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Étude du projet de loi no 110
(Quatorze heures quarante-sept minutes)
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre est
réunie pour procéder à l'étude article par article
du projet de loi no 110, Loi modifiant la Loi sur la qualification
professionnelle des entrepreneurs de construction et d'autres dispositions
législatives.
Les membres de cette commission sont les suivants: M. Bellemare
(Johnson), M. Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par M. Boucher
(Rivière-du-Loup), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Gravel
(Limoilou), M. Johnson (Anjou), M. Lavigne (Beauharnois), M. Mailloux
(Charlevoix).
M. Pagé: Oui, M. Mailloux (Charlevoix) comme membre.
Le Président (M. Clair): M. Pagé (Portneuf), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Vaillancourt (Jonquière) remplacé par M. Laberge
(Jeanne-Mance).
Les intervenants sont les suivants: M. Brochu (Richmond), M. Forget
(Saint-Laurent)...
M. Pagé: Remplacé par M. Ciaccia (Mont-Royal).
Le Président (M. Clair): ... remplacé par M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. Gosselin (Sherbrooke) remplacé par M. Gagnon
(Champlain), M. Jolivet (Laviolette), M. Laplante (Bourassa), M. Lefebvre
(Viau), M. Paquette (Rosemont), M. Springate (Westmount)...
M. Pagé: M. Springate remplacé par M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
Le Président (M. Clair): M. Springate remplacé par
M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), comme intervenant. Et enfin, M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Avant d'entreprendre les travaux de cette commission, je pense que, en
tenant compte des avis qui ont été donnés en Chambre, il y
a quand même lieu de désigner un rapporteur.
M. le député de Limoilou, qui est un membre permanent,
accepterait-il d'agir comme rapporteur?
M. Gravel: Oui, M. le Président. M. Pagé: Un
parfait rapporteur.
Le Président (M. Clair): Le député de
Limoilou agira comme rapporteur des travaux de cette commission. Je cède
immédiatement la parole au ministre du Travail.
M. le ministre.
Remarques préliminaires
M. Pierre-Marc
Johnson
M. Johnson: M. le Président, dans mon exposé
préliminaire, je vais être extrêmement bref. Je pense que
beaucoup de choses ont été dites depuis que ce projet de loi a
été déposé, depuis la publication du rapport
Hébert et les commentaires qu'il a suscités. Je pense
également qu'il faut avoir à l'esprit que le monde de la
construction, dans le domaine des relations de travail, n'est pas
intrinsèquement différent des autres; qu'il pourrait exister des
cas particuliers dans d'autres industries, mais il a cette
caractéristique d'être important et de bénéficier
d'une perception dans l'opinion publique, et, malheureusement, par beaucoup
d'hommes politiques, d'être un monde trop à part et très
à part, sa caractéristique essentielle étant
peut-être que les lois qui le touchent soulèvent habituellement
plus de passion que dans d'autres secteurs.
Je serai prêt à répondre article par article aux
questions que l'Opposition aura à nous poser. Je voudrais mentionner que
j'ai remis au député de Portneuf, ainsi qu'au
député de Johnson et au député de Beauce-Sud, il y
a maintenant trois jours, les textes qui sont des projets d'amendements
à ce projet de loi en espérant qu'à partir de cela ils
pourraient tous exprimer de façon claire et concise, au niveau de la
deuxième lecture, leur orientation, leur perception ou leurs opinions.
J'espère que le débat que nous aurons dans l'étude article
par article nous permettra de constater que l'Opposition a tenu compte de ce
geste gratuit qui était de lui remettre les amendements pour ne pas la
prendre par surprise aujourd'hui. C'est tout ce que j'avais à dire pour
commencer, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Messieurs, si vous le permettez,
je voudrais simplement, auprès du député de Johnson,
m'excuser d'avoir commencé les travaux de cette commission avant son
arrivée. J'avais eu des indications qu'il ne pouvait être
présent immédiatement.
M. Bellemare: Je vais être présent presque tout le
temps, mais seulement j'ai une autre tâche ici d'être leader.
Le Président (M. Clair): Oui, je comprends, mais,
étant donné, M. le leader de l'Union Nationale, que lundi dernier
vous avez eu la gentillesse vous-même de demander la suspension pour
attendre une autre opposition, je voulais simplement m'excuser auprès de
vous.
M. le député de Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Mes commentaires
vont certainement être un peu plus
longs que ceux que s'est permis de faire le ministre au début des
travaux de notre commission. Effectivement, M. le Président, nous avons
comme mandat, comme tâche aujourd'hui d'étudier article par
article ce projet de loi 110 qui a certainement fait couler beaucoup d'encre
depuis le moment de son dépôt, soit le 29 novembre dernier. Ce
projet de loi modifie plusieurs dispositions législatives existantes,
cinq lois qui s'appliquent. Il vient modifier de façon non seulement
importante, mais qui touche même à l'essentiel dans certains cas
la vie de plusieurs groupes ou organismes. Il vient modifier la conjoncture
dans le domaine des relations de travail dans l'industrie de la
construction.
Le ministre du Travail a eu l'occasion de faire son discours en
deuxième lecture ici, à l'Assemblée nationale, très
tard dans la soirée de vendredi dernier. Moi-même ainsi que mes
collègues de l'Opposition, soit l'honorable député de
Johnson et le député de Beauce-Sud, nous avons eu l'occasion de
faire part de nos commentaires. Quant à moi, je l'ai fait vendredi
dernier, dans un premier épisode et, deuxième épisode,
dans la nuit de lundi à mardi dernier. L'Opposition, M. le
Président, s'est prononcé unanimement contre l'adoption de ce
projet de loi. Cette position adoptée par nous témoignait
d'inquiétudes, d'une part, et d'interrogations, d'autre part,
interrogations qu'on a eu l'occasion de formuler, auxquelles on a eu l'occasion
de sensibiliser le ministre; interrogations qu'on a d'ailleurs
soulevées, et ce à plusieurs chapitres. Cela pourrait, quand
même, être assez bref, M. le Président. On aura l'occasion
de revenir sur tous ces sujets lors de l'étude du projet article par
article. Interrogations sur toute cette question que contient le projet de loi
dont le gouvernement s'apprête à demander l'adoption.
Le gouvernement crée, par ce projet de loi, un monde
complètement à part dans le secteur de la construction, une
entité, un groupe qui ne sera pas syndiqué, groupe dont les
membres ne seront pas considérés comme des salariés au
sens de la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction, ce qui aura, évidemment, beaucoup d'impact. On
crée, avec tout ce que cela peut impliquer dans le cadre
législatif qui nous est présenté, le statut d'artisan,
statut qui permettra à des travailleurs, au lendemain de l'adoption de
cette loi, de demander à la Régie des entreprises de construction
du Québec d'être classés artisans. Cela leur permettra, une
fois que les normes, c'est-à-dire cautionnement et tout cela, seront
remplies, de se soustraire à l'application du décret, de faire
affaires et de travailler seuls pour autrui sans être soumis à ce
décret, à des taux de salaire négociables, traitables,
discutables selon les besoins et selon les conditions du marché,
marché dans lequel, entre parenthèses, l'Office de la
construction nous disait dans son dernier rapport qu'on pouvait présumer
une diminution de 17% en 1978 par rapport à 1977.
Cela, M. le Président, selon moi, venait perturber le monde du
travail. Cela venait officialiser, légaliser une compétition
indue. En bon français, cela venait privilégié des
situations de coupe de salaires et de négociation de prix à
rabais dans le secteur de la construction. J'étais en droit de formuler
non seulement des inquiétudes, mais des interrogations au ministre. Cet
aspect, on en discutera pendant nos travaux. Il y a aussi tout cet aspect qui
permet par la loi aux artisans de travailler pour des employeurs professionnels
sans pour autant, M. le Président, être soumis au décret,
sauf pour la condition des taux de salaire payés.
Ces deux premiers éléments impliquent toute une
série de questions, qu'on se doit de poser à juste titre, quoi
qu'en dise le ministre et auxquelles celui-ci devra répondre. Dans ce
projet de loi aussi, M. le Président, il y a deux aspects qui peuvent
être interprétés comme étant mineurs, mais que je
considère comme étant très importants quand même,
deux aspects que le ministre du Travail a peut-être voulu passer en douce
à l'intérieur de ce projet de loi catalogue, de ce projet de loi
fourre-tout qui contient des modifications, des amendements à gauche et
à droite, qui a été présenté dans le cadre
d'une période propice à l'Assemblée nationale, soit la
période des Fêtes où on sait pertinemment que la
très grande majorité des Québécois il faut
le constater est pas mal plus préoccupée le 21
décembre 1978, à 3 heures de l'après-midi par l'emballage,
l'achat de ses cadeaux de Noël que par les travaux qui se déroulent
à l'Assemblée nationale. C'est toujours facile pour un
gouvernement... Particulièrement, quand on connaît le ministre du
Travail, M. le Président, on n'a pas à se surprendre que celui-ci
ait non seulement présenté son projet de loi le 29 novembre, mais
que lui et le leader aient fait en sorte qu'il soit amené pour
étude en deuxième lecture en pleine nuit, d'une part, et qu'il
soit amené pour étude article par article le 21 décembre,
date limite pour la terminaison des travaux de cette Assemblée.
Je reviens donc, M. le Président, aux deux éléments
qui peuvent paraître bénins. Le premier élément
constitue dans la loi une limitation du champ d'application du décret en
ce qui regarde les commissions scolaires et les établissements du
réseau de santé du gouvernement. Cela peut paraître bien
anodin, mais cela a beaucoup d'impact, M. le Président. Cela implique,
dans un premier temps, que le gouvernement ne veut pas s'obliger ce que
M. le Président, les lois, les réglementations et la situation
sous-tendent à respecter le décret dans ces secteurs des
réseaux de la santé et de l'éducation. Cette mesure,
même si le ministre nous apportera des amendements, vient limiter, et ce
de beaucoup, le champ d'application du décret.
Une interrogation que j'ai formulée au ministre, cela a
été de lui demander, M. le Président, jusqu'où
cette démarche pouvait s'inscrire dans le cadre d'une approche globale.
Je ne voudrais pas en faire ici une question de débat parce que vous
pourriez me reprocher de ne pas être pertinent. Le ministre du Travail,
on se le rappellera, le 20 septembre dernier, faisait paraître un avis
dans la Gazette officielle par lequel il procédait à l'exten-
sion du champ d'application du décret pour couvrir quatre
secteurs bien spécifiques, le secteur des "shut-down" dans l'industrie
pétrolière, le secteur des pâtes et papiers, la
métallurgie et les entreprises hydroélectriques.
Il y a un autre aspect, M. le Président, c'est que le ministre,
en vertu de cette loi, se donne le pouvoir de changer le droit du jour de
grève ou du jour auquel les parties patronales ont le droit au lock-out
en vertu du décret dans l'industrie de la construction. (15 heures)
M. Johnson: En vertu de la loi pour le décret.
M. Pagé: Le ministre pourra, par cet article purement et
simplement, en catimini, de son propre chef, lui-même, sans consultation
comme d'habitude, notamment décider de la date
d'expiration du décret d'où, M. le Président, la
possibilité et le privilège pour lui de décider du droit
à la grève ou au lock-out. Je crains que tout cela sous-tende une
stratégie orchestrée, bien planifiée, pour
s'épargner la possibilité qu'en pleine période de
négociation, soit en septembre ou octobre prochain, parce qu'on se
rappellera qu'en 1976...
M. Johnson: Pendant le référendum.
M. Pagé: Pendant le référendum. En 1976, on
se rappellera, M. le Président, que les négociations
étaient des plus vives en septembre et octobre et cela s'est conclu en
octobre dernier. On se rappellera la déclaration du ministre et du vice
premier ministre, ministre de l'Éducation, M. Morin qui, je ne sais trop
pour quel motif, a laissé échapper, il y a quelques semaines,
devant les étudiants c'était peut-être pour racheter
un peu sa position sur les prêts et bourses aux étudiants, mais,
en tout cas qu'éventuellement, le référendum
pourrait être tenu en septembre ou octobre prochain. Ce n'est pas
compliqué. Cela ne prend pas 25 ans d'expérience politique pour
voir ce qu'il y a en dessous de la roche. Le gouvernement veut se donner le
droit, le privilège, l'attribut qu'en pleine période
référendaire cela fait mal des grèves en
période référendaire ou en période
électorale et Dieu sait si moi, au nom du Parti libéral du
Québec, j'en sais quelque chose le gouvernement a vu tout cela et
il se réserve le privilège de modifier l'expiration du
décret, évitant ainsi toute possibilité de grève ou
de lock-out dans la période combien importante pour lui
référendaire.
Il y a d'autres aspects, M. le Président, dans ce projet de loi.
Il y a deux autres éléments auxquels je voudrais faire
état qui témoignent d'une même intention. C'est cette
intention bien ferme, bien arrêtée pas trop
manifestée jusqu'à maintenant parce que pas trop perçue
par les milieux concernés du gouvernement de vouloir
contrôler peu importe à quel prix et ce, même si
c'est au prix de la démocratie les organismes en présence.
Qu'on regarde le traitement qui est fait par ce projet de loi à
l'Association des entrepreneurs en construction du Québec, un organisme
qui a vu naissance par voie de législation à la fois
privée et publique en 1975-1976, un organisme qui n'a pas
été facile à créer, qui n'a pas été
facile à ajuster une fois sa création, mais qui en est
arrivé non pas à certaines conclusions, mais à des
conclusions certaines et à une situation qui a prévalu en 1976,
c'est-à-dire l'existence, dans le secteur de la construction, d'un
groupe bien organisé, d'un groupe qui était fort et je
pense que cela a été respecté par les milieux syndicaux
d'avoir en face d'eux un groupe qui se tenait un groupe qui a
négocié le décret, un groupe qui, depuis, a
appliqué le décret, un groupe qui est en droit aujourd'hui et ce,
compte tenu de la loi adoptée en 1975, de se pencher sur son avenir, sur
ses règlements, sur sa composition, sur son mode d'élection, sur
sa représentativité au conseil d'administration et tout cela,
mais un groupe qui était bien organisé, organisme qui a
présenté en février 1978 pas en novembre, M. le
Président un projet de règlement pour adoption au ministre
du Travail. Ce projet de règlement, c'est un peu comme la loi 116
d'aujourd'hui, quand le ministre de l'Agriculture nous disait qu'il y avait un
jugement rendu par la Cour suprême et qu'il fallait absolument
légiférer, jugement qui a été rendu
notamment pour la gouverne du député de Champlain, mon bon ami
qui s'occupe particulièrement de l'agriculture le 18 janvier
dernier. Le ministre avait donc les règlements, la position de
l'Association des entrepreneurs en construction depuis février dernier.
Cela a impliqué, évidemment, un débat il faut
appeler les choses par ce qu'elles sont entre l'AECQ et
différentes associations dont les membres sont aussi membres de l'AECQ.
Le ministre a profité, selon moi et c'est ce que je soutiens,
libre au ministre de me démontrer le contraire tantôt de ce
débat peut-être viril, mais qui était là, entre les
associations et l'Association des entrepreneurs en construction, pour en
arriver à une clause dans la loi 110 lui permettant d'adopter des
règlements et lui permettant de les modifier et d'aller jouer dans les
structures, dans la composition et les modes d'information du Conseil
d'administration de l'AECQ.
Les dispositions du projet de loi 110, je vais vous les résumer
bien brièvement, à l'égard de l'AECQ, pour moi, c'est
purement et simplement la mise en tutelle de l'Association des entrepreneurs en
construction du Québec. Aujourd'hui, c'est l'association des
entrepreneurs et demain ce seront les syndicats. Il y a un autre
élément qui se recoupe encore sur ce principe et qui s'applique
maintenant à l'Office de la construction du Québec, cet organisme
qui a toujours été défini, d'après le
législateur, comme un organisme résultant des groupes en
présence, soit le milieu patronal, d'une part, et le milieu syndical,
d'autre part.
On se rappellera combien et comment l'ancienne Commission de l'industrie
de la construction pouvait représenter peut-être plus
fidèlement que l'OCQ actuellement ce principe de parité. L'OCQ a
eu des problèmes aigus depuis quelques
années, depuis sa création. Ces problèmes se sont
davantage polarisés depuis un an, d'une part avec le règlement de
placement et d'autre part avec différentes enquêtes sur tout ce
qui s'est passé. On aurait été en droit de s'attendre
à un débat plus démocratique, un débat plus large,
sur cette question, qui aurait permis au législateur et non pas au
lieutenant-gouverneur en conseil parce qu'il faut savoir ce que c'est
que le lieutenant-gouverneur en conseil, le lieutenant-gouverneur en conseil,
pour moi, c'est le ministre du Travail! débat qui aurait permis
aux députés à l'Assemblée nationale, à
moi-même personnellement, au député de Beauce-Sud, qui est
finement au fait des impacts et de tout le dossier de l'OCQ notamment, qui nous
aurait permis, dis-je, de participer à ce débat sur son avenir,
sur ce qu'est l'OCQ, les failles de l'OCQ et ce qu'on devrait faire de l'Office
de la construction du Québec. Mais non. Il faut et cela s'inscrit
bien dans l'esprit du gouvernement du Parti québécois il
faut légiférer, et cela presse.
M. le Président, qu'on regarde très brièvement les
mesures que contient le projet de loi 110 à l'égard de l'OCQ.
L'OCQ sera maintenant l'affaire du gouvernement, purement et simplement, quand,
selon moi, cela devrait être l'affaire des parties en présence,
avec une voix au chapitre pour le gouvernement sur certains aspects et dans
certains cas très limités. M. le Président, vous
comprendrez qu'avec tous ces motifs il va de soi qu'on s'est prononcé
contre le projet de loi. On n'a d'ailleurs pas été les seuls
à se prononcer contre. Pour une fois, toutes les parties en
présence sont contre le projet de loi 110. Je conviens que le ministre
du Travail puisse peut-être se satisfaire, et ce temporairement, du fait
que toutes les parties soient contre. J'entendais, il n'y a pas longtemps, ses
collaborateurs je ne sais pas si c'était dans un
communiqué je les lisais, dis-je, faire part au public et au
monde de la construction que plus les gens étaient contre, plus cela
renforçait la conviction au ministre d'être contre. Cela
témoigne fidèlement de la suffisance...
M. Johnson: Si vous me permettez, M. le Président...
M. Pagé: ... de l'arrogance du ministre du Travail. On y
reviendra.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Johnson: Si vous me le permettez, M. le Président,
puisqu'ils ne sont pas là pour se défendre, les gens de mon
bureau, de mon cabinet, c'est un journaliste, que je sache, qui a écrit
cela et ce n'est pas un communiqué émanant de mon bureau. Mais
cela ne m'étonne pas du député de Portneuf, c'est la
confusion dans les sources, comme d'habitude!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Ce commentaire témoigne encore de la
suffisance du ministre. En tout cas! C'est une autre affaire. C'est le monde
qui va juger.
M. le Président, tout le monde est contre ce projet de loi.
J'aurais aimé... Si vous voulez intervenir, vous interviendrez
tantôt. J'aimerais que vous interveniez. J'aurais
préféré que le député de Sainte-Marie
intervienne. Vous le remplacez aujourd'hui, mais j'aurais
préféré que le député de Sainte-Marie...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf, il ne vous reste que quelques minutes, alors, je vous prierais...
M. Pagé: ... de conclure?
Le Président (M. Clair): ... de revenir à la
pertinence du débat.
M. Pagé: J'aurais bien aimé parler du
député de Sainte-Marie, qui était contre ce projet de loi
lui aussi, mais qui est pour maintenant et n'est pas ici aujourd'hui,
évidemment.
M. le Président, je vous dirai en terminant, parce que le temps
fuit, que tous les groupes se sont prononcés contre le projet de loi,
mais tous les groupes n'ont pas eu le privilège d'être entendus,
et ce même si on a un gouvernement qui se pète les bretelles au
niveau de la transparence et qui se définit comme étant
transparent et démocrate.
Motion de report
M. le Président, je ferai motion immédiatement et ce, dans
ce souci que le gouvernement se rende à ce à quoi il s'est
obligé au chapitre de la transparence et de la démocratie; je
fais donc motion pour que l'étude article par article du projet de loi
110 soit suspendue jusqu'à ce que la commission parlementaire du travail
et de la main-d'oeuvre ait entendu les représentations de l'Association
des entrepreneurs en construction, de la Fédération des
travailleurs du Québec, du Conseil provincial des métiers de la
construction, de la CSN, la CSD, l'OCQ et la Régie des entreprises en
construction.
M. Johnson: Sur la motion, M. le Président, est-ce
que...
Le Président (M. Clair): J'aimerais d'abord, si vous me
permettez, être légèrement éclairé, si
quelqu'un pouvait le faire, sur la recevabilité de cette motion, en
particulier sur le point de l'article 99.1 qui dit qu'on ne peut revenir sur
une question sur laquelle une décision a déjà
été prise au cours de la session. Comme je ne suis pas
suffisamment éclairé sur la question à savoir si oui ou
non cette question a déjà été réglée
à l'Assemblée nationale, si quelqu'un voulait m'éclairer
là-dessus.
M. Pagé: M. le Président, je suis disposé
à vous éclairer immédiatement.
Le Président (M. Clair): Je vous écoute, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, cette question n'a
évidemment été ni débattue ni réglée
à l'Assemblée nationale jusqu'à maintenant parce que le
projet de loi a été présenté le 29 novembre
dernier. Toute cette question des modifications aux cinq lois en
présence des parties en cause n'a pas été abordée
et ce, même si les parties en cause ont fait des représentations
en ce sens. Des demandes ont été formulées par des
groupes.
Le Président (M. Clair): Sur la recevabilité.
M. Pagé: Sur la recevabilité. Des demandes ont
été formulées et en aucun temps depuis l'ouverture de la
session le 3 octobre dernier les groupes dont je fais mention dans la motion
n'ont eu l'occasion d'être entendus ici à l'Assemblée
nationale. Que ce soit sur les objets bien spécifiques du projet de loi
110, que ce soit...
M. Johnson: ... recevabilité. M. Pagé: J'en
arrive à cela. M. Johnson: II faut être large.
M. Pagé: J'en arrive à la question de la
recevabilité.
M. Johnson: Vous êtes sur le fond de la motion, en ce
moment.
M. Pagé: Je ne suis pas sur le fond de la motion.
Le Président (M. Clair): Je m'excuse, M. le ministre, la
première question que je voulais poser, pour disposer de la
recevabilité de cette motion, c'était celle de savoir si oui ou
non la question d'auditions publiques avait été
décidée à l'Assemblée nationale et le
député de Portneuf est en train de dire que ni sur le projet de
loi 110, ni sur autre chose il y aurait eu une telle motion.
M. Chevrette: II y a eu des questions... M. Pagé:
Je vous dirai bien brièvement...
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Clair): Sur une question de
règlement, M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Oui. Effectivement, il y a eu en Chambre une
question, en vertu de l'article 34, pour demander au leader, par l'entremise
d'un représentant de l'Opposition, s'il y avait des auditions ou non en
marge de la loi 110 très spécifiquement. Il y a eu une
réponse à savoir qu'il n'y avait pas d'auditions et c'est
à ce moment-là que la Chambre...
M. Pagé: M. le Président...
M. Chevrette: Encore 30 secondes, je termine.
M. Pagé: Merci.
M. Chevrette: ... c'est à ce moment-là que la
Chambre a donné un ordre de siéger pour l'étude article
par article.
Le Président (M. Clair): Sur ce point, je suis
déjà suffisamment éclairé pour en disposer. Il me
semblait qu'il en avait été question.
M. Pagé: Non...
Le Président (M. Clair): Sur le petit point de la question
qui aurait été posée, effectivement, cela me revient
à la mémoire. Une question a été posée, mais
je voudrais dire au député de Joliette-Montcalm qu'une question
posée à l'Assemblée nationale avec une réponse du
ministre, ce n'est pas une décision de l'Assemblée.
M. Pagé: Non, ce n'est pas un ordre de la Chambre.
M. Chevrette: Je sais. L'ordre de la Chambre, c'est
l'étude article par article.
M. Pagé: Je reviens, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Si vous me permettez, sous cet
angle de la recevabilité, j'en ai disposé comme vous venez de
l'entendre. Maintenant, l'autre point sur lequel j'aimerais être
éclairé, M. le député de Portneuf et messieurs les
membres de cette commission je comprends que le but du
député de Portneuf, c'est que la commission parlementaire du
travail et de la main-d'oeuvre entende les représentations de divers
groupes. La formulation de la motion est que cette commission suspende ses
travaux et j'aimerais être éclairé à savoir si un
député peut présenter une telle motion, soit celle de
suspendre les travaux de cette commission, alors que l'Assemblée
nationale a donné ordre d'étudier le projet de loi article par
article.
L'article 154.1 de notre règlement dit bien qu'en commission
plénière ou élue, après la deuxième lecture,
on ne peut discuter que les détails d'un projet de loi et qu'il ne peut
y avoir d'auditions publiques que devant une commission élue pourvu que
celle-ci y consente. Dans les circonstances, la motion ne m'apparaît pas,
à première vue, basée sur l'article 152; c'est une motion
de suspension du débat et je me demande sérieusement si vous
êtes autorisé à présenter une telle motion.
M. Johnson: Sur la recevabilité, M. le
Président.
M. Pagé: C'est moi qui avais la parole.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf, d'abord, et le ministre du Travail par la suite. (15 h 15)
M. Pagé: Le ministre aura tout le temps. Nous allons faire
cela calmement, de façon sereine. On a non seulement toute la
journée, mais on a plusieurs journées...
M. Johnson: On ne perd pas les pédales.
M. Pagé: ... de travaux en cette commission. Si vous
voulez, on va partir cela fair play...
Le Président (M. Clair): J'aimerais vous entendre sur la
question que je vous ai posée.
M. Pagé: ... je vais terminer et, ensuite, le ministre
interviendra. Je conviens que le ministre est peut-être un peu anxieux,
mais ce n'est pas mon problème.
M. le Président, j'aurais presque envie de faire motion pour
remercier le député de Joliette-Montcalm...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf, sur la question...
Une voix: Sur la recevabilité.
Le Président (M. Clair):... c'est toujours sur la
recevabilité.
À l'ordre, s'il vous plaît, messieurs! C'est toujours sur
la recevabilité de la motion, mais je vous ai dit que, sur l'aspect de
la question, j'en ai déjà disposé. C'est sur l'autre point
que je désire être éclairé. Je suis convaincu que
vous avez bien compris, M. le député.
M. Pagé: Oui, j'ai très bien compris et vous aussi
probablement, et c'est ce dont je veux m'assurer. Le député de
Joliette-Montcalm vient de démontrer et ce, hors de tout doute, que
l'Assemblée nationale n'a jamais été saisie de cette
question-là, sauf par une question posée au leader, même
pas au ministre du Travail.
M. le Président, la motion est définitivement recevable
sur cet aspect, parce qu'il n'y a jamais eu de motion déposée,
débattue, votée à l'Assemblée nationale pour voir
si les parties devaient être entendues. Alors, il m'apparaît que,
sous cet aspect, l'Assemblée nationale n'a jamais été
saisie de cette question autrement que par l'article 34, qui n'est pas une
motion comme telle, ni une intention, parce que la question posée en
vertu de l'article 34, dans sa réponse, représente strictement
une réponse sur l'ordre des travaux et la démarche des travaux,
et non pas la volonté des travaux comme tels, à savoir qui
entendre et qui ne pas entendre.
Le Président (M. Clair): Je vous rappelle que vous m'avez
convaincu, M. le député.
M. Pagé: Bon, tant mieux! Passons à d'autre
chose.
Vous mettez en relief, vous invoquez l'article 152. La grande
interrogation qu'on doit se poser est: Si la motion était
acceptée, est-ce que les travaux de la commission parlementaire du
travail et de la main-d'oeuvre pour étudier article par article le
projet de loi seraient suspendus?
Je vous dirai bien humblement c'est peut-être une culbute
juridique, mais, en tout cas, c'est cela et, Dieu merci, vous êtes
avocat, vous allez probablement comprendre légalement les travaux
ne seraient peut-être pas suspendus, mais, dans les faits, les travaux
seraient suspendus, M. le Président, parce que je ne vois pas, à
moins que le ministre du Travail nous l'explique, comment on pourrait en
même temps écouter les parties, les entendre, discuter avec elles
et procéder à l'adoption des articles 1, 2 et 3. Il faudrait
nécessairement, dans les faits, suspendre ou encore mettre de
côté, de façon temporaire, si on ne veut pas utiliser le
terme "suspendre", les travaux de cette commission, c'est-à-dire
l'étude du projet de loi article par article, cela s'est
déjà fait, ou encore, comme dit mon collègue de Joliette,
on pourrait peut-être, sans suspendre, arrêter
momentanément, vous savez.
Selon moi, la question n'est pas là, la motion de suspension
à laquelle vous vous référez vise uniquement à ce
qu'un député puisse, par une motion, demander que les travaux se
terminent purement et simplement. La motion que j'ai formulée
aujourd'hui, ne vise pas à ce que les travaux se terminent, au
contraire, cela fait quatre jours que j'attends que les travaux
débutent. La motion vise essentiellement à ce que la commission
parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre continue ses travaux, qu'on
entende les parties et ce, régulièrement, à la suite du
mandat qui nous a été conféré par
l'Assemblée nationale.
Si le ministre du Travail et de la Main-d'Oeu-vre croit qu'on peut en
même temps entendre les parties et procéder à
l'étude des articles un par un, eh bien, tant mieux pour lui. Il le
proposera et il essaiera de le faire tantôt. Pour ma part, je vous dirai
bien humblement que nous ne sommes non seulement pas disposés, mais pas
capables, d'une part, de procéder à l'étude du projet de
loi article par article, tout en permettant qu'en même temps dans le
débat, les parties se fassent entendre. Pour moi, ce n'est pas une
suspension des travaux de la commission, c'est strictement une affectation
nouvelle et temporaire des travaux de cette commission et il m'apparaît
hors de tout doute dans mon esprit que c'est recevable.
Le Président (M. Clair): Dans l'ordre, s'il vous
plaît, le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, le
député de Beauce-Sud, le député de
Rivière-du-Loup, le député de Mont-Royal, et je vous
prierais de faire rapidement.
M. Johnson: Brièvement, M. le Président...
M. Roy: Sur un point de règlement, avant que le ministre
ne prenne la parole, j'aimerais avoir une copie. C'est notre droit de nous
faire distribuer une copie de la motion.
Le Président (M. Clair): Oui, vous avez tout à fait
raison, M. le député. J'entends la cloche sonner, est-ce que
quelqu'un pourrait vérifier s'il s'agit d'une demande de vote? M. le
député de Portneuf, est-ce que vous aviez plusieurs exemplaires
de votre motion?
M. Pagé: J'en avais un exemplaire. M. Johnson: Vous
n'étiez pas préparé?
M. Pagé: Le ministre, encore une fois, va se permettre de
vouloir...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Pagé: ... être suffisant. M. Johnson:
D'accord.
Le Président (M. Clair): Messieurs, à l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Johnson: Bon, d'accord.
M. Pagé: M. le Président, je n'ai pas les moyens du
cabinet; je vais les avoir avant longtemps, ne soyez pas inquiet. Je n'ai pas
les moyens du cabinet, je n'ai qu'une feuille, servez-vous de vos photocopies,
servez-vous de vos documents, faites-les photocopier.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, M. le
député de Portneuf, à l'ordre!
M. Roy: Sur un point de règlement...
Le Président (M. Clair): Celui dont vous mettez la
conduite en cause est le président; c'est à moi à faire
faire les photocopies...
M. Pagé: Je vous y invite.
Le Président (M. Clair): ... alors, je fais faire des
photocopies immédiatement.
M. Pagé: Parfait!
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'on doit suspendre les
travaux?
M. Pagé: On peut suspendre les travaux. Une voix:
Ce n'est pas nécessaire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Beauce-Sud, vous allez avoir dans les minutes qui vont suivre une copie de la
motion d'amendement.
M. Roy: Je voudrais émettre une rectification, M. le
Président, parce que l'aspirant ministre...
Le Président (M. Clair): Est-ce toujours sur une nouvelle
question de règlement?
M. Roy: Oui, c'est une question de règlement. Je veux
seulement préciser une chose: II s'en est pris au ministre du Travail;
non pas que le ministre du Travail ne soit pas capable de se défendre,
ce n'est pas cela, mais c'est moi qui avais demandé une copie de la
motion.
M. Pagé: J'ai les moyens du bord; je n'ai pas les moyens
du gouvernement.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! Messieurs, s'il vous plaît, l'incident est clos. Le ministre
du Travail, sur la recevabilité de la motion.
M. Johnson: Brièvement, M. le Président, sur la
recevabilité de la motion. Je pense que cette motion n'est pas recevable
pour deux raisons: la première, c'est que l'Assemblée a
déjà disposé, dans la mesure où je reprends les
propos du critique libéral qui reprenait en quelque sorte les propos du
député de Joliette, de l'équivalent de remettre à
plus tard en disposant d'une motion du député de Pointe-Claire
pour remettre à trois mois l'étude au niveau de la
deuxième lecture; deuxièmement, je pense que le mandat que cette
commission a de la Chambre est de faire l'étude, article par article, et
je considère qu'une motion demandant d'entendre les parties devrait
être une motion émanant de la Chambre et non pas de la commission.
Pour ces raisons, M. le Président, je considère que la motion est
irrecevable.
Le Président (M. Clair): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je n'aime pas beaucoup jouer
à la procédure mais, dans des circonstances comme
celles-là, il n'y a pas tellement de moyens à notre disposition
si nous voulons, et en cela j'appuie le principe bien que je pourrai y
revenir tout à l'heure de la motion déposée et
présentée par l'honorable député de Portneuf...
Mais, M. le Président, j'aimerais bien dire ceci sur la
recevabilité: il n'y a pas eu de motion en Chambre et la motion de trois
mois n'est pas une motion spécifique en vue de permettre la convocation
de la commission parlementaire afin d'y tenir des audiences publiques.
Cependant, j'aimerais bien dire en vertu de l'article 161, paragraphe 2,
que "la commission peut en tout temps faire à l'Assemblée des
rapports spéciaux ou intérimaires, sur une motion qui ne peut
être faite qu'une seule fois au cours d'une séance ".
Or, si la motion est amendée dans le sens qu'on fait rapport
à l'Assemblée nationale disant que les membres de la commission
ne se jugent pas suffisamment informés puisqu'on n'a pas permis aux
organismes intéressés de pouvoir s'exprimer et qu'on ne permet
pas aux membres de la commission de pouvoir les interroger pour avoir un
meilleur éclairage, cela devient une motion recevable. C'est
peut-être tout simplement une question de formulation, une question de
forme, mais
sur le fond, M. le Président, je pense que la motion peut
être reçue.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rivière-du-Loup.
M. Boucher: M. le Président, je pense que la motion du
député de Portneuf est prématurée parce qu'elle
convoque des témoins qui n'ont pas encore été
convoqués. Je comprends que la commission est maîtresse de ses
travaux, mais elle doit respecter l'ordre du jour pour lequel elle a
été convoquée, c'est-à-dire l'étude article
par article de la loi 110. Je vous référerais à une
décision qui a été rendue le 3 juillet 1975 relativement
à une motion semblable. Merci.
Le Président (M. Clair): Je m'excuse, M. le
député de Johnson, j'avais déjà indiqué au
député de Mont-Royal, au député de
Joliette-Montcalm et à vous-même que vous auriez la parole.
M. Ciaccia: M. le Président, sur la recevabilité de
la motion, c'est une motion préliminaire; ce n'est pas la
première fois que dans une commission parlementaire une motion d'un tel
genre est faite. Si vous trouvez que le libellé de la motion est
inacceptable, je vous suggérerai tantôt certains mots que l'on
pourrait changer, mais sur le fond de la motion, ce n'est pas la
première fois... À plusieurs reprises, quand on a voulu entendre
les parties, quand un député a jugé à propos que
certaines parties soient entendues, une telle motion a été
présentée et, si vous regardez dans vos précédents,
elle a toujours été déclarée recevable. Je peux
vous référer à l'article 154, par exemple, M. le
Président, où on dit "qu'en commission plénière ou
élue, après la deuxième lecture, on ne peut discuter que
les détails d'un projet de loi et il ne peut y avoir audition publique
que devant la commission élue pourvu que celle-ci y consente."
La seule manière d'obtenir le consentement de la commission
à moins que le gouvernement veuille y consentir avant la
présentation de la motion, auquel cas, je crois bien que le
député de Portneuf va la retirer mais si le gouvernement
ne veut pas y consentir, ce qui semble être le cas, franchement, je me
pose des questions sur les raisons pour lesquelles le gouvernement refuse
d'entendre les parties.
S'il refuse, le seul moyen de se conformer à l'article 154, c'est
une motion présentée par un député. Après la
présentation d'une telle motion, là, on peut débattre le
fond, à savoir si on doit entendre les parties ou non. L'objection que
le député de Rivière-du-Loup a apportée, à
savoir que les parties ne sont pas ici, va venir après qu'elles
n'ont pas été convoquées durant la discussion de la
motion, mais la motion elle-même est certainement recevable,
d'après les règlements, à l'article 154. Je pourrais aussi
référer le Président aux articles des pages 27 à 32
sur la présentation des motions.
Alors, M. le Président, je crois que clairement, d'après
les précédents que vous avez et je sais bien que vous avez assez
d'expérience, M. le Président... J'ai assisté à
d'autres commissions où vous étiez le président et vous
savez fort bien que ce n'est pas la première fois qu'on nous
présente des motions préliminaires. Le seul temps où un
président a refusé certaines motions préliminaires, c'est
quand on en faisait abus. Par exemple, si on faisait motion de convoquer
certaines parties et que c'était refusé, on faisait alors
d'autres motions préliminaires. À la troisième ou à
la quatrième, le président exerçait une certaine
discrétion, se référait au règlement et disait:
Écoutez, on va procéder à l'étude article par
article. On ne demande pas la suspension des travaux, on demande seulement
d'entendre certaines parties avant le début de l'étude de
l'article 1.
Le Président (M. Clair): Si le député de
Johnson et le député de Joliette-Montcalm insistent, je serais
prêt à prendre ma décision sur la recevabilité de la
motion.
M. Chevrette: Je voudrais juste dire un petit mot. La seule
motion recevable, à mon sens, c'est d'ajourner la commission et d'aller
se chercher un ordre de la Chambre pour entendre les parties. C'est un ordre de
la Chambre qui nous dit qu'on doit étudier le projet de loi article par
article. Donc, il faudrait aller se chercher un ordre de la Chambre. Cette
motion est complètement irrecevable et je la juge personnellement
dilatoire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Premièrement, il y a eu une entente en
Chambre avec le leader, M. le député de Saint-Jacques, soit que,
lorsque nous serions rendus ici en commission parlementaire du travail, il
serait décidé par nous si, oui ou non, il serait loisible
d'entendre des témoins. C'est au feuillet R je ne sais pas quoi, mais je
l'ai gardé sur mon bureau. C'est nous qui déciderions si, oui ou
non, il serait convenable d'appeler les parties. C'est le leader qui nous a dit
cela en pleine Chambre.
Deuxième chose, quand on parle des parties en présence, on
les a actuellement. On n'a pas besoin de courir après, elles sont toutes
ici. On pourrait rester ici pendant trois ou quatre jours, elles sont
sûrement capables de nous entendre encore pendant une journée. Je
pense qu'en commission, en principe, une proposition qui a été
acceptée par l'Assemblée... On a eu le mandat d'étudier le
projet de loi article par article, mais avant il y a eu une entente
"gentlemen's agreement", à savoir que si notre commission
décidait d'entendre les parties, on pouvait le faire. Vous allez
retrouver cela au feuilleton de la Chambre.
Je dis donc que cela nous éviterait un placard
désagréable, ce soir, que d'avoir à refuser notre
consentement même si à minuit cela n'est pas terminé, parce
qu'on n'a pas le droit, en vertu de l'article 115, aujourd'hui d'accepter et la
commission, et le rapport, et la troisième lecture. Il faut
que vous ayez des consentements et, en vertu de l'article 115, vous vous
exposez largement à les avoir.
N'oubliez pas une chose, vous êtes en retard. Vous êtes
rendus aux dernières journées de la session et vous apportez un
projet comme celui-là qui est fortement contesté. Je n'ai pas pu
donner mon opinion au début, mais il est fort contesté. C'est la
première fois que je vois un projet de loi qui est contesté
unanimement par tous les partis qui vont avoir à s'en servir. (15 h
30)
Alors, j'aurai peut-être tout à l'heure à me
prononcer dans les quelques mots qu'on dit avant de commencer les travaux, mais
je dis que les étapes de la discussion d'un projet de loi ont lieu
à des séances différentes. Aujourd'hui, c'est la
commission parlementaire. Le projet de loi va retourner en Chambre ensuite pour
l'acceptation du rapport et la troisième lecture et, après
cela...
Le Président (M. Clair): Cette motion, je la
déclare irrecevable pour le motif suivant: c'est que, telle qu'elle est
libellée actuellement, elle m'apparaît contredire l'ordre de la
Chambre de la façon suivante. J'interprète cette motion-là
comme étant une motion pour suspendre les travaux de cette commission,
ce qui serait contraire au mandat qu'on a de la Chambre d'étudier le
projet de loi. Alors, j'insiste bien pour dire que c'est à cause du
libellé de la motion. L'article 154, alinéa 1 existe toujours. Je
la déclare irrecevable.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: ... je suis non seulement peiné, mais je
trouve malheureux qu'on soit obligé de batailler, de prendre du temps
pour que la démocratie puisse s'exercer.
M. Chevrette: À l'ordre, M. le Président!
M. Pagé: Non, je ne conteste pas la décision, M. le
Président.
M. Chevrette: Le respect de la présidence
M. Pagé: Je conviens que le député de
Joliette-Montcalm est peut-être fatigué, mais soyez donc
patient.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Pagé: Soyez donc calme, serein, par surcroît au
cours de cette période des Fêtes.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je dois vous dire que je
n'ai pas entendu ce que le député de Joliette-
Montcalm a dit. Il ne devrait pas dire des choses comme
celles-là.
M. Chevrette: Je me parlais.
M. Pagé: Continuez à vous parler, vous êtes
bien parti et, d'ailleurs, ce n'est pas la première fois que vous vous
parlez.
Le Président (M. Clair): S'il vous plaît, messieurs,
je vous en prie.
Motion invitant les parties intéressées
à venir témoigner
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
la commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre invite les
représentants de l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec, de la Fédération des travailleurs du
Québec, de la CSN, de la CSD, de l'Office de la construction du
Québec et de la Régie des entreprises de construction du
Québec à se faire entendre le 21 décembre 1978, à
20 heures, devant cette commission afin de renseigner les membres et
intervenants de cette commission sur le projet de loi 110.
M. le Président, je vous dirai qu'une motion analogue a
déjà été présentée le 16 mars 1978,
à la page B-482 du journal des Débats, par mon collègue de
l'Opposition officielle et député de Marguerite-Bourgeoys,
demandant que les parties soient entendues avant le début des
travaux.
M. Johnson: M. le Président, si vous le permettez,
simplement pour couper court à l'exposé que s'apprête
à faire le député de Portneuf sur la recevabilité,
je ne mets pas en question la recevabilité de ce qu'il propose en ce
moment et je suggérerais qu'on passe à la discussion de fond,
puisqu'il a l'intention d'aller rapidement.
Le Président (M. Clair): Alors, je déclare cette...
Oui, M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Si vous le permettez, je ne veux pas contredire votre
décision, mais, comme vous le savez, chaque fois qu'un président
rend une décision, cela crée un certain précédent
pour l'avenir. Je voudrais seulement porter à votre attention, M. le
Président, avec tout le respect, avec toute la déférence
que je dois à la décision que vous avez rendue, que le 20
novembre 1975 le parti ministériel qui était dans l'Opposition
avait fait une motion qui a été jugée recevable et je
voudrais vous lire...
Le Président (M. Clair): J'ai l'impression, M. le
député de Mont-Royal, que vous revenez sur ma décision. Je
comprends, avec tout le respect que je sais que vous avez pour moi et le poste
que j'occupe...
M. Ciaccia: Je comprends, mais je ne voudrais pas qu'à
l'avenir, parce que cette décision n'a pas
été portée à l'attention de la commission,
on cite un tel précédent. Ce serait malheureux.
Le Président (M. Clair): M. le député, j'ai
l'impression que vous revenez sur ma décision. La motion que vient de
présenter le député de Portneuf est recevable. À
compter de maintenant, je donnerai la parole à un intervenant sur le
fond de cette motion-là.
M. Johnson: M. le Président, est-ce que le
député de Portneuf commence par présenter sa motion?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, brièvement, si
j'ai présenté cette motion, comme je l'ai dit au début,
ceci vise essentiellement et uniquement à faire en sorte que les parties
qui sont concernées, qui sont affectées par ce projet de loi
puissent se faire entendre. M. le Président, je ne vois pas en quoi le
gouvernement du Québec, le ministre du Travail, ces grands
démocrates, ces gens qui avaient et qui n'ont plus un
préjugé favorable à l'égard des travailleurs, ces
gens qui parlaient de transparence... On se rappellera, M. le Président,
qu'on a déjà entendu que ce n'était plus le Parlement;
c'était la maison du peuple.
Les portes étaient ouvertes, les barrières étaient
disparues, même si les barrières sont réapparues quelques
semaines après et que, cette semaine, les portes étaient
barrées pour ne pas laisser entrer les producteurs agricoles qui
étaient mécontents, mais c'était ce que le gouvernement a
énoncé, non seulement avant son élection, mais dans les
semaines et les mois qui ont suivi son élection ici, comme gouvernement,
à l'Assemblée nationale. Tout cela sous-tendait un principe
démocratique. Ce principe démocratique, c'est de faire en sorte
que les parties soient consultées, qu'il y ait un dialogue, qu'il y ait
des échanges avec les parties, que les parties aient l'occasion de venir
ici, dans cette maison du peuple, et de dire au législateur qu'on est
pour ou qu'on est contre et pourquoi.
M. le Président, le projet de loi 110 a été
déposé le 29 novembre. Quelques jours après, les
télégrammes ont commencé à entrer ici à
l'Assemblée nationale. "Nous comptons sur la vigilance des membres de
l'Assemblée nationale afin d'empêcher un ministre du Travail aux
allures angéliques de faire voter aux allures angéliques,
c'est vrai, seulement les allures une loi dictatoriale pour la
construction, soit la loi 110." Cela est un exemple des témoignages
qu'on recevait.
M. le Président, le ministre du Travail pourra prendre
connaissance des documents, tantôt, c'était un directeur du
conseil d'administration de l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec.
M. Johnson: Qui? De qui? Quel est le nom?
M. Pagé: M. le Président, si le ministre veut
m'interroger, il le fera tantôt.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Johnson: Est-ce qu'il pourrait déposer le document?
M. Pagé: C'était M. Nepveu. Non, M. le
Président, il n'y a pas de dépôt de documents. Pour
l'information du ministre du Travail, qui vient de demander de déposer
le document, qui, par surcroît, est avocat, il doit savoir qu'il n'y a
pas de dépôt de documents en commission parlementaire.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, messieurs!
M. Pagé: Apprenez votre métier. M. le
Président, j'en ai un pouce de documents que je pourrais déposer
et vous lire. Je vais m'en exempter, parce que tout le monde est conscient,
tout le monde est informé, tout le monde est concerné, toutes les
personnes intéressées par les questions de la construction, par
les questions du décret des associations et de l'OCQ ont eu l'occasion
de prendre connaissance, soit par les articles de journaux, dans le Devoir, la
Presse, le Soleil, par les conférences de presse qui ont
été données de part et d'autre, soit de la part de la CSN,
de la part de la Fédération des travailleurs du Québec et
du Conseil provincial des métiers de la construction, les parties se
sont prononcées contre ce projet de loi. Cela a été
indiqué clairement. C'est établi.
