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Etude des crédits du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre
(Seize heures trente-cinq minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre est
réunie pour l'étude des crédits budgétaires
1978/79.
Les membres de cette commission sont: M. Bellemare (Johnson), M.
Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Forget
(Saint-Laurent), M. Lefebvre (Viau), remplace M. Chevrette (Joliette-Montcalm);
M. Gravel (Limoilou), M. Johnson (Anjou), M. Lavigne (Beauharnois), M.
Pagé (Portneuf), M. Roy (Beauce-Sud), M. Vaillancourt
(Jonquière).
Les intervenants sont: M. Blank (Saint-Louis), M. Brochu (Richmond), M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Jolivet (Laviolette), M. Laplante (Bourassa), M.
Lefebvre (Viau), M. Paquette (Rosemont), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M.
Samson (Rouyn-Noranda), M. Jolivet (Laviolette) est remplacé par M.
Grégoire (Frontenac).
Je demande la nomination d'un rapporteur. Vous avez quelqu'un à
proposer?
M. Grégoire: Je propose le député de
Limoilou.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Limoilou, M. Gravel. M. le ministre.
Commentaires généraux du ministre M.
Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: M. le Président, à l'ouverture de cette
étude des crédits du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, je me permettrai d'exprimer quelques commentaires
généraux que je vais essayer de faire le plus brefs possible,
puisque je pense que l'Opposition, comme nous, désire passer à
l'étude des crédits de la façon la plus efficace et avec
la plus grande célérité possible.
D'abord, j'aimerais vous présenter certaines des personnes qui
m'accompagnent. Il y a d'abord le nouveau sous-ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, M. Gilles-P. Lachance, et sans doute que les membres de
l'Opposition et certains membres du côté ministériel auront
reconnu M. Bergeron et M. Lapointe, tous les deux sous-ministres adjoints. Ils
sont accompagnés de M. Blais, directeur général des
relations de travail et d'autres fonctionnaires du ministère.
M. le Président, brièvement, je vais limiter mes
commentaires à ce qu'on pourrait appeler les éléments
nouveaux Est-ce que ce serait possible de fermer la fenêtre, s'il
vous plaît, pour qu'on puisse s'entendre? ... à ce que
j'appellerais les éléments nouveaux ou différents depuis
la derniè- re session et depuis la dernière étude des
crédits du ministère.
D'abord, en ce qui a trait au secteur des relations de travail,
l'accréditation et la conciliation. Du côté de
l'accréditation, ce qu'il y a de nouveau, à part la nomenclature
des différents postes où le commissaire-enquêteur devient
commissaire du travail, ce sont évidemment les dispositions applicables
au ministère découlant de la loi 101, ce qui, jusqu'à
maintenant, a donné lieu d'ailleurs à très peu de travail
et à très peu d'enquêtes. Je pense qu'il y a eu deux
plaintes et deux enquêtes.
Du côté de la conciliation, pour la première
convention collective, nous avons eu à nommer, suite à la loi 45
amendant le Code du travail, certains conseils d'arbitrage de la même
façon que nous avons eu l'occasion de nommer différents
enquêteurs dans le but d'enquêter sur la présence de
personnes n'étant pas autorisées à travailler dans le
cadre d'un conflit de travail.
En ce qui a trait à la conciliation volontaire et aux efforts que
nous tentons de faire en matière de prévention dans les relations
de travail, je dois dire qu'il y a, depuis de nombreuses semaines, des
concours. Un premier concours a déjà eu lieu et un second est en
cours pour de nouveaux postes au service de conciliation.
Il y a également le comité dit Thibaudeau qui m'a fait
rapport récemment sur la question de l'opportunité ou non de
créer une commission qui enquêterait sur l'ensemble des relations
de travail au Québec et un groupe de travail qui s'attache à la
question de l'application de la Loi des décrets.
Du côté de la main-d'oeuvre, il y a
évidemment...
Pardon?
M. Bellemare: Comment s'appelle le comité?
M. Johnson: II n'a pas de nom. C'est un comité qui
étudie la question des décrets.
Du côté de la main-d'oeuvre, il y a d'abord la localisation
de certains centres de main-d'oeuvre. Je sais qu'il y a des gens autour de
cette table qui ont déjà fait la demande de voir des bureaux de
main-d'oeuvre s'installer dans leur comté ou dans une
municipalité donnée.
Nous avons au total 63 ou peut-être 65 bureaux régionaux,
locaux ou sous-régionaux qui sont distribués un peu partout
à travers le Québec; les trois plus récents qui sont
annoncés, même s'ils ne sont pas implantés, ils ont
commencé à être implantés, sont ceux des
Iles-de-la-Madeleine, de Mont-Laurier et de Laval.
En matière de construction, puisque je parle de main-d'oeuvre et
que cela n'émarge pas nécessairement, précisément,
à un budget, il y a la présence, au ministère depuis
quelque temps, d'un conseiller en matière de construction. Nous avons,
évidemment, adopté le règlement de placement, l'automne
dernier. Il y a le comité Hébert qui doit me donner son rapport
d'ici la fin du mois.
Les auteurs ont été retardés à cause de la
maladie d'un des membres importants du comité. Le comité des
conditions de vie sur les chantiers éloignés qui est en ce moment
en plein travail.
En matière de prévention et de recyclage de la
main-d'oeuvre, un groupe revoit depuis quelques mois toute la question des
licenciements collectifs, non seulement au niveau de ce que j'ai entendu
appeler la thanatologie ou l'embaumement après les fermetures d'usine,
mais aussi en termes de prévention. Dans quelle mesure le
ministère peut-il avoir une action préventive en matière
de licenciement collectif et de tenter, entre autres, de faire une jonction
entre ces comités de recyclage et les programmes de formation
professionnelle des adultes? Ce qui m'amène à vous parler de
cette question de la formation professionnelle des adultes où il y a un
double contentieux, d'abord un contentieux interne au Québec, d'une
certaine façon, entre le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre et celui de l'Education parce que ce sont deux ministères
qui ont de nombreux effectifs qui s'occupent de la question de la formation
professionnelle des adultes et qu'il y a des zones grises, évidemment,
difficiles à déterminer quant à la présence, aux
pouvoirs, aux orientations que chacun des deux groupes peut donner à ces
questions. Il y a en ce moment un groupe interministériel, au niveau du
comité de développement social, qui revoit cette question de
formation professionnelle des adultes. Du côté de l'apprentissage,
nous avons obtenu avec plaisir la collaboration à la fois des syndicats
et des entreprises dans le cas, entre autres, des métiers de la
construction pour lesquels nous sommes à réviser les programmes
d'apprentissage et, finalement, du côté de l'inspection, nous
avons adopté, comme vous le savez, trois lois récemment, qui sont
au stade de la troisième lecture. Evidemment, le groupe a
été actif, cette division a été active
au-delà de ses activités habituelles dans la question de la
préparation d'un livre blanc sur la santé et la
sécurité au travail.
Voilà, M. le Président, ce que sont les
événements et les activités qui peuvent être
considérés comme nouveaux pour les membres de cette commission
depuis l'étude des crédits 1977/78.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Laurent.
Remarques de l'Opposition M. Claude Forget
M. Forget: Merci, M. le Président. Je m'en tiendrai
également à des remarques très brèves;
premièrement, pour féliciter et souhaiter bonne chance au nouveau
sous-ministre du Travail qui vient se joindre à une longue liste de
successeurs dans un poste qui comporte probablement plus que sa part de
difficultés. Sur le plan des nouveaux éléments dont vient
de faire état le ministre, ce que j'aimerais souligner, c'est qu'en
dépit des indications de développement et même de la
législation nouvelle adoptée durant la dernière
année et qui a pris la forme du projet de loi 45 de la dernière
session, ce qui est notable dans le budget de la prochaine année du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, c'est que nous sommes en
face d'un taux d'accroissement extrêmement faible de l'ensemble des
crédits puisqu'il y a un taux global d'une année sur l'autre qui
est inférieur à 1%. Quand on sait que la
rémunération et la croissance de la rémunération
des fonctionnaires du ministère dépassent considérablement
ce chiffre-là, on est forcé de constater que, dans l'ensemble, en
termes de volume d'activité ou de volume de main-d'oeuvre, volume donc
de services qui seront rendus par le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, on est en face d'une diminution absolue pour l'année qui
s'en vient par rapport à l'année antérieure. C'est une
diminution qui est paradoxale, puisque, encore une fois, il y a des exigences
nouvelles dans la loi; la loi 45 prévoyait en particulier des conseils
d'arbitrages lors d'une première convention collective. Il y avait
également l'indication d'une intention gouvernementale de stimuler
l'utilisation des services de conciliation et de prévention de conflits,
de différends, par une meilleure accessibilité de ces services;
il y a également les dispositions de l'article 97, la fameuse clause
antiscab, qui suppose des enquêteurs, du personnel pour voir à son
application. (16 h 45)
On se demande un peu comment, dans le contexte d'une diminution absolue
du nombre des fonctionnaires du ministère du Travail, il sera possible
d'être à la hauteur de ces nouvelles tâches, à
supposer même qu'il soit possible d'envisager que le niveau de l'an
dernier des activités du ministère ait été
suffisant.
On se souvient que dans des secteurs importants, en termes de personnel
au moins, nous étions déjà dans une situation de grande
pauvreté. Je pense en particulier aux services de main-d'oeuvre, les
bureaux de main-d'oeuvre du Québec qui ont été dans un
état de sous-alimentation chronique. Je pense que c'est exact de le
dire. Ils font souvent, même toujours, figure de parents pauvres
vis-à-vis des bureaux de main-d'oeuvre du gouvernement
fédéral. L'annonce qu'on a ouvert trois nouveaux bureaux, les
crédits, dans l'ensemble du ministère, subissant une diminution
en termes réels d'une année à l'autre, ne laisse pas
supposer qu'on a des effectifs très généreux à leur
accorder, ni à accorder, en général, aux 63 bureaux qui
existaient déjà.
Donc, de ce côté, il nous semble que le ministère du
Travail absorbe sa part, et peut-être plus que sa part, des coupures
budgétaires gouvernementales et se met dans la position de ne pouvoir
véritablement assumer les défis ou les tâches qui sont les
siennes.
Ceci dit, sur le plan général des ressources disponibles
au ministère je reviendrai plus tard sur les affectations
particulières au moment de l'étude de chacun des postes
budgétaires j'aimerais m'écarter un peu de la tradition
qui a
voulu que la plupart des années l'étude des crédits
du ministère du Travail porte sur l'examen des intentions
législatives du ministre. A cet égard, l'an dernier en
particulier, nous avions, par la bouche d'un autre ministre, appris un
très grand nombre de choses, parfois étonnantes, sur les
intentions du gouvernement, dans le domaine de la législation du
travail. D'ailleurs, le discours inaugural de 1977 nous avait fait anticiper
des changements au Code du travail, qui sont venus, sous la forme de la loi 45,
des changements à la loi sur les conditions minimales de travail, qui ne
sont pas venus.
M. Johnson: Qui s'en viennent.
M. Forget: Une véritable politique sur la santé et
la sécurité physique des travailleurs, qui n'est pas venue non
plus; des modifications à la Loi des accidents du travail qui semblaient
d'importance, dans les intentions du gouvernement, à l'époque,
mais qui sont venues sous une forme beaucoup plus modeste, et des modifications
à la Loi sur l'indemnisation des victimes d'amiantose et de silicose
qui, comme telles, quant au fond, ne sont pas venues; bien sûr, il y a eu
des amendements de concordance à l'occasion de certaines modifications
à la Loi des accidents du travail.
Dans le discours inaugural de cette année, on a été
beaucoup plus modeste. On nous a répété à nouveau
qu'il y aurait une loi sur les conditions minimales de travail, incluant le
congé de maternité. Nous attendons encore et nous n'avons pas
l'intention d'en discuter ici, puisqu'on nous promet un autre forum pour en
discuter. Espérons que nous en discuterons effectivement avant la fin de
l'année.
Pour ce qui est de la santé et de la sécurité des
travailleurs, on nous promet non plus une loi, mais un livre blanc. De cela non
plus, nous n'avons pas l'intention de discuter.
Je remarque cependant, M. le Président, que la question des
amendements ou des changements profonds d'une refonte du Code du travail n'est
mentionnée que par le biais d'une remarque incidente du ministre sur le
comité Thibodeau, qui a été chargé de regarder la
faisabilité d'une telle recherche, d'une telle démarche. Les
prédictions que j'avais faites en décembre dernier, lors de
l'étude de la loi 45, sont en voie de se réaliser
progressivement, M. le Président, puisque j'avais prédit que
cette promesse d'un regard en profondeur sur l'ensemble de la
législation du travail se ferait à un rythme très
délibéré, très délibérément
lent et qu'on ne saurait qu'au printemps ou à l'été si le
gouvernement procéderait ou non dans cette direction. Le printemps est
sérieusement avancé et on n'a toujours pas de décision
à cet égard. J'avais prédit que la nomination de la
commission, si le gouvernement décidait de ce faire, procéderait
à un rythme également délibéré et
délibérément lent, et que, pour ce qui est du rapport, on
pouvait s'attendre que rien ne sorte d'un tel travail avant qu'une autre
élection ne soit passée, de manière à reporter,
d'une façon convenable et agréablement lointaine pour le
gouvernement, toute conclusion des travaux dans ce secteur.
Nous restons donc, M. le Président, avec l'administration
courante du ministère, puisque, sur le plan législatif, il semble
bien que les promesses gouvernementales ne seront pas réalisées
sous peu, dans un contexte d'austérité, de ressources peu
abondantes, mais ce n'est pas surtout l'aspect que j'aimerais faire ressortir
dans ces remarques préliminaires. Il est question d'examiner les
crédits du ministère du Travail. Je pense qu'il serait
approprié, avant de faire cela, de s'interroger un peu sur la
philosophie, que le ministre a utilisée ou dont il nous a
régalé à l'occasion, relativement au sens de
l'intervention du ministère du Travail, généralement dans
les conflits de travail, de même que le sens de l'intervention
gouvernementale ou politique du ministre lui-même. Les crédits, en
somme, ce sont les moyens que le gouvernement se donne pour mettre à
exécution sa politique dans le domaine des relations de travail. Le
ministre a tenu des propos et a eu des comportements assez contradictoires au
cours des derniers mois. Il a prétendu, à certains moments,
vouloir dépolitiser les relations de travail, vouloir laisser aux
mécanismes habituels du ministère un rôle complet et il a
prononcé là-dessus des paroles fort admirables qui frôlent
presque le désintéressement.
Cependant, cela ne l'a pas empêché, quand il le jugeait
utile et politiquement rentable, d'intervenir non seulement pour freiner le
zèle de son ministère, le cas échéant, ou pour le
stimuler davantage, si c'était utile, mais il est intervenu de bien
d'autres façons. Il est même intervenu dans un cas en particulier
pour porter des jugements sur le fonctionnement des tribunaux, dans le cas de
la Commonwealth Plywood en particulier, pour porter un jugement sur une
sentence rendue par un tribunal, alors que le ministre lui-même est
intimé, est partie devant ce tribunal dans la cause qui vise le fond de
la question. C'est un exemple flagrant de l'intervention gouvernementale et
politique dans un dossier de relations de travail. On peut se demander ce que
le ministre a fait de son magnifique principe de non-politisation dans un cas
comme celui-là. Il a fait des déclarations également fort
admirables en une journée, en particulier, à savoir qu'il
détestait la violence dans les conflits de travail, et qu'il ferait tout
pour l'empêcher, mais a nié le lendemain avoir affirmé
qu'il ferait tout pour l'empêcher. Il a dit qu'il la détestait
tout simplement sans indiquer ce qu'il ferait pour l'empêcher.
Quand on relit cette déclaration sur la violence et son
hésitation à intervenir pour l'empêcher, avec ce qu'il a
dit dans le dossier de la Commonwealth Plywood, alors que des actes de violence
avaient été posés, encore là, on peut se demander
si le ministre est cohérent, s'il a, vis-à-vis du rôle du
ministère, du rôle des tribunaux, du respect de la loi, des
notions qui sont toujours les mêmes ou s'il change de théorie au
fur et à mesure des circonstances. C'est une question qui ne se pose pas
seulement dans un dossier.
On peut se demander pourquoi, soudainement, lorsque les
négociations relatives au transport en commun dans la région de
Montréal étaient rendues à un point culminant et à
un point décisif, il a jugé que les mécanismes ordinaires
du ministère du Travail n'étaient plus suffisants, et qu'il s'est
permis une intervention en disant que jamais il ne tolérerait que
certaines clauses soient négociées. C'était là,
évidemment, une intervention politiquement fort judicieuse dont il a
récolté les bénéfices, mais c'est malgré
tout un écart substantiel par rapport aux principes de non-intervention
politique dans une négociation.
On peut se demander pourquoi, à l'opposé, il n'a pas
jugé bon d'intervenir dans la négociation au journal Le Soleil,
préférant, cette fois, laisser les mécanismes ordinaires
suivre leur cours. On peut se demander jusqu'à quel point le conflit qui
implique 10 000 travailleurs sur la Côte-Nord, travailleurs des mines de
fer dans la région et des travailleurs associés se
déroule, et va se dérouler effectivement en fonction des
mécanismes administratifs habituels du ministère et ce qui motive
le ministre à se désintéresser, apparemment, totalement de
ce conflit.
Il semble, du moins d'après certains rapports qui nous
parviennent, qu'on veuille, de ce côté, faire porter la
négociation sur des dispositifs relatifs aux conditions de travail et,
en particulier, à la santé et à la sécurité
sur les lieux de travail et que le gouvernement voit là une bonne
occasion de faire faire son travail, en préparation de sa
législation, sur le dos des travailleurs impliqués dans cette
industrie, plutôt que de prendre les devants et dire: Ce n'est
peut-être pas la peine de faire une grève de six mois pour un
sujet sur lequel le gouvernement a déjà fait son lit. Mais, de ce
côté-là, c'est motus et bouche cousue. On attend de voir
qui va tirer les marrons du feu, peut-être, du côté du
gouvernement. C'est du moins une interprétation possible, M. le
Président, de ce silence gouvernemental.
M. le Président, c'est, en quelque sorte, une question qui se
pose préalablement à l'étude des crédits,
crédits qui n'offrent rien de nouveau, si ce n'est une diminution, en
termes réels, des ressources disponibles au ministère du Travail.
Au moment où le ministre prétend vouloir donner un rôle
accru aux mécanismes professionnels de conciliation, de
médiation, au même moment, il voit s'effectuer une coupure en
termes réels dans ses crédits, alors même qu'il vient de se
faire donner dans une loi des missions additionnelles des plus exigantes de
contrôle, d'enquête, de surveillance.
Il est difficile de concilier l'affirmation des principes avec le fait
brutal que les crédits sont en diminution et, d'autre part, avec des
gestes précis posés par le ministre dans un passé
très récent, qui est intervenu de façon parfois même
spectaculaire, sans précédent, soit pour contrecarrer, en quelque
sorte, certainement rendre plus difficile l'exercice, par les tribunaux, de
pouvoirs que les lois leur reconnaissent, dans un contexte que le ministre a
lui-même reconnu comme étant un contexte ambigu sur le plan de la
loi, contexte, cependant, sur lequel il n'a pas l'intention d'agir par une
clarification aux lois du travail. Il a reconnu, lors du débat sur la
loi 45, l'automne dernier, que tous les problèmes qui sont posés
par Commonwealth Plywood en particulier, quant à l'appartenance, qui est
propriétaire de l'accréditation syndicale, quel est le
véritable et légitime syndicat dans une situation
particulière, il a reconnu que c'était un domaine absolument
confus dans nos lois du travail et qu'il y aurait intérêt à
les préciser.
Il ne faut pas s'étonner si, étant donné qu'il y a
confusion, certaines parties cherchent à en tirer avantage. Plutôt
que de critiquer telle ou telle partie de vouloir tirer avantage d'une
confusion qui existe dans les lois, plutôt que de porter des jugements,
encore une fois, sans précédent, même sur le fonctionnement
des tribunaux, il serait plus sage que le ministre passe aux actes quant
à la clarification des lois qui permettent, justement, d'exploiter des
situations troubles. (17 heures)
Alors, devant tout ça, nous sommes perplexes, M. le
Président, et nous pensons que le ministre a trouvé une
façon ingénieuse de faire de la politique sur le dos des
relations de travail, comme cela s'est malheureusement fait trop souvent dans
le passé, mais il n'y a rien de neuf sous le soleil et, de ce
côté, on n'est pas encouragé par les perspectives
budgétaires du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Saint-Laurent. M. le député de
Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, je n'ai pas besoin de vous
dire que j'étais bien heureux quand le ministre nous a
présenté ses sous-ministres. J'ai regardé avec beaucoup
d'attention où était rendu M. Laporte. C'est peut-être le
grand absent aujourd'hui. Il y a peut-être de bonnes raisons. J'apprends
qu'il n'est plus sous-ministre. Le ministre nous dira peut-être qu'il
s'en est départi afin de mieux diriger lui-même son
ministère à cause de la responsabilité
ministérielle, mais il faudrait aussi rendre témoignage à
ceux qui ont bien servi, comme M. Laporte. Cela n'a pas été de
mon temps comme ministre, mais j'ai su l'apprécier dans d'autres
circonstances où le ministre d'aujourd'hui disait qu'on jouait aux
pompiers comme ministre. M. Laporte a travaillé jour et nuit dans
certains conflits qui nous ont réellement inquiétés et je
pense que sa participation...
Je pense qu'on doit rendre témoignage à la
vérité aujourd'hui. Il a été un excellent
fonctionnaire. Je comprends que cela n'est peut-être pas le genre que
voulait avoir le ministre. Je ne discute pas cela, mais le député
de Saint-Laurent vient de parler de budget.
Je salue avec beaucoup d'amitié M. Matte qui est ici et
que le ministre n'a pas nommé et qui est depuis longtemps le
grand argentier du
ministère. Sa persévérance et sa
ténacité en ont fait un homme reconnu au ministère des
Finances d'abord et, après cela, au ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, mais M. Matte a toujours été, comme
trésorier...
M. Johnson: ... du parti, oui! M. Bellemare: Non. M.
Chevrette: Lapsus!
M. Bellemare: Lapsus. ... du ministère un administrateur
financier et un homme extrêmement discret, mais sévère, et
je le félicite, de ce point de vue, quant au rapport du ministre, cette
année il nous dit qu'il y a une augmentation de 0,8% au budget. Quand on
a un budget de $13 milliards, qu'on doit répondre on vient de
l'atteindre à 3 millions de travailleurs, qu'on s'aperçoit
que le ministère, qui est un des ministères vitaux de
l'administration provinciale, a une augmentation de $647 000 pour
l'année 0,8% quand des ministères beaucoup moins
importants ont des augmentations de 5%, 8% et 10%, je me demande si le ministre
a bien plaidé sa cause ou s'il pense qu'avec le budget qu'il a
aujourd'hui, il pourra répondre à tous les
événements nouveaux qu'il nous a cités. Il y a les
relations de travail, la conciliation en vertu de la loi 45, les
premières conventions collectives, le rapport Thibodeau, qui doit
accoucher d'ici quelque temps, la Loi sur les décrets, le comité
spécial qui a été formé, le Bureau de la
main-d'oeuvre c'est une chose très importante puisqu'il y en a 65
aujourd'hui dans la construction, et probablement que le ministre me
parlera tout à l'heure, pas tout de suite, du projet de la loi 290. On
m'a dit que j'étais le père de ce projet 290 et que mes enfants
n'avaient pas été ce que j'avais conçu. Une chose est
certaine, c'est que le budget de $647 000 d'augmentation, 0,8%, m'effraie.
Pourtant, je pense que le ministre a plus d'influence que cela auprès
des ministres et du Conseil des ministres puisqu'il est le dauphin, maintenant,
presque attitré, du premier ministre. Alors, il doit, je pense, avoir
beaucoup plus de chance d'avoir des budgets qui correspondent aux besoins
d'aujourd'hui. Il y a une chose qui reste certaine, M. le Président,
c'est que, dans un mois, le ministre va célébrer son premier
anniversaire comme ministre du Travail. C'est une grande responsabilité.
Je dois admettre qu'il a agi avec beaucoup de souplesse. Je dois lui dire cela
parce que je sais quelles responsabilités il a. Il a une imagination
très vive pour ne pas répondre à nos questions et nous
envoyer à côté de celle qu'on pose, pour nous distraire et
faire que la réponse est bien convenable, mais ce n'est pas cela du tout
qu'on voulait savoir. Je le félicite pour son imagination et surtout
pour certaines forces d'esprit et de ténacité qu'il a
manifestées aujourd'hui.
