là au ministère, le budget a été
adopté aux mois de juillet et août derniers. Je ne peux pas
refaire les choses.
M. Goulet: M. le ministre, je veux vous demander...
M. de Belleval: Attendez de voir le budget cette année,
d'ailleurs, vous allez être content.
M. Goulet: Je veux vous demander juste une chose. Vous dites: On
l'a déjà fait, et vous avez parlé de votre réseau
primaire et secondaire...
M. de Belleval: C'est déjà
décidé.
M. Goulet: Parfait. L'an passé, les appellations
réseaux primaire et secondaire, cela n'avait aucun rapport avec ce qu'on
va connaître cette année.
M. de Belleval: Je...
M. Goulet: Écoutez, l'an passé, quand la
municipalité participait, automatiquement son projet s'en allait au
réseau secondaire, que vous vous appeliez secondaire dans votre livre
triennal. Cela pouvait être un projet qui était aussi
important...
M. de Belleval: D'accord, on va continuer. Je comprends où
vous voulez en venir.
M. Goulet: Cette année, cela va être
complètement nouveau. C'est cela.
M. de Belleval: Un premier bénéfice que va obtenir
la municipalité ou le député, si vous voulez, ou le
comté, c'est que le projet va être accéléré.
Au lieu de prendre un an, deux ans ou trois ans, cela va se faire plus
rapidement. Je pense que c'est un bénéfice. Vous devez être
content de cela. Si c'était la priorité 70 et que cela devait se
faire dans trois ans et que tout d'un coup, au lieu de se faire dans trois ans,
cela se fait dans deux ans ou dans un an, c'est un premier effet dans le sens
suivant; c'est que, pour la priorité 40, les gens ne donnent pas le
terrain ou bien il y a de la chicane dans la paroisse et finalement il y a des
problèmes particuliers qui se posent. La priorité 70, dans la
même paroisse, la même municipalité ou dans le même
comté, elle, c'est prêt à être réalisé;
on fera la priorité 70, c'est cela qu'on va faire cette année.
Vous allez le voir.
J'ai déjà réaménagé le budget qui
avait été adopté au mois d'août dans ce sens quand
cela a été possible. J'ai d'abord tenu compte des
priorités que vous aviez faites. Quand il y a un projet prioritaire, que
cela ne peut pas se faire, on va chercher un projet qui est peut-être au
niveau 70 et on le monte. Là les gens ont manifesté une bonne
volonté, etc., et ils sont prêts. On est d'accord que c'est un
projet valable. Ce n'est pas un projet de fou. Parfois les gens sont d'accord,
mais c'est un projet de fou; c'est l'espèce de remarque que je faisais
tantôt. On tient pour acquis que les gens nous présentent des
projets valables.
Troisièmement, ce que vous voulez en plus, c'est être bien
certain que, quand une municipalité collabore, quand les gens
collaborent, quand ils sont même prêts à investir de
l'argent d'une certaine façon, indirectement, en ne requérant
pas, par exemple, la pose de clôture, etc., les sommes ainsi
épargnées soient versées dans la même
municipalité ou dans le même comté. C'est cela que vous
voulez? J'ai répondu à cela: On va examiner comment on peut
s'assurer que, effectivement, quand de tels cas se présentent,
l'augmentation des disponibilités serve d'abord prioritairement au
village ou à la municipalité en question. C'est ce que je peux
dire.
Là-dessus, je vous ai fait remarquer aussi qu'on n'a pas des
enveloppes par municipalité ou même par comté. Alors,
ça pose un problème de répartition, mais je pense qu'il y
a moyen de tenir compte de l'esprit de votre remarque et d'essayer de trouver
une façon d'en tenir compte, peut-être pas dans le budget de la
même année, mais dans le budget de l'année qui suit.
M. Goulet: Ce qu'on faisait, M. le ministre...
M. de Belleval: Quand la municipalité va travailler, elle
va travailler pour elle et, quand le député travaillera, il
travaillera pour lui.
M. Goulet: Si vous me le permettez, M. le Président, ce
qu'on faisait l'an passé...
