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Étude du projet de loi no 59
(Quinze heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre,
messieurs!
Reprise des travaux de la commission du travail et de la main-d'oeuvre
pour l'étude article par article du projet de loi 59.
Les membres de cette commission sont: M. Bellemare (Johnson), M.
Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Forget
(Saint-Laurent), M. Gravel (Limoilou), M. Johnson (Anjou), M. Lavigne
(Beauharnois); M. Pagé (Portneuf) remplacé par M. Raynauld
(Outremont)...
M. Raynauld: Raynauld, avec un "I". M. Chevrette: C'est
très important.
Le Président (M. Laplante): M. Roy (Beauce-Sud), M.
Vaillancourt (Jonquière). Les intervenants sont: M. Blank (Saint-Louis),
M. Brochu (Richmond), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Jolivet (Laviolette), M.
Laplante (Bourassa), M. Lefebvre (Viau), M. Paquette (Rosemont), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Nous étions rendus, au moment,... Oui, monsieur?
M. Gravel: M. le Président, M. Brochu remplace M.
Bellemare, à ce qu'on me dit.
Dispositions particulières applicables aux
secteurs public et parapublic (suite)
Le Président (M. Laplante): Oui, comme membre de la
commission, c'est vrai. Je m'en excuse, monsieur. M. Brochu (Richmond) remplace
M. Bellemare (Johnson). Lorsque nous avions ajourné hier, nous
étions rendus à l'article 99j, où un amendement avait
été apporté par le député de Saint-Laurent.
On parlait sur la recevabilité, M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: En effet. Je parlais sur la recevabilité,
puisqu'on nous avait objecté qu'il s'agissait d'une notion, la notion de
"piquetage", qui n'apparaîtrait pas dans les lois du travail du
Québec, du moins dans leur forme actuelle, ce qui est vrai. Ce qui est
plus sérieux, le ministre du Travail avait prétendu qu'il ne
devrait pas apparaître dans les lois du travail, puisque c'était
un concept de droit criminel. Or, sur ce premier point, j'avais commencé
à développer un argument. L'autre argumentation
présentée par le ministre au sujet de la recevabilité
consistait, si ma mémoire est fidèle, à dire qu'il
s'agissait d'un élément entièrement nouveau et
étranger au principe du projet de loi, quoique, là-dessus, je
crois, le ministre lui-même s'est un peu "enfargé" dans son
argumentation, parce qu'il a admis qu'il s'agissait d'une modalité
d'application du paragraphe 99j, car, dans son explication des amendements
qu'il avait lui-même intro- duits, il avait fait mention du piquetage
sans, toutefois, bien sûr, aller jusqu'à le mentionner dans
l'amendement lui-même. Sur cette deuxième argumentation, je pense
que je n'ai pas besoin d'insister. Le ministre ayant utilisé le concept,
ayant précisé qu'il s'agit d'une modalité d'application,
même dans le cadre de l'amendement qu'il a présenté
lui-même, je pense que l'irrecevabilité serait très
difficile à démontrer, puisqu'il faudrait prétendre que ce
mot-là non seulement ne figure pas dans le projet de loi, mais qu'il y
est contraire. Ceci à mon avis, peut être défendu,
puisqu'il s'agit d'une modalité d'application du projet de loi
lui-même et c'est dans le même esprit, mais sans aller aussi loin,
que le ministre introduisait lui-même un amendement.
Donc, laissant de côté cette deuxième argumentation
qui m'apparaît assez visiblement faible, je crois que je dois revenir
très brièvement, puisque j'avais déjà
exprimé une bonne partie de l'argumentation, à savoir que,
même si, actuellement, le Code criminel est la seule loi le Code
criminel fédéral, doit-on ajouter pour les besoins de ceux qui ne
seraient pas conscients le Code criminel fédéral est la
seule loi qui traite explicitement du piquetage, il m'apparaît que
l'argumentation selon laquelle une loi provinciale traitant des relations de
travail ne peut donc pas comporter de réglementation ou de restriction
au piquetage ou même l'affirmation du droit au piquetage m'apparaît
une argumentation qui est insupportable.
Il y a, dans plusieurs lois fédérales et provinciales, les
mêmes termes juridiques qui se rencontrent, les mêmes objets de
législation, et ce n'est pas ce qui rend une mention
inconstitutionnelle. C'est, au contraire, l'objet pour lequel la loi est
édictée.
Or, il est bien clair que, dans le cadre d'un amendement au Code du
travail pour assurer le maintien de certains services en cas de conflit de
travail, l'objet est de réglementer les relations de travail, les
conflits de travail, l'exercice du droit de grève et l'exercice de tous
les droits qui s'y rattachent directement ou indirectement. Donc, c'est un
objet qui appartient clairement à la juridiction provinciale. On ne peut
pas plaider que, parce que, en passant, le Code criminel utilise le même
mot, ça devient ipso facto une matière de juridiction criminelle
exclusive.
Donc, M. le Président, il me semble que la recevabilité
est inattaquable. Je peux très bien comprendre le désir du
ministre de ne pas vouloir aborder cette discussion sur le fond, encore que je
pense que son désir doit plutôt être considéré
dans le contexte de nos travaux d'hier, où il cherchait, en
évitant une telle argumentation, à nous faire conclure nos
travaux plus rapidement. Je sais que le ministre ne craint pas d'argumenter un
point au fond, et que, étant donné que nous disposons maintenant
de trois heures pour finir quelques articles, je suis sûr qu'il laissera
tomber ses objections sur la recevabilité.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que...
M. Johnson: M. le Président, brièvement pour
conclure l'argumentation que j'avais commencé à développer
en soulevant l'irrecevabilité, j'espère que cela n'affectera
aucunement le déroulement des trois prochaines heures; mais je ne
laisserai pas tomber mon argumentation quant à la
recevabilité.
M. Forget: Vous m'en voyez déçu, M. le
Président.
M. Johnson: Je suis sûr que le député de
Saint-Laurent aura de la difficulté à dormir ce soir.
M. Forget: Littéralement, peut-être.
M. Johnson: Pour les motifs que j'ai déjà
exposés et que je vais reprendre brièvement, pour les fins de
rafraîchir votre mémoire, M. le Président.
Premièrement, je pense que la notion de légiférer
sur la ligne de piquetage est une notion étrangère à ce
projet de loi.
Deuxièmement, je pense que les assises de dispositions visant
à légiférer la ligne de piquetage proprement dite, sur le
plan du droit constitutionnel, sont pour le moins chambranlantes; dans la
mesure où le Code criminel le prévoyant déjà, on
pourrait peut-être a priori considérer que même si cela
devait être souhaitable éventuellement pour l'Assemblée de
le faire, sur le plan constitutionnel, cela rendrait ces dispositions
inopérantes.
Le Président (M. Laplante): MM. les membres, hier,
j'aurais peut-être pu prendre une décision avant l'ajournement des
travaux, mais je préférais auparavant entendre l'argumentation du
député de Saint-Laurent sur un amendement qui se lirait comme
suit: "Aucune entente ou liste ne peut limiter la portée de l'article 4
de la Loi sur les services de santé et les services sociaux de 1971,
C-48, notamment de la part de l'association accréditée et de ses
membres par l'établissement d'une ligne de piquetage ayant pour but de
filtrer les bénéficiaires et d'intimider ceux-ci. "
Je suis allé en consultation hier soir, encore ce matin, sur ce
projet d'amendement, parce que je voulais que la décision que j'avais
à prendre soit motivée par d'autres gens qui ont vécu de
telles motions et qui ont l'habitude de les traduire.
J'en arrive au résultat suivant. Comme le disent les notes
explicatives du projet de loi no 59, l'article 4 contient des dispositions qui
sont entièrement de droit nouveau. Les principes et le contenu ayant
été adoptés en deuxième lecture, il ne faut pas
qu'une motion d'amendement aille à l'encontre. La motion d'amendement
proposée à l'article 4, troisième alinéa du
paragraphe 99j, n'irait sans doute pas à l'encontre du principe
exprimé si elle se limitait à exprimer ceci. Aucune entente ou
liste ne peut limiter la portée de l'article 4 de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux, 1971, C-48. En l'adoptant, on
resterait dans la même ligne de pensée tout en modifiant le texte
principal. Cependant, dès que vous voulez aller plus loin et qu'on entre
dans la question des lignes de piquetage, comme le disait à juste titre
le ministre du Travail, on s'introduit par voie d'amendement dans l'application
d'autres lois, notamment le Code criminel. Il y a une décision
importante et d'une grande logique qui a été rendue en commission
parlementaire lors de la dernière session, par un de mes
collègues, le député de Vanier, M. Bertrand, à
l'occasion de l'étude du projet de loi sur l'assurance automobile. Il a
été arrêté qu'un amendement était
inadmissible, s'il avait pour effet de modifier une autre loi, alors qu'une
telle modification n'était pas annoncée dans le projet de loi tel
qu'adopté en deuxième lecture. Une modification à une
autre loi est trop importante pour être faite en simple proposition
d'amendement lors de l'étude en commission d'un projet de loi article
par article. Ce serait trop élargir les pouvoirs d'une commission, alors
que les députés à l'Assemblée n'ont pas eu en
deuxième lecture l'occasion de se prononcer sur les principes
impliqués. Pour toutes ces raisons, la présidence ne peut
accepter une telle motion d'amendement.
M. Johnson: M. le Président, est-ce que nous pourrions
revenir au texte de 99j?
Le Président (M. Laplante): Article 99j,
adopté?
M. Forget: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais soulever un cas
qui avait été discuté lors des rencontres que nous avons
eues au début de l'étude de ce projet de loi. C'est le cas du
caractère permanent de la liste des services essentiels. (15 h 30)
Vous vous rappellerez, M. le Président, que, lorsque nous avons
entendu un certain nombre de représentations de groupes, on nous a fait
valoir que des listes de services essentiels ne pouvaient pas être
inchangées, indépendamment de la durée du conflit,
indépendamment aussi du moment où la liste a été
établie et de la date où le conflit survient. Au contraire, on
nous avait dit, je pense que le ministre avait été assez sensible
à ces arguments, que cette liste pouvait ou devait même être
modifiée suivant les circonstances du moment, qu'il pouvait arriver
qu'une liste de services essentiels pouvait être acceptable, à un
moment donné, mais que, six mois plus tard, elle pouvait être
absolument inadéquate; ou même en sens inverse, elle pouvait
être excessive.
Alors, je n'ai pas d'amendement à proposer; je voudrais
plutôt que mon intervention à ce stade-ci prenne la forme d'une
question au ministre pour lui demander s'il a pu réfléchir
à ce problème et
s'il est bien convaincu qu'il peut laisser le texte tel qu'il est,
à l'article 99j, deuxième alinéa. Encore une fois, j'avais
compris à ce moment-là qu'il avait nettement l'intention
d'envisager des possibilités de modifications.
De mon côté, j'avais à peu près
été convaincu du bien-fondé de ces remarques qui avaient
été faites. Encore une fois, je ne veux pas nécessairement
proposer un amendement, mais il me semble qu'il devrait y avoir au moins une
réserve exprimée dans cet alinéa, indépendamment
des ententes qui ont pu survenir. Le problème qui se pose, c'est qu'il
faut une nouvelle entente. Si une liste a été acceptée en
premier lieu et qu'on l'a faite vraiment dans le calme, dans une
préparation très sereine d'événements prochains, il
est bien évident que ça peut être bien différent de
ce que le conflit est, rendu sur place. À ce moment-là, les
ententes peuvent être extrêmement difficiles, même si, de
part et d'autre, objectivement, on pourrait convenir que la liste est vraiment
inadéquate.
M. Johnson: M. le Président, le député
d'Outremont fait bien de souligner cette question, puisqu'on se l'est
posée à plusieurs reprises depuis le début de
l'élaboration de ces dispositions il y a maintenant près de deux
mois. Nous y avons repensé surtout à l'occasion de l'audition des
parties en commission parlementaire.
Cependant, j'ai bien peur de ne pas avoir de réponse, au niveau
de la traduction législative, à donner à cette
préoccupation, pour trois raisons. La première, c'est que, dans
la mesure où l'on désire voir cette liste syndicale être
une sorte de "last offer", comme on dit en anglais, il ne faut quand même
pas permettre qu'elle puisse être variable. En effet, la sanction
possible d'une liste incomplète, c'est la suspension du droit de
grève. Il deviendrait trop facile de dire que cette liste peut
être émise n'importe quand, modifiée n'importe quand. On
permettrait ainsi au syndicat d'ajouter, devant la menace d'une suspension de
son droit de grève, de nouveaux effectifs et de recommencer de
là. Finalement, on en vient à une notion de médiation qui,
au lieu d'être faite par le comité, comme le suggérait le
rapport Martin-Bouchard c'est une option que nous avons rejetée
serait faite carrément par le Conseil des ministres, ce qui est
un peu absurde.
La deuxième raison, c'est que nous voulons sortir les ententes et
la liste de la période chaude de négociation, en étant
bien conscients que l'inconvénient que cela comporte, c'est que ces
listes seront publiées au moins six mois avant le déclenchement
du conflit et possiblement un an dans certains cas.
L'inconvénient est évidemment que six mois à
l'avance, on ne peut prévoir le taux d'occupation de l'hôpital ou
les difficultés particulières sur le plan des maladies, une
épidémie, une tempête de neige, une poussée de
fièvre des foins avec des gens qui ont de l'asthme, etc.
Cependant, il n'y a rien qui dit que la liste elle-même ne
comprend pas des éléments possibles de variation qui tiennent
compte, par exemple, du taux d'occupation de l'hôpital. D'autre part, il
y a toujours cette possibilité qu'une entente de bonne foi, en
présumant que le syndicat voudrait modifier sa liste à la
hausse... On peut présumer que l'hôpital acceptera que cette liste
soit modifiée à la hausse et on aura recours à une entente
à ce moment-là.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, le concept de l'offre finale
est un concept sur lequel le ministre se réfère souvent dans
l'expression de ses opinions. Je ne voudrais pas faire de débat sur ce
concept qui n'a pas encore été appliqué ici tout au moins.
On ne sait pas trop comment les gens vont réagir. C'est beaucoup plus
une théorie ou un concept qu'autre chose. Je ne pense pas qu'on puisse
invoquer ce concept pour faire face à la difficulté qui me semble
tout à fait réelle. Une liste soumise six mois ou un an avant un
conflit me paraît vraiment très artificielle. Si on avait
essayé d'user d'un peu d'imagination, on aurait pu trouver au moins
quelques assurances que cette liste ne deviendra pas une grosse pierre
d'achoppement, une fois le conflit déclaré.
Enfin, comme je n'ai pas moi non plus de proposition précise
à faire, sauf qu'il me semble on peut imaginer une formulation
qu'on aurait pu mettre tenant compte des circonstances ou prévoir
quelque chose comme cela pour qu'il y ait au moins une petite réserve
qui apparaisse. Si je comprends bien, si on découvre le matin du conflit
que la liste qui a été acceptée est vraiment
inadéquate, il n'y a rien à faire. C'est ce que je comprends.
M. Johnson: II y a possibilité d'une autre entente.
M. Raynauld: Elle a été acceptée au
préalable.
M. Johnson: II y a deux choses. Il y a la possibilité
d'une autre entente, d'une part. Il n'y a rien qui empêche, d'autre part,
le syndicat lui-même de fournir plus d'effectifs que ce qui est
prévu dans sa liste.
M. Raynauld: Là, on rêve en couleur. M. Johnson:
Non, mais si...
M. Raynauld: II y a un conflit. Le conflit se déclare un
matin.
M. Johnson: D'accord.
M. Raynauld: Vous me dites qu'ils vont aller plus loin que ce
qu'ils étaient prêts à faire lorsqu'ils ont
décidé à froid, sereinement... et que le jour du
conflit...
M. Johnson: Ce n'est pas impossible, c'est déjà
arrivé. L'exemple, c'est un incendie dans un
hôpital de Montréal, il n'y a pas très longtemps,
où les gens se déplaçaient la nuit pour aller donner un
coup de main. Ce sont des choses qui peuvent arriver. Je suis d'accord avec
vous qu'il ne faut pas partir avec le principe que c'est cela qui va
s'appliquer partout.
Je vous dis qu'une des solutions à cela, si le syndicat, lui,
proprio motu, décide que cela prend plus de monde pour un tas de
raisons, il n'y a rien qui l'empêche d'envoyer plus de monde.
M. Raynauld: Non, je comprends cela, mais je pense qu'on ne peut
pas compter là-dessus.
M. Johnson: Si la liste est inadéquate, il peut se faire
suspendre son droit de grève.
M. Raynauld: Non, elle a été acceptée par
hypothèse, comme étant...
M. Johnson: Acceptée par qui? M. Raynauld: Qui
l'accepte?
M. Johnson: Non, il n'y a personne qui accepte les listes.
M. Raynauld: Oui, il y a un conseil.
M. Forget: Implicitement oui.
M. Johnson: Non.
M. Raynauld: Implicitement, il est accepté.
M. Forget: Le Conseil des ministres qui ne dénoncera pas
une liste pour l'avoir acceptée.
M. Raynauld: II ne dénoncera pas la liste.
M. Johnson: C'est cela. Il peut toujours... Le Conseil des
ministres ne décide pas d'accepter les listes. Il peut décider
qu'une liste est inadéquate.
M. Raynauld: II peut décider cela n'importe quand.
M. Johnson: En d'autres termes, le Conseil des ministres n'est
pas saisi de l'ensemble des listes. Le Conseil des ministres sera saisi des
listes considérées au niveau d'une évaluation technique
comme a priori inadéquate. Pour les autres, on peut tenir pour acquis
que comme elles n'ont pas été jugées inadéquates,
elles sont adéquates.
M. Forget: C'est cela.
M. Johnson: II peut très bien arriver qu'elles n'aient pas
été jugées inadéquates à temps et que cette
décision intervienne au moment du déclenchement du conflit, parce
qu'il n'y a rien qui empêche le lieutenant-gouverneur en conseil de
procéder à cette décision à quelque moment que ce
soit.
M. Chevrette: C'est la deuxième fois que le
lieutenant-gouverneur prend plus de temps à décider que la
fonction publique exige...
