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Etude des crédits du ministère des
Transports
(Seize heures trente et une minutes)
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des transports se réunit pour
étudier les crédits budgétaires du ministère des
Transports.
Les membres de la commission, pour la séance d'aujourd'hui, sont:
M. Baril (Arthabaska), M. de Belleval (Charlesbourg), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe) qui remplace M. Goulet (Bellechasse); M. Gratton (Gatineau),
M. Grégoire (Frontenac), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. O'Neill (Chauveau), M. Proulx (Saint-Jean),
M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Verreault (Shefford).
Les intervenants sont: M. Beauséjour (Iberville), M. Bordeleau
(Abitibi-Est), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Mailloux (Charlevoix), M.
Mathieu (Beauce-Sud), M. Michaud (Laprairie), M. Ouellette (Beauce-Nord), M.
Perron (Duplessis).
Le député de Maisonneuve remplace...
M. Gratton: Le député de Maisonneuve à la
place du député de Charlevoix, s'il vous plaît.
Le Président (M. Lacoste): D'accord. M. La-lande
(Maisonneuve) remplace M. Mailloux (Charlevoix).
J'appelle donc le programme 1. Auparavant, M. le ministre, est-ce que
vous avez des commentaires généraux à formuler?
M. de Belleval: Merci, M. le Président. Avant de commencer
l'étude des programmes particuliers du ministère, j'aimerais
rappeler brièvement...
Le Président (M. Lacoste): Un instant. Auparavant, il y
aurait lieu de nommer un rapporteur. Est-ce que je pourrais suggérer M.
Lévesque? M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata) sera donc
le rapporteur.
M. Proulx: Quel comté?
Le Président (M. Lacoste):
Kamouraska-Témiscouata.
M. le ministre, pour les commentaires généraux.
Remarques préliminaires M. Denis de
Belleval
M. de Belleval: Comme je le disais, avant de commencer
l'étude des programmes particuliers du ministère, j'aimerais
rappeler brièvement les points majeurs de l'action du ministère
des Transports pour l'année qui vient de s'écouler et
déterminer certaines voies d'action principales pour l'année qui
vient.
Comme vous le savez, M. le Président, j'ai assumé la
responsabilité du ministère des Transports au mois d'octobre
dernier seulement. Toutefois, dès cette époque, deux dossiers
principaux préoccupaient déjà le ministère des
Transports, et je me suis employé à les rendre à leur fin
le plus rapidement possible à leur fin ou à leur conclusion. Il
s'agissait, entre autres, du réaménagement de notre politique de
subventions au transport en commun, d'une part, et deuxièmement, de la
préparation et de l'acceptation par le gouvernement du plan de transport
intégré de la région de Montréal. Deux dossiers
majeurs du ministère qui ont, comme vous le savez aussi, un passé
assez important. Dans le cas de la réforme du système de
transport en commun, ce passé est lié à celui de toute la
question de la réforme de la fiscalité municipale qui a abouti
aussi cette année.
En ce qui concerne ce premier projet le
réaménagement des subventions au transport en commun je
voudrais rappeler brièvement qu'en vertu de ce nouveau programme des
sommes additionnelles seront mises à là disposition des
municipalités pour donner une impulsion nouvelle à leur programme
de développement des transports en commun, tant dans les villes
déjà dotées d'une commission de transport ou d'une
commission intermunicipale de transport que dans d'autres villes de moyenne
importance du Québec qui se préparent à suivre l'exemple
de ces municipalités et à créer elles-mêmes de
nouvelles commissions intermunicipales de transport.
Le principe qui a présidé à ce
réaménagement de notre programme de subventions vise d'abord
à respecter le principe de l'autonomie municipale en matière de
services locaux. Ce principe est assuré en laissant au palier local le
soin de déterminer le niveau de services de même que la
tarification des services du système de transport en commun en milieu
urbain ou périurbain. En ce sens, nous avons déterminé que
les subventions seraient données à l'avenir en vertu des revenus
des commissions de transport ou des systèmes de transport plutôt
qu'en vertu de leurs dépenses. Ce qui, évidemment, incitera les
municipalités à améliorer la productivité de leurs
ressources et à déterminer le mieux possible le niveau de
services compatible avec le niveau de taxation que ces municipalités
veulent assurer sur leur territoire, et compte tenu aussi de leurs diverses
priorités en matière de services municipaux.
Cette approche aussi, je pense, privilégie les immobilisations en
milieu urbain de façon à améliorer les infrastructures,
à améliorer donc le niveau de services sans pour autant imposer
un fardeau trop lourd, à long terme, aux municipalités.
Ces immobilisations ont trait, bien sûr, dans les milieux comme
celui de Montréal, à des travaux qui touchent au métro.
Dans les autres villes, elles touchent aussi les services d'autobus pour
lesquels la subvention, qui était de 35%, a été
portée à 75%, ce qui démontre bien quand même les
possibilités nouvelles que nous donnons aux
municipalités en matière d'infrastructures, de
façon justement, comme je le disais, à leur permettre
d'améliorer le service actuel.
Par cette politique, nous voulons aussi montrer la voie de l'avenir en
matière de transport urbain et participer, de cette façon,
à nos objectifs généraux, à ceux de tous les
gouvernements occidentaux, je pense, en matière de conservation de
l'énergie et de l'amélioration de la qualité de la vie en
milieu urbain.
Je voudrais rappeler brièvement les principaux
éléments de ce financement. Comme je l'ai dit, en ce qui concerne
les transports par autobus, les subventions aux immobilisations seront de 75%
à l'avenir. En ce qui concerne les immobilisations lourdes, les
subventions seront de 100% pour, par exemple, les métros de surface ou
souterrains à Montréal ou les trains de banlieue. C'est une
politique qui intéresse surtout la région de Montréal,
mais aussi maintenant et de plus en plus, je pense, dans l'avenir d'autres
villes du Québec, en particulier l'agglomération de
Québec.
Du côté des subventions de fonctionnement, à
l'avenir, comme je l'ai dit, nous subventionnerons les revenus plutôt que
les dépenses ou les déficits des commissions de transport. La
subvention sera de 40% des revenus réguliers des commissions de
transport. De plus, nous subventionnerons à 110% des réductions
consenties aux utilisateurs de laissez-passer réguliers. Cette politique
a déjà eu une application concrète dans la région
de Montréal où, comme vous le savez, à cause de cette
nouvelle formule de subvention, le coût du transport en commun a
été effectivement diminué, ce qui n'est pas, je pense, un
mince exploit par les années qui courent.
Pour les usagers réguliers de la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal, le laissez-passer mensuel, dans
l'agglomération de la communauté urbaine, a été
fixé, comme vous le savez, à $16. D'autres régions
implanteront aussi, bientôt, de tels systèmes de laissez-passer;
la région de Hull, en particulier, bénéficiera très
bientôt d'un tel système; celle de Québec, comme vous le
savez, avait été la pionnière dans ce domaine et notre
politique a permis de maintenir à $18 le coût du laissez-passer
actuel.
Un deuxième dossier très important au ministère,
l'automne dernier, consistait à prendre enfin position sur un plan de
transport intégré pour la région métropolitaine de
Montréal, tant du point de vue de la grande voirie des autoroutes que du
système de transport en commun. Vous savez que le plan proposé
privilégie grandement le transport en commun puisque, sur des sommes
d'environ $1 000 000 000 qui seront consacrées à
l'amélioration du transport urbain dans la région de
Montréal durant les cinq ou sept prochaines années, près
de 90% seront consacrées au transport collectif, particulièrement
à l'extension du métro, l'amélioration des trains de
banlieue et la création de nouveaux métros de surface dits
métros régionaux.
Les réactions à ce plan ont été largement
positives, je pense, jusqu'à maintenant et, actuel- lement, les
différents intervenants dans le domaine, en particulier la
Communauté urbaine de Montréal et la Commission de transport de
la Communauté urbaine de Montréal, de concert avec le
ministère des Transports, sont à la veille d'une entente formelle
sur la meilleure façon de mettre en application ce plan
d'équipement dans les meilleurs délais. Des négociations
à cet effet sont d'ailleurs commencées avec les compagnies de
chemin de fer existantes, le CN et le CP, et aussi la compagnie Via-Rail dont
certaines infrastructures seront utilisées pour l'amélioration du
système de transport collectif de la grande région de
Montréal et en particulier, bien sûr, de la communauté
urbaine.
Voilà donc deux éléments très importants des
politiques amorcées au ministère des Transports, parfois depuis
quelques années, parfois depuis les trois dernières années
en ce qui concerne la réforme du financement, en particulier
qui ont marqué mes premiers mois comme ministre des
Transports.
En ce qui concerne la prochaine année, nous voulons
concrétiser davantage les orientations qui germent au ministère
depuis plusieurs mois déjà. Tout d'abord, comme vous le savez, le
ministère des Transports devient de plus en plus un ministère qui
s'occupe de questions autres que celles de voirie proprement dite, mais qui
s'occupe plutôt, de plus en plus, de domaines d'intérêt
nouveau comme le développement de notre système aérien, le
développement de notre système maritime et un dossier que je
considère de la plus haute importance, probablement notre
première priorité durant les mois qui vont venir, celui de la
sécurité routière.
