Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures huit minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
La Chambre suspend ses travaux pour quelques minutes en attendant
l'arrivée de l'honorable lieutenant-gouverneur.
L'honorable lieutenant-gouverneur va faire son entrée;
auriez-vous l'amabilité de vous lever, s'il vous plait?
Discours inaugural
M. LE LIENTENANT-GOUVERNEUR: Madame et messieurs de l'Assemblée
nationale. Madam and Gentlemen of the National Assembly.
En ouvrant cette troisième session de la 29e Législature,
je voudrais vous inviter à poursuivre vos travaux en vue d'assurer le
développement économique du Québec, son progrès
social et son épanouissement culturel.
L'évolution de la société québécoise
modifie considérablement la nature de vos travaux parlementaires. Les
problèmes de notre milieu exigent des solutions rapides. Vous devez en
conséquence modeler l'action de votre Assemblée sur ces exigences
de notre époque afin que soit maintenu l'équilibre qui existe
entre le pouvoir exécutif et l'autorité de votre
Assemblée. C'est là une tâche exigeante qui confronte
présentement tous les Parlements du monde.
L'amélioration des conditions économiques des
Québécois sera encore la grande préoccupation de votre
Assemblée.
The reforms initiated in the fields of Justice, Municipal Affairs,
Education, Health Services and Social Services will be resumed. You will also
apply yourselves to increase the efficiency in Government administration and
its budgetary operations, the quality of the public services and the
productivity of Government expenditures.
Votre Assemblée sera également attentive aux
progrès des importantes négociations qui se déroulent
actuellement dans les secteurs publics et parapublics. Vous aurez
également l'occasion d'examiner les différents aspects du projet
de l'aménagement de la baie James. Des questions complexes comme celles
de la langue et des relations intergouvernementales feront aussi l'objet de
votre réflexion.
D'importants projets de loi concernant presque la totalité des
secteurs de notre vie communautaire vous seront présentés.
Madam and Gentlemen of the National Assembly, I pray God to enlighten
you and to bestow His blessings on Quebec and all who live here.
Madame et messieurs de l'Assemblée nationale, vous aurez
l'occasion, au cours de cette session, de marquer à nouveau
l'intérêt que vous portez au progrès et à la
prospérité du Québec. Je sais que vous y consacrerez le
meilleur de vous-même, et je prie Dieu de bénir vos travaux.
M. LEVESQUE: M. le Président, qu'il me soit permis d'appeler
l'article no 5.
Projet de loi no 1 Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la première lecture du projet de loi modifiant la Loi de l'habitation
familiale.
M. TESSIER: M. le Président, ce projet de loi rend admissibles
aux avantages de la Loi de l'habitation familiale les maisons d'habitation et
les immeubles en copropriété entièrement construits avant
le 30 juin 1974, alors que la loi actuelle exige que de telles constructions
soient terminées le 30 juin 1972.
En d'autres termes, M. le Président, il s'agit d'amender
l'article 1 de la loi pour prolonger son effet pour une période
additionnelle de deux ans.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
Amendements au règlement de l'Assemblée
nationale
M. LEVESQUE: M. le Président, après consultation avec les
chefs ou leaders parlementaires des autres partis, j'ai l'honneur de proposer
que les amendements apportés au règlement de l'Assemblée
nationale au cours des sessions précédentes soient adoptés
de nouveau par cette Chambre afin que nos travaux, au cours de la
présente session, soient régis par cesdits amendements et que
ceux-ci soient inscrits in extenso au procès-verbal.
En outre, également après consultation, je propose que
soit ajouté à l'article 3 le sous-article 2-a): L'article 346 du
règlement est amendé en remplaçant les mots "une heure"
par les mots "une demi-heure". Au sous-article 3 de l'article 3, je propose que
soient ajoutés les deux paragraphes suivants: 4) A l'occasion du
discours qu'il prononce, un député peut proposer une motion de
censure qui ne restreint pas le droit que possèdent les autres
députés de traiter de quelque sujet que ce soit. Cette motion de
censure, qui n'est pas annoncée, ne peut être amendée. 5)
Quand le débat est terminé, les votes sur les motions de censure
sont pris successivement dans l'ordre où elles ont été
proposées à une heure indiquée par le président
à la séance précédente.
M. le Président, on aura compris qu'il s'agit
d'une procédure qui touche le débat sur le discours
inaugural. Comme nos nouveaux règlements ne sont pas encore
adoptés, nous avons pensé nous les quatre leaders
parlementaires des quatre partis que nous pourrions immédiatement
adopter ces changements comme amendement sessionnel.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté. Formation de commissions permanentes
M. LEVESQUE: M. le Président, j'ai l'honneur de faire motion pour
que les commissions permanentes suivantes soient instituées: 1-
Commission de la présidence du conseil. 2- Commission du Travail et de
la Main-d'Oeuvre; je pense bien qu'on peut me dispenser
d'énumérer jusqu'à 22, car il s'agit là des
commissions des divers ministères du gouvernement . 23- Commission
des bills privés et des bills publics; 24-Commission des comptes
publics; 25-Commission de l'Assemblée nationale; 26-Commission de la
constitution; 27- Commission des engagements financiers et que chacune de ces
commissions soit autorisée à délibérer et à
s'enquérir de toutes les affaires et de toutes les matières que
la Chambre lui aura renvoyées ou qui sont de sa compétence,
à faire, de temps à autre, des rapports exprimant ses
observations et ses vues sur ces affaires et ces matières et envoyer
chercher les personnes, les pièces et les dossiers dont elle aura
besoin.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Commission de l'Assemblée nationale
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que MM. Blank, Bourassa,
Burns, Garneau, Hardy, Lacroix, Lavoie (Laval), Lévesque, Loubier, Paul,
Pinard, Bois et Tremblay (Chicoutimi) forment ladite commission de
l'Assemblée nationale et que cette commission se réunisse demain
matin à onze heures à la salle 93-A.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: Numéro 6.
M. BOURASSA: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Je voudrais interrompre, très brièvement,
ces applaudissements pour une raison exceptionnelle. Premièrement, j'au-
rais une annonce à faire. La commission permanente de la réforme
des districts électoraux m'a remis, la semaine dernière, le 1er
mars, tel que stipulé dans la loi, son rapport. Après
consultation avec les chefs de partis, je n'ai pas jugé à propos
de le déposer aujourd'hui, mais j'aimerais aviser les membres de cette
Chambre et les membres de la tribune de la presse qu'à 14 h 30, demain
après-midi, au salon rouge, les commissaires désirent en faire
une présentation officielle aux chefs de partis.
J'invite donc les députés et les membres de la tribune de
la presse, à 14 h 30 demain après-midi, au salon rouge. Le
document sera déposé officiellement en Chambre par le
président de la Chambre, demain à trois heures.
Exceptionnellement aussi, l'honorable député de
Mégantic m'a demandé la permission de dire quelques courtes
paroles.
Remerciements M. Bernard Dumond
M. DUMONT: Merci, M. le Président. Permettez-moi tout d'abord, M.
le Président, de vous remercier ainsi que M. le premier ministre des
marques de sympathie que j'ai reçues de votre part à la suite du
fameux accident dont j'ai été victime. Je tiens à
remercier aussi tous mes collègues, car j'ai de leur part la promesse
qu'ils ont, à plusieurs reprises, renouvelé de grandes
prières.
Du côté des libéraux, celui qu'on appelle parfois
"la croix dure à porter", je dois, aujourd'hui, le féliciter de
la décision qu'il a fait prendre à tous les membres de son caucus
en m'offrant un cadeau très marqué à la suite de cet
accident. Que tous les ministres acceptent aussi mes sincères
remerciements pour les gestes de sympathie qu'ils ont marqués à
mon égard.
Chers amis, laissez-moi vous dire que privé d'amis lors de
circonstances semblables, même si la mort m'a frôlé à
quatre reprises mais sachant qu'aucune infirmité ne demeurera, je dois
dire que sans notre famille, sans nos frères, sans nos amis
sincères, nous ne pouvons passer à travers des périodes
aussi difficiles, car la vie, avec la compréhension et l'amitié
de chacun, nous permet de nous fixer à nouveau un idéal qui nous
aide à bien servir nos électeurs. Cet idéal qui m'a
marqué m'incitera à continuer de batailler. Cette bataille pour
la vérité, M. le Président, je la continuerai tant que
Dieu me prêtera vie. A tous, merci.
Débat sur le discours inaugural M. Robert
Bourassa
M. BOURASSA: M. le Président, je voudrais accueillir et souhaiter
la plus cordiale bienvenue à tous les députés à
l'occasion de la troisième session de cette Législature. Je
voudrais profiter de cette occasion également pour remercier tous les
députés du travail considérable qui a
été fait au cours de la dernière session et depuis
la fin de cette dernière session. Vous me permettrez, M. le
Président, de signaler brièvement quelques changements comme la
nomination d'un nouveau chef intérimaire du Ralliement des
créditistes, à qui nous souhaitons la bienvenue.
Au cours des années soixante, le Québec a choisi de
s'ouvrir au monde industriel et scientifique. Ce brusque passage d'une
société de traditions à une société de
transformation a marqué et marquera longtemps encore l'évolution
de nos institutions politiques, économiques, sociales et culturelles,
car tout n'a pas été dit, loin de là, sur les conditions
de notre appartenance au monde moderne et sur les diverses formes de notre
existence collective.
Mais ce que nous savons d'ores et déjà, c'est que des
exigences précises doivent être satisfaites si nous voulons
continuer les réformes entreprises et donner au Québec les bases
solides de son avenir et les instruments de son progrès.
Voilà ce à quoi nous nous employons sans sous-estimer la
complexité grandissante des problèmes posés à toute
société industrielle, mais sans pessimisme non plus, conscients
qu'il y a dans nos ressources collectives assez de vitalité et de
dynamisme pour dominer et résoudre nos problèmes.
La soudaineté avec laquelle le Québec a passé,
depuis dix ans, au travers d'étapes de transformations successives, a
provoqué, comme il fallait s'y attendre, un malaise ou une
inquiétude chez plusieurs d'entre nous. Cette inquiétude prend
parfois une dimension insoupçonnée dès lors que se
manifestent certains phénomènes, comme la contestation agressive
et parfois désordonnée des règles du jeu social et de ses
valeurs.
Comme partout ailleurs, nous connaissons tous des difficultés
d'adaptation aux changements. En assumant les responsabilités du
pouvoir, nous étions bien conscients de cette nouvelle
réalité de notre société. Nous en étions
d'autant plus conscients qu'à ces problèmes d'adaptation des
individus aux changements se greffait une crise d'identité nationale que
nous ne pouvions ignorer. L'attitude du gouvernement, l'ouverture et le calme
que nous manifestons devant les événements, cette priorité
incontestable et nécessaire accordée aux questions
économiques, notre action dans le domaine de la santé et des
services sociaux, l'attention portée aux valeurs culturelles de notre
société, la réforme entreprise des structures
administratives de l'Etat et de ses opérations budgétaires,
autant de faits qui témoignent de notre désir de voir le
Québec surmonter ses problèmes.
Notre politique, elle correspond à ce programme de gestion
moderne des affaires québécoises que nous avions proposé
aux Québécois lors des dernières élections. Nous
allons poursuivre cette politique, convaincus que nous sommes qu'elle colle
vraiment aux besoins et aux aspirations de la population
québécoise.
Notre attitude d'ouverture et de calme devant les
événements ne laisse toutefois pas place au laisser-faire. Une
société démocratique repose nécessairement sur un
partage du pouvoir entre les individus et les groupes. Ce partage est toujours
une question d'équilibre dont l'Etat est le premier responsable.
L'arbitrage des intérêts des uns et des autres comporte
nécessairement des exigences de fermeté, surtout lorsque
l'autorité aussi bien que la légitimité des grandes
valeurs démocratiques sont mises en cause et quand la
sécurité et l'intérêt public sont
menacés.
Ces exigences de fermeté, nous avons l'intention de continuer
à les assumer. Par contre, il ne faudrait pas que ce devoir de
fermeté soit confondu avec la nécessité qu'il y a pour le
gouvernement de se montrer conscient du sort de tous ceux qui sont les victimes
du changement. Certaines de leurs impatiences affectent peut-être le
climat social. Ce n'est toutefois pas tellement au niveau de la façon
dont ils expriment cette impatience que doivent se situer les causes qui sont
à l'origine des injustices économiques et sociales qu'ils vivent.