Quand je regarde, M. le Président, le nombre de grèves et
de lock-out qu'il y a eu dans la province, je suis porté à
féliciter le ministre. C'est une des premières années
où le nombre de grèves et de lock-out diminue puisqu'en 1975, il
y en avait 316; en 1976, il y en avait 260 et que, ce matin, le dernier rapport
que j'ai ce matin, c'est un total de 200. Cela impliquait, en 1975, 179 114
travailleurs; en 1976, 131 020 et, en 1977, M. le Président, tenez vous
bien, seulement 27 960 travailleurs.
M. Forget: Les travailleurs en chômage ne sont pas...
M. Bellemare: Le député de Saint-Laurent me dit que
les travailleurs qui sont en chômage ont augmenté de 335 000;
c'est vrai, mais il reste un fait, un exemple: les conventions collectives qui
deviennent échues sont ou réglées ou non
réglées, ou il y a grève ou il y a lock-out, et, en 1975,
il y a eu 3 292 575 jours perdus; en 1976, 3 440 230 et, cette année,
seulement 994 000. Cela aussi compte. Je comprends que le chômage peut y
être pour quelque chose, un élément différent, mais,
quand on arrive avec une convention collective qui date de deux ans, trois ans,
en reprenant les statistiques de 1975, 1976, 1977, on s'aperçoit qu'il y
a véritablement un nouveau "spirit" et je m'en réjouis. Je ne
suis pas seulement un partisan d'un parti politique, mais je suis aussi un
législateur qui se réjouit de la progression que fait
présentement le ministère du Travail quant aux conflits de
travail. Je ne dis pas que c'est parfait. Quand on regarde certains cas
particuliers, il y a des exceptions; Commonwealth Plywood, cela en est une,
comme il y en avait une avec United Aircraft il n'y a pas si longtemps. Mais je
pense que c'est un document, M. le Président, qui prouve que, dans le
ministère, il y a eu une bonne participation et que la loi 45 va
peut-être amener de grosses améliorations quant aux nouvelles
conventions collectives aussi; la première et la nouvelle.
Parce qu'on ne peut pas comprendre que, dans une province comme la
nôtre, en vertu de l'article 81a du projet de loi 45, où il y a
maintenant 3 millions de travailleurs, on ait seulement 827 000
syndiqués. Il reste qu'il y a 2 200 000 travailleurs, en vertu de la loi
des décrets, qui vivent peut-être des conventions de boutiques. Il
y a aussi une grande proportion qui n'est pas syndiquée, les petits,
petits, ce ne sont pas ceux-là qu'on protège le plus dans les
syndicats. Je dis que c'est là où les syndicats devraient faire
une démarche spéciale pour qu'on puisse avoir un nombre plus
considérable de syndiqués dans la province.
Je pense, M. le Président, que jusqu'ici, le ministre s'est assez
bien tiré d'affaire. On peut dire que le bilan de sa première
année s'avère relativement assez positif. Au cours de
l'année 1977, il va sans dire que c'est le projet de loi 45 qui a retenu
l'attention du ministre et aussi d'un très grand nombre de
Québécois. Comme nous l'avions dit à l'époque, nous
aurions préféré que le ministre jette les bases d'une
véritable profondeur du Code du travail.
J'ai demandé avec insistance, par des motions que j'ai faites en
Chambre il y a déjà quatre ans,
trois ans, deux ans et l'an passé, qu'on institue une commission
royale d'enquête pour connaître à fond les
déficiences du Code du travail. Ce n'est pas tout d'entendre ceux qui
vont venir critiquer le ministre, de dire que tel employé, dans telle
circonstance, a commis des erreurs. Mais c'est bien d'entendre les professeurs
de droit du travail d'université nous dire: II y a un nouveau terme
qu'il faut adopter avec les nouvelles prescriptions dans lesquelles on vit.
On vit des jours différents de ceux que j'ai vécus en 1969
et on a, depuis ce temps-là, amélioré,
amélioré, amélioré, mais c'est du
rapiéçage, il n'y a rien, au point de vue du Code du travail qui
a été... Je dis, il n'y a rien, il y a le bill 45 qui a
apporté certains changements et qui a réellement aidé.
Mais l'ensemble du Code du travail devrait être, soit comme
prévention ou soit pour faciliter les pourparlers entre les patrons et
les employés, on devrait trouver des réserves
particulières.
Je pense, M. le Président, qu'à notre point de vue, les
mesures qui donnaient un bon coup de barre, dans la bonne direction, par le
bill 45, ont été, jusqu'à maintenant, assez bien
reçues de la part de la population. Je pense, par exemple, à la
conciliation volontaire. Cela a eu son attrait. Je pense aussi aux dispositions
sur la première convention collective, cela a été un pas
en avant; je pense aux nouveaux délais pour les droits de grève;
je pense aux mesures "antiscabs", ainsi de suite, dans le projet de loi 45.
On peut donc dire que 1977 fut une année chargée pour le
ministre au point de vue législatif. En 1978, si l'on se fie aux
déclarations tant du ministre que du premier ministre, de même que
de ses collègues, je songe entre autres au ministre d'Etat au
développement social, M. Pierre Marois, on peut dire que l'année
en cours en sera une chargée au niveau législatif. Je donne, par
exemple, des titres.
Suite au rapport Martin-Bouchard, le ministre vient à peine de
nous annoncer le dépôt, pour bientôt, de trois lois qui
seront fort importantes et contentieuses, au point de vue du
réaménagement des règles du jeu pour la prochaine ronde
des négociations dans ces deux secteurs.
Si on songe au débat passionné qui a eu lieu sur les
services essentiels lors de la passation de la loi 253, sous l'ancien
gouvernement, on peut s'attendre aussi à un débat animé
sur ces projets de loi nouveaux.
Le ministre nous a également annoncé avec l'aide de son
collègue, le ministre d'Etat au développement social, une loi sur
les normes minimales de travail, et ceci, pour très bientôt, loi
sur les normes minimales de travail avec son ministre des Affaires sociales,
loi que son prédécesseur nous avait annoncée
l'année dernière, à ce temps-ci. Malgré un large
consensus au niveau des principes sur ce projet de loi dans presque tous les
secteurs, on peut s'attendre que la discussion sur les détails sera
assez longue. A ces deux séries de projets de loi va s'ajouter
sûrement le livre blanc sur la sécurité et l'hygiène
au travail. Depuis des années et des années, tous les gouver-
nements, quels qu'ils soient, ont prôné cet idéal de voir
à la sécurité et à l'hygiène au travail.
D'ailleurs, M. Pierre Marois, dans son livre blanc, en fait une
très large diffusion, ce qui donnera lieu sûrement à des
consultations et qui aboutira, je l'espère, dans les plus brefs
délais, dans le cadre de la médecine du travail, à une
série de lois qui correspondront véritablement à l'esprit
que tous les législateurs veulent obtenir au point de vue du
travail.
Et comme ce n'était pas encore suffisant, nous devons
également prendre en considération deux comités
d'étude dans le secteur névralgique de l'industrie de la
construction. Le ministre a dit un mot tout à I heure du comité
Hébert qui remettra d'ici peu, s'il ne l'a pas fait encore...
M. Johnson: A la fin du mois.
M. Bellemare: ... à la fin du mois, son rapport sur une
révision complète de la Loi sur les relations de travail dans
l'industrie de la construction. Ce doit être en ce qui concerne la loi
290.
Vous comprendrez, M. le Président, qu'il s'agit là d'un
bébé qui me tient particulièrement à coeur, qui a
grandi, qui a "gesté "...
M. Johnson: Qui est délinquant un peu.
M. Bellemare: Pardon?
M. Johnson: Qui est délinquant un peu.
M. Bellemare: II n'y a pas eu de délinquance. Il y a eu,
mon cher monsieur, de larbitraire de la part de certaines personnes. C'est
clair. Le comité d'étude Lecompte-Murray étudie les
conditions de vie dans l'industrie de la construction sur les chantiers
isolés ou les chantiers éloignés. (17 h 15)
Comme vous le voyez, M. le Président, ce ne sont pas les projets
importants qui manquent. Au contraire, le ministre est bien intentionné
et il nous l'a manifesté dans plusieurs circonstances. Il y a
énormément de pain sur la planche dans le domaine des relations
de travail pour 1978.
Parmi tous ces projets de loi, il y en a un qui m'intéresse plus
particulièrement, que je n'ai pas encore mentionné, et qui me
préoccupe grandement depuis mon retour en politique active. C'est le
dossier auquel je faisais allusion pour la première fois lors d'un
discours en Chambre, en 1975, et qui concernait la mise sur pied d'une
commission d'étude sur une réforme complète des relations
de travail au Québec, particulièrement de notre Code du
travail.
Ce n'est pas tout de critiquer, ce serait bon d'entendre des
sociologues, des politicologues, des gens qui ont véritablement
enseigné le droit ouvrier, qui sont dans les universités ou dans
les centrales syndicales qui pourraient nous dire ce qui va remplacer les
conventions collectives avant longtemps.
Vous verrez, M. le ministre, que les conventions collectives tirent
à leur fin. On les viole, on passe par-dessus, on arrête, on a des
congés, on
s'accorde des délais d'étude. C'est contraire à
l'intérêt public qui veut qu'une convention collective
signée de bonne foi soit respectée par les parties, quels que
soient les griefs qu'on ait. On n'a pas le droit de briser un contrat
signé après tant d'heures, tant de semaines et tant de mois de
négociations. Mais parce qu'arrive une incidence un peu malheureuse un
jour, dans une industrie, eh bien, bang! le lendemain matin, mon cher monsieur,
"strike-out", excusez-moi, grève générale ou
ralentissement du travail.
Ce n'est pas conforme à notre tradition parlementaire ni à
notre Code du travail que de prendre une incidence malheureuse ou n'importe
quoi pour en faire un débrayage, pendant que la convention collective a,
dans ses critères de base, des moyens qu'on appelle des séances
de griefs ou d'arbitrage.
Il y a à peine quelques semaines, j'ai demandé au ministre
où en était rendu ce dossier. Il m'a répondu qu'un
comité de son ministère était en train de formuler, en
collaboration avec les parties syndicale et patronale, certaines propositions
qui pourraient être le mandat, la composition, l'échéancier
d'une telle commission. Le ministre aurait tout avantage à voir et
à entendre ces gens qui ont quelque chose à dire à cause
de leur expérience. En tout cas, M. le Président, c'est toujours
mieux que ce que j'ai entendu sous l'ancien gouvernement. Ce n'était pas
suffisant que de le mettre comme motion à l'ordre du jour de
l'Assemblée nationale. Jamais personne n'en a tenu compte.
Au lendemain du rapport Cliche, j'ai demandé au gouvernement
Bourassa de procéder, dans les plus brefs délais possibles,
à une véritable réforme en profondeur du Code du travail.
Je disais entre autres, à ce moment-là: "Le Québec a
besoin d'un souffle nouveau dans le domaine des relations de travail, car le
malaise est beaucoup plus profond que peuvent le laisser croire les
révélations qui ont été faites devant la commission
Cliche. Le Québec doit faire montre d'initiatives nouvelles, de
créativité, d'esprit innovateur pour établir un dialogue
positif et réaliste entre les trois partenaires de l'économie du
Québec si on veut véritablement qu'elle vive et qu'elle
survive qui sont les travailleurs, les patrons et l'Etat. Il est temps
que le Québec fasse un examen de conscience sérieux, qu'il aille
vraiment au fond des choses et qu il analyse les défauts qui existent
encore dans le Code du Travail. Là, au moins, nous aurons plus que des
"réformettes". Avec cette commission royale d'enquête, M. le
Président, nous serons en droit de nous attendre à des
recommandations globales issues des mêmes principes de base et faisant
partie d'un plan d'ensemble logique, réaliste et conforme aux besoins
des Québécois.
M. le Président, le Code du travail, qui a été
inauguré en 1964, a vécu quatorze ans des réformes qu'on y
a introduites, soit les inspecteurs, soit les commissaires-enquêteurs ou
le Tribunal du travail qu'on a instauré, nous, pour essayer de rendre
plus faciles et les griefs et les questions de l'arbitrage. Il y a
énormément de choses encore qu'on pourrait entendre des
véritables professeurs, de ceux qui ont mission particulièrement
d'exercer le droit de grève ou le droit du respect du code. On pourrait
apprendre bien des choses.
Le fait que le présent gouvernement soit plus réceptif me
réjouit énormément. Je pense que le ministre semble
vouloir comprendre qu'il y a là un besoin, en 1978, qui est
excessivement nouveau. M. Roger Thibodeau, c'est un grand maître dans les
questions du Code du travail. Je l'ai consulté en plusieurs
circonstances et je peux me réjouir des décisions qu'il m'a fait
prendre. Je voudrais bien que cette joie qui m'anime soit complète, mais
elle ne sera complète que lorsque le mandat de la commission sera de
procéder à une réforme en profondeur du Code du travail
qui tiendra compte des rapports collectifs dans le monde du travail et de leur
évolution depuis les dix dernières années. C'est M. Jean
Sexton, professeur au département des relations industrielles de
l'Université Laval, qui écrivait un peu avant la nouvelle
année, ceci, et je cite: "On est maintenant habitué, au
Québec, d'entendre parler de réformes dans le domaine du travail,
et même de réformes globales, et ce, chaque fois qu'un
problème majeur survient."
Ce phénomène est normal. Cependant, il faut être
logique. Si on veut réellement réexaminer le monde du travail
québécois, faisons-le, mais de façon systématique,
complète et cohérente. Jusqu'à maintenant, même si
on a beaucoup parlé de réformes, on n'en a jamais fait de
façon systématique, complète et cohérente,
peut-être à cause des intérêts en place ou
peut-être je ne veux accuser personne que pour certains
autres intérêts il ne serait pas avantageux de s'aventurer dans
une telle réforme globale. J'espère que tel n'est pas le cas,
car, alors, il y aurait grand risque de s'enliser dans l'insignifiance du statu
quo ou de la perpétuation du chaos.
Je termine. Si on ne veut pas faire la révision fondamentale du
Code du travail, alors qu'on le dise, mais, encore, qu'on soit logique et
cohérent. Je ne saurais trop insister sur la pertinence d'une telle
remarque. J'aimerais bien que le ministre puisse nous donner son opinion
dès aujourd'hui, si c'est possible, sur cet aspect très
particulier de la question, car il me paraît fondamental que le ministre
essaie d'y répondre avec justesse et sagesse. Il n'est pas sans savoir
qu'il marquera alors l'histoire de l'évolution du Code du travail pour
plusieurs années à venir.
L'année passée, on avait subi un débat
extraordinaire du député de Joliette, qui nous avait
annoncé toute une réforme sur ce qu'on a appelé le
ministère des ressources humaines. Vous trouverez cela dans le rapport
de la commission du travail. Monsieur avait fait une sortie. Il nous avait
même dit: Je vous le promets, c'est presque réglé. Il s'est
acheté un habit neuf, mais il n'a pas été nommé
ministre. Ce qui est arrivé, c'est que les ressources humaines, je ne
sais pas si son successeur, le prédécesseur ou l'ascenseur de
l'autre va parler du ministère des richesses humaines, encore, mais, cet
après-midi...
M. Chevrette: Bien sûr! Laissez-moi quelques minutes et
vous allez voir.
M. Bellemare: Vous allez nous répéter ce que vous
nous avez dit l'année passée mais il n'y a rien eu de
changé.
M. Chevrette: Cela ne fait pas trente ans que je vous
répète la même chose. Cela ne fait que quelques mois.
M. Bellemare: Ah! Ce que vous avez dit était tellement
précis qu'aujourd'hui on n'y croira plus. Même si vous nous
défendez d'en parler, on va en parler quand même. C'est clair. La
décision qu'il aurait pu prendre d'ici peu en est une de grande
importance. C'est avec beaucoup d'humilité et d'amitié que je lui
ai fait part de mon opinion personnelle l'an passé, comme de celle du
député de Saint-Laurent. Le résultat: Nil, niet. En ce qui
concerne les crédits proprement dits, nous aurons l'occasion, dans les
quelques jours qui vont suivre, de pouvoir les aborder et de les discuter
longuement, parce que nous tenons à faire véritablement notre
travail, qui est excessivement délicat cette année, parce qu'il y
a des remarques qui sont justes, à point. Nous les ferons avec beaucoup
de discernement, mais avec beaucoup d'attention. J'espère qu'elles
seront reçues avec avantage.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Johnson. M. le ministre.
Réponse du ministre
M. Johnson: M. le Président, si vous me permettez
d'exercer, brièvement, mon droit de réplique à
l'égard de l'Opposition... D'abord, j'ai omis de présenter au
député de Johnson, dont je connais l'intérêt
anecdotique pour le ministère et les différents organismes qui en
dépendent, M. Jean-Yves Gagnon, qui est le nouveau président de
la Régie des entreprises de construction, qui est avec nous aujourd'hui
et qui, comme le sait le député de Johnson, a le statut de
sous-chef pour la section qu'il dirige.
Peut-être d'abord reprendre, brièvement, certains des
points soulevés par le député de Saint-Laurent qui
s'étonne, comme le député de Johnson, du peu
d'accroissement des budgets du ministère, compte tenu des nouvelles
missions accordées ou imposées, entre autres, découlant de
la loi 45. Je voudrais simplement souligner deux choses: D'abord, dans le cas
des arbitrages de premières conventions collectives, c'est comme dans
tous les autres cas d'arbitrage. Les frais encourus sont payés par les
parties. Alors, ça vaut pour les arbitrages de premières
conventions collectives, comme dans les autres cas.
En ce qui concerne les enquêteurs, antibriseurs de grèves,
ce sont des personnes qui ne sont pas choisies dans les effectifs du
ministère, mais à l'extérieur du ministère,
à même, en pratique, la liste des arbitres, dans certains cas;
dans d'autres cas, des gens qui ont une formation en relations industrielles ou
une formation en droit du travail et qui sont en pratique privée, et
ça, pour une raison manifeste, je pense... Oui?
M. Forget: Ils sont payés par le ministère.
M. Johnson: Mais qui sont payés, cependant, par le
ministère, c'est vrai, et c'est pourquoi, dans la phase de
préparation du budget, nous ne savions pas encore quel serait le taux de
demandes de ce côté, et nous avons laissé un fil pendre au
niveau de nos négociations, si je peux les appeler ainsi, avec le
Conseil du trésor. Il y a ce que les Anglais appellent une "open hand"
quant au budget dans le secteur "antiscabs". De façon
générale, cependant, ce taux d'accroissement, qui apparaît
minime, en pratique, correspond à trois années où on a vu
$6 millions, $2 millions et $2 millions se périmer au ministère,
et nous avons simplement procédé à un effacement des $2
millions périmés lors des deux dernières années, et
le budget est donc fait à partir des montants qui étaient
accordés au ministère, moins ce "péri-mage" de
crédits, qui a été successif sur trois ans.
On aurait fort bien pu inclure encore ces $2 millions, mais on se serait
ramassé avec, évidemment, un accroissement théorique
beaucoup plus important que celui qu'on voit en ce moment.
M. Bellemare: II y a eu des...
M. Johnson: Des crédits périmés...
M. Bellemare: ... crédits périmés dans quels
secteurs particuliers?
M. Johnson: Une bonne partie dans le secteur de la main-d'oeuvre,
une partie également dans le cas du placement étudiant
l'année dernière. L'année qui précédait,
l'année des $6 millions, le "périmage" de crédits,
ça c'est réparti... Bon!...
M. Forget: ... M. le Président... M. Johnson:
Oui?
M. Forget:... c'est un point de détail, mais les
renseignements supplémentaires publiés par le ministre des
Finances tendraient à indiquer que les crédits
périmés pour l'année qui s'est terminée le 31 mars
dernier seraient de $6 786 800.
M. Johnson: Oui. On m'explique que, pour les fins d'analyse
comptable, dans la planification budgétaire au mois d'octobre, il y
avait eu un gel des crédits, avec ce qu'on appelle une péremption
d'un montant excédant $3 millions. C'est ce qui explique, en fait, ces
$6 millions.
Si on prend l'année régulière, ça revient
à $2 millions, mais, à cause du gel des crédits d'octobre,
où il y a eu une péremption de $3 millions environ, c'est ce qui
gonfle le chiffre à $6 millions.
M. Forget: Le Conseil du trésor, en octobre, a
décidé que vous n'utiliseriez pas près de $3
millions...
M. Johnson: Oui.
M. Forget: A cela s'ajoutent $2 millions que vous n'avez pas pu
utiliser.
M. Johnson: S'il n'avait pas décidé ça, on
aurait peut-être plus de centres de main-d'oeuvre.
M. Bellemare: Oui, mais regardez ce qui arrive. En 1977/78, vous
aviez $7 502 000; en 1978/79, vous n'avez que $5 890 000. Vous avez $2 millions
de moins pour cette année. (17 h 30)
M. Johnson: A quel chapitre?
M. Bellemare: Placement étudiants.
M. Johnson: Placement étudiants, effectivement...
M. Bellemare: $2 millions de moins.
M. Johnson: ... parce qu'on tient compte du nouveau
système. Cependant, on a réparti également au-delà
de $1 million, si je me souviens bien, qu'on a envoyé au
ministère de l'Agriculture pour le placement en milieu agricole dont les
critères sont assez différents...
M. Bellemare: Ils ne paraissent pas ici...
M. Johnson: ... de ceux qu'on a. mais on est peut-être
là dans... On reviendra à chacun des programmes avec des
précisions. Mais je voulais simplement dire, que de façon
générale, la péremption des crédits au
ministère du Travail avait l'air de faire partie des choses courantes
comme certaines fixtures et, à ce titre, il ne faut pas s'étonner
étant donné qu'on a tenu pour acquis qu'il ne fallait pas
périmer cette année $2 millions, de les retrancher du budget
comptabilisé pour l'année qui vient, ce qui n'empêche pas
qu'il n'est pas écarté que d'ici la fin de l'année, je
vais me rendre au Conseil du trésor pour demander des
réouvertures de certains de nos crédits à cause de
certains programmes.
M. Forget: ... aussi des crédits périmés
cette année.
M. Johnson: II n'est pas exclu, il est vrai je serai
prudent, parce que le député de Saint-Laurent risque d'être
là l'an prochain aussi mais ce n'est évidemment pas
souhaitable.
Je voudrais revenir sur une affaire de fond, soit la question de la
violence à Commonwealth Plywood, de l'intervention ou de la
non-intervention du ministre et non pas du ministère dans les
conflits.
J'ai déjà dit et je le répète
que, comme l'ensemble des citoyens du Québec, j'abhorre la violence, que
cela soit dans le secteur des relations de travail ou ailleurs. Je ne nie pas
qu'il faille prendre des mesures pour essayer de diminuer les occasions de
violence. Le député de Saint-Laurent remarquera que de la
même façon qu'il me reproche par absence de cohérence
d'intervenir dans le cas de Commonwealth Plywood, du même revers de la
main, il me condamne de ne pas intervenir face à la violence. Ce qui a
amené celui qui vous parle au-delà d'un tas de choses que je n'ai
pas l'intention de répéter, à intervenir dans le conflit
de Commonwealth Plywood plutôt que de le laisser traîner devant les
tribunaux, c'est effectivement parce que la détérioration du
climat social autour de cette entreprise justifiait qu'on intervienne. Notre
intervention, jusqu'à maintenant, en tout cas, a été, je
pense, pacificatrice, ne serait-ce que pour un temps et je ne peux
préjuger de l'avenir mais l'objectif était cela, de la
même façon que celui qui vous parle a décidé
d'intervenir dans le cas du transport en commun à Montréal, parce
qu'une des demandes syndicales au niveau du protocole de retour au travail
était qu'on efface les poursuites criminelles. Je pense que ce type de
dispositions qu'on a accepté trop longtemps au Québec a
finalement été, dans certains cas, carrément une
incitation à la violence. Ce que j'ai dit et ce que j'ai fait à
ce moment...
M. Bellemare: 50...
M. Johnson: ... est que je n'accepterais pas que les
fonctionnaires du ministère du Travail participent à des
tractations entre employeurs et syndicats pour qu'on ne respecte pas les
dispositions du Code criminel. C'était une façon d'intervenir
contre la violence. De la même façon, nous sommes intervenus dans
une situation, non pas de relations de travail, mais de vie syndicale dans le
cas du local 144. La tutelle dont j'espère avoir le rapport avant
l'ajournement d'été a fait un travail remarquable et
probablement, plus senti par les travailleurs visés dans le contexte que
n'importe quel travail qui a pu être fait pendant les trois années
qui ont précédé cette tutelle. C'est dans ce cadre que le
ministre du Travail doit, effectivement, intervenir, c'est-à-dire
lorsque des questions touchent l'intérêt public ou des notions
fondamentales comme le respect du droit criminel. Alors il doit intervenir. Je
n'ai jamais nié que le ministre devait le faire au nom de
l'intérêt public.