M. Raynauld: De revenir sur sa décision?
M. Forget: M. le Président, le troisième
alinéa de l'article 99j par lequel le ministre prétend introduire
la notion de libre accès à l'hôpital durant une
période de conflit de travail, à mon avis, n'est qu'une
démonstration purement artificielle et purement vide de sens, une
espèce de coup de chapeau que le ministre donne à un beau
principe au passage. Je ne vois vraiment pas quelle signification attacher
à ce paragraphe. Qu'on lise le paragraphe, où on dit: Une entente
ou une liste doit notamment prévoir le libre accès d'un
bénéficiaire. Qui, pense-t-on, va figurer sur la liste pour
donner une substance à cette obligation? On n'a qu'à mettre sur
la liste: Le syndicat untel et untel de tel hôpital à tel endroit
prévoit le libre accès d'un bénéficiaire
conformément à la loi. On pourra juger que cela lui permet de
satisfaire à l'obligation que l'entente ou la liste prévoit le
libre accès. Ils n'ont qu'à mettre une espèce de formule
de style. Je vois tout de suite les centrales syndicales imprimer des formules
à l'avance où on laisse des blancs pour la description des
services. On imprime d'avance à la fin: La liste ci-dessus ne porte en
aucun moment préjudice au droit des bénéficiaires en vertu
de la Loi sur les services de santé et les services sociaux. Bingo. On a
satisfait la loi. On a satisfait le ministre, mais on n'a satisfait personne
d'autre, parce que dans le fond, c'est une obligation qui est vide de sens.
Il s'agit simplement de dire qu'une loi qui a été
adoptée il y a sept ans par l'Assemblée nationale est toujours en
vigueur. On n'a vraiment pas besoin du troisième paragraphe pour le
dire. On savait cela bien avant. On n'a même pas besoin du ministre pour
le dire. Même s'il ne voulait pas, il faudrait d'abord qu'il fasse
abroger la loi ou abroger l'article 4 pour dire autre chose. On n'ajoute
absolument aucun élément nouveau, mais comme il y a eu des
audiences, on a dit publiquement que c'était peut-être une bonne
idée de garantir l'accès; alors, on met un paragraphe qui ne veut
strictement rien dire, et après, on utilise des manoeuvres de
procédure pour bloquer la discussion sur la seule façon pratique
et concrète de donner un sens à cet engagement,
c'est-à-dire de viser spécifiquement des comportements qui
pourraient avoir pour effet de nier dans la pratique le libre accès aux
centres hospitaliers durant un conflit de travail.
Ce n'est pas avec des promesses verbales que le ministre va nous
encourager à croire dans ses déclarations et ce n'est pas non
plus avec des promesses purement verbales que le ministre va résoudre le
problème des difficultés d'accès durant les conflits de
travail. La loi 253 contenait la même disposition et il me semble
qu'à l'expérience, comme on a décidé de la changer,
on aurait pu voir la nécessité d'aller un peu plus loin,
parce
qu'il y a eu des problèmes relativement à l'accès
dans les centres hospitaliers, malgré que la loi prévoyait qu'il
ne devait pas y en avoir. Ce n'est pas en réaffirmant une
deuxième ou une troisième fois que les
bénéficiaires ont accès aux centres hospitaliers qu'on va
changer quoi que ce soit à la réalité.
Effectivement, les lignes de piquetage vont être là, on va
faire le filtrage et, d'ailleurs, ce sont les porte-parole du front commun qui,
pas plus tard que la semaine dernière, nous avouaient candidement qu'ils
se croyaient tout à fait justifiés et tout à fait
autorisés, tout à fait qualifiés pour déterminer si
des gens qui arrivent en ambulance sont des "scabs" ou des vrais malades, et,
aux objections du ministre que quelqu'un qui arrive à l'hôpital
avec un mal de ventre, on serait bien embêté de voir quelqu'un qui
est à l'entretien ménager et qui se trouve, par hasard, à
ce moment-là, sur la ligne de piquetage, décider si c'est un vrai
mal de ventre ou un mal de ventre de circonstance, et que, par
conséquent, on ne peut pas faire confiance à son affirmation. Il
faut lui dire: Écoutez! L'hôpital est fermé, vous ne pouvez
pas entrer.
Quand même le ministre nous dirait: Écoutez! Tout peut
arriver, et les syndicats, s'ils se rendent compte qu'ils ne sont pas
raisonnables, ils peuvent accepter de réviser leur position et
d'être raisonnables; c'est une argumentation qui ne repose pas sur
grand-chose, puisque ça, c'était vrai en 1976, c'était
vrai en 1972, c'était vrai en 1968. Cela a toujours été
vrai. Quand les gens sont raisonnables, il n'y a pas de problèmes et on
n'a pas besoin de légiférer, sauf que, qu'est-ce qui arrive quand
les gens ne sont pas raisonnables, précisément? (15 h 45)
Ils ne trouveront pas là-dedans des guides bien précis
pour les persuader qu'ils contreviennent à la loi. Ils vont dire: Bien
oui, c'est vrai. Ils ont droit d'accès, mais, seulement, par malheur,
notre hôpital et en grève. Alors, ils conservent un droit
d'accès, mais qu'ils aillent à un autre hôpital qui n'est
pas en grève. C'est une réponse comme une autre, M. le
Président, et je ne suis pas sûr si même un juge, devant un
article de loi comme celui-là, ne donnerait pas raison à une
fermeture totale et complète par une ligne de piquetage étanche
d'un centre hospitalier. Après tout, ce n'est pas le fait, pour un
individu, de se trouver dans une ligne de piquetage devant un hôpital qui
abroge la Loi sur les services de santé et les services sociaux. Tout le
monde sait bien qu'elle reste là dans les statuts du Québec et
qu'il y a probablement mais personne n'est obligé de le savoir
d'autres hôpitaux dans la province qui fonctionnent le même
jour et à la même heure. Alors, pourquoi tomber sur la tête
des gens avec une chose aussi générale? Personne ne se sent
visé. Personne ne se sent concerné. Il n'y a comportement qui est
déclaré illégal, irrégulier ou contraire à
l'esprit de la loi. Tout ça, c'est laissé à
l'interprétation de tout un chacun et on sait comment les gens font
l'interprétation quand leurs intérêts personnels ou les
intérêts de groupes sont impliqués.
Il y a des précédents, M. le Président, pour que la
réglementation sur les droits de piquetage se fasse. On en parle dans
des pays qui sont pourtant réputés être des pays
progressistes, qui ont une réglementation ou, dans certains cas,
actuellement, qui considèrent la possibilité de
réglementation du droit de piquetage, étant donné les abus
auxquels ça donne lieu parfois et étant donné les plaintes
que ça engendre dans le public.
M. le Président, ce n'est certainement pas en bâillonnant
l'Opposition quant à la recevabilité de tel ou tel amendement qui
cherche à aller un peu plus loin qu'on va faire avancer le débat.
Je ne veux pas faire de drame avec cela, mais il reste que c'est un point
fondamental. Je crois que tout le monde en a reconnu la justesse la semaine
dernière en commission parlementaire. Si le gouvernement n'est pas
prêt à aller plus loin que cela, nous, nous allons vraiment nous
poser des questions sur son sérieux dans l'adoption de ce projet de loi
59.
M. Johnson: M. le Président, l'article 4 de la Loi des
services de santé et services sociaux dit simplement que toute personne
a droit de recevoir les services de santé et les services sociaux
adéquats sur les plans à la fois scientifique, humain, social,
avec continuité et de façon personnalisée, compte tenu de
l'organisation et des ressources des établissements qui dispensent ces
services.
Prenons cet article. Présumons d'une situation où une
ligne de piquetage devient étanche qu'on empêche les gens d'avoir
accès à l'hôpital. Je doute fort que quelqu'un puisse avoir
un recours en vertu de l'article 4 de la Loi des établissements de
santé et de services sociaux. Cela ne m'apparaît pas un texte qui
crée une infraction pour violation à ce droit. Je ne suis pas
sûr qu'il donne vraiment recours à la personne. Cependant, on
imagine assez mal le citoyen qui a été empêché de
franchir une ligne de piquetage pour aller dans une salle d'urgence prendre une
injonction en vertu de l'article 4 de la Loi des services de santé.
Ce que nous faisons très concrètement, c'est que nous
disons, dans le texte, que le libre accès doit être prévu
dans la liste. Si le député de Saint-Laurent prête bien
attention au texte qu'il a devant lui, il verra que le Code du travail
prévoit dorénavant que nul ne peut contrevenir aux dispositions
de l'entente conclue ni déroger à la liste déposée.
Ce qui signifie qu'il y a effectivement une sanction au non-respect de
l'engagement de garantir le libre accès aux bénéficiaires
et qu'il y a effectivement une sanction en vertu du Code du travail.
Je pense que cela est déjà une amélioration
considérable sur la loi 253 qu'avait pilotée le
député de Saint-Laurent à l'époque où on
disait qu'un accord ou une décision en parlant de la
décision du commissaire aux services porte notamment sur la
possibilité d'accès et les besoins particuliers des
bénéficiaires. Je pense qu'il y a une amélioration dans la
mesure où on crée, par la
loi, l'obligation pour les parties d'avoir des dispositions quant au
libre accès et qu'on oblige, un paragraphe plus bas, les parties
à respecter ces dispositions.
M. Forget: II y a, dans l'interprétation des lois, une
règle qui est assez bien connue et qui est essentiellement la suivante:
Le législateur ne peut créer un impôt ni imposer une
pénalité à moins d'être extrêmement explicite
sur la façon dont s'il s'agit d'une mesure fiscale
l'impôt est prélevé sur son taux, sur ceux qui sont tenus
de le payer. On ne pourrait pas dans une loi, prétendument fiscale,
dire: Tout citoyen est tenu de payer un impôt raisonnable au
gouvernement. On imagine tout de suite... Il s'agit de le dire pour que le
ridicule de la situation apparaisse. Il y a des tables d'impôt qui sont
dans la loi, il y a des règles pour le calcul du revenu imposable ou de
l'activité imposable et Dieu sait combien c'est fait avec
précision et minutie.
De la même façon, quand on décrète une
pénalité, il faut y aller avec le même genre de minutie, le
même genre de circonspection. Il n'y a pas de loi qui dise: Quelqu'un qui
se comporte de façon irresponsable est sujet à une amende de
$500. Ce n'est clairement pas le genre de chose qu'on retrouve dans des lois et
on se rend tout de suite compte que des lois formulées comme cela ne
peuvent pas avoir d'application. Un tribunal qui est saisi par un comportement
et qui est saisi par le Procureur général par la demande
d'imposer une pénalité, une amende en vertu du Code du travail ou
en vertu de n'importe quelle disposition pénale d'une loi provinciale ou
d'un statut quel qu'il soit, va se demander: Est-ce que la personne que l'on
accuse d'avoir contrevenu à la loi, d'avoir commis une infraction avait
les moyens d'avance de savoir exactement ce qui était permis et ce qui
était interdit? La réponse immédiate de l'avocat de la
défense devant une situation comme celle-là ce serait de dire: M.
le juge, quand on lit cet article, il n'y a absolument aucune façon de
voir si un gréviste, un membre d'un syndicat, qui se comporte comme
normalement on s'est toujours comporté dans les cas de grève et
qui accepte pendant une journée ou deux, à l'occasion, quand son
tour vient, d'aller faire du piquetage, il n'y a absolument pas le moyen de
savoir à partir de quel moment il a posé un geste qui
était une négation du droit d'accès des citoyens à
l'hôpital.
Ou c'est une interdiction absolue de piquetage, et je suis à peu
près sûr que ce n'est pas ce que veut dire le ministre, ou, alors,
c'est une interdiction circonstanciée et limitée, mais les
circonstances et les limites n'apparaissent pas dans la loi, le tribunal
n'aurait d'autre choix que de renvoyer tout le monde en disant: II n'y a pas
d'offense, il n'y a pas d'infraction. Il ne peut pas y avoir de
pénalité, il ne peut pas y avoir d'amende. Encore une fois, dans
les listes en question, on va pouvoir s'acquitter de la lettre de l'exigence
littérale qu'on retrouve dans l'article en disant tout simplement: Le
syndicat reconnaît que le troisième alinéa du paragraphe
99j du Code du travail s'applique.
À ce moment-là, à moins que le ministre ne nous
dise quoi d'autre il va chercher à retrouver dans les listes, quel
renseignement plus précis, quelle règle plus
détaillée il va chercher à trouver dans les listes et,
s'il ne les y trouve pas. il va décréter la suspension du droit
de grève jusqu'à ce quelle s'y trouve, à ce
moment-là, on doit présumer que tout ceci, ce sont exactement
cinq lignes de texte qui n'ont aucune signification.
M. Johnson: M. le Président, en terminant, j'ai
l'impression que le député de Saint-Laurent n'a pas lu
attentivement le texte. C'est très clair. On dit qu'une entente ou une
liste doit prévoir le libre accès à
l'établissement. C'est français, il me semble.
Deuxièmement, c'est un impératif d'après la loi, en droit
administratif c'est une disposition impérative, "doit prévoir".
Deuxièmement, le paragraphe dernier de cet article 99j prévoit
que nul ne peut contrevenir aux dispositions de la liste que l'on vient de
décrire. Comme la liste contient une obligation et une prévision
explicites de la liberté d'accès, je pense qu'il y a là
matière à infraction, que c'est très clair et que
n'importe quel juge, en lisant ces deux paragraphes, verrait qu'il est beaucoup
mieux assis que de référer à l'espèce de droit
qu'on consacre à l'article 4 de la loi 65 alors qu'ici on crée
une obligation spécifique pour le syndicat et les personnes qui,
à toutes fins pratiques, sont sur la ligne de piquetage. M. le
Président, est-ce que l'article 99j est adopté?
M. Forget: Non, M. le Président, nous avons un autre
amendement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Sur la même question, si le ministre le permet.
Je ne voudrais pas entamer une guerre des mots uniquement là-dessus,
mais il y a un autre aspect que j'aimerais toucher. Je ne le ferai pas sous
forme de motion d'amendement, mais sous forme de suggestion au ministre. Si on
modifiait l'article 99j, comme l'amendement du ministre le propose, de la
façon suivante: "Une entente ou une liste doit notamment prévoir
le libre accès d'un bénéficiaire à un
établissement conformément aux dispositions de l'article 4 de la
Loi des services de santé et des services sociaux ".
Je m'explique, M. le Président. À ce moment-là, il
y aurait une dualité dans la prévision qu'on inclurait dans le
projet de loi. D'abord, comme la première partie de l'article 4 de la
Loi des services de santé et des services sociaux le mentionne, on
assurerait l'accès, tel que le ministre l'indique, du
bénéficiaire à l'établissement, mais, en
contrepartie, on assurerait ce qui est prévu ici, c'est-à-dire
qu'un établissement ne peut cesser d'héberger un
bénéficiaire qui a reçu son congé, à moins
que l'état de celui-ci ne permette son retour à domicile ou
qu'une place ne lui soit assurée dans un autre établissement
où il pourra recevoir les services nécessités par son
état.
Il y aurait les deux cas prévus, non seulement le libre
accès du bénéficiaire à l'établissement
de
santé, mais également, si on libelle la motion de la
façon que je le suggère à ce moment-ci, on
préserverait le patient dans un établissement que du jour au
lendemain, dans un conflit de travail, on l'expulse et le retourne chez lui. Si
on incluait les mêmes dispositions qui étaient prévues dans
cet article 4 de la Loi des services sociaux, je pense qu'on couvrirait
davantage de sujets et on assurerait une protection beaucoup plus grande, non
pas seulement au niveau du libre accès, mais au niveau de la protection
du patient qui est à l'intérieur de l'hôpital.
Je n'ai pas besoin de citer beaucoup de cas. Le ministre est au courant
de ce qui s'est passé lors des derniers conflits de travail. J'ai eu de
nombreux exemples de personnes qui ont été sorties des milieux
hospitaliers, et qui n'étaient pas toujours dans des conditions tout
à fait souhaitables.
M. Johnson: II y a deux choses dans ce que dit le
député de Richmond, M. le Président. Premièrement,
la question du libre accès avec une référence à
l'article 4. Je pense, même si je comprends la suggestion qu'il nous
fait, que cela aurait comme effet d'affaiblir l'article. Dans la mesure
où l'article 4 réfère à une notion, compte tenu de
l'organisation des ressources des établissements qui dispensent ces
services... On sait qu'en cas de crise, en cas d'application de cet article
dans la réalité... Si on est dans une crise, qu'il y a une ligne
de piquetage et que les services sont réduits dans
l'hôpital...
Si on se réfère à l'article 4, on dit: Compte tenu
de l'organisation et des ressources des établissements qui dispensent
ces services, on est dans une situation où effectivement, quelqu'un
pourrait dire à la porte: J'ai empêché l'accès
à un bénéficiaire, parce que je sais très bien
qu'à l'intérieur il n'y a pas suffisamment de services pour qu'on
lui dispense des soins en continuité, en tenant compte qu'ils sont
personnalisés, etc, comme le dit l'article 4. Je pense que cela aurait
pour effet d'affaiblir la volonté.
Quant à l'autre élément qu'il soulève au
sujet des patients qui sont à l'intérieur, qui ne peuvent pas
être libérés, etc., je pense que l'article 4 est là
pour ça. Il est lui-même là et je pense que cela n'a aucun
lien avec la notion de la liste, etc, à moins qu'on dise...
M. Brochu: II n'y a pas de sanction légale, par exemple.
À ce moment-là, ça lui donnerait la force d'une sanction
légale, applicable en vertu de l'article 126.
M. Johnson: Sauf que ça pourrait aussi être
utilisé dans un contexte où des gens décident de s'adonner
à une guerre juridique ou judiciaire. Cela pourrait aussi être
utilisé pour dire que, de toute façon, l'article 4 et les grands
principes de la Loi des services de santé et des services sociaux, dans
un cas de grève dans le secteur hospitalier, ne sont pas
respectés. Il n'y a personne qui va nier ça, il ne faut quand
même pas se boucher les yeux. Quand vous avez un hôpital qui
fonctionne à 35%, que vous avez, pour les 35% des lits occupés,
la moitié des services habituels que vous fournissez aux patients,
pourquoi est-ce qu'on continue à se compter des blagues, que la loi 65
est respectée?
Ce n'est pas vrai. En période de crise et en période de
grève dans les hôpitaux, on ne respecte pas la philosophie de la
loi 65. Je trouve ça regrettable, je trouve ça déplorable.
Que voulez-vous, c'est une situation de fait avec laquelle on vit depuis dix
ans.