Du côté du domaine aérien, il va sans dire que notre
action ne peut-être que complémentaire ou supplétive,
compte tenu des responsabilités qu'assume constitutionnellement le
gouvernement fédéral en cette matière. Quoi qu'il en soit,
en bonne partie à cause de la faiblesse des interventions du
gouvernement fédéral dans ce domaine comme dans le domaine
maritime aussi, on le verra un peu plus loin il est important que le
gouvernement du Québec intervienne. Je parle de faiblesse, c'est le cas
parfois; il s'agit aussi, dans d'autres cas, d'interventions intempestives. Je
fais référence, par exemple, à tout le dossier du
regroupement des transporteurs aériens dans le Nord-Ouest
québécois qui est un exemple concret de notre
détermination de faire en sorte que notre secteur commercial, que la
structure de nos entreprises dans le domaine aérien soit
renforcée, que les entreprises existantes soient regroupées, que
leur base financière soit améliorée, que leur base
technique, aussi, soit améliorée, de façon à donner
un meilleur service à l'ensemble de la population. (16 h 45)
Dans le Nord-Ouest québécois nous avions
déjà une opération entreprise de regroupement en ce sens.
Malheureusement, à la toute veille des dernières élections
fédérales, le ministre fédéral des Transports de
l'époque a retiré au transpor-
teur québécois concerné, à savoir
Québec-Aviation, le permis qui lui permettait de desservir les
localités de la Baie James et du Nord-Ouest de
l'Abitibi-Témiscamingue. J'ai déjà dénoncé
ce geste et, comme vous le savez, la position du gouvernement du Québec
et des transporteurs régionaux, dans ce dossier, a été
appuyée par l'ensemble des corps intermédiaires de la
région de l'Abitibi-Témiscamingue. J'ai écrit à mon
homologue du gouvernement fédéral à ce sujet. J'attends
une réponse quant à la révision de la décision,
sans précédent, de son précédesseur qui, à
toutes fins pratiques, sinon bloque, du moins compromet dangereusement nos
efforts de rationalisation dans le domaine aérien dans la région
de l'Abitibi-Témiscamingue.
Nous avons aussi d'autres programmes dans le domaine aérien, tant
au niveau des infrastructures, dans d'autres régions du Québec,
qu'au niveau aussi des discussions avec les entreprises, de façon
à, comme je l'ai dit, poursuivre une politique de restructuration et de
développement de notre système aérien au Québec. Je
passe, évidemment, par-dessus le dossier majeur de Mirabel qui reste en
panne et pour lequel, d'ailleurs, nous n'avons reçu aucune nouvelle du
gouvernement fédéral depuis de nombreux mois, malgré des
interventions, non seulement du gouvernement, mais aussi de
députés de toutes les formations politiques de la région
de Montréal, à cet effet.
Autrement dit, la décision de construire l'aéroport de
Mirabel, prise dans le contexte que l'on connaît à la fin des
années soixante, s'est traduite, pour la région de
Montréal, par la mise sur pied d'un système aérien moins
efficace et moins attirant, pour les entreprises aériennes, que celui
dont bénéficiait déjà Montréal avec les
infrastructures de Dorval. Autrement dit, après avoir
dépensé, sinon gaspillé $500 000 000, la région de
Montréal se trouve dans une situation pire, actuellement, que ce dont
elle bénéficiait durant les années soixante.
D'ailleurs là-dessus, je pense que le témoignage que je
peux apporter est appuyé par les analystes et tous les observateurs, non
seulement de la scène politique mais du domaine technique
concerné, quant aux décisions fédérales dans ce
domaine, dans le passé.
Du côté maritime, nous avons aussi pris des initiatives qui
visent à améliorer d'abord le réseau dont nous sommes
responsables, essentiellement le réseau des traversiers sur le fleuve
Saint-Laurent et dans l'estuaire. Mais nous avons aussi amorcé une
consolidation de nos entreprises en cette matière. Ce matin même,
j'annonçais en conférence de presse que la société
Sonamar allait regrouper les deux plus importantes entreprises de cabotage
maritimes sur le fleuve, la compagnie Logistec Maritime et la compagnie
Desgagné, de façon à former une nouvelle entreprise.
Là encore, avec une base technique et financière plus forte, de
façon à faire face à la concurrence des autres entreprises
étrangères, extérieures au Québec, qui oeuvrent
dans le domaine maritime, et aussi de façon à pouvoir rechercher
de nouveaux marchés et créer, finalement, des emplois pour notre
main-d'oeuvre dans ce domaine.
Du côté du transport en commun, j'en ai parlé plus
tôt, les plans, dont nous avons amorcé la réalisation, se
poursuivront, non seulement dans la région de Montréal, mais
aussi dans d'autres régions du Québec, où les
municipalités accordent maintenant au transport en commun la
priorité qui lui revient. Dans la région de Québec, en
particulier, une étude est en cours qui visera à
déterminer l'opportunité et, éventuellement, les
caractéristiques techniques dans un système de transport en
commun amélioré, grâce à l'implantation d'un
métro de surface, dans le territoire de la Communauté urbaine de
Québec.
Je voudrais terminer ce bref exposé, en parlant du dossier de la
sécurité routière. Comme vous le savez, mon
prédécesseur avait créé un comité
interministériel, chargé de coordonner toutes les actions du
gouvernement, en matière de sécurité routière. Les
travaux techniques préparatoires sont déjà
commencés en cette matière. Une première réunion du
comité a eu lieu, d'autres suivront. Déjà, on peut
déceler un certain nombre d'orientations quant à notre
façon d'aborder la sécurité routière.
Tout d'abord, il nous faut marquer la priorité que nous accordons
en cette matière sur le plan des structures gouvernementales, comme
telles. Pas simplement en termes de coordination interministérielle,
mais en termes d'utilisation de nos ressources sur le plan technique.
Alors, de ce côté, les différentes
responsabilités de la sécurité routière au
ministère des Transports seront regroupées au sein d'une
direction ou d'un service général, qui sera placé sous la
responsabilité d'un haut fonctionnaire qui aura, à toutes fins
pratiques, le rang de sous-ministre adjoint. Il agira, en même temps,
comme secrétaire du comité ministériel de la
sécurité routière.
Je pense que le regroupement des responsabilités techniques en
cette matière et le niveau élevé, sur le plan
hiérarchique, de son responsable, marqueront bien la priorité que
nous voulons donner à nos différents programmes en cette
matière, au ministère des Transports.
Comme vous le savez, actuellement, la sécurité
routière au ministère des Transports est dispersée parmi
plusieurs services, mais particulièrement, bien sûr, elle existe
au sein d'une Direction générale comme telle du ministère
des Transports, le Bureau des véhicules automobiles qui s'occupe non
seulement de sécurité routière, mais de toutes sortes
d'autres fonctions. Je pense que si nous voulons démontrer notre
sérieux en matière de sécurité routière,
nous devons commencer par l'indiquer en donnant aux structures administratives
une position clé dans l'ensemble de la hiérarchie administrative
du ministère des Transports.
Nous allons aussi, bien sûr, poursuivre l'harmonisation des
actions des nombreux intervenants qui existent en cette matière au
Québec,
tant publics que privés, et le Comité ministériel
de la sécurité routière verra justement à faire en
sorte que ces différentes actions soient harmonisées et se
traduisent par des programmes nouveaux, concrets, qui seront mis en application
au cours de l'été et de l'automne prochains. J'ai voulu, de ce
côté-là, plutôt que de mettre sur pied tout de suite
des actions qui peuvent avoir l'air flamboyantes à première vue
du côté de la sécurité routière en
particulier, des programmes de promotion publicitaire, etc., pour inciter les
gens à la sécurité routière, j'ai
préféré prendre un peu de recul et construire d'abord
notre appareil technique capable d'élaborer ses programmes, d'en assurer
le suivi et de faire en sorte que ceux-ci soient vraiment efficaces avant,
justement, de se lancer dans différents projets particuliers partiels,
mais qui sont souvent d'une utilité pas très grande à long
terme.
Je terminerai mes remarques là-dessus et je suis certain qu'au
cours de l'examen des différents programmes du ministère j'aurai
amplement l'occasion de compléter les quelques remarques
préliminaires que je viens de faire. Si mes collègues de la
commission le permettent, je pourrai présenter immédiatement, ou
un peu plus tard au cours de la réunion, les différents
fonctionnaires qui m'accompagnent aujourd'hui, lors de cette première
séance de l'étude de nos crédits.
Voulez-vous que je le fasse maintenant? Je pense que déjà
vous êtes familiers avec les visages et les noms de quelques-uns d'entre
eux. Les ministres passent, mais les fonctionnaires restent; sinon, ils se
présentent en politique et font comme le député de
Maisonneuve, ou d'autres que nous connaissons.
M. Gratton: ... le ministre. M. de Belleval: Exactement.
M. Lalande: II faut dire qu'avec les fonctionnaires, on va...
M. de Belleval: Je vais peut-être commencer par les gens de
l'extrême gauche, de l'extrême droite ou de l'extrême centre.
J'aimerais que chacun se présente lui-même et précise sa
fonction. Je pense que ça va simplifier la présentation, si vous
voulez.
Jean-Paul Matte, bureau du sous-ministre; André Poirier, bureau
du ministre; Ghislain La-flamme, Bureau des véhicules automobiles;
Adolphe Prévost, Commission des transports; René Vincent,
Direction générale de planification et de développement;
Yvan Demers, direction de la programmation; Jean-Paul Gaudreault, direction de
l'entretien; M. Tessier, direction générale du génie; M.