On me parlera cependant du Soleil. Je ferai remarquer aux membres de
cette commission qui auront l'occasion de siéger demain matin pour
entendre les parties dans le conflit du Soleil que c'est parce que le Parlement
trépignait depuis de nombreuses semaines. C'est à la demande
même, entre autres, de l'Opposition officielle qui a donné son
concours à cette volonté de voir le Parlement intervenir dans le
conflit du Soleil, que celui qui vous parle a accepté, effectivement,
qu'une commission parlementaire se tienne. Je ne me fais cependant pas
d'illusion sur le résultat possible de cette commission demain. En ce
sens, je ne suis
pas tout à fait en accord avec le député de
Johnson.
M. Bellemare: En tout cas, vous verrez, ils vont se parler.
M. Johnson: Quant à la question d'lron Ore...
M. Bellemare: Ils ne se parlent pas actuellement.
M. Johnson: ... je ne peux pas ne pas relever l'insinuation
inacceptable, je pense, de la part du député de Saint-Laurent,
selon laquelle le gouvernement est en train de laisser la question de
santé et de sécurité se régler sur le dos des
travailleurs. Le ministère est intervenu dans ce dossier de l'Iran Ore
par la présence du conciliateur. Il y a dix jours j'écarte
donc la série de réunions qui ont eu lieu depuis et qui ont lieu
encore au moment où on se parle le conciliateur est intervenu
à 75 reprises dans le dossier. Je n'accepterai pas qu'on dise que le
gouvernement laisse pourrir la situation à Iron Ore pour laisser la
question de santé et de sécurité se régler sur le
dos des travailleurs, d'autant plus d'ailleurs que la question de santé
et de sécurité a été réglée et
paraphée à la table des négociations par les
représentants syndicaux et patronaux à Iron Ore, il y a plus de
trois semaines. Ce n'est qu'il y a cinq ou huit jours que le syndicat a
décidé, pour des raisons qui relèvent de
difficultés à maintenir une cohésion entre une douzaine
d'associations accréditées, mais à toutes fins pratiques,
représentées dans un même bloc, de remettre en question la
question de santé et de sécurité et la question de la
sous-traitance. A ce titre-là, je pense que l'allusion du
député de Saint-Laurent relève plus de la démagogie
ou de l'ignorance des faits.
En ce qui a trait à certains commentaires du député
de Johnson sur le taux de syndicalisation, je lui ferai remarquer que
malgré une augmentation, compte tenu de la réserve que j'ai faite
sur les crédits périmés, qui n'est pas très
sensible au budget du ministère, nous avons quand même
prévu cinq postes additionnels dans le cas du bureau du commissaire du
travail. Cela est dû entre autres, aux effets de la loi 45 qui donne une
ouverture, je pense, à un taux de syndicalisation plus
élevé à cause des dispositions de l'article qui touche le
pourcentage de personnes qui peuvent demander la tenue d'un vote pour la
représentation syndicale, c'est-à-dire 35%.
M. Bellemare: C'est huit personnes de plus.
M. Johnson: Non, dans le cas du bureau... les postes additionnels
dans le cas de la protection du droit d'association...
M. Bellemare: C'est 2252 et 2260.
M. Johnson: Non, je parle des cinq postes additionnels à
la protection du droit d'association, le service de M. Plourde, qui est le
commissaire général du travail. En ce sens, la conséquence
administrative de la loi 45, qui, je pense, va permettre un plus haut taux de
syndicalisation, on la voit avec ces cinq postes additionnels.
Dans le cas des conditions minimales, elle devrait normalement
être déposée avant le premier juin pour que le Parlement
ait la chance de les considérer avant l'ajournement d'été.
Dans le cas du secteur public et parapublic, le gouvernement a
déjà fait connaître sa position. Jeudi et vendredi,
j'entreprends, avec mes collègues sectoriels de la Fonction publique, de
l'Education et des Affaires sociales des consultations avec le front commun,
c'est-à-dire la CSN, la FTQ et la CEQ, les représentants des
associations patronales du côté de la santé et des affaires
sociales, les syndicats de la fonction publique et l'ensemble des autres
syndicats qui ne sont pas affiliés aux trois centrales qui forment le
front commun.
En ce qui a trait à la construction, au-delà du rapport
des tuteurs, au-delà du début d'application du règlement
de placement qui, jusqu'à maintenant, connaît, je pense, certains
succès, il y a également des amendements à la loi 290 qui
seront déposés devant le Parlement avant le 1er juin pour
régler la question de l'appel dans le cas du placement dans la
construction. C'est un amendement, si on veut, d'une certaine façon, de
concordance avec le règlement de placement qui découlait de la
loi 290.
La raison pour laquelle nous avons tardé, c'est que nous pensions
que le comité Hébert fournirait son rapport sur l'ensemble de la
loi 290 à temps et qu'à ce moment-là on pourrait
déposer un projet de loi qui touche l'ensemble de la loi 290. On est
donc aux prises avec le problème de l'appel du règlement de
placement que nous nous étions engagés à régler au
niveau de la loi avant l'ouverture du règlement, c'est-à-dire le
1er juillet. On devra déposer un projet de loi spécifique quant
à cela.
En ce qui concerne le livre blanc qui est sous la responsabilité
du ministre d'Etat au développement social, M. Marois, certains membres
de cette commission font partie du groupe ministériel qui regarde le
livre blanc. Il progresse et il devrait je ne peux pas annoncer la date
de son dépôt, mais il fera sûrement l'objet d'une
considération et d'une consultation très larges par le Parlement
et par les intéressés, d'ici la fin de l'année.
Finalement, pour revenir à la question qui chicotte le
député de Johnson et qu'a évoquée le
député de Saint-Laurent, la question de la réforme en
profondeur du Code du travail, je pense qu'on peut se payer beaucoup de mots
aussi, sur la difficulté. Je peux être très simple quant
à ça, être très candide. M. André Thibodeau
m'a remis récemment un résumé de ses rencontres avec les
intéressés du côté patronal et du côté
syndical.
On peut dire que ça revient à ceci, que le patronat
désire voir la création d'une commission qui aurait un mandat
extrêmement large en matière de relations de travail, non pas
seulement du Code du travail, mais les syndicats sont plus réticents,
étant donné qu'ils voient là la possibilité
pour le gouvernement de référer toute modification aux
lois du travail du Québec, à toutes fins pratiques, aux calendes
grecques. C'est ce que les syndicats, dans certains cas, craignent,
étant donné que peut-être, si un ministre du Travail
voulait apporter des amendements au Code du travail sur des choses assez
fondamentales et qu'en même temps, une commission de la même nature
qu'une commission royale siégeait sur la question, qu'il serait un peu
mal à l'aise pour procéder à certaines
réformes.
Je pense qu'il faudra à la fois ne pas fermer la
possibilité d'avoir un regard neuf et en profondeur et, entre autres,
par les milieux académiques auxquels s'est référé
le député de Johnson qui peuvent, je pense, apporter une
contribution importante au niveau des lois du travail au Québec, mais il
ne faut pas non plus empêcher le gouvernement, à cause de la
création d'une commission, de procéder à certaines
réformes qui sont importantes et qui ne doivent pas seulement attendre
l'écoulement du temps et le rapport d'une commission.
M. Forget: J'aimerais soulever une question de règlement,
en vertu de l'article 96.
Le Président (M. Boucher): Question de règlement,
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Comme le ministre, dans ses commentaires, m'a
accusé de démagogie dans les remarques que j'ai faites,
j'aimerais effectuer une certaine mise au point à la suite de ces
remarques.
M. le Président, ce n'est pas moi et ce n'est pas nous de
l'Opposition qui avons prétendu que le poste de ministre du Travail
était complètement aseptisé, était un poste
où on ne s'attendait pas qu'il y ait des prises de position qui
manifestent d'ailleurs le sens des responsabilités qui doit accompagner
l'exercice des fonctions de ministre du Travail. C'est le ministre du Travail
lui-même qui s'est plu, en chaque occasion en Chambre, durant
l'année, à expliquer longuement que sa philosophie en
était une de non-intervention.
Cependant, lorsqu'il est intervenu, par exemple dans la grève du
transport en commun, pour exclure les négociations portant sur des actes
présumément criminels ou allégués comme
étant criminels, nous avons été les premiers à le
féliciter de son intervention. Quant aux deux autres exemples qu'il
mentionne, celui du local 144 et celui du Soleil, il y a une distinction de
substance, de nature, entre ces cas-là et les autres cas d'intervention
gouvernementale et d'intervention ministérielle en particulier. Il
s'agit là de deux cas où l'Assemblée nationale
elle-même, bien sûr, à l'initiative soit du ministre dans un
cas, soit de l'Opposition dans un autre, a jugé bon d'intervenir,
c'est-à-dire que toutes les formations politiques concourent. A ce
moment-là, bien sûr, l'intervention n'entraîne pas, comme
telle, de responsabilité politique directe, donc échappe à
l'application de mes remarques.
Mais il y a quand même deux cas d'intervention ou de
non-intervention pour lesquels on est en droit de se poser des questions quant
au comportement du ministre, et ce, sans démagogie. Il y a, d'une part,
la question de I'lron Ore. Je comprends qu'il a pu y avoir des rencontres de
conciliateurs. Ce que les conciliateurs ne peuvent pas faire, c'est d'indiquer
quelles sont les intentions gouvernementales quant à une
législation future qu'on nous promet pour un avenir très
prochain, dans le domaine de la sécurité et de la santé.
S'il devait s'avérer juste qu'un conflit qui implique 10 000
travailleurs va se prolonger parce que se posent certains problèmes de
santé et de sécurité, alors que ces problèmes sont
destinés, en dedans de l'année, à être
réglés par voie de législation, il y a une
responsabilité d'intervention ministérielle pour dire aux
parties: Ecoutez, ne perdez pas votre temps à négocier
là-dessus, n'allez pas en grève pendant trois mois pour gagner
tel ou tel point. La législation va les régler d'une façon
ou d'une autre. (17 h 45)
M. Johnson: Mais le conflit ne porte pas là-dessus. Il a
porté là-dessus en cours de route, il ne porte plus
là-dessus depuis que les parties ont parafé une entente à
la table de négociation. Effectivement, j'aurais indiqué aux
parties qu'il ne valait peut-être pas la peine de faire ce qu'elles
faisaient, si j'avais vraiment été convaincu que l'objet de ce
conflit, c'étaient les clauses de santé et de
sécurité. Mais ce n'était pas le cas. Si cela a
été réouvert récemment, c'est dans un cadre
très précis des villes éloignées. Je parle, entre
autres, de Schefferville, de Labrador et de Wabush. En ce moment, il se produit
des rencontres au niveau des parties, au Labrador, depuis hier soir, à
ce sujet. Les problèmes qui ont fait resurgir la question de la
santé et de la sécurité n'étaient pas des
problèmes de fond sur la santé et la sécurité, des
dispositions de la convention collective sur cette question. C'étaient
des problèmes qui touchent le statut de ceux qui sont dans des villes
éloignées ou dans des villes, à toutes fins pratiques,
isolées, sur des questions qui touchaient la qualité de vie, par
exemple, de ceux qui sont à Schefferville, leur accessibilité aux
réseaux normaux de transport, à partir de Sept-lles, etc.
Donc, ce n'est pas sur cette question de santé et de
sécurité.
M. Forget: Je suis heureux de voir le ministre le préciser
parce qu'il reste que la question a été rouverte. Le ministre dit
lui-même qu'il y a un comité de travail qui se penche
précisément sur la question des lieux de travail
éloignés. Donc, il y a des possibilités d'intervention
gouvernementale et il est important que le ministre précise sa
pensée.
Mais, dans le cas de Commonwealth Plywood, c'est quelque chose
d'entièrement différent. Dans ce cas-là, M. le
Président, et ceci, sans démagogie, on peut se poser des
questions sur le comportement d'un ministre qui, au nom de la diminution ou de
la prévention de la violence, porte un jugement très
sévère, et sans précédent, sur des injonctions qui
ont précisément pour but d'empêcher des manifestations de
violence auxquelles
des organismes syndicaux, malheureusement et le ministre
lui-même l'a reconnu apportent une certaine caution morale.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Saint-Laurent. M. le député de
Frontenac.
M. Bellemare: J'aimerais répondre au ministre par une
question.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous invoquez une
question de règlement? Le député de Frontenac a
demandé la parole.
M. Bellemare: Le ministre a fait une assertion que je voudrais
voir précisée. C'est bien simple, c'est bien court. Il a dit: Je
ne peux pas faire de !a législation si une commission royale
d'enquête siège. Est-ce que le ministre pourrait me dire en quoi
cela peut apporter une objection, où on pourrait trouver certaines
raisons? Il reste une chose certaine, c'est qu'il y en aura toujours. Mais
l'enquête royale ne peut pas avoir lieu parce que j'ai de la
législation à soumettre. C'est quoi, en somme?
M. Johnson: Brièvement, M. le Président, parce que
je sais que le député de Frontenac veut intervenir. Ce que je
dis, c'est que le problème qui se pose dans la décision qu'on a
à prendre est de savoir quelle forme prendra cette étude
et il y aura une étude du Code du travail, de la
législation du travail et d autres éléments qui touchent
les relations de travail; mais est-ce la meilleure solution? Je ne suis pas
convaincu, maintenant que M. Thibaudeau m'a fait rapport, que la solution,
c'est une commission royale d'enquête qui aurait un très large
mandat. On peut difficilement légiférer dans le secteur pour
lequel on mandate à une commission d'étudier. Je pourrais donner
l'exemple de la loi des décrets, de l'accréditation
multipatronale ou des choses comme cela pour étude à une
commission royale d'enquête qui a comme mandat de me faire rapport
on peut difficilement espérer qu'elle va pouvoir me faire rapport en
moins de six mois dans un an ou deux ans. On l'a vécu
récemment avec le comité Hébert qui avait un mandat de
cinq mois, si je me souviens bien mais on a dû prolonger son mandat de
deux mois parce que quelqu'un de la commission est tombé malade et qu'il
y a eu des difficultés à réunir les parties, etc.
Dans quelle mesure cela ne paralyserait-il pas l'action du gouvernement
que de confier un trop large mandat à un groupe d'étude? A ce
moment-là, on se fera reprocher par les parties de ne pas attendre le
résultat de l'étude pour légiférer. Si on se sent
prêt à légiférer dans certains secteurs et si on
décide de consulter, entre autres, à travers un organisme qui a
été créé sous le député de Johnson,
le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre...
M. Bellemare: C'est avant moi, et c'est peut-être
adéquat.
M. Johnson: ... Je m'excuse, c'est vrai, c'est avant vous.
M. Bellemare: C'est avant moi, moi, je l'ai
amélioré...
M. Johnson: Oui, c'est cela, vous l'avez
amélioré.
M. Bellemare:... pour le rendre plus démocratique.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Frontenac.
Autre intervention M. Gilles Grégoire
M. Grégoire: M. le Président, l'Opposition ayant eu
l'occasion de faire ses remarques préliminaires sur l'étude des
crédits du ministère du Travail, je crois que les
députés du parti au pouvoir ont également droit à
quelques remarques préliminaires.
Je voudrais dire tout d'abord que j'ai été frappé
par les chiffres qui ont été cités par le
député de Johnson, qui a été très
éloquent, sur la diminution du nombre de grèves au cours de
l'année 1977...
M. Bellemare: C'est dans la statistique.
M. Grégoire: ... sur la diminution du nombre de jours de
grève et du nombre de grévistes. Je crois que c'est tout à
l'honneur du ministre du Travail, de voir que...
M. Bellemare: Je l'ai dit.
M. Grégoire: Oui, cela m'a assez frappé que je
voudrais dire au député de Johnson que je me sens obligé
de reconnaître que c'étaient des chiffres frappants. Je crois que
c'est à l'honneur du ministre du Travail et je n'hésite
pas...
M. Bellemare: J'ai tout dit cela.
M. Grégoire: ... à endosser ce que le
député de Johnson a dit.
M. Bellemare: Pourquoi revenez-vous sur cela? J'ai tout dit
cela.
M. Grégoire: Parce que j'endosse ce que vous avez dit.
M. Chevrette: II vous a trouvé brillant pour une fois.
M. Bellemare: Comment?
M. Grégoire: C'est la première fois que j'ai
l'occasion de vous trouver brillant et je le dis.
M. Bellemare: S'il se sert de moi comme modèle ou comme
miroir, qu'il en prenne un autre.
M. Grégoire: Non, je n'irais pas loin en me servant de
vous comme modèle, et je ne le ferai pas.
M. Bellemare: En tout cas, c'est d'accord.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: Vous nous dites souvent que vous êtes un
vieux professeur pour nous autres.
M. Bellemare: Oui, il y a des élèves qui
dépassent le maître.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm!
M. Chevrette: Cela va venir dans quelques mois.
M. Grégoire: M. le Président, je pense
d'ailleurs...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Frontenac, si vous voulez...
M. Grégoire: Oui, je pense d'ailleurs qu'il ne serait
peut-être pas opportun de lancer trop de fleurs, parce qu'il y a toujours
des épines avec les fleurs. Quand on lance trop de fleurs, il y a trop
d'épines aussi, mais je voudrais justement mentionner quelques-unes des
épines qui blessent, à l'heure actuelle, au ministère du
Travail. A ce sujet-là, je voudrais dire quelques mots sur une loi qui
est importante, c'est la loi 52, qui existe depuis 1975 et qu'on trouve
difficile d'application. Je pense que, dans les préliminaires, à
l'étude des crédits, cela s'impose.
M. le Président, une victime d'amiantose, ce n'est pas une
victime d'un accident du travail subit. Si un type se casse un bras au travail,
la Commission des accidents du travail peut facilement repérer te bras
cassé, juger que c'est le bras gauche au lieu du bras droit. On voit que
le bras est dans le plâtre. On a des "verdicts" de médecins, une
radiographie. Le "verdict" se prononce vite. Dans le cas d'une victime
d'amiantose, ce n'est pas un accident subit. C'est plutôt une maladie
industrielle qui s'acquiert après des années et des années
passées dans un milieu de travail où il y a pollution par les
fibres d'amiante. Le verdict est souvent plus difficile. La Commission des
accidents du travail prend beaucoup plus de temps que dans le cas d'un accident
subit. Parfois, on voit que l'examen médical prend jusqu'à six ou
sept mois avant d'être obtenu. Je sais qu'autrefois, les délais
étaient d'un an avant de passer au comité de pneumologie à
Montréal. Maitenant, c'est réduit à environ six mois. A la
suite des examens médicaux, il y a encore des discussions à
l'intérieur même de la Commission des accidents du travail. On
envoie les radiographies dans des cliniques américaines, dans des
cliniques manitobaines. Cela se promène un peu partout. Les
médecins aiment examiner les poumons. Cela prend du temps.
Pour un député qui vit dans la région de
l'amiantose, que ce soit le député de Richmond ou le
député de Frontenac et aussi le député de
Beauce-Sud qui en a dans son comté, je dois dire que c'est un gros
problème. C'est même un grave sujet de préoccupation. Il
n'y a pas une semaine, le lundi au bureau, ou même dans le courant de la
semaine, où on n'a pas la visite dé personnes qui,
réellement, après un an et demi d'attente, font pitié. On
leur dit, après avoir passé un examen médical: Vous
n'êtes plus aptes à travailler. On leur retire leur permis de
travail. Ils se rendent compte que si, n'ayant plus de permis de travail, ils
sortent de l'usine, et qu'après d'autres examens médicaux, et
après un an d'examens et de soins de la part de la Commission des
accidents du travail, ils ne sont pas déclarés victimes de
l'amiantose, ils n'ont pas d'indemnisation et ils ont perdu leur emploi. Dans
bien des cas, ils restent au travail jusqu'au verdict définitif pour au
moins garder l'un ou l'autre, l'indemnisation ou l'emploi, si possible.
La loi 52 qui visait à séparer une maladie industrielle
d'un accident proprement dit, qui était bonne dans son principe, comme
toute loi vous allez vous en apercevoir, M. le ministre, avec la loi 45
a besoin d'amendements après quelques années
d'application. On voit les points faibles, on réalise où cela
cloche et on essaie d'apporter des amendements. A cette loi, je demande les
amendements depuis un an et demi. L'ancien ministre du Travail, M. Couture,
dans le temps, est venu à Thetford. Il a été
impressionné par la situation qui prévaut dans le milieu de
l'amiante. Quelques semaines plus tard, il y a eu le dépôt
vous vous en souviendrez au feuilleton de l'annonce d'un projet de loi
pour des amendements à la loi 52. Il y a eu des amendements aux
amendements au projet de loi avant qu'il ne soit déposé. Il y a
eu des versions différentes tous s'en souviendront cinq
versions différentes au projet de loi avant même qu'il ne soit
déposé en première lecture. Pendant ce temps, dans la
région de l'amiante, on attendait. Puis, cela a été
enlevé du feuilleton. Quand la session a recommencé au mois de
janvier, il n'était plus question des amendements à la loi 52
pour les victimes d'amiantose et de silicose. Cela a été
enlevé de l'ordre du jour, malgré qu'il y ait eu sept versions
différentes pour les victimes d'amiantose, on ne le retrouvait plus
à l'ordre du jour. Les annonces des amendements n'étaient plus
là.
Là, on nous annonce un livre blanc. Oh! Cela fait longtemps que
j'en entends parler du livre blanc, M. le Président. Le ministre sait
que j'en entends parler depuis longtemps par le ministre des Affaires sociales.
On ne nous dit pas encore quand il sera déposé, mais on nous dit,
par exemple, que ce n'est pas un projet de loi qu'on
dépose, pondu dans le bureau du ministre, c'est
déposé... C'est un nouveau code de la salubrité et de la
sécurité au travail, non, c'est un livre blanc, et on nous dit
que ce sera plus long, parce qu'il y a consultation avec les différentes
parties. J'en suis pour les consultations. Je suis d'accord que les patrons,
les syndicats, les ouvriers soient consultés. J'en suis, ça, je
le reconnais. Mais, ça prend plus de temps, et on nous annonce, pour
après, la loi générale, qui sera discutée ici, en
commission. Cela peut prendre du temps, si c'est une loi qui fait l'objet de
longues discussions en commission parlementaire, et le député de
Saint-Laurent et moi-même le savons, que lorsqu'un projet de loi fait
l'objet de longues discussions jusqu'à combien? 121 heures, je crois, ou
quelque chose comme cela, ça devient long, en commission parlementaire.
Pendant tout ce temps-là, il y a des individus, des êtres humains,
des gars qui sont victimes de ça, qui ne reçoivent rien
encore.
M. Bellemare: Oui, et qui reçoivent moins, contrairement
à ce que la loi 52 leur permettait.
M. Grégoire: Rien, ou ils attendent... M. Bellemare:
Oui, certainement.
M. Grégoire:... Soit qu'ils continuent à travailler
sans permis de travail...
M. Bellemare: Oui.
M. Grégoire: ... pour ne pas tout perdre, soit qu'ils sont
sortis de l'usine parce que trop affectés. Le ministre est venu...
M. Bellemare: C'est ça.
M. Grégoire: ... j'ai aimé la sympathie qu'il a
témoignée à l'égard des travailleurs
amiantosés dans notre région.
M. Bellemare: Oui.
M. Grégoire: II a considéré les lois. Il en
a rencontré une douzaine. Il y en a qui n'en profiteront pas. Il y en a
un qui est mort depuis ce temps-là et il y en a un qui est à
l'hôpital, pas loin, aussi. Cela fait presque 20% de ceux qu'il a
rencontrés.
M. le Président, on est patient dans la région de
l'amiante. On a trop montré qu'on était patient. Cela fait 100
ans qu'on aurait dû avoir une loi normale pour les victimes d'amiantose.
Encore hier matin, à mon bureau, je recevais la visite de quatre anciens
contremaîtres de la ville d'Asbes-tos, qui venaient me raconter qu'ils
sont assujettis à la loi 52, et maintenant, on tend à leur couper
leurs droits selon cette loi 52; des gars qui ont travaillé... Il y en
avait un qui avait travaillé pendant 43 ans. M. le ministre en a
rencontré un qui s'était fait enlever un poumon. Ce
n'était pas assez; il avait fallu aller lui chercher un morceau de
l'autre poumon pour voir s'il y avait de l'amiante sur celui-ci avant de le
déclarer amiantosé. On a dit qu'on n'en avait pas pris assez sur
le seul poumon qu'il lui reste, il faudrait aller lui en chercher un peu
plus.
