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(Dix heures trente-trois minutes)
M. LEBEL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs !
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus.
L'honorable député de Portneuf.
Commission des bills privés et publics
M. PLAMONDON: Pour M. Théoret, la commission des bills
privés et publics a l'honneur de soumettre à votre honorable
Chambre son septième rapport. Votre commission a décidé de
rapporter avec des amendements le bill 200, Loi modifiant la charte de la
cité de Lévis.
M. LE PRESIDENT: Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
L'honorable chef de l'Opposition.
Questions et réponses
Collège Marymount
M. LESAGE: Pourrais-je demander au ministre de l'Education s'il a pris
le temps de s'occuper hier du problème des élèves de
langue anglaise du secondaire à Sainte-Foy?
M. CARDINAL: Comme je l'ai mentionné en cette Chambre hier, j'ai
demandé à mes sous-ministres de voir ce dossier et de s'en
occuper particulièrement.
M. LESAGE: Pourrais-je demander au ministre de présenter
dès lundi un rapport à la Chambre sur ce problème qui est
extrêmement urgent? Le ministre de l'Education est aussi bien de savoir
que j'ai l'intention de lui poser la question tous les jours, tant et aussi
longtemps que le problème ne sera pas réglé. C'est un
problème d'une extrême urgence. Les gens sont inquiets, ils ont
besoin d'être rassurés, et j'espère que le ministre va le
réaliser.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Napierville-Laprairie.
M. BELLEMARE: Vous qui connaissez vos règlements, surtout.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Napierville-Laprairie.
Briqueterie de Delson
M. BAILLARGEON: Ma question s'adresse à l'honorable ministre du
Travail. Je lui en ai, d'ailleurs, donné avis. Une briqueterie,
établie à Delson dans le comté de Laprairie depuis 1928, a
annoncé qu'elle cessait ses opérations en décembre. Est-ce
que le ministre pourrait me dire si un programme de recyclage a
été institué pour que ces employés, dont le travail
se terminera en décembre, puissent être transférés
dans d'autres usines dans le secteur de Laprairie?
M. BELLEMARE: Je remercie l'honorable député de m'avoir
prévenu de sa question. Nous avons présentement un comité
de recyclage qui fonctionne. Il comprend les autorités
fédérales, la compagnie et les syndicats. Nous avons
déjà fait des démarches qui vont continuer pour le plus
grand bien de ces ouvriers qui sont obligés d'être
recyclés, pour quelques-uns et reclassés, pour d'autres, ou
transportés dans d'autres industries.
M. BAILLARGEON: Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Vaudreuil-Soulanges.
Budgets scolaires
M. GERIN-LAJOIE: Une question à l'intention du ministre de
l'Education. Le ministre pourrait-il dire à cette Chambre si les normes
du ministère de l'Education pour la préparation des budgets des
commissions scolaires ont été publiées?
M. CARDINAL: Ces normes ont été sanctionnées par le
conseil des ministres il y a environ trois semaines. Elles sont
présentement à l'impression pour être adressées aux
commissions scolaires.
M. GERIN-LAJOIE: Question supplémentaire. Le ministre est sans
doute au courant que les commissions scolaires régionales, en vertu de
la loi, doivent soumettre leur budget au ministère de l'Education, pour
approbation, avant le 31 mars, pour l'année suivante. Comment le
ministre compte-t-il que les commissions scolaires régionales peuvent
procéder si, aujourd'hui, 30 mai, elles n'ont pas encore les
normes budgétaires sur lesquelles elle doivent se baser?
M. CARDINAL: Les commissions scolaires ont quand même
été informées qu'il y avait très peu de
modifications à ces normes qui avaient été publiées
en juillet dernier. Nous les avons informées de ces modifications par
une circulaire. Ce n'est que le volume qui est publié chaque
année et contenant toutes les règles qui n'est pas encore
prêt, qui n'est pas encore envoyé aux commissions scolaires.
M. GERIN-LAJOIE: Question supplémentaire. Le ministre est-il au
courant que, depuis quatre ans, chaque année, les normes en question
sont publiées avec plus de retard que l'année
précédente?
M. LESAGE: Pas de réponse?
M. CARDINAL: Ce n'est pas une question, c'est un commentaire.
M. LESAGE: C'était une question.
M. GERIN-LAJOIE: Question supplémentaire. Le ministre croit-il
vraiment que c'est la façon dont les commissions scolaires peuvent
être invitées...
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre! M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
CEGEP de la Haute-Ville
M. LESAGE: J'ai posé tout à l'heure une question
concernant Sainte-Foy. Plus tôt, cette semaine, j'ai posé des
questions au ministre de l'Education concernant l'établissement du CEGEP
de la Haute-Ville. Est-ce que le ministre est en mesure de faire rapport
à la Chambre sur l'acceptation des deux institutions en cause, soit
l'école normale de Mérici et le collège des
Jésuites?
M. CARDINAL: Je ne suis pas en mesure aujourd'hui de faire ce rapport en
Chambre.
M. LESAGE: Est-ce que je pourrais demander au ministre de l'Education de
faire rapport lundi, en même temps qu'il fera rapport sur la question que
j'ai soulevée plus tôt?
M. CARDINAL: Je ferai rapport sur ces deux questions aussitôt
qu'il me sera possible de le faire, puisque mes officiers...
M. LESAGE: J'ai l'intention de poser des questions lundi, mardi. Ce sont
deux problèmes urgents qui doivent...
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Je pense que, vu la
réponse donnée par le ministre, cette question ne devrait pas
dégénérer en débat.
M. LESAGE: Je n'ai pas l'intention de faire de débat. Il est une
chose certaine, c'est que l'étude et le règlement de ces
problèmes doivent passer avant les intérêts personnels d'un
candidat à la chefferie d'un parti.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable ministre de l'Education.
M. CARDINAL: M. le Président, je regrette d'être
obligé de laisser cette intervention. Je le répète, en
cette Chambre, il ne s'agit aucunement d'intérêts personnels
auxquels le chef de l'Opposition a fait allusion, mais bien d'un
problème excessivement important, le choix d'un premier ministre.
Code de la route
M. BELLEMARE: Je voudrais demander à la Chambre si je pourrais
obtenir son consentement pour remettre en vigueur la commission qui avait
été formée le 31 octobre 1968 pour étudier les
amendements possibles à la refonte complète du code de la
route.
On me dit ce matin qu'une couple d'autres séances seraient
nécessaires pour entendre et préparer d'autres solutions. Je
pense que le député de Saint-Louis...
M. LESAGE : Si je comprends bien, hier, lorsque le rapport de la
commission a été fait, le ministre du Travail a
suggéré qu'il soit inscrit au procès-verbal, qu'il soit lu
mais non reçu.
M. BELLEMARE: D'accord.
M. LESAGE: J'en ai déduit que certaines choses dans le rapport ne
devaient pas plaire au ministre du Travail.
M. BELLEMARE: Non...
M. LESAGE : Un instant. Je ne blâme personne, je le comprends.
Dois-je en déduire que le ministre du Travail a réussi à
convaincre les
intéressés qu'il faudrait siéger à nouveau
pour modifier le rapport?
M. BELLEMARE: Non, pas le rapport. C'est parce qu'ils nous demandaient,
dans ce rapport, de voyager à travers la province.
M. LESAGE: Oui, en effet.
M. BELLEMARE: Alors, je pense que j'ai été bien prudent.
Je ne l'avais pas lu, mais quand je l'ai relu, je me suis opposé
à ça et j'ai dit: Un instant.
M. LESAGE: Ils n'ont pas demandé d'utiliser le jet à
Lesage?
M. BELLEMARE: Qu'est-ce que c'est ça?
M. LESAGE: Demandez au ministre de l'Education, lui il comprend, il le
sait.
M. BELLEMARE: Alors il s'agit simplement on me représente
qu'il y aurait des amendements urgents et qui seraient soumis de nouveau
à la commission de retrancher du feuilleton cette motion, le
rapport, et que la commission soit autorisée à siéger de
nouveau et à nous présenter un nouveau rapport lorsque ses
travaux seront terminés.
M. LESAGE: Alors, ce que le ministre du Travail demande, je crois, c'est
le retrait du rapport...
M. BELLEMARE: Oui. C'est ça.
M. LESAGE: ... du consentement unanime de la Chambre.
M. BELLEMARE: Et la permission de siéger de nouveau.
M. LESAGE: Ah bon! Il s'agira, purement et simplement, que le
procès-verbal contienne la note à l'effet que le rapport, de
consentement unanime, a été retiré, non pas rayé,
mais retiré, et de convoquer de nouveau la commission.
M. BELLEMARE: C'est ça. Merci. 1.
M. GERIN-LAJOIE: Je ne sais pas ce qui s'est passé au sujet de la
période des questions, mais j'avais à vous demander la permission
de poser une autre question quand le ministre du Travail est intervenu.
M. BELLEMARE: D'accord. Je fais mille excuses à notre
distingué député de Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je voudrais revenir à la
question posée hier par le chef de l'Opposition au ministre de
l'Education, question qui a paru être tournée un peu à la
blague et à laquelle nous n'avons pas eu de réponse, au sujet de
la venue du Beatle Lennon.
M. BELLEMARE: Cela a été donné hier soir.
UNE VOIX: ... voir le journal des Débats d'hier soir.
M. LESAGE: Quand même sur ce point, le ministre de l'Education
n'était pas en Chambre hier soir et Je voudrais souligner qu'hier
après-midi, à la période des questions, il s'est
lavé les mains, comme Ponce Pilate...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Mercier.
M. LESAGE: Je voudrais bien signaler à la Chambre, parce que le
ministre de l'Education n'était pas en Chambre hier soir, que ce sont
des pédagogues de son ministère...
M. BELLEMARE: M. le Président, ce sont des commentaires, et ce
n'est pas le temps de les faire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Mercier.
M. BOURASSA: Une question au ministre des Finances, M. le
Président. Comme il a été prévu que les
crédits du ministère des Finances seront discutés lundi,
serait-il possible au ministre...
M. BELLEMARE: Ce matin, en bas. M. BOURASSA: ... des Finances...
M. BELLEMARE: Oui. Le chef de l'Opposition vous l'a demandé hier.
Il y a eu entente.
M. BOURASSA: C'était pour lundi.
M. BELLEMARE: Non, c'est la Santé lundi.
M. LESAGE: Les Institutions financières.
M. BELLEMARE: Aujourd'hui, ce sont les Finances, en bas.
M. LESAGE: Non, non, il n'en a jamais été question, M. le
Président. Aujourd'hui nous discutons, en Chambre, d'abord du bill de
l'Hydro-Québec; il nous sera impossible de ne pas être en Chambre
avec le député de Mercier. Immédiatement après,
nous continuons l'étude du poste 7 des crédits du premier
ministre.
M. BELLEMARE: D'accord.
M. LESAGE: C'est le député de Mercier qui est
chargé, par l'Opposition, de la discussion de cet article. Après
cela, nous discutons les crédits 4, 5, et 6, du budget du premier
ministre, et c'est le député d'Outremont qui, avec moi, doit
s'occuper de cette discussion.
C'est ce qui apparaît à l'épreuve du journal des
Débats d'hier soir, dont j'ai copie en main au moment où
j'adresse la parole, M. le Président.
M. BELLEMARE: M. le Président, je n'étais pas en Chambre.
J'étais occupé, hier, à des choses fort sérieuses,
à débattre mes crédits. Je dois dire que cela s'est fait
dans un climat des plus favorables.
M. LESAGE: Est-ce qu'il s'est fâché ou bien...
M. BELLEMARE: Tous ont rendu témoignage à la
vérité que c'était un des ministères les plus
progressifs, avec un ministre dynamique.
M. HARVEY: C'est vrai, mais c'est vous qui l'avez dit!
M. BELLEMARE: Ah oui! mais il y a des silences qui sont des approbations
terribles!
M. HARVEY: Alors, il y a eu contestation sur cette affirmation.
M. BELLEMARE: M. le Président, je ne suis pas au courant, je vous
le confesse, des ententes qui ont eu lieu hier soir. Je voudrais simplement
dire à l'honorable chef de l'Opposition un instant, je n'ai rien
dit, M. le Président; je me lève, moi aussi qu'hier
après-midi j'ai donné l'ordre des travaux que nous devions
entreprendre ce matin. J'ai ici, tel que prévu hier après-midi,
la distribution du travail pour ce matin. Nous avions demandé à
mon honorable collègue des Institutions financières s'il pouvait
étudier ses crédits de l'Immigration. L'honorable leader de
l'Opposition nous a dit : Non, je suis en Chambre pour les Affaires
culturelles. Alors, nous avons dit: Est-ce que vous seriez prêts pour les
Institutions financières? Il a dit: Non, les sous-ministres sont
à Montréal. Nous avons dit, à ce moment-là: Est-ce
que l'honorable ministre des Finances serait prêt? Je me suis
tourné de son côté et il a dit: D'accord. A ce
moment-là, l'honorable chef de l'Opposition a regardé de ses
beaux yeux le dauphin de Mercier et il a dit: Oui, d'accord, nous serons
là. Là, la peur les a pris durant la nuit; ils ont peur
d'affronter le dynamique député de Saint-Jacques qui va leur
montrer l'état solide des finances de la province, l'état
merveilleux dans lequel elles sont aujourd'hui.
Alors, M. le Président, s'il n'y a pas moyen... Le leader de
l'Opposition n'est pas ici?
M. LESAGE: Non, il est absent aujourd'hui.
M. BELLEMARE: D'accord. C'est parce qu'on aurait pu prendre les Affaires
municipales; ils sont prêts.
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Si le ministre des Finances, qui est prêt, ne peut
pas passer; si le ministre des Affaires...
M. LESAGE: D'ailleurs, M. le Président, est-ce que je pourrais
vous signaler que, depuis les conversations ou les discussions dont nous fait
part le ministre du Travail, le gouvernement nous a fait une demande tout
à fait spéciale? Le gouvernement nous a demandé, par la
bouche du premier ministre et du ministre des Richesses naturelles, de bien
vouloir donner priorité, ce matin, en deuxième et
troisième lectures, au bill de l'Hydro.
M. BELLEMARE: Cela c'est exact.
M. LESAGE: Alors, tant que nous sommes à étudier de la
législation, les comités de subsides ne siègent pas. Les
comités de subsides siègent après que la motion pour que
la Chambre se forme en comité des subsides a été
approuvée. Alors, M. le Président...
M. BELLEMARE : Il y a eu de nombreux précédents.
M. LESAGE: ... ma conviction, c'est que ça ne pourra venir que
plus tard cet après-midi, parce que le débat sur
l'Hydro-Québec sera assez long. Nous allons coopérer, M. le
Président...
M. BELLEMARE: A l'ordre! A l'ordre!
M. LESAGE: Si, du côté de Frontenac ou de Joliette, on ne
désire pas la coopération de l'Opposition, nous pouvons fort bien
ne pas la donner et le bill de l'Hydro-Québec ne passera pas
aujourd'hui.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas dit un mot.
M. LESAGE: Non, mais l'autre, les grandes dents, là-bas.
M. ROY: Ce n'est pas fin, ça!
M. LESAGE: Nous sommes disposés à collaborer.
M. BELLEMARE: D'accord. M. ROY: Pas fin!
M. LESAGE: Mais tout de même, il faut bien comprendre que
l'affaire de l'Hydro-Québec n'est pas une chose facile. J'ai dû
passer de nombreuses heures, hier soir, à étudier les lettres
d'intention à l'adresse du gouvernement de l'Hydro-Ontario et de
l'Hydro-Nouveau-Brunswick et j'ai recommencé à bonne heure ce
matin. Je coopère, je suis prêt à aider le gouvernement
dans la mesure du possible pour aider le Québec. C'est un cas où
il s'agit d'aider la province.
M. BELLEMARE: D'accord. D'accord.
M. LESAGE: Mais qu'on ne nous embarrasse pas.
M. BELLEMARE: Nous allons demander au ministre des Institutions
financières d'essayer d'avoir ses collaborateurs avec lui pendant la
discussion. Le ministre est bien disposé, quand les crédits
seront adoptés...
M. LESAGE: Non. Nous pourrions nous arranger pour lundi. C'est de cela
qu'il a été question avec le premier ministre hier soir.
M. BELLEMARE: Les Institutions financières?
M. LESAGE: Les Institutions financières et les Finances.
M. BELLEMARE: Voici. Si nous pouvons siéger cet après-midi
en bas pourquoi perdre ce temps?
M. LESAGE: Oui, mais le député de Mercier ne pourra pas y
aller cet après-midi.
M. BELLEMARE: Cet après-midi?
M. LESAGE: Non et moi non plus.
M. BELLEMARE: Vous, ne serez pas ici?
M. LESAGE: Mais oui, nous serons ici, mais ce sera la discussion sur
l'article 7 des crédits du premier ministre. Cest le
député de Montcalm qui s'en occupe et ce dernier sait fort bien
que ceux qui se préoccupent de cette question de planification sont le
député de Mercier, le député de Bonaventure et
celui qui vous parle. Nous ne pouvons pas nous doubler.
M. BELLEMARE: D'accord, M. le Président. J'appelle
l'article...
M. LESAGE: Un instant, avant d'appeler les articles, nous allons nous
détendre un peu.
M. BELLEMARE: Oui, d'accord.
M. LESAGE: A la page 365 des procès-verbaux, il y a une
réponse du ministre des Travaux publics à une question de M.
Leduc (Taillon): Quels sont les noms, prénoms et attributions des
fonctionnaires du ministère des Travaux publics qui ont voyagé
à l'extérieur du Canada aux frais du gouvernement de la province
entre le 21 février 1968 et le 16 mars 1969? Quelles sont les dates, les
endroits de destination, etc.? Alors, on donne les noms, n'est-ce pas, des
fonctionnaires. On donne leurs destinations, soit Paris, New-York et
ailleurs.
Ce qu'il y a d'extraordinaire, quand on sait que le gouvernement actuel
cherche à faire croire à la population qu'il prendra les moyens
pour récupérer une partie de Terre-Neuve...
M. BELLEMARE: A l'ordre! DES VOIX: A l'ordre!
M. LESAGE: ... c'est ceci: Parmi ceux qui ont voyagé à
l'extérieur du Canada, il y a un M. Dugas et un M. Gagnon qui se sont
rendus à Terre-Neuve, hors du Canada. C'est cela que vous allez
récupérer? J'entends le ministre dire: Terre-Neuve est hors des
bornes...
M. BELLEMARE: M. le Président, je n'ai pas l'intention...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
A l'ordre! Nous sommes encore à la période des questions
et non pas à la période des débats.
M. LESAGE: Article 114, M. le Président C'est encore la
période des questions. C'est à l'article 114 du
règlement.
M. BELLEMARE: M. le Président, article 13.
M. BOURASSA: M. le Président, puis-je reprendre ma question? J'ai
été interrompu tantôt. Je pose ma question au ministre des
Finances. Comme les crédits, vraisemblablement, seront discutés
lundi, lui serait-il possible de répondre d'ici lundi à la
question no 70 que j'ai posée au feuilleton et qui a trait aux
prévisions budgétaires?
M. DOZOIS: Qui a trait à quoi?
M. BOURASSA: Qui a trait aux prévisions budgétaires. Cest
la question no 70. Je voudrais savoir si le ministre pourra me donner des
réponses lundi au cours de la discussion. J'avais posé la
question il y a trois semaines, Je crois. Je le préviens et lui demande
s'il serait possible d'avoir des renseignements lundi.
M. DOZOIS: M. le Président, je me demande s'il convient que je
réponde. J'ai fait un discours sur le budget, j'ai donné tous les
renseignements que je jugeais à propos de donner sur ces sujets et le
débat sur le discours du budget n'est pas terminé. Non, il n'est
pas terminé, quand même.
M. BOURASSA: Je fais une suggestion au ministre des Finances.
M. DOZOIS: On me demande, je ne sais pas, le pourcentage moyen des
augmentations de traitements qui ont été offertes au personnel
hospitalier lors des négociations, etc., le métro. Ce sont tous
des sujets dont nous avons discuté lors du discours du budget, M. le
Président.
M. BOURASSA: Non, je pose des questions précises. Par exemple si,
dans certaines conventions collectives cela a été prévu au
budget. Je demande au ministre des Finances si c'était possible, lundi,
d'avoir certaines réponses à ces questions-là. J'en ai
déjà obtenu du ministre d'Etat à la Fonction publique.
M. DOZOIS: M. le Président, je voudrais bien savoir quand le
ministre des Finances doit discuter ses crédits, et je demanderais une
directive de votre part. En discutant les crédits de mon
ministère, dois-je discuter les dépenses que je demande à
être autorisées par des crédits comme, par exemple, payer
les employés, payer des honoraires, des frais de voyage, aux
différents postes qu'il y a dans mon budget, ou dois-je discuter
également les revenus que j'ai prévus dans le discours du budget?
Il y a également un comité des voies et moyens qui est
créé précisément pour payer ces
dépenses.
Or, j'ai soumis à la Chambre un budget, qui est à
l'étude au comité des voles et moyens, et ce comité doit,
à mon avis, discuter précisément ces revenus; la source de
ces revenus, comment ils ont été calculés, et s'ils sont
suffisants pour payer les dépenses qu'on demande de voter au
comité des subsides. Il y a deux comités, M. le Président,
le comité des subsides pour les dépenses, et il y a le
comité des voles et moyens.
M. LESAGE: Bon, c'est très bien, ce que dit le ministre des
Finances. Mais d'un autre côté, il peut être assuré
qu'il épargnerait beaucoup du temps de la Chambre s'il n'était
pas aussi formaliste. Il n'aimera certainement pas, au moment de l'ajournement,
alors que nous aurons à voter le budget, ou s'il n'est pas voté,
aller en comité des voies et moyens pour voter les deux sixièmes
peut-être il n'aimera certainement pas dis-je et les
députés n'aimeront pas, à ce moment-là, que nous
reprenions toute la discussion sur la balance entre les revenus et les
dépenses.
Dans ces circonstances, je demanderais au ministre des Finances de bien
vouloir réexaminer la question dans son esprit, à la
lumière de ce que je viens de lui dire. Il nous est facile de doubler la
discussion, justement en suivant la procédure qu'il vient d'indiquer.
C'est tellement plus simple de tout régler à la fois au
comité des subsides. Quand les députés veulent se
séparer pour l'ajournement d'été, eh bien personne ne
passera pour haïssable alors qu'il demandera des renseignements qui sont
essentiels aux représentants du peuple et qu'il est de leur devoir de
demander.
M. DOZOIS: Alors, je comprends qu'à toutes fins pratiques, lors
du débat sur le budget, alors que Je n'ai pas droit de réplique,
l'on se trouve à m'accorder un droit de réplique à mon
discours du budget, au comité des subsides pour l'étude de mes
crédits.
M. LESAGE: M. le Président, lors de l'étude des
crédits du ministre des Finances, au comité des subsides, que
nous siégions en Chambre ou dans une autre salle, Je crois que nous
devrions avoir, sur les finances de la province, la discussion la plus
complète possible, ce qui, du fait même, donne au ministre des
Finances non pas un, mais plusieurs droits de réplique.
M. DOZOIS: Alors, on pourra discuter, et je pourrai réfuter
disons tous les arguments présentés par le député
de Mercier lorsqu'il a participé au débat sur le discours du
budget.
M. LESAGE: Et nous rétorquerons et nous confondrons...
M. BOURASSA: Nous pouvons rétorquer.
M. LESAGE: ... le gouvernement.
M. DOZOIS: Très bien. Cela se fait à deux.
M. LESAGE: Evidemment, nous avons besoin de renseignements.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. DOZOIS: Je fournirai ceux qu'il est d'intérêt public de
fournir.
M. LESAGE: Il ne faudrait tout de même pas se cacher
derrière l'intérêt public pour nous empêcher de
connaître le véritable état des finances du
Québec.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Si l'honorable ministre des Finances veut
demander une directive ou une opinion, je réfère les membres de
la Chambre à l'article 381, notamment à la note 2, qui est
très simple et qui se lit comme suit: « Le débat doit
porter exclusivement sur l'article à l'étude ». Pour
dépasser le cadre de cet article, il faudrait le consentement unanime
des membres du comité.
M. LESAGE: Nous sommes en Chambre à ce moment-ci et nous
demandons une réponse à la question 70. Pour ce qui est du reste
de la discussion, c'est une entente entre le ministre des Finances et le chef
de l'Opposition sur la façon de procéder au comité des
subsides, pas en Chambre.
M. LE PRESIDENT: Je dois faire remarquer à l'honorable chef de
l'Opposition que l'honorable ministre des Finances m'avait demandé une
directive sur ce point et que j'ai cru bon de lui rappeler l'article 381. Quant
à la question qui est posée en Chambre, le ministre peut
répondre ou non en se référant à l'article 686.
M. LESAGE: C'est entendu qu'il peut on non répondre, mais je dis
que, s'il ne répond pas, il ne remplit pas son devoir.
M. DOZOIS: Pardon? Je n'ai pas compris la dernière observation.
Si je ne réponds pas, qu'est-ce qui arrive?
M. LESAGE: Le ministre ne remplit pas son devoir de faire
connaître l'état des finances de la province.
M. BELLEMARE: Voyons!
M. LESAGE: J'entendais, tout à l'heure, le leader de la Chambre
appeler l'article 13. Je pense que nous nous étions entendus, hier soir,
pour appeler d'abord l'article 3, étant donné qu'il y aura
sanction de bills cet après-midi. Le ministre de l'Education, au lieu de
se sauver, pourrait reprendre son siège.
M. BELLEMARE: Est-ce que le frère directeur a fini de donner des
ordres?
M. LESAGE: Ni le ministre de l'Education, ni le ministre du Travail
n'étaient en Chambre hier soir lorsque je me suis entendu avec le
premier ministre sur l'ordre des travaux aujourd'hui.
M. BELLEMARE: C'est très bien, mais pourquoi ajouter des «
fions » qui sont remplis de venin?
M. LESAGE: C'est parce qu'il est haïssable.
M. BELLEMARE: Regardez-vous! Cela ne fait pas longtemps que vous vous
êtes amélioré.
M. LESAGE: J'en ai trouvé un qui est un vrai arrogant.
M. BELLEMARE: Article 3.
Bill 5
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education propose la
troisième lecture de la Loi modifiant la loi du Conseil supérieur
de l'éducation. L'honorable ministre de l'Education.
M. CARDINAL: J'ai déjà mentionné devant
cette Chambre que, lors de l'étude en commission, on avait
ajouté à l'article 3, après les mots « une
commission de l'enseignement collégial », les mots « et
professionnel ». Par la suite, cependant, l'arrêté en
conseil no 1572, adopté le 21 mai 1969, modifiait le règlement no
3 qui se rapporte à l'enseignement préuniversitaire et
professionnel. La modification de cet arrêté en conseil voudrait
que, pour des raisons de concordance, l'on n'ajoute pas les mots « et
professionnel » à l'article 3, c'est-à-dire qu'ils soient
biffés. Sous réserve de cette très légère
modification, le bill comme tel devrait être adopté. Je rappelle
que le règlement no 3 mentionnait auparavant les études
préuniversitaires et professionnelles. Maintenant, avec la modification
de l'arrêté en conseil, on doit lire: « les études
collégiales », le mot « collégial » comprenant
à la fois préuniversitaires et professionnelles. Je propose donc
que le bill 5 soit adopté.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je m'excuse d'interrompre l'honorable
ministre de l'Education, mais est-ce que je dois comprendre qu'il veut proposer
des amendements?
M. CARDINAL: Au contraire, je veux rappeler à cette Chambre ce
qui a été mentionné l'autre jour. Je ne propose aucun
amendement. Je propose que le bill soit adopté tel quel je
voudrais être clair sans que les mots « et professionnel
» m'apparaissent à l'article 3.
M. GERIN-LAJOIE: Au point de vue de la procédure, est-ce que ce
n'est pas un amendement au rapport du comité que le ministre
propose?
M. CARDINAL: Non, non.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'on ne proposait pas que ces mots soient
changés?
M. CARDINAL: Si on se rappelle les faits, le député de
Vaudreuil-Soulanges était absent; l'honorable chef de l'Opposition avait
fait demander des explications à ce sujet, il y a deux ou trois jours,
je les avais données. Il m'avait dit qu'il lirait le journal des
Débats. Cette suggestion avait été faite au moment de
l'étude en comité. Ce n'était pas un amendement au bill.
Je propose tout simplement que l'article soit adopté tel qu'il
était rédigé.
M. GERIN-LAJOIE: Nous ne sommes pas en comité, mais le ministre
consentira probablement à nous donner une explication
supplémentaire.
A-t-il devant lui l'arrêté en conseil dont il vient de
parler? Pourrait-il nous en répéter la date que je n'ai pas
entendue? Deuxièmement, nous donner lecture de
l'arrêté?
M. CARDINAL : Lecture de l'arrêté : « Le
règlement numéro 3 du ministère de l'Education est
modifié, a) En remplaçant, dans le titre, dans la première
ligne du premier alinéa de l'article 1, et dans la première ligne
de l'article 4, les mots « préuniversitaire » et «
professionnel » par le mot « collégial ». b) En
remplaçant, dans les deuxième et troisième lignes du
deuxième alinéa de l'arricle 6, le mot « certificat »
par les mots « diplôme d'études collégiales ».
c) En remplaçant, dans la première ligne de l'article 7, les mots
« préuniversitaire » et « professionnel » par le
mot « collégial ». » En d'autres mots, la substance de
l'arrêté est de remplacer partout les mots «
préuniversitaire » et « professionnel » par le mot
« collégial ». L'arrêté concernant des
amendements au règlement numéro 3 du ministère de
l'Education porte 1,572. Il est daté du 21 mai 1969. Nous avions, lors
de l'étude en comité, réservé de cette proposition
au moment de la troisième lecture.