M. de Belleval: Au niveau local.
M. Goulet: Vous avez votre liste triennale, 180 projets.
M. de Belleval: Oubliez comment ça fonctionnait; cela ne
fonctionnera plus ainsi.
M. Goulet: Je veux savoir. Vous dites: On ne sait pas comment on
va le faire. Vous avez bien dit: On va essayer de trouver une solution pour
systématiser...
M. de Belleval: C'est sur votre troisième point que je
veux m'expliquer. Vous êtes persistant, vous me dites: On épargne
$50 000 sur un projet
qui devait en coûter $200 000. Est-ce que la municipalité
va être assurée que les $50 000 vont lui servir, à elle, et
non pas à une autre municipalité? C'est cela, votre question?
M. Goulet: Laissez-moi la formuler, si vous voulez. Je veux
m'assurer si, cette année, ça va fonctionner. L'an passé,
une municipalité disait: Nous, on est prêt à participer, on
est de bonne foi. On prenait son projet et on l'installait dans le
réseau secondaire, comme vous l'appelez dans votre livre. On lui donnait
une priorité au niveau secondaire; on la sortait de là. Oui,
c'est comme cela.
Si l'autre municipalité n'était pas
intéressée ou si les résidents du rang disaient: Si le
ministère des Transports veut passer, il va payer le terrain comme il
l'a fait les autres années, et ainsi de suite, on disait: D'accord,
demeure au réseau primaire et suis ta priorité. Tu es
prévu dans huit ans, tu auras ton rang dans huit ans. Ton projet sera
réalisé dans huit ans. Par contre, je prends un exemple que
j'appelle l'exemple A qu'on a vécu chez nous. La municipalité et
les résidents du rang ont dit: Nous, on est prêt à
participer. Dans la région, qu'ont-ils fait? Ils ont pris leur projet et
l'ont mis au réseau secondaire et il est devenu priorité no 3
dans le réseau secondaire. Au lieu d'être réalisé
dans 5 ans au primaire, il va être réalisé cet
été au secondaire. C'est parfait et je voudrais que ça
demeure, aussi, parce que sans cela...
M. de Belleval: C'est ça qui va demeurer.
M. Goulet: Parfait, M. le ministre, vous auriez dû me dire
ça tout de suite tantôt. Il y a une correction importante que je
voudrais apporter. Lorsque j'ai dit au ministre je l'avais bien mis dans
mon rapport que le comté de Bellechasse-Dorchester n'a pas
été favorisé au niveau de la distribution du budget, je
m'explique: Pour les routes régionales et autres, il y a eu $110
millions, au Québec, donnés l'an passé; dans la
région de la Chaudière, il y a huit comtés, il y a eu $15
800 000; Bellechasse-Dorchester a eu $2 millions. Au niveau du prorata soit du
nombre de comtés ou de la population, on n'a pas été
défavorisé. Mais au niveau de la longueur du réseau
routier, on l'a été, parce que, si j'ai 1500 milles de routes
dans mon comté, comparativement au comté voisin qui en a 800
milles et que j'ai $2 millions pareil, ça va prendre deux fois plus de
temps, chez nous, à le faire. C'est pour cela qu'on a 66%. N'allez pas
dire: Le député nous a dit qu'il était content.
Au niveau du prorata de la population et au niveau du prorata des
comtés, vous avez dit: $110 millions divisé par 60 comtés
qui en ont besoin, cela fait tant. Parfait! Je voulais vous dire qu'il y a des
comtés, comme cela, où le réseau routier est deux fois
plus long, qu'ailleurs. Par exemple, dans un comté comme
Bellechasse-Dorchester, le réseau routier est deux ou trois fois plus
long que dans certains comtés du Lac-Saint-Jean où il y a
plutôt une route de ceinture, comparativement à chez nous. Si on
divise cela ainsi, on est nettement défavorisé.
Vous avez parlé, également, de l'augmentation du budget.
