(Neuf heures quarante-neuf minutes)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des transports et de l'environnement ouverte.
La commission
est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 22
concernant l'expropriation.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
• (9 h 50) •
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Blouin (Bonaventure) est remplacée par M. Bélanger (Orford); Mme Bogemans (Iberville), par M. Caron
(Portneuf); Mme Gendron (Châteauguay), par Mme Mallette
(Huntingdon); et Mme Grondin (Argenteuil), par M. Martel
(Nicolet-Bécancour).
Étude détaillée (suite)
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci beaucoup. Je vous rappelle que l'étude de
l'article 5 et de l'amendement proposé
par M. le député de l'Acadie à cet article a été suspendue, ainsi que l'étude
de l'amendement visant à introduire l'article 14.1, proposé par M.
le député de l'Acadie.
Lors de la suspension des travaux, de nos
travaux jeudi dernier, nous étions à l'étude de l'article 15. Est-ce qu'il
y a d'autres interventions sur cet article? Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à... Oui, M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. Merci. D'abord,
salutations aux collègues. Content de vous revoir cette semaine.
J'avais
d'abord une question sur le 15. Pourquoi on est passés d'un délai de
20 jours à un délai de 30 jours dans la proposition, là, le
nouvel article 15 qui remplace le 42 dans la précédente loi?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault : Donc, c'est pour accommoder l'expropriant. Ça facilite pour
les procédures.
M. Grandmont : O.K. Donc, c'est...
Ce que... Je me posais la question, parce qu'on est vraiment dans une logique, là, d'essayer de raccourcir les délais
pour la réalisation des expropriations. On a une augmentation des délais.
Je comprends que, considérant l'ampleur des
tâches qui sont à réaliser par l'expropriant, c'est un délai qui semble plus raisonnable.
C'est... Est-ce que c'est... je comprends bien la nature de la modification?
Mme
Guilbault : Il y a aussi un élément de concordance avec
certains articles qu'on a... avec certains articles qu'on a adoptés
auparavant.
Des voix : ...
Mme Guilbault :
...alors que, dans l'article 42 de la Loi sur l'expropriation, c'était
20 jours.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Excusez-moi.
Si vous désirez... Est-ce que...
Mme Guilbault : Ah oui! Est-ce qu'on accepte que ma collègue réponde?
La Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce
qu'il y a consentement?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Si
vous pourriez vous présenter, s'il vous plaît.
Mme Ferlatte-Schofield
(Karine) : Oui. Bonjour.
Karine Ferlatte. Je suis évaluatrice agréée. Je suis aussi coordonnatrice aux acquisitions immobilières pour
les projets de la ligne bleue et du REM, donc, tout ce qui est transport
collectif.
Donc, c'est
sûr que, dans les dernières années, on en a vécu beaucoup. Entre autres, on
s'est rendu compte que 20 jours,
des fois, ce n'était pas suffisant pour nous. Quand on a eu à exproprier,
particulièrement, un centre d'achats de 250 locataires, ce n'était
pas suffisant, un 20 jours, pour nous, pour pouvoir notifier ces
locataires-là dans les délais. Donc, on a augmenté à 30. Par contre, ça ne raccourcit pas du tout le
délai entre la signification de l'expropriation et le quatre mois qu'on a prévu
pour la prise de possession. Ça fait que c'est vraiment juste une
accommodation, mais qui ne rallonge pas du tout nos délais.
M. Grandmont : ...pas le processus.
Merci pour les explications. Juste pour bien comprendre, là, le délai de
20 jours... Puis l'exemple que vous donnez, là, me semble quand même
assez... de nature importante, là. On parle de 250 quelques locataires qui faisaient partie, là, du processus
d'expropriation. Ça avait quoi, comme implication, le fait de peut-être
déborder du 20 jours? Est-ce que ça... Qu'est-ce que ça avait, comme
impact, dans le fond, sur le travail?
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) :
Bien, c'est sûr qu'on doit... on devait respecter le délai de 20 jours
pour signifier aux 200 locataires
aussi, pour pouvoir publier notre avis de transfert à temps. Donc, ça méritait
du travail jour et soir pour nos
techniciens chez nous. Puis, puisqu'il n'y a pas... ça ne change pas le délai
avec la prise de possession, bien, c'était comme un accommodement de le
mettre à 30 jours.
D'ailleurs,
on a... il y a plusieurs délais qu'on a arrondis à 30 jours
au lieu de 20 ou de 15, que vous allez pouvoir constater tout au long
des procédures.
M. Grandmont : Parfait. Merci. Ça
répond à ma question.
La Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Oui, M. le député de l'Acadie.
M.
Morin : ...comme vous le savez, Mme la Présidente, je dois
procéder à un débat au salon bleu à 10 heures avec M. le ministre de la
Justice, donc, simplement peut-être suspendre pour me permettre de me rendre au
salon bleu.
La Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce
que vous avez une intervention à faire sur l'article 15?
M. Morin : Sur l'article 15, je
n'en ai pas, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Ça fait que, peut-être, nous pouvons au moins
procéder à la mise aux voix. Ça fait que... Est-ce que l'article 15
est...
Des voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Il y
a un amendement.
Mme Guilbault : Ah oui! Mon amendement. C'est vrai.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Ça fait que, d'abord, Mme la ministre, je vais
quand même suspendre les travaux...
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce qu'il y a un amendement qui a été déposé?
O.K. Ça fait que ce n'est pas sur Greffier encore.
Alors, nous
allons suspendre les travaux pour donner le temps aux députés d'intervenir et
de mettre l'amendement sur le Greffier. Merci.
(Suspension de la séance à 9 h 55)
(Reprise à 10 h 23)
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Alors, nous allons reprendre les travaux. Mme la ministre, pour la lecture
de votre amendement à l'article 15.
Mme
Guilbault : Oui. Merci, Mme la Présidente. Alors, mon
amendement à l'article 15 : Insérer, dans le premier alinéa de
l'article 15 du projet de loi et après «d'expropriation et», «l'extrait du
cadastre du Québec ou».
Et le
commentaire : Il est proposé de modifier l'article 15 du projet de
loi en concordance avec les modifications apportées par amendement à l'article 9 du projet de loi, qui sont
venues prévoir que l'expropriant pourrait simplement accompagner l'avis d'expropriation d'un extrait du
cadastre du Québec lorsque l'expropriation porte sur un lot complet
situé en territoire rénové.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Morin : Il n'y a pas
d'intervention, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Maccarone) : ...pas d'intervention. Alors, nous allons procéder à la
mise aux voix de l'amendement à l'article 15. Est-ce que l'amendement de
l'article 15 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Parfait. Alors, est-ce qu'il y a autres
interventions à l'article 15 modifié?
M. Morin : Non, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Alors, nous allons procéder à la mise aux voix de
l'article 15 modifié. Est-ce que c'est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Nous allons procéder à l'article 16. Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. Merci. Article 16 : «Lorsque l'avis
d'expropriation inscrit pour un immeuble fait l'objet d'une demande en
radiation conformément au deuxième alinéa de l'article 15, l'expropriant
ne peut faire inscrire sur le registre
foncier un avis de transfert de droit pour cet immeuble que lorsque la personne
intéressée s'est désistée de [la] demande ou lorsque le jugement
refusant la demande en radiation est passé en force de chose jugée.
«Dans le
cadre de l'instance en fixation de l'indemnité d'expropriation et dans les six
mois qui suivent l'inscription sur le registre foncier d'un avis de transfert
de droit en contravention du premier alinéa, la partie dessaisie peut demander au Tribunal des dommages-intérêts en
réparation du préjudice résultant de cette inscription. Cette demande doit
être notifiée à l'expropriant.»
Donc, en commentaire : L'article 16 du
projet de loi prévoit que l'expropriant ne pourrait pas faire inscrire sur le registre foncier un avis de transfert de
droit lorsque l'avis d'expropriation visant l'immeuble à transférer fait
l'objet d'une demande en radiation.
Cette interdiction s'appliquerait tant que le demandeur ne s'est pas désisté de
sa demande ou que le jugement refusant la demande en radiation n'est pas
passé en force de chose jugée.
Cet article
prévoit également que, lorsque l'expropriant inscrit malgré tout l'avis de
transfert au registre foncier, la
partie dessaisie peut demander au TAQ des dommages et intérêts en réparation du
préjudice résultant de cette inscription. Elle doit le faire dans le cadre de l'instance en fixation de l'indemnité
d'expropriation et dans les six mois qui suivent l'inscription fautive
sur le registre foncier de l'avis de transfert de droit.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Est-ce qu'il y a des interventions? M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. Merci.
Simplement une question de compréhension pour l'instant, là. Quels genres de
préjudices peuvent résulter d'une simple inscription, dans le fond?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Bien, je proposerais que ma collègue réponde.
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui,
si vous pouvez vous présenter, s'il vous plaît.
Mme Massé
(Julie) : Oui. Bonjour. Julie Massé, avocate légiste à la
Direction des affaires juridiques, Transports et Mobilité durable.
Le genre de
préjudice, ça pourrait être si l'avis d'expropriation n'est pas valablement
inscrit et qu'un acheteur se
désistait, par exemple, d'acheter la propriété à cause... en voyant cet avis
d'expropriation là. À ce moment-là, je pourrais... l'exproprié pourrait
subir des préjudices, là, et les réclamer.
M. Grandmont : Merci.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce qu'il y a autres interventions? Alors, nous
allons passer à la mise aux voix. Est-ce que l'article 16 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Nous allons poursuivre. L'article 17. Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. Article 17 : «L'exproprié peut,
dans les 30 jours qui suivent la date de l'expropriation, contester le droit de l'expropriant à l'expropriation et
demander la radiation de l'avis d'expropriation au moyen d'une demande à la
Cour supérieure du district où est situé l'immeuble exproprié. Cette demande
doit être signifiée à l'expropriant et au Tribunal administratif du
Québec et elle doit être instruite et jugée d'urgence.
«Cette demande n'opère pas sursis de la
procédure d'expropriation, à moins que la Cour supérieure, sur demande de l'exproprié,
n'en décide autrement. S'il y a lieu, la Cour ordonne que les pièces du dossier
du Tribunal qu'elle détermine soient transmises sans délai au greffier
de la Cour.»
En commentaire : L'article 17 du
projet de loi maintiendrait le droit de l'exproprié de contester le droit de l'expropriant à l'expropriation tout en précisant
qu'il demanderait en même temps la radiation de l'avis d'expropriation. Cette demande en contestation et en radiation
serait présentée à la Cour supérieure. Toutefois, contrairement à la Loi sur
l'expropriation et afin de diminuer les délais de la procédure d'expropriation,
cette demande n'opérerait pas la suspension de la procédure d'expropriation, à moins que la Cour supérieure ne
l'ordonne à la suite d'une demande de l'exproprié.
Enfin, afin
de faciliter et d'accélérer le traitement de la demande, la Cour supérieure
pourrait ordonner que les pièces au
dossier du Tribunal administratif du
Québec soient transmises au greffier
de la cour, tout comme elle peut le faire, en vertu du Code de procédure
civile, lors d'un pourvoi en contrôle judiciaire.
Alors, ça
remplace ou, en tout cas, c'est l'équivalent de l'article 44 dans la loi
actuelle, et, dans la loi actuelle, comme ça a été déjà exprimé dans le
commentaire, là, bien, en ce moment, ça suspend la procédure quand il y a une
demande de radiation. Et ce qu'on propose dans le projet de loi, c'est, bien
sûr, de préserver le droit de contestation, mais
de faire en sorte que ça ne suspende pas la procédure comme telle, donc qu'on
puisse continuer de faire avancer certaines étapes dans le respect... dans le plein respect des droits de chacun.
Mais, ce faisant, on peut faire diminuer les délais, qui est un des
objectifs principaux du projet de loi, comme, je pense, tout le monde le sait.
La Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce
qu'il y a des interventions? Oui, M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, Mme la Présidente.
Alors, comme Mme la ministre vient de le souligner, effectivement, nous avons bien compris que l'intention du
législateur avec ce projet de loi, c'est d'aller plus vite. Cependant, parfois,
on va plus vite puis on cause plus de
dommages que quand on prend notre temps. Alors, moi, j'aurais quelques questions
et suggestions pour Mme la ministre.
• (10 h 30) •
D'abord, ma
compréhension du nouveau régime mis en place par la loi, c'est que la date de
l'expropriation, c'est la date de la signification de l'avis. Donc,
quand je lis l'article 17, ça voudrait donc dire que, quand un expropriant
signifie l'avis, l'exproprié qui vient de le
recevoir a 30 jours pour contester le droit de l'expropriant, ce qui n'est
quand même pas beaucoup, parce qu'il va falloir que l'exproprié,
j'imagine, ou bien ramasse des preuves ou consulte un avocat pour, après ça, déposer sa demande à la Cour supérieure, tout ça
dans un délai de 30 jours, ce qui est peu. Mais, en plus, le
législateur vient ajouter, dans le deuxième alinéa, que cette demande n'opère
pas le sursis de la procédure, sauf si le tribunal en décide autrement.
Et donc le
scénario qu'on peut voir arriver, c'est qu'il va y avoir une contestation, la
procédure d'expropriation va continuer, et il est possible que la Cour
supérieure décide que l'expropriant n'a pas le droit d'exproprier. C'est
sûr que, si la Cour supérieure rend sa
décision, même si ça doit être jugé d'urgence, un an ou deux après, alors là,
il va falloir réévaluer tous les dommages qui ont été causés à
l'exproprié.
En fait, moi, j'aurais préféré, sincèrement, que
le deuxième alinéa se lise en disant que ça opère sursis, sauf, sauf si l'expropriant est capable de démontrer
d'une façon particulière qu'il y a véritablement urgence d'agir. Mais, comme
c'est là, moi, ma crainte, et je tiens à
l'exprimer, c'est que non seulement on va complexifier les procédures, mais on
risque de les ralentir plutôt que de
les accélérer, et faire en sorte qu'on va multiplier les recours, et, en bout
de piste, peut-être se ramasser avec
des dommages plus élevés que ce qu'on aurait dû... en fait, ce que
l'expropriant aurait dû payer de toute façon. Alors, j'aimerais, s'il
vous plaît, Mme la Présidente, entendre Mme la ministre là-dessus.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. Merci, Mme la Présidente. Bien, peut-être
pour rassurer mon collègue, d'abord, dans le premier alinéa, le délai de 30 jours, c'est le même qui est déjà
prévu à l'article 44 de la Loi sur l'expropriation. Donc, il n'y a
rien de plus court ou de plus long. C'est la même chose qu'on a en ce moment.
Et, pour le deuxième, bien, c'est sûr que, quand
on dit qu'on ne suspend pas la procédure, c'est que ça va permettre à
l'expropriant d'aller de l'avant avec certains travaux ou certaines actions par
rapport... puis là je validais avec ma collègue ici, qui connaît bien la chose,
par rapport, mettons, à des tests, ou à des vérifications pour la contamination, ou la capacité portante d'un sol,
ou des choses comme ça, en vue de documenter la zone en question pour l'éventuel projet. Mais ce sont des choses qui
feront en sorte que, si jamais la radiation est acceptée puis que
l'expropriation n'avait pas lieu, on pourra remettre en état le terrain
en question, puis il n'y aura pas de préjudice, alors... de préjudice durable pour le non-exproprié,
finalement. Puis ça poursuit l'objectif d'aller plus rapidement, là. Il faut
toujours garder ça à l'esprit aussi.
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le député.
M. Morin : Merci. En tout cas, c'est
clair que, pour aller plus rapidement, on va aller plus rapidement. Ça, j'ai bien compris. C'est évident. Mais, comme je
le disais tout à l'heure, des fois, quand on veut aller trop vite, ça ne va
pas nécessairement mieux après.
Puis je
comprends, je comprends très bien ce que dit Mme la ministre. C'est sûr que, si
les travaux qui sont faits, c'est quelques analyses de sol, une ou deux
carottes, on regarde ce qu'il y a dans le sol, est-ce que c'est contaminé ou pas, bien évidemment, pour l'exproprié, ça,
l'impact est minime. Mais c'est à condition, évidemment, que la Cour supérieure
puisse rendre sa décision. Même si c'est jugé d'urgence,
très rapidement, bien, si ça prend un an, ou deux, ou trois, il va arriver deux
choses : ou bien l'expropriant va arrêter parce que, là, il ne saura pas,
ou, s'il a besoin d'une partie de terrain pour un usage public, il va carrément
arracher le bout de terrain, ou il va détruire l'immeuble, puis là, à ce moment-là, le préjudice va être énorme s'il
n'avait pas le droit d'exproprier, ou encore, parce qu'il ne voudra peut-être
pas détruire l'immeuble, il va arrêter puis
il va attendre. Donc, d'un côté comme de l'autre, ça n'ira pas nécessairement
plus vite. Et, si moi, j'étais exproprié puis que j'étais confronté à cette
éventualité-là, par exemple, je pourrais perdre mon immeuble. C'est sûr que les
recours vont augmenter.
Donc, je crains que ça n'aille pas plus vite, au
contraire, mais que ça fasse en sorte qu'on va multiplier les recours devant les tribunaux, qu'on va les
complexifier. Puis c'est la raison pour laquelle la proposition, finalement, que
je faisais à Mme la ministre, c'est de
dire : Voyons-le d'une autre façon. Ça opère sursis des procédures, puis,
si l'expropriant est capable de
convaincre le tribunal que c'est tellement important qu'il faut qu'il continue,
bien, non seulement il aura la chance
de démontrer qu'il y a une assise juridique valable à son droit d'exproprier,
mais qu'en plus il y a une urgence d'agir.
Et je pense qu'à ce moment-là on obtiendra un meilleur équilibre et qu'on
protégerait davantage, finalement, les droits de l'exproprié.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. Bien là, je comprends, là, que le collègue
maintient sa position, mais moi, je vais maintenir la mienne, Mme la
Présidente, là, ce que j'ai déjà expliqué la dernière fois que j'ai parlé au
micro.
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le député.
M. Morin : Je vous remercie. Je
maintiens également ma position et... Voilà. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? M. le député de Taschereau.
M.
Grandmont : Bien, d'abord, tout simplement, sur les
commentaires, là, de notre collègue, là, de l'Acadie, là, moi, je comprends
qu'il n'y a pas de modification sur les délais qui sont mis en place. On est
toujours dans du 30 jours. C'est
simplement... La modification vient enlever, finalement, le sursis, là,
c'est-à-dire qu'on continue le processus sans surseoir, ce qui m'apparaît une bonne façon de travailler pour accélérer
les délais. Le 30 jours est toujours le même. On n'a pas augmenté les délais. On ne les a surtout
pas réduits. Donc, l'exproprié a toujours la possibilité de pouvoir contester
l'expropriation. Ça me semble, justement, équilibré, comme proposition,
d'autant qu'on est, comme je le rappelle toujours, là, dans une perspective où
on veut accélérer les délais.
Moi, je me
posais des questions sur... Puis peut-être que Mme la ministre ou ses collègues
pourront répondre. On parle, dans le
deuxième paragraphe, que... alinéa, pardon, que cette demande-là... en fait,
que la Cour supérieure peut, sur
demande de l'exproprié, opérer un sursis. Est-ce que... D'abord, quels
pourraient être... Ma question est la suivante, là : Quels pourraient être les critères qui pourraient être
invoqués pour demander un sursis? Est-ce qu'on risque d'en avoir souvent, régulièrement? Et est-ce qu'avec cette
disposition-là, dans le fond, on n'est pas en train d'ouvrir une boîte dans
laquelle, finalement, tout le monde va
demander... tous les expropriés vont demander un sursis? Bien, j'aimerais
comprendre les motifs qui pourraient, selon la Cour supérieure, là,
autoriser un sursis.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. Bien, je proposerais que ma collègue du PGQ
réponde, si le député Taschereau est d'accord.
La Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce
qu'il y a consentement?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Si
vous pouvez vous présenter, votre nom et votre titre, s'il vous plaît, avant de
prendre la parole.
Mme Légaré (Geneviève) : Parfait.
Merci. Geneviève Légaré. Je suis du bureau du Procureur général au ministère de
la Justice du Québec, à... du Procureur général à Montréal.
Bien, écoutez, en fait, pour pouvoir suspendre
tout le processus, le fameux sursis, la personne doit démontrer qu'il y a un préjudice. C'est vraiment la
condition à satisfaire : Est-ce qu'il y a un préjudice? Quand c'était dans
le sens inverse avec
l'article 44.2, c'était aussi la condition pour le gouvernement. Mais
c'est tout autour de la notion du préjudice.
Donc, est-ce que ça me cause un préjudice si l'expropriant va de l'avant? Et
puis, si la réponse est oui, bien, la Cour
supérieure va donner droit à la demande de l'exproprié. Mais, c'est ça, la
preuve, c'est vraiment au niveau du préjudice.
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le député.
M. Grandmont : O.K. Merci beaucoup.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Parfait. Est-ce qu'il y a autres interventions?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux
voix. Est-ce que l'article 17 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Merci. Mme la ministre, article 18, s'il vous plaît.
Mme
Guilbault : Oui. Article 18 : «Le jugement sur une
demande faite en vertu de l'article 17 est notifié sans délai par
le greffier de la Cour supérieure au Tribunal et, lorsque le jugement fait
droit à la demande, est signifié aux parties s'il ordonne d'accomplir ou de ne
pas accomplir un acte.»
En
commentaire : L'article 18 du projet de loi prévoit essentiellement
deux obligations d'information. La première imposerait au greffier de notifier au Tribunal administratif du Québec
le jugement rendu sur la demande en contestation et en radiation prévue à l'article 17 du projet de loi afin
d'informer le tribunal du jugement rendu par la Cour supérieure. La
seconde lui imposerait de signifier aux parties, notamment l'expropriant, le
jugement invalidant la procédure d'expropriation.
Ce dernier devrait alors, en vertu de l'article 20 du projet de loi,
présenter à l'Officier de la publicité foncière le jugement invalidant
le droit à l'expropriation et ordonnant la radiation de l'avis d'expropriation.
• (10 h 40) •
La
Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce qu'il y a des interventions? S'il n'y a pas
d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 18 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Mme la ministre, article 19, s'il vous plaît.
Mme
Guilbault : Merci. Article 19 : «L'appel d'un jugement
rendu sur une demande faite en vertu du premier alinéa de
l'article 17 n'a lieu que sur permission d'appeler accordée par un juge de
la Cour d'appel. Il est soumis aux règles applicables
à un jugement au fond de la Cour supérieure; cependant, l'appelant doit
produire au greffe et notifier à l'intimé son mémoire dans les
15 jours qui suivent le dépôt de la déclaration d'appel et l'intimé n'est
pas tenu de produire de mémoire.
«À moins que le juge en
chef n'en décide autrement, l'appel est entendu par préférence, à la
première séance qui suit la production du mémoire.»
En commentaire : L'article 19 du
projet de loi reprend l'article 44.2 de la Loi sur l'expropriation et
prévoit que l'appel d'un jugement rendu sur
une demande en contestation et en radiation ne se fait que sur permission par
un juge de la Cour d'appel. Les
règles applicables à l'appel d'un jugement au fond de la Cour supérieure sont
applicables, sauf celle quant à la
production du mémoire de l'appelant qui doit être produit au greffe... et
notifier à l'intimé son mémoire dans
les 15 jours qui suivent le dépôt de la déclaration d'appel, et celle que
l'intimé n'est pas tenu de produire de mémoire.
Enfin, cet
article prévoit que, sauf si le juge en chef n'en décide autrement, l'appel est
entendu par préférence, à la première séance qui suit la production du
mémoire.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce qu'il y a des interventions? S'il n'y a pas
d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 19 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre, article 20, s'il vous plaît.
Mme Guilbault : Oui. Article 20, et j'aurai un amendement.
Article 20 : «Lorsque la Cour supérieure fait droit à la demande de l'exproprié contestant le droit à l'expropriation
et demandant la radiation de l'avis d'expropriation, l'expropriant doit,
dans les 30 jours qui suivent la date où le jugement est passé en force de
chose jugée, présenter à l'Officier de la publicité foncière le jugement
invalidant le droit à l'expropriation et ordonnant la radiation de l'avis
d'expropriation.
«L'expropriant doit notifier aux parties
dessaisies l'état certifié de la radiation de l'avis d'expropriation sur le registre foncier accompagné d'un avis les
informant de leur droit de demander au Tribunal, dans les six mois qui suivent
cette notification, des dommages-intérêts en
réparation du préjudice résultant de la procédure d'expropriation. Dans le cas
d'une notification au locataire ou à l'occupant de bonne foi, cet état certifié
doit également être accompagné du jugement visé au premier alinéa.»
En commentaire : L'article 20 du
projet de loi prévoit que, lorsque la procédure d'expropriation est invalidée par la Cour supérieure, l'expropriant devrait
présenter à l'Officier de la publicité foncière le jugement invalidant le droit
à l'expropriation et ordonnant la
radiation de l'avis d'expropriation afin que l'avis d'expropriation soit radié
du registre foncier.
Il devrait ensuite notifier aux parties
dessaisies l'état certifié de la radiation de l'avis d'expropriation sur le registre foncier et les informer, par un avis, de
leur droit de demander au TAQ des dommages-intérêts en réparation du préjudice
résultant de la procédure d'expropriation. Il devrait également transmettre aux
locataires et aux occupants de bonne foi le jugement invalidant la
procédure d'expropriation puisque ceux-ci ne participent pas à cette procédure.
La Présidente (Mme Maccarone) : Nous
allons suspendre les travaux quelques instants, le temps de recevoir
l'amendement sur le Greffier.
(Suspension de la séance à
10 h 44)
(Reprise à 10 h 46)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous allons reprendre. Mme la ministre, pour la lecture de l'amendement
à l'article 20, s'il vous plaît.
Mme
Guilbault : Oui. Alors, je lis mon
amendement à l'article 20?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui, s'il vous plaît.
Mme
Guilbault : Parfait.
Article 20 : Remplacer, dans le premier alinéa de l'article 20
du projet de loi, «Lorsque la Cour supérieure» par «Lorsqu'il est».
Et en
commentaire : Il est proposé de modifier le texte proposé de
l'article 20 du projet de loi afin de tenir compte que les tribunaux en
appel pourraient également faire droit à la demande de l'exproprié si le
jugement rendu par la Cour supérieure était porté en appel.
La Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce
qu'il y a des interventions à l'amendement à l'article 20? S'il n'y a pas
d'intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que... Oui, M. le
député d'Acadie.
M. Morin : Merci, Mme la Présidente. Donc, en fait, vous
voulez... au lieu d'indiquer «Lorsque la Cour supérieure», vous voulez
éviter une redite et vous utilisez «il».
Mme
Guilbault : Excusez, je n'ai pas entendu
la question.
M. Morin : Avec
votre amendement, puisque vous enlevez «la Cour supérieure» et que vous
utilisez «il», c'est que vous voulez éviter une redite plutôt que dire encore
«la Cour supérieure».
Mme Guilbault : Non. C'est qu'on ne veut pas limiter à la Cour supérieure puis on veut
que les tribunaux en appel puissent aussi avoir la même possibilité.
M. Morin : Vous ne voulez pas le limiter à la Cour
supérieure. Donc, vous voulez le permettre à quelles cours?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Bien... Est-ce qu'on a une
précision qu'on peut apporter, plus juridique?
Des voix : ...
Mme
Guilbault : Si la demande à la Cour
supérieure, de radiation, est portée en appel puis que c'est les tribunaux
d'appel qui rendent la décision, il faut que cette même décision là aussi fasse
l'objet de l'article 20, là, soit notifiée,
etc. Mais là on limitait à la Cour supérieure, dans le fond. C'est lorsque la
Cour supérieure et la Cour d'appel...
M. Morin : O.K. Donc, plutôt que de reprendre un article qui
mentionnerait spécifiquement la Cour d'appel, en modifiant 20 puis en mettant
«il», vous voulez inclure la Cour supérieure et la Cour d'appel. C'est ma
compréhension.
Mme
Guilbault : Exactement, oui.
M. Morin : O.K.
Parfait.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Est-ce qu'il y a autres interventions? Non? Parfait. S'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce
que l'amendement à l'article 20 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Nous revenons à l'article 20. Est-ce qu'il y a
autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 20, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Parfait. Nous allons poursuivre. Mme la ministre,
pour la lecture de l'article 21. Et nous avons aussi un amendement.
• (10 h 50) •
Mme Guilbault : Oui. Merci, Mme la Présidente. Article 21 :
«Lorsque la Cour supérieure fait droit à la demande
de l'exproprié contestant le droit à l'expropriation et demandant la radiation
de l'avis d'expropriation, les parties dessaisies peuvent, dans le cadre
de l'instance en fixation de l'indemnité d'expropriation, demander au Tribunal
des dommages-intérêts en réparation du préjudice résultant de la procédure
d'expropriation. La demande doit être déposée
[au tribunal], dans le cas d'un exproprié, dans les six mois qui suivent la
date à laquelle le jugement est passé en force de chose jugée et, dans
le cas du locataire ou de l'occupant de bonne foi, dans les six mois qui
suivent la date de la notification prévue au
deuxième alinéa de l'article 20. Cette demande doit être notifiée à
l'expropriant dans ces mêmes délais.
«Dans le cadre de cette même instance et dans
les six mois qui suivent la date à laquelle le jugement est passé en force de
chose jugée, l'expropriant peut demander au Tribunal d'ordonner à la partie
dessaisie de restituer la totalité ou une partie des indemnités. Cette demande
doit être notifiée à la partie dessaisie dans ce même délai.
«Les délais prévus au présent article sont de
rigueur.»
En
commentaire : L'article 21 du projet de loi prévoit que, lorsque la
procédure d'expropriation est invalidée, les parties dessaisies pourraient demander au TAQ des dommages-intérêts en
réparation du préjudice résultant de la procédure d'expropriation.
Il prévoit
également que l'expropriant pourrait également demander au tribunal d'ordonner
à la partie dessaisie de restituer la
totalité ou une partie des indemnités qui lui ont été versées. Il prévoit que
ces demandes devraient être faites dans
le cadre de l'instance en fixation de l'indemnité d'expropriation, regroupant
ainsi les demandes d'indemnité sous la compétence du tribunal.
Il prévoit finalement des délais de rigueur pour
présenter ses demandes, lesquelles doivent être notifiées à l'autre partie.
La Présidente (Mme Maccarone) : L'amendement.
Mme
Guilbault : Et l'amendement, article 21 : Remplacer,
dans le premier alinéa de l'article 21 du projet de loi, «Lorsque
la Cour supérieure» par «Lorsqu'il est».
Et c'est la concordance avec ce qu'on vient de
faire pour l'article 20.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce qu'il y a des interventions? S'il n'y a pas
d'intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement à l'article 21 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Est-ce qu'il y a des interventions à l'article 21 tel qu'amendé? S'il n'y
a... Oui, M. le député d'Acadie.
M.
Morin : En fait, je comprends, Mme la Présidente, qu'avec
l'article 21, si jamais le droit de l'expropriante, finalement... si le tribunal décide que
l'expropriante n'a pas de droit, donc, la partie ou l'exproprié va pouvoir
demander des dommages-intérêts, mais au tribunal, qui est le Tribunal
administratif et non pas la Cour supérieure. Est-ce qu'il y a une limite des
dommages-intérêts qui peuvent être accordés?
Puis je
comprends du deuxième alinéa que l'expropriant peut demander au tribunal
d'ordonner à... de restituer la
totalité ou une partie des indemnités. Je comprends que l'expropriant pourrait
se dégager de la procédure d'expropriation. Est-ce que je comprends
bien? Puis quelles... Est-ce qu'il y a des balises pour les dommages-intérêts?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault : Non. Bien, pour ce qui est des balises, tant que c'est
justifié, il n'y a pas de balise, selon ce que
je comprends. Puis là, pour la partie de la restitution, si mon collègue est
d'accord, j'inviterais ma collègue ici à compléter.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
Légaré.
Mme Légaré (Geneviève) : Est-ce queje me représente?
La Présidente (Mme Maccarone) : Non.
Ce n'est rien qu'une fois. On est bons pour la journée.
M. Morin : Je consens, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme Légaré (Geneviève) : Merci. En
fait, c'est les indemnités qui auraient pu être versées dans le cours du
processus. Donc, pensons, j'imagine, aux indemnités provisionnelles, entre
autres, qui est un prérequis pour l'avis de transfert, là, qui est la première indemnité qu'on
va voir dans les prochains articles, là, l'indemnité initiale. Ça pourrait
être ça qui pourrait être la demande, là, qui... en restitution, en fait.
M. Morin : O.K. Est-ce qu'il
pourrait y avoir des dommages-intérêts autres qui pourraient être accordés,
compte tenu de ce que l'exproprié a dû vivre?
Mme Légaré (Geneviève) : Oui. Bien,
en fait, les dommages-intérêts, ça peut être, par exemple, les frais d'expert qui auraient pu être encourus dans le
cadre du processus, parce que, dès le début du processus, on peut avoir des experts,
pensons, entre autres, aux évaluateurs agréés. Donc, il y aurait ces frais-là,
principalement des frais... C'est un petit peu un parallèle aussi avec un
désistement, donc, les honoraires des avocats qui auraient pu être encourus dans le cadre du processus aussi. Puis c'est les
frais, généralement, qui sont demandés aussi dans un désistement. Donc,
il y a un parallèle qu'on peut faire, en fait, avec la contestation, là, sur
dommages-intérêts.
M. Morin : O.K. Donc, l'exproprié
pourrait voir ses frais d'avocat remboursés à titre de dommages-intérêts.
Mme Légaré
(Geneviève) : Oui. Je pense que c'est prévu. Je ne me souviens
pas de la disposition exacte, mais c'est prévu plus loin dans le projet
de loi n° 22, là.
M.
Morin : C'est parce que ma compréhension, puis j'ai
peut-être mal lu, mais c'est qu'au niveau des indemnités les honoraires
professionnels des avocats ne seraient pas inclus.
Mme Légaré
(Geneviève) : Non, pas de manière générale, sauf dans des
contextes très, très précis, comme le désistement, où c'est remboursé,
évidemment, sur preuve de présentation de factures. Ça doit être justifié, on
s'entend.
M. Morin : Bien sûr, là. Ça, c'est
sûr.
Mme Légaré (Geneviève) : Même chose
pour la contestation également, mais des cas extrêmement précis. Donc, de
manière générale, là, dans le processus d'expropriation, les frais ne sont pas
remboursés pour les honoraires des avocats.
M.
Morin : Donc, même si l'article 102 dit que ne sont
pas des préjudices directement causés par l'expropriation, notamment,
les honoraires professionnels des avocats, si jamais il y avait un désistement
à 21, le tribunal pourrait rembourser les frais des avocats.
Mme Légaré
(Geneviève) : Si la contestation... Si la cour donne droit à la
contestation... fait droit, en fait, à la contestation. C'est ma
compréhension, oui.
M. Morin : O.K. Mais il n'y a rien
dans le projet de loi qui l'indique.
Mme Légaré (Geneviève) : Oui. Je ne
me souviens juste pas de l'article par coeur.
Des voix : ...
Mme Légaré (Geneviève) : 130, dans
la section des frais de justice, là.
M. Morin : O.K. Parfait. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Dans l'article 21, on introduit... on dirait qu'on introduit, en fait, une notion, là, de délai.
Donc, dans le fond, on parle d'une durée de six mois, là. Ça se compare comment
par rapport à ce qu'on avait antérieurement, dans la loi actuellement en
vigueur?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre ou Mme Légaré?
Mme Guilbault : Bien, je laisserais ma collègue.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
Légaré.
Mme Légaré (Geneviève) : Oui. En
fait, pour la loi actuelle sur l'expropriation, c'est l'article 44.3 pour
le préjudice. C'est ce qui est prévu en ce
moment, là. Le projet de loi n° 22 est beaucoup plus élaboré, là, que ce
qui est prévu dans la loi actuelle sur l'expropriation, là.
M. Grandmont : Et donc,
antérieurement, il n'y avait pas de délai maximum prescrit.
Mme Légaré
(Geneviève) : Non. En fait, c'est : «Lorsque la Cour supérieure
fait droit à la demande de l'exproprié contestant le droit à l'expropriation,
l'exproprié a un recours contre l'expropriant si un préjudice lui a été causé
[pour] la poursuite des procédures...»
M. Grandmont : Parfait. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui,
M. le député d'Acadie.
M. Morin : Merci. Toujours à
l'article 21, si le droit de l'expropriant n'est pas reconnu, mais que
l'exproprié avait un immeuble avec des
logements et que les locataires ont déjà quitté, quel est le type d'indemnité
que pourraient recevoir les locataires ou le locataire?
Mme Légaré (Geneviève) : S'ils ont
déjà eu le temps de quitter, là?
M. Morin : Bien,
c'est ça, s'ils ont quitté ou... Oui, effectivement. Ça fait que, là, à ce
moment-là, quelles seraient les indemnités qu'ils pourraient avoir,
étant entendu qu'ils ne voulaient pas nécessairement déménager?
Mme Légaré
(Geneviève) : Bien, pour ce qui est du locataire à proprement
parler, évidemment, là, ils ont toujours une preuve à faire puis des
justificatifs à démontrer, là, mais ça pourrait être les frais encourus, là,
par rapport au déménagement ou à... au fait qu'ils ont dû quitter l'immeuble,
là.
Mais, ce qu'il faut comprendre quand même, la
contestation, ça se passe extrêmement rapidement. C'est pour ça aussi qu'ils le
mettent dès le début, avec la signification de l'avis d'expropriation, dans les
30 jours. Et puis, en parallèle, la procédure
va cheminer au niveau de l'expropriation, mais il faut quand même respecter la
loi avec les délais avant de devenir propriétaire. Donc, le but, c'est quand
même qu'on gère le plus rapidement possible la contestation pour,
justement, éviter des impacts sur l'exproprié, ses locataires et ses occupants
de bonne foi. Donc, avant qu'il ait le temps
de quitter... Il faudrait vraiment que la procédure s'éternise au niveau de la
Cour supérieure et que l'expropriant aille
vraiment de l'avant, lui, de son côté, là, une fois qu'il est propriétaire puis
qu'il décide vraiment d'entreprendre, là, tout son... d'aller de l'avant, dans le fond, avec la réalisation de son
projet, là. C'est assez rare, honnêtement, qu'on va se rendre jusque-là,
parce que c'est une procédure qui existe, en ce moment, la contestation, là.
M. Morin : Oui, vous avez raison, ce
n'est pas une nouvelle procédure, la procédure existe, mais, je veux dire, on connaît les délais judiciaires
présentement, là. Et évidemment on voudrait qu'il n'y en ait pas, mais il y en
a. Donc, si le locataire quitte et qu'il se trouve un autre logement,
puis il est possible que cet autre logement là, évidemment, lui coûte plus cher et que, là, finalement,
l'expropriant voie son droit annulé, alors là, il va être obligé... tu sais, il
ne pourra pas casser son bail. Il est obligé de payer plus cher. Donc,
c'est... Est-ce que ça peut inclure ces dommages-là? Parce que le locataire,
lui, il n'a rien demandé, là. Puis ma compréhension, mais corrigez-moi si je
fais erreur, mais... Si ça prend du temps... Parce que, là, évidemment...
C'est sûr que la proposition que j'avais faite
tout à l'heure, c'était d'arrêter. Ça fait qu'évidemment, ce type de dommage
là, là, vous ne les aurez pas, parce que vous arrêtez, à moins que
l'expropriant aurait pu démontrer que c'était
tellement urgent d'agir que, là, il fallait qu'on procède. Mais là ce
scénario-là que je vous propose pourrait arriver. Donc, est-ce que le
locataire va pouvoir demander la différence qu'il a à payer dans son loyer?
Puis pendant combien d'années?
• (11 heures) •
Mme Légaré (Geneviève) : Oui. Ça,
c'est... On rentre tout dans le fardeau de preuve. Il y a vraiment une
justification à faire au niveau du Tribunal administratif. Il y a la notion
aussi de mitigation des dommages. Est-ce que c'était la décision à prendre? Là,
je ne veux pas rentrer trop dans les détails non plus puis prendre tout le
temps, là, mais il y a vraiment une notion
de preuve et puis de mitigation des dommages qui va être analysée par le
tribunal, par l'expropriant aussi.
Je pense que le premier qui serait impacté, ce serait
le propriétaire qui voit son locataire partir. Donc, il a une perte de revenus, par conséquent, surtout s'il
fallait que... il a de la difficulté à relouer, par exemple, son loyer. Un
locataire qui part tout de suite, ça pourrait, disons, faire l'objet,
disons, d'une réclamation qui soit débattue devant le Tribunal administratif du
logement. Mais, comme je disais, là, c'est vraiment le fardeau de preuve. Il
faut que ce soit justifié. La notion de mitigation des dommages, tout ça va
être analysé par le Tribunal administratif. Puis il faut vraiment...
C'est du cas par cas, hein, les dossiers en
expropriation. Chaque cas est un cas d'espèce. Donc, je ne peux pas vous dire qu'un locataire va avoir le droit à
trois ans de loyer comme ça. C'est vraiment du cas par cas, selon le dossier,
le type de loyer qu'il avait, est-ce que ça faisait longtemps qu'il l'occupait,
des choses comme ça.
M.
Morin : Là-dessus, en fait, je suis entièrement d'accord
avec vous sur deux points. Le premier, c'est qu'en bout de piste ça finit
toujours par être une question de preuve. J'imagine qu'au Procureur général du
Québec vous plaidez.
Mme Légaré (Geneviève) : Oui. Je
fais du contentieux à Montréal.
M.
Morin : Donc, vous allez
devant les tribunaux. Donc, c'est toujours un élément de preuve. J'ai eu la
chance de faire ça pendant une grande partie de ma vie, ça fait
qu'évidemment... Il ne suffit pas de se lever à la cour puis dire : Écoutez, M. le juge, il est coupable,
ou : Ça m'a coûté 50 000 $, puis faites-moi un chèque. Ce n'est
pas comme ça. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Là-dessus, vous avez
entièrement raison. Mais prenons pour acquis que ces éléments de preuve
là existent. Donc, à un moment donné, le tribunal va être obligé de se pencher
là-dessus.