M. GERIN-LAJOIE: Je n'ai aucune objection, quant à moi, à
l'adoption en troisième lecture de ce projet de loi tel que soumis. Je
demanderais au ministre s'il serait assez aimable de déposer
officiellement une copie de l'arrêté en conseil et de m'en faire
parvenir une copie, s'il vous plaît.
M. CARDINAL: Certainement. J'en ferai faire photocopie et j'en remettrai
une copie au député.
M. LE PRESIDENT: La motion de troisième lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
Bill 37
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Travail, pour et au nom de
l'honorable ministre des Richesses naturelles, propose la deuxième
lecture de la Loi modifiant la loi de 1'Hydro-Québec
L'honorable ministre des Richesses naturelles.
M. Paul Allard
M. ALLARD: Comme je l'ai dit hier, en première lecture, le bill
37 est cette loi qui modifie la Loi de 1'Hydro-Québec En vertu du
chapitre 85, adopté en 1963, on limitait l'exportation en dehors du
Canada, et on exigeait une au-
torisation de la Chambre, pour toute quantité dépassant
300,000 chevaux-vapeurs. En 1964, au mois d'avril, l'ancien premier ministre,
M. Johnson, présentait une loi pour régir
l'électricité en dehors du Québec, et la limite
était de 70,000 chevaux-vapeurs. On avait ajouté, pour être
conforme à la loi de 1963, qu'il s'agissait bien, à ce
moment-là, d'électricité primaire.
Or, le bill 37, tel que présenté, a pour but de
sanctionner une vente d'électricité provenant des chutes
Churchill à l'Ontario et au Nouveau-Brunswick. C'est le but principal de
la loi. On avait discuté, lors des réunions de la commission
permanente de la régie, des propositions que 1'Hydro voulait faire
concernant ces ventes. Le but principal de la loi est justement de régir
ces ventes, tant au Nouveau-Brunswick qu'en Ontario.
Quant aux articles additionnels, ils comportent, dans le cas d'un
article, la fixation du mandat des commissaires pour une période de 10
ans, pour être conformes avec d'autres lois qui ont été
adoptées dans le même sens, dont la Loi de l'habitation ainsi que,
si je ne m'abuse, dans certains cas, le régime des rentes et d'autres
lois du même genre.
D'autres articles sont prévus pour les rendre concordants et
conformes aux lois existantes, avec les amendements apportés au code de
procédure, et surtout un article spécial pour limiter les
conflits d'intérêt dans lesquels pourraient être
placés les membres de la commission.
Je crois que le bill, tel quel, ne présente pas de
difficulté spéciale. Pour ma part, je demanderais l'adoption en
deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. Jean Lesage
M. LESAGE: Ce projet de loi, comme vient de le dire le ministre, devient
nécessaire, par suite des dispositions du chapitre 85 des Statuts
refondus de 1964.
Il n'est pas loisible à la Commission hydroélectrique du
Québec d'exporter de l'électricité en dehors du
Québec, ailleurs au Canada, d'après l'article 7 de la loi, pour
une quantité supérieure à 70,000 chevaux-vapeur ce
qui veut dire un nombre encore plus restreint de kilowatts sans
l'approbation de la Législature.
Il est bien dit à l'article 7 qu'il s'agit d'énergie
électrique primaire, c'est-à-dire continue, ferme. Je crois qu'on
se sert du mot ferme. Il faut faire la distinction entre l'énergie
ferme, l'énergie interruptible et l'énergie excédentaire.
Je reviendrai là-dessus dans un moment.
Donc, nécessité de la législation à
l'étude pour que 1'Hydro-Québec ait le pouvoir d'exporter
temporairement ses surplus d'électricité provenant de Churchill
Falls vers l'Ontario et vers le Nouveau-Brunswick. Je devrais dire une partie
de ses surplus parce que ce ne sont pas tous les surplus qui pourront
être exportés. Une partie de ses surplus servira par exemple
à ménager, si l'on veut, l'électricité provenant de
Manicouagan afin de permettre de remplir totalement le grand lac Manicouagan
qui est d'abord le réservoir pour Manic 5 et par voie de
conséquence pour toutes les installations hydro-électriques
situées plus bas sur la rivière.
Il y a dans le bill d'autres dispositions qui ne présentent pas
grande difficulté, je crois, et dont nous pourrons discuter
brièvement lors de l'étude en comité.
Pour ce qui est des conditions de l'exportation ici je souligne
que le ministre des Richesses naturelles m'a remis hier copie des lettres
d'intention signées par 1'Hydro-Québec à
l'Hydro-Ontario...
M. ALLARD: Qui ont été déposées,
d'ailleurs.
M. LESAGE: ... et à l'Hydro-Nouveau-Brunswick, qui ont
été déposées hier je dis tout de suite au
ministre que je devrai demander des explications sur certains points. Il y en a
deux qui me frappent comme étant assez importants.
Premièrement, M. Lessard, le président de
1'Hydro-Québec, nous a dit à la commission parlementaire du
ministère des Richesses naturelles que les lettres d'intention
signées avec l'Ontario et le Nouveau-Brunswick touchaient l'exportation
de l'électricité vers ces deuxpro-vinces pour la période
allant de 1971 à 1976 dans le cas du Nouveau-Brunswick, et de 1972
à 1977 dans le cas de l'Ontario.
Or, le projet de loi qui est devant nous, s'il est adopté tel
quel, aurait pour effet de donner à l'Hydro-Québec le pouvoir
d'exporter des quantités considérables
d'électricité vers les deux provinces voisines non pas
jusqu'à 1976 et 1977 respectivement, mais jusqu'en 1980.
Je comprends que les deux lettres d'intention prévoient que, dans
le cas de chacun des deux contrats devant être signés, il pourra y
avoir une clause de renouvellement qui ne liera dans aucun des deux cas ni
l'une ni l'autre des parties, non seulement en ce qui concerne la signature
d'un renouvellement, mais en ce qui concerne la période effective d'un
tel renouvellement.
Je me demande sincèrement s'il ne serait pas
préférable de limiter le pouvoir donné par la
Législature à l'Hydro-Québec d'exporter ses surplus vers
l'Ontario et vers le Nouveau-Brunswick, à la période des contrats
qui seront signés, c'est-à-dire 1977 et 1976, quitte au
gouvernement qui sera au pouvoir, à ce moment-là, à
revenir devant la Chambre pour qu'elle puisse réexaminer toute la
situation. Cela pourra revenir devant la Chambre un an, dix mois ou huit mois
avant la date d'expiration du premier des contrats, afin que les
députés puissent être saisis de la situation qui
prévaudra à ce moment-là, quant à
l'approvisionnement d'électricité et quant au projections
à faire sur l'approvisionnement en électricité pour les
cinq ou dix années à venir, il me semble que ce serait plus sage
et plus sûr.
La deuxième question qui me préoccupe passablement est
celle-ci: Il a été établi à la commission des
Richesses naturelles que le coût de l'électricité de
Churchill Falls, rendue à Montréal, serait, au moins pour la
période allant jusqu'en 1977 disons pour 1975, 1976, 1977; du
moins, c'est mon souvenir de 4.94 mils le kilowatt-heure.
Or, les lettres d'intention signées avec l'Ontario et avec le
Nouveau-Brunswick prévoient un prix de vente dans les deux cas, pour
l'énergie primaire, de 4.5 mills pour l'énergie «
interruptible ». Dans le cas de l'Ontario, c'est 3 mills. Ce courant
« interruptible » coûte quand même à
l'Hydro-Québec 4.5 mills. Ce courant est « interruptible »
en ce sens que l'Hydro-Québec peut, si des besoins urgents se font
sentir pour des périodes données, se dispenser de fournir la
quantité d'énergie qu'elle s'engage à fournir à
l'Hydro-Ontario. Il est évident que ce genre d'énergie se vend
toujours meilleur marché parce que le vendeur, à ce
moment-là, se protège lui-même contre des situations qui
peuvent survenir.
Pour ce qui est de l'excédentaire le troisième
catégorie d'énergie qui fait l'objet des deux contrats il
n'y a pas de prix fixé. On se fie, je crois, au prix du marché.
Or, le prix du marché est bien difficile à établir
lorsqu'il n'y a qu'un vendeur et un client. Je comprends qu'on finit toujours
par s'entendre, vu que cette énergie excédentaire doit être
exportée et que ça fait l'affaire de l'Hydro-Québec et du
Québec.
Je sais que l'on peut me répondre que la maison pour laquelle le
prix à l'Ontario, par exemple, ou au Nouveau-Brunswick, à ce
compte-là est inférieur, c'est que nous sommes sur un
marché d'acheteurs.
C'est-à-dire que ce sont les acheteurs qui ont le gros bout du
bâton en disant: Si vous ne l'exportez pas vers nous, bien, il sera perdu
et vous n'aurez rien pour, il sera perdu. Et on peut dire aussi, étant
donné le coût de la participation de l'Hydro-Québec au
financement de Churchill Falls, qu'il valait mieux accepter 4.5 que rien du
tout, étant donné que cette énergie était
évidemment excédentaire des besoins du Québec pour la
période envisagée. Je crois que c'est là une raison
additionnelle pour limiter à la fin de 1977, je suppose, de toute
façon à la date qui est le terme du contrat qui se termine le
plus tard des deux contrats, pour limiter dis-je, l'autorisation d'exportation
à cette date-là.
Nous reviendrons sur toutes les technicités en comité.
C'est une affaire extrêmement complexe qu'il faut aérer. Je suis
certain que des gens vont dire; Comment se fait-il que l'on vend
l'électricité de Churchill à l'Ontario et au
Nouveau-Brunswick à des prix inférieurs au prix coûtant
à Montréal? J'ai donné une explication brève, mais
je crois que le ministre devrait donner des explications complètes sur
ce point afin que la population comprenne bien quelle est la situation, quelles
sont les raisons d'un tel état de chose.
Nous voulons coopérer, nous sommes en faveur du principe du bill,
et on verra que nous sommes en faveur des clauses autres que celles qui
touchent à l'exportation de l'électricité. J'ai
déjà mentionné quelle était mon objection, tout au
moins mon appréhension, quant à la date d'expiration de la
période mentionnée. C'est en comité plénier que
nous pourrons le plus aisément discuter les « pro » et les
« con » en ce qui touche la date d'expiration de
l'autorisation.
Je suis disposé à le faire dans le meilleur esprit du
monde, mais disons que ça peut être ennuyeux pour beaucoup, mais
enfin que ça doit être fait.
M. LE PRESIDENT (M. Théoret): L'honorable député de
Laurier.
M. René Lévesque
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, pour ne pas allonger le
débat, je dirais, que, dans l'ensemble, je suis d'accord avec ce que
vient de dire le chef de l'Opposition en ce qui concerne les contrats. S'il y a
des raisons que l'on ne connaît pas, mais qui pourront peut-être
être exposées en comité, d'étirer les dates,
peut-être des raisons de souplesse, je ne sais pas, au-delà des
dates des contrats, il me semble que ce serait plus indiqué, enfin, que
ce serait une meilleure protection pour l'Hydro-Québec elle-même
à cause des dangers de ces prolongements ou de ces reconductions faciles
de contrats.
Donc, à mon humble avis, ce serait une meilleure protection pour
tout le monde, l'HydroQuébec comprise, de fixer la limite à la
date la plus rapprochée possible. J'ai souvenir je pense bien que
le ministre des Richesses naturelles actuel a les dossiers qui lui permettent
de le voir que les vieux contrats avec l'Ontario, par exemple, portaient
des prix qui, forcément, devaient avoir l'air raisonnables au moment
où ils ont été signés c'est d'ailleurs
toujours le cas mais qui se sont dégradés d'année
en année au point où c'était devenu, nous le savons tous,
caricatural pendant un bon nombre des années terminales de ces
contrats-là par rapport aux charges qui pèsent sur 1'Hydro. Il ne
faudrait tout de même pas recommencer. On peut se poser la question parce
que je crois bien qu'il y a des réponses.
Je ne crois pas qu'il soit suffisant de dire « marché
d'acheteurs ». Je me suis permis l'autre jour, quand l'Hydro était
ici, de demander pourquoi on ne pouvait pas passer à une alternative du
côté des marchés américains, c'est-à-dire
repenser, éventuellement, des alternatives du côté nord-sud
des marchés américains. Parce que les marchés
américains étaient, sont encore et seront probablement de plus en
plus assoiffés de courant. Donc, il n'est pas vrai que ce soit
uniquement un marché d'acheteurs, ou comme on dit en anglais un «
buyers market »; c'est aussi un « sellers market » si on
arrête de regarder uniquement dans une seule direction. Four cette raison
comme pour d'autres, surtout si l'on tient compte du fait que le prix maximal
de l'énergie qui est impliqué dans ces contrats ne rejoint
même pas tout à fait le prix de revient réel de l'Hydro tel
qu'on nous l'a...
M. LESAGE: Le coût.
M. LEVESQUE (Laurier): ... le coût à l'Hydro, tel qu'on
nous l'a défini l'autre jour au moment où l'on étudiait
l'ensemble des affaires de la Brinco et de l'Hydro. Sauf s'il y a vraiment des
raisons exceptionnellement importantes que les ministres pourraient expliquer
on devrait, il me semble, comme le disait le chef de l'Opposition, fixer la
limite de la loi elle-même à la limite des contrats tels qu'ils
sont prévus.
Si on me permet, deux ou trois minutes seulement. Puisque nous discutons
de la Loi de l'Hydro, je voudrais d'abord ouvrir une parenthèse pour
dire que le reste de ce qui est présenté dans le bill no 37,
quant à moi, me va. Je voudrais simplement ajouter ceci sur la loi de
l'Hydro dans son ensemble et sa structure. Le ministre et le gouvernement
pourraient-ils re- penser, en revoyant certains études qui ont
été faites, je crois, au cours des années 1963-1964, la
structure même de l'Hydro qui commence à être passablement
désuète au sommet. Il y a eu des changements de faits,
découlant d'études qui, je crois, ont été suivies
dans l'ensemble. Par exemple, dans le domaine des régions de
distribution, dans le domaine des régions techniques on a réussi,
dans l'ensemble, à ajuster les structures d'administration de l'Hydro,
aussi bien techniques que distributrices, à la réalité
présente.
Seulement, depuis que l'Hydro-Québec, à la suite de
1962-1963, s'est mise à couvrir tout le territoire du Québec pour
tout ce qui concerne l'électricité, à peu près
à tous les points de vue, ne pourrait-on pas se reposer la question qui
avait déjà été impliquée dans les
études commandées et qui sont dans les dossiers, à savoir:
La structure de la commission qui date de 1944 et qui a maintenant son quart de
siècle, c'est-à-dire les cinq hommes qui, collégialement,
partagent le pouvoir au sommet, était peut-être bonne c'est
une suggestion que je fais, je ne veux pas aller plus loin était
peut-être bonne, dis-je, il y a vingt-cinq ans, quand l'Hydro
était essentiellement axée sur le marché de distribution
de Montréal et pour le reste écarquillée un peu dans les
chantiers de constructions, mais ne couvrant pas l'ensemble du territoire.
Est-ce qu'aujourd'hui il ne serait pas temps enfin pas cette
année sûrement au point où nous sommes rendus, mais sans
trop de délai, disons avant l'an prochain de repenser la Loi de
l'Hydro au point de vue de l'administration au sommet? Je vous dirai
personnellement qu'après y avoir passé quelques années
et là-dessus des commissaires étaient d'accord avec moi,
je ne veux dénoncer personne j'en étais venu à la
conclusion que le temps était arrivé de donner à l'Hydro,
au sommet, une expansion normale de grande société,
c'est-à-dire de lui donner, entre autres, un conseil d'administration
élargi qui absorberait, si vous voulez, non seulement les chocs mais
aussi toute une série de ces contestations inévitables que doit
subir c'est sain, d'ailleurs, qu'il le subisse cette vaste
entreprise.
On devrait songer à un conseil d'administration où il
serait possible d'avoir des représentations des régions. Et on
sait à quel point c'est difficile pour l'Hydro de rester en contact avec
ses usagers régionaux.
Représentation meilleure des employés, aussi. Il faut tout
de même là, dans les grands services publics, commencer à
faire l'expérience d'une certaine cogestion et représentation,
forcément, de l'Etat lui-même. Je crois que le
ministre ne doit pas être inconscient du fait que c'est
très compliqué de concilier l'autonomie nécessaire de
1'Hydro avec la non moins nécessaire connaissance que doit avoir le
gouvernement au jour le jour, même au besoin, des opérations de
l'Hydro. Rien n'exclurait que dans un conseil d'administration, en plus des
régionaux et des employés, entre autres éléments,
pourraient être représentés, d'une façon beaucoup
plus efficace, l'opinion et au besoin les desiderata, si vous voulez, du
gouvernement, de l'Etat qui est, quand même, je crois, le
représentant du vrai patron de l'Hydro qui est l'ensemble de la
population.
Tout cela pour dire qu'il me semble qu'on devrait transformer la
commission actuelle des commissaires, qui obtiennent maintenant la
sécurité de mandat de dix ans, la transformer en une direction,
un « management » normal et moderne, mais qui permettrait de
coiffer ces gens, qui ont une tâche exténuante et pour qui c'est
presque inhumain d'exiger qu'ils soient en contact avec tous les
problèmes en même temps, de les coiffer d'un conseil
d'administration à large participation, permettant, je crois,
d'articuler, de façon beaucoup plus souple et beaucoup plus moderne,
l'administration générale de l'Hydro.
Enfin, c'est une suggestion que je laisse au ministre. Je crois qu'il
trouvera des études dans les dossiers, il pourra se faire ses propres
opinions. Mais ne serait-il pas possible d'y repenser quand viendra le moment
peut-être de se poser des questions sur la loi dans son ensemble?
M. ALLARD: M. le Président, pour donner suite à la
recommandation faite par le député de Laurier, nous sommes
actuellement à repenser le système tel qu'il existe actuellement.
Nous sommes conscients qu'il date, et il y aurait certainement des avantages
à améliorer la situation présente. Quant à cette
représentation plus directe avec les régions et avec le
gouvernement, pour ma part, j'avais, à un moment donné, soumis la
possibilité d'avoir, par exemple, un sous-ministre des Richesses
naturelles qui siégerait à la tête, à la
commission.
De toute façon, je prends bonne note des remarques faites par le
député. J'aurai l'occasion d'en discuter avec les membres de la
commission puisque nous prévoyons incessamment, pas dans
l'immédiat, mais nous prévoyons assez rapidement aménager
ou changer certaines structures existantes.
Si, M. le Président, on tient à ce que je réponde
immédiatement aux deux questions soulevées par le chef de
l'Opposition, je suis en mesure de le faire, mais si l'on
préfère, on peut aller en comité immédiatement
où il serait peut-être plus facile de discuter.
M. LESAGE: D'échanger des propos. M. ALLARD: D'échanger
des propos. M. LESAGE: Très bien.
M. LE PRESIDENT (M. Théoret): La motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
Adopté.
L'honorable ministre des Richesses naturelles propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité. Cette
motion est-elle adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. THEORET (président du comité plénier): A l'ordre
messieurs! Article 1. Y a-t-il des considérations
générales?
Sommes-nous prêts?
M. ALLARD: Article 1. Tel que je le disais tantôt, je ne sais pas
si ça présente des difficultés, il s'agit tout
simplement...
M. LESAGE: Nous pouvons étudier, je pense bien, en même
temps, les articles 1 et 5 si ça convient.
M. ALLARD: Oui.
M. LESAGE: En vertu de l'article 1, les commissaires à être
nommés le seront pour dix ans et, en vertu de l'article 5, les membres
de la commission, au moment de la sanction de la loi, se trouvent nommés
pour dix ans.
M. ALLARD: Oui, c'est ça.
M. LESAGE: Alors, c'est le même principe. Aussi bien les
étudier ensemble.
M. ALLARD: Comme le chef de l'Opposition le sait, actuellement, les
commissaires sont nommés durant bon plaisir. Au lieu de garder ce bon
plaisir qui, des fois, ne dure pas tout le temps, nous aimons mieux fixer
définitivement un nombre d'années, comme on l'a fait dans le cas
d'autres commissions. Je ne voudrais pas que les commissaires connaissent le
mauvais plaisir, comme cela arrive de temps en temps et comme j'ai eu
personnellement l'occasion de l'expérimenter, qu'il n'y avait plus
plaisir
à continuer certaines fonctions pour des raisons... Tout de
même, je crois que ce que nous mettons dans la loi est conforme à
plusieurs autres lois qui sont actuellement établies. C'est pour donner
au moins une certaine continuité et en même temps une
sécurité à la charge des commissaires.
M. LESAGE: Il est un peu malheureux que cette disposition ne se soit pas
appliquée à M. Lessard. Il n'est pas sûr qu'il aurait
démissionné, si la disposition avait été en
vigueur. Et comme le gouvernement avait l'intention de présenter ce
projet de loi à ce moment-ci, il me semble que le gouvernement aurait
dû, dans le cas de M. Lessard, s'inspirer du principe des articles 1 et
5, et particulièrement de l'article 5, non pas pour le forcer, mais pour
le presser de continuer d'assumer les fonctions qu'il a assumées avec
énormément de compétence depuis bientôt huit ou neuf
ans, Je crois.
Il me semble que le gouvernement aurait peut-être la conscience
plus en paix qu'il ne doit l'avoir maintenant.
M. ALLARD: Je crois que, de ce côté, ça n'a pas
présenté de problème. C'est à la suite d'un
désir exprimé par le président de l'Hydro...
M. LESAGE: Je n'ai pas à fouiller la conscience du ministre des
Richesses naturelles. Je le laisse faire cette recherche lui-même.
M. ALLARD: Ne me prêtes pas d'intention.
M. LESAGE: Je ne prête pas d'intentions. Je dis que je ne
fouillerais pas le fond de la conscience du ministre des Richesses
naturelles.
M. ALLARD: Disons que c'est pour éviter des situations qui
pourraient être plus graves que nous tenons à insérer dans
la loi une disposition qui n'existait pas.
M. LESAGE: Vous auriez pu y tenir avant que M. Lessard ne s'en
aille.
M. ALLARD: Les amendements à la loi n'ont pas pu être
apportés avant la période présente.
M. LESAGE: Tout ça s'adonne bien. Je n'en dirai pas plus, mais
disons qu'encore une fois, je laisse le ministre des Richesses naturelles
à sa propre conscience. Cette disposition de l'article 1 est celle que
l'on retrouve à la Loi du régime des rentes, la Loi de la caisse
de dépôt. C'était le gouvernement antérieur qui
avait proposé ces lois. On la retrouve également dans la Loi de
la Société d'habitation. C'est une loi qui a été
proposée par le gouvernement actuel. Il y en a d'autres.
M. DOZOIS: Le code municipal.
M. LESAGE: Oui, mais je donne les principales.
M. ALLARD: On la trouve aussi...
M. DOZOIS: Cela a été ajouté à la
très grande majorité des lois.
M. LESAGE: C'est mot à mot. Quant à la rédaction
des articles, il n'y a pas de difficulté.
M. ALLARD: On la trouve aussi dans la Loi de SOQUEM, mais s'appliquant
uniquement aux président, vice-président et secrétaire et
non pas aux membres.
M. LESAGE: L'article 5 va s'appliquer à combien de
commissaires?
M. ALLARD: Actuellement, il s'applique aux commissaires en fonction.
M. LESAGE: Qui sont-Us?
M. ALLARD: Ils sont actuellement quatre: M. Giroux.
M. LESAGE: M. Giroux n'est pas en fonction?
M. ALLARD: Lundi.
M. LESAGE: Le bill aura été sanctionné à ce
moment-là.
M. ALLARD: Lundi, il y aura M. Giroux.
M. LESAGE: Est-il commissaire, M. Giroux?
M. ALLARD: Il est commissaire.
M. LESAGE: S'il est commissaire, la loi s'applique à lui.
L'article 5 s'applique.
M. ALLARD: Certainement. Il s'applique à M. Giroux, à M.
De Guise, qui est à ma droite, à M. Boyd, qui est commissaire, et
il s'applique aussi à M. Gauvreau.
M. LESAGE: Très bien. Mais comme la loi
sera sanctionnée cet après-midi, elle s'applique
également à M. Lessard. Ce n'est pas le 1er juin aujourd'hui;
c'est le 30 mai.
M. ALLARD: Non, elle s'applique à M. Lessard.
M. LESAGE: Elle s'applique à M. Lessard. M. ALLARD: A moins que
M. Lessard...
M. LESAGE: Lors de l'adoption de la loi, son mandat sera prolongé
pour dix ans?
M. ALLARD: ... ne retire sa démission. Actuellement, il a offert
sa démission.
M. LESAGE: Si M. Lessard retire sa démission, il va rester
commissaire de l'Hydro pour dix ans, à partir de cette année.
M. ALLARD: Evidemment.
M. LESAGE: Il serait peut-être bon qu'il le sache.
M. ALLARD: J'imagine qu'il a certainement pris connaissance...
M. LESAGE: Cela pourrait peut-être changer ses intentions.
M. ALLARD: ... de ces amendements à la loi. Ils sont en
préparation depuis déjàplusieurs mois. Il est parfaitement
au courant de la situation.
M. LESAGE: Je compte que le ministre va mettre M. Lessard au courant de
l'effet qu'aura pour lui la sanction de ce bill, cet après-midi.
M. ALLARD: Si vous y tenez, je suis prêt à l'appeler en
sortant de la Chambre.
M. LESAGE: Alors, articles, 1 et 5.
M. LE PRESIDENT (M. Théoret): Adopté? Article 1 et 5,
adopté. Article 2?
M. LESAGE: Les articles 15 et 16 de la Loi de l'Hydro-Québec que
l'on propose de modifier par l'article 2 sont rédigés d'une
façon ancienne, disons. Sans vouloir donner une connotation
spéciale au mot ancienne, je pense que, depuis les années
où ces articles ont été rédigés, des
formules plus souples et plus sûres ont été trouvées
que l'on retrouve dans plusieurs lois. La première fois que les
dispositions proposées à l'ar- ticle 16 ont été
adoptées par la Chambre, je crois que c'était pour le code du
travail.
M. ALLARD: Le code du travail, c'est exactement cela.
M. LESAGE: Est-ce que le ministre pourrait nous dire quelle a
été l'expérience du gouvernement depuis 1966 quant
à l'utilisation de la procédure prévue à l'article
16, procédure qui avait été une trouvaille d'un homme qui
faisait l'objet des critiques sévères de l'ancien premier
ministre, M. Johnson?
M. ALLARD: Pardon? D'un homme qui faisait les critiques de l'ancien
premier ministre?
M. LESAGE: L'objet des critiques de l'ancien premier ministre. Oui,
c'était une trouvaille de M. Pigeon.
M. ALLARD: Oui, je sais que c'est une trouvaille de M. Pigeon. Je ne
connais pas...
M. LESAGE: Est-ce que c'était une bonne trouvaille? Le ministre
doit être en mesure de le dire. Il est membre du...
M. ALLARD: Disons que, si on a jugé bon de la mettre dans le bill
37, c'est qu'on a reconnu que c'était une excellente mesure.
M. LESAGE: Qui est on?
M. ALLARD: Le gouvernement actuel a jugé...
M. LESAGE: Est-ce que le ministre pourrait me donner des exemples
d'utilisation de cette procédure?
M. ALLARD: Je ne connais pas d'exemple d'utilisation.
M. LESAGE: Le ministre ne pourrait-il pas consulter le conseiller
juridique qui est derrière lui et qui pourrait sans doute le
renseigner?
M. ALLARD: On me dit qu'il y a quelques jugements de
rapportés...
M. LESAGE: On, c'est M. Normand.
M. ALLARD: Le conseiller juridique, M. Normand, me dit qu'il y a
quelques cas de rapportés, mais qu'il ne peut pas, de mémoire,
les soumettre. Il existe quelques cas où cela s'est avéré
très efficace.
M. LESAGE: Merci.
M. ALLARD: Disons que le chef de l'Opposition a été
excellemment conseillé à ce moment-là et que nous avons
trouvé que c'était un article appréciable. Nous l'avons
inséré.
M. LESAGE: C'est ce que Je voulais faire dire au ministre.
M. ALLARD: Cela me fait plaisir de le dire. M. DOZOIS: Il a fait
d'excellentes choses.
M. LESAGE: Certainement. Il a été payé bon
marché, à comparer à ce que le gouvernement actuel donne
à ses conseillers juridiques.
M. ALLARD: Les conseillers Juridiques, Je ne sais pas; on ne peut pas
s'embarquer là-dedans.
M. LESAGE: Oui, oui, je vous montrerai les réponses que J'ai
reçues aux questions posées.
M. ALLARD: Actuellement, nous avons deux conseillers Juridiques. Ces
articles-là visent à les protéger. Je crois qu'au
début des travaux de la commission, en 1961, 1962, si mon souvenir est
exact, le président a été poursuivi. Je ne saurais dire
où cette poursuite en est rendue. Il s'agissait de bols ou de la coupe
de bols.