Vous avez dit: On a fait des choses, on a augmenté. J'aimerais savoir,
depuis que le gouvernement du Parti québécois est là, par
exemple, pour la région de la Chaudière, le budget était
de combien? L'an passé, il était de $110 millions. Est-ce qu'on
peut le connaître pour l'année antérieure et l'autre? On
n'a pas besoin de reculer... Il n'y a pas quelqu'un qui a cela? Il a
augmenté de combien par année, à peu près? Quand
vous me parlez...
M. de Belleval: On pourra regarder cela lors de l'examen des
crédits, dans quelques jours.
M. Goulet: Rapidement, parce que, si vous avez affirmé que
ça a augmenté, vous devez être capable de me donner un
pourcentage. On ne s'enfargera pas dans les fleurs de tapis. 2%, 8%, 20%, c'est
quoi, l'augmentation?
M. de Belleval: Je n'ai pas tous ces détails ce matin,
comté par comté...
M. Goulet: Ah! écoutez, un gars comme M. Blais peut nous
dire cela.
M. de Belleval: II va falloir que j'examine ces
choses-là.
M. Goulet: M. le Président, le ministre vient de dire dans
cette Chambre...
M. de Belleval: Non, écoutez un peu, soyons sérieux
deux minutes! Vous me demandez la répartition des budgets par
comté depuis six ans. Bon, je vous l'amènerai quand on
étudiera les crédits du ministère des Transports, dans
quinze jours.
M. Goulet: M. le Président, ce que je voulais dire au
ministre, c'est qu'il a dit lui-même, tout à l'heure, sans qu'on
lui demande, quand je lui ai dit: II n'y a pas eu grand-chose de fait de
nouveau: Un instant, les budgets ont augmenté. Pour pouvoir faire une
telle affirmation, il a dû voir quelque part que cela avait
augmenté. Est-ce qu'il a inventé cela ou si cela a effectivement
augmenté?
M. de Belleval: Oui, ils ont augmenté. Je vous apporterai
la preuve, je vous apporterai tous ces chiffres quand on étudiera les
crédits du ministère. Si je vous ai dit cela c'est parce que j'ai
des rapports qui me démontrent que c'est cela qui s'est passé
mais je n'ai pas apporté cela comté par comté. Ce sont des
chiffres qui existent; ce sont des comptes publics, d'ailleurs, ce ne sont pas
des chiffres secrets. Vous ne pouvez pas dire que ce sont des rapports qu'on
cache, ils sont à la bibliothèque de l'Assemblée
nationale.
M. Goulet: Je dis que cela a augmenté d'à peu
près l'équivalent de l'inflation, pas plus. Vous, vous sembliez
dire que cela avait augmenté! Il ne faut pas partir en peur avec
cela...
M. de Belleval: J'ai expliqué qu'à
l'intérieur de notre enveloppe globale, il y a eu un
rééquilibre de la grande voirie dans le sens d'autoroutes
urbaines et autoroutes interurbaines. Il y a eu un rééquilibrage
dans la répartition de mon budget global entre ces travaux et les
travaux proprement régionaux. C'est cela que j'ai indiqué, pas
plus ni moins! Je pense que cela je suis capable de le démontrer. Vous
allez le voir davantage, je pense, dans le budget de 1980-1981, sous les
réserves, aussi, que j'ai expliquées que cette espèce de
rééquilibrage ne peut être que graduel, compte tenu des
engagements antérieurs qu'il faut terminer.
M. Goulet: M. le Président, dans un autre ordre
d'idées, si M. le ministre le permet. Tout à l'heure, il a
parlé des conseils de comté, de peut-être amener les
conseils de comté à participer soit à la
réalisation des routes...
M. de Belleval: L'administration...
M. Goulet: ... ou à l'élaboration des projets.
L'administration. Est-ce qu'on s'en vient vers une politique de
décentralisation? Il y a deux façons de décentraliser. Au
niveau de la réalisation des travaux, par exemple, le ministère
dit: Nous construisons telle route à tel endroit, nous offrons à
la municipalité telle subvention et la municipalité va
elle-même s'occuper de faire réaliser le projet sous surveillance
du ministère, selon les normes du ministère. Cela c'est une
façon de décentraliser.
