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(Dix heures six minutes)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez prendre
place, s'il vous plaît.
Conformément à l'ordre adopté hier par
l'Assemblée, nous allons reprendre, ce matin, l'examen des motions
prioritaires présentées par M. le leader de l'Opposition
officielle. L'Assemblée se constitue donc dès maintenant en
commission plénière.
Affaires du jour Affaires prioritaires
Alors, l'Assemblée se constitue en commission
plénière.
Commission plénière
M. Bissonnet (président de la commission
plénière): Alors, conformément à l'ordre
adopté hier par l'Assemblée, nous allons maintenant reprendre
l'examen des motions prioritaires présentées par M. le leader de
l'Opposition officielle. Suite à l'entente intervenue entre les parties,
nous procéderons d'abord à l'examen de la motion prioritaire 11.
M. le leader de l'Opposition officielle et Mme la ministre de l'Énergie
et des Ressources échangeront sur cette motion, puis nous examinerons
les autres motions préliminaires en respectant l'ordre du feuilleton.
Nous en serons rendus, à ce moment-là, à la motion 7.
Je tiens à informer les membres de cette Assemblée que M.
le leader de l'Opposition a cinq minutes pour intervenir, Mme la ministre
également, et, ensuite, quelques questions.
M. le leader de l'Opposition officielle et député de
Joliette.
Motion proposant que l'Assemblée statue
sur
la conduite de la ministre de l'Énergie
et
des Ressources par suite du défaut de
déposer
le rapport annuel de la Société
nationale de
l'amiante dans les délais prescrits
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Tout d'abord, il
faudrait peut-être rappeler que l'article 57 de la Loi sur la
Société nationale de l'amiante se lit comme suit: «La
Société doit chaque année, à l'expiration des
quatre mois qui suivent la fin de son exercice financier, faire au ministre de
l'Énergie et des Ressources un rapport de ses activités pour son
exercice financier précédent. «Ce rapport doit aussi
contenir tous les renseignements que le ministre prescrit - ou la ministre.
«Dépôt. Ce rapport est déposé devant
l'Assemblée nationale si elle siège ou, si elle ne siège
pas, dans les 30 jours de l'ouverture de la session suivante ou de la reprise
des travaux, selon le cas.»
Donc, M. le Président, il serait intéressant de demander
à la ministre quand elle a reçu, d'abord, ledit rapport. On sait
que le secteur de l'amiante a été un secteur fort
controversé, il y a quelques années; il y a eu des chutes, il y a
eu des reprises. Ce serait intéressant que la ministre nous dise
peut-être également, dans ses cinq minutes, comment va ce secteur
industriel présentement, quelles sont les perspectives d'avenir et
qu'elle nous donne également les motifs pour lesquels ce rapport fut
déposé seulement le 18 mars 1993 alors qu'il aurait dû
l'être, au plus tard, le 9 décembre 1992. Je ne m'étendrai
pas sur le sujet, sachant que la ministre doit être en commission
parlementaire sur le défi performance d'Hydro-Québec. Je vais
tout de suite passer au questionnement, par la suite.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la ministre de
l'Énergie et des Ressources.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Écoutez, M. le Président, la
Société nationale de l'amiante, en plus de voir à la
préparation de son rapport annuel, privatisait, en septembre 1992, ce
qu'il lui restait de propriétés minières, qui a,
d'ailleurs, rapporté, à date, plus de 13 000 000 $ au
Trésor public, depuis septembre, et ce n'est pas terminé. Je
pense qu'on va continuer.
La Société a présenté son rapport 1991-1992
le 18 mars. Je dois dire qu'il ne reste à la Société que
trois personnes maintenant, parce qu'on a quand même réduit
sensiblement les effectifs. Il faut dire que ce n'est pas la première
fois que la SNA soumet un rapport avec quelque retard. Aussi, sous l'ancien
gouvernement, ça s'est fait, la même chose. Ça a
été déposé un peu en retard aussi. (10 h 10)
Alors, le président a eu énormément
d'activités au cours de l'année. On sait que les
différentes orientations ministérielles qui étaient
données faisaient en sorte qu'on voulait que les entreprises qui
appartenaient à la SNA soient retournées au secteur privé,
puisqu'on n'a pas les moyens de les garder. Évidemment, les dirigeants
de nos sociétés comprennent bien que la divulgation d'un rapport
annuel doit se faire rapidement, avec les états financiers aussi, je
pense, avec la divulgation des états financiers.
J'avais déposé ici SOQUEM, SOQUIP, la SDBJ - je pense que
c'est des rapports... la Société nationale de l'amiante... ils
ont été déposés
à temps, au printemps. Le rapport annuel précédent
de la SNA avait été déposé le 16 avril 1991, donc
un petit peu plus tard que le mois de mars. Je dois dire que, encore une fois,
par souci de bonne gestion, la SNA a constamment réduit son personnel,
qui compte actuellement trois employés: le président-directeur
général, un comptable et une secrétaire. Donc, la taille
de cette équipe les oblige à bien définir les
priorités.
Le processus de vente des filiales minières de la SNA a
débuté en 1991, a drainé l'essentiel des ressources
limitées de la Société tout au long de 1991 et 1992. Et on
comprendra bien qu'au terme de ce processus-là la SNA a informé
la nouvelle direction des compagnies vendues sur les principaux dossiers en
cours. Comme la plupart de ces dossiers étaient des dossiers actifs, ils
demandaient une intervention immédiate de la nouvelle direction.
La SNA a également établi des mécanismes de suivi
des contrats de vente, particulièrement du paiement du solde des prix de
vente. Donc, c'est un contexte particulier, cette année, de la
Société, qui ne l'empêche pas pour autant de maintenir
comme objectif corporatif la publication dans un délai raisonnable du
rapport de ses activités, même si elle n'a plus
d'opérations de production ou des opérations de vente.
Je pense qu'on n'a pas à expliquer ce qu'est la SNA. Le
député de Joliette et leader parlementaire de l'Opposition
connaît bien la SNA. Je dois dire que ces questions des entreprises
qu'elle avait à surveiller a été bien faite. Je pense que
la SNA, avec le ministère de l'Énergie et des Ressources, nous a
permis de faire face à des obligations financières et aussi
à faire en sorte qu'on soit capable de réduire, d'une
façon importante en tout cas, ce qu'il restait comme actifs à la
SNA et de faire en sorte de privatiser des filiales, ce qui devait quand
même prendre énormément de temps. Je n'excuse pas, mais
j'explique le retard du rapport annuel. Et, quand on pense qu'il y a seulement
trois personnes pour faire tout ça, je pense qu'il faut quand même
considérer ça.
Alors, je conclus, M. le Président, en disant que cette
initiative qu'avait eue le précédent gouvernement par rapport
à la SNA nous avait coûté un peu d'argent. Je pense qu'on a
essayé d'en sauver le plus possible; on est loin des 500 000 000 $ qui
avaient été laissés en héritage aux
Québécois. Et, de tâcher de trouver des millions dans
l'entreprise privée pour réduire ces montants, je pense que c'est
encore important. Et, au moment où on a bien d'autres sujets à
discuter, je pense que les efforts qu'on a faits pour trouver les informations
devraient satisfaire l'Opposition, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le leader de l'Opposition
officielle et député de Joliette.
Discussion générale
M. Chevrette: Oui. À quelle date vous l'avez reçu
de la...
Mme Bacon: J'ai une lettre ici que je peux déposer, une
copie de lettre du président-directeur général de la SNA,
le 18 mars, où il m'envoyait la copie de l'épreuve finale pour
impression du rapport annuel 1991-1992. Il a fait parvenir le 24 mars à
mon attaché politique qui est responsable du dossier minier les copies
nécessaires, 65 exemplaires nécessaires, du rapport annuel. Je
pourrais déposer...
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a consentement
au dépôt des documents?
Mme Bacon: Si le député de Joliette demande le
dépôt, je pourrais les déposer ce matin.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Chevrette: Oui, oui.
Documents déposés
Le Président (M. Bissonnet): Consentement. Les documents
sont déposés. M. le leader de l'Opposition.
Mme Bacon: Je m'excuse. J'ai des photocopies, mais je peux...
M. Chevrette: Vous avez une lettre du 18 mars, vous dites?
Mme Bacon: Oui, et j'ai déposé immédiatement
la même journée, si ma mémoire est fidèle.
M. Chevrette: Ce n'est pas le 17? Mme Bacon: Ma lettre est
datée du 18.
M. Chevrette: Moi, je vous dis que... C'est parce que j'ai une
note, moi aussi. Je vérifierai mes notes. Ah! il n'était pas
déposé au 17. Donc, c'est probablement le 18.
Mme Bacon: Non, non, le 18.
M. Chevrette: Et c'est ce qui explique d'ailleurs que c'est des
photocopies. Ce n'est pas imprimé.
Mme Bacon: C'est ça.
M. Chevrette: C'était la version finale.
Mme Bacon: C'est ça, et il a ensuite envoyé 65
copies, le 24, du rapport annuel. Le 24, c'est aujourd'hui? C'est ça.
Là, on a vraiment les
copies du rapport annuel.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez pu...
Mme Bacon: C'est parce que c'est de Thetford, hein, ça
vient de Thetford-Mines.
M. Chevrette: ...communiquer avec eux entre le 9 et le 17?
Mme Bacon: On a fait quelques demandes après que vous en
ayez parlé, M. le...
M. Chevrette: Ah! Ah! Ah!
Mme Bacon: ...leader parlementaire, mais toujours avec beaucoup
de compréhension auprès de mon président-directeur
général qui a eu une somme énorme de travail à
abattre en 1991 et en 1992. Je pense que tout en le demandant et en sachant
qu'il est toujours prêt à collaborer, la demande avait
été faite à l'imprimerie pour que ça soit
imprimé rapidement le 9 et le 17 mars pour qu'on puisse vous le
déposer, vous faire plaisir, mais, en même temps, répondre
à nos responsabilités ministérielles.
M. Chevrette: C'est plus pour respecter l'article 57 de leur
propre loi, d'abord...
Mme Bacon: Tout à fait d'accord.
M. Chevrette: ...je suppose, et le plaisir vient par
surcroît. Mais la raison...
Mme Bacon: Ça, c'est pour vous, le plaisir.
M. Chevrette: Oui, mais la raison fondamentale, c'est l'article
57 de la loi.
Mme Bacon: Non, non, je sais, mais j'explique en disant que j'ai
témoigné beaucoup de compréhension envers mon P.-D.G. de
la SNA qui essaie - ça peut être un petit peu méchant - de
réparer un peu les 500 000 000 $ qu'on nous avait laissés en
héritage et de revendre les compagnies qu'on s'était permis
d'acheter à l'époque.
M. Chevrette: Des pinottes par rapport aux 2 000 000 000 $ des
contrats secrets de Norsk Hydro et les alumineries, madame.
Mme Bacon: Ah! Ça, c'est vous qui trouvez le chiffre de 2
000 000 000 $.
Le Président (M. Bissonnet): Ça va, M. le leader de
l'Opposition officielle?
M. Chevrette: Merci.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la ministre.
Mme Bacon: C'est suffisant? Merci.
Le Président (M. Bissonnet): Nous allons passer maintenant
aux motions 12 et 13. Il s'agit des motions ayant trait au ministre de la
Sécurité publique et des Affaires municipales. Donc, en vertu de
l'ordre, nous en sommes aux motions 12 et 13.
M. le leader, pour un droit de cinq minutes, M. le ministre des Affaires
municipales et de la Sécurité publique, pour un droit de parole
de cinq minutes, et quelques questions.
M. le leader de l'Opposition officielle.
Motion proposant que l'Assemblée statue
sur
la conduite du ministre de la
Sécurité
publique et des Affaires municipales par
suite du défaut de déposer des
rapports
annuels relevant de son champ de
compétence
dans les délais prescrits
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, merci, M. le Président.
Un des points d'interrogation que l'on a pour le ministère de la
Sécurité publique d'abord. Il y a deux rapports et je pense,
conformément à la directive, que nous devons traiter les deux en
même temps. Il s'agit de celui de la Société
d'aménagement de l'Outaouais et de la Sécurité
publique.
Tout d'abord, le ministère de la Sécurité publique,
on ne connaît pas la date de transmission par le sous-ministre. C'est une
des raisons qui nous ont amenés à le placer dans la question de
privilège, parce qu'il n'y a pas de date d'identifiée au niveau
de la paperasse, à moins que le ministre ait à déposer une
lettre de transmission de son sous-ministre, parce qu'on ne l'a pas.
Deuxièmement, je pense qu'on pourra peut-être aussi, sur le
plan technique savoir pourquoi... Normalement, ça aurait pu être
déposé à la reprise de septembre, puisqu'il devait l'avoir
peut-être en juin ou juillet, le rapport, probablement. Et il nous dira
sans doute les motifs pour lesquels ça n'a pas été
fait.
C'est quand même un rapport important, d'autant plus que, dans la
conjoncture actuelle, au niveau de la sécurité publique,
çafait l'objet de tellement de questionnements depuis, en
particulier, la crise amérindienne. On sait très bien que les
retombées, la crise d'Oka, la situation dans nos prisons, l'état
des négociations avec les policiers municipaux qui ont fait l'objet
même d'une législation ici, à l'Assemblée nationale
dernièrement, les réactions du ministère à la
création de la sûreté d'Hydro-Québec... J'ai bien
dit «de la sûreté d'Hydro-Québec». Je ne sais
pas si ça fera partie du rapport, éventuellement, mais sans doute
que le ministre a pris bonne note au niveau de l'étude des engagements
financiers.
Donc, grosso modo, c'est qu'en vertu de l'article 10 de la loi sur la
sécurité publique le ministre dépose à
l'Assemblée nationale un rapport des activités, etc., et dans les
30 jours de sa réception. Il sera intéressant de voir à
quelle date le ministre a eu sa lettre de transmission, parce que, même
dans sa lettre de transmission à l'Assemblée nationale qui est
annexée au rapport, on remarque qu'il n'y a pas de date; c'est
marqué «Mars 1993». Beaucoup de ministères marquent
exactement la date de la transmission. Il y en a quelques-uns, d'autre part,
qui font comme la Sécurité publique, ils marquent le mois, mais
ils ne marquent pas la date. On a une lettre à M. Saintonge ici, par
exemple, dans votre rapport, qui dit: J'ai l'honneur de vous présenter
le rapport annuel 1991-1992. Je vous prie d'agréer, etc. Le ministre de
la Sécurité publique, Claude Ryan, Sainte-Foy, Mars 1993. On ne
sait pas les dates. Ordinairement, il y a deux lettres; il y a la lettre de
transmission du sous-ministre au ministre et du ministre à
l'Assemblée nationale. Donc, on pourra clarifier ces deux points
aussitôt qu'on le pourra. (10 h 20)
Pour ce qui est de l'aménagement de l'Outaouais, on n'aura pas
à avoir de rapport l'an prochain, probablement, parce que c'est aboli.
C'est la Société d'aménagement de l'Outaouais, la SAO.
Celui-là est nettement en retard, puisque le ministre l'a reçu le
4 août 1992, selon les lettres que nous possédons. Et, donc, la
date limite, en vertu de la loi - excusez, je vais vous le dire... En vertu de
la loi, c'est l'article 230 de la loi sur la Société
d'aménagement de l'Outaouais: «La Société doit, au
plus tard le 30 septembre de chaque année, faire au ministre un rapport
de ses activités pour son année financière
précédente. «Ce rapport doit aussi contenir tous les
renseignements que le gouvernement ou le ministre peut prescrire. «Le
rapport annuel est déposé à l'Assemblée nationale
si elle est en session et, si elle ne l'est pas, dans les 30 jours de
l'ouverture de la session.»
Donc, la date limite, selon nos calculs à ce moment-là, il
aurait dû être déposé, au plus tard, le 9
décembre 1992, au moment où on était, oui, en Chambre et
on siégeait. Si on se fie à l'application de l'article 230 de
leur loi, ce qui a été transmis le 4 août, donc dans les 30
jours de la transmission au ministre, ça aurait dû être au
mois de septembre, mais, comme on ne siégeait pas nécessairement
le 4 septembre, c'est au moins le 9 décembre, parce qu'il y a eu une
mini-session, de toute façon, au mois de septembre. À notre point
de vue, il aurait dû être déposé le 9 décembre
1992.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre des Affaires
municipales et ministre de la Sécurité publique, la parole est
à vous.
M. Claude Ryan
M. Ryan: D'abord, je voudrais faire une remarque
générale, M. le Président, si vous le permettez. La
matière contenue dans le rapport annuel d'un ministère a fait
l'objet, d'une manière très générale, d'une
présentation détaillée lors de l'étude des
crédits. Lors de l'étude des crédits, chaque
ministère prépare une documentation détaillée
à l'intention des députés membres de la commission, tant
ceux du gouvernement que de l'Opposition. Dans cette documentation, en ce qui
me touche, nous donnons déjà, par anticipation, à peu
près toute la matière qu'on retrouvera plusieurs mois plus tard
dans le rapport officiel du ministère.
De mon expérience de parlementaire, qui remonte maintenant quand
même à une quinzaine d'années, j'ai souvenir de très
peu de cas où le rapport annuel a été un instrument majeur
pour l'exercice des fonctions critiques et des fonctions de vérification
qui reviennent en propre aux parlementaires. Il existe beaucoup d'autres moyens
pour le gouvernement de fournir l'information et la documentation beaucoup plus
rapidement. Le rapport annuel a sa place dans la panoplie des documents que
doivent publier les gouvernements. Il existe des dates fixées dans les
lois pour le dépôt de ces rapports à l'Assemblée
nationale, je ne le conteste pas. Mais je voudrais quand même
dédramatiser quelque peu le plat qu'on a essayé d'ériger
autour de cette question-là et rappeler avec insistance que le
gouvernement fournit une surabondance de matière aux
députés pour l'exercice de leurs fonctions, à tous les
stades de l'exercice de ces responsabilités. Qu'il s'agisse de
l'étude des crédits, de l'étude du budget, de
l'étude de projets de loi particuliers ou de l'accomplissement de
mandats spéciaux par les commissions parlementaires, je pense que, de
manière générale, on conviendra des deux
côtés de la Chambre que le gouvernement s'acquitte très
bien de ses responsabilités de ce côté-là.
En ce qui touche les deux rapports dont nous parlons, je prendrai le
rapport de la Sécurité publique tout d'abord. Je pense que les
fonctionnaires ne sont pas en faute. Il faut nettoyer cette affaire-là
tout de suite. Moi, on m'a soumis un premier projet vers le mois de septembre,
un premier projet. Je l'ai examiné, je l'ai fait examiner par mon
cabinet. Là, nous avons demandé des vérifications, des
retouches. Est arrivée la campagne référendaire, dont nous
nous souvenons tous, et, quand nous sommes revenus de la campagne
référendaire à la fin de novembre, nous étions
débordés de travail, et, moi, je n'ai pas pu mettre le point
final à ce texte-là à temps pour qu'il soit
déposé en décembre. Le texte était prêt, mais
il y avait les délais d'impression dont il fallait tenir compte.
Et, une prochaine fois, si la loi ne l'interdit pas, nous
déposerons une version polygraphiée
qui tiendra lieu d'observance de la loi. Ici, il y a eu peut-être
une certaine tendance à considérer que c'était mieux de
déposer le rapport dans sa version dûment imprimée, en
bonne et due forme. Il aurait été facile d'éviter ceci,
mais, je pense, tout compte fait, que les inconvénients qui ont pu
découler de ce décalage de deux mois sont extrêmement
minimes. Soyez assurés que nous n'avons d'autre but que de respecter la
loi dans son esprit et dans sa lettre.
En ce qui touche le rapport de la Société
d'aménagement de l'Outaouais, il existe des divergences. Nous autres,
selon nous, le délai de 30 jours qui courait pour le dépôt
du rapport, lequel me fut remis, on l'a dit tantôt, vers le mois
d'août, le 4 août, je ne sais pas si c'est la version officielle
qui m'a été remise le 4 août. Oui, je pense que c'est la
version officielle. Selon qu'on considère... Très bien, ça
va. C'est deux jours de session que nous avions eus en septembre...
M. Chevrette: En septembre, on a eu du 4 au 16 septembre.
M. Ryan: Très bien. Ensuite, on a recommencé
à siéger le 24 novembre, je pense. Nous autres, nous
considérions que j'étais tenu de déposer ce
rapport-là dans les 30 jours qui suivaient le 24 novembre. Si notre
interprétation était erronée là-dessus, nous le
reconnaissons volontiers. Encore une fois, comme on le disait tantôt, il
s'agit d'une discussion qui est un petit peu artificielle parce que nous sommes
en train d'adopter un projet de loi qui met fin à l'existence de la
Société d'aménagement de l'Outaouais; ce sera son
avant-dernier rapport annuel. Il y en aura un dernier pour la période
écoulée au cours des mois qui précéderont la
cessation complète d'activités.
Voilà, M. le Président, je pense que ça
résume le tout, dans le meilleur esprit du monde.
Le Président (M. Bissonnet): Merci. Période de
questions.