Cependant, M. le Président, les législateurs à la
table ici, le député de Johnson, le député de
Beauce-Sud, moi-même, le député de Rivière-du-Loup,
qui a remplacé le député de Sainte-Marie, qui s'est
sauvé ce matin pour ne pas être ici, tous ces gens-là, les
législateurs, n'ont pas eu l'occasion de discuter avec les personnes
intéressées pour voir en quoi elles étaient contre,
pourquoi elles étaient contre, pourquoi on devrait être pour ou
contre, quels sont les éléments de ce projet de loi qui sont
contentieux pour les parties, qu'on pourrait faire dans un forum collectif que
constitue une commission parlementaire au chapitre des échanges, des
amendements possibles, ce qu'on pourrait faire pour bonifier ce projet de loi
pour qu'il soit meilleur, pour qu'il représente davantage les
intérêts, ce qui est soutenu, ce qui est défendu par les
groupes intéressés qui auront à vivre avec le projet de
loi. Le gouvernement avait promis d'être un bon gouvernement, soyez-le
donc! Je vous invite à l'être. Pour l'être, je vous invite
à entendre les parties. Peut-être qu'en entendant ces groupes, on
saura ce qui n'est pas bon, on pourra le corriger, on s'assoira, on
présentera des amendements soit à l'instigation du ministre ou de
l'Opposition, on les analysera, on les étudiera, on regardera les
impacts. Sur la foi de cet échange avec les groupes, on verra s'il y a
lieu de voter
pour le projet de loi tel que déposé ou de le bonifier.
C'est strictement cela que je demande. C'est un appel.
M. le Président, je voudrais que le ministre soit bien conscient
que ce geste est posé non pas dans une démarche partisane, c'est
un appel à la démocratie et au vrai sens démocratique de
cette équipe du PQ qui forme le gouvernement, s'il y a un sens
démocratique dans cet équipe.
M. le Président, je termine là-dessus. J'espère que
les motifs que j'ai allégués sont suffisamment importants pour
que le ministre révise sa position et qu'il accepte d'entendre les
parties.
On le pourrait, ce soir, entre 20 heures et 22 heures, M. le
Président, dans un délai de deux heures, deux heures suffiraient,
selon moi, pour échanger vraiment, en toute cordialité, de
façon bien sereine, je l'espère, avec les parties pour voir avec
elles ce qui est bien et ce qui n'est pas bien dans ce projet de loi. On
pourrait le bonifier, on pourrait le voter et le gouvernement aurait sa loi,
les parties seraient satisfaites des amendements proposés. Tout le monde
serait heureux et on s'en irait fêter Noël tranquille. Je n'aime pas
cela voir le ministre du Travail venir nous dire: Plus les gens sont contre,
plus je suis fort.
Cela, M. le Président, témoigne de l'arrogance, de
l'inexpérience, c'est se battre contre des moulins à vent,
purement et simplement. J'invite le ministre à être plus
démocratique, plus sage, plus sérieux. Entendez les parties, ce
ne sera pas long, cela va prendre deux heures, on va adopter ce projet de loi,
tout le monde va être heureux; c'est ce que je demande. À ce
moment-là, vous aurez respecté vos engagements d'être un
bon, un vrai gouvernement et d'être animé par le sens
démocratique.
Le Président (M. Clair): M. le ministre du Travail.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: M. le Président, sur le fond de la motion,
j'ai dit dans mon exposé préliminaire à cette loi que le
monde de la construction, à mes yeux comme ministre du Travail, n'est
pas intrinsèquement différent des autres, sinon qu'il se
caractérise par le degré d'émotivité de ceux qui y
sont actifs; je parle ici tant des structures patronales que syndicales.
Je pourrais vous donner une excellente raison pour laquelle l'AECQ, par
exemple, s'oppose au projet de loi 110. Elle s'oppose fondamentalement au
projet de loi 110 parce qu'elle devient une structure qui implique les autres
associations dont elle ne veut pas entendre parler. Je pourrais vous dire que
les syndicats, de façon générale, s'opposent à ce
projet pour deux raisons. Je pense que, puisque le député de
Portneuf disait tout à l'heure... Qu'est-ce qu'on pourrait faire ici,
ensemble, dans un forum? D'abord, il faudrait commencer par faire ses devoirs,
lire les mémoires et lire ce qui a été inscrit sur cette
question depuis un an.
En faisant cela, on se rendrait compte que la raison pour laquelle les
syndicats en ont contre ce projet de loi, c'est la question de l'artisan. C'est
une question qui est "pérenniale", si je peux m'exprimer ainsi.
Deuxièmement, les syndicats en ont contre le projet de loi parce qu'on
ouvre l'OCQ parce que j'y apporte certains changements de structure et on
profite de cette ouverture pour exiger la parité, la
représentativité patronale, syndicale et, finalement, de refaire
de l'OCQ ce que la CIC a déjà été et on sait ce qui
est arrivé avec la CIC.
On pourrait savoir pourquoi certaines municipalités s'y opposent.
Elles s'y opposent parce qu'elles veulent que les municipalités soient
soustraites de l'application du décret quand elles construisent. Cela ne
prend pas une commission parlementaire, cela prend un effort normal que
n'importe quel critique en matière de relations de travail ou un
ministre du Travail est obligé de faire dans ses fonctions. Je me rends
compte que le député de Portneuf a peut-être eu de la
difficulté à saisir le contenu des mémoires. Il a pourtant
reçu, comme tous les membres de l'Assemblée nationale, le rapport
Hébert il y a quelque temps déjà.
Deuxièmement, il y a eu une vaste consultation qui a
été faite sur les grands contenus à l'exception, j'en
conviens, de ce qui a trait à l'OCQ proprement dit, mais ce sont deux
amendements sur lesquels j'aurai à revenir en cours de route. En
février 1978, l'AECQ me présentait un projet de modification de
ses règlements. J'ai refusé d'agir sur la base de ce que l'AECQ
me fournissait, non pas parce que le travail était mal fait, au
contraire, il était fort bien fait; c'était un dossier
présenté avec compétence et sérieux. J'ai cependant
dit à l'AECQ, à ce moment-là, que je n'entendais pas me
prononcer avant que le rapport Hébert m'ait donné des
orientations à partir desquelles je jugerais et je prendrais des
décisions.
Le rapport Hébert a été publié le 14
juillet, il a été remis à tous ceux qui étaient
intéressés, on a eu l'occasion dans les semaines et je dirais
dans les deux mois qui ont suivi de recevoir des commentaires écrits de
différents groupements intéressés sur toute cette question
de la construction. Le 5 octobre, je demandais à des entrepreneurs, tant
des six associations patronales que de l'AECQ, au niveau non pas des
permanents, mais des élus de ces associations, dans une salle d'un
hôtel du centre-ville de Montréal, d'essayer de s'entendre entre
eux pour définir une structure qui tiendrait compte, non pas à la
lettre, non pas à la virgule près, au niveau de la
représentativité du conseil d'administration de l'AECQ, de ce
qu'en avait dit le rapport Hébert.
Or, le rapport Hébert l'Opposition libérale le sait
ou, enfin, devrait le savoir prévoyait une
confédération absolue, c'est-à-dire une appartenance des
employeurs aux différentes associations et un regroupement sans
"membership" direct auprès des employeurs qui serait l'ARTEC,
l'Association des relations de travail plutôt que l'AECQ. (15 h 45)
Je pense que cette consultation, dans le cas
de l'AECQ, n'a malheureusement pas permis que les associations
s'entendent. Je le regrette, il peut y avoir d'excellentes raisons.
Historiquement, on peut comprendre que ce n'était peut-être pas
facile pour ces associations et l'AECQ de s'entendre. Comme elles ne se sont
pas entendues, je leur ai dit à ce moment que le gouvernement serait
obligé de trancher par voie législative. Je parle du 5 octobre,
je ne parle pas du 29 novembre. J'ai tenu ma parole et j'ai
déposé un projet de loi et, jusqu'à la dernière
minute, je dois vous dire que des représentants de ces associations ou
de l'AECQ sont intervenus auprès des officiers de mon ministère,
auprès de mes collaborateurs ou auprès de moi-même. Donc,
la commission Hébert a fait le tour des contenus. La consultation s'est
faite non pas nécessairement sur la base du projet de loi qui est devant
nous, mais sur la base des orientations qu'on y retrouve. Le conseil
consultatif a été consulté sur la question, à
l'exception, cependant, des questions touchant la structure de l'OCQ qui,
elles, ont donné lieu à une séance spéciale du
CCTMO qui a eu lieu la semaine dernière.
Finalement, je pense que, dans la motion du député de
Portneuf et dans son discours qui a suivi, il y a deux problèmes
sérieux qui se posent et qui, malheureusement, me semblent
démontrer une certaine méconnaissance ou peut-être un
oubli, sans doute un oubli, de l'existence de ces associations patronales dans
la construction, qu'il ne mentionne même pas dans son avis de
convocation. Je verrais mal qu'on règle le problème des
structures de l'AECQ qui impliquent dans mon esprit et dans l'esprit du
comité Hébert la présence de ces associations, sans que
nous les entendions ici. Il est vrai que l'AECQ, comme c'est le cas de la CSN
et de la FTQ, a délégué, dans les couloirs du Parlement,
depuis maintenant quelques jours, des représentants qui ont
réussi à faire valoir leurs points de vue auprès de
différents députés et à être entendus, en
tout cas, par les députés, ceux de l'Opposition comme ceux de ce
côté-ci.
Pour ma part, j'ai eu l'occasion de rencontrer les gens... Non, pas tout
de suite... J'ai eu l'occasion également de rencontrer, entre autres, au
niveau du CCTMO, pour le côté syndical, le président de la
FTQ, M. Louis Laberge. J'y ai rencontré également M. Michel
Bourdon, de la Fédération nationale du bois et du bâtiment
de la CSN. J'ai rencontré également M. Lefebvre du Conseil
provincial des métiers de la construction. J'ai rencontré M.
Leclerc et plusieurs autres depuis quelques jours et c'est pour cela,
d'ailleurs, que j'ai remis entre les mains du député de Portneuf
des projets d'amendements que j'ai à cette loi, amendements dont il ne
semble pas tenir compte dans ses exposés.
Le deuxième problème qui se pose à partir de la
motion du député de Portneuf, c'est que, d'abord, ce serait
profondément injuste, ce soir, à 20 heures, d'entendre l'AECQ et
de ne pas entendre les autres associations patronales. Deuxièmement, le
député de Portneuf parle d'un petit débat de deux heures
et il s'imagine qu'on va faire le tour de toutes ces questions en deux heures,
alors que les officiers de mon ministère, mes collaborateurs,
moi-même et le rapport Hébert y avons mis des mois. Je pense qu'on
peut parler ici des contenus des orientations. L'ensemble des implications
exigerait, si on voulait refaire le débat, de le refaire dans un autre
contexte plus général. Mon option, c'est qu'il n'est pas
nécessaire de refaire tout le débat.
D'autre part, le député de Portneuf nous dit qu'en deux
heures, on pourrait régler cela. Si le député de Portneuf
me donnait sa parole qu'à dix heures ce serait terminé et
qu'à minuit, l'Assemblée nationale l'approuvera en
troisième lecture, je pourrais peut-être la prendre. Il ne me
donne pas sa parole. Même s'il me la donnait, j'aurais tendance à
être un peu inquiet, compte tenu de son comportement depuis le
début de cette séance, d'être un peu inquiet quant à
la possibilité, pour l'Opposition officielle, de respecter la
nécessité de procéder, avec diligence, avec
compétence, avec les questions, avec les réponses que je suis en
train de donner, à l'étude sérieuse, par exemple, du
projet de loi 110.
Pour ces raisons, M. le Président, je voterai contre la motion du
député de Portneuf.
Le Président (M. Clair): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Après.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Je pense que, dans le raisonnement du ministre, M. le
Président, il y a deux raisons fondamentales, très fatales, qui
vont à l'encontre de son raisonnement. Premièrement, quand il
parle de consultations, il dit: J'ai consulté tel groupe, j'ai
posé des questions à tel autre groupe.
Premièrement, ce sont des consultations privées qu'il a
faites, pas devant la commission, pas en public. C'est une erreur que le
ministre vient de faire. Deuxièmement, sa consultation ne pouvait pas
être sur le projet de loi. Sa consultation était surtout une
série de questions, de problèmes. Ce n'était pas sur les
articles de ce projet de loi. C'est sur cela que la motion du
député de Portneuf porte. Elle porte sur les
représentations sur le projet de loi tel qu'il est rédigé.
Nous voulons savoir et je crois que c'est une mesure
élémentaire en démocratie la réaction de
ceux qui sont affectés par le projet de loi. Est-ce trop demander? Je ne
crois pas que ce soit trop demander au ministre que de soumettre les articles
qu'il vient de rédiger à un examen public, pas à un examen
privé qu'il aurait fait sur certains problèmes, sur certains
rapports, sur certaines consultations faites par des personnes de son
ministère, mais de le faire en toute ouverture sur ce que nous avons
devant nous. Le projet de loi, on ne l'avait pas. Vous savez, ce n'est pas mon
habitude de parler
contre un ministre de manière personnelle. Je ne le fais pas. Je
parle sur le fond.
Des voix: Oh! Oh!
M. Ciaccia: Mais il nous dit qu'il a daigné nous donner
les amendements, comme si c'était un privilège pour les
parlementaires de recevoir des amendements à un projet de loi! C'est un
privilège. Il aurait pu nous les donner à la dernière
minute, à 14 heures, et il se vante de cela. Si vous traitez les
parlementaires de cette façon, comment allez-vous traiter le peuple qui
sera affecté par ce projet de loi bien plus que nous le serons?
M. le Président, les autres raisons que le ministre a
apportées pour justifier son refus d'entendre les parties, c'est de
dire: On n'aura pas assez de temps pour les entendre. Si on n'a pas assez de
temps pour les entendre, on ne les entendra pas. Savez-vous, je ne comprends
pas ce genre de logique. C'est nécessaire de les entendre. Si on n'a pas
assez de temps, qu'on prenne le temps nécessaire. Ce n'est pas la fin du
monde, le 21 ! Il y aura les mois de janvier et de février. On peut
continuer. C'est important. Cela va affecter la vie quotidienne, les salaires,
les conditions de travail d'une industrie qui est une des plus importantes au
Québec. C'est une industrie indicatrice. Lorsque cette industrie marche,
il y a une série d'autres industries qui marchent. Quand cette industrie
ne marche pas, il y a une foule d'autres industries qui arrêtent de
fonctionner. Le ministre sait cela. On ne dit pas ces choses pour donner plus
d'importance ou moins d'importance. Ce sont les faits. On sait à
Montréal ce qui arrive, les conditions à Montréal quand
l'industrie de la construction ne fonctionne pas. On sait les
répercussions, non seulement sur les membres de cette industrie, mais
sur tous ceux qui dépendent de l'industrie.
On dit: On n'aura pas le temps de les entendre, de 20 à 22
heures. Cela veut dire qu'il doit savoir qu'il y a des problèmes dans
son projet de loi. Il sait que cela peut peut-être prendre plus de deux
heures. Je ne suis pas capable de suivre ce genre de logique. On n'est pas
obligé d'être d'accord sur tout ce que vous allez dire.
Nécessairement, on n'a pas besoin de vous dire cela. Vous allez dire
certaines choses sur lesquelles je ne serai pas d'accord, peut-être le
ministre ou le député de Portneuf. Sur certaines choses, vous
serez d'accord. Mais il y a une chose élémentaire sur laquelle
nous devrions tous être d'accord. Nous devrions vous accorder le droit de
dire ce que vous pensez devant nous. C'est un droit fondamental. C'est un droit
auquel on ne peut pas renoncer. Ce n'est pas par des méthodes de
procédure qu'on devrait vous empêcher de parler, de nous donner
votre point de vue sur les articles du projet de loi. Vous avez tous des lois
qui seront affectées. Je ne comprends pas pourquoi le ministre ne veut
pas faire la lumière sur les articles du projet de loi. Vous dites: On
sait pourquoi les municipalités veulent être soustraites. On sait
pourquoi les associations... Moi, je ne le sais pas. Si je le sais par
l'entremise d'un document, par l'entremise de ce que le ministre dit, ce n'est
pas assez pour moi de le savoir. Je voudrais savoir de la bouche de ces
gens-là non pas pourquoi une municipalité veut être
soustraite, mais pour quelle raison une association est contre un aspect
particulier. Vous avez peut-être introduit des notions, des articles dans
ce projet de loi que ces gens-là n'ont pas vus avant.
Les conséquences n'étaient pas apparentes jusqu'à
maintenant. Je crois qu'on a le droit, et c'est cela, une consultation, ce
n'est pas une chose faite en privé par le ministre ou par ses
fonctionnaires. Une consultation, c'est une chose faite en public où les
gens vont avoir le droit de s'exprimer devant la population. Quand on fait une
consultation devant une commission parlementaire, c'est une consultation devant
toute la population du Québec pour faire la lumière
entière sur ce projet de loi, pour en voir les répercussions,
pour en voir les conséquences. C'est certainement une décision
"morite" que le gouvernement sera à un moment donné obligé
de prendre. On ne conteste pas cela. Et peut-être que sa décision,
une fois prise finalement, quand le projet de loi sera adopté en
troisième lecture, ne fera pas l'affaire de tout le monde.
Personne ne conteste cela. C'est certain que cela ne fera pas l'affaire
de tout le monde. Il va y avoir ceux qui vont avoir certaines objections plus
que d'autres. Mais, ce qui est important, et le ministre ne semble pas le
comprendre, c'est qu'avant que le gouvernement prenne cette décision,
que les parties qui seront directement affectées aient l'occasion de
s'exprimer, de dire pourquoi elles sont pour ou contre certains aspects de la
loi; une fois que vous aurez eu ce droit, le gouvernement aura rempli sa
responsabilité envers vous. Mais si le gouvernement ne veut pas le
faire, il y a seulement une chose à conclure, c'est que le gouvernement
a des choses à cacher, parce que ce n'est pas le seul projet de loi. La
première fois qu'on a demandé des consultations, on en a
demandé à d'autres, et quand le gouvernement, c'est mon
expérience, avait des groupes qu'il voulait entendre, le gouvernement
répondait à certains groupes et il les entendait.
Quand il a moins de choses à cacher, son degré d'entendre
les gens est proportionnel à ce que le gouvernement a à cacher
dans un projet de loi. S'il ne veut rien cacher, il va entendre tout le monde.
Mais dans la mesure où il a des choses à cacher, il n'entend
personne. Je ne vois pas d'urgence. Il a parlé de la troisième
lecture. La troisième lecture ne se fera pas ce soir. Comprenez-vous
qu'elle ne se fera pas ce soir, la troisième lecture?
M. Pagé: On pourrait revenir là-dessus,
peut-être.
M. Ciaccia: Voulez-vous soulever la question?
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
M. Pagé: Voulez-vous la soulever tout de suite? On va en
faire un débat d'une demi-heure, si vous voulez.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs! M.
le député de Mont-Royal, vous avez la parole.
M. Ciaccia: La troisième lecture ne peut pas se faire
je voudrais clarifier les choses pour le bénéfice de ceux
qui ne sont pas au courant de nos règlements avant que nous
complétions l'étude du projet de loi article par article. Une
fois cette étude complétée, le rapport est fait à
l'Assemblée nationale et on peut procéder à la
troisième lecture. Mais le règlement sessionnel, notre
règlement, dit qu'à minuit, ce soir, c'est fermé,
l'Assemblée nationale. Sur notre projet de loi à nous, on n'a pas
encore commencé l'article 1 et il y a beaucoup à dire sur ces
articles. On a des amendements à apporter. Il est 4 heures. En somme,
vous ne voulez pas que ces gens sachent la procédure de cette
Assemblée et les conséquences.
M. Johnson: Arrêtez de parler et on va travailler.
Une voix: On est des communistes. C'est bien.
M. Ciaccia: Si on ne finit pas l'étude complètement
pour minuit, ce soir, le projet de loi ne pourra pas être adopté
en troisième lecture ce soir. Je pense que c'est important qu'on sache
cela. Je pense que c'est important qu'on essaie... Arrêtons de jouer avec
le monde. Pourquoi ne pas entendre les parties? On ne conteste pas le droit du
ministre de prendre des décisions. Il les prendra, mais pas avant
d'avoir entendu les parties.
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'on est prêt
à disposer? M. le député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: II est évident qu'une des premières
responsabilités des membres de cette commission, c'est d'avoir le
maximum d'information et je tiens bien à dire ici que nous ne
siégeons pas ici pour nous représenter nous-mêmes. Nous
siégeons ici pour représenter la population, pour
représenter surtout ceux qui sont concernés dans des projets de
loi comme ceux-là. Il y a toujours deux côtés à une
médaille et je pense qu'il n'y a rien de sorcier, d'illégitime ou
de criminel à demander de connaître les deux côtés de
la médaille. (16 heures)
Le ministre nous a parlé du rapport Hébert, de la
consultation qu'il a faite. Mais la consultation qu'il a faite n'était
pas en rapport avec le projet de loi qui est devant nous. Ce projet de loi
n'était pas déposé à l'époque.
Dans l'industrie de la construction, M. le Président, combien de
fois avons-nous légiféré, vite et très vite, une
moyenne de deux lois par année? Les circonstances ont voulu que ce soit
toujours en fin de session, avec toujours cette impression que l'île de
Montréal était pour disparaître le lendemain si on
n'acceptait pas la loi ou encore que le cap Diamant s'écroulerait. Je ne
crois pas que les météorologues, même si c'est de
juridiction fédérale, aient fait de telles prédictions.
Où est l'urgence?
J'ai écouté tout à l'heure le ministre pour essayer
de comprendre qu'il nous le démontre clairement où
est l'urgence de procéder. On nous dit qu'il y a de la mésentente
au niveau d'associations patronales. Je dis bien: On nous dit... Il y a des
problèmes, on le sait, ce n'est pas d'aujourd'hui, ce n'est pas nouveau.
En adoptant une loi comme celle-là, est-ce qu'il y aura de l'entente le
lendemain? C'est là la question. Il ne faudrait quand même pas que
le ministre croie aux miracles. Il y a toutes sortes de miracles.
Je pense qu'il ne faut pas se faire d'illusion. La loi ne peut pas
franchir l'étape de la troisième lecture ce soir. Cela est
évident. On n'a qu'à regarder le règlement de la Chambre
et faire un compte à rebours pour constater que les trois partis
politiques reconnus en Chambre ont un droit de parole d'une heure pour le
représentant du parti en troisième lecture. Il est évident
que les formations politiques, ceux qui ont la responsabilité de
représenter leur formation dans l'étude de ce projet de loi,
étant donné la complexité de tous les domaines qu'il
touche, ne peuvent quand même pas se limiter à une intervention de
cinq minutes. Je ne parle pas des autres députés, tels que les
députés de Joliette-Montcalm, de Charlevoix et moi-même qui
serions intéressés à intervenir sur ce projet de loi. Cela
veut dire qu'on peut s'attendre à un débat de quatre heures
seulement en troisième lecture. C'est-à-dire qu'il faudra avoir
passé les étapes d'adoption de tous les articles du projet de loi
d'ici 6 heures et que le rapport puisse être déposé devant
l'Assemblée nationale à 8 heures pour qu'on procède
à l'étude et à l'adoption du rapport en Chambre que tout
le monde donne son consentement et que, par la suite, on donne notre
consentement aussi pour procéder à la troisième
lecture.
En supposant que cela pourrait se faire, il y a quand même un fait
qu'on ne peut pas ignorer à ce moment-ci. C'est qu'il est impossible
d'adopter un projet de loi aussi complexe que celui-là, avec autant
d'implications, avec des amendements que les différentes formations
politiques ont à proposer, avant 6 heures. L'impossible c'est
l'impossible!
De grâce, qu'on ne nous demande pas de nous fermer les yeux et
dire: Écoutez, les députés, ne parlez pas, faites-nous
confiance, le projet de loi va arranger tout cela. Ne posez pas trop de
questions, car cela pourrait retarder l'adoption de la loi.
Je pense que ce serait manquer à nos responsabilités et
les gens que nous représentons n'accepteraient pas qu'on adopte une
attitude semblable, pas plus pour d'autres projets de loi que pour celui-ci. Il
n'y a aucune loi qui a véritablement réglé les
problèmes dans l'industrie de la construction et je serais fortement
enclin à penser qu'un seul projet de loi ne pourra pas régler le
problème. Il y a de sérieux problèmes dans l'industrie de
la construction. Toute la question des arti-
sans n'a pas été touchée tantôt. On sait
très bien que la question des artisans est conditionnée par le
règlement de placement dans l'industrie de la construction. Qu'on ne
dise pas que c'est un sujet qu'on n'abordera pas ici à cette commission
parlementaire. Il faudra l'aborder. Je ne pense pas qu'on puisse disposer de
cette question dans cinq minutes. Quelles sont les implications pour les petits
entrepreneurs dans les régions du Québec? On ne le sait pas non
plus. On ne peut pas non plus trancher la question dans cinq minutes ici en
trouvant un article de loi qui serait susceptible de répondre aux
inquiétudes, aux aspirations et aux intérêts de la
population.
Il ne faut quand même pas jouer au miracle et jouer à
l'urgence, quand il n'y en a pas. Le ministre ne m'a pas convaincu qu'il y
avait à ce point urgence que ce projet de loi devrait franchir toutes
les étapes d'ici 22 heures ce soir et c'est pourquoi, étant
donné que les gens sont ici, on devrait leur permettre, étant
donné qu'ils se sont déplacés et qu'ils sont
concernés par le projet de loi, de nous dire ce qu'ils en pensent.
C'est pourquoi j'appuierai la motion du député de Portneuf
de faire entendre les parties devant cette commission.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Charlevoix.
M. Raymond Mailloux
M. Mailloux: M. le Président, j'ai toujours pensé
que, quand on arrive à la période des Fêtes, l'esprit de
Noël doit donner un peu plus de clarté aux décisions qu'on
doit s'apprêter à prendre. J'écoutais tantôt le
ministre du Travail nous dire comment c'était complexe, devant toutes
les associations qui s'affrontent, qu'elles soient patronales, qu'elles soient
syndicales, l'ensemble des milieux qui sont compris dans le domaine difficile
de la construction. Il a dit que, à tour de rôle, il les avait
rencontrés, il avait dialogué avec eux et que, plus il les
rencontrait, plus il s'apercevait des positions différentes devant
lesquelles chacun a à affronter l'autre.
À un moment donné, le ministre en est venu à la
conclusion que, devant la diversité des opinions qui étaient
émises, il fallait que quelqu'un juge. Le juge, à ce
moment-là, c'est le législateur, mais principalement celui qui a
la fonction d'administrer la province et de poser les gestes qui
s'imposent.
M. le Président, mes collègues qui viennent de me
précéder viennent de dire que quels que soient les espoirs que
peut manifester le ministre dans les heures qui vont suivre jusqu'à
minuit que son projet de loi puisse franchir l'étape de l'étude
article par article sans qu'on entende les parties, tel que le suggère
mon collègue de Portneuf, et je peux dire au ministre que s'il voulait
être un peu plus réaliste, il s'apercevrait, devant ce qui lui a
été dit depuis quelques minutes, pour que son projet de loi passe
l'étape de l'étude article par article à 18 heures, et
pour qu'il se retrouve en
Chambre en demandant un consentement unanime, il doit savoir maintenant
que ce consentement va lui être refusé. Étant
refusé, son projet de loi, à minuit, devient caduc de toute
façon. Tout le travail qu'on aura fait aujourd'hui sera absolument
perdu, il faudra recommencer à neuf au moment où, le 6 ou le 8
mars, vous rappellerez la session. Vous devrez recommencer votre projet de loi
au stade où il est rendu, si la Chambre le permet, sinon recommencer
à zéro.
M. le Président, je pensais que, devant ce fait qui est bien
connu du ministre aujourd'hui, qu'il ne peut pas voir la troisième
lecture acceptée avant le délai qui a été
prévu, soit minuit, le ministre du Travail allait se dire que, dans les
deux mois qui vont suivre, à tête reposée, il pourrait
peut-être lui-même revoir les parties lors d'une commission
parlementaire, et qu'il pourrait peut-être permettre également
à ceux qui ne sont pas sensibilisés à l'ensemble du
problème de la construction, dans les deux mois au cours desquels nous
serons dans nos milieux, de revoir tous ceux qui seront touchés par
cette législation. Je ne sache pas que ce soit tellement dramatique pour
les parties en cause puisque, jusqu'au 6 mars, ce n'est pas la période
la plus importante en ce qui regarde les travaux dans l'ensemble du
Québec, que ce soit dans de grands chantiers ou ailleurs.
Je pense que cela permettrait, entre-temps, que les
députés puissent se rendre compte s'ils représentent bien
ce que pensent leurs commettants qui sont dans les métiers de la
construction. Il m'est arrivé à quelques reprises d'intervenir en
Chambre sur une des facettes du problème qui est mineur dans l'esprit de
plusieurs personnes qui sont ici à la barre, le problème de
l'artisan qu'on a à vivre dans Beauce-Sud, Beauce-Nord, dans Charlevoix
ou ailleurs. Je me suis fait un portrait de ce qu'on m'a rapporté dans
mon comté de la position dans laquelle ces gens se retrouvent devant le
règlement qui a été adopté l'été
dernier et je m'aperçois que l'éclairage que je devrais
posséder exigerait que je les rencontre tous dans mon comté, tous
ceux qui sont touchés, qu'ils soient dans les métiers de la
construction ou qu'ils soient entrepreneurs. Cela me prendrait quelques
semaines, surtout en période hivernale, pour avoir un portrait le plus
fidèle possible.
Je réalise quand même que certaines paroles qu'il a
prononcées en Chambre quand le ministre nous a parlé de "cheap
labor" qu'on veut mettre de côté, dans l'esprit du
député de Charlevoix, dans l'esprit du député de
Portneuf ou dans celui du député de Beauce-Sud, ce n'est pas
cette main-d'oeuvre qu'on veut protéger parce que, quand on en emploie
des gens chez nous et que cela coûte $17 l'heure, ce n'est pas du "cheap
labor", c'est faux.
On constate quand même qu'il y a des gens qui appartiennent
à la FTQ, à la CSN, qui reviennent dans nos comtés
actuellement. Ils arrivent de la baie James, qui n'est pas un chantier rural.
Ils se ramassent avec 900 heures de faites. On les renvoie à Noël
et le 15 janvier, quand bien même l'entrepreneur voudrait les voir
revenir sur le chan-
tier parce que ce sont de bons hommes, ils n'ont pas le droit, ils ont
900 heures et non pas 1000 heures. Que fera-t-on de ces gens par le
règlement que la Chambre sera appelée à voter, s'il
était voté d'ici minuit? On en fera des artisans. Ils auront le
droit d'être artisans. C'est ce que je comprends de la possibilité
qui leur sera accordée.
M. Johnson: Non. Ils ont déjà du travail.
M. Mailloux: C'est la seule possibilité qui leur sera
accordée, parce qu'ils sont toujours assujettis à ces 1000 heures
qu'ils n'ont pas faites pendant l'année. Ils n'ont pas le droit de
retourner là-bas, quoi qu'en dise le ministre, à moins que je ne
comprenne absolument rien du règlement qui est devant nous.
Ce que je voulais dire en deux mots, c'est qu'il y a d'autres domaines
d'activités, ou s'il faut faire des artisans... Tantôt, dans les
métiers de la construction, ce seront tous des artisans à 75%,
d'ici trois ou quatre ans, de la manière que nous allons. Il y a des
gens aujourd'hui qui peuvent faire facilement 1000 heures; tantôt il y en
aura, quand il y aura moins de chantiers, qui ne feront pas 1000 heures non
plus. Dans les usines d'asphalte, il n'y en a pas un qui fera 1000 heures
tantôt, je suis catégorique. Ce ne sont pourtant pas des gens qui
font partie du "cheap labour", mais ils ne sont pas capables de faire 1000
heures.
Pour aérer tout ce problème, j'ai rencontré deux
centrales syndicales. Ils sont rares, les gens de la centrale que j'ai
rencontrés qui m'ont dit: Ce n'est pas selon cette facette que nous
avions compris le problème. Nous avons mal analysé les
répercussions dans le milieu rural. Nous n'en voulons pas plus à
nos syndiqués qui sont dans ces milieux qu'à ceux qui sont dans
le milieu urbain.
Mais maudit! il faudrait au moins avoir une commission pour entendre ces
gens, pour savoir où nous sommes dans l'erreur, et ce que chacune des
parties, qui est peut-être en contradiction, a à dire devant
l'ensemble des oppositions.
Je pense que c'est la logique des choses qu'on demande d'être
éclairés valablement par les parties qui sont à la table,
et ceux qui manquent, et par nos commettants qui sont vos syndiqués
d'une centrale ou de l'autre.
Je conviens qu'il y a des corps qui sont moins pris que les autres. Chez
nous, dans la plomberie et dans l'électricité, on n'a pas de
problème. Ce sont des métiers assez fermés. Ils ont les
1000 heures et cela va bien. Mais quand je regarde, par exemple, ceux qui sont
dans la machinerie lourde, ceux qui sont dans la menuiserie, ils sont pris avec
un problème difficile. Ce n'est qu'une des facettes du problème
et une facette mineure. Cela ne comprend pas les problèmes de l'OCQ ni
tous les autres problèmes.
Je pense qu'il faudrait que le ministre soit au moins assez
sérieux pour constater, devant ce qui lui a été dit depuis
environ une heure, qu'on perd absolument notre temps à vouloir
espérer que la Chambre accepte d'ici minuit ce projet en
troisième lecture, quelle que soit l'heure à laquelle nous
terminions. Si vous ne voulez pas entendre les parties et cela ne donnerait pas
grand-chose aujourd'hui parce que je pense que les parties devront être
entendues en janvier ou février, avant la reprise de la session,
où tout le monde aura un meilleur éclairage. Il n'y aura pas de
drame nulle part, ce sera final et catégorique.
Si le ministre veut continuer à nous faire travailler
jusqu'à minuit, que ceux qui sont à la barre, ici, s'attendent
qu'il y ait motion sur motion et que les discussions tournent en rond. Nous
allons jaser simplement, et à minuit tout deviendra caduc et ce sera
à recommencer. C'est là qu'est le problème.
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'on est prêt
à disposer de cette motion? M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je me permettrai une
très brève réplique.
M. Johnson: M. le Président, si vous le permettez...
Le Président (M. Clair): M. le ministre du Travail.
M. Johnson: Je ne sais pas si je peux, en vertu du
règlement, comme je n'ai pas pris mes 20 minutes, revenir sur certaines
choses qui ont été dites.
Le Président (M. Clair): Oui, vous avez le droit.
M. Johnson: Je pense qu'il faut quand même se
comprendre.
Le Président (M. Clair): Je devine cependant que le
député de Portneuf y consent. Une chose est certaine, en tout
cas, c'est qu'on peut parler plusieurs fois sur la motion, à la
condition de ne pas parler en tout plus de 20 minutes. De toute façon,
je pense que cela ne s'applique même pas au ministre, qui pourrait parler
indéfiniment.
Cependant, au niveau de la priorité du droit de parole, le
député de Portneuf avait demandé la parole avant.
M. Johnson: D'accord, mais sans reprendre tout le débat.
En fait, je pourrai revenir, au moment de l'étude article par article,
sur ces questions.
M. Pagé: Allez, vous avez notre consentement, il n'y a pas
de problème. Cela témoigne de notre collaboration.
M. Ciaccia: On ne veut pas empêcher les gens de parler, de
ce côté-ci de la table.
M. Johnson: Que le gouvernement refuse de consulter, je pense
qu'on n'en a pas fait la démonstration, parce que c'est ce qu'il a fait
dans ce domaine, en créant la commission Hébert qui a entendu les
parties pendant six mois. D'accord, elles n'ont pas été
consultées sur le projet de loi
no 110. On parle de problèmes de fond. Je vois le
député de Mont-Royal prendre un air démuni. Je serais
démuni à sa place aussi, si je n'avais pas fait mes devoirs comme
il ne les a pas faits. Il n'a pas lu les textes, il n'a pas lu le rapport
Hébert. Il ne sait pas ce dont on parle.
M. Ciaccia: M. le Président, sur l'article 99.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Regardez l'article 99. (16 h 15)
M. Johnson: Oui, cela peut aller. Consentement.
M. Ciaccia: Un député n'a pas le droit que
ce soit un ministre ou non de commencer à en insulter un autre.
Chaque fois qu'on soulève une question de fond, on nous insulte en nous
disant qu'on n'a pas fait nos devoirs, au lieu de répondre sur le fond
de ce qu'on a dit. On va le lire d'avance. Premièrement, je ne suis pas
membre de cette commission. La raison pour laquelle je siège à
cette commission, c'est parce que le gouvernement a introduit un paquet de lois
le 30 novembre et on se promène d'une salle à l'autre. Celui qui
devait être ici à ma place, M. Forget, le député de
Saint-Laurent, est obligé de défendre d'autres projets de loi.
C'est pour cela que je suis ici. Le député de Charlevoix est
obligé de s'en aller à la commission sur le tourisme, la chasse
et la pêche. Après cela, on nous critique en disant qu'on n'a pas
fait nos devoirs. C'est vrai que je ne suis pas autant au courant de ce projet
de loi que d'autres membres de mon parti, tels le député de
Portneuf et le député de Charlevoix. Mais je ne resterai pas ici
pour me faire insulter par le ministre ou par d'autres membres.
M. Johnson: M. le Président...
M. Ciaccia: On a le droit de parole et qu'il réponde sur
le fond des problèmes que j'ai soulevés.
M. Johnson: ... pour m'excuser.
Le Président (M. Clair): M. le député,
simplement pour disposer de la question de règlement. Mes oreilles ont
entendu des mots à l'égard d'autres membres disant qu'ils
étaient arrogants, incompétents, qu'ils n'avaient pas fait leurs
devoirs. Cela ne m'apparaît pas antiparlementaire. Je ne dis pas que
c'est gentil ni aimable, mais au point de vue du règlement, cela ne
m'apparaît pas antiparlementaire, de sorte que je me contenterai,
à ce stade-ci, de faire appel à la modération de tous et
chacun des membres de cette commission. On ne gagne rien à se...
l'esprit de Noël...
M. Pagé: Imaginez-vous ce que cela serait s'il n'y avait
pas l'esprit de Noël.
M. Johnson: On va célébrer la Nativité, M.
le Président. Pour revenir sur l'argumentation du député
de Beauce-Sud sur la notion de l'urgence, l'urgence est double. J'ai eu
l'occasion de m'entretenir longuement avec le député de
Beauce-Sud de tout ce problème, il n'y a pas longtemps. D'abord, au
niveau de la structure patronale, il est bien évident que ce n'est pas
au mois de mars qu'on va régler le problème de la structure
patronale, alors qu'on sera en plein milieu de la négociation du
décret. Ce serait absolument irresponsable que de faire cela et
dangereux, finalement, pour le sain déroulement de cette
négociation. Deuxièmement, la question des artisans.
Évidemment, je comprends que le député de Beauce-Sud peut
maintenant décider comme peut-être le député
de Charlevoix que c'est plus important, le problème des artisans
qui, aujourd'hui, soit dit en passant, ont une liberté totale,
justement, de devenir des artisans s'ils... Me permettez-vous? Aujourd'hui, si
on regarde la loi et la pratique, l'artisan, c'est à peu près
n'importe qui. L'homme qui a des heures ou qui n'en a pas avec l'OCQ, au moment
où on se parle, peut se déclarer artisan. Je trouve ambiguë
la position du député de Beauce-Sud là-dessus. Finalement,
je sais qu'il veut aider les gars qui font des perrons, qui peuvent...
M. Roy: Un instant! Ne charriez pas, parce que je vais vous faire
un perron pour Noël! Je vais vous faire un perron pour Noël.
M. Johnson: M. le Président, je ne m'en prends pas au
député de Beauce-Sud...
M. Roy: Oui, un instant! Ne charriez pas.
M. Johnson: Je dis juste que je comprends je ne charrie
pas la position du député de Beauce-Sud qui veut
qu'on permette à ceux qui font du travail dans le secteur domiciliaire,
qui font de la réparation, les charpentiers-menuisiers qui peuvent faire
des perrons, qui peuvent aider un consommateur directement... Il se plaint
lui-même depuis des années devant ce Parlement du fait que ces
gens, à cause des lois de la construction, n'ont pas leur place au
soleil. Il m'a cité en Chambre des cas de personnes qui ont
été emprisonnées, disait-il, à cause de l'OCQ,
parce qu'elles étaient des artisans.
M. Roy: Pas nécessairement des artisans.
M. Johnson: Cette loi, entre autres, veut permettre à ces
gens de se faire une place au soleil parce qu'ils y ont droit, nonobstant ce
que peuvent en penser les structures syndicales au Québec dans le
secteur de la construction. C'est une décision que les hommes
politiques, à un moment donné, ont le droit de prendre et ils
seront obligés de vivre avec, d'une part. D'autre part, au moment
où on se parle, on sait qu'une série de travailleurs artisans
qu'ils portent le nom ou
pas, qu'ils soient enregistrés à l'OCQ ou pas, qu'ils
soient enregistrés à la RECQ comme entrepreneurs ou pas
sont là et ils travaillent. Ils travaillent à côté
de la loi. L'objet des modifications ne sera pas de permettre une
accélération de tous ceux qui ont des certificats B à se
transformer en artisans. Ce droit existe déjà. Est-ce qu'on a lu
la loi, pour l'amour du saint ciel? Ce droit existe déjà! Ce
qu'on fait, cependant, c'est qu'on le balise. On le balise, cette fois-ci, le
plus clairement possible. On sait que dans des pays comme l'Angleterre, une
commission royale d'enquête a étudié la question pendant
dix ans et elle n'a pas encore fait son rapport.
On sait qu'en Allemagne il y a une commission qui étudie le
problème depuis 25 ans. Au Québec, c'est un problème qui
existe depuis à peu près l'existence du décret; il y a une
jurisprudence qui s'est créée; il y a des usages qui sont
survenus; il y a des amendes qui ont été imposées; il y a
même des gens, selon le député de Beauce-Sud, qui auraient
été emprisonnés parce qu'ils ne payaient pas les amendes.
On pense qu'à un moment donné il faut régler, à
cause du règlement de placement, entre autres, le problème de ces
personnes.
La dernière chose que je veux dire, c'est qu'il va y avoir une
commission parlementaire qui va traiter spécifiquement du
règlement de placement et nous allons être là pour en
discuter ouvertement et longuement avec le député de Charlevoix
qui s'y intéresse, autant que les deux autres porte-parole qui sont ici,
le député de Beauce-Sud et le porte-parole officiel de
l'Opposition officielle. On va en discuter, et avant la mise en vigueur de la
deuxième année du règlement de placement, le 1er mars. Les
possibilités sont infinies d'augmenter le nombre à 2500 heures ou
d'abolir le règlement de placement; on va être là pour
l'étudier et le regarder; on verra que le gouvernement a
déjà entrepris certaines choses.
Cette loi veut, entre autres, régler, quant à l'artisan,
une partie du problème. C'est essentiellement ce qu'elle veut faire et,
à toutes fins utiles, cela balise ce qu'est le statu quo aujourd'hui au
Québec. C'est à peu près l'anarchie la plus totale au
niveau des artisans qui, tantôt, dans certaines régions, peuvent
littéralement contrôler le marché de l'emploi même
dans des secteurs industriels qu'on pense à ceux qu'on appelle
les "dry walls", les gars qui font les finitions de murs ou qui, dans
d'autres régions, au contraire, sont littéralement poursuivis et
harcelés par les inspecteurs de l'OCQ, quand ce n'est pas par les
centrales syndicales. Je pense qu'une fois pour toutes il faudrait commencer
à régler le problème. Ce n'est pas parfait comme solution
mais il commence à être temps de le faire, et c'est pour cela que
c'est urgent.
Si on ne le fait pas, très bien. Qu'on attende au mois de mars,
qu'on attende en plein milieu de la négociation du décret... Les
parties qui ont des intérêts de structure, au niveau des
employeurs comme des syndicats, cela va être le dernier de leurs
problèmes ces hommes qui travaillent com- me artisans. S'ils sont
capables, dans le décret, de s'arranger pour leur rendre la vie encore
plus difficile, ils pourront peut-être le faire. C'est urgent de le faire
immédiatement, je pense, comme c'est urgent de régler le
problème de la structure patronale. C'est pour ces raisons, M. le
Président, que le gouvernement juge qu'il fallait effectivement
présenter cette loi et la faire adopter avant le 21 décembre.
M. Roy: M. le Président.
Le Président (M. Clair): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: J'aimerais relever deux points que le ministre a
soulevés dans sa réplique. D'abord, il a voulu m'imputer des
intentions selon lesquelles je me désintéresserais du sort des
artisans. Je tiens à lui dire que c'est totalement faux.
M. Johnson: Non, non, j'ai dit le contraire.
M. Roy: Ce n'est pas cela du tout. La question que j'ai
posée était la suivante: Si le règlement de placement
demeure tel qu'il est le député de Charlevoix nous en a
fait une démonstration très claire tout à l'heure
il y a des gens qui sont actuellement des travailleurs salariés dans
l'industrie de la construction et, du fait qu'il leur manque quelques heures
pour avoir la carte de classification A et reprendre le travail et leur poste
en 1979, à cause de cette impossibilité d'avoir une carte de
classe A, on les force à devenir malgré eux des artisans. S'il y
a une multiplication des artisans parce que le règlement de placement
les y oblige, il faudrait mesurer l'impact que cela pourrait avoir sur les
petites entreprises de construction au Québec, quelles qu'elles soient.
On ne sait pas en ce moment, parce qu'il faudra qu'il y ait des amendements aux
règlements de placement dans l'industrie de la construction, comment on
pourra s'y prendre pour comptabiliser les heures que l'artisan fera à
l'Office de la construction. Je pense que c'est un domaine très
important pour lequel nous n'avons pas de réponse dans les
amendements.
M. Johnson: Vous l'avez.
M. Roy: Or, le ministre nous donne raison aujourd'hui en disant
qu'il va falloir étudier cela. Il va falloir examiner les intentions
manifestes du ministre d'amender le règlement de placement de la
construction, de façon qu'on soit informé de l'impact que sa loi
110 pourra créer dans le milieu des travailleurs de la construction et
dans les milieux de l'industrie et du développement économique du
Québec. Le ministre vient de faire la preuve que son règlement de
placement a énormément d'importance, mais il n'est pas prêt
aujourd'hui à déposer son projet d'amendement pour qu'on puisse
l'examiner...
M. Johnson: Vous l'avez depuis deux jours...
M. Roy: L'amendement au règlement de placement dans
l'industrie de la construction, pas l'amendement à la loi 110! Je l'ai
même depuis plus que deux jours. On est au courant. Je tiens à le
dire. Mais c'est du règlement de placement que je parle. Il y a des gens
qui sont ici et qui ne le savent pas non plus. J'ai eu des conversations avec
quelques-uns d'entre eux et ils se posent des questions aussi. On ne le sait
pas. M. le Président je terminerai là-dessus c'est
une raison de plus pour appuyer la motion du député de Portneuf,
pour faire en sorte qu'on puisse entendre les parties.
Le Président (M. Clair): M. le député, je
suis heureux que vous ayez souligné que c'était en rapport avec
la motion du député de Portneuf je ne veux pas vous
blâmer ...