Il ne peut s'agir alors de parler en termes de majorité silencieuse ou
de minorité bruyante. Il s'agit plus simplement d'une question de
justice, de dignité humaine et de respect des droits de chacun. Nos
efforts cherchent donc à maintenir le meilleur équilibre possible
dans le développement des différents secteurs de notre vie
communautaire.
Fédéralisme
décentralisé
M. BOURASSA: C'est également dans une perspective
d'équilibre, M. le Président, que le fédéralisme,
malgré ses difficultés évidentes, constitue pour nous une
option logique et préférable à tout autre, en raison des
avantages relatifs qu'il apporte à l'ensemble de la collectivité
québécoise. Le fédéralisme n'est pas et ne doit pas
être un dogme. Il constitue simplement une réponse aux besoins
d'organisation politique d'une société. Notre type de
fédéralisme doit cependant coller davantage à nos
réalités, correspondre vraiment aux besoins et aux aspirations
à la fois des individus et de la collectivité
québécoise.
J'ai déjà eu l'occasion de dire que, dans un régime
fédéral comme le nôtre, le degré de
décentralisation donnait le plus souvent la mesure de la qualité
et de l'efficacité des politiques gouvernementales. Cette prise de
position ferme de notre gouvernement en faveur d'un fédéralisme
décentralisé rencontre de plus en plus les vues de l'ensemble des
membres de la fédération. La récente prise de position de
l'Ontario en témoigne d'une façon éloquente.
Si nous constatons également une nouvelle
génération de premiers ministres dans la presque totalité
des provinces du Canada, nous avons toutes les raisons d'être confiants
pour arriver à une solution acceptable au Québec.
De même, le partage des ressources fiscales
entre le gouvernement central et les gouvernements provinciaux doit
tenir compte de leurs responsabilités respectives. Bien que de nombreux
travaux aient été effectués au cours des dernières
années à ce sujet, nous devons déplorer la persistance
d'un déséquilibre grave au niveau du partage des ressources
financières. Cette situation limite les initiatives que doivent prendre
les gouvernements provinciaux pour faire face à leurs obligations
constitutionnelles.
Le gouvernement du Québec estime que la recherche des moyens qui
nous permettront de corriger cette situation est absolument essentielle au
progrès du fédéralisme lui-même. Le
déséquilibre actuel constitue en effet un élément
déterminant des difficultés du fédéralisme
canadien.
Par ailleurs, comme le Québec est et demeurera le principal foyer
de la culture francophone au pays, notre gouvernement ne peut abandonner
à d'autres la responsabilité d'assurer la sécurité
et l'épanouissement d'une culture différente et largement
minoritaire sur l'ensemble du continent nord-américain. Le
fédéralisme canadien doit tenir compte de cette importante
dimension de sa réalité, autrement il continuera d'être
l'objet, au Québec, des pressions que l'on connaît.
En 1967, le ministère des Affaires intergouvernementales
était créé. Après quelque cinq années
d'activité dans un secteur aussi vital pour la collectivité
québécoise, il nous est apparu essentiel de dresser le bilan de
l'ensemble de nos relations intergouvernementales. L'automne dernier, j'ai
demandé au nouveau sous-ministre des Affaires intergouvernementales de
faire un relevé complet des activités du ministère, autant
dans le domaine des relations fédérales-provinciales que dans
celui des relations avec l'extérieur.
Un tel bilan ou état de la situation s'inscrit dans la
perspective du style de gestion qui caractérise le gouvernement actuel
et qui procède de la réalité des choses plutôt que
de théories abstraites ou de simplifications abusives. Tel que nous
l'avons conçu à l'origine, ce bilan des relations
intergouvernementales doit se réaliser en deux phases nettement
distinctes.
La première, essentielle, est celle du relevé des
matériaux requis et de la mise en ordre des dossiers où le
Québec est engagé, soit avec le gouvernement
fédéral ou avec les gouvernements des autres provinces, soit
encore avec d'autres pays.
Cette phase initiale qui est à être achevée nous
fournira les éléments nécessaires à la seconde
phase du bilan, la plus décisive et la plus déterminante pour
l'avenir du Québec, celle où nous aurons à poser le
diagnostic de l'état de nos relations intergouvernementales et à
définir les orientations à prendre pour l'avenir.
Politique linguistique M. BOURASSA: La question linguistique
au
Québec a donné lieu à un débat public
soutenu. Les rapports entre une majorité et une minorité
linguistique sont toujours très délicats. En ce sens, nous nous
trouvons, au Québec, dans la même situation que celle qui existe
dans tous les pays où cohabitent différents groupes
linguistiques.
La seule façon d'aborder une question aussi délicate,
c'est avec lucidité, avec réalisme et dans un esprit de justice
et d'équité. Le gouvernement actuel n'élaborera jamais une
politique linguistique qui ignore la réalité culturelle,
sociologique et démographique du Québec. Cette politique
linguistique ne se fera pas non plus sur le dos d'un groupe ou d'un autre.
Si l'on fait exception de certains incidents regrettables, le
débat linguistique des dernières années a
été dans son ensemble fécond et positif. Un certain
consensus est même en train de se dégager autour des principes qui
devraient nous guider dans la définition de notre politique
linguistique.
Ce qui nous amène à nous préoccuper de la question
linguistique au Québec, ce sont les données de faits qui sont
à la source de la situation culturelle des Québécois
francophones. Parmi ces faits, les plus importants sont les suivants:
l'environnement anglophone que constitue le Canada et l'ensemble du
continent nord-américain; la très grande ouverture de la
société québécoise sur cet environnement â la
suite du développement exceptionnel des moyens de communication modernes
et en raison de l'intimité des liens qui existent entre le Québec
et le continent dans les domaines commercial, industriel et financier; la
baisse de la natalité chez les francophones et la question de
l'intégration des immigrants; la répartition, au sein de la
société québécoise, du pouvoir économique
entre nos deux groupes linguistiques; l'importance numérique de la
minorité anglophone au Québec et sa forte concentration dans la
région de Montréal.
La question linguistique au Québec doit passer du plan des
principes au plan de leur application aux différents secteurs de notre
vie communautaire. C'est désormais à ce niveau que doit se situer
notre action.
Déjà, dans plusieurs domaines, des expériences
intéressantes sont en cours, que ce soit dans le cas de la directive
administrative ou du règlement no 6 sur l'enseignement du
français dans les écoles anglaises, de l'application de la loi 64
sur l'intégration au milieu francophone des professionnels immigrants,
et le travail trop peu connu effectué jusqu'à maintenant par
l'Office de la langue française et la coopération
franco-québécoise au niveau des entreprises industrielles,
commerciales et financières du Québec.
Le gouvernement a l'intention d'agir dans d'autres domaines où
nous disposons déjà d'in-
formations suffisantes et de ressources adéquates. De même,
au cours de la présente session, les membres de l'Assemblée
nationale pourront prendre connaissance de différentes tranches du
rapport de la commission Gendron qui nous permettront de compléter et de
mieux définir la politique linguistique du Québec.
Négociations syndicales
M. BOURASSA: A la fin de mars dernier, M. le Président, le
ministre de la Fonction publique et député de Deux-Montagnes qui
fait un travail à la fois remarquable et difficile dans les disciplines,
présentait à quelque 150 représentants syndicaux
réunis à Québec, un important document sur les principes
et les règles relatifs à la rémunération du
personnel à l'emploi des institutions et organismes des secteurs public
et parapublic.
Ces principes furent expliqués en détail; ils ont
été débattus et ils n'ont pas été contredits
par les représentants syndicaux au cours des réunions de
l'été dernier.
A l'automne, le gouvernement déposait, aux différentes
tables de négociation, le résultat de l'application de ces
principes de rémunération pour les diverses catégories
d'employés. Les propositions faites à chacune des tables ont
été déposées dans une perspective de
cohérence et d'harmonisation des salaires. Ces propositions
complétaient les mesures de rationalisation prises dans ce domaine
depuis quelques années. Le gouvernement estime que ses offres sont
raisonnables et justes par rapport au niveau de la rémunération
au Québec.
Par ailleurs, la croissance des coûts dans les services publics
est une situation qu'il faut normaliser si nous voulons tendre à un
juste équilibre dans l'allocation des ressources publiques. Beaucoup
d'autres problèmes sollicitent l'attention du gouvernement: la
modification de la structure industrielle, le rajeunissement de certains
secteurs manufacturiers, la stimulation des investissements, la guerre à
la pauvreté et au chômage, l'aide aux défavorisés,
le développement du nord, l'amélioration des communications, la
lutte à la population, la valorisation de l'entreprise agricole.
Une multitude de clientèles comptent donc sur les ressources de
l'Etat; de l'harmonisation des besoins de ces clientèles dépend
l'équilibre social. Le processus politique consiste, dans ces
circonstances, à procéder à des arbitrages. Pour que cps
arbitrages ne conduisent pas à la désintégration sociale,
il faut que les corps organisés et les groupes de pression ne drainent
pas abusivement des ressources collectives au détriment des secteurs
isolés de la société. Cela, nous ne le permettrons
pas.
En effet, il faut bien se rendre compte de l'importance des
présentes négociations. Plus de 280,000 personnes sont
directement touchées par la politique de rémunération du
gouvernement pour les employés du secteur public et parapublic. Ces
280,000 personnes représentent quelque 12 p.c. de la main-d'oeuvre
totale du Québec. La masse salariale annuelle de ce personnel
était, en 1971, de l'ordre de $1,800 millions pour les salaires
seulement, soit environ 45 p.c. du budget des dépenses ordinaires du
gouvernement.
Ces seuls chiffres font comprendre toute l'importance qu'attache le
gouvernement à la bonne marche des présentes négociations.
C'est pourquoi nous avons tenu à définir une politique claire et
précise de rémunération de notre personnel, de
façon à obtenir une cohérence dans les traitements et
à éviter des situations désordonnées qui
entraîneraient des dépenses injustifiées et une concurrence
d'autant plus absurde qu'elle s'exercerait à même les deniers
publics. Sur une période de trois années, cette politique de
rémunération signifie globalement et pour l'ensemble du personnel
du secteur public, en vertu des propositions salariales, des engagements
nouveaux de quelque $100 millions pour la première année et une
infusion de quelque $270 millions au chapitre de l'accroissement de la masse
salariale, si l'on prend la troisième année par rapport à
la situation qui prévaut actuellement.
Si nous voulons l'exprimer d'une façon un peu plus
détaillée, M. le Président, si nous acceptions non pas les
demandes qui sont faites par les centrales syndicales, mais une partie
seulement de ces demandes, soit 5.8 au lieu de 4.8, c'est une dépense
additionnelle, pour les trois années, de $120 millions que les
contribuables devraient absorber. Ces quelques chiffres portent en
eux-mêmes quelques évidences. L'Etat doit s'imposer des limites
qu'il ne saurait franchir, si ce n'est aux dépens de l'ensemble de la
collectivité québécoise et particulièrement au
détriment de ces secteurs défavorisés de notre
société qui connaissent les problèmes du chômage et
qui ont besoin de l'assistance et du soutien de l'Etat.
Bref, et c'est la position très claire du gouvernement, le
Québec doit vivre selon ses moyens et le temps est venu pour tous de
s'en rendre compte.
L'expérience que nous vivons présentement met en
évidence la nécessité qu'il y a, pour les centrales
syndicales, de réévaluer en même temps que nous
l'efficacité des mécanismes actuels en matière de rapports
collectifs afin que l'Assemblée nationale puisse décider de
nouvelles techniques qui tiendront compte de l'évolution sociale du
Québec. Les menaces de chaos à chaque renouvellement de contrat
collectif, dans le secteur public, ne sont pas un procédé plus
acceptable aujourd'hui que les mesures individuelles de pressions indues qui
ont pu s'exercer dans le passé sur les travailleurs.
Etant donné l'effort collectif présenté, au cours
des dernières années, dans la rémunération des
employés du secteur public, il me paraît qu'actuellement les
domaines les plus
vitaux sur lesquels les centrales syndicales devraient faire porter leur
action ne sont plus de l'ordre des salaires des employés publics mais
bien plutôt de celui de la productivité et de l'efficacité
des services publics.
La présente ronde de négociations se fait entre les
salariés du secteur public et les dirigeants d'institutions du secteur
public y compris le gouvernement. Voilà bien une matière qui nous
est propre et il nous appartient d'en faire une réussite. Il faudra, en
effet, que nous parvenions à régler, entre nous, ce
problème d'une façon raisonnable.
