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Conflit de travail à la Commonwealth
Plywood
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! On peut commencer? C'est une troisième séance de la
commission permanente élue du travail et de la main-d'oeuvre. Je donne
au début la liste des membres de la commission. Les membres sont: M.
Bellemare (Johnson); M. Bisaillon (Sainte-Marie); M. Chevrette
(Joliette-Montcalm); M. Forget (Saint-Laurent)...
M. Pagé: Remplacé par M. Blank (Saint-Louis).
Le Président (M. Cardinal): M. Forget (Saint-Laurent) est
remplacé par M. Blank (Saint-Louis). M. Gravel (Limoilou)
remplacé par M. Fallu (Terrebonne); M. Johnson (Anjou); M. Lavigne
(Beauharnois); M. Pagé (Portneuf); M. Roy (Beauce-Sud); M. Vaillancourt
(Jonquière).
Les intervenants sont: M. Blank (Saint-Louis) n'est plus intervenant,
mais membre. M. Brochu...
M. Pagé: ... remplacé par M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
Le Président (M. Cardinal): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), intervenant. M. Brochu (Richmond); M. Gosselin
(Sherbrooke); M. Jolivet (Laviolette); M. Laplante (Bourassa); M. Lefebvre
(Viau); M. Paquette (Rosemont); M. Saint-Germain (Jacques-Cartier)...
M. Pagé: Remplacé par M. Mailloux (Charlevoix).
Le Président (M. Cardinal): M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier) remplacé par M. Mailloux (Charlevoix); M. Samson
(Rouyn-Noranda).
J'appelle maintenant la liste des invités. J'aimerais qu'on
m'indique si les personnes sont présentes ou absentes, et si possible,
sans autre commentaire ou débat pour le moment. Alors, les organismes ou
personnes convoquées: L'Union internationale des rembourreurs de
l'Amérique du Nord, représentée par M. Donat
Thériault.
M. Thériault: Présent.
Le Président (M. Cardinal): Merci.
M. Bellemare: ... la CSN?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Nous ne sommes pas à la période des questions.
M. Bellemare: Excusez-moi!
Le Président (M. Cardinal): Mme Hélène G
ri-gnon?
Mme Grignon: Présente.
Le Président (M. Cardinal): Merci. Commonwealth Plywood,
de Sainte-Thérèse, M. William P. Caine.
M. Caine: Présent.
Le Président (M. Cardinal): Byers, Casgrain et
Associés, Me Pierre Fournier.
M. Casgrain (Philippe): M. le Président, Byers, Casgrain
et Associés sont ici. Ils sont représentés par
moi-même, Philippe Casgrain, et par M. Jean Bazin. Quant à M.
Pierre Fournier, il n'est pas ici. Il n'est pas ici, M. le Président,
parce qu'il a été invité à venir personnellement
pour témoigner. Il a déclaré publiquement pour les
fins du dossier, je vous le répète qu'il n'entend pas,
volontairement, offrir de violer son secret professionnel. Pour sa part, si
vous voulez qu'il soit ici, vous devrez le convoquer par voie de subpoena; il
n'entend pas témoigner sur son secret professionnel.
Le Président (M. Cardinal): Merci, Me Casgrain.
M. Ernest Lévesque?
M. Lévesque (Ernest): Présent.
Le Président (M. Cardinal): Merci. Société
Intercommunica, M. Yvon Turcot?
M. Turcot (Yvon): Présent.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. Turcot.
Lors de l'ajournement de notre dernière séance, nous
avions devant nous trois invités qui étaient à la barre,
M. Donat Thériault, M. Ernest Lévesque et Mme
Hélène Grignon vous êtes devant les micros et
une demande d'ajournement avait été faite par un
député qui, ce matin, n'est pas présent et je constate que
j'ai non seulement vu, mais entendu un député du même
parti, M. le député de Joliette-Montcalm.
Interrogatoire des représentants du
syndicat a l'intérieur de Commonwealth
Plywood (suite)
M. Chevrette: Merci, M. le Président. J'aurais quelques
questions à poser tout d'abord à M. Lévesque et, ensuite,
j'irai à M. Thériault.
M. Bellemare: ... en faveur de M. le député de
Sainte-Marie, M. Bisaillon. Il n'y est pas.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Sainte-Marie, exactement, qui est absent; je l'ai mentionné.
M. Chevrette: II vient d'appeler...
Le Président (M. Cardinal): Je l'ai mentionné sans
le souligner.
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Un instant! Je pense que Me Cutler veut parler.
M. Cutler (Philip): Mon nom, c'est Philip Cutler. Je suis de
l'étude légale Robinson, Cutler, Sheppard et Associés.
Je suis ici comme procureur, malheureusement pour la première
fois, pour M. Ernest Léves-que, Mme Hélène Grignon et M.
Donat Thériault.
Le Président (M. Cardinal): Merci, Me Cutler.
M. Cutler: Le but, c'était de m'identifier. Je
m'excuse...
Le Président (M. Cardinal): Vous avez parfaitement raison,
et nous avons d'ailleurs souligné, à la dernière
séance, que ces personnes qui sont présentement invitées
et non pas convoquées par subpoena avaient le droit de se faire aviser
par un procureur.
M. Cutler: Merci.
Le Président (M. Cardinal): Vous êtes le bienvenu,
monsieur.
Je redonne la parole au député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Je voudrais, dans un
premier temps, demander à M. Lévesque de me décrire un peu
comment ont commencé les négociations avec la compagnie.
Pourriez-vous me décrire tout d'abord comment vous avez
procédé pour le début des négociations?
M. Lévesque (Ernest): Tout d'abord, ce fut un
télégramme envoyé à la compagnie.
Le Président (M. Cardinal): M. Lévesque,
pourriez-vous approcher votre micro ou vous rapprocher du micro, parce que vous
savez que tout est enregistré et on aime bien vous entendre?
M. Lévesque (Ernest): Tout d'abord, cela a
été un télégramme envoyé à la
compagnie afin de la rencontrer pour négocier.
M. Chevrette: Vous souvenez-vous de la date du
télégramme?
M. Lévesque (Ernest): Je crois que c'est au début
d'octobre, mais la date précise, je ne peux la mentionner.
M. Chevrette: Vous serait-il possible de la fournir à la
commission...?
M. Lévesque (Ernest): La date précise?
M. Chevrette: Le télégramme, copie du
télégramme.
M. Lévesque (Ernest): II faudrait le demander à la
secrétaire, Mme Hélène Grignon. C'est elle-même qui
a envoyé le télégramme.
M. Chevrette: Si vous pouviez, d'ici la fin de
l'après-midi, nous fournir une copie de ce télégramme,
cela serait peut-être important qu'on regarde cela.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm, vous venez de parler de la fin de l'après-midi.
J'aurais peut-être dû expliquer à cette commission la motion
adoptée à l'Assemblée nationale. Nous allons siéger
jusqu'à 12 h 30. Nous ajournerons pour des fins techniques sine die
jusqu'à ce qu'une motion soit faite en Chambre après 14 heures
pour que nous puissions à nouveau nous rencontrer probablement dans
cette même salle. On le décidera...
M. Casgrain: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui Me Casgrain.
M. Casgrain: Sur cette question, j'avais cru comprendre que vous
alliez recommencer à siéger cet après-midi à 16
heures. Je crois voir que peut-être vous voudrez siéger
auparavant. Je vous souligne simplement que Me Bazin et moi-même avons
d'autres entrevues cet après-midi. J'ai moi-même une entrevue avec
un des collègues de M. Johnson de 15 heures à 16 heures, disons
15 h 45, et nous aimerions bien être présents lorsque vous
recommencerez vos travaux. Je vous en parle, parce que je pense qu'il est
important que nous soyons présents, à moins que M. Johnson ne
veuille pas nous poser de questions.
M. Johnson: Si on reprenait à 16 heures...
Le Président (M. Cardinal): La commission pourrait
certainement, cet après-midi, pro forma, se réunir et dire: Nous
recommençons à 16 heures tout simplement.
M. Casgrain: Très bien. Merci, M. le Président.
M. Johnson: M. Casgrain, vous pourriez être là
à 16 heures?
M. Casgrain: Au plus tard à 16 heures.
Le Président (M. Cardinal): Alors, M. le
député de Joliette-Montcalm, je pense qu'il fallait régler
cette question au préalable.
M. Chevrette: Je reviens, M. Lévesque. Vous avez dit qu'il
y a eu un télégramme envoyé à la compagnie vers le
début d'octobre. Vous est-il possible de nous donner la date
précise?
M. Lévesque (Ernest): La date précise, non.
Personnellement, je ne m'en souviens plus.
M. Chevrette: Avez-vous déjà lu le
télégramme en question?
M. Lévesque (Ernest): Oui. Mais, en mots exacts...
M. Chevrette: Vous avez lu vous-même le
télégramme? Il existe.
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: D'accord. Donc, vous serait-il possible, d'ici la
fin de l'après-midi parce qu'il y aura une autre séance
à 16 heures de nous trouver cette copie et de déposer le
contenu du télégramme devant les membres de la commission?
M. Cutler: M. le Président, si vous me le permettez,
j'apprends qu'il s'agit d'un télégramme qui a fait l'objet d'un
litige devant les tribunaux et qui a été déposé.
Alors, je vais sûrement pouvoir en obtenir une copie. Je communiquerai
personnellement avec la cour de Saint-Jérôme pour voir à
cela.
M. Casgrain: Incidemment, ce télégramme fait partie
des exhibits que vous aviez demandé à M. Caine d'apporter et,
dans le volume que M. Caine a produit, vous trouvez la copie du
télégramme en question que nous avons apportée sur demande
de la commission.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que ceci satisfait la
commission?
M. Chevrette: D'accord. En tout cas, cela me satisfait de voir le
texte et la date.
Le Président (M. Cardinal): Merci, Me Cutler et Me
Casgrain. M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: La dernière fois, vous avez parlé, M.
Lévesque, de la préparation du projet. Pourriez-vous nous
décrire d'une façon un peu plus substantielle comment vous avez
préparé le projet de convention collective?
M. Lévesque (Ernest): Tout d'abord, le comité s'est
réuni et on a étudié l'ancienne convention.
M. Chevrette: Quel comité?
M. Lévesque (Ernest): Le comité que les
employés s'étaient nommé.
M. Chevrette: Vous dites que les employés se sont
nommé un comité.
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez situer approximativement
la date de la formation de ce comité?
M. Lévesque (Ernest): Le 3 octobre.
M. Chevrette: Le 3 octobre, les employés se
réunissent et préparent un projet de convention.
M. Lévesque (Ernest): Pas directement le 3 octobre, le
projet de convention.
M. Chevrette: Non?
M. Lévesque (Ernest): II y a eu une mention de commencer
à préparer une convention.
M. Chevrette: Le 3 octobre. M. Lévesque (Ernest):
Oui.
M. Chevrette: Là, je suppose que les 4, 5, 6, etc., vous
vous réunissez et vous préparez un contrat collectif avec l'aide
de M. Donat Thériault, conseiller.
M. Lévesque (Ernest): C'est cela.
M. Chevrette: Vers quelle date, combien de jours après
votre projet fut-il préparé?
M. Lévesque (Ernest): Approximativement vers le 8 ou le 9,
je crois.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez convoqué vos membres
pour leur soumettre le projet de convention collective
préparé?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Vers le 9?
M. Lévesque (Ernest): La date est approximative.
M. Chevrette: Votre projet est préparé, le 9,
supposons. C'est à ce moment-là que vient le
télégramme?
M. Lévesque (Ernest): Non, il a été
mentionné, le soir du 3 octobre, d'envoyer le télégramme
pour fins de négociations à venir.
M. Chevrette: Mais le soir du 3 octobre, le comité est-il
formé?
M. Lévesque (Ernest): Le comité est formé ce
soir-là.
M. Chevrette: C'est ce soir-là que vous envoyez le
télégramme?
M. Lévesque (Ernest): Pas directement ce soir-là,
un instant. C'est dans les jours qui ont suivi.
M. Chevrette: Des journées après, vous avez
envoyé le télégramme, soit le 4 ou le 5, bon. Votre projet
était préparé vers le 9. Est-ce que les membres se sont
prononcés sur le projet?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Combien y avait-il de personnes pour accepter le
projet de convention collective?
M. Lévesque (Ernest): 62 à 65 personnes.
M. Chevrette: 62 à 65 personnes. Est-ce que les gens qui
faisaient partie de l'accréditation qui avait été
demandée durant la période légale ont été
convoqués pour se prononcer sur le projet de convention?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Chevrette: Est-ce que votre conseiller syndical, à
l'époque, vous a dit que la CSN avait eu une demande
d'accréditation et qu'elle s'était désistée?
M. Lévesque (Ernest): Vous voulez dire... Expliquez mieux
votre question.
M. Chevrette: Je vais essayer. Vous aviez un conseiller syndical,
que vous aviez choisi vous-mêmes, c'est-à-dire les gens de
l'intérieur, si j'ai bien compris votre témoignage de l'autre
jour. Même M. Thériault, qui a témoigné devant nous,
nous a dit: Nous nous sommes désistés de l'Union des rembourreurs
d'Amérique parce que nous savions que la CSN détenait la
majorité; d'accord? Vous avez témoigné par la suite, M.
Lévesque et vous avez dit: Nous autres, on voulait prendre notre
syndicat en main, parce que notre désir est de travailler à
l'intérieur.
Mais vous saviez que la CSN détiendrait le certificat dans les
jours suivants. Vous saviez que le 3 octobre, la CSN obtenait
l'accréditation?
M. Lévesque (Ernest): Le 3 octobre même, je ne le
savais pas, mais on l'a appris par la suite.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez appris que la CSN avait son
accréditation avant de décider de négocier ou après
avoir décidé de négocier?
M. Lévesque (Ernest): Après, je pense. Parce qu'on
a décidé de négocier le 3 octobre et le 3 octobre,
personnellement, on ne savait pas qu'elle était déjà
accréditée ce jour-là.
M. Chevrette: Mais vous saviez qu'elle était en instance
d'accréditation.
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Est-ce que votre conseiller syndical vous a bien
dit que c'est le syndicat accrédité qui a le pouvoir de
négocier?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: II vous l'avait dit. Est-ce qu'il vous avait dit
que vous n'aviez pas le droit, comme tels, de vous prévaloir d'une
accréditation qui n'était pas à vous?
M. Lévesque (Ernest): Je crois qu'il a été
fait mention que le syndicat, c'était nous et que c'était
à nous à le prendre en main. Le syndicat accrédité
était pour la CSN.
M. Chevrette: Je vais reprendre ma question. Vous n'étiez
pas membres de la CSN au moment où celle-ci a demandé une
accréditation?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Chevrette: Le jeu que vous avez fait, que vous avez
vous-même raconté, c'est que vous avez signé des cartes de
la CSN, pour vous rendre membres de la CSN. C'est bien cela?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Vous avez vous-même dit que les cartes
avaient été imprimées sur les ordres de M. Donat
Thériault?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Donc, vous saviez que ce n'étaient pas
directement des cartes de la CSN?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: A partir de là, est-ce que c'est M.
Thériault qui vous a dit qu'en signant des cartes sur lesquelles il y
avait le nom de la CSN, automatiquement, vous étiez membres de la
CSN?
M. Lévesque (Ernest): II nous a dit que, pour
négocier et signer une convention, il fallait appartenir au syndicat
accrédité.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez demandé à votre
conseiller syndical à l'époque s'il y avait du danger de vous
présenter pour et au nom d'un syndicat que vous aviez combattu
vous-même?
M. Lévesque (Ernest): La réponse a
été que le syndicat nous appartenait, autant à ceux qui
étaient en dedans qu'à ceux qui avaient voulu faire la
grève.
M. Chevrette: Est-ce que vous saviez, à l'époque
qu'il y en avait plus en dehors qu'en dedans qui avaient signé des
cartes de la CSN?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Selon vos principes ou selon les conseils que vous
avez reçus j'ignore lequel des deux vous n'avez jamais
été de la CSN auparavant?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Chevrette: M. Thériault vous avait dit qu'il se
désistait, que la CSN aurait de toute façon un syndicat?
N'avez-vous pas pensé, à l'époque, qu'il aurait
été bon de convoquer tous ceux qui avaient signé des
cartes de la CSN?
M. Lévesque (Ernest): Oui, si tous les autres avaient fait
de même, pour l'assemblée qui a eu lieu le 19 septembre, s'ils
avaient convoqué tout le monde.
M. Chevrette: Mais vous, vous n'aviez pas signé une carte
de la CSN, n'est-ce pas?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Chevrette: Vous attendiez-vous que la CSN vous convoque, alors
que vous n'aviez pas signé une carte de la CSN et que vous combattiez la
CSN?
M. Lévesque (Ernest): Non. Je m'attendais qu'elle convoque
les 40 employés qui travaillaient le 19 septembre et les 70 ou 75
employés qui étaient retournés chez eux par crainte de
passer la ligne de piquetage. Là-dedans, il y en avait beaucoup qui
avaient signé pour la CSN et qui n'ont pas été
convoqués.
M. Chevrette: Vous avez vérifié cela
personnellement?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Vous saviez que la CSN avait tenu des
réunions et qu'elle avait convoqué ses membres qui avaient
signé une carte de la CSN?
M. Lévesque (Ernest): Elle les a convoqués sur la
ligne de piquetage, le lundi 18 septembre.
M. Chevrette: Tous ceux qui avaient signé une carte CSN
pouvaient aller à la réunion?
M. Lévesque (Ernest): Qui avaient signé, oui.
M. Chevrette: Bon. En faisant signer le nombre de cartes que vous
aviez, vous avez dit: Le syndicat nous appartient; le syndicat nous appartient
pour ceux qui sont à l'intérieur et non pas pour ceux qui sont
à l'extérieur.
M. Lévesque (Ernest): Cela appartient aux deux.
M. Chevrette: Cela appartient aux deux, mais, quand vous vous
êtes réunis, que vous avez rédigé un projet de
convention collective...
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: ... ceux qui ont signé une carte CSN et qui
étaient en conflit ont-ils assisté aux réunions?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Chevrette: Ils n'ont pas assisté à votre
réunion. Pourtant, ce sont eux qui avaient demandé
l'accréditation.
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Vous saviez que l'accréditation appartenait,
à ce moment-là, à la CSN?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Porter le nom de la CSN, pour vous, c'était
uniquement pour les fins de négocier?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Ce n'était pas pour les fins de devenir un
militant de la CSN, c'était uniquement pour négocier un contrat
collectif.
M. Lévesque (Ernest): II faut s'entendre là-dessus.
Si la CSN avait voulu bien faire, on serait tous aujourd'hui militants de la
CSN.
M. Chevrette: A ce moment-là, je comprends que c'est
peut-être facile à dire, mais comment expliquez-vous que vous
l'ayez combattue et que vous n'ayez jamais vous-même signé une
carte de la CSN, à part les cartes imprimées par M.
Thériault?
M. Lévesque (Ernest): J'ai combattu, comme tous ceux
à l'intérieur. On a combattu le fait que la CSN avait
convoqué des assemblées, sans convoquer tout le monde. Tout ce
monde n'était pas tout à fait de bonne humeur. C'est ainsi que
tous ceux qui n'avaient pas été convoqués ont pris le
syndicat en main et, par la suite, cela s'est enchaîné.
M. Chevrette: Vous dites que, le 4 ou le 5 octobre, vous avez
avisé la compagnie. Dans les jours subséquents, en tout cas, au 3
octobre, vous avisez la compagnie, vous préparez un projet de convention
collective. Qui a convoqué la compagnie? Est-ce que c'est M.
Lévesque, ou Mme Grignon, ou M. Thériault?
M. Lévesque (Ernest): Par le télégramme,
c'est Mme Grignon.
M. Chevrette: C'est Mme Grignon qui a envoyé le
télégramme à la compagnie. Merci.
Le 9 ou le 10 octobre, vous rencontrez la compagnie pour
négocier. D'accord?
M. Lévesque (Ernest): D'accord. (10 h 30)
M. Chevrette: Vous avez dit tantôt que les employés
s'étaient prononcés sur le projet...
M. Lévesque (Ernest): De rencontrer la compagnie pour
négocier.
M. Chevrette: Qui étaient les porte-parole patronaux, dans
la négociation?
M. Lévesque (Ernest): Présents, il y avait M.
Caine, je crois, à la première rencontre, et Me Fournier, je
crois, mais ce n'était pas directement une négociation, à
l'instant même.
M. Chevrette: Le 9 ou le 10 octobre?
M. Lévesque (Ernest): La date précise, je ne peux
pas la mentionner.
M. Chevrette: Qui était le porte-parole syndical?
M. Lévesque (Ernest): M. Thériault, moi-même
et...
M. Chevrette: La première journée, comment cela
s'est-il passé? Expliquez-moi donc cela.
M. Lévesque (Ernest): Cela a été surtout
pour demander une rencontre officielle pour fins de négociation, et ce
qui s'enchaîne. Je ne peux pas détailler mot à mot tout ce
qui s'est dit, mais...
M. Chevrette: Est-ce que la deuxième rencontre a eu lieu
le lendemain ou quelques jours plus tard?
M. Lévesque (Ernest): Quelques jours plus tard, je
pense.
M. Chevrette: Cela veut dire vers le 12 ou le 11.
M. Lévesque (Ernest): A peu près.
M. Chevrette: Assistiez-vous à la deuxième
rencontre?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Qu'est-ce qui s'est passé à la
deuxième rencontre? Est-ce que les porte-parole patronaux étaient
les mêmes?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Chevrette: Qui était-ce?
M. Lévesque (Ernest): Me Bazin, je crois.
M. Chevrette: Est-ce qu'il était seul?
M. Lévesque (Ernest): Avec M. Caine.
M. Chevrette: Avec M. Caine. Vous autres, vous étiez M.
Thériault, vous-même et Mme Gri-gnon...
M. Lévesque (Ernest): Et Marcellin Pilon et Luigi De
Luca.
M. Chevrette: Est-ce que la compagnie vous a demandé si
vous étiez accrédités?
M. Lévesque (Ernest): Je ne peux pas répondre
là-dessus.
M. Chevrette: Est-ce que la compagnie vous a demandé si
vous aviez une charte de syndicat, une incorporation ou une constitution?
Est-ce qu'il y a eu des discussions autour de ces sujets entre le porte-parole
patronal et le syndicat?
M. Lévesque (Ernest): Là-dessus, je ne suis pas
capable de vous répondre.
M. Chevrette: Comment cela s'est-il passé? Vous vous
êtes présentés, vous vous êtes donné la main,
je suppose...
M. Lévesque (Ernest): Tout ce que je peux dire, c'est que,
durant cette rencontre, on a vraiment commencé à négocier
les clauses.
M. Chevrette: Vous avez bien dit tantôt que, vers le 9, vos
membres se sont prononcés sur cela. Il y a eu une première
rencontre et, quelques jours après, il y a eu une autre rencontre; donc,
cela nous amène au 11, 12 ou 13. A cette deuxième séance
dont vous parlez, est-ce qu'il s'est conclu une convention collective cette
journée-là?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Chevrette: Combien y a-t-il eu de journées de
négociations?
M. Lévesque (Ernest): En tout, on s'est rencontré
trois fois.
M. Chevrette: Trois jours d'affilée ou bien à
intervalle?
M. Lévesque (Ernest): Je crois que c'est arrivé une
fois que c'était à intervalle, et les deux autres fois, cela a
été d'affilée.
M. Chevrette: Vous n'étiez pas au courant que cela prenait
un avis de huit jours pour négocier? Est-ce que votre
représentant syndical vous a dit que cela prenait huit jours, un avis de
huit jours, selon l'article 40 du Code du travail, pour négocier?
M. Lévesque (Ernest): Je ne me souviens pas de cela.
M. Chevrette: Vous ne le saviez pas. Quand vous avez
décidé de signer une convention collective pour et au nom du
syndicat CSN, est-ce que vous saviez, à l'époque de la signature,
que la CSN avait été accréditée?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Là, vous le saviez. Est-ce que votre
porte-parole syndical le savait? M. Thériault?
M. Lévesque (Ernest): A la signature de la convention,
oui.
M. Chevrette: Est-ce que l'employeur savait que la CSN
était accréditée?
M. Lévesque (Ernest): Cela a dû. Je ne le sais
pas.
M. Chevrette: Est-ce que vous aviez discuté avec
l'employeur du fait que la CSN avait été
accréditée, dans les rencontres que vous aviez?
M. Lévesque (Ernest): Je ne peux pas répondre
là-dessus, je ne m'en souviens pas.
M. Chevrette: Vous ne vous en souvenez pas. Vous avez reçu
une mise en demeure le 12 octobre, est-ce que vous vous souvenez de cela?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: De ne pas utiliser le nom de la CSN. Comment se
fait-il que, le lendemain, ce qui est le 13, vous ayez signé une
convention? Comment m'expliqueriez-vous cela? Il n'est plus question d'un
manque de souvenir. Vous avez reçu une mise en demeure avant de signer
la convention.
M. Lévesque (Ernest): Oui, d'accord...
M. Chevrette: Pourquoi avez-vous signé une convention
collective le lendemain, alors qu'il y avait une mise en demeure de ne pas
utiliser le nom de CSN?
M. Lévesque (Ernest): C'est parce que je crois
sincèrement qu'un avocat ne peut pas nous donner d'ordres directs, qu'on
puisse les mettre en pratique et les écouter tout le temps.
M. Chevrette: Mais la mise en demeure, pour vous... Vous saviez
que vous n'étiez pas de la CSN, comme telle, dans votre for
intérieur.
M. Lévesque (Ernest): Dans mon for intérieur, je ne
peux pas dire...
M. Chevrette: Vous sentiez-vous comme appartenant à la
CSN?
M. Lévesque (Ernest): Par le fait même que j'avais
signé des cartes...
M. Chevrette: Pas avec ce que vous nous avez dit.
M. Lévesque (Ernest): Par le fait même que j'avais
signé des cartes, je me sentais de la CSN.
M. Chevrette: C'est votre droit, remarquez bien.
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Mais le 12, vous le saviez; le 13, vous avez
signé. Est-ce qu'on vous a dit, M. Lévesque... Remarquez bien que
si je vous pose toutes ces questions, c'est parce que je vous considère
un peu victime dans tout cela. Le 13 octobre, vous a-t-on dit qu'il fallait que
vous déposiez des règlements du syndicat en même temps que
la convention collective que vous veniez de signer? Est-ce qu'on vous avait dit
ça?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Chevrette: On ne vous avait pas dit ça. Vous ne saviez
pas que ça prenait les constitutions de l'union pour venir à bout
de signer un contrat et de déposer ça?
M. Lévesque (Ernest): Oui, mais je ne serais pas
allé en demander.
M. Chevrette: Je comprends. Vous aviez signé des cartes
qui n'étaient pas celles de l'union. Vous étiez mal pris pour
aller en demander, bien sûr, et vous aviez une mise en demeure en plus.
Mais il y a quelqu'un qui faisait du syndicalisme depuis 30 ans, qui aurait pu
vous dire ça, puisqu'il était votre conseiller. Il ne vous a pas
dit ça?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Chevrette: Est-ce que la compagnie a discuté avec vous
autres, en groupe, du fait qu'il y ait eu une mise en demeure? Parce que la
mise en demeure a dû avoir été servie à la compagnie
aussi. Parce que le matin que vous avez signé votre fameuse convention,
le 13, vu qu'il y avait une mise en demeure le 12 et qu'il y avait eu des
cartes... Est-ce que la compagnie savait que vous aviez fait signer des cartes
CSN?
M. Lévesque (Ernest): Je ne peux pas vous le dire.
M. Chevrette: Est-ce que la compagnie vous a demandé, le
premier matin que vous vous êtes présentés: De quel
syndicat êtes-vous? Qui représentez-vous, vous autres?
M. Lévesque (Ernest): Le premier matin?
M. Chevrette: Le premier matin des négociations, vers le
9, ou à la deuxième séance, vous a-t-elle dit: Qui
représentez-vous? Etes-vous accrédités? Quelle centrale
représentez-vous?
M. Lévesque (Ernest): Je ne peux pas vous répondre,
parce que depuis un an, il s'est dit bien des choses. J'en ai oublié
beaucoup.
M. Chevrette: Est-ce que je me trompe, si, dans les faits, M.
Lévesque, vous assistiez à ça, vous, dans le fin fond, et
ça vous dépassait un petit peu, les événements,
parce qu'il y avait beaucoup de juridique dans ça et vous étiez
mêlé devant tout ça? Est-ce que je me trompe en
interprétant...
M. Lévesque (Ernest): Vous ne vous trompez pas sur un
point. Disons que j'ai été... Quand le conflit a commencé
à se dérouler ainsi, la séparation qui s'est faite a
été un peu surprenante.
M. Chevrette: Vous, la question des avis de négociation,
les délais, des constitutions que ça prenait, la question des
cartes truquées, ça, vous
ne saviez pas que cela pouvait éventuellement être
jugé illégal ou non?
M. Lévesque (Ernest): J'ai trouvé ça un peu
surprenant aussi, mais par le fait que je n'ai jamais appartenu à un
comité exécutif auparavant et quant au syndicat, j'allais aux
assemblées, mais, de temps en temps. Je n'étais pas assez
calé là-dedans. Je trouvais ça surprenant, c'est
certain.