Je vous dirais, honnêtement, ce qui m'inquiète
particulièrement, c'est toute la situation des locataires, pas que les
propriétaires n'ont pas un rôle fondamental à jouer, ce n'est pas ça que je
dis, qu'on me comprenne bien, mais c'est parce qu'on vit une crise puis une
pénurie de logements. Donc, un propriétaire, je pense, dans plusieurs villes au Québec, vu que l'occupation des
logements est à 100 %, bien, normalement, il devrait être capable de se
retrouver des locataires assez rapidement. L'enjeu, pour moi, ça va être
le locataire. Lui, il va avoir de la misère. Puis, si ça lui coûte plus cher... Puis, à moins que vous me
confirmiez que, si le droit de l'expropriant est cassé ou n'est pas revenu, c'est
un motif pour casser un bail, ce que je ne pense pas, là, le locataire va être
pris avec son nouveau bail.
Puis prenons pour acquis qu'il y en a, de la
preuve. Moi, ce que je ne veux pas, c'est qu'il y ait des gens qui soient pénalisés. C'est ce que je disais dans mes
remarques introductives. Moi, ce que je recherche, c'est un équilibre. De l'expropriation, écoutez, il en faut. Ce n'est
pas un droit nouveau, là. On n'est pas en train de créer un nouveau droit. C'est
clair, là. Mais il n'en demeure pas moins que je ne veux pas qu'il y ait de
débalancement. Puis, si, après ça, les gens
se ramassent puis se sont appauvris, puis qu'en plus le tribunal dit :
Non, non, expropriant, vous n'aviez pas le droit, puis qu'en plus ça n'opère pas sursis des
procédures, bien, moi, si j'étais locataire, je me dirais : Bien,
franchement, c'est le fun, hein, ça me coûte plus cher, je ne peux pas
retourner où j'étais.
Donc, c'est ça que j'essaie, évidemment,
d'explorer avec vous pour s'assurer que, dans un cas comme ça... Puis il n'y en aura peut-être pas des millions,
là, puis, vous l'avez dit, c'est souvent du cas par cas, puis c'est ce que les
gens nous ont dit aussi en commission parlementaire quand on a entendu les
groupes, mais, si ce cas-là arrive, je veux juste m'assurer, moi, comme
législateur, qu'il n'y aura pas un préjudice pour le locataire.
Mme Légaré (Geneviève) : Bien, en
fait, il y a deux types d'expropriation. Il y a l'expro partielle puis il y a
l'expropriation totale. Et ça, c'est surtout dans des cas d'expropriation
totale que les gens vont vraiment être amenés à quitter, évidemment, là, le
bâtiment ou autre, là, cesser leurs opérations ou trouver un autre site, peu
importe. Puis, en partielle, généralement,
surtout pour le locataire... en principe, ils vont pouvoir continuer d'occuper
le logement, leur appartement, donc.
M. Morin : Oui. On s'entend.
Mme Légaré (Geneviève) : Et puis,
dans un cas d'achat total, où on a vraiment besoin de faire quitter les gens,
donc, les locataires, parce que l'expropriant irait vraiment jusqu'au bout du
processus malgré la contestation en Cour
supérieure, bien là, ça nous ramène à la loi qui demande aux parties de
collaborer. Donc, l'expropriant va être là pour aider le locataire et puis le propriétaire dans la démarche. Tu
sais, il y a le processus d'expropriation, mais l'expropriant est vraiment une partie intégrante du processus,
et de là toute l'importance que les parties se parlent, communiquent. Puis évidemment
c'est ce que fait ressortir aussi le projet de loi, l'importance, là, de la
collaboration entre les parties.
Je pratique
quand même depuis 15 ans puis je peux vous confirmer, là, qu'on se fait un
devoir de collaborer puis d'aider les gens malgré le processus. On sait que
c'est un pouvoir exorbitant, mais ça n'empêche pas qu'on est vraiment partie
prenante du processus, et puis on est là pour les accompagner dans la démarche.
Donc, advenant le cas où ça va de l'avant,
on ne laissera pas tomber les gens, là. Ils vont avoir leur démarche
personnelle. Ils ont accès à des experts, entre autres, des évaluateurs agréés.
Quand c'est des logements ou des propriétés à trouver, bien évidemment, il va y
avoir les courtiers qui peuvent aussi être impliqués dans le dossier,
mais l'expropriant va faire sa démarche aussi puis va aider le locataire ou, quand c'est un propriétaire aussi
qui doit se relocaliser, l'expropriant va avoir ses propres experts pour aider, dans le fond, l'exproprié, le locataire à
se retrouver un bâtiment, un logement, un local pour poursuivre ses opérations.
M.
Morin : Je vous remercie. Ça, c'est dans le cas d'un bail
de logement. Je comprends que le scénario qui est prévu à
l'article 21 pourrait également s'appliquer à un bail commercial.
Mme Légaré
(Geneviève) : Bien, c'est tous types de baux, dans le fond, là,
qui est visé, là, par l'expropriation. Donc, c'est un bail commercial
ou...
M.
Morin : Et je pense qu'il y a un ou une de vos collègues,
tout à l'heure, je pense que c'était Mme Ferland, qui disait, pour
l'expropriation de certains secteurs de la ligne bleue... À un moment donné,
vous avez rencontré un centre d'achats. Donc
là, il y a eu plusieurs avis à donner. Maintenant, si jamais, dans un scénario
comme ça, le droit de l'expropriant
était cassé, pas reconnu, chaque locataire avec un bail commercial pourrait
demander des dommages et intérêts.
Mme Légaré (Geneviève) : Oui. Il n'y
a pas d'exception dans la loi. Que ce soit un locataire commercial ou résidentiel, c'est un locataire. Puis évidemment
le locataire doit avoir un bail avec son locateur, qui est le propriétaire,
qui devient notre exproprié. Il n'y a pas d'exception pour un locataire d'un
centre d'achats, là. Je vous le confirme.
M. Morin : Donc, par exemple, avec
mon exemple de centre d'achats, si vous avez, je ne sais pas, moi, une
trentaine de commerces, l'expropriant veut procéder, bon, les expropriés, les
locataires commencent à se relocaliser.
Finalement, le droit est cassé, parce que, là, on sait que la procédure va
continuer. Donc, chaque locataire pourrait demander des dommages et
intérêts au tribunal, ce qui fait que ça va multiplier les procédures.
Mme Légaré (Geneviève) : Bien,
s'il y a des dommages, oui, s'il y a des dommages qu'ils estiment avoir subis
dans le cadre du processus. Puis ça me
ramène toujours à mon fardeau de preuve. Il faut que ce soit justifié, bien
entendu. Donc, je ne peux pas vous dire que c'est un oui automatique que
ça va être accordé, là.
M. Morin : Non, non, non, puis on se comprend. Tu sais, c'est
comme quand, des fois, des gens nous demandent : Est-ce que je peux être poursuivi? Bien, la
réponse, habituellement, c'est oui. Maintenant, est-ce que l'autre va gagner?
Bien, ça, c'est une autre affaire. C'est une
question de preuve. Ça, on s'entend là-dessus. Mais donc, au fond, ça ne
pourrait que multiplier les procédures.
Mme Légaré
(Geneviève) : Bien, le cas du centre d'achats est quand même très
particulier aussi, là. On peut avoir un
centre d'achats, mais qu'on prenne juste une toute petite portion du terrain.
Ça ne veut pas dire qu'on affecte l'ensemble
du centre d'achats. Puis ça, j'imagine qu'on va en reparler plus tard, là, avec
la notion des indemnités à verser, là.
Donc,
ça me ramène encore à chaque cas est un cas d'espèce. Tout le monde a un droit,
dans le fond, de réclamer, puis là ce
qui va en résulter, après ça, au Tribunal administratif, bien évidemment, ce
sera en fonction de la preuve qui sera démontrée. Mais il n'y a pas
personne qui perd de droit, là.
M. Morin : Je
comprends.
Mme Légaré (Geneviève) : Parce que ça ne veut pas
dire que, dans le centre d'achats, ils vont nécessairement, non plus, avoir un
dommage, là. Il faut qu'il en résulte un. Est-ce qu'ils ont décidé de mettre
fin, de quitter parce qu'ils ont eu peur?
M. Morin : Je
comprends. Ça pourrait également arriver à des franchisés, j'imagine.
Mme Légaré (Geneviève) : Oui, parce qu'évidemment
c'est un franchiseur qui va signer le bail avec le propriétaire puis ça
va être le franchisé, par exemple, qui va occuper les lieux, comme un
restaurant.
M. Morin : Exact.
Très bien. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce
qu'il y a autres interventions sur l'article 21 amendé? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons passer à la mise aux voix de
l'article 21 tel qu'amendé. Est-ce que c'est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Parfait. Mme la ministre, l'article 22, pour la
lecture, s'il vous plaît.
Mme Guilbault : Merci, Mme la Présidente. Article 22 : «L'expropriant
détermine l'indemnité provisionnelle initiale à laquelle a droit toute
partie dessaisie.
«Cette indemnité
est :
«1°
pour l'exproprié, d'un montant au moins égal à 100 % de la valeur
marchande du droit exproprié prévue dans la déclaration détaillée
initiale visée au troisième alinéa de l'article 9;
«2°
pour le locataire ou l'occupant de bonne foi, d'un montant au moins équivalent
à trois mois de loyer, lequel est
établi conformément au cinquième alinéa de l'article 14, lorsque sa
résidence fait partie de l'immeuble exproprié.»
• (11 h 10) •
En
commentaire : L'article 22 du projet de loi prévoit que ce serait
dorénavant l'expropriant qui déterminerait l'indemnité provisionnelle
initiale à laquelle a droit une partie dessaisie et établit pour certaines
d'entre elles un montant minimal. Il en est ainsi pour l'exproprié qui aurait
droit à une indemnité provisionnelle initiale équivalant minimalement à la valeur marchande du droit
exproprié mentionnée dans la déclaration détaillée initiale de l'expropriant.
Il en est de même pour le locataire et
l'occupant de bonne foi dont la résidence fait partie de l'immeuble exproprié.
Ce dernier aurait droit à une indemnité minimale équivalant à trois mois
de loyer.
Et
donc c'est l'équivalent, si on veut, des articles 53.11, 53.12, 53.13 de
l'actuelle loi. Et puis, en gros, bien, le changement, je dirais, au
net, le principal, c'est que c'est l'expropriant qui va déterminer l'indemnité,
au moins égale à 100 % de la valeur
marchande. On sait que, maintenant, c'est la valeur marchande qui va être
utilisée aussi, donc... Alors, c'est
ça, conformément... Puis on l'a déjà détaillé à l'article 9. Et pour le
bail aussi, pour un locataire, c'est à l'article 14. C'est des
articles qu'on a déjà abordés.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Y a-t-il des interventions? M. le député d'Acadie.
M. Morin : Oui. Merci, Mme la Présidente. Donc, en fait, dans
les faits, là, en pratique, ce qui devrait arriver, c'est... quand l'expropriant va signifier son
avis, il devrait envoyer un montant d'argent qui égale à 100 % de la
valeur marchande du droit exproprié. Parce que la date de
l'expropriation, c'est la date de la signification de l'avis.
Mme
Guilbault : Oui. Bien, c'est ça. C'est ma
compréhension ou... Il faudrait juste...
La Présidente (Mme Maccarone) : On
cède la parole à Mme Ferlatte?
Mme Guilbault : Ah
oui! Bien... ou je peux répondre, là.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui, oui, allez-y.
Mme
Guilbault : Non, mais, c'est ça, c'est
l'offre qui est transmise dans la... Tu sais, dans le fond, c'est la
transmission de la réclamation... c'est la transmission... Non, c'est ça, c'est
que l'expropriant, ensuite, lui, va avoir quatre
mois pour transmettre, mais c'est le... Non, c'est ça... Bien, l'indemnité
provisionnelle... En fait, c'est quoi, exactement, la question du
collègue?
M. Morin : Ma
question, c'est : Puisque la date de l'expropriation, c'est la date de la
signification de l'avis, est-ce que l'expropriant va envoyer un montant
d'argent qui équivaut à 100 % de la valeur marchande avec la signification
de l'avis?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Alors, Mme Ferlatte, la parole est à vous.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Oui. Bonjour...
M. Morin : Alors,
je consens, Mme la Présidente, à ce que Mme Ferlatte puisse répondre.
Mme
Guilbault : Ah oui! Consentement, oui.
Merci.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : C'est une offre qui est envoyée. Ce
n'est pas le versement de l'argent à ce moment-là. Par contre, le versement, il
se fait en tout temps entre cette date-là et la prise de possession, l'avis de
transfert. Donc, quand on est pressé, ça se peut qu'on envoie l'avis d'expro
avec l'offre et qu'on verse dans la même semaine. Si on a plus de temps, on va
attendre que l'exproprié nous envoie sa réclamation avec les préjudices qu'il
prétend subir et qui... À ce moment-là, notre offre pourrait être bonifiée, et
on pourrait verser un montant d'argent supérieur soit chez son notaire ou au
greffe de la cour.
Mme
Guilbault : Et c'est versé avant le
transfert.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Toujours.
Mme
Guilbault : Toujours avant le transfert,
juste pour être claire.
M. Morin : Oui, oui, avant le transfert. On parle du
transfert du droit de propriété. Oui, oui, oui. Non, c'est sûr. En fait,
ce que je comprends, c'est que ce serait comme assez rapidement après l'avis.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Oui. Sans délai minimal, mais assez
rapidement.
M. Morin : D'accord.
Maintenant, là, c'est l'expropriant qui décide tout seul quel va être le
montant, qui va être 100 % égal à la valeur marchande du droit exproprié.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Exact.
M. Morin : Donc,
il n'y aura pas de négociation, au départ, avec l'exproprié.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Non, du tout. Par contre, l'exproprié
aura toujours le droit de demander une indemnité supplémentaire à
l'expropriant, si jamais elle n'est pas suffisante pour lui, et de la
justifier. Et, dans un second cas, si ce n'est pas suffisant, il pourra
s'adresser au tribunal pour demander une indemnité complémentaire.
M. Morin : Oui.
D'accord. Puis, pour le locataire, c'est trois mois de loyer.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Pour le locataire résidentiel seulement,
c'est trois mois de loyer. Il pourra justifier... Tu sais, dans le délai de
quatre mois qui lui est attribué, c'est comme... Pour nous, c'est à lui de
démontrer son préjudice, parce qu'il n'y a pas de valeur marchande. Nous, on
estime la valeur marchande qui est, selon nous, notre fardeau de preuve, mais
lui, le locataire, il n'en a pas, de valeur marchande. Donc, c'est plus son
fardeau de preuve à lui de nous dire c'est quoi, ses exacts dommages, parce que
ses dommages sont en fonction de sa situation propre à lui. Donc, trois mois de
loyer, c'est un montant de base qu'on lui offre, puis par la suite on versera
plus quand il nous transmettra sa réclamation.
M. Morin : Puis,
si le locataire, c'est un commerce, donc, comment vous allez évaluer le
montant?
Une voix : ...
M.
Morin : Si le locataire, c'est un commerçant, c'est un
commerce, comment allez-vous évaluer le montant?
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) :
C'est sûr qu'au stade de l'envoi
de l'avis d'expropriation qui accompagne l'offre il se peut, et c'est là
le point 2°, là... je ne sais pas si c'est à cet article-là ou un autre
article, mais il se peut que l'offre, elle soit à zéro, à ce moment-là, et que
c'est à lui de nous démontrer son préjudice, ou, dans certains cas, comme nous,
on fait, généralement, c'est qu'on met un montant forfaitaire de troubles et
ennuis qu'on offre, puis par la suite il nous démontrera son préjudice. Parce
qu'il faut comprendre qu'il n'y a pas de lien entre le préjudice subi et son
montant du loyer. Ça fait que, dans la mesure qu'on ne sait pas c'est quoi, ses
dommages, bien, c'est difficile de prévoir un montant, à ce stade-ci, pour le
versement.
Une voix :
...
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Pas au commercial, seulement au
résidentiel.
Mme
Guilbault : Oui, c'est ça, mais, pour le
commercial, donc, on ne lui donne rien?
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Ce n'est pas prévu qu'on lui donne
quelque chose à ce stade-là de la signification
de l'avis. Par contre, on peut le faire, mais ce n'est pas une obligation,
parce que c'est le fardeau de preuve du locataire puis... Mais il n'y a
pas de lien entre son loyer puis son dommage. Exemple, il y a quelqu'un qui a
un loyer de 2 000 $ par mois, comme commerce, puis qu'on lui donne
6 000 $... ou je vais vous donner un exemple. Un Jean Coutu peut avoir des loyers de
25 000 $ par mois. Est-ce qu'on va lui verser 75 000 $ tout
de suite? Est-ce que ses préjudices valent 75 000 $? C'est
difficile à justifier.
Mme
Guilbault : On paie le déménagement,
j'imagine, au minimum, des choses comme ça.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Oui.
La Présidente (Mme
Maccarone) : M. le député.
M. Morin : Bien,
votre exemple est un bon exemple. Si vous avez... vous êtes en train
d'exproprier un centre d'achats, puis,
justement, il y a un Jean Coutu dedans, son loyer... Je veux dire, ce n'est pas
surprenant, là, qu'un loyer commercial, ce soit 30 000 $, ou
40 000 $, ou 50 000 $, là. Tu sais, ça pourrait être un
marché d'alimentation. En fait, tout commerçant qui a une grande surface, là,
évidemment, le loyer va être en conséquence. Donc, vous allez lui envoyer un
chèque qui équivaut à trois mois de loyer.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Au commercial, non. On va attendre
d'avoir sa réclamation, avec ce qu'il estime, là. C'est juste au résidentiel,
le trois mois de loyer.
M. Morin : Mais
c'est... À moins que je lise très mal l'article, ce n'est pas ce que ça dit. À
moins...
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : «Lorsque sa résidence fait partie de
l'immeuble».
M. Morin : À
moins que ce soit juste... Donc, c'est juste pour sa résidence. Donc, ça
n'inclut pas un bail commercial.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Non.
M. Morin : O.K.
Donc, c'est uniquement pour un bail résidentiel.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Oui.
M. Morin : O.K.
C'est bon. Merci.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Est-ce qu'il y a autres interventions? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons poursuivre à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 22 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Mme la ministre, pour la lecture de l'article 23. Et il y a un amendement.
Mme
Guilbault : Oui. Article 23 :
«L'expropriant notifie, selon le cas, à toute partie dessaisie :
«1°
un avis lui indiquant le montant de l'indemnité provisionnelle initiale qu'il a
déterminé, montant ventilé en fonction des postes d'indemnisation
applicables prévus à l'article 10;
«2° un avis lui
indiquant qu'elle n'a droit à aucune somme à titre d'indemnité provisionnelle
initiale.
«Cet avis
indique également que la partie dessaisie pourrait obtenir une indemnité
provisionnelle supplémentaire à la
suite de la réception par l'expropriant des documents prévus au troisième
alinéa de l'article 24 ou au premier alinéa de l'article 51.
«Le
cas échéant, l'expropriant paie à la partie dessaisie le montant déterminé ou
le dépose, pour son compte, au greffe de la Cour supérieure.»
En
commentaire : L'article 23 du projet de loi prévoit que l'expropriant
notifierait à toutes les parties dessaisies un avis qui les informerait
du montant de l'indemnité provisionnelle initiale qu'il a déterminé ou du fait
qu'elle n'a droit à aucune somme à ce titre.
Le cas échéant, l'expropriant paie à la partie dessaisie le montant déterminé
ou le dépose, pour son compte, au greffe de la Cour supérieure. Cette étape est
préalable à l'inscription de l'avis de transfert de droit.
Dans le
premier cas, l'avis devrait ventiler le montant déterminé en fonction des
postes d'indemnisation applicables parmi les suivants : la valeur
marchande du droit exproprié, l'indemnité de réaménagement, l'indemnité de déplacement,
l'indemnité de fermeture d'une entreprise,
l'indemnité de concordance, l'indemnité établie en fonction de l'approche basée
sur la théorie de la réinstallation,
l'indemnité en réparation des préjudices, l'indemnité pour perte de valeur de
convenance et l'indemnité pour les
troubles, les ennuis et les inconvénients. L'indemnité serait ensuite payée à
la partie dessaisie ou déposée, pour son compte, au greffe de la Cour
supérieure.
Qu'une indemnité provisionnelle initiale soit
payée ou non, l'expropriant devrait également mentionner dans son avis que la partie dessaisie pourrait obtenir
une indemnité provisionnelle supplémentaire à la suite de la réception par
l'expropriant d'une demande à cet effet
accompagnée des documents justifiant cette demande ou à la suite de la réception
de la déclaration détaillée de cette partie.
• (11 h 20) •
La Présidente (Mme Maccarone) : Pour
la lecture de l'amendement.
Mme
Guilbault : Oui. L'amendement : «Cet avis...»
Article 23 : Remplacer le deuxième alinéa de l'article 23 du
projet de loi par l'alinéa suivant :
«Cet avis indique également que la partie
dessaisie :
«1° pourrait obtenir une indemnité
provisionnelle supplémentaire à la suite de la réception par l'expropriant des
documents prévus au troisième alinéa de l'article 24 ou au premier alinéa
de l'article 51;
«2° peut, en
tout temps, s'adresser au Tribunal administratif du Québec pour obtenir une
indemnité provisionnelle complémentaire.»
Il est
proposé de modifier l'article 23 afin de préciser que l'avis transmis par
l'expropriant à la partie dessaisie pour l'informer de sa décision
l'informe également qu'elle peut en tout temps s'adresser au Tribunal
administratif du Québec pour obtenir une indemnité provisionnelle
complémentaire.
C'est juste
que, là, je me pose la question, pourquoi l'alinéa deux de l'article d'origine
n'est pas dans l'amendement?
La Présidente (Mme Maccarone) :
Souhaitez-vous qu'on suspende quelques instants?
Des voix : ...
Mme Guilbault : Ah! O.K. Parfait. Il est maintenu.
La Présidente (Mme Maccarone) : Y
a-t-il des interventions? M. le député d'Acadie.
M. Morin : Sur l'amendement?
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui.
M. Morin : Non. Je n'en ai pas
sur l'amendement, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder
à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement à l'article 23 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Adopté. Alors, est-ce qu'il y a
des interventions à l'article 23 tel qu'amendé? M. le député
d'Acadie.
M. Morin : Oui. Bien, en fait,
on pourrait reprendre, Mme la Présidente, la discussion que j'avais juste avant
pour l'article 22. J'imagine que, là, à
l'article 23, l'expropriant va devoir notifier dans son avis et indiquer
un montant d'une indemnité provisionnelle initiale. Puis, si on regarde
la référence qui est faite à l'article 10, à l'article 10, on a les
différents types d'indemnités. Puis, quand j'ai posé des questions là-dessus à
Mme la ministre, on m'a dit que c'était une
liste qui était exhaustive. Donc, est-ce que je suis dans l'erreur en pensant
qu'à 23 l'expropriant va être obligé, dans son avis, d'indiquer les
montants de l'indemnité provisionnelle qu'il va vouloir offrir à l'exproprié?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault : À quel article il réfère? 10 ou 9?
M. Morin :
Bien, c'est parce que 23 réfère à 10. 10, on a la liste des indemnités,
puis, quand je vous avais posé des questions là-dessus, vous m'avez dit que
cette liste-là, elle était exhaustive.
Mme Guilbault : Si mon collègue est d'accord, ma collègue pourrait répondre
directement. Sinon, je peux...
M. Morin :
Oui. Je vais...
La Présidente
(Mme Maccarone) : On n'a pas besoin de toujours donner le
consentement. On a déjà donné le consentement au début.
M. Morin :
Non, c'est fait. Donc, c'est un consentement sui generis. Donc, ça
fonctionne. C'est bon.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Voilà. Mme Ferlatte, la parole est à vous.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Oui. Donc, l'article 23, c'est un
peu la décision de l'expropriant du montant qu'il va verser. Donc, ce n'est
pas... Ça ne veut pas dire que c'est le même montant que l'offre initiale. Ça
peut être plus si, exemple, il a reçu des documents de l'exproprié justifiant
son indemnité. Donc, la décision, oui, va reprendre... va être ventilée, dans
le fond, en fonction de l'article 10. Puisque ça précède l'avis de
transfert, à ce moment-là, généralement, on
sait ou on connaît si l'entreprise va fermer, déménager, se relocaliser ou si
c'est simplement la valeur marchande
du droit exproprié, et notre décision, notre avis va être basé avec les
critères établis à l'article 10.
M. Morin :
Quand on parle de l'avis, à 23, pour indiquer le montant de l'indemnité
provisionnelle, ce n'est pas nécessairement l'avis de signification de
l'expropriation.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Non.
M. Morin :
C'est un avis qui va arriver forcément après.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Exactement.
M. Morin :
Mais il n'y a pas de délai prévu dans la loi.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Non. Tant que c'est avant l'avis de
transfert.
M. Morin :
Oui, parce qu'une fois que l'avis de transfert est donné, bien là, woups!
ça opère le transfert du droit de propriété, c'est sûr, là, mais donc
l'expropriant... Prenons un cas concret, là. Il y a un projet. Il faut qu'il y
ait des expropriations, puis admettons qu'on veut exproprier un droit sur un
immeuble ou... un immeuble au complet, là, pas une partie du droit de propriété
ou un démembrement du droit de propriété. Donc, l'expropriant, visiblement
seul, quand je lis l'article 23, va regarder l'immeuble. La base du projet
de loi, c'est la valeur marchande. Là, après ça,
il va tenter d'évaluer les types d'indemnités qu'il va déterminer. Ils ne
seront peut-être pas tous ceux qui sont énoncés à 10, parce qu'il y en a
peut-être qui ne s'appliqueront pas. On est d'accord?
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : C'est seulement un, là, à 10, là. Ça peut être
juste un des choix qui est là, là. Il ne peut pas se déplacer puis
fermer, là.
M. Morin : Non, mais j'imagine que,
dans votre avis, à 23, l'expropriant va d'abord se baser sur la valeur marchande.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Oui, du droit.
M. Morin :
Ça, c'est comme la pierre angulaire du projet de loi, là.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Exactement.
M. Morin :
Puis après ça il va calculer des indemnités de déplacement, de concordance.
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : Après ça, ça va être une indemnité sur un des
scénarios, là. Donc, c'est soit un
réaménagement, c'est soit un déplacement, c'est soit une fermeture ou c'est
soit une concordance ou une réinstallation.
M. Morin :
O.K. Puis il y a l'indemnité en réparation des préjudices qui va
s'additionner aussi.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Exact.
M. Morin :
Puis, tout ça, l'expropriant va faire ça tout seul.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Bien, ça dépend on est où dans le
processus, là, d'expropriation. Si, exemple,
j'exproprie un commerce dans le cadre du projet du REM puis je l'informe que sa
date de prise de possession est dans 12 mois... Parce que, généralement,
quand on fait des... des grands projets, on ne prend pas possession en quatre mois, là. On prend notre temps. On les
laisse... Puis on sait que ça coûte plus cher. Plus qu'on est pressés à mettre
les gens... à ce que les gens quittent
rapidement, plus ça coûte cher à l'expropriant, généralement. Puis ça laisse
plus de temps à l'exproprié. Si on prend plus notre temps, bien,
l'exproprié a plus le temps de se trouver une propriété qui lui convient et qui
refait sa situation adéquatement. Donc, on va... Notre avis de transfert, il va
être beaucoup plus loin. Il pourrait être, exemple... Au neuvième mois, on
pourrait signifier un avis de transfert avec une prise de possession pour dans un ou deux mois, puis, à ce moment-là,
ça laisse le temps qu'on reçoive la documentation, la justification de
l'exproprié et qu'on l'analyse.
Donc,
si on a... Si, en amont, on a eu le temps de recevoir la réclamation de
l'exproprié, on va l'analyser dans le cadre de notre décision, mais,
oui, c'est basé sur l'expropriant, sur la décision de l'expropriant.
Par contre, si ce
n'est pas suffisant, encore une fois, l'exproprié pourra s'adresser en premier
lieu à l'expropriant pour demander une indemnité supplémentaire et, si ce n'est
pas suffisant, au TAQ pour demander une indemnité
complémentaire. Dans tous les cas, il va avoir le droit à la juste indemnité à
la fin, soit dans un règlement de gré à
gré ou par une décision au TAQ. Et, si jamais le montant de la juste indemnité
ou de l'indemnité finale est beaucoup plus élevé, il va avoir droit aux
intérêts qui vont s'appliquer entre la différence du montant versé à ce
moment-là et l'indemnité finale.
M. Morin :
Présentement, quand vous voulez
exproprier, par exemple, un commerce, est-ce que vous allez d'abord voir
le propriétaire pour essayer de vous entendre de gré à gré?
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : Généralement, oui. C'est sûr que, moi, dans mes
projets de transport collectif, on l'a moins fait, là.
M. Morin :
O.K. Puis, avec la nouvelle loi,
est-ce que vous allez continuer cette pratique-là ou si vous allez vous
en remettre aux dispositions de la loi seulement?
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : Non. On va toujours les rencontrer en premier
lieu. On prend le temps de leur montrer qu'est-ce qu'on achète, c'est quoi, le
plan, pourquoi on... C'est systématique qu'on les rencontre, dans notre cas. Puis, en plus, en tant qu'évaluateurs
agréés, c'est dans nos normes. Pour pouvoir émettre une opinion sur la
valeur, il faut avoir visité l'immeuble.
M. Morin :
O.K. Sauf qu'évidemment,
aujourd'hui, avec le projet de loi, bien, les types d'indemnités sont prévus
à 10, puis les montants sont prévus un peu plus loin, puis la valeur au
propriétaire n'existe plus.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Exact.
M. Morin :
C'est ça. Donc, évidemment, au
niveau de la négociation, au début, j'imagine que l'expropriant va avoir
un poids de taille vis-à-vis l'exproprié.
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : Quand vous dites «un poids de taille», c'est par
rapport à l'offre qu'il fait, la décision?
M. Morin :
Bien oui.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : C'est sûr que c'est comme ça
actuellement aussi avec la LACPI, puis on
n'a pas vécu de problème majeur, je vous dirais. Puis ce qu'on... Pour nous,
l'équilibre qu'on est venus apporter, c'est le fait, justement, qu'il
peut demander des indemnités additionnelles, là, sans problème, soit à nous, si
ça ne fait pas au TAQ... Puis, pour avoir
des dossiers dans la ligne bleue, j'ai un dossier en tête où je suis rendue à
quatre indemnités provisionnelles de versées parce que l'expropriant
revient régulièrement nous voir. Dans la mesure que c'est justifié, on le verse tout le temps, parce qu'on ne veut pas
que la personne fasse faillite, dans ce cas-là. Donc, oui, on le fait sans
problème.
Mme Guilbault : Juste dire à mon collègue que, dans le projet de loi qu'on
a fait pour le REM, c'était déjà comme ça, qui a été fait par son parti. Donc,
c'était probablement une bonne idée.
M. Morin :
Ah! bien, c'est sûr que le projet
du REM, c'était une bonne idée. C'était tellement une bonne idée que ça
a été livré et fait rapidement. C'était une bonne idée, hein?
Mme Guilbault : Bien, je suis tout à fait d'accord avec le collègue, mais
c'était aussi une bonne idée, les assouplissements que les libéraux avaient
prévus dans le projet de loi, si bien qu'on a fait un peu la même chose pour le tramway de Québec. Et donc c'est juste pour le
rassurer que je dis ça. C'est qu'eux-mêmes étaient arrivés avec cette idée-là,
qu'on a reproduite, depuis, dans le tramway et dans la LCAPI.
• (11 h 30) •
M. Morin : Il
y a cependant, Mme la Présidente, une distinction majeure. Le projet du
REM, c'est un projet de transport collectif dans un endroit donné, pour
un projet donné. Là, ici, on parle d'une loi générale qui va s'appliquer à
l'ensemble de toutes les expropriations au Québec. On est ailleurs. Alors,
j'écoute Mme la ministre, mais la comparaison... Enfin, bref. Mais le REM est
complété et presque fait dans les délais. On est heureux de ça.
Donc, je reviens à ma
question. Puis vous avez dit tout à l'heure : Plus c'est vite, plus ça
peut coûter cher. Est-ce que je vous ai bien
comprise? Puis là ma crainte, c'est qu'avec... Puis j'ai bien écouté Mme la
ministre. Elle veut aller vite. Donc, finalement, est-ce que ça va coûter plus
cher à l'État parce que Mme la ministre veut aller vite? C'est ma
crainte.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Non. Bien, je ne vois pas le rapport, là. Les deux objectifs du projet
de loi, c'est d'aller vite et de réduire les frais d'expropriation.
M. Morin :
Bien, c'est ça, sauf que, justement, si vous voulez
aller trop vite puis qu'il y a des évaluations qui sont mal ficelées, bien, ou
bien vous avez des expropriés qui vont perdre ou ça va finir par vous coûter
plus cher parce que vous allez avoir
plus de réclamations, puis ça va prendre plus de temps. Alors, je reviens à ce
que je disais en début de journée. Moi, ce que je crains, c'est que vous
allez avoir une multiplication des recours. Vous n'irez pas plus vite.
Mme Guilbault : Bien là, mon collègue a droit à ses hypothèses, là. Nous, notre pari,
c'est que ça va aller plus vite, plutôt que d'aller systématiquement
faire déterminer l'indemnité par la cour.
M. Morin : Mais ma compréhension, c'est que la cour va toujours
déterminer l'indemnité en bout de piste, là. Vous n'allez pas... Vous ne passez pas à côté du système judiciaire. Le Tribunal administratif du Québec va être là, là. Évidemment, si vous avez
une entente de gré à gré, il n'y aura pas... à peu près pas de cour.
Mme
Guilbault : Il n'y a pas d'expropriation.
M. Morin : Mais,
sinon, vous n'allez pas éviter le recours judiciaire.
Mme
Guilbault : Non, mais... Ah! ma collègue
veut ajouter quelque chose, si mon collègue...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme Ferlatte.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Oui. Ce n'est pas les dates de
libération qui vont aller plus vite, selon ce que j'entrevois, mais c'est
plutôt le fait... Certains éléments vont nous permettre d'être moins retardés,
entre autres la fixation de l'indemnité,
qui, avant, pour les propriétés agricoles commerciales, se faisait au TAQ. Et,
juste la ligne bleue, on avait parlé
de 36 mois, fixer les 500 dossiers d'indemnité provisionnelle au TAQ.
Je veux dire, c'est des délais qui... Ça, ça engendre des coûts beaucoup plus
élevés.
Là,
le but, ce n'est pas de mettre les gens plus rapidement... tu sais, de les
chasser de chez eux plus rapidement. Le
but, c'est que nos procédures aillent mieux, aillent plus vite dans leur ensemble.
C'est ça qui est visé par le projet de loi.
M. Morin : D'accord.
Je vous remercie.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Y a-t-il... Oui, Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols :
Merci, Mme la Présidente. Juste
pour être certaine, je relis l'article 23 puis 22 en lien avec les indemnités. On donne, évidemment, beaucoup de...
Tu sais, c'est vraiment un virement, là, dans le projet de loi. On vient
donner beaucoup de pouvoirs à l'expropriant.
Mais nulle part, nulle part on ne vient fixer une obligation à l'expropriant de
faire valider son... le montant ou on n'impose pas d'obligation, je vais dire,
professionnelle, là. Mais, je veux dire, il
peut fixer... Tu sais, il le fixe comment? Il le fixe dans sa tête : Ça va
être à peu près ça? Il va aller voir des comparables, des jurisprudences? Tu sais, on ne fixe pas
d'obligation à l'expropriant d'arriver avec un montant. Tu sais, c'est parce
que, qu'est-ce qui est raisonnable, on ne le
sait pas. Puis souvent, bien, quand c'est appuyé par un... tu sais, par un
expert ou par un...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui.
Bien, je suis en train de dire... Ça dépend de quoi parle ma collègue, mais, à l'article 22,
il y a déjà quand même des paramètres indicateurs, là, que ce soit pour un
propriétaire résidentiel ou pour un locataire. Puis là, bien, pour...
Mme Nichols :
Maisil n'y a pas d'expertise en tant que telle, là,
qui pourrait venir justifier... Tu sais, je veux dire, on n'impose
pas... Il n'y a pas d'obligation à l'expropriant d'arriver avec une expertise
pour...
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault : Non, mais... C'est ça, exactement, mais, comme je
disais, il y a quand même des paramètres puis il y a la ventilation. Aux
articles 9 et 10, là, on explique...
Mme Nichols :
Oui, je les ai vus, pour le bail, à l'article 10.
Mme Guilbault : ... — oui,
c'est ça — ce
qui devrait se retrouver... Bien, en fait, dans le 9, c'est plus ce qui doit
se retrouver dans l'avis, mais sauf que, 10,
il y a les postes de réclamation, là. Tu sais, ça a déjà été abordé à
l'article 10.
Mme Nichols :
Ça fait que... C'est ça. Ça fait qu'il n'y a pas d'obligation en tant que
telle. C'est les articles 9, 10, 10 pour le bail, puis le...
Mme
Guilbault : Non, mais, si l'exproprié a le
sentiment d'être lésé...
Mme Nichols :
Oui. Je comprends qu'il y avait des recours.
Mme
Guilbault : ...ou d'être inadéquatement compensé, il peut
toujours s'adresser au tribunal s'il veut faire valider le montant. Tu sais, en
ce moment, systématiquement, il faut qu'il s'adresse au tribunal. Donc, c'est
lourd. Alors là, on introduit la possibilité
de ne pas s'adresser au tribunal dans le processus. Mais, si quelqu'un a
l'impression que ça ne lui convient pas, il peut quand même le faire.
Mme Nichols :
Parce que la bonne foi se présume, mais, tu sais, je me dis qu'il y a quand
même des expropriants qui... Tu sais, ils le savent, là. Tout le monde le sait,
là. On lit un peu partout que les expropriants vont avoir le gros bout du bâton dans ce projet... tu sais, à la fin du
projet de loi. Ça fait que, tu sais, oui, la bonne foi se présume, mais,
tu sais, à un moment donné, il pourrait y en avoir un qui s'échappe puis qui y
va avec des propositions. Tu sais, encore
là, c'est par rapport aux droits de l'exproprié, là. Tu sais, c'est face aux
droits de l'exproprié. Mais on en a parlé un peu plus tôt, puis ça a
fait référence aux articles 9, 10. On en a parlé, mais, tu sais, je trouve
qu'il y a quand même un gros déséquilibre, particulièrement, là...
Tu
sais, je trouve que... Moi, je trouve qu'à la limite, puis là c'est mon
opinion, là, mais, tu sais, il manque une partie expertise. Tu sais,
valeur marchande... On le sait, là, tu sais, la valeur... notre compte de taxes
puis la valeur marchande du résidentiel, c'est loin d'être la même chose, là.
Tu sais, quand on met à vendre notre propriété, là, on utilise rarement
l'évaluation sur le compte de taxes, là, hein? On fait évaluer puis on
dit : Hé! la valeur marchande, puis, tu
sais, on trouve les aspects. Mais, tu sais, il y a quand même une expertise qui
est l'agent d'immeubles qui vient avec
la valeur marchande, les comparables autour. Tu sais, je trouve que c'est un
petit peu ça qui manque, là. Je trouve qu'il manque le côté expertise ou
le côté... Je trouve que l'expropriant va pouvoir, tu sais, rapidement ou
facilement, plus facilement... Puis là je
m'excuse, parce que, dans 95 % des cas, l'expropriant, c'est le MTQ, là.
Ça fait que je ne dis pas ça pour nécessairement blâmer le MTQ.
Peut-être...
Mme Guilbault : Oui. Bien, je maintiendrais la même chose, là. C'est qu'en fait on
introduit la possibilité de faire un processus hors cour au complet,
mais on n'enlève en rien la possibilité ou le droit à une personne de
s'adresser aux tribunaux s'il le souhaite.
Puis ma collègue l'a dit, effectivement, on est un gros expropriant, aux Transports,
mais les gens qui exproprient, en général, c'est des gens, quand même, entourés
de ressources, c'est des gens avisés. Ce n'est pas... Tu sais, des
municipalités ou des organisations, Hydro-Québec, des gens comme ça, c'est des
gens, quand même, qui sont bien
entourés puis qui sont capables de s'administrer... qui ont l'habitude de
s'administrer à l'intérieur d'une loi.
Mais, encore une
fois, en tout temps, un exproprié... Puis ma collègue le disait, justement, mon
collègue dit que ça doit être long verser
toutes ces indemnités-là supplémentaires à mesure qu'elles sont demandées.
Donc, je pense qu'il y a moyen de
compenser convenablement un exproprié, mais, dans tous les cas, s'il se juge
lésé, il peut s'adresser à la cour, puis ça va revenir au même qu'en ce
moment.
Mme Nichols :
...législateurs, je pense qu'on a quand même le devoir de penser au petit
exproprié, qui n'a certainement pas les mêmes moyens que l'expropriant, tu
sais, pour faire... soit pour faire valoir ses droits soit pour prendre un
avocat pour contester. Puis, tu sais, des fois, bien, on se dit : Bien là,
pour aller contester pour 10 000 $, je me prends un avocat ou je ne
le prends pas? Tu sais, bon, tant qu'à donner l'avocat à 10 000 $...
tant qu'à donner 10 000 $ à l'avocat,
tu sais, je vais laisser faire. Ça fait que, c'est pour ça, je me dis : Si
on est capables, tu sais, de trouver une
façon d'arriver avec une obligation à l'exproprié de rendre une expertise ou...
Tu sais, je trouve que c'est plus solide puis c'est plus valable face au
petit exproprié.
Mme Guilbault : Oui. Bien, prenons l'exemple, justement, du MTQ. On a une évaluatrice
agréée, dans l'équipe, qui est capable de faire des évaluations pertinentes.
Alors, on peut présumer que c'est la même chose dans les autres gros
expropriants qui constituent pas mal l'essentiel de la cohorte d'expropriants
au Québec. Donc, je pense, c'est une expertise qui est fiable. En tout cas,
moi, à date, je la trouve tout à fait pertinente et compétente.
Mme Nichols : Moi, je ne pense pas
qu'on remet en doute les compétences de votre collègue, là, pas du tout, là,
mais...
Mme Guilbault : ...concret. Elle, elle fait partie des équipes qui gèrent
les expropriations. Donc, cette même personne là qu'on trouve compétente puis
pertinente ici, elle fait le même travail tout aussi compétent puis pertinent dans son bureau, là,
quand elle gère des cas concrets d'expropriation, dont la ligne bleue, dont les
autres auxquels elle a fait référence de manière expérientielle,
personnelle, parce qu'elle les gère directement.
