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Audition des parties en cause dans le conflit du
journal Le Soleil
(Dix heures trois minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission permanente du travail et de la main-d oeuvre est
réunie ce matin pour entendre les représentants des parties
syndicale et patronale dans le conflit au quotidien Le Soleil.
Les membres de la commission sont M. Bellemare (Johnson), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Ciaccia (Mont-Royal)
remplace M. Forget (Saint-Laurent); M. Gravel (Limoilou), M. Johnson (Anjou),
M. Guay (Taschereau), M. Pagé (Portneuf), M. Roy (Beauce-Sud), M.
Charron (Saint-Jacques) remplace M. Vaillancourt (Jonquière). Les
intervenants sont M. Blank (Saint-Louis), M. Brochu (Richmond), M. O'Neill
(Chauveau) remplace M. Gosselin (Sherbrooke); M. Jolivet (Laviolette)
remplacé par M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes); M. Laplante
(Bourassa), M. Lefebvre (Viau), M. Lavigne (Beauharnois) remplace M. Paquette
(Rosemont), M. Garneau (Jean-Talon) remplace M. Saint-Germain (Jacques-Cartier)
et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Est-ce qu'il y a un rapporteur? M. Laplante, député de
Bourassa, comme rapporteur.
M. Laplante: D'accord.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Saint-Jacques.
Préliminaires
M. Charron: M. le Président, la tenue d'une commission
parlementaire de ce genre, qui a été le voeu de
I'Assemblée nationale la semaine dernière, a quand même un
caractère, tous les membres l'admettront, irrégulier. En ce sens,
aucune règle pratique de travail de la commission parlementaire n'est,
par notre règlement, déjà fixée. Il faut donc,
avant même d'entamer la rencontre avec nos invités et la
discussion entre parlementaires avec les invités, que nous nous
entendions sur une façon de travailler la plus adéquate
possible.
Je voudrais donc, M. le Président, faire une proposition à
la commission sur une méthode de travail pour la journée
d'aujourd'hui qui a fait I'objet d'une consultation, j'en saisis les membres,
de la part du ministre du Travail auprès de nos invités et que
nos invités ont acceptée. Il s agirait, d une part, après
rexposé préliminaire de mon collègue du Travail, que les
critiques de chacun des partis à la table auraient l'occasion de
commenter, d'ajouter leurs propres commentaires, comme il se doit à
l'ouverture d'une commission parlementaire et passer immédiatement
ensuite à I'audition des opinions émises par nos invités
qui ont accepté de se limiter, dans un premier temps, à vingt
minutes chacun. D'abord, prendraient la parole les représentants du
Syndicat des journalistes; ensuite, le représentant du Syndicat des
employés du personnel de soutien de la rédaction, vingt minutes
également, et M. Paul Audet, au nom de la partie patronale du Soleil,
prendrait également vingt minutes, ou quelqu'un d'autre, enfin, celui
qu'elle choisira de déléguer. Donc, cette heure occupée
à entendre les opinions serait immédiatement suivie d'une
période qui pourra occuper nos travaux jusqu'à 18 heures ce soir,
si bon nous semble.
Il y aurait une période de questions de la part des membres de la
commission auprès de n'importe quelle personne parmi celles qui sont
à la table et qui alternerait, M. le Président; une série
de quinze minutes de questions provenant de votre droite, c est-à-dire
du côté ministériel, et une quinzaine de minutes que vous
accorderiez, par la suite, à votre gauche, à l'Opposition,
jusqu'à ce que toutes les questions que les membres ont envie de poser
dans la journée d'aujourd'hui aient obtenu réponse.
J'en fais donc, sans en faire une motion formelle, une proposition
immédiate pour que nous puissions entamer les travaux, si cette
méthode de travail convient aux membres de la commission, comme elle a
convenu à nos invités.
M. Bellemare: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Je n'ai pas besoin de vous dire que lexposé
que vient de faire le ministre nous plaît et nous acceptons, sauf la
dernière partie, où vous limitez le droit de l'Opposition
à quinze minutes dans les questions. Vous vous accordez quinze minutes,
le gouvernement, je n'ai aucune objection, mais qu'on ait, de ce
côté-ci, un groupe, I'Union Nationale, et un petit groupe, le
Parti libéral, au moins chacun quinze minutes de questions. Parce que,
dans un débat comme celui-là, c'est sûr et certain que, si
vous prenez vos quinze minutes pour questionner, je pense bien qu'il n'y aura
pas d objection à ce que vous nous donniez chacun une période de
quinze minutes.
Dans les circonstances, la proposition, telle que mentionnée,
c'est une coutume, une tradition qu'on suivra, sauf pour la limitation du
quinze minutes de questions à chacune des oppositions.
M. Roy: M. le Président, quelques brefs
commentaires...
Le Président (M. Boucher): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je suis d'accord sur la deuxième partie de la
proposition que nous a faite le ministre, mais je ne peux pas être
d'accord sur la dernière partie, à savoir qu'il limite à
quinze minutes le temps de l'Opposition.
Le député de Johnson a parlé de l'Opposition qui
est à sa gauche. Il a un penchant pour la gauche, ce matin. Mais je
tiens à dire que je suis légalement membre de la commission et
que j'aimerais pouvoir poser des questions. Je ne voudrais pas être tenu
de faire un débat de procédure pour pouvoir poser quelques
questions, ne serait-ce qu'un petit cinq minutes.
J'aimerais qu'il y ait une certaine répartition du temps, de
façon équitable, pour permettre aux partis d'Opposition qui
siègent à cette commission d'avoir un temps de parole
convenable.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, c'est plus ou moins grave, on
en conviendra. Mais effectivement, puisque l'Opposition est divisée,
morcelée, il faut tenir compte de cette situation politique.
M. Bellemare: ... morcelée, mais on a absolument nos
droits.
M. Roy: II n'est pas question d'être divisé ou
morcelé. Je m'excuse.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: M. le Président, je n'ai pas besoin de ces
remarques désobligeantes, certainement pas.
M. Charron: Ce que nous pouvons faire, M. le
Président...
M. Bellemare: Vous avez été assez longtemps six, de
l'autre côté.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Johnson! M. le député de Saint-Jacques,
vous avez la parole.
M. Roy: Ne faites pas en sorte qu'il y ait un conflit à
cette table. Nous sommes réunis pour en régler un autre.
M. Charron: Je vais vous proposer une solution, M. le
Président. En fin de compte, je préface ma suggestion de cette
remarque-ci. Nous ne sommes pas à nous chronométrer. Le
député de Beauce-Sud vient de le rappeler. L'importance
fondamentale de cette commission n'est pas dans le partage du temps, en
minutes, il est dans la qualité des questions qui seront posées
à nos invités. En ce sens, il y a autant de qualité de
questions, on en conviendra, qui peuvent venir de ce côté-ci de la
table, que de l'autre. Ce n'est pas un spectacle de partis politiques qui se
succèdent et qui réclament le même temps de tribune. Il
s'agit très sincèrement de remarquer, entre nous, en oubliant nos
allégeances personnelles, qu'il se peut très bien qu'un
député d'Opposition pose la question pertinente qu'un
député ministériel s'apprêtait à poser, ou
l'inverse.
En ce sens, M. le Président, quel que soit le partage auquel on
arrive, nous aurons toujours besoin, non seulement de votre souplesse person-
nelle, mais de la souplesse de tout le monde également.
Reconnaissant que l'Opposition est formée de trois partis,
représentés devant nous, je proposerais qu'avec votre jugement,
vous alterniez, d'abord un quinze minutes de questions du côté
ministériel, qui est le plus nombreux à la table il faut
reconnaître le droit de chaque député à poser des
questions et d'autre part, vingt minutes, comme bon vous semblera, du
côté de l'Opposition, en alternant entre nos amis qui sont
à votre gauche, et en admettant que nous aurons aussi, tout au cours de
la journée, de la souplesse pour ne pas vous obliger à
chronométrer d'une façon ridicule notre temps de parole, mais
plutôt pour essayer, dans l'intérêt public, de faire la
lumière sur le conflit qui nous réunit ici ce matin et qui, sans
aucun doute, attire beaucoup l'attention de l'opinion publique, du moins celle
de la capitale nationale.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: M. le Président, vendredi dernier, on a
encore eu une commission parlementaire extraordinaire sur la grève qui
sévit, le lock-out qui sévit à Radio-Québec. Cela
n'a pas été déterminé, à la minute et
à la seconde, pour les questions. On a fait un succès de notre
affaire. Je pense que cela a été très bon pour
Radio-Québec. Il y a des vérités que les parties ne
s'étaient jamais dites l'une à l'autre qui se sont dites ici. Je
pense que si nous apportons notre participation, comme disait le
député de Saint-Jacques, tout à l'heure, ce n'est pas pour
faire un show, mais bien pour aider à régler un conflit
malheureux et j'espère qu'on aura la liberté de poser les
questions qu'on voudra.
M. Charron: C'est cela. D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): D'accord, monsieur. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Peut-être qu'on aurait dû éviter
cette discussion sur le temps. Si les ministériels nous avaient
consultés, on aurait pu s'entendre plus facilement. Nous acceptons
l'esprit dans lequel la suggestion est faite. Je suggère qu'on commence
par entendre les invités.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Mont-Royal.
Comme on a dit, il y aura d'abord un exposé préliminaire
de la part du ministre et de chacun des représentants de
l'Opposition.
M. le ministre.
Exposé du ministre M. Pierre-Marc
Johnson
M. Johnson: M. le Président, je voudrais tout d'abord
souhaiter la bienvenue à nos invités, c'est-
à-dire les représentants du Syndicat des journalistes du
Soleil et des employés de soutien de la rédaction et la direction
du Soleil.
Deuxièmement, j'aimerais souligner que nous avons
distribué, en date d'hier matin, une série de documents pour tous
les membres de la commission, qui comprennent entre autres un document qui
s'intitule "Livre de bord chronologique des principales étapes du
conflit opposant le Soleil Ltée à ses 109 journalistes et ses 33
employés de soutien", des textes de l'ancienne convention collective,
les demandes et les offres, les rapports de médiation de M. Leboeuf.
Je voudrais également souligner la présence avec nous
aujourd'hui du sous-ministre, du directeur général adjoint des
relations de travail, M. Blais, et de celui qui a été à la
fois conciliateur et médiateur dans ce dossier, M. Leboeuf. (10 h
15)
Brièvement, la convention collective, dans le cas des
journalistes, est venue à expiration le 14 décembre 1976. Le
droit de grève a été exercé, conformément au
Code du travail, à compter du 27 août 1977, et il est toujours
exercé. En septembre et novembre, des pourparlers ont eu lieu entre les
parties en présence d'un conciliateur, M. Defoy, à
l'époque. A compter du 8 février, M. Leboeuf a été
nommé conciliateur dans ce dossier. A ce moment, il y avait quelque 250
paragraphes en litige dans le cas des journalistes, en tout cas. Il y eut
environ 75 à 85 rencontres entre M. Leboeuf et les employés de
soutien ou les journalistes et, d'autre part, M. Leboeuf et la direction du
Soleil. A la fin de mars, le contentieux était réduit à
quelque 150 éléments. Au début d'avril, je nommais M.
Leboeuf médiateur dans ce dossier, avec mandat, entre autres, de faire
des ou une proposition sur les deux conventions collectives.
M. Leboeuf, après réflexion et d'autres consultations,
remit une proposition globale couvrant les quelque 150 points en litige le 24
avril, dans le cas des journalistes comme dans le cas des employés de
soutien. L'employeur fit savoir, malgré certaines réticences,
qu'il se pliait à ce rapport dans son ensemble. Le syndicat des
journalistes et celui des employés de soutien annonçait quelques
jours après après consultation de leurs membres
qu'il le rejetait. Cependant, une proposition nouvelle de la part du syndicat
des journalistes, entre autres, démontrait que le syndicat, finalement,
ratifiait une bonne partie des éléments du rapport.
Il y eut, toujours au mois de mai, malgré ce rejet, d'autres
rencontres, en particulier dans le cas du syndicat des journalistes, mettant en
présence, M. Leboeuf à nouveau, M. Beauvais, représentant
de l'employeur, et M. Garon, représentant des journalistes.
Finalement, les pourparlers furent définitivement rompus lorsque
l'Assemblée nationale décida, suite à différentes
motions et à une préoccupation qu'on peut comprendre de la part
du Parlement, de convoquer cette commission parlementaire.
Nous sommes ici aujourd'hui pour entendre les parties nous parler des
points en litige. Je souhaite qu'on limite le contenu de ces exposés aux
questions qui font l'objet du litige entre la direction du Soleil et ses
employés de soutien et ses journalistes. A partir de là, quant
à moi, je suis prêt, après avoir entendu le
résumé ou l'intervention de chacun des membres de l'Opposition,
à ce que nous procédions le plus rapidement possible à
l'audition de nos invités.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre.
M. le député de Mont-Royal.
Commentaires de l'Opposition M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, très
brièvement, au nom de l'Opposition officielle, je voudrais souhaiter la
bienvenue aux représentants des syndicats, ainsi qu'aux
représentants de la partie patronale.
Inutile de dire que nous réalisons l'importance du journal Le
Soleil, le rôle qu'il joue. C'est une institution, au Québec. Nous
souhaiterions, par l'entremise de cette commission, que les parties,
après avoir donné leur point de vue, aboutissent à une
solution. Je crois que de ce côté-ci de la table, ainsi que de
l'autre, nous avons le même objectif.
Nous réitérons notre attachement à la
liberté de la presse. C'est une liberté fondamentale dans une
société libre, et nous voulons absolument que cette
liberté soit maintenue et qu'il n'y ait pas atteinte, en aucune
façon, au principe de cette liberté.
On aurait souhaité que la commission soit convoquée plus
tôt, parce que ça fait assez longtemps que ce conflit persiste.
Nous avons demandé, il y a plusieurs mois, que la commission soit
convoquée. En démontrant et en rendant publics les
différents points de vue, on pourra aider à résoudre le
problème.
Alors, c'est l'objectif que nous poursuivons ici. Je peux assurer les
invités et les membres de la commission que les questions que nous
allons poser seront strictement dans le but d'essayer de faire la
lumière sur les points en litige, afin que les parties puissent
s'entendre et que Le Soleil puisse recommencer à publier.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Mont-Royal.
M. le député de Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, bienvenue aux membres qui
représentent le grand quotidien Le Soleil, bienvenue à ceux qui
se battent présentement dans les syndicats et bienvenue, aussi, à
tous ceux qui, dans cette commission parlementaire, veulent apporter leur
expérience personnelle ou encore certains faits nouveaux.
Une commission parlementaire comme celle-ci met en vedette le grand
quotidien Le Soleil.
Vous ne sauriez croire, messieurs, combien cette information, que vous
avez pendant des années distribuée à travers toute la
province et particulièrement toute la partie qui va jusqu'en
Gaspésie, manque aujourd'hui. C'est un besoin pour toute la population
de voir ce conflit réglé le plus tôt possible.
M y a des divergences d'opinions, c'est sûr; il y a aussi des
faits malheureux qui ont pu arriver, mais n'oubliez jamais qu'il y a un grand
public qui vous attend. M y a un grand public qui, depuis huit mois, est
impatient de lire ce journal qu'on voyait entre les mains de presque tous ceux
qui habitent l'Est du Québec. Il a hâte de le lire, de voir la
nouvelle. Vous allez dire: II y en a d'autres quotidiens; d'autres modes
d'information existent encore. Le Soleil a été le pain quotidien
de dizaines, de milliers et de milliers de personnes, qui souffrent
énormément de cet état latent dans lequel vous les laissez
vivre.
Ce n'est pas notre rôle, en commission parlementaire, de
régler des problèmes ni des conflits. Notre rôle, et c'est
un rôle extraordinaire ce matin de permettre... Je remercie le
gouvernement de l'avoir fait; je sais gré au gouvernement de vous avoir
convoqués... C'est la troisième fois en très peu de temps
qu'on a ce privilège insigne de recevoir des délégations
qui veulent trouver un terrain d'entente et se servent aujourd'hui du plus haut
tribunal possible, le Parlement lui-même, par le biais d'une commission
parlementaire, pour essayer de découvrir ce qui ne va pas.
Vous avez pu avoir des dialogues de sourds, vous avez pu avoir des
interventions qui, d'une part, étaient justifiées et d'autre part
ne l'étaient pas. Mais ici ce matin, j'espère que vous allez
être francs, que vous allez nous dire ce qui se passe exactement pour
qu'on vous aide ou bien parce que vous n'avez jamais eu l'occasion de le dire
à ceux qui sont vos patrons.
Nous, on est loin, on vit de bien des commérages, de bien des
reportages de certains journaux. Mais, véritablement, est-ce que l'on
connaît on le connaît parce qu'on a reçu une pile de
dossiers depuis quelque temps sur lesquels on a jeté le regard
mais quel est véritablement le point stratégique qui
empêche le règlement de ce conflit?
Je peux vous dire qu on a eu la United Aircraft ici cette
grève durait depuis des mois et des mois et on a pu obtenir de la
compagnie le dépôt des bilans qu'on n'avait jamais pu obtenir.
C'est grâce à la commission parlementaire que le jour s est fait,
c est grâce à la commission parlementaire si on a connu
véritablement les dessous cachés qui faisaient peser bien des
soupçons et bien des doutes sur le patron. A la minute qu'on l''a su, je
pense que cela a éclairé le débat et, huit jours plus
tard, la grève était réglée. Nous avons eu vendredi
dernier une commission parlementaire sur Radio-Québec. On a entendu le
PDG pendant presque une journée avant et, vendredi passé, on a
entendu les syndicats et les comités régionaux qui sont
affectés aussi par le lock-out de Radio-Québec. Là, on a
vu véritablement sortir encore la queue du chat. On voyait la tête
mais on ne voyait pas la queue et, à un moment donné, on a sorti
le chat du sac. Aujourd'hui, les nouvelles que j'ai, c est que cela a
aidé, c'est sûr. Ce n'est pas notre rôle de régler
les conflits, mais c'est notre rôle, par exemple, quand c'est rendu
surtout dans l'information et que le peuple en souffre
énormément, de prendre nos responsabilités et d essayer de
vous aider, pas vous nuire, pas vous faire accuser les uns les autres, mais
vous dire véritablement des vérités qui concernent ce
problème.
M. le Président, la grève dure depuis neuf mois. Vous
I'avez dit M. le ministre, il y a eu deux conciliateurs dont le dernier, M.
Leboeuf, était par la suite nommé médiateur. Son rapport a
été déposé le 24 avril dernier, vous nous l'avez
dit. C'était une hypothèse globale du règlement, mais je
demanderais au ministre si c'était bien son mandat de produire un
rapport global ou s'il n'avait pas plutôt dans son mandat l'option de
suggérer plusieurs règlements, plusieurs hypothèses de
règlement. Il a soumis une hypothèse globale, d accord...
Pardon?
M. Johnson: Est-ce que vous me posez vraiment la question?
M. Bellemare: J'espère que vous allez répondre,
vous aurez sûrement...
M. Johnson: Avec plaisir. Si vous me donnez le temps de
répondre, cela me fera plaisir.
M. Bellemare: Si je vous donne le temps? Ecoutez, je n'ai jamais
vu un ministre qui n'avait pas le temps. J'ai déjà vu
l'Opposition qui ne I'avait pas, mais...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Johnson, est-ce que vous voulez que le ministre réponde tout de
suite?
M. Johnson: Est-ce que vous voulez que je réponde
immédiatement?
M. Bellemare: Pas tout de suite, non. Ce n'est pas parce que j'ai
peur de la réponse, mais la réponse à la fin de mon texte
va faire la même chose.
M. le Président, on sait de quelle façon la partie
patronale acceptait le rapport globalement, I'hypothèse du rapport,
tandis que le syndicat, lui, le rejetait à 76%, malgré le
chantage de fermeture ou d'extinction du journal qu'on a pu faire. Ne faites
pas cela, de grâce! Le Soleil, cher monsieur, ce n'est peut-être
pas brillant actuellement, mais cela a été brillant, c est lu et
c est bien vu. Là, on est dans un beau champ, mais, en tout cas, ce qu
on veut, c'est la paix, cest le règlement du conflit.
M. le Président, ce pourcentage de 77%, dans les circonstances
toutes particulières où étaient plongés le syndicat
et tous ceux qui en ont souffert, est une partie très importante. Il
existe un
problème très sérieux, j'aimerais bien qu on essaie
de trouver ensemble une solution tous et chacun, syndicats, patrons et la
commission parlementaire. Celle-ci est faite d'hommes élus, d'hommes
véritablement mandatés par le gouvernement pour vous entendre ce
matin pour vous faciliter la tâche, pour aider à trouver une
solution. Tous ces gens qui sont à cette table, M. le Président,
n'ont qu'un seul désir, essayer de trouver un modus vivendi; en
français, c'est le moyen de vous entendre, pour régler le
problème.
M. le Président, nous savons qu'il y a quatre grandes causes et
là, je pense que j'arrive au point ' crucial. Je le dis...
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez, je pensais
qu'on ferait des exposés vraiment préliminaires.
M. Bellemare: J'achève, j'achève, patientez deux
minutes, M. le Président, j'ai des choses à dire moi aussi; si
vous n'en aviez pas, moi, j'en ai.
M. Johnson: Mais est-ce que je pourrais...
M. Bellemare: C'est clair, ça, je vous respecte, M. le
ministre...
M. Johnson: Est-ce que je pourrais demander...
M. Bellemare: ... laissez-moi finir et ne m'interrompez pas, M.
le Président, ce n'est pas conforme au règlement.
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Johnson...
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez, j'ai
volontairement restreint mon exposé.
M. Bellemare: C'est votre affaire, ce n'est pas la mienne.
M. Johnson: Si le député de Johnson veut, à
l'aide des documents que je lui ai remis, faire un résumé de la
situation...
M. Bellemare: Pas seulement ceux que vous m'avez remis, mais ceux
que j'ai obtenus aussi.
M. Johnson: ... oui, on pourrait peut-être procéder
à une analyse exhaustive des documents, mais...
M. Bellemare: Laissez-moi finir, laissez-moi finir et ne venez
pas me déranger. J'ai mes vingt minutes et je les prends.
M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Johnson...
M. Bellemare: C'est Johnson contre Johnson.
Le Président (M. Boucher): ... dans l'entente
préalable, on avait parlé d'un court exposé et tout le
monde...
M. Bellemare: Oui, j'achève.
Le Président (M. Boucher):... s'était entendu.
Alors, je vous demande de continuer.
M. Bellemare: Vous me faites perdre un temps
considérable...
Le Président (M. Boucher): D'accord, allez-y.
M. Bellemare: ... et vous me "switchez" ailleurs.
Le Président (M. Boucher): Allez-y immédiatement.
(10 h 30)
M. Bellemare: Le ministre essaie de m'en-voyer sur la "side
track", voyons donc.
Nous savons déjà qu'il y a quatre grands points et c'est
important de le dire pour qu'on puisse entendre ces gens. Je veux savoir s'ils
vont nous répondre, l'un ou l'autre. Ces grands points qui
empêchent le règlement sont, premièrement, les ententes
particulières, vous lirez le mémoire que vous nous avez remis, le
dossier volumineux; il y a, deuxièmement, le plancher d'emploi. Cela
aussi, c'est en discussion et ce n'est pas réglé. Il y a la vente
des textes, ce n'est pas réglé; il y a le statu quo ante, ce
n'est pas réglé.
Ce sont les quatre points importants et j'espère que les unions
vont nous dire, en face du patron, pourquoi ce n'est pas réglé et
les patrons vont répondre. Là, on saura véritablement si
c'est vrai que ces quatre points sont cruciaux dans le litige. C'est
précisément, M. le Président, autour de ces points
drôlement importants que se situent le coeur même du conflit et les
opposants des deux parties.
J'aimerais que l'on m'explique clairement tantôt la position de
chacune des parties. Le Soleil étant une entreprise privée, mais
assumant un service public, se doit à la tâche difficile de
diffuser, au plus grand public possible, le meilleur produit, tout en
conciliant les exigences de la concurrence et du respect des
employés.
Je cite, pour le bon souvenir de ceux qui écrivaient autrefois de
beaux articles, comme M. Beauchamp, le 14 février 1973, cette petite
phrase qui va vous en dire beaucoup. "Le point central se fait au niveau de
l'embauche des gens, disait-il, le 14 février 1973. Si vous engagez des
gens en leur faisant passer tous les tests psychologiques pour être bien
certain qu'ils sont des "company men", pour être bien certain qu'ils sont
des gens qui n'ont aucun esprit critique et qui sont engagés à
fond dans le système actuel, il est bien évident que vous allez
avoir une salle de rédaction, après cela, tout à fait
amorphe et vous n'aurez plus besoin d'y
aller avec le couteau. Ou vous passez là un an ou deux ans
à emmerder les journalistes chaque fois qu'ils écrivent un papier
et qu'ils se dégagent des communiqués reçus, ou d'un an...
Ils sont tannés de se battre. Ils viennent à créer un
climat qui tue tout dynamisme et tout syndicalisme". C'est M. Beauchamp qui a
écrit cela. C'est lui qui est le PDG aujourd'hui. C'est lui qui est
capable de répondre si c'est vrai ou non, ce qu'il écrivait il y
a cinq ans.
Vous savez, quand on est dans l'Opposition, on fait bien des
déclarations. Mais quand on arrive au pouvoir, quelquefois, cela nous
revient sur le nez. Je dis à M. Beauchamp aujourd'hui que ce qui a
été écrit par lui, avec beaucoup d'emphase, revient
aujourd'hui dans un texte qu'on lui lit, puisqu'il est le responsable.
M. le Président, j'en aurais encore une autre belle à vous
citer. Mais j'abrège, parce que cela vous impatiente d'entendre le
député de Johnson. Mais il a mandat, comme tout le monde, de le
faire.
J'aimerais poser plusieurs questions bien précises, auxquelles
nous attendons des réponses non moins précises, et ce, à
la lumière des rapports qui nous seront donnés,
particulièrement à cause des conditions qui sont arrivées
dans d'autres journaux du Québec. Pourquoi les pompiers, les policiers
de Montréal exigent-ils le même salaire que les gens de Toronto?
Est-ce que c'est moins bien à Québec qu'à Montréal?
Est-ce qu'il y a une différence dans l'évolution de l'information
et de la communication qu'on doit donner? Il sera d'autant plus facile, M. le
Président, de se livrer à cet exercice de la petite école,
parce que les derniers événements qui se sont
déroulés dans d'autres quotidiens viennent de redéfinir
les conditions du marché des quotidiens.
Mes questions seront nombreuses, parce que, en tant qu'ancien ministre,
j'ai à coeur de vérifier par moi-même le chemin accompli
par les parties en présence, à compter sur leurs positions
respectives et particulièrement et je termine en
exprimant, de bonne foi, véritablement, non pas en stratège, les
véritables raisons qui empêchent le grand quotidien Le Soleil de
paraître. Merci, M. le Président. Cela n'a pas été
long, n'est-ce pas?
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Johnson. Est-ce que vous désirez que M. le
ministre réponde à votre question maintenant?
M. Bellemare: Oui, bien sûr.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Roy: M. le Président, peut-être avant, au cas
où il y aurait d'autres questions, il pourrait répondre en
même temps. Il peut toujours exercer un droit de réplique et
répondre à l'ensemble.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, je vais être très bref. A mon tour,
j'aimerais souhaiter la bienvenue à ceux qui sont ici ce matin, en
commission parlementaire, particulièrement à ceux que nous aurons
l'avantage d'entendre à cette table, que ce soit des gens de la partie
patronale, ou des gens de la partie syndicale.
Je suis très heureux qu'enfin cette commission parlementaire ait
lieu, étant donné qu'il n'y a pas eu de règlement de ce
conflit qui perdure depuis le 30 août dernier et qui prive quelque 150
000 lecteurs d'un quotidien, particulièrement ceux de ma région,
ceux que j'ai le plaisir et l'honneur de représenter.
Il faut, à un moment donné, se rendre compte des
inconvénients et des problèmes que cette situation peut susciter.
Pour reprendre ce qui vient d'être dit, un quotidien, aujourd'hui, n'est
pas placé dans la même situation qu'il y a plusieurs
années, il y avait trois quotidiens de langue française à
Québec. En somme, à l'heure actuelle, celui qui dessert toutes
les régions, qui est représenté dans différentes
régions, il n'y en a plus qu'un seul, c'est le quotidien Le Soleil.
Etant donné le rôle et la qualité de l'information
que ce journal dispensait dans nos régions, je pense que nous devons
tout mettre en oeuvre, travailler en toute sincérité, des deux
côtés de la table, pour tâcher de faire en sorte que ceux
qui sont ici ce matin je fais appel à leur collaboration,
à leur bonne volonté et à leur franchise mettent
cartes sur table et que, s'il y a lieu, on permette aux parlementaires, aux
membres de la commission, des deux côtés de la table, de pouvoir
faire des commentaires à leur tour, voire faire des recommandations si
c'est nécessaire.
Je comprends que le gouvernement ait bien hésité avant de
convoquer cette commission parlementaire. C est toujours très
délicat pour des hommes politiques, que de considérer la question
de I'information, puisqu il faut éviter que linformation ne devienne
sous tutelle politique. Il faut éviter ce genre de chose. C'est pourquoi
je comprends les hésitations que le gouvernement a eues. Cependant,
étant donné les circonstances, même si cette motion est
inscrite depuis le 5 avril, je pense que le 17 mai, il est temps plus que
jamais d agir.
Je formule le voeu, M. le Président, que cette séance de
la commission parlementaire puisse déboucher sur une meilleure
collaboration, sur un rapprochement entre les deux parties de façon que,
dans I'intérêt de la population concernée, on puisse avoir
à nouveau ce service public que constitue un quotidien comme le Soleil
dans nos régions.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud.
M. le ministre, si vous voulez...
Réponse du ministre
M. Johnson: Brièvement, pour répondre à la
question du député de Johnson au sujet du mandat du
médiateur, M. Leboeuf, ce mandat était de soumettre toute
hypothèse susceptible de favoriser un règlement au Soleil. Il
était plus ou moins convenu que cela impliquait une acceptation ou un
refus de la proposition globale qu'il soumettait.
Ce qui est advenu, c'est qu'effectivement il y a eu rejet par les
syndicats de la proposition globale soumise par M. Leboeuf.
Cependant, dans le cas des journalistes, dans la nouvelle demande
globale qu'ils ont soumise suite au rapport de M. Leboeuf, il y avait
implicitement ou explicitement l'acceptation d'une série des
propositions de M. Leboeuf.
Je rappelle que je considère qu'une commission parlementaire est
un moyen exceptionnel dont il ne faut surtout pas abuser. Il y avait, à
l'origine, 250 paragraphes en litige. La présence de M. Leboeuf à
titre de conciliateur à compter du mois de février a quand
même permis un élagage de plus de 100 points qui étaient en
litige au départ. Son rapport de médiation a laissé, je
pense, après la proposition globale du syndicat qui a suivi le rejet du
rapport de M. Leboeuf, à peu près 60 points en litige qui,
eux-mêmes, ont fait I objet de discussions subséquentes entre M.
Garon, le représentant de I'employeur, M. Beauvais, et M. Leboeuf. On en
est arrivé à quelque 25 ou 26 points en litige qui sont
résumés dans un des documents que je vous ai fait parvenir, I'un
qui s'intitule "Points en litige, Syndicat des journalistes et I'autre, "Points
en litige, Syndicat des employés de soutien de rédaction ".
M. Bellemare: Est-ce que c'est vrai que, depuis janvier, il y a
trois syndicats qui ont signé avec le Soleil, celui des typographes,
celui des pressiers et celui des photograveurs? Est-ce que c'est vrai?
M. Johnson: C est vrai. C'était d'ailleurs à
pleines pages dans les journaux.
M. Bellemare: C'était quoi?
M. Johnson: C'était à pleines pages dans certains
journaux qui publiaient.
M. Bellemare: Pas dans le Soleil certainement.
M. Johnson: Très fort!
M. Bellemare: Ah bien! vous vous y exposez, vous I'avez.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre.
Tel qu'entendu, nous allons maintenant procéder à
I'audition des parties. Le premier organisme convoqué, le Syndicat des
journalistes de Québec Inc., CSN, dont M. Jean Garon est le
porte-parole. Je vous prierais, M. Garon, de vous identifier et d'identifier
ceux qui sont avec vous, s'il vous plaît!
Syndicat des journalistes Inc., CSN
M. Garon (Jean): Oui, M. le Président. Je m'appelle Jean
Garon. A ma droite, les membres du comité de négociation du
syndicat des journalistes, Ghislaine Rhéault, Vincent Cliche et
Benoît Routhier...
M. Bellemare: Gisèle...
M. Garon (Jean): Ghislaine Rhéault.
M. Bellemare: Je suis vieux et j'entends mal. Ghislaine
Moreau...
M. Garon (Jean): Vincent Cliche... M. Bellemare: Vincent
Cliche. Très bien. M. Garon (Jean): Benoît Routhier. M.
Bellemare: Benoît Routhier.
M. Garon (Jean): Egalement, Jean-Paul Gagné.
M. Bellemare: Jean-Paul?
M. Garon (Jean): Gagné.
M. Bellemare: Gagnon. Vous, c'est?
M. Garon (Jean): Gagné.
M. Bellemare: Gagné. Vous, c'est?
M. Chevrette: Gagné.
M. Bellemare: Vous vous mêlez de ce qui ne vous regarde
pas. C'est M. Caron, votre nom?
Le Président (M. Boucher): M. Garon, vous avez la
parole.
M. Garon (Jean): M. le Président, MM. les membres de la
commission, depuis le 30 août dernier, près d'un million de
lecteurs de l'Est du Québec ont été forcés de
satisfaire leurs besoins d'information régionale en se rabattant sur
l'information chronométrée, les media électroniques ou sur
la nomenclature des faits divers diffusés quotidiennement par le Journal
de Québec.
A elle seule, cette première conséquence de la
grève pose les véritables paramètres du conflit. En
l'absence de concurrents véritables, le Soleil détient le
monopole de l'information pour tout l'Est du Québec. Cette mainmise
l'oblige donc, à titre de service public, à livrer à ses
lecteurs une information complète, continue et approfondie. Elle
suppose, en outre, que l'entreprise fournit à
son personnel le temps, les moyens et la liberté de produire une
telle information. Or, c'est précisément ce qui est remis en
cause depuis le jour où, en 1974, l'homme d'affaires Jacques Francoeur,
propriétaire de la chaîne Uni Média, a fait l'acquisition
du Soleil. Le conflit actuel n'est rien d'autre que l'aboutissement logique de
cette remise en cause. Jusqu'en 1974, on ne peut dire que les relations de
travail aient véritablement fait problème à la
rédaction du Soleil. La direction de la rédaction et ses
journalistes s'entendaient sur les objectifs d'information poursuivis.