M. Chevrette: Pourriez-vous me parler un peu du style de la
négociation qui se passait là? Exemple: Vous êtes
arrivés, vous avez déposé un projet, je suppose?
M. Lévesque (Ernest): Oui. M. Chevrette: A la
compagnie? M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Cela, c'est vers le 9 ou le 10, qu'on a dit.
M. Lévesque (Ernest): C'est ça, oui.
M. Chevrette: Trois jours après, c'est signé.
Voulez-vous me décrire ces trois jours-là? Vous vous
présentez devant l'employeur. Qu'est-ce que vous avez fait?
M. Lévesque (Ernest): Disons qu'on a commencé avec
le projet qu'on a présenté afin d'étudier les clauses. On
les a présentées; ils les ont étudiées. On est
revenu. On a étudié clause par clause. Ensuite, il y a eu des
discussions là-dessus. Nous sommes revenus.
M. Chevrette: Les discussions se faisaient toujours entre votre
petit comité, M. Bazin et M. Caine?
M. Lévesque (Ernest): Pas nécessairement, parce
qu'on a eu une rencontre pour nous présenter et il y a eu une petite
affaire de difficulté. Nous sommes revenus négocier. Par la
suite, cela a été accepté.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a eu des accrochages majeurs sur des
clauses?
M. Lévesque (Ernest): Majeurs, pas tellement, je ne pense
pas.
M. Chevrette: Au moment de la signature de la convention
collective, aviez-vous discuté...? Pourriez-vous me dire où ces
négociations avaient lieu?
M. Lévesque (Ernest): Ce n'était pas tellement une
négociation. C'était une présentation. La première
a eu lieu à un bureau d'avocats.
M. Chevrette: Pardon?
M. Lévesque (Ernest): A un bureau d'avocats.
M. Chevrette: Lesquels?
M. Lévesque (Ernest): Je crois que c'était Byers,
Casgrain, Bazin. Nous nous sommes rendus là rencontrer M. Caine. Par la
suite, cela s'est déroulé dans une salle du restaurant
Sainte-Rose, à Laval.
M. Chevrette: Cela a-t-il toujours été au bureau
des avocats de la compagnie?
M. Lévesque (Ernest): Non. Vous n'avez peut-être pas
compris. Les autres rencontres ont eu lieu au restaurant Sainte-Rose, à
Laval.
M. Chevrette: Et cela a pris trois jours au maximum pour
régler tout cela?
M. Lévesque (Ernest): il y a eu une journée... et,
après cela, il y a eu un intervalle. Il y a eu deux autres jours, je
crois, on a eu trois séances de négociation.
M. Chevrette: Trois séances de négociation, tout
était réglé. Avez-vous discuté avant la signature
de la convention, officiellement, comment vous pourriez régler le sort
de ceux qui, de bonne foi, parce que vous avez parlé de bonne foi dans
votre petit exposé, aidé de M. Thériault, vous aviez
préparé des boniments l'autre jour... Dans vos boniments,
c'était dit que vous vouliez reprendre en main votre syndicat et vous
affirmez ce matin, dans un même souffle, que vous avez du monde qui
serait prêt à aller travailler, mais qui était
empêché d'entrer par la ligne de piquetage. Avez-vous
discuté avec la compagnie comment faire entrer ces gars qui, de bonne
foi, étaient bloqués à la porte? C'étaient des
vrais travailleurs de Commonwealth Plywood?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Chevrette: Mais c'étaient vos "chums".
M. Lévesque (Ernest): Oui, mais...
M. Chevrette: Ils voulaient entrer au travail, ces
gars-là?
M. Lévesque (Ernest): Je n'ai pas discuté de cela
toute cette journée-là avec la compagnie.
M. Chevrette: Une fois la convention signée, y avait-il
des clauses dans votre convention que vous veniez de signer qui
protégeaient les gars qui voulaient entrer et qui ne le pouvaient
pas?
M. Lévesque (Ernest): A cause de quoi?
M. Chevrette: Dans votre convention collective. Vous m'avez dit
tantôt qu'il y avait du bon monde qui voulait entrer au travail et que la
ligne de piquetage de la CSN empêchait d'entrer. Et ils sont toujours
grévistes. Avez-vous inclus des clauses dans la convention collective
que vous avez signée avec M. Caine pour venir à bout de
donner
de l'ouvrage à ceux de l'extérieur qui voulaient entrer,
qui voulaient travailler?
M. Lévesque (Ernest): Sur ce fait, j'ai dit tantôt
que la journée où les gens avaient été
empêchés d'entrer et qu'ils sont retournés chez eux, cela
se passait le 19 septembre. C'est loin d'être à la signature de la
convention.
M. Chevrette: Oui, mais il y en a toujours dehors du monde.
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Dans la convention, aviez-vous une clause disant:
Ceux qui sont à l'extérieur, qui ne peuvent entrer pour le
moment, auront cependant priorité d'embauche? Avez-vous pris soin de
négocier pour et au nom de ceux que vous vouliez protéger? Vous
n'avez pas pensé à cela du tout?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Chevrette: Au niveau de la négociation comme telle,
soit M. Thériault ou le porte-parole patronal, avez-vous discuté
de mesures à prendre pour régler le sort de ceux qui voulaient
travailler et qui étaient toujours à l'extérieur? Y a-t-il
eu des allusions à cela?
M. Lévesque (Ernest): Non, parce que, tel que dit dans mon
exposé, j'avais eu aussi une rencontre avec des employés, avec un
employé, avec des permanents de la CSN, et je connaissais leurs
intentions. Je n'avais pas d'affaire à leur donner des bonnes intentions
de ma part non plus.
M. Chevrette: Avant de signer la convention, avez-vous
convoqué tout le monde?
M. Lévesque (Ernest): Ceux qui travaillaient.
M. Chevrette: Vous avez convoqué tous les gens de
l'intérieur pour accepter les offres de la compagnie?
M. Lévesque (Ernest): Pour leur offrir le projet de
convention, s'ils étaient d'accord, très bien. Mais s'ils
n'étaient pas d'accord, là...
M. Chevrette: C'était la veille de la signature? M.
Lévesque (Ernest): Je crois que oui.
M. Chevrette: Cela s'est-il fait pendant les heures de travail ou
en dehors des heures de travail?
M. Lévesque (Ernest): En dehors des heures de travail.
M. Chevrette: A quel endroit?
M. Lévesque (Ernest): Dans le sous-sol chez Mme Grignon,
à sa demeure privée.
M. Chevrette: Combien y avait-il de gens?
M. Lévesque (Ernest): Comme je l'ai dit tantôt, 62,
65.
Une Voix: C'est un grand sous-sol!
M. Chevrette: M. Lévesque, peut-être une couple de
petites questions encore avant de poser des questions à M.
Thériault. Je voudrais savoir, au moment où vous avez
signé la convention collective, qui vous disait comment procéder
pour aller la déposer, ce que cela vous prenait pour la déposer.
Est-ce vous qui êtes allé déposer la convention collective?
(10 h 45)
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Chevrette: Qui est-ce?
M. Lévesque (Ernest): M. Thériault.
M. Chevrette: Est-ce qu'il vous a demandé copie de la
constitution?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Chevrette: Est-ce que vous aviez une constitution à
votre syndicat?
M. Lévesque (Ernest): J'ai répondu tantôt que
nous en aurions eu une si on avait pu rencontrer la CSN, mais je ne pense pas
qu'ils nous en auraient donné une.
M. Chevrette: Est-ce que vous aviez envoyé un avis aux
membres avant les assemblées? Comment convoquiez-vous vos
assemblées?
M. Lévesque (Ernest): Au "break " où à
l'heure du dîner. On disait: Telle journée, telle heure, à
tel endroit il y aura une assemblée.
M. Chevrette: Quelle a été la réaction des
membres quand vous leur avez proposé le résultat de vos
négociations? Est-ce que cela est passé avec enthousiasme,
à l'unanimité? Pouvez-vous me décrire cela?
M. Lévesque (Ernest): Non. Il y a eu un peu de chiard.
Le Président (M. Cardinal): Un instant. Il y a une partie
qui est manquée parce que même au journal des Débats il y a
des difficultés. Je vous rappelle qu'il faut parler dans le micro et
aussi fort que possible. Il y a beaucoup de monde ici.
M. Lévesque (Ernest): D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Justement, je sentais que,
dans la salle, on en manquait des bouts. Allez.
M. Chevrette: Voulez-vous reprendre votre
réponse? Vous avez dit qu'il y avait eu un peu de chiard, si j'ai
bien compris?
M. Lévesque (Ernest): J'ai dit: II y a eu un chiard. Tout
le monde n'est pas d'accord sur un projet de convention.
M. Chevrette: Mais est-ce que l'employeur savait, M.
Lévesque, que vous aviez travaillé pour l'Union des rembourreurs
d'Amérique durant la période de maraudage? Vous n'étiez
pas identifié à la CSN vous?
M. Lévesque (Ernest): Je n'ai pas travaillé pour
l'Union des rembourreurs d'Amérique non plus.
M. Chevrette: Mais vous n'aviez pas signé votre carte
à la CSN.
M. Lévesque (Ernest): Pas encore, non.
M. Chevrette: Est-ce que l'employeur savait cela?
M. Lévesque (Ernest): Je ne sais pas. Je ne suis pas
allé le voir pour lui demander.
M. Chevrette: Mais l'employeur travaillait avec M.
Thériault, votre porte-parole? M. Thériault était dans
votre union avant que la CSN n'arrive dans le décor, dans le
portrait?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: M. Thériault était permanent ou
vice-président il a plusieurs titres il travaillait pour
l'Union des rembourreurs unis d'Amérique.
M. Lévesque (Ernest): ...
M. Chevrette: Quand vous vous êtes présenté
avec M. Thériault pour aller négocier, l'employeur vous a-t-il
dit: Qu'est-ce que vous faites ici, Thériault, et les gars de l'Union
des rembourreurs d'Amérique? Représentez-vous la CSN ce matin?
Est-ce qu'il y a eu ce genre de réaction?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Chevrette: Cela a été tout à fait normal
ce qui s'est passé là? M. Caine ou monsieur je-ne-sais-qui, qui
était là, n'ont pas dit: M. Lévesque, je suis bien
prêt à reconnaître que vous faites partie d'un nouveau
syndicat, montrez-nous votre accréditation ou encore comment se fait-il
que vous vous présentez au nom de la CSN avec Donat Thériault qui
est permanent ou vice-président de l'Union des rembourreurs
d'Amérique? Il n'y a pas eu de réaction?
M. Lévesque (Ernest): Lui-même s'est
présenté, M. Thériault, comme conseiller qu'on avait
choisi pour négocier.
M. Chevrette: Mais si vous étiez, vous, M.
Lévesque, membre de l'Union des rembourreurs unis d'Amérique,
iriez-vous engager Marcel Pépin comme conseiller syndical?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Chevrette: Cela ne provoquerait pas une réaction
d'après vous. Une question de bon sens.
M. Lévesque (Ernest): Oui. On avait déjà
signé une entente de service avec l'Union des rembourreurs.
M. Chevrette: Oui, mais vous venez de me dire que vous vouliez
vivre en petits frères si la CSN avait compris.
M. Lévesque (Ernest): Oui, mais si j'étais
allé demander, justement, à Marcel Pépin, qui appartenait
à la CSN et nous qui appartenions à la CSN, je ne pense pas qu'il
aurait dit qu'il serait venu négocier pour nous, parce que leur opinion
était de sortir en grève et la nôtre était de
retourner au travail, vu la différence d'opinions.
M. Chevrette: Si la convention a été signée
le 13 et que l'avis a été envoyé le 5, l'avis de huit
jours... L'avis que vous envoyez, je ne sais pas si c'est la copie conforme du
télégramme: "La présente est pour vous aviser de notre
intention de vous rencontrer au plus tard vendredi le... " II n'y a pas moyen
de savoir si c'est le 15. Il y a une date 1977. Cela a l'air d'être un
cinq, en tout cas. Vous l'avez rencontré, alors qu'ils sont
accrédités le 3. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui vous a dit qu'il
fallait faire cela vite, vite, pour négocier, parce que
l'accréditation venait d'être donnée à la CSN?
M. Lévesque (Ernest): Non, c'était
décidé le 3 octobre, à l'assemblée, de rencontrer
la compagnie et négocier.
M. Chevrette: Etait-ce vous qui communiquiez avec la compagnie
quand vous vouliez vous rencontrer?
M. Lévesque (Ernest): Rencontrer comment? On a eu un
télégramme.
M. Chevrette: Oui mais, après votre
télégramme, il y a quelqu'un qui doit avoir appelé
quelqu'un chez vous. Dans le télégramme, il n'est pas dit que
c'est Donat Thériault qui est conseiller syndical. A ce
moment-là, théoriquement, si on suit les
événements, M. Lévesque, on ne se charriera pas ni l'un,
ni l'autre, on fait ça bien calmement, le 3 octobre, la compagnie ne
sait pas que Donat Thériault est dans le portrait.
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Chevrette: Elle ne sait même pas que vous avez un
comité de formé, puisque c'est le 3 octobre que vous formez votre
comité? D'accord?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: Le soir du 3 octobre, Mme Grignon envoie un
télégramme, la compagnie n'a pas encore vu Donat
Thériault. Vous venez de me dire que Donat Thériault s'est
présenté à la compagnie comme étant le conseiller
de votre syndicat, vers le 9 ou le 10 octobre. Donc, à partir de
là, avec qui a communiqué la compagnie pour vous convoquer?
Le Président (M. Cardinal): Est-ce qu'il y a une
réponse?
M. Lévesque (Ernest): Ce n'est pas moi personnellement, je
ne sais pas lequel...
M. Chevrette: M. Lévesque, je pourrais peut-être
poser la question à Mme Grignon. Est-ce que la compagnie a
communiqué avec vous pour vous convoquer à la
négociation?
Mme Grignon: Oui.
M. Chevrette: A quelle date, Mme Grignon? Le Président
(M. Cardinal): Mme Grignon? Mme Grignon: Je ne me rappelle pas la
date.
M. Chevrette: Vous ne vous rappelez pas.
M. Lévesque, je reviens à vous; le contrat de services que
vous avez signé avec M. Thériault, c'était à quelle
date?
Est-il exact que c'est le 2 novembre 1977?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Chevrette: A ce moment-là, comment pou-vez-vous dire
à cette commission que M. Donat Thériault puisse s'être
présenté devant la compagnie le 4 ou le 5 octobre, le 9 octobre
pour dire qu'il était conseiller syndical, alors que vous avez
signé ça le 2 novembre 1977?
M. Lévesque (Ernest): Parce que nous l'avions choisi.
M. Chevrette: Dans votre livre de minutes, à quelle date
figure l'entente de services avec M. Thériault? Avez-vous engagé
M. Thériault par proposition dans votre livre des minutes? Mme
Grignon?
Mme Grignon: Je n'étais pas secrétaire à ce
moment-là, mais on a convoqué une assemblée et on a
voté pour l'entente de services.
M. Chevrette: II y a des minutes là-dessus? Mme
Grignon: Oui.
M. Chevrette: Vous avez votre livre de minutes ici, Mme
Grignon?
Mme Grignon: Non.
M. Chevrette: Mais vous l'avez engagé le 2 novembre;
est-ce que cela veut dire qu'à la réunion du 3 octobre vous avez
engagé M. Thériault?
M. Thériault pourrait peut-être nous dire quel jour il a
été engagé?
Le Président (M. Cardinal): Un moment, s'il vous
plaît. Même s'il n'y a pas de question de règlement
soulevée, M. le député de Joliette-Montcalm, il faut quand
même, à un moment donné, rappeler qu'il y a un article 160
qui existe, que le premier alinéa de cet article vous donne 20 minutes.
Il est très difficile pour la présidence de choisir combien de
minutes vous employez par rapport aux réponses que vous avez
reçues. Je vous inviterais à terminer dans quelques minutes votre
interrogatoire.
M. Fallu: M. le Président, je voudrais demander une
directive.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Terrebonne.
M. Fallu: On sait que chacun d'entre nous, autour de cette table,
a effectivement un droit limité de 20 minutes. Toutefois, j'aimerais que
vous me disiez un peu dans quel sens nous avons ce droit. Est-ce que c'est un
droit de poser des questions pendant 20 minutes à chacun des
témoins à tour de rôle, ou par groupe de
représentants, à savoir les gens des rembourreurs, d'une part, M.
Lévesque et Mme Grignon, et, d'autre part, M. Thériault, donc
ça nous ferait 40 minutes de questions par député?
J'aimerais que vous m'éclairiez, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, je vais
tenter...
M. Bellemare: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: La tradition parlementaire veut que pour que
d'autres députés puissent avoir la chance de poser des questions,
à l'article 160, il y ait une limitation pro forma de 20 minutes,
questions et réponses. Je pense que la tradition veut que tous ceux qui
sont autour de la table puissent poser des questions. Mon droit de parole a
été épuisé à la dernière
séance, je ne peux pas revenir. On pourrait donner une chance à
d'autres députés, comme à vous qui êtes dans le
comté, de poser certaines questions. Autrement, on va passer une heure
avec le même député et les autres n'auront pas l'occasion
de poser d'autres questions.
Quant à moi, mon droit de parole est terminé sur cette
partie. Je reviendrai lorsque la compagnie sera en cause.
Le Président (M. Cardinal): Un instant. Je vais laisser
chacun s'exprimer sur la question de règlement. M. le
député de Portneuf et, ensuite, M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Pagé: M. le Président, effectivement, l'article
160 prévoit un temps limite de 20 minutes, non pas pour être
rigide ou encore pour empêcher les députés de poser des
questions, mais plutôt pour permettre au plus grand nombre de
députés de poser des questions.
M. le Président, je vais vous donner un exemple. Si on n'avait
pas de limite, par notre règlement, l'Opposition, par exemple, pourrait
prendre des heures et des heures du débat. C'est ainsi que la
majorité ministérielle qui, soit dit en passant, n'a pas souvent
l'occasion de parler, pourrait se voir privée de son droit de parole,
parce que les séances seraient accaparées presque essentiellement
ou entièrement par les gens de l'Opposition.
C'est dans cet esprit qu'un droit de parole de 20 minutes est
accordé. Quant à moi, je serais favorable à une certaine
souplesse, parce que ce matin, cela va très bien, on constate que tout
le monde est serein, on constate que cela va pas mal mieux que les autres
séances. Je serais favorable à une certaine souplesse, mais par
contre, toujours dans le respect du règlement, et ce, même si dans
mon cas comme dans le cas de mon collègue de Johnson, nos droits de
parole sont épuisés.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm, sur la question de règlement.
M. Chevrette: Ce sera bien court, pour moi. Etant donné
qu'il y a peut-être des dimensions nouvelles chaque fois qu'on
évolue, je n'aurais même pas objection à ce que M. le
député de Johnson puisse revenir à la charge. J'irais
jusque-là. C'est très important, dans ce type de commission.
Après 20 minutes, le député de Johnson, en ne lui donnant
pas la possibilité de revenir, peut priver la commission de ses
lumières. J'irais jusque-là dans mon raisonnement.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, est-ce que...
M. Bellemare: En vertu du règlement, M. le
Président, il ne faudrait pas, non plus, que ce soit un
procès.
Le Président (M. Cardinal): Non.
M. Bellemare: On ne peut pas, mon cher monsieur...
M. Pagé: M. le Président, sur le même sujet,
si vous voulez me permettre.
Le Président (M. Cardinal): Rapidement.
M. Pagé: Cela peut laisser place à des
précédents qui pourraient éventuellement être
invoqués dans d'autres commissions. Je vais vous donner un exemple, et
M. Vaillancourt, le député de Jonquière, pourra abonder
dans le même sens que moi. A la commission parlementaire des pâtes
et papiers, l'année dernière, on s'est obligé, on s'est
fouetté, pour se limiter à ne pas exercer son droit de parole
pendant plus de 20 minutes. Même si nous avions des questions à
poser pendant des heures et des heures.
Je voudrais quand même, s'il y a une certaine largesse dans le
cadre de cette commission, que ce ne soit pas considéré comme un
précédent.
Le Président (M. Cardinal): Dans ce cas-là, si vous
permettez, j'ai eu une demande de directive de la part du député
de Terrebonne et je désirerais immédiatement lui
répondre.
L'article 160 est clair. Il se lit comme suit: "Lorsqu'une commission
étudie un projet de loi ou des crédits, un député
peut prendre la parole sur le même point aussi souvent qu'il lui
plaît, à condition de ne parler plus de 20 minutes en tout sur un
même article, un même paragraphe, une même motion ou une
même question d'ordre ou de règlement."
Et j'ajoute, pour la bone compréhension de tous, que
l'alinéa 2 continue, en indiquant ceci: "La restriction ci-dessus ne
s'applique pas au proposeur du projet de loi ni au ministre qui propose
l'adoption de ses crédits."
Or, mesdames et messieurs, nous sommes vraiment dans du droit nouveau
à cette commission parlementaire. Il ne s'agit ni d'un projet de loi, ni
d'étude de crédits. Et ce n'est je m'excuse de
l'expression latine que mutatis mutandis, c'est-à-dire par
analogie, que je puis me permettre de faire observer le règlement.
Si j'ai interrompu le député de Joliette-Montcalm,
c'était pour protéger, non pas strictement l'Opposition ou le
témoin, mais pour rappeler à chacun des membres de cette
commission que la présidence est là justement pour rappeler ce
qu'est le règlement et que, comme l'a dit le député de
Portneuf, l'on ne crée pas, dans une commission particulière
où l'on fait vraiment du droit nouveau, des précédents qui
pourraient être invoqués devant toutes les autres commissions.
Si la commission dit: De consentement unanime, nous accordons la parole
à M. Untel, au-delà des limites du règlement, et cela sans
créer une jurisprudence pour toute autre commission, je n'ai aucune
objection, M. le député de Terrebonne.
Cependant, je dois dire que, comme nous avons commencé vers 10 h
10 et qu'il est presque 11 heures, le rappel devait être fait à M.
le député de Joliette-Montcalm, même si j'avais une grande
souplesse.
Cela étant dit, est-ce que vous êtes satisfait de la
réponse?
M. Fallu: Non, M. le Président, mais je l'accepte.
Le Président (M. Cardinal): Pas tout à fait, non.
Vous voulez...
M. Pagé: Vous vous devez de l'accepter d'ailleurs, vous
devez l'accepter. (11 heures)
Le Président (M. Cardinal): Je ne suis pas pour
prendre...
M. Chevrette: C'est parce que, quand le climat est bon, cela
passe vite.
M. Pagé: M. le Président, voulez-vous faire part au
député de Terrebonne que, s'il était dans l'Opposition, il
serait à même de constater souvent qu'on est plus ou moins
satisfait des décisions, mais qu'il faut s'y conformer.
M. Chevrette: M. le Président, je vais essayer de faire
ça.
Le Président (M. Cardinal): Même si M. le
député de Terrebonne n'est pas satisfait, je ne créerai
pas, à cette commission, un nouveau règlement pour des
commissions particulières sur des sujets aussi importants et aussi
délicats que celui-là. C'est pourquoi je laisse le terme...
M. Chevrette: Je conclus.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Joliette-Montcalm, je vous accorde encore la parole, mais en tenant compte de
ce qui a été dit.
M. Chevrette: Je vais poser deux petites questions et faire un
petit commentaire, M. le Président, quitte à y revenir
tantôt.
Le Président (M. Cardinal): La commission est-elle
d'accord?
Des Voix: Oui.
Le Président (M. Cardinal): La commission étant
d'accord, c'est à ce titre que je vous accorde la parole.
M. Chevrette: Merci. Question à M. Thériault, je
m'excuse de ne pas pouvoir vous en poser plus. Ma question serait la suivante:
Est-ce que vous avez convoqué une réunion des membres de l'Union
de rembourreurs d'Amérique pour vous faire autoriser à vous
désister de l'accréditation?
M. Thériault: Non, monsieur.
M. Chevrette: Vous avez pris la décision formelle
vous-même?
M. Thériault: A titre de directeur canadien, oui.
M. Chevrette: Vous vous êtes désisté
personnellement au nom de l'Union des rembourreurs d'Amérique?
M. Thériault: Oui.
M. Chevrette: Merci. Mme Grignon, une petite question rapide
aussi. Pourriez-vous m'expliquer, je dirais, la multiplicité de vos
changements d'adresse pour le syndicat dans un court laps de temps? Vous
êtes sur la rue Labelle, vous retombez sur une rue privée, je n'en
ai pas le nom.
Mme Grignon: Je n'ai jamais eu de changement d'adresse.
M. Chevrette: Pas vous, mais votre réunion.
Mme Grignon: A un moment donné, il y a eu un changement de
secrétaire, parce que j'ai laissé l'emploi pour un laps de temps.
C'est un autre qui a pris ma place comme secrétaire.
M. Chevrette: Cela explique que vos adresses changeaient
de...
Mme Grignon: Je ne pouvais pas donner mon adresse si je
n'étais pas secrétaire.
M. Chevrette: Le siège social qui était sur la rue
Labelle, c'était l'adresse de qui?
Mme Grignon: Je n'ai jamais donné d'adresse sur la rue
Labelle moi-même.
M. Chevrette: On pourra vérifier à nouveau dans les
notes, mais, en tout cas, il y a deux ou trois adresses différentes pour
le siège social du syndicat.
M. le Président, je m'excuse, je pourrais continuer pendant
encore trois quarts d'heure, mais ce que j'ai essayé de démontrer
et que je voudrais dire à la commission, à la suite de la
dernière commission parlementaire, c'est que j'avais comme l'impression
qu'on s'acheminait à vouloir démontrer qu'une seule partie
était responsable de cet imbroglio total dans lequel on se retrouve.
Personnellement, cela ne peut pas me rentrer dans la tête pour avoir fait
des relations ouvrières pendant 18 ans. Une convention collective, cela
se signe dans un cadre légal connu des deux parties. Qu'une partie
veuille oeuvrer en dehors du cadre juridique ou du cadre légal, il y a
une autre partie qui est là aussi pour surveiller de très
près le même cadre juridique dans lequel on est supposé
oeuvrer.
Par mes questions, j'ai voulu démontrer il n'y a pas de
cachette qu'il y avait tout au moins une certaine complaisance, parce
qu'à ce stade-ci, je ne peux pas dire plus. Si c'est une complaisance
ignorante, vous m'en voyez fort déçu, parce que la compagnie
était conseillée par des avocats. Si c'est une complaisance
délibérée, c'est encore plus grave.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
quelques questions à M. Lévesque.
Le Président (M. Cardinal): Avant que vous ne commenciez,
est-ce que je pourrais demander aux députés et à nos
témoins invités d'élever un peu plus la voix pour que tous
puissent entendre?
M. Vaillancourt (Jonquière): Ah oui! M. le
Président, quelques questions à...
M. Casgrain: Je demanderais une chose seulement à la
commission. M. Caine est ici et, quant à lui, il n'est pas
disposé à se faire accuser sans avoir été entendu
et cela fait deux jours et demi qu'il demande à être entendu.
Le Président (M. Cardinal): II le sera.
M. Casgrain: Pour ma part, je dis ceci à mon client: Je ne
crois pas que cette présidence permette que des accusations soient
lancées contre des gens qui sont ici et à qui on n'a même
pas encore donné le droit de parier. Je ne le crois pas, je ne peux pas
l'accepter, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. Casgrain. Vous
étiez présent à chacune des séances, toujours
près de nous, d'ailleurs.
M. Casgrain: Je n'ai pas peur.
Le Président (M. Cardinal): Non, s'il vous plaît!
Vous savez que j'ai, à plusieurs reprises, rappelé que nous
n'étions pas dans une commission d'enquête.
M. Casgrain: Je me pose de sérieuses questions
là-dessus!
Le Président (M. Cardinal): Me Casgrain, s'il vous
plaît! Nous ne sommes pas devant une cour non plus.
M. Casgrain: Nous sommes devant une cour et nous aimerions bien
que ce soit là que cela se passe.
Le Président (M. Cardinal): Votre client sera entendu, il
est présent.
M. Casgrain: Qu'est-ce qu'il y a de mal à aller devant une
cour? Qu'on nous reproche d'être allé devant les tribunaux!
M. Chevrette: Non, mais vous vous obstinez tout seul.
Le Président (M. Cardinal): Je vous en prie, à
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Merci, M. le
Président. J'aurais quelques questions à poser à M.
Lévesque, et, après, je viendrai à Mme Grignon. M.
Lévesque, voulez-vous me donner le nom des personnes qui ont
signé la convention collective entre Commonwealth Plywood, la CSN et la
compagnie?
M. Lévesque (Ernest): Moi-même, Ernest
Lévesque, Mme Hélène Grignon, Mlle Elise
Côté, M. Marcellin Pilon et M. Luigi De Luca.
M. Vaillancourt (Jonquière): Voulez-vous me dire comment
vous étiez identifiés, vous, les signataires de cette convention
collective, face à l'employeur au point de vue de vos opinions
syndicales, parce que n'est-il pas exact de dire que le mot CSN apparaissait
sur la convention collective de travail qui a été signée,
que l'employeur pouvait facilement constater les noms des signataires de la
convention collective, pour et au nom de Commonwealth Plywood CSN? Est-ce que
c'était écrit sur la convention collective qui a
été signée, CSN?