Cela devient grave. On est patient, M. le Président.
M. Bellemare: C'est bon que ce soit vous autres qui le
disiez.
M. Grégoire: Dans tous les cas... M. Bellemare: Je
suis bien content.
M. Grégoire: Dans le Parti québécois, on est
toujours... On admet toujours ça...
M. Bellemare: On ne serait pas écoutés, nous.
M. Grégoire: Je suis sûr que le ministre admet que
je dise ça aujourd'hui, parce qu'on a toujours été
habitués à ça entre nous autres, à mettre carte sur
table.
Une Voix: A se parler.
M. Grégoire: A se parler, oui. On a appris à se
parler.
M. Bellemare: C'est le député de Richmond qui a
commencé à en parler.
M. Grégoire: On le fait dans un but constructif pour en
arriver à des résultats. Je sais fort bien que le ministre du
Travail n'a pas seulement la loi 52, il a la loi 45, il a les grèves, il
a 56 affaires dans ce ministère. Je me dis que l'ancien ministre des
Affaires sociales doit le comprendre, il avait un ministère quasiment
trop gros pour un seul homme, la santé, le bien-être social, les
allocations familiales, les foyers d'accueil et tout cela dans un même
ministère, avec un budget de $4 milliards, cela n'a quasiment pas de bon
sens. J'admets aussi que le ministère...
Mais je dis que c'est à notre tour un peu. Les travailleurs de
l'amiante ont fait la grève pendant sept mois et demi en 1975 pour avoir
cette loi. Elle n'agit pas encore. Elle n'est pas rodée. Elle a besoin
d'amendements. On a attendu. On aurait dû l'avoir il y a 100 ans, quand
les mines d'amiante se sont ouvertes... avoir des conditions de
salubrité et de sécurité au travail...
M. Bellemare: Au moins depuis que le projet de loi est
adopté.
M. Grégoire: Au moins depuis que le projet de loi est
adopté.
M. Bellemare: Oui, certain.
M. Grégoire: Cela a besoin d'amendements. Je voudrais dire
au ministre que je suis prêt à lui donner tout son temps pour le
livre blanc. Je suis prêt à lui donner tout son temps pour son
projet de loi sur le code de sécurité au travail. Je suis
prêt à permettre à l'Opposition de venir en
commission parlementaire pendant deux mois, trois mois là-dessus, mais
d'ici ce temps, il y aurait peut-être quelques petites lignes à
changer dans ce projet de loi, quelques petites lignes et cela réglerait
le problème.
M. Bellemare: ... pas changé.
M. Grégoire: Qu'on ne cherche pas à changer de la
première à la dernière page, mais au moins les lignes qui
empêchent cette loi de fonctionner. D'ici ce temps, on attendra la
consultation. On attendra le livre blanc. On attendra le projet de loi. On
attendra les discussions de l'Opposition en commission parlementaire et si le
député de Saint-Laurent est là, ce sera long. Ne vous
inquiétez pas. On sera là. On est habitué. On commence
à collaborer et à parler longtemps.
M. Forget: On voit cela.
M. Grégoire: Mais, entre-temps, qu'on nous donne au moins
les petits amendements qui seraient nécessaires. Je voudrais dire au
ministre, M. le Président, qu'il vient un temps où à voir
tout cela, ceux qui sont bien patients et qui ont appris à être
patients peuvent devenir impatients.
On commence à se demander ce que ça veut dire que nous
autres ici on enrichisse le Québec, on enrichisse le Canada. Ce ne sont
pas des folies. $40 millions par année qui sortent de la région,
qui vont au gouvernement du Québec en droits miniers seulement, en
droits miniers de toutes les mines de la région $40 millions.
C'est à part les impôts sur les profits, les gains de capitaux et
l'argent qui entre en raison de l'exportation de nos richesses naturelles...
(18 heures)
M. Forget: Séparez-vous.
M. Grégoire: Non, mais il me semble qu'après avoir
fait tout cela, la région mériterait bien qu'on pense un peu
à elle.
Il y a un deuxième point...
M. Bellemare: A l'élément 1, on pourrait en parler
avec beaucoup...
M. Grégoire: Oui, on va en parler. Mais je voudrais aussi
parler de la loi 45. J'aurais quelques questions à poser au ministre. Je
voudrais savoir, M. le ministre, si en vertu de cette loi, il y a eu ' beaucoup
de syndicats qui ont demandé, jusqu'ici, un inspecteur en vertu de
l'article 87c. Est-ce qu'il y a eu beaucoup de demandes d'inspecteur? On me dit
17? Oui, 17c. Je voudrais savoir combien il y a eu de demandes et sur le
"nombre de demandes qu'il y a eu, combien y en a-t-il eu d'accordées?
Combien de demandes ont été acceptées, combien de demandes
ont été refusées? Je vais poser mes questions au ministre
qui va avoir quelques minutes pour y répondre. Je voudrais savoir
également quel est le délai minimum...
M. Bellemare: Le ministre sort tous les matins un ordre du jour
que vous pourriez avoir facilement où, sous le titre: Article 97d, vous
avez le nom de la compagnie, la date de chacun des...
M. Grégoire: C'est en vertu de 97d. M. Bellemare:
Article 97d et c.
M. Johnson: C'est cela. On a accordé une vingtaine...
M. Grégoire: Sur combien de demandes?
M. Johnson: Je n'ai pas les chiffres devant moi, mais sur quelque
chose qui est inférieur au double.
M. Grégoire: A peu près un sur deux.
M. Johnson: A peu près un sur deux, mais pour des raisons
manifestes dans certains cas. Je peux vous donner des exemples.
M. Grégoire: Je voudrais savoir également...
M. Johnson: C'est parce que si vous voulez une réponse, je
vais vous en donner une, M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Donnez-moi donc un exemple dans le cas de
l'Asbestos...
M. Johnson: Je vais vous donner un exemple qui montre comment on
peut refuser un enquêteur "antiscabs". Si un syndicat nous allègue
que des cadres sont en train de travailler à l'intérieur de
l'entreprise pour faire des fonctions qui normalement sont accomplies par les
salariés de cette entreprise, au sens de la loi, ce ne sont pas des
personnes dont l'embauche est interdite ou dont le travail est interdit. Si le
député de Frontenac avait siégé à la
commission du travail, lors de l'étude des dispositions antibriseurs de
grève, il saurait ce qu'on vise. Par contre, si à sa face
même il est manifeste que les personnes dont on parle sont des personnes
qui sont nouvellement embauchées pour accomplir les fonctions, on
l'accorde et c'est ce qui a fait qu'on en a accordé à peu
près une vingtaine.
M. Grégoire: Est-ce que la compagnie aurait le droit de
faire faire l'ouvrage régulièrement fait par les grévistes
par des contremaîtres et engager d'autres individus pour faire l'ouvrage
normalement fait par les contremaîtres? Est-ce que cela vient du...
M. Bellemare: Mais non.
M. Johnson: Normalement, une personne qui est nouvellement
embauchée devient, au sens de la loi, un briseur de grève.
M. Grégoire: Oui, mais si elle ne fait pas l'ouvrage des
grévistes et si elle fait l'ouvrage des
contremaîtres, elle ne remplit pas les fonctions ou elle
n'accomplit pas le travail régulièrement accompli par un
gréviste, elle accomplit le travail fait par un contremaître qui,
lui, n'est pas en grève, mais le contremaître, pendant ce temps,
fait l'ouvrage des grévistes. Est-ce que cela va contre la loi
"antiscabs"?
M. Johnson: Cela reste une question d'interprétation.
M. Grégoire: Est-ce que dans ce cas, vous envoyez un
inspecteur pour vérifier?
M. Johnson: On peut envoyer un inspecteur qui fait un rapport.
Mais envoyer un inspecteur qui fait un rapport, cela ne veut pas dire que le
tribunal va accorder les poursuites en fonction de cela. Cela dépendra
si le tribunal considère que cette personne est considérée
comme un briseur de grève ou pas et ce n'est pas cela en soi qui nous
empêcherait, par exemple, d'envoyer un enquêteur.
M. Grégoire: Je voudrais poser une question: quel est le
délai minimum... Une dernière question, M. le Président,
avant six heures...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Frontenac, je regrette...
M. Forget: Question de règlement, M. le Président.
De toute façon, il est 18 heures et en plus de cela, humblement, les
questions posées par le député de Frontenac, quelque
intéressantes qu'elles soient, devraient se situer à un autre
moment de nos débats. Ce ne sont pas des questions d'ordre
général, ce sont des questions administratives.
M. Grégoire: Je le faisais en préliminaire pour
laisser au ministre, par la suite, le soin d'apporter les réponses.
M. Forget: ... vis-à-vis de vos électeurs, on
comprend ça.
M. Bellemare: ... on doit pouvoir le faire.
Le Président (M. Boucher): De toute façon, nous
sommes à l'heure d'ajournement, et la commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
Reprise de la séance à 20 h 5
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
A la suspension de 18 heures, nous en étions aux commentaires
préliminaires.
Les membres de la commission sont-ils prêts à passer
à l'étude des crédits, programme par programme?
M. Bellemare: Oui. Je suis prêt. M. Forget: Oui, M.
le Président.
Le Président (M. Boucher): J'appelle le programme 1,
élément 1: Relations de travail. M. le ministre.
Relations de travail
M. Johnson: M. le Président, nous en sommes au programme
1, élément 1.
En fait, j'ai évoqué, dans mon exposé
préliminaire, les premières conventions collectives, le bilan des
grèves, le bilan de P'antiscabs". Je voudrais seulement faire une
correction. J'ai parlé de 20 demandes qui ont été
accordées. Ce sont 10 demandes sur 20 qui ont été
accordées et non pas 20 demandes sur 40. Le rapport est toujours le
même, il y a eu 20 demandes, dont 10 accordées.
J'ai mentionné l'engagement des spécialistes en
matière de relations de travail. Les concours sont en vigueur. Je n'ai
rien de spécifique à ajouter.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: J'ai une seule question, M. le Président. Il y
a une diminution des crédits de 17%. Vous le faites programme par
programme, si je comprends bien, ce sont les relations de travail?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous désirez
adopter élément par élément ou programme complet
par programme?
M. Forget: Je n'ai pas d'autres questions.
M. Bellemare: II n'y a pas beaucoup de questions. J'en aurai
quelques-unes dans les éléments. On peut procéder selon
les us et coutumes des commissions parlementaires. A un moment donné, on
peut tomber sur un sujet et on va tout perdre.
Le Président (M, Boucher): Elément 1,
adopté?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Boucher): Elément 2,
adopté?
M. Bellemare: Une minute. Je pense qu'à
l'élément 1, le député de Saint-Laurent avait une
remarque à faire sur l'augmentation du budget de $1 900 000.
M. Forget: C'était surtout une question dirigée au
programme no 2. Je m'excuse. Pour ce qui est de l'élément 1 du
programme 1, je n'ai aucune question.
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas de question.
Adopté. Elément 2, adopté.
M. Forget: A l'élément 2, M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget:... Conciliation et arbitrage: il y a là une
augmentation qui est véritablement infinitésimale, c'est deux
centièmes % d'augmentation, exactement $500 d'une année à
l'autre, et c'est dans le domaine de la conciliation. L'an dernier, on nous a
fait comprendre qu'il y avait une accumulation de demandes, une forte
croissance de demandes de conciliation. Est-ce que l'effet escompté de
la suppression de la conciliation obligatoire crée des
disponibilités de main-d'oeuvre de ce côté qui permettront
de rencontrer les demandes qui étaient imparfaitement satisfaites?
M. Johnson: C'est l'explication manifeste de la stabilité
du budget à ce niveau. Dans la conciliation et l'arbitrage, non
seulement il y a les effectifs, mais il y a également, comme vous le
savez, compte tenu de la dimension du territoire, des dépenses
considérables qui sont encourues. Dans le cadre de la conciliation
obligatoire, ces dépenses étaient encourues, quel que soit le
résultat. Dans le cadre de la conciliation volontaire, on pense qu'il
devrait y avoir normalement une réduction significative à ce
chapitre.
M. Bellemare: Quelles sont les réactions patronales,
particulièrement à la suite de l'adoption de la loi 45? Cela a
suscité des réactions très vives dans les milieux
patronaux.
M. Johnson: Pardon?
M. Bellemare: La loi 45 a suscité des réactions
très vives dans le domaine patronal. Quelles sont les difficultés
d'application à ce jour? Quelles sont les difficultés que vous
avez rencontrées?
M. Johnson: Jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu de
drame.
M. Bellemare: II n'y a pas eu de drame, mais il y a eu de la
contestation.
M. Johnson: Oui. Compte tenu que l'ensemble des dispositions est
en vigueur ou depuis janvier ou depuis le 1er avril, nous n'avons pas eu
l'occasion de constater de problèmes qu'on pourrait considérer
comme directement reliés intrinsèquement aux modifications au
Code du travail entraînées par la loi 45.
M. Bellemare: Mais je sais que M. Dufour, de l'association
patronale, particulièrement, a demandé de ne pas engager de
grévistes. Est-ce que cela a eu un certain effet?
M. Johnson: Je ne suis pas en mesure de vous le dire. Cependant,
avec le taux de chômage qu'on a, je pense que cela demeure difficile
à évaluer.
M. Bellemare: Oui.
M. Johnson: Je ne suis pas en mesure de vous le dire parce qu'on
n'a pas d'instrument de mesure pour cela. Je pense que le Conseil du patronat
pourrait peut-être vous donner une réponse là-dessus.
M. Bellemare: Puisque ce sont des relations de travail, dans la
grève de Commonwealth Plywood, est-ce que vous considérez que les
"scabs" qui sont entrés avant l'adoption de la loi 45 sont des gens qui
ont signé une convention collective valable? Elle a été
signée au mois d'octobre et votre loi a été adoptée
à la fin de décembre. A ce moment-là, ceux qui ont
signé ta convention collective, qui se disaient représentants de
la CSN, qui étaient véritablement le groupe constitué, en
vertu de la Loi du code du travail, qui avait un mandat de transiger... une
fois la convention collective signée, on a vu des inscriptions devant
les tribunaux pour en contester la validité. Est-ce que, d'après
vous, le ministère a donné une réponse, à part
l'accusé de réception, aux employés qui ont signé
la convention?
M. Johnson: Je suis sûr que le député de
Johnson comprendra qu'il évoque ici, encore une fois, la question de
Commonwealth Plywood. J'ai déjà, à maintes reprises, dit
que le rôle du ministère là-dedans avait été
d'émettre l'accusé de réception habituel du
dépôt des conventions collectives, et que d'autre part, le
ministère avait choisi de maintenir un conciliateur au dossier, à
cause d'une demande, ce qui fait d'ailleurs l'objet en ce moment d'une
contestation devant la Cour supérieure.
M. Bellemare: Oui, oui.
M. Johnson: Comme le député de Johnson le sait, il
y a en ce moment un conseil de médiation qui entend les
différentes parties impliquées.
M. Bellemare: Le ministre ne croit-il pas qu'une commission
parlementaire, sur ce sujet, serait intéressante?
M. Johnson: Non.
M. Bellemare: Pourquoi? On a eu bien du succès, à
ce jour, dans les commissions parlementaires qu'on a eues. On a entendu des
gens qui se tiraient aux cheveux. Mais pour empêcher les
procédures judiciaires... c'est rendu impossible; on ne sait plus qui
est qui, ni quoi est quoi. Le ministre non plus ne le sait pas.
M. Johnson: Bien, il cherche, il cherche.
M. Bellemare: Ah! oui, il est comme moi. Je cherche moi aussi.
Avec le leader Caine et les avocats de la partie patronale, avec qui j'ai eu
des
contacts... Eux aussi sont mauditement embêtés; ils disent:
La loi est là et, que voulez-vous, si on renverse, on ne peut pas
négocier. On a une convention collective qui a été
approuvée et dont on a accusé réception mais qui n'a
jamais eu de véritable sens parce que, après, tout le "chiard"
qui existe aujourd'hui s'est développé à
l'extérieur; ce qui fait que c'est quoi, après les interventions
judiciaires et les prises de position de la partie patronale et des syndicats
qui contestent. Qu'est-ce qui arrive? Que va-t-il arriver?
Ne croyez-vous pas qu'une commission parlementaire...
M. Johnson: Non.
M. Bellemare: ... sagement dirigée...
M. Johnson: Non.
M. Forget: ... pour une conférence de presse du
ministre?
M. Bellemare: II réglerait bien plus.
M. Johnson: M. le Président, sans vouloir apporter de
l'eau au moulin du député de Johnson, je sais qu'il a
été marqué favorablement par ses interventions
remarquées en commission parlementaire des communications touchant
Radio-Québec. Je sais qu'il se dit convaincu que cette catharsis
collective, à laquelle on a pu assister à la commission
parlementaire des communications, était en fait peut-être un des
postulats de règlement, dans le cas de Radio-Québec. Cependant,
je me permets de croire que l'instrument privilégié du
règlement des conflits de travail au Québec n'est pas une
commission parlementaire.
M. Bellemare: D'accord, cela ne peut pas être
généralisé. Mais dans le conflit de travail de
Radio-Québec, on a fait sortir la vérité; on ne voyait que
la tête du chat; à un moment donné, on est venu à
bout de poigner la queue et on a sorti tout le chat. On a vu le
véritable problème, mon cher monsieur. Quand on a dit: Dites-nous
donc ce qui ne va pas; pourquoi ne parlez-vous pas? Pourquoi restez-vous
insensible à tant de protestation? Pourquoi avez-vous baissé les
salaires à la dernière promotion du mois de février? C'est
inconcevable que vous veniez nous dire, aujourd'hui, que vous avez
négocié de bonne foi, c'est impossible. (20 h 15)
Ce matin, j'ai eu des nouvelles, vers 10 h 15, ce n'était pas si
mauvais; cela commençait à s'adoucir un peu. Je n'ai pas eu de
nouvelles cet après-midi. Je sens que pour Commonwealth Plywood, vous
allez finir par dire oui, vous allez voir. Vous allez en avoir plein les bras
de jugements et de pressions, d'inscriptions qu'on fait, en droit. Vous allez
en avoir plein les bras.
Qui a raison? Vous êtes ministre, vous avez l'autorité
suprême, qui a raison? Ah! vous le savez!
M. Johnson: ... raison, pour le moment, M. le
Président.
M. Bellemare: Non, non, je ne dis pas ceux qui ont raison, je
dis, vous, qui...
M. Johnson: Oui, c'est cela.
M. Bellemare: Bien, qui a raison?
M. Johnson: Je pense que c'est le Conseil de médiation qui
a raison.
M. Bellemare: Bien, cela...
M. Forget: Un conseil qui n'en est pas un.
M. Bellemare: Ce n'en est pas un.
M. Johnson: Le groupe de médiation.
M. Bellemare: Oui, parce qu'il est facultatif en maudit. Excusez
le mot maudit mais il est facultatif.
M. Johnson: Ce qui compte, c'est que cela fonctionne.
M. Bellemare: Pardon?
M. Johnson: Ce qui compte, c'est que cela fonctionne.
M. Bellemare: Cela fonctionne au ralenti. M. Johnson: Oh!
cela fonctionne.
M. Bellemare: Non. Un soir, il dit: J'ai une grosse affaire, je
ne peux pas venir. Le lendemain matin, c'est un autre qui a un gros mal de
tête. C'est comme cela que cela fonctionne, vous le savez plus que
moi.
M. Johnson: Maintenant, ce sont plutôt les voyages qui
servent d'excuse, pas tellement les maux de tête.
M. Bellemare: Oui, les voyages. Mais le dessous, vous l'avez
décrit comme il faut...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Johnson, voulez-vous faire indirectement ce que vous voudriez qui soit fait
directement? Est-ce que vous voulez...
M. Bellemare: Non. Je suis à l'élément
1.
Le Président (M. Boucher): ... faire une commission
parlementaire sur Commonwealth Plywood?
M. Bellemare: Je suis à l'élément 1, M. le
Président. Je ne pense pas que je puisse être rappelé
à l'ordre. C'est bien cela, les relations de travail.
Le Président (M. Boucher): Sur Commonwealth Plywood ou
sur...
M. Bellemare: C'est bien sûr; on pourrait prendre chacune
des grèves qui sont ici; il y en a qui durent depuis 1976,
imaginez-vous, et ne sont pas encore réglées. A Pierreville, par
exemple, c'est une grève qui... On pourrait parler de cela. On pourrait
parler de toutes les grèves qui existent depuis 1976. Vous avez le
Centre éducatif culturel...
M. Johnson: II y a une commission d'arbitrage de la
première convention collective qui a été
nommée...
M. Bellemare: Sur chacun de ces... M. Johnson: ... dans le
cas du CEC. M. Bellemare: Oui. Est-ce qu'il y en a une...
M. Johnson: Elle siège cette semaine, d'ailleurs.
M. Bellemare: ... sur Napoléon Transport
Limitée?
M. Johnson: Nap Transport, on négocie depuis trois
semaines.
M. Bellemare: On a demandé, en vertu de l'article 97d,
l'enquêteur...
M. Johnson: II y a un enquêteur "antiscabs" qui a
été envoyé et depuis ce temps, on négocie.
M. Bellemare: ... c'est Yvan Pelletier.
M. Johnson: D'ailleurs, le président de notre commission
connaît très bien ce conflit...
M. Bellemare: Bon!
M. Johnson: ... étant donné que c'est dans son
comté.
M. Bellemare: Très bien.
M. Johnson: II pourrait vous confirmer qu'effectivement on
négocie.
M. Bellemare: Bon, alors, il faut dire à l'honorable
président qui m'a interrompu... C'est cela, c'est une manière
bien polie de donner raison au ministre pour me faire perdre le fil.
Le Président (M. Boucher): Excusez-moi, M. le
député de Johnson.
M. Bellemare: Non, non, je pense qu'avec les années
d'expérience que j'ai, je dois revenir au sujet. Je vais revenir sur la
bonne "track".
La conciliation à Commonwealth Plywood fonctionne, me dit le
ministre. Est-ce qu'il en a des nouvelles?
M. Johnson: Oui.
M. Bellemare: Le matin, avant de déjeuner?
M. Johnson: J'en ai des nouvelles une ou deux fois par jour, cela
dépend des jours.
M. Bellemare: Ah bon! Cela veut dire que les jours...
M. Johnson: Je sais que le député de Johnson, quand
il était ministre du Travail, c'était le matin avant de
déjeuner, en même temps que ses journaux.
M. Bellemare: Oui, et je verrouillais les portes, à part
de cela.
M. Johnson: Oui.
M. Bellemare: Oui, certainement, et j'en réglais des
problèmes. Je ne dis pas que vous n'en réglez pas, mais un jour
va venir où, comme moi, vous allez être obligé de prendre
en main le petit boeuf et... Je n'ai pas reçu que des louanges de la
part des syndicalistes quand j'étais ministre. Mais seulement...
M. Johnson: Est-ce que vous seriez d'accord pour qu'on adopte
l'élément 2 du programme 1 ?
M. Bellemare: Là, vous allez me faire perdre le fil, vous
aussi.
M. Johnson: Non, je vous pose une question.
M. Bellemare: Avez-vous déjà vu un arbitrage
pareil? J'ai déjà assisté à bien des arbitrages,
mais maintenant, ils sont deux contre moi. Il ne manque que le
député de Saint-Laurent.
M. Johnson: Attendez, les autres n'ont pas encore
parlé.
M. Bellemare: Je voudrais savoir, Commonwealth Plywood
m'intéresse.
M. Johnson: Moi aussi.
M. Bellemare: J'ai eu une communication avec M. Caine, le
président, et avec les avocats Babin et les autres...
M. Johnson: Vous ne parlez pas aux syndicats?
M. Bellemare: Ils ne me parlent pas. Je ne sais pas pourquoi, je
suppose qu'ils n'ont rien à me demander. Ils doivent demander cela
à vous. M. Caine dit que je ne peux pas négocier avec d'autres
qu'avec ceux qui ont la corde et qui ont un contrat collectif. C'est ce que dit
M. Caine, et ce sont les avocats de la compagnie qui disent qu'on ne peut pas
négocier. Vous avez bien fait, vous avez sonné l'alarme en
disant: Les marxistes et les "lenistes" sont dehors.
M. Lavigne: Les léninistes.
M. Bellemare: Comment? Merci, M. le professeur. Il y a des
élèves qui dépassent les maîtres, parfois. Avis vous
est donné.
M. Johnson: Merci.
M. Bellemare: II reste une chose. Vous avez bien fait de le dire
et de dire que c'est là qu'est le problème. C'est là
qu'est la suspicion pour que cela ne se règle pas. Vous avez
menacé en paroles, mais pas encore par des gestes, de prendre les moyens
qu'il faudrait pour régler la situation. Nous attendons les moyens.