Même s'il y eut des accidents de parcours, l'ère était
à la consultation et au consensus.
S'il est exact qu'entre 1965 et 1974, plusieurs personnes se sont
succédé à la direction de la rédaction du Soleil,
il est faux de prétendre que ces départs soient attribuables aux
relations tendues avec le syndicat. Les Cardinal, Sauvageau, Rondeau sont
allés poursuivre ailleurs une carrière dont le Soleil
n'était qu'une étape. Des directeurs qui ont quitté le
Soleil au cours de cette période, un seul est parti à la suite
d'une mésentente profonde avec le syndicat. Encore faut-il ajouter que
le même homme avait aussi été désavoué par
ses cadres.
L'achat du Soleil par Jacques Francoeur a, cependant, changé tout
cela. La nouvelle administration a vite fait de renverser les valeurs en
mettant l'information au service du marketing et du tirage. Pour nous, ce coup
de barre s'est concrétisé par une détérioration de
la pratique quotidienne de notre métier. On aurait tort de
réduire l'explication de notre grève à des abstractions
idéologiques, à la résistance au changement, au
chauvinisme des journalistes à l'çgard de leurs patrons
montréalais, à un quelconque complot de cogestion. Ce sont
là des explications simplistes autant qu'erronées.
De plus, est-il besoin de préciser à nouveau ici que la
lutte des 112 journalistes et correcteurs syndiqués du Soleil
dépasse largement le simple antagonisme que certains pourraient avoir
contre l'actuel rédacteur en chef. Pour être clair, la
grève du Soleil ne s'explique pas par la volonté du syndicat
d'obtenir la tête de Claude Beauchamp. Il s'agit de s'opposer à un
style de gestion dangereux pour la liberté d'information, style qu'on
tente d'imposer depuis 1974.
Pour nous, le nouveau style de gestion du tandem Francoeur-Beauchamp
s'est traduit par une intervention constante et autocratique de la direction
dans notre travail professionnel: censure, abandon de secteurs complets
d'information, modifications apportées aux textes des journalistes,
accroissement du travail des pigistes, pressions et menaces visant à
imposer aux journalistes des ententes particulières contrevenant
à la convention collective, etc.
Les mécanismes de consultation dont disposaient les journalistes
depuis nombre d'années ont été purement et simplement
contournés par la direction. S'il est vrai qu'il existe à la
rédaction du Soleil un comité paritaire qui, depuis 1968, servait
à administrer la convention collective, il n'en est pas moins vrai que
la nouvelle direction n'a rien ménagé pour le rendre
inopérant. C'est donc dans ce contexte difficile que nous avons
tenté de renégocier notre contrat de travail. L'ardeur mise par
notre patron à renier les droits acquis nous a obligés, dans un
premier temps, à sauvegarder ces droits. (10 h 45)
On oublie trop souvent, en effet, que, le 29 août dernier,
quelques heures avant le déclenchement de la grève et
après plusieurs mois de négociations, le Soleil proposait
à ses journalistes une convention collective qui contenait d'importants
reculs.
La direction s'était proposée de se servir des
négociations en cours pour retirer aux journalistes le droit au grief
d'information et à la sécurité d'emploi pour les forcer
à accepter les ententes particulières, pour abolir le
comité de révision et de correction, pour miner les pouvoirs des
journalistes au comité paritaire, pour allonger la semaine de travail et
pour augmenter substantiellement le personnel affecté aux horaires
irréguliers.
Le syndicat devait, en outre, étoffer une convention dont le
nouveau patron avait su exploiter toutes les failles. Quatre grands principes
ont été défendus par le syndicat et demeurent en suspens
à ce jour, malgré d'importantes concessions de notre part. Il
s'agit des ententes particulières, du plancher d'emploi, des clauses
anticoncentration et du statu quo ante. Il nous faut vous expliquer pourquoi
nous tenons tant à ces objectifs.
Depuis 1974, la direction de la rédaction a tenté, parfois
avec succès, d'implanter, le plus souvent par la menace et les
pressions, un régime de conditions de travail parallèle à
la convention collective. Bien entendu, ces ententes particulières se
tramaient toujours en l'absence du syndicat et violaient la convention
collective.
C'est ainsi, par exemple, que l'administration est parvenue à
tripler le nombre des journalistes du secteur général
affectés au régime de travail à heures
irrégulières, à allonger la semaine de travail d'un
éditorialiste ou à préparer pour la couverture des Jeux
olympiques et la campagne électorale provinciale un plan de semaine de
travail, de rémunération et de conditions matérielles
à rabais. Tout cela allait à l'encontre de la convention
collective.
Jadis, le Soleil respectait sa déclaration de principe en vertu
de laquelle le journal se reconnaît au service de la communauté de
l'Est du Québec.
Depuis la venue du tandem Francoeur-Beauchamp, on a assisté
à l'érosion de secteurs importants de l'actualité comme
l'environnement, les communications, l'immigration, le municipal, le travail,
qui ont été éliminés ou restreints. La direction a
aussi tenté de diminuer la couverture de l'information régionale
en en confiant une bonne partie à une équipe de pointeurs
anonymes.
Ces pratiques sont d'autant plus inquiétantes pour des
journalistes soucieux de protéger, à la fois l'emploi et la
qualité de l'information que Claude Beauchamp s'est vanté,
à plusieurs repri-
ses, d'être capable de produire le Soleil avec peu de
journalistes, et je le cite: "... comme le Journal de Québec".
D'autant plus inquiétant aussi que l'actuel propriétaire
du Soleil est aussi propriétaire du Dimanche-Matin, un hebdo reconnu
pour être produit avec peu d'employés permanents et beaucoup de
pigistes, peu d'information et beaucoup de publicité.
Par ailleurs, le Soleil est le seul grand quotidien francophone du
Québec qui peut vendre les textes de ses journalistes sans aucune
contrainte. Tirant profit d'une brèche dans la convention, la direction
du Soleil a mis sur pied un vaste réseau de vente de textes à
d'autres journaux, soit Le Quotidien, de Chicoutimi, qui appartient à la
chaîne Uni Média, Le Nouvelliste, de Trois-Rivières, La
Tribune, de Sherbrooke, et Le Droit, d'Ottawa. Ce réseau, qui comprend
déjà sept chroniques régulières, est d'ailleurs
appelé à s'étendre. Il s'agit là, selon nous, d'une
atteinte grave à la diversité de l'information, dans une province
où les quotidiens francophones sont déjà peu nombreux.
D'ailleurs, on pourrait souligner par exemple le
député de Johnson est conscient de la situation que le
Nouvelliste de Trois-Rivières, propriété de Power
Corporation, avec la venue de ces "columnists", n'a jamais remplacé le
chroniqueur parlementaire qu'il avait à temps plein à
l'Assemblée nationale. Pour nous, c'est une des illustrations des effets
de cette concentration et de ces mécanismes.
Dans le même ordre d'idée, la direction du Soleil refuse de
s'engager à ne pas utiliser de façon régulière et
continue les services de journalistes d'autres quotidiens du Québec, ne
nous laissant guère d'autre choix que d'exiger des garanties contre ces
formes déguisées et insidieuses de concentration de la
presse.
Depuis 1974, la direction de la rédaction a multiplié les
entorses aux dispositions de la convention collective, sachant fort bien que le
seul recours des syndiqués résidait dans le grief et que
l'accumulation des griefs équivalait à reporter aux calendes
grecques la soumission des différends aux arbitres. Plus il y a de
griefs accumulés, moins rapidement ils sont entendus et plus la
direction peut bafouer la convention. Telle est la règle d'or qui a
permis à l'actuelle administration de laisser en suspens depuis des
années des griefs aussi fondamentaux que celui d'Anne-Marie Voisard,
dont un texte avait été ouvertement censuré, ou celui des
correcteurs de copies qu'on avait mutés de façon à faire
disparaître le comité de révision et de correction.
Seul le gel des situations avant larbitrage permettrait de mettre fin
à cette pratique qui permet à la direction de vider la convention
collective de son sens et de son esprit.
Le rapport du médiateur laissait en plan ces quatre points
fondamentaux, bien que, comme le ministre Johnson l'a souligné, il y
eût des avenues indiquées dans le rapport de médiation,
même si on devait le rejeter globalement, qui ont servi à la
rédaction de la contreproposition qu'on devait déposer le 29
avril.
Aussi ne faut-il pas s étonner que les journalistes laient
rejeté massivement. Il ne faut pas s étonner davantage que la
direction I ait, quant à elle, accepté. Car, bien qu elle ait
feint d'y déceler "de nombreuses contraintes", ce rapport lui
permettrait, dans les faits, de poursuivre une politique et des comportements
qui sont à l'origine de la détérioration du climat au
Soleil.
Pour notre part, il n'est pas question d'accepter une convention qui
nous refuserait les garanties qu ont déjà obtenues nos
confrères journalistes du Québec, parfois depuis plusieurs
années. Car, bien que la direction du Soleil s ingénie à
caricaturer nos demandes en additionnant les nouveaux mots et les nouvelles
virgules, nous ne demandons rien qui n'existe déjà ailleurs. Au
contraire, on découvrira, en lisant le document déposé en
annexe, que nos demandes sont équivalentes, voire inférieures sur
de nombreux points, aux clauses négociées dans les autres
journaux. On y verra, par exemple, que le Devoir, le Droit et le Journal de
Montréal disposent déjà d'un plancher d emploi, ou encore
que ni la Presse, ni le Montréal-Matin, ni le Devoir ne sont
autorisés à vendre des textes de leurs journalistes sans l'accord
des syndicats concernés.
On aurait tort de voir en nous des radicaux. Nos propositions sont
modérées et notre désir de négocier et de mettre
fin au conflit est manifeste. Car, si nous avons refusé le rapport du
médiateur, il ne nous aura fallu que trois jours pour présenter
une contreproposition globale qui comprenait 70% des propositions du
médiateur.
Cette invitation à négocier a été suivie de
lannonce par Jacques Francoeur de la fermeture indéfinie de I
entreprise, de la mise à pied des cadres et du personnel non
syndiqué. Ce geste belliqueux ne nous a pas empêchés
quelques jours plus tard d'inviter à nouveau la partie patronale
à la table des négociations à la suite d une suggestion du
premier ministre, qui venait de demander aux parties de faire un ultime effort
de négociation avant la convocation d une commission parlementaire.
Nous avons présenté une nouvelle série de
concessions majeures, la deuxième en moins de quinze jours, ce qui n a
pas davantage amené la partie patronale à négocier. Ces
concessions incluaient pourtant les quatre points fondamentaux et ramenaient
à 22, ou environ, les clauses normatives encore en suspens.
Plus récemment encore, au cours des derniers jours, le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre a tenté de trouver
une nouvelle formule de médiation pouvant mettre fin au conflit. Nous
avons participé dès le début et de bonne foi à
cette tentative. Celle-ci a malheureusement échoué par suite d
une obstination patronale qui, en matière de relations de travail,
relève d un autre âge.
En dépit, donc, de I'entêtement du patron à ne pas
vouloir négocier, en dépit de son refus de nous accorder la
parité avec les autres journaux, nous demeurons, quant à nous,
ouverts à toute nouvelle formule de médiation.
Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Garon. Maintenant,
nous entendrons le Syndicat des employés du personnel de soutien de la
rédaction dont M. André Dionne est le porte-parole. M. Dionne, si
vous voulez vous identifier, ainsi que ceux qui sont avec vous.
M. Dionne, vous avez la parole.
Syndicat des employés du personnel de soutien
de la rédaction
M. Paradis (André): Je suis André Paradis,
président du syndicat.
Le Président (M. Boucher): M. André Paradis.
M. Paradis (André): A ma gauche, Louise Grenon du
comité de négociations; à ma droite, Daniel Nolin et
André Dionne, également du comité de
négociations.
M. Johnson: Est-ce que vous avez un texte? Avez-vous fait
distribuer un texte, M. Paradis?
Le Président (M. Boucher): Avez-vous un texte?
M. Paradis: Oui.
Le Président (M. Boucher): Pourriez-vous préciser
lequel?
M. Paradis: Le document rouge. Le document synthèse.
M. Johnson: Document synthèse?
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. Paradis.
M. Paradis: M. le Président, messieurs les membres de la
commission. La rédaction du projet de convention collective du Syndicat
des employés de soutien de la rédaction et son acceptation par
l'assemblée générale remonte à l'automne 1976.
Dessinées au cours de la précédente convention, les
revendications contenues dans ce projet sont connues de l'employeur depuis
maintenant 17 mois.
Ce projet de convention vise essentiellement trois objectifs.
Premièrement, obtenir la parité avec les autres travailleurs de
la salle de rédaction du Soleil avec lesquels les employés de
soutien partagent l'ensemble de la tâche; deuxièmement, obtenir la
parité quant aux conditions de rémunération avec les
autres travailleurs occupant des postes identiques dans des entreprises de
presse du Québec; troisièmement, apporter des corrections
importantes, suite à des situations difficiles vécues par des
travailleurs, situations imputables au texte de l'ancienne convention et
surtout au style de gestion de la salle de rédaction. Cela veut
simplement dire faire disparaître cette notion d'employés de
second ordre dont l'employeur qualifie les employés de soutien de la
rédaction.
Avant de traiter du contenu même de la convention dans ses clauses
essentielles, il est bon de rappeler l'appartenance des employés de
soutien à la salle de rédaction, reconnue comme service fort
distinct au sein de l'entreprise. Le fonctionnement de la rédaction est
nettement distinct des autres services de l'entreprise puisqu'il est actif
pendant les sept jours de la semaine et les horaires quotidiens de certains
employés couvrent jusqu'à 23 heures par jour. L'ensemble du
travail donné par les employés de soutien lie très
intimement ceux-ci aux journalistes avec qui ils partagent la tâche de
produire quotidiennement un journal. Tous les employés de soutien,
à quelques rares exceptions, sont associés directement à
la cueillette de l'information, à la recherche journalistique et au
travail de pupitre, la salle de dépêches, le centre de
documentation, le secrétariat de la salle de rédaction et le
secrétaire des parlements. Tous les employés de la
rédaction vivent au même rythme, qu'ils soient journalistes ou
employés de soutien. Le plus bel exemple est la période d'une
campagne électorale. Quant à l'employeur, il se sert de la notion
d'employé de bureau pour justifier des conditions de travail
inférieures à celles consenties aux employés dits demétier de l'entreprise.
Les objectifs de la négociation se traduisent dans le texte de la
convention collective par divers articles et clauses. Il est opportun de revoir
un à un les articles qui font encore l'objet d'un profond
désaccord. Ces points sont les suivants: juridiction,
sécurité d'emploi, semaine de travail, classification et
rémunération.
L'évolution technologique a obligé les syndicats,
notamment les unions américaines, à définir le travail
effectué par les employés membres d'une unité de
négociation comme faisant partie de leur juridiction. Une telle clause a
pour effet direct de prévenir l'impact des changements
technologi-queschez les employés et d'éviter toute bataille
intersyndicale suite à ces changements. L'activité de travail est
ainsi définie par un partage de cette activité tout au long de la
chaîne de production entre les diverses unités.
Or, l'employeur a accepté l'inscription de cette clause dans
toutes les conventions, sauf celle des employés de soutien de la
rédaction. Certes, le texte de juridiction apparaît nettement
insuffisant puisqu'il se détruit par lui-même. Ce texte
reconnaît le travail présentement effectué par les
employés de soutien, mais face aux changements technologiques ou
à toute autre décision de l'employeur, il devient
inopérant. La demande syndicale n'a pourtant rien d'exorbitant, puisque
ce n'est qu'obtenir ce que toutes les autres unités syndicales de
l'entreprise ont déjà, journalistes, pressiers, photograveurs,
typographes et employés de bureau. Une telle clause bien affirmée
dans la convention collective a un effet direct sur l'ensemble des clauses de
sécurité d'emploi. Toutes les clauses de juridictions, de
changements opérationnels, celle traitant de l'utilisation de personnes
à temps partiel, de surnuméraires, les autres traitant de
l'obligation de combler les postes vacants, formant un ensemble
visant à protéger le travailleur à son poste et
dans son emploi.
D'une part, la sécurité de l'emploi est assurée au
sein de l'entreprise et c'est le cas dans la proposition patronale du 29 avril
1977, mais, d'autre part, d'autres textes ne doivent pas en diminuer la
portée permettant les changements continuels et injustifiés d'un
poste à un autre, augmentant le fardeau de la tâche par
l'abolition inconsidérée de postes à temps complet. Ces
chanqements sont tous aussi "insécures" pour les travailleurs que la
perte de l'emploi comme tel, même si les conséquences sont moins
dramatiques. Ainsi, le syndicat a la ferme intention de maintenir le droit
acquis lors de la dernière convention collective limitant l'utilisation
d'employés à temps partiel et surnuméraires. L'employeur
devra également combler tout poste vacant afin d'éviter à
chaque employé une nouvelle répartition des tâches, soit
temporaires, soit permanentes. Par ailleurs, le syndicat est disposé
à permettre l'abolition de postes ou de passer outre à
l'obligation de combler tel poste, si telle intention est justifiée. De
plus, on accepte d'élargir le concept d'abolition des postes lors de
changements technologiques importants et c'est seulement dans le cadre de
clauses bien structurées que tel droit de l'employeur peut être
acceptable. (11 heures)
L'abolition de postes suite à une décision
unilatérale de l'employeur ne peut plus être acceptée
surtout pour les travailleurs membres d'une petite unité syndicale.
Souvent, la seule justification de l'employeur est l'abaissement du coût
de production en augmentant sans cesse le fardeau de tâche. L'ensemble de
ces clauses doit permettre une sécurité d'emploi la plus totale
possible, sans pour autant paralyser la gestion, à la condition que
celle-ci soit respectueuse des travailleurs, ce qui n'a pas toujours
été le cas au Soleil, particulièrement à la
rédaction.
L'installation de la semaine de quatre jours de travail est, sans
contesté, l'une des revendications les plus fondamentales
décidées par les membres, à la fin de 1976. Jouir d'une
semaine de travail de quatre jours signifie, pour les employés, adopter
le fonctionnement de près de 75% des autres employés du Soleil.
La vie de travail sur quatre jours n'est pas chose nouvelle dans cette
entreprise. Journalistes, pressiers, photograveurs et typographes travaillent
selon des horaires depuis quelques années.
De plus, à la rédaction, le travail est continu, sept
jours sur sept et 24 heures sur 24, ce qui est fort différent dans
d'autres services. Le rythme habituel des heures de travail à la
rédaction est de quatre jours, trois jours, de sorte qu'il est facile de
l'appliquer sans augmentation de personnel, permettant une efficacité et
une souplesse tout aussi grande.
D'autre part, le 29 avril 1977, l'employeur a évoqué cette
possibilité, "l'employeur n'est disposé à étudier
la semaine de quatre jours qu'à la condition où, à
productivité égale, il obtienne la garantie que ce nouvel horaire
puisse s'implanter et s'appliquer de façon durable, sans augmentation
systématique du travail supplémentaire pour satisfaire en
qualité et en quantité aux besoins des opérations." II y a
aussi une autre phrase qui dit: "Sans augmentation de l'effectif
régulier ". Il a, par la suite, retiré cette proposition.
La proposition syndicale répond essentiellement à cette
demande, puisque les horaires de travail proposés n'auront comme seule
conséquence que l'augmentation de 20 h 30 de travail par semaine,
réparties au niveau de deux emplois à temps partiel, soit moins
de deux tiers de la semaine normale d'un employé régulier.
Cela suppose aussi que l'employeur comble les postes vacants, suite
à certaines promotions ou départs, selon l'engagement pris envers
le syndicat. Les employés de soutien au journal La Presse l'ont obtenu
intégralement et ceux du journal de Montréal partiellement.
Il faut également mentionner que l'employeur et le syndicat
avaient, d'un commun accord, instauré partiellement, au cours de la
dernière convention, janvier 1975, cette semaine de quatre jours de
travail pour les téléphonistes et les commis aux
dépêches. Malgré cette entente écrite, l'employeur a
mis fin unilatéralement à cette pratique en décembre
suivant.
Une semaine de quatre jours de travail pour les employés de
soutien est donc tout aussi possible que pour les gens de métier. Les
horaires de travail proposés par le syndicat le démontrent. Cela
suppose, bien sûr, outre la volonté de le faire, un peu
d'originalité sur le plan de l'organisation du travail de soutien
à la rédaction. Les demandes syndicales pour obtenir des
conditions décentes de rémunération tiennent compte de
plusieurs facteurs: l'ancienne convention, la première, dans l'histoire
de ce syndicat, avait permis un rattrapage important, mais les salaires
établis en 1974 ont vite fait d'être dépassés
puisque le taux d'inflation a réduit considérablement le pouvoir
d'achat des employés de soutien. Ainsi, un nouveau rattrapage s'impose,
d'abord pour rétablir une certaine décence au niveau du revenu
et, ensuite, obtenir une rémunération équivalente à
celle perçue par les employés de soutien des salles de
rédaction des journaux comme la Presse, Montréal-Matin, le
Journal de Montréal, et ce, au cours de cette convention.
Avant d'établir le taux, il a fallu corriger la classification.
De six classes, elle passe à quatre classes, permettant ainsi un
meilleur équilibre et, à partir de cette nouvelle classification,
détacher une échelle salariale qui assure aux employés la
parité salariale avec les camarades des journaux de Montréal. Le
31 décembre 1976, à la fin de la convention, le salaire moyen des
employés de soutien était de $158.75 par semaine; l'écart
entre le plus bas salarié, et le plus haut était de $82. L'offre
patronale, en abusant des pourcentages, agrandit sensiblement cet écart
sur une période de 36 mois. Il passe de $82 à $112 par
semaine.
Ces pourcentages font aussi que le plus bas salarié
reçoit, au 1er janvier, une augmentation de $15 par semaine,
comparativement à $32 par
semaine pour le plus haut salarié. Sur une période de 36
mois, l'augmentation totale du plus bas salarié sera de $43.14 et celle
du plus haut salarié de $73.50. Bref, obtenir la parité avec les
travailleurs de soutien des autres entreprises de presse du Québec
corrigerait une foule d'injustices pour les travailleurs de soutien de la
rédaction.
D'autres points moins importants font toujours l'objet de
mésentente, les congés autorisés et toute autre condition
de travail pouvant être apparentée à la partie
pécuniaire de la convention.
D'intenses négociations se sont poursuivies jusqu'à la fin
d'avril 1977, sans que les parties puissent en arriver à un accord. Les
grands objectifs définis par l'assemblée générale
des membres n'ont pu être atteints. Puis, ce fut la médiation; le
rapport remis par la suite ne répondait pas non plus à ces
objectifs. Davantage, sur certains points, les recommandations offraient moins
que les propositions patronales dites globale^ et finales,
déposées le 29 avril 1977. L'assemblée
générale n'avait-elle d'autre choix que de répondre par un
refus massif?
Toujours un peu à la remorque, le Syndicat des employés de
soutien a toujours éprouvé de la difficulté à se
faire entendre pour exposer ses véritables besoins et davantage au cours
de la semaine dernière, alors que I employeur refusait de rencontrer le
syndicat.
Malgré les difficultés qui se sont accumulées dans
le temps, la détermination des employés de soutien n en demeure
pas moins aussi vive qu au début de la négociation, de même
que sa volonté de parvenir à une entente
négociée.
Nous demeurons donc disponibles pour participer à toute
activité de négociation, sous quelque forme que ce soit.
Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Paradis. Nous
entendrons maintenant le journal Le Soleil Inc., représenté par
M. Beauvais.
M. Beauvais (Jean): Jean Beauvais.
Le Président (M. Boucher): Voulez-vous vous identifier et
identifier ceux qui sont avec vous?
Journal Le Soleil Inc.
M. Beauvais: M. le Président, M. Jacques Francoeur est
à ma droite, M. Claude Beauchamp à ma gauche, M. Jean-Guy Faucher
et M. Paul Audet.
M. le Président, nous avons déposé sur la table,
à gauche, pour les membres de la commission, notre mémoire, ainsi
que des annexes. Est-ce qu il y aurait possibilité de faire distribuer
ces dossiers orange aux membres, afin qu ils puissent suivre notre
exposé?
Le Président (M. Boucher): Vous pouvez y aller, M.
Beauvais.
M. Beauvais: M. le Président, MM. les ministres, MM. les
députés, après huit mois de grève au Soleil, vous
nous avez demandé de venir exposer devant la commission parlementaire
permanente du travail et de la main-d oeuvre la situation actuelle de ce
conflit. La direction du quotidien Le Soleil accepte de collaborer pleinement
avec vous pour faire connaître publiquement les problèmes qui
confrontent les parties à I'occasion du renouvellement des conventions
collectives de travail, des employés de la salle de rédaction,
journalistes et employés de soutien.
Dans notre exposé, que nous voulons court et factuel, nous n
avons pas à discuter des conditions de travail des autres
employés du Soleil, puisque des ententes sont intervenues en
décembre 1977 avec tous les autres syndicats de I'entreprise, à
savoir les typographes, 123 employés, les expéditeurs, 22
employés, les pressiers, 42 employés, les photograveurs, 13
employés, et tous les employés de bureau des services autres que
la rédaction, à savoir 134 employés.
Pour vous permettre de vous rendre compte de l'état actuel du
conflit, nous croyons utile de vous brosser un bref historique de cette
négociation. En décembre 1976, le Syndicat des journalistes
dépose des demandes pour le renouvellement de la convention collective
de travail qui expirait le 16 décembre de cette année. Le
syndicat propose de modifier de fond en comble la convention, en reformulant
253 des quelque 350 clauses de la convention. Ces demandes visaient à
permettre aux syndiqués de purement et simplement contrôler la
salle de rédaction.
Pour bien démontrer de quelle façon le syndicat a voulu
engager cette négociation, nous vous citons le passage suivant du
document que le Soleil transmettait au syndicat, le 24 août 1977:
Le syndicat exige en effet, comme condition de départ, que
lemployeur accepte en bloc tous ses principes de négociation. Le
syndicat ne laisse aucune place à la négociation
véritable, au compromis. C'est tout ou rien. Le syndicat s'est donc
enfermé dans une stratégie qui ne laisse aucun choix à
I'employeur, d'autant plus que des demandes qualifiées de non
négociables par le syndicat à la table de négociation
heurtent le simple bon sens.
Voici quelques exemples de demandes qu'il serait tout
spécialement suicidaire d accepter pour quelque entreprise que ce
soit:
Interdiction totale faite à l'employeur de toucher, sans la
permission du syndicat, au contenu de son journal. La référence
est aux demandes originaires du syndicat en décembre 1976;
Obligation totale imposée au journal de publier
intégralement n'importe quel texte, même si l'employeur le juge
libelleux, diffamatoire, faux, mensonger ou incomplet; article 7-11.
Impossibilité totale en pratique, pour le journal, de faire appel
à des collaborateurs, correspondants étrangers,
spécialistes, experts, etc., en matière d'information et
d'actualité;
Fixation par le syndicat du nombre de journalistes que le journal doit
avoir à son emploi;
Cloisonnement total des tâches et en même temps droit absolu
du journaliste d'abandonner son poste à sa guise;
Obligation pour l'employeur d'empêcher ces journalistes d'animer,
en dehors de leurs heures de travail, une émission de radio ou de
télévision;
La semaine de trente heures, six mois de congé sabbatique et de
quatre à sept semaines de vacances, alors que déjà un
journaliste, sans compter les très nombreux jours de maladie, de
congés syndicaux et de congés spéciaux auxquels il a droit
dans une année, travaille moins d'une journée sur deux,
c'est-à-dire exactement 182 jours par année.
Malgré le caractère outrancier d'un grand nombre des
demandes du syndicat, le Soleil a poursuivi les négociations de bonne
foi pendant huit mois et le 27 août 1977, il dépose une offre
globale sur les clauses normatives en proposant environ quarante modifications.
Il offre des augmentations de salaire de 8% et 6% pour une convention de deux
ans, alors que la Loi antiinflation permet des augmentations de 6% et 4%.
Non seulement le Syndicat des journalistes n'a pas répondu
à ces offres, mais il a déclenché la grève le 29
août sans avoir fait le moindre effort de rapprochement et, fait
extraordinaire, sans changer un mot à ses demandes originales du mois de
décembre 1976.
En novembre, sous la conciliation de M. Defoy, le Soleil dépose
de nouvelles offres sur les clauses professionnelles. Pour la première
fois, après dix mois de négociations dont deux mois de
grève, le syndicat modifie légèrement quelques-unes de ses
253 demandes, mais après quelques jours de conciliation, il rompt
à nouveau les pourparlers parce que ses objectifs n'étaient pas
satisfaits intégralement.
En février, M. Raymond Leboeuf est nommé conciliateur et
il consacre cinq semaines à faire la navette entre les parties, le
négociateur syndical refusant de rencontrer face à face les
représentants du Soleil, sauf dans les quelques derniers jours.
Au milieu de mars, la conciliation s'avérant totalement
infructueuse, le Soleil dépose au syndicat une offre globale de
règlement qui fut rejetée. Le syndicat dépose alors un
nouveau texte incorporant évidemment toutes les améliorations
contenues dans l'offre du Soleil, mais en maintenant essentiellement toutes ses
demandes.
Au début d'avril, le conciliateur doit malheureusement constater
l'impossibilité de conclure une entente négociée, le
syndicat se refusant à tout compromis.
Devant les conséquences tragiques du prolongement de cette
grève qui prive de leur emploi 600 employés non-grévistes
et de leur journal 150 000 abonnés, le Soleil s'est alors adressé
au ministre du Travail pour lui demander de nommer un médiateur dans le
conflit. Cette demande, plutôt inhabituelle de la part d'un employeur
dans un conflit relatif à l'établissement de conditions de
travail dans une entreprise privée, constituait, de la part du Soleil,
une tentative ultime pour provoquer une solution élaborée par un
spécialiste indépendant et investi de l'autorité du
ministère du Travail.
Après trois autres semaines de consultation auprès des
parties, le médiateur a déposé une hypothèse
globale de règlement fondée sur les argumentations, les
suggestions et les représentations exprimées de part et
d'autre.
Le 25 avril, malgré les nombreuses contraintes que contient le
rapport du médiateur, le Soleil l'accepte globalement. Le lendemain, le
syndicat le rejette globalement.
Le 1er mai, le syndicat transmet au Soleil, par l'entremise de M.
Leboeuf, de nouvelles propositions dans lesquelles il revient en demande sur 64
clauses du rapport du médiateur et exige l'acceptation par le Soleil de
la plupart des demandes syndicales qui n'avaient pas été
satisfaites pendant la négociation, la conciliation ou la
médiation. Il formule également des demandes salariales
supérieures au règlement qui venait d'intervenir à la
Presse. (11 h 15)
En d autres termes, le syndicat ne considère pas le rapport du
médiateur comme l'aboutissement d'un long processus de
négociation, de conciliation et de médiation, mais plutôt
comme le point de départ d'une nouvelle négociation qui
mènerait à la réalisation intégrale de ces
objectifs. Au moment du déclenchement de la grève, le Soleil
offrait déjà à ses journalistes une convention collective
extrêmement avantageuse, que le rapport de médiation est venu
améliorer au point où, aujourd'hui, il se voit offrir des
conditions de travail souvent supérieures à celles des autres
journalistes du Québec.
Quelle est cette convention qui est maintenant offerte aux journalistes?
L'examen du dossier du Soleil doit, en effet, tenir compte des
caractéristiques particulières de la convention en vigueur avant
le 16 décembre 1976. Déjà, il était reconnu que le
Soleil avait une convention collective d'avant-garde dans laquelle sont venues
piger d'autres conventions collectives. Certaines dispositions demeurent
toujours uniques, telles que le comité conjoint paritaire qui permet au
syndicat d'être profondément impliqué dans la gestion
courante de la rédaction; une clause de sécurité d'emploi;
la semaine de travail de 32 heures répartie sur quatre jours
consécutifs et les libertés et garanties professionnelles les
plus complètes qui soient. Nous vous référons à
l'annexe 3 du dossier qui est devant vous où toutes ces garanties
professionnelles sont énumérées.
A ces acquis déjà considérables, sont venues
s'ajouter de nombreuses autres concessions du Soleil dans trois offres
globales, notamment sur la juridiction syndicale, le rôle des
collaborateurs et pigistes, les mutations, le statu quo ante et les clauses
professionnelles.
Enfin, le rapport du médiateur a ajouté à
I'ensemble de ces avantages de nombreuses clauses qui imposent au Soleil des
contraintes considérables, qu'il a acceptées dans le seul but de
mettre un terme au conflit.
Dans l'introduction de son rapport, le médiateur indique qu'il a
formulé 150 interventions sur des questions qui n'avaient pas
été résolues par
les parties en négociation ou en conciliation. Nous
désirons attirer votre attention sur certaines de ces recommandations
portant sur les questions les plus litigieuses et identifiées par le
syndicat comme constituant ces objectifs fondamentaux de
négociation.
Les ententes particulières: II n'existait pas de clause sur ce
sujet dans la convention expirée et le syndicat en a fait une
priorité. Le médiateur, après examen de cette question et
de longues discussions avec chacune des parties, a tranché en faveur du
syndicat sur cette question. Il a recommandé I'insertion dans la
convention de la clause en vigueur au journal Le Devoir.
Sur la juridiction: Elle n était pas définie dans
I'ancienne convention. En s'inspirant largement des dispositions de la
convention collective de la Presse, le médiateur répond à
la demande syndicale en cette matière et précise les conditions
de participation des journalistes-cadres de la rédaction.
Collaborateurs et pigistes: Le médiateur a donné suite aux
demandes syndicales sur la collaboration extérieure en restreignant
à un caractère complémentaire cette participation.
Plancher quantitatif et qualitatif d information: Le médiateur
introduit une clause qui oblige le Soleil à couvrir les principaux
secteurs d actualité dont il établit, dans son rapport, une liste
précise et explicite.
Définition des tâches: Le médiateur impose au Soleil
I'obligation de définir le contenu et les exigences de chacun des postes
de la salle de rédaction et de les discuter au comité
conjoint.