Politique économique
M. BOURASSA: La politique économique du Québec doit
s'articuler autour des ressources physiques et humaines du milieu. Elle doit
chercher à améliorer la position concurrentielle de nos
entreprises et à réaliser un équilibre dans le
développement de toutes les régions du Québec.
Le secteur primaire tient une place bien réelle au Québec.
On oublie trop facilement cependant les effets d'entraînement du secteur
primaire sur les autres secteurs de notre économie. Si nous devons nous
préoccuper d'accrof-tre ces effets d'entraînement et le
gouvernement s'y intéresse d'une façon particulière
présentement il ne faut tout de même pas ignorer certaines
réalités. Ainsi, cinq des six groupes majeurs du secteur
québécois de la fabrication les plus intégrés de
l'industrie secondaire sont fortement reliés à l'exploration des
ressources naturelles. De même, le développement du secteur
tertiaire sera d'autant plus important que les revenus du secteur primaire
seront élevés. Cette interdépendance entre la mise en
valeur des ressources et la progression des autres secteurs de
l'économie fonde les efforts que nous faisons sur le plan des
investissements dans le secteur primaire, que ce soit sur la Côte-Nord ou
dans la région prometteuse de la Baie James.
Les Québécois doivent être conscients qu'il se passe
présentement dans le secteur agricole des événements
exceptionnels. L'abandon des paroisses marginales de la Gaspésie, le
regroupement des usines laitières, l'introduction de l'élevage,
l'implantation des cidreries, la contestation des politiques
fédérales traditionnelles, l'extension du crédit agricole
sont des événements qui tiennent tous à une même
volonté de modernisation et de rentabilisation. Nos efforts visent la
rationalisation de nos productions en fonction de la qualité des sols et
de l'orientation des marchés. Une meilleure gestion des fermes nous
oblige aussi à prendre des mesures de plus en plus spécifiques
pour nous assurer que la production soit à la mesure de nos
marchés, qu'elle se commercialise à un prix stable et
équitable pour les producteurs et se transforme ici en produits
alimentaires. Nous comptons que notre politique vigoureuse fera des secteurs
agricoles et agro-alimentaires, par les investissements qui vont s'y
réaliser, une source nouvelle de dynamisme pour l'ensemble de
l'économie québécoise.
Le problème se pose en des termes différents pour les
ressources forestières et minières.
Si, en effet, nous pouvons alléger le fardeau des mineurs d'une
exploitation en voie de fermeture, il serait insensé de se lancer dans
un programme général de réouverture de vieilles mines
lorsque la ressource n'y est plus.
Les grands inventaires systématiques que certains
préconisent, s'ils sont, de toute évidence, nécessaires
n'ont, en fait, qu'une valeur bien relative. Ce qui fait la ressource, c'est
aussi bien le marché que possèdent certaines
sociétés que les techniques et le "management" dont elles
disposent. C'est là le sens des initiatives que nous avons prises pour
la mise en valeur des forêts de la Côte-Nord.
Ce problème des ressources est complexe. Ainsi, nous comptons
bien que les travaux de l'Assemblée nationale sur le livre blanc
préparé par le ministre des Terres et Forêts nous
permettront de dégager les principes sur lesquels sera fondée une
politique dynamique et réaliste d'aménagement et de mise en
valeur de nos ressources.
La création de la Société de développement
de la baie James fournira au Québec une occasion
privilégiée de mettre en valeur les ressources hydrauliques de
son territoire avec tout ce que cela comporte d'avantages pour l'exploitation
de ses autres ressources, avec la mise en place des infrastructures que cela
nécessite et avec les retombées industrielles que cela
entraîne.
Le gouvernement est parfaitement conscient de l'ampleur du projet de la
baie James, de ses implications financières, économiques et
sociales.
L'attitude que nous prenons présentement témoigne de la
volonté que nous avons de mener à bien ce gigantesque projet. Il
a certainement le mérite de faire contraste avec l'agitation verbale et
les demi-vérités auxquelles certains se livrent à partir
d'informations partielles.
M. le Président, le projet de la baie James est trop
sérieux pour que nous nous laissions émouvoir par des arguments
superficiels et intéressés. Nous convoquerons la commission
parlementaire des Richesses naturelles lorsque nous jugerons utile de le
faire.
Les discussions qui animent nos institutions illustrent abondamment une
nouvelle préoccupation des réalités économiques et
une volonté collective de rattrapage.
A cet égard, on peut, je crois, rendre le témoignage au
présent gouvernement du Québec d'avoir contribué à
sensibiliser l'opinion québécoise aux réalités
économiques et à en faire la priorité qu'elle est
devenue.
Tout en préparant la nouvelle génération, le
gouvernement québécois s'est convaincu qu'il était
possible d'influencer et d'accélérer le
changement dans la structure industrielle par une amélioration de
l'infrastructure et par une politique vigoureuse d'aide financière
à l'industrie.
Afin, précisément, de rejoindre le coeur de notre
problème économique, la faiblesse de notre structure
industrielle nous avons procédé à une
transformation majeure de nos conceptions d'aide à l'industrie en
introduisant l'idée de sélectivité, notamment par la
création de la SDI.
Le programme d'action que nous entendons poursuivre et
accélérer en matière industrielle porte principalement sur
le développement des échanges entre nos diverses industries, sur
l'accroissement du dynamisme de nos marchés internes, sur
l'élargissement des marchés d'exportation et sur la
productivité de nos entreprises.
Une attention particulière est accordée à la
recherche et à la prospection des investissements au niveau du
ministère de l'Industrie et du Commerce. Nous voulons multiplier ces
efforts de promotion du potentiel économique du Québec.
Par ailleurs, nos infrastructures d'accueil seront
améliorées encore davantage, compte tenu de nos ressources
budgétaires disponibles. La question des parcs industriels est
actuellement révisée afin d'en accroître le rendement.
L'Assemblée nationale aura à se repencher sur ce
problème.
Enfin, nous améliorerons les nombreux services qui sont
présentement offerts aux industries et entreprises existantes au
Québec afin d'en accélérer la croissance et d'en
accroître le dynamisme.
En somme, le développement économique demeure, pour le
gouvernement du Québec, la question prioritaire. Nous y consacrons le
meilleur de nos énergies et, avec la collaboration de tous les niveaux
de gouvernement, des milieux d'affaires et syndicaux, nous serons en mesure de
promouvoir au Québec ces conditions de prospérité
auxquelles aspire l'ensemble des travailleurs québécois.
M. le Président, avec la collaboration des quatre leaders de
l'Assemblée nationale, vous avez entrepris depuis près d'un an
cette tâche délicate et complexe de moderniser nos méthodes
et nos procédures. Je veux vous exprimer les remerciements de tous les
membres de cette Assemblée pour cette initiative et formuler le voeu que
cette Chambre puisse, au cours de la présente session, convenir de
règlements qui protégeront les droits de la majorité et
des minorités et qui accroîtront l'efficacité et surtout
l'autorité de l'Assemblée nationale.
La présente session sera aussi l'occasion de poursuivre les
importants travaux de la réforme électorale. Le rapport de la
commission permanente de la réforme des districts électoraux fera
l'objet d'une étude attentive de façon que nous puissions
présenter, au cours de cette session, une nouvelle loi sur la
délimitation des districts électoraux
québécois.
De son côté, la commission parlementaire de la
réforme électorale continuera les travaux entrepris selon le
calendrier et le programme qu'elle s'est fixés.
Projets de loi demeurés au feuilleton
M. BOURASSA: A la prorogation de la dernière session, plusieurs
projets de loi sont demeurés au feuilleton. Tel que convenu, nous en
compléterons l'examen. Le monde agricole, celui de l'éducation,
des sports et des loisirs attendent l'adoption de ces mesures
gouvernementales.
De même, nous comptons, au cours de la présente session,
faire adopter le régime québécois d'allocations
familiales, les lois des communications et des professions, ainsi que la
réforme proposée aux ministères des Transports, des
Travaux publics et de l'Approvisionnement. Le financement des commissions
scolaires et des commissions régionales et la question des
investissements des collèges et des universités retiendront aussi
notre attention.
Un projet de loi-cadre sur la qualité de l'environnement
intégrera dans une perspective fonctionnelle les diverses initiatives
gouvernementales en matière d'environnement.
Dans le domaine social, des lois sur la santé mentale, la
protection de la santé publique, la protection de l'enfance, le
régime de rentes, la fluoration de l'eau et l'habitation familiale
seront déposées. D'importantes réformes seront
proposées dans le domaine municipal, en particulier en ce qui concerne
l'urbanisme. Dans le domaine de la justice, la magistrature, l'assistance
judiciaire, les cours municipales, la Régie des loyers et le service
policier feront, entre autres, l'objet de lois.
Dans le domaine économique, la loi des transports sera
adoptée pour que nous puissions enfin apporter à ce secteur
important de notre économie des solutions qui répondent vraiment
aux besoins de l'industrie et du transport en général, et du taxi
en particulier.
La Loi de l'aide au développement industriel sera amendée,
ainsi que la Loi des parcs industriels, afin d'accélérer le
développement dynamique de nos entreprises industrielles et
d'accroître l'efficacité de nos mesures d'assistance et de soutien
à l'industrie.
Les activités immobilières qui ont, sur l'économie
du Québec, un impact important retiendront aussi notre attention. De
nombreuses études ont été effectuées, ces
dernières années, afin de rationaliser notre politique à
l'égard de l'ensemble des institutions financières de notre
milieu. A la lumière de ces travaux, l'Assemblée nationale sera
appelée à adopter une loi sur les institutions
financières. Le domaine des assurances, en particulier la question du
contrôle que nous devons garder sur certaines institutions
financières liées de très près à la
croissance de l'économie québécoise seront soumis à
l'attention de l'Assemblée nationale.
Des lois seront également présentées afin de
développer notre système de crédit agricole au
niveau du crédit agricole lui-même, du prêt agricole et de
la mise en valeur des exploitations agricoles. Une loi créera un
crédit à la production agricole. Une société
québécoise de raffinage du sucre redonnera de l'élan
à cette industrie.
Des mesures législatives seront proposées dans le domaine
de l'administration des entreprises publiques et dans celui de la culture, en
particulier la protection des biens culturels et le développement des
beaux-arts. Egalement, des projets de loi seront présentés dans
le domaine du travail.
En somme, le gouvernement entend poursuivre la réalisation de son
programme de gestion moderne des affaires publiques dans tous les secteurs de
notre vie communautaire.
M. le Président, cette Assemblée a une tâche
considérable à accomplir. Je sais que tous les
députés de cette Chambre y apporteront le meilleur
d'eux-mêmes. Le programme législatif de la présente
session, les importantes questions qui seront étudiées au niveau
des commissions parlementaires, les mesures budgétaires et
administratives que nous comptons prendre apporteront aux problèmes du
Québec les réponses que la population attend.
Quant à nous, du gouvernement, nous entendons ainsi, par le
dynamisme de notre action, assumer nos responsabilités en ayant comme
seul guide l'avenir du Québec, sa prospérité et son
progrès.
Adresse au lieutenant-gouverneur
M. BOURASSA: M. le Président, je propose, secondé par M.
Lévesque, que l'adresse suivante soit présentée à
l'honorable lieutenant-gouverneur de la province de Québec: "Nous, les
membres de l'Assemblée nationale du Québec, vous remercions pour
le discours d'ouverture qu'il vous a plu de prononcer."
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. LOUBIER: Adopté.
Motion d'ajournement
M. LOUBIER: M. le Président, je demande l'ajournement de ce
débat.
Débat sur la motion
M. LAURIN: M. le Président, je crois de mon devoir de ne pas
accorder mon appui à cette motion d'ajournement, étant
donné que le premier ministre lui-même vient de brosser un tableau
relativement tragique de la situation du Québec. Il a lui-même
fait état d'une inquiétude d'ampleur insoupçonnée
qui se manifeste dans toutes les couches...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAURIN: ... de la population et il nous a invités
lui-même à plusieurs reprises, à un effort de
rationalité et d'efficacité.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: On pouvait bien s'attendre à ça de la part
des députés séparatistes d'en face.
M. BURNS: Une question de règlement.
M. LEVESQUE: Qu'on ait donc respect du règlement! Et si ce n'est
pas dans le règlement, la simple courtoisie, la simple politesse demande
d'attendre son tour. Nous avons entendu le chef de l'Opposition officielle,
comme cela a toujours été la coutume dans cette Chambre, proposer
l'ajournement du débat afin que l'on puisse dans les heures qui
suivent réfléchir sur le discours inaugural, l'important
discours du chef du gouvernement.