M. Lévesque (Ernest): Entre parenthèses, oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, bon. Est-ce que les gens
qui ont signé, pour et au nom de Commonwealth Plywood CSN,
étaient identifiés au fil des mois et des années comme
étant des partisans de la CSN ou plutôt le contraire?
M. Lévesque (Ernest): Ils n'étaient pas
identifiés.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ils n'étaient pas
identifiés comme étant des partisans de la CSN? C'est cela?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Quelle a été la
réaction de l'employeur lorsqu'il a constaté que des personnes
identifiées comme n'étant pas des partisans de la CSN signaient
une convention collective où les mots CNS apparaissaient sur ladite
convention collective de travail?
M. Lévesque (Ernest): S'il y a eu une réaction, je
ne l'ai pas remarquée.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous-même
avez assisté à la signature de la convention collective de
travail?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que les quatre autres
personnes qui ont signé étaient présentes
également?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): A ce moment, qui
représentait l'employeur? Qui a signé au nom de l'employeur?
M. Lévesque (Ernest): M. Caine et Me Bazin.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous-même
avez été représenté par un procureur au cours des
négociations qui ont duré trois jours et
étiez-vous représenté par un procureur lors de la
signature de la convention collective de travail?
M. Lévesque (Ernest): Non, par le conseiller syndical
qu'on avait choisi, M. Donat Thériault.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous avez cru bon
de consulter un procureur dans le cours des négociations ou lors de la
signature de la convention collective?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Vaillancourt (Jonquière): Donc, si je comprends bien,
M. Donat Thériault était en quelque sorte non seulement votre
conseiller syndical, mais jouait également un peu le rôle de
procureur pour votre association, pour votre groupe?
M. Lévesque (Ernest): C'est seulement lui qui a
négocié avec nous.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est seulement lui qui a
négocié avec vous. Vous nous avez dit tout à l'heure qu'il
y avait eu des accrochages sur le contenu de la convention collective lorsque
cela a été le temps de la faire ratifier. Sur quel point de la
convention collective cet accrochage est-il survenu? Sur quel point de la
convention collective les membres avaient-ils des réticences à
accepter?
M. Lévesque (Ernest): Au point de vue pécuniaire,
c'est le premier.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui.
M. Lévesque (Ernest): Une ou deux autres clauses dont je
ne me souviens pas.
M. Vaillancourt (Jonquière): Donc, lorsque vous leur avez
soumis le projet de convention collective qui avait été
négocié, certains membres ont montré des réticences
sur les clauses ayant trait au domaine pécuniaire?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que, suite à
cela, vous avez tenté de renégocier avec l'employeur ces clauses
qui ne plaisaient pas à certains de vos membres, au niveau
pécuniaire et sur d'autres?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui. Je comprends que la
convention a été signée le 13 octobre et que vous avez
soumis le projet de convention à vos membres le 12 octobre, et vous me
dites que vous avez renégocié par la suite de ces
représentations. Quand ont eu lieu les négociations avec
l'employeur?
M. Lévesque (Ernest): On avait deux suggestions pour la
clause pécuniaire. Avant de signer, on a négocié une des
deux suggestions.
M. Vaillancourt (Jonquière): Donc, le 13 octobre
même, journée de la signature de la convention collective, vous
avez négocié l'une des deux clauses qui ne faisaient pas
l'affaire de certains membres?
M. Lévesque (Ernest): Je crois que ce 13 octobre, il y a
eu deux rencontres dans la même journée.
M. Vaillancourt (Jonquière): Bon! Est-ce que ces
discussions ont donné des résultats sur la renégociation
de certaines clauses?
M. Lévesque (Ernest): Je ne crois pas. Pas tellement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Donc, il n'y a pas eu
modification des offres de la compagnie sur ces clauses-là?
M. Lévesque (Ernest): C'est la compagnie qui nous avait
fait une suggestion sur les clauses pécuniaires, deux suggestions; on en
a choisi une.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous êtes
retournés devant vos membres pour aller leur faire part des
résultats des renégociations qui avaient eu lieu sur les clauses
pécuniaires?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Quand?
M. Lévesque (Ernest): Le 13 octobre, il y a eu deux
rencontres.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui.
M. Lévesque (Ernest): Une pendant laquelle on a
terminé le projet. On l'a présenté aux employés.
Les employés ont refusé une solution. On l'a
présenté à l'employeur qui l'a accepté. On a
signé.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'avais compris tout à
l'heure que vous aviez soumis, le 12 octobre, à vos membres le projet de
convention collective, au sous-sol du domicile de Mme Gri-gnon. Ce n'est pas
ça?
M. Lévesque (Ernest): La, je peux vous dire que je ne m'en
souviens plus. Je sais qu'il y a eu trois séances, mais les dates
et...
Le Président (M. Cardinal): Pouvez-vous parler un peu plus
fort? Il y a des gens...
M. Lévesque (Ernest): Ah bon!
Le Président (M. Cardinal): ... qui manquent une partie
importante de votre témoignage.
M. Cutler: Est-ce qu'on ne pourrait pas avoir l'aide du monsieur
de la console?
Le Président (M. Cardinal): Non, je pense que nous sommes
au maximum. M. Lévesque?
M. Cutler: Je me demande, M. le Président, si on ne
pouvait pas les avoir de notre côté de la table. C'est tellement
loin. Il est rendu à la table.
M. Lévesque (Ernest): Je vais parler plus fort.
M. Cutler: II a la voix faible. Essayez de parler plus fort.
Le Président (M. Cardinal): J'aimerais bien tout changer,
mais...
M. Lévesque (Ernest): Non, c'est correct, je vais parler
plus fort.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que...
M. Lévesque (Ernest): Je vais parler plus fort.
Le Président (M. Cardinal): On peut suspendre deux ou
trois minutes s'il y a des questions techniques qu'on pourrait régler
immédiatement. Est-ce que c'est possible?
M. Cutler: Essayons encore une fois.
Le Président (M. Cardinal): Bon! Nous allons tenter et,
s'il le faut, je suis prêt à accorder toute cette aide.
M. Cutler: Merci, M. le Président. On va essayer encore
une fois.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. Lévesque, moi, j'ai
compris que vous avez négocié un projet de convention collective
que vous avez soumis, le 12 octobre au soir, à vos membres, que le 12
octobre au soir, certains membres vous ont manifesté des
réticences sur certaines clauses de la convention. Je comprends
également que la convention a été signée le 13
octobre. Ce que je vous demande, c'est, suite à la rencontre du 12
octobre au soir où certains membres vous ont fait part de leur
réticence quant à des clauses de la convention collective,
avez-vous tenté de négocier des meilleures clauses dans ces
domaines et si oui, quand? Je présume que cela a été avant
la signature, il ne reste pas grand temps puisque nous sommes le 12 octobre au
soir et que vous avez signé le 13 octobre dans la journée. Donc,
quant ont eu lieu les négociations, s'il y en a eu, sur une
amélioration des clauses qui donnaient des réticences à
certains membres?
M. Lévesque (Ernest): Je ne m'en souviens pas. Sur ces
trois séances, je ne me souviens plus laquelle était laquelle et
de quoi nous avons discuté, mais tout ce que je peux mentionner, c'est
qu'on a eu trois séances, il y a eu réticence et, par la suite,
la signature de la convention.
M. Vaillancourt (Jonquière): Donc, vous avez essayé
de rediscuter ces questions avec la com- pagnie, mais il n'y a pas eu de
modifications majeures à la convention collective?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous êtes
retournés devant vos membres pour leur faire part qu'il n'y avait aucune
modification sur ces clauses? Si oui, quand?
M. Lévesque (Ernest): Je ne me souviens plus de
ça.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mais les détails ne
sont pas tellement grands, si on part du 12 octobre où vous soumettiez
à entre 62 et 65 personnes, un projet de convention collective, à
quel moment de la journée du 13 avez-vous signé votre
convention?
M. Lévesque (Ernest): Le 13?
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui.
M. Lévesque (Ernest): Je crois qu'il passait minuit...
M. Vaillancourt (Jonquière): Minuit. M. Lévesque
(Ernest): ... le soir.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce qu'il y a eu des
assemblées avec vos membres dans la journée du 13 octobre?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): II y en a eu. A quel
sujet?
M. Lévesque (Ernest): Je pense que c'était sur les
clauses, disons, sur lesquelles il y avait un peu de réticence et, par
la suite, il a fallu rencontrer la compagnie un peu tard, parce que...
M. Vaillancourt (Jonquière): Sur quel texte de convention
collective vous êtes-vous fondés pour préparer votre projet
de contrat collectif de travail? Sur quoi vous êtes-vous fondés
pour préparer votre projet de contrat collectif?
M. Lévesque (Ernest): Disons qu'on a pris l'ancienne
convention, on l'a étudiée et on a modifié des clauses.
Par la suite, la convention étant modifiée, on l'a
présentée. (11 h 15)
M. Vaillancourt (Jonquière): Dois-je comprendre que les
négociations on été faciles, rapides, non ardues, que la
compagnie s'est montrée ouverte à votre projet de contrat
collectif de travail?
M. Lévesque (Ernest): Disons que cela a été
assez facile.
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela a été
assez facile. D'après vous, parce que c'est quand même
assez rare que des négociations soient aussi rapides ou aussi
faciles, qu'est-ce qui a fait en sorte que ces négociations aillent
aussi bien, aillent aussi rapidement, se déroulent de façon aussi
sereine?
M. Lévesque (Ernest): Comme je l'ai mentionné
tantôt, je ne peux pas donner d'opinion là-dessus, vu que je
n'avais jamais appartenu à un comité de négociation,
à un comité exécutif. J'étais donc assez ignorant
dans cette matière les syndicats pour avoir des opinions
personnelles.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mais vous étiez au
courant de la dernière convention collective qui avait été
signée?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Quelles sont les
différences majeures et profondes qui existent entre le deuxième
contrat de travail signé et celui sur lequel vous vous êtes
basé pour préparer votre projet de convention collective de
travail?
M. Lévesque (Ernest): II n'y en a pas tellement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Quelles clauses de l'ancienne
convention ont été changées? La convention collective de
travail est-elle bien améliorée, au niveau des vacances, au
niveau des congés de maladie, au niveau des salaires? Sur quoi avez-vous
insisté?
M. Lévesque (Ernest): On a insisté sur le salaire,
d'abord, sur des clauses dont la phraséologie n'était pas
très bonne. On n'a pas discuté des vacances.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous n'avez pas
discuté des vacances, des congés de maladie ou autres?
M. Lévesque (Ernest): Je crois qu'on a discuté de
l'Action de grâces, congé que nous n'avions pas.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mais en fait, une convention
collective, vous admettrez avec moi que cela a toujours pour but d'essayer
d'améliorer la condition des travailleurs par rapport à
l'ancienne convention, compte tenu de l'évolution du contexte
socio-politique et socio-économique, etc. Je vous demande quels sont les
changements majeurs ou le changement majeur de la convention que vous avez
signée par rapport à l'autre?
M. Lévesque (Ernest): Pour m'en rappeler formellement, il
faudrait que j'aie les deux conventions devant moi.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous me dites aujourd'hui que
vous-même qui avez négocié cette convention vous
n'êtes pas en mesure de ré- pondre à une question qui a
trait aux changements majeurs, aux modifications majeures d'une convention par
rapport à l'autre. C'est cela que vous me dites?
M. Lévesque (Ernest): Disons que, comme j'ai dit
tantôt, j'étais assez ignorant dans ce domaine que, par la suite,
je n'ai pas pris la peine de commencer à étudier toute l'ancienne
convention.
M. Vaillancourt (Jonquière): Donc, vous ne pouvez pas dire
que vous avez signé une bonne ou une mauvaise convention? Vous
n'êtes pas au courant de cela?
M. Lévesque (Ernest): Elle est meilleure que celle que
nous avions signée.
M. Vaillancourt (Jonquière): Sur quel point est-elle
meilleure?
M. Lévesque (Ernest): Sur les points des clauses de la
phraséologie dont on vous a dit qu'elle était mal
placée.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. Lévesque, une
dernière question à vous. Cela m'intrigue beaucoup. Je dois vous
dire que c'est le point central de toute l'affaire je vous
répète une question que j'ai déjà posée
lorsqu'on négocie une convention collective, lorsqu'on
procède à la signature d'une convention collective, il est
extrêmement important que chacune des parties sache à qui elle a
affaire. Vous saviez, de façon évidente, que vous aviez affaire
à l'employeur, que l'employeur était le propriétaire de
l'entreprise et que vous négociez avec la bonne personne?
Ce que je voudrais savoir de vous, il a dû y avoir des
échanges, des attitudes, des réactions, c'est quelle a
été la réaction de ceux qui représentaient la
partie patronale constatant que certaines personnes identifiées comme
n'étant pas des partisans de la CSN signent une convention collective
où le mot CSN apparaissait.
M. Lévesque (Ernest): Je n'ai pas remarqué la
réaction de l'employeur et de son porte-parole.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous n'avez pas
remarqué?
M. Lévesque (Ernest): S'il y en a eu, je n'ai pas
remarqué.
M. Vaillancourt (Jonquière): II n'a jamais
été question de cela dans vos discussions, dans vos
négociations?
M. Lévesque (Ernest): Je ne crois pas.
M. Vaillancourt (Jonquière): L'employeur, à un
moment ou l'autre, vous a-t-il fait part de sa connaissance du fait que la CSN
avait obtenu l'accréditation pour les travailleurs de la Commonwealth
Plywood?
M. Lévesque (Ernest): Je ne m'en souviens plus.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous ne vous en souvenez
plus. Avez-vous déjà occupé des fonctions syndicales avant
de négocier la convention de Commonwealth Plywood?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Vaillancourt (Jonquière): Jamais. Mme Grignon, quelles
sont vos expériences dans le domaine syndical, avant le 1er juillet
1977? Avez-vous de l'expérience syndicale et, si oui, laquelle?
Mme Grignon: J'ai été membre du comité de
l'Union internationale des rembourreurs.
M. Vaillancourt (Jonquière): Avez-vous dans vos archives
je pense que vous êtes secrétaire du groupe à
l'intérieur...?
Mme Grignon: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Avez-vous dans vos archives
les cartes de la CSN qui ont été signées le 3 octobre
1977?
Mme Grignon: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous pourriez
déposer ces cartes CSN pour le bénéfice des membres de la
commission?
M. Cutler: Pouvez-vous répéter votre demande? Parce
que je voudrais bien aider mes clients.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, j'ai demandé
à Mme Grignon si elle avait dans ses archives les cartes CSN
signées le 3 octobre 1977.
M. Cutler: Le 3 octobre 1977.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'aimerais, à la suite
d'une réponse affirmative, savoir si Mme Grignon est disposée
à déposer...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, M. le
député de Jonquière. Vous qui êtes président
de commissions parlementaires, vous savez qu'il ne pourrait pas y avoir de
dépôt. Elles peuvent être produites, comme le dit
textuellement le règlement. Je m'excuse.
M. Vaillancourt (Jonquière): Produire, en fait, pour les
membres de la commission, lesdites cartes, ou des photocopies desdites
cartes.
M. Cutler: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, Me Cutler.
M. Cutler: J'ai discuté de cette question avec ma cliente.
Je dois vous assurer que, s'il est possible, nous allons avoir ces cartes cet
après-midi; sinon, nous allons vous dire pourquoi.
Le Président (M. Cardinal): Merci, Me Cutler.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ou des photocopies desdites
cartes. Cela peut être des photocopies.
M. Cutler: Merci, oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mme Grignon, quand avez-vous
appris l'accréditation du Syndicat des travailleurs de la Commonwealth
Plywood par la CSN?
Mme Grignon: Le 5 octobre, je crois.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le 5 octobre. A ce
moment-là, les négociations n'étaient pas encore
commencées.
Mme Grignon: Non.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous pourriez nous
décrire, comme M. Lévesque l'a déjà fait, les
étapes qui ont mené à la signature de la convention
collective, à partir de la signature des cartes du 3 octobre jusqu'au 13
octobre.
Mme Grignon: Premièrement, j'ai envoyé un
télégramme, comme vous le voyez, à la compagnie pour
demander une rencontre.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît, encore
une fois, je ne sais pas s'il faudrait ou bien parler plus fort ou employer
d'autres moyens, parce que... Vous pouvez reprendre, Mme Grignon, s'il vous
plaît.
Mme Grignon: Premièrement, j'ai envoyé un
télégramme à la compagnie demandant une rencontre. Nous
avons eu une première rencontre au bureau des avocats de la compagnie.
Ce qu'ils nous offraient était absolument inacceptable. Nous nous sommes
rencontrés et nous avons fait des changements dans la convention que
nous avons présentée de nouveau et il y a eu plusieurs
discussions.
M. Vaillancourt (Jonquière): Votre
télégramme a été envoyé le 5 octobre,
n'est-ce pas?
Mme Grignon: Je crois que oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): A ce moment-là, vous
aviez déjà fait signer les cartes CSN.
Mme Grignon: Le 3 octobre, oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Comment se fait-il... Je
remarque sur votre télégramme que vous envoyez à la
Commonwealth Plywood, alors que les fausses cartes CSN ou les prétendues
fausses cartes CSN ont déjà été signées, que
vous signez Hélène Grignon, Syndicat des travailleurs de la
Commonwealth Plywood et, à ce moment-là, vous ne marquez pas CSN.
Comment se fait-il que, par la suite, lorsqu'arrive le moment de signer une
convention collective, vous écriviez CSN sur ladite
convention?
Mme Grignon: Le 3 octobre, on ne savait pas que la CSN avait
été accréditée.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mais le 5 octobre.
Mme Grignon: Le syndicat...
M. Vaillancourt (Jonquière): Lorsque vous avez
envoyé votre télégramme, le 5 octobre, ou le 6 octobre,
vous signez Hélène Grignon, Syndicat des travailleurs de
Commonwealth Plywood. A ce moment-là, les fausses cartes CSN ont
déjà été signées en date du 3 octobre.
Mme Grignon: C'est peut-être une erreur de ma part.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est une erreur de votre
part. Est-ce qu'à ce moment-là, vous saviez que Commonwealth
Plywood CSN avait été accrédité?
Mme Grignon: Le 5 octobre, oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Pourquoi le 6, vous ne
marquez pas CSN, vous ne voulez plus prendre votre syndicat en main? C'est le
Syndicat des travailleurs de Commonwealth Plywood. Vous ne sentez pas le besoin
de vous identifier à la CSN le 6 octobre.
Mme Grignon: J'ai pu faire l'erreur moi-même comme le
bureau des télégrammes a pu faire l'erreur aussi.
M. Vaillancourt (Jonquière): Là, vous vous
êtes rendu compte de votre erreur, de telle sorte que, le 13 octobre,
vous n'avez pas récidivé et vous avez signé au nom de la
CSN la convention collective de travail.
Mme Grignon: J'étais la représentante des
travailleurs de la Commonwealth Plywood CSN.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît. Je dois rappeler, M. le député de Jonquière,
comme je l'ai rappelé à d'autres députés, qu'il
peut poser des questions, mais il ne faudrait pas que les questions soient des
affirmations qui placent le témoin dans une situation difficile. Non,
mais vous faites des affirmations, par exemple en disant une fausse
carte...
M. Vaillancourt (Jonquière): Des prétendues fausses
cartes, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Nous n'avons pas à en
décider. Vous êtes avocat in caveat, M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mme Grignon, c'est vous qui
avez envoyé une lettre au commis- saire-enquêteur en chef pour le
dépôt de la convention collective?
Mme Grignon: C'est M. Thériault qui a envoyé la
lettre pour le dépôt de la convention collective.
Le Président (M. Cardinal): Parlez plus fort, s'il vous
plaît, Mme Grignon.
M. Vaillancourt (Jonquière): Qui a composé la
lettre?
Mme Grignon: M. Thériault.
M. Vaillancourt (Jonquière): Effectivement, est-ce que
vous êtes en mesure de nous confirmer que le 12 octobre 1977, la veille
de la signature de la convention, il y a eu une assemblée syndicale
à votre domicile, au sous-sol, où étaient présents
de 62 à 65 travailleurs?
Mme Grignon: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui. A ce moment-là,
est-il exact de dire qu'on a soumis aux travailleurs présents le projet
de contrat collectif de travail qui avait été
négocié avec la compagnie?
Mme Grignon: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-il exact de dire qu'il y
a eu des accrochages sur certains points de la convention?
Mme Grignon: II y en a eu un peu, oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous êtes en
mesure de dire si les négociations ont eu lieu suite à ces
représentations des travailleurs, par la suite?
Mme Grignon: Nous avons demandé qu'un vote soit pris pour
savoir si la majorité acceptait la convention ou non et la
majorité a accepté la convention.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous êtes en
mesure de dire quelles sont les différences fondamentales et majeures
entre cette convention et celle sur laquelle vous vous êtes basés
pour préparer votre projet collectif de travail?
Mme Grignon: Est-ce que vous pourriez répéter la
question?
M. Vaillancourt (Jonquière): Les différences
majeures, les améliorations entre la convention signée et celle
à laquelle vous vous êtes fiés pour préparer votre
projet de convention collective, c'est-à-dire l'ancienne convention?
Quelles sont les différences majeures, les
améliorations?
Mme Grignon: Nous avons obtenu la semaine entre Noël et le
jour de l'An, parce qu'avant il y
avait toujours une production et il fallait revenir travailler entre
Noël et le jour de l'An. A la dernière convention, nous avons
obtenu .que la manufacture ferme ses portes.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce qu'il est exact de
dire que les négociations se sont bien passées, que cela a
été rapide, que cela a été...
Mme Grignon: Plus ou moins.
M. Vaillancourt (Jonquière): Plus ou moins. Est-ce que
vous vous êtes chicanés avec la compagnie, avec l'employeur sur
des clauses majeures?
Mme Grignon: II y a des choses sur lesquelles on n'était
pas d'accord, dont nous avons discuté. Nous sommes revenus à la
compagnie...
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela s'est quand même
réglé en trois jours.
Mme Grignon: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Une question d'opinion
simplement, qu'est-ce qui a fait en sorte que cela aille aussi bien, entre vous
et l'entreprise, pour les négociations?
Mme Grignon: Je ne sais pas.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous ne le savez pas.
Est-ce que tous les employés ont été
convoqués à la réunion d'acceptation du projet collectif
de travail qui avait été négocié?
Mme Grignon: Tous ceux qui travaillaient ont été
convoqués.
M. Vaillancourt (Jonquière): Tous ceux qui travaillaient
à l'intérieur?
Mme Grignon: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ceux qui étaient
à l'extérieur et qui, semble-t-il, étaient bloqués
par une ligne de piquetage, ils n'ont pas été
convoqués?
Mme Grignon: Est-ce que vous pourriez répéter votre
question?
M. Vaillancourt (Jonquière): Je veux dire qu'il y a
seulement les travailleurs de l'intérieur qui ont été
invités à participer à la réunion d'acceptation du
projet collectif de travail.
Mme Grignon: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Combien de chèques de
la CSN ont été endossés au profit de l'Union des
remboureurs, avant l'ordonnance du juge Meyer?
Mme Grignon: Exactement, je ne le sais pas. Peut-être un ou
deux, je ne le sais pas.
M. Vaillancourt (Jonquière): Pas plus que ça?
Mme Grignon: II y a eu un temps où je n'étais plus
secrétaire, je n'avais plus ces choses.
M. Vaillancourt (Jonquière): Qui vous a
remplacé?
Mme Grignon: Mademoiselle Suzanne Labelle.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce qu'à votre
connaissance, cette demoiselle a également endossé des
chèques de la CSN?
Mme Grignon: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Aussi, avant l'ordonnance du
juge Meyer toujours?
Mme Grignon: Je ne peux pas vous répondre.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le 5 octobre 1977, vous avez
décidé de négocier le 12 octobre 1977, et vous avez fait
parvenir une lettre à cet effet à la compagnie. Qui a
décidé de tenir la séance de négociation au bureau
de Me Pierre Fournier, le 7 octobre 1977?
Mme Grignon: C'est la compagnie qui nous a demandé si on
était prêt à avoir cette séance. J'ai
communiqué avec les autres et on a dit oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Combien de séances de
négociation ont eu lieu au bureau des procureurs de la compagnie?
Mme Grignon: Une.
M. Vaillancourt (Jonquière): Une, la première?
Mme Grignon: Oui. (11 h 30)
M. Vaillancourt (Jonquière): Qui a demandé...
M. Johnson: Un instant, s'il vous plaît. Est-ce que le
député de Jonquière me permet? Je vous
répète la question, madame. Le 5 octobre, vous avez
décidé de négocier le 12 octobre. Vous avez fait parvenir,
à 23 heures, une lettre à cet égard à la compagnie.
Ma question, c'est: Qui a décidé de la séance de
négociation au bureau de Me Pierre Fournier? Est-ce vous qui avez
demandé cela ou si c'est la compagnie qui vous a demandé de
négocier à ce moment-là?
Mme Grignon: C'est la compagnie qui nous a donné
rendez-vous là.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jonquière, c'est à votre tour, mais en vous rappelant que
l'article 160 existe encore.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que votre projet
collectif de travail était prêt à ce moment-là? Lors
de votre première rencontre de négociation?
Mme Grignon: Non.
M. Vaillancourt (Jonquière): Qu'est-ce que vous alliez
faire là?
Mme Grignon: C'était premièrement pour nous
présenter.
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela m'intéresse, par
exemple. Comment vous êtes-vous présentés? Comme
représentants de qui? Comme qui?
Mme Grignon: Comme représentants du syndicat des
travailleurs de la Commonwealth Ply-wood-CSN.
M. Vaillancourt (Jonquière): Donc, le 7 octobre, vous vous
êtes présentés à l'employeur sans projet de contrat
collectif de travail, tout simplement pour vous présenter et vous vous
êtes identifiés...
Mme Grignon: II y avait déjà eu une
préparation, mais elle n'était pas complètement finie
encore.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mais vous n'avez pas
négocié, le 7 octobre 1977?
Mme Grignon: II y a eu des offres qui ont été
faites de la part de la compagnie et que nous avons refusées.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mais il n'y avait pas eu de
demande encore de la part de votre groupe?
Mme Grignon: Non. Suite à l'offre que la compagnie nous
avait faite et qu'on a refusée nous avons préparé autre
chose.
M. Vaillancourt (Jonquière): Donc, dès le 7
octobre, déjà la compagnie vous fait des offres sur un projet de
contrat de travail alors que vous-mêmes, vous n'avez pas encore
conçu un projet de contrat collectif de travail?
Mme Grignon: On avait déjà commencé, mais il
n'était pas terminé.
M. Vaillancourt (Jonquière): II n'était pas
terminé?
Mme Grignon: Non.
M. Vaillancourt (Jonquière): Donc, on peut dire que le 7
octobre 1977, vous vous êtes officiellement présentés
à l'employeur comme é-tant des représentants de la
CSN?
Mme Grignon: Le syndicat des travailleurs.
M. Vaillancourt (Jonquière): Et vous-même, vous le
saviez depuis le 5 octobre que la CSN avait été
accréditée?
Mme Grignon: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Quelle a été la
réaction de l'employeur lorsque vous vous êtes
présentés à ce titre?
Mme Grignon: II n'y en a pas eu.
M. Vaillancourt (Jonquière): II n'y a pas eu de
réaction? Aucune réaction de la part de l'employeur?
Mme Grignon: S'il y en a eu, je ne me le rappelle pas.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous avez assisté aux
négociations par la suite?
Mme Grignon: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que, lors de ces
autres séances de négociation, il y a eu des réactions de
la part de l'employeur sur votre représentation de la CSN?
Mme Grignon: Non.
M. Vaillancourt (Jonquière): Jamais? Est-ce que, à
votre connaissance, la compagnie savait que la CSN avait été
accréditée pour représenter les travailleurs de la
Commonwealth Plywood?
Mme Grignon: Elle le savait probablement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Elle le savait
probablement?
Mme Grignon: Probablement, je ne le sais pas.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que la compagnie vous
a déjà fait part qu'elle le savait, effectivement? C'est une
question très précise.
Mme Grignon: Non.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mais vous êtes
portée à penser qu'elle le savait, puisque vous-même, vous
le saviez? C'est cela?
Mme Grignon: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est tout, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: Merci, M. le Président. J'aimerais
compléter, Mme Grignon, si vous le permettez, une...
Le Président (M. Cardinal): Au micro, s'il vous
plaît.
M. Fallu: J'aimerais vous poser une question, une dernière
sur ce sujet, à propos de la négociation. Il y a eu une
première rencontre le 5 octobre et il y en a eu deux autres par la
suite. Combien de temps ont-elles duré environ, au total? Combien
d'heures?
Mme Grignon: II y en a une qui a duré la journée
complète.
M. Fallu: Oui.
Mme Grignon: Et l'autre, je ne me le rappelle pas.
M. Fallu: On peut dire en tout peut-être dix ou douze
heures de négociation?