Ce qu'on dit dans ce contexte, c'est: Créons des obligations
très précises en cas de crise. On en crée une interdiction
ici, celle de nuire au libre accès de l'établissement de celui
qui est bénéficiaire. La notion de bénéficiaire,
cependant, est très commode, dans l'article 1p de la Loi des services de
santé et services sociaux. Il nous dit spécifiquement: Un
bénéficiaire, c'est toute personne à qui sont fournis des
services essentiels ou des services sociaux par un établissement ou une
famille d'accueil. C'est vraiment le patient qui arrive à la porte et
qui dit: Moi, je veux entrer dans la salle d'urgence. (16 heures)
Autrement, on pourrait simplement, carrément se passer le Code du
travail pour régir ce secteur et dire. En tout temps, la loi 65
s'applique. On sait très bien ce qui se passe. On est obligé
d'avoir des disposition spécifiques. À toutes fins utiles, la loi
65, si on se rappelle l'esprit dans lequel elle a été
adoptée, implique qu'il ne devrait jamais y avoir d'interruption des
activités constantes, normales et usuelles des hôpitaux au
Québec. On sait que cela n'est pas vrai. Cela veut dire, à toutes
fins utiles, l'abolition du droit de grève qui, lui-même, ne
réglera rien, je pense, comme on a pu en faire la
démonstration.
Mais je comprends très bien ce que veut dire le
député de Richmond. Cependant, je pense que, dans un premier
temps, l'amendement qu'il suggère aurait comme effet, malheureusement,
d'affaiblir l'article, même si ce n'est pas du tout le but
recherché. Quant à l'autre partie, je pense que cela ouvre tout
le domaine de la comptabilité du droit de grève dans les
hôpitaux et de la loi 65, bien plus qu'autre chose.
M. Brochu: Mais je ne me référais pas à ce
moment-là à tout le contexte de la loi 65. Je spécifiais
l'article 4. Si le seul argument du ministre, c'est de dire: Compte tenu de
l'organisation des ressources des établissements qui dispensent ces
services, ce qui est inclus dans la loi, ce qui pourrait ouvrir une porte
à une interprétation lors d'une grève, sur une ligne de
piquetage, pour dire à des gens, comme le ministre l'a indiqué:
On ne vous donne pas le droit d'entrer parce que ces services ne sont pas
dispensés, à ce moment-là, est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu de reproduire tout simplement l'article 4, mais en enlevant cette partie
du "compte tenu"? Disons que trop fort ne casse pas. Si on inclut dans
l'amendement du ministre ces deux éléments... Le fait du
libre
accès, j'en suis, on le reconnaît et il faut que ce soit
comme cela.
Mais, si on le reconnaît d'une façon plus forte, en
incluant l'article 4 de la Loi des services sociaux et des services de
santé, en enlevant la partie qui répugne au ministre de ce
côté, il me semble que cela m'apparaît apporter beaucoup
plus de force. Nulle part il n'est question du patient qui est en dedans et
qu'on peut expulser du jour au lendemain. Là, on aurait cette
disposition prévue dans la loi. Ce serait une garantie, par rapport aux
gens, dans le milieu hospitalier.
M. Johnson: Mais cette responsabilité, ultimement, c'est
une responsabilité médicale.
M. Brochu: D'accord.
M. Johnson: Et ce n'est pas un choix facile à faire pour
les médecins je l'ai vu pendant une grève de
décider de classer un patient A ou B. A, cela veut dire qu'il reste
à l'hôpital; B, cela veut dire qu'il peut sortir à la
condition qu'on ait une certaine idée de l'environnement dans lequel il
s'en va.
M. Brochu: J'imagine un peu le contexte dans lequel cela peut se
faire. Quand il y a une grève et qu'il y a des piquets de grève
à l'extérieur, quand il y a des pressions qui se font... Il y a
un patient qui est arrivé chez nous, qu'on avait mis hors de
l'hôpital pas dans un trop bel état, même dans un
état assez lamentable. Il avait fait 80 milles en autobus, avec du sang
qui coulait par les oreilles à la suite d'une opération. Il y a
eu d'autres cas comme cela. Comment cela s'est-il fait? On peut voir le climat
et le contexte dans lesquels une telle discussion peut avoir lieu.
M. Johnson: Sans doute pas à cause de la ligne de
piquetage. C'était sans doute à cause du nombre réduit de
services qu'il y avait dans le service postopératoire. Cette
décision est une décision médicale.
M. Brochu: S'il y avait cette disposition dans la loi, même
le service médical serait obligé d'en tenir compte, aurait
certaines obligations inscrites dans la loi par rapport à ses
patients.
M. Johnson: C'est cela. Vous allez mettre le médecin dans
une position telle qu'il dira: Tout mon postopératoire, je le garde ici,
je me couvre face à la loi, je ne fais pas d'actes qui peuvent
être considérés comme dangereux et par lesquels je peux me
rendre coupable d'un acte dérogatoire au Code de déontologie ou
aux pratiques normales de ceux qui ont prêté le serment
d'Hippocrate. Mais, dans le fond, je vais avoir 40 personnes dans le
postopératoire alors que je n'ai pas assez de personnel pour s'en
occuper.
Dans certains cas, on risque plus à avoir certains types de
patients dans un hôpital, si on n'a pas certains services, que de les
avoir à l'extérieur. Quand on pense entre autres à des
gens qui ont des problèmes immunitaires, des problèmes
d'infection.
M. Brochu: Mais est-ce qu'à ce moment-là, les
médecins ne géreraient pas d'une façon aussi responsable
puisque c'est le principe que le ministre donne à ce
moment-là le fait d'utiliser leur bloc opératoire à
telle capacité, selon les besoins, de la même façon que le
ministre dit qu'ils vont le faire maintenant lorsqu'il va s'agir d'expulser des
malades, ou en les classant A ou B?
M. Johnson: Je ne pense pas que cette commission, ou le Code du
travail, ou le gouvernement, ou qui que ce soit puisse entrer dans le
détail de définir qui va rester et qui va sortir. C'est une
situation anormale qu'on soit obligé de vider un hôpital.
M. Brochu: C'est vrai.
M. Johnson: C'est une situation aberrante. D'accord? On dit: On
va vivre avec cela parce qu'on est dans une société qui fait cela
de même. Ce n'est pas vrai qu'en adoptant une loi, on va mettre fin
à cela.
M. Brochu: C'est vrai, mais par contre il faut limiter les
dégâts.
M. Johnson: On peut seulement souhaiter que cela se fasse de
façon à créer le moins de dommages possible. À
partir du moment où on dit que Ion vit dans l'absurdité au niveau
des services essentiels, on essaie de les baliser en disant aux gens: Vous avez
à respecter un minimum de choses. Vous allez exercer cela dans un cadre
où on pense qu'il va y avoir le moins de dommages possible. Mais ce
à quoi nous réfère le député de Richmond
finalement, c'est de revenir à la notion que les services essentiels
sont en fonction du taux d'occupation décidé par les
médecins. Je vais lui répondre en disant qu'on ne sera pas plus
avancé, parce que n'importe quel médecin, s'il a vraiment le
choix et s'il sait qu'il a un choix, il aime bien mieux garder un patient deux
jours de plus à l'hôpital pour être bien sûr, que de
le mettre dehors.
M. Brochu: À ce moment-là, on ne lui laisse pas la
possibilité d'exercer sa profession consciemment.
M. Johnson: À ce moment-là, ce que vous me dites,
c'est l'abolition du droit de grève, en souhaitant et en priant le petit
Jésus qu'il n'y ait pas de grève.
M. Brochu: Seulement une impression. L'impression que cela me
fait, c'est un peu comme les Américains qui s'en vont à Helsinki,
non pas pour gagner quelque chose ou arriver avec des données plus
réalistes, mais simplement pour dire de quelle façon ils
acceptent que la Russie leur entre
dans le corps. C'est un peu le portrait que cela me donne. On dit: On
vit dans l'absurde. On accepte l'absurdité de la situation et on essaie
de négocier de quelle façon ce sera absurde.
M. Johnson: On essaie de minimiser les effets de ce type
d'absurdité qu'on peut connaître dans le secteur hospitalier
à cause d'une grève. On essaie de prendre les moyens les plus
concrets qu'on puisse prendre en tenant compte du fait que s'il doit y avoir
une grève dans le secteur hospitalier, il va y en avoir une. On peut
bien s'asseoir ici et dire qu'il n'y en aura pas, mais cela ne changera rien.
S'il y a des gens qui veulent faire la grève, ils vont la faire, loi ou
pas, qu'on ait dit ce qu'on voudra dans ce texte de loi. Qu'il y ait un minimum
de conditions ici et que dans le contexte d'une grève qui pourrait
survenir dans le secteur hospitalier il n'y a pas de garanties que cela
va survenir, soit dit en passant, c'est une police d'assurance, ce n'est pas
une obligation de faire la grève dans le contexte où cela
devrait arriver, on dit: Voici les conditions minimales qui doivent être
respectées par ceux qui vont exercer ce droit de grève.
On a l'impression qu'en reconnaissant le droit de grève et en le
balisant, l'adhésion de ceux qui sont susceptibles de faire la
grève risque de respecter ces dispositions. C'est cela le pari qu'on
fait comme législateur là-dedans.
M. Brochu: À ce moment-là, vous misez uniquement
sur l'attitude des gens en présence.
M. Johnson: Pas uniquement, on dit que c'est une affaire
d'adhésion. Est-ce que, oui ou non, les gens vont adhérer
à ces dispositions? Il y a deux extrêmes là-dedans, ou on
dit: On n'en parle même pas. Dans certains cas, il y a des gens qui vont
dire: Puisqu'on n'en parle pas, je ne suis pas dans l'illégalité
et je fais ce que je veux. Il peut arriver que dans un cas isolé on ait
des gens qui agissent de façon parfaitement irresponsable. Il pourrait
même arriver que, dans notre société, parce qu'il n'y a
rien qui prévoie qu'il y a des limites à l'exercice de ce droit
dans le secteur hospitalier, il y ait une espèce de traînée
de poudre un peu psychotique de gens qui disent: De toute façon, il n'y
a rien, tout nous est permis.
L'autre extrême, c'est de dire: Abolition du droit de
grève. L'abolition du droit de grève, j'ai la profonde
conviction, pour avoir vu évoluer la situation depuis 1966 au
Québec et pour regarder évoluer le syndicalisme entre autres dans
le secteur hospitalier, que c'est une aberration, que cela ne sera pas
respecté.
Je me dis: Entre les deux, qu'est-ce qu'il y a? À partir du
moment où on a l'impression et la conviction profonde que l'abolition du
droit de grève n'empêchera pas les grèves, on dit:
D'accord, on va reconnaître le droit de grève, mais on va le
baliser. Ces balises, on pense que les travailleurs sont capables d'y
adhérer et on pense qu'ils ne seraient pas capables d'adhérer
à l'idée qu'ils n'ont pas le droit de grève. D'autre part,
ce n'est pas le laisser- faire total qui permettrait une traînée
de poudre d'irresponsabilités.
Si les travailleurs adhèrent à cela parce qu'ils ont le
droit de grève et parce qu'ils savent qu'il doit être
balisé à cause du secteur névralgique dans lequel ils
travaillent, j'ai l'impression qu'on aura peut-être fait un pas si
effectivement ils y adhèrent. C'est de rendre cela à la fois
"adhéra-ble" pour les travailleurs et le mouvement syndical dans le
secteur hospitalier et en même temps c'est une manifestation que dans un
contexte où le droit de grève existe dans un secteur aussi
fondamental que la santé, il y ait un minimum de balises pour
protéger les citoyens du Québec.
M. Brochu: S'ils les prennent. C'est dans ce sens que le ministre
dit qu'il veut faire un pas ici. Je lui proposerais en somme d'en faire deux
pour que ces balises soient beaucoup plus visibles.
M. Chevrette: Adopté.
M. Forget: II ne faut pas forcer le ministre à faire des
pas trop rapides.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent, si c'est pour annoncer une motion, parce que votre temps est
terminé déjà depuis la motion principale...
M. Chevrette: Je comprends! Il a parlé 25 minutes.
Le Président (M. Laplante): ... si on compte le temps
d'hier, d'aujourd'hui...
M. Forget: C'était sur la recevabilité. Avez-vous
compté séparément...
Le Président (M. Laplante): Vous avez annoncé une
motion. Oui, c'était sur la recevabilité. Je vous ai
laissé dire tout ce qu'il y avait à dire...
M. Forget: Ah mais...
Le Président (M. Laplante): ... parce qu'hier vous aviez
seulement abordé la recevabilité.
M. Chevrette: Une heure et deux minutes, en fait.
M. Forget: Je n'ai pas parlé 40 minutes. M. Chevrette:
Une heure et deux en tout.
Le Président (M. Laplante): Vingt minutes et beaucoup
plus. Tout de même, vous aviez une motion d'amendement annoncée.
C'est pour vous donner la chance de le faire.
M. Forget: Un article, une motion, cela fait quarante
minutes...
M. Johnson: À la rigueur, cela pourrait être le
député d'Outremont qui la présente, parce qu'il n'a pas
utilisé son temps.
Le Président (M. Laplante): Vous savez, jusqu'à
aujourd'hui je pense que j'ai été très élastique
sur le temps. Ce n'est que pour vous...
M. Forget: Je ne pense pas que vous nous ayez fait de faveur, M.
le Président.
M. Chevrette: N'en demandez pas. Faites votre motion.
Le Président (M. Laplante): On n'appellera pas cela des
faveurs, M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Au contraire. L'amendement se lit de la façon
suivante: "Que le paragraphe j) de l'article 4 soit modifié en ajoutant,
après le troisième alinéa, l'alinéa suivant: Dans
tous les cas où une entente n'intervient pas entre les parties, le
conseil doit rendre public sans délai son avis sur chacun des cas." Sur
cette motion, il est clair que, d'après les remarques que faisait le
ministre, d'ailleurs, en réponse aux arguments du député
d'Outremont, un peu plus tôt, il y a une certaine ambiguïté
que permet la loi quant à l'attitude du gouvernement, et même du
Conseil sur le maintien des services essentiels.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voulez m'en
donner copie?
M. Forget: II est clair qu'il y a une ambiguïté dans
l'attitude du gouvernement à partir du moment où il y a un
échec dans la conclusion d'une entente sur les services essentiels. Le
Conseil sur le maintien des services essentiels, de même que le Conseil
des ministres...
Le Président (M. Laplante): Avant d'embarquer dans le fond
de votre amendement, M. le député de Saint-Laurent, pour enlever
toute ambiguïté sur le temps, je vais la juger tout de suite
recevable, votre motion, pour que vous puissiez commencer à parler.
Est-ce qu'on est d'accord avec cela?
M. Forget: C'est cela. Il est 16 h 12.
Le Président (M. Laplante): II est 16 h 11, à ma
montre.
M. Forget: II est clair je vais recommencer une
troisième fois, puisque vous... Est-ce que vous avez d'autres
questions à me poser?
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas d'autre question.
C'est le déroulement normal.
M. Forget: Je vous invitais à y penser tout de suite.
Le Président (M. Laplante): Je crois que c'est le jeu
normal d'un président de faire ce que je fais là, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Ah bon! C'est plutôt inusité.
Le Président (M. Laplante): À votre façon
à vous.
M. Forget: M. le Président, il apparaît,
d'après les remarques du ministre tout à l'heure en
réponse aux questions du député d'Outremont, qu'il y a une
large mesure d'ambiguïté dans l'attitude du Conseil pour le
maintien des services essentiels et du Conseil des ministres lui-même,
à partir du moment où les parties dans un établissement ne
réussissent pas à s'entendre pour déterminer les services
qui doivent être maintenus pendant un arrêt de travail. Le ministre
tout à l'heure a dit: Ce qui n'est pas désapprouvé n'est
pas non plus implicitement approuvé. Cela nous fait une belle jambe
quand on approche d'un conflit de travail, et surtout lorsque la liste
syndicale est sur le point d'être publiée. On peut, bien
sûr, vouloir faire toute la preuve par l'absurde. J'ai l'impression que
c'est un mode de raisonnement que favorise le ministre de démontrer par
l'absurde que telle ou telle liste syndicale, dans les faits, n'est pas
satisfaisante et donne lieu à des problèmes, à des
difficultés, à des objections.
Il reste qu'il serait utile peut-être de prévenir
plutôt que de guérir. Si on attend qu'à force de temps,
à force de difficultés, au cours du conflit de travail, on se
rende compte que, soudainement, la liste syndicale est inadéquate ou
qu'elle n'est pas respectée, on pourra, bien sûr, invoquer la
suspension du droit de grève et les sanctions ordinaires prévues
par la loi. (16 h 15)
Mais est-ce qu'il ne serait pas souhaitable, justement, pour que
l'évaluation de la manière dont le syndicat a l'intention, ne
serait-ce que cela, de répondre à ses responsabilités
sociales dans le domaine, afin que cette évaluation se fasse dans la
période relativement froide où le conflit n'est pas en cours,
où la grève n'est pas commencée, qu'on ait un
mécanisme qui permette d'évaluer le sérieux de la liste
syndicale au moment où celle-ci est produite par le syndicat?
C'est le but de cet article. Après tout, l'article 99i
prévoit que le conseil est chargé d'informer le public de la
situation qui prévaut en matière d'ententes, de listes syndicales
et de maintien des services lors d'un conflit de travail. Le ministre pourrait
dire: Oui, ça, c'est déjà tout prévu. Mais, comme
il a indiqué qu'une liste pouvait ne pas être
désapprouvée et ne pas être approuvée en même
temps, il reste qu'il faudrait aller un peu plus loin que ça et demander
au conseil sur le maintien des services essentiels, justement, d'énoncer
son avis à lui, de dire: Dans tel hôpital, il n'y a pas eu
d'entente. On sait que le syndicat devra se prévaloir du droit que la
loi lui donne désormais de publier une liste prépondérante
de manière à s'assurer que le gouvernement et la population sont
en mesure d'évaluer si cette liste syndicale, au moment de sa
publication, est raisonnable ou pas. Plutôt que d'attendre à la
fin,
plutôt que d'attendre la grève, plutôt que d'attendre
les difficultés, voici ce que le conseil sur le maintien des services
essentiels pense des services qui devraient être maintenus. Justement, au
moment où la liste syndicale sera publiée, il sera facile de
faire la comparaison des deux et de dire: Oui, tout va bien. Effectivement, le
syndicat s'est haussé jusqu'à ce palier de sens de
responsabilités qui lui permet d'assurer, sur la base de sa liste
à lui, un service minimal, raisonnable.
Si, d'un autre côté, au moment de la publication de la
liste, en faisant une comparaison, on se rend compte qu'il y a une
disparité flagrante, on a là un motif d'intervention et le
gouvernement lui-même, qui, au moins à ce moment-là ou
peut-être plus tard, mais on espérerait qu'il le fasse le plus
rapidement possible, découvre cette disparité, sera
justifié d'intervenir. S'il n'a pas une liste préalable
émanant du conseil pour le maintien des services essentiels, l'action du
Conseil des ministres apparaîtra peut-être odieuse. Elle
apparaîtra peut-être gratuite. Étant donné les
accusations qui ne manqueraient pas d'être émises à ce
moment-là par le syndicat, selon lesquelles la partie patronale met son
chapeau de législateur quand bon lui semble sans nécessairement
avoir de motif pour le faire sauf celui de gêner le
déroulement normal de la négociation, etc., on est au
courant du scénario; on est au courant aussi de la rhétorique
utilisée dans ces occasions, peut-être à tort,
peut-être à raison, je n'ai pas l'intention d'exprimer un avis
là-dessus et, de toute façon, ça n'a aucune
importance...
