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Conflit à la Commonwealth Plywood
(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous commençons une autre séance de la commission
élue permanente du travail et de la main-d'oeuvre.
Selon l'usage, je donne la liste des membres de la commission. M.
Bellemare (Johnson)?
M. Bellemare: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Bisaillon (Sainte-Marie)?
M. Chevrette (Joliette-Montcalm)?
M. Chevrette: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Gravel (Limoilou)?
M. Gravel: Présent.
Le Président (M. Cardinal): Ecoutez! Je m'excuse. Votre
whip m'a indiqué que M. Lavigne (Beauharnois) était
remplacé par M. Fallu (Terrebonne).
M. Johnson (Anjou)?
M. Johnson: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Lavigne (Beauharnois),
remplacé par M. Fallu (Terrebonne); M. Mailloux (Charlevoix), M.
Pagé (Portneuf), M. Roy (Beauce-Sud), M. Vaillancourt
(Jonquière).
Intervenants: M. Brochu (Richmond), M. Forget (Saint-Laurent), M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Jolivet (Laviolette), M. Laplante (Bourassa), M.
Lefebvre (Viau), M. Paquette (Rosemont), M. Springate (Westmount), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Nous connaissons déjà le mandat de la commission; je ne le
répéterai pas. Il s'agit d'étudier le problème qui
se présente à Sainte-Thérèse, à la
Commonwealth Plywood, et ceux qui ont été invités pour
aujourd'hui sont M. William P. Caine et Me Pierre Fournier.
Est-ce une question de règlement?
M. Bellemare: Non, c'est une question de procédure.
M. Pagé: M. le Président, la parole est à
moi. Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Bellemare: Est-ce que l'absence, ce matin, de M. Caine et de
ses avocats ne révèle pas...
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez...
M. Bellemare: ... que le ministre du Travail s'est mouillé
un peu depuis la dernière réunion. C'est ce qui fait...
M. Pagé: En fin de semaine particulièrement. M.
Johnson: M. le Président...
M. Bellemare: Ah bon! On est bien au courant...
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez...
M. Bellemare: ... de la situation qui se passe
présentement à la Commonwealth Plywood. Je voudrais savoir du
ministre si, véritablement, ce matin, l'absence de M. Caine et de ses
avocats ne fait pas suite à l'intervention personnelle du ministre. Je
voudrais bien qu'il nous en donne...
M. Johnson: M. le Président, oui...
M. Pagé: Là-dessus, si vous me permettez
d'ajouter...
Le Président (M. Cardinal): Bon, d'accord!
M. Pagé: ... en faire une question commune du
côté de l'Opposition.
Le Président (M. Cardinal): Oui, faites-en une question
commune des oppositions.
M. Pagé: C'était la première question que
j'entendais soulever ce matin. J'aimerais savoir du ministre du Travail si
c'est bien le cas qu'il s'est personnellement impliqué dans le dossier
en fin de semaine, et j'aimerais bien qu'il me dise comment il peut expliquer
ça aux membres de la commission alors qu'au début de nos travaux,
M. le Président...
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez, est-ce que
je peux répondre?
M. Pagé: M. le Président, j'en arrive à ma
question. J'aimerais, M. le Président, que le ministre nous dise dans
quel cadre de négociation celui-ci a amorcé la négociation
entre les parties dans le conflit à la Commonwealth Plywood. J'aimerais
savoir dans quel cadre cela s'est fait, quels sont les échanges, de
quelle nature ils sont, quelle est l'opinion des parties et tout ça.
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre, nous serons
heureux de vous entendre.
M. Johnson: M. le Président, il me fera plaisir de fournir
toutes les réponses aux inquiétudes et aux interrogations...
M. Bellemare: Pas aux inquiétudes, à la
constatation des faits.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Johnson: ... du député de Johnson et à
celles du député de Portneuf. Au cours de la fin de semaine, j'ai
eu l'occasion de parler aux représentants de chacun des groupes en
présence, conformément d'ailleurs à ce que j'avais fait
depuis de nombreux mois. L'échéance...
M. Pagé: II ne voulait pas s'impliquer dans le
dossier.
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez-Le
Président (M. Cardinal): A l'ordre! Je demanderais qu'on laisse la
parole au ministre.
M. Bellemare: Cela ne nous choque pas, mais cela a
été long en maudit, par exemple.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît! Tout
s'est bien déroulé jusqu'à présent. M. le ministre
a la parole.
M. Johnson: M. le Président, il me fera plaisir de vous
fournir tous les renseignements, y compris les éléments
croustillants à la recherche desquels je vois le député de
Portneuf, en temps et lieu.
Pour le moment, M. le Président, si vous permettez, je vous
demanderais de suspendre les travaux de cette commission pour au moins une
heure.
M. Pagé: M. le Président, c'est une motion qui est
débattable.
Le Président (M. Cardinal): C'est vrai. C'est une motion
débattable.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): J'allais seulement demander si
la commission était d'accord et je l'aurais fait
immédiatement.
M. Pagé: Oui. M. le Président, étant
donné que c'est débattable, on va l'accepter avec le droit, pour
les membres de cette commission, de faire part de leurs commentaires. Je me
limiterai à dire au ministre du Travail que je suis, dans un premier
temps, très surpris parce que c'était essentiellement ce qu'on
avait demandé au ministre du Travail dès l'ouverture des travaux
de cette commission le 26 septembre dernier; mon collègue, le
député de Johnson, et moi-même avons demandé que le
ministre intervienne dans le dossier. Aujourd'hui...
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez, sur une
question de règlement.
Le Président (M. Cardinal): Sur une question de
règlement, M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, il est très clair,
j'ai répondu à la question du député de Portneuf,
je ne pense pas qu'on soit ici à l'occasion d'un vendredi matin à
une question avec débat. Je vous demanderais de statuer sur ma demande
de suspension des travaux de cette commission pour qu'on puisse continuer et
essayer de mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour parvenir
à un règlement dans cette question qui préoccupe tout le
monde et qui j'en suis sûr, du moins j'espère
préoccupe l'homme que je souhaite responsable, le député
de Portneuf.
M. Pagé: Cela nous préoccupe au point que le 26
septembre, nous vous avons demandé d'intervenir et vous décidez
d'intervenir aujourd'hui parce que vous êtes dans le bourbier. M. le
Président, on va accepter la motion, mais on se dit surpris parce que le
ministre du Travail aurait dû le faire plus tôt.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Je suis convaincu que dans l'espace d'une heure, on
ne réglera pas un conflit qui dure depuis un an, mais je souhaite
fortement, s'il y a un préambule à ces rencontres, qu'elles
soient véritablement progressives. On aurait certainement eu quand
même, à l'endroit de la compagnie, certaines questions qu'on n'a
pas été capables de lui poser...
M. Johnson: Je pourrais peut-être répondre
immédiatement. Je peux assurer le député de Johnson que
j'ai l'intention, qu'il y ait ou non un protocole d'entente qui intervienne
entre les parties. Il est de mon intention de permettre à M. Caine de
venir présenter ici le témoignage qu'il entendait
présenter pour que les membres de la commission soient appelés
à le faire.
M. Bellemare: Ce seraient seulement, si l'honorable ministre ne
veut pas m'interrompre pour deux instants, des questions de principe de base.
Le non-respect de l'article 45 de la loi des syndicats professionnels n'a pas
été mis en valeur, n'a pas été mis en action quand
on a remercié un certain nombre d'employés, les avis qu'on doit
donner pour un certain temps. Il y a une chose certaine, c'est que je veux
savoir pourquoi la compagnie ne l'a pas fait. J'ai d'autres questions aussi
quant à son bilan et aussi quant aux concessions forestières qui
ont été refusées par le gouvernement à certaines
dates précises. Il y a aussi M. Thériault. Comment se fait-il
qu'on a signé une convention avec M. Thériault qu'on savait
déjà appartenir aux Rembourreurs unis?
J'ai une foule de questions à poser à la compagnie. Mais
si cela doit entraver le processus normal d'un protocole de retour au travail,
je ne le ferai pas, je m'en abstiendrai pour faciliter le règlement. Je
me tairai, j'applaudirai avec enthou-
siasme l'intervention qu'a faite le ministre à la fin de la
semaine. Il s'est personnellement dérangé pour faire un pas de
plus. Je le félicite, il marche dans mes voies. Il est en train de
devenir, comme moi, un ministre qui va devenir efficace.
M. Johnson: M. le Président, sur la motion de suspension,
pour éviter aux membres de la commission, aux invités et à
ceux qui veulent participer aux travaux ou assister aux travaux de la
commission, est-ce que je pourrais vous demander simplement, au moment
où nous serons prêts, quelque part entre une demi-heure et une
heure et demie du moment où on se parle, que les cloches soient
sonnées simplement pour convoquer la commission?
