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Etude des crédits du ministère des
Transports
(Dix heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des transports est réunie pour
étudier les crédits budgétaires du ministère des
Transports.
Les membres de cette commission, pour la séance de ce matin, sont
M. Baril (Arthabaska), M. de Belleval (Charlesbourg); M. Goulet (Bellechasse)
remplacé par M. Cordeau (Saint-Hyacinthe); M. Gratton (Gatineau), M.
Grégoire (Frontenac), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. O'Neill (Chauveau), M. Proulx (Saint-Jean),
M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Verreault (Shefford).
Les intervenants...
M. Gratton: M. Verreault (Shefford) remplacé par M.
Mathieu, député de Maisonneuve.
Le Président (M. Lacoste): M. Verreault (Shefford)
remplacé par M. Lalande (Maisonneuve).
M. Gratton: Non, par M. Hermann Mathieu de Beauce-Sud.
Le Président (M. Lacoste): D'accord. Il est
déjà intervenant.
M. Gratton: Ah! Il va être remplacé par M. Lalande.
C'est une stratégie à long terme pour embarrasser le
ministre.
Le Président (M. Lacoste): Donc, M. Verreault (Shefford)
remplacé par M. Mathieu (Beauce-Sud).
Les intervenants sont M. Beauséjour (Iberville), M. Bordeleau
(Abitibi-Est), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Mailloux (Charlevoix)
remplacé par M. Lalande (Maisonneuve); M. Verreault (Shefford) remplace
M. Mathieu (Beauce-Sud); M. Michaud (Laprairie), M. Ouellette (Beauce-Nord), A.
Perron (Duplessis).
Ce sera le même rapporteur qu'à la séance d'hier
soir. M. le ministre.
Remarques générales (suite)
Classification du réseau routier
M. de Belleval: Je voudrais continuer, M. le Président,
à répondre à un certain nombre de questions qui m'ont
été posées hier. D'abord le député de
Beauce-Sud posait un certain nombre de questions sur la classification de notre
réseau routier, en particulier sur les différences entre les
routes principales, régionales, municipales et autres. M. le
député, vous avez reçu, peut-être pas
personnellement, mais votre formation politique a reçu un cahier qui
répond à un certain nombre de questions de votre formation
politique en ce qui a trait au budget du ministère des Transports. Dans
ce cahier, à la page 10, vous avez, au programme 3, Construction du
réseau routier, une classification de notre réseau routier.
Je vous réfère à cette classification qui vous
donnera, dans le cours de nos discussions ou, à l'avenir, pour votre
édification, une catégorisation qui est plus explicite que ce que
je pourrais vous dire ce matin. Il me fera plaisir de répondre à
des questions supplémentaires quand vous aurez pris connaissance, en
détail, de cette classification.
Essentiellement, les routes sont classifiées par importance de
niveau: grandes autoroutes, routes interrégionales, routes
intrarégionales et routes, disons, à vocation plutôt
municipale et locale. Règle générale, les routes de
gravier sont des routes d'importance locale ou municipale et qui ne sont pas
numérotées. Il est évident, comme je vous l'ai
déjà expliqué d'ailleurs, que le réseau non
pavé, dans tous les pays d'ailleurs, constitue toujours une proportion
importante du réseau routier. D'ailleurs, au Québec, la
proportion de notre réseau pavé est un peu plus importante que
celle qu'on retrouve en Ontario, par exemple, ou dans les provinces de
l'Ouest.
Il est évident qu'on ne peut pas envisager que tout le
réseau soit éventuellement pavé. Je pense qu'il n'y a pas
un budget de n'importe quel gouvernement qui réussirait à paver
l'ensemble de notre réseau routier. Il n'en reste pas moins qu'au fil
des années nous pavons plusieurs centaines de kilomètres de
nouvelles routes. Je ne pense pas qu'il soit possible, comme je l'ai dit, pour
quelque gouvernement que ce soit, de faire beaucoup plus dans ce domaine,
compte tenu des contraintes budgétaires et de la caractéristique
de ces routes. Maintenant, je comprends aussi, cependant, que, pour les
résidents des rangs, par exemple, même s'il n'y a qu'une centaine
de véhicules qui passent sur une route durant la journée, il est
évident que ce n'est pas une solution qui est aussi valable qu'une route
pavée. Mais je pense que cela fait partie des contraintes d'habiter en
milieu rural et d'habiter un pays qui a un réseau routier qui
s'étend sur des milliers de kilomètres et où, parfois, la
densité d'habitation est très faible.
Dans le Nord-Ouest, par exemple, nous avons une partie du réseau
routier de 1000 milles de long avec 1000 résidences le long de ces 1000
milles; ça veut dire une résidence au mille linéaire dans
certains secteurs de l'Abitibi-Témiscamingue. On pourrait retrouver des
densités semblables dans d'autres secteurs ruraux du Québec; vous
comprenez les problèmes que ça pose en termes d'entretien, en
termes de coûts.
Le député de Robert Baldwin a posé des questions
fort pertinentes sur l'avenir du système de transport en commun de la
CTCUM dans l'ouest de Montréal. Là-dessus, vous êtes au
courant que nous avons, par notre politique de financement et aussi par le plan
d'équipement que nous avons déposé au mois de
décembre dernier, je pense, permis le règlement des questions de
transport en
commun qui affectent à la fois l'est de Montréal, et en
particulier l'extrême est de l'île de Montréal, les
quartiers nouveaux comme Rivière-des-Prairies, de la ville de
Montréal, des quartiers aussi très très populeux et
très densément peuplés de l'est de Montréal comme
Montréal-Nord et aussi le secteur de la ville d'Anjou qui, depuis de
nombreuses années, M. le député, fournissent des sommes
importantes pour le financement de la CTCUM et qui, jusqu'à
présent, ne bénéficiaient ni de services routiers, dans
certains cas, ni de services de transport en commun comparables à ceux
dont bénéficient le West Island depuis de nombreuses
années.
Je pense qu'il est bon aussi de mettre les deux milieux
géographiques en relation les uns avec les autres; je comprends
évidemment les gens de l'ouest de Montréal de dire:
Écoutez, on paie et on n'a pas de service. Effectivement, ils ont des
services depuis de nombreuses années et, à mon avis, leurs
services, à bien des égards, ont été, pendant
toutes ces années, bien meilleurs que ce dont pouvaient
bénéficier les quartiers dont je viens de parler dans l'est de
Montréal. Je pense qu'il est bon quand même d'établir des
comparaisons valables de ce côté.
Transport en commun
Ceci étant dit, il n'en reste pas moins que le plan de transport
que j'ai annoncé et la réforme du système de financement
du transport en commun permet maintenant aussi à la CTCUM
d'améliorer la situation dans le West Island. Il n'en reste pas moins
aussi que c'est la responsabilité maintenant de la Communauté
urbaine de Montréal et de la CTCUM de prendre les dispositions
concrètes pour améliorer, comme je l'ai dit, la situation le plus
rapidement possible, en particulier l'intégration, comme vous l'avez
mentionné, de Trans-Ur-bain et de Métropolitain Provincial dans
le réseau de la CTCUM.
Là-dessus, n'oubliez pas que c'est le ministère des
Transports, depuis un an et demi ou deux ans maintenant, peut-être
même plus, qui subventionne ces deux compagnies de transport. Les gens du
West Island sont effectivement subventionnés par l'ensemble des
contribuables québécois pour le maintien de ce service,
actuellement. C'est le cas, c'est nous qui, actuellement...
M. O'Gallagher: ...
M. de Belleval: Oui, c'est-à-dire Métropolitain
Provincial, vous avez raison.
Alors, quelles sont les perspectives à court terme? Je pense
qu'il va falloir, d'une façon ou d'une autre je pense que
dès ce matin la Communauté urbaine de Montréal se penchait
sur le problème qu'il y ait des décisions de prises au
niveau local, d'abord de la Communauté urbaine de Montréal de ce
côté-là. Si la communauté accepte une
résolution dans le sens de l'expropriation, par exemple, de
Métropolitain Provincial et de Trans-Urbain, il reviendra ensuite au
gou- vernement du Québec de prendre les dispositions législatives
nécessaires, s'il y a lieu, et à la CTCUM de procéder
à l'intégration du service.
M. O'Gallagher: Si vous me permettez une question?
M. de Belleval: II y a un problème important... oui?
M. O'Gallagher: C'est sur la question de l'intégration des
unions.
M. de Belleval: Oui, exactement, c'est ce dont...
M. O'Gallagher: Apparemment, d'après la Communauté
urbaine de Montréal, il est nécessaire d'avoir une loi pour
permettre cette intégration. Si on attend après cette loi, cela
va retarder toute la mise en place du service.
M. de Belleval: J'ai communiqué à quelques reprises
avec mes collègues des Affaires municipales et du Travail sur cette
question particulière. Un groupe de travail a terminé un rapport
sur cette question et il doit y avoir une réunion à très
court terme entre le ministre des Affaires municipales dès son retour de
vacances ça devrait se produire dès aujourd'hui ou demain
et le ministre du Travail pour élaborer une position commune des
trois ministres sur cette question particulière. Nous serons d'ailleurs
mieux fixés sur la position à prendre, suite, probablement,
à la réunion de ce matin de l'exécutif de la
Communauté urbaine de Montréal.
Nous assumerons les responsabilités qui nous reviennent dans ce
domaine, de façon à faciliter, s'il y a lieu, le transfert des
effectifs syndiqués, des chauffeurs de Métropolitain Provincial
et Trans-Urbain avec les effectifs de la CTCUM. Vous savez que c'est un
problème quand même délicat, qu'il y a eu des
difficultés inouies sur la rive sud de Montréal à cause de
ce problème. Instruits de cette expérience, nous voulons,
évidemment, prendre toutes les précautions nécessaires
pourque la transition se fasse correctement. (10 h 30)
Au fond, les gens de l'ouest de Montréal comme ceux de l'est de
l'île de Montréal ne seront pas plus avancés si le
problème ne se règle pas correctement, pas plus que, finalement,
les gens de la rive sud de Montréal n'ont été très
avantagés par la façon dont le problème s'est
réglé à même des mécanismes
déjà prévus dans nos lois, d'ailleurs. Mais là, il
s'agit de problèmes humains, au fond, très concrets: droits
d'ancienneté, bien-être d'employés actuels, je pense que de
ce côté-là, il faut admettre que dans la
société dans laquelle on vit, pas simplement ici au
Québec, mais dans tous les pays qui ont ce genre de structures sociales,
et pas simplement dans les années qui courent... Des problèmes
semblables, on les a toujours vécus au fond à d'autres
époques aussi. On vit avec des hommes et il faut prendre le temps de
régler ces
problèmes humains. Si on ne les règle pas de la bonne
façon, souvent on se retrouve avec des problèmes plus
difficiles.
Je comprends les gens de West Island d'être impatients.
Personnellement, je pense que j'ai pris un certain nombre d'initiatives
qu'aucun ministre des Transports n'avait prises. C'est d'ailleurs assez
paradoxal que ce soit le ministre des Transports du gouvernement auquel
j'appartiens, qui représente un parti politique bien concret, qui fasse
que, finalement, le problème va se régler. Il va se
régler. On est au bout du tunnel mais il y a encore quelques semaines,
quelques mois difficiles. Je ne reproche pas aux gens de pousser, mais je pense
que, de notre côté, on a fait preuve de bonne foi; on a pris les
initiatives qui s'imposaient et on va continuer à les prendre de
façon que, quand même, le service soit correct dans les meilleurs
délais.
M. O'Gallagher: Juste une autre question au sujet de Trans-Urbain
qui a demandé une suspension de son permis pour une période de
deux mois, juillet et août...
M. de Belleval: Ecoutez. Il se peut que le problème soit
réglé d'ici ce temps-là et, deuxièmement,
Trans-Urbain devra demander une autorisation à la Commission des
transports; les municipalités et les citoyens pourront s'y opposer. Je
pense qu'il reviendra à la Commission des transports de prendre position
là-dessus.
Quoi qu'il en soit, nous allons suivre le dossier. Les renseignements
que j'ai, c'est que Trans-Urbain n'a pas demandé de suspendre son
service pour l'instant. En tout cas, il n'y a pas de demande de logée
à cet effet. C'est peut-être une rumeur ou des renseignements
privilégiés que vous avez. Nous n'avons pas de renseignements
à cet effet. Quoi qu'il en soit, si par hasard c'était le cas, la
réponse que je viens de vous faire s'applique, mais, de toute
façon, on va suivre le dossier.
L'idée, c'est qu'on veut améliorer le système de
transport en commun et ne pas le voir se détériorer, mais il se
peut bien que, dans une période de transition, il y ait des
difficultés spécifiques qui se posent et que, temporairement, le
résultat d'une réforme soit que, pendant cette période de
transition, il y ait des difficultés. C'est ce qu'on a vécu sur
la rive sud de Montréal. On peut vivre la même chose sur
l'île de Montréal aussi, mais, au fond, c'est un mal pour un bien,
je pense. Ce sont les difficultés d'enfantement d'un nouveau
système, mais il ne faudrait pas voir dans ces difficultés une
remise en question des politiques et de la direction qu'on entend suivre.
M. O'Gallagher: C'est une question
d'échéancier.
M. de Belleval: Oui, vous avez raison. On va regarder cette
question de façon à ce qu'il n'y ait pas de
détérioration des services, quand même.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
Industrie du taxi
M. Lalande: J'aurais, évidemment, certaines questions
à poser au ministre concernant le climat d'insécurité et
de crise qui règne à Montréal dans l'industrie du taxi
à l'heure actuelle.
Le Président (M. Lacoste): II faudrait bien avoir une
entente afin d'étudier l'ensemble des programmes. Est-ce que ça
va?
M. de Belleval: Oui, ça va.
Le Président (M. Lacoste): On va étudier l'ensemble
des programmes et, après ça, on va les voter un à un.
Une Voix: D'accord.
M. Lalande: Hier, je n'ai pas pu avoir de réponse à
la question. Le ministre a pu, finalement, s'esquiver derrière la
décision du président...
M. de Belleval: La longueur de votre diatribe ne vous a pas
aidé.
M. Lalande:... le temps étant écoulé. Ceci
dit, aujourd'hui, vous ne pourrez pas vous esquiver derrière la
cloche.
M. de Belleval: Non, vous allez voir que je n'ai pas l'habitude
de m'esquiver.
M. Lalande: Mais, auparavant, je voudrais relever certaines
affirmations que vous avez faites à travers votre chapeau, hier, dans
votre déclaration, surtout concernant la position du
député d'Outremont. Je n'ai pas l'intention de le défendre
ici, sauf pour vous rappeler ce qu'il a répété
à plusieurs occasions que, si vous aviez fait une meilleure
gestion des biens communs, si vous n'aviez pas creusé ce trou
béant de $500 000 000, peut-être aurait-il resté assez
d'argent pour l'investir ailleurs dans une plus saine gestion.
Vous coupez les dépenses un peu partout dans le réseau
routier, sauf en ce qui a trait à une mauvaise gestion et surtout aux
$500 000 000, et d'ailleurs, vous y allez allégrement. Je pense qu'il
valait la peine de replacer cela. Il n'y a pas de contradictions, les
soi-disant contradictions que vous avez relevées entre les
députés de l'Opposition se résumaient quand même
à un grand consensus sur votre mauvaise gestion.
J'aurai aussi à vous parler de l'autoroute est-ouest Ville-Marie.
Je sais que vous avez, une première fois on se rappelle que vous
vous êtes présenté, une semaine avant les élections
partielles dans Maisonneuve, flanqué d'un côté du ministre
d'Etat à la Condition féminine et de, l'autre côté,
de son directeur de cabinet déclaré qu'après trois
ans d'inaction complète dans le sud-est de Montréal, le long de
la rue Notre-Dame, vous alliez finalement agir. Dernièrement, vous
annonciez dans les journaux que vous alliez entreprendre les travaux de
l'autoroute ou d'un bou-
levard urbain. De façon très très positive, pour le
mieux-être de tout le monde dans le coin, dans le sud-est de
Montréal, quand allez-vous commencer les travaux du parachèvement
de la rue Notre-Dame ou de la réfection de la rue Notre-Dame? Quel genre
de route allez-vous faire? Est-ce que ce sera un boulevard urbain? Est-ce que
ce sera une autoroute? Combien coûteront ces travaux et quelle est la
longueur du tracé? J'aimerais bien que vous puissiez répondre
à ceci, tout à l'heure. En ce qui a trait à l'industrie du
taxi à Montréal, le ministre a fait une déclaration, hier,
qu'il sait complètement fausse. Il a dit qu'il ne pouvait pas se
prononcer sur ce cas-là parce qu'il était devant les tribunaux
à l'heure actuelle, que c'était une question de sub judice...
M. de Belleval: Je n'ai jamais dit cela.
M. Lalande: Vous avez dit: la cause est devant les tribunaux et
je ne peux pas répondre à cela.
M. de Belleval: M. le Président, question de
privilège. Je n'ai jamais mentionné les mots que vous venez de
mentionner. Je n'ai jamais dit que c'était sub judice. C'est ridicule!
Vous faites des affirmations à tout bout de champ comme cela. En tout
cas, je répondrai tantôt.
M. Lalande: Vous avez dit, hier et on reviendra au journal
des Débats, si vous voulez ...
M. de Belleval: Bien oui! Ce serait mieux!
M. Lalande: Vous avez dit que la cause était devant les
tribunaux.
M. de Belleval: Oui, cela je l'ai dit.
M. Lalande: Ce n'est pas devant les tribunaux puisque la cause a
été ajournée à plus tard. Il n'y a donc absolument
rien qui est devant les tribunaux à l'heure actuelle. Plus que cela:
outre le fait qu'il y a trois personnes qui ont pris une requête en
jugement déclaratoire devant la Cour supérieure, les 3600
chauffeurs artisans de l'agglomération A-11, eux, à l'heure
actuelle, je pense, ont le droit de s'attendre à une décision
claire du ministre.
Est-ce que c'est $75 qu'ils doivent payer à la Ligue nouvelle des
propriétaires de taxis de Montréal ou si c'est $35? Il y a un
problème assez important, il y a des gens qui ne paient pas les $75.
S'ils ne paient pas les $75, ils s'exposent, par le biais du directeur
général, M. Sainte-Marie, à se faire radier comme membre,
à ne pas avoir le droit de voter au conseil d'administration, aux
assemblées générales. Il est évident que, dans
cette situation, il faudrait sûrement clarifier le point de vue. Est-ce
que ce sera le ministre qui aura le dernier mot? Est-ce que ce sera la ligue de
taxis? Sans me prononcer sur le fond, parce que ça aussi, il faudra
l'expliquer, pourquoi avez-vous refusé le code de déontologie qui
avait été, encore une fois, officieusement accepté par
votre prédé- cesseur? Pourquoi avez-vous refusé les
cotisations? Peut-être avez-vous raison, mais il faudrait l'expliquer aux
gens. Dans le moment, il y a des gens qui, refusant de payer ces $75, sont
obligés d'aller faire des dépôts en offre et consignation,
des dépôts judiciaires au ministre des Finances. C'est une
situation qui est intenable à l'heure actuelle.
Le président de la ligue demande la mise en tutelle de la ligue,
demande une enquête là-dessus et vous nous dites: Je ne peux pas
répondre à ça parce que c'est devant les tribunaux. Soyez
sérieux un petit peu. Donnez-les les précisions, peut-être
qu'on va corriger ce problème.
M. de Belleval: Vous avez terminé?
M. Lalande: Pour le moment, oui.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. de Belleval: Ecoutez, je n'ai pas envie de suivre le
député de Maisonneuve sur le genre de ton et le terrain sur
lequel il s'engage. Je vais simplement, quand même, tenter, le plus
sereinement possible, de rectifier les faits. Pour la troisième fois, il
y a une règle parlementaire, ici, qu'on doit prendre la parole d'un
député ou d'un ministre en gentilhomme. L'ancien ministre des
Transports, à l'Assemblée nationale, suite à une de vos
allégations, celle que vous venez de faire à l'effet qu'il avait
accepté officieusement une structure de tarification proposée par
la ligue des taxis de Montréal, vous a déjà
déclaré qu'il n'en était rien. Je pense que vous devriez
prendre sa déclaration. J'ai moi-même vérifié avec
les fonctionnaires du ministère, avec mon collègue, il n'a jamais
eu d'accord, tacite ou non, de l'ancien ministre des Transports à une
structure de tarification. Je pense que, en gentilhomme, si c'est le chemin que
vous entendez suivre dans votre carrière de député, vous
devriez prendre ma parole et celle de l'ancien ministre.
M. Lalande: Est-ce que le ministre à répondu
à ma question du 18 mars? C'est que, officiellement, il ne
s'était pas engagé. Cela, officiellement...
M. de Belleval: Ni officieusement, ni autrement. On ne jouera pas
sur les mots, arrêtez de jouer sur les mots.
M. Lalande: Ce que je veux vous dire, allez sur le terrain, allez
voir les gens de la ligue de taxis et demandez-leur si eux, ils n'ont pas la
conviction que le ministre, votre prédécesseur, a accepté.
C'est ça le problème à l'heure actuelle, vous tergiversez
tous les deux. L'autre fait des déclarations. Les gens ont l'impression,
ils ont la conviction, à l'heure actuelle, qu'on allait accepter les
cotisations et le code de déontologie. Le ministre n'a pas dit qu'il
n'en avait pas parlé, il dit: J'en ai discuté et je leur ai dit
qu'on pourrait peut-être en arriver à une certaine entente, mais
qu'il
faudrait corriger certaines choses. Tout ça, c'est ça une
acceptation officieuse, dans les airs. Le problème qui se pose pour
vous, c'est que vous ne donnez pas de justification. Donnez-en donc des
justifications et, à ce moment-là, peut-être que les gens
vont comprendre. Sûrement que je vais comprendre. Très vite,
à part cela.
M. de Belleval: Bon, je reprends ma déclaration à
savoir que, de notre côté et du côté des
témoins de ces rencontres, comme je l'ai dit, il n'y a jamais eu
d'engagement, ni officieux, ni officiel, à l'égard tant du code
de déontologie, bien au contraire... bien, au contraire, les indications
qui ont été données aux dirigeants de la ligue de taxis
étaient que nous n'approuvions ni leur code de déontologie, ni
leur projet de code de déontologie, ni leur projet de financement.
D'ailleurs, le problème n'est pas survenu seulement cette année.
Il est aussi survenu l'année précédente. Là encore,
les recommandations du ministre ont été très claires,
à savoir que la ligue ne devait pas imposer des montants de cotisation
aussi élevés.
Vous pouvez prendre la parole du ministère des Transports ou
celle des ouï-dire, ou des conversations que vous avez eues avec des gens
qui sont manifestement intéressés par un autre point de vue,
puisqu'ils tiennent mordicus à proposer et à imposer un code de
déontologie qui est ultra vires des pouvoirs de la ligue et un niveau de
cotisations que nous jugeons exhorbitant.
Alors, faites-vous le porte-parole de ces mécontents, d'accord.
Mais ne venez pas dire à l'Assemblée nationale que le ministre
actuel ou l'ancien ont pu donner des indications qu'ils approuvaient ce genre
d'agissement. C'est tout le contraire. Bon, j'espère que, de ce
côté, la position est claire, respectivement, de votre
côté et du nôtre.
Deuxièmement...
M. Lalande: M. le Président...
M. de Belleval: Vous allez me laisser finir maintenant. Vous
allez me laisser terminer maintenant. C'est moi qui ai la parole,
présentement, M. le Président?
M. Lalande: Vous avez dit que vous alliez changer de ton. Le ton
grimpe, de l'autre côté, en diable, à ce que je
m'aperçois.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! Une Voix:
Vous ne le laissez pas parler. M. Lalande: Oui, oui, ne vous
énervez pas!
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, la parole est
à vous...
Une Voix: Fâchez-vous, M. le Président.
M. de Belleval: Deuxièmement, en ce qui concerne les
relations entre le ministère des Transports et la ligue de taxis...
Une Voix: C'est un petit nouveau... M. Lalande: Cela vous
énerve, hein?
Une Voix: Ce n'est pas moi, c'est vous que cela
énerve.
M. Lalande: Oui, mais pourquoi, parlez-vous?
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! s'il vous
plaît. La parole est au ministre des Transports. M. le ministre. (10 h
45)
M. de Belleval: Merci, M. le Président. En ce qui concerne
les relations, maintenant, entre le ministère des Transports et les
dirigeants de la ligue, dès mon arrivée au ministère, nous
avons commencé des rencontres avec ces gens, de façon assez
intensive. Je pense qu'on ne peut pas dire qu'il n'y a pas eu de bons contacts
entre les deux parties, bien au contraire. Les allégations du
député de Maisonneuve, à savoir que nous ne sommes pas en
contact avec ces gens, que nous ne connaissons pas leur point de vue, sont
totalement fausses, compte tenu des nombreuses rencontres que nous avons eues
avec leurs dirigeants.
Personnellement, j'ai rencontré l'exécutif de la ligue de
taxis. J'ai même accepté de prendre la parole je suis le
premier ministre des Transports à l'avoir fait à leur
congrès général qui a eu lieu ce printemps. Non seulement
cela, mais à la suite de leurs demandes, à la suite des
rencontres que nous avons eues avec eux, nous avons convenu, les deux parties,
le ministère des Transports et les artisans du taxi à
Montréal, de mettre sur pied ..
Pour la première fois, un gouvernement du Québec,
d'ailleurs, de ce point de vue, au lieu d'étudier le problème
par-dessus la tête des gens concernés, nous avons convenu avec ces
gens, avec l'exécutif de la ligue du taxi, de mettre sur pied un groupe
de travail conjoint, qui est présidé d'ailleurs par Jean-Jacques
Lemieux, personnalité bien connue du monde des transports dans la
région de Montréal et en particulier sur l'île de
Montréal et la rive sud de Montréal. Ce groupe de travail fait la
revue des questions, entend les points de vue des différentes parties
parce qu'il faut bien voir que le monde du taxi est un monde
divisé: il a plusieurs intérêts, qui ne sont
évidemment pas convergents, qui sont divergents. Il entend les parties,
à savoir, par exemple, les propriétaires artisans, les
chauffeurs, les propriétaires de flottes aussi et ensuite ces organismes
qui se chargent de la répartition des appels et des assignations.
Entendre donc toutes ces parties et tâcher d'élaborer une position
commune, des positions de compromis ou des consensus minimaux entre toutes les
parties. Le comité siège actuellement dans un bon climat, il
entend tous les points de vue et je pense que, plutôt que de
s'énerver et de s'exciter, comme le fait le député de
Maisonneuve, on serait beaucoup mieux tous ensemble je pense que la
population qui l'a vu-
tions, et qui l'a entendu encore une fois ce matin va se rendre
compte...
M. Lalande: Elle vous a vu aussi, elle vous a vu hier. Elle sait
le genre de réponse que vous avez faite.
M. de Belleval: Vous allez me laisser continuer? C'est moi qui ai
la parole!
M. Gratton: Oui, mais vous parlez d'excitation...
M. de Belleval: Vous aurez tout le loisir de reprendre la parole
tantôt...
M. Gratton: Vous excitez les passions!
M. de Belleval:... et de faire tout l'opéra que vous
voudrez, mais laissez-moi maintenant mon tour d'exposer les choses.
M. Lalande: Le bel canto!
M. de Belleval: Pendant que vous vous énervez, ces gens
sont en train d'étudier le problème dans un climat serein, et
ça se fait avec l'accord de la ligue du taxi, comme je l'ai dit, et du
ministère, et avec la participation de tous les intervenants. On verra
ce qui sortira de ce dossier et on pourra à ce moment prendre des
décisions non seulement dans un meilleur climat, mais, comme je l'ai
dit, à la suite de l'implication des parties plutôt qu'au-dessus
des parties.
En ce qui concerne les difficultés internes de la ligue du taxi
de Montréal, je pense que c'est une autre question. C'est
peut-être une question qui n'est pas sans relation avec les
problèmes généraux de l'industrie du taxi sur l'île
de Montréal, mais c'est quand même une autre question. Si
l'exécutif de la ligue a décidé de limoger son
président, elle a à en porter la responsabilité devant ses
membres. La ligue a une constitution, c'est un corps constitué qui a ses
règlements et elle a à les suivre. Elle a une autonomie de
gestion et c'est aux membres, je crois, à décider quelle
direction ils veulent donner à leur ligue et quelle orientation ils
veulent lui donner.
Vous dites: Le président demande une enquête. Bien
sûr, maintenant qu'il a été démis, il demande une
enquête, mais il y a quinze jours, trois semaines ou un mois, j'avais des
rencontres avec M. Salvatore, rencontres d'ailleurs fort cordiales, et il ne
m'a pas demandé d'enquête à ce moment-là. Il en
demande une maintenant qu'il y a des problèmes internes et qu'il vient
de se faire mettre à la porte, à toutes fins pratiques, par son
exécutif; il ne faut pas mêler les problèmes internes de la
direction de la ligue avec les problèmes généraux de
l'industrie du taxi.
Ceci étant dit, s'il y a des faits particuliers qui sont
portés à notre connaissance qui nous justifieraient d'interrompre
le processus que nous avons mis en place avec l'accord de l'industrie du taxi
de Montréal, à savoir le groupe d'étude dont je parlais
tantôt, je verrai à ce moment-là. Mais, pour l'instant, je
n'ai pas d'élément qui m'amènerait à bloquer un
processus sur lequel toutes les parties se sont entendues, c'est-à-dire
la ligue de taxi comme telle, les divers intervenants dans le domaine du taxi
sur l'île de Montréal, et pas simplement, d'ailleurs, dans le
centre de Montréal, mais même dans les banlieues qui ont accueilli
favorablement la mise sur pied de ce groupe de travail et qui veulent
témoigner, d'ailleurs. Il faut, je pense, que dans les circonstances je
respecte ce processus.
S'il y a des faits particuliers, s'il y a des allégations
sérieuses, motivées, on y verra dans ce domaine comme dans
n'importe quel autre domaine, d'ailleurs, quand des gens portent à la
connaissance du gouvernement des allégations qui nous incitent à
faire une enquête ou à prendre position. Ce n'est pas parce que le
député de Maisonneuve brandit le spectre d'une crise, d'une
insurrection appréhendée dans le domaine du taxi à
Montréal, etc..
M. Lalande: Ce n'est pas moi!
M. de Belleval: Je le vois brandir un article de journal. Ses
principales sources, ce sont des articles de journaux, je suppose.
M. Lalande: J'en ai d'autres.
M. de Belleval: ... ou qu'il donne le témoignage du
président limogé ou, enfin, renvoyé de la ligue de taxi
que cela constitue des motifs sérieux d'interrompre tout le processus
d'examen des problèmes dont je viens de parler qui, comme je l'ai dit,
est accepté par toutes les parties.
Finalement, en ce qui concerne le code de déontologie, la
question de fond... Vous avez remarqué que le député de
Maisonneuve s'agite beaucoup, mais il dit: Je ne prends pas position sur le
fond. C'est évident, il ne prend pas position sur le fond; il
pêche en eau trouble, mais, quand vient le temps de régler les
problèmes, il n'a pas de suggestion particulière à nous
faire; il n'a même pas de jugement à porter sur le fond.
En ce qui concerne le fond je vais en parler, moi nous
trouvons je l'ai dit dans une lettre très claire qui a
été rendue publique que Ie code de déontologie en
question n'est pas véritablement un code de déontologie. C'est
une réglementation stricte, en bonne partie, de la conduite
économique de l'industrie du taxi dans le centre de Montréal. De
ce point de vue, je pense que le code est inacceptable, il est ultra vires des
pouvoirs de la ligue. C'est, d'ailleurs, à la suite de cette lettre et
de cet avis que les parties ont convenu que, effectivement, on serait mieux
d'examiner comme tel le problème de la rentabilité du taxi, les
problèmes économiques qui affectent le taxi à
Montréal. C'est la première fois que cette étude va se
faire et c'est ce qui se fait actuellement. Je pense que cela met de
côté, pour l'instant, cet aspect de la question.
Par exemple, déterminer qu'il y aura un seul chauffeur par taxi,
cela n'a rien à voir avec la
déontologie. Regardez dans le dictionnaire, la
déontologie, c'est la conduite morale. Ce n'est pas une conduite morale;
c'est une conduite économique, de savoir si on va mettre un, deux ou
trois chauffeurs par taxi. C'est un problème comme tel qui doit
être réglé comme tel; cela n'a rien à voir avec un
code de déontologie.
Quant à la cotisation, à notre avis, $35 sont suffisants
pour les besoins de la ligue et imposer une cotisation plus
élevée, à notre avis, actuellement, n'est pas
justifié. La ligue ne nous a pas justifié une telle tarification
qui est sans précédent ailleurs au Québec.
C'est mon jugement, c'est le jugement des experts que j'ai
consultés et c'est le jugement général, aussi, de
l'industrie du taxi dans l'ensemble du Québec. Quant à savoir ce
qu'il adviendra des décisions de la ligue de maintenir cette cotisation,
de maintenir ce code de déontologie en ce qui concerne le code de
déontologie, il n'est pas appliqué actuellement et en ce qui
concerne la cotisation, il y a effectivement des procédures en justice
actuellement. Le député de Maisonneuve joue sur les mots,
à tout le moins, quand il dit qu'il n'y a pas de cause parce que la
cause est ajournée. Au contraire, la cause est toujours bonne et
valable.
Il y a une injonction interlocutoire qui sera jugée en temps et
lieu par les tribunaux, et il revient effectivement, je pense, aux
intéressés qui s'estiment actuellement lésés par le
règlement de la ligue de le contester devant les tribunaux. C'est comme
cela qu'on règle nos problèmes, dans un pays civilisé.
Quand il y a un différend entre deux parties, on va voir un juge. On ne
sort pas les baïonnettes et on ne sort pas les édits
ministériels. Ce n'est pas le roi, par une lettre de cachet, qui
règle le problème, ce sont les tribunaux, ici, qui disent ce
qu'est la loi, où est le droit, et qui imposent des solutions à
des justiciables qui ne veulent pas s'entendre.
Actuellement, il y a une demande d'injonction en Cour supérieure.
Cette injonction sera plaidée en temps et lieu et on verra ce que les
tribunaux décideront. Ce n'est ni au député de Maisonneuve
ni à moi de décider ce qui est bon et juste et ce qui est
conforme à la loi, c'est aux tribunaux de le faire. Voilà ma
réponse, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. de Belleval: Je reviendrai tantôt sur la question du
boulevard Ville-Marie. On va vider la question du taxi, si le
député de Maisonneuve est d'accord.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Je veux juste rappeler au ministre que c'est une
requête pour jugement déclaratoire qui est prise. Ce n'est pas une
injonction. Il y a une diable de différence entre les deux. Si vous ne
le savez pas, retournez à l'école. Ce n'est pas la même
chose. Dans ce règlement de jugement déclaratoire, il y a trois
personnes qui sont impliquées là-dedans: M. Pierre Chevalier,
Nicole Chevalier et Lise Briand. Ce jugement déclaratoire concerne trois
personnes. Je vous parle non pas des 5280 mais des 5277 autres qui sont pris
avec ce problème à Montréal. Le ministre dit que, dans un
pays civilisé, c'est le juge qui dit la loi. On est bien d'accord sur
cela, c'est le juge qui dit la loi. Mais il est également vrai que les
règlements de la ligue doivent être approuvés par le
ministre.
Or, le ministre a approuvé $35 au lieu de $75. Comment va-t-il
faire respecter ce qu'il approuve? C'est un "rubber stamp"? Qu'est-ce qu'il
fait, le ministre, dans tout ceci? S'il doit l'approuver, il doit y avoir une
sanction. Vous savez, administrer quelque chose vous devriez le savoir,
vous avez été à la Fonction publique, c'est
peut-être là qu'ont commencé les problèmes
c'est planifier, organiser, diriger et contrôler. Vous ne contrôlez
rien, à l'heure actuelle. Vous dites que c'est $35 et vous ne le faites
pas respecter. C'est cela l'anarchie, dans le fond. C'est ce
problème-là que je vous demande d'essayer de voir le plus
près possible et de le régler.
En plus, tout à l'heure, le ministre nous a dit: Le
président Salvatore a des problèmes, il est limogé. Soit
dit en passant, il faudrait que l'assemblée générale
ratifie quand même cela avant qu'il soit limogé.
M. de Belleval: C'est à eux de régler leurs
problèmes.
M. Lalande: Oui, c'est à eux de régler les
problèmes; c'est bien de le dire, mais je vais revenir là-dessus.
Vous dites: Avant cela, on était dans un très bon climat; tout
allait très bien à la ligue, avant; il y avait une bonne entente,
il y a un mois et avant. Moi, je vais vous lire une lettre de la ligue de taxis
signée je ne lirai pas au complet la lettre par tous les
membres du conseil d'administration, le 27 décembre. Qu'est-ce qu'ils
disent là-dedans? Ils vous écrivent, M. Denis de Belleval: "Nous
protestons hautement contre le fait que, sans accord préalable de la
part du président de la ligue, vous ayez transmis copie de votre lettre,
adressée à notre président à titre personnel,
à tous les membres de notre ligue et même à nos
employés. Nous considérons ce geste indélicat,
inacceptable et incompréhensible comme une tentative d'influencer
indûment nos membres et comme une ingérence illégale dans
nos affaires internes". Un petit peu plus loin: "Nous sommes choqués de
ce que vous assumiez la paternité de la proposition d'un groupe de
travail, alors que c'est notre président qui a présenté
cette suggestion à votre prédécesseur, le 29 mai 1979.