L'autre façon de décentraliser, c'est de dire: Vous, cette
année, pour la voirie, on vous donne, par exemple, $250 000, faites ce
que vous voulez avec, comme vous voudrez. Est-ce comme on peut le faire, par
exemple, dans d'autres ministères, juste décentraliser
l'administration, mais toujours selon les normes? Il ne faudrait pas qu'on se
réveille avec une municipalité riche qui a une route de 75 pieds
de large et l'autre voisine qui n'en a pas. Une municipalité peut
décider, avec $250 000, de faire une route de quinze pieds de large, et
l'autre d'en faire une de 60.
Est-ce que votre idée de tout à l'heure était de
décentraliser le budget ou de dire à la municipalité. Pour
la construction d'une route au Québec de tel type, ce sont telles
normes?
Maintenant, on veut décentraliser l'administration, on vous
accorde, chez vous, cette année, telle route. Vous voyez
vous-mêmes à aller en soumissions publiques et à demander
aux entrepre-neurs, selon telles normes, de réaliser telle route, selon
telles conditions, mais par contre toujours sous surveillance du bureau local
du ministère des Transports et ainsi de suite. Dans votre idée,
qu'est-ce que c'était votre décentralisation, puisque vous dites:
On s'en va là?
M. de Belleval: Comme je l'ai expliqué, on procède
à une nouvelle classification des routes au Québec et on voit des
résultats de cette nouvelle classification dans le genre de propositions
qu'on est en train de mettre en place pour, entre autres, le réseau
municipal. On va aller discuter de cette nouvelle classification avec les
municipalités, en général, pour avoir leur avis à
savoir si c'est une bonne classification ou non et comment elle peut nous
servir. Ensuite, dans une deuxième étape, on fait non seulement
la répartition du budget du ministère des Transports comme tel,
mais la répartition des responsabilités entre le ministère
des Transports et les municipalités quant à la construction et
à l'entretien du réseau routier. (12 h 15)
Qu'est-ce que cela veut dire concrètement? Cela veut dire qu'une
grande partie du réseau routier qui est actuellement entretenu par le
ministère des Transports, qui est construit, qui est
réfectionné, qui est réparé par le ministère
des Transports, une grande partie de ce réseau, à mon avis,
devrait être remis aux municipalités comme telles, comme on le
fait pour le réseau de rues dans les municipalités urbaines. Il
devrait être remis aux municipalités rurales. Cela s'est fait
ailleurs dans les autres provinces, cela s'est fait ailleurs dans les
États américains.
Le ministère des Transports du Québec on ne le
réalise pas actuellement est le plus gros ministère des
Transports qui existe à peu près en Amérique du Nord,
actuellement, en ce qui concerne la voirie. Parce qu'on a centralisé
à Québec tout l'entretien du réseau de voirie alors que
dans les Etats américains, dans les autres provinces, le
ministère des Transports s'occupe de l'entretien du réseau
national ou du réseau interrégional mais ne s'occupe pas des
réseaux régionaux ou locaux.
Ce n'est pas normal qu'on continue comme cela, à mon avis, parce
que cette centralisation n'est pas conforme à nos objectifs qui veulent
que ce soient les gens à la base qui administrent leurs propres affaires
autant que possible. Ce qu'il faut se demander en particulier, dans le cadre de
l'application de la loi 125 sur l'élaboration des nouveaux conseils de
comté, c'est qu'une des responsabilités que pourraient avoir ces
nouveaux conseils de comté, par exemple, ne serait pas la construction
et l'entretien du réseau local. A ce moment-là, on pourrait avoir
une bonne discussion avec eux. C'est évident qu'ils peuvent être
intéressés, ils peuvent ne pas l'être. Je suis certain que
si ces municipalités sont intéressées, si les conseils de
comté sont intéressés, ils vont nous dire: Oui, on est
intéressé sans doute mais à condition qu'on puisse aussi
parler d'argent, de l'argent que vous allez nous donner pour remplir ces
nouvelles responsabilités. Jusqu'à maintenant, c'est vous qui les
remplissez, on est prêt à les remplir, mais combien allez-vous
nous donner, quel sera le transfert fiscal que vous allez nous donner pour
qu'on puisse s'en occuper? Alors, il va falloir avoir une bonne discussion
là-dessus; je pense qu'on ne peut pas faire cela du jour au
lendemain.