Mme Nichols :
Bien, c'est correct, madame a l'expertise. Mais je reviens au cas où,
peut-être, l'expropriant, tu sais, ne ressent pas, ou n'a pas les qualités, ou
n'a pas... Tu sais, il peut arriver avec un montant comme ça puis ne même pas être capable de le justifier. Puis là,
bien sûr, j'ai compris, là, que l'exproprié pourra le contester, là. Je le
comprends. Mais, tu sais, il reste que c'est la partie, moi, qui m'embête
énormément dans l'ensemble, dans l'ensemble du projet de loi. Ça fait
que, tu sais, je ne suis pas contre, puis c'est votre volonté de vouloir donner
beaucoup de pouvoirs à l'expropriant, puis
c'est correct, on vous suit là-dedans, là. Je ne pense pas que... Il n'y a
personne qui a... On vous suit là-dedans, mais là où peut-être que ça
mériterait certaines précisions, c'est en lien avec l'expertise.
• (11 h 40) •
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Bien, je vais réitérer ce que
j'ai dit tout à l'heure, là, je pense que la présence de ressources compétentes
dans les équipes des instances qui sont généralement les expropriants est déjà
rassurante, mais aussi, surtout, la
possibilité pour tout citoyen, ou toute organisation, ou autre entité
expropriée de s'adresser à la cour préserve la possibilité, finalement,
de vivre le processus exactement de la même façon qu'il est déjà prévu
actuellement dans la Loi sur l'expropriation. Ça fait que, si quelqu'un veut
s'adresser à la cour, il peut le faire. Et, si un expropriant est négligent, il s'expose à être sanctionné ou être
contredit par la cour aussi. Alors, on demeure dans un système où la cour
est là pour protéger les droits des
expropriés, qui sont, effectivement, très importants dans le projet de loi.
L'équilibre entre les droits est très important.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui,
juste brièvement, parce que j'ai écouté l'échange attentivement. Tu sais, il y
a aussi une question de perception, je veux dire, de la part de l'exproprié.
Quand c'est M., Mme Tout-le-monde, avec la façon dont la loi va fonctionner, la personne va recevoir un avis, elle va
recevoir un montant, pas sûr que son premier réflexe, ça va être de
vouloir contester. Puis on va voir plus tard aussi dans la loi que les frais
judiciaires ou les frais d'avocat ne seront pas nécessairement remboursés comme
indemnité. Donc, je pense que ça... dans un cas comme ça, il y a un
débalancement, tout simplement.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Je maintiens les commentaires
que j'ai faits précédemment.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Est-ce qu'il y a autres interventions? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 23, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Mme la ministre, pour la lecture de
l'article 24, s'il vous plaît.
Mme Guilbault : Merci, Mme la Présidente. Article 24 : «En tout temps avant la
prise en délibéré de la demande en fixation de l'indemnité définitive dans le
cadre de l'instance en fixation de l'indemnité d'expropriation, l'expropriant
peut, d'office ou sur demande de la partie dessaisie, déterminer une indemnité
provisionnelle supplémentaire afin de permettre
à la partie dessaisie de poursuivre ses activités jusqu'au paiement de
l'indemnité définitive sans que celles-ci soient mises en péril.
«Toutefois,
dans le cas de la cessation de l'exploitation d'une entreprise, l'indemnité
provisionnelle supplémentaire a plutôt pour objectif de permettre à la
partie dessaisie de payer les dépenses liées à cette cessation.
«Une demande de la
partie dessaisie visant à obtenir une indemnité provisionnelle supplémentaire
contient le montant de l'indemnité
provisionnelle supplémentaire demandée, montant ventilé en fonction des postes
d'indemnisation applicables prévus à l'article 10, et est
accompagnée des documents justifiant ce montant.»
En
commentaire : L'article 24 du projet de loi prévoit qu'une partie
dessaisie pourrait demander une indemnité provisionnelle supplémentaire à
l'expropriant en lui transmettant une demande qui contient le montant demandé
ventilé en fonction des postes d'indemnisation applicables et qui est
accompagnée des documents justifiant ce montant.
L'expropriant
pourrait, à la suite de cette demande mais également de sa propre initiative,
déterminer une indemnité provisionnelle supplémentaire à cette partie, et ce,
tant que le Tribunal administratif du Québec n'a pas pris en délibéré la demande en fixation de l'indemnité définitive dans
le cadre de l'instance en fixation de l'indemnité d'expropriation. Cette
indemnité viserait à permettre à la partie dessaisie de poursuivre ses
activités jusqu'au paiement de
l'indemnité définitive, et ce, sans que ces activités soient mises en péril,
ou, dans le cas de la cessation de l'exploitation d'une entreprise, de
lui permettre de payer les dépenses liées à cette cessation.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Y a-t-il des interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui,
Mme la Présidente. En fait, juste pour ma compréhension, Mme la ministre, quand
on parle de la demande en fixation d'une
indemnité définitive, c'est toujours et uniquement devant le Tribunal administratif du Québec?
Mme Guilbault : C'est ça? Juste pour être sûre, parce que... Je vais
peut-être valider avec un juriste, mais ça peut être la réclamation...
Des voix : ...
Mme Guilbault : Oui, c'est ça, c'est au TAQ, sauf du gré à gré, évidemment,
mais là ça va de soi.
M. Morin : ...lu au début puis qu'on
parlait de la prise en délibéré, ça, habituellement, la prise en délibéré,
c'est dans une instance judiciaire, parce que c'est le tribunal qui prend
quelque chose en délibéré. Puis, en tout cas, à prime abord, ce n'était pas
clair qu'on était nécessairement et toujours devant le TAQ. Alors, je ne sais
pas s'il y a lieu de le préciser davantage,
mais, bref, en tout cas, moi, quand j'ai fait ma première lecture, ce n'était
pas... ça ne me paraissait pas évident.
Deuxièmement, quand on parle de la cessation de
l'exploitation d'une entreprise...
Mme Guilbault : ...
M.
Morin : O.K.
Oui. Donc, encore là, c'est l'expropriant, si on revient à 22 puis à 23, qui va
envoyer un avis avec le montant qui va être offert, n'est-ce pas?
Mme Guilbault : Oui. Bien, c'est comme on disait tantôt, là, l'exemple du
commercial, où ce n'est pas systématiquement le trois mois de loyer, mais il
peut y avoir quand même un versement.
M.
Morin : Mais mettons que vous prenez une entreprise, je ne
sais pas, moi, qui était à Montréal, elle pourrait être ailleurs, dans une autre
ville, puis ils fabriquent, mettons, des meubles. Alors, ils vont faire une
évaluation, j'imagine, de la bâtisse, parce que la bâtisse comme telle a
un coût, mais il y a aussi tout ce qu'il y a dedans, avec les emplois. Puis
prenons pour acquis que cette entreprise-là va... à cause de l'expropriation,
ne pourra plus opérer. Donc, je comprends
qu'avec l'avis ils vont envoyer un montant pour la valeur de la bâtisse, puis
après ça ils vont évaluer tout ce que
ça coûte pour faire opérer le bâtiment. Comment est-ce qu'ils vont évaluer
l'achalandage, s'il y a des pertes d'emploi? Puis là je comprends que c'est l'expropriant qui fait ça tout seul puis
qui envoie l'avis à l'exproprié. Est-ce que je comprends bien?
Mme Guilbault : Bien, de ce que j'ai compris tout à l'heure, l'expropriant
peut faire une proposition, mais surtout il
va attendre, je pense, l'évaluation du dommage par l'exproprié. Mais, si mon
collègue est d'accord, on introduirait un nouvel... un nouveau collègue.
La Présidente (Mme Maccarone) :
Est-ce qu'il y a consentement de céder la parole?
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Voilà. Si vous pouvez vous présenter, avec votre nom et votre titre, s'il vous
plaît.
M. Jobin (Jean-Marc) : Oui. Alors,
je me présente, Jean-Marc Jobin. Moi, je suis membre de l'Ordre des comptables
agréés et aussi membre de l'Ordre des évaluateurs agréés. Je pratique dans le
domaine de l'expropriation depuis 2006. J'ai
fait vraiment plus... Je dirais, 95 % de mes dossiers sont au niveau de
l'expropriation de commerces, entreprises, industries, puis de toutes les
natures, là, du petit commerce, là, le monsieur qui change des pneus chez
eux, jusqu'à la multinationale, là. Donc, je
me... comme spécialiste au niveau de l'expropriation de commerces et
d'entreprises.
M. Morin : Et donc...
M. Jobin (Jean-Marc) : O.K. Donc, la
façon que ça fonctionne, c'est que... pour l'indemnité provisionnelle
supplémentaire, c'est qu'on a besoin d'informations financières, puis c'est
l'exproprié qui va nous communiquer, exemple,
ses états financiers. Puis aussi il faut rappeler que c'est son fardeau de
preuve à lui. Alors, c'est considéré comme un dommage, la cessation... une fermeture, calculer l'achalandage, les
pertes de profit de d'autres natures. C'est vraiment considéré comme des
dommages, des préjudices qui sont le fardeau de preuve de l'exproprié. Donc,
l'expropriant va recevoir les informations financières, va recevoir la demande,
puis on va commencer le processus d'analyse pour pouvoir être en mesure de faire une offre, avec tout le processus de
négociation qui s'enclenche entre les parties, entre les experts.
M.
Morin : O.K. Donc, si on revient à 23, comment
l'expropriant va faire pour déterminer le montant de l'indemnité
provisionnelle qu'il va envoyer à l'exproprié dans un cas comme ça?
M. Jobin (Jean-Marc) : Ça
va être sur la base des informations financières que l'expropriant va avoir
obtenues.
M. Morin : O.K.
Présentement, là, si vous avez à exproprier un commerce, bon, madame en parlait
tout à l'heure, Mme Ferlatte, donc, il
y a une négociation qui se fait. La majorité des expropriations se terminent de
gré à gré, il y a des groupes, des
associations qui nous l'ont dit, dans 93 % environ. Donc, il y a un
dialogue. Moi, ce que je comprends de la loi, mais peut-être que je
comprends mal, là, c'est qu'on est en train de mettre des jalons qui vont faire
qu'il va y avoir une procédure plus stricte qui va aller plus vite, mais, dans
un cas comme celui-là, vous allez forcément, à un moment donné, être obligé de dialoguer avec l'exproprié. Vous ne pouvez
pas arriver avec un montant puis dire : C'est ça. Sinon,
l'exproprié, je présume, va tout contester à la cour. Donc, vous n'irez pas
plus vite, là.
M. Jobin (Jean-Marc) : Parallèlement à ça, il se
fait toujours des négociations, des discussions entre les experts, là,
puis le corps expropriant, puis les expropriés aussi, là.
M. Morin : C'est
ça.
M. Jobin
(Jean-Marc) : Ça se fait parallèlement. Sinon, ça n'aboutirait jamais,
là.
M. Morin : Exact.
Donc, en procédant de cette façon-là, quel va être votre gain d'efficacité?
M. Jobin (Jean-Marc) : Bien, l'avantage, c'est
pour l'exproprié. C'est que, s'il n'est pas content du travail, de
l'offre qui est faite, bien, il peut toujours s'adresser au tribunal pour
demander plus, là.
M. Morin : Oui. Ça, c'est sûr. Mais vous ne pensez pas qu'il
y aurait lieu d'avoir un meilleur dialogue dès le début entre
l'expropriant et l'exproprié pour éviter, éventuellement, d'aller au tribunal?
• (11 h 50) •
Mme
Guilbault : Non, mais juste pour être
sûre, là, de... C'est le même principe que ce que j'expliquais tantôt. Là, en ce moment, on se soustrait au
tribunal, systématique, d'emblée. Et là mon collègue pourra confirmer, mais... dans
sa grande expertise, je pense qu'on pense raisonnablement qu'il y a des
processus qui pourraient se régler sans jamais aller au tribunal. Donc, c'est
ça, le gain de temps. Ça semblait être ça, là. Pensez-vous que ça va nous faire
gagner du temps? Nous, c'est ça, l'hypothèse qu'on émet, sans pour autant
soustraire qui que ce soit à ses droits de s'adresser au tribunal, très
important de le préciser.
M. Morin : Je
comprends.
M.
Jobin (Jean-Marc) :
...commercial, industriel, c'est le TAQ qui va verser l'indemnité. Mais ça,
c'est des délais. C'est des mois et des mois, souvent, pour avoir le...
pour que les gens puissent... les experts puissent avoir un agenda libre, le tribunal disponible aussi. Donc, en
procédant ainsi... C'est comme ça que le... Au niveau du REM, c'est ainsi que
ça s'est produit, puis ça a très, très bien été, au niveau du REM, là, les
indemnités provisionnelles qui étaient fixées par l'expropriant.
M. Morin :
D'accord. Mais vous allez devoir quand même aller au TAQ, parce que vous dites
«avant la prise en délibéré de la demande». Donc, c'est... La façon dont c'est
libellé... Tu sais, ma compréhension du système aujourd'hui, c'est qu'il y a un
avis d'expropriation, il y a des négociations de gré à gré, les gens se parlent
puis éventuellement ils en arrivent à un
accord qui va être, évidemment, soumis au TAQ ou encore il n'y a pas d'accord,
puis le TAQ va entendre la preuve puis va fixer des indemnités. C'est
correct, ce que je vous dis?
M. Jobin
(Jean-Marc) : Oui.
M. Morin : C'est ça. Aujourd'hui, c'est ce que je comprends
de la réalité. Avec ce qu'on propose maintenant, c'est que c'est
l'expropriant, lui, qui va faire ce travail-là puis qui va l'envoyer. Mais,
pour reprendre votre exemple d'une situation commerciale, à moins que
l'expropriant arrive pile sur les bons montants, il est fort possible qu'il va y avoir un dialogue, puis éventuellement les
parties vont aussi se retrouver au TAQ. La différence que je vois dans le
projet de loi présentement, c'est qu'au niveau de la fourchette des indemnités
il y a des barèmes. Mais ça ne va pas nécessairement aller plus vite, à
moins, évidemment, que l'exproprié ne dise rien. Ça, c'est sûr. Mais ce n'est
pas évident que ça va toujours être comme ça, ça fait que... Oui.
M. Jobin
(Jean-Marc) : Ça va aller plus vite parce qu'actuellement, avec la loi
actuelle, si on fait fixer une indemnité
provisionnelle par le tribunal... Comme je dis, les experts sont tous très
occupés. Il y a une pénurie d'experts. Ça fait que réussir à avoir un agenda
que tout le monde est disponible, le tribunal en même temps, c'est des mois
et des mois d'attente pour fixer une
indemnité provisionnelle au niveau commercial.Donc, avec ce système-là
qui est proposé, ça va vraiment aller plus rapidement, là, sans
perdre... Puis l'exproprié, si jamais il n'est pas satisfait de l'offre de
l'expropriant, il va s'adresser au tribunal pour demander plus.
M. Morin : Exact. Mais, s'il y a des
délais dans le tribunal maintenant... Je comprends que la première étape va
arriver plus vite, ça, c'est sûr, parce que, l'expropriant, ma compréhension,
avec le projet de loi, c'est qu'il va faire le travail chez lui, là. Le ministère des
Transports veut exproprier quelqu'un. Ils ont des ressources, ils ont des experts
et donc ils vont établir des montants. Si l'exproprié
ne dit rien, c'est sûr que ça va aller plus vite. Si l'exproprié conteste, vous
allez vous retrouver au TAQ quand même, puis les délais du TAQ ne seront pas
diminués.
M. Jobin (Jean-Marc) : Oui, mais les
procédures d'expropriation, la procédure continue. Le transfert de propriété
s'effectue dans les délais normaux, là. Les délais, la prise de possession de
l'immeuble exproprié versus l'indemnité, ça se fait en parallèle, là.
M. Morin : Je comprends.
M. Jobin
(Jean-Marc) : On n'a pas besoin de s'entendre sur l'indemnité
provisionnelle pour prendre possession de l'immeuble, là.
M.
Morin : Je comprends ça également. Mais vous n'allez pas
diminuer le nombre de contestations. Si l'exproprié conteste tout ce que vous
faites au niveau de l'évaluation... Je veux dire, à un moment donné, je
comprends que vous allez prendre possession de l'immeuble plus vite,
mais, quant au montant final puis la finalité du dossier, ça ne va pas
nécessairement arriver plus vite. C'est ça, mon point. Puis peut-être qu'on ne
s'entend pas là-dessus, là, ça, je peux comprendre ça, là, mais...
M. Jobin (Jean-Marc) : Non, bien,
c'est ça. Moi, je suis convaincu que ça va aller plus vite. Ça, c'est...
M. Morin : O.K. C'est bon. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme
Guilbault : Non, mais juste là-dessus, parce que, là, il y a
beaucoup de variations sur le même thème, là. Je vais essayer de le résumer. Que ce soit du commercial ou du
résidentiel, en ce moment, il y a un volume x d'expropriations où, systématiquement, il faut s'adresser à la cour.
Donc, ça, on est déjà au maximum de délai possible, parce qu'il faut
toujours s'adresser à la cour. L'hypothèse du projet de loi, c'est qu'il y a
une partie de x qui va être traitée hors cour. Donc, ça peut juste être moins
long que l'actuel. Puis, dans le pire scénario, si on avait tort sur toute la
ligne puis que tous les dossiers finiraient quand même en contestation au
tribunal, bien, ce serait juste la même chose qu'en ce moment, avec tous les
cas d'expropriations qui, systématiquement, passent au tribunal. Donc, ça ne
peut pas être pire qu'en ce moment, ça peut juste être mieux, si ça peut aider
peut-être la compréhension.
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le député.
M. Morin : Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Moi, j'aimerais aller, là, un petit peu sur les cas de cessation
d'exploitation d'entreprise, donc, dans le fond, des fermetures. J'aimerais
d'abord avoir des précisions, là, sur les
dépenses liées à cette cessation. Est-ce qu'on parle simplement des dépenses
liées à la fermeture, la vente... bien, pas la vente, mais l'organisation, en fait, de la fermeture ou si on va
plus loin? Dans le fond, bref, définir un peu cette notion-là, là, de
dépenses liées à la cessation des activités.
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
Jobin.
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Non. Je crois que... J'ai vu que la ministre souhaite partager sa parole. Alors,
M. Jobin. Voilà.
Mme Guilbault : Oui, oui, oui, tout à
fait. J'invite mon collègue à répondre. Je souhaite lui partager ma parole. C'est
bien dit, Mme la Présidente.
M. Jobin
(Jean-Marc) : Bien, en fin de compte, c'est ça, c'est toutes les
dépenses qu'une entreprise doit engager lorsqu'elle va cesser ses
activités. On peut penser, exemple, si elle liquide ses inventaires, c'est un
commerce de détail qui doit liquider ses
inventaires puis réalise des pertes, on va pouvoir compenser les pertes sur
vente forcée des actifs. S'ils doivent
payer des indemnités aux employés, des indemnités de cessation d'emploi, ça
aussi, ils peuvent le demander. Ça fait qu'en gros c'est souvent les
postes qu'on voit le plus souvent, là.
M. Grandmont : Parfait. Excellent.
Ça répond à une des sous-questions que j'avais, là, concernant les
compensations qui pourraient être versées aux travailleurs et travailleuses.
Merci.
Il
y avait un cas qui nous avait été... pas un cas, mais un exemple qui nous avait
été soumis, là, par les évaluateurs, l'Ordre des évaluateurs agréés, là,
qui parlaient d'un commerce, je ne me souviens plus si c'était un garagiste ou
un dépanneur, là, mais, en tout cas, dans le cas d'une personne qui serait dans
la cinquantaine, puis que, pour cette personne-là,
son commerce, c'est son fonds de pension, il espère pouvoir le vendre
éventuellement. Là, on se retrouve dans une situation où il est
exproprié. Son commerce, dans le fond, lui est repris. Cette personne-là ne
veut pas nécessairement repartir en
business, considérant son âge ou là où il est rendu dans la vie à ce moment-là.
Est-ce qu'il y a un calcul de l'indemnité qui peut être basé sur... mais je
comprends qu'on est normalement dans la valeur marchande, là, mais sur
les gains qu'il espérait faire d'ici sa retraite puis le fait qu'il considérait
son commerce comme son fonds de pension, dans le fond?
Vous comprenez le genre de situation dans
laquelle on est. On n'est pas simplement dans une fermeture mais dans
l'espérance de pouvoir asseoir sa retraite sur le commerce qu'il avait, puis on
lui retire ce potentiel-là qu'il devait
continuer à exploiter pendant 10, 15 ans encore avant d'avoir la valeur
qu'il espérait pour sa retraite. Est-ce que c'est comptabilisé dans le calcul
d'une indemnité à quelque part? Peut-être dans l'article 10, là, mais
est-ce qu'on a cette préoccupation-là, disons, là, dans le cas par cas
qu'on peut observer, là?
M. Jobin (Jean-Marc) : Je n'irai pas
en détail, comment évaluer des entreprises puis toutes les techniques qui
existent, mais, en fin de compte, quand on évalue une entreprise qui ferme,
c'est qu'on va actualiser les revenus futurs.
Ça fait qu'on prend les revenus futurs de l'entreprise puis on les ramène en
date d'aujourd'hui. Ça, ça donne la valeur
de l'entreprise. Donc, l'indemnité permet à l'exproprié soit de rester chez eux
puis se trouver un autre travail, ou se repartir un commerce, ou prendre
l'argent qu'il va recevoir de l'indemnité d'expropriation puis s'acheter un
autre commerce à la place. Ça fait qu'il va
être en mesure de refaire sa situation d'une façon ou d'une autre avec
l'indemnité d'expropriation qu'il va recevoir.
M. Grandmont : Mais, si cette
personne-là... Puis, encore une fois... se comprendre, là, est-ce qu'on est
vraiment tout le temps dans le cas par cas, puis une personne pourrait
dire : Bien non, moi, je n'avais pas envie de me repartir un commerce, rendu où je suis dans ma vie? Est-ce qu'on va
calculer un certain nombre d'années puis, dans le fond, on va répondre à
son désir de ne pas se lancer en business, par exemple?
M. Jobin (Jean-Marc) : Bien, en fin
de compte, ça va être la valeur marchande de son commerce. C'est comme s'il
avait vendu aujourd'hui son commerce. Il y a une valeur marchande. L'indemnité
qu'il va recevoir, c'est l'indemnité de la valeur marchande de son commerce.
Puis ça, ça va lui permettre de générer... exemple, réinvestir cet argent-là
puis générer des revenus pour refaire sa situation, là.
M. Grandmont : D'accord. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la députée de Vaudreuil, la parole est à vous.
Mme Nichols : Oui. Merci. Bien, je
reviens un peu, tu sais, je fais le lien avec l'article 23, là, où je
disais : Tu sais, on... il n'y a pas d'obligation envers l'expropriant de
produire une expertise. Je comprends que le MTQ a probablement cette
expertise-là. D'autres ne l'ont pas. On aurait quand même pu... Tu sais, on
aurait quand même pu l'imposer à d'autres
expropriants qui ne sont pas le MTQ, là, d'avoir une expertise. Mais ici, à 24,
par exemple, on vient demander à l'exproprié des documents pour justifier le
montant. Ça fait qu'encore là je trouve qu'il y a un déséquilibre, là. Je
trouve qu'on vient dire à l'expropriant : Bien, c'est correct, tu as tous
les droits, tu peux contester, mais toi, là, tu dois venir... toi, tu dois
venir ici, tu sais, produire des documents pour justifier ta demande.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
• (12 heures) •
Mme Guilbault : Bien, il faut déjà, j'imagine, qu'ils produisent des
documents s'ils font une... pour faire la démonstration au TAQ. Tu sais, s'ils
font une réclamation au tribunal en ce moment, il faut qu'ils produisent des
documents.
Mme Nichols : Oui, mais ici on vient
dire «accompagnée des documents justifiant». Ça fait que, tu sais, oui, il y a la demande au TAQ, mais on vient en plus,
là, remettre une obligation d'avoir des documents qui vont venir justifier
le montant. Ça fait que, tu sais, la réponse, ça ne peut pas être : Bien
non, ce n'est pas vrai, parce que, oui, c'est écrit noir sur blanc qu'on vient leur imposer cette obligation-là. Mais, tu
sais, il y a, encore là, une disproportion avec le fait qu'à
l'expropriant on ne lui demande pas...
Puis, encore là, tu sais, je vais mettre le MTQ,
là, à part, là, dans l'expropriant, parce qu'on convient qu'il y a une certaine expertise au MTQ, que vos collègues
ont cette compétence-là, mais, un expropriant qui n'a pas nécessairement
cette compétence-là, à lui, on ne vient pas lui demander l'obligation de
justifier... de le justifier, tu sais, on ne vient pas lui demander... une obligation, oui, mais, je veux dire... pas
d'expertise sur laquelle s'appuyer. Mais ici on demande à l'exproprié de
justifier le montant, d'amener des documents pour justifier le montant.
Mme
Guilbault : Oui. Bien, c'est
que, si, en ce moment, l'exproprié fait une demande d'indemnité
provisionnelle supplémentaire, à la cour, il faut quand même qu'il
produise des documents à l'appui de sa demande.
Mme Nichols : Oui,
mais...
Mme
Guilbault : Tu sais, de justifier une demande d'indemnité
supplémentaire, quelle que soit l'instance à qui on fait la demande, je
pense que c'est normal que ce soit soutenu par des documents à l'appui de la
demande.
Mme
Nichols : Oui. Moi, je suis d'accord, là, mais que... Moi,
je suis d'accord, mais ce que je dis, c'est que ça devrait être la même
obligation à l'expropriant à qui on donne le gros bout du bâton dans 23 ou
quand on parle d'indemnités...
Des voix : ...
Mme Guilbault : C'est ça. C'est que, l'expropriant, quand il fait une offre
pour une indemnité, elle est appuyée aussi, puis elle est justifiée, puis elle
est expliquée. Puis, de toute façon, comme je disais, il y a un paramètre quand
même... il y a un paramètre... pas fondateur, là, mais, tu sais, en prenant la
valeur marchande, déjà, tu ne peux pas faire
non plus des offres erratiques, sous peine de te ramasser au tribunal, si tu
fais une offre erratique ou hérétique, selon.
Mme Nichols : Non, mais ce que je
dis... Bien, ce que je dis, c'est que l'expropriant, là, a probablement déjà en main, tu sais, toutes les notions ou toute
cette qualité-là de... d'expert, là, pour pouvoir quantifier le montant quand
il fait... quand il... tu sais, quand il
exproprie, là, face à l'exproprié. Bien, ce que je dis, c'est qu'à l'inverse
l'exproprié, il a... lui, on vient dire : Bien, tu sais, c'est correct, tu
as tous les droits de revenir, de faire des demandes supplémentaires, mais
n'oublie pas d'avoir des documents justifiant ce montant-là. Tu sais, ça fait
que je trouve que c'est disproportionné, encore là, ce qu'on vient de...
Puis, tu
sais, je ne remets pas en doute, encore là, les qualités de l'expropriant
qui... quand c'est le MTQ, mais, quand ce n'est pas le MTQ,
l'expropriant, pourquoi on ne leur demanderait pas? Tu sais, pourquoi ce ne
serait pas prévu, dans le projet de loi,
qu'un expropriant autre que le MTQ, qui n'a pas nécessairement les ressources à
l'interne pour ventiler la fameuse valeur marchande...
Puis je reviens encore avec le... tu sais,
l'exemple d'une maison, là, comme quand on met notre maison à vendre, là. Tu sais, la valeur marchande, on la
fait quand même justifier par un... par le courtier immobilier, là, par le...
Ça fait que c'est pour ça que je me dis... Je trouve qu'il y a une
disproportion encore entre les deux, là. Bien, je sens qu'il y a... je sens
qu'il y a une réticence de l'autre côté.
Mme
Guilbault : Bien, c'est que je sens, moi, que j'ai déjà répondu
plus d'une fois à chacune... à chacun des deux aspects, mais c'est pour
ça...
Mme Nichols : Bien, parce que je
portais à votre...
Mme Guilbault : ...exact, mais c'est que je reprendrai exactement les
propos que j'ai tenus à l'article 23 sur l'expropriant. Bien là, je viens
de... je viens de le dire, l'expropriant, il faut quand même qu'il fasse...
qu'il fasse une offre qui a du sens puis qui est basée sur les paramètres qui
sont contenus dans la loi. Puis l'exproprié, oui, il a la possibilité de
demander des indemnités supplémentaires, mais, qu'il le fasse auprès de
l'expropriant directement, s'il décide de profiter de la nouvelle future
possibilité de faire le cheminement hors cour ou qu'il décide de s'adresser à la cour, c'est normal qu'il justifie sa demande.
Alors, je ne vois pas comment on peut faire l'économie de ça non plus. Et c'est
ça.
Mme
Nichols : Bien, c'est que... Parce que c'est comme si on
disait à l'expropriant : Tu sais, moi... toi, tu n'as pas besoin de
la justifier, ta demande, tu sais, ou toi, tu as...
Mme Guilbault : Mais quelle demande?
Mme Nichols : Bien, l'expropriant
qui veut... L'expropriant veut quelque chose, là. Il veut le bien de l'exproprié, là. Ça fait que... Mais, à lui, on
lui dit : Bien, tu n'as pas besoin de le ventiler ou tu n'as pas besoin...
tu n'as pas besoin de cette... tu n'as pas besoin de... on te fait
confiance sur la valeur, tu sais, tu n'as pas besoin de venir la justifier par
une expertise, à moins que je me trompe, là, puis à moins que ce soit écrit
ailleurs, mais moi, je n'ai pas vu nulle part ailleurs qu'il y avait cette
obligation-là. Puis, tu sais, ce qu'on dit, c'est qu'elle est là d'emblée,
cette...
Mme Guilbault : Mais le fardeau de preuve sur... Le fardeau de preuve qui
est sur l'expropriant, c'est la valeur
marchande. C'est ça qu'on a mis à l'article 22, je pense, ou 21, puis...
ou 22, oui, c'est ça, 22 : Pour l'exproprié... l'expropriant détermine l'indemnité, pour
l'exproprié, «d'un montant au moins égal à 100 % de la valeur marchande du
droit exproprié».
Alors, c'est ça que je disais tout à l'heure. Si
l'expropriant dit : Je vais essayer de miser sur le fait que je pense que l'exproprié, il ne comprendra pas trop
ce qui se passe, je vais faire une offre erratique, très en dessous de la
valeur marchande... Bien là, tu sais, c'est ça, il faut présumer de la bonne
foi. Je ne dis pas que ça ne se peut pas, quelqu'un
qui serait aussi malintentionné, mais ce serait surprenant, là, parce que, tu
sais, les risques de se faire... de se faire contredire puis sanctionner par la cour sont
très élevés. Puis, quand on pense au genre de personnes qui exproprient...
Tu sais, il ne passerait pas dans l'idée du
ministère de faire une affaire comme ça, là, ou de la CMM, ou des... ou de qui?
Une voix : ...
Mme
Guilbault : ...ou d'une ville, tu sais, ou de toutes les
personnes qui ont besoin d'exproprier pour faire des projets importants,
par exemple un hôpital ou un pont dans une circonscription. Donc, alors, c'est
ça.
Puis, pour l'exproprié, bien, c'est ça,
l'exproprié reçoit son offre, et, ensuite de ça, s'il fait des réclamations
supplémentaires, bien, il faut qu'il les appuie. Ça, je pense que, pour moi, ça
va de soi, là. Ça complèterait ce que j'aurais à dire là-dessus.
Mme Nichols : Bien, ça va de soi,
oui puis non, là. Subtil, l'hôpital et le pont, Mme la ministre.
Mme Guilbault : Non, mais, des hôpitaux puis des ponts, on en a... on en a
beaucoup à faire. Je peux vous confirmer quand je regarde le PQI.
Mme
Nichols : Oui. Non, non, puis c'est... puis c'est encore...
Oui, puis c'est tant mieux. Amenez-en beaucoup dans Vaudreuil, comté en
explosion démographique. Il y a beaucoup de besoins.
Mme Guilbault : Bien, il y en a déjà, dans Vaudreuil, des importants.
Mme Nichols : Mais je vais donner
l'exemple, là, du dossier de l'hôpital. Tu sais, le dossier de l'hôpital, c'est un dossier où... Tu sais, il y a eu un
décret, il y a eu les expropriations, puis c'est encore en cours, puis c'est
encore contesté, mais le chantier, il est déjà en pleine... en pleine
explosion, en pleine... il est en construction, là. Ça fait que, tu sais, pour ça, des fois, je me dis... Mais, en
tout cas, les justifications qu'on fait là sont... Tu sais, je veux dire, le
dossier de l'hôpital, là, ce n'est
pas un dossier qui a été ralenti par les expropriations, là. À partir du moment
où on est devenu... tu sais, le gouvernement est devenu propriétaire des
terrains, ça n'a pas été long que, quelques mois après, les pépines
étaient sur le chantier.
Mme
Guilbault : Bien là, moi, je ne suis pas maître d'oeuvre du
chantier de l'hôpital. Je n'ai pas le fin détail. Mais, si on est en train de remettre en question
les gains de temps qu'on aurait en modifiant la Loi sur l'expropriation
dans les projets d'infrastructure, j'invite la collègue à réécouter la
quasi-entièreté des consultations particulières, où à peu près tous les
expropriants au Québec sont venus nous expliquer qu'il va y avoir un gain de
temps puis fort probablement d'argent. Alors... Parce que, là, on est sur le
fondement du projet de loi.
Mme
Nichols : Oui, mais... Un, je les ai écoutées puis j'ai lu
les mémoires. Mais ce n'est pas... Mon point, ce n'est pas là, là. Mon
point... Tu sais, j'ai donné cet exemple-là pour dire que ça n'a pas
nécessairement ralenti le processus. Mais,
tu sais, mon point, je reviens sur l'expropriant puis la valeur, tu sais, il
n'y a pas nulle part... Tu sais, il n'y a pas nulle part qui dit... qui
vient dire la façon dont va être déterminée la valeur marchande par
l'expropriant. C'est mon point.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme
Guilbault : Ah! bien, mon collègue peut donner un exemple
concret si ma collègue de Vaudreuil est intéressée.
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
Jobin.
M. Jobin
(Jean-Marc) : Donc, dans un cas vraiment concret, pour
l'autoroute 50, puis on peut même les nommer parce que la décision a été entendue au TAQ, le
dossier Marcel Charette, c'est qu'il y avait une exploitation d'une carrière
sablière puis, dans ce dossier-là, il
fallait, pour prendre possession, s'entendre avec l'exproprié au niveau de
l'indemnité provisionnelle, sauf que,
là, pour faire fixer l'indemnité provisionnelle au tribunal, avoir l'agenda de
tout le monde, les disponibilités de tout le monde, ça allait dans plusieurs
mois, sauf que, là, le projet devait commencer, parce que ça coûtait des
fortunes et des fortunes si le projet ne commençait pas tel que prévu. Donc, ce
qui est arrivé, c'est que l'expropriant, le ministère des Transports, a versé
une indemnité provisionnelle, un peu parce qu'il était obligé face... Le ministère des Transports a versé plus de
1 million. Finalement, l'indemnité finale a été de 300 000 $,
400 000 $. Ça fait que
l'exproprié s'est ramassé avec... obligé de rembourser un montant de
400 000 $, 500 000 $. Ça fait que ce n'est pas
évident pour lui, là.
Donc, ça, ça
fait en sorte que l'indemnité provisionnelle a vraiment des impacts au niveau
des débuts des projets comme tels, puis c'est des pénalités, des fois,
sur les contrats, qui sont... Ça peut être des millions de dollars, là, que ça va coûter au gouvernement comme pénalités, là,
si les projets ne démarrent pas. Puis, si on les retarde, bien, c'est... Puis
les coûts explosent puis...
• (12 h 10) •
Mme Nichols : Puis qui avait
déterminé l'indemnité provisionnelle?
M.
Jobin (Jean-Marc) : C'est le ministère des Transports, sur les
informations qu'on avait, que l'exproprié nous avait données. Mais là il
fallait que ça aille vite. Sinon, on allait... il fallait attendre six, sept
mois, huit mois pour aller faire fixer l'indemnité provisionnelle. Ça fait
qu'on est... L'expropriant était pris dans une décision, là, soit verser ce que l'exproprié voulait, regarder un peu
ce qu'il avait donné comme pièces, ou retarder le projet puis que ça coûte
probablement plus cher en pénalités, en coûts, en retard de coûts de projet.
Puis c'est...
Moi,
en 16 ans de pratique, presque 17 ans, des indemnités provisionnelles
fixées par le TAQ, là... par le TAQ, j'y ai été à peu près trois, quatre
fois maximum. On finit toujours par s'entendre, parce que c'est provisionnel.
On sait que c'est temporaire. Puis là, en plus, avec cette nouvelle loi là, ce
qui est intéressant, c'est que l'exproprié peut s'adresser au tribunal pour en
demander plus. Donc, c'est...
Mme Nichols :
Avec des pièces justificatives.
M.
Jobin (Jean-Marc) : Puis
l'expropriant, il n'a pas avantage à réduire ou donner le moins possible parce
qu'il va avoir à payer des intérêts
sur la différence. Ça fait qu'il n'a pas avantage à diminuer le montant, là. Il
va se pénaliser de l'autre côté à payer des intérêts sur l'indemnité,
sur la différence.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la députée.
Mme Nichols :
Bien, j'apprécie. Merci pour les explications. Puis souvent des cas
concrets, bien, tu sais, ça aide beaucoup,
même pour ceux qui écoutent, là. Ils doivent être vraiment nombreux. Mais les
cas concrets comme ça, c'est
pertinent. Mais, tu sais, il reste qu'on va encore demander à l'exproprié, tu
sais, de, lui, fournir les pièces justificatives, alors que, tu sais, le
ministère, on se fie sur sa propre expertise.
M. Jobin
(Jean-Marc) : La valeur marchande de l'immeuble, du bâtiment, du
terrain, c'est l'expropriant qui va se
commettre, c'est son fardeau de preuve, alors que la valeur des dommages, des
préjudices, c'est le fardeau de preuve de
l'exproprié. L'expropriant, il ne connaît pas la situation, les faits, c'est
quoi, ce que ça lui occasionne comme préjudice, là. Bien, c'est pour ça qu'il n'y a pas de... pas le choix d'attendre
les documents puis les faits pour bien comprendre puis analyser.
Mme Nichols :
Non, mais l'expropriant a quand
même tout intérêt, tu sais, à ne pas en mettre trop, là, puis laisser l'exproprié
revenir pour dire : Ça vaut plus que ça.
M. Jobin
(Jean-Marc) : Je dirais, au contraire, il a intérêt à donner le
montant le plus juste possible parce que,
s'il ne donne pas assez, il va le payer en intérêts, puis, s'il donne trop,
aller récupérer de l'argent à un exproprié, bien, ce n'est pas évident
non plus, là. Ça fait qu'il a tout intérêt à aller donner le montant le plus
juste possible, là.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la députée.
Mme Nichols :
C'est bon. Merci.
La Présidente (Mme
Maccarone) : C'est bon? Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce
que l'article 24 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, pour la lecture de l'article 25. Et nous avons aussi
un amendement.
Mme
Guilbault : Oui. Est-ce qu'il est déjà en
transmission? Oui? Parfait.
La Présidente (Mme
Maccarone) : C'est déjà envoyé au Greffier. C'est en ligne.
Mme
Guilbault : Article 25 :
«L'expropriant notifie, selon le cas, à la partie dessaisie :
«1°
un avis lui indiquant le montant de l'indemnité provisionnelle supplémentaire
qu'il a déterminé, montant ventilé en fonction des postes
d'indemnisation applicables prévus à l'article 10;
«2° un avis lui
indiquant qu'elle n'a droit à aucune somme à titre d'indemnité provisionnelle
supplémentaire.
«Cet
avis indique également que la partie dessaisie peut, en tout temps, s'adresser
au Tribunal administratif du Québec pour obtenir une indemnité
provisionnelle complémentaire.
«Le
cas échéant, l'expropriant paie à la partie dessaisie le montant déterminé ou
le dépose, pour son compte, au greffe de la Cour supérieure.»
Et
en commentaire : L'article 25 du projet de loi prévoit que
l'expropriant notifierait à une partie dessaisie qui a demandé une indemnité
provisionnelle supplémentaire un avis qui l'informerait du montant de
l'indemnité qu'il a déterminé ou du fait qu'elle n'a droit à aucune
somme à ce titre.
Dans le
premier cas, l'avis devrait ventiler le montant déterminé en fonction des
postes d'indemnisation applicables. L'indemnité sera ensuite payée à la partie
dessaisie ou déposée pour son compte au greffe de la Cour supérieure.
Qu'une indemnité provisionnelle
supplémentaire soit payée ou non, l'expropriant devrait également mentionner
dans son avis que la partie dessaisie
pourrait, en tout temps, s'adresser au TAQ pour obtenir une indemnité
provisionnelle complémentaire.
La Présidente (Mme
Maccarone) : ...
Mme Guilbault : Oui, l'amendement, mais peut-être juste insister sur la dernière phrase
que... du commentaire, là, où on
vient ajouter que l'expropriant doit rappeler à l'exproprié son droit de
s'adresser au TAQ au besoin, donc, un peu dans l'esprit de ce qu'on
discute depuis tantôt.
Amendement
à l'article 25 : Insérer, après le deuxième alinéa de
l'article 25 du projet de loi, l'alinéa suivant :
«Lorsqu'une partie
dessaisie a demandé la détermination d'une indemnité provisionnelle
supplémentaire en vertu de l'article 24, l'avis doit être notifié à cette
dernière dans les deux mois de la réception de cette demande.»
Et
en commentaire : Il est proposé de modifier l'article 25 du projet de
loi afin de prévoir le délai de deux mois dans lequel l'expropriant
devra répondre à une demande d'indemnité provisionnelle supplémentaire.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Y a-t-il des interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : En
fait, on avait... Si vous me permettez, Mme la Présidente, juste un instant.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui, tout à fait.
Mme
Guilbault : Oui, pas de problème.
M. Morin : Alors,
je comprends que l'amendement de Mme la ministre fait en sorte qu'il y aurait
un délai de deux mois pour la notification
de l'avis. En fait, on avait un amendement à peu près dans le même registre,
mais pour un mois. Donc, en fait, on avait noté également qu'il n'y
avait pas de délai, ce qui semblait poser un problème. Je comprends que Mme la ministre, avec son
amendement, vient corriger ça. Alors, je n'ai... Évidemment, je n'ai pas de
commentaire à ce sujet-là, simplement noter que c'est un très bon amendement.