M. LESAGE: Je pense que le député de Laurier est au
courant.
M. LEVESQUE (Laurier): Mon Dieu! oui! Où est-ce rendu?
M. LESAGE: J'aimerais savoir où c'est rendu.
M. LEVESQUE (Laurier): Moi aussi. M. ALLARD: Non.
M. LESAGE: C'était une affaire de bois livré en
Colombie-Britannique...
M. LEVESQUE (Laurier): Il y avait de tout là-dedans.
C'est Justement, c'est toujours du bois.
M. DOZOIS: C'est sorti de la cour à bois pour aller à la
cour de justice.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela venait de Laurentian Forest Products, contre
M. Lessard, je crois.
M. ALLARD: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce encore en cour?
M. DOZOIS: Je dis que c'est sorti de la cour à bois pour entrer
à la cour de justice.
M. ALLARD: Pour votre information, je ne peux vous dire si c'est
réglé et où cela en est rendu, cela n'a pas
été porté à ma connaissance. Mais,
évidemment, c'était dans le but d'éliminer ou
d'empêcher de pareilles poursuites, à l'avenir, avec cet
article-là.
M. LESAGE: Il me semble que cette cause-là a subi le sort
ordinairement réservé aux contestations d'élections.
M. ALLARD: D'élections.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est-à-dire qu'il y a autre chose aussi,
c'est que le procureur principal de la partie poursuivante est devenu Juge, je
pense.
M. ALLARD: Le procureur ne serait-il pas
décédé?
M. LESAGE: Non, c'est Me André Nadeau, qui est devenu Juge.
M. ALLARD: A ce moment-là,
M. LESAGE : Ecoutez, il faudrait faire attention et ne pas
prétendre que lorsqu'un avocat monte sur le banc, il meurt.
M. ALLARD: Non, non.
M. LESAGE: Il meurt peut-être pour la profession, mais il vit pour
la justice.
M. ALLARD: Je me demandais hier soir si cela couvrirait aussi un cas
comme celui du directeur général de l'Hydro-Québec, M.
Boyd, qui a eu des difficultés avec la Corporation des ingénieurs
au sujet de plans et devis. C'est un autre cas qui n'est pas
réglé.
M. LESAGE: Cela, c'est une autre affaire.
M. ALLARD: C'en est une autre, mais je me demande si ça...
M. LESAGE: Il y a un projet de loi devant la Chambre qui ne me dit rien
qui vaille à ce sujet-là.
M. ALLARD: Ah, c'est vrai!
M. LESAGE: On voudrait enlever, Je ne me souviens pas du projet de
loi...
M. ALLARD: La fonction publique.
M. LESAGE : C'est la Loi de la fonction publique, où on voudrait
enlever par exemple les pouvoirs de discipline du Barreau sur ses membres
fonctionnaires, même s'ils sont inscrits au tableau de l'ordre et
lorsqu'ils agissent comme avocats.
Disons qu'il y a là une belle bataille qui s'annonce.
M. ALLARD: Oui, et je me demande si cela ne touche pas aussi...
M. LESAGE: La même chose pour les médecins.
M. ALLARD: Oui, les médecins, les ingénieurs.
M. LESAGE: C'est très mauvais comme principe ce que j'ai
trouvé dans le bill.
M. ALLARD: C'est ce que je me demandais, si l'article couvrirait ou
empêcherait une poursuite de même nature. Nous verrons en temps et
lieu.
Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Théoret): Article 2, adopté. Article
3.
M. LESAGE: A l'article 3, le ministre est-il convaincu que cette
disposition concernant les conflits d'intérêts, cette disposition
proposée et que l'on retrouve dans plusieurs de nos lois depuis quelques
années, est plus contraignante que celle qui est prévue à
l'article 17 de la présente loi de l'Hydro-Québec?
M. ALLARD: On prétend que c'est beaucoup plus contraignant...
C'est la raison pour laquelle on l'insère actuellement dans presque
toutes les lois de même nature. Elle aurait une force plus grande et ce
serait une mesure de prudence pour réellement faire songer que les
conflits d'intérêts seraient...
M. LESAGE: Je voudrais faire plaisir à M. Normand. J'ai
moi-même consulté mes conseillers juridiques. Ils m'ont dit qu'il
avait eu raison de m'affirmer que la nouvelle rédaction était
plus contraignante que l'ancienne.
M. ALLARD: C'est la raison qu'on a fait valoir.
M. LESAGE: Pour deux raisons: c'est qu'autrefois on ne prévoyait
que les cas de conflits d'intérêts dans deux domaines
spécifiques. Aujourd'hui on couvre tout. Autrefois, il n'y avait pas de
sanction dans le cas de conflits d'intérêts, en vertu de l'article
17, tel qu'on le trouve aux statuts.
M. ALLARD: C'est la peine de déchéance, je crois.
M. LESAGE: Non, il n'y en avait pas. M. ALLARD: Non.
M. LESAGE : Là, il y en a maintenant une de prévue.
M. ALLARD: C'est justement.
M. LESAGE: Et c'est la déchéance de la fonction.
M. ALLARD: C'est ça qui importe. M. LESAGE: Oui, et ça
n'existait pas. M. ALLARD: C'est ça.
M. LESAGE: C'est donc plus contraignant pour deux raisons.
M. ALLARD: C'est justement, cela va avantager.
M. LESAGE: C'est qu'on couvre un champ plus vaste et,
deuxièmement, il y a une sanction, alors qu'il n'y en avait pas.
M. LE PRESIDENT (M. Théoret): Article 4.
M. ALLARD: Alors, à l'article 4, pour répondre un peu aux
questions posées tout à l'heure...
M. LESAGE: Nous y reviendrons parce que, j'ai un plus grand nombre de
questions à poser à l'article 4.
M. ALLARD: Dans l'ensemble...
M. LESAGE: ... à partir des témoignages
rendus devant la commission des Richesses naturelles et des lettres
d'intention qui ont été déposées hier.
M. ALLARD: D'abord, voyons la première question qui a
été posée par le chef de l'Opposition tantôt quant
à la différence qui existe entre la lettre d'intention qui limite
la période de vente de 1971 à 1976 et la loi qui mentionne de
1971 à 1980. Il n'y a pas tellement de raisons particulières de
faire une différence dans la loi si ce n'est d'éviter de revenir
devant la Chambre pour demander un prolongement. Si on insiste pour s'en tenir
à la lettre d'intention, je suis prêt à accepter un
amendement et à réduire cette période qui ne devra pas
être inférieure à 1977 cependant, parce que dans un des
contrats avec le Nouveau-Brunswick, il y a une question bien
particulière, c'est que si dans la dernière année, soit en
1976, la quantité d'électricité n'était pas prise,
nous serions obligés de faire livraison l'année suivante. Il y
aurait donc une nécessité d'aller au moins jusqu'en 1977. Quant
à 1980, je le dis bien humblement, c'était une façon
d'éviter de revenir devant la commission, mais si on y voit une
objection je suis prêt à amender.
J'ai tout de même la conviction que 1'Hydro renouvellerait
à ce moment-là son contrat, et je ne crois pas qu'elle le ferait
dans des conditions désavantageuses.
M. LEVESQUE (Laurier): Non.
M. ALLARD: Si on croit que c'est attirer...
M. LESAGE: Je n'ai pas de raison de croire ça moi non plus, mais
d'un autre côté il faut bien se souvenir de l'esprit qui a
présidé à l'adoption du chapitre 85 des Statuts refondus.
Qu'on se souvienne que cette loi, dans son embryon ou dans son principe, avait
été proposée par le chef de l'Opposition d'alors, M.
Johnson, et qu'elle avait été acceptée par le
gouvernement.
M. ALLARD: Cest le chapitre 34, je crois. M. LESAGE: C'est le chapitre
85.
M. ALLARD: Le chapitre 85 n'a-t-il pas été proposé
par le ministre des Richesses naturelles du temps?
M. LESAGE: Oui, mais c'était sur la base de...
M. ALLARD: Sur la base du chapitre 85, parce que le chapitre 85
concernait surtout, je crois, l'exportation hors du Canada.
M. LESAGE: Non, non, il concerne les deux. M. ALLARD: Oui, mais...
M. LESAGE: Le chapitre 85 traite de l'exportation de
l'électricité hors du Canada et à l'article 7, on traite
de l'exportation de l'électricité hors du Québec. La
prohibition est absolue en ce qui touche l'exportation de
l'électricité hors du Canada alors que ppur ce qui est de
l'exportation de l'électricité hors du Québec, il n'est
pas nécessaire d'avoir d'autorisation législative pour des
quantités inférieures à 70,000 chevaux-vapeur. Il n'est
pas nécessaire non plus d'avoir d'autorisation législative ni
même d'arrêté ministériel pour ce qui est de
l'énergie interruptible et de l'énergie excédentaire.
C'est à partir des principes qui ont inspiré ces projets
de loi que je dis qu'il vaudrait mieux que la période soit plus
brève que celle qui s'étend jusqu'à 1980, et pour d'autres
raisons qui ont été mentionnées par le
député de Laurier et par celui qui vous parle.
M. ALLARD: Non, je n'ai aucune objection...
M. LESAGE: On invoque la situation du marché aujourd'hui pour
accepter un prix inférieur. Quelle sera la situation du
marché?
M. LEVESQUE (Laurier): Cela n'ajoute-t-il pas, au fond, une sorte
d'argument additionnel quand le jour viendra à
l'Hydro-Québec...
M. ALLARD: Je suis parfaitement d'accord avec le chef de l'Opposition et
le député de Laurier et je suis prêt à amender pour
mettre la période allant de 1971 à 1977.
M. LESAGE: Je vais discuter dans un instant pour ce qui est du
détail de la date exacte, mais disons, si l'on veut, que je crois que
l'Hydro-Québec elle-même, dans le cas de la possibilité
d'un renouvellement et d'un changement de conditions possible quant aux prix,
quant aux quantités, sera dans une position plus forte pour
négocier si l'autorisation législative est nécessaire.
Pour me servir d'un terme bien connu, je crois que c'est du «
bargaining power » additionnel et je vols M. De Guise faire un signe
affirmatif...
M. LEVESQUE (Laurier): Il suffit de voir M. De Guise pour comprendre
qu'il vous approuve.
M. LESAGE: ... de la tête. Maintenant, pour ce qui est de la date
qu'il faudrait fixer au bill, le contrat avec l'Ontario va jusqu'en 1977 et, au
haut de la page 10 de la lettre d'intention avec le Nouveau-Brunswick, on
mentionne justement l'obligation de l'Hydro-Québec de remplacer
l'électricité après la période d'expiration du
contrat. On retrouve cela au sous-article d'où l'on parle
d'énergie de remplacement. Cela commence à la page 9 et ça
se lit comme ceci: « Si, pour toute raison, Nouveau-Brunswick est
incapable de prendre, pendant une période de douze mois durant le terme
de la présente convention, la pleine quantité d'énergie
représentée par la puissance garantie et par la puissance «
interruptible » pour ladite période de douze mois,
Nouveau-Brunswick devra néanmoins payer à l'Hydro-Québec,
durant le mois suivant la fin de ladite période de douze mois, un
montant égal à la différence entre le nombre de kwh
réellement prix par le Nouveau-Brunswick au cours de ladite
période de douze mois et le nombre de kwh représentés par
la puissance garantie et la puissance « interruptible »
multipliée par 2.25 mills.
Cependant, cette énergie que le Nouveau-Brunswick aurait
été incapable de prendre devra être emmagasinée
cela, c'est une obligation de l'Hydro-Québec dans les
réservoirs exploités par l'Hydro-Québec et
Nouveau-Brunswick aura droit de recevoir, sans frais pour le Nouveau-Brunswick,
durant la période de douze mois, du 1er novembre 1976 au 31 octobre 1977
inclusivement, au moment qu'il conviendra aux parties, un nombre de kwh, etc,
etc... »
C'est-à-dire que les obligations réciproques des parties,
dans le cas du Nouveau-Brunswick, ne se terminent pas avec la fin du contrat,
mais le 31 octobre 1977.
M. ALLARD: C'est pourquoi, J'accepterais l'amendement.
M. LESAGE: C'est pour cela qu'il faudrait reviser le projet de loi. On
parle ici du 31 mai 1980 et du 30 avril 1980 dans le cas de l'Ontario. Je me
demande s'il ne faudrait pas parler du 30 novembre 1977 ou du 31 janvier 1978
peut-être.
M. ALLARD: Au 1er janvier.
M. LESAGE: Bien, j'évitais la période des fêtes;
c'est pour cela que je parlais soit du 30 novembre 1977, soit du 31 Janvier
1978.
M. ALLARD: Alors, je suis prêt à accepter le 31 janvier
1978, dans les deux cas.
M. LESAGE: Oui, dans les deux cas.
M. ALLARD: Accepté. Maintenant, la deuxième question du
chef de l'Opposition concernant la différence...
M. LESAGE: Un instant. M. le Président, nous nous sommes entendus
sur la date d'expiration: 31 Janvier 1978.
M. ALLARD: On est parti de 1980 pour venir à 1977 et pour finir
à 1978.
M. LESAGE: Dans les deux alinéas, nous faisons coïncider les
dates.
M. ALLARD: C'est ça. Il y aurait intérêt à
faire coïncider les dates.
M. LESAGE: Les dates d'expiration de la période, J'entends.
M. ALLARD: M. le Président, sur la deuxième question
soulevée par le chef de l'Opposition, évidemment, il faut tenir
compte qu'il s'agit d'électricité livrée, non pas au plein
montant qui sera définitivement livré à
l'Hydro-Québec. Il y a des avantages à accepter une installation
rapide des groupes de Churchill, même si cela cause des surplus
d'énergie à l'Hydro qui a effectivement vendu à perte.
Comme on le sait, il y a différentes espèces
d'énergie. C'est là qu'il faut tenir compte du coût, qui
peut varier. Il y a d'abord l'énergie primaire, permanente ou garantie.
Cette énergie, évidemment, est continuellement disponible, en
tout temps. Mais, pour la période couvrant le contrat, nous savons que
l'Hydro ne peut pas consommer toute la production qui lui parviendra. C'est
à partir de 1977-1978 qu'elle consommera toute la production. Il y avait
donc un avantage pour l'Hydro à vendre ce qui pouvait être
inutilisé par elle à ce moment-là.
Quant à l'énergie secondaire, qu'on appelle aussi
intermittente ou interruptible...
M. LESAGE: Si vous voulez, nous allons nous en tenir à
l'énergie primaire pour le moment.
M. ALLARD: Je dis que...
M. LESAGE: Nous allons recevoir, en 1976 ou 1977, le maximum des onze
unités de Churchill Falls.
M. ALLARD: Oui, fin 1976 ou début de 1977. M. LESAGE: Rendu
à Montréal, ce sera 29
milliards de kwh, je crois, 28 ou 29 milliards. Nous aurons livré
à l'Ontario, pour chacune des années 1975 ou 1976...
M. ALLARD: 1976 et 1977.
M. LESAGE: ... 8 milliards de kwh par année. Est-ce cela?
M. ALLARD: 4 milliards par année.
M. LESAGE: 4 milliards par année et 8 milliards en tout. 4
milliards sur quoi? Sur les 23 ou les 24 milliards de kwh que nous recevrons
à ce moment-là. Nous n'aurons pas encore les 29 milliards. Il y
aura une quantité moindre au Nouveau-Brunswick, à laquelle il
faut ajouter, dans les deux cas, l'interruptible. C'est cela?
M. ALLARD: Oui.
M. LESAGE: Parce que l'interruptible, c'est quand même de
l'énergie...
M. ALLARD: Oui.
M. LESAGE: ... qu'on n'interrompt pas nécessairement, qu'on
n'interrompt que suivant des cas bien spécifiques de besoins qui ont une
connotation d'urgence.
M. ALLARD: Voici. Il y a quand même un contrat d'intervenu, qui
couvre et qui définit les termes, dans la convention, de la
disponibilité à certaines périodes dans l'interruptible.
C'est aussi une durée qui doit être précisée suivant
les cas.
M. LESAGE: Est-ce l'interruptible que l'Hydro-Québec n'est jamais
obligée de fournir durant les mois d'hiver?
M. ALLARD: Oui.
M. LESAGE: Durant les mois où les journées sont
très courtes...
M. ALLARD: Oui, c'est cela.
M. LESAGE: ... soit aux mois d'octobre, novembre, décembre,
janvier?
M. ALLARD: Oui. C'est cela.
M. LESAGE: Le ministre pourrait-il m'expliquer cela?
M. ALLARD: Au sujet de ce courant inter- ruptible, l'acheteur ne peut
pas compter sur une livraison sûre au moment où l'Hydro n'est pas
en mesure de le fournir, par exemple, à une période
donnée, durant certains mois, et aussi durant certaines heures, les
heures de pointes, par exemple, qui sont pires en hiver qu'elles peuvent
l'être en été.
M. LESAGE: Pourrais-je attirer l'attention du ministre sur la page 3 de
la lettre d'intention à l'Ontario? Il n'y a aucun engagement,
d'après ce que je peux comprendre du paragraphe A de l'article 3-1, de
la part de l'Hydro-Québec, de fournir de l'énergie ferme ou de la
puissance garantie avant 1975.
M. ALLARD: Non, c'est exact.
M. LESAGE: Alors, les quantités d'énergie que
l'Hydro-Québec s'engage à fournir à l'Ontario pour la
période de 1971...
M. ALLARD: Pardon, pour l'Ontario, c'est 1975.
M. LESAGE: Un instant, s'il vous plaît. A partir du 1er juin
1971...
M. ALLARD: Oui.
M. LESAGE: ... jusqu'au 31 mai 1975.
M. ALLARD: Vous êtes sur l'énergie inter-ruptible.
M. LESAGE: Oui, si on me laissait finir ma question, on verrait que
c'est là que j'allais.
M. ALLARD: Ah, bon!
M. LESAGE: Ce n'est donc que de l'énergie interruptible et
excédentaire que l'Hydro-Québec s'engage à fournir
à l'Ontario entre le 1er juin 1971 et le 31 mai 1975.
M. ALLARD: C'est exact.
M. LESAGE: Et ce n'est que pendant deux ans, soit pour la période
allant du 1er juin 1975 au 31 mai 1977, que l'Hydro-Québec...
M. ALLARD: En vertu...
M. LESAGE: ... s'engage à fournir à l'Ontario de
l'énergie ferme basée sur une puissance de 500 mégawatts
à 90% de facteur.
M. ALLARD: 3-1-A, c'est exactement ce que je dis.
M. LESAGE: Très bien, ce qui veut dire 4 milliards de kwh par
année.
M. ALLARD: C'est ça.
M. LESAGE: Et c'est toute l'énergie ferme que Québec
s'engage à fournir à l'Ontario pour cette période de deux
ans seulement.
M. ALLARD: C'est ça.
M. LESAGE: A partir du 1er juin 1971 l'énergie interruptible,
comment pourra-t-on la fournir alors que nous n'aurons pas commencé
à recevoir je le crois, toujours d'énergie de
Churchill Falls?
M. ALLARD: Avec nos surplus existants, entre autres Manic 5.
M. LESAGE: Mais nous n'en avons pas, de surplus existants à
l'heure actuelle. Qu'on pense à ce qui s'est passé au mois de
décembre 1968, alors que nous avons eu de la difficulté!
M. ALLARD: Bien voici, en 1971, M. le Président, Manic 5 sera
terminé et les Outardes seront en activité: Il y aura alors la
possibilité d'utiliser le surplus pour remplir les exigences du
présent contrat.
M. LESAGE: Oui, mais vous allez vider le lac.
M. ALLARD: Non, je ne crois pas que ce soit prévu
actuellement.
M. LESAGE: Vous allez être obligés de vous servir des
réservoirs de Manic 5 et le grand lac Manicouagan va être rempli
à un rythme beaucoup plus lent que prévu.
M. ALLARD: Bien voici, on me dit qu'on pourra les baisser temporairement
quitte à les remplir avec Churchill.
M. LESAGE: Les remplir avec Churchill? C'est-à-dire les remplir
avec Churchill parce que nous aurons des surplus?
M. ALLARD: C'est ça.
M. LESAGE: Et que, par conséquent, à partir d'une certaine
date que je demanderais de préciser, l'on prévoit qu'il sera
possible d'utiliser à plein l'énergie provenant de Churchill
Falls et ne pas se servir de celle de Manicouagan pour laisser remplir le
réservoir.
M. ALLARD: M. le Président, on m'informe qu'officiellement
Churchill Falls produira en mal 1972, mais elle sera en mesure officieusement
en novembre 1971, de fournir la quantité nécessaire.
M. LESAGE: Très bien. La date est mentionnée ici, c'est
juin 1971. Il est vrai que l'été, on a toujours des surplus.
C'est l'automne, à partir de septembre, octobre, novembre que la chute
Montmorency devient un filet et ce qui est vrai pour la chute Montmorency et
que tout le monde peut voir est vrai ailleurs aussi. Je pense que c'est un
exemple frappant.
M. ALLARD: Il y a une possibilité de tirer sur les
réserves existantes.
M. LESAGE: Oui, cela va assez bien. Il y a encore des choses
à...
M. ALLARD: Maintenant, on me fait remarquer qu'il y a un avantage pour
l'Hydro d'accepter une installation rapide des groupes de Churchill, même
si cela cause des surplus d'énergie à l'Hydro-Québec,
surplus vendus apparemment à perte. Premièrement, parce
qu'à ce moment-là il y a diminution des coûts de
construction, surtout des frais d'intérêt, ce qui réduit
nécessairement le prix d'achat payé par l'Hydro et,
deuxièmement, il y a aussi une réduction des emprunts pour
financer le projet par suite de la rentrée plus rapide des capitaux, ce
qui, indirectement, favorise le prix d'achat payé. C'est une explication
pour en venir à répondre un peu aux questions posées tout
à l'heure par le chef de l'Opposition qui se demandait pourquoi on
vendait en dessous du prix coûtant. Ces explications répondent, je
crois, à la question posée.
M. LESAGE: M. le Président, la copie de la lettre d'intention qui
est devant moi, en ce qui touche l'Ontario, est coupée un peu à
la marge gauche et je puis difficilement lire parce qu'il manque des mots.
M. ALLARD: Quelle page?
M. LESAGE: C'est la page 14, article 7: « Conditions
spéciales, droits de rétrocéder la puissance garantie
». Mais je ne vois pas le numéro de l'article. A la page 14, c'est
7.1. Si je suis le texte anglais, je m'en aperçois. Il y a ici: «
Sur avis écrit adressé à l'Hydro-Québec, sous pli
recommandé », étant donné qu'il me manque des mots,
est-ce que le ministre pour-
rait, premièrement me le lire, et deuxièmement le
commenter?
M. ALLARD: La lecture, premièrement: « Sur avis
écrit adressé à l'Hydro-Québec sous pli
recommandé, Ontario-Hydro aura le droit, jusqu'au 1er avril 1971
inclusivement, d'annuler l'achat de puissances garanties prévu aux
présentes. Les parties conviennent que si Ontario-Hydro
rétrocède la puissance garantie en conformité de ce qui
précède, l'énergie représentée par ladite
puissance garantie, soit environ 4 milliards de kwh par période de douze
mois, pourra, dans la mesure où ladite énergie sera disponible en
tout ou en partie, au seul choix d'Hydro-Québec, devenir de
l'énergie interruptible, être ajoutée aux quantités
d'énergie interruptible, pour les périodes de douze mois
commençant le 1er juin 1975 et le 1er juin 1976, apparaissant à
l'alinéa b) du paragraphe 3.1 des présentes, et dans tel cas,
cette énergie sera régie par toutes les clauses des
présentes se rapportant à l'énergie interruptible.
»
M. LESAGE: Est-ce que Je puis conclure de cette lecture et là,
ça m'inquiète un peu, qu'Hydro-Ontario pourrait, à partir
de maintenant, jusqu'au 1er avril 1971, donner un avis écrit à
Hydro-Québec que, pour la période allant du 1er juin 1975 au 31
mai 1977, elle renonce aux 8 milliards de kwh d'énergie garantie...
M. ALLARD: Primaire.
M. LESAGE: Oui. ... pour cette période.
M. ALLARD: Elle pourrait le faire. Elle pourrait renoncer.
M. LESAGE: Et qu'à partir de ce moment-là,
Hydro-Québec peut quand même forcer Hydro-Ontario à acheter
la même quantité d'énergie interruptible.
M. ALLARD: Exact. C'est bien ça.
M. LESAGE: Très bien. Mais est-ce que ce n'est pas là
donner un avantage indu à l'Ontario, étant donné que
l'énergie garantie ou l'énergie primaire doit être
payée 4.5 mills, et l'énergie interruptible 3 mills? C'est
là que je perds mon latin, je m'excuse.
M. ALLARD: On me dit que c'est une question de négociation, et
Hydro-Ontario a voulu se garder une marge.
M. LESAGE: Comment cela s'explique-t-il?
On dit presque à l'Ontario: A votre choix, vous paierez 4.5 ou 3.
C'est presque de la poudre aux yeux.
M. ALLARD: Il ne faut pas perdre de vue qu'on vend de
l'électricité dont, à ce moment-là, on peut
disposer. Et, plutôt que de tout perdre, on est prêt à
vendre à certaines conditions.
M. LESAGE: L'Hydro-Ontario me semble avoir tout avantage à donner
l'avis prévu pour, en définitive, ne payer que 3 mills de kwh
pour 8 milliards de kwh, entre le 1er juin 1975 ou le 31 mai 1977.
M. ALLARD: Si on ne le payait que 3 mills, il risquait, à ce
moment-là, de se le faire couper.
M. LESAGE: Je veux bien le croire. L'Hydro-Québec va avoir des
sources tellement excédentaires, à ce moment-là, que ce ne
sera pas, en réalité, de l'interruptible. Il me semble qu'on
risque de se faire jouer ici.
M. ALLARD: On me fait remarquer que si on s'aperçoit qu'ils ne
s'en servent uniquement, par exemple, qu'aux heures de pointe, à ce
moment-là, il sera possible de les couper.
M. LESAGE: Je le comprends, mais je trouve que cette clause 7 est une
invitation à l'Ontario d'envoyer l'avis qui y est prévu pour, en
définitive, acheter 8 milliards de kwh à 3 mills au lieu de 4 1/2
mills.
M. ALLARD: Voici, je vous l'ai fait remarquer tout à
l'heure...
M. LESAGE: Je ne suis pas satisfait de la réponse du
ministre.
M. ALLARD: Il s'agit évidemment d'une négociation qui a eu
lieu, et où l'Hydro-Ontario a voulu se protéger au cas où
ses prévisions ne seraient pas exactes. De notre côté, nous
avions aussi intérêt à laisser peut-être aller
certains avantages pour...
M. LESAGE: Là, ce n'est pas l'avantage que l'Hydro-Québec
laisse aller. C'est le prix. C'est presque une invitation à l'Ontario
à envoyer l'avis. Du moment que l'avis est envoyé, ils ont droit
au 8 milliards de kwh entre 1975 et 1977 et ils vont payer 3 mills au lieu de 4
1/2 mills. Je ne suis pas satisfait. Les réponses du ministre, je
m'excuse et ceci est dit en toute amitié ne me
convainquent pas.
M. ALLARD: On me dit que s'ils prennent l'énergie à ce
prix-là aux heures de pointe, il y a un risque de se la faire couper, ce
qui pourrait leur créer des complications.
M. LESAGE: Je le sais, mais l'Hydro-Ontario sait fort bien qu'entre 1975
et 1977, HydroQuébec aura, de toute façon, des surplus
d'énergie primaire, d'énergie garantie.
M. ALLARD: C'est évident.
M. LESAGE: Je pense que le ministre doit l'admettre.
M. ALLARD: Oui, oui, il est évident qu'il y aura des surplus.
M. LESAGE: Voyez-vous la position dans laquelle se trouve l'Ontario?
Etant donné que j'ai de nombreuses autres questions à poser au
sujet du contrat du Nouveau-Brunswick, est-ce qu'on retrouve une clause
semblable dans le contrat du Nouveau-Brunswick?
M. ALLARD: Non.
M. LESAGE : Je ne l'avais pas vu. Je me fie à M. De Guise. Est-ce
que, durant l'ajournement de 12 h 30 à 2 h 30, le ministre pourrait se
préparer là-dessus pour me donner des arguments convaincants au
sujet de cet article 7.1?
M. ALLARD: A moins que nous le suspendions et que je fournisse les
explications additionnelles.
M. LESAGE: C'est-à-dire, on le suspend, procédons un
peu...
M. ALLARD: Entendu, je fournirai...
M. LESAGE: Il n'y a pas d'ordre défini.
M. ALLARD: Je fournirai les explications additionnelles.
M. LESAGE: J'en prends note. Clause 7.4 du contrat avec l'Ontario.
M. ALLARD: Avec l'Ontario?
M. LESAGE: Oui, obligation de remplacement du charbon. Est-ce que
l'Hydro- Québec ne se jette pas un peu dans les bras de l'Hydro-Ontario
quant aux conditions? Il s'agit de « l'interruptible ». Aux
conditions prévues, cela semble lié aux limitations de charge
auxquelles a à faire face l'Hydro-Ontario dans ses centrales thermiques
et au transport de l'énergie pour réduire le plus possible la
consommation de charbon et d'huile afin de respecter l'objet de cette
convention.