Cependant, il importe peu de savoir qui est l'auteur de ce projet, nous voulons
y procéder sans délai et, à cette fin, nous serons
prêts à recevoir vos délégués à nos
bureaux le 15 janvier prochain à 14 h. "Enfin, M. le ministre, nous vous
demandons ceci: plutôt que de vous mêler des affaires inter-
nes de notre ligue tout à l'heure vous avez dit: Je ne
veux pas m'en mêler, mais là, vous vous en mêlez ne
serait-il pas préférable d'utiliser votre temps à voir
à l'application du règlement CC4 et essayer d'obtenir que soit
respecté le maximum d'un taxi de 4 X 5, etc." Je pourrais vous amener
encore un peu loin. Ceci pour vous dire que cela n'allait pas très bien,
quand vous nous dites que c'était la bonne entente avec la ligue, encore
une fois, vous errez savamment. ( 11 heures)
La question, j'y reviens encore une fois, allez-vous, une fois pour
toutes, nous dire comment vous allez faire respecter ce que vous avez
approuvé les $35 que vous avez approuvés quand et
comment? C'est ça que les gens attendent à l'heure actuelle.
Pourquoi êtes-vous là comme ministre? Si vous devez approuver
quelque chose, mon Dieu, sanctionnez-le d'une façon ou d'une autre. Vous
dites: Je ne peux rien faire, il y a trois personnes qui ont signé une
requête pour jugement déclaratoire à la Cour
supérieure, je ne peux rien faire si c'est devant la loi. Mais voyons
donc! Cela fait deux jours que c'est devant les tribunaux pour ces trois
personnes; vous n'avez rien fait encore et vous ne comptez rien faire.
Qu'est-ce qui va se passer? Pourquoi êtes-vous ministre?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. de Belleval: Je pense bien que j'ai déjà
répondu à cette question, M. le Président. La règle
démocratique et la règle constitutionnelle, c'est que les
ministres ne peuvent pas se faire justice eux-mêmes. Les ministres ne
font pas, d'une part, la loi et, d'autre part, la police. Ce sont des
régimes dictatoriaux qui font ça, M. le député de
Maisonneuve. En Union soviétique, le président fait la loi et il
l'applique.
M. Lalande: ... mélangez avec la loi ici. Ne parlez pas de
l'Union soviétique, vous êtes tout mélangé, c'est
ici, au Québec.
M. de Belleval: Mais c'est quand même la situation. Vous
dites: Le ministre a décidé quelque chose et des gens
transgressent son règlement. Qu'est-ce que le ministre va faire? Je vais
aller arrêter ces gens-là? Je vais aller les mettre en prison? Je
vais les juger? Mais non, ce n'est pas comme ça qu'on fonctionne dans
notre régime démocratique et constitutionnel, M. le
député. Vous savez fort bien...
M. Lalande: Mais vous avez un collègue qui s'appelle le
Procureur général, le ministre de la Justice. Pourquoi
n'intervenez-vous pas auprès de lui?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. de Belleval: Voulez-vous me laisser terminer, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Lacoste): Je demanderais au
député de Maisonneuve de respecter le droit de parole du ministre
et je demanderais au ministre de s'adresser à la présidence. M.
le ministre.
M. de Belleval: Dans le cas qui nous occupe, je ne pense pas que
la façon de régler le problème soit que le ministre
lui-même fasse appliquer son édit par des policiers ou par, je ne
sais pas, un bras armé quelconque. Je pense que la règle normale,
c'est que, s'il y a des gens qui s'estiment lésés, qui ont des
intérêts particuliers là-dedans, qu'ils fassent valoir
leurs droits devant les tribunaux. C'est exactement ce que les gens ont
commencé à faire et on va voir ce que les tribunaux vont
décider. Je pense que c'est la règle normale démocratique
dans notre société. Alors, on peut s'agiter, on peut
élever d'autres spectres, mais, à mon avis, il n'y a pas
péril en la demeure, actuellement. Le processus démocratique suit
son cours et on verra ce que ça va donner au bout. Comme je l'ai dit,
c'est la façon dont on procède dans un pays démocratique
comme le nôtre.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Évidemment, tout le monde aura pu constater
que le ministre ne veut pas répondre à cette question. Il est
dans l'eau bouillante pour une raison que j'ignore. Pourtant, il me semble que
c'est assez clair. En tout cas, les chauffeurs de taxi, les
propriétaires artisans et tout le monde du taxi à Montréal
pourront vous juger, M. le ministre, car vous laissez continuer se pourrir le
climat à l'heure actuelle et l'état de crise demeurer, mais,
pourtant, comment réglez-vous votre problème? D'une part, vous
dites: Qu'ils s'adressent aux tribunaux pour régler ces
problèmes-là. Finalement, ça ne sert pas à
grand-chose que vous approuviez des règlements ou pas. Cela ne sert
à absolument rien. D'autre part, vous nous dites...
M. de Belleval: Vous dites que les tribunaux sont
incompétents?
M. Lalande: ... je vais régler ces
problèmes-là en formant un groupe de travail. Je dois vous
rappeler que, dans le groupe de travail, il n'y a aucun propriétaire
artisan. Le président de la ligue A-11, si vous étiez en si bons
termes avec lui, il y a quelque temps, quand vous avez formé votre
comité, pourquoi ne siège-t-il pas à ce comité,
alors que les présidents de A-5 et A-12, eux, y siègent?
Finalement...
M. de Belleval: M. le Président, question de
privilège. Cela n'a pas de bon sens de dire des conneries
semblables.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, je dois vous
avouer qu'il n'y a pas de question de privilège en commission
parlementaire. M. le député de Maisonneuve.
M. Lalande: M. le Président, dans tout ceci, le ministre,
qui n'est pas capable de prendre de décisions, et c'est bien clair,
forme un autre groupe de travail pour étudier la situation, un autre
groupe de travail pour régler le problème. Il va mal, mais un
autre...
Savez-vous combien il y a eu d'études faites sur le taxi? C'est
cela le problème véritable. On ne fait que des études et
on n'agit pas. Pourtant, M. le Président, c'est ce que je vous montre
ici, en 1973 et en 1976, le Parti québécois avait la solution
globale au problème du taxi à Montréal. Vous aviez
réglé votre problème. Il était clair que vous
saviez quoi faire.
M. de Belleval: Etiez-vous membre du Parti
québécois dans ce temps-là?
M. Lalande: Vous venez nous dire... M. Baril: ... du Parti
québécois.
M. Lalande: Cela vous inquiète! Cela vous énerve
à part cela!
M. Gratton: II n'est pas le seul qui a vu clair depuis!
M. Lalande: C'est dire qu'il y a des gens qui, un jour, font des
choix dans la vie. Il y en a d'autres qui n'en font jamais. M. le
Président, on y revient.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: A ce moment-là, voyez-vous, ils avaient la
solution globale ces gens d'en face! Cela fait quatre ans qu'ils creusent des
trous un peu partout. A l'Éducation, $2 300 000. Ils s'amusent à
faire cela. La solution du taxi était globale à ce
moment-là. Or il n'y a absolument rien. Le ministre nous dit: Notre
histoire n'était pas bonne. On ne connaissait pas cela dans le temps. On
va faire un groupe de travail. A deux ou trois mois peut-être, je
ne sais pas, combien est-ce qu'il vous reste de temps avant que vous perdiez le
pouvoir, peut-être trois ou quatre mois dans ces délais, il
dit: On va faire une autre étude. Voyons donc, pensez-vous que c'est
sérieux? Pensez-vous que les gens de taxi, les gens sérieux, ceux
qui sont dans le champ, ceux qui sont sur le terrain, pensez-vous qu'ils vont
vous croire? Ce n'est vraiment pas sérieux la façon dont vous
conduisez ces choses. Je comprends que vous ayiez mis la foire à la
fonction publique quand vous y étiez. Vous êtes vraiment en train
de tout soulever et vous nous dites encore une fois: La Ligue nouvelle des
propriétaires de taxis n'est qu'une ligue parmi d'autres à
Montréal, ce n'est quand même pas l'industrie du taxi. Ce sont 25
000 travailleurs à Montréal. Vous prétendez qu'il n'y a
pas de problème à ce niveau à l'heure actuelle.
Je vous demande, encore une fois il me semble que c'est bien
clair que vous-même de- vriez comprendre cela ce que vous allez
faire et comment vous allez faire pour le régler. Au lieu de nous parler
de cinquante mille choses, faites donc appliquer les lois telles qu'elles sont
à l'heure actuelle. Il y a Constitution et règlements qui a
été approuvé, aux articles 19, je crois, et 20. On dit aux
articles 29 amendements et règlements 30 et 31: Le
présent règlement et ses amendements doivent être
approuvés par le ministre avant d'entrer en vigueur. Le refus ou
l'approbation du ministre doit être joint intégralement aux
minutes. Les membres ont le droit dans un vote des deux tiers des membres de
toute assemblée générale, de changer, modifier ou
révoquer tous et chacun des présents règlements, ainsi que
tout autre règlement de la ligue non contraire à la loi et aux
lettres patentes de la ligue. Ces modifications doivent être
approuvées par le ministre. Qu'est-ce que cela veut dire? Vous avez une
constitution, des règlements que vous avez approuvés. C'est
soumis, justement au ministre; c'est le rôle du ministre des Transports
de dire son mot et de l'approuver. Comment nous répondez-vous? C'est
vraiment insultant pour ces gens. Ils ont des problèmes à l'heure
actuelle. Vous ne répondez absolument à rien. Vous dites: On va
essayer de laisser régler cela par les tribunaux d'un côté,
par deux ou trois personnes qui ont pris une requête en... et qui ne va
concerner que ces personnes. Ce n'est pas une injonction encore une fois. Vous
dites: On va laisser pourrir la situation. Qu'est-ce que vous attendez? Je sais
que vous essayez de gagner du temps. Si le référendum peut
passer, après cela, on ira aux choses sérieuses. Mais, mon Dieu,
pour une fois, vous pourriez avoir un petit peu plus de transparence. Dites-le
carrément. Vous aviez votre solution globale en 1973 et en 1976.
Appliquez-là à l'heure actuelle. Vous avez tout ce qu'il
faut.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. de Belleval: Le député de Maisonneuve, M. le
Président, continue d'accumuler contradiction sur contradiction et
fausseté sur fausseté. On en a vu quelques-unes ce matin, mais il
y en a une autre qu'il vient tout juste de dire à savoir qu'on avait
refusé la nomination du président de la ligue A-11, M. Salvatore,
au groupe de travail.
M. Lalande: Comment se fait-il qu'il ne soit pas là?
M. de Belleval: Complètement. Vous devriez justement vous
renseigner et avoir les réponses à ces questions. Vous dites...
Est-ce que le député de Maisonneuve va me laisser continuer, M.
le Président?
Le Président (M. Lacoste): Vous avez la parole, M. le
ministre.
M. de Belleval: Si le député de Maisonneuve
était aussi bien renseigné qu'il prétend l'être, il
saurait que c'est justement le conseil d'adminis-
tration de la ligue A-11, dont M. Salvatore était le
président, à l'époque, qui a lui-même choisi ses
deux représentants au comité de travail, au groupe de
travail.
M. Lalande: Bien oui, et...
M. de Belleval: Ne dites donc pas qu'on a refusé. Vous
avez fait une affirmation gratuite à savoir qu'on avait refusé la
nomination de M. Salvatore. C'est le conseil d'administration lui-même
qui a décidé de nommer ses représentants. On a
accepté les représentants qu'ils nous ont envoyés
démocratiquement.
Deuxièmement, il me blâme d'avoir mis sur pied un groupe de
travail. Je lui ai expliqué tantôt que c'était la
première fois qu'un groupe de travail dans ce domaine-là
était mis sur pied, non pas au-dessus des parties, mais conjointement et
avec l'accord des parties. Tout à l'heure, il a lui-même
cité un article du journal de cette ligue dans lequel le
président et l'exécutif de la ligue prétendent que c'est
la ligue elle-même qui a demandé au ministre de mettre sur pied le
groupe de travail et que je m'arrogeais une fausse paternité. Alors,
disons que je suis prêt à admettre cette critique. Je ne l'admets
pas, en fait, parce que je pense que c'est conjointement que nous avons
créé ce groupe de travail. On l'a fait de bonne volonté.
Les deux parties sont d'accord. C'est ça qui est le point important.
Mais, à supposer que ce soit la ligue qui me l'ait proposé, le
député de Maisonneuve me reproche à tout bout de champ
depuis une heure de ne pas accepter les avis de la ligue. Je viens d'en
accepter un, celui de mettre sur pied un groupe de travail. C'est
elle-même, selon ses dires, qui l'aurait proposé. Ne venez pas me
reprocher, d'une part, de ne pas respecter ses avis et, d'autre part, quand je
les respecte, ne dites pas que je ne prends pas mes responsabilités et
que j'essaie de ne pas les prendre. C'est à sa demande même, selon
ses dires, que j'ai accepté la mise sur pied du groupe de travail.
Je pense que, essentiellement, nous faisons des progrès de
concert avec les gens du milieu. Si le député de Maisonneuve,
encore une fois, a des suggestions concrètes à faire, s'il a des
choses à proposer, s'il a aussi des opinions à émettre sur
le fond des questions, je serais tout à fait d'accord pour l'entendre.
Tout ce qu'il dit pour l'instant, c'est que le ministre ne fait pas ci, le
ministre ne fait pas ça, mais lui n'a rien à dire. Il n'a pas de
suggestion à faire. Il n'a même pas de jugement à porter
sur le fond des questions et il essaie de créer une tornade de papiers
autour de cette table alors que, dans les faits, nous avons posé des
gestes de concert avec les gens du milieu et que les événements
suivent leur cours de ce point de vue-là.
En ce qui concerne les réformes dans le domaine du taxi à
Montréal, je pense bien, comme je l'ai dit tout à l'heure, que
nous avons affaire à une industrie qui est extrêmement
divisée en termes d'intérêts économiques. Si on
prétend pouvoir imposer des solutions à tout ce monde, à
partir d'idées préconçues, je pense qu'on va tous se
souhaiter bonne chance. Au contraire, je pense que la meilleure méthode,
c'est de mettre les gens même de l'industrie devant leurs parts de
responsabilités et de faire ce travail, le ministère et
eux-mêmes, assis à une même table, comme nous sommes en
train de le faire actuellement. Je pense que, de ce point de vue-là,
nous avons des chances d'avoir de meilleurs résultats, plutôt que
de tenter d'agir au-dessus de la tête de tous ces intérêts,
comme je l'ai dit, qui sont extrêmement divergents, extrêmement
divisés.
N'oublions pas, comme je l'ai expliqué tantôt, qu'il y a le
propriétaire artisan, celui qui possède un ou deux taxis. Il y a
celui qui en possède 20, 40 ou 50. Il est bien évident que les
intérêts de ces gens ne sont pas les mêmes. Il y a le
chauffeur de taxi qui n'est pas propriétaire, celui qui obtient un
permis du ministère pour conduire un taxi et qui, lui aussi, a des
conditions économiques, probablement les pires de toute l'industrie, et
il a aussi des intérêts qui sont très divergents de ceux
des autres intervenants. Vous avez les ligues de service, les compagnies qui
elles aussi ont des intérêts là-dedans. Il faut bien voir
que dans l'ensemble de l'industrie du taxi québécoise, même
s'il y a des problèmes réels en termes de bien-être des
artisans de cette industrie dans toutes les villes
québécoises...
C'est un des métiers les plus difficiles qui soient, le
métier de chauffeur de taxi, je pense bien, partout dans le monde, mais
particulièrement ici au Québec. On va se contenter de nos
problèmes. C'est un métier difficile, c'est un métier
ingrat. Ce n'est pas un métier des plus rémunérateurs,
mais on peut dire quand même que, dans l'ensemble du Québec,
l'industrie fonctionne raisonnablement bien en termes de déontologie, en
termes de conduite morale, en termes de relations de travail à
l'intérieur même et entre les usagers et l'industrie. On peut dire
que le système fonctionne raisonnablement bien. (11 h 15)
II y a un gros problème qui se pose dans le centre-ville de
Montréal. C'est un problème qui a été
accumulé au fil des années. L'ancien gouvernement n'avait rien
fait dans ce domaine et le manifeste auquel vous vous êtes
référé tantôt date de 1973. Nous avions fait un
certain nombre de suggestions au gouvernement de l'époque. Probablement
que le député de Maisonneuve faisait partie du Parti
québécois il était dans l'Opposition à ce
moment-là et que lui aussi faisait des propositions au
gouvernement actuel. Il n'avait pas été écouté.
M. Lalande: Je sais que cela vous fait mal, mais...
M. de Belleval: Non, non, vous avez le droit de changer
d'idée, mais il reste qu'à ce moment-là vous étiez
sans doute d'accord avec ce manifeste, puisque vous étiez membre du
parti.
M. Lalande: Pas en 1973.
M. de Belleval: Quoi qu'il en soit, je pense que les principes
que nous avons exposés dans ce manifeste, dans leur ensemble, sont
toujours valables. Je m'en inspire dans le cadre de mon action, mais, il y a,
comme je l'ai dit, un point fondamental: c'est qu'on ne pourra pas imposer des
solutions par-dessus la tête des intervenants, au moment où il n'y
a pas un minimum de consensus qu'on a été capable
d'établir au sein même de l'industrie. Je pense que c'est une
réalité qu'aucun gouvernement ne pourra éviter.
Le député de Maisonneuve aura beau s'agiter tant qu'il le
voudra, sans faire de suggestion d'ailleurs et sans prendre de position,
à la fin, il va être confronté avec cette question. Je le
répète encore une fois et je pense qu'il faudra que je le
répète jusqu'à ce que le député comprenne:
Je pense qu'il y a eu un consensus entre l'industrie et le ministère
afin de créer ce groupe de travail. C'est la première fois que
cela existe. Vous-même avez cité un témoignage qui confirme
ce point de vue. Je pense qu'il n'y pas de raison d'arrêter ce processus.
Si le député veut que je l'arrête, qu'il le dise
carrément. S'il a de meilleures suggestions à faire et qu'il
pense avoir l'appui des intervenants du taxi dans ses suggestions, qu'il le
fasse! On va l'écouter et nous irons voir les gens du taxi pour savoir
ce qu'ils en pensent. On va donner notre avis là-dessus. Mais simplement
s'agiter comme il le fait et, comme je l'ai dit, créer une tornade de
papiers ne résoudra pas le problème.
Il faut bien voir aussi la réalité économique telle
qu'elle est. De ce point de vue, il y a des ressemblances, je pense, entre
l'industrie du taxi et le camionnage en vrac. Il y a eu une réduction
dans toutes les villes du Québec, d'ailleurs, et probablement dans
toutes les villes du monde industrialisé, de la demande pour des
services de taxi. Au fur et à mesure que les transports en commun se
sont développés, d'une part, et aussi, plus important encore, que
l'utilisation de l'automobile privée s'est développée dans
toutes nos villes, la demande pour des services de taxi a diminué. Mais
le nombre de permis, lui, n'a pas diminué de façon
correspondante. On n'a pas trouvé, non plus, de nouveaux marchés
pour le taxi. Alors, le problème est largement un problème de
rentabilité économique, il faut l'admettre. En arriver à
des contingentements, en arriver à des réductions de l'offre de
services de taxi dans un marché qui se rétrécit, ce n'est
pas facile. Ce n'est pas facile dans l'industrie du taxi comme dans toute autre
industrie quand des phénomènes économiques semblables se
produisent.
Il y a moyen de régler quand même ces problèmes.
Mais, comme je l'ai dit, nous ne pourrons pas le faire au-dessus de la
tête de tous les gens qui sont impliqués. Que chacun assume une
partie de ses responsabilités, compte tenu des intérêts
économiques divergents de chacun des partenaires.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Je ne veux pas m'accrocher inutilement à cela,
mais le ministre pense avoir trouvé une contradiction dans ce que je
disais tout à l'heure et il s'y accroche
désespérément pour essayer de sortir de son labyrinthe,
quand il dit: Le groupe de travail, ce sont les gens de la ligue qui l'ont
demandé. Je suis heureux de voir que vous reconnaissez au moins...
M. de Belleval: Je ne le reconnais pas, mais je suis bien
prêt pour les fins de la discussion à le reconnaître, parce
que cela sert mon argument. Cela détruit le vôtre.
M. Lalande: II semble que c'est cela que vous faites
régulièrement. Quand cela fait votre affaire, vous l'utilisez;
sinon, vous ne l'utilisez pas.
M. de Belleval: Pas du tout. De toute façon, sur le plan
fondamental, nous sommes d'accord.
M. Lalande: Mais où je veux en venir dans ceci, c'est que
si le groupe de travail a été demandé par la ligue, par
des gens du taxi à Montréal, c'est bien normal qu'eux demandent
un groupe de travail parce qu'ils ne sont pas des péquistes, voyez-vous.
Ce qui arrive, c'est qu'ils ne sont pas au courant de votre situation globale,
de 1973 et de 1976. Vous l'aviez la solution à ce moment-là et
vous ne l'appliquez pas et vous ne la dites pas aux gens. Mettez-la en
application! C'est évident que ces gens ne la connaissent pas, eux. Ils
n'ont pas la connaissance de toutes les choses spontanée. Il leur faut
l'apprendre. C'est pour ça qu'ils veulent être au courant, ils
veulent savoir comment on va régler ce problème. Pourtant, vous
l'aviez cette solution. Il n'y a pas de contradiction là-dedans. Vous
aviez la solution à tous les problèmes en 1976.
Vous voyez où ça vous mène aujourd'hui: dans un
cul-de-sac. C'est un labyrinthe sans fin. C'est là que ça vous
mène. Les chauffeurs de taxi, les propriétaires de taxi,
l'industrie du taxi qui est en crise à Montréal se dit: Comment
va-t-on débloquer? Alors, ils demandent un groupe de travail pour
étudier des solutions; mais il me semble que vous devriez leur servir
votre solution miracle ou, à tout le moins, l'appliquer. Il n'y a pas de
contradiction là, au contraire ça complète exactement
votre genre d'inaction, alors que vous ne débloquez pas.
Je ne veux pas me faire le porte-parole du Parti libéral avant
1976 je pense que mon collègue de Gatineau peut très bien
le faire mais je dois vous rappeler quand même que pour ce qui est
des études sérieuses, il y en a eu qui ont été
faites avant 1976. Rappelez-vous le rapport Bossé, ce n'est quand
même pas vous qui l'aviez demandé. L'industrie du taxi en
1975 fonctionnement des associations de service, recommandations;
analyse de la profession de chauffeur de taxi en octobre 1976 ce
n'est tout de même pas vous qui l'aviez commandée. Il y a eu du
travail qui a été fait, ne venez pas dire que rien n'a
été fait. C'était en 1975, alors ne dites pas que
rien n'a été fait avant.
Mais vous, vous aviez la solution. J'y reviens encore une fois, c'est
important les gens y croyaient peut-être. Il y en a certains qui y ont
cru en 1976, mais je tiens à vous dire qu'ils n'y croiront plus
maintenant, si vous continuez. Le gouvernement actuel, avec le genre de
réponse qu'il fait, est à peu près comme le ministre
d'État à la Condition féminine, la façon dont il
travaille, ce n'est pas fort. Comme disait votre ministre des Finances: "II est
mieux d'avoir des ennemis que d'avoir de tels amis".
Ce n'est pas moi qui ai des problèmes, c'est l'industrie du taxi
à Montréal. Ce sont les propriétaires artisans qui ont des
problèmes et vous ne voulez pas y répondre. Vous dites: On va
essayer de régler ça, on va mettre un groupe de travail, on va
essayer de gagner du temps. Pourtant il y a des gens qui ont des
problèmes à l'heure actuelle.
M. de Belleval: Donc, vous êtes contre le groupe de
travail?
M. Lalande: Non, je ne suis pas contre le groupe de travail, je
trouve qu'il faut le mettre sur pied, ce groupe de travail, il faut informer
les gens de ce qui se passe, mais ça ne vous empêche pas d'agir.
On dirait, vous autres, que quand la main droite travaille, la main gauche doit
rester inerte; faites quelque chose, vous aviez une solution, rien
n'empêche l'autre!
J'ai aussi une question d'ordre technique. Je voudrais vous demander, en
ce qui concerne les permis de chauffeur de taxi, quel type d'examen vous faites
passer et la durée de ces examens. Est-ce que ce sont des examens
écrits? Comment fonctionne le type d'examen que vous faites passer aux
chauffeurs de taxi? Est-ce qu'il y a une garantie de la règle de
mérite qui doit être appliquée là? Pourriez-vous
nous donner certaines indications là-dessus? Ce n'est pas une question
torpille, loin de là, c'est tout simplement pour clarifier. Il y a
plusieurs chauffeurs de taxi qui se plaignent peut-être à
tort, peut-être à raison, je ne sais pas qu'il y a de la
discrimination dans l'octroi des permis ou dans la tenue des examens; on
pourrait clarifier cette question, si vous le voulez bien.
M. de Belleval: Pour clore le dernier chapitre sur une
dernière contradiction du député de Maisonneuve, il est
d'accord maintenant avec la mise sur pied d'un groupe de travail, mais il
voudrait en même temps que je passe par-dessus le groupe de travail et
que je mette des solutions de l'avant avant même que le groupe ait fini
de siéger et fait son rapport. Je laisse à la population le soin
de juger qui est dans un labyrinthe, le ministre des Transports ou le
député de Maisonneuve.
En ce qui concerne les examens, oui, il y a des examens écrits
qui sont imposés aux candidats chauffeurs de taxi. S'il y a des
problèmes particuliers qui se posent, si on croit qu'il y a de la
discrimination ou que les examens sont mal administrés à certains
moments, on n'a qu'à porter des cas à ma connaissance et je
verrai. Mais je dois dire que depuis maintenant cinq mois ou six mois que je
suis au ministère des Transports, il n'y a pas de cas particuliers qui
ont été portés à ma connaissance, soit par des
candidats, soit par des députés. C'est la première fois
que j'en entends parler ce matin.
M. Lalande: Quel genre d'examen passent-ils? Est-ce que c'est un
examen oral, un examen écrit, un examen de type objectif?
M. de Belleval: Je peux envoyer au député de
Maisonneuve la teneur même des examens qu'on fait passer. Ce sont des
documents publics, ils sont à la disposition du député de
Maisonneuve. Les examens, essentiellement, ce sont des examens de connaissance
du milieu, avec des questionnaires écrits, de connaissances
topographiques puisqu'ils doivent se débrouiller à travers un
réseau de rues. Au niveau des connaissances de base, on demande une
connaissance suffisante de la langue française.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: En terminant, M. le Président, il y a une
imprécision du ministre qui concerne l'absence de dispositions
transitoires dans le changement d'année financière, on sait que
la seule chose que le ministre a accordéeà la ligue, c'est le
changement de l'année financière, mais il n'y a pas de
dispositions transitoires là-dedans. La nouvelle année
financière est du 1er janvier au 31 décembre. Est-ce que le
ministre peut certifier publiquement, à l'heure actuelle, aux
propriétaires de taxis qu'ils auront droit de vote à la prochaine
assemblée générale de la ligue s'ils étaient en
règle conformément à la cotisation qu'ils avaient
payée l'année financière précédente?
En d'autres mots, auparavant, l'année s'étendait d'avril
à mars, et il y en a qui ont payé leur cotisation jusqu'au 31
mars. Au mois de décembre, le ministre disait: On va changer
l'année financière. Il y a une imprécision sur laquelle il
pourrait y avoir beaucoup de malentendus encore une fois; vous auriez
intérêt à préciser comment les gens qui ont
payé leur cotisation vont enclencher dans la nouvelle année
financière et ce qui est bien important s'ils auront le
droit de voter aux élections de la ligue s'ils étaient en
règle conformément à l'ancienne année
financière.
M. de Belleval: La nouvelle cotisation court du 31 mars 1980 au
1er janvier 1981.
M. Lalande: Oui, mais pour avoir le droit de vote à la
ligue, cela prend six mois; il faut qu'ils soient membres pendant six mois. Si
ceux qui, au commencement de mars... Vous avez quand même donné
votre approbation au mois de décembre. Est-ce que c'était
effectif à compter du 1er...
M. de Belleval: Du 31 mars 1980.
M. Lalande: Cela commençait au 31 mars? M. Gratton:
Au 1er avril.
M. de Belleval: 1980, jusqu'au 1er janvier 1981.
Donc, cela veut dire que la cotisation de $35 pour cette année,
sur une base annuelle, est effectivement de $44, ce qui est déjà
une augmentation par rapport à l'année précédente.
Ce qui me faisait dire aussi que le montant de $35 était suffisant. Si
les élections ont lieu au mois de juin, comme c'est prévu
je pense que c'est le 8 juin...
M. Lalande: Oui.
M. de Belleval: ... tous ceux qui sont en règle depuis le
6 décembre précédent ont le droit de voter. Le droit de
vote n'est pas lié à l'exercice de la ligue comme tel, mais
à une période de six mois précédente. Cela n'a rien
à voir avec la modification de la détermination de l'année
financière, ou de l'exercice.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Je termine là-dessus. De toute façon,
je pense bien qu'il appartenait au ministre de préciser ceci aux gens du
taxi. Il y a une imprécision qui a été soulevée
à plusieurs occasions et il devrait le savoir; il y a des gens qui lui
ont écrit, d'ailleurs, pour souligner cette question. De toute
façon, je ferai sûrement parvenir une copie du journal des
Débats aux propriétaires de taxis de Montréal pour qu'ils
puissent apprécier et avoir quand même la voie un peu plus
clarifiée. On n'a pas eu de réponse complète, mais, au
moins, on saura dans quelle eau se baigne le ministre.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau.
M. de Belleval: Est-ce que je peux terminer, maintenant, sur
l'autoroute Ville-Marie?
M. Gratton: Ah oui!
M. de Belleval: Le député de Maisonneuve
était tellement perdu dans ce problème du taxi qu'il en avait
oublié son autoroute.
M. Lalande: J'allais y revenir, M. le ministre, soyez sans
crainte. Si vous ne vous arrangez pas pour tenir le référendum
trop vite, on va reveniravec bien des questions. (11 h 30)
M. de Belleval: De ce côté-là, les
discussions que nous avions avec le service d'urbanisme de la ville de
Montréal, quant aux caractéristiques, à la
géométrie exacte du boulevard ViIle-Marie qui sera le
prolongement de l'autoroute actuelle, donc, quant à ces discussions,
nous avons obtenu, à toutes fins pratiques, un consensus sur le plan
technique entre les fonctionnaires du ministère des Transports et les
fonctionnaires de la ville de Montréal. Le rapport du service
d'urbanisme de la ville de Montréal doit être soumis au
comité exécutif de la ville d'une journée à
l'autre; c'est peut-être même fait au moment où on se parle
ou cela se fera dans les prochains jours. Dès que j'aurai reçu
l'accord officiel de la ville sur la proposition que nous avons faite et aussi
sur les modifications que nous a proposées le service d'urbanisme,
modifications que nous avons acceptées pour la plupart, sinon toutes,
à ce moment-là, de concert avec le maire de Montréal, nous
pourrons révéler la teneur exacte du projet en question.
Comme cet accord devrait maintenant, selon toute vraisemblance, nous
être transmis très bientôt, nous pensons être en
mesure de relancer les travaux de construction de ce boulevard au cours de
l'automne prochain, enfin, septembre ou octobre prochain. Les travaux
continueront jusqu'à leur aboutissement final durant les deux ou trois
prochaines années.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Quels crédits avez-vous prévus pour le
prolongement de l'autoroute Ville-Marie?
M. de Belleval: Le coût total des travaux... je pense que
vous m'aviez demandé aussi quel serait ce coût total et la
longueur peut-être même...
M. Lalande: Oui.
M. de Belleval: Une douzaine de kilomètres, dix
kilomètres?
M. Lalande: Cela va se rendre jusqu'au tunnel
Louis-Hippolyte-Lafontaine.
M. de Belleval: Cela va se rendre jusqu'au tunnel
Louis-Hippolyte-Lafontaine donc, l'échangeur existant à ce
niveau-là. Les travaux coûteront globalement une cinquantaine de
millions de dollars et il y a des provisions pour deux ou trois millions de
dollars, pour le paiement des travaux qui seront effectués cet automne.
Si des crédits supplémentaires sont nécessaires, compte
tenu de l'avancement des travaux, on y verra à ce moment. A partir du
moment où les soumissions seront lancées, les travaux seront
entrepris. On ne les interrompra pas dans le courant de l'hiver, puisque, dans
le cas de la première section, celle qui ira de la fin actuelle de
l'autoroute jusqu'à un peu à l'est de la rue Delorimier, nous
continuerons en sections souterraines de façon à préserver
l'environnement urbain du secteur, en particulier pour permettre une
réfection et un agrandissement même du carré Viger.
M. Lalande: De façon souterraine jusqu'à
Delorimier?
M. de Belleval: En dessous du carré Viger. On revient en
surface, je pense, au niveau de Radio-Canada.
M. Lalande: D'accord.
M. de Belleval: L'édifice de Radio-Canada. Selon la
proposition que les fonctionnaires du ministère des Transports et de la
ville de Montréal nous ont faite et qui, je pense, sera acceptée
par les deux parties. Moi, de mon côté, je suis d'accord avec
cette proposition et je pense aussi que la ville de Montréal est
d'accord, parce que c'est à sa demande même que nous avons
envisagé cette caractéristique.
M. Lalande: Alors, si je comprends bien, à l'automne, dans
vos crédits, vous aurez deux ou trois millions de dollars pour cela et,
si cela coûte plus cher, on augmentera un peu le déficit. $2 300
000 000, $2 400 000 000 ou $2 500 000 000, de toute façon, au montant
où on est rendu, on peut continuer.
D'accord, c'est tout. Je vous remercie beaucoup des précisions
que vous nous avez données là-dessus.
M. de Belleval: Je pense que le député de
Maisonneuve donne sa mesure par le genre de persiflage avec lequel il termine
ses interventions.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Quant à moi, j'aurais une dernière
question relative au domaine du taxi. De façon générale,
on sait que, dans l'avant-projet de refonte du Code de la route, on avait
introduit la notion de légaliser ce qu'on appelle le covoiturage. Le
ministre nous disait hier que le mémoire était prêt pour le
Conseil des ministres. Quant au dépôt du projet de loi comme tel,
la refonte du Code de la route, il se peut qu'il se fasse dès ce
printemps. Est-il en mesure de nous dire aujourd'hui la décision du
ministère par rapport à cette notion du covoiturage qui pourrait
être légalisé? Je le mentionne au point taxi parce qu'on
sait que de nombreux groupes de chauffeurs de taxi sont venus s'opposer en
commission parlementaire à ce...
M. de Belleval: Je pense qu'il faut se rendre compte que le
phénomène du covoiturage existe déjà, d'autant plus
qu'avec la réforme de l'assurance automobile, toutes les questions de
responsabilité financière en cas d'accident ont été
ipso facto réglées, ce qui a eu aussi pour effet il faut
bien l'admettre d'accentuer le phénomène. On le retrouve
partout, ici, dans les édifices gouvernementaux. On le retrouve dans
toutes les usines où des gens, au fond, acceptent de transporter des
compagnons de travail et acceptent de le faire moyennant
rémunération. Le seul changement, c'est de rendre légale
une pratique qui existe déjà et que, d'ailleurs, il serait
absolument impossible d'empêcher concrètement.
M. Gratton: Dois-je conclure de la réponse du ministre
qu'effectivement, lorsqu'on modifiera ou qu'on refondra le Code de la route
ça viendra légaliser...
M. de Belleval: Le projet actuel, comme l'avant-projet,
contiendra cette disposition. On en discutera à l'Assemblée
nationale. S'il y a des points de vue nouveaux ou particuliers qui nous
incitent à changer d'idée, on verra à ce moment. Ce n'est
pas coulé dans le béton, mais, pour l'instant, le projet
reflétera l'avant-projet de ce côté.
M. Gratton: Je remercie le ministre de cette précision. Ce
n'est pas notre intention d'utiliser la commission parlementaire des
crédits du ministère pour faire un débat de fond
là-dessus. Est-ce que le ministre pourrait nous dire si, dans ce cadre,
son projet de loi sur la refonte du Code de la route donnera suite aux voeux ou
à la demande exprimée par certains chauffeurs de taxi de leur
permettre de faire du transport des personnes...
M. de Belleval: Handicapées?
M. Gratton: Non, le terme technique m'échappe, mais la
possibilité qu'aurait un chauffeur de taxi de prendre des passagers
à bord en cours de route?
M. de Belleval: Faire du "jitney"?
M. Gratton: Oui. On appelle ça "jitney"?
M. de Belleval: Enfin, c'est le terme qui a été
employé à New York à l'époque.
M. Gratton: C'est anglais, ça?
M. de Belleval: Si vous voulez, je ne sais pas, moi.
M. Gratton: II n'y a pas un terme québécois pour
ça?
M. de Belleval: C'est peut-être un terme écossais ou
irlandais.
M. Gratton: On épelle ça comment?
"J-i-t-n-e-y"?
M. de Belleval: C'est ça, et en français, le terme
technique, c'est du covoiturage taxi.