Mme
Guilbault : Merci.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Est-ce qu'il y a autres interventions? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement à l'article 25 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous revenons à l'article 25 tel qu'amendé. Y a-t-il des interventions? M.
le député d'Acadie.
M. Morin : Brièvement, c'est une... c'est une question pour
Mme la ministre. Donc, je comprends que, maintenant, on va avoir un délai. Maintenant, quand on
dit : «Un avis lui indiquant [qu'il] n'a droit à aucune somme à titre d'indemnité
provisionnelle supplémentaire», donc, ça, c'est l'expropriant qui peut
déterminer que l'exproprié n'aura aucun droit à aucune somme à titre
d'indemnité provisionnelle supplémentaire, et je comprends que l'exproprié
pourrait toujours contester ça au tribunal?
Mme
Guilbault : Oui.
M. Morin : D'accord.
Je vous remercie.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 25, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, pour l'article 26. Et nous avons aussi un amendement.
Mme Guilbault : Article 26, et j'aurai un amendement aussi : «La date de
libération ne peut pas être antérieure à celle qui suit :
«1°
de deux mois la date de l'expropriation, dans le cas de l'expropriation d'un
démembrement du droit de propriété;
«2° de quatre mois la
date de l'expropriation, dans les autres cas.»
En commentaire :
L'article 26 du projet de loi prévoit que la date à laquelle la partie
dessaisie doit avoir libéré les lieux et à
laquelle l'expropriant prend possession du droit exproprié ne pourrait pas être
antérieure à quatre mois de la date de l'expropriation, qui correspond à
celle de la date de signification de l'avis d'expropriation. Toutefois, lorsque
le droit exproprié est un démembrement du droit de propriété, ce délai ne
pourrait être antérieur à deux mois de la date d'expropriation.
C'est l'équivalent des
articles 53.2 et 53.3 de la loi actuelle, et, dépendant de quel point de
vue on se place, ils sont plus avantageux dans le projet de loi, c'est-à-dire
qu'on laisse plus de temps pour libérer.
La Présidente (Mme Maccarone) : Et
l'amendement.
Mme Guilbault : Et l'amendement, oui, article 26 : Insérer, avant
le paragraphe 1° de l'article 26 du projet de loi, le paragraphe
suivant :
«0.1° de six
mois la date de l'expropriation, dans le cas où la résidence d'un locataire ou
d'un occupant de bonne foi fait partie de l'immeuble exproprié;».
Et en commentaire : Il est proposé de
modifier l'article 26 du projet de loi afin de prévoir que la date de libération ne peut être antérieure à celle qui
suit de six mois la date de l'expropriation dans le cas de l'expropriation
totale ou partielle de la résidence d'un locataire ou d'un occupant de
bonne foi. Ce délai est le même que celui prévu au Code civil du Québec lors
d'une éviction ou de la reprise d'un logement d'un locataire dont le bail est à
durée indéterminée.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Y a-t-il des interventions? M. le député
d'Acadie, la parole est à vous.
M. Morin : Oui. Merci. Donc, je
comprends que, dans le cas d'un bail de logement, là, vous augmentez le délai de deux mois supplémentaires pour aller
jusqu'à six mois, ce qui est... bon, ce qui est un avantage pour le locataire,
là, indéniablement. Maintenant, avec la crise du logement qu'on vit, puis, dans
certaines municipalités, on en parlait précédemment, là, il y a... le taux
d'occupation est de 100 %, ça fait que, même si le locataire a six mois,
je pense que ça va être difficile pour le relocaliser. Donc, en pratique, parce
que vous avez dit que souvent l'expropriant va accompagner l'exproprié ou ses locataires, quels sont les mécanismes qui
sont prévus? Je comprends que vous donnez plus de délai, mais, s'il n'y
a pas plus de logements autour, le locataire, il va aller où?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
Ferlatte.
• (12 h 20) •
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) :
Oui. Bien, c'est sûr qu'il peut s'adresser... Je crois que c'est à la Cour
supérieure pour demander un délai additionnel de six mois dans le cas, tu sais,
qu'il vit une urgence. Là, j'essaie juste de mettre la main sur c'est quoi,
l'article, mais... Je vous reviens avec l'article sans problème. Mais on a
prévu un délai, tu sais, qu'il peut
s'adresser en Cour supérieure, s'il vit une situation... une urgence
quelconque, pour demander un délai supplémentaire de jusqu'à six mois.
M. Morin :
O.K.
Mme Ferlatte-Schofield
(Karine) : 41.
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le député.
M.
Morin : En fait, 41, ça...
En fait, 41, la façon dont je le lis, c'est comme une espèce de soupape de
sécurité si, pour des motifs graves, la partie qui va être dessaisie ne peut
pas... ne peut pas quitter. Puis là on dit que cette période-là ne peut
pas excéder six mois de la date de libération. Il n'y a aucune qualification
des motifs graves. J'imagine qu'un locataire
qui n'a pas de logement pourrait probablement convaincre la cour que c'est des
motifs graves, mais on n'a... Je veux dire, c'est une question des preuves,
sauf que, si vous avez un locataire puis qu'il n'a pas beaucoup de revenus, non
seulement il faut qu'il négocie avec l'expropriant, mais en plus il va devoir
s'adresser à la Cour supérieure. Puis, ces
frais qui vont être encourus à la Cour supérieure, est-ce qu'il y a une
disposition qui permet qu'il pourra être remboursé ou indemnisé?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
Ferlatte ou Mme la ministre?
Mme Guilbault : Non, ils ne seront pas remboursés.
M. Morin : Ils ne seront pas
remboursés.
Mme Guilbault : Mais, tu sais, c'est similaire en ce moment. Juste sur
l'article 41, là, l'article 41 reprend l'article...
l'article 53.14.
M. Morin : En fait, ça ressemble...
ça ressemble à 53.14, mais ce n'est pas identique.
Mme Guilbault : Bien, c'est-à-dire que, là, il y a un 15 jours de
délai, dans 53.14, que nous, on n'a pas mis. Puis c'est quand même «pour des motifs graves et s'il n'y a pas pour
l'expropriant une urgence de nature telle». Donc, «la Cour supérieure
peut, sur demande de l'exproprié». Donc, l'exproprié doit s'adresser à la Cour
supérieure.
M.
Morin : Oui, sauf qu'il me semble que c'est faire porter
un fardeau bien lourd au locataire. Tu sais, c'est... Évidemment, si le
locataire est superriche, il n'y aura pas de problème, mais, s'il a moins
d'argent, bien, ça va être compliqué, puis peut-être
qu'il ne va pas s'adresser à la Cour supérieure. Puis peut-être qu'à l'époque
il n'y avait pas une crise du logement comme
il y en a une, mais là il y en a une, maintenant, puis la loi couvre,
évidemment, tous les cas d'expropriation. Donc, je me demandais s'il n'y
aurait pas lieu de prévoir un mécanisme qui accorderait plus de souplesse ou de temps au locataire pour se... pour
se relocaliser. On donnait... En fait, je donnais des exemples. Il y a des villes, au Québec, où, présentement, il n'y en a
pas, de logement, point à la ligne. Et donc le locataire, à ce moment-là, il va
changer de ville?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. Je vais juste attendre ma
collègue nous...
Des voix : ...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 24)
(Reprise à 12 h 29)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous sommes revenus. Pour la minute qu'il nous reste, Mme la ministre.
Mme Guilbault : Alors, juste sur l'article 41, mon collègue d'Acadie
avait raison que ce n'est pas pareil... c'est-à-dire, c'est pareil sur les
éléments que moi, j'ai... C'est similaire sur les éléments que moi, j'avais
notés tout à l'heure, mais on me soulignait
une nuance. C'est qu'actuellement, dans la loi actuelle, c'est l'expropriant...
c'est l'exproprié qui doit faire la demande pour le locataire à la Cour
supérieure, et donc le propriétaire du bloc, en l'occurrence, dans l'exemple
qu'on utilise. Et, dans notre nouvel article, le locataire peut faire la
demande lui-même pour le six mois supplémentaire. Donc, déjà, ça, c'est...
c'est mieux.
• (12 h 30) •
Et
ce qu'on me dit aussi, c'est que, dans les cas... dans la vraie vie, bien, en
général, ce qu'on me dit, c'est que, de toute façon, tout le monde arrive pas
mal à se reloger, mais on comprend qu'il y a une situation avec le logement...
bien, pas «arrivent pas mal», arrivent à se relocaliser. Et, avec la situation
du logement, bien, ce qu'on me dit, c'est ça,
c'est que l'expropriant peut signer une permission d'occupation. Puis donc, si,
dans les faits, il y a un exproprié qui dit : Moi, j'ai besoin de
plus de temps, ce qu'on me dit, c'est que, même si ce n'est pas légalement
obligatoire, on accorde la permission d'occupation,
parce que, de toute façon, après ça, on se fait réclamer plus de dommages si on
ne l'accorde pas, jusqu'à ce qu'on
soit vraiment obligé, obligé, obligé physiquement, là, d'entrer dans les lieux.
Et c'est ça.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Merci. Alors, compte tenu de l'heure, nous allons reprendre... nous
allons suspendre nos travaux. Merci.
(Suspension de la séance à
12 h 31)
(Reprise à 15 h 18)
La Présidente (Mme Maccarone) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission
des transports et de l'environnement reprend ses travaux.
Nous poursuivons
l'étude détaillée du projet de loi n° 22, Loi
concernant l'expropriation. Lors de la suspension de nos travaux cet
après-midi, nous étions à l'étude de l'amendement de la ministre à
l'article 26. Est-ce qu'il y a des interventions? M. le député d'Acadie,
la parole est à vous.
M. Morin : Merci. Donc, il me semble qu'on était en train
d'étudier un amendement. Est-ce que c'est possible?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui. On est à l'amendement à l'article 26.
M. Morin :
Parfait. Exact.
La Présidente (Mme Maccarone) : Lors de notre suspension, la ministre a donné ses
explications suite à votre question.
M. Morin : Parfait.
C'est bon. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Est-ce qu'il y a autres interventions sur l'amendement à l'article 26? S'il
n'y a pas d'autre intervention sur l'amendement, on va procéder à la mise aux
voix. Est-ce que l'amendement à l'article 26 est adopté?
Des
voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Parfait. Alors, nous revenons à l'article 26 tel
qu'amendé. Y a-t-il des interventions? Oui, M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Bien,
d'abord, une question toute simple, là, puis c'est peut-être juste une
coquille, là, mais, au deuxième... au deuxième paragraphe...
Une voix : ...
M. Grandmont :
...premier paragraphe, oui, c'est ça, premier
paragraphe, en tout cas, ça termine par «dans les autres cas»...
Une voix : ...
M.
Grandmont : ...deuxième... deuxième paragraphe, ça termine par «dans
les autres cas», il y a une virgule à la
fin. Je me demandais juste... Est-ce que... Est-ce qu'il manque du texte ou
c'est simplement une petite coquille de frappe, là?
• (15 h 20) •
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Fort probable que c'est une
coquille.
Des voix :
...
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui.
C'est... M. le député, juste pour la bonne compréhension, maintenant que l'article est amendé, on a le 1°, on a... on
commence avec le 0.1°. Ça fait que le deuxième paragraphe, ce serait le point-virgule. Puis, quand on est rendus :
«De quatre mois la date de l'expropriation, dans les autres cas», c'est un
point.
M.
Grandmont : C'est ça. Donc, c'est un point.
La Présidente (Mme
Maccarone) : C'est un point ici, dans l'article tel qu'amendé.
M.
Grandmont : Dans l'article tel qu'amendé.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui.
M.
Grandmont : Ah! O.K. Il a été changé dans le texte. Non. On ne l'avait
pas vu tantôt.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Voilà.
M.
Grandmont : D'accord. Parfait.
La Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce
qu'il y a autres interventions? Est-ce qu'il y a autres interventions sur
l'article 26 tel qu'amendé? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 26, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait. Nous allons poursuivre.
L'article 27. Mme la ministre, pour la lecture.
Mme Guilbault : Article 27 : «Malgré l'article 26, l'expropriant peut, à
tout moment avant la date de libération, devancer cette date avec le
consentement écrit de l'ensemble des parties dessaisies.»
En
commentaire : L'article 27 du projet de loi prévoit que l'expropriant
pourrait devancer la date de libération avec le consentement écrit de toutes les parties dessaisies, et ce, tant
que la date de la libération initiale n'est pas arrivée ou dépassée.
Cette nouvelle date pourrait même être dans les quatre mois qui suivent la date
de l'expropriation.
La Présidente (Mme Maccarone) : Y
a-t-il des interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder
à la mise aux voix. Est-ce que l'article 27 est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Mme la ministre, l'article 28, s'il vous
plaît.
Mme Guilbault : Article 28 :
«L'expropriant peut, à tout moment, reporter la date de libération.»
Commentaire :
L'article 28 du projet de loi prévoit que l'expropriant pourrait à tout
moment reporter la date de libération, et ce, même si cette date est dépassée,
par exemple lorsque le droit n'a pas été transféré.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, Mme la Présidente. Alors, je... Évidemment,
à 28, c'est un «peut», mais, dans la vraie vie, est-ce que ça arrive? Pour quelles
raisons? J'imagine que ça peut entraîner des dommages, donc, éventuellement,
que l'expropriant va être obligé
d'acquitter ou de payer, de rembourser. Et pourquoi il n'y a aucun élément qui
qualifie le report? Donc, on ne dit
pas, par exemple, «pour une cause sérieuse», «dans des cas graves», etc., mais
ça semble laisser une discrétion totale à l'expropriant.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Non, bien, je comprends que, si l'expropriant... C'est un... c'est
un peu en lien avec ce qu'on discutait ce matin. C'est qu'en fait, s'il
y avait une entente ou s'il y avait un besoin, ça donne la possibilité à
l'expropriant de reporter la date de libération.
M. Morin : Oui. Dans le cas d'une entente, il n'y a pas de
souci, sauf que l'article 28 semble donner ce pouvoir-là à
l'expropriant seulement, peu importe s'il y a une entente ou pas.
Mme
Guilbault : Oui. Bien, je propose que ma collègue
puisse donner un exemple.
M. Morin : Bien
sûr.
La Présidente (Mme
Maccarone) : ...est à vous.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Oui. Ça tombe bien, j'ai un exemple,
dans la ligne bleue, où, avec des discussions avec un propriétaire, on a
accordé de... on avait une décision commune de laisser plus de temps avant de libérer l'immeuble. C'était un triplex commercial.
Donc, à la demande des locataires, qui nécessitaient plus de temps pour pouvoir
se relocaliser, il était convenu déjà à l'avance qu'on allait reporter cette
date-là. Donc, on a le... On a refait l'avis, le nouvel avis, là, le report, mais postérieur à la date qui était déjà
prévue, là, dans l'avis de transfert, parce qu'on avait déjà prévu une
entente de gré à gré pour reporter cette prise de possession là.
Donc,
si je me rappelle bien... J'inviterais peut-être ma légiste au besoin, mais
c'est... le but de cet article-là, c'est quand on veut le reporter pour
mieux accommoder l'exproprié ou ses locataires.
M. Morin : O.K.
Puis en fait la façon dont vous le dites, c'est... c'est très, très clair.
Puis, si on disait, par exemple, à
l'article 28 : «L'expropriant peut, afin d'accommoder les expropriés
ou les locataires, reporter la date de la libération», là, je vous
suivrais à 100 %. Mais ce n'est pas ce que dit l'article.
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : Il arrive d'autres situations aussi, là. Je... Il
arrive des situations où est-ce qu'on reporte un projet parce qu'on revoit les
besoins du projet aussi. Donc, à ce moment-là, on peut reporter le projet,
mais ça ne veut pas nécessairement dire
qu'on a dépassé la date qui était prévue à l'avis. Mais on fait simplement le
reporter parce qu'on a revu les besoins puis on n'a pas nécessairement
besoin de ce bien-là tout de suite ou on aime mieux peaufiner le... quand je dis «on aime mieux», ce n'est pas moi, c'est le
projet, là, mais on a encore besoin d'éléments pour mieux peaufiner le
tout, là.
M. Morin : Je
vous remercie. Est-ce que Mme la ministre aurait une ouverture pour qualifier,
à 28, le fait de reporter la date de la
libération que l'expropriant pourrait faire, mais afin d'accommoder ou à la
demande de l'exproprié?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Non, mais là c'est parce que
ça entre en contradiction avec l'encadrement du recours de l'exproprié qui est prévu à l'article 26 et à
l'article 41 — c'était
ça, 41? — dans
le sens où, si un exproprié veut se prévaloir d'une période supplémentaire aux quatre mois... aux six mois, en fait,
dans le cas d'un locataire, c'est prévu à l'article 41. C'est ça? Oui.
Bon. Mais là, si le député veut qu'on vienne ajouter ça à l'article 28
sans plus d'encadrement, c'est... Je ne suis pas certaine de comprendre, là. Un
exproprié ferait la demande à l'expropriant, puis l'expropriant peut l'accepter
ou non, ou il changerait «peut» pour «doit»?
M. Morin : Bien,
c'est-à-dire qu'à 41 ce que je comprends, c'est que le report peut être demandé
ou un délai additionnel peut être demandé, mais pour des motifs graves. Donc,
il y a une qualification qui vient avec la demande. À 28, il n'y a aucune
qualification. Alors, moi, ce que je souhaiterais éviter, c'est qu'on a une
date de libération, l'exproprié est en train de travailler pour quitter, et
puis là l'expropriant, lui, décide de reporter la date.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. Non, c'est ça, c'est
parce qu'en fait un expropriant ne peut pas vraiment reporter une date au
détriment d'un exproprié.
M. Morin : Sauf
que ce n'est pas ce que dit 28.
Des voix : ...
Mme Guilbault : C'est ça. C'est que, je veux dire, l'exproprié, lui, il quitte, il
quitte, puis, si jamais ça lui cause un préjudice, bien, après ça, il
peut réclamer. Donc, si l'objectif... Parce que j'essaie de comprendre
l'objectif, là. L'expropriant... On vient donner à l'expropriant la possibilité
d'étirer pour accommoder un exproprié ou, comme on disait ce matin, la permission d'occupation, je pense, qu'on appelle.
Donc, ça vient donner la possibilité, dans la loi, de faire des choses
comme ça puis de s'accommoder entre nous, si on veut, d'une certaine façon.
Mais l'idée, ce n'est pas de venir
contourner l'encadrement qu'on a placé à l'article 41 et à
l'article 26, en termes de possibilité de prorogation de date, pour
l'exproprié.
M. Morin : Oui,
ça, je le comprends, sauf qu'en ne qualifiant pas ce que l'expropriant peut
faire quant au report de la date de
libération ça donne carte blanche à l'expropriant pour changer la date, qui
pourrait entraîner un préjudice à l'exproprié. Alors, mon point est là.
Mme Guilbault : En reportant la date? Mais de quelle façon est-ce que ça peut donner un
préjudice à l'exproprié? Peut-être qu'il y a des cas que je ne vois pas,
là.
M. Morin : Bien,
si l'exproprié, par exemple, a fait une série de démarches pour quitter, parce
que c'est de ça dont on parle, puis qu'à un
moment donné, bien, l'expropriant, lui, décide, parce que, là, unilatéralement,
il pourrait décider de reporter la date, bien, à ce moment-là, ça
pourrait créer un préjudice à l'exproprié.
Mme Guilbault : Bien, c'est ça. Exact. Ça va créer un préjudice à l'exproprié. Donc,
comme je disais tout à l'heure, nous, il va falloir le dédommager en
conséquence, «nous» étant un expropriant potentiel.
M. Morin :
O.K.
Mme Guilbault : C'est pour ça que, si l'expropriant le fait, soit ce seraient des cas à
la demande d'expropriés puis d'accommodements mutuels, comme on disait
tout à l'heure, ou c'est parce que l'expropriant a vraiment besoin de reporter
la date, auquel cas il va comme subir les conséquences de ça financièrement.
M. Morin : D'accord.
Merci.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. M. le député de... Non? Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 28? S'il n'y
a pas d'autre intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 28 est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre, pour la lecture de l'article 29,
s'il vous plaît.
• (15 h 30) •
Mme
Guilbault : Article 29 :
«Lorsque l'expropriant modifie la date de libération en vertu de l'un des articles 27 et 28, il doit faire inscrire sur
le registre foncier un avis de modification de la date de libération
accompagné, le cas échéant, des consentements prévus à
l'article 27.
«Cet avis doit
notamment contenir :
«1° les
renseignements prévus aux paragraphes 1° à 3° et 5° du premier alinéa de
l'article 9;
«2° la nouvelle date
de libération;
«3° le texte d'information
conformément à ce qui peut être établi par le ministre.
«L'expropriant
dépose ensuite cet avis au Tribunal administratif du Québec et le notifie aux
parties dessaisies.
«La nouvelle date
s'applique à compter de l'inscription de cet avis sur le registre foncier.
«Constitue un
préjudice matériel directement causé par l'expropriation tout dommage matériel
causé :
«1° par le report de
la date de libération;
«2°
par le défaut de l'expropriant d'informer une partie dessaisie
de la nouvelle date conformément au troisième alinéa;
«3° par le défaut d'obtenir
le consentement de la partie dessaisie conformément à l'article 27.»
En commentaire :
L'article 29 du projet de loi prévoit la procédure pour modifier une date
de libération. Pour ce faire, il prévoit que
l'expropriant devrait d'abord faire inscrire sur le registre foncier un avis de
modification de la date de libération accompagné, le cas échéant, des
consentements de l'ensemble des parties dessaisies. Il devrait ensuite déposer cet avis au Tribunal administratif du Québec
et le notifier aux parties dessaisies. La nouvelle date s'appliquerait
alors à compter de l'inscription de l'avis au registre foncier. Cet article
précise aussi le contenu de l'avis.
Enfin,
cet article prévoit, en combinaison avec l'article 96 du projet de loi,
que tout dommage matériel causé par le
report de la date de libération, par le défaut de l'expropriant d'informer la
partie dessaisie de la nouvelle date ou par le défaut d'obtenir le consentement de la partie dessaisie ferait
partie des préjudices matériels directement causés par l'expropriation
et serait indemnisé par l'indemnité en réparation des préjudices.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. M. le député d'Acadie.
M. Morin : Oui. Merci, Mme la Présidente. À 29, j'ai une
question, Mme la ministre. Quand on dit : «Cet avis doit notamment
contenir :
«3° le texte
d'information conformément à ce qui peut être établi par le ministre», alors,
ça correspond à quoi exactement?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. Bonne question. Je vais
juste valider.
Des voix : ...
Mme
Guilbault : Oui. On me dit que c'est de
l'information de base, par exemple, un rappel à l'exproprié qu'il a le droit de demander des réparations en
préjudice dans le cas, justement, comme on disait tout à l'heure, là, dans
le cas d'un report de date de libération qui se ferait, entre guillemets, à son
détriment ou, en tout cas, qui ferait en sorte
qu'il pourrait réclamer un... je cherche le mot exact, là, une indemnité en réparation
des préjudices. Donc, on pourrait prévoir ça, un peu comme ce matin, là,
dans... l'expropriant qui faisait un rappel sur le fait que l'exproprié a le
droit de s'adresser au Tribunal administratif pour réclamer des
indemnités supplémentaires.
M. Morin : Et,
à ce moment-là, le texte d'information générale, c'est... la ministre le fait
par juste un texte d'information ou le fait par décret, par règlement?
Qu'est-ce que ça contient?
Mme Guilbault : Bien, je laisserais peut-être ma collègue répondre, c'est très... dans
les documents très techniques, si le collègue accepte.
M. Morin : Oui,
oui. Il n'y a pas de problème.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Alors, Me Massé, on vous passe la parole.
Mme Massé (Julie) : Oui. En fait, ça va être
pris par un arrêté ministériel où on va venir... la ministre va venir indiquer
toute l'information que chaque exproprié, chaque locataire, chaque occupant de
bonne foi va avoir le droit. On le retrouve dans les différents avis,
là, qui sont prévus au projet de loi. Ces documents-là vont être publiés sur le
site Internet du ministère, de manière à ce que tous les corps expropriants
puissent y avoir accès, parce qu'ils vont devoir intégrer les textes.
M. Morin : D'accord.
Et donc ça, ça va être fait. Ça va être inclus à tout avis qui va être envoyé.
Mme Massé (Julie) : Oui, c'est exact. Puis
l'information, là, qui est publiée sur Internet se retrouve à
l'article 175 du projet de loi.
M. Morin : Et,
l'arrêté ministériel, j'imagine qu'il n'est pas encore fait.
Mme Massé
(Julie) : Non. À l'instant, il n'est pas fait.
M. Morin : Parce
que la loi n'est pas adoptée.
Mme Massé
(Julie) : C'est ça.
M. Morin : Donc, si on se range à l'avis que le texte de loi
doit entrer en vigueur immédiatement le jour de sa sanction, comment vous allez faire? Vous allez
adopter l'arrêté ministériel en même temps pour être sûrs que les expropriants
vont avoir accès au texte qu'ils vont envoyer aux expropriés?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme
Guilbault : ...juste... Là, on n'est pas
là pour l'instant. C'est six mois ou trois mois, là? C'est six mois.
Une voix : ...
Mme
Guilbault : C'est six mois, c'est ça. Mais
éventuellement, quand on va arriver... Excusez, c'est que j'ai quelque chose
dans l'oeil. Quand on arrivera cet article-là, peut-être qu'on aura des
propositions d'amendements, mais... Le cas
échéant, bien, peut-être qu'on pourra garder en tête qu'à l'article 29 il
y a un arrêté ministériel à prévoir en conséquence.
M. Morin : Parfait. Je vous
remercie.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 29 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, pour la lecture de l'article 30, s'il vous plaît.
Mme Guilbault : Oui. Article 30 : «À la suite de l'expropriation
d'un droit sur une partie d'un immeuble, le Tribunal administratif du Québec
peut, à la demande de l'expropriant ou de l'exproprié notifiée à l'autre
partie, ordonner que soit également
exproprié ce droit ou, lorsque ce droit est un démembrement du droit de
propriété, ce droit ou le droit de
propriété sur la totalité ou une partie du résidu si le résidu ne peut plus
être convenablement utilisé en tout ou
en partie. Il en est de même dans le cas d'une ferme si cette expropriation
compromet sérieusement son exploitation.
«Cette demande doit être faite dans le cadre de
l'instance en fixation de l'indemnité d'expropriation.
En commentaire : L'article 30 du
projet de loi prévoit que l'expropriant et l'exproprié pourraient demander au
TAQ d'ordonner l'expropriation d'un droit portant en tout ou en partie sur le
résidu de l'immeuble exproprié lorsque le résidu ne peut plus être
convenablement utilisé en tout ou en partie. Il en est de même dans le cas
d'une ferme si cette expropriation compromet sérieusement son exploitation.
Afin d'illustrer la portée de cet article, voici trois exemples.
Un expropriant dont le projet requiert
d'exproprier le droit de propriété sur 90 % de la superficie d'un immeuble
pourrait demander au TAQ... au tribunal, c'est-à-dire, d'ordonner
l'expropriation du droit de propriété sur l'immeuble
au complet afin d'éviter que l'exproprié demeure avec un immeuble qui ne peut
plus être convenablement utilisé ou, dans le cas d'une ferme, si cette expropriation
compromet sérieusement son exploitation.
Un autre exemple serait celui d'un exproprié
propriétaire d'un immeuble qui bénéficie d'une servitude de passage sur
l'immeuble exproprié. Dans la mesure où la perte d'une partie de son droit de
passage ferait en sorte qu'il n'est plus
convenablement utilisable ou que l'exploitation de la ferme est sérieusement
compromise, l'exproprié pourrait s'adresser au tribunal pour lui
demander d'ordonner l'expropriation totale de la servitude de passage.
Le dernier
exemple serait celui où un expropriant exproprie un démembrement du droit de
propriété, par exemple une servitude
de drainage et de non-construction, qui ferait en sorte que l'immeuble ne
pourrait plus être convenablement utilisé.
L'exproprié pourrait alors demander au tribunal d'ordonner l'expropriation du
droit de propriété sur la totalité ou une partie de l'immeuble
exproprié.
Enfin,
l'article précise que cette demande devrait être faite dans le cadre de
l'instance en fixation de l'indemnité d'expropriation afin que toutes
les décisions prises le soient dans la même instance.
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le député de l'Acadie.
M.
Morin : Oui. Alors, je pense que nous avons un amendement
qui a été envoyé. Je ne sais pas si vous l'avez reçu.
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui,
mais ce n'est toujours pas sur le Greffier.
M. Morin : Ce n'est pas encore sur
le Greffier. Est-ce que je peux vous demander de suspendre?
La Présidente (Mme Maccarone) :
Alors, nous allons suspendre nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 38)
(Reprise à 15 h 39)
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Alors, l'amendement est maintenant sur le
Greffier. M. le député de l'Acadie, pour la lecture de votre amendement
à l'article 30.
M. Morin : Merci, Mme la Présidente.
Alors, voilà l'amendement qui est proposé, puis je pourrai par la suite donner des raisons pour l'amendement :
L'article 30 de ce projet de loi est modifié par le remplacement, dans le
premier alinéa, des mots «le résidu
ne peut plus être convenablement utilisé» par les mots «l'usage le meilleur et
le plus profitable ne peut plus y être réalisé,».
L'article se
lirait comme suit, article 30 : «À la suite de l'expropriation d'un
droit sur une partie d'un immeuble, le Tribunal administratif du Québec
peut, à la demande de l'expropriant ou de l'exproprié notifiée à l'autre
partie, ordonner que
soit également exproprié ce droit ou, lorsque ce droit est un démembrement du
droit de propriété, ce droit ou le
droit de propriété sur la totalité ou une partie du résidu si l'usage le
meilleur et le plus profitable ne peut plus y être réalisé, en tout ou en partie. Il en est de même
dans le cas d'une ferme si cette expropriation compromet sérieusement son
exploitation.» C'est tout. Parfait.
• (15 h 40) •
Alors, cet
amendement-là est proposé parce que... Vous vous rappellerez, Me Burelle
l'a souligné dans son mémoire. Elle en a
parlé également, si ma mémoire est bonne. Et permettez-moi de citer son mémoire
à la page 16. Elle écrivait : «L'article 30 prévoit que
l'exproprié peut demander, en cas d'expropriation partielle, l'expropriation
totale du résidu de sa propriété ou
l'expropriation d'une portion additionnelle si le résidu ou une portion de
celui-ci ne peut plus être convenablement utilisé. Le critère applicable
pour déterminer ce qu'est une utilisation convenable est alors subjectif et relié au propriétaire de l'immeuble.
L'exproprié doit démontrer qu'il ne peut plus utiliser sa propriété comme il
le faisait auparavant ou, dans le cas d'un terrain vacant, qu'il ne peut plus y
réaliser le projet qu'il envisageait.»
Me Burelle
soulignait qu'elle a répertorié des décisions, et elle les cite, notamment
société... municipalité de Saint-Hippolyte contre Ceveco, «où une expropriation
totale est décrétée dans une première décision du Tribunal administratif en tenant compte du projet de
l'exproprié, alors que, dans une deuxième décision portant sur l'indemnité définitive
de ce même immeuble, le Tribunal administratif ne retient pas le projet de
l'exproprié à titre d'usage optimal. Cette
situation pour le moins étonnante pouvait s'expliquer dans
un système où l'exproprié était indemnisé selon le principe de la valeur
au propriétaire. Le législateur proposant de mettre de côté ce principe, il
devrait mettre l'article 30 à jour afin d'éviter qu'une telle situation se
reproduise.»
Donc, en fait, afin
de corriger le fait que, dans le projet de loi, on ne retient plus la valeur au
propriétaire, en modifiant le libellé de l'article tel qu'il est proposé, donc,
«l'usage le meilleur et le plus profitable ne peut plus y être réalisé», ça
permettrait d'obtenir un équilibre quant à l'indemnisation que l'exproprié
pourrait recevoir. Voilà.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. Merci. Merci pour...
Merci au collègue pour l'amendement. On le trouve très intéressant, parce que
je dois dire qu'on avait au départ nous aussi, un projet d'amendement à
l'article 30, mais que finalement j'ai placé ici en disant qu'on ne le
déposerait pas parce que, bon... Mais c'était avec le même objectif de
clarification de la notion, finalement, d'usage convenable.
Là, on est juste en
train de vérifier avec nos juristes, parce qu'en introduisant la notion du
MPP... Effectivement, c'est Me Burelle qui le suggérait. Juste de voir les
incidences juridiques, là, plus attentivement avant de nous prononcer, à savoir si c'est la bonne notion, si c'est la bonne
façon de le libeller. Mais on souscrit à l'objectif de mon collègue
d'Acadie.
M. Morin : Merci. Est-ce que je peux vous demander de
suspendre pour permettre à Mme la ministre et à ses...
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui,
mais je vais juste demander s'il y a autres interventions avant qu'on suspende
l'article. Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'amendement à
l'article 30?
Des voix :
...
La Présidente (Mme Maccarone) : Non,
juste l'article. On va juste suspendre l'article... l'amendement sur l'article,
n'est-ce pas?
Mme
Guilbault : Bien, moi, je suis d'accord.
Puis on passera à l'autre article ou on reviendra à l'article 15...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui. Bien, on va revenir...
Mme
Guilbault : 30, pardon.
La Présidente (Mme
Maccarone) : ...à l'article 31.
Mme
Guilbault : Le 31... 30?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui, parce qu'on ne peut pas adopter le 30.
Mme
Guilbault : C'est 30.
La Présidente (Mme
Maccarone) : C'est ça, on ne peut pas adopter 30 si l'amendement est
suspendu. On peut toujours continuer le débat sur le 30 si vous souhaitez.
Voilà. Ça fait que... Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'amendement
à l'article 30? J'ai besoin de vous entendre.
Des voix :
...
Mme Guilbault : Oui, consentement.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Alors, on revient à l'article 30. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Morin : Bien, en fait, mon intervention, c'était celle que
j'ai proposée avec l'amendement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Alors, est-ce qu'il y a consentement pour suspendre
l'article 30?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Alors, Mme la ministre, nous allons poursuivre à
la lecture de l'article 31, s'il vous plaît.
Mme Guilbault :
Oui. Article 31 : «L'expropriant peut, avec le consentement
écrit de l'exproprié, se désister totalement
ou partiellement de la procédure d'expropriation en tout temps avant que le
droit exproprié ne lui soit transféré.
«L'inscription d'un
avis de désistement sur le registre foncier s'obtient par la présentation à
l'Officier de la publicité foncière de cet
avis accompagné du consentement écrit de l'exproprié. Le désistement a effet à
compter de cette inscription.
«Cet avis doit
notamment contenir :
«1° la désignation de
l'immeuble ou de la partie de l'immeuble exproprié faisant l'objet du désistement;
«2° le droit à
acquérir par expropriation qui est visé par ce désistement;
«3°
une mention voulant que l'expropriant se désiste totalement ou, selon le cas,
partiellement de la procédure d'expropriation;
«4° le texte
d'information conformément à ce qui peut être établi par le ministre.
«Lorsque
le désistement est total, il met fin à la procédure d'expropriation, sans
toutefois mettre fin à l'instance en fixation
de l'indemnité d'expropriation par laquelle le Tribunal pourra déterminer, le
cas échéant, des dommages-intérêts en réparation du préjudice résultant
de ce désistement. Lorsque le désistement est partiel, l'inscription de cet
avis de désistement met fin seulement à la procédure d'expropriation pour le
droit faisant l'objet du désistement.»
En commentaire :
L'article 31 du projet de loi prévoit que l'expropriant pourrait, avec le
consentement écrit de l'exproprié, se désister en tout ou en partie de la
procédure d'expropriation. Il pourrait le faire en tout temps avant la fin de la
procédure d'expropriation, qui se termine par le transfert de droit à la date
de libération. Ce droit au désistement avec
le consentement de l'exproprié n'était pas codifié dans la Loi sur
l'expropriation, mais il était tout de même possible avec l'autorisation
du TAQ.
Les
deuxième et troisième alinéas de cet article prévoient la procédure pour se
désister de la procédure
d'expropriation. Elle s'effectuerait par l'inscription au registre foncier d'un
avis de désistement, lequel serait accompagné, lors de sa présentation à l'Officier de la publicité foncière, du
consentement écrit de l'exproprié. Le désistement aurait effet à compter
de la date d'inscription de l'avis.
Enfin, cet article
précise qu'un désistement total mettrait fin à la procédure d'expropriation,
alors qu'un désistement partiel ne mettrait fin à la procédure d'expropriation
que pour la partie du droit exproprié visé à l'avis de désistement. Dans tous les cas, l'instance en fixation de l'indemnité
d'expropriation continuerait, ne serait-ce que pour permettre, dans le cas d'un désistement total, au
TAQ de déterminer, le cas échéant, les dommages-intérêts en réparation du
préjudice résultant de ce désistement ou la restitution des indemnités payées.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Alors, M. le député de l'Acadie.
M. Morin :
Oui. Merci, Mme la Présidente.
Alors, je comprends qu'à 31.4°, «le texte d'information conformément à ce qui peut être établi par le ministre», on
parle à nouveau d'un arrêté ministériel qui sera adopté, comme ce qu'on a vu
à l'article 29, mais ce n'est pas
nécessairement le même texte d'information. Donc, ce sera un autre arrêté
ministériel. Est-ce que je comprends bien?
La Présidente
(Mme Maccarone) : Mme la ministre.
Mme Guilbault : Donc, oui, mon collègue a raison, ça... Bien, ça va être le même genre
de texte, mais ça va être un autre texte. Ça peut ou non être dans le
même arrêté, là. Après, c'est plus la mécanique administrative.
M. Morin :
D'accord. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que l'article 31 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Merci. Mme la ministre, l'article 32, s'il
vous plaît.
Mme Guilbault : Merci, Mme la Présidente. Article 32 : «L'avis de désistement
et l'état certifié de l'inscription du désistement sur le registre
foncier sont déposés au Tribunal administratif du Québec. Le Tribunal prend
acte du désistement.»
En
commentaire : L'article 32 du projet de loi prévoit qu'afin
d'informer le TAQ du désistement de l'expropriant et de sa portée
l'expropriant devrait déposer au tribunal l'avis de désistement et l'état
certifié de l'inscription du désistement sur le registre foncier. Le tribunal
prendrait alors acte du désistement.
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le député de l'Acadie.
M. Morin : Je n'ai pas de
commentaire.
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons passer à la
mise aux voix. Est-ce que l'article 32 est adopté.
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, article 33.
Mme Guilbault : Merci beaucoup. Merci. Article 33 : «L'expropriant doit
notifier aux parties dessaisies l'avis de désistement accompagné de
l'état certifié de l'inscription de cet avis sur le registre foncier.»
En
commentaire : L'article 33 du projet de loi prévoit que
l'expropriant, afin de confirmer que le désistement a bel et bien eu lieu, devrait notifier aux parties
dessaisies l'avis de désistement accompagné de l'état certifié de l'inscription
de cet avis sur le registre foncier.
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Y a-t-il des commentaires, des
interventions? Alors, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 33 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Article 34. Mme la ministre.
Mme Guilbault : Merci. Article 34 : «Les parties dessaisies
peuvent, dans le cadre de l'instance en fixation de l'indemnité d'expropriation
et dans les six mois qui suivent la notification de l'avis de désistement,
demander au Tribunal des dommages-intérêts
en réparation du préjudice résultant de ce désistement. Cette demande doit être
notifiée à l'expropriant dans ce même délai.
«Dans le cadre de cette même instance et dans
les six mois qui suivent l'inscription de l'avis de désistement sur le registre foncier, l'expropriant peut
demander au Tribunal d'ordonner à la partie dessaisie de restituer la totalité
ou une partie des indemnités provisionnelles. Cette demande doit être
notifiée à la partie dessaisie dans ce même délai.
«Les délais prévus au présent article sont de
rigueur.»
Bon, en
commentaire : L'article 34 du projet de loi prévoit le droit des
parties dessaisies de demander au TAQ des dommages-intérêts en
réparation du préjudice résultant de ce désistement et celui de l'expropriant
de demander au tribunal d'ordonner la
restitution de la totalité ou d'une partie des indemnités provisionnelles. Il
prévoit que ces demandes devraient être présentées dans le cadre de
l'instance en fixation de l'indemnité d'expropriation et notifiées à l'autre
partie, et que le délai de six mois pour le faire serait de rigueur.
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Y a-t-il des interventions? Oui,
M. le député de l'Acadie, la parole est à vous.
• (15 h 50) •
M. Morin : Merci. Alors,
pourquoi un délai de six mois? Pourquoi, dans cet article-là, là, d'une façon spécifique, on a indiqué que les délais sont de
rigueur? Et je comprends que ces délais-là et le fait qu'ils sont de rigueur
devraient être inclus, à moins que ça change, dans le texte d'information pour
bien en informer les parties, notamment l'exproprié.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault : Bien, si mon collègue est
d'accord, je permettrais à notre collègue ici de répondre, ou autre collègue
juriste.
M. Morin : Oui, je suis
d'accord.
La Présidente (Mme Maccarone) : Me Légaré,
la parole est à vous.
Mme Légaré
(Geneviève) : Oui. Bien évidemment, vous l'aurez vu avec la
nouvelle... le projet de loi n° 22, là, il y a une différence avec la loi
actuelle, là. On était à 90 jours pour dommages-intérêts. Là, on est
rendus à... on est rendus à six mois. Mais
c'était la même chose aussi pour le désistement. En fait, c'est ce qu'on fait
en ce moment. C'est exactement la même logique, là. Les délais sont serrés. En
fait, on les suit beaucoup plus que certains autres, là. Mais c'est vraiment des délais de rigueur dans les
deux cas. Il y a peut-être juste une volonté de laisser un petit peu plus de
temps aux parties dessaisies de présenter leurs dommages et intérêts, là.
Une voix : ...
Mme Légaré (Geneviève) : Bien, c'est
ça, exactement. Mais...
M. Morin : Puis j'imagine que ces
informations-là vont se retrouver dans le texte d'information qui va être
éventuellement publié, parce que, puisque ce sont des délais de rigueur, ma
compréhension, c'est que, si on ne les respecte pas, c'est terminé.