Le Président (M. Cardinal): Disons que je vais suspendre,
non pas pour...
M. Pagé: Mettez onze heures et demie, on ne peut pas
sonner les cloches.
Le Président (M. Cardinal): Je vais suspendre, parce qu'on
n'ajournera pas. Sans cela, on ne se reverra pas.
M. Bellemare: Comme la suggestion du député de
Portneuf...
Le Président (M. Cardinal): Je vais suspendre
jusqu'à 11 h 30, mais avec entente de la commission que, s'il y a lieu
de se réunir auparavant, j'avertirai le sergent d'armes. Vous
n'êtes pas d'accord?
Une Voix: Vous nous enverrez chercher. M. Johnson: A 11 h
30.
M. Pagé: A 11 h 30. Cela va durer au moins une heure.
Le Président (M. Cardinal): Suspension jusqu'à 11 h
30.
Suspension de la séance à 10 h 27.
Reprise de la séance à 11 h 36
Le Président (M. Cardinal): Comme il ne s'agissait que
d'une suspension, nous reprenons les travaux de cette même commission,
dans le même mandat, avec les mêmes membres et je pense que je dois
accorder la parole à M. le ministre du Travail.
M. Johnson: M. le Président, au risque de décevoir
mes collègues, je demanderais votre permission de continuer la
suspension jusqu'à 15 heures cet après-midi.
Le Président (M. Cardinal): A ce moment-là, il y a
quand même une technicité. Cela devient un ajournement. A l'ordre,
un instant.
M. Bellemare: ... un ordre de la Chambre... M. Johnson:
... motion, cet après-midi.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, oui c'est
ça. M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je conviens que le
ministre est en pleine séance de négociation actuellement et
c'est très bien, il aurait dû le faire bien avant. Je vais
l'inciter à continuer et la seule chose que je demanderais, cependant,
c'est d'avoir l'assurance qu'on puisse se réunir. Je conviens qu'il
n'est pas le leader du gouvernement, je conviens qu'il n'est pas le leader en
Chambre et qu'il ne lui appartient pas de convoquer la commission mais
j'aimerais bien que le ministre nous dise qu'on a tous les motifs de croire
qu'on va se réunir cet après-midi et qu'il demandera à son
leader de convoquer la commission pour que le ministre vienne nous faire
rapport de sa propre négociation dans le dossier, comme il a
décidé de le faire tout récemment.
M. Bellemare: II est bien entendu, M. le Président, que
cela ne peut pas être à 15 heures.
M. Pagé: La période de questions est à 14
heures.
M. Bellemare: Après, à 16 heures.
M. Johnson: La période des questions est à 14
heures. Vers 15 heures, à peu près. On m'avise que, normalement,
le leader prévoyait que cette commission pourrait siéger, alors
il s'agira d'avoir un ordre de la Chambre, à 15 heures.
M. Bellemare: Est-ce que le député de Sainte-Marie
vous a apporté une aide efficace? Est-ce que je peux vous offrir ma
médiation?
M. Pagé: ... on va vous offrir un bon lunch, dans l'espoir
que l'effort que vient de déployer le ministre pourra porter fruit.
Enfin...
Le Président (M. Cardinal): II faut qu'on se comprenne; je
sais du bureau du leader parlementaire que, normalement, nous nous
réunirons après la période des questions, au moment des
affaires du jour. Techniquement, j'ajourne les travaux de cette commission sine
die.
Fin de la séance à 11 h 39
Reprise de la séance à 20 h 16
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, messieurs!
Nous commençons une nouvelle séance de la commission
élue permanente du travail et de la main-d'oeuvre. Les membres de la
commission sont: M. Bellemare (Johnson), M. Bisaillon (Sainte-Marie); M.
Chevrette (Joliette-Montcalm); M. Gra-
vel (Limoilou); M. Johnson (Anjou); M. Lavigne (Beauharnois)
remplacé par M. Fallu (Terrebonne); M. Mailloux (Charlevoix); M.
Pagé (Portneuf); M. Roy (Beauce-Sud), M. Vaillancourt
(Jonquière).
Les intervenants sont: M. Brochu (Richmond), M. Forget
(Saint-Laurent)...
M. Pagé: Remplacé par M. Springate.
Le Président (M. Cardinal): Remplacé par M.
Springate (Westmount).
M. Pagé: Bientôt Sainte-Anne, M. le
Président, peut-être.
Le Président (M. Cardinal): M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Jolivet (Laviolette), M. Laplante (Bourassa), M. Lefebvre (Viau), M. Paquette
(Rosemont). M. Springate est déjà intervenant...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est un bon placement.
M. Pagé: ... que M. Saint-Germain vienne, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Samson (Rouyn-Noranda).
Sans plus de préambule, nous connaissons maintenant le mandat de
la commission...
M. Pagé: On se le demande, mais vous pouvez exposer quand
même.
Le Président (M. Cardinal): II est très
précis. Il s'agit d'étudier le problème, à
Sainte-Thérèse, de la Commonwealth Plywood. Au moment de
l'ajournement, personne n'ayant demandé particulièrement la
parole, je l'accorde à M. le ministre.
M. Pagé: II est en caucus, M. le Président.
Etat des pourparlers en vue d'une entente
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: M. le Président, d'abord je voudrais,
auprès des membres de la commission, m'excuser du retard que nous avons
mis à débuter nos travaux ce soir, ainsi que m'excuser des deux
occasions où nous avons dû suspendre les travaux de la commission
pendant la journée.
La raison pour laquelle nous avons été en retard ce soir
et que nous avons dû suspendre deux fois aujourd'hui est essentiellement
qu'au cours de toute la journée, comme ce fut le cas depuis environ
trois jours, bien que de façon sporadique, mes collaborateurs au
ministère ainsi que moi-même, avons eu l'occasion de rencontrer
des représentants de chacune des parties pour discuter de la
possibilité d'une forme d'entente entre les principaux
intéressés.
Cette entente, à partir de textes qui ont été
rédigés par les officiers de mon ministère et par mes
collaborateurs, prévoit essentiellement que les parties dans leur
ensemble conviennent de se désister de l'ensemble des procédures
civiles, évidemment devant les tribunaux, à l'exception cependant
de certaines procédures en matière d'outrage au tribunal qui ont
déjà fait l'objet de plaidoiries, sur le fond, avec cependant
désistement dans le cas des autres procédures pour outrage au
tribunal.
Il serait, en vertu de cette entente possible, également
décidé de reconnaître que la seule accréditation en
vigueur à la Commonwealth Plywood serait celle du 3 octobre 1977, telle
que décernée par le commissaire-enquêteur Laviolette.
Troisièmement, cette entente pourrait prévoir des
dispositions quant à l'établissement d'une liste
d'ancienneté incluant les 73 travailleurs de l'entreprise qui sont en
emploi en ce moment et une série d'autres travailleurs, au nombre
d'environ 85 ou 87, tel que décrit dans une liste fournie par la CSN.
L'établissement de cette liste se ferait à partir des
critères habituels de reconnaissance de l'ancienneté, tenant
cependant compte également d'autres circonstances que le juge-arbitre
dans les circonstances jugerait approprié d'utiliser, y compris, par
exemple, le cas échéant, le fait qu'une personne, au moment de
l'établissement de la liste d'ancienneté occuperait un emploi et
les conditions de cet emploi ailleurs.
D'autre part, une fois que cet arbitre aurait déterminé la
liste d'ancienneté, il la remettrait aux parties et elle entrerait en
vigueur à cette date.
Dans un deuxième temps, l'arbitre je répète
ou je mentionne ici qu'il s'agirait d'un arbitre unique nommé par le
ministre déciderait d'une convention collective entre la
Commonwealth Plywood et le syndicat CSN, convention collective d'une
durée d'une année, convention à laquelle serait
également annexée la liste d'ancienneté, convention qui
serait décidée de façon analogue aux dispositions de
l'article 81a de notre Code du travail qui prévoit, comme on le sait,
depuis l'an dernier, l'arbitrage d'une première convention collective.
L'arbitre devrait dans les circonstances, tenir compte des conditions
prévalant dans des entreprises semblables, dans le secteur dont on
parle, évidemment, c'est-à-dire le contre-plaqué et le
placage des feuillus.
D'autre part, cette convention, une fois décidée par
l'arbitre, serait déposée, conformément au Code du
travail, en vertu de l'article 77. Elle serait pour une durée d'un an,
à partir de son dépôt. Le Code du travail s'appliquerait
à partir de ce moment, c'est-à-dire qu'il y aurait, 90 jours
avant l'expiration de la convention collective en question, l'ouverture du
droit de contestation et évidemment d'accréditation, mais
également l'émission possible, dans les 90 jours
précédents, de l'avis de négociation par le syndicat
accrédité à ce moment.