M. ALLARD: On me dit que l'Ontario a limité sa production
d'électricité basée sur la consommation de charbon pour
les forcer à acheter le plus d'électricité de
l'Hydro-Québec. Le seul moyen qu'ils ont de l'acheter, c'est en
réduisant leur consommation d'électricité à base de
charbon.
M. LESAGE: Alors, il faut absolument s'en reporter au bon vouloir de
l'Hydro-Ontario en ce qui touche la réduction de sa production
d'énergie thermique.
M. ALLARD: Je dis que l'Hydro-Ontario s'engage à faire ce qu'elle
est capable.
M. LESAGE: J'ai l'impression que l'Ontario a négocié
durement cette lettre d'intention et qu'elle a réussi à mettre
pas mal tous les avantages de son côté.
M. ALLARD: Evidemment, elle était dans une position assez
avantageuse.
M. LESAGE: Oui, assez avantageuse, mais l'Ontario a quand même
besoin d'électricité.
M. ALLARD: Oui, mais nous avions un surplus.
M. LESAGE: Nous avions un surplus à lui offrir. Il y avait des
avantages des deux côtés, malgré que je reconnaisse
qu'étant donné que ce que l'Hydro-Québec était
prête à fournir à l'Hydro-Ontario était sur une base
temporaire...
M. ALLARD: Elle a convenu tout de même d'acheter...
M. LESAGE: ... la position de négociation de
l'Hydro-Québec était d'autant plus affaiblie.
M. ALLARD: Ils ont convenu d'acheter, ce que l'on trouve à
l'article 3, une quantité assez importante...
M. LESAGE: Oui.
M. ALLARD: ... de 20 milliards de kilowatts. C'est tout de même
quelque chose d'assez intéressant.
M. LESAGE: Oui, d'accord. Ilya8 milliards là-dessus qui portent
une étiquette de prix de 4.5 mills, mais par une seule lettre
c'est là-dessus que le ministre doit me donner des explications
de l'Hydro-Ontario à l'Hydro-Québec, cela peut être
réduit de 4.5 à 3 mills le kwh.
M. ALLARD: On donnera les explications additionnelles.
M. LESAGE: Clause 7.5, c'est l'option de l'Hydro-Québec.
Là, Je reviens à l'amendement que nous avons apporté tout
à l'heure quant à la date. L'article 7.5 se lit: «
L'Hydro-Québec aura le droit, sa seule option, d'offir en vente à
Ontario-Hydro pendant la période de douze mois suivant le 31 mai 1977,
en tout ou en partie, les kwh d'énergie interruptible qui, pendant le
terme de cette convention, auront été mis à la disposition
de l'Ontario-Hydro par l'Hydro-Québec, selon l'étape 1 du
paragraphe 7.2, des présentes, et n'auront pas été pris
par Ontario-Hydro. »
Alors, c'est une chose similaire à celle que nous avons lue tout
à l'heure dans le contrat du Nouveau-Brunswick.
M. ALLARD: Oui, mais il s'agit justement d'énergie interruptible,
qui n'affecte pas la loi, actuellement, dans le cas de l'Ontario.
M. LESAGE: Le ministre a raison parce que l'interruptible...
M. ALLARD: N'est pas touchée dans le cas du
Nouveau-Brunswick.
M. LESAGE: ... il n'est pas nécessaire pour livrer de
l'interruptible d'avoir une autorisation législative, je l'ai dit...
M. ALLARD: C'est ça.
M. LESAGE: ... lorsque je suis intervenu en deuxième lecture. Le
ministre a raison. Tandis que, dans le cas du Nouveau-Brunswick...
M. ALLARD: Cest différent.
M. LESAGE: ... c'est de l'énergie ferme ou primaire.
Maintenant le comité conjoint pour la gérance de ces
conditions, le ministre pourrait-il nous expliquer très
brièvement de quelle façon il sera formé, quelle sera la
procédure? En existe-t-il un, à l'heure actuelle, parce qu'il y a
des relations de fournitures mutuelles d'électricité...
M. ALLARD: Il n'existe pas actuellement... M. LESAGE: ... entre les deux
Hydros.
M. ALLARD: ... il sera formé et c'est 1'Hydro qui le formera.
M. LESAGE: Les deux Hydros.
M. ALLARD: Oui, les deux Hydros, mais il n'existe pas
présentement.
M. LESAGE: L'Hydro-Québec et l'HydroOntario.
M. ALLARD: Cest ça, il sera formé conjointement entre
l'Hydro-Ontario et l'Hydro-Québec.
M. LESAGE: Il y aura combien de personnes? Les déatils sont-ils
prévus?
M. ALLARD: Non, les détails du comité sont à
être régis par le contrat.
M. LESAGE: Ce comité conjoint va servir en même temps de
centre de décision pour tout ce qui touche...
M. ALLARD: L'excédentaire.
M. LESAGE: ... tout ce qui touche... est-ce que ça n'ira pas plus
loin que l'excédentaire?
N'est-ce pas ce comité conjoint qui aurait la
responsabilité des approvisionnements dans les deux sens?
M. ALLARD: Oui, le comité conjoint dépendra de la
commission. Alors, ce sera sous l'autorité de la commission.
M. LESAGE: Des deux commissions?
M. ALLARD: Oui, des deux commissions.
M. LESAGE: Mais, est-ce que ce comité conjoint ne sera pas, en
définitive, l'agent des deux commissions pour les décisions
rapides concernant l'approvisionnement de l'une ou de l'autre province et des
interconnexions?
M. ALLARD: Nécessairement.
M. LESAGE: Bon, je crois que c'est un pas dans la bonne voie et que l'on
pourra, avec ce comité conjoint, acquérir une expérience
qui pourrait être très précieuse pour l'avenir.
Lorsque, comme l'a dit M. Lessard ou M. DeGuise au comité
je ne me souviens plus de qui nous a parlé de ce sujet les deux
réseaux, celui de l'Ontario et de l'Hydro-Québec, formeront ce
qu'on appelle un « grid » plus ténu, plus serré que
celui que nous avons maintenant, malgré que les points de connexion ne
soient pas très nombreux entre l'Ontario et le Québec.
M. ALLARD: Alors, si on se rapporte au débat du 15 avril 1964, le
chef de l'Opposition, premier ministre du temps, avant défini un «
grid » comme l'intégration des réseaux.
M. LESAGE: Bien, ça peut aller jusqu'à
l'intégration complète des réseaux, mais cette
intégration...
M. ALLARD: Intégration des réseaux ou interconnexion des
réseaux.
M. LESAGE: Oui, si l'on veut, mais l'intégration peut être
plus ou moins complète à partir de l'interconnexion
jusqu'à l'intégration totale. Or, je ne pense pas que
l'intégration totale soit envisagée; c'est l'interconnexion qui
est envisagée. Je pense qu'il y a une distinction; il y a des
degrés là-dedans. Une simple interconnexion ne peut pas
créer le « grid ».
M. ALLARD: Non.
M. LESAGE: Il me resterait des questions à poser sur la lettre
d'intention du Nouveau-Brunswick, qui est différente et un peu plus
complexe...
M. ALLARD: Oui.
M. LESAGE: ... que celle de l'Ontario. J'attendrai du ministre,
dès notre retour à deux heures et demie...
M. ALLARD: C'est ça.
M. LESAGE: ... des explications quant à 7-1. Pour ce qui est de
la sanction, quatre heures moins quart, cela conviendrait-il à Son
Excellence?
M. LE PRESIDENT (M. Théoret): Alors, le comité suspend ses
travaux jusqu'à deux heures trente.
Reprise de la séance à 14 h 30
M. THEORET (président du comité plénier): A
l'ordre, messieurs!
Bill 175
M. BELLEMARE: M. le Président, il s'agirait, de consentement
unanime, d'aller en Chambre et puis de revenir. C'est le bill constituant la
Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec qui est
à l'étude en comité plénier. Il s'agirait
simplement de le faire sanctionner cet après-midi.
M. LESAGE: A-t-il été adopté à la commission
des bills privés et publics?
M. BELLEMARE: Il a été réimprimé et il est
revenu.
M. LESAGE: A quel moment?
M. BELLEMARE: Il a été réimprimé... Il est
au feuilleton depuis le 27 mars.
M. LESAGE: Oui, j'étais présent à la
séance.
M. BELLEMARE: C'est cela.
M. LESAGE: Nous l'avions adopté, et il y avait eu des
modifications à ce projet de loi.
M. BELLEMARE: C'est cela.
M. LESAGE: Je n'ai aucune objection, au contraire; je crois qu'il y a
lieu...
M. BELLEMARE: ... de le sanctionner cet après-midi.
M. LESAGE: ... de provoquer sa sanction.
M. BELLEMARE: Vous êtes bien aimable. Alors, on peut faire le
rapport à l'effet que la Chambre a siégé et que le
comité a adopté...
M. LESAGE: D'accord. Alors, j'attends l'oracle.
Bill 37 (suite)
M, ALLARD: Alors, M. le Président, pour compléter les
informations de la matinée demandées par le chef de l'Opposition,
il va sans dire que j'ai consulté M. De Guise, qui est beaucoup plus au
courant que je ne puis l'être des
technicités du contrat. Je donnerai textuellement les
informations que le chef de l'Opposition sera en mesure de comprendre
très clairement.
M. le Président, lorsque l'Hydro-Québec a d'abord
approché l'Hydro-Ontario pour lui vendre une partie du surplus
d'électricité provenant de Churchill Falls, au cours de la
période de 1972 à 1977, la première réaction de
l'Hydro-Ontario a été la suivante: Nous ne sommes
intéressés qu'à l'interruptible, car notre programme est
déjà engagé en vue de satisfaire aux besoins essentiels
d'énergie jusqu'en 1976. Comme explication, on ajoutait que la
construction des grandes centrales nucléaires requiert au moins six ans,
que les commandes pour le matériel comportent des retards certains et
que les périodes de mise en route des groupes sont souvent plus longues
que prévu, que les travaux préléminaires et la
préparation des plans commencent environ deux ans avant le début
de la construction.
Il me semble donc, M. le Président, que leur décision
d'acheter de l'énergie primaire pendant deux ans, c'est-à-dire de
1975 à 1977, résultait beaucoup plus de leur désir
d'assurer un apport adéquat au cas de difficulté ou de retard
imprévisible que de réaliser des économies. C'est pourquoi
au cas où leur programme de réalisations fonctionnerait beaucoup
mieux que prévu ils ont voulu se réserver le droit, jusqu'en 1971
c'est-à-dire plus ou moins quatre ans d'avis de renoncer
à l'achat de l'énergie primaire de l'Hydro-Québec jusqu'en
1975, afin de pouvoir écouler ces surplus. C'est l'Hydro-Québec
qui a suggéré l'option de substituer « l'interruptible
» à trois mills si l'Hydro-Ontario décidait que son
programme de construction et ses facilités de financement lui
permettaient de subvenir elle-même à ses besoins d'énergie
primaire.
Ou l'Hydro-Ontario a besoin d'énergie primaire du Québec
en 1975 ou bien elle n'en a pas besoin. Dans le premier cas, elle ne devra pas
donner l'avis prévu pour 1971. Si elle le donne, l'Hydro-Québec
pourrait bien se placer dans la position ou elle ne serait certainement pas en
mesure de fournir 500,000 kilowatts à l'Hydro-Ontario durant les
périodes de pointe des mois d'hiver.
M. LESAGE: C'est-à-dire une puissance de 500,000 kilowatts.
M. ALLARD: Oui, oui, une puissance. Oui, parce qu'il y a une
légère distinction pour les profanes, ça n'existe pas,
mais, pour les spé- cialistes comme vous, je comprends que vous fassiez
la distinction.
M. LESAGE: C'est une distinction qui est beaucoup plus que
légère.
M. ALLARD: Aussi l'Hydro-Québec pourrait décider de
retarder de quelques mois la mise en route des derniers groupes de Churchill
Falls d'arrêter un certain nombre de groupes, d'autres centrales pour y
pratiquer l'entretien indispensable. A ce moment-là, l'Hydro-Ontario ne
peut courir un tel risque d'avoir des difficultés sérieuses,
à moins qu'elle ne soit certaine que son propre programme de
construction soit bien au point.
De toute façon, elle ne peut demander de l'interruptible à
3.0 mills si elle a besoin de primaire ou de puissance garantie car il est
clairement stipulé à l'article 3.1 b) que: « La fourniture
d'énergie interruptible sera susceptible d'être interrompue aux
heures de pointe sur le réseau de l'Hydro-Québec au cours des
mois de novembre, décembre, janvier, février et mars. Ces heures
de pointe sont généralement de 10 h à 12 h le matin et de
4 h à 7 h l'après-midi. » Fait à remarquer, les
interruptions importantes à ces heures sont très paralysantes, et
l'Hydro-Québec a tous les moyens de voir à ce que les intentions
des parties soient parfaitement respectées à ce sujet.
M. LESAGE: Je remercie le ministre des Richesses naturelles pour les
explications très claires, très nettes qu'il vient de donner et
qui, à mon sens, justifient les clauses de la lettre d'intention qui me
semblaient un peu obscures, non pas quant à leur rédaction mais
quant à leur bien-fondé en substance.
Pour ce qui est de la lettre d'intention de l'Hydro-Québec avec
l'Ontario, il me resterait une question à poser au ministre des
Richesses naturelles et elle a trait à l'urgence d'adopter la
législation qui est devant nous. Je voudrais attirer l'attention du
ministre sur l'article 8.3 de la lettre d'intention que l'on retrouve à
la page 22 et qui se lit comme il suit: « L'obligation pour
l'Hydro-Québec de livrer, et l'obligation pour l'Ontario-Hydro
d'accepter toutes les quantités de puissance garantie d'énergie
interruptible et d'énergie excédentaire prévue aux
présentes et de payer pour ces quantités sont subordonnées
à la signature par l'Hydro-Québec d'un contrat définitif
de fourniture d'énergie avec Churchill Falls Labrador Corporation
Limited avant le 31 mars 1969 et à l'obtention, à ladite date,
des autorisations et approbations mentionnées au paragraphe 8.2 des
présentes.
« Les parties peuvent, de consentement écrit, reporter
cette date à un date ultérieure.»
Je voudrais demander s'il y a eu, en Ontario, un arrêté
ministériel d'adopté pour reporter la date que j'ai
mentionnée tout à l'heure, soit le 31 mars 1969, au 31 mai
1969.
M. ALLARD: Exactement, cette date du 31 mars 1969, par
arrêté en conseil du gouvernement de l'Ontario, a
été reportée au 1er juin 1969. Or, le 1er juin, c'est
lundi.
M. LESAGE: Oui, c'est cela.
M. ALLARD: Depuis le « reportage » de cette limite du mois
de mars, le contrat a été signé.
M. LESAGE: Le report.
M. ALLARD: Le report, excusez-moi.
M. LESAGE: Vous savez, quand le ministre des Affaires culturelles n'est
pas ici, il faut que quelqu'un s'occupe de ses affaires.
M. ALLARD: La lettre d'intention a été signée.
Evidemment, si nous avions aujourd'hui à demander à
l'Hydro-Ontario un nouvel arrêté en conseil, alors que le contrat
est déjà signé, il pourrait y avoir de graves
complications.
M. LESAGE: C'est bien ce que j'avais compris des explications du
ministre et de celles de M. le commissaire DeGuise.
Allons, maintenant, si vous le boulez bien, à la lettre
d'intention signée au profit du Nouveau-Brunswick. Il y a plusieurs
clauses au début de cette lettre d'intention qui sont similaires ou
presque aux clauses...
M. ALLARD: ... de l'Ontario.
M. LESAGE: ... que nous avons discutées dans le cas de l'Ontario.
Cependant, il arrive que la livraison d'énergie sous la clause de la
puissance garantie je réfère à l'article 3 1
a) à la page 3 est mentionnée d'une façon beaucoup
plus précise que dans le cas de l'Ontario. Dans le cas de l'Ontario, la
livraison d'énergie primaire, si l'on veut qui équivaut
à la puissance garantie, jusqu'à un certain point n'est
prévue que pour 1975, 1976. Ici, elle est prévue du 1er novembre
1971 jusqu'au 31 octobre 1976. Les quantités à livrer chaque
année sont mentionnées dans la lettre d'intention. Pour ce qui
est de la puissance « interruptible », mentionnée au
paragraphe b) qui suit, nous avons également la mention des
quantités du 1er novembre 1971 jusqu'au 31 octobre 1976. Dans chaque
cas, la quantité d'énergie « interruptible » à
fournir dans une période de douze mois équivaut à la
moitié de la quantité d'énergie ferme à fournir
pour la même période. .
Pour chaque période donc: 2/3 de l'énergie primaire
à livrer et 1/3 de l'énergie interruptible. Cela va bien, les
quantités sont inférieures aux quantités à livrer
à l'Ontario, mais je demanderai au ministre: Est-ce que, durant la
période à partir du 1er novembre 1971, il n'y a pas danger qu'une
situation critique survienne quant aux approvisionnements
d'électricité au Québec? Parce qu'après tout, il
s'agit bien ici de quantités d'énergie ferme à livrer au
cours des mois difficiles, puisqu'on commence au 1er novembre.
Je sais qu'on pourra me répondre qu'il ne s'agit que d'une
quantité de 43,333 kilowatts, ce qui n'est pas une quantité
très forte.
M. ALLARD: C'est exactement la réponse...
M. LESAGE: Mais si on se reporte au mois de décembre 1968, je
pense bien que l'HydroQuébec aurait pu utiliser avec grand avantage,
à certains jours de la fin de décembre, cette quantité de
43,333 kilowatts. Il arrive un point d'urgence, de besoin qu'il ne faut tout de
même pas dépasser. Les approvisionnements augmenteront-ils
suffisamment, grâce à l'apport de nouvelles sources
d'énergie, d'ici le 1er novembre 1971, pour se permettre le luxe de
vendre à d'autres?
M. ALLARD: D'après les prévisions, les pronostics de
l'Hydro-Québec, il ne devrait pas y avoir de problème. Vous avez
remarqué tout à l'heure qu'il s'agit évidemment de
quantités beaucoup moindres. C'est un des facteurs dont on doit tenir
compte. Pourquoi a-t-on agi différemment avec le Nouveau-Brunswick?
C'est que le Nouveau-Brunswick, d'une part, a besoin de quantités moins
grandes et n'a pas, contrairement à l'Ontario, un programme de
prévisions aussi bien préparé.
M. LESAGE: Autre question au ministre. Dans le projet de loi, en ce qui
concerne l'Ontario, le chiffre de puissance garantie, mentionné, est de
500,000 kilowatts.
M. ALLARD: De 500,000 kilowatts.
M. LESAGE: C'est le chiffre que l'on retrouve dans la lettre
d'intention. Le ministre pourrait-il, à partir de l'article 3, et
particu-
lièrement du paragraphe A de l'article 3-1, me traduire en
puissance équivalant à 225,000 kilowatts le nombre de kilowatts
mentionné pour chacune des périodes de douze mois?
M. ALLARD: Le nombre de kwh?
M. LESAGE: Non, non. Excusez-moi. Si le ministre veut bien lire
l'article 3-1 A, il verra qu'il ne s'agit pas de kwh. Il s'agit de
puissance.
M. ALLARD: Oui.
M. LESAGE: Je ne trouve nulle part, dans la lettre d'intention, le
chiffre de 225,000 kilowatts qui est mentionné pour le Nouveau-Brunswick
dans le projet de loi, alors que l'on retrouve, dans la lettre d'intention
à l'adresse de l'Hydro-Ontario, le chiffre de 500,000 kilowatts de
puissance, qui est mentionné au projet de loi. Comment expliquer
ça?
M. ALLARD: On retrouve la quantité de kilowatts fixée en
1976, soit 146,667, à l'article 3-A, phase du premier novembre 1975
à 1976. En vertu de l'article subséquent, à la page 5, ils
peuvent prendre 100,000 kilowatts additionnels.
M. LESAGE: Le dernier paragraphe... M. ALLARD: Les 2/3 de 100,000,
plus...
M. LESAGE: ... au bas de la page 5, on lit: « Le Nouveau-Brunswick
aura le droit de dire à l'Hydro-Québec dans ledit avis
écrit qu'en ce qui concerne toute majoration de la puissance,
excepté les dispositions du présent paragraphe 3-2,
excédant 100,000 kilowatts de majoration, l'Hydro-Québec ne sera
tenue de livrer au Nouveau-Brunswick que l'énergie
représentée par ladite puissance en dehors des heures de charge
de pointe. »
M. ALLARD: Alors, les 2/3 de 100,000.
M. LESAGE: Je réfère maintenant le ministre à la
page 4, article 3-2; cela s'applique à tout l'article, y compris ce
qu'il vient de me lire. Il s'agit d'une option d'augmenter la puissance
garantie et la puissance « interruptible. »
Or, dois-je comprendre que les 100,000 kilowatts de majoration sont sur
la même base...
M. ALLARD: Oui, 2/3, 1/3.
M. LESAGE: ... c'est-à-dire 2/3 de primaire garanti et 1/3
« d'interruptible ». Ce qui fait 66,000 kilowatts.
M. ALLARD: C'est exact: 66,000, plus 146,000 cela fait 213,000
kilowatts. Pour arrondir le chiffre, on a établi...
M. LESAGE: Très bien. M. ALLARD: ... le montant.
M. LESAGE: C'est tout près de 225,000 kilowatts.
M. ALLARD: C'est ça.
M. LESAGE: C'est-à-dire qu'il manque une dizaine de mille
kilowatts.
M. ALLARD: A peu près, pour arrondir le chiffre.
M. LESAGE: Oui, ça va.
M. BELLEMARE: Alors, adopté?
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Vous aviez dit: La dernière question.
M. LESAGE: J'ai dit que c'était la dernière question pour
le contrat de l'Hydro, lorsque j'ai parlé des ententes de l'Hydro avec
l'Ontario. Là, nous venons à peine de commencer l'étude de
la lettre d'intention à l'adresse du Nouveau-Brunswick. Alors, que le
ministre du Travail prenne patience.
M. ALLARD: En parlant de la dernière question, tous les
spectateurs sont partis.
M. LESAGE: Je pense que notre conversation n'est peut-être pas
aussi intéressante pour la population que celle que nous pourrions
entretenir sur ce qu'on appelle les « bed-in ».
M. LE PRESIDENT (M. Théoret): Le bill, s'il vous plaît.
M. DOZOIS: Il aurait pu se mettre au courant, s'il était
resté.
M. LESAGE: C'est le cas de le dire.
M. LE PRESIDENT (M. Théoret): Messieurs,
mol, je suis au courant que nous étudions le bill. Alors, si vous
voulez bien continuer.
M. LESAGE: Bien, M. le Président, c'est une chose
extrêmement sévère. La discussion est tellement
sérieuse que nous pouvons nous permettre une petite saillie de temps en
temps.
Le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre l'a compris, c'est lui qui
a commencé.
M. BELLEMARE: Certainement. C'est pour ça que vous parlez des
citrons, « lemon ».
M. ALLARD: C'est électronique.
M. LESAGE: Le premier ministre a fait cette erreur, ce n'est pas «
lemon», c'est Lennon. Ce n'est pas du citron.
UNE VOIX: En parlant de citron...
M. LESAGE: On a répondu, il y a un instant, aux questions que
j'avais à poser sur l'article 3-2. Article 3-3, à la page 6:
« Option de diminuer la puissance interruptible ». Le
Nouveau-Brunswick aura l'option, sur préavis de pas moins d'un an
donné par écrit à l'Hydro-Québec, de diminuer d'au
plus 22,500 kw la puissance interruptible prévue pour la période
de douze mois, du 1er novembre 1974 au 31 octobre 1975; d'au plus 33,000 kw
celle prévue pour la période de douze mois du 1er novembre 1975
au 31 octobre 1976 ».
Si on examine à la page 4, article 3-1, les quantités
prévues pour les périodes que je viens de mentionner, si on
applique les diminutions possibles, on s'aperçoit qu'il ne restera pas
grand-chose.
M. ALLARD: C'est exact, mais c'est...
M. LESAGE: Dans les deux cas, on donne le droit au Nouveau-Brunswick de
couper pas tout à fait de moitié, mais presque.
M. ALLARD: C'est juste dans l'interruptible? M. LESAGE: Oui, oui, dans
l'interruptible.
M. ALLARD: C'est au cas où les prévisions ne seraient pas
exactes, mais ça ne change pas le primaire.
M. LESAGE: « Le prix, » ah, c'est complexe ici. Je vous
avoue, M. le Président, que c'est une façon de calculer le prix
de l'énergie que je ne connaissais pas et sur laquelle j'ai besoin des
puissants phares de l'Hydro-Québec.
Voici que, cette fois-ci, nous serons payés sur une base annuelle
de $17.75 pour chaque kw plus 2.25 mills par kwh livré au cours du mois.
Alors ça fait combien le kwh à la station Matapédia,
puisque c'est à partir de là que l'électricité est
livrée.
M. le Président, vous comprendrez justement
l'intérêt du député de Matapédia qui suit
cette discussion.
M. ALLARD: M. le Président, les explications sont les suivantes.
On peut vendre de l'électricité suivant deux principes de
tarification différents ou une combinaison des deux.
Premièrement, à tant le kwh d'énergie, en prenant bien
soin de séparer la puissance maximum instantanée que le client
peut tirer afin de ne pas obliger le vendeur à prévoir une
installation qui soit hors de proportion avec l'usage que l'acheteur en fait en
durée; c'est le principe utilisé avec l'Hydro-Ontario.
M. LESAGE: De là la puissance de 500 calculée à
90%.
M. ALLARD: C'est justement. Où l'on spécifie
également le nombre...
M. LESAGE: Alors, une autre étape. Celle-là, je la
comprends et je sais pourquoi. L'autre, celle du Nouveau-Brunswick.
M. ALLARD: Deuxièmement, ou bien on calcule à tant le
kilowatt de puissance maximum tirée en aucun temps par le client en
spécifiant le nombre d'heures maximum, facteur d'utilisation durant
lesquelles il peut tirer telle puissance maximum. Par exemple, une partie de la
facturation du Nouveau-Brunswick se fait sur la base de $17.75 par année
pour chaque kilowatt, au moment de la demande maximum facturée
mensuellement. Il est spécifié qu'il ne peut s'en servir plus que
90% du temps théoriquement disponible.
M. LESAGE: Dois-je comprendre que c'est un maximum dans le mois ou dans
l'année?
M. ALLARD: Il est facturé chaque mois.
M. LESAGE: Oui, mais est-ce basé sur un maximum de chaque mois ou
sur un maximum de l'année? Cela fait une grosse différence, parce
que les mois d'été...
M. ALLARD: Le maximum est établi chaque mois.
M. LESAGE: Chaque mois.
M. ALLARD: Il est facturé chaque mois.
M. LESAGE: Oui, parce que si c'était le maximum de
l'année, cela pourrait changer...
M. ALLARD: Non. Il y aurait un jeu dangereux. C'est le maximum de chaque
mois et c'est pour cela qu'il est facturé chaque mois au montant de
$17.75.
M. LESAGE: En supposant l'utilisation d'un maximum à 90% par le
Nouveau-Brunswick sur la même base que l'Ontario, et en y ajoutant les
2.25 mills le kwh qui sont prévus comme paiement additionnel, cela
pourrait faire combien? Autrement dit, à combien de fractions de mills
ou de mills par kwh, traduisez-vous la puissance garantie à $17.75 le
kilowatt?
M. ALLARD: $17.75, oui. C'est l'équivalent de 2.25 mills.
M. LESAGE: Alors, nous arrivons au même prix que l'Ontario,
4.5?
M. ALLARD: Approximativement au même point.
M. LESAGE: Sauf que le prix est un peu plus élastique, mais d'une
façon minime.
M. ALLARD: Oui, c'est cela.
M. LESAGE: Maintenant, pour ce qui est de la puissance interruptible, ce
chiffre de $17.75 tombe à $12.50. Est-ce que cela change les
méthodes de calcul?
M. ALLARD: Au lieu de 2.25 mills, ce serait l'équivalent de 1.64
mill ou à peu près.
M. LESAGE: Ce qui veut dire que le Nouveau-Brunswick paierait pour
l'énergie interruptible, si j'interprète bien le paragraphe
5-1B...
M. ALLARD: Il paierait plus que celui de l'Ontario...
M. LESAGE: Oui, 3.
M, ALLARD: Oui, mais on me dit qu'il ne serait aussi facilement
interruptible que celui...
M. LESAGE: Un instant, s'il vous plaît. Vous m'avez dit combien?
1.
M. ALLARD: 1.64 mill.
M. LESAGE: 1.64, ce qui voudrait dire 3.90 ou 3.89, comme question de
fait.
M. ALLARD: Environ. M. LESAGE: 3.9 mills. M. ALLARD: C'est cela.
M. LESAGE: 3.9 mills pour l'interruptible, alors que l'Ontario va payer
3 mills.
M. ALLARD: Oui.
M. LESAGE: Et en quoi, pour reprendre la dernière phrase du
ministre, serait-il moins interruptible pour le Nouveau-Brunswick qu'il ne
l'est pour l'Ontario?
M. ALLARD: Dans le cas du Nouveau-Brunswick, nous ne pouvons
l'interrompre que si nous avons une panne de machine. Dans le cas de l'Ontario,
c'est sur l'heure de pointe. Dans le cas du Nouveau-Brunswick c'est dans le cas
d'un bris ou d'une panne.