Mutations: Le médiateur accorde à tout employé
muté de poste, même à l'intérieur d'une section, le
droit de contester par grief cette mutation, si elle est discriminatoire
à son égard ou si elle n'est pas fondée sur un motif
raisonnable. Le médiateur répond ainsi à la demande qui a
été l'objet du plus grand nombre d'interventions de la part des
négociateurs syndicaux.
Les changements technologiques: En s'inspirant d'une clause de la
convention de la Presse, le médiateur a prévu des dispositions
particulières dans le cas d'implantation d'écrans cathodiques,
garantissant la juridiction du syndicat, la protection du salaire des
journalistes et leur adaptation graduelle au nouveau système.
Fusion ou intégration: Le médiateur introduit une clause
protégeant les journalistes, dans le cas de fusion de la salle avec une
autre salle de rédaction.
Griefs ouverts: Dans la convention expirée, un grief ne pouvait
porter que sur une mésentente relative à I'interprétation
ou à I'application de la convention, étant donné que le
comité conjoint avait le pouvoir de discuter de toute autre question
soulevée par le syndicat. Le médiateur, néanmoins,
recommande I introduction du grief ouvert dans la convention en permettant le
droit de grief sur toute mésentente qui concerne les conditions de
travail, d'emploi et de bien-être des employés, prévues ou
non à la convention.
Clauses salariales: Aux termes de la conven- tion collective
expirée, I'écart entre I'échelle salariale du Soleil et
celle de la Presse s établissait à S25 par semaine. Le
médiateur recommande un règlement qui réduit cette
différence à $20 aux termes de la convention.
Un journaliste avec sept années d'expérience, et 90% des
journalistes du Soleil sont au sommet de l'échelle, touche $480 par
semaine le 1er octobre 1980 et $490 au début de 1981, en raison d'une
clause d'indexation proposée par le médiateur. Si on ajoute
à cette rémunération de base les primes de fonction, les
primes d'heures libres ainsi que les primes de soir et de nuit, le salaire
moyen du journaliste au Soleil dépassera largement $500 par semaine, aux
termes de la convention, pour une semaine de 32 heures, répartie sur
quatre jours consécutifs.
Depuis 1974, les journalistes du Soleil sont les seuls, dans les
quotidiens du Québec, à jouir de la semaine de travail de quatre
jours consécutifs. A la Presse et dans les autres journaux, qui ont
consenti la semaine de quatre jours, elle est répartie sur quatre jours
non consécutifs. Le médiateur a également ajouté
aux propositions du Soleil une fête chômée payée
additionnelle et il a apporté des améliorations au régime
de vacances ainsi qu'aux congés de maternité.
La situation actuelle dans le dossier des journalistes: le 25 avril, le
Soleil a accepté l'hypothèse globale de règlement
proposée par le médiateur. Le Soleil est toujours disposé,
pour le moment, à signer une convention collective de travail conforme
en tous points à ce rapport.
De son côté, le 1er mai, le syndicat a exigé du
Soleil 64 modifications au rapport du médiateur, dont un grand nombre
portent sur des points majeurs. Le Soleil considère que le syndicat se
montre irréductible en refusant le compromis proposé par le
médiateur.
Les améliorations apportées à la convention par les
offres du Soleil en négociation, en plus de celles acquises en
conciliation et auxquelles sont venues s'ajouter les nombreuses recommandations
du médiateur, font que les employés se voient offrir une
convention exemplaire, en particulier en ce qui concerne la liberté
professionnelle du journaliste et la protection du droit du public à
l'information.
En voici une brève énumération: liberté des
journalistes dans l'exercice de leur travail et reconnaissance de leur
indépendance professionnelle, clause 7.03; liberté absolue du
journaliste face au contenu de la politique éditoriale du journal,
clause 7.04; liberté de refuser tout changement pouvant modifier le sens
de leurs articles, clauses 7.14 et 7.15; liberté de signer ou non leurs
nouvelles, clause 7.16; liberté de répliquer à toute
critique dont ils peuvent être l'objet, clause 7.23; liberté
d'accepter ou de refuser Une mission considérée dangereuse, telle
une manifestation publique, clause 7.12; liberté d'accepter ou de
refuser toute participation à la promotion du Soleil, clause 7.10;
liberté d'accepter ou de refuser que leurs textes soient publiés
ailleurs que dans le Soleil, clause 7.22; liberté de collaborer à
certains
autres media d'information, clause 7.13; garantie et
sécurité d'emploi pour toute la durée de la convention;
garantie que tous les principaux domaines de l'actualité seront
couverts; garantie que le journaliste pourra s'opposer à toute mutation
pour des motifs valables; garantie qu'aucune entente particulière ne
pourra modifier les termes de la convention collective; garantie contre toute
ingérence de la publicité; garantie contre toute forme de
discrimination, d'interférence, de contrainte, de coercition, clause
11.22; garantie du paiement du salaire, du cautionnement, des frais de
défense et autres frais dans le cas d'une poursuite, d'une arrestation
ou d'une incarcération conséquente à l'exercice des
fonctions de journaliste; garantie que le contenu rédactionnel sera
intégralement respecté tout au long du processus de production;
garantie que les documents et autre matériel d'information recueillis
par un journaliste dans l'exercice de ses fonctions ne seront pas livrés
aux forces policières; garantie d'une semaine de travail de 32 heures
répartie sur quatre jours consécutifs.
Les employés de soutien: En ce qui concerne les employés
de soutien, il faut tenir compte qu'une convention collective de travail est
intervenue en décembre 1977, avec l'union représentant les 134
employés de bureau des services autres que la rédaction. Le
Soleil a offert aux employés de soutien de la rédaction des
conditions de travail identiques, en tous points, à celles de ses autres
employés de bureau. Une description élaborée de ces
conditions de travail se retrouve à l'annexe 8 du présent
document.
Les offres salariales pour une semaine de 32 heures comportent les
augmentations suivantes: en 1977, 15,6%; en 1978, 7%, et en 1979, 11,6%. le
niveau salarial des employés de bureau du Soleil est parmi les plus
élevés de la région de Québec. Ces employés
jouissent également de la pleine sécurité d emploi. Enfin,
nous désirons souligner que le rapport du médiateur, que le
Soleil a également accepté dans le cas des employés de
soutien, leur accorde certains bénéfices supérieurs
à ceux prévus dans les autres conventions, en insérant la
notion du grief ouvert et en améliorant le congé de
maternité.
Le Soleil considère que les hypothèses globales de
règlement proposées par le médiateur sont I'aboutissement
du long processus de négociation, de conciliation et de
médiation. Elles ne peuvent, en aucune façon, être
considérées comme étant le départ d'une nouvelle
négociation. Nous espérons qu'une analyse plus poussée de
la situation permettra aux journalistes et aux employés de soutien de
réviser leur position à ce sujet.
En acceptant les solutions proposées par le médiateur qui
lui imposent plusieurs contraintes sur le plan de la gestion, le Soleil a voulu
mettre fin à ces conflits. Les changements que le Soleil accepte ainsi d
apporter aux conventions se situent à la limite des concessions qu il
peut faire. Pour le Soleil, ces négociations sont terminées.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Beau- vais. Alors,
tel que convenu, nous allons procéder à la période des
questions en commençant par le côté ministériel et.
par la suite, lOpposition. M. le ministre.
Questions aux témoins
M. Johnson: Huit mois; c'est quand même un peu
étonnant. J'ai relevé, à la fois dans le mémoire
patronal et dans le mémoire des journalistes je reviendrai aux
employés de soutien de rédaction et éventuellement sur
d'autres sujets certains éléments. D'abord, M. Garon, vous
nous dites, dans votre mémoire, à la page 10, que le rapport du
médiateur laissait en plan les quatre points fondamentaux. Aussi ne
faut-il pas s étonner que les journalistes l'aient rejeté
massivement. Vous parlez donc du statu quo ante dans la question du plancher d
emploi, de la question de la circulation des textes et, finalement, de la
question des ententes particulières. Je ne me trompe pas, c'est bien
cela?
M. Garon: C'est exact.
M. Johnson: II y a eu, d'une part, la demande syndicale dont on a
pris connaissance et dont vous avez évoqué les fondements dans
votre mémoire et, d autre part, semble-t-il, au niveau des offres
patronales au tout début, ce qui semblait être a priori un refus
de considérer. Mais il y a eu dans la proposition de M. Leboeuf, dans
son rapport de médiation du 24, sur chacun de ces points, des
modalités proposées qui constituaient ce qui me semble être
un compromis dans la mesure où il y avait, d une part, des demandes et,
d'autre part, un refus devant ces demandes. Il y a un contenu qui, de fait, est
élaboré par le médiateur sur ces quatre questions. Je
voudrais savoir pourquoi vous nous dites dans le mémoire et vous semblez
considérer que, finalement, il n'y a jamais rien eu dans le rapport de
médiation là-dessus. Si je comprends bien, vous n'êtes pas
satisfait de ce que propose le médiateur. Mais il y a eu quelque chose
de proposé sur ces quatres questions.
M. Garon: Oui. Ecoutez! Je vais revenir sur I'explication que je
donnais tout à l'heure quant à notre attitude face au rapport de
médiation et je pense que c est important qu'on le considère
d'abord au niveau du mandat confié au médiateur. Je reprends le
mandat tel que demandé par la partie patronale dans son
télégramme. Il nous apparaissait être un mandat restrictif
qui équivalait, à toutes fins pratiques, à un arbitrage.
On demandait à Me Leboeuf de produire un rapport que les parties
devraient accepter ou rejeter globalement.
A ce moment-là, j'étais à I'Assemblée
nationale et vous annonciez la nomination de Me Leboeuf. J'ai moi-même
communiqué avec Me Leboeuf lui expliquant qu'on considérait que
ce mandat était trop contraignant, ce avec quoi il s'était
montré d'accord. Lors de votre intervention à I'Assemblée
nationale, vous parliez d'hypothèses
de règlement, vous les mettiez au pluriel. De la même
façon, vous avez fait une déclaration à Radio-Canada. J'ai
la copie entre les mains, je vous cite au texte: M. Leboeuf est nommé
médiateur, c'est-à-dire qu'il a le pouvoir d'établir des
hypothèses de règlement. En d'autres termes, c'est un rôle
beaucoup plus dynamique. Cela présuppose évidemment que les
parties consentent, que les parties sont prêtes à négocier
de bonne foi. (11 h 30)
Donc, pour nous, la question ne se posait pas quant à
l'étendue du mandat et on croyait que la demande patronale était
trop contraignante. On a informé Me Leboeuf, lors du dépôt
de son document, qu'on trouvait, à toutes fins pratiques, qu'il nous
plaçait face à un ultimatum: Acceptez cela globalement ou rejetez
cela globalement. On lui a dit: On va le soumettre à l'assemblée
générale, et c'est au scrutin secret que 76,7% des membres du
syndicat l'ont rejeté globalement.
Mais il s'est passé des choses par la suite. On a
déposé des contre-propositions, comme on le souligne dans le
document, qui reprenaient en tout cas, la première série
de contre-propositions 70% du contenu et, ce que je vous disais tout
à l'heure, c'est que le rapport du médiateur n'était pas
satisfaisant sur ces quatre points-là, mais il offrait des avenues.
Les membres de la commission ont en main, je pense, le document jaune,
le document comparatif. Si vous regardez à la page 5, en ce qui a trait
au plancher d'emploi... Oui?
M. Johnson: M. Garon, si vous permettez, vous dites, à la
page 10, c'est seulement cela que j essaie de comprendre...
M. Garon (Jean): Page 5.
M. Johnson: Non, mais vous dites à la page 10, et c'est ce
que j'ai compris de ce qui a entouré le refus, au vote secret, par une
très forte majorité de journalistes, que le rapport du
médiateur laissait en plan ces quatre points fondamentaux.
M. Garon (Jean): C'est-à-dire qu'il les laissait en plan
dans la mesure où, selon l'analyse qu'on faisait du document qui
était déposé, il n'y avait pas... Quand on parle d'un
plancher d'emploi, il faut parler en termes numériques, il faut
également parler de l'obligation qui est faite à l'employeur,
à ce moment-là, de combler les postes devenus vacants par
départ, par attrition ou autrement. Alors, dans...
M. Johnson: Si vous permettez, brièvement, parce que je ne
voudrais pas qu'on s'engage dans quelque chose de trop formaliste, il demeure
quand même que, sur le plancher d'emploi, dans la suggestion du
médiateur, dans la proposition globale du médiateur, on
prévoit... Et si je me souviens bien de la déclaration de
principe que le syndicat avait faite à l'origine, c'était pour
les fins de garantir l'information à la population. Or, le
médiateur propose un plancher non pas d'emploi, mais un plancher
d'information en décrivant les secteurs qui doivent faire l'objet
d'effectif d'une part.
M. Garon (Jean): Oui.
M. Johnson: Deuxièmement, il y a des clauses qui
prévoient, quant à la question de l'emploi des journalistes, la
sécurité d'emploi pour la durée de la convention
collective. Si on regarde les deux combinés, je veux bien croire que
cela ne s'appelle peut-être pas techniquement un plancher d'emploi, mais
si le plancher d'information est là et que le plancher en termes de
sécurité d'emploi est là, je ne vois pas vraiment
où cela devient un problème.
M. Garon (Jean): Alors, il faut lire à ce
moment-là, dans le document que je viens de vous citer, à la page
5, l'alinéa c) du texte qu'on appelle texte patronal, mais qui est
évidemment le texte du médiateur, puisque la partie patronale l'a
accepté.
C) Les alinéas a) et b) de la présente clause ne doivent
pas être interprétés comme limitant le nombre de sections
ou le droit de l'employeur de créer ou d'abolir des postes ni comme lui
faisant obligation de combler tel poste en particulier, sauf selon les
dispositions prévues aux autres paragraphes. Donc, ce qui arrive, c'est
que le plancher d'information est un plancher qui n'est pas fictif. Il est
là, il existe, on dit: Le Soleil doit couvrir ces secteurs de
l'actualité, mais on ne parle aucunement du nombre de journalistes qui
doivent être affectés. Il y a une relation directe entre ces deux
éléments. On peut dire: Vous avez à couvrir tant de
secteurs et, après cela, vous regardez à la page suivante,
à la page 6, le b) où on dit: La liste des sections
prévues au paragraphe a) est automatiquement modifiée si
l'employeur crée ou abolit une section ou s'il fusionne des sections.
Autrement dit, le principe d'un plancher d'information était
présenté, mais on en évacue le contenu par deux
alinéas. Un plancher d'emploi, c'est assez clair, c'est un nombre
minimum d'effectifs, c'est ce qui existe. On aurait pris la formule qui existe
au Montréal-Matin, le nombre de journalistes, au moment du
déclenchement de la grève, était de 108 ou 112 membres. Ce
que nous demandons, c'est: Pendant toute la durée de la convention,
l'employeur ne peut avoir à son emploi moins de 100 employés.
Donc, cela prend un chiffre, c'est un minimum, c'est une base qu'on
considère. De toute façon, au cours des dix dernières
années, je pense que ce n'est jamais beaucoup descendu en bas de 100 et
cela a toujours été supérieur au cours des quatre
dernières années.
M. Bellemare: Montréal-Matin a une garantie de 80 sur
96?
M. Garon (Jean): C'est cela, 80 sur 96 à
Montréal-Matin, et c'est le même principe au Journal de
Montréal, vous arrivez à une énuméra-
tion de postes que l'entreprise est obligée de combler et cela
donne aux environs d'une quarantaine de journalistes. C'est toujours cela le
principe, il y a toujours un minimum d'effectif.
Le Droit, c'est une énumération. Au Droit d'Ottawa, qui
n'est quand même pas un journal aussi gros que le Soleil, on accepte une
énumération exhaustive de tous les postes. Au Devoir, on dit
qu'il ne doit jamais y avoir moins de 28 employés. Vous avez des
exemples partout de ce qu'est un plancher d'information, avec des formes plus
ou moins contraignantes. Ce qu'on a choisi, comme forme, c'est celle qui nous
apparaissait la moins contraignante; un minimum d'effectif qui ne correspond
même pas au nombre réel d'employés au moment du
déclenchement de la grève et une formule, en reprenant l'esprit
de ce que le médiateur a choisi, c'est une des avenues... On reprend les
secteurs d'actualité, mais on dit que pour que cela ait un sens, page 5,
paragraphe b): "Pendant la durée de la convention, l'employeur s'engage
à couvrir les secteurs d'actualité suivants et à y
affecter un ou des employés." Elle est là, l'obligation.
On dit aussi plus loin que l'employeur ne peut pas abolir les postes;
sans cela, ça n'a plus de sens, ça ne constitue plus un plancher
d'emploi. Donc, ce que nous offrait le médiateur, c'était un
plancher d'information; il nous l'a expliqué comme tel. Quand on dit que
ça laisse en plan nos demandes, je pense que c'est clair. Ce qu'on
demande, c'est un plancher d'emploi avec un minimum d'effectif. On se retrouve
ainsi avec un plancher d'information.
M. Johnson: Par contre, si l'objectif recherché est la
sécurité d'emploi, elle est prévue dans la convention.
M. Garon (Jean): Oui, mais dans une convention comme celle de
Montréal-Matin, vous avez un plancher d'emploi et une
sécurité d'emploi individuelle. Ce n'est pas la panacée
absolue, on est dans une entreprise qui a quand même un caractère
particulier, qui a une fonction particulière. Alors, la
sécurité d'emploi, je pense que c'est un objectif que tous les
travailleurs, quels qu'ils soient, recherchent, mais en plus de ça, il y
a une dimension particulière aux médias et c'est celle-là
qu'on inscrit dans notre demande de plancher d'emploi.
M. Johnson: Quant à la question des ententes
particulières, le rapport propose la formule qui s'applique au Devoir.
Encore une fois, je pense qu'on ne peut pas dire que cela ait été
laissé en plan.
M. Garon (Jean): La demande initiale qu'a faite le syndicat,
légèrement modifiée par la suite, c'était
intégralement les textes signés à la Presse, au
Montréal-Matin et au Journal de Montréal, textes avec lesquels
ces journaux vivent, certains, depuis déjà huit ans. Ces
entreprises, je pense, sont bien gérées; on n'a pas vu leur
situation dépérir à cause de l'introduction d'une clause
comme celle-là.
L'idée des ententes particulières, c'est assez simple: la
convention collective doit s'appliquer à l'ensemble; elle est
négociée pour un groupe d'employés, pour la
totalité des employés. Alors, toutes les ententes
particulières doivent être portées à la connaissance
du syndicat. Celles qui sont dérogatoires, ça va un peu de soi,
parce que ce sont celles qui vont à l'encontre de ce qui est
écrit dans la convention. C'est évident que s'il doit y avoir
modification, il faut qu'il y ait une entente avec le mandataire, entre les
parties. On trouvait que la réponse faite par le médiateur ne
correspondait pas à l'objectif. On dit, à la page 1, au
paragraphe d) du texte syndical: "Aucune autre entente particulière ne
peut être négociée entre un employé ou un groupe
d'employés et l'employeur hors de la présence d'un
représentant de l'exécutif du syndicat.
Donc, là, c'est une demande d'information. On dit que le syndicat
doit être informé de toute autre entente particulière.
Alors, cette dimension existait dans le texte original à la Presse et au
Montréal-Matin. On y disait qu'aucune entente particulière ne
pouvait se faire en dehors de la connaissance du syndicat; elle devait
être approuvée, qu'elle soit ou non dérogatoire à la
convention.
On accepte le principe proposé par le médiateur et le
mécanisme, mais on dit que l'élément essentiel,
c'est-à-dire que toutes les ententes soient portées à la
connaissance du syndicat...
M. Johnson: C'est la première demande syndicale, suite au
refus du rapport. C'est contenu dans votre nouvelle demande du 9 mai.
M. Garon (Jean): Oui, Encore là, cette demande est
en-dessous des conditions négociées depuis déjà
plusieurs conventions, tant à la Presse qu'au Montréal-Matin.
M. Bellemare: ... de travail sont assurés des mêmes
postes.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Johnson, s'il vous plaît.
M. Bellemare: Cela fait suite à la question.
Le Président (M. Boucher): Vous poserez vos questions tout
à l'heure. M. le ministre.
M. Bellemare: II pourrait peut-être me dire...
M. Johnson: Je pense que le député de Johnson s'est
rendu compte...
M. Bellemare: Posez-la donc, M. le ministre.
M. Johnson: ... que mes questions sont assez brèves.
M. Bellemare: D'accord, posez-la donc, la question, pour qu'on
sache...
M. Johnson: Pas de problème, c'est parce que je veux lui
permettre de pouvoir continuer...
M. Bellemare: ... s'ils vont occuper le même poste à
leur retour au travail. Je n'aurai pas besoin de la poser.
M. Johnson: Circulation des textes. Il y a, dans le rapport du
médiateur ce qui me semble également un compromis dans la mesure
où on prévoit qu'il y a nécessité de
l'acquiescement par le journaliste, qui peut être assisté du
syndicat, s'il le désire, dans la conclusion de cette entente concernant
la circulation des textes...
M. Garon (Jean): Sur le fond, là aussi, on doit dire qu'on
s'est inspiré des conditions qui existent ailleurs, à La Presse,
au Montréal-Matin, au Devoir, qui existent aussi au Droit, mais dans son
aire de distribution, et existent sous une certaine forme au Journal de
Montréal, c est-à-dire que les échanges de textes peuvent
se faire à lintérieur même du consortium, mais ne peuvent
pas se faire à I'extérieur.
Donc, le principe, là-dedans, c'est le concept de
l'anticoncentration. Or, comme c'est un principe, dans une certaine mesure qui
est un principe d ordre moral, il est évident que les
négociateurs de tous les autres syndicats, quand ils ont inclus cela,
cela devait être formellement une entente employeur, employés et
syndicats. Le représentant collectif doit être partie à ces
ententes.
Ce n'est pas suffisant de dire: Si l'employé y consent.
C'était particulièrement flagrant au Soleil, puisque les gens qui
rédigeaient au moment où le Soleil publiait ces chroniques
étaient rentrés avec déjà un accord
là-dessus, c'est-à-dire qu ils étaient d'accord avec ce
phénomène et ce principe de circulation. Ceci faisait qu'à
toutes fins pratiques, l'attitude collective que le syndicat pouvait prendre
était automatiquement niée.
Pour nous, le fait que ce soit uniquement l'employé qui y
consente, cela ne peut pas répondre aux objectifs visés par cela.
Encore là, ce sont des objectifs qui ne nous sont pas particuliers. Ce
sont des objectifs qu on poursuit et qui existent dans d'autres journaux.
M. Johnson: Avant de passer à la question du statu quo
ante et de terminer, je veux juste vous mentionner que quant à la
question des ententes particulières pour la circulation des textes, par
analogie, on pourrait dire que c'est une sorte de formule Rand de contenu, ou
une sorte de "closed shop" pour les fins de la circulation des textes.
M. Garon (Jean): Je pense que c'est peut-être un peu trop
large. Si vous regardez la convention collective, en tout cas, les ententes
auxquelles on est arrivé avec la partie patronale, il y a place pour la
collaboration et la pige. Là, on a repris ce qui était en-dessous
de nos demandes, les conditions existant à la Presse également.
Autrement dit, la partie patronale peut utiliser des collaborateurs et des
pigistes, pour autant que cela ne dépasse pas 6% de la masse salariale,
exception faite du temps supplémentaire.
Or, la partie patronale est la première à
reconnaître qu'elle n atteint jamais même la moitié; elle
fait à peu près de 3% à 4% par année. Cela veut
dire que ces besoins, sur lesquels il n'y a aucune contrainte, sont pleinement
satisfaits par les clauses de collaboration et de pige, de la même
façon, vous avez des dispositions particulières touchant
I'intervention d'autres personnes, les agences de presse internationales,
nationales. Il y a aussi les opinions du lecteur. Enfin, il y a toutes sortes
de dispositions qui font que ce que le syndicat cherche, ce n'est pas
empêcher la libre circulation des informations. C'est s'assurer, parce
que... on considère que les effets de la concentration sont nocifs, ne
sont pas bons. Je pense qu'il y a suffisamment de déclarations du
rédacteur en chef et éditeur adjoint, dans le passé, qui
ont démontré que la concentration des entreprises de presse ne
constitue pas un bénéfice net pour la qualité et la libre
circulation des informations.
M. Johnson: Sur le statu quo ante, encore une fois, dans son
rapport de médiation, le médiateur propose qu en matière
disciplinaire, il soit accordé ce statu quo ante, sauf évidemment
dans les cas spécifiés, tels que rassaut sur la personne,
etc.
En d autres termes, peut-être pour le bénéfice du
journal des Débats et des gens qui nous écoutent, le statu quo
ante, c est un principe qui veut qu une décision affectant une personne
n entraîne pas une perte de privilège, une perte de situation ou
un remplacement, etc., tant et aussi longtemps que, si un grief a
été fait, ! arbitre n ait pas décidé finalement de
ce qu il adviendrait.
Or, en pratique, le statu quo ante intégral que vous semblez
réclamer voudrait dire ceci. Je vais vous donner un exemple. Il y a deux
personnes qui s occupent de la chronique de musique et il y en a une qui, hier
soir, en s en allant au Grand Théâtre, se fait écraser par
une calèche. Le lendemain, il faut remplacer le directeur de la
chronique de musique.
Selon ce que vous dites, si I employeur nomme un nouveau directeur
à la chronique de musique, il y a un grief qui est fait; parce que vous
parlez, dans votre demande, de tout droit collectif ou individuel. Il ny aura
pas de directeur tant et aussi longtemps qu un arbitre n aura pas
décidé que c est M. Untel qui est directeur et que c est une
situation acceptable.
Si je comprends bien, cependant, le rapport de M. Leboeuf dit: Statu quo
ante intégral, non. Cependant, on considère qu en matière
disciplinaire, le statu quo ante pourrait s'appliquer. On sait d ailleurs que c
est une pratique qui est de plus en plus courante et qui contient
évidemment des exceptions, dans le cas d assaut sur la personne, etc..
ce qui ne devrait pas arriver souvent, j espère. Remarquez qu à
entendre les descriptions qu on me fait des... (11 h 45)
M. Garon (Jean): Au Journal de Montréal, il y a assaut sur
cadres.
M. Johnson: II y a assaut sur cadres, oui. J'espère que
cela n'arrive pas trop souvent au Soleil. Je sais que vous êtes tous des
gens très pacifiques, du côté des journalistes, des
employés de soutien et même de la direction, à ce qu'on me
dit.
Finalement, il y a eu une proposition de compromis sur le statu quo
ante, c'est-à-dire en matière de discipline.
M. Garon (Jean): Sur le statu quo ante, lorsque vous parlez du
statu quo ante complet, cela faisait effectivement partie de nos demandes au
départ. C'est un texte qui était emprunté, si vous voulez,
du Montréal-Matin.
Or, nous avons modifié ces demandes et le statu quo ante, tel
qu'on le demande maintenant en page 30 du document jaune que vous avez entre
les mains, parle, dans un premier temps, au 11.10a du statu quo ante,
c'est-à-dire du maintien de la situation telle qu'elle existait avant la
décision contestée de l'employeur. C'est le texte du Devoir qui
est également celui du Journal de Montréal, c'est-à-dire
le statu quo ante sur un grief de nature collective.
Evidemment, ce n'est pas un grief de nature collective sur un
préjudice moral. Je veux dire qu'il faut qu'il y ait des effets
collectifs, que la décision ait des effets collectifs pour qu'on puisse
la contester.
Dans un deuxième temps, le B touche les mesures disciplinaires,
ce qui est aussi standard dans les journaux, excepté que ce qu'on a
refusé, ce que l'assemblée générale a refusé
et ce qu'on continuera toujours à refuser, c'est vous retrouvez
cela du côté du texte patronal, qui est le texte du
médiateur "Cependant la fin du dernier paragraphe, du
deuxième paragraphe cet alinéa ne s'applique pas dans le
cas de vols, assauts, dommages à la propriété ce
qu'on accepte évidemment et refus de travailler."
Vous devez comprendre que, dans une entreprise, le refus de travailler,
je veux dire que cela prend n'importe quelle forme, c'est l'arbitraire total.
Si vous refusez de tourner à gauche, parce qu'on vous demande de tourner
à gauche, cela peut être un refus de travailler. Si vous refusez
de modifier votre texte, cela peut être un refus de travailler. Pour
nous, c'est totalement inacceptable. Je pense qu'il n'y a aucun statu quo ante,
de toute façon, en mesures disciplinaires, qui est accepté comme
cela. Moi, en tout cas, je ne l'ai jamais vu. Je ne pense pas que le refus de
travailler puisse constituer une exception à un statu quo ante sur les
mesures disciplinaires.
On a pris vols, assauts et dommages à la propriété,
ce qui est standard, et on a modifié notre demande quant à la
première partie du statu quo ante en demandant le statu quo ante sur les
griefs de nature collective. Il y a peut-être aussi un autre
élément qui est important dans le B, c'est qu'on demande le statu
quo ante sur les mutations. Il faut comprendre que, dans le cas des mutations,
à l'intérieur d'un journal ou ailleurs...
M. Johnson: On sait ce que la mutation a causé à la
section des sports dans un autre journal.
M. Garon (Jean): A ce moment-là, c'était la
nomination et non pas la mutation. Dans notre cas à nous, si vous
demandez la mutation, la procédure habituelle est la procédure de
grief. Quand on sait qu'un contrat de travail, c'est un contrat privé,
que tous les recours en justice sont possibles, il est évident que, si
quelqu'un est muté, s'il loge un grief, s'il a le droit de loger un
grief, il peut rester assis dans son nouveau siège pendant six mois, un
an. On pense que, dans le cas des mutations, puisqu'il y a une procédure
qui prévoit que, quand on est muté, on n'est pas d'accord, on
fait appel au rédacteur en chef, on l'informe des motifs qui, selon
nous, justifient de ne pas être muté. Après cela, le
rédacteur en chef en saisit le comité paritaire qui, lui, son nom
l'indique, ne vote pas, mais, s'il n'y a pas entente au comité
paritaire, on va au grief. Il y a au moins sept à huit jours pour que
les deux parties s'expriment sur la question, l'individu touché,
l'employeur et le syndicat et, en fin de compte, si l'employeur maintient sa
décision, on demande effectivement le statu quo ante sur une mutation,
de façon qu'il n'y ait pas... A mon avis, c'est une injustice criante.
On mute quelqu'un. Le gars peut rester un an dans un nouveau poste. Disons que
l'arbitre donne raison au journaliste en question, on revient et on est
obligé de déplacer une deuxième personne qui a rempli le
poste que l'autre personne occupait avant.
On pense qu'il est plus normal, quand on fonctionne dans un esprit de
consensus et de consultation, que les journalistes puissent avoir un
mécanisme de défense et que la justice ne soit pas trop
expéditive dans ces cas-là.
M. Johnson: Avant de passer à une ou deux questions que
j'aurais pour la partie patronale, je voudrais simplement vous souligner que
vous citez souvent, pour chacune des demandes que vous faites, l'exemple d'un
autre journal. Vous savez, les Américains ont une belle expression pour
cela, c'est "the best contract". Si vous prenez les meilleures clauses de
toutes les conventions collectives qui affectent les journaux, il est
évident que vous aurez "la" convention collective, si vos demandes
devaient faire l'objet d'une entente et d'une convention collective. Il faut
aussi comprendre que, quand on a un texte de 350 paragraphes, les questions ne
sont pas toutes d'égale importance, je suis sûr de cela, M. Garon.
Vous êtes conscient qu'on peut peut-être démontrer que dans
tel journal, il y a telle clause, mais peut-être qu'il n'y a pas telle
autre que vous avez. Il y a une affaire, à un moment donné,
d'échange sur certaines choses qui peut se faire. Je voudrais qu'on se
comprenne bien. C'est parce que cela peut devenir un petit peu facile de dire:
A tel endroit, les gens ont telle clause. Si vous prenez le "package deal "
qu'ils ont à tel endroit aussi, ils
n'ont peut-être pas le nombre de congés payés, ils
n'ont peut-être pas d'autre chose. Ils n'ont peut-être pas, par
exemple, l'horaire de quatre jours consécutifs, comme vous avez,
etc.
M. Garon (Jean): Les quatre clauses qui sont au coeur du conflit
sont, ce qu'on appelle... Ce n'est pas la notion du "best contract" qui nous a
inspirer là-dedans. D'ailleurs, sur les derniers textes qu'on a
déposés, on demande dans certains cas des demandes
inférieures à ce qui existe ailleurs. Donc, on est
déjà sortis du "best contract ". C'est bien évident qu'on
ne demande pas la totalité de ce qui existe ailleurs. Quand on pense au
plancher d'emploi, au statu quo ante, le meilleur exemple, c'est
Montréal-Matin, et quand on pense à la survie du Soleil, je pense
que Montréal-Matin a connu une période largement plus difficile
que celle du Soleil et il n'en est pas mort. Il vit avec ces conditions. Le
plancher d'emploi, le statu quo ante, une sécurité d'emploi, la
question des ententes particulières, tout cela est réuni à
l'intérieur de cette même convention.
Le Devoir aussi a une convention exemplaire. On n'a pas essayé de
rapatrier la totalité. Vous vous trouvez, évidemment, au coeur de
la convention collective. Pour nous, ce n'est pas de penser de rapailler les
morceaux un petit peu partout qui sont les meilleurs. C'était
peut-être, originellement, dans les demandes initiales que le syndicat a
déposées, une convention modèle. La négociation,
c'est cela. On l'a faite, la négociation. On a aménagé nos
demandes. On en a retiré certaines. Puis, comme on vous l'a
démontré, il y a certaines demandes sur les points fondamentaux
où on a, non pas reculé, mais diminué nos demandes par
rapport à ce qui existe ailleurs. On n'a pas cherché à
avoir la meilleure convention collective, parce qu'encore là, on serait
au texte du 15 décembre 1976 et on n'aurait pas changé
d'attitude. Je pense qu'il y a peut-être aussi une notion, c'est que
quand vous parlez des situations qui n'existent pas ailleurs, le Journal de
Montréal, par exemple, a la semaine de quatre jours depuis
déjà plusieurs années, au moins depuis deux conventions.
Donc, on n'a rien inventé quand, en 1974, on a négocié
notre propre semaine de quatre jours. Cela existait ailleurs. On vit avec. Le
Journal de Montréal n'est pas moribond non plus. Je pense que c'est dans
ce contexte qu'il faut comprendre, et aussi peut-être le dernier
élément...