Il me semble que quand on a le sens des responsabilités, quand on
représente réellement les intérêts de la population,
et cela a été compris depuis 1867, et avant ça...
M. BURNS: M. le Président, où en est le point de
règlement?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne peux pas permettre au leader
parlementaire... Je comprends qu'il soulève une question de
règlement. Par contre, considérant qu'il y a eu, sans aucun
doute, un élément de surprise dans la motion de l'honorable
député de Bourget...
M. BURNS: M. le Président, je m'excuse, il n'y a pas de motion.
Il ne faudrait pas se méprendre.
M. LE PRESIDENT: Je crois que l'honorable député de
Bourget discute sur la motion d'ajournement.
M. BURNS: Exactement.
M. LE PRESIDENT: Je dis qu'il y a dans son intervention quand
même, il faut bien le reconnaître un élément
de surprise, qui est tout à fait...
M. BURNS: Question de règlement.
M. LE PRESIDENT: Etant donné qu'il ne...
M. BURNS: Est-ce que je peux parler, s'il vous plaît?
M. LE PRESIDENT: Oui, vous pouvez parler sur la question de
règlement.
M. BURNS: Strictement sur la question de règlement
soulevée par le leader.
M. LEVESQUE: M. le Président, je n'avais pas fini d'intervenir
sur la question de règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: Est-ce que, M. le Président, vous me permettrez de
parler de nouveau?
M. BURNS: Est-ce que j'ai la parole, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: Considérant qu'un député qui
intervient sur une question de règlement voit son droit de parole
limité à une seule fois, si l'honorable leader du gouvernement me
dit qu'il n'a pas terminé son intervention, je vais lui remettre la
parole, mais en l'invitant à s'en tenir strictement à la question
de règlement.
M. LEVESQUE: Or, M. le Président, vous m'avez permis de revenir
non pas parce que j'avais terminé, mes quelques remarques étaient
des remarques préliminaires, je croyais qu'il était bon que
l'Assemblée nationale et que la population se rendent compte de ce qui
se passe présentement. Je crois que j'avais le droit, en invoquant le
règlement, d'invoquer l'article 1, 5e, sur la coutume parlementaire, et
nous sommes liés par ce règlement encore jusqu'à ce qu'il
soit changé par un nouveau, et en attendant je crois, M. le
Président, que vous êtes lié par l'article 1, 5e qui dit
que nous sommes liés par l'usage.
Or, tout le monde sait ici, et vous le saviez mieux que quiconque, M. le
Président, qu'à chaque journée qui est l'ouverture de la
session, nous procédons selon un ordre qui a été
établi dans ce règlement, à l'article 90 et
également par les usages de cette Chambre, car il y a eu des changements
depuis quelques années, alors que nous avons ce que nous appelons
maintenant le discours inaugural pour la première journée et il
est d'usage que le chef de l'Opposition officielle propose l'ajournement du
débat.
Et cela, M. le Président, répond à la simple
logique et au simple bon sens. Le règlement, même s'il a des
déficiences, nos usages, même s'ils ne sont pas toujours parfaits,
indiquent cependant qu'il y a une raison, un motif pour cela, c'est que le
gouvernement expose sa politique, le gouvernement, le chef du
gouvernement...
M. BURNS: II n'est pas question du règlement.
M. LEVESQUE: Oui, M. le Président, c'est justement dans le sens
du règlement que je parle et quand j'en appelle au règlement, je
me base sur l'article 1, 5e et sur l'article 90 que j'ai mentionnés et
que j'ai cités.
M. le Président, je dis que c'est la journée où le
chef du gouvernement expose à la nation québécoise quelles
sont les politiques du gouvernement, quel est le menu législatif, c'est
là l'usage qui a été établi en cette Chambre.
Autrefois, ça se faisait de la bouche même du
lieutenant-gouverneur et petit à petit, avec l'évolution, c'est
maintenant après le message du lieutenant-gouverneur, à
l'intérieur du discours inaugural du premier ministre que nous trouvons
ce menu législatif plus en détail, que nous avons les politiques
du gouvernement. Et il est normal, M. le Président, et selon l'usage,
que le premier qui ait à répondre à cette politique,
à la critiquer au besoin, c'est le chef de l'Opposition officielle. Ce
n'est pas d'autre, M. le Président.
Si vous laissiez passer ceci, ça voudrait dire que tout le
processus normal des débats en cette Chambre et particulièrement
le débat le plus important de la session sur le discours inaugural
n'aurait pas lieu, parce que chacun pourrait se lever avec une sorte d'excuse,
comme voudrait le prétendre le chef parlementaire du Parti
québécois, et à ce moment-là ce serait l'anarchie,
évidemment anarchie qui est le signe évident de ce parti qui est
en face, qui est, M. le Président, sa marque de commerce et qui est, en
même temps, l'atmosphère dans laquelle il aime nager.
C'est notre devoir en cette Chambre, et je soumets respectueusement, M.
le Président, que c'est votre devoir, comme président de cette
Assemblée, de vous assurer que l'anarchie ne règne pas, et cela
dès la première journée de la session, mais que nous ayons
de l'ordre et de la dignité.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais à l'honorable leader de la
majorité de revenir à la question de règlement.
M. LEVESQUE: M. le Président, c'est avec grand plaisir et avec le
respect qui doit caractériser notre attitude dans cette Chambre, envers
la présidence que je reviens à la discussion du règlement.
Je ne veux pas prolonger davantage cette discussion. Je sais fort bien
maintenant que nos bons amis du Parti québécois ont fort bien
compris l'importance, pour ces messieurs, de faciliter votre tâche en
reconnaissant tout simplement, tout bonnement et tout candidement, comme ils
aiment à le dire, leur erreur magistrale.
M. BURNS: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
M. BURNS: ... contrairement à ce que dit le leader, c'est
justement notre souci que le règlement soit respecté qui fait que
nous vous soumettons respectueusement que le député de Bourget a
le droit de parler sur la motion du chef de l'Opposition protocolaire, comme
d'ailleurs le chef de l'Opposition protocolaire avait
le droit de faire sa motion. Nous ne nions pas qu'il a le droit de faire
cette motion d'ajournement du débat.
D'autre part, si on se réfère à l'article 192,
paragraphe 6, on sait que cette motion est débattable. Donc, si le chef
de l'Opposition protocolaire a le droit de faire sa motion, nous avons
parfaitement le droit de dire pourquoi nous ne l'adoptons pas. Le leader du
gouvernement, quand il se réfère au paragraphe 5 de l'article 1,
ne lit pas au complet ce paragraphe 5 qui dit que les usages doivent être
suivis lorsqu'il n'y a pas autre chose de prévu dans la loi ou dans les
règlements.
Or, dans la loi et, en ce qui nous concerne, dans les règlements,
il y a quelque chose de prévu, c'est-à-dire la possibilité
de débattre le bien-fondé, l'à-propos de la motion
d'ajournement, ce que le député de Bourget veut faire. Cela, M.
le Président, ce n'est pas de l'anarchie; c'est suivre le
règlement. Nous vous demandons tout simplement de permettre au
député de Bourget de suivre le règlement et de dire
pourquoi cette motion ne sera pas adoptée.
M. SAMSON : M. le Président, sur le point d'ordre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, l'honorable leader parlementaire du
gouvernement nous a dit tantôt que notre procédure est
régie en vertu de l'article 1, cinquièmement. Je voudrais le
lire, pour être bien certain de ce qu'il dit: notre procédure est
réglée "en partie, par les usages de la Chambre, qui
résultent d'une pratique habituelle et constante, mais qui ne sont
applicables que dans les cas que ne prévoient ni les lois, ni le
présent règlement, ni les règlements de session, ni les
ordres spéciaux".
M. le Président, si nous nous en tenons à l'article 1,
cinquièmement, je serais porté à donner raison au chef du
Parti québécois parce que c'est lui-même qui a
établi l'usage, l'an dernier, en empêchant le premier ministre de
faire son discours inaugural, lors de la dernière session.
Or, nous avons l'usage qui a été établi, l'an
dernier, par le chef du Parti québécois. Reportons-nous,
cependant, à l'article 192, sixièmement, où il est dit: La
motion peut être débattue, et le débat n'en peut être
interrompu que par une question de privilège, une question d'ordre ou de
règlement, une motion de retrait, ou quelque autre motion incidente.
Nous pouvons débattre la motion, la débattre demain mais je me
demande ce que ça va donner, à la face de la province de
Québec, comme résultats pratiques que de laisser parler le chef
du Parti québécois, qui ne veut faire que ce qu'il a fait l'an
dernier, le "show off" pour la presse qui est là et qui attend pour
rapporter le discours du chef du Parti québécois.
Cela ne presse pas pour le chef parlementaire du Parti
québécois d'ajourner, cela ne presse pas pour lui parce qu'il
s'attend que la presse rapporte ses propos en primeur avant le discours du
premier ministre. M. le Président, j'allais revenir à la motion.
Le premier ministre, avec tous ses ministres, avec tous les secrétaires
qu'il a, avec tous les gens qui l'ont aidé à préparer ce
discours magnifique en longueur, il faut comprendre qu'ils ont mis tellement de
temps qu'il faudrait au moins donner autant de temps au chef du Parti
québécois pour qu'il puisse trouver un discours aussi long et
aussi vide que celui du premier ministre. Donnons-lui donc ce
temps-là.
Egalement, je pense que c'est un devoir de politesse, la première
journée d'une session; c'est à peu près la seule
journée où le premier ministre a l'occasion de parler et de faire
un discours aussi long. Laissons-lui donc au moins cette chance et laissons-lui
la nuit pour méditer les choses qu'il vient de nous dire afin qu'il les
mette en pratique, parce que, l'an passé, il nous a dit la même
chose et il ne l'a pas mis en pratique.
C'est pour ça que je suis d'avis que le chef de l'Opposition
officielle, au moins pour le temps qu'il le demeurera, puisse demander
l'ajournement et préparer un discours pour demain, pour répondre
au premier ministre, pour lui dire de quelle façon il a pu trouver ce
qui était introuvable dans le discours.
M. le Président, si j'avais eu l'occasion de poser une question
de privilège, je me serais levé immédiatement, avant le
député de Bourget, pour demander au premier ministre à
quel moment exactement il ferait son discours parce que je n'ai pas
l'impression qu'il en a fait un.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, l'an dernier, le 23 février,
à l'occasion de l'ouverture de la session, nous avons vu le
député de Bourget qui, sous les directives du vieux chef PQ,
avait voulu entraver la marche normale des travaux de cette Chambre. Ayant
été déjoué l'an dernier par une décision
fort sage de votre part, cette année, le même
député, toujours dans le but de s'attirer la publicité
dans un parti qui est en décadence complète, présente
aujourd'hui une motion alors que vous êtes placé devant une
interprétation apparemment contradictoire de notre règlement. Il
faut que vous vous reportiez à l'article 90 des règlements pour
apprécier dans le temps, soit aujourd'hui et pour aujourd'hui seulement,
quelle doit être la marche des travaux prévus à l'occasion
de l'ouverture d'une session.
Il est prévu, M. le Président, spécialement
à l'article 89, 12o, une formalité qui a été
remplacée non plus par la lecture assez longue d'un discours de la part
du lieutenant-gouverneur mais un discours inaugural prononcé par le
premier ministre et par lequel il annonce la
politique gouvernementale et les mesures législatives qu'il a
l'intention de nous présenter.
Or, je dis, M. le Président, que l'ouverture d'une session est un
événement unique dans le cours d'une session. Ah! vous avez beau
rire, M. le Président, vous entendez des rires et je dis surtout de la
part de nos amis, les journalistes, je sais qu'ils sont en mal de
"procédurite". Du moment que c'est pour satisfaire le Parti
québécois et tous ses acolytes révolutionnaires,
felquistes, tout ce qu'on appelle ainsi au Québec, qui est contre
l'ordre social établi, cela fait plaisir aux membres de la tribune de la
presse. Je dis donc qu'aujourd'hui c'est un événement unique dans
la vie sessionnelle et unique, parce que, nulle part ailleurs dans notre
règlement, nous n'avons des dispositions pour régir la
procédure qui doit être suivie pour l'ouverture d'une session. Par
voie de conséquence, vous devez donc, dans l'appréciation de
l'article 1, 5o, au sujet des us et coutumes, non pas interpréter
l'article 192,6o comme si c'était à l'occasion d'un débat
régulier de cette Chambre, mais en vous reportant à la coutume
des événements qui se déroulent à l'occasion de
l'ouverture d'une journée de session.