Marcel Baril, Direction générale du personnel et de
l'administration; Paul Lussier, Conseil du transport de la région de
Montréal; M. Gilles Cado-rette, attaché politique; Yolande
Plante, attachée politique; M. Hugues Morissette, sous-ministre.
M. le Président, la parole est à mon collègue de
Gatineau, je suppose.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Merci, M. le Président. J'aimerais d'abord
saluer les principaux collaborateurs du ministre qui nous honorent de leur
présence et qui, surtout, sauront fournir tant au ministre,
possiblement, qu'aux membres de la commission, sûrement, les informations
susceptibles d'éclairer non seulement les membres de la commission mais,
par le biais du journal des Débats, ces éléments de la
population qui s'intéressent à l'étude des crédits
du ministère des Transports.
Tantôt, le ministre, dans ses remarques préliminaires, a
fait grand état des deux dossiers qui, dit-il, ont retenu son attention
depuis son arrivée au ministère en septembre dernier. Il nous a
parlé longuement du programme d'aide financière au transport en
commun aussi bien que du transport intégré sur l'île de
Montréal.
J'aurais préféré, M. le Président, que le
ministre soit un peu plus général dans son approche et nous dise
jusqu'à quel point le ministère considère comme
prioritaires un certain nombre de dossiers que nous voudrons sûrement
soulever au cours de l'étude des crédits. Entre autres, il y a un
petit exercice qui s'avère assez intéressant lorsqu'on compare
les crédits globaux du ministère des Transports pour
l'année qui nous intéresse, c'est-à-dire l'année
1980-1981, à ceux de l'année 1976-1977, soit dernière
année avant le changement de gouvernement. On se rend compte que la part
que le ministère des Transports occupe ou accapare de l'ensemble des
crédits budgétaires gouvernementaux va toujours en diminuant
d'année en année sous ce gouvernement. De 10,4% qu'elle
était en 1976-1977, elle est maintenant de moins de 7,7% en fait un peu
plus près de 7,6%. Tantôt, lorsque le ministre nous faisait grand
état de l'aide accrue que le gouvernement entend donner au
développement et à l'aménagement du transport en commun,
il doit reconnaître que ceci se fait grandement et en grande partie au
détriment du développement du réseau routier. On a beau
faire de longs et beaux discours pour dire que l'avenir réside dans le
transport des personnes dans le développement du transport en commun,
tout cela est vrai et louable. Le fait demeure que, sauf quelques
régions, la plupart des régions du Québec n'ont pas encore
ce minimum d'infrastructure routière dont elles ont besoin.
Malheureusement, cette politique du gouvernement vient réduire et de
façon très considérable, de façon même
astronomique, les sommes qui étaient déjà
consacrées au développement du réseau routier. (17
heures)
Si on prend, par exemple, la construction d'autoroutes, on convient
qu'il y a eu un effort. D'ailleurs, on le sait fort bien puisque c'est le
gouvernement libéral d'alors qui a fait l'effort de reprendre le temps
perdu dans la construction d'autoroutes. Or, si on regarde les crédits
de l'année 1976-1977, on constate que quelque
$204 000 000, c'est-à-dire 24,3% des crédits globaux,
étaient consacrés à la construction d'autoroutes.
Ces montants ont diminué d'année en année sous le
gouvernement du Parti québécois, à un point tel qu'en
1980-1981, $139 000 000 seulement sont consacrés à la
construction d'autoroutes, c'est-à-dire 31,7% de moins. A noter, M. le
Président, que, pendant ces quatre années-là, les
coûts, que je sache, n'ont pas diminué, mais ont plutôt
augmenté. On pourrait, sans aucune crainte de se tromper, parler d'une
augmentation moyenne de 10% par année, donc d'environ 40% dans les
coûts de construction et on s'aperçoit que c'est de 31,7% qu'on a
diminué les montants affectés à la construction
d'autoroutes. On me dira qu'il n'y a plus d'autoroutes à construire.
Pourtant, on se rend compte qu'en période électorale, dans
Beauce-Sud, par exemple, dans le comté de mon collègue de
Maisonneuve, on trouve toujours le moyen de raviver ces projets-là,
surtout quand il s'agit de les promettre.
Pour ne parler que de ma région de l'Outaouais, c'est encore plus
malheureux, M. le Président, et plus condamnable que le gouvernement ne
mette pas plus d'emphase dans la construction du réseau autoroutier
alors que le gouvernement fédéral, dans la région dite de
la capitale nationale, s'est déjà engagé, par entente
signée en 1972, à défrayer 50% des coûts de
construction d'un bon nombre de routes régionales, mais aussi de
certaines autoroutes et que, depuis 1976, malheureusement, aucune somme n'a
été dépensée par le gouvernement du Québec
qui se veut le seul et unique maître d'oeuvre dans ce domaine, dans le
cadre de l'entente fédérale-provinciale.
On pourrait possiblement dire qu'on a pris l'argent qui, normalement, ou
qui déjà était dévolu à la construction
d'autoroutes et on l'a consacré plutôt à la construction
des routes régionales. Mais non, M. le Président. C'est tout
à fait, encore là, le contraire, puisqu'en 1976-1977, $78 800 000
étaient consacrés à la construction de routes
régionales et après quatre ans, et encore là avec des
coûts de construction qui ont continué d'augmenter, on en est
rendu à un montant de $59 100 000 que les crédits de 1980-1981
viennent consacrer à la construction des routes régionales.
Encore là, c'est une diminution de 25%, M. le Président, sur les
montants que le gouvernement libéral antérieur y avait
consacrés.
En fait, le seul endroit où on constate une augmentation des
crédits, et c'est une augmentation qui est artificielle puisque
l'augmentation des coûts de construction depuis les quatre
dernières années fait qu'elle vient ronger plus que le double des
augmentations, c'est au niveau des autres routes; en fait, de la "garnotte" M.
le Président, ce qu'on peut manipuler, de diverses façons, pour
aller faire, ce qu'on appelle dans l'Outaouais, du "patchaqe" de routes, et ces
crédits, de $103 000 000 qu'ils étaient en 1976-1977, on les
retrouve maintenant à $122 000 000, c'est-à-dire une augmentation
d'en- viron 18,6% qui, je le répète parce qu'il est important de
le noter, ne représente qu'environ la moitié de l'augmentation
des coûts de construction.
Donc, M. le Président, on voudrait et on veut bien croire le
gouvernement lorsqu'il nous parle d'augmenter, de développer et
d'améliorer le transport des personnes, notamment le transport en
commun. Mais nous répétons ce que nous avons déjà
dit: II ne faut pas le faire au détriment des infrastructures
routières essentielles et minimales que l'on doit retrouver dans les
régions. Malheureusement les crédits budgétaires que nous
sommes appelés à étudier pour l'exercice financier
1980-1981 ne nous donnent aucunement satisfaction de ce point de vue. Loin de
là. Je serais tenté de dire, quand je vois le titre d'article de
journal qui dit: "La voirie, de Belleval veut rendre rapide l'adjudication des
contrats", que vous n'aurez pas tellement de problèmes, parce que les
contrats vont être assez rares. Effectivement, il devrait être
assez facile de les adjuger assez rapidement. Enfin, passons, M. le
Président.
Au cours de l'étude de ces crédits, on voudra revenir
à la part des crédits qui sont dévolus à la
construction non seulement des autoroutes, mais des routes principales et des
routes régionales. Je n'ai pas encore parlé des routes
principales, M. le Président, mais notons en passant que là aussi
il y a une diminution de crédits: de $112 200 000 qu'ils étaient
en 1976-1977, ils passent à $110 500 000 cette année,
c'est-à-dire une diminution de 1,5% par rapport à la
dernière année du gouvernement libéral, 1976.
Nous voudrons, sûrement avec la présence de mon
collègue de Maisonneuve c'est tout dire parler du taxi sur
l'île de Montréal, sujet, d'ailleurs, qui a fait l'objet d'une
question à l'Assemblée nationale tantôt. Le ministre nous a
parlé de la priorité qu'il accorde à la
sécurité routière. Il ne faudrait quand même pas
qu'on rie de nous. J'admets que le ministre est nouveau, mais la
sécurité routière est défaillante au Québec;
à ce point de vue, elle n'est pas nouvelle. Il me semble que venir nous
dire aujourd'hui, comme vient de le faire le ministre des Transports, qu'on va
accorder une priorité extraprioritaire... Il disait lui-même: On
va démontrer notre sérieux à ce point de vue. Du
même souffle, nous dire que le comité interministériel,
créé par son prédécesseur il y a environ un an
je n'en sais rien, je sais qu'on en a parlé en commission
parlementaire au cours du mois d'août dernier du même
souffle nous dire qu'il n'y a eu qu'une seule réunion de ce
comité; eh bien! je souhaite bonne chance au ministre, mais j'ai
l'impression que nous ne verrons pas d'amélioration très sensible
dans ce domaine au cours de l'année qui s'en vient, pas plus,
d'ailleurs, qu'on ne verra de signes tangibles d'amélioration sur la
façon d'aborder tout le problème de la sécurité
routière.