Je donnais donc une espèce de perspective à plus long
terme qu'il faudra discuter. Alors, quand je parle de décentralisation,
c'est d'une véritable décentralisation qu'il s'agit, en vertu de
laquelle les municipalités ou les conseils de comté,
conjointement ou séparément, c'est à voir, prendraient la
responsabilité même du réseau local en milieu rural, comme
les municipalités ont la responsabilité de leur réseau de
rues en milieu urbain. C'est une décentralisation qui va aussi loin que
cela, sous réserve d'un transfert fiscal adéquat. Je pense que
c'est ce vers quoi il faut s'en aller.
Il peut y avoir aussi des formules intermédiaires entre cette
décentralisation véritable et puis des formules
intermédiaires de déconcentration ou de délégation.
C'est à voir. Mais disons que ma perspective, c'est qu'on devrait aller
vers une véritable décentralisation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: En terminant, j'avais...
M. de Belleval: Juste un petit mot. Dans ce contexte, c'est
évident que les normes du ministère des Transports continueraient
à s'appliquer, mais ce serait eux qui les appliqueraient, ce serait
elles qui les appliqueraient plutôt que le ministère des
Transports, de la même façon qu'une municipalité doit
respecter des normes nationales pour faire son réseau de rues. Les
municipalités ne peuvent pas faire n'importe quel type de rues sur leur
territoire. Elles doivent respecter des normes minimales quant aux largeurs,
ainsi de suite. Ce sera la même chose pour les chemins ruraux, comme vous
dites, de façon qu'on ne se retrouve pas avec des réseaux
très disparates et de qualité très différente.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: Rapidement, M. le Président, j'avais promis au
ministre qu'on terminerait vers midi et je veux bien me conformer à ma
promesse. Concernant les cinq recommandations, je fais un court
résumé. Modification de la classification des routes: cela s'est
fait, en principe, ce qui veut dire qu'on devrait l'avoir prochainement;
modification des normes de construction: c'est fait; modification de la grille
de pondération: on s'entend et personnellement, j'aimerais bien qu'on la
modifie mais qu'on ne l'abolisse pas; participation des municipalités et
des citoyens: on y va, mais il manque une prime à la participation
consentie par le ministère, une prime d'encouragement aux gens du
milieu, aux gens qui participent et non pas aux gens d'autres régions.
Meilleure uniformisation de ce système, si vous voulez, de façon
que ce soit vraiment uniforme pour le Québec et qu'on sache où on
va avec cela quand on rencontrera les municipalités.
M. le Président, entre parenthèses, lorsque le ministre a
parlé des contrats d'épandage de gravier qu'il a donnés,
je ne veux pas ouvrir des débats, mais j'aimerais vous dire qu'il n'a
pas été convaincant parce que cela fait trois ans que les
camionneurs artisans attentent chez nous. Il aurait pu faire cela
l'été dernier comme il aurait pu le faire cet été.
Qu'on le veuille ou non, cela va occasionner des dépenses
supplémentaires à cause du dégel du printemps. Le gravier
aurait pu être étendu au début du mois de juin ou au milieu
du mois de juin et cela aurait été préférable que
de l'étendre immédiatement.
Concernant justement des budgets que j'appelle discrétionnaires,
vous avez dit: II y a $11 millions qui ont été consentis. Il y a
environ $13 millions qui vont être consentis. Ils n'ont sûrement
pas été consentis à la ville de Montréal, comme
vous l'avez dit, ni dans le Bas-du-Fleuve. Vous me dites que Bellechasse a eu
$70 000. Après un calcul rapide, il manque $150 000 pour avoir juste
notre part d'égal à égal. Je ne veux pas en avoir plus. Je
ne veux pas en avoir moins. Je vous demanderais, si c'est possible... Ce
n'était pas le but du débat de ce matin, mais $13 millions
divisés par le nombre de comtés touchés, on aurait
dû avoir normalement $200 000 ou $220 000. Vous m'avez dit $70 000 tout
à l'heure. On attend cela pour les jours prochains.