M. Johnson: Le conseil des médiations siège. Il a
déjà rencontré une des parties, il en rencontre un autre
groupe la semaine prochaine.
M. Bellemare: Quand j'étais assis à votre place, je
répondais presque la même chose quand je voulais m'en
débarrasser.
M. Johnson: Cela ne vous a pas si mal servi.
M. Bellemare: Non. J'ai fait mes quatre ans toujours et j'ai
laissé de bons souvenirs.
M. Johnson: L'élément 2 serait-il
adopté?
M. Bellemare: Est-ce que la grève à la Commonwealth
Plywood sera réglée prochainement?
M. Johnson: Nous le souhaitons tous.
M. Bellemare: Merci. Encore une réponse à la
Johnson: "Nous le souhaitons tous." Nous prions la Providence pour trouver les
moyens d'éclairer le ministre, pour que cela puisse se régler. Le
ministre a-t-il l'intention de prendre d'autres moyens, à part ceux
qu'on nous a mentionnés, pour la régler?
M. Johnson: Pour le moment, cela fonctionne. M. Bellemare:
Alors, c'est non?
M. Johnson: Pour le moment, cela fonctionne. Il y a un conseil de
médiation qui a déjà entendu les parties.
M. Bellemare: Oui, mais le conseil de médiation le
député de Saint-Laurent vous l'a dit, et moi aussi cela ne
fonctionne pas. Ils ont des voyages...
M. Johnson: Je pense qu'il faudrait peut-être attendre les
résultats, avant de dire que cela ne fonctionné pas. Il ne
faudrait pas anticiper des résultats.
M. Bellemare: Est-ce le plus gros conflit que vous avez
actuellement?
M. Johnson: Cela en est un intéressant, sauf que celui de
la Côte-Nord est un peu plus préoccupant.
M. Bellemare: A I'lron Ore aussi, cela m'occupe aussi. Mais
Thibault, c'est réglé? Thibault de Pierreville.
M. Johnson: Pas encore.
M. Bellemare: Cela ne fait que deux ans.
M. Johnson: Deux ans.
M. Bellemare: Ah! Et cela fait deux ans qu'ils sont au pouvoir.
On a toutes les solutions!
M. Johnson: Cela a commencé avant le 15 novembre.
M. Bellemare: Certainement. Mais vous avez dit et vous avez
répété: On a toutes les solutions pour régler
cela.
M. Johnson: Jamais.
M. Bellemare: Jamais? Je vais vous lire votre programme. Je l'ai
lu assez souvent dans votre programme.
M. Johnson: L'élément 2 serait-il adopté?
M. Bellemare: Canadiens, 2 et Boston, 1.
Le Président (M. Boucher): Elément 2,
Adopté?
M. Bellemare: Oui.
M. Forget: M. le Président, j'aurais...
Le Président (M. Boucher): Elément 3? M. le
député de Saint-Laurent, à l'élément 2?
M. Forget: Oui, cela couvre les trois éléments.
M. Grégoire: J'aurais quelques questions
là-dessus.
M. Forget: Les trois programmes sont ventilés par
sous-catégories de dépenses. J'aimerais que le ministre nous
explique comment il se fait que, pour l'année en cours, il va
dépenser $70 000 de moins en loyers que l'année
précédente. C est un accroissement de budget qui est fort
modeste, mais quand on voit des diminutions, cela excite notre
curiosité, évidemment. C'est peu commun.
M. Johnson: C'est la technique habituelle de la compensation
budgétaire dans les ministères. Comme vous le savez, la
Commission du salaire minimum, en vertu de la Loi du salaire minimum qu'on va
amender d'ailleurs bientôt quant à cet article, devait payer les
frais de la conciliation et
de l'arbitrage. Or, par une technique qui est bien connue des experts de
tous les ministères, et surtout ceux du Conseil du trésor, le
ministère payait $97 000 en loyers au gouvernement, le service de
conciliation, et se faisait rembourser par la Commission du salaire minimum. Il
y a peut-être une autre explication que celle-là, et, comme par
hasard, étant donné que la Commission du salaire minimum ne
paiera plus, le loyer est établi à $25 000.
M. Forget: C'est un loyer que paie le ministère au
gouvernement?
M. Johnson: Je ne sais pas à qui il paie, probablement au
ministère des Travaux publics. C'est cela. La différence entre
$27 000 et $97 000, c'était le loyer que le ministère payait aux
Travaux publics et qu'il se faisait rembourser par la Commission du salaire
minimum. Les $27 000 résiduels, c'est le montant que le ministère
paie en location de salles diverses, à l'occasion de réunions de
conciliation ou d'audition, d'accréditation, etc., dans des
hôtels, dans des régions, ou dans des commissions scolaires, quand
nos officiers vont là.
M. Forget: Une autre question très brève, et
j'aurai terminé sur l'élément 2, comme sur
l'élément 1, mais, avec la permission du ministre, j'aimerais lui
poser une question de détail relativement à
l'élément 1, puisqu'il est question de la protection des droits
d'association. Est-ce qu'il peut nous dire si, à la suite de l'adoption
des nouvelles mesures sur l'accréditation, dans le projet de loi 45, il
y a une hausse sensible du pourcentage de travailleurs qui sont visés
par une unité d'accréditation?
M. Johnson: Je m'excuse, j'ai...
M. Forget: Une hausse sensible du taux de syndicalisation, si
vous voulez.
M. Johnson: Une hausse, bon, d'accord. Le nombre de demandes
d'accréditation. De toute façon, même si on avait des
séries, je ne pense pas qu'elles seraient significatives parce que cela
ne fait même pas deux mois. De toute façon, les dispositions
touchant les 35% sont entrées en vigueur le 1er avril; alors, on est
à peine au 15 mai. D'une part, je pense qu'on n'a pas de données
disponibles, ce qui prend habituellement deux mois; deuxièmement, je
pense qu'elles ne seraient pas nécessairement significatives.
M. Bellemare: J'aurais une question à poser...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Johnson, M. le député de Frontenac avait demandé la
parole.
M. Bellemare: Je n'ai pas d'objection. Tant mieux si...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Frontenac.
M. Bellemare: ... c'est correct.
Le Président (M. Boucher): C'est sur
l'élément 2.
M. Bellemare: Là, il ne pourrait plus parce que les
grévistes ne sont pas là'.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président...
M. Laplante: C'est pour cela que je riais tout à l'heure;
j'essayais de lui dire: Ton monde n'est pas là.
M. Bellemare: J'ai bien vu le sens pratique, moi aussi.
M. Grégoire: M. le Président, j'aurais une couple
de questions à poser, dans la même veine que celles que je posais
à 17 h 45 mais que je n'ai pas eu le temps de poser cet
après-midi, entre autres, en fonction de la conciliation et de
l'arbitrage, en marge du projet de loi 45. Je voudrais savoir quels sont les
délais minima que s'accorde le ministère pour fournir un
inspecteur, en vertu de l'article 97c, lorsque...
M. Bellemare: Un inspecteur ou un...
M. Grégoire: Le délai minimum ou le délai
maximum, ou la moyenne de ce qui s'est produit à ce jour.
M. Johnson: II n'y en a pas de fixé.
M. Grégoire: Cela peut prendre un an, cela peut prendre
six mois?
M. Johnson: Non, non. On peut difficilement dire que cela va
prendre un an. Je pense que le député de Frontenac va comprendre,
étant donné que la loi est en vigueur depuis trois mois.
M. Grégoire: II n'y a aucun délai minimum ou
maximum?
M. Johnson: II n'y en a aucun de prévu dans la loi...
M. Bellemare: Ni, non plus, dans le Code du travail.
M. Johnson:... et c'est une question administrative.
M. Grégoire: Quelle est la moyenne à l'heure
actuelle, à ce jour, quand cela a été demandé?
M. Johnson: De oui, non? Je dirais trois semaines.
M. Grégoire: Trois semaines.
M. Johnson: Trois semaines, un mois au maximum. Une demande
précise qui, à sa face même, justifie la nomination d'en
enquêteur "anti-scabs", à moins qu'il y ait simultanément
une demande en vertu de l'article 81, donne lieu normalement à une
nomination en dedans de deux ou trois semaines.
M. Grégoire: Très bien.
M. Johnson: Ce qui est normal.
M. Bellemare: M. le Président, est-ce que je pourrais
savoir pourquoi on n'a pas encore le rapport annuel du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre, pour étudier les crédits? Est-ce
que c'est volontaire?
M. Johnson: Ce n'est absolument pas volontaire.
M. Bellemare: Non, c'est accidentel.
M. Johnson: C'est le service des communications du
ministère qui le prépare. C'est un service qui a connu, depuis
quelques mois, des chambardements considérables et, tout
récemment, nous avons désigné, par intérim, un
nouveau directeur des communications. Je sais qu'en ce moment il travaille
à la confection du rapport.
M. Bellemare: On peut vérifier celui de 1976 mais on n'a
pas celui de 1977, comment voulez-vous qu'on soit préparés pour
les crédits? Le ministre est peut-être conscient de cela;
peut-être qu'il n'a pas mis la pédale bien forte. Je ne l'accuse
pas, écoutez!
M. Johnson: J'espère.
M. Bellemare: Ah! non, je le pense plein de bonne foi. J'ai
remarqué, pour les employés permanents qui étaient au
nombre de 89, vous en ajoutez 5. A l'élément 2, au nombre de 45,
vous en ajoutez 2. C'est ce qui produit une augmentation de sept aux
employés permanents, ce qui fait qu'il y a une augmentation de 132
à 139. C'est cela?
M. Johnson: C'est cela.
M. Bellemare: Ah! Canadien 2, Boston 2.
M. Johnson: Elément 2, adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Bellemare: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Elément 3,
adopté? (20 h 30)
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Programme 1, adopté?
Programme 2: Normes de travail. M. le ministre, sur le programme 2.
M. Johnson: Elément 3?
Normes de travail
Le Président (M. Boucher): Sur le programme 2: Normes de
travail. Elément 1.
M. Forget: M. le Président, il y a une diminution de 25%,
ou presque, des crédits pour l'application des normes de travail, il
s'agit du travail d'inspection des comités paritaires, des
décrets, en somme, l'application des décrets. Comment
interpréter la diminution de 25% dans l'application des décrets;
est-ce que cela reflète une décision de caractère
politique, dans le bons sens du mot, une décision du ministre ou du
gouvernement de ne plus appliquer avec autant de rigueur, de diminuer
l'importance des décrets, en décourageant leur application
rigoureuse ou en ne faisant rien pour voir à ce qu'ils soient
appliqués?
M. Johnson: Je pense que c'est, d'abord et avant tout, la
traduction d'un état de fait. On ne peut pas dire que les
décrets, depuis quelques années, ont été
particulièrement choyés au niveau du ministère. Je pense
qu'il est nécessaire et nous avons amorcé ce processus
de revoir l'ensemble de la question des décrets qui, dans
certains cas, sont carrément moribonds; qui, dans d'autres cas, je
pense, ont leur utilité. Deuxièmement, les conditions minimales
qui s'annoncent devraient, à cause de leur champ d'application,
permettre à l'inspection, par la Commission du salaire minimum, de
certaines conditions qui seraient prévues dans les conditions minimales,
de faire en sorte qu'on ait une vérification du respect des dispositions
qui se retrouveront puisque nous désirions, a priori, que les
conditions minimales s'appliquent même dans le secteur des décrets
à travers la Commission du salaire minimum, d'où
à nos yeux l'absence de la nécessité de
réaffirmer la vigueur de ce secteur en termes d'effectifs et d'argent
qu'on puisse y mettre.
M. Bellemare: II y a une baisse considérable: $55 000
à l'élément 1, a l'application des normes de travail, il y
a $20 000 pour le soutien administratif technique, ce qui fait un crédit
à voter de $65 000 de différence, de $365 000 à $440 000,
l'année passée. Est-ce que c'est causé par une diminution
du nombre d'employés permanents ou par une réduction des services
offerts par le ministère à ce niveau?
M. Johnson: C'est surtout à cause d'une diminution au
chapitre des communications et des différents services. Entre autres,
aux communications, on passe de $36 000 à $20 000. Dans le cadre des
conditions minimales et dans le cadre
du budget général des communications, que l'on retrouvera
un peu plus loin, on pense qu'au-delà de la publication de ce qui
entoure les décrets, ce qui importera ce sera sans doute la publication
des conditions minimales.
M. Forget: Si on comprend bien, le ministre nous dit qu'il
diminue le budget, même si les lois ne sont pas modifiées, en
anticipation de la volonté de l'Assemblée nationale?
M. Johnson: Bien, gouverner c'est prévoir.
M. Bellemare: Peut-être arriverez-vous avec des "excess
profits".
M. Forget: Tout ce que le ministre est autorisé à
prévoir, c'est que les lois qui sont en vigueur doivent continuer de
s'appliquer, jusqu'à ce qu'elles soient amendées par
l'Assemblée nationale.
M. Johnson: En ce moment, je ne vois pas l'utilité de
mettre les énergies au niveau, entre autres, des communications,
à rendre publique la Loi des décrets qui aura besoin, je pense,
d'être revue, si ce n'est pas refait dans un avenir à moyen terme.
Je ne vois pas l'utilité de continuer à y mettre l'énergie
qu'on y a mise dans le passé, compte tenu de l'application et compte
tenu des déficiences qu'on trouve dans cette loi, actuellement.
M. Forget: Comme le ministre a dit qu'il y avait des secteurs
où c'était moribond et d'autres où cela continuait
d'être utile, est-ce que les diminutions de personnel et les diminutions
d'efforts du ministère pour leur application vont être
réparties à peu près également quant à tous
les décrets ou si cela s'appliquera particulièrement à
certains décrets dont le ministère va choisir, en quelque sorte,
de se "désintéresser" entre guillemets?
M. Johnson: Je pense que le ministère ne doit pas se
désintéresser. Là où il y a un décret, il y
a une signification, il y a un sens juridique. Il y a des personnes qui sont
touchées, il y a des salariés, il y a des entreprises qui sont
touchés. On ne peut pas s'en défaire. J'ai cependant
affirmé, au début de mon mandat, que c'était un secteur
que nous allions revoir. En ce moment, et je l'ai mentionné, il y a un
groupe d'étude qui va me remettre d'ici quelques jours un rapport final.
J'ai déjà reçu des rapports intérimaires. Il y a de
nombreux postes qui n'étaient pas comblés. Nous avons choisi,
durant cette période d'étude, de ne pas combler ces vacances qui
sont survenues par attrition naturelle, pour faire en sorte de ne pas anticiper
sur le type de réforme que nous aurons à faire dans le secteur
des décrets.
M. Forget: La diminution de 16 à 12 reflète le fait
de ne pas combler les postes déjà vacants.
M. Johnson: C'est cela.
M. Forget: Cela ne reflète pas une diminution
réelle dans les effectifs.
M. Johnson: Ce n'est pas une diminution réelle dans les
effectifs.
M. Bellemare: Dans la catégorie no 3, communications, vous
avez $20 500 et $36 500 et, dans l'autre côté, dans
l'élément 2, vous avez: communications: $25 800; $10 700
$36 500 plus $26 000. Il y a là une augmentation, et dans
l'élément 1, communications, il y a une baisse.
Le Président (M, Boucher): Etes-vous au programme 2?
M. Bellemare: Je suis au programme 1, la catégorie 3:
communications.
M. Johnson: Nous sommes au programme 2.
Le Président (M. Boucher): Nous sommes rendus au programme
2, élément 1.
M. Bellemare: C'est cela, c'est le programme 2,
élément 1, catégorie 3: communications, $14 500; $6000, et
$10 000; $20 500 et $36 500. Une diminution.
M. Johnson: Je m'excuse, je vous ai peut-être induits en
erreur tout à l'heure en faisant allusion aux communications. Ce ne sont
pas les communications au sens du budget de la section des communications du
ministère. Ce sont les communications en termes de transport de nos
fonctionnaires. Je vous ai induits en erreur tout à l'heure. La
diminution de l'effectif, c'est l'attrition naturelle. Evidemment, avec une
diminution de l'effectif, il y a une diminution des dépenses qu'on a
à payer pour les fonctionnaires qui voyagent. La diminution vient de
là.
M. Bellemare: Dans le programme 2, l'autre page...
M. Johnson: Pourriez-vous me donner le numéro de la page
à laquelle vous vous référez? Est-ce 22-5?
M. Bellemare: Le programme 2, normes de travail, vous avez les
catégories 1, 2 et 3: communications: $25 800, $10 700. En 1977/78, $36
500 contre $26 000. Il y a augmentation.
M. Johnson: $14 500 à l'élément 1,
c'est-à-dire l'application des normes de travail, $6000 à
l'élément 2, qui. est le soutien administratif et technique, pour
un total de $20 500, par rapport à l'an dernier: $36 500.
M. Forget: M. le Président, j'ai deux autres questions. Le
ministre pourrait-il fournir aux membres de cette commission un document qui
est préparé de façon routinière je crois, pour les
fins de son ministère, qui consiste dans l'analyse du
contenu des conventions collectives signées en 1975, en 1976 et
en 1977?
M. Johnson: Des conventions collectives ou des
décrets?
M. Forget: Des conventions collectives, parce que ce genre
d'information est important pour permettre de comprendre à la fois les
décrets et aussi la législation à venir sur le salaire
minimum ou les conditions minimales de travail. Le dernier relevé qui
nous est disponible est celui de 1974.
M. Johnson: A ma connaissance, à part certains projets
spécifiques au secteur de la recherche au ministère, l'analyse
des conventions collectives est celle qu'on retrouve par le groupe de
l'Université McGill, avec lequel nous sommes en pourparlers d'ailleurs
depuis de nombreuses semaines, et peut-être même des mois, quant
à l'utilisation des données de McGill. Est-ce que cela vaudrait
la peine d'intensifier et même de subventionner largement ce groupe? Tout
cela se fait dans le cadre d'une volonté que j'ai déjà
exprimée et que nous commencerons à traduire, je l'espère,
cette année, de recherche sur les conditions de travail et donc, analyse
des conventions collectives.
Je ne pense pas qu'il existe en ce moment de documents qu'on peut faire
circuler, comme, par exemple, le bilan des grèves, le bilan des avis de
licenciement collectif ou le bilan de certaines demandes en vertu du code. Cela
a peut-être existé jusqu'en 1974, mais cela n'existe plus depuis
un bout de temps.
Je sais cependant qu'il existe certaines analyses, mais non pas sur une
base régulière comme c'est le cas de la publication hebdomadaire
mensuelle de certaines de ces données.
M. Forget: Alors, même le ministère ne dispose pas
d'une telle analyse...
M. Johnson: Le ministère...
M. Forget: ... pour les années postérieures
à 1974?
M. Johnson: Non. Le service de la recherche du ministère
possède certaines de ces analyses et cela peut se faire par blocs, par
catégories, mais ce n'est pas systématique au sens d'un bilan mis
à jour constamment, autrement que pour les fins de la recherche et non
pas pour des fins de diffusion.
D'ailleurs, c'est un domaine je suis sûr que le
député de Saint-Laurent comprendra d'une extrême
complexité. Juste penser en termes d'information de ce secteur, cela
donne des maux de tête aux informaticiens et aux programmeurs, compte
tenu de la complexité des conventions collectives. Le groupe de McGill
que j'ai l'intention de visiter est effectivement relativement bien
mécanisé et pourvu; cependant, on sait que cela ne s'applique pas
à l'ensemble des conventions collectives au Québec. Ce sont
certaines catégories de conventions collectives.
M. Forget: Mais, malgré tout, c'est une couverture assez
vaste. Les analyses préparées par les services du
ministère sont-elles accessibles?
M. Johnson: Dans la mesure où toute recherche faite au
niveau du gouvernement peut l'être, oui, mais avec les mêmes
restrictions qui sont les restrictions usuelles de l'information qui n'est pas
disponible parce que, pour des raisons administratives, le ministre juge
qu'elles ne le sont pas. Si on pouvait trouver des sommaires de certains
sujets, cela me fera plaisir, à la demande de qui que ce soit, de les
faire parvenir.
M. Forget: C'est un droit à l'information plutôt
maigrement mesuré.
M. Johnson: Pardon?
M. Forget: C'est un droit à l'information plutôt
maigrement mesuré par le ministre.
M. Johnson: Non, mais autrement que les réserves
habituelles que le ministre peut émettre quant à la circulation
des documents disponibles... Je m'explique. Si, à la suite de demandes
incessantes du public comme j'ai l'occasion parfois de le constater dans les
questions au feuilleton, on me demande de faire l'équivalent d'un
inventaire de la situation de tous les travailleurs du Québec, tous les
mois, il est bien évident que nous ne sommes pas équipés
pour faire cela. Cependant, il existe des monographies sur certains sujets au
ministère qui sont accessibles à qui les demande.
On m'indique d'ailleurs que le nombre de conventions collectives
recensées et qui sont déposées par année au
ministère, mais qui ne font pas nécessairement l'objet d'analyses
systématiques, c'est 3500 à 4000 conventions collectives par
année. On a une idée du travail que cela pourrait
représenter de les dépouiller. Or, le groupe McGill
procède, entre autres, par échantillonnage, selon la
catégorie de secteurs d'activités.
M. Forget: Une deuxième question, et ce sera tout pour le
programme 2 quant à moi. L'enquête que la Commission du salaire
minimum avait effectuée ou était en train d'effectuer l'an
dernier à cette date, quant aux effets indirects d'une hausse de salaire
minimum et dont le prédécesseur du ministre actuel avait
parlé lors des crédits l'an dernier est-elle terminée?
Pourrait-elle être communiquée aux membres de la commission?
M. Johnson: II y a eu une série de données
et je ne sais pas si on peut appeler cela enquête j'ai reçu
de nos fonctionnaires de la recherche ainsi que d'un groupe de la Commission du
salaire minimum, lors de la dernière hausse, certains documents que je
peux rendre disponibles à ceux qui le veulent. Cependant, il y a en ce
moment un groupe du développement économique et un groupe du
ministère du Travail qui travaillent conjointement à
l'étude des conséquences du salaire minimum.
M. Forget: Le ministre a dit qu'il pourrait la rendre disponible
à ceux qui la veulent. Pourrait-il considérer ma question comme
étant une indication d'intérêt?
M. Johnson: Sûrement.
M. Betlemare: Le ministre pense-t-il que le salaire minimum,
comme il l'a déjà annoncé, va suivre son cours normal
d'ici un mois quant à l'augmentation?
M. Johnson: Le Conseil des ministres n'a pas eu encore à
se prononcer sur cette question.
M. Bellemare: Vous aviez déjà annoncé
qu'à toutes les périodes déjà
décrétées, cela serait usuel, mai et novembre.
M. Johnson: Automatique, oui.
M. Bellemare: Automatique, oui. Mai et novembre. Est-ce
l'intention du gouvernement de laisser pour le moment le salaire minimum
à $3.27? (20 h 45)
M. Johnson: Pour le moment, comme je le disais, le salaire
minimum est effectivement à $3.27, plus les deux exceptions des
employés à pourboires et des moins de 18 ans qui sont
inférieures à ça. Le Conseil des ministres n'a pas eu
à rendre sa décision pour la hausse possible du 1er juillet. Nous
attendons les résultats d'une étude d'impact qui est faite en ce
moment.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, dans le programme 2,
sur l'extension des conventions collectives à des groupes de
travailleurs non organisés, est-ce que cela comprend les comités
paritaires?
M. Johnson: C'est ça.
M. Grégoire: Maintenant, quand il y a des avis
d'augmentation de salaires établis par les comités paritaires
dans les ateliers de travail non syndiqués, est-ce que les patrons ou
les propriétaires de ces ateliers peuvent contester s'ils
reçoivent des avis et quelle est la manière dont leurs sont
envoyés ces avis?
M. Johnson: C'est-à-dire qu'il y a enquête et
audition avant qu'on décide d'étendre les dispositions d'une
convention collective à des entreprises non syndiquées. Je
m'explique. Par exemple, dans un domaine, pour en nommer un qu'on ne
connaît pas...
M. Bellemare: ...
M. Grégoire: ...
M. Johnson: Enfin, celui-là... Je vais prendre un exemple
un peu plus simple, parce qu'il y en a plusieurs, parce qu'il y a le
vêtement pour dames, le vêtement fin, la bonneterie, il y en a une
série. Prenons un exemple, un décret qui pourrait exister dans le
secteur du meuble, ce qui n'est pas nécessairement le cas: des
entreprises syndiquées signent une convention collective avec des
représentants des travailleurs de cette entreprise. La procédure,
c'est qu'à partir de là, les parties intéressées,
c'est-à-dire des entreprises analogues et le syndicat qui l'a
signé, peuvent demander l'extension de cette convention collective
à un territoire désigné ou même l'ensemble du
Québec dans certains cas.