M. Gratton: Ah bon! M. de Belleval: Taxibus.
M. Gratton: Est-ce que le ministre est en mesure de nous dire ce
que contiendra le projet de loi de refonte du Code de la route à ce
sujet?
M. de Belleval: Je pense que la question du taxibus ne
relève pas tellement du Code de la route que de la réglementation
sur le taxi comme tel. On pourra...
M. Gratton: Quelles sont les intentions du ministère
vis-à-vis de ça?
M. de Belleval: Entre autres, c'est une des questions
qu'étudiera le groupe de travail qui est à
l'oeuvre actuellement à Montréal, parce que, comme je l'ai
dit, les problèmes qui affectent l'industrie du taxi, à la base,
sont des problèmes économiques. La question que vous soulevez est
évidemment une question économique.
J'ai déclaré devant le congrès de l'industrie du
taxi à Montréal, à la réunion annuelle de la ligue,
qu'entre autres il faut aussi chercher des nouveaux marchés pour le
taxi. Les marchés sont en régression, comme je l'ai dit, depuis
de nombreuses années, partout dans le monde. La fuite en avant, en
augmentant les tarifs constamment, et compte tenu de l'augmentation des
coûts d'exploitation d'une voiture de taxi, amène de plus en plus
l'industrie dans des difficultés économiques, plutôt que de
l'amener vers des horizons meilleurs de ce côté.
Il faut tenter de réduire les coûts d'exploitation des
taxis. On travaille actuellement avec l'industrie sur des propositions de
véhicules mieux adaptés, plus économiques. C'est une
façon d'améliorer la situation économique du taxi. Il faut
travailler du côté du marché aussi, et essayer de trouver,
peut-être, de nouveaux marchés du côté du taxi. Un de
ces nouveaux marchés pourrait être le taxibus. Je pense que
l'industrie du taxi pourra jouer un bon rôle dans le transport de
clientèles spécialisées, comme les handicapés, par
exemple, en collaboration avec les municipalités, les commissions de
transport.
Il y a tout le marché des petits colis aussi qui pourrait
être ouvert aux taxis. Il y a aussi le marché du transport, ni
plus ni moins collectif, en dehors des heures de pointe ou en dehors des zones
centrales des municipalités. Par exemple, dans certains secteurs
périurbains, est-ce que le taxi ne pourrait pas remplacer
avantageusement ou compléter avantageusement le transport
régulier par autobus à certains moments de la semaine ou à
certains moments de la soirée? Il y a enfin le "jitney" pur et simple,
revenir à ce système qui était en vigueur dans les
années vingt et trente dans certaines villes, où, à toutes
fins pratiques, au moment il n'y avait pas de transport collectif comme celui
qu'on connaît aujourd'hui, les taxis pouvaient s'arrêter partout le
long des grandes artères et prendre des passagers tout le long de la
route qui partageaient ainsi la course jusqu'au centre ville.
On voit qu'il y a un problème particulier dans le contexte
actuel, c'est évidemment la concurrence qui s'exercerait entre le taxi
proprement dit et le système de transport collectif comme tel. On voit
que, là encore, il y a des problèmes de conflits entre des agents
économiques concurrents et, avant de modifier le système en
faveur de l'un ou de l'autre... C'est le même problème aussi dans
le cas des petits colis, par exemple. C'est évident que si on ouvre le
marché des petits colis aux taxis, l'industrie de transport des petits
colis va certainement réagir. Tout le monde réagit. Chaque fois
qu'on pose un geste dans ce domaine, tout le monde réagit. On parlait
tantôt, par exemple, du covoiturage. L'industrie du taxi n'est pas de
bonne humeur, elle dit: Vous allez m'enlever des clients.
C'est cela la réalité. Le député de Gatineau
peut lever les bras au ciel. Vous avez eu six ans pour regarder ces choses, et
vous n'avez jamais émis d'avis là-dessus.
M. Gratton: M. le Président...
M. de Belleval: Nous sommes en train d'étudier cela
très concrètement. Dans beaucoup de domaines, d'ailleurs,
d'activités sociales au Québec depuis six ans... Les mesures
mêmes assez souventefois qui aboutissaient à trancher des conflits
d'intérêts.
M. Gratton: Accouchez!
M. de Belleval: J'accouche. On les a prises nos
responsabilités.
M. Gratton: Accouchez!
M. de Belleval: Vous n'avez pas accouché pendant six ans.
On a accouché dans bien des domaines. Vous avez accumulé des
tonnes de rapports, par exemple, sur l'assurance automobile. On l'a
réglé le problème. Dans le domaine du taxi, on va
régler le problème de la même façon.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
M. de Belleval: II faut que cela se fasse aussi en collaboration
avec les intervenants.
M. Gratton: Question de règlement. Le président
vient de me reconnaître.
M. Lalande: Après le référendum, vous allez
le régler?
Le Président (M. Lacoste): Question de règlement,
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, j'ai posé une question
bien simple qui était très spécifique. Je voulais une
information du ministre. Le ministre s'est lancé dans une longue
diatribe pour expliquer tous les problèmes inhérents au transport
des personnes, le transport en commun. Il est en train d'entrer tout le
phénomène du transport mondial là-dedans. Tout ce que je
veux, c'est une information. La réponse, c'est évidemment que
non, le ministre n'a pas l'intention de l'inscrire dans le Code de la route. Il
prétend même que cela relève du règlement du taxi.
C'est tout ce que je veux savoir. Je ne fais pas un procès au ministre.
Ce n'est pas nécessaire qu'il remonte jusqu'à Mathusalem pour
montrer que c'est seulement depuis son arrivée au ministère qu'il
y a des études, qu'il y a des choses qui se font. Ce qu'on constate des
réponses du ministre, c'est qu'il y a beaucoup d'études, il y a
beaucoup de bonne volonté. On donne la priorité à peu
près à tout ce qu'il y a, mais il n'y a rien qui accouche. Il n'y
a rien qui aboutit. Je ne le reproche pas au ministre.
Je sais fort bien qu'il n'a pas été en mesure, avec ses
capacités qui sont très grandes, mais qui sont quand même
limitées, il n'a pas été en mesure de tout régler
en quatre ou cinq mois qu'il est au ministère. Qu'il ne se
défende pas de ne pas avoir tout réglé depuis qu'il est
là à chaque question qu'on lui pose parce qu'on ne finira pas les
crédits cette année. Je remercie le ministre de m'avoir
donné une réponse, d'avoir pris vingt minutes pour nous donner
une réponse qu'il aurait pu nous donner en deux secondes.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. de Belleval: M. le Président, je pense que j'ai
répondu clairement en ce qui concerne le covoiturage...
M. Gratton: Oui, oui. C'est tout.
M. de Belleval: La question était là. En ce qui
concerne la question du "jitney", je vous ai répondu aussi que
c'était une question qui relevait de l'industrie, de la
réglementation sur le taxi et non pas du Code de la route. Je pense que
là encore la réponse a été claire. J'en ai
profité aussi...
M. Gratton: Vous en profitez trop.
M. de Belleval: ... pour l'édification de la commission,
pour ceux qui nous écoutent, pour élargir un peu le débat
pour montrer les problèmes particuliers que ces projets de solutions
comportent.
M. Gratton: C'est très complexe. On sait tout cela.
M. de Belleval: II me semble que c'est correct et, devant
l'impatience du député de Gatineau je lui ai souligné tout
simplement que depuis trois ans, depuis quatre ans presque, les
décisions que ce gouvernement a prises dans différents domaines
ont été plutôt du côté de l'action que du
côté de l'inaction. (11 h 45)
Je lui ferai remarquer que la plupart de ces dossiers très
difficiles que l'ancien gouvernement avait étudiés à mort
je pense que le député de Gatineau va être d'accord
avec moi là-dessus sur lesquels il avait accumulé des
tonnes de papier, que ce soit dans le zonage agricole, dans le cas de
l'assurance-automobile...
M. Gratton: M. le Président, il y a toujours bien une
limite...
M. de Belleval: Est-ce que je peux terminer?
M. Gratton: Non, vous ne pouvez pas terminer parce que vous
n'êtes pas pertinent. Vous êtes en train de nous parler du zonage
agricole à l'étude des crédits du ministère des
Transports. Il y a toujours bien une limite, M. le Président.
Une Voix: Le chauffeur de taxi va aimer ça être dans
le champ de patates.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. de Belleval: Le député de Maisonneuve et
vous-mêmes aussi, dans vos réflexions en aparté, avez
souligné qu'on étudiait beaucoup et qu'on ne prenait pas de
décision. Je veux simplement rappeler...
M. Gratton: Dans le domaine des transports.
M. de Belleval: Y compris dans le domaine des...
M. Gratton: Et spécifiquement dans les taxis. C'est de
ça qu'on parle ici et non pas du zonage agricole, M. le
Président, et je vous inviterais à demander au ministre
d'être pertinent.
M. de Belleval: On ne peut pas régler tous les
problèmes en trois ans. Tous les problèmes que vous nous avez
laissés, en trois ans, on ne peut pas tous les régler. Je
réponds tout simplement ça et, déjà d'ailleurs dans
le domaine du taxi, nous avons pris des mesures aussi pour les régler.
Je dois dire, d'ailleurs, à votre décharge, que, si vous nous
aviez laissé, dans le domaine du taxi, autant de papier que vous nous en
avez laissé dans le domaine du zonage agricole ou dans le domaine de
l'assurance-automobile, probablement qu'on aurait réglé le
problème. Toutes mesures, d'ailleurs dont je viens de parler, contre
lesquelles vous avez voté, vous avez dit qu'on agissait trop vite dans
ce domaine et là, maintenant, dans ce domaine-ci, vous dites qu'on
n'agit pas assez vite. Je pense que si vous nous aviez laissé plus
d'études plus approfondies là-dessus, peut-être que le
problème serait déjà réglé. En tout cas, on
prend le dossier où vous nous l'avez laissé, sous
bénéfice d'inventaire.
M. Lalande: Mais, vous l'aviez votre...
M. Gratton: M. le Président, je ne suivrai pas le ministre
qui se conduit en petit politicailleux plutôt que, simplement,
défendre des crédits, donner des informations aux membres de la
commission. On ne peut pas faire un débat à savoir si le
gouvernement actuel a prêté plus d'attention aux revendications
des chauffeurs de taxis que l'ancien gouvernement? Je pense que le ministre
si on se parlait dans le corridor nous avouerait qu'effectivement
l'ancien gouvernement avait tenté de faire beaucoup, avait entendu en
commission parlementaire des centaines de chauffeurs et de propriétaires
de taxis, que la complexité des problèmes qu'il évoque, on
la connaît tout aussi bien que lui. Quand on lui demande une simple
information, ce n'est pas nécessaire qu'il nous fasse tout l'historique
des problèmes complexes du taxi ou quel que soit le problème dont
on discute parce qu'on n'en finira pas.
M. le Président, quant à moi, j'ai ma réponse et
c'est tout ce que je voulais, sauf que j'aurais préféré
l'avoir en deux minutes plutôt qu'en une demi-heure.
Le Président (M. Lacoste): Si ça vous fait rien, M.
le député de Gatineau, M. le député de Beauce-Sud
aurait une question à poser. M. le député de
Beauce-Sud.
Autoroute de la Beauce
M. Mathieu: Rapidement, le ministre s'attendra certainement
à ce que je m'enquière des projets en ce qui concerne l'autoroute
de la Beauce. Je pense que ça va de soi. Hier, j'ai relevé juste
un point, c'est que le ministre disait: On nous demande des crédits
supplémentaires et on nous reproche d'avoir un déficit
budgétaire; il y a une contradiction. Je pense, M. le ministre, que la
contradiction, c'est dans le choix des priorités, tout simplement. Pour
ce qui est de l'autoroute de la Beauce, je pense que le ministre lui-même
reconnaît que c'est une urgente nécessité. Je crois que
vous le reconnaissez, M. le ministre, que c'est une urgente
nécessité? Je vois, ici, au document qui nous a été
remis à l'étude des crédits, qu'il y a, je crois que c'est
pour la présente année, des crédits de prévus de
$500 000 pour la construction de la route Vaillancourt à la route
Carter. Je ne sais pas si c'est pour la construction ou si c'est pour les
expropriations, ou seulement...
La chose que je voudrais demander: l'autre jour, à la question
avec débat, le ministre nous disait que le projet est dans la machine
gouvernementale. J'avais conclu par là que c'était en marche, en
voie de réalisation. Les $500 000 prévus au document qu'on nous a
remis, est-ce que c'est pour un tronçon qui sera complété
d'une manière définitive ou si c'est pour la mise en
marché?...
M. de Belleval: Ecoutez, on relance les travaux de l'autoroute
à partir de Sainte-Marie. Le tronçon en question coûtera $5
000 000. On prévoit être en mesure de dépenser $500 000
cette année. Remarquez que j'espère en dépenser davantage,
mais, en tout cas. On a eu des contraintes particulières au niveau de
l'élaboration des plans et devis, du choix du tracé aussi, donc
des expropriations à partir de Sainte-Marie. Je pense qu'une fois ce
point complexe franchi, on pourra aller plus vite pour le reste, mais il n'est
pas question d'arrêter l'autoroute, la route Vaillancourt, sur ce
tronçon-là de la route Vaillancourt à la route Carter.
Notre idée, ensuite, c'est de continuer dans la même foulée
jusqu'à Sainte-Georges, tel que prévu.
M. Mathieu: L'an passé, je pense que l'ancien ministre
avait dit que l'autoroute serait construite sur une voie seulement, pour
accélérer...
M. de Belleval: C'est ça.
M. Mathieu: ... pour que cela aille plus vite. Maintenant, pour
cette année, évidemment, nous convenons tous qu'avec $500 000,
vous n'irez pas loin, parce qu'il y a peut-être un demi-mille entre la
route Vaillancourt et la route Carter.
M. de Belleval: On va donner un contrat de $5 000 000, dès
maintenant, dans les semaines et les mois qui viennent. Mais le travail en
question implique des travaux importants de préparation. Je pense qu'il
s'agit de structures, de drainage, etc., de sorte que, finalement, on
prévoit malgré tout ne pas être en mesure de
dépenser tellement plus que $500 000 cette année. Mais le contrat
qui va être donné sera un contrat de $5 000 000. Donc,
l'entrepreneur va continuer les travaux jusqu'à la fin de son contrat,
pour $5 000 000, tel que prévu.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Si le député me permet, si on dit que
les plans et devis ne sont pas prêts, je vois mal comment, prochainement,
on adjugera un contrat à un entrepreneur.
M. de Belleval: Nous sommes dans la phase finale de la
préparation de ces plans. Donc, on prévoit être en mesure
de pouvoir donner le contrat dès cette année.
M. Gratton: Dès cette année... A quel moment? A
l'automne?
M. de Belleval: Vers la fin de l'été, oui.
M. Gratton: Alors, une fois le contrat adjugé à
l'automne, qu'est-ce qui empêcherait de dépenser beaucoup plus que
$500 000 sur un contrat de $5 000 000?
M. de Belleval: II y a des contraintes techniques qui font que
l'entrepreneur doit faire des travaux préparatoires qui prennent un
certain temps , au commencement, mais qui ne sont pas coûteux. Par
exemple, il faut qu'il fasse le drainage je n'ai pas besoin de raconter
d'histoires au député de Gatineau, là-dessus, il est plus
au courant que moi des aspects techniques, dans ce domaine c'est d.onc
de cela dont il est question.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Est-ce que cela veut dire que le choix du
tracé est définitif, complété,
réalisé?
M. de Belleval: Oui, c'est définitif.
M. Mathieu: Bon, en fait d'expropriation, est-ce qu'un bon bout
est complété jusqu'à maintenant afin que les travaux
puissent continuer?
M. de Belleval: Je pense que les derniers problèmes qui
restent sont dans la partie extrême
sud, à l'arrivée à Saint-Georges, où il
reste encore à régler quelques questions de tracé quant
à la meilleure façon de faire aboutir l'autoroute à la
municipalité de Saint-Georges. Ces problèmes seront
réglés au cours des travaux, de toute façon.
M. Mathieu: Dans le tronçon du départ, disons, de
Sainte-Marie en montant vers Saint-Joseph, si je comprends bien, il n'y a pas
de problème d'expropriation?
M. de Belleval: Non, pas de problème.
M. Mathieu: Maintenant, en ce qui concerne le
parachèvement d'une voie, pour commencer...
M. de Belleval: Mais, entre autres, nous avons eu un
problème d'expropriation spécifique à Sainte-Marie
à cause d'un changement de tracé. Encore une fois, je n'ai pas
besoin d'insister sur les changements survenus de ce côté, au fil
des années, avec les nouvelles lois: loi de l'expropriation, loi sur
l'environnement. Il est évident qu'on ne passe plus comme on passait
autrefois, n'importe où, n'importe comment. C'est plus complexe. De
temps en temps, il y a un problème qui retrousse. C'est le cas entre
autres... il y a un cas d'expropriation juste au-delà de la fin de la
route actuelle, à Sainte-Marie. Alors, il faut prendre le temps de
régler aussi ce problème avant de pouvoir continuer.
Justement, une fois ce noeud réglé, après, cela va
aller beaucoup mieux.
M. Mathieu: On peut s'attendre, alors, à ce que des
travaux sur le terrain soient entrepris dès la présente
année.
M. de Belleval: Oui, c'est mon intention ferme.
M. Mathieu: Pour ce qui est de la construction sur une voie
jusqu'à Saint-Georges, est-ce que vous avez des prévisions
à savoir comment cela prendra de temps avant que la première voie
relie l'autoroute à Saint-Georges? Je ne parle pas des deux.
M. de Belleval: Vous parlez de l'échéancier de la
construction.
M. Mathieu: Oui, l'échéancier.
M. de Belleval: Je vais regarder sur la programmation. En les
remplaçant... Environ quatre ans.
M. Mathieu: Quatre ans. Quand on parle de $500 000, cette
année, c'est pour des travaux, comme vous le disiez, pas très
dispendieux, drainage, etc. Mais, on peut s'attendre c'est une
décision ferme du ministère qu'en 1984 environ au moins
une voie se rendrait à Saint-Georges...
M. de Belleval: Si on respectait exactement le budget
prévu, on aurait $500 000 dépensés cette année qui
engageraient immédiatement, automatiquement, $4 500 000 l'année
suivante. C'est un contrat qu'on évalue actuellement à environ $5
000 000. Les autres contrats vont suivre aussi.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau.
Construction du réseau routier
M. Gratton: Merci. Pendant qu'on y est, M. le Président,
on pourrait peut-être revenir à tout le domaine de la construction
du réseau routier dont on a parlé, hier, brièvement.
J'avais fait valoir le fait que, malgré la hausse des coûts de
construction au cours des quatre dernières années, le budget,
surtout à l'élément Immobilisation pour la construction de
routes, allait en régressant. J'ai fait l'exercice d'étudier la
ventilation des crédits pour l'année en cours, de les comparer
aux crédits pour l'année précédente à
l'élément "construction du réseau routier". On constate
que, même si l'ensemble des crédits qui sont dévolus
à la construction du réseau routier est de 5% inférieur
cette année, c'est-à-dire $431 447 000, à comparer
à $454 129 000 l'an dernier, donc 5% de réduction dans les
crédits globaux, on s'aperçoit que c'est surtout à
l'élément des immobilisations que cela se répercute, parce
que, si on regarde les traitements et autres rémunérations, on
constate, par exemple, qu'avec un nombre d'employés inférieur
cette année au nombre des employés au service du ministère
l'an dernier au service du ministère et affecté à
la construction de nouvelles routes il y aura 83 employés
permanents de moins cette année en comparaison de l'an dernier, il y en
aura 20 temporaires ou employés à temps partiel de moins cette
année que l'an dernier. Pourant les traitements et autres
rémunérations, eux, augmentent de 9,5%. C'est donc dire qu'il y a
moins d'employés qu'on paie mieux, pour faire, on le suppose, le
même travail, sinon un meilleur travail. On s'aperçoit qu'au
niveau des communications, il y a une augmentation là aussi. Il ne faut
pas s'en surprendre avec le gouvernement actuel. Au niveau des communications,
on part de $5 000 000 et on se retrouve à $5 200 000, une augmentation
de 4%.
Au niveau des équipements, c'est stable, $960 000. Au niveau des
employés, on l'a mentionné tantôt en nombre absolu, mais le
total en personnes-années travaillées est réduit de 3,1%,
c'est-à-dire de 3291 qu'elles étaient l'an dernier à
3188.
Donc, partout on réduit. On réduit le nombre
d'employés, on réduit, bien entendu, les crédits globaux,
mais on retrouve une augmentation de 9,5% à l'élément
traitements et autres rémunérations, ce qui donne, au bout de la
ligne, que les immobilisations qui sont, en fait, les choses qui
intéressent les citoyens... Parce qu'on a beau avoir tous les
employés, tous les équipements, toutes les communications voulues
au niveau de la construction du réseau routier, le fait demeure que
ce
qui intéresse les gens et non seulement les
députés, mais les citoyens comme tels, c'est la construction du
réseau routier et ça, au point de vue des immobilisations, on
constate que, de $322 000 000 l'an dernier, on se retrouvera à $305 000
000 cette année, c'est-à-dire 5,3% de moins, alors que le
coût... quand je dis 5,3%, c'est en comparaison de l'an dernier et non
pas en comparaison des chiffres d'il y a quatre ans, ce qui serait encore pire;
on l'a démontré hier.
C'est donc dire, M. le Président, qu'il ne faudra pas s'attendre
à avoir beaucoup de projets de nouvelle construction au cours de
l'année qui vient.
Le ministre nous a dit, tantôt, en réponse au
député de Maisonneuve: Dans le cas du boulevard Ville-Marie, on
s'attend à dépenser un montant minime, sauf qu'il y aura
peut-être des crédits supplémentaires qui viendront nous
permettre, si les aspects techniques du problème sont
réglés, d'en dépenser plus. Il a donné presque la
même réponse au député de Beauce-Sud par rapport
à l'autoroute de la Beauce, et je suis sûr que si je lui pose des
questions par rapport à l'autoroute 13, dans le comté de
Prévost, vers Mirabel, si je lui pose des questions par rapport au
développement autoroutier dans l'Outaouais, qui fait partie de l'entente
fédérale-provinciale dont on a parlé hier, il y a de
fortes chances qu'il va nous dire: Bien, on va adjuger des contrats cette
année, mais il n'y a pas grands travaux qui pourront se faire à
cause de la planification qui n'est pas terminée, mais des
crédits supplémentaires viendront peut-être nous permettre
d'en accomplir plus. (12 heures)
M. le Président, j'ai l'impression qu'on s'en va vers un
cul-de-sac. C'est l'une de deux choses: soit qu'on est en train d'essayer de
créer l'impression chez la population qu'il y a beaucoup de travaux de
construction sur le réseau routier qui vont être entrepris au
cours de cet exercice financier, ce qui sera possiblement le cas si on adjuge
des contrats. Malheureusement, les réalisations concrètes dans le
champ vont être assez rares compte tenu du montant des crédits qui
sont prévus au budget de cette année.
Je pose la question au ministre: Dans la région de l'Outaouais,
quelles sont les prévisions budgétaires qu'on retrouve à
l'intérieur des crédits pour la part financière du
gouvernement du Québec afin de parachever les projets prévus
à l'entente fédérale-provinciale de 1972?
M. de Belleval: Je pense que, quand même, on a
exploré pas mal des aspects des remarques du député de
Gatineau hier. Je pense que je pourrais répéter succinctement
qu'il faut prendre l'ensemble de l'image, pas seulement les constructions de
route, mais aussi les dépenses supplémentaires pour le transport
en commun et qui remplacent des dépenses en milieux urbains qui ne sont
plus comptabilisées au budget du ministère et qui étaient
extrêmement onéreuses, compte tenu de ce qu'on en recevait comme
bénéfice.
Tantôt je mentionnais simplement l'exemple je termine
là-dessus du boulevard Ville-
Marie. Pour $50 000 000, on termine la construction de cette autoroute
sous forme de boulevard avec un rendement en termes de niveau de circulation
automobile qui est équivalent, à toutes fins utiles, à
celui d'une autoroute. Pour même pas un mille de ce qu'on a fait dans le
centre-ville de Montréal, on va terminer les 10 kilomètres qui
restent. On voit très bien que ce genre de phénomène
explique pourquoi, par exemple, dans le domaine autoroutier, les crédits
peuvent baisser alors que, en fait, le rendement sur le terrain, en termes de
milles de route construits peut ne pas baisser parce qu'on construit des routes
moins dispendieuses par mille que ce qu'on faisait quand on finissait
l'autoroute Dufferin-Montmo-rency ou quand on faisait l'autoroute Ville-Marie,
le boulevard Décarie à Montréal dans les années
précédentes. Je pense qu'il faut voir l'ensemble de l'image.
Si je regarde l'évolution des budgets totaux, justement, y
compris les immobilisations qu'on fait dans le métro à
Montréal, on va se rendre compte qu'au total le budget consacré
au transport des personnes augmente de 1976-1977 par rapport à
1980-1981. Il augmente dans la proportion suivante: de $787 000 000 en
1976-1977 par rapport à $865 000 000 en 1980-1981. Je pense que cela
remet le phénomène dans son juste contexte.
En ce qui concerne l'entente, cette année on prévoit dans
la région de Hull des dépenses globales, au titre de l'entente
avec la Commission de la capitale nationale, de $20 000 000. Effectivement,
toutes proportions gardées, je pense que c'est la région de
l'Outaouais qui aura certainement le plus gros niveau de travaux routiers de
toutes les régions du Québec. On voit les
phénomènes auxquels on a à faire face dans le domaine de
la construction routière. On a dépensé des sommes
considérables déjà dans la région de Hull; vous le
savez. Durant les dernières années, cela n'a pas paru beaucoup
sur le terrain parce que, entre autres, une grande partie des dépenses
était pour la fichue expropriation. Ces dépenses
préliminaires étant faites, les problèmes d'environnement
étant réglés, cette année, les travaux prennent une
ampleur considérable. De ce côté-là, la
région peut déjà être assurée de la
dépense parce que, comme vous le savez, la plupart des travaux sont
déjà octroyés et je pense que ceux qui ne le sont pas
déjà sont sous soumissions publiques actuellement.
M. Gratton: Chose certaine, le ministre n'ira pas, comme il l'a
fait plus tôt ce matin, reprocher à l'ancien gouvernement de ne
pas avoir préparé le terrain, tout au moins dans la région
de l'Outaouais par rapport au développement du réseau routier. Il
nous parle de l'effort que le ministère a fait depuis trois ou quatre
ans dans le domaine de l'expropriation, par exemple, il serait peut-être
utile de rappeler que ces expropriations étaient déjà
déposées avant même l'arrivée du gouvernement
actuel, du Parti québécois au pouvoir. C'est bien sûr
qu'elles n'étaient pas payées, mais il s'agissait, pour le
gouvernement actuel, d'accor-
der la priorité nécessaire au nettoyage de ces
expropriations...
M. de Belleval: C'est ce qu'on a fait.
M. Gratton: ... de faire la préparation... Écoutez,
ce n'est pas ce qu'on a fait parce que des cas patents comme l'autoroute A 50
par exemple...
M. de Belleval: Vous dites que c'est réglé
maintenant, c'est signe qu'on l'a fait.
M. Gratton: Ce n'est pas réglé du tout, au
contraire, M. le Président, à part quelques structures qu'on a
construites sur la A 50, on n'a inauguré pas un seul kilomètre de
nouvelle route...
M. de Belleval: Parce qu'il fallait terminer...
M. Gratton: Dans le cadre de l'entente
fédérale-provinciale...
M. de Belleval: II fallait payer les expropriations.
M. Gratton: ... pendant quatre ans, en fait trois ans et demi
maintenant que le Parti québécois est au pouvoir. Bien oui, c'est
bien dommage, mais c'est la réalité M. le Président. Et ce
que je voudrais savoir du ministre, à ce moment-ci, il nous annonce $20
000 000, la plus grosse part du gâteau du ministère s'en va dans
l'Outaouais. Allons-y voir de plus près. D'abord, les $20 000 000 dont
il nous parle, dans le cadre de l'entente fédérale-provinciale,
je suis sûr qu'il ne nous parle pas de $20 000 000 qui seront... en tout
cas je pose la question. Est-ce qu'il s'agit de $20 000 000 que le gouvernement
du Québec consacrera à ces travaux ou s'il n'y en a pas 50% qui
sont défrayés par le gouvernement fédéral?
M. de Belleval: A notre budget, c'est au brut.
M. Gratton: Alors le gouvernement du Québec consacrera $20
000 000 de son argent dans le cadre de l'entente
fédérale-provinciale; le gouvernement fédéral paie
50% des coûts, donc, le gouvernement fédéral inscrira lui
aussi une somme de $20 000 000 à son budget.
M. de Belleval: De $10 000 000. M. Gratton: De $10 000
000.
M. de Belleval: Nous, on budgétise au brut, vous savez que
les crédits qu'on approuve, ce sont les crédits bruts.
M. Gratton: Je voudrais que cela soit clair pour tout le monde.
Le gouvernement du Québec dépensera $10 000 000 et le
gouvernement fédéral $10 000 000 pour que $20 000 000 de travaux
soient effectués dans la région d'Outaouais, dans le cadre de
l'entente fédérale-provinciale. C'est cela ou ce n'est pas
cela?
M. de Belleval: C'est cela, oui.
M. Gratton: Bon, alors ce serait bon de le rappeler, parce que
quand on parle de $20 000 000...
M. de Belleval: C'est ce que vous faites.
M. Gratton: Bien c'est ce que je fais. J'imagine que cela fait
partie de mon job comme on dit. Quand on parle de $20 000 000, M. le
Président.
M. de Belleval: Chacun donne ses explications. Tantôt je
donnais les miennes, et là maintenant, c'est à vous de donner les
vôtres.
M. Gratton: Alors, si le ministre me laisse faire, c'est ce que
je vais faire. $20 000 000, M. le Président, sur un budget global de
$139 500 000 qu'on accorde pour le développement des autoroutes, cela
représente beaucoup plus que seulement $10 000 000. Effectivement, c'est
$10 000 000 que le gouvernement du Québec consacrera aux travaux dans le
cadre de l'entente fédérale-provinciale pour le réseau
routier de l'Outaouais. Si ce n'est pas cela, je veux que le ministre me
corrige tout de suite.
M. de Belleval: Voulez-vous répéter votre
question?
M. Gratton: Cela fait trois fois que je le dis. J'ai seulement
dit que c'est $10 000 000 que vous allez dépenser et non pas $20 000
000, le gouvernement du Québec.
M. de Belleval: On va payer, nous, $20 000 000 aux entrepreneurs
en question.
M. Gratton: Oui, après avoir reçu $10 000 000 du
gouvernement fédéral.
M. de Belleval: Si vous voulez, mais on aura une
réclamation...
M. Gratton: Si vous voulez? Ce n'est pas si je veux, je vous
demande: Est-ce que c'est cela ou si ce n'est pas cela? Vous pouvez au moins
faire l'admission que le gouvernement fédéral paie 50% du
sacré réseau routier.
M. de Belleval: Je vous l'ai déjà faite
tantôt, je ne vois pas où vous voulez en venir.
M. Gratton: Pourquoi dites-vous: Si vous voulez? Moi, je n'ai
rien à vouloir. Je suis un pauvre petit député de
l'Opposition. Que je le veuille ou que je ne le veuille pas, l'entente
fédérale-provinciale signée en janvier 1972, c'est cela
qui régit toute l'affaire. Ce n'est pas ma volonté ni même
celle du ministre, en l'occurrence. Dites-le clairement, les gens vont au moins
vous croire quand vous irez ensuite leur faire croire que vous allez
intégrer l'ensemble des fonctionnaires fédéraux qui
travaillent présentement à Ottawa, au lendemain de la
souveraineté-
association. Vous êtes mieux d'être plus crédible
maintenant pour faire avaler celle-là plus tard. M. le Président,
cela étant dit...
M. de Belleval: Est-ce que je peux répondre
maintenant?
M. Gratton: Oui, oui.
M. de Belleval: Je vois maintenant que c'est au
député de Gatineau d'explorer des avenues nouvelles.
Tantôt, il me reprochait de parler de l'assurance automobile; lui,
maintenant, il est rendu avec l'intégration des fonctionnaires
fédéraux. Je ne le suivrai pas sur ce plan.
M. Gratton: Non, je vous comprends aussi.
M. de Belleval: Je pense bien. On a 16% des fonctionnaires
fédéraux dans tout le Canada. On va manquer de fonctionnaires une
fois qu'on aura intégré tout cela, on n'en aura pas de trop.
M. Gratton: Est-ce comme cela qu'on va éliminer les
dépenses inhérentes aux chevauchements entre les deux niveaux du
gouvernement?
M. de Belleval: Entre 16% et 25%, il y a une marge de manoeuvre
pour marcher.
M. Gratton: Branchez-vous les gars, vous commencez à
être sur un terrain glissant.
M. de Belleval: II faut marcher. Disons qu'on en aurait besoin de
17%, cela fait juste 1% de plus et cela va nous laisser encore une bonne marche
de manoeuvre, comme vous voyez.
M. Gratton: On va réduire les dépenses du
Québec...
M. de Belleval: De 6%. M. Gratton: Fameux.
M. de Belleval: Si on regarde ce à quoi on aurait droit
normalement, on pourrait parler longtemps des dépenses du gouvernement
fédéral au Québec en matière de transport pour voir
l'image globale. Vous m'amenez sur le terrain. Dans la région de Hull,
imaginez-vous qu'on a reçu des gros cadeaux du gouvernement
fédéral. Il va nous payer...
M. Gratton: M. le Président, non, je regrette, je n'ai
jamais dit qu'on avait reçu des cadeaux. On a négocié.
L'ancien gouvernement a négocié des ententes pour aller chercher
des gens qui seulement parce que ça s'adonne à être la
région de la capitale canadienne, qu'on en fait partie
intégrante, qu'on aime ça ou pas et qu'évidemment le
gouvernement d'alors se préoccupait non pas de faire des guerres de
procédure ou constitutionnelles, mais tout simplement de faire en sorte
que les citoyens de l'Outaouais aient les infrastructu- res routières
auxquelles ils avaient droit. On a trouvé qu'une façon d'en
arriver à ce résultat, c'était de mettre à
contribution le gouvernement fédéral et on l'a fait, à
raison de 50%. Tout ce qu'on veut, c'est qu'aujourd'hui, lorsque le
gouvernement du Québec se pète les bretelles, en disant:
Regardez, on est en train de révolutionner la région avec les
investissements qu'on vient faire dans le développement du réseau
routier, je veux qu'on ait au moins la décence d'admettre qu'il y en a
50% payés par le gouvernement fédéral. Je ne fais pas
l'éloge du gouvernement fédéral en disant ça. Je
fais bien plus l'éloge de l'ancien gouvernement qui a vu à mettre
le gouvernement fédéral à contribution
là-dessus.
M. de Belleval: Là-dessus, je pense que le
député de Gatineau a intérêt à voir la
réalité telle qu'elle est et se rendre compte que si, sur une
période d'années, disons, que ce réseau sera construit,
avec une contribution fédérale, d'environ 50%, je pense que
depuis que nous avons pris les responsabilités du gouvernement, que nous
n'avons pas restreint les dépenses de ce côté et nous avons
fait exactement ce qui devait être fait. Je veux juste mentionner que
nous avons déjà soumis des réclamations au gouvernement
fédéral pour un montant de $60 000 000 pour les travaux
effectués jusqu'à maintenant. Cela veut dire des travaux
d'environ $120 000 000. Je pense que ça démontre l'effort
considérable qui est fait au profit de la région de Hull.
M. Gratton: Mais le ministre serait-il en train de me dire $120
000 000 depuis que le Parti québécois est au pouvoir ou $120 000
000 depuis 1972?
M. de Belleval: $120 000 000 depuis 1972 et savez-vous justement
combien nous avons réclamé depuis que nous sommes responsables
des affaires? Nous avons réclamé $27 000 000 de ces $60 000 000
de 1977 à 1980, c'est-à-dire sur trois ans. Autrement dit, en
proportion, nous avons réclamé plus durant les trois
dernières années que ce que vous aviez fait durant les cinq
années précédentes.
M. Gratton: Je regrette, c'est faux. M. le Président,
question de règlement.
M. de Belleval: Donc, on n'a pas restreint les dépenses.
On n'a pas diminué le rythme des travaux. On a fait ce qui devait
être fait.
M. Gratton: Le ministre est en train de dire une fausseté
inimaginable: qu'on pouvait, en réalité, dans la pratique faire
autant de travaux avec $27 000 000 au cours des trois dernières
années qu'on en faisait au cours des cinq années
précédentes avec le même montant. Les coûts de
construction ont augmenté de 10% par année pendant tout ce
temps-là.
M. de Belleval: Je prends trois ans au lieu de cinq. Vous avez
fait cinq ans, vous. Nous avons fait trois ans.
M. Gratton: Mais, M. le Président, l'entente
fédérale-provinciale signée en 1972 prévoyait que
tous les travaux seraient complétés avant 1980. Or, il n'y en a
pas la moitié ou, en tout cas, s'il y en a la moitié, c'est
à peine la moitié. Tout ce qui a été
inauguré en matière... J'ai admis tantôt parce que
je n'ai pas peur d'admettre la réalité que le gouvernement
actuel a dépensé beaucoup d'argent pour la construction des
viaducs et d'autres structures sur l'autoroute A 50. Il lui a accordé
toute la priorité à cette autoroute A 50, entre Masson et
Mirabel.