M. le député de Joliette.
Discussion générale
M. Chevrette: Sur l'interprétation. C'est qu'on a
compté les jours ouvrables de session, du 4 au 16, et c'est pour
ça qu'on arrive au 9 décembre dans les 30 jours. On aurait
même pu, à la rigueur, parce qu'il y a eu des règlements
sessionnels qui ont été modifiés dû au
référendum, effectivement... et on en a tenu compte pour se
rendre au 9 décembre.
Ceci dit, pour ce qui est des rapports, en général, non
seulement le vôtre, quand on voit des lettres de transmission qui
remontent bien antérieurement, je me demande bien pourquoi ça
bloque le dépôt. Entre nous, là, c'est difficilement
explicable, quand c'est rendu à l'Assemblée nationale, à
part de cela. Il y a des rapports qui sont rendus à l'Assemblée
nationale, qui sont acheminés à la présidence, et ce n'est
pas déposé. Le président, lui, n'a pas à
déposer un rapport. À plus forte raison si c'est même rendu
à l'Assemblée nationale, on se demande pourquoi il y a une
avalanche dans les fins de session. Vous le savez, des fois on passe une heure
au dépôt de documents, alors qu'au fur et à mesure
ça pourrait être une politique de dépôt sur une base
régulière. D'abord, au lieu d'arriver avec une pile, les gens
auraient beaucoup plus tendance, sur une base régulière, à
les regarder que quand on arrive avec une pile décourageante de
rapports; un pied, un pied et demi de rapports, à un moment
donné. Les pages se promènent à nos bureaux à
l'Assemblée nationale.
Ceci dit, j'ignore le motif. Moi aussi, je n'ai pas le motif pourquoi
ça ne se dépose pas à l'Assemblée nationale
dès qu'il y a réception. Dans la lettre de transmission du 4
août, on était surpris, surtout dans votre cas, que ça ne
soit pas fait parce que, ordinairement, vous ne les gardez pas tellement
longtemps et, dans ce cas précis, compte tenu qu'il y avait la
disparition en plus de la Société d'aménagement de
l'Outaouais, on se demandait quels étaient les motifs pour lesquels
ça n'avait pas été déposé.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre des Affaires
municipales et de la Sécurité publique.
M. Ryan: Encore une fois, je crois que la session spéciale
du mois de septembre ne s'est probablement pas prêtée à ce
genre d'exercice du côté du gouvernement; je ne mets pas en cause
l'Opposition sur ce point-là. Ensuite, nous sommes revenus avec
l'idée que c'était une session nouvelle, qu'on avait le
délai de 30 jours et on se disait: On va le déposer dès
que l'occasion va se présenter. Mais c'est toutes des choses qui peuvent
être corrigées facilement, je pense.
Encore une fois, je voudrais dire qu'en ce qui me touche, moi, en tout
cas - j'ai été responsable d'un certain nombre de
ministères et d'organismes - du côté des fonctionnaires,
ils sont fidèles à leurs obligations. Mais on nous soumet toutes
sortes de documents plus abondants les uns que les autres et des fois celui-ci
n'est pas celui qu'on doit lire en premier dans l'ordre d'urgence, et il peut
arriver qu'un délai s'accumule à un moment donné. Le
ministre demande à son cabinet de faire un travail un petit peu plus
approfondi et avant que la jonction soit faite, ça prend un petit peu de
temps. Mais, lorsque la transmission est faite par une lettre dûment
signée du sous-ministre, à ce moment-là, les raisons qui
peuvent justifier un délai de dépôt à
l'Assemblée nationale sont plus difficiles à comprendre, j'en
conviens.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, ça va?
M. Chevrette: Merci.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre des
Affaires municipales et de la Sécurité publique.
Nous allons passer maintenant aux motions 7, 8 et 9. Est-ce que la
ministre de la Culture est ici? Nous allons procéder, M. le leader de
l'Opposition officielle, aux motions 7, 8 et 9 avec Mme la ministre de la
Culture. Je tiens à vous informer des règles du débat:
cinq minutes pour les trois motions ensemble. (10 h 30)
M. le leader de l'Opposition officielle, vous pouvez commencer avec vos
cinq minutes.
Motion proposant que l'Assemblée statue
sur
la conduite de la ministre de la Culture par
suite du défaut de déposer des
rapports
annuels relevant de son champ de
compétence
dans les délais prescrits
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Ce n'est pas la qualité totale dans ce cas,
trois rapports en retard, M. le Président, dont un photocopié en
catastrophe. Il faut le montrer. Ce n'est pas ordinairement le type de rapport
que produit le ministère de la Culture. Ordinairement, on a beaucoup
plus de précaution. D'autant plus que, pour le ministère
lui-même, la date limite ultime pour le dépôt devait
être le 8 décembre 1992. Dans la Loi sur le ministère des
Affaires culturelles, ce n'est pas 30 jours, c'est 15 jours, et c'est assez
surprenant que ce rapport-là n'ait pas été
déposé, d'autant plus que c'est l'impact de la nouvelle politique
culturelle, l'état des négociations avec le gouvernement
fédéral, on se rappellera comment la ministre, avec toutes ses
convictions profondes et intimes d'obtenir le paquet mirobolant d'Ottawa, on
puisse retrouver ça, toutes ses convictions, les forces vives de ses
convictions au niveau du rapport du ministère. Il n'y a pas de lettre de
transmission, je ne sais pas.
Le Conseil consultatif de la lecture et du livre. La date limite, dans
ce cas précis, le premier est en retard d'une couple d'années. La
date limite pour le premier, c'était le 30 octobre 1991. C'est pas mal
plus tard qu'une heure dans les Maritimes, ça, là. 30 octobre
1991. Imaginez-vous qu'à l'heure des grands débats sur la culture
fançaise, sur l'état de l'enseignement du français dans
nos cégeps, il aurait été très intéressant,
M. le Président, pour les parlementaires de savoir ce que fait au juste
le Conseil consultatif de la lecture. Le Conseil consultatif de la lecture et
du livre, la date limite était le 24 novembre 1992. Je ne sais pas si la
ministre de la Culture est une amie intime du ministre de l'Industrie et du
Commerce, mais ce n'est pas la qualité totale dans la production des
rapports. Je vous ferai remarquer, M. le Président, qu'elle n'a pas bien
fait du premier coup, partout, à tout coup. Franchement!
Si ça fatigue la députée de Groulx, M. le
Président, pourriez-vous lui demander de se retirer?
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Groulx, vous n'avez pas la parole. Je m'en excuse.
M. le député, si vous voulez poursuivre.
M. Chevrette: Donc, M. le Président, compte tenu de ces
retards et de cette avalanche de retards, j'aimerais que la ministre, dans la
nouvelle politique culturelle, si ça fait partie de son souci de bien
faire les choses et de se conformer aux articles de loi que je vais
répéter rapidement, M. le Président...
Tout d'abord, c'est à l'article 13, en ce qui regarde le Conseil
consultatif de la lecture et du livre: «Le Conseil doit, au plus tard le
30 juin de chaque année, remettre au ministre...» L'avait-elle?
Pourquoi ne l'a-t-elle pas rendu public si elle l'avait? Si elle ne l'avait
pas, pourquoi elle n'a pas demandé pour l'avoir?
Le Conseil consultatif, le deuxième, c'est toujours, je crois
bien, l'article 13, donc la même argumentation. Quant à son
ministère, il s'agit de l'article 5: «La ministre doit, dans les
15 jours de l'ouverture de chaque session, soumettre à la
Législature un rapport détaillé de son
activité.» Pourquoi elle ne l'a pas fait? Qu'est-ce qui se passe?
Elle trouve ça correct, un rapport de même, déposé
en catastrophe? Est-ce que c'est la motion de privilège du 9 qui a fait
que les machines à photocopier ont fonctionné? Je ne sais pas,
mais c'est autant de réponses que j'aurai sans doute dans les cinq
minutes qui lui sont imparties.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la ministre de la
Culture, la parole est à vous pour un temps maximum de cinq minutes.
Mme Liza Frulla
Mme Frulla: Premièrement, M. le Président, si
l'objectif qui anime l'Opposition qui dit ici, haut et fort, de faciliter
l'exercice des responsabilités de l'Assemblée nationale est de
favoriser la reddition de comptes par l'administration gouvernementale, donc
plus de transparence, là-dessus, j'en suis, et d'emblée.
Maintenant, j'accorde aussi la plus grande considération au travail de
tous les membres de cette Assemblée. C'est pour ça que nous nous
sommes efforcés de toujours donner, à mesure qu'on nous le
demande aussi, que ce soit lors des crédits ou que ce soit par des
rapports annuels d'autres organismes qui
relèvent du ministère de la Culture, toute l'information
nécessaire aux questions qui nous sont demandées, justement aux
fins d'une transparence absolue au niveau de la gestion du
ministère.
Maintenant, il y a des réponses qui sont des réponses
techniques, M. le Président, au retard du rapport annuel 1990-1991 du
ministère de la Culture, réponses techniques que nous allons
élaborer lors des questions. Par contre, c'est facile, M. le
Président, d'être ici et de dire: Ah oui, bon, les rapports sont
en retard, etc. Fait à noter, M. le Président, en 1976-1977,
alors que mon collègue était de ce côté-ci de la
Chambre, le rapport annuel du MAC a été déposé en
mai 1978, soit plus de six mois après le délai prescrit par la
loi. Et ce premier écart a été répété
l'année suivante.
Je suis certaine qu'ils avaient aussi, tout comme nous, de bonnes
explications pour le retard. Pour vous dire qu'il n'y a rien de parfait en ce
bas monde, mais qu'on se rejoint dans notre objectif, si on veut, et encore, de
faciliter l'exercice des responsabilités de l'Assemblée
nationale.
Je veux aussi dire que, quant au Conseil consultatif de la lecture et du
livre, d'abord, le Conseil consultatif de la lecture et du livre est un
organisme bénévole. Le budget annuel du Conseil consultatif de la
lecture et du livre est de 900 $ par année - par année - sans
secrétariat, et il est rédigé par ces même
bénévoles qui, tout comme les 32 000 bénévoles du
réseau de la culture, donnent de leur temps, justement, pour voir
à ce que l'application de la loi sur le livre soit finalement non
seulement bien appliquée, mais qu'il y ait aussi des retombées
pratico-pratiques dans le milieu. Donc, ils analysent, en
général, ce qui se passe au niveau des bibliothèques, le
développement des réseaux de bibliothèques, ce qui se
passe aussi au niveau de la lecture et du livre, de l'achat du livre dans les
réseaux scolaires, etc. Donc, quant au rapport du Conseil consultatif,
je pense que c'était normal de préciser qu'est-ce que le Conseil
consultatif de la lecture et du livre.
M. le Président, je pense que je serais prête à
répondre aux questions parce que nous avons une réponse
très factuelle et très technique quant au retard du rapport du
ministre.
Autre chose aussi, M. le Président, avant de clore, c'est que le
Conseil consultatif donne toujours son rapport après le
dépôt du rapport annuel du MAC. Effectivement, nous sommes, en
théorie, 15 jours en retard. Donc, c'est normal que le rapport du
Conseil consultatif soit déposé après. Et ça, c'est
de tradition. Par contre, vous allez voir que nos explications vont
probablement vous satisfaire.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Joliette.
Discussion générale
M. Chevrette: Non, M. le Président, les explications ne me
satisfont pas. Si vraiment... Je reconnais, moi, que le Conseil consultatif de
la lecture et du livre peut avoir des obligations légales qui sont
inappropriées par rapport aux ressources qu'il a. Je suis prêt
à concevoir ça, moi. Donc, qu'on change les obligations
légales qu'on leur fait. Si le législateur se rend compte qu'on
crée une obligation législative qui ne correspond pas aux
capacités de faire, son premier rôle, c'est de la changer.
Mais comment peut-elle expliquer qu'elle l'a en main depuis le 30 juin
1991, le rapport, puis qu'elle ne la pas déposé? Parce que la
lettre adressée à Mme Frulla-Hébert par Mme Michelle
Provost est datée du 30 juin 1991 puis elle l'a déposée en
mars 1993. Est-ce que c'est la faute du Conseil consultatif ou de la
ministre?
Mme Frulla: Premièrement, fait à noter, les deux
lettres qui sont au début du rapport du Conseil consultatif sont des
directives du ministère des Communications. Au niveau du
dépôt des rapports, nous n'avons jamais eu la lettre, et je vais
vous expliquer pourquoi. C'est que, comme je le disais tantôt, le rapport
du Conseil consultatif est déposé après le rapport du MAC,
parce que ce dernier contient l'essentiel des informations du rapport. (10 h
40)
En 1990-1991, nous avons déposé notre rapport annuel le 17
octobre 1991. Quelques jours après, le secrétaire du
ministère quittait, je dois vous dire, et il s'est assuré, avant
de quitter, du dépôt du rapport annuel du MAC, mais a omis tout
simplement le suivi du rapport du Conseil consultatif de la lecture et du
livre. Maintenant, il y a eu un directeur par intérim, c'est vrai, un
secrétaire par intérim qui assurait quatre directions. Alors,
pour bien vous dire la vérité vraie, ici, en cette Chambre, c'est
que ce rapport-là, d'un organisme bénévole, 900 $ de
budget par année, est tombé entre deux chaises.
Nous, au ministère, on a été huit mois sans
secrétaire officiel. Le nouveau secrétaire a dû
restructurer aussi tous les services administratifs et s'est donné un
nouvel outil de gestion, ce qui explique le retard du rapport annuel du
ministère 1990-1991, et ça, j'y reviens. Donc, c'est à ce
moment-là qu'il a découvert l'omission du dépôt du
rapport annuel, finalement, du Conseil consultatif de la lecture et du livre.
Voilà l'explication. C'est que le rapport est tout simplement
tombé entre deux chaises, celui-là, dans ce cas-là
très précis.
Maintenant, au niveau du rapport 1990-1991 du ministère, nous
sommes quelques semaines en retard. Le ministère reçoit - et je
vais profiter de l'occasion pour mettre ça très, très
clair -10 000 demandes de toutes sortes. Nous sommes le ministère qui
recevons le plus de demandes de
tous les ministères et nous devons les considérer une
à une. Donc, 10 000 demandes de toutes sortes qui nécessitent pas
moins de 10 actions administratives par demande, qui génèrent 150
lettres types, qui totalisent 33 000 communications par année plus 8500
demandes de subventions qui originent de 2000 localisations différentes,
nécessitant plus de 800 engagements budgétaires. Bref...
M. Chevrette: C'est effrayant, l'ouvrage qu'elle a.
Mme Frulla: Non, non, non.
M. Chevrette: Mais, ça, ce n'est pas un rapport
d'activité. Elle aurait dû le déposer à temps, on
aurait tout su ça. La question qui était directe, c'était
technique.
Mme Frulla: Je m'excuse, mais j'explique, M. le
Président.
M. Chevrette: C'est une question très technique que je
vous ai posée. Il y a deux lettres dans deux rapports qui sont
datées du 30 juin 1991 et du 30 juin 1992. S'il y a eu une lettre et un
rapport le 30 juin 1991, comment ça se fait qu'il n'est pas
déposé en 1993? C'est les seuls motifs, le motif que ce soit
l'absence pendant huit mois d'un secrétaire associé ou d'un
secrétaire général du ministère... Je trouve que
ça prend du temps, en passant, dans un contexte où on recherche
la qualité immédiate. Mais, je vous avoue que les motifs... Que
ce soit une faute, on n'est pas là pour nécessairement lancer le
blâme, tout de suite, à qui que ce soit. C'est des réponses
sur le plan technique. Comment il se fait que...
Mme Frulla: C'est ce que je fais, M. le Président. Non, M.
le Président, je m'excuse...
M. Chevrette: Non, non. Vous êtes en train de
m'écrire un roman sur le nombre de lettres que votre ministère
écrit. Si le Loisir fait pareil... On sait que c'est des
ministères à clientèles. Allez voir la Santé et
allez voir maintenant l'Environnement, même, allez voir
l'Éducation, ils en écrivent, des lettres types, et un joyeux
paquet.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, Mme la ministre de la
Culture, si vous voulez conclure à la question, rapidement.
Mme Frulla: Premièrement, M. le Président, si on
veut avoir une réponse aux questions, on va donner une réponse
aux questions. Quand je vous dis que la réponse est technique, elle est
technique, et je vous donne une réponse technique. Vous ne m'avez pas
laissé finir. Ça, c'est au niveau du ministère.
Deuxièmement, au niveau du rapport du Conseil consultatif du
livre, je vous l'ai dit: première fois, une omission. Il ne faut quand
même pas faire un drame pour un organisme qui est bénévole
et ces pauvres gens là remplissent ça bénévolement.
La lettre, je ne l'ai pas eue. On s'est aperçu de l'omission, et nous le
déposons.
Le deuxième rapport, il vient 15 jours après le
dépôt du rapport 1990-1991 du ministère, et c'est ce que
nous faisons. Alors, contentez-vous des réponses.
M. Chevrette: ...me dit que la date n'est pas bonne sur les
lettres.
Mme Frulla: Je vous l'ai dit, la lettre de 1990-1991, je ne l'ai
pas eue. Je vous l'ai dit. On a pris conscience de l'omission, et nous le
déposons présentement.
Quant au ministère, je pense que celui-là est d'autant
plus important que, pour les registres, on donne la réponse. Ce que je
vous dis, c'est que, quand on est rendu à 35 000 dossiers pour 2200
documents différents... Ça prenait un système
informatisé. Le ministère était très peu
informatisé au niveau du secteur des milieux culturels. Donc, en
1991-1992, on a voulu nous donner un système intégré, et
c'est en janvier 1992 que les équipements informatiques sont
entrés au ministère.
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure, Mme
la ministre.
Mme Frulla: Finalement, c'est l'ensemble de ces outils techniques
qui fait en sorte que, maintenant, on n'est quand même pas en retard.
Deuxièmement, pour en revenir aux informations que nous donnons,
je vous donne la liste, ici: rapport annuel 1991-1992 de la Bibliothèque
nationale - tout est inclus dans le rapport annuel du ministère - la
Commission des biens culturels est ici aussi, 1991-1992, Commission de
reconnaissance des associations d'artistes, Régie de
cinéma...
M. Chevrette: Oui, mais ça, ça ne fait pas partie
de la réponse.
Mme Frulla: Donc, dans l'ensemble, ce n'est pas parce que les
gens de l'Assemblée, ici, ont manqué d'information. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, ceci met fin à
l'échange.
Une dernière question, M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Alors, M. le Président, si j'ai bien
compris, c'est la faute d'un secrétaire qui est parti, de l'informatique
qu'elle n'avait pas et du nombre de lettres qu'elle écrit.
Le Président (M. Bissonnet): Ceci met fin à cet
échange. Nous allons passer maintenant à la motion 10.
Des voix: Ha,ha, ha!
Le Président (M. Bissonnet): À l'ordre! Nous allons
poursuivre avec l'item 10. Il s'agit de la motion qui a trait au ministre des
Affaires internationales. Est-ce qu'il y a consentement pour déroger
à l'ordre de l'Assemblée, pour que le ministre de l'Environnement
intervienne au nom du ministre des Affaires internationales?
M. Chevrette: On ne peut pas aller au Mexique,
malheureusement.
Le Président (M. Bissonnet): II y a consentement.
Alors, M. le député de Joliette et leader de l'Opposition
officielle pour une période n'excédant pas cinq minutes.
Motion proposant que l'Assemblée statue
sur
la conduite du ministre des Affaires
internationales par suite du défaut de
déposer le rapport annuel de son
ministère
dans les délais prescrits
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Donc, par rapport même à la question
de privilège, M. le ministre de l'Environnement, qui est, pour
l'instant, ministre des Affaires internationales, normalement, ça aurait
dû être la date ultime et limite, parce qu'on n'a pas de feuille de
transmission et c'est difficile de savoir quand il aurait pu le
déposer... Mais, même là, il est en retard, parce que
ça aurait dû être le 10 mars, au moins, 1993, en supposant
qu'il aurait tout respecté et que vous n'auriez pas eu de lettre avant,
alors que le dépôt a eu lieu le 17 mars 1993.
C'est dommage, d'ailleurs, que le ministre, et je peux comprendre dans
les fonctions de cette nature-là... mais j'aurais aimé parler
pendant quelques minutes de la représentation du ministère des
Affaires internationales, en particulier dans les États
américains, concernant toute la mauvaise presse qu'on fait sur le
Québec concernant Hydro-Québec, concernant ce qui se passe. Je
pense que ça aurait pu être intéressant, avec le ministre
des Affaires internationales, de discuter de cet aspect-là
particulièrement, parce qu'il y a même des gens qui soutiennent
que le Québec a une faiblesse notée et notable dans la
défense des intérêts du Québec dans les États
américains. Également, ça aurait été
peut-être intéressant de regarder, par exemple, quels sont les
efforts faits pour améliorer notre potentiel d'exportation aux
Etats-Unis, en Asie, en Europe, pour améliorer les relations
diplomatiques avec la France, etc. Je pense que nous aurions pu discuter
quelques minutes avec le ministre, mais nous aurons l'occasion de nous
reprendre sans doute.