Il y a enquête et audition par la section des normes du travail du
ministère qui dépend de la direction générale des
relations de travail, et on entend les oppositions des entreprises ou des
syndicats impliqués ou des salariés impliqués.
Ensuite, le ministre, en vertu de la loi, prend la décision
d'étendre ou de ne pas étendre l'ensemble ou une partie des
conditions à l'ensemble ou à une partie du territoire.
M. Grégoire: Ce que je voudrais savoir, comment les
propriétaires de ces autres enteprises sont-ils avertis qu'il y aura
enquête et audition?
M. Johnson: C'est par la Gazette officielle.
M. Grégoire: Uniquement.
M. Bellemare: ... ils peuvent admettre...
M. Johnson: Oui, c'est la Gazette officielle, mais c'est aussi,
parce qu'on parle habituellement d'entreprises avec le même type
d'activités... Donc elles sont, en pratique, souvent averties par des
bulletins, l'Association du vêtement pour hommes qui a son bulletin
mensuel, ou les associations elles-mêmes qui se réunissent.
Habituellement, elles peuvent être renseignées. Maintenant, rien
n'oblige la publication dans les journaux des avis d'audition, c'est seulement
dans la Gazette officielle.
M. Grégoire: Est-ce que l'association présente de
l'industrie de la robe, est-ce que l'association reçoit un avis par
lettre du comité paritaire ou si c'est elle qui est obligée de
surveiller, dans la Gazette officielle, les occasions où un tel avis
peut passer? Ou est-ce qu'elle est avertie par lettre directement ou si elle
doit surveiller la Gazette officielle et à défaut de quoi, si
elle ne l'a pas lu dans la Gazette officielle, c'est dommage, mais elle ne
comparaît pas.
M. Johnson: Comme beaucoup d'autres réglementations, je
suis bien prêt à accepter que ce soit une des déficiences
de l'appareil gouvernemental en matière réglementaire, la loi
n'oblige le ministère qu'à publier l'avis dans la Gazette
officielle. Donc, en principe, on pourrait assister au cas d'un employeur qui
se voit soumis à un décret et s'il n'a pas été
avisé par son association, par ses
voisins, par des collègues ou par les travailleurs, il pourrait
rester surpris.
Cependant, il ne faut pas oublier que la décision
d'étendre les dispositions d'une convention collective à d'autres
secteurs non syndiqués et à d'autres entreprises que celles
visées dans la convention collective, implique une notion de
prépondérance. Pour qu'il y ait prépondérance, on
présuppose que la majorité des personnes impliquées, tant
du côté patronal que syndical ont été entendues.
M. Bellemare: Ils sont rares ceux qui, dans la robe, ou dans la
boîte de carton, ou dans la menuiserie, ne sont pas au courant du terme
final du décret; ils surveillent cela énormément et ils
prennent des précautions pour le savoir.
M. Grégoire: Je peux dire au député de
Johnson que, dans l'industrie de la robe, cela a pris deux ans avant que
l'association des propriétaires d'ateliers ou des entrepreneurs pour des
groupes manufacturiers sachent que c'était publié dans la Gazette
officielle et qu'ils pouvaient comparaître. Ce n'est que depuis trois
mois qu'ils sont groupés en association et même à ce
moment-là, ils ne le savaient pas. Ce n'est que lors du dernier
décret il y a trois semaines qu'ils sont allés pour la
première fois... Au comité paritaire, on a été
tellement surpris qu'on a remis l'audition d'une semaine. Il y a de dizaines et
des dizaines de milliers d'employés dans l'industrie de la robe.
M. Johnson: Cela m'étonne un peu, parce que l'industrie de
la robe remonte à environ 1940. Je pense que l'ensemble des employeurs
du secteur de la robe sait qu'il y a un 'comité paritaire. Comme ils
paient de l'impôt, cela fait partie de la vie courante des entreprises
qu'il y a un décret dans le secteur de la robe. Il y a plusieurs
décrets dans le secteur de la robe. La confusion vient peut-être
de cela.
M. Bellemare: II peut arriver un fait comme celui qui est
arrivé à Bromptonville dernièrement. En 1976, le
décret avait reconnu les élections fédérales comme
journée fériée, mais pas les élections
provinciales. C'est sûr et certain qu'on a eu une pétition pour
faire le décret sur le même modèle.
M. Johnson: De toute façon, dans tous les cas, quand on
apprend qu'un groupe qui risque d'avoir une influence sur la notion de la
prépondérance dans l'extension du décret, veut être
entendu, la loi est ainsi faite qu'on peut, à toutes fins pratiques,
rouvrir l'enquête n'importe quand, modifier le décret n'importe
quand.
En général, on s'arrange, dès qu'un groupe nous
fait savoir qu'il est intéressé, qu'il est touché par un
décret et qu'il en a appris l'existence comme cela, soudainement, pour
les entendre, ils sont les bienvenus. On a des fonctionnaires, au
ministère, qui s'occupent de leur expliquer comment cela fonctionne.
Adopté, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): Elément 1,
adopté? Elément 2, adopté?
M. Bellemare: Oui.
Le Président (M. Boucher): Programme 2, adopté?
Programme 3?
M. Johnson: Programme 3, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le ministre.
Gestion interne et soutien
M. Bellemare: Au programme 3, M. le Président, j'ai une
question, si le député de Saint-Laurent me le permet.
M. Forget: Allez-y, monsieur.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Cet après-midi, quand vous m'avez
présenté lès autres sous-ministres, vous ne m'avez pas
répondu lorsque je vous ai demandé où était rendu
M. Laporte. A l'élément 1, à la direction, c'est
peut-être la meilleure place pour le savoir.
M. Johnson: M. Laporte est, en ce moment, détaché
auprès du Conseil exécutif.
M. Bellemare: Oui, ils sont nombreux ceux...
M. Johnson: Et il travaille.
M. Bellemare: II travaille, vous pensez?
M. Johnson: En général, les gens au Conseil
exécutif travaillent.
M. Bellemare: Je peux vous en nommer qui ne travaillent pas. lis
sont sur les tablettes et on ne fait que les épousseter. M. Laporte est
parti en bons termes avec le ministère?
M. Johnson: Toujours.
M. Bellemare: Toujours. Avec vous aussi?
M. Johnson: Oui, sûrement.
M. Forget: Après cet échange éclairant, M.
le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Bellemare: Je pense que c'est "la porte" qu'il a eue.
M. Forget: M. le Président, on a, dans le programme 3, un
programme qui est présenté
laconiquement comme suit: "Ce programme vise à planifier, diriger
et coordonner les ressources humaines, physiques et financières
essentielles à la gestion des programmes du ministère." Fort
bien. Le budget du ministère a subi une augmentation en dollars
courants, de moins de 1%, ce qui correspond à une diminution dans le
volume physique des ressources qu'il aurait à gérer, à
administrer, à coordonner, et cependant, les gestionnaires du
ministère se sont décernés une augmentation de 15,46% de
leur budget à eux, qui est utilisé pour les fins de
l'administration.
De la même façon, on voit que les effectifs
approuvés du ministère dans son ensemble passent de 2686 à
2531, donc, une diminution de quelques 150 postes. Cependant, les postes
approuvés à la gestion interne et au soutien passent de 371
à 386. Il semble que pour administrer de moins en moins de ressources,
on a besoin de plus en plus de monde. Et pour gérer dans un style
peut-être plus décontracté, plus confortable, on fait le
sacrifice de certains services à la clientèle.
Je ne comprends pas tout à fait les priorités, à
moins que Je ministre prenne à son compte une argumentation du genre
suivant: Que le personnel du ministère était tellement
surmené, le personnel de direction, de gestion, était tellement
surmené, qu'il était impératif pour la santé
mentale de tous que leur fardeau de tâche soit allégé.
On se pose des questions. Quand un ministère a besoin de $9
millions pour administrer un budget total d'un peu moins de $70 millions, c'est
quelque chose comme un huitième du budget qui passe à
l'administration. A ce titre, j'ai un peu peur de penser à ce que serait
le budget d'administration des Affaires sociales qui serait d'environ $300
millions ou $400 millions, alors qu'il en coûte moins de $100 millions
pour l'administrer. On nous a parlé, quand on a mis sur pied la
Régie de l'assurance automobile, que 2%, 3% ou 4%, ce serait suffisant
pour payer les coûts d'administration. Ici, on a quelque chose comme 16%
ou 17%, peut-être un peu moins que cela, mais un chiffre
impressionnant.
Il me semble qu'il y a un problème de priorités, d'autant
plus qu'à l'intérieur du programme 3, on voit que le parent
pauvre sera la recherche, étant donné les explications
collectives pour une année récente. Au ministère du
Travail, il semble assez curieux qu'on fonctionne gaiement, à
l'aveuglette. On fonctionne aux instruments. On se dit: On ne sait pas ce que
contiennent les conventions collectives, mais tout va bien. On donne seulement
4,77% de plus à la recherche, ce qui ne couvrira même pas les
augmentations de salaires dans ce secteur. Donc, une diminution de l'effort de
recherche et une augmentation du grattage de papier administratif, par
ailleurs. Il me semble que c'est assez curieux.
M. Johnson: D'abord, quant au pourcentage accordé aux
traitements et à l'ensemble des considérations pécuniaires
qui touchent la direc- tion du ministère, il ne faudrait peut-être
pas oublier que, contrairement aux Affaires sociales, le ministère du
Travail n'est pas un ministère à subventions. C'est bien facile
de dire qu'on a 3% du budget total qui s'en vont dans la
rémunération et dans l'ensemble des considérations
pécuniaires qui touchent la direction du budget, mais on n'accorde pas
des subventions à coup de milliards comme c'est le cas aux Affaires
Sociales, et cela devient facile de faire un ratio, à ce moment.
L'essentiel des budgets du ministère passe dans les traitements de nos
fonctionnaires. C'est une première considération.
Une deuxième considération, c'est une réaffectation
d'une partie des énergies du ministère qui étaient
dispersées dans certains services et l'augmentation réelle de
quelques services qui relèvent du programme no 3, dont le service des
communications qui avait besoin d'être remis à jour un peu,
étant donné le retard considérable qu'il avait
accumulé depuis plusieurs années. Je l'ai déjà
évoqué, étant donné la nécessité de
faire connaître beaucoup d'éléments qui découlent de
la réglementation du ministère et qui affectent un tas de
citoyens.
Finalement, quant à la recherche, il y a aussi le fait que nous
avons avec le ministère de l'Education, une sorte d'entente, qui fait
qu'une bonne partie de nos effectifs à la recherche, travaille sur le
service des plans de carrières. Ce sont des entreprises conjointes avec
le ministère du Travail. A ce titre, il peut y avoir également
des réaffectations. Dans l'ensemble, on pourrait dire que c'est un
équilibre, c'est un renouvellement, c'est une certaine stabilité
finalement de ce qui existait au niveau de la direction, compte tenu des
facteurs que je viens d'énumérer, à l'exception,
cependant, des quinze postes additionnels qu'on retrouve au chapitre de la
direction, malgré le fait que le ministère, globalement, perde
environ 150 postes qui sont survenus, essentiellement, par attrition
naturelle.
M. Forget: Ou se retrouvent ces 15 nouveaux postes dans la
direction du ministère?
M. Johnson: On en retrouve deux aux communications. Il y a la
vérification interne que j'oubliais. Selon une recommandation du
Vérificateur général du Québec qui nous
suggérait d'avoir quatre ou cinq nouveaux effectifs au niveau de la
vérification interne, nous avons donné suite à ceci,
dès que nous avons eu le rapport du Vérificateur
général. Cela fait sept postes. Il en reste huit autres. Je pense
qu'il y a le bureau du sous-ministre et cela remonte déjà
à quelques mois, ce qui fait cinq à la vérification
interne et non quatre, six aux services auxiliaires. Il faut expliquer aussi
que le ministère a déménagé de l'édifice G
à l'édifice de la Laurentienne récemment, deux au
secrétariat et deux aux communications. (21 heures)
M. Bellemare: II y a huit employés permanents, soutien
administratif et technique...
M. Forget: Combien y a-t-il de personnes qui sont
affectées au cabinet du ministre et, j'imagine, qui émargent
à ce budget-là?
M. Johnson: II y a, hormis le chef de cabinet, quatre personnes
qui ont le titre de chef de cabinet adjoint, quatre personnes classées
secrétaires et/ou agents d'administration... Je parle du pool des
secrétaires, si on veut, où il y a deux catégories
d'employés. C'est pour Québec. Pour Montréal, il y a une
réceptionniste et trois secrétaires.
M. Forget: Et là il n'y a pas de croissance.
M. Johnson: Non, il n'y a pas eu de croissance par rapport aux
effectifs comparés sous M. Cour-noyer, M. Harvey et mon
prédécesseur, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas.
M. Bellemare: A l'élément 3, M. le
Président, est-ce qu'on en est rendu à la Loi sur la mise en
tutelle?
M. Johnson: Pardon.
M. Bellemare: Est-ce qu'on en est rendu à la Loi sur la
mise en tutelle? Il y a $61 000 de moins cette année.
M. Johnson: Oui, c'est parce que cela va bien. Je m'excuse, vous
retrouvez cela où? A l'élément 3?
M. Bellemare: Elément 3. "Moins: Crédits
permanents, Loi sur la mise en tutelle de certains syndicats ouvriers, 1975,
chapitre 57, $200 000 par rapport à $261 000". Donc, il y a $61 000 de
moins.
M. Johnson: Ils n'ont pas dépensé tout leur argent
l'an dernier.
M. Bellemare: Non. Ma question est celle-ci. Est-ce que vous
croyez qu'avant... D'abord, est-ce qu'il y a eu progrès concernant le
local 144, parce que, dans le rapport qui avait été fait par le
tuteur, M. Ryan, il disait qu'il avait eu énormément de
misère à faire le rapprochement des parties, mais qu'il avait
espoir que cela finirait par une entente. Est-ce que dans le local 144, sous la
tutelle de M. Ryan, cela s'est amélioré?
M. Johnson: Je pense que sous la tutelle de M. Beaudry et de M.
Gauthier, les choses se sont considérablement améliorées.
Sans reprendre ici toute la question qui entourait la tutelle du local 144, je
pense que depuis que certaines opérations de maison nette ont
été réalisées, de plus en plus les plombiers
assument eux-mêmes la responsabilité de leur propre local qui, il
faut se rappeler, remonte au siècle dernier où il y a une
tradition importante. Je pense que la tutelle, jusqu'à maintenant en
tout cas, est plus qu'un demi succès. Je pense que jusqu'à
maintenant, compte tenu des conditions relativement difficiles dans lesquelles
cela fonctionne toujours une tutelle, c'est quand même un
succès.
M. Bellemare: II y avait trois tutelles. Dans le rapport que j'ai
lu, on a dit que les deux premières tutelles semblaient sur le point de
se régler définitivement et qu'on enlèverait le
tuteur.
M. Johnson: C'était dans le rapport de M. Ryan?
M. Bellemare: C'est cela.
M. Johnson: J'attends cependant l'opinion des nouveaux tuteurs
que j'ai nommés, rapport que j'aurai l'occasion de déposer,
j'espère, avant l'ajournement d'été. Il y a
évidemment le local 144, il y a le local 791, où cependant des
élections ont eu lieu récemment. Il reste la FIPO,
c'est-à-dire la Fraternité interprovinciale des
électriciens et les deux locaux des employés d'ascenseurs, celui
de Québec et celui de Montréal.
M. Bellemare: Vous avez bon espoir qu'à un moment
donné la tutelle va se terminer dans au moins 90% des cas?
M. Johnson: 90% des cas, cela ferait trois sur quatre au moins.
Je pense que dans deux cas c'est plus susceptible de se réaliser.
Cependant, je pense qu'il faudrait absolument attendre le rapport des tuteurs,
et que c'est prématuré en ce moment.
M. Bellemare: II y a $61 000 de moins, c'est parce qu'ils
ont...
M. Johnson: C'était non dépensé. M.
Bellemare: C'était non dépensé.
M. Johnson: Est-ce que le programme 3 est adopté, M. le
Président?
M. Bellemare: Seulement à l'élément 3, et
c'est fini. Communications: Je remarque qu'à 1, 2,3,...
M. Johnson: II y a $700 000 d'augmentation. M. Bellemare:
$700 000 d'augmentation. M. Johnson: $700 000, oui.
M. Bellemare: Qu'est-ce que c'est? Ce sont des
dépenses?
M. Johnson: Non, ça, ce sont les communications au sens
des communications gouvernementales par opposition aux déplacements,
bien qu'une partie des communications-déplacements à travers le
Québec des différentes personnes impliquées dans la
direction... mais au chapitre du service des communications du
ministère, il y a une augmentation qui est tout près de $800
000...
M. Bellemare: C'est 50% d'augmentation. M. Johnson:
Oui...
M. Bellemare: Pourquoi?
M. Johnson: Je pense que c'était nécessaire, compte
tenu du fait que c'est un budget stagnant depuis plusieurs années et,
comme j'ai eu l'occasion de l'expliquer, compte tenu de la
nécessité de rendre publiques certaines mesures pour les fins de
la "clientèle" du ministère. Nous avons, par exemple, eu cette
campagne sur le Code du travail récemment qui visait à faire
connaître, auprès des principaux intéressés de
l'entreprise comme des syndicats, les nouvelles dispositions du Code du
travail, étant donné que c'est un instrument quotidien...
M. Bellemare: Le nouveau "puzzle" que vous avez fait
distribuer...
M. Johnson: Oui.
M. Bellemare: ... avec des schémas en jaune, avec des
questions et des réponses, cela a coûté combien?
M. Johnson: Cela, c'est $200... Une Voix: "Faites vos
jeux"?
M. Johnson: "Les règles du jeu". $280 000, c'est
ça?
M. Bellemare: C'est de $225 000 ou $221 000? M. Johnson:
Légèrement inférieur à $300 000. M.
Bellemare: Cela fait partie des $700 000?
M. Johnson: II y a une partie qui est imputée
budgétairement à l'an dernier, je pense, et l'autre partie sera
imputée cette année.
Il faudrait peut-être, cependant, souligner qu'on va rejoindre
près d'un million de Québécois avec cette
campagne-là.
M. Bellemare: On n'a pas de tendance péquis-te,
mais...
M. Johnson: II n'y en a pas; vous avez remarqué?
M. Bellemare: Non, je l'ai remarqué... M. Johnson:
On devrait peut-être? M. Bellemare: Correct,
adopté.
Le Président (M. Boucher): Programme 3,
éléments 1, 2 et 3 adoptés?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Programme 4, M.
le ministre. Vous n'avez pas de commentaires, M. le député de
Saint-Laurent?
Services de main-d'oeuvre
M. Forget: Oui. M. le Président, le ministre nous a
annoncé l'ouverture de deux nouveaux bureaux locaux. Dans les
crédits, je présume que ceci se rapporte à la distribution
des services de main-d'oeuvre qui affichent une augmentation faramineuse de
.08%, c'est-à-dire de 8/100%. Comment pourra-t-on financer deux nouveaux
bureaux avec un budget...
M. Johnson: Par une réaffectation du personnel et des
postes dans le but, finalement, de décentraliser. L'exemple qu'on
pourrait donner c'est le bureau qu'on va ouvrir à Laval. Il dessert une
clientèle qui, sur le plan de l'accessibilité pour nos
employés, est relativement simple; se rendre à Laval ou au
centre-ville, c'est quand même dans un périmètre urbain
accessible pour ceux qui y travaillent. Cependant, une partie de l'effectif va
être sur l'île de Laval pour être accessible à la
population. Alors, c'est essentiellement à travers un
réaménagement de l'effectif...
M. Forget: Vous prenez des employés à
Montréal et vous les placez à Laval.
M. Johnson: Dans certains cas; enfin, cela peut être
ailleurs. Cela peut être une diminution d'effectif dans un autre endroit
où le taux de fréquentation est inférieur à ce
à quoi on s'attendait. Cependant, je suis d'accord... Je suis content de
voir que j'aurai sans doute l'appui du député de Saint-Laurent si
jamais la question revenait. J'espère pouvoir augmenter, d'ici
peut-être pas la fin de l'année en cours mais sûrement
l'autre année, les budgets pour les fins des centres de main-d'oeuvre du
Québec.
M. Bellemare: Vous avez une augmentation de seulement
$8000...
M. Johnson: Oui.
M. Bellemare: ... et votre prédécesseur avait dit,
lui, le 4 mai 1977: "Les centres de main-d'oeuvre du Québec subiront
bientôt de profondes transformations".
Dans un long bilan, M. Couture, ministre du Travail, a
énuméré deux nouveaux rôles que joueront ces centres
de main-d'oeuvre.
Je voudrais savoir si c'est véritablement bien mis en
application...
M. Johnson: Bon! On a effectivement... M. Bellemare: Un
instant! M. Johnson: Oui.
M. Bellemare: ... si on a informé les travailleurs,
particulièrement ceux qui ne sont pas syndiqués, des dispositions
des lois du travail; deuxièmement, si on a mis en place dés
comités triparti-
tes régionaux chargés de veiller sur le respect des lois
du travail dans une région donnée. A cette fin, des agents
d'information seront de nouveau engagés par chacun des centres de
main-d'oeuvre. Ils seront bien préparés. Ils connaîtront
à fond toutes les lois du travail. Mon Dieu! ils ont besoin d'aller
à l'université. C'est ce qu'a promis le ministre du Travail. Ils
auront également un rôle d'animation, par exemple, aider les non
syndiqués qui chercheraient à se syndiquer, leur donner les
informations nécessaires et le soutien technique afin d'arriver à
ce but.
De plus, le ministre entend mettre sur pied des comités
régionaux immédiatement... de la main-d'oeuvre. Ces
comités tripartites seraient formés, dans les régions, de
représentants du patronat, du syndicat et de l'Etat. La citation a
encore deux colonnes.
Je n'ai pas besoin de vous dire, M. le ministre, que je suis bien
intéressé de savoir ce que son successeur a fait de ces
déclarations, parce qu'avec un budget de $8000 de plus, vous ne pouvez
pas faire grand-chose. Vous venez de nous dire qu'il y a 65 bureaux de
main-d'oeuvre. Il en avait 55 dans le temps. Avec $8000...
M. Johnson: Donc, dix de plus. M. Bellemare: Pardon? Oui.
M. Johnson: C'est parce qu'il y a des bureaux
sous-régionaux. Il y a, de fait, trois bureaux de plus en tant que tels.
C'est une division administrative.
Il est vrai que le ministère a tenté, sous mon
prédécesseur, une expérience, qu'on a appelé les
centres Travail-Québec, qui n'a pas été concluante
à nos yeux après une évaluation.
M. Bellemare: Ah!
M. Johnson: II y avait une expérience-pilote, entre
autres, au Lac-Saint-Jean où l'effort qui a été fait
était celui de regrouper, d'une part, les effectifs du Centre de
main-d'oeuvre tel quel, avec les services habituels en termes de qualification
professionnelle, d'accessibilité pour la qualification professionnelle,
placements, etc. et, d'autre part, les services d'inspection du
ministère. Comme le député de Johnson sait fort bien, il
existe une certaine étanchéité entre ces services qui se
sont développés de façon parallèle, historiquement.
Non seulement il n'a pas été facile, mais il a été
extrêmement difficile de réaliser cette opération de
synthèse. L'évaluation préliminaire qu'on a eue de
l'expérience de Travail-Québec, dans le cas du Lac-Saint-Jean,
n'étant pas concluante, nous a-vons choisi de ne pas y consacrer plus de
ressources.
M. Bellemare: Nous avions, dans le temps, fait une lutte à
mort aux Centres de main-d'oeuvre fédéraux, parce que c'est une
juridiction qui nous appartient. Ils ont mis les pieds dans la porte et,
après cela, on a eu toutes les difficultés du monde avec M.
Mackasey qui était ministre dans le temps, quand j'étais
là, pour essayer de faire retraiter ces gens-là.
M. Forget: Ne déterrez pas les morts. M. Bellemare:
Pardon? M. Forget: Pardon.
M. Bellemare: Cela fait des morts. Il n'est pas mort au champ
d'honneur celui-là.
M. Laplante: M. le député de Johnson, dans le temps
où il était ici, vous ne lui avez pas dit, par exemple.
M. Bellemare: Comment?
M. Laplante: Vous ne lui avez pas dit dans le temps où il
était ici.
M. Bellemare: Je lui ai dit à Ottawa quand il était
ministre.
M. Laplante: Vous l'avez seulement flatté quand il est
venu ici.