Par conséquent, aux raisons, aux arguments apportés par le
député de Maisonneuve à l'effet que la motion du
député de Bellechasse, le chef de l'Opposition, qui a
demandé l'ajournement du débat, devient une motion
débattable, je vous dis non. Je vous dis non parce que nous sommes
à la première journée de la session.
Or, à la première journée de la session, M. le
Président, ce ne sont pas les articles 192 et suivants qui s'appliquent
mais c'est la coutume. Et c'est la coutume pour la seule journée
d'ouverture de la session où la coutume doit primer sur les dispositions
d'un article de règlement. Parce que depuis des temps
immémoriaux, et spécialement depuis cinq ans, il a toujours
été accepté, convenu, adopté qu'après le
discours inaugural du premier ministre, le chef de l'Opposition se levait pour
demander l'ajournement du débat.
Par le fait, M. le Président, que depuis cinq ans au moins, il
s'est établi cette coutume, vous êtes donc lié, pour la
première journée des travaux sessionnels, soit pour le jour de
l'ouverture de la session, par la coutume qui prévaut, soit à
l'article 1, cinquièmement. Nonobstant le fait qu'en vertu des
dispositions générales de notre règlement, dans un temps
régulier ou à l'occasion d'un débat régulier
d'ajournement, nous pourrions nous prévaloir des dispositions de
l'article 192, premièrement, deuxièmement et spécialement
sixièmement qui prévoit qu'une motion pour ajournement est
débattable.
M. le Président, dans les circonstances, vous devez donner
préséance à l'article 1, cinquièmement, en tenant
compte des usages et coutumes qui se sont établis dans cette Chambre
pour ce qui a trait à la procédure du jour de l'ouverture d'une
session. Et comme l'ouverture d'une session ne se produit qu'une fois, il va de
soi, dans le cours d'une session, parce qu'il s'agit d'ajournement dans
d'autres circonstances, que vous n'avez pas à vous arrêter aux
arguments que l'on peut trouver à l'article 192 sixièmement et
que, par voie de conséquence, c'est de votre devoir, en vertu des
dispositions de l'article 67, d'ajourner immédiatement le débat
et la Chambre.
M. CHARRON: M. le Président,... M. ROY (Beauce): M. le
Président,...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): ... quelques mots seulement pour dire aux honorables
membres de cette Chambre, de quelque parti que ce soit, que nous venons
d'accepter un règlement qui a été présenté
par l'honorable leader du gouvernement voulant que la motion sur le discours
inaugural soit limitée à un certain nombre d'heures.
Alors, nous avons accepté unanimement cette motion d'amendement
et je demande aux honorables membres de cette Chambre de
réfléchir, à l'heure actuelle, et de penser à ceux
que nous représentons et à ceux qui paient notre salaire. Il y a
des problèmes en dehors de cette Chambre et on ne nous a pas
envoyés ici pour que nous fassions du "show", pour que nous fassions du
théâtre. Nous avons été envoyés ici pour
discuter sérieusement. Je sais que l'article 192 peut nous permettre de
discuter de ce règlement jusqu'à six heures et même de
reprendre ce soir, parce que c'est mardi. Mais, M. le Président, de
grâce! la raison devrait dominer les membres de cette Chambre et nous
devrions, je pense, avoir assez le sens des responsabilités pour songer
qu'à l'heure actuelle nous avons énormément de
problèmes au Québec et que les gens attendent que la session
commence, attendent que le gouvernement présente des lois et qu'il
prenne des dispositions en vue d'améliorer le sort de toute la
population du Québec.
Pour ces considérations, M. le Président, nous né
participerons pas, nous, en ce qui nous concerne, à ce
théâtre, nous ne participerons pas à ce "show" parce que
nous estimons que demain et après-demain il y a des coutumes
d'établies dans cette Chambre nous prendrons le temps d'examiner
minutieusement je pense qu'il nous faudra l'examiner à la loupe
le discours du premier ministre. Nous prendrons le temps de l'examiner
minutieusement et nous profiterons de l'occasion de notre droit de parole au
cours des séances qui suivront pour faire valoir notre point de vue,
défendre les intérêts de nos électeurs et des
électeurs du Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je voudrais
profiter de mon intervention sur ce point de règlement pour
répondre à deux collègues de l'Opposition qui se sont
élevés contre l'intervention du député de
Bourget.
Tout d'abord, au représentant d'une des deux ailes du Ralliement
créditiste, celui qui s'est fait entendre le dernier, l'aile droite ou
l'aile conservatrice, je veux dire que c'est précisément
l'intention du député de Bourget de procéder
immédiatement, tenant compte de nos salaires, tenant compte de nos
responsabilités et, surtout, tenant compte de la situation du
Québec. C'est exactement pour cela, pour les mêmes raisons que
lui-même vient d'exprimer, que nous nous opposons â l'ajournement
immédiat du débat, comme le député de Bellechasse
vient de le demander, et que nous voulons dès ce soir entendre s'il
reste des débris de solutions aux programmes des deux autres partis et
avoir l'occasion nous-mêmes, dès ce soir, de proposer les
nôtres.
Deuxièmement, M. le Président, sur le point de
règlement, je veux répondre au député de
Maskinongé qui, en se servant de sa vaste expérience
parlementaire, à laquelle je me suis nourri quelquefois, M. le
Président, je dois le dire, nous a amenés dans un dilemme de
vocabulaire dans lequel je ne voudrais pas vous voir vous perdre.
Il a parlé de coutume et il a également parlé de
règlements écrits. Il a fait état de la coutume
installée depuis le gouvernement Johnson, en 1967, qui était
celle de supprimer la parade traditionnelle du lieutenant-gouverneur et de la
réduire à sa plus médiocre expression celle que
nous avons eue aujourd'hui et de laisser faire le discours inaugural par
le premier ministre. C'est une coutume aussi, M. le Président
coutume chère, celle du bipartisme qu'immédiatement
après le discours du premier ministre, le chef de l'Opposition,
habituellement, se lève et réclame, comme le chef de l'Opposition
protocolaire l'a fait aujourd'hui, l'ajournement du débat à une
autre date, vraisemblablement à demain. Il est vrai que c'est une
coutume mais ce n'est pas une coutume que cette motion, aussi
périodiquement qu'elle apparaisse dans nos travaux de la Chambre, ne
soit pas recevable. Il n'est pas dit, dans la coutume, qu'elle n'est pas
recevable. La coutume est qu'elle n'a jamais été examinée,
c'est vrai. La coutume est qu'elle n'a jamais été examinée
parce que la coutume était aussi du bipartisme. La coutume est
qu'immédiatement après le discours du premier ministre, le chef
de l'Opposition protocolaire se lève et demande immédiatement
l'ajournement du débat. Mais est-ce que l'autre coutume, celle de la
motion recevable, elle, qui prévaut dans nos règlements à
l'article 192, se trouve par le fait même effacée?
Vous n'avez pas à trancher sur une coutume, M. le
Président, puisque pour la partie coutume, tout a été
respecté aujourd'hui, comme au plus beau temps du bipartisme, mais vous
avez à respecter aussi l'intervention du règlement dans cette
même coutume. Je ne sache pas que cette coutume fasse disparaître
l'article 192.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. LOUBIER: M. le Président, simplement quelques mots à la
suite des remarques faites par quelques députés.
Ce serait tentant de vouloir imiter les députés du Parti
québécois et de me laisser entraîner par une forme un peu
raffinée, mais mal déguisée, de démagogie et de
dire que celui qui me précède ou qui me suivra peut être le
chef terroriste du Québec, etc., mais je pense qu'il serait beaucoup
plus serein dans cette Chambre de laisser aux députés le soin
d'analyser le discours du premier ministre, de ne pas s'abreuver à des
idéologies qui nous viennent d'un peu partout pour essayer de noyer les
débats de cette Chambre et d'éviter également de faire
face à nos responsabilités, comme on l'a souligné.
De toute façon, si c'est une forme d'obstruction ou de
sensationnalisme que vous allez accepter de la part du Parti
québécois, moi, je m'en fiche éperdument; je suis
prêt à faire mon discours au moment que vous jugerez opportun.
M. LAURIN: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Sur la question de règlement? L'honorable
député de Bourget sur la question de règlement.
M. LAURIN: Me levant à mon tour sur la question de
règlement, M. le Président, je dois vous avouer qu'après
avoir écouté attentivement les divers intervenants je n'arrive
pas à être convaincu par la validité des arguments qu'ils
ont invoqués.
Je passe sur les intentions plus ou moins malicieuses que m'a
prêtées, par exemple, le dénonciateur schismatique de
Rouyn-Noranda ou que peut m'avoir prêtées le député
de Maskinongé. Car je pourrais, moi aussi, jouer à ce jeu et dire
que, dans la motion d'ajournement du député de Bellechasse, il y
avait aussi une intention de ne pas prononcer de discours aujourd'hui parce
qu'il n'était pas prêt, occupé qu'il est à
détruire son propre parti et à pourchasser les sorcières
syndicales.
Mais je ne veux pas jouer à ce jeu. Je veux simplement dire que
ces arguments ne m'ont pas convaincu, car ils se réduisent à un
seul et unique argument qui est l'argument de la coutume, dont a disposé
avec brio mon collègue de Saint-Jacques. Et qu'est-ce que c'est que la
coutume quand le premier ministre vient lui-même de nous tracer un
tableau tragique de la situation du Québec qui demande une attention
immédiate?
Je soumets respectueusement à votre attention que cette Chambre
n'a pas siégé depuis
maintenant deux mois, que plusieurs événements très
importants se sont déroulés, qui ont trouvé leur
écho dans la déclaration liminaire du premier ministre, sur
lesquels le premier ministre en a dit, mais en a dit trop peu, et sur lesquels
nous aurions beaucoup de questions à poser, un débat à
entretenir avec lui. Je pense simplement, par exemple, à la question du
chômage, à la question...
M. PAUL: Sur un rappel au règlement... M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. PAUL: ... je voudrais, M. le Président, que vous nous
informiez de la décision que vous avez l'intention...
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. PAUL: ... de rendre avant de continuer d'écouter l'honorable
député.
M. LE PRESIDENT: J'étais justement sur le point d'intervenir,
parce que je crois que l'honorable député de Bourget abusait
légèrement de la question de règlement. Est-ce que vous
avez fini votre intervention sur la question de règlement?
M. LAURIN: J'ai terminé.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que d'autres membres de cette Chambre aimeraient
intervenir?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, M. le Président.
M. LEVESQUE: Je pense, M. le Président, que vous êtes
suffisamment éclairé.
M. LE PRESIDENT: Une dernière lumière du
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas la prétention...
UNE VOIX: Un feu clignotant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est peut-être un feu clignotant
comme celui qu'il y avait sur la voiture qui a enlevé Pierre Laporte.
Alors, M. le Président, je n'ai pas l'intention d'apporter des
lumières additionnelles; je veux simplement faire un appel au bon
sens.
On a invoqué la coutume, l'usage, etc., tout le monde sait que la
coutume et l'usage, on peut en disposer à volonté. Il est courant
qu'à l'occasion de l'ouverture de la session on procède comme a
fait tout à l'heure le député de Bellechasse, en proposant
une motion d'ajournement. Le député de Bourget demande que l'on
poursuive les travaux, afin, dit-il, d'examiner les problèmes que le
premier minis- tre s'est trouvé à évoquer dans son
discours inaugural.
Il ne faut pas oublier, M. le Président, qu'à ce
moment-là, même si vous permettiez le débat, ce
débat serait singulièrement limité et que les questions
que voudrait étudier le député de Bourget, il ne pourrait
pas y toucher, puisque la seule aire qu'il lui serait permis de couvrir serait
celle-ci: Est-ce qu'il est bon ou mauvais, est-ce qu'il est permis ou non
permis d'ajourner, est-ce qu'on accepte d'ajourner ou si on n'accepte pas
d'ajourner? Il n'a qu'à donner quelques raisons, dire: Urgence de
certaines questions dans tel, tel ou tel domaine, sans pouvoir toucher le fond
des problèmes, une énumération des problèmes, qui
ressortent d'ailleurs clairement du discours qu'a fait le premier ministre.
Après cela, ces gens-là se trouveraient comme de coutume, parce
qu'ils n'ont pas ici leurs recherchistes à leur côté, sans
souffle, obligés de répéter les éditoriaux de tous
les scribes qu'ils paient dans les différents journaux du
Québec.