Comité interministériel, service général au
sein du ministère sur la sécurité routière, ce sont
là des choses qui me semblent être bien plus des paroles en l'air
qui, malheureusement, n'amène-
ront rien de concret au point de vue des résultats...
Nous avons une refonte du code de la route qui a été
étudiée en commission parlementaire en août dernier, je
pense, qui a fait l'objet d'auditions où plusieurs dizaines d'organismes
sont venus faire des représentations auprès du
prédécesseur du ministre actuel. On avait cru, et tout le monde
avait lieu de le croire, que ce code de la route, cet avant-projet de loi
deviendrait projet de loi au cours de cette partie de la session,
c'est-à-dire au printemps 1980, et qu'on pourrait y retrouver certains
éléments qui viendraient améliorer notre comportement dans
le domaine de la sécurité routière. Encore là, pas
un mot. J'imagine que le ministre pourra nous dire tantôt qu'une fois le
fameux référendum passé, on pourra y revenir. Mais le fait
demeure que, quant à moi, c'est là un point majeur. C'est
d'ailleurs le seul projet de loi, à ma connaissance, que le ministre des
Transports avait à guider ou à piloter au cours de cette session.
Nous n'avons eu aucune nouvelle, aucune indication, à savoir à
quel moment l'Assemblée nationale sera appelée à
réétudier, ou à étudier, et à adopter ce
code de la route refondu, renouvelé qu'il était si urgent de
déposer l'an dernier.
On questionnera sûrement le ministre au cours de la discussion sur
toute l'organisation des postes d'affectation dans les régions, surtout
en ce qui concerne le camionnage en vrac. On pourrait difficilement laisser
passer l'étude des crédits du ministère des Transports
sans interroger, autant le ministre que, possiblement, le directeur
général du Bureau des véhicules automobiles sur ce qui se
passe au BVA, mais, encore plus pertinemment sur ce qui se passe au sein du
Conseil du trésor, au sein du ministère quant aux
opérations, quant à la transformation possible du Bureau des
véhicules automobiles en une régie autonome. Le ministre y a fait
allusion dans des déclarations publiques qu'il a faites. Nous lui
serions gré de noter que nous requerrons de lui certaines explications,
certaines indications un peu plus concrètes que ce qu'il a bien voulu
rendre public jusqu'à ce jour.
On a évidemment tout le secteur du transport maritime et du
transport aérien qui, à l'occasion, pourra faire l'objet de
questions et de commentaires de la part de députés de
l'Opposition officielle. Il y en a un en particulier sur lequel je voudrai
solliciter du ministre des éclaircissements quant à ses propres
intentions aussi bien qu'à celles de son collègue, le ministre de
l'Environnement, relativement à l'île
Sainte-Thérèse, dans le port de Montréal. A moins qu'on
ait eu des échos publics récemment, il semble y avoir une
confrontation qui s'annonce entre le ministre de l'Environnement et le ministre
des Transports par rapport à l'utilisation de l'île
Sainte-Thérèse comme partie intégrante du port de
Montréal ou à d'autres fins.
M. le Président, ce sont là certains des
éléments que nous voudrons aborder au cours de l'étude des
crédits du ministère des Transports. J'imagine que les membres de
la commission, autant ceux de l'Union Nationale que des autres formations
politiques, voudront également s'intéresser à leur
région particulière, à leur comté particulier. On a
reçu, et nous en savons gré au ministre, la liste des subventions
accordées par comté. On constate que, plus cela change, plus cela
est pareil, c'est-à-dire que les comtés représentés
par des députés ministériels sont souvent mieux pourvus
que ceux représentés par des députés de
l'Opposition. Je trouve que cela est tout à fait normal. En fait, il
faudrait être complètement malhonnête pour prétendre
que la nature humaine pourrait changer à ce point rapidement qu'on en
viendrait à d'autres constatations. Mais un fait demeure, il est
important de faire cette constatation puisque certains, parmi la population,
avaient peut-être pu se faire leurrer par des propos tenus par des
candidats du Parti québécois qui nous laissaient présager
des façons différentes de faire lea choses.
Cela étant dit, M. le Président, quant à nous, nous
serons prêts, au moment où le député de l'Union
Nationale aura fait ses représentations d'ordre général,
à aborder l'étude des crédits, soit programme par
programme, soit élément par élément, ou encore, si
le ministre ou les membres de la commission en convenaient, nous pourrions tout
aussi bien les traiter sujet par sujet, de façon globale et
générale pour ensuite adopter l'ensemble des programmes et
éléments d'un seul trait, une fois que la discussion sera
terminée. Chose certaine, M. le Président, il n'est pas dans
notre intention d'éterniser les travaux de cette commission. On sait que
nous sommes limités dans le temps par le règlement de
l'Assemblée nationale, de toute façon. Quant à nous, de
l'Opposition officielle, une fois qu'on aura terminé la série de
questions et qu'on aura obtenu les informations par rapport à certains
sujets que j'ai mentionnés et quelques autres que pourront soulever mes
collègues du Parti libéral, nous serons prêts à
adopter l'ensemble des crédits.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: Merci, M. le Président. A mon tour, il me fait
plaisir de saluer la présence de tous les collaborateurs et
collaboratrices du ministre. Nul doute que ces personnes sauront apporter au
ministre l'aide voulue en pareille circonstance. Egalement, M. le
Président, j'aimerais motiver l'absence du député de
Bellechasse, qui est le représentant de notre formation politique
à cette commission, étant donné que le
député de Bellechasse est retenu actuellement à
l'Assemblée nationale par les travaux réguliers, soit le fameux
trou au ministère de l'Education; je ne sais pas ce qui va
résulter de cette inquisition, on verra cela tantôt. (17 h 15)
Une Voix: L'Union Nationale creuse encore.
M. Cordeau: Je constate que dans le budget global du
ministère des Transports, il y a une
augmentation, je crois, de 4,2% par rapport au budget de l'an
passé. Bien sûr, ça ne représente pas le coût
de l'inflation; par contre, il y a certains domaines où il y a eu
augmentation par rapport à d'autres et nous aurons certainement de
nombreuses questions à poser au ministre à ce sujet.
En ce qui concerne le transport en commun, le ministre a
mentionné tantôt qu'il apportait une aide spécifique; j'en
conviens, mais j'aimerais poser une question: Est-ce que la Commission de
transport de la rive-sud de Montréal est également admissible aux
subventions tout comme les Commissions de transport des Communautés
urbaines de Montréal et de Québec? Vous pourrez peut-être
répondre tantôt dans votre réplique; c'était
simplement un point en passant.
J'aimerais également souligner je ne reprendrai pas tous
les points soulevés par le député de Gatineau que
dans le livre "Renseignements supplémentaires-crédits", on peut
lire, à la page 39: "Par ailleurs, on peut constater une augmentation de
$14 600 000 au chapitre des dépenses inhérentes à la
conservation du réseau routier, de même qu'une réduction
des dépenses de $10 100 000 au niveau de l'aide à
l'amélioration du réseau municipal, l'entretien de ce
réseau étant remis aux municipalités". J'aimerais, que
dans sa réplique, le ministre nous explique davantage ce point et qu'il
nous dise quel est le réseau municipal qui, dorénavant, sera
à la charge des municipalités.
M. Mathieu: M. le Président... Vous n'avez pas fini?
Excusez.
M. Cordeau: Ce ne sera pas très long; d'ailleurs, je ne
suis pas long, habituellement.
A la page suivante, la page 40, on peut y lire, concernant le transport
maritime et aérien, que les crédits additionnels accordés
à ce programme "seront surtout consacrés à finaliser les
débarcadères du Saguenay et à compléter l'achat
d'un bateau pour l'île aux Grues". J'aimerais que le ministre nous fasse
part des détails de cet achat parce que le bateau n'est pas
acheté... je ne sais pas s'il est acheté ou s'il ne l'est pas.
J'aimerais aussi savoir à quel endroit ce bateau sera construit,
à moins que vous n'achetiez un bateau déjà construit parce
que c'est une affaire pas finie dans le rapport...
Une Voix: ... monté un bateau.
M. Cordeau: ... à compléter l'achat d'un bateau. Je
ne voudrais pas monter de bateau non plus, mais j'aimerais avoir des
renseignements additionnels.
J'aimerais aussi que vous nous expliquiez, que vous nous donniez les
définitions des mots "journalier" et "ouvrier spécialisé"
au ministère des Transports. Ces deux mots ont fait l'objet d'un
débat assez calme, mais assez long concernant les occasionnels lorsque
nous avons étudié les crédits du ministère de la
Fonction publique. Il y a là des malentendus. Des listes sont
créées chaque année. Les définitions sont
différentes et, quelquefois, des individus qui étaient
journaliers une année ne sont pas rappelés parce qu'ils ont
besoin de plus d'ouvriers spécialisés que de journaliers.
J'aimerais que vous définissiez clairement ce que sont un journalier et
un ouvrier spécialisé au ministère des Transports.
M. le Président, j'aurais peut-être d'autres questions,
j'avais pris simplement quelques notes lorsque M. le ministre a parlé;
d'ailleurs, je ne veux pas revenir sur les points que j'avais notés
aussi et que le député de Gatineau a mentionnés dans son
allocution.