M. Pagé: C'était sur le fond. Le
Président (M. Clair): ... non. M. Pagé: Parfait.
Excusez.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf, vous avez la parole.
M. Pagé: Je serai très bref, M. le
Président, parce que je sens déjà le sort qui arrivera
à ma motion. Je peux présumer qu'elle sera battue par la
majorité ministérielle. Je voudrais tout simplement reprendre un
élément que le ministre du Travail a souligné et, selon
moi, à juste titre, quand il m'a dit, indirectement, par vous, que
j'avais omis d'inclure dans ma motion les six associations patronales dont les
membres sont membres de l'AECQ. Je dois vous dire que ce n'était pas du
tout mon intention de les omettre, de les oublier, loin de là. Je vous
dirai, M. le Président, que cela a été fait volontairement
espérant qu'un membre de la majorité ministérielle
présente un amendement pour les inclure. Cela aurait impliqué
à ce moment-là qu'il se serait vu dans l'obligation de voter pour
la motion. De toute façon, un gars a le droit de s'essayer. Je suis
prêt. C'est une tentative qui était quand même très
légitime d'omettre un groupe, espérant que vous
présenteriez un amendement. Vous vous seriez vus dans l'obligation de
voter pour la motion et les groupes auraient été entendus. De
toute façon, on a le droit de s'essayer.
M. le Président, j'ai terminé ce que je voulais vous dire
sur la question de la motion. Je présume qu'elle sera défaite. Le
ministre a parlé et quand le ministre parle, les membres de la
majorité ministérielle viennent de parler ou presque
alors, je suis quand même peiné si elle est battue, que le
gouvernement refuse d'entendre les parties concernées.
Le Président (M. Clair): La motion du député
de Portneuf à l'effet d'entendre un certain nombre de groupes
intéressés par le projet de loi 110, ce soir, de 20 heures
à 22 heures, est-elle adoptée?
M. Johnson: Rejetée. Sur division? Vote
enregistré.
Le Président (M. Clair): Alors, veuillez indiquer si vous
êtes pour ou contre l'adoption de cette motion. M. Bellemare (Johnson).
M. Boucher (Rivière-du-Loup).
M. Boucher: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm).
M. Chevrette: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Gravel (Limoilou).
M. Gravel: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Johnson (Anjou).
M. Johnson: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Lavigne (Beauharnois).
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Mailloux (Charlevoix).
M. Pagé: II a dû s'absenter pour aller à la
commission sur le tourisme; il aurait été pour...
Le Président (M. Clair): M. Pagé (Portneuf). M.
Pagé: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Roy (Beauce-Sud). M. Laberge
(Jeanne-Mance).
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Clair): La motion est rejetée.
M. Johnson: M. le Président, l'article 1.
Le Président (M. Clair): J'appelle l'article 1 du projet
de loi 110.
Définitions
M. Johnson: M. le Président, l'article 1 veut simplement,
en fait, clarifier... Il faut le concevoir beaucoup plus comme une
espèce de modification de concordance qu'autre chose dans la loi; c'est
simplement pour être sûr que la loi ne dise pas le contraire de ce
que dit un autre article. Il s'agit en fait de l'interprétation de
l'expression "lieutenant-gouverneur" au règlement. En gros, on sait que,
à la Régie des entreprises de construction, le gouvernement, en
vertu de la loi constitutive de la régie, a le droit de modifier ou
d'adopter des règlements pour l'office et c'est ce qu'on retrouve plus
loin à l'article 64 de la loi et on le précise à l'article
premier.
M. Pagé: Je conviens, M. le Président, que
l'article 1 a pour but de permettre au Conseil des ministres d'adopter des
règlements et ceci en concordance avec d'autres articles de la loi.
Étant donné qu'on aborde dans cet article tout le secteur de la
Régie des entreprises en construction, le ministre pourrait-il et
cela pourrait peut-être contribuer à accélérer les
travaux nous dire ce qu'il y a dans la loi 110, pourquoi on devrait
l'adopter telle qu'elle est actuellement, eu égard à la
Régie des entreprises en construction, et ce qu'on veut pallier? Je sais
qu'il y a toute la question des contrôles, du consommateur, la protection
et les licences, etc. (16 h 30)
M. Johnson: D'abord, il y a quelques modifications qui sont
purement de la clarification de texte, comme la première.
Deuxièmement, il y a des modifications au niveau de la formation du
groupe que sont les régisseurs, la régie où on inclut un
représentant de l'Association des tuyauteurs qui, pour une raison ou
pour une autre, ne figurait pas dans la loi constitutive et c'est un groupe
qui, compte tenu de son expérience dans le domaine, devrait pouvoir y
siéger.
Troisièmement, on introduit des dispositions pour fermer une
porte à ceux qui étaient en faillite et qui se voyaient
privés d'un permis, mais qui, à cause de la loi, pouvaient
l'obtenir sur une base individuelle; même si la corporation dont ils
étaient, en gros, l'actionnaire principal avait fait faillite, ils
étaient soustraits à l'application de cette disposition qui leur
interdisait d'obtenir leur permis; on clarifie cela également dans un
but de protection du consommateur.
Quatrièmement, des dispositions en ce qui a trait au
régime de garantie, toujours pour les consommateurs. En fait, on va
formaliser dans la loi et on autorise la régie à exiger des plans
de garantie pour le consommateur dans la construction d'une maison neuve. Cela
fait suite, d'une part, à quelque chose qui en valait la peine...
M. Pagé: Cela vaudrait peut-être la peine de savoir
ce qui se passe de l'autre côté.
M. Johnson: Ce sont les chants de Noël. Cela fait suite
à quelque chose qui, d'une part, en vaut la peine intrinsèquement
et déjà des associations, dans le secteur du bâtiment, ont
commencé à donner de tels plans de garantie sur une base
volontaire. Elles seront maintenant tenues de le faire et c'est d'autant plus
urgent. La Société centrale d'hypothèques et de logement
du Canada a décidé, dorénavant, en vertu d'une
décision qui remonte à juillet dernier, de faire en sorte qu'elle
ne consent les prêts à ceux qui seront propriétaires d'une
maison que dans la mesure où ils ont fait affaires avec un entrepreneur
offrant un tel plan de garantie.
C'est presque une modification de concordance, mais c'est quand
même un peu plus que cela parce que c'est un pas de plus dans la
protection du consommateur. Les autres dispositions sont pour améliorer,
sur le plan administratif, la question des appels au Tribunal du travail et,
finalement, il y a des dispositions précises sur le pouvoir de
réglementation.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, j'aimerais que le
ministre me dise comment cela va à la régie actuellement,
particulièrement en ce qui a trait au contrôle exercé par
la régie en vertu de la loi et des règlements. Un reproche qu'on
m'a fait à certaines occasions, c'était la faiblesse au niveau du
contrôle, qu'il n'y avait pas beaucoup d'inspecteurs et j'aimerais que le
ministre nous dise si le projet de loi, en plus de contenir des modifications
sur l'objet de la régie, permettra aussi, en tant que sujet, qu'il y ait
des améliorations au niveau des services; s'il y a un problème au
niveau des budgets. C'est à toutes ces questions que j'aimerais avoir
une réponse.
M. Johnson: Au niveau de la régie, c'est vrai que ses
effectifs, même s'ils ont été augmentés, demeurent
peu élevés. Il y a eu dix inspecteurs, il y en a maintenant douze
et il risque d'y en avoir plus; le tout est en discussion devant le Conseil du
trésor depuis quelques semaines. D'autre part, 95% des entrepreneurs ont
leur permis; il s'agit d'aller chercher les 5% marginaux et, finalement, la
régie a reçu, en trois ans, environ 2500 plaintes, ce qui est un
chiffre qui pourrait possiblement être plus élevé, d'autant
plus que certaines...
M. Pagé: ... ont été retirés.
M. Johnson: Le total des permis est de 14 000.
M. Pagé: D'accord, mais qui ont été
retirés.
M. Johnson: M. Gagnon qui est président de la régie
me dit qu'on en retire très peu; cependant, on en refuse beaucoup. C'est
de l'ordre de 50 par semaine.
M. Pagé: Qui sont refusés?
M. Johnson: Qui sont refusés pour des raisons de
non-conformité avec la loi.
M. Pagé: D'accord, au niveau de l'inspectorat?
M. Johnson: L'inspectorat, encore une fois, dix inspecteurs,
douze au moment où on se parle, dix pendant un bon bout de temps,
quelques-uns de plus, sans doute, bientôt. Je ne sais pas si le
député de Portneuf veut relier cela, entre autres, à la
question des artisans, qui éventuellement...
M. Pagé: J'y arrivais.
M. Johnson: Alors, si on veut le relier à la question des
artisans, il faudrait bien comprendre que dans les textes d'amendements que je
lui ai
fait parvenir il y a trois jours, on précise bien ce n'est
même pas dans les textes d'amendements, c'est dans le projet
lui-même que, pour les fins de l'intérêt du
"contrôle" des artisans quand ils travaillent pour un employeur
professionnel en d'autres termes, ils travaillent sur un chantier
commercial ou industriel le rapport des heures, du taux payé,
etc., ne sera pas fait à la régie, il va être fait à
l'office. On sait que l'office est doté d'un inspectorat
extrêmement large comparé à celui de la Régie des
entreprises de construction.
M. Pagé: Oui, mais, M. le Président, entre autres
une question à laquelle le ministre n'a pas eu l'occasion de
répondre, c'est concernant l'artisan qui choisira de ne pas travailler
pour un employeur professionnel. Celui-ci aura le droit, j'en conviens, de
participer au programme; il sera assujetti à l'Office de la construction
du Québec pour les programmes de bénéfices sociaux
jusqu'à concurrence...
M. Johnson: Sur une base volontaire.
M. Pagé: ... sur une base volontaire, et ce jusqu'à
concurrence de 40 heures par semaine. Une fois établi, l'artisan devant
détenir tout le temps son certificat de qualification.
M. Johnson: C'est cela.
M. Pagé: Par qui le fait pour l'artisan de détenir
ou non ce certificat de qualification sera-t-il contrôlé? Pas par
l'OCQ. Est-ce que la Régie des entreprises de construction est
habilitée à intervenir à ce chapitre pour le
contrôle de la qualification de l'artisan?
M. Johnson: II y a trois choses. Il y a deux choses dont une qui
en contient deux. Il faut d'abord faire la distinction entre un certificat de
qualification et un certificat qui est une licence.
M. Pagé: Oui, j'en fais la distinction.
M. Johnson: Or, le certificat de qualification ne découle
pas de la Régie des entreprises de construction. Il découle de la
Loi de la qualification professionnelle qui est mise en vigueur par les
services de main-d'oeuvre du ministère du Travail et de
Main-d'Oeuvre.
Quant à la licence d'artisan, en tant que licence, au niveau de
son émission, comme du contrôle, il y aura une implication de
trois groupements, et de façons diverses. Il y a déjà une
entente qui est en voie d'être réalisée, par anticipation
de l'adoption de la loi, entre les bureaux de main-d'oeuvre du Québec et
la Régie des entreprises de construction, pour l'obtention de la
licence. On ne peut quand même pas obliger l'artisan qui est à
Povungnituk ou même moins loin que cela, sur la Côte-Nord, à
venir à Montréal chercher son certificat. Il pourra le faire
à tous les bureaux de main-d'oeuvre du Québec où un
programme de présence des représentants de la
Régie des entreprises de construction permettra de mettre dans la
"machine" la demande, l'étude, l'examen nécessaire, le
contrôle de la qualification, les exigences, en termes de
sécurité, par exemple, parce qu'il faut qu'il passe par
règlement, d'ailleurs. Il va falloir qu'il connaisse les
règlements en matière de sécurité. Au niveau du
contrôle pour l'émission, c'est la Régie des entreprises de
construction.
M. Pagé: Je reviendrai avec une autre question
tantôt. Continuez, vous étiez bien parti.
M. Johnson: C'est cela pour l'émission. Le contrôle
effectif de ce qui se passe après, c'est le recours qu'aurait un
consommateur qui n'est pas satisfait d'un artisan et la mise en application des
dispositions prévoyant un cautionnement, comme c'est le cas, en
principe, pour l'ensemble des entrepreneurs.
M. Pagé: Votre réponse me satisfait dans le sens
que, si je l'interprète bien, la condition d'obtention de la licence de
la part de la régie pour un entrepreneur est qu'il possède son
certificat de qualification...
M. Johnson: Je m'excuse... oui.
M. Pagé: ... pour l'artisan de la part de la régie,
c'est qu'il possède son certificat de qualification.
M. Johnson: C'est cela. Mais il faut qu'il remplisse d'autres
conditions aussi.
M. Pagé: Oui, en plus des conditions propres à la
licence comme telle. D'accord. Une fois que l'artisan aura sa licence,
abstraction faite des éléments qui découlent de la licence
comme telle, cautionnement, etc. mettons cela de côté
quelles seront les relations entre la régie et le travailleur
artisan en question?
Vous avez cité tout à l'heure le cas de la
sécurité. La sécurité, qui va s'en occuper?
L'OCQ?
M. Johnson: C'est cela. Il y a l'émission de la licence;
je dirais que la licence n'est pas à vie, elle est renouvelable. C'est
une licence qui, en vertu du règlement, peut être annuelle. Il y a
donc, par définition, une forme de contrôle annuel sur cela;
deuxièmement, le consommateur lésé pourra se plaindre,
encore une fois, à la Régie des entreprises de la construction.
Troisièmement, l'entrepreneur qui voudrait utiliser les services d'un
artisan, qui serait, d'ailleurs, obligé en vertu des amendements
que je vais déposer au projet de loi de le payer au taux du
décret, devra faire cette déclaration à l'office des
artisans qui sont chez lui. Finalement, l'entrepreneur va être
obligé, d'une certaine façon, partiellement, de policer
lui-même la loi dans la mesure où l'artisan qu'il va engager, il
faut que cela soit un artisan tel que reconnu par la loi. Cela veut dire,
quelqu'un qui détient la licence et encore une fois, on le
précise bien
l'artisan ne peut pas travailler avec d'autres sous lui, il ne peut pas
avoir de salariés à ses frais. L'artisan travaille uniquement
seul. Il n'a même pas de "helper" comme on le dit en anglais. Son
"helper", s'il en veut un, il faut aussi que cela soit un artisan, il faut donc
qu'il remplisse les mêmes critères. L'artisan travaille seul.
M. Pagé: II n'a pas d'apprenti artisan. M. Johnson:
II n'a pas d'apprenti artisan. M. Pagé: Même si l'OCQ
en a déjà reconnu.
M. Johnson: Mais, même dans la réalité, au
moment où on se parle, les "apprentis artisans" cela existe, c'est le
"helper" du gars, par exemple, du charpentier menuisier. À ce titre, je
pense qu'il y a là-dedans des formes, finalement, par l'ensemble de
l'application de la présence des organismes, même sans leur
intervention autrement qu'au niveau, à l'initiation du processus de la
licence. Il y a un ensemble de facteurs qui vont faire qu'il y a une
espèce d'autopolissage, si on veut, des dispositions sur l'artisan.
M. Pagé: Cela veut donc dire, pour revenir à ma
question bien spécifique, que la régie des entreprises n'aura
aucune juridiction, par exemple, au chapitre de la sécurité.
M. Johnson: Pardon, je m'excuse.
M. Pagé: Aucune juridiction au chapitre de la
sécurité de la part de la régie des entreprises, la
sécurité sur le chantier.
M. Johnson: C'est-à-dire que le contrôle de la
sécurité sur les chantiers, c'est l'OCQ qui a cela.
M. Pagé: Pour les artisans aussi?
M. Johnson: C'est-à-dire pour tout le monde. De toute
façon, tout cela va être revu au mois de mars au moment de
l'étude de la santé-sécurité.
M. Pagé: Raison de plus pour reporter ce débat au
mois de mars, mais c'est une autre affaire.
M. Johnson: Cela n'a rien à voir avec les artisans. Il ne
faut pas mêler les deux choses. L'OCQ, qui fait de la vérification
sur la sécurité dans les chantiers, a un mandat pour faire la
vérification de la sécurité dans les chantiers.
M. Pagé: J'en conviens. Je ne veux pas lui enlever ce
pouvoir que l'OCQ a de contrôler la sécurité dans les
chantiers, que cela soit Pierre, Jean, Jacques ou Jos. Bleau, A, B, ou artisan,
mais là ou je veux en venir c'est pour savoir si l'artisan va participer
financièrement aux frais inhérents de la part de l'OCQ
découlant de la sécurité.
M. Johnson: Non, pas intrinsèquement, mais, de toute
façon, c'est à se demander comme cela va là...
M. Pagé: Alors, ce sont des "A" qui vont payer?
M. Johnson: Non, que l'on se comprenne bien. L'OCQ a
demandé une subvention au gouvernement et l'affectation
budgétaire de cette subvention, c'est pour financer la
sécurité. Il faut aussi voir en pratique ce que c'est. En
pratique, ce vers quoi on se dirige, en termes de financement de la
sécurité dans la construction, compte tenu du fait que l'OCQ est
dans le rouge ou est sur le point d'être dans le rouge, cela va
être des subventions et les subventions, ce sont les taxes de l'ensemble
des citoyens.
M. Pagé: C'est acquis. Eventuellement, vous annoncerez le
programme dans le cadre de la réforme du mois de mars, programme...
M. Johnson: Même avant cela, c'est déjà
annoncé dans le budget supplémentaire du ministre des Finances,
dans la mesure où l'on verse une subvention de quelque $1 700 000 pour
l'exercice financier que cela couvre à l'OCQ et l'imputation de ce
montant représente plus, d'ailleurs, que ce qui a été
évoqué à bien des égards par les gens de l'Office
de la construction, que ce que coûte la partie du temps des inspecteurs
consacrée à l'inspection de la sécurité.
M. Pagé: Est-ce que la Régie des entreprises de
construction aura juridiction sur les prélèvements de la part de
l'employeur professionnel à l'artisan? (16 h 45)
M. Johnson: C'est-à-dire qu'il n'y a pas de
prélèvement puisqu'il n'est pas un salarié...
M. Pagé: C'est cela, le problème.
M. Johnson: ... mais qu'il est soumis au taux du décret,
ce qui est différent. Il n'y a pas de prélèvement
proprement dit qui est versé à l'OCQ.
M. Pagé: Cela, c'est s'il le veut.
M. Johnson: Vous voulez dire le prélèvement pour
les fins du fonds de retraite...
M. Pagé: C'est cela.
M. Johnson:... des avantages sociaux.
M. Pagé: C'est l'OCQ qui va le vérifier?
M. Johnson: II paie cela directement lui-même. Il a droit
jusqu'à concurrence de 40 heures par semaine. Évidemment, cela
peut être assez onéreux pour celui qui ne travaillerait pas ces 40
heures et qui n'aurait pas l'équivalent comme revenu d'un gars qui
travaille au taux du décret, 40 heures. L'artisan qui en pratique fait
10, 12 ou 15
heures par semaine en temps creux dans telle région rurale parce
qu'il y a peu de construction, je ne vois pas vraiment l'avantage qu'il a ou
les moyens qu'il a d'aller contribuer pour un niveau de 40 heures par
semaine.
M. Pagé: De toute façon, on aura l'occasion de
revenir sur ce sujet lorsqu'on sera aux articles ou aux amendements relatifs
aux artisans et aux contrôles. Si on revient à l'article 1, dans
les municipalités, les officiers municipaux qui seront affectés
à la vérification devront vérifier si les
requérants de permis de construire et ceux qui exécutent des
travaux de construction détiennent une licence. L'article 1.
M. Johnson: L'article actuel de la loi.
M. Pagé: Oui.
M. Johnson: Une seconde. L'article 18?
M. Pagé: Cela commence à l'article 19.
M. Johnson: L'article 19. Et votre question?
M. Pagé: Je voudrais savoir comment cela va jusqu'à
maintenant. Cela fait combien de temps que la régie existe? Deux ans. On
a le privilège d'avoir avec nous M. le Président auquel je
souhaite la plus cordiale des bienvenues. Comment cela va-t-il dans vos
relations avec les municipalités? Est-ce qu'il y a des
éléments nouveaux là-dessus?
M. Johnson: L'article 19, comme tel, n'a jamais été
mis en application. Il n'y a jamais eu d'arrêté en conseil pour
mettre l'article 19 en application. Cependant, on a des relations très
fréquentes avec les municipalités et on les incite à
exiger les licences de tous les gens qui soumissionnent pour leurs propres
travaux ou qui demandent des permis de construction. Cela a été
seulement par incitation jusqu'à présent.
M. Pagé: Si l'article a été adopté
par le législateur, je présume que le législateur voulait
qu'éventuellement il s'applique. Croyez-vous que dans des délais
raisonnables ou assez brefs cela va se faire?
M. Johnson: À ce chapitre, je peux peut-être dire
que je vais attendre les propositions concrètes que nous fera la
régie là-dessus. Comme vous le savez, M. Gagnon a
été nommé, quand même, relativement récemment
à la tête de la Régie des entreprises de construction. Il a
déjà eu, d'abord, à procéder à un
réaménagement administratif important à l'intérieur
de la régie. On sait que ces choses prennent passablement de temps en
général parce que c'est soumis, comme vous le savez, à
l'approbation du Conseil du trésor. Il y a des délais qui sont
normaux pour des études, des contre-études, des propositions et
des contrepropositions. Jusqu'à maintenant, je pense qu'une large partie
du travail a été faite au niveau de la régie. On a
réussi en si peu de temps à formuler un projet de loi qui leur
permettra non seulement d'être plus efficaces, plus expéditifs,
mais également de commencer à s'atteler à l'application
très concrète de la loi dans certains secteurs où cela a
été plus faible comme application dans le passé, entre
autres, à cause du peu d'effectifs, des difficultés de
départ de cette régie, etc.
Le Président (M. Clair): Est-ce que l'article 1 sera
adopté?
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): L'article 1 est adopté.
J'appelle l'article 2.
Composition de la régie
M. Johnson: L'article 2, M. le Président, a pour objet de
modifier la composition de la régie je l'ai évoqué
tout à l'heure introduisant là un représentant de
la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du
Québec et également de préciser le processus de nomination
par voie de consultation. C'est une nomination qui est faite par le
gouvernement, par le lieutenant-gouverneur en conseil, mais cela exige un
processus de consultation auprès des associations.
M. Pagé: Quel est le motif d'augmenter le nombre de
un?
M. Johnson: Parce que la Corporation des maîtres
mécaniciens en tuyauterie n'était pas représentée
pour une raison que j'ignore. Elle devrait peut-être y être
maintenant.
Le Président (M. Clair): Est-ce que l'article 2 sera
adopté?
M. Pagé: Oui, M. le Président à moins que
mon collègue de l'Union Nationale n'ait des commentaires.
Le Président (M. Clair): Adopté. J'appelle
l'article 3.
M. Johnson: C'est une modification de concordance de 5 à 6
en vertu de l'article précédent.
M. Pagé: II y a six membres. Ils vont siéger sans
droit de vote sauf pour l'adoption des statuts de la régie et des
règlements.
M. Johnson: C'est cela. C'est, d'ailleurs, la règle au
moment où on se parle. Cela a toujours fonctionné comme cela.
M. Pagé: Oui, mais l'article 3 amende quoi?
M. Johnson: C'est simplement le chiffre qu'on change.
M. Pagé: D'accord, De 8 à 9.
Le Président (M. Clair): L'article 3 est-il
adopté?
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Adopté. J'appelle
l'article 4.
Obtention d'une licence
M. Johnson: On y ajoute ici la notion de connaissances à
celle de l'expérience comme condition de l'obtention d'une licence. La
personne qui désire obtenir une licence doit également avoir subi
avec succès les examens de la régie, évidemment,
rénovant le candidat à une licence d'entrepreneur de
construction. Il doit donc démontrer à la régie qu'il
possède l'expérience dans le milieu de la construction ou encore
qu'il a acquis les connaissances pertinentes. En fait, le problème
concret qui se posait, c'est que vous pouviez avoir des gens de formation dans
ce secteur, mais qui n'avaient pas nécessairement, en vertu des
critères qui étaient impliqués, le critère de
l'expérience parce qu'ils arrivaient sur le marché du travail, il
est bien évident que le nouvel entrepreneur, il faut bien
présumer quelque part qu'on ne recommence pas à Adam chaque fois.
Il faut donc avoir également un critère de connaissances.
M. Ciaccia: Reconnaissez-vous ces connaissances dans l'industrie
ou interprétez-vous cela comme s'il faut qu'ils soient...
L'expérience...
M. Johnson: Cela va se faire par règlement, d'une part.
Cela va se faire par règlement de la régie. Deuxièmement,
c'est au niveau si je ne me trompe pas du cas par cas finalement,
en conformité avec le règlement.
M. Ciaccia: Mais quelle sorte de critères...
M. Johnson: II y a certains critères qui sont
explicités dans le règlement. On a d'ailleurs le projet de
règlement.
M. Pagé: Vous pourriez le déposer. Le
Président (M. Clair): ... distribué.
M. Johnson: Oui, déjà. C'est une autre loi
où la réglementation est déjà prête. Elle
n'est pas finale.
M. Ciaccia: Je comprends que c'est pour la protection...
M. Pagé: ... du public.
M. Ciaccia: ... du public, mais il ne faudrait pas que ce
soit...
M. Johnson: Parmi ces critères, on pourrait en
énumérer quelques-uns.
M. Ciaccia: ... tellement restrictif que cela empêche les
gens de commencer. Il faut toujours donner la possibilité d'avoir de
nouvelles entreprises.
M. Johnson: Pour répondre à la question du
député de Mont-Royal, par exemple: Détenir un
diplôme d'université reconnue en architecture ou en
ingénierie dans une spécialité connexe à celle
qu'entend exercer l'entreprise qu'il désire qualifier; détenir un
diplôme d'études collégiales en technologie de
bâtiments ou des travaux publics ou un diplôme de technicien des
bâtiments ou de travaux publics octroyé par une école
technique reconnue, etc. Il y en a six comme cela. C'est un critère de
connaissances et non pas d'expérience. C'est bien évident.
M. Ciaccia: Si je comprends bien je vais essayer de
comprendre ce que vous voulez nous dire est-ce que vous dites que ces
critères de connaissances vont faciliter l'obtention d'un permis?
M. Johnson: C'est cela. La régie était dans la
position un peu étrange où elle ne pouvait accorder de licence
qu'à ceux qui avaient une expérience dans le domaine. Or, cela
veut dire qu'un architecte ou un ingénieur qui voulait se partir une
entreprise... Prenons un exemple: Un individu en génie technique qui
veut se partir une entreprise en construction, mais où ses connaissances
en génie technique sont, à toutes fins utiles, essentielles dans
sa décision comme entrepreneur de se lancer en affaires, il ne pouvait
pas, en pratique, à cause de la loi, obtenir un permis parce qu'il
sortait de l'université et n'avait pas d'expérience.
M. Ciaccia: Ces nouveaux règlements sont-ils pour
élargir le champ d'activité ou...
M. Johnson: C'est pour permettre, effectivement, la formation de
nouvelles entreprises à partir de celles pour lesquelles notre
société dépense des milliards tous les ans pour les
former. C'est cela, le principe.
M. Ciaccia: Ce n'est pas pour restreindre... M. Johnson:
Non, au contraire.
M. Pagé: J'aurais une question là-dessus, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Quand on me parle de contrôle de
connaissances, je vous dis, M. le Président, que les oreilles commencent
à me chatouiller. Entre autres, je m'en réfère, par
analogie, au contrôle de connaissances pour l'émission de
certificats de qualification. Peut-être que l'expérience un peu
négative à laquelle j'ai eu à être confronté
comme
député dans mon bureau de comté, comme la
très grande majorité de mes collègues notamment,
m'amène à me poser des questions. Tous et chacun qui sont un peu
au fait de ces questions savent pertinemment que l'émission de
certificats de qualification ou une reconnaissance de connaissances, c'est
quand même aléatoire. Qu'on prenne le cas de l'émission
d'un certificat de qualification à titre de charpentier-menuisier
où, aux examens, on va poser des questions sur la structure, on va poser
des questions qui sont pour employer un terme qui nous est bien propre
mauditement embêtantes. Les gens, même s'ils ont, dans
certains cas, les connaissances, échouent. Les gens sont obligés
de porter plainte au conseil d'arbitrage, on en a eu des exemples en ce qui
concerne les véhicules lourds.
M. Johnson: Ce qu'on me dit au niveau...
M. Pagé: Je pourrais multiplier les exemples comme
ceux-là, mais au niveau du contrôle de la connaissance, j'aimerais
savoir comment cela va se faire.
M. Johnson: Tout cela se fait au moment où on se parle,
sauf la connaissance...
M. Pagé: C'est là l'aspect de ma question.
M.Johnson: D'accord.
M. Pagé: Comment se fera le contrôle de la
connaissance? Quels sont les mécanismes qui seront' établis?
M. Johnson: D'abord, il y a deux niveaux, il y a le
contrôle de la connaissance à sa face même. On peut
présumer qu'un diplômé en ingénierie connaît
le génie, si une université lui a donné un diplôme.
Deuxièmement, en vertu de...
M. Pagé: À ce moment-là, vous ne faites pas
de contrôle de connaissance.
M. Johnson: C'est-à-dire que c'est une reconnaissance de
la connaissance.
M. Pagé: D'accord. Pas d'examens...
M. Johnson: Cependant, cela n'empêche pas qu'il y ait des
examens comme cela existe depuis la création de la régie en 1975.
On me dit que, d'après les statistiques, en gros, le taux
d'échecs aux examens, si on prend l'ensemble des critères qui
sont appliqués, c'est-à-dire la connaissance technique, la
connaissance administrative et l'habilité, c'est à peu
près de l'ordre de 30%. Cependant, quand on arrive au niveau technique,
ou plutôt à l'habilité, c'est à peu près de
l'ordre de 10%, ce qui correspond finalement...
Évidemment, on pourra toujours invoquer... Le
député de Beauce-Sud a déjà cité quelques
cas particulièrement douloureux qui ne touchaient pas la régie
des entreprises, mais le service de la qua- lification de la main-d'oeuvre chez
nous, le cas typique d'un briqueteur qui fait des maisons en pierres des champs
rondes, mais qui n'est pas capable de poser de la brique carrée.
Théoriquement, en vertu des règlements de qualification, il n'est
pas qualificable. C'est une chose qui arrive à l'occasion.
Dans le cas de la Régie des entreprises de la construction,
encore une fois de façon générale, il faut bien se
rappeler, hormis la question des artisans dont on va rediscuter en cours de
route, que les entreprises, les entrepreneurs qui sont au nombre d'à peu
près 14 000 ont, en principe, des salariés. Il y a une dimension
de connaissance administrative qui est impliquée. La dimension
technique, même si la qualification au niveau de la main-d'oeuvre au
ministère produit des situations un peu aberrantes comme celle que vient
d'invoquer le député de Beauce-Sud...
Une voix: II y en a des pires.
M. Johnson: ... ne s'applique pas nécessairement telle
quelle dans le cas de la Régie des entreprises en construction.
Une autre chose, c'est qu'il ne faut pas oublier que dans certains de
ces secteurs il y a déjà des corporations: la Corporation des
maîtres électriciens, la Corporation des maîtres
mécaniciens en tuyauterie. Il y a une tradition qui existe depuis la
création de ces corporations, dont l'une remonte à 1941 ou 1950.
Il y a déjà une tradition de formation continue, de qualification
et même un côté genre office des professions qui a
été tenté depuis une couple d'années, entre autres
parce qu'on voyait l'intégration de 1980 venir. Il y a quand même
une certaine tradition au niveau du contrôle de la qualité de ceux
qui sont dans ces corporations, indépendamment des structures
juridiques; c'est une chose à laquelle on est habitué, ce qui
n'est pas nécessairement le cas dans les autres secteurs. Mais on peut
présumer que si quelqu'un veut être entrepreneur dans les grands
travaux routiers, ce n'est pas un pompier qui va essayer de faire cela en fin
de semaine. On parle d'une entreprise qui exige des connaissances et on
présume que ceux qui tentent d'obtenir de telles connaissances ont
l'expérience et/ou les connaissances pour le faire.
M. Pagé: On n'aura non seulement les véritables
travailleurs de la construction, mais les véritables entrepreneurs de la
construction.
M. Johnson: Cela existe depuis 1975. Ce n'est pas nouveau dans la
loi.
M. Pagé: J'en conviens. Est-ce qu'il y aura des
mécanismes d'appel?
M. Johnson: Oui, au Tribunal du travail.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais intervenir un peu
sur la question de la connaissance ou de l'expérience pertinente dans la
gestion d'une entreprise de construction. Je comprends, d'un certain point de
vue, qu'on veuille éviter certains abus du passé. N'importe qui
voulant se lancer dans la construction, qu'il soit connaisseur dans ce domaine
ou non, pouvait fonder une compagnie de construction dans le domaine
résidentiel ou autre, et cela a causé certains problèmes
pour les consommateurs et les acheteurs du produit construit. C'est un
côté de la médaille, et on veut éviter cet abus. (
17 heures)
L'autre abus, c'est de rendre la possibilité de commencer de
nouvelles entreprises trop restrictive. On décourage et on rend
très difficile la création de nouvelles entreprises. Si on n'a
pas de nouvelles entreprises, on n'aura pas d'emplois.
Quels sont les critères que vous avez pour établir cela?
Est-ce que vous allez dans la direction d'avoir tellement de restrictions et de
contraintes que ce sera, premièrement, non seulement difficile, mais
très difficile de commencer une nouvelle entreprise?
Deuxièmement, est-ce que la discrétion peut opérer en
faveur d'un qui peut avoir moins d'expérience que l'autre? Pourriez-vous
nous donner un peu plus de détails?
M. Johnson: II faudrait peut-être rappeler
qu'historiquement cette loi remonte à 1975. Je me permets ici, sans
faire un procès d'intention au député de Mont-Royal, de
dire que, si j'avais présenté le projet original de 1975 cette
année, il m'aurait probablement dit que c'est une loi extrêmement
interventionniste de l'État qui se mêle de la vie du monde,
etc.
M. Ciaccia: Vous ne savez pas si je n'ai pas dit cela en
1975.
M. Johnson : Vous l'avez peut-être dit au caucus,
mais...
M. Ciaccia: Peut-être.
M. Johnson: Vous étiez pas mal occupé à
négocier avec les Inuit.
M. Pagé: Mais on était là en 1975.
M. Johnson: Donc, ce n'est pas nouveau comme
phénomène.
M. Ciaccia: Non, mais j'ai accepté le principe.
M. Johnson: C'est cela et, de façon
générale, c'est tout le problème de l'intervention du
gouvernement dans ce domaine-là. Quelles sont les deux balises à
cela?
C'est, d'une part... Et c'est l'intérêt d'avoir des
"régisseurs" entre guillemets. Les régisseurs sont issus du
milieu au niveau des entrepreneurs. Il y en aura de toutes les associations.
Ces associations sont dans un drôle de dilemme. D'une part, elles sont
régisseurs et c'est pour cela qu'elles n'ont pas droit de vote sur
n'importe quoi. Elles sont "presque", entre guillemets, en conflit
d'intérêts, d'une certaine façon, parce que la tendance
naturelle va vers les monopoles et il faut s'arranger pour qu'il y en ait le
moins possible.
On remarquera que c'est la régie et non pas les régisseurs
qui peut décerner cela. Ils ont évidemment droit de vote au
niveau des règlements, etc. Donc, c'est une affaire de jugement, d'une
certaine façon, à partir du milieu, très
concrètement. Qu'est-ce que ce milieu? C'est l'entreprise, c'est
l'expertise technique et c'est au centre de cela, un président qui a la
responsabilité de la direction de cette règle, qui, lui, essaie
d'y insuffler des notions qui sont celles qu'on retrouve
généralement de respect ou de "justice", entre guillemets.
Ce n'est pas seulement de la philosophie. Concrètement, il y a un
pouvoir de révision, c'est-à-dire que, si la régie
décide de ne pas octroyer une licence, il y a un pouvoir de
révision. On peut aller en révision devant la régie.
Deuxièmement, il y a un appel au Tribunal du travail. Or, le Tribunal du
travail, comme on le sait, qui est un tribunal spécialisé dans ce
domaine-là, mais qui est également un tribunal formé de
juges et pas d'assesseurs seulement, voit à ce qu'on respecte les
principes généraux du droit. Les principes généraux
du droit, c'est la non-discrimination, c'est audi alteram partem, ce sont tous
les principes généraux sur lesquels le pouvoir judiciaire est
fondé dans notre société. Finalement, une application
souple, d'une part, et, d'autre part, une possibilité d'appel au niveau:
1- de la révision et 2- de l'appel devant le Tribunal du travail.
M. Ciaccia : Quand vous vous êtes
référé tantôt à un diplômé, ce
n'est pas une garantie, le fait d'avoir un diplôme, qu'il peut
gérer une entreprise. J'avais fait allusion à des abus
tantôt. Il y a eu peut-être autant d'abus dans ce domaine-là
d'entrepreneurs qui sont solvables et qui peuvent répondre
financièrement à des réclamations, mais qui ont rendu
très difficile la vie de l'acheteur. Sans citer des cas, parce que je ne
pense pas qu'il serait juste en commission parlementai re de citer des cas
précis, je me demande si vous avez des normes minimums pour les
questions financières. Y a-t-il des bases?
M. Johnson: Oui, sur la solvabilité. D'abord, parmi les
examens que doivent passer ceux qui veulent obtenir une licence.
En vertu du règlement no 13 qui concerne la solvabilité
des entrepreneurs en construction... ce sont là des critères sur
la solvabilité, il y en a deux pages. Ces critères sont des
choses comme "le requérant qui fait affaires avec la
société doit démontrer à la régie que la
société est une personne solvable, que chacun des membres de la
société est une personne solvable, que son actif excède
son passif d'au moins $5000 sans tenir compte de la valeur de l'achalandage. Le
requérant qui fait affaires avec la régie doit également
démontrer que la corporation est une personne solvable, que son actif
excède le passif. Dans le cas du requérant qui fait affaires sous
forme de
corporation, il doit faire la même chose. Il y a une série
de critères qui sont les critères généraux de la
solvabilité et il y a, d'autre part, des examens sur un plan
administratif.
M. Ciaccia: Oui, mais ces critères, s'il y correspond,
est-ce qu'il obtient automatiquement sa licence ou y a-t-il un autre pouvoir
discrétionnaire en plus des critères que vous venez de
mentionner?
M. Johnson: S'il passe les examens et satisfait aux exigences, il
a sa licence.
M. Ciaccia: Vous l'avez souligné vous-même...
M. Johnson: Ce n'est pas un jugement parfaitement arbitraire.
M. Ciaccia: ... si ceux qui vont prendre la décision sur
de nouvelles licences sont entrepreneurs, il y a un petit conflit. C'est vrai
que c'est la régie, mais si ce sont des entrepreneurs, il peut y avoir
un conflit et le moins d'entreprises il va y avoir... ce n'est pas
nécessairement le salarié ou le consommateur qui va en
bénéficier.
M. Johnson: Mais, comme je le disais tout à l'heure, ils
ne sont que consultés sur l'émission des licences; ils ne
décident pas sur la question des licences, ce qui est
différent.
Le Président (M. Clair): L'article 4 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Adopté. J'appelle
l'article 5.
M. Johnson: À l'article 5, M. le Président, il
s'agit d'assujettir la personne physique qui désire obtenir une licence
aux mêmes conditions que la personne physique qui habilite une
société ou une corporation. De plus, il interdit à une
personne physique de détenir plus d'une licence sous réserve
toutefois d'un pouvoir de réglementation que la régie peut avoir
à cet effet.
À toutes fins utiles, il s'agit ici de combler un oubli du
législateur en 1975. Alors que la loi défend actuellement
à une personne physique d'habiliter plus d'une société ou
corporation, ou d'habiliter une société ou une corporation tout
en étant titulaire d'une licence, elle est silencieuse quant à la
possibilité pour une même personne physique de détenir plus
d'une licence.
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président. Le dernier
élément que le ministre a...
M. Johnson: Une personne physique peut détenir... On
interdit à une personne physique de détenir plus d'une licence.
D'accord? À toutes fins utiles, on essaie de combler un vide
laissé en 1975 parce que la loi défend en ce moment à une
même
Le personne physique d'habiliter plus d'une société ou
corporation.
M. Pagé: Par analogie.
M. Johnson: Une même personne physique ne peut habiliter
deux entreprises ou habiliter une société ou une corporation tout
en étant titulaire d'une licence. D'accord?
M. Roy: D'accord.
M. Johnson: Cependant, la loi est silencieuse quant à la
possibilité pour une même personne physique de détenir plus
d'une licence.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Clair): Adopté?
M. Pagé: Non, il y a un autre élément, M. le
Président. Je m'excuse, mais le ministre me permettra de revenir
à l'article 4 sur un aspect, le contrôle de la connaissance pour
l'artisan. Il est là de facto de par le certificat de qualification ou y
a-t-il un contrôle de connaissances additionnel?
M. Johnson: D'abord, c'est clair qu'il y aura par
règlement une série de dispositions sur d'autres critères
que la connaissance. La régie étudie depuis plusieurs mois
maintenant cette question et fera ses recommandations brièvement au
gouvernement.
M. Pagé: Ce sera éventuellement régi par
règlement?
M. Johnson: Oui.
M. Pagé: On peut présumer que l'artisan, en plus de
détenir son certificat de qualifications pour lequel il aura
été obligé de passer des examens chose qui n'est
d'ailleurs pas toujours facile devra passer des examens additionnels
à la régie.
M. Johnson: C'est-à-dire pas nécessairement quant
à sa qualification.
M. Pagé: Mais en ce qui a trait aux connaissances? Le
contrôle des connaissances pourra éventuellement se faire par un
examen?
M. Johnson: Oui.
M. Pagé: Est-ce que l'intention de la régie est
arrêtée, est-ce qu'elle est définitive?
M. Johnson: Pas encore parce qu'elle est dans le processus de
l'élaboration finale du règlement.
Le Président (M. Clair): Adopté? M. Pagé:
L'article 5...
M. Laberge: Une minute!
Le Président (M. Clair): Je m'excuse, M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Laberge: C'est une question de phraséologie, de
concordance avec l'article 4. À la deuxième ligne de l'article 5,
dans 32, on dit "ou habiliter" et dans l'article 4, à la deuxième
ligne, on dit "ou pour habiliter". Est-ce qu'on devrait répéter
le mot "pour"? Je me pose la question. C'est seulement une question de...
M. Pagé: II faudrait que le législateur parle bien,
j'en conviens.
M. Laberge: II semble y avoir un "pour" qui ait été
oublié.
M. Johnson: Les légistes me font signe que cela n'a pas
d'importance, dans un sens ou dans l'autre. C'est peut-être pour les
écritures ou pour la concordance.
M. Laberge: C'est seulement pour le français.
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'il y a lieu de
l'amender?
M. Johnson: II faudrait peut-être répéter le
texte de loi tel qu'il était initialement. Or, le texte original disait
"pour habiliter"... Puisque le texte original dit "ou pour habiliter", il
faudrait peut-être répéter la même formule.
Le Président (M. Clair): Alors, l'amendement est-il
adopté concernant le "pour"?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Clair): Le "pour" est adopté.
M. Pagé: On ne se chicanera pas sur les virgules.
M. Johnson: L'article 5?
M. Pagé: Attendez un peu, M. le Président. Est-ce
que vous permettez...
M. Johnson: C'est celui-là?
M. Pagé: Est-ce que vous permettez à mon
collègue, le député de Mont-Royal, de poser une question
qu'il juge importante sur les connaissances et la régie qui est
prévue à l'article 4, ce qu'il a omis de faire avant?
M. Ciaccia: Si vous permettez. C'est sur les alinéas e) et
f). Dans l'alinéa e), comment avez-vous fixé le délai de
trois ans? Comment en êtes-vous arrivés à ce délai
de trois ans?
M. Johnson: Comme dans toutes ces choses-là, il faut
mettre la ligne quelque part. On juge que quelqu'un qui a fait faillite il y a
trois ans, est-ce qu'il va traîner cela toute sa vie? On aurait pu mettre
quatre ans, on aurait pu mettre deux ans et demi. On a mis trois ans.
M. Ciaccia: Ce n'est pas la question de la personne qui a fait
faillite. Cette question est abordée à l'alinéa d).
À l'alinéa e), vous parlez d'une personne qui a été
membre d'une société, qui aurait pu être membre d'une
société qui a fait faillite, ce n'est pas nécessairement
un membre majoritaire, mais un membre de la société... Ce n'est
pas la corporation...
M. Johnson: Une société, ce n'est pas une
corporation. Ce sont des personnes qui sont en société au sens
où ils engagent tous leurs responsabilités dedans.
M. Pagé: Le vrai terme légal de
société.
M. Johnson: On fait la distinction, tout au long de la loi, entre
la corporation et la société. C'est la société du
Code civil dont on parle.
M. Ciaccia: Mais dans f) vous parlez d'une corporation et vous
dites: S'il a détenu 20% ou plus des actions...
M. Johnson: C'est cela.
M. Ciaccia: II est assujetti à cette règle de trois
ans.
M. Johnson: C'est cela.
M. Ciaccia: Vous ne trouvez pas...
M. Johnson: Dans le cas de la société, on n'est pas
obligé de le faire...
M. Ciaccia: ... que cela va peut-être un peu loin? Parce
que 20%, ce n'est pas le contrôle.
M. Johnson: C'est comme Paribas, dans la loi 124, avec 20%. 20%
dans une corporation, dans le secteur de la construction comme dans n'importe
quel autre secteur, dans certains cas cela ne signifie pas
nécessairement un contrôle. Prenez une société
où il y a cinq personnes, elles ont toutes 20%. Que de façon
systématique il y en ait une avec 20% qui fasse "bande à part"
entre guillemets et que les quatre autres votent tout le temps
contre elle, je pourrais répondre en anglais "tough luck!" Cependant, on
présume que quelqu'un qui a 20% dans une entreprise essaie de veiller au
grain. Si son entreprise fait faillite...
M. Ciaccia: 20%, c'est assez minoritaire. Le seul but de ma
question est d'essayer d'avoir les règles où on n'essaie pas de
limiter trop les gens qui peuvent avoir un capital à apporter dans la
construction, dans ces entreprises. 20% me sembleraient... On ne peut pas
prendre les décisions en détenant seulement 20% des actions d'une
société.
M. Johnson: On présume que quelqu'un qui détient
20% des actions d'une entreprise de construction doit être influent,
merci!
M. Ciaccia: Non. Cela peut être un investisseur avec 20%,
qui n'a rien à voir avec les décisions. Il se trouve un matin que
la compagnie, parce qu'il y avait un administrateur, les autres
personnes...
M. Johnson: II y a très peu de compagnies de construction
qui sont des compagnies publiques... (17 h 15)
M. Ciaccia: Pas publiques, il n'y a pas de General Motors dans la
construction au Québec, mais la plupart des compagnies de construction,
dans la région chez moi, ce sont des corporations. Ce ne sont pas des
corporations publiques qui vont vendre des parts au public, mais il y a des
investisseurs minoritaires qui sont strictement des investisseurs, qui veulent
limiter leur...
M. Johnson: On parle aussi d'administrateurs. On ne parle pas
seulement d'actionnaires, on parle d'administrateurs.
M. Ciaccia: Administrateurs ou actionnaires. Je comprends que, si
celui qui avait 20% est aussi administrateur, peut-être qu'il engage plus
sa responsabilité, mais seulement pénaliser l'actionnaire qui a
20% et dire: Vous avez été actionnaire à 20% dans une
compagnie, on va vous empêcher d'investir d'autre argent dans une autre
compagnie, je ne crois pas que c'est dans l'intérêt de l'industrie
de placer de telles limites, surtout si vous avez tous les autres
critères et les autres pouvoirs de la régie.