M. LESAGE: Oui. C'est-à-dire que l'urgence et l'importance du
besoin rendent le courant, vendu à l'Ontario interruptible, et non pas
dans le cas du Nouveau-Brunswick.
M. ALLARD: Non, ce n'est pas le même...
M. LESAGE: Dans le cas du Nouveau-Brunswick, il faut qu'il y ait
accident
M. ALLARD: C'est exactement cela. M. LESAGE: Panne de moteur... M.
ALLARD: Bris de machine. M. LESAGE: ... ou actus Dei. M. ALLARD: C'est
stipulé... M. LESAGE: Force majeure.
M. ALLARD: Et c'est stipulé à la page 3 du contrat:
« La puissance interruptible désigne, etc. », on voit que :
susceptible d'être interrompue advenant une panne de production sur le
réseau d'Hydro-Québec qui rendrait celle-ci incapable de
satisfaire les exigences de ses abonnés en puissance souscrite, etc.
M. LESAGE: Bon, ça va. Pour ce qui est de la page 9 de la lettre
d'intention et du haut de la page 10, nous en avons discuté ce
matin.
M. ALLARD: Oui.
M. LESAGE: L'article 6, 1) et2), doit s'étudier en même
temps, parce que c'est très corrélatif. Il l'agit de la liaison
ou de l'intercon-nection, si l'on veut je ne sais pas si on peut aller
jusqu'à l'interconnection, mais on peut aller certainement
jusqu'à la liaison entre les installations
Hydro-Nouveau-Brunswick et les installations Hydro-Québec. Je comprends
qu'il faut construire. Il faut construire du côté du
Nouveau-Brunswick et du côté de Québec. Où est
située le centrale? Je ne sais pas si on appelle ça une centrale,
mais le...
M. ALLARD: Le poste de conversion.
M. LESAGE: ... poste de conversion Matapédia.
M. ALLARD: On me dit qu'actuellement, il n'est pas fixé, il sera
lors de la rédaction définitive.
M. LESAGE: Ah! Nous parlons d'un point géographique dans le
contrat, point goégraphique qui n'est pas situé. Cela,
c'est...
M. ALLARD: A l'endroit dont les parties aux présentes pourront
convenir.
M. LESAGE: Mais ça, c'est pas mal pire que dans le contrat de
Churchill Falls ou on parle d'un point qu'on veut désigner par des mots
qui ne disent pas ce qu'ils veulent dire, tout le monde a compris ce que
c'était.
M. ALLARD: Disons que les difficultés avec le Nouveau-Brunswick
sont peut-être moins grandes...
M. LESAGE: Ne sont pas du tout du même genre, de même
nature.
M. ALLARD: Non.
M. LESAGE: Ici, c'est parce qu'il n'a pas réellement
été choisi.
M. ALLARD: C'est vrai.
M. LESAGE: Tandis que, dans le cas de Churchill Falls, il est choisi
depuis longtemps.
M. ALLARD: Oui.
M. LESAGE: Tout le monde sait que c'est à la hauteur des terres,
sur le chemin de fer, sur la ligne qui a été
déterminée par le Conseil privé.
M. ALLARD: Oui. Ce qui est à remarquer, dans le cas du
Nouveau-Brunswick, où qu'il soit ce point, c'est le Nouveau-Brunswick
qui paiera pour.
M. LESAGE: C'est parce que le député de Matapédia
est en Chambre.
M. ALLARD: Ah! C'est vrai, mais est-ce que ça va dans son
comté?
M. LESAGE: Il voudrait bien savoir si ça va être chez
lui.
M. ALLARD: Oui, mais le député de Matapédia, si on
parle des lignes, des limites du Nouveau-Brunswick, ça ne tombe pas dans
le comté. M. le Président, ça ne tombe pas dans le
comté du député. Parce que Matapédia est dans le
comté de Bonaventure et la section qui intéresse les limites avec
le Nouveau-Brunswick, je ne crois pas que ça fasse partie du
comté de Matapédia.
M. LESAGE: Je pense que le comté du député de
Matapédia ne se rend pas suffisamment au sud.
M. ALLARD: Oui, je crois que c'est ça, parce que le comté
de Bonaventure, Roy, Matapédia, Saint-Alexis...
M. LESAGE: D'autant plus que l'endroit qui s'appelle
Matapédia...
M. ALLARD: Oui, c'est ça.
M. LESAGE: ... est dans le comté de Bonaventure.
M. ALLARD: Non, Saint-Alexis, est-ce dans votre comté?
M. ARSENAULT: Dans Bonaventure.
M. ALLARD: Je sais que la dernière place, c'est
Routhierville.
M. ARSENAULT: Routhierville, oui. M. ALLARD: Dans la vallée.
M. LESAGE: Ce n'est pas si mal.
M. ARSENAULT: Ce la commence bien.
M. ALLARD: Cela fait quelque temps que je ne suis pas passé par
là, mais c'est un endroit que je connais très bien.
M. LESAGE: C'est Routhierville. M. ALLARD: Routhierville.
M. LESAGE: Vous savez où il y a des chalets pour les
touristes.
M. ALLARD: Il y a de la pêche pas loin de là.
M. LESAGE: Oui, en effet. Alors, ce n'est pas
déterminé.
M. ALLARD: Non.
M. LESAGE: Mais c'est le Nouveau-Brunswick qui devra construire...
M. ALLARD: qui devra payer. Oui.
M. LESAGE: ... et si Hydro-Québec construit du côté
de Québec, c'est aux frais du Nouveau-Brunswick, moins 25%que s'engage
à payer Hydro-Québec pour la partie dans le Québec
M. ALLARD: Pour les condensateurs.
M. LESAGE: Pour la partie construite dans Québec ou pour
l'ensemble.
M. ALLARD: C'est ça.
M. LESAGE: C'est vrai, c'est seulement pour l'installation des
condensateurs synchrones.
M. ALLARD: Juste pour les condensateurs.
M. LESAGE: Des condensateurs synchrones à être
installés du côté de Québec, ce qui veut dire que
les lignes sont aux frais du Nouveau-Brunswick.
M. ALLARD: C'est ça.
M. LESAGE: Mais cette liaison sera une liaison permanente.
Présentement, est-ce qu'il y a une interconnection quelconque entre
Hydro-Brunswick et Hydro-Québec? Mais qui en vaille la peine. Je ne pas
de l'éclairage d'un village.
M. ALLARD: Il y en aurait une à 138,000 volts, mais
limitée à 65,000 kilowatts de transfert.
M. LESAGE: Et c'est où ça?
M. ALLARD: Par le poste Matapédia.
M. LESAGE: Il existe, alors?
M. ALLARD: C'est une sous-station ordinaire à courant
alternatif...
M. LESAGE: Actuellement.
M. ALLARD: ... actuellement, qui ne serait pas suffisante dans le
cas...
M. LESAGE: Qui fournit le Nouveau-Bruns-wick ou qui reçoit du
Nouveau-Brunswick? Ou les deux? Y a-t-il échange?
M. ALLARD: Il y a eu les deux. Il y a un échange.
M. LESAGE: Mais ce n'est pas un échange important?
M. ALLARD: 65,000 kilowatts au maximum.
M. LESAGE: Cela veut dire que ce n'est pas une interconnection qui peut
permettre aux deux réseaux de se compenser d'une façon le
moindrement valable.
M. ALLARD: Non, pas d'une manière importante.
M. LESAGE: Est-ce que les ouvrages à être installés
sont tels qu'ils permettront une interconnection des deux réseaux qui
nous donnera des compensations valables en cas de besoin pour l'Est du
Québec d'un côté et l'ouest du Nouveau-Brunswick de
l'autre?
M. ALLARD: Cela permettra dans les deux sens une puissance de 320,000
kilowatts, ce qui est beaucoup supérieur aux 65,000 existant
actuellement.
M. LESAGE: D'ailleurs, c'est ce qu'on voit un peu plus loin. J'ai vu, en
lisant ce contrat, cette mention de 320,000 kilowatts, ce qui est quand
même inférieur au total de puissance que le contrat autorise de
livrer à un moment donné si vous additionnez le primaire et
l'interruptible.
M. ALLARD: Cela arrive juste & 320,000.
M. LESAGE: Mais le maximum est plus de 320,000? Le maximum possible en
vertu du contrat?
M. ALLARD: Non.
M. LESAGE: Parce qu'il y a une clause qui limite à 320,000.
M. ALLARD: C'est le maximum.
M. LESAGE: C'est le maximum parce que c'est le maximum de
capacité de l'interconnection.
M. ALLARD: Le contrat permet au total 213,000 de primaire et 106,000 de
secondaire, ce qui fait un maximum de 320,000.
M. LESAGE: C'est vrai. En additionnant les 100,000
supplémentaires.
M. ALLARD: Il y a limite de l'interconnection. En additionnant les
100,000 supplémentaires.
M. LESAGE: Cela va. Alors, le Nouveau-Brunswick avait clairement plus
besoin d'électricité que l'Ontario?
M. ALLARD: Oui. Il a un programme moins bien défini, moins bien
planifié, si on peut dire, que l'Ontario, moins avancé que
l'Ontario. L'Ontario a des prévisions beaucoup plus importantes.
M. LESAGE: Il faut bien penser que l'Ontario est beaucoup plus
industrialisée, et avec les offres alléchantes qu'elle fait aux
industriels elle ne peut pas prendre le risque de les décevoir au point
de vue de l'énergie.
M. ALLARD: C'est ça.
M. LESAGE: J'espère que nous en arriverons là, nous
et nous sommes sur le point d'y arriver parce que les sources
d'énergie constantes, assurées, à bon marché sont
un facteur de localisation industrielle fort important dans certains cas. Pas
dans tous les cas, mais dans certains cas. Evidemment, ce n'est pas le temps de
le demander; J'aurais dû le demander à la commission.
M. ALLARD: Il faudrait remarquer que dans le cas de l'industrialisation
ce qui est important c'est la disponibilité de
l'électricité et secon- dairement, évidemment, le prix,
mais c'est surtout la disponibilité.
M. LESAGE: C'est sûr, la disponibilité et la constance de
la disponibilité, c'est ça qui est le plus important comme
facteur. C'est ce qu'on appelle un des facteurs de l'infrastructure de
développement économique, c'est la constance de la
disponibilité.
M. ALLARD: C'est ça 1' « availability».
M. LESAGE: Ah oui! A quelle date a été signé le
contrat de Churchill Falls? Je l'ai ici sur mon bureau. Excusez-moi, je vais
regarder.
M. ALLARD: Le 13 ou 14 mai. Cela fait une quinzaine de jours.
M. LESAGE: Il me semblait que c'était au mois de mai.
M. ALLARD: C'est au mois de mai. M. LESAGE: Je pose la question...
M. ALLARD: Attendez une minute. Cela a été
signé...
M. LESAGE: ... en regard...
M. ALLARD: ... le 12 mai, je crois, lundi.
M. LESAGE: ... de l'article 6, sous-article 7, page 15, parce que la
validité de la lettre d'intention avec le Nouveau-Brunswick est
subordonnée à la signature par l'Hydro-Québec d'un contrat
définitif de fourniture d'énergie avec Churchill Falls Labrador
Corporation Limited, avant le 30 avril 1969. Est-ce que, là aussi, il y
a eu un arrêté ministériel?
M. ALLARD: Il y a eu aussi une extension...
M. LESAGE: Est-ce une extension qui a été donnée
par l'Hydro-Nouveau-Brunswick ou s'il y a eu arrêté
ministériel? Ce n'était peut-être pas nécessaire,
non plus.
M. ALLARD: Nous ne serions pas en mesure... L'autorisation a
été accordée de toute façon, soit par
l'Hydro-Nouveau-Brunswick ou par arrêté en conseil du
gouvernement.
M. LESAGE: Si c'était nécessaire, oui. M. ALLARD: Oui,
mais je ne pourrais pas
vous le dire. Nous n'avons pas ici l'information.
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que vous auriez... Evidemment,
il y a peut-être de mes collègues qui ont des questions à
poser.
M. LE PRESIDENT (Théoret): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. LESAGE: Non, un instant. J'avais une demande à vous faire, M.
le Président, c'est de relire je m'excuse de vous le demander
l'article 4 tel que modifié. N'oublions pas que c'est un bill qui
va être sanctionné tout de suite. Je pense que la
vérification doit se faire maintenant. S'il y avait moyen de lire
l'article pour voir comment cela s'insère dans le bill.
M. LE PRESIDENT (Théoret): Si vous le permettez, je vais le lire
pour voir si c'est bien conforme à ce que vous avez adopté en
comité.
M. LESAGE: Oui, si vous voulez bien.
M. LE PRESIDENT (Théoret): « Nonobstant toute disposition
au contraire, etc. a) exporter et vendre à The Hydro-Electric Power
Commission of Ontario, du 1er juin 1975 au 31 janvier 1978, une quantité
d'énergie électrique, etc. »
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT (Théoret): « b) exporter et vendre à
The New Brunswick Electric Power Commission, du 1er novembre 1971 au 31 janvier
1978, une quantité d'énergie électrique, etc ».
M. ALLARD: C'est cela.
M. LE PRESIDENT (Théoret): Ce sont les seuls changements qui ont
été faits.
M. LESAGE: Très bien.
M. LE PRESIDENT (Théoret): Alors, adopté?
M. LESAGE: Oui.
M. ALLARD: Je remercie le chef de l'Opposition de sa collaboration.
M. LESAGE: On peut se remercier mutuel- lement; je remercie le ministre
de toutes ses explications.
M. ALLARD: De précieux renseignements nous ont été
fournis par M. De Guise qui, comme vous le savez, est un des experts parmi les
commissaires.
M. LESAGE: Pour ne pas blesser sa modestie, je dirai ce que j'en pense
en troisième lecture, alors qu'il n'aura pas le droit d'être assis
parmi nous.
M. THEORET (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté le bill 37 Loi modifiant la loi de l'Hydro-Québec avec des
amendements qu'il vous prie d'agréer.
M. LEBEL (président): L'honorable ministre des Richesses
naturelles propose que les amendements soient maintenant lus et
agréés. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Troisième lecture à une prochaine...
M. PAUL: Si l'honorable chef de l'Opposition me permettait...
M. LESAGE: Dès la troisième lecture.
M. PAUL: ... de suspendre une demi-minute la troisième lecture de
ce bill, pour demander le consentement de la Chambre pour que l'article 29, qui
se lit comme suit: « Comité plénier, bill 214, Loi
concernant les commissaires d'écoles, pour la municipalité de
Contrecoeur, dans le comté de Richelieu ». C'est un bill qui a
été adopté, hier, je crois, sans amendement.
M. LESAGE: Oui, j'ai le rapport du leader de l'Opposition à
l'effet qu'il y avait lieu d'adopter ce bill.
M. PAUL: Alors, nous pourrions l'adopter. Je remercie le chef de
l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles, du
consentement unanime de la Chambre, propose la troisième lecture du bill
de l'Hydro-Québec.
Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. LESAGE: M. le Président, un mot seulement pour
féliciter le ministre, féliciter le président et les
membres de la Commission hydroélectrique de Québec de ces
transactions d'une importance considérable qui ont été
conduites à bon port.
Je pense que pas beaucoup de gens savent le nombre d'heures
d'étude, de travail, de discussion, de négociations qu'elles ont
nécessitées de la part du président et des membres de la
Commission hydro-électrique de Québec, de M. De Guise en
particulier, de nombreux conseillers juridiques, d'Ingénieurs, d'une
foule d'autres personnes. Pour ceux qui étalent dans les tribunes, ce
matin, il était clair qu'il s'agissait là d'une affaire
extrêmement complexe.
Le contrat avec Churchill Falls est d'une complexité que tous
ceux qui essaient de le comprendre peuvent réaliser à la seule
lecture du contrat. Les lettres d'intention, les contrats à venir avec
l'Ontario et le Nouveau-Brunswick sont également très complexes,
très compliqués, difficiles à saisir. Quant à moi,
je ne suis pas un expert, tout ce que j'ai fait c'est de faire mon possible
depuis plusieurs années pour comprendre le problème. Je crois que
ces contrats, ces lettres d'intention, cette législation nous
permettront, au Québec, de continuer à nous assurer
l'énergie électrique dont nous avons besoin pour notre
développement, pour les nécessités domestiques de nos
citoyens, de nous procurer, dis-je, cette énergie électrique
à meilleur prix, je suis tenté de dire, que n'importe oà
ailleurs, et je pense que c'est vrai.
M. DOZOIS: Oui, au monde.
M. LESAGE: Au monde. Nous avons en même temps l'orgueil de
participer financièrement et techniquement, financièrement par
l'Hydro-Québec, techniquement par nos ingénieurs dont la
compétence est reconnue universellement, nos entrepreneurs, nos
industriels, au harnachement d'une source d'énergie unique au monde et
qui est canadienne.
Vous me permettrez bien, M. le Président, de profiter de la
circonstance pour vous dire que ce développement, auquel participe le
Québec, d'une richesse naturelle canadienne, constitue pour moi un
élément de plus qui augmente ma fierté d'être un
Canadien. Je ne suis pas ici pour faire un discours patriotique, mais il y a de
ces moments dans la vie où lorsqu'une grande chose est
réalisée, à la suite de beaucoup d'efforts, de beaucoup de
monde, de beaucoup des nôtres, la fierté, la note patriotique de
la fierté est ressentie. Ce sont les sentiments qui m'animent dans le
moment, et j'ai voulu en faire part à mes collègues.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles.
M. ALLARD: Les paroles que vient de prononcer le chef de l'Opposition
témoignent de sa compréhension et surtout de
l'intérêt manifesté, alors qu'il lui était loisible
de le faire, au développement de ce vaste programme dont nous venons de
connaître la conclusion ces jours derniers.
Comme il l'a dit, je crois que nous devons nous déclarer heureux
de ce résultat tangible qui marque une étape très
importante dans le développement économique du Québec en
ce sens qu'il pourra en assurer le développement tant industriel que
commercial.
Une foule de gens ont participé à la préparation et
à la rédaction de ce contrat. Il serait assez difficile d'en
nommer quelques-uns de peur d'en oublier. L'équipe de l'Hydro, dans
l'ensemble, a fait un travail énorme, un travail de géant, et
comme le disait le chef de l'Opposition, ce n'était pas facile. Beaucoup
de difficultés ont dû être surmontées, mais le
résultat est à l'honneur des Canadiens français qui ont
réussi, je crois, ce tour de force qui démontre encore que le
Québec sait faire sa part et qu'il a une grande place au sein du
Canada.
M. LE PRESIDENT: La motion de troisième lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. PAUL: M. le Président, après avoir rapidement parcouru
le feuilleton et pris les informations nécessaires, je crois qu'il
serait prudent de retarder l'adoption de certains bills privés avant
d'en proposer la sanction.
M. LESAGE: J'en laisse la responsabilité au leader de la
Chambre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme de nouveau en comité
des subsides. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Comité des subsides Crédits du Conseil
exécutif
M. THEORET (Président du comité des subsides): A l'ordre!
Nous reprenons donc l'étude des crédits du Conseil
exécutif. Je crois comprendre que nous sommes au poste 4, page 55,
Commission de la fonction publique du Québec.
M. LESAGE: C'est bien ça, M. le Président.
M. CHOQUETTE: Voici, M. le Président, si vous permettez...
M. LESAGE: La commission s'amène, les mains pleines de
valises.
M. CHOQUETTE: ... je pense qu'il y a des questions d'ordre
général, qui concernent autant la gestion du personnel que la
politique salariale du gouvernement. Enfin, des questions que l'on ne peut pas
attribuer à l'un des postes 4, 5, ou 6 qui concernent la politique du
personnel du gouvernement. Je me demande si le ministre consentirait à
ce que nous: abordions ces questions d'ordre général
immédiatement.
Je pense que le ministre serait peut-être en mesure de dire
à quel moment le gouvernement a énoncé ou
préconisé une politique d'austérité dans tous les
domaines et en particulier dans le domaine des salaires des employés du
secteur public et surtout du gouvernement?
M. MASSE: A partir du moment où après les élections
de juin 1966, on a pris connaissance de l'état des finances du
Québec.
M. CHOQUETTE: Bien, ce ne sont pas exactement les conclusions du rapport
Rameau qui démontraient une excellente gestion et un excellent
état des finances du Québec. A quel moment l'ancien premier
ministre, M. Johnson, et le ministre d'Etat à la Fonction publique
ont-ils énoncé la nécessité d'une politique
d'austérité?
M. MASSE: M. le Président, il m'est absolument impossible de vous
donner une date pour une question semblable.
M. CHOQUETTE: Le ministre se rappelle-t-il avoir participé, avec
le premier ministre, M. Johnson, à des déclarations
énonçant la nécessité d'une politique
d'austérité pour le gouvernement du Québec?
M. MASSE: A l'automne 1967, certaines déclarations ont
été faites, mais je ne peux pas fixer une date.
M. CHOQUETTE: Je n'ai sûrement pas demandé au ministre une
date précise; je voulais simplement fixer l'époque où l'on
avait énoncé la nécessité de cette politique.
M. MASSE: A l'automne 1967.
M. CHOQUETTE: A l'automne 1967. Le mi- nistre peut-il nous dire quelles
sont les principales caractéristiques de la politique salariale du
gouvernement qui a été énoncée comme devant
s'appliquer au secteur gouvernemental et au secteur public en
général?
M. MASSE: Je pense qu'il faut distinguer entre deux questions:
Premièrement, il y a l'analyse des effectifs, qui détermine le
nombre de fonctionnaires dont les services peuvent être retenus dans les
différents ministères: d'autre part, il y a les questions de
négociations et de traitement de ces fonctionnaires par le biais des
conventions collectives.
Dans la question des effectifs, le gouvernement, à partir de
l'automne 1967 en particulier, dans l'analyse des budgets qui ont eu
cours à partir du 1er avril 1968 a fait une analyse beaucoup plus
attentive et beaucoup plus serrée des demandes d'effectifs venant des
ministères. Egalement, par le jeu des subventions ou des normes
budgétaires, on veut appliquer, autant que faire se peut, le même
système pour les organismes subventionnés par le gouvernement,
tels les hôpitaux et les commissions scolaires.
D'autre part, ayant à négocier un grand nombre de
conventions collectives dans les mois qui allaient suivre, le gouvernement
s'est donné une politique salariale qui a été
discutée, en particulier, à l'occasion de la négociation
de la Régie des alcools, l'automne dernier.
M. CHOQUETTE: Je suis d'accord. Je sais qu'elle a été
discutée à ce moment-là, mais elle avait été
sûrement élaborée bien avant cela.
M. MASSE: Oui.
M. CHOQUETTE: Ce que je voulais demander au ministre, c'est à
quel moment elle avait été élaborée dans la forme
qu'on lui a donnée comportant une augmentation de 5% par année en
moyenne pour des contrats de trois ans.
M. MASSE: Je pense que le gouvernement s'est préparé
dès l'automne 1967 à la série de négociations qui
allaient avoir cours en l'année 1968 et qui ne sont pas toutes
terminées. Il faut tenir compte également qu'une partie de ce
travail avait été faite à l'occasion de
négociations précédentes, en 1965 et au printemps 1966, en
particulier, par l'actuel chef de l'Opposition qui était, à
l'époque, premier ministre et de qui relevait la direction
générale des relations du travail et les négociations.
M. CHOQUETTE: Je pense que le ministre s'éloigne un peu de son
sujet. Ai-je bien compris que la politique salariale du gouvernement
était fondée sur des augmentations moyennes de 5% par
année pour les employés du gouvernement? C'était ça
le fondement de la politique salariale gouvernementale?
M. MASSE: Non.
M. CHOQUETTE: Non? Qu'est-ce que c'est dans ce cas?
M. MASSE: Premièrement, un certain nombre de principes ont
été discutés lors de la négociation de la RAQ. Par
exemple celui de chercher à payer des traitements équivalents
pour des postes similaires à des organismes qui relèvent du
gouvernement directement ou indirectement. Enfin, il y a un certain nombre de
principes. Egalement, il y a la question des disparités
régionales.
Au sujet des traitements comme tels, nous avons fixé des taux de
croissance en tenant compte également de rattrapage dans certains
secteurs. Mais Il n'y a pas de chiffres magiques.
M. CHOQUETTE: Je sais très bien qu'on ne pourrait pas...
M. MASSE: Les augmentations ont donc joué, selon tous ces
principes, entre 3% et 40%.
M. CHOQUETTE: Alors le minimum qui a été accordé
pour certaines fonctions était de 3%...
M. MASSE: C'est allé jusqu'à 40%...
M. CHOQUETTE: ... je présume, ou certains secteurs, et
jusqu'à 40%.
M. MASSE: ... dans certains postes bien précis.
M. CHOQUETTE: Dans quels postes bien précis a-t-on atteint des
augmentations de 40%?
M. MASSE: Chez les agents de la paix, je crois.
M. CHOQUETTE: Chez les agents de la paix. M. MASSE: Oui.
M. CHOQUETTE: Pour les fonctionnaires du gouvernement, quelle a
été l'augmentation moyenne accordée en vertu de la
convention collective intervenue en 1968?
M. MASSE: Elle a été de 7 1/2% pour les premiers 18 mois
et de 7 1/2% pour les autres 18 mois selon l'échelle.
M. CHOQUETTE: Ce qui revient à 5% par année, n'est-ce
pas?
M. MASSE: Plus les augmentations statutaires et le rattrapage dans
certains cas.
M. CHOQUETTE: Au sujet du rattrapage de certains cas, y a-t-il un moyen
d'en fixer le montant au point de vue de la totalité qui était
comprise dans cette somme-là?
M. MASSE: Bien, il faudrait prendre les corps de fonctionnaires l'un
après l'autre. Le principe est que, lorsqu'il apparaît, à
l'analyse des conditions de travail, qu'un secteur gouvernemental, par rapport
à des secteurs privés a des problèmes importants soit de
recrutement ou de disparités trop marquées dans les taux, il est
évident que voilà une question qui demande un rattrapage,
indépendamment de l'augmentation statutaire qui peut être
accordée.
M. CHOQUETTE: Je connais exactement les conditions dans lesquelles on
peut faire un rattrapage. Ce que je demande au ministre, c'est une idée
du nombre de cas de fonctionnaires qui ont eu l'avantage de
bénéficier de primes do rattrapage en plus des augmentations de 7
1/2% par période de 18 mois.
M. MASSE: Nous n'avons jamais fait le relevé par individu. Nous
l'avons négocié par convention et par corps de fonctionnaires. Il
est assez difficile de donner un chiffre. Disons que cela serait... Si la
Chambre désire avoir un chiffre fixe... Le relevé n'a jamais
été fait parce que nous n'avons pas négocié avec
les individus, mais par convention collective, donc avec les syndicats, et puis
à l'intérieur des syndicats avec les corps de fonctionnaires.
Disons que pour les agents de la paix, il semblerait que le rattrapage,
du côté des surveillants dans les institutions pénales et
peut-être d'une certaine catégorie de gardes-chasse, compte un
nombre qui peut aller jusqu'à 300 sur 2,500.
M. CHOQUETTE: Sur un effectif total de combien de personnes?
M. MASSE: De 2,500 pour les agents de la paix.
M. CHOQUETTE: 2,500 agents de la paix.
M. MASSE: Je donne ces chiffres sous toute réserve parce qu'ils
n'ont jamais été calculés par individu.
M. CHOQUETTE: D'accord. Au point de vue des fonctionnaires du
gouvernement et de la convention avec les fonctionnaires.
M. MASSE: Chez les fonctionnaires, il n'y a pas eu d'échelle
particulière en dehors des augmentations de la convention. Il y a eu des
rajustements à l'intérieur des heures de travail.
M. CHOQUETTE: Dois-je comprendre que les fonctionnaires ont
bénéficié de l'augmentation de 7 1/2% pour chaque
période de 18 mois de la convention collective, plus ce qui a
été négocié au point de vue des heures de travail?
Je veux dire qu'en substance c'est ce qui a été
négocié avec eux sur le plan du salaire et des conditions de
travail.
M. MASSE: Plus les augmentations statutaires.
M. CHOQUETTE: Evidemment, plus les augmentations statutaires, qui
s'élèvent à combien par année?
M. MASSE: Salon les niveaux et selon les corps, entre $200 et $400 par
année. Ce qui peut faire, pour trois ans, $1,200.
M. CHOQUETTE: Il n'y a donc pas eu de rattrapage, enfin,
d'effectué chez les fonctionnaires, parce que je présume qu'on
n'avait pas besoin d'effectuer de rattrapage.
M. MASSE: Disons que ce rattrapage avait été fait à
la convention collective précédente. Maintenant, dans le domaine
des fonctionnaires proprement dit de l'Etat, le secteur où il y a eu le
plus de rattrapage, c'est dans la négociation avec les agents de la
paix, en particulier les surveillants d'institutions pénales.
M. CHOQUETTE: Mais le ministre conviendra que l'unité des agents
de la paix a pas mal moins d'importance que l'unité des fonctionnaires,
par le nombre, n'est-ce pas.
M. MASSE: Ce n'est pas ce que les dirigeants de l'unité
prétendent.
M. CHOQUETTE: Non, non, mais je dis par le nombre des personnes qui sont
intéressées.
M. MASSE: Evidemment, je pense qu'il y a près de 2,500 agents de
la paix. Maintenant, l'unité du syndicat des professionnels n'est pas
tellement plus nombreuse, 3,000. Je ne pense pas qu'on puisse calculer nos
négociations selon l'importance, selon le nombre des gens avec lesquels
nous négocions.