M. le Président, je veux remercier le ministre de
l'objectivité avec laquelle nous avons pu discuter au niveau de ce
débat, l'objectivité de part et d'autre qui a été
maintenue, et remercier également les fonctionnaires, M. le
sous-ministre, madame qui accompagne le ministre d'avoir voulu se
déranger ce matin pour venir répondre à nos questions.
Mais dites-vous bien une chose, M. le Président, dans la ville de
Montréal, dans la ville de Charlesbourg, le réseau routier, c'est
peut-être moins important, mais, dans nos comtés ruraux, c'est 30%
à 40% des demandes des municipalités. Je dirais que chaque fois
qu'un commettant entre dans nos bureaux, la plupart du temps, la moitié
de ceux qui entrent dans nos bureaux, c'est pour nous parler du réseau
routier. Pour un député de région rurale, le réseau
routier est extrêmement important, surtout quand plus de 65% du
réseau routier sont encore en gravier. Dans nos régions, des
agriculteurs ont de l'asphalte, du béton bitumineux dans leur cour et,
dès qu'ils sortent sur le chemin public, le chemin public est en
gravier. C'est dépassé. C'est archaïque. Il y a du
rattrapage à faire et on propose une solution au ministre des Transports
pour faire ce rattrapage. Il y a déjà quatre idées, je ne
sais pas s'il les a acceptées. Il nous a dit: On s'en va là. On
ne veut pas contester cela. La cinquième, je demande au ministre, si
possible, d'aller de l'avant et de ne pas s'occuper de ces régions
seulement en période électorale ou référendaire,
mais de s'en occuper pendant quatre ans entre chaque élection.
M. le Président, je vous remercie de nous avoir permis ce matin
de discuter objectivement de l'entretien, de l'amélioration et de la
construction du réseau routier en milieu rural.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Bien rapidement, M. le Président, je veux
aussi remercier le ministre et tout son
personnel de sa disponibilité et, surtout, de son ouverture
d'esprit.
J'ai d'autres points que j'aurais aimé soulever, mais qui ne sont
pas dans ce contexte, ce matin je le ferai lors de l'étude des
crédits du ministère par exemple, le problème des
ports d'attache dans la région, le problème de ce qu'on appelle
chez nous les "graders" qui font du taxi, qui partent du port d'attache et qui
font 30 milles avant de commencer à gratter et qui doivent revenir
à 16 heures. Voyez-vous! Ce sont des choses qui dépassent le
cadre du débat de ce matin. A tout événement, on en
reparlera lors de l'étude des crédits du ministère.
Je veux associer également mon collègue, le
député de Montmagny-L'Islet, à mes remarques et surtout
vous remercier, M. le Président, et le député de
Bellechasse, d'avoir permis ce débat.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député d'Arthabaska.
M. Baril: Comme je ne serai pas là, pour son information,
je veux faire remarquer au député de Bellechasse, qui dit qu'il
voudrait être traité d'égal à égal avec les
autres comtés, que depuis les trois dernières années que
je suis là, aucune construction de chemin complet dans mon comté
n'a été faite. Donc, si vous bénéficiez d'un budget
d'au-delà de $2 millions par année, il faudrait qu'on le diminue
un peu pour en apporter chez nous.
M. Goulet: M. le Président, c'est parce que dans le
comté d'Arthabaska...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
Président va commencer à parler aussi, si cela continue.
M. Goulet: ... probablement qu'il ne reste plus de chemin de
gravier.
M. Baril: Eh, Seigneur!
M. Goulet: Ce que je voulais dire, c'est qu'au niveau du petit
budget de gravier il y a des comtés où on s'est faire dire qu'il
y avait eu $500 000, par exemple, dans Lotbinière. Je me demandais si
c'était pour faire des pistes d'atterrissage pour les outardes, M. le
Président. Je me reporte au débat d'hier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, en terminant.
Une Voix: Je vous appuie.