Mme Légaré
(Geneviève) : Oui. Puis, en ce moment, le Tribunal administratif
le mentionne dans sa décision, qu'il y a un recours qui est prévu, puis
ils indiquent le délai, là. C'est ce qui est... Puis on le reprend aussi dans
l'avis de désistement, là.
M. Morin : D'accord. Merci.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 34 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Article 35, s'il vous plaît, Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Mme la Présidente, je demanderais une suspension
de l'article 35, si tout le monde est d'accord, parce qu'on avait
un amendement, mais là on doit le retravailler...
La Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce
qu'il y a consentement...
Mme Guilbault :
...ou je peux lire l'article, puis on suspend l'amendement. C'est comme vous
préférez.
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui,
tout à fait. Oui, je suis d'accord.
Mme Guilbault : Parfait.
La Présidente (Mme Maccarone) : Voilà.
Mme
Guilbault : Donc, article 35 : «Le Tribunal
administratif du Québec peut, sur demande de l'expropriant signifiée à
l'exproprié, autoriser l'expropriant à se désister totalement ou partiellement
de la procédure d'expropriation.
«Cette demande doit être faite dans le cadre de
l'instance en fixation de l'indemnité d'expropriation.
«L'expropriant procède à l'inscription du
désistement sur le registre foncier par la présentation à l'Officier de la publicité foncière de la décision homologuée
du Tribunal autorisant un désistement total ou partiel de la procédure
d'expropriation. Le désistement a effet à compter de cette inscription.
«L'expropriant
doit notifier aux parties dessaisies l'état certifié de l'inscription du
désistement sur le registre foncier.
«Le quatrième alinéa de l'article 31 et
l'article 34 s'appliquent à la suite de l'inscription du désistement sur
le registre foncier, avec les adaptations nécessaires.»
En commentaire : L'article 35 du
projet de loi prévoit que l'expropriant pourrait demander au TAQ de l'autoriser
à se désister totalement ou partiellement de la procédure d'expropriation, et
ce, sans le consentement de l'exproprié. Il
pourrait le faire en tout temps avec la fin de la procédure d'expropriation,
qui se termine par le transfert de droit à la date de libération.
Ce droit au désistement diffère de celui prévu à
la Loi sur l'expropriation, notamment parce qu'il est possible de le faire
après le paiement d'une indemnité provisionnelle. Cette modification est
nécessaire puisque ce paiement pourrait être effectué dès le début de la
procédure d'expropriation.
Les deuxième et troisième alinéas de cet article
prévoient la procédure pour se désister de la procédure d'expropriation,
notamment en prévoyant que la demande devrait être faite dans le cadre de
l'instance en fixation de l'indemnité
d'expropriation. Le désistement s'effectuerait par l'inscription sur le
registre foncier de la décision homologuée du tribunal autorisant un
désistement total ou partiel de la procédure d'expropriation. Le désistement
aurait effet à compter de la date de cette inscription.
Enfin, cet article précise que le quatrième
alinéa de l'article 31 du projet de loi s'applique. Cet alinéa prévoit
qu'un désistement total mettrait fin à la procédure d'expropriation, alors
qu'un désistement partiel ne mettrait fin à la procédure d'expropriation que
pour la partie du droit exproprié visée à l'avis de désistement. Dans tous les
cas, l'instance en fixation de l'indemnité d'expropriation continuerait, ne
serait-ce que pour permettre, dans le cas d'un désistement total, au TAQ de déterminer, le cas échéant, les
dommages-intérêts en réparation du préjudice résultant de ce désistement
ou la restitution des indemnités payées.
Enfin, cet article précise que l'article 34
du projet de loi s'applique. C'est d'ailleurs cet article qui prévoit notamment le droit des parties dessaisies de
demander des dommages-intérêts en réparation du préjudice résultant de ce
désistement et celui de l'expropriant de
demander la restitution de la totalité ou d'une partie des indemnités
provisionnelles.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre
l'article 35 en attendant un amendement de la ministre?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Merci. Alors, Mme la ministre, l'article 36, s'il vous plaît.
Mme
Guilbault : Article 36 : «À défaut par l'expropriant
de requérir l'inscription du désistement sur le registre foncier dans les deux mois de la décision du
Tribunal, ce dernier tient compte, dans la détermination des dommages-intérêts
prévus au premier alinéa de l'article 34, des dommages causés par ce
défaut.»
La Présidente (Mme Maccarone) : Et
le commentaire.
Mme Guilbault : Ah oui! Le commentaire : L'article 36 du projet
de loi prévoit que l'expropriant devrait demander l'inscription du désistement
sur le registre foncier dans les deux mois de la décision du tribunal, sans
quoi le tribunal tiendrait compte des dommages causés par ce défaut dans la
détermination des dommages-intérêts en réparation du préjudice résultant de ce
désistement.
La Présidente (Mme Maccarone) : Y
a-t-il des interventions?
M. Morin : Je n'ai pas
d'intervention.
La
Présidente (Mme Maccarone) : S'il n'y a pas d'intervention, nous allons passer
à la mise aux voix. Est-ce que l'article 36 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, pour la lecture de l'article 37, s'il vous plaît.
Mme
Guilbault : Merci. Article 37 : «L'expropriant peut
transférer le droit exproprié en faisant inscrire sur le registre
foncier un avis de transfert de droit. L'expropriant ou, le cas échéant, celui
pour le compte de qui il exproprie devient, à la date de libération inscrite
sur cet avis de transfert de droit, titulaire du droit exproprié.
«Avant de faire inscrire un avis de transfert de
droit, l'expropriant doit le signifier à l'exproprié et, le cas échéant,
signifier aux locataires et aux occupants de bonne foi un avis d'intention
d'inscrire un avis de transfert. «Pour être inscrit sur le registre
foncier, l'avis de transfert de droit doit être accompagné :
«1° de la
pièce qui établit que l'indemnité provisionnelle initiale a été versée à
l'exproprié ou déposée, pour son compte, au greffe de la Cour
supérieure;
«2° de la preuve de la signification à
l'exproprié de l'avis de transfert de droit.
«Cet avis de transfert ne peut faire l'objet
d'une inscription à une date postérieure à la date de libération. Lorsque la
date de présentation d'un avis de transfert est postérieure à la date de
libération, l'Officier de la publicité foncière refuse d'effectuer
l'inscription.
«Ces avis doivent notamment contenir :
«1° les renseignements prévus aux
paragraphes 1° à 3° et 5° du premier alinéa de l'article 9;
«2° le montant de l'indemnité provisionnelle
initiale;
«3° le texte d'information établi par le
ministre.»
En commentaire : L'article 37 du
projet de loi prévoit la procédure pour transférer le droit exproprié. L'expropriant devrait d'abord signifier un avis de
transfert de droit à l'exproprié, signifier aux locataires et occupants de
bonne foi de l'immeuble exproprié un avis d'intention d'inscrire un avis de
transfert et verser l'indemnité provisionnelle initiale aux parties dessaisies ou la déposer, pour leur compte, au
greffe de la Cour supérieure. Précisons que cet article doit être lu conjointement avec l'article 40 du projet de
loi pour comprendre la nécessité de verser préalablement l'indemnité
provisionnelle initiale aux locataires et occupants de bonne foi.
L'expropriant
devrait ensuite faire inscrire sur le registre foncier l'avis de transfert de
droit, qui serait accompagné de la pièce qui établit que l'indemnité
provisionnelle initiale a été versée à l'exproprié ou déposée, pour son compte,
au greffe de la Cour supérieure et de la
preuve de la signification à l'exproprié de l'avis de transfert de droit. Le
transfert s'effectuerait alors à la date de libération.
L'Officier de la publicité foncière devrait
toutefois refuser l'inscription d'un avis de transfert de droit lorsque la date
de présentation de l'avis serait postérieure à la date de libération.
Enfin, cet article précise le contenu de l'avis
de transfert de droit et de l'avis d'intention d'inscrire un avis de transfert.
La Présidente (Mme Maccarone) : Interventions?
M. le député de l'Acadie, la parole est à vous.
M.
Morin : Merci, Mme la Présidente. Donc, à
l'article 37, Mme la ministre, quand on parle du texte d'information
établi par le ministre, c'est un autre
arrêté ou c'est un autre texte dans le même arrêté, donc on serait rendus à
trois textes?
Des voix : ...
Mme Guilbault : C'est un nouveau texte, effectivement.
M. Morin : Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Y
a-t-il d'autres interventions? Si... Oui, M. le député de Taschereau.
M.
Grandmont : Oui. Merci, Mme la Présidente. Donc, à
l'article 37, là, on dit que, «lorsque la date de présentation d'un avis
de transfert est postérieure à la date de libération, l'Officier de la
publicité foncière refuse d'effectuer l'inscription». Donc, qu'est-ce
qui se passe concrètement? Il n'y a juste pas de transfert qui est effectué.
C'est bien ça?
Mme Guilbault : Oui, c'est ça, exact. Il faut recommencer l'avis
d'expropriation.
M. Grandmont : On recommence au
complet l'avis d'expropriation.
Mme Guilbault : Le processus ou... Ah! bien, peut-être valider...
Des voix :
...
Mme Guilbault : Avez-vous...
M. Grandmont : Non, je n'ai pas
compris.
Mme
Guilbault : On peut le dire au micro. Il va devoir resignifier
une date de libération... un avis de libération des lieux avec une
nouvelle date, puis ensuite de ça refaire...
M. Grandmont : Refaire le processus.
Mme Guilbault : ...une inscription à l'office de la publicité.
M. Grandmont : O.K. Parfait. Merci.
• (16 heures) •
La
Présidente (Mme Maccarone) : Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 37 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Mme la ministre, article 38. Et nous
avons aussi un amendement.
Mme
Guilbault : Oui. Article 38... Un instant. Bon. «L'avis
de transfert de droit et, le cas échéant, l'avis d'intention d'inscrire un avis de transfert doivent, dans les
30 jours qui suivent la date de l'inscription de l'avis de transfert de
droit sur le registre foncier, être déposés au Tribunal administratif du
Québec.»
L'article... En commentaire :
L'article 38 du projet de loi prévoit que... le dépôt au TAQ de l'avis
de... avis... oui, en tout cas, d'un avis de
transfert de droit et, le cas échéant, de l'avis d'intention d'inscrire un avis
de transfert dans les 30 jours qui suivent la date de l'inscription
de l'avis de transfert de droit sur le registre foncier, et ce, afin d'en
informer le tribunal.
La Présidente (Mme Maccarone) : Et
l'amendement.
Mme
Guilbault : Et l'amendement à l'article 38 :
Insérer, à la fin de l'article 38 du projet de loi, «par l'expropriant».
En
commentaire : Les modifications proposées à l'article 38 visent à préciser
que l'obligation de déposer au Tribunal
administratif du Québec l'avis de transfert de droit et, le cas échéant,
l'avis d'intention d'inscrire un avis de transfert incombe à
l'expropriant.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il des interventions?
M. Morin : Parce que, là, le texte
vient d'apparaître. Est-ce qu'on peut juste le...
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui,
oui, oui, tout à fait. Prenez votre temps.
Mme Guilbault : Ah oui! Prenez votre temps.
M. Morin : Merci.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Souhaitez-vous qu'on suspende quelques instants? Pas
nécessaire?
M.
Morin : Non, ce ne sera pas nécessaire. Est-ce qu'on peut voir le tableau comparatif, s'il vous plaît? Merci.
Des voix : ...
M. Morin : Parfait. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Y
a-t-il des interventions sur l'amendement à l'article 38?
M. Morin : Je n'ai pas d'intervention.
La
Présidente (Mme Maccarone) :
S'il n'y a pas d'intervention, nous allons poursuivre à la mise aux voix.
Est-ce que l'amendement à l'article 38 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. On revient à l'article 38 tel
qu'amendé. Y a-t-il des interventions? S'il
n'y a pas d'intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 38, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, pour la lecture de l'article 39, s'il vous plaît.
Mme
Guilbault : Et j'aurai aussi un amendement pour 39.
Article 39 : «La Cour supérieure peut, sur demande de l'exproprié
signifiée à l'expropriant dans les 15 jours qui suivent la réception
de l'avis de transfert de droit et déposée au greffe de cette cour avec
diligence, interdire à l'expropriant de faire inscrire cet avis de transfert de
droit sur le registre foncier ou, s'il a été inscrit, en ordonner la radiation
si les conditions prévues à l'article 37 n'ont pas été respectées. Cette
demande doit être instruite et jugée d'urgence et le jugement rendu n'est pas
susceptible d'appel.»
En
commentaire : L'article 39 du projet de loi reprend essentiellement
le contenu de l'article 53.6 de la Loi sur l'expropriation. Il prévoit que
l'exproprié pourrait demander à la Cour supérieure d'interdire à l'expropriant
de faire inscrire cet avis de transfert de droit sur le registre foncier
ou, s'il a été inscrit, d'en ordonner la radiation si les conditions prévues à
l'article 37 n'ont pas été respectées. Cette demande devrait être
instruite et jugée d'urgence, et le jugement
rendu ne serait pas susceptible d'appel. Enfin, cet article prévoit que la
demande de l'exproprié devrait être signifiée
à l'expropriant dans les 15 jours qui suivent la réception de l'avis de
transfert de droit et déposée au greffe de cette cour avec diligence.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Nous allons suspendre quelques instants, le temps de recevoir l'amendement à
l'article 39.
(Suspension de la séance à 16 h 04)
(Reprise à 16 h 08)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous allons reprendre. Mme la ministre, pour la lecture de votre amendement à
l'article 39, s'il vous plaît.
Mme Guilbault : On est prêts pour l'amendement?
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui.
Mme
Guilbault : Alors,
amendement à l'article 39 : Remplacer, dans l'article 39 du
projet de loi, «réception» par «signification».
En commentaire : Cette proposition
d'amendement vise simplement à uniformiser le vocabulaire utilisé dans le projet de loi. Ainsi, comme le deuxième alinéa
de l'article 37 du projet de loi prévoit que l'avis de transfert de droit
est signifié à l'exproprié, le délai devrait commencer à courir à partir de la
signification de cet avis. Rappelons que la signification est l'action de
porter un document à la connaissance d'une personne.
Puis j'ajouterai qu'on n'a pas vraiment de
contrôle sur le moment de la réception. Dans le fond, c'est difficile de
calculer le moment de la réception. Donc...
La Présidente (Mme Maccarone) : Y
a-t-il des interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Non, madame.
La Présidente (Mme Maccarone) : Non?
S'il n'y a pas d'intervention, nous allons passer à la mise aux voix.
Est-ce que l'amendement à l'article 39 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. On revient à l'article 39. Y a-t-il des
interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons poursuivre à la mise
aux voix. Est-ce que l'article 39 est... tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, pour la lecture de l'article 40. Et nous avons aussi
un amendement.
Mme
Guilbault : Oui. Article 40 : «À
l'exception du locataire dont le bail est inscrit sur le registre foncier, le
locataire et l'occupant de bonne foi dont le nom et l'adresse n'ont pas été
dénoncés à l'expropriant conformément au
premier alinéa de l'article 12 ne peuvent s'opposer à la prise de
possession pour le motif que l'indemnité provisionnelle initiale n'a pas
été versée ou déposée.»
• (16 h 10) •
En commentaire :
L'article 40 du projet de loi reprend essentiellement le contenu du
premier alinéa de l'article 53.10 de la loi actuelle. Il prévoit que le
locataire et l'occupant de bonne foi dont le nom et l'adresse n'auraient pas
été dénoncés à l'expropriant ne pourraient pas s'opposer à la prise de
possession pour le motif que l'indemnité
provisionnelle initiale ne leur a pas été versée ou déposée. Toutefois, cette
disposition ne s'applique pas au locataire dont le bail est inscrit sur le
registre foncier puisque cette inscription rend le bail opposable aux tiers,
incluant l'expropriant.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Et l'amendement.
Mme Guilbault : Oui. L'amendement à l'article 40 : Remplacer l'article 40
du projet de loi par l'article suivant :
«40. Malgré le
transfert du droit exproprié, l'expropriant ne peut pas prendre possession du
lieu loué ou occupé avant d'avoir versé l'indemnité provisionnelle initiale au
locataire ou à l'occupant de bonne foi qui loue ou qui occupe ce lieu ou avant
d'avoir déposé cette indemnité, pour son compte, au greffe de la Cour
supérieure. Il peut toutefois prendre possession de ce lieu s'il a notifié un
avis à ce locataire ou à cet occupant de bonne foi lui indiquant qu'il n'a
droit à aucune somme à titre d'indemnité provisionnelle initiale.
«Le
premier alinéa ne s'applique pas lorsque l'expropriant n'a pas été informé de
la location ou de l'occupation de ce
lieu conformément au premier alinéa de l'article 12 et, dans le cas d'une
location, que le bail n'est pas inscrit sur le registre foncier.»
En commentaire :
Il est proposé de remplacer l'article 40 du projet de loi afin de
clarifier que l'expropriant ne peut pas,
malgré qu'il soit devenu propriétaire de l'immeuble exproprié, prendre
possession d'un lieu loué ou occupé sans avoir préalablement rempli ses
obligations quant à l'indemnité provisionnelle initiale à l'égard de celui qui
loue ou qui occupe de bonne foi ce lieu. Ce
dernier pourra demeurer dans les lieux sans devoir s'opposer à la prise de
possession.
L'expropriant pourra
toutefois prendre possession des lieux si le nom et l'adresse du locataire dont
le bail n'est pas inscrit sur le registre foncier ou de l'occupant de bonne foi
qui ne... ou de l'occupant de bonne foi ne lui ont pas été dénoncés
conformément au premier alinéa de l'article 12 par l'exproprié.
La Présidente (Mme Maccarone) : Y
a-t-il des interventions sur l'amendement à l'article 40? Oui, M. le
député de l'Acadie.
M. Morin : ...donc...
Alors, je comprends que, donc, l'expropriant va être obligé de verser
l'indemnité avant de pouvoir prendre
possession du lieu loué. Maintenant, il pourrait toujours prendre possession du
lieu s'il notifie un avis à ce locataire lui indiquant qu'il n'a droit à aucune
somme à titre d'indemnité provisionnelle initiale. Donc, est-ce que vous
avez un cas de figure où le scénario dans la deuxième phase pourrait
s'appliquer, donc, que l'expropriant déciderait que le locataire n'a pas le
droit à aucune indemnité provisionnelle initiale?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. Bien... Ah! c'est dans
l'alinéa... dans le... Excusez. Je vais reprendre l'amendement. Non, bien, en fait, bien, peut-être que j'ai
manqué un bout de la question, là, mais c'est tout le débat qu'on a eu l'autre
fois sur les occupants de bonne foi dont l'expropriant n'a pas de façon
raisonnable d'être conscient. Alors, c'est sûr qu'il ne pourra pas... Bien, en fait, il va signifier et verser une
indemnité à ceux dont il aura été informé. Ça exclut ceux de l'article
qu'on a étudié, là, au début, à l'article 12, je pense.
M. Morin : Exact,
oui. Et ça, je comprends que c'est quand le premier alinéa ne s'applique pas,
lorsque l'expropriant n'a pas été informé de la location ou de l'occupation.
Mais, moi, ma question, c'était... Dans votre
deuxième phrase du premier alinéa : «Il peut toutefois prendre possession
de ce lieu s'il a notifié un avis à ce locataire», donc, il sait qu'il y a un
locataire, parce qu'il lui notifie un avis et qu'il lui indique «qu'il n'a droit à aucune
somme à titre d'indemnité provisionnelle initiale». Et je me demandais
si vous aviez un exemple concret de... si ça peut arriver, puis quand, puis
comment, puis dans quel cas.
Mme Guilbault : Oui. Ma collègue, ici, a un exemple pour notre bénéfice.
M. Morin : Bon, très bien.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
Ferlatte, la parole est à vous.
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) :
Bonjour.
M. Morin : Rebonjour.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) :
Donc, on pourrait retourner à la ligne bleue, centre commercial. Par exemple, j'ai un centre commercial de 200 commerces et
j'exproprie l'équivalent de 10 espaces de stationnement. Donc, il y a des
locateurs... Tu sais, à qui appartient cet espace de stationnement là? Des
fois, c'est difficile à déterminer. Ça fait qu'il arrive souvent qu'on va faire
des offres à 0 $. Puis, si jamais ils ont un préjudice réel, ils vont
devoir nous le justifier. Puis, des fois, c'est après la prise de
possession, mais que... Tant que c'est réglé au final, c'est correct.
Ou un autre
cas aussi qui est quand même similaire, ça peut être... on exproprie... excusez
mes termes, mais moi, j'appelle ça une lichette de terrain, là, sur le
coin d'une rue pour un élargissement de rue, puis ça se trouve à être un triplex résidentiel. Bien, même si les locataires
qui habitent là sont dénoncés, ils vont continuer à jouir de leurs
logements de la même façon qu'avant. Donc, l'indemnité va être à zéro.
M. Morin : Votre exemple du triplex
et du coin de rue est un excellent exemple. Je vous remercie.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement à l'article 40 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) :
Parfait. Nous allons revenir à l'article 40 tel qu'amendé. Y a-t-il des interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous
allons passer à la mise aux voix. Est-ce que l'article 40, tel qu'amendé,
est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, la lecture de l'article 41, s'il vous plaît.
Mme Guilbault : Merci, Mme la Présidente. «La Cour supérieure peut, sur
demande d'une partie dessaisie, pour des motifs graves et s'il n'y a pas pour
l'expropriant une urgence de nature telle que tout retard dans la prise de
possession entraîne pour lui un préjudice sérieux, permettre à cette partie
dessaisie de demeurer en possession de l'immeuble
exproprié pour la période et aux conditions qu'elle détermine. Cette période ne
peut toutefois excéder six mois de la date de libération et le jugement
rendu n'est pas susceptible d'appel.
«Cette demande est signifiée à l'expropriant.
Elle doit être instruite et jugée d'urgence.
«La Cour
supérieure fixe le loyer dû à l'expropriant pour l'occupation de l'immeuble
exproprié durant cette période.»
En commentaire : L'article 41 du
projet de loi reprend essentiellement le contenu de l'article 53.14 de la
loi actuelle, sans toutefois reproduire le
délai prévu à celui-ci pour la demande. En effet, l'article 41 prévoit
qu'une partie dessaisie pourrait
demander à la Cour supérieure de demeurer en possession de l'immeuble exproprié
pour une période maximale de six mois après la date de libération, et
ce, malgré le transfert à l'expropriant du droit sur celui‑ci.
La Cour supérieure ne pourrait donner droit à
cette demande que pour des motifs graves et s'il n'y a pas pour l'expropriant
une urgence de nature telle que tout retard dans la prise de possession
entraîne pour lui un préjudice sérieux. Elle
fixerait alors le loyer dû par la partie dessaisie. Le délai de 15 jours
de la réception de l'avis de transfert de propriété pour signifier
qu'une demande n'a pas été retenue pour permettre à la partie dessaisie de lui
présenter sa demande au moment opportun
selon les circonstances de sa situation... l'avis de transfert de droit pouvant
être dès le début de la procédure signifié à l'exproprié.
Enfin, cet
article reprend le fait que la demande devrait être signifiée à l'expropriant,
qu'elle devrait être instruite et jugée d'urgence par la cour et que le
jugement n'est pas susceptible d'appel.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Y a-t-il des interventions? Non? S'il n'y a
pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 41 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, pour la lecture de l'article 42, s'il vous plaît.
Mme
Guilbault : Merci. Article 42, et
j'aurai un amendement : «La Cour supérieure peut, sur demande de l'expropriant signifiée aux parties dessaisies,
autoriser en tout temps le transfert du droit exproprié lorsque les conditions
suivantes sont réunies :
«1° pour l'expropriant ou, le cas échéant, pour
celui pour le compte de qui il exproprie, il y a une urgence telle que
tout retard du transfert du droit exproprié entraînerait pour lui un préjudice
considérable;
«2° les parties dessaisies n'en souffrent pas un
préjudice irrémédiable;
«3°
l'indemnité provisionnelle initiale a été versée aux parties dessaisies ou
déposée au greffe de la Cour supérieure.
«Cette demande est instruite et jugée d'urgence
et le jugement rendu n'est pas susceptible d'appel.
«Le droit exproprié est transféré à
l'expropriant ou, le cas échéant, à celui pour le compte de qui il exproprie
15 jours après la date de l'inscription sur le registre foncier du jugement
autorisant ce transfert. L'expropriant doit notifier,
avec diligence, l'état certifié de cette inscription aux parties dessaisies en
leur indiquant la date de cette inscription.
«Malgré le paragraphe 3° du premier alinéa,
la Cour supérieure peut autoriser le transfert du droit exproprié même si l'indemnité provisionnelle initiale n'a
pas été versée à un locataire dont le bail n'est pas inscrit sur le registre
foncier ou à un occupant de bonne foi
lorsque l'expropriant n'a pas pu le faire en raison du fait que le nom et
l'adresse de ce locataire ou de cet
occupant de bonne foi ne lui ont pas été dénoncés conformément au premier
alinéa de l'article 12.»
En
commentaire : L'article 42 du projet de loi réitère le pouvoir de la
Cour supérieure, sur demande de l'expropriant, d'autoriser le transfert du droit exproprié lorsque certaines conditions
sont réunies. Il serait alors nécessaire que l'expropriant démontre qu'il y a une urgence telle que tout
retard du transfert du droit exproprié entraînerait pour lui ou celui pour le compte
de qui il exproprie un préjudice considérable, que les parties dessaisies n'en
souffrent pas d'un préjudice irrémédiable et que l'indemnité provisionnelle
initiale leur ait été versée ou déposée pour leur compte au greffe de la Cour supérieure. Le transfert pourrait toutefois
être autorisé, même si l'indemnité provisionnelle initiale n'a pas été versée à
un locataire dont le bail n'est pas inscrit sur le registre foncier et à un
occupant de bonne foi, lorsque l'exproprié aurait fait défaut de les
dénoncer à l'expropriant.
La cour devrait instruire et juger d'urgence
cette demande, et le jugement ne serait pas susceptible d'appel. À la suite de
ce jugement, le droit exproprié serait transféré à l'expropriant ou celui pour
le compte de qui il exproprie 15 jours après la date de l'inscription sur
le registre foncier du jugement autorisant le transfert. L'expropriant devrait également notifier, avec diligence, l'état
certifié de cette inscription aux parties dessaisies en leur indiquant la date
de cette inscription.
La Présidente (Mme Maccarone) : ...
Mme Guilbault :
Et l'amendement à l'article 42 : À l'article 42 du projet de
loi :
1° insérer, dans le paragraphe 3° du premier
alinéa et après «déposée», «, pour leur compte,»;
2° insérer,
dans le quatrième alinéa et après «un occupant de bonne foi», «ou déposée, pour
son compte, au greffe de la Cour supérieure,».
En
commentaire : Cette proposition d'amendement vise simplement à préciser,
comme dans les autres dispositions du projet de loi, que les indemnités
peuvent être déposées, pour le compte d'une partie dessaisie, au greffe de la
Cour supérieure.
• (16 h 20) •
La Présidente (Mme Maccarone) : Y
a-t-il des interventions? Oui, M. le député de l'Acadie.
M.
Morin : Mme la Présidente, merci. Cette procédure d'urgence là, est-ce qu'elle est souvent
utilisée? Est-ce que vous avez des
cas concrets? Puis est-ce que ça pourrait être dans le cas, par exemple, où un
propriétaire... un terrain ou un immeuble qui serait dans une zone où il
pourrait, par exemple, y avoir un éboulis ou un désastre naturel?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Elle n'est pas souvent utilisée. Je crois que ma
collègue du PGQ pourrait donner des exemples ou plus d'informations, si tout le
monde est d'accord.
La Présidente (Mme Maccarone) : Me
Légaré, la parole est à vous.
Mme Légaré (Geneviève) : Oui. Bien,
c'est... En fait, son ancêtre dans la loi actuelle, c'est 54, là. Donc, c'est
quelque chose qui existe déjà. Ce n'est pas une procédure qu'on utilise
fréquemment. C'est vraiment un cas d'urgence. Puis évidemment il faut se
présenter en Cour supérieure. Ça va arriver surtout si on a vraiment besoin de
l'emprise, mais qu'on n'est pas encore propriétaire et qu'il y a des
interventions à faire, que ce soit au niveau d'une structure... On l'a utilisée il y a... il y a quelques mois ou dans la
dernière année, là, dans un dossier du REM. On a été obligés de faire...
d'utiliser cette procédure-là avec 54. Mais, autrement, c'est assez
exceptionnel. Mais généralement ça va être en lien avec les travaux. Il y a
quelque chose qu'on doit faire là, une intervention, et puis, bien évidemment,
on ne peut pas travailler dans l'emprise si on n'est pas encore
propriétaire, là.
M. Morin : Exact. Est-ce que ça
pourrait être utilisé, comme je le soulignais, si quelqu'un est propriétaire d'un immeuble, mais dans une zone où l'immeuble,
par exemple, pourrait être affecté par un désastre naturel, un éboulis
ou autre, et que, donc, une ville voudrait, pour des raisons de sécurité
publique, exproprier un immeuble?
Mme
Légaré (Geneviève) : Là, je suis moins, je vous avoue, moins familière
avec... avec le municipal, là, leurs façons
de faire. Mais possiblement, en autant qu'on est dans la procédure
d'expropriation, là. Évidemment, on est dans des... On est en vertu de la Loi sur l'expropriation, là. Mais il
faut qu'il y ait une fin... une cause d'utilité publique. Donc, si on
entre dans ce cadre-là, peut-être, là.
M. Morin : Parfait.
Je vous remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Y
a-t-il d'autres interventions sur l'amendement à l'article 42? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement à l'article 42 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. On revient à l'article 42 tel amendé. Y
a-t-il des interventions? S'il n'y a pas
d'intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 42, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Mme la ministre, «you're on». Article 43,
s'il vous plaît.
Mme
Guilbault : Oui. Et j'aurai un amendement
aussi. Article 43 : «L'expropriant peut transférer le droit exproprié en faisant inscrire sur le registre
foncier la décision homologuée du Tribunal administratif du Québec portant
sur l'indemnité définitive.
«La
décision doit aussi être accompagnée des pièces qui établissent que les
indemnités provisionnelles initiales ont été versées aux parties
dessaisies ou déposées, pour leur compte, au greffe de la Cour supérieure.
«L'expropriant ou, le
cas échéant, celui pour le compte de qui il exproprie devient titulaire du
droit exproprié à la date de libération ou 15 jours après la date de
l'inscription visée au premier alinéa, selon la plus tardive de ces deux dates.
L'expropriant doit notifier, avec diligence, l'état certifié de cette
inscription aux parties dessaisies en leur indiquant la date à laquelle il
devient titulaire du droit d'exproprié.»
En commentaire :
L'article 43 du projet de loi reprend la possibilité pour l'expropriant de
transférer le droit exproprié en faisant inscrire sur le registre foncier la
décision homologuée du TAQ portant sur l'indemnité définitive accompagnée des pièces qui établissent que les
indemnités provisionnelles initiales ont été versées aux parties dessaisies ou
déposées, pour leur compte, au greffe de la Cour supérieure. L'expropriant
devrait alors notifier, avec diligence, l'état certifié de cette
inscription aux parties dessaisies en leur indiquant la date de cette
inscription.
Le droit exproprié
serait ainsi transféré à l'expropriant ou celui pour le compte de qui il
exproprie à la date de libération ou
15 jours après la date de l'inscription sur le registre foncier de la
décision homologuée, selon la plus tardive de ces dates.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Et l'amendement... Oh! ça va quand même prendre le
consentement pour le dépôt de cet amendement, parce qu'habituellement... On
parle de deux choses différentes. On a quand même l'intitulé d'une section et
l'amendement en question. Habituellement, ce serait traité avec deux
amendements. Alors, ça va prendre le
consentement des collègues d'accepter l'amendement tel que c'est rédigé avant
de demander à la ministre de faire la lecture. Est-ce qu'il y a
consentement? Consentement.
Alors, Mme la
ministre, la lecture est à vous pour l'amendement à l'article 43.
Mme
Guilbault : Parfait. Article 43...
amendement, pardon : Sous-section 3 de la... C'est juste que, là, il
y a un titre ici. Est-ce que je dois lire le titre ici?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui.
Mme
Guilbault : Oui? O.K.
La Présidente (Mme Maccarone) : C'est
qu'on a le consentement de traiter le titre et l'amendement avec un
amendement combiné.
Mme Guilbault : Ah! O.K. O.K. Oui, c'est ça qu'on disait. Parfait. Sous-section 3
de la section VI du chapitre II du titre III de la partie I : Retirer la sous-section 3
de la section VI du chapitre II du titre III de la partie I
du projet de loi, comprenant l'article 43.
Commentaire :
Il est proposé de retirer cette sous-section du projet de loi puisque la
procédure qui y est prévue s'inspire de celle prévue à l'article 55
de la Loi sur l'expropriation, laquelle était rarement utilisée. Le transfert
du droit exproprié s'opérait en vertu de
celle-ci par l'inscription sur le registre foncier de la décision homologuée du
TAQ portant sur l'indemnité définitive.
Ce retrait s'explique
également par le fait que la procédure d'expropriation par avis de transfert de
droit prévue au projet de loi permettrait, dans tous les cas, de procéder au
transfert du droit exproprié.
La Présidente (Mme Maccarone) : Y
a-t-il des interventions?
M.
Morin : ...si je comprends bien, vous voulez complètement retirer
l'article 43 du projet de loi.
Mme
Guilbault : Oui.
M. Morin :
Est-ce que cette procédure est peu ou jamais utilisée?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui, Me Massé, la parole est à vous.
Mme Massé
(Julie) : Oui. En ce moment, en vertu de la Loi sur l'expropriation,
cette procédure est peu utilisée. Et,
vraiment... On a eu quelques cas dans les dernières années au ministère des
Transports, mais c'est très rare, très sporadique.
Par contre, avec la
nouvelle mouture de la Loi concernant l'expropriation, le fait que
l'expropriant peut fixer l'indemnité provisionnelle initiale, il peut déposer
le montant de l'indemnité provisionnelle initiale au greffe de la Cour supérieure et inscrire les transferts, on
pense que... pas «on pense», cette procédure-là serait plus utile. L'expropriant
aura tous les moyens, en vertu de la loi concernant... par la première... la
première procédure d'expropriation par avis de transfert.
M. Morin : Oui.
Je comprends que, pour vos fins à vous, au ministère des Transports, c'est
quelque chose que vous utilisez peu ou pas. Maintenant, il y a d'autres
autorités expropriantes au Québec. Est-ce que vous les avez consultées? Parce
qu'il y en a peut-être d'autres qui l'utilisent. Puis là, si on l'enlève... Je
comprends qu'il va y avoir une autre
procédure dans la loi, mais c'est quand même... Puis, si vous m'aviez répondu
que cette procédure-là n'était jamais
utilisée, admettons, depuis les 50 dernières années, là, je dirais :
Bien. Mais, si c'est parfois utilisé et puis qu'on le retire, bien là,
il n'y en aura plus.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre, Me Massé?
Mme Massé (Julie) : Oui. Comme je
l'expliquais, c'est vraiment le fait qu'on est venus remodeler la procédure
d'expropriation par avis de transfert. Donc, on va pouvoir... Elle n'est plus
utile, cette procédure-là. C'est vraiment... Tu
sais, tout le monde va être dans la procédure régulière ou la procédure
d'urgence à la Cour supérieure. Mais... On n'était pas capables de
justifier son maintien. On ne voyait pas les cas d'application.
M. Morin : Bien.
Je vous remercie.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Y a-t-il d'autres interventions? Alors, nous allons procéder
à la mise aux voix de la sous-section 3 de la section VI du
chapitre II du titre III de la partie I. Est-ce que c'est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Comme c'est adopté, l'article 43 est abrogé.
Alors, nous allons procéder à la lecture de l'article 44. Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. Article 44 :
«Lorsqu'une partie dessaisie ou tout autre occupant du lieu ne libère pas l'immeuble exproprié à la date à laquelle le droit
exproprié est transféré, l'expropriant peut demander à la Cour supérieure une
ordonnance d'expulsion de cette partie dessaisie ou de cet autre occupant.
«Cette demande doit
être signifiée à cette partie dessaisie ou à cet autre occupant à moins que le
juge n'en décide autrement. Elle doit être instruite et jugée d'urgence.
«Le jugement est
immédiatement exécutoire et n'est pas susceptible d'appel.»
En
commentaire : L'article 44 du projet de loi prévoit que l'expropriant
pourrait demander à la Cour supérieure une
ordonnance d'expulsion d'une partie dessaisie ou de tout autre occupant qui ne
libérerait pas l'immeuble exproprié à la date à laquelle le droit serait
transféré à l'expropriant.
Cet
article prévoit que cette demande devrait être signifiée à la partie dessaisie
ou à cet autre occupant, à moins que le juge n'en décide autrement. Elle
devrait également être instruite et jugée d'urgence. Le jugement de la Cour
supérieure ne peut être porté en appel et il
est immédiatement exécutoire, puisque les parties dessaisies sont déjà
informées de la date du transfert du droit exproprié.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Y a-t-il des interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : En
fait, est-ce que la ministre va procéder à une renumérotation des articles,
puisqu'on vient d'abroger 43? Parce que, là, on va passer de 42 à 44.
La Présidente (Mme
Maccarone) : On fait tout ça à la fin de... à la fin de l'étude de la
loi.
M. Morin :
On va faire ça à la fin.
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui.
M.
Morin : Très bien. Je ne voulais pas qu'on l'oublie. Et je n'ai pas
d'autre question.
• (16 h 30) •
La Présidente (Mme
Maccarone) : Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 44 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Mme la ministre, pour la lecture de
l'article 45.
Mme
Guilbault : Merci. Article 45,
j'aurai un amendement, je crois. Oui. «Les parties dessaisies visées à l'article 87 du Code de procédure civile sont tenues de se faire représenter par avocat
devant le Tribunal administratif du
Québec.»
Commentaire :
L'article 45 du projet de loi prévoit que certaines parties dessaisies devraient
être représentées par un avocat
devant le TAQ. Ces parties sont, essentiellement, des représentants qui
agissent pour les intérêts d'autrui, incluant les représentants d'une personne
morale ou d'une société.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Et vous avez dit que vous avez un amendement.
Mme
Guilbault : Oui.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Nous n'avons pas encore reçu l'amendement.
On va suspendre juste
quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à
16 h 31)
(Reprise à 16 h 41)
La Présidente (Mme Maccarone) :
Alors,
on reprend nos travaux. Nous sommes à l'amendement à l'article 45.
Mme la ministre, pour la lecture.
Mme Guilbault : Merci, Mme la Présidente. Donc, amendement, article 45 :
Retirer l'article 45 du projet de loi.
Et en
commentaire : Il est proposé de retirer l'article 45 du projet de loi
afin de prévoir, dans les règles de preuve
et de procédure particulières applicables aux instances dont la valeur de
l'indemnité réclamée ou offerte est de 500 000 $
ou plus, des ajustements à l'obligation pour certaines personnes d'être
représentées par un avocat devant le Tribunal administratif du Québec.
Donc, en résumé, on
va couvrir cet aspect-là dans un article ultérieur, l'article 58, en l'occurrence,
où j'aurai un amendement qui va venir amener des précisions sur le sujet de
l'article qu'on abroge actuellement.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Parfait. Y a-t-il des interventions? M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Mme
la Présidente, en fait, je comprends que l'amendement, c'est pour abroger
l'article 45. Maintenant... Et je sais, parce que, pendant que la
commission était suspendue, Mme la ministre m'a partagé les modifications
qu'elle souhaite apporter à des articles ultérieurs, c'était
l'article 87...
(Interruption) Woups!
Ça vient de partir.
Une voix :
...
M. Morin :
Ah! j'ai fait ça, moi? Juste un instant, s'il vous plaît.
C'est
parce qu'en fait je voudrais m'assurer que, les catégories qui sont visées à
l'article 87 du Code de procédure
civile et qui ont été... et pour lesquelles il y a une référence dans le projet
de loi, on ne va pas en oublier. Et donc, à 87 du Code de procédure
civile, on dit, évidemment, qu'il y a des représentants qui «sont tenus [...]
de se faire représenter par avocat devant les tribunaux ou, dans une procédure
non contentieuse, par un avocat ou un notaire». On parle des «représentants, mandataires ou tuteurs, et les
autres personnes qui agissent pour le compte d'autrui», si cela... celui-ci ne
peut agir pour lui-même, ce qui est tout à fait logique, «le représentant ou le
membre qui demande d'agir à ce titre dans une action collective», «les
personnes morales», bien sûr, «les sociétés en nom collectif ou en commandite»,
«le curateur public, les gardiens et les séquestres», «les liquidateurs,
syndics et autres représentants d'intérêts collectifs lorsqu'ils agissent en cette qualité» et «les personnes qui ont acquis à
titre onéreux les créances d'autrui [pour] les agents de recouvrement de
créances».
Alors, quand ça
s'applique... En fait, je veux juste m'assurer que, si on abroge l'article du
projet de loi qui fait une référence à l'article 87 et qu'on va rajouter,
éventuellement, d'autres groupes qui seront également tenus à être représentés par avocat, parce que ce que je
comprends de Mme la ministre, c'est que le but, ce n'est pas de tous les
enlever mais de les rajouter dans un autre article... qu'on ne va pas oublier
des catégories qui sont à l'article 87, étant entendu que, si le
législateur a souhaité le mettre dans le projet de loi, il devait avoir une
raison. Alors, je veux juste m'assurer qu'on va bien reproduire
l'article 87 dans l'article qui sera présenté éventuellement.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. Mais en fait, c'est ça, on ne reproduit pas
très, très exactement. Mais, en même temps, j'ai... Dans notre
discussion, en suspension, j'ai proposé au collègue qu'on étudie tout de suite
l'article 58, en même temps qu'on
abroge le 45, puis l'amendement de l'article 58, ce que j'ai l'impression
qu'on est en train de faire de toute façon. Alors, s'il accepte, on
pourrait aller sur l'article 58. Je déposerai mon amendement en bonne et
due forme. Mais j'avais cru comprendre qu'on le ferait... qu'on ferait les
articles un après l'autre. Mais moi, je suis très ouverte.
M.
Morin : Mais je pense que ce serait probablement
préférable qu'on regarde les deux articles en même temps.
La Présidente (Mme Maccarone) : D'abord,
est-ce qu'il y a consentement...
Mme
Guilbault : C'est ça. C'est que, tant qu'à faire le débat, on
va le faire pour l'article, là, plutôt que le faire...