Les parties reconnaîtraient, dans les circonstances, que,
dès ce jour et jusqu'au moment permis par le Code du travail, elles
n'utiliseraient ni ne conseilleraient d'utiliser de quelque manière la
grève, le ralentissement de travail ou le lock-out, soit directement
soit indirectement, compte tenu de la date d'échéance de la
sentence arbitrale.
L'entente prévoirait également une exception quant aux
poursuites en matière civile, concernant une action en dommages et
intérêts en Cour supérieure. Finalement, l'entente
entrerait en vigueur au moment de la signature par toutes les parties.
Je dois vous dire que, dans la mesure où la CSN et la
Commonwealth Plywood accepteraient de signer tel mémoire d'entente, j'ai
l'assurance que M. Donat Thériault, de l'Union des rembourreurs unis,
accepterait, dans les circonstances, d'être partie à l'entente,
dans la mesure où cette entente prévoit le désistement de
la requête en accréditation que M. Donat Thériault a
déposée auprès du ministère du Travail.
Je pense que ce projet d'entente, qui a fait l'objet de discussions
depuis quelques jours et qui, au moment où nous nous parlons
soyons très francs n'est pas signé mais j'ai
rarement vu un document aussi près de l'être est
peut-être la façon qui nous permettra de juger que cette
commission parlementaire n'aura pas été inutile et que les
députés eux-mêmes auront pu être associés,
dans le contexte d'une guérilla judiciaire absolument innommable, dans
le contexte d'un pourrissement d'une situation sociale dans une ville
donnée, inqualifiable, on pourra peut-être s'apercevoir que cette
commission parlementaire et les membres de la commission parlementaire auront
été pour quelque chose dans les efforts déployés
par le ministère du Travail.
J'ai souhaité et j'aurais aimé, au moment où nous
nous parlons, pouvoir présenter cette entente signée. Je souhaite
que les parties, de bonne foi, puisque c'est peut-être et
honnêtement, je dois vous dire, la première fois en de nombreux
mois que j'ai l'impression de voir, simultanément, une lueur de bonne
foi s'exprimer manifestement de la part de tous les impliqués, je
souhaite, dis-je que les parties, le plus brièvement possible, en
viennent à accepter ce mémoire d'entente qu'elles ont eu
l'occasion de discuter et qui est, à toutes fins pratiques, à peu
près complété au moment où nous nous parlons.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Portneuf.
Commentaires M. Michel Pagé
M. Pagé: M. le Président, je serai très
bref. Je me limiterai, dans un premier temps, à vous exprimer ma
surprise et ma satisfaction. Ma surprise, M. le Président, vient de ce
que dès l'ouverture des travaux de notre commission, le 26 septembre
dernier, nous vous émettions et je les émettais, en tant que
représentant de l'Opposition officielle, de sérieuses
réserves sur le fait qu'une commission parlementaire comme la
nôtre, qui était appelée à délibérer,
à entendre les parties, à pouvoir questionner les parties,
pouvait être, selon moi je n'hésite pas à le
réitérer et je pense que la déclaration du ministre vient
de nous le démon- trer puisse être l'endroit le mieux
choisi pour régler un problème aussi aigu et aussi épineux
que celui-là.
Le ministre du Travail, à ce moment-là, M. le
Président, par la convocation de cette commission parlementaire,
remettait en cause ou émettait, en tant que membre du gouvernement, des
doutes sérieux, des réserves sérieuses sur tout le
processus judiciaire, sur la possibilité qu'aboutissent à un
règlement les différentes procédures entreprises de part
et d'autre. Donc, la commission parlementaire était la preuve que le
ministre n'avait pas confiance aux tribunaux pour régler ce
problème.
Le ministre du Travail nous disait, dans sa déclaration
d'ouverture et en réplique à mon introduction le 26 septembre,
qu'il espérait qu'une commission parlementaire comme celle-là
puisse sensibiliser suffisamment la population pour créer une pression
sur les parties pour régler et pour s'asseoir à la table.
Je suis heureux de constater que la commission parlementaire aura tout
au moins créé une pression sur la personnalité du ministre
et sur lui-même parce que dès le 26 septembre, je reprochais au
ministre du Travail c'est de bonne guerre et c'est justifié de le
faire de ne pas être intervenu dans le conflit comme
c'était son mandat de le faire.
Or, le ministre n'a jugé ni opportun, ni valable que
lui-même, le défenseur et celui qui s'était
identifié comme reflétant l'image de la non-intervention et de la
non-indifférence c'est quelque chose qu'on a déjà
entendu ici, au Québec le ministre s'est plu à nous dire
qu'il n'interviendrait pas personnellement dans les conflits, mais que les
mécanismes du Code du travail devaient prévaloir et que ses
collaborateurs, ses fonctionnaires, tous ceux qui sont là, qui sont bien
dévoués, étaient là pour collaborer avec les
parties pour régler un conflit.
Voici qu'en plus de mettre en doute le processus judiciaire que nous
avons, il y a quelques jours, jeudi ou vendredi dernier, le ministre s'est
même posé la question, a même mis en doute le
résultat possible pas probable, mais possible d'une
commission parlementaire comme celle-ci, sachant pertinemment que
l'aboutissement qu'on pourrait y retrouver ne serait probablement qu'un
cul-de-sac. Tant et si bien que c'est là que je dois vous faire
part de ma surprise le ministre est revenu sur ses positions et c'est
très bien; le ministre a décidé, vers la fin de la semaine
dernière, d'intervenir personnellement dans le conflit.
Le ministre, comme vous le savez, n'est pas seulement une personne qui
est désignée, qui est nommée par le premier ministre pour
faire de grands discours sur la sécurité, etc., et patati patata;
le ministre est là pour administrer son ministère au jour le jour
et quand il arrive le matin, je présume qu'il a la liste des
grèves Dieu sait s'il y en a au Québec et il est
là pour tenter de les régler. (20 h 30)
Le ministre a décidé, jeudi dernier, voyant que
la commission allait siéger aujourd'hui, voyant possiblement
je vous dirai bien franchement que je suis peut-être sur de la
glace mince, mais je suis convaincu de ce que j'avance que ses troupes
se ralliaient plus ou moins à son idée ou à son opinion
à l'effet que la commission parlementaire allait régler quelque
chose, d'intervenir et c'est là qu'est ma satisfaction. C'était
son travail et il a bien fait, mais ce dont je voudrais vous faire part, c'est
qu'il aurait dû le faire avant. Le conflit a commencé le 30
septembre 1977 et on est au 14 novembre 1978, cela fera bientôt 14 mois;
la situation n'est pas pourrie, elle est plus que pourrie, elle était
plus que pourrie au moment où le ministre a décidé de
convoquer les parties et d'appeler tout le monde. Alarmé comme il
l'était jeudi, vendredi, samedi et dimanche dernier, lui-même, au
téléphone, il voulait régler le problème et cela
pressait.
Or, M. le Président, on s'est réuni ce matin... Oui, c'est
vrai. Le député de Terrebonne en dira ce qu'il... ou en rira ou
peu importe son comportement, mais le député de Terrebonne est
probablement celui qui aura été le dernier mis au courant de la
situation en fin de semaine. Le ministre était alarmé et cela
pressait de régler.
M. le Président, je pourrais, à ce stade-ci de nos
travaux, en plus d'exprimer ma surprise et ma satisfaction de voir que le
ministre du Travail ait accepté de descendre de son piédestal
pour une fois et d'aller faire sa "job" sur le terrain et de convoquer les
parties et de les entendre... Je suis heureux et j'espère que ce n'est
pas la dernière fois qu'il va intervenir, parce qu'il y a d'autres
conflits. J'en ai soulevé un cet après-midi, M. le
Président, à l'Assemblée nationale. Je ne reviendrai pas
là-dessus, je serais antiréglementaire. Ce serait votre "job"
d'intervenir là-dedans, les "lockout" de la CSN, ici chez Valger. Je
conviens que ce soir, aujourd'hui, vous avez travaillé pas mal, mais il
ne serait peut-être pas mauvais que, demain matin, vous songiez à
intervenir là-dedans. Pensez-y en tout cas.