M. Johnson: Je ne sais pas si le député de
Mont-Royal a une suggestion concrète à faire et, après
cela, on pourrait peut-être faire la même démonstration en
sens inverse. Parce que, si on mettait, par exemple, 50%, juste par
hypothèse, on dit: S'il est actionnaire à 50% et que la compagnie
a fait faillite, que pensez-vous qu'il va arriver? Le "loophole" parfait, si
vous me permettez l'expression, c'est que, quand les gars fondent une compagnie
de construction, il y a madame qui va avoir 2% et messieurs qui vont avoir
chacun 48%, 49%...
M. Ciaccia: Vous pouvez le couvrir par Beneficial Ownership,
autrement dit, même si un autre le détient pour lui. Si lui a la
majorité, s'il a le contrôle, que ce soit à son nom, au nom
de ses enfants, de sa mère ou de sa secrétaire...
M. Johnson: C'est toute la théorie du "at arm's length"
dans la jurisprudence. Indépendamment de cela, on présume que
quelqu'un qui a 20% du contrôle dans une compagnie veille au grain. Ceci
dit, quelle est la conséquence? La compagnie fait faillite, le gars
était de bonne foi, il avait 20% dedans, il travaillait, il faisait son
boulot comme il faut; ce qu'on dit, c'est: Monsieur, vous ne pouvez pas
détenir une licence, ce qui ne vous empêche pas de continuer
à travailler, mais vous ne pourrez pas détenir une licence, vous
ne pourrez pas être celui qui habilite une nouvelle corporation pour
trois ans.
M. Ciaccia: Pour trois ans. M. Johnson: C'est cela.
Le Président (M. Clair): On revient à l'article 5
puisque l'article 4, je le souligne pour tous les membres, tant du
côté de l'Opposition que du côté ministériel,
était déjà adopté. L'article 5 est-il
adopté?
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Clair): II me semblait qu'on avait
terminé la discussion.
Des voix: Adopté.
M. Pagé: En fait, c'est un peu par concordance et à
la suite des autres articles précédents visant à
assujettir la personne physique aux mêmes conditions que celles de la
corporation. J'aurais une petite question entre parenthèses: La
connaissance de la langue française appropriée, c'est
contrôlé comment? D'une part, cela m'intéresse, cela
intéresserait...
M. Johnson: Quand les examens sont en français, cela
aide.
M. Pagé: Cela intéressera particulièrement
mon collègue...
M. Johnson: Les examens sont en français; alors, cela
aide.
M. Pagé: C'est la seule façon dont c'est
contrôlé?
M. Johnson: Pour le moment, oui. C'est ce qu'on me dit. Il n'est
pas impossible qu'il y en ait d'autres à un moment donné. Vous
soulevez peut-être ce qui est un problème et peut-être ce
qui n'en est pas un du tout. Je ne suis pas en mesure en ce moment de
l'apprécier. Je peux vous assurer que le ministère d'État
au développement culturel me fera sans doute savoir s'il y a un
problème dans ce domaine.
M. Pagé: II y a un avis qui a été
demandé? M. Johnson: Non.
M. Pagé: Comme cela, il n'y a pas de problème pour
vous.
M. Johnson: Quand il y aura des problèmes, on verra. Les
examens sont en français, cela aide de connaître le
français pour les réussir.
M. Pagé: Je présume.
M. Ciaccia: Si vous m'assurez que ce n'est pas le ministre des
Affaires culturelles qui est chargé de la mise en application de
l'article, je ne vous poserai pas de question.
Le Président (M. Clair): L'article 5 est-il
adopté?
M. Pagé: Avez-vous eu des plaintes à ce chapitre,
M. le Président?
M. Ciaccia: Je vais vous surprendre. Je ne vous poserai pas de
question.
Le Président (M. Clair): L'article 5 tel qu'amendé
est-il adopté? Adopté. J'appelle l'article 6. M. le ministre.
M. Johnson: C'est la même règle, mais applicable aux
corporations tout simplement. C'est très long, cela a l'air très
complexe, c'est exactement la même règle que celle dont on a
discuté à l'égard des individus, mais ici, c'est
étendu aux corporations.
M. Pagé: En fait, ce sont tous les mécanismes de
contrôle, toute la question de divulgation du nom des actionnaires, leur
adresse et tout cela.
M. Johnson: C'est cela.
Le Président (M. Clair): Adopté?
M. Ciaccia: II n'y a pas d'autres pouvoirs de la régie?
Quand vous parlez du droit d'avoir une licence et que vous réglementez
cela, n'y a-t-il pas d'autres règlements qui, directement, affectent le
fonctionnement de la société et qui pourraient, je ne dirais pas
venir en contradiction mais pourraient limiter le fonctionnement d'une
société même si elle a une licence? Vous avez fait
référence tantôt à certains programmes de
certification dans le domaine domiciliaire.
M. Johnson: II y a un cautionnement de fidélité de
$5000 qui est exigé.
M. Ciaccia: Non. C'est pour obtenir la licence. Je ne me
réfère pas à cela.
M. Johnson: Cela existe déjà.
M. Ciaccia: Une fois que la licence est obtenue, que l'examen a
été passé par le postulant et qu'il a sa licence et qu'il
fait des affaires, il y a d'autres programmes, comme le programme de la
certification des nouveaux bâtiments.
M. Johnson: II n'a pas existé jusqu'à
présent parce que la loi n'était pas adéquate, mais avec
l'amendement proposé, on va le mettre en vigueur.
M. Ciaccia: Est-ce que c'est une autre limitation au
fonctionnement d'une telle compagnie, que ce soit une société ou
un individu?
M. Johnson: Je comprends ce que vous voulez dire.
C'est-à-dire que dans la mesure où... C'est toujours le
même problème chaque fois qu'on adopte une loi. Il est clair que
c'est une forme de limitation. De la même façon qu'on interdit aux
gens de se donner des coups de poing dans le visage sur la rue, on exige un
plan de fonctionnement. Encore une fois, c'est une affaire de tirer la ligne
sur l'intervention de l'État.
M. Ciaccia: Le plan de cautionnement, vous l'avez...
M. Johnson: Le plan de garantie, je m'excuse. Le plan de garantie
domiciliaire. Un exemple de cela. Il y a des consommateurs, au Québec,
je ne dis pas que c'est la majorité, il y a des consommateurs au
Québec on se souviendra des ruches d'abeilles de je ne sais
où qui ont été aux prises à un moment
donné avec des logements qui n'avaient aucun sens, qui avaient des
défauts majeurs, dont le seul recours, en fin de compte, était un
recours civil, long, difficile et pénible. Il n'y avait aucune forme
d'incitation pour ce type d'entreprise, qui fonctionnait peut-être un peu
vite, à respecter les droits éventuels des consommateurs à
leur égard et ce plan de garantie qui existe ailleurs aussi et qui est
même exigé par la Société centrale
d'hypothèques maintenant pour qu'elle consente un prêt, on en a
besoin. Il est évident que c'est partiellement limitatif comme n'importe
quelle loi, mais cela ne va pas au-delà de cela.
M. Ciaccia: Mais la situation à laquelle vous faisiez
référence, qu'il y avait des ruches d'abeilles qui avaient
été construites. Dans plusieurs cas, le problème
n'était pas que l'entrepreneur n'était pas solvable.
L'entrepreneur était très solvable, mais il a utilisé
toutes les règles, toutes les procédures à sa disposition
pour éviter certaines responsabilités. Il était non
seulement très solvable, il était extrêmement solvable. Ce
n'était pas la certification d'une régie qui aurait pu dire: Je
vais vous donner, pour avoir un certificat pour construire ces maisons, le
certificat de garantie, cela ne répondait pas à ce
problème. Parce que ce n'est pas la solvabilité de cet
entrepreneur, c'est vraiment la façon de fonctionner. Dans d'autres cas,
cela se peut que quelqu'un n'ait pas autant de garanties financières,
mais il y a la...
M. Johnson: On ne parle pas d'une garantie de solvabilité.
C'est une garantie que la maison est bien faite, que cela va être
réparé, mis en état, ce qui est très
différent d'une garantie de solvabilité.
M. Ciaccia: Je comprends. Mais le contracteur doit obtenir de la
régie ou de l'association ce certificat, l'association va émettre
le certificat. Quels sont les critères que l'association va utiliser
pour émettre un tel certificat?
M. Johnson: Je ne veux pas entrer là-dedans parce que je
pense qu'on pourrait le faire à la
commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières. Ce sont des plans de garantie qui existent avec une
série de compagnies d'assurance qui sont spécialistes
là-dedans.
Ce n'est pas à la régie de le fixer dans les nuages,
à faire du cas par cas. C'est basé sur des études
actuarielles, des choses qui existent ailleurs. Des fois, c'est sous forme de
mutuelles. Je ne vois pas vraiment le rapport direct que cela a avec...
M. Ciaccia: Mais cela a un rapport dans le sens que cela va
limiter l'activité de ces compagnies, parce que c'est une autre forme de
restriction.
M. Johnson:; Mais oui. Mais si on ne limite pas, il va y avoir
des ruches d'abeilles.
M. Ciaccia: Mais vous l'avez déjà limité.
Mon seul point c'est que vous ajoutez de plus en plus de restrictions. Je me
demande sur quelle base... Quels sont vos...
M. Johnson: Je veux bien. Mais cela existe dans cet État
qu'on sait être d'inspiration socialiste, les États-Unis, dans
à peu près tous Ies États américains. Cela existe
en Alberta, cela existe en Ontario.
M. Ciaccia : Parce qu'effectivement, si vous mettez trop de
restrictions dans l'application de ces plans, c'est une autre façon
vraiment de réduire l'activité...
M. Johnson : C'est évident si on agace le monde, il va
être agacé. Cela, c'est officiel.
M. Ciaccia: Vous pouvez avoir une licence, mais la licence ici
sera vraiment inutile, parce que vous n'aurez pas obtenu l'essentiel qui est le
certificat de cette association. Parce que, sans certificat, l'association, la
compagnie de prêt ne vous donnera pas le prêt. La compagnie
prête, jusqu'à ce jour, les institutions financières, les
compagnies hypothécaires ont accordé des prêts sans la
nécessité d'un tel certificat. Maintenant, vous ajoutez cela,
vous rendez encore beaucoup plus difficiles les activités dans ce
domaine. Je me demande, s'il y a des restrictions, des limites - parce qu'au
pire, si le certificat n'est pas donné, c'est vraiment pour un
entrepreneur, même s'il a respecté vos exigences de
solvabilité, etc., le mettre hors... "put him out of business" -
l'effet, c'est qu'il ne travaillera pas et...
M. Johnson: C'est théoriquement possible.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il a...
M. Johnson: C'est théoriquement possible.
M. Ciaccia: Théoriquement oui, mais il faut essayer de
rédiger nos lois pour avoir certaines protections dans la pratique,
parce qu'on est dans un domaine très très compétitif.
M. Johnson: Oui, bien, M. le Président, brièvement,
là-dessus...
M. Ciaccia: Et vous allez donner un pouvoir à celui qui
est déjà établi et qui va prendre les décisions de
dire: Je ne veux pas plus de compétition, je vais restreindre la
façon dont je vais émettre ces certificats, complètement
indépendamment des articles que vous avez ici, le contrôle...
M. Johnson: C'est pour cela que la loi prévoit que la
régie peut créer un fonds d'indemnisation si jamais les
associations décident d'imposer des contraintes telles que cela
empêche le monde de les avoir. C'est pour cette raison qu'il y a un
article dans la loi qui prévoit cela, d'une part. On ne peut pas
présumer, a priori...
M. Ciaccia: S'il ne l'obtient pas, je ne pense pas. Le fonds
d'indemnisation, ce n'est pas si le type n'obtient pas le certificat. S'il
n'obtient pas le certificat, le fonds d'indemnisation ne l'aidera pas, parce
qu'il ne pourra pas construire. Le prêt hypothécaire, il ne l'aura
pas.
M. Johnson: Oui, mais au moment ou on se parle, si on ne bouge
pas c'est officiel qu'il ne pourra pas travailler, parce que la
Société centrale d'hypothèques, qui consent des
hypothèques sur une bonne partie des maisons neuves fabriquées au
Québec, a décidé de ne plus accorder de prêt
hypothécaire aux consommateurs qui font affaires avec des entrepreneurs
qui ne sont pas couverts par un plan comme cela. On n'a pas le choix. C'est
officiel, s'il y a quelqu'un à qui il faut dire qu'ils sont restrictifs
avec ces pratiques du commerce, c'est la Société centrale
d'hypothèques.
M. Ciaccia: Oui, mais il y a des solutions de rechange à
la Société centrale d'hypothèques. Vous pouvez
aller...
M. Johnson: Bien, je veux dire, elle est là.
M. Ciaccia: Écoutez, un instant, ce n'est pas la
même chose. La Société centrale veut avoir certaines
normes. Si vous respectez ces normes, vous obtenez un prêt de la
Société centrale. Si vous ne voulez pas respecter les normes de
la Société centrale, vous allez aux compagnies financières
indépendantes.
M. Johnson: Oui, mais si on permet, pour 80% des prêts
hypothécaires, au Québec on exige ce type de plan-là, que
ce soit au niveau de la Société centrale ou de la Compagnie
d'assurance hypothécaire du Canada qui est la plus grosse.
M. Ciaccia: Oui, mais on l'exige maintenant parce qu'il a
été introduit. Avant qu'il soit introduit, on ne l'exigeait pas.
C'est bien beau, vous dites: On introduit le plan, toutes les compagnies
l'exigent. Mais si le plan n'avait pas été introduit, les
compagnies ne l'auraient pas exigé.
M. Johnson: Ce n'est pas nous qui l'avons introduit.
M. Ciaccia: Ce sont vos lois qui permettent l'introduction de ces
plans, d'après...
M. Johnson: Non, cette contrainte existe déjà. Je
pense que c'est tout un problème d'explication... Je me suis
peut-être mal expliqué depuis le début, mais en ce moment,
80% des prêts hypothécaires au Québec font que le
consommateur est pris pour faire affaires avec quelqu'un qui a un plan de
garantie sur la maison. Ce n'est pas le Québec, qui a inventé
cela, c'est la Société centrale d'hypothèques et ce sont
les compagnies d'assurance qui s'occupent d'assurances hypothécaires. Il
faut vivre avec cette réalité-là. On ne peut pas
réinventer l'allumette, dans le domaine, parce qu'elle a
été inventée, et puis on a même des briquets, en ce
moment. (17 h 30)
II s'agit de voir ce qui se fait avec les briquets. On tient compte de
cela. En plus de cela, on ouvre une porte avec le fonds d'indemnisation au cas
où quelqu'un serait sujet à ce type de discrimination. C'est en
conformité avec ce qui se déroule et ce qui nous est
littéralement imposé par une situation économique. Ces
mêmes entrepreneurs intéressés aux "investissements", entre
guillemets, qui sont des...
M. Ciaccia: Tout en protégeant le consommateur, vous avez
certaines restrictions contre les constructeurs. Avez-vous certaines
protections pour les entrepreneurs qui, peut-être, seraient soumis
à certains abus de ces plans de garantie?
M. Johnson: C'est le fonds d'indemnisation qui fait cela.
M. Ciaccia: Dans quel sens fait-il cela, le fonds
d'indemnisation? Supposons qu'il obtient un certificat qui n'est pas
adéquat, le fonds d'indemnisation ne l'aide pas.
M. Johnson: Je l'ai déjà dit, c'est une
alternative, le fonds d'indemnisation; je ne peux pas dire plus au
député de Mont-Royal.
Le Président (M. Clair): L'article 6?
M. Ciaccia: Juste une autre question, je ne veux pas abuser de
mon temps... Si l'entrepreneur n'obtient pas ce certificat de garantie, comment
le fonds d'indemnisation va-t-il l'aider? Le fonds d'indemnisation aide dans le
cas où la garantie ne joue pas pour le consommateur; le fonds
d'indemnisation ne joue pas pour l'entrepreneur. Est-ce que le fonds
d'indemnisation...
M. Johnson: Tant qu'on ne créera pas le fonds
d'indemnisation, celui qui est dans la situation dont on parle, qui est, entre
autres, tout entrepreneur au Québec qui fait partie d'une association
qui n'a pas de plan de garantie, ce n'est pas compliqué, il n'a plus de
client parce que la société centrale et les compagnies
d'assurance ne prêtent pas à des gens qui font affaires avec des
entrepreneurs qui n'ont pas de plan de garantie. Au moment où on se
parle, la situation est possiblement dramatique; il aurait fallu que le
député de Mont-Royal nous dise cela quand la
société centrale l'a annoncé en juillet.
Ce qu'on fait, c'est qu'on entérine, à toutes fins
pratiques, ce genre de processus parce que c'est dans notre économie;
deuxièmement, on veut protéger les consommateurs et,
troisièmement, l'entrepreneur qui se verrait discriminé pourra
aller faire appel à l'indemnisation, à la RECQ. Ce sera une porte
ouverte pour lui.
Le Président (M. Clair): Adopté?
M. Ciaccia: Je ne veux pas... Si l'association a un plan et
l'entrepreneur se voit, d'une façon ou d'une autre, discriminé
par ce plan...
M. Johnson: II peut faire appel au fonds de la régie.
M. Ciaccia: II peut aller au fonds de la régie...
M. Johnson: II peut être couvert par la régie. La
régie peut peut-être décider de ne pas le couvrir, non
plus. Il faut que ce jugement puisse s'exercer quelque part.
M. Ciaccia: Même ces garanties sont limitées.
M. Johnson: Le dépôt initial est de $20 000.
Adopté, M. le Président?
Le Président (M. Clair): L'article 6 est adopté.
J'appelle l'article 7.
M. Johnson: L'article 7, M. le Président, reprend, pour
fins de concordance, les dispositions de l'article 51 de la loi. L'existence de
cet article était en fonction de l'article 50 de la loi. Les
dispositions de cet article ont été intégrées aux
articles 31 et 33 de la loi par suite des modifications proposées par
les articles 4 et 6 du présent projet de loi.
Ainsi, pour une meilleure cohérence, il est
préférable d'ajouter cet article 33a comprenant entre autres les
dispositions de l'article 51. Je suis sûr que tout cela est bien
clair.
M. Pagé: Oui. En fait, c'est le pouvoir pour la
régie, quand c'est un cas d'incapacité d'obtenir un permis ou une
habilitation à cet effet, de surseoir aux articles
précédents et de les inclure quand même. Le libellé
de l'article 33a dit ceci, et vous me permettrez de reprendre le
deuxième paragraphe pour le bénéfice des membres et de
tous les gens qui sont ici: "Lorsque l'incapacité d'obtenir une licence
ou d'habiliter à cet effet une société ou corporation
découle des dispositions prévues au paragraphe c) des articles 31
à 33 pour une infraction prévue au sous-paragraphe V du
paragraphe b de l'article 43, la régie peut permettre la
délivrance d'une licence plus tôt à une personne qui en
fait la demande. Afin de rendre sa décision, la régie prend en
considération, notamment, la nature de l'infraction commise, sa
gravité ainsi que son incidence sur les activités qu'entend
exercer dans l'industrie de la construction la personne qui demande la
délivrance d'une licence."
M. le Président, cela m'amène à dire qu'on est
conscient, d'une part, des sévérités des règles
imposées par les articles précédents, c'est-à-dire
les articles 4 et 6 du projet de loi. J'interprète les dispositions de
l'article 33a comme étant une façon ou un mode pour la
régie d'y passer outre dans certains cas.
Or, la décision va appartenir à la régie qui devra
prendre en considération, c'est-à-dire qu'elle devra
étudier et analyser le dossier et prendre les renseignements sur la
nature de l'infraction, la gravité de l'infraction et c'est très
subjectif. Vous aurez à juger...
M. Johnson: II faut bien se comprendre cependant...
M. Pagé: C'est un pouvoir discrétionnaire.
M. Johnson: L'article 43b, sous-paragraphe V prévoit,
c'est vrai, que la régie peut passer outre, mais on peut s'attendre
à ce que cela puisse y permettre, par exemple, d'accorder quand
même une licence à celui qui aurait été
trouvé coupable d'avoir causé des lésions corporelles
à un voisin à l'occasion d'une soirée qui n'a rien
à voir avec l'entreprise. Cependant, aujourd'hui, une personne qui
commet des voies de fait en dehors du secteur de la construction, comme cela
peut arriver à n'importe qui, et qui pourrait être
condamnée pour cela avec sentence suspendue de deux jours pourrait faire
appel à la régie pour obtenir sa licence. C'est ce que cela
permettrait. Théoriquement, cela permettrait aussi à quelqu'un
qui a commis un meurtre de le faire. Il y a un appel qui est prévu,
c'est évident.
M. Pagé: Est-ce que l'objectif de l'article est de
permettre à la régie d'exercer sa discrétion et son
pouvoir décisionnel dans des cas particuliers?
M. Johnson: Oui. C'est du cas par cas.
M. Pagé: Qui sont autres? Je conviens que c'est du cas par
cas nécessairement, mais qui sont autres que l'objet de la régie?
Vous avez fait référence à des vols, des claques sur la
gueule et des meurtres.
M. Johnson: Effectivement, mais si cela arrive dans le cadre du
travail, par exemple, quelqu'un qui commet un meurtre sur un chantier de
construction, un contremaître qui assassine un salarié; il n'est
pas couvert par ces dispositions, il n'aurait plus de licence s'il essayait de
se dire entrepreneur. Le contremaître qui, cependant, chez lui, un soir,
à l'occasion d'un party de Noël, assène un coup de poing au
visage de son voisin parce qu'il n'endure plus que le chien vienne sur son
terrain, est couvert par cette disposition. Cela veut dire que cela ne
l'empêche pas de devenir entrepreneur en construction. Cela
m'apparaît correct à part cela.
M. Pagé: De très bons exemples. Normale- ment quand
on est tanné du chien du voisin, on ne l'invite pas au party de
Noël.
Le Président (M. Clair): L'article 7 est-il
adopté?
M. Pagé: Je trouve que c'est un pouvoir qui est
général, c'est un pouvoir qui est large, qui a beaucoup d'impact.
La régie deviendra, somme toute, un tribunal, comme il faut l'appeler,
ou presque: pouvoir décisionnel, discrétion de juger de la
gravité de l'offense, les incidences sur les activités qu'entend
exercer dans l'industrie de la construction l'offense en question. Or, je dois
vous exprimer, M. le Président, d'une part ma surprise et d'autre part
mes réserves.
M. Ciaccia: Au lieu de donner ce pouvoir discrétionnaire
à la régie, pourquoi n'avez-vous pas amendé ou
prévu, dans les articles 31 et 33, le genre d'exception qui n'a rien
à voir avec les activités dans le domaine de la construction?
M. Johnson: C'est ce qu'on fait.
M. Ciaccia: Mais non, parce que là vous donnez un pouvoir
discrétionnaire sur tout.
M. Johnson: Ah non! Il ne faut pas que cela soit automatique non
plus! C'est cela.
M. Ciaccia: Comment cela ne peut-il être automatique?
M. Johnson: Ce que vous dites, c'est d'abolir l'article 43b,
sous-paragraphe V).
M. Ciaccia: Non, je n'ai pas dit d'abolir, mais de prévoir
dans ces articles, de les modifier pour prévoir que si c'est une
infraction qui n'a vraiment rien à voir avec le pouvoir de fonctionner
dans l'industrie de la construction, cela ne soit pas une raison pour ne pas
obtenir la licence. Mais ce que vous faites dans votre article 7, c'est que
vous donnez un pouvoir discrétionnaire que, même si l'infraction
se réfère à l'industrie de la construction ou à une
activité reliée à cela, la régie peut quand
même donner; elle a le pouvoir discrétionnaire...
M. Johnson: Sauf, qu'il y a des cas où il faut que la
régie ait ce pouvoir discrétionnaire. Prenons l'exemple d'un
individu qui est trouvé coupable de fraude parce que son
beau-frère était dans une banque et qu'il a découvert un
"scheme" fantastique avec l'informatique; je pense qu'il faudrait permettre
à la régie de lui refuser une licence d'entrepreneur en
construction. Cependant, il est clair qu'il faut qu'il y ait un jugement
subjectif qui s'applique et il ne faut pas oublier, encore une fois, qu'il y a
un appel au Tribunal du travail qui est un tribunal où les principes du
droit commun s'appliquent quand on raisonne autour de choses comme
celles-là. Toutes les grandes règles du droit s'appliquent.
M. Ciaccia: Qui fera appel, si vous donnez un pouvoir
discrétionnaire et que la régie en accorde à n'importe qui
qui en fait la demande?
M. Johnson: Non. Dans le sens contraire, d'accord. Vous voulez
présumer que la régie pourrait décider d'en accorder
prenons un exemple théorique à un individu qui est
un fraudeur professionnel, reconnu huit fois pour fraude, mais pas dans le
domaine de la construction, qui postule pour devenir entrepreneur, qui obtient
son permis. Vous allez me dire: Qui va se plaindre? Je pense qu'il y a un
gouvernement qui peut se plaindre à l'égard du président
de la régie si à un moment donné cela pose des
problèmes. Il n'y a aucune de nos lois... Vous le savez comme moi, le
Parlement peut décider de changer un homme en femme, s'il le veut.
Même, c'est le Conseil exécutif maintenant qui peut le faire en
vertu de nos lois, le changement de sexe. C'est évident que ce n'est pas
parfait. Je pense que la discrétion doit être là et qu'on
doit permettre, finalement, à la régie de ne pas en
émettre dans certains cas plutôt que de permettre à la
régie d'en émettre. C'est bien plus restrictif sur le plan de la
formulation juridique.
M. Ciaccia: Vous avez les deux ici. Vous avez la
discrétion que, même si quelqu'un se conforme, la régie
peut dire non. Et vous avez l'autre cas où la personne ne pourra pas
obtenir son permis selon l'article 33 et où la régie peut le lui
accorder.
M. Johnson: C'est vrai.
M. Pagé: M. le ministre, vous allez me permettre de
souligner un cas bien spécifique qui est plus particulier au monde de la
construction. Un contremaître qui, évoluant pour une compagnie X,
est poursuivi pour négligence criminelle suite au décès
d'un travailleur pour des motifs de sécurité, suite à une
enquête du coroner et tout cela. Le contremaître, l'entreprise,
tout ce beau monde-là est poursuivi. Le contremaître en question
présente une requête à la régie dans un délai
très bref, suite à la poursuite prenons le cas où
il y a une sentence suspendue d'un an et il fait une demande à la
régie pour devenir lui-même entrepreneur. Est-il couvert pour
cela? Qu'est-ce qui arrive dans ces cas-là?
M. Johnson: Normalement, on le lui refuse.
M. Pagé: Vous le lui refusez. Est-ce qu'il y a une
question de délai ou si c'est sans délai, à vie, ad vitam
aeternam?
M. Johnson: II y a un délai de trente jours pour
répondre à la demande de licence, en vertu de la loi.
M. Pagé: II y a trente jours pour en appeler.
M. Johnson: Après cela, il y a les appels possibles.
M. Pagé: La révision et l'appel.
Le Président (M. Clair): L'article 7 est-il
adopté?
M. Pagé: Cela veut donc dire que, suite à la
décision du tribunal qui refuserait à cette personne ou qui
octroierait à cette personne une licence d'entrepreneur, aucun
mécanisme n'est possible, sauf au moment du renouvellement dans le cas
de l'octroi?
M. Johnson: C'est cela.
M. Pagé: Et dans le cas du refus? Aucun autre moyen, le
gars ne sera jamais entrepreneur de sa vie?
M. Johnson: Non, il peut aller en appel. M. Pagé:
S'il est allé en appel.
M. Johnson: II n'y a rien qui empêcherait
théoriquement, au niveau du renouvellement, la régie de
décider de changer d'idée. Cela n'empêcherait rien.
M. Pagé: Alors, même après la décision
du tribunal, suite à l'appel, la régie pourrait changer
d'idée?
M. Johnson: Oui. Théoriquement.
M. Pagé: De son propre chef, suite à une nouvelle
demande.
M. Johnson: C'est cela, c'est au niveau du cas par cas. Il fait
une nouvelle demande trois ans après et, en attendant, de toute
façon, il peut travailler pour une autre entreprise.
M. Pagé: Vous allez consigner les décisions rendues
par la régie, je présume, là-dessus?
M. Johnson: Oui, c'est tout écrit parce que c'est
susceptible d'appel.
M. Pagé: J'en conviens. Mais est-ce que ce serait
consigné un peu comme les cas, par analogie, qui sont soumis au
Protecteur du citoyen qui nous fournit un rapport et qui nous donne une
description des cas et tout cela? Est-ce qu'il y aura moyen pour les parties en
cause, les parties patronale, syndicale et le Parlement, de prendre
connaissance des fondements sur lesquels se guide en général la
régie pour décider?
M. Johnson: Chaque cas est motivé. Cependant, dans son
rapport annuel, la régie ne fait pas comme le Protecteur du citoyen.
Elle ne peut pas se mettre à identifier les personnes, etc., mais elle
fournit des données sur ces questions.
M. Pagé: Bonne chance avec votre pouvoir
discrétionnaire!
Le Président (M. Clair): L'article 7 est-il adopté?
Adopté. J'appelle l'article 8.
Cautionnement
M. Johnson: Modification qui a pour but, notamment, de remplacer
le genre de cautionnement actuellement prévu à la loi et de
permettre à la régie d'exiger, par règlement, un
cautionnement des entrepreneurs de construction qui exécutent ou font
exécuter des travaux de construction relatifs aux bâtiments
résidentiels. Elle donne également à la régie le
pouvoir de constituer par règlement un fonds d'indemnisation en
remplacement de cette exigence de cautionnement. Enfin, elle maintient le
pouvoir actuel de la régie d'exiger de toute personne physique,
société ou corporation qui demande une licence un cautionnement
qui soit payable au nom du ministre des Finances dans le but d'indemniser ses
clients dans l'éventualité d'une fraude, d'une malversation ou
d'un détournement de fonds. La dernière partie existe
déjà. (17 h 45)
M. Pagé: En fait, c'est pour couvrir les constructions
résidentielles. Est-ce cela?
M. Johnson: Pardon?
M. Pagé: Est-ce que c'est pour couvrir
spécifiquement les constructions résidentielles?
M. Johnson: C'est pour permettre d'avoir un régime
particulier. Le cautionnement peut être un régime
particulier...
M. Pagé: Oui.
M. Johnson: ... dans le secteur résidentiel par opposition
au secteur commercial ou au secteur industriel. Évidemment, les
exigences du marché sont différentes.
M. Ciaccia: Pourquoi avez-vous vu la nécessité
d'amender la loi dans ce sens? Depuis 1975, il faut une licence. Il faut
démontrer une certaine solvabilité. Pourquoi ajouter...
M. Johnson: Parce que la régie croyait avoir ce pouvoir et
cela a été déclaré ultra vires par la Cour
supérieure. C'est aussi simple que cela.
M. Pagé: Pour les résidences.
M. Johnson: Ce qui nous a amenés à vouloir, entre
autres, faire adopter cela le plus rapidement possible à cet
égard, c'est qu'il y a un jugement de la Cour supérieure qui
date... Je m'excuse. C'est une opinion du contentieux du ministère de la
Justice. C'est une erreur.
M. Pagé: C'est un peu différent.
M. Ciaccia: Oui, c'est un peu différent.
M. Johnson: Je m'excuse. C'est une opinion du contentieux du
ministère de la Justice et c'est également dans le cadre de la
décision de la Société centrale d'hypothèques.
M. Ciaccia: Mais pourquoi je reviens à la
même question, le fait que le contentieux croit que vous avez besoin
d'amender la loi pour donner ce pouvoir voulez-vous donner ce pouvoir?
Les règles n'opèrent-elles pas maintenant? Ne sont-elles pas
adéquates?
M. Johnson: C'est cela. L'ancienne loi parlait d'un cautionnement
d'exécution. La notion qu'on recouvre maintenant n'est pas seulement
l'exécution. C'est la façon de la maison. C'est une garantie sur
la maison et non pas une garantie d'exécution, ce qui est
différent.
M. Ciaccia: Vous commencez à multiplier tellement de
restrictions que vous allez vous réveiller un matin et vous n'aurez plus
d'entrepreneurs qui pourront fonctionner. Savez-vous cela?
M. Johnson: Vous charriez. Voyons donc! M. Ciaccia: Non.
Vous avez...
M. Johnson: II y en a déjà 800 qui ont un
cautionnement de ce type de l'Association provinciale de constructeurs
d'habitations du Québec.
M. Ciaccia: S'ils l'ont, pourquoi alors ajouter à cela? Si
les lois opèrent maintenant avec la concurrence et tout cela
c'est la raison de ma question originelle pourquoi avez-vous maintenant
besoin d'ajouter cela?
M. Johnson: J'aime autant dire tout de suite au
député de Mont-Royal que, s'il veut continuer là-dessus,
je n'ai pas d'objection. Quant à moi, je pense que, pendant un quart
d'heure tout à l'heure, j'ai déballé tout ce que j'avais
à déballer sur la question. Je peux difficilement ajouter plus
que cela.
M. Ciaccia: Ce n'est pas la même question. Je vous
questionnais tantôt, M. le ministre, non pas sur l'article 34 et le
pouvoir de demander un cautionnement pour la construction dans le domaine
résidentiel. Je vous posais des questions sur les garanties.
M. Pagé: Avez-vous eu beaucoup de demandes, entre autres,
concernant des cautionnements?
M. Ciaccia: Ce n'est pas la même chose.
M. Pagé: Y a-t-il eu des demandes qui vous ont
été communiquées? Vous êtes-vous vu dans
l'obligation de répondre non à des personnes qui ont
communiqué avec la régie?
M. Johnson: On n'a pas eu de demandes
parce qu'on n'a pas fourni un tel plan jusqu'à présent.
Les associations qui en fournissent ont eu beaucoup de demandes.
Le Président (M. Clair): L'article 8.
M. Ciaccia: Ce n'est pas la même chose que le plan de
garantie.
M. Johnson: Oui. C'est à cela qu'on se
référait tout à l'heure. C'est par l'article 34 qu'on
valide l'article 5 ou l'article 6 sur lequel on a eu cette longue
discussion.
M. Ciaccia: Ce sont les associations qui accordent les plans de
garantie.
M. Johnson: La même chose. On permet à la
régie, en l'absence... Il y a deux choses qui vont se produire. Ou les
associations en font ou elles n'en font pas. Si elles en font, la régie
peut décider, par ailleurs, au cas où elles exerceraient un
pouvoir discrétionnaire et discriminatoire, de permettre à ceux
qui ne peuvent pas l'obtenir de l'association de se prévaloir de celui
de la régie. Ou encore elles n'en font pas et, à ce
moment-là, la régie peut l'imposer.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je regarde l'article 8, M. le Président. "La
régie peut, par règlement..." On donne à la régie
l'autorisation de le faire si elle juge bon de le faire. C'est cela. C'est
à sa discrétion.
M. Johnson: Non, pas tout à fait.
M. Roy: Écoutez! Je lis la loi.
M. Johnson: Non. Je m'excuse. C'est "peut" et il y a eu une
longue discussion impliquant l'opinion du juge Pigeon de la Cour suprême
sur toute cette notion en droit statutaire quant au mot "peut". Dans le cas,
par exemple, de l'émission d'un permis, etc., le mot "peut" signifie
"doit" et cela donne ouverture à un mandamus. Il faut bien se
comprendre.
M. Pagé: Quand les conditions sont remplies, le "peut"
devient "doit".
M. Johnson: C'est cela.
M. Pagé: Bon! On a fait le même cours. On
s'entend.
M. Johnson: L'objectif, c'est de faire en sorte, dans le secteur
des cautionnements domiciliaires, ce ne soit pas un pouvoir
discrétionnaire qui sort des nuages, c'est la formulation juridique, de
dire que la régie peut, si les associations ne le font pas,
décider de le faire, l'objectif étant de couvrir les
consommateurs, d'y inclure les constructeurs, cela peut être fait par les
associations, et si ce n'est pas fait par elles, ce sera fait par la
régie. C'est tout. Ce n'est pas "peut" dans les airs, peut-être...
L'objectif du gouvernement, en votant cette loi, c'est de protéger les
consommateurs pour le faire. C'est un pouvoir habilitant tout simplement.
M. Roy: J'aimerais aller peut-être un peu plus loin, M. le
Président, parce qu'il y a différentes catégories
d'entrepreneurs. Il y a aussi les sous-entrepreneurs. Il y a les gros et les
petits entrepreneurs. J'aimerais savoir si, dans l'esprit du ministre, au
moment où nous nous parlons, les règlements le ministre
doit certainement avoir à l'esprit les règlements qui seront en
quelque sorte présentés au Conseil des ministres par
arrêté en conseil, ces règlements seront approuvés
par arrêté en conseil et si, d'abord, les règlements sont
passablement établis à ce jour ou s'ils sont à
établir et, ensuite, si on tient compte, dans les exigences, des petites
entreprises.
Je suis bien d'accord, au niveau de la protection du consommateur
je ne veux pas remettre cela en cause, ni mettre cela en doute mais pour
les petites entreprises...
M. Johnson: Bon! La première chose, au niveau des
règlements, il y en a 21 à la régie, au moment où
l'on se parle, il en reste 2, dont celui-là. C'est qu'on va avoir enfin
les assises juridiques précises pour le faire, l'opinion du contentieux
de la justice. Deuxièmement, c'est l'entrepreneur général
qui est couvert par cela et non pas les sous-entrepreneurs. Il demeure quand
même que l'entrepreneur général, dans les circonstances, si
jamais il voulait imputer cela à la faute ou à la malfaçon
d'un de ses sous-entrepreneurs, a toujours son recours civil normal. Mais c'est
évidemment une forme d'incitation aux entrepreneurs pour faire attention
avec qui ils font affaires comme sous-entrepreneurs, ce qui est normal.
M. Roy: Est-ce que le ministre peut nous dire... On veut prendre
les dispositions pour que les consommateurs soient protégés,
parce qu'au niveau des cautionnements, au niveau des garanties, à ce
niveau-là, il est évident que le niveau de protection que le
ministre pourra aller chercher, le problème ne se pose pas pour les
grosses entreprises. Le problème est plus difficile pour les petites
entreprises, mais, si je soulève ce point, c'est parce qu'au niveau de
la Régie des entreprises de construction je comprends que la loi
sera amendée il y a des personnes qui ont été
obligées de détenir une licence de la régie des
entreprises de la construction qui ne prennent aucun contrat et qui ne
travaillent même pas à forfait, qui ont été
obligées d'avoir des cautionnements et de donner des garanties.
M. Johnson: Oui, mais, d'une certaine façon, je pourrais
dire et sans faire la comparaison, en se gardant bien de s'imaginer que
c'est parfait que n'importe quelle profession prenons les
professions couvertes par l'Office des professions prévoit que,
pour conserver son titre, par
exemple dans les cas de professions à titre exclusif et exercice
exclusif, prenons les médecins, les avocats, les infirmières,
etc., elle est obligée de payer une cotisation annuelle si elle veut
garder ses droits. Si une infirmière décide de travailler une
journée par semaine tous les six mois ou six mois par année, je
veux bien, mais elle sera obligée de payer sa cotisation quand
même, d'une certaine façon. D'autre part, en pratique, les
montants dont on parle, dans le cas du régime dont on parle, c'est en
moyenne $125 pour l'assurance par maison..
M. Roy: Pour l'assurance...
M. Johnson: Oui.
M. Roy: L'assurance pour cette protection.
M. Johnson: C'est cela, $125 par maison.
M. Roy: Mais, ce que je veux savoir, c'est si une distinction
sera faite, parce qu'on va parler des artisans tantôt. Il y a des
artisans qui vont travailler et qui vont avoir un statut spécial. Est-ce
qu'ils seront tenus d'avoir les mêmes garanties, les mêmes
obligations à ce niveau, au même niveau?
M. Johnson: On y viendra tout à l'heure. Cela vaudra
peut-être la peine de revenir tout à l'heure. Il reste exactement
quatre minutes...
M. Roy: En tout cas, la question est posée, je n'aimerais
pas avoir à la reformuler, étant donné qu'on veut
épargner du temps.
M. Johnson: D'accord.
Le Président (M. Clair): L'article 8 est-il
adopté?
M. Roy: II faudra peut-être voir cela tout ensemble. On
pourrait peut-être suspendre.
M. Johnson: Oui, suspendre l'article 8, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Alors, on passe à
l'article 9.
Cas d'exemption
M. Johnson: II s'agit, en fait, de permettre à la
régie, dans le cas de renouvellement de la licence, de prévoir
par règlement les cas d'exception aux examens, comme c'est
déjà prévu au niveau de l'obtention initiale de sa
licence.
M. Pagé: Des cas d'exemption.
M. Johnson: Par exemple, celui qui aurait passé, dans le
cas du renouvellement annuel, quatre examens successifs en quatre ans, pourquoi
lui en faire passer un cinquième au bout de cinq ans et même,
à cet effet, pourquoi lui en faire passer un la deuxième
année? Il peut y avoir un renouvellement automatique à toutes
fins utiles; il faut cependant que la régie conserve son pouvoir
d'obliger...
M. Pagé: Cela veut donc dire que la régie, au
chapitre de la connaissance qu'on a adopté tantôt, peut exiger un
contrôle de la connaissance annuel de l'entrepreneur.
M. Johnson: Seulement dans les cas d'exception.
M. Pagé: Les cas d'exemption seront que l'entrepreneur
n'aura pas suffisamment pratiqué son art et son métier pendant
l'année?
M. Johnson: La plupart du temps il ne faut pas oublier que
l'objectif de la régie, c'est de protéger le consommateur
c'est quand ils ont reçu trop de plaintes. S'ils reçoivent
beaucoup de plaintes au sujet d'un entrepreneur, ils peuvent se sentir...
M. Pagé: II passe les examens, mais il est
incompétent.
M. Johnson: Je pourrais donner l'exemple au député
de Portneuf qui est à l'Assemblée nationale depuis 1973; je ne
sais pas s'il a pratiqué le droit depuis 1973.
M. Pagé: Je le pratique encore, d'ailleurs. M. Johnson:
Ah bon!
M. Pagé: Je n'ai pas le choix. Avec la famille que j'ai,
je pratique.
M. Johnson: C'est vrai pour la plupart des professions. Il peut
arriver, à l'occasion, qu'on se sente justifié d'exiger de
quelqu'un qu'il repasse des examens. Ce n'est pas nécessairement bon
pour la vie. Il y a des changements technologiques, il peut arriver des
événements dans la vie d'une personne qui font qu'elle n'est plus
apte à faire certaines choses. On peut penser, par exemple, à un
cas de maladie mentale qui survient chez un entrepreneur.
M. Pagé: Vous allez loin!
M. Johnson: On parle d'un cas concret.
M. Pagé: S'il est malade mental, je présume qu'il
va avoir de la difficulté à signer des contrats pour construire
quelque chose.
M. Ciaccia: S'il est malade mental, il n'opérera pas de
l'asile.
M. Johnson: Vous connaissez comme j'en connais des gens de
professions dites libérales que vous êtes parfois
étonné de voir à certains endroits comme dans des palais
de justice ou dans des salles d'urgence. La moyenne de la maladie mentale au
Québec, comme dans le reste de l'Amérique du Nord,
est de 10%. L'incidence est à 10% et il y a des chances qu'il y
ait un médecin sur 10, un avocat sur 10, un entrepreneur en construction
sur 10 qui puisse avoir des problèmes.
M. Pagé: Un ministre sur 10.
M. Johnson: Cela prend de moyennes statistiques valables. Dans le
cas des députés de Portneuf, cela ne pose pas de problème
depuis 10 ans.
M. Pagé: II n'y en a pas, il n'y a aucun danger.
M. Johnson: Cela prend des moyennes statistiques valables; pas
à 26, ne faites pas de statistiques là-dessus, sauf que vous
êtes dans l'Opposition. En pratique, ce sont des événements
qui peuvent se produire, c'est tout. Cela existe n'importe où, dans les
corporations professionnelles comme partout ailleurs. Ce n'est rien de nouveau,
ce n'est pas du droit nouveau et révolutionnaire.
M. Pagé: À ce moment-là, pourquoi la
régie ne s'est-elle pas donné le pouvoir de retirer la
licence?
M. Johnson: Elle a le pouvoir.
M. Pagé: Trop fort ne casse pas. Il y a deux
possibilités: soit retirer la licence ou la convocation à un
nouvel examen.
M. Johnson: Est-ce qu'on va faire parader les 14 000
entrepreneurs en construction du Québec à tous les ans? Est-ce
que c'est ce qu'on veut? Si on parle de restrictions comme le
député de Mont-Royal en parlait, c'est ce que cela impliquerait,
décider de ne pas leur donner le pouvoir; ils vont les faire parader
à tous les ans. On dit non. Il y a des cas où,
exceptionnellement, ils peuvent décider de recommencer les examens, etc.
C'est tout simplement cela.
Le Président (M. Clair): Messieurs, il est 18 heures,
est-ce qu'on peut adopter l'article 9?
M. Roy: Non, M. le Président. M. Pagé: Non,
M. le Président.
Le Président (M. Clair): Nous suspendons les travaux de
cette commission jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise de la séance à 20 h 15)
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre reprend ses
travaux. Au moment où nous avons suspendu la séance, à 18
heures, nous avions suspendu l'étude de l'article 8, et nous en
étions à l'article 9.
M. Ciaccia: Nous ne l'avons pas suspendu, nous n'avions pas
fini.
Le Président (M. Clair): Nous avions suspendu
l'étude de l'article 8.
M. Pagé: Nous avions suspendu l'étude de l'article
8, c'est cela.
Le Président (M. Clair): Et nous en étions à
discuter de l'article 9. C'est même le député de Beauce-Sud
qui avait manifesté le plus intense désir d'intervenir, à
l'article 9.
M. Johnson: Nous pourrions peut-être reprendre l'article 8,
à ce moment.
M. Pagé: Lorsqu'il reviendra.
M. Johnson: Nous étions sur le point de l'adoption
possible de l'article 9. Oui, c'est cela. Nous avions décidé de
suspendre l'article 8 et de commencer l'article 9, ce que nous avons fait. Nous
n'avons cependant pas adopté l'article 9.
Le Président (M. Clair): Ni l'article 8.
M. Johnson: Donc, par définition, ni l'article 8, dans la
mesure où nous l'avons suspendu. Puis-je suggérer, M. le
Président, que nous terminions l'article 9, dont nous avions, à
toutes fins utiles terminé la discussion, que nous passions à son
adoption et que nous revenions ensuite aux articles 8 et 10?
M. Pagé: M. le Président, mon collègue a des
questions à poser.
M. Johnson: Sur l'article 9?
M. Pagé: Sur l'article 8. Je crois qu'il serait de mise
d'attendre le député de Beauce-Sud.
M. Johnson: Qui est en Chambre en ce moment et qui participe
à un débat.
M. Pagé: II sera ici dans quelques minutes. M.
Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: ... profitant de l'absence du député
de Beauce-Sud, est-ce qu'on me permettra de dire ceci? J'ai dû m'absenter
une demi-heure avant le souper, pour des raisons fort simples, c'est que je
n'en pouvais plus. Il y a eu un article adopté, je n'ai pas l'intention
de le reconsidérer ou d'argumenter.
M. Johnson: Consentement.
M. Chevrette: Je veux seulement faire un commentaire et une
suggestion au ministre.