Le Président (M. Lacoste): Merci. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: Merci, M. le Président. M. le ministre me
permettra sans doute, pour ma part, d'aborder des points qui préoccupent
fort les citoyens de ma région, principalement de mon comté. Nous
sommes ici pour servir le bien commun des gens que nous représentons et
non pour faire de la partisanerie politique; c'est dans cet esprit que je veux
participer à la commission et intervenir quand je le jugerai
nécessaire.
Vous savez que, dans le comté que je représente, c'est de
commune renommée que le réseau de voirie est dans un état
vraiment lamentable, si on tient compte qu'il y a environ quelque huit cents
kilomètres dépendant des nouvelles paroisses qui seront
attachées à Beauce-Sud, avec la révision de la carte
électorale, huit cents kilomètres environ en gravier, ce qui est
énorme. Les populations voudraient bien avoir l'assurance que, sur une
échelle plus ou moins longue, on viendrait à bout de passer
à travers cet état de choses. Il y a des paroisses où la
situation ne s'est pas améliorée depuis une trentaine
d'années, elle n'a fait qu'empirer; il va falloir absolument donner un
coup de barre de ce côté. Je voudrais aussi que le ministre nous
explique on aura l'occasion peut-être de demander des
éclaircissements en vertu de quels critères on fait les
choix, on identifie les routes comme étant principales,
régionales ou autres routes. Pour ce qui est des autoroutes, c'est
facile. Une route principale, je prétends que c'est une route
numérotée, mais je crois savoir qu'il y a également des
routes régionales qui sont numérotées, puis, dans les
autres routes, ensuite, on a toujours les routes à vocation agricole. Je
pense qu'elles ne dépendent pas de votre ministère, qu'elles
dépendent du ministère de l'Agriculture, mais elles sont une
responsabilité municipale. J'aimerais avoir des critères clairs
pour savoir comment et en fonction de quels critères on rattache une
route, à tel type plutôt qu'à tel autre.
Dans ma région, il y a beaucoup de critiques relativement aux
ports d'attache. Vous savez qu'il y a le bureau de district du ministère
des Transports et qu'il y a des ports d'attache. Les ports d'attache ne
seraient pas assez nombreux, sem-
ble-t-il, ce qui fait qu'on doit faire beaucoup de taxi avec ce qu'on
appelle les "graders" excusez, si je n'ai pas l'équivalent
français...
Une Voix: Les niveleuses.
M. Mathieu: Les niveleuses, merci!
Je veux que tout le monde me comprenne on a besoin des "graders"
chez nous, je suis bien prêt à prendre le mot "niveleuse". De
toute façon, le problème est le suivant: il y a des paroisses qui
ont un grand besoin de ces niveleuses. La niveleuse part du port d'attache vers
8 h 30, elle arrive à 10 h 30, 11 heures, pour commencer son travail. Il
faut que le gars prenne sa pause-café je n'ose pas dire le mot
anglais, pour ne pas me faire reprendre ensuite c'est l'heure du
dîner; il travaille peut-être une heure le matin et une heure
l'après-midi et retourne au port d'attache. C'est un problème
réel que je soulève. Les gens deviennent un peu
révoltés de voir qu'un équipement aussi dispendieux serve
à faire du taxi. Il ne sert pas, autrement dit, aux fins pour lesquelles
il est conçu. J'imagine que, dans votre comté, M. le
député de Kamouraska-Témiscouata, c'est la même
chose. On part de Vallée-Jonction pour monter à Sainte-Clothilde,
c'est une route en asphalte, il n'y a pas beaucoup de grattage à faire
là. En plus, c'est une obstruction à la circulation...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Comme cela, vous n'avez pas de routes de gravier?
M. Mathieu: On a des routes de gravier, mais on a aussi des
routes en asphalte. On en a un petit peu moins en asphalte qu'on en a en
gravier. Regardez le problème, il est réel. Je voudrais attirer
l'attention parce que les gens des paroisses éloignées de centres
ne comprennent absolument pas comment il se fait que des machines aussi
dispendieuses servent à faire du taxi.
Si on pense qu'en faisant du taxi avec ces machines, on brûle le
moyeu, on brûle les essieux, regardez combien cela coûte pour
réparer cela. Pendant ce temps-là, l'ouvrier ne travaille pas aux
fins pour lesquelles il est requis de le faire, la machine non plus. Alors que
l'on aurait tant besoin...
Ce sont des éclaircissements que j'aimerais demander, quand le
temps sera venu. Cet après-midi, je crois qu'il est de mise de laisser
aller les choses ou les titres de nos préoccupations, afin qu'en cours
de route, nous puissions avoir des solutions. Je ne dis pas non plus que c'est
le ministre actuel qui a inventé ce système. Je sais qu'il
existait. Mais il y a une anomalie et je crois qu'il faudrait que ces
niveleuses, qui sont très dispendieuses, puissent niveler et qu'on
arrête de s'en servir comme taxis. Les gens ne comprennent pas ce qui se
passe.
Ensuite, pour l'épandage du calcium, c'est la même chose.
Il y a des routes où il y en a un petit peu devant quelques maisons et,
rendu au mois d'août, ce n'est plus le temps, les gens se de- mandent ce
qui se passe. Ceci pour vous dire que je voudrais apporter devant cette
commission les préoccupations de mes commettants, sans faire de
partisanerie politique. Je voudrais que mes propos soient accueillis d'une
façon ouverte, positive. C'est dans cet esprit que je désire les
faire et non pas pour blâmer le ministre ou ses adjoints, ce n'est pas du
tout mon but. C'est pour faire en sorte que les investissements qui sont
déjà là et qui sont financés par les citoyens
soient plus rentables. Je crois que tout le monde est d'accord pour
rentabiliser au maximum les investissements considérables que nous
avons.
C'étaient les principales préoccupations que je voulais
apporter et, en conclusion, je voudrais dire ceci également. J'ai eu
l'occasion, lors d'une question avec débat, de soulever ce point. Dans
ma région, si on suit le rythme actuel, cela va prendre environ 200 ans
avant que nos chemins soient pavés. Vous comprenez que cela n'a pas de
bon sens. On crée des besoins, on centralise les écoles, il faut
que les autobus passent chercher les enfants dans les rangs; on crée,
à juste titre, de grosses fermes, il faut que les camions ramassent le
lait, livrent la moulée, recueillent le bois, les animaux, etc. et on
n'a pas de routes adéquates. Les autobus passent dans de petits rangs et
ils ont des bris; là, le budget va pour du "patchage" et de la
réparation. Il me semble qu'il y aurait lieu de modifier les normes de
construction pour faire plus de routes avec le même budget, mais des
routes adéquates et non pas des routes avec une emprise et des
infrastructures considérables dans des rangs où il n'y a que 30
cultivateurs, par exemple, parce qu'on sait qu'avec la loi sur le zonage
agricole, il y aura encore 30 cultivateurs et peut-être moins dans 20
ans, mais cela n'augmentera pas. Ces gens ont le droit d'être desservis
adéquatement parce que vous connaissez les inconvénients
considérables d'abord pour l'environnement, la poussière, etc.,
et pour les usagers qui endommagent leurs voitures. Dans nos régions
rurales, une voiture qui a fait deux ou trois ans est finie.
Ce sont là mes principales préoccupations pour le moment.
Je voudrais qu'elles soient reçues je suis d'ailleurs
persuadé qu'elles le seront avec ouverture d'esprit dans le but,
s'il y a lieu, de corriger certaines anomalies.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Robert Baldwin.
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. Mes remarques et
mes questions sont dans le même esprit que celles du député
de Beauce-Sud, non pas sur une base partisane, mais seulement pour rendre
service aux citoyens. La population des douze municipalités de l'ouest
de l'île de Montréal était bien heureuse de voir le projet
que le ministre a présenté au mois de décembre pour
régler les problèmes du transport en commun à
Montréal. Je suis surtout intéressé à régler
les problèmes des
douze municipalités de l'ouest de l'île de Montréal.
Comme je vous l'ai dit, on était bien heureux de voir le projet; en
général, la population était contente et heureuse
d'entendre les propos du ministre. Cependant, depuis ce temps, quatre mois se
sont écoulés et on n'a pas vu de résultat. Aucun signe de
la Communauté urbaine de Montréal. Cependant, nous avons
reçu un compte pour le service d'un montant d'au moins $172 par
résidence dans les douze municipalités de l'ouest de l'île,
ce qui représente, grosso modo, $12 000 000 que les citoyens de
Montréal vont payer pour un service qu'ils n'ont pas reçu.
Les questions que je voudrais poser à propos du transport en
commun sont d'abord: Est-ce que le ministre va déposer un projet de loi
pour permettre l'intégration des syndicats de travailleurs des deux
services de transport qui sont affectés, Métropolitain transport
et Trans-Urbain, telle que demandée par la Communauté urbaine?
Est-ce que le ministre va déposer un projet de loi avant la fin de cette
session ou avant la fin de nos travaux, ce printemps, pour permettre qu'on ait
le service avant septembre? Deuxièmement, est-ce que les douze
municipalités vont recevoir le service pour le mois de septembre?
Troisièmement, est-ce que les usagers des trains de banlieue, CN ou CP,
peuvent s'attendre à voir le prix de leur billet réduit cette
année?
Ma dernière question: Est-ce que le ministre est au courant que
la compagnie Trans-Urbain, qui donne le service à Pointe-Claire,
Dollard-des-Or-meaux, Pierrefonds, Roxboro, a demandé qu'on suspende son
permis pour le mois de juillet et août 1980? Est-ce que les usagers de ce
service, surtout les vieillards, en seront privés pendant ces mois?