J'en conviens, je le reconnais, sauf que, malheureusement, cela a fait,
cela a donné comme résultat concret que rien sur les autres
projets prévus dans l'entente n'a été fait si ce n'est
l'élargissement de la rue Saint-Raymond, dans Hull, qui de toute
façon est devenue une quatre-voies entre deux culs-de-sac, plutôt
qu'une deux-voies. Cela ne change pas grand-chose. Sur
McDonnell-Laramée, rien, moins que rien. On ne sait même pas
encore si cela va être en dépression ou en surface. C'est
exproprié, c'est même démoli depuis quatre ans. Le ministe
va nous dire que les libéraux démolissaient trop vite.
Peut-être bien qu'on démolissait trop vite parce qu'on s'attendait
à faire la construction beaucoup plus rapidement que le gouvernement
actuel. Rien sur Pink, non plus. Rien sur la A 5, même pas de
prévision où la route va passer. On se demande encore si les
castors vont être déplacés dans le parc de la Gatineau. Il
n'y a pas à s'en préoccuper, M. le Président, je le dis
à la population. (12 h 15)
On ne sait même pas. On n'a même pas l'intention de
continuer l'autoroute; on ne sait même pas si elle va être à
une voie ou à deux voies, donc, autoroute ou pas, on ne sait pas
où non plus. On vient nous dire: Regardez donc comment on est fins, on
donne la plus grosse part du gâteau à la région de
l'Outaouais. Si c'est cela la plus grosse part du gâteau, le gâteau
doit être mince pour l'ensemble de la province. Je dis, tout simplement,
au ministre que je loue les efforts: mettez-en, ce n'est pas de l'onguent! Il y
aurait été préférable de le faire il y a trois ou
quatre ans, alors que c'était le temps plutôt que de nous annoncer
des grands travaux à être entrepris où on va
dépenser, comme dans le cas de l'autoroute de la Beauce, $500 000 cette
année, on annonce cela à grand renfort de publicité avant
le référendum et on sait fort bien que, sur le terrain,
concrètement, il n'y aura pas de résultats de cela avant trois ou
quatre ans et probablement pas avant que le gouvernement actuel soit mis
à la porte.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. de Belleval: Je pense que le député de Gatineau
confirme exactement l'argumentation dans laquelle j'étais engagé
à savoir que, partout dans la région, il prétend, avec son
allié le maire de Hull, que le gouvernement québécois
aurait ralenti les dépenses dans le domaine de l'entente sur la CCN pour
les travaux routiers depuis trois ans. J'essaie de lui démontrer,
à même les chiffres que j'ai devant moi, que nous avons
réclamé autant d'argent du gouvernement fédéral en
trois ans que l'administration précédente en cinq ans. Je veux
bien qu'on tienne compte de l'inflation, mais même si on tient compte de
l'inflation...
M. Gratton: Question de règlement. Comment l'ancien
gouvernement pouvait faire des travaux pendant cinq ans quand l'entente
fédérale a été signée en janvier 1972 et
qu'on a été défaits en 1976. On n'a pas été
là cinq ans pour la mettre en pratique, on a été là
quatre ans.
M. de Belleval: Je vais vous donner les chiffres année par
année.
M. Gratton: Je ne veux pas les chiffres année par
année. Ce qui importe, c'est le total.
M. de Belleval: C'est cela! C'est le total qui compte. Quand on
regarde le total, on se rend compte qu'on a dépensé autant en
trois ans que vous en cinq ans, même en tenant compte de l'inflation,
vous ne pourrez pas nous accuser d'avoir ralenti les travaux. Je pense qu'au
contraire, on les a continués.
M. Gratton: C'est la population qui vous le dira.
M. de Belleval: Deuxièmement, je pense bien que le
député de Gatineau, qui est aussi ingénieur, doit admettre
qu'on ne peut pas engager dans une région comme la région de
Hull, à supposer que tous les problèmes techniques soient
réglés, ce qui n'était pas le cas, en termes
d'expropriation, en termes d'études d'environnement, à supposer
que tout cela ait été réglé, ce qui n'était
pas le cas de toute façon et là-dessus on a des lois à
respecter, y compris des lois que vous avez votées en matière
d'expropriation et en matière d'environnement. Voyons donc! On ne peut
pas donner des millions de travaux dans une même région. Il sait
très bien que cela aurait un effet inflation-naire. Au niveau des
soumissions, cela n'aurait pas de bon sens non plus. De toute façon,
cette année, comme je l'ai dit, il y a une vingtaine de millions de
dollars qui sont déjà, à toutes fins utiles,
engagés au moment où l'on se parle.
M. Gratton: Est-ce que le ministre pourrait nous dire exactement
où?
M. de Belleval: Ce ne sont pas les seuls travaux qu'on fait dans
la région de Hull. C'est $36 000 000 de travaux qui vont être
réalisés dans la région de Hull. Donc, c'est $16 000 000
de plus que les $20 000 000 dont je viens de parler. Je pense que,
déjà, ça va utiliser au maximum les forces disponibles des
entrepreneurs. Quoi qu'il en soit, si on n'a pas été plus vite,
c'est pour des questions, comme je l'ai dit, de problèmes techniques qui
sont le produit des lois que, vous-mêmes,
vous avez votées. Tout le monde admet aujourd'hui que les
expropriations se font de telle façon maintenant et qu'il faut faire des
études d'environnement avant de procéder.
M. Gratton: Le ministre aurait avantage à étudier
son dossier parce qu'il s'apercevrait, M. le Président, que le
dépôt des expropriations a justement été fait avant
l'entrée en vigueur de certaines dispositions des lois de
l'expropriation dont il parle, justement pour permetre
d'accélérer l'acquisition des terrains. Le gouvernement n'a pas
voulu s'en prévaloir, ça, c'est son problème. C'est
vrai... J'ai posé la question. Quels sont les travaux? On a parlé
de $20 000 000 dont $10 000 000 payés par le fédéral qui
seront consacrés au développement du réseau routier. Quels
sont les projets spécifiques prévus?
M. de Belleval: On termine l'autoroute 50 entre Hull et Masson.
C'est le gros des travaux. Je ne sais pas pou rquoi le député de
Gatineau me pose ces questions-là. Il est déjà au courant,
les soumissions sont parues dans les journaux desa région et, en plus de
ça, les contrats sont déjà octroyés dans la plupart
des cas. Ne faites pas l'innocent.
M. Gratton: C'est le seul contrat alors? M. de Belleval:
Et l'autoroute 550 aussi. M. Gratton: Entre où et
où?
M. de Belleval: Entre l'autoroute 50 et l'entrée
même de Hull.
M. Gratton: A l'entrée même de Hull, où
ça? M. de Belleval: Jusqu'à Saint-Laurent.
M. Gratton: Jusqu'à Saint-Laurent.
Le long du ruisseau de la Brasserie. Le sous-ministre connaît
ça, ce coin-là, un peu mieux que le ministre. C'est normal aussi.
Le ministre va se fâcher, M. le Président, parce qu'on lui
reproche de ne pas connaître la région de Hull. Il a simplement
à venir plus souvent, il va la connaître. Je ne le lui reproche
pas, je fais simplement constater qu'un citoyen de Hull, normalement, devrait
connaître le ruisseau de la Brasserie beaucoup mieux... D'ailleurs, je
suis sûr que le ministre ne s'est jamais baigné dans le ruisseau
de la Brasserie et je ne lui souhaite jamais d'y aller non plus.
M. le Président, à moins que le ministre ou d'autres
membres de la commission aient des questions par rapport à l'item
général de la construction du réseau routier. Quant
à nous, nous serions prêts à passer à autre chose et
peut-être bien au domaine du Bureau des véhicules automobiles.
Gestion aéroportuaire
Je pourrais peut-être faire allusion à un sujet très
court, qui permettra au ministre de faire des vérifications, si
nécessaire, au cours de l'heure du lunch nous pourrons suspendre
après j'ai reçu une représentation de l'Union
canadienne des employés de transport. Ils font allusion à une
demande que le groupe de travail de Transports Canada sur la gestion
aéroportuaire aurait faite auprès du ministère des
Transports du Québec, pour un avis sur une recommandation que
contiendrait le rapport final du groupe de travail qui doit être
prêt, nous dit-on, en avril 1980. Cette recommandation viserait à
constituer une administration aéroportuaire dans chacun des 23
principaux aéroports du Canada. On nous dit que le groupe de travail a
communiqué avec le ministère des Transports du Québec pour
solliciter son appui. Semble-t-il, c'est implicite dans la lettre, que le
ministère n'aurait pas encore donné d'avis. Si tel est le cas, le
ministre pourra peut-être nous dire, après vérification, si
on a l'intention de donner un avis et quelle en sera la teneur? Ou bien s'il y
a déjà eu des avis, peut-être simplement nous
déposer copie de l'avis du ministère.
M. de Belleval: II y a déjà eu des rencontres au
niveau des fonctionnaires. Il y a déjà un avis qui a
été donné sous la signature du sous-ministre adjoint
responsable de ce secteur. Je pourrai déposer la lettre. En ce qui nous
concerne, ces propositions ne nous paraissent pas satisfaisantes parce que, au
fond, elles ne nous permettent pas de sortir des problèmes actuels que
l'on connaît, tant dans le domaine de la gestion portuaire que celui de
la gestion aéroportuaire, à cause de l'excès de
centralisation de la machine fédérale en cette matière.
Quant à nous, nous pensons là-dessus, il y a de bons
exemples même dans des pays unitaires, souvent ces infrastructures
sont de responsabilité locale. Dans des pays fédéraux, par
exemple les États-Unis d'Amérique à côté, la
plupart des aéroports et des ports sont de propriété
locale. Nous, nous nous retrouvons dans un système où
l'initiative locale est brimée dans ce domaine et aussi les
capacités de développement économique pour les villes du
Québec, comme des autres d'ailleurs au Canada. Je ne veux pas me
mêler de leurs problèmes.
Mais nous, en tout cas, on sait très bien qu'on souffre
systématiquement d'un sous-investissement du gouvernement
fédéral dans nos infrastructures portuaires et aussi des
problèmes similaires dans le domaine aéroportuaire. On ne
réglera pas ces problèmes avec des "patentes" du style de celles
qu'on nous propose: un peu plus de décentralisation par ci, un peu plus
de décentralisation par là, avec d'avantage de "red tape" pour
entourer tout ça. Le problème fondamental, c'est qu'il faut
récupérer nos compétences en matière
d'infrastructures portuaires et aéroportuaires, et c'est seulement
àpartir de ce moment-là qu'on sera en mesure de s'occuper de nos
affaires et de développer nos systèmes.
Là-dessus, j'ai des chiffres très précis qui
démontrent le sous-investissement systématique du gouvernement
fédéral en matière de transport au Québec...
M. Gratton: Je n'embarquerai pas là-dedans!
M. de Belleval: Non, je sais que vous n'embarquerez pas
là-dedans parce que ça vous fait mal!
M.Gratton: Non, on va embarquer nous aussi. M. le
Président...
M. de Belleval: Le Québec, de 1974-1975...
M. Gratton:... question de règlement.
M. de Belleval: Est-ce que je peux continuer?
M. Gratton: Non, je soulève une question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau, question de règlement.
M. de Belleval: Cela touche directement à la question dont
vous venez de parler.
M. Gratton: Vous allez voir, je vais soulever ma question de
règlement, ne perdez pas les pédales!
M. de Belleval: Chaque fois qu'on arrive à un bon point,
vous soulevez une question de règlement.
M. Gratton: Un bon point! On n'est pas ici pour faire le
procès du gouvernement fédéral, M. le
Président...
M. de Belleval: C'est vous qui parliez des fonctionnaires
fédéraux, tantôt, de notre capacité à les
absorber.
M. Gratton: Oui, mais est-ce que j'ai parlé
d'investissements du fédéral? Vous ne vouliez pas parler,
tantôt, des investissements du fédéral dans le
développement du réseau routier dans l'Outaouais.
Tout ce que je dis, M. le Président, c'est que j'ai tout
simplement posé une question au ministre sur l'avis du ministère
par rapport à cette recommandation du groupe de travail
fédéral.
M. de Belleval: J'explique mon avis.
M. Gratton: M. le Président, qu'il nous remette l'avis.
D'abord, a-t-il l'intention de déposer l'avis devant les membres de la
commission? Si oui, on entreprendra tout le débat que le ministre veut
faire autour de ça à ce moment, mais qu'il nous donne au moins la
chance de prendre connaissance de l'avis du ministère. Si on est pour
s'engager dans ce genre de réponse, M. le Président...
M. de Belleval: En quoi est-ce une question de règlement,
ce que soulève le député de Gatineau? Depuis tantôt,
je l'entendssouleverdesquestions de règlement, M. le Président. A
mon avis, ce n'est pas une question de règlement; il vient de me couper
la parole pour continuer son argumentation.
M. Gratton: Non, c'est poursimplement demander au ministre...
M. de Belleval: Est-ce que je peux continuer mon argumentation,
M. le Président?
M. Gratton:... de se limiter...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau, je crois que le ministre était en train d'élaborer sur
une question que vous aviez posée. Je ne vois pas en quoi votre question
de règlement... Donc, je donne la parole au ministre desTransports.
M. de Belleval: Merci, M. le Président.
M. Gratton: On lui répondra cet après-midi.
M. de Belleval: J'ai expliqué au député de
Gatineau pourquoi ces propositions, enfirouâpées de
pseudo-décentralisation, ne règlent pas les problèmes
fondamentaux en matière d'infrastructures portuaires et
aéroportuaires. La question n'est pas de savoir si on va avoir un peu
plus ou un peu moins de "red tape" fédéral là-dedans.
Fondamentalement, le problème en est un de récupération de
nos ressources et de nos pouvoirs dans ce domaine...
M. Gratton: A la souveraineté-association, il faut dire
oui!
M. de Belleval: Oui.
M. Gratton : On sait tout ça, vous vous
répétez, M. le ministre...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau, la parole est au ministre.
M.Gratton: M. le Président, le ministre nous sert sa
salade en toutes occasions.
M. de Belleval: Vous me demandez pourquoi... Le
Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Gratton: On étudie les crédits du
ministère des Transports du Québec; on n'est pas en train de
faire le procès de la souveraineté-association ou du
fédéralisme. Voyons donc!
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau, la parole est au ministre.
M. de Belleval: Est-ce qu'on va vous expulser pour que je puisse
parler?
M. Gratton: Ce n'est pas vous qui allez m'expulser, pauvre M. le
ministre!
M. de Belleval: On peut le demander. M. Gratton: Bien
voyons donc! Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! M. de
Belleval: Bon, d'accord.
M. Gratton: Vous voulez étudier vos crédits seul
avec vos députés péquistes?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau!
M. Gratton: Si c'est ce que vous souhaitez, vous n'avez pas
besoin de me faire expulser; je vais tout simplement m'en aller.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau, la parole est au ministre des Transports.
M. Gratton: Ne soyez pas enfantin à ce point. Le ministre
veut me faire expulser, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau!
Une Voix: II y ajuste les "non" qui ont le droit de parole.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. de Belleval: Je veux simplement souligner qu'il y a un
règlement pour tout le monde et que, normalement, quand j'ai le droit de
parole, vous n'êtes pas censé m'interrompre et violer le
règlement tout le temps, sinon...
M. Gratton: M. le Président, j'ai le droit d'invoquer le
règlement.
M. de Belleval: Et vous continuez encore!
M. Gratton: Oui, j'ai le droit d'invoquer... Question de
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau, question de règlement.
M. Gratton: Je vous demande une directive. Lorsque le ministre
est en train de faire des choses qui ne sont pas conformes au règlement,
ai-je toujours le droit de soulever une question de règlement et tenter
de rappeler à votre attention le fait que le ministre "digresse"? Est-ce
que j'ai ledroit de faire cela?
Le Président (M. Lacoste): Vous avez toujours le droit de
rappeler au règlement...
M. Gratton: Bon! C'est cequej'essaiedefaire, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste):... mais il ne faut pas abuser
des questions de règlement, M. le député de Gatineau.
M. de Belleval: Le président dit que vous abusiez du
règlement de ce point de vue, tantôt.
M.Gratton: M. le Président, est-ce que vous avez dit que
j'abusais du règlement?
Le Président (M. Lacoste): II ne faudrait pas abuser du
règlement.
M. Gratton: C'est cela, j'en conviens, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): La parole est au ministre des
Transports.
Une Voix: II est 12 h 30.
M. de Belleval: Je pense qu'on pourra reprendre cette question
immédiatement après la reprise des travaux tantôt, et je
démontrerai très bien pourquoi il nous faut
récupérer nos pouvoirs en cette matière parce que ce dont
on souffre, essentiellement, c'est de sous-investissements du gouvernement
fédéral dans ces infrastructures portuaires et
aéroportuaires et que ce n'est pas avec un peu plus ou un peu moins de
"red tape" qu'on va régler le problème. Cela explique l'avis
qu'on a donné au gouvernement fédéral dans ce domaine.
M. Gratton: Parfait! Est-ce qu'on va avoir une copie de
l'avis?
Le Président (M. Lacoste): II est maintenant 12 h 30 et la
commission ajourne ses travaux jusqu'à nouvel ordre de la Chambre.
M. Gratton: Merci, M. le Président. Fin de la
séance à 12 h 30
Reprise de la séance à 16 h 24
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des transports est réunie pour étudier les
crédits du ministère des Transports pour l'année
financière 1980-1981.
Les membres de la commission sont: M. Baril (Arthabaska), M. de Belleval
(Charlesbourg), M. Goulet (Bellechasse), M. Gratton (Gatineau), M.
Grégoire (Frontenac), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. O'Neill (Chauveau), M. Proulx (St-Jean), M.
Samson (Rouyn-Noranda), M. Ver-reault (Shefford).
Les intervenants sont: M. Beauséjour (Iberville), M. Bordeleau
(Abitibi-Est), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Mailloux (Charlevoix), M.
Mathieu (Beauce-Sud), M. Michaud (Laprairie), M. Ouellette (Beauce-Nord) et M.
Perron (Duplessis), qui devait remplacer le député de Sainte-Anne
qui est au chevet de son épouse.
On m'a dit qu'on avait accepté, comme procédure, de
discuter les neuf programmes à la fois et de les adopter à la
fin. Alors, est-ce que quelqu'un demande la parole? Ce matin...
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je pense que le ministre
avait la parole.
M. de Belleval: Oui, d'accord. J'avais promis de déposer
au député de Gatineau une lettre qui représentait notre
position, telle qu'exprimée en tout cas par le sous-ministre adjoint
à la direction générale à la planification et au
développement aux propositions du groupe de travail sur la gestion
aéroportuaire. Essentiellement, comme on le dit dans la lettre, nous ne
sommes pas convaincus que les changements seraient bénéfiques
puisque les commissions aéroportuaires, telles qu'envisagées, ne
se verraient pas confier une véritable autonomie locale. La surveillance
des opérations quotidiennes des aéroports, l'approbation des
décisions par la Commission canadienne des aéroports
maintiendraient les lenteurs administratives que le projet était
censé éliminer.
Par contre, les commissions aéroportuaires se verraient confier
tous les risques financiers inhérents au remboursement des dettes
futures et des intérêts s'y rapportant.
Ces points sont développés ensuite ci-dessous. Je
dépose cette lettre et je termine mon intervention là-dessus en
disant que le problème fondamental des infrastructures ou des
dépenses en matière d'infrastructures de transports au
Québec, c'est un problème systématique de
sous-investissement que l'on retrouve dans ce domaine comme dans la plupart des
autres domaines d'activités économiques de responsabilité
fédérale au Québec et, au fond, il n'y a rien
d'extraordinaire là-dedans. Ce n'est pas pour rien que toutes les
statistiques qu'on cite, soit dans le domaine de la voirie, dans le domaine des
ports, des aéroports ou dans le domaine industriel, de la recherche
scientifique, des chercheurs, dans tous les domaines, aboutissent à des
sous-investissements, et souvent, les chiffres que nous donnons, ce sont la
plupart du temps des chiffres fédéraux, les chiffres de
Statistique-Canada. Parce que, dans le système actuel, ce que l'on
reçoit en surplus, ce sont des paiements de péréquation,
c'est de l'assurance-chômage. Et, dans le domaine des investissements qui
créent de l'emploi, qui créent de l'activité
économique, qui créent une structure industrielle forte, on est
constamment sous-équipé et les comptes économiques
canadiens révèlent que, dans ce domaine, effectivement, on ne
reçoit que 17% des investissements fédéraux au Canada,
dans le domaine des investissements créateurs d'emplois, de
développement économique.
Il n'est donc pas anormal que, quand on arrive dans des domaines aussi
stratégiques que celui des transports, on se rende compte que le
ministère fédéral des Transports investit d'une
année sur l'autre de 14%, 15% à 16% des dépenses totales
fédérales au Canada, qu'il investit 15%, 16%, 17% de ces
dépenses au Québec. Cela remet dans leur véritable
contexte les quelques petits cadeaux que le fédéral peut nous
faire, par exemple à l'occasion d'ententes sur les routes ou les
autoroutes via le ministère de l'Expansion économique
régionale. Même ces quelques millions compris, ces 50% que, par
exemple, le gouvernement fédéral donne via la Commission de la
capitale nationale pour le réseau routier de l'Outaouais, même
avec ces 50% ici et là, ces 60% ou ces 40% sur des projets
spécifiques. Quand on fait le total des dépenses
fédérales dans le domaine des transports au Québec, on se
retrouve avec un chiffre d'environ 15%, 16%, cela dépend des
années. Cela joue là-dedans. D'après les statistiques
fédérales elles-mêmes. Je pense que c'est normal, il n'y a
pas, au fond, à en être surpris; c'est le bilan du
fédéralisme actuel: l'assurance-chômage chez nous et des
emplois en Ontario.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, j'aurais
préféré que le ministre se limite à déposer,
comme on le lui avait demandé, copie de la lettre qui représente
la position du ministère par rapport à cette recommandation du
groupe de travail de Transports Canada. D'ailleurs, sans même l'avoir
lue, je constate que les représentations du ministère
québécois sont à peu près les mêmes que
celles du gouvernement de l'Ontario. Donc, ce que le ministre reproche souvent
au gouvernement fédéral d'avoir multiplié les
investissements en Ontario au détriment du Québec, cela n'a
aucune espèce d'importance, aucune espèce de pertinence à
la question que je posais et dans la réponse qu'aurait dû me
fournir le ministre.
M. le Président, vous me permettrez quand même de relever
les affirmations tout à fait gratuites et, dans certains cas,
mensongères du ministre des Transports lesquelles il a
déjà dites à l'Assemblée nationale au cours du
débat sur la question référendaire et qu'il
répète à satiété ici depuis que nous nous
sommes réunis hier pour l'étude des crédits et qui n'ont
rien à voir d'ailleurs avec l'étude des crédits du
ministère des Transports. (16 h 30)
II nous dit que si on faisait le bilan et il s'est bien
gardé de le faire, par exemple des investissements du
fédéral au Québec en matière de transport
général, on se retrouverait avec une part des investissements
inférieure à notre importance. Or, l'avez-vous déjà
entendu, le ministre des Transports, faire allusion par exemple au fait qu'en
1974 le Québec a accaparé 24% du transport des marchandises au
Canada? Je me corrige, 29%. Ce qui est pourtant supérieur...
M. de Belleval: Du transport?
M. Gratton: Oui, du transport des marchandises, en
général. Vous irez vérifier. Ce sont les mêmes
sources d'information que vous avez.
M. de Belleval: Est-ce que je peux poser une question?
M. Gratton: Non, M. le Président. On va me laisser
terminer et vous poserez les questions que vous voudrez après.
M. de Belleval: D'accord. C'était seulement une question
de clarification.
M. Gratton: Dans le domaine du transport maritime, c'est 37% que
l'on transporte. C'est tout à fait normal. Le ministre nous dit souvent:
On a seulement 11% des voies ferrées, mais il semble oublier qu'un
système intégré de transport, cela ne peut pas être
analysé à la pièce. Ce ne sont pas les provinces
maritimes, par exemple, qui se réjouissent beaucoup du fait qu'elles ont
plus de voies ferrées que le Québec. Je pense qu'elles
préféreraient de loin avoir les voies maritimes du Saint-Laurent.
Mais que voulez-vous? La géographie est faite comme ça. Si on
retrouve plus de voies ferrées dans les Prairies, c'est peut-être
justement parce qu'on doit transporter les marchandises de quelque façon
et on ne peut sûrement pas les transporter en bateau. C'est ce qui
explique un certain nombre de choses.
M. le Président, on ne mentionne jamais, du côté du
ministre, et j'aurais bien voulu qu'on n'ait pas à le dire ici, ce n'est
pas la place j'en conviens mais, nous ne sommes quand même
pas pour laisser passer les affirmations gratuites du ministre, qu'il
répète d'ailleurs. Au moins, s'il ne les répétait
pas. Avez-vous entendu le ministre parler des immobilisations du Canadien
National au Québec? En 1977, $58 000 000. Les achats, pour la même
année, $230 000 000, c'est-à-dire 36% du total canadien.
Ah! il lève les yeux au ciel. C'est-y achalant de se faire
remémorer des vérités? Mais si on a seulement 24%, 26% de
la population, comment se fait-il que le CN fait 36% de ses achats au
Québec? Est-ce que les Maritimes et les Prairies ne devraient pas
s'offusquer, elles aussi, et dire: II faut mettre fin à ce
système de fous là. Saviez-vous qu'Air Canada, en 1977, a fait
des dépenses d'immobilisations et des frais de location, au
Québec, de $100 000 000? Ce qui représente tenez-vous bien
55% du total canadien. Pourtant, Air Canada fait des affaires partout au
Canada. Des dépenses d'immobilisations et de frais de location de
l'ordre de 55% ont été faites au Québec. Pourquoi le
ministre ne s'en plaint-il pas? Pourquoi ne l'inclut-il pas dans son bilan des
investissements fédéraux, surtout?
M. de Belleval: Cela y est.
M. Gratton: Bien, je regrette, M. le Président, c'est
faux. Cela n'y est pas.
M. de Belleval: Bien, voyons!
M. Gratton: Parce que lorsqu'on fait le bilan, cela n'arrive pas
aux données que le ministre nous rapporte.
M. de Belleval: Mais oui, c'est dans le bilan que j'ai
donné tantôt.
M. Gratton: M. le Président, vous allez lui rappeler qu'il
ne veut pas qu'on l'interrompe, alors qu'il ne m'interrompe pas lui non plus.
Nous a-t-il parlé des 4800 employés de Canadair, une
société de la couronne, des 4800 employés qu'il y avait en
1976 et qui sont probablement plus nombreux aujourd'hui? Nous a-t-il
parlé des 8200 employés 44% de tous les employés
d'Air Canada qui sont ici au Québec, ils sont 8200, avec une
masse salariale de $180 000 000 qui représente... Là, il va nous
dire: Ce sont les plus petits salariés. C'est faux, il y a 44% des
employés, ici, au Québec, mais ils représentent 49% de la
masse salariale canadienne; mais de ça, on n'en parle pas par exemple,
ni des retombées économiques; non, il nous parle plutôt du
chômage que le gouvernement fédéral fait exprès,
selon lui, de créer au Québec.
M. le Président, on va avoir l'occasion de s'amuser au cours de
la fameuse campagne référendaire si le ministre veut discuter sur
cette base; il voudra peut-être qu'on parle aussi des sièges
sociaux du CN, du CP, de Télé-Globe, d'Air Canada... qui sont
situés où? Pas à Toronto, pas à Winnipeg, pas
à Vancouver, à Montréal, au Québec! Il va
peut-être nous dire comment, avec sa souveraineté-association, on
va forcer parce qu'il va falloir les forcer ces gens à
garder ces sièges sociaux, ces emplois, ces retombées
économiques au Québec. Qu'il nous explique ça, mais pas
ici au moment où l'on étudie les crédits du
ministère des Transports.
M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau...
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Boucher): ... j'étais justement
pour soulever la question, à savoir si on doit continuer dans cette voie
ou si on ne doit pas en revenir aux crédits proprement dits.
M. Gratton: J'aimerais bien, M. le Président, et je l'ai
dit malheureusement vous n'étiez pas à la
présidence ce matin aussi bien qu'hier que c'est ce que je veux
faire; j'ai posé une question, j'ai demandé au ministre ce matin:
Voulez-vous, s'il vous plaît, déposer l'avis que le
ministère a transmis au groupe de travail de Transports Canada sur
l'administration, la gestion aéroportuaire? Au lieu de me dire: Oui, je
vous le donnerai cet après-midi... il est parti, vous l'avez entendu
vous-même tantôt.
M. le Président, si on veut jouer à ça, on peut
jouer à deux, mais que le ministre nous donne au moins la chance de lui
poser les questions; qu'il se limite à nous donner les informations. On
n'est pas ici pour faire le débat référendaire; il devrait
savoir que c'est sur le terrain que ça va se faire. S'il n'est pas
capable de répondre à nos questions de façon
civilisée et avec un minimum de courtoisie, qu'il ne dise tout
simplement rien, mais qu'il arrête de nous lancer des chiffres, à
l'envers, par la tête.
M. de Belleval: Est-ce que je peux terminer là-dessus, M.
le Président?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. de Belleval: Je comprends d'une certaine façon,
l'exaspération du député de Gatineau. Je peux même
dire-que j'y concours, je suis tout aussi exaspéré que lui, mais
je me rends compte d'abord que les chiffres qu'il vient de citer... D'abord, il
en a cité des chiffres lui-même.
Deuxièmement, il s'est...
M. Gratton: Les mettez-vous en doute?
M. de Belleval: Non, non, je ne mets pas vos chiffres en doute,
pas du tout.
M. Gratton: Bon!
M. de Belleval: Vous les avez bien préparés
d'avance, ces chiffres. Vous les avez sur une feuille devant vous, vous les
avez préparés durant l'heure du dîner parce que vous
m'avez...
M. Gratton: C'est parce que vous m'aviez annoncé ce matin
que vous feriez le procès du fédéralisme.
M. de Belleval: Oui, et c'est en réponse à l'une de
vos questions. C'est vous qui m'avez ouvert la porte en me demandant quelle
était notre réaction vis-à-vis des offres
fédérales d'une soi-disant décentralisation dans le
domaine aéroportuaire. Je vous explique pourquoi on n'est pas satisfait
de ces offres parce que ça ne répond pas au problème
fondamental qui est un problème de sous-investissement et non pas un
problème purement administratif. Je vous ai expliqué rapidement
je vous ai rappelé des statistiques fédérales
d'ailleurs qu'au total, pas simplement... vous me dites par exemple: Le
CN, le CP ou Télé-Globe sont ici, il y a 600 compagnies
fédérales au Canada. C'est évident qu'il y en a trois ou
quatre qui ont des sièges sociaux ici, on ne conteste pas cela.
M. Gratton: Ne vous sentez pas ridicule.
M. de Belleval: Je ne conteste pas vos statistiques; je suis
d'accord avec vos statistiques, je les admets. Je dis: Prenons le total,
additionnons ce que vous avez donné par exemple Air Canada, le CN,
additionnons tout le reste et faisons le portrait global. D'après les
statisticiens fédéraux eux-mêmes, d'après les
comptes économiques du Canada, on reçoit 17% des achats de biens
et services, dont vous avez cité des extraits tantôt pour le CN et
le CP qui sont tout à fait corrects, les $100 000 000...
Mais quand on fait le total de tout cela, d'après les
statisticiens fédéraux eux-mêmes, on reçoit 17% du
total...
M. Gratton: C'est faux! M. de Belleval: Non, non. M.
Gratton: Oui, c'est faux!
M. de Belleval: Ecoutez, j'admets vos chiffres partiels, admettez
donc au moins quand je fais le total...
M. Gratton: Non, parce qu'ils ne sont pas exacts.
M. de Belleval: Là, c'est vous qui m'interrompez,
maintenant.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. de Belleval: Ces chiffres n'ont jamais été
contestés, pas plus par le chef de l'Opposition que par le critique
officiel de votre parti en matière financière, le
député d'Outremont.
Je dis tout simplement et je termine là-dessus
qu'il n'est pas surprenant quand on voit le total de 17% et lorsqu'on prend un
bloc particulier comme celui des transports je pourrais prendre celui de
la recherche scientifique, par exemple, on a 8% des chercheurs scientifiques
fédéraux au Québec, il y en a 54% en Ontario, il y en a
16% dans les provinces maritimes...
M. Gratton: Ceux de l'avionnerie?
M. de Belleval: Quand on prend tous les secteurs...
M. Gratton: Voulez-vous parler de l'Institut de l'avionnerie?
M. de Belleval: On a 48% de cela, et en baisse constante depuis
sept ou huit ans.
M. Gratton: Ah oui! Ah oui!
M. de Belleval: Et il y a 90% de l'industrie de l'automobile en
Ontario, 98% des pièces.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
M. de Belleval: Mais la question n'est pas là. Le
Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. de Belleval: On parlait tantôt des investissements
gouvernementaux, pas des investissements privés.
M. Gratton: Rappelez-le à l'ordre de la même
façon que vous l'avez fait avec moi, M. le Président.
M. de Belleval: Bon! Je termine là-dessus.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, on a
demandé de revenir aux crédits, s'il vous plaît.
M. Gratton: Oui, il serait temps.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que ce serait possible
de revenir aux crédits?
M. Baril: Voyons! Est-ce que c'est seulement d'un
côté, cela?
M. Gratton: Vous vous êtes réveillé? Vous ne
dormiez pas, vous?
M. Baril: J'ai toujours été réveillé,
qu'est-ce que tu fais là?
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Arthabaska, s'il vous plaît!
M. Baril: La liberté de parole!
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a quelqu'un qui
veut revenir aux crédits?
M. Baril: Cela vaut la peine de payer des grandes pancartes de 10
pieds carrés pour "Le Canada, j'y suis, j'y reste pour ma
liberté". Laissez donc parler les autres.
M. Gratton: Depuis quand êtes-vous réveillé,
vous?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député d'Arthabaska!
M. le député de Charlevoix.
Subventions aux municipalités
M. Mailloux: Ce n'était pas mon intention d'intervenir
dans la discussion des crédits discutés actuellement, mais comme
le ministre a dû s'absenter à la fin de la période des
questions et que le leader parlementaire a demandé que commencent
immédiatement les crédits, j'ai accepté de remplacer pour
quelques minutes le titulaire. Etant donné que je suis ici, je voudrais
poser les questions qui s'adressent directement au budget. Peut-être que
le ministre y a déjà répondu, mais je ne pense pas que
cela puisse retarder d'autant l'adoption des crédits.
Je voudrais, dans un premier temps, faire référence aux
changements fiscaux qui ont été annoncés à
l'endroit des municipalités par lesquels le ministre des Finances
annonçait la disparition des subventions discrétionnaires et
à ce moment-ci, je fais référence au programme...
Une Voix: 4.
M. Mailloux: C'est cela. Où apparaît le montant de
$7 500 000. Ma première question est: Est-ce que cela ne fait que
répondre aux exigences des engagements déjà pris, ce n'est
pas pour de nouveaux engagements?
M. de Belleval: $3 000 000 pour les ponts... M. Mailloux:
D'accord.
M. de Belleval: ... municipaux, de nouveaux travaux et $4 500 000
pour des engagements passés.
M. Mailloux: M. le Président, j'avais déjà
eu l'occasion forcément d'intervenir lors de la réforme
fiscale...
M. de Belleval: Excusez, M. le député de
Charlevoix. Vous savez qu'on m'a déjà posé une question
là-dessus. J'ai déjà répondu que, nonobstant les
crédits portés au livre du budget, le ministre des Finances
m'avait donné des indications à l'effet que le programme serait
reconduit, mais sous une forme qui n'est pas encore
déterminée.
M. Mailloux: C'est effectivement là; on m'a
répété évidemment cette affirmation du ministre,
mais c'est justement là que je voudrais avoir une information un peu
plus catégorique à moins que le ministre ne puisse
répondre si c'est son collègue qui a la réponse et qu'il
n'est pas prêt à la donner, mais il ressort qu'on est en
période de début des travaux et on sait que l'ensemble des
municipalités je pense que tous les députés qui
sont ici ont reçu quand même des demandes de la part de presque 1
600 municipalités, malgré l'annonce faite par le ministre des
Finances, chacun des députés reçoit de nombreuses demandes
je suis de ceux qui croient que quand le ministre des Finances dit que
200 municipalités, qui sont les plus petites de la province, ne seront
pas aussi avantagées que d'autres du Québec, ce sont
principalement les municipalités qui vont de 500 à 2000
habitants, au moment où le ministre des Finances retarde à
annoncer un programme, on constate quand même que, dans de trop
nombreuses municipalités, le premier compte de taxes qui est
arrivé, la plupart des municipalités ont déjà
occupé en entier le champ de la taxe scolaire, un dollar.
Il y a eu des modifications apportées sur la valeur des
propriétés, alors que c'est un rôle scientifique partout.
Cela peut baisser le taux. Mais il en ressort quand même que, pour
assumer les services dont ils ont la responsabilité, la plupart ont
dû doubler la taxe foncière, en maints endroits, sans savoir s'ils
auront la responsabilité entière de problèmes pour
lesquels ils avaient des subventions discrétionnaires dans le
passé.