Mais ce qui est plus grave dans le cas précis, et je demande au
ministre de l'Environnement de le noter, c'est que le Vérificateur
général a été d'une grande
sévérité envers le ministère des Affaires
internationales. Par exemple, on dit, à la page 84, chapitre 3, du
rapport du Vérificateur général: Son rapport est
déposé avec plus d'un an de retard, «le dernier rapport
annuel du ministère, bien qu'il contienne certaines informations
pertinentes, renseigne peu sur les objectifs poursuivis et les résultats
atteints. Nous avons recommandé au ministère de déposer,
dans le délai prescrit, un rapport annuel définissant davantage
ses objectifs et comportant de l'information permettant d'apprécier sa
performance.» Dans ce cas précis, M. le Président, le
Vérificateur général a porté un jugement de valeur,
a fait des recommandations précises, et le résultat de tout cela,
il ne s'y conforme pas, d'aucune manière.
Donc, j'irai au niveau des dates. Et je vous ferai remarquer, pour le
bénéfice... Un rapport d'un ministère, regardez sous
quelle forme on l'a reçu en catastrophe le 17, même après.
Ça veut donc dire que, franchement, ce n'est quand même pas un...
J'espère que ce n'est pas un secrétaire qui est parti pendant
huit mois, que le rapport est tombé entre deux chaises, parce qu'il y a
beaucoup d'«entrechaises», d'après ce que je peux voir.
Depuis le début qu'on questionne, c'est: Tombé entre deux
chaises, il y a un rapport, il y a beaucoup d'ouvrage. La question de
privilège a eu un impact certain, là, quand on voit rentrer cela
sous forme de photocopies. L'objectif, c'est de démontrer que, dans ce
cas précis, au niveau des Affaires internationales en particulier, le
Vérificateur général avait été plus
sévère que dans bien d'autres ministères et qu'il a fait
des recommandations précises et que, dès la première
occasion, il y a récidive. (10 h 50)
Le Président (M. Bissonnet): M. le leader du gouvernement,
la parole est à vous.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, très
brièvement, M. le Président. Quant aux remarques
préliminaires du député de Joliette et leader de
l'Opposition officielle, je pense qu'il conviendra aisément avec moi que
l'actuel titulaire du ministère des Affaires internationales est
quelqu'un qui s'acquitte de sa tâche avec toute l'expérience que
lui confèrent de nombreuses années à l'Assemblée
nationale du Québec, tant sur les banquettes de l'Opposition officielle
que sur les banquettes ministérielles. Sa façon de
représenter le Québec à l'étranger faisait encore
l'objet d'articles de presse en tout début de semaine, ce qu'on pouvait
lire dans les journaux
internationaux: Le Mexique déroule le tapis rouge pour accueillir
le ministre des Affaires internationales du Québec. Je pense que les
étrangers reconnaissent que le Québec, que le premier ministre du
Québec a su nommer à ce poste le Québécois qui
était en mesure de mieux accomplir ces fonctions, et je tiens à
rendre hommage à mon collègue, le député de
Mont-Royal, qui s'acquitte très dignement de ses tâches.
En ce qui concerne les échéances dans lesquelles le
ministère des Affaires internationales a déposé devant
cette Assemblée nationale... Parce qu'il faut se le dire, le rapport, il
est déposé devant cette Assemblée nationale depuis le 17
mars. Il est vrai qu'il aurait dû, suivant les prescriptions de la loi du
ministère comme telle, être déposé sept jours avant,
soit le 10 mars. Je vais immédiatement informer le leader de
l'Opposition, parce qu'il m'a déjà prévenu qu'il
s'apprêtait à poser cette question: Est-ce qu'il y a eu des
échanges entre le cabinet et les fonctionnaires comme tels, les
sous-ministres? On m'a dit que le cabinet a reçu le rapport comme tel le
5 février 1993 et qu'il l'a déposé le 10 mars 1993,
à peu près un mois, le temps d'en faire une analyse.
On sait, lorsqu'on dépose, qu'il faut comme ministre être
en mesure de répondre à toutes les questions de l'Opposition. Et
consciencieux comme il l'est, le ministre des Affaires internationales,
lorsqu'il a déposé, était en mesure de répondre
à ces questions.
Maintenant, quant aux autres questions d'intérêt public
qu'a suscitées le député de Joliette, qui touchent toute
la question des exportations en Asie, en Europe, etc., je pense qu'à
l'occasion des crédits qui seront déposés aujourd'hui, il
y aura du temps d'alloué et l'Opposition pourra en demander pour
questionner le ministre des Affaires internationales qui, comme c'est son
habitude, se fera un plaisir de fournir toute l'information aux membres de
cette Assemblée nationale, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Des questions, M. le leader
de l'Opposition officielle?
Discussion générale
M. Chevrette: Si j'interprète bien les propos, les dates
fournies par le ministre de l'Environnement, c'est donc le sous-ministre qui ne
l'a pas remis à temps, en l'occurrence, parce que, si on calcule les
dates, il aurait dû le remettre le 30 septembre 1992, et vous m'avez
donné le 5 février 1993. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, c'est exact. Je pense que le
député de Joliette y a fait allusion tantôt. Il sait
déjà qu'il y a eu de la mutation de personnel au ministère
des Affaires internationales qui a fait en sorte que le poste du fonctionnaire
chargé de colliger, de rassembler, de préparer comme tel le
rapport annuel a été laissé vacant pendant une certaine
période, ce qui a occasionné ce délai de sept jours, mais
également sauvé des sous aux contribuables
québécois. Est-ce que le jeu, la balance des inconvénients
milite en faveur du ministre ou du député de l'Opposition...
M. Chevrette: Le ministre ne répond pas à ma
question.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...c'est à l'ensemble de la
population d'en juger.
M. Chevrette: Vous n'êtes pas à la période de
questions, M. le ministre. Ce que je vous ai demandé: Dois-je
interpréter, si vous avez vous-même donné la date du 5
février 1993 comme dépôt par le sous-ministre au ministre,
que c'est là qu'il y a faute? Je comprends qu'il aurait pu arriver quand
même au 7 mars, mais oublions du 7 au 17 ou du 10 au 17. La date limite
qui est faite à la machine, à l'appareil administratif, c'est le
30 septembre 1992 pour donner précisément le temps au ministre,
entre le 30 et l'obligation du six mois qui est donnée à peu
près partout, de réviser, de corriger, d'apprendre toutes les
réponses aux questions qui pourraient être soulevées par le
rapport. Donc, l'appareil a fourni à M. Ciaccia, en l'occurrence, le
rapport avec quelques mois - septembre, octobre, novembre, décembre,
janvier, février - quelque cinq mois de retard.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Techniquement, M. le leader de
l'Opposition, vous avez identifié deux fautes: une première, qui
est imputable à ce qu'on appelle la machine administrative, et je viens
d'expliquer la raison qui a occasionné ce délai au
ministère des Affaires internationales, l'absence ou la mutation du
fonctionnaire chargé d'affecter ces tâches, ce qui a
occasionné des économies comme telles pour les contribuables; la
deuxième faute, celle imputable - et je pense que je peux dire qu'il en
prend la responsabilité - au ministre qui a déposé sept
jours en retard, suivant les dispositions de la loi. Il voulait être en
mesure de répondre, consciencieux comme il l'est, à toutes les
questions de l'Opposition officielle.
Maintenant, on m'indique que le sous-ministre en titre a donné
des instructions sévères au niveau de l'appareil administratif
pour qu'au cours de l'année prochaine les parlementaires se voient
dotés de cette information dans les délais prescrits par la loi
et qu'on n'ait pas à vous retenir, M. le Président, sur ce
fauteuil pendant de longues heures pour fournir des explications qui
apparaissent très plausibles à la population qui nous
écoute.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Je suppose que le sous-ministre lui-même s'en
est donné une au niveau du suivi qu'il a à faire auprès de
ses fonctionnaires.
Ceci dit, je profiterais de la présence du leader pour lui
demander qu'est-ce qu'il fait lorsqu'il reçoit des lettres de
transmission à l'Assemblée nationale des différents
rapports? Est-ce qu'il y a quelqu'un à son cabinet qui est
chargé, par exemple... Parce qu'on remarque qu'il y a des lettres qui
arrivent à la présidence de l'Assemblée nationale disant
«je vous transmets le rapport». Deux, trois, quatre mois et ce
n'est pas déposé. Est-ce que c'est dans les
responsabilités - je ne le sais pas, je pose la question parce que je
l'ignore complètement - du leader de voir, par exemple...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans la tradition - je pense que
j'ai suivi là la tradition de mes prédécesseurs de quelque
formation politique - le bureau du leader sert strictement de courroie de
transmission. Nous sommes au service des ministériels qui ont des
documents à déposer, compte tenu que les ministères n'ont
souvent pas de bureaux physiques à l'Assemblée nationale comme
telle, de façon à pouvoir s'assurer que, dès que le
dépôt est effectue, tous les membres puissent en avoir une copie.
On sert de lieu d'entreposage parfois, et ça nous fait plaisir
d'accommoder nos collègues, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, ceci met fin à
l'échange...
M. Chevrette: Mais il y a...
Le Président (M. Bissonnet): Non? Une petite question, M.
le député de Joliette?
M. Chevrette: Oui, une dernière. Est-ce que, pour des
raisons stratégiques, il n'y a pas de rapports qui pourraient dormir sur
les tablettes, par exemple?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Je pense que, pour avoir
vérifié, la tradition veut - et c'était là la
même habitude qu'avaient tous mes prédécesseurs - que nous
soyons à la disposition des ministres. Parfois, le ministre peut nous le
faire parvenir une journée et nous indiquer que, pour des raisons
d'intérêt public, il sera absent de l'Assemblée nationale,
qu'il préfère attendre une semaine, etc. Comme je lai
indiqué, nous nous faisons un plaisir d'accommoder nos
collègues.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, ceci met fin à
cet échange.
Nous allons passer maintenant aux motions 14,15...
M. Chevrette: Après la présente - nous allons
procéder avec l'étude de celles-ci - je demanderai un
ajournement. J'en ai parlé au leader.
Le Président (M. Bissonnet): Une petite suspension,
ça va. Après Mme la ministre...
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Bissonnet): O.K. Alors, les motions 14,
15, 16, concernent Mme la ministre de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur et de la Science, et également les motions 20 et 21,
qui concernent le président du Conseil supérieur. En vertu de
l'article 6, de l'ordre de la Chambre, c'est Mme la ministre qui prendra la
parole sur ces motions. C'est une période de cinq minutes pour les cinq
rapports.
M. le député de Joliette et leader de l'Opposition, la
parole est à vous.
Motion proposant que l'Assemblée statue
sur
la conduite de la ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science et de
l'Éducation
par suite du défaut de déposer des
rapports
annuels relevant de son champ de
compétence
dans les délais prescrits
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Bon, M. le Président, c'est la ministre qui
est la plus en retard: cinq rapports en retard. Donc, M. le Président,
on va y aller un par un. C'est possible qu'on déborde les cinq minutes,
à cause des cinq, là, vous comprendrez, et d'ailleurs la
souplesse était prévue en ce sens.
Le Président (M. Bissonnet): La présidence exercera
son jugement, M. le député.
M. Chevrette: Comme je sais que vous en avez, M. le
Président, je ne suis pas inquiet. Donc, tout d'abord, M. le
Président, prenons le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science. À l'article 13, je pense qu'il y a
une obligation de faire, dans la loi créant le ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science, qui est claire. Ce qui me
frappe dans ce dossier, c'est que la lettre de transmission est uniquement du 4
janvier. L'erreur n'est pas tellement au niveau de la ministre, dans les
circonstances, mais du sous-ministre qui avait une obligation de faire dans les
30 jours... dans les 6 mois, excusez, donc le 30 septembre. Et on se rend
compte que le rapport a été acheminé à la ministre
exclusivement en janvier. J'aimerais connaître les motifs, bien
sûr, de ce retard dans la transmission du sous-ministre à la
ministre. C'est en janvier, selon les dates que nous avons,
en tout cas. (11 heures)
L'Université du Québec. On a un rapport de 1991 et de
1992, mais ce qu'il y a de particulier pour l'Université, je vais vous
la lire, la loi constituante. Article 25: «L'Université doit,
chaque année, transmettre au ministre un rapport de ses
activités, y compris celles des universités constituantes,
instituts de recherche et écoles supérieures; le ministre
dépose ce rapport à l'Assemblée nationale sans
délai.»
Pas de délai. C'est vite. Ça doit être très
rapide. Donc, le premier rapport a été transmis à la
ministre le 11 décembre 1991, donc, normalement, il aurait dû
être déposé le 12 décembre 1991, ou dans les
quelques jours, à supposer que c'est envoyé par la poste. Pour
l'autre, c'est la même loi, naturellement. Il a été
acheminé à la ministre le 14 décembre 1992, et on a
siégé jusqu'au 21. Donc, là encore. Mais la prescription
légale, il n'y en a pas là, il n'y a pas de délai de six
mois d'accordé pour qu'elle en prenne connaissance. C'est un rapport
d'une structure. C'est un ministre de tutelle, à toutes fins
pratiques.
Conseil supérieur de l'éducation. Ça, je vous
avoue, il n'y a pas de date limite dans la loi, non plus, mais là, c'est
vraiment le président. D'ailleurs, je vais vous citer un passage du
président tantôt. On voit très bien qu'il y a un retard ici
du président. Ça aurait été intéressant de
l'avoir avec nous, d'ailleurs, pour qu'il puisse nous l'expliquer, lui qui est
habitué à négocier des clauses précises,
anciennement, de conventions collectives. J'aurais pu lui parler de la
«taylorisation» des conventions collectives, comme il cite dans son
rapport du Conseil supérieur de l'éducation. J'aurais eu plaisir,
je pense, à échanger avec un ex-collègue de la CEQ sur un
paragraphe, entre autres, qui m'a fait...
Je suppose que la ministre partage son point de vue. À la page 14
du rapport du Conseil supérieur de l'éducation, c'est
intéressant de lire: «La "taylorisation" des tâches et la
"monnayabi-lité" des interventions éducatives se sont
imposées peu à peu. L'administration des conventions collectives,
avec son degré de sophistication et de technicité
élevé, a pris beaucoup d'espace dans les préoccupations
des gestionnaires.» C'est bien dit, ça.
Quand on connaît M. Bisaillon, qui a été
probablement celui qui a sophistiqué le plus les conventions
collectives, qui a contribué à les rendre aussi complexes, je lui
aurais rappelé qu'il m'a déjà dit des choses au moment
où je suis entré en politique, et qui me disait que j'avais
changé. J'aurais aimé discuter avec lui de son changement, parce
que, s'il y avait une chose dont on... Quand on sort d'un système ou
d'un réseau et qu'on remarque, qu'on étudie, bien souvent on se
rend compte, effectivement, qu'on raffine tellement les formules qu'on en vient
à travailler en fonction des formules et non pas nécessairement
en fonction du système comme tel. Mais, dans son cas, ça
s'explique mal, également, le retard à transmettre le rapport.
C'est 11 mois de retard, si ma mémoire est fidèle, dans son cas.
La ministre a sans doute des explications à donner, mais, dans son cas,
c'est 11 mois de retard.
Il reste également... C'est le même, il y en a deux en
retard, c'est ça. Donc, je vais vous laisser vos cinq minutes.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur et de la Science, la
parole est à vous.
Mme Lucienne Robillard
Mme Robillard: Merci, M. le Président.
Alors, je reprendrai, de fait, chacun des cinq rapports qui sont mis sur
la table par l'Opposition.
Premièrement, le rapport annuel du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Je pense qu'il faut regarder
très bien l'article 13, tel qu'il est libellé, qui
spécifie que, de fait, le rapport doit être déposé
à l'Assemblée nationale pour chaque exercice financier, dans les
six mois de la fin de l'exercice si l'Assemblée siège et, si elle
ne siège pas, dans les 30 jours de l'exercice suivant.
Alors, si on prend les six mois de délai, M. le Président,
nécessairement ça nous mène au 31 septembre, à la
fin de l'exercice financier, n'est-ce pas? du 31 mars au 31 septembre. La
Chambre ne siège pas le 31 septembre, et donc, à ce
moment-là, on se réfère à la deuxième partie
de l'article 13 qui dit: Dans les 30 jours suivant l'ouverture de la session.
On va se rappeler que la session régulière a ouvert le 24
novembre et elle a terminé le 21 décembre.
M. Chevrette: Du 4 au 16 septembre.
Mme Robillard: Ça veut dire 27 jours. Donc, il restait 3
jours de session, et j'ai déposé le rapport le 10 mars 1993.
M. Chevrette: ...travaillé du 4 au 16 septembre.
Mme Robillard: Je m'excuse. Je m'excuse, M. le Président,
je vais finir mon explication.
Le Président (M. Bissonnet): Oui, allez-y, terminez,
prenez votre temps.
Mme Robillard: Et donc, j'ai déposé le rapport le
10 mars 1993 - et je parle toujours des sessions régulières - et
donc à l'intérieur des 30 jours.
Ceci étant dit, M. le Président, je veux lever toute
ambiguïté ici, étant donné les affirmations de
l'Opposition. Il ne s'agit pas ici
d'une erreur du sous-ministre, loin de là; le sous-ministre
m'avait soumis le rapport annuel dans le courant de l'automne. J'ai
moi-même demandé des corrections à ce rapport annuel, et
c'est pourquoi il m'est revenu au début du mois de janvier. J'ose
espérer qu'on va être d'accord à ce que la ministre prenne
le temps de regarder le rapport annuel avant de donner son autorisation
à sa publication et au dépôt à l'Assemblée
nationale.
Quant au deuxième, M. le Président, on arrive au dossier
de l'Université du Québec. De fait, au niveau de la loi, de
l'article 25, c'est un dépôt sans délai à
l'Assemblée nationale. Le premier rapport, qui se termine le 31 mars
1991, j'ai reçu ce rapport-là, la transmission m'a
été faite au niveau du 11 décembre 1991, M. le
Président, et, à ce moment-là, il y a eu un
problème d'aiguillonnage, je dirais. De fait, le dossier, je ne l'ai pas
déposé officiellement à l'Assemblée nationale, mais
il faudrait regarder un petit peu quel est l'objet de la motion de l'Opposition
quand on dit qu'on a fait outrage aux parlementaires, parce qu'au même
moment, le 11 décembre, l'Université du Québec a fait
parvenir à l'Assemblée nationale, au service des messageries - et
j'ai une lettre qui le prouve, M. le Président - 110 exemplaires du
rapport annuel pour tous les parlementaires. Donc, bien qu'il ne fut pas
déposé officiellement par la ministre, il a été
transmis à chacun des parlementaires à ce stade-là. Si
vous me le permettez, M. le Président, je déposerai cette
lettre-là.
Le Président (M. Bissonnet): Consentement pour le
dépôt du document?
M. Chevrette: Oui.
Document déposé
Le Président (M. Bissonnet): Consentement. Le document est
déposé.
Mme Robillard: Quant au deuxième rapport de
l'Université du Québec, M. le Président, bien que la date
de transmission est inscrite, le 17 décembre, la date de la transmission
du rapport à la ministre de l'Enseignement supérieur, il faut
toujours regarder la date qui est sur la lettre de transmission, mais la date
de réception aussi au niveau du cabinet de la ministre. Alors, j'ai la
preuve ici, M. le Président, que le rapport a été
reçu le 22 décembre à mon cabinet, et la Chambre avait
ajourné à ce moment-là, ce pourquoi le rapport a
été déposé le 10 mars 1993.
Donc, nous sommes dans les délais, M. le Président, au
niveau de ce rapport-là, et je vais déposer la preuve comme quoi
ce rapport a été reçu à mon cabinet le 22
décembre.
Le Président (M. Bissonnet): Consentement pour
déposer le document?
M. Chevrette: Oui.
Document déposé
Le Président (M. Bissonnet): Consentement. Les documents
sont déposés.
Mme Robillard: Quant au dernier sujet qui concerne le Conseil
supérieur de l'éducation, c'est une situation tout à fait
particulière, même au plan légal, pour la Loi sur le
Conseil supérieur de l'éducation, qui ne précise pas...
Contrairement à tous les ministères et les organismes, la Loi sur
le Conseil ne précise pas que c'est l'année budgétaire qui
sert de cadre au rapport annuel et la loi ne prévoit pas non plus de
délai pour déposer le rapport annuel à l'Assemblée
nationale.
Maintenant, quand on regarde la pratique, au fil des années, on
s'aperçoit que le Conseil supérieur, à ce
moment-là, s'est aligné traditionnellement sur l'année
scolaire et non pas sur l'année budgétaire, et je pense que c'est
tout à fait normal qu'un Conseil supérieur s'aligne sur ce
délai-là. (11 h 10)
Maintenant, cette année, ce rapport a été
déposé en mars 1993 parce que, exceptionnellement, le Conseil
supérieur de l'éducation était à la
rédaction d'un rapport fort important, encore plus important que son
rapport annuel, suite à une demande d'avis de la ministre de
l'Enseignement supérieur sur les objectifs de l'enseignement
supérieur pour l'an 2000, et c'est dans ce contexte-là que le
rapport annuel m'a été transmis et que je l'ai
déposé au mois de mars 1993.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la ministre.
Quelques questions, M. le leader de l'Opposition officielle?
Discussion générale
M. Chevrette: M. le Président, la ministre est en train de
justifier d'elle-même les illégalités, sous prétexte
qu'il y a de l'importance...