M. le Président, il y a aussi un autre élément qui
me permet d'exprimer ma satisfaction. C'est que le ministre est intervenu et il
y a un autre élément aussi, et sur cela, je vais être
très bref quand même, le ministre le comprendra assez
facilement et assez vite le ministre du Travail du gouvernement du Parti
québécois vient de réhabiliter, M. le Président, le
style de travail et d'approche de l'ancien ministre du Travail, M. Jean
Cournoyer. C'est vrai, M. le Président. Les gens de ce gouvernement, qui
se défendaient de ne pas intervenir, qui reprochaient au
précédent gouvernement d'intervenir dans les conflits, vous avez
vu ce que c'était, votre "job". Vous n'aviez pas le choix. Vous vous
deviez d'intervenir, réhabilitant ainsi le style de travail de vos
prédécesseurs.
M. le Président, j'en étais à vous dire, avant
d'exprimer ma satisfaction à cet égard, que je pourrais poser
beaucoup de questions, et Dieu sait si j'en aurais envie, M. le
Président, parce que, dans la déclaration que le ministre vient
d'énoncer, il y a de quoi se poser des questions. Mais je vais vous
dire, M. le Président, vous me connais- sez comme un parlementaire
responsable, comme un parlementaire objectif, le seul fait pour moi de poser
des questions et de brasser la pâte que le ministre a brassée
aujourd'hui pourrait contribuer... M. le Président, est-ce qu'il
pourrait y avoir de l'ordre de l'autre côté?
J'en étais à dire avant que les
députés indisciplinés comme ils le sont... que le
simple fait que je pose des questions, et je pourrais en poser, pourrait
contribuer à polariser les parties sur des positions par leurs attitudes
ou leurs réponses ici, de telle sorte qu'encore une fois, c'est
peut-être la preuve la plus éclatante qu'un conflit comme
celui-là ne peut pas se régler autour de la table. Vous savez, M.
le Président, vous avez suffisamment d'expérience comme homme
politique, vous qui êtes ici non pas seulement depuis 1976, mais depuis
déjà plusieurs années avant 1976, qu'il suffirait de poser
une couple de questions pour que la bisbille reprenne de l'autre
côté de la barre. Non, mais vous le savez, écoutez...
M. Johnson: On est des gens sérieux.
M. Pagé: Ne me mettez pas au défi d'en poser, M. le
ministre. Vous savez pertinemment que je pourrais en poser.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! A l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Pagé: Oui, rappelez le ministre à l'ordre. Je
pourrais poser des questions sur la personnalité de l'arbitre, sur les
listes d'ancienneté, pourquoi il y en a 85 plutôt que 69, etc. Je
vais être suffisamment responsable, M. le Président, pour ne pas
poser de questions. Mais j'apprécierais que le ministre du Travail, une
fois que le protocole sera réglé, nous fasse rapport et on pourra
lui en poser des questions à ce moment-là. J'espère, M. le
Président, que dans la réplique... Parce que probablement que le
ministre pourra répliquer c'est évident que le
député de Terrebonne va peut-être intervenir pour
féliciter son gouvernement, tout ça et dire quelques mots;
j'espère qu'il pourra s'engager devant les membres de cette commission,
lui qui croit que la commission... Parce que je vais le citer: "Les
députés ont été associés au
règlement."
Si les députés ont été associés au
règlement, je ne vois pas en quoi le ministre du Travail ne pourrait pas
s'engager, ce soir, à ce qu'on ait une rencontre, les membres de la
commission, pour que celui-ci, d'ici quelques jours, dans les plus brefs
délais... Je serais prêt demain matin, j'espère que demain
matin, on aura un protocole d'entente entre les parties, que le ministre du
Travail pourra le déposer. Je suis assuré, convaincu, qu'avec
l'assurance qu'il témoigne, il pourra faire face au feu des questions
des membres de la majorité ministérielle et des membres de
l'Opposition aussi, au sujet du protocole d'entente, sur le règlement
qui, je l'espère, sera signé dans les plus brefs délais
par toutes les parties. Là aussi j'aurais pu avoir des questions parce
qu'il y a une partie
qui n'était pas ici aujourd'hui, mais je vais m'en abstenir.
M. le Président, c'étaient essentiellement les
commentaires que je voulais formuler. Je suis satisfait de l'intervention du
ministre, le ministre a fait sa "job", sauf qu'il a attendu 14 mois avant de la
faire, il aurait dû la faire avant. J'espère que
l'expérience qu'il a vécue dans le conflit de Commonwealth
Plywood pourra lui permettre d'en tirer une leçon. C'est un voeu que je
formule, j'espère qu'il va se dégager de cette expérience
une sagesse qui lui permettra d'intervenir à temps, qui lui permettra
d'intervenir dans des moments plus opportuns avant que des situations
pourrissent et qu'on connaisse des situations comme on en a connu, dans
lesquelles on a eu des faits et des éléments vraiment
dommageables pour chacun des gens liés par ce dossier.
C'était l'essentiel de mes commentaires. Merci. Je suis satisfait
que vous soyez intervenu et aussi, bonne chance aux parties. J'espère,
de tout coeur que vous serez en mesure d'en arriver demain matin, à un
protocole d'entente.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Claude Vaillancourt
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
n'avais pas l'intention d'intervenir dans ce débat, ce soir
particulièrement, mais les remarques de mon collègue et
confrère de Portneuf m'incitent à vous rappeler ceci: tout
d'abord, le 14 novembre 1976, les gars de l'Alcan, à Arvida dans le
comté de Jonquière, réglaient un conflit qui durait depuis
six mois. Je dois vous dire que le 14 novembre 1978, date à laquelle
nous sommes aujourd'hui, est de bon augure. A l'instar du ministre du Travail,
je souhaite que le 14 novembre 1978 soit, pour les travailleurs de la
Commonwealth Plywood et de la compagnie, une date mémorable.
D'autre part, j'aimerais rappeler au député de Portneuf
que l'ancien député de Jonquière et ministre du Travail
d'alors on a parlé du ministre Cournoyer, mais je pense, à
ma souvenance, que le dernier était M. Harvey, le député
de Jonquière dans une grève importante dans son
comté, qui a duré six mois, n'était pas intervenu, sauf
à la dernière minute. Le député de Portneuf s'en
souviendra très bien.
M. Pagé: S'il n'était pas intervenu, il aurait
peut-être été réélu.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est tout ce que j'avais
à soumettre, M. le Président.
M. Pagé: Cela démontre qu'il faut intervenir.
M. Johnson: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre, je
considère que c'est une réplique presque finale. M. le ministre
du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Réplique du ministre
M. Johnson: M. le Président, je ne peux pas passer sous
silence les remarques de l'Opposition rouge, de l'Opposition libérale,
sur ce conflit et sur la façon de conduire les affaires au
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre du Québec.
Il est vrai que le conflit de la Commonwealth Plywood dure depuis
maintenant au-delà d'un an. Il est vrai que ce conflit a soulevé
des passions, qu'il a soulevé l'intérêt d'une bonne partie
de l'opinion publique québécoise. Je pense que ce conflit
était et demeure sans doute, au moment où nous nous parlons, un
exemple de cette notion centrale de notre Code du travail qui a
été, en cours de route, la pierre d'achoppement de tout
règlement, qui aurait été impossible avant la tenue de
cette commission parlementaire. C'est cet article très simple et
très bref de notre Code qui parle de la bonne foi et de la diligence des
parties.
Nous avons assisté, dans le conflit de la Commonwealth Plywood,
je l'ai dit déjà, à tellement de procédures
judiciaires que nos juristes les plus savants avaient peine à s'y
retrouver, que, finalement, les hommes et les femmes impliqués, ainsi
que l'entreprise impliquée par ce conflit, avaient l'impression que tout
cela se situait peut-être à un deuxième degré
d'asbtraction, un peu loin du règlement des problèmes dans leur
vie, concrètement, que ce soit leur vie personnelle ou la vie de leur
entreprise, dans le cas de l'employeur.
M. le Président, je suis intervenu personnellement dans ce
conflit comme dans tous les autres conflits, dans la mesure où,
effectivement, régulièrement, quotidiennement, je revois, avec
les responsables de mon ministère, l'ensemble des dossiers.
J'élabore avec eux les stratégies d'intervention du
ministère du Travail. Je fais connaître certaines directives,
comme on l'a fait, dans le passé, de la non-négociabilité,
par exemple, des actes criminels. Dans ce cadre-là, je prépare
également, en étant attentif aux parties et à leurs
commentaires, des projets de loi, des modifications à notre Code du
travail, ce qu'on a déjà fait.