Je pense que si le titulaire du ministère ne fait pas un effort
important, dans le but qu'un programme soit annoncé prochainement, parce
qu'ils en ont la responsabilité maintenant, nonobstant la réponse
qu'a donnée le ministre, s'il me fait la même réponse, je
me demande quelle sorte de réponse va pouvoir fournir l'ensemble de la
députation à la sollicitation dont ils sont victimes
actuellement.
M. de Belleval: II faut quand même replacer tout cela dans
son contexte véritable. D'abord, il s'agit de subventions
discrétionnaires. Donc, toutes les municipalités ne sont pas
assurées d'avoir des subventions, effectivement, compte tenu des budgets
qui diminuent progressivement dans ce domaine d'année en année.
D'ailleurs, ce n'est pas le fait du présent gouvernement. Tous les
gouver-
nements antérieurs ont pris, je pense, un budget qui était
discrétionnaire, peut-être à $40 000 000, il y a une
dizaine d'années, à cet effet...
M. Mailloux: Non, est-ce que le ministre me permet?
M. de Belleval: II était en baisse constante, d'un
gouvernement à l'autre.
M. Mailloux: Est-ce que le ministre me permet?
M. de Belleval: Oui, allez-y!
M. Mailloux: Alors que j'étais adjoint parlementaire du
ministre des Transports, et il peut le faire vérifier
immédiatement par son chef de cabinet, alors que j'étais ministre
d'Etat, j'ai constaté qu'à ce poste budgétaire on
peut le retrouver immédiatement les sommes accordées aux
municipalités en subventions discrétionnaires allaient de $3 000
000 à $5 000 000. C'est devant l'ensemble des problèmes que nous
avons vécus, alors que le titulaire actuel était à ce
moment-là fonctionnaire, c'est devant l'ensemble de la portée des
doléances qu'on a analysées, en 1974 ou l'année
précédente, que de $5 000 000, cela a été
remonté à $9 000 000 ou $10 000 000. Qu'on regarde les
années 1974 à 1977 ou 1978, je pense que c'est près de $20
000 000. Cela n'a jamais été autrement que cela. C'est parti de
$3 500 000 et c'est monté jusqu'à $18 000 000 ou $20 000 000
échelonnés sur trois ans.
M. de Belleval: ... des engagements antérieurs.
M. Mailloux: Mais le budget est parti de $3 000 000 et non pas de
$40 000 000. Il n'a pas diminué. Il est parti de $3 000 000, vers les
années 1970, $5 000 000, ensuite. Devant cette responsabilité
nouvelle, cela avait été augmenté et maintenu
jusqu'à l'an passé.
M. de Belleval: Compte tenu des engagements, quoi qu'il en soit,
j'accepte les informations du député de Charlevoix, mais il reste
que c'est un montant d'une dizaine de millions de dollars, disons plus ou
moins, par année, si l'on exclut la liquidation des engagements
antérieurs. Donc, il faut bien ramener la somme à ses proportions
véritables. Il est question d'environ $10 000 000. Pour régler
quoi finalement? Pour permettre à des députés de donner
des subventions d'une façon discrétionnaire, à certaines
municipalités de leur comté, pas toujours aux
municipalités qui en auraient le plus besoin d'ailleurs. (16 h 45)
Si on fait une étude de la façon dont c'est
distribué, je pense bien qu'il y a des députés qui font un
très bon travail de ce côté-là. On ne les nommera
pas, il y en a des deux côtés de la Chambre et il y en a d'autres
et de tous les gouvernements et de toutes les années. Il y en a
d'autres, par contre, qui finalement n'y vont pas nécessairement compte
tenu des besoins extrêmes et urgents des municipalités. Je pense
que le député de Charlevoix va être d'accord avec cela.
De sorte que finalement, au fond, c'est un "plaster" sur un cancer et
cela ne permet pas de régler de véritables problèmes.
Ceci étant dit, j'accepte cependant que c'est une soupape utile
qui peut permettre, dans certaines situations, à des
municipalités de sortir d'un mauvais pas. Je pense que c'est tout
à fait juste. C'est une expérience que j'ai vécue
moi-même; pas tellement dans mon comté parce que je n'ai pas ce
genre de problèmes, ayant un comté plutôt urbain, mais dans
des comtés de collègues tant de l'Opposition que du parti
gouvernemental au fil des années. Je pense que c'est utile que l'on ait
peut-être en tout cas au moins comme je l'ai dit une phase
de transition. Mais qu'on ne gonfle pas l'importance de ce dossier
au-delà de son importance réelle. Finalement, s'il y a des
problèmes de financement municipal au niveau des petites
municipalités, il va falloir le regarder, ce problème, en face et
je pense que la réforme de la fiscalité municipale a permis, en
tout cas pour l'ensemble des municipalités du Québec ou à
peu près, de passer une étape importante. S'il faut en refaire
une autre, je pense que le ministre des Finances et le ministre des Affaires
municipales ont déclaré que la réforme de la
fiscalité municipale n'était pas coulée dans le
béton, qu'on y verrait au fil des années, compte tenu de
l'évolution des choses. Mais ce n'est pas avec cela qu'on va
régler les problèmes fondamentaux. Je pense qu'il faut en
être conscients, il faut l'admettre.
M. Mailloux: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Charlevoix.
M. Gratton: Je m'excuse auprès du député de
Charlevoix mais je voudrais simplement constater que le ministre admet
aujourd'hui que l'affirmation qu'il avait faite hier que le budget de
subventions aux municipalités rurales parce qu'il en a
été question hier au moment où il nous disait,
hier, que ces montants avaient diminué d'année en année de
façon systématique, sous l'ancien gouvernement, effectivement,
cette affirmation se révélait erronée puisqu'il admet,
aujourd'hui, devant l'ancien titulaire du ministère qu'au contraire, les
montants avaient augmenté jusqu'à 1976.
M. de Belleval: C'est-à-dire que la réalité
est plus subtile que cela. Les montants ont baissé
régulièrement, d'année en année, mais je me
souviens à ce moment-là d'une remarque de mon ancien patron au
ministère des Transports, effectivement, autour des années 1973.
Il est vrai que le député de Charlevoix avait enrayé cette
diminution successive au cours des années qui avaient
précédé son intérêt pour cette question et
qu'il a réaugmenté les budgets. Mais, si vous regardez dans
les
années qui ont précédé 1973 et
l'arrivée de l'ancien titulaire du ministère des Transports, vous
allez vous rendre compte que ce sont des budgets qui étaient en
constante diminution. D'ailleurs, au moment où l'ancien ministre des
Transports a repris le dossier, les subventions étaient d'environ $3 000
000. C'est vrai qu'il a insisté pour les faire remonter et qu'il a
réussi, jusqu'à un certain point à les faire remonter.
M. Mailloux: Si le ministre veut absolument savoir qui dit la
vérité actuellement, il n'a qu'à déposer ce poste
budgétaire des dix dernières années.
M. de Belleval: C'est cela, on le fera.
M. Mailloux: On verra si les chiffres que j'ai donnés
tantôt ne sont pas conformes à la vérité.
M. le Président, je voudrais demander au ministre...
M. de Belleval: Je ne dis pas que vos chiffres ne sont pas vrais.
Au contraire, je dis qu'ils sont vrais, mais je parle des périodes
antérieures. Vous avez rompu avec une tradition qui visait à
faire disparaître tranquillement ces subventions.
M. Mailloux: C'est pour cela, on peut remonter jusqu'au
années 1964 et 1965...
M. de Belleval: Oui, oui.
M. Mailloux: ... et on verra, évidemment, qu'il n'y a pas
eu de diminution, mais qu'il y a eu une augmentation constante dans tout ce
débat.
M. de Belleval: De 0 à $3 000 000?
M. Mailloux: L'augmentation a été constante.
M. le Président, nonobstant la réponse que vient de donner
le ministre et l'idée qu'il se fait que les subventions
discrétionnaires qui sont administrées à la
discrétion du ministre et des députés je l'avoue,
cela...
M. de Belleval: Autant que possible.
M. Mailloux: ... je ne l'ai jamais caché, je pense. Le
ministre a parlé tantôt d'injustices possibles, également,
qu'un député ou qu'un ministre des Transports veuille davantage
protéger son comté et d'autres, mais je ne cache pas
forcément que des députés, même de l'Opposition...
Si l'ancien député de Johnson était ici, l'ancien
député de Rouyn-Noranda, ils étaient dans l'Opposition et
je pense que cela leur a quand même servi. Ce n'est pas là
où je veux en venir. Je veux dire par là au ministre que,
nonobstant les quelques millions qui sont en cause, quand une
municipalité a 30 ou 35 milles de route à entretenir et
qu'à sa charge elle a sept ou huit milles de rue ou de route, l'impact
sur son budget devant les changements fiscaux fait que, si elle reçoit
$10 000 ou $12 000 par année, cela fait que dans Témiscouata,
Kamouraska ou ailleurs, il faudra doubler le taux de la taxe foncière
pour fournir le même effort fiscal pour ce nouveau service.
L'autre question que je voulais poser au ministre est la suivante: Le
ministère semble-t-il averti, relativement à l'entretien d'hiver,
que certains tronçons de route dont nous avions dégagé
certaines municipalités qui avaient des tronçons de route trop
importants... Je pourrais faire référence, si vous voulez,
à une des municipalités de mon comté il y en a un
peu partout dans la province qu'on regarde le portrait de Saint-Hilarion
où il y a 45 milles de route à entretenir en période
hivernale. Le ministère des Transports, sur les jonctions de paroisse
à paroisse, avait pris à sa charge, sur les 45 milles de route,
si ma mémoire m'est fidèle, environ 20 milles qu'il entretenait
à 100%, à des contrats qui sont donnés à $2850 du
mille.
On m'a informé, dans l'exemple que je donne, que le
ministère s'apprêtait à retourner à la charge de la
municipalité, avec la subvention qui est de $1300 ou $1400 dans cette
région, cette responsabilité.
S'il devait arriver que l'on retourne dans la province une
responsabilité entière de l'entretien d'hiver d'une partie des
routes qu'avaient prise à sa charge le ministère dans les
années antérieures, il ressort que, à ce moment-là,
les municipalités seraient prises dans des problèmes dont elles
ne pourraient d'aucune façon assumer les responsabilités, si l'on
songe qu'entre $2850 que coûte l'entretien d'un mille en endroit
montagneux et les $1300 ou $1400 fournis pour une route entretenue par une
subvention... si on fait le calcul de $1400 par $1400, on voit quel impact cela
produirait sur un budget municipal.
Ce que je veux demander au ministre c'est si, à
l'intérieur de l'ensemble du territoire du Québec, il est de son
intention de remettre au régime des subventions, et non pas à
100%, une partie de l'entretien d'hiver, si c'est important comme remise. Il y
a eu des annonces faites à certaines municipalités concernant
l'intention du ministère de retourner certaines routes à la
charge municipale, celles qui ne sont pas des routes principales comme la route
138.
M. de Belleval: II y a toutes sortes de rumeurs qui courent, il y
a peut-être toutes sortes de choses, mais...
M. Mailloux: C'est une lettre du ministère, alors je
voudrais bien savoir...
M. de Belleval: Oui, mais il y a des cas où on remet
parfois...
M. Mailloux: Est-ce qu'il y en a plusieurs dans la province,
est-ce qu'il y a un millage important qui serait remis aux
municipalités?
M. de Belleval: Pas à ma connaissance, ce n'est pas une
politique générale. Il peut y
avoir comme vous le savez, cela a toujours été le
cas des remises de route parfois.
M. Mailloux: Est-ce qu'il y en a plusieurs dans la province?
Est-ce qu'il y a un millage important qui serait remis aux
municipalités?
M. de Belleval: Pas à ma connaissance, ce n'est pas une
politique générale. Il peut y avoir comme vous le savez,
ç'a toujours été le cas des remises de routes,
parfois, quand, de toute évidence, il s'agit...
M. Mailloux: Quand il y a une construction à
côté...
M. de Belleval: Enfin, pour différentes raisons,
mais...
M. Mailloux: C'est ça.
M. de Belleval: ... de là à parler d'une politique
de remise générale à laquelle... Disons les renseignements
que vous donnez...
M. Mailloux: Les lettres de références.
M. de Belleval: ... pourraient en faire douter. Non, je dois dire
que ce n'est pas...
M. Mailloux: Ce n'est pas l'intention du ministère d'aller
dans une vaste remise à l'endroit des municipalités?
M. de Belleval: Non, comme je l'ai indiqué, s'il y avait
une vaste remise... Comme je l'ai indiqué lors d'un débat...
M. Mailloux: C'est justement la question suivante, si le ministre
veut m'attendre un instant...
M. de Belleval: Oui, d'accord.
M. Mailloux: ... ça pourrait peut-être aller en
même temps. En écoutant ce débat d'un vendredi matin, alors
que j'étais chez moi, j'ai cru comprendre que le ministre
s'apprêtait à remettre peut-être certains tronçons
à la responsabilité municipale, tout en leur remettant une
équivalence fiscale ou à peu près. C'est à peu
près ce que j'ai compris. Est-ce que les études sont
terminées sur une telle possibilité de remise de routes, disons
parmi celles qui sont cataloguées à 4? Est-ce qu'il y aurait une
remise importante de faite, qui participerait aux études sur les
coûts de l'entretien d'un tel réseau qui serait remis aux
municipalités, et quel serait le caractère des routes qui
pourraient être remises aux municipalités ou aux conseils de
comté?
M. de Belleval: D'accord. Avant, je voudrais terminer sur la
fameuse subvention discrétionnaire. Il faut bien voir aussi, dans le
cadre de la réforme de la fiscalité municipale, qu'il y a une
garantie de revenus qui a été donnée à toutes les
municipalités, de sorte que toutes les municipalités seront au
moins un peu regagnantes avec la réforme de la fiscalité
municipale, compte tenu de la garantie... Non?
M. Mailloux: Non.
M. de Belleval: Avec la garantie qu'a donnée le ministre
des Finances...
M. Mailloux: Même là!
M. de Belleval: ... toute municipalité se verra garantir
au moins les revenus qu'elle a actuellement, plus $10 per capita. Donc, elle
sera au moins regagnante.
M. Mailloux: Regagnante! Elle n'est pas regagnante, on lui donne
de nouvelles responsabilités!
M. de Belleval: Non, il n'est pas question de donner de nouvelles
responsabilités...
M. Mailloux: II y en a une de $20 000 000 actuellement,
là.
M. de Belleval: Un instant; je fais ma transition, j'ai
posé mon principe; je pense que le principe est correct.
Deuxièmement, est-ce qu'on donne de nouvelles responsabilités?
Non, on ne donne pas de nouvelles responsabilités
systématiquement. Je pense que j'ai répondu à cette
question, quand vous m'avez posé un cas particulier. Ce peut être
un cas particulier qui est justifié, comme il y en a toujours eu, mais
il n'est pas question de donner de nouvelles responsabilités aux
municipalités en matière de voirie, par rapport à la
situation actuelle.
Troisièmement, en ce qui concerne, comme je l'ai dit aussi, le
petit budget discrétionnaire qui pouvait permettre, dans certains cas
et pas sur une base régulière de se faire donner un
coup de main, il faut admettre que c'était dans certains cas et non sur
une base régulière. Il n'y a aucune municipalité qui
pouvait compter là-dessus sur une base régulière. Je
réitère ma démonstration ou ma conclusion selon laquelle,
de toute façon, il y aura une période de transition, on regardera
le dossier... Je regrette de ne pas être en mesure de faire une annonce,
comme vous l'avez souligné. Il faut que j'en discute d'abord avec les
députés qui peuvent m'éclairer là-dessus. De ce
point de vue, je suis heureux d'avoir les vues de tous les
députés, des deux côtés de la Chambre. Je pense
qu'on est assez solidaires, les députés ruraux, dans ce domaine,
quels que soient les partis politiques; on a de bonnes idées qui
viennent de tout le monde là-dessus.
Quant au reste, s'il y a des problèmes plus fondamentaux, je
pense qu'il faut plutôt regarder le dossier dans le cadre du suivi de la
réforme de la fiscalité municipale comme telle et ne pas
chercher, dans ce petit programme, des remèdes à plus long
terme.
Pour terminer, votre dernière question traitait des perspectives
à plus long terme. Là-dessus, nous sommes en train de terminer un
travail de reclassification de notre réseau routier. Avant de
procéder à une réforme de ce côté, il faut
d'abord savoir sur quoi on travaille, il faut identifier le réseau et
quelle serait la partie de ce réseau qui serait susceptible d'être
administrée localement, à l'avenir. J'ai indiqué, lors du
débat, que c'est un travail qui a été fait ailleurs au
Canada et aux Etats-Unis, et seul le ministère des Transports du
Québec a autant de responsabilités en matière de voirie
municipale parmi tous les Etats et de toutes les provinces canadiennes, sauf
exception; dans ces Etats ou dans ces provinces, ce sont des administrations
locales, soit municipales, soit plurimunicipales, intermunicipales, qui
administrent la plus grande partie du réseau routier rural. Ce n'est pas
le cas au Québec. Je pense qu'on devrait suivre l'exemple de ces
provinces et de ces Etats: aller vers une plus grande décentralisation,
diminuer la bureaucratie centrale et donner plus d'autonomie locale. Je pense
que les municipalités plusieurs députés semblent
d'accord avec cette assertion seraient probablement plus économes
des ressources en matière de voirie rurale et peut-être qu'elles
feraient davantage de travaux avec un dollar que ce qu'on peut faire, nous, au
sein du ministère des Transports. Il y aurait une certaine souplesse. Je
pense aussi que, sur le plan de la démocratie locale, ce serait un
acquis.
On ne peut pas faire cela du jour au lendemain sans un bon travail de
classification, d'une part, qu'on est en train de voir, et ensuite cela
répond à la question plus spécifique du
député de Charlevoix sans faire cela avec les
municipalités comme telles, en consultation avec l'Union des conseils de
comté en particulier et aussi probablement l'Union des
municipalités. J'avais indiqué que c'était mon intention,
quand on se sentirait un peu plus prêts, dégagés un peu des
priorités que nous avons par les semaines qui courent, de rencontrer ces
gens et voir avec eux s'il n'y a pas moyen de mettre sur pied un groupe de
travail pour étudier la question un peu comme on l'a fait dans le cadre
de la réforme de la fiscalité municipale, et élaborer,
tranquillement pas vite, un programme peut-être de remises et
étudier aussi à ce moment-là le programme de financement
approprié parce qu'on ne peut pas remettre des nouvelles
responsabilités sans remettre aussi des champs fiscaux ou des ressources
budgétaires additionnelles. Cela a été le principe de base
de la réforme de la fiscalité municipale. C'est là la
perspective que je trace.
M. Mailloux: Si je comprends bien le ministre, je pourrais en
déduire que, si sa volonté s'exprime dans les faits d'ici un an
ou deux à la suite de l'étude qu'il poursuit actuellement, cela
pourrait être un transfert qui viendrait de l'élément 4 du
programme 3, de même que d'une partie de l'élément 1 du
programme 4, quant à la construction et à l'entretien. (17
heures)
M. de Belleval: Oui, c'est exactement cela. Cela toucherait
surtout, je pense, dans une première étape, en tout cas, le
réseau non numéroté.
M. Mailloux: M. le Président, la dernière question
que je voudrais poser est la suivante et elle concerne la
sécurité routière.
M. Gratton: M. le Président, avant qu'on y passe, une
dernière question sur le sujet précédent. Est-ce qu'on
doit comprendre par les propos du ministre qu'il n'est donc pas question, au
cours de l'exercice financier 1980-1981, qu'on en vienne à une
conclusion par rapport aux études qui sont en cours sur les subventions
aux municipalités? En d'autres mots, les crédits actuels
prévoient $7 500 000.
M. de Belleval: Les subventions? Je pense qu'il faut en conclure
qu'il y aura un programme transitoire en sus de $7 500 000, si je suis bien
informé des intentions du ministre des Finances là-dessus, mais
il me reste à confirmer cela avec lui quant à l'ampleur
même du montant et aux modalités.
M. Gratton: Pas $7 500 000, c'est $3 000 000.
M. de Belleval: II faut tenir compte, entre autres, des remarques
que les députés me font, avec justesse, sur le contexte
particulier de certaines municipalités créées par la
réforme de la fiscalité municipale.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse, sur le même sujet.
M. Goulet: Oui, s'il vous plaît, parce que le
député de Charlevoix a parlé des programmes 3 et 4, si
vous le permettez, M. le Président, d'abord je m'excuse auprès
des collègues, surtout auprès du ministre de ne pas avoir
participé à la séance d'ouverture d'hier soir et j'avoue
que je suis déçu de ne pas pouvoir participer à temps
plein aux travaux de cette commission parce que j'aime bien parler de
transport. Je ne parlerai pas, M. le Président, de statistiques qui
défendent l'une ou l'autre des options référendaires, mais
on va se limiter, dans mon cas, aux programmes 3 et 4: Construction et
Conservation du réseau routier, surtout au niveau du réseau
régional, parce que vous savez, M. le Président, pour avoir une
partie de votre comté qui est rural, tout ce qui touche le
ministère des Transports représente entre 30% et 40% des demandes
qui viennent, soit des individus ou des municipalités lorsque ces
gens-là se présentent à nos bureaux de comté ou
lorsque ces gens-là nous écrivent. Donc, c'est très
important, le ministère des Transports, et surtout la construction et la
conservation du réseau routier dans nos régions. Pour un
député qui représente une circonscription rurale, cela
représente 30% à 40% de ses dossiers.
Au niveau de la construction, l'an passé il y avait je
n'ai pas mes chiffres ici, mais
$450 000 000 environ et cette année, on se réveille avec
$431 000 000.
Au niveau de la conservation, il y avait $93 000 000 ou $95 000 000 et
on se réveille avec environ $2 000 000 ou $3 000 000 de plus.
Lors de la question et débat, le ministre des Transports nous
avait dit les chiffres que je viens de donner sont sous toute
réserve parce que je n'ai pas mon livre devant moi on s'attendait
à beaucoup plus, parce que le ministre avait dit: Nous allons avoir une
relance et vous allez voir, les amis ça, c'est vendredi il y a
quinze jours au niveau du rattrapage, au niveau de la relance, on va
avoir quelque chose de formidable. La première chose que j'ai
constatée, que j'ai vérifiée lorsque j'ai
été en possession du discours du budget, ça a
été au programme des transports pour voir quelle augmentation il
y aurait et quelle relance ou quel rattrapage il pourrait y avoir. M. le
Président, j'ai été extrêmement déçu
de savoir qu'il y avait à peu près la même chose que l'an
passé. En tout cas au niveau du budget total, il y a environ 4%, ce qui
est environ $50 000 000; ce n'est même pas l'équivalent de
l'inflation. J'ai été vraiment déçu, je le dis,
parce que le ministre nous avait laissé voir le contraire lors de cette
question et débat.
Il semble, c'est vrai, que la volonté du ministre et du
ministère soit de diminuer les crédits à la construction
ou l'ampleur des travaux au niveau de la construction des grands
réseaux, telles les autoroutes, et qu'on veuille amplifier c'est
ce que le ministre a exprimé les travaux au niveau du
réseau régional. On constate justement qu'avec ces sommes
d'argent votées, il n'y aura pas le rattrapage qu'on s'attendait de
faire, rattrapage qui aurait été je le dis franchement
justifié et justifiable. On n'aura pas ce rattrapage à
l'intérieur de la prochaine année, en tout cas.
Je vous donne un exemple, parce qu'il y a des comtés ruraux
je pense que cela intéresse au moins 50% des
députésqui sont à peu près dans la même
situation. Je vous donne l'exemple du comté que je représente.
Sur approximativement 1500 milles de réseau routier, ily en a 1000
millesencoreen gravier Ii se réalise environ chaque année de cinq
à huit milles. C'est environ 1/2 de 1%. Imaginez-vous! Quand peut-on
espérer compléter? Cela veut dire que ni vous ni moi ni personne
dans cette salle vont vivre assez vieux pour voir même 10% des travaux
réalisés. On y va à un rythmed'environ 1/2ou 1%par
année. En tout cas, dans notre région, 1000 milles de
réseau encore en gravier, et on en réalise environ de quatre
à huit milles par année. Imaginez-vous! C'est environ 1/2 de
1%.
J'ai été extrêmement déçuce
n'est pas lafaute du ministre des Transports mais je voudrais savoir
cequ'il en pense. Commenta-t-il défendu son budget devant le
ministère des Finances? Quand on voit, par exemple, que le budget du
ministère des Affaires culturelles a augmenté de 23% cette
année, d'autres ministères également. Je ne leur en veux
pas, mais écoutez... On fait un monument historique dans nos
régions; on met une belle petite clôture autour avec des
lumières, mais on oublie que cela prend une route pouraller le voir. On
devrait d'abord commencer par améliorer la route pour se rendre à
ce monument. On a commencé à l'envers. Je pense que le ministre
des Transports je ne voudrais pas lui faire de reproches n'a pas
été ferme avec le ministre des Finances pour avoir une
augmentation de son budget d'au moins 15% à 20% cette année.
M. de Belleval: Vous auriez dû voir le ministre des
Finances après notre conversation.
M. Goulet: Non, mais c'est qu'on n'a même pas suivi... En
termes d'argent et de travaux réalisés avec cet argent,
comparativement à l'an passé, si on s'entend pour que l'inflation
de cette année soit d'environ 8% ou 8,5% la moyenne des trois
dernières années et l'augmentation du budget du
ministère des Transports, à ces chapitres, est à peu
près de 3% ou 4% cette année, en termes de travaux
réalisés, on va moins en réaliser que l'an
passé.
Alors, cela a été ma première déception,
d'autant plus que le ministre nous avait fait miroiter, quinze jours
auparavant, lors de la question avec débat, qu'on aurait quelque chose
pour se remplir les yeux. Cela a été le contraire, M. le
Président.
M. de Belleval: Est-ce que je peux répondre?
M. Goulet: Oui. Pour le deuxième point, les
budgetsdiscrétionnaires.j'aimerais y revenir, si vous me permettez,
toujours dans le cadre du programme 3 ou du programme 4.
Le Président (M. Boucher): D'accord. M. le ministre.
M. de Belleval: Je pense que les perspectives que j'avais fait
valoir au député de Bellechasse ont été
respectées dans le budget. En ce qui concerne ses préoccupations
spécifiques, il me parlait justement de sa voirie municipale, de ses
chemins de gravier, etc. Si on regarde notre programme de construction au
niveau des programmes 3 et 4, on passe de $109 000 000 à $122 000 000 de
crédits. Donc, c'est une augmentation significative. Pendant que le
budget diminue au niveau des autoroutes, il augmente au niveau des routes qui
intéressent particulièrement le député de
Bellechasse dans son comté. C'est ce dont je parlais. Je pense que de ce
point de vue, j'ai respecté les perspectives que je lui faisais valoir.
il faut aussi qu'il ajoute à ce montant de $122 000 000 le programme de
rechargement de gravier qu'on a été capable de réussir
durant les dernières semaines. Cela constitue finalement une
dépense de $16 000 000. J'avais parlé de $11 000 000 au moment
où l'on s'était vusà l'Assemblée nationale il y a
trois semaines. Finalement, les dépenses seront de $16 000 000. Il faut
bien voir que ces $16 000 000, si on avait fonctionné selon les budgets
antérieurs, seraient des crédits périmés. En fait,
on se retrouve avec$16 000 000 detravaux de plusquivont être faits cette
année, effectivement, dans le domaine du programme de construction du
réseau routier, à l'article Construction d'autoroutes.
II faut ajouter à ces $122 000 000, qui sont déjà
une augmentation par rapport aux $109 000 000 de l'an dernier, les $16 000 000
dont j'ai parlé tout à l'heure. Aussi, j'ai expliqué au
député de Bellechasse et aux autres députés qui
étaient présents à ce moment-là ou à
d'autres moments, notamment lors de la période des questions, qu'un
effort particulier avait été fait cette année au
ministère pour faire en sorte que les contrats de construction sortent
en soumission au cours des mois de mars, février et même
janvier il y en a qui sont sortis déjà mais la grande
majorité sorti rades le mois de mars ou le mois d'avril, afin que les
travaux débutent dès la fin du dégel.
J'ai bon espoir qu'une très grande majorité des
crédits sera engagée dès le mois de juin, de sorte que si
la performance est bonne au niveau des chantiers, on sera ensuite en bonne
position pour des budgets supplémentaires sérieux afin de
continuer la campagne d'été au mois d'août ou au mois de
septembre. Je pense que tout le monde le sait, trop souvent les budgets du
ministère étaient engagés au mois de septembre, octobre ou
novembre, au moment où souvent la période du gel arrivait.
C'était un peu à cause de la façon dont on faisait notre
programmation.
La preuve, c'est que tous les ministres ont été
confrontés avec ce problème de crédits
périmés.
M. Mailloux: Jamais par le député de
Charlevoix.
M. de Belleval: Peut-être pas dans le comté de
Charlevoix.
M. Mailloux: Je n'ai jamais retourné quoi que ce soit.
M. de Belleval: Je pense que cela va aussi contribuer à
augmenter notre performance.
M. Goulet: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Le ministre dit que je devrais me contenter, mais
justement je ne me contente pas et je lui dis pourquoi.
M. de Belleval: Je ne demande pas de vous contenter, mais...
M. Goulet: Honnêtement, ce n'est pas la relance à
laquelle on s'attendait et votre relance sera environ de 1% à 2%; je
vais vous l'expliquer. Vous parlez de $125 000 000 plus $12 000 000. Allons-y
pour $150 000 000 on ne coupera pas les cheveux en quatre. Sur 56 000
kilomètres de réseau routier au Québec, il y a encore 35
000 à 40 000 kilomètres qui sont en terre.
M. de Belleval: 26 000 kilomètres en terre. M. Goulet:
Bon! 26 000 kilomètres.
M. de Belleval: Par rapport à 32 000 kilomètres de
routes pavées. Comme je l'ai déjà expliqué, c'est
une proportion de chemins pavés qui est plusgrande au Québec
qu'en Ontario par exemple.
M. Goulet: Là, on vit au Québec, et je parle au
ministre des Transports du Québec.
M. de Belleval: Oui, mais je vous dis que notre situation
relative est meilleure.
M. Goulet: Bien non, écoutez. Si mon voisin va en prison,
je ne suis pas obligé de faire comme lui. Je parle au ministre
desTransports du Québec, lâchez-moi l'Ontario!
M. de Belleval: Comme ledisait Daniel Johnson: "Quand je me
compare, je me console".
M. Goulet: Oui, ce n'est pas celaque je veux dire, je ne voudrais
pas du tout détourner la question. Ce que je veux dire au ministre,
c'est que les $125 000 000 ou $150 000 000... Bravo! Parfait! Mais cela veut
dire quoi en termes de travaux réalisés? Cela veut dire environ
de 1% à 2%. Pourquoi?
Quand vous faites un kilomètre de réseau routier dans nos
régions, cela coûte en moyenne $125 000 le kilomètre; vous
pouvez en avoir qui sont plus chers, d'autres moins chers, mais c'est la
moyenne. Qu'est-ce que cela veut dire? Comptez-le, cela veut dire envi-ron
je vous donne même le maximum2% de plus de travaux que l'an
passé. Avec l'augmentation des coûts et ainsi de suite, cela vous
donne environ 2% de plus de travaux. Prenez une région comme chez nous
ou prenez n'importe quel autre comté du Québec, vos 26 000
kilomètres de réseau routieren terre, à 2% d'augmentation
par annéeje vous concède 2%, et c'est le maximum
cela veut dire qu'au lieu de prendre 180 ans, cela va en prendre 160 à
peu près. C'est cela que ça veut dire.
Je dis qu'il n'y a rien là. J'aurais aimé parler d'un
chiffre de 10% à 20% quand on parle de rattrapage, pas 2%, parce que
juste l'augmentation du coût des travaux, vous le saurez à la fin
de l'année quand vous allez négocier vos contrats, vous allez
voir, vous n'aurez pas réalisé plus que 2%. Je vous donne les 2%,
mais je vous donnerais peut-être 1,5%. Cela veut dire quoi?
Dans le comté de Bellechasse par exemple, 1000 milles de
réseau routier, au lieu d'en faire, comme l'an passé,
peut-être six ou sept milles, mettez-en dix. 2% de plus, cela va vous
donner quoi? Cela va vous donneronze milles de réseau routier,
même pas, sur 1000 milles. La différence n'existe vraiment pas. Je
suis content d'avoir $125 000 000 de plus pour le domaine régional dans
la province, mais on parle d'une augmentation de 1% en termes de travaux
réalisés. Oublions les gros chiffres, cela veut dire qu'en
travaux réalisés, comparativement à l'an passé,
cela va donner à peu près 2% de plus.
Si ces chiffres ne sont pas exacts, j'aimerais que le ministre nous
explique pourquoi ils ne sont pas exacts et quels seront les travaux
réalisés. Cela va être à peu près cela
d'après moi. C'est une
amélioration de 1 %à 2%, mais ce n'est pas la relance
à laquelle on s'attendait. Le ministre dit: Les petits gars, quand vous
allez voir la relance, ce ne sera pas drôle! J'ai dit: Au moins 20% de
plus de travaux! Il n'y a pas longtemps, ça fait quinze jours. (17 h
15)
M. de Belleval: Je pense que le député de
Bellechasse est un peu comme...
M. Goulet: Comme qui?
M. de Belleval: ... le cultivateur de Vignault qui, quand les
fraises étaient grosses, disait qu'elles n'étaient pas
sucrées et quand elles étaient sucrées, il n'y en avait
pas beaucoup; une année où il avait eu toutes les fraises qu'il
voulait, de la grosseur et avec la quantité de sucre qu'il
désirait, il avait dit: C'est épouvantable, ça
épuise la terre, une année comme ça!
Je pense bien que j'aurais de la difficulté à vous
contenter, parce que vous...
M. Goulet: Non, M. le Président, j'aimerais que le
ministre nous dise laissons faire Vignault tout simplement si les
chiffres que j'ai donnés selon lesquels, cette année,
l'augmentation du budget ou le transfert du budget du réseau des
autoroutes au réseau régional, est-ce vrai de dire qu'en termes
de travaux réalisés, ça équivaut à une
augmentation maximale de 2%? J'aimerais qu'il nous le dise; laissons faire
Vignault et les fraises. Si c'est 2%, je ne voudrais pas qu'on fasse miroiter
20%. Est-ce que c'est ça, environ, en termes de travaux
réalisés? Est-ce que ça équivaudra à environ
2%?
M. de Belleval: Non, l'augmentation sera plus
considérable. Je laisse au député de Bellechasse la
responsabilité de ses chiffres, il joue avec ça comme un
prestidigitateur; moi, je lui donne les chiffres...
M. Goulet: M. le Président...
M. de Belleval: ... de 109 à 122, plus le programme de
rechargement de $16 000 000. Je trouve que c'est une bonne augmentation; en
termes de chiffres proprement dits ça fait une augmentation d'environ...
Disons qu'on passe de $122 000 000, plus le programme de rechargement $16 000
000, à $140 000 000, par rapport à $109 000 000. Cela fait une
augmentation considérable de $109 000 000 à $140 000 000.
M. Gratton: M. le Président...
M. Goulet: M. le Président, si le député de
Gatineau me le permet, une dernière question.
Laissez faire vos millions; je vous dis, au Québec...
M. de Belleval: Vous avez indiqué aussi qu'on diminuait
aussi nos normes de construction...
M. Goulet: Oui.
Mi de Belleval: ... ce qui nous permettait de
récupérer à peu près 8% au niveau des coûts,
diminution de coûts, ce qui permet aussi, là encore, d'allonger
notre dollar.
M. Goulet: M. le Président, si le ministre veut, juste
pour... Oublions les millions et les milliards; j'aimerais que le ministre nous
dise, par exemple, combien, l'an passé, il s'est réalisé
de milles ou de kilomètres de routes secondaires, dans la province de
Québec, sur les 26 000 kilomètres qui sont en terre et combien,
cette année, il s'en réalisera. C'est ce que je voudrais que le
ministre nous dise. Combien de travaux ont été
réalisés l'an passé? Est-ce qu'on a réalisé
150 nouveaux kilomètres de route ou est-ce qu'on en a
réalisé 300 et, cette année, combien prévoit-on en
réaliser avec cette augmentation de budget? C'est ce que je veux lui
faire dire. Je vous dis qu'avec vos 20%, vous n'y êtes pas du tout; vous
vous trompez dans le pourcentage, il faudrait que vous tassiez la virgule d'un
cran. Comptez-le, vous n'êtes pas obligé de me donner la
réponse tout de suite, ce soir, ça fera pareil.
M. le Président, j'aimerais avoir une réponse!
M. de Belleval: Oui, vous me dites: Comptez-le; c'est ce qu'on va
faire et on vous donnera la réponse.
M. Goulet: D'accord.
Sécurité routière M. Mailloux: M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: ... j'aurais une dernière question, avant de
vous quitter. Est-ce qu'on pourrait me donner avant que je formule une
observation les statistiques, quant à la sécurité
routière, pour l'année 1979, en ce qui a trait aux morts et aux
blessés?
M. de Belleval: Oui, je les ai vues sur mon bureau, d'ailleurs,
il y a quelques heures; je ne sais pas si on a les chiffres ici, mais on pourra
les sortir.
Effectivement, en ce qui concerne les morts, le bilan, je pense
on ne peut jamais dire que le bilan est réjouissant, quand on parle des
tragédies routières que le nombre de tués s'est,
à toutes fins pratiques, stabilisé cette année, il y a une
augmentation de 0,7%...