Le fait est que cette opinion, étant exprimée au moment
où elle l'est, constitue en soi une aggravation des tensions, une
aggravation du conflit. Le ministre, le gouvernement lui-même pourrait
bénéficier grandement de voir son action préparée
et précédée d'un avis qui doit obligatoirement être
émis par le conseil sur le maintien des services essentiels.
Le ministre a dit: II ne faut pas que ce conseil soit placé dans
un rôle administratif. C'est vraiment un conseil qui vise à
informer l'opinion. Mais, précisément, pour informer l'opinion,
il faut avoir quelque chose à lui dire. Comme c'est un conseil qui doit
informer l'opinion sur le maintien des services de santé et des services
sociaux essentiels, c'est là-dessus que son information doit porter.
Pour que son information soit crédible sur ce point-là,
pour que les jugements qu'il porte sur le maintien des services essentiels
soient crédibles, il faut qu'il puisse répondre à la
question: Oui, mais, vous, messieurs et mesdames du conseil sur le maintien des
services essentiels, qu'est-ce que vous auriez fait dans les circonstances?
S'il n'est pas capable d'énoncer une alternative, ses critiques
basées sur des difficultés d'application, des imperfections qui
se révèlent à l'expérience, manqueront de
conviction. Les gens diront: Bien oui, c'est bien facile de dire, une fois que
la chose est enclenchée, une fois que la grève est
enclenchée, une fois que des difficultés particulières
sont soulevées: On aurait dû faire autrement. Mais encore faut-il
le faire et démontrer qu'on est capable de le faire avant même que
les problèmes se soulèvent.
Il me semble, M. le Président, que cet amendement est
justifié par le caractère même du rôle que le
ministre veut donner au Conseil sur le maintien des services essentiels, un
rôle d'information. On dit essentiellement, dans cet amendement:
L'information doit être donnée dans chacun des cas où une
entente n'est pas réalisée et l'information doit être
disponible, non seulement dans chacun des cas, mais au moment même
où on constate l'impasse dans la négociation d'une telle
entente.
C'est donc l'amendement que nous présentons, M. le
Président. J'espère que celui-là, au moins, sera
jugé recevable par le ministre, même s'il l'a déjà
été par vous, M. le Président, et qu'il voudra
l'incorporer au projet de loi.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le
député...
M. Johnson: Tout simplement, juste avant, si vous me le
permettez!
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Johnson: Simplement pour les fins du journal des Débats
et la bonne entente, je ferai remarquer au député de
Saint-Laurent que j'ai déjà accepté certains de ses
amendements au cours de cette discussion, et que notre expérience de la
loi 45 a démontré que tout cela pouvait se dérouler de
façon très détendue.
M. Forget: Je n'ai jamais dit le contraire, M. le
Président.
M. Johnson: Bon, je voulais juste être sûr.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, l'esprit des amendements
présentés par le ministre visent essentiellement à faire
en sorte que les parties prennent vraiment leurs responsabilités face
aux services essentiels.
La première phase est de dire: Assoyez-vous, tentez de conclure
raisonnablement une entente entre vous. Si cela ne fonctionne pas, nous
préconisons la liste syndicale comme formule à retenir, qui sera
éventuellement jugée acceptable ou inacceptable.
Pourquoi le fait-on de cette façon? C'est
précisément pour qu'on ne se retrouve pas avec une liste
syndicale farfelue. Les gens ont cette menace, il n'y a pas de cachette dans la
loi, c'est une certaine forme de mise en garde, de manière de dire: Ne
présentez pas quelque chose de farfelu parce que, si vous le faites,
vous risquez de voir votre droit de grève suspendu.
Si on accédait à la demande du député de
Saint-Laurent, je pense qu'on pourrait se retrouver devant deux situations.
J'aimerais que le ministre
confirme par la suite, si les deux situations que je vais vous
présenter peuvent, théoriquement en tout cas, être
plausibles.
D'abord, on pourrait se retrouver devant une déclaration du
conseil dont le rôle est précisément non pas de juger, mais
d'informer. Ce n'est pas le conseil qui décide de suspendre un droit de
grève ou de ne pas le suspendre. Le conseil pourrait, dans les deux
jours suivants donner un avis, cela ne présuppose pas de la
décision du Conseil des ministres par la suite, absolument pas. Donc, on
pourrait se retrouver avec un avis public du conseil qui dirait que le syndicat
de l'hôpital Saint-Charles-de-Joliette a présenté une liste
inacceptable à notre point de vue. C'est ce qu'il a à dire.
Le syndicat se retourne de bord dans le contexte de la loi qui
est présentée et dit: Moi, je veux d'abord négocier
une entente parce que la seule façon, après qu'une liste est
supposément jugée inacceptable, c'est de conclure une
entente.
Le patron, voyant venir le syndicat qui n'a plus de force de frappe,
aucun pouvoir de négociation, demande 60% ou 70% du personnel, l'exige,
et le syndicat ne peut pas le refuser. Comme on ne peut pas retoucher à
la liste parce qu'il n'y a pas d'entente, théoriquement, on se
retrouverait dans une situation plus aberrante que de laisser un poids de
responsabilité au syndicat en disant: Ta dernière liste que tu
vas nous remettre, fais-la importante parce que tu auras à être
jugé. C'est une possibilité qu'il pourrait y avoir.
Deuxièmement, je pense aussi que l'employeur, dans un contexte
d'hôpital, où le syndicat veuille négocier à tout
prix, enlève, à toutes fins pratiques, le sens même de la
grève, qu'on veut laisser comme moyen de... On ne dit pas qu'on favorise
les grèves, mais si tu laisses le droit de grève, il ne faut pas
que tu t'arranges pour l'enlever de façon indirecte.
M. Chevrette: Si la seule façon était d'avoir une
entente pour éventuellement utiliser la grève et si vous arriviez
à des signatures d'ententes où on exige du personnel à
profusion, l'effet de la grève serait complètement
négatif, ce qui veut dire qu'il n'y aurait aucun impact au niveau des
négociations comme telles. Et on pourrait faire durer les grèves
tant qu'on voudrait parce qu'on aurait obtenu, par des ententes, un nombre
incalculable de travailleurs plus ou moins indispensables parce que, si
l'hôpital prévient un peu le coup d'une grève, il peut
avoir réduit son pourcentage d'occupation à 30%, 35% et se
retrouver avec du personnel pour un taux d'occupation de 50%, 55%, juste pour
le plaisir de dire qu'il a obtenu du personnel à profusion et de dire au
public: Les soins sont excellents à l'intérieur.
Je pense qu'il faut retenir que la mise en garde qu'il y a dans cela, le
sérieux qu'on exige, c'est le sens des responsabilités des deux
groupes en ce qui regarde une entente, et dire au syndicat: On laisse le droit
de grève, mais vous ne pouvez pas jouer au fou avec cela. Vous allez
présenter une liste qui est valable, sinon, pour une période de
30 jours, parce que cela peut se répéter par la suite, vous vous
verrez suspendre le droit de grève. On n'aura pas de choses farfelues au
départ. Ce qu'on risque, c'est toujours d'avoir des négociations
continuelles après que l'avis serait rendu public dans les plus brefs
délais. Tout le monde se garrocherait pour négocier, on verrait
les chicanes et on risquerait d'avoir des conflits, à mon sens, sur la
négociation des services essentiels. On pourrait avoir du boycottage
à l'intérieur des hôpitaux le jour où la liste
paraîtra et qu'elle sera jugée inacceptable, alors qu'on ne sera
même pas encore rendu au niveau de l'acquisition du droit de
grève. On pourra vivre des périodes de perturbation avant
même qu'on négocie le contenu des conventions collectives parce
que les gens diront: L'employeur profite du fait que notre liste a
été jugée inacceptable par le conseil pour exiger
davantage, et les moyens de pression commenceront. C'est là, bien
souvent, qu'on vit des conflits syndicaux, pas nécessairement sur des
contenus de convention collective, mais c'est pour régler des chicanes
internes accumulées des mois d'avance. Personnellement, je demanderai de
rejeter l'amendement du député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, j'ai l'impression que, ou
bien il y a un malentendu là-dessus, ou bien il y a des choses qui ne se
disent pas ouvertement. Premièrement, dans l'article 99i, il est bien
dit que le conseil est chargé d'informer le public. Alors, on ne peut
pas poser comme argument qu'un amendement comme celui-ci vient modifier de fond
en comble le rôle du conseil. Je ne pense pas que cela contrevienne au
rôle qui est déjà prévu pour le conseil puisque ce
conseil est chargé d'informer le public sur les listes syndicales en
particulier et sur les ententes. La seule différence qui est
apportée et c'est pour cela qu'on le place ailleurs qu'à
99i ce sont les avis du conseil. Là, on nous répond: Si ce
sont des avis cela ferait toute la différence du monde le
conseil devient une espèce d'agent d'arbitrage et il va y avoir des
négociations qui vont recommencer.
Or, il n'y a aucune raison pour que le fait d'ajouter un amendement
comme celui-ci modifie le reste du projet de loi. L'offre des syndicats reste
finale. Il n'y a aucun problème là-dessus. Cela ne devient pas
objet de discussion ou de négociation. Lorsque le conseil informe le
public sur les listes syndicales, déjà on est très proche
d'un avis parce que les gens vont pouvoir juger eux-mêmes de cette liste
et elle est publique. Le conseil est chargé, en vertu de 99i, de faire
justement cela. À ce moment-là, ce qu'on exige, ce qu'on demande
de plus par cet amendement, c'est que le conseil dise au public ce qu'il
recommande au Conseil des ministres. Est-ce que la liste est acceptable ou si
elle n'est pas acceptable, est-ce que le lieutenant-gouverneur en conseil va
interdire le droit de grève ou s'il ne va pas interdire le droit de
grève? (16 h 30)
Si on refuse un amendement comme celui-ci, j'ai l'impression j'ai
cette même impression depuis le début de nos travaux sur ce projet
de loi qu'on a une épée de Damoclès suspendue
au-dessus des têtes dans les conflits, et c'est une épée
très lourde. Cela me fait penser un peu à la stratégie
militaire où on a des sanctions qui sont tellement lourdes qu'on est
certain qu'on ne pourra jamais les employer...
M. Chevrette: Sacrifice! Avez-vous vécu l'époque de
1970 à 1976 pour faire des comparaisons? Voyons!
M. Raynauld: Ce que le député vient de dire, si
l'avis était public...
M. Johnson: ... à Ottawa en 1970.
M. Raynauld: ... imaginez donc ce qui arriverait. À ce
moment-là, le Conseil des ministres aurait à faire face à
cet avis, comme si c'était quelque chose d'épouvantable. Il n'y a
rien d'épouvantable là-dedans. On forme un conseil sur le
maintien des services essentiels et on ne veut surtout pas que l'avis de ce
conseil soit connu du public. Alors, ça me fait penser que le
lieutenant-gouverneur en conseil va avoir beaucoup de difficultés
à appliquer la sanction, la seule sanction qui est prévue si
quelque chose ne fonctionne pas.
Je demande donc, à ce stade-ci, ce qu'il y a vraiment de distinct
au point qu'on enlèverait un droit de grève si on permettait
à ce conseil, comme le député de Joliette-Montcalm vient
de le dire, de publier un avis. Je ne comprends pas du tout la nature d'un
argument comme celui-là. Cela va être un argument qui va
être tellement fort, qui va tellement jouer contre le syndicat que le
syndicat ne pourra plus faire la grève. On va lui avoir enlevé le
droit de grève.
Ce n'est pas du tout comme ça que je vois ça, bien au
contraire. Il y a aussi la possibilité que le syndicat se mette à
renégocier parce que l'avis est publié. Cela me paraît
extraordinaire aussi. Le conflit n'est pas encore commencé, à
moins que j'aie mal compris, le conflit n'est pas encore commencé.
M. Chevrette: Bien non!
M. Raynauld: S'il n'est pas encore commencé...
M. Chevrette: On veut provoquer la perturbation avant qu'il y en
ait un.
M. Raynauld: On ne veut pas provoquer la perturbation du tout,
vous le dites vous-même ici à l'article 99i. Est-ce que ça
va perturber le monde aussi? Le conseil qui est chargé d'informer le
public de la situation qui prévaut en matière d'entente et de
liste syndicale...
M. Chevrette: Est-ce que vous me permettez de dire un mot?
M. Raynauld: Celui-ci va perturber aussi, peut-être,
non?
M. Chevrette: Me permettez-vous de dire un mot?
M. Raynauld: Oui, si vous voulez.
M. Chevrette: Vous permettez, M. le Président? La grande
différence qui existe entre votre amendement et le libellé des
amendements du ministre, c'est que le ministre dit: Négociez de bonne
foi. Advenant un échec dans des délais bien précis, il dit
au syndicat: Sois très sérieux, mon gars; si tu ne l'es pas,
éventuellement, ton droit de grève pourra être suspendu.
Vous voudriez qu'au lendemain du dépôt de la liste, le conseil
dise: Ce n'est pas trop acceptable. Qu'est-ce que vous pensez qu'il y aura
comme ambiance dans un hôpital qui n'est pas encore rendu au niveau des
négociations comme tel, qui va entrer en négociation avec un avis
du conseil, public, dans les plus brefs délais disant qu'il s'aligne sur
les négociations et il est sûr, au bout de la course ou à
peu près, que ça va être rejeté?
M. Forget: Cela ne se règle pas au niveau d'un
hôpital, ça se règle au niveau provincial.
M. Raynauld: À ce moment-là, c'est aussi vrai de la
situation actuelle qui est prévue. C'est exactement la même
chose.
M. Chevrette: Non, il y a possiblement, M. le
député d'Outremont, beaucoup plus de sérieux à ce
moment-là, au niveau de la liste qui sera fournie, parce qu'on ne
cherchera pas, par la suite, à aller grignoter ou gruger une entente
possible avant que n'arrive le droit de grève. C'est très
différent.
M. Raynauld: Je comprends que vous vouliez éviter les
négociations et je suis sensible à cet argument. Je ne veux pas
rejeter cet argument. Mais je ne comprends pas pourquoi on se remettrait
à négocier sur la base d'un avis, lorsqu'à l'heure
actuelle on a un mécanisme dont le conseil est obligé de toute
façon de rendre compte.
M. Johnson: II n'y a rien qui l'oblige à le faire de
façon immédiate. Ce sera à lui de juger de ça.
M. Forget: Mais il a le devoir d'informer le public.
M. Johnson: C'est ça.
M. Raynauld: II va l'informer trois mois après?
M. Johnson: C'est cela. Il a le devoir de créer ce qui
prévaut en matière de services de santé. Quelle est la
situation qui prévaut. Il peut dire: À telle date, on a
reçu tant d'ententes, tant de listes syndicales, etc.
M. Forget: Cela prend effet seulement après la
grève, son mandat?
M. Johnson: Non, il peut le faire à partir du 1er janvier,
à partir du dépôt de ces listes, parce que c'est le 1er
janvier qu'ils doivent les déposer.
M. Forget: II ne peut pas exprimer d'avis sur les listes.
M. Johnson: II peut.
M. Forget: II peut dire seulement que la liste existe.
M. Johnson: Mais, selon l'amendement que le député
de Saint-Laurent présente, on lui dit: Dans les plus brefs
délais. À partir du moment où ce qu'il a, ce n'est pas une
entente, c'est une liste, il est obligé de porter un avis précis
sur cela. Il se peut fort bien qu'en analysant la liste, il ne soit pas
certain, parce qu'il n'a pas vu l'ensemble encore. Il se peut fort bien qu'il
ne sache pas si, à l'hôpital Notre-Dame, c'est une liste
adéquate ou pas. Cela va dépendre. Peut-être que
l'hôpital Notre-Dame va annoncer, trois mois avant l'ouverture du droit
de grève, qu'elle ferme trois départements, à partir du
mois de juillet. C'est bien possible que cela arrive. À ce
moment-là, la liste est tout à fait adéquate.
Tandis que si on lui donne une obligation de le faire, je suis d'accord,
j'ai soulevé tout à l'heure le problème que posait la
liste déposée six mois avant l'ouverture du droit de
grève, on consacre les erreurs possibles qui peuvent se glisser
là-dedans, parce qu'on va peut-être obliger ce comité
d'information à dénoncer une liste qui, par ailleurs, pourrait
être tout à fait adéquate, compte tenu d'un service
d'été, par exemple, dans un hôpital, par opposition
à un service régulier, un service à l'époque des
vacances, où on sait que, souvent, il y a une diminution, parce qu'il y
a une diminution, entre autres, des entrées électives dans les
hôpitaux.
Je pense que cela serait le mettre dans une drôle de position que
d'être obligé de le faire. Mais c'est très clair, quant
à moi, qu'il a l'entière liberté de le faire, et je
présume qu'il décidera de le faire là où ce sera
manifeste à ses yeux. Mais là où il sera peut-être
incertain et attendra effectivement la période du déclenchement
du conflit, c'est peut-être un peu délicat de l'obliger à
le faire six mois avant. Cela peut créer le genre de perturbations, cela
peut être incitatif à des perturbations comme celles
qu'évoquait le député de Joliette-Montcalm tout à
l'heure.
M. Raynauld: Si c'est le problème de la date, du
sans-délai, est-ce que cela veut dire que... Vous semblez
interpréter 99i comme si cela n'interdisait pas au conseil d'exprimer
des avis?
M. Johnson: Absolument.
M. Raynauld: Vous l'interprétez comme cela?
M. Johnson: Absolument. Pour moi, c'est manifeste. C'est
99e...
M. Raynauld: 99i. Le conseil est chargé...
M. Johnson: La création du conseil, c'est à
l'article 99i?
M. Raynauld: Oui.
M. Johnson: Un conseil sur le maintien des services sociaux en
cas de conflit de travail est constitué par le juge en chef. Il est
chargé d'informer le public sur la situation qui prévaut en
matière d'ententes, de listes syndicales et de maintien des services en
cours de conflit. Pour moi, cela couvre toute la période, effectivement;
il n'y a aucun doute là-dessus.