M. Johnson: Par contre, vous avez qualifié tout à
l'heure le Journal de Québec d'anecdotique, je pense, dans votre texte,
de faits divers.
M. Garon (Jean): Oui, je vous parle du Journal de
Montréal...
M. Johnson: II y a aussi le fait que c'est peut-être
différent.
M. Garon (Jean): ... mais je parle des conditions qui existent
dans la convention collective. Je ne parle pas du contenu, je parle du cadre
conventionnel qui existe au Journal de Montréal. Je pense qu'on
objective la situation et on regarde les conditions, comme elles le sont
vraiment.
M. Johnson: D'accord. J'essaie de faire ressortir ceci. En fait,
vous allez me permettre ainsi de faire l'introduction à une ou deux
questions à l'endroit de la direction. Dans le fond, j'aimerais bien
qu'on retienne une chose, pour les fins de la discussion à cette
commission. Quand on parle de ces quatre points majeurs, et la discussion qu'on
a eue, vous référez quand vous parlez de vos demandes à
des choses qui sont subséquentes au rapport de médiation, vous
avez effectivement modifié certaines demandes. Ce sont des demandes qui
remontent au 9 mai. Je pense que c'est important pour comprendre un peu le
déroulement de la négociation, le devoir que vous avez... Vous
avez modifié certaines de vos demandes après le rapport de
médiation.
M. Garon (Jean): Au moment du dépôt du rapport de
médiation, on demandait la parité absolue sur ces points. Les
contre-propositions qu'on a faites le 29 avril, et au début de mai sont,
comme vous avez pu le constater, dans certains cas, contiennent des demandes
inférieures à la parité avec la Presse, le
Montréal-Matin, le Devoir, le Journal de Montréal.
M. Johnson: A la direction maintenant. Il faut tenir compte,
évidemment, du fait que dans chaque entreprise, et
particulièrement, quand on parle des media d'information, dans le
contexte d'une démocratie qui a un côté exemplaire, au
Québec, la liberté de parole existe de façon
générale. Je pense que la population, malgré certaines
carences, et malgré des améliorations qu'on pourra toujours
apporter dans le secteur de l'information publique, ne serait-ce qu'au niveau
de l'intérêt que la population peut avoir de lire ou de ne pas
lire les journaux et on a vu certains sondages significatifs de
façon générale, on vit dans une société
où la liberté d'expression est plus facile, en tout cas, que dans
bien d'autres endroits auxquels on pourrait se comparer.
Dans ce contexte, la vie, l'âme et l'atmosphère qui
existent dans une boîte déterminée, qu'elle s'appelle le
Soleil, le Montréal-Matin, le Journal de Montréal ou le Journal
de Québec, ou n'importe quel autre, c'est bien important. La
qualité du climat qui existe dans la boîte m'apparaît bien
importante. J'ai été frappé par la qualification qu'on
fait, dans le mémoire syndical, du comité paritaire, que vous
avez, M. Beauvais, évoqué comme une innovation, qui est
antérieure à la présente négociation. Je pense que
ce n'est plus une innovation, il existe ailleurs maintenant; mais vous avez
été les premiers à le créer. Cependant, j'ai
entendu la partie syndicale, tout à l'heure, nous dire que, de toute
façon, l'employeur faisait tout ce qu'il pouvait pour que ce
comité ne soit pas opérant; j'aimerais vous entendre un peu
là-dessus.
M. Beauvais: M. le ministre, le comité paritaire, au
Soleil, existe, je crois, depuis 1968. Il siège mensuellement et on peut
y traiter de deux ordres de questions: premièrement, de
l'interprétation et de l'application de la convention, mais
également de toute question d'ordre professionnel ou de relations de
travail prévue ou non à la convention. C'est un outil de gestion
qui a été utilisé pendant des années par le
syndicat pour venir discuter de toutes les questions possibles avec la
direction de la rédaction. C'est vraiment un outil spécial au
Soleil. Il n'existe pas dans la convention de la Presse.
M. Johnson: Est-ce qu'il fonctionne?
M. Beauvais: Un comité fonctionne suivant l'état
des relations entre les humains à un moment déterminé.
Là-dessus, M. Garon, tout à l'heure, a mentionné qu'avant
1974, il n'y avait pas de problèmes de relations de travail au Soleil et
que tout est subitement apparu en 1974. Je dois vous dire que le comité
conjoint a eu des difficultés avant 1974, depuis 1974 et il en aura
à l'avenir aussi, c'est normal. Mais les relations de travail avant 1974
n'étaient pas sous les augures les plus beaux, étant donné
que nous avons eu neuf directeurs de la rédaction entre 1965 et 1974.
Neuf fois nous avons dû remplacer le directeur de la rédaction.
Nous avons eu neuf grèves, dont une seule légale pendant la
même période. Alors, affirmer que c'est depuis 1974 ou depuis une
nouvelle administration que nous avons des difficultés, ce n'est pas
conforme aux faits.
Effectivement, il y a eu moins de griefs et moins d'arrêts de
travail depuis 1974.
M. Johnson: J'aurais une question. D'abord, une question plus
générale pour M. Beauchamp: Est-ce que vous respectez ça,
une convention collective, M. Beauchamp?
M. Beauvais: M. le ministre, le président du Soleil m'a
demandé de répondre aux interventions ici. Nous avions
prévu une question comme celle que vous venez de poser. Depuis trois
ans, nous avons reçu peu de griefs. 95% des griefs qui ont
été plaidés pendant la présente convention
collective dataient de l'ancienne convention. Si nous ne respections pas les
dispositions de la convention, vous pouvez facilement imaginer que le syndicat
ferait valoir ses droits.
Les droits déjà prévus dans la convention, en
matière de griefs, prévoyaient deux ordres de griefs, celui
d'interprétation et d'application de la convention, mais
également des griefs en matière d'information. C'est aussi un
domaine dans lequel la convention du Soleil est à l'avant-garde. Vous
avez, dans le dossier que nous vous avons remis, la déclaration de
principe du Soleil, qui décrit notre fonction sociale et qui remplit
bien les objectifs que tout à l'heure nous portait M. Belle-mare dans
notre rôle social.
Le journaliste est protégé dans ses droits et il peut
loger des griefs là-dessus. Nous n'avons eu que trois ou quatre griefs
à l'arbitrage pendant la durée de la dernière
convention.
M. Johnson: Au total?
M. Beauvais: Si nous n'avions pas respecté la convention
collective, il y en aurait certainement eu plus.
M. Bellemare: ... 29. M. Beauvais: 29 griefs? M. Bellemare:
Oui.
M. Beauvais: Au moment de la signature de la dernière
convention collective, M. Bellemare, il y avait certainement 45 griefs en
suspens je vous parle de 1973, là qui dataient d'avant la
nouvelle administration. Au départ de la nouvelle administration, avec
mon concours, nous avons décidé de liquider, de laver ce dossier.
Les trois quarts ont été réglés à l'amiable,
au niveau du comité conjoint qui, là-dessus, a bien
fonctionné et les autres ont été plaidés.
M. Bellemare: ... d'Anne-Marie Voisard?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Johnson, vous allez avoir...
M. Bellemare: Je n'ai pas parlé, non.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre. (12 heures)
M. Johnson: C'est ça, on n'a rien entendu.
Donc, vous me dites que le bilan des griefs depuis trois ans n est quand
même pas... ou, en termes comparatifs, pourriez-vous me donner des
comparaisons avec d'autres salles de rédaction?
M. Beauvais: D'après les renseignements que nous avons, M.
Johnson, ce n'est pas du tout pire qu'ailleurs au cours des trois
dernières années. J'aimerais préciser que le comité
conjoint se réunit tous les mois et règle des problèmes
tous les mois. Le comité conjoint fonctionne.
M. Johnson: Aux employés de soutien maintenant
brièvement, j'ai une question de fait, quant au contenu. Je vais
simplement évoquer ce qui me semble être au coeur de vos demandes:
c'est d'être assimilés pour les fins d'un ensemble de conditions
aux journalistes, c'est-à-dire d'être assimilables au personnel de
rédaction d'une certaine façon. Est-ce que je me trompe?
M. Paradis: C'est exact.
M. Johnson: C'est exact, d accord.
M. Paradis: Ce sont essentiellement les demandes, on vise ce
genre de rapprochement.
M. Johnson: D'accord. Est-ce que cela existe dans d'autres
journaux?
M. Paradis: Je vous donne l'exemple de la Presse, c'est
sensiblement la même chose que nous, à I'exception que les
employés de soutien à la Presse font partie du Syndicat des
journalistes, c'est un tout. Donc, ils ont les mêmes conditions, ils ont
une convention collective alors que, chez nous, on en a deux.
M. Johnson: D'accord. L'autre question est une question de
développement historique de la médiation des demandes et des
offres. Est-ce qu'il est exact qu'après le rapport du médiateur,
vous êtes arrivés avec de nouvelles demandes?
M. Paradis: On ne peut pas qualifier le nouveau texte qu'on a
déposé dans le sens qu'il y avait de nouvelles demandes. Il y
avait des précisions. Par exemple, dans le rapport de médiation,
on parlait du grief ouvert, le grief ouvert est un fonctionnement comme le
Syndicat des journalistes avec un comité paritaire. Donc, les
conséquences du grief ouvert et le fonctionnement du grief ouvert
à la discussion devaient se rapporter au comité conjoint. On a
donc mis les pouvoirs conséquents au comité conjoint.
M. Johnson: Cela n était pas inclus dans vos demandes
initiales, si je comprends bien. C'est vrai si je comprends bien
pour quelques-uns des points qui sont présentement en litige et dont on
a une liste ici. M. Dionne?
M. Dionne (André): Ce point-là en particulier
était dans les demandes originales. Il concerne toutes les
mésententes au niveau du comité conjoint qui deviennent
arbitrables. C'est dans le dossier original du Syndicat des employés de
soutien et cela remonte à décembre 1976. Cette
mésentente...
M. Johnson: M. Dionne.
M. Dionne: Au cours des négociations très internes
au mois d'avril 1977, la mésentente nommément a été
abandonnée au niveau du texte du comité conjoint. Le rapport de
M. Leboeuf faisait état du grief ouvert et, à ce
moment-là, on a cru bon ajuster le texte du comité conjoint, qui
était d'ailleurs un texte proposé aux journalistes, et on a cru
bon de le remettre au niveau du comité conjoint; il dit
substantiellement qu'en cas de désaccord au comité conjoint, la
mésentente est arbitrable tout simplement.
M. Charron: Est-ce exact ou non qu'après le rapport du
médiateur, votre syndicat a proposé des demandes qui n avaient
jamais été présentées?
M. Dionne: Non. C'est faux.
M. Charron: C'était la question du ministre.
M. Dionne: C'est parce que M. Leboeuf n'était pas au
dossier, d'abord en conciliation, parce que la conciliation chez les
employés de soutien remonte loin dans le temps, étant
donné que la date de la grève était le 15 avril 1977.
Alors, il y a eu une période très active à ce
moment-là et ce droit n a pas été appliqué; on a
préféré attendre celui des journalistes.
Le Président (M. Boucher): Compte tenu de I'heure et qu'on
a largement dépassé, dans ce premier tour de table, les questions
de la partie ministérielle, je vais donner la parole à ma gauche,
au député de Mont-Royal. M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. J'ai deux documents
devant moi. J'ai le document du Syndicat des journalistes de Québec et,
ce matin, j'ai reçu en plus du document de l'autre syndicat
le document de la direction du Soleil. Je dois admettre qu'à la
première lecture de votre document, celui des syndicats, cela
évoque chez moi une certaine sympathie. D'autre part, quand je lis le
document des dirigeants du Soleil, je vois certaines contradictions, certains
points que la direction du Soleil dit admettre et que dans votre document on ne
semble pas accepter. On semble faire certaines critiques à la direction
du Soleil, qui ne veut pas accepter certains de vos points en litige.
Je voudrais, brièvement, poser une question sur certains de ces
points qui sont soulevés par votre document et qui, d'après les
représentations de la direction du Soleil, seraient des choses qu'elle
serait prête à accepter. Je voudrais avoir vos commentaires et
savoir si vraiment c'est le cas ou s il y a des nuances à apporter. Le
premier, par exemple, la question de la liberté de refuser tout
changement pouvant modifier le sens des articles des journalistes.
D'après la direction, elle est prête à accepter cela.
M. Garon (Jean): Ce que je pourrais dire en commentaire à
ce moment, c'est qu'il faut comprendre que l'élément dont vous
parlez fait partie, à la page 2 du document du texte patronal, de
demandes originales qui n'existent plus, c'est-à-dire qu'elles ne sont
plus formulées comme cela. Alors, quand on pense à cette question
particulière des changements à apporter au texte, la demande
initiale du syndicat était effectivement très rigide. Elle a
été modifiée par la suite. Alors, quant à
l'interdiction de changer les textes, cette demande syndicale n'existe plus,
c'est fini. On a tenté d'en arriver à une autre formule en
s'inspirant de ce qui existait dans l'ancienne convention. C'est une
façon de corriger ce qui nous apparaît être des abus.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, vous avez changé la
demande quant à cet aspect.
M. Garon (Jean): C'est cela, quant à ce cas
particulier.
M. Ciaccia: Ce n'est pas que vous acceptiez que la direction
change...
M. Garon (Jean): Non, ce n'est pas une question d'accepter ou de
refuser, c'est que ces textes ou ces attitudes, dans la plupart des cas,
n'existent plus puisque les demandes syndicales ont été
changées. Donc, ce n'est plus en discussion sous cette
forme-là.
M. Ciaccia: Sur ce point, pour que je puisse comprendre, à
la page 9 de son texte, quand la partie patronale dit qu'elle accepte de vous
accorder la liberté de refuser tout changement pouvant modifier le sens
du texte, vous dites que vous avez changé votre demande. En quel sens
avez-vous changé votre demande pour que cet article ou cet aspect ne
s'applique plus quant au patronat?
M. Garon (Jean): Là, il faudrait, pour prendre la demande
à jour, vous référer au document jaune, à la page
13 du texte syndical. Vous avez la formule. On s'inspire, on a repris la
nomenclature, telle que présentée par le médiateur,
c'est-à-dire l'article 714. On s'entend, c'est le même texte.
C'est à la clause 715 b) qu'il y a une modification.
S'il s'agit d'une nouvelle, tous les efforts doivent être faits
pour consulter le journaliste avant la publication. Advenant
l'impossibilité de procéder à cette consultation ou si le
journaliste refuse, le changement est fait, mais le texte ainsi publié
doit obligatoirement porter la mention "d'après suivi des
différentes sources d'information, y compris le nom de l'auteur ayant
servi à sa rédaction définitive".
Or, le sens de cette modification, c'est qu'évidemment on peut
loger un grief, si on pense que le changement altère le sens ou la
portée de notre article, mais il faut penser, et je pense faire
référence à la réponse de tout à l'heure,
que les griefs, quand on n'a pas de statu quo ante, on peut les loger et faire
comme c'est arrivé dans notre cas, gagner à l'arbitrage et se
rendre jusqu'en Cour suprême. Donc, un grief qui actuellement a trois ans
d'âge n'est pas réglé. C'est peut-être aussi pour
cela qu'il y a eu pénurie de griefs au Soleil au cours des trois
dernières années; il n'y a pas eu pénurie de
problèmes, mais de griefs.
Alors, si on en revient à cette question particulière, le
journaliste porte la responsabilité des textes qu'il écrit, mais
il la porte doublement dans la mesure où non seulement il signe le
texte, mais généralement le journaliste est attaché
à une couverture régulière, par exemple, celui qui couvre
la commission parlementaire aujourd'hui. Si la direction décide de
modifier son texte de façon substantielle et si le journaliste est en
désaccord, le seul fait d'enlever la signature du journaliste ne change
rien au fait que c'est le journaliste qui a fait le travail. On modifie son
texte et c'est lui qui a continué malgré tout à en porter
la responsabilité parce que les principaux acteurs identifient le
journaliste en question qui couvre la commission parlementaire. Alors, c'est
lui, ce n'est pas la direction de la rédaction qui a à
répondre des modifications ou du changement de sens ou de la
portée de l'article qu'on retrouve dans le journal le lendemain.
Donc, s'il doit y avoir changement, que ça se fait contre la
volonté de l'individu et qu'on se sert des informations qu'il y a dans
son texte, on dit: Dites d'après un texte de X, le journaliste en
question, et si vous ajoutez d'autres sources d'information, que ce soient par
exemple des textes d'agence comme la Presse canadienne, ajoutez d'après
M. X et d'après la Presse canadienne, pour qu'il y ait identification,
qu'il y ait une multiplicité de sources d'information et qu'on identifie
le produit comme étant un produit modifié et non pas simplement
en rayant la signature.
C'est l'esprit du changement.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, le texte auquel vous vous
référez, d'après ce que je peux lire, à la page 9,
vous parlez de certains changements, certaines modifications. La direction du
Soleil, elle l'affirme s'engage à ne pas faire ces changements à
moins d'avoir le consentement du journaliste.
M. Garon (Jean): Non. Elle peut le faire, si elle n'a pas le
consentement du journaliste, elle biffe la signature et ça se termine
là. Donc, elle peut faire tous les changements qui lui semblent bons. Le
paragraphe b) du texte patronal, même page 13 dit: "S'il s'agit d'une
nouvelle, tous les efforts doivent être faits pour consulter le
journaliste avant publication. Advenant l'impossibilité de
procéder à cette consultation, le changement est fait, mais la
signature est retirée". C'est ça qu'on trouve insuffisant, le
seul retrait de la signature ne nous apparaît pas satisfaisant, quant
à l'intégrité du travail produit par le journaliste.
M. Ciaccia: Est-ce que ce serait possible d'avoir un commentaire
de M. Beauvais sur cet aspect?
Le Président (M. Boucher): M. Beauvais.
M. Beauvais: M. le député, la question que vous
soulevez est extrêmement intéressante. Le texte qui est ici, dans
le rapport du médiateur, est un texte que le médiateur nous a
apporté de la Presse. Il est maintenant refusé par le syndicat.
Le texte que nous avions était excellent. Le médiateur a
jugé, après les discussions avec les parties, de nous proposer le
texte de la Presse, nous l'acceptons.
Deuxièmement, il faut distinguer entre un texte de nouvelle ou
une chronique, une analyse ou un commentaire. Si vous prenez le rapport de
médiation, à la page 35, la clause 7.15a dit: "S'il s'agit d'un
texte d'analyse ou de commentaire, d'une chronique ou d'un billet et que
l'auteur refuse un changement ou ne peut être rejoint, le texte n'est
tout simplement pas publié et toutes les copies lui sont remises. Or,
lorsqu'on parle d'un texte où un journaliste exprime son opinion, on ne
peut pas y toucher, et s'il ne veut pas y toucher, il n'est pas
publié.
Le paragraphe b) concerne la nouvelle, c'est notre obligation, c'est
l'obligation de l'éditeur de
renseigner le public sur les nouvelles à rapporter. Un
journaliste présente un texte, désaccord entre le pupitre et le
journaliste. Si le journaliste refuse le changement qu'on veut apporter, on
retire sa signature. Ce n'est plus son texte, c'est un texte publié par
le journal. Je vous souligne que, dans tous les cas, c'est Le Soleil qui
demeure responsable de tous les dommages ou de tous les pots cassés,
s'il en est par la suite.
Il faut que l'éditeur assume ses responsabilités par la
suite et il assumera également la défense du journaliste, paiera
les amendes, les frais, les dommages et intérêts et tout. Je vous
réfère à l'article 7.24 du même texte. Aujourd'hui,
nous acceptons simplement le texte de la Presse et c'est un minimum de droit
que nous devons conserver pour pouvoir remplir notre obligation de renseigner
le public.
M. Ciaccia: Nous pouvons peut-être revenir, à moins
que vous ne vouliez ajouter quelque chose pour vous donner
l'opportunité...
Le Président (M. Boucher): M. Garon.
M. Garon (Jean): Sur cette chose, il faut dire que le texte du
médiateur, c'est aussi le texte, mutatis mutandis, de l'ancienne
convention. Les changements qu'on y a apportés, nous apparaissent
importants. Prenons l'exemple que je vous citais tout à l'heure. Si, au
Devoir, par exemple, c'est peut-être Descôteaux ici, qui va servir
de cobaye, Descôteaux fait un texte sur la commission parlementaire, si
on biffe son nom, en modifiant les articles et quand on modifie les
articles, ce n'est pas pour des questions de libelle diffamatoire, je pense
qu'un journaliste, quand on lui prouve, par A plus B, qu'il vient de commettre
une erreur, il ne mettra ni sa réputation journalistique, ni sa
carrière en jeu, juste pour le plaisir de publier un texte
libellé ou diffamatoire.
C'est donc évident que le journaliste en question, si on publie
son texte et qu'on biffe sa signature, est identifié. C'est
Descôteaux qui va avoir couvert la commission parlementaire. Nous, on
dit: Si, dans ces cas, le journaliste refuse, on ne veut pas que la nouvelle ne
soit pas publiée, on n'interdit pas le changement. On dit: Le changement
aura lieu, mais on identifiera les sources d'information. On dira:
"D'après ". (12 h 15)
C'est ce qu'on fait quand on prend, par exemple, un texte de la Presse
canadienne, qu'on n'utilise pas intégralement. On apprend par
téléphone qu'il y a tel autre élément d'information
à ajouter. On ne met pas: PC. On met: D'après PC, parce qu'on a
modifié le texte.
On pense que ce qui s'applique à une agence de presse pourrait
fort bien s'appliquer, à plus forte raison, pour un journaliste.
M. Ciaccia: Je pense que c'est pas mal un des points principaux,
la question du contenu. Si on a le temps cet après-midi, on peut
continuer de parler un peu sur cet aspect.
Il y a une autre déclaration de la partie patronale. Vous vous
étiez référé dans votre mémoire au fait
qu'il y avait certains domaines qui ne seraient pas couverts et vous insistiez,
pour la meilleure diffusion de l'information, pour que tous les domaines des
différents secteurs soient couverts.
La partie patronale, à la page 9, dit: II est garanti que tous
les principaux domaines de l'actualité seront couverts.
M. Garon (Jean): C'est l'addition qui a été faite
par le médiateur. Cela n'existait pas.
M. Ciaccia: Est-ce acceptable? J'essaie de trouver où sont
les différences.
M. Garon (Jean): Vous voyez, dans notre texte, à l'article
4, en page 5, ce qu'on a fait, avec la suggestion du médiateur, qui nous
semblait effectivement intéressante. En réponse à notre
demande de plancher d'emploi qui était une énuméra- tion
exhaustive de tous les postes dans la salle de rédaction, la partie
patronale avait répondu sur le tard, en énumérant les
sections qui existaient à l'intérieur de l'entreprise.
Le médiateur a repris le concept de la section, et y a
ajouté les secteurs de l'actualité à couvrir.
Dans notre dernière contre-proposition, on a repris la notion de
section, on a repris également les secteurs d'actualité.
M. Ciaccia: On a ajouté certains points d'après
vous?
M. Garon (Jean): On a mis des garanties autour pour avoir la
certitude que ces choses vont se faire, on a accepté le concept tel que
suggéré par le médiateur, parce que, dans ce contexte,
c'est un concept qui n'est pas totalement nouveau, car on le retrouve ailleurs
mais il est formulé de façon particulière ou originale,
par rapport à ce qui existe ailleurs. On a obtenu le concept.
M. Ciaccia: Est-ce que vous avez des objections? Pourquoi vous
opposiez-vous à cette suggestion du syndicat?
Le Président (M. Boucher): M. Beauvais.
M. Beauvais: M. le député, je crois que nous
tournons autour de la notion du plancher d'emploi, en revenant sur cette
question du secteur d'actualité.
M. Garon affirme que tout ce qu il veut, c est ce qui existe à la
Presse. Premièrement, à la Presse, il n y a pas de
sécurité d emploi. Au Soleil, il existe une
sécurité d emploi. Déjà le contexte dans lequel
nous travaillons est différent. Il faut connaître en quelques mots
l'historique de cette clause de sécurité d emploi qui date de la
dernière convention et où les journalistes avaient peur que le
Soleil passe de cent journalistes à soixante.
Nous avons dit: Ne vous inquiétez pas, les cent personnes qui
sont à notre emploi le jour de la signature de la convention le seront
le jour où la
convention se terminera. Nous renouvelons à nouveau cet
engagement. Premier point, nous donnons la sécurité d'emploi
individuelle à chaque journaliste à l'emploi du Soleil au moment
de la signature de la convention.
Le médiateur, devant l'insistance syndicale, dans son rapport,
dit qu'il introduit un plancher quantitatif et qualitatif d emploi. Il vient
ajouter à une disposition qui nous est particulière, celle de la
sécurité d'emploi, certains éléments de couverture
qui sont immuables et ne peuvent pas être Changés. C'est le
4.01.
En second lieu, il énumère les sections auxquelles vont
être rattachés les journalistes.
En troisième lieu, il nous impose une obligation que nous
n'avions pas précédemment et que nous refusions jusqu'à ce
moment, celle de définir le contenu et les exigences de chacune des
tâches de chacun des postes de la salle de rédaction.
Si vous ajoutez à ces trois dispositions les obligations
contractées par le Soleil dans sa déclaration de principe et le
droit du syndicat de loger des griefs d'information, vous avez un ensemble de
dispositions qui est infiniment supérieur à tout ce que vous avez
à la Presse et qui garantit absolument tous les objectifs que propose M.
Garon. Mais, ce que fait le syndicat, il sort de la Presse et il va chercher
une clause dans Montréal-Matin. Il dit: Dans Montréal-Matin, on
indique le nombre de journalistes. Ajoutez le nombre de journalistes. On ne
peut pas appliquer la théorie du "best contract" sur chacun des points
de cette façon. Le train de mesures proposées par le
médiateur, même s il est extrêmement contraignant pour nous,
garantit les objectifs tels que proposés par les syndicats. Nous
l'acceptons, mais nous n'acceptons pas d'aller y ajouter les meilleures clauses
à l'épi que le syndicat pourrait aller piger dans les autres
conventions sur cette question.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter?
Je ne veux pas vous enlever le droit de...
M. Garon (Jean): Oui, j'ai certainement quelque chose à
ajouter, parce que là on fait de la haute voltige. Dans le cas de ce
qu'on recherche, il faudrait comprendre qu'on a clarifié cette
théorie du "best contract " en disant que ce n'est pas ce qu'on
recherchait, mais on ne recherche pas non plus à avoir la
totalité de la convention de la Presse. Je pense qu'il faudrait
arrêter de se servir de cela comme étant un leitmotiv, une porte
ouverte sur des déclarations d'intention qui ne correspondent pas aux
faits.
Dans le texte du médiateur...
M. Ciaccia: Si je comprends bien, vous dites que vous
n'êtes pas prêt à accepter totalement le règlement de
la Presse...
M. Garon (Jean): Non, parce qu'il n'y a pas de contrainte. Ce
qu'on a dit, ce qu'on a répondu et ce qu'on a maintenu je pense
qu'on est capable de le démontrer et on l'a fait c'est que le
texte de médiation accepté par la partie patronale ne constitue
pas une contrainte réelle pour l'employeur. Quand on entend parler de la
question des contenus et des exigences de chacun des postes, c'est
évident que cela n'existait pas dans l'ancienne convention, mais cela
existe aussi pour reprendre le train des comparaisons ailleurs.
Je pense que les journaux ne sont pas en perdition pour ces motifs. Vous
reprenez, au 4.01 du texte du médiateur: "L'employeur a le droit
d'abolir les postes." Vous reprenez au 4.14, quand on parle des sections: "II a
le droit de les abolir, de les créer, de les fusionner." Où
est-elle la contrainte quant à la partie patronale dans un cas comme
celui-là? Il faudrait le prouver ou matérialiser cela.
M. Ciaccia: La sécurité d'emploi ne répond
pas à cette objection?
M. Garon (Jean): Non, la sécurité d'emploi est
d'une nature individuelle. Les exigences et les garanties qu'on veut obtenir
sont des garanties de nature collective. La sécurité d'emploi
individuelle, c'est effectif, on l'a. Il faut comprendre aussi que, même
sur la sécurité d'emploi, ce que le syndicat a accepté de
négocier avec la partie patronale, c'est moins que ce qu'il avait dans
l'ancienne convention.
M. Ciaccia: Quant aux ententes particulières, si je
comprends bien la proposition du médiateur acceptée par la partie
patronale, qui n'affectent pas, qui ne changent pas la convention collective,
il y aurait une prohibition de faire des changements par des ententes
particulières à la convention collective. Quant aux autres
ententes particulières, est-ce que le seul point qui vous divise, c'est
la présence d'un représentant syndical?
M. Garon (Jean): C'est-à-dire pour fins d'information,
c'est ce qui nous divise. On comprend mal pourquoi le Soleil, avec son actuel
rédacteur en chef, ne serait pas capable de vivre de ce avec quoi le
rédacteur en chef vivait quand il était syndiqué à
la Presse. Nous autres, ce qu'on vit, au niveau des ententes
particulières, c'est la nécessité que le syndicat soit
collectivement informé des ententes particulières qui sont celles
qui ne sont pas dérogatoires à la convention, mais qui sont, dans
le fond, des ententes sur des choses sur lesquelles la convention est muette.
C'est inférieur, effectivement, à ce qui a été
négocié à la Presse, et à ce qui existe depuis
plusieurs années à la Presse. Je ne vois pas comment ce qu'on
était capable de faire et ce avec quoi on était capable de vivre
ailleurs, on ne serait pas capable de le faire au Soleil. Je ne pense pas que
ce soit une atteinte aux droits de l'employeur. C'est tout simplement la
nécessité normale. Dans une convention collective, si on doit
ajouter des choses, sous forme de précédents, de nouvelles
conditions, il faut que le syndicat en soit informé.
M. Ciaccia: La forme d'information que vous exigez, c'est qu'il
soit présent, pas seulement que vous soyez informés
après...
M. Garon (Jean): C'est cela. La seule façon d'être
informé, c'est qu'au moment où c'est négocié, il y
ait une représentation syndicale.
M. Ciaccia: Est-ce que vous avez des commentaires à ce
sujet?
M. Beauvais: Sur les ententes particulières, ce serait une
longue histoire, M. le député, pour décrire les
discussions là-dessus. Je vais résumer la question en quelques
mots. Le médiateur, après de longues discussions avec chacune des
parties là-dessus, a proposé le texte qui vient de la convention
du Devoir. Il faut également ajouter à cela que nous avons une
disposition à 10.23, et je la cite: L'employeur ou l'employé ne
peuvent suggérer, proposer ou accepter quelque compromis que ce soit, au
niveau des dépenses, du salaire, du temps supplémentaire, des
vacances, des congés, de la semaine de travail, si ce compromis va
à l'encontre de l'une ou l'autre des clauses de la présente
convention. Nous avons également dans l'article horaire de travail une
disposition qui prévoit que toute discussion relative à
l'application de la clause horaire de travail doit se faire au niveau du
comité conjoint. Dans les discussions que nous avons eues avec la partie
syndicale sur cette question, ce qui est ressorti, c'est que le syndicat
voudrait nous empêcher d'avoir des relations quotidiennes sur n'importe
quel sujet non prévu à la convention, sans qu'il y ait toujours
le représentant syndical présent.
C'est un style de gestion qu'on ne peut accepter, et l'objectif
poursuivi par le syndicat des journalistes dans le cadre de cette
convention-ci, sur les ententes particulières, n'est pas du tout
l'objectif atteint au journal La Presse. C'est un contexte absolument
différent. J'imagine que c'est à la lumière de cet
ensemble de discussions que le médiateur a proposé l'entente du
Devoir, qui protège le journaliste contre toute entente
dérogatoire à la convention.
Maintenant, en plus de ça, si jamais on discutait de quelque
chose non prévu à la convention avec quelqu'un, le syndicat peut,
en tout temps, l'amener au comité conjoint.
M. Ciaccia: Si c'est seulement pour mon information
une question d'information, est-ce que c'est nécessaire je le
demande sincèrement d'être présent au moment
où les discussions ont lieu ou si c'est seulement nécessaire
d'exiger que vous soyez informés de l'entente qu'il y aurait eu?
M. Garon (Jean): Non, mais je pense qu'il est peut-être
plus utile d'être présent pour connaître les implications
d'une telle entente, le précédent que cela pourrait créer,
car, quand on n'est pas au courant, évidemment, c'est après le
fait qu'on tente de se défendre ou d'intervenir. Ce qui est important,
et je pense qu'à moins qu'on ait quelque chose à cacher, quand on
fait des ententes particulières, ça devrait résister
à l'analyse, ça ne serait pas, d'abord, dérogatoire, c'est
prévu, mais si on fait une entente particulière, je ne vois pas
pourquoi on aurait intérêt à la cacher. Si on a
intérêt à la cacher, c'est parce qu'on ne veut pas que ce
soit connu du syndicat. Si ça ne doit pas être connu du syndicat,
ça doit être parce qu'il y a anguille sous roche, parce que si on
veut faire... Tout ce qu'on demande, c'est de l'information. On n'exige pas de
droit de veto là-dessus. Tout ce qu'on demande, c'est la
possibilité de le savoir, et c'est au moment où c'est
discuté qu'on connaît les implications, ce n'est pas quand on se
fait dire: Ecoutez! La semaine dernière, on a conclu telle entente avec
M. X et la chose est en marche. Il est un peu tard pour réagir ou
même pour formuler car on pourrait en formuler des
recommandations, suggérer des choses à I'employeur dans un cadre
comme celui-là. Après, quand on est aux prises avec la situation
existante, le précédent est créé et c'est
extrêmement difficile de revenir sur des situations comme
celle-là. Parfois, c'est une attitude qui mène aux affrontements,
le fait de refuser l'information.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, c'est le refus de
l'information, le refus de participer aux discussions.
Une dernière question à la partie patronale. Dans le
dernier paragraphe de votre mémoire, vous dites: "Pour le Soleil, les
négociations sont terminées". Vous ne trouvez pas ça un
peu récalcitrant, un peu dur? Quand on parle de... Peut-être que
c'est une question de langage, mais on cherche ici des moyens de trouver une
possibilité de résoudre le conflit et de permettre la publication
du Soleil. Ne trouvez-vous pas cette attitude un peu dure?