M. Mailloux: A combien?
M. de Belleval: ... c'est-à-dire 1765 tués en 1978,
et 1778 en 1979.
M. Mailloux: Combien de blessés?
M. de Belleval: Quant aux blessures graves, c'est-à-dire
celles qui imposent une hospitalisa-
tion, l'augmentation est de 6,3%, soit de 7710 à 8194.
M. Mailloux: II doit y avoir une autre statistique parce que,
comparativement à une cinquantaine de mille blessés...
M. de Belleval: Ce sont les autres blessures mineures...
M. Mailloux: C'est quoi pour les deux années? M. de
Belleval: ... de 49 813 à 54 702.
M. Mailloux: M. le Président, je remercie le ministre de
me fournir ces statistiques. Je ne suis pas plus heureux que lui de constater
forcément qu'il y a encore une aggravation, car il y a moins de
véhicules. Cela fait référence forcément à
l'assurance automobile et à l'impact de cela sur l'assurance automobile.
On avait réussi, après l'adoption de la loi 13, soit durant
l'année 1977 au moment où vous êtes arrivés au
pouvoir. Je pense que la loi 13 avait été adoptée vers
juin ou juillet 1976, quelque chose de même, et malgré que les
ordres aux policiers n'étaient pas des plus radicaux, il y avait eu
acceptation assez valable du public quant à des mesures qui paraissaient
impopulaires, mais pour lesquelles une quantité de pays avaient fait des
expériences quand même assez tangibles. En 1975, on trouvait 2000
morts sur le réseau routier et 53 000 blessés. A la
première année, après la loi 13, il y a eu une
réduction à 1640 morts et à 45 000 blessés; il y
avait 8 000 blessés de moins.
On constate aujourd'hui qu'il y a eu recrudescence et qu'on est rendu
à 54 000 blessés, soit à peu près le niveau le plus
dramatique qu'on ait jamais connu. Veuillez croire que je n'en fais pas
reproche au ministre parce qu'il vient d'arriver au ministère, mais je
constate quand même ceci: cela a été une des erreurs de la
loi 13 avec laquelle j'étais en discordance. Au moment où on a
imposé le régime d'assurance-automobile qui permettait, je pense,
une modification assez profonde du système qu'on connaissait, à
ce moment-là on a blanchi tout le monde de la même façon en
chargeant une assurance de $85 à tout automobiliste, à tout
citoyen québécois, aux 2 500 000 citoyens
québécois.
Il ne m'appartient pas de faire l'analyse profonde des causes
d'accidents depuis ce temps, mais j'ai été dramatiquement
frappé quand j'ai constaté que tout le monde pouvait revenir sur
le réseau routier où on retournait 8000 meurtriers le mot
est peut-être fort qui avaient été l'objet, qui
avaient été responsables d'accidents malheureux et d'accidents
successifs sur les routes du Québec. Tous ces gens n'étaient plus
assurables parce qu'on leur demandait $2000, $2500, $3000 ou $4000 d'assurance
par année. C'était la raison pour laquelle ils étaient
évincés du réseau routier. On pourra me corriger, si on le
veut, mais la Loi sur l'assurance-automobile a fait que les jeunes qui
pouvaient être, on aurait pu forcément regarder leur dossier, on
les a tous évidemment blanchis à $85 tant mieux pour
ceux-là je voudrais faire grâce aux plus jeunes, mais je
voudrais savoir, dans les mois qui vont suivre, si le ministère ne
devrait pas étudier afin de voir si, dans la recrudescence qu'on a, ces
8000 meurtriers qui se promènent sur les réseaux routiers du
Québec n'ont pas une influence considérable sur les primes que
devront payer tantôt les citoyens du Québec.
Si l'on fait référence au coût de 8000
blessés supplémentaires, M. le Président, qu'on aurait pu
éliminer des hôpitaux dans la seule première année,
il faudra une volonté politique bien articulée si l'on veut que
le régime d'assurance automobile porte les fruits qu'on en
espérait et ça prendra une volonté politique
extrêmement bien affirmée.
J'ai constaté je n'en fais pas reproche au titulaire
actuel, je constate quand même que depuis deux ans, on faisait
peut-être de l'annonce quant aux limites de vitesse à respecter,
quant à la ceinture de sécurité à porter, mais je
ne pense pas qu'on ait donné les ordres requis, à ceux qui font
la surveillance des routes, on n'a pas donné tous les ordres qu'on
aurait dû donner et, depuis une quinzaine, on s'aperçoit
forcément qu'il y a une recrudescence de la surveillance du
réseau routier; j'en félicite le ministre, s'il y a eu des ordres
à ce sujet, mais quand on avait réussi à réduire
d'autant, avec la bonne volonté du public pendant une année, on
n'a pas le droit, je pense, et pour la santé et pour la
sécurité des gens, de se voir affublé d'à peu
près le pire niveau d'accidents dans les pays industrialisés, ce
n'est pas le pire du monde entier, mais c'est un des pires dans les pays
occidentaux industrialisés.
Je ne voudrais pas prolonger le sujet, mais ce sont des dizaines et des
centaines de millions qui sont en cause en dehors des vies et de la
santé des gens.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. de Belleval: Je pense que de ce point de vue le
député de Charlevoix et moi-même partageons des
préoccupations communes. Lui-même a posé un certain nombre
de gestes quand il était ministre. Il a introduit, en particulier, le
port obligatoire de la ceinture de sécurité. Je pense aussi que
mon prédécesseur immédiat, M. Lessard, a aussi poursuivi
et a mis en application un certain nombre de mesures importantes de ce
côté.
J'entends, pour ma part, faire encore davantage que ceux qui m'ont
précédé, mais en bâtissant à partir de ce
qu'ils m'ont laissé et de leurs propres efforts. Je pense que c'est
comme cela que la société se développe: c'est en
construisant les uns sur les réalisations des autres.
On a cependant un dossier qui est encore insatisfaisant. Quant à
son évolution d'une année à l'autre, je pense qu'il faut
que je mette en garde le député de Charlevoix quant à des
conclusions hâtives.
D'abord, on a eu quand même un certain nombre de. . on a
amélioré nos connaissances dans le domaine de ces
phénomènes de tragédies
routières, et tous les spécialistes ont
démontré ou constaté que les courbes statistiques
étaient à peu près les mêmes d'un pays à
l'autre, et même d'un continent à l'autre. Pendant que les morts
diminuaient, je pense que c'est en 1973 ou 1974, il y a une année
où il y a eu effectivement une diminution assez importante au
Québec, je pense que vous citiez les chiffres tout à l'heure.
Quelle année? 1973?
M. Mailloux: En 1977. M. de Belleval: En 1977.
M. Mailloux: Jusqu'en 1976, il y a eu une augmentation. En
1977...
M. de Belleval: Alors, on voit que dans les provinces voisines et
dans d'autres pays aussi, en Europe, les courbes suivent aussi à peu
près les mêmes niveaux. Je pourrais déposer lors d'une
prochaine séance s'il y en a une ou envoyer au
député de Charlevoix des documents à ce sujet. Il va se
rendre compte qu'il semble y avoir une espèce de "pattern" mondial.
Cependant, et je suis d'accord avec lui, même si on suit à peu
près la même évolution que tous les autres, ou même
si tous les Etats, les pays ont à peu près les mêmes
courbes d'évolution, notre courbe à nous, au niveau des morts en
particulier, se situe au-dessus de nos voisins.
Par contre, au niveau des blessures, elle se situe en dessous.
Particulièrement quand on se compare à l'Ontario. En tout cas...
Il reste que le rythme de la courbe, son allure générale, est
à peu près le même d'un pays à l'autre. D'abord,
cela pose un certain problème, parce que tous ces pays ont des climats
différents, des politiques différentes en matière de
sécurité routière. On a l'impression que le
phénomène semble obéir à des lois humaines
fondamentales qui vont au-delà de tous ces efforts.
Deuxièmement, oui, effectivement, nous avons demandé
à la Sûreté du Québec et au corps municipaux
d'intensifier leurs programmes de surveillance en ce qui concerne le port de la
ceinture de sécurité. Je pense que cela fait déjà
quelques semaines. On le voit de façon plus précise depuis deux
ou trois semaines, parce que les media se sont mis à attirer l'attention
de la population là-dessus.
M. Mailloux: Je m'en suis aperçu, ils m'ont
arrêté.
M. de Belleval: Bon. Une Voix: On reconnaît le
coupable. M. Mailloux: Je m'en allais à l'hôpital. M. de
Belleval: Ce n'est pas une raison. M. Mailloux: Non, non.
M. de Belleval: Mieux vaut arriver à l'hôpital
malade que mort.
M. Mailloux: Ce n'est pas pour ça que j'ai fait cette
réflexion d'ailleurs.
M. de Belleval: Le député de Charlevoix va
être d'accord avec moi que la répression, c'est juste un aspect du
problème. Je pense que l'aspect fondamental va demeurer quand même
l'éducation. Je rencontre trop de Québécois lui
aussi le sait y compris certains de nos collègues dans cette
Chambre, qui ne sont pas convaincus des bienfaits de la ceinture de
sécurité. Pourtant toutes les études mondiales
démontrent que la façon la meilleure, la plus efficace à
court terme et la moins coûteuse de réduire les blessés et
les morts, c'est le port de la ceinture de sécurité. Ensuite, la
diminution de la vitesse. En troisième lieu, bien sûr, la
diminution de l'alcoolisme au volant. On voit aussi que, dans ces trois causes,
la plus difficile à combattre, c'est l'alcoolisme; la deuxième
plus difficile, évidemment, c'est la vitesse; la troisième,
finalement, c'est la ceinture de sécurité. (17 h 30)
J'entends bien, dans le courant de l'année, mettre en place notre
programme d'information et d'éducation à court terme. A long
terme, on le sait, c'est à l'école qu'il faut agir, et
là-dessus, je pense qu'avec le ministère de l'Éducation on
a des décisions fondamentales à prendre d'ici la fin de
l'année pour améliorer le programme d'éducation dans les
écoles: c'est avec les jeunes qu'il faut travailler pour avoir des
résultats à long terme. Il y a des choses à faire. On a
déjà fait des choses, commencées d'ailleurs dans votre
temps, avec un certain nombre d'initiatives qu'on a ensuite amplifiées.
Il s'agit de donner un coup de barre décisif du côté de
l'école.
A court terme, je pense qu'il faut faire comprendre davantage aux
Québécois il faut qu'ils le réalisent et qu'ils en
soient convaincus eux-mêmes l'importance de la réduction
volontaire de leur vitesse, parce qu'on ne peut pas mettre des policiers
partout sur toutes les routes rurales. Le député de Charlevoix
l'a déjà indiqué: c'est souvent en plein jour, sur des
chemins droits les statistiques nous le démontrent que la
majorité de nos accidents arrive et non pas par mauvaises routes, la
nuit, par chaussées mouillées par exemple. C'est quad même
extraordinaire et ridicule, mais c'est comme cela. Il faut amener les
Québécois à prendre conscience qu'il faut porter leur
maudite ceinture de sécurité et qu'ils cessent d'avoir peur de
brûler dans leur voiture si jamais elle capote, parce que la ceinture va
les empêcher de sortir, ou s'ils tombent dans une rivière.
Imaginez-vous, il y a une voiture sur un million qui prend feu ou je ne
sais pas combien de centaines de milliers ou qui capote dans une
rivière... C'est prouvé de toute façon que quand vous
tombez dans une rivière ou que vous capotez, même si la voiture
prend feu, vous avez plus
de chance avec la ceinture bouclée, parce que vous ne vous ferez
pas assommer, de sortir finalement du véhicule que le contraire. Mais il
y a toutes sortes de fausses idées comme cela, et les
Québécois n'en sont pas encore convaincus.
Hier, je prenais un taxi et le chauffeur ne portait pas sa ceinture de
sécurité. Il me dit, en me reconnaissant: Monsieur, vous devriez
permettre le virage à droite sur le feu rouge. Ce serait une très
bonne chose, toutes les autres provinces le permettent, etc. J'ai dit: Ecoutez,
il y a des problèmes de sécurité routière. A
propos, vous ne portez pas votre ceinture de sécurité. Il dit:
C'est trop dangereux cette histoire. Alors, c'est finalement un problème
de mentalité. Or, c'est là-dessus que je veux surtout travailler
dans les mois à venir; ce n'est pas seulement en faisant de grands
"splash" télévisés... je pense qu'il faut essayer de
toucher davantage la conscience populaire.
Quand je travaillais pour l'ancien ministre, le député de
Charlevoix, je me souviens qu'on était allé en Ontario et qu'on
avait visité leurs équipements. Je pense qu'on devrait prendre un
certain nombre de mesures qu'ils ont prises. Je pense qu'ils ont de très
bons films, de bons instruments, et qu'on devrait peut-être les utiliser
davantage ici et aller plus en profondeur que ce qu'on a fait jusqu'à
maintenant. Je ne veux pas renier ce qui s'est fait avant et dire qu'il faut
réinventer la roue, mais je pense qu'il faut donner davantage de poids
à nos interventions et de diversification à nos interventions en
nous attaquant, comme je l'ai dit, aux mentalités et pas simplement
à la répression.
On n'aurait pas assez de policiers de toute façon.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je ne sais pas trop comment
m'y prendre parce que chaque fois que j'interviens, le ministre semble vouloir
monter sur ses grands chevaux. Je lui dirai ceci au sujet de la
sécurité routière...
M. de Belleval: Si le député de Charlevoix restait,
cela irait plus vite et cela irait mieux.
Une Voix: II prend l'exemple de l'Ontario, c'est correct
cela.
M. Gratton: Je lui dirai ceci au sujet...
M. de Belleval: II a plus d'expérience que le
député de Gatineau et il prend cela de façon plus
compliquée.
M. Gratton: Je ne sais même pas comment commencer, M. le
Président, parce que le ministre ne veut pas me laisser commencer.
M. de Belleval: Je vous taquine un peu.
M. Gratton: J'ai parlé hier de la nécessité
pour le gouvernement de prendre d'autres mesures que celles que nous
annonçait le ministre, à savoir la création d'une
direction générale de la sécurité routière
au sein de son ministère. C'est évident que ni lui ni moi ni
personne ne peuvent régler cela du jour au lendemain. C'est
évident aussi et je pense que tous les participants au symposium
sur la sécurité routière qu'avait coor-ganisé la
Régie de l'assurance automobile à Montréal...
M. de Belleval:... l'Université du Québec avec la
participation du ministère des Transports, etc.
M. Gratton: ... presque tous les intervenants ont
accentué, ont insisté sur la nécessité qu'il y ait
une véritable volonté politique qui relève non pas d'un
ministre ou de plusieurs ministres, mais de la plus haute autorité.
Le ministre faisait allusion, tantôt, au fait qu'il y a eu des
courbes qui ont fait que, même d'un continent à l'autre, on avait
des réductions d'accidents ou de blessés...
M. de Belleval: Ou des augmentations.
M. Gratton: Je lui citerai simplement l'exemple qu'il
connaît lui-même, j'en suis sûr, de la France qui, entre 1972
et 1978, a réussi à diminuer le nombre d'accidents mortels de la
route de 17 000, qu'il était en 1972, à 12 000. Comment la France
a-t-elle réussi cela? En faisant trois choses, les trois choses qu'a
mentionnées le ministre; elle n'a pas inventé la roue, elle n'a
pas fait de miracle. Les gens là-bas sont-ils moins latins que nous?
Souvent, on s'entend dire, entre nous, les Québécois: Nous
autres, on ne porte pas la ceinture et on va plus vite que les autres parce
qu'on a un tempérament plus latin? C'est de la foutaise, ça, M.
le Président. Tant et aussi longtemps que vous, le ministre, comme moi,
à titre d'individu, nous sentirons qu'il n'y a réellement de
volonté nulle part d'enrayer les accidents mortels aussi bien que tous
les accidents routiers, nous serons portés à y aller n'importe
comment. Les trois éléments sur lesquels les autorités
françaises ont mis l'accent... Le fait demeure que le ministre devra
admettre qu'en France ça relève directement du premier ministre.
Je pense qu'il y a sept ou huit intervenants à ce symposium qui ont fait
valoir cette nécessité de créer un organisme
spécialisé de coordination des actions en matière de
sécurité routière, organisme qui relèverait de la
plus haute autorité.
Je suis loin de reprocher au ministre de ne pas l'avoir fait, ça
ne relève même pas de lui, mais je lui dis tout simplement que
tout effort dans ce sens sera appuyé pour ce que ça vaut
par l'Opposition officielle; on l'a dit en commission parlementaire, au
cours des témoignages, notamment celui de M. Robert De Coster,
l'ex-président de la Régie de l'assurance automobile. Il nous
apparaît tout à fait inconcevable que, d'année en
année, au Québec, on se vante presque d'avoir le record des
accidents et qu'on se dise: C'est dû à
notre tempérament latin, allons-y, il n'y a pas de
problème là! On l'a vu, en Ontario, dans la région
d'Ottawa. Pendant une période limitée à trois ou quatre
semaines, on a averti, par une campagne publicitaire, les gens:
Dorénavant, pour les quatre prochaines semaines, ceux qu'on prendra et
qui ne porteront pas la ceinture de sécurité seront passibles
d'une amende, je pense que c'était de $22 ou $28. Les sondages ont
démontré qu'on a porté à environ 82% le pourcentage
de ceux qui la portent maintenant la ceinture de sécurité.
Le ministre disait tantôt: On ne peut pas avoir une police pour
chaque voiture. Il n'est pas question de ça, mais les policiers
eux-mêmes jamais, ou presque jamais en tout cas, n'y font quelque
allusion. On arrête les gens pour excès de vitesse, on constate
qu'ils ne portent pas leur ceinture et on ne fait rien. Je sais fort bien que
ce n'est pas du domaine du ministre des Transports de régler ça,
mais tant qu'il n'y aura pas une volonté politique, au niveau du
gouvernement, de faire quelque chose, malheureusement, on va garder le
même record. Je dis au ministre, pour être aussi positif que
possible, pour qu'il ne me fasse pas le procès du
fédéralisme, parce que je pense qu'on n'en a pas parlé
encore...
M. de Belleval: C'est vous qui en parlez, là!
M. Gratton: Là, je vous taquine à mon tour. ...
qu'il pourra compter sur l'Opposition officielle pour toute mesure qui ira dans
ce sens.
M. de Belleval: Juste un mot là-dessus. Je vous remercie
de votre appui, j'en aurai peut-être besoin à un moment
donné parce que, juste entre autres, imposer davantage de
réglementation en matière de port de la ceinture de
sécurité, c'est évident qu'il va y avoir des
récriminations dans certains domaines. Par exemple, on n'oblige pas les
policiers eux-mêmes à porter la ceinture de
sécurité, ça me paraît aberrant. On n'oblige pas les
chauffeurs de taxi qui sont les gens les plus souvent sur la route on va
me dire qu'ils ont moins d'accidents, par mille, que les autres, etc.
autrement dit, on crée toutes sortes de passe-droit pour une classe de
citoyens, alors c'est évident que si on décide d'y aller plus
radicalement dans ce domaine, à l'instar d'autres pays, d'autres
provinces, il est sûr que ça va prendre un certain consensus
social. De ce point de vue, l'appui de l'Opposition sera le bienvenu.
Je veux dire juste une chose: l'Ontario, lui-même, éprouve
de graves problèmes à l'égard du respect de sa loi sur la
ceinture de sécurité. Au tout début, on a obtenu de bons
taux, 80%, mais on a fait de nouvelles enquêtes, récemment, et on
est redescendu à environ 50% bu 60%...
M. Gratton: C'est encore supérieur au Québec.
M. de Belleval: Un peu plus, oui, un peu supérieur
à notre taux. Leur taux de mortalité et de blessures aussi
augmente considérablement par les années qui courent.
Pour terminer sur l'histoire de la France, justement tout le monde
arrive et dit: Ecoutez: voyez-vous, on a institué trois mesures et, du
jour au lendemain, il y a eu une baisse. Finalement, les scientifiques qui
s'occupent de ces dossiers se sont mis à regarder ce qui se passait
ailleurs dans d'autres pays au cours de la même année. On s'est
rendu compte que dans tous les pays du monde, cette année-là, il
y a eu une baisse radicale des morts et des blessés.
Tout cela pour dire que les Français eux-mêmes ne sont pas
si certains que les résultats qu'ils ont obtenus sont dus à leurs
trois fameuses mesures. Eux aussi, ce temps-ci se plaignent que,
malheureusement, après une accalmie d'un an ou deux, les morts et les
blessés sont repartis sur la courbe ascendante. Enfin, le
problème n'est pas simple. Je reconnais, et je suis d'accord avec le
député de Gatineau, que cela prend une volonté politique
forte. Mais cela prend aussi, comme je l'ai dit hier, une volonté
politique forte qui est appuyée par une technocratie, des techniciens et
un support administratif forts. Ce ne sont pas seulement avec des annonces dans
les journaux et des rappels à l'ordre, même des campagnes
éclair comme celle qu'on mentionnait à Ottawa-Hull
même si c'est utile qu'on va régler le problème
à plus long terme. Il nous faut nous donner un support logistique plus
fort que celui qu'on a eu jusqu'à maintenant.
Je termine sur un autre aspect. Par exemple, les policiers ont un
rôle important. Il va falloir d'abord faire un peu de pédagogie
auprès des policiers eux-mêmes. Si l'on veut qu'ils en fassent
ensuite auprès des conducteurs. Il va falloir apprendre un certain
nombre de choses aux policiers. Les policiers n'apprenent pas cela
prioritairement, dans leur école de police, la sécurité
routière. Ils apprennent autre chose prioritairement.
Vous savez aussi que pour eux dans une première
étape, en tout cas jusqu'à ce qu'ils en soient plus conscients
la sécurité routière n'est pas aussi valorisante
pour un policier de la Sûreté du Québec ou d'une
sûreté municipale, comme secteur d'activités qu'autre chose
de plus flamboyant. Mais je pense qu'il y a une évolution. Il s'agit de
tabler là-dessus et d'intervenir plus vigoureusement. Vous avez
raison.
M. Gratton: M. le Président, est-ce qu'on peut passer
maintenant à autre chose?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
Construction du réseau routier (suite)
M. Gratton: J'aimerais revenir à la construction du
réseau routier, autoroutier en particulier. Je voudrais simplement
demander au ministre s'il peut nous donner des précisions quant à
l'échéancier des travaux qui sont présentement connus pour
l'autoroute A 13; vers Mirabel, et l'autoroute
A 50, jusqu'à Mirabel.
M. de Belleval: Je m'excuse...
M. Gratton: Les échéanciers les plus précis
possible quant au parachèvement ou aux travaux sur la A 13 vers Mirabel
et sur la A 50 jusqu'à Mirabel.
M. de Belleval: En ce qui concerne...
M. Gratton: On a parlé de la A 50, ce matin, dans le
secteur de l'Outaouais, mais plus loin...
M. de Belleval: En ce qui concerne la A 50, entre Masson et
Mirabel, les coûts sont actuellement évalués à $150
000 000, $175 000 000, pardon, pour une autoroute complète, soit deux
voies dans chaque sens.
Face à l'ampleur de ces montants, j'ai demandé à la
Direction générale du génie de me monter un dossier sur
les étapes possibles de réalisation de ce réseau, selon
différentes hypothèses. Quand j'aurai ce rapport, il me fera
plaisir de transmettre au député de Gatineau les
possibilités qui existent et les décisions que nous pourrons
prendre à la lumière de ces hypothèses de
réalisation.
En ce qui concerne l'autoroute...
M. Gratton: Si le ministre me permet. Donc, on doit conclure pour
le moment, au moment où nous nous parlons, que c'est en l'air dans le
sens que cela pourrait être tout aussi bien un début de travaux,
l'an prochain, comme un début de travaux, jamais.
M. de Belleval: C'est-à-dire que les travaux se
poursuivent actuellement dans le secteur entre Masson et la ville de
Hull...
M. Gratton: Non, je parle de Masson jusqu'à Mirabel.
M. de Belleval: Oui, mais seulement pour ce tronçon, il y
a une quarantaine de millions de dollars de travaux d'engagés.
M. Gratton: Je l'admets. On l'a admis ce matin. Je le
réadmets cet après-midi. Moi, je parle de Masson-Mirabel.
M. de Belleval: Moi, je veux bien faire accélérer
tout cela en même temps. Tout à l'heure, ce sera le
député de Bellechasse qui dira: Quand
accélérerez-vous mon chemin rural?
M. Gratton: Je ne vous demande pas d'accélérer. Je
vous demande de me dire ce que vous en savez.
M. de Belleval: J'essaie de placer le dossier dans sa
perspective.
M. Gratton: Non, mais il est susceptible, le ministre. Il
s'imagine toujours qu'on l'attaque. Je lui demande une information.
M. de Belleval: Je vous l'ai donnée.
M. Gratton: Vous me l'avez donnée, mais je vous demande de
la préciser. On ne le sait pas présentement, c'est ça? Il
n'y a pas de honte à ce que le ministre nous dise: On n'est pas en
mesure de le dire maintenant. C'est tout. Je n'irai pas me promener dans le
comté d'Argenteuil, et dire: Regardez donc... (17 h 45)
M. de Belleval: Le député de Gatineau n'a pas
à me souffler des mots pour mes réponses; je lui donne des
réponses, il est content de mes réponses ou il n'en est pas
content, mais il n'a pas...
M. Gratton: Je ne suis pas content!
M. de Belleval: Vous n'êtes pas content! Dites que vous
n'êtes pas content et c'est parfait; je ne m'attends pas à ce que
vous soyez content, vous êtes toujours de mauvaise humeur!
M. Gratton: Essayez donc de me contenter de temps en temps.
M. de Belleval: Je veux bien, mais vous êtes difficile
à contenter.
M. Gratton: Une fois!
M. de Belleval: Avez-vous un problème, dans votre
comté, que je pourrais régler demain?
M. Gratton: Non.
M. de Belleval: Bon, vous voyez, même là vous dites
non; vous dites toujours non. Je vous offre de régler vos dossiers et
vous ne voulez même pas.
M. Goulet: Moi, je dirais oui, M. le Président, à
une telle question!
M. Gratton: N'ayez pas peur, je ne vous la poserai pas comme
ça!
M. de Belleval: Vous êtes moins négatif que le
député de Gatineau.
Quant à la route A 13, là aussi, les travaux
étaient arrêtés, à toutes fins pratiques, j'ai eu
des représentations de la part en particulier du parc industriel
aéroportuaire de Mirabel et j'ai fait préparer un projet qui nous
permettrait de compléter le réseau actuel, au moins sur une voie,
entre la fin actuelle de l'autoroute 13 et le prolongement, si on veut, de la
route 148, la route qui va...
M. Gratton: Je ne sais pas.
M. de Belleval: Vous passez toujours par l'Ontario et,
finalement, vous ne savez pas le numéro de la route.
M. Gratton: Je ne vais jamais à Mirabel.
M. de Belleval: La route de Lachute, c'est la route 148.
M. Gratton: C'est ce que j'avais dit; je me suis surpris
moi-même!
M. de Belleval: On pourra prendre une décision, à
ce moment, quant à la construction au moins de cette première
travée qui permettrait de desservir, entre autres, le parc industriel
aéroportuaire ou de fournir un service adéquat pour l'instant,
puisque, en ce qui concerne en tout cas la desserte comme telle de Mirabel, on
n'a pas besoin d'une autoroute supplémentaire. D'ailleurs, les plans de
ce tronçon sont prêts à 80%, il reste à les terminer
et, ensuite, à mettre ça dans la programmation.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Merci, M. le Président. Je voudrais revenir sur trois ou quatre
points, mais ça touche les programmes 3 et 4. C'est pour peut-être
récupérer quelques centaines de milliers de dollars pour faire un
peu de travaux dans Bellechasse et aussi dans
Kamouraska-Témiscouata.
Hier soir, étant donné que l'Assemblée nationale ne
siégeait pas et qu'il n'y avait pas de commission non plus, j'ai
rencontré quelqu'un de Québec, j'ai discuté avec lui qu'on
était à l'étude des crédits du ministère des
Transports. Connaissant le bonhomme qui travaille pour le ministère des
Transports pas ici à Québec, mais je ne nommerai pas la
place il me disait: Vous auriez beau récupérer des
dollars; dans certaines divisions de la voirie, il se fait des abus. Il m'a
dit: Je vais vous donner un exemple, hier, il pleuvait à plein ciel, on
a sorti quand même et le patron de l'équipe il est sur une
équipe d'arpentage a tenu à sortir quand même,
même si on n'est pas sorti de la voiture et qu'on n'a rien fait, mais il
avait une allocation pour faire le trajet de 35 ou 40 milles.
Voyez-vous, je pense que si ça se produit ici, ça doit se
produire un peu partout et on pourrait peut-être récupérer
quelques milliers de dollars avec lesquels on pourrait faire de la construction
de routes, aussi bien dans Bellechasse que dans
Kamouraska-Témiscouata.
C'est pour ça que je soulève ce point. Ce n'est pas la
première fois que celui-ci est porté à mon attention;
même que des voitures du ministère des Transports resteraient dans
la cour et que des employés prendraient leur automobile parce qu'ils ont
des allocations pour frais de dépenses. J'ai trouvé ça un
peu curieux et lui ai demandé de m'amener des preuves et que j'irais
plus loin. C'est ce point que je voulais souligner; on pourrait faire un peu
plus de routes dans Bellechasse.
M. de Belleval: Je vais prendre bonne note des remarques du
député. Je pense que les gestionnaires ont la
responsabilité, dans chacun des districts, d'utiliser leurs ressources
à bon escient.
Quand il y a des faits qui sont portés à notre
connaissance et qu'on est en mesure de les vérifier, on prend les
mesures appropriées. Même si on n'est pas en mesure de les
vérifier, ça nous permet aussi d'apporter quand même des
mises en garde nécessaires.
Je tiens à dire que les faits que vous rapportez doivent
être, de toute façon, certainement exceptionnels, parce que c'est
rare qu'on ait des faits précis qu'on nous soulève de ce
côté-là, particulièrement en ce qui concerne
l'utilisation des voitures personnelles versus les voitures du
ministère... à savoir que des gens utiliseraient des voitures
personnelles pour se faire payer une allocation plutôt que de prendre une
voiture du ministère qui est disponible... Je dois dire que cela me
paraît hautement invraisemblable, parce que justement la politique
générale du gouvernement, c'est d'utiliser les véhicules
des fonctionnaires en général et de leur payer une compensation
en retour. Nous n'avons pas mis sur pied une flotte importante de
véhicules propres au ministère des Transports, avec tous les
problèmes que cela comporte, justement à cause de cet
arrangement. Il peut toujours y avoir un cas particulier, mais la politique
générale c'est qu'au contraire on utilise les véhicules
des employés et on leur paie un dédommagement. On évite
ainsi de s'équiper de véhicules en nombre important avec tous les
problèmes de logistique que cela implique, et souvent des coûts
qui seraient encore plus difficiles à contrôler.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Je suis d'accord, M. le ministre.
M. de Belleval: C'est fait toujours... Dans une administration
qui comprend 12 000 employés à temps plein, il y a toujours des
histoires d'horreur qui circulent, mais il ne faut pas les prendre à
leur face même. Mais quand on a des faits précis, on les
rapporte.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
D'accord, M. le ministre, que c'est peut-être...
M. de Belleval: Si vous en avez, cela me fera plaisir de les
regarder.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
C'est encore moins coûteux peut-être pour le
ministère des Transports de louer une voiture que d'en acheter une, je
suis d'accord avec cela. Etant donné que les gens font le voyage, qu'ils
ne sortent même pas du véhicule et qu'ils reviennent... le gars
dit que c'est le millage qu'il voulait faire, le chef d'équipe, c'est
son millage, parce qu'il est payé. C'est encore moins dangereux de les
voir jouer aux cartes ou dans la salle...
M. de Belleval: II faudrait vérifier le fait que vous me
soulevez là. Il faudrait savoir...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
C'est ce que j'ai demandé d'ailleurs.
M. de Belleval: ... qui a fait quoi à quelle heure, et on
va vérifier.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
J'ai demandé au type de me faire un rapport là-dessus.
M. de Belleval: II y a 60 chefs de district avec je ne sais trop
combien... 300 chefs d'équipe...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Oui.
M. de Belleval: ... il peut y en avoir un parmi eux qui s'en va
en vadrouille.
M. Gratton: Je ne serais pas surpris du tout que ce soit
arrivé au sein des 12 000 employés du ministère des
Transports, parce que cela arrive même parmi les députés,
et je le dis avec autant plus de liberté que cela ne s'applique pas au
député de Kamouraska-Témiscouata, ni au ministre, ni au
député de Bellechasse. Mais on a des députés qui
souvent prennent leur automobile pour venir à Québec et faire
exactement la même chose, c'est-à-dire rien, et pourtant nous ne
sommes que 113.
M. Goulet: Amenez-moi un cas, M. le Président.
Bureau des véhicules automobiles
M. Gratton: Pourrions-nous passer au Bureau des véhicules
automobiles, M. le Président...
M. de Belleval: Je suis tout à fait d'accord.
M. Gratton:... et demander, compte tenu de la présence du
directeur général du BVA, si on a réussi cette
année, puisqu'il ne s'agissait pas de remplacer des plaques
d'immatriculation, mais bien d'expédier ou de fournir des autocollants,
si on a réussi à satisfaire toutes les personnes qui avaient fait
leur demande par la poste avant le 29 février, tel qu'il était
entendu. On sait que les personnes qui faisaient leur demande avant le 29
février par la poste étaient assurées de recevoir
l'autocollant avant la date limite d'expiration de leur plaque,
c'est-à-dire le 31 mars. Est-ce qu'on a réussi à faire la
distribution de ces autocollants par la poste à tous ceux qui en avaient
fait la demande?
M. de Belleval: Oui, on a réussi avec même quelques
jours d'avance. Il y a des gens qui nous ont envoyé leur demande
après le 29 et qui l'ont reçu à temps. Alors, on a
réussi à remplir nos engagements de ce côté. Enfin,
il y a toujours le cas particulier, la personne qui appelle et dit... sur je ne
sais combien de milliers. Mais souvent on se rend compte que le problème
peut venir de la personne elle-même qui n'a pas complété
ses documents, mais on peut dire que généralement la
réponse est oui.
M. Gratton: Est-ce qu'il est exact ou est-ce qu'on pourrait me
dire si dans certains cas on a dû avoir recours à une agence de
messagerie, du genre Purolator, pour livrer les autocollants à domicile,
à ces personnes, de façon à respecter l'engagement qu'on
avait pris de fournir les autocollants avant le 31 mars?
M. de Belleval: Oui, cela arrive parfois pour des livraisons
particulières, entre autres, les flottes d'autobus ou les flottes de
camions où on a un système de messageries pour aller livrer les
documents.
M. Gratton: Cela se comprend. Mais est-ce que...
M. de Belleval: Mais on ne fait pas cela pour des
particuliers.
M. Gratton: On ne l'a pas fait du tout pour des particuliers?
M. de Belleval: Ce serait exceptionnel. Je ne pense pas, pas
à notre connaissance.
M. Gratton: D'accord. Maintenant, concernant la demande de
personnes qui voulaient obtenir leur renouvellement par la poste, elles
devaient signer la formule appropriée. Est-ce qu'il est exact que, sur
la copie anglaise de la formule, il s'est avéré qu'une erreur se
serait glissée et qu'on n'aurait pas prévu l'endroit
nécessaire pour signer?
M. de Belleval: Je vais transmettre la copie anglaise. Je crois
qu'on l'a ici.
M. Gratton: II me suffirait qu'on me dise que c'est inexact.
M. de Belleval: Alors, il va voir que les copies anglaise et
française sont absolument identiques. "Signature owner", voyez-vous?
Elles sont absolument identiques.
M. Gratton: Le permis de conduire ou le permis de chauffeur est
disponible en anglais, sur demande. Est-ce exact? Non.
M. de Belleval: La demande de permis, la demande pour obtenir un
permis, oui, elle est disponible en anglais.
M. Gratton: Mais le permis lui-même n'est pas
disponible?
M. de Belleval: Le permis lui-même, comme c'est un document
officiel, est transmis en français seulement.
M. Gratton: D'accord. M. le Président, est-ce que le
ministre pourrait nous éclairer, quant aux nombreuses
déclarations, aux articles de journaux qui ont paru, en février
dernier, où on se référait,
dans certains cas, à une mise en tutelle du Bureau des
véhicules automobiles, ou à d'autres moments, on parlait de la
possibilité d'une régie d'Etat autonome qui remplacerait le
Bureau des véhicules automobiles. On sait que cela faisait suite
à une étude commandée par le Conseil du trésor. Le
ministre pourrait-il nous fournir des informations?
M. de Belleval: II existe, bien sûr, des difficultés
de gestion courante, à l'intérieur du Bureau des véhicules
automobiles, qui sont causées essentiellement par l'augmentation rapide
des responsabilités nouvelles si je puis dire qui ont
été données au bureau, accompagnées aussi de
changements dans les procédures administratives ou dans la façon
de faire les choses. Qu'on pense simplement à cette année, par
exemple, quand on passe d'un système de plaques annuelles à un
système de plaques pluriannuelles, d'un système de plaques
à un système d'autocollants, etc. Enfin, tous les changements qui
ont été apportés au cours des dernières
années.