M. CHOQUETTE: Non, je ne plaçais pas l'importance, je ne faisais
pas de comparaison entre l'importance de la négociation par la nature
des fonctions exercées, mais parle nombre, n'est-ce pas. Je pense
que...
M. MASSE: Aux yeux du ministre d'Etat...
M. CHOQUETTE: ... en vertu de la convention des fonctionnaires, vous
avez peut-être 35,000 fonctionnaires qui tombent...
M. MASSE: Disons qu'il y a 48 sous-chefs, 95 membres de régies et
commissions qui sont non syndicables, il y a 374 cadres supérieurs, il y
a 308 adjoints aux cadres supérieurs tous non syndicables. Les agents de
la paix sont au nombre de 2,286 c'est-à-dire 1,986 syndicables et 300
non syndicables. Chez les 3,429 professionnels, incluant les agents de la
gestion du personnel, 2,769 sont syndicables et 660 non syndicables. Chez les
4,487 enseignants, incluant le personnel de direction, il y a 4,256 syndicables
et 239 non syndicables. Chez les 9,299 ouvriers permanents ou réguliers,
incluant le personnel de maîtrise, il y a 8,845 syndicables et 454 non
syndicables. Chez les 22,762 fonctionnaires, incluant les attachés
d'administration, il y a 19,287 syndicables et 3,475 non syndicables, ce qui
donne un total de 43,088, soit 37,143 syndicables et 5,945 non syndicables, au
1er avril 1968.
M. CHOQUETTE: Ce sont là les unités ou enfin les...
M. MASSE: Les repartitions.
M. CHOQUETTE: ... unités d'employés dans le secteur
public, n'est-ce pas.
M. MASSE: Dans la Fonction publique.
M. CHOQUETTE: Dans la Fonction publique. Au point de vue de la
convention intervenue avec les professionnels, est-ce qu'il y a eu du
rattrapage dans cette convention-là?
M. MASSE: Il y a eu quelques cas de rajustement dans la structure des
échelles. On ne peut pas dire qu'il y a eu des blocs de rattrapage.
M. CHOQUETTE: Sur quelle base a-t-on réglé, au point de
vue des augmentations, durant la convention collective?
M. MASSE : Disons 5% pour les premiers douze mois, un montant
forfaitaire pour les premiers six mois, douze mois à 5% et les derniers
18 mois à 7 1/2%. Alors, le montant forfaitaire est dans les $300.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre considère que le
règlement qui a été effectué avec les
professionnels sur la base qu'il vient de nous expliquer est équivalent
à ce qui avait été négocié avec les agents
de la paix, mettant évidemment de côté le facteur
rattrapage chez eux ainsi que chez les fonctionnaires?
M. MASSE: Comparaison par rapport aux agents de la paix?
M. CHOQUETTE: Oui, mais en mettant de côté le facteur
rattrapage, qui est assez marqué chez les agents de la paix.
M. MASSE: C'est sensiblement la même chose.
M. CHOQUETTE: Sensiblement la même chose. Maintenant, chez les
enseignants de l'Etat, est-ce que le ministre pourrait nous expliquer la
situation à cet endroit-là?
M. MASSE: Est-ce que le député d'Outremont parle du corps
d'enseignants dans le syndicat SPEQ?
M. CHOQUETTE: D'accord. Les négociations dans le SPEQ doivent
commencer d'ici quelques semaines. La convention collective se termine. C'est
une convention qui est entrée en vigueur rétroactivement en avril
1966. Il faudrait jouer des comparaisons par rapport à ce qui avait
été payé en 1966 dans les autres secteurs. C'est une
négociation qui a dû être commencée par l'ancien
gouvernement et que nous avons terminée.
M. CHOQUETTE: Je me le rappelle.
M. MASSE: Pour être bien honnête, nous n'avons pas les
chiffres ici avec nous.
M. CHOQUETTE: Je me rappelle qu'il y a même eu une grève
durant la compagne électorale en 1966.
M. MASSE: Cela a été discuté
énormément dans Outremont, si je me souviens bien.
M. CHOQUETTE: Maintenant, le ministre pourrait-il dire si, à
l'automne 1967, plus particulièrement au mois de novembre ou
décembre 1967 on a adopté un arrêté
ministériel qui porterait le no 1840 ou 1850 au sujet des salaires des
cadres supérieurs. Le ministre pourrait-il m'en faire parvenir une
copie?
M. MASSE: Il y a eu un règlement de la Commission de la Fonction
publique créant un corps de fonctionnaires de cadres supérieurs,
ce qui apparaît dans le rapport annuel 1967 de la Commission de la
fonction publique, page 62, cadres supérieurs, qui sont divisés
en quatre corps de fonctionnaires. Pardon, un corps avec quatre classes. Il y a
le corps d'administrateurs, classe 1, classe 2, classe 3 et classe 4. Vous
avez, dans l'annexe, l'arrêté ministériel 2484,
règlements de la Commission de la fonction publique concernant les
statuts particuliers du personnel des cadres supérieurs, page 42 du
rapport, les attributions de ce corps de fonctionnaires; et à la page
suivante, 43, la classification, vous avez les quatre classes des
administrateurs, classes 4, 3, 2 et 1.
M. CHOQUETTE: Non, j'avais pris connaissance du rapport de la Commission
de la fonction publique et de ce règlement mais ce que je voudrais
savoir, c'est...
M. MASSE: Le traitement des gens.
M. CHOQUETTE: ... l'arrêté ministériel qui a
été adopté à la suite de cette décision, ou
de ce règlement de la fonction publique.
M. MASSE: Le Conseil des ministres ne peut adopter l'arrêté
tant et aussi longtemps que la Commission de la fonction publique n'a pas
adopté le règlement. Il est donc évident que c'est
après la date du règlement.
M. CHOQUETTE: Oui, je sais, c'est clair. Mais ce qui m'intéresse
c'est de voir l'arrêté ministériel dans lequel, je pense,
on a fixé les salaires de ces 250 ou 300 fonctionnaires
considérés dans les cadres supérieurs, n'est-ce pas?
M. MASSE: Alors, la Commission de la fonction publique a approuvé
un règlement concernant la classification de chaque individu avec son
traitement. Ce règlement de la Commission de la fonction publique ayant
été adopté par la commission, a été
accepté par le gouvernement sous forme d'arrêté
ministériel.
M. CHOQUETTE: A été entériné par...
M. MASSE: Evidemment, entériné, comme le gouvernement
l'avait fait en 1965.
M. CHOQUETTE: Le ministre pourrait-il me dire quelle est
l'étendue des augmentations qui ont été accordées
à ces 250 ou 300 fonctionnaires faisant partie des cadres
supérieurs?
M. MASSE: $1,500 à $2,000 par tête, en moyenne, en tenant
compte du fait que c'est une augmentation directe pour trois ans. Il n'y a pas
d'augmentation statutaire à l'intérieur des trois ans.
M. CHOQUETTE: Le ministre dit que...
M. MASSE: Disons $500 par année, payables
immédiatement.
M. CHOQUETTE: En somme, vous dites que la moyenne est de $1,500 à
$2,000 par tête?
M. MASSE: Oui, pour trois ans, en tenant compte du fait qu'il n'y a pas
d'augmentation statutaire.
M. CHOQUETTE: Oui, mais $1,500 à $2,000 par année?
M. MASSE: Non, excusez, je ne sais pas si on s'entend. Le traitement de
monsieur x a passé de $12,000 à $13,500 et il est resté
à $13,500 pour les trois ans.
M. CHOQUETTE: Est-ce que cet arrêté en conseil était
rétroactif à une date déterminée?
M. MASSE: Au 1er janvier 1967.
M. CHOQUETTE: Par conséquent, ils ont eu un montant payé
en rétroactivité, n'est-ce pas, au moment où
l'arrêté en conseil a été adopté?
M. MASSE: Exactement, afin que les cadres supérieurs
bénéficient, comme les professionnels, d'une
rétroactivité.
M. CHOQUETTE: Est-il question actuellement d'une nouvelle augmentation
pour ces cadres supérieurs?
M. MASSE: Après avoir négocié avec les
fonctionnaires, les responsables à la Commission de la fonction publique
ont préparé, comme en 1965 et en 1967, un règlement qui
n'est pas encore adopté et qui concernera les cadres su-
périeurs. Il devra être adopté d'ici quelques semaines.
M. CHOQUETTE: En termes de pourcentage d'augmentation, le ministre
peut-il me dire si l'augmentation moyenne qui a été donnée
aux cadres supérieurs à l'automne 1967 est supérieure
à l'augmentation de 7 1/2% en dix-huit mois, accordée dans la
plupart des conventions collectives?
M. MASSE: Les principes de l'augmentation des cadres supérieurs,
en 1967, ont été basés sur la croissance des salaires des
professionnels. La convention collective des professionnels de 1966 comportait
également l'élément de rétroactivité et de
rattrapage à six mois de rétroactivité.
M. CHOQUETTE: Chez les professionnels?
M. MASSE: Oui. Je ne sais pas si le député s'en souvient
bien, mais le chef de l'Opposition s'en souvient: les professionnels ont
déclenché une grève qui a duré quelques mois.
M. LESAGE: Si je m'en souviens! En pleine campagne
électorale.
M. MASSE: On peut même dire une campagne et quelques mois. Cela
s'est réglé à la fin de l'été, je crois, le
5 août 1966.
M. LESAGE: Je pense que le ministre d'Etat admettra que le gouvernement
s'est tenu debout devant les gens qui profitaient de la situation.
M. MASSE: Est-ce que vous incluez les deux gouvernements?
M. LESAGE: Bien, le gouvernement de l'Union Nationale, une fois au
pouvoir...
M. MASSE: Jouons à bon compte, incluons les deux.
M. LESAGE: ... ne subissait pas la même pression.
M. MASSE: Jouons à bon compte, incluons les deux.
M. LESAGE: C'était plus difficile de résister...
M. MASSE: Disons que les gouvernements au Québec ont...
M. LESAGE: ... pour le gouvernement en campagne électorale.
M. MASSE: ... la bonne habitude de se tenir debout.
M. LESAGE: J'aimerais, parfois, que le gouvernement de l'Union Nationale
ait les reins plus forts.
M. MASSE: Disons qu'on ne relevé pas cela et qu'on continue la
discussion sur les crédits.
M. CHOQUETTE: De toute façon, je pense que vous ne
répondez pas à la question que je vous al posée: Quel est
le pourcentage de l'augmentation accordée aux cadres supérieurs,
en comparaison de l'augmentation accordée à l'ensemble des
fonctionnaires du gouvernement? C'est clair cela! Vous devriez connaître
cette réponse-là.
M. MASSE: Disons que c'est le même pourcentage que les
professionnels.
M. CHOQUETTE: Le même pourcentage, c'est-à-dire?
M. MASSE: C'est-à-dire que nous étudions les
crédits de 66/67.
M. LESAGE: Nous étudions les crédits de 69/70.
M. MASSE: Je suis bien d'accord, mais les questions qu'on me pose sont
pour les crédits de 66/67. On me demande les pourcentages
d'augmentation...
M. LESAGE: Mais non.
M. MASSE: ... des professionnels à la convention de 1966 par
rapport à l'augmentation rétroactive au 1er janvier 1967
accordée aux cadres supérieurs.
M. CHOQUETTE: Le ministre n'est pas sérieux.
M. MASSE: Je n'ai pas d'objection...
M. CHOQUETTE: Il nous montre jusqu'à quel point il prend les
questions de l'Opposition à la légère. Il sait très
bien que je m'intéresse au pourcentage de l'augmentation qui a
été accordée aux cadres supérieurs.
M. MASSE: En quelle année?
M. CHOQUETTE: A l'automne 1967. Quel a été le pourcentage
de l'augmentation?
M. MASSE: Un pourcentage de 15% pour trois ans.
M. CHOQUETTE: De 15% pour trois ans, c'est-à-dire 5% par
année? Ou 15% par année?
M. MASSE: Cela ne fonctionne pas par année, les cadres
supérieurs.
M. CHOQUETTE: Si on devait diviser ça sur une base annuelle,
ça nous donnerait une augmentation de combien?
M. MASSE: Alors, il y a une augmentation la première
année. II n'y en a pas dans les années qui suivent.
M. CHOQUETTE: Il n'y en a pas par la suite.
M. MASSE: Il n'y a même pas de règlement prévoyant
qu'il y en aura une autre à un moment donné. Il pouvait se passer
dix ans avant qu'il y ait une augmentation.
M. LESAGE: Le ministre sait fort bien qu'il y a eu une augmentation de
15% aux fonctionnaires des cadres supérieurs à l'automne
1967.
M. MASSE: Oui, c'est ça, sauf...
M. LESAGE: N'y en a-t-il pas eu une au moins dans certaines
catégories des cadres supérieurs, tout récemment?
M. MASSE: ... qu'il y a une tradition qui s'établit...
M. LESAGE: Le ministre ne répond pas à ma question.
M. MASSE: Je vais vous répondre.
M. LESAGE: Il y a eu une augmentation de 15% dans les cadres
supérieurs à l'automne 1967. C'est 15% évidemment pour la
première année, 15% pour la deuxième, c'est-à-dire
que cette augmentation de 15% ne change pas jusqu'à ce qu'on
décide de nouvelles augmentations. Dernièrement, au moins pour
certaines classes des cadres supérieurs, n'y a-t-il pas eu une autre
augmentation de décidée?
M. MASSE: Non, M. le Président.
M. LESAGE: Récemment?
M. MASSE: Non, M. le Président
M. LESAGE: Il n'y pas eu d'augmentation décidée
dernièrement?
M. MASSE: Non, M. le Président.
M. LESAGE: Pour une certaine classe, comme les secrétaires, les
attachés de presse, etc.?
M. MASSE: C'est la Commission de la Fonction publique qui passe le
règlement, et il n'a pas été adopté de loi.
M. LESAGE: Je voudrais bien tout de même que le ministre
s'enquière...
M. MASSE: Auprès de la commission?
M. LESAGE: Auprès de la commission qui siège à sa
droite, si récemment, il n'y a pas eu d'augmentations dans certaines
catégories des cadres supérieurs. De nouvelles augmentations?
M. MASSE: La commission m'informe que c'est non.
M. LESAGE: Je ne rêve pas en couleurs. Il y a eu des augmentations
récentes, et la preuve c'est que cela a affecté du personnel de
mon propre bureau. Alors, tout de même!
M. MASSE: Non, M. le Président.
M. LESAGE: Alors quelles sont les augmentations qui ont affecté
du personnel de mon propre bureau récemment si ce ne sont pas des
augmentations au personnel des cadres supérieurs?
M. MASSE: Alors, cela peut être du personnel qui n'est pas dans
les cadres supérieurs. Certains arrêtés ministériels
ont été adoptés pour donner des équivalences
d'augmentation et de conditions de travail à du personnel qui n'est pas
syndicable dans des secteurs...
M. LESAGE: D'accord. Les cas dont j'ai eu connaissance, c'étaient
des cas de personnel non syndicable mais qu'on peut considérer quand
même comme faisant partie des cadres supérieurs moyens, et ces
augmentations ont été accordées...
M. MASSE: Parlez-vous de votre directeur de cabinet, par exemple?
M. LESAGE: Oui, il est un de ceux-là.
M. MASSE: Alors, il n'a pas eu d'augmentation.
M. LESAGE: Non seulement lui, mais l'attaché de presse, les
secrétaires particuliers, les secrétaires particuliers
adjoints.
M. MASSE: L'attaché de presse, c'est possible parce que son cas a
pu être compris par l'arrêté ministériel touchant les
agents d'information...
M. LESAGE: C'est en vertu d'un arrêté
ministériel.
M. MASSE: ... qui ont eu une convention collective.
M. LESAGE: Oui, mais il y a eu des augmentations.
M. MASSE: Disons pour...
M. LESAGE: Cessons de jouer au chat et à la souris.
M. MASSE: Pour cesser de jouer au chat et à la souris...
M. LESAGE: C'est le ministre qui fait la souris.
M. MASSE: ... ce qui se produit...
M. LESAGE: Je n'aime pas faire le chat.
M. MASSE: Moi, j'aime faire la souris, vous le savez.
M. LESAGE: Ah! quand même. Il y a des gens qui le
prétendent à cause du nom du ministre, mais soyons
sérieux.
M. MASSE: Pour parler sérieusement, voici ce qui se produit: Le
chef de l'Opposition le sait fort bien.
D'abord, le gouvernement signe des conventions collectives avec des
groupes de fonctionnaires. Il n'y a pas de syndicat pour les cadres
supérieurs, de sorte qu'après la signature de ces conventions
collectives, la Commission de la fonction publique met du personnel à
l'étude. Ces gens rencontrent les sous-ministres, ou les responsables de
ces hauts fonctionnaires et préparent un travail qui servira à la
réglementation. Ce travail est en cours, il est en quasi to-
talité terminé, à 99.9%, mais le règlement,
comme tel, n'est pas encore passé. C'est pour ça que je pouvais
répondre non. Le chef de l'Opposition m'a dit qu'il était au
courant du travail.
M. LESAGE: Alors, M. le Président, nous sommes bien avisés
qu'il arrive au ministre de répondre non et de penser oui. Je pense que
le député d'Outremont s'en souviendra.
M. MASSE: Des fois, il m'arrive de dire oui et de penser non. Eh bien,
c'est vrai.
M. LESAGE: Cela dépend avec qui.
M. MASSE: Cela dépend avec qui, M. le Président.
M. CHOQUETTE: Je pense que, pour éclairer le chef de
l'Opposition...
M. MASSE: Il ne faudrait pas revenir là-dessus.
M. CHOQUETTE: ... pendant qu'il était absent, le ministre a
reconnu qu'il était actuellement question d'augmentation pour les cadres
supérieurs. Un règlement à cet effet va être
présenté incessamment.
M. MASSE: Oui. Disons que 99.9% du travail est terminé. D'ici
quelque temps le règlement sera prêt. De toute façon, ce
sera rétroactif.
M. LESAGE : Si je comprends bien, ça s'ajoutera à
l'augmentation générale de l'automne 1967, qui équivalait
à 15% d'augmentation.
M. MASSE: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Une augmentation de 15%, tout de suite, c'était
supérieur à 15% réparti sur trois ans. Je pense que le
ministre va l'admettre.
M. MASSE : Disons que c'est l'équivalent de 5% pour trois
ans.
M. CHOQUETTE: Non, ce n'est pas l'équivalent de 5% pour trois
ans.
M. LESAGE: Non, non.
M. CHOQUETTE: Le ministre est peut-être fort en histoire, mais pas
en mathématiques.
M. LESAGE: Si vous gagner $100 par semaine et qu'on vous donne une
augmentation de 15%, on vous donne $115 pour trois ans. Si, pendant trois ans,
je vous donne 5% par année, vous avez $105, la première
année et l'année suivante vous avez 5% de plus que $105 ce qui
fait $110 et quelques cents et la troisième année, c'est $115 ou
un peu plus.
M. MASSE: Il ne faudrait pas y revenir, mais il faut évidemment
tenir compte qu'en plus de l'augmentation sur échelle, il y a
l'augmentation statutaire, qui est prévue à l'intérieur de
la convention collective, pour les professionnels tandis que, dans les cadres
supérieurs, il n'y a pas d'augmentation statutaire. Le traitement est
augmenté et c'est fini pour trois ans.
M. LESAGE: Le ministre fait une distinction importante. C'est que, dans
les cadres, non seulement professionnels, mais également dans les cadres
généraux de la fonction publique, il y a l'augmentation du
salaire en pourcentage qui peut être accordée par une convention
collective.
M. MASSE: C'est ça.
M. LESAGE: Il y a quand même...
M. MASSE: Le statutaire.
M. LESAGE: ... des salaires différents, prévus par des
échelles, échelles basées sur une gradation annuelle.
M. MASSE: C'est ça. Il faut tenir compte de ça quand on
compare l'ensemble du paquet.
M. LESAGE: Evidemment, cela augmente la charge monétaire d'une
façon considérable. Maintenant, une question. Le traitement des
sous-ministres sera-t-il augmenté en vertu du règlement que l'on
entend adopter? Les sous-ministres, les sous-ministres adjoints, on parle de
cadres supérieurs.
M. MASSE: M. le Président, connaissant tout le système
réglementaire et légal entre la Commission de la fonction
publique et le gouvernement, je ne peux pas répondre de ce que la
commission va passer comme règlement, n'ayant pas encore pris
connaissance du règlement.
M. LESAGE: Les règlements de la fonction publique, je crois, ne
s'appliquent pas aux sous-ministres, peut-être aux sous-ministres
adjoints.
M. MASSE: Cela prend quand même une résolution de la
Commission de la fonction publique.
M. LESAGE: Dans le cas des sous-ministres? M. MASSE: La commission le
prétend.
M. LESAGE: Je suis moins sûr, il faudrait que je renouvelle ma
mémoire à même un document.
M. MASSE: Il faudrait en discuter avec des commissaires.
M. CHOQUETTE: Le ministre pourrait-il nous dire si les sous-ministres
sont compris dans les cadres supérieurs dont il parlait comme ayant
bénéficié d'une augmentation de $1,500 à $2,000 par
année, à partir de janvier 1967?
M. MASSE: Ils ont bénéficié d'une augmentation,
mais ils ne sont pas dans les cadres.
M. CHOQUETTE: Quelle a été l'augmentation donnée
aux sous-ministres à l'automne de 1967?
M. MASSE: Une augmentation de 10%.
M. CHOQUETTE: De 10%. Toujours pour trois ans.
M. LESAGE: Ceux qui avaient $25,000, par exemple, ont eu $27,500.
M. MASSE: C'est ça. Les autres sont passés à
$25,000.
M, LESAGE: C'est-à-dire que ce n'était pas
nécessairement exactement 10%; c'était une moyenne, parce qu'il
faut arrondir les chiffres.
M. MASSE: C'est ça. Il y avait trois groupes de sous-ministres.
C'est toujours délicat, le chef de l'Opposition s'en souvient fort
bien.
M. LESAGE: Il y a toujours eu trois classes depuis 1961, je crois.
M. MASSE: Oui, oui. C'est toujours délicat de placer les gens
dans des groupes; le chef de l'Opposition doit s'en souvenir.
M. LESAGE: Oui, fort bien.
M. MASSE: Passez à un autre sujet, M. la
député.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le règlement s'appliquant aux cadres
supérieurs dont le ministre a parlé est en voie de
préparation à l'heure actuelle?
M. MASSE: Pour les augmentations? M. CHOQUETTE: Oui.
M. MASSE: Oui, oui. J'ai dit qu'il y avait 99.9% du travail de
terminé. Adopté?
M. CHOQUETTE: Un instant. Pas adopté, non, non.
M. MASSE: C'est parce que je voulais occuper la conversation pendant que
le député pensait.
M. CHOQUETTE: Non, c'est parce que j'avais un papier que
j'étudiais. Maintenant, le ministre pourrait-il nous dire quel est le
traitement qui est appliqué au sein de la fonction publique à
ceux qui sont appelés des hors échelle?
M. MASSE: C'est un ensemble de cas individuels qui sont
considérés comme étant hors échelle et, en langage
technique, « red circle », puis ils restent à ça.
Maintenant, on n'a pas la liste complète de ces individus.
M. CHOQUETTE: Le ministre connaît-il le nombre de ces
cas-là?
M. MASSE: A première vue, disons 3,000, mais chaque fois qu'il y
a une augmentation statutaire, certains sont rejoints par l'augmentation et
puis là...
M. CHOQUETTE: Ils reviennent dans l'échelle, à ce
moment-là?
M. MASSE: ... ils retombent dans l'échelle.
M. CHOQUETTE: A-t-on étudié, ici à Québec,
la possibilité d'utiliser le système qui est employé
à Ottawa quant à ces gens hors échelle, qui consiste
à leur donner la moitié de l'augmentation qu'ils auraient s'ils
étaient dans l'échelle de façon à maintenir une
motivation chez ces fonctionnaires?
M. MASSE: Il faut tenir compte à la signature de la convention
même les hors échelle ont eu une augmentation de 3%. Après
les premiers dix-huit mois de la convention collective, il va y avoir
l'augmentation dont on parlait au
début de la discussion et certains vont être rejoints par
cette augmentation.
M. CHOQUETTE: On me dit qu'environ 700 fonctionnaires ont
été classés hors échelle en 1967. Leur cas avait
été étudié et on avait fait une recommandation
à l'effet qu'ils soient changés de classe. Leur cas a
été soumis à la Commission de la fonction publique qui n'a
pas voulu donner suite à cette décision de les changer de classe.
Le ministre est-il au courant de ce qui entoure ces 700 hors
échelle?
M. MASSE: Il ne semble pas qu'il ait été question de
ça. Il n'y a pas eu de règlement de la Commission de la fonction
publique concernant cette question-là.
M. CHOQUETTE: Mais n'y a-t-il pas eu... M. MASSE: Il y a eu des
griefs.
M. CHOQUETTE: Il y a eu des décisions de classement, n'est-ce
pas? Des décisions ont été adoptées en rapport avec
le classement des fonctionnaires, en vertu de la procédure qui a
été adoptée en 1967. Certains d'entre eux ont logé
des griefs. Qu'est-il advenu des griefs de ces personnes qui avaient
été classés hors échelle?
M. MASSE: D'ailleurs, pour l'ensemble du personnel, il y a eu une
étude pour la classification et une procédure de grief pour le
classement. Lorsqu'il a été jugé que les gens occupaient
effectivement une fonction autre que le titre de classe auquel ils
étaient attachés ou classifiés, on leur a donné le
titre de la classe qui correspondait à leur fonction et le tout a
été déterminé par un jury. C'est de ces 700 que
vous parlez?
M. CHOQUETTE: C'est la Commission de la fonction publique
elle-même qui avait fait le classement des fonctionnaires en vertu de ce
qui avait été prévu en 1967. Si quelqu'un logeait un grief
à l'encontre d'une décision l'affectant, qui jugeait du
bien-fondé de ce grief-là?
M. MASSE: La Commission de la fonction publique a d'abord fait le plan
de classification des fonctionnaires. Deuxième opération, les
ministères ont classé les fonctionnaires dans le plan de
classification, sous la coordination de la Direction générale des
relations de travail. Puis on a prévu une procédure de grief
où, en première instance, un comité conjoint de la DGRT et
du syndicat a examiné un certain nom- bre de cas. Ceux qui logeaient des
appels étaient jugés par la Commission de la fonction publique
même. C'est le système.
M. CHOQUETTE: Le ministre est-il au courant s'il y a eu des cas
où on s'est entendu au niveau de la Direction générale des
relations de travail et du syndicat, mais qui auraient été
réformés, par la suite, par la Commission de la fonction
publique?
M. MASSE: Le rapport du comité conjoint était une
recommandation par laquelle la Commission de la fonction publique
n'était pas liée.
M. CHOQUETTE: D'accord.
M. MASSE: De sorte qu'il est arrivé, dans un certain nombre de
cas, que la Commission de la fonction publique n'a pas jugé à
propos de donner suite à la recommandation du comité ad hoc.
M. CHOQUETTE: En fait, cela ne s'est-il pas produit dans 700 cas de
fonctionnaires hors échelle?
M. MASSE: Il y a même eu un procès à ce sujet. La
commission est en appel...
M. CHOQUETTE: Un procès à quel endroit? M. MASSE: ...
à ce sujet-là.
M. CHOQUETTE: Oui, mais où et devant quel tribunal?
M. MASSE: En cour Supérieure, devant le juge Lacroix.
M. CHOQUETTE: Le ministre n'est-il pas, jusqu'à un certain point,
étonné de ce résultat, à l'effet qu'après
entente entre le syndicat qui représentait les syndiqués ayant
logé des griefs et la Direction générale des relations de
travail, la recommandation unanime de ces deux parties
intéressées soit réformée ou modifiée par la
Commission de la fonction publique?
M. MASSE: Il faut tenir compte que l'appel n'était pas
logé en vertu de la convention, mais en vertu d'un règlement de
la Commission de la fonction publique.
M. CHOQUETTE: Alors, pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas donné
effet simplement à ce qui avait été convenu entre la
Direction générale des relations de travail et le syndicat?
Pourquoi?
M. MASSE : C'est une responsabilité qui relève de la
Commission de la fonction publique, cette question de classification. La
Commission de la fonction publique a jugé à propos de passer tel
règlement. Le gouvernement ne fait pas ce qu'il veut avec la Commission
de la fonction publique. Le député devrait le savoir.
M. CHOQUETTE: Oui, mais enfin, on entend...
M. MASSE: Comment, enfin? Qu'est-ce que vous voulez dire par enfin?
M. CHOQUETTE: ... toutes sortes de choses sur la Commission de la
fonction publique.
M. MASSE: Ah! Les rumeurs doivent être aussi fausses
présentement qu'elles l'étaient il y a trois ans.
M. CHOQUETTE: Enfin! Je ne discute pas de la Commission de la fonction
publique pour le moment. Je m'étonne simplement que la Direction
générale des relations de travail ait convenu avec le syndicat et
les intéressés de certaines erreurs de classement et que, par la
suite, la décision ait été modifiée par la
Commission de la fonction publique. J'aimerais qu'on m'explique ça. Ou
la Commission de la fonction publique avait raison ou c'est la Direction
générale des relations de travail.