S'il est vrai que mon intervention personnelle ait été
plus caractéristique depuis quelques jours dans ce conflit, au sens
où j'ai eu l'occasion, comme il m'est déjà arrivé
autrement, dans d'autres circonstances, de discuter personnellement avec les
parties impliquées plutôt que par ceux qui sont habilités
à le faire dans mon ministère, il est également vrai qu'il
s'agit là peut-être d'une intervention exceptionnelle à
cause du caractère exceptionnel du conflit où finalement les
mécanismes mêmes du Code du travail ne parvenaient pas à
permettre un règlement à la Commonwealth Plywood. C'est cela la
distinction fondamentale qu'il faut faire avec les autres conflits qui se
passent au Québec et, d'autre part, le fait qu'il s'agit peut-être
d'une intervention qui est une exception qui confirme une règle, depuis
le mois
de juillet 1977. Cette règle de la non-intervention personnelle
au sens de l'implication quotidienne avec les parties au niveau du contenu des
conventions collectives, c'est quand même celle qui a permis au
gouvernement du Québec, en 1977 et en 1978, d'avoir, comme je l'ai
déjà cité au député de Portneuf, moins de 1
500 000 jours-homme perdus au Québec alors qu'en 1976, il y en avait 6
millions et qu'en 1975, il y en avait 3 millions.
Si nous avons réussi, M. le Président oublions le
secteur public, il en restait quand même 5 millions, en 1976 cela
veut dire que par le type de comportement que nous avons, comme gouvernement,
tenté d'imprimer au secteur des relations du travail par le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre au Québec, on sera
quand même parvenu à couper par deux et par quatre le nombre de
jours-homme perdus, au Québec, dans les deux dernières
années et le 15 novembre, ce sera la deuxième année de
prise du pouvoir de ce gouvernement.
M. le Président, en terminant, j'aimerais également
souligner que c'est vrai l'apport très concret du député
de Terrebonne dans ce dossier qui était préoccupé dans la
mesure où la ville de Sainte-Thérèse, dans son
comté, a été aux prises avec une conflagration sociale qui
n'était pas particulièrement drôle. Comme
député, il a eu le sens des responsabilités, non seulement
en étant sensible à cela, mais également en communiquant
et en essayant d'être en communication avec les parties et avec celui qui
vous parle pour essayer d'élaguer certaines choses, ce qu'il est parvenu
à faire. Je pense qu'on ne peut pas faire autre chose que
considérer qu'il a tenu un rôle de député
responsable qui a su se tenir debout.
Je vais simplement terminer, M. le Président, en soulignant qu'au
moment où nous nous parlons, le problème n'est pas
réglé à la Commonwealth Plywood. J'ai évoqué
tout à l'heure une entente possible. Je souhaite encore une fois que les
parties qui sont présentes devant cette commission accepteront de signer
le protocole d'entente que mon ministère leur propose qui a
été préparé avec leur aide, entre autres, avec leur
participation, dans un contexte évidemment de donnant, donnant parfois,
dans un contexte de tension, mais où on essaie de sauvegarder certains
principes. Le premier principe qu'on affirme, dans cette entente, c'est le
caractère important et quasi sacré, si on veut, dans le droit du
travail de la notion de ce qu'est une accréditation syndicale;
deuxièmement, un autre principe c'est celui de la liberté de
principe de négociation des parties, mais dans le contexte de la bonne
foi et de la diligence; troisièmement, c'est un principe qui veut
reconnaître que ceux qui sont touchés ulti-mement par ce conflit,
les hommes et les femmes dont on parle qui sont ici ou ceux qui sont dans
l'usine, sont ceux qui, ultimement, doivent être concernés par ce
qui se passe au niveau du déroulement et ce doit être leur sort
à eux qui préoccupe les parties qui sont devant nous et ceux qui
ont déjà été devant nous. (20 h 45)
Ces principes, je pense qu'on les respecte au niveau de l'entente que
nous proposons aux parties. Je souhaite que, dans les circonstances, les
parties acceptent de bonne foi de se soumettre à un mécanisme qui
est déjà évoqué dans le Code du travail, même
s'il n'y est pas prévu spécifiquement et qu'à partir du
moment où il y aurait une lettre d'entente signée par toutes les
parties, on pourrait laisser libre cours à un mécanisme
d'arbitrage qui est analogue à celui qui est prévu dans notre
code et qui veut en respecter l'esprit, même s'il n'en respecte pas la
lettre, étant donné que tout le reste est rendu quelque part
entre deux niveaux de juridiction d'appel.
Je souhaite, finalement, en terminant, que l'Opposition puisse, comme
les membres ministériels de cette commission, être tenue au
courant des développements, ce que je m'engage évidemment
à faire, lors de la période de questions. Je suis sûr
que... Non. Pas nécessairement par déclaration
ministérielle, je pense que le boulot aura été fait. Ce
n'est pas une affaire de pétage de bretelles, il s'agit que le
problème se règle. Je pense que tout le monde ici, à cette
table, souhaite cela.
M. Pagé: Vous en rendrez compte.
M. Johnson: J'en rendrai compte sûrement. Je pense que le
député de Portneuf sera à même de le constater
bientôt.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, avant que
ne se terminent ces travaux...
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez?
Le Président (M. Cardinal): Oui.
M. Johnson: Je n'ai peut-être pas mentionné, mais il
reste deux choses finalement, avant que je ne suggère la suspension des
travaux ou l'ajournement des travaux de cette commission.
Au cours de la journée, j'ai eu l'occasion de rencontrer les
procureurs de M. Caine, ainsi que M. Caine, comme j'ai rencontré les
représentants de la CSN. Au cours de ces conversations, M. Caine m'a
fait savoir et m'a fait comprendre qu'il avait attendu trois et maintenant
quatre séances avant de pouvoir intervenir au niveau de cette
commission. Je lui ai dit que, personnellement, je n'avais pas d'objection
à ce qu'il puisse être entendu devant cette commission, qu'il
puisse dire ce qu'il a à dire et ce qu'il a toujours voulu dire et que
notre procédure a fait qu'il ne pouvait pas dire, dans d'autres
circonstances. Je pense, d'autre part, que si les représentants de la
CSN veulent ajouter, dans les circonstances, un mot à partir du contexte
dans lequel nous présentons ce projet d'entente, leurs commentaires
devraient être bienvenus. Je demanderais peut-être à la
commission de permettre à M. Caine d'exposer brièvement,
j'espère dans le cadre de l'esprit positif qui a présidé
à ces trois dernières journées, certains faits, et
peut-être, par la suite, inviter M. Rodrigue à faire la même
chose pour la CSN.
Le Président: J'ai le consentement de la commission? Oui,
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, j'aurais certaines
réticences et je vais vous dire pourquoi. J'ai déjà
vécu des situations, pas en commission parlementaire, mais un petit peu
analogues à celles-ci. Comme le protocole n'est pas signé, j'ai
personnellement, des réticences, parce qu'il y aura peut-être des
paroles qui dépasseront la pensée, qui jetteront de l'huile sur
le feu et qui empêcheront une négociation possible dès ce
soir ou cette nuit. En tout cas, j'ai de fortes réticences. Je ne dis
pas que la suggestion n'est pas valable. Si on s'en tenait à dire:
Voici, nous allons tenter de régler le problème, etc. Si on
s'embarque sur des contenus, l'expérience me dit que cela peut
être passablement litigieux.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: D'ailleurs, si vous me permettez, c'est dans ce
sens-là, M. le Président, que je me suis abstenu, tout à
l'heure, de poser des questions sur la teneur des négociations
d'aujourd'hui. Cependant, il va de soi qu'on ne peut s'opposer à ce que
les parties nous disent un mot à la fin de nos travaux, mais je ne vois
pas en quoi nous pourrions tomber dans la négociation comme telle
à ce moment-ci.
Le Président (M. Cardinal): D'accord, monsieur...
M. Pagé: Le ministre du Travail pourrait peut-être
mieux définir l'invitation qu'il venait de formuler.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Johnson: II s'agit simplement, M. le Président... J'ai
évoqué le fait qu'au cours de la journée M. Caine et ses
procureurs m'ont dit qu'ils voulaient quand même pouvoir s'exprimer
devant la commission si la commission siégeait.
Je pense qu'il n'était pas, dans les circonstances où la
chose m'était présentée, à moi... Il ne
m'appartenait pas de leur dire non, de leur dire qu'il n'était pas
question qu'ils puissent s'exprimer. Je pense que s'ils acceptent de dire trois
mots rapidement dans le contexte de ce qu'on vient d'exposer, ça nous
permettra de passer à une dernière chose, M. le Président,
qui est une demande de directive que je vous ferai concernant la question de
l'assignation des témoins.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Oui, M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le ministre
accepterait la suggestion ou accepterait de faire les suggestions suivantes aux
témoins? Est-ce qu'une soirée ou une nuit de discussion, s'il le
faut, quitte à convoquer à nouveau la commis- sion pour
permettre... Je comprends que M. Caine veuille peut-être s'exprimer,
puisqu'il n'en n'a pas eu la chance, en tout cas, comparativement à
d'autres groupes. Je me demande personnellement si on ne devrait pas ajourner
en demandant une nouvelle convocation pour permettre... On sera assuré,
à ce moment-là, si une partie veut se vider le coeur, qu'on
n'aura pas de brisure de protocole qui serait signé.