Je m'excuse, mais ce n'est pas de même que ça marche quand
tu es ministre. Si l'obligation de faire ne cadre pas avec les prescriptions
juridiques, qu'est-ce que tu fais quand tu es ministre et que tu es
responsable? Tu changes tes prescriptions juridiques, mais tu n'essaies pas de
les justifier. Je trouve ça bien drôle.
J'écoutais M. le ministre des Affaires municipales qui a
assumé ses responsabilités tantôt en disant: Je reconnais
que... C'est là que tu vois la différence entre des ministres
partisans, qui cherchent à tout justifier, y compris la justification de
l'illégalité, en fixant des priorités d'application de
commandes au détriment de la légalité. Je vous avoue que
je comprends bien
des choses, à ce moment-là. Je comprends qu'on peut avoir
un éventail de cinq rapports en retard.
L'obligation légale, ce n'est pas de dire qu'il y a un messager
qui est passé à l'Assemblée nationale, c'est que la
ministre n'a pas déposé son rapport de 1991 en Chambre. Ce n'est
pas une justification, ça. À plus forte raison, si elle le sait.
Si elle est capable de déposer une lettre de messager comme quoi il y a
eu des copies ici et qu'elle n'est pas capable de le déposer en Chambre,
on ne fera pas des enfants forts avec ça.
Sur le plan légal, pourquoi ne l'a-t-elle pas
déposé? C'est ça, la question. Pourquoi ne l'avez-vous pas
fait, si vous saviez que vous aviez une obligation légale de le faire?
La vraie question, c'est ça. N'essayons pas de justifier en disant que
vous aviez demandé à M. Bisaillon, par exemple, au Conseil
supérieur de l'éducation, un autre rapport. Ça veut donc
dire que c'est vous qui l'empêchez d'accomplir légalement les
responsabilités que vous avez vous-même conféré de
faire, par les lois. L'obligation de faire, c'est quoi?
Le Président (M. Bissonnet): Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, rapportons-nous aux faits
et aux articles de loi. Alors...
M. Chevrette: Oui. On va les prendre un par un et on va les
faire.
Mme Robillard: Ne faisons pas de préjugés. Alors,
la Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation, M. le
Président, encore une fois, je répète que dans la loi, le
cadre du dépôt n'est pas fixé sur l'année
budgétaire. Ce n'est pas précisé, donc, dans la Loi sur le
Conseil supérieur de l'éducation, et, en même temps, il n'y
a pas de délai non plus de prescrit dans la loi. On parle du
dépôt d'un rapport annuel. Il n'y a pas de délai, en tant
que tel, de prescrit à l'intérieur de la Loi sur le Conseil
supérieur de l'éducation.
Quant à la Loi sur l'Université du Québec, j'ai
très bien reconnu que, dans l'article 25 de la loi, c'était dit:
sans délai. J'ai très bien reconnu ne pas l'avoir
déposé à l'Assemblée nationale. Mais, en même
temps, je dis que le rapport a été distribué aux
parlementaires.
M. Chevrette: En 1991.
Mme Robillard: C'est ce que j'ai affirmé, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Prenons 1991, pourquoi ne l'avez-vous pas
déposé?
Mme Robillard: Je vous ai dit qu'en 1991 il n'a pas
été déposé à l'Assemblée
nationale...
M. Chevrette: Pourquoi?
Mme Robillard: ...et qu'il y a eu un problème au niveau de
mon ministère que je ne peux pas cerner, M. le Président.
Il n'a pas été déposé. Il y a eu une erreur
qui a été faite. Elle a été reconnue, mais
ça n'a pas porté ombrage à l'exercice des
responsabilités des parlementaires, d'autant plus qu'ils l'avaient
reçu.
M. Chevrette: Ça, c'est vous qui le dites. Mme
Robillard: C'est ce que j'ai dit.
M. Chevrette: C'est vous qui le dites. Ce n'est pas la question
qu'on vous pose.
Mme Robillard: Ils l'ont eu en main.
M. Chevrette: On vous demande les motifs, madame. Si
c'était à la commission de l'Assemblée nationale, on ne
vous laisserait même pas répondre, dans le processus de
règlements qu'on a adoptés.
La question qu'on vous pose, c'est relatif à l'omission.
L'omission, c'est que vous ne l'avez pas déposé. La question, ce
sont les motifs, pas la justification de votre geste, ce sont les motifs. Quels
sont les motifs?
Mme Robillard: M. le Président, j'ai très bien
précisé qu'il y a eu une erreur que je qualifierais d'erreur
humaine. Et je pense qu'on peut très bien comprendre cette
erreur-là. Dans l'ensemble des dépôts de rapports annuels
que je reçois au niveau de mon cabinet, je reçois aussi les
rapports annuels de l'ensemble des universités
québécoises. Et, comme vous le savez, c'est la seule
université pour laquelle il y a une obligation légale de le
déposer à la Chambre. Alors, il y a eu une erreur humaine qui
s'est produite à ce moment-là. Donc, il n'y a pas eu
dépôt, et je le reconnais. Je dis, en même temps, que les
parlementaires l'ont eu en 1991, ce rapport-là, et à nouveau
cette année, quand je l'ai redéposé. C'est tout ce que
j'affirme, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Dernière question, M.
le député.
M. Chevrette: Maintenant, M. le Président, en ce qui
regarde le dépôt... On a cinq rapports, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): Vous pouvez y aller.
M. Chevrette: En ce qui regarde le dépôt
du ministère, vous avez toujours répondu... Les sessions
régulières, qui vous renseigne là-dessus? Est-ce que vous
vous souvenez qu'on a siégé du 4 au 16 septembre?
Mme Robillard: Oui, je me souviens qu'on a siégié
en session extraordinaire.
M. Chevrette: Bon. Est-ce que vous savez que la même
session régulière - pour vous montrer que ça ne peut pas
être là-dessus - c'est que, cette année, on a
siégé du 24 novembre et non pas du deuxième mardi
d'octobre, contrairement à l'habitude, et que les délais, les
délais impartis, c'est des délais de 30 jours de session qu'on
siège et non pas...
Ce n'est pas marqué «régulière», c'est
«reprise des travaux». Je ne sais pas si c'est vos juristes au
ministère de l'Enseignement supérieur qui vous conseillent,
là, mais ils sont dans les carottes, parce que c'est les jours qu'on
siège, et on a siégé du 4 au 16 septembre. Donc, ça
tient compte de ça...
Une voix: Une session extraordinaire.
M. Chevrette: ...comme... Ça ne change rien, on
siège. Ce n'est pas marqué «session
régulière» dans la loi.
Une voix: C'est ça.
M. Chevrette: Ce n'est pas marqué. C'est marqué:
«À la reprise des travaux». Le premier ministre peut en tout
temps changer la réglementation, sur simple convocation; c'est un
pouvoir délégué au premier ministre. Donc, vous avez
été mal renseignée, certain.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la ministre.
Mme Robillard: Alors, moi, je considère qu'on a
siégé en session régulière à partir du 24
novembre jusqu'au 21 décembre. Là, on voit bien que ça
totalise 27 jours...
M. Chevrette: Donc, vous...
Mme Robillard: ...alors, c'est pour ça...
M. Chevrette: ...vous fixez vos propres règles
d'interprétation et vous fonctionnez par vous-même.
Mme Robillard: Absolument pas, je regarde les faits. Avons-nous
siégé en session régulière à partir du 24
novembre?
M. Chevrette: Où est-ce que c'est marqué
«régulière»...
Mme Robillard: Oui...
M. Chevrette: ...quel article de la loi dit que c'est
marqué «session régulière», madame? Tout en
étant immaculée dans votre raisonnement, là, pourriez-vous
me dire sur quel article de loi vous...
Mme Robillard: Monsieur...
M. Chevrette: ...vous basez pour...
Mme Robillard: M. le Président...
M. Chevrette: ...dire que vous voyez les mots «session
régulière»?
Le Président (M. Bissonnet): Question d'opinion.
Mme Robillard: ...je pense que c'est...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lis l'article.
Mme Robillard: M. le Président, ce qui est le plus
important, c'est que le rapport a été déposé...
M. Chevrette: C'est quel article?
Mme Robillard: ...le 10 mars à l'Assemblée
nationale.
M. Chevrette: Quel article, madame?
Mme Robillard: N'est-ce pas?
M. Chevrette: Quel article?
Une voix: On a eu des engagements...
Mme Robillard: Je pense que ça a été clair
pour l'ensemble des parlementaires qu'au mois de septembre ça a
été une session extraordinaire...
M. Chevrette: Oui, mais quel article... Mme Robillard:
...hein? M. Chevrette: ...de votre loi... Une voix: Une
tradition.
M. Chevrette: ...vous parle de session régulière,
madame?
Mme Robillard: Je pense que tout le monde a compris ce qui se
passait au niveau du Parlement, une session extraordinaire au mois de septembre
et une session régulière au mois de décembre. Mais ce dont
il s'agit ici, M. le Président, c'est le dépôt du rapport
annuel, qui a été déposé le 10 mars 1993 en cette
Chambre.
M. Chevrette: Mais, madame, à l'article 13,
est-ce que vous trouvez la notion de session régulière?
Où vous trouvez ça?
Mme Robillard: «Si l'Assemblée est en
session».
M. Chevrette: Oui, mais «session»...
«session», c'est marqué extraordinaire, ordinaire ou...
C'est quoi?
Une voix: En principe, c'est régulière.
M. Chevrette: C'est laquelle? Est-ce que vous pouvez me donner un
article? Parce que si vous voulez vous faire justice vous-même... Est-ce
que vous pouvez me donner un article? M. le Président, c'est la ministre
qui a à répondre aux questions. Elle avance des choses...
Le Président (M. Bissonnet): II n'y a personne d'autre qui
veut parler, il y a vous et la ministre.
M. Chevrette: ...je vous demande à quel article de notre
loi ou de sa loi on parle de session régulière.
Mme Robillard: L'article 13 précise, M. le
Président, que le rapport doit être déposé si...
dans les six mois de la fin de cet exercice, si l'Assemblée est en
session ou, si elle ne siège pas, dans les 30 jours de l'ouverture de la
session suivante ou de la reprise des travaux. Très bien, l'article
13...
M. Chevrette: Est-ce que Mme la ministre sait, M. le
Président, que «session», là, si on se fiait
là-dessus, ce serait...
Une voix: À chaque fois.
M. Chevrette: ...il faut aller au discours inaugural. «ou
la reprise des travaux... de ses travaux»: «travaux»,
là, «c'est-tu» marqué «extraordinaire»,
«en session extraordinaire», ou «en session
régulière»?
Une voix: C'est le gros bon sens.
M. Chevrette: Non, non, il n'y a pas de gros bon sens...
Une voix: Bien oui.
M. Chevrette: ...c'est ça. Le plan juridique, là,
c'est que vous...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II faut le retenir.
M. Chevrette: ...avez une obligation juridique, et la reprise des
travaux, là, ça a été quand, la reprise des travaux
des parlementaires, au... cette année? La reprise des travaux.
Mme Robillard: Cette année, on a recommencé au mois
de mars.
M. Chevrette: Donc, il n'y a pas eu de travaux le 4...
Mme Robillard: Cette année, en 1993...
M. Chevrette: Non, mais en 1992...
Mme Robillard: ...en 1993.
M. Chevrette: ...il n'y a pas eu de reprise des travaux?
Une voix: L'année passée.
M. Chevrette: Du 4 au 16...
Mme Robillard: L'année passée.
M. Chevrette: Du 4 au 16 septembre...
Mme Robillard: II y a eu une session...
M. Chevrette: ...il n'y a pas eu de travaux parlementaires?
Mme Robillard: II y a eu une session extraordinaire.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a eu des travaux parlementaires?
Mme Robillard: II y a eu une session extraordinaire au niveau
de...
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a eu des travaux parlementaires?
Mme Robillard: ...au niveau de la Chambre. M. Chevrette:
Mais on a travaillé?
Mme Robillard: On a eu une session extraordinaire.
M. Chevrette: Est-ce qu'on a travaillé?
Mme Robillard: J'espère, M. le député de
l'Opposition.
M. Chevrette: Elle joue à la fin-fine, à la
fi-fine, là, M. le Président, et je n'ai pas l'intention du
tout...
Des voix: Ah, ah, ah...
M. Chevrette: Elle veut jouer au fin-fin.
Mme Robillard: M. le Président, c'est...
M. Chevrette: Elle se fait justice elle-même...
Mme Robillard: Non, ce n'est pas...
M. Chevrette: ...et c'est ça qu'on appelle...
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît.
M. Chevrette: C'est pour ça, M. le Président, qu'on
a une différence entre des...
Le Président (M. Bissonnet): Pas de débat, pas de
débat...
M. Chevrette: ... hommes politiques comme... de la trempe du
député...
Le Président (M. Bissonnet): II est permis...
M. Chevrette: ...d'Argenteuil par rapport à vous...
Des voix: Ah! Ah!
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Joliette, s'il y a des questions...
M. Chevrette: ...des petites politiciennes.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît.
Alors, ceci met fin à cet échange, et je vais suspendre
les travaux pour quelques instants de cette commission
plénière.
(Suspension de la séance à 11 h 20)
(Reprise à 11 h 39)
Le Président (M. Bissonnet): La commission
plénière reprend ses travaux.
Motion proposant que l'Assemblée statue
sur
la conduite du ministre des Affaires
intergouvernementales canadiennes par suite
du défaut de déposer le rapport des
activités
de son ministère dans les délais
prescrits
Nous en sommes maintenant à la motion 17. Conformément
à l'ordre de la Chambre, M. le député de Viger, adjoint
parlementaire au ministre, parlera en son nom, tel que l'entente de l'ordre de
la Chambre à l'article 5. Ce sont les mêmes dispositions: cinq
minutes de chaque côté et quelques questions.
M. le député de Joliette et leader de l'Opposition
officielle. (11 h 40)
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, M. le Président.
Ce rapport a été déposé le 9 mars, mais,
à notre point de vue, il est en retard à deux titres. D'abord, il
fut transmis au ministre par la sous-ministre en décembre 1992, soit
avec trois mois de retard. Le ministre, l'ayant reçu en décembre,
aurait dû, selon l'article 4.1 de la loi sur le Conseil exécutif,
le déposer immédiatement, soit avant le 21 décembre
1992.
Dans la lettre de transmission, d'autre part, on dit décembre
1992, mais on n'avait pas de date précise. Dans le rapport, c'est
signé par Mme Diane Wilhelmy, Québec, décembre 1992. Il
aurait donc été transmis par Mme la sous-ministre à M. le
ministre Rémillard. Du moins, c'est ce qu'on retrouve dans le rapport,
mais c'est marqué décembre 1992 et non pas de date. Ça
fait toute une différence si c'est le 12 ou le 22, et si vous avez une
lettre de transmission, j'espère qu'on l'aura, parce que le ministre
lui-même le transmet au président de l'Assemblée nationale
en décembre 1992 également. C'est à se demander pourquoi
il ne l'a pas déposé.
Il est bien évident que l'adjoint parlementaire sera sans doute
en mesure de nous parler pendant quelques minutes, quelle est la nouvelle
politique constitutionnelle du gouvernement, à ce moment-là,
suite au référendum d'octobre 1992. On doit trouver, à ce
moment-là, dans les rapports et les documents officiels, la nouvelle
politique constitutionnelle de son gouvernement. L'évolution des
relations fédérales-provinciales, par exemple, dans les secteurs
de la main-d'oeuvre, du développement régional et de la
culture... On se rappellera toute la discussion qu'il y a eue entre le 4 et le
16 septembre, où Mme Frulla, l'actuelle ministre de la Culture, disait
qu'elle attendait de M. Mulroney, et ce, avant qu'il ne quitte, disait-elle,
parce que tout mon rapport de force, c'est de signer une entente au plus vite
avec le premier ministre actuel du Canada qui est pour... Où est-ce
qu'on en est rendus dans le développement de ces négociations qui
devaient rapporter tellement d'argent que ça pouvait faire oublier tous
ces beaux principes de rapatriement des pouvoirs en matière de culture?
Je suppose qu'on pourra entendre parler de cela.
Également, l'effort consenti par le Québec aux
francophones hors Québec. Ce serait intéressant d'entendre
l'adjoint parlementaire qui, lui, sans doute, n'ayant pas l'habitude du
ministre et de patiner et de répondre à ces questions, ira droit
au but et répondra aux questions de façon très exacte,
très, très précise, n'ayant pas pris la déformation
de ne pas répondre aux questions. Je suis certain qu'on aura des
réponses correctes, des réponses solides, des réponses qui
nous renseigneront enfin, par exemple, sur ces points précis que j'ai
cités parce qu'il serait intéressant, vu que le rapport Allaire a
été mis de côté et que ce n'est plus une position
constitutionnelle gouvernementale, eh bien, de savoir laquelle...
Je pense que c'est la seule question, en
tout cas, qui mériterait tout de suite une réponse. Quant
aux autres, on va manquer de temps sans doute. Mais le fait de l'explicitation
de la nouvelle politique constitutionnelle de l'État va être de
nature à renseigner le Parlement sans doute. Les citoyens nous
demandent: Quelle est la nouvelle politique gouvernementale, maintenant, en
matière constitutionnelle de ce gouvernement? Est-ce qu'on trouve
écho et réponse à nos questions?
Le Président (m. bissonnet): m. l'adjoint parlementaire au
ministre délégué aux affaires intergouvernementales
canadiennes et député de viger. m. le député.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président.
J'aimerais d'abord préciser que j'interviens en tant qu'adjoint
parlementaire du ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes et
aussi en tant que député du comté de Viger. M. le
Président, dans ce contexte, je pense que la motion qu'on a devant nous,
elle a un certain sens dans le sens que les parlementaires devraient
probablement être exactement au courant de ce qui se passe à
l'intérieur des ministères et des organismes gouvernementaux.
Mais, cette remarque faite, M. le Président, j'aimerais
maintenant répondre justement au leader de l'Opposition relativement
à la motion qu'on a devant nous qui regarde le Secrétariat aux
Affaires intergouvernementales canadiennes, le rapport 1991-1992. Et cette
motion, d'après moi, M. le Président, présentée par
le leader, elle est complètement erronée dans le sens où
le rapport du Secrétariat aurait dû être
déposé, si on considère les six mois, le 30 septembre
1992.
On se rappellera, M. le Président, que le 30 septembre,
l'Assemblée nationale ne siégeait pas. Et compte tenu que
l'article 4.1 de la loi sur le Conseil législatif dit exactement... Je
vais vous le lire, M. le Président. Il dit exactement: Le ministre
responsable de l'application de la section II dépose à
l'Assemblée nationale un rapport des activités du
ministère reliées aux Affaires intergouvernementales canadiennes
pour chaque exercice financier dans les six mois de la fin de cet exercice si
l'Assemblée est en session, ou, si elle ne siège pas, dans les 30
jours de l'ouverture de la session suivante ou de la reprise de ses
travaux.
Alors, on se rappellera, M. le Président, que l'Assemblée
nationale a repris la session, a commencé la session le 24 novembre 1992
et qu'elle a terminé ses travaux le 21 décembre 1992. Alors, on
avait seulement 27 jours. Et, étant donné qu'on avait les 30
jours après les 6 mois, je pense que le ministre en question a
été dans les règles, parfaitement dans les règles
en déposant ce rapport le 9 mars 1993. C'a été fait 28
jours après que la session a recommencé le 24 novembre.
M. le Président, pour le mois de décembre, comme le disait
le leader de l'Opposition, c'est que le SAIC a reçu, de la part du
ministère des Communications, le 11 décembre, l'épreuve du
rapport. Le ministère a fait une épreuve corrigée qu'il a
renvoyée au ministère des Communications. Et c'est le 14 janvier
qu'on a reçu le rapport final de la part du ministère des
Communications. Et, par conséquent, étant donné que
c'était le 14 janvier, le ministre l'a déposé le 9
mars.
Et moi, je considère personnellement, M. le Président,
qu'on est parfaitement dans la règle et parfaitement dans la loi,
étant donné qu'elle nous donnait 30 jours après les 6
mois.
Discussion générale M. Chevrette: M. le
Président...
Le Président (M. Bissonnet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: ...on va tester au moins les connaissances
juridiques de l'adjoint parlementaire.
Est-il exact qu'en vertu de l'article 4.1 la sous-ministre doit
transmettre au ministre les rapports des activités du
ministère?
M. Maciocia: Le ministre est obligé de déposer,
à l'Assemblée nationale, les rapports du ministère et du
SAIC dans les 6 mois suivants la fin de l'année financière du
ministère si l'Assemblée siège. Si l'Assemblée ne
siège pas, le ministre a 30 jours pour le déposer par
après.
Nous, on a commencé à siéger le 24 novembre 1992,
on a terminé le 21 décembre 1992. On a repris le 9 mars et on l'a
déposé le 9 mars.
M. Chevrette: M. le Président, j'arrête le
député. Non, on va lire 4.1, M. l'adjoint parlementaire.
Le Président (M. Bissonnet): M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Maciocia: Oui.
M. Chevrette: Prenez l'article 4.1.
M. Maciocia: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que c'est marqué dans les six mois si
on siège ou si c'est marqué dans les six mois de la fin de
l'exercice financier?