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Ça fait que... Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'amendement sur
l'article 45 et l'article 45 pour poursuivre à l'article 58?
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Voilà. Alors, Mme la ministre, pour la lecture de l'article 58, s'il vous
plaît.
Mme Guilbault :
Oui. Et...
La
Présidente (Mme Maccarone) :
58.1, excusez. Je n'ai pas de 58.1, moi, ici, dans la loi. Est-ce qu'il y a un amendement?
Ça fait que la lecture de l'article 58, s'il vous plaît, suivi de votre
amendement.
Mme Guilbault : C'est ça. Puis après ça je vais faire mon amendement.
Est-ce qu'il a été transmis, 58...
La Présidente (Mme Maccarone) : L'article...
Je n'ai pas de 58.1 ici.
Des voix :
...
La
Présidente (Mme Maccarone) : Voilà. Ça fait que vous pourriez lire
l'article 58, puis après ça déposer votre...
Mme Guilbault :
Non, mais je vais... je vais... On va faire 58 en même temps. On va faire les
deux.
La
Présidente (Mme Maccarone) : C'est l'introduction. Ça fait que vous pourriez
introduire d'abord votre article, qui... votre amendement qui introduit
l'article 58.1.
Mme Guilbault :
O.K. Mais je pourrais faire 58, puis après ça 58.1, puis il serait fait au
complet.
Des voix : ...
Mme Guilbault : O.K. Ça fait que, là, on étudierait...
La
Présidente (Mme Maccarone) : Oui, c'est ça. Ça fait que vous pourriez faire la
lecture de votre amendement qui introduit l'article 58.1.
Mme
Guilbault : O.K. Mais c'est parce que je trouve que ce serait
plus logique de faire 58 avant parce qu'on place le contexte des règles
et procédures particulières pour les 500 000 $ et plus, ce qui va...
La Présidente (Mme Maccarone) : Il
n'y a pas de souci. Si vous souhaitez...
Mme Guilbault : Si tout le monde est d'accord, je ferais 58, puis, après,
58.1.
La Présidente (Mme Maccarone) : Voilà.
Alors, pour la lecture de l'article 58.
Mme Guilbault : Parfait. Et donc ça va vous être transmis, le 58.1.
La Présidente (Mme Maccarone) : Nous
avons... C'est déjà sur le Greffier.
Mme
Guilbault : C'est déjà... Parfait. Article 58 : «Les
règles de preuve et de procédure prévues à la présente sous-section
s'appliquent à une instance dès la production au dossier d'une déclaration
détaillée égale ou supérieure à 500 000 $, que celle-ci soit ou non
modifiée à la baisse par la suite.
«Si le Tribunal administratif du
Québec le considère utile et que les parties y consentent, il peut, d'office ou
sur demande d'une partie notifiée à
l'autre, appliquer ces règles de preuve et de procédure à un dossier dont les
déclarations détaillées sont inférieures à 500 000 $.
«Malgré le premier
alinéa, le Tribunal peut, d'office ou sur demande d'une partie notifiée à
l'autre, ne pas appliquer ces règles de preuve et de procédure à un dossier
dont une déclaration détaillée est égale ou supérieure à 500 000 $
lorsque les parties y consentent et que la matière et les circonstances d'une
affaire le permettent.»
En commentaire :
L'article 58 du projet de loi introduit des règles de preuve et de
procédure particulières qui seraient applicables aux instances en fixation de
l'indemnité d'expropriation pour lesquelles une déclaration détaillée réclamant
ou offrant au moins 500 000 $ serait produite au TAQ, et ce, afin de
mieux encadrer ces dossiers, qui sont généralement plus complexes.
Malgré ce seuil de
déclenchement de l'application des règles particulières, le tribunal pourrait,
avec le consentement des parties, appliquer ces règles particulières à un
dossier ne se qualifiant pas. Tel pourrait être le cas, par exemple, d'un dossier complexe par sa nature, mais pour lequel les
déclarations détaillées produites au tribunal offrent ou réclament des
montants inférieurs à 500 000 $.
Enfin,
le tribunal pourrait également, avec le consentement des parties, ne pas
appliquer ces règles particulières à un dossier qui se qualifie. Tel pourrait
être le cas, par exemple, pour un dossier dans lequel les parties s'entendent
sur l'approche à utiliser, sur la valeur
marchande du droit exproprié et son usage le meilleur et le plus profitable,
mais qui nécessite tout de même de
faire trancher par le tribunal des questions plus simples portant sur le
quantum de certaines indemnités.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Y a-t-il des interventions? M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : En
fait, est-ce que, cette règle-là, on la retrouve dans la loi actuelle?
Mme
Guilbault : Pardon?
M. Morin : Est-ce
que, cette règle-là, à 58, on la retrouve dans la loi actuelle?
Mme
Guilbault : Non.
M. Morin : Donc,
dans la loi actuelle, dans tous les cas, on applique les règles du Code de
procédure civile.
Mme
Guilbault : Oui.
M. Morin :
O.K. Et donc...
Mme Guilbault : Et ça alourdit des... ça alourdit. Puis, des fois, les plus petits dossiers,
je présume, on pourrait les régler autrement.
Une voix : ...
Mme
Guilbault : Ah oui! Bien, elle pourrait compléter. Ma collègue
pourrait compléter pour compléter ce que j'ai dit.
M. Morin :
D'accord. Parfait.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Me Massé, la parole est à vous.
Mme Massé
(Julie) : Oui. La Loi sur l'expropriation ne prévoit pas, en tant que
tel, de règle de procédure. Donc, c'est nouveau. C'est la Loi sur la justice
administrative qui prévoit les règles de procédure applicables, dont, notamment, celle que le membre... le membre peut
s'inspirer du Code de procédure
civile, ce qui fait qu'il y a des
règles du Code de procédure civile que le TAQ applique puis il y a les règles qui
sont dans la Loi sur la justice administrative. Et nous, on est venus en
prévoir certaines pour mieux encadrer la procédure de certains dossiers.
• (16 h 50) •
M. Morin : Et
donc, présentement, si le Tribunal administratif doit trancher sur un dossier
de plus de 500 000 $, est-ce que,
dans ces règles, il y a des règles de procédure spécifiques ou s'il va s'en
remettre aux règles du Code de procédure civile?
Mme Massé (Julie) : Il n'y a pas de règle de...
spécifique à ces dossiers. C'est les mêmes règles qui sont applicables, selon la discrétion du membre...
juge, qui va venir déterminer ce qui est nécessaire au dossier qu'il est en
train d'entendre.
M. Morin : Donc,
on va utiliser le Code de procédure civile.
Mme Massé (Julie) : Généralement,
oui, il s'inspire.
M.
Morin : Puis là, en fait, ce que vous voulez faire, par 58, c'est vous
sortir du Code de procédure civile.
Mme Massé
(Julie) : Par 58, on vient appliquer certaines règles qui sont
décrites dans la présente section, qui
s'inspirent soit de la Loi sur la justice administrative soit du Code de procédure civile, pour mieux encadrer. Donc, des fois, c'est de permettre certaines choses qui
n'étaient pas mentionnées dans la Loi sur la justice administrative, donc, de clarifier que ça peut être fait. Dans d'autres
cas, c'est d'obliger certaines conférences préparatoires, conférences de
gestion, donc, de s'assurer que ces étapes-là soient effectivement faites dans
les dossiers qui sont de 500 000 $ ou plus.
M. Morin : Mais
il y a déjà des conférences de gestion de prévues dans le Code de procédure
civile.
Mme Massé
(Julie) : Le TAQ applique principalement la Loi sur la justice
administrative d'abord et il peut s'inspirer des règles du Code de procédure
civile. La Loi sur la justice administrative prévoit que le TAQ peut avoir des conférences de gestion et peut avoir des
conférences préparatoires. Dans notre loi, pour les dossiers de
500 000 $ et plus, par exemple, on vient obliger la tenue de
ces conférences-là de manière à mieux préparer l'audience.
M. Morin : D'accord. Puis, pour les
dossiers de 500 000 $ et moins, à ce moment-là, le Tribunal administratif du Québec
va utiliser les règles qui sont dans la Loi sur la justice administrative et
non pas nécessairement dans le Code de procédure.
Mme Massé (Julie) : Dans tous les cas, il
peut s'inspirer des règles du Code de
procédure civile. Donc, s'il trouve que
certaines règles aident à l'audience, il va pouvoir le faire, peu importe la
valeur du litige.
M. Morin : Puis est-ce que l'article 58 va l'empêcher ou
va restreindre sa latitude pour utiliser les règles du Code de procédure civile?
Mme Massé (Julie) : Non, non, ça ne vient pas
l'empêcher. Ça vient simplement s'assurer que certaines étapes vont être
effectivement encadrées.
M. Morin : D'accord.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il d'autres interventions à l'article 58? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 58 est
adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Mme la ministre, pour la lecture de votre
amendement qui introduit l'article 58.1, s'il vous plaît.
Mme
Guilbault : Oui. Merci, Mme la Présidente.
L'article 58.1 : Insérer, après l'article 58 du projet de loi,
le suivant :
«58.1. Sont tenus de
se faire représenter par avocat devant le Tribunal administratif du
Québec :
«1° les
représentants, mandataires ou tuteurs, et les autres personnes qui agissent
pour le compte d'une partie dessaisie, si celle-ci ne peut, pour des motifs
sérieux, agir elle-même;
«2° les personnes
morales;
«3°
les sociétés en nom collectif ou en commandite et les associations et les
autres groupements sans personnalité juridique, à moins que tous les
associés ou membres n'agissent eux-mêmes ou ne mandatent l'un d'eux pour agir;
«4° le curateur
public, les gardiens et les séquestres;
«5°
les liquidateurs, à l'exception de celui d'une succession, les syndics et
autres représentants d'intérêts collectifs lorsqu'ils agissent en cette
qualité.
«Le premier alinéa ne
s'applique pas lorsque :
«1° la partie
dessaisie est une personne physique;
«2°
la partie dessaisie qui remplit ces deux conditions...» Il
y a un «qui», là, je pense, qui est... qui est de trop, mais en tout cas.
«2° la partie
dessaisie [...] remplit ces deux conditions :
«a) elle est une
personne morale, une société en nom collectif ou en commandite, une association
ou un autre groupement sans personnalité juridique;
«b)
elle a compté sous sa direction ou son contrôle au plus 10 personnes liées à
elle par contrat de travail, et ce, en tout temps au cours de la période de
12 mois qui précède la date de l'expropriation dans le cas d'un exproprié
ou la date de la signification de
l'avis de libération de l'immeuble exproprié dans le cas d'un locataire ou d'un
occupant de bonne foi.»
En commentaire :
Il est proposé de déplacer le contenu de l'article 45 du projet de loi
dans la sous-section 2 de la
section I du chapitre III du titre III de la partie I de ce
projet afin qu'il soit obligatoire pour certaines personnes d'être représentées
par un avocat devant le TAQ. Toutefois, cette obligation serait applicable
uniquement pour les instances dont la valeur de l'indemnité réclamée ou offerte
est de 500 000 $ ou plus et elle ne s'appliquerait pas lorsqu'une personne représente ou agit pour le compte d'une
partie dessaisie et que cette dernière est une personne physique. Elle ne
s'appliquerait pas non plus dans le cas de
la représentation ni dans celui des petites entreprises ou des petits
regroupements.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Y a-t-il des interventions? M. le député de
l'Acadie.
M.
Morin : Merci, Mme la Présidente. Alors donc, je comprends
que l'obligation d'être représenté par avocat va s'appliquer dans les...
en fait, les catégories que vous... ou les conditions qui sont remplies, que
vous avez mentionnées à 58.1. Maintenant, dans le cas de plus petites
entreprises, ce ne serait pas obligatoire, mais évidemment c'est permis si la
personne qui va être dessaisie le souhaite.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Bien, si mon collègue est d'accord, je laisserais ma
collègue répondre.
M. Morin : Oui, bien sûr.
La Présidente (Mme Maccarone) : Me Massé,
la parole est à vous.
M. Morin : Bon, je vais répéter ma
question. Alors, je comprends qu'à 58.1, les catégories que vous venez de
mentionner là, à ce moment-là, l'organisme est tenu d'être représenté par
avocat. Mais il y a des exceptions, les plus
petites entreprises, si c'est de 500 000 $ et moins, mais ça
n'empêche pas la partie d'être représentée par un avocat, cependant.
Mme Massé (Julie) : Vous comprenez
bien.
M.
Morin : O.K. Donc, une personne... Donc, une personne
morale qui aurait au plus 10 personnes, dans un litige de
500 000 $ et moins, parce que 500 000 $ et plus... est-ce
qu'elle va devoir être représentée par un avocat ou pas?
Mme Massé (Julie) : Une personne
morale de plus de 10 personnes...
M. Morin : De moins, de moins.
Mme Massé (Julie) : ...de moins,
non.
M.
Morin : Non. Donc, elle pourrait décider de ne pas être
représentée par avocat devant le Tribunal
administratif du travail, même si c'est une personne morale.
Mme Massé (Julie) : Tout à fait.
M. Morin : Puis, à ce moment-là, ce
serait le président ou la présidente de la société qui va aller représenter
l'organisme en question.
Mme Massé (Julie) : Oui.
M. Morin : O.K. Mais il pourrait
être représenté par avocat.
Mme Massé (Julie) : Tout à fait.
M. Morin : O.K. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Y
a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons passer à la mise aux voix de l'introduction
de l'amendement qui introduit l'article 58.1. Est-ce que
l'article 58.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Merci. Alors, nous allons revenir à l'amendement à l'article 45. Y a-t-il
des interventions? S'il n'y a pas
d'intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que l'article...
L'amendement qui... à l'article 45, est-ce que c'est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Merci. Alors, l'article 45 est abrogé. Nous revenons à l'article 46.
Mme la ministre, pour la lecture.
Mme
Guilbault : Oui. Article 46 : «Malgré
l'article 110 de la Loi sur la justice administrative, l'instance en
fixation de l'indemnité
d'expropriation est formée devant le Tribunal par le dépôt de l'avis
d'expropriation au secrétariat de ce tribunal.»
En commentaire :
L'article 46 du projet de loi codifierait l'exception prévue à la Loi
concernant l'expropriation quant à la
manière dont est formé un recours au Tribunal
administratif du Québec. Dans le cas
de l'instance en fixation de l'indemnité
d'expropriation, le recours est formé par le dépôt de l'avis d'expropriation au
secrétariat de ce tribunal par l'expropriant.
Mentionnons enfin que
cette exception existe déjà en vertu de la loi actuelle à l'article 40.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il des interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons
passer à la mise aux voix. Est-ce que l'article 46 est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Pour la lecture de l'article 47. Et
nous avons aussi un amendement.
Mme
Guilbault : Oui. Article 47 :
«L'exproprié doit, dans les 60 jours qui suivent la date de
l'expropriation, répondre à l'avis d'expropriation et transmettre cette réponse
au Tribunal et à l'expropriant.»
En commentaire :
L'article 47 du projet de loi prévoit que l'exproprié doit répondre à
l'avis d'expropriation et transmettre cette réponse au TAQ et à l'expropriant.
Rappelons que, pour faciliter le respect de cette obligation, l'article 9 du projet de loi prévoit que
l'exproprié recevrait le modèle de réponse établi par le tribunal. Il importe
aussi de rappeler, pour des fins de
compréhension, que la réponse correspond à ce qui s'appelait anciennement la
comparution.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Et l'amendement.
Mme
Guilbault : Et l'amendement, article 47 : Retirer
l'article 47 du projet de loi.
En
commentaire : Cette disposition sera proposée de nouveau par un amendement
visant à insérer à... à insérer l'article 48.1,
et ce, afin de déplacer cette disposition après l'article 48 pour mieux
représenter la chronologie de la procédure d'expropriation.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Y a-t-il des interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Non,
je n'ai pas d'intervention, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
S'il n'y a pas d'intervention, nous allons poursuivre à la mise aux voix.
Est-ce que l'amendement à l'article 47 est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors, ça veut dire, l'article 47 est
abrogé. Nous allons poursuivre à l'article 48.
• (17 heures) •
Mme Guilbault : Merci, Mme la Présidente. Article 48 : «Dans les 30 jours
qui suivent l'inscription de l'avis d'expropriation
sur le registre foncier, l'expropriant dépose au Tribunal un exemplaire de ce
document, le procès-verbal de sa
signification, l'état certifié de son inscription sur le registre foncier et sa
déclaration détaillée initiale faite à
l'exproprié.»
En commentaire :
L'article 48 du projet de loi reprend essentiellement le contenu de
l'article 42.1 de la loi actuelle en
prévoyant que l'expropriant devrait déposer au TAQ un exemplaire de l'avis
d'expropriation, du procès-verbal de sa signification et de l'état
certifié de son inscription au registre foncier.
Toutefois,
cet article prévoit que l'expropriant aurait dorénavant l'obligation de déposer
également sa déclaration détaillée initiale qu'il a faite à l'exproprié.
Le délai pour effectuer le dépôt de ces documents est aussi prolongé de 10 jours. Il devrait donc être fait au plus
tard le 30e jour qui suit l'inscription de l'avis de l'expropriation sur
le registre foncier.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il des interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons
poursuivre à la mise aux voix. Est-ce que l'article 48 est adopté?
Mme
Guilbault : J'ai mon amendement, pardon.
La Présidente (Mme Maccarone) : C'est un amendement où on introduit un nouvel
article. Ça fait qu'il faut voter en premier.
Mme
Guilbault : Ah oui! C'est vrai. Excusez, excusez.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Alors, est-ce que l'article 48 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Voilà.
Mme la ministre, pour l'introduction de votre amendement qui introduit
l'article 48.1, s'il vous plaît.
Mme
Guilbault : Oui. Merci.
Article 48.1 : Insérer, après l'article 48 du projet de loi, le
suivant :
48.1.
L'article... Pardon. «L'exproprié doit, dans les deux mois qui suivent la
date de l'expropriation, répondre à l'avis d'expropriation et
transmettre cette réponse au Tribunal et à l'expropriant.»
En
commentaire : Cet amendement vise à déplacer la disposition qui était
prévue à l'article 47 au projet de loi après l'article 48 pour
mieux représenter la chronologie de la procédure d'expropriation.
La
disposition est toutefois modifiée par le remplacement de «60 jours» par
«deux mois» afin d'uniformiser le libellé
de ce délai avec celui des autres délais prévus au projet de loi. Tout délai
supérieur à 30 jours est présenté par nombre de mois afin de
faciliter le calcul de l'échéance.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Y a-t-il des interventions? Il n'y a pas d'intervention. Nous
allons passer à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement qui introduit
l'article 48.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Mme la ministre, l'article 50, s'il vous
plaît.
Mme
Guilbault : Ou 49?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oh! excusez-moi. 49, oui. Excusez-moi.
Mme
Guilbault : Merci. «49. Le locataire et
l'occupant de bonne foi doivent, dans les 60 jours qui suivent la date de la signification de l'avis de libération
de l'immeuble exproprié, répondre à cet avis et transmettre cette réponse
au Tribunal et à l'expropriant.»
En commentaire :
L'article 49 du projet de loi prévoit que le locataire et l'occupant de
bonne foi doivent répondre à l'avis d'expropriation et transmettre leur réponse
au TAQ et à l'expropriant. Rappelons que, pour faciliter le respect de cette
obligation, l'article 14 du projet de loi prévoit que ces parties
dessaisies recevraient le modèle de réponse établi par le tribunal.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Et il y a un amendement.
Mme
Guilbault : Oui. Bien, amendement à
l'article 49 : Retirer l'article 49 du projet de loi.
En
commentaire : Cette disposition sera proposée de nouveau par un amendement
visant à insérer l'article 50.1, et ce, afin de déplacer cette
disposition après l'article 50 pour mieux représenter la chronologie de la
procédure d'expropriation.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Y a-t-il des interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Bien,
en fait, je n'ai pas de problème quant au déplacement. Maintenant, j'imagine
qu'il va aussi y avoir un amendement pour remplacer «60 jours» par «deux
mois».
Mme
Guilbault : Pour «60 jours» par «deux
mois», oui, effectivement, 50.1.
M. Morin : D'accord.
Parfait. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons passer à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement à l'article 49
est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Voilà. Alors, l'article 49 est abrogé. Nous allons
poursuivre maintenant à l'article 50. Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Merci. Article 50 :
«Dans les 30 jours qui suivent la signification de l'avis de libération de
l'immeuble exproprié, l'expropriant dépose
au Tribunal un exemplaire de cet avis, le procès-verbal de sa signification
et sa déclaration détaillée initiale faite au locataire ou à l'occupant de
bonne foi, selon le cas.»
En
commentaire : L'article 50 du projet de loi prévoit que l'expropriant
devrait déposer au TAQ un exemplaire de l'avis de libération de l'immeuble
exproprié, du procès-verbal de sa signification ainsi que sa déclaration
détaillée initiale qu'il a faite au locataire ou à l'occupant de bonne foi. Le
dépôt de ces documents au tribunal devrait être fait dans les 30 jours qui
suivent la signification de l'avis de libération de l'immeuble exproprié.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Y a-t-il des interventions? Non? Comme il
n'y a pas d'intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce
que l'article 50 est adopté?
Des
voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, pour la lecture de votre amendement qui introduit l'article 50.1,
s'il vous plaît.
Mme
Guilbault : Merci.
Article 50.1 : Insérer, après l'article 50 du projet de loi, le
suivant :
«50.1.
Le locataire et l'occupant de bonne foi doivent, dans les deux mois qui suivent
la date de la signification de l'avis de libération de l'immeuble
exproprié, répondre à cet avis et transmettre cette réponse au Tribunal et à
l'expropriant.»
Donc,
en commentaire : Cet amendement vise à déplacer la disposition qui était
prévue à l'article 49 du projet de loi après l'article 50 pour
mieux représenter la chronologie.
Elle est toutefois
modifiée par le remplacement de «60 jours» par «deux mois» pour
uniformiser le libellé, tel qu'entrevu par mon collègue d'Acadie, dans toute sa
clairvoyance.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Y a-t-il des interventions? Je ne suis pas
clairvoyante, mais...
Des voix :
...
La Présidente (Mme Maccarone) : Non, voilà. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Non? Voilà. Alors, nous allons passer à la mise aux voix.
Est-ce que l'amendement qui introduit l'article 50.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Mme la ministre, l'article 51, s'il vous
plaît.
Mme Guilbault : Merci. Article 51 : «L'exproprié doit, dans les quatre mois
qui suivent la date de l'expropriation, produire au dossier du Tribunal
sa déclaration détaillée et la notifier à l'expropriant. Le locataire et
l'occupant de bonne foi doivent faire de
même dans les quatre mois qui suivent la signification de l'avis de libération
de l'immeuble exproprié.
«À
défaut par l'exproprié de produire sa déclaration détaillée dans le délai
imparti, l'expropriant peut procéder par défaut.
«À
défaut par le locataire ou l'occupant de bonne foi de produire sa déclaration
détaillée avant la date à laquelle est transféré le droit exproprié ou
avant la date qui suit de quatre mois celle de la signification de l'avis de
libération de l'immeuble exproprié, selon la
plus tardive de ces dates, il est présumé avoir accepté l'offre prévue dans la
déclaration détaillée initiale de l'expropriant.
«Le
Tribunal doit, sur demande de l'expropriant notifiée au locataire ou à
l'occupant de bonne foi et en procédant sur dossier, fermer le dossier
lorsqu'il n'y a aucune déclaration détaillée du locataire ou de l'occupant de
bonne foi au dossier du Tribunal et
qu'aucune somme ne lui a été offerte dans la déclaration détaillée initiale de
l'expropriant ou, selon le cas, que
la somme offerte dans cette déclaration détaillée a été versée à ce locataire
ou à cet occupant de bonne foi ou déposée, pour son compte, au greffe de
la Cour supérieure.
«Malgré la fermeture
de ce dossier, le Tribunal peut relever le locataire ou l'occupant de bonne foi
du défaut de respecter le délai prévu au
troisième alinéa si ce locataire ou cet occupant de bonne foi lui démontre
qu'il n'a pas pu, pour des motifs raisonnables, agir plus tôt et si, à
son avis, l'expropriant ou, le cas échéant, celui pour le compte de qui il exproprie n'en subit pas de préjudice
grave. Lorsqu'il est relevé du défaut, le dossier est alors réouvert — je
pense qu'il faudrait mettre "rouvert" — et l'instance se poursuit conformément à la loi.
Le locataire ou l'occupant de bonne foi a alors deux mois pour déposer sa déclaration détaillée, sans quoi il est
réputé avoir accepté l'offre et le Tribunal ferme le dossier.»
En commentaire :
L'article 51 du projet de loi prévoit le délai de quatre mois que
l'exproprié, le locataire ou l'occupant de bonne foi aurait pour produire au
dossier du Tribunal administratif du Québec sa déclaration détaillée, autrement
dit, sa réclamation.
Il
prévoit également les conséquences du défaut de produire, pour une partie
dessaisie, cette déclaration dans le délai imparti. Dans le cas de
l'exproprié, l'expropriant pourrait procéder par défaut.
Dans le cas du
locataire ou de l'occupant de bonne foi, ce dernier serait présumé avoir
accepté l'offre prévue à la déclaration
initiale de l'expropriant s'il est en défaut à la date à laquelle le droit
exproprié serait transféré ou à la fin du
délai de quatre mois pour produire sa déclaration détaillée, selon la plus
tardive de ces dates. Le tribunal, sur demande de l'expropriant, devrait
fermer le dossier s'il n'y a aucune déclaration détaillée de ce locataire ou
occupant de bonne foi, selon le cas, et
qu'aucune somme ne lui a été offerte dans la déclaration détaillée initiale de
l'expropriant ou, selon le cas, que
la somme offerte dans cette déclaration détaillée lui a été versée ou déposée,
pour son compte, au greffe de la Cour supérieure.
Enfin, mentionnons
que, malgré la fermeture du dossier, le tribunal pourrait relever le locataire
ou l'occupant de bonne foi de son défaut
s'il lui démontrait qu'il n'a pas pu, pour des motifs raisonnables, agir plus
tôt et si, à son avis, l'expropriant ou, le cas échéant, celui pour le
compte de qui il exproprie n'en subit pas de préjudice grave. Lorsqu'il est relevé du défaut, le dossier est alors
rouvert, et l'instance se poursuit si le locataire ou l'occupant de bonne foi
dépose dans les deux mois sa déclaration détaillée. S'il ne le fait pas,
il serait alors réputé avoir accepté l'offre, et le tribunal fermerait le
dossier.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Y a-t-il des interventions? M. le député de
l'Acadie.
M. Morin : Merci, Mme la Présidente.
Alors, je comprends qu'à 51 le législateur prévoit une procédure par défaut
contre l'exproprié. Est-ce que, dans les faits, ça arrive, donc, qu'un
exproprié ne conteste pas, ne signifie rien, ne répond à rien et que le
tribunal procède par défaut?
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui.
Alors, Me Légaré, la parole est à vous.
Mme Légaré (Geneviève) : Oui, ça
arrive à l'occasion qu'on le fait, là, on... un exproprié qui peut être, par exemple, difficile à retrouver, qu'on n'est pas
capable de signifier les procédures, on a pris... Le processus se suit quand
même. Il y a un dépôt qui se fait au greffe de la Cour supérieure, un avis de
transfert, mais il faut qu'il y ait un geste qui
soit posé pour pouvoir finalement fermer le dossier au niveau du Tribunal
administratif, et c'est dans ces cas-là qu'on va procéder par défaut. Donc, l'expropriant va produire une expertise avec
un évaluateur quant à l'indemnité immobilière. Ça va être présenté au Tribunal
administratif. Dans le fond, ça va être une audience par défaut. La partie
adverse n'est pas là, mais c'est la seule... ça va être la façon de fermer le
dossier. Donc, le tribunal va rendre une décision sur l'indemnité définitive,
et puis ça va permettre de fermer le dossier. C'est surtout dans ces cas-là
qu'on fait des... par défaut, là.
M. Morin : Et est-ce que ça arrive
fréquemment?
Mme Légaré (Geneviève) : Non, ce
n'est pas fréquent, mais ça arrive. Ça arrive.
M.
Morin : Ça arrive. Et j'imagine que l'indemnité, à ce
moment-là, qui est offerte est déposée au greffe de la Cour supérieure.
• (17 h 10) •
Mme Légaré (Geneviève) : Oui, exactement,
considérant qu'il n'y a pas personne qui peut aller... dans ces cas-là, là, où
la partie adverse n'est pas là. Elle ne peut pas aller signer chez le notaire.
M.
Morin : D'accord. Non. Je comprends. Je vous remercie. Et
je comprends que, dans cet article-là, le locataire pourrait être relevé du défaut de respecter le
délai. Je n'ai pas vu la même procédure pour l'exproprié ou le propriétaire.
Mme Légaré (Geneviève) : Bien, ça va
être un peu différent, comment... la façon qu'on va... Quand on procède par défaut, on va procéder devant le
Tribunal administratif. Ils vont être dûment convoqués. Mais c'est sûr que, si
on a un exproprié qui est disparu, qu'on n'est pas capable de rejoindre, le
tribunal fait tout en son pouvoir pour pouvoir l'aviser de la date d'audience, là, mais, vraisemblablement, il ne le
recevra pas. Il ne va juste pas être présent. Ça arrive aussi.
Le locataire, la particularité pour fermer son
dossier, c'est... Par exemple, dans un centre d'achats, où il y a de nombreux locataires,
le fameux centre d'achats de la ligne bleue, bien, il y en a que leur... s'ils
n'ont pas de dommage, ça ne les intéresse
pas nécessairement, les dossiers d'expropriation, donc ils ne font pas de
suivi. Ils ne vont pas nous contacter parce qu'ils n'ont pas de dommage.
Mais, si on n'a pas d'interlocuteur, c'est un peu difficile de pouvoir fermer
le dossier.
Donc, c'est
une procédure pour nous permettre de fermer les dossiers. Puis sachez qu'au
Tribunal administratif ils tiennent à ce que les dossiers soient fermés. Donc,
c'est un outil, dans le fond, pour pouvoir fermer le dossier, mais,
néanmoins, tout en s'assurant, là, que le processus a été bien suivi.
M.
Morin : Puis est-ce que l'exproprié, lui, pourrait être
relevé également du défaut s'il se présente après le délai qui est prévu
à la loi?
Mme Légaré (Geneviève) : Bien, ça
dépend, là, à quel moment il va se présenter, là. S'il y a une décision qui a été rendue, ça va être un peu difficile.
Mais tout va avoir été fait pour le contacter. Puis, s'il se présente à
l'audience, mais qu'il ne s'est pas du tout occupé de son dossier, le
tribunal ne sera pas très réceptif, là.
M.
Morin : Mais alors pourquoi on prévoit la possibilité de
respecter... en fait, de relever du défaut le locataire mais pas
l'exproprié?
Mme Légaré (Geneviève) : Bien, en
fait, le locataire, c'est le dossier qui se ferme. Il n'y a pas de décision qui est rendue par le tribunal. Mais, quand on
procède par défaut avec l'exproprié, au niveau du tribunal, bien là, on a une
décision qui est... qui est rendue. Bien, l'autre, c'est vraiment plus
administratif, dans le fond. C'est une fermeture administrative du
dossier d'expropriation.
M. Morin : Parfait. Je vous
remercie.
Mme Légaré (Geneviève) : Je ne sais
pas si c'est clair, mais...
M. Morin : Oui, c'est clair. Je vous
remercie.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions?
Bon, comme il n'y a pas d'autre intervention, nous allons passer à la mise aux
voix. Est-ce que l'article 51 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Mme la ministre, l'article 52, s'il vous
plaît.
Mme
Guilbault : Article 52 :
«L'expropriant peut, dans les huit mois qui suivent la date de l'expropriation
ou, selon le cas, la date de la signification de l'avis de libération de
l'immeuble exproprié, produire au dossier une déclaration
détaillée modifiée, notamment pour y ajouter les montants offerts pour les
indemnités pour lesquelles il n'a pas le fardeau de la preuve, et la
notifier à la partie dessaisie.»
En commentaire :
L'article 52 du projet de loi prévoit que l'expropriant pourrait produire
au TAQ une déclaration détaillée modifiée dans les huit mois qui suivent la
date de l'expropriation ou, selon le cas, la date de la signification de l'avis
de libération de l'immeuble exproprié. Cette déclaration détaillée modifiée
devrait être notifiée à la partie dessaisie.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci.
Alors, pourquoi un délai de huit mois et non pas 12 mois, ou six mois,
ou...
Mme
Guilbault : Pardon?
M. Morin : Je
disais : Pourquoi un délai de huit mois? Souvent, on voit un délai de six
mois ou 12 mois. Là, on a un délai de huit mois. Est-ce qu'il y a une
raison particulière? Est-ce que c'est le délai qui est habituellement reconnu
par la jurisprudence? D'où vient le huit mois?
Mme
Guilbault : Est-ce que... Je vais juste
valider laquelle de mes collègues a la réponse.
M. Morin : Rebonjour.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme Ferlatte, la parole est à vous.
Mme
Ferlatte-Schofield (Karine) : Oui. Bonjour. Je ne me rappelle pas à
quel article exactement, mais on a prévu le même délai pour l'exproprié de nous
produire sa réclamation en quatre mois. Et nous, on met huit mois parce qu'on
s'ajoute quatre mois, à nous, pour regarder sa réclamation. Et la raison est
simple. C'est que, souvent, en tout cas,
dans nos dossiers, surtout, de la ligne bleue et du REM, on a besoin d'experts
pour nous accompagner. Des fois, c'est
juste le temps de mandater notre expert puis de pouvoir regarder la
réclamation, et la même chose pour l'exproprié. Le temps de mandater... Souvent, on a besoin d'un comptable, d'un
ingénieur forestier, quand on est en agricole, ça fait que... le temps de le mandater, qu'il fasse son
rapport puis qu'on puisse l'analyser pour pouvoir refaire une offre... une nouvelle
offre en bonne et due forme à l'exproprié.
M. Morin : Et
vous n'auriez pas besoin, par exemple, d'un délai de 12 mois, mais
seulement huit mois.
Mme Ferlatte-Schofield (Karine) : Bien,
on souhaitait trouver l'équilibre et qu'il reçoive le plus rapidement
possible l'argent auquel il a le droit, donc on a mis à huit mois. On est allés
avec les délais qu'on vit actuellement, aussi
compte tenu de la pénurie de main-d'oeuvre, puis on pense qu'on serait
réalistes avec notre huit mois. Ce n'est pas un délai de rigueur non
plus. Donc, je pense qu'il y a toujours moyen de s'entendre.
M. Morin : O.K.
Parfait. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que l'article 52 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, pour l'article 53. Et nous avons aussi un amendement.
Mme Guilbault : Oui. Pour les prochains amendements, comme on a reçu des commentaires de
nos collègues du gouvernement ce matin, on est encore en train de les finaliser
à partir de 53. Alors, si mes collègues sont d'accord, on pourrait suspendre les articles qui ont des
amendements et étudier les autres, parce que, tu sais, 54, 57, 58, 59, 60,
61... En tout cas, il y en a plusieurs qui n'ont pas d'amendement.
La Présidente (Mme
Maccarone) : O.K. Ça fait que, d'abord, vous proposez qu'on suspende
l'article 53.
Mme Guilbault : Qu'on suspende 53, effectivement.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre
l'article 53?
M. Morin : ...est-ce que la ministre
peut nous en dire un peu plus sur, évidemment, les enjeux possibles pour qu'on puisse mieux comprendre pourquoi ces
amendements-là vont arriver? Parce que, là, il y en a plusieurs, à plusieurs
articles.
Mme
Guilbault : Oui. Bien, c'est sûr que, là, ça va être compliqué
si je les dis hors micro au lieu d'attendre de les traiter, là.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Je propose qu'on suspende pour mieux comprendre
entre nous. Voilà. Ça fait qu'on suspend pour quelques instants, s'il
vous plaît.
(Suspension de la séance à 17 h 16)
(Reprise à 17 h 45)
La
Présidente (Mme Maccarone) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons
recommencer nos travaux. On était à l'article 53. Et, Mme la
ministre, pour la lecture de votre amendement à l'article 53, s'il vous
plaît.
Mme Guilbault : Oui. Merci, Mme la Présidente. Article 53 : «Une
partie peut, avant la décision de la demande en fixation de l'indemnité
définitive, modifier sa déclaration détaillée ou la retirer si cela ne retarde
pas le déroulement de l'instance ou n'est
pas contraire aux intérêts de la justice. Cette partie doit notifier sa
déclaration détaillée modifiée à l'autre partie ou, selon le cas, doit
notifier un avis de son intention de la retirer. Cette dernière dispose d'un délai de 10 jours pour notifier un avis
d'opposition. En cas d'opposition de l'autre partie, la partie qui entend
modifier ou retirer sa déclaration détaillée dépose sa demande au
Tribunal pour qu'il en décide.
«Si l'autre partie veut modifier sa déclaration
détaillée en conséquence de la modification ou du retrait prévus au premier
alinéa, le délai qui lui est accordé pour le faire est, s'il n'est pas déjà
prévu dans le calendrier des échéances, convenu entre le Tribunal et les
parties ou, à défaut d'entente entre les parties, fixé par le Tribunal.
«Le Tribunal peut, pendant l'audience et en
présence des parties, autoriser une modification ou un retrait d'une déclaration
détaillée sans les formalités prescrites aux premier et deuxième alinéas. Sa
décision est notée au procès-verbal
d'audience et, le cas échéant, la déclaration détaillée modifiée est versée au
dossier dans les plus brefs délais.»
En commentaire : L'article 53 du
projet de loi prévoit les modalités pour modifier ou retirer une déclaration détaillée. Celle-ci pourrait se faire uniquement
avant la décision du tribunal sur la demande en fixation de l'indemnité définitive et uniquement si cela ne retarde pas le
déroulement de l'instance ou n'est pas contraire aux intérêts de la justice.
Il prévoit également que la partie qui désire
modifier ou retirer sa déclaration détaillée devrait informer l'autre partie,
qui peut s'y opposer. S'il y a opposition de l'autre partie, la partie qui
désire modifier ou retirer sa déclaration
détaillée devrait déposer sa demande au tribunal pour qu'il en décide. Si la
demande est autorisée ou acceptée par l'autre partie, cette dernière
pourrait également modifier ou retirer la sienne.
Enfin, le
tribunal pourrait également, pendant l'audience et en présence des parties,
autoriser une modification ou le retrait d'une déclaration détaillée et noter
sa décision au procès-verbal d'audience. S'il l'autorise, la déclaration
détaillée modifiée est versée au dossier dans les plus brefs délais.
La Présidente (Mme Maccarone) : ...juste
pour la bonne compréhension de tout le monde, parce qu'on a été suspendus pour
un petit moment, nous allons poursuivre en ordre de tous les articles tel que
prévu. Nous avons reçu plusieurs
amendements, qui sont maintenant disponibles sur le Greffier. Rendue aux
articles 59 et 60, Mme la ministre va demander qu'on suspende les articles. Alors, ça va prendre votre
consentement. Ça fait que, juste pour la compréhension de tout le monde,
on a plusieurs amendements, qui sont déjà déposés dans le Greffier.
Alors, Mme la ministre, pour la lecture de votre
amendement à l'article 53, s'il vous plaît.
Mme Guilbault :
Oui. Merci. Article 53 : Remplacer, dans le premier alinéa de
l'article 53, «la décision de» par «que soit rendue la décision portant
sur».
En
commentaire : Il est proposé de modifier l'article 53 du projet de
loi afin de corriger une erreur de formulation.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Y a-t-il des interventions? S'il n'y a pas
d'intervention à l'amendement à l'article 53, nous allons passer à
la mise aux voix. Est-ce que l'amendement à l'article 53 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Alors, on revient à l'article 53 tel qu'amendé. Y a-t-il des interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous
allons passer à la mise aux voix. Est-ce que l'article 53, tel qu'amendé, est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. Mme la ministre, article 54.
Mme Guilbault : Merci. Article 54 : «Le Tribunal peut, sur
demande d'une partie notifiée à l'autre ou, le cas échéant, sur demande d'une
partie présentée dans le cadre de la conférence de gestion, autoriser une
prolongation des délais prévus aux articles 51 à 53 lorsque les
circonstances le justifient.»
En
commentaire : L'article 54 du projet de loi prévoit que le tribunal
pourrait, sur demande d'une partie notifiée à l'autre ou, le cas échéant, sur
demande d'une partie présentée dans le cadre de la conférence de gestion,
autoriser une prolongation des délais pour produire une déclaration
détaillée, une déclaration détaillée modifiée ou pour retirer sa déclaration
détaillée lorsque les circonstances le justifient.
La Présidente (Mme Maccarone) : ...y
a-t-il des interventions? M. le député de l'Acadie.
M.
Morin : Oui. En fait, brièvement, puisque ces délais ne
sont pas de rigueur, donc, théoriquement, le tribunal pourrait toujours
les modifier ou les allonger. Donc, en quoi 54 est vraiment utile?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Bien, je ne sais pas si notre collègue maître... soit
Me Légaré ou peut-être maître...
La
Présidente (Mme Maccarone) : C'est des chaises musicales ici, dans mon bout.
Alors, Me Massé, la parole est à vous.
• (17 h 50) •
Mme Massé (Julie) : Rebonjour. En
fait, on a mis 54 pour venir un peu ordonner comment les gens peuvent faire les
demandes pour modifier les déclarations détaillées. Puis le tribunal,
effectivement, ce n'est pas des délais de rigueur, donc, peut les prolonger. Mais
on voulait clarifier, là, pour donner cette latitude-là.
M. Morin : O.K. Donc, j'imagine que
la conférence de gestion va arriver plus tard dans le projet de loi, cette étape-là. Alors donc, vous préférez avoir une
référence aux délais dans la conférence de gestion ici, plutôt que de l'inclure
quand on va parler de la conférence de
gestion plus tard, soulignant que, dans le cadre d'une conférence de gestion,
par exemple, le tribunal pourrait toujours convenir de délais autres ou
d'allonger des délais. Donc, vous préférez le laisser ici.
Mme Massé (Julie) : Oui.
M. Morin : Puis est-ce qu'il y a une
raison particulière?