M. Beauvais: M. le député, cette phrase est
évidemment dure. La déclaration de M. Francoeur en date du 2 mai,
par laquelle il informait le public qu'il maintenait le Soleil fermé
indéfiniment, signifiait que nous avions déployé tous les
efforts possibles dans trois offres globales dans une participation active avec
les conciliateurs désignés par le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, par I'acceptation d'un rapport de médiation qui n'est pas
bien habituel dans des conflits d'ordre privé sur des relations de
travail. Nous avons multiplié les suggestions de compromis au
médiateur au moment de la préparation de son rapport; il faisait
la navette entre les parties. Nous sommes allés à la limite des
compromis sur les questions majeures qui permettent au Soleil d'envisager
l'avenir de façon viable. Sur les questions majeures, nous n'avons plus
de compromis à faire. Il y a une expression en négociation que
tout le monde connaît: On a touché le fond du baril. Par ailleurs,
sur certains points techniques, certains ajustements j'en ai même
indiqué quelques-uns à M. Garon à I'occasion de la
rencontre officieuse en présence de M. Leboeuf le Soleil ne se
montrerait pas intraitable au point de ne pas changer une virgule ou un
iota.
Sur les points majeurs, des compromis ont été
élaborés à travers le processus de négociation, de
conciliation et de médiation; le médiateur a pigé dans les
conventions collectives de tous les quotidiens de la province, ce qui nous
impose une foule de contraintes. Nous sommes incapables de reprendre ces points
et de continuer à en ajouter. C'est dans ce sens-là que les
négociations pour le Soleil sont terminées.
M. Ciaccia: Une dernière question. Est-ce que les deux
parties...
Le Président (M. Boucher): Alors, M. le...
M. Ciaccia: Une dernière question. Est-ce que les deux
parties accepteraient l'arbitrage?
M. Garon: Pour répondre à votre question, je pense
que l'arbitrage...
M. Charron: Vous pourrez réfléchir à cette
question jusqu'à la reprise des travaux.
Le Président (M. Boucher): Nous sommes à l'heure de
l'ajournement.
M. Ciaccia: Très habilement fait, M. le ministre. Pour
leur permettre de répondre et de sauver...
M. Charron: De même à M. Beauvais.
Le Président (M. Boucher): Nous sommes à l'heure de
l'ajournement et on m'informe que cet après-midi il sera probablement
possible, pour autant que l'on aura l'ordre de la Chambre, de revenir
après la période des questions vers seize heures. Nous ajournons
nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 31)
Reprise de la séance à 16 h 42
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs! La
commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre est de nouveau
réunie pour entendre les parties dans le conflit du journal Le Soleil.
Les membres de la commission sont: M. Bellemare (Johnson), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Ciaccia (Mont-Royal)
remplace M. Forget (Saint-Laurent); M. Gravel (Limoilou), M. Johnson (Anjou),
M. Guay (Taschereau) remplace M. Lavigne (Beauharnois); M. Pagé
(Portneuf), M. Roy (Beauce-Sud) et M. Charron (Saint-Jacques) remplace M.
Vaillancourt (Jonquière).
Les intervenants sont: M. Blank (Saint-Louis), M. Brochu (Richmond), M.
O'Neill (Chauveau) remplace M. Gosselin (Sherbrooke); M. de Belle-feuille
(Deux-Montagnes) remplace M. Jolivet (Laviolette); M. Laplante (Bourassa), M.
Lefebvre (Viau), M. Lavigne (Beauharnois) remplace M. Paquette (Rosemont); M.
Garneau (Jean-Talon) remplace M. Saint-Germain (Jacques-Cartier); M. Samson
(Rouyn-Noranda).
A l'ajournement de ce midi, nous en étions au
député de Mont-Royal, qui avait posé une question aux deux
parties patronale et syndicale concernant l'arbitrage.
M. le député de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, en m'excusant
préalablement auprès de ceux qui se préparent à
nous donner cette réponse, nous reprenons nos travaux avec un peu de
retard, c'est régulier dans un sens, et nous devrons arrêter nos
travaux ce soir à 18 h 30 et les ajourner sine die.
M. Ciaccia: Excusez-moi, je n'ai pas entendu.
Le Président (M. Boucher): On vient d'annoncer que cela
pourrait continuer jusqu'à 18 h 30. Alors, avec le consentement de la
commission, nous pourrons continuer jusqu'à 18 h 30.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, j'avais posé une
question avant l'ajournement à 12 h 30, demandant si les parties
accepteraient l'arbitrage.
M. Garon (Jean): Je pense que la meilleure façon de
répondre à votre question est de rappeler le fondement de
l'attitude du syndicat depuis le début. Nous avons toujours
souhaité une solution négociée au conflit qui nous oppose
au Soleil depuis le 29 août. Je pense que, là-dessus aussi, notre
mémoire est clair et les gestes qu'on a posés au cours des
derniers jours et des dernières semaines, sont aussi très clairs.
La conclusion de l'intervention du mémoire patronal est aussi
très claire. De la même façon qu'on fonctionnait dans la
salle de rédaction, qu'on a fonctionné au cours des
négociations, on en arrive en commission parlementaire à se faire
dire que les négociations sont terminées, que, donc, il ne se
passera plus rien. Quant à nous, nous avons participé, on l'a dit
et on l'a répété dans le mémoire, de bonne foi
à l'élaboration d'une formule de médiation au cours de la
dernière semaine, formule que la partie patronale a, dans un premier
temps, agréée pour ensuite refuser sa participation.
Or, nous pensions, à ce moment-là, et c'est une suggestion
que nous avions d'ailleurs faite à Me Leboeuf alors qu'il n'était
à cette époque, que conciliateur, que s'adjoindre quelqu'un du
monde de l'information permettrait d'en arriver à trouver des formules
de règlements pour regarder ces problèmes dans le cadre où
ils s'appliquent. Le conflit de travail au Soleil, dans un certain sens et
même dans tous les sens, n'est pas un conflit comme les autres, c'est un
conflit qui se passe dans le domaine de l'information.
Or, cette formule, à cette époque, n'a pas
été retenue pour toutes sortes de raisons. Elle est revenue, au
cours des derniers jours, comme tentative ultime du ministère avant la
convocation de la commission parlementaire. Le syndicat s'est montré
prêt à y participer et se montre encore prêt à
participer à une formule de ce genre. Nous avons également
répondu, dans notre mémoire, que nous étions prêts
à envisager toute formule de médiation.
C'est notre position quant à la question que le
député de Mont-Royal nous posait.
Le Président (M. Boucher): M. Beauvais.
M. Beauvais: Voici, il y a deux parties à la question. Le
député a, en premier lieu, demandé si les parties
accepteraient l'arbitrage et je comprends que le syndicat n'y soit pas
disposé. Je dois dire que le Soleil non plus n'est pas disposé
à accepter l'arbitrage. La deuxième partie concerne la
médiation.
En fait, lorsque le Soleil a demandé au ministre du Travail de
désigner un médiateur, c'était une formule d'arbitrage non
obligatoire. Il y avait, à ce moment-là, 150 clauses en suspens.
Des efforts considérables avaient été faits par le
conciliateur, M. Leboeuf, pour rapprocher les parties. Il s'avérait
absolument impossible d'en venir à un règlement
négocié. Qu est-ce qui restait à faire? Ce n'est pas
habituel, pour un employeur, de demander au ministère du Travail la
médiation dans la forme où nous l'avons fait. Je suis convaincu
que M. le ministre n'a pas souvent reçu de telles demandes.
Nous demandions au ministre d'envoyer une tierce partie, investie de
l'autorité du ministère, qui examinerait et discuterait avec les
parties des 150 questions en suspens. C'est le travail que le médiateur
a fait; il a pris trois semaines. Nous lui avons même formulé 68
suggestions, je crois. Un rapport a été déposé.
C'est un rapport d'arbitrage, non obligatoire. C'est une médiation. Nous
l'avons acceptée. Nous ne voyons aucunement un autre médiateur,
ou d'autres médiateurs, venir faire des recommandations sur les
recommandations du médiateur. La médiation a lieu une fois et les
parties la prennent ou la laissent. Mais elle est faite. On veut
suggérer une formule où des gens du monde de l'information
seraient impliqués. Je dois vous dire que nous n'avons pas reçu
de proposition formelle pour une telle idée, mais un appel
téléphonique d'un officier du ministère nous demandant ce
que nous pensions de l'idée. On a même avancé un nom
à ce moment-là.
J'ai eu trois rencontres, au début du mois de mai, en
présence de M. Leboeuf et de M. Garon, où nous avons parcouru,
page par page, le rapport du médiateur. En aucun moment, M. Garon ou
moi-même n'avons soulevé la moindre difficulté, dans le
rapport de médiation, sur la gestion d'une salle de rédaction. M.
Leboeuf a consacré onze semaines à l'analyse du dossier et son
rapport est sans aucune bavure quant à la fonction ou à la
façon de fonctionner dans une salle de rédaction. Qu'est-ce que
viendrait ajouter aujourd'hui la présence d'une personne du monde de
l'information, si on en trouvait qui aurait les caractères
d'objectivité voulus dans le présent conflit? Parce que les gens
versés dans le domaine font partie soit de la rédaction, soit de
salles de rédaction, à titre de cadres ou de syndiqués.
Nous ne voyons aucunement l'utilité d'une nouvelle médiation sur
une médiation déjà complétée.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Johnson: Est-ce qu'on pourrait savoir ce que les
employés de soutien ont à dire à ce sujet?
Le Président (M. Boucher): M. Dionne.
M. Oionne: On adopte exactement la même position que celle
du SJQ là-dessus.
Le Président (M. Boucher): Je donne maintenant la parole
au député de Johnson.
M. Bellemare: Pas pour me la retirer trop tôt, n'est-ce
pas?
Le Président (M. Boucher): On va essayer de respecter la
période de quinze minutes.
M. Bellemare: Je voudrais parler un peu, si c'est possible,
à M. Beauchamp. Est-ce qu'il est muet? Est-ce qu'il veut
répondre? Ou avez-vous un mandat de représenter M. Beauchamp,
tout ce qu'il peut penser et dire? Je voudrais bien lui poser certaines
questions.
M. Beauchamp (Claude): Je n'ai pas de micro.
M. Bellemare: Vous n'avez pas de micro? On va vous en fournir un,
parce que c'est bien important.
Est-ce que la nouvelle formule de médiation qui a
été proposée, celle d'avoir un expert, un véritable
connaisseur des salles de rédaction, n'était pas de M.
Sauvageau?
M. Beauchamp: A qui posez-vous la question? On ne m'a fait aucune
proposition et je n'ai pas parlé avec qui que ce soit de ce
sujet-là.
M. Bellemare: M. Sauvageau n'a pas été
proposé comme...
M. Beauchamp: Pas à moi, à M. Beauvais. M.
Bellemare: A M. Beauvais? M. Beauchamp: Oui.
M. Bellemare: M. Beauvais. vous allez me répondre en
attendant que je pose d'autres questions à M. Beauchamp. Est-ce que
c'est vrai que cette proposition a été soumise?
M. Beauvais: Le nom de M. Sauvageau m'a été
avancé samedi matin dernier, vers 10 h 15, par un officier du
ministère. La réponse que j'ai donnée, c'est qu'en ce qui
concerne le Soleil, nous voyons difficilement comment M. Sauvageau pourrait
venir jouer un rôle dans le présent conflit. M. Sauvageau
était directeur de la rédaction au Soleil à I'automne
1973, au moment où débutaient des négociations pour le
renouvellement de la convention collective des journalistes. Les journalistes
avaient fait exactement les mêmes demandes syndicales que celles que vous
voyez dans le début de notre rapport. Ils se plaignaient des mêmes
points. ils avaient les mêmes griefs et les mêmes commentaires
à l'égard du directeur de la rédaction.
M. le député, nous avons eu neuf directeurs de la
rédaction. M. Sauvageau a été confronté à
ces problèmes et certaines des questions qui ont été
discutées dans la présente négociation relevaient de sa
responsabilité lorsqu'elles ont été posées. Comment
peut-il aujourd'hui venir agir comme tiers indépendant dans un conflit,
dans une salle de rédaction, si vous permettez, dont il a
été le directeur en chef pendant une bonne période?
M. Bellemare: M. Sauvageau a donc été refusé
par vous?
M. Beauvais: Oui. monsieur.
M. Bellemare: Bon, premier principe.
M. Johnson: Si le député de Johnson, le permet,
étant donné, qu'on a mentionné que c'était venu
suite à une conversation, je pense, entre M. Garon et M. Blain et
ensuite entre M. Beauvais et M. Blain, qui est directeur général
des relations de travail, je peux dire qu'en aucun temps, cependant. M.
Sauvageau n'a été approché par nous pour jouer un tel
rôle. Je voudrais être juste à son égard et à
l'égard de tout le monde. C est une hypothèse qui avait
été avancée par quelqu'un. En faisant le travail qui est
celui, je pense, de la direction générale du travail, M. Blain a
envoyé ce que les Français appellent un "feeler ' pour voir
comment les parties pourraient réagir et peut-être s'éviter
une commission parlementaire. Je pense qu'on en a le résultat.
M. Bellemare: M. Sauvageau a donc été refusé
par la partie patronale? Vrai ou faux?
M. Beauvais: C'est exact, M. le député.
M. Bellemare: Merci infiniment. Il aurait été de
bonne convenance, même si vous ajoutez qu'il a pu participer à
certaines autres négociations, que de consulter un homme comme lui qui,
véritablement, aurait pu faire partie d'un conseil de médiation
avec un représentant patronal, syndical et gouvernemental, le
médiateur du temps, M. Le-boeuf. Je pense qu'avec ces quatre ensemble,
on aurait pu trouver véritablement un moyen d'arriver peut-être
à une entente. Quand j'ai entendu votre panégyrique ce matin...
M. Beauchamp, vous avez participé à la rédaction de ce
magnifique document que le patron nous a lu ce matin, magnifique! Toutes des
concessions et du bon vouloir, et la gifle que vous nous donnez en dernier
où il est dit: "Pour le Soleil, les négociations sont
terminées." Pensez-vous que c'est de la bonne foi de la part du patron?
Est-ce qu'on ne doit pas garder un espoir pour régler ce
problème? La gifle que vous nous avez donnée, on n'y est pas
insensible. Vous nous dites: "Pour le Soleil, les négociations sont
terminées." Qu'est-ce que vous faites ici? Pourquoi donc argumenter avec
nous autres si c'est fini? On essaie de vous aider et vous nous dites: Vlan!
Vous, M. Beauchamp, particulièrement, qui connaissez l'art dramatique du
journalisme, vous devez avoir lu cette phrase, je pense bien. Cela ne vous a
pas fait quelque chose de dire cela?
M. Beauchamp: Non. il y en a une autre qui précède
celle-là et qui demande, en quelque sorte, à la commission
parlementaire d'amener les syndicats concernés à bien examiner ce
qu'ils ont devant eux et à réaliser, eux, qu'ils ont, comme vous
dites, une convention collective magnifique.
M. Bellemare: Cela veut dire que ce n'est pas vrai que les
négociations sont terminées.
M. Beauchamp: En ce qui nous concerne, les négociations
sont terminées. C'est bien écrit dans le document que M. Beauvais
vous a lu ce matin.
M. Bellemare: Oui. comme M. Francoeur a dit, que le journal
était pour fermer aussi!
M. Beauchamp: M. Francoeur a dit que le journal... je pense que
vous avez en annexe la déclaration de M. Francoeur.
M. Bellemare: Oui, je l'ai lue.
M. Beauchamp: Cette déclaration dit qu'étant
donné que le syndicat ne veut pas accepter le même compromis que
nous...
M. Bellemare: Pourquoi, à la page 7 dites-vous: "Le
médiateur, après examen de cette question et de longues
discussions avec chacune des parties, a tranché en faveur du syndicat
sur cette question. Il recommande l'insertion dans la convention de la clause
en vigueur." Ce n'est pas là, c'est l'autre page, je me suis
trompé, un instant.
Dans une de vos déclarations, onze sujets sur lesquels vous nous
dites ne pas être capable de répondre. Je voudrais la trouver.
Seulement un instant, je l'ai soulignée. Alors, passons, je l'ai
manquée celle-là, mais cela ne fait rien, on va y revenir.
Je suis bien content de voir que, au moins, vous vous êtes
parlé ce matin. Il y a eu un commencement de dialogue sensible,
raisonnable et qui peut produire des effets.
Vous nous avez dit dans votre mémoire que, pour les ententes
particulières, il n'y avait pas de problème, parce que, en 1970,
à la Presse et à Montréal-Matin, cela avait
déjà été reconnu.
Je suis content de voir qu'il n'y a plus d'objection à
reconnaître les ententes particulières. Vrai ou faux?
M. Beauchamp: C'est reconnu, M. Bellemare, comme c'est
marqué dans le rapport du médiateur, nous acceptons la...
M. Bellemare: M. Garon, je vous pose la question, à savoir
si c'est bien ça que vous avez compris, vous aussi.
M. Garon (Jean): En partie. Ce que M. Beau-champ répond,
c'est qu'il s'en tient toujours au
texte du médiateur, ce qui est différent de notre demande
à nous.
M. Bellemare: II fait quoi? Oui, vous avez expliqué
ça brièvement ce matin, à une question qui vous a
été posée par le député de Mont-Royal...
M. Garon (Jean): Oui.
M. Bellemare: ... mais j'ai compris qu'il y avait
là-dedans une intention presque partielle, mais qui existait, que vous
sembleriez vouloir accepter ce principe qui a été émis par
la partie patronale, donc, un progrès sensible.
Deuxième chose, le plancher d'emploi. Est-ce que, M. Beauchamp,
les 100 personnes qui sont en grève vont pouvoir occuper de nouveau leur
poste avec les mêmes avantages qu'elles avaient auparavant?
M. Beauchamp: M. Bellemare, c'est marqué dans le rapport
du médiateur que nous avons accepté, que nous accordons la pleine
sécurité d'emploi à tous ceux qui sont à l'emploi
du Soleil au moment de la rentrée.
M. Bellemare: Avec le nombre de 100?
M. Beauchamp: Tous ceux qui vont être là, je ne sais
pas s'il y en a qui vont abandonner le Soleil...
M. Bellemare: Non, non...
M. Beauchamp: ... mais tous ceux qui vont être
là.
M. Bellemare: On vous demande 100, oui ou non?
M. Beauchamp: Nous reprenons tous les employés qui vont
revenir.
M. Bellemare: Alors, M. Garon, qu'est-ce que vous dites?
M. Garon (Jean): Ce qu'on comprend de ça, c'est, si on est
prêt à donner au moins 100 journalistes, pourquoi refuser de
l'inscrire dans la convention collective?
M. Bellemare: Bon! Alors, un autre point de gagné.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je demanderais...
M. Bellemare: Troisièmement...
Le Président (M. Boucher): ... s'il vous plaît... M.
le député de Johnson, s'il vous plaît! Je demanderais
à la salle, s'il vous plaît, de ne pas manifester, étant
donné qu'en vertu du règlement...
M. Bellemare: Mais vous ne pouvez pas les empêcher de rire,
voyons!
Le Président (M. Boucher): ... et vous avez
provoqué...
M. Bellemare: C'est impossible. Ils ne peuvent pas parler.
Le Président (M. Boucher):... autre chose que des rires,
M. le député de Johnson.
M. Bellemare: Troisièmement, vendre des textes des
journalistes à d autres, c'est interdit ailleurs. Est-ce que vous avez
dit, ce matin, dans votre rapport, que vous consentiez à faire certaines
concessions?
M. Beauchamp: Nous disons que, sur ce point-là, en ce qui
nous concerne, c'est la liberté absolue du journaliste d'accepter ou de
refuser de vendre ses articles.
M. Bellemare: Bon! Alors, vous, M. Garon, qu est-ce que vous
dites?
M. Garon (Jean): Là-dessus, on a répondu assez
clairement ce matin que ce n'était pas notre position... (17 heures)
M. Bellemare: Un autre point de gagné!
Quatrièmement, le statu quo ante, grief collectif avant sentence
arbitrale. Monsieur, j'ai entendu de Me Marsolais l'explication tacite, moins
le cas particulier d'un employé qui s'appelle Mme...
M. Johnson: Mme Voisard.
M. Bellemare: ... Voisard. C'est cela. Je vous remercie de
m'aider, vous autres. Mme Anne-Marie Voisard. J'ai compris que, dans votre
déclaration, ce matin, vous ouvriez grandes les portes au statu quo ante
et que c'était facile de trouver la solution finale. Vrai ou faux?
M. Beauchamp: Nous avons accordé, dans la convention
collective, un texte nouveau qui n'existait pas dans l'ancienne et par lequel
nous accordons le statu quo ante sur toutes les mesures disciplinaires.
M. Bellemare: On a vu cela avec le pouvoir de grief devant...
M. Beauchamp: C'est cela.
M. Bellemare: M. Garon, répondez-vous?
M. Garon: Là-dessus, c'est évident. Cette position
a été constatée insatisfaisante par le syndicat.
Là-dessus, on a toujours considéré que le statu quo ante,
selon la formule suggérée par la partie patronale et la formule
suggérée par le médiateur, n'est pas suffisant et c'est
trop limitatif.
M. Bellemare: Ecoutez! C'est bien proche; où cela
accroche-t-il?
M. Garon: Ce n'est pas proche.
M. Bellemare: Ce n'est pas proche?
M. Garon: Non, ce n'est pas proche là-dessus.
Une Voix: Un autre point de gagné.
M. Bellemare: Non, un instant. On a fait des progrès, on a
fait des progrès. Attendez! La commission parlementaire prouve à
l'évidence, cet après-midi, qu'on a fait des progrès. Et
vous dites que, dans le statu quo ante...
M. Garon: Dans le statu quo ante, on n'est certainement pas
près l'un et l'autre puisque, d'abord, on demande un statu quo ante sur
les griefs de nature collective.
M. Bellemare: Vous ne refusez pas de négocier?
M. Garon: On n'a jamais refusé de négocier.
M. Bellemare: Bon. M. Beauchamp, refusez-vous de négocier
sur ce point-là?
M. Beauchamp: Non seulement on ne refuse pas de négocier,
M. Bellemare, mais on a même accepté un règlement complet
qui s'appelle le rapport du médiateur.
M. Bellemare: Alors, vous seriez prêts à
négocier?
M. Beauchamp: Oui, mais je pense que...
M. Bellemare: Alors, ce que vous avez écrit, que les
négociations étaient finies, ce n'est pas vrai.
M. Beauchamp: On a accepté un règlement, M.
Bellemare, qui est le rapport du médiateur que vous avez devant
vous.
M. Bellemare: Vous n'êtes pas ici...
M. Beauchamp: On a accepté un règlement au
complet.
M. Bellemare: Vous n'êtes pas ici, mon cher monsieur, pour
nous dire que c'était impossible de négocier. On veut savoir si
vous êtes de bonne foi. Au moins, si un verre de lait est
renversé, tu ne peux pas le remettre dans une fiole, ça, on le
sait.
M. Beauchamp: M. Beauvais...
M. Bellemare: II reste un fait certain, c'est que...
M. Beauchamp: M. Beauvais a répondu très clairement
là-dessus. En ce qui concerne les points fondamentaux pour le journal Le
Soleil, les négociations sont terminées. Nous sommes
évidemment ouverts à regarder tous les aménagements
techniques qui pourraient être apportés; nous ne sommes pas
fermés à cela, pas du tout.
M. Bellemare: Je suis bien d'accord, M. le Président, pour
dire que la communication qui s'est établie entre la partie patronale et
la partie syndicale s'est améliorée d'au moins 75%. Je suis
content de voir cela. Cela m'encourage à continuer mon travail et
à vous solliciter de le parfaire.
Les conventions collectives, je n'ai pas besoin de vous dire que j'en ai
vu plusieurs dans ma vie, et même si on barrait les portes pour finir les
derniers moments, c'est déjà arrivé, c'est vrai, mais on
réussissait quand même à s'entendre, parce que des hommes,
entre eux, cela ne peut pas ne pas finir par s'entendre, c'est impossible. Il
ne vous reste presque plus rien à décider entre vous. Il y a
sûrement, M. le Président, dans les mémoires qui nous ont
été donnés, des dispositions assez merveilleuses, de bonne
entente et de bonne participation des deux côtés. La partie
syndicale a dit qu'elle avait fait certaines concessions après avoir
été au summum, avoir demandé ce qu'il y avait de mieux, le
ministre ce matin a dit: Ecoutez, il ne faudrait pas que vous essayiez de
prendre the best...
M. Johnson: The best contract.
M. Bellemare: ... the best contract, c'est vrai, il ne faudrait
pas essayer de prendre ce qui est meilleur de tout ce qui existe et essayer de
l'appliquer. Je l'ai dit à M. Garon, ce matin, et je le
répète, une convention collective, s'il n'y a pas des deux
parties des concessions majeures, on ne peut pas obtenir en même temps
tous les avantages qu'on désirerait obtenir. Les conventions collectives
se négocient deux ans, trois ans, quatre ans et, après cela,
encore une autre négociation. Il y a eu, en 1974, bien des droits acquis
que vous avez essayé, vous M. Beauchamp, de faire disparaître. Ah
oui! Dans votre texte et dans les questions qu'on pourrait vous poser. Je vous
reproche cela. On ne peut pas, mon cher, en relations de travail, essayer de
brimer le syndicat, parce que cela nous nuit, parce qu'on n'aime pas les
syndicalistes. Untel, Untel. On connaît cela. Mais il reste une chose
certaine, les droits acquis, que vous avez essayé de retirer, je pense
que le syndicat a fait sa part pour modérer ses ambitions,
modérer ses revendications.
Il est rendu actuellement à une question un peu drôle quand
il dit, par exemple, qu'il ne voudrait pas qu'on le taxe... à la
résistance au changement, au chauvinisme des journalistes à
l'égard de leurs patrons montréalais, à un quelconque
complot de congestion de cogestion.
Vous savez, cela peut vous faire rire, mais celui qui vous parle n'a pas
un cours universitaire. Et je suis bien content d'avoir été au
moins chercher la philosophie du trottoir des gens, cela m'aide encore bien
plus qu'autre chose.
M. Guay: Qu'est-ce que vous faisiez dans la vie?
M. Bellemare: Ceux qui ont de grands diplômes sur les
murs... Il reste un point de stratégie aussi. Est-ce que vous seriez
prêt, demain matin, à l'encontrer le médiateur, que je
félicite en passant. Il a fait un travail extraordinaire. Je pense que
le travail qu'il a fait mérite qu'on le souligne, parce que
véritablement il a apporté, dans l'étude de ce
problème difficile, le meilleur de lui-même. M. le
Président, je lui rends témoignage puisque personne ne l'a fait
avant moi et son travail a été merveilleux. Surtout, il a
trouvé des solutions, pas tout à fait à 100%, mais
à 99%.
Il reste un sujet, M. le Président, que je voudrais simplement
développer pendant deux minutes, parce que je sais que mon ami de
Sainte-Marie m'a dit tout à l'heure: Si, M. Bellemare, vous prenez tout
le temps, je n'aurai pas le temps de parler. C'est vrai. Le
député de Sainte-Marie est un homme qui connaît les
relations de travail, c'est surtout un homme brillant, sauf qu'il a commis,
comme d'autres, un péché quand il s'est présenté...
En tout cas.
M. le Président, à la clause 11. 101 au deuxième
paragraphe, lorsqu'il est fait mention de mesures disciplinaires, pouvez-vous
nous donner des exemples de l'application et aussi de la non-application de ce
paragraphe, s'il vous plaît?
M. Beauvais: Est-ce que la question est adressée au
Soleil, M. Bellemare?
Le Président (M. Boucher): Vous adressez votre
question...
M. Beauvais: Elle est adressée à M. Marsolais.
Le Président (M. Boucher): A M. Beauvais? M. Bellemare: M.
Beauvais. Le Président (M. Boucher): M. Beauvais.
M. Bellemare: Est-ce que j'en ai des gens qui me surveillent,
hein? Au moins, ça va reposer les gens un peu, ça va les faire
rire. Si on n'est pas bon pour une risée, on n'est pas bon pour
grand-chose.
Dans les conditions, M. le Président, du paragraphe 2, lorsqu'il
est fait mention de mesures disciplinaires, pouvez-vous nous donner des
exemples de leur application, M. Beauvais?
M. Beauvais: M. Bellemare, si, au Soleil un journaliste commet
des actes dérogatoires, et que le Soleil en vient à la conclusion
qu'il veut le congédier, en suivant une procédure bien
définie dans la convention, un avis de congédiement lui est alors
transmis. Avec cette clause qui est nouvelle, le congédiement ne prend
pas effet, si un grief est logé, avant que la sentence arbitrale soit
prononcée. C'est l'effet de cette clause.
Ce que le syndicat voudrait, c'est d'étendre cette clause
à toute décision pouvant intéresser l'ensemble des
journalistes et aux cas de mutation; ce qui veut dire que si nous voulons muter
un journaliste d'un endroit à un autre, pour reprendre l'exemple
donné par M. le ministre ce matin, si un journaliste est
accidenté et que nous devons le remplacer immédiatement, si celui
qu'on veut mettre à ce poste refuse et dépose un grief, nous ne
pourrons pas effectuer la mutation tant et aussi longtemps que la sentence
arbitrale ne sera pas rendue.
C'est ce que nous refusons. Mais nous acceptons, que dans tous les cas
de mesures disciplinaires, sauf les quelques cas graves mentionnés dans
la clause 11-10b, de suspendre l'application de notre décision
jusqu'à la sentence arbitrale. Même pour une suspension, le
même principe s'applique. Cette clause avait été
proposée avant le déclenchement de la grève, elle a
été améliorée par le médiateur, qui a pris
textuellement la clause de la Presse, nous l'acceptons. Le syndicat la refuse
et voudrait aller plus loin.
M. Bellemare: M. Beauvais, est-ce que, dans votre mémoire,
à la page 6, vous ne vous dites pas, d après le rapport du
médiateur, qu'il s'y ajoute onze nouvelles clauses qui imposent au
Soleil des contraintes considérables qu'il a acceptées.
Pourriez-vous nous en citer quelques-unes?
M. Beauvais: Elles sont toutes énumérées
à la page 6, le plancher quantitatif et qualitatif d'information en est
un, l'obligation de procéder dans les 90 jours de la signature de la
convention à la description de chacune des exigences et de la nature de
chacun des postes de la salle de rédaction, c'en est une autre. Dans le
cas de mutation d'un employé, il n'existait pas de droit de grief: il
existe maintenant, que ce soit d'une section à une autre, ou même
à l'intérieur d'une section. Le grief ouvert n'existait pas dans
l'ancienne convention, il existe maintenant et c'est le médiateur qui
nous l'a imposé. Dans le cas de fusion et d'intégration, toute la
page 6 et toute la page 7 constituent des interventions du conciliateur. Nous
ne les aimons pas toutes.
M. Bellemare: Est-ce que M. Garon peut me dire s'il est satisfait
de ces onze offres nouvelles faites par le médiateur?
M. Garon: Non. Quand on a déposé notre projet de
convention collective et le résultat des négociations, cela a
été une tentative de mettre à jour la convention
collective. On insiste dans le rapport qu'on a présenté, dans le
mémoire qu'on a déposé ce matin, pour dire que le Soleil a
changé fondamentalement entre la période où il
était, la propriété des frères Gilbert, donc une
entreprise familiale, et le moment où il est passé à
l'intérieur d'un consortium. Ce qu'on a fait, c'est tenter d'adapter
notre convention collective, qui était peut-être bonne dans le
temps, mais qui avait besoin d'être mise à jour. C'est un peu une
nouvelle convention collective que nous étions en
train de négocier, à la limite une première
convention collective. C'est pour cela qu'on retrouve un certain nombre de ces
éléments.
Si on revient à la question des mesures disciplinaires, les
mutations, pour nous, cela peut constituer et souvent cela constitue
des mesures disciplinaires. On a déjà logé deux
griefs, que le syndicat a d'ailleurs gagnés, concernant des mutations.
On pense que les mutations devraient être aussi sujettes au statu quo
ante. C'est évident que les explications...
M. Bellemare: Mais les concessions qu'a faites le
médiateur, qu'il vous a faites à vous...
M. Garon: Cela ne constitue pas des contraintes, selon nous.
M. Bellemare: Cela ne constitue pas des contraintes.
M. Garon: Parce qu'il n'y a pas d'obligation réelle
d'appliquer...
M. Bellemare: Mais c'est un pas considérable en avant.
Vous l'admettez?
M. Garon: C'est un changement, évidemment, avec la
situation antérieure. Mais si l'entreprise était demeurée
la même, dans le même contexte, avec le même mode de
fonctionnement, c'eût été différent. Mais le pas est
moins grand lorsqu'on songe aux changements qu'a subis l'entreprise, à
la modification de ses opérations et de son mode de gestion.
M. Bellemare: Mais le médiateur a fait sa part pour vous
offrir quelque chose qui soit une amélioration.
M. Garon: Oui. Mais quand on parle d'un plancher d'information,
ce n'est pas un plancher d'emploi. Quand on parle d'un plancher d'information,
ce n'est pas contraignant de la façon que le médiateur nous le
suggère. On introduit le principe, mais si on ne met rien pour asseoir
le principe et s'assurer qu'il soit appliqué de façon absolue,
c'est une amélioration qui est un peu chambranlante.
M. Bellemare: M. Garon, je suis content de voir que votre
pensée s'est améliorée énormément depuis ce
matin. Je vous félicite. Je suis sûr que maintenant que la
commission parlementaire a entendu ces mémoires, comme ceux des
employés de soutien, on pourra facilement trouver une solution qui soit
pour le plus grand bénéfice de tout le monde.
Je termine ma série de questions en vous disant que le travail
parlementaire qu'a fait ce matin la commission a été très
utile, parce que, véritablement, on a débouché les
oreilles des sourds. On a permis à ceux qui ne parlaient pas de
s'exprimer, non seulement devant un bureau de direction, confortablement assis
avec un bon salaire qui peut dire: Vous autres les gars de la grève,
arrangez-vous. Non. Je pense qu'on a pris conscience d'un fait, c'est qu'il y a
une grève, qu'il y a des gens qui sont malheureux. Le pain quotidien qui
manque sur les tables depuis neuf mois, cela commence à faire mal
à du monde. Cela commence à faire mal aussi aux patrons. Cela va
prendre des années pour se reprendre.