M. Bellemare: Vous, arrêtez d'être drôle. M.
Laplante: Non.
M. Bellemare: Ce n'est pas du tout dans le sujet. M. le ministre,
je pense que, quand M. Mackasey était ici, je ne me suis pas
gêné. D'ailleurs, je lui ai dit à Ottawa même. On a
fait une délégation pour lui dire que, dans les bureaux de
placement, le fédéral n'avait pas d'affaire à
contrôler nos bureaux.
M. Johnson: Je lui ai dit l'autre jour d'ailleurs qu'il vous
avait reçu avec beaucoup d'ostentation.
M. Bellemare: Oui, c'est vrai, mais cela ne m'a pas
empêché de lui dire ses vérités.
M. Johnson: C'est cela.
M. Bellemare: Je suis un homme poli et en-dessous de la couverte,
souvent, je règle bien des problèmes.
Une Voix: Ah oui!
M. Bellemare: Oui. Voulez-vous en avoir des exemples?
M. Lavigne: Même à votre âge, sous la
couverte, cela se fait encore?
M. Bellemare: Oui, à mon âge, j'ai plus de
tentatives que de tentations. En tout cas! M. le ministre, croyez-vous que,
comme vous venez de le dire, ce système parallèle va
éternellement durer?
M. Johnson: ...
M. Bellemare: Les montants que le gouvernement
fédéral dépense dans la province de Québec, cela
devrait être donné au gouvernement provincial...
M. Johnson: Exactement.
M. Bellemare: ... pour qu'on puisse nous-mêmes organiser
notre propre service et nos propres extensions, alors qu'au
fédéral on fait actuellement des soirées, et des
démonstrations, et des boutons, et des décorations, quand on ne
sait seulement pas...
M. Johnson: Voulez-vous signer une carte de membre?
M. Bellemare: Comment?
M. Johnson: Voulez-vous signer une carte de membre du parti?
M. Lavigne: Cela fait longtemps qu'on veut cela.
M. Johnson: Cela fait longtemps qu'on veut cela. (21 h 15)
Plus sérieusement, indépendamment de l'option
constitutionnelle du gouvernement actuel, il est très clair que les
Québécois devraient contrôler l'ensemble de ces budgets de
l'Etat non seulement dans le secteur de la main-d'oeuvre, mais je pense que le
cas de la main-d'oeuvre est un cas flagrant. Je vais me permettre, en parlant
de l'élément 3 du programme 4, de mentionner que dans le cas des
accords de formation professionnelle des adultes...
M. Bellemare: Canadien 5, Boston 3.
M. Johnson: Dans le cas des accords de formation professionnelle
des adultes, nous sommes, en ce moment, en pourparlers avec le gouvernement
fédéral, avec M. Cullen qui offre, paradoxalement cette
année, la reconduction de l'accord, un montant de $102 millions
annuellement, à la double condition que nous nous pliions à un
accord d'une durée de trois ans et que nous acceptions, une fois de
plus, de nouvelles orientations du gouvernement fédéral dans le
domaine, ce qui est évidemment une situation inacceptable pour le
Québec.
C'est également une situation qui était
considérée comme inacceptable par l'ensemble des provinces lors
de la conférence de Victoria, il y a quelques mois, où il y a eu
non seulement un net consensus, mais l'unanimité des provinces pour dire
au gouvernement fédéral que le renouvellement de ces accords
devrait se faire sur une base annuelle et deuxièmement que le
gouvernement devrait reléguer, pour une période de douze mois,
des changements d'orientation en matière de formation professionnelle
des adultes. Comme par hasard, l'immense majorité des autres provinces
canadiennes ont signé l'accord malgré tout sur une base de trois
ans en acceptant les orientations nouvelles du gouvernement
fédéral. C'est un autre effritement du front commun des provinces
dans le système canadien. Le Québec, pour sa part, n'entend pas
signer un accord de trois ans et n'entend surtout pas accepter les nouvelles
orientations fédérales qui présupposeraient des
réaménagements administratifs. Il y a des limites à
prendre les fonctionnaires québécois et les gens du secteur de la
formation professionnelle pour des marionnettes alors que quelques bureaucrates
ennuyés et, dans certains cas, carrément ennuyeux à Ottawa
vont décider de ce qu'est la formation professionnelle des adultes au
Québec. Dans les circonstances, ce que nous avons offert à M.
Cullen, c'est le renouvellement de l'accord tel qu'il existe aujourd'hui. Je
comprends mal que le gouvernement fédéral ne puisse pas nous
donner $102 millions sur une base annuelle alors qu'il est prêt à
le faire sur une base triennale. On va accepter, s'il nous offre $99 millions,
de prendre quand même seulement $99 millions.
M. Bellemare: M. le ministre, vous avez vu comme moi et comme
tous ceux qui sont en relation avec ces gens, l'émission que ces gens
font au point de vue de la province de Québec et le rôle ridicule
que jouent nos bureaux de placement provinciaux. C'est ridicule de voir nos
bureaux de placement provinciaux en arrière des autres. On fait
même des lois à Ottawa, Canada au travail. Canada Jeunesse et le
reste et on oblige les bureaux' fédéraux de désigner les
emplois et ceux qui doivent travailler. Vous pensez qu'à ce moment le
gouvernement provincial... Je l'ai suivi moi aussi dans le temps. J'avais
protesté et, à un moment donné, il est arrivé un
autre ministre du Travail qui a dit que les bureaux de placement provinciaux
devraient disparaître. Je n'ai pas besoin de vous le nommer. Il n'avait
presque jamais de cravate. C'est un gars qui a joué au pompier bien plus
souvent qu'à son tour. Il y a un vrai problème de juridiction.
Cela en est un cela où les bureaux provinciaux... Votre premier ministre
m'a donné raison en Chambre lorsque j'étais ministre du Travail.
Vous lirez le journal des Débats. Il m'a donné raison. Il a dit:
Le député de Champlain a parfaitement raison. Il défend un
point de vue véritablement logique. J'espère que le premier
ministre n'a pas changé d'idée aujourd'hui et que les bureaux
provinciaux vont continuer à être plutôt
revalorisés.
M. Johnson: M. le Président, sans vouloir épiloguer
longuement là-dessus, je voudrais simplement dire au
député de Johnson que je partage sa préoccupation.
Cependant, je suis prêt à reconnaître que les centres de
main-d'oeuvre du Canada, dans certains cas, bénéficient d'une
réputation supérieure à celle des centres de main-d'oeuvre
du Québec. Cela s'explique peut-être quand on pense, par exemple,
que les moyens mis à la dis-
position des centres de main-d'oeuvre du Canada sont beaucoup plus
considérables que ceux que le ministère du Travail du
Québec peut mettre à la disposition de la population à
travers ses centres de main-d'oeuvre. (21 h 30)
Quand on pense que le gouvernement fédéral, l'an prochain,
dépensera au-delà de $2 500 000 000 au Québec dans
différents programmes de main-d'oeuvre j'inclus évidemment
le gros morceau qui est l'assurance-chômage qui est pour au-delà
de $1 500 000 000 alors que le gouvernement du Québec, vous le
voyez ici, a $30 millions à mettre dans le secteur de la main-d'oeuvre,
il est bien clair que sur le plan de l'impact, cela ne peut pas être
aussi significatif. Je le déplore parce que je pense que nos
fonctionnaires dans les centres de main-d'oeuvre, là où ils
fonctionnent bien, connaissent souvent très bien le milieu, pourraient
rendre des services intéressants.
On a vu des centres de main-d'oeuvre tourner complètement une
région à l'envers grâce à la connaissance et au
dynamisme de certaines des personnes qui connaissaient bien, entre autres, le
réseau de l'emploi. En ce moment, ce à quoi on fait face au
Québec, dans les centres de main-d'oeuvre, c'est à une demande
considérable de placement mais à très peu d'emplois
à offrir et ceci pour deux raisons: D'abord, une situation
économique qui fait qu'il y a un chômage considérable et,
deuxièmement, le fait que deux niveaux de gouvernement se partagent ce
domaine.
Nous avons tenté, dans le cadre fédéral actuel...
Ce n'est pas nous qui, juste avec de grands discours, amèneront le
gouvernement fédéral à sortir ses centres de main-d'oeuvre
dû Québec et de cela, j'en suis très conscient. Il y a un
impérialisme de la part du gouvernement fédéral dans la
politique de la main-d'oeuvre est indubitable et qui se comprend
quand on voit la structure bureaucratique qu'il a mise sur pied. C'est une
structure qui génère elle-même ses propres budgets, ses
décisions et son envahissement constant dans les provinces. Mais il
demeure quand même qu'on peut, à I'intérieur de ce cadre,
et c'est ce qu on tente de faire dans les centres de main-d'oeuvre, essayer de
développer au moins une spécialisation dans des secteurs
très restreints. On a commencé, entre autres, par I'embauche des
occasionnels au gouvernement, embauche qui est maintenant faite par les centres
de main-d'oeuvre du Québec. On espère développerune expertise dans le cas de l'embauche des occasionnels dans le secteur
public, dans un premier temps, et éventuellement peut-être dans le
secteur privé. On est réduit à cela, effectivement, parce
qu'il y a des choses fort démobilisatrices qui se passent dans le champ
à cause de la présence des centres de main-d'oeuvre du
Canada.
M. Bellemare: Le ministre devrait empêcher ses
employés des bureaux de placement de se faire photographier quand il y a
une nouvelle un peu sensationnelle qui est annoncée par le bureau de
placement fédéral. Les nôtres, les employés
provinciaux, se font photographier et ils sont tout contents de se faire
photographier. Je les mettrais à leur place, moi. Je leur dirais: Chez
vous! Vous avez une responsabilité, restez là. Vous n avez pas
d'affaire à aller cautionner le gouvernement fédéral. C
est un avertissement que je vous fais, vous en ferez bien ce que vous voudrez.
Mais si jamais je deviens ministre du Travail, ils vont sortir de
là.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... sans vouloir interrompre le plaidoyer
souverainiste du député de Johnson, je remarque que le ministre s
est engagé sur un terrain un peu plus productif en disant que dans le
cadre actuel il nous est possible de faire une chose, une certaine
spécialisation. Cela ne préjuge en rien de Tissue de ce grand
débat sur la compétence du Québec dans les services de
main-d'oeuvre. Il reste et c'est assez remarquable que dans
toutes les provinces où le problème constitutionnel comme tel ne
s'est jamais posé de la même façon qu au Québec...
De toute façon, il n'a jamais été soulevé par ces
autres provinces de la même façon qu au Québec.
Il y a eu, depuis quatre ou cinq ans, la création de services
provinciaux de placement qui sont parallèles aux services
fédéraux de placement, précisément dans le domaine
plus spécialisé du placement, soit pour des occasionnels, soit
pour des clientèles qui sont particulièrement à la charge
de I'Etat provincial, comme les personnes handicapées, les
bénéficiaires de I aide sociale. C est assez remarquable parce
que c est une tendance universelle d'avoir, parallèle avec les services
de placement à destination universelle, en quelque sorte, un service de
placement spécialisé pour les clientèles
particulières qui ont des besoins particuliers et qui ne recevront
jamais...
Même si le Québec, un jour, dirigeait les services de
placement ordinaires, il faudrait peut-être un service de placement
spécialisé pour certaines clientèles qui ont des besoins
particuliers. Je me demande, de ce côté, si le ministre est
prêt à aller assez loin parce qu'il ne semble pas qu'il y ait une
augmentation des crédits, par exemple, pour les placements favorisant
I'emploi des bénéficiaires de l'aide sociale. Cela a
déjà été un chiffre plus considérable en
dépit de l'augmentation du coût de la vie, etc.. Il n'y a pas
d'indexation de ce côté, cela demeure le montant strictement
accordé les années antérieures, 0% d'augmentation. D'un
autre côté, un certain service spécialisé.
Dans la même philosophie de spécialisation avec
l'intervention du Québec dans le domaine de la main-d'oeuvre, dans le
contexte constitutionnel actuel, il y a une agence de placement privée
sans but lucratif, je pense, les Partenaires associés de
Montréal... Il y a un éditorialiste qui, il y a quelques jours,
soulignait que les responsables et M. Gauthier, le responsable de ce service
des Partenaires associés, semblent ne pas avoir les meilleures
relations du monde avec le ministère du Travail. Or, tous ceux
qui sont députés, du moins de la région de
Montréal, ont eu l'expérience, dans les relations avec leurs
commettants, de constater l'efficacité et l'intérêt d'un
service comme celui-là qui s'adresse à la clientèle de
plus de 40 ans qui est très difficile à placer. Cela aussi, c'est
une clientèle dont les besoins sont particuliers. C'est une agence qui a
eu un certain succès dans ce secteur.
J'aimerais savoir si, parmi la vocation de spécialisation de son
ministère, le ministre du Travail a l'intention de tout centraliser au
ministère et de décourager des initiatives comme celle-là
ou s'il envisage, ou si c'est déjà fait, que les relations avec
Les Partenaires associés sont désormais sur un pied plus
normal.
M. Johnson: Bien au contraire, nous n'envisageons pas de tout
nécessairement centraliser au ministère. Nous avons eu l'occasion
de financer un autre organisme cette année qui faisait une sorte de
placement spécialisé dans le cas des personnes
handicapées, par exemple.
Cependant, dans le cas des Partenaires associés, je vais avoir le
dossier sous la main d'ici quelques minutes. Je le traîne avec moi depuis
quelques jours, depuis l'éditorial de M. Rioux dans le
Montréal-Mâtin qui avait commencé lors d'une
émission dont il est coanimateur avec M. Jean Cournoyer. Le monsieur des
Partenaires associés avait un budget de $25 000. C'était une
subvention qui était tout à fait hors programme, une subvention
qu'on qualifie de "politique" entre guillemets sans que cela
n'ait un aspect péjoratif particulier. M. Gauthier est un homme
particulièrement actif, pour ne pas dire plus. Il avait réussi
lors d'une élection, celle de 1970 ou de 1973 je ne m'en souviens
pas à l'encontrer M. Bourassa publiquement, à le mettre
presque au défi de le subventionner, et M. Bourassa, sur-le-champ, dans
les jours qui ont suivi, a fait en sorte que M. Gauthier soit financé.
Je pense que la subvention initiale était de l'ordre de quelques
milliers de dollars, $5000 ou quelque chose comme cela. Avec le temps, cela a
gonflé un peu. C'était toujours hors programme, sans
critère spécifique, discrétion ministérielle
totale.
M. Gauthier nous est arrivé avec une demande sans documents, sans
rien qui justifie précisément une augmentation de son budget; il
nous demandait, du jour au lendemain, $80 000 au lieu de $25 000. Nous lui
avons répondu: Ecoutez, à la rigueur, on veut bien vous
écouter, on veut bien continuer à vous financer, cependant, il
faudrait peut-être trouver des justifications à ce $80 000 qui est
une augmentation de presque 200%. Or, comme seule réponse, M. Gauthier a
dit: Si c'est comme cela, moi, je ferme la boîte. Cela est
arrêté là. Nous étions prêts à lui
accorder $30 000, c'est-à-dire une augmentation de $5000 sur son budget,
compte tenu du fait qu'il n'avait pas eu d'augmentation depuis 1974, je crois,
ou 1975; ce qui semblait raisonnable. C'était une augmentation de tout
près de 25%.
La seule réponse de M. Gauthier a été une sorte
d'"acting out". Il a répondu, un peu violemment à nos
fonctionnaires et aux membres de mon cabinet, qu'il avait l'intention de fermer
sa boîte si on ne lui donnait pas $80 000.
Il est bien évident que nous voulons encourager des initiatives
comme celle-là. Il y a déjà certains groupements que nous
finançons mais il y a évidemment un minimum de critères
qui sont nécessaires, et M. Gauthier n'a voulu nous fournir aucun
renseignement spécifique. C'est dans ces circonstances que M. Gauthier
s'est vu, non pas refuser une augmentation, mais a décidé, comme
il n'avait pas $80 000, qu'il fermait boutique.
M. Forget: Donc, le ministre accepte le principe d'une aide
à des organismes bénévoles, des organismes d'entr'aide ou
des organismes sans but lucratif qui manifesteraient leur capacité de
venir en aide sur le plan de l'emploi à des clientèles bien
spécifiques, qu'il s'agisse de handicapés, qu'il s'agisse de
personnes âgées, d'ex-détenus, etc.
M. Johnson: Oui, tout en étant cependant conscient du
danger que peut représenter une formule comme celle-là, si on a
affaire géographi-quement, par exemple, à des services qui sont
finalement les mêmes que peuvent donner un centre de main-d'oeuvre du
Québec ou un centre de main-d'oeuvre du Canada dans une région
donnée pour une même clientèle. Il faut évidemment
faire attention à cela. Il ne s'agit pas de dédoubler les
fonctions. Elles sont assez dédoublées comme cela, dans le
contexte actuel, avec les deux niveaux de juridiction
fédérale et provinciale dans ce domaine.
(21 h 30)
Cependant, dans certains cas, cela pose des problèmes
d'élaboration de critères, entre autres, avec nos experts
à la gestion financière, dont M. Matte dont on a souligné
la présence tout à l'heure. C'est bien beau de subventionner des
organismes comme cela, mais il y a un minimum de contrôle qu'on doit
avoir dessus pour des fins de saine gestion des fonds publics.
M. Forget: Oui, je suis d'accord avec le ministre qu'il y a des
contrôles qui doivent exister. Cependant, je m'étonne un peu. Le
ministre plaide l'ignorance, dans le fond, du fonctionnement de cet organisme,
parce qu'il me semble, de mémoire, que lors d'une commission
parlementaire précédente, d'une année antérieure
étudiant les crédits du ministère du Travail, on avait pu,
à l'aide des documents qui étaient disponibles à ce
moment-là, démontrer que le nombre, le coût par place
trouvée, par emploi trouvé par l'entremise des Partenaires
associés était égal à une fraction, seulement, du
coût par place trouvée par les services de main-d'oeuvre du
Québec. Il n'y avait aucune espèce de commune mesure.
Face à des chiffres comme ceux-là, à moins qu'on ne
nous démontre qu'ils sont faux, il reste
qu'il y a là un critère, le seul à mon avis qui
soit pertinent, à savoir: Es-ce que ces gens sont capables de trouver
des emplois à un coût pas plus élevé et, dans
certains cas, immensément inférieur au coût de trouver un
emploi par l'entremise des services gouvernementaux? Si oui, à mon avis,
il ne devrait pas y avoir d'objections de principe à ce que ces
organismes reçoivent un appui entier et sans tergiversation de la part
du ministère.
M. Johnson: Dans le cas, cependant, spécifiquement des
Partenaires associés, j'ai décrit les circonstances dans
lesquelles M. Gauthier a décidé de rompre toute discussion avec
le ministère.
J'ai fait faire un relevé par la division de la main-d'oeuvre au
ministère, un relevé complet de révolution de ce dossier
depuis 1971. On se rend compte que nous avons eu des difficultés
considérables à obtenir des renseignements précis sur le
nombre de personnes placées, sur le mode de contrôle,
l'affectation des dépenses. On se rend compte qu'en 1972, par exemple,
l'Association des partenaires associés avait demandé une
subvention de $122 000. Je pense que, malheureusement, c'est un mauvais
exemple, le cas des Partenaires associés, compte tenu de ce qui s'est
passé récemment. Cela ne se prête même pas à
des discussions et à des questions; elle prend pour acquis que cela leur
est dû.
Je pourrais, par contre, donner l'exemple d'un autre groupe que nous
avons subventionné récemment et qui, non seulement, s'est
plié à certaines de nos exigences au niveau du contrôle,
non seulement a fourni la démonstration qu'il faisait un placement
effectif, durable et intéressant pour une clientèle
spécialisée, mais en plus, s'est lui-même soumis à
une enquête faite par un groupe d'analystes extérieurs qui a
analysé ses placements sur une période de trois ans, la
permanence, par exemple, des emplois trouvés à ces personnes.
C'est une chose importante. C'est bon de placer quelqu'un pour trois mois, mais
s'il revient dans le circuit de l'aide sociale ou de l'assurance-chômage
après trois mois, je pense que ce n'est peut-être pas
nécessairement de l'argent bien dépensé.
Je suis ouvert à cette notion de subventionner des organismes
sans but lucratif, par exemple, qui font du placement spécialisé.
Cependant, il y a ce minimum de contrôle et d'appréciation du
rapport du rendement en fonction des coûts.
M. Bellemare: Le ministre a parlé...
M. Forget: Si le député de Johnson me permet une
minute, j'aimerais...
M. Bellemare: Oui, M. le député...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Johnson, si vous voulez attendre, le député de Saint-Laurent n'a
pas terminé.
M. Forget: J'ai fait une référence au débat
de l'an dernier, effectivement, je peux citer, c'est à la page B-2317 de
l'an dernier, qu'à l'aide des renseignements qui étaient
disponibles je présume qu'ils l'étaient également
au ministère parce que le ministre à l'époque ne les a pas
niés sur la base des placements effectués par les
Partenaires associés, chaque placement revenait à $50 pour les
$24 000 de subvention et que si on utilisait la même base de subvention
par placement pour les services du gouvernement, on arriverait à un
budget total de $1 225 000, alors que, dans le fond, le budget du service de
placement gouvernemental est de $10 millions.
On se rend compte de l'ordre de grandeur et je veux bien admettre que
l'argument du ministre à l'effet que les placements ne sont pas
nécessairement des placements à vie, mais c'est également
vrai pour le service de main-d'oeuvre du Québec qui, de façon
notoire, place des gens pour de courtes périodes de temps, plus courtes,
d'ailleurs, que le gouvernement fédéral par ses services de
main-d'oeuvre, à cause de la clientèle, bien sûr, à
laquelle il s'adresse et, en particulier, aux occasionnels, aux femmes de
ménage, etc. qui sont placés par l'entremise de ces services, de
façon prépondérante.
Donc, comparant ce qu'on peut comparer, il semble qu'il y ait un
avantage marqué à avoir des groupes qui sont fortement
motivés et qui s'adressent à des clientèles
particulières et, sans expliquer ou sans vouloir justifier
entièrement une attitude d'impatience de la part de M. Gauthier, que je
ne suis pas ici pour défendre comme individu de toute façon, il
reste que, si ces documents ou si ces chiffres sont déjà connus
du ministère, par les rapports financiers qu'il est tenu de fournir de
toute manière en vertu de la Loi de l'administration financière,
depuis 1974, il a pu montrer de l'impatience à ce qu'on lui demande une
nouvelle fois des chiffres qu'il fournit de toute façon, de façon
routinière.
M. Johnson: Non, voyez-vous, le ministère ou M. Cournoyer,
je pense en 1972, au mois d'août, avait fait une enquête, suite
à certaines plaintes. On avait découvert, par exemple, que 20%
des placements crédités aux Partenaires associés n'avaient
pas été faits par les Partenaires associés. C'est ce genre
de problème qu'on a eu avec l'association.
M. Bellemare: Dans votre rapport de 1976 rapport 1975/76
que j'ai ici il est bien dit: "Le ministère subventionne
l'Association des partenaires associés incorporés, qui concentre
ses efforts sur le placement des travailleurs âgés de plus de 45
ans. Un montant de $24 000 a été versé à cette
association, qui a réalisé, au cours de 1975/76, 577 placements
sur un total de 1661 présentations aux employeurs". C'est votre rapport
qui est là.
Maintenant, j'ai posé une question en Chambre, le 22
février 1978, sur le placement de la main-d'oeuvre, dans le cadre des
emplois nouveaux administrés par le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre: Combien de subventions ont été accordées
par le ministère au cours des années fi-
nancières, etc. La réponse a été et
aujourd'hui je me pose une question $3500, quand, l'an
passé...
M. Johnson: ...
M. Bellemare: $2 870 149, contrairement à l'année
d'avant où il y avait $3 342 000. C'est en 1977, le montant total
couvrant les subventions accordées en 1977/78 est de $2 870 149, et
là, je vois au programme, $3 500 000. Alors je me demande si c'est vrai
parce que le nombre d'emplois créés en 1976/77 était de
909, et en 1977/78 il est tombé à 766. Quand je regarde le nombre
total d'emplois temporaires créés en 1976/77, la réponse
du ministre est de 867, et en 1977/78 il est seulement de 723. Ce n'est pas
progressif.
M. Johnson: Effectivement.
M. Bellemare: Parce que je vois un montant de $3 500 000. C'est
vrai que, en 1976/77 il était de $3 342 000, mais en 1977/78 il est
tombé à $2 870 149, et cette année vous nous demandez $3
500 000. Il y a eu diminution dans le montant qui a été
accordé et il y a eu diminution dans les emplois qui ont
été créés.