Je pense que le texte est quand même relativement clair quant
à cela. On peut parler d'ententes et de listes à partir du 1er
janvier, en pratique, parce que c'est le moment où ils doivent les
déposer, tandis que la notion de maintien des services durant le
conflit, c'est clair, c'est qu'ici cette liste ou cette entente est mise en
vigueur dans un contexte bien précis. Mais je ne voudrais pas
créer pour lui cette obligation d'aller fournir cet avis dans les plus
brefs délais. Mais je présume qu'il pourra le faire dans certains
cas.
Le rapport Martin-Bouchard, si j'ai bonne souvenance, ne disait pas
qu'il fallait nécessairement traduire cela juridiquement. Mais je
présume que le citoyen qui, pendant une grève des hôpitaux
dans la ville de Sherbrooke, a à se plaindre, va le faire auprès
du conseil. Le conseil va être obligé de tenir compte de cela dans
son analyse, va recevoir des appels téléphoniques et va voir que
les journaux en parlent, etc. Il va être appelé à le
faire.
Dans le fond, c'est cela le rôle essentiel qu'on cherche; c'est
vraiment qu'il informe la population et qu'il soit un véhicule
d'information sur le maintien des services. En aucune façon n'est-il un
médiateur, parce qu'il n'y a pas de médiateur là-dedans et
il n'y a pas d'incitateur à régler non plus. Même pas.
Cette volonté de régler, c'est la responsabilité des
parties, ou d'avoir une liste adéquate, c'est la responsabilité
syndicale.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député d'Outremont? M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Si vous le permettez, M. le Président. Je
comprends les préoccupations du ministre de ne pas voir le conseil se
poser en médiateur ou être obligé, par le contenu de la
motion du député de Saint-Laurent, indirectement, de prendre
parti à ce moment-là dans le litige en faisant ce que la motion
demande.
Si on modifiait quelque peu la motion, si on remplaçait par
exemple les mots "son avis sur chacun des cas " par les mots "un rapport sur
les négociations tenues conformément au premier alinéa et
les écarts qui séparent les parties " est-ce
qu'à ce moment-là on n'éviterait pas justement ce
rôle de médiation que le ministre ne veut pas accorder au conseil,
mais en même temps qu'on maintiendrait le principe d'information au
public sur l'état de la situation, l'état des négociations
et l'état des écarts, est-ce que ce ne serait pas un moyen terme
qui permettrait justement cette information sans confier au conseil le
rôle de médiateur?
M. Johnson: À ce moment-là si on adoptait le genre
de disposition que vous envisagez, on l'obligerait, on l'inciterait à
aller mettre le nez concrètement au niveau de la négociation
entre les parties dans chaque hôpital. Justement, on veut éviter
cela. On veut vraiment éviter qu'il intervienne à un titre ou
à un autre entre les parties. Il est là pour, après coup,
faire rapport de ce qui s'est passé. On dit que c'est la
responsabilité des parties, parce que, s'il intervient au niveau de
chaque hôpital pour savoir ce qui se passe dans la négociation
qu'on a rendue obligatoire au premier paragraphe de ces services, de cette
entente, peut-être que des parties vont avoir tendance à attende
qu'il vienne. On va attendre qu'il vienne, on va voir ce qu'il va dire et les
écarts. Ils vont peut-être partir dans une position de
négociation au lieu vraiment de faire une vraie négociation.
C'est vraiment de partir d'une position de négociation de dire qu'il va
y avoir une espèce d'arbitrage moral qui va se faire par ces gens. On
veut éviter cela. On dit: Débrouillez-vous, les parties,
entendez-vous de façon responsable, et nous, nous allons informer le
public de la résultante de vos gestes, de vos actions, que ce soit
consensuel, par entente ou que ce soit unilatéral par les syndicats.
M. Brochu: Le sens de mon intervention n'est pas justement de
donner une portée d'intervention au conseil en modifiant la proposition
du député de Saint-Laurent, mais plutôt de lui permettre de
faire un constat de la réalité au moment où un
problème se pose et, à ce moment-là, de rendre cette
constatation publique.
M. Johnson: II va y en avoir à peu près 650 en
même temps, il ne faut pas oublier cela. Si c'était à
quatre places, cela ne me fatiguerait pas.
M. Brochu: C'est l'élément de multiplication qui
vous inquiète? Mais ne pourrait-il pas y avoir des conseils
régionaux et des conseils locaux, à ce moment-là?
M. Johnson: II va y en avoir, mais 650, c'est du monde en masse,
même à l'hôpital.
M. Brochu: Encore là, d'un côté, on est
accroché à la lourdeur du nombre. Par contre, de l'autre
côté, le droit à l'information existe aussi. Il a une
portée aussi générale, aussi grande que le territoire
occupé par le nombre de personnes préoccupées aussi par
ces conflits.
M. Johnson: D'accord, mais, dans le fond, il va intervenir
là où il pense qu'il y a des problèmes. Ce conseil a un
tas de moyens de le savoir. Je présume qu'à un moment
donné il va recevoir des appels téléphoniques de l'AHPQ,
il va en recevoir des centrales syndicales pour dire: Dans notre région,
l'AHPQ prétend que cela va mal alors que nous, on le sait, on a tant
pour cent des effectifs et cela fonctionne bien. Il faut lui laisser cette
liberté d'intervenir au niveau de l'information par opposition à
l'obliger à faire une révision de cas par cas et de "staffer"
avec 1200 personnes. Il faudra d'abord trouver ces 1200 personnes pour
s'occuper de cela. On sera bien heureux le jour où on en aura trois ou
quatre dans chaque région. Cela fait déjà une trentaine de
personnes, de gens qui seront capables de regarder aller un peu,
d'évaluer cela, d'avoir recours un peu à leur propre expertise ou
à de l'expertise de l'extérieur, de regarder quel a
été l'objet des grands paramètres qui ont
été changés au niveau national parce qu'on prévoit
cela pour l'été qui vient.
D'ailleurs, le gouvernement et l'Association des hôpitaux vont
rencontrer les syndicats et ils vont s'échanger des données sur
les grands paramètres de ce que peuvent être les services
essentiels. Ne vous faites pas d'illusion, ce n'est pas au niveau national que
cela peut se régler, c'est au niveau local. Ils vont au moins
échanger un minimum de données, les taux d'occupation, le type de
services de base essentiels en fonction de tel type de taux d'occupation, pour
qu'il y ait au moins un échange sur ce type de données. Le
conseil d'information va avoir accès à ce type de données
et, finalement, il va falloir qu'il aille sur la place publique et qu'il en
parle. Que veut dire aller sur la place publique? Cela veut peut-être
dire faire une conférence de presse. Cela veut dire répondre aux
appels téléphoniques des journalistes qui appellent. Cela veut
dire répondre aux préoccupations des citoyens et les renseigner
quand ils appellent. Trouver des gens pour faire cela dans toutes les
régions du Québec, c'est déjà un gros morceau. (16
h 45)
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, j'ai le sentiment qu'on tourne
en rond, comme cela nous arrive après un certain temps avec les
propositions d'amendement, parce qu'il est bien clair qu'on a un conseil qui
vise à informer le public, mais qu'on a un grand souci de ne pas lui
donner trop l'obligation d'informer le public en même temps. On aura
l'avantage de pouvoir dire qu'il y a un conseil pour informer le public, mais
aussi l'avantage de ne pas avoir trop de renseignements qui pourraient
gêner le gouvernement, qui pourraient l'embarrasser, qui pourraient
troubler la population. C'est à peu près cela le genre de
situation dans laquelle le gouvernement veut se trouver.
M. Johnson: Non. M. le Président, si vous permettez, je
pense...
M. Forget: II est en train de faire son lit là-dessus.
C'est assez clair. Non, je ne permets pas...
M. Johnson:... que le député de Saint-Laurent me
prête des intentions.
M. Forget: II m'interprétera comme c'est son habitude.
M. Johnson: Je ne demande pas qu'il me permette, j'invoque le
règlement. Je pense que le député de Saint-Laurent...
M. Forget: M. le Président, en vertu du règlement,
le ministre pourra corriger les impressions que j'ai laissées par mes
remarques à la fin de mes propos, mais pas pendant mes propos. C'est
l'article 96, je pense bien.
M. Johnson: Très bien.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: On se retrouve donc devant un conseil d'information.
On va dire: Voyez, la population, rassurez-vous, il y a des gens qui vont vous
informer si cela ne va pas. D'un autre côté, on est bien content
de mettre des enfarges dans le déroulement du processus, de
manière qu'il n'y ait pas trop d'information, qu'on ne connaisse surtout
pas les avis que le conseil d'information a pour mission de donner au
gouvernement, de façon que le gouvernement n'ait pas besoin de se
défendre de son inaction ou de vouloir dire: Laissons courir. Si jamais
il n'y a pas de désastre, même si la liste est insuffisante,
fermons les yeux. S'il y a un désastre, il sera toujours le temps d'en
prendre acte et d'intervenir.
Ne nous faisons pas d'illusion. Il va y avoir des interprétations
qui vont émaner de toutes sortes de sources. Quand il y aura un
défaut d'entente dans un établissement, ne nous faisons pas
d'illusion. Ce n'est pas parce qu'on a créé un conseil sur le
maintien des services essentiels qui resterait muet qu'on va empêcher
différents organismes médicaux, professionnels, syndicaux ou
patronaux d'énoncer des points de vue, à savoir si l'échec
de conclure une entente est vraiment le signe d'une crise sociale imminente,
etc. Il va y avoir une cacophonie de toutes sortes d'avis, comme il y en a
d'habitude. Pour le seul organisme que le gouvernement créait, auquel il
prétend donner de la crédibilité là-dessus, il va
attendre que les malheurs se passent, parce qu'il ne faut surtout gêner
personne. Il ne faut surtout pas gêner les syndicats et les mettre en
face de leurs responsabilités, quoique les chefs syndicaux, quand ils
sont venus, à quelques reprises déjà dans le passé,
au sujet des services essentiels, aient dit: Écoutez, laissez-nous faire
et laissez la population juger. Pour que la population puisse juger, il faut
qu'on l'aide en lui donnant de l'information. Comment juger dans l'abstrait si
une liste ou le défaut d'entente représente en soi un danger s'il
n'y a personne qui a une certaine crédibilité, une certaine
autorité, qui dit: Voici, nous, ce qu'on aurait fait?
Ce n'est pas Jos Tartempion qui va se dire: Je pense qu'à
l'hôpital Notre-Dame, on aurait dû fournir tel et tel service. Si
c'est là-dessus qu'on pense miser, sur une information du public, pour
s'assurer que les syndicats aient un comportement responsable et si on prend
tous les moyens pour que le public ne soit effectivement pas informé,
évidemment, on peut tout de suite prédire ce qui va arriver quant
à l'exercice du sens des responsabilités de la partie
syndicale.
Les syndicats ont dit à plusieurs reprises que. quant à
eux, ils n'avaient pas l'intention de voir changer un système qui leur
avait procuré des avantages, qu'ils avaient une force et qu'ils avaient
l'intention de s'en servir. C'est très clair, ce langage. Cela veut dire
seulement une chose. C'est qu'on va aller, encore une fois, jusqu'au bout pour
avoir le maximum possible d'avantages et sans se poser des questions sur le
sens de responsabilité et les obligations sociales. On ne s'en est pas
posé dans le passé, alors que rien n'empêchait qu'on se
pose ces questions. Il n'y avait aucune loi qui disait aux syndicats: Vous
n'avez pas le droit d'être responsables. On a eu les circonstances qu'on
connaît.
Alors, qu'on ne vienne pas nous dire maintenant qu'on va avoir un
comportement plus responsable tout simplement parce qu'il y a une gentille
petite loi qui a dit: Messieurs, soyez donc gentils! Surtout, on ne vous
embêtera pas, on ne vous posera pas de colle, on ne vous mettra pas en
face de vos responsabilités. On ne donnera pas au public l'information
nécessaire pour se rendre compte si, oui ou non, vous êtes
responsables. Soyez gentils et, s'il n'y a pas trop de désastres, on
interviendra le moins possible. Devant une politique de laisser-faire comme
celle-là, qu'on ne vienne pas nous dire qu'il s'agit d'une loi
essentielle pour le maintien de services minimaux en période de
grève. On va avoir essentiellement un vide législatif, un vide de
renseignements et une absence de responsabilités, en
répétant cela, l'histoire qu'on connaît
déjà.
Là-dessus, de toute manière, on n'est pas capable de
convaincre le ministre, de l'amener à changer de position. Quant
à nous, on est prêt à voter par un vote enregistré
sur cette motion qui va être défaite, parce que le gouvernement
trouve inapproprié de se placer dans des situations qui soient
embarrassantes. On le comprend, même si on ne l'approuve pas, on comprend
très bien les sentiments qui l'y poussent.
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez, je veux
effectivement rectifier certaines choses. J'ai bien reconnu là la vision
technocratique de l'ancien ministre des Affaires sociales, dont on
connaît, d'ailleurs, le succès de la loi 253 qu'il avait fait
adopter...
M. Raynauld: À l'unanimité.
M. Johnson: Oui, mais on connaît le succès de ces
brillantes dispositions de la loi 253...
M. Forget: J'ai même eu des félicitations à
l'Assemblée nationale des membres de l'Opposition à
l'époque, mais ce n'était pas sincère.
M. Johnson: On connaît le succès que cela a eu. Il
faut essayer d'apprendre avec l'expérience. L'expérience de la
loi 253 n'a pas été très "ju-geotte", ni pour les
citoyens, d'ailleurs, ni pour le député de Saint-Laurent et le
gouvernement auquel il appartenait.
Deuxièmement, c'est ce gouvernement qui propose d'informer la
population. Que je sache, le député de Saint-Laurent, lui, quand
il était ministre des Affaires sociales, n'a pas proposé de
mécanismes d'information de la population qui soient aussi
adéquats que ceux qu'on propose.
M. Forget: Ce n'était pas le levier essentiel de la
loi.
M. Johnson: Troisièmement, en aucune façon
j'entends limiter, par ce texte et par les textes et par mon refus d'accepter
l'amendement du député de Saint-Laurent, la possibilité
pour ce groupe de procéder effectivement à de l'information du
public. Je pense que le député de Saint-Laurent, ou n'a rien
compris, ou fait semblant de ne rien comprendre, ce qui est une de ses grandes
habiletés en commission habituellement.
Je pense que ce conseil d'information doit pouvoir diffuser
l'information à même toutes les ressources dont il pourra
disposer. On ne doit pas l'encarcaner dans une situation telle que, sans
délai, il fasse rapport sur chacune des listes. Je pensais avoir
expliqué clairement tout à l'heure au député
d'Outremont les raisons pour lesquelles je pense que ce serait dangereux de
l'obliger à le faire immédiatement. Dans certains cas,
peut-être que ça peut être juste ennuyeux de le faire. Il
est là pour informer le public, non pas pour être un tiers
intervenant. Je pense que si le député de Saint-Laurent ne
comprend pas pourquoi je rejette son amendement, il démontre qu'il a une
vision bureaucratique de la réalité qu'il a, d'ailleurs, su bien
imprimer au ministère des Affaires sociales.
Le Président (M. Laplante): J'appelle le vote sur
l'amendement du député de Saint-Laurent. Est-ce qu'il sera
adopté?
M. Johnson: Rejeté.
M. Raynauld: Non, vote enregistré.
M. Johnson: Vote enregistré, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Vote enregistré. M.
Brochu (Richmond)? M. Bisaillon (Sainte-Marie)?
M. Bisaillon: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm)?
M. Chevrette: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Gravel (Limoilou)?
M. Gravel: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Johnson (Anjou)?
M. Johnson: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Lavigne (Beauharnois)?
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Pagé (Portneuf)? M.
Roy (Beauce-Sud)? M. Vaillancourt (Jonquière)?
Amendement rejeté...
Je m'excuse, M. "Raymond" (Outremont)?
M. Forget: Raynauld.
M. Raynauld: Ce n'est pas moi. Très bien. Pour.
Le Président (M. Laplante): Pour: 2; contre: 5. Amendement
rejeté.
Est-ce que l'article 99j sera adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur division ou
adopté, point?
M. Raynauld: Sur division?
M. Johnson: M. le Président, 99k...
M. Forget: Oui, sur division, bien sûr.
Le Président (M. Laplante): Article 99j, adopté sur
division. J'appelle l'article 99k.
M. Johnson: M. le Président, il y a une reformulation du
texte qui est distribué en ce moment. "Sous réserve du
quatrième alinéa de l'article 991, une partie peut
déclarer une grève ou un lock-out à la date d'expiration
de la convention collective ou de ce qui en tient lieu pourvu qu'un avis
préalable d'au moins 48 heures ait été donné par
écrit au ministre et à l'autre partie leur indiquant le moment
où elle entend y recourir. Cet avis de grève ou de lock-out ne
peut être renou-
velé qu'après le jour indiqué dans l'avis
précédent comme moment où elle entendait recourir à
la grève ou au lock-out. ' En fait, c'est...
Le Président (M. Laplante): C'est un nouveau texte que
vous présentez, M. le ministre?
M. Johnson: Oui, c'est un nouveau texte... Le Président
(M. Laplante): À 99k.
M. Johnson: ... mais, en fait, l'essentiel est là. C'est
la notion de l'avis de 48 heures, sauf qu'il y a des précisions pour
apporter une concordance avec l'article 991, qui prévoit...
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais savoir...
M. Johnson:... qui est l'actuel troisième alinéa de
l'article 99I. En d'autres termes il n'y a pas éventualité de
lock-out, comme nous l'avions dit à l'origine, si les services
essentiels sont assurés, si les services sont respectés. Il y a
une concordance également avec l'article 47 du code à cet
égard.
M. Raynauld: M. le Président, est-ce que le ministre est
bien sûr que c'est là qu'il place son amendement? Est-ce qu'il
remplace l'ensemble du paragraphe 99k...
M. Johnson: Par le nouveau texte.
M. Raynauld: Par le nouveau texte au complet?
M. Johnson: Oui, c'est bien cela. En fait, c'est une fusion des
deux premiers paragraphes.
Le Président (M. Laplante): Excusez, messieurs, le dernier
paragraphe n'est pas remplacé. Vous biffez les deux premiers
paragraphes, mais vous gardez le troisième. Les deux premiers sont
inclus dans un seul.
M. Johnson: D'accord. En fait, le dernier paragraphe du 99k qui a
été déposé dans le projet de loi no 59 reste le
même et les deux premiers sont fusionnés, avec cependant une
référence à 99I pour établir une concordance.
Le Président (M. Laplante): Ce qui fait un nouvel article
pour les deux premiers paragraphes.
M. Johnson: Ce qui fait un nouvel article pour les deux premiers
paragraphes.