A mon avis, ce problème est un problème de structures,
c'est-à-dire qu'on demande au Bureau des véhicules automobiles,
dans le contexte ministériel, avec tout ce que cela implique de
contraintes, d'effectuer à toutes fins pratiques des opérations
commerciales, à la chaîne, qui demandent une espèce
d'unité d'action, en termes de contrôle des ressources, tant du
côté des services financiers que des services techniques. Qu'on
pense, par exemple, au service de l'informatique, du personnel,
matériel, etc.
Au fond, je pense qu'il faut être honnête envers les gens
qui dirigent un organisme. Il faut leur demander de rencontrer des objectifs,
mais il faut aussi leur donner les moyens d'atteindre ces objectifs. Je pense
que, compte tenu des nouvelles responsabilités qui ont été
données au Bureau des véhicules automobiles, les moyens n'ont pas
suivi le même rythme. A mon sens, la meilleure façon de
régler cela, c'est de donner au Bureau des véhicules automobiles
le statut d'organisme autonome de façon qu'il puisse contrôler
leurs ressources et leurs intrants. Après cela, nous pourrons les
contrôler sur leurs extrants, un peu comme on le fait avec la
Régie de l'assurance automobile du Québec, avec la Régie
des rentes du Québec, etc. Au fond, c'est un service à la
chaîne, c'est une opération de production bien précise et
ça correspond parfaitement à la définition qu'on donne
à un organisme autonome. (18 heures)
Le Président (M. Boucher): Messieurs, nous en sommes
à l'heure de la suspension. Est-ce que nous revenons ce soir à 20
heures?
Des Voix: Oui.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux à ce soir, 20 heures.
M. de Belleval: ... de construction de voirie régionale,
par année, le rythme est, bon an mal an il est très
difficile d'établir des statistiques absolument précises, il
faudrait prendre tous les bordereaux de travaux les uns après les autres
et additionner les milles et les kilomètres parce que le prix n'est pas
le même d'un projet à l'autre en moyenne on fait à
peu près 800 kilomètres de pavage nouveau par année en
voirie régionale et 1500 kilomètres de réfection en voirie
régionale. Cela donne, en tout et partout, à peu près 2300
kilomètres.
M. Goulet: Cette année, de combien va-t-on augmenter en
fait de travaux réalisés en comparaison avec l'an passé?
Environ.
M. de Belleval: J'affirme qu'on va certainement augmenter de 10%,
compte tenu de l'augmentation du budget et de la diminution des normes
nouvelles que nous instituons.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux à 20 heures.
Fin de la séance à 18 h 2
Reprise de la séance à 20 h 15
Le Président (M. Boucher): A l'ordre! s'il vous
plaît.
A la suspension de 18 heures, nous en étions toujours à
l'étude des crédits. M. le ministre, est-ce que vous aviez
terminé votre interventionen réponse à la question du
député de Gatineau sur les difficultés du BVA?
M. de Belleval: Oui, je pense que j'avais fait le point
là-dessus. Il y avait peut-être un élément
additionnel. C'est qu'à la suite de l'examen qui a été
fait en collaboration avec le ministère des Transports,
particulièrement les gens du Bureau des véhicules automobiles et
le personnel du secrétariat du Conseil du trésor, nous avons mis
sur pied un groupe spécial au sein du ministère pour faire en
sorte qu'on soit en mesure de régler le dossier le plus important
à court terme, je pense, c'est-à-dire celui de
l'efficacité des systèmes d'informatique comme tels. Je pense que
là-dessus nous avons mis à l'oeuvre un
coor-donnateurspécialisé sur le plan de l'informatique. La
priorité, à très court terme, a été
l'émission qui vient de se terminer et je pense qu'elle s'est
très bien faite. Je pense que cela a été un succès.
Maintenant, nous ' allons nous attaquer aux problèmes à plus long
terme, de façon à mettre de l'ordre dans les services
d'informatique.
Il n'est pas question, bien sûr, de tutelle au-dessus du Bureau
des véhicules automobiles. Tout cela se fait à l'intérieur
même de ce bureau, dans le cadre normal du ministère des
Transports et en collaboration avec d'autres intervenants
intéressés, en particulier la direction de la Régie de
l'assurance automobile du Québec.
II faut bien voir aussi que, sur le plan du contrôle des fonds, il
n'y a pas de trou, pour employer une expression qui a cours de ce temps-ci.
M. Goulet: Non, mais il y en a dans les routes.
M. Gratton : Le député de Bellechasse dit que les
trous sont dans les routes de son comté.
M. de Belleval: Je pense que, de ce côté, nous avons
surtout affaire à des problèmes d'intendance quand même,
à des problèmes de support ou à des problèmes
techniques, non pas à des problèmes de fonds, c'est le cas de le
dire.
M. Gratton: Le ministre est-il en mesure de nous confirmer
l'information à savoir que, selon la Sûreté du
Québec et d'autres corps policiers, environ 20% des dossiers du BVA
comporteraient des erreurs?
M. de Belleval: Vous dites 20%? Non. Le taux est autourde 5%ou
6%. Il faut bien voiraussi que toutes les erreurs n'ont pas la même
signification. Il peut y avoir une erreur sur une fiche qui ne porte pas
nécessairement à conséquence. Il semble que la norme que
l'on devrait viser serait de 2%. Donc, notre taux serait quand même
supérieur à la norme, mais ce n'est quand même pas la
catastrophe que laissent percevoir, parfois, certains titres de journaux qui ne
correspondent pas, d'ailleurs, très souvent, au contenu même de
l'article, quand on dépasse le titre.
M. Gratton: Je me réfère ici, M. le
Président, à un article signé par M. Paul Bennett, dans le
Soleil du 6 février.
M. de Belleval: Oui.
M.Gratton: Le titre est: "20% d'erreurs dans les dossiers". Dans
le texte, on dit bel et bien: "Tel est, selon l'étude effectuée
par le secrétariat du Conseil du trésor, l'un des nombreux
inconvénients causés par le fait que plus de 20% des dossiers du
fichier d'immatriculation du BVA ne soient pas à jour. Les corps
policiers, particulièrement la Sûreté du Québec,
lit-on dans le résumé du rapport et là, quand on
parle du résumé du rapport, j'imagine que quelqu'un l'a vu
quelque part ne pouvaient, au moment de l'étude, avoir
accès à tous les dossiers d'immatriculation, au-dessus de 20% des
dossiers n'étaient pas accessibles."
M. de Belleval: C'est cela.
M. Gratton: Alors, cette étude, en fait, existe; est-ce
que...
M. de Belleval: D'accord. Je peux donner une explication sur le
chiffrequi est porté là. L'étude a été faite
à un moment donné. A cet instant-là, il pouvait y avoir
20% d'erreurs parce qu'on était au milieu des débrayages
sporadiques des fonctionnaires. Par exemple, immédiatement après
l'immatriculation, le nombre d'erreurs est plus élevé dans les
dossiers que trois ou quatre mois plus tard, quand les dossiers ont
été validés.
Alors, il se pourrait bien qu'à un moment donné il y ait
eu 20% d'erreurs dans les dossiers, comme je disais, au moment des
débrayages ou immédiatement après une campagne de
renouvellement des plaques ou des permis des plaques, parce qu'au niveau
des permis, le problème ne se pose pas de la même façon
puisque, maintenant, le renouvellement des permis est périodique. Mais
quand on parle de 5% d'erreurs, c'est le taux moyen d'erreurs sur la
période normale, une fois la validation des dossiers faite.
M. Gratton: Donc, par rapport au programme de renouvellement de
l'immatriculation pour cette année, le BVA est satisfait du
succès de l'entreprise?
M. de Belleval: Je pense qu'on peut dire que l'opération
s'est très bien déroulée, d'autant plus qu'il y avait un
autre changement cette année, auquel il a fallu quand même
habituer la population, à savoir les nouveaux collants. Il est
évident que, même si un système est relativement simple,
qu'il est en utilisation dans beaucoup d'Etats américains ou au Canada,
dans les provinces canadiennes, il reste que, quand on implante un nouveau
système, si simple soit-il, cela cause des problèmes de
transition. Or, je pense que le BVA a fait face à ces difficultés
de façon correcte.
Mais, il faut voir aussi qu'on doit compter avec les habitudes des gens.
Par exemple, pendant tout le mois qui a précédé la date
d'échéance du renouvellement, nos bureaux, un peu partout
à travers le Québec, pendant des semaines, des jours, n'ont pas
été achalandés. Tout à coup, durant les quinze
derniers jours ou la dernière semaine, tout le monde arrive en
même temps. C'est évident que si...
M. Gratton: Cela ne vous a pas surpris?
M. de Belleval: Je ne crois pas, je pense que c'est normal.
Evidemment, ce n'est pas de nature à faciliter, là encore, la
qualité du service et la qualité aussi du travail fait par les
surnuméraires, les occasionnels, durant une période intensive de
quinze jours, comme cela, jusqu'à des heures tardives dans la
journée. C'est ce qui explique, entre autres, là aussi, une des
raisons pour lesquelles il y a des erreurs.
Ma conviction, c'est qu'il faut, de ce point de vue, changer le
système fondamentalement, dans le sens qu'on devrait aller, du
côté du renouvellement de l'immatriculation, vers un
système analogue à celui que l'on a du côté du
renouvellement des permis; on renouvelle maintenant les permis à la date
de naissance des individus, ce qui veut dire qu'on répartit le travail
sur douze mois par année également au lieu de faire tout cela en
même temps. Cela pose peut-être des problèmes, là
encore, de transition supplémentaire, quand on va aller du
système actuel à un autre, mais je pense que c'est ce vers quoi
on va aller et ce serait une des façons d'améliorer, de
façon draconienne, la rentabilité et la productivité de
nos ressources en étalant la période de renouvellement sur toute
l'année. Cela aura des conséquences directes sur la validation de
nos dossiers aussi, à ce moment-là.
M. Gratton: M. le Président, une dernière question,
quant à moi, par rapport au Bureau des véhicules automobiles et
qui est plutôt d'intérêt local. Est-ce qu'on peut
espérer l'implantation d'un poste...
M. de Belleval: A Gatineau?
M. Gratton:... dans la ville de Gatineau, dans le comté de
mon bon ami, le député de Papineau qui m'a demandé de
faire son travail ce soir.
M. de Belleval: Je n'ai pas écouté la fin de vos
remarques et...
M. Gratton: J'ai dit que mon bon ami, le député de
Papineau, m'a demandé de faire son travail ce soir. Je le fais avec
plaisir.
M. de Belleval: Oui. Il paraît que maintenant on a deux
Noirs dans Gatineau.
M. Gratton: Pas pour longtemps. Moi, ce n'est pas permanent.
M. de Belleval: Cela reflète bien le manque de
stabilité du Parti libéral. Le député de Gatineau,
je pense, a une très grande qualité. Il est très
persistant quand vient le temps de s'occuper d'un de ses dossiers. Pendant
certains jours, j'ai eu deux appels téléphoniques par our du
député de Gatineau pour me demander des nouvelles de son
bureau.
M. Gratton: Excusez, vous êtes en train de me
prêter... Je ne vous appelle pas...Vous voulez dire du
député de Papineau. Moi, je ne vous appellerais pas deux fois par
jour, certain.
M. de Belleval: Non, comme je disais tantôt, je vous ai
même offert de régler un dossier, vous m'avez dit non.
M. Gratton: Réglez donc celui-là, tiens.
M. de Belleval: C'est réglé, à mon niveau,
la demande est rendue maintenant au Conseil du trésor. Je suppose
qu'elle sera inscrite à une réunion très prochaine du
Conseil du trésor pour approbation.
M. Gratton: On peut espérer qu'au cours...
M. de Belleval: Quant à moi, la recommandation est claire
et nette et cela s'impose d'avoir un bureau additionnel dans Gatineau.
J'espère que cela pourra être fait le plus tôt possible.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Oui, M. le Président, merci. Très
rapidement, deux courtes questions au niveau du BVA. Il y a des compilations
d'informations au niveau des individus au BVA. Est-ce qued'abord il existe des
échanges d'informations avec d'autres ministères ou d'autres
organismes gouvernementaux ou para-gouvernementaux et qu'est-ce qui assure la
confidentialité de ces dossiers?
M. de Belleval: Là-dessus, il y a deux règlements
du directeur du bureau, ce sont deux arrêtés en conseil, deux
règlements gouvernementaux, donc, qui déterminent les conditions
selon lesquelles les renseignements du fichier peuvent être transmis
à certains corps constitués ou à certaines instances
privées. Je pourrai faire parvenir des copies de ces deux
règlements au député de Bellechasse, ce sont des documents
publics. Ces règlements prévoient à qui on peut donner des
renseignements et selon quel tarif. Parexemple.il faut donnerdes renseignements
aux corps policiers, cela va de soi, aux compagnies d'assurance ou aux avocats
qui sont impliqués dans des litiges ou encore à l'individu
lui-même en ce qui concerne son propre dossier. Maintenant, le
règlement ne permet pas la divulgation de renseignements sans
contrôle et pour des fins privées, des fins lucratives
intéressées, des choses comme cela.
M. Goulet: Cela fait du monde, M. le Président. Quelqu'un,
par exemple, un assureur peut savoir si personnellement j'ai six points de
démérite à mon dossier; il peut savoir cela facilement
étant donné qu'il est assureur, oui ou non? Un assureur, par
exemple, est-ce qu'il peut...
M. de Belleval: Oui.
M. Goulet:... connaître certains volets de mon dossier, par
exemple, un assureur, une compagnie d'assurance?
M. de Belleval: Cela dépend quel genre de renseignements,
parexemple; de quoi parlez-vous?
M. Goulet: Exemple, je peux avoir des points de
démérite à mon dossier, des choses comme cela. Quels
renseignements pouvez-vous donner, rapidement? (20 h 30)
M. de Belleval: En ce qui concerne les infractions qui sont
sanctionnées par la loi, comme toute sanction judiciaire, il s'agit d'un
renseignement public. Dans ce cas-là, il n'y a pas de différence
entre le comportement du Bureau des véhicules automobiles ou tout greffe
de cour de justice. Vous pouvezavoiraccès à tout renseignement,
de ce point de vue, qui a trait à n'importe quelle infraction de
n'importe quel citoyen au Québec. Les cours de justice et leurs
décisions sont publiques. Ce genre de renseignements est assimilé
à une décision de cour de justice. Or, cela est public; oui, cela
est possible.
M. Goulet: C'est-à-dire qu'en réalité on
peut donner certains renseignements mais la confiden-tialitédesdossiers
personnels des conducteursn'est pas assurée...
M. de Belleval: Je peux vous lire rapidement la disposition
clé du règlement no3 là-dessus. C'est un règlement
qui est en vigueur depuis 1972 et qui a
succédé à un règlement analogue avant 1972.
L'article 3 dit: Aucun renseignement sur une matière de la
compétence du bureau ne peut être communiqué sous quelque
forme que ce soit sans l'approbation du directeur, lequel relève
directement du ministre pour les fins du présent chapitre. Un tel
renseignement n'est communiqué que si le demandeur fait la preuve qu'il
a un intérêt légitime de l'obtenir. Une fois le
renseignement ainsi fourni, il ne peut être vendu, donné ou
divulgué à moins d'une autorisation expresse à cet effet,
sauf dans les cas de renseignements fournis à un corps public de police
pour des fins de sécurité publique ou à un autre
ministère pour des fins gouvernementales. Le
direc-teurdoitpercevoirlesdroitsprévus dans chaque cas.
Les renseignements visés au paragraphe précédent ne
comprennent pas les prises de microfilms pour les besoins
autresqu'exclusivementdu gouvernement, lesquelles prises, etc..
Nonobstant le paragraphe no 5, tout renseignement doit être
entièrement et exclusivement fourni sous la responsabilité du
directeur ou au moins du personnel d'équipement du bureau. Il est
interdit de mettre, moyennant considération ou non, à la
disposition du requérant tout renseignement, ou de son
préposé une pièce d'équipement gouvernementale ou
un espace dans les locaux du gouvernement ou de lui permettre d'être
présent dans une aire réservéeà l'usage des
fonctionnaires dans les locaux du gouvernement.
Il y a un autre règlement qui complète celui-là, le
règlement no 4 qui dit: Tout renseignement sur les permis
délivrés par le bureau ne peut être communiqué sous
quelque forme que ce soit sans l'approbation spécifique du directeur ou
d'une personne qu'il affecte à cette fin. Un tel renseignement n'est
communiqué que si le demandeur fait la preuve qu'il a un
intérêt légitime de l'obtenir...
M. Goulet: Là-dessus, M. le Président, sur ce point
précis. Est-ce qu'il...
M. de Belleval: ...Toutefois le renseignement ne peut être
donné, vendu ou divulgué à moins d'une autorisation
expresse à cet effet.
M. Goulet: Est-ce qu'il y a beaucoup de personnes
affectées à cette fin? Est-ce que le directeur a donné un
mandat à plusieurs personnes? "Tout renseignement sur les permis
délivrés par le bureau ne peut être communiqué sous
quelque forme que ce soit sans l'approbation spécifique du directeur ou
d'une personne qu'il affecte à cette fin". Est-ce qu'il y a beaucoup de
personnes affectées à cette fin?
M. de Belleval: II existe un service spécialisé de
renseignements qui comprend une dizaine de personnes qui sont affectées,
pour la plupart, à la fourniture de renseignements aux corps policiers.
Par exemple, un policier vous arrête sur la route et veut obtenir un
renseignement à partir du fichier; électroniquement, il peut
l'obtenir. Ce sont ces personnes-là qui sont affectées pour
donner ces renseignements.
En ce qui concerne les dossiers individuels, les demandes
particulières, nous ne traitons que des demandes soumises par
écrit et nous répondons toujours parécrit. L'autorisation
est toujours donnée par le directeurde ce service de renseignements ou,
s'il s'agit d'un cas plus particulier, qui sort de la routine, par le directeur
du Bureau des véhicules-automobiles lui-même.
M. Goulet: Dernière question, M. le Président. Si
je veux savoir, sans raison majeure autre qu'en inventer, à qui
appartient tel véhicule, sur un simple coup de téléphone,
en mentionnant le numéro d'enregistrement de l'automobile, est-ce que je
peux savoir le nom du propriétaire et l'adresse?
M. de Belleval: Non.
M. Goulet: Vous êtes su r de cela.
M. de Belleval: II va falloir que, dans un cas semblable, vous
procédiez comme je l'ai dit: par écrit, qu'on vous réponde
par écrit et que vous donniez une raison légitime à sa
face même.
M. Goulet: La confidentialité est assurée à
toute épreuve. Il faut que je le fasse par écrit. Vous ne pensez
pas que cela peut se faire facilement?
M. de Belleval: Les employés du bureau eux-mêmes
sont soumis à leur serment de discrétion. Mais si
vous-même, je ne sais pas, vous êtes chez vous à une partie
de sucre et que vous rencontrez votre beau-frère qui est affecté
aux renseignements et que vous lui dites: Peux-tu me sortir tel renseignement,
s'il vous donne ce renseignement, à ce moment, de façon
privilégiée à vous, il vient de violer son serment
d'office. Mais il n'a pas le droit de faire ça.
M. Goulet: D'accord. Est-ce que le ministre est au courant
je ne dirais pas que ça se fait à des centaines d'exemplaires
que ça se fait? Est-ce qu'il a déjà tenté
l'expérience lui-même?
M. de Belleval: D'obtenir des renseignements comme ministre, vous
voulez dire?
M. Goulet: Non, par téléphone.
M. de Belleval: Comme citoyen ordinaire, non, je ne l'ai jamais
tentée.
M. Goulet: Vous ne l'avez jamais tentée.
M. de Belleval: Vous-même, vous l'avez tentée et
vous avez eu des renseignements?
M. Goulet: C'est ce que je voulais savoir. Non, je veux le savoir
du ministre. Il dit qu'il assure la confidentialité et que tout le monde
est sous serment. Moi, je dis que c'est relativement facile.
M. de Belleval: Avez-vous des cas?
M. Goulet: Non, c'est relativement facile. Je voudrais que la
confidentialité de ces informations
soit vraiment tenue et ça ne l'est pas toujours. Ce ne sont pas
des reproches, mais ça ne l'est pas toujours. C'est assez facile d'avoir
des renseignements sans avoir besoin d'écrire.
M. de Belleval: II faut bien voir aussi que les renseignements
qu'on possède...
M. Goulet: Je le souligne. Ce n'est pas...
M. de Belleval: ... ne font pas partie des renseignements
superconfidentiels de notre société.
M. Goulet: Non.
M. de Belleval: II n'en reste pas moins qu'on a des directives et
qu'on renouvelle les directives régulièrement auprès des
employés. Je pourrais vous en faire parvenir une.
M. Goulet: D'accord. Alors, elles vont être
renouvelées demain matin, encore une fois?
M. de Belleval: Regardez, j'en ai une ici du 27 septembre 1979:
"Je tiens à vous rappeler les articles du règlement 3 sur
l'immatriculation et du règlement 4, etc."
M. Goulet: Très bien. Je vois que le ministre fait son
possible, mais je tenais à le souligner, parce que je vous dis que
ça se fait. Je dis bien, M. le Président, pour être
précis. Ce n'est peut-être pas à des milliers
d'exemplaires, mais ça se fait. Ce n'est pas nécessaire
d'écrire.
Une autre question dans un autre ordre d'idées au directeur du
BVA. J'en ai parlé de vive voix tout à l'heure, mais au niveau
des propriétaires de petits garages, ce qu'on appelle une licence de
garage avec un X. Si on fait le parallèle avec l'Office de la protection
du consommateur, il y a des catégories. Il y a deux catégories.
Je m'explique: Par exemple, si vous faites des ventes au niveau de l'Office de
la protection du consommateur en bas de $100, vous avez une sorte de permis. Si
vous faites des ventes au-dessus de $100, habituellement, c'est une autre
catégorie de permis. Je parle de vendeurs itinérants, parce que
les X, ça marche à peu près sur le même principe.
Vous avez une autre catégorie si vous agissez seul comme
représentant, si vous agissez avec 10 représentants, 50, 100 et
500. Il y a différentes catégories et le coût du permis, le
coût de la police de garantie sont directement proportionnels aux
transactions.
Au niveau du BVA, un commerçant d'automobiles qui transige, par
exemple, 20 ou 30 autos par année a à peu près le
même permis que celui qui en transige 2000 et qui a 30 ou 40 vendeurs
à sa solde. Vous ne pensez pas que ça serait bon d'imiter un peu
l'Office de la protection du consommateur pour ces permis de vendeurs
itinérants.
M. de Belleval: Parlez-vous du coût de la plaque X?
M. Goulet: Non, pas tellement, de tout ce que ça implique,
le "bond "; pas seulement le coût de la plaque, mais le "bond", la police
de garantie, tout ce qui en découle, tout ce qui est inhérent
à la demande d'une police de garage qui permet la transaction des
automobiles.
M. de Belleval: Oui.
M. Goulet: Je souligne ça. Je ne veux pas faire un
débat, mais c'est pour le souligner.
M. de Belleval: Vous voulez dire, par exemple, que notre police
de garantie qui est actuellement de $100 000 pourrait être seulement de
$25 000 pour quelqu'un qui ne vend que 25 voitures par année et de $1
000 000 pour celui qui en vend 400 par année. C'est ça?
M. Goulet: C'est ça. M. le ministre, pour les vendeurs
itinérants, si vous agissez seul, vous avez besoin d'un "bond", d'une
police de garantie, vous comprenez.
M. de Belleval: D'accord, je comprends ça, je comprends ce
que vous voulez dire.
M. Goulet: Pourquoi on ne le ferait pas au niveau... Vous avez
beaucoup moins de risques, pour quelqu'un qui agit seul et qui va faire, par
exemple, 50 transactions par année comparativement à un garage
où il y a 40 ou 50 représentants, ou 30 et transige 2000 ou 3000
autos par année. Vous prenez à peu près les mêmes
garanties, vous exigez à peu près les mêmes garanties. Pour
avoir parlé ce n'est pas une association formelle avec des
propriétaires de petits garages, c'est une lacune et je pense que c'est
l'endroit tout désigné pour le souligner.
M. de Belleval: A notre connaissance moi, en tout cas, je
ne m'en souvenais pas le directeur du bureau me dit qu'il n'a pas eu de
représentations dans ce sens. Par ailleurs, nous ne sommes pas hostiles
à étudier la question, s'il y avait des représentations
formelles qui nous étaient faites de ce point de vue.
M. Goulet: Parfait, il y aura un dossier qui sera
acheminé, M. le Président, je m'en charge. Cela va? Cela
répond à mes questions, en ce qui me concerne. Pour le BVA, je
n'ai pas d'autres questions, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
Transport aérien gouvernemental
M. Gratton: M. le Président, dans les demandes
particulières qu'on avait adressées au ministre avant
l'étude des crédits, il y en avait une qui portait sur le
transport aérien gouvernemental où on demandait de nous fournir
la liste des personnes qui ont voyagé à même le service
aérien, la
destination, la date, entre janvier 1977 et mars 1980. Je présume
que ça va venir bientôt.
M. de Belleval: Non, ça ne viendra pas. Cela n'a pas de
bon sens. C'est une liste de 25 000 personnes. Je ne vois pas comment je
pourrais vous faire parvenir une liste de 25 000 personnes qui ont
utilisé le service aérien à tout moment de l'année.
C'est ça que ça veut dire.
M. Gratton: Bien, c'est ça que ça veut dire. C'est
ce qu'on a besoin de savoir, M. le Président.
M. de Belleval: Si vous avez besoin de savoir quelque chose de
particulier, je vous le dirai, mais je ne suis pas pour vour envoyer une liste
de 25 000 personnes par année. C'est ça que vous vouliez savoir.
Je ne suis pas pour envoyer 25 000 noms. Vous vous imaginez ce que ça
veut dire comme travail?
M. Gratton: Alors, on trouvera les moyens de l'obtenir autrement,
j'imagine. Il me semble que c'est normal...
M. de Belleval: Qu'est-ce que vous voulez dire par "vous allez
trouver des moyens de l'obtenir autrement"?
M. Gratton: On va trouver les moyens d'avoir les informations
à savoir qui voyage sur les avions du gouvernement, à quelle fin,
à quelle destination.
M. de Belleval: Oui, mais si vous voulez avoir des
renseignements...
M. Gratton: C'est ce qu'on a demandé.
M. de Belleval: Je ne peux pas vous donner la liste des 25 000
noms. Vous m'avez demandé la liste des 25 000 noms.
M. Gratton: M. le Président, on va formuler la demande de
façon différente. Le ministre sait fort bien à quoi on
veut en venir, à quelle information on veut en venir.
M. de Belleval: Non, je ne le sais pas.
M. Gratton: Voyons donc, c'est bien normal. On veut savoir
à quoi servent les avions du gouvernement, tout simplement.
M. de Belleval: A transporter du monde.
M. Gratton: C'est ça. Quel monde et à quelle fin?
Est-ce que les ministres s'en servent pour aller en vacances aux
Etats-Unis?
M. de Belleval: Si c'est ça la question, posez-la-nous, on
va vous dire non. Si c'est ça que vous voulez, des noms, on va vous en
donner.
M. Gratton: On trouvera une autre façon. Le ministre me
dit qu'il n'est pas...
M. de Belleval: Vous voulez trop de noms d'un coup, 25 000 noms
d'un coup, ça fait trop de noms.
M. Gratton: Ce n'est pas la fin du monde, finalement.
M. de Belleval: Nous ne sommes pas pour vous citer autant de
noms, voyons donc, ça n'a pas de bon sens.
M. Gratton: M. le Président, on trouvera un autre moyen
pour trouver les informations qu'on recherche.
M. de Belleval: A propos, vous aviez demandé pour trois
ans. Cela voudrait dire 75 000 noms, vous exagérez.
M. Gratton: Oui, vous trouvez? Ce n'est pas si grave que
ça. Ecoutez, qu'on pense là nous ne sommes pas dans le
domaine des transports aux sommes astronomiques qu'on a
dépensées pour créer un fichier des électeurs. On
nous disait que ça coûterait moins cher que le recensement annuel
actuel. On s'aperçoit que c'est le contraire. Finalement, on a
peut-être plus d'intérêt à obtenir les informations
qu'on demande ici que certaines autres. De toute façon, comme vous avez
dit, M. le Président...
M. de Belleval: En ce qui concerne les voyages des ministres pour
des vacances à l'étranger via lés avions gouvernementaux,
le dernier cas qui a été soumis à ma connaissance,
c'était un ministre libéral du temps, M. Georges Tremblay, qui
utilisait ça pour aller au Maine. Je pense que, depuis ce temps,
ça n'a jamais plus été utilisé pour ces fins, tant
sous le gouvernement libéral que sous le gouvernement actuel.
M. Gratton: Justement, mais il semble que la seule façon
qu'on aura de déterminer, M. le Président, s'il y a d'autres
ministres, maintenant, qui le font, ce serait de poser la question de
façon différente; c'est ce qu'on va faire, M. le
Président. Chose certaine, on pourra donner des cas d'espèce non
pas de ministres qui vont en vacances à même le réseau
gouvernemental, mais qui se déplacent à des fins partisanes. Cela
viendra en temps et lieu.
M. de Belleval: Cela nous fait même plaisir de faire
voyager le député de Gatineau, même pour des fins
partisanes, quand on peut le prendre à Hull à même un
voyage de ministre. Cela nous.fait plaisir.
M. Gratton: Si vous me fournissiez la liste des 75 000 noms, vous
constateriez que, depuis trois ans, le nom du député de Gatineau
n'y apparaîtrait pas parce que même...
M. de Belleval: Jamais, jamais?
M. Gratton: Non, écoutez, je vous mets au défi de
retrouver mon nom sur une liste quelconque
des personnes qui ont voyagé à même le réseau
aérien gouvernemental, incluant l'invitation du président de
l'Assemblée nationale lors de la fameuse... "M. de Belleval: Je
me souviens d'avoir déjà voyagé dans un avion
gouvernemental avec le député de... (20 h 45)
M. Gratton: Avant '1976. Mais ce n'est sûrement pas depuis
1976.
M. de Belleval: Avant 1976, oui. A ce que je sache, à ce
moment-là, il avait le même statut qu'actuellement, celui de
député de Gatineau.
M. Gratton: En effet. M. de Belleval: Bon.
M. Gratton: II ne voyage plus! Il n'est plus invité aussi
souvent, entre autres!
M. le Président, je ne saurais réellement à quoi on
peut attribuer la cause de cela.
M. Goulet: Au niveau des avions. M. Gratton: Pardon? M.
Goulet: Au niveau des avions. M. Gratton: Oui.
M. Goulet: Au niveau des avions, avant que tu changes.
M. Gratton: Bien non, je parle toujours des avions. Je sais que
Québecair a été autorisée à inaugurer un
service aérien par la Commission canadienne des transports entre la
ville de Gatineau et la ville de Québec, et cela depuis un an.
D'ailleurs, depuis un an, on doit inaugurer ce service et on attend toujours.
Semble-t-il que la compagnie Québecair aurait même adressé
une demande de subvention au ministère québécois des
Transports pour rentabiliser ce service. Le ministre est-il en mesure de nous
donner quelques informations sur la date possible de l'inauguration de ce
service?
M. de Belleval: Je serais tenté de dire au
député de Gatineau: Ecrivez à votre député
fédéral parce que c'est vraiment une question qui relève
de la compétence fédérale dans le cadre constitutionnel
actuel. Peut-être que le Dr Isabelle pourra vous donner les
renseignements là-dessus.
M. Gratton: Comment cela? Il va recommencer encore! La Commission
des transports a donné l'autorisation, c'est réglé
cela.
M. de Belleval: II reste que c'est une question de mise en
service d'un permis fédéral et cela relève essentiellement
de la juridiction fédérale, il me semble.
M. Gratton: II n'est pas question de juridiction. La Commission
des transports a donné un permis...
M. de Belleval: La Commission des transports à laquelle
vous faites allusion, c'est la commission canadienne, c'est la commission
fédérale. Vous l'avez devant les yeux une fois par semaine
probablement de votre domicile à Hull.
M. Gratton: Pourquoi le ministre s'entête-il? Il devient
obtus aussitôt qu'on parle d'Ottawa. Je lui demande tout simplement le
statut de la demande de subvention qui a été adressée, non
pas à Ottawa, mais à Québec, à son
ministère. S'il n'est pas au courant qu'il y a une demande, qu'il nous
le dise. Il y a une demande de Québecair pour une subvention au
ministère des Transports du Québec et on nous dit à
Québecair que, dépendant de la réponse qu'on obtiendra, on
pourra nous dire à quel moment on va inaugurer le service aérien
entre Gatineau et Québec. D'ailleurs, on dit que la date pour cette
inauguration doit être choisie en collaboration avec le ministère
québécois des Transports.
M. de Belleval: C'est que vous y allez d'un grand prix.
M. Gratton: Bien, voyons donc!
M. de Belleval: C'est un permis du gouvernement
fédéral donné par un organisme fédéral. Je
pense que la compagnie Québecair n'a pas à demander la
permission, ni à se concerter avec le ministère
québécois des Transports dans ce domaine. Il faut faire
attention. On n'a pas les outils pour s'occuper de notre transport
aérien ou d'autres domaines de compétence fédérale
et, quand il y a un problème, où est-ce qu'on se rabat, on ne se
rabat pas chez le député fédéral ou le premier
ministre fédéral, mais on vient voir à l'examen des
crédits, entre autres, du ministère des Transports
québécois ce qui se passe. Je trouve cela quand même un peu
fort.
M. Gratton: Avez-vous reçu une demande de subvention de la
compagnie Québecair? Avez-vous donné une réponse à
la demande? Quelle est la réponse?
M. de Belleval: Oui, il y a eu une demande de subvention de
Québecair. Oui, on a travaillé avec les gens de Québecair
là-dessus et ils doivent nous faire parvenir des réactions
à des conversations que nous avons eues avec eux. On attend leurs
réactions.
M. Gratton: Quelles sont les propositions que le ministère
a faites? Ou allez-vous me dire que ce n'est pas mes affaires! Il est
bête comme ses pieds! Je n'ai jamais vu une affaire de même!
M. de Belleval: II n'y a pas eu de proposition officielle faite
à Québecair.
M. Gratton: Est-ce que le ministère... Je ne sais pas
pourquoi le ministre hésite à me dire ce qui est évident
pour tout le monde. Je ne peux pas concevoir que le ministère des
Transports du Québec accorderait une subvention à l'entreprise
privée pour entreprendre un service aérien qui se
révèle déficitaire. Parce qu'à ce moment-là
ce serait créer un précédent et faire en sorte que chaque
morceau de service aérien à quelque part qui est
déficitaire serait susceptible d'être subventionné par le
gouvernement du Québec. Je présume que le ministère a
répondu dans la négative à la demande de subvention de
Québecair. Est-ce que c'est le cas ou non?
M. de Belleval: On ne peut pas dire qu'on a répondu ni par
la positive ni par la négative, parce que, comme je l'ai dit, on a eu
des conversations officieuses avec eux. Il y a eu des échanges de
renseignements entre des fonctionnaires et des gens de Québecair pour
leur demander de préciser leur dossier de sorte qu'il n'a pas
été opportun de leur fournir une réponse dans un sens ou
dans un autre puisqu'on en a toujours été à des stades
opératoires.
C'est ce que je dis au député de Gatineau. Il n'y a rien
d'autre là. Je suis heureux de l'entendre donner sa position sur le
dossier sur un plan tout au moins de principe. Je vais tenir compte de ses
remarques, si jamais on a besoin d'en arriver à une conclusion
spécifique là-dessus, mais il n'y en a pas eu. Il n'y a pas eu
de...
M. Gratton: M. le Président, le ministre dit: "Si jamais
on a besoin d'en arriver à une conclusion". J'imagine que quand on
reçoit une demande, il faut un jour qu'on conclue, à moins que le
ministre soit en train de me dire qu'on va s'organiser pour ne jamais prendre
de décision. Ce qui m'importe, finalement, c'est de savoir s'il va y
avoir un service aérien entre Québec et Gatineau. Mises à
part les querelles de juridiction, est-ce qu'au niveau du ministère
québécois des Transports on fait des efforts pour faire en sorte
que le lien aérien entre ces deux villes soit plus adéquat que
celui qui est assuré présentement?
M. de Belleval: C'est une autre paire de manches. Si c'est sur
une question que le député de Gatineau veut avoir des
renseignements ou des positions, je suis bien prêt à lui en
donner, mais je lui ferai remarquer que sa question était beaucoup plus
spécifique, beaucoup plus étroite que cela. Là-dessus, je
lui ai répondu...
M. Gratton: ... en deuxième.
M. de Belleval: ... qu'il n'avait pas eu de réponse parce
qu'il n'y a pas eu besoin de donner une réponse au stade où on
est venu dans le cadre des conversations qui ont eu lieu. Il y a des dizaines
de cas semblables au ministère à toutes les semaines ou à
tous les ans et on n'en arrive pas nécessairement à des
réponses positives ou négatives quand il s'agit tout simplement
d'échanges de vues sur un problème. Quant à notre position
générale sur les liaisons aériennes entre Gatineau et
Québec, bien sûr, le ministère des Transports a
témoigné devant la Commission canadienne des transports pour
appuyer les demandes de permis par Québecair. Nous favorisons, bien
sûr, les meilleures liaisons aériennes possible entre les
principales villes du Québec. Le dossier de la liaison
Hull-Québec nous est d'un grand intérêt et nous allons
essayer de favoriser cette liaison par tous les moyens possibles et
normaux.