M. Maciocia: c'est très clairement marqué que le
ministère des affaires intergouvernementales canadiennes, pour chaque
exercice financier, dans les six mois de la fin de cet exercice...
M. Chevrette: Bon.
M. Maciocia: Ça veut dire quoi? Le 30 septembre. C'est
ça?
M. Chevrette: Le 30 septembre. Juste 30 secondes.
M. Maciocia: Le 30 septembre. Vous allez continuer.
M. Chevrette: Dans les six mois, il transmet le rapport. Si
ça ne siège pas, là, tu ne le déposes pas à
l'Assemblée nationale, tu as 30 jours de l'ouverture de
l'Assemblée nationale, ça, je suis d'accord. Mais pour
l'obligation de faire la transmission du rapport, est-ce que c'est dans les six
mois, oui ou non?
M. Maciocia: C'est dans les six mois, mais pour le
dépôt du rapport. Vous, ce que vous contestez, ici, dans la motion
actuellement devant la Chambre, c'est que les dépôts des rapports
n'ont pas été faits dans les dates limites que la loi prescrit.
Étant donné que le ministère a le droit de déposer
ça dans les 30 jours suivant la reprise de la session et que la session
a recommencé le 24 novembre 1992 et a terminé ses travaux le 21
décembre I992, le rapport a été déposé le 9
mars, et on est parfaitement dans la légalité.
M. Chevrette: Est-ce que vous reconnaissez qu'il y avait une
obligation de faire dans les six mois de l'année financière?
M. Maciocia: Absolument pas, M. le Président. Je vous dis,
M. le Président, comme je l'ai dit tantôt - le
député de Joliette, je ne sais pas s'il a écouté ma
réponse - c'est qu'a été transmise au ministère par
le ministère des Communications le 11 décembre la première
épreuve du rapport...
M. Chevrette: Donc, ça fait neuf mois de l'année
financière.
M. Maciocia: Non, c'est absolument pas... On parle du
ministère. Vous savez que c'est le ministère des Communications
qui imprime le rapport. Vous êtes au courant.
M. Chevrette: Ce n'est pas de l'impression que je parle, je parle
du rapport.
M. Maciocia: Je le sais. Je le sais très bien. Le rapport,
comme je vous le répète...
M. Chevrette: Est-ce qu'il était prêt dans les six
mois? Première question.
M. Maciocia: Comme je vous le répète, le rapport,
pour le dépôt ici devant l'Assemblée nationale, il fallait
le déposer dans les six mois ou les 30 jours après la reprise de
la session. Et le ministère, le SAIC, le ministère des Affaires
intergouvernementales canadiennes, l'a déposé dans le temps
prescrit par la loi. C'est très clair.
M. Chevrette: Est-ce que l'adjoint parlementaire au ministre peut
nous dire si, dans les six mois après, le rapport, lui, était
prêt?
M. Maciocia: M. le Président, ce n'est pas important si le
rapport était prêt après, dans les six mois.
M. Chevrette: Pardon?
M. Maciocia: L'important, c'est l'obligation de la loi qui est
faite au ministère de le déposer dans les 30 jours suivant la
reprise de la session, et c'est ça que le ministre a fait. Il l'a
déposé le 9 mars. Ça faisait seulement 28 jours
après la reprise de la session du 24 novembre.
M. Chevrette: Si on s'était rendu au 30 septembre, quand
on a siégé, est-ce que votre rapport aurait été
prêt?
M. Maciocia: On n'a pas siégé et...
M. Chevrette: non, non, mais est-ce que le rapport aurait
été prêt? (11 h 50)
M. Maciocia: m. le président, je répète, ce
n'était pas ça, on n'a pas siégé. si on avait
siégé, probablement qu'on aurait vu si le rapport était
prêt. on l'a déposé à la date limite que la loi nous
prescrit: les 30 jours après l'ouverture de la session.
M. Chevrette: Mais comment vous m'expliquez, si obligation est
faite de transmettre dans les six mois, comment vous pouvez m'expliquer que Mme
Wilhelmy l'a envoyé neuf mois après?
M. Maciocia: Moi, je vous dis, M. le Président, qu'il est
écrit sur le rapport qu'elle l'a envoyé au mois de
décembre. C'est écrit dans le rapport. C'est écrit qu'il a
été envoyé au mois de décembre 1992.
M. Chevrette: Donc, dans les neuf mois.
M. Maciocia: Écoutez, là, je vous
répète, et je pense que c'est très important de faire ce
point-là... Dans votre motion, vous dites que le ministère des
Affaires intergouvernementales canadiennes ne l'a pas déposé dans
les temps prescrits par la loi. Et moi, je vous dis qu'il a été
déposé dans les temps prescrits parce qu'on les a
déposés le 9 mars. Ça faisait seulement 28 jours, dans les
30 jours qu'on a pour déposer ce rapport.
M. Chevrette: Où étiez-vous du 4 au 16
septembre?
M. Maciocia: J'étais ici en Chambre avec vous.
M. Chevrette: Bon. Parfait.
M. Maciocia: Vous savez pourquoi on était ici aussi.
M. Chevrette: Je ne vous ai pas demandé... Je vous ai
demandé où vous étiez.
M. Maciocia: Oui, j'étais ici en Chambre.
M. Chevrette: Je suppose que vous considérez que vous avez
travaillé.
M. Maciocia: Oui, un peu. M. Chevrette: Un peu? M.
Maciocia: Un peu.
M. Chevrette: Bon. Donc, il y avait des travaux en Chambre,
ici.
M. Maciocia: Oui.
M. Chevrette: Bon. Puis c'était la reprise des travaux de
la Chambre.
M. Maciocia: Oui.
M. Chevrette: Bon. Parfait. Je n'ai plus de questions, M. le
Président. C'est tellement clair.
M. Maciocia: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Bissonnet): Ceci met fin à cette
intervention sur la motion 17.
Nous allons passer maintenant à une autre motion. Il reste le
ministre de l'Agriculture, le ministre responsable de l'application des lois
professionnelles.
M. le ministre de l'Agriculture, que je vois, veuillez prendre place, M.
le ministre.
Motion proposant que l'Assemblée statue sur
la
conduite du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation par suite
du
défaut de déposer le rapport des
activités
de la Régie des marchés
agricoles
dans les délais prescrits
Alors, motion 18. M. le leader de l'Opposition officielle, nous en
sommes à la motion 18 avec M. le ministre de l'Agriculture.
M. Guy Chevrette M. Chevrette: Bon. M. le Président, je
pense bien que le ministre sait très bien qu'obligation lui est faite,
en vertu de l'article 24 de la Loi sur la mise en marché des produits
agricoles, de déposer un document. Ce qui nous frappe dans l'approche,
c'est qu'il l'a en main depuis le mois d'août. Il fut acheminé au
ministre en août 1992, selon la feuille de transmission en tout cas. Il
faut donc comptabiliser la session extraordinaire qui s'est tenue du 9 au 16.
Pourquoi ne l'a-t-il pas déposé à la dernière
session? Vous auriez même pu le déposer au mois de
décembre, dans le fond, puisque vous l'aviez depuis le mois
d'août.
Qu'est-ce qui explique ça? C'est un peu ça que je veux
vous demander. Et même, il l'avait même acheminé à
l'Assemblée nationale. C'est ça qui est drôle ici. Vous
l'avez acheminé à Jean-Pierre Saintonge, signé par Yvon
Picotte, en novembre 1992... Du moins, c'est la lettre de transmission dans
votre propre rapport. Comment il se fait que vous l'avez en août, qu'en
novembre vous l'envoyez au président et que vous ne le déposez
pas du 24 novembre au 21 décembre? Ce serait peut-être la question
que je peux poser, directe, d'entrée de jeu.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre de
l'Agriculture, de l'Alimentation...
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, M. le Président.
J'aurais souhaité, évidemment, et je ne lui en tiens pas
rigueur, au député de Joliette, qu'il puisse souligner que c'est
bien celui qui vous parle, dans le cas du rapport du ministère de
l'Agriculture qui se terminait le 31 mars 1992, qui a déposé son
rapport le 18 juin 1992, moins de 79 jours après qu'il l'ait eu
reçu.
M. Chevrette: C'est d'autant plus surprenant.
M. Picotte: Et que, dans tous les cas où ça se
passe comme ça, celui qui vous parie essaie d'être le plus
discipliné possible et de respecter les engagements. Maintenant, voici
les explications que j'ai à donner là-dessus, et les explications
me proviennent...
Je déposerai la lettre du président de la Régie, M.
le Président, et je vais la lire, et je pense que tout le monde va
comprendre d'un coup sec ce qui s'est passé, et ça va être
facile.
D'abord, on sait très bien que, pour envoyer ça à
l'impression, on nous fait préparer des lettres de transmission
d'avance, avec les délais requis pour être en mesure que ce soit
imprimé, pour ne pas qu'on coure, à la dernière minute, la
lettre de transmission du ministre au Président de l'Assemblée
nationale et la lettre du président de la Régie au ministre.
Donc, on prépare ça en bonne et due forme parce que ça
s'en va en impression selon les délais qu'on juge importants et
selon ce qu'on dit, ce qui doit se passer selon la loi. Un coup que ces
lettres-là sont acheminées, la balance suit son cours.
Alors, voici ce qui s'est passé, M. le Président. Je
recevais une lettre, le 17 mars 1993, adressée à celui qui vous
parle, qui disait: «M. le ministre - et c'est signé par le
président, M. Gilles Prégent - Après vérification,
j'ai le plaisir de vous fournir les informations suivantes quant à la
chronologie du dépôt du dernier rapport annuel de la Régie
des marchés agricoles et alimentaires du Québec. «Nous
avons terminé la rédaction du manuscrit de notre rapport
d'activité au mois d'août 1992. - À date, il n'y a pas de
surprise pour personne - Nous avons tardé à vous le remettre
parce que, traditionnellement, nous y annexons une série de tableaux
statistiques illustrant l'importance, sur le plan économique, des
produits mis en marché par le mécanisme des plans conjoints: il
s'agit de données qui nous paraissent le mieux fournir une image exacte
de la situation. - Donc, si on fait un rapport, à toutes fins utiles, il
faut mettre toutes les annexes là-dedans pour que les gens puissent y
référer - Or, la plupart des informations qui y apparaissent nous
sont fournies par les offices de producteurs qui possèdent les
données nécessaires à cette fin. - Donc, nous, nous
étions prêts, dans notre rapport au mois d'août. On a
demandé aux offices de producteurs: Fournissez-nous les annexes pour
qu'on fasse imprimer ça pour que les gens lisent dans le rapport et
correspondent à une annexe quand on dit: Allez voir l'annexe - certains
d'entre eux - ces offices - ont mis beaucoup de temps à nous donner les
informations demandées, au point de retarder indûment la remise du
rapport d'activité. nous avons, depuis, pris les mesures
nécessaires pour remédier à ce retard.»
Apparemment qu'on aurait dit aux offices: Si vous ne les fournissez pas,
on ne les annexera pas au rapport et, là, vous vous ferez questionner.
Vous répondrez, vous autres; on ne répondra pas à votre
place. J'aime bien mettre mes culottes, mais je ne passe plus mes culottes aux
autres; elles ne leur font plus et les leurs ne me font pas non plus. «Le
22 octobre 1992...» Alors, vous voyez, là, nous autres, on a tout
ce qu'il faut en main pour faire notre rapport au mois d'août, sauf les
annexes des offices de plan conjoint. «Le 22 octobre 1992, nous avons
expédié le manuscrit - parce que, là, le 22 octobre, on
avait ramassé tout ça, on est loin du mois d'août - du
rapport d'activité à la direction générale des
publications du québec pour qu'elle en assure la révision
linguistique et prépare l'impression; le 27, elle nous en accusait
réception. le 25 novembre suivant, nous avons retourné le
manuscrit corrigé à la suite des suggestions du linguiste
réviseur à la Direction générale des publications
gouvernementales - parce qu'il faisait changer certaines phrases, apparemment -
Le 9 décembre, la Direction nous expédiait la seconde
épreuve pour vérification et approbation finale en même
temps qu'elle nous confirmait les dernières corrections. Nous avons pris
livraison des rapports imprimés le 16 décembre en fin
d'après-midi.» J'ai d'ailleurs, et je pourrai le déposer,
le bon de commande à l'Imprimerie Auger qui fait en sorte qu'on a
donné la commande pour les imprimer le 14 décembre.
Alors, là, on l'a envoyé à l'impression le 14
décembre, M. le Président. Je ne pouvais pas le déposer
avant ça parce que, là, j'aurais un maudit problème sur
les bras. Le 16 décembre en fin d'après-midi, alors qu'on a
reçu tout ça, la Régie - parce que le conseil
d'administration doit prendre acte de ça - s'est réunie à
deux reprises pour regarder le rapport pour qu'il soit en bonne et due forme.
La Régie s'est réunie le 17 et le 21 décembre, M. le
Président, le 17 et le 21 décembre. Le 21 décembre,
là, moi, je ne suis plus ici, je ne peux pas déposer quoi que ce
soit, je ne l'ai pas, c'est le conseil d'administration qui l'a. «Nous
avons ensuite pris les dispositions pour que vous puissiez déposer notre
rapport d'activité le plus tôt possible à la reprise des
travaux de l'Assemblée nationale», ce qui fut fait à la
reprise des travaux.
Donc, il regrette qu'il y ait eu des délais, mais les raisons
sont explicables de cette façon-là. Alors, M. le
Président, moi, je veux vous dire, en terminant, ceci: Ce n'est pas la
première fois, parce que quand je regarde ça, et on m'a dit que
ça explique... J'aimerais que mon collègue de l'Opposition me
comprenne bien, si ma collègue ne le dérange pas.
Le Président (M. Bissonnet): Je comprends très
bien, mais c'est parce que vous avez une de vos collègues qui... Bon. On
peut poursuivre. Si vous voulez poursuivre et conclure.
M. Picotte: On m'a expliqué - et je termine par ça
- M. le Président, que, traditionnellement, on a toujours un petit peu
de difficulté avec ce rapport-là à cause des offices de
commercialisation; en 1975-1976, on l'a déposé au mois de mars
1977; en 1978-1979, alors qu'on devait le déposer au mois de
décembre, on l'a déposé le 10 avril 1980, etc. Il y a
même 1979-1980, on l'a déposé en 1981, un an plus tard.
Alors, vous voyez, c'est traditionnellement parce qu'on est soumis aux
offices de commercialisation qui ne nous fournissent pas les annexes.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, est-ce qu'il y a...
(12 heures)
M. Picotte: Et ça devient difficile pour aller
les chercher. Mais je termine en vous déposant les lettres, M. le
Président...
Le Président (M. Bissonnet): Oui, rapidement, parce que
vous avez juste cinq minutes, M. le ministre.
M. Picotte: ...la lettre du président et aussi la lettre
que j'ai fait parvenir à tous les présidents des organismes qui
sont sous ma responsabilité, le 18 mars, en leur disant que moi,
j'ajouterai au blâme de ceux qui voudront les blâmer s'ils ne
mettent pas leurs culottes comme du monde.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, est-ce qu'il y a
consentement au dépôt des documents? Consentement?
M. Chevrette: Oui, M. le Président... Documents
déposés
Le Président (M. Bissonnet): M. le leader de l'Opposition
officielle.
Discussion générale
M. Chevrette: ...je pense que les explications sont très
logiques. Je pense que c'est peut-être la prescription légale dans
ce cas-là qui est peut-être trop serrée, parce que je
comprends que c'est beaucoup mieux... Voilà un exemple de quelqu'un qui
n'a pas, en tout cas, à cacher quelque chose, et moi, personnellement,
ça me sourit par rapport à ce que j'ai vécu avec son
prédécesseur, pas son prédécesseur, mais la
ministre de l'Enseignement supérieur et de l'Éducation qui n'a
carrément pas voulu répondre aux questions, alors qu'il n'y a pas
de cachette à faire dans ça, on donne les faits tels qu'ils
sont.
À mon point de vue, ce qui manque, c'est plus la prescription
légale qui est trop serrée dans les circonstances et qui pourrait
être changée.
M. Picotte: Vous savez, vous avez été ministre du
Loisir comme moi. Je préfère toujours, dans ces cas-là,
voir l'ours plutôt que voir l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui
a vu l'ours. Merci.
Le Président (M. Bissonnet): Ceci met fin à cet
échange.
Nous allons passer maintenant à la motion 20...
Une voix: 19.
Le Président (M. Bissonnet): Merci. La motion 19,
pardon.
Motion proposant que l'Assemblée statue sur la
conduite du ministre du Revenu
par suite du défaut de déposer le
rapport des activités de l'Office des professions dans les délais
prescrits
Alors, il s'agit de la motion ayant trait au ministre du Revenu et
responsable de l'application des lois professionnelles.
Alors, M. le leader de l'Opposition officielle, vous avez la parole.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, M. le Président.
L'Office doit, au plus tard le 30 juin de chaque année, faire au
ministre un rapport de ses activités pour son année
financière précédente. Ce rapport doit aussi contenir tous
les renseignements que le ministre peut exiger. Ce rapport est
déposé devant l'Assemblée nationale si elle est en session
ou, si elle ne l'est pas, dans les 30 jours de l'ouverture de la session.
Donc, à partir du 30 juin... On sait qu'on a siégé
cet automne, c'est difficilement expliquable que ça n'ait pas
été déposé en décembre, et même en
juin s'il l'avait reçu au début, parce que c'est un rapport
d'organisme, ce n'est pas un rapport de ministère, ça.
Donc, à partir de là, j'aimerais savoir, bien sûr,
à quelle date il l'a reçu, d'abord, de l'Office, parce que
l'Office nous dit: juin 1992. Il ne dit pas la date. «M. Raymond Savoie,
cher monsieur le ministre, j'ai le plaisir de vous soumettre, en votre
qualité de ministre responsable de l'application des lois
professionnelles, le 19e rapport annuel de l'Office des professions du
Québec.» Donc, ça a été rendu en juin dans
les mains du ministre.
Est-ce que le ministre, qui est en même temps parrain de la
réforme éventuelle, avait trop de travail pour déposer un
rapport, qu'il acheminait lui-même à M. Saintonge en juin 1992?
Qu'il acheminait lui-même en juin 1992 à M. Saintonge! Comment
peut-il expliquer, là? «C'est-u» la faute du typographe?
«C'est-u» la faute de... Ils se sont retrouvés entre deux
chaises? Pourquoi? Parce qu'il y en a beaucoup qui se retrouvent entre deux
chaises. Je ne sais pas ce qu'il y a entre les deux chaises, je ne sais pas si
le rapport tombe là, ils ne le retrouvent pas et ils ne le
déposent pas. Mais ça ne s'explique pas. D'autant plus qu'on sait
très bien, par exemple, qu'avec tout ce qui se brasse au niveau de
l'Office des professions, avec toute l'harmonie qui règne entre le
président et les diverses corpos, et on sait que le ministre, qui est
coincé entre tout ça...
Est-ce qu'il a voulu que le rapport ne sorte pas? Ou bien
«c'est-u» marqué, ça, dans le rapport, qu'il y a une
bonne relation entre le président et certaines corpos? Est-ce que le
rapport nous fait état, par exemple, du nombre
de plaintes qui ont été acheminées, du type de
plaintes, de la façon dont elles sont réglées? C'est quand
même des choses importantes au moment où on parle d'une
réforme éventuelle. Et le ministre a repris une question de
privilège; là, probablement qu'il a retrouvé le rapport
entre les deux chaises. J'ai hâte de l'entendre.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre responsable de
l'application des lois professionnelles.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci, M. le Président.
Alors, au meilleur de ma connaissance, M. le Président, j'ai
reçu, nous avons reçu au ministère copie du rapport de
l'Office des professions à la mi-octobre. Nous avons envoyé un
accusé de réception le 29 octobre et, en conséquence, on
était encore en période référendaire, ou tout
près. J'ai eu l'occasion d'examiner le rapport au cours du mois de
novembre. Les travaux à l'Assemblée nationale ont
débuté le 24 novembre et, en conséquence, j'avais 30 jours
pour le déposer, pendant cette période... J'ai examiné le
rapport et, évidemment, il y avait des fautes d'orthographe qui devaient
être corrigées. Deuxièmement, aussi, ça m'a fait
réfléchir sur un peu le contenu du rapport.
Comme vous le savez et comme vous l'avez souligné, on est en
plein milieu d'une réforme au niveau du fonctionnement de l'Office des
professions. On a également à examiner tout un ensemble
d'éléments afin d'alléger la procédure. Il
était de mon intention, à ce moment-là, et j'avais
rédigé des notes manuscrites au sujet, justement, des
modifications qui pourraient être apportées aux différents
rôles que pourrait avoir l'Office, dont le rapport annuel...
Discussion générale
M. Chevrette: Expliquez-moi donc, M. le ministre du Revenu et
responsable des professions, comment vous pouvez accepter, dans un rapport, que
le président marque qu'il vous l'a envoyé en juin et que vous,
vous affirmiez ici, de votre siège, que vous l'avez reçu en
octobre?
M. Savoie: M. le Président, d'abord, je vous parie au
meilleur de ma connaissance, en autant qu'on puisse rétablir les faits.