Mme Massé (Julie) : Bien, en fait,
c'est que la conférence de gestion peut déjà être prévue, en vertu de la Loi sur la justice administrative, à tous les
litiges, toutes les demandes... toutes les instances en fixation de
l'indemnité. Donc, en le prévoyant
ici, ils vont se référer, justement, à la conférence de gestion. S'il n'y en
avait pas, bien, le juge va le gérer dans son instance, comme dans toute
autre... toute autre instance, là. Mais il peut... Le Tribunal administratif du
Québec, actuellement, et en vertu de cette loi-là, peut... en vertu de la Loi
sur la justice administrative, il peut faire la conférence. Il a cette
discrétion-là. Donc, quand il va le faire, on veut que les délais soient
traités au sein de cette conférence-là.
M. Morin : D'accord. Je vous
remercie.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Comme il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons passer à la mise aux voix.
Est-ce que l'article 54 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, pour l'article 55. Et il y a un amendement.
Mme
Guilbault : Oui. Article 55 : «Sauf avec le
consentement des parties, aucune expertise ne peut être produite en
preuve lors de l'audience si celle-ci n'a pas été communiquée à l'autre partie
et au Tribunal :
«1° au
moins trois mois avant la date de l'audience, dans le cas des expertises
portant sur les indemnités qu'une partie offre ou réclame, selon le cas,
et pour lesquelles elle a le fardeau de la preuve;
«2° au moins deux mois avant la date de
l'audience, dans le cas des expertises portant sur les indemnités qu'une partie
offre ou réclame, selon le cas, et pour lesquelles elle n'a pas le fardeau de
la preuve.
«Il en est de
même des pièces, des déclarations écrites pour valoir témoignage et des
déclarations sous serment détaillées qui doivent être communiquées au
moins 30 jours avant la date de l'audience.
«Les parties
doivent tenir compte du principe de proportionnalité et s'assurer que les
expertises produites ainsi que la nature et le nombre des témoignages et
des interrogatoires préalables auxquels elles procèdent sont, eu égard aux
coûts et au temps exigé, proportionnés à la nature et à la complexité de
l'affaire. Le Tribunal veille à ce que ce principe soit respecté.»
En commentaire :
L'article 55 du projet de loi vise à encadrer la production des expertises
de manière à ce qu'aucune partie ne soit
prise par surprise et que chacune d'entre elles puisse se préparer adéquatement
pour l'audience.
Cet article
prévoit donc que les délais... prévoit donc les délais pour produire les
différentes expertises. La partie qui a le fardeau de preuve d'un élément de
l'indemnité définitive doit d'abord produire son expertise pour supporter
les indemnités qu'elle offre ou qu'elle
réclame. Par la suite, la partie qui n'a pas le fardeau de preuve de cet élément
produit son expertise pour supporter les indemnités qu'elle offre ou
qu'elle réclame. Enfin, les pièces, les déclarations écrites pour valoir témoignage et les déclarations sous
serment détaillées sont communiquées dans les délais prescrits par cet article.
Enfin, cet
article intègre au projet de loi le principe de proportionnalité. Rappelons que
ce principe, établi dans le Code de
procédure civile, est déjà appliqué
par les tribunaux judiciaires. Ainsi, les parties devraient tenir compte
de ce principe et s'assurer que les
expertises produites ainsi que la nature et le nombre des témoignages et des
interrogatoires préalables auxquels
elles procèdent sont, eu égard aux coûts et au temps exigé, proportionnés à la
nature et à la complexité de l'affaire. Le projet de loi attribue au
tribunal la responsabilité de veiller au respect de ce principe.
La Présidente (Mme Maccarone) : Votre
amendement.
Mme Guilbault : En amendement à l'article 55 : À
l'article 55 du projet de loi :
1° dans le premier alinéa :
a) remplacer, dans le paragraphe 1°,
«trois» par «quatre»;
b) remplacer, dans le paragraphe 2°,
«deux» par «trois»;
2° remplacer, dans le deuxième alinéa,
«30 jours» par «deux mois».
Commentaire : Il est proposé de modifier
les échéances de communication des expertises, des pièces, des déclarations écrites pour valoir témoignage et des
déclarations sous serment détaillées. La modification de ces échéances
permettra à chaque partie d'avoir un mois de plus pour se préparer.
C'est... Ça va dans le sens d'une proposition de
Me Burelle en consultations particulières, et d'ailleurs on en a parlé
informellement, le député d'Acadie et moi, tout à l'heure, donc, c'est ça, pour
donner plus de temps aux gens pour produire leurs pièces et plus de temps aussi
aux deux parties pour s'échanger les pièces, plutôt, comme le disait Me Légaré tout à l'heure, de faire ça en
simultané, et là ensuite tu découvres des choses, tu n'as pas le temps, tu
demandes des remises parce que tu n'as pas eu le temps. Donc là, on
laisse plus de temps aux parties.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
M. le député.
M. Morin : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Alors, premièrement, une remarque plus générale. L'article 55
rappelle le principe, et vous l'avez lu, Mme la ministre, à l'effet que les
parties doivent tenir compte du principe de proportionnalité
et évidemment s'assurer que les expertises produites vont tenir compte de ce
principe-là. Or, vous y avez fait vous-même référence, ce principe-là, c'est un
principe général qui est inclus à l'article 2 du Code de procédure civile. Quand le
législateur québécois a adopté le nouveau Code de procédure civile, il a voulu
mettre l'accent, justement, sur éviter des surprises, s'assurer qu'il y aura
une proportionnalité et de s'assurer que les parties vont se parler. On retrouve également un élément à l'article 18
du Code de procédure civile puis à l'article 230 du Code de procédure
civile, donc, parce que le Code de procédure civile...
Puis je comprends que la Loi sur la justice
administrative peut s'appliquer au Tribunal administratif, mais le Tribunal
administratif, à mon avis, n'est quand même pas en train de naviguer dans la
brume. Donc... Le Code de procédure civile s'applique à l'ensemble des
procédures. Donc, c'est déjà un principe qui est reconnu, qui est général dans
notre droit. Alors, pourquoi vous voulez le rajouter absolument ici?
Normalement, ça devrait être connu, utilisé, suggéré par les juges. Ça fait que
ça, c'est ma première intervention. Puis peut-être que, bien, je vais arrêter
là, puis on pourra en discuter. Puis après, bien, j'ai d'autres interventions à
faire. Alors, je comprends que, si...
La
Présidente (Mme Maccarone) : Mme la ministre. On va lui donner une occasion de
répondre, en premier.
Mme Guilbault : Oui. Je vais céder la place à Me Légaré.
La Présidente (Mme Maccarone) : Voilà.
Me Légaré, la parole est à vous.
M. Morin : Merci. Alors, rebonjour,
Me Légaré.
Mme Légaré (Geneviève) : Rebonjour.
Bien, vous avez raison, là, en fait, le Tribunal administratif, c'est... vous l'avez dit, c'est la LJA, là, Loi sur la
justice administrative, qu'il applique en premier. Le CPC, bien, vous le savez,
là, c'est à titre supplétif. On va piger
quand même dedans pour se... pour se guider pour certaines choses de la preuve
et de la procédure.
Dans les faits, ce qu'on constate depuis de
nombreuses années, c'est que, même si ça va de soi que c'est prévu au Code de procédure, le principe de
proportionnalité, il n'est pas... il
n'est pas particulièrement bien
appliqué au Tribunal administratif. Et ça pose, là... ça pose des
problèmes dans la gestion des audiences, surtout les dossiers un peu plus
complexes.
Bien, de
base, le Règlement sur la procédure du TAQ en vigueur en ce moment, c'est
30 jours, on s'en est parlé tout à l'heure, pour échanger les
expertises de façon simultanée. Et plus ça va, avec les grands projets, entre
autres, les projets
d'infrastructure, comme le REM, la ligne bleue... La particularité, c'est qu'on
est dans des milieux urbains, donc dans du construit. On passe dans des
commerces, des industries. Il y a du résidentiel autour de ça aussi, qui est
également visé par la procédure, et puis on tombe dans des moments... dans des
montants quand même un peu plus substantiels, surtout quand on touche les
commerces et les industries, pas nécessairement des achats totaux, mais, même
une expropriation partielle où il faut réaménager le site, il faut repenser aux
opérations, là, du commerce ou de l'industrie. Les montants montaient très
vite. Les indemnités sont assez élevées, et puis on parle de 500 000 $
et plus, facilement, dans ces dossiers-là.
Là où je veux en venir, c'est que, dans des dossiers plus compliqués qu'il y a
des enjeux quand même plus importants et peut-être un peu plus variés,
quand on parle, comme je le disais, des industries et des commerces, ça
nécessite plus d'experts.
Donc, ça, c'est la
première chose, pour avoir un peu plus de délai, qu'on ait plus de temps,
chacun, pour bien se préparer, et se
préparer adéquatement. Parce que, dans le fond, le tribunal, ce qu'il
recherche, c'est une recherche de la vérité.
Et ça, ils nous le disent souvent en audience, là. Ce qu'ils recherchent, c'est
la vérité. Et puis c'est notre travail, les avocats, avec nos experts,
de leur apporter ça, de leur offrir... en fait, de les aider dans cette quête
de la vérité. Mais, pour y arriver, c'est
vraiment important qu'on ait de bons outils à notre disposition, puis les
règles, en ce moment, ne nous aident
pas. Les dossiers sont trop importants. Les plus petits dossiers, on y arrive
plus facilement, mais, quand on tombe dans du commercial puis de
l'industriel, par exemple, c'est beaucoup plus difficile à gérer.
Donc, avoir plus de
temps à notre disposition. Puis ça, c'est bon pour les deux parties. C'est
profitable pour l'un et l'autre et ça assure
une meilleure gestion de l'audience. On évite les surprises aussi. Parce que
l'autre difficulté avec les
surprises, surtout quand on reçoit des expertises de dernière minute, bien, ça
fait qu'on se retrouve à demander des remises d'audience. Ça fait qu'on n'est
pas plus avancés. On a des dates de procès qui sont prévues puis finalement,
bien, on reporte quand même. Et puis le but aussi... Bien, au travers des
surprises, ça implique des nouveaux experts pour qu'on soit capables de réagir,
et c'est là où le principe de la proportionnalité prend toute son importance.
Donc, ce qu'on
prévoit avec 55, c'est, dans le fond, d'assurer une gestion efficace, là, de
l'instance et puis, ultimement, de
l'audience, puis aussi, pour les fonds publics, là, s'assurer, là, que tout le
monde est bien représenté et puis que tout est bien à sa place, tout est
justifié.
M. Morin : Pour
les délais, bien, ça, je vais y revenir. Je vous entends. D'ailleurs,
Me Burelle avait aussi des propositions à faire, donc je vais vous
proposer quelque chose dans les minutes qui viennent. Mais, ici, le principe général... Puis, je veux dire, les juges qui
siègent au Tribunal administratif connaissent le Code de procédure civile,
forcément. Ils connaissent les principes. J'ai cru déceler, dans votre réponse,
et corrigez-moi si je fais erreur, que ce n'est pas toujours bien appliqué
ou utilisé.
• (18 heures) •
Mme Légaré (Geneviève) : ...faire attention. Oui,
disons que c'est plus... ils nous le rappellent aussi beaucoup, c'est plus
souple au Tribunal administratif avec la LJA. Les règles sont plus souples que
si on est en Cour supérieure.
M. Morin : Oui.
Ça, c'est sûr.
Mme Légaré
(Geneviève) : Donc, c'est un peu la différence qu'on vit quand on est
en expropriation dans le Tribunal administratif versus un litige au civil avec
la Cour supérieure. On ne peut pas ajouter n'importe quoi en Cour supérieure, là. Bien, vous le savez sans
doute, là. Il n'y a pas d'expertise. Si ce n'est pas planifié, si ce n'est pas
déjà prévu à l'échéancier qui est convenu par les parties, il n'y en a
pas, de nouvelle expertise.
Le Tribunal
administratif, si, en cours de route, il y a quelque chose de nouveau, l'expert
veut s'ajuster, bien, le tribunal doit être ouvert à accepter cette nouvelle
preuve là, et c'est ça qu'on essaie de mieux encadrer. Il y a des dossiers où on se retrouve carrément avec des
nouvelles expertises jamais annoncées bien après le 30 jours prévu dans
les règles, en plein procès, et puis là ça met... généralement, c'est dans les
dommages, donc, ça met les expropriants dans une position quand même particulière,
que l'on se retrouve avec des phases de procès que ça va s'étirer sur un an. Il n'y aura pas
nécessairement une remise, mais on va être obligés d'échelonner nos procès,
puis ça ne rend pas service à personne dans ce temps-là. Donc, c'est des
dossiers qui sont obligés de perdurer dans le temps. Il y a des expertises qui s'ajoutent. C'est des frais pour
tous et chacun. Et c'est l'objectif, là, avec cette loi-là, de mieux encadrer
tout ça, là.
M. Morin : Mais ça, ici, en fait d'encadrement, ça... en fait,
ça rappelle plus un principe général qu'un encadrement comme tel. Puis vous
pensez que... C'est déjà dans le Code
de procédure civile, on va le répéter
ici, puis le législateur va rencontrer
son objectif. Parce que je comprends... C'est sûr qu'au tribunal, idéalement,
puis c'est pour ça qu'on a un arbitre impartial qui est un juge,
c'est... Évidemment, le juge ou la juge va être à la recherche de la vérité, va
écouter la preuve des deux parties puis va trancher d'une façon impartiale.
Maintenant,
mon souci est... En fait, comme législateur, j'essaie d'être cohérent. Puis le
législateur, le Parlement, quand il adopte une loi, bien, comme vous le savez,
n'est pas censé ignorer les lois qu'il a déjà adoptées. Donc, il est supposé
avoir une connaissance institutionnelle de tout ce qu'il adopte. Donc, si c'est
déjà dans un code qui est général et qui englobe toutes les procédures
civiles au Québec, bien, je trouve que ça fait comme... c'est comme si c'était
un peu superfétatoire ou répétitif, parce que, normalement, devant le Tribunal
administratif, si vous rappelez au juge administratif
l'importance du principe de la proportionnalité dans le Code de procédure,
bien, il devrait le savoir. Ça fait que
vous pensez qu'en le rajoutant dans la loi, spécifiquement dans un dossier
d'expropriation, quoi, il va... ça va plus percoler. J'essaie de voir ce
que vous allez avoir de plus.
Puis, quand on parle,
évidemment, de la cohérence législative, bien, si on répète toujours la même
chose, à un moment donné, le principe qui
dit que le législateur n'est pas supposé parler sans rien dire, bien, ça
devient peu... plus ou moins utile, finalement. Donc, ça, c'est... En fait, il
est là, mon commentaire. Quand... Personnellement, je trouve que ça ne
rajoute rien. Ça fait juste... Bien, on a un alinéa dans le projet de loi, mais
je ne vois pas en quoi ça va changer grand-chose, compte tenu que ce
principe-là est déjà bien connu en droit civil.
Mme Légaré (Geneviève) : Bien, je
vais revenir, en fait, à ce que je vous ai dit. Il l'applique à titre
supplétif. Puis je suis d'accord avec vous que le Code de procédure, il est là
pour nos toutes nos instances, là, inclusivement le Tribunal administratif, mais il se réfère essentiellement à la LJA, la
Loi sur la justice administrative. Puis, comme on... Bien, on le sait, on l'a dit, là, le CPC est là à
titre supplétif. Ça fait que je pense que ce n'est pas mauvais qu'on l'insère
dans notre Loi sur l'expropriation. Cela va de soi pour le principe, mais,
considérant qu'il est à titre supplétif, le CPC, en expropriation, je
pense qu'on peut se permettre de le mettre dans la Loi sur l'expropriation, et
que les parties, avec le tribunal, mais essentiellement les parties aussi, se
sentent davantage liées par ce principe-là.
Alors, on connaît... Disons qu'avec les grands
projets... essentiellement avec les grands projets les dernières années, on a vécu beaucoup de difficultés dans les
gestions d'audiences, puis ça va être une bonne chose de rappeler le principe de la proportionnalité, considérant qu'on
travaille beaucoup moins avec le CPC en expropriation, là, devant le TAQ, là.
M. Morin : D'accord. Maintenant,
pour l'article 55 comme tel... Puis je pense que c'est important d'y faire
référence, parce que Me Burelle, que vous connaissez probablement puis qui
pratique beaucoup dans le domaine de l'expropriation, reconnaissait,
effectivement, que l'article 55 du projet de loi est une amélioration
considérable.
Puis, je veux dire, comme membre du Parlement,
comme législateur, moi, ce que j'essaie de faire, c'est d'améliorer,
évidemment, les projets de loi puis l'accès à la justice. Puis je vous entends
très bien. C'est long, c'est difficile
d'avoir une date d'accès à la cour pour un procès puis procéder. Puis je peux
comprendre que la dernière chose que vous voulez vivre le matin, là, tu sais,
quand on est tout prêt avec notre dossier, là, puis une préparation, préparation
mentale, puis, go, on y va... Puis là la
partie : Mais, en passant, j'ai deux nouveaux documents à vous remettre,
puis j'ai une nouvelle expertise, puis... Bien là, évidemment, comme
professionnel, vous allez être obligé de demander une suspension. Vous allez
être obligé de regarder. Et ça, je comprends l'idée que le législateur veut
s'assurer que ça arrive le moins possible. Je comprends que vous voulez
augmenter le délai de quatre mois puis trois mois.
Me Burelle avait cependant certaines
dispositions que je voudrais rappeler dans son mémoire, à la page 6 et aux
suivantes, qui, je pense, méritent notre attention. Elle soulignait : «Il
devrait toutefois aller plus loin et prévoir qu'une
partie devra prendre position quant aux pièces reçues de la partie adverse,
comme cela se fait au moment d'inscrire un dossier en Cour du Québec ou
en Cour supérieure. Cette façon de faire réduirait la durée de la preuve de
chaque partie et permettrait une meilleure préparation de l'audition.» Et donc
elle propose de modifier l'article 55. Donc, elle, elle parlait de trois mois et de deux mois. Donc, vous allez avec
quatre mois et trois mois. Je pense que c'est aussi... c'est tout à
fait... c'est tout à fait correct. Mais elle rajoutait : «Il en est de
même des pièces, des déclarations écrites pour
valoir témoignage et des déclarations sous serment détaillées qui doivent être communiquées».
Elle, elle suggérait au moins 45 jours avant la date de l'audience
pour donner plus de temps aux parties puis éviter les surprises.
Elle disait également : «Chaque partie doit
indiquer par écrit, dans un avis notifié à la partie adverse et produit au
tribunal, sa position quant à l'intégrité et le contenu des pièces de celle-ci
25 jours avant la date de l'audience. Elle doit aussi, dans le même délai,
communiquer toute objection qu'elle entend faire valoir à l'encontre d'une pièce ou d'un rapport d'expert et de la
nature de celle-ci.» Elle suggérait que les délais pourraient être de rigueur.
Elle parle du principe de la proportionnalité. Et elle allait même jusqu'à
suggérer «l'adoption d'une grille tarifaire relativement
aux frais d'expert, par règlement, qui pourrait aider les parties à respecter
la proportionnalité. Le guide de paiement des frais des intervenants de
la Régie de l'énergie est un exemple intéressant.»
Donc, en fait, ce qu'elle propose, et je le
soumets... Parce que c'est sûr que vous venez camper le principe de la proportionnalité, qui est un principe, là...
normalement, le tribunal devrait en tenir compte, sauf que le fait, par exemple,
d'obliger chaque partie à envoyer un avis notifié à la partie adverse, le fait
que ces délais soient de rigueur puis le fait aussi
d'adopter une grille tarifaire relativement aux frais d'expert, par règlement,
pour moi, ce sont des éléments, cette fois-ci, très concrets — ce
n'est pas juste un principe — qui vont faire en sorte que les parties vont
être obligées de se gouverner en
conséquence. Et donc, s'ils ne le respectent pas, bien, à ce moment-là, il y
aura une conséquence. Et donc, à mon avis, ce qu'elle propose éviterait
de se ramasser dans la situation, dans la fâcheuse situation où une partie, au fond, est prise par surprise le matin de
l'audience, ce que, je vous l'accorde, on veut éviter. L'accès à la justice,
c'est un aspect qui est hyperimportant.
Donc, moi, j'aimerais savoir un peu si Mme la
ministre a, en fait, une ouverture pour qu'on puisse travailler ou modifier le
projet de loi en conséquence afin que... Je trouve, les éléments que Me Burelle
soulève mériteraient d'être insérés dans le projet de loi.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. Bien, nous, on est d'avis de maintenir ce
qu'on propose, des délais différenciés. Et je pense que ma collègue
aurait des éléments à ajouter là-dessus.
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui,
Me Légaré.
Mme
Légaré (Geneviève) : Oui. Bien, en fait, je pense, vous allez plus loin
avec... bien, en fait, Me Burelle va plus loin avec des délais de
rigueur, là, de vraiment déclarer l'article 55 délai de rigueur. Ça,
évidemment... la légiste qui va prendre position et non pas moi, là.
M. Morin : Puis moi, je serais
prêt...
Mme Légaré (Geneviève) : Mais je
comprends que Me Burelle va plus loin. C'est ce que vous apportez.
M. Morin : Puis je serais prêt à le
proposer puis à l'apporter. Parce que, tu sais, si c'est une réalité que vous
vivez dans le quotidien, bien, on a la chance, essayons de trouver des moyens
pour que vous n'ayez plus à vivre cette situation-là,
puis d'autant plus que Me Burelle, qui a quand même une expertise reconnue dans
ce domaine-là et qu'elle vit ça, nous fait une proposition. Je pense que
ça vaut la peine, à tout le moins, d'en discuter.
• (18 h 10) •
Mais je comprends ce que Mme la ministre dit à
propos des délais qui sont différenciés. Ça, je n'ai pas de problème avec ça.
Moi, ce que je dis, c'est que j'invite le gouvernement à aller plus loin,
finalement. Puis c'est intéressant qu'on
puisse en discuter, parce que vous avez une expertise pratique. Vous êtes à
même de savoir puis d'évaluer si ça peut véritablement aider ou pas,
d'éviter toute surprise. Donc, c'est ma proposition.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault : Oui, c'est ça. Mais, non, nous, on n'a pas l'intention
d'ajouter la notion de délai de rigueur ou d'ajouter comme une espèce de
fatalité parce que, tu sais, on ne voit pas la nécessité d'ajouter cet
élément-là. Mais on suit la proposition d'ajouter un mois de plus, comme c'est
écrit dans l'amendement.
M. Morin : O.K Puis est-ce qu'il y a
une raison particulière pour laquelle vous ne voulez pas vous rendre là avec
des délais de rigueur?
Mme Guilbault : Bien, c'est parce que tu ne peux pas revenir en... On ne
voit pas la nécessité d'ajouter cet élément-là.
M. Morin : D'accord.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons passer à la mise aux voix sur l'amendement à l'article 55.
Est-ce que c'est adopté?
Des voix : Adopté.
M. Morin : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui.
Merci. Nous allons maintenant procéder. Retour au débat sur l'article 55
tel qu'amendé. Y a-t-il des interventions? M. le député.
M.
Morin : Bien, en fait, la seule chose que je pourrais
faire, c'est de verser l'intervention que je viens de faire, quand on discutait de l'amendement, pour les fins
de l'analyse de l'article comme tel. En fait, je ne me répéterai pas, là. Je
pense que c'était clair. Peut-être qu'entre-temps Mme la ministre va changer
d'idée.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre, changez-vous d'idée?
Mme Guilbault : Sur l'amendement?
La Présidente (Mme Maccarone) : Sur
l'article tel qu'amendé.
Mme Guilbault :
Sur... Non, non, non, je ne change pas d'idée.
La Présidente (Mme Maccarone) : Voilà.
M. Morin : Non? D'accord. Merci.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons passer à la mise aux
voix. Est-ce que l'article 55, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Mme la ministre, l'article 56. Et nous
avons aussi un amendement.
Mme Guilbault : Oui. Merci.
Article 56 : «La date de l'audience ne peut pas être fixée tant que
les documents demandés par une partie à l'autre n'ont pas été
communiqués.»
En commentaire : Toujours dans l'objectif
qu'aucune partie ne soit prise par surprise et que chacune d'entre elles puisse se préparer adéquatement pour
l'audience, l'article 56 du projet de loi prévoit que la date de
l'audience ne pourrait pas être fixée tant que les documents demandés
par une partie à l'autre n'auraient pas été communiqués.
Et l'amendement à l'article 56 :
Ajouter, à la fin de l'article 56 du projet de loi, l'alinéa
suivant :
«Lorsqu'une partie fait défaut de communiquer à
l'autre partie les documents que cette dernière a demandés, le Tribunal peut ordonner, à la partie en défaut,
de communiquer ces documents dans le délai qu'il détermine et, malgré le
premier alinéa, peut fixer la date de l'audience à une date au moins
postérieure de deux mois à celle de l'expiration de ce délai.»
En commentaire : Afin de ne pas paralyser
indûment le déroulement de l'instance en fixation de l'indemnité
d'expropriation, il est proposé, dans un premier temps, de réitérer la
possibilité pour le TAQ d'ordonner à la partie en défaut de communiquer ses
documents avant la date qu'il détermine pour le faire et, dans un second temps,
de prévoir qu'il peut alors fixer la date d'audience. Cette date devrait
toutefois être postérieure d'au moins deux mois à celle déterminée pour la communication des documents, et ce, afin de
permettre à la partie qui recevra la communication de ces documents de
se préparer à l'audience.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il des interventions? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : En fait, est-ce qu'on
pourrait voir le tableau comparatif, s'il vous plaît, Mme la Présidente?
Mme Guilbault : C'était une proposition de l'Ordre des évaluateurs agréés,
notamment, ou exclusivement, peut-être, je ne sais pas, mais, en tout cas...
Une voix : ...
Mme Guilbault :
...ou peut-être Me Burelle, mais au moins les évaluateurs.
M.
Morin : Donc, «à une date au moins postérieure — il
doit y avoir une suite, j'imagine — de
deux mois à celle de l'expiration de ce délai». Bien. Je vous remercie.
Je n'ai pas d'autre commentaire.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. Est-ce qu'il y a des interventions? Oui, M.
le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. En fait, je me
posais la question suivante. Il n'y a comme pas de conséquence très, très forte à retenir, par exemple, un document, ce
qui fait qu'on pourrait se retrouver avec une partie, finalement, qui fait
peut-être défaut, volontairement ou involontairement, mais qui pourrait
retarder indûment le processus parce que finalement
la conséquence n'est pas... la tape sur les doigts n'est pas très grande,
finalement. Donc, juste avoir peut-être des précisions par rapport à ça, comment on fait pour quand même
maintenir une certaine pression pour qu'on fournisse les preuves exigées
de façon diligente, dans le fond.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Bien, en fixant la date, de toute façon, les gens
n'auront pas le choix de produire les documents,
parce que ça dit qu'il peut, malgré... «...et, malgré le premier alinéa, peut
fixer la date de l'audience à une date au moins postérieure de deux mois
à celle de l'expiration de ce délai.»
M.
Grandmont : Oui, je le lis bien, moi aussi, là, mais, je veux
dire, de la mauvaise foi, puis on fait perdre assez rapidement deux mois
au processus, dans le fond, là.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme
Guilbault : Mais de quel genre de conséquence le député
voudrait qu'on introduise? Je ne sais pas, parce que c'est...
M.
Grandmont : Bien, je ne sais pas qu'est-ce qui est prévu dans
d'autres cas similaires, s'il y a d'autres mécanismes qui peuvent...
Mme Guilbault : Ça fonctionne déjà puis ça... Après ça, le tribunal ordonne
de communiquer les dossiers. Donc, j'imagine
que, si tu ne réponds pas à... si tu n'obéis pas à une décision du tribunal, tu
es en défaut de respecter un ordre du tribunal. Bien, je dis ça sous
réserve de complément de mes collègues juristes.
M.
Grandmont : Bien, en fait, peut-être que le délai aussi... Je
poserais une sous-question à ça : Si le délai cause préjudice, par
exemple, à l'une des parties, est-ce que ça peut aussi, éventuellement, être
comptabilisé? Bref, je vous laisse regarder...
La
Présidente (Mme Maccarone) : Vous souhaitez suspendre, s'il vous
plaît? Non?
Des
voix : ...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Voilà. Alors, Mme la ministre ou Me Légaré?
Mme Légaré
(Geneviève) : Bien, écoutez, en pratique, l'objectif, c'est... quand
on procède, c'est qu'on ait l'ensemble des documents en main. Et puis c'est sûr
que ne pas avoir les documents, ça peut empêcher l'autre partie de pouvoir
faire adéquatement sa preuve, surtout quand on est... appelons ça en défense,
là. Une partie a le fardeau de preuve. Donc,
l'autre qui répond a besoin de connaître la position. Et puis ne pas avoir les
documents dans les délais, ça peut avoir un impact aussi pour pouvoir
faire les expertises. Pensons à une expertise comptable, des pertes de revenus.
On a besoin des états financiers. Donc, vous comprendrez rapidement que, si
l'expropriant ne reçoit pas les documents demandés, qui sont les états
financiers, bien, il ne pourra pas faire son expertise comptable. C'est ça, l'objectif, d'avoir les documents dans les délais
qui sont prévus dans les lois. Donc, pratico-pratique, si on ne reçoit pas
tout ça, puis ils ne se conforment pas aux
ordonnances du tribunal, bien, la fatalité, ce serait qu'on ne peut pas
commencer l'audience. On tourne en
rond, dans le fond, au final, là. Ce qu'on veut, c'est être fin prêt, tout le
monde ensemble, pour pouvoir débuter l'audience.
La Présidente (Mme
Maccarone) : M. le député, ça répond à votre question?
M.
Grandmont : En partie, en fait, là, mais je vais attendre d'avoir leur
attention.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Me Légaré, avez-vous quelque chose à ajouter? Un
complémentaire?
Mme Légaré
(Geneviève) : Non.
La Présidente (Mme
Maccarone) : M. le député.
M. Grandmont :
...j'aurais une autre façon de
poser la question. Est-ce que vous... Est-ce que ça existe? Est-ce que
vous avez déjà vu des cas où des gens retenaient volontairement des documents?
Est-ce que ça pourrait être une mesure
dilatoire pour retarder volontairement le processus, auquel cas... C'est ça. La
conséquence... Il n'y a pas vraiment de
conséquence qui apparaît à ce niveau-là, là. Mais est-ce que ça arrive? Est-ce
qu'on a des cas qui peuvent survenir?
Mme Légaré (Geneviève) : Oui. On peut... Souvent,
c'est nous qui... c'est l'expropriant qui se retrouve dans la position
où il demande des documents, puisque c'est le fardeau de preuve pour
l'indemnité accessoire, les dommages chez
l'exproprié. Donc, évidemment, on ne peut pas deviner par nous-mêmes des états
financiers. On en a besoin pour faire
l'expertise. On part de ça. Donc, s'il ne nous donne pas l'information, bien,
on ne peut pas faire l'expertise. Donc, on attend, on attend, on envoie
des courriels, on envoie des lettres, on s'appelle puis on n'a rien.
En ce moment, la
façon qu'on procède, c'est qu'on envoie une requête au tribunal, une requête en
obtention de documents, qu'on présente, qu'on va plaider, et le tribunal va
rendre une ordonnance, va rendre une décision et puis il va donner, disons, un
délai de 10 jours pour transmettre les documents à la partie expropriante.
C'est la façon qu'on procède, en ce moment, avec la Loi sur l'expropriation.
Là, notre objectif,
c'est de s'aider plus que possible, d'avoir des outils, tout le monde, pour
rendre le tout efficace puis améliorer, dans
le fond, c'est ça, le souci, là, l'efficacité de la justice, dans le fond, une
saine administration de la justice,
et c'est ce qu'on... C'est l'objectif qu'on essaie de rencontrer, et de se
donner davantage d'outils pour atteindre cet objectif-là.
• (18 h 20) •
M. Grandmont :
Parfait. Et, s'il y a préjudice,
est-ce qu'il y a des mécanismes pour compenser, indemniser, en fait, en
cas de préjudice?
Mme Légaré
(Geneviève) : Bien, je vous dirais que, de manière générale, c'est
l'expropriant qui se retrouve dans la position où il attend les documents.
Donc, évidemment, on ne demandera pas de préjudice, là. C'est... Vous
comprendrez que c'est dans le sens inverse en expropriation. C'est
l'expropriant qui va verser une indemnité à l'exproprié. Donc, le préjudice ne
sera pas tant monétaire, mais l'impact, dans le fond, la fatalité, c'est qu'on
ne peut pas commencer. Idéalement, on ne veut pas commencer l'audience si on
n'est pas fin prêt. C'est ça qu'on essaie de rechercher,
là, d'être prêt pour l'audience, de pouvoir faire les expertises et rencontrer
les délais, aussi, prévus à la loi pour pouvoir faire nos expertises, puisqu'il
va y avoir des délais un peu différents de ce qui est prévu en ce moment, là.
M.
Grandmont : ...en même temps, on est tous d'accord pour trouver des
moyens d'accélérer les projets. S'il y a un préjudice à l'expropriant, ça
retarde le projet indûment, on perd une saison de chantier, je veux dire,
est-ce qu'il y a... Est-ce que ce cas de
figure là peut être aussi analysé sous cet angle-là, dans le fond,
l'expropriant qui subit un préjudice, à la limite, là?
Mme Légaré
(Geneviève) : Ça dépend du stade où on en est rendus, là. Si on est
rendus à l'indemnité définitive, on est déjà propriétaire, ce qui veut dire
qu'on peut faire les travaux. Donc, ça peut arriver quand même beaucoup plus tard dans le temps, là, la fixation de
l'indemnité définitive. Et là on le sait, qu'avec la nouvelle loi il n'y aura pas la fixation de l'indemnité
provisionnelle. Donc, ce... appelons ça ce problème-là ne sera plus là. C'est
ce qui est arrivé dans le REM puis la LACPI, là. Puisqu'on n'a pas à
aller fixer devant le tribunal les indemnités provisionnelles,
bien, le transfert de propriété se fait un peu plus efficacement. Donc, dans
cette mesure-là, en principe, l'expropriant peut faire ses travaux. Ça fait que
ça n'a pas d'impact sur notre échéancier si on est en indemnité... en
indemnité définitive, là.
M.
Grandmont : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui. En fait, je veux simplement soumettre à Mme
la ministre que, dans son mémoire, Me Burelle proposait une façon
d'inviter fortement quelqu'un à déposer ses documents à temps, en suggérant
que, si une partie retient les documents sans
raison, ce qui empêche la fixation de l'audition, elle ne devrait pas pouvoir
tirer profit, pendant cette période, des intérêts sur la somme qui
pourrait lui être due à l'issue de la décision du TAQ. Donc, il pourrait y avoir une... en fait, un volet pécuniaire qui
ferait en sorte que ça pourrait forcer la partie qui retient les documents sans
raison de vouloir les produire à temps.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme Légaré (Geneviève) : Si j'ai bien compris,
c'est que Me Burelle suggérait, dans le fond, de suspendre le paiement
des intérêts pour cette période-là, là.
M. Morin : ...donc, en fait, pendant cette période, les
intérêts sur la somme qui pourrait lui être due pourraient, évidemment, elle ne... la personne ne pourrait pas
en tirer profit. Donc, évidemment, ce serait suspendu. Donc, il y a un... il y
aurait une conséquence pécuniaire au fait de vouloir retarder le processus.
Puis évidemment, si les parties ne peuvent pas procéder à la date fixée puis que la prochaine date, pour le
tribunal, c'est 10 mois, un an après, bien là, les intérêts vont courir pendant tout ce temps-là, et donc, à
un moment donné, ça pourra réduire l'indemnité qui pourrait être versée. C'est
un élément que je voulais soumettre.
Mme
Guilbault : Bien, juste là-dessus, parce
que, là, je comprends que c'est peut-être plus souvent les expropriés qui ne
transmettent pas les documents que les expropriants, alors, peut-être juste
souligner, là, pour le bénéfice des
collègues, que, si on introduisait une contrainte ou un préjudice monétaire, ça
se ferait vraisemblablement plus souvent au détriment de l'exproprié, ce
qui ne me semble pas aller dans le sens des demandes qui sont faites depuis le
début.
M. Morin :
Bien, en fait... en fait, ça dépend. C'est... Là, ici, si j'ai bien compris
l'article, c'est qu'on parle de quelqu'un qui retiendrait des documents
sans raison, qui pourrait même, dans certains cas, s'apparenter à de la mauvaise foi. Ça fait que, là, on est ailleurs. Il
faut que le tribunal puisse procéder. Alors, ça fait partie aussi de
l'équilibre.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre.
Mme
Guilbault : Oui. On me souligne qu'on va
avoir un amendement à l'article 122, qui va à peu près dans ce sens-là que le tribunal peut, sur... Sur
appréciation du tribunal, on peut suspendre l'application du taux d'intérêt sur
une valeur, un coût ou une indemnité.
M. Morin : Oui. En fait, c'était aussi, a contrario, un
argument qui était présenté par Me Burelle. Elle présentait de le mettre à l'article 56 parce que
l'article 122 ne le prévoit pas. Évidemment, si, éventuellement, vous le
prévoyez à 122, bien là, à ce moment-là, on n'aurait pas besoin de le
prévoir à 56.
Mme
Guilbault : Bien, à 122, oui, on a un
amendement...
M. Morin : Dans
ce sens-là?
Mme
Guilbault : ...qui dit ce que je viens de
dire, là, mot pour mot.
M. Morin : C'est
ça. Exact. Puis, comme je disais tout à l'heure, c'est... En fait, l'équilibre,
on le recherche. En tout cas,
personnellement, comme, en fait, membre de l'opposition officielle, je le
recherche partout. Je le recherche pour ne pas que l'exproprié soit
pénalisé. Mais, si, dans un cas comme ça, l'exproprié fait en sorte qu'on rate
des dates d'audience, bien là, à un moment
donné, il faut qu'il y ait aussi des conséquences, parce qu'il faut que la
justice suive son cours.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Mme la ministre, oui.
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Maccarone) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement à
l'article 56 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Merci. On revient à l'article 56 tel
qu'amendé. Y a-t-il des interventions? S'il
n'y a pas d'intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 56, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, pour la lecture de l'article 57, s'il vous plaît.
Mme
Guilbault : Oui. Merci. Article 57 : «Le Tribunal
peut, avant de rendre une décision, ordonner d'office, aux conditions qu'il estime justes, la correction
immédiate d'erreurs de forme, de rédaction, de calcul ou d'écriture dans
un acte de procédure.»
En
commentaire : L'article 57 du projet de loi prévoit que le TAQ
pourrait, avant de rendre une décision, ordonner d'office, aux conditions qu'il
estime justes, la correction immédiate d'erreurs de forme, de rédaction, de
calcul ou d'écriture dans un acte de procédure. Ces corrections ne visent
aucunement à modifier le fond de l'acte de procédure de manière à en
changer ce qui est demandé.
Et donc,
autre précision, l'article s'inspire fortement du deuxième alinéa de
l'article 208 du Code de
procédure civile.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Y a-t-il des interventions? M. le député d'Acadie.
M.
Morin : Merci. Donc, je comprends qu'en vertu de la Loi
sur la justice administrative le Tribunal administratif, présentement,
ne peut pas faire ça.
Des voix :
...
La Présidente
(Mme Maccarone) : Avons-nous besoin de suspendre un petit instant
pour trouver la réponse?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Collègues,
s'il vous plaît! Je vous entends jusqu'ici pendant que vous parlez, pendant que
nous sommes en travail en commission. S'il vous plaît, baissez vos voix. Merci.
On n'est pas suspendus, nous sommes en ondes.
Je crois qu'ils ont la réponse. Alors, ça va
être Mme la ministre?
Mme Guilbault : Ou ma collègue, Me Légaré.
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui,
oui. D'abord, Me Légaré, la parole est à vous.
Mme Légaré (Geneviève) : Oui. Donc,
en ce moment, ce n'est pas prévu. Ça va être nouveau. Ce qui est prévu dans la
Loi sur la justice administrative, c'est la correction d'une erreur dans une
décision. Mais là ce serait le nouveau 57,
de pouvoir corriger un acte de procédure. Je pense qu'un exemple simple, ce
serait, par exemple, une déclaration qu'il y aurait une faute de frappe
dans le montant, de simplement le corriger pour que, l'ensemble des documents
qui sont au dossier de la cour, il n'y ait pas d'erreur, qu'ils ne comportent
pas d'erreur.
M. Morin : Alors donc, présentement,
si vous n'ajoutez pas cet article-là, le Tribunal administratif ne peut pas
utiliser le Code de procédure pour arriver à ces fins-là.
Mme Légaré (Geneviève) : S'il
utilise la LJA, il n'y a pas de disposition pareille. Il pourrait signaler
toutefois aux parties qu'il y a une erreur, et puis la partie va s'amender...
bien, va se modifier, là, si on utilise le bon terme, là. Donc, on peut faire des offres... bien, des offres modifiées,
qu'on va corriger le montant, on va le souligner puis on va indiquer
qu'est-ce qui ne fonctionnait pas, ou, dans les autres procédures aussi, avis
d'expropriation, avis de transfert, on peut le modifier pour corriger une
erreur.
Je dirais qu'en pratique c'est rare qu'on envoie
un avis s'il y a une faute de frappe dans le français, là. Mais, s'il y aurait une erreur un peu plus importante,
substantielle, qu'on se retrouve avec des zéros qui ne sont pas supposés...
l'indemnité passe de 1 000 $ à 100 000 $, par exemple,
c'est sûr que ça va être important, là, faire la correction. On peut procéder
par nous-mêmes par modification, là, anciennement, ce qu'on disait, des
amendements, là.
M.
Morin : D'accord. En fait, je fais le même commentaire que
je faisais tantôt avec le Code de
procédure civile, il y a déjà
une disposition générale qui le permet. Donc, permettez-moi d'être étonné que
le Tribunal administratif du travail ne soit pas... le Tribunal administratif du Québec
ne soit pas capable de le faire en utilisant le Code de procédure. Donc, il faut vraiment
cet article-là pour qu'il puisse... Parce que, là, on parle, là, de correction
immédiate d'erreurs de forme. Puis je
comprends que... Pour moi, l'écriture, donc, le français, la qualité du
français, ça peut être aussi important que... comme chiffres, là. Mais
le tribunal ne peut pas faire ça d'office.