Mme Grignon: Probablement plus que cela, en tout, pour les trois
séances.
M. Fallu: Quant à la partie patronale, est-ce que M. Caine
a participé à l'ensemble de la négociation, à
toutes les heures de négociation?
Mme Grignon: Oui.
M. Fallu: II était accompagné de
représentants, j'imagine bien?
Mme Grignon: Oui.
M. Fallu: Vous avez allégué tantôt
qu'à la première rencontre, c'était Me Fournier qui
était présent?
Mme Grignon: Ce n'est pas moi qui l'ai dit, mais, oui,
c'était lui.
M. Fallu: Oui, d'accord. Aux autres rencontres, Me Fournier
était-il également présent?
Mme Grignon: C'était Me Bazin, je crois.
M. Fallu: C'était Me Bazin. A votre grande journée
de négociation, entre autres, c'était M. Bazin qui accompagnait
M. Caine?
Mme Grignon: Oui.
M. Fallu: D'accord, merci. M. Lévesque, j'imagine que vous
n'avez pas l'intention de continuer votre vie comme cela.
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Fallu: D'accord, on part bien. J'ai une série de
questions techniques à vous poser sur le rythme de travail dans l'usine.
Il y a longtemps que vous travaillez personnellement à la Commonwealth
Plywood? Cela fait combien d'années?
M. Lévesque (Ernest): En tout, onze ans.
M. Fallu: Onze ans. Mme Grignon? Mme Grignon: Cela fait
deux ans et demi.
M. Fallu: Deux ans et demi. Vous avez travaillé un peu
partout dans l'usine?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Fallu: Sauf évidemment peut-être dehors ou dans
la chaufferie?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Fallu: D'accord, sur la production, en dedans. Comment est-ce
que cela s'est passé, pour vous autres en dedans, au point de vue du
travail, du rythme de travail, de l'organisation du travail? Il y a des
journées où vous étiez 25, d'autres, 40, d'autres un peu
plus, peut-être bien. Chacun faisait quoi à ce temps-là?
Ils travaillaient sur des lignes... Ils ne pouvaient plus travailler sur leurs
mêmes machines. Comment se répartis-saient-ils le travail?
M. Lévesque (Ernest): Tout cela marche sur une "ligne". Au
tout début, cela a été difficile parce qu'il y en a qui ne
connaissaient pas le travail que les autres faisaient. Après cela, cela
s'est amélioré. On n'est jamais descendu plus bas que 55,
à l'usine.
M. Fallu: Ces 55, c'était qui?
M. Lévesque (Ernest): C'étaient les premiers
employés qui étaient entrés au travail.
M. Fallu: Oui. Bon, on reviendra là-dessus tantôt. A
55, fallait-il que vous vous déplaciez sur la "ligne" de
fabrication?
M. Lévesque (Ernest): Pas nécessairement, parce
qu'on a chacun notre machine.
M. Fallu: Oui.
M. Lévesque (Ernest): Dans mon service à moi, il
n'y avait aucun déplacement.
M. Fallu: Mais, vous, vous êtes dans la finition, dans la
colle...
M. Lévesque (Ernest): Non, je suis au tour.
M. Fallu: D'accord, au déroulage. Les gars, à la
finition, il fallait qu'ils fassent du travail par morceaux. Ils laissaient
accumuler un coin et, ensuite, ils finissaient?
M. Lévesque (Ernest): C'est arrivé qu'ils faisaient
une partie du travail. Par la suite, cela changeait un peu l'organisation du
travail, ils allaient travailler un autre côté.
M. Fallu: Cela veut dire qu'il n'y avait pas une production
continue, comme dans le temps où vous étiez au moins une
centaine?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Fallu: II y avait de la production qui était
cassée, qui était accumulée et reprise par une autre
équipe?
M. Lévesque (Ernest): Non, ce n'est pas
nécessairement comme cela que je veux l'expliquer.
M. Fallu: C'était la même équipe, mais elle
pouvait se déplacer?
M. Lévesque (Ernest): Ils en prenaient un d'une place qui
savait travailler sur une machine et qui était ailleurs.
M. Fallu: Oui.
M. Lévesque (Ernest): II y avait des échanges
d'employés à leur place.
M. Fallu: L'entretien des machines, qui la faisait?
Le Président (M. Lavigne): M. le député de
Terrebonne, je m'excuse. C'est vous qui avez la parole. Je tiens à ce
que ce soit vous qui l'ayez, mais vous seul avec les intervenants, mais je me
rends compte qu'il y a quelques petits caucus autour de la table et je pense
que cela va à l'encontre du règlement.
M. Fallu: C'est de bien protéger mon droit de parole, M.
le Président.
M. Pagé: ... M. le Président.
M. Fallu: Est-ce que...
Le Président (M. Lavigne): A l'ordre!
M. Fallu: Qui faisait l'entretien de la machinerie à
l'intérieur?
M. Lévesque (Ernest): II y a eu des gens de la
maintenance, un en particulier qui avait eu un accident du travail et qui est
revenu au travail pas longtemps après et un qui faisait partie de la
maintenance et qui n'avait pas été mis à pied et...
M. Fallu: Ils étaient combien de la maintenance avant la
mise à pied du 16 septembre?
M. Lévesque (Ernest): Je ne peux pas vous dire combien ils
étaient, disons qu'il y en avait un bon groupe.
M. Fallu: Une quinzaine, quatorze ou quinze? M.
Lévesque (Ernest): Un bon groupe.
M. Fallu: Un bon groupe. Il en était resté
seulement un?
M. Lévesque (Ernest): Non, ils étaient deux ou
trois, je crois.
M. Fallu: Avec celui qui est revenu après son accident du
travail?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Fallu: Vous autres mêmes, vous est-il arrivé,
à ce moment-là, d'avoir à réparer vos machines?
M. Lévesque (Ernest): Non. Sur de grosses brisures aux
machines, la compagnie nous amenait des spécialistes.
M. Fallu: D'après vous, M. Lévesque... Je pose la
question également à Mme Grignon, parce qu'elle aussi a
travaillé un peu partout, j'imagine bien, à ce moment-là,
à l'intérieur de l'usine, à plusieurs endroits, en deux
ans et demi, j'imagine que vous avez quand même fait quelques
services?
Mme Grignon: Oui.
M. Fallu: D'après vous autres, pour que cela fonctionne
bien, une bonne ligne de production, pour que cela n'arrête pas, que ce
soit une production continue, à partir de l'entrée de la bille
jusque quand le séchage est fait au bout, que le pressage et le
séchage sont faits, cela prend combien de gens pour que cela roule bien,
pour être à l'aise pour travailler, pour que cela ne bouscule pas
et pour qu'il y ait un bon rythme de travail?
M. Lévesque (Ernest): Je ne peux pas répondre
à cette question. Je ne suis pas assez au courant de l'administration
pour...
M. Fallu: D'accord. A 50, au jugé, quand vous étiez
50, vous manquiez de monde?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Fallu: Oui, c'est bien net. Les matins où vous
étiez à peu près seulement 15 ou 20, ce n'était pas
travaillable?
M. Lévesque (Ernest): Cela n'est pas arrivé. M.
Fallu: Pardon?
M. Lévesque (Ernest): Cela n'est pas arrivé, ces
matins.
M. Fallu: II n'est pas arrivé de matins où vous
étiez moins de 20 ou 25?
M. Lévesque (Ernest): II n'est pas arrivé un matin
où on était moins de 50.
M. Fallu: Moins de 50? On reviendra là-dessus. Est-ce
qu'il existait dans votre ancienne convention une clause
d'ancienneté?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Fallu: Chez vous, c'est bien connu, les listes
d'ancienneté. Vous m'avez dit tantôt... Depuis combien
d'années travaillez-vous là?
M. Lévesque (Ernest): Onze ans.
M. Fallu: Onze ans. Mme Grignon m'a dit deux ans et demi. M.
Lévesque, vous savez depuis combien de temps à peu près
tout le monde travaille chez vous?
M. Lévesque (Ernest): Ceux à
l'intérieur?
M. Fallu: Oui, partout. Mettons-nous avant le conflit. Tout le
monde savait à peu près combien il pouvait avoir
d'ancienneté à sa "job".
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Fallu: Bon. Donc, les gens savent s'ils ont 20 ans, s'ils ont
15 ans, s'ils ont 3 ans, s'ils ont 6 mois. Tout le monde sait cela. Au moment
des mises à pied, est-ce qu'il y a des gens qui avaient
été mis à pied, à votre connaissance toujours, qui
avaient plus d'ancienneté que des gens qui étaient restés
à l'intérieur, qui n'avaient pas été mis à
pied?
M. Lévesque (Ernest): II a dû peut-être y en
avoir quelques-uns.
M. Fallu: Oui. Evidemment, il n'y a pas moyen de faire de griefs,
à ce moment, ou quoi que ce soit, alors, passons. Pensez-vous qu'il y
aurait moyen de retracer cela, l'ancienneté, mettre cela noir sur blanc,
de bonnes listes d'ancienneté, savoir au mois de septembre 1977... Entre
vous autres, vous pourriez bien vous entendre et évidemment, avec les
registres de la compagnie j'imagine qu'on posera la question
tantôt, cet après-midi est-ce que vous pensez que vous
pourriez établir une bonne liste d'ancienneté, pour savoir quels
étaient les plus anciens?
M. Cutler: M. le Président, si vous permettez, si je peux
vous suggérer ceci, personnellement, je n'ai pas vu la convention
à laquelle vous faites allusion, mais s'il est vrai qu'il y a des droits
d'ancienneté, je soumets que la liste fait partie de la convention
collective, et plutôt que de vous donner un à peu près, me
permettrez-vous de faire enquête, et si cette liste existe, de la
produire, et sinon, de nous dire pourquoi la liste n'existe pas, parce que cela
fait partie de la convention?
M. Fallu: Justement. Vous nous vérifiez cela pour cet
après-midi, si elle fait partie de la convention. Cela
m'intéresserait.
M. Cutler: Ce serait peut-être préférable que
les témoins n'essaient pas de répondre sans connaître les
faits.
M. Fallu: D'accord. Oui, parfait.
M. Bellemare: Prenons la convention collective qu'on a ici,
devant nous. On a une convention collective, et, dans le livre qui nous a
été donné, il n'apparaît pas de liste
d'ancienneté. Elle existe, j'en suis sûr, la compagnie la
possède.
M. Casgrain: Dans l'annexe D, vous avez la liste
d'ancienneté.
Le Président (M. Lavigne): A l'ordre! M. Bellemare:
Dans quel volume?
M. Casgrain: Le volume 2. Le volume 1, pardon! A l'annexe D du
volume 1, vous avez la liste d'ancienneté.
M. Bellemare: Cela fait bien des catalogues Eaton.
M. Casgrain: Annexe D du volume 1. M. Bellemare:
Ancienneté.
M. Casgrain: Je souligne que les conventions collectives sont
là également, si vous voulez les comparer.
M. Bellemare: La liste est là.
Le Président (M. Lavigne): Allez, M. le
député de Terrebonne.
M. Fallu: Donc, il y a eu des mises à pied et, par la
suite, il y a des gens qui sont retournés travailler. Dans les rappels,
entre autres, à votre connaissance, est-ce qu'il y a des gens qui,
à un moment ou à un autre, ont travaillé à
l'intérieur depuis le 19 septembre 1977 et qui n'avaient pas
déjà été à l'emploi de la Commonwealth
Plywood? Est-ce qu'il y a des nouveaux, des étudiants, par exemple,
l'été passé ou des gens qui venaient de la Coronation ou
quelque part ailleurs? (11 h 45)
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Fallu: Aucun. Tout le monde avait déjà
travaillé à la Commonwealth Plywood. Maintenant, ces
gens-là, est-ce qu'ils étaient à l'emploi de la
Commonwealth Plywood le 16 septembre, c'est-à-dire au moment des mises
à pied?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Fallu: Tous?
M. LÉvesque (Ernest): Oui.
M. Fallu: Est-ce que, par exemple, Monique Pouliot tu
connais Monique?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Fallu: Bon! Est-ce qu'elle était à l'embauche de
la Commonwealth, elle, le 16 septembre?
M. Lévesque (Ernest): Un peu avant, parce qu'elle est
partie pour raison de grossesse.
M. Fallu: Monique était en congé de grossesse?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Fallu: D'accord. Michel Privé...
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Fallu: ... le 16, lui, était-il à l'emploi de la
Commonwealth?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Fallu: Ou s'il n'avait pas déjà quitté la
Commonwealth une semaine avant?
M. Lévesque (Ernest): Là, s'il a quitté une
semaine avant, je ne m'en suis pas aperçu.
M. Fallu: Bon! On vérifiera. A votre dire, il n'y en a pas
d'autres qui ont été embauchés le 16 septembre qui
n'étaient pas déjà à l'emploi de la
Commonwealth.
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Fallu: II y a des gens qui ont été
rappelés qui avaient été mis à la porte le 16, mais
ils ont été rappelés. Bon!
Actuellement, c'est un peu embêtant comme situation. Il n'y a plus
de convention collective. Un syndicat, est-ce qu'il y en a encore un?
M. Lévesque (Ernest): On a tous signé une demande
d'accrédiation avec l'Union des rembourreurs et on attend le
résultat.
M. Fallu: Avez-vous eu une réponse là-dessus?
M. Lévesque (Ernest): Pas encore. M. Fallu: En
aucune façon?
M. Cutler: M. le Président, afin que le
député ne soit pas induit en erreur...
Le Président (M. Cardinal): Oui, Me Cutler.
M. Cutler: ... il y a une requête pendante devant Me
Devlin, le commissaire, et si ma mémoire est fidèle parce
que je n'ai le dossier que depuis deux jours je crois que c'est le 30
octobre qui est la date de l'audition.
M. Fallu: Mais, pour qu'il y ait une accrédia-tion
nouvelle, il faudrait qu'il y ait période de maraudage.
M. Cutler: Ce serait sans doute une des questions qui feront
l'objet de cette audition, n'est-ce pas?
M. Fallu: Oui, et pour qu'il y ait une période de
maraudage, il faudrait qu'il y ait eu fin d'une signature d'une convention,
mais il semble que ce n'est pas encore démontré devant les
tribunaux.
M. Cutler: Vous me permettrez, enfin, de ne pas accepter de
dialoguer là-dessus. Je ne suis pas au courant...
M. Fallu: On va laisser ça au commissaire.
M. Cutler: Le commissaire va savoir quoi faire. C'est à
lui de décider.
M. Fallu: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. M. le
député de Terrebonne, je veux vous rappeler de faire attention de
ne pas demander des opinions.
M. Pagé: On en a demandé beaucoup ce matin.
Le Président (M. Cardinal): Oui, mais...
M. Pagé: C'est seulement ça qu'on demande.
M. Cutler: Si c'était possible pour moi de vous donner une
opinion, je l'aurais fait, mais je n'ai même pas vu les documents dont Me
Devlin est saisi dans le moment. Donc, je ne suis pas pour lui demander...
M. Fallu: D'accord! Parfait! Je vous remercie de votre
collaboration.
Bon! En tout cas, il n'y a plus de convention; cest fini. Celle que vous
aviez signée est épuisée. Le syndicat est en suspens.
D'après vous, est-ce que la CSN a toujours son accréditation?
Vous n'avez pas la vôtre; la CSN a la sienne. Quel est le syndicat
là-dedans?
M. Lévesque (Ernest): Je crois qu'à la fin de la
convention, en ayant démissionné de la CSN et en signant pour
l'Union des rembourreurs pour une demande d'accréditation, je crois
qu'elle n'a plus son accréditation.
M. Fallu: Bon! Un autre point à régler ailleurs,
ça. De toute façon, avoir une accréditation pour
régler ça et avoir une nouvelle convention, selon la
méthode que vous utilisez actuellement, qui vous a suggéré
de demander une nouvelle accréditation comme ça?
M. Lévesque (Ernest): Ce sont tous les employés qui
l'ont décidé.
M. Fallu: Toujours avec votre conseiller syndical,
évidemment?
M. Lévesque (Ernest): Ah oui!
M. Fallu: Ah oui, d'accord! Pensez-vous que vous avez des chances
de signer une convention cet automne? Non?
M. Cutler: Voici! M. le Président, encore une fois, si Me
Devlin rend une décision et si je suis
encore au dossier, je vais sûrement demander à mes clients
de respecter sa décision. Mais, de là à essayer de
prédire...
M. Fallu: Oui.
M. Cutler: ... ou d'être assez clairvoyant pour savoir la
décision qui serait rendue, il me semble que ce serait
dépasser...
M. Fallu: Oui, mais entre-temps je pose la question
à M. Lévesque en attendant que la décision du
commissaire soit rendue, c'est qui le syndicat?
M. Lévesque (Ernest): C'est encore nous, l'Union des
rembourreurs. On a fait notre demande.
M. Fallu: Si elle n'est pas accordée?
M. Lévesque (Ernest): Si elle n'est pas accordée,
on a démissionné de la CSN.
M. Johnson: Donc, il n'y a pas de syndicat?
M. Fallu: Donc, il n'y a pas de syndicat du tout? Vous avez
démissionné de la CSN. Votre syndicat que vous vous étiez
fabriqué, les employés de la Commonwealth Plywood CSN, vous avez
démissionné de cela?
M. Bellemare: Le syndicat de boutique n'existe plus?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! A l'ordre s'il vous
plaît! Nous sommes en train de poser des questions aux invités et
non pas de les influencer.
M. Bellemare: On ne les influence pas. On dit ce qu'on sait.
M. Fallu: D'accord. Vous n'êtes pas plus CSN et vous
n'êtes pas encore rembourreurs? Donc, il n'y a plus de syndicat?
M. Bellemare: Un syndicat de boutique.
M. Fallu: Pour vous autres, il n'y a plus de syndicat qui vous
protège en aucune façon de votre point de vue? Avez-vous eu
l'occasion de prendre connaissance un peu du rapport de médiation?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Fallu: Pensez-vous qu'il est possible d'établir la
liste d'ancienneté?
M. Lévesque (Ernest): Me Cutler vous a répondu
tantôt que...
M. Fallu: ... que cela se fait. M. Lévesque (Ernest):
Oui.
M. Fallu: Avec les recommandations du conseil spécial de
médiation, êtes-vous en accord ou en désaccord? Quelle est
l'opinion de votre monde chez vous?
M. Lévesque (Ernest): Je n'ai pas vu mon monde depuis
lundi, alors que j'ai reçu le rapport de médiation mercredi.
M. Fallu: Mercredi.
M. Lévesque (Ernest): Ils ont peut-être fini de
l'étudier, mais personnellement, je n'ai pas encore terminé,
parce que je n'ai pas été à l'usine depuis vendredi.
M. Fallu: D'accord. Croyez-vous qu'il y aurait moyen, au moment
on va imaginer quelque chose, si vous permettez, M. le Président,
c'est moi qui fais les hypothèses cette fois, supposons qu'on pourrait
trouver une façon de s'accorder sur un tas de choses et que, dans un
mois, par exemple, vous retourniez au travail avec les gens qui ont fait la
grève, ceux qui sont restés en dedans. Y aurait-il moyen de
travailler sans se casser la gueule?
M. Lévesque (Ernest): II faudrait aussi le demander
à ceux qui sont dehors.
M. Fallu: Oui, d'accord. C'est une bonne question.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. Encore une fois,
plus fort. Le dialogue est pour tout le monde.
M. Fallu: M. le Président, M. Lévesque dit que, de
son point de vue, c'est oui. Il n'y aurait pas de cassage de gueule, mais il
dit qu'il faudrait également poser la même question à ceux
de l'extérieur.
A travers tout ce temps cela fait un an et je sais
qu'entre vous autres, il y a des gens qui sont parents, c'est le
beau-frère, la belle-soeur et le beau-père qui est en-dedans et
c'est le beau-fils qui est en dehors, etc., et en plus, il y a des copains et
des copines pas besoin de faire de dessin, on connaît notre monde,
cela a créé des brisures dans les familles. Y a-t-il une
volonté chez vous, chez votre monde, après un an comme cela, de
tâcher de trouver un moyen de raccorder tout cela?
M. Lévesque (Ernest): Oui. Il y a eu une décision.
On a décidé, par une suggestion, tout un accord, le
comité, que cela serait peut-être un vote qui serait bon.
M. Fallu: Un vote de quelle nature?
M. Lévesque (Ernest): Un vote pour régler le
conflit, pour déterminer...
M. Fallu: Un vote qui serait pris. Cela est intéressant.
Un vote qui serait pris où, avec qui?
M. Lévesque (Ernest): Avec tous ceux qui sont à
l'emploi de Commonwealth Plywood.
M. Fallu: Ceux qui restent ou tous ceux qui étaient
à l'emploi, qui étaient couverts par l'unité
d'accréditation en 1977?
M. Lévesque (Ernest): Là-dessus, je vais laisser
répondre Me Cutler, parce que la suggestion vient...
M. Cutler: M. le Président, ma réponse sera assez
courte. Le témoin fait allusion à une rencontre, hier soir,
à notre salle de conférence, à l'étude...
M. Fallu: Oui, d'accord.
M. Cutler: ... où on a dit... Mais si vous me le
permettez, ce n'est pas quelque chose de... Je pense que c'est clair. Je dois
même vous dire que cela a été transmis aux gens de la CSN.
La suggestion que j'ai faite à mes clients mes clients de
quelques jours, si vous voulez, mais mes clients dans le moment c'est
que Me Devlin devrait ordonner un vote et devrait même décider qui
a le droit de vote et les parties devraient respecter sa décision comme
finale.
M. Fallu: Est-ce que cela, c'est sur la base du rapport du
conseil de médiation?
M. Cutler: M. le député, M. le Président, si
vous me le permettez, le Code du travail existait avant ce conflit. On a fait
beaucoup de millage depuis la première fois que j'ai eu l'occasion de
discuter de cette affaire avec le député de Bagot.
M. Bellemare: De Johnson.
M. Cutler: Je pense qu'on peut vraiment dire n'est-ce pas,
M. Bellemare? que les autorités compétentes qui ont
appliqué et interprété la loi ont déjà eu
maintes et maintes fois à décider, dans des cas semblables
d'abord, il n'y a pas eu de cas pareils, mais dans des cas semblables
qui aurait le droit de vote et qui ne l'aurait pas. Ce devrait être les
autorités compétentes et non pas les gens en conflit qui
décident, et surtout pas le patron qui décide.
M. Fallu: D'accord. Alors, ce que je comprends des suggestions
que vous faites à vos clients, c'est-à-dire à ceux qui
sont actuellement vos clients, c'est que c'est beaucoup d'ouverture.
M. Cutler: Bien sûr.
M. Fallu: D'accord. Donc, vous allez dans le même sens que
M. Lévesque, à savoir qu'il faut trouver un moyen de sortir de
l'imbroglio même juridique qu'il y a là. D'accord, parfait.
M. Bellemare: Même si Me Cutler suggère une certaine
procédure au juge.
M. Cutler: Je m'excuse, M. le Président, je n'ai pas
compris.
M. Bellemare: Même si M. Cutler suggère une certaine
forme de procédure au juge.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député.
M. Cutler: Evidemment, M. le Président, je dis que nous
avons suggéré à nos clients de dire à Me Devlin, le
30 octobre, ce n'est pas loin, que la meilleure façon de régler
ce conflit, qui dure déjà depuis assez longtemps, trop
longtemps... Il pourrait probablement se terminer par un vote, dans le sens que
c'est lui qui ordonne le vote, parce qu'il en a la compétence et la
juridiction, et que c'est lui qui décide qui a le droit de vote,
indépendamment du fait que la personne soit en dedans ou ne soit pas en
dedans.
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est pas un ordre, c'est
un voeu.
M. Cutler: C'est une demande que nous allons formuler et
présenter le 30.
M. Fallu: Donc, cela encore, nous allons le laisser entre les
mains du commissaire.
M. Johnson: M. le Président, si vous le permettez.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le ministre.
M. Johnson: Si le député de Terrebonne et le
député de Johnson me le permettent, je voudrais simplement...
M. Bellemare: Comment, vous le permettre! Vous avez le droit de
parole. Vous avez monologué pendant des heures.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: Ne venez donc pas essayer de...
Le Président (M. Cardinal): En vertu de l'article 162, il
a toujours le droit de parole. Alors, M. le ministre.
M. Bellemare: Oui, c'est sûr et nous sommes bien
limités. On a dit que c'était un monologue et on n'a pas encore
entendu la compagnie. J'ai hâte de lui poser des questions.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! M. le ministre.
M. Johnson: Simplement, si je comprends bien, ce qu'évoque
Me Cutler, c'est qu'il se réfère finalement à un
commissaire-enquêteur, Me Dev-
lin, qui a un statut, comme l'a souligné finalement, par
incidence, le député de Johnson, quasi judiciaire et, si j'ai
bien compris ce que Me Cutler nous a dit, c'est qu'il suggérait que, si
les parties s'entendent, ils acceptent que la décision de Me Devlin soit
considérée comme finale.
M. Bellemare: Qu'est-ce qu'on fait ici? Le Président
(M. Cardinal): A l'ordre!
M. Johnson: Je n'ai pas compris cependant que, d'une part, Me
Cutler voulait dire à un juge quoi faire et, d'autre part, je pense
qu'il s'agit là d'un développement qui remonte à hier
soir. (12 heures)
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît, à l'ordre.
M. Bellemare: Pensez-vous que le compte rendu de la commission
parlementaire ne sera pas lu par M. Devlin?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît, à l'ordre.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): ... à l'ordre, s'il
vous plaît, à l'ordre...
M. Bellemare: Voyons donc, ça va être lu par M.
Devlin.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Portneuf, une question de règlement ou...
M. Pagé: C'est strictement une directive et en même
temps, je voudrais demander au député de Terrebonne s'il me
permettrait de poser au ministre une question très brève, qui
pourrait éclairer le débat?
Le Président (M. Cardinal): C'est M. le ministre qui
a...
M. Fallu: Très volontiers, c'est ce qu'on cherche,
éclairer la situation.
M. Pagé: C'est lui qui a le droit de parole
actuellement.
M. Fallu: Oui.
M. Pagé: Vous me donnez la permission?
M. Fallu: Oui.
M. Pagé: C'est gentil. M. le ministre, vous acceptez une
question?
M. Johnson: Cela va dépendre.
M. Pagé: Cela va dépendre de la question. Ah,
ah!
M. Johnson: M. le Président, contrairement à ce que
pense le chef parlementaire de l'Opposition, je pense qu'il n'appartient pas
à l'Opposition de déterminer le contenu des réponses.
M. Pagé: M. le Président...
M. Bellemare: ... poser une question directement à un
ministre, il faut passer, en commission parlementaire, par le président
comme en Chambre.
M. Fallu: Je supplierais tout le monde...
M. Pagé: Ne nous enfargeons pas dans les fleurs du
tapis.
M. Fallu: ... de faire ça vite, parce que c'est mon temps
de parole qui court.
M. Pagé: M. le Président, je veux demander au
ministre s'il convient ou s'il est d'accord qu'une formulation de solution ou
une hypothèse de solution, telle que celle énoncée par Me
Cutler, constitue, ou peut constituer, pour lui un moyen de régler le
conflit?
M. Bellemare: On n'a pas encore entendu la compagnie.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît, à l'ordre.
M. Johnson: On m'a posé une question, M. le
Président, je peux peut-être y répondre. Je ne pense pas.
Je pense qu'il reste encore du boulot à accomplir ici. Cependant, je
trouve ça peut-être intéressant de voir qu'hier, il y a eu
une réunion et que les gens se parlent un peu. C'est déjà
un progrès. Cela ne veut pas dire que ça va régler tous
les problèmes, on verra. Je pense qu'on va être amené dans
l'heure qui vient et cet après-midi, normalement, j'espère
qu'à 16 heures, on pourrait entendre M. Caine. Normalement, si les
choses se déroulent bien jusqu'à 12 h 30, on pourrait
peut-être entendre M. Caine vers 16 heures. Je pense qu'on aura
commencé à accélérer les choses.
M. Pagé: Vous ne croyez pas que c'est un
élément de solution?
M. Bellemare: ...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît...
M. Cutler: Voudriez-vous, M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): ... non, ne commençons
pas de débat sur cette question.
M. Cutler: M. le Président, est-ce que je pourrais
simplement compléter en disant que j'ai non seulement
suggéré cette solution à mes clients, mais
également à la CSN et à la compagnie.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, Me
Cutler. Ecoutez, il est midi, je ne veux pas sans cesse rappeler le
règlement 160, alinéa 1. M. le député de
Terrebonne, brièvement, si vous voulez continuer.
M. Fallu: Compte tenu du temps, avec le ministre du Travail, on
vient de s'entendre pour que M. le ministre continue à poser quelques
questions pour qu'on puisse terminer à 12 h 30.
M. Bellemare: Pourquoi ignorez-vous Thé-riault ce matin?
C'est lui, la bête noire.
Le Président (M. Cardinal): De toute façon,
à 12 h 30, je devrai ajourner. Merci, M. le député de
Terrebonne, pour votre collaboration. M. le ministre du Travail.