M. Raynauld: D'accord, je comprends. Le Président (M.
Laplante): Adopté? M. Forget: Non, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Relativement à cette question, j'ai
essayé de suivre en lisant le texte et en référant
à 99I, pour ce qui est du droit au lock-out; il y a une restriction au
droit du lock-out général avant l'expiration de la convention
collective et à l'exclusion d'un avis. Mais c'est la seule restriction
au droit au lock-out. C'est bien cela?
M. Johnson: Voulez-vous répéter pour que je sois
bien sûr?
M. Forget: II n'y a pas un droit de lock-out dans les
établissements de santé avant la date d'expiration de la
convention collective...
M. Johnson: D'une part.
M. Forget:... et si le droit de lock-out doit être
exercé, il doit être précédé d'un avis de 48
heures.
M. Johnson: Voilà, plus 99I.
M. Forget: En plus de cela, même après l'expiration
de la convention collective et moyennant avis, il n'y a pas de droit au
lock-out tant et aussi longtemps que les services essentiels sont fournis.
M. Johnson: Voilà.
M. Forget: L'application de cette dernière règle,
c'est-à-dire l'exclusion du droit au lock-out, si les services
essentiels sont fournis soulève malgré tout un problème
nouveau. Il a existé, au cours des dernières années, une
évolution assez marquée et on pourrait se douter que cette
évolution va être maintenue, à l'effet de ne pas utiliser
le droit de grève à strictement parler, à cause de son
impact sur l'opinion publique, à cause aussi de son caractère
coûteux pour les syndiqués, mais d'utiliser des débrayages,
du harcèlement. La grève de 1976 a été
particulièrement riche en événements de ce genre. Il a
été démontré qu'il était possible de
bloquer, à toutes fins pratiques, le fonctionnement de l'hôpital,
sans nécessairement bloquer le fonctionnement des services minimaux
considérés comme essentiels par de telles tactiques de
harcèlement qui échappent à la règle de l'avis de
48 heures, qui sont essentiellement une nouvelle dimension de la
stratégie syndicale.
Devant de tels procédés qui forcent une diminution
radicale du taux d'occupation, qui rendent presque impossible le fonctionnement
normal de l'hôpital, pas seulement pendant quelques jours, mais pendant
littéralement des mois, le seul moyen compensatoire pour la direction
des centres hospitaliers a consisté dans des lock-out,
c'est-à-dire la notion selon laquelle, si vous voulez faire la
grève, faites la grève pour vrai, mais le centre hospitalier ne
peut pas fonctionner dans un état de demi-fonctionnement,
d'hésitation entre un état de conflit et un état de
fonctionnement normal. Effectivement, le harcèlement est
l'équivalent de la grève. (17 heures)
Si on enlève aux gestionnaires de centres hospitaliers le recours
au lock-out dans des circonstances comme celles-là, je crois que l'on
crée directement une incitation à ce que la stratégie
syndicale confirme la tendance des dernières années et repose de
plus en plus exclusivement sur des tactiques de harcèlement qui ont
beaucoup d'avantages sur le plan de l'opinion publique puisqu'on peut toujours
invoquer que ce sont seulement un certain nombre d'employés de
l'entretien ménager, ou les opérateurs d'ascenseurs, ou les
brancardiers, ou les préposés au laboratoire et qu'effectivement,
à cause de l'absence de ce personnel, à cause des lignes de
piquetage également, que le groupe en question qui peut être un
groupe d'une douzaine d'employés sur un hôpital qui compte 1800
employés, à cause des lignes de piquetage qui sont
installées, a réussi à bloquer complètement le
fonctionnement de l'hôpital en permettant à tous d'être
payés malgré tout puisqu'ils sont empêchés de
travailler par des facteurs indépendants de votre volonté.
Le droit au lock-out n'a été presque jamais utilisé
avant 1976 parce qu'on avait des vraies grèves et que les
administrateurs n'ont pas le désir plus qu'il ne faut de vider les
hôpitaux simplement pour donner des leçons ou Dieu sait quoi aux
salariés des centres hospitaliers. Mais devant des comportements comme
ceux-là, ils étaient littéralement démunis et, dans
certains cas, certains centres hospitaliers ont cessé leur
fonctionnement pendant plus d'un mois sans qu'il n'y ait de grève si ce
n'est des grèves tournantes impliquant à la fois peut-être
une dizaine de salariés.
Je pense que si le gouvernement prend une telle orientation, il assume
une responsabilité extrêmement sérieuse, une aggravation du
conflit, une escalade littéralement des conflits, et je me demande si le
ministre a bien mesuré la portée de cette restriction du droit au
lock-out avant de la décréter.
M. Johnson: M. le Président, cela a fait l'objet de
longues discussions et de tentatives de formulation. Prenons l'exemple d'un
hôpital où il y a du harcèlement qui a été
évoqué d'ailleurs mais très brièvement par le
rapport Martin-Bouchard, 100% des employés sont là avec un taux
d'occupation qui est peut-être diminué, parce qu'il y a une
anticipation qu'il va y avoir des difficultés et, par exemple, les
employés du laboratoire de biochimie, par du harcèlement, sortent
des résultats qui sont faux ou ne traitent pas ou font une grève
du zèle, etc. On peut présumer que ce qui peut amener un
hôpital à fermer c'est le fait qu'il n'y a pas de service
essentiel, au sens d'essentiel, pour fonctionner en tant qu'hôpital,
techniquement essentiel et non pas au sens de la loi, mais techniquement
essentiel.
Or, on peut non seulement présumer, mais on peut être
sûr que la liste syndicale ou l'entente prévoit qu'à chacun
des endroits où il y a une catégorie de services, ces services
seront décrits comme étant assurés dans les services en
vertu de la liste ou de l'entente, et s'il y a du harcèlement à
cet endroit-là, il n'y a pas de respect de l'entente ou de la liste et
qu'effectivement les services n'étant pas dispensés, il y aurait
effectivement ouverture au droit au lock-out à ce moment-là
puisque les services ne sont pas fournis. De la même façon que si
c'était pour un cas de force majeure, il y a une explosion au
laboratoire de biochimie, on est obligé de fermer l'hôpital ou
faire appel à l'extérieur, etc.
En ce sens-là, je pense que cette formulation c'est la meilleure
à laquelle on est arrivé parce qu'on était bien conscient
de cela. Il est possible que la paralysie d'un service stratégique au
centre d'un hôpital mette l'hôpital dans une position telle qu'il
ne peut plus dispenser des soins qui soient même minimums aux patients
qui y sont, mais si ces services, à cause de techniques de
harcèlement ne sont pas dispensés, ce sont effectivement les
services qui par définition doivent être décrits dans
l'entente et dans les services.
M. Forget: C'est une déclaration très importante de
la part du ministre et pour être bien sûr qu'on se comprend, ce que
le ministre déclare c'est que toute tactique de harcèlement qui a
un effet analogue à une grève pour mettre en péril un tant
soit peu la prestation des services minimums qui ont été
agréés ou qui sont contenus sur une liste syndicale a le
même effet qu'une grève qui contreviendrait soit à
l'entente, soit à cette liste, y compris l'effet envisagé par la
loi de suspension du droit de grève pour l'ensemble des employés
de l'établissement.
M. Johnson: Pour aller dans le même sens, à
l'article 99I, auquel on se réfère, on remarquera que "le
lock-out est interdit si l'ensemble des services décrits dans les
ententes ou dans les listes couvrant l'établissement sont maintenus ou
si une décision rendue en vertu de..." etc. Donc, il ne s'agit pas de se
référer à telle liste à cause de telle
unité, par exemple, les responsables de l'entretien ou de la cuisine.
C'est l'ensemble des services. Donc, si un service rend l'hôpital
inhabile à fonctionner dans son ensemble, parce que c'est possible,
l'exemple le plus typique de ça, ce sont les buanderies à
Québec... Il y a une buanderie centralisée pour quatre
hôpitaux. C'est un exemple.
Vous ne pouvez pas fonctionner dans un hôpital où vous
n'avez pas un service de buanderie normal. C'est trop dangereux à cause
de la dissémination des infections. C'est très clair. Cela
présupposera un jugement intelligent, susceptible de sanctions
pénales comme n'importe quel autre, à l'égard de
l'administrateur qui l'exercerait mal. C'est évidemment une
responsabilité collective de l'ensemble des unités dans
l'établissement. Je pense que c'est un autre mode d'incitation dans la
mesure où on peut présumer que la majorité des
unités ont l'intention de fournir les services essentiels. Je pense que
cela créera une pression considérable sur ceux qui seraient
plutôt réticents à rendre ces services. La majorité
des salariés vont peut-être inciter l'unité rebelle
à le
régler, sachant très bien que la sanction possible, c'est
un lock-out qui affecte tout le monde.
M. Forget: D'accord. C'est clair, M. le Président, et je
remercie le ministre de ces précisions. J'aurais un amendement,
cependant, à apporter au même article. Je pense que le ministre se
doute un peu de son contenu. C'est l'amendement sur la durée du
délai. Nous avons eu en commission parlementaire un certain
débat, non pas un débat, mais une discussion avec les groupes qui
sont venus se faire entendre quant au caractère satisfaisant ou non du
délai de 48 heures.
Bien sûr, ceux qui se sont exprimés du côté
patronal ont accueilli avec satisfaction la notion selon laquelle les
délais ne courent plus de façon concurrente, ce qui veut dire que
ce n'est qu'à l'expiration d'un premier délai qu'un
deuxième avis peut être donné. C'est donc là une
précaution fort utile et je crois que cela peut grandement aider
à permettre aux administrations hospitalières de se
préparer à un conflit qui leur est annoncé et minimiser
les dégâts relativement aux bénéficiaires.
Cependant, les administrateurs de centres hospitaliers ont émis
certains doutes quant à la brièveté du délai. 48
heures, c'est un délai qui est à peine suffisant pour assurer la
classification des patients. C'est un délai qui, comparé à
la durée moyenne de séjour dans les centres hospitaliers, veut
dire qu'il est effectivement trop court pour permettre, simplement en bloquant
les admissions, de réduire de façon sensible le taux
d'occupation.
Je pense que c'est la façon la plus humaine qui permet à
un centre hospitalier de réduire son niveau d'activité sans
créer, sur le plan des individus qui sont traités à
l'hôpital, qui se trouvent à l'hôpital au moment où
l'avis est reçu, le sentiment qu'ils sont vraiment
expédiés de façon presque manu militari avant même
que leurs traitements, leurs analyses ou leurs examens, non pas leur
convalescence, mais leur rétablissement, suite, par exemple, à
une opération, n'ait eu un minimum de chances de s'effectuer
raisonnablement.
Le séjour moyen dans les centres hospitaliers au Québec,
pour les hôpitaux de courte durée, est de l'ordre de huit jours,
je crois, un peu plus de huit jours, ce qui veut dire que la durée
médiane du séjour est d'environ quatre jours. C'est très
grossier comme approximation, mais on peut présumer une distribution
normale, peut-être, ou approximativement normale des durées de
séjour. Il y a de la chirurgie mineure, il y a des choses très
brèves et il y en a qui durent plus longtemps.
Mais on peut probablement assumer qu'il y a une durée
médiane à l'intérieur de ce séjour moyen qui est
certainement de toute façon plus près de huit jours que de deux
jours. Il nous aurait fallu, bien sûr, une analyse des durées de
séjour pour vraiment frapper sur un chiffre qui soit plus près de
l'objectif visé.
Encore une fois, l'objectif visé, c'est de permettre, à
l'intérieur du délai donné à un hôpital, de
réduire son taux d'occupation de 70% à 30%, en face d'une menace
de grève, tout simplement en bloquant ses admissions. En une
journée, il n'a certainement pas le temps de le faire. En deux jours non
plus. En quatre jours, il pourrait s'approcher grandement de ce taux,
simplement en bloquant ses admissions et en renvoyant chez eux les malades qui
appartiennent aux catégories où un tel retour à domicile,
un retour anticipé à leur domicile est relativement
acceptable.
Je pense que c'est l'objectif qu'on devrait viser. Dans le fond, il ne
s'agit pas simplement de se livrer à un exercice arithmétique,
mais je pense que ce qu'on devrait faire, c'est de dire: Donnons le
délai qui est suffisant pour permettre de réduire le taux
d'occupation dans une proportion qui, en moyenne, est raisonnable, disons de
moitié, de 70%. On peut présumer que 70%, c'est
déjà assez faible, si la grève se déroule les mois
d'hiver. On a assez fréquemment un taux d'occupation de 85%.
Mais supposons qu'on soit dans un climat de négociation et de
grève appréhendée, on pourra voir le taux d'occupation
baisser à 70% ou 60%. Mais de le diminuer pendant toute la
période des négociations, en bas de 70% ou 60%, au cas où
on recevrait un jour un avis, ce serait une hypothèse qui serait
contraire à l'ordre public, dans le fond.
À partir d'une hypothèse de 60% ou 70% de taux
d'occupation, il me semble que ce que nous devrions viser et ce que le
mouvement syndical aussi devrait viser, s'il ne veut pas que l'exercice de son
droit de grève soit odieux, c'est de dire: En bloquant les admissions,
combien cela prend-il de temps pour le réduire à 30%, le taux
d'occupation, ou à 25%, ou à 40%? Là-dessus, je peux faire
confiance aux spécialistes. Mais pour citer un ordre de grandeur, ce
serait à peu près cela.
Dans un tel cas, combien de jours? Je pense que deux jours, c'est
insuffisant. Nous suggérons, dans un amendement, 96 heures,
c'est-à-dire quatre jours. Il est bien certain que nous sommes
prêts à écouter les arguments du ministre là-dessus.
Mais je ne pense pas qu'il puisse nous démontrer qu'en deux jours le
blocage des admissions nous permettrait d'atteindre le résultat
voulu.
La motion d'amendement dont je fais la lecture, à l'article 4, se
lirait donc ainsi: Que le deuxième alinéa du paragraphe 99k de
l'article 4 soit modifié, en remplaçant, dans la deuxième
ligne, les mots "quarante-huit" par les mots "quatre-vingt-seize".
L'alinéa amendé se lirait comme suit: "Une partie peut
déclarer une grève ou un lock-out pourvu qu'un avis
préalable d'au moins quatre-vingt-seize heures ait été
donné par écrit au ministre et à l'autre partie, leur
indiquant le moment où elle entend y recourir."
Je me rends compte, M. le Président, que j'amende le
deuxième alinéa qui a lui même été
fusionné dans un premier alinéa nouveau soumis par le ministre et
qu'il faudrait, par conséquent, que j'introduise certaines
modifications, en tenant compte de la dernière version.
Il faudrait donc dire que le premier alinéa du paragraphe 99k
soit modifié, en remplaçant, dans
la cinquième ligne, les mots "quarante-huit" par les mots
"quatre-vingt-seize", et ceteris paribus quand on relit l'alinéa
amendé.
Le Président (M. Laplante): Elle est recevable.
M. Johnson: Est-ce que je pourrais avoir le texte?
Est-ce que j'ai bien compris que vous supprimiez aussi la notion qu'il
est non répétitif? (17 h 15)
M. Forget: Non, c'est simplement un amendement strictement
limité au...
M. Johnson: D'accord, à la stricte partie, oui.
M. Forget: C'est cela, j'ai essayé de faire l'adaptation
à la nouvelle version verbalement.
M. Johnson: D'accord.
M. Brochu: J'aurais seulement une question à poser au
ministre avant qu'il ne se prononce là-dessus. Le délai de 48
heures qu'il y avait de prévu ici, le critère sur lequel vous
vous basez pour établir ce délai, est-ce simplement en
conformité avec le Code du travail, à l'article 19b, où il
est dit: "Si l'association est autorisée à déclarer une
grève, elle doit donner un avis de 48 heures?"
M. Johnson: Non, absolument pas, ce n'est pas de là que
cela vient, c'est d'une...
M. Brochu: II n'y a pas de rapport.
M. Johnson:... appréciation qu'on a essayé de faire
par quelques consultations, parce que, dans le fond, il faut... Première
chose, il ne faut pas oublier que cet article 99k s'applique au secteur
scolaire comme au secteur hospitalier. Parlons plutôt du secteur
hospitalier. Dans le secteur scolaire, même 48 heures d'avis, je pense
que c'est plus que suffisant.
La raison de l'avis est importante, la raison aussi de
décréter le droit de lock-out est extrêmement importante
dans le secteur scolaire. Quand on pense surtout au secteur primaire, s'il n'y
a pas de lock-out, cela peut présenter des problèmes
considérables de sécurité pour les enfants, sans compter
le traumatisme que cela représente.
Dans le secteur hospitalier maintenant, en général
à partir du moment où on voit venir une grève, il y a des
dispositions qui commencent à être prises, et la première,
c'est de restreindre les admissions. C'est la mesure la moins dommageable, en
apparence en tout cas. On n'admet plus de patients électifs. On fait une
meilleure passoire dans l'évaluation à l'urgence. On peut
être tenté souvent d'hospitaliser, si on sait qu'il y a des lits
libres, etc., mais on devient plus rigoureux dans ces critères
d'hospitalisation au niveau de la salle d'urgence.
Dans un deuxième temps, on procède à vider les lits
chez les patients classés de catégorie C. C'est une
"catégorisation" faite au fur et à mesure, et c'est une directive
interne en tout cas à ma connaissance de quatre hôpitaux que j'ai
connus. Je présume que c'est comme cela un peu partout. C'est standard
à travers les hôpitaux appartenant à l'AHPQ. Les
médecins doivent chaque jour, au moment où ils font leur
tournée, bien mentionner quelle est la catégorie à
laquelle ils considèrent que leur patient appartient.
Dans le cas des C, cela ne pose pas de problème au départ.
Cela ne pose pas de problème non plus pour les A, parce qu'on sait
qu'ils resteront. Il reste les B. Les patients B, ce sont ceux qui peuvent
sortir, mais avec un minimum de garanties du contexte dans lequel ils le
feront. Là peut se poser le problème de trouver quelqu'un qui
accompagne une personne âgée, par exemple, à domicile, qui
vient la chercher à l'hôpital, etc. Mais, 48 heures, de
façon générale, idéalement, il faudrait que ce soit
plus long, sauf qu'à partir du moment où on introduit la notion
du non répétitif de l'avis, je pense qu'il faut être bien
conscient qu'il ne faudrait quand même pas que le recours soit
parfaitement illusoire et qu'on étende finalement, en étendant le
délai, la période sur laquelle il peut y avoir une perturbation
ou une diminution de l'ensemble des services offerts par le réseau
hospitalier à travers tout le Québec.
Cependant, je suis bien prêt à convenir que 48 heures, dans
le cas d'un vendredi soir, cela peut poser des problèmes.