C'est que le rapport est arrivé au cabinet. Il était daté
de cette période-là. J'imagine qu'il y a eu toute la question
d'imprimer le rapport, de faire les vérifications au niveau du rapport,
qui sont usuelles. Le rapport de l'Office doit, évidemment, analyser des
éléments qui sont déposés par d'autres corporations
professionnelles et, des fois, ça peut occasionner un retard, ça
peut faire beaucoup de difficultés, évidemment.
Comme vous avez pu le constater, certaines corporations professionnelles
sont très petites, donc ont moins de ressources disponibles pour,
justement, préparer leur rapport. Étant donné que l'Office
doit faire une synthèse de ces opérations-là, il se peut
qu'effectivement il y ait un retard.
M. Chevrette: Mais est-ce que vous êtes en train de me dire
que l'Office aurait écrit «juin 1992» parce que, en vertu de
la loi, ils devaient le faire là, mais que, dans les faits, ils ne se
sont pas conformés, puisque c'est en octobre qu'ils vous l'ont
donné?
M. Savoie: Probablement ce qui s'est produit, c'est qu'ils ont
préparé le rapport dans les limites et, suite à cela, ils
ont examiné le rapport, le rapport a été approuvé
par l'Office et, ensuite, c'est allé à l'imprimerie. Alors, les
informations contenues dans le rapport sont exactes.
M. Chevrette: Vous êtes-vous enquis auprès de votre
sous-ministre... du président, excusez...
M. Savoie: Le président, oui.
M. Chevrette: Est-ce que vous lui avez demandé à
quelle date il vous l'avait véritablement envoyé?
M. Savoie: Je n'ai pas discuté de l'envoi du rapport avec
le président ni des dates. J'ai vérifié seulement avec mon
personnel la date de réception. Le mécanisme de fonctionnement
était établi depuis fort longtemps. On reconnaît bien
l'obligation de la loi, que l'Office doit, avant la fin juin, nous transmettre
son rapport, et le ministre doit le déposer à l'Assemblée
nationale dans les 30 jours suivant le début de la session.
M. Chevrette: Mais, avec la grande rigueur que vous avez comme
ministre, est-ce que vous accepteriez que l'Office marque une date dans un
rapport alors qu'elle est fausse? Est-ce que vous cautionneriez un faux?
M. Savoie: ce qui arrive là-dedans, c'est
qu'évidemment l'office doit nécessairement déposer son
rapport auprès de l'ensemble des membres de l'office et le traiter.
M. Chevrette: Je comprends. Mais je n'en suis pas sur le
mécanisme, j'en suis sur le respect de l'obligation légale. Si,
le 30 juin, il y a une obligation qui est faite à l'Office, puis c'est
en octobre seulement que vous le recevez, vous devriez demander de changer la
date de transmission, de juin à octobre.
M. Savoie: Je pense que ce qu'il faut exiger de la part de
l'Office, c'est que le rapport soit déposé, comme il est
prévu, à la fin du mois de
juin, c'est-à-dire imprimé. Ce qui se produit, c'est que
l'Office prépare son rapport, réunit les membres de l'Office qui
examinent le rapport et l'approuvent. À ce moment-là, il y a un
rapport dactylographié qui est présenté, mais il doit
aller également à l'impression. C'est l'impression que j'en ai du
fonctionnement.
M. Chevrette: Oui, mais je reprends ma question, puis ce n'est
pas pour vous coincer, là. Vous avez soutenu que c'est en octobre que
vous l'aviez eu. Écoutez bien, il y a quelque chose qui accroche
là.
Vous dites que vous l'avez reçu en octobre et vous l'avez
transmis en juin à M. Saintonge. Il y a quelque chose qui accroche,
certain.
M. Savoie: C'est-à-dire qu'on...
M. Chevrette: L'obligation légale est faite à
l'Office pour juin. Vous, vous avez 30 jours. Vous auriez pu attendre en
juillet. Puisque la Chambre ne siégeait pas, vous auriez pu attendre en
août, en septembre. Mais vous le transmettez en juin au président
de l'Assemblée nationale et vous venez me dire que vous l'avez
reçu en octobre de l'Office. Ça ne marche plus bien bien, votre
affaire.
Comment pouvez-vous avoir reçu quelque chose en octobre que vous
avez transmis en juin et que vous aviez reçu en juin? Expliquez-moi
ça.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre. (12 h 10)
M. Savoie: Merci, M. le Président.
Il faut voir que c'est le rapport de l'Office tel que
présenté aux membres de l'Office des professions au mois de juin.
Tout est préparé en cette fonction-là. Il est
examiné par les membres de l'Office, approuvé et, ensuite,
envoyé à l'imprimerie pour rédaction et, ensuite, c'est
transmis à tout le monde.
M. Chevrette: ...question.
M. Savoie: Bien oui. Bien, c'est comme ça. C'est pour
ça. C'est qu'il prépare tout le document. Tout le document est
préparé.
M. Chevrette: Je comprends. Mais qu'est-ce que vous avez
transmis, en juin, à M. Saintonge?
M. Savoie: À ma connaissance, il n'y a pas eu de document
de transmis à M. Saintonge en juin.
M. Chevrette: mais comment vous pouvez marquer dans un rapport
officiel que vous avez transmis quelque chose en juin, si vous ne l'avez pas
transmis?
M. Savoie: C'est-à-dire que c'est ça, le mode de
fonctionnement qui va être corrigé suite à cet exercice. Il
n'y a pas de doute qu'on va corriger cet élément-là.
M. Chevrette: Ce n'est pas un paquet de menteries, ça,
là.
M. Savoie: Ce n'est pas une menterie. C'est-à-dire que
l'Office, à ce moment-là, examine... les membres de l'Office
examinent le rapport. Il est préparé d'une façon
complète. C'est un rapport quand même assez
détaillé.
M. Chevrette: On est en train de découvrir, M. le
ministre, que ces lettres-là, c'est pour se couvrir par rapport à
la loi. La loi dit: 30 juin, donc je marque juin, mais je l'envoie en
octobre.
M. Savoie: C'est-à-dire...
M. Chevrette: La loi dit 30 jours, mais ce n'est pas grave. Je
marque dans mon rapport que je l'ai transmis dans les 30 jours, mais ce n'est
pas grave. Considérez-vous que ça fait sérieux dans
l'application des législations?
M. Savoie: C'est-à-dire que cette nuance-là doit
être corrigée et elle sera corrigée pour les rapports
à venir, premièrement. Deuxièmement, c'est que l'Office,
les membres de l'Office, ceux qui dirigent cette société, doivent
nécessairement regarder le rapport d'une façon complète et
en faire l'analyse et, à partir de cela, évidemment, l'envoyer
chez l'imprimeur. C'est une fois approuvé qu'il va chez l'imprimeur.
À ce moment-là, il est envoyé chez l'imprimeur. Ensuite,
l'obligation pour le gouvernement, le ministre, c'est de le déposer
à l'Assemblée nationale dans les 30 jours suivant le début
des activités parlementaires. Donc, à ce moment-là, on
avait jusqu'au 24 décembre.
M. Chevrette: O.K. M. le Président, je vous fais une
demande officielle. C'est de nous déposer tous les accusés de
réception de rapports de la part des ministres qui vous ont
été transmis, en particulier relativement à ceux qui sont
en retard, les 21. J'aimerais que la présidence de l'Assemblée
nationale, parce que vous accusez sûrement réception... Vous
connaissant, quand vous recevez un rapport, vous avez une estampe ou bien vous
avez un accusé de réception. Je voudrais les avoir, les 21, si
possible.
Le Président (M. Bissonnet): M. le leader de l'Opposition
officielle, je vais transmettre votre demande au président de
l'Assemblée nationale.
M. Chevrette: Oui, mais j'en fais une demande, si possible, pour
l'avoir pour 14 heures.
Le Président (M. Bissonnet): Oui, mais je vais lui
transmettre votre demande parce que je
ne connais pas le fonctionnement au niveau de...
M. Chevrette: Ah! mais je suis persuadé que vous faites
ça. On vous envoie une lettre et on n'a pas le temps de la recevoir que
l'accusé de réception est entré. Ça, vous le
savez.
Le Président (M. Bissonnet): Je vais faire votre...
M. Chevrette: Vous êtes très efficace,
là-dessus. le président (m. bissonnet): je vais
faire diligence et demander au président de vous apporter une
réponse ici. v,
M. Chevrette: Et ce sera intéressant, à ce
moment-là, de voir comment le ministre du Revenu peut avoir
envoyé quelque chose qu'il n'avait pas et qu'il a reçu trois mois
après.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, ceci met fin au
débat sur la motion 19. Le débat est terminé.
Donc, M. le leader, conformément à l'article 9 de l'ordre
de l'Assemblée, vous avez une motion à proposer.
M. Chevrette: Oui. Juste une question de fonctionnement. Est-ce
qu'on revient... Étant donné que c'est une motion, est-ce qu'on
revient en plénière ou si on demeure en...
Le Président (M. Bissonnet): Non. On reste en
plénière.
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Bissonnet): On demeure en
plénière.
Vous faites votre motion. Vous avez 10 minutes de droit de parole. Un
ministre du gouvernement a un droit de 10 minutes. Votre motion ne peut pas
être amendée ni scindée, et ça donne une ouverture
à un débat en commission plénière.
M. Chevrette: Merci.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, je vous écoute
sur votre motion.
Motion proposant que l'Assemblée demande aux
ministres et aux dirigeants d'organismes
publics le respect des dispositions
législatives relatives aux délais
prescrits
pour le dépôt des rapports
d'activité
des ministères et organismes
M. Chevrette: Donc, M. le Président, je fais la motion
suivante: «Que cette Assemblée, réitérant
l'importance pour les parlementaires de pouvoir disposer en temps utile de
toute l'information concernant les activités des ministères et
organismes publics qui doit leur être transmise par les ministres et
dirigeants d'organismes en vertu des lois du Québec, demande le respect
des dispositions législatives à cet effet.»
Le Président (M. Bissonnet): Votre motion est
déposée. Alors, si vous voulez intervenir.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, vous aurez remarqué
que cette motion n'en est pas une de blâme, de partir à bras
raccourci contre certains ministres. C'est plutôt général,
et ça fait... Elle s'inscrit carrément dans la suite de mon
exposé de départ - le leader du gouvernement en conviendra -
hier.
L'exposé de départ vise précisément à
redonner au Parlement un peu de rigueur, à redonner aux
députés le droit de contrôler, à redonner aux
députés le droit d'avoir les outils de travail, M. le
Président, et c'est aussi, par cette motion-là, d'indiquer le
rôle des parlementaires. Entre vous et moi, on ne peut pas voter
n'importe quoi et, après ça, s'en fouter dans un Parlement. On a
un exemple à donner comme législateurs. On discute des heures et
des heures, des fois, sur un article de trois lignes. On fait des discussions,
des fois orageuses. Mais, après que c'est voté, M. le
Président, après que c'est consigné dans un texte de loi,
le simple citoyen, lui, qui ne respecte pas la loi, il est traîné
devant les tribunaux. Il est passible d'amende. Il est passible de
pénalité. Mais, M. le Président, nous, les
législateurs, on se vote des obligations et, une fois les obligations
votées, si le Parlement n'exerce pas l'application des lois, qu'est-ce
que ça donne? Quel exemple donnons-nous à nos concitoyens?
Des retards de 1989, 1990, 1991, c'est assez inexplicable, merci, M. le
Président. Il y en a quelques-uns, et je n'en disconviens pas, il y a
quelques ministres qui sont arrivés très franchement et qui l'ont
reconnu, d'autres qui ont même cherché à se justifier et,
en particulier, la ministre de l'Enseignement supérieur et de
l'Éducation, qui a cherché à se justifier par des
finesses, vous savez, ne pas répondre aux questions. Mais il y a des
ministres qui ont assumé carrément leurs responsabilités
et qui ont clairement dit: Voici, oui, je suis en retard; je le regrette, puis
ça ne se reproduira plus, puis j'ai pris des mesures pour que ça
ne se reproduise plus. Ça, à mon point de vue, c'est un
comportement responsable et c'est un comportement respectueux, à part de
ça, M. le Président, vis-à-vis des parlementaires ici.
Parce que ceux qui ne sont pas ministres, leur rôle essentiel et
principal, c'est précisément de voir au contrôle de la
gestion, de l'administration du pouvoir exécutif. C'est exactement
ça, notre rôle.
Puis, quand on a fait la motion, M. le Président, le 9 mars, il y
en avait un joyeux paquet qui n'étaient pas déposés, et
vous le savez. Si la présidence a reconnu le privilège, c'est
parce que c'était fondé. C'est parce que c'était
fondé. «Doit reconnaître la question de privilège
prima facie», c'est ça que le président a fait. Puis, M. le
Président, nous l'avons fait et ça a eu des effets tellement
extraordinaires que, le lendemain, on avait des paquets de photocopies de
déposées, et vous en avez un exemple ici. Le ministère de
la Culture, trois rapports en retard; la ministre de l'Enseignement
supérieur et de l'Éducation, cinq rapports en retard, M. le
Président. Puis c'est ces mêmes gens-là qui disent: Bien,
respectez donc les lois, respectez donc les règlements; mais moi, je
vais justifier pourquoi je ne les respecte pas. Ça, c'est le plus bel
exemple de politiciens irresponsables, à mon point de vue.
Moi, je loue ceux qui ont eu la franchise et l'honnêteté de
le dire très clairement. Et, avec tout le respect que je dois aux
autres, je dénonce vertement ceux qui n'ont pas le courage d'assumer
leurs responsabilités, M. le Président, et ça, je vous le
dis comme je le pense.
D'autre part, je pense que c'est un coup de barre aussi à donner
dans notre Parlement, un peu de rigueur dans notre gestion. Un peu de rigueur,
s'il vous plaît. Le Parlement a évolué, comme toute la
société évolue. Ce n'est pas sclérosé.
Quelqu'un qui est avant-gardiste et qui est «up to date», comme
disent les Anglais, qui est à la page, il ne commence pas à se
justifier par le passé des autres. Il reconnaît ses bienfaits, ses
bons et mauvais coups, mais il est d'une rigueur.
M. le Président, depuis 1984, dans ce Parlement - moi, j'y
siège depuis 1976 - depuis 1984, il y a eu un tournant, il y a eu un
virage de fait dans ce Parlement-là. On a voulu que les
députés de l'Assemblée nationale, et plus
particulièrement, en passant, les députés qui occupent les
banquettes du pouvoir, on a voulu revaloriser le rôle du
député, puis faire en sorte qu'il puisse exercer un meilleur
contrôle sur la gestion de l'Exécutif. Ça a donné
naissance à des commissions, ce qu'on appelle, dans certains autres
Parlements, des comités parlementaires. Ici, ce sont des commissions, au
nombre de huit, dont trois sont présidées par des
députés de l'Opposition et cinq par des députés
ministériels, qui ont les pouvoirs de prendre des mandats d'initiative
et qui en ont pris.
Ce n'est pas généralisé. Il y en a qui sont plus
dynamiques que d'autres, il faut le constater, mais qui ont pris des mandats
d'initiative, qui n'ont pas craint de se prononcer sur la gestion de
l'État. Il y a eu des comités ministériels aussi, et on a
pu voir le résultat de certains comités de travail. Mais on ne
peut pas amuser les députés pour le plaisir de les amuser, puis
ne pas tenir compte de ce qu'ils disent.
Moi, je pense, par exemple, à tout le projet de loi 198 du
député de Verdun qui parle d'im-putabilité, M. le
Président. On a fait un long débat en Chambre et en commission
parlementaire, et je pense que ce n'est même pas terminé en
commission parlementaire. Ça s'est terminé hier? Bon. C'a
été très long. On parle d'im-putabilité parce qu'on
veut que les hauts fonctionnaires de l'État puissent répondre de
leur action devant les parlementaires. (12 h 20)
M. le Président, je m'excuse, mais avant de commencer à
rendre imputable un haut fonctionnaire, il faut d'abord que le ministre, qui,
lui, a la plus haute imputabilité dans un gouvernement, dans un
ministère... C'est lui d'abord qui doit répondre et qui doit
avoir de la rigueur dans l'administration, dans la gestion de ce qu'on lui
confie. Et c'est lui qui a la responsabilité de l'information, M. le
Président. On sait que le pouvoir réside dans l'information.
Si vous ne savez pas quelque chose, vous, vous ne pouvez pas argumenter
pour changer quelque chose. Si vous ignorez des choses, vous n'avez pas les
outils qui vous permettent de contrôler quelque chose, d'amender quelque
chose, de changer quelque chose. L'information, c'est la base de tout pouvoir.
Quand on ne sait pas, on ignore, puis quand on ignore, bien, qu'est-ce qu'on
fait? Il y a même des premiers ministres qui, jadis, insistaient sur le
fait de ne pas trop instruire, de ne pas trop informer, parce qu'ils disaient:
S'ils sont instruits puis s'ils sont informés, ils vont comprendre; puis
s'ils comprennent, ils vont nous pousser dans le dos; puis s'ils nous poussent
dans le dos, on va être obligés de changer des choses; puis comme
on ne veut pas changer quelque chose, on ne le fera pas. C'a été
le propre des années quarante, ça. On appelait ça
«les années de la grande noirceur».
Aujourd'hui, M. le Président, on a le droit d'être
informés, on a le droit aux outils de travail. Puis plus que ça,
c'est un voeu de l'Assemblée nationale du Québec de faire en
sorte que nos parlementaires soient mieux outillés, qu'ils puissent
participer plus à la vie active du Parlement avec des meilleurs outils
de contrôle de l'Exécutif: valorisation du rôle du
député. Pas assis sur un banc, puis lève ta main quand un
ministre parle, puis vote pour, puis tais-toi si tu n'es pas d'accord parce que
le ministre a parlé. C'est ça qu'on a voulu changer. C'est
ça, l'amorce de 1984 de la réforme parlementaire.
M. le Président, ma motion... Je n'ai pas voulu arriver puis
parsemer des votes de blâme ici, à gauche et à droite. Je
sais ce que ça aurait fait. La majorité, même si j'avais eu
raison à 100 milles à l'heure, aurait voté contre. Mais,
fondamentalement, M. le Président, c'est un coup de barre, c'est
contribuer à ouvrir un peu les yeux à des ministres, c'est de
faire en sorte que le député puisse jouer son rôle
adé-
quatement. Puis ne serait-ce que cela, M. le Président, j'aurai
atteint un objectif, celui de bien faire comprendre qu'avant de demander
à des concitoyens de respecter les lois, les règlements, on a un
premier exemple à donner, ici, dans ce Parlement.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Joliette et leader de l'Opposition officielle.
Au nom du gouvernement, M. le leader du gouvernement et ministre de
l'Environnement.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci, M. le Président.
Très brièvement, compte tenu du temps qui nous est
alloué, vous me permettrez d'indiquer au leader de l'Opposition que
lorsqu'il nous parle du droit à l'information, du respect des droits et
des privilèges des membres de cette Assemblée nationale, il peut
compter a priori sur l'appui du leader du gouvernement et de ses
collègues dans ses démarches.
D'ailleurs, lorsque, le 9 mars dernier, le leader du gouvernement a
inscrit une vingtaine de motions d'atteinte aux droits et privilèges de
l'Assemblée nationale pour défaut, par certains ministres, de
déposer dans les délais prescrits des rapports à
l'Assemblée nationale du Québec, la première
réaction du leader n'a pas été de contester. La
première action du bureau du leader a été de prendre
contact avec les ministres concernés de façon à s'assurer
que tous les rapports annuels, les rapports d'activité d'organismes ou
de ministères soient déposés dans les meilleurs
délais et de faire amende honorable lorsqu'il y avait amende honorable
à faire, M. le Président. C'a été là la
réaction de tous les collègues, et je veux les remercier de cette
collaboration.
Maintenant, M. le Président, le leader de l'Opposition a quand
même insisté, même si les rapports étaient tous
déposés, pour que cette Assemblée consacre trois jours de
son temps, alors que l'on connaît l'importance des législations
d'intérêt public et d'intérêt privé qui sont
soumises au feuilleton.
Il y a même des députés, de l'autre
côté, qui nous font des pressions pour que l'on bouge plus
rapidement sur des projets de loi d'intérêt public et
privé, et le député a insisté pour que l'on
enquête sur les raisons qui ont fait en sorte qu'avant qu'il les
dépose, il y avait eu des délais un peu long.
M. le Président, je pense que tout le monde sait, vous
siégez dans cette Assemblée depuis assez longtemps pour savoir
qu'à peu près tous les ministres ont péché dans le
passé. Le député de Joliette n'a même pas
été étonné, hier, lorsque le ministre de la
Santé et des Services sociaux lui a rappelé que, lorsqu'il
était - le député de Joliette - ministre de la
Santé et des Services sociaux, il a été un des plus grands
pécheurs contre les droits des parlementaires lorsqu'il occupait cette
fonction, du moins, prima facie, M. le Président, compte tenu de la
décision que vous avez déjà rendue.