Pour ma part, c'est uniquement pour ça et je crois, je vous le
dis, qu'on joue avec le feu sur une entente possible, si c'est vrai que les
parties sont à proximité.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant! Oui, M. le
député de Portneuf, ensuite, M. le député de
Sainte-Marie.
M. Pagé: Assez curieusement, M. le Président, on
n'est quand même pas pour demander à des groupes qui nous ont
entendus lors de quatre, cinq séances, de ne pas être entendus et
de revenir une fois que ce sera réglé pour qu'on les entende. Au
fond...
M. Chevrette: Je peux exprimer ce que je veux dire. Par exemple,
M. Caine peut ne pas avoir eu la chance d'exprimer ou de relever certains
commentaires de parlementaires à cette table qu'il aurait aimé
relever. Pour ma part, j'ai pris ça dans ce contexte. Si c'était
de relever des commentaires de certains parlementaires qu'ils n'ont pas
digérés ou qu'ils n'ont pas acceptés et si, comme
témoins, ils auraient aimé le dire, quant à moi, je pense
que c'est différent que d'entreprendre une discussion sur des contenus
possibles. C'est dans ce contexte-là que je voulais mettre la commission
en garde, parce qu'en relations de travail, un rien fait tout sauter.
D'accord?
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Sainte-Marie, en vous demandant d'être dans le
même style que les autres membres de la commission.
M. Bisaillon: Je pense, M. le Président, que les parties
qui sont devant nous ont compris le message que chacun des parlementaires a
essayé d'exprimer. Le ministre a présenté un texte
d'entente possible. Cela ne veut pas dire que les parties n'ont pas encore un
intérêt à continuer à se parler pour parfaire ou
perfectionner le texte de l'entente. Il me semble que c'est à ce
stade-ci que les parties doivent comprendre qu'elles ont un
intérêt collectif et un intérêt pour chacune d'elles
à intervenir dans la commission dans ce sens-là. J'avais compris
que les propos du ministre visaient à aller chercher les premiers
commentaires des parties, mais sur la base de l'entente possible et de la
négociation qui peut se continuer plutôt que sur le fond. C'est
dans ce sens-là, je pense, que les parties...
Je comprends que ça ne peut pas répondre
complètement aux désirs et aux besoins de M. Caine mais,
compte tenu des circonstances, je préférerais qu'on essaie de
trouver d'autres façons de permettre à M. Caine d'expliquer...
Tous les membres de la commission ont eu le document qu'il a distribué;
je pense que ce document a été rendu public étant
donné qu'il a été remis aux journalistes, et s'il y avait
autre chose, il me semble qu'on pourrait trouver d'autres façons de le
faire et ce soir on devrait s'en tenir à l'entente possible puisque
c'est ce que les parties désirent.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Les parties ont été
convoquées pour être entendues ici, et si elles jugent opportun
d'être entendues, que voulez-vous qu'on y fasse? Si vous voulez
être entendus, allez-y.
Le Président (M. Cardinal): C'est toujours à la
présidence que revient la décision. Dans l'esprit des membres de
la commission et de tout ce qui vient d'être dit depuis environ vingt
heures, je pense que je dois démocratiquement accorder la parole
à M. Caine d'abord, en lui demandant cependant d'être bref pour ne
pas reprendre un débat, et ensuite à un représentant
autorisé de la CSN. M. Caine.
M. William P. Caine
M. Caine (William P.): Merci beaucoup, M. le Président.
Avant de faire quelques commentaires, le plus brièvement possible, il y
a une chose que je voudrais demander à M. le ministre. Dans le contexte
d'un projet de règlement, quelle est son opinion concernant le
piquetage, par exemple, à partir de demain matin?
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre, si vous
désirez répondre.
M. Johnson: Brièvement, M. le Président, il vaut
peut-être la peine que ce soit dit ici, clairement. Dans le projet
d'entente que j'évoque, on dit bien que les parties reconnaissent que
dès ce jour, au moment où elles acceptent un tel protocole,
jusqu'au moment permis par le Code du travail, elles n'utiliseront ni ne
conseilleront d'utiliser de quelque manière la grève, le
ralentissement de travail, le lock-out, soit directement ou indirectement,
compte tenu des dates d'échéance de la sentence arbitrale. Je
pense que, dans les circonstances, on peut considérer que le piquetage
qui est, en général, dans le cas où il s'agit d'un
piquetage par les personnes impliquées dans l'entente il faut
bien se comprendre je pense que c'est couvert par cette notion
d'intervention directe ou indirecte, d'une manière ou d'une autre,
d'utiliser, etc. Dans mon esprit, il est très clair que s'il y a une
entente, cela m'étonnerait que les gens se remettent au travail et
fassent du piquetage en même temps.
M. Caine: Merci, M. le ministre. L'autre chose dont je voudrais
parler un peu, c'est que pendant toutes les séances pas pendant
les séances de cette commission, mais en dehors de ces séances
depuis 14 mois, le nom de la compagnie, le nom de la gérance de
la compagnie et le nom de nos avocats ont été salis par beaucoup
de gens. Comme M. Chevrette l'a dit, pour ne pas ouvrir la porte à
d'autres questions et perdre un bout de chemin j'ai assez de dossiers et je
suis découragé de ne pas avoir de réponses à toutes
les questions qui ont été soulevées au cours de cette
commission, et même en dehors de cette commission, sur les actions de la
compagnie, la gérance et les avocats. Je ne voudrais pas que les gens
partent d'ici avec l'idée que la compagnie est une compagnie où
moi-même, personnellement, j'essaie de briser le système ou de ne
pas donner de permission ou d'entrer dans les affaires syndicales ou de dire
à nos employés avec qui ils doivent s'associer.
C'étaient des questions comme cela. Alors, quand vous m'avez
demandé d'être bref, je ne sais pas comment je peux me
défendre sans avoir à répondre à des questions des
membres de la commission. Mais, en tout cas, qu'est-ce que je peux faire? Vous
m'avez donné quelques minutes, pour parler; alors, je pense qu'il n'y a
pas beaucoup d'autre chose que je puisse dire. Vous pouvez me croire ou vous
pouvez ne pas me croire. Je n'ai aucune façon de faire autre chose. Je
sais que la période qui va venir sera une période d'ajustement
pour tout le monde à Sainte-Thérèse. Je suis content de
voir la fin de tout cela et j'espère que tout le monde... Dans un
règlement comme celui-là ou une négociation comme
celle-là ou une entente comme celle-là, je pense que c'est
impossible de donner satisfaction à tout le monde à 100%; c'est
certain. Toutes les parties ont fait des sacrifices pour arriver à un
règlement. J'espère que, dans une période la plus
brève possible, les relations vont revenir à la normale pour tout
le monde. Merci.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. Caine. Vos paroles
ont été enregistrées et vous avez toujours
bénéficié de la protection de cette commission. Vous savez
qu'on ne peut pas faire durer cela éternellement; le président
n'a pas le droit de parler sur le fond de la question. Je vous remercie
beaucoup de votre collaboration. Qui parle au nom... M. Norbert Rodrigue.
M. Norbert Rodrigue
M. Rodrigue (Norbert): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les membres de cette commission, je voudrais, très
brièvement à mon tour, à ce moment-ci, vous souligner que,
quant à nous, nous estimons, M. le Président, M. le ministre, que
les pourparlers ou les négociations entreprises doivent se poursuivre
dans les minutes, les heures et même la nuit qui vient si
nécessaire. Avant que l'on puisse prétendre que le texte est
à la veille d'être signé, je pense qu'il est
nécessaire de se parler encore un peu. Nous sommes prêts
à
négocier, je le répète, toute la nuit. Nous ne
terminerons pas, quant à moi et quant à ceux qui m'accompagnent,
dans la confusion, à la suite de l'effort qui est fait par cette
commission et par les parties pour arriver à trouver une réponse,
parce que nous sommes conscients nous aussi que c'est fondamental. (21
heures)
Le ministre du Travail l'a rappelé, cela fait quatorze mois que
le conflit dure. Pour nous qui représentons les personnes, les hommes et
les femmes concernés, nous sommes bien conscients qu'il y a là un
problème important et, comme ils sont les premiers concernés, je
m'engage, devant cette commission, à soumettre la proposition du
ministre au syndicat, aux officiers responsables et à voir, dans les
heures qui viennent, ce que nous pourrons faire sur cette question.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. Rodrigue. M. le
ministre.