M. Johnson: M. le Président, j'ai quelques questions assez
rapides. D'abord, une à M. Thé-riault sur les cartes du 3; je
demanderais à M. Thériault à quelle date il a fait
imprimer les cartes ou il a donné la commande?
M. Thériault: Je ne peux pas préciser exactement la
date, c'est certainement avant le 3 octobre.
M. Johnson: C'est sûrement avant le 3 octobre, donc avant
que la CSN n'obtienne son accréditation.
M. Thériault: C'est au moins une semaine avant et
peut-être plus.
M. Johnson: Au moins une semaine avant.
Deuxièmement, à Mme Grignon et à M.
Lé-vesque, celui ou celle qui veut répondre ou les deux, la
conférence de presse que vous avez organisée, était-ce fin
avril et début mai et qui a convoqué cette conférence de
presse?
M. Lévesque (Ernest): On a reçu un
téléphone de M. Thériault de monter à
Montréal...
M. Johnson: De vous rendre à un endroit qui s'appelle le
restaurant Slovak ou quelque chose comme ça, la salle Slovak, c'est
ça?
M. Lévesque (Ernest): Je sais que c'était une salle
mais le restaurant...
M. Johnson: Vous n'avez rien eu à faire avec
l'organisation de la conférence de presse, M. Lévesque? Est-ce
vous qui l'avez organisée, oui ou non?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Johnson: Mme Grignon?
Mme Grignon: Non.
M. Johnson: Non plus. M. Thériault?
M. Thériault: Sur les conseils de nos avocats, j'ai
rencontré un monsieur qui, à ce qu'on m'a dit à la
dernière séance de la commission parlementaire, s'appelait M.
Turcot. Le nom m'a dit quelque chose au moment où on l'a
mentionné.
M. Johnson: C'est un ancien correspondant de Radio-Canada, je
pense.
M. Thériault: Je ne le sais même pas. Je ne connais
pas son...
M. Johnson: C'est pour ça que ça vous disait
quelque chose, peut-être?
M. Thériault: Je ne connais pas son passé du tout.
Je ne suis pas dans les couloirs de Radio-Canada, en aucun temps.
Je me suis rendu avec Me Pierre Langlois qui était notre
procureur à ce moment-là, rencontrer ce monsieur qui nous a
parlé d'une conférence de presse qu'il pouvait nous organiser, vu
que Me Langlois savait qu'on avait essayé de passer des articles dans
les journaux et qu'on ne réussissait pas à les passer.
Il s'est offert pour le faire et c'est lui qui s'est occupé de la
préparation de la conférence de presse pour nous autres.
M. Johnson: Je voudrais seulement être sûr que je ne
vous mets pas des paroles dans la bouche que vous n'auriez pas dites. Ce que
vous me dites, c'est qu'avec votre procureur, Me Pierre Langlois, après
discussion avec lui, il y a quelqu'un, vous ou M. Langlois, qui a dit: II
faudrait qu'on fasse une conférence de presse parce que notre message ne
passe pas. Me Pierre Langlois vous a suggéré de faire affaires
avec M. Turcot. C'est cela? C'est bien cela?
M. Thériault: Cela va un peu plus loin que cela. Les
ouvriers auraient bien voulu que la publicité ne vienne pas que d'un
côté. Ils m'ont demandé à différentes
reprises pourquoi on ne mettait pas des articles dans les journaux, pourquoi on
ne convoquerait pas des conférences de presse.
J'en ai discuté avec Me Langlois et, à un moment
donné, il m'a appelé pour me dire: Puisque tu me dis que tu ne
peux pas le faire, il y a quelqu'un qui pourra le faire pour vous autres. Il
m'a mis en contact avec lui.
M. Johnson: D'accord. Il vous a mis en contact avec M. Turcot que
vous avez rencontré?
M. Thériault: Avec lui.
M. Johnson: Au moment de la conférence de presse, il y a
eu un communiqué de presse qui a été émis?
M. Thériault: Je n'étais pas là. Ce n'est
pas moi qui m'en suis occupé à ce moment-là.
M. Johnson: M. Lévesque, vous étiez à la
conférence de presse?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Johnson: II y a eu un communiqué de presse qui a
été émis, un texte écrit d'avance?
M. Lévesque (Ernest): Oui. M. Johnson: Qui l'a
rédigé?
M. Lévesque (Ernest): Je ne me souviens même plus
qui me l'a remis. Je ne puis donc vous dire qui l'a rédigé.
M. Johnson: Si je comprends bien, ce n'était pas vous?
S'il vous plaît, est-ce que c'est possible d'obtenir les réponses
des témoins, dans le cadre normal?
M. Lévesque (Ernest): Le communiqué, ce
n'était pas moi.
M. Johnson: Ce n'est pas vous qui l'avez écrit, le
communiqué?
M. Lévesque (Ernest): Ce sont des idées de tous les
employés, mises ensemble. Mais ce n'est pas moi qui l'ai
écrit.
M. Johnson: Mme Grignon, est-ce que c'est vous qui l'avez
écrit, le communiqué?
Mme Grignon: Non.
M. Johnson: M. Thériault, ce n'est pas vous non plus?
M. Thériault: J'ai participé à la
rédaction, j'ai donné mes idées à Me Langlois, en
présence de M. Turcot.
M. Johnson: A Me Langlois, en présence de M. Turcot?
M. Thériault: M. Turcot s'était offert et on a
accepté ses services pour nous aider à le préparer.
M. Johnson: D'accord.
M. Thériault: Je lui ai même fourni un brouillon qui
venait de moi, après discussion avec le comité.
M. Johnson: D'autre part, M. Lévesque, la lettre que vous
avez envoyée au premier ministre, qui l'a rédigée?
M. Lévesque (Ernest): Encore là...
M. Johnson: C'est vous qui l'avez signée. Mais qui l'a
rédigée?
M. Lévesque (Ernest): Je ne le sais pas.
M. Johnson: Vous ne vous souvenez pas?
M. Lévesque (Ernest): II y a tellement de choses qui se
sont passées que ce sont des détails dont je ne me souviens
pas.
M. Johnson: Oui. Mais la dernière fois, vous avez lu une
lettre en commission parlementaire, quand on s'est vu ici même, dans
cette salle?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Johnson: Vous avez lu deux lettres, si je me souviens bien.
Mais il y en a une qui était signée par vous.
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Johnson: Cela ne doit pas arriver tous les jours que vous
écrivez au premier ministre du Québec?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Johnson: Vous souvenez-vous des circonstances dans lesquelles
ce texte a été rédigé? Qui a rédigé
la lettre? Ce n'est pas vous, c'est cela que vous me dites?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Johnson: Pouvez-vous m'affirmer catégoriquement que ce
n'est pas vous qui avez rédigé la lettre?
M. Lévesque (Ernest): Non, ce n'est pas moi.
M. Johnson: Ce n'est pas vous qui avez rédigé la
lettre. Mme Grignon, est-ce que c'est vous?
Mme Grignon: Non.
M. Johnson: M. Thériault?
M. Thériault: Je n'ai pas eu connaissance de cette lettre.
Je n'ai su que dernièrement qu'elle avait été
envoyée.
M. Johnson: Vous n'avez pas eu connaissance de la lettre non
plus. D'accord. Mais vous l'avez signée à un moment donné.
Est-ce qu'il y a quelqu'un qui vous l'a présentée la lettre, pour
que vous la signiez?
M. Lévesque (Ernest): C'est là-dessus que je ne
m'en souviens pas. Je sais que je l'ai présentée aux
employés, qui m'ont appuyé pour l'envoyer.
M. Johnson: D'accord. Et vous ne vous souvenez pas qui vous a
remis cela, qui vous a suggéré cela?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Johnson: Essayez de réfléchir, essayez de
penser. Essayez de vous remémorer comme il faut. Vous avez
signé la lettre. On en a des photocopies vous en avez montré
vous-même une photocopie il n'y a pas longtemps. Vous avez signé
une lettre d'à peu près deux ou trois pages, si je me souviens
bien. Vous l'avez lue ici. Essayez de vous souvenir. Si ce n'est pas vous qui
avez rédigé la lettre, qui est-ce qui vous a donné le
texte pour que vous mettiez votre signature dessus? Je vais vous passer une
copie.
M. Lévesque (Ernest): Je sais très bien de quoi
vous parlez.
M. Johnson: Est-ce qu'on peut faire circuler la photocopie? Vous
ne vous souvenez pas?
M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Johnson: Vous ne vous souvenez pas quand vous l'avez
signée?
M. Lévesque (Ernest): Oui, la date est dessus. Tous les
employés l'ont signée.
M. Johnson: A quel endroit étiez-vous quand vous l'avez
signée? Vous ne vous souvenez pas des circonstances où vous avez
pris un crayon et mis votre signature en bas de ce papier?
M. Lévesque (Ernest): Oui, pendant le "break".
M. Johnson: Pendant le "break". C'était donc à
l'usine. Est-ce que c'était à l'usine?
M. Lévesque (Ernest): Je crois que oui.
M. Johnson: D'accord. Qui vous a remis le texte? Vous vous
souvenez quand c'était, que c'était pendant un "break" à
l'usine et vous avez la date. Qui vous a remis le texte?
M. Lévesque (Ernest): Franchement, je ne suis pas capable
de... Il y a eu assez de monde là-dedans que je ne suis pas capable
de...
M. Johnson: Bon.
M. Bellemare: Cette lettre recommandée du 1er
février...
M. Johnson: Qui est allé la porter au bureau de poste?
Parce que cela prend une opération spéciale pour une lettre
recommandée. Il faut aller chercher les espèces de... les
nouveaux systèmes des postes quand ils fonctionnent. De ce temps-ci...
Est-ce que c'est vous qui êtes allé la porter au bureau de
poste?
M. Lévesque (Ernest): Non, parce que je n'étais pas
capable de quitter le travail...
M. Johnson: Vous aviez seulement un "break" de dix minutes?
M. Lévesque (Ernest): ... deux heures.
M. Johnson: Oui.
M. Lévesque (Ernest): Oui. J'ai donc demandé au
surintendant de l'usine, quand le commissionnaire sortirait, s'il serait
capable de me faire recommander ces lettres.
M. Johnson: D'accord. Avez-vous remis de l'argent, à ce
moment-là, au surintendant pour qu'il paie les frais de...
M. Lévesque (Ernest): Non, je lui ai remis l'argent
après.
M. Johnson: Vous le lui avez remis après, quand il est
revenu avec le coupon.
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Johnson: C'est cela. Vous ne vous souvenez toujours pas qui
vous a remis ce texte avant que vous ne mettiez votre signature, que vous
mettiez cela dans une enveloppe et que vous le redonniez au surintendant?
M. Lévesque (Ernest): Non, le texte n'est pas un texte qui
m'a été remis comme cela. C'est un texte qui m'a
été remis, mais j'ai travaillé ce texte après.
C'étaient des idées ou quoi. De là à vous dire
lequel de tous les gens que j'ai rencontrés m'a remis ces
idées...
M. Johnson: Oui. Qui a dactylographié ce texte. Est-ce
vous?
M. Lévesque (Ernest): Non. M. Johnson: Ce n'est pas
vous? M. Lévesque (Ernest): Non.
M. Johnson: Ce n'est pas vous. D'accord. Vous n'avez pas de
machine à écrire à votre adresse qui est le local de votre
syndicat?
M. Lévesque (Ernest): Celui qui l'a
dactylographiée, c'est encore un service que j'ai demandé au
surintendant de l'usine.
M. Johnson: Vous avez demandé au surintendant de
dactylographier la lettre?
M. Lévesque (Ernest): Pas lui-même, mais un
employé.
M. Johnson: Vous lui avez remis la lettre et vous lui avez
demandé de s'arranger pour dactylographier la lettre?
M. Lévesque (Ernest): Et de m'en donner une copie,
oui.
M. Bellemare: La lettre recommandée, M. Lévesque,
était-elle signée par les employés?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Bellemare: Celle du 25 ne l'était pas, mais celle du
1er février était signée par tous les employés?
M. Lévesque (Ernest): La première a
été signé par tous les employés.
M. Bellemare: Le 25 janvier 1978. La deuxième était
signée par tous les employés qui étaient dans votre
pseudo-syndicat.
M. Johnson: Je comprends tout cela. Cela fait quasiment un an que
cela s'est passé, cela fait même déjà un an, au
moment où on se parle, l'ensemble des circonstances. C'est vrai que cela
peut être difficile de se rappeler certaines choses, mais vous
comprendrez que je trouve cela un petit peu troublant. Vous envoyez une lettre
au premier ministre du Québec. Habituellement, on ne fait pas cela tous
les jours. Deuxièmement, vous me dites que vous avez travaillé ce
texte et que vous avez parlé avec les employés d'en dedans, etc.
Troisièmement, vous me dites que vous avez demandé au
surintendant de s'organiser pour la faire dactylographier.
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Johnson: Donc, vous lui avez remis un manuscrit. Est-ce que
vous lui avez remis des feuilles de papier écrites à la main pour
qu'il fasse cela? Le surintendant, c'était M. Verville?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Johnson: Bon. Qu'est-ce que vous avez remis à M.
Verville pour qu'il le fasse dactylographier?
M. Lévesque (Ernest): Un manuscrit. M. Johnson: Un
manuscrit.
M. Lévesque (Ernest): Un manuscrit, plus les signatures
des employés. Il a tout photocopié aussi, parce que j'en voulais
des copies à remettre aux employés.
M. Johnson: M. Verville est le surintendant de l'usine?
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Johnson: C'est un peu l'homme de confiance du
propriétaire?
M. Lévesque (Ernest): Cela devrait.
M. Johnson: Vous voyez ce que je veux dire.
M. Bellemare: Syndicat de boutique.
M. Lévesque (Ernest): Oui.
M. Johnson: Pourquoi avez-vous fait appel à l'homme de
confiance du propriétaire de l'usine où vous étiez, pour
envoyer l'équivalent d'une sorte de pétition ou d'une
requête au premier ministre du Québec?
M. Lévesque (Ernest): Je crois qu'il avait toutes les
machines nécessaires pour le faire.
M. Johnson: D'accord. Cela va, je n'ai pas d'autre question.
M. Bellemare: ... Syndicat de boutique...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Merci, M. le ministre.
M. Johnson: Je n'ai pas d'autre question, ni pour M.
Lévesque, ni pour M. Thériault, ni pour Mme Grignon, à
moins que Mme Grignon ait quelque chose à ajouter sur la lettre. Est-ce
qu'elle est au courant de tout cela, l'affaire de la lettre? Il y a eu deux
lettres envoyées au premier ministre?
Mme Grignon: J'ai lu les lettres, je les ai signées, mais
je ne suis pas au courant de la façon dont cela s'est
préparé. Je n'étais pas secrétaire dans ce
temps.
M. Bellemare: On va le demander au patron...
M. Johnson: Est-ce qu'à aucun moment je vais vous
poser la question très directement, et j'aurai peut-être
l'occasion de la poser à M. Caine aussi, qui pourra répondre cet
après-midi, mais je vous la pose à vous, cette question
vous n'avez mis au courant votre employeur que vous envoyiez une telle
lettre?
M. Lévesque (Ernest): il a dû être mis au
courant lorsque le surintendant...
M. Johnson: Vous l'avez remise à M. Verville. Est-ce
qu'à aucun moment, antérieurement à cela, et dans la
période qui a précédé de façon
immédiate l'émission du certificat d'accréditation le 3
octobre en faveur de la CSN, vous avez eu des communications avec votre
employeur concernant les problèmes d'accréditation et la question
du changement du syndicat, etc.?
M. Lévesque (Ernest): Non, au fait, quand on est
entré au travail tout juste avant, le 27 septembre plus
précisément, parce que c'est une date que je me rappellerai
toujours, car c'est ce jour-là que j'ai rencontré les permanents
de la CSN, à la suite de cette rencontre, j'ai demandé à
M. Verville si on était un nombre assez important pour retourner au
travail, si l'usine ouvrirait ses portes pour nous laisser entrer. Il m'a
répondu que si le nombre était assez important pour produire, de
rentrer au travail.
M. Johnson: D'accord. Une dernière question.
D'après vous, combien est-ce que cela prend de personnes pour faire
fonctionner cette usine de façon normale, à un niveau de
production habituel ou normal?
M. Lévesque (Ernest): Je ne me suis jamais occupé
de cela, l'administration.
M. Johnson: Vous ne vous êtes jamais posé la
question? D'accord. Très bien, je n'ai plus de question pour ces
témoins. Oui? On pourrait peut-être ravoir nos copies, mais on en
a d'autres.
Le Président (M. Cardinal): Oui, d'accord. Merci, M. le
ministre.
M. Johnson: M. le Président, j'appelle...
Le Président (M. Cardinal): Un instant! M. le
député de Portneuf avait demandé la parole.
M. Pagé: M. Lévesque, vous nous avez dit tout
à l'heure que le rapport du conseil de médiation avait
été livré aux employés jeudi ou vendredi de la
semaine dernière. Lors de la précédente séance,
vous m'avez répondu qu'effectivement, ce rapport n'avait pas
été soumis pour approbation ou désapprobation aux
employés. Alors, est-ce que vous prévoyez, est-ce qu'il est dans
vos intentions de soumettre ledit rapport pour approbation ou
désapprobation et si oui, dans quel délai?
M. Lévesque (Ernest): Dès qu'il sera possible de le
faire. On n'a eu aucune rencontre encore avec les employés. Chacun a
reçu une copie afin d'étudier...
M. Pagé: Oui.
M. Lévesque (Ernest): ... le rapport et les
recommandations. Par la suite, je les ai prévenus qu'on aurait une
rencontre pendant laquelle on discuterait de ces recommandations.
M. Pagé: D'accord. On peut présumer que ça
pourrait être fait dans quel délai? Ce sera fait
éventuellement, tout ça?
M. Lévesque (Ernest): Eventuellement, peut-être
avant la fin de la semaine prochaine.
M. Pagé: Avant la fin de la semaine prochaine que les
employés pourront se prononcer....
M. Lévesque (Ernest): Sur les recommandations, oui.
M. Pagé: ... pour une première fois, sur le rapport
du conseil de médiation. D'accord.
Me Cutler, une dernière question que je me permets de vous poser,
parce que vous n'étiez pas ici à la dernière
séance.
Au début des travaux de cette commission, j'ai eu l'occasion
d'exprimer de sérieuses réserves sur la possibilité qu'une
commission parlementaire comme la nôtre puisse régler un
problème aussi épineux que celui-là, où on assiste
à un dédale de procédures judiciaires de part et d'autre,
où on a des appels de logés et des décisions qui devraient
normalement être rendues éventuellement, soit par le
commissaire-enquêteur, etc.
Dans votre réponse à une question du député
de Terrebonne tout à l'heure, vous avez relaté une rencontre qui
se serait tenue hier, dans laquelle vous avez dégagé des avenues
possibles de solution.
Ma question est la suivante: Croyez-vous, parce que, Me Cutler, vous
avez quand même une vaste expérience dans les relations de
travail, qu'un conflit comme celui-là peut se régler suite
à une commission parlementaire ou si vous privilégiez que
ça se réglera ou que ça peut se régler, soit par...
M. le Président, que le ministre me laisse compléter ma question,
s'il vous plaît!
M. Johnson: Si vous permettez, M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Je pense que si c'est une
question de règlement, je vais être obligé de vous
interrompre.
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez, je ne veux
pas lancer des roches dans la mare du député, mais je pense que
ses longs prolégomènes et les questions et ce vers quoi il se
dirige, on aura peut-être l'occasion, au cours de la fin,
peut-être, de nos séances, d'envisager tout ça. M. Cutler a
évoqué une chose tout à l'heure. Cela a été
repris par le député de Portneuf. Je pense qu'on allait
interroger les gens sur des événements spécifiques. Je
pense que c'est terminé. Il me semble qu'on pourrait peut-être
passer aux prochains témoins.
M. Pagé: Non, écoutez, ce n'est pas vous qui allez
me dicter mes questions.
Le Président (M. Cardinal): Oui, justement... M.
Cutler: De toute façon, M. le Président... M. Johnson:
Tu n'as pas le droit de parole. M. Pagé: II faut quand
même... Un instant!
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je reconnais le droit de parole au député de
Portneuf.
M. Pagé: Je vous remercie, M. le Président. Je
comprends que cette commission serve d'immense paravant au ministre, qui n'a
pas voulu intervenir plus tôt dans le conflit et ça fait son
affaire, ici.
NI. Johnson: Voyons donc! Voyons donc!
M. Pagé: Laissez-nous donc poser les questions.
M. Johnson: M. le Président, c'est...
M. Pagé: La solution n'est pas nécessairement en
commission parlementaire. Vous n'avez pas confiance aux mécanismes
judiciaires et c'est là-dessus que s'en vient ma question. Laissez donc
faire l'Opposition officielle, voulez-vous?
Vous n'avez pas d'affaire à nous dicter nos questions. Bon!
M. Johnson: M. le Président, je pense que le
député de Portneuf avait d'ailleurs épuisé son
droit de parole lors des premières questions.
M. Pagé: M. le Président, j'avais le consentement
de la commission pour poser ma question. Je la complète, M. le
Président.
Croyez-vous que le conflit pourra se régler à la
lumière des travaux de cette commission ou encore si vous
privilégiez l'action des tribunaux ou encore une entente entre les
parties, tel que vous l'avez relaté, avec des avenues, en faisant
état de la rencontre d'hier?
Le Président (M. Cardinal): Me Cutler.
M. Cutler: D'abord, M. le Président, qu'il me soit permis
immédiatement de vous dire que je ne me considère pas expert dans
le domaine des relations ouvrières, encore moins dans des commissions
parlementaires. J'ai confiance que si vous avez décidé de tenir
une commission parlementaire, vous avez vos raisons. J'ai confiance
également j'espère que Me Pepin ne m'en voudra pas,
pardon, pour moi vous êtes mon maître, mon client parfois, mon
maître aussi.
J'ai eu l'occasion, je dois vous dire, de passer une bonne partie de
l'avant-midi et de l'après-midi et n'eût été d'un
rendez-vous, que j'avais chez le dentiste, j'aurais passé toute la
journée avec Marcel Pepin, non seulement pour essayer de convaincre M.
Pepin de la question du vote, mais également pour avoir son opinion. La
seule chose que je puisse vous dire, c'est qu'il est vraiment impossible
d'accepter c'est inacceptable que cette affaire puisse durer plus
longtemps que le 30 et que la décision rendue le 30 n'aura pas pour fin
d'amener un règlement.
Essayer d'aller plus loin que cela, vraiment, c'est s'aventurer dans une
affaire, sachant et je vous demande de me croire que, bien sûr, je
suis au courant qu'il y a eu une multitude de procédures devant les
tribunaux dont je ne suis même pas au courant, mais pourquoi ne pas
laisser les employés décider eux-mêmes lequel des deux
syndicats...
Des Voix: Ah!
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! A l'ordre, s'il
vous plaît.
M. Cutler: C'est la seule réponse que je puisse vous
donner. D'aller plus loin, c'est essayer de prédire et vous savez je ne
viens pas souvent ici je suis déjà venu devant la
commission ici et j'ai eu un meilleur succès que dans certaines causes
devant les tribunaux. J'ai déjà essayé de prédire
les causes devant les tribunaux sans succès. Ne me demandez pas de le
faire ici.
Le Président (M. Cardinal): Merci Me Cutler. M.
Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, M. le ministre.
Dois-je considérer qu'il n'y a plus de questions aux trois
témoins qui sont devant nous?
M. Johnson: C'était terminé, oui. J'aurais
suggéré que nous entendions M. Turcot. Pour ma part, les
questions que j'ai à lui poser seront très brèves. Compte
tenu de l'heure, on pourrait peut-être ajourner et reprendre
rapidement... En tout cas, en ce qui nous concerne, ce sera très rapide
avec M. Turcot à moins que lui ne veuille détailler ou que
l'Opposition veuille détailler longuement et ensuite, on pourrait
procéder, le plus rapidement possible, immédiatement à
entendre M. Caine.
M. Bellemare: Tant mieux.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre, permettez
avant l'ajournement, deux minutes, s'il vous plaît.
Une première chose. Le président n'a pas le droit de
participer aux débats, cependant, je veux quand même remercier les
trois témoins qui ont été devant nous pendant de
nombreuses heures; M. Donat Thériault, Mme Grignon, M. Lévesque,
au nom de toute la commission, pour leur patience et ce qu'ils nous ont
appris.
Je veux aussi rappeler que nous allons ajourner sine die dans quelques
secondes, mais que nous avons convenu que les travaux véritables de la
commission reprendraient à seize heures, sur quoi j'ajourne les travaux
de cette commission sine die.
Fin de la séance à 12 h 26
Reprise de la séance à 15 h 15
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, à I
ordre!
Pour fins du journal des Débats et de la motion qui vient
d'être adoptée à l'Assemblée nationale, tel que
convenu ce matin, en commission parlementaire, les travaux de cette commission
sont suspendus jusqu'à 16 heures.
Suspension de la séance à 15 h 16
Reprise de la séance à 16 h 5
Le Président (M. Cardinal): A l'odre, messieurs!
Nous commençons une nouvelle séance de la commission
parlementaire permanente élue du travail et de la main-d'oeuvre. Je
dois, à nouveau, mentionner le nom des membres de la commission et ceux
des intervenants. M. Bellemare (Johnson), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M.
Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Forget (Saint-Laurent).
M. Pagé: Remplacé par... vous l'avez sur votre
liste.
Le Président (M. Cardinal): Non. M. Pagé:
Remplacé par M. Blank.
Le Président (M. Cardinal): M. Forget (Saint-Laurent)
remplacé par M. Blank (Saint-Louis); M. Gravel (Limoilou)
remplacé...
M. Chevrette: Par M. Fallu (Terrebonne).
Le Président (M. Cardinal): M. Gravel (Limoilou)
remplacé par M. Fallu (Terrebonne); M. Johnson (Anjou), M. Lavigne
(Beauharnois), M. Pagé (Portneuf), M. Roy (Beauce-Sud), M. Vaillancourt
(Jonquière).
Les intervenants sont: M. Blank (Saint-Louis) qui n'est plus intervenant
mais membre.
M. Pagé: Remplacé par M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
Le Président (M. Cardinal): Remplacé par M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys); M. Brochu (Richmond), M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Jolivet (Laviolette), M. Laplante (Bourassa), M. Lefebvre (Viau), M. Paquette
(Rosemont), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier) remplacé par M. Mailloux
(Charlevoix); M. Samson (Rouyn-Noranda).
Je rappelle que nous avons ajourné sine die, ce matin, et
qu'immédiatement après la motion qui a été
adoptée à l'Assemblée nationale, je suis venu en cette
salle et j'ai suspendu les débats, suivant notre entente, jusqu'à
seize heures. Les personnes invitées, je dois le rappeler, sont les
suivantes, ne mentionnant pas celles qui, déjà, ont
répondu à nos questions: Commonwealth Plywood, M. William P.
Caine.
M. Caine: Présent.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. Caine. Byers,
Casgrain et associés.
M. Bazin (Jean): L'étude est représentée,
oui.
Le Président (M. Cardinal): Me Bazin, merci.
Société Intercommunica, M. Yvon Turcot.
M. Turcot: Présent.
Le Président (M. Cardinal): Merci. L'horaire des travaux
est le suivant: Suivant un ordre de la Chambre adopté unanimement, nous
allons travailler jusqu'à 18 heures et nous ajournerons sine die. M. le
ministre.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
M. Yvon Turcot. Étant donné qu'il est à la table, est-ce
que je peux me permettre de lui demander de s'identifier?
Le Président (M. Cardinal): Me permettez-vous, juste un
instant...
M. Johnson: Ah! très bien.
Le Président (M. Cardinal): Justement, je pense que je
vais quand même demander à la commission si elle est d'accord.
M. Pagé: Oui, cependant, M. le Président, je crois
que M. Pépin, de la CSN, avait manifesté le désir de se
faire entendre quelques minutes, parce qu'il avait été
cité ce matin. Quant à moi, je n'ai aucun inconvénient et
je suis prêt à donner mon consentement.
M. Johnson: Dans les circonstances, vous comprendrez, M. le
Président, que je ne peux pas avoir d'objection.
M. Pagé: Ah! je présume, oui. Le contraire nous
aurait surpris d'ailleurs.
Le Président (M. Cardinal): Commençons avec le
sourire. Est-ce que je comprends que M. le ministre et M. le
député de Portneuf ont entendu des voix qui leur ont dit que M.
Pépin voulait se faire entendre?
M. Bellemare: Je suis bien heureux d'entendre M. Pépin,
parce qu'il va nous dire si c'est vrai ou non que M. Thériault est un
fomentateur de troubles.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: II n'est pas de la CSN, M. Thériault fait
partie de l'Union des rembourreurs unis.
Le Président (M. Cardinal): Consentement unanime de la
commission. M. Marcel Pépin, si vous voulez bien vous identifier?
M. Marcel Pepin
M. Pepin (Marcel): Marcel Pepin, de la
Confédération des syndicats nationaux, conseiller spécial
à l'exécutif. M. le Président, MM. les membres de la
commission, je voudrais vous remercier ainsi que tous les membres de permettre
que je m'exprime à ce moment-ci. J'essaierai de le faire le plus
rapidement possible, mais, puisque, ce matin, Me Cutler a rapporté ce
qu'il a offert hier à la réunion où j'étais
personnellement présent, je pense qu'il est bon que j'apporte les
compléments et les explications qui s'imposent.