Je suis bien content, M. le Président, des quelques
défauts de parole que j'ai pu avoir. Vous m'avez corrigé et je
vous en remercie. Mais je suis sûr, M. le Président, qu'on va
arriver avant six heures à un bon consensus. Vous allez partir la main
dans la main et le "Soleil" va briller d'ici peu. (17 h 15)
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Johnson.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Avec les progrès
qui viennent d'être accomplis, il va falloir que je sois prudent dans mes
questions.
J'aimerais, tout simplement pour m'éclairer et, je pense bien,
pour éclairer aussi les membres de la commission... Je m'adresserai
plutôt à M. Beau-vais à ce moment-ci. On a beaucoup
insisté, ce matin, dans votre mémoire et par les réponses
qui ont été données aux questions qui ont
été posées, sur le fait qu'on ne veut pas, du
côté de l'employeur, accepter une cogestion de la salle de
rédaction. Ai-je bien compris?
M. Beauvais: Oui, monsieur.
M. Roy: J'ai cru comprendre je m'adresserai à M.
Garon qu'il ne semblait pas être exigeant au niveau de la
cogestion de la salle de rédaction, mais que c'était plutôt
au niveau de l'information. Ai-je encore bien compris?
M. Garon (Jean): Vous avez bien compris.
M. Roy: En somme, je pense que, de ce
côté-là, il y aurait lieu de réexaminer la question,
parce que, si on parle d'information, cela n'a pas la même signification
que la cogestion. Je pense qu'il y a là un point fondamental, du moins
de par les rumeurs qui ont circulé, les nouvelles qui ont
circulé, les nouvelles qu'on a pu obtenir, il semblait que
c'était une question fondamentale dans le présent conflit. Si, du
côté syndical, on parle d'information et qu'on ne demande pas la
cogestion, je pense que, du côté de l'employeur, on n'a pas
à refuser la cogestion puisqu'on ne la demande pas. Ce serait
peut-être un point, M. le Président, que nos interlocuteurs
devraient examiner de près, du moins le regarder avec des lunettes
d'approche, mais faire attention de les poser dans la bonne direction, parce
que, si on les pose à l'envers, cela éloigne.
J'aurais un deuxième point. On a fait état aussi de
l'article 4.14 pour ce qui a trait aux sections d'information. Dans le texte
patronal je me réfère au document jaune qu'on nous a remis
au sous-paragraphe b) de l'article 14, on dit: "La
liste des sections prévues au paragraphe a) est automatiquement
modifiée, si l'employeur crée ou abolit une section ou s'il
fusionne des sections." Ceci, par ce que j'ai entendu de la part de la partie
syndicale, M. Garon, remet en cause les concessions que le syndicat a pu
obtenir dans les clauses précédentes. Je ne suis pas un expert
en...
M. Garon (Jean): C'est parce que le paragraphe b) détruit
le principe qui est introduit précédemment, de la même
façon dans le 4.01, sur les secteurs d'actualité. On les
énumère, mais, plus loin, on dit qu'on peut abolir les postes et
qu'on peut faire les modifications que l'on veut.
M. Roy: Est-ce que, du côté patronal, on est
prêt à examiner, à réexaminer cette disposition, cet
article? Est-on prêt à l'examiner à nouveau, à
l'analyser à nouveau?
M. Beauvais: M. le député, je crois que vous avez
fait référence au texte syndical et non pas au texte
patronal.
M. Roy: Ici, le texte patronal dit ceci: l'article 4.14.
M. Beauvais: Permettez-moi, en premier lieu, de souligner que ce
qu'on indique comme texte patronal, c'est le texte du médiateur dans ce
document.
M. Roy: Ah bon! Document comparatif des clauses en suspens.
M. Beauvais: D'accord. Quel est le sens de votre question, s'il
vous plaît, M. le député?
M. Roy: Ma question, c'était pour savoir si, du
côté patronal, ce sous-paragraphe b) est un paragraphe auquel le
côté patronal tient sans aucune discussion, tient mordicus. Il se
lit comme suit: La liste des sections prévues au paragraphe a) est
automatiquement modifiée si l'employeur crée ou abolit une
section ou s'il fusionne des sections." Du côté patronal, est-ce
discutable, cette question?
M. Beauvais: C'est un droit que l'éditeur veut conserver,
celui d'adapter la structure de la salle de rédaction aux changements
dans le domaine de l'information. Pour vous donner un cas bien vécu, qui
a même été cité dans le mémoire syndical de
ce matin, nous avons créé, il y a quelques années, une
section environnement. Le syndicat nous reproche amèrement d'avoir aboli
la section environnement. Est-ce que cela veut dire qu'on ne couvre plus cette
matière ou ce secteur d'activité? Pas du tout. Ce qui s'est
produit, c'est que l'environnement a pris tellement d'importance que le
chroniqueur de chasse et de pêche parlait d'environnement, que celui
préposé aux finances pouvait en parler à l'occasion du
coût de construction d'un projet, qu'un autre dans un autre secteur en
parlait et que tout le monde se pilait sur les pieds.
On a décidé de reporter à chacune des sections le
sujet environnement et de réaffecter le spécialiste en
environnement dans une autre section pour parler de l'environnement sur un
point plus particulier. Nous devons être en mesure en tout temps, dans un
journal, d'adapter la structure et les sections suivant la
réalité changeante de
I'information.
M. Roy: Concernant ces changements, dans le passé, est-ce
que cela a été discuté avec la partie syndicale ou sont-ce
des décisions qui ont été prises de façon
unilatérale, sans consultation, sans avis, sans information aux
employés qui étaient les plus directement concernés,
puisqu'il s'agit de leur fonction qui est en cause?
M. Beauvais: II est bien évident que tout changement de
cette nature doit être discuté au préalable, avant
l'exécution de toute décision avec la partie syndicale. Le
comité conjoint le prévoit spécifiquement.
M. Roy: Est-ce que vous seriez prêt à accepter une
clause dans la convention collective?
M. Beauvais: Elle y est déjà, mais s'il fallait la
reformuler pour donner plus de garanties quant à ses droits de
consultation, il n'y aurait aucun problème là-dessus.
M. Roy: J'aimerais avoir le commentaire de M. Garon
là-dessus.
M. Garon (Jean): C'est totalement faux. Pour la disparition de
l'environnement, le syndicat n'a jamais été consulté
là-dessus. Secundo, au cours de la négociation, on a fait une
démonstration assez claire. Il y avait un comité, qu'on appelait
le conseil de rédaction, qui était un comité consultatif
qui existait par le passé. A un certain moment, le syndicat a mis la
main sur un document patronal signé de la main du directeur de
l'information où on parlait de l'introduction d'une nouvelle politique
de l'information au Soleil. On disait:
II y a deux façons d'introduire cette nouvelle politique de
l'information. C'est de l'appliquer de haut en bas dans la structure
décisionnelle, que les cadres l'appliquent, l'imposent aux
employés, ou qu'on procède par voie de consultation à ce
fameux comité, qui s'appelait le conseil de rédaction. Il
était prévu dans la convention que cela devait passer par le
conseil de rédaction. Ce n'est jamais passé par le conseil de
rédaction. Tous les changements qui ont été faits, quant
au secteur de couverture ou quant à la façon de modifier les
structures de la rédaction, ne se sont jamais faits en consultation avec
le syndicat.
M. Roy: J'aimerais avoir les commentaires de M. Beauvais sur ce
que vient de dire M. Garon.
M. Beauvais: Sur le plan des faits, je crois qu'il serait plus
conforme de dire que cette question a été soumise au conseil de
rédaction. Pendant les négociations, le syndicat a
demandé
l'abolition du conseil de rédaction. Nous avons trouvé
malheureuse cette suggestion syndicale. Nous avons aboli le conseil de
rédaction et nous avons accepté de reporter au comité
conjoint les sujets qui, auparavant, allaient au conseil de
rédaction.
L'idée du Soleil, à ce sujet, était d'avoir deux
forums, un qui discute de relations de travail, de problèmes de gestion
quotidienne où le syndicat et le Soleil discuteraient, et un autre forum
où on aborderait les questions plus professionnelles. Nous avions
même prévu dans la dernière convention, à la demande
du syndicat, la désignation de personnes de l'extérieur. Tout
cela n'a pas fonctionné. Le conseil de rédaction est devenu un
forum de négociations. Nous avons maintenant accepté de
l'enlever. En cours de négociations, nous avons même
suggéré au syndicat la création de réunions,
l'institutionnalisation de réunions mensuelles de sections pour examiner
la couverture, les changements à apporter, de quelle façon les
journalistes et les cadres pourraient fonctionner. Le syndicat n'en a pas
voulu. Le Soleil est ouvert et désireux de créer toutes les
institutions possibles de communications avec le syndicat des journalistes,
avec les journalistes au niveau des sections pour partager leurs vues sur la
façon de couvrir l'information. Nous sommes ouverts là-dessus. Si
le syndicat veut des clauses concernant ces questions... On a fait des
propositions; si le syndicat en a de meilleures, qu'il les mette sur la
table.
M. Roy: Autrement dit, vous êtes prêts à
discuter avec le syndicat des négociations.
M. Beauvais: Oui. Le problème n'est plus là, M.
Roy. Le problème a été posé sur quatre questions
bien particulières qui ne concernent plus l'information. Quand on vous
parle du statu quo ante, on ne parle pas de l'information. Quand on vous parle
d'ententes particulières, on ne parle pas d'information. Ce sont des
questions concernant les droits individuels dans la salle. Les grandes
questions d'information au Soleil, quant à la qualité de
l'information pour le public lecteur du Soleil, elles sont
réglées et on n'en discute plus.
M. Bellemare: Sur les ententes particulières?
M. Beauvais: Ce n'est pas une question concernant l'information
sur les ententes particulières. C'est un refus de permettre à
l'employeur de dialoguer un peu avec les employés sur des sujets non
prévus à la convention.
M. Bellemare: Plancher d'emploi?
M. Beauvais: Pardon?
M. Bellemare: Le plancher d'emploi?
M. Beauvais: Pour le plancher d'emploi, j'ai expliqué ce
matin que nous avions des dispositions, à partir de la
sécurité d'emploi, de l'obligation de couvrir des secteurs, des
discussions sur la composition des sections, du respect de nos obligations
à l'égard du publié par la déclaration de principe,
du grief d'information. Toutes les garanties appropriées se trouvaient
dans la convention collective.
Le Président (M. Boucher): M. Garon, avez-vous...
M. Garon (Jean): Là-dessus, quand on pense à
l'abolition du conseil de rédaction, c'est que le syndicat
préférait ne pas multiplier les institutions, mais
préférait plutôt tenter de les faire fonctionner. Le
conseil de rédaction étant, à toutes fins pratiques,
inopérant, puisqu'on ne le consultait pas vraiment et que c'était
un endroit où on nous informait de décisions déjà
prises, on a préféré éliminer cette instance,
puisqu'elle était devenue inutile. Alors, pour nous, le comité
conjoint et le comité paritaire... Au comité conjoint, on n'a
jamais demandé de nouveaux pouvoirs. Ce qu'on a dit, c'est qu'on va
réunir, à l'intérieur de ce même comité, tous
les pouvoirs qui existaient avant dans l'ancien conseil de rédaction et
au comité conjoint de façon qu'on puisse se parler, et je pense
qu'il ne faut pas craindre de le qualifier comme ça. On est dans un
journal. Ce n'est pas une entreprise comme les autres. Quand on parle de
plancher d'emploi, on parle de plancher d'emploi en matière
d'information aussi. Le plancher d'emploi, cela a des implications, et vous le
voyez tant dans la proposition du médiateur que dans le texte du
syndicat. Cela a des implications en matière d'information. On parle de
couvrir des secteurs d'actualité. Cela, il me semble que c'est de
l'information.
M. Johnson: ... oui...
M. Garon (Jean): La vente de textes aussi, c'est une
matière d'information. Le statu quo ante sur les mutations, quand on
pense à des mutations en matière d'information qui peuvent
constituer; des mesures disciplinaires.. Les ententes particulières,
c'est aussi une matière qui touche directement l'information. Au
contraire, on voulait signifier tout à l'heure qu'on était dans
un journal. C'est un conflit qui dure depuis maintenant au-delà! de huit
mois, et c'est un conflit d'information dani un journal.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, permettez-vous une question de la part du ministre?
M. Johnson: Est-ce que le député... Le
Président (M. Boucher): D'accord.
M. Johnson: Le député de Beauce-Sud me permettra
peut-être d'ajouter quelque chose. Cela m'apparaît pas mal
important ce que vous venez de dire, M. Garon.
Est-ce que vous faites une distinction entre ce qui l'est la
présence du syndicat et le rôle du syndicat au niveau de
l'information je pense
qu'il peut y en avoir un, de fait et la dimension du statut de
l'homme qui est le professionnel de l'information, qui s'appelle un
journaliste? En ce sens-là, est-ce que la double structure, qui a
déjà existé, mais qui, semble-t-il, était
inopérante, selon ce que vous dites je ne sais pas si M. Beauvais
est d'accord avec ça est-ce que c'était inopérant?
Vous reconnaissez que c'était inopérant, le conseil de
rédaction?
M. Beauvais: A notre point de vue, ce n'était pas
inopérant. En ce qui nous concerne, nous aimerions le conserver, mais
si...
M. Johnson: Bon! On va prendre deux hypothèses.
L'hypothèse 1 : il était inopérant; hypothèse 2: il
était opérant. Bon! Quelle que soit l'hypothèse, est-ce
que cette distinction qui me semble être faite, à la fois au
niveau de vos revendications et au niveau de la perception, par la direction du
Soleil... Il existe une telle chose que la vie syndicale et des
mécanismes qui sont, dans un cadre de revendications d'un
mieux-être constant des travailleurs de l'information... il existe aussi
une dimension de nature vraiment professionnelle, reliée au
métier du journaliste. Est-ce que vous faites cette distinction?
M. Garon (Jean): Vous remarquerez que dans notre convention
collective, à l'article 7, ce qui est négocié par le
syndicat, ça s'appelle les conditions de travail professionnel, qui
s'appliquent à la fois collectivement et individuellement. On ne pense
pas qu'un journaliste ait à porter deux chapeaux et à changer,
dans le courant de la journée, de son chapeau de professionnel à
celui de syndiqué. C'est un employé syndiqué de
l'entreprise.
Dans la convention collective, on veut que les mécanismes de
représentation collective fonctionnent. On n'a jamais interdit à
l'employeur de parler avec les employés et de se concerter de discuter
des problèmes d'ordre professionnel. Ce qu'on dit, c'est qu'il y a des
mécanismes collectifs qui doivent fonctionner, et la distinction,
ça ne doit pas être une césure. Les journalistes sont des
journalistes chez nous, des employés syndiqués.
M. Johnson: Simplement pour finir là-dessus. Je vais vous
donner un exemple qu'on peut vivre au niveau du gouvernement. D'accord? Le
ministre du Travail, en principe, est là pour donner des services aux
parties dans un contexte de libre négociation prévue dans le Code
du travail, mais il est aussi membre du Conseil des ministres et, en principe,
solidaire des décisions gouvernementales, par exemple, en matière
de politique salariale dans le secteur public et parapublic. C'est un double
chapeau. Il n'est pas facile à porter, mais c'est un double chapeau, de
la même façon qu'un député est à la fois
législateur et représentant d'intérêts très
particuliers dans son comté. Il va se battre pour que le gouvernement
offre tel type de service dans son comté, mais il va aussi se battre
comme législateur solidaire d'une majorité ministérielle
sur une orientation qui fait que ce n'est pas drôle pour le
député de Sherbrooke de voir la décision gouvernementale
au sujet des autobus GM ou Bombardier, mais il faut qu'il apprenne à
vivre avec ces deux chapeaux.
Ce que je vous demande, c'est: Est-ce qu'un journaliste aussi, des fois,
dans la réalité, ça doit porter deux chapeaux? (17 h
30)
M. Garon (Jean): C'est-à-dire que de la façon que
ça s'exprime... Vous savez comment fonctionne un syndicat. A
l'intérieur d'une salle de rédaction, quand le syndicat prend des
positions collectives, ce sont des positions qui sont décidées en
assemblée générale. Les journalistes sont là comme
individus dans une assemblée générale, et s'ils
décident, par exemple, que le syndicat ne participera pas à tel
type d'entente qui est possible ou qu'on peut prévoir à la
convention, le syndicat décide majoritairement et dit: On ne participera
pas à telle chose. Il y a une décision collective qui se prend.
Je pense que cela va de soi et il n'y a pas de contrainte. De toute
façon, il n'y a pas de contradiction, puisque les employeurs
eux-mêmes ont accepté d'introduire à l'intérieur des
conventions collectives des clauses qu'on appelle les clauses dites
professionnelles. Mais on retrouve à travers chacune des clauses des
implications tant individuelles que collectives qui touchent la profession, le
métier pratiqué par les individus, mais on les a toujours pris
dans une perspective collective et avec des implications individuelles. On ne
voit pas de contradiction entre les deux.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. A la suite d'une question
qui a été posée par mon collègue, le
député de Johnson, tout à l'heure, j'ai cru comprendre que
la partie patronale avait accepté de reconnaître le plancher de
cent emplois. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Beauvais: Non, nous n'avons pas accepté de
reconnaître un plancher de cent emplois. Nous avons accepté de
reprendre, à la fin du conflit, tous les journalistes à l'emploi
du journal Le Soleil.
M. Bellemare: Mais vous m'avez répondu "oui" pour cent,
s'il y en a cent...
M. Beauvais: S'il y en a cent, nous en reprenons cent: s'il y en
a 104, nous en reprenons 104.
M. Bellemare: C'est la question qui a été
posée.
M. Beauvais: D'accord.
M. Bellemare: C'est ce que vous m'aviez répondu. C'est
pour cela que j'ai dit à l'honorable député: Ils m'ont dit
"oui".
M. Beauvais: C'est inscrit dans le texte à 601.
M. Bellemare: Et qu'il n'y aura pas de discrimination à la
reprise de leur emploi.
M. Beauvais: Aucunement.
M. Bellemare: Aucunement. Et que les cent ou 104 seront
repris.
M. Roy: En tout cas, si ce n'est pas écrit dans la
convention, cela va sûrement être écrit dans le journal des
Débats.
Le Président (M. Boucher): M. le député...
M. Roy: J'aurais une dernière question.
Le Président (M. Boucher): Une dernière question,
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Le journal des Débats peut valoir une bonne
convention.
J'aurais une dernière question. Ce matin, on a parlé des
griefs et on a fait état qu'il y avait très peu de griefs.
J'aimerais savoir ce qui arrive lorsqu'il y a des griefs qui sont effectivement
déposés. Est-ce que cela prend du temps avant que les griefs
soient étudiés et examinés? Je ne le sais pas. En
supposant, par exemple, que l'étude d'un grief pourrait être
extrêmement longue, il est évident que cela décourage un
peu les gens d'en faire. Alors, il peut y avoir différentes causes au
fait qu'il y a peu de griefs. La cause principale c'est celle que je
souhaiterais c'est qu'il n'y en ait pas de griefs effectivement, parce
que personne n'a à se plaindre. Deuxièmement, si cela ne donne
rien de faire des griefs comme dans certains endroits, parfois cela
décourage les gens d'en faire. J'aimerais savoir combien de temps cela
peut prendre, en moyenne, pour examiner un grief avant de rendre une
décision.
M. Beauvais: Je n'ai pas de statistiques ici avec moi, M. Roy.
J'aimerais cependant dire que le syndicat a proposé cette année
des modifications à la procédure de règlement des griefs
dans le but de l'accélérer et nous avons accepté cette
accélération. Nous sommes d'accord pour que les griefs fassent
d'abord l'objet d'une discussion au comité conjoint pour tenter de les
régler, parce qu'un règlement est toujours mieux qu'un
arbitrage.
M. Roy: Dans un délai de...?
M. Beauvais: C'est sept jours, je crois. Dans le cas des griefs
d'information, c'est 48 heures. Nous avons des délais extrêmement
courts dans la convention collective. Il peut y avoir des délais plus
longs une fois la demande d'arbitrage faite, mais nous savons les efforts que
le ministère fait pour accélérer les sentences arbitrales
et le nouveau Code du travail a même des dispositions à ce
sujet.
M. Bellemare: Pourquoi les 45 jours dans ce cas-là?
Le Président (M. Boucher): Votre temps est
expiré.
M. Bellemare: C'est vrai.
Le Président (M. Boucher): Votre temps est
expiré.
M. Bellemare: C'est vrai.
M. Roy: Je n'ai pas d'objection, M. le Président. Il peut
le prendre sur mon temps; on n'est pas ici pour trancher le temps à la
hache...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, vous pourrez...
M. Roy: ... au couteau, pas de guillotine, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Si vous acceptez la question,
dites-le; c'est pris sur votre temps.
M. Roy: J'accepte, j'accepte. Comme j'ai accepté pour le
ministre tout à l'heure. Si cela peut apporter de l'éclairage,
apporter du soleil, je n'ai rien contre cela.
Le Président (M. Boucher): D'accord. M. le
député de Johnson, M. le député de Beauce-Sud
accepte.
M. Bellemare: C'est fini, c'est fini. J'ai demandé
pourquoi les 45 jours dans la convention.
M. Beauvais: Pardon?
M. Bellemare: 45 jours dans la convention.
M. Beauvais: Cela a été rédigé avant
les amendements au Code du travail. C'est une clause sur laquelle on
s'était entendu il y a un certain temps déjà.
M. Bellemare: Oui? M. Beauvais: Oui.
M. Roy: J'aimerais avoir les commentaires ce sera ma
dernière question de M. Garon à ce sujet.
Le Président (M. Boucher): M. Garon.
M. Garon: Là-dessus, je pense qu'il y a une distinction
à faire entre la procédure de grief comme telle, qui tend
à se standardiser quant au délai, et le règlement des
griefs. On a deux cas patents chez nous; le cas du grief d'Anne-Marie Voisard,
qui s'est rendu en Cour suprême, mais qui, après plus de trois
ans, n'a pas trouvé son règlement final. Il y a également
le cas de deux correcteurs de copies qui ont été
déplacés de la salle de rédaction à l'étage
de la photocomposition; ce grief a été logé en
décembre 1975 et le
cas n'est pas encore réglé. Donc, la procédure,
à ce moment-là, c'est exclusivement une mécanique. On peut
passer à travers, mais, compte tenu qu'il y a des recours, qu'il y a
tous les recours possibles et impossibles avant un règlement final de
grief, c'est le statu quo ante. C'est dans ce sens qu'on le soulignait ce
matin. Le statu quo ante a une signification dans la mesure où on
s'assure qu'il y ait un règlement rapide, et, dès que vous avez
le statu quo ante, les parties sont intéressées encore à
accélérer le processus et à en arriver à un
règlement. C'est le sens de notre intervention quant aux griefs.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. Je vais donner la parole aux membres
situés à ma droite, dans l'ordre, au député de
Taschereau, après, ce sera le député de Joliette-Montcalm
et le député de Sainte-Marie, compte tenu de la limite de temps
qu'on a adoptée ce matin, je demande qu'on respecte les quinze minutes
le plus possible.
M. Guay: Une des quatre questions qui ont été
soulevées par le syndicat, comme étant le noeud du conflit...
Vous n'entendez pas? Une des quatre questions qui ont été
soulevées par le syndicat comme étant au coeur du conflit, porte
sur ce que le syndicat appelle les clauses anticoncentration,
c'est-à-dire, si j'ai bien compris, les chroniques
régulières que le Soleil revend à d'autres quotidiens.
Soit M. Beauvais ou M. Garon, est-ce que l'un ou l'autre pourrait nous donner
la liste de ces sept chroniques? Il y a sans doute MM. Poliquin et Lesage qui
sont là-dedans, j'imagine, mais les autres, j'avoue que cela ne me
semble pas évident, et j'aimerais bien qu'on nous éclaire
là-dessus.
M. Beauvais: On pourrait ajouter M. Larochelle aux deux noms que
vous venez de mentionner.
M. Guay: C'est au service des sports? M. Beauvais: C'est
cela. M. Guay: Cela en fait trois. M. Beauvais: Oui.
M. Guay: Le syndicat mentionne sept chroniques
régulières, à la page 8 du mémoire du syndicat.
M. Garon (Jean): II y a la chronique du professeur Jissé,
qui est une chronique d'énigmes, il y a la philatélie, il y a la
chronique sur les chats, chiens, chevaux et animaux de tous genres.
M. Guay: Est-ce que la quatrième est de cet
ordre-là?
M. Garon (Jean): Oui. Il y avait la chronique de Jean-Claude
Tremblay. Il y avait également, plus épisodiquement, une
chronique sur les mines, qui était de Jacques Forget, qu'on retrouvait
dans le Quotidien de Chicoutimi.
M. Guay: La raison pour laquelle je pose cette question, c est
que les restrictions que semble vouloir apporter le syndicat à la
diffusion de ces chroniques, en tout cas au moins un certain nombre, je passe
sous silence les chats, les chiens et les poissons, ceux-là, je pense
que ce n'est pas bien grave, mais si on prend les deux ou les trois plus
connues, celles qui existaient, Jean-Marc Poliquin, M. Larochelle et Gilles
Lesage, le syndicat me corrigera, le cas échéant, il me semble
que le résultat de la non-diffusion de telles chroniques, qui sont des
commentaires d'actualité, des analyses en profondeur de
l'actualité, par des journalistes qui, au fil des annés ont
acquis une certaine expérience et un certain renom, si on ne les diffuse
pas, ou si on ne peut pas les diffuser ailleurs au Québec, c'est qu'on
risque de voir les journaux québécois francophones acheter et
traduire ou acheter la traduction française et cela sans aucune
restriction. La Presse pourra publier, le Soleil pourra le publier, le
Nouvelliste, la Voix de l'Est, ainsi de suite des analyses politiques de
la politique fédérale faites par des commentateurs du Canada
anglais je pense à Richard Gwynn, ou à Jeffrey Stevens, ou
à d'autres si bien que, d'une part, les meilleurs journalistes ou
les journalistes "syndicated columnists" comme on les appelle, ceux parmi les
meilleurs journalistes francophones qui en sont rendus à l'étape
de leur carrière où ils sont des analystes et des commentateurs,
une, deux, trois fois par semaine, je ne sais pas, ne pourront pas être
lus en dehors de la zone de diffusion du journal pour lequel ils travaillent en
exclusivité. Par contre, on admet, sans aucune restriction, que les
mêmes "columnists" mais du Canada anglais, puissent être lus
à la grandeur du Québec, ce qui veut dire que l'analyse que les
Québécois, dans l'ensemble du Québec, risquent d avoir, de
la politique fédérale en particulier, ce sera la traduction
française des columnists " du Canada anglais. Est-ce qu'il n'y a pas
là un danger, en ce qui a trait au droit du public à
I'information, je veux dire le droit du public à l'analyse de
l'information, l'analyse de l'événement, peut-être pas de
l'information brute, mais à l'analyse de l'événement?
M. Garon (Jean): La réponse qu'on peut faire, c'est que
dans les faits, la prolifération de ce type de chronique fait que, dans
une certaine mesure, l'information brute comme telle disparaît
elle-même. On a donné l'exemple du Nouvelliste qui n'a pas
remplacé son chroniqueur à l'Assemblée nationale, qui
jouit évidemment des services de la chronique de Gilles Lesage. On l'a
toujours souligné, on ne met pas en question la qualité
professionnelle du travail de ces personnes, mais l'effet premier, c'est
ça, c'est une des formes de la concentration de la presse.
Ce qu'on dit, c'est que bien loin d'assurer une diversité
d'information, ça tend plutôt à l'unicité de
l'information. Parce qu'on se retrouve... que ce soient les commentaires qui
viennent d'Ottawa ou de l'Assemblée nationale à Québec, le
public lecteur du Quotidien de Chicoutimi, du Soleil de Québec, de la
Tribune de Sherbrooke, du Nouvel-
liste de Trois-Rivières et du Droit d'Ottawa, a un seul et
même commentaire sur la vie politique à l'Assemblée
nationale ou à la Chambre des communes.
On ne pense pas, quand ça sert comme fins premières,
d'éviter à ces entreprises... et il faut aussi voir à qui
appartiennent ces journaux, quand on pense au Nouvelliste, quand on pense
à la Tribune, ça appartient à Paul Desmarais. Quand on
pense au Soleil, au Quotidien de Chicoutimi, ça appartient aussi
à Jacques Francoeur. Je ne crois pas que ces entrepreneurs soient
actuellement dans la dèche, malgré les conflits en cours.
Donc, quand on prend la décision de ne pas avoir un journaliste
du Nouvelliste à l'Assemblée nationale, c'est une décision
économique qui est servie évidemment...
M. Guay: Si vous permettez, si je peux vous arrêter
là-dessus. L'exemple que vous donnez, je suis parfaitement d'accord avec
vous qu'il n'y a pas de raison que le Nouvelliste n'ait pas de chroniqueur
parlementaire à l'Assemblée nationale, il n'y a aucune raison que
la dimension mauricienne de la nouvelle nationale, de ce qui se passe à
l'Assemblée nationale ne soit pas traitée et qu'il n'y ait pas
quelqu'un ici pour le faire, c'est évident.
Mais est-ce qu'il n'y a pas aussi moyen de trouver une formule de
compromis? En ce sens que la chronique de Gilles Lesage ne constitue pas des
informations, ce qu'on appelle le "hard news" en anglais, c'est une analyse, ce
n'est pas l'information quotidienne que les journalistes et reporters
véhiculent ou que les agences de presse véhiculent, d'une
part.
D'autre part, est-ce que le fait de ne pas permettre la diffusion de
telles analyses quand elles peuvent bénéficier au public
lecteur dans l'ensemble du Québec, ce sont quand même, dans la
plupart des cas, des analyses de qualité qui sont extrêmement
intéressantes et dont peut bénéficier l'ensemble des
citoyens qui lisent les quotidiens québécois de les
restreindre à un seul journal, d'abord, ne prive pas le public à
l'extérieur de ce journal du droit ou, en tout cas, de
l'intérêt qu'il pourrait éprouver à lire ces
chroniques dans la mesure où on les distinguerait non seulement dans la
facture, mais peut-être aussi dans le temps, de l'information brute? De
plus, est-ce que le fait de restreindre ces chroniqueurs à un seul
journal ne risque pas de compromettre l'existence même de ces analystes,
étant donné que généralement, ils commandent des
salaires assez élevés qui sont compensés, si je ne
m'abuse, par le fait de pouvoir les revendre.
M. Garon (Jean): II est évident qu'actuellement, dans la
situation qu'on connaît, c'est justement parce qu'ils existent, qu'on ne
remplace pas les journalistes. Il y a une relation de cause à effet
entre les deux. C'est évident que dans une situation... posez
l'hypothèse, où on se retrouve dans une situation où les
journaux remplissent, de façon la plus complète possible et en
faisant tous les efforts, leur fonction de journaux et de diffuseurs
d'information et que les journaux régionaux, on ne peut pas... Il
faudrait qu'on nous prouve...
M. Guay: M. Garon...
M. Garon (Jean): ... que le Nouvelliste et la Tribune ne sont pas
capables de se payer les services de journalistes à temps plein.
M. Guay: M. Garon, il y a une distinction entre un journaliste
à temps plein...
M. Garon (Jean): Oui, c'est interdit à la Presse, au
Montréal-Matin, au Journal de Montréal, à
l'extérieur du consortium...
M. Bellemare: La vente des textes. M. Garon (Jean): Oui,
au Droit aussi.
M. Guay: Ce n'est peut-être pas non plus la trouvaille du
siècle, pour employer l'expression connue. J'ai dit que ce
n'était peut-être pas non plus la trouvaille du siècle, le
fait d'avoir cette restriction systématique. Je ne dis pas qu'on devrait
aussi permettre la libre circulation absolue, je ne parle pas de ça,
mais il y a peut-être aussi moyen de trouver un modus vivendi, comme
disait le député de Johnson.
M. Bellemare: Mutatis mutandis.
M. Guay: Le chroniqueur du Nouvelliste auquel vous faites
allusion, c'était un reporter, tout d'abord, ou un analyste, qu'on n'a
pas remplacé? (17 h 45)
M. Garon (Jean): C'est un reporter, mais qui finissait par faire
des analyses, par produire des analyses. Le journaliste qui couvre
l'Assemblée nationale ne se contente pas exclusivement de traduire les
faits bruts. Il fait ce travail-là, mais il fait aussi de
l'interprétation, il fait de l'analyse, il fait du commentaire. Il n'est
pas limité à la seule fonction de dire: J'ai vu, cet
après-midi, M. X, ou j'ai entendu M. X dire telle chose. Au bout de la
semaine, il fait la somme de ces interventions et il fait des commentaires et
des analyses.
Ce journaliste n'existe plus et la chronique, actuellement, dans le
contexte où on se retrouve, sert à remplacer... Posez une autre
hypothèse. La raison pour laquelle il existe des consortiums et que la
concentration se fait, se réalise, c'est pour profiter des
économies d'échelle qu'offre cette solution.
On va poser l'hypothèse à l'autre limite; on va se
retrouver avec un chroniqueur à l'Assemblée nationale qui va
desservir tout le monde, et un chroniqueur à la Chambre des communes qui
va desservir tout le monde. Si la protection n'existait pas ailleurs...
M. Guay: Dans l'absolu, si on passe à l'autre
extrême. Remarquez bien que je n'ai rien contre une certaine restriction.
Je cherche tout simple-
ment un moyen pour que cette restriction n'aille pas aussi à
l'encontre du droit du public à bénéficier de ces
analyses. Est-ce que vous avez déjà songé, par exemple,
à ce que cette restriction se situe, dans le temps, beaucoup plus... Que
ce soit non pas une restriction absolue, il n'y a absolument aucun droit,
à moins d'accord avec le syndicat, ce qui est votre proposition, si je
ne m'abuse...
M. Garon (Jean): Entre l'employeur, l'employé et le
syndicat. Les trois. C'est ce qui existe ailleurs aussi.
M. Guay: D'accord. Est-ce qu'on a déjà songé
plutôt à en limier la diffusion soit en quantité, soit dans
le temps? Par exemple, les chroniques de Lesage et de Poliquin dans le Soleil.
Si elles ne sont pas reproduites le même jour dans les autres quotidiens,
s'il y a même un délai de prévu, cela ne concurrence pas la
nouvelle brute, cela n'enlève pas le besoin, pour le Nouvelliste,
d'avoir un reporter commentateur sur place qui, lui, va alimenter
quotidiennement le journal de Trois-Rivières.