Considérant l'article 7 qui a été adopté
avant le souper par la commission, au niveau de l'étude article par
article, cela peut être interprété comme ayant deux poids
deux mesures, si on considère le statut de l'employeur par rapport
à la loi 30 existant pour les salariés de la construction, ce qui
a été adopté sous le régime Bourassa, en fonction
de la présomption de culpabilité.
M. Pagé: C'est cela. Nous étions pour y revenir.
C'est très bien.
M. Chevrette: Personnellement, M. le ministre, compte tenu que
cela peut être interprété de cette façon, je vous
demanderais une chose. Est-il possible, à court ou à moyen terme
je comprends que, même si on voulait que ce soit ce soir, on ne
peut pas qu'on puisse réviser la loi 30 pour placer les gens sur
un pied d'égalité pour qu'il n'y ait pas de traitement divergent
entre les salariés et les employeurs? Si on est capable de tenir compte
de la nature de l'infraction au niveau des employeurs dans l'octroi d'une
licence, on doit être capable de tenir compte de la nature de
l'infraction dans l'octroi d'un poste ou la possibilité d'occuper un
poste pour un leader syndical.
M. Johnson: M. le Président, sur cet article, je comprends
la préoccupation que cela pose. Cela semble effectivement être
deux poids deux mesures. Je pense que la normalité, c'est ce qu'on voit
dans le cas de la régie des entreprises, dans le cadre de la loi 110. La
normalité, non pas nécessairement, mais en principe, c'est
d'être trouvé coupable d'une infraction criminelle qui n'est pas
reliée au domaine où il pourrait y avoir le refus de l'obtention
d'une licence. C'est ce qui est normal, bien qu'à mon avis, comme l'a
fort bien exprimé le président de la régie tout à
l'heure, il ne faille pas considérer par définition que, si
quelqu'un fait n'importe quoi en dehors de la construction, on ne doive pas en
tenir compte au moment de l'obtention du permis. L'exemple qu'on donnait du
fraudeur à l'extérieur de la construction, qui veut devenir un
employeur, je pense qu'il serait normal de permettre à la régie
d'exercer sa discrétion. Cependant, dans le cas du
délégué syndical, le problème de fond que cela
pose... Si on repense à la loi 30, je serais curieux de voir quel genre
de formule on pourrait trouver par laquelle on permettrait à un
organisme, quel qu'il soit, l'OCQ ou autre chose, de décider que le
crime commis à l'extérieur de la construction par une personne
fait qu'il devrait être ou ne pas être un
délégué syndical; je vois mal le monde syndical accepter
que quelqu'un de l'extérieur prenne une telle décision.
Cependant, je comprends la préoccupation du député
de Joliette-Montcalm qui connaît fort bien ce problème. Le
gouvernement est prêt à le regarder au cours de l'année qui
vient. Je peux m'engager à cela sans problème.
M. Chevrette: Je vous remercie, parce que les gens sont sans
nuance, quand on fait référence à certaines lois ou
à certains rapports. Je sais qu'il est facile de sortir le rapport
Cliche et probablement de le citer; je rencontrais mon ami de Portneuf
tantôt avec le rapport entre les mains.
M. Pagé: Tantôt, nous allons le citer.
M. Chevrette: II se fera sans doute un plaisir de le citer. Je
voudrais tout de suite dire que le tout se situe dans un contexte bien
identifié, bien défini, dans le cadre d'une preuve bien
authentique et bien définie. Chaque chose en son temps, on verra
à répondre à chaque argument.
M. Pagé: Ne vous défilez pas tout de suite!
Attendez l'offensive!
M. Chevrette: Ne vous en faites pas, je ne suis pas nerveux!
M. Johnson: L'article 9 est-il adopté?
Le Président (M. Clair): L'article 9 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté.
M. Johnson: L'article 8, M. le Président, sur lequel
on...
Le Président (M. Clair): J'appelle l'article 8. Le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je vous prierais
d'appeler l'article 10.
M. Johnson: Non, l'article 8. L'étude en a
été suspendue, on revient à l'article 8.
M. Pagé: Oui, mais elle n'a pas été
suspendue jusqu'à l'application de l'article 9. Elle a été
suspendue jusqu'à ce que la commission décide...
M. Johnson: Bien, elle a été suspendue, M. le
Président, et je vous demande d'appeler l'article 8.
Le Président (M. Clair): Alors, il faudrait
procéder par motion...
M. Pagé: M. le Président, je fais motion...
Le Président (M. Clair): M. le député, un
instant, s'il vous plaît! Simplement pour interpréter les faits,
habituellement, on se promène d'un article à l'autre sur simple
consentement, sans problème, sauf que, si on veut être formel,
j'interprète les faits qui se sont déroulés jusqu'à
maintenant comme ayant eu une motion pour suspendre l'étude de l'article
8. On est rendu à l'article 9. On doit normalement procéder
à l'article suivant. Il suffit de faire une motion pour dire qu'on
revient à l'article 8.
M. Johnson: M. le Président, plutôt que de faire une
motion pour savoir si on revient à l'arti-
de 8 et nous exposer à ce que vous savez... D'abord, je me
permets de considérer que, comme un membre du conseil exécutif a
l'initiative législative en commission de demander la suspension d'un
article, ce n'est pas une motion. Cependant, je veux bien qu'on continue parce
qu'on rattachait cela dans la discussion, je pense, à la question de
l'artisan. Au moment où on arrivera aux dispositions qui touchent
l'artisan, on pourra, en bloc, considérer les articles sur l'artisan et
l'article 8. Alors, l'article 10, M. le Président.
Le Président (M. Clair): L'article 10. Y a-t-il des
interventions sur l'article 10?
M. Pagé: Oui, M. le Président.
M. Johnson: En fait, c'est le droit d'appel, M. le
Président. C'est simplement ce qui permet à la régie
d'être avisée qu'il y a effectivement un appel en cour. La loi ne
prévoyait pas que la régie elle-même pouvait être
avisée que quelqu'un avait logé un appel au Tribunal du travail.
C'est tout simplement une question de procédure. L'article 10 est-il
adopté, M. le Président?
M. Pagé: M. le Président, à l'article 10, on
stipule que l'appel doit être logé dans les 30 jours de la date
à laquelle la décision a été rendue. Lorsque le
requérant veut en appeler au tribunal, il doit faire parvenir un avis
à la régie. Comment la régie avise-t-elle le
requérant, si la requête est refusée? Est-ce qu'il y a
des...
M. Johnson: La régie est tenue, dans les 30 jours,
elle-même, d'émettre la licence. L'absence d'émission de la
licence est un avis de non-réception. Je suppose qu'il y a une lettre
qui est envoyée pour... 30 jours après la demande d'obtention de
la licence de la part de l'entrepreneur, il reçoit un avis disant qu'il
a obtenu ou non sa licence. S'il ne l'a pas obtenue à partir de ce jour,
cet avis, l'avise qu'il a 30 jours pour aller en appel.
Est-ce que l'article 10 est adopté, M. le Président?
M. Pagé: Pas trop vite.
M. Ciaccia: Y a-t-il des délais pour rendre la
décision sur un tel appel?
M. Johnson: Ce sont les délais du Tribunal du travail.
M. Ciaccia: II n'y a pas d'appel? Il n'y a pas de délais
pour...
M. Johnson: II n'y a jamais de délais pour rendre jugement
devant les tribunaux.
M. Ciaccia: Mais est-ce que cela comprend le cas où un
entrepreneur ne se voit pas renouveler sa licence? Il peut avoir des travaux en
cours...
M. Johnson: Si c'est un non-renouvellement, oui. C'est
théoriquement possible.
M. Ciaccia: C'est possible. Vous ne spécifiez pas dans les
articles 9 ou 10 la façon d'enlever cette licence.
M. Johnson: Non.
M. Ciaccia: Alors, s'il y a des travaux en cours, on fixe un
délai pour faire l'appel, mais on ne fixe pas de délai pour
rendre une décision. Qu'est-ce qui arrive?
M. Johnson: Que je sache, il n'y a aucune de nos lois qui
impartit à un tribunal un délai pour rendre une sentence.
M. Ciaccia: Mais il n'y a aucune loi non plus qui enlève
le droit à quelqu'un qui est en cours d'opération de ses
affaires... C'est un peu une loi d'exception.
M. Johnson: Absolument pas! M. Ciaccia: Mais oui.
M. Johnson: II y a des précédents dans ce domaine
et dans l'ensemble du droit administratif chaque fois qu'il est question du
renouvellement d'un permis, d'une licence, d'une autorisation, d'un permis
spécial. Dans l'ensemble de notre droit administratif je ne peux
pas en citer de précis pour le moment mais j'en ai déjà
eus à l'esprit et je suis sûr qu'on pourrait faire une longue
nomenclature de dispositions qui prévoient qu'un permis... Toute la
réglementation, ne serait-ce que dans le secteur municipal, dans le
secteur...
M. Ciaccia: Je comprends mais les conditions ici sont
peut-être un peu différentes. Supposons que quelqu'un a un
chantier où il y a des travaux en cours, des hypothèques
financières, vous ne dites pas dans votre loi que si dans tel cas de
telles conditions existent, vous devez au moins renouveler la licence pour un
certain délai; vous vous gardez le droit arbitraire,
discrétionnaire de renouveler ou de ne pas renouveler.
M. Johnson: Comme quelqu'un qui aurait...
M. Ciaccia: Alors, il y a des conséquences qui sont
peut-être beaucoup plus différentes. Je ne conteste pas ce que
vous dites à savoir que dans d'autres tribunaux administratifs, dans le
droit municipal, on peut enlever des licences. Certainement, on peut en enlever
on a enlevé une licence à Roncarelli; cela lui a pris
quinze ans avant d'aller en cour et obtenir un jugement de la Cour
suprême qui était inutile pour lui.
M. Pagé: II était dans la rue.
M. Ciaccia: II était dans la rue à ce
moment-là. Peut-être que des erreurs du passé on pourrait
apprendre un peu et essayer de rédiger nos lois d'une façon un
peu plus raisonnable et qui protège la population et les gens
concernés; ce
n'est pas toujours à coups de matraque qu'il faut y aller.
M. Chevrette: ... d'exemples...
M. Ciaccia: Je vous donne des exemples; montrez-moi comment ces
erreurs ne pourraient pas se produire avec la présente loi et
peut-être allez-vous répondre à mes objections.
M. Johnson: M. le Président, je pense que c'est une
façon de voir les choses. Quelqu'un qui est chauffeur de taxi, qui perd
son permis de conduire parce qu'il a écrasé des gens, je veux
dire que c'est clair, il perd son permis de conduire et, en même temps,
il perd son taxi. C'est exactement cela.
M. Pagé: Ce ne sont pas les mêmes comparaisons.
M. Johnson: C'est exactement la même chose.
M. Ciaccia: Je ne pense pas, avec tout le...
M. Johnson: C'est une façon de voir les choses; c'est
celle du député de Mont-Royal mais je ne les vois pas comme
cela.
M. Ciaccia: C'est une façon mais elle ne répond pas
aux objections que j'ai soulevées. Vous nous donnez comme
réponse: Cela ne fait rien, il peut avoir $1 million ou $2 millions en
jeu, il peut avoir 50, 60 ou 100 employés, il peut avoir des obligations
financières...
M. Johnson: Le permis de conduire d'un chauffeur de taxi, ce
n'est pas des millions mais c'est important.
M. Ciaccia: Si vous avez... On n'étudie pas la loi du
taxi. Peut-être que si on étudiait la loi du taxi, j'apporterais
d'autres objections parce qu'il y a des erreurs dans d'autres lois mais ce
n'est pas une raison pour répéter ces erreurs dans cette loi-ci.
Je n'accepte pas ce genre de discussion, de comparaison.
M. Johnson: En fait, c'est la loi que le gouvernement
libéral a adoptée en 1975 mot pour mot; il n'y a pas un iota de
changé à l'égard de cela.
M. Ciaccia: J'avais un peu plus confiance au gouvernement
libéral en 1975 que je n'en ai au vôtre et j'aurais
peut-être besoin d'un peu plus de protection à votre
égard.
M. Johnson: Ce sont les mêmes lois.
M. Ciaccia: Mais ce ne sont pas les mêmes gens qui les
appliquent.
M. Johnson: Ah bon!
M. Ciaccia: C'était la première fois que de telles
lois étaient rédigées et peut-être n'a-t-on pas
prévu certaines lacunes, comprenez-vous?
M. Chevrette: Y compris la loi 22.
M. Ciaccia: Maintenant, on peut les améliorer.
M. Johnson: M. le Président...
M. Ciaccia: Peut-être qu'en 1975, on aurait dû
prévoir de telles circonstances; on ne l'a pas fait; ce n'est pas une
raison pour ne pas le faire aujourd'hui.
M. Johnson: M. le Président, si vous me permettez. Je dois
dire ici, à la défense des officiers et du personnel de la
Régie des entreprises de construction qui ne sont pas ici encore une
fois pour pouvoir se justifier, que ce que vient de dire le
député de Mont-Royal m'apparaît inadmissible. Les gens qui
appliquent cette loi sont les fonctionnaires de la Régie des entreprises
de construction et dire que cela varie d'un gouvernement à l'autre, je
pense que cela relève du type de conception politique qui se fait le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je vais invoquer
l'article...
M. Pagé: Oui, défends-toi.
M. Ciaccia: Je vais me défendre, je vais invoquer le
règlement mais je vais prendre mon droit de parole. Vous m'avez
imputé des paroles que je n'ai pas dites. Ce n'est pas contre la
régie, comprenez-vous? Ce n'est pas la régie...
M. Johnson: Qui applique?
M. Ciaccia: Un instant, je vous ai laissé parler.
Le Président (M. Clair): À l'ordre s'il vous
plaît, un à la fois!
M. Ciaccia: Ce n'est pas la régie qui nous a
présenté ce projet de loi, c'est le gouvernement du Parti
québécois et le gouvernement du Parti québécois
peut amender et changer la loi. Je n'ai imputé aucun motif à
l'administration de la régie mais j'ai mis en doute l'administration du
gouvernement et c'est tout en mon droit de le faire; ce n'est pas la
première fois et ce n'est pas la dernière fois que je vais le
faire. Je mets en doute la façon dont certains pouvoirs que vous vous
donnez, certains pouvoirs de réglementation... C'est le
lieutenant-gouverneur en conseil qui a certains pouvoirs, ce n'est pas la
régie dans cette loi; c'est le Conseil des ministres. Je voudrais
m'assurer qu'il y ait une certaine protection contre l'arbitraire des
règlements et en plus de cela, sans imputer de motifs à la
régie, on a le droit d'essayer d'améliorer la loi pour ne pas que
certains abus se fassent involontairement ou autrement. C'était
là
le but de mes remarques. C'est l'esprit dans lequel je les ai faites.
(20 h 30)
M. Johnson: L'article est-il adopté, M. le
Président?
M. Ciaccia: Non, il n'est pas adopté.
M. Pagé: J'aimerais demander au président de la
régie combien de licences, soit en nombre exact ou en pourcentage, sont
retirées par année à la lumière de
l'expérience que vous avez? Comment cela évolue-t-il? On parle de
quoi dans le moment?
M. Johnson: II y a une cinquantaine de licences qui sont
refusées à toutes les semaines. Cela peut être de nouvelles
demandes comme cela peut être des demandes de renouvellement.
M. Pagé: Qui sont révisées?
M. Johnson: Qui sont refusées. Par semaine.
M. Pagé: Par semaine.
M. Ciaccia: Combien de renouvellements. Combien y en a-t-il?
Une voix: ... la différence.
M. Johnson: II y en a peut-être un tiers qui seraient des
renouvellements.
M. Ciaccia: Jusqu'à maintenant, est-ce qu'il y a eu des
renouvellements refusés pendant qu'il y avait des travaux en cours?
M. Johnson: C'est bien possible. Je peux cependant rassurer le
député de Mont-Royal. Même si je maintiens que la
responsabilité de l'application de la loi, et c'est très clair,
appartient à la régie le rôle du gouvernement, c'est
de définir cette loi et c'est également le rôle du
législateur, quoi qu'il ait dit tout à l'heure je n'ai
jamais reçu, sauf peut-être une fois, depuis un an et demi, de
lettres, de télégrammes, de demandes, d'exigences de personnes
qui s'étaient vu refuser des licences au ministère du Travail et
de la Main-d'Oeuvre. C'est peut-être arrivé une fois. Je pense
qu'on peut dire que cela n'a pas d'impact significatif.
M. Pagé: D'ailleurs, ce n'est pas là que cela doit
être adressé.
M. Johnson: Effectivement, je pourrais vous donner des exemples.
J'ai déjà reçu des lettres, des télégrammes
et des appels téléphoniques sur le règlement de placement.
C'est l'OCQ qui l'applique, mais le ministre du Travail est responsable de la
loi. De la même façon, à la Régie des entreprises de
construction, on peut recevoir des lettres, des appels
téléphoniques, des plaintes ou des commentaires.
M. Pagé: On ne peut pas employer cette comparaison. Le
règlement de placement, d'une part, c'était vous autres qui
l'aviez préparé, qui l'aviez adopté au Conseil des
ministres. Probablement que ces appels téléphoniques et ces
télégrammes étaient pour vous dire que ces gens
étaient contre l'application du règlement de placement ou qu'ils
se sentaient lésés.
M. Johnson: Les règlements de la régie
également, c'est le gouvernement qui les a adoptés.
M. Pagé: Oui, quoiqu'il soit plus explicable que la
personne qui se voit refuser une licence par la régie s'en
réfère directement à la régie. De toute
façon, M. le Président, j'aimerais demander au président
de la régie s'il a fait une évaluation du nombre d'entrepreneurs
qui évoluent ou qui font affaires actuellement chez vous sans licence de
la régie.
M. Johnson: À peu près 5%, dit-on. Mais de
très petits entrepreneurs, à ce qu'on me dit.
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants à l'article 10?
M. Pagé: Vous prenez votre évaluation de 5%
à partir d'inspection? C'est à partir de quoi?
M. Johnson: À partir des données fournies par
l'inspection de la régie et de l'Office de la construction du
Québec parce que les inspecteurs de l'office peuvent être à
même de constater cela dans le cadre normal de leur travail.
M. Pagé: Une information que j'ai reçue veut qu'il
y ait, et cela aurait été je le mets bien au conditionnel
confirmé par l'Office de la construction du Québec, une
information veut qu'il y ait, à certaines périodes de
l'année, plus de 2000 entrepreneurs qui évoluent sans licence.
Est-ce possible?
M. Johnson: Compte tenu de l'espèce d'entre-deux-chaises
dans lequel sont situés les artisans en ce moment, c'est probable, si on
parle d'artisans à ce titre-là.
M. Pagé: D'accord! Alors, c'est probable qu'actuellement,
même avec la loi qu'on a, même avec les règlements qu'on a,
même avec les inspecteurs qu'on a, il est probable qu'on a 2000
entrepreneurs qui, dans le courant d'une année, selon la période,
peuvent évoluer sans licence.
M. Johnson: Oui, mais dont la majorité, de l'avis de la
régie, sont des artisans et on a expliqué, je pense,
jusqu'à maintenant, que l'encadrement juridique des artisans est
réglementaire, je veux dire que c'est entre deux chaises. C'est ce que
la loi vise à pallier.
M. Pagé: Vous allez régler ça comment avec
vos douze inspecteurs et l'obligation pour l'artisan
de détenir une licence? Cela ne changera pas beaucoup à ce
chapitre.
M. Johnson: Au niveau de l'émission des licences, avec les
ententes avec l'Office de la construction, les Centres de main-d'oeuvre du
Québec, ça ne devrait pas poser de problèmes
énormes. Deuxièmement, douze inspecteurs, ça peut vouloir
dire, à toutes fins pratiques, un inspecteur qui couvre à temps
plein deux régions du Québec, si on prend les régions
administratives. Il n'est évidemment pas question d'avoir des gens qui
font ça à temps plein; ce n'est pas nécessaire, à
mon avis.
L'évaluation concrète qui est faite de ça, c'est
qu'il est possible de le faire. D'autre part, au niveau du suivi et du
contrôle, compte tenu du fait que l'OCQ a également un rôle
au niveau de la compilation des données, il y a une espèce
d'autopoliçage qui peut se faire.
M. Pagé: Je ne comprends pas, M. le Président. Le
gouvernement a, d'une part, à intervenir dans une loi sur la
Régie des entreprises de construction, par des règlements. Le
gouvernement, il y a quelques minutes, invoquait que la très grande
majorité de ces dispositions est dans un but de protection du
consommateur. Je ne vois pas en quoi le gouvernement peut être
justifié de laisser aller. Jusqu'à maintenant, dans le
débat, il ne me paraît pas que le gouvernement veuille ou puisse
nous donner la garantie qu'il a le contrôle, au niveau de la licence, sur
les 2000 entrepreneurs qui, à certaines périodes de
l'année, évolueraient sans licence. Ce n'est pas garanti que cela
va être changé avec le projet de loi. Tout ça dans l'esprit
de la protection du consommateur que vous défendez.
M. Johnson: Disons qu'on exclut le secteur industriel et
commercial; on parle du secteur résidentiel, en pratique, une personne
qui fait venir quelqu'un chez elle pour faire des travaux assimilables, en
vertu de la jurisprudence dans la construction, à des travaux dits de
construction. Il y a un moyen, entre autres, comme c'est le cas des lois de
protection du consommateur, etc., c'est d'informer adéquatement le monde
et de dire: Quand il y a quelqu'un qui vient faire des travaux chez vous,
demandez-lui sa licence, au départ.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y aurait possibilité je
ne le sais pas, je pose la question que les municipalités
délivrent un permis de construction en fonction de la connaissance du
fait que l'entrepreneur artisan soit un licencié?
M. Johnson: C'est ça. Il y a un règlement qui est
en préparation...
M. Chevrette: Qui tiendrait compte de ça.
M. Pagé: II y en avait déjà un, mais il n'a
jamais été appliqué. La question avec les
municipalités.
M. Johnson: II n'y a jamais eu de règlements dans ce
domaine. C'est ça, la distinction. Il y en a un qui est en
préparation, mais il n'y en a jamais eu dans ce domaine.
M. Pagé: Ce qu'on a vu tout à l'heure à
propos des municipalités, M. le Président m'a dit que ce
n'était pas appliqué. C'était quoi? L'obligation pour la
municipalité de divulguer...
M. Johnson: II n'y avait pas de règlement.
M. Pagé: Bien oui, mais vous n'aviez qu'à en
adopter un, vous aviez ça dans la loi. C'était dans la loi.
M. Johnson: Cela aurait été théoriquement
possible, c'est vrai.
M. Pagé: C'était dans la loi. Vous aviez le
pouvoir, depuis deux ans, d'intervenir par voie de règlement et Dieu
sait si vous avez le règlement facile. Vous aviez le pouvoir
d'intervenir.
M. Johnson: C'est ça. Il y a une nouvelle direction
à la Régie des entreprises de construction depuis à peu
près six mois et ils sont en train de souffler sur la poussière
de certains dossiers. C'est en préparation, effectivement.
M. Pagé: Le ministre se défend avec des
soufflements sur la poussière; ce n'est pas ce que je veux avoir comme
réponse. Je constate que la Régie des entreprises de
construction, en vertu de la loi qui la guide, avait une disposition qui lui
permettait de pallier au fait qu'on a peut-être, à certaines
périodes de l'année, 2000 entrepreneurs qui évoluent sans
licence, ce qui remet en cause le principe de la protection du consommateur. Il
aurait suffi pour le gouvernement d'adopter un règlement pour appliquer
un article de la loi pour pallier à ça. Le gouvernement ne l'a
pas fait, purement et simplement. C'est ce que je suis obligé de
constater.
M. Johnson: La seule réponse que je peux donner au
député de Portneuf, c'est que cela n'a pas été fait
antérieurement par ceux qui étaient à la régie
avant, c'est tout. Il y a un règlement qui est en
préparation.
M. Pagé: Oui, mais ce n'est pas à eux d'adopter le
règlement; c'est à vous autres.
M. Johnson: On présume qu'en général,
même si le gouvernement a le pouvoir d'adopter de la
réglementation, compte tenu des priorités qui peuvent exister
dans les décisions administratives dans un gouvernement où il y a
30 000 fonctionnaires, tout ne prend pas le même rang. La régie
n'avait pas pris, jusqu'alors, l'initiative de faire ce règlement.
M. Pagé: Bon, c'est la faute de la régie. C'est
ça que ça veut dire.
M. Johnson: Antérieurement à la nomination de M.
Gagnon, je dirai que la régie, à cette époque, avait
peut-être d'autres priorités. Cela peut se comprendre, dans une
régie d'État, qu'il y ait d'autres priorités à un
moment donné. C'en est une en ce moment, ils sont en train de
l'élaborer.
M. Pagé: Ce n'est jamais votre faute.
M. Johnson: Parfois, parfois. Est-ce que l'article est
adopté, M. le Président? L'article 10.
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Article 10, adopté.
Article 11.
M. Pagé: L'article 11, M. le Président, est une
modification de concordance devenue nécessaire avec les modifications
proposées aux articles 4, 6 et 7, un article de concordance, simplement.
C'est l'abrogation des articles 50 et 51, à cause de
l'intégration des articles 31 et 33.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Johnson: Adopté, M. le Président?
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Adopté. L'article 11 est
adopté. Article 12.
M. Johnson: L'article 12 a pour but d'exempter le constructeur
propriétaire qui exécute lui-même, en partie, les travaux
de construction visés aux paragraphes a) et b) de l'article 55 de la loi
de l'obligation de détenir une licence.
Actuellement, seul le constructeur propriétaire qui
exécute lui-même ses travaux de construction
bénéficie d'une telle exemption.
En d'autres termes, cela permet à quelqu'un qui fait
rénover sa propre maison, un constructeur propriétaire, de donner
des sous-contrats, mais il n'a pas besoin, pour donner un sous-contrat à
quelqu'un, d'une licence. C'est aussi simple que ça.
M. Pagé: Oui. J'aimerais demander au
président...
M. Johnson: À l'exception cependant... oui, c'est bien
évident qu'il s'agit du propriétaire lui-même, qui n'a pas
besoin d'une licence. Le propriétaire de la maison n'a pas besoin d'une
licence pour donner un contrat et un sous-contrat à quelqu'un chez
lui.
M. Pagé: Je suis convaincu, M. le Président, que
vous avez pris connaissance de cas où des individus qui
désiraient se construire une maison, pour eux-mêmes et leur
famille, ont demandé des licences à la Régie des
entreprises de construction. Entre autres, on a vu plusieurs de ces cas qui
sont présentement pendants devant la Cour fédé- rale,
où c'était un moyen pour que le travailleur artisan puisse
recevoir de l'assurance-chômage. Je sais que c'est pendant devant la cour
fédérale actuellement, parce que c'est un litige.
M. Johnson: Jusqu'à maintenant, une personne qui
s'occupait de sa propre maison, qui construisait sa propre maison et qui
demandait une licence, on la lui refusait en lui disant qu'elle n'en avait pas
besoin.
M. Pagé: Mais la régie en a déjà
émis.
M. Johnson: Au constructeur propriétaire, possiblement,
mais pas à des individus.
M. Pagé: À des individus, en tout cas, cela, c'est
une autre affaire, mais elle en a déjà émis, à des
individus, c'est certain.
Le Président (M. Clair): L'article 12...
M. Pagé: Non, attendez un peu. Vous semblez pressé,
M. le Président.
Le Président (M. Clair): Absolument pas. C'est simplement
qu'à compter du moment où le silence se fait, je pose la
question.
M. Pagé: Ah! vous savez... "Soit à l'égard
d'une maison destinée à être habitée exclusivement
par lui et sa famille."
M. le Président, je demanderais à mon bon ami,
collègue et honorable député de Joliette...
M. Chevrette: Je vous assure de mon entière
collaboration.
M. Pagé: On a veillé nous aussi jusqu'à 6
heures du matin...
M. Ciaccia: La meilleure manière de faire ça, vous
savez comment c'est.
M. Pagé: ... cette semaine.
M. Ciaccia: C'est de ne rien dire. M. Johnson: Nous, on
est en forme.
M. Pagé: Je comprends. Vous avez combien de personnes qui
vous entourent, M. le ministre, vous, pour vous aider à préparer
vos dossiers?
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! Messieurs, nous en sommes à l'étude de l'article
12.
M. Pagé: Le ministre était interrogateur dans le
commentaire qu'il formulait.
Le Président (M. Clair): Article 12. Son commentaire ne se
rapportait pas à l'article 12.
M. Pagé: Bon. "Exclusivement par lui et sa famille."
Est-ce à dire que le type qui construit un
duplex, disons qu'il envisage d'en habiter la partie de droite et qu'il
envisage de louer la partie gauche, est-ce qu'il devra alors détenir une
licence?
M. Johnson: Cela lui prend, théoriquement, sa licence.
M. Pagé: Cela lui prend sa licence. En ce qui concerne le
paragraphe b), "pour tout ouvrage autre qu'une maison d'habitation, à
l'usage exclusif de lui et de sa famille, il devra se prendre une licence." (20
h 15)
M. Johnson: C'est une autre exclusion; "n'est pas exigible", dit
le texte au début.
M. Pagé: En fait, ça couvre la résidence, le
garage, s'il décide de s'en construire un, deux ans après, tout
ça.
M. Johnson: Son garage, c'est ça. Sa "shed".
Une voix: Sa boîte à lettres?
M. Johnson: "Shed", ça s'écrit, s-h-e-d.
M. Pagé: J'aimerais que le ministre me dise comment sera
contrôlé le cas du professionnel de la construction
résidentielle pour fins personnelles. Je m'explique. Il en construit une
et il la vend, il en construit une autre et il la vend, il en construit une
autre et il la vend. Qu'est-ce que vous allez faire avec ça?
M. Johnson: Si la vente est effectuée dans les deux ans,
il est présumé avoir agi en tant qu'entrepreneur professionnel et
l'avoir fait pour les fins de son commerce. Donc, on peut le poursuivre s'il la
vend dans les deux ans. Je m'excuse, c'est un an; ce n'est pas deux ans. S'il
la vend dans l'année qui suit, il est présumé en faire le
commerce, à toutes fins utiles.
M. Pagé: M. le Président, j'aurais un amendement
ici.
M. Johnson: À l'article 12?
M. Pagé: Oui. Changer le délai d'un an pour deux
ans.
M. Johnson: Changer le délai d'un an pour deux ans.
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Clair): Où est-ce? À
l'article 12, je ne trouve pas ça.
M. Pagé: Ajouter à...
M. Johnson: À quel article?
M. Pagé: ... l'article 55a, après...
M. Johnson: De la loi.
M. Pagé: Oui. Après les mots "sa famille", les mots
"durant les deux années qui suivent la fin des travaux."
Le Président (M. Clair): Est-ce que je peux avoir le
texte?
M.Johnson: M. le Président, je neveux pas faire un long
débat sur la recevabilité, mais c'est seulement que le projet de
loi ne vise pas à modifier l'article. La question d'un an existe au
moment où on parle...
M. Pagé: Oui.
M. Johnson:... à l'article 55. Je ne voudrais pas
créer un précédent. Par exemple, chaque fois que le
ministre des Transports modifie le Code de la route disons qu'il y a
trois articles dans un projet de loi pour amender le Code de la route
est-ce que ça veut dire qu'en commission parlementaire on peut
décider d'ajouter un nouvel article? Je ne le pense pas au plan de la
procédure. Je ne voudrais pas créer de précédent,
M. le Président.
M. Pagé: Voulez-vous dire par là que le projet
d'amendement est irrecevable, M. le ministre? On pourra plaider sur la
recevabilité.
M. Johnson: M. le Président, on va peut-être couper
court à tout ça. Je m'excuse, c'est peut-être parce qu'on
travaille trop vite. La formule était ironique, incidemment. C'est dans
le règlement, un an.
M. Pagé: C'est dans le règlement.
M. Johnson : Ce n'est pas dans la loi ; donc, on ne peut pas
l'amender. C'est aussi simple que ça, sauf que je tiendrai compte des
revendications et ça me fera plaisir de recevoir des commentaires
là-dessus. Je suis sûr que le président de la régie
va en prendre connaissance.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde:... sur la question de la recevabilité, je
pense que c'est ce qui a été soulevé par le ministre. Le
fait que ce soit dans le règlement ne change pas du tout
l'opportunité de le mettre dans la loi.
M. Johnson: C'est un nouvel article.
M. Lalonde: Oui. On a le droit d'ajouter. Le ministre se posait
la question: Est-ce que par malheur, par grand malheur, lorsque le gouvernement
décide d'ouvrir un débat sur un projet de loi, la méchante
Opposition aurait la mauvaise inspiration d'ajouter quelque chose? Je pense que
c'est réellement connaître peu...
Le Président (M. Clair): Je m'excuse de vous interrompre,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, mais, puisque vous voulez
parler sur la recevabilité de la motion, j'aimerais d'abord en
être saisi officiellement, puisque je n'ai...
M. Pagé: D'accord. Bon, on va tout vous dire.
Le Président (M. Clair):... qu'une vague idée du
texte et de l'endroit où l'amendement se situerait.
M. Pagé: M. le Président, l'article 12 du projet de
loi 110 fait référence à l'article 55a et b de la loi.
L'amendement vise à ajouter à l'article 55a, après les
mots "sa famille", les mots "durant les deux années qui suivent la fin
des travaux." Cela permettra d'inclure dans la loi une disposition qui est
peut-être actuellement prévue dans le règlement
adopté en vertu de la loi.
Rien n'enlève la possibilité, pour la commission
parlementaire, d'inclure ces dispositions dans le projet de loi 110, amendant
ainsi l'article 55, de façon à rendre inopérant, l'article
du règlement qui touche à cette question.
M. Johnson: M. le Président, sur l'amendement...
Le Président (M. Clair): Sur la recevabilité ou sur
l'amendement?...
M. Johnson: Je pense qu'on ne discutera pas de la
recevabilité.
Le Président (M. Clair): Je le déclare
recevable.
M. Johnson: Bon. Alors, sur l'amendement, M. le Président,
j'ai... pardon?
M. Lalonde: Je me posais la question, celui qui présente
l'amendement, normalement, a le droit de représentation.
M. Johnson: Très bien, si le député de
Portneuf veut prendre la parole.
Le Président (M. Clair): Si c'est lui qui requiert le
droit de parole.
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement, cet amendement vise, comme j'ai eu l'occasion d'en faire
part au début de mes commentaires sur l'application de l'article 55,
à pallier à certains faits auxquels on a à faire face dans
tout ce secteur de la construction d'habitations résidentielles. La Loi
de la Régie des entreprises de construction a comme objectif ultime deux
volets qui se rejoignent. Le premier volet est d'obliger tout entrepreneur
à détenir une licence avec tout ce que ça peut impliquer
comme normes, comme règlements et comme conditions. Le deuxième
volet, qui est complémentaire, est d'assurer, de garantir au
consommateur, à celui qui fait construire, à celui qui commande
des travaux, à celui qui transige, sous contrat, etc., d'avoir une
protection.
Or, il est un fait qui est indéniable, c'est que, de plus en
plus, on voit je pense que le parlementaire qui a le moindrement
d'expérience dans ce secteur le constate qu'il y a des
professionnels de la construction résidentielle, non pas pour fins
d'occupation familiale, mais pour fins de vente, une fois la maison
déjà construite.
M. le Président, cet élément pouvait ou peut
constituer un moyen, pour des personnes qui ne détiennent pas de
licence, dans plusieurs cas, de passer outre à ce qui s'appliquait comme
règlement, à ce qui s'applique comme loi. L'amendement vise donc
essentiellement à rendre peut-être plus incitatives, plus
coercitives les dispositions du règlement. L'article 55a peut être
amendé, c'est ce qu'on fait par la motion d'amendement que je viens de
déposer.
M. Johnson: M. le Président, ça vaudrait
peut-être la peine d'y réfléchir. Je ne suis pas sûr
que c'est comme ça, d'un coup sec, que ça peut se régler.
Concrètement, en fait, le député de Portneuf, je suis
sûr, doit penser au cas d'un artisan, par exemple, qui se construit un,
deux ou trois bungalows par année et qui les revend. En pratique, on
voit mal cette personne, il ne s'agit pas d'un entrepreneur, à toutes
fins utiles, le faire pour elle-même. Il s'agit vraiment de celui qui
essaierait de passer à côté de la loi pour en faire le
commerce. En pratique, je pense qu'on peut difficilement le voir garder sur ses
bras ses bungalows plus qu'un an.
Par contre, en mettant deux ans, on peut pénaliser quelqu'un qui,
absolument de bonne foi, se construit sans licence pour des fins domiciliaires.
On peut présumer que 24 mois, dans la vie d'une personne, ça peut
l'amener à déménager. Cela peut aussi arriver à
l'intérieur de douze mois, mais les probabilités... si on voulait
pousser ça, on dirait: Pourquoi ne pas mettre cinq ans? Mais si on
mettait cinq ans, on empêcherait le monde de déménager sans
être dans l'illégalité.
M. Pagé: Cela n'empêche pas de
déménager, voyons donc!
M. Johnson: II ne s'agit pas de dire que ça empêche
les déménagements.
M. Pagé: C'est ça que vous dites.
M. Johnson: Je pense que, dans le fond, c'est ce que ça
veut dire. Je suis sûr que le député de Mont-Royal ne sera
pas d'accord avec ça. Ceci dit, nous sommes prêts à
considérer, M. Gagnon, de la régie, qui est ici, est bien
prêt à regarder ça, à consulter, à voir si ce
ne serait pas opportun, au niveau du règlement, de mettre deux ans.
Quant à moi, c'est une discussion qui devrait rester ouverte. C'est pour
ces raisons, M. le Président, que je voterai contre l'amendement.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... c'est difficile de trouver la logique et la
cohérence dans les propos du ministre qui vient de dire que l'amendement
a une certaine valeur, qu'il est prêt à le considérer, sauf
qu'il va voter contre. Je m'attendais qu'il conclurait, très
honnêtement, intellectuellement honnêtement, en disant:
Écoutez, on va le regarder, on va suspendre l'article et on va
l'étudier.
On ne suspendra pas pendant deux jours. On peut suspendre pendant une
heure ou quinze minutes. On va le regarder. On le suspendra et, après
cela, on y reviendra. Comme il n'est pas sûr, il va voter contre. Je
comprends qu'au bridge, on dit en anglais: "When in doubt, play trumps." Mais
ici, on ne joue pas au bridge. Ce n'est pas un jeu. Bon! Il me semble que, si
le ministre voit une certaine possibilité de valeur dans l'amendement,
au lieu de voter aveuglément contre, il devrait consulter ses
conseillers et suspendre l'article. En attendant, on pourrait passer à
d'autres articles pour terminer le plus rapidement possible cette loi et
revenir, à la fin, lorsque le ministre aurait eu les conseils qu'il
désire.
M. Johnson: M. le Président, si vous me le permettez, pour
répondre au député de Marguerite-Bourgeoys, ce n'est pas
une affaire d'être certain ou pas. Je ne serai pas plus certain dans une
heure. Je pense que c'est le genre de choses qu'on ne fait pas à la
sauvette sur un coin de table. C'est le genre de choses qui méritent
d'être regardées et, de toute façon, il y a un pouvoir
réglementaire qui peut permettre de le regarder. Il ne s'agit pas de le
faire à la sauvette.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal et, ensuite, M. le député de
Rivière-du-Loup.
M. Ciaccia: M. le Président, je n'avais pas l'intention
d'intervenir sur la motion d'amendement du député de Portneuf. Je
ne voulais pas prendre tout le temps de la commission inutilement parce qu'il
nous reste seulement trois heures. Mais, puisque le ministre a mentionné
que je voterais contre, que je ne serais pas d'accord avec la motion
d'amendement de mon collègue, le député de Portneuf, je me
sens obligé d'affirmer que je suis en faveur de la motion du
député de Portneuf et que je vais voter... Ah non! je suis
intervenant et je n'ai pas le droit de vote, mais je l'appuie, même si
c'est seulement pour qu'on sache au moins dans la loi quelles sont les
règles du jeu, parce que maintenant on ne le sait pas. C'est un pouvoir
de réglementation. Cela peut changer. Cela peut varier. Contrairement
à ce que le ministre dit, je ne pense pas que l'amendement
empêcherait la vente ou forcerait le déménagement. Pour ces
raisons, je crois qu'on devrait appuyer la motion d'amendement du
député de Portneuf.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rivière-du-Loup.
M. Boucher: Je voudrais éclairer un peu ma lanterne, M. le
ministre, au sujet de l'exemple que le député de Portneuf a
donné, soit qu'un constructeur propriétaire pouvait construire
une maison, la revendre, en construire une autre et la revendre. Y a-t-il des
statistiques à l'intérieur du ministère démontrant
que cet exemple s'est reproduit ou a été vécu par
plusieurs constructeurs propriétaires?
M. Johnson: Je n'ai malheureusement pas de statistiques
là-dessus, mais cela s'est produit dans certains cas. C'est quand
même très rare.
M. Boucher: II est évident qu'il y a là un abus. Si
cela se produit, il y a quand même un abus.
M. Pagé: D'une part, oui. Mais, d'autre part, pour ajouter
à ce que vous dites...
M. Boucher: D'autre part, si cela peut se faire par
règlement, au moment où le ministère constate l'abus, je
pense qu'il peut y remédier par règlement. On n'a pas besoin
d'amender une loi si un règlement peut tout simplement venir corriger
cela au moment où on constate des abus. S'il n'y a jamais eu d'abus
constaté à l'intérieur du ministère, je crois qu'il
n'y a pas un danger imminent que des constructeurs propriétaires
puissent abuser de la situation. À partir de ce moment-là, s'il
n'y a jamais un abus, comme le ministre l'a laissé entendre le
député de Marguerite-Bourgeoys a semblé voir une certaine
incompatibilité parce que le ministre disait qu'il allait voter contre
la motion c'est peut-être parce que, justement, cela peut
s'amender facilement par règlement. On n'a pas besoin d'amender la loi
pour cela. S'il s'agit de prolonger le délai pour éviter les
abus, je pense qu'il s'agit d'un arrêté en conseil ou de la
publication d'un règlement dans la Gazette officielle pour que cela
puisse entrer en vigueur. S'il n'y a pas d'abus flagrant et une multiplication
d'abus de ce genre, je ne vois pas l'importance de la motion à ce
moment-ci.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde:... est-ce que le député de
Rivière-du-Loup pourrait me dire le numéro de l'article qui
permet de faire un règlement qui va satisfaire à l'amendement du
député de Portneuf?
M. Boucher: On peut amender un règlement, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, de la même
façon...
M. Lalonde: Quel est l'article de la loi? M. Boucher: ...
qu'on en produit un.
M. Lalonde: Quel est l'article de la loi actuelle qui va le
permettre?
M. Johnson: En fait, c'est l'article 26, pour répondre au
député de Marguerite-Bourgeoys, et
le pouvoir réglementaire qui découle de la loi qui revient
à la régie. (21 heures)
M. Lalonde: L'article 26 permettrait, d'après le ministre,
de déterminer la période...
M. Johnson: L'article 26 avec l'article 58k.
M. Pagé: M. le Président, est-ce que j'ai d'autres
intervenants sur...
Le Président (M. Clair): Le député de
Portneuf, pour sa réplique.
M. Pagé: Le ministre allègue que la régie,
ses aviseurs et lui-même vont penser à cela. Il allègue de
plus qu'il a le pouvoir d'intervenir par voie réglementaire. Le ministre
soutient sur le fond de la question que cela pourrait affecter, être
préjudiciable à des propriétaires, que cela pourrait
éventuellement limiter des déménagements. À ce
chapitre, je dirai au ministre que ces cas seront assurément
traités au mérite de chacun. Ce que l'article et l'amendement
visent, ce n'est pas d'embêter le type qui vient de se construire une
maison lui-même, sans licence, pour fins d'habitation, et qui, parce
qu'il est muté dans ses fonctions ou à son travail dans une autre
région du Québec, vend sa maison. Ce n'est pas ce gars-là
qu'on veut contrôler. C'est, au mérite de l'analyse de chacun des
cas, la personne qui en fait une industrie. C'est sa principale fonction. M. le
Président de la régie soutenait tout à l'heure, en
réponse au député de Rivière-du-Loup, que cela ne
représentait pas, à sa connaissance, beaucoup de cas. C'est
probable et c'est explicable aussi, dans un sens. C'est que la régie
tire ses statistiques et ses opinions des données qu'elle
possède. La régie elle-même affirmait et confirmait tout
à l'heure la possibilité qu'il y ait plus de 2000 entrepreneurs,
2000 personnes qui font du travail d'entrepreneur au Québec, sans
détenir de licence. Ce sont ces personnes-là qui ne
détiennent pas de licence, qui font de tels ouvrages et travaux
régulièrement. Ce n'est pas le gros entrepreneur qui construit
des maisons d'appartements et qui s'amuse le samedi matin à se
construire des résidences et à les revendre. Cet aspect du
règlement, cet aspect de la possibilité que certaines gens
passent à côté de la loi ou du règlement, c'est
beaucoup plus chez les 2000 qui, eux, ne prennent pas de licence et qui ne sont
pas du tout contrôlés. On ne peut pas vraiment en arriver à
un chiffre précis. On ne peut pas dire et conclure qu'il n'y en a
probablement pas beaucoup; on n'a pas toutes les données en main.
Je suis surpris de constater que le gouvernement refuse mon amendement.
C'est un amendement qui allait dans le sens d'une meilleure protection du
consommateur, qui aurait obligé la régie à exercer un
meilleur contrôle et c'est ce que je souhaite auprès
des 2000 entrepreneurs qui travaillent sans licence. J'hésite à
croire qu'avec une douzaine d'inspecteurs, par surcroît si ces
données sont confirmées par l'OCQ, cela puisse être fait et
contrôlé. Si mes collègues...
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Réellement, j'ai tenté de
réfléchir un peu à la suggestion du ministre de confier
à la législation déléguée le soin de dire
combien de temps le constructeur propriétaire pourrait habiter cette
maison qu'il a construite pour lui-même, cette maison destinée
à être habitée exclusivement par lui et sa famille.
Vous savez que dans notre régime de législation, on a
tendance à trop confier à la législation
déléguée. On invoque à ce moment-là que
c'est pour des motifs de souplesse, pour pouvoir changer plus facilement, sans
recourir à l'Assemblée nationale. Mais, de plus en plus, vous
savez qu'il y a une tendance contraire. On sent que dans la population on
n'aime pas, justement, cette législation par décret, cette loi du
prince, qui, souvent, sans consultation, décide du sort des gens. Alors,
là, on parle d'un constructeur propriétaire. Ce n'est pas
nécessairement le gros constructeur. Ce n'est pas nécessairement
non plus un constructeur moyen. Il s'agit simplement du constructeur
propriétaire qui veut construire une maison destinée à
être habitée par lui et sa famille, de façon exclusive.
Pourquoi assujettir par règlement le temps qui sera
déterminé, d'après le ministre, par le gouvernement? Il me
semble qu'on devrait, dans un gouvernement qui a prêché depuis
deux ans, un Parti québécois qui a prêché depuis dix
ans la cohérence, qui a prêché la façon la plus
claire possible, la plus facile à comprendre pour la population, la plus
transparente, qui a prêché la limpidité... Comment se
fait-il que ce gouvernement, que le ministre actuel du Travail, parce qu'on ne
sait pas si on doit parler de ce projet de loi une autre année, à
qui on va avoir affaire... Mais on a celui-ci, on va lui parler, le ministre du
Travail actuel, député d'Anjou, pour deux ans ou à peu
près...
M. Pagé: II y a le remaniement en janvier.
M. Lalonde: II y aurait un remaniement en janvier? Je voudrais
quand même savoir si je parle au bon ministre.