• (18 h 30) •
Mme Légaré (Geneviève) :
En ce moment, je vous dirais, là, en tout cas, si je me fie à ma pratique à
moi, là, je n'ai jamais vu ça. Donc, ils ne
l'ont jamais fait en vertu de la LJA, là, de nous faire corriger une procédure,
non. Ils peuvent corriger des décisions. Ça arrive qu'on ait des
décisions rectifiées. Ça, c'est... c'est quand même courant. Mais ils ne vont
pas appliquer le Code de procédure. Comme je vous ai dit tantôt, ils
l'appliquent vraiment de façon... à titre
supplétif, le CPC. Considérant que la LJA couvre quand même large, leur donne
quand même beaucoup de pouvoirs, appelons ça ainsi, là, ils vont
beaucoup plus se référer à leur Loi sur la justice administrative, là.
M. Morin : D'accord.
Je vous remercie.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons passer à la mise aux voix. Est-ce que l'article 57 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Et, à moins que les choses ont changé, je crois que Mme la ministre propose
qu'on suspende les articles 59 et 60.Est-ce toujours le cas?
Mme
Guilbault : Oui.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Avons-nous le consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Alors, nous procédons à l'article 61. Mme la ministre, pour la lecture.
Mme Guilbault : Merci.
Article 61 : «Les parties peuvent interroger oralement et
préalablement à l'audience :
«1° l'autre
partie;
«2° le
représentant, l'agent ou l'employé d'une partie;
«3° la personne
pour laquelle une partie agit comme administrateur du bien d'autrui;
«4° la personne pour
laquelle une partie agit comme prête-nom ou de qui elle tient ses droits par
cession, subrogation ou autre titre analogue;
«5° toute autre
personne avec son consentement et celui de l'autre partie ou sur autorisation
du Tribunal, aux conditions que celui-ci précise.
«Malgré
le premier alinéa, le mineur ou le majeur inapte ne peut être interrogé sans
l'autorisation du Tribunal.
«La décision qui porte sur une demande relative à
un engagement concernant la communication d'un document pris en vue ou à
l'occasion d'un interrogatoire préalable peut être rendue sur le vu du
dossier.»
En commentaire :
L'article 61 du projet de loi prévoit la possibilité d'interroger
oralement et préalablement à l'audience les
personnes mentionnées à cet article. Il prévoit, tout comme le fait
l'article 221 du Code de
procédure civile, que le
mineur ou le majeur inapte ne pourrait être interrogé sans l'autorisation du
TAQ.
Enfin,
cet article précise que le tribunal pourrait rendre sur le vu du dossier,
c'est-à-dire en consultant l'ensemble du dossier, mais sans tenir
d'audience, la décision qui porte sur une demande relative à un engagement
concernant la communication d'un dossier pris en vue ou à l'occasion d'un
interrogatoire préalable.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Y a-t-il des interventions? M. le député de l'Acadie, la parole
est à vous.
M. Morin : Merci. Donc là, on est véritablement rendus dans
les interrogatoires au préalable, ce qui ne se fait pas présentement.
Une voix : ...
M. Morin : D'accord. Et la disposition ou l'article du projet
de loi qui va permettre désormais des interrogatoires au préalable, ça
commence à 61. Il n'y a pas d'autre article avant ça.
Mme Légaré
(Geneviève) : ...à ma connaissance, 60, dans le calendrier des
échéances, qu'on n'a pas traité aujourd'hui, là.
M. Morin : O.K. Donc, c'est à 60, finalement, qu'on voit des
interrogatoires au préalable, au début, puis là je comprends que 60
est...
La Présidente (Mme Maccarone) : 59
et 60 sont suspendus.
M.
Morin : ...sont suspendus. O.K. Merci bien. Excellent.
Donc, en fait... Et puis, pour le mineur ou le majeur inapte, est-ce que
c'est des cas que vous voyez souvent?
Mme Légaré
(Geneviève) : Si je me fie à mon expérience à moi, le mineur,
vraiment pas. Je pourrais peut-être penser à, par exemple, dans du
résidentiel, un jeune de 16 ans qui est locataire, par exemple, 16,
17 ans.
Majeurs inaptes, souvent, ils vont avoir un...
comment ça s'appelle, une procuration, là.
M. Morin : Ils vont avoir une
procuration, ou un tuteur, ou...
Mme Légaré (Geneviève) : C'est ça,
exactement. Donc, on ne se rendra pas aux majeurs inaptes. Là, on est allés chercher les concepts du Code de procédure,
là. Mais, dans du résidentiel, c'est sûr qu'on voit des personnes très, très âgées. C'est... Souvent, il y a la famille
qui va être là pour les accompagner. Ça pourrait être des mineurs, comme
je disais, au niveau... un locataire résidentiel, par exemple, 16, 17 ans,
ça adonne que la maison qu'il habite va être expropriée. C'est sûr que ce n'est
pas le quotidien, mais ce n'est pas impossible.
M. Morin : Puis, dans le cas de
personnes qui seraient plus âgées, donc, et accompagnées, si, donc, c'est un
majeur qui est inapte, quel est véritablement l'intérêt d'avoir son témoignage?
Comment la personne va être capable d'apprécier véritablement ce qui est en
train de se passer devant elle, là?
Mme Légaré
(Geneviève) : Bien là, c'est sûr que ce serait un... ce serait
une procuration ou, autrement, on va faire, comme le prévoit le Code de
procédure... d'aller chercher l'autorisation du tribunal. Mais c'est sûr qu'en
pratique je ne pense pas que ça va arriver souvent.
Mais je pense que c'est important quand même de
tout couvrir néanmoins, là, parce que c'est vraiment nouveau pour nous, là, l'interrogatoire au préalable, là, en
expropriation. Ça, c'est quelque chose qu'on ne fait vraiment pas, là. On
interroge les gens, généralement, rendus à l'audience, où on a accès aux
représentants, par exemple, des expropriés dans les processus des
conférences préparatoires de gestion. Dans beaucoup de dossiers, on peut les rencontrer à l'avance, mais, quand c'est des
grosses compagnies, par exemple, ils sont représentés par avocats, c'est plus
rare qu'on va avoir accès aux représentants de ces compagnies-là. Appelons ça
des grosses business, entre guillemets, là. Donc, c'est l'objectif de pouvoir les rencontrer, mais, en passant par
les interrogatoires préalables, c'est avec sténographe, et ça va nous
donner accès au moins à de l'information.
Mais tout ça est toujours dans le même état
d'esprit d'éviter les surprises à l'audience. Donc, en rencontrant les gens, en
ayant l'occasion de leur poser des questions, d'échanger, la façon qu'ils
voient l'expropriation, d'essayer d'arriver aussi à des solutions ensemble,
c'est beaucoup plus facile quand on se parle directement. Ce n'est pas toujours
nécessairement simple via la bouche des avocats. C'est beaucoup plus efficace
quand on a directement l'exproprié, la
partie expropriée. Donc, c'est ce qu'on va chercher avec l'interrogatoire au
préalable, de l'information. Et puis ça peut avoir des impacts positifs
sur le reste du dossier et puis, encore une fois, ça évite qu'on apprenne plein de choses à l'audience, qu'on aurait pu
savoir bien à l'avance, puis ça aurait pu avoir une tournure tout à fait
différente, là.
M. Morin : Et ça, je vous entends
très bien, Me Légaré, et puis je peux comprendre l'avantage. D'ailleurs,
la majorité des groupes qu'on a entendus, dont Me Burelle, trouvaient que
c'était un avantage. J'en conviens avec vous. En
fait, je suis même allé plus loin. On n'en a pas véritablement débattu, là,
mais j'ai même proposé, comme amendement, qu'il y ait même une séance de
médiation, même, complètement en amont, pour, justement, permettre aux parties,
dans un contexte qui est moins formel que le
tribunal, parce que, là, rendus là, on est rendus véritablement dans la
procédure au tribunal... pour que les gens puissent se parler. Alors, je
vois... je vois un avantage à ce qu'il y ait des interrogatoires au
préalable.
Mon questionnement est plus sur... Puis je
comprends, là, que le tribunal va devoir donner son autorisation, mais vous voulez exproprier quelqu'un, là, puis
sortons du grand projet du REM, là, vous avez une personne, là, qui est
plus âgée, qui vit dans une maison unifamiliale, mais il y a une courbe dans la
route devant chez elle, puis là, bien, le ministère
des Transports a des recommandations à l'effet que la courbe est dangereuse.
Vous voulez modifier la courbe, puis
ça s'adonne que la nouvelle courbe va passer dans le salon. Ça fait que, là,
woups! il va y avoir une expropriation. La personne ou... En fait, celle
qui est là, là, entre autres, notamment, est inapte. Ça fait que vous voudriez
véritablement l'interroger au préalable.
Mme Légaré
(Geneviève) : Je pense que l'objectif, c'est de tout prévoir,
puisqu'on ne refera pas la loi non plus dans un an si on réalise qu'on a oublié quelque chose. Ça fait que c'est
de tout prévoir à ce moment-ci, d'aller chercher... On s'inspire
beaucoup du Code de procédure.
Pratico-pratique,
c'est sûr que ce n'est pas des cas qui arrivent dans la vie de tous les jours
de manière régulière, dans chacun des projets, là. Ça, c'est bien sûr. On le
voit quand même plus, appelons ça, en région, là, quand on sort de
l'urbain, qu'on est un petit peu plus, là, banlieue ou campagne, justement, des
courbes qu'on doit corriger parce qu'il y a trop d'accidents. On l'a fait dans
différentes... en fait, de nombreuses municipalités du Québec, là, la
correction de courbes, aménager des
carrefours giratoires. C'est souvent là où on va avoir plus du résidentiel et
qu'on va avoir un peu plus de gens âgés ou on pourrait avoir des majeurs
inaptes.
Donc, c'est
sûr que, dans la vie de tous les jours, dans notre train quotidien, dans notre
travail, le majeur inapte, c'est rare qu'on va lui parler. Mais je pense que c'est important, à ce
moment-ci, qu'on prévoie tout, qu'on ait l'ensemble des outils à notre disposition. Et puis peut-être
qu'on ne l'appliquera pas souvent, mais au moins les mesures seront là si
requises, là.
M. Morin : En fait... Puis qu'est-ce que vous espérez
obtenir? En fait, à moins que je comprenne mal le concept de majeur inapte,
mais, habituellement, quand on est déclaré inapte, c'est que, bon, on ne peut
plus ester en justice, on... habituellement, là. Ça ne veut pas dire que
la personne ne sait pas nécessairement ce que c'est ou pas, la vérité, quand elle doit témoigner dans le cadre d'un
interrogatoire au préalable, mais il est possible aussi parfois qu'il y ait une
perte cognitive. Donc, je trouve ça vraiment... Et puis je comprends que vous
avez fait, en fait, du copier-coller du Code de procédure civile.
• (18 h 40) •
Des voix : ...
M. Morin : C'est parce que c'est là que je m'en vais, là. Tu
sais, il me semble qu'on pourrait peut-être l'enlever.
Des voix : ...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Avons-nous besoin d'une suspension?
Nous allons suspendre
pour quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à
18 h 41)
(Reprise à 18 h 42)
La Présidente (Mme
Maccarone) : Alors, Mme la ministre, pour la réponse.
Mme Guilbault : Oui. Bien, en fait, je vois un peu où veut en venir mon collègue. Puis
effectivement, de prime abord, là,
c'est difficile de voir quel genre d'information on pourrait aller soutirer à
soit un mineur ou un majeur inapte. Alors,
s'il est d'accord, on pourrait tout simplement retirer ou, en fait, modifier,
dire : «Malgré le premier alinéa, le mineur ou le majeur inapte ne
peut être interrogé.»
M. Morin : Oui.
En fait, c'est... Je serais d'accord. C'est la proposition que je vous ferais.
Mme
Guilbault : En tout cas, on est en train
de le placer en amendement, mais ce serait, en gros...
M. Morin : Parfait.
Oui.
Mme
Guilbault : Et là ce qui...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Pendant que vous êtes en train de préparer votre
amendement ou l'amendement de M. le député de l'Acadie, la députée de Vaudreuil
a demandé la parole.
Mme Nichols :
Bien, j'avais une question en lien avec... Parce que, là, on parle... on
parlait des interrogatoires au préalable, mais là, ici, on est toujours dans
les cas de 500 000 $ et plus. Parce que je me demandais c'est quoi,
les... tu sais, c'est quoi, les critères pour pouvoir avoir un interrogatoire
au préalable. Parce qu'on sait, dans
d'autres dossiers, comme, mettons, à la Cour supérieure, c'est... tu sais,
c'est prévu dans certains cas particuliers. Là, ici, on est dans la
section des expropriations de 500 000 $ et plus. Ça fait que ça
vient... J'imagine, ça... Tu sais, c'est un
droit qui vient, dès que tu as 500 000 $ et plus, de faire une
interrogation au préalable. Dans les autres cas, on va le voir ailleurs?
Mme Légaré
(Geneviève) : Non. En fait... Est-ce que je peux répondre?
La Présidente (Mme
Maccarone) : Oui, Me Légaré, la parole est à vous.
Mme Légaré (Geneviève) : ...si vous retournez...
58, on l'a regardé, hein? Oui. 58 prévoit que... C'est toute la section sur les dossiers de 500 000 $ et
plus, mais on peut demander d'appliquer ces règles-là, pour les dossiers de
500 000 $ et plus, aux dossiers de 500 000 $ et
moins.
C'est
sûr qu'on focusse beaucoup sur les montants. On en a parlé. Quand on tombe dans
de l'urbain, commercial, industriel, on tombe dans des plus gros
chiffres. 500 000 $, on l'atteint rapidement, et plus. Mais il y a
des dossiers où ça peut être utile aussi de demander, tout ce processus-là,
d'être encadré, parce qu'il peut y avoir, entre autres, des questions de
principe importantes qui pourraient avoir des effets non négligeables dans la
jurisprudence sur de nombreux dossiers.
C'est extrêmement important, là, que ce soit bien suivi, par exemple. Donc, on
pourrait le demander.
Ça fait que
la réponse, c'est : On pourrait l'appliquer à du 500 000 $ et
moins si on fait la demande. Et là vous revenez à 58, là, qui prévoit
que c'est... Il me semble bien que c'est à 58, là. Oui.
Mme
Nichols : Parce qu'on s'entend... Puis là, encore là, c'est
le petit exproprié... Là, je pense au petit exproprié, parce qu'on
s'entend, dans des dossiers de 500 000 $ et plus, la partie
expropriée a sûrement un avocat, là, pour la
représenter, mais... bien, dans la majorité des cas, là. Mais le petit
exproprié qui a... tu sais, qui se dit : Bien, pour ce montant-là, je ne prendrai pas d'avocat, mais...
tu sais, il y aura un interrogatoire au préalable. Ça fait que l'expropriant
a quand même le droit d'avoir un
interrogatoire au préalable auprès de l'exproprié s'il est en bas de
500 000 $, s'il en fait la demande.
Mme Légaré
(Geneviève) : Bien, s'il y a une demande, là. Il y a le
mécanisme qui est prévu. Donc, la réponse, ce serait oui. Mais il faut suivre le mécanisme qui est prévu à la loi,
là. Ce n'est pas l'expropriant qui va le décider de son propre chef, là.
Il faut se référer à 58, qui explique qu'est-ce qui peut être fait, là. Ça a
été prévu.
Puis aussi
les dossiers de 500 000 $ et plus, ça peut être dans le sens inverse,
qu'on n'ait pas besoin de tout cet
encadrement-là. Ça fait que la demande peut être faite aussi de s'y... entre
guillemets, de s'y soustraire, là. Mais, autrement...
Mme Nichols : Parce que je me... je
pense, c'est Me Bélair, là, le Barreau, qui avait fait des représentations
puis qui disait, entre autres, que, dans les dossiers de... où il y a des
interrogatoires au préalable, les petits expropriés sont, tu sais, veux veux
pas, un peu lésés dans leurs droits... bien, tu sais, lésés... peut-être pas
lésés dans leurs droits, mais, tu sais, ils sont... tu sais, ils arrivent, là,
ils ne sont pas représentés.
Puis, quand tu vas devant le tribunal, là, puis
tu n'es pas représenté, là, le juge, il... tu sais, il prend le temps de
l'expliquer à la partie qui n'est pas représentée, d'expliquer ses droits, puis
le juge est plus attentif. Il joue un peu un
rôle de médiateur. Mais, quand tu arrives comme ça dans un interrogatoire au
préalable, là, il n'y en a... il n'y a pas personne qui est là pour
venir expliquer à la personne qui n'est pas représentée ses droits ou... Tu
sais, puis la personne est là, puis elle est assise, puis elle répond aux
questions, puis souvent... Puis là je suis avocate de formation, ça fait que je
ne veux pas me... je ne veux pas... Je ne veux pas dire que les avocats, des
fois, on est un peu plus agressifs puis on
en profite parce que l'autre partie n'est pas représentée, mais, tu sais, on
sait qu'il n'y en aura pas, d'objection, là. Ça fait qu'on se permet
peut-être de pousser un peu plus des questions un peu plus loin.
Ça fait que,
je ne sais pas, j'avais un malaise à cet effet-là, là, de savoir que, tu sais,
il y a le... une plus petite partie peut avoir un interrogatoire au préalable
sans être représentée. Dans le fond, il faudrait lui permettre d'être représentée
et de se faire rembourser les frais d'avocat. Ce serait la solution idéale.
Mme Légaré
(Geneviève) : Non, bien, de un, il faut se rappeler qu'il faut
qu'on soit dans du 500 000 $ et plus pour que ce soit
automatique. Donc, dans le sens inverse, ce ne l'est pas du tout. Et puis,
quand on a des expropriés non représentés,
on fait le même exercice, même quand ils le sont, mais encore plus avec les
expropriés non représentés. Il va y avoir beaucoup d'accompagnement de
la partie expropriante.
C'est sûr, je parle beaucoup au nom du ministère
des Transports, là. Je suis un peu moins au fait des autres expropriants, mais
c'est la même logique qui est à rechercher, peu importe l'expropriant. Il y a
des rencontres, puis c'est vraiment important, au final, de les comprendre puis
de les connaître pour pouvoir trouver comment refaire leur situation puis trouver c'est quoi, l'indemnité
juste et raisonnable. Donc, si on ne se parle pas, à part se revoir à la
cour... Puis c'est exactement ça qu'on ne veut pas ici, là. On veut bien
encadrer le processus, être le plus près possible, tout le monde, et puis trouver c'est quoi, la meilleure indemnité,
l'indemnité juste et raisonnable, puis comment refaire la situation.
Donc, on ne
sera pas obligés dans des dossiers de 500 000 $ et moins. Il y a déjà
un processus de rencontre qui va être là. Mais c'est important pour les
500 000 $ et plus, où on a des dossiers plus complexes, avec des
représentants à qui on a moins accès, qui sont représentés par avocats. Donc,
c'est une...
Mme Nichols : Oui, oui. Ça, j'en
conviens...
Mme Légaré (Geneviève) : Vous
comprenez, oui.
Mme
Nichols : ...pour les
dossiers de 500 000 $ et plus, de l'interrogatoire au préalable puis
de la représentation par avocat, mais ma préoccupation, c'est... Puis ça
a été soulevé, là, dans les auditions. Ça fait que ma... Tu sais, mon intérêt, c'était le petit exproprié, là, qui, un,
voudrait peut-être se faire représenter, mais, tu sais, ses frais d'avocat
vont-tu être remboursés? Tu sais, c'est les questions qui...
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault : Oui. Bien, là-dessus, en fait, tu sais, c'est la même chose
qu'au tribunal. L'entrevue préalable sert à
éviter qu'on se rende au tribunal, idéalement. Puis on pense... Puis, dans
toutes les personnes qui sont venues nous parler, à qui on a posé la
question : Qu'est-ce que vous pensez des entrevues préalables?, ils
étaient tous d'avis que ça pourrait aider à faire en sorte que ça ne se
rende pas à la cour. Donc, déjà, on économise des procédures.
Puis, un exproprié, qu'il soit représenté ou non
par avocat, de toute façon, s'il s'en va en cour sans l'entrevue préalable, le même enjeu va se poser. Il va devoir
prendre la décision s'il se fait représenter ou non. Donc, c'est la même
chose pendant l'entrevue préalable.
Mme
Nichols : Bien, je ne partage pas l'avis de la ministre, là.
L'interrogatoire au préalable ne sert pas à ne pas aller en cour, là. Ça sert à aller chercher l'information
supplémentaire pour mieux étoffer le dossier. Mais ça n'empêche pas... Au contraire, là,
au contraire, des fois, ça vient accélérer, justement, parce qu'il va y avoir
un échange de documents ou il y aura
des... pas... comment... pas des affirmations, mais, tu sais, il y aura des...
je dis «des affirmations», là, mais des
déclarations, tu sais, il y aura des déclarations, parce que c'est sous
serment, ça fait que ça... Puis il y a un sténographe, ce que j'ai compris, là. Ça fait qu'on s'en
servira, justement, de ce document-là, pour faire avancer le dossier. La
personne qui, je vais dire, appelle l'autre à l'interrogatoire au
préalable vient cumuler de la preuve, là, pour étoffer son dossier.
Mme Guilbault : Oui, oui. Ça peut être soit dans l'objectif...
Mme Nichols : C'est pour ça que je
dis que, le petit exproprié, il faut qu'il soit représenté puis il faut que ses
frais d'avocat soient payés. Mais ça n'empêche pas du tout le dossier d'aller
en cour. Peut-être... Parce que ça peut servir de négociation pour dire :
Bien, regarde, on n'ira pas en cour, là, ton client a déclaré ça à
l'interrogatoire au préalable. Mais ça n'empêche pas... Ce n'est pas une étape
pour éviter d'aller à la cour, là.
Mme Guilbault : Non, mais ce que je veux dire, c'est que soit... Le
corollaire, c'est ce que la députée de Vaudreuil décrit, c'est-à-dire que les
parties soient mieux préparées, que ça aille plus vite puis que ça permette
d'échanger de l'information, etc. Mais ça peut aussi résulter en le fait que
soit il y a un règlement à l'amiable ou une des deux parties décide de
renoncer, peut-être pas les cas des petits expropriés et résidentiels, mais
prenons un cas où tu as un expropriant et un
exproprié, tous les deux bien nantis, tous les deux bien accompagnés, et que,
là, à force que les avocats s'interrogent les uns les autres... puis que
finalement il y en a un qui découvre qu'il a peut-être... ou, tu sais, il n'a peut-être, finalement, pas un dossier aussi
solide qu'il pense, ou qu'il n'aura peut-être pas l'indemnité qu'il pense... Tu
sais, des fois, ça permet de dégonfler aussi, peut-être, certaines situations.
Alors, c'est un ensemble d'objectifs qui peut être poursuivi par une
entrevue préalable.
• (18 h 50) •
Mme Nichols : Moi, je ne suis pas
contre l'entrevue...
Mme Guilbault : Mais ce que je voulais dire, c'est...
Mme Nichols : Je ne suis pas contre
l'entrevue... l'interrogatoire au préalable, pas une entrevue, là.
Mme Guilbault :
Ce que je voulais dire, c'est que, le point que fait ma collègue sur la
difficulté ou, disons, le malaise à savoir si un exproprié sera représenté ou
non par avocat, ou le désavantage de ne pas être représenté par avocat à l'entrevue préalable, on pourrait
transposer exactement le même questionnement sur son passage au tribunal,
s'il va au tribunal. Tu sais, il ne sera pas plus ou moins représenté, quelle
que soit l'étape. Tu sais, c'est un choix qu'il
fait, puis ensuite... Tu sais, il y a la possibilité d'être représenté par
avocat à l'entrevue préalable. C'est peut-être comme ça que je devrais
le dire.
Mme
Nichols : Bien, ce n'est vraiment pas une entrevue, hein,
c'est vraiment un interrogatoire, là. Je trouve le...
Mme Guilbault : L'interrogatoire, oui. Pardon. C'est vrai. Je dis
«l'entrevue» depuis tantôt.
Mme
Nichols : Ah oui! C'est vraiment interrogatoire, là. Moi, je
n'ai pas la même portée. Moi, ça ne signifie pas...
Mme
Guilbault : C'est parce que je me mêle avec la... En tout cas.
Mais, bref, on sait à quoi on fait référence.
Mme Nichols : Oui, oui, mais
c'est... ce n'est pas la même chose.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Alors, M. le député de l'Acadie.
M.
Morin : Oui. Merci. Merci, Mme la Présidente.
Effectivement... Et vous me corrigez, Me Légaré, si je fais erreur,
mais, quand on est rendus à l'étape d'un interrogatoire au préalable, c'est
qu'on va aller en cour, parce que, sinon, ça
ne donne rien de faire un interrogatoire au préalable quand on n'est pas dans
le cadre d'un processus judiciaire, à moins qu'à la fin il y ait une
entente entre les parties, mais là j'imagine que le tribunal va devoir
entériner l'entente de toute façon.
Mme Légaré
(Geneviève) : ...en conciliation, et là c'est un accord de
conciliation qui est signé par tout le monde puis ça équivaut à un
jugement, là, ça a force de chose... jugé comme une décision, en fait. C'est
déposé au dossier du tribunal.
Mais je pense qu'il faut le voir vraiment des
deux angles. Soit qu'on se prépare, tout le monde, parce que, clairement, on ne
s'entend pas, puis ça a peu chance qu'on change d'idée si on a des positions
diamétralement opposées... Là, l'objectif de l'interrogatoire, ça va être...
c'est une... C'est sûr, ça nous permet de mieux connaître le dossier, l'exproprié, et nous aider, ultimement,
pour les expertises, mieux... dans le fond, mieux encadrer et diriger le
litige. Mais ça peut aussi, en parallèle, avoir du bon que de parler
directement à l'exproprié, de mieux le connaître, comme je disais tout à
l'heure, et puis là l'expropriant, ayant ces informations-là supplémentaires,
qu'on ne devine pas par nous-mêmes...
Mais c'est sûr qu'il y a des situations où on ne
peut pas le deviner. On passe devant les bâtiments, on n'a aucune idée de ce
qu'il y a dedans. Donc, c'est là aussi, la pertinence d'un interrogatoire. Tu
sais, on passe sur l'autoroute 40, par exemple, on ne le sait pas, que c'est du pharmaceutique. C'est des gros
bâtiments. On n'en sait pas plus. Une fois que tu rentres dedans, tu
découvres que, eh là là! il ne faut vraiment pas que ça vibre parce que, sinon,
on va... ils peuvent se retrouver à jeter des centaines, et beaucoup plus que
ça... des médicaments ou... Tu sais, c'est tellement sensible.
Ce que je veux dire,
c'est qu'on ne les connaît pas juste en les voyant. Donc, les interrogatoires
nous ouvrent la porte à mieux connaître notre exproprié ou que ce soit un
locataire, là, mais, disons, on va parler du propriétaire exproprié. Et puis,
partant de là, bien, ça nous aide à mieux orienter notre dossier, et puis
d'essayer de cheminer ensemble pour une indemnité juste et raisonnable, puis
comment on peut refaire sa situation.
Mais
c'est... Je pense qu'il faut le voir des deux angles. Ça nous aide dans le
cadre du... vers... pour l'audience, mais ça nous aide, en même temps, à ne pas
aller en audience. Donc, après ça, c'est sûr qu'on verra. Si on ne s'entend
pas, on ne s'entend pas, mais, s'il peut y avoir une ouverture, puis ça nous
permet de cheminer : Finalement, tu sais, on n'avait pas compris ça ou on ne l'avait pas
deviné, bien, on le prend en considération puis on prend une autre orientation.
Je pense qu'il faut vraiment le voir sous les deux angles, sous les deux
angles.
M. Morin : Et...
La Présidente (Mme Maccarone) : Excusez-moi.
Juste un instant. Mme la ministre souhaite prendre la parole.
M. Morin :
Oui, bien sûr.
Mme Guilbault : Bien, pour rappel à tout le monde, dans l'article 58, au deuxième
alinéa, on dit : «Si le Tribunal
administratif du Québec le considère utile et que les parties y consentent, il
peut [...] appliquer [les] règles de preuve et
de procédure» particulières à des cas en bas de 500 000 $. Donc, il
faut que les parties y consentent. Alors, ça veut dire que, pour aller
en interrogatoire préalable dans un cas de moins de... dans un dossier de moins
de 500 000 $, il faut que les deux parties y aient consenti, incluant
l'exproprié.
Et on peut penser
qu'à partir de 500 000 $ c'est sûr que ça se peut qu'il y ait...
Parce que les cas que mes collègues... les
cas hypothétiques que les collègues soulèvent, ce seraient peut-être des
gens... des expropriations moins élevées que 500 000 $, des
gens, peut-être, justement, moins... qui ont moins de ressources ou qui sont
moins à l'aise de ne pas être représentés
dans un interrogatoire préalable, mais, si ça arrivait pour des cas en bas de
500 000 $, c'est que l'exproprié y aurait consenti. Je voulais
juste ajouter ça aussi dans la balance au micro.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Merci. M. le député.
M. Morin : Merci.
Et je comprends qu'à 61 on parle beaucoup de l'expropriant, mais ça pourrait
être aussi l'exproprié qui décide de tenir
un interrogatoire au préalable, et donc interroger des témoins de la partie
expropriante. Donc, l'article n'empêche pas ça, là.
Mme Légaré
(Geneviève) : Exact. Là, on a le réflexe de vous parler du côté
expropriant, mais tout à fait. C'est
vraiment... À 61, les parties peuvent interroger oralement et préalablement à
l'audience, et les représentants, exemple, du ministère des Transports
pourraient être interrogés. Tout à fait.
M. Morin : Maintenant,
puis le commentaire de Mme la ministre était très pertinent en ce qui a trait à
58, deux, effectivement, pour moins de
500 000 $, il va falloir que les parties consentent, sauf que, si
l'exproprié, dans un dossier de moins
de 500 000 $, n'est pas représenté par avocat, qui va lui expliquer
son droit? Ce n'est pas nécessairement le tribunal.
Mme Légaré (Geneviève) : Bien, je vous dirais que
oui. Les juges, en administratif, font quand même beaucoup d'encadrement. Quand
l'exproprié est non représenté, puis ils le font aussi en audience, là, ils
vont beaucoup expliquer. Mais, c'est sûr, quand il y a un avocat,
l'avocat connaît les règles, là. Ça, ça va. Mais, une partie non représentée,
le tribunal va prendre le temps d'expliquer à l'exproprié ou le locataire, là,
la partie dessaisie, expliquer le processus, lui
faire part un peu comment que ça fonctionne. Exemple, si on est en audience,
ils vont bien leur expliquer qu'est-ce qu'ils peuvent faire, qu'est-ce qu'ils
ne peuvent pas faire. Considérant qu'ils ne sont pas avocats, par exemple, ils
ne peuvent pas plaider. C'est la grosse distinction à... versus quand on
est un avocat. Mais le tribunal accompagne beaucoup, en matière administrative,
les expropriés.
M. Morin : D'accord.
Mais ils ne vont quand même pas conseiller l'exproprié. Ce n'est pas son rôle.
Mme Légaré
(Geneviève) : Non, mais même... Non, effectivement, mais ils vont bien
lui expliquer les règles. Même, ça commence,
en début de dossier, avec ce qu'on appelle des appels de rôle, là. Le tribunal,
on a un juge qui est assigné, il commence à suivre notre dossier. C'est
simplement des appels avec un représentant de chaque partie. Donc, c'est soit l'exproprié avec ou sans avocat, mais, s'il n'a
pas d'avocat, le tribunal va bien expliquer c'est quoi, les étapes : Bien, vous devez nous
transmettre une réclamation. Ils ont même des formulaires qu'ils peuvent
transmettre, à l'heure actuelle, à la
partie expropriée pour un peu l'encadrer. Puis ils vont bien expliquer les
règles. Ils ne conseillent pas, mais ils vont bien expliquer les règles
puis comment que ça fonctionne.
M.
Morin : Et est-ce que ma compréhension est bonne? Si
l'exproprié décide de retenir les services d'un avocat, les honoraires
professionnels de ces avocats ne pourront pas être considérés comme étant des
indemnités reliées à l'expropriation, quand je lis l'article 102.
Mme Légaré
(Geneviève) : C'est exact. Puis c'est la même chose en ce
moment. Avec la loi actuelle, les frais, les honoraires d'avocat ne sont
pas payés par l'expropriant, sauf dans des cas précis, comme le désistement.
M. Morin : Oui, on l'a vu.
Mme Légaré
(Geneviève) : Et puis il y
aurait la contestation ici, là. Donc, il y a des cas... des exceptions où c'est
payé, et puis... mais, de manière générale, les honoraires d'avocat ne sont pas
payés. Les frais d'expert, sous réserve que c'est justifié, avec une preuve que ça a été utile puis ça a éclairé le
tribunal, mais, de manière générale, là, les frais d'expert, eux, sont
remboursés.
M.
Morin : D'accord. Et j'ai également une question à 61. À
la toute fin, le dernier alinéa : «La décision qui porte sur une
demande relative à un engagement concernant la communication d'un document pris
en vue ou à l'occasion d'un interrogatoire préalable peut être rendue sur le vu
du dossier.»
Mme Légaré (Geneviève) : Puis c'est
quoi, votre question?
M.
Morin : Ma question, c'est... Donc, le tribunal... Bien,
en fait, on n'est pas au tribunal. C'est dans le cas d'un interrogatoire
au préalable. Donc, pendant l'interrogatoire, une partie pourrait demander à
l'autre partie la production d'un document,
puis donc l'engagement pourrait être pris ou rendu sur le vu du dossier. À quoi
ça correspond exactement?
Mme Légaré (Geneviève) : Bien, sur
le vu du dossier, c'est qu'il n'y aura pas d'audience qui va être... qui va se tenir, là. Ça, ça existe déjà en vertu de la
LJA. Il y a certaines décisions qui sont rendues sur le vu du dossier. Je
pense, de mémoire, que c'est
l'article 100 de la Loi sur la justice administrative. Ça arrive même dans
des ordonnances pour l'achat total. Puis, si les parties s'entendent,
puis il y a un consentement, on n'a pas besoin de tenir une audience. Donc, ils
vont y aller sur la demande de l'expropriant
d'acheter le résidu de la propriété, donc, une ordonnance en achat total du résidu.
Ils vont reprendre les termes, grosso modo, de la demande, et puis ils vont
l'autoriser, puis ils vont reproduire la
description technique à même la procédure de l'expropriant, à moins que ce soit
l'exproprié qui entreprenne le recours, et puis donc ils vont mentionner que les parties y consentent. Donc, il
n'y a pas nécessité de tenir une audience. Et puis on a repris... C'est
ce qui aurait été repris ici aussi, là.
M.
Morin : Sauf que, quand il n'y a pas d'audience dans le
scénario que vous décrivez, c'est le juge administratif qui va rendre la
décision quand même.
Mme Légaré (Geneviève) : Oui.
• (19 heures) •
M.
Morin : Et puis évidemment
ça peut arriver. Si les parties y consentent, on va présenter la preuve au
juge. Il va regarder ça, puis il va rendre sa décision... bon, le ou la
juge. Mais là, ici, on est au stade de l'interrogatoire au préalable. Donc, ce que ça veut dire, c'est que,
quelqu'un, pendant l'interrogatoire, qui s'engagerait à produire un document
une fois que les transcriptions vont être envoyées au juge, le juge, sur la foi
de la transcription, va pouvoir ordonner la production du document s'il
n'a pas été produit.
Mme Légaré
(Geneviève) : Je vais peut-être juste m'assurer, avec Me Massé,
là, que je comprends bien sa... Je ne veux pas vous induire en erreur
non plus, mais...
M. Morin : Parfait. Ah! il n'y a pas
de souci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Avons-nous
besoin d'une courte suspension juste pour clarifier? Oui?
Ça fait que nous allons suspendre, une très
courte suspension.
(Suspension de la séance à 19 h 01)
(Reprise à 19 h 09)
La
Présidente (Mme Maccarone) : Alors, nous revenons en ondes. Puis M. le député
de l'Acadie souhaite déposer un amendement à l'article 61.
M. Morin : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : La
présidente.
M.
Morin : Oui. Bien, c'est parce que le micro n'était pas allumé.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Ah!
M. Morin : Donc, merci. Merci, Mme la Présidente. Ce sera
enregistré, cette fois-ci. Alors, écoutez, suite à nos discussions, je souhaite présenter l'amendement
suivant en ce qui a trait à l'article 61, et je vais... je vais le lire.
Je remercie Mme la ministre de m'avoir donné une copie du texte de
l'amendement. Alors, article 61 : Supprimer, dans le deuxième
alinéa de l'article 61 du projet de loi, «sans l'autorisation du
Tribunal».
• (19 h 10) •
Il
est proposé de modifier l'article 61 du projet de loi afin de prévoir que
le majeur inapte et le mineur inapte ne peuvent être interrogés au
préalable.
Donc, dans le texte
du projet de loi qui était proposé, parmi la liste des parties qui pouvaient être
interrogées lors d'un interrogatoire au
préalable, on avait : «Malgré le premier alinéa, le mineur ou le majeur
inapte ne [peuvent] être interrogé sans l'autorisation du Tribunal.»
L'amendement
se lit, à 61, en ce qui a trait aux parties qui peuvent être interrogées
oralement et préalablement à l'audience :
«5° toute autre
personne avec son consentement et celui de l'autre partie ou sur autorisation
du Tribunal, aux conditions que celui-ci précise.
«Malgré le premier
alinéa, le mineur ou le majeur inapte ne [peuvent] être interrogé.»
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait. Y a-t-il des interventions? S'il n'y a
pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement à l'article 61 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
On revient à l'article 61 tel qu'amendé. Y a-t-il des interventions?
M. Morin : Oui, il y a une intervention, parce qu'avant la
suspension, Mme la Présidente, j'ai posé une question sur le dernier alinéa de l'article 61 pour
être bien sûr qu'on en saisissait tout le sens et, pendant l'amendement, je crois
qu'il y a eu une discussion parmi les
représentants de la partie gouvernementale. Alors, j'imagine que Mme la ministre
ou Me Légaré, là, je ne sais pas...
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre ou Me Légaré? Me Légaré. Je crois qu'elle a la réponse.
Des voix : ...
La Présidente (Mme
Maccarone) : Voilà.
Mme Légaré
(Geneviève) : Donc, effectivement, on avait eu une discussion à ce
sujet-là. Bien, je vous avais expliqué le vu du dossier, puis vous saviez déjà
c'est quoi, là, mais l'objectif, ça s'inscrit dans la même... dans la même lignée que ce qu'on essaie, de manière
générale, d'atteindre, c'est-à-dire la célérité, limiter les coûts pour les
parties. Donc, dans le fond, ce serait de
soumettre une correspondance au tribunal... je pense, ce serait plus une
correspondance qu'une procédure formelle, là, mais un échange des
parties, et puis le tribunal va pouvoir partir de ça et puis rendre sa décision
par rapport à... par rapport aux engagements, si jamais il y a un débat à cet
effet-là.
M. Morin : Parfait.
Je vous remercie.
La Présidente (Mme
Maccarone) : Y a-t-il d'autres interventions à l'article 61 tel
qu'amendé? Alors, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 61, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre, pour la lecture de l'article 62. Et nous avons aussi
un amendement.
Mme
Guilbault : Oui. Article 62 :
«L'interrogatoire oral préalable à l'audience ne peut porter que sur les faits sur lesquels repose l'indemnité offerte ou
réclamée et sur les éléments de preuve qui les soutiennent, sans pouvoir
porter sur le calcul de la valeur d'un droit
ou d'un dommage. Il peut également avoir pour objet la communication d'un
document. Il ne peut être fait que s'il a
été prévu dans le calendrier des échéances, notamment quant aux conditions, au
nombre et à la durée des interrogatoires.»
En
commentaire : L'article 62 du projet de loi prévoit qu'un
interrogatoire oral préalable à l'audience ne pourrait être retenu que
s'il a été prévu dans le calendrier des échéances et en tenant compte de ce qui
a été prévu quant aux conditions, au nombre et à sa durée.
Cet article vient aussi
limiter la portée des interrogatoires oraux préalables à l'audience aux
questions visant les faits sur lesquels
repose l'indemnité offerte ou réclamée et sur les éléments de preuve qui les
soutiennent. Les questions ne pourraient aucunement porter sur le calcul
de la valeur d'un droit ou d'un dommage.
Enfin, ces interrogatoires pourraient également
avoir pour objet la communication d'un document.
La Présidente (Mme Maccarone) : Et
votre amendement.
Mme Guilbault : Et mon amendement à l'article 62 : À
l'article 62 du projet de loi :
1° supprimer «, sans pouvoir porter sur le
calcul de la valeur d'un droit ou d'un dommage»;
2° remplacer
«notamment quant aux conditions, au nombre et à la durée des interrogatoires»
par «et que dans le respect du nombre et de la durée des interrogatoires
ainsi que des conditions établis dans ce calendrier».
En
commentaire : Il est proposé de modifier l'article 62 du projet de
loi afin de permettre que les interrogatoires oraux préalables à l'audience
puissent également porter sur le calcul de la valeur d'un droit ou d'un
dommage. La seconde modification vise simplement à clarifier la portée
du texte.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Pouvons-nous afficher, s'il vous plaît, le tableau
comparatif? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui. Parfait. Merci.
Alors, écoutez, mon questionnement, mes interrogations et... justement, étaient sur pourquoi on ne pourrait pas
questionner sur la valeur d'un droit et d'un dommage. Maintenant, Mme la
ministre, avec son amendement, va
retirer cette partie-là de l'article 62, ce que je vois être un avancement
intéressant et important, parce que je ne comprenais pas pourquoi on n'aurait
pas pu. Ça me semble essentiel. Mais vous le retirez. Alors, je ne peux
que m'en réjouir.
La
Présidente (Mme Maccarone) : Alors, compte tenu de l'heure, je vous remercie
pour votre collaboration. Nous... La commission...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Pardon?
Mme Guilbault : ...est-ce qu'on peut l'adopter, juste avant de suspendre,
si on a fini les interventions sur l'amendement?
La
Présidente (Mme Maccarone) : Il nous reste... Bien oui, on peut, je pense,
aller au-delà de 60 ou 30 secondes. Est-ce qu'il y a autres
interventions sur l'article... l'amendement de l'article 62?
Des voix : ...
Mme Guilbault :
Ah! bon, parfait.
La Présidente (Mme Maccarone) : Voilà.
Ça fait que, compte tenu de l'heure, nous allons suspendre les... La
commission... la commission ajourne ses travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 19 h 15)