M. Gratton: Par quels moyens concrets?
M. de Belleval: Entre autres, comme je l'ai dit, on a
appuyé l'entreprise devant la Commission canadienne des transports.
M. Gratton: Oui, mais elle a son permis maintenant.
M. de Belleval: Elle l'a. On a mis je ne sais pas combien de
millions de dollars dans l'infrastructure principale que constitue
l'aéroport de Gatineau via la Société d'aménagement
de l'Outaouais.
M. Gratton: Qui ne sert présentement à rien.
M. de Belleval: II ne sert pas à rien. Il sert à
des entreprises privées. Il sert beaucoup. Il sert de plus en plus.
M. Gratton: Ah! C'est extraordinaire, oui.
M. de Belleval: II va se créer un marché. Vous
voulez dire qu'on n'aurait pas dû le construire, ou quoi?
M. Gratton: Au contraire. Le gouvernement antérieur avait
décidé de le construire. On était d'accord avec cela.
M. de Belleval: Non,- non, mais je ne sais jamais à quoi
m'en tenir parce que yous avez toujours des remarques qui...
M. Gratton: Ne faites donc pas bifurquer la conversation. Je
demande dans le concret ce que vous allez faire.
M. de Belleval: Je viens de vous dire ce qu'on a fait
concrètement. Cela fait déjà deux gestes.
M. Gratton: Depuis l'obtention par Québecair du
permis.
M. de Belleval: On est intervenu auprès de
Québecair pour lui souligner l'importance de respecter les engagements
pris dans le cadre de son permis et de mettre sur pied le service le plus
tôt possible. Ceci étant dit, on ne peut pas forcer, dans le cadre
constitutionnel actuel, Québecair à donner un service alors
qu'elle est soumise juridiquement au gouvernement fédéral.
M. Gratton: Ah bon! Et après la
souveraineté-association, vous seriez prêts à forcer
Québécair à l'assurer. Voyons donc! Vous parlez de
façon assez curieuse, parfois.
M. de Belleval: Mais non! Dans le cadre, évidemment, d'un
rapatriement au Québec...
M. Gratton: Ce n'est pas une question de juridiction.
M. de Belleval: ..-. de nos compétences dans le domaine
aérien, on sera en mesure, premièrement, de répondre ici
aux questions qu'on nous posera, et cette fois non pas de décliner les
responsabilités, mais d'assumer nos responsabilités et de
préparer...
M. Gratton: Vous les déclinez, vos responsabilités,
présentement. Je ne sais pas...
M. de Belleval: Voulez-vous me laisser terminer, M. le
député?
M. Gratton: Oui, je vous laisserai terminer après.
M. de Belleval: Merci beaucoup.
M. Gratton: ... et je vous dirai tout simplement que vous patinez
et que vous n'êtes pas prêt à donner des
réponses.
M. de Belleval: M. le Président, s'il vous plaît!
Question de règlement.
M. Gratton: On ne posera plus de questions, M. le
Président. C'est bien simple!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau. M. le ministre avait la parole.
M. Gratton: Tantôt, vous m'avez dit: Non, je ne donnerai
pas la réponse aux questions que vous m'avez posées.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Gratton: J'ai compris cela. On ne s'est pas
éternisé.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
ministre...
M. Gratton: Là, vous ne voulez pas admettre que vous
n'avez pas de réponse à me donner. Vous parlez de
juridiction.
Le Président (M. Boucher): ... vous pouvez terminer votre
intervention.
M. de Belleval: Je pense que les remarques du
député de Gatineau sont tout à fait symptomatiques d'un
certain courant qui existe au Québec qui voudrait que, d'une part, on
n'ait pas les compétences législatives dans certains domaines,
mais que, d'autre part, on devrait quand même être
mêlés jusqu'au cou dans les problèmes qui surviennent quand
le fédéral, que des députés fédéraux
ou que des ministres fédéraux ne prennent pas leurs
responsabilités dans ces mêmes domaines. S'il y a un
problème actuellement...
M. Gratton: Cela...
M. de Belleval: M. le Président, pouvez-vous, encore une
fois, rappeler...
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: Non, non, mais j'essayais de faire comprendre au
ministre qu'il divague en parlant de choses qui sont réglées
depuis longtemps.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît. M. le
député de Gatineau, s'il vous plaît. M. le ministre.
M. Gratton: On veut finir ce soir et le ministre nous fait perdre
notre temps ici.
M. de Belleval: Est-ce que je peux continuer, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. de Belleval: Je pense que c'est un bel exemple du principe qui
veut que, dans le système fédéral actuel, tout soit
mêlé. Les gens, même les députés de
l'Opposition ne savent même pas à qui s'adresser quand il y a des
problèmes qui touchent une juridiction. Ils se mêlent de
juridiction et ils vont exposer leurs problèmes devant la porte du
ministre provincial, alors qu'ils devraient écrire des lettres et faire
des pressions ailleurs. A ce que je sache, je n'ai pas vu le
député de Gatineau s'agiter beaucoup dans la région de
Hull pour blâmer Québécair, écrire à son
député fédéral ou écrire au ministre des
Transports fédéral pour soulever le problème auprès
des autorités compétentes du gouvernement fédéral
dans ce domaine.
M. Gratton: II divague toujours, M. le Président.
M. de Belleval: Si vous avez des choses, si vous prenez à
coeur les intérêts de la région de Hull sur le plan
économique et que vous trouvez que la liaison aérienne, c'est
important, voyez donc du côté du gouvernement
fédéral pour que la compagnie Québécair, dans ce
cas, respecte les stipulations d'un permis qui lui a été
octroyé par le gouvernement fédéral, à sa demande
même. Par ailleurs, en ce qui concerne nos interventions ancillaires,
supplétives, secondaires dans le système fédéral
actuel dans ce domaine, je pense qu'on investi $8 000 000, ce qui n'est pas un
petit montant, dans l'aéroport de Hull.
M. Gratton: Une belle cérémonie d'ouverture
aussi.
M. de Belleval: Deuxièmement, on est intervenu
auprès de la Commission canadienne des transports pour supporter un
transporteur québécois, pour favoriser l'ouverture de cette
ligne. Quand le transporteur québécois s'est adressé
à nous pour nous indiquer qu'il y avait des problèmes de
financement pour l'ouverture de cette ligne, on a examiné le dossier
avec lui. On est prêt à continuer, d'ailleurs, à examiner
cette question. Il y a des renseignements qui doivent nous être
donnés et on suit le dossier de près. Pour le reste, il faut bien
voir que notre position est secondaire là-dedans, dans le système
politique actuel. Je sais que le député de Gatineau n'aime pas
cela. Il voudrait, d'une part, qu'on ait tous les pouvoirs, mais, en même
temps, qu'on ne les ait pas. Il dit qu'il va dire non, mais, en fait, il ne dit
ni oui, ni non, finalement.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: ... pendant que le ministre continue de se pencher
sur le problème avec des mesures ancillaires, supplétives et tout
cela, on va continuer à marcher, nous autres, parce qu'il ne semble pas
que le service aérien va être inauguré bientôt.
M. de Belleval: Je n'ai rien lu dans le Droit de votre part
là-dessus durant les derniers mois.
M. Gratton: Vous n'avez même pas lu ma lettre, parce que
vous n'y avez pas répondu, justement. Je vous ai écrit au mois de
novembre, décembre dernier pour vous demander où en était
rendue la demande. Il va regarder ses adjoints. Je vous en enverrai une copie.
De toute façon, quand on écrit à votre ministère,
justement, quand on vous écrit à vous, c'est assez rare qu'on ait
une réponse et, quand on en a une, elle ne dit rien. Quand on
écrit au ministre fédéral, par exemple, de temps en temps
on a une réponse. Je vais vous en donner des copies et cela vous
éclairera sur l'état du dossier.
M. de Belleval: Vous m'enverrez aussi la copie que vous avez
envoyée au ministre fédéral là-dessus et la
réponse que le ministre fédéral a donnée.
M. Gratton: Je n'en ai pas envoyé. Voyez-vous, M. le
Président, je n'ai pas envoyé de lettre au ministre
fédéral parce qu'une fois que la Commission des transports eut
donné le permis à Québe-cair, je pensais qu'il s'agissait
d'une décision de Québecair. Comme en s'adressant à
Québecair on s'est fait répondre qu'une demande de subvention
avait été faite au ministère québécois des
Transports, j'ai pensé qu'on pourrait poser la question d'abord au
ministre des Transports par lettre, à laquelle je n'ai reçu
aucune réponse en novembre, décembre, et, là, aux
crédits, on lui pose la question et il nous fait tout un plat.
M. de Belleval: M. le Président, je vais prendre la parole
du député de Gatineau, à savoir qu'il m'a écrit une
lettre...
M. Gratton: Vous êtes mieux, oui.
M. de Belleval: ... au mois de décembre. Je tiens à
faire remarquer que, depuis le mois de décembre, il s'est passé
le mois de janvier, le mois de février, le mois de mars et une bonne
partie du mois d'avril et que, là, il vient, aujourd'hui, tout d'un
coup, comme cela...
M. Gratton: Je ne pouvais quand même pas la soulever
à l'étude des crédits avant qu'on les commence, non.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. de Belleval: Je remarque qu'il n'a pas cru bon de faire un
rappel, ce qui doit souligner finalement le peu d'intérêt
réel qu'il portait à la question. A ma connaissance et à
la connaissance de mes adjoints qui sont ici, jamais nous n'avons reçu
de telle lettre du député de Gatineau. Il dit qu'il en a
envoyé une; d'accord, on va attendre.
M. Gratton: Je vais vous en envoyer une copie dès
demain.
M. de Belleval: Oui. J'ai hâte de voir cela. Je
réponds aux lettres. Je pense qu'il y a pas mal de députés
ici et de mes collègues qui peuvent témoigner que je
réponds personnellement aux lettres qu'on m'envoie. Je trouverais assez
étrange que, de toutes les lettres auxquelles j'ai eu à
répondre durant les derniers mois, la seule qui n'ait pas eu de
réponse personnelle de ma part ou aucune réponse même de
personne au ministère, ce soit une lettre du député de
Gatineau. Même pas d'accusé de réception d'une
secrétaire, cela me surprendrait beaucoup.
M. Gratton: Possiblement un accusé de réception.
(21 heures)
M. de Belleval: Ah! possiblement?
M. Gratton: Bien oui, mais ce n'est pas une réponse, M. le
ministre. Vous devriez savoir cela.
M. de Belleval: Même là, je...
M. Gratton: De toute façon, je ne suis même pas
sûr que j'en aie eu, un accusé de réception. Je vous envoie
copie de ma lettre avec copie de l'accusé de réception, s'il y en
a eu un.
M. de Belleval: J'ai hâte de voir cela.
M. Gratton: Est-ce que là vous allez me donner une
réponse, si je vous envoie une copie, quatre mois plus tard? Ou si vous
allez encore m'envoyer un autre accusé de réception de la copie
de ma première lettre? Parce que là, cela ne me donnerait
absolument rien.
M. de Belleval: Comme je vous dis, en ce qui me concerne, pour
l'instant...
M. Gratton: Vous engagez-vous solennellement à
répondre à ma lettre, si je vous en envoie une copie?
M. de Belleval: Je vous répondrai comme à tous les
autres. Deuxièmement, à ma connaissance, jamais je n'ai
reçu une lettre de votre part là-dessus.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, on parle de transporteurs
aériens. Une courte question au ministre: On parle de l'avion-ambulance
que le gouvernement veut se procurer, est-ce que c'est fait?
Une Voix: Un F-18?
M, Goulet: Non, pas un F-18 ni un F-16, un avion-ambulance.
Est-ce que c'est fait, est-ce qu'il y a eu des appels d'offres. Je voudrais
juste savoir oui ou non avant de continuer ma question. Est-ce que cet avion
ferait partie de la flotte qui appartient au ministère des
Transports?
M. de Belleval: Oui, oui, c'est une nouvelle unité du
service aérien.
M. Goulet: Est-ce qu'il est acheté actuellement?
M. de Belleval: L'avion est acheté, oui.
M. Goulet: II est acheté. Est-ce qu'il est
livré?
M. de Belleval: L'avion est livré.
M. Goulet: II est livré. Est-ce que tous les coûts
sont comptabilisés au ministère des Transports ou s'il y a une
facture envoyée au ministère des Affaires sociales?
M. de Belleval: Non, les coûts sont comptabilisés au
service aérien du gouvernement.
M. Goulet: Pourquoi ne serait-ce pas comptabilisé au
ministère des Affaires sociales?
M. de Belleval: Pourquoi, effectivement, ne serait-ce pas
comptabilisé au ministère des Affaires sociales, mais je vous
donne la réponse.
M. Goulet: Cela peut être quoi l'achat, la dette, si vous
voulez, le coût d'opération, par exemple, pour un an? L'achat: $2
000 000?
M. de Belleval: Alors, le coût d'achat de l'avion et de sa
transformation est de $1 000 000 et le coût d'opération annuel est
d'environ $500 000.
M. Goulet: C'est payé entièrement par le
ministère des Transports?
M. de Belleval: C'est cela.
M. Goulet: Vous conviendrez avec moi que cela devrait être
comptabilisé aux Affaires sociales, non?
M. de Belleval: On peut bien faire du "red tape"
supplémentaire, faire des écritures supplémentaires un peu
partout, si vous voulez; cela va prendre un fonctionnaire de plus pour...
M. Goulet: Une dernière question. M. de Belleval:
... faire les écritures.
M. Goulet: Est-ce que le contrat d'achat et de fabrication a
profité au Québec? On parle de F-18 depuis qu'on est assis ici
cet après-midi. Est-ce que le contrat d'achat a profité au
Québec? Est-ce que cela a créé bien des emplois? Quelles
sont les retombées économiques du contrat d'achat de cet
avion?
M. de Belleval: L'achat profite aux Québécois
particulièrement au niveau de la transformation de l'avion, bien
sûr, qui est fait ici, à Montréal.
M. Goulet: L'avion...
M. de Belleval: II s'agit d'un avion usagé que nous avons
payé, non transformé, environ $750 000. La valeur ajoutée
de cette transaction au Québec, évidemment, il y a la commission
du vendeur qui est Québécois, des choses comme cela, mais c'est
un avion britannique qui a été fabriqué il y a quelques
années en Grande-Bretagne.
M. Goulet: D'accord.
M. de Belleval: On ne fabrique pas ce type d'avion au
Québec actuellement.
Transport en commun (suite)
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: ... à l'article des subventions au transport
en commun, plus spécifiquement dans la ventilation, en subventions aux
laissez-passer, on indique un montant de $1 000 000 comme crédits pour
les subventions aux laissez-passer à la CTCUM.
M. de Belleval: CTCUM?
M. Gratton: Oui. Je ne sais pas si le ministre va nous dire
publiquement la réaction qu'il a privément. La question que je
veux lui poser, effectivement, c'est: Est-ce que le ministre est satisfait
qu'avec $1 000 000 on en a suffisamment, compte tenu qu'on a probablement
déjà dépassé ce montant à l'heure
actuelle?
M. de Belleval: Au moment où le budget a été
rédigé, nous n'avions pas les prévisions exactes des
différentes commissions de transport dans ce domaine, sauf la CTCUQ,
à toutes fins pratiques, de sorte qu'on a mis un montant nominal. Mais
il est évident que, compte tenu du succès du laissez-passer,
notre subvention va être plus élevée que le $1 000 000 dont
il est question.
M. Gratton: Est-ce que vous avez maintenant une idée plus
précise du montant? Est-ce que ce ne serait pas quelque chose de l'ordre
de $1 000 000 par mois pour un total de $12 000 000 plutôt que...
M. de Belleval: Une dizaine de millions de dollars.
M. Gratton: Une dizaine de millions de dollars. Ce sera quoi? Des
crédits supplémentaires?
M. de Belleval: Cela dépend de la période de
l'année où nous allons payer la subvention.
M. Gratton: Cela demeure que les laissez-passer sont
présentement rendus et que la bonne gestion exigerait qu'on ait au
budget actuel le montant.
M. de Belleval: Non, mais je veux dire... Je vais vous expliquer.
On paie 90%. Cela n'a pas de conséquence budgétaire
particulière. On va payer 90% de notre subvention estimée
à la commission de transport dans le courant de l'année. Il y a
10%, de toute façon, de résidu qui seront payés sur
l'exercice subséquent. Peu importe la ventilation qu'on puisse faire du
montant global, de toute façon, il y aura un montant probablement
d'environ justement une dizaine de millions de dollars qui sera payé sur
l'exercice 1981-1982. Cela n'a pas de conséquence budgétaire
particulière. On n'aura probablement pas besoin d'aller en budget
supplémentaire là-dessus.
M. Gratton: Est-ce que ce n'est pas ce genre d'opération
qui, à l'occasion, nous amène à constater tout à
coup des trous plus ou moins importants?
M. de Belleval: Dans le cas des commissions de transport, on est
dans un système de budget annuel fermé. Justement, c'est ce genre
de système budgétaire que le ministre des Finances a
décidé d'appliquer désormais aux commissions scolaires
pour remplacer le système vieux de quinze ans qui a donné lieu,
tant sous les administrations de l'Union Nationale que sous les administrations
libérales précédentes, à des crédits
supplémentaires nécessaires d'une année à l'autre.
Je vous rappellerai que, quand nous sommes arrivés aux affaires en 1976,
nous avons ramassé une facture de $485 000 000 qui nous avait
été léguée par l'ancien gouvernement...
M. Gratton: Bon!
M. de Belleval: ... à même ce système. Nous
avions cru en avoir fini finalement avec ce...
M. Gratton: II n'y en a pas dans le transport.
M. de Belleval:... genre de déficit subséquent et
la conclusion est que les mesures que nous avions prises n'étaient pas
suffisantes. Maintenant, on va changer de système et on va aller dans un
système de budget fermé comme celui qu'on a avec les commissions
de transport, comme on en a avec les CEGEP, comme on en a avec les
hôpitaux. Donc, pour répondre à la question du
député de Gatineau, non, cela ne peut pas se produire dans le cas
des commissions de transport. Je tiens seulement à faire remarquer au
député de Gatineau que, dès qu'on a découvert
l'importance du dossier, on l'a rendu public, tandis que les déficits
accumulés que nous avait laissés l'ancienne administration
libérale avaient été délibérément
cachés par l'ancien gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je vois comment,
délibérément, le ministre rend publiques toutes les
informations. Il vient de nous dire qu'avec la nouvelle méthode on ferme
avec $9 000 000 qui manquent quelque part, mais on dit: II n'y a pas de
conséquence budgétaire parce que, finalement... Il reste à
savoir si on ferme avant ou après qu'on aura payé les $9 000 000.
Cela m'amène à me poser la question suivante: Le transport
scolaire, comment cela fonctionne-t-il exactement, compte tenu des trous que
vous rendez publics dans votre grande transparence?
M. de Belleval: On prend les moyens de colmater
définitivement.
M. Gratton: Oui. N'y a-t-il pas de possibilités qu'il
puisse exister de ce genre de choses au niveau des subventions pour le
transport scolaire?
M. de Belleval: Pour le transport scolaire? Dans le cas du
transport scolaire, la clôture, si on peut dire, des états
financiers se fait deux mois après...? On fonctionne, dans le
système du transport scolaire, sur la base d'un budget annuel
fermé.
M. Gratton: Qu'est-ce que cela veut dire en termes pratiques?
M. de Belleval: Cela veut dire que l'organisme en question
établit un budget annuel fermé. A un
moment donné, vous fermez le budget et vous dites: C'est
ça, votre budget. Vous allez devoir vivre à l'intérieur de
ce budget pour l'année qui vient ou pour le reste de l'année. Si
vous faites un déficit, vous allez devoir l'absorber à même
vos ressources existantes de cette année-là ou d'une année
subséquente. C'est ce que l'on fait, par exemple, avec les CEGEP, avec
les hôpitaux. Cela nous permet, effectivement, de contrôler les
déficits.
C'est la même chose dans le cas du transport scolaire. Ce n'est
pas le cas, jusqu'à maintenant, des budgets des commissions scolaires.
Elles fonctionnent sur un budget de normes. C'est seulement trois ans
après la fin de l'exercice que, finalement, on sait ce que la commission
scolaire a dépensé réellement.
Ce n'est pas le cas du transport scolaire ou des budgets des autres
organismes gouvernementaux. Vous établissez votre budget et vous le
fermez, à un moment donné, dans le courant de l'année.
Je pense que ce que le ministre des Finances a annoncé, en ce qui
concerne les commissions scolaires, pour l'avenir, c'est qu'il va fermer le
budget à la fin de septembre ou au début d'octobre, je pense,
quand on connaîtra les clientèles réelles qui sont dans les
écoles. Ensuite, on dira: C'est votre budget et arrangez-vous avec cela
pour le restant de l'année. Ne venez pas nous voir dans trois ans, en
nous disant que vous avez fait un déficit. Ce sera votre
problème.
M. Gratton: Mais pour l'année scolaire qui est de
septembre à juin, on renégocie normalement...
M. de Belleval: C'est ça.
M. Gratton: ... les contrats de transport scolaire pour la
durée d'une année scolaire. Mais on sait que l'exercice
financier, lui, commence le 1er avril et se termine le 31 mars...
M. de Belleval: Oui, on couvre deux exercices.
M. Gratton: Comment? De quelle façon? Quel pourcentage
emploie-t-on des montants dépensés en 1979 et des montants
à dépenser en 1980, par exemple?
M. de Belleval: Toutes les subventions sont réparties en
parts égales, 0,5% ou 50%, sur les deux années financières
qui couvrent l'année scolaire, ou sur les deux exercices
budgétaires qui couvrent l'année scolaire. Ce qui veut dire que
notre dernière subvention est payée deux mois après la fin
de l'année scolaire.
M. Gratton: Quand payez-vous les subventions?
M. de Belleval: Nous les payons au mois d'avril, la moitié
sur l'exercice précédent et l'autre moitié sur l'exercice
subséquent.
M. Gratton: La moitié du montant réellement
dépensé...
M. de Belleval: La moitié en avril, l'autre moitié
en septembre... Plutôt trois versements égaux qui sont plus ou
moins...
La séquence des subventions versées s'établit de la
façon suivante: 40% au mois d'octobre, d'une année de calendrier;
10% au mois de janvier suivant; 40% au mois de mars qui suit; les derniers 10%
à la suite du rapport de l'année scolaire
écoulée.
M. Gratton: De façon spécifique, prenons les
crédits pour 1980-1981, ceux que nous étudions
présentement. Le ministre nous dit que nous allons les retrouver quelque
part. Je ne les ai pas devant les yeux, mais supposons qu'ils sont de X
millions de dollars. Ils sont calculés à partir d'une somme qui
est de 0,5%, c'est-à-dire des taux ou des montants payables au cours de
1979. (21 h 15)
M. de Belleval: De l'année scolaire...
M. Gratton: De l'année scolaire. M. de Belleval:
... 1979-1980.
M. Gratton: Et 0,5% de ceux à être payés
durant l'année 1980. Mais, forcément, les taux, eux, augmentent
d'année en année.
M. de Belleval: Compte tenu des clauses d'indexation.
M. Gratton: Bon, ce qui amène les crédits à
être inférieurs de 0,2%, parce qu'en réalité, au 31
mars, au moment où on se parle, il y a 0,7% de l'année scolaire
qui sont déjà écoulés et il y a seulement 0,3% de
l'année en cours à terminer par rapport aux dépenses que
font réellement les commissions scolaires. Donc, est-ce qu'il n'y a pas
un montant qui manque au niveau des crédits?
M. de Belleval: Non, il n'y a pas de montant qui manque au niveau
des crédits. Nous avons versé 10% au mois de janvier et au mois
de mars 40%, ce qui veut dire 50%.
M. Gratton: C'est à même les crédits de l'an
dernier; ce n'est pas à même les crédits de cette
année.
M. de Belleval: C'est ça, c'est pour couvrir les
crédits de l'an dernier. Au mois d'octobre, nous allons recommencer.
Nous allons verser 40% des crédits pour l'année qui vient et les
10% qui restent, nous allons les verser sur le rapport de la fin de
l'année qui est en cours actuellement.
M. Gratton: M. le Président, je ne veux pas insister
là-dessus, surtout à l'heure qu'il est, mais j'inviterais le
ministre à...
M. de Belleval: Normalement, l'année finit au mois de
juin; donc, on va verser, au mois d'août
ou septembre ou quelque chose comme ça, le reste de
l'année actuelle.
M. Gratton: J'ai l'impression que les derniers 10%, il doit
manquer de l'argent à même les crédits disponibles pour les
payer. De toute façon, si le ministre est satisfait de la façon
dont ça fonctionne, on pourra y revenir un autre tantôt. Je ne
suis pas tout à fait satisfait de la méthode utilisée.
Quant à moi, il me semble qu'il doit manquer 0,2% de l'augmentation
à quelque part. J'aimerais demander au ministre c'est inutile de
se lancer la balle, de part et d'autre, toute la soirée
simplement de faire une vérification à ce sujet et, s'il y a
lieu, de nous fournir les informations. Il est satisfait lui-même...
M. de Belleval: Vous voulez dire qu'il manquerait 0,2% dans les
crédits que j'ai cette année?
M. Gratton: De l'augmentation qui est automatique ou qui a
été négociée pour la reconduction des contrats de
transport scolaire.
M. de Belleval: Quand on fait les bases budgétaires des
différents ministères, aux différents postes, on tient
compte de l'indexation. Autrement dit, les bases sont réajustées
pour tenir compte de l'indexation, des augmentations de salaires ou de
l'inflation.
M. Gratton: Mais à 0,5% seulement pour les six mois
à venir, alors qu'il en reste seulement trois.
M. de Belleval: Non.
M. Gratton: En tout cas, on n'insistera pas là-dessus.
M. de Belleval: On réévalue la partie de la base
qui est affectée par l'inflation à venir, disons la
réévaluation des contrats qui commenceraient au mois de septembre
prochain. C'est de ça que vous voulez parler?
M. Gratton: Oui.
M. de Belleval: Cette inflation ou cette indexation est incluse
dans la base pour le transport scolaire. Autrement dit, on ne
sous-budgétise pas en ne faisant pas l'indexation prévue au
contrat.
M. Goulet: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: ... très rapidement, le budget global du
ministère est de $1 300 000 000. Tout à l'heure, je parlais du
coût de l'avion, par exemple, et le ministre nous a dit : Oui, ça
augmenterait le "red tape", de le facturer aux Affaires sociales. Je le
comprends et je trouve que l'appareil gouvernemental est tellement lourd que je
ne suis pas d'accord pour alourdir ça davantage, juste pour le plaisir
de faire des transactions de chiffres au niveau des livres. $1 300 000 000,
c'est le troisième ministère en importance.
M. de Belleval: C'est le premier en termes de dépenses
directes et de fonctionnaires.
M. Goulet: Oui, cela va. Vous avez le transport scolaire qui
devrait être comptabilisé aux commissions scolaires, c'en est un
autre. Vous avez le BVA, par exemple, versus la Régie de l'assurance
automobile; à ce niveau, est-ce qu'il y a un système comptable
qui permet de réaliser exactement combien coûte, par exemple, le
Bureau des véhicules automobiles et séparément de la
Régie de l'assurance automobile du Québec? Quand on va dans
d'autres ministères, à l'étude des crédits, on nous
dit: il n'y a pas de problèmes, cela ne coûte pas trop cher et
c'est rentable. Je comprends, toutes les dépenses sont payées par
les autres ministères. Vous avez la perception des droits
d'immatriculation, cela ça va, mais la perception des primes d'assurance
devrait être comptabilisée à la Régie de l'assurance
automobile et ainsi de suite.
M. de Belleval: Oui.
M. Goulet: Globalement je ne veux pas qu'on
s'éternise là-dessus sur le $1 300 000 000, quel est le
pourcentage qu'on devrait je ne dis pas qu'on va faire
comptabiliser à d'autres ministères? Quand on va à ces
crédits, nous autres, ils nous disent: A la Régie de l'assurance
automobile, on fait de l'argent, c'est rentable. Bien sûr, les revenus
entrent dans leurs goussets et les dettes sont payées par les voisins.
Autrement dit, à quel pourcentage le ministère des Transports
sert-il de Saint-Vincent-de-Paul aux autres ministères, Affaires
sociales et Éducation?
M. de Belleval: Premièrement, l'identification de ces
montants peut être faite. Les montants ne sont pas...
M. Goulet: A peu près?
M. de Belleval: Précisément. Ils ne peuvent pas
être noyés dans les crédits. Par exemple, on a des frais de
perception d'environ, je pense, $5 000 000, $4 700 000 pour la Régie de
l'assurance automobile. Ce ne sont pas des coûts cachés qui
permettraient de "déflationner" les coûts réels de
l'assurance automobile. On les a ces coûts, ils peuvent être pris
en compte.
M. Goulet: Ils sont comptabilisés au ministère des
Transports.
M. de Belleval: Oui, mais si vous voulez faire la
réconciliation, ce n'est pas difficile. On ne les cache pas, on ne les
camoufle pas à travers la masse des autres crédits.
M. Goulet: Si le ministre permet je ne voudrais pas qu'on
me prête des intentions il n'a pas été question dans
mon esprit de dire que ces chiffres étaient camouflés. Je veux
dire que quand on étudie les crédits des autres
ministères, à savoir Affaires sociales, Education, je comprends,
les revenus, ce sont eux qui les ont et les dépenses, c'est vous autres
qui les payez.
M. dé Belleval: Non, dans le cas de la Régie de
l'assurance automobile, le coût est payé par la Régie de
l'assurance automobile. Ils nous remboursent, autrement dit. C'est un bon
point. Quand vous examinez cela va au fonds consolidé, mais peu
importe les crédits de la Régie de l'assurance automobile,
les coûts sont dans le budget de la Régie de l'assurance
automobile. Oui, ils sont dans les coûts de la régie. Ils nous
remboursent et pour nous rembourser, il faut qu'ils nous fassent un
chèque; pour nous faire un chèque, même si le chèque
va au fonds consolidé, il faut qu'il apparaisse dans leurs livres, il
faut qu'il apparaisse dans leur bilan.
M. Goulet: Est-ce que le ministre peut me permettre juste une
question là-dessus? Vous dites: Ils nous remboursent, cela va au fonds
consolidé. Cela veut dire qu'au ministère des Transports, vos $5
000 000 de crédits que vous nous dites, cela sert pour quelque chose.
Quand vous vendez un service à un autre ministère et quand ils
vous paient, ce n'est pas vous autres qui recevez l'argent, il s'en va au fonds
consolidé. Cela se fait de même dans tous les ministères.
Ce que je veux savoir c'est est-ce que, dans les $1 300 000 000 est-ce
qu'il y a quelqu'un parmi les gens qui vous accompagnent qui pourrait nous
renseigner, grosso modo, je ne dis pas à la virgule près
il y a peut-être 10%, 15%, 18% ou 20% des $1 300 000 000 qui devraient
être comptabilisés à d'autres ministères? A peu
près.
M. de Belleval: Au gros maximum $8 000 000, $10 000 000.
M. Goulet: Pas plus?
M. de Belleval: Bien non.
M. Goulet: Le transport scolaire, le BVA...
M. de Belleval: Le transport scolaire je ne sais pas
tout est réciproque, ce n'est pas parce que c'est du transport
scolaire que ce n'est pas du transport non plus. Le transport scolaire est au
ministère des Transports, c'est nous qui l'administrons. C'est nous qui
faisons la dépense et il n'est pas compté en double.
M. Goulet: Je suis bien d'accord, mais il me semble que lorsqu'on
parle du budget du ministère de l'Education d'une province, est-ce que
le ministre convient avec moi qu'on devrait comptabiliser le transport
scolaire...
M. de Belleval: Je donne des subventions pour le transport en
commun. Est-ce que je devrais aller comptabiliser cela au ministère des
Affaires municipales? A chaque fois qu'il y a un professeur à
l'université qui prend le transport en commun, parce que je donne une
subvention, est-ce que je devrais comptabiliser cela au budget des
universités du ministère de l'Education? On peut raffiner comme
cela la répartition interindustrielle, si je puis dire, de toutes nos
dépenses dans des complexités de plus en plus grandes.
M. Goulet: M. le Président, je crois que ma question
était objective. Il ne faudrait pas que le ministre commence à
charrier, ce n'est pas son idée. Je sais qu'il est au ministère
des Transports, mais il n'est pas au ministère du "charroyage"! Ce que
je veux savoir grosso modo je comprends, ce que vous me dites là,
c'est vrai, on peut descendre la pyramide jusqu'à la base, à
l'extrême base des racines, ce n'est pas cela que je veux savoir
vous me dites $8 000 000 à $10 000 000, pas plus que cela?
M. de Belleval: Non. De services qu'on pourrait rendre à
un autre ministère, qu'on pourrait facturer, par exemple, aux
ministères, c'est à peu près cela. Quand on regarde
l'incidence de ces dépenses une fois réparties entre les
différents ministères, l'incidence serait tellement insignifiante
que finalement cela ne donnerait rien. Quand vous examinez, cependant, les
crédits dépensés à la mission éducative et
culturelle, on fait la réconciliation. Les $300 000 000 environ du
transport scolaire s'en vont à la mission éducative et culturelle
parce que le ministère des Transports est un peu écharpé
entre une mission économique, une mission éducative et culturelle
et peut-être même une mission administrative.
Si vous voulez faire une analyse en termes macro-économiques,
comme ça, c'est possible pour vous de le faire et je pense que le livre
des crédits, au niveau de la répartition entre les missions,
reflète cette répartition.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Quant à nous, cela complète en quelque
sorte la question sauf que j'exprimerai l'appréhension suivante: C'est
qu'on vient de constater qu'il lui manquait $9 000 000 au niveau des
subventions pour des laissez-passer à la CTCUM. Ah non! Ils ne manquent
pas! On sait d'avance qu'on va avoir à défrayer $10 000 000 de
dépenses, on inscrit $1 000 000 au budget, il ne manque pas $9 000 000!
Ce doit être d'une façon...
M. de Belleval: Ils vont être versés sur l'exercice
suivant, de toute façon. Je ne peux pas l'inscrire.
M. Gratton: On va remettre ça... Moi, j'aimerais mieux, M.
le Président, qu'on l'ajoute aux $2 300 000 000 de déficit. C'est
maintenant $2 309 000 000 et tout ce que je souhaite, c'est qu'il n'y en ait
pas trop de ces surprises à l'intérieur des crédits du
ministre. C'est tout. Je lui souhaite bonne chance. Je le reverrai sur le
terrain.
Le Président (M. Boucher): Programme 1, adopté?
M. Gratton: Ils sont tous adoptés quant à nous, M.
le Président.
Le Président (M. Boucher): Programme 2?
M. de Belleval: Je voudrais juste faire une dernière
petite remarque là-dessus. Il ne faut pas oublier que c'est un nouveau
système qu'on mettait en application. Il est bien difficile pour nous,
pour une première année, de budgétiser exactement le
montant qui finalement sera requis, compte tenu du succès de
l'opération. Il n'en reste pas moins qu'on ne s'en va pas à
l'aveuglette là-dedans et qu'au niveau budgétaire, de toute
façon, cela n'a pas de conséquence, comme je l'ai dit, parce que
les montants prévus, même si on les prévoyait de
façon plus exacte, seraient versés sur l'exercice
subséquent. C'est normal, dans le jeu budgétaire, il y a des
dépenses qu'on engage maintenant, qui vont être payées sur
l'exercice subséquent comme aussi on paie, sur l'exercice actuel, des
dépenses qui ont été engagées sur l'exercice
précédent. Je pense que c'est une comptabilité qui est
admise partout. Ce n'est pas là qu'est le problème.
M. Gratton: S'il s'agissait d'une différence de 10%, je
serais prêt à dire au ministre: Allez-y. Mais, quand il s'agit
d'une différence de 900%, je commence à m'inquiéter un peu
plus.
M. de Belleval: Dans le cas qui nous occupe, c'est une
différence de beaucoup moins de 10%.
M. Gratton: Voyons donc! Vous avez $1 000 000 et vous savez
d'avance que c'est $10 000 000.
M. de Belleval: Sur le budget de l'ensemble du transport en
commun, c'est $181 000 000.
M. Gratton: Et on parle des subventions aux laissez-passer.
M. de Belleval: Au niveau de la comptabilité de
l'exercice, il n'y a pas de différence. La différence est
zéro, de toute façon.
M. Gratton: M. le Président, le ministre a raison, il ne
manque pas $9 000 000 nulle part, tout va bien, alors adoptons toute l'affaire
et allons nous coucher.
Le Président (M. Boucher): Les programmes de 1 à 9
des crédits du ministère des Transports sont-ils
adoptés?
M. Gratton: Je vous envoie une copie de ma lettre demain.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Les crédits du
ministère des Transports sont adoptés. Je prierais le rapporteur
d'en faire rapport à l'Assemblée nationale au nom des membres de
la commission.
M. de Belleval: M. le Président, le député
de Gatineau veut continuer dans son négativisme, mais, malgré
tout, j'aimerais le remercier, de même que les autres collègues de
l'Opposition, mes collègues du parti ministériel de leur
participation active et, somme toute, je pense, positive à nos
débats.
Le Président (M. Boucher): Merci messieurs, la commission
des transports ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 21 h 29