Le Président (M. Clair): Adressez-vous au
président, c'est peut-être préférable.
M. Lalonde : Est-ce que le président va être
nommé ministre?
Le Président (M. Clair): Absolument pas, mais cela vous
éviterait des écueils.
M. Pagé: Au gouvernement surtout.
M. Lalonde: Vous avez raison. Quand même, il faut prendre
les choses telles qu'elles sont, aussi malheureuses qu'elles puissent nous
paraître. Je ne parle pas de vous, M. le Président, vous
êtes un excellent président, je ne sais pas comment vous seriez
comme ministre. D'ailleurs, si je prétendais que vous serez ministre du
Travail un jour, peut-être que le député de
Joliette-Montcalm pourrait commencer à faire un peu de jalousie; je ne
lui en veux pas à ce point. Il reste qu'on doit actuellement tenter de
réduire le pouvoir du gouvernement. C'est à cela, au fond, que
les populations tendent dans les démocraties de l'Ouest.
M. Johnson: Profondément. En général, de
l'Ouest; il y a quelques exceptions au Moyen-Orient.
M. Lalonde: Disons. On peut se restreindre à
l'Amérique du Nord, pourvu qu'elle inclue la Californie, qui nous a
donné des leçons récemment.
M. Johnson: Au sud du 55e parallèle.
M. Lalonde: Est-ce qu'on doit rappeler au ministre ce qui s'est
passé en Californie récemment?
M. Johnson: II y a eu des tremblements de terre.
M. Lalonde: Peut-être qu'il ne le sait pas, parce que c'est
loin d'Anjou, mais quand même, je pense que c'est sérieux. J'ai
entendu le ministre rire de ce que je vais dire; il devrait au moins attendre
que je l'aie dit. Il va le regretter lorsque je l'aurai dit, parce que
lui-même, j'en suis convaincu, dans son for intérieur, est en
faveur du fait qu'on confie à la loi le plus grand nombre possible de
critères lorsque cela affecte des populations et des
clientèles.
M. Johnson: Je suis un démocrate.
M. Lalonde: Je viens de l'entendre dire je ne sais pas si
c'est enregistré qu'il est démocrate.
M. Johnson: Pas avec M. Samson.
M. Lalonde: II faudrait consulter M. le député de
Rouyn-Noranda à savoir s'il a eu un nouvel adhérent.
Le Président (M. Clair): On parle toujours des deux
années qui suivent la fin des travaux?
M. Chevrette: Samson-Sévigny.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Pagé: Johnson, Samson et Sévigny.
M. Lalonde: M. le Président, je suis constamment
interrompu et je ne sais pas pourquoi.
M. Chevrette: C'est inquiétant.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député, vous étiez en train de parler
sur la motion d'amendement du député de Portneuf, "durant les
deux années qui suivent la fin des tra- vaux" à ajouter à
la fin du paragraphe a) de l'article 55.
M. Lalonde: Une motion d'amendement très heureuse qui tend
à réduire le pouvoir de décret du gouvernement. On nous a
répondu d'une façon un peu arrogante, presque pas. J'en ai vu de
l'arrogance, M. le Président, de ce gouvernement d'une façon
épouvantable, et pas encore ce soir beaucoup. Il reste encore quand
même deux heures et quelques minutes...
M. Ciaccia: Tu n'étais pas ici cet après-midi.
M. Lalonde: Apparemment, cet après-midi, il y en a eu
plus, mais je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas eu l'occasion de voir cela. Il
n'y avait presque pas d'arrogance lorsqu'on nous a dit: Écoutez, il y a
des règlements qui vont régler cela. Je suis prêt à
donner un congé d'arrogance au ministre actuellement parce que
lui-même, quand il est arrivé au ministère, il a vu les
lois qu'il serait appelé à faire appliquer, à administrer,
qui devaient être, je ne sais pas, à peu près d'un pouce
d'épais et il a vu les règlements. Les règlements, cela
faisait peut-être une étagère complète.
Lui-même, le ministre, devrait savoir que c'est son devoir
actuellement de réduire justement l'épaisseur, pas du
gouvernement, ce n'est pas facile, mais des règlements.
M. Johnson: C'est vous, n'est-ce pas, qui avez approuvé le
budget des Olympiques?
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs!
M. Lalonde: Alors, M. le Président...
M. Pagé: On pourrait prendre une demi-heure pour en
discuter, si vous le vouliez.
M. Lalonde: II faudrait que le ministre sache que l'intention du
député de Portneuf, c'est de confier à l'Assemblée
nationale ce qui doit être confié à l'Assemblée
nationale, c'est-à-dire de déterminer ici la durée de
l'habitation exclusive par le constructeur propriétaire d'une maison
destinée à être habitée par lui-même et sa
famille. Ce n'est pas bien difficile. Il y a des conseillers, on en voit
là partout à ses côtés, on peut suspendre
l'étude de l'article s'il le veut. Cela ne prendra quand même pas,
j'en suis sûr... le ministre est relativement rapide, je dis
relativement. Il peut sûrement en un quart d'heure, une demi-heure, avoir
les avis nécessaires pour lui permettre de dire s'il est absolument
contre l'idée, non pas l'idée de donner cela à un
règlement, mais l'idée même de donner une limite de temps
pour l'habitation.
Cela me surprend, M. le Président, parce que depuis quelques
années il y a eu...
M. Boucher: M. le Président, je constate que c'est un
réflexe. On veut se geler dans le ciment en amendant la loi.
Le Président (M. Clair): Vous avez la parole, M. le
député.
M. Lalonde: M. le Président, la brillante intervention du
député de Rivière-du-Loup...
M. Boucher: Vous êtes habitué à cela le
ciment?
M. Lalonde: C'est Rivière-du-Loup, votre comté?
M. Boucher: Oui, Rivière-du-Loup.
M. Lalonde: Bon, encore pour un temps.
M. Pagé: Pas pour longtemps.
M. Lalonde: Le député de Rivière-du-Loup
vient de faire une brillante intervention et il pense que ce qu'on confie
à l'Assemblée nationale c'est gelé dans le ciment. C'est
penser bien peu...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Rivière-du-Loup, s'il vous
plaît, je vous en prie!
M. Boucher: Amender une loi et un règlement, c'est deux.
Amender une loi et un règlement, c'est...
M. Lalonde: C'est avoir une opinion bien pauvre de cette
institution démocratique par excellence qu'est l'Assemblée
nationale dont il fait partie par accident, M. le Président, mais c'est
un accident qui va être corrigé, j'en suis sûr, et on pourra
discuter de façon intelligente un peu plus tard lorsque la population
aura corrigé cet accident.
M. le Président, lorsqu'on confie à l'Assemblée
nationale le soin de déterminer le sort des gens, il me semble que c'est
choisir la façon la plus démocratique et c'est ce que le
député de Portneuf fait d'une façon très modeste.
Vous savez, il n'a pas pris ses 20 minutes...
M. Pagé: Très sobre.
M. Lalonde: Très sobre aussi. On ne peut pas dire la
même chose de tous les membres de cette commission. Il l'a fait d'une
façon, on pourrait même l'en accuser, très sobre. Je suis
sûr qu'il y a des arguments dans sa tête qu'il aurait aimé
nous offrir. Je pense qu'il savait que j'allais le faire, M. le
Président.
Lorsqu'on confie à l'Assemblée nationale le soin de
déterminer le sort des gens, je pense qu'on a un réflexe
démocratique et cela me surprend que le ministre actuel du Travail, pour
quelque temps encore, ne se joigne pas à nous dans ce geste, au fond,
qui n'est que rechercher la meilleure façon de déterminer le sort
des gens. Oui, cela prendra au ministre d'accord, c'est entendu et
après? un certain effort pour changer de deux ans à un an
et demi, s'il le faut, ou à trois ans lorsqu'il lui semblera important
ou indiqué de le faire. (21 h 15)
II faudra, à ce moment-là, qu'il s'adresse non pas
à un Conseil de ministres, mais à des élus du peuple,
à tout le monde. Pas en catimini dans le "bunker". Cela va être
à l'Assemblée nationale qui est le salon bleu de l'autre
côté. Et pourquoi pas? Je m'explique mal ce ministre qui ne se dit
pas tout à fait décidé à savoir si l'amendement est
bon ou non, mais qui vote contre parce qu'il ne sait pas s'il est mauvais. J'ai
rarement vu un ministre aussi peu décidé que cela. Il ne sait pas
si l'amendement est mauvais; donc, il vote contre. Mais il ne sait pas si c'est
bon non plus. Dans ce gouvernement, M. le Président, quand on n'est pas
sûr, on est contre. C'est pour cela qu'on est pour l'indépendance,
parce que...
M. Johnson: M. le Président...
M. Lavigne: M. le Président, la pertinence du
débat, s'il vous plaît!
M. Lalonde: ... on n'est pas sûrs, on est poignés,
on est frustrés, on ne sait pas. Donc, dans ce temps-là, on se
ferme les yeux.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavigne: La pertinence.
M. Chevrette: Mais on ne se donne pas comme vous vous êtes
donnés.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Joliette-Montcalm, messieurs! C'est le député de
Marguerite-Bourgeoys qui a la parole et je prierais le député,
encore une fois, de s'adresser à moi...
M. Lalonde: Je m'adresse à vous tout le temps, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): ... et de respecter la pertinence
du débat.
M. Lalonde: Oui, je vais respecter la pertinence. Mais le
député de Joliette-Montcalm a quand même posé une
question. Il nous a reproché de ne jamais avoir rien donné,
pourtant on lui a donné une "job"...
M. Chevrette: Vous en avez du regret en maudit!
M. Lalonde:... qui lui a permis de se faire élire à
part cela, au grand dam des électeurs de Joliette-Montcalm qui
m'appellent régulièrement.
Je ne vois pas pourquoi le ministre qui ne sait pas si c'est bon vote
contre. Je vois qu'il est entouré de conseillers c'est la seule
assurance qu'on a actuellement est-ce qu'il aurait changé
d'idée? Je lui pose la question.
M. Johnson: Non. Est-ce que la motion du député de
Portneuf est mise aux voix, M. le Président?
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement à
l'article 12 du député de Portneuf afin d'ajouter, à
l'article 55a, après les mots "sa famille", les mots "durant les deux
années qui suivent la fin des travaux", est-elle adoptée?
M. Lalonde: Adopté.
M. Johnson: Vote, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Veuillez indiquer si vous
êtes pour ou contre. Je pense que le vote a été
appelé, M. le député de Mont-Royal.
M. Lalonde: Pas par vous, simplement par les... Cela ne veut rien
dire.
M. Johnson: C'est le président qui a appelé le
vote.
M. Lalonde: C'est le ministre qui a demandé le vote, mais
le président ne l'avait pas...
M. Johnson: Je l'ai appelé et ensuite le président
a répété.
Le Président (M. Clair): Je l'ai refait, j'ai
répété par la suite. De toute façon, je suis
convaincu qu'on aura d'autres occasions. Veuillez indiquer si vous êtes
pour ou contre la motion d'amendement.
M. Bellemare? M. Boucher?
M. Boucher: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Chevrette?
M. Chevrette: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Gravel? M. Johnson?
M. Johnson: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Lavigne?
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Mailloux? M. Pagé?
M. Pagé: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Roy?
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Laberge (Jeanne-Mance)?
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Clair): Cette motion d'amendement est
rejetée.
M. Pagé: M. le Président...
M. Boucher: ... les votes du député de Gatineau et
de... Non?
Le Président (M. Clair): Non. Je n'ai enregistré
que les votes des membres présents.
M. Ciaccia: Vous n'avez pas beaucoup confiance en votre
président.
M. Gratton: Est-ce qu'il y aurait consentement de la commission
pour enregistrer mon vote?
M. Chevrette: Pour que vous puissiez voter? Non. Vous ne sauriez
pourquoi voter, vous n'étiez pas ici!
Le Président (M. Clair): Le vote est terminé et le
résultat est connu. Je comprends que vous désiriez manifester que
vous auriez été favorable à l'amendement.
Maintenant, M. le député de Gatineau, je vous indique que,
selon la liste que j'ai, vous n'êtes ni membre, ni intervenant au niveau
de cette commission.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'on pourrait faire
une motion pour permettre au député de Gatineau d'intervenir?
M. Pagé: Consentement. M. Lalonde:
Consentement?
M. Chevrette: On ne se prive jamais de lumières. On peut
permettre le consentement. On a toujours pris pour habitude de ne jamais barrer
un député comme intervenant.
Le Président (M. Clair): Alors, est-ce que...
M. Chevrette: D'ailleurs, cela lui arrive d'avoir des
éclairs de génie; tout à coup qu'il nous arrive avec une
adoption globale!
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'il faudrait qu'il
remplace un autre intervenant du même parti politique?
M. Pagé: Non. Ce n'est pas nécessaire,
d'après les usages et coutumes. Je suis convaincu que, comme
distingué, honorable et compétent président de nos
commissions, vous avez été à même de faire face
à d'autres cas analogues dans le passé.
Le Président (M. Clair): Je constate qu'il y a
consentement pour que le député de Gatineau agisse comme
intervenant.
M. Pagé: M. le Président, je ne ferai pas de
motion, mais je tiendrais à remercier le député de
Gatineau de l'intérêt qu'il manifeste pour la commission
parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre.
Le Président (M. Clair): L'article 12 est-il
adopté?
M. Pagé: Sur division.
Le Président (M. Clair): Adopté sur division.
M. Johnson: L'article 13, M. le Président.
M. Pagé: Avant de procéder à l'étude
de l'article 13, nous pourrions revenir à l'étude de l'article 8.
J'ai plaidé tout à l'heure pour qu'on attende la venue et
l'arrivée de mon distingué collègue de Beauce-Sud. Je vois
qu'il s'est joint à nous. Je pense que le moment serait peut-être
le mieux choisi pour qu'on aborde toute cette question de l'article 8.
M. Johnson: L'article 8. On peut peut-être le prendre en
même temps que les autres sur les artisans, comme je l'avais
suggéré, puisque c'est cela qu'on a évoqué.
Le Président (M. Clair): C'est ce qui a été
évoqué. Maintenant...
M. Johnson: Est-ce que le député de Portneuf veut
reconsidérer sa demande? Je suppose que le député de
Beauce-Sud est assez grand et assez expérimenté en cette Chambre
pour savoir s'il veut le voir tout de suite. Je suis sûr que le
député de Beauce-Sud ne tient pas particulièrement
à ce que ce soit une critique officielle de l'Opposition en
matière de relations de travail, qui décide quel article le
député de Beauce-Sud veut envisager.
M. Roy: M. le Président, à cette heure-ci et
après le nombre d'heures de travail qu'on a faites depuis un certain
temps, je pense que tous ceux qui veulent travailler en étroite
collaboration, travailler à bonifier le projet de loi, je ne fais pas de
distinction de couleur, de race, de religion...
Le Président (M. Clair): Messieurs, est-ce que...
M. Johnson: Moi, je n'ai aucune objection, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'on revient à
l'article 8?
M. Johnson: Si c'est pour rendre service au député
de Beauce-Sud, cela me fait plaisir.
Le Président (M. Clair): On revient à l'article 8,
pour en discuter, sur l'article 8.
M. Roy: L'article 8, la suspension avait été
demandée pour qu'on l'aborde en même temps que les artisans.
M. Johnson: C'est exactement ce que je viens de demander au
député de Beauce-Sud. J'ai cru que sa réplique
était... C'est ce que je suggérais...
M. Roy: Oui, c'est cela.
M. Johnson: Je suggérais qu'on voie à l'article 8,
en même temps que les artisans.
M. Roy: Oui, c'est cela.
M. Johnson: Je suggérais qu'on voie à l'article 8,
en même temps que les artisans.
M. Roy: C'est cela.
M. Johnson: Le député de Portneuf est intervenu
pour dire: Non, c'est le député de Beauce-Sud qui veut regarder
l'article 8. J'ai demandé au député de Beauce-Sud, s'il
voulait voir l'article 8. Là, il m'a parlé de collaboration.
Est-ce que le député de Beauce-Sud préférerait
qu'on voie cela avec les artisans?
M. Roy: Avec les artisans, c'est ce que j'avais
demandé.
M. Johnson: Je suis entièrement d'accord, est-ce que le
député de Portneuf est d'accord?
M. Pagé: Aucun problème, M. le Président, je
m'en remets à mon bon ami le député de Beauce-Sud.
Le Président (M. Clair): Donc l'article 13 est
appelé.
Droits et honoraires
M. Johnson: L'article 13, M. le Président. D'abord, il y a
certains amendements de nature purement formelle, remplacer le mot honoraires
par droits, qui est plus français. Préciser que les frais
d'enquête font partie des droits. Le pouvoir de déterminer par...
On va essayer de faire de la lumière. "Cet article a pour but de
remplacer l'expression "honoraires" par l'expression "droits" et de
préciser que les frais d'enquête font partie des droits. Ceci a
notamment pour but d'éviter toute confusion considérant que le
mot "droits" est utilisé à plusieurs reprises dans la loi, soit
aux articles 9, 28, 42 et 54". D'ailleurs le terme "droits" se justifie
davantage juridiquement dans ces articles, car il se réfère aux
frais d'administration de la loi.
D'autre part, l'article accorde à la régie le pouvoir de
déterminer par règlements les conditions que doivent remplir les
personnes physiques qui habilitent une société ou corporation
ainsi que les renseignements qu'elles doivent fournir à cet effet.
La régie possède déjà semblables pouvoirs
à l'égard des personnes physiques désirant obtenir une
licence pour elles-mêmes, en vertu du paragraphe d) de l'article 58.
Donc, ce n'est pas du droit nouveau.
D'autre part, le nouveau paragraphe 1 à q) introduit par cet
article a pour but de "refléter la réalité des
modifications apportées à l'article 34, de la loi, par l'article
8 du présent projet de loi, quant au cautionnement et au fonds
d'indemnisation."
Le paragraphe r), pour sa part, a pour effet de clarifier le pouvoir de
la régie, de faire subir des examens à tout candidat à une
licence d'entrepreneur ou, dans le cas d'une société ou d'une
corporation, à toute personne habilitable.
Enfin, le paragraphe s) a pour effet de refléter les
modifications apportées à l'article 32 de la loi, par l'article 5
du présent projet de loi, quant à la possibilité pour une
personne physique de détenir plus d'une licence.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, une première
interrogation, c'est sur l'application de l'article 13s, où il est dit
que la régie peut déterminer les cas où une personne
physique peut détenir plus d'une licence. Cela ne va pas en
contradiction avec ce à quoi on s'est référé cet
après-midi?
M. Johnson: Je m'excuse, je n'ai pas entendu.
M. Pagé: L'article 13s ne va-t-il pas en contradiction
avec ce dont on a discuté cet après-midi, c'est-à-dire le
droit pour une personne physique de détenir plus d'une licence
émise par la régie?
M. Johnson: Non, c'est seulement pour préciser, à
l'article 13s, dans quel cas une personne peut détenir plus d'une
licence. Dans le premier article, on prévoit que cela peut arriver et,
à l'article 13s, on prévoit à qui cela peut arriver et
dans quelles conditions.
M. Pagé: Cela, c'est toujours par règlement. M.
Johnson: Oui.
M. Pagé: Vous avez un projet de règlement dans le
moment?
M. Johnson: C'est un projet qui est presque prêt à
être soumis à la législation
déléguée.
M. Pagé: Cela veut donc dire, M. le Président, que
l'article 13a jusqu'à s) qui implique dans son libellé que
différentes mesures permettant l'application éventuelle de a)
jusqu'à s) sera confirmé par règlement, règlement
sur lequel la Régie des entreprises de construction a déjà
eu l'occasion de rédiger et de soumettre un document au ministre; le
tout est actuellement au département de la législation.
M. Johnson: Ce n'est pas encore soumis, ce sera voté par
les régisseurs, toutes conditions le permettant, le 3 janvier, lors de
la réunion de la régie.
M. Pagé: C'est un projet de règlement qui est
rédigé par certains régisseurs?
M. Johnson: Non, par les fonctionnaires de la régie, qui
le soumettent aux régisseurs en vertu de la loi.
M. Pagé: Est-ce qu'on pourrait prendre connaissance de ce
projet de règlement qui sera éventuellement
déposé?
M. Johnson: C'est un avant-projet de règlement, parce
qu'une fois que ce sera le projet de règlement approuvé par les
régisseurs, cela devient un authentique projet de règlement avant
son adoption. Pour le moment, ce n'est pas à ce stade-là. De
toute façon, ce sera publié dans la Gazette officielle avec un
avis de 30 jours.
M. Pagé: M. le Président, il y a quand même
eu des occasions où des projets ou des avant-projets de règlement
ont été déposés à des commissions de
l'Assemblée nationale. Il n'y a rien...
M. Johnson: Celui-là n'est pas au stade...
M. Pagé: II n'y a rien qui nous empêcherait,
à ce stade-ci de nos travaux, de prendre connaissance...
M. Johnson: II n'y a rien qui vous empêche de le demander,
vous ne pourrez pas l'avoir.
M. Pagé: Bon!
M. Lalonde: C'est de l'arrogance.
M. Johnson: Non, ce n'est pas cela, il n'est pas approuvé
par les régisseurs. Je comprends que le député de
Marguerite-Bourgeoys a le mot "arrogance" facile à la bouche, comme dans
son comportement, mais le projet de règlement n'est pas prêt, la
régie ne l'a pas encore soumis, il n'a pas été
publié dans la Gazette officielle.
M. Lalonde: Vous avez un texte? M.Johnson: II
n'est pas complété.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
n'entrez pas dans cette discussion. La parole est au député de
Portneuf.
M. Pagé: À défaut de pouvoir prendre
connaissance du projet de règlement, on se voit dans l'obligation de
contre-interroger, de poser des questions au président de la
régie. À l'article 58 de la loi, à l'alinéa 1), il
est mentionné que le règlement pourra déterminer les
catégories de travaux de construction et de bâtiments
résidentiels aux fins de l'article 34, quelles seront les
catégories qu'on peut prévoir? Comment cela sera-t-il fait?
Quelles seront les critères? Quelles
seront les conditions? Qu'est-ce qui découlera de la fixation et
de l'établissement de ces différentes catégories?
M. Johnson: Les catégories sont: bâtiments
résidentiels, maisons unifamiliales simples ou rangées ou
jumelées, bâtiments utilisés à des fins strictement
résidentielles qui comprennent au plus quatre logements, l'appartement
dans un logement en copropriété d'au plus deux étages
au-dessus du sol.
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président,
j'étais occupé moi aussi; cela arrive à l'occasion. Est-ce
que le ministre pourrait...
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'on peut
répéter?
M. Pagé: Je m'excuse, cela m'arrive aussi à
l'occasion.
M. Johnson: On pourrait peut-être faire venir le ruban?
M. Pagé: On peut suspendre, si vous voulez.
M. Johnson: Cela nous arrive à tous. Bâtiments
résidentiels à l'exclusion de tout autre bâtiment, la
maison unifamiliale simple en rangées ou jumelée, le
bâtiment utilisé à des fins strictement
résidentielles qui comprend au plus quatre logements et l'appartement
dans un immeuble en copropriété d'au plus deux étages
au-dessus du sol. C'est le règlement no 17 concernant le cautionnement
exigible des entrepreneurs en construction de bâtiments
résidentiels.
M. Pagé: Est-ce que c'est le règlement ou le projet
de règlement?
M. Johnson: C'est l'ancien règlement. (21 h 30)
M. Pagé: M. le Président, on navigue dans l'ancien
et dans le nouveau dans le projet. Tous les éléments de a)
à s) qu'on retrouve à l'article 13 qui vient modifier l'article
58 de la loi actuelle, c'est strictement l'ossature; la chair de tout cela,
c'est dans le règlement ou dans le projet de règlement.
M. le Président, je ferais motion et ce que je vise, c'est
que le ministre dépose son projet de règlement, le projet de
règlement de la régie pour que l'étude de l'article
13 soit suspendue jusqu'à ce que le ministre distribue parce
qu'il ne peut les déposer aux membres de la commission
parlementaire les règlements prévus audit article.
M. Chevrette: M. le Président, sur la
recevabilité.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: En commission parlementaire, on ne dépose
jamais de documents. Donc, elle est irrecevable dans sa forme même.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Pagé: Le libellé, le texte exact, c'est
"distribué".
M. Chevrette: Non, c'est parce que vous avez dit
"déposé ". D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, d'ailleurs, on ne demande pas
le dépôt. Le député de Portneuf, dans sa motion,
parle de distribution. Mais le cadre, le fond de sa motion, c'est la suspension
de l'étude de l'article. Je pense que c'est une motion tout à
fait normale, pour employer un terme qui est cher aux péquistes; c'est
une motion usuelle qu'on retrouve dans l'étude article par article qui
se veut cohérente.
M. Lavigne: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Voulez-vous parler de la
recevabilité? Je pense que je ne vous laisserai pas la chance d'en
parler, je la reçois.
M. Lavigne: Une motion de distribution, cela existe?
Le Président (M. Jolivet): Oui, je m'excuse, je la
reçois pour la discuter.
M. Pagé: Bon, merci, M. le Président. Mon
collègue, le député de Marguerite-Bourgeoys, a mis en
relief tantôt tout cet aspect de l'érosion du pouvoir
législatif aux mains du pouvoir exécutif, qui est un
problème de fond auquel est confronté le parlementarisme
d'aujourd'hui, et je m'explique, M. le Président. De plus en plus, nos
lois sont des lois générales qui tracent de grandes avenues, qui
établissent des principes. De plus en plus, ces mêmes lois
permettent, généralement par un petit article, au
lieutenant-gouverneur en conseil, soit le Conseil des ministres, de faire des
règlements. Celui qu'on identifie dans le lieutenant-gouverneur en
conseil, c'est évidemment le ministre concerné par la loi, soit,
en l'occurrence, le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. À ce
lieutenant-gouverneur, à cette couronne, à cette majesté,
on donne un pouvoir réglementaire.
Je conviens, M. le Président, que ce pouvoir réglementaire
est généralement accompagné de l'obligation pour le
lieutenant-gouverneur en conseil, le ministre, de faire paraître ces
règlements sous forme d'avis dans la Gazette officielle avec des
délais minimums de 30 jours. Je conviens que
les parties concernées par l'application de ce règlement
ont généralement l'occasion de prendre connaissance de ces
projets de règlements dans le délai qui leur est accordé.
Cependant, M. le Président, cet aspect vient remettre en cause un
principe de base. C'est le fait que le législateur se voit de plus en
plus, et particulièrement depuis 1976, confronté avec la
situation suivante: Le législateur est pris, pour ne pas dire "est
poigné" pour adopter, voter ou se prononcer sur des lois qui contiennent
des éléments généraux, de grands principes, qui
confèrent au lieutenant-gouverneur en conseil un pouvoir
réglementaire, sans que ce même législateur ait la
possibilité de prendre connaissance, d'intervenir, de faire part de ses
considérations, de ses objections ou de ses propositions sur ces
règlements.
Un exemple, M. le Président, des plus patents de cela je
suis convaincu que vous y avez été confronté, vous aussi
c'est le fameux règlement de placement dans l'industrie de la
construction qui a été déposé. Il y a eu un avis et
le législateur, M. le Président, ici à l'Assemblée
nationale, les députés n'ont pas eu l'opportunité de
discuter du fond de ce règlement. C'est peut-être un des exemples
les plus vivants de cette confrontation qui va toujours en s'accentuant entre
le législateur et l'exécutif.
À plusieurs reprises, mes collègues ont formulé des
représentations dans ce sens. Non seulement le gouvernement veut-il
conserver ce pouvoir qu'il a, en vertu de nos lois et en vertu de cette loi,
d'intervenir par voie réglementaire, mais on peut même
présumer par ce que le ministre a dit tout à l'heure que le
règlement vous ne l'aurez pas. Non seulement ils veulent le conserver
mais ils ne veulent même pas que le législateur en prenne
connaissance. C'est inquiétant, M. le Président.
Je me dis: Si le gouvernement accepte que cet état de fait non
seulement se continue mais se développe, cela remet en cause les beaux
discours je vais utiliser un terme cher aux leaders du gouvernement
les parlottes, les placotages des membres de la majorité
ministérielle lorsque ceux-ci viennent nous parler du rôle du
député. Vous savez que c'est une interrogation que plusieurs
députés se posent notamment du côté
ministériel, du côté de la majorité, le rôle
du député "participer davantage" je les entends encore, M. le
Président, vous les avez probablement entendus vous aussi: Participer
davantage à l'élaboration des lois et des règlements,
être consultés, qu'on crée un ou des comités pour
analyser et pour scruter les règlements.
M. le Président, à quoi bon tout cela si le gouvernement,
le ministre du Travail ce soir, ne veut même pas qu'une commission
parlementaire comme la nôtre qui est habilitée à prendre
connaissance des règlements traîne tout le long de A à S
pas de A à Z, mais presque cela, c'est l'ossature, et la
chair autour de cela sera un règlement qui sera éventuellement
déposé. Même si le ministre nous a confirmé tout
à l'heure que l'avant-projet était prêt à être
soumis aux commissaires de la régie, ce projet de règlement est
entre les mains des officiers de la régie actuellement, ce projet de
règlement est déjà rédigé; il est prêt
pour consultation. En quoi l'Assemblée nationale parce qu'une
commission parlementaire est quand même la prolongation de
l'Assemblée nationale n'est-elle pas habilitée, ne se
croit-elle pas justifiée de prendre connaissance de ce
règlement?
C'est là essentiellement le sens de la motion que j'ai
présentée: Que soit distribué à chacun des membres
de la commission parlementaire cet avant-projet. On va en prendre connaissance
et on sera plus en mesure de juger du bien-fondé ou non et des impacts,
parce qu'il y aura des impacts, M. le Président. Regardez au paragraphe
n): Le règlement établira les exigences concernant les
cautionnements aux fins du deuxième alinéa de l'article 34
qu'on a vu précédemment et prévoir que
l'indemnisation se fera au choix de la caution, soit par le versement d'une
somme d'argent, soit par l'exécution des travaux. Des
éléments importants qui ont été abordés
à juste titre et avec combien de fondement de la part de mon
collègue de Mont-Royal cet après-midi. Que le ministre les
dépose ou les distribue; on va en prendre connaissance et on sera mieux
équipé pour se prononcer sur le bien-fondé de l'article
13, qui amende l'article 58. C'était là l'essentiel de mes
commentaires, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): J'ai remarqué que M. le
député de Saint-Hyacinthe est venu se joindre à nos rangs;
est-ce à titre de remplaçant du...
M. Cordeau: Actuellement, il y en a qui sont pris de l'autre
côté à la Chambre.
Le Président (M. Jolivet): Donc, vous agissez comme
intervenant?
M. Cordeau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): La parole est au
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne sais pas si le ministre
est au courant d'un mémoire qui a été soumis au
gouvernement par le Barreau du Québec? Le Barreau du Québec a
porté à l'attention du gouvernement les difficultés, les
abus et les dangers de légiférer toujours par le pouvoir de
réglementation. Sans doute que, dans certains cas, c'est
nécessaire de donner des pouvoirs de réglementation au
lieutenant-gouverneur en conseil ou à certains organismes mais il semble
qu'on légifère de plus en plus dans le sens que tout va se faire
par règlement. On n'inclut pas de protection minime; on n'inclut pas les
droits qui doivent être protégés ou les droits qu'une
personne doit avoir par le projet de loi. Une personne qui va lire ce projet de
loi va se demander quels sont les droits qu'elle a dans tel ou tel domaine, et
elle ne pourra jamais le savoir de la façon dont ce projet de loi est
rédigé présentement en donnant tout le pouvoir de
réglementation, tel que spécifié dans l'article 13.
Premièrement, le principe de ce pouvoir de réglementation
est tellement étendu qu'on doit le contester, s'y opposer. Autrement, le
gouvernement
serait aussi bien, au lieu d'avoir un projet de loi de 50 articles,
d'avoir un projet de loi d'un article disant que le lieutenant-gouverneur en
conseil ou un organisme peut, par règlement, faire ce qu'il veut, quand
il le veut et comment il le veut. C'est vraiment là l'effet. On essaie
de nous faire croire que c'est un projet de loi qui va donner certains droits
à quelqu'un mais, si vous l'examinez, c'est entièrement par
règlement. Alors, pourquoi avoir un projet de loi avec tellement
d'articles quand, à la fin, c'est le gouvernement qui va
décider?
Il ne vous informera pas. Il ne donnera pas l'occasion de
débattre le problème. Il ne donnera pas l'occasion de savoir
d'avance les conséquences, les effets d'un tel règlement. C'est
le même esprit qui motive le gouvernement à déposer ce
projet de loi et à ne pas entendre les parties. Si vraiment le
gouvernement était de bonne foi, après avoir déposé
le projet de loi en première lecture ou même en deuxième
lecture, il entendrait les parties pour connaître leur réaction
face aux articles du projet de loi, pour voir ce qu'elles en pensent, quel sera
l'effet sur leurs conditions de travail, sur leurs opérations, sur
toutes les conditions qui entourent ce projet de loi. Mais non, le gouvernement
ne le fait pas.
En plus de ne pas le faire, il dit: Je vais procéder par voie de
règlement, il va donner les pouvoirs de réglementation. Je ne
veux pas qu'on en débatte. Je ne veux pas que la population, celle
concernée, débatte les règlements. Je ne veux pas qu'elle
les conteste. Je ne veux pas que l'Opposition officielle en prenne connaissance
pour porter à l'attention de la population qu'il y a certains
règlements abusifs, volontairement ou non.
M. le Président, c'est absolument... À un moment
donné, il faut freiner cette tendance du gouvernement de prendre tous
les pouvoirs de réglementation sans rien dire, sans en discuter avec les
gens qui sont concernés, qui en sont affectés. M. le
Président, on doit appuyer la motion du député de
Portneuf.
Il y a une autre raison aussi pour laquelle on devrait appuyer cette
motion et réduire le pouvoir de réglementation. C'est vraiment
pour protéger le gouvernement même. Voyez les règlements
que vous avez faits dans le placement et regardez les répercussions
maintenant. Avant d'en être arrivé à cette décision,
si vous aviez consulté, si vous en aviez débattu en Chambre, vous
auriez peut-être su les conséquences et vous ne seriez pas
obligés aujourd'hui de prendre cette mauvaise décision. Un
gouvernement n'aime pas reculer; une fois qu'il a pris une décision, il
veut démontrer qu'il a toute la sagesse, qu'il connaît tout et que
personne ne peut lui dire qu'il s'est trompé. Aucun gouvernement ne veut
faire cela. Alors, il arrive avec un autre projet de loi. Il sait que le
premier règlement de placement n'est pas bon. Il veut contourner cela
lui-même. C'est une sorte de "loophole" qu'il essaie de créer
contre son propre règlement de placement. Il arrive avec un autre et il
ne veut pas encore en discuter parce que, naturellement, il faudrait le
discuter à ce temps-ci et on verrait les difficultés qu'a
entraînées le premier règlement. Cela s'enchaîne.
Plus il agit ainsi, plus il faut qu'il procède par réglementation
jusqu'à ce qu'on ne sache rien en Chambre. Il va venir en Chambre pour
dire: La loi, c'est moi. Au XVIIIe siècle, ou au
XVIe siècle, c'est cela. Le roi disait: L'État, c'est
moi. On semble retourner à cette condition. Il y avait des lettres de
cachet dans ce temps et personne ne savait... seulement celui qui voulait la
lettre de cachet faisait des pressions. C'est cela qu'on veut. C'est la
même chose, c'est le même esprit. Naturellement, on a
différents moyens de communications. Cela ne peut pas être aussi
flagrant. On ne peut pas dire ouvertement: L'État, c'est moi, alors on
fait un projet de loi. On semble vouloir consulter et on semble vouloir
créer certains droits, mais quand on analyse les articles, on voit
qu'ils sont vides, qu'ils donnent tous les pouvoirs de réglementation,
tous les droits au gouvernement sans que personne ne puisse les discuter, sans
qu'on puisse savoir d'avance ce qu'on peut faire ou ne pas faire.
M. le Président, je crois que la population a droit à
l'information. Elle a le droit de savoir avant qu'une décision
arbitraire ne soit prise. Le ministre peut rire tant qu'il veut, il peut
prendre cela à la légère, il peut essayer de les
ridiculiser, mais ce sont des propos sérieux. Même si vous ne
voulez pas les prendre au sérieux, on y croit à ces propos. On
n'a pas intérêt, vous savez, trois heures avant minuit, à
continuer de parler sur ce projet de loi. Vous savez que si on le veut
vraiment, vous ne pouvez pas passer à la troisième lecture,
même si on avait tout étudié. Même si on faisait
rapport à 22 heures, même si on l'avait fait à 18 heures,
vous ne pourriez pas passer à la troisième lecture sans notre
consentement. On pourrait donc éviter beaucoup de problèmes de
paroles... C'est le temps de Noël, on pourrait dire non, se lever et s'en
aller non pas essayer de porter à l'attention du ministre certains
problèmes qui existent dans le projet de loi. (21 h 45)
M. Pagé: Bonification.
M. Ciaccia: Ne pas essayer de trouver les failles dans cela. Ce
serait bien plus facile pour nous parce que cela fait certainement deux ou
trois semaines qu'on travaille à peu près 18 heures, 20 heures,
22 heures par jour. La chose la plus facile serait d'aller dans les "parties"
de Noël il y en a partout et dire au ministre ce qu'il peut
faire avec sa loi.
M. Pagé: Mais ne le dites pas.
M. Ciaccia: Je ne le dirai pas parce que ce n'est pas
parlementaire.
M. Pagé: Mais ce serait une bonne idée.
M. Ciaccia: On a le sens des responsabilités. On fait des
farces parfois. Il faut bien rire un peu. Si on n'avait pas un peu le sens de
l'humour, après ce que le gouvernement essaie de nous
faire, ce serait parfaitement intolérable. Alors, on rit un peu
mais, parmi toutes les farces et certaines choses drôles qu'on dit, c'est
notre sens des responsabilités qui nous garde ici, qui nous amène
à faire ces amendements et qui nous amène à dire ce que
nous constatons quant aux pouvoirs abusifs dans le projet de loi, quant aux
lacunes du projet de loi, quant aux failles dans le projet de loi. Les
amendements que nous faisons ne sont pas faits sur le coin de la table. Ce sont
des amendements sérieux qui ont leur raison d'être et qui ont une
substance. Si vous prenez l'article 13...
M. Johnson: Sur la motion...
M. Ciaccia: Oui, c'est sur la motion que je parle. Sur quoi
pensez-vous que je parle? Voulez-vous me dire sur quoi je parle?
M. Johnson: Non, je...
Le Président (M. Jolivet): Non, continuez. Il m'a
demandé de parler sur la motion.
M. Johnson: J'indiquais simplement au président que je
voulais parler sur la motion.
Le Président (M. Jolivet): Continuez, sachant que vous
avez le droit de parole.
M. Ciaccia: D'accord. Excusez-moi. J'avais pensé que... Je
vais continuer. Si vous prenez les sous-paragraphes I) à s), c'est tout
nouveau en substance. Ce n'était pas inclus dans la loi actuelle. Ce
sont des pouvoirs de réglementation assez larges qui sont donnés.
Vous élargissez le domaine où les règlements peuvent
être faits par cet organisme, sans aucune protection pour qui que ce
soit, sans aucune restriction. On a le droit de se poser des questions. On a le
droit de montrer les difficultés, les problèmes que cela peut
soulever.
C'est vous qui avez ajouté les sous-paragraphes I) à s).
Ce n'est pas nous. La loi actuelle ne les contient pas. Vous avez des pouvoirs
de réglementation sans limite. Je veux bien croire que le Parlement peut
tout faire, mais je n'y crois pas. Il peut le faire après avoir pris les
procédures qui s'imposent. Le Parlement peut adopter toutes les lois
qu'il veut mais, pas en secret, pas en cachette, sans consulter les gens, pas
par règlement.
Si vous voulez avoir tous les pouvoirs de I) à s) que vous avez
ici, c'est votre droit, mais vous allez venir à l'Assemblée
nationale et vous allez dire: C'est ceci que nous voulons faire. Nous voulons
réglementer de telle façon. Voici ce que nous demandons. Cela
sera débattu. Vous allez vous avez la majorité
gagner. Vous n'avez pas peur de ne pas pouvoir faire adopter votre
règlement. Cela n'existe pas pour vous. Mais, au moins, la population le
saura et peut-être comme c'est arrivé dans les derniers
deux ou trois jours, vous avez fait des changements à des lois
allez-vous retirer certaines lois. Vous reculerez dans d'autres. Vous amenderez
d'autres lois. Pourquoi? Parce que c'est venu à l'Assemblée
nationale. Autre- ment, la population n'aurait pu avoir le
bénéfice de ces changements. Vous avez dû vous-mêmes
réaliser que c'était des choses acceptables. Vous les avez
acceptées.
Je vous donnerai un exemple très concret: le changement à
la Loi sur la protection du consommateur qui a été soumis
à l'Assemblée nationale. Une motion d'amendement a
été faite quant au contrat de locataire et locateur d'automobile.
Le but de cet amendement était de permettre aux locataires d'automobiles
d'avoir d'autres options. Autrement, tel que la loi était
rédigée, ces contrats n'auraient pu être donnés par
ceux qui louent les automobiles.
Mais si ce n'était pas venu devant l'Assemblée nationale,
on n'aurait pas pu faire une motion d'amendement, on n'aurait pas pu porter
cela à l'attention de la population, à l'attention du
gouvernement et ce changement n'aurait pas été fait. C'est
quelque chose dont le consommateur a bénéficié, quelque
chose que le gouvernement a accepté, mais il a été
obligé, même si c'était involontaire et que personne n'y
avait pensé originellement dans la loi... Ces choses sont faites
quelquefois involontairement, mais au moins le processus existe pour les
changer. Ici le processus n'existe pas, vous pouvez faire ce que vous voulez,
quand vous le voulez. Il y a une multitude de lois, une multiplicité de
règlements, je pense que c'est un peu trop. Il va falloir mettre fin
à cela et porter les dangers à l'attention de la population qui
ne peut pas se protéger contre des lois comme celles-là, contre
des pouvoirs de réglementation de ce genre.
Pour toutes ces raisons, j'appuie la motion d'amendement du
député de Portneuf et j'espère que, de bonne foi, le
gouvernement va reconsidérer sa position.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le ministre voulait dire quelques mots, je
parlerai après lui, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, brièvement, sur la
motion dilatoire de l'Opposition...
M. Pagé: M. le Président...
M. Johnson: M. le Président, est-ce que j'ai le droit de
parole?
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, il n'y a personne
qui a dérangé parmi vous tout à l'heure pendant qu'on
parlait.
M. Pagé: II ne faut pas nous prêter
d'intentions.
Le Président (M. Jolivet): Vous avez amplement les droits
de parole et d'opinion.
M. Johnson: M. le Président, sur la motion dilatoire de
l'Opposition. À 21 h 55, pas tout à fait, on a
posé toute la grande question philosophique du droit
réglementaire dans notre société. Je trouve cela
admirable, et par analogie je dirais qu'il faut respecter les lois de la
même façon qu'un leader doit respecter un engagement. Des
règlements sont bons quand ils sont conformes à une loi, de la
même façon qu'un parti est bon si la parole d'un leader est bonne.
C'est tout ce que j'avais à dire sur cette motion dilatoire.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, je voudrais dire quelques
mots sur la motion qui a été présentée par le
député de Portneuf concernant la réglementation de ce
projet de loi. Je dois dire qu'en ce qui me concerne tout projet de loi devrait
être accompagné de la réglementation, quel qu'il soit. Pas
seulement celui-là, tous les projets de loi. Surtout depuis la
télédiffusion des débats, à l'Assemblée
nationale, on demande cette réglementation et on ne l'a pas. Quelquefois
on nous répond que le ministre la déposera quelque temps plus
tard. Cela va bien. Mais les gens qui regardent la télédiffusion
des débats se demandent comment on peut accepter des projets de loi sans
avoir la réglementation. Ils trouvent cela tout à fait illogique.
Souventefois, la réglementation impose aux citoyens beaucoup plus de
restrictions que le projet de loi lui-même. Nous, les
législateurs, on nous demande d'adopter des projets de loi sans en
connaître toutes les implications qui vont survenir lors de la
publication des règlements.
Il y a un autre point. Lors de l'étude d'un projet de loi, il y a
toujours une diffusion assez importante par les différents media
d'information, mais lorsque la réglementation paraît dans la
Gazette officielle, il y a peu de publicité et maintes fois les citoyens
ou les personnes concernées n'en sont pas informées.
Bien sûr que cela paraît dans la Gazette officielle, mais si
je demandais à l'assistance présente, aux personnes autour de la
table, quelles sont les personnes qui ont le temps probablement les
députés de parcourir la Gazette officielle nous,
qui sommes quasiment payés pour...
M. Lalonde: Personne.
M. Chevrette: Je lis cela en fin de semaine.
M. Cordeau: ... légiférer, notre devoir est de nous
informer des réglementations qui sont publiées dans la Gazette
officielle les pauvres citoyens, il n'y en a pas beaucoup qui pourraient
lever la main dans cette salle pour dire qu'ils reçoivent la Gazette
officielle et qu'ils la lisent aussi.
M. Chevrette: Ce serait une violation du règlement.
M. Cordeau: Mais je ne l'ai pas posée.
M. Chevrette: Vous avez bien fait.
M. Cordeau: J'ai bien fait. Je vous voyais, M. le
député de Joliette-Montcalm, et je savais que si je la posais, il
y aurait une intervention, alors je ne l'ai pas posée.
M. Chevrette: Bien sûr, vous avez bien fait.
M. Cordeau: Alors, quel que soit le gouvernement, il devrait
être en mesure de nous présenter une réglementation,
peut-être un projet sommaire, mais au moins une réglementation,
afin de connaître l'esprit de la réglementation. Cette information
étant en possession des législateurs, on serait plus en mesure
d'apprécier ou de discuter les différents articles d'un projet de
loi. C'est tout à fait incompréhensible, et c'est cela qui me
dépasse depuis que je suis ici cela fait seulement deux ans
de ne pas connaître les réglementations avec les projets de
loi. Le simple citoyen trouve que c'est anormal et presque indécent
parce qu'on oblige les législateurs à adopter des lois qui, par
des règlements subséquents, viendront demander à certains
groupes de citoyens d'observer la loi et souvent ils ne sont pas au courant de
la réglementation.
Sans hésitation, M. le Président, j'appuie la motion du
député de Portneuf, parce que...
Le Président (M. Jolivet): Allez, allez. M. Cordeau:
Est-ce qu'il va parler tantôt?
M. Chevrette: Probablement, après vous avoir
écouté.
Le Président (M. Jolivet): Allez... Non, je ne le
laisserai même pas commencer. Continuez votre intervention, il n'a pas le
droit de vous interrompre.
M. Cordeau: Je me réserve le droit de l'interrompre.
Une voix: Un trou, une cheville, M. le député.
Une voix: On a un bon président.
Le Président (M. Jolivet): Continuez, M. le
député. N'ouvrez pas la porte qui était ouverte.
M. Cordeau: C'est ce que j'ai à dire présentement,
mais pour déplorer encore une fois que ce n'est pas la première
fois que je fais connaître aux membres des commissions auxquelles j'ai
participé que je trouve indécent qu'on nous demande d'adopter des
projets de lois sans en connaître la réglementation, même
une réglementation préliminaire afin d'en connaître
l'esprit.
Le Président (M. Jolivet): La motion d'amendement est-elle
adoptée?