M. Garon (Jean): Oui. Mais pour ce problème-là
comme pour le reste, on s'est retrouvé face à des fins de
non-recevoir. Il n'y a aucune solution de compromis. C'est évident que
la solution qui était la nôtre au début, on l'a
reformulée avec le temps, pour se coller peut-être plus à
la réalité qui existe dans les autres quotidiens. Mais on n'a pas
eu de contre-proposition là-dessus. C'est le texte, avec la modification
apportée par le médiateur, qui dit: Si l'employé y
consent. Mais sur le principe comme tel, il n'y a eu aucune contre-proposition
qui aurait peut-être permis d'en arriver à une solution de
compromis. Mais on n'a jamais vu la couleur de cela. Je pense que le syndicat a
fait amplement de ces compromis et de ces modifications.
M. Guay: Est-ce que le syndicat est ouvert à une solution
de compromis?
M. Garon (Jean): Le syndicat a toujours été ouvert
à la négociation; c'est évident qu'on n'est pas en train
de négocier ici; donc, il faudrait qu'on ne soit pas face à un
refus de négocier, de toute façon, pour l'ensemble comme pour ces
points. C'est évident.
M. Guay: J'ai l'impression, M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Taschereau, compte tenu du temps, si d'autres collègues désirent
intervenir...
M. Guay: C'est ma dernière intervention, je termine. Je
voudrais simplement souligner que, dans ce domaine-là comme dans
d'autres, pour les ententes particulières, le plancher d'emploi ou le
statu quo ante, autant les positions peuvent sembler, a priori,
irréconciliables, autant j'ai l'impression qu'en mettant un peu d'eau
dans son vin de part et d'autre, il y a moyen d'en arriver à une
solution. Par exemple, dans les ententes particulières, que le syndicat
soit informé, il y a les modalités de l'information qu'il reste
peut-être à déterminer, mais cela me semble aller de soi.
Je ne sais pas si... Cela m'étonnerait que la direction du Soleil
s'oppose très farouchement à cela.
Bref, je pense que, pour peu que l'on ne se retranche pas dans des
positions où on dit: Ces quatre points, de la part du syndicat, ce n'est
pas négociable et il nous faut absolument tout cela ou on ne reviendra
jamais au travail; et que, du côté patronal, on ne dise pas: La
négociation est finie, j'ai l'impression qu'il y a moyen d'en arriver
à des aménagements qui feraient que, finalement, et en
particulier dans la région de Québec, parce que c'est quand
même le public de la capitale nationale qui est privé depuis neuf
mois de son principal quotidien, dans la capitale nationale, les
Québécois pourraient retrouver cet outil essentiel d'information.
J'espère bien que, si on peut arriver à cela, quand on arrivera
à la question de savoir les modalités de l'information du
syndicat sur les ententes particulières et la mécanique et la
quincaillerie beaucoup plus que les grands principes, on ne fera pas un mois ou
deux mois de plus de grève sur le dos du public, simplement
là-dessus. J'ai l'impression qu'il y a moyen. L'entente n'est pas si
lointaine que cela, aussi "irréconciliable" que cela, en tout cas
d'après les propos que j'ai entendus ici aujourd'hui.
Pour ma part, je vous invite, et la direction du Soleil et les
syndicats, à tenter un ultime effort, parce que l'enjeu est trop
important.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je commencerai par quelques
questions et je terminerai par certains commentaires. Ma première
question s'adresse à M. Beauvais. Je voudrais savoir quel est le taux de
roulement chez les journalistes, annuellement; le pourcentage.
M. Beauvais: Environ 4% à 5%.
M. Chevrette: 4% à 5%. Vous avez bien dit tantôt, en
réponse à une question du député de Johnson, que si
les 104 journalistes entraient, vous les prendriez à nouveau le
lendemain matin.
Cependant, pour ma part, il ne m'est pas apparu aussi clair que c'est
apparu au député de Beauce-Sud et au député de
Johnson que vous assuriez un plancher, en ce sens que si 90 journalistes
reviennent, vous en reprenez 90, même s'il en existait 104. Il n'est pas
du tout obligatoire, en vertu même du rapport du médiateur, que
vous deviez vous rendre à 104. Ai-je bien compris?
M. Beauvais: Vous avez très bien compris.
M. Chevrette: Avec la clause des mutations ou de la fusion des
sections à l'intérieur de la convention collective, s'il en
revenait 80, vous
pourriez affecter à diverses sections plusieurs journalistes,
parmi les 90 qui reviendraient, par exemple?
M. Beauvais: C'est une vision...
M. Chevrette: Théoriquement, je parle toujours sur le plan
théorique.
M. Beauvais: ... M. le député, théorique.
Oui, sur un plan théorique, ce serait possible; sur le plan pratique,
c'est difficile à envisager.
M. Chevrette: Mais sur le plan théorique, selon la clause
qui est offerte présentement, vous pourriez, avec les pouvoirs qui sont
dévolus en vertu de la dernière position, affecter des individus
sans qu'il y ait de refus, avant la sentence arbitrale, si j'ai bien
compris...
M. Beauvais: C'est exact.
M. Chevrette: ... ce qui voudrait donc dire qu'il pourrait y
avoir une quinzaine de journalistes qui se verraient affectés à
une double tâche pour une période d'un mois, deux mois, trois
mois, suivant le temps du grief et de la sentence arbitrale.
M. Beauvais: M. le député, je ne vois pas comment
on pourrait leur donner une double tâche. Ils auraient une simple
tâche à un endroit différent.
M. Chevrette: Vous ne pourriez pas combiner certaines
activités à l'intérieur des sections, puisque vous avez le
pouvoir de fusionner des sections en vertu de l'article 4.14 au dernier
paragraphe?
M. Beauvais: Des modifications comme celles-là, au niveau
des assignations, cela se fait couramment. Il n'y a rien de particulier
à cela. Etant donné la mobilité du secteur dans lequel on
se trouve, s'il arrive trois gros congrès dans la province en même
temps, il y a des gens qui, habituellement, ne couvrent pas un congrès
pour tel sujet, qui vont aller le couvrir pour ce sujet. Il y a une semaine de
32 heures ou plus, et parfois du travail supplémentaire.
M. Chevrette: Non, mais je pense à un chroniqueur
syndical, par exemple, actuellement, qui couvrirait les congrès des
centrales syndicales et, à l'intérieur de ses 32 heures, puisque
vous avez aboli la section de la condition féminine, vous pourriez lui
demander d'aller couvrir un congrès de la condition féminine.
M. Beauvais: II existe un "pool" général pour voir
à ce genre de besoin. Il y a une trentaine de journalistes dans le
"pool" général justement pour aller couvrir ce qui n'est pas
spécifiquement prévu. Tous les secteurs ne sont pas
spécialisés.
M. Chevrette: Je me permets tout d'abord un commentaire. J'ai
l'impression cela transpire de vos textes et même de vos
mémoires qu'il y a de la stratégie en ce sens que le
syndicat n'obtenant pas un plancher fixe à l'intérieur de la
convention collective, à savoir que nous sommes 104, nous voulons avoir
un minimum de 104 tout le temps, il se retourne et dit: D'abord, on va
maintenir des sections, ce qui est un moyen d'aller chercher une
sécurité d'emploi que vous ne pouvez pas leur donner en vertu de
la clause de la sécurité d'emploi qui est négociée
à l'article 7.
Puisque vous n'assurez pas un plancher minimal, j'ai l'impression,
l'intuition, pour avoir négocié quelques conventions... les
clauses d'une convention ne sont pas isolées les unes des autres. Une
convention, c'est un tout. Quand on ne peut pas obtenir quelque chose dans une
clause, on essaie de se reprendre avec les autres clauses pour atteindre
l'objectif qu'on recherche, à savoir la sécurité d'emploi
pour une centaine de personnes pour venir à bout d'assurer une
tâche constante et non pas une augmentation de tâches.
M. Beauvais: M. Chevrette, quand on a négocié la
dernière convention en 1973, c'est exactement la thèse qu'avait
soutenue le syndicat. Trois ans plus tard, nous avons plus de journalistes au
Soleil qu'on en avait à ce moment-là.
M. Chevrette: Ce n'est pas écrit. C'est peut-être
dans les faits, mais par écrit, cela n'existe pas.
M. Beauvais: Nous ne savons pas quel sera l'avenir. Une fois
qu'on aura rentré une clause avec 100 ou 90 journalistes dans une
convention, nous ne connaissons pas la conjoncture économique pour les
quinze années à venir, mais nous connaissons les syndicats et
leurs droits acquis. Ils n'iront pas négocier à 99 la fois
suivante, à moins de se ramasser dans un conflit. C'est à ce
principe qu'on en a.
M. Bellemare: ... 93.
M. Beauvais: A Montréal-Matin, cela a été un
des problèmes de la négociation, tout le monde le sait.
L'approche qui a été prise par le médiateur, c'est
d'identifier des objectifs et de dire: Très bien, vous allez vous
engager à couvrir des secteurs, vos sections vont être connues.
Vous discuterez avec le syndicat s'il y a des changements dans les sections et
vous allez assurer une certaine qualité d'information. Cet ensemble de
mesures remplit les objectifs, sans qu'on dise: II va y avoir 100 journalistes
dans la salle.
Maintenant, sur le plan de la sécurité d'emploi, nous
savons très bien qu'il va en revenir au moins une centaine, avec le bas
taux de roulement. Quand il y a un départ à la page
financière, le lendemain matin, il faut trouver quelqu'un pour la page
financière. Il y a des spécialités dans cela. Tout
mouvement d'attrition n'implique pas nécessairement la
possibilité de diminuer le nombre de journalistes à notre
emploi.
M. Chevrette: Ce matin, le porte-parole syndical a dit que vous
aviez admis en négociation que vous n'atteigniez même pas 3% en
termes d'engagement de l'extérieur, que cela ne totalisait pas 3% ou
à peu près 3%. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Garon (Jean): Cela touchait les collaborateurs, les pigistes.
C'est-à-dire le pourcentage de la masse salariale qui était
consacré à l'utilisation de collaborateurs et de pigistes.
M. Chevrette: Dans votre dernière demande au niveau
syndical, vous demandez 2 1/2%?
M. Garon (Jean): Non, cela est sur le pourcentage...
M. Chevrette: C'est sur le pourcentage...
M. Garon (Jean): ... que l'entreprise doit donner au syndicat,
doit verser au syndicat. Le pourcentage, c'est 6%.
M. Chevrette: D'accord. Dans les ententes particulières,
vous avez dit ce matin, M. Beauvais, qu'il y avait un article 10 ou un autre
je ne me souviens plus, je n'ai pas pu le prendre où vous
ne pouviez pas conclure d'entente particulière en-deçà des
heures, en-deçà des salaires fixés dans la convention
collective. A partir du fait qu'il y a une obligation formelle pour l'employeur
de ne pas conclure d'entente particulière en-deçà des
clauses bien spécifiques du contrat collectif, quelle est votre raison
fondamentale pour refuser la présence d'un délégué
syndical quand vous vouliez, par une autre clause à l'intérieur
de cette même convention... pour ne pas aller en-deçà des
clauses négociées?
M. Beauvais: Sur tout ce qui concerne l'interprétation ou
l'application de la convention, y compris les modalités d'application de
certaines clauses qui ne peuvent être précisées de A
à Z, étant donné le caractère particulier d'une
salle de rédaction, nous voulons la liberté de pouvoir rencontrer
quelqu'un et de discuter de problèmes professionnels ou de faire des
ententes, sans que, nécessairement, il y ait un représentant
syndical. Nous avons accepté la partie proposée à nouveau
par le médiateur en ce qui concerne la vente de textes. Vous avez vu que
dans le cas de vente de textes, on ne peut pas en vendre sans le consentement
du journaliste. Le médiateur a ajouté une phrase pour dire: Si le
journaliste le désire, il se fait accompagner d'un représentant
syndical. En dehors de cela, nous ne voyons pas l'objectif syndical du
tout.
M. Chevrette: Vous parlez au niveau des discussions
préliminaires qu'il peut y avoir, mais la clause pourrait aussi bien
être interprétée au moment où vous concluez une
entente particulière, que le représentant du syndicat soit
là. Est-ce que vous auriez des objections dans ce sens?
M. Beauvais: Une clause sur quel sujet, M. Chevrette?
M. Chevrette: Vous dites que vous voulez avoir la liberté
de pouvoir discuter d'une façon informelle avec quelqu'un pour conclure
une entente. Vous pourriez tout aussi bien le faire dans un restaurant ou dans
une auberge quelconque et je pense bien que le syndicat ne le saurait
même pas. Ce que je veux savoir, c'est au moment où vous concluez
véritablement une entente, au moment où vous êtes rendus
à la conclusion même de l'entente, est-ce que votre argumentation
tient encore?
M. Beauvais: Surtout...
M. Bellemare: Par chance qu'on ne l'a pas
réglé.
M. Beauvais: Pardon?
M. Bellemare: Ce serait une prudence, parce qu'après, le
problème ne serait pas réglé. Oui, certain...
M. Beauvais: Toutes les ententes dans le cadre formel de la
convention, des dispositions appropriées ont déjà
été négociées, ne créent pas de
problème. Celle qui garde un problème, c est la clause 102, sur
des questions non prévues à la convention, sur ce qu'on aurait pu
oublier dans la convention; mais sur toutes les questions prévues
à la convention, le syndicat peut avoir son représentant.
M. Chevrette: Vous dites: Toute entente doit être
constatée par écrit, communiquée au syndicat par
écrit dans les deux jours qui suivent la décision.
M. Beauvais: Toute entente dérogatoire aux dispositions de
la convention. C'est le texte du Devoir.
M. Chevrette: Aux dispositions de la convention. Je prends des
problèmes concrets qui sont déjà arrivés dans
d'autres secteurs d'activité, même dans le secteur privé.
Il est facile, pour un employeur... D'abord, le Code du travail lui-même
permet toujours de payer, d'une façon supérieure au contrat
collectif, parce que le contrat collectif est un minimum et non un maximum,
mais je suppose que l'employeur, dans chaque salle de rédaction ou dans
chaque service de son entreprise, engage quelqu'un et donne des avantages
passablement avantageux à un individu, par rapport à un groupe
d'individus pour des emplois pratiquement similaires, même si c'est du
temps partiel. (18 heures)
Je pense, moi, que vous avez avantage à ce que ce soit
discuté avec le syndicat pour éviter précisément
qu'il se crée de l'animosité entre les travailleurs de ce service
et l'individu que vous
engagez. Sinon, vous risquez de contribuer à dégrader le
climat à l'intérieur du service. Il me semble que cela, c'est
admis dans le secteur public et parapublic, c'est admis dans plusieurs
entreprises privées présentement. Je me demande s'il n'y aurait
pas lieu, vraiment, d'introduire une clause si vous n'aimez pas celle
qui est là qui aurait pour objectif de démontrer vraiment
que vous ne voulez pas, à l'intérieur du contrat collectif, vous
garder des prérogatives visant à exercer du favoritisme en dehors
du contrat collectif.
M. Beauvais: M. Chevrette, sur chacun des cas concrets qui ont
été soulevés par le syndicat sur des questions comme
celles que vous venez de mentionner, nous avons accepté des clauses dans
la convention. A titre d'exemple, si nous voulons avoir une collaboration
continue, nous devons d'abord aller en discuter au comité conjoint. Si
nous engageons des employés à temps partiel, nous devons en
informer le syndicat. Le nombre des employés à temps partiel est
rigoureusement limité à un nombre infime dans la convention. Le
syndicat est informé de tout ce qui se passe.
M. Chevrette: Je comprends, mais, monsieur, je pourrais vous
donner un exemple assez stupide. Vous pourriez engager un employé
temporaire, à l'intérieur du nombre permis dans la convention et
lui offrir une automobile. Là, le gars arrive avec l'auto du Soleil, il
se promène...
M. Beauvais: ...
M. Chevrette: Cela crée un climat épouvantable
à l'intérieur d'un service, et vous vous ramassez, au prochain
contrat collectif, avec une demande, que vous aurez vous-mêmes
suscitée, d'une façon indirecte, peut-être sans le vouloir,
mais vous l'aurez suscitée, parce que vous n'avez pas
préalablement discuté avec les représentants du
syndicat.
Je vais me permettre un simple commentaire, parce que je sais qu'il y en
a d'autres qui veulent parler. Je regrette, parce que j'aurais eu encore
quelques questions. J'en avais une autre au représentant syndical aussi,
mais...
Personnellement, M. le Président, quand je vois qu'on
considère que la médiation est faite, que la négociation
est terminée, on est un peu masochiste que de chercher à tendre
des perches pour un règlement. J'aimerais bien arborer tout l'optimisme
du député de Johnson, mais, personnellement, la seule
façon de régler, ce serait peut-être, dans le cas
présent, de prendre sa vieille formule, les placer dans une salle
verrouillée.
M. Bellemare: Ah oui!
M. Chevrette: ... monter le thermostat à 90
degrés...
M. Bellemare: Ah Ça, je proteste!
M. Chevrette: ... leur donner des sandwiches...
M. Bellemare: Je proteste contre le thermostat.
M. Chevrette: ... en leur promettant un steak à la
signature.
M. Bellemare: La barrure, ça, c'est vrai.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Joliette.
M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, j'aurais, au départ,
une question à poser à M. Garon, à la suite de quoi je
vais faire une intervention parsemée de questions à chacune des
parties. Je leur demanderais de les prendre en note et d'y répondre
à la fin.
M. Garon, le comité conjoint, est-il réglé
actuellement? S'il est réglé, est-il identique ou semblable, en
tout cas... Est-ce qu'il fonctionne de la même façon que dans la
convention collective passée?
M. Garon (Jean): Le comité adjoint, qui est à
l'article 11.02, que vous retrouvez à la page 29 du document jaune, le
paragraphe 11.02a...
M. Bisaillon: Je m'excuse, M. Garon... M. Garon (Jean):
Oui.
M. Bisaillon: ... je pense que vous alliez être
tenté de me répondre en vertu de vos demandes par rapport au
texte patronal, ce que je ne veux pas...
M. Garon (Jean): Ce n'est pas réglé de façon
effective. Ce qu'on a fait, c'est de maintenir les pouvoirs que le
comité conjoint avait par le passé, c'est-à-dire depuis
1968, en y ajoutant la notion introduite par le médiateur, qui est celle
du grief ouvert. Autrement dit c'est le premier paragraphe de notre
texte le comité conjoint a pour rôle de statuer sur toute
question soumise par l'une ou l'autre des parties qui est susceptible de faire
l'objet d'un grief tel que défini aux clauses 11.07 et 11.14 de la
convention...
M. Bisaillon: Bon! Je vais poser ma question autrement.
Pouvez-vous me faire la différence entre le comité conjoint qui
existait dans l'ancienne convention collective et ce qui s'appelle "texte
patronal" sur la feuille qu'on a ici? Quelles sont les différences?
M. Garon (Jean): La différence avec l'ancienne convention
collective?
M. Bisaillon: Oui.
M. Bellemare: ... sujet, maintenant, à l'article b): Le
comité a aussi un rôle pour discuter de toute autre question qui
est soumise par l'une ou l'autre des parties. C'est la différence.
M. Garon (Jean): L'ancienne convention traitait de toute question
concernant l'application ou
l'interprétation de la convention. Ce qu'il y a dans notre
nouveau texte, c'est en vertu du grief ouvert. Autrement dit, tout ce sur quoi
on peut loger un grief peut faire l'objet de discussions au comité
conjoint. Donc, cela dépasse, d'une certaine façon, la stricte
notion d'interprétation et d'application de la convention.
Une Voix: Comité de relations professionnelles.
M. Garon (Jean): Parce qu'il faut le voir également en
regard du texte du médiateur. Notre 11.02a, c'est la même chose
que le 11.02 du texte du médiateur. Comme c'est le texte patronal, je
pense qu'il devrait y avoir effectivement entente. C'est sur le reste que cela
achoppe; on n'a pas voulu limiter, puisque maintenant on a un grief ouvert,
l'application, le droit de grief dans le cas du comité conjoint, comme
cela est fait dans la contre-proposition patronale et, en partie, dans le texte
du médiateur. Les relations entre les parties, selon nous, c'est un
sujet qui est soumis au grief; les relations entre les parties, c'est
l'ensemble de la convention.
Or, dans la contre-proposition, dans le texte du médiateur, il y
a un certain nombre de points qui sont éliminés du grief.
Evidemment, ce sont des droits de grief qu'on avait auparavant; donc, on veut
les conserver, c'est bien évident.
Par rapport au premier paragraphe qui dit: On peut discuter de tout ce
qui est sujet au grief ouvert, donc, cela veut dire à peu près
tout. On ne voit pas pourquoi on exclurait la possibilité de loger des
griefs et de les énumérer comme cela: relations entre les
parties, conditions d'exercice de la liberté de la presse au Soleil. Si
on pense que tout l'article 7 le début de l'article 7, en
particulier donne le droit au grief sur les quatre principes qui sont:
le droit du public à l'information, libre exercice de la profession de
journaliste... on ne peut pas l'exclure, par ailleurs, dans le comité
conjoint, en disant que ce sujet de discussion ne peut pas faire l'objet d'un
grief. On a voulu clarifier la situation. Mais on ne demande pas dans notre
texte de nouveaux pouvoirs pour le comité conjoint; c'est la
façon simple.
M. Bisaillon: M. le Président, êtes-vous d'accord
avec l'explication qui a été donnée?
M. Beauvais: Peut-être que je pourrais simplifier la
question...
M. Bisaillon: La réponse.
M. Beauvais: La réponse. Quand nous avons
déclaré ce matin que le journal Le Soleil était
disposé à faciliter la communication sur un texte comme
celui-là, l'aménagement technique peut être très
simple. La différence fondamentale entre le comité conjoint de
l'ancien texte et le nouveau est la conséquence du grief ouvert. C'est
que, maintenant, il va siéger comme comité de grief chaque fois
que le syndicat va juger à propos de loger un grief, non seulement sur
l'interprétation et l'application de la convention, mais sur toutes les
autres questions concernant les relations de travail, d'emploi ou de
bien-être des employés. C'est la différence fondamentale.
Nous sommes disposés à ouvrir le dialogue à ce sujet; il
n'y a pas de problème.
M. Bellemare: ... il n'y a pas de droit de vote M. Beauvais:
Non. M. Bellemare: Bon.
M. Beauvais: C'est une phrase que le syndicat voudrait faire
ajouter. Il n'y a pas de problème à ce sujet.
M. Bisaillon: A ce sujet, il y a encore une marge de manoeuvre
quant à l'aménagement interne au niveau du...
M. Beauvais: Oui, monsieur.
M. Bisaillon: Je vais revenir tantôt sur l'utilisation
possible du comité conjoint. M. le Président, je voudrais
souligner que l'historique que la partie patronale nous a fait dans son texte
de ce matin nous fait évidemment comprendre le conflit qui existe au
Soleil, mais par rapport au passé. La partie patronale est
remontée d'assez loin pour nous expliquer le moment où on en est
rendu aujourd'hui. Quant à moi, je voudrais surtout m'attacher à
aujourd'hui pour savoir où on en est rendu et où on peut aller
avec la marge de manoeuvre qui peut rester. Pour moi, qui prends connaissance
aujourd'hui du texte que vous nous présentez ou des textes que vous nous
présentez, il est peu utile de savoir qu'en 1973, cela se passait de
telle façon et, en 1968, cela se passait de telle façon, sauf
peut-être pour me faire comprendre qu'il y a peut-être un paquet de
demandes syndicales qui se sont retrouvées dans les demandes originales
et qui étaient justifiées par un climat qui pouvait exister ou
une façon de procéder contre laquelle on pouvait en avoir.
Par ailleurs, à leur face même, les documents qui nous sont
présentés démontrent qu'il y a eu un énorme
progrès qui a été fait par le syndicat quant à ses
demandes initiales par rapport à la position où il se retrouve
aujourd'hui. Qu'est-ce que c'est pour nous, la position où on se
retrouve, c'est qu'un médiateur a soumis un rapport que la partie
patronale accepte et le syndicat, dans son document, nous déclare qu'il
y a près de 70% ou 75% des clauses soumises par le médiateur
qu'il accepte telles quelles lui aussi? Sur la balance, parce que c'est cela
qui nous sépare, c'est la différence entre de nouvelles demandes
reformulées, améliorées, enlevées, bien souvent,
par rapport aux demandes initiales, que le syndicat présente par rapport
à la position du médiateur, donc à la position patronale.
C'est cela qui nous sépare.
Dans ce qui nous sépare, j'ai fait le bilan des points qu'on
pourrait qualifier d'accrochages ma-
jeurs, ententes particulières, plancher d'emploi, statu quo ante,
circulation des textes, etc. Là, je me pose un certain nombre de
questions parce que, à partir des suggestions qui ont été
faites par la commission parlementaire, à partir de plusieurs remarques
que M. Beauvais a faites et de quelques remarques aussi que M. Garon a
lancées tout au long de la journée, je ne vois vraiment pas ce
qui peut vraiment diviser à ce point les parties, sur au moins trois de
ces quatres clauses.
Si vous me permettez, je vais les prendre une par une et, avant, je vais
demander au Syndicat des employés de soutien de prendre en note une
question. On vous a accusés de façon claire ou
détournée de négocier à la hausse. J'aimerais
connaître votre opinion là-dessus, parce que je pense bien que,
dans le monde syndical comme du côté patronal, le fait de
négocier à la hausse est une procédure qui, en termes de
négociation, n'est pas acceptée de façon habituelle. Je
voudrais savoir comment vous pouvez répondre à cette accusation
à peine voilée qui vous a été faite de
négocier à la hausse. Je veux terminer en faisant état
d'un certain nombre de clauses.
Les ententes particulières. Si j'ai bien compris la position
exprimée par M. Beauvais et la position exprimée par M. Garon, la
seule différence qui existe entre la position patronale et la position
syndicale réside dans le fait que, sur ce qui est non dérogatoire
à la convention collective, en termes d'ententes particulières,
le syndicat veut être informé. Or, il demande une façon
d'être mis au courant, et sa façon à lui, dans sa demande,
c'est d'être mis en présence de l'employé qui doit
négocier une entente particulière non prévue à la
convention collective. Par ailleurs, il me semble, M. Beauvais, que vous aviez
fait, consciemment ou inconsciemment, une ouverture assez large cet
après-midi en parlant du comité conjoint. Vous avez dit: De toute
façon, le syndicat a toujours le comité conjoint au niveau duquel
il peut soulever la question par la suite. Je voudrais vous poser cette
question. Je vous demande de la prendre en note. Est-ce qu'il serait possible
pour vous d'évaluer comme moyen d'informer le syndicat sur les ententes
non dérogatoires à la convention collée tive? Est-ce qu'il
serait évaluable ou pensable pour vous de prévenir le syndicat ou
d'informer le syndicat préalablement au niveau du comité
conjoint, autrement dit le présenter l'entente particulière non
dérogatoire à la convention collective, préalablement au
comité conjoint? Ceci me semblerait une façon satisfaisante d'une
part pour le syndicat pour présenter des commentaires qu'il peut faire.
Cela, d'autre part, ne vous empêche pas, vous, par la suite, de
négocier les ententes particulières que vous voulez conserver le
droit de négocier et que le syndicat ne vous refuse pas. Le syndicat ne
prétend pas que vous ne devez pas en négocier du tout, il dit
seulement que vous devez cependant l'en informer. Alors, sur la façon de
l'informer, est-ce qu'il n'y aurait pas une ouverture possible du
côté du comité conjoint?
Sur le statu quo ante, je veux vous faire remarquer que la seule
différence que je vois, c'est sur le grief collectif. Mon
expérience me démontre que ça devient de plus en plus, en
termes de relations de travail, la meilleure façon de régler les
griefs collectifs. De façon générale, on a
remarqué, durant les dix dernières années, que souvent la
procédure de grief ou le fait d'amener l'employé à
apporter un grief était une façon de contourner le
problème et quand le grief se règle, un an ou deux ans
après, souvent, les employés, collectivement, sont brimés,
sont bafoués. (18 h 15)
Le statu quo ante, dans la position du syndicat, quand ça regarde
le grief collectif, me semble être une façon, non seulement de
respecter et de se rapprocher de la position syndicale, mais aussi de bien
fonctionner à l'intérieur d'une convention collective.
J'achève, il me reste deux petites choses. Sur la circulation des
textes, je dois vous avouer que votre position me surprend un peu, parce
qu'habituellement ça ressemble à l'exclusivité du travail.
Habituellement, l'exclusivité du travail, il me semble que c'est
toujours exigé par la partie patronale, beaucoup plus que par la partie
syndicale. Je voudrais savoir quels sont les vrais motifs, profonds, qui font
en sorte que, s'ils sont autres qu'économiques, vous ne pouvez pas en
faire un bout au niveau de la circulation des textes dans le sens des
aménagements qui ont été suggérés par le
député de Taschereau tantôt. Là-dessus, le
président du syndicat, il me semble, avait indiqué qu'il y avait
évidemment des discussions à faire, mais qu'il était
ouvert à des discussions sur ce sujet.
En terminant, M. le Président, c'est ma dernière remarque,
je veux vous dire que j'ai été fort surpris et un peu
déçu par deux phrases qui se retrouvaient dans le mémoire
patronal, quand on parlait des tentatives ultimes et finir en disant que les
négociations étaient terminées. Là, on parle d'un
règlement complet. Que ce soit l'une ou l'autre des parties, il me
semble qu'on peut parler d'un règlement complet à partir du
moment où une convention collective est déposée au
ministère du Travail.
Ma question s'adresse beaucoup plus à M. Francoeur. Je sais qu'on
s'est déjà rencontrés dans des circonstances où M.
Francoeur défendait les Québécois. Il n'y aurait pas de
raison qu'aujourd'hui sa position soit changée. J'aimerais savoir de
vous, M. Francoeur, compte tenu des approches qui pourraient se faire, des
aménagements que M. Beauvais a déclaré être
disposé à faire, si vous pouvez vraiment nous dire aujourd'hui
que, quant à vous, compte tenu de tout ce qui s'est dit, c'est vraiment
une négociation terminée?
Est-ce que vous ne souhaitez pas, comme tout le monde, un
règlement complet, c'est-à-dire une convention collective
déposée au ministère du Travail, qui signifierait que les
deux parties s'entendent sur un texte? Est-ce que vous ne reconnaissez pas
aussi que par rapport aux demandes initiales, le syndicat a déjà
fait un bon bout de chemin? Il nous a dit aujourd'hui qu'il était
prêt à en faire un autre, pour autant qu'on trouve une
formule négociée. La négociation pourrait se faire.
Moi, je ne la repousserais pas du revers de la main. Ça pourrait se
faire par le biais d'un conseil de médiation. Tous les mécanismes
sont bons quand il s'agit, dans les derniers milles, de trouver le
règlement final.
J'ai posé quelques questions.
Le Président (M. Boucher): M. Francoeur?
M. Ciaccia: Excusez, avant que les invités
répondent, est-ce que vous me permettez, pour enchaîner, de poser
une question additionnelle? Il pourrait répondre...
Le Président (M. Boucher): Globalement? M. Ciaccia:
Globalement.
Le Président (M. Boucher): D'accord. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Le député de Sainte-Marie, de
même que tous les membres de cette commission, fait
référence à la durée de ce conflit. Il me semble
que, pour qu'un conflit dure huit ou neuf mois, il doit y avoir une philosophie
qui sous-tend l'approche des syndicats, qui est peut-être un peu
différente de la philosophie ou des objectifs que vise
l'administration.
J'adresse la question aux deux parties. Est-ce que vous voyez une
distinction ou un lien entre la gestion du journal Le Soleil et la
responsabilité financière? Autrement dit, est-ce que ceux qui ont
la responsabilité financière doivent aussi avoir la
responsabilité de la gestion? Est-ce que cela se pose au Soleil? Est-ce
que le syndicat voit pour l'administration un rôle encore plus restreint
qu'il le juge à la page neuf de son mémoire?
En terminant, j'aimerais faire un commentaire sur une déclaration
qu'avait faite M. Jacques Pari-zeau, à ce moment-là le 30
août 1976, à la suite de la fermeture du journal Le Jour.
J'aimerais avoir les commentaires des trois parties. Peut-être que
cela ne s'applique pas. Mais si cela s'applique, j'aimerais savoir quelle est
votre réaction. Quand il a donné sa démission, il a fait
une déclaration. En parlant de son geste et de la situation au journal
Le Jour, il disait qu'il s'agissait d'une autogestion assez spéciale en
vertu de laquelle la direction n'aurait à peu près pas de
contrôle sur le contenu, qu'elle-même se ferait interdire
l'accès à la première page et devrait cependant continuer
à trouver, semaine après semaine, avec l'aide de
l'administration, l'argent nécessaire au fonctionnement du journal.
Il s'agissait, en somme, de l'autogestion, sans la responsabilité
financière. C'est et ce sera toujours inadmissible.
On essaie de trouver ce qui peut durer neuf mois. Est-ce que cela fait
partie du problème?
Le Président (M. Boucher): M. Beauvais. M. Beauvais:
M. le député, je crois que votre question recoupe ce que le
ministre Johnson a dit un peu plus tôt cet après-midi, en ce qui
concerne les distinctions à établir entre les relations de
travail, les conditions d'emploi et de bien-être des journalistes et les
aspects professionnels.
Il existe au Soleil un problème majeur à ce sujet. Le
syndicat, à travers toute la négociation, à travers ses
demandes, a toujours voulu traiter du sujet globalement. Dans les contacts
quotidiens d'une salle de rédaction, faire affaire avec deux ou trois
journalistes spécialisés dans un secteur, concernant un
problème qui se pose à un moment donné, ou constamment
être obligé de faire affaire avec une structure syndicale, ce sont
deux choses différentes.
Le Syndicat des journalistes du Soleil a des concepts différents
de la majorité des autres syndicats des grands quotidiens du
Québec. Ils ne font d'ailleurs pas partie de la fédération
professionnelle des journalistes.
Vous avez mis le doigt sur un problème sous-jacent à toute
la négociation.
Deuxièmement, vous avez demandé, M. Bisaillon, si le
Soleil était prêt à regarder un, deux, trois ou quatre
points que vous avez mentionnés. J'aimerais revenir sur un aspect
fondamental. Le médiateur a produit un rapport qui constitue un
compromis. Il a regardé 150 clauses en litige et il a
suggéré des solutions pour chacune d'entre elles.