C'est un petit peu cette perte de temps, cette
«procédurite» aiguë, cette hypocrisie, un petit peu,
qui m'a déçu. Je tiens quand même à assurer le
leader de l'Opposition, suite à un caucus des députés
libéraux, tenu hier soir, il avait eu la gentillesse de nous communiquer
le libellé de la motion qu'il souhaite voir adoptée par
l'Assemblée nationale, que tous les députés souhaitent
être mieux renseignés, souhaitent être renseignés
dans les délais, que tous les ministres souhaitent être capables
de déposer, dans les délais prescrits par la loi, les rapports
qu'ils sont tenus de déposer à l'Assemblée nationale du
Québec. Tout ce que je souhaite, M. le Président, c'est qu'on
puisse en arriver, à l'avenir, à de tels consensus qui nous
permettent d'améliorer le droit parlementaire sans être
obligés de passer par un processus qui, finalement, diminue
l'institution aux yeux de ceux et celles qui nous écoutent.
Combien de téléphones, de lettres d'appui avons-nous
reçus, depuis deux jours, de personnes qui nous disaient: Oui, mais
est-ce que j'ai bien compris? Les rapports sont déposés et vous
continuez à argumenter sur ce sujet-là? Vous avez du temps
à perdre. Ce qui fait en sorte, M. le Président, que, dans
l'opinion publique, et l'institution et les politiciens en sortent rapetisses,
diminués et amoindris.
M. le Président, je pense qu'on a une responsabilité,
lorsqu'on choisit des cibles - moi, j'ai fait de l'Opposition pendant six ans -
de s'assurer qu'on choisisse des cibles qui puissent bénéficier
aux représentants du peuple et au peuple. J'avais déjà
indiqué, avant que tout ce débat soit entrepris, l'intention du
gouvernement de mettre à la disposition de tous les parlementaires... Le
caucus du Parti libéral a unanimement décidé hier soir
qu'il fallait que cette information-là sort acheminée, etc. Je
vous soumets respectueusement, M. le Président, qu'au cours des trois
dernières journées cette Assemblée nationale n'a pas
progressé.
Si on peut, à compter de tantôt, dans quelques heures, par
l'adoption d'une résolution unanime, faire un pas de l'avant, vous
pourrez compter sur notre entière collaboration.
Je tiens également, parce qu'il faut le faire aussi, à
souligner que, après avoir déposé des motions de
blâme comme telles à l'endroit de certains ministres, le
député de Joliette, à bon titre, s'est
rétracté dans certains cas. Il est allé même
jusqu'à féliciter - là, il y a un nom qui me revient
à la mémoire - le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation du Québec. Il y avait des cas où les
explications étaient d'une clarté, étaient plausibles.
Mais tout
ça aurait pu se faire un petit peu en arrière du
trône et on aurait pu, devant cette Chambre, discuter de projets de loi
d'intérêt public pour favoriser la relance économique, la
création d'emplois, la diminution du déficit, de meilleurs
services de santé, de meilleurs services d'éducation, de
meilleurs services sociaux à la population. Ce sont là les
véritables priorités du gouvernement libéral. On vient de
se rendre compte que la priorité des gens d'en face, c'est plutôt
la «procédurite» parlementaire. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, ceci met fin au
débat et met fin également au mandat de la commission
plénière.
Donc, je vais suspendre les travaux de cette commission pour permettre
à ceux qui accompagnent les personnes ici de se retirer. Et je suspends
les travaux de cette Assemblée.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 12 h 30)
M. Bissonnet (président de la commission
plénière): M. le Président, je désire vous
faire part que la commission plénière a terminé
l'exécution du mandat que lui a confié l'Assemblée
nationale.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
Président.
Vote reporté
Conformément à l'ordre adopté à la
séance d'hier, le vote par appel nominal sur le rapport de commission
plénière et sur la motion présentée par M. le
leader de l'Opposition officielle se tiendra à l'étape des votes
reportés cet après-midi, à la période des affaires
courantes.
Je suspends les travaux de la présente séance
jusqu'à 14 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 15 h 9)
Le Président: Mmes et MM. les députés, nous
allons nous recueillir quelques instants. Je vous remercie. Veuillez vous
asseoir.
Présence du président du Parlement
européen, M. Egon Klepsch, et de Mme Anita Klepsch
Mmes et MM. les députés, j'ai le très grand plaisir
de souligner la présence dans les tribunes du président du
Parlement européen, M. Egon Klepsch, et de Mme Anita Klepsch.
Nous allons maintenant procéder aux affai- res du jour.
Mme la vice-première ministre, oui. Alors, il y aurait un
consentement à demander pour la présentation...
Mme Bacon: II ne veut pas.
Le Président: ...d'une motion spéciale, à ce
moment-ci. Est-ce qu'il y a consentement... M. le leader du gouvernement. (15 h
10)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...la présentation que vous
avez faite, M. le Président, de ce côté-ci, il y a
consentement.
M. Chevrette: M. le Président, le leader du gouvernement
sait très bien que j'ai posé une condition au consentement.
Est-ce qu'il a une réponse à me donner?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, le leader
de l'Opposition m'a demandé de considérer l'option de reporter le
vote sur une motion qui aura lieu cet après-midi à demain.
J'effectuerai, comme c'est l'habitude et la tradition, des consultations avec
Mme la ministre de l'Enseignement supérieur et de l'Éducation et,
suite à ces consultations, nous aviserons, M. le Président,
l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président: Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: ...je m'excuse, mais j'avais posé
très clairement au leader qui veut jouer au fin finaud... Donc, il n'y a
pas de consentement.
Le Président: Alors, il n'y a donc pas de
consentement.
Affaires courantes
Nous procédons donc aux affaires courantes. Déclarations
ministérielles. Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
Dépôt de documents.
M. le ministre des Finances, au dépôt de documents.
Message du lieutenant-gouverneur
M. Levesque: M. le Président, un message de Son Honneur le
lieutenant-gouverneur du Québec, message signé de sa main.
Le Président: Veuillez vous lever, s'il vous
plaît. Le très honorable lieutenant-gouverneur de la
province de Québec transmet à l'Assemblée nationale les
crédits pour l'année financière se terminant le 31 mars
1994, conformément aux dispositions de l'article 54 de la Loi
constitutionnelle de 1867, et recommande ces crédits à la
considération de l'Assemblée. C'est signé: Le très
honorable Martial Asselin, lieutenant-gouverneur du Québec. Je
dépose donc ce document. M. le ministre des Finances.
Dépôt des crédits pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1994
M. Levesque: M. le Président, pour donner suite au message
de Son Honneur le lieutenant-gouverneur, qu'il me soit permis de déposer
les crédits pour l'exercice financier se terminant le 31 mars 1994,
ainsi que les renseignements supplémentaires.
Le Président: Ces documents sont donc
déposés.
M. le leader du gouvernement.
Renvoi en commission plénière
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Dans les circonstances, M. le
Président, je fais donc motion pour déférer les
crédits budgétaires 1993-1994 en commission
plénière afin que l'Assemblée étudie et adopte,
conformément à l'article 280 du règlement, le quart de ces
crédits.
Le Président: Est-ce que cette motion est adoptée?
Adopté.
Toujours au niveau du dépôt de documents, M. le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
Décret et directive concernant la
Société générale de financement du
Québec
M. Tremblay (Outremont): M. le Président,
conformément aux articles 4.2 et 15 de la Loi sur la
Société générale de financement du Québec,
je dépose le décret no 85-93 du 27 janvier 1993, de même
que la directive no 4, qui modifie la directive no 2, approuvée par
l'arrêté en conseil no 3099-79 du 21 novembre 1979.
Le Président: Alors, ce document est
déposé.
M. le ministre du Tourisme.
Rapport annuel de la Régie des installations
olympiques
M. Vallerand: M. le Président, il me fait
particulièrement plaisir, principalement dans les circonstances qu'on
connaît, de déposer le rapport annuel 1992 de la Régie des
installations olympiques.
Des voix: Ah!
Le Président: Ce document est déposé. M. le
leader du gouvernement.
Réponses à des questions inscrites au
feuilleton
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président.
Conformément à notre règlement, je dépose les
réponses aux questions 13 et 14 du feuilleton de ce jour inscrites par
le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques; les réponses aux
questions 15 et 16 du feuilleton de ce jour inscrites par le
député de Lac-Saint-Jean et la réponse à la
question 17 inscrite au feuilleton de ce jour par le député
d'Ungava.
Le Président: Alors, ces documents sont
déposés.
Maintenant, dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de rapports de commissions
M. le président de la commission des institutions et
député de Marquette.
Consultation générale sur l'Accord de
libre-échange nord-américain
M. Dauphin: Oui. Merci beaucoup, M. le Président.
J'ai donc l'honneur de déposer le rapport de la commission des
institutions qui a siégé les 9, 10 et 11 mars 1993 afin de
procéder à une consultation générale et de tenir
des auditions publiques sur l'Accord de libre-échange
nord-américain.
Le Président: Ce rapport est déposé. Mme la
vice-présidente de la commission de l'éducation et
députée de Matane.
Consultation générale sur
l'avant-projet
de loi intitulé Loi modifiant
le Code des professions et
d'autres lois professionnelles
Mme Hovington: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'éducation qui a
siégé les 23, 24 février, 1er, 2, 3, 4, 5 et 16 mars 1993
afin de procéder à une consultation générale et de
tenir des auditions publiques sur l'avant-projet de loi, Loi modifiant le Code
des professions et d'autres lois professionnelles.
Le Président: Ce rapport est déposé.
Une voix: C'est bien fait. Une voix: Bravo!
Le Président: Maintenant, M. le président de la
commission de l'aménagement et des équipements et
député de Lévis.
Étude détaillée du projet de loi
75
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport de
la commission de l'aménagement et des équipements qui a
siégé le 23 mars 1993 afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 75, Loi modifiant
diverses dispositions législatives concernant l'abolition de la
Société d'aménagement de l'Outaouais. Le projet de loi a
été adopté avec un amendement.
Le Président: Alors, ce rapport est également
déposé.
Dépôt de pétitions
Maintenant, dépôt de pétitions. Mme la
députée de Matane.
Rendre eligible à l'exemption pour frais
de
garde la mère ou le père qui garde
ses
enfants à la maison et transformer
cette
exemption en un crédit d'impôt
remboursable
Mme Hovington: M. le Président, je dépose...
Une voix: Encore!
Mme Hovington: ...l'extrait d'une pétition adressée
à l'Assemblée nationale et au gouvernement du Québec par
9701 pétitionnaires du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie.
Les faits invoqués sont les suivants: «Nous
réclamons l'éligibilité à l'exemption pour frais de
garde à la mère ou au père qui garde son ou ses enfants
à la maison et la transformation de cette exemption en un crédit
d'impôt remboursable à cette personne.»
L'intervention réclamée se résume ainsi:
«Nous demandons à l'Assemblée nationale et au gouvernement
du Québec de reconnaître le rôle social assumé par
les parents et de les soutenir d'une manière tangible dans ce
rôle.»
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée. Maintenant, M. le député de
Trois-RK/iè-res.
M. Philibert: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale et
au gouvernement du Québec par 3379 pétitionnaires des AFEAS de la
Mauricie.
Les faits invoqués sont les suivants: «Nous
réclamons l'éligibilité à l'exemption pour frais de
garde à la mère ou au père qui garde son ou ses enfants
à la maison et la transformation de cette exemption en un crédit
d'impôt remboursable à cette personne.»
L'intervention réclamée se résume ainsi:
«Nous demandons à l'Assemblée nationale et au gouvernement
du Québec de reconnaître le rôle social assumé par
les parents et de les soutenir d'une manière tangible dans ce
rôle»
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition. Merci, M. le Président.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée. M. le député de D'Arcy-McGee.
Alléger le fardeau fiscal des
contribuables
M. Libman: Merci, M. le Président.
Je dépose l'extrait d'une pétition adressée
à l'Assemblée nationale par 448 pétitionnaires de la
région de Montréal.
Les faits invoqués sont les suivants: «Attendu que la loi
145, la réforme concernant les taxes municipales au Québec, a
résulté en une augmentation énorme et inacceptable des
taxes municipales pour plusieurs entreprises et individus; «Attendu que
les Québécois sont déjà lourdement taxés;
«Attendu que l'économie du Québec est en pleine
récession, le pire temps pour augmenter les taxes des petites et
moyennes entreprises qui en souffrent déjà;»
L'intervention réclamée se résume ainsi: «Que
l'Assemblée nationale du Québec agisse immédiatement afin
de faire tout ce qui est possible pour alléger ce fardeau fiscal
inacceptable pendant cette difficile période
économique.»
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: M. le député de Rousseau.
Rendre eligible à l'exemption pour frais
de
garde la mère ou le père qui garde
ses
enfants à la maison et transformer
cette
exemption en un crédit d'impôt
remboursable
M. Thérien: Merci, M. le Président.
Je dépose l'extrait d'une pétition adressée
à l'Assemblée nationale par 3771 pétitionnaires de
l'Association féminine d'éducation et d'action sociale.
L'intervention réclamée se résume ainsi:
«Nous demandons à l'Assemblée nationale et au gouvernement
du Québec de reconnaître le rôle social assumé par
les parents et de les soutenir d'une manière tangible dans ce
rôle. Nous réclamons à cette fin
l'éligibilité à l'exemption pour frais de garde à
la mère ou au père
qui garde son ou ses enfants à la maison et la transformation de
cette exemption en un crédit d'impôt remboursable à cette
personne.» Merci.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée.
Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Je vous avise qu'après la période des questions et
réponses orales le rapport de la commission plénière et la
motion présentée à la fin des travaux de la commission
plénière par M. le leader de l'Opposition officielle seront mis
aux voix ensemble.
Questions et réponses orales
Nous allons maintenant procéder à la période de
questions et réponses orales.
Je vais reconnaître, en première question principale, M. le
député de Labelle.
Politique de redressement des finances
publiques
M. Léonard: Merci, M. le Président.
Le président du Conseil du trésor, qui vient de
déposer ses crédits, veut relever les défis qui
s'annoncent en matière de dépenses et de gestion gouvernementale
et, pour cela, dit-il, il faut réévaluer les interventions
gouvernementales, de façon à recentrer l'action de l'État
et de ses ressources, repenser nos façons de faire, explorer de
nouvelles façons de fournir et de financer les services et
conférer au secteur public une plus grande souplesse de gestion. Il
entend faire cela en disant que son budget augmente seulement de 0,9 %. (15 h
20)
Le président du Conseil du trésor reconnaît-il,
d'abord, que, pour l'atteinte de ses objectifs - dit-il, de 1 600 000 000 $ de
compressions - que, pour en atteindre le tiers, il a procédé par
des écritures comptables uniquement de 500 000 000 $, de sorte que ses
dépenses réelles augmentent de 2,1 % et non de 0,9 %?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: Oui, M. le Président. J'ai eu l'honneur de
présenter, avec le ministre des Finances, depuis de nombreux mois, la
façon dont nous pouvons redresser, de façon graduelle, les
finances publiques.
Il y a deux étapes que nous pouvons prétendre franchir
aujourd'hui. La première, c'est que, pour l'année qui
s'écoulera la semaine prochaine, nous respectons l'objectif de
dépenses de 40 703 000 000 $ et que, deuxièmement, nous sommes
essentiellement exactement sur la cible que le ministre des Finances a
déjà décrite, de 41 074 000 000 $ ou 87 000 000 $ pour
l'année prochaine. Ça m'apparaît que ces deux
premières étapes du redressement graduel des finances publiques
sont des étapes réussies qui viennent de lancer le redressement
des finances publiques.
Deuxièmement, quant à savoir la façon dont nous
avons atteint ces résultats, je reporte le député au
chapitre VIII des renseignements supplémentaires, des renseignements
complémentaires. Il verra que les 1 400 000 000 $ de compressions de
dépenses nécessaires pour atteindre cet objectif ont
été réalisés par des réaménagements
au titre du fonctionnement des ministères, par des réductions
dans les programmes de transfert, par des réductions d'effectifs et par
la politique de rémunération du gouvernement du
Québec.
Les écritures dont le député veut nous entretenir
ne font pas partie des 1 400 000 000 $. Elles sont en surcroît.
Le Président: En question complémentaire.
M. Léonard: M. le Président, le président du
Conseil du trésor reconnaît-il que, sur son objectif de
compressions de dépenses de 1 600 000 000 $, il y a 203 000 000 $ qui
viennent d'une écriture comptable dans ses transactions avec les
commissions scolaires et qu'il y a une autre somme de 297 000 000 $ qui vient
de la réévaluation des réserves actuarielles dans les
fonds de retraite? C'est 500 000 000 $ qui ne sont que des
écritures!
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: La liste de compressions est pourtant claire. C'est 1
401 300 000 $. C'est ça qui est en cause. Ça se décompose
et c'est décomposé dans les chiffres que nous avons
publiés, dans ceux qui sont disponibles maintenant à l'ensemble
de la population. Ça se décompose dans des compressions
d'effectifs - je le répète - dans une politique de
rémunération, dans le réaménagement de
règles de fonctionnement des ministères et dans les
réductions effectuées au titre des programmes de transfert.
Ça, c'est les 1 401 300 000 $. On se comprend.
Ce dont le député nous entretient, ce sont des ajustements
qui, dans une machine compliquée et complexe comme l'ensemble du secteur
public, ne sont pas des faits nouveaux. À chaque année, il se
dégage, d'une façon ou d'une autre, soit au point de vue
comptable, au point de vue du traitement financier, au point de vue des
ajustements qu'on fait dans des sommes qui représentent des dizaines de
milliards de dollars, 100 000 000 $, 200 000 000 $, 300 000 000 $. Si le
député veut absolument faire tout un plat avec
ce qu'on fait cette année, je l'invite à redresser
l'ensemble des états financiers depuis 10 ans. Là, on comparera
les pommes avec les pommes.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Léonard: M. le Président, est-ce que le
président du Conseil du trésor ne reconnaît pas que, s'il
n'avait pas utilisé ces écritures comptables, ses
dépenses, au lieu d'augmenter de 0,9 %, auraient augmenté de 2,1
%, presque l'inflation?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: M. le Président, si on est en train de vouloir
dire que presque l'inflation, c'est honteux, je veux juste rappeler au
député que c'est la première fois depuis 20 ans que, de
toute façon, même avec ses façons à lui de compter
-je ne parte pas des nôtres, j'ai confiance en les nôtres - c'est
la première fois depuis 20 ans, à part des coupures de 20 % que
vous avez réalisées, qu'on atteint une croissance des
dépenses inférieure à l'inflation.
Des voix: Bravo!
Le Président: Pour une autre question
complémentaire.
M. Léonard: M. le Président, comme le
président du Conseil du trésor reconnaissait qu'il fallait
réévaluer les interventions gouvernementales après avoir
dépensé le I PC + 3 % depuis au moins trois ans, est-ce qu'il
pourrait nous dire où, dans ses crédits, il trouve un recentrage
de l'action de l'État? Et où est-ce qu'il peut nous dire qu'il a
mis, inséré une nouvelle façon de fournir des services de
la part de l'État?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: C'est d'abord et avant tout, je le
répète, et je le dis depuis 24 heures, dans la proposition que
j'ai faite à nos employés du secteur public qu'on retrouve une
façon de redéfinir l'atteinte d'objectifs communs au niveau des
établissements, des commissions scolaires, des ministères, des
organismes. La proposition que nous avons faite doit engager l'ensemble de
salariés du secteur public, syndiqués et non syndiqués,
à définir des objectifs, à respecter le cadre financier,
à modifier les règles d'organisation du travail afin que nous
dégagions des économies qui permettent de rendre les services
à la population, auxquels elle a droit, à des coûts dont la
population a les moyens.
Je le dis, je le répète, c'est ce qui est
intégré et c'est une grosse portion des crédits qui ont
été déposés aujourd'hui. Pour l'avenir, nous avons,
par ailleurs, introduit, vous le savez, M. le Président, une
démarche de réalignement de l'administration publique qui est une
nouvelle approche afin d'évaluer les programmes, de les remettre en
cause et de refaire la structure gouvernementale dans l'intérêt
des citoyens.
Des voix: Bravo!
Le Président: Pour une dernière question
additionnelle.
M. Léonard: M. le Président, le président du
Conseil du trésor, qui entend conférer au secteur public une plus
grande souplesse de gestion, peut-il nous indiquer où, dans les
récentes décisions qu'il a communiquées, en particulier en
ce qui concerne les conventions collectives, hier, il trouve des façons
d'introduire une plus grande souplesse des fonds publics et, en particulier,
dans la gestion des ressources humaines, ce qui a été
déploré par le Vérificateur général avant
Noël?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: Qui précisément est le même
Vérificateur général qui, il y a quelques jours,
félicitait le premier ministre et le président du Conseil du
trésor de mettre de l'ordre dans les façons de faire...
Des voix: Bravo!
M. Johnson: Je demande au député de Labelle, M. le
Président, de considérer, dans la proposition que nous avons
faite à nos employés, la démarche que tous les
salariés, tous ceux qui sont rémunérés dans les
crédits qui ont été déposés aujourd'hui, la
démarche que tous ces gens devront engager afin,
précisément, de rendre les services publics d'une façon
plus directement responsable aux usagers, de sorte qu'on puisse dégager
des économies, de sorte qu'on puisse alléger l'appareil. C'est le
défi auquel j'ai convié, hier, les représentants des
employés. Je suis profondément convaincu qu'à
l'étude de cette proposition ils contribueront à faire du secteur
public une machine, une administration plus souple, plus efficace, à
l'avantage de tous les citoyens.