M. MASSE: L'entente qui avait eu lieu entre la DGRT et le syndicat,
c'était pour la formation d'un comité ad hoc qui pouvait faire
des recommandations, ou à l'unanimité ou à la
majorité. A partir du moment où le comité faisait sa
recommandation, le reste de la procédure relevait de la Commission de la
Fonction publique et ce n'était pas négociable.
M. CHOQUETTE: Oui, mais est-ce que le ministre n'est pas
étonné d'avoir la responsabilité d'un service comme la
Direction générale des relations de travail, qui s'entend avec le
syndicat sur des erreurs de classement et qu'après ça, la
Commission de la Fonction publique change la décision?
M. MASSE: M. le Président, je n'ai pas à faire rapport
à la Chambre de mes étonnements oude mes humeurs.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre l'a manifesté?
M. MASSE: Ce qu'il faut changer, c'est la Loi de la Fonction
publique.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre a pris les dispositions
nécessaires pour enfin appuyer ses fonctionnaires à la Direction
générale des relations de travail?
M. MASSE: M. le Président, ça serait épouvantable
qu'un ministre s'allie à des fonctionnaires de la DGRT pour perdre leur
droit à la Commission de la Fonction publique, c'est inadmissible.
M. CHOQUETTE: Pas nécessairement.
M. MASSE: Et c'est plus, je dirais même que c'est
illégal.
M. CHOQUETTE : Pas nécessairement. Mais comment le ministre,
pourquoi le ministre n'a-t-il pas... Le ministre pourrait peut-être nous
expliquer pourquoi la Commission de la Fonction publique n'a pas voulu
entériner la décision unanime des parties.
M. MASSE: Parce que le ministre n'a pas l'habitude de tordre le bras de
personne, et que la Commission est libre de faire les gestes qu'elle a
posés en vertu de la loi. Elle n'a pas, la Commission, à faire
rapport au ministre d'Etat délégué à la Fonction
publique de ses décisions concernant ses questions, et des raisons qui
ont motivé le jugement de ces trois sages en fonction des
problèmes qu'on lui pose.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas la question que j'ai posée au
ministre. La question que j'ai posée au ministre c'est: Pour quelles
raisons la Commission de la Fonction publique n'a-t-elle pas donné effet
à ce qui avait été convenu entre les parties
intéressées?
Vu que le ministre représente la Commission de la Fonction
publique ici, il devrait être capable de nous donner une
réponse.
M. MASSE: M. le Président, c'est en public que je vais m'informer
auprès de la Commission, ce que je n'avais jamais osé faire au
téléphone.
M. CHOQUETTE: Ah, imaginez!
M. MASSE: La Commission prétend qu'elle avait un rôle
d'arbitre à jouer et qu'elle l'a joué.
M. CHOQUETTE: Alors, en sommes la Direction générale des
relations de travail se serait trompée, n'est-ce pas, dans son
consentement donné au reclassement de ces 700 fonctionnaires-là?
Je dois déduire que la Direction générale des relations de
travail s'est trompée.
M. MASSE: La DGRT, dans certains cas, en accord avec le syndicat, a
apporté une recommandation. La Commission de la Fonction publique,
qui...
M. CHOQUETTE: Mais qui avait raison? Est-ce que la DGRT ou est-ce la
Commission? Le ministre ne s'intéresse évidemment pas à
des détails comme ceux-là.
M. MASSE: M. le Président, lorsque vous avez à aller
devant un arbitre, l'arbitre rend sa décision. Ce n'est pas au ministre
de décider si...
M. CHOQUETTE: Combien de cas...
M. MASSE: ... ce juge avait raison ou pas.
M. CHOQUETTE: ... étalent compris dans cette recommandation de la
DGRT qui a été infirmée par la Commission de la Fonction
publique?
M. COITEUX (Duplessis): Il n'est pas au courant.
M. MASSE: Vous avez l'ensemble de détails correspondant à
cette question-là à la page 36 et...
M. CHOQUETTE: A la page 36.
M. MASSE: ... du rapport.
M. CHOQUETTE: De quel rapport?
M. MASSE: Juillet 1967. La Commission m'informe que près de la
moitié de ceux qui avaient logé appel ont eu gain de cause. C'est
au tour du député de lire la page.
M. CHOQUETTE: Vu que le ministre me renvoie à la page 36 du
rapport de la Commission de la fonction publique, je vois ici «
Catégorie de personnel et nombre d'appels; fonctionnaires, 7,731;
ouvriers, 1,900; agents de la paix, 147; professionnels, 214; cadres
supérieurs et adjoints, 65; personnel de maîtrise des ouvriers 87.
» Alors, c'est le nombre total des appels logés à la
Commission de la fonction publique après que le classement a
été effectué?
M. MASSE: C'est exact
M. CHOQUETTE: Maintenant, j'ai demandé au ministre combien il y
avait de cas sur lesquels la Direction générale des relations de
travail s'était entendue avec le syndicat au sujet d'une erreur de
classement et qui avait été refusés par la Commission de
la fonction publique.
M. MASSE: D'abord, ce n'est pas nécessairement une erreur de
classement; et deuxièmement, il faut lire le dernier paragraphe de cette
page 36, concernant les appels en matière de classement.
M. CHOQUETTE: C'est dans un an ça. Nous aurons l'occasion... Le
ministre devrait savoir que le rapport de la Commission de la fonction publique
de 1968, nous l'aurons seulement l'année prochaine.
M. MASSE: Le ministre n'a pas à savoir l'ensemble des
décisions que la commission prend ou veut prendre concernant la gestion
du personnel comme telle. Le député sait fort bien l'autonomie
très forte que possède la Commission de la fonction publique en
matière de gestion du personnel.
M. CHOQUETTE : J'ai demandé au ministre combien il y avait eu de
cas sur lesquels il y avait eu entente entre la DGRT et le syndicat.
M. MASSE: Il semblerait, selon la DGRT, qu'il y aurait eu 3,500 cas pour
lesquels ils étaient d'accord, et qu'entre 500 et 700 ont
été rejugés par la Commission de la fonction publique.
M. CHOQUETTE: Rejetés? M. MASSE: Rejugés.
M. CHOQUETTE: Rejugés dans le sens contraire qu'avait
recommandé la DGRT? Est-ce que c'est ce que le ministre
répond?
M. MASSE : Vous avez dans le rapport annuel de la commission 1966/1967
le règlement concernant le droit et la procédure d'appel en
matière de classement, et vous avez, à la page 28 de ce rapport,
le règlement concernant la procédure d'appel à la
première étape. « Dans les délais prévus,
l'employé présente son appel au moyen de la formule prescrite
à cette fin. Sur réception de ce document, la commission
crée un comité ad hoc comité dont il est question
depuis dix minutes formé d'un représentant du gouvernement
et d'un représentant syndical de l'employé. Le comité a
pour fonction de s'enquérir des plaintes portées par un
employé relatives à son classement et de faire rapport de ses
constatations à la commission sur la formule prescrite. »
Deuxième étape: « Si le rapport
du comité est unanime, la commission rend une décision qui
lie les parties qui en reçoivent copie. » Rend une
décision. La commission a toujours interprété la question
que rendre une décision, ce n'est pas nécessairement
entériner le rapport du comité.
Alors, la commission avait comme idée de vérifier si le
plan de classification qu'elle avait elle-même autorisé
était bien respecté dans les cas concrets, et
deuxièmement, « si le rapport du comité n'est pas unanime,
un membre de la commission ou un délégué s'enquiert des
plaintes portées par un employé relatives à son
classement. Le membre ou délégué transmet à la
commission les pièces produites au cours de l'enquête de
même qu'un rapport écrit des faits établis par
l'enquête des prétentions des parties. La commission rend une
décision sur la foi de ce rapport. « Cette décision lie les
parties qui en reçoivent copie. » Vous retrouvez ce
règlement dans le rapport annuel de la Commission de la fonction
publique pour l'année 67.
M. CHOQUETTE: Tout à l'heure, vous m'avez dit qu'il y avait eu
unanimité sur ces cas-là.
M. MASSE: Pardon?
M. CHOQUETTE : Tout à l'heure, vous m'avez répondu qu'il y
avait eu unanimité sur ces 500 ou 700 cas qui ont été
jugés de nouveau par la Commission de la fonction publique. C'est ce que
vous m'avez dit.
M. MASSE: C'est la deuxième étape a).
M. CHOQUETTE: Oui, mais, s'il y avait unanimité, on n'avait pas
à procéder à une deuxième étape.
M. MASSE: Si le rapport du comité est unanime, la commission rend
une décision. Rendre une décision, pour la commission, cela ne
veut pas dire entériner automatiquement le rapport du comité. En
effet, la Commission de la fonction publique ne peut pas déléguer
ses propres pouvoirs. Elle s'est donc réservée, dans ce
règlement, le droit de rendre elle-même la décision, sans
pour autant s'obliger à entériner automatiquement les rapports du
comité, puisqu'elle n'a pas le pouvoir de soumettre son autorité.
C'est là-dessus qu'il y a eu un procès et la chose est en
appel.
M. CHOQUETTE: Vous m'avez dit qu'il y avait 500 ou 700 cas de cette
nature-là. Quel genre de cas sont-ce? Est-ce que ce sont tous des cas
similaires, ces 500 ou 700 là? Est-ce tout un groupe de cas ou est-ce
que ce sont des cas disparates?
M. MASSE: Ce sont des fonctionnaires classés parmi les soixante
corps de fonctionnaires.
M. CHOQUETTE: J'ai compris, c'est évident.
M. MASSE: Je veux dire que ce ne sont pas 700 fonctionnaires du
même type.
M. CHOQUETTE: Est-ce que ce sont des cas individuels et particuliers ou
est-ce que cela repose sur une question d'interprétation de texte, de
sorte que ces 500 ou 700 vont gagner ou perdre leur cause ensemble?
M. MASSE: C'est selon la définition des tâches. Il faut se
demander s'ils doivent être dans la classe 1 ou dans la classe 2, dans la
classe 3 de tel ou tel corps, selon le cas.
M. CHOQUETTE: Alors, ce sont tous des cas particuliers?
M. MASSE: Evidemment, chaque individu travaille pour soi.
M. CHOQUETTE: Je sais bien que chacun travaille pour soi.
M. MASSE: Il y en a eu, peut-être, deux ou trois, à un
moment donné, qui avaient été versés dans la
même classe pour des raisons similaires.
M. CHOQUETTE: Non, est-ce que la question fondamentale soulevée
dans ces 500 ou 700 cas est la même, au point de vue des principes?
Est-ce une question d'interprétation de la convention collective ou des
règlements de la Commission de la fonction publique?
M. MASSE: L'interprétation du sens de la classification de
chacune des classes.
M. CHOQUETTE: Est-ce en matière de grief d'échelons que
cela se pose surtout?
M. MASSE: Non, c'est un autre problème.
M. CHOQUETTE: D'après le ministre, ce sont tous des cas
particuliers.
M. MASSE: Evidemment, chaque personne est un individu, même dans
la fonction publique.
M. CHOQUETTE: Bien, le ministre fait son facétieux, mais il
comprend très bien ce que je veux dire. Je veux dire qu'il n'y a pas de
relation nécessaire entre chacun de ces 500 ou 700 cas où l'on a
rejeté la recommandation unanime du comité formé à
la première étape de la procédure d'appel.
M. MASSE: Aux yeux de la Commission de la fonction publique, un corps de
fonctionnaires peut comprendre plusieurs membres.
M. CHOQUETTE: Puisque nous parlons de la Commission de la fonction
publique, le ministre pourrait-il, nous dire si la Commission de la fonction
publique, au cours de l'année dernière et de l'année qui a
précédé...
M. MASSE: Pardon?
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si la Commission
de la fonction publique a eu à juger des procédures de suspension
ou de renvoi de fonctionnaires?
M. MASSE: Oui.
M. CHOQUETTE: Combien en 1967? Combien en 1968?
M. MASSE: Vous avez cela dans le rapport annuel 1967. Entre le 1er avril
1967 et le 30 décembre 1967, la commission a adopté 33
résolutions consécutives à des enquêtes tenues en
vertu de l'article 61 de la Loi de la fonction publique. La commission a
recommandé révocation dans 27 cas et la réinstallation
dans six cas. Les motifs ont été les suivants: insubordination et
indiscipline, 5; négligence ou incompétence dans
l'accomplissement des devoirs, 8; conduite incompatible avec la fonction, 10;
absentéisme, 4.
M. CHOQUETTE: Le ministre est un excellent lecteur du rapport de la
Commission de la fonction publique.
M. MASSE: Bien oui, mais ça répond à la question
que vous m'avez posée.
M. CHOQUETTE: C'est à peu près l'étendue de ses
connaissances dans la matière.
M. MASSE: M. le Président, j'espère que le
député ne commence pas à être fatigué,
là.
M. CHOQUETTE: Non, non.
M. MASSE: Il n'avait qu'à lire le rapport pour avoir la
réponse à la question qu'il posait. Je l'ai lu.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre pourrait nous dire quelle
était la situation en 1968? Cela, ce n'est pas contenu dans le rapport
de la commission, qu'il lit si habilement.
M. MASSE: M. le Président, le rapport n'étant pas
transmis, n'étant pas imprimé...
M. CHOQUETTE: Le ministre va-t-il nous dire qu'il ne connaît pas
assez son ministère pour savoir combien ils ont jugé de cas?
M. MASSE: M. le Président, c'est justement là le
problème. Ce n'est pas le ministère de la fonction publique, qui
n'existe pas, qui est responsable des enquêtes, c'est la Commission de la
fonction publique.
M. CHOQUETTE: Mais qui représente la Commission de la fonction
publique lors de l'étude des crédits du Conseil
exécutif?
M. MASSE: C'est le premier ministre.
M. CHOQUETTE: Pourquoi le ministre est-il en Chambre aujourd'hui?
M. MASSE: Parce que le premier ministre est...
M. CHOQUETTE: Pour lire des rapports de la commission des années
antérieures?
M. MASSE: Nous allons nous informer auprès de la Commission de la
fonction publique et nous allons répondre au député.
M. CHOQUETTE: Vous avez le représentant de la commission à
côté de vous, demandez-le lui donc.
M. MASSE: Le représentant de la fonction publique qui est ici ne
s'est jamais pris pour la Commission de la fonction publique, qui est
composée de plusieurs membres.
M. LESAGE: Tout de même. Il ne faudrait pas que le
député de Montcalm joue sur les mots. Il y a, à l'heure
actuelle, deux commissaires de la fonction publique, le président, M.
Jean Fournier, et M. Roch Bolduc, M. Bolduc un homme de grande
expérience, est assis à la droite du ministre. Je trouve un peu
insultante pour l'Opposition la façon de répondre du
député de Montcalm.
M. MASSE: Dans la répartition des responsabilités à
la Commission de la fonction publique, c'est le président qui est
surtout responsable de cette question des enquêtes. Il est aujourd'hui
à Toronto où il participe à une réunion des
commissaires canadiens de la fonction publique.
M. CHOQUETTE: Une fois que la recommandation de la Commission de la
fonction publique est faite, en matière de renvoi ou de suspension,
est-ce que ces cas ne devaient pas autrefois aller au lieutenant-gouverneur en
conseil pour ratification? Suit-on encore la même procédure ou
a-t-on changé de procédure?
M. MASSE: La réponse, c'est oui.
M. CHOQUETTE : Oui, il y avait appel au lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. MASSE: Vous voulez savoir combien il y a eu de cas? Vous aviez une
deuxième partie dans votre question?
M. CHOQUETTE: J'ai demandé si les cas dont vous nous avez
parlé tout à l'heure, et pour lesquels vous avez mentionné
qu'ils se trouvaient au rapport annuel pour l'année 1967, ont
été conduits devant le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. MASSE: Tous ne ne servent pas de ce droit d'appel au
lieutenant-gouverneur. Un certain nombre.
M. CHOQUETTE: Combien de ces causes ont-elles été
portées en appel devant le lieutenant-gouverneur en conseil?
M. MASSE: Il y a bien les 2/3.
M. CHOQUETTE: Combien de causes, pour les années
antérieures à 1967, avaient été portées
devant le lieutenant-gouverneur en conseil et sont encore pendantes devant le
lieutenant-gouverneur en conseil?
M. MASSE: Tous ces cas-là sont réglés depuis
l'information qu'a eue le député.
M. CHOQUETTE: Je ne saisis pas la réponse.
M. MASSE: Il n'y en a plus.
M. CHOQUETTE: Il y a eu des cas portés en appel devant le
lieutenant-gouverneur en conseil. Comment en a-t-on disposé, une fois
rendu là?
M. MASSE: Il ne semble pas que le lieutenant-gouverneur ait
infirmé des décisions de la commission.
M. CHOQUETTE: Y a-t-il encore des causes pendantes devant le
lieutenant-gouverneur en conseil?
M. MASSE: Peut-être quelques-unes.
M. LESAGE: Il sait ce qui se passe au conseil des ministres, il ne doit
pas y dormir. Comment a-t-on disposé des appels au lieutenant-gouverneur
en conseil? Que le ministre laisse le lieutenant-gouverneur tranquille, c'est
le cabinet ça, le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. MASSE: Le chef de l'Opposition sait fort bien qu'il y a un
comité composé d'un certain nombre de ministres, qui est
formé pour...
M. LESAGE: Bon, et alors?
M. MASSE: Je ne suis pas membre de ce comité.
M. LESAGE: Non, mais le comité a fait rapport au conseil des
ministres dont le député de Montcalm fait partie. Qu'a
décidé le conseil des ministres sur le rapport du
comité?
M. MASSE: Le chef de l'Opposition sait fort bien qu'il peut être
passé plusieurs centaines, pour ne pas dire plusieurs milliers,
d'arrêtés en conseil ou de rapports au lieutenant-gouverneur en
conseil, et qu'il n'est réellement pas possible de demander à un
ministre de connaître le contenu de chaque arrêté en
conseil.
M. LESAGE: M. le Président, je demanderais au ministre de bien
vouloir, pour lundi, alors que nous continuerons l'étude de ce poste,
s'enquérir auprès du secrétaire général du
cabinet ou du greffier du Conseil exécutif l'un des deux ou les
deux, je l'ignore de la façon dont les appels au
lieutenant-gouverneur en conseil, dans les cas qui nous préoccupent, ont
été réglés, ou plutôt de la façon dont
on en a disposé. Ont-ils été rejetés? Est-ce qu'il
y en a qui ont été acceptés? Dans un cas comme dans
l'autre, quelles ont été les conséquences? Et cela dans
chaque circonstance, dans chaque cas. Je pense que lundi nous reviendrons avec
cette question, et je suis sûr que le député de Montcalm
est assez gentil pour que nous n'ayons pas besoin de le presser de revenir
lundi avec la question, qu'il nous arrivera ici avec une réponse,
franche, claire, nette, aussi précise qu'il peut être
précis lorsqu'il parle aux syndiqués.
M. MASSE: Il n'y a aucun problème.
M. LESAGE: S'il n'y a pas de problème, ne vous gênez
pas.
M. MASSE: Nous allons vous donner les chiffres, il n'y a rien à
cacher.
M. LESAGE: Si vous n'avez rien à cacher, allez-y.
M. CHOQUETTE: Le ministre avait l'air de dire qu'on s'était
entendu sur une nouvelle procédure, n'est-ce pas?
M. MASSE: Dans la convention collective.
M. CHOQUETTE: Oui, dans la convention collective des fonctionnaires pour
1968, à partir de 1968.
M. MASSE: A partir du premier avril 1968. M. CHOQUETTE: Avril 1968.
M. MASSE: A partir de la date de la convention collective.
M. CHOQUETTE: Mais a-t-on réglé, dans cette convention
collective, les cas antérieurs à la convention collective ou
seulement les cas à venir?
M. MASSE: Il y en a 125 qui sont antérieurs à la
présente convention mais qui vont suivre la procédure de la
nouvelle convention. Depuis la convention, 138 nouveaux cas vont
évidemment suivre la procédure de la nouvelle convention.
M. CHOQUETTE: Le ministre comprend-il dans les 125 cas antérieurs
à la signature de la convention collective de 1968, les cas qu'il a
mentionnés tout à l'heure, à partir du rapport de la
Commission de la fonction publique ou est-ce que ce sont des cas qui avaient
surgi, mais qui n'étaient pas encore rendus à la Commission de la
fonction publique?
M. MASSE: Sauf les cas qui sont déjà devant le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. CHOQUETTE: Bon, c'est ce que je voulais dire. Mais combien y en
a-t-il de cas, environ, devant le lieutenant-gouverneur en conseil auxquels la
nouvelle procédure ne s'appliquerait pas?
M. MASSE: Je crois que c'est la question que nous devons vérifier
auprès du greffier, mais il semble qu'il y en ait une douzaine.
M. CHOQUETTE: Une douzaine.
M. MASSE: S'il en reste, ce serait une douzaine, aux dernières
informations.
M. CHOQUETTE: Au comité formé au sein du cabinet pour
entendre ces cas-là, reste-t-il des cas très anciens, je veux
dire de deux, trois et quatre ans?
M. MASSE: C'est la question à laquelle nous devons
répondre lundi. Si vous voulez que nous répondions tout de suite,
nous allons vérifier.
M. CHOQUETTE: Je pose une question que le chef de l'Opposition n'avait
pas mentionnée pour prévenir le ministre de la fonction publique,
parce que je ne voudrais pas le prendre par surprise. Je veux savoir s'il y a
des cas qui traînent chez le lieutenant-gouverneur en conseil depuis
quatre ans, par exemple?
M. MASSE: C'est justement la question à laquelle nous devons
répondre et ce sont des détails que nous apporterons.
M. CHOQUETTE: Je souligne ça pour que le ministre ne nous arrive
pas lundi avec des réponses incomplètes.
M. MASSE: Il est évident que...
M. CHOQUETTE: A part ces décisions prises par la Commission de la
fonction-publique en matière de classement, en matière
disciplinaire, la Commission de la fonction publique a-t-elle eu d'autres
décisions à rendre en matière de classement ou en
matière disciplinaire, d'autres décisions comme commission ou
siégeant comme tribunal?
M. MASSE: Des décisions réglementaires ou des
décisions de nature générale que vous trouvez à la
page 36 du rapport?
M. CHOQUETTE: Si nous excluons ce dont nous avons parlé tout
à l'heure, il y a, en plus de ça, des décisions de nature
réglementaire, n'est-ce pas?
Au sujet de ces décisions de nature réglementaire, le
ministre pourrait peut-être nous donner, enfin, les grandes lignes des
activités de la commission dans ce domaine.
M. MASSE: M. le Président, on a un rapport; on peut le lire.
M. CHOQUETTE: Bien non. Le ministre devrait nous expliquer ça; il
doit être au courant.
M. MASSE: Vous voulez avoir la liste des règlements qui ont
été adoptés par la Commission de la fonction publique?
M. CHOQUETTE: Enfin, les grandes lignes. M. MASSE: Bien, si vous voulez
perdre... M. CHOQUETTE: Les décisions...
M. MASSE: ... du temps, on va le lire. Voulez-vous vous rendre
jusqu'à cinq heures?
M. CHOQUETTE: ... les règlements les plus importants pour la
bonne marche du personnel.
M, MASSE: Alors, si vous voulez vous rendre jusqu'à cinq heures,
on va le lire lentement.
M. CHOQUETTE: Bien non, franchement, le ministre prend son rôle
trop cavalièrement On dirait qu'il est ministre...
M. MASSE: Le député perd du temps inutilement. Si vous
voulez que je lise tous les règlements de la Commission de la fonction
publique...
M. LESAGE: Il ne s'agit pas de cela.
M. CHOQUETTE: Le ministre connaît-il les activités de la
Commission de la fonction publique?
M. MASSE: M. le Président, je ne... M. CHOQUETTE: S'en
soucie-t-il?
M. MASSE: ... tomberai pas dans cette trappe à ours qui est
beaucoup trop grosse pour prendre une souris. Si le député veut
que je lise...
M. CHOQUETTE: Le ministre peut-il nous parler...
M. MASSE: ... l'ensemble des règlements qui ont été
adoptés par la Commission de la fonction publique, moi, je veux bien. On
va se rendre à cinq heures.
M. CHOQUETTE: D'après le ministre, quels sont les plus
importants, les plus fondamentaux pour la bonne gestion du personnel?
M. MASSE: M. le Président, c'est une question de jugement auquel
je me défendrai bien...
M. COITEUX: On voudrait savoir si le ministre a du jugement.
M. CHOQUETTE: Bien oui, on voudrait savoir s'il a du jugement.
M. MASSE: Ce n'est pas à moi de juger les règlements de la
Commission de la fonction publique.
M. CHOQUETTE: On jugera peut-être. Alors, donnez-nous une
énumération d'abord.
M. LESAGE: Il s'agit de vous entendre pour juger de votre jugement.
M. MASSE: Justement. Alors... M. LESAGE: Répondez.
M. MASSE: ... vous ne m'entendrez pas juger les règlements.
M. LESAGE: Il ne s'agit pas de juger les règlements; il s'agit de
nous les énoncer et de nous dire de quelle façon ils s'appliquent
à des cas concrets.
M. CHOQUETTE: Le ministre connaft-il... M. MASSE: Quels
règlements en particulier?
M. LESAGE: C'est assez déprimant de poser des questions, sans
obtenir de réponse.
M. COITEUX: Il ne connaît rien.
M. LESAGE: Si, au moins, il y avait de la bonne volonté de la
part du ministre.
M. MASSE: La Commission de la fonction publique adopte des dizaines et
des dizaines de règlements. Cest complètement...
M. CHOQUETTE: Oui, mais quels sont les plus fondamentaux?
M. MASSE: ... je ne dirai pas insensé, cela choquerait le
député de me demander de vous les réciter par coeur
et de vous les donner tous.
M. CHOQUETTE: Le ministre fait des conférences partout dans la
province de Québec...
M. MASSE: Justement, mais je ne récite pas
les règlements de la Commission de la fonction publique.
M. CHOQUETTE: Voulez-vous ne pas m'interrompre quand je parle? Le
ministre fait des conférences partout dans la province de Québec.
Il parle de l'opportunité de créer un ministère de la
fonction publique. Il fait des déclarations tonitruantes et fracassantes
sur la gestion du personnel et sur le dynamisme qu'il va apporter au
fonctionnarisme ici à Québec. Quand nous arrivons dans des
détails aussi importants que les activités de la Commission de la
fonction publique au plan réglementaire, il n'est pas capable de nous
dire quels sont, à son avis, les règlements les plus fondamentaux
qui ont été adoptés par cette commission au point de vue
de son travail comme ministre de la Fonction publique. C'est ça.
M. COITEUX: Ses conférences, c'est du vent
M. CHOQUETTE: C'est du vent, ce sont des mots. Le ministre peut-il nous
donner une idée de l'action de la Commission de la fonction publique au
cours de 1968?
M. MASSE: Des mots, on en entend passer aujourd'hui. Il vente fort.
M. LESAGE: Pardon? M. MASSE: Il vente fort.
M. LESAGE: Etiez-vous plus à l'aise dans les kilowatts?
M. MASSE: Dans les kilowatts, la chaleur était plus intense.
M. LESAGE: Pas mal.
M. CHOQUETTE: Le ministre ne peut se dispenser de nous donner les
grandes lignes des activités de la commission...
M. MASSE: C'est de l'obsession!
M. CHOQUETTE: Laissez-moi parler, s'il vous plaît; ne
m'interrompez pas.
M. MASSE: Oh, oh, M. le Président. A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'ai la parole; j'invoque le
règlement.
M. MASSE: Cest une dictature foute libérale qu'on est en train
d'imposer là.
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'ai la parole. Je demande de
continuer.
M. MASSE: Pour moi, le député commence à être
fatigué.
M. CHOQUETTE: Non, non, pas du tout, je suis en pleine forme.
M. MASSE: Pourquoi vous choquez-vous comme ça?
M. PAUL: On l'a déjà connu meilleur.
M. MASSE: Cela ne sert à rien de se fâcher.
M. CHOQUETTE: On peut dispenser le ministre de parler des
activités de la Commission de la fonction publique pour l'année
1967, parce que je ne veux pas fatiguer le ministre en lui imposant la lecture
du rapport que nous avons de la commission.
M. MASSE: Vous avez...
M. CHOQUETTE: J'ai la parole et je demande de terminer.
M. MASSE: ... le rapport.
M. CHOQUETTE: Mais, pour l'année 1968, il me semble que le
ministre de la fonction publique pourrait nous donner une idée des
grandes lignes de l'action de la commission, parce que là, nous n'avons
pas de rapport. Qui va nous dire ce que la commission a fait?
M. MASSE: Vous l'avez dans la convention collective. Je vais vous la
relire encore. Alors le principal travail, le député va trouver
ça dans la convention collective de travail 1968-1971, unité
fonctionnaire, à l'article 15.04: « A compter de la signature de
la présente convention et jusqu'à la date de l'approbation par le
lieutenant-gouverneur en conseil de l'ensemble des modifications à la
classification, a droit de grief un employé affecté à un
poste d'une classe d'emploi à laquelle il a déjà
été déclaré éligible et qui prétend
que son classement ne correspond pas aux attributions de la classe d'emploi
qu'il exerce. »
Et à la page 80, les griefs de classement.
M. CHOQUETTE: Le ministre peut-il me faire parvenir une copie de la
convention collective?