Le syndicat ramasse les objectifs sur lesquels il obtient entière
satisfaction, mais le grief ouvert il l'a eu en entier, il le prend. La loi, on
n'en a pas beaucoup parlé aujourd'hui, il en est satisfait, etc. Il y en
a des pages.
Ensuite, il dresse la liste des objectifs qu'il n'a pas
réalisés de façon objective. Vous venez aujourd'hui nous
dire: Sur ces points, qu'et-ce que vous êtes prêts à
faire?
S'il faut reprendre toute la négociation, nous allons prendre les
aspects du rapport de médiation que nous n'aimons pas et ceux que le
syndicat n'aime pas et nous allons tout recommencer. Je pense bien que les 600
employés mis à pied nous regarderaient avec assez d'amertume si
jamais on repartait dans une telle direction. Nous faisons une ouverture sur un
aménagement technique, à partir des compromis proposés par
le médiateur, mais non pas pour remettre en question un équilibre
de fond qu'il a établi là, qui nous satisfait plus ou moins, qui
satisfait le syndicat plus ou moins.
Il nous semble que c'était le sens des responsabilités que
nous devions tous les deux exercer au moment du dépôt du rapport
du médiateur.
M. Bellemare: Est-ce vrai que les droits acquis ont
été lésés dans cette convention, comparativement
à l'ancienne?
M. Beauvais: Dans le rapport du médiateur, il n'y a pas de
droits acquis. Il peut y avoir une ou deux "clausettes" qui auraient pu mal
fonctionner et qui, à un moment donné, suite à des
représentations que nous avons exprimées ont été
retenues, mais des questions de droits acquis perdus par les
journalistes du Soleil dans la médiation ou que nous essayerions
de leur faire perdre, il n'est pas question de cela.
M. Bellemare: Aucunement? M. Garon? Le Président (M.
Boucher): M. Garon.
M. Garon (Jean): J'aimerais peut-être, avant d'en arriver
aux commentaires que vous venez de faire, répondre à la question
du député de Mont-Royal par une question aussi: En quoi les
quatre choses qui sont encore au coeur du conflit, c'est-à-dire les
ententes particulières, le statu quo ante, la distribution des textes,
la vente des textes à l'extérieur de même que le plancher
d'emploi mettent-elles en danger la survie de l'entreprise Le Soleil
Ltée?
Dans un second temps, quant à la poursuite et à la
situation dans laquelle on se retrouve, c'est assez simple, on a
procédé d'ultimatum en ultimatum depuis le début. On s'est
retrouvés aujourd'hui pour nous ce n'est pas très neuf
avec un ultimatum qui disait: Maintenant, c'est fini, on ne
négocie plus.
Dans un dernier temps, il faut comprendre je pense qu'on n'a
peut-être pas assez insisté là-dessus aujourd'hui
même si on a effectivement repris 70% des textes qu'on retrouvait dans le
rapport de médiation. Il y a la théorie du "best contract", mais
l'assemblée générale du syndicat des journalistes à
76,7%, au scrutin secret, a décidé que le rapport de
médiation, dans sa totalité, c'était le "worst contract",
et qu'il n'était pas intéressé à rentrer au travail
avec ces conditions. Je pense que c'est quand même une notion qui est
assez claire. Cela s'est fait après huit mois de conflit. Les gens ont
pris la décision de façon sérieuse. Ils l'ont
envisagée, ils l'ont regardée. Quand on parle du "worst
contract", c'est peut-être aussi une façon de retrouver dans
certains cas les clauses inférieures qu'on retrouve dans toutes les
autres conventions collectives. Je pense que la décision de
l'assemblée générale a été assez claire
là-dessus. L'assemblée générale n'est pas revenue
et je pense que sous aucune forme, on ne devrait tenter de remettre en question
une décision qui s'est prise librement et démocratiquement.
Alors, le jugement a été porté sur le rapport du
médiateur, quand on a forcé le syndicat à décider
ou à prendre une position globale.
Une fois cela fait, parce qu'on a dit que c'était un ultimatum,
on a dit qu'on refusait ce type d'ultimatum, on a réglé ce
problème, et on est revenu, par la suite, avec une solution qui nous
apparaissait plus sage, et une façon de fonctionner qui était
plus susceptible d'en arriver à un règlement. C'est là
où on se retrouve aujourd'hui. On a dit tout à l'heure que cela
soit fait comme un "feeler", comme le ministre l'a dit. Pour nous, cela nous
apparaissait la formule de médiation sur laquelle on a travaillé
en fin de semaine, cela nous apparaissait une formule susceptible d'amener un
règlement, de la même façon, quand on parle d'une nouvelle
formule de médiation, on est prêt à trouver des formules.
Ce qu'on dit, c'est qu'on n'arrêtera pas au rapport du médiateur,
et sur les problèmes de fond. Je pense que la position du syndicat a
été très claire là-dessus. Ce n'est pas une
position rigide non plus, mais on dit: On n'arrête pas là, il faut
aller plus loin pour qu'on puisse en arriver à un règlement
satisfaisant. Ces conditions du climat de travail pour les prochaines
années, c'est le contrat de travail avec lequel on va devoir vivre,
c'est le contrat de travail avec lequel on va devoir remplir notre fonction
habituelle. Je pense qu'il faut garder cela bien en mémoire.
Enfin, pour ce qui est de votre intervention concernant les droits
acquis, c'est évident que le rapport du médiateur ne faisait plus
état des tentatives de recul qu'il y avait pu avoir dans le cours de la
négociation. Il y en a eu tout au long de la négociation, mais le
rapport du médiateur, lui, n'a pas essayé de nous imposer des
reculs, sinon que nous, on a accepté une formule... Pardon?
M. Bellemare: Pour vous, est-ce que vous admettez qu'il y a un
recul, qu'il y a des droits acquis qui ont été...
M. Garon (Jean): Non, mais on a eu des tentatives
d'éliminer des droits acquis pendant le cours de la
négociation.
M. Bellemare: Ce ne sont pas des tentatives, il n'y en a pas eu.
Vos droits acquis sont reconnus. Vrai ou faux?
M. Garon (Jean): Oui, nos droits acquis sont là, c'est
exact.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon (Jean): Mais on n'avait pas l'intention, comme vous
l'avez dit vous-même, de renégocier des droits acquis.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Avant de...
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Excusez, M. le
député de Mont-Royal...
M. Ciaccia: ... j'avais demandé...
Le Président (M. Boucher): II reste trois minutes à
peu près avant l'heure de l'ajournement, à moins que les membres
en décident autrement. Si vous voulez continuer, je pense qu'en Chambre
le leader a été assez clair en disant qu'on pouvait prolonger
aussi lontemps qu'on voulait. Alors, si vous voulez en disposer autrement, je
vous ferai
remarquer que je dois donner la parole à chacun des
représentants des partis environ une minute avant d'ajourner.
M. Bisaillon: M. le Président, j'ai posé des
questions et j'aimerais avoir des réponses. J'ai posé des
questions à des gens identifiés. Y a-t-il possibilité
d'avoir une réponse? Je n'ai pris que huit minutes. Y a-t-il
possibilité d'avoir des réponses aux questions que j'ai
posées? J'ai posé une question...
Le Président (M. Boucher): Ecoutez! Est-ce que vous
désirez...
M. Bisaillon: Moi, je suis prêt à continuer, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher):... continuer après 6 h
30?
M. Ciaccia: Quelques minutes, est-ce qu'on peut continuer dix ou
quinze minutes?
M. Bisaillon: Pour autant, M. le député de
Mont-Royal, que j'aurai l'assurance que vous allez commencer par entendre les
réponses aux questions que j'ai posées. Après cela, c'est
ouvert. J'ai toute la vie devant moi.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les membres sont
d'accord pour prolonger de quinze minutes?
M. Roy: D'accord!
Le Président (M. Boucher): Quinze minutes, soit
jusqu'à 18 h 45. M. le député de Portneuf.
M. Bisaillon: Non, non. M. le Président, j'ai posé
des questions. Je voudrais avoir des réponses.
Le Président (M. Boucher): Vous aviez posé vos
questions à la direction du Soleil. M. Beauvais.
Une Voix: ... à M. Francoeur.
Le Président (M. Boucher): M. Francoeur.
M. Bisaillon: J'ai posé à peu près six
questions. Il y en a une qui s'adressait au syndicat de soutien. Je lui ai
demandé: Vous avez été accusés de négocier
à la hausse. Quelles sont vos réactions là-dessus? J'ai
posé quatre questions à M. Beauvais. Il m'a répondu
globalement. Je voudrais qu'il réponde aux quatre questions.
Après cela, j'ai posé une dernière question à M.
Francoeur qui, dans le fond, pour moi, est une des plus importantes. J'attends
sa réponse aussi.
Le Président (M. Boucher): Qui veut commencer à
répondre? M. Beauvais.
M. Beauvais: Qui a la parole?
Le Président (M. Boucher): M. Beauvais.
M. Beauvais: M. Bisaillon, vous avez posé certaines
questions bien précises sur des sujets en litige, après avoir dit
qu'il ne restait plus que quatre questions. J'ai fait une liste des points en
suspens à la suite du dialogue avec M. Garon. Au moment où nous
nous parlons, il reste 48 points en question... (18 h 30)
M. Bisaillon: Je vous arrête...
M. Beauvais: Si vous me permettez...
M. Bisaillon: Je n'ai pas dit: II reste quatre questions, j'ai
dit: II y a quatre questions dont on parle et qu'on a définies toute la
journée comme étant le coeur du conflit. Je ne vous ai
parlé que de ces quatre questions. Je sais qu'il y en a d'autres, mais
je parle seulement de ces quatre-là.
M. Beauvais: Je veux répondre en replaçant les
points dans l'ensemble. Après huit mois de négociations et deux
mois de grève, le syndicat n'avait pas changé un seul iota
à ses demandes: c'était en novembre. Par la suite, on a fait
trois offres globales. Par la suite, on a eu la conciliation avec 150 points en
suspens.
M. Bisaillon: M. le Président, je ne voudrais pas
être désagréable envers M. Beauvais, mais je connais le
portrait, il nous a été tracé toute la journée.
Vous nous avez remis des documents; je les ai lus d'ailleurs. J'ai lu ceux du
syndicat; je connais tout cela. Je ne veux pas que vous me recommenciez
l'historique. Je vous ai posé quatre petites questions bien
précises, bien simples. Vous me répondez "oui", vous me
répondez "non", vous me répondez "peut-être ". Vous faites
comme les Normands, peut-être bien que oui, peut-être bien que non.
Je vais être heureux si vous répondez sur ces quatre points. Pour
le reste, je l'ai le portrait.
M. Beauvais: Ce que je vous réponds sur ces quatre
questions, c'est que nous acceptons le rapport du médiateur sur chacun
de ces points-là comme faisant partie d'un tout et d'un ensemble. Nous
ne retirons aucunement notre acceptation de ces quatre articles où les
sujets en question sont traités. Nos réponses n'ont pas
changé là-dessus. Maintenant, dans le cadre de
l'aménagement technique qui pourrait être proposé pour en
venir à un règlement, nous serons certainement disposés
à faire un effort...
Le Président (M. Boucher): M. Paradis, est-ce que vous
désirez répondre à M. le député de
Sainte-Marie?
M. Dionne: Je vais répondre à cela. En tout cas, on
va essayer d'être bref. Il semble que ce soit un problème
tellement important que cela va être difficile. En tout cas, on va
repasser un à un les amendements qui ont été
déposés en date du 29
avril. Le texte de juridiction a été amendé par
rapport à notre position originale à la suite de rencontres avec
l'International Typographical Union; il fallait ajuster le texte pour ne pas
déborder les juridictions. Cela a été fait. Cependant, il
n'y a pas eu de rencontres et on n'a pas pu déposer l'amendement, on a
été obligé d'attendre un peu.
Sur les ententes particulières, c'est un amendement au texte que
nous avions déposé en demande. Comme celui qui avait
été déposé chez le SJQ était quand
même très bon, alors on a pris exactement la même
formule.
Au niveau des changements opérationnels, il y a des amendements
importants qui ont été apportés à l'ensemble du
texte, c'est-à-dire à l'ensemble de la clause 5 qui traite aussi
de l'embauche et du mouvement de personnel. A ce chapitre, le texte de M.
Leboeuf, le texte du médiateur consacre la perte d'un droit acquis
très important au niveau des employés à temps partiel et
des surnuméraires. Là-dessus, écoutez, il n'en est pas
question. D'autre part, ces amendements au niveau des changements
opérationnels permettent explicitement l'abolition de postes, ce qui
n'avait pas été fait depuis le début de la
négociation. C'est explicite, c'est la clause 5.27.
Au niveau des vacances, au niveau des familiaux, il y a deux petits
points et là-dessus, je m'excuse, ce matin je me suis trompé,
j'ignorais ces points qui sont deux points très mineurs sur lesquels on
va prendre amendement en plus parce qu'on avait demandé à M.
Leboeuf, dans son mémoire de recommandations, de ne pas oublier que ce
sont des gens qui vivent ensemble et que sur des questions où cela
s'applique également, il pourrait donner la même chose. Ce qui
fait que le congé d'adoption, par exemple, lui-même a admis
l'avoir oublié, il pensait l'avoir donné dans notre texte et il
n'y était pas. Alors cela en est un.
Au niveau des congés de maladie, il y a un amendement à la
clause 6.32. Cet amendement vise simplement à protéger les trois
personnes qui sont déjà sur un régime de trois jours de
travail. Dans la mesure où on demandait douze jours, on pouvait
éviter ce problème et leur enlever le nombre d'heures
équivalant à l'absence, c'est-à-dire douze heures. Mais,
dans la mesure où on accepte le six jours, qui n'est pas beaucoup, on
dit, à ce moment-là, pas plus de huit heures d'enlevées
aux personnes qui travaillent, en fait, généralement, dix et
douze heures.
A la clause 8.02 a) b) et c) concernant les définitions de
tâches, je regrette, c'était dans le document original et
c'étaient les clauses 6.01 et 6.02 qu'on a reprises, qu'on a
réinsérées dans le texte du 29 avril.
Au niveau du comité conjoint, c'est un amendement auquel je tiens
beaucoup, au chapitre de la mésentente, c'est-à-dire que le
désaccord soit arbitrable comme les autres. On a tout simplement remis
le texte original qui était là.
Le Président (M. Boucher): Vous n'avez pas
terminé?
M. Dionne: Si cela pose un problème à ce
point-là, ce serait peut-être bon qu'on se rencontre. On n'a pas
eu de séances de négociations.
M. Johnson: Excusez-moi de vous interrompre. M. Dionne, je
pourrais peut-être vous interrompre. Je voudrais simplement faire
remarquer que c'est le député de Sainte-Marie qui est revenu sur
le sujet parce que je l'avais oublié et pour des raisons auxquelles, je
considère, il a droit. Je ne pense pas qu'on puisse parler de
problèmes insurmontables à cause de cela. C'est simplement que
cela avait été évoqué au niveau de l'analyse, qu'il
y avait des demandes, ou en fait, des amendements aux demandes additionnels.
C'est tout. Je ne voulais pas qu'on en fasse un plat quand même.
M. Dionne: C'est parce que, contrairement à l'ancienne
convention collective, il y avait quand même des droits communs entre les
journalistes et les employés de soutien. Maintenant, cet écart
devient tellement grand que ce n'est pas acceptable pour eux. Je pense que
c'est bien clair. En lisant le rapport du médiateur, cela saute aux
yeux. Ce n'est pas plus difficile que cela. D'autre part, comme je le disais
tantôt, si cela pose un problème à ce point-là, il
serait peut-être bon de se rencontrer. Les séances de
négociations à notre niveau sont vraiment très
parcellaires, mon Dieu, cela remonte même loin dans le temps. On nous a
placés à la remorque du SJQ, carrément. Si nous sommes
véritablement à la remorque du SJQ, les conditions applicables
aux journalistes pourraient peut-être aussi s'appliquer chez les
employés de soutien avec lesquels il vivent. C'est l'essentiel des
amendements.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Dionne. M. Francoeur,
avez-vous une réponse pour le député de Sainte-Marie?
M. Francoeur (Jacques): J'aimerais simplement que M. Bisaillon
formule de nouveau sa question, afin de répondre exactement à ce
qu'il m'a demandé. Cela fait déjà environ 20 minutes de
cela.
M. Bisaillon: Ma deuxième question sera peut-être
moins bonne que ma première. Ma première était très
bonne, mais peut-être que...
Ce que je voulais savoir de vous, M. Francoeur, c'est ceci: On arrive ce
matin avec un texte, un mémoire patronal, qui dit dès le
départ, dans la deuxième ou la troisième page: Pour nous,
l'acceptation du texte du médiateur ou de la position du
médiateur a été une tentative ultime. On sait ce que cela
veut dire "ultime". La position présentée par le
médiateur, au fond, on a pris cela un peu comme: c'est tout ou rien.
C'est un peu ce que M. Beauvais nous a dit: Pour nous, c'est comme un arbitrage
le rapport du médiateur; c'est cela, je le prends, ou cela, je ne le
prends pas.
A la fin de votre texte, vous disiez: "Quant à nous, les
négociations sont terminées". Ce que j'ai
remarqué tout au long de la journée et je pense que vous
l'avez remarqué aussi, c'est qu'il y a eu des suggestions faites par
plusieurs des députés à cette table. Je vous ai vu
réagir à certaines, parce que je vous regardais beaucoup. Je vous
ai vu réagir à plusieurs de ces suggestions. J'ai remarqué
aussi que le président du syndicat avait laissé entendre qu'il y
avait encore des ouvertures possibles, qu'il était prêt à
discuter, qu'il voulait négocier et M. Beauvais a fait la même
chose aussi, sur plusieurs des clauses, même s'il n'a pas voulu me
répondre et s'il a continué à me répondre...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sainte-Marie, vous êtes encore dans le préambule de la
question.
M. Bisaillon: Non, non. J'arrive à la question.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, la
question.
M. Bisaillon: Même si M. Beauvais n'a pas voulu me
répondre partiellement et qu'il m'a répondu globalement, il a
compris ce que j'ai voulu dire et vous aussi. Je vous demande ceci: Est-ce vrai
que c'est vraiment terminé? Avons-nous perdu toute la journée ou
pensez-vous qu'avec un peu de bonne volonté encore il pourrait y avoir
un mécanisme de règlement qui serait trouvé? Seriez-vous
prêt à encourager un retour à la table de
négociation et un retour à l'acceptation d'un mécanisme de
règlement, quel qu'il soit, pour que l'entreprise reparte, que les
syndiqués travaillent à nouveau et que la population ait de
l'information dans la région?
M. Francoeur: Je vais vous éviter la
répétition d'ailleurs que vous avez demandé
d'éviter tout à l'heure du pourquoi nous sommes ici, et le
cheminement.
M. Bisaillon, vous êtes un expert négociateur, M. Chevrette
aussi. Dans la négociation, il y a un moment où vous laissez
allez des choses finales dans l'espoir d'un règlement. Nous l'avons fait
dans une offre finale, une offre globale, pour être plus précis,
avant la médiation. Nous avons demandé un médiateur qui,
pour nous, devenait l'arbitre ultime après ce que je vous évite
de relater.
Il y a certains points fondamentaux sur lesquels nous considérons
que l'avenir même du Soleil... nos responsabilités envers les 600
autres employés parce que le Soleil n'est pas seulement une
rédaction, c'est un ensemble, c'est un tout... Nous avons une
responsabilité envers le public, envers nos autres employés,
envers la société, etc. Certaines des demandes rendraient presque
impossible une gestion saine de la rédaction et, partant de cela, une
gestion saine du Soleil. Régler aujourd'hui pour avoir des
problèmes majeurs dans deux ans ou dans cinq ans qui, je crains, peuvent
arriver ailleurs, non. Nous avons accepté le rapport du médiateur
même si nous étions malheureux de plusieurs de ses recomman-
dations; nous croyons que c'est un bon rapport, nous sommes prêts
comme nous l'avons dit dans ce rapport à faire des modifications
d'ordre technique concernant les questions encore en litige. Nous sommes
toujours ouverts aux suggestions du ministère du Travail qui, à
ce jour, a tout fait pour régler le conflit.
Mais s'asseoir, renégocier et, encore une fois, partir à
zéro... nous serons encore ici dans huit mois parce que si le syndicat
n'est pas prêt à accepter le rapport du médiateur, nous,
nous ne sommes pas prêts à accepter certaines clauses. Là,
on repart à zéro. Ce que je veux dire, c'est que, depuis le
début, l'attitude du syndicat a été à peu
près celle-ci: On s'arrange pour continuer à négocier, on
va encore aller chercher quelque chose. C'est ce qui est arrivé avec la
médiation. Vous feriez une autre médiation, il y aurait encore
des choses qu'il n'aimerait pas, et il aurait encore gagné quelque chose
de nouveau sur la dernière médiation.
Nous, de bonne foi, nous avons, dans notre dernière offre globale
et également dans notre acceptation du rapport du médiateur,
laissé aller tout ce qu'on pouvait laisser aller sans compromettre le
Soleil. Dans les circonstances, une négociation comme telle, non; il ne
peut pas en être question. Nous sommes prêts, si le ministre a des
suggestions d'ordre technique qui faciliteraient les choses, à les
étudier; nous sommes prêts à en faire, nous aussi. Mais sur
certains points de base, la négociation, à notre point de vue, ne
donnerait rien.
M. Bellemare: ... l'éditorial.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre s'il vous
plaît. Il ne reste que trois minutes avant le moins quart, alors, est-ce
que les membres sont prêts à continuer...?
M. Ciaccia: Une petite question, vous aviez reconnu le droit de
parole au député de...
M. Bellemare: Si je n'ai pas le droit de poser des questions, je
m'en vais.
Le Président (M. Boucher): Une courte question, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: C'est un commentaire, M. le Président qui
est très bref...
Le Président (M. Boucher): C est un commentaire...
M. Pagé: Je n'ai quand même pas abusé de mon
droit de parole aujourd'hui, vous l'avez reconnu tout à Iheure.
Le Président (M. Boucher): Alors, allez-y rapidement.
M. Pagé: M. le Président, évidemment, avec
le temps très bref, je n'aurai pas de question spé-
cifique, précise à poser, parce qu'on a fait le tour de
presque tous les sujets aujourd'hui et, selon moi, cela a très bien
été, respectant le mandat de notre commission d'entendre les
parties.
Des rapprochements ont été faits. Je pense que les
questions formulées par les députés, les membres de la
commission, nous permettent de constater que, somme toute, vous n'êtes
pas aussi éloignés qu'on pouvait le croire au début des
travaux de cette commission.
M. le Président, j'aurais un très bref commentaire, avant
de déposer une motion qui, j'en suis convaincu, sera acceptée
à l'unanimité des membres de cette commission. Je vous donne un
préavis du dépôt de cette motion.
Je suis un peu surpris de la réponse de M. Francoeur à la
question du député de Sainte-Marie parce que, quant à moi
je vous ai écouté aujourd'hui, j'ai suivi le conflit,
c'est dans ma région, cela touche mon comté je crois qu'il
y a certainement un manque de bonne volonté quelque part.
D'une part, vous acceptez un rapport de médiation et vous dites:
C'est cela ou cela va fermer. Moi, je l'interprète un peu en voulant
dire: Cela va plier ou bien casser. Par surcroît, vous ajoutez qu'il
n'est pas question de négocier. (18 h 45)
J'en reviens un peu au rôle de cette commission. C'est une
émanation de l'Assemblée nationale. On n'a pas de pouvoirs, comme
tels, mais c'est tout au moins, nous l'espérons, un pouvoir incitatif
pour tenter de rapprocher les parties, pour tenter de faire en sorte qu'une
négociation aboutisse. C'est le sens de ma motion, M. le
Président.
Je me permettrai de vous faire part, M. Francoeur, avant de
présenter cette motion, que vous pouvez la rejeter du revers de la main
et ne pas y donner suite. Mais je vous demanderais de tenir compte du droit du
public à l'information dans l'est du Québec. Je vous demanderais
de tenir compte des 600 travailleurs qui sont affectés par le conflit et
qui sont sans emploi actuellement, des personnes qui sont en grève
depuis neuf mois, qui ont peut-être aussi, à un certain moment, eu
un manque de bonne volonté et si j'avais eu plus de temps, je l'aurais
exposé.
Le Président (M. Boucher): Compte tenu de l'heure, M. le
député de Portneuf, vous ne pourrez pas présenter votre
motion.
M. Pagé: M. le Président, j'en arrive à ma
motion: Que cette commission parlementaire invite les parties concernées
à reprendre sans délai les négociations. J'espère
qu'elle va être adoptée. J'aurais aimé ajouter une minute
ou deux sur...
Le Président (M. Boucher): Pourriez-vous m'apporter le
texte, s'il vous plaît?
M. Pagé: ... les motifs invoqués à
l'adoption de cette motion, mais vous m'avez coupé dans mon temps.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, est-ce que je pourrais vous
demander que les députés qui interviendront sur la motion
présentée par le député fassent en même temps
puisque le sujet nous y invite la conclusion de cette
séance de la commission, peut-être en cédant la parole
immédiatement au député de Johnson en laissant au ministre
du Travail le soin de conclure cette journée de travail.
M. Bellemare: M. le ministre, d'abord à tout seigneur tout
honneur et après cela je terminerai.
M. Johnson: Je préférerais conclure, si vous n'avez
pas d'objection.
Le Président (M. Boucher): Alors, on peut commencer par le
député de Beauce-Sud. M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: C'est une motion incitative. Cela n'est pas une motion
par laquelle la commission parlementaire peut imposer aux parties en cause de
se rencontrer. Disons que cela ne me donne pas entière satisfaction,
mais je pense bien que la commission parlementaire peut difficilement agir
autrement. J'aimerais m'adresser aux deux parties, tout simplement pour dire,
qu'aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, vous avez vu une
préoccupation unanime de tous les membres des formations politiques
autour de cette table. C'est assez rare qu'il y a unanimité des membres
de l'Assemblée nationale de toutes les formations politiques. La plus
récente unanimité a été sur la taxe de vente. Je
serais tenté de dire aux deux parties peut-être de ne pas faire
comme M. Chrétien, vous enrouler dans la broche piquante, dans le
barbelé et il ne faudrait pas oublier je le dis de façon
très sérieuse, le député de Portneuf a parlé
de sa région, de son comté. Le comté que je
représente est également concerné, durement touché
par la grève du journal Le Soleil.
Nous sommes en face d'une entreprise privée de droit. Je pense
que dans une question de service public, la propriété
privée de strict droit est dépassée, il y a aussi une
propriété publique. Le public de nos régions, de nos
comtés, la région de Québec, de l'est du Québec a
droit à ce service et je m'adresse aux deux parties. Ce n'est pas mon
rôle de prendre pour l'une ou l'autre des deux parties. Je vous
inviterais sérieusement à mettre de l'eau dans votre vin, chacun
de votre côté et de faire en sorte que cela puisse en venir
à une solution satisfaisante je ne dis pas la solution
idéale pour l'une ou pour l'autre des deux parties à un
compromis acceptable, un "gentlemen's agreement" parce que la motion que j'ai
inscrite au feuilleton de la Chambre, le 5 avril dernier, n'est pas une motion
qui se termine avec la fin de la présente session de la commission
parlementaire.
Nous allons sûrement suivre l'évolution de ce dossier de
très très près et si nécessaire
j'espère que cela ne sera pas nécessaire nous allons
sûrement y revenir à la première occasion dans
l'intérêt des populations concernées, dans
l'intérêt du droit de nos comtés, de notre population,
à une information.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. M. le député de Johnson.
M. Bellemare: M. le Président, je suis très heureux
ce soir de voir qu'on a fait un cheminement difficile, mais progressif. Je
pense que les parties ont eu une soupape pour se dire véritablement des
choses qu'elles n'ont pu se dire durant la médiation même. On
s'est dit aujourd'hui des choses véritables dans un échange de
vues qui va certainement aider au règlement du conflit.
La commission parlementaire aura donc, M. le Président,
joué son rôle: celui d'entendre les parties et d'essayer de les
rapprocher sur certains sujets qui ne semblent pas si difficiles que cela. Le
député de Sainte-Marie disait tout à l'heure qu'il y avait
eu beaucoup de bonne volonté manifestée. Je pense que tout le
monde, à cette table, a remarqué que la partie patronale y est
allée avec beaucoup de prudence, que la partie syndicale, elle aussi, a
fait, sans l'écrire, des concessions possibles. Je pense que le ministre
du Travail et de la Main-d'Oeuvre pourrait compléter aujourd'hui cette
constatation non pas en obligeant mais en sollicitant les parties de se revoir
le plus tôt possible. Tandis que le fer est chaud, c'est le temps de le
battre.
Je pense que vous avez tous oublié le grand principe qui est en
cause, celui de l'information du public. Vous réglez votre
problème, c'est vrai, entre vous autres par des négociations, par
de la médiation, mais le grand public qui attend que le conflit du
Soleil se règle... Je répète ce que j'ai dit ce matin,
c'est presque dans tous les foyers du Québec, surtout dans l'est du
Québec, que l'on lit le Soleil, qu'on prend connaissance de ce qui se
passe dans la province. Je ne dis pas cela au détriment des autres
journaux, il y a beaucoup d'autres journaux dans la province, mais le Soleil,
c'est un pain quotidien pour bien des familles. J'espère qu'on ne
l'oubliera pas. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Johnson, M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Brièvement, je
voudrais appuyer la motion du député de Portneuf. Il a
adressé ses paroles un peu à l'administration du Soleil; je
voudrais suggérer aussi que les autres parties songent très
sérieusement à régler ce conflit et peut-être
qu'aujourd'hui certains principes fondamentaux on été
soulevés des deux côtés.
Le député de Johnson a référé au
droit du public à l'information. Je voudrais aussi vous suggérer
de penser aux autres employés, aux autres syndiqués dont le
problème est déjà réglé depuis quelque
temps, et qui attendent. En plus de la question du droit à
l'information, je pense que c'est une situation très humaine pour ces
gens qui attendent et qui n'ont pas d'emploi. Il s'ensuit qu'aujourd'hui on
aura, je pense, dégagé quelques principes, quelques changements,
quelques positions et peut-être pourrez-vous vous approcher. Mettre un
peu d'eau dans son vin grandit parfois les parties plutôt que de les
réduire à garder leur position, dans le conflit, dans la
société.
Je suggère fortement, tenant compte des besoins de tous ceux qui
dépendent de vos décisions... Vous êtes les dirigeants des
différentes parties, pensez à ceux qui dépendent de vos
décisions. Je souhaite vraiment que vous apportiez une autre approche
plus positive, des deux côtés, pour résoudre ce conflit qui
semble être assez pénible.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Mont-Royal. M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, est-ce que je dois
considérer que je suis le dernier à prendre la parole? Est-ce que
le député de Portneuf a l'intention de conclure sur sa motion?
Non?
Le Président (M. Boucher): Non, nous prendrons le vote
immédiatement après.
M. Johnson: Bon. Alors, je tiendrai pour acquis qu'il s'agit de
la dernière intervention à cette commission. Le
député de Portneuf a présenté une motion, ce que
j'aurais fait dans d'autres circonstances. Cette motion nous dit qu'elle
invite, non pas avec le pouvoir coercitif parce que nous n'en avons pas
ne nous faisons pas d'illusion, on ne réglera pas le problème du
Soleil par une loi spéciale mais au moins le pouvoir de ce que
représentent ceux qui sont élus par la population et qui, je
pense, sont aussi représentatifs qu'un propriétaire d'entreprise
ou qu'un prési-sident de syndicat. C'est pour cela que vous avez
été convoqués, pour que ceux qui représentent les
citoyens du Québec vous disent combien ils sont troublés par ce
conflit qui dure depuis longtemps, et combien ils sentent que cela remet en
cause des choses assez profondes.
Il est essentiel qu'à la lumière du cheminement qui a
duré à peu près quatre heures, ici, aujourd'hui, vous
considériez qu'il y a encore de la place pour un règlement. C'est
une affaire d'attitude, ce n'est plus une question de fond; ce n'est même
plus une question de la sacro-sainte valeur de la liberté des
journalistes ou du sacro-saint droit de gérance d'un employeur avec sa
conception d'un style de gestion. Au-delà de cela, il y a un
intérêt, celui de l'ensemble des Québécois qui sont
touchés par cette grève, c'est-à-dire 150 000
abonnés et sûrement beaucoup plus de lecteurs qu'il y a
d'abonnés, il y a l'intérêt à l'information, ce
droit qu'ils ont à l'information.
Dans les circonstances, j'espère que pour l'ensemble de ceux qui
bénéficient directement
par l'emploi, évidemment, ou indirectement parce que cela peut
impliquer d'activités économiques dans le cas du Soleil qui est
une des grandes entreprises de la ville de Québec et, également,
pour l'ensemble des Québécois qui sont des lecteurs et qui ont
droit à l'information, j'espère, M. Garon, M. Paradis, M. Dionne,
M. Francoeur, M. Beauvais, M. Beauchamps, que dans les jours qui viendront,
vous réussirez à vous asseoir. Je vous dirai simplement, en
terminant, qu'il y a un homme à travers tout cela qui connaît le
dossier sans doute mieux que tous les membres de cette commission et qui est
à votre disposition. C'est M. Leboeuf qui, pendant quatre mois comme
conciliateur et comme médiateur et qui aujourd'hui vous a
écoutés avec une attention particulière, a peut-être
senti des nuances qui, pour nous, n'étaient peut-être pas
précises. M. Leboeuf peut sûrement vous aider dans les
circonstances.
C'est pourquoi, évidemment, je ne peux pas faire autrement
qu'être d'accord avec la motion à laquelle j'ajouterais,
cependant, cet amendement selon lequel vous avez à votre disposition le
ministère du Travail, en la personne de M. Leboeuf, quelqu'un qui peut
sûrement vous aider considérablement.
Je vous remercie d'être venus, de vous être
déplacés et je souhaite, évidemment, pour l'ensemble de
ceux qui sont impliqués, qu'on voie un règlement au plus
tôt dans le conflit du Soleil. Merci.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que la motion du
député de Portneuf pour que cette commission parlementaire invite
les parties concernées à reprendre sans délai les
négociations est adoptée?
M. Bellemare: Avec l'amendement de M. le Ministre.
Le Président (M. Boucher): ... avec l'amendement de M. le
Ministre, est-ce adopté? Adopté. Alors, au nom de tous les
membres de la commission, je remercie tous les participants et,
particulièrement les gens de la salle qui ont été d'une
tranquillité exemplaire. Merci beaucoup.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 59)