M. Baril: Vous appuyez ma motion. Bien. Merci.
M. de Belleval: En tout cas, je pense que le débat qu'on a
eu ce matin sera certainement, pour les historiens, un exemple de
révolution des moeurs au Québec, parce que j'ai l'impression que,
sous M. Duplessis et peut-être même sous d'autres premiers
ministres plus récents, on n'aurait pas pu avoir le même genre de
débat, en tout cas pas au même niveau de discussion. On a eu un
débat, somme toute, absolument non partisan où on a
discuté d'une façon objective d'un dossier qui, autrefois,
soulevait des passions épouvantables. C'est un signe que toute la
société a évolué, que nos moeurs administratives et
politiques ont évolué.
Je suis content, de toute façon, d'avoir pu vous donner ces
renseignements et aussi je pense répondre largement à des
propositions, somme toute, non seulement légitimes, mais aussi
judicieuses que vous avez faites et, comme je l'ai dit, que d'autres
collègues ont faites au fil des mois et des années. Comme je l'ai
également dit, je tiendrai compte de la dernière remarque du
député de Bellechasse en ce qui concerne cette espèce de
récupération par une municipalité de sa contribution
directe ou indirecte à l'amélioration de son réseau.
Un dernier mot: En ce qui concerne le fameux programme de rechargement,
ce n'est peut-être pas le plus important, mais vous avez eu des remarques
là-dessus qui sont plutôt négatives et je pense qu'elles
sont injustes.
Vous dites, par exemple: On aurait dû retarder, parce que
ça va coûter plus cher de faire ça cet hiver. C'est le
contraire. On a examiné cette question et on a réussi à
obtenir le gravier en question et les services connexes aux prix des contrats
de l'an dernier. Si on avait retardé ça aux mois de juin ou de
juillet, il aurait fallu payer les clauses d'indexation.
Deuxièmement, il faut bien voir aussi que j'ai déjà
annoncé que cette année, les travaux de voirie, en
général, commenceront dès le début du dégel.
Nous avons tout refait la programmation en conséquence pour que la
priorité soit donnée aux projets qui sont prêts à
commencer au dégel, plutôt que de faire des démarches et de
mettre des efforts sur des projets qui, de toute façon, ne peuvent pas
débuter avant les mois de juillet ou d'août pour des raisons
purement techniques. Cela veut dire que c'est évident que dès le
mois de mai ou juin, les travailleurs en question ne seront pas disponibles
pour faire ces genres de travaux. Ils vont être disponibles pour faire
les autres travaux de reconstruction et d'entretien des chemins ruraux.
La seule raison pour laquelle, comme je l'ai dit, on a fait ça,
c'est qu'on avait des crédits qui n'avaient pas pu être
dépensés qui seraient devenus périmés le 31 mars
oui vient et que j'ai pu utiliser grâce aux bons soins du Bonhomme Hiver.
Je tiens à vous dire qu'en ce qui concerne la répartion par
comté, elle n'a absolument pas été discrétionnaire
je peux le démontrer n'importe quand; on peut vous fournir les
directives là-dessus parce que chaque chef de district et chaque
directeur régional ont la directive d'effectuer tous les travaux qu'ils
peuvent raisonnablement effectuer d'ici le 31 mars. Il n'y a aucune restriction
budgétaire par district ou par comté globalement, parce que j'ai
suffisamment de crédits qui, de toute façon, seraient
périmés. Autrement dit, j'ai
plus de crédits que ce que je peux faire matériellement de
travaux. Il n'y a eu aucune répartition de ces travaux par district ou
par région. Les seules restrictions sont la disponibilité de
gravier et le niveau d'enneigement.
Alors, s'il s'est fait $70 000 de travaux dans votre comté, c'est
que le chef de district n'a pas pu en réaliser plus de $70 000, au
moment où on se parle. C'est le seul critère qui m'a
guidé.
M. Goulet: J'aimerais qu'on ait un référendum
à chaque printemps, M. le Président. Je serais heureux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont ajournés sine die. Je vous remercie
beaucoup.
Fin de la séance à 12 h 26