Qu'est-ce que cela donnerait? Absolument rien. Je crois qu'en une
journée comme celle-ci il convient qu'après le discours du
premier ministre on ajourne; ou, si le chef de l'Opposition, non seulement
officielle mais le vrai chef de la vraie Opposition, veut poursuivre son
discours, il pourrait le faire. Lui, il donnerait matière à
réflexion à nos amis du Parti québécois et ne
fournirait pas à une population dont on a déjà
exacerbé les passions d'autres arguments qui l'inciteraient à
provoquer dans le désordre l'anarchie que vante et que souhaite une
certaine horde de journalistes à la solde.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais simplement, sur le point
de règlement, appuyer ce que le député de Bourget voulait
exprimer, pour rappeler que depuis deux sessions nous avons été,
à la fin de chacune, bousculés par une série de projets de
loi présentés à la vapeur. Alors, aujourd'hui, nous
voudrions commencer immédiatement les travaux de la Chambre, pour
éviter, à la fin, de ne pas approfondir les projets de loi;
alors, nous pourrions immédiatement commencer, nous avons une
soirée prête pour ce sujet-là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
Je serais normalement prêt à rendre ma décision,
mais j'aimerais peut-être tenter une dernière, une nouvelle
expérience qui est envisagée dans nos nouveaux règlements,
une dernière médiation. Je proposerais de remettre ma
décision à 16 h 45 et, entre-temps, j'aimerais convoquer à
mon bureau une conférence des leaders parlementaires des quatre partis,
pour une quinzaine de minutes.
La séance est suspendue jusqu'à 16 h 50.
Reprise de la séance à 17 h 7
M. LAVOIE (Président): Messieurs, je crois que c'est une
décision assez facile à rendre en droit. J'ai tenté une
dernière médiation entre les leaders et, même si nous avons
frôlé un certain consensus, je dois rendre ma décision tel
que le règlement actuel me commande de le faire.
En vertu de l'article 192, sixièmement, une motion d'ajournement
du débat peut être débattue et les arguments
invoqués contre cet article trouvent leur réponse à
l'article 1, cinquième paragraphe: "En partie, par les usages de la
Chambre, qui résultent d'une pratique habituelle et constante, mais qui
ne sont applicables que dans les cas qui ne prévoient ni les lois, ni le
présent règlement, ni les règlements de session, ni les
ordres spéciaux". En somme, la. coutume, l'usage ne peut pas
déroger au règlement écrit.
En conséquence, j'accepte le débat sur cette question et
j'accorde la parole au député de Bourget.
M. PAUL: M. le Président, en vertu de l'article 667 je voudrais
obtenir une directive. Pourriez-vous nous dire jusqu'où vous allez
permettre l'application de l'article 273 quant à la règle de la
pertinence du débat?
M. LE PRESIDENT: En accordant ce débat sur la motion de
l'honorable chef de l'Opposition officielle, qui peut être
débattue, je remercie le député de Maskinongé de me
fournir l'occasion de donner certaines directives. Le débat devra
nécessairement être limité à un passage ou à
un corridor sans aller au fond de la question principale. Si le
député de Bourget ou d'autres députés
désirent participer à ce débat, ils devront m'indiquer
pourquoi le débat ne doit pas être ajourné, sans aller au
fond. Qu'on me donne les raisons pour lesquelles il ne doit pas être
ajourné mais qu'on ne tente pas de m'apporter toutes les solutions
possibles aux prétendus problèmes du Québec.
M. BURNS: M. le Président, toujours sur cette question de
directive et très brièvement, je sais que vous connaissez les
références à Bouri-not et à May en cette
matière aux pages 466 et 467 dans le cas de Bourinot et à
la page 308 dans le cas de May qui disent que nous avons, à
l'occasion de ce débat sur l'à-propos de l'ajournement, la
possibilité d'une certaine latitude, c'est-à-dire une latitude
qui ne se rend pas au mérite des choses je distingue bien le cas,
M. le Président mais qui peut dire, par exemple je cite un
exemple que telle et telle question ou tel et tel problème
devrait être discuté et que c'est pour ça que l'ajournement
ne devrait pas être décrété.
M. LE PRESIDENT: Je m'en tiendrai à l'article 273, et je
n'accorderai certainement pas la même latitude sur ce débat que
j'accorderais sur le débat du discours inaugural.
M. LAURIN: M. le Président, je vous remercie infiniment de votre
décision et d'avoir confirmé ainsi que la réalité
tragique d'une situation l'emporte sur la coutume.
Contrairement à ce qu'un des intervenants a dit tout à
l'heure, je n'ai pas trouvé le discours inaugural trop long, bien au
contraire, je ne l'ai pas trouvé assez long, en ce sens que ce discours
qui se voulait...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
C'est justement ce qu'essaie de faire indirectement le chef parlementaire du
Parti québécois, ce qu'il n'a pas le droit de faire à ce
moment-ci. Je l'ai mentionné tout à l'heure, il ne veut pas
attendre son tour. Il ne peut pas accepter qu'il y ait des gens en cette
Chambre qui aient le droit de parole. Le chef parlementaire du Parti
québécois prouve, de toute évidence, que nous avions
raison de nous opposer et c'est sur le point de règlement que je parle
actuellement, M. le Président...
M. BURNS: M. le Président, sur le règlement,
l'argumentation...
M. LEVESQUE: ... et je ne permettrai pas à d'autres de
m'interrompre à ce moment-ci, à qui que ce soit, même pas
à ces honorables amis du Parti québécois.
M. BURNS: Parlez du règlement et nous ne vous interromprons pas.
C'est aussi simple que ça.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous avions raison de nous opposer
à cette intervention, à ce moment-ci, du député de
Bourget. Et sans vouloir, en aucune façon, attaquer la sagesse de votre
décision, M. le Président loin de moi, j'ai trop de
respect pour la présidence et pour le jugement dont vous faites toujours
preuve mais si nous nous sommes opposés, c'est parce que
justement, nous savions que ce que voulait il vient de le prouver
à l'instant même, je veux...
M. BURNS: M. le Président, une question de règlement. Vous
avez rendu votre décision.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: Vous n'êtes pas avec Michel Chartrand ici,
assoyez-vous.
M. LEVESQUE: J'ai,1e droit, M. le Président, d'établir mon
point de règlement. Et c'est justement basé sur des faits qui
sont à la connaissance de tous les membres de cette Chambre. Ce que je
viens de dire, les mots pour lesquels je me suis levé, les mots du chef
parlementaire du Parti québécois, en quoi con-
sistaient-ils? C'était justement en référant
directement au discours inaugural du premier ministre. Lui-même vient de
dire: "Le discours du premier ministre, le discours inaugural n'est pas assez
long, etc". Il a déjà commencé la critique du discours.
Or, nous savons qu'il est d'usage et un usage établi, et ça ne
contredit pas votre décision, que l'ordre des orateurs, c'est
l'Opposition officielle, le chef de l'Opposition officielle, ensuite le chef du
Ralliement créditis-te et le chef parlementaire du Parti
québécois. Cela respecte la démocratie. Nous sommes ici
108 députés. M. le Président...
M. BURNS: M. le Président, votre décision est rendue. Elle
est rendue votre décision. Elle est rendue.
DES VOIX: A l'ordre!
UNE VOIX: ... Chartrand, Laberge, Pépin.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LEVESQUE: II est d'usage et d'usage établi et
même reconnu par nos règlements en plus de cela parce qu'il
y a une fonction qui s'appelle chef de l'Opposition officielle dans cette
Chambre. Vous êtes vous-même tenu, par ces règlements, par
la lettre et l'esprit des règlements. Nous avons mentionné tout
à l'heure que vous étiez tenu par l'usage et vous avez
décidé. C'est votre droit, M. le Président, de dire que
lorsqu'il y a un règlement écrit vous ne pouvez pas l'oublier, en
faire fi et étendre l'usage en vertu de l'article 1, 5e paragraphe. Mais
lorsque le règlement lui-même est clair en ce qui concerne le
rôle primordial, prépondérant dans la position du chef de
l'Opposition officielle, ce que vient de faire présentement le chef
parlementaire du Parti québécois, c'est justement contraire au
règlement, à la lettre et à l'esprit du règlement.
Nous nous sommes opposés, il y a quelques instants, quelques minutes,
à cette intervention. Pourquoi? Pourquoi avons-nous eu recours à
l'usage? C'est simplement parce que si on permet alors au chef parlementaire du
Parti québécois...
M. BURNS: Cela ne me fait rien, mais il critique votre
décision.
M. LEVESQUE: ... de parler du discours inaugural du premier ministre, on
fausse tout le jeu, on permet au chef parlementaire du Parti
québécois de parler avant son tour. C'est là-dessus que
j'ai voulu faire porter mes remarques.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Je suis prêt à rendre ma décision sur la question de
règlement soulevée par le leader parlementaire du gouvernement.
Je voudrais faire remarquer au député de Bourget et aux autres
députés qui prendront la parole que la question qui est devant la
Chambre, ce n'est pas le discours du premier ministre. Le discours du premier
ministre n'est pas devant la Chambre. Ce qui est devant la Chambre, c'est une
motion du premier ministre. La motion principale, sur laquelle se greffe la
question secondaire actuelle, est: "Nous, les membres de l'Assemblée
nationale du Québec, vous remercions pour le discours d'ouverture qu'il
vous a plu de prononcer".
Moi, je voudrais savoir si on doit voter sur cette motion ou si on doit
continuer le débat sur cette motion et non pas sur le discours du
premier ministre. En conséquence, je ne pourrai permettre à aucun
opinant de se référer au discours du premier ministre en aucune
façon. Ce n'est pas cela qui est devant la Chambre.
M. PAUL: M. le Président, je m'excuse, je voudrais vous demander
une directive.
M. LE PRESIDENT: Allez-y.
M. PAUL: Vous venez de nous dire que' le débat en question, c'est
la motion de remerciement qu'a présentée le premier ministre.
M. LE PRESIDENT: Principale. M. PAUL: La motion principale.
M. LE PRESIDENT: La motion secondaire est l'ajournement.
M. PAUL: Est-ce que, par hasard, la motion secondaire ne serait pas
celle qui a été soulevée par le...
M. LE PRESIDENT: Oui, oui.
M. PAUL: ... député de Bellechasse...
M. LE PRESIDENT: C'est ça.
M. PAUL: ... à l'effet que le débat soit
ajourné?
UNE VOIX: C'est ça.
M. PAUL: C'est juste là-dessus.
M. LE PRESIDENT: Exactement ça.
M. PAUL: C'est en vertu de l'article 273.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il doit être ajourné...
M. PAUL: C'est seulement là-dessus. M. LE PRESIDENT: ... ou non?
M. PAUL: Ajourné ou non.
M. LE PRESIDENT: C'est ça. Nous sommes d'accord.
UNE VOIX: Vote!
M. LAURIN: M. le Président, je m'excuse des quelques minutes que
nous avons perdues...
DES VOIX: Vote!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
DES VOIX: Vote!
M. LACROIX: L'obstruction.
M. LAURIN: C'est parce...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il vous plaît
!
M. LAURIN: ... qu'habituellement M. le Président, vous nous
permettiez de préfacer un peu...
DES VOIX: Non, non!
M. LAURIN: ... nos commentaires, et c'est dans cet
esprit-là...
M. CADIEUX: II préface trop longtemps. M. LAURIN: ... que j'avais
fait...
M. LEVESQUE: M. le Président, on a voulu se servir des
règlements, qu'on s'en serve...
M. LAURIN: ... pour bien montrer le caractère urgent...
M. LEVESQUE: ... qu'on les respecte...
M. CHARRON: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: ... que le chef parlementaire du Parti
québécois...
M. LAURIN: ... qu'il y a...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: ... respecte le règlement auquel il a...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LEVESQUE: ... recours quand cela fait son affaire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre!
L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: ... à poursuivre ce débat immédiatement.
Car, on nous a parlé de plusieurs choses mais il y a des choses dont on
ne nous a pas parlé et qui retiennent actuellement l'attention...
M. LEVESQUE: M. le Président, c'est encore la même
chose.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAURIN: ... de toute la population.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: C'est encore la même chose.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaft! Laissez-moi saisir
l'argumentation du député de Bourget.
M. CADIEUX: On vous laisse le choix de le sortir.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, messieurs!
M. LAURIN: M. le Président, j'ai l'intention de prouver qu'il y a
des débats, qu'il y a des questions qu'il est urgent de discuter
immédiatement. Parmi ces questions, il y en a plusieurs qui ont
été mentionnées...