Cette réunion a eu lieu dans les bureaux de Me Cutler, à
Montréal, et en présence de Me Bazin, de la compagnie
Commonwealth Plywwod, et de Me Jean-François Munn, de la CSN, conseiller
juridique, qui est à mes côtés ici, à ma droite.
Je voudrais dire que cette réunion a eu lieu à la suite
d'un échange téléphonique entre Me Casgrain et Me Munn, Me
Casgrain, de la compagnie, pour savoir s'il y avait moyen de nous rencontrer.
Me Munn m'a fait rapport et m'a
demandé d'être présent, ce que j'ai accepté.
Donc, hier matin, nous étions présents, vers 10 heures, dans les
bureaux de Me Cutler. A ce moment-là, c'est Me Bazin qui
représentait la compagnie. Nous voulions savoir pourquoi nous y
étions. Inutile d'insister sur cette partie-là, mais je voulais
savoir qui Me Cutler représentait à ce moment-là. Je lui
ai demandé qui il représentait. Je n'avais pas besoin d'un mandat
écrit devant moi. Il est avocat, il a seulement à affirmer qui il
représente et je le tiens pour acquis, comme je le fais maintenant
d'ailleurs. Il m'a dit qu'il représentait M. Thériault, M.
Lévesque, Mme Grignon et l'Union des rembourreurs unis
d'Amérique. Je lui ai demandé s'il représentait aussi ce
qu'il a été convenu d'appeler ici, dans nos
délibérations, les employés dits de l'intérieur.
Comme Me Cutler n'est pas au courant ou n'était pas au courant
suffisamment de l'ensemble du dossier, puisque, comme il l'a dit ce matin, il
n'avait pas vu toutes les données de ce problème, il m'a dit: Je
ne sais pas, je vérifierai. Plus tard dans l'après-midi, nous
avons eu une rencontre aussi avec les mêmes personnes, en ajoutant Me
Pierre Langlois qui est de la même étude que Me Cutler. A la
même question, Me Langlois a répondu qu'aussi, il
représentait, quant à lui je ne sais pas pour Me Cutler
les employés dits de l'intérieur, donc ceux qui ont
déposé la convention collective que je qualifie de fraude et que
les autres qualifieront comme ils l'entendront.
Cela étant, au cours des débats que Me Cutler et moi nous
avons échangés, à savoir comment ce problème
pourrait être réglé, il est vrai de dire que Me Cutler a
fait la proposition que vous avez entendue ce matin. Il est vrai aussi de dire
que Me Cutler a dit ce matin et nous a dit hier qu'il n était pas au
courant de l'ensemble du dossier. C'est une solution qui, en apparence,
apparaît très simple. Je peux vous dire que, dans les
circonstances, cette solution, pour nous autres, n'en est pas une. Il ne s'agit
pas d'un jeu de dés. Il ne s'agit pas de dire: Maintenant, on va aller
devant le commissaire-enquêteur, on va se priver de tous nos droits
légaux, alors que nous, nous soutenons que c'est une fausse convention
collective qui a été déposée. Si c'est vrai ce que
nous soutenons vous avez entendu des témoignages ici qui peuvent
vous permettre de conclure dans un sens ou dans un autre, c'est votre affaire
de conclure comme vous l'entendrez; je conclus à ma façon
si j'ai raison dans ma conclusion, il est bien clair que je ne peux pas jouer
aux dés alors que 100 employés ou à peu près font
une grève depuis à peu près treize mois, sont sur une
ligne de piquetage. Je ne peux pas dire, à ce moment: Je m'en irai
prendre un vote, et je ne sais vraiment pas quelle sera la liste
électorale, je ne sais pas à quoi m'en tenir. Même si je
connaissais ma liste électorale, dans les circonstances, je ne pense pas
que cela puisse être une solution. J'ai expliqué mon point de vue
à Me Cutler qui ne l'a pas retenu, mais je pense que c'est important que
les membres de la commission sachent que nous ne sommes pas dans un cas
ordinaire.
Deuxièmement. Voilà la proposition que j'ai faite de mon
côté à Me Cutler. Je lui ai dit: Dans ce problème,
il y a des aspects juridiques, des aspects sociaux importants. Il y a des gens
qui sont concernés. Ce que je vous propose, c'est de suggérer
à votre client ou à vos clients, puisque les clients sont
nombreux, M. Thériault, l'Union des rembourreurs, etc., ce que je vous
propose, c'est tout simplement de demander à vos clients, de leur
suggérer de retirer leur requête en accréditation. Si cela
se faisait, puisque la convention collective est expirée depuis le 30
septembre, tous les problèmes juridiques du passé, je ne parle
pas des injonctions, je ne parle pas des mesures d'outrage au tribunal, c'est
un autre problème que nous pourrons régler autrement, mais les
mesures relatives à la négociation collective tomberaient. (16 h
15)
Or, il est bien clair qu'en faisant cette proposition, certains
employés de l'intérieur peuvent se sentir en danger; j'en suis
conscient. Voilà ce que j'ai proposé. L'assemblée
générale du syndicat a déjà proposé,
accepté le rapport du conseil de médiation des trois
médiateurs et, dans ce rapport, il est indiqué qu'on respecte le
droit d'ancienneté de tout le monde, ceux qui sont à
l'intérieur, ceux qui sont à l'extérieur, et ceux qui sont
à l'extérieur, ancienneté accumulée. Je l'ai dit
à Me Cutler, c'est la décision de l'assemblée, c'est la
proposition que nous vous faisons. Je pense que là, nous pourrions voir
la fin du tunnel. Non pas la fin de toutes les procédures, il y a plein
de questions là-dedans, mais la question d'un vote dans les
circonstances, proposée telle qu'elle me fut proposée, je ne suis
pas prêt à la recommander aux employés. Mais je
suggère fortement à cette union, à ses
représentants, j'ai suggéré à Me Cutler qui,
d'ailleurs, maintenant doit consulter ses clients je ne sais s'il l'a
fait à ce moment-ci pour voir s'ils sont prêts à
accepter cette formule.
Donc, il est vrai de dire que Me Cutler m'a fait proposition dans le
sens qu'il l'a mentionné ce matin, mais il est aussi vrai de dire que
j'ai, de mon côté, fait proposition devant Me Bazin d'une autre
affaire qui, peut-être, pourrait dénouer le problème.
D'ailleurs, je pense que Me Bazin, lui aussi, voulait parler d'un vote sur une
liste. Moi, je ne suis pas intéressé personnellement à le
recommander aux membres, et je pense que ce n'est pas juste dans les
circonstances qu'il en soit ainsi. Je crois que le chemin serait clair si la
requête de l'Union des rembourreurs était retirée. Je pense
que c'est possible et je peux dire aux employés de l'intérieur
que le rapport du conseil de médiation tient compte de leur situation et
que l'assemblée générale a déjà
accepté les principes de base de ce rapport.
Voilà donc, M. le Président, MM. les membres de la
commission, ce que je voulais dire. J'espère que je n'ai pas
été trop long dans mes explications.
Le Président (M. Cardinal): Non; merci, M. Pepin. C'est au
nom de la commission, qui a
accepté votre déposition, parce que vous aviez
été impliqué ce matin, que je vous remercie.
Est-ce que j'ai maintenant l'accord de la commission pour que M. Turcot
soit entendu?
M. Johnson: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Alors, entendu.
M. Turcot, je vous invite à décliner vos nom,
prénom et qualité.
M. Yvon Turcot
M. Turcot: Yvon Turcot, président-directeur
général d'Intercommunica. M. le Président, avec votre
autorisation et celle des membres de la commission, j'aimerais d'entrée
de jeu, peut-être histoire d'économiser un peu de temps à
la commission pour la période des questions, exposer liminairement le
rôle qu'a pu jouer ma société, si je le peux.
Le Président (M. Cardinal): Certainement. Je pense que
c'est l'intention de toute la commission. Allez, M. Turcot.
M. Turcot: Tout d'abord, je vous prie de bien vouloir m'excuser
de n'avoir pu me présenter devant la commission le 4 octobre. Il
m'était vraiment absolument impossible, dans un délai de moins de
48 heures, de décommander ou de reporter un engagement qui avait
été pris plusieurs semaines auparavant.
J'espère que la commission ne m'en aura pas tenu rigueur et je
puis l'assurer qu'il n'y avait lieu de voir dans ce forfait momentané
aucune expression de la moindre réserve de ma part à me
présenter devant elle.
Je crois comprendre que ma présence ici a été
requise pour informer cette commission du rôle que la
société que je dirige a été appelée à
jouer pour le compte d'une ou l'autre des parties dans cette affaire de
Commonwealth Plywood.
J'aimerais tout d'abord préciser qu'lntercommu-nica,
contrairement à ce qui a été indiqué au cours des
débats de cette commission, n'est pas une agence de publicité.
C'est une société de conseil en communications et en relations
internationales.
Je n'ai pas l'intention de vous entretenir de nos activités dans
le domaine des relations internationales mais il me semble opportun,
néanmoins, de préciser en quoi consistent nos interventions et
services dans le domaine de la communication et des relations publiques pour
mieux situer le périmètre, pour ainsi dire, de notre intervention
dans le dossier qu'examine cette commission.
Essentiellement, nous offrons des services de consultation,
d'étude, d'analyse qui servent naturellement à
l'élaboration de politiques et de stratégies d'information, de
relations publiques ou même de promotion et à la mise au point de
programmes de communications.
Or, ce ne sont pas des services de cette nature qui nous ont
été demandés dans le cas de Commonwealth Plywood. Nous
n'aurions d'ailleurs pas pu prétendre à la prestation de tels
services dont le secteur, celui des relations ouvrières, où nous
n'avons aucune compétence particulière, ne constitue pas non plus
un centre d'intérêt pour le développement de nos
activités.
Cependant, une société comme la mienne doit, il va de soi,
être en mesure, au-delà de la consultation proprement dite, de
l'élaboration de politiques et de programmes de communications, d'offrir
à sa clientèle des moyens d'exécuter ses politiques et ses
programmes. D'où l'existence de services techniques ou logistiques en
matière de marketing, de graphisme, de recherche, de documentation, de
rédaction, de traduction et de diffusion.
Ces services peuvent être assurés tantôt par du
personnel maison, tantôt par des personnes ressources engagées
pour exécuter des mandats très ponctuels mais toujours sous
l'égide de la société.
C'est précisément à ce type de services techniques
ou logistiques qu'a recouru, pour le compte et au nom de sa cliente
Commonwealth Plywood, l'étude d'avocats Byers, Casgrain, McNally,
Dingle, Benn et Lefebvre, dans les circonstances et aux dates suivantes.
Le 19 octobre 1977, à la demande de Me Jean Bazin, je me suis
rendu au bureau de Byers, Casgrain pour y rencontrer Me Casgrain, Me Bazin et
M. William Caine, qui m'ont exposé brièvement leur version de la
situation à la Commonwealth Plywood et qui m'ont demandé si
Intercommunica pouvait les seconder dans la préparation de
communiqués de presse et en organiser la diffusion de manière que
la version de la compagnie soit mieux connue du public. Dans la mesure
où cela fait partie des services qu'offre Intercommunica, j'ai
donné mon accord.
Le 21 octobre 1977, Me Bazin nous a demandé de résumer,
sous forme de communiqué de presse, une lettre adressée le
même jour par M. Caine au ministre de la Justice du Québec et d'en
assurer la plus large diffusion possible aux media. C'est ce que nous avons
fait le 24 octobre par l'émission d'un communiqué intitulé
"Commonwealth Plywood en appelle au ministre de la Justice", qui a
été diffusé à la presse par l'agence Telbec
à laquelle nous sommes abonnés et par nos services de messagerie
pour ce qui concerne un certain nombre de quotidiens.
Le 26 octobre 1977, les procureurs de Commonwealth Plywood nous ont
demandé d'émettre un communiqué portant sur l'ordonnance
d'injonction provisoire obtenue de la Cour supérieure par la compagnie.
Ce communiqué intitulé "Injonction accordée à la
Commonwealth Plywood", a été préparé par nous et
diffusé le 7 octobre de la même manière que le
précédent.
Le 28 octobre, Me Bazin et M. Caine m'ont remis un dossier comportant la
liste des employés n'ayant pas fait l'objet d'un licenciement collectif,
et qui étaient de retour au travail, ainsi qu'un tableau indiquant le
nombre d'années de service
de chaque employé. Ils m'ont demandé de préparer un
communiqué tiré de ce dossier, lequel dossier démontrait
que 90% des employés non licenciés étaient de retour au
travail et que la moyenne d'années de service de ces employés
était de près de huit ans. Nous avons rédigé un
communiqué en ce sens intitulé "Les employés de
Commonwealth Plywood de retour au travail". Il a été
diffusé de la même manière que les précédents
le 1er novembre 1977.
Le 6 décembre, Me Bazin a communiqué avec nous pour nous
demander de résumer, sous forme de communiqué de presse, le texte
d'un télégramme adressé le même jour au ministre de
la Justice du Québec par M. William Caine et d'organiser la diffusion de
ce communiqué. Nous avons préparé le communiqué en
question daté du 7 décembre et intitulé "Pressant appel de
Commonwealth Plywood au ministre de la Justice", et nous l'avons diffusé
de la même manière que les précédents.
Le 14 février 1978, Me Bazin nous a demandé de
résumer, sous forme de communiqué de presse, le texte d'un
télégramme adressé au ministre de la Justice suite
à un attentat à la bombe au domicile du gérant de
production de la compagnie. Nous avons préparé ce
communiqué daté du 15 février et intitulé d'une
citation de M. Caine: "protégez nos employés et leurs familles"
et l'avons diffusé de la même manière que les
précédents, en plus d'en faire tenir une copie, à la
demande du client, aux membres de l'Assemblée nationale.
Le 17 février 1978, l'étude Byers Casgrain nous a
demandé de faire savoir à la presse que le juge Greenberg
entendrait le lundi, 20 février, une requête
présentée par la compagnie pour que soient portées des
accusations d'outrage au tribunal. Cette information a été
communiquée par l'entremise du réseau Telbec à tous les
directeurs d'information.
Le 26 avril 1978, j'ai rencontré M. Caine et Me Bazin au bureau
de ce dernier. Ils ont passé en revue les événements des
derniers mois et m'ont fait part que les employés avaient le projet de
tenir une conférence de presse pour exposer leur version de la situation
à Commonwealth Plywood. Ils m'ont demandé si, au besoin, ils
pourraient leur recommander Intercommunica. Je n'y ai pas vu d'objection. Dans
la mesure où il s'agissait de l'organisation matérielle d'une
conférence de presse et pourvu que la demande soit formulée par
les employés eux-mêmes, j'ai fait part que je pourrais affecter
l'un ou l'autre des pigistes travaillant régulièrement pour nous
à cette tâche.
Dans l'après-midi du même jour, soit le 26 avril, Me Pierre
Langlois de l'étude d'avocats Cutler, Sheppard, Borenstein, Shapiro,
Langlois & Flam m'a téléphoné, s'est
présenté comme procureur de l'Union des rembourreurs et m'a
demandé de le rencontrer si possible le même jour. Nous sommes
convenus de nous retrouver à son bureau en fin de journée. Une
fois au bureau de Me Langlois, il m'a présenté à M. Donat
Thériault, à M. Ernest Lévesque et à une autre
personne dont je ne me rappelle pas le nom et qui n'est d'ailleurs pas
intervenue au cours de la réunion qui a suivi.
MM. Langlois et Thériault m'ont assez longuement entretenu de la
situation à Commonwealth Plywood telle qu'ils la percevaient et de la
nécessité, de leur point de vue, de faire en sorte que les
employés de Commonwealth Plywood puissent publiquement faire la
démonstration qu'ils ne sont pas des briseurs de grève, qu'ils
sont des citoyens honorables, pères et mères de famille dont le
seul crime serait d'avoir refusé de se soumettre aux directives d'une
centrale syndicale et d'avoir voulu continuer de gagner leur vie.
J'ai confirmé à mes interlocuteurs qu'une
conférence de presse serait sans doute le moyen le plus efficace de
communiquer ce message et de gagner une certaine sympathie du public. A suivi
une longue discussion sur le moment de choisir pour cette conférence de
presse, le lieu, la désignation des porte-parole, l'opportunité
de la présence de tous les employés, l'organisation
matérielle requise et même le type de questions auxquelles les
porte-parole devaient se préparer à répondre.
Il fut convenu que je désignerais un pigiste qui s'occuperait de
l'organisation matérielle de la conférence de presse et de
l'encadrement et qui convoquerait les media. Puis, M. Thériault m'a
remis des notes manuscrites contenant les principaux thèmes que lui et
M. Lévesque souhaitaient aborder à cette occasion, en me
demandant s'il était possible de reformuler le tout de manière
à avoir un document à lire et à remettre à la
presse.
Le 28 avril, MM. Langlois, Thériault, Lévesque et Mme
Hélène Grignon se sont présentés aux bureaux
d'Intercommunica pour examiner le projet de texte préparé par un
rédacteur de la maison, à partir des notes remises l'avant-veille
par M. Thériault.
Mme Grignon, M. Lévesque, M. Thériault et Me Langlois ont
révisé ce texte, y ont apporté certaines modifications et
des ajouts de leur cru. Une collaboratrice régulière
d'Intercommunica, qui avait été affectée à
l'organisation de cette conférence de presse, a alors discuté
avec les délégués des employés et leurs procureurs
des modalités de l'organisation de cette conférence de
nouvelles.
A compter de ce moment, je n'ai plus eu personnellement à suivre
cette affaire. Je peux vous dire cependant que l'avis de conférence de
presse a été émis des bureaux d'Intercommunica, que les
arrangements pour la location de la salle et d'autobus pour transporter les
employés ont également été faits des bureaux
d'Intercommunica et pour le compte et au nom de Cutler, Sheppard & Al. En
revanche, la facture d'Intercommunica pour les services rendus relatifs
à l'organisation de la conférence de presse a été
adressée à l'étude Byers, Casgrain, qui l'a
acquittée. Merci.
Voilà donc, M. le Président, en quoi ont consisté
les interventions et les services d'Intercommunica relativement à
l'affaire Commonwealth Plywood. Je crois avoir livré tous les faits
au
meilleur de ma connaissance, mais je suis naturellement à la
disposition de la commission si elle a besoin d'éclaircissements
additionnels.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Merci, M. Turcot. Est-ce que les membres de la commission ont des
questions à poser à notre invité?
M. Johnson: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre du Travail et
de la Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: Je remercie M. Turcot de la clarté de son
exposé. J'ai reconnu d'ailleurs l'ancien correspondant de Radio-Canada
à Paris.
M. Turcot: Je ne pouvais pas faire de topos aussi longs à
Radio-Canada!
M. Johnson: Vous aviez peut-être moins de problèmes
aussi!
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Revenons à la pertinence du débat. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Johnson: J'aurais une question à poser, qui n'a pas
été touchée par M. Turcot, concernant la lettre
adressée, par les travailleurs syndiqués et légitimes de
Commonwealth Plywood Compagnie limitée, au premier ministre le 25
janvier 1978. Est-ce qu'il est au courant de cette lettre?
M. Turcot: Je vous avoue que je m'attendais à cette
question, non pas avant de venir, mais depuis ce matin. Je dois vous dire que,
lorsque je vous ai entendu poser la question à M. Lévesque,
à M. Thériault, à Mme Grignon, je me suis demandé
si on avait été là-dedans aussi. J'ai profité de
l'heure du lunch pour téléphoner à mon bureau et demander
rapidement qu'on fasse le relevé des minutiers ou feuilles de temps des
deux dernières semaines de janvier et de la première semaine de
février. Et il n'y a pas de trace de cela. S'il n'y a pas de trace de
cela, c'est sans doute que nous n'avons pas été
mêlés à cette lettre-là, parce que, autrement, il y
en aurait trace, puisqu'il fallait quand même que quelqu'un paie pour
cela.
Evidemment, c'est la seule façon pour moi de vérifier
cela. Contrairement à ce qu'ont pu vous répondre les intervenants
de ce matin, nous en écrivons très régulièrement
pour nos clients des lettres au premier ministre; nous en écrivons
à longueur d'année et la masse de publications, de textes qui
sont rédigés et qui partent de chez nous n'est pas toujours sous
notre signature; en effet, elle est assez volumineuse. C'est la seule
façon pour moi de savoir si, à un moment ou à un autre,
nous avons pu être mêlés à cela. Tout ce que je peux
vous répondre, c'est qu'il n'y en a pas trace; moi, je n'en ai
certainement aucun souvenir. Je dois donc assumer et je dois vous demander
d'assumer que non. (16 h 30)
M. Johnson: Pourrais-je savoir pourquoi vous avez envoyé
la facturation de l'opération conférence de presse aux soins de
l'étude des procureurs de l'employeur plutôt qu'aux soins de
l'étude de Me Cutler?
M. Turcot: Parce que, quant à moi, les services
d'Intercommunica avaient été retenus par l'étude de Byers,
Casgrain. Quand, par la suite, Me Langlois a communiqué avec nous et que
mon bureau a rendu ces services, je me suis effectivement
inquiété de savoir qui paierait pour cela. J'ai communiqué
avec l'étude de Byers, Casgrain qui, à ce moment-là, a
convenu que je pouvais lui envoyer la facture. J'ai assumé qu'entre
avocats, ils pourraient peut-être s'entendre.
M. Johnson: Très bien, je n'ai pas d'autres questions.
M. Bellemare: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant! M. Bellemare, une
seconde! M. le député de Johnson, je m'excuse. On ne recommencera
pas ce qui s'est produit depuis plusieurs jours, en invoquant l'article 92,
etc. En suivant...
M. Bellemare: Je vous avais demandé la parole avant le
ministre. Vous me l'aviez presque accordée. J'ai cédé avec
beaucoup de grâce, parce que c'était le ministre. Mais, si vous
avez une autre décision à rendre encore pour me bâillonner,
comme vous l'avez déjà fait, je n'ai pas d'objection, je suis
bien prêt à cela. A cause de mon expérience parlementaire,
je n'ai qu'à m'incli-ner et à vous donner raison.
M. Pagé: M. le Président, je vais quand même
être très bref, parce que, pour ma part, cela
m'apparaît...
M. Bellemare: Le Président vous a donné la
parole?
Le Président (M. Cardinal): Non.
M. Pagé: Nous sommes suspendus à vos
lèvres.
Le Président (M. Cardinal): Oui. M. Pagé:
Décidez.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, mais il faudrait
quand même qu'on fasse attention. C'est trop important ce que nous
faisons pour jouer avec la procédure et les traditions...
M. Bellemare: Mutatis mutandis.
Le Président (M. Cardinal): ... et l'article 92. Vous avez
raison. M. le député de Johnson, leader parlementaire de l'Union
Nationale, avec tout le respect que je vous dois, il semble que M. le
député de Portneuf insiste pour avoir la parole.
M. Bellemare: Quelle est votre décision?
Le Président (M. Cardinal): Que M. le député
de Portneuf a la parole.
M. Bellemare: Deuxième fois.
M. Pagé: M. le Président, je vais être
très bref, parce que, pour ma part, votre témoignage me
paraît assez clair et assez révélateur. Vous avez fait
état d'une facturation que vous avez fait parvenir au bureau d'avocats
Byers, Casgrain. Je présume que cela a été payé.
J'aimerais seulement savoir par qui cela a été payé.
M. Turcot: Par Byers, Casgrain. M. Pagé: Merci.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Johnson, avec grand plaisir.
M. Bellemare: Ah! vous ajoutez cela; moi aussi, avec très
grand plaisir. M. Turcot, étiez-vous au courant qu'il y avait une
convention collective qui existait, une pseudo-convention collective qui
existait entre le syndicat des travailleurs de la Commonwealth Plywood
représenté par M. Thé-riault comme agent
négociateur, pour la CSN?
M. Turcot: M. le Président, j'étais au courant de
ce qui a été contenu dans les communiqués qui ont
été préparés par nous. Je crois me souvenir qu'un
de ces communiqués se référait précisément
à une telle convention collective conclue entre les travailleurs de la
Commonwealth Plywood et la compagnie.
M. Bellemare: Est-ce que, M. Turcot, à cause de votre
grande expérience du monde et particulièrement de certaines
particularités des gens, vous ne vous êtes pas douté un peu
que le syndicat qui s'appelait dans le temps Commonwealth Plywood-CSN
était plutôt un syndicat de boutique patronné par le
patron...
M. Turcot: M. le Président...
M. Bellemare: Puisque la facture a été
acquittée par lui?
M. Turcot: La facture a été acquittée par
les procureurs.
M. Bellemare: Par les procureurs qui représentaient en
même temps la compagnie.
M. Turcot: M. le Président, je vais répondre, M. le
député.
M. Bellemare: Je sais, mais je veux aussi que ma question soit
claire.
M. Turcot: Je ne suis pas très familier avec les questions
de droit du travail, mais, en effet, je crois avoir une notion de ce que peut
être un syndicat de boutique. Ce n'est certainement pas une question que
je pouvais ou que je peux trancher dans le cas complexe qui nous occupe et qui,
je vous le signale en tout état de cause, ne doit pas être si
facile à trancher puisqu'il faut une commission parlementaire pour en
débattre.
M. Bellemare: C'est là qu'est tout le problème.
C'est de là que vient le problème. M. Thériault a
été l'âme infernale de ce tralala et aujourd'hui, la
commission parlementaire est obligée de siéger. C'est lui qui a
été le "trouble maker" de tout ce qui arrive aujourd'hui.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: Fausses cartes, fausses déclarations...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: Je n'ai pas fini.
Le Président (M. Cardinal): Justement, avant que vous
n'ayez terminé, je vous interromps. Je l'ai déjà maintes
fois répété ici, nous ne sommes pas devant une cour, ni
devant une commission d'enquête.
M. Bellemare: Je suis d'accord. Est-ce que dans l'argumentation
qui est faite présentement, il n'est pas question de trouver
véritablement le fauteur, le responsable de tout cet imbroglio. C'est M.
Thériault qui porte la responsabilité des millions... des
familles qui ont été lésées. C'est lui
l'instigateur de ces fausses cartes et de tout le reste. Il y a une limite
à s'en faire passer à toutes les minutes. Je le dis et je demande
à M. Turcot s'il a été conscient quand il a payé
pour la conférence de presse organisée par M. Thériault,
que c'était la compagnie qui devrait payer.
Le Président (M. Cardinal): M. Turcot.
M. Turcot: M. le Président, c'est très
honnêtement une question que je ne me suis pas posée.
M. Bellemare: Pardon?
M. Turcot: Que je ne me suis pas posée.
M. Bellemare: Ah bon!
M. Turcot: Je vais vous expliquer.
M. Bellemare: L'argent n'a pas de couleur!
M. Turcot: Non. Je vais vous expliquer un peu les circonstances
de cela. Vous savez, je vous ai décrit, date par date...
Le Président (M. Cardinal): Un instant...
M. Turcot: ... et jour par jour les interventions
d'lntercommunica. D'abord, vous devez savoir, au cas où je ne
l'aurais pas suffisamment dit, que ces interventions n'ont pas toutes
été de mon fait. Je ne suis pas président de Bell Canada,
néanmoins, la PME que je dirige, a suffisamment de personnel pour que je
ne suive pas à la trace chacune de nos opérations, une fois qu'un
mandat a été accepté et que les affectations ont
été données. Je vous avoue que ce n'est pas une question
qui m'a particulièrement intéressé à ce moment. Je
ne vous cache pas, néanmoins, qu'après cette conférence de
presse, ma foi, il m'a semblé, ainsi qu'à mes collaborateurs, que
la présentation faite dans la presse du rôle d'lntercommunica
était inutilement préjudiciable, que toute cette affaire prenait
une tournure, pour le moins, désagréable et que, dans les
circonstances, nous ne voulions plus rien y voir et, j'en ai avisé,
à ce moment, l'étude Byers, Casgrain.
M. Bellemare: M. Turcot, est-ce que votre firme a des
syndiqués en son sein? Est-ce qu'ils sont syndiqués CSN?
M. Turcot: La CSN ne nous a pas encore visités.
M. Bellemare: Je vous encourage fortement à avoir recours
à M. Thériault.
M. Johnson: On pourrait peut-être vous demander de nous
déposer votre carte d'affaires.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: Ma dernière question.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! N'influencez pas le témoin par vos réactions. M. le
député de Johnson.
M. Bellemare: Ni l'opinant.
M. Johnson: Le député de Johnson me permet-il? On
pourrait peut-être inviter M. Turcot à laisser des copies de ses
cartes d'affaires sur le bout de la table.
M. Bellemare: Oui, au syndicat. Est-ce que la commission, par la
dernière déclaration, voulant que la facture ait
été envoyée à la compagnie Byers, Casgrain &
Associés n'est pas la confirmation la plus véridique et la plus
palpable que, véritablement, il y avait un syndicat de boutique? C'est
tout ce que j'ai à dire.
Le Président (M. Cardinal): M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale, vous savez que vous ne pouvez pas demander au
président une opinion sur un sujet semblable.