Des voix: Rejeté.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je ne reprendrai pas les arguments du
député de Portneuf ni du député de Mont-Royal sur
l'importance de connaître la réglementation, la législation
déléguée. Je voudrais simplement faire appel aux
députés, pas au ministre, il doit connaître la
réglementation, c'est lui qui va la faire. Je vois devant moi les
députés qui ne la connaissent pas. Ils ne la connaîtront
pas non plus avant qu'elle soit adoptée.
Ils ont l'esprit de parti. On leur a dit: S'il vous plaît, venez
ici ce soir et assoyez-vous, écoutez et votez pour le gouvernement, mais
surtout ne demandez pas le règlement, vous ne l'aurez pas. Alors, les
députés sont là, mais je pense que je fais plus confiance
à l'intelligence des députés que le gouvernement
lui-même et j'ai des questions à leur poser.
Ne sont-ils pas intéressés à savoir ce qui va
être contenu dans ces règlements? Naturellement, je pense qu'on
doit s'entendre sur les principes suivants. La loi doit contenir les principes,
les critères, et la réglementation contient les modalités
d'application. Je pense que là-dessus, personne ne peut faire de
chicanes. Je n'entends pas faire une interruption, M. le Président, on
s'entend. Tout le monde est d'accord là-dessus, y compris les
députés ministériels. (22 heures)
Le Président (M. Jolivet): Ils n'ont pas le droit de vous
interrompre, c'est pour cela qu'il n'y a pas eu d'interruption. Non, je ne
fais...
M. Pagé: On consent.
M. Lalonde: Vous faites de l'interprétation.
M. Ciaccia: Ils auraient pu demander le droit de parole.
Le Président (M. Jolivet): Allez, continuez.
M. Pagé: Vous pouvez le demander, le droit de parole.
M. Ciaccia: Vous en avez le droit.
M. Cordeau: M. le Président, question de directive.
M. Ciaccia: On va le protéger, votre droit.
M. Cordeau: M. le Président, s'il n'y a pas d'interruption
par les députés ministériels, est-ce que le
Président peut s'autoriser à en faire, des interruptions?
Le Président (M. Jolivet): La seule chose que j'ai faite,
M. le député, c'est de dire ce que le règlement veut bien
dire.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Donc, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, c'est à vous la
parole.
M. Lalonde: M. le Président, j'avais dit tantôt
qu'on avait un excellent président et je le pense encore, mais ne me
tentez pas.
M. Lavigne: M. le Président, j'aurais une question
à poser...
M. Pagé: II y en a un...
M. Lalonde: II y en a qui s'est réveillé, M. le
Président, apparemment il veut m'interrompre, alors je lui donne la
parole.
M. Lavigne: Celui qui tend un piège n'a-t-il pas plus
l'air fou, finalement, quand il s'aperçoit que sa proie ne tombe pas
dans le piège?
M. Pagé: Je pense que vous venez de tomber.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît. À l'ordre!
M. Lavigne: Je pose la question...
Le Président (M. Jolivet): Continuez, c'est à vous
la parole.
M. Lalonde: Donc, on s'entend là-dessus, les
députés ministériels aussi. La loi doit contenir les
principes et les critères, la réglementation et les
modalités d'application. Si on regarde l'article 13, on voit, par
exemple, au paragraphe a) qui remplace le paragraphe a) de l'article 58 qui
existe actuellement que cela détermine des droits exigibles.
Là-dessus, pas de chicane, je pense que cela appartient au
règlement. Cela détermine des droits; il n'y a aucun
problème. On va y aller dans tout ce qui ne soulève pas de
problème. On arrive à la page 15 de votre projet de loi. Au
sous-paragraphe m), on exige un cautionnement aux fins du premier alinéa
etc., pas de problème non plus. C'est entendu qu'il faut avoir les
cautionnements et que cela peut changer et qu'on va demander à notre
excellent gouvernement, excellent entre parenthèses et à
l'envers, M. le Président... Il faut quand même que le
gouvernement fasse des règlements à un moment donné. Il ne
sait pas quoi faire des fois. Il va faire ce règlement. On va arriver au
paragraphe n): là, le député de Portneuf a posé une
question fort pertinente. Je pense qu'on commence à toucher le point
sensible, à savoir: Est-ce que cela doit appartenir au règlement
ou non? Quant au paragraphe o), déterminer les modalités, les
montants et la forme des cautionnements visés à l'article 34:
Parfait. Faisons confiance au gouvernement actuel pour encore deux ans
là-dessus. Après cela on verra. Quant au paragraphe p),
constituer un fonds d'indemnisation, là, je pense qu'on empiète
sur le pouvoir législatif de l'Assemblée nationale. Je vois que
les députés ministériels m'approuvent par leur silence, M.
le Président, je pense qu'ils sont d'accord.
Un fonds d'indemnisation, pourquoi cela fait-il partie de la loi? C'est
parce que le fonds d'indem-
nisation va quand même contenir des principes, des critères
d'application, des critères d'indemnisation. Les modalités
d'application du fonds pourraient appartenir au règlement, d'accord.
Quant au paragraphe q), exiger un cautionnement, d'accord. Encore-là,
cela appartient au gouvernement aussi mauvais qu'il soit, M. le
Président, il faut quand même... Il est là jusqu'à
preuve du contraire, jusqu'à nouvel ordre, on va lui donner cette
chance. À r), obliger tout candidat à une licence d'entrepreneur
ou, dans le cas d'une société ou corporation, toute personne
habilitante, à subir des examens: c'est pas si mal. Quand on arrive
à déterminer le contenu des examens, même là,
j'irais avec le règlement, parce qu'à un moment donné on
peut être un peu plus large ou un peu plus sévère pour les
examens et il faut avoir de la souplesse. Cela appartient au règlement,
mais quand on arrive aux conditions d'admissibilité et d'exemption
desdits examens, là, on touche des principes. Au paragraphe s), on
détermine les cas où une personne physique peut détenir
plus d'une licence; on touche encore là des critères. Ce sont des
cas. On appelle cela des cas. On est rendu qu'on légifère des
cas, on fait presque de la casuistique, cela appartient aux critères.
Comment pouvons-nous ou comment le gouvernement peut-il nous reprocher
actuellement de demander des règlements quand, au fond, tout ce qu'il
demande à l'Assemblée nationale, c'est un blanc-seing, c'est un
chèque en blanc pour légiférer à notre place?
Je vois que les députés ministériels continuent, M.
le Président, à m'approuver par leur silence. Eux autres non plus
ne savent pas les cas où une personne physique peut détenir plus
d'une licence. Ils ne le savent pas. Non seulement ils ne le savent pas, mais
ils n'ont même pas le droit de le savoir parce que le ministre, qui est
le seul ici, n'en déplaise au député de Joliette-Montcalm,
qui est habilité à savoir ce que les projets de règlements
contiennent actuellement et ce qu'ils vont contenir, le ministre sait
très bien qu'il n'a même pas le droit de les soumettre aux
députés parce que cela appartient à l'Exécutif.
Il ferait un impair épouvantable s'il communiquait aux
députés ou à la presse ou à quelqu'un d'autre
à l'extérieur de cette Assemblée le contenu des
règlements. Alors, comment pouvons-nous actuellement être contre
cette motion du député de Portneuf qui ne fait que rendre service
aux députés autour de la table, y compris les
députés ministériels qui semblent tout à fait
d'accord pour leur sourire avec les propos que je tiens? J'ai hâte de
voir, par exemple, comment ils vont exprimer cet accord dans le vote qui va
être pris tantôt. Naturellement, l'incohérence n'est pas une
faute mortelle du côté ministériel. Ce n'est pas la
première fois qu'on verrait cela, mais il reste, M. le
Président...
Une voix: Cela fait longtemps que vous seriez mort.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que je viens
d'entendre deux députés qui viennent de s'éveiller. C'est
la première fois qu'ils ne sont pas d'accord avec ce que je viens de
dire, mais c'est seulement quand j'ai parlé de faute mortelle, M. le
Président. Est-ce qu'ils seraient en désaccord avec le
désir d'un député, qui représente quand même
une population, de connaître le contenu des règlements qui
touchent aux principes et aux critères? Est-ce qu'il y a un
député ministériel qui peut, non pas se lever,
naturellement, on ne se lève pas ici, mais qui peut prendre la parole
avec un peu de courage? C'est déjà arrivé à des
députés ministériels d'avoir un peu de courage. Est-ce
qu'il y en a un ici parmi les quatre que je vois devant moi qui va avoir le
courage de dire: Moi, je voudrais savoir ce que les règlements vont
contenir au niveau des principes dans les cas que j'ai mentionnés, y
compris le paragraphe b) qui remplace le paragraphe c) et qui parle encore des
conditions que les personnes physiques doivent remplir dans le cadre de ce
paragraphe?
Est-ce qu'il y a un député ministériel qui
réellement va avoir le courage de se lever et de dire: Moi, je ne veux
rien savoir? Moi, je suis un bon député, mais je ne veux rien
savoir des principes d'une loi, ni des critères. Je suis un bon
député et ces principes, cela ne m'intéresse pas. Lequel
de ces députés va réellement avoir le courage de se lever
et de dire cela?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Pour rendre service au député de
Marguerite-Bourgeoys, c'est parce que, quand il relira l'histoire, il
s'apercevra qu'il a fait une faute magistrale, lui, avocat; il a affirmé
tantôt que, par la loi, on établissait les modalités et
que, par les règlements, on établissait les droits. Je suis
convaincu que c'est un lapsus...
M. Lalonde: L'article 96, M. le Président.
M. Chevrette: Non, pour vrai, c'est ce que vous avez dit.
M. Lalonde: Non, par la loi, on établit les principes et
les critères. Par les règlements, on établit les
modalités.
M. Chevrette: J'espère que c'est cela pour vous...
M. Lalonde: Cela fait à peu près quatorze fois que
je le répète...
M. Chevrette: C'était pour vous rendre...
M. Lalonde: Naturellement, le député... Non, non,
je ne veux pas l'accuser.
M. Chevrette: Je ne vous envoie pas dire que vous
"filibustez".
M. Ciaccia: Qu'est-ce que vous cachez dans votre "coke",
vous?
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Chevrette: M. le député de Joliette-Montcalm
était sûrement retenu par d'autres devoirs à
l'Assemblée nationale lorsque j'ai commencé mon intervention et
je ne veux pas lui en tenir rigueur. Je l'ai répété
à plusieurs reprises. Je pense, à part cela, que c'est l'enfance
de l'art. N'importe qui ici sait ce qui doit être dans une loi; la loi
doit contenir les principes et les critères et les règlements,
c'est ce que j'ai dit, doivent contenir les modalités.
Le Président (M. Jolivet): C'est la deuxième fois
que vous le dites. M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je serai très bref en vous disant que la
réglementation... Peut-être que cela a existé dans le
passé, c'est-à-dire que les ministres ne consultaient pas les
membres des commissions parlementaires du côté ministériel
avant de rédiger des réglementations. En ce qui nous concerne, il
serait peut-être bon que ce soit dit. C'est que les ministres soumettent
les règlements aux députés intéressés des
commissions parlementaires. Ils consultent les députés; ceux-ci
peuvent dire ce qu'ils veulent. Donc, ce qui était fait chez vous n'est
pas nécessairement fait dans les autres partis, dans les autres
formations politiques. Nous ne nous sentons pas frustrés. Nous
connaissons les règlements. Je peux vous dire que nous participons
à l'élaboration des livres blancs. Nous participons aussi
à l'élaboration des politiques.
M. Lalonde: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant! M. le
député de Mont-Royal m'a demandé la parole.
M. Ciaccia: M. le Président... Le Président (M.
Jolivet): Oui.
M. Ciaccia: ... mes paroles ont peut-être
dépassé ma pensée. Pour les fins du journal des
Débats, je pense que j'ai fait une farce en disant: Qu'avez-vous dans
votre coke? Je ne voulais pas insinuer que vous aviez autre chose qu'un
Coca-Cola devant vous. Ce n'était pas une insulte que je voulais faire
au député de Joliette-Montcalm. J'espère qu'il ne l'a pas
pris dans ce sens-là.
M. Chevrette: Mais non! Voyons!
M. Ciaccia: Pour les fins du journal des Débats,
d'accord?
M. Chevrette: D'accord. Il n'y a pas de problème. Pas
besoin de l'ivressomètre à la porte.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur une question de règlement.
M. Lalonde: Le député de Joliette-Montcalm vient de
nous dire qu'il connaissait le contenu des règlements avant qu'ils
soient adoptés. N'est-ce pas un accroc à la Loi de
l'exécutif, M. le Président?
Le Président (M. Jolivet): Quant à moi, je n'ai pas
entendu cette chose-là. Ce qu'il a dit, c'est qu'il verrait que, dans le
futur, ce serait cela. Mais il n'a pas dit qu'il le connaissait, à moins
qu'il ne l'ait dit dans ce sens-là.
M. Chevrette: J'ai dit que les ministres ne craignaient pas de
consulter les députés intéressés dans
l'établissement des politiques et des réglementations à
venir.
Le Président (M. Jolivet): Ah bon!
M. Lalonde: II ne connaît pas le contenu du
règlement au moment où il est adopté.
Des voix: C'est cela.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'amendement...
Une voix: Vote enregistré.
Le Président (M. Jolivet): Vote enregistré. M.
Chevrette-Montcalm?
M. Chevrette: Je suis contre. Une voix:
Chevrette-Montcalm!
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Joliette-Montcalm.
Une voix: Ils ont changé le nom du comté.
M. Chevrette: Ce ne serait pas si mal, Chevrette-Montcalm,
à cette heure-ci.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. M. Gravel
(Limoilou)?
M. Gravel: Contre.
M. Chevrette: J'étais contre. En avez-vous pris note?
Le Président (M. Jolivet): Oui. M. Johnson (Anjou)?
M. Johnson: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Lavigne (Beauharnois)?
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Pour.
Le Président (M. Jolivet): Donc, le vote est clair. C'est
contre.
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): La proposition est toujours
l'article 13.
M. Johnson: L'article 13 est-il adopté, M. le
Président?
M. Pagé: Sur division.
Le Président (M. Jolivet): Adopté sur division.
M. Johnson: Article 14, M. le Président.
Substitution de personne
Le Président (M. Jolivet): II y a un amendement. Je vais
le lire pour les besoins du journal des Débats.
M. Johnson: Un instant, M. le Président. Il faudrait
peut-être expliciter que l'amendement vise à ajouter c'est
moi qui vous le fournis un paragraphe en dessous de 14 qui serait
14a.
Le Président (M. Jolivet): Donc, je vous le lis: 14a
"L'article 78 de ladite loi est modifié par l'addition de
l'alinéa suivant: Toutefois, une licence obtenue en vertu du premier
alinéa ne peut être renouvelée qu'aux conditions prescrites
par la présente loi pour le renouvellement d'une licence."
M. Johnson: M. le Président, c'est ce que je disais. C'est
un article additionnel à 14. Pourrait-on considérer 14? Ensuite,
j'introduirai 14a.
Le Président (M. Jolivet): Cela va.
M. Pagé: La motion d'amendement est acceptée, M. le
Président.
M. Johnson: Quant à 14, M. le Président, c'est une
modification à l'article 66 de la loi qui est entièrement du
droit nouveau dans la mesure où elle crée une infraction à
l'égard de la personne. C'est du droit nouveau dans le cadre de cette
législation, mais pas intrinsèquement, évidemment. C'est
simplement la création d'une infraction pour ceux qui utilisent le nom
d'une autre personne qui possède une licence ou pour une personne qui
utiliserait le numéro de licence de cette personne afin
d'exécuter ou de faire exécuter des travaux de construction.
C'est une infraction, évidemment, contre ceux qui sont tentés de
faire des fraudes.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Pagé: Vous ne pouvez pas dire qu'on ne collabore
pas!
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'article 14.
On a dit, M. le ministre, que l'article 14a était adopté
puisque le député de Portneuf a dit qu'il l'adoptait. Vous avez
peut-être des choses à ajouter?
M. Johnson: Non. 14a, d'accord.
Le Président (M. Jolivet): Article 15?
Salarié et artisan
M. Johnson: M. le Président, je pourrais peut-être,
afin de faciliter le travail de tous nos collègues, distribuer...
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Johnson:... en vrac l'ensemble des amendements...
Le Président (M. Jolivet): Cela va.
M. Johnson: ... que le député de Portneuf a
déjà, d'ailleurs, depuis quelques jours. (22 h 15)
Le Président (M. Jolivet): L'article 15, M. le ministre.
Avez-vous quelque chose...
M. Pagé: Non, on va laisser le ministre... Vous pouvez y
aller.
M. Johnson: À cet article, M. le Président,
évidemment, on entend modifier la définition du terme
"salarié", de façon à en exclure "l'artisan". D'autre
part, on donne une définition de l'artisan, ce terme qui n'est pas
actuellement défini dans la loi, et, comme nous le verrons plus loin, au
paragraphe b) de l'article 17 de ce projet, l'artisan ne sera plus assujetti
à la Loi des relations de travail de l'industrie de la construction,
sauf dans deux cas spécifiques. On remarquera que, dans cette
définition de l'artisan, finalement, on décrit bien qu'il s'agit
d'une personne qui n'emploie personne d'autre. C'est une distinction
extrêmement importante qu'il faut faire, si on veut comprendre l'ensemble
de la portée de l'article. C'est une espèce de "puzzle".
Finalement, ces lois de la construction sont une espèce de château
de cartes, et, à partir du moment où on retire ou remet une
carte, cela peut remettre en jeu tout l'équilibre, sur le plan
strictement de la qualité de la législation. Donc, on exclut
l'artisan des salariés et on définit l'artisan comme étant
cependant une personne physique, faisant affaire pour son propre compte, qui
exécute elle-même, pour autrui, et sans l'aide de salariés,
des travaux de construction. C'est tout ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, nous abordons maintenant
cet article 15, qui est le premier d'une série d'articles dont les
modifications et les amendements sont destinés à fixer le statut
juridique de l'artisan.
Nous abordons maintenant, M. le Président, un des aspects
contentieux du projet de loi en ce que les représentations
formulées par les groupes intéressés, les groupes
visés, ont eu cette occasion, dis-je, de faire part de leurs opinions
sur toute cette question des articles 15 et suivants du projet de loi 110, eu
égard au nouveau statut de l'article.
J'aurai certainement quelques commentaires à faire, lesquels,
entre autres, permettront de voir arriver d'ici quelques minutes mon bon ami et
collègue, le député de Beauce-Sud... Il va finir
bientôt, dans cinq minutes. Mon ami et collègue de Charlevoix aura
définitivement l'occasion de faire part de ses représentations
sur le sujet et aussi mon collègue, le député de Gatineau,
qui a eu à être confronté depuis le début de toute
cette question des artisans, du règlement de placement, ou autres, aux
impacts pour les régions frontalières, à l'impact des lois
qui sont présentées ou qui pourront l'être
éventuellement dans d'autres provinces, de façon à rendre
la pareille aux travailleurs du Québec oeuvrant à
l'extérieur.
M. le Président, cette modification, qui peut paraître
à prime abord assez bénigne, vient créer un groupe
particulier, une entité bien spécifique de nouveaux travailleurs
qui auront à évoluer dans le secteur de la construction, un
groupe parallèle qui sera non syndiqué, un groupe qui constituera
lui-même une entité. C'est tellement vrai que cette entité
s'en vient, M. le Président, que même le ministre du TravaiI et de
la Main-d'Oeuvre convenait avec moi, iI y a quelques jours, lors de
l'étude du projet de loi en deuxième lecture,
qu'éventuellement cela devrait déboucher sur la création
d'une association d'artisans au Québec.
M. Johnson: Je n'ai pas dit cela.
M. Pagé: En tout cas, c'est l'impression que j'en avais
eue. Remarquez que je ne peux pas vous citer au texte, mais je vous poserai la
question tantôt.
M. le Président, l'introduction de cette nouvelle notion dans ce
projet de loi 110 à la loi sur les relations de travail dans l'industrie
de la construction, témoigne et résulte d'une constatation de la
part du gouvernement et du ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Le
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre et le gouvernement viennent de
constater que leur règlement de placement dans l'industrie de la
construction devait être mis au rancart, mais de façon non
officielle. Le gouvernement, constatant ce fait, suite à des
représentations de l'Opposition, et probablement de
députés de la majorité ministérielle qui ont
certainement fait valoir leurs points de vue, pour avoir, eux aussi,
rencontré des contribuables, des électeurs dans leur bureau de
comté...
Vous savez, M. le Président, vous êtes député
d'un comté au nord du mien, le comté de Laviolette, très
beau comté d'ailleurs. Je pourrais prendre cinq minutes pour en parler,
mais de toute façon, on va parler des artisans.
Le Président (M. Jolivet): Cela enfreindrait le
règlement.
M. Pagé: D'accord. M. le Président, on a voulu
sensibiliser le gouvernement à toute cette question de l'application du
règlement de placement. On a eu une commission parlementaire, en mai si
ma mémoire est fidèle, sur l'avant-projet, sur le projet qui
devait s'appliquer le 1er juillet à la suite d'une question avec
débat du vendredi matin présentée par le
député de Beauce-Sud. On a eu l'application du règlement.
On a eu des questions soulevées à l'Assemblée nationale,
on a eu une motion de blâme que j'ai eu l'occasion de déposer
contre le gouvernement le 5 octobre.
Le projet de loi 110 et les dispositions relatives à l'artisan
impliquent que le ministre vient de reconnaître son échec au
chapitre du placement. Celui-ci crée une entité
complètement séparée. Vous savez, M. le ministre pourra
dire: Écoutez, ce n'est pas le règlement de placement qui est
amendé, mais cette disposition aura des effets sur le règlement
de placement. Mon collègue de Charlevoix, qui a une longue
expérience, qui a de l'autorité et qui a une maturité
politique, nous disait cet après-midi que dès l'adoption de la
loi 110, dès l'adoption de ces dispositions sur l'artisan, il y a des
travailleurs qui sont actuellement classés "B" ou "C" qui vont s'en
aller comme artisans. Si on tient pour acquis, et c'est bien le cas,
c'était dans le rapport de l'Office de la construction du Québec
il y a quelques semaines, que la construction, au Québec, a
baissé de 17% par rapport à l'année dernière, cela
implique qu'il y a une main-d'oeuvre disponible, qu'il y a moins de travaux,
moins d'ouvrage. J'ai rencontré nombre de personnes qui, cette
année, sont classées A, compte tenu de la période de
référence qui est 1977, et qui savent pertinemment qu'au moment
du renouvellement du certificat de classification elles seront classées
"B" parce qu'elles n'ont pas suffisamment d'heures effectuées en 1978.
Ces gens-là, qu'est-ce qu'ils feront? Ce n'est pas compliqué, la
porte sera toute grande ouverte pour qu'ils s'en aillent comme artisans. Et
là, ils auront deux choix. Celui de travailler seul, pour autrui, sans
être régi et c'est là que j'ai beaucoup
d'interrogations sans être un salarié. Sans être
soumis à des conditions minimales, parce que c'est populaire, le
ministre vient de présenter le projet de loi 126, si ma mémoire
est fidèle, sur les conditions minimales de travail, auquel on souscrira
probablement. De toute façon, on aura des échanges
là-dessus. J'en étais à dire que les artisans qui
travailleront pour autrui pourront négocier eux-mêmes le taux de
salaire payé. Qu'est-ce qui arrivera? On est en droit de
s'inquiéter. On est en droit de se poser des questions. Qu'est-ce qui
arrivera, purement et simplement, quand on tient pour acquis qu'on a une
main-d'oeuvre disponible, quand on tient pour acquis que le travailleur pourra
lui-même négocier, à rabais, le taux de salaire
payé? Qu'on prenne le cas des petites villes. Je serais curieux de
savoir le nombre d'immeubles d'habitation ou
de résidences qui seront construits à Joliette ou à
Donnacona au mois de janvier ou de février 1979. Je serais curieux de
constater aussi le nombre de travailleurs artisans qui seront disponibles
à cette période de l'année. Celui qui voudra faire
construire sa maison, son immeuble, négociera à rabais. Si de
telles mesures sont favorables à la paix sociale vous savez, les grandes
diatribes qu'on entend ici sur la paix sociale, et Dieu sait si on en entend
j'aimerais bien savoir en quoi. Il y a plusieurs interrogations sur cet
aspect du travail pour autrui. Cette personne, qui n'est pas salariée,
ne sera plus soumise aux règlements édictés, en vertu de
la loi 290, par le lieutenant-gouverneur. Elle ne sera plus régie par
l'Office de la construction du Québec, sauf pour les avantages sociaux
auxquels elle peut contribuer, et c'est strictement facultatif, jusqu'à
concurrence de 40 heures par semaine. Il y a beaucoup de questions. J'en ai
posé quelques-unes à l'égard de la Régie des
entreprises de construction qui n'aura comme attribut que d'émettre une
licence purement et simplement. Elle ne s'occupera pas de
sécurité. Elle devra aussi évidemment vérifier les
connaissances et le certificat de qualification. On peut donc présumer
que ceux qui sont classés "B" ou "C" s'en iront comme artisans. Le
salaire sera négociable.
Cela peut être interprété comme étant un bon
service à rendre aux travailleurs qualifiés qui actuellement sont
sans travail avec un certificat de classification "B" et "C", mais je ne suis
pas convaincu que c'est un service qu'on leur rend. Qui va s'occuper de la
sécurité? Sur quelle base de salaire contribueront-ils à
la Commission des accidents du travail si, une semaine, l'artisan peut
travailler à un taux de $5.50, la semaine suivante à $4.25 et
l'autre semaine à $9.80?
Il peut participer aux bénéfices sociaux jusqu'à
concurrence de 40 heures seulement. La participation aux
bénéfices sociaux sera déterminée par l'OCQ, mais
ce travailleur n'étant pas constitué en une entité,
comment participera-t-il à toute cette question des
bénéfices sociaux? Est-ce que ceux-ci seront
représentés par les associations patronales, les associations
syndicales ou s'ils se formeront en propre association? Ils seront régis
par la Régie des entreprises de construction du Québec.
On se rappellera qu'à plusieurs reprises, c'est arrivé
depuis quelques années, on disait que c'était difficile de cerner
et de suivre les artisans pour voir si tout est conforme en termes de loi et de
réglementation. Comment la Régie des entreprises de construction
du Québec pourra-t-elle vérifier tout cela avec seulement 8 ou 12
inspecteurs, selon le cas?
La question de la qualification des artisans. On se rappellera que,
lorsque le travailleur est un salarié, cette question que j'ai
soulevée cet après-midi est régie par l'Office de la
construction du Québec. Maintenant que l'artisan ne sera plus
régi par l'OCQ, ni par la Régie des entreprises de construction,
par qui sera-t-il régi au chapitre de sa qualification? Celui-ci pourra
aussi travailler pour un employeur professionnel et le nombre d'heures
n'interviendra pas du tout. Cela veut donc dire que l'employeur professionnel
pourra, au lendemain de l'adoption de cette loi, embaucher soit un travailleur
qui a, en plus de son certificat de qualification, un certificat de
classification "A" ou "B", si les "A" travaillent tous dans la région,
ou engager un artisan.
Cela voudra donc dire il faut appeler les choses par leur nom
qu'il va y avoir de la concurrence, surtout si on tient compte de la
baisse de la construction. Je donnais l'exemple en Chambre il y a quelques
jours et je voudrais le réitérer au ministre. Je m'imagine
l'employeur professionnel qui, pour un motif ou pour un autre, que ce soit
justifié ou non, ne veut pas avoir sur son chantier, autant que faire se
pourra, un travailleur appartenant à tel groupe syndical; cela peut
arriver. Le gars aura des "A" disponibles. Par l'affiliation syndicale, il
pourra dire: Tu fais partie du groupe que je ne veux pas et il aura toujours la
possibilité de se retourner vers des artisans et d'embaucher des
artisans. Il va y avoir de la concurrence, il y aura des affrontements et ce
n'est pas de nature, selon moi, à favoriser un climat social qui se veut
serein.
Sous cet aspect, l'employeur professionnel devra le payer au taux du
décret, c'est normal. Cependant, il est soumis au décret
seulement pour la question du taux horaire payé. L'artisan et le
ministre pourra me corriger; je l'invite à le faire si je me trompe
n'étant pas soumis au décret, cela peut aller aussi loin
que ceci: s'il arrive une grève ou un lock-out, l'artisan n'est pas tenu
de laisser son travail parce qu'il est régi par le décret
seulement comme étant un salarié. Cela va dans le sens d'un
projet de loi qui a été adopté l'année
dernière à peu près à la même date;
d'ailleurs, on avait siégé un samedi soir jusqu'à minuit
sur le projet de loi 45.
Le ministre pourra demander à ses conseillers juridiques si c'est
bien le cas, entre autres, que les pénalités de l'Office de la
construction du Québec ne s'appliqueront pas à l'artisan en cas
de poursuites compte tenu de cette disposition selon laquelle il n'est pas un
salarié au sens du décret. Qu'arrivera-t-il si les artisans
peuvent s'en aller demain matin pour les employeurs professionnels?
Qu'arrivera-t-il du ratio apprenti/compagnon? (22 h 30)
Ce sont différentes questions qu'on est en droit de se poser, de
se formuler actuellement. Ce sont des questions que j'ai posées; le
ministre n'y a pas répondu lors de sa réplique en deuxième
lecture; le ministre a indiqué à ce moment-là qu'il
voulait privilégier le débat à la commission parlementaire
qui devait commencer lundi dernier, soit dit en passant. Sur cela, on pourra y
revenir; on pourra parler une demi-heure là-dessus tantôt si vous
le voulez.
M. le Président, je me pose de sérieuses questions sur le
fait que l'artisan soit complètement exclu du champ d'application de la
loi 290. Je m'en pose sur le fait que celui-ci puisse négocier à
rabais les taux de salaires payés. J'en ai formulé d'autres;
j'aimerais
bien, M. le Président, dès l'amorce de l'étude de
l'article 15, qu'on puisse, dans un premier temps, vider toutes ces questions
et, par la suite, cela ira peut-être plus vite pour l'adoption des
articles subséquents.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: J'ai moi aussi plusieurs points d'interrogation, M.
le Président, en lisant cet article, sur la définition même
du mot artisan. On y lit: "Une personne physique faisant affaires pour son
propre compte, qui exécute elle-même, pour autrui et sans l'aide
de salariés, des travaux de construction." J'en suis à me
demander si l'artisan, selon cette définition, pourra travailler en
compagnie d'autres syndiqués. À première vue, en lisant le
texte du paragraphe t), je me demande ce que cela veut dire exactement, parce
qu'au niveau du projet de loi 110, on avait constaté que le statut
d'artisan pourrait peut-être porter préjudice aux petites et
moyennes entreprises et également aux travailleurs de la construction si
l'artisan peut aller travailler avec d'autres à la réalisation de
constructions. Également, la modification dit que s'ils travaillent sur
un chantier de construction, ils seront payés au taux du décret,
je crois. Or, si l'artisan peut remplir de telles tâches, cela va
certainement créer sur les chantiers de construction deux groupes
distincts et vous n'êtes pas sans savoir que lorsqu'il y a deux groupes
distincts exécutant peut-être les mêmes travaux, il peut y
avoir différents conflits très difficiles à évaluer
actuellement.
Également, lorsqu'il y aura grève, si les autres sont
syndiqués et que les artisans ne le sont pas, cela est encore un point
d'interrogation. J'aimerais que le ministre clarifie tantôt ou explique
clairement le sens de ce paragraphe.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, ce ne sera peut-être
pas brillant, parce que d'abord, je m'excuse, comme mes autres collègues
qui sont ici, d'avoir été dépouillé de ma cravate.
J'imagine que les gens seront plus prudents tantôt en sortant de la
salle.
M. Cordeau: Consolez-vous, j'y ai aussi passé.
M. Mailloux: Je m'excuse si mes propos semblent décousus
après quelques nuits passées ici à l'Assemblée
nationale; tout le monde est à peu près dans le même cas,
j'imagine.
M. Johnson: Décousus ou coupés.
M. Mailloux: Plus j'écoute expliquer le projet de loi
qu'apporte le ministre, moins je suis convaincu qu'on va régler certains
des problèmes que veut régler le ministre. Ces problèmes,
à plusieurs occasions, mes collègues de Portneuf, de Beauce-Sud
et moi-même avons présenté des motions et avons posé
des questions au ministre du Travail. En déposant ce projet de loi, on
ramène une catégorie d'arti- sans, et je pense que, du milieu
rural que tous trois nous représentons, dans mon esprit, des artisans
oeuvrant dans ces comtés, il y en avait peut-être cinq ou dix pour
cent qui ont toujours été, en fait, des artisans.
Pour autant que ces artisans seraient confinés essentiellement
à travailler dans le secteur d'activités dans lequel ils
étaient auparavant, je pense qu'il n'y aurait pas de problème
majeur. Mais l'interrogation qu'on a eue à l'esprit, cela ne visait pas
le "cheap labour". D'abord, je l'ai dit cet après-midi. Cela visait
principalement, quand même, des gens qui, à travers le milieu
rural, et j'ai avancé, je peux l'avancer également devant des
gens qui sont plus familiers avec les métiers de la construction... Je
pense que, dans les 50 comtés ruraux, on a une moyenne d'environ 100 ou
125 personnes qui travaillent dans les métiers de la construction. Le
député de Beauce-Sud dit même que son estimation, c'est
à peu près 200; suivant qu'un comté rural a plusieurs
entrepreneurs et qu'un autre fait exécuter ses travaux par les
entrepreneurs d'un autre comté, c'est une moyenne de 100 ou 150 dans ces
comtés.
On constate également que la plupart de ces gens, n'étant
pas du "cheap labour", puisque j'ai mentionné les salaires qu'on leur
verse ou qu'on leur versait dans les années précédentes,
sont des gens qui, en raison du climat que connaît le Québec, en
raison du fait qu'ils demeurent et qu'ils rendent des services dans un milieu
où la construction est moins importante que celle qu'on a connue dans la
région de Montréal, que celle qu'on connaît actuellement
à la baie James, que celle qu'un comté comme Saguenay a connue
lors des constructions des barrages, doivent être confinés
à des travaux qui sont dans un comté donné. Je mentionnais
en Chambre récemment que c'est cette industrie qui, quand même, a
construit ce qui est le milieu domiciliaire un peu partout dans le
Québec et on en a encore besoin. On retrouve également, et je le
mentionnais cet après-midi, des cas qui nous sont soumis venant des
grosses centrales syndicales comme la FTQ, la CSN ou la CSD, des gens qui
reviennent de la baie James, étant donné qu'en période de
printemps, il n'y a pas de travail dans la région où ils
demeuraient, à Saint-Urbain, Saint-Hilarion ou ailleurs, des jeunes qui
ont de 27 à 30 ans, bons opérateurs de machinerie lourde,
menuisiers ou autres, qui viennent d'être libérés en
décembre et nous avertissent à tour de bras que, quoique
l'employeur soit satisfait de leur compétence et du rendement qu'ils ont
donné, il n'est pas en mesure de les rappeler en janvier à moins
d'un changement profond à la loi.
Est-ce que le ministre a voulu régler le problème des gens
qui ne pourraient atteindre les mille heures obligatoires pour obtenir une
classe "A" en disant: II y a quand même le terme "artisan" qui vous
permettra de vous engager pour un employeur qui peut être un entrepreneur
de la baie James? Je pense que ce n'est pas là que mes collègues
et moi-même avons voulu diriger le règlement que nous
espérions. Je vous l'avouerai
bien franchement au départ. Des problèmes que je ressens
chez moi ou qu'on ressent un peu partout dans nos comtés, j'aurais cru
que le ministère du Travail allait peut-être, pour des travaux
donnés... Je ne dirais pas, s'il arrivait une centrale à
réserve pompée à Portneuf qui entraîne des travaux
de $600 millions à $700 millions, probablement que cela aurait
appartenu, comme d'habitude, à de véritables travailleurs de la
construction qui sont sur des grands chantiers. Cela peut arriver, $1 milliard.
On annonce un projet de $700 millions à $800 millions sur les hauteurs,
une station à pomper à Saint-Tite-des-Caps. Dans mon esprit, ce
sont des travaux qui auraient appartenu à des gens qui viennent des
métiers de la construction et qui ont l'habitude d'aller sur ces
chantiers.
Je croyais que le ministre du Travail, pour tâcher de conserver
à des gens qui ont quand même fait l'apprentissage requis, qui ont
obtenu les cartes de qualifications requises, qui ont exécuté,
bon an mal an, pendant 5 ans, 10 ans, 15 ans, 20 ans, un travail dans lequel
ils se sont spécialisés, dans lequel ils se sont
améliorés, qu'on aurait peut-être laissé cette
construction ou cette réparation au milieu rural et qu'on leur aurait
permis, par la carte de compétence dont ils disposaient, de continuer
à pouvoir oeuvrer dans ces milieux, étant par contre exclus des
grands chantiers qui, à mon sens, reviennent aux travailleurs de la
construction, d'où qu'ils viennent dans la province de Québec. Je
pense que c'est assez clair dans mon esprit et j'ai mentionné
aujourd'hui le phénomène que j'avais au ministère des
Transports où on avait 135 usines d'asphalte éparpillées
partout dans le Québec et ces usines sont éparpillées pour
des raisons bien précises; c'est que les usines d'asphalte qui sont
à Matane, à Mont-Joli ou dans le fond de la Gaspésie, ne
peuvent oeuvrer pendant sept mois par année.
Le temps leur permet d'oeuvrer à peu près trois ou quatre
mois si elles obtiennent des contrats du ministère. Je pense que rares
sont les usines qui seraient en mesure de donner 1000 heures de travail;
à mon sens, je n'en vois pas qui seraient capables de donner 1000 heures
à ceux qui, comme hommes de métier, travaillent comme
opérateurs de machine à des usines d'asphalte en raison du climat
que l'on connaît. On sait que nous ne sommes pas à Miami.
Qu'arrivera-t-il des gens qui, dans tout le milieu rural, devaient
exécuter des contrats d'amélioration de fermes, pour lesquels les
heures ne comptent pas? Encore là, on a un problème majeur. Il
n'y a plus personne je ne voudrais blesser personne, mais à part
les véritables branleux que personne ne veut engager, qui voudra faire
de l'amélioration de fermes tantôt. Cela va simplement être
véritablement les déclassés, ceux qui voudront aller
opérer ces machines, et je pense que les cultivateurs auront à en
souffrir.
Tel que le disait mon collègue de Portneuf, tantôt
je n'en veux pas aux véritables travailleurs de la construction
en amenant la notion d'artisans et en élargissant leur pouvoir de
travailler de la façon qu'on le fait, j'ai bien l'impression qu'ils
n'ont pas le salaire de "cheap labour" mais le véritable salaire qu'on
leur versait et, dans un avenir prochain, cela va être un fouillis
indescriptible, dans la province de Québec. Ce sera un fouillis
indescriptible, ils ne seront presque pas régis par quoi que ce soit ou,
s'ils sont régis, au fur et à mesure qu'ils voudront occuper le
marché du travail, ils vont prendre les moyens en se faisant classer
artisans, en obtenant une licence pour être engagés à des
conditions que personne ne souhaite.
Je me suis même demandé si, actuellement, en adoptant un
tel règlement, et je ne voudrais pas accuser le ministre, devant le fait
que les ouvriers de la construction, ici dans le Québec, sont rendus
à des salaires beaucoup plus élevés que dans des
régions comme la Floride, où l'on sait que les salaires sont
beaucoup plus bas, on n'espère pas que cela va amener un peu partout une
baisse de ces coûts. Ce n'est pas une accusation que je porte, mais je
dis que c'est quand même une réflexion qu'on est en droit de se
faire parce qu'il demeure que les gens, quand ils vont travailler à $16
ou $17 l'heure, trouvent qu'une réparation coûte cher. Quand ils
savent qu'ailleurs, dans des endroits privilégiés, cela
coûte moins cher, ils en sont peut-être à se demander s'il
ne faudrait pas revenir à des conditions meilleures.
C'est là la réflexion que j'ai à l'esprit, au
moment où on amène un tel amendement. Nous aurions plutôt
espéré qu'on distraie le milieu rural de l'obligation de faire
1000 heures pour ceux qui, ayant prouvé leur compétence, sont en
mesure de nous rendre des services. Je conviens qu'on n'aura pas l'obligation
de payer les $145 par semaine, si l'artisan n'est plus en mesure de travailler.
J'ai l'impression que cela va amener une perturbation telle, dans les
métiers de la construction, que le ministre du Travail, en voulant
régler un problème, va en créer de multiples.
C'étaient les quelques observations que je voulais faire, mais ce
n'est pas dans ce sens-là que j'espérais que le ministre du
Travail allait permettre à nos gens de continuer à gagner leur
vie, de continuer à rendre les services qu'ils rendaient. Je veux bien
que le ministre comprenne que, dans toutes les interrogations qu'on a eues
à l'esprit et qu'on a formulées en Chambre, on n'a jamais voulu
protéger le "cheap labour" dont, un moment donné, il nous a
parlé.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, beaucoup de choses ont
été dites. Je vais essayer de faire un exercice vocal. Je vais
essayer de me restreindre à 7 ou 8 minutes tout en faisant le tour de
l'ensemble de cette question, en suivant certaines des choses précises
qui ont été évoquées. Je voudrais d'abord rassurer
le député de Charlevoix, dont je connais l'expérience et,
je pense, l'implication profonde qu'il a, face à ces problèmes.
Je pense qu'il les a à peu près tout le temps je dis bien
à peu près tout le temps évoqués avec
beaucoup de sérénité. Je voudrais simplement le rassurer.
Il
n'est pas question, comme je l'ai dit et redit à
l'Assemblée nationale, à plusieurs reprises, de geler le
règlement de placement dans la forme où il est. J'ai bien dit
qu'avant le mois de mars, avant l'émission des nouveaux certificats, la
réévaluation des régions, le critère d'embauche
régionale, les heures, les distinctions à faire, oui ou non,
entre les villes et le milieu rural, dans la mesure où c'est possible de
le faire. (22 h 45)
Tout cela serait envisagé avant le mois de mars. D'autre part, on
dit qu'à cause du règlement de placement, l'artisan, celui, par
exemple, qui aurait 800 heures, aurait tendance à vouloir se convertir
en artisan. Je voudrais simplement faire remarquer, qu'en vertu de la loi
actuelle, il peut le faire. Au moment où on se parle, il peut le
faire.
D'autre part, celui qui n'a pas de certificat du tout, même pas un
"C", a priori, je pense qu'on ne peut pas présumer que c'est un
salarié et que c'est probablement un artisan, pour le vrai, depuis
longtemps. Ceci dit, encore une fois, il faut le lire avec le règlement
de placement, il faudra le relire avec le nu, les modifications qu'il y aura
aux règlements de placement. Donc, je ne pense pas que cela soit
l'occasion d'un déversoir systématique. Si j'avais cette
conviction, je n'aurais pas présenté des amendements à la
loi dans le sens où je les présente. Je ne pense pas que ce soit
un entonnoir ou un déversoir systématique, bien au contraire.
Quant à la question du "cheap labour", je voudrais qu'on se rassure
là-dessus. Quand l'artisan traite directement avec un consommateur,
l'exemple que j'ai donné était: que ce soit pour réparer
des perrons, pour faire, finalement, de petits travaux ou des travaux, des
fois, moyens, participer à faire en partie une cuisine, etc., ce qu'on
dit, c'est: On ne le soumet pas aux taux du décret.
Il ne faut pas oublier qu'on a affaire à quelqu'un 1 ) qui a une
licence; 2) qui est qualifié il faut qu'il soit qualifié,
en vertu de la Loi de la main-d'oeuvre, donc, ce n'est pas n'importe qui qui
peut le faire; 3) qu'il va y avoir des exigences au niveau de la
sécurité; 4) qu'il va y avoir des exigences en termes de
cautionnement et de garantie.
Quand on met tout cela ensemble, ce n'est pas vrai que c'est
nécessairement simple pour un salarié classé "B" de passer
à un statut d'artisan. Cela ne nous rend pas la chose facile. D'autre
part, quand on tient compte du fait que les amendements que je propose à
la loi vont faire que l'artisan sera payé aux taux du décret,
quand il va travailler pour un employeur professionnel et qu'en plus de cela,
on met la restriction que l'artisan n'a pas le droit de travailler avec
quelqu'un d'autre, quand ce sera tout cela ensemble, je ne suis pas sûr
que ce soit un déversoir au règlement de placement.
Revenons spécifiquement maintenant sur certains problèmes
évoqués entre autres, par le député de Portneuf et
le député de Saint-Hyacinthe...
M. Mailloux: Avant que l'honorable ministre passe aux
observations de mon collègue, je pourrais poser une question au
ministre, s'il le permet.
M. Johnson: Oui, cela va.
M. Mailloux: Le ministre a dit principalement que l'artisan,
c'est quelqu'un qui réparait des perrons, des cuisines, n'importe quoi.
Il m'a dit tantôt: En mars, il faudra peut-être revoir le
phénomène du milieu rural où il y a un problème
particulier. Si le ministre, à ce moment, revoit le milieu rural,
j'attendrai. Je voudrais simplement faire la réflexion suivante: Un
artisan ne serait pas capable de construire sa propre maison dans le contexte
actuel. Il doit travailler seul, sans l'aide de personne. Le ministre sait
pertinemment...
M. Johnson: Pas dans le contexte actuel, mais en vertu de la loi
que je propose.
M. Mailloux: En vertu de la loi?
M. Johnson: Oui, parce que, dans le contexte actuel, il peut le
faire. C'est-à-dire que, en pratique, il le fait. Comprenons-nous
bien.
M. Mailloux: Mais, dans la loi actuelle, malgré sa bonne
volonté, normalement, cela prend au moins deux ou trois ouvriers pour
monter une charpente de maison. Sinon, cela va prendre des journaliers de la
construction au moins pour l'aider à monter n'importe quoi. D'où
l'obligation, si jamais on veut que ceux qui ont moins de 1000 heures puissent
continuer à en construire, de ne pas être confinés à
ce règlement.
M. Johnson: Je ne suis pas sûr que j'aie compris la
dernière phrase... d'où?
M. Mailloux: Si les ouvriers sont confinés à ce
règlement, les artisans ne seront plus en mesure de construire une
maison; ils devront travailler seuls.
M. Johnson: C'est cela. Ils pourront travailler avec un
non-artisan.
M. Mailloux: Pour un consommateur.
M. Johnson: C'est cela, mais ils ne peuvent pas travailler avec
quelqu'un qu'ils paient. Ils peuvent travailler avec un non-artisan.
M. Mailloux: C'est payé par le même...
M. Johnson: C'est cela, la distinction; elle est importante quand
on pense au déversoir qui est évoqué entre autres par les
centrales syndicales. ll y a des drôles de balises dans ce
déversoir quand on le regarde comme il faut. Maintenant, pour revenir
sur des questions spécifiques comme la question de la grève, au
moment où l'on se parle, en cas de grève dans la construction, on
sait qu'en général, à moins
de débrayages illégaux qui ne sont pas légion,
d'ailleurs, qui sont assez rares depuis un bout de temps, pour l'artisan, c'est
la même chose; il n'est pas plus couvert. Aussi, il faut regarder la
réalité de ce que c'est, une grève dans la construction.
Je me souviens de ce que j'ai vu à Saint-Pie de Bagot pendant la
grève de 1973 ou autour de cela, ou même un peu avant cela, et
dans le bout de Farnham, Saint-Hyacinthe où il y a des gens qui se sont
fait sortir des chantiers un peu raide. Il n'y a personne qui souhaite cela. On
sait que, lorsqu'il y a un mouvement de cette ampleur, cela donne lieu
habituellement à, disons, des raidissements de positions, y compris des
raidissements de colonne vertébrale. Les pénalités. C'est
vrai que l'artisan ne sera pas soumis aux pénalités de l'OCQ,
sauf qu'il va être soumis aux pénalités s'il ne respecte
pas le règlement de qualification de la loi de la main-d'oeuvre et aux
pénalités de la Régie des entreprises de construction.