Là-dessus, un amendement ou une modification que je proposerais irait
dans le sens de dire "deux jours", par opposition à "48 heures". Deux
jours, ce n'est pas 48 heures, au sens du Code du travail, à cause de
134c et 134d, je pense, étant donné que le samedi et le dimanche
sont des jours non juridiques pour les fins de la compilation de
délais.
À ce moment-là, cela donne quand même quatre jours,
puisqu'on peut parfois avoir des difficultés à trouver quelqu'un
les fins de semaine pour un patient B, à toutes fins utiles. Si l'avis
doit venir le vendredi, on sait qu'on a jusqu'au mardi pour trouver cela.
À mettre quatre jours francs, les quatre jours, on en a une assurance
pour les fins de semaine avec la notion de deux jours, au lieu de 48 heures.
Pour le reste de la semaine, cela resterait 48 heures.
C'est extrêmement difficile à trancher. Encore une fois,
c'est de trouver cet équilibre entre ce qui est faisable, d'une part,
pour les administrations hospitalières dans le milieu de la semaine avec
les patients B, et ce qui, d'autre part, pourrait être une formule qui
serait une incitation à faire perdurer la perturbation dans le milieu
hospitalier. En admettant que les syndicats décident vraiment de
respecter ces avis, ils peuvent décider d'étendre ces menaces de
grève sur une période de six semaines ou huit semaines, alors que
si l'avis est de 48 heures, ou enfin, de deux jours, au sens du code, on peut
imaginer qu'ils auront peut-être moins tendance à essayer
d'étendre cela, étant donné qu'ils peuvent, de
façon efficace, perturber le système, sans être
obligés d'étendre cela sur une trop longue période.
Pour cette raison, je maintiendrais la notion, non pas de 48 heures,
mais de deux jours, pour permettre au phénomène de la fin de
semaine, à
partir du vendredi soir, de se régler, ou si cela venait jeudi,
en fait, ce serait reporté au lundi. Alors, cela donne quand même
le vendredi et le lundi au complet. À ce moment, j'introduirais
plutôt une notion de deux jours par opposition à 96 ou 48
heures.
M. Forget: Cela aurait pour effet qu'aucun avis,
présumément, ne serait donné un vendredi?
M. Johnson: Ce qui est peut-être une excellente chose.
M. Forget: Oui, ni un samedi, ni un dimanche. M. Johnson:
Ni un dimanche.
M. Forget: Les avis ne pourraient être donnés
qu'à compter du lundi matin jusqu'au jeudi matin, dans le fond.
M. Johnson: Ils pourraient être donnés le vendredi,
quand même...
M. Forget: Oui.
M. Johnson: ... sauf qu'on compterait seulement le lundi et le
mardi.
M. Forget: Je présume ici qu'on voudra, que le syndicat
voudra donner l'avis le plus court possible, mais peut-être que c'est une
hypothèse qui ne se vérifierait pas toujours. Si le syndicat veut
donner l'avis le plus court possible, de manière à avoir l'effet
de surprise maximum, il donnera son avis du lundi au jeudi matin. Le reste du
temps, il y aura au moins une période d'accalmie. Ce n'est pas
nécessairement une réponse complète, mais de toute
manière, en insistant davantage, on peut prévoir la fin. Je pense
que j'accueillerais au moins, à titre de compromis et avec
réserve les réserves habituelles cette suggestion
du ministre.
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Non, pas adopté. Il
faudra, je crois, commencer par...
M. Johnson: II faudrait modifier l'article 99k que j'ai
déposé.
Le Président (M. Laplante): Non, je vais vous
suggérer une forme à moins que le député de
Saint-Laurent ne retire son amendement, en premier lieu.
M. Forget: On peut le rejeter tout simplement.
Le Président (M. Laplante): L'amendement du
député de Saint-Laurent...
M. Johnson: Rejeté.
Le Président (M. Laplante): ... est rejeté...
M. Forget: Sur division, bien sûr.
Le Président (M. Laplante): ... sur division. Maintenant,
on va prendre un amendement du ministre du Travail. Vous voulez faire votre
amendement, monsieur?
M. Johnson: M. le Président, l'article 99k en entier se
lirait comme suit: "Sous réserve du quatrième alinéa de
l'article 991, une partie peut déclarer une grève ou un lock-out
à la date d'expiration de la convention collective ou de ce qui en tient
lieu, pourvu qu'un avis préalable d'au moins deux jours ait
été donné par écrit au ministre et à l'autre
partie leur indiquant le moment où elle entend y recourir."
Le Président (M. Laplante): Vous enlevez, en somme, "48
heures...
M. Johnson: "Heures".
Le Président (M. Laplante): ... pour inscrire à la
place "deux jours".
M. Johnson: C'est cela. Le paragraphe suivant: "Cet avis de
grève ou de lock-out ne peut être renouvelé qu'après
le jour indiqué dans l'avis précédent comme moment
où elle entendait recourir à la grève ou au lock-out".
Le Président (M. Laplante): Toute la formulation...
M. Johnson: Est-ce que l'amendement est adopté?
Le Président (M. Laplante): Oui, l'amendement...
M. Johnson: Oui, puisque c'est moi qui ai dit ça.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Johnson: L'article 99k est adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 99l?
M. Johnson: M. le Président, on va distribuer encore des
reformulations. En fait, il s'agit de lire le texte que vous avez devant vous.
L'élément nouveau qui est introduit... D'abord on a mis un point
après le mot "déposé", "n'ait été
déposé" qui est une correction de forme, au premier paragraphe.
Le deuxième, cela va. Le troisième, c'est l'élément
nouveau, où on dit que seul le Procureur général peut
requérir l'injonction prévue au Code de procédures civiles
lors du refus d'exécuter la décision visée au
deuxième alinéa.
En d'autres termes, c'est par cette modification introduisant la
même réserve qui existe à l'article 99 actuel du Code du
travail, qui prévoit
que, quand la santé ou la sécurité publique est en
jeu, seul le lieutenant-gouverneur en conseil peut recourir à la
procédure d'injonction pour mettre fin au conflit, etc., et avec les
nouvelles dispositions que nous introduisons sur la suspension du droit de
grève possible, il pourrait en découler le non-respect et nous
affirmons ce droit exclusif au lieutenant-gouverneur en conseil, de même
qu'à 99, d'exercer l'injonction prévue pour la sanction du
non-respect de l'ordonnance de suspension de grève.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 99l est
adopté?
M. Forget: Non, M. le Président, nous avons un amendement.
L'amendement vise à insérer dans la loi une disposition qui
obligerait le gouvernement à déposer à l'Assemblée
nationale les motifs et l'arrêté en conseil
décrétant la suspension de l'exercice du droit de grève,
un peu de la même façon que nous avons proposé et que le
ministre a accepté de faire dépôt à
l'Assemblée nationale de la décision et de l'avis du
président du Tribunal du travail lorsque, en quelque sorte, on met fin
au fonctionnement des deux conseils, le Conseil d'information et le Conseil
pour le maintien des services essentiels.
L'amendement se lit de la façon suivante, M. le Président:
"Que le paragraphe I) de l'article 4 soit modifié en ajoutant,
après le deuxième alinéa, l'alinéa suivant: "Dans
le cas prévu à l'alinéa précédent, le
ministre des Affaires sociales doit déposer à l'Assemblée
nationale, dans les trois jours de la décision du lieutenant-gouverneur
en conseil, les motifs et l'arrêté en conseil
décrétant la suspension de l'exercice du droit de grève.
Si l'Assemblée nationale ne siège pas, ce dépôt a
lieu dans les trois jours de la reprise de ses travaux."
M. le Président, je vais en faire distribuer des copies, le motif
est clair, il s'agit de s'assurer que l'exercice par le gouvernement de ce
pouvoir nouveau, qui est essentiellement de prononcer lui-même
l'injonction, en quelque sorte, de l'article 99, plutôt que de le faire
en s'adressant aux tribunaux, ne soit pas simplement un geste
d'autorité, tout sec et tout seul, mais soit un geste motivé et
qui revête une certaine publicité par son dépôt
à l'Assemblée nationale.
Le délai est court dans ce cas-ci et je présume que le
ministre va tout de suite indiquer que le délai normal est de quinze
jours. Certes, le délai normal est de quinze jours pour le
dépôt de rapports annuels, de rapports officiels, etc., mais je
crois qu'il faut, dans ce cas-ci, peut-être faire une exception puisqu'on
se trouve dans le contexte d'une grève ou d'une grève
appréhendée, mettant en danger la santé ou la
sécurité du public. C'est dans ce contexte que le gouvernement
prend une décision et une décision très importante,
puisqu'elle suspend l'application de certains articles du Code du travail,
qu'elle le fait pour des raisons graves et qu'il est important que cet exercice
d'un pouvoir, dans le fond sans précédent, soit assorti d'un
certain caractère public, qui puisse faire, à l'occasion de son
dépôt à l'Assemblée nationale, qu'une telle
décision soit l'objet de questions et même de débats
à cette Assemblée nationale, puisque, contrairement au recours
judiciaire, il n'y a pas moyen, pour les parties affectées de se
présenter devant le tribunal et de plaider publiquement les raisons pour
lesquelles l'injonction ne devrait pas être accordée, etc.
Le seul recours qui existe, puisqu'on admet qu'il s'agit d'un geste
politique, d'un geste gouvernemental, devient, à ce moment-là, un
débat de caractère politique, et le débat doit prendre son
origine dans un document déposé. Si le dépôt
intervient trop tard après le fait, il est bien sûr que ça
n'a plus d'objet, cela devient de l'histoire ancienne, puisqu'on sait avec
quelle rapidité les événements se déroulent dans un
contexte comme celui-là, et il apparaît souhaitable que tout ceci
se fasse dans des délais très brefs. (17 h 30)
De toute manière, M. le Président, les documents en
question sont constitués essentiellement d'un arrêté en
conseil et d'un avis déjà en possession du gouvernement,
présumément, puisqu'il a pris une décision
vraisemblablement motivée par un tel avis, quoique la loi ne l'oblige
pas à se baser sur un tel avis. Mais, précisément, s'il a
pris une décision sans se baser sur l'avis ou contradictoirement
à un avis émis, je pense qu'il serait normal que ceci soit
porté à la connaissance de l'Assemblée nationale le plus
rapidement possible. On peut imaginer des situations où un gouvernement
cède à la pression de l'opinion publique, même si, selon
les experts, il n'y a pas véritablement de danger à la
santé et à la sécurité publique.
Je pense qu'à ce moment c'est un frein démocratique qu'il
est tout à fait souhaitable d'avoir. D'un autre côté, s'il
y a un avis qui est donné et que le gouvernement agit
conformément à l'avis, le gouvernement trouve avantage
lui-même à pouvoir motiver sa décision, donc à
pouvoir, non pas se soustraire, mais à pouvoir indiquer que les attaques
qui pourraient être dirigées contre lui, par exemple, par la
partie syndicale, n'ont pas lieu d'être retenues, ne sont pas
sérieuses, puisque, effectivement, il y a un avis en bonne et due forme
qui accompagne la décision.
Voilà, M. le Président, je n'ai pas l'intention de plaider
plus longtemps là-dessus.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent, avant de juger la recevabilité de votre amendement,
j'aimerais vous faire remarquer qu'à l'article 99e, cinquième
paragraphe, vous aviez un amendement similaire et «l'avait
été entendu que le mot "ministre" seulement soit
prononcé...
M. Johnson: Dans ce cas-ci...
M. Forget: Mais, dans ce cas-ci, c'est différent...
Le Président (M. Laplante): D'accord, c'est ce que je veux
savoir.
M. Forget: À la fois le délai et la raison
d'être de la procédure sont basés sur un constat de menace
à la santé et à la sécurité, et je pense
que, dans ce cas, il est peut-être plus normal que ce soit le ministre
des Affaires sociales.
Le Président (M. Laplante): D'accord, recevable.
M. Johnson: M. le Président, c'est extrêmement
délicat ce problème que soulève le député de
Saint-Laurent. Je pense qu'il faut procéder dans cette matière
avec le plus de pour utiliser une expression qui est devenue un
leitmotiv, du côté de l'Opposition transparence possible,
de cela j'en conviens. Mais il y a deux choses qui me préoccupent. La
première est d'ordre purement "politique" entre guillemets
je comprendrai très bien le député de Saint-Laurent de
diverger d'opinion profondément avec moi là-dessus. Il est bien
évident que si le gouvernement ou le ministre des Affaires sociales
déposait une douzaine d'arrêtés en conseil suspendant le
droit de grève, que la période des questions, la journée
suivante, risquerait de porter là-dessus et que probablement cette
période de questions ne porterait pas sur la suspension du droit de
grève des employés du service d'entretien de l'hôpital
Saint-Vincent-de-Paul, mais probablement sur l'autocratisme, les gestes
autoritaires de ce gouvernement qui prétend avoir un
préjugé favorable à l'égard des travailleurs.
Ceci dit, je pense que cela fait partie des réalités du
Parlement et probablement de la politique en général. Ce n'est
peut-être pas une raison suffisante en soi pour que j'utilise la
possibilité de majorité à cette commission pour rejeter
l'amendement du député de Saint-Laurent.
Cependant, il y a deux autres choses qui me préoccupent. Le
député de Saint-Laurent nous dit: II est important que ce geste
soit divulgué. Je peux vous assurer que si jamais ce droit était
exercé par le lieutenant-gouverneur en conseil, ce n'est pas parce qu'un
groupe de 20 ministres, dans la soucoupe volante du "J", décide de
suspendre le droit de grève, que cela veut dire qu'automatiquement les
parties le respectent. On présuppose qu'elles vont en être
avisées, étant donné qu'on leur demande
d'obtempérer à une ordonnance. Donc, c'est très clair
qu'il y aura diffusion. Cette diffusion sera d'abord auprès des
personnes impliquées et on peut présumer que le comité
d'information voudra être saisi de cette divulgation et je pense que, de
façon normale, le gouvernement en avisera le comité d'information
sur les services essentiels.
Donc, l'argument de diffusion ne m'apparaît pas de taille.
L'autre dimension, ce sont les motifs. Je trouve cela extrêmement
aléatoire. Je comprends qu'il s'agit d'une disposition exorbitante de
notre droit, dans la mesure où on transfère aux pouvoirs
exécutifs la capacité de suspendre le droit de grève. On
transfère cela aux tribunaux.
Cependant, la santé publique l'ancien ministre des
Affaires sociales va très bien comprendre ce que je veux dire parce
qu'il a vécu une époque où il y a eu des problèmes
dans le secteur hospitalier est une chose qui n'est pas
nécessairement quantifiable de façon tout à fait
objective. Dans certains cas c'est manifeste, dans certains cas c'est
évident, patent, mais si on en est à la quinzième
journée de perturbation dans un hôpital, les motifs de la
suspension du droit de grève ne sont pas nécessairement les
motifs reliés à la suffisance ou à l'insuffisance de la
liste. Ce sont des motifs qui sont liés aussi à l'état des
services qui sont déployés par cet hôpital.
Prenons l'exemple d'un hôpital où l'ensemble des cadres
décide de travailler très fort. L'exemple le plus typique
pourrait se manifester dans les foyers d'accueil où il y a très
peu de personnel, c'est une des difficultés que l'on rencontre dans les
foyers d'accueil. Le député de Saint-Laurent le sait très
bien et mieux que moi, même, les cadres ont à faire des fonctions
qui normalement sont effectuées par le personnel de soins infirmiers
auxiliaire, par exemple. Je pense entre autres à l'hygiène des
patients incontinents, etc. Le cadre peut bien se promener et le faire pendant
48 heures et essayer de garder ses patients très âgés
alités et incontinents propres, mais au bout de 48 heures, il n'a
peut-être plus autant de souffle pour le faire et peut-être que la
liste des services essentiels décrite devient insuffisante parce
qu'effectivement les gens vivent dans des conditions d'hygiène qui sont
dangereuses et que cela a très bien pu durer deux ou trois jours et cela
allait, cela ne nécessitait pas d'intervention, mais là cela en
nécessite une.
Tous ces motifs sont extrêmement variables. Je pense que c'est une
appréciation d'expertise d'abord, par les services du ministère
des Affaires sociales; deuxièmement, c'est un jugement à la fois
d'expertise et d'opportunité, il faut le dire, par le ministre des
Affaires sociales et, finalement, c'est une décision du Conseil des
ministres qui, ma foi, est une décision basée surtout sur une
recommandation de celui qui vraiment est en connaissance du dossier. Je
présume que le genre de motifs qu'on verrait alléguer dans ces
arrêtés en conseil s'ils devaient être
déposés, ce serait pour des motifs reliés à la
santé publique, le gouvernement a décidé que... Cela
risque d'être le motif qui figure sur l'arrêté en conseil.
Ce n'est pas nécessairement l'expertise, le coup de fil à la
dernière minute, parce qu'également le service d'entretien a
oublié de réparer les congélateurs et qu'il n'y a plus de
nourriture dans la place, etc. Ce sont des choses qui sont variables, qui
changent, etc.
Pour ces raisons et le fait que sur une question aussi importante qu'une
dérogation aux principes généraux qui font que les
règlements ne doivent pas être déposés
nécessairement devant l'Assemblée nationale, je n'ai pu consulter
mes collègues à ce sujet-là, je peux assurer le
député de Saint-Laurent qu'il y aura de l'information et ce
sera clairement diffusé par définition si on veut avertir
les personnes impliquées; mais je ne vois pas l'utilité de
déroger à l'économie générale qu'on inscrit
dans le code, à l'exception cependant de 99e où étant
donné qu'on crée un organisme, qu'on dit qu'on le suspend, c'est
un peu comme la routine habituelle du dépôt d'un rapport annuel,
etc. Il y a quelque chose de vraiment exceptionnel dans cette procédure.
Encore une fois, j'aurais plutôt tendance, étant donné que
je suis incertain, à rejeter l'amendement du député de
Saint-Laurent.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: J'aurais une question à poser au ministre. Si
le ministre rejette l'amendement tel que proposé par le
député de Saint-Laurent, est-ce que tout au moins il serait
prêt à accepter, par exemple, que l'arrêté en conseil
en question soit sans délai publié dans la Gazette
officielle?
M. Johnson: Oui, absolument.
M. Brochu: Est-ce que ce serait acceptable?
M. Johnson: Absolument, pas pour son entrée en vigueur,
cependant. Parce que la Gazette officielle n'est pas nécessairement
publiée toutes les 24 heures. Il faudrait que son entrée en
vigueur soit la date... Je ne me souviens plus des formules consacrées,
c'est la date d'adoption ou cela peut être la date de signification aux
parties, quelque chose comme cela. Mais qu'il soit publié dans la
Gazette officielle, sûrement. Je ne sais pas si on a besoin d'un
amendement pour cela. Peut-être si je pouvais trouver une formulation
rapide de cela. J'accepterais cela sûrement.