M. MASSE: Vous avez là la revision de la classification en
collaboration avec les syndi-
cats. La DGRT et les autres organismes intéressés et les
ministères. Vous avez l'ensemble des responsabilités qui
découlent de la Loi de la fonction publique, c'est-à-dire le
recrutement des fonctionnaires, les promotions, le perfectionnement et
l'information générale de la population, y compris les
députés.
M. CHOQUETTE: En 1968, au point de vue des règlements
adoptés par la Commission de la fonction publique, le ministre
pourrait-il nous donner les principaux qui ont été adoptés
avec leurs caractéristiques? Peut-il nous dire en quoi ils vont
promouvoir une saine gestion du personnel de la fonction publique?
M. MASSE: Les règlements concernant certains agents de gestion du
personnel, des règlements concernant la classification et la
rémunération, entre autres, des secrétaires particuliers
et des secrétaires adjoints?
M. CHOQUETTE: Que disent ces règlements-là?
Qu'énoncent-ils?
M. MASSE: Ils disent la classification et la rémunération
de ces corps de fonctionnement et la façon dont ils sont
recrutés, dont ils avancent dans leur carrière et la façon
dont l'avancement est prévu.
M. CHOQUETTE: Le ministre peut-il nous donner...
M. MASSE: Le député a-t-il déjà vu comment
est fait un plan de classification pour un corps de fonctionnaires?
M. CHOQUETTE: Certainement, j'en ai vu souvent.
M. MASSE: Vous en avez vu, bon eh bien, c'est fait comme cela.
M. CHOQUETTE: Ce qui m'étonne, c'est...
M. MASSE: Les rémunérations des agents de la paix non
syndicables, le règlement très important concernant le
maître d'hôtel du cabinet du lieutenant-gouverneur...
M. CHOQUETTE: Ah bon!
M. MASSE: ... toute la question concernant la rémunération
du personnel de maîtrise des ouvriers, la rémunération des
conciliateurs, la rémunération des agents de la gestion du
personnel, la rémunération des agents d'auditeurs, la
rémunération des fonctionnaires professionnels qui ne font pas
partie du syndicat professionnel du gouvernement du Québec, le
règlement concernant l'échelle des traitements de base pour le
personnel de direction des écoles gouvernementales, le règlement
concernant la définition de la classe de contremaître-surveillant
sur les territoires forestiers et beaucoup d'autres. Je pourrais en
réciter comme cela pendant tout l'après-midi. Qu'est-ce que vous
voulez?
M. CHOQUETTE: Mais le ministre ne peut-il pas faire une synthèse
de tout cela? D'après le ministre, quelle est la synthèse de tout
cela?
M. MASSE: La synthèse de tout cela, c'est que la commission,
oeuvrant à l'intérieur des responsabilités qui
découlent de la Loi de la fonction publique, a oeuvré toute
l'année selon le jugement des trois commissaires, afin de faire en sorte
que la Loi soit appliquée le mieux possible.
M. CHOQUETTE: Le plus possible quoi? M. MASSE: Bien
appliquée.
M. CHOQUETTE: Le ministre est complètement ridicule.
M. MASSE: M. le Président! DES VOIX: Oh! Oh!
M. MASSE: Quand un député nous pose des questions idiotes,
les réponses qu'on lui fournit sont simplistes.
M. CHOQUETTE: Non, pas du tout. Je ne vois pas...
M. MASSE: Pas du tout? Qu'est-ce qui n'est pas du tout?
M. CHOQUETTE: Le ministre...
M. MASSE: Que le député est idiot ou quoi?
M. CHOQUETTE: ... admettra qu'il a une responsabilité; il est
ministre d'Etat délégué à la fonction publique. Il
est le responsable...
M. MASSE: Si vous saviez comme les fonctionnaires de la Commission ont
hâte de me voir comme ministre de la fonction publique!
M. CHOQUETTE: ... au sein du ministère, de la gestion du
personnel. Il a comme respon-
sabilité de voir à ce que le personnel soit
géré d'une façon de plus en plus progressive et de plus en
plus efficace.
M. MASSE: Non, M. le Président.
M. CHOQUETTE: Non, ce n'est pas sa responsabilité?
M. MASSE: La responsabilité du ministre est d'être
conseiller du lieutenant-gouverneur quand il forme son conseil.
M. CHOQUETTE: Conseiller à quel point de vue?
M. MASSE: Oui, M. le Président. A titre général,
à titre de ministre d'Etat.
M. CHOQUETTE: Oui, mais le ministre n'a-t-il pas une fonction
particulière au point de vue de la fonction publique?
M. MASSE: Il n'y a rien dans les lois qui spécifie ce dont le
député parle.
M. CHOQUETTE: Pourquoi le ministre porte-t-il le titre de ministre
d'Etat délégué à la fonction publique?
M. MASSE: Parce que la population me le reconnaît.
M. CHOQUETTE: Alors, ce n'est pas le titre réel du ministre?
M. MASSE: Légalement, il n'y a qu'un titre, c'est celui de
ministre d'Etat.
M. CHOQUETTE: N'appelle-t-on pas le ministre couramment comme cela?
M. MASSE: Parce que le député fait partie de la population
et me reconnaît le titre.
M. CHOQUETTE: Par conséquent, le ministre ne se reconnaît
pas le titre?
M. MASSE: M. le Président, vous parlez de légalité.
Je ne suis pas avocat et je n'ai pas la prétention de l'être non
plus. Je pense que vous n'avez, nulle part, dans les statuts qui sont la base
même du parlementarisme québécois, un titre autre que celui
de ministre d'Etat ou ministre.
M. CHOQUETTE: Alors, je comprends bien que le ministre ne prend aucune
responsabilité en matière de fonction publique?
M. MASSE: Le ministre ne s'est jamais pris pour un autre.
M. CHOQUETTE: Alors, il ne prend aucune responsabilité dans le
domaine de la fonction publique?
M. MASSE: Légalement, Je ne fais que respecter les lois, comme
tout citoyen du Québec doit le faire.
M. CHOQUETTE: Ecoutez, vous n'êtes pas un citoyen ordinaire, vous
êtes ministre de la Couronne.
M. MASSE: Ah, Je ne suis pas un citoyen ordinaire? M. le
Président, je ne me reconnais pas de titre autre que celui d'être
citoyen. C'est un titre qui doit être suffisamment noble et suffisamment
glorieux, que d'être citoyen du Québec, pour ne pas que je
prétende orgueilleusement en avoir d'autres que celui-là.
M. CHOQUETTE: Alors...
M. MASSE: M. le Président, je suis dans l'Union Nationale et non
dans le parti libéral.
M. CHOQUETTE: Alors, pour résumer le discours du ministre, il n'a
pas de responsabilité.
M. MASSE: Je suis citoyen.
M. CHOQUETTE: Il n'a pas de responsabilité spéciale dans
le domaine de la fonction publique. Est-ce que j'ai compris ça?
M. MASSE: Il n'est pas de ma responsabilité d'enfreindre les lois
qui nous régissent.
M. CHOQUETTE: J'espère que vous ne les enfreignez pas.
M. MASSE: Justement, partant de là, M. le Président...
M. CHOQUETTE: Mais est-ce qu'il est de votre responsabilité de
promouvoir une saine gestion de la fonction publique?
M. MASSE: M. le Président, le gouvernement, le conseil des
ministres m'a demandé de participer à un travail de
réforme de la fonction publique et à un travail de coordination
dans le secteur des relations de travail.
M. CHOQUETTE: Ah! Ah!
M. MASSE: Mais, M. le Président, il n'y a rien dans la loi qui
nous force à...
M. CHOQUETTE: Ah! là nous reconnaissons le ministre.
M. MASSE: M. le Président, vous reconnaîtrez toujours le
ministre lorsqu'on lui confie des tâches, de...
M. CHOQUETTE: Dans quel sens le ministre s'acquitte-t-il de sa
responsabilité de défendre...
M. MASSE: Dans le sens de son devoir, et très bien, comme disent
mes collègues.
M. CHOQUETTE: Non, mais plus précisément, comment le
ministre voit-il le rôle de la Commission de la fonction publique et la
façon dont elle a exercé son rôle au cours de
l'année dernière?
M. MASSE: M. le Président, je vois la Commission de la fonction
publique respectant la loi qui l'a créée et je crois que la
Commission de la fonction publique respecte la loi qui l'a
créée.
M. CHOQUETTE: Oui, mais ce n'est pas seulement une question de respect
de la loi. Le ministre doit quand même reconnaître qu'il y a plus
qu'une question de direction, il y a une question de dynamisme. Est-ce que le
ministre conçoit que ce sont des choses qui existent dans le domaine
dont il a la responsabilité?
M. MASSE: M. le Président, je ne pense pas que ce soit de ma
responsabilité de porter un Jugement sur le travail fourni par les
commissaires et la Commission de la fonction publique.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre rencontre fréquemment les
commissaires de la Commission de la fonction publique?
M. MASSE: Je crois, M. le Président, rencontrer plus souvent le
député d'Outremont.
M. CHOQUETTE: Est-ce qu'il discute avec eux de la politique de la
Commission de la fonction publique et, enfin,...
M. MASSE: Comme avec le député d'Outremont, nous discutons
en général de la façon dont l'Etat est
administré.
M. CHOQUETTE: Pas plus que ça?
M. MASSE: M. le Président, je n'ai pas à m'ingérer
dans les dossiers que doit Juger la Commission de la fonction publique.
M. CHOQUETTE: Je voudrais demander au ministre ceci: La Commission de la
fonction publique a accompli un travail en 1968, n'est-ce pas, et nous
avons...
M. MASSE: Comment le qualifiez-vous?
M. CHOQUETTE: ... le ministre tout à l'heure nous a
donné... enfin, je pose une question, le ministre...
M. MASSE: Est-ce que vous pouvez le qualifier?
M. CHOQUETTE: Je dis que la Commission de la fonction publique a
accompli un travail au cours de l'année 1968.
M. MASSE: Travail que vous jugez excellent ou...
M. CHOQUETTE: Je ne le juge pas, je ne le connais pas encore.
M. MASSE: Bon, alors nous ne sommes pas ici en juges.
M. CHOQUETTE: Je suis ici pour le connaître et je veux demander au
ministre de nous donner une description concrète et réelle de ce
travail-là, pas une énumération d'un certain nombre de
règlements.
M. MASSE: De la commission? Est-ce que le député peut me
poser des questions précises?
M. CHOQUETTE: Bien, les questions sont précises. Est-ce que le
ministre peut nous donner une idée des fonctions ou du travail que la
commission a accompli en 1968?
M. MASSE: En particulier sur quoi?
M. PAUL: M. le Président, je crois qu'on s'écarte un peu
trop de l'étude des crédits présentement devant nous. Je
crois que le ministre, n'étant pas encore titulaire d'un
ministère de la fonction publique, n'a pas d'autres renseignements
à fournir à cette Chambre que ceux qui concernent
l'administration générale de la politique de la Commission de la
fonction publique, mais il n'est pas responsable ou tuteur des actes
administratifs de la Commission de la fonction publique qui est un organisme
tout à fait indépendant. Quand je vois mon honorable ami
s'acharner à tâcher d'impliquer le ministre dans l'administration
de la fonction publique je dis, M. le Président, que ça
dépasse l'interrogatoire
normal auquel doit se soumettre un ministre qui présente et
discute ses crédits.
Depuis un certain temps nous assistons à un contre-interrogatoire
serré de la part de l'honorable député d'Outremont qui
voudrait, et non seulement qui voudrait, mais qui reproche au ministre d'avoir
été négligent en ne participant pas à
l'administration même de la Commission de la fonction publique, ce que la
loi lui défend de faire.
Alors, j'inviterais mon honorable ami à réserver son
argumentation, ou toute l'astuce et l'intelligence que je lui reconnais,
à des objets beaucoup plus sérieux et à une inquisition
beaucoup plus effective pour la bonne administration de la province.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas cherché à prouver, comme l'a dit
le député de Maskinongé, que le ministre d'Etat s'est
mêlé de l'administration ou des décisions de la Commission
de la fonction publique. Ce n'est pas du tout ce que j'ai cherché et je
pense que le ministre, lorsqu'il m'interpelle, fait erreur. J'ai simplement
demandé au ministre, et je suis obligé de continuer à
insister, c'est lui qui m'y oblige par son attitude, j'ai demandé ce que
la Commission de la fonction publique avait fait, en général, au
cours de l'année 1968, quel était le sens de son action.
M. MASSE : Je réponds en général.
M. CHOQUETTE: Le ministre m'interrompt continuellement.
M. MASSE: La seule façon de vous faire gagner un peu de temps de
façon intelligente, c'est de vous interrompre.
M. CHOQUETTE: Je demandais au ministre quel était le sens de
l'action de la Commission de la fonction publique. Quels étaient les
principaux jalons que la Commission de la fonction publique avait posés
dans le but d'obtenir une gestion du personnel de plus en plus efficace, de
plus en plus progressive, et le ministre est incapable d'y répondre. La
seule chose que peut faire le ministre c'est de nous lire une
énumération de règlements sans nous expliquer le contenu,
sans faire rapport...
M. PAUL: Parce que ce n'est pas la fonction du ministre de poser les
actes que vous lui demandez. C'est le rôle de la Commission de la
fonction publique de s'administrer, d'édicter des règlements. Ce
n'est pas au ministre à dicter ses volontés à la
Commission de la fonction pu- blique. Il y a des organismes prévus dans
notre système parlementaire pour donner au député tous les
renseignements qu'il désire.
M. CHOQUETTE: L'honorable député de Maskinongé m'a
interrompu intempestivement et irrégulièrement. J'avais la parole
à ce moment-là, il en a profité pour m'interrompre.
M. MASSE: Servez-vous-en de façon intelligente de votre parole et
il n'y aura pas de problème. On vous interrompt parce que vous
êtes complètement mêlé.
M. CHOQUETTE: Vous aussi, vous m'interrompez d'une manière
intempestive.
M. MASSE: Au moins, c'est intelligent.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas très intelligent.
M. MASSE: De vous interrompre?
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas très intelligent parce que c'est votre
manque de connaissances qui empêche de faire avancer l'étude de
vos crédits.
J'invoque le règlement. J'ai la parole. L'honorable
député de Maskinongé dit que ce n'est pas le rôle du
ministre...
M. MASSE: Le député ne fait même pas la distinction
entre les responsabilités d'un ministre du gouvernement comme tel, du
Conseil des ministres et le rôle qui est donné par la Loi de la
fonction publique à la Commission de la fonction publique, et il vient
ici prétendre nous poser des questions. Commencez donc par lire la
loi.
M. DEMERS: Vous ne saviez pas cela? M. MASSE: Il n'a jamais lu la
loi.
M. CHOQUETTE: J'invoque le règlement. J'ai la parole. Je suis
debout.
M. MASSE: Vous ne connaissez même pas le règlement.
M. CHOQUETTE: Faites-vous appliquer le règlement, M. le
Président?
M. MASSE: Vous connaissez la Loi de la fonction publique.
M. CHOQUETTE: Dites-le donc plus fort,
M. le Président, pour que le ministre entende que vous m'accordez
la parole.
M. ROY: Allez-vous commencer à diriger le président en
plus? Voyons donc!
M. MASSE: C'est un régime dictatorial. On tente de leur fournir
des réponses...
M. CHOQUETTE: J'invoque le règlement encore une fois.
M. MASSE: ... c'est extraordinaire,... puis ils nous imposent le
bâillon.
M. LE PRESIDENT (M. Gauthier, Berthier): On ne parle pas de kilowatt,
mais la tension monte. La parole est au député d'Outremont.
M. CHOQUETTE: Merci, M. le Président, de votre sens de la Justice
et de l'équité et de votre respect des règlements. Pour
répondre à l'honorable député de Maskinongé
qui m'interpellait tout à l'heure et qui disait; Vous ne devez pas poser
de questions au ministre d'Etat à la Fonction publique sur les
activités de la Commission de la fonction publique.
M. PAUL: M. le Président, ce n'est pas...
M. CHOQUETTE: J'invoque le règlement. Le député
répondra tout à l'heure...
M. PAUL: Non, non, je ne peux pas laisser passer une telle turpitude.
C'est impossible.
M. CHOQUETTE: A l'ordre! J'ai la parole et le ministre pourra me
répondre tout à l'heure.
M. ROY: Il dit des faussetés, par exemple.
M. CHOQUETTE: Je disais que l'honorable député de
Maskinongé m'avait interrompu pour me reprocher d'avoir posé des
questions au ministre d'Etat sur les activités de la Commission de la
fonction publique au cours de l'année 1968. Le député de
Maskinongé, avec son art consommé pour faire glisser le
débat là où il ne se trouve pas, disait que j'avais
insinué que le ministre d'Etat devait se mêler de l'administration
de la Fonction publique.
M. MASSE: Vous l'avez déclaré.
M. CHOQUETTE: Je n'ai jamais dit cela.
M. MASSE: Vous m'invitiez à la croire.
M. CHOQUETTE: J'ai demandé au ministre...
M. MASSE: Il n'y a plus personne en arrière ne regardez pas
là.
M. CHOQUETTE: ... d'Etat de nous faire une description
synthétique...
M. MASSE: Faites donc comme le chef de l'Opposition, enlevez donc votre
main de votre poche.
M. CHOQUETTE: Je metterai la main...
M. ROY: Il n'y a pas de danger, le député de Verdun...
M. CHOQUETTE: Je demandais au ministre d'Etat...
M. ROY: Il n'y a pas de poignard en arrière.
M. MASSE: Il n'y a personne derrière vous pour vous poignarder.
Vous êtes tout seul en Chambre.
M. ROY: Il n'y a pas de danger. Les aspirants chefs...
M. MASSE: Un avocat doit se servir de ses deux mains.
M. CHOQUETTE: Un peu de sérieux. Je disais que je voulais que le
ministre d'Etat à la fonction publique, pour le bénéfice
des députés de cette Chambre, pour le bénéfice du
journal des Débats, nous fasse une description synthétique du
travail de la Commission de la fonction publique au cours de l'année
1968, et nous indique l'orientation de la commission, ce qu'elle a accompli au
point de vue de la gestion du personnel, de l'évolution des
décisions de la commission. Je n'ai pas demandé au ministre de se
mêler des décisions de la commission. Je lui al demandé de
me dire ce que la commission avait fait. Je pense que cela, c'est dans les
attributions du ministre et qu'il devrait donner une réponse, s'il en
est capable, évidemment. Je vois le ministre continuellement se pencher
vers M. Bolduc. Toutes ses réponses sont inspirées par des
fonctionnaires...
DES VOIX: Voyons doncl
M. CHOQUETTE: Le ministre nous a donné le plus parfait exemple de
l'ignorance et de l'incompétence parce...
M. ROY: En autant que c'est vous qui le dites.
M. CHOQUETTE: ... qu'il est incapable de répondre du domaine qui
est de son ressort.
M. SAUVAGE AU: Comme la sienne.
M. PAUL: Le ministre a au moins montré une honnêteté
administrative.
M. CHOQUETTE: Je ne comprends pas l'intervention du député
de Maskinongé quand il parle d'honnêteté
administrative.
M. ROY: Vous feriez bien mieux d'avoir un souffleur.
M. CHOQUETTE: Même si la Commission de la fonction publique est
autonome vis-à-vis du gouvernement et du lieutenant-gouverneur en
conseil, il n'en demeure pas moins vrai que, lorsqu'arrive la période
des crédits, il doit y avoir un ministre qui fasse rapport sur les
activités de la Commission de la fonction publique. Je
présume...
M. MASSE: Du moment qu'un député pose des questions
intelligentes.
M. CHOQUETTE: J'ai présumé à tort que
c'était le ministre d'Etat, député de Montcalm qui, tout
à l'heure, a cherché à nous démontrer qu'il n'avait
rien à voir avec la fonction publique.
Il s'est repris par la suite. Il a semblé dire que oui, il avait
une certaine responsabilité. On l'avait désigné au
ministère comme celui qui devrait s'occuper des questions de gestion de
personnel et de fonction publique. Mais j'aimerais que le ministre nous fasse
un rapport du travail de la Commission de la fonction publique.
M. DEMERS: Ils ne vous connaissent pas tous, parce que je vous
dis...
M. MASSE: Nous avons répondu à toutes les questions qui
ont été posées par le député d'Outremont.
S'il a d'autres questions, nous sommes prêts à y
répondre.
M. CHOQUETTE: Le ministre refuse de répondre en somme. C'est
ça, c'est l'arrogance du ministre.
M. MASSE: Nous sommes prêts à répondre à
toutes les questions sérieuses, à toutes les questions
intelligentes...
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas une question sérieuse que j'ai
posée?
M. MASSE: ... que le député d'Outremont pourrait nous
poser, mais des questions d'ordre général. A « Qu'est-ce
qu'a fait la Commission de la fonction publique? » je ne peux que
répondre qu'elle a les règlements, les lois qui la
régissent. La Commission de la fonction publique est responsable du
recrutement et de la sélection des fonctionnaires, responsable de la
classification, de l'inspection, des enquêtes, du perfectionnement. La
Commission de la fonction publique a, dans l'année en cours et dans
l'année antérieure, tout simplement appliqué la loi au
meilleur de sa connaissance.
M. CHOQUETTE: Le contenu de la réponse du ministre est
très décevant, parce que ce sont des banalités, des
généralités qui ne nous disent pas dans quel sens on est
en train d'organiser la fonction publique dans le Québec
M. MASSE: M. le Président...
M. CHOQUETTE: C'est ce que je reproche au ministre, c'est de se
gargariser de mots, c'est d'être un verbocrate. Le ministre d'Etat, c'est
un verbocrate. A partir du moment où il a dit le mot, c'est la
chose.
M. MASSE: Vous êtes en train de vous « enfarger » dans
ça.
M. CHOQUETTE: Non, non. pas du tout.
M. ROY: Vous adoptez le style Michaud et ça ne vous convient pas
du tout. Cela ne nous fait mi-chaud mi-froid.
M. CHOQUETTE: Je suis prêt à être aimable avec le
ministre. Je pense que nous ne pouvons pas exiger une réponse de lui,
aujourd'hui.
M. MASSE: Pouvez-vous au moins lire le budget?
M. CHOQUETTE: Le ministre m'interrompt continuellement. Je suis
prêt à être aimable avec le ministre et je ne veux
pas...
M. MASSE: Je ne vous en demande pas tant Cela m'inquiéterait
drôlement.
M. CHOQUETTE: J'ai dit que j'étais prêt à être
aimable avec le ministre.
M. MASSE: Etes-vous capable au moins de respecter le
règlement?
M. CHOQUETTE: Je ne veux pas exiger une réponse de lui
aujourd'hui, vu qu'il est manifestement incapable de la donner. Par
conséquent, je lui offre de donner une réponse lundi alors...
M. MASSE: M. le Président...
M. CHOQUETTE: ... qu'il aura toute la fin de semaine pour faire ses
devoirs et ses leçons comme un bon député.
M. MASSE: Je demanderais au député d'Outremont de bien
vouloir lire les règlements qui régissent les commissions pour la
discussion des budgets, d'une part, et, d'autre part, de lire le budget qui a
été déposé par l'honorable ministre des Finances.
Il y verrait deux choses : nous devons premièrement selon les articles
budgétaires, discuter du contenu des articles budgétaires. Nous
avons laissé aller le député d'Outremont là
où il voulait se rendre, où bon lui semblait dans
différents articles, soit l'article 5, lorque ça concernait les
relations de travail, l'article 4, soit la Commission de la fonction publique,
et même l'article 6 puisqu'il soulevait tout à l'heure
manifestement des questions qui relevaient de la coordination des services de
gestion de personnel.
Nous avons même laissé le député aller d'un
article à l'autre.
Nous aurions pu fort bien, depuis le début, le rappeler à
l'ordre en vertu de l'article 381 de nos règlements qui dit qu' «
en comité des subsides chaque article du budget des dépenses est
pris en considération séparément et suivant les
règles prescrites pour l'examen des articles d'un bill, en comité
plénier ».
Depuis deux heures, puisque le député n'avait pas de
question précise à poser, mais tout simplement l'ordre de gagner
du temps en Chambre vu que le député de Mercier n'était
pas ici pour discuter de planification, nous l'avons laissé se promener
d'un poste à l'autre. Nous aurions pu demander un rappel à
l'ordre et inviter le député à bien vouloir discuter le
poste 4, le poste 5 ou le poste 6.
S'il a des questions à poser au poste 4, nous allons lui
répondre, mais, s'il veut jouer ce petit jeu et dire: Cela relève
du poste 5 ou du poste 6, avec cet esprit confus que tout le monde lui
reconnaît, nous allons le perdre immédiatement. Voilà
pourquoi nous lui avons laissé la chance de poser des questions d'ordre
général, qui recouvrent trois postes.
Nous avons voulu être de bonne foi. On pré- tend toujours
qu'il ne faut jamais être de bonne foi avec un député
libéral; le député d'Outremont est encore en train de nous
en faire la preuve. Nous sommes prêts à discuter et à
répondre à toutes ses questions. Mais les questions concernant la
gestion du personnel, qui pourraient relever du poste 6, c'est au poste 6 que
vous trouverez les crédits pour ça.
Si vous voulez que nous vous aidions et que nous vous disions que tel
genre de question relève de tel ou tel article, nous sommes prêts
à le faire. Si vous voulez continuer à poser des questions
générales, nous ne pourrons que répondre de façon
générale.
M. CHOQUETTE: Le ministre se couvre de ridicule et il n'a pas
répondu à la dernière question que je lui ai posée.
Cette question-là était parfaitement précise. Je n'ai pas
demandé au ministre d'entrer dans des détails
exagérés. Je ne lui demande pas de connaître tous les
règlements qui ont pu être adoptés par la Commission de la
fonction publique en 1968; je lui demande de me faire une description du
travail de la commission au cours de l'année dernière, mais une
description avec un contenu concret quelconque. Or, c'est une chose que le
ministre d'Etat à la fonction publique ne peut pas faire, parce que ce
qui lui manque, c'est l'esprit concret.
M. MASSE: Vous êtes fatigué et vous êtes fatiguant.
Si vous voulez que nous ajournions, nous allons le faire. Je n'ai pas
d'objection. Cela va vous permettre de vous reposer. Cela devient enfantin.
M. LESAGE: M. le Président, le ministre...
M. MASSE: M. le chef de l'Opposition, je suis heureux que vous soyez
revenu. Cela va nous permettre d'avoir un débat plus ordonné.
M. LESAGE: La flatterie ne mènera le ministre à rien.
M. MASSE: Mais, ça va certainement nous...
M. LESAGE: Ne pourrait-il pas, d'ici à lundi, se calmer, se
refroidir, relire ce soir les questions...
M. MASSE: Je suis très froid.
M. LESAGE: ... qui ont été posées par le
député d'Outremont et se préparer à
répondre, comme il sait le faire quand il le veut, lundi, quand nous
reviendrons?
M. MASSE: En commençant par le député de Mercier ou
le député d'Outremont?
M. LESAGE: Qu'il commence par qui il voudra.
M. MASSE: Je n'ai pas d'objection. Je ne choisis pas mon adversaire;
c'est vous qui me l'imposez.
M. LESAGE: M. le Président, le ministre peut commencer par
répondre aux questions que je lui ai posées tantôt;
j'attendrai sa réponse lundi. Le député d'Outremont vient
de lui poser des questions fort précises. Je pense qu'il pourra se
préparer, d'ici à lundi, à répondre à ces
questions. Comme on vient de le dire de l'autre côté, il est cinq
heures; ç'a été une grosse semaine, les
députés se ressentent de la fatigue de la semaine et un peu aussi
de la chaleur.
M. MASSE: Alors...
M. LESAGE: Est-ce que l'étude de l'article est suspendue, M. le
Président?
M. ROY: M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que la
commission du Travail et de la Main-d'Oeuvre chargée d'examiner les
articles du budget des dépenses de ce ministère a adopté
tous les postes de ce budget, sans exception.
M. HARVEY: C'est au président de la Chambre qu'il faut faire
rapport.
M. LESAGE: Le député de Joliette devait d'abord faire
rapport au président du comité des subsides.
M. ROY: Au président du comité des subsides.
M. GAUTHIER (Berthier) (président du comité des subsides):
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité
n'a pas fini de délibérer et demande la permission de
siéger à nouveau.
M. LEBEL (président): Quand siégera-t-il?
UNE VOIX: Prochaine séance.
M. LE PRESIDENT: Prochaine séance.
M. PAUL: M. le Président, je suis sur que mon bon ami, le
député d'Outremont, durant la fin de semaine, va avoir l'occasion
de préparer des questions progressives pour que lundi nous puissions
terminer, si possible, l'étude des crédits du Conseil
exécutif après que l'honorable député de Mercier
aura également participé à l'étude de ces
crédits sous un autre aspect. Ce sont les travaux que nous
entreprendrons dès quatre heures lundi après-midi. En commission,
nous continuerons l'étude des prévisions budgétaires du
ministère de la Santé à la salle 91-A. Mardi, ce sera la
reprise du débat sur le discours sur le budget alors que nous aurons
l'avantage d'assister à une véritable pièce
d'éloquence et d'argumentation politique complète de la part du
ministre du Travail.
M. le Président, je propose, dans les circonstances,
l'ajournement de la Chambre à lundi après-midi, quatre
heures.
M. LE PRESIDENT: La Chambre s'ajourne à lundi après-midi,
quatre heures.
(Fin de la séance: 17 h 8)