Est-ce que ce service pourra être donné par la Communauté
urbaine de Montréal, la CTCUM? Ce sont les questions que j'ai à
poser au ministre à cette commission.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Chauveau.
M. Louis O'Neill
M. O'Neill: M. le Président, j'aimerais que M. le
ministre, dans les réponses qu'il doit fournir, ajoute quelques
renseignements additionnels concernant les projets actuels
d'amélioration du transport en commun dans la région de
Québec et nous fasse part de l'état des travaux à l'heure
actuelle. Il a déjà commencé à annoncer un certain
nombre de projets. Je me rappelle, d'autre part, qu'il y a maintenant deux ou
trois ans il y avait eu un rapport du Bureau d'aménagement de la
Communauté urbaine de Québec qui avait proposé que l'on
intègre dans ces projets d'amélioration du transport en commun
dans la région de Québec une partie du réseau ferroviaire.
Je voudrais savoir de la part du ministre où sont rendues actuellement
ces études et qu'est-ce qu'il prévoit comme
échéancier dans ce domaine pour tout ce qui concerne la
région de Québec, tant la rive sud que la rive nord.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
Réponse du ministre
M. de Belleval: On se rend compte que, selon les intervenants,
les sons de cloche diffèrent et parfois même sont, sinon
contradictoires, du moins, en tout cas, légèrement divergents. Je
me souviens, en particulier, du ton du débat à l'Assemblée
nationale comme telle lors des discours en réponse au discours sur le
budget, par rapport à celui que l'on retrouve dans cette commission. Je
pense qu'il est bon de faire remarquer la différence non seulement de
ton, mais aussi d'accent sur les priorités. Je pense que c'est une
observation classique qu'on peut refaire à tous les ans sans doute.
Vous vous souviendrez, M. le Président, que le critique officiel
du Parti libéral, le député d'Outremont, a eu une
réaction assez spontanée et assez, disons, sinon naïve, du
moins candide à la suite du dépôt du budget par le ministre
des Finances. Il trouvait que le déficit était trop grand. Quant
à lui, il aurait augmenté les impôts plutôt que
d'assumer un tel déficit. Ensuite, mis devant la constatation, d'abord,
que son chef était, paraît-il, ahuri quand il a fait cette
déclaration à savoir que s'il avait été le ministre
des Finances, il aurait augmenté les impôts, il a fait une
espèce de correction à l'Assemblée nationale en disant que
oui, il aurait augmenté les impôts, mais qu'il aurait
essayé aussi de diminuer les dépenses. Qu'est-ce qu'on retrouve?
On retrouve des députés de la même formation politique et
d'autres formations politiques qui disent: Vos dépenses ne sont pas
assez élevées. Vous devriez augmenter vos dépenses, en
tout cas, dans le domaine des transports.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau, sur une question de règlement.
M. Gratton: M. le Président, sur une question de
règlement. Le ministre est en train...
M. de Belleval: II n'y a pas de question de règlement ici,
je pense.
M. Gratton: Oui.
M. de Belleval: Oui?
M. Gratton: II y a des questions de règlement. Si un
député membre de la commission est en train d'induire l'ensemble
de la commission en erreur, je pense que le règlement prévoit
qu'il faut revenir...
M. de Belleval: Je vais écouter votre question de
règlement.
M. Gratton: C'est tout simplement pour dire, M. le
Président, que je ne pense pas, avoir jamais suggéré dans
les propos que j'ai tenus, qu'on devrait augmenter les dépenses du
ministère des Transports. Ce que je pense avoir dit et si je
ne
l'ai pas dit, c'était implicite dans ce que j'ai dit c'est
une question de priorités, une question de déterminer là
où on doit combler les besoins les plus criants. J'ai mentionné
au ministre, en particulier, que compte tenu de l'augmentation des coûts
de construction, s'il désire accorder la priorité au transport en
commun, il faudrait au moins qu'il reconnaisse que les montants qui sont
consacrés à la construction de nouvelles routes, autant les
autoroutes que les routes régionales et autres, vont toujours en
décroissant, alors que les coûts augmentent, donc, que son
ministère ne fera pas le travail que la population est en droit
d'attendre. Si on décide de le dépenser à faire des
référendums tout en promettant les autoroutes dans Maisonneuve et
dans Beauce-Sud, c'est une autre histoire.
M. de Belleval: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. de Belleval: ... je pense que le député de
Gatineau confirme un peu ce que je venais de dire à propos du
député d'Outremont. Quand on est pris à même ses
propres contradictions, on essaie de s'en sortir en patinant à reculons,
mais il reste qu'il n'y a pas 56 façons de régler le budget. Le
député de Gatineau dit: Je suis d'accord avec votre
priorité sur le transport en commun, mais il ne faudrait pas que vous
diminuiez, par ailleurs, les crédits dans d'autres domaines.
Finalement...
M. Gratton: Oui, c'est ça.
M. de Belleval: C'est cela. Exactement. C'est ce que je dis et le
résultat, au bout, c'est qu'il faut augmenter le budget. Il ne faut pas
le diminuer. C'est la conclusion logique de vos propositions. Je voulais
simplement faire remarquer que cela ne concordait pas tellement avec les
déclarations de votre critique officiel en ce qui concerne l'ensemble du
budget. Remarquez que je ne veux pas en faire tout un plat, mais c'est
classique. Je voulais simplement remettre vos remarques dans le contexte
général que tout le monde veut aller au ciel, mais personne ne
veut mourir. Tout le monde veut avoir un petit déficit, mais augmenter
aussi les dépenses. Personne ne veut augmenter les impôts mais, en
même temps, on critique le déficit. Finalement, on tourne en rond,
du moins quand on écoute les critiques qu'on a eues sur le parquet de
l'Assemblée et celles qu'on retrouve ici et qu'on doit retrouver
d'ailleurs dans les autres commissions. Je suis certain que tous les critiques
de toutes les Oppositions doivent critiquer actuellement tous les
collègues dont les budgets n'ont pas assez augmenté. Personne ne
doit demander que les crédits qui ont augmenté soient, au
contraire, diminués, ce qui veut dire finalement qu'il y a une
espèce de schizophrénie dans tout cela où le contribuable
aura de la difficulté à se retrouver.
Quoi qu'il en soit, effectivement, je pense, malgré tout, qu'il
faut remettre dans leur contexte évolutif les dépenses du
ministère des Transports.
Quand on construit, comme on l'a fait durant les années
soixante-dix sous le Parti libéral vous avez raison de l'avoir
souligné des autoroutes en milieu urbain comme l'autoroute
Ville-Marie dont certaines sections ont coûté $60 000 000, $70 000
000 et même $80 000 000 du mille, comme l'autoroute Dufferin-Montmorency,
ici même à Québec, qui a coûté, dans certaines
sections, $40 000 000 du mille, il est évident que cela donne tout un
point de comparaison pour apprécier les dépenses que nous sommes
en train de faire au moment où nous avons arrêté cette
orgie de dépenses en voirie urbaine, où il fallait mettre
beaucoup d'argent pour construire de petits bouts de routes, si magnifiques et
si larges qu'aient été ces bouts. C'est ce qui explique que notre
budget sur les grands axes routiers soit en relative diminution, puisqu'on a
terminé ces dépenses.
Je reviens avec une autre contradiction entre le député de
Gatineau et le député de Beauce-Sud. Le député de
Gatineau dit: Ah! Vous avez augmenté les crédits, mais c'est dans
les bouts de routes. Mais le député de Beauce-Sud, de quoi se
plaignait-il tantôt? Il trouvait qu'on ne dépensait pas assez
d'argent dans ses bouts de routes à lui, c'est-à-dire dans ce
qu'on appelle évidemment, dans notre programmation, les crédits
pour la construction des autres routes et les autres routes en question, ce
sont effectivement les routes dont parlait le député de
Beauce-Sud et dont il se plaignait du peu d'asphaltage dans son coin.
Vous voyez, M. le Président, ici même à cette table,
on voit les intérêts divergents entre les membres d'une même
formation politique qui aboutiraient, si on suivait jusqu'au bout, à des
augmentations de crédits généralisées partout,
compte tenu, comme je l'ai dit tantôt, des remarques plus draconiennes
encore du député d'Outremont sur la nécessité
d'augmenter les impôts.
Effectivement, il y a une redistribution du côté des
autoroutes urbaines vers les autres routes, les routes régionales et les
routes d'intérêt plus local. Durant les 20 dernières
années durant les années soixante et soixante-dix
il a fallu compléter le grand réseau autoroutier
interrégional, mais on a aussi fait des dépenses somptuaires et,
à toutes fins pratiques on le voit a posteriori, en tout cas,
tout le monde est d'accord avec ce diagnostic des dépenses
absolumem ridicules dans les réseaux routiers en milieu urbain. Je pense
qu'il est normal qu'on voie maintenant une relative stabilisation, d'autant
plus que c'est le transport collectif et les investissements qu'on fait dans le
domaine du transport collectif en milieu urbain qui prennent le relais de ces
dépenses somptuaires en réseaux autoroutiers en milieu urbain.