M. LEVESQUE: Ce n'est pas là-dessus du tout, M. le
Président.
M. LAURIN: ... mais sur lesquelles il importe...
M. LEVESQUE: II n'a pas d'affaire à parler de ça.
M. LAURIN: ... de revenir...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LAURIN: ... afin que nous puissions là-dessus faire
éclairer notre lanterne à nous, des partis d'Opposition...
M. LEVESQUE: Ce serait impossible de l'éclairer.
M. LAURIN: ... et faire éclairer la lanterne également de
l'opinion publique...
M. CADIEUX: Ils sont bouchés.
M. LAURIN: ... car depuis deux mois que la Chambre n'a pas
siégé, il s'est déroulé des
événements très importants dans le Québec sur
lesquels le gouvernement ne nous a pas éclairés...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi...
M. LAURIN: ... suffisamment...
M. LE PRESIDENT: ... sur une question de règlement.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II me semble que c'est assez clair et je
m'étonne que des gens qui sont en Chambre avec nous depuis deux ans ne
l'aient pas encore compris. Lorsqu'il y a proposition d'ajournement d'un
débat, comme l'a fait le député de Bellechasse et chef de
l'Opposition...
M. HARVEY (Chauveau): Officielle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... la Chambre est saisie de la question
suivante: Doit-on, oui ou non, ajourner tel débat? Le débat en
question, c'est celui qui suit le discours qu'a fait le premier ministre qu'on
appelle maintenant le discours inaugural. Le député de Bourget
voudrait empêcher l'ajournement de la Chambre en nous disant qu'il y a
tel et tel et tel problème dans le Québec qui requerrait que nous
procédions tout de suite à une discussion du discours du premier
ministre, etc.
Ce n'est pas là la question. Le problème est de savoir si,
hic et nunc, à ce moment précis où nous parlons, nous
devons, oui ou non, poursuivre le débat qui se trouve engagé
à la suite du discours du premier ministre et qu'a ajourné le
chef de l'Opposition. C'est là la seule question.
Par conséquent, M. le Président, conformément aux
directives que vous avez données tout à l'heure et j'ai
été heureux de vous entendre le chef du Parti
québécois n'a absolument pas le droit de faire intervenir, dans
ce débat sur une motion d'ajournement, quelque problème que ce
soit qui touche l'administration du Québec ou l'activité
générale du Québec. H a à discuter du
bien-fondé de la motion d'ajournement et à dire pourquoi il ne
veut pas que l'on ajourne la Chambre au moment où je vous parle. Parce
que, de toute façon, M. le Président, même si on devait
reprendre le débat dont le chef de l'Opposition a proposé
l'ajournement, le chef parlementaire du Parti québécois ne
pourrait pas, encore là, parler d'autres problèmes que de ceux
qui ont été évoqués par le premier ministre. A ce
moment-là, cela constituerait son discours de réponse au discours
inaugural.
Si, M. le Président, vous acceptiez que le chef parlementaire du
Parti québécois discute de toute question pertinente à
l'administration du Québec ou à la situation du Québec,
vous vous trouveriez à lui enlever du même coup son droit de
réplique au discours inaugural. Il est dans un corridor vous
l'avez dit vous-même non pas relativement large, mais
extrêmement étroit. Il a à marcher sur une ligne
très, très mince et à dire pourquoi nous devons, oui ou
non, ajourner le débat ou le poursuivre, sans examiner en détail
tous les problèmes qui nous préoccupent et qui sont, d'ailleurs,
déjà contenus dans le discours du premier ministre. Les
problèmes, le chef parlementaire du Parti québécois aura
l'occasion d'en discuter en long et en large lorsqu'il répondra au
discours du premier ministre.
M. LAURIN: M. le Président, pour étudier des
problèmes aussi nombreux et complexes, le corridor que vous m'avez
tracé est tellement étroit que, comme vient de le dire le
député de Chicoutimi, il me faudrait marcher sur un fil, comme un
unijambiste, ou faire preuve de qualités d'équilibriste que je ne
possède pas encore.
Pour montrer ma bonne foi, puisqu'on m'accorde la parole pour me
l'enlever, d'une certaine façon, en me montrant les embûches
auxquelles je m'expose en la prenant, je reprendrai ce débat quand le
corridor sera plus large.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cette motion d'ajournement du débat
est adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'Assemblée ajourne ses travaux à demain
quinze heures.
M. BURNS: M. le Président, je vous pose une question. Est-ce
qu'il y a motion d'ajournement de la Chambre?
M. LE PRESIDENT: J'ai mis cette motion aux voix.
M. BURNS: Non, elle n'est pas adoptée. Est-ce qu'il y a une
motion d'ajournement de la Chambre sur la table?
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à demain quinze heures.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. LAURIN: Non, elle n'est pas adoptée, parce que je pense qu'en
m'opposant à cette motion d'ajournement je pourrai jouir d'un corridor
beaucoup plus large qui me permettra de parler d'une façon beaucoup plus
ample...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LAURIN: ... qui me permettra de faire état d'une façon
beaucoup plus ample de ces problèmes nombreux, complexes dont tout le
monde, ici, s'entend pour reconnaître l'existence et la gravité.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, je crois de mon devoir
de m'opposer à cette motion d'ajournement de la Chambre et de soumettre
plutôt à l'attention des membres de cette Chambre...
DES VOIX: Vote! Vote!
M. LAURIN: ... les nombreux problèmes sur lesquels le discours du
premier ministre ne nous apporte pas de lumières suffisantes...
M. PAUL: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maskinongé,
sur une question de règlement. Je me demande s'il y en a qui ont pris
vraiment des vacances ou s'ils ont appris le règlement.
M. PAUL: II y a quelques minutes, la Chambre a adopté à
l'unanimité une motion d'ajournement d'un débat. Le débat
qui a été ajourné c'est sur la motion de l'honorable
premier ministre qui faisait suite à son discours inaugural. Je dis
qu'en vertu du règlement de la Chambre c'est le chef de l'Opposition et
lui seul qui a la liberté et qui a le droit de répondre aux
arguments qui peuvent être soulevés par le discours de premier
ministre. En permettant, à ce stade des travaux de la Chambre, au chef
du Parti québécois d'analyser la situation en
général au Québec, tant dans l'administration que dans
tous ces problèmes auxquels doit faire face la population, indirectement
vous bâillonnez le chef de l'Opposition.
Vous mettez de côté la tradition et le droit qui appartient
au chef de l'Opposition d'être celui qui, le premier, a le droit de
répondre au discours inaugural qu'a prononcé cet
après-midi le premier ministre du Québec.
Je dis donc, M. le Président, que vous avez une question
très délicate à trancher mais toujours, cependant, avec
l'impérieux devoir, pour vous, de respecter les droits qu'apporte et que
commande le poste que détient le député de Bellechasse,
celui de chef de l'Opposition officielle en cette Chambre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! J'aimerais être
éclairé peut-être...
M. BURNS: Oui, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Si cette motion d'ajournement de la Chambre
était refusée c'est une question, parce que j'ai le droit,
je crois, de demander des directives à la Chambre, heureusement
que si cette motion d'ajournement de la Chambre, dis-je, était
refusée...
M. VINCENT: II n'y a plus rien sur le feuilleton.
M. LE PRESIDENT: ... je demanderais un éclaircissement au
député de Maisonneuve de quoi pourrait-on discuter si le
feuilleton est épuisé?
M. CHARRON: De la deuxième lecture.
M. BURNS: M. le Président, est-ce que je peux...
M. LE PRESIDENT: Non, parce que la deuxième lecture du bill
appelé ne peut pas être dans la même séance. Je pose
la question.
M. BURNS: M. le Président, il y a évidemment une
distinction à faire. Mon collègue le député de
Maskinongé, qui connaît très bien le règlement,
devrait savoir que cette distinction existe entre la motion pour ajournement du
débat, d'une part, motion qui a été faite par le chef de
l'Opposition protocolaire, et la motion d'ajournement de la Chambre. C'est
pourquoi, M. le Président, je vous ai demandé tantôt s'il y
avait devant nous une motion d'ajournement de la Chambre. Je vous
réfère à l'article 274. L'alinéa 1 règle
l'ajournement du débat, mais le paragraphe 2 règle l'ajournement
de là Chambre, motion qui est devant nous actuellement.
Or, que dit le paragraphe 2? "Quand l'ajournement de la Chambre est
proposé par motion principale article 274, paragraphe 2 la
discussion peut porter sur toutes les questions d'administration, sauf celles
qui requerraient une mesure législative ou qui ne peuvent être
soulevées que par une motion directe".
Le corridor, justement, M. le Président, qui est tracé au
niveau du débat d'une motion pour ajournement du débat, nous
l'avons admis, est très mince. Mais le corridor qui est tracé au
niveau de l'ajournement de la Chambre, si je lis bien l'article 274, paragraphe
2, est beaucoup plus ouvert. Nous pouvons traiter de toute question
administrative.
Jusqu'à maintenant, je n'ai pas entendu le député
de Bourget vous parler de mesures qui requerraient immédiatement des
dépenses gouvernementales, chose que nous ne pouvons pas faire en vertu
d'autres articles.
Pour ces raisons-là, M. le Président, je pense que le
débat doit continuer sur la motion d'ajournement de la Chambre. Le
député de Bourget a le droit, par ses remarques, non pas de
donner une réponse au discours inaugural, mais de soulever, au sens de
l'article 274, paragraphe 2, des questions d'administration. C'est en vertu de
cela qu'intervient actuellement le député de Bourget.
M. LEVESQUE: M. le Président, sur le point de règlement,
je crois qu'il faut lire l'article 274 avec la note no 2 qui dit: "La
discussion ne doit pas porter sur des affaires annoncées ou inscrites au
feuilleton". Qu'est-ce qu'il y a au feuilleton? D'abord, il n'y a rien devant
la Chambre c'est la question que vous avez posée si la
motion d'ajournement de la Chambre est rejetée. Nous ne saurions pas
quoi faire.
Premièrement, cette niotion est illogique et mènerait
à l'absurde. Si ce sont des questions administratives, comme on le
mentionne, il s'agit là de choses qui ont été l'objet du
discours inaugural où le premier ministre a fait une étude et des
déclarations concernant l'ensemble de l'administration
gouvernementale...
M. PAUL: Dont l'étude a été ajournée.
M. LEVESQUE: ... dont l'étude a été
ajournée. La Chambre s'est prononcée justement sur
l'opportunité d'ajourner ce débat sur toutes les questions
d'administration. Le discours inaugural ouvre un débat très large
qui permet justement l'étude de toutes les questions d'administration
provinciale.
Ce débat est l'endroit logique, l'endroit idéal, l'endroit
prévu par nos règlements où tous les députés
peuvent s'exprimer tour à tour. Seulement, la tradition a voulu
c'est confirmé même par nos règlements
qu'après le discours inaugural du premier ministre, ce soit le chef de
l'Opposition qui ait la parole pour parler justement de toutes les questions
d'administration provinciale et, ensuite, à tour de rôle, le
Ralliement créditiste et le Parti québécois.
Tout ce que l'on veut faire présentement, c'est d'essayer, par
toutes ces procédures, soit d'intervertir les rôles, soit de faire
une certaine action spectaculaire lors de la première journée de
la session. M. le Président, je crois que nous devons, en hommes
intelligents et responsables, nous rendre compte de cette situation. C'est ce
qui existe.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. LOUBIER: Si on suit la logique du leader parlementaire du Parti
québécois et si on épouse la même dialectique que
lui, ceci voudrait dire qu'à toutes les motions d'ajournement de la
Chambre le soir, nous pourrions nous opposer et, à ce moment-là,
discuter de tous les problèmes auxquels ferait face le Québec.
Egalement, M. le Président, si l'on adopte cette interprétation,
cela signifierait que tous les sujets pourraient être traités,
tous les soirs, par n'importe quel député de cette Chambre.
Surtout lorsqu'on songe que l'on veut accélérer les débats
de la Chambre, que l'on veut disposer des affaires courantes le plus rapidement
possible pour plonger au coeur des problèmes, ce serait, à ce
moment-là, chambarder toutes les règles de jeu du
parlementarisme. J'ai nettement l'impression, pour me référer aux
propos mêmes du chef résiduaire du Parti québécois,
qui disait lui-même qu'il manifestait de la bonne foi en cette Chambre,
qu'il aura toute la latitude voulue, en temps opportun et en suivant les
règles du jeu, pour discuter de tous les problèmes. Si le parti
veut se singulariser au point d'avoir ses petites règles dans le coin de
la patinoire à chaque reprise et ne pas suivre les règles de jeu
du parlementarisme, c'est bien évident que nous vivrons dans
l'obstruction la plus systématique et qu'à chaque soir ce sera un
labyrinthe inoui dans cette Chambre.