Je pense qu'ici j'ai évoqué l'ensemble des questions
spécifiques qui avaient été posées. Alors, la
question générale, encore une fois, de dire qu'il y a là
un déversoir, je pense que, compte tenu des six éléments
que j'ai énumérés tout à l'heure quant aux
contraintes pour être un artisan, la facilité pour un employeur
professionnel d'utiliser ses services, mais, bon Dieu, il est obligé de
le payer au taux du décret et, finalement, iI est obligé de
passer des contrats individuels, ce qui est complexe. Aujourd'hui, on sait
qu'en l'absence de ces dispositions il y a des artisans l'exemple qu'on
donne, ce sont les "dry walls" qui ont fini, entre autres, la Place
Desjardins à Montréal. Ce sont des artisans qui ont fait cela
à forfait, malgré la loi qui existait, malgré la loi de
l'OCQ, malgré la définition de salarié qu'on y retrouvait
et la non-exclusion de l'artisan, etc. Je pense que cela va devenir beaucoup
plus balisé. C'est l'espoir que l'on met dans cela, en même temps
qu'on peut agir sur le règlement de placement lui-même pour tenir
compte, entre autres, de la réalité rurale, de façon
beaucoup plus concrète, en tenant compte évidemment aussi de taux
d'activité générale dans la construction.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Évidemment, je
m'excuse de ne pas reprendre les débats qui ont eu lieu et les
discussions. Quand même, je vais être assez bref. J'avais d'autres
interventions à faire à l'Assemblée nationale tout
à l'heure. À la fin de nos travaux, il faut parfois changer assez
vite de salle. Sur la question du règlement de placement, puisque le
ministre nous a dit, cet après-midi, son intention de tenir,
peut-être, une commission parlementaire... Est-ce que j'ai bien compris
le ministre?
M. Johnson: Je m'excuse.
M. Roy: Est-ce que le ministre songe à tenir une
commission parlementaire pour discuter du règlement de placement dans
l'industrie de la construction éventuellement?
M. Johnson: Oui, c'est entendu. Il y a une motion de la Chambre
à cet effet, et on est d'accord. Cela va se faire, en tout cas, avant le
1er mars. Cela peut être en janvier, en février, possiblement
à la mi-février. Vous serez avisés dix jours avant.
M. Roy: J'aurais tout simplement deux questions à poser au
ministre. Est-ce que le ministre a l'intention de nous faire parvenir un
avant-projet j'ai posé la question en Chambre aujourd'hui
avant le début de la tenue de cette commission parlementaire de
façon qu'on puisse l'examiner?
M. Johnson: Je pourrai, sans doute, faire parvenir, si la chose
est décidée, déjà, les documents qui sont
pertinents à cela, y compris les modifications au règlement de
placement, si elles sont décidées.
M. Roy: Si on pouvait avoir une idée des modifications que
le ministre entend apporter, évidemment, cela nous donnerait beaucoup
plus d'éclairage pour aborder toute cette question de l'artisan. La
grande crainte que nous avons, que j'ai pour ma part et je pense que mes
collègues ont certainement dû parler dans le même sens,
parce que c'est le problème que l'on retrouve un peu partout
c'est que les personnes qui ne réussiront pas à accumuler le
nombre d'heures pour avoir une carte de classification "A" dans le
règlement n'auront pas d'autre choix c'est bien important
que de se déclarer artisans si elles veulent travailler pendant
l'année. Non pas que cela va être un choix libre; cela va
être, en quelque sorte, un choix obligatoire à cause des
conditions du marché. Les artisans, évidemment, seront de plus en
plus nombreux. N'étant pas protégés par le décret
de la construction comme tels, ils pourront évidemment travailler
à des salaires inférieurs.
M. Pagé: C'est cela, à rabais.
M. Roy: Travailler à rabais. Jusqu'où cela peut-il
aller? Je ne le sais pas et je pense qu'il n'y a personne qui soit en mesure de
dire jusqu'où cela peut aller. Ce qui arrive, c'est que les petits
entrepreneurs dans nos régions qui embauchent de la main-d'oeuvre et qui
doivent respecter le décret, pour eux, il y a un problème qui va
se poser. Qu'est-ce qui va arriver aux petits entrepreneurs et qu'est-ce qui va
arriver par la suite à ces artisans qui demeurent quand même des
travailleurs de la construction comme telle, qui ont contribué à
un fonds de pension pendant un certain nombre d'années et qui ont acquis
quand même certains privilèges. Cette obligation de devenir
artisan est faite non pas à cause d'une décision librement
consentie, mais à cause de l'exigence même du règlement de
placement qui les place devant une situation, ils n'ont pas d'autre choix.
C'est: Prends cette route si tu veux gagner ta vie, sinon tu es un
chômeur. Là, il y a un problème. Quand on veut discuter du
cas de l'artisan dans ce secteur, il est évident qu'il y a des
problèmes qu'on peut retrouver dans les milieux ruraux, II y aura
également des problèmes dans les milieux urbains parce qu'on me
disait, il n'y a pas tellement longtemps, que dans la région
métropolitaine de Montréal, même sur l'île de
Montréal, le même problème peut se poser.
Le Président (M. Jolivet): Vous avez terminé, M. le
député?
M. Roy: Ce sont des questions que j'ai posées au
ministre.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. M. le
député de Joliette-Montcalm. M. le ministre.
M. Johnson: Encore une fois, le salarié qui, au moment
où on se parle, a un certificat "B" plutôt qu'un certificat "A" a
la possibilité d'être un artisan. Le problème que pose le
député de Beauce-Sud, ce n'est pas un problème qui est
soulevé par la loi. C'est un problème qui existait
antérieurement. À la rigueur, il peut être soulevé
par le règlement de placement. Cela, je veux bien. Il n'est pas
soulevé par la loi qu'on présente. On va avoir l'occasion de
discuter de tout cela à fond, quant aux implications du règlement
de placement, en commission parlementaire au mois de février. Encore une
fois, les balises concrètes qui existent pour devenir, pour passer d'un
état de salarié, qui comporte des avantages et qui comporte
également, dans le cas des centrales, des exigences, à celui
d'artisan avec les limites que cela peut impliquer pour lui quant à sa
capacité de travailler sur des gros chantiers et l'exemple, je
l'obtenais du président de la régie des entreprises de
construction c'est le suivant, je pense que c'est dans le cas des
électriciens actuellement, de la Corporation des électriciens, on
posait la question bien concrètement: Est-ce que, dans le cas des
électriciens, il y a des chantiers industriels ou commerciaux qui sont
bâtis par une série d'artisans électriciens? Il n'y en a
pas. Cela obligerait l'entrepreneur professionnel à passer une
série de contrats individuels complexes. L'employeur n'est pas
intéressé à faire cela a priori.
Il y a des avantages souvent pour un employeur à avoir un
syndicat chez lui. C'est rare que l'AECQ l'admette, mais je veux dire, ils ont
avantage souvent à avoir un syndicat. En ce sens, ce n'est pas
nécessairement une incitation pour eux à avoir recours
systématiquement à des artisans sur des chantiers industriels ou
commerciaux. Maintenant, là où le bât blesse et il
faut peut-être se dire les choses franchement dans le cas des
structures syndicales...
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Johnson: Je comprends que M. Leclerc qui est très
intéressé à ces questions et qui est présent depuis
quelques jours ait des choses à dire. Il a eu l'occasion d'ailleurs de
m'en parler beaucoup. Il n'y a rien de méprisant...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! Messieurs, à l'ordre!
Une voix: II ne faudrait pas qu'il nous prête des
intentions. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas le droit de parler ici qu'il peut
nous prêter cette intention.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je vous en prie.
M. Johnson: M. le Président...
Une voix: Encore moins un ministre d'un parti... (23 heures)
M. Johnson: Un des problèmes qui est soulevé par
cela, en particulier dans les milieux ruraux... Il n'y a rien de
méprisant dans l'expression "là où le bât blesse".
C'est très clair que dans le cas des salariés syndiqués
qui ont recours à une structure syndicale qui leur est utile, comme
c'est normal qu'une structure syndicale le soit... Dans le cas de l'artisan
charpentier-menuisier de l'Île-aux-Coudres, qui est le cas que le
député de Charlevoix m'a souvent cité, c'est
peut-être dans ce cas précis une incitation à devenir
essentiellement et carrément un artisan. En ce sens, cela peut
effectivement affecter, d'une certaine façon, dans des endroits
localisés, dans des circonstances précises... Mais dans le cas de
gens qui ont un métier qualifié, qui remplissent tous les
critères que j'ai énumérés tout à l'heure,
c'est peut-être les inciter un peu à devenir des artisans. De
façon générale je persiste à croire que ce n'est
pas là un entonnoir ou un déversoir.
Le Président (M. Clair): Y a-t-il d'autres interventions
sur l'article 15?
M. Pagé: Quand M. le député de Beauce-Sud
aura terminé, j'interviendrai, M. le Président.
M. Roy: J'ai terminé pour le moment.
M. Pagé: Terminé pour le moment? D'accord.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf.
M. Chevrette: J'avais déjà demandé la
parole.
M. Pagé: C'est vrai. Je m'excuse.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. La question du mot
"artisan" tel que défini dans la loi 290... c'est-à-dire que dans
le terme "salarié" de la loi 290 le mot artisan était compris. Je
pense que c'est à la suite d'un amendement au décret qu'il a
été possible de considérer l'artisan entrepreneur comme un
salarié au sens du décret. C'est à cause
de l'ouverture faite dans la définition du mot "salarié",
dans la loi 290, si j'ai bien compris, qu'on a pu par la suite, apporter un
amendement au décret. Là n'est pas l'objet fondamental de mes
propos.
Ce que je veux dire sur l'artisan, c'est que l'argument fondamental du
député de Beauce-Sud était de dire qu'il y a des gars qui
seront forcés de devenir entrepreneurs artisans.
D'autre part, je ne sais pas comment clarifier cela. Il n'y a
peut-être pas de formule magique, mais tout le monde se plaint du fait
que l'artisan coupe le cou au travailleur syndiqué. Tout le monde se
plaint que l'artisan se fait payer en-dessous de la table. Tout le monde admet
que dans les petits milieux ruraux il est difficile d'aller chercher 1000
heures pour se classer comme travailleur. Un bon nombre de personnes
reconnaissent également qu'il y a des salariés qui,
indépendamment du fait qu'ils sont des salariés non-artisans
reconnus, font aussi des travaux le soir dans des sous-sols à $4 ou $5
l'heure.
Un choix doit se poser à un moment donné. On
légalise une situation ou on la laisse continuer telle quelle. Il est
bien évident que...
M. le Président, je voudrais quand même intervenir en toute
quiétude et ne pas avoir à entendre...
Le Président (M. Clair): Je suis là pour cela.
M. Chevrette: J'ai accepté des insultes en dehors de la
Chambre, mais je n'en accepterai pas en Chambre.
Je reviens donc à ce que je disais. On a le choix de
légaliser une situation ou non. D'après moi, tant qu'à
jouer en cachette, il ne faut pas avoir peur de jouer franc jeu et de dire que
c'est un phénomène dans le milieu rural l'artisan
qu'il faut maintenir. À partir du moment où on accepte qu'il faut
maintenir le terme "artisan" et conclure de facto que le règlement de
placement vient interférer et qu'il n'y aura probablement plus
d'artisans... du même souffle le député de Beauce-Sud dit
que le gars risque d'être pénalisé en devenant artisan. Il
semble y avoir à mes yeux, en tout cas une certaine
contradiction. Je ne dis pas que vous vous contredisez. À mes yeux, en
tout cas, votre intervention ne semble pas claire. Dans un même
souffle...
M. Roy: Voulez-vous que je la clarifie tout de suite pour
éviter trop de discussions là-dessus?
M. Chevrette: Je n'ai pas l'intention de vous charrier, c'est ce
que j'ai compris tantôt.
M. Roy: La situation n'est pas claire non plus pour l'artisan. Ce
sont des hypothèses qui se retrouvent. L'artisan qui aimerait garder son
statut de travailleur, qui n'est pas intéressé à
s'inscrire comme artisan, à cause du règlement de placement, est
obligé de le faire, sinon il ne peut pas travailler.
La situation qui prévaut à ce moment-là est que la
personne perd son statut de travailleur parce qu'en choisissant le statut
d'artisan, elle ne peut pas avoir les bénéfices des deux statuts;
il faut qu'elle prenne un ou l'autre. En changeant de statut, elle perd les
avantages de l'autre mais si elle change malgré elle, à cause
d'une restriction...? C'est le point que j'ai voulu soulever. Je sais que ce
n'est pas facile à résoudre mais le problème existe.
M. Chevrette: Mais pour moi, M. le député de
Beauce-Sud, chez le salarié qui se déclare artisan à
l'office actuellement, quelle différence y a-t-il entre ce qui est
présenté et la situation qui existe? Il y a ce point-là.
Deuxièmement, est-ce qu'on va aussi maintenir l'ambiguïté du
fait que l'individu va garder son statut de salarié, qu'il va continuer
à faire de l'ouvrage en dessous de la table sans avoir un statut
d'entrepreneur, sans aucune garantie pour le consommateur?
Personnellement, il va falloir qu'on fasse son lit. Même si le
bât blesse et que cela choque, ce n'est pas une question de bât
blessé, de blessure... Arrangez cela comme vous voudrez, je trouve cela
personnellement incohérent de soutenir le fait qu'on déplore
qu'il y ait des enseignants, des pompiers et des policiers qui viennent faire
une saucette dans la construction pour voler du travail aux véritables
travailleurs de la construction et que du même souffle on donne au
salarié qui, lui, paye une cotisation syndicale cependant, le
privilège de faire des travaux en dessous de la table à des
coûts dérisoires et coupe-cou. Il va falloir faire son lit.
M. Roy: Si le député déplore le fait qu'il y
a des travailleurs qui vont couper le cou, travailler sous la table, la
question des professeurs, des pompiers, des chauffeurs de taxi, on n'a pas
à en discuter; on est entièrement d'accord là-dessus. Il
n'y a aucun problème, je pense, au niveau des membres de la
commission.
M. Chevrette: On ferait un bon bout.
M. Johnson: Ce que dit le député de Joliette, c'est
qu'il faut être cohérent et accepter l'autre aspect aussi.
M. Roy: Je comprends cela mais si on force le travailleur de la
construction, si on le force, c'est là que je dis... par le fait qu'il
ne peut pas garder son statut de travailleur. On a des représentations
à chaque jour à cause du règlement de placement.
M. Chevrette: À ce moment-là, M. le
député de...
Le Président (M. Clair): On s'adresse toujours au
Président.
M. Pagé: Parlez-lui.
M. Chevrette: Je m'excuse, M. le Président. M.
Pagé: Vous aimez qu'on vous parle. Le Président (M.
Clair): Oui, absolument.
M. Chevrette: À ce moment-là, il vaudrait mieux,
carrément, laisser le choix à l'individu salarié de
choisir le statut de salarié-artisan-entrepreneur je ne sais pas
comment vous arrangez cela mais vous battre sur d'autres choses si vous
voulez que le gars conserve son statut de salarié parce que quand le
député de Beauce-Sud, M. le Président, dit: On sera
forcé d'être entrepreneur, on dit: Le règlement de
placement va forcer le salarié à aller vers le statut
d'entrepreneur. Au lieu de se battre contre le statut d'entrepreneur qui assure
une protection du consommateur, il serait mieux de se battre sur le
règlement de placement pour qu'il devienne alléchant pour ne pas
qu'il devienne entrepreneur. Je veux dire: Tu te fais un lit et tu te bats avec
le lit que tu as choisi.
M. Mailloux: Sur le même sujet...
Le Président (M. Clair): Je pense honnêtement, M. le
député de Charlevoix, que le député de
Saint-Hyacinthe avait manifesté la volonté d'intervenir avant
vous. M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Pour ma propre compréhension du
problème parce que je pense que ce n'est pas simple, je ne veux
pas dire comme le ministre de l'Agriculture: C'est bien simple est-ce
qu'un travailleur qui a un certificat "B" et qui ne peut travailler parce que
seuls les travailleurs avec un certificat "A" doivent être
employés avant ceux du "B", lorsqu'il n'a pas d'ouvrage, peut-il
demander d'avoir un statut d'artisan? Par contre, lorsqu'il a son statut
d'artisan pendant une période de deux ou trois mois et qu'il constate
qu'il peut avoir du travail avec sa qualification "B", peut-il revenir sur le
marché du travail avec son certificat "B"?
M. Johnson: S'il a déjà été un
salarié et s'il a eu un certificat, oui.
M. Cordeau: II peut aller d'un à l'autre. M. Lavigne:
... d'un à l'autre.
M. Johnson: II ne peut pas compter ses heures indistinctement,
mais s'il a déjà été un salarié, il demeure
un salarié.
M. Lavigne: Pas de problème.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: À la suite des interrogations que posait
tantôt le député de Beauce-Sud à l'intention du
député de Joliette-Montcalm quand il disait que les gens de son
milieu vont être invités à sortir du statut de
salariés qu'ils ont maintenant pour aller vers la classification
d'artisans, comme il est 23 h 20, il est fort possible que cette loi ait des
problèmes à compter de minuit. Le ministre dit qu'en mars il fera
faire une étude peut-être de certaines régions et verra si
l'obligation de faire 1000 heures sera modifiée pour certains travaux
je dis bien là à ce moment-là, si cela
était arrivé en même temps, cela aurait peut-être
répondu aux interrogations du député de Beauce-Sud. Cela a
peut-être été le joint nécessaire. C'est en fait ce
qui va nous arriver tantôt, il va probablement falloir revenir lors d'une
autre session.
M. Johnson: Est-ce que le député de Charlevoix me
permet? Effectivement, idéalement, il aurait fallu que tout cela se
fasse en conjonction, les deux mois et demi qui vont se passer de maintenant
à l'émission des nouveaux certificats en vertu des nouvelles
dispositions du règlement.
M. Mailloux: II n'est pas sûr qu'on ne revienne pas en
Chambre avant deux mois d'après ce qui se passe de l'autre bord!
M. Johnson: Cela va dépendre! M. Mailloux: Oui.
M. Johnson: Évidemment, idéalement, il aurait fallu
pouvoir les harmoniser en même temps, sauf que, pour des raisons que j'ai
déjà évoquées en Chambre, ce n'était pas
possible. Je présume que le député de Charlevoix n'en est
pas responsable, cependant, quand il a évoqué qu'à minuit
il est possible qu'il arrive des problèmes à ce
projet-là...
M. Mailloux: Je constate!
M. Johnson: Oui, c'est cela. Mais, encore une fois, je reviens
sur ce que j'ai dit un peu précédemment, un parti vaut ce que
vaut la parole de son leader.
M. Pagé: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf invoque le règlement.
M. Pagé: Oui. Je n'en ferai pas une longue conversation de
débat ni de procédure, mais je vais mettre les cartes sur la
table et on va les mettre sur la table une fois pour toutes, avec ces
insinuations que je considère comme étant non fondées. M.
le Président, le mardi 12 décembre 1978...
Le Président (M. Clair): M. le député
de...
M. Pagé: M. le Président, on ne se laissera pas
charrier...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf!
M. Pagé: M. le Président, ce n'est pas vrai, je
m'excuse. J'ai invoqué le règlement pour soutenir...
Le Président (M. Clair): J'invoque moi-même le
règlement à titre de président, j'ai le droit de le
faire simplement pour inviter les membres de cette commission à
la modération. C'est un secret de polichinelle que des problèmes
semblables à ceux qui sont en train de naître ici ont eu lieu de
l'autre côté.
M. Pagé: Oui, le bordel vient de prendre de l'autre
côté, là! Et si le ministre continue, cela va prendre
ici.
Le Président (M. Clair): S'il vous plaît, M. le
député de Portneuf!
M. Pagé: II va s'apercevoir que cela va se prendre
à deux, le tout dit très sereinement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf, c'est simplement pour vous dire que, de l'autre côté,
finalement, je pense que cela n'a pas avancé le débat!
M. Pagé: Non.
Le Président (M. Clair): Je constate que vous
désirez intervenir sur une question de règlement pour faire
allusion à des faits qui se seraient déroulés en dehors de
cette commission.
M. Pagé: Oui, auxquels fait référence le
ministre.
Le Président (M. Clair): ... auxquels fait
référence le ministre, et si...
M. Pagé: Le ministre ne remettra en cause ni en doute la
parole des libéraux, ce n'est pas vrai! Parce que je vais me
défendre. Certainement! On va voir qui a brisé sa parole depuis
une semaine!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, sur la question de
règlement...
M. Pagé: Est-ce que vous me donnez la permission de
rétablir les faits?
Le Président (M. Clair): C'est le député de
Charlevoix qui désire intervenir...
M. Mailloux: ... je pense bien qu'il faudrait quand même
être assez honnêtes dans nos déclarations. C'est quand
même le ministre du Travail qui vient de dire que c'est la parole du
leader de l'Opposition officielle qui n'a pas été tenue.
J'étais en Chambre, comme l'honorable ministre du Travail, au moment
où le leader de l'Opposition officielle a demandé au premier
ministre et au leader du gouvernement de faire leur lit et de choisir dans les
quatre heures qui demeuraient à la session, de faire avancer les projets
qu'ils voulaient faire avancer. C'est l'offre qui a été faite par
l'Opposition officielle. Le gouvernement a choisi d'amener des projets
d'agriculture. Tantôt, on les a retirés! Je pense que ce n'est pas
mettre en doute la parole du...
M. Pagé: II y a un autre élément, M. le
Président. Je vous demanderais, si c'est possible, de rétablir
les faits ou encore si le ministre... Non. Vous allez arrêter de lancer
des flèches! Cela se lance à deux, je m'excuse.
M. Johnson: Vous vous sentez comme une pelote
d'épingles!
M. Pagé: Si vous me permettez de rétablir les
faits, cela va me prendre trois minutes! On va "clairer" ce dossier-là
et on va passer à autre chose.
Le Président (M. Clair): Si vous me dites que c'est en
trois minutes, je le souhaite. (23 h 15)
M. Pagé: Oui, M. le Président. Le 12
décembre dernier, la loi 110 était déposée; il
était question de l'étudier le 13 ou le 14. Les deux leaders se
sont rencontrés, comme cela est normal que ça se fasse dans le
système parlementaire.
Les deux leaders ont discuté du menu législatif qui
restait entre cette date et la fin de la session prévue pour dans 36
minutes. Le leader m'a évidemment demandé mon opinion. Il va de
soi qu'un gouvernement qui a une majorité, s'il veut adopter un projet
de loi, il l'adopte.
M. Johnson: II y a un règlement sessionnel...
M. Pagé: Attendez un peu, ne m'interrompez pas...
M. Johnson: ... il y a des maîtres-chanteurs...
M. Pagé: ... vous allez briser mes trois minutes.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: C'est votre règlement.
M. Pagé: M. le Président, le 12 décembre,
j'étais informé d'amendements qui allaient être
déposés par le ministre. D'ailleurs, il y en aura aux articles 16
et 17, si ma mémoire est fidèle. J'ai demandé au ministre
de me faire part de ces amendements le lendemain, donc de ne pas amener sa
deuxième lecture tout de suite. Je lui ai dit ceci par la voix de mon
leader, lequel en a convenu avec le leader du gouvernement. Le vendredi, 16
décembre c'était la condition, c'est toujours le leader de
l'Opposition qui parle si vous amenez, dès le début des
affaires du jour, le
projet de loi 110 pour étude et qu'on termine la deuxième
lecture du projet de loi 110, le vendredi 16 décembre à minuit,
donnez-nous une commission parlementaire à compter de lundi matin, 18
décembre, où on aura trois jours d'audition pour permettre de
présenter des motions, pour entendre les parties, pour permettre de
discuter du fond du projet de loi, pour présenter nos amendements dans
ce délai de trois jours, ce qui nous aurait permis de siéger
à partir de 11 heures ou 11 h 15 le matin jusqu'à 13 h, de 15 h
à 18 h et de 20 h à 24 heures.
À ces conditions, ou on aura terminé la deuxième
lecture le vendredi 16 décembre, parce que vous l'aurez amenée le
matin, ou les partis d'Opposition pourront se faire entendre pendant ce
délai de trois jours de commission parlementaire. Votre loi, vous
l'aurez le 21 décembre, c'est ce qu'on vous a dit. Mais ce n'est pas ce
que vous avez fait, ce n'est pas ce qui s'est passé c'est la
dernière minute qui me reste le gouvernement a amené la
loi 110 en deuxième lecture à 23 h 15, vendredi soir dernier,
sachant pertinemment qu'elle ne serait pas adoptée en deuxième
lecture avant vendredi soir.
La deuxième lecture ne s'est même pas continuée
lundi, à 17 heures, après la motion de blâme de l'Union
Nationale, mais, encore une fois, dans la nuit de lundi à mardi. Je
m'attendais, comme député de l'Opposition, critique de ce
dossier, qu'au moins la commission parlementaire soit amorcée mardi
matin. Même pas! Même pas mercredi matin. Cela a été
jeudi matin, la dernière journée, pour nous permettre
d'étudier une loi qui a peut-être seulement 28 articles mais qui
en amende 5 et qui a des implications dans tout le secteur de la construction.
Vous allez venir nous dire qu'on a renié notre parole. Voulez-vous que
je vous dise pourquoi vous avez refusé...
M. Johnson: Oui.
M. Pagé: ... de la faire siéger mardi ou mercredi?
D'une part, pour faire en sorte de limiter le débat sur le projet de loi
110, sachant pertinemment que tous les groupes étaient contre, limiter
la présence des travailleurs qui étaient mauditement
fatigués de passer trois ou quatre jours à Québec,
à $35 par jour pour la chambre, pour qu'il en ait le moins possible dans
la salle, que ça passe en douce à la veille de Noël.
M. Johnson: Ce sont des permanents syndicaux.
M. Pagé: II y a un autre élément que je
pourrais peut-être vous mentionner.
M. Johnson: Attention au doigt!
M. Pagé: Je serais pas mal curieux de connaître
l'appui qu'a le ministre du Travail au Conseil des ministres. Cela, c'est un
élément que j'aimerais savoir. On pourrait peut-être
prendre quinze ou vingt minutes pour discuter de ça.
M. Johnson: M. le Président, si le député de
Portneuf permet...
M. Pagé: M. le Président, j'ai rétabli les
faits et le ministre du Travail ne se permettra jamais de mettre en doute la
parole des libéraux. Quand nous, on signe un contrat et qu'une partie
ne...
M. Johnson: Regardez-moi bien aller.
M. Pagé:... le respecte pas, on est en droit de l'annuler.
M. le Président, je suis disposé... Le Président (M.
Clair): À l'ordre!
M. Pagé: Les faits sont rétablis, je suis
disposé à revenir à l'étude de l'article 15, parce
que j'ai des amendements et je vais faire mon travail.
M. Johnson: M. le Président, sur cette même
question...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Johnson: ... vous permettez, brièvement que je
répète ce que j'ai dit, qu'un parti vaut la parole donnée
par son leader.
M. Pagé: Vous ne l'avez pas tenue.
M. Johnson: Je maintiens ce que j'ai dit.
M. Pagé: Vous ne l'avez pas tenue, vous valez ce que vous
valez.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Johnson: Je maintiens ce que j'ai dit et je pense que les
semaines et les mois à venir nous permettront de le
démontrer.
M. le Président, je suis prêt à continuer, si on
s'imagine qu'on a peut-être la collaboration de l'Opposition encore pour
quelques minutes.
M. Pagé: Vous l'avez la collaboration, vous l'auriez eue
lundi ou mardi...
Le Président (M. Clair): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Johnson: Si vous aviez un critique financier, puisqu'on m'a
fait un procès d'intention tout à l'heure, M. le
Président, on m'a dit...
Le Président (M. Clair): À l'ordre...
M. Pagé: II n'y a pas de procès d'intention, ce
sont les faits.
M. Johnson: Oui, on m'a dit que les raisons pour lesquelles ce
projet avait été amené aujourd'hui était des
espèces de sinistres raisons. Le député de Portneuf
devrait savoir que l'habileté du député d'Outremont, comme
critique en matière financière, a paralysé une commission
parlementaire pendant une journée et plus...
M. Pagé: C'est notre faute!
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
M. Pagé: C'est encore de notre faute, ce n'est jamais la
faute de ce gouvernement-là.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Pagé: Quand ce n'est pas de la faute d'Ottawa, c'est la
faute des libéraux.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs! J'ai
l'impression de ne plus présider...
M. Pagé: Question de règlement.
Le Président (M. Clair): ... cette commission, mais d'y
assister. Je suspends les travaux.
(Suspension de la séance à 23 h 21)
(Reprise de la séance à 23 h 30)
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs, s'il
vous plaît.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre reprend
ses travaux pour continuer l'étude, article par article, du projet de
loi no 110.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... question de règlement. En vertu d'un
article du règlement que vous connaissez sûrement, on n'a le droit
d'imputer des motifs indignes à aucun des parlementaires. Les derniers
propos irresponsables du ministre du Travail avaient pour but d'imputer au
député d'Outremont, qui n'est pas ici actuellement, des motifs
indignes, à savoir de retarder les travaux de cette commission.
Je ne sais pas à quelle enseigne le ministre a trouvé ces
motifs, je ne sais pas où son imagination lui a permis de chercher, dans
la noirceur de son imagination, justement, ces motifs, mais je vais vous dire
une chose. Le député d'Outremont est critique de l'Opposition
officielle dans le domaine financier, dans le domaine du ministère des
Finances et du Revenu. Il a assisté, il a participé aux travaux
de la commission concernant huit ou neuf lois du ministère du Revenu ou
du ministère des Finances et je pense que c'est tout à fait
irresponsable, indigne de la part du ministre du Travail, de tenter de
camoufler l'incompétence du gouvernement laissez-moi finir
de camoufler l'incompétence du gouvernement, y compris celle du leader
du gouvernement à faire des travaux de cette Chambre quelque chose qui a
un peu d'ordre, sous le couvert du fait que la commission du revenu a pris
peut-être un peu plus de temps que prévu pour terminer ses
travaux, sur huit ou neuf lois très importantes, y compris le fait qu'il
n'y a pas tellement longtemps, cette commission a été
retardée simplement par le fait que le ministre des Finances
était malade. Ce qui a d'ailleurs été dit
publiquement.
Je pense que c'est tout à fait indigne de la part du ministre du
Travail.
Le Président (M. Clair): Messieurs, nous en revenons
à la question du député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, je voudrais revenir à
la question que je posais tout à l'heure à M. le ministre,
concernant le droit qu'a l'ouvrier qualifié possédant un
certificat "B" de passer du statut d'ouvrier salarié au statut
d'artisan. Vous m'avez dit que c'était possible et vice versa, le type
pouvait passer du statut d'artisan à celui d'ouvrier salarié.
Est-ce que le projet de loi que nous avons présentement devant
nous va continuer à accorder ce droit à l'ouvrier?
M. Johnson: Dans la mesure seulement où il a
déjà été salarié.
M. Cordeau: Oui, oui. Parce que, possédant un
certificat...
M. Johnson: Mais seulement dans la mesure où il a
été salarié.
M. Cordeau: Oui...
M. Johnson: Oui, dans la mesure où il a été
salarié seulement.
M. Cordeau : Dans le passé, iI n'a été que
salarié. M. Johnson: C'est ça. C'est ça.
M. Cordeau: Dès que le type a un certificat, soit A, B ou
C, il peut...
M. Johnson: II y a un problème de sémantique, dans
la mesure où il a été et non pas ou dans la mesure qu'il
n'a été. Dans la mesure où il a été
salarié, oui.
M. Cordeau: Oui, mais s'il a un certificat A, B et C...
M. Johnson: C'est ça, salarié, par
définition. M. Cordeau: D'accord.
M. Johnson: Ce ne sont que les salariés qui ont
ça.
M. Cordeau: D'accord.
Le Président (M. Clair): Sur l'article 15?
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: Le plus calmement du monde, les faits sont
rétablis, M. le Président, j'ai un amendement à proposer
à l'article 15. Je dirai au ministre que je conviens que toute cette
question est fort délicate. Ce n'est pas facile de trouver des solutions
bien arrêtées, bien définitives qui vont non seulement
faire le tour du problème, mais qui vont le régler. M. le
Président, entre autres, c'est un premier amendement que j'ai à
déposer. Je tiens à vous faire part que, peut-être, si on
avait eu trois jours de commission, on aurait pu faire ce qu'on vient de faire
depuis une heure, c'est-à-dire discuter sur les voies, les avenues
possibles de solutions.
M. le Président, je présente l'amendement suivant à
l'article 15, qui se lit comme suit: article 15b-t) artisan; le libellé
de l'article, tel qu'on peut le lire actuellement: "t) "artisan": une personne
physique faisant affaires pour son propre compte, qui exécute
elle-même pour autrui et sans l'aide de salariés des travaux de
construction."
M. le Président, l'amendement vise à remplacer les mots
"pour autrui", par les mots "pour un consommateur".
Le Président (M. Clair): Je déclare cet amendement
recevable.
M. Pagé: D'accord. M. le Président, je peux, pour
l'information de mes collègues députés, me
référer tout de suite à la définition que le
législateur fait d'un consommateur, et ce dans la loi 72 qui vient
d'être adoptée ou qui est sur le point d'être adoptée
au salon bleu. "Un consommateur est une personne physique, sauf un
commerçant qui se procure un bien ou un service pour les fins de son
commerce." Commerce est précis ici non pas dans le sens de commercial,
mais de sa propriété.
M. le Président, je conviendrai, dès le départ, que
ce premier amendement n'est peut-être pas la solution à tous les
maux, à tous les aspects du problème qu'on a eu l'occasion de
mettre en relief. Cet amendement témoigne, tout au moins, de mon
opinion, de l'opinion de l'Opposition officielle, à savoir qu'on tient
pour acquis que les artisans ont existé, que ça existe, ce
statut. Je n'y inclurai pas tout de suite toute la question de savoir s'il doit
être un salarié ou non, à quel moment il devient un
salarié, par qui doit-il être régi, les questions de
sécurité et tout ça. On abordera ça par la suite,
une fois que l'amendement sera débattu ou encore, si mes
collègues veulent élargir le débat, on pourra en discuter
tout de suite.
On convient qu'il y a des personnes, des travailleurs dans le secteur de
la construction qui ont un statut d'artisans. Le député de
Joliette-Montcalm a mis en relief des faits qui sont vrais, à savoir que
le législateur est peut-être justifié de se demander ce qui
arrive avec ce statut, tout ça. M. le Président, je conviens
qu'un travailleur qui se définit ou qui choisit d'être artisan
puisse continuer à travailler pour autrui, dans une relation, dans un
contrat, si on peut appeler ça ainsi, avec un individu pour la
construction de sa maison, pour les travaux dont le consommateur a souvent
besoin, que ce soit la finition d'un sous-sol, la réparation d'un toit,
des modifications à l'intérieur d'une résidence ou
autre.
Cependant, je ne vois pas en quoi le gouvernement peut être
justifié, actuellement, en plus de donner un statut, de créer une
entité avec les personnes qui ont déjà ce statut, en plus
de leur permettre de travailler pour un individu, pour un consommateur dans la
construction de sa résidence ou autre, de leur permettre de travailler
pour un employeur professionnel.
M. le Président, l'amendement vise à limiter pour
l'artisan le droit de travailler pour un employeur professionnel. Je n'ai pas
d'objection, comme député...
M. Johnson: Consommateur ou employeur professionnel?
M. Pagé: Employeur professionnel. J'ai objection à
ce qu'il travaille pour un employeur professionnel; je veux qu'il travaille
pour un consommateur, c'est mon opinion. C'est peut-être un lapsus. Avec
l'horaire qu'on a, c'est peut-être explicable qu'on fasse des lapsus. Que
l'artisan choisisse, qu'on lui donne le privilège de choisir le secteur
dans lequel il évoluera. S'il veut conserver ou avoir le statut
d'artisan c'est bien, c'est à lui de le décider
qu'il s'en aille dans le secteur des transactions avec un consommateur, qu'il
aille construire des résidences, qu'il aille monter des charpentes,
qu'il aille faire tous les travaux inhérents à sa relation
possible avec un consommateur, une personne physique, j'en conviens.
À la commission parlementaire convoquée par mon
collègue, le député de Beauce-Sud, sur la question du
règlement de placement parce qu'à ce moment-là, on
étudiait différents choix j'avais évoqué la
possibilité de scinder en deux le secteur de la construction. C'est
peut-être vulgariser, mais je qualifiais ça de petite et de grosse
construction. La construction d'un centre commercial par un employeur
professionnel, la construction d'un centre militaire à Saint-Jean,
actuellement, d'après moi, M. le Président le ministre me
dira en quoi je peux me tromper ou en quoi ce
n'est pas justifié, l'opinion que j'ai devrait appartenir
à des salariés d'abord. Le ministre nous a souventefois dit cet
été, lors de la présentation ou des discussions entourant
le règlement de placement dans l'industrie de la construction, que ce
secteur je reprends son terme que je ne fais pas nécessairement
mien appartienne aux véritables travailleurs de la
construction.
M. le Président, c'est l'amendement que je présente.
J'espère que mes collègues pourront participer et qu'on pourra
échanger des questions là-dessus, qu'on ne rejettera pas
ça du revers de la main, ça ne mérite pas d'être
rejeté du revers de la main. On pourra, par la suite, si le ministre le
juge opportun et si on en a le temps, ça pourra se faire à une
prochaine séance, je suis prêt à revenir le 27
décembre, vider la question de savoir si l'artisan doit être un
salarié ou non. On pourrait aborder la question, parce qu'on doit
présumer que, dans des délais assez brefs, les artisans, en vertu
du projet de loi 110, seront regroupés dans une association.
Si le gouvernement considère qu'il doit, pour le consommateur,
pour le public québécois, permettre à des artisans de
travailler dans leur résidence, sur leur perron de galerie, pour
utiliser un terme cher au ministre, si son objectif est de diminuer le
coût de la main-d'oeuvre, qu'il accepte de former une association
d'artisans, qu'il accepte de négocier avec eux des bases salariales qui
s'appliqueraient à tout le monde, et non pas de laisser libre cours aux
conditions du marché, où il y aura une rivalité terrible,
où il y aura des problèmes gigantesques qui seront
définitivement engendrés par cet état de fait et par cet
état de la loi.
M. le Président, j'en fais motion et j'espère qu'elle sera
retenue par les membres de la commission.
M. Johnson: M. le Président, sur la motion d'amendement du
député de Portneuf, il y a un premier problème qui se pose
en technique législative, c'est celui de la définition de ce
qu'est un consommateur. Je comprends qu'on peut toujours se
référer à une autre loi, mais, en droit statutaire, le
député de Portneuf...
M. Pagé: M. le Président, si le ministre me permet
un commentaire, ça impliquera mon amendement, j'ai peut-être omis
de le faire, pour revenir à l'article 1 pour les définitions, et
on pourra se servir...
M. Johnson: Ah bien oui, encore. Ah bon! M. Pagé:
Écoutez, ce sont des mécanismes. M. Johnson: D'accord,
mais ce n'est pas...
M. Pagé: On pourra discuter du fond plutôt que des
mécanismes.
M. Johnson:... M. le Président.
M. Pagé: La définition du mot "consommateur" que
j'ai prise, c'est celle du gouvernement, dans la loi 72. J'arrête
là-dessus.
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, évidemment, il faut
dire qu'être un législateur, c'est faire beaucoup de
mécanique, par définition. Même là, même avec
une définition qui pourrait être extraite de la loi 72, encore une
fois, il faut voir les implications concrètes. Celui qui est
propriétaire d'un triplex, sur la rue Aylmer, à Montréal,
qui fait venir un artisan pour réparer ses portes, si c'est dans sa
maison, en vertu de ça, ça peut être un artisan, mais si
c'est en haut, il faudrait que ce soit un employeur professionnel, parce qu'il
loue ses logements, ça pose des problèmes très concrets
qu'il faut analyser comme ça. C'est la raison, l'unique raison pour
laquelle je préférerais considérer que cet amendement,
nous aurons lieu de le revoir plus tard, lors des études
subséquentes qui précéderont la reprise de ce projet de
loi, mais il n'est pas question de l'accepter ce soir.
M. Pagé: Parce que vous voulez suspendre l'article 15, ou
quoi?
M. Johnson: On pourrait passer à l'article 16.
M. Pagé: M. le Président, j'apprécierais
peut-être avoir les commentaires de mon collègue de Beauce-Sud sur
mon amendement.
Le Président (M. Clair): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Disons que c'est un amendement qui répond aux
inquiétudes et aux suggestions que nous avions manifestées lors
d'une commission parlementaire à laquelle le député de
Portneuf avait fait allusion.
Ce que j'ai tenté d'illustrer tout à l'heure, c'est que,
dans la loi, on veut faire en sorte de contrôler, en quelque sorte
l'artisan, lui donner un statut et le contrôler en même temps. J'ai
voulu attirer l'attention du ministre sur le fait je ne peux pas
reprendre ça qu'à cause du règlement de placement,
on risquait de provoquer l'augmentation du nombre. On limite l'activité,
dans un certain sens, qui va dans le sens des recommandations que j'ai
déjà faites, parce que j'ai toujours compris que le secteur
domiciliaire, comme tel, devait faire l'objet d'un statut un peu particulier et
que cela a été une des grandes complications dans le secteur de
la construction.
Sans plus d'argumentation, M. le Président, je souscris à
l'amendement du député de Portneuf.
Le Président (M. Clair): Le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: La définition que vous avez donnée,
je ne l'ai pas à portée de vue, pourriez-vous me la relire,
j'aurais une question à poser?
M. Pagé: La définition du mot "consommateur"?
M. Chevrette: Oui.
M. Pagé: Une personne physique, donc ce n'est pas une
corporation, ça ne peut pas être un employeur professionnel
incorporé, une société, sauf un commerçant qui se
procure un bien ou un service pour les fins de son commerce. C'est un commerce
précis, pas dans le sens de commercial, mais dans le sens de son bien.
(23 h 45)
M. Chevrette: À Saint-Éphrem de Beauce, le marchand
général, qui est un commerçant, ne pourrait pas employer
un artisan pour faire des tablettes dans son entrepôt.
M. Pagé: Je conviens que cela met ce problème en
relief. C'est d'ailleurs ce à quoi je me référais bien
humblement par des exemples que je donnais au début.
M. Chevrette: C'est cela, cette loi.
M. Roy: N'oubliez pas que, si on permet de faire des tablettes,
on va permettre la construction du magasin.
M. Pagé: Je conviens que cela met en relief des
problèmes comme ceux-là, mais il faudra trancher à un
moment donné.
M. Chevrette: Voici le problème...
M. Pagé: Je préfère qu'on tranche que de
laisser cela...
M. Chevrette: Je vais fournir une petite argumentation. Le
problème, c'est que, dans le milieu rural j'en reviens toujours
au milieu rural quand il n'y a pas de grande ville à
proximité... Il y a des comtés... Dans mon comté, il y a
Joliette, avec 30 milles de rayon, c'est plausible, mais prenez le comté
de Kamouraska-Témiscouata, ou prenons Saint-Michel-des-Saints, où
il n'y a pas nécessairement d'entrepreneurs généraux. Ce
sont des artisans qui font le genre de "jobbine" dont on parle. J'avoue
franchement... Je vais voter contre l'amendement et, comme il semble bien qu'on
aura passablement de temps, j'apprécierais plutôt qu'on suspende
l'article. Plutôt que de l'abattre, seriez-vous d'accord avec la
suspension?
M. Pagé: Oui.
M. Johnson: Je pense qu'on a peut-être mis le doigt
si le député de Portneuf me le permet, je vais demander la
suspension de l'article sur le genre de difficultés que cela
pose. La réponse du député de Beauce-Sud met effectivement
le doigt sur le type de problème qu'on retrouve dans une industrie qui
est hyperréglementée et qui conduit à des choses qui
relèvent plus de l'aberration collective que du déroulement
normal des activités économiques et de la possibilité pour
des individus, qu'ils soient salariés ou artisans, de gagner leur vie
calmement.
Le député de Beauce-Sud dit: Si on permet les tablettes,
on va être obligé de permettre qu'ils construisent tout. C'est
tout cela, le problème de la loi de la construction, il est là.
Un amendement comme celui, par exemple, qui se réfère aux
consommateurs je comprends ce que vise le député de
Portneuf, je suis sûr qu'il est sincère; il n'y a pas de
problème dans ce cas-là c'est effectivement le genre de
choses qui nous ont été soulevées il y a plusieurs mois.
À mon ministère, on a étudié cela pendant des mois,
à la suite de revendications syndicales, patronales ou des milieux
intéressés, des municipalités ou autrement. C'est cela, la
complexité de cette loi qui, quel que soit le temps qu'on y passera, ne
se réglera pas, par définition. Peut-être que les membres
de cette commission feront partie de cette élite d'à peu
près 52 personnes au Québec qui comprennent toutes les lois et
les règlements de la construction, si on y passe de nombreuses heures.
Je le souhaite à tous les membres de la commission.
D'autre part, je voudrais dire, en demandant évidemment la
suspension de cet article, que nous devrons nous réunir en commission
parlementaire, probablement au cours du mois de février, pour
étudier la question du règlement de placement. Compte tenu du
fait que cette loi n'a pas été adoptée et qu'elle ne donne
pas au ministre le pouvoir de modifier les règlements de l'OCQ, nous
pourrons tous espérer, comme députés, que, si nous
parvenons à dégager des règles ou des choses
intéressantes au sujet du règlement de placement, nous prierons
le ciel pour que l'OCQ veuille bien modifier son règlement de placement,
de même que, pour les statuts de l'AECQ, étant donné que
nous n'avons pas le pouvoir de les modifier, il faudra espérer que ces
problèmes se règlent d'eux-mêmes.
Finalement, je dois vous dire, M. le Président, que l'effort que
nous avons fait avec ce projet de loi, c'était, c'est vrai, dans un
projet de loi omnibus de la construction, comme cela, à peu près,
a toujours été le cas depuis sept ans au Québec, de
normaliser certaines situations, d'apporter des amorces de correctif. Je
regrette évidemment les circonstances que j'ai évoquées et
qui me donnaient, peut-être dans une certaine candeur de membre de
l'Assemblée nationale depuis seulement deux ans, à croire que
nous pourrions peut-être procéder normalement à l'adoption
de ce projet de loi.
Je regrette les circonstances qui nous y ont amenés, d'autant
plus que je regrette finalement et je voudrais terminer là-dessus
que le député de Portneuf m'ait imputé des motifs
aussi sordides que celui de vouloir écoeurer les représentants
des salariés qui étaient ici et qui payaient des chambres
à $35 par jour. C'est un niveau de débat auquel je ne tiens pas
à toucher, M. le Président.
M. le Président, je demanderais la suspension des travaux de
cette commission.
M. Pagé: M. le Président, sur cette motion...
M. Johnson: C'est-à-dire que je quitte, alors la
commission ne siège plus.
M. Pagé: C'est débattable, il n'est pas minuit.
M. Johnson: C'est-à-dire que je quitte.
M. Pagé: Ah! vous quittez?
M. Johnson: On termine avec cela.
M. Pagé: M. le Président, j'espère que nous
reviendrons bientôt pour continuer ces travaux. Joyeux Noël, M. le
Président!
Le Président (M. Clair): La commission du travail et de la
main-d'oeuvre ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 51)