Le Président: En question principale maintenant, M. le
député d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de l'Opposition.
Politique de développement
régional
M. Gendron: Oui, M. le Président. La colère gronde
dans plusieurs régions du Québec suite aux nombreuses coupures du
gouvernement qui affectent directement les services en région.
Alors que des mesures énergiques s'imposeraient pour contrer le
phénomène de dévitalisation et de déstructuration
s'immisçant dans plusieurs régions du Québec, le
gouvernement libéral contribue à la dégradation de la
situation et à l'élargissement des disparités par une
série de coupures, coupures du quart des bureaux agricoles, refus du
ministère de l'Environnement d'octroyer, tel que promis et signé,
35 000 $ par conseil régional, fermeture des bureaux
d'Hydro-Québec, 44 % de moins des budgets des centre régionaux,
disparition des agents de développement ruraux, Jeunes entrepreneurs,
etc. Partout, pertes d'emplois, de services et aucune consultation avec le
milieu régional. (15 h 30)
Toutes ces coupures interviennent au moment même où on vit
la première année de la mise en application de la nouvelle
politique de développement régional où le ministre avait
pourtant promis une contribution des ministères sectoriels pour un
montant de 500 000 000 $. Ma question: Est-ce que le ministre des Affaires
régionales est intervenu auprès de ses collègues qui
donnent la claque aux régions afin de leur rappeler qu'un des objectifs
de sa politique de développement régional était de
rapprocher les actions des ministères sectoriels de celles des
régions, et qu'en est-il du noble objectif de faire plus avec moins en
mettant les régions dans le coup?
Le Président: M. le ministre responsable du
développement régional.
M. Picotte: M. le Président, je suis obligé de
constater que le député d'Abitibi-Ouest s'inscrit à la
période de questions pour tâcher de se mettre en évidence
au moins une fois dans la semaine.
Lorsqu'il me demande si je suis intervenu, il devrait savoir, de un, M.
le Président - il ne le sait peut-être pas - que, dans sa propre
région, je dois dire, la table de concertation, qui est un modèle
par excellence, va me présenter d'ici 15 jours même son plan
stratégique de développement, et ce n'est pas lui qui y a
concouru le plus, M. le Président. Les gens sont conscients que le point
de vue de la concertation va faire en sorte que les régions se
développent davantage.
Je pourrais relever, M. le Président, un paquet de choses qu'a
dites le député d'Abitibi-Ouest. Quand il dit «disparition
des agents en milieu rural», il ne connaît absolument pas le
dossier. Il aurait avantage à savoir que l'argent qu'on mettait
là-dedans a été donné à chacun de ces
conseils régionaux et que ce sont eux, M. le Président, qui
décideront s'ils doivent en avoir un, deux, trois, quatre ou cinq. Ils
pourront en avoir plus qu'avant ou ils pourront en avoir un petit peu moins,
dépendamment de ce qu'ils souhaiteront faire avec leur argent. Donc, le
député d'Abitibi-Ouest devrait se mettre à l'heure de
1993.
Le Président: En question complémentaire.
M. Gendron: J'ai l'impression que ça va faire plaisir aux
régionaux de vous entendre, comment vous êtes responsable, vous
connaissez votre dossier.
Est-ce que vous ne convenez pas, M. le ministre, que vos beaux discours
ne correspondent d'aucune façon à ce qui se passe dans la
réalité de chacune des régions du Québec? Ma
question était très simple: Est-ce que vous ne croyez pas que vos
coupures aveugles dans les régions ne tiennent d'aucune façon
compte de votre beau discours des tables régionales et, la mienne comme
les autres, elles n'ont pas une cent pour être capables de poser des
gestes concrets de soutien du développement parce qu'elles ne peuvent
pas libérer les 3 000 000 $ que vous leur avez promis?
M. Picotte: M. le Président. Le Président:
M. le ministre.
M. Picotte: Mais c'est fantastique jusqu'à quel point ce
député est dépassé! C'est fantastique
jusqu'à quel point ce député est dépassé.
Non seulement ils ont en main, ils peuvent bénéficier, dès
qu'ils auront signé l'entente et avec le plan stratégique, des 3
000 000 $...
Des voix: Ah! Ah!
M. Picotte: Ah oui! Ah! Ah! On va faire différemment de
vous qui avez accepté n'importe quel projet, que ça fonctionne ou
pas, et le lendemain ou deux ans après, ça n'existait plus,
après avoir endetté, avec le père de l'endettement du
Québec, Jacques Parizeau, tout le Québec. On ne fera pas ce que
vous avez fait! C'est justement ça.
Des voix: Bravo!
M. Picotte: Et non seulement... Et non seulement... Et non
seulement, M. le Président, ils peuvent bénéficier de leur
argent, mais on a fait ce que vous n'avez pas eu le courage de faire comme
gouvernement: ces 3 000 000 $ ne sont même pas périmables, ce que
vous n'avez jamais réussi à faire dans votre vie.
Des voix: Bravo!
Le Président: Pour une autre question
complémentaire.
M. Gendron: Au lieu de faire une crise... Au lieu de faire une
crise...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît! À l'ordre! S'il
vous plaît!
Votre question, M. le député, s'il vous plaît.
M. Gendron: Oui, ma question: Comment le ministre des Affaires
régionales explique-t-il qu'une série d'intervenants
régionaux comme le maire Pouliot, que je pourrais citer, ou d'autres
disent: Ce gouvernement n'est pas en mesure d'avoir aucune
réalité par rapport à la politique régionale de
développement préconisée par le ministre Yvon Picotte,
dans une meilleure prise en charge par le milieu? Comment faites-vous pour
expliquer le lien que l'ensemble des intervenants font entre la non-relation du
discours que vous préconisez partout et le fait que personne d'eux n'est
mis à contribution dans les coupures aveugles que vous faites? C'est
ça, la question. Et pourquoi il y a toujours juste 20 % des budgets qui
sont sortis, si ça marche aussi bien que vous le pensez?
M. Picotte: M. le Président... Le Président:
M. le ministre.
M. Picotte: ...je ne fais pas de crise. Si je faisais une crise,
ce n'était sûrement pas pour faire comprendre celui qui
m'interroge parce que je sais qu'il ne comprendra jamais, de toute
façon. C'est peine perdue. Mais, M. le Président, quand
vous...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! Un
instant! S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Alors, M. le ministre, je vous prierais de vous adresser à la
présidence, s'il vous plaît. Oui, en vous adressant dans votre
discours non pas directement aux gens d'en face, mais toujours à la
présidence. Allez-y.
M. Picotte: Avant de m'interrompre, M. le Président, je
disais: «M. le Président, quand vous parlez». Je sais que ce
n'est pas vous qui m'avez parlé. Ça doit être parce que je
passe par vous pour aboutir là-bas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: M. le Président, quand on dit qu'on coupe,
entre autres, dans les bureaux, le député d'Abitibi-Ouest devrait
savoir que toutes ces discussions-là se font en étroite
concertation avec l'UPA, d'abord, nos premiers intervenants, à nous, au
ministère de l'Agriculture, que c'est acheminé, par la suite,
à la table, M. le Président. Donc, quand le député
d'Abitibi-Ouest dit ça, c'est que, sciemment, il ne sait pas de quoi il
parle, quand il dit une chose pareille à celle-là ou, s'il sait
de quoi il parle, M. le Président, sa carte de membre qu'il a dans ses
poches l'aveugle.
Le Président: Pour une question complémentaire?
M. Baril: Oui, en complémentaire. Le Président:
S'il vous plaît!
M. Baril: Est-ce que la vice-première ministre est
d'accord avec la décision d'Hydro-Québec de vider les
sous-régions en transférant des emplois d'une ville à une
autre, même s'il n'y a aucune économie d'échelle? Au
contraire, l'opération se solde par des coûts additionnels pour
Hydro-Québec. Est-ce que la vice-première ministre est d'accord
avec Hydro-Québec?
Le Président: Évidemment, M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Strictement aux fins d'application
du règlement, M. le Président, est-ce qu'il s'agissait là
d'une question principale adressée à Mme la vice-première
ministre?
Le Président: Évidemment, je l'acceptais, à
ce moment-ci, comme question additionnelle, mais, en principe, vous savez, vous
avez... S'il vous plaît! S'il vous plaît! Si vous avez une question
de règlement, je suis prêt à vous écouter, M. le
député, sinon je vous demanderais de respecter les règles
de l'Assemblée.
Alors, simplement, on avait ouvert la porte dans le préambule, ce
qui n'est quand même pas nécessairement la bonne façon de
procéder, je le reconnaîtrai, mais la question est posée.
Alors, je demanderais à la ministre de répondre. Mme la
vice-première ministre et ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Mme Bacon: M. le Président, l'objectif - et je suis
très surprise des questions du député d'Arthabaska
puisqu'il a passé un bon 20 minutes, ce matin, à interroger les
gens d'Hydro-Québec à la commission parlementaire -
recherché par Hydro-Québec, c'est d'offrir le meilleur service au
meilleur coût. Quand on regarde les compressions d'emplois qui sont
faites en ce moment, il n'y a pas un emploi qui est perdu, il y a des mutations
qui sont faites dans les emplois permanents. Et, quand on considère les
compressions d'emplois qui étaient importantes en 1982 et 1985, 2200
travailleurs ont été mis à la retraite, M. le
Président, ou mis à pied d'Hydro-Québec lors du
gouvernement, à l'occasion du gouvernement du Parti
québécois, on n'y va pas d'une façon aveugle. Depuis 1985,
Hydro-Québec a bien géré. Si nous ne faisons pas ce genre
de compression budgétaire, c'est un demi-point de plus que les
Québécois devront payer dans la tarification. C'est ça que
vous voulez?
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que la ministre de
l'Énergie et des Ressources... comment peut-elle soutenir ça,
alors que, dans sa réponse, elle appuie Hydro-Québec, alors que
son collègue des Forêts considère qu'Hydro-Québec a
menti à la population de Rivière-du-Loup?
Une voix: Ah! Ah!
Le Président: Alors, Mme la ministre.
Mme Bacon: II faudrait suggérer au député de
Joliette, leader de l'Opposition, de questionner le ministre des Forêts,
M. le Président.
Des voix: Ha,ha, ha!
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président: Alors, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: ...je reviens avec ma question. Si la ministre
soutient Hydro-Québec dans toute son opération de
démembrement des régions ou des sous-régions, est-ce que
la ministre a pris la peine et le temps de consulter ses collègues qui,
eux, appuient leur sous-région et considèrent même
qu'Hydro-Québec leur a menti dans les informations transmises, et qu'il
y aurait moyen de trouver des formules adéquates dans les
circonstances?
Le Président: Alors, Mme la vice-première
ministre.
Mme Bacon: M. le Président, les consultations ont
été faites par la ministre de l'Énergie et des Ressources
auprès de ses collègues. Ceux qui ont bien voulu y assister
étaient présents, ont reçu les informations. S'ils avaient
besoin d'informations supplémentaires, ils en ont eu directement des
gens d'Hydro-Québec, M. le Président.
Le Président: Alors, pour une question principale, M. le
député de Masson. (15 h 40)
Ouverture d'un casino à Kahnawake
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Dans un article
de La Presse, aujourd'hui, le ministre des Affaires autochtones
déclare qu'il est prêt à discuter avec les Mohawks de
Kahnawake de l'ouverture éventuelle d'un casino sur leur réserve,
précisant que personne n'a dit qu'il n'y aurait qu'un casino dans la
région de Montréal.
Sachant qu'en Saskatchewan la communauté autochtone a
préféré la saisie de son équipement plutôt
que de se plier aux lois provinciales, ma question est la suivante: Est-ce que
le ministre des communautés autochtones du Québec offre, de sa
propre initiative, de discuter avec le chef des Mohawks d'une éventuelle
ouverture d'un casino sur leur territoire, même avant que celui-ci, le
chef Norton, en fasse la demande, parce qu'il a peur que les autochtones aient
le prétexte de dire que leur territoire est un territoire
fédéral et que le Québec n'y a pas affaire?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires autochtones.
M. Sirros: M. le Président, ça n'a rien à
voir avec ce que le député prétend. Ce que j'ai dit et ce
que je vais répéter, c'est que nous sommes
intéressés à avoir un dialogue avec la communauté
mohawk de Kahnawake, comme avec les autres communautés autochtones, qui
va faire en sorte qu'on puisse envisager un développement
économique de ces communautés-là. Si elles veulent nous
soumettre pour considération des projets de développement
économique, je les considérerai et je ferai part aux ministres
concernés de mes points de vue. De là à envisager
l'implantation d'un casino comme tel, il y a loin de la coupe aux
lèvres, en particulier par rapport à la situation actuelle
à Kahnawake.
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît! M. Sirros: Si
ça vous intéresse-Le Président: Un instant, s'il
vous plaît.
Alors, des deux côtés, je vous demanderais de respecter le
règlement. Alors, M. le ministre.
M. Sirros: M. le Président, il y aurait évidemment
une série de choses qu'il faudrait normaliser avant de pouvoir envisager
quelque projet de développement économique que ce soit. La
communauté ne m'a pas soumis de projet concret, et je sais, par contre,
qu'ils ont procédé à une consultation dans la
communauté - ça a été rapporté, ceux qui
suivent le dossier le savent - sur la question d'un casino. Alors, j'imagine
que, quelque part, ils ont cette idée en tête. Tout ce que j'ai
dit, et je le répète: On est prêt à
considérer tous les projets de développement économique.
De là à voir à leur implantation, il y a des choses qu'il
faudrait régler, M. le Président.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
Une voix: Une grappe, une fausse grappe.
M. Blais: Le ministre, en disant qu'il y a loin de la coupe aux
lèvres, est-ce qu'il dit qu'il
veut discuter d'un éventuel casino sur le territoire des Mohawks,
tout en disant qu'il ne veut pas qu'il y en ait? Si on ne veut pas qu'il y en
ait, vous dites qu'il n'y a pas de discussion. Est-ce que vous voulez discuter
ou si vous ne voulez pas discuter avec eux d'un casino?
Le Président: M. le ministre.
M. Sirros: Ce que je voudrais en premier lieu, M. le
Président, ce serait d'avoir un parti d'Opposition qui serait
intéressé à résoudre le dossier et à
l'aborder avec un certain calme. Ce serait la première chose.
Une voix: Bravo!
M. Sirros: La deuxième chose que j'aimerais avoir, M. le
Président, ce serait la volonté de la part de tout le monde de
pouvoir placer les choses dans un contexte qui vise la normalisation des
relations. Pour ce faire, il faut établir un dialogue, une discussion et
un échange, M. le Président.
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! M. Blais: Quand on ne se fait pas dire... Le
Président: En question complémentaire.
M. Blais: ...qu'on ne comprend pas, on se fait dire de ne pas
parler fort.
Le Président: Alors, votre question, s'il vous
plaît!
M. Blais: Alors, il y a moyen de poser des questions selon notre
rythme, de ce côté-ci?
Le Président: Votre question, s'il vous plaît. Un
instant, s'il vous plaît! Je vous rappelle encore une fois à
l'ordre. J'ai demandé la collaboration de tous les membres de
l'Assemblée.
Alors, votre question, s'il vous plaît, M. le
député.
M. Blais: Est-ce que le ministre du Tourisme, si le ministre des
Affaires autochtones discute de casino avec les Mohawks, a calculé la
baisse de revenus que ça occasionnera au casino de Montréal?
Le Président: M. le ministre du Tourisme.
M. Vallerand: M. le Président, je pense que la question du
député de l'Opposition est très, très
prématurée, compte tenu de la réponse de mon
collègue, le ministre délégué aux Affaires
autochtones. Je ne pense pas qu'on soit, maintenant, en mesure d'évaluer
la perte de revenus anticipée à partir d'une hypothèse qui
n'a absolument pas de chances, dans un court avenir, de se réaliser, au
dire même de mon collègue des Affaires autochtones. C'est trop
prématuré, M. le Président.
Le Président: Alors, en question additionnelle, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de la Sécurité publique. Je voudrais savoir si le
ministre de la Sécurité a été mis au courant,
d'abord, avant une telle prise de décision par son collègue, de
pouvoir éventuellement discuter de casino dans la réserve de
Kahnawake, est-ce que le ministre a été mis au courant et a-t-il
pu donner son opinion? Parce que de créer de l'espoir par rapport
à une réalité, dans une conjoncture aussi difficile...
Le Président: M. le leader...
M. Chevrette: ...est-ce que le ministre a été mis
au courant?
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! Un
instant! Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, simplement
pour demander s'il s'agit là, encore une fois, d'une question
principale. S'il s'agit d'une additionnelle, je rappellerai très
gentiment...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...à mon vis-à-vis,
le leader de l'Opposition officielle, que ses questions doivent être sans
préambule.
Le Président: Alors, très bien, la question est
posée. M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Ryan: Non, je pense que je n'ai pas à faire rapport au
député de Joliette, leader de l'Opposition, des conversations qui
peuvent avoir lieu entre les membres du gouvernement, mais je voudrais
simplement préciser, sur ce sujet, que la décision
gouvernementale, comme je crois m'en souvenir, impliquait la création
d'un casino d'État à Montréal, d'un casino d'État
à Charle-voix, et pas d'autre chose, à moins d'avis
contraire.
Le Président: Alors, en question principale, Mme la
députée de Chicoutimi.
Budget alloué au programme Innovation
PME
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Ma question s'adresse au ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie. Est-il exact que le programme Innovation PME, annoncé il y
a un an avec l'enthousiasme juvénile qu'on connaît au ministre, a
vu son budget
gelé en décembre dernier, après moins de trois mois
de fonctionnement? Le ministre aurait-il déjà
épuisé l'enveloppe prévue pour cette année,
c'est-à-dire 8 000 000 $?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, je
référerais la députée de Chicoutimi aux
crédits de 1992-1993 pour le budget d'Innovation PME. On avait
budgété 8 313 000 $ et, pour les crédits de 1993-1994, 5
080 000 $.
Des voix: Bravo!
Le Président: En question complémentaire.
Mme Blackburn: Le ministre peut-il nous dire qu'il a
déjà, pendant trois mois, épuisé son enveloppe de 5
000 000 $? C'est ça, la question. Est-elle épuisée, son
enveloppe de 5 000 000 $, oui ou non?
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Écoutez, à
mon sens, il y a un seul ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie. La question lui est adres sée. S'il vous plaît,
à l'ordre! S'il vous plaît! Bon. Alors... Sil vous plaît, M.
le député.
Alors, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie considère que les crédits de 1993-1994, de 5
080 000 $ pour le programme Innovation PME sont suffisants pour répondre
à toutes les attentes des PME, et ceci, dans toutes les régions
du Québec.
Le Président: En question complémentaire.
Mme Blackburn: Le ministre peut-il nous dire s'il est exact que
le budget a été gelé er décembre dernier, avant
d'être dépensé? Et, si le ministre est incapable de
prévoir pour plus de trois mois, comment peut-il parler de
qualité totale aux entreprises du Québec?
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Je me rappelle qu'au mois de
décembre on a augmenté les budgets de Recherche et
développement-PME de 10 000 000 $, parce que la demande était
impor tante. Mais, en ce qui concerne le programme Innovation PME, la seule
chose que je peux répéter à la députée de
Chicoutimi, c'est que les fonds disponibles sont suffisants pour
répondre è toutes les attentes des entreprises, et ceci, dans
toutes les régions du Québec.
Le Président: En question principale, M. le
député de Jonquière.
Octroi du contrat pour travaux effectués
à la résidence Jean-de-la-Lande de Montréal
M. Dufour: Alors que le travail au noir est florissant dans le
secteur de la construction, que le nombre d'heures travaillées, qui
était de 118 000 000 il y a quatre ans, se situe à environ 67 000
000 en 1993, que 38 000 travailleurs ont perdu leur carte, faute d'avoir le
nombre d'heures suffisant pour la renouveler, on apprend que le gouvernement
endosse l'illégalité en permettant à un entrepreneur
d'effectuer des travaux dans un centre d'hébergement pour personnes
âgées, Jean-de-la-Lande, relevant du ministre de la Santé.
L'entreprise Ecosan inc. n'est pas enregistrée à la Commission de
la construction, ce qui est obligatoire, n'est pas inscrite à
l'Association de la construction du Québec et n'a pas de licence requise
pour effectuer les travaux, tel que confirmé par la Régie du
bâtiment. (15 h 50)
Est-ce que le ministre du Travail, qui a reçu des lettres
à ce sujet les 18 janvier, 25 janvier et 2 février derniers, peut
jouer son rôle de ministre et intervenir auprès de son
collègue de la Santé pour que les travaux entrepris
illégalement à la résidence Jean-de-la-Lande de
Montréal soient effectués par une entreprise qui détient
les permis requis en vertu de l'article 46 de la Loi sur les
bâtiments?
Le Président: M. le ministre du Travail.
M. Cherry: M. le Président, je profite de l'occasion, vu
que c'est la première question qui m'est adressée par celui qui a
maintenant la responsabilité du dossier du travail, de l'assurer de
l'entière collaboration que j'offre aux gens d