M. LE PRESIDENT: Je suis prêt à rendre ma
décision.
L'honorable député de Maisonneuve invoque l'article 274
deuxièmement où il est dit: "Quand l'ajournement de la Chambre
est proposé par motion principale, la discussion peut porter sur toutes
les questions d'administration, sauf celles qui requerraient une mesure
législative ou qui ne peuvent être soulevées que par une
motion directe." Je ne voudrais pas qu'il oublie, par contre, que cet article
274 se réfère à l'article 188 du règlement: "Si une
affaire inscrite au feuilleton vient d'être appelée et qu'aucune
motion n'a été mise en délibération pour saisir la
Chambre de cette affaire." C'est la fameuse motion d'ajournement de la Chambre
pour discuter d'une affaire importante et urgente. Ma décision va
converger ou sera établie selon une règle qui parait à la
note 4 de l'article 188: "On peut, lorsque la Chambre n'est saisie d'aucune
affaire, proposer l'ajournement en vue de discuter quelque affaire grave et
urgente. Cette proposition se fait généralement avant l'appel des
affaires du jour." C'est une coutume et je suis bien assis sur la coutume et
l'usage pour dire que ça a toujours été à ce
moment-là.
Avant l'appel des affaires du jour, un député se
lève, comme cela est arrivé couramment au cours de la session
dernière et de la session précédente, lorsqu'il n'y a rien
devant la Chambre, on demande l'ajournement pour discuter d'une question grave
et urgente. Conséquemment, nous ne sommes pas à ce
stade-là parce que l'article 89, aujourd'hui, dans le processus de la
première journée d'une session, ne prévoit pas ce
débat.
Je dis et c'est la question que je posais au député de
Maisonneuve tout à l'heure: A quoi servirait de mettre cette question
aux voix, de la débattre jusqu'à onze heures? Par
hypothèse, si la question de l'ajournement était rejetée,
de quoi pourrait-on discuter, alors qu'il n'y a plus rien au feuilleton? Je
considère ce débat comme inutile et je mets cette motion aux voix
immédiatement.
Ajournement
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la motion est adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. BURNS: Sur division, M. le Président, au moins.
M. PAUL: Sur division, au moins.
M. LE PRESIDENT: J'inviterias tous les députés à
venir faire une séance de règlement à mon bureau.
Merci.
La Chambre ajourne ses travaux à demain, quinze heures.
(Fin de la séance à 17 h 35)
MEMBRES DU CONSEIL DES MINISTRES À L'OUVERTURE DE LA 3e SESSION
DE LA 29e LÉGISLATURE
M. Robert Bourassa Premier ministre
M. Gérard D. Lévesque Vice-Premier ministre
Ministre des Affaires intergouvernementales
M. Bernard Pinard Ministre de la Voirie
Ministre des Travaux publics Ministre des Transports
Mme Claire Kirkland-Casgrain Ministre des Affaires culturelles
M. Claude Castonguay Ministre des Affaires sociales
M. Jérôme Choquette Ministre de la Justice
M. Guy Saint-Pierre Ministre de l'Industrie et du Commerce
Ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
M. Raymond Garneau Ministre des Finances
M. Maurice Tessier Ministre des Affaires municipales
M. William Tetley Ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives
M. Normand Toupin Ministre de l'Agriculture et de la Colonisation
M. Gilles Massé Ministre des Richesses naturelles
M. Kevin Drummond Ministre des Terres et Forêts
M. François Cloutier Ministre de l'Education
M. Jean-Paul L'Allier Ministre des Communications
Ministre de la Fonction publique
M. Gérald Harvey Ministre du Revenu
M. Jean Cournoyer Ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
M. Roy Fournier Solliciteur général
M. Jean Bienvenue Ministre de l'Immigration
Ministre responsable du secteur de la main-d'oeuvre au Ministère
du Travail et de la Main-d'Oeuvre
M. Georges-E. Tremblay Ministre responsable de l'Office des
Autoroutes du Québec
M. Oswald Parent Ministre d'Etat aux Affaires intergouvernementales
M. Victor C. Goldbloom Ministre d'Etat responsable de la qualité
de l'environnement
M. Claude Simard Ministre d'Etat à l'Industrie et au Commerce
Ministre d'Etat au Tourisme, à la Chasse et à la
Pêche
M. Robert Quenneville Ministre d'Etat responsable de l'ODEQ
ADJOINTS PARLEMENTAIRES
À L'OUVERTURE DE
LA 3e SESSION DE
LA 29e LÉGISLATURE
MM.
BERTHIAUME, Paul .................. Transports
BOSSÉ, Alfred ...................... Premier ministre
CADIEUX, Gérard.................... Industrie et Commerce
COITEUX, Henri..................... Terres et Forêts
FORTIER, Guy...................... Affaires sociales
HOUDE, Gilles ...................... Education
MAILLOUX, Raymond ................. Voirie
PERREAULT, Jean ................... Richesses naturelles
THÉBERGE, Gilbert................... Tourisme, Chasse et
Pêche
VAILLANCOURT, Georges............... Agriculture et Colonisation
DÉPUTÉS DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE
À L'OUVERTURE DE LA 3e SESSION DE LA 29e LÉGISLATURE
Affiliation
District électoral
Nom
Profession
politique
Abitibi-Est Ronald Tétrault Industriel R.C.
Abitibi-Ouest Aurèle Audet Gérant R.C.
Ahuntsic François Cloutier Médecin psychiatre Lib.
Argenteuil Zoël Saindon Médecin chirurgien Lib.
Arthabaska J.-Gilles Massé Administrateur Lib.
Bagot Jean-Guy Cardinal Notaire U.Q.
Beauce Fabien Roy Gérant de caisse R.C.
Beauharnois Gérard Cadieux Commerçant Lib.
Bellechasse Gabriel Loubier Avocat U.Q.
Berthier Guy Gauthier Médecin U.Q.
Bonaventure Gérard-D. Levesque Avocat et commerçant
Lib.
Bourassa Georges-E. Tremblay Marchand industriel Lib.
Bourget Camille Laurin Médecin P.Q.
Brome Glendon Pettes Brown Professeur et cultivateur Lib.
Chambly Jean Cournoyer Avocat Lib.
Champlain Normand Toupin Administrateur Lib.
Charlevoix Raymond Mailloux Homme d'affaires Lib.
Châteauguay George Kennedy Comptable agréé Lib.
Chauveau André Harvey Publicitaire Lib.
Chicoutimi Jean-Noël Tremblay Professeur U.Q.
Compton J.-Omer Dionne Cultivateur Lib.
D'Arcy-McGee Victor-C. Goldbloom Médecin Lib.
Deux-Montagnes Jean-Paul L'Allier Avocat Lib.
Dorchester Florian Guay Gérant général R.C.
Dorion Alfred Bossé Conseiller technique Lib.
Drummond Bernard Pinard Avocat Lib.
Dubuc Roch Boivin Médecin U.Q.
Duplessis Henri-L. Coiteux Ingénieur forestier Lib.
Fabre Gilles Houde Maître en éducation Lib. physique et
hygiène
Frontenac Paul-A. Latulippe Industriel R.C.
Gaspé-Nord François Gagnon Gérant U.Q.
Gaspé-Sud J.-Arthur-Guy Fortier Médecin chirurgien
Lib.
Gatineau Roy Fournier Avocat Lib.
Gouin Guy Joron Agent de change P.Q.
Hull Oswald Parent Administrateur Lib.
Huntingdon Kenneth Fraser Cultivateur Lib.
Iberville Alfred Croisetière Expéditeur U.Q.
Iles-de-la-Madeleine Louis-Philippe Lacroix Comptable Lib.
Jacques-Cartier Noël St-Germain Optométriste Lib.
Jeanne-Mance Aimé Brisson Comptable agréé Lib.
Jean-Talon Raymond Garneau Economiste Lib.
Joliette Robert Quenneville Médecin Lib.
Jonquière Gérald Harvey Commis Lib.
Kamouraska Jean-Marie Pelletier Aviculteur Lib.
Labelle Fernand Lafontaine Ingénieur U.Q.
Lac-Saint Jean Roger Pilote Administrateur Lib.
Lafontaine Marcel Léger Administrateur P.Q.
L'Assomption Jean Perreault Ingénieur Lib.
Laurier André Marchand Imprimeur Lib.
Laval Jean-Noël Lavoie Notaire Lib.
Laviolette Prudent Carpentier Surintendant Lib.
Lévis J.-Aurélien Roy Administrateur industriel R.C.
Limoilou Fernand Houde Comptable Lib.
L'Islet Julien Giasson Courtier d'assurances Lib.
Lotbinière Jean-Louis Béland Aviculteur R.C.
Louis-Hébert Claude Castonguay Actuaire Lib.
Maisonneuve Robert Gordon Burns Avocat P.Q.
Affiliation
District électoral Nom Profession
politique
Marguerite-Bourgeoys Claire Kirkland- Avocate Lib.
Casgrain
Maskinongé Rémi Paul Avocat U.Q.
Matane Jean Bienvenue Avocat Lib.
Matapédia Bona Arsenault Homme d'affaires et Lib. journaliste
Mégantic Bernard Dumont Agent d'assurances et R.C. homme
d'affaires
Mercier Robert Bourassa Avocat et économiste Lib.
Missisquoi Jean-Jacques Bertrand Avocat U.Q.
Montcalm Marcel Masse Professeur Ind.
Montmagny Jean-Paul Cloutier Licencié en sciences U.Q.
commerciales
Montmorency Louis Vézina Avocat Lib.
Napierville-Laprairie Paul Berthiaume Conseiller en informatique
Lib.
Nicolet Clément Vincent Agriculteur U.Q.
N.D.-de-Grâce William Tetley Avocat Lib.
Olier Fernand Picard Industriel Lib.
Outremont Jérôme Choquette Avocat Lib.
Papineau Mark Assad Professeur Lib.
Pontiac Jean-Guy Larivière Marchand Lib.
Portneuf Antoine Drolet Gérant de magasin R.C.
Richelieu Claude Simard Industriel Lib.
Richmond Yvon Brochu Psychologue R.C.
Rimouski Maurice Tessier Avocat Lib.
Rivière-du-Loup Paul Lafrance Chirurgien-dentiste Lib.
Robert-Baldwin Arthur-E. Séguin Administrateur Lib.
Roberval Robert Lamontagne Notaire Lib.
Rouville Marcel Ostiguy Industriel Lib.
Rouyn-Noranda Camille Samson Vendeur R.C.
Saguenay Lucien Lessard Professeur P.Q.
Sainte-Anne George P. Springate Homme d'affaires Lib.
Sainte-Marie Charles Tremblay Aide technicien, P.Q. syndicaliste
Saint-Henri Gérard Shanks Fonctionnaire Lib.
Saint-Hyacinthe Fernand Cornellier Gérant Lib.
Saint-Jacques Claude Charron Professeur P.Q.
Saint-Jean Jacques Veilleux Professeur Lib.
Saint-Laurent Léo Pearson Courtier en valeurs Lib.
Saint-Louis Harry Blank Avocat Lib.
Saint-Maurice Philippe Demers Vétérinaire U.Q.
Saint-Sauveur Armand Bois Courtier d'assurances R.C.
Shefford Armand Russell Industriel U.Q.
Sherbrooke Jean-Paul Pépin Représentant des ventes
Lib.
Stanstead Georges Vaillancourt Commerçant Lib.
Taillon Guy Leduc Puplicitaire Lib.
Témiscamingue Gilbert Théberge Dentiste Lib.
Témiscouata J.-Montcalm Simard Industriel U.Q.
Terrebonne Denis Hardy Avocat Lib.
Trois-Rivières Guy Bacon Agent de relations Lib. publiques
Vaudreuil-Soulanges Paul Phaneuf Administrateur Lib.
Verchères Guy St-Pierre Ingénieur Lib.
Verdun Lucien Caron Industriel Lib.
Westmount Thomas Kevin Administrateur Lib.
Drummond
Wolfe René Lavoie Agent d'affaires U.Q.
Yamaska Benjamin Faucher Vétérinaire Lib.
Lib. Libéral
P.Q. Parti québécois
R.C. Ralliement des créditistes
U.Q. Unité-Québec
Ind. Indépendant