M. Bellemare: Non, je ne vous demande pas une opinion, je vous
donne la mienne. C'est clair.
Le Président (M. Cardinal): Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres questions?
M. Johnson: C'est terminé.
Le Président (M. Cardinal): M. Turcot, nous vous
remercions d'être venu avec nous et d'avoir répondu à nos
questions. Merci.
M. Turcot: Merci.
M. Johnson: M. le Président, je vous inviterais...
Le Président (M. Cardinal): Un instant! M. Johnson:
Qui demande la parole?
Le Président (M. Cardinal): Si vous voulez demander la
parole, Me Cutler, vous devrez aller de l'autre côté, au micro. A
l'ordre, s'il vous plaît!
Me Cutler, si vous permettez, maintenant que vous êtes devant
nous, est-ce que la commission est d'accord pour que nous écoutions la
question? D'accord?
Me Cutler.
M. Cutler: Je voudrais, M. le Président, par
l'intermédiaire du président, que la question soit posée
à M. Turcot, que je ne connais pas, que je n'ai jamais vu auparavant,
s'il a jamais laissé entendre, directement ou indirectement, soit
à M. Thériault, soit à Me Pierre Langlois, qu'il serait
payé par la compagnie en question.
Le Président (M. Cardinal): Si la commission est
d'accord...
M. Johnson: Oui, d'accord.
Le Président (M. Cardinal):... je n'ai pas d'objection
à ce que la question soit posée à M. Turcot et je
l'inviterais à se présenter devant nous à nouveau.
M. Turcot, la commission est d'accord pour entendre votre
réponse.
M. Turcot: M. le Président, il n'a jamais
été question entre Me Langlois et moi du paiement de nos services
ou de la rétribution de nos services. Il a été cependant
question de savoir à qui devaient être envoyées les
factures et à quel nom devaient être loués les autobus et
la salle de conférence. Il a été convenu par Me Langlois
que ceia allait se faire sous le nom de l'étude de Me Cutler.
Quant à la partie de la rémunération, il n'en a en
effet pas été question, et s'il n'en a pas été
question, quelqu'un quelque part devait tout de même assumer que
quelqu'un quelque part était pour payer.
M. Bellemare: C'est pour ça que la syndica-lisation est
à la veille de vous rejoindre.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. Turcot, est-ce que vous avez terminé?
M. Turcot: Oui, à moins qu'il n'y ait d'autres questions
de Me Cutler.
Le Président (M. Cardinal): Non, écoutez, quand
même, il n'y a pas de contre-interrogatoire en commission
parlementaire.
M. Cutler: J'ai compris, et c'est pour ça... Je vous
remercie, M. le Président, d'avoir posé la question pour moi,
parce que, indépendamment de ce que vous allez faire ça,
c'est votre affaire moi, je considère qu'il s'agit d'un sujet
très grave, que, pour ma part, j'ai le devoir d'aller plus loin, parce
qu'avec tout le respect que j'ai pour M. Turcot, je ne suis pas satisfait de la
réponse.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Me Cutler, je peux
vous répondre, comme président de la commission, que la
commission semble peut-être satisfaite ce n'est pas à moi
d'en juger que vous ayez eu la permission de vous exprimer...
M. Cutler: Je suis entièrement satisfait, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): ... c'est enregistré et
vous prendrez les autres moyens qui sont...
M. Bellemare: On reconnaît votre sens juridique...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: ... particulièrement dans les relations
patronales-ouvrières.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: Je n'ai pas dit de bêtises. J'ai dit qu'on
reconnaissait son habileté dans les relations
patronales-ouvrières. C'est vrai.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Bellemare: Je sais pourquoi il a fait ça.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre du Travail et
de la Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: Oui, M. le Président, j'appellerais
maintenant... Je vous demanderais d'appeler, dis-je, M. Caine, le
président de Commonwealth Plywood.
Le Président (M. Cardinal): Avec I accord de la
commission?
Des Voix: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Oui? Alors, M. William P.
Caine, s'il vous plaît, si vous voulez, comme tous et chacun, donner vos
nom, prénom, qualité et titres?
M. Caine.
M. William P. Caine
M. Caine (William): M. le Président, mon nom est William
Caine, président de Commonwealth
Plywood. M. le Président, j'ai un mémoire et je veux
demander la permission à la commission de le présenter.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. Caine, sans
même demander la permission à la commission, comme nous l'avons
accordée à tous et à chacun jusqu'à présent,
c'est sûr que vous pouvez vous exprimer.
M. Bazin (Jean): M. le Président, avec votre permission,
avant de commencer la discussion au sujet du mémoire de M. Caine,
j'aimerais obtenir certaines précisions au sujet de décisions que
vous avez rendues soit le 26 septembre, soit le 4 octobre, relativement
à l'immunité parlementaire. (16 h 45)
Le Président (M. Cardinal): Me Bazin, je vous arrête
immédiatement. Si vous étiez un député, je me
rendrais avec plaisir à votre demande. Vous n'êtes pas un
député. Vous n'êtes même pas présentement un
témoin devant cette commission et je ne peux accepter, malheureusement,
comme président de commission cela serait un
précédent effroyable à moins qu'un
député ne soulève la question en votre nom...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je le
demande.
Le Président (M. Cardinal): Alors, si un
député veut le faire, je suis d'accord. M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'aimerais que vous nous
rappeliez les décisions que vous avez rendues relativement à
l'immunité parlementaire. Première question: Cette
immunité s'applique-t-elle seulement aux députés ou
s'applique-t-elle également aux intervenants, et, deuxième
question, cette immunité couvre-t-elle tous les domaines ou simplement
les actions possibles en libelle diffamatoire, etc?
Le Président (M. Cardinal): D'accord. J'admets que c'est
difficile, mais, immédiatement, je vais répondre aux deux
questions. Je m'excuse, M. Bazin, si j'ai procédé de cette
façon, mais...
M. Bazin: M. le Président, je suis bien conscient de ne
pas être un député, même si le ciel est bleu.
Une Voix: L'enfer est rouge.
M. Bellemare: Avez-vous des intentions?
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
M. Johnson: Les partielles sont terminées.
Le Président (M. Cardinal): Je n'ai pas l'intention,
même sur une question semblable, de la prendre en
délibéré pour que les travaux de cette commission cessent
immédiatement. Il y a donc
deux questions. La première est: L'immunité est-elle
accordée uniquement aux députés ou aux témoins, je
ne dis pas à tous les membres de cette salle, mais aux témoins?
Sur ce sujet, je dis simplement qu'à plusieurs reprises, M. le
député de Jonquière, on a accordé à cette
assemblée l'immunité non seulement aux députés,
mais aussi aux témoins.
A la deuxième question, cela s'applique-t-il dans tous les
domaines juridiques et judiciaires? Je dirai non. Ma réponse est-elle
satisfaisante?
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne peux me contenter de
votre réponse, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Si elle n'est pas
satisfaisante et s'il y a une autre question...
M. Vaillancourt (Jonquière): Même si je doute quant
à la première question... Quant à la deuxième, M.
le Président, vous me demandez mon opinion, je pense sincèrement
que, sans émettre un jugement définitif, il y aurait lieu de se
poser des questions, à savoir si l'immunité est donnée
également aux témoins. Même si ce n'est pas dans tous les
domaines du droit, je me suis toujours posé la question...
M. Bellemare: A cela, il faudrait ajouter qu'il y a plusieurs
questions sub judice.
Le Président (M. Cardinal): Oui. On en a parlé
à la première séance.
M. Bellemare: On en a parlé à la première
séance et votre décision était que nous devions être
très prudents quant aux cours de justice et aux décisions qui
sont prises sub judice.
Je pense que le droit de parole existe pour les députés,
et l'immunité parlementaire, mutatis mutandis, celle qui nous est
donnée par notre règlement de procédure, nous permet en
Chambre d'avoir cette immunité et, ici, on peut l'étendre, si la
commission le désire, aux témoins. Cela a déjà
été décidé.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne pense pas qu'un
consentement unanime des membres d'une commission puisse changer les
règles du droit.
M. Bellemare: Non, mais l'immunité dans une commission
parlementaire.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jonquière, attention. Vous m'avez demandé... Je donne une
réponse à deux questions. Je l'ai donnée avec la
responsabilité que j'encours en la donnant. A ma connaissance, il n'y a
pas de décision des tribunaux à ce sujet. Je ne connais que des
décisions qui ont été prises, soit à
l'Assemblée nationale, soit en commission parlementaire. Je rejoins ici
M. le député de Johnson sur la deuxième question, pour
être plus précis, c'est la troisième fois au moins que nous
revenons sur ce sujet, si ce n'est pas plus.
Si on veut que j'aille jusqu'au fond de la question, il est sûr
qu'en matière criminelle il n'y a personne qui bénéficie
d'une immunité. Est-ce plus clair?
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est plus clair. C'est
très clair.
Le Président (M. Cardinal): Bon. M. le
député de Portneuf sur la même question.
M. Pagé: Seulement quelques mots pour vous dire que je
suis heureux que le député de Jonquière soulève
cette question, parce qu'elle est revenue à l'esprit des parlementaires
à plusieurs reprises depuis le début de nos séances, et il
est même malheureux que toute cette question de l'immunité n'ait
pas été débattue plus largement dès le début
de nos travaux, parce qu'on constate, après que plusieurs témoins
ont déjà été entendus, qu'on est encore plus ou
moins certain de la portée de cette immunité.
Je n'ai pas du tout l'intention de remettre en cause votre
décision, mais je me permettrai quand même de vous faire part de
mon opinion. Quant à moi, l'immunité parlementaire ne peut
s'appliquer qu'aux parlementaires et ne peut s'étendre aux
témoins parce que...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
M. Pagé: C'est mon opinion, M. le Président. Je
vous la soumets respectueusement et je n'ai pas du tout l'intention de
contester la décision. J'interprète votre décision comme
étant de donner l'immunité au témoin. Quant à moi,
ce pouvoir n'est conféré qu'à une commission
d'enquête, purement et simplement, et ne peut être attribué
à une commission parlementaire comme la nôtre.
M. Bellemare: De tous les Parlements, M. le Président,
quand des commissions parlementaires ont été tenues, on avait
assuré les témoins qu'ils venaient sous leur
responsabilité se vider le coeur et le dire pour qu'on ait une
facilité de comprendre mieux notre pouvoir de régler le
problème s'il y avait lieu. Cette immunité parlementaire, de
toute tradition depuis avant hier que je suis dans le parlement
s'applique aux témoins qui viennent nous rendre justice en nous aidant
par leurs déclarations; ils ne sont pas pris par un certain sub judice
ou par une certaine pression de ne pas tout dire parce qu'ils ont peur
d'être poursuivis. C'est la logique même d'un Parlement.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Johnson. Je me permettrai... Un instant. Si on veut
continuer sur la question de règlement, M. le député de
Jonquière et M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Johnson a peut-être raison lorsqu'il dit que la tradition le veut, mais
je pense que, dans le passé,
on peut présumer que les témoins ont volontairement
témoigné et n'ont peut-être jamais posé le
problème avec autant d'acuité et d'attention. Là, le
problème nous est soumis, vous est soumis, et je ne nie pas qu'au fil
des années, dans l'histoire politique du Québec, de nombreux
témoins sont venus témoigner, mais est-ce que le problème
s'est posé avec la même acuité qu'aujourd'hui? Je pense que
jamais. Si on fait l'analogie avec le domaine criminel, M. le Président,
on a quelque chose dans notre droit qui s'appelle la protection de la cour,
mais qui n'est valable qu'en autant que l'on dise la vérité.
Même la protection de la cour a ses limites en matière de droit
criminel et la question qui se pose, par analogie, est: Est-ce que cette
immunité parlementaire s'applique à tous les domaines? Je pense
que vous avez raison de dire non. Est-ce qu'elle s'applique autant aux autres
personnes qu'aux députés? Je suis porté, même si je
n'ai pas émis d'opinion tout à l'heure, à partager
l'opinion du député de Portneuf et à dire que non.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, M. le
député de Jonquière. Si vous vous rappelez ce qui a
été dit devant cette commission, lorsque la première
question de règlement a été soulevée sur ce point,
j'ai indiqué que, pourvu que les témoins soient véridiques
et donnent les véritables faits et leurs opinions réelles, je
considérais qu'ils étaient couverts. J'ai peut-être
été imprudent dans un sens et j'en réfère à
l'article 168. J'aurais pu tout simplement, lors de la première
question, lire l'article 168 et dire ceci: Une question ne doit contenir que
les mots nécessaires pour obtenir les renseignements demandés.
Est irrecevable une question je saute par dessus 1 et 2 3 et que
cette question soit adressée à un député, à
un président de commission, à un président de
l'Assemblée nationale, le texte les régit tous... et
interprète une question dont la réponse serait une opinion
professionnelle ou une appréciation personnelle.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, avec
tout le respect que je vous dois, je dis, je prétends avec conviction
que le meilleur moyen qui est accordé, dans nos commissions
parlementaires, aux témoins pour se protéger, c'est de dire
et ils ont le droit de le faire je refuse de répondre
à cette question parce que cette question peut m'incriminer.
Voilà la protection qui est accordée tacitement par nos
règlements aux témoins qui viennent nous visiter. Ils ont
toujours le droit strict de ne pas répondre à une question, que
ce soit pour une raison éventuelle de poursuite ou que ce soit pour
toute autre raison. Nous ne pouvons les forcer à répondre et il
n'est pas question de politique ici, il est question de la protection des
droits individuels.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jonquière...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense que les personnes peuvent refuser de répondre en commission
parlementaire si elles pensent que cela peut les incriminer.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jonquière, je vous
rappellerai qu'envers un des témoins, j'ai dit: Votre réponse
et je me cite textuellement, mais je n'ai pas le journal des
Débats devant moi n'est peut-être pas acceptable pour la
commission ou pour le député qui pose la question, mais elle est
acceptable pour la commission ou pour la présidence et j'ai même
indiqué, à ce moment-là, qu'un témoin pouvait
toujours refuser de répondre s'il était incriminé. Je vous
rejoins donc entièrement. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je n'ai pas tellement de
choses à ajouter depuis les interventions du député de
Portneuf et de celui de Jonquière, mais je pense qu'il faut souligner
que c'est extrêmement important pour le témoin de savoir d'avance
si c'est une opinion que le président exprime ou si c'est une
décision de la commission et si c'est une décision de la
commission, à ce moment-là, je pense qu'on doit au témoin
de motiver, comme d'ailleurs le règlement invite le président
d'une commission à motiver ses décisions pour savoir si
réellement on peut accorder l'immunité aux témoins. Je ne
veux pas participer au débat juridique, je viens juste de commencer
à participer à cette discussion. On me dit que cela a
déjà été soulevé depuis le début,
mais il m'apparaît extrêmement important que la commission et la
présidence soient très conscientes en disant qu'on a
déjà accordé l'immunité aux témoins, que
c'est une opinion et que ça n'engage pas... Autrement je vous
demanderais de la motiver. Quelle loi permet à la commission de dire
à un témoin, comme un juge au tribunal: Vous avez, on vous
accorde la protection de la cour, si vous dites la vérité.
J'aimerais que vous détailliez là-dessus.
Le Président (M. Cardinal): Non...
M. Bellemare: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Pour une fois, M. le
député de Johnson.
M. Bellemare: Merci, vous êtes bien aimable. Je voudrais
vous rappeler la jurisprudence qui a été consignée dans
nos procès-verbaux, à la commission parlementaire sur la United
Aircraft, où la même question a été posée
pour protéger un témoin. Le président avait rendu la
décision que vous venez de rendre. Seulement, la motivation que demande
maintenant le député de Marguerite-Bourgeoys, c'est bien
difficile pour vous de la donner, pour autant, comme vous l'avez dit dans votre
première intervention, que le témoin semble dire la
vérité. Autrement, si c'est un paquet de menteries comme celles
qu'on a déjà entendues par certains témoins, je pense
bien...
M. Pagé: M. le Président, si vous permettez...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Portneuf, qui veut aussi m'éclairer.
M. Pagé: M. le Président, vous savez qu'en
l'absence de spécification ou de prévision dans le
règlement, on doit se référer à l'ancien
règlement. L'ancien règlement, à l'article 733,
prévoyait ceci, je vais vous le lire très brièvement:
"Tout témoin qui comparaît devant la Chambre ou à un de ses
comités peut réclamer la protection de la Chambre relativement au
témoignage qu'il est appelé à porter et en outre, demander
à se faire assister par un conseil."
M. le Président, ça démontre clairement que le
témoin doit le réclamer, donc ça ne peut venir
unilatéralement de la présidence. "Le témoin qui a comparu
devant la Chambre ou à un de ses comités ne peut, sans
l'autorisation de la Chambre, être poursuivi en justice pour avoir
déposé de certains faits, à moins que sa déposition
touchant ces faits ne soit mensongère."
M. le Président, il apparaît, à la lecture de
l'ancien règlement...
M. Bellemare: C'est ça qu'il a demandé.
M. Pagé: ... que les témoins doivent
réclamer l'immunité et que tant la commission que le
président ne peut l'accorder unilatéralement.
M. Bellemare: M. Bazin posait cette question au début.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: Qu'on donne la parole...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! On vient de faire un tour de table et on arrive au même
résultat, savoir que si un témoin demande cette protection de la
commission, elle peut lui être accordée pourvu qu'il soit
véridique.
M. Pagé: II faut qu'elle soit réclamée. Le
président ne peut la donner unilatéralement.
M. Bellemare: M. Bazin l'a fait parce qu'il a enlevé la
parole à M. Caine pour demander la protection...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. On va
régler ça très rapidement.
M. Laplante: On va recommencer, on va reculer la montre.
Le Président (M. Cardinal): M. Caine, est-ce que vous
demandez la protection de cette commission parlementaire pour
bénéficier de l'immunité parlementaire, en vertu de nos
anciens et nouveaux règlements?
M. Caine: Oui.
Le Président (M. Cardinal): La commission, je pense,
unanimement, vous l'accorde et vous avez le droit d'être assisté
d'un procureur, ce qui est le fait présentement. D'accord?
M. Caine: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Cela étant dit, M.
Caine, vous avez maintenant la parole pour présenter votre
mémoire.
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez, avant que
M. caine s'exprime, je pense que c'est bien important ce qui vient de se
produire sur la question de l'immunité, il ne faudrait pas être
injuste envers les autres non plus. Je considère et je pense que la
commission peut le considérer aussi, que la question de
l'immunité qui ne peut pas s'accorder rétroactivement,
évidemment, était accordée par le type de mise en garde
que la présidence a donnée à tous les témoins
depuis le début. Je considère simplement que la situation de M.
Caine est plus formalisée grâce à la citation que nous a
donnée le député de Portneuf de l'ancien règlement,
mais j'ai l'impression qu'elle a été donnée par la seule
intervention du président lors de nos deux autres séances.
M. Bellemare: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre... M. le
ministre...
M. Bellemare: ... je vous ferai remarquer qu'à l'article 3
ou 5, il est dit. "L'Assemblée n'a de pouvoirs que pendant la
durée des sessions de la législature, mais ses commissions
élues peuvent siéger...", ce n'est pas ça.
Un instant; l'article 4: Dans un cas non prévu par les
règles de procédure ou dans un cas de divergence d'opinions sur
l'interprétation d'une règle de procédure, le
président décide en tenant compte des usages de
l'Assemblée nationale, qui avait son ancien règlement, qui le
prévoyait.
Le Président (M. Cardinal): Permettez-vous que je termine
l'affaire, vraiment? A la première séance, dans les cinq
premières minutes, j'ai indiqué que tout témoin qui venait
devant nous pouvait bénéficier de cette immunité à
trois conditions que j'ai alors indiquées et je m'en
réfère au journal des Débats. Il n'y a donc pas de
rétroactivité. Je remercie vraiment M. le ministre du Travail
d'avoir rappelé ce fait, cette simple prudence de nos règles
démocratiques. M. Caine. (17 heures)
M. Chevrette: Parfait!
M. Bellemare: Enfin!
M. Caine: Je vous remercie, M. le Président et MM. les
membres du comité, de me permettre de
vous expliquer comment je vois la situation actuelle de ma compagnie
dans un conflit qui dure déjà depuis le mois de septembre
1977.
La compagnie Commonwealth Plywood Ltée a été
incorporée en août 1940 par des intérêts de
l'Angleterre pour la manufacture de contre-plaqué pour la fabrication
d'avions. En 1946, la production en est devenue une de contre-plaqué
commercial alors qu'en même temps, la compagnie organisait des centres de
distribution à Montréal et à Toronto.
En 1948, la compagnie a acquis Robert Bury et Cie Canada Ltée,
à Toronto, de façon à agrandir son centre de distribution
dans l'Est du pays. Vers 1953, mon père, W.G. Caine, alors gérant
général de la compagnie, s'est porté acquéreur de
cette compagnie. A partir de là, la compagnie a acquis de nouvelles
concessions forestières dans le Nord-Ouest québécois et,
en 1957, a ouvert une scierie à Tee-Lake, dans la région du
Témiscamingue.
En octobre 1976, la compagnie a acheté une scierie appelée
Pontiac Lumber à Rapides-des-Joachims et une usine de placage à
Saint-Léo-nard-d'Aston.
En tenant compte de sa compagnie affiliée, Robert Bury et Cie,
l'organisation de Commonwealth Plywood exploite huit centres de distribution
dans l'Est du Canada. Ses ventes se chiffrent approximativement à $30
millions annuellement.
En 1973, un incendie détruisit complètement l'usine de
Commonwealth Plywood à Sainte-Thérèse. Malgré les
problèmes auxquels commençait déjà à faire
face l'industrie du contre-plaqué et du placage au Québec,
à cause des difficultés à trouver des matières
premières, aussi bien en quantité qu'en qualité, et
à cause également d'une concurrence de plus en plus
effrénée provenant d'importations de l'Asie et des pays du
Tiers-Monde, la compagnie, au lieu de disposer d'intérêts dont la
valeur était très grande à l'époque sur un
marché du meuble à la hausse ou de continuer ses
opérations ailleurs, décida quand même de reconstruire une
usine au coût de $6 millions, en s'assurant qu'elle soit la plus moderne
dans l'industrie, en Amérique du Nord.
L'usine est entrée en production, tant bien que mal, en octobre
1974, et ce n'est que deux ans plus tard que tous les départements
fonctionnaient. En quatre ans d'exploitation avec une production totale de $23
208 000, la compagnie accusait des pertes accumulées de $3 500 000
à Sainte-Thérèse et devait supporter une dette
considérable. Les pertes de l'usine de Sainte-Thérèse pour
l'année terminée le 30 septembre 1974 ont été de $1
229 000. Pour l'année terminée le 30 septembre 1975, elles sont
de $1 411 000. Toujours pour l'usine de Sainte-Thérèse. Le 30
septembre 1976, elles sont de $372 000 pour la même usine et pour
l'année terminée le 30 septembre 1977, il y a $493 000 de pertes
toujours pour l'usine de Sainte-Thérèse.
Comme on le voit, pour l'année financière 1976, les pertes
ont été diminuées à $372 000, de sorte qu'au
début de l'année 1976, il semblait que l'usine était
à la veille d'atteindre enfin une cer- taine rentabilité en 1977.
Malgré les résultats négatifs de 1977, la compagnie a
réussi à renégocier un nouveau calendrier de paiements de
sa dette à long terme et une augmentation de sa marge de crédit.
Ceci est basé sur un budget pour l'usine de Sainte-Thérèse
préparé pendant les vacances annuelles de l'été
1977.
La compagnie, au mois de juillet 1977, a demandé au syndicat de
renoncer à une augmentation salariale au montant de $0.25 prévue
pour le mois de juillet. Le syndicat a refusé. Ce nouveau budget
prévoyait des engagements pécuniaires importants au niveau des
matières premières aussi bien que des modifications importantes
à la machinerie. La mise en vigueur de ce plan dépendait
cependant, d'une façon extrêmement critique, du fonds de roulement
qui serait généré par un niveau de production très
élevé et en présumant d'un marché qui permettrait
d'écouler la production à un prix raisonnable.
On garda l'usine fermée une semaine de plus pendant les vacances
de 1977 de façon à faire toutes les dernières
modifications et les améliorations nécessaires. Malheureusement,
à peine un mois après la réouverture, il est apparu que le
niveau de production ne s'était pas amélioré et
qu'à certains égards, la situation se détériorait
encore plus, face à un marché qui semblait à la baisse
alors que, normalement, on se trouvait dans une saison où les ventes
devaient augmenter.
Devant tenir compte encore d'une autre réduction de 22% par le
gouvernement du Québec de la quantité de billes requise pour la
production à Sainte-Thérèse, avec, en plus, une
augmentation des coûts de transport de 45% sur les billes, il
était plus qu'évident qu'il était inutile de continuer sur
la voie dans laquelle on venait de s'engager sans faire face à une
catastrophe financière dans les plus brefs délais. Il
était évident que la compagnie ne pouvait assumer ses obligations
financières pendant l'hiver 1977-1978 sans faire quelque chose de
dramatique.
Que peut faire une compagnie dont une des usines a perdu plus de $3
millions pendant quatre ans et dont les chances de succès ont disparu et
qui se retrouve avec une nouvelle usine qui produit moins par heure de travail
qu'une vieille usine construite en 1940 et la moitié moins que ce que
produisaient ses concurrents, ce qui risque d'entraîner toute la
compagnie en faillite?
Il y a trois solutions: 1) Liquider les opérations
immédiatement; 2) continuer à accumuler des pertes mettant en
danger toute la structure financière des autres divisions de la
compagnie; ou 3) restructurer la rentabilité de l'usine comme chance
ultime de sauver l'entreprise, et ceci, en partant du point zéro
à tous égards pour édifier une exploitation viable.
En 1977, la compagnie croyait sincèrement que tous ces efforts,
de même que le marché qui irait en s'améliorant, lui
permettraient de continuer sur l'ancienne base. Les résultats du mois
d'août annonçant la catastrophe, la compagnie devait agir
rapidement face à ses créanciers, et
surtout face au danger de contaminer toutes les autres opérations
de la compagnie.
Les tableaux en annexe dans nos livres sont malheureusement trop
éloquents. Les pertes accumulées pour 1976 et 1977
dépassent celles de 1975 et 1976. Le problème n'était pas
unique à notre compagnie. Comme exemple, la compagnie Rexfor, une
compagnie du gouvernement du Québec, qui s'occupe du bois, a perdu $5
millions en 1977. La compagnie n'avait plus le choix. C'est alors qu'elle a
dû prendre d'urgence les mesures nécessaires pour arrêter
l'hémorragie. La première mesure, malheureusement, étant
celle de la mise à pied de 118 de ses employés, mise à
pied effectuée en tenant compte, par département, de
l'ancienneté et de la capacité d'occuper ses tâches et en
respectant la convention collective.
Je vous réfère à l'annexe D qui contient les
clauses de la convention collective alors en vigueur, à ce sujet, et
à la liste d'ancienneté.
La restructuration des activités du personnel et de mise en
marché a changé les résultats financiers inacceptables et
ceci, malgré les efforts de la grande centrale CSN pour fermer notre
usine et faire perdre l'emploi à tous nos employés. En
très peu de temps, la diminution de la production du
contre-plaqué de 33 000 pièces par période à 11
000. La fermeture de dix épissures, c'est-à-dire de "splicers",
la diminution de la production au département du placage de dix millions
de pieds carrés par période à huit millions, donnent les
résultats escomptés. Les finances de la division de
Sainte-Thérèse sont rétablies et un petit profit est
visé pour l'année 1978.
Au moment où je vous parle, ma compagnie n'a plus de convention
collective à Sainte-Thérèse, Dès le mois
d'août 1977, la CSN avait entrepris une opération de maraudage
parmi les employés de la compagnie. Elle déposait, le 30
août, une requête en accréditation, laquelle n'a
été contestée ni par la compagnie, ni par l'ancien agent
du syndicat de l'Union des rembourreurs. L'union comprend à peu
près 5000 membres.
A cette époque, une convention collective d'une durée de
trois ans était encore en vigueur et devait prendre fin le 30 septembre
1977. C'est le 7 septembre 1977 que la compagnie donna avis au ministre que le
16 septembre, elle allait réduire le nombre de ses employés
d'environ 228 à 105. Le nouveau syndicat ne devait être
accrédité que le 3 octobre 1977. Evidemment, la situation de ce
nouveau syndicat qui prétendait c'était normal
vouloir faire mieux que l'ancien syndicat, n'était pas des plus roses
puisqu'elle entrait en cause à un moment où la compagnie
connaissait ses moments les plus difficiles et où une mise à pied
massive venait d'être faite. (17 h 15)
Au lieu de tenter de rencontrer la compagnie pour discuter de ce
problème et trouve;; une solution, le premier mouvement, et d'ailleurs,
le seul des dirigeants du nouveau syndicat et de ses agents d'affaires de
Saint-Jérôme et ce, avant même d'être
accrédité, a été de se présenter au bureau
de la compagnie le 19 septembre 1977 et là, de m'interpeller en me
disant à peu près ceci: je devais reprendre immédiatement
à l'emploi de la compagnie tous les employés mis à pied.