M. Johnson: M. le Président, je remercie M. Caine et M.
Rodrigue d'avoir précisé certaines choses, de m'avoir
amené à le faire. Je pense que ce texte... Je m'adresse
plutôt à M. Rodrigue, qui a semblé, dans les circonstances,
un peu nuancer sa position autour du texte. Il a pris, je pense, l'engagement
de soumettre ce texte à ses mandataires. J'espère que cela
implique qu'il recommandera l'adoption par les mandataires, parce que je pense
que, d'une façon générale, on peut considérer que
c'est un texte qui est équitable, compte tenu du fait qu'on essaie de
protéger, dans la mesure où cela ne va pas carrément
à l'encontre du reste, de ce qui se passe dans le contexte de cette
entente, d'une certaine façon, la sécurité de ceux qu'il
représente, en étant bien conscient du fractionnement des
personnes impliquées à l'orgi-ne, des divers groupes
impliqués, du fait qu'au moment où nous nous parlons, nous avons
affaire à un groupe de 73 salariés à l'intérieur,
à un groupe d'à peu près 80 personnes à
l'extérieur et qu'à l'origine, il y en avait plus que ça
avec les mises à pied, etc.
Je pense que, de façon générale, cette entente
essaie de tenir compte de la réalité de ceux qui se
considéraient lésés jusqu'à maintenant. Je pense
qu'il y a là un mécanisme où la bonne foi peut agir devant
un arbitre en particulier.
La convocation de témoins
Finalement, M. le Président, je m'adresserais à vous pour
une dernière question qui est une question de directive. Il s'agit, on
l'aura deviné, de la question de la participation de Me Fournier aux
travaux de cette commission. Je serai très bref.
J'ai demandé que M. Fournier soit convoqué. M. Fournier a
choisi, par la voie d'une conférence de presse, d'annoncer qu'il ne
viendrait pas devant cette commission parlementaire en invoquant le secret
professionnel. Je vous fais une demande de directive à l'effet suivant:
considérant, à mon avis, qu'une commission a le pouvoir de
mandater une personne pour qu'elle vienne devant elle; considérant que
c'est à cette table et au bout de cette table qu'une personne peut
invoquer le secret professionnel et non pas à l'extérieur de
cette table, quand le Parlement lui demande de venir; considérant le
fait que nous aurions pu exiger qu'un subpoena soit émis contre Me
Fournier, quitte à ce qu'une fois devant nous, nous jugions au
mérite qu'il avait le droit de garder le silence au nom du secret
professionnel sur certaines questions; compte tenu de l'ensemble de ces
considérants, je vous demanderais de rendre une directive pour me dire
si mon opinion est fondée, à savoir que je pense que M. Fournier
aurait dû se présenter devant cette commission si nous avions
requis, par subpoena, qu'il le fasse. Je vous mentionnerai, après avoir
entendu votre décision ou votre directive, si oui ou non et dans quelles
circonstances, j'aurais exigé qu'un tel subpoena soit émis.
Le Président (M. Cardinal): M. le député
de... M. Casgrain: ...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! Je vous en prie, monsieur, vous
n'êtes pas... A l'ordre, s'il vous plaît! Je vous en prie, à
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Casgrain: On vient de l'accuser...
Le Président (M. Cardinal): Je vous en prie, monsieur,
vous n'avez pas le droit de parole. M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Sur la question de la directive, M. le
Président, parce que c'est une question de règlement qui... Cela
peut être interprété comme une question de
règlement, la directive qui est demandée au président. Je
me permettrai de vous faire des commentaires qui seront les suivants. Je vais
tenter d'être très bref.
Je conviens avec le ministre du Travail que si une personne, pour un
motif ou pour un autre, en l'occurrence une personne qui veut invoquer le motif
du secret professionnel... M. le Président, j'en arrive...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Portneuf, s'il vous plaît! Ne plaidez pas sur le fond de la question. Je
vous en prie. Je ne voudrais pas qu'on en fasse un débat de
procédure.
M. Pagé: On ne fera pas de procédure, mais je me
limiterai à vous dire, dans une question de règlement, M. le
Président j'ai le droit de le faire et je voudrais que vous
preniez les commentaires que je formule en vertu de la question de
règlement en délibéré, avant de rendre votre
décision que je suis peiné de constater que le ministre du
Travail n'ait pas présenté de motion, ou qu'aucun membre du
côté ministériel n'ait présenté de motion
pendant les quatre ou cinq séances.
Je me limiterai à vous rappeler, M. le Président, que,
pour qu'une personne puisse être
convoquée devant cette commission, elle doit l'être par la
commission, M. le Président. J'ai tenté, à la
deuxième ou à la troisième séance et je l'ai
très bien expliqué, j'étais appuyé en cela par le
député de Jonquière, si ma mémoire est
fidèle...
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, j'étais en
désaccord avec vous, monsieur.
M. Pagé: De toute façon, ce n'aurait pas
été la première fois. Mais je le soutiens et j'aimerais
bien avoir votre décision. Je demeure convaincu que, pour qu'une
personne puisse être convoquée devant la commission parlementaire,
il faut qu'elle soit appelée par cette commission, par une motion
présentée ici, et débattue en commission.
M. Johnson: C'est cela.
M. Pagé: Or, M. le Président, que je sache, depuis
le début de nos séances et je l'ai indiqué au
ministre du Travail, j'ai voulu l'aider et il n'a même pas voulu. Je l'ai
indiqué au ministre du Travail, j'ai voulu l'aider et il n'a même
pas voulu. Je comprends qu'il n'a peut-être pas l'expérience
parlementaire de d'autres, mais il aurait fallu qu'il présente une
motion ici, en commission, pour l'appeler, M. le Président. Ce n'est pas
à l'encontre du règlement, je vous le soumets
respectueusement.
Le Président (M. Cardinal): Bon, d'accord!
M. Pagé: M. le Président, le ministre vient de vous
indiquer, par sa demande de directive, que quelqu'un ne se serait pas
présenté et qu'il aurait, somme toute, entravé le voeu ou
la demande de la commission. Il n'y a jamais eu de motion en commission. Il
n'est pas trop tard si vous voulez en faire une. Faites-en une mais, mon Dieu,
conformez-vous au règlement.
M. Johnson: M. le Président, je voudrais seulement
être sûr qu'il n'y ait pas de confusion. Je comprends un peu la
réaction de M. Casgrain tout à l'heure.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse envers Me
Casgrain, mais comme il n'était pas convoqué et qu'il est membre
de l'auditoire, il ne pouvait pas prendre la parole.
M. Johnson: Je comprends très bien et je voudrais
seulement clarifier cela, pour être sûr qu'il n'y a pas de
confusion là-dessus. Il est vrai que nous n'avons pas
présenté de motion. Nous avons simplement demandé au
secrétariat, effectivement, et je le reconnais...
M. Pagé: Ne le blâmez pas de ne pas être venu,
il n'a pas été convoqué régulièrement.
Pourquoi ne l'avez-vous pas fait?
M. Johnson: Là où j'en suis... Un instant. Nous
avons cependant et le député de Portneuf s'en rappellera,
M. le Président, et vous aussi présenté une motion
que, par la suite, nous avons retirée.
M. Pagé: Vous l'avez retirée, il y avait un vice de
forme dedans.
M. Johnson: M. le Président, si vous le permettez, est-ce
que je pourrais simplement terminer rapidement, pour clarifier les choses, et
ne mettre personne au pilori?
Le Président (M. Cardinal): Allez-y, M. le ministre.
M. Johnson: II s'agit simplement de dire et on va
être très clair sur le fond, mais je pense qu'il faut que la
présidence se prononce sur la question de directive que je n'ai
pas l'intention de présenter une motion à l'effet de faire
comparaître M. Fournier...
M. Pagé: Pourquoi ne l'avez-vous pas fait? Si vous vouliez
l'entendre, c'était à vous de le faire.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Johnson: Pour la raison essentielle, M. le Président,
que les renseignements que M. Fournier aurait pu nous fournir, dans le contexte
du déblayage qu'on tentait de faire, nous ont été fournis
en cours de route par certaines parties ou par le recoupement d'affirmations de
certaines parties.
Dans les circonstances, je juge que la présence de M. Fournier
n'est plus utile. Cependant, ce que je dis, c'est: Est-ce que, oui ou non
et c'est la directive que je demande au président cette
commission eût été habilitée à ordonner
à M. Fournier de venir, tout simplement? Je pense que c'est une question
de précédent qui ne vise pas M. Fournier, ni son étude, ni
les gens avec qui il collabore. C'est une question fondamentale du droit
parlementaire, étant donné que cela semble avoir
été mis en question en cours de route par le député
de Portneuf lui-même, au moment ou j'avais présenté une
motion. C'était simplement cela.