Ils permettent d'obtenir de bien meilleurs résultats, une bien meilleure
capacité, de meilleurs résultats en matière de protection
de la qualité de la vie. Je pense que le député de Robert
Baldwin, cette fois-là, c'est à son tour soulignera
une autre contradiction entre tous ces critiques. Lui, il est d'accord, bien
sûr, avec cette réorientation des autoroutes vers le transport
collectif. Ce qu'il me reproche, c'est-à-dire sa
critique portait plutôt sur notre soi-disant lenteur à
mettre en application ces beaux principes dans le West Island de
Montréal. Je pense aussi qu'il y a d'autres aspects; on pourra revenir
là-dessus.
Il faut bien voir aussi que nous avons, comme je l'ai déjà
expliqué, réduit nos normes de construction, ce qui n'a pas
été sans effet sur l'utilisation plus efficace des fonds.
Effectivement, je pense qu'actuellement, en termes de longueur de route et
d'efficacité réelle, notre programme se compare avantageusement
avec celui des années précédentes, sauf bien sûr,
évidemment, dans les secteurs absolument abracadabrants qu'on a connus
en matière d'autoroute urbaine avec les chiffres dont je parlais
tantôt. Une route de première qualité en milieu rural peut
coûter $500 000 le mille ou $1 000 000 le mille, disons, dans les
standards très élevés. Quand on compare cela avec ce qu'on
a fait dans le centre-ville de Montréal, comme je le disais, à
$80 000 000 le mille ou, ici même à Québec, à $40
000 000 le mille, on se rend compte qu'il y avait une orgie de dépenses,
une folie qu'il fallait arrêter et qu'on a arrêtée.
D'ailleurs, je dois dire que déjà le gouvernement libéral
précédent, dans les derniers mois de son mandat, avait aussi
décidé d'arrêter à ce moment-là.
Du côté de la sécurité routière, le
député de Gatineau mentionnait l'importance de la révision
du Code de la route. Il ne faudrait pas non plus accorder à la
révision du Code de la route une espèce de caractère
magique en matière d'amélioration de notre dossier dans le
domaine de la sécurité routière. Il a raison de souligner
que c'est un aspect important du dossier. La dernière révision du
projet de loi a été faite au sein du ministère. Le projet
de loi a été expédié à mes collègues
de la Commission interministérielle de la sécurité
routière pour avoir leur avis sur cette dernière version. C'est
mon intention de déposer le nouveau projet de Code de la route
possiblement au cours de la présente session. (17 h 45)
Le nouveau Code de la route sera certainement adopté d'ici la fin
de cette année, donc, possiblement au cours de la session d'automne. Je
suis d'accord avec lui, c'est un dossier important et il faut le mener à
bonne fin, mais je tiens à dire que le dossier est
particulièrement lourd; c'est un dossier de plusieurs centaines
d'articles. Nous avons eu beaucoup de représentations et, là
encore, des représentations souvent divergentes. Il faut finalement
prendre position dans un sens ou dans l'autre et le faire d'une façon
correcte. Le dossier n'est pas relégué aux oubliettes, loin de
là.
Il y a un certain nombre de questions particulières qui m'ont
été posées. Je ne sais pas si vous voulez que je
réponde immédiatement à toutes ces questions ou au moment
où nous étudierons les programmes. Je peux quand même
tenter de répondre immédiatement à la plupart d'entre
elles. Le député de Saint-Hyacinthe me posait un certain nombre
de questions particulières, entre autres sur la différence entre
la classe de journalier et la classe d'ouvrier de voirie. J'ai ici la
description des fonctions de la classification officielle de la fonction
publique. Il pourra en prendre connaissance, voir les différences et me
poser des questions supplémentaires lors du débat, s'il y a lieu.
Il verra qu'effectivement, il y a des différences de description de
fonctions entre les deux classes d'emploi.
A propos du bateau de l'Île aux Grues, le bateau est actuellement
en construction au chantier Tourbec dans la région de Montréal.
La construction du bateau a été adjugée à ce
chantier Tourbec à la suite d'une soumission publique au coût de
$2 800 000 et il sera livré dans le courant de l'été.
C'est ce qui explique les crédits qui sont prévus pour payer le
navire lorsqu'il sera livré. Il m'a aussi posé des questions
sur...
M. Cordeau: Sur le réseau municipal.
M. de Belleval: ... le réseau municipal, effectivement. La
petite phrase à laquelle il faisait allusion à la page 151...
M. Cordeau: Page 39 des crédits
supplémentaires.
M. de Belleval: ... oui, si vous voulez... parlait d'un
réseau qui aurait été remis aux municipalités, pour
lequel on arrêterait donc les subventions. Je pense qu'il y a une
méprise là-dessus. Il s'agit du programme de subventions au
réseau qui est déjà de responsabilité municipale et
non pas à un réseau qui serait actuellement de
responsabilité du gouvernement du Québec ou du ministère
des Transports et ensuite remis aux municipalités. De ce point de vue,
la remarque est erronée.
M. Cordeau: Dans le...
M. de Belleval: Oui, dans le communiqué et dans le livre
des crédits. Il s'agit d'un réseau proprement municipal pour
lequel le ministère des Transports avait un petit budget, un budget
d'ailleurs qui est en diminution constante depuis dix ou quinze ans, à
toutes fins pratiques à tous les ans. Je me souviens que
déjà, un de mes prédécesseurs, M. Mailloux, avait
réduit ce budget de façon considérable. Dans le cadre de
la réforme de la fiscalité municipale, il sera réduit
davantage compte tenu du transfert fiscal qui a été
réalisé en faveur des municipalités. Cependant,
réflexion faite, il reste un certain nombre de problèmes à
régler de ce côté et, normalement, soit dans le cadre d'un
transfert de crédits ou d'un budget supplémentaire, il y aura des
crédits de prévus pour des subventions résiduaires au
réseau' routier municipal.
M. Gratton: M. le Président.
M. Cordeau: Sur une autre question?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau.
Discussion générale
M. Gratton: On sait que plusieurs municipalités, surtout
dans le secteur rural parce que c'est là que cela va finalement
s'appliquer bien plus que dans les villes où il n'y avait pas tellement
de problèmes...
M. de Belleval: Oui, dans le secteur rural.
M. Gratton: Dans le secteur rural, il y a beaucoup de
municipalités qui n'ont pas encore compris elles commencent
peut-être à comprendre de plus en plus que la
réforme de la fiscalité amènerait la fin de ce programme
de subventions. On appelait cela les subventions...
M. de Belleval: Discrétionnaires. M. Gratton: Oui,
mais...
M. de Belleval: II ne s'agissait pas de subventions
régulières. Chaque député de comté rural
avait un petit budget de $150 000 qu'il répartissait entre certaines
municipalités de son comté. Donc, aucune municipalité
n'était assurée d'avance d'une subvention cela
dépendait du député et surtout pas d'une subvention
régulière d'année en année. Donc, de toute
façon, le programme actuel n'était pas d'un secours vraiment
régulier et important auprès de l'ensemble des
municipalités rurales du Québec. Quoi qu'il en soit, ce budget
permettait parfois de régler certains problèmes particuliers et
il sera donc maintenu d'une certaine façon pour permettre de faire la
transition entre le système qui était en vigueur et ce vers quoi
on s'en va en matière de responsabilité fiscale municipale.
M. Gratton: C'est justement à cela que je veux en venir,
M. le Président. Le ministre nous ouvre une porte dans le moment parce
qu'on avait compris, nous, et certaines municipalités ne l'avaient
peut-être pas compris, que la réforme de la fiscalité
voulait dire plus de subventions discrétionnaires pour
l'amélioration ou l'entretien du réseau routier municipal,
c'est-à-dire les routes municipales.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Gratton: Là, il nous dit que, pendant une
période de transition, il pourra y avoir des sommes disponibles.
J'aimerais que le ministre précise un peu plus de quelle façon
ces sommes seront disponibles, de quelle façon les municipalités
pourront s'en prévaloir, parce qu'on sait que, dans certaines
municipalités rurales, la réforme de la fiscalité est loin
d'avoir un impact positif au point de vue fiscal, elle a un impact
négatif. Cela arrive dans certaines municipalités. On n'est quand
même pas pour... Le ministre, j'en suis sûr, ne dira pas: Non, cela
n'arrive nulle part.
M. de Belleval: II y a un correctif de prévu pour faire en
sorte qu'aucune municipalité ne perde quelque somme d'argent que ce soit
et même ait la garantie d'un minimum de dix dollars per capita.
M. Gratton: J'en conviens, M. le Président, mais le fait
demeure que, même s'il n'y avait eu aucun aspect statutaire à ces
subventions que recevaient les municipalités, le fait demeure que les
municipalités savaient que le programme existait et, en cas d'urgence,
en cas de force majeure, elles savaient qu'elles pouvaient y faire appel par
l'entremise du député. Ce n'est pas mauvais en soi que le
député ait son mot à dire.
M. de Belleval: Les municipalités quand même
n'étaient pas assurées d'une subvention...
M. Gratton: Bien non. A moins d'avoir un député qui
était raisonnable et qui comprenait le bon sens. Ce qui était le
cas dans le comté de Gatineau, je suppose. Parce que des 27
municipalités du comté, il y en a un certain nombre qui nous
envoient des résolutions demandant l'intervention du
député, une recommandation pour obtenir des subventions. On doit
leur répondre qu'elles ne seront plus, et c'est ce que j'ai fait depuis
le début, depuis décembre, je leur ai répondu qu'il n'y
avait plus de tel programme grâce à la réforme de la
fiscalité. Le ministre vient de me dire qu'il y en aura peut-être
un. Il faudrait qu'il nous explique comment cela va fonctionner.