M. Forget: La réponse du ministre ouvre la porte à
une question effectivement. Rien dans cet article ne précise la date
d'entrée en vigueur et je ne suis pas sûr c'est une
question que les juristes pourront examiner si un arrêté en
conseil peut dire: Le présent arrêté en conseil s'applique
immédiatement ou à partir de telle heure, etc. Je ne sais pas
jusqu'à quel point ça peut avoir force vis-à-vis des
tiers, vis-à-vis de tout le monde, si la loi ne le permet pas. C'est
peut-être bon que ce soit examiné.
M. Johnson: Je présume que c'est un peu comme une
procédure judiciaire, que c'est sur signification. La solution, je
pense, réside bien plus dans les principes généraux du
droit que dans le Code du travail lui-même.
M. Forget: Oui, sans doute.
M. Johnson: On me dit que le principe général,
quant à l'adoption des arrêtés en conseil, dans notre
droit, c'est que ça entre en vigueur au moment de son adoption. Sauf si
on prévoit...
M. Forget: Ceux qui sont faits en vertu d'une loi qui dit que
ça entre en vigueur au moment de la publication.
M. Johnson: Voilà. Ou sauf si on précise, dans
l'arrêté en conseil, que l'entrée en vigueur est
retardée. Alors, je pense que la latitude étant là... Je
ne sais pas, j'essaie d'obtenir un avis juridique rapide sur la
nécessité de marquer dans la loi que ce sera publié,
mais...
On va essayer de trouver... Quant à la suggestion du
député de Richmond, je suis d'accord, on essaie de trouver une
formulation. Quant à l'amendement du député de
Saint-Laurent, pour les raisons...
M. Forget: Sur l'amendement, très brièvement, M. le
Président, je ne veux pas insister plus que de raison, mais je dois
avouer que je suis sensible au raisonnement que le ministre a tenu, qu'il y a
un certain nombre d'informations qui parviennent à un gouvernement,
à un ministre, particulièrement au ministre des Affaires
sociales, dans de telles circonstances. Cela peut être des
télégrammes, des appels au téléphone. C'est bien
sûr que tout n'est pas contenu dans l'avis du conseil pour le maintien
des services essentiels.
Je crois que tout le monde serait prêt à reconnaître
que le Conseil des ministres conserve son libre arbitre, quel que soit le
nombre de comités consultatifs qu'il décide de s'adjoindre. C'est
vrai dans ce domaine, peut-être plus que dans n'importe quel autre.
Il faut aussi s'interroger sur l'effet de décisions qui ne
seraient pas suffisamment débattables et pour lesquelles, par le seul
processus de contestation qui est laissé, qui est un processus de
contestation parlementaire, les motifs ne seraient pas suffisamment explicites,
que ce soit le rapport ou l'avis du conseil sur le maintien des services
essentiels, que ce soient des considérants à
l'arrêté en conseil, à la rédaction desquels le
gouvernement devrait apporter une attention particulière. Il demeure que
le ministre est certainement intéressé à ce que la
crédibilité de ce type d'intervention soit la plus grande
possible. On sait combien les recours aux tribunaux, en vertu de l'article 99,
ont été attaqués comme étant une utilisation par
l'État employeur du système judiciaire de manière
inappropriée. À plus forte raison, on pourra attaquer
l'utilisation directe et sans intermédiaire que prévoit l'article
99l.
Même si un certain nombre de ces remarques et de ces critiques
sont inévitables, il reste que ce n'est pas indifférent la
façon dont ce pouvoir va être exercé, dans quel contexte.
J'ai l'impression personnellement, et je dirais même j'ai la conviction
que si ces gestes sont posés dans un contexte où ils peuvent
être contestés, mais également défendus dans
l'arène parlementaire, à leur mérite, il y a
peut-être moins de chance que la contestation prenne une autre tournure
et il y a aussi la possibilité qu'un gouvernement éventuel,
puisqu'on ne légifère pas seulement pour l'an pro-
chain, qui sentirait une pression très grande de l'opinion
publique et serait porté à abuser du mécanisme, soit un
peu retenu de le faire par la nécessité qu'il aurait d'exposer
ces motifs.
Les motifs que vient d'exposer le ministre, je pense que toute personne
de bonne foi et la presse est là pour juger, le public est
là pour juger quelles que soient les assertions ou les
imputations de motifs que peut faire l'opposition du moment, dans l'exercice
d'un droit comme celui-là, tout le reste de la population sera là
pour juger si les raisons invoquées par le ministre des Affaires
sociales, quand il se lèvera et dira: Voici les motifs que nous avons
utilisés pour ce faire. S'ils sont valables, les gens vont les accepter.
(17 h 45)
II me semble que cela pourrait aider à asseoir, de façon
plus certaine, la crédibilité du mécanisme et les chances
du respect des décisions du Conseil des ministres en fonction de
l'article 99, paragraphe I). Cela va être cela la pierre de touche de
tout le mécanisme, si on en vient à une période où
tout le reste n'a pas marché et le sens des responsabilités,
etc., on en vient à une minute de vérité. Cela va
être à ce moment-là. Il me semble que ce sont des
précautions qui aident plutôt qu'elles ne nuisent. C'est du moins
la conviction avec laquelle j'ai songé à la formulation d'un tel
amendement. Même si je suis sensible aux remarques du ministre, je crois
qu'au-delà des accusations et des débats forcément
partisans et politiques à l'Assemblée nationale, l'opinion
publique se dirait: Mon Dieu, on a au moins, dans cette enceinte, la
possibilité d'entendre les deux versions. Tous ceux qui, de
l'extérieur du parlement, auraient leurs raisons à eux de
reprendre ce débat, seraient un peu dans une situation où ils ne
feraient que répéter ce que d'autres ont dit. Le vrai
débat aurait eu lieu ailleurs. Il me semble que c'est plus
approprié de le confiner à l'enceinte parlementaire que de le
faire, en quelque sorte, dans la rue, ce genre de débat, et devant
l'hôpital en grève qui n'est pas réouvert, malgré
l'ordre du ministre, etc., l'ordre du gouvernement.
M. Johnson: Brièvement, M. le Président. Je veux
simplement dire que tous et chacun des députés de
l'Assemblée nationale on pourrait peut-être exclure les
membres du Conseil des ministres qui posent rarement des questions à
leurs collègues en Chambre...
M. Forget: C'est arrivé une fois.
M. Johnson: Tous et chacun des membres de l'Assemblée
nationale regroupent l'ensemble des territoires où il y a des
hôpitaux au Québec. Je présume que la période des
questions est quand même toute là pour le permettre. Je pense
qu'on répond, en partie, je veux bien, à une préoccupation
du député de Saint-Laurent.
D'autre part, j'essaie de trouver une formulation pour la publication au
niveau de... Est-ce que vous auriez une suggestion?
M. Brochu: J'aurais peut-être une suggestion que Me
Gélinas vient de me transmettre, si vous n'en avez pas.
Le Président (M. Laplante): Avant d'aller sur une
proposition d'amendement, j'aimerais passer au vote, accepter ou refuser
l'amendement du député de Saint-Laurent. Est-ce que vous voulez
voter sur cet amendement?
M. Forget: Rejeté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'amendement du
député de Saint-Laurent. Rejeté sur division. M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Cela ne sera pas long, M. le Président. Le
ministre va vous présenter la formulation de l'amendement.
M. Johnson: Je m'excuse. Nos juristes ne sont pas unanimes et
cela pose un problème. Il faudrait être sûr que la formule
on peut en avoir trouvé une si elle est utilisée
ailleurs dans nos lois et qu'elle implique que l'entrée en vigueur et
que l'interprétation aient toujours été, si on se
réfère à la notion de la Gazette officielle,
conditionnelles à la publication, ce qu'on ne veut pas
évidemment...
Je ne sais pas si le député de Richmond se satisferait
d'une déclaration de celui qui vous parle au nom de mes collègues
pour dire qu'effectivement nous ferons en sorte que ce soit publié dans
la Gazette officielle, mais j'ai peur que, malgré les formules qu'on ait
tentées, étant donné qu'on n'a pas tout ce qu'il faut ici
pour faire un inventaire de la jurisprudence et des techniques
utilisées, on se barre finalement les pieds par un amendement comme cela
et qu'on fasse que la mise en vigueur soit conditionnelle à la
publication, ce qui évidemment serait absurde, parce que c'est rarement
publié, en général, moins de trente jours après la
décision du Conseil des ministres qu'on peut publier un
arrêté en conseil.
M. Brochu: À ce moment-là, on peut laisser cela
comme cela. Le ministre pourrait-il vérifier d'ici la troisième
lecture, quitte à suggérer une formule? C'est vrai que c'est
aujourd'hui la troisième lecture.
M. Johnson: Vraiment, là-dessus cela
m'apparaît fondamental si j'avais une semaine et si j'obtenais un
avis des légistes et du secrétaire du comité de
législation, je le ferais les yeux fermés, mais je n'ai pas cela
pour le moment et je ne pense pas pouvoir l'obtenir d'ici ce soir, si jamais on
allait en troisième lecture.
M. Brochu: En somme, le ministre me dit qu'il va le faire quand
même à toutes fins utiles.
M. Johnson: C'est cela.
M. Brochu: II déclare officiellement que ce sera fait.
M. Johnson: C'est entendu, et j'en aviserai mon collègue
des Affaires sociales.
M. Brochu: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Article 99l, adopté, le
nouvel article, tel qu'amendé par le ministre?
M. Forget: Adopté sur division.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur division.
J'appelle l'article 5.
M. Chevrette: Non, M. le Président, au risque de passer
pour détestable, je m'excuse.
Une voix: Ah!
M. Chevrette: C'est parce que je ne sais plus où poser ma
question de l'article 99.
Une voix: Ah oui!
M. Chevrette: Je voudrais vraiment la poser, parce que, selon la
réponse du ministre, il est possible que j'aie l'intention je ne
l'ai pas encore arrêté de présenter un amendement.
Dans le projet de loi, en adoptant les articles un par un depuis un certain
temps, on a parlé d'obligation de dépôt de demandes
syndicales et d'obligation dans les soixante jours du dépôt
d'offres complètes ou globales du côté patronal.
Il y a un problème auquel je n'ai pas de réponse et c'est
le suivant: II y a, à la suite des négociations de niveau
provincial, des objets qui peuvent être référés pour
fins de négociation au niveau local. Par exemple, on pourrait
décider qu'il y a douze congés mobiles à négocier
au niveau local et la répartition des congés peut devenir,
à la suite d'une négociation provinciale, un
élément ou un objet de négociation locale.
À ce moment-là, sur l'obligation dépôt, le
syndicat ne peut pas déposer globalement ses demandes dans un premier
temps, puisque c'est un objet qui est vraiment dépendant du
résultat de la négociation du palier provincial. Je me demande si
on peut trouver une formule qui obligerait quand même à des
délais raisonnables. Je prends la commission scolaire de la ville de
Québec qui a négocié localement, dans le cadre de la loi
95, sans aucun délai et qui s'est ramassée avec une signature de
convention collective, deux ans après. Donc il y a un vide juridique de
deux ans dans les circonstances. Deuxièmement, je crains qu'il y ait une
mésentente qui crée par la suite une perturbation continuelle,
sans nécessairement qu'il y ait de grève, si on n'oblige pas les
parties à déposer les demandes dans un délai raisonnable
et à déposer des contre-propositions dans des délais
raisonnables pour les objets qui deviennent ainsi de palier local ou
régional, suite à une négociation provinciale. Ce n'est
pas un arrangement local, parce qu'on peut très bien, dans le cadre
d'une convention collective, définir un contenu et dire qu'on peut
négocier quelque chose de différent dans les 60 jours qui
suivent, les formules usuelles qu'on a utilisées dans les conventions
collectives antérieures.
Il est possible mais on ne peut pas présumer ce que sera
la négociation de palier provincial qu'on dise qu'il y a 12
congés mobiles et que la répartition de ces congés
mobiles, par exemple, soit de négociation locale, après
discussion à la table provinciale. À mon sens, il n'y a pas de
provisions à l'intérieur du projet de loi.
M. Johnson: Je pense que le député de... Non? Il
faut revenir à une notion de base qui est la notion de convention
collective dans le Code du travail. Les seules conventions collectives qui
existent sont les conventions au niveau local. Ce qui se signe au niveau
national, c'est une entente. À la suite des recommandations de
Martin-Bouchard, ce que nous affirmons, c'est que la négociation sur les
objets définis comme locaux au niveau des préalables doit
commencer en même temps que la négociation au niveau national. Ce
qui n'empêche pas, cependant, que cette négociation dure plus
longtemps et que les objets qui devraient être discutés localement
comme découlant de l'entente nationale... Par exemple, pour la
répartition des douze congés, rien n'empêche que cela se
fasse subséquemment à l'entente nationale. Le principe de fond
qui est affirmé, c'est qu'au niveau de l'entente nationale comme au
niveau des conventions collectives locales, la négociation doit
commencer à une date précise, ce qui ne veut pas dire qu'elle ne
peut pas durer plus longtemps.
D'ailleurs, on pourrait même dire qu'il y a un droit de
grève illimité dans le temps, à ce titre-là, au
niveau local et qu'on peut peut-être arriver à une chose un peu
étrange, comme celle qui s'est passée à la commission
scolaire de Québec. Mais on ne peut pas, non plus, fixer une date ultime
à laquelle les parties doivent signer. Je pense que le
député de Joliette-Montcalm va être d'accord avec moi sur
cela. Il ne faudrait surtout pas obliger les parties à signer avant
telle date. Cela pourrait poser des problèmes assez sérieux.
Alors, dans ce sens-là, le principe, c'est qu'il faut que ça
commence au niveau local en même temps qu'au niveau national, mais il est
bien évident qu'on peut présumer que la plupart des conventions
collectives locales se signeront beaucoup plus tard, enfin pas
nécessairement beaucoup plus tard, mais plus tard que l'entente
nationale.
M. Chevrette: M. le ministre, étant donné que
l'entente quant aux objets à être négociés...
M. Johnson: Localement.
M. Chevrette: ... est préalable à la
négociation, la même obligation est imputée aux parties
locales qu'à la copartie provinciale en ce qui regarde la
négociation...
M. Johnson: C'est ça.
M. Chevrette: ... des objets clairement définis.
M. Johnson: Le début de la négociation et non pas
la fin.
M. Chevrette: Et les objets, à ce moment-là, qui
déboucheraient sur un contenu à un autre palier ne seraient que
dans le cadre des contrepropositions normales.
M. Johnson: Exactement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Ma question s'adresse au ministre. Une fois qu'il y
aura un partage de clauses à négocier localement et de clauses
à négocier provincialement, advenant qu'il y en ait une vingtaine
dont la stricte négociation se fera au niveau local, est-ce qu'on peut
être certain que le fait de dire que les négociations doivent
débuter en même temps impose, par le fait même, les
mêmes délais de dépôt aux paliers locaux?
M. Johnson: Oui, des demandes et des offres. C'est très
clair. On a pris exactement la rédaction que nous suggérait
Martin-Bouchard à cet effet. Les délais impartis pour le
dépôt des demandes et, subséquemment, le dépôt
des offres est le même et c'est non seulement le même délai,
mais c'est dans la même période. À partir de là, la
négociation est enclenchée. Là où ça
pourrait poser un problème, c'est qu'on décide, au niveau central
de la négociation pour les préalables, d'envoyer un objet au
niveau local en spécifiant que cet objet au niveau local dépendra
de ce qui est signé dans l'entente nationale. Là, c'est
très clair qu'au niveau des offres et des demandes ça ne figurera
pas, mais je pense qu'on ne peut pas interpréter le texte comme
obligeant les gens à déposer des offres et des demandes sur des
objets qui exigent un préalable. C'est sur l'ensemble des autres choses
que c'est commencé.
M. Bisaillon: Sauf que, M. le ministre, à 99h, puisque
c'est à cet endroit qu'il faut se référer, on dit:
L'association accréditée doit transmettre par son agent
négociateur. L'agent négociateur se situe uniquement au niveau
national ou provincial pour plaire au député de Saint-Laurent.
Autrement dit, l'agent négociateur auquel on se réfère et
par qui doivent passer les demandes de l'association
accréditée... c'est par l'agent négociateur et l'agent
négociateur se situe au palier national.
M. Johnson: II y a les paragraphes 4 et 5 cependant qui
reprennent la même notion, mais pour le niveau local.
M. Bisaillon: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 4 en
entier, avec ses amendements, est adopté?
M. Forget: Adopté, M. le Président.
Je commençais à me sentir gêné d'assister
à un caucus de l'autre formation politique.
Le Président (M. Laplante): Article 5... nouveau
texte.
M. Johnson: Ce qui prouve qu'on fonctionne avec ouverture et
ventilation, faute de climatisation.
M. Bisaillon: Ce que le député de Saint-Laurent
appelle un caucus, c'est seulement du travail sérieux.
Le Président (M. Laplante): Les amendements du ministre.
Article 5, adopté?
M. Forget: C'est très ouvert. Même la loi est
ouverte, puisqu'on la réécrit en cours de route.
M. Chevrette: Cela vous servirait d'en avoir une couple qui
ferait pareil comme nous.
M. Forget: Qu'est-ce que vous en savez?
M. Chevrette: Vous ne seriez peut-être pas le seul à
courir les commissions parlementaires et à avoir l'air d'un
orphelin.
M. Forget: C'est pour cela que je parle d'un caucus.
M. Chevrette: Vous n'avez pas de misère à vous
consulter, j'espère.
Le Président (M. Laplante): Article 5. avec les
amendements du ministre, adopté?
M. Forget: Oui, M. le Président, je veux bien l'adopter,
sauf que vous observerez qu'on pourrait plaider la recevabilité.
M. Johnson: Ce sont les dispositions transitoires
essentiellement, M. le Président.
M. Forget: Sauf qu'elles sont essentiellement modifiées
par rapport aux précédentes.
M. Johnson: Non, c'est une clarification, suite... On a pris la
cinquième ligne et le début de la sixième ligne de
l'article 6 pour l'insérer au niveau de l'article 5.
M. Forget: Je vois. Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 6.
M. Johnson: J'ai également déposé un
amendement, M. le Président, il s'agit d'une concordance avec le
président.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 7.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 8.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Projet de loi no 59,
adopté avec ses amendements?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Je prierais le rapporteur de
faire rapport à l'Assemblée nationale. Travaux ajournés
sine die.
(Fin de la séance à 18 h 1)