M. Pagé: M. le Président, je soulève une
question de règlement ici. Je n'ai jamais mis en doute...
Le Président (M. Cardinal): Oui, monsieur... M.
Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): C'est parce que c'est une
question de privilège... Il n'y a pas de question... En Chambre...
M. Pagé: M. le Président, en commission
parlementaire, le privilège d'un parlementaire peut être
soulevé par une question de règlement. Vous le savez, M. le
Président. Vous le savez.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Portneuf, disons que vous avez dit votre message.
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Cardinal): C'est d'accord?
M. Pagé: Vous allez me permettre un commentaire, M. le
Président, parce que ce que le ministre vient de dire, c'est
partiellement vrai.
Le Président (M. Cardinal): Oui, je vous le permets, non
pas sur une question de privilège, uniquement parce que vous avez
été impliqué...
M. Pagé: Bon!
Le Président (M. Cardinal): ... et que vous pourriez
invoquer les articles 34...
M. Pagé: C'est cela.
Le Président (M. Cardinal): ... et 49, 1 ou 2, devant
l'Assemblée nationale. C'est une exception très
particulière.
M. Pagé: Le ministre du Travail vient d'énoncer le
fait que j'aurais mis en doute le pouvoir de la commission de le faire. Je ne
l'ai pas mis en doute, M. le Président, j'ai invité le ministre
à se conformer au règlement et à le convoquer par la
commission et il ne l'a pas fait. C'est son problème à lui s'il
ne connaît pas le règlement.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît!
M. Pagé: Ne venez pas vous plaindre aujourd'hui et ne
ramenez pas cela sur le tapis aujourd'hui. Pourquoi tout cela, à quatre
minutes de l'ajournement? On est à l'aube d'un règlement. Il
amène cela sur le tapis, comme cela, il ne veut salir personne. Voyons
donc! C'est gros comme la lune! Apprenez donc votre règlement! Je
comprends que vous n'avez pas d'expérience, mais vous devez en avoir de
l'autre côté.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Johnson: Voyons donc, ne soyez pas ridicule!
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jonquière, et brièvement.
Oui, je vous reconnaîtrai dans...
M. Pagé: ... par une commission parlementaire.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, j'ai
déjà plaidé à ce sujet. Je pense que même le
député de Portneuf a déjà présenté
une motion dans ce sens-là. C'est moi-même qui présidais
cette commission parlementaire.
M. Pagé: ... une motion, mais vous ne l'avez pas
faite.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense, M. le
Président, qu'il y a une jurisprudence. Si le député de
Portneuf n'a pas d'objection, j'aimerais savoir si la décision que
j'avais rendue à ce moment-là était une bonne
décision ou une décision qui n'était pas pertinente, parce
que je me fie évidemment au bon jugement et à l'expérience
parlementaire de notre président actuel.
M. Pagé: La décision était bonne.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'autre part, M. le
Président, j'aimerais quand même que Me Casgrain, en tout cas je
donne mon consentement pour qu'il ait le droit de dire brièvement ce
qu'il a à dire.
Le Président (M. Cardinal): Certainement. M. le
député de Jonquière, si vous permettez... Si on me permet
de rendre la décision, je ne ferai pas ce que m'a demandé le
député de Portneuf, je ne la prendrai pas en
délibéré, je la rendrai. Me Cas-grain.
M. Casgrain (Philippe): Je ne veux pas ajouter d'huile sur le
feu, bien au contraire, je veux simplement dire que Me Fournier a
étudié lui aussi avec nous les règlements de cette
Chambre. Il n'a jamais dit, en aucun temps que s'il était
convoqué par subpoena, il ne viendrait pas. Au contraire, il a dit: Je
n'irai pas volontairement offrir de violer le secret professionnel. Cependant,
si je suis convoqué par subpoena, à ce moment-là, je me
rendrai à la Chambre et là, je soulèverai le secret
professionnel. C'est tout ce qu'il a dit.
Je vous souligne incidemment qu'à cet égard, parce que
nous avions quand même partie liée avec lui, nous avons, à
l'époque, consulté le bâtonnier du Barreau et d'autres
anciens bâtonniers pour savoir quoi faire. Si par hasard, il avait
été convoqué, ce n'est pas nous qui aurions agi pour lui,
c'est le Barreau qui aurait pris pour lui les décisions à
prendre. C'est tout ce que je voulais dire. Ce n'est pas ajouter de l'huile sur
le feu, mais je pense que c'est important. Je ne pense pas qu'il y ait lieu de
le blâmer de quelque façon que ce soit.
Le Président (M. Cardinal): Me Casgrain, M. les
députés de Portneuf et de Jonquière, M. le ministre...
Oui, M. Rodrigue.
M. Rodrigue: Juste un petit point, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Sur le même sujet?
M. Rodrigue: Non, pas sur le même sujet.
Le Président (M. Cardinal): Attendez. On me pose une
question, il faut que j'y réponde.
M. Rodrigue: Ah! excusez-moi. Vous m'aviez donné la
parole, je l'ai prise.
Le Président (M. Cardinal): Non, c'est parce que je ne
savais pas si c'était sur le même sujet.
Je pourrais, devant tous ces gens qui sont devant moi, donner une
très longue décision. Je m'en garderai ce soir, même
après avoir étudié longuement toute cette question. Mon
rôle n'est pas de blâmer un témoin qui a été
invité.
J'ai relu aujourd'hui et la lettre et le télégramme qu'il
a reçus; c'est le mot "invité" que l'on emploie. Il est sûr
que l'Assemblée nationale a le droit de convoquer des témoins,
qu'on les appelle témoins ou invités. Ce droit de convoquer et
d'interroger est consacré par au moins deux articles non pas simplement
de notre règlement, mais de la Loi de la Législature, l'article
63, et je vous fais grâce de le lire, et l'article 91, qui va même
jusqu'à permettre au président de la commission d'assermenter le
témoin.
Je pourrais me prononcer sur la question du secret professionnel, mais
je ne le ferai pas, parce qu'elle est hypothétique pour moi. Personne ne
l'a invoquée devant moi. La seule chose que je regrette pour cette
personne qui a été invitée, c'est qu'elle ait donné
sa réponse à l'extérieur de cette commission. Je demande
que, pour cette Assemblée nationale et ses commissions, l'on ait un
respect de plus en plus grand.
Les modes de convocation peuvent jouer. M. le député de
Portneuf a raison. J'ai même devant moi, préparé
aujourd'hui, un modèle de motion pour convoquer un témoin. Peu
importe la façon dont les travaux de cette commission se sont
déroulés, je dois dire, en terminant, que je remercie tous nos
"invités" qui, eux, sont venus, et que je regrette de n'avoir pu
recevoir l'un deux, et cela, pour la commission. (21 h 15)
Je remercie tous les députés qui ont travaillé
à cette commission. Je remercie évidemment le ministre, qui a
joué un rôle important devant cette commission. Encore une fois,
ce n'est pas en terminant que je le ferai, sans aucun blâme, je veux
quand même que l'on retienne ces dernières paroles, que
l'Assemblée nationale, c'est quand même, peut-être, la plus
haute cour du Québec. Merci à tous.
Oui, M. Rodrigue, je vais vous le permettre, avant que je dise le
dernier mot.
M. Rodrigue: Je m'excuse de sembler être un
trouble-fête comme cela. Je voudrais...
Le Président (M. Cardinal): Non.
M. Rodrigue: Je voudrais tout simplement, M. le Président,
apporter une précision...
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Rodrigue: ... à ma première déclaration
de tout à l'heure.
Le ministre a dit espérer que je recommande l'adoption par les
membres du syndicat de la Commonwealth Plywood du protocole proposé par
le ministre et son ministère.
Je voudrais tout simplement être clair et qu'il n'y ait pas
d'équivoque ici. Je m'engage à le soumettre au syndicat. J'ai
avisé le ministre, avant la commission parlementaire, que je ne
m'engageais pas, pour l'instant, à le recommander, mais je
réaffirme devant cette commission ma disponibilité pour
négocier, discuter, préciser un certain nombre de choses,
n'importe quand.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que vous permettez, M.
Rodrigue? Justement, vous ne m'avez pas interrompu ou presque pas, en ce sens
que, parmi ceux que j'ai remerciés, j'en étais rendu à
votre groupe. Par conséquent, merci à tous et les travaux de
cette commission sont ajournés sine die.
Fin de la séance à 21 h 17