Autrement, les activités de la compagnie seraient interrompues
immédiatement et j'aurais de graves problèmes.
A 11 h 30, le matin du 19 septembre 1977, un groupe de personnes,
incluant André Gravel et Gilles Pagé, s'est
présenté à notre bureau. Ils ont rencontré M.
Verville, qui est venu me chercher pour leur parler. Ils m'ont demandé
de rappeler tous les employés pour le lendemain; autrement, ils
fermeraient l'usine et il n'y aurait de travail pour personne, jusqu'au moment
où tout le monde entrerait. Ils ont dit qu'ils pouvaient avoir de
l'argent du gouvernement pour continuer les activités de l'usine et
qu'ils pouvaient obtenir des subventions pour les études. Ils ont dit
qu'il n'y avait pas de dommages à ce moment, mais que cela arriverait
bientôt. Ils ont dit qu'ils feraient tout leur possible pour accomplir
leur objectif et qu'ils iraient jusqu'au bout.
On m'a téléphoné à 14 heures, le 19
septembre, et j'ai expliqué à M. Gravel que la rentabilité
de l'usine n'était pas changée et quelle était la
meilleure solution. Il est complètement faux qu'il m'ait alors
demandé de respecter l'ancienneté dans les mises à pied.
Il a parlé des graves problèmes que j'aurais avec eux si je ne
reprenais pas tout le monde.
Encore hier, il y a eu du piquetage hier, le 18 octobre 1978
illégal à Sainte-Thérèse et de la violence.
Ce matin, il y avait du piquetage illégal. J'ai vu Gérard
Gagné, celui qui a été entendu ici, avec un "deux par
quatre", en voie de s'attaquer à une voiture d'un employé qui
entrait au travail. Je l'ai vu personnellement et j'ai pris des photos.
Le refus de la compagnie de se plier à cet ultimatum se
traduisait le lendemain, le 20 septembre 1977, par la formation d'une ligne de
piquetage et seulement 40 salariés sur 105 se sont rendus à leur
travail. Là, vous me permettrez de citer les jugements rendus par
l'honorable juge Poitras, de la Cour supérieure, et qui se retrouvent
dans le volume des jugements que j'ai déposé avec ce
mémoire.
Vous verrez, à la lecture de ces jugements, qu'il n'y a jamais
eu, à la Commonwealth Plywood, de grève légale ou de
lock-out. Je cite donc le jugement de l'honorable juge Poitras, en date du 14
octobre 1977: "Le lendemain, aucun salarié n'osait traverser la ligne
à cause des menaces qu'on leur faisait. Dans la nuit du 14 au 15
septembre 1977, un fil avait été arraché de la boîte
de contrôle d'une écorceuse, des pièces de métal,
dont certaines furent produites en cour, avaient été
insérées dans les billes à être
déroulées par les couteaux de la machine à piler. Deux
pneus d'un camion avaient été dégonflés. De la
peinture avait été éclaboussée sur les murs d'une
salle de toilette et un boyau à air alimentant une machine avait
été coupé.
Ce jugement confirme également que les mises à pied ont
été faites pour des raisons économiques. Ce qui se passa
par la suite a fait
l'objet de commentaires par un grand nombre de personnes qui auraient
avantage à s'en tenir au jugement rendu par l'honorable juge Perry Meyer
le 22 novembre 1977 et qui, lui, a eu l'occasion d'entendre personnellement
toutes les parties impliquées dans le conflit.
Je n'ajoute rien à ce que dit l'honorable juge Perry Meyer aux
pages 7, 8 et 9 de son jugement que je vous cite au texte: "De l'analyse de la
preuve, on peut conclure qu'un grand nombre des employés de la
requérante, y compris la plupart des intervenants individuels, ont
continué à travailler chez la requérante pendant toute
cette période malgré la situation très difficile dans
laquelle ils se trouvent. "La violence sporadique est devenue de plus en plus
systématique, organisée, avec un piquetage massif et des actes de
violence et d'intimidation contre la requérante et les employés
membres de l'unité de négociation qui voulaient continuer
à travailler, et y compris des menaces contre des employés
individuels et leurs familles, des dommages causés à leurs
maisons et leurs automobiles et des dommages sérieux, sinon
irréparables, à la propriété de la compagnie
requérante, y compris la mise à feu d'un entrepôt et son
contenu et une ingérence constante dans ses activités
commerciales. "Dans tous ces actes illégaux et
répréhensi-bles, les intimés, la
Confédération des syndicats nationaux, le Conseil central des
Laurentides-CSN, la Fédération nationale des syndicats du
bâtiment et du bois et le mis en cause, le Syndicat des travailleurs de
Commonwealth Plywood-CSN semblent avoir été mêlés
directement ou indirectement, par le truchement de leurs officiers, agents ou
représentants, et semblent avoir aidé à prouver ou
encourager une grande partie des actes illégaux dont se plaint la
compagnie requérante. "
Et le juge continue: "II semble aussi que ces intimés ont pris
une position très dure vis-à-vis des employés qui n'ont
pas été mis à pied et qui ont continué à
travailler, les appellent des "scabs" et on a même adopté une
résolution à une assemblée du syndicat mis en cause les
excluant dudit syndicat comme membres. En même temps, les employés
qui continuaient à travailler, peut-être à cause d'un
certain désespoir, semblent s'être tournés vers leur ancien
syndicat, c'est-à-dire l'Union des rembourreurs et ses
représentants, pour un appui. Comme résultat, le 3 octobre, ils
se sont constitués en assemblée du syndicat mis en cause à
laquelle il semble que ceux qui ont été mis à pied ou qui
faisaient la grève illégale n'ont pas été
invités.
A cette réunion, ils ont signé des cartes
d'adhésion comme membres du syndicat mis en cause, non
préparées par ce dernier ou la CSN, mais par les
représentants de l'Union des rembourreurs dont l'aide a
été requise par ces travailleurs chez la requérante. Ils
ont payé leur cotisation, quoiqu'il ne semble pas tout à fait
clair qui a la possession de l'argent payé à ces fins et ils ont
élu un nouvel exécutif rival du syndicat mis en cause en
opposition à l'ancien exécutif déjà en place et
élu surtout par ceux mis à pied ou faisant la grève
illégale dont il s'agit.
Après quelques jours de négociations, ce nouvel
exécutif rival a signé avec la compagnie requérante une
nouvelle convention collective produite sous la cote R-4 au nom du syndicat mis
en cause. Cette convention collective a été dûment produite
au Québec, tel que requis par le Code du travail, avant la signification
de la présente requête pour injonction. Vu cette signature, la
requérante a refusé de négocier avec l'ancien
exécutif du syndicat mis en cause. Même le gouvernement semble
avoir, au départ, refusé d'accepter une demande de conciliation
venant de cet ancien exécutif. Mais finalement, et récemment, le
gouvernement semble avoir accepté la demande de conciliation pour
provoquer des négociations entre la compagnie requérante et le
syndicat mis en cause représenté, apparemment, par son ancien
exécutif.
L'illustration et la suite de ce que dit le juge Meyer, vous le
trouverez dans les photographies et les coupures de journaux que j'ai
annexées à mon exposé et qui parlent par
elles-mêmes.
Dès le début du conflit, la CSN a voulu justifier ses
actes en parlant de "scabs". Il n'y a jamais eu un seul "scab" à la
Commonwealth Plywood et ceux qui ont été mis à pied l'ont
été en respectant leur ancienneté et la convention
collective alors en vigueur. Les listes d'ancienneté que je
dépose avec ce document vont vous démontrer que
l'ancienneté de ceux qui ont été mis à pied
était en moyenne de 14 mois alors que l'ancienneté de ceux que
nous avons gardés à notre emploi est en moyenne de 7 1/2 ans,
malgré l'incendie de 1973, alors que la plupart de nos employés
ont été mis à pied pour longtemps. Comme je l'ai
déjà dit, il n'y a jamais eu, à la Commonwealth Plywood,
de grève légale ou de lock-out.
La convention collective est maintenant terminée entre ma
compagnie et le Syndicat des travailleurs de Commonwealth Plywood (CSN) et dont
copie est déposée avec ce document. Elle s'est terminée le
30 septembre 1978. La période de maraudage prévue par l'article
61 du Code du travail a commencé 90 jours avant la fin de la convention,
donc le 1er juillet 1978. Le 12 juillet 1978, je recevais, au bureau de la
compagnie, une copie d'une requête en accréditation
déposée au Tribunal du Travail le 7 juillet 1978 par l'Union
internationale des rembourreurs de l'Amérique du Nord, local 388, et qui
est actuellement devant un commissaire du travail, M. Charles Devlin.
L'enquête sur cette requête, qui avait été
fixée pour le 25 septembre 1978, vient d'être remise au 30 octobre
1978 à cause de la convocation de cette commission. (17 h 30)
J'attends évidemment une décision qui sera rendue à
la fin de l'enquête qui, déjà, devait prendre certainement
pas mal de temps, peut-être un mois. Entre-temps, je vais certainement
recevoir une demande de négocier une nouvelle convention collective avec
mes employés. Est-ce
que je dois attendre la décision du commissaire du travail avant
de négocier le renouvellement de la présente convention
collective avec qui que ce soit? Les travailleurs de Commonwealth Plywood
Compagnie Ltée (CSN) ou l'Union des rembourreurs. Si je négocie
avec des gens qui ne sont pas l'exécutif des employés, qui
travaillent actuellement pour la compagnie, je peux m'attendre à de
graves problèmes, sinon à une grève. Si je négocie
une nouvelle convention collective avec l'exécutif des employés
qui travaillent actuellement à la compagnie, est-ce que je
négocie avec le Syndicat des employés de Commonwealth Plywood
(CSN) ou avec l'Union des rembourreurs qui prétend maintenant, devant le
commissaire du travail, représenter la très grande
majorité de ces employés.
Tout ce que je peux espérer pour le moment, c'est une
décision qui va me dire avec qui je dois négocier; même
là, je suis loin d'être sûr que je ne ferai quand même
pas face à une grève, à du piquetage, légal ou
illégal, ou à la même violence à laquelle j'ai
dû faire face jusqu'à maintenant.
La question a été soulevée, à savoir
pourquoi je n'ai pas assisté à une rencontre du conseil de
médiation. Je l'avais déjà dit au ministre,
personnellement, dans son bureau et je l'ai mentionné dans une lettre du
3 mai à son attention. Je cite la lettre en question, au ministre
Pierre-Marc Johnson: "M. le ministre, comme vous le savez, depuis le 13 octobre
1977, la compagnie a toujours soutenu qu'elle avait signé une convention
collective valide avec un syndicat qu'elle reconnaissait, à savoir le
Syndicat des travailleurs de Commonwealth Plywood (CSN). D'ailleurs, cette
convention collective a été acceptée pour
dépôt par votre ministère, selon les dispositions du Code
du travail et plus particulièrement de l'article 60. Depuis ce temps, il
y a eu une contestation judiciaire entourant cette convention collective. A ce
jour, aucune décision n'a été rendue. "La convention
collective signée entre les parties est donc valide à l'heure
actuelle. Puisqu'il s'agit d'un conflit entre, d'une part, un syndicat local et
d'autre part, la CSN, il semble bien que la compagnie n'ait pas à se
mêler d'une telle lutte intersyndicale. Les seuls interlocuteurs que vous
pouvez avoir demeurent donc les travailleurs eux-mêmes. Il est bien
évident que si les travailleurs ont des suggestions, recommandations ou
demandes à formuler, la compagnie va les examiner sérieusement.
Je ne vois donc pas comment la compagnie peut être impliquée dans
une médiation spéciale au sujet d'un conflit qui oppose ces deux
groupements. "Par ailleurs, si votre ministère ou le ministère de
la Justice voulait faire une enquête sur la violence entourant ce
conflit, y compris un feu qui a détruit notre entrepôt et
causé des dommages d'environ $400 000, y compris les nombreux dommages
faits aux automobiles de nos employés, y compris les raids par des
commandos pour tenter d'occuper l'usine, y compris le bris de toutes les
fenêtres de nos bureaux, y compris le fait qu'une bombe ait
été déposée chez un cadre de la compagnie et qui
aurait pu avoir des résultats néfastes puisqu'elle a
été manipulée par deux enfants en bas âge, y compris
un nombre incalculable de menaces verbales, d'attaques contre la personne et
ainsi de suite, il me fait plaisir de vous offrir toute la collaboration
possible. Bien à vous." De plus, j'ai donné mandat à mes
procureurs d'assister au conseil de médiation. Voilà, M. le
Président, MM. les membres du comité, la situation telle qu'elle
est aujourd'hui. J'espère que la décision du commissaire du
Travail va être rendue bientôt et qu'elle va solutionner le
problème. J'espère aussi que je vais pouvoir exploiter mon
entreprise qui fait déjà face à un marché difficile
avec un minimum de sécurité et de calme. Je vous remercie de
votre attention.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. Caine. M. le
ministre.
M. Johnson: M. le Président, M. Caine, je vais avoir
beaucoup beaucoup de questions à vous poser pour essayer de tirer
certaines choses au clair un peu. Je vais me contenter, dans un premier temps,
cependant, de passer une ou deux remarques et vous poser une question. Ensuite,
je laisserai mes collègues de l'Opposition, s'ils le désirent. Je
reviendrai par la suite, une fois que le tour de table sera fait, pour essayer
de couvrir le terrain qui n'aura pas été couvert.
Vous posez la question, M. Caine, à la fin de votre
mémoire, vous posez une espèce de dilemme où vous dites:
Ou bien je négocie alors qu'il y a une requête en
accréditation des rembourreurs unis ou bien je négocie avec le
syndicat des employés CSN il semblerait que le syndicat des
employés CSN, c'est le syndicat présidé par M.
Gagné, par opposition à celui présidé par M.
Lévesque ou bien je négocie avec l'union des rembourreurs
et qui, pour les fins de notre loi n'existe pas comme syndicat
accrédité.
Dans un cas comme dans l'autre, vous dites que cela va vous apporter des
ennuis. Voici une question que je pourrais peut-être vous poser M. Caine:
Est-ce que ce n'est pas un peu cela qui est arrivé au mois de septembre
1977, la raison pour laquelle l'Assemblée nationale a été
convoquée, au-delà de tous les quolibets dont on voudra affubler
qui que ce soit? Est-ce que ce n'est pas le fait que cette question, vous
auriez peut-être dû vous la poser, en septembre 1977? Il est
très clair que depuis septembre 1977, vous avez des problèmes.
Vous êtes obligés de calfeutrer vos portes, de barricader les
fenêtres, de prendre des autobus qui ressemblent plus à des chars
blindés. Vous exploitez une PME que vous avez décrite en
difficulté financière au départ, dans un contexte qui
m'apparaît à peu près inconcevable. Et je pense qu'il n'y a
personne qui nie cela, ni vous ni moi, ni les membres de cette commission, ni
l'opinion publique.
Vous avez évoqué des phénomènes comme la
violence. Indépendamment des résultats d'enquêtes
policières dont on ne peut pas présumer quand on en arrive
à constater effectivement que
toute une région et que toute une ville sont ameutées,
quand on en arrive à constater qu'il y a des enfants qui manipulent des
engins dangereux, quelle qu'en soit la provenance, il y a un problème
à la Commonwealth Plywood. Et ce problème, initialement, je pense
que la démonstration en a peut-être été faite ici,
lors des témoignages de ceux qui vous ont précédé,
vient essentiellement du fait de la confusion et de la qualité de
représentativité de ceux avec qui vous avez eu, comme
entrepreneur, comme propriétaire, comme employeur au sens du Code du
travail, à négocier, aux mois de septembre et octobre 1977.
J'ai remarqué une chose qui m'a frappé dans le ton de
votre mémoire, de vos préoccupations en tant qu'employeur d'une
entreprise qui a des difficultés, parce que dans le secteur
économique, il y a eu des difficultés considérables dans
les années auxquelles vous référez, c'est vrai. J'ai
remarqué une chose, dis-je c'est que vous nous avez
présenté l'intervention du changement d'accréditation
syndicale par la CSN, au mois de septembre 1977, ou l'opération qui a
précédé l'émission du certificat
d'accréditation au nom de la CSN, dan un contexte où vous veniez
de faire état des difficultés économiques de votre
entreprise.
J'ai eu l'impression, en vous écoutant, M. Caine, que vous avez
eu peur quand vous vous êtes rendu compte que la CSN s'en venait chez
vous et que la peur est sans doute le plus mauvais des conseillers, je
présume, dans les décisions d'affaires. En tout cas, les quelques
personnes que je connais qui se sont occupées de commerces ou
d'entreprises ont en général pris de bonnes décisions,
mais non pas quand elles les prenaient dans un contexte de peur. La peur, vous
savez, M. Caine, c'est un phénomène essentiellement
subjectif.
Je pense également que le contexte dans lequel tout cela a
été fait vous a peut-être amené à chercher
une solution rapide, à ce moment-là. Je suis sûr que vous
vouliez continuer vos activités, parce que vous nous en faites la
démonstration au début. Vous nous dites: On a des
difficultés financières et, à un moment donné, en
tenant pour acquis que tout ce que vous me dites est parfaitement exact sur le
plan comptable, etc., ce que je ne peux pas contester, ce que je n'ai pas
l'intention de contester... Vous partiez une entreprise dans un contexte qui
n'était pas facile sur le plan économique et,
deuxièmement, vous faisiez des pertes considérables, en tout cas,
dans un bilan, à la face même de l'entreprise, mais vous vous
êtes engagé, à ce moment-là, dans une espèce
de processus un peu infernal où vous avez traité, je pense, avec
M. Donat Thériault que vous connaissiez, dans une situation, en tout
cas, ambiguë pour le moins, tellement qu'elle a
dégénéré dans ce qu'on connaît
aujourd'hui.
D'une certaine façon, je suis un peu surpris que vous posiez la
question, à la page 16: Avec qui est-ce que je vais négocier? Je
pense que c'est un an en retard, comme question, d'une certaine façon.
Je pense qu'il va falloir, après que les membres de la commission auront
posé l'ensem- ble de leurs questions, qu'on aura regardé cela et
que vous aurez répondu, si c'est possible, à un nombre
considérable de questions que j'ai à vous poser, peut-être
regarder l'avenir un peu et apprendre des erreurs du passé. Cela vaut
pour tout le monde, j'ai l'impression.
Probablement que c'est tout ce que j'avais à dire, quant à
votre exposé, et j'y reviendrai. Cela risque d'être la semaine
prochaine, j'ai l'impression.
Le Président (M. Cardinal): M. Caine désire-t-il
s'exprimer immédiatement? Oui, M. Caine.
M. Caine: M. le Président, avec la permission de la
commission, je vais faire quelques remarques à ce moment-ci pour
peut-être mieux clarifier quelques questions soulevées par M. le
ministre. Pour commencer à expliquer cela, il faut que je débute
avec l'incendie de 1973 qui a détruit toute l'usine à
Sainte-Thérèse. A ce moment-là, la compagnie était
aux prises avec la décision de reconstruire ou de laisser tomber l'usine
et prendre l'argent des assurances et mettre fin à tout cela.
Il y a des rencontres avec les membres des gouvernements provincial et
fédéral. Il y a des rencontres avec le maire de
Sainte-Thérèse, même avec le maire de Témiscamingue.
Le maire de Sainte-Thérèse et même le maire de
Témiscamingue ont essayé très fort de convaincre la
compagnie de rebâtir une usine d'une façon ou d'une autre. (17 h
45)
En 1973, il y avait plusieurs employés qui travaillaient pour la
compagnie depuis déjà 20, 25 et 30 ans. Est-ce que la compagnie
allait prendre sous sa responsabilité ceux qui avaient travaillé
pour elle depuis plusieurs années, bâtir une nouvelle usine
à Sainte-Thérèse ou les laisser tomber aussi? A ce moment,
ma mère était propriétaire de la compagnie. Elle ne
voulait pas s'attaquer à ce problème financier, parce que, si on
allait reconstruire une usine, c'était bien évident que l'argent
fourni par les assurances et même les subventions reçues du
gouvernement fédéral ne suffiraient pas pour reconstruire l'usine
comme il le fallait à Sainte-Thérèse et que la compagnie
serait obligée de contracter une dette énorme pour financer toute
l'usine. Ma mère ne voulait donc pas, à son âge et à
ce moment, prendre cette responsabilité.
Pendant l'été 1973, j'ai donc acheté les actions de
ma mère et j'ai pris la décision de reconstruire à
Sainte-Thérèse. Je n'avais personnellement pas besoin de faire
cela mais je l'ai décidé. Entre 1973, il faut que je m'explique
un peu au sujet de l'allocation des billes de bois feuillu. Il y avait un
véritable problème dans la province, un problème qui a
duré durant des années, une quinzaine d'années ou plus. A
ce moment, le ministère des Terres et Forêts nous a dit: On vous
donne la permission de reconstruire l'usine de Sainte-Thérèse,
à certaines conditions, comme celle-ci: Dans l'ancienne usine, vous
aviez trois tours pour dérouler les billes; on va vous permettre de
reconstruire avec un tour; deuxième-
ment, on est au courant qu'on va avoir une diminution des allocations de
bois de feuillu pendant les prochaines années; partant de ce principe,
il faut que la compagnie accepte que l'approvisionnement en billes, que
l'allocation de bois feuillu, sera basé sur le principe ou dans l'esprit
que c'est encore l'ancienne usine de Sainte-Thérèse et que ce ne
sont pas les nouveaux investissements qui vont influencer le ministre des
Terres et Forêts pour ajuster le montant de l'allocation ou l'inciter
à vous donner une meilleure allocation ou à ne pas diminuer le
même montant à cause d'une nouvelle usine.
Malgré ces deux raisons et d'autres problèmes aussi, j'ai
personnellement décidé quand même de reconstruire à
Sainte-Thérèse. Le ministère des Terres et Forêts
nous en a donné la permission au mois d'août 1973 et nous avons
fait la reconstruction des bâtisses de l'usine en septembre.
En 1974 et 1975, on a essayé d'ouvrir les départements, de
rappeler les gens qui avaient perdu leur emploi à cause de l'incendie.
Il faut ajouter aussi un fait très curieux. Entre le 10 avril 1973 et
septembre 1973, même si des gens disaient qu'il y avait de mauvaises
conditions de travail à la Commonwealth Plywood, je n'en ai rien entendu
dire pendant ce temps-là, mais j'ai entendu beaucoup de monde, sinon
tout le monde, nous dire: Bon! On est très heureux de savoir que vous
allez reconstruire à Sainte-Thérèse. Ces personnes sont
difficiles à retrouver aujourd'hui. Mais les gars qui parlent de
mauvaises conditions de travail à l'usine de
Sainte-Thérèse n'ont pas parlé en 1973 de ces mauvaises
conditions de travail.
En 1974 et 1975, on a essayé, avec beaucoup de difficulté,
de remettre la machinerie en production. La compagnie était aux prises
avec d'autres problèmes aussi avec les gens qui ont installé de
la machinerie et avec la commission Cliche je présume qu'il ne
faut pas mentionner ça trop longtemps mais la compagnie a
été impliquée dans cela et la reconstruction de l'usine a
été beaucoup retardée à cause des dommages
causés à l'intérieur et des problèmes
déclenchés par la commission Cliche.
En 1976, il a semblé que, finalement, l'usine de
Sainte-Thérèse allait commencer à avoir peut-être
une chance de recouvrer sa rentabilité et de donner une compensation aux
autres usines, malgré les pertes que nous avions, et on a prévu
pour 1977 un profit pour l'usine de Sainte-Thérèse. Pendant trois
ans, les autres usines de la compagnie, même au Québec et
même en Ontario, avaient financé les pertes à
Sainte-Thérèse. Puis, en 1977, jusqu'au printemps, il a
semblé encore une fois que l'usine subissait encore des pertes mais,
pendant le printemps de 1977, les pertes n'ont pas été aussi
élevées que l'année précédente.
Quand sont arrivés juin et juillet, on avait des pertes de plus
de $100 000 par période de quatre semaines parce que nos chiffres sont
basés sur des périodes de quatre semaines, ces périodes se
terminaient le 11 juin. Vous avez des chiffres ici, à la page 1 de
l'annexe A, qui démontrent la tendance des pertes de l'usine. Vous
pouvez voir que les pertes sont beaucoup plus sérieuses et plus graves
que pendant le printemps.
On est arrivé à la période des vacances et il reste
encore quelques modifications et améliorations assez importantes
à compléter sur la machinerie.
Alors, pendant la deuxième semaine de vacances, M. Verville, le
surintendant, m'a dit qu'il ne pouvait pas compléter toutes les
améliorations et les modifications prévues pour cette
période. Qu'est-ce qu'on peut faire? Alors, après avoir
discuté ensemble, nous avons décidé de fermer une
troisième semaine pour compléter les dernières
modifications, les dernières améliorations importantes dans
l'usine, mais non pas pour pouvoir dire: II y a encore des pertes parce qu'on
n'a pas complété nos améliorations et nos modifications.
J'ai dit: On va fermer une troisième semaine et on va commencer au mois
d'août avec une meilleure production tout de suite, pas d'autres
problèmes; on ne peut pas encore blâmer la machinerie. On va
enlever cette question. Il n'y a pas que la question de la machinerie qui cause
des pertes, mais c'est une des questions, un des problèmes.
Alors, il était évident, pendant le mois d'août,
avec les chiffres de production, que la production était
inférieure à celle d'avant les vacances; la production,
c'est-à-dire la production à l'heure du placage qui était
déroulé, qui sort du séchoir; que le gaspillage, dans le
département de "splicing", était plus élevé, la
production dans le service du contre-plaqué était plus
élevée. On arrive à la fin du mois d'août et j'ai
trouvé que la production, à partir des rapports, était
inférieure à celle qui existait avant les dernières
modifications et les dernières améliorations.
M. Johnson: Si vous permettez, M. Caine, je vais vous
interrompre. Il est six heures moins cinq et la question que j'avais
posée me semblait relativement simple. Je comprends que vous voulez nous
expliquer tout le contexte économique et tout cela et vous aurez
peut-être d'autres occasions de le faire, au moment où les membres
de la commission auront à vous poser des questions, y compris moi.
Les questions que je voulais vous poser portaient sur le contexte dans
lequel vous aviez vu ce changement d'allégeance syndical, ce que cela
signifiait à vos yeux et comment vous aviez perçu cela.
J'ai l'impression qu'on aura à y revenir. Je ne peux
malheureusement pas vous dire en ce moment quelle sera la date de la reprise
des travaux de la commission. On verra, comme la dernière fois, à
vous aviser à temps et vous donner au minimum huit jours, ou
probablement un peu plus, d'avis quant à la convocation et vous serez
possiblement Me Fournier, selon la résolution qui est en suspens
appelé à continuer à répondre à nos
questions.
M. Bellemare: M. Caine, vous dites qu'il y a eu 22% de moins que
le gouvernement vous enlevait en 1977...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Casgrain: J'aurais un mot à dire.
Le Président (M. Cardinal): Oui, un instant. Il faut
d'abord s'adresser au président, s'il vous plaît. M. Caine, dans
quelques minutes, je devrai d'office ajourner. Si vous avez quelques mots
à ajouter, je vous dis tout de suite que je serai obligé de vous
interrompre.
M. Caine: Merci, M. le Président. Je m'excuse de prendre
beaucoup de temps, mais je pense que c'est très important pour les
membres de la commission d'avoir tout le contexte avec lequel j'étais
saisi pendant le temps de la mise à pied. Alors, je veux dire deux
petites phrases. On a mentionné que la compagnie n'était pas pour
la CSN. Je veux souligner que la compagnie n'a jamais contesté
l'accréditation de la CSN.
Deuxièmement, même si c'était la grande centrale de
la CSN, si c'étaient les rembourreurs, si c'étaient d'autres
unions, il y a des unions à Sainte-Thérèse depuis
longtemps, ce sont les mêmes employés, ce sont les employés
qui font la production. Ce n'est pas la grande centrale ou le bureau de M.
Thériault, le bureau de la CSD ou les autres.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, messieurs,
pour éviter qu'il y ait une motion d'ajournement qui soit
débattable, comme nous avons devant nous un ordre de la Chambre, je
voudrais d'abord souligner un fait. Vous avez remarqué, c'est un
compliment que je fais aux employés du journal des Débats, que
nous nous sommes très bien entendus cet après-midi,
c'est-à-dire que le son était parfait. Je veux le souligner et en
remercier ceux qui en sont responsables. Deuxièmement, je dois ajourner
sine die. Je ne sais pas si M. le ministre veut donner une indication quant
à une prochaine rencontre, mais il me paraît...
M. Pagé: M. le Président, vous reprendrez avec mes
questions, à ce moment-là?
Le Président (M. Cardinal): Oui. J'ai noté, pour
les fins des députés, ceux qui ont demandé la parole. Je
garde cela dans mon dossier. M. le ministre, est-ce que vous avez un mot de la
fin avant que je n'ajourne?
M. Johnson: Je voudrais remercier tous ceux qui ont
témoigné aujourd'hui et dire qu'on aura probablement l'occasion
de se retrouver bientôt.
Le Président (M. Cardinal): Cette commission ajourne ses
travaux sine die.
Fin de la séance à 17 h 58