M. de Belleval: Comme je l'ai expliqué, il s'agira d'un
programme transitoire, et je suis en train de discuter avec le ministre des
Finances des modalités que cela pourra prendre. Il faut bien voir qu'on
discute de sommes relativement minimes compte tenu de l'ensemble du budget. Il
s'agit d'environ $5 000 000 ou $6 000 000 par année pour tout le
Québec, enfin, tout le Québec rural. Il va sans dire, d'ailleurs,
que sous cet aspect il y a $3 000 000 qui, de toute façon, sont
réservés aux ponts municipaux...
M. Gratton: II ne tombe pas, celui-là.
M. de Belleval: Non, il n'est pas questio d'arrêter cet
aspect du programme. Donc, il s'agit de sommes relativement minimes et d'ici
peu de temps je serai en mesure d'expliquer aux députés de quelle
façon on pourra aborder, comme je le dis, ce programme de
transition.
M. Cordeau: Sur le même sujet.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci. C'est que dans la loi de la réforme de
la fiscalité municipale, le projet de loi no 57, il y avait trois
articles qui abrogeaient des articles concernant le ministère des
Transports, concernant les subventions aux municipalités. Ces
trois articles ont été retirés du projet de loi no
57. Alors, vous avez encore le pouvoir...
M. de Belleval: Exactement. M. Cordeau: ... d'accorder...
M. de Belleval: Des subventions.
M. Cordeau: Vous avez encore les subventions parce que j'avais
souligné cela au ministre des Affaires municipales et le ministre des
Affaires municipales, à ma demande, avait retranché ces trois
articles à l'étude sur la fin. Ces trois articles ne sont pas
abrogés.
M. de Belleval: C'est cela, et pour les raisons que je viens de
mentionner, pour assurer une meilleure transition entre l'ancien système
et le nouveau. Cela va?
M. Cordeau: Les municipalités n'ont pas été
avisées...
M. de Belleval: Non.
M. Cordeau: ... non plus de ce changement parce qu'elles
s'attendent bien encore cette année...
M. de Belleval: Elles n'en avaient pas tous les ans. Cela
dépendait de leurs députés, etc., cela dépendait de
leurs conditions. Ce n'était pas un programme régulier
statutaire.
M. Cordeau: Non, non. Mais c'est ce programme que vous avez
l'intention d'abandonner cette année, la liste des subventions que j'ai
ici.
M. de Belleval: Oui, oui. C'est ça. Exactement. Cela doit
se chiffrer à $5 000 000 ou $6 000 000, comme je le disais.
M. Cordeau: Ici, on en a pour...
M. de Belleval: $4 500 000, je pense, ou $7 500 000,
c'est-à-dire, plus $4 500 000 pour les oonts.
M. Cordeau: Mais ici c'est $13 139 000. M. de Belleval:
Ah! oui.
M. Cordeau: Ensuite, il y a un montant à payer en
1979-1980, un en 1980-1981 et un autre 1981-1982.
M. de Belleval: II faut finir de payer les subventions en
cours.
M. Cordeau: Vous ne pouvez pas affirmer que cela va continuer ou
que cela ne continuera pas.
M. de Belleval: II y aura, comme je l'ai dit, une transition,
mais le programme n'est pas encore déterminé avec le ministre des
Finances. Je pourrai vous le faire savoir en temps et lieu. D'accord?
M. Cordeau: Certainement. Il y a des municipalités qui...
La réforme de la fiscalité municipale, cela ne règle pas
tous les problèmes des municipalités, loin de là.
M. de Belleval: Non, c'est évident. J'aimerais faire une
dernière remarque générale...
M. Cordeau: En tout cas, je vous conseille...
M. de Belleval:... avant de lever la séance, sur la
sécurité routière. Je voudrais mentionner au
député de Gatineau que nos intentions sont quand même plus
que des voeux pieux puisque les crédits du ministère, cette
année, en matière de sécurité routière
passent de $3 300 000 à $5136 000. C'est une augmentation de près
de $2 000 000. En termes de pourcentage, c'est une augmentation de plus de 70%,
ce qui démontre très bien, en termes budgétaires, que, si
nous réservons ces crédits, c'est parce que nous voulons les
utiliser de façon à améliorer nos programmes en
matière de prévention des tragédies de la route.
M. Gratton: Spécifiquement, de quelle façon?
M. de Belleval: Entre autres, du côté des campagnes
de promotion de la sécurité routière, on a prévu un
budget supplémentaire de $825 000 là-dessus.
M. Gratton: Je l'avais deviné.
M. de Belleval: On a aussi prévu un budget
supplémentaire de $700 000 ce sont des augmentations nettes dont
je parle en ce qui concerne toute la question de l'inspection
mécanique, particulièrement du côté des autobus, des
véhicules lourds, et un montant résiduaire de $300 000 pour
d'autres programmes annexes qui existent déjà ou qui ont
été créés, comme je l'ai dit, par notre nouvelle
direction générale de la sécurité
routière.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: C'est une question concernant la
sécurité routière. Tantôt, dans votre exposé,
vous avez parlé des nouvelles structures gouvernementales que vous aviez
l'intention d'implanter avec un sous-ministre adjoint et tout cela.
Prévoyez-vous une date ou avez-vous fixé une date pour
l'implantation de cette nouvelle structure?
M. de Belleval: Au mois de juin, les nouvelles structures seront
en place. Je pense que le gros du travail de réflexion se fera dans le
courant de l'été en ce qui concerne les nouveaux programmes qu'on
veut mettre en place. Je veux, comme je l'ai dit, qu'on fasse quelque chose qui
soit
durable, non pas simplement un "one shot deal", une opération
fumeuse qui jette de la poudre aux yeux comme cela a été souvent
la tentation dans beaucoup de pays en matière de sécurité
routière. Tout le monde crie et, tout d'un coup, on met beaucoup
d'annonces dans les journaux et à la télévision, mais je
pense qu'il faut avoir un programme qui ait plus de fond que cela. C'est
pourquoi je veux renforcer les structures techniques, l'appui logistique de ce
côté, pas simplement... Il ne faut pas s'imaginer que ce sont
simplement les ministres qui, en se rencontrant au sein d'un comité,
permettent de régler les problèmes. Je pense que c'est beaucoup
plus au niveau des fonctionnaires, c'est-à-dire les rencontres avec la
Sûreté du Québec, les gens de chez nous, les gens de la
Régie de l'assurance automobile, les gens des Affaires sociales et de
l'Education en particulier.
Donc, il faut faire une réforme au niveau des structures du
fonctionnarisme dans ce domaine. A partir d'une bonne base technique, d'un bon
support logistique, ensuite, on peut faire des programmes qui ont quelque chose
de bon à long terme. Il y a déjà de bons noyaux tant au
ministère des Transports qu'au Bureau des véhicules automobiles.
Il y a déjà un bon noyau de fonctionnaires. Il s'agit de le
renforcer, de donner un statut plus élevé à ce service et
d'effectuer une véritable coordination entre les différents
éléments qui existent et pas simplement faire que des ministres
se rencontrent. Souvent, les rencontres des sous-comités
ministériels sont plus importantes que les rencontres des ministres
comme tels. En France, le comité interministériel de la
sécurité routière se réunit une fois par
année seulement, mais il reste que, pendant tout le reste de
l'année, les fonctionnaires des sous-comités techniques se
réunissent souvent. Les ministres donnent une directive. Ils donnent des
mandats, mais c'est au niveau de la fonction publique, des forces de
sécurité que le travail se fait. (18 heures)
Je pense que c'est ce qu'il faut faire chez nous. Les crédits
reflètent bien que je vais avoir les sommes disponibles pour engager des
gens et engager des opérations. Je pense qu'on ne peut pas augmenter des
crédits de façon valable de plus de 70% par année dans un
programme. Je pense que ce serait de l'argent jeté par les
fenêtres. Cela démontre bien, en tout cas, au moment où
l'on restreint les dépenses partout, où l'on diminue le nombre
des fonctionnaires en général pour la première
fois, l'année dernière, on a stabilisé la croissance de la
fonction publique... on n'a pas stabilisé la croissance, on a
arrêté la croissance de la fonction publique... on a même
diminué, en chiffres absolus, le nombre de fonctionnaires l'an dernier
cela démontre bien que, dans ce contexte de restrictions... .
Le Président (M. Lacoste): Je m'excuse auprès
du...
M. de Belleval: ... au moment où l'on augmente les
crédits de 70% dans un domaine, on accorde bien une priorité
à ce domaine-là.
M. Gratton: Vous auriez pu accorder une bien plus grande
priorité...
Le Président (M. Lacoste): Je m'excuse auprès
des...
M. Gratton: ... à la sécurité
routière en ne dépensant pas un seul cent de plus,
c'est-à-dire en faisant respecter ce qui existe déjà,
notamment le Code de la route. C'est votre campagne de publicité qui
est...
Le Président (M. Lacoste): II est maintenant 18
heures.
Nous ajournons nos travaux jusqu'à demain matin, 10 heures.
Fin de la séance à 18 h 01