M. Johnson: Parce qu'on a changé les critères et on
espère avoir une meilleure performance cette année.
Le programme d'emplois nouveaux qui était dirigé surtout
vers une clientèle de bénéficiaires d'aide sociale a
été modifié et s'appelle maintenant le Programme d'aide au
travail, le PAT, et on permet maintenant l'élargissement à
d'autres catégories, par exemple, des clientèles
spécialisées qui ne sont pas nécessairement
bénéficiaires d'aide sociale. Cependant, dans la transition, on a
périmé certains crédits, comme c'était le cas de
l'année précédente et on espère, avec le nouveau
programme, le PAT, le Programme d'aide au travail, être en mesure de
subventionner, entre autres, des organismes...
M. Bellemare: Onze régions à $150 000 par
région; c'est le nouveau communiqué qu'on a reçu
hier...
M. Johnson: Oui, c'est cela, c'est une enveloppe. Cependant, je
peux vous donner l'exemple de la région du Nord-Ouest
québécois qui a réussi évidemment tous les
projets ne se qualifiaient pas à produire pour $1 500 000 de
demandes pour l'année courante. Seulement une région, je parle du
Nord-Ouest québécois; c'est la moitié, de tout le budget
qu'on a pour cela.
M. Bellemare: $1 151 728.27: 307 emplois, 265 assistés
sociaux. Je regarde ma région, la région 6, $000000; c'est la
seule région où il n'y en a pas. Je ne me lamente pas, je ne sais
pas si cela dépend de moi ou de d'autres, de ne pas en avoir.
M. Johnson: Non, cela ne devrait pas dépendre du
député.
M. Bellemare: Avec le nouveau communiqué que j'ai
reçu ce matin, où il y aura onze régions... si chaque
région est dotée d'un montant de $150 000 peut-être
réussirai-je à intéresser quelques personnes de mon
comté. Auparavant, il était chapeauté par un comité
directeur formé d'un représentant du ministère du Travail
et de la Main-d'Oeuvre, d'un autre ministère des Affaires sociales et
d'un autre du ministère des Finances. Pour être admissible aux
subventions, ce ne sera plus nécessaire comme auparavant d'assurer
l'autofinancement du projet dans les deux ans. C'est le nouveau programme.
Mais quand je regarde la réponse qui m'a été
donnée, je me pose des questions parce que le programme va en descendant
plutôt qu'en montant.
M. Johnson: Cependant, il ne faut pas oublier qu'il y a $15
millions qui sont allés dans le programme coordonné par M.
Marois, ministre d'Etat au développement social, c'est-à-dire le
programme de la création d'emplois. Une partie des clientèles qui
étaient visées par nos propres programmes se qualifie sous le
programme d'emplois communautaires dans lesquels on recherche, entre autres, la
rentabilité. Finalement, si on fait la somme des deux, il y a eu une
augmentation réelle. Je veux bien croire que le programme de
création d'emplois, compte tenu de ses critères, s'applique
à d'autres clientèles aussi, mais il y a une partie de ces
clientèles qui est récupérée par le programme de
création d'emplois dirigé par le ministère d'Etat au
développement social.
M. Bellemare: Le ministre a mentionné cet
après-midi le nom de Tricofil.
M. Johnson: Entre autres, mais il y en a d'autres..
Est-ce que le programme 4 est adopté, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): M. le député
de... M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Les
éléments 1, 2, 3, 4 et 5. Programme 5, élément
1.
M. Forget: Si je peux le trouver, M. le Président.
Placement d'étudiants et initiatives
locales
Le Président (M. Boucher): Placement d'étudiants et
initiatives locales.
M. Bellemare: Eh bien! Cela baisse encore.
M. Forget: Oui, c'est une diminution continue dans les
crédits disponibles à ce poste. Je comprends que le ministre va
dire: II y a $1 500 000 transférés à l'Agriculture, mais
la diminution est plus sensible que cela encore.
M. Johnson: Oui, mais l'an dernier, nous avions eu une subvention
supplémentaire de $1 400 000. Cependant, nous aurions dû payer
l'année 1976 en partie en 1977; ce qui fait qu'une partie du programme
de placement étudiant 1976 a été payée en 1977; ce
qui fait que le budget de 1977 est évidemment de beaucoup plus
élevé.
M. Bellemare: Comment expliquez-vous qu'à la
catégorie 2 du programme 4 "autres rémunérations", il y a
une différence de $1 407 000 contre $2 274 000? A quoi attribuez-vous
cette...
M. Johnson: C'est la subvention des emplois, si je ne me trompe
pas. C'est bien cela? C'est la subvention des emplois, $1 407 000. En fait, il
y a $575 000 contre $675 000 pour les traitements de ceux...
M. Bellemare: Bon.
M. Johnson: ... qui appliquent ce programme, mais $1 407 000 ou
$2 274 000, selon l'année à laquelle on réfère ce
sont les subventions au placement étudiant; c'est le dollar et quelques
cents qu'on donne pour chaque heure travaillée par un
étudiant.
M. Bellemare: Mais là, il y en a moins.
M. Johnson: II y en a moins cette année, mais j'ai
expliqué que l'an dernier il y en avait anormalement plus dans la mesure
où l'an dernier... Il faut compter que dans les $2 274 000 de l'an
dernier, donc en 1977, il y a une partie de cet argent, soit près de $1
million, qui était en fait des versements pour le programme de placement
en 1976.
M. Bellemare: Alors, vous étiez en retard. C'est ce que le
ministre Couture nous avait dit l'année passée, bien humblement,
en faisant son mea culpa: Je suis en retard, je suis en retard, je suis en
retard. Ce doit être la vraie raison.
M. Johnson: Pardon?
M. Bellemare: Parce que l'ancien ministre avait dit en faisant
son mea culpa: Je suis en retard, je suis en retard, je suis en retard. C'est
peut-être pour cette raison que les $2 274 000...
M. Johnson: Non, non. Ecoutez! Je pense qu'il faudrait
plutôt voir le chiffre...
M. Bellemare: Vous venez de nous dire...
M. Johnson: ... le chiffre au bas de la colonne.
M. Bellemare: ... que ce montant était dû et que
vous l'avez payé.
M. Johnson: En 1976. M. Bellemare: En 1976.
M. Johnson: C'est la différence qu'on va trouver au bas de
la colonne, entre 1977/78 et 1978/79; $3 455 002 contre $2 279 009 ou $2 280
000 pour arrondir. Cette différence provient de deux choses:
premièrement, elle provient du fait que l'an dernier, ce qu'on impute
à l'année 1977/78, il y avait en partie des activités
réalisées en 1976; et, deuxièmement, si on va à la
catégorie 2 "autres rémunérations", la différence
entre $2 274 000 et $1 407 000, c'est le passage de l'approche par projet, ce
million de dollars que nous avons envoyé au ministère de
l'Agriculture.
M. Bellemare: II n'y aura pas moins d'emplois.
M. Johnson: II ne devrait pas. Cette année, je
pense...
M. Bellemare: Parce qu'au bas de la page...
M. Johnson: ... j'ai espoir qu'il devrait y en avoir davantage
malgré la situation économique. (21 h 45)
M. Bellemare: Parce qu'en bas de la page, je vois:
Employés à temps partiel: 164 par rapport à 326.
M. Johnson: Ah non! Ce sont les employés affectés
au ministère de l'administration du programme. Ce n est pas le nombre
d'étudiants qu on a placés. S il fallait qu'on en place 326 avec
$2 millions, je trouve que cela fait cher par étudiant..
M. Bellemare: Moi aussi.
M. Johnson: Ce sont les employés qui administrent le
programme.
Le Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, est-ce que c'est une mesure,
on voit une espèce de progression de 1976 à 1977 et de 1977
à 1978, dans le sens de passer cela au ministère de l'Agriculture
pour un programme sectoriel. Est-ce que c'est le début de la fin du
placement étudiant? Il semble que cela n'ait pas la priorité que
cela a déjà eu. Est-ce que l'on doit anticiper que cela va se
maintenir, que cela va vivoter comme cela avec quelques milliers
d'étudiants, alors que les besoins sont immensément plus
considérables, parce qu'on a un peu l'impression que le gouvernement
voudrait abolir le programme mais qu'il n'ose pas le faire.
M. Johnson: Non. Le ministère pourra toujours rendre un
service aux étudiants, la preuve c'est que cette année il y a un
besoin. Nous avons 100 000 étudiants inscrits et nous savons qu'au
maximum nous offrirons à peu près 18 000 emplois, cette
année, compte tenu, premièrement, de la situation
économique et, deuxièmement, du budget que nous avons. 15 000
sera probablement le chiffre qu'on pourra atteindre, mais en admettant que les
choses aillent très bien dans le secteur privé, malgré la
situation économique, on
pense peut-être pouvoir atteindre 18 000 au total, incluant les
emplois gouvernementaux.
Il y a peut-être à repenser, cependant, le service de
placement étudiant tel qu'il existe et qui, en ce moment est suspendu
quelque part entre le bureau du ministre et celui du sous-ministre. Quand on
connaît le développement historique du programme de placement
étudiant on sait pourquoi c'était comme cela. Nous avons
tenté depuis deux ans de professionnaliser ces services, de faire en
sorte que le choix aléatoire, malgré les inconvénients
considérables qu'il a posés dans la première année,
soit quand même un critère qu'on puisse maintenir.
On offre maintenant à l'employeur le choix entre trois
étudiants, au-delà de la sélection aléatoire brute.
Cependant, dans le cas de l'Etat, dans le cas des employés reliés
à différents ministères, le ministère doit accepter
le candidat, le seul candidat qui est référé.
M. Bellemare: Cela se fait par un tirage au sort?
M. Johnson: Oui, c'est un choix aléatoire, par ordinateur,
par ce qu'on appelle la théorie des nombres aléatoires ou quelque
chose comme cela, les tables de nombres aléatoires. C'est un tirage au
sort. Le député ne peut plus référer le cousin de
son organisateur, comme cela a déjà existé à une
certaine époque.
M. Bellemare: Cela n'était pas si mal que cela. Il y en a
qui en ont bénéficié.
M. Forget: Le patron qui paie une partie de la
rémunération n'a pas un mot à dire non plus?
M. Johnson: C'est le problème de la définition;
c'est quoi l'objectif d'un programme de placement étudiant? Est-ce que
ce sont des subventions à I'entreprise de façon essentielle ou de
façon accessoire? Je pense que ce sont des subventions à
lentreprise de façon accessoire.
Ce que vise le programme de placement étudiant, c'est de faire en
sorte que les étudiants au Québec, qui cherchent un emploi
d'été, aient une chance égale de se trouver un emploi.
Deuxièmement, de faire en sorte que cette subvention permette la
création d un emploi qui autrement n aurait pas été
créé. C'est cela qui est très important dans la technique
de la subvention. Troisièmement, de faire en sorte que le
ministère rende un service là ou il y a un besoin manifeste du
côté des étudiants. C'est pour cela que cette année
nous avons conservé le mode de sélection aléatoire, mais
en permettant quand même à I'employeur d'avoir le choix entre
trois personnes. Puisque l'employeur bénéficie d'une subvention
qui peut aller n'importe où entre $800 et $1200 pour un
été et que de sa poche, il met à peu près
léquivalent, puisque c'est légèrement supérieur au
salaire minimum les conditions qu'on donne, alors on veut faire en sorte que
l'employeur I'exemple typique, c'est l'employeur qui demande des
étudiants dans un parc d'amusement pour manier la grande roue...
II est bien évident que si le mode de sélection au hasard fait
qu'on lui réfère un étudiant qui est plutôt
distrait, les 120 personnes dans la grande roue ne trouveront peut-être
pas cela très drôle. C'est pour cela qu'on a modifié le
programme pour faire en sorte qu'au moins l'employeur ait le choix entre trois
étudiants et qu'il prenne le moins distrait des trois ou celui qui a un
bras plus fort que les deux autres pour manier la grande roue.
C'est un peu dans cette perspective qu'on le fait. Je pense que c'est
une approche et si vous me permettez l'expression c'est une
philosophie, finalement, qu'on peut y imprégner.
M. Bellemare: Combien prévoyez-vous d'étudiants,
cette année?
M. Johnson: On espère entre 15 000 et 18 000. M.
Bellemare: L'année passée?
M. Johnson: L'an dernier, cela a été
légèrement inférieur à 15 000. C'était entre
12 000 et 13 000, si je me souviens bien.
M. Bellemare: Cette année, ce sera 15 000?
M. Johnson: Enfin, on ne peut pas l'affirmer; cela pourrait
être 12 000 mais on espère au-delà de 15 000.
M. Forget: Maintenant, c'est le hasard seulement qui
décide lesquelles des 100 000 demandes vont être
référées à des employeurs? Tout le monde est sur le
même pied...
M. Johnson: Non, non.
M. Forget: ... quelle que soit l'origine...
M. Johnson: Non.
M. Forget: ... le milieu familial, etc.?
M. Johnson: C'est-à-dire, à partir du moment
où il appartient à une catégorie. Il y a d'abord
l'appartenance régionale; il est bien évident que
l'étudiant de Québec n'ira pas travailler à Hauterive, en
principe. Il y a des bassins régionaux qui sont établis pour la
sélection. Deuxièmement, il y a des critères quant au
niveau de scolarité. L'employeur dit: Je veux un étudiant en 3e
année d'université; par exemple, un ingénieur qui veut
quelqu'un pour lui donner un coup de main. Cependant, sans tomber dans des
spécifications que l'employeur désigne, à toutes fins
pratiques, la couleur des yeux, la couleur des cheveux, le sexe et l'âge
et décrit, en fait, sa fille ou son fils. Il y a quatre
critères...
M. Forget: Sans considérer le statut
socio-économique.
M. Johnson: Sans considérer le statut
socio-économique.
M. Forget: C'est une conception de la chance égale qui ne
reflète peut-être pas des impératifs sociaux très
clairs.
M. Johnson: Mais si on regarde les expériences
antérieures selon lesquelles, en principe, on pouvait nous dire qu'avec
beaucoup de vertu, ce programme visait à permettre à des
étudiants qui étaient cassés comme des clous de se faire
un peu d'argent, l'été, on se rend compte qu'il y avait aussi des
fils de familles très confortables qui obtenaient des emplois
d'étudiants.
M. Forget: Le problème est de savoir s'il y en avait plus
ou s'il y en a moins avec le système actuel.
M. Johnson: Cela, on verra.
M. Forget: Est-ce qu'on va le voir, effectivement?
M. Johnson: Je pense qu'il y a des chances qu'il y en ait plus,
ne serait-ce que statistiquement parlant.
M. Bellemare: La voirie va continuer à employer des
occasionnels, quand même?
M. Johnson: Oui.
M. Bellemare: Ils ne seront pas dans le système de la
roue?
M. Johnson: On ne parle pas d'étudiants, là. Si on
parle, en général, des occasionnels, c'est par les modes de
sélection de placement spécialisé à travers les
centres de main-d'oeuvre du Québec.
Le Président (M. Boucher): M. le
député...
M. Forget: Au-delà des considérations indiquant que
tout va bien dans le meilleur des mondes, dans le placement étudiant,
est-ce que le service de recherche va nous permettre justement d'évaluer
ce programme de façon objective?
M. Johnson: L'an dernier, il y a une première
évaluation qui a été faite; cette année, il y en a
une en cours, au fur et à mesure...
M. Forget: Est-ce qu'elle est disponible, est-ce qu'elle est
accessible, elle aussi?
M. Johnson: Pour le moment, elle ne l'est pas. M. Forget:
Elle ne l'est pas?
M. Johnson: Elle ne l'est pas parce qu'elle n'est pas
complète.
M. Forget: Quand sera-t-elle complète? M. Bellemare:
Un peu plus tard.
M. Johnson: Je ne pourrais pas vous répondre.
M. Forget: Est-ce que le ministre pourrait s'engager à la
rendre accessible aux membres de l'Assemblée nationale, au moins,
dès qu'elle sera complète?
M. Johnson: Pas pour le moment.
M. Forget: Est-ce qu'il y a quelque chose de secret
là-dedans, de controversé peut-être, mais de
confidentiel?
M. Johnson: Non, non, ce qui m'inquiéterait, c'est
l'utilisation qu'on pourrait en faire.
M. Forget: Enfin, ce serait pour évaluer le programme. Ce
serait mieux, peut-être, que les affirmations du ministre.
M. Bellemare: On pourrait peut-être vérifier s'ils
ont des cartes du PQ ou non.
M. Johnson: Pardon?
M. Bellemare: Et si l'évaluation que vous nous donneriez
représentait 75% de Péquistes?
M. Johnson: Ah!
M. Bellemare: Vous diriez: Ce n'est pas de notre faute.
M. Johnson: Je suis sûr que vous ne verrez pas cela,
surtout qu'il y a un droit de rappel et...
M. Bellemare: Ce n'est pas de notre faute.
M. Johnson:... si on regarde historiquement le
développement du placement étudiant, en 1975-1976, vous ne
trouverez pas tellement de péquistes là-dedans.
M. Bellemare: Ah!
M. Lavigne: II y en a plus, de toute façon, au
Québec.
Le Président (M. Boucher): Monsieur... M. Bellemare:
Je l'ai fait chez nous... M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent, avez-vous terminé votre question?
M. Forget: ... sur ce point, je termine par un commentaire. Je ne
peux pas comprendre comment une analyse faite par un service de recherche
gouvernemental, qui tend à faire une évaluation sur la
façon dont les deniers publics sont dépensés, serait
inaccessible aux membres de l'Assemblée nationale et même au
public en général. Je ne peux pas concevoir la raison qui pousse
le ministre. Je peux en imaginer qui ne sont pas flatteuses pour le ministre
mais à l'exception de celles-là, que je ne mentionne pas...
M. Johnson: J'espère.
M. Forget: ... M. le Président, je ne peux pas imaginer de
raisons qui soient valables pour s'opposer à cette publication; le
ministre non plus d'ailleurs. Son silence est éloquent sur le sujet.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: J'aimerais entendre le ministre commenter une
question qui m'a été posée par un employeur. La compagnie
pour laquelle le responsable du personnel me faisait part de ses commentaires
avait une politique établie, qui existait depuis déjà une
vingtaine d'années, qui était d'employer les fils des
employés de la compagnie. Ils ont toujours procédé de
cette façon et, à partir du moment où on instaure le
nouveau système, il y aura peut-être, par hasard, un fils ou deux
d'employés qui seront élus et qui pourront travailler
là.
Maintenant, en engageant les fils des employés, ils reprenaient,
d'année en année, les mêmes étudiants et ils les
spécialisaient, de sorte que la deuxième année,
l'étudiant en question pouvait déjà être plus
rentable.
M. Forget: Vous vous trompez de ministère.
M. Lavigne: Je ne sais pas si le ministre saisit...
M. Johnson: Je comprends très bien.
M. Lavigne: ... je peux expliquer davantage; c'est que, d'une
année à l'autre, l'étudiant se spécialisait dans un
métier qu'il apprenait et, même quand il quittait ses
études, souvent il devenait un permanent de la compagnie.
M. Johnson: Effectivement, à moins que cet étudiant
n'ait été placé, à l'origine, grâce au
service de placement étudiant, il n'y a pas de droit de rappel
automatique. C'est clair que c'est le genre de situation qu'on peut
créer avec un système qui essaie d'être le plus objectif
possible, qui veut permettre à l'ensemble des étudiants d'une
région d'avoir une chance égale. Cependant, on peut aussi se
demander; C'est quoi, encore une fois, l'objectif du placement? L'objectif du
placement, ce n'est pas de subventionner des emplois spécialisés,
c'est de permettre à des étudiants d'occuper leur temps,
l'été, à un travail rémunérateur et
accessoirement de subventionner une entreprise qui. autrement, n'aurait pas
créé le poste.
Dans certains cas, les entreprises, si je prends par exemple ce
n'est pas le cas d'une PME si je prends par exemple, les grandes
raffineries de l'est de Montréal, il y a souvent, dans ces programmes,
des grandes raffineries de l'est de Montréal, dans les conventions
collectives, des dispositions qui prévoient une priorité
d'embauche aux enfants de ceux qui ont atteint un certain degré
d'ancienneté.
Je pense que ces entreprises, de toute façon, créeraient
ces emplois et je ne vois pas pourquoi, par définition, les
contribuables les subventionneraient.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le programme 5 est
adopté?
M. Bellemare: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Eléments 1, 2 et 3
adoptés. Programme 6.
Sécurité au travail et dans les lieux
publics
M. Forget: M. le Président, là-dessus, comme on va
présumément au cours de l'année, peut-être le 22
décembre, avoir un livre blanc sur la santé et la
sécurité au travail, comme je l'avais demandé au ministre
et qu'il n'avait pas été possible de le faire parce qu'il a
jugé inopportun d'entendre les membres de la Commission des accidents du
travail pour, au moins, prendre connaissance de la situation actuelle, ce n'est
pas possible. Je pense qu'il est superflu de discuter de ce poste au budget, je
serais prêt à en recommander l'adoption immédiatement.
M. Johnson: Cependant, M. le Président, si vous me
permettez de rassurer le député de Saint-Laurent que dans le
contexte des consultations, des débats, etc. qui auront lieu autour de
la législation du livre blanc, on fera en sorte que la Commission des
accidents du travail puisse être entendue en cours de route.
M. Bellemare: II ne me reste qu'une question et je suis
prêt à l'adopter. C'est concernant l'application de la loi 52 dont
l'honorable député de Frontenac, cet après-midi...
à cause justement des intérêts marqués de ses
électeurs...
Est-ce que c'est exact, par suite des questions du député
de Richmond en Chambre concernant les déductions faites par la CAT aux
mineurs atteints d'amiantose et de silicose, que la CAT aurait cessé de
faire ces déductions? Sinon, est-ce que le ministre peut s'engager
à suspendre cette pratique répréhensible pour que la
lumière, enfin, soit faite.
M. Johnson: Je ne sais pas si la lumière sera faite si on
suspend des pratiques qui sont difficiles à supporter, je comprends,
mais qui sont faites conformément à la loi. Il y a plusieurs
situations, et je pourrais passer avec plaisir un quart d'heure avec le
député de Johnson pour lui expliquer l'ensemble des cas.
J'ai rencontré les officiers de la Commission des accidents du
travail, encore une fois, la semaine dernière, pour qu'on revoie
l'ensemble des cas qui étaient visés. Il y a d'abord des gens
qui, en vertu de la loi 52, obtenaient un forfaitaire, au début, comme
indemnisation. Il ne faut pas oublier que le forfaitaire a été
donné. D'autre part, la Loi de la régie des rentes prévoit
que quelqu'un, qui a déjà d'autres sources de revenus, ne peut
pas, finalement, s'enrichir à titre d'invalide, à même deux
lois. Ce qui est peut-être arrivé...
M. Bellemare: Pour ne pas perdre de temps, est-ce que le ministre
serait disposé à l'encontrer le député de Richmond
pour discuter de ce problème.
M. Johnson: Sûrement, toujours. Le ministre est toujours
disposé à l'encontrer les députés de
l'Assemblée nationale.
M. Bellemare: Quand?
M. Johnson: II me donnera un coup de fil et il me fera plaisir de
le rencontrer la semaine prochaine.
M. Bellemare: Alors, la semaine prochaine, on peut comprendre que
le député de Richmond pourra vous voir.
M. Johnson: C'est cela. Je vais vous laisser ma carte, pour le
bureau.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre.
M. Johnson: Le programme 7, M. le Président.
Le Président (M. Boucher) Programme 6, adopté?
Eléments 1, 2 et 3 adoptés?
M. Johnson: Adoptés M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Programme 7, adopté?
M. Johnson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Les crédits du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre son donc adoptés
et...
M. Bellemare: C'est pour respecter l'entente que le
député de Saint-Laurent et moi-même avions prise la semaine
dernière avec l'honorable ministre que, dans un temps record, on
pourrait adopter ces crédits.
M. Johnson: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Je prie le rapporteur de la
commission d'en faire rapport à l'Assemblée nationale.
Etant donné que nous devons ajourner à demain 10 heures,
pour entendre les parties impliquées dans le conflit du Soleil...
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez, avant de
terminer, d'abord, je voudrais remercier les membres de la commission,
deuxièmement, déposer un document intitulé: Tableau 1,
Conflits de travail au Québec en 1977, selon le type de conflits, pour
les fins du journal des Débats. C'est un document que nous avons fait
circuler.
Je veux remercier les membres de la commission de la
célérité avec laquelle nous avons pu disposer et remercier
aussi, entre autres, M. Gagnon, président de la Régie des
entreprises de construction qui était ici pour répondre à
nos questions sur l'élément 7 que nous avons adopté assez
rapidement. Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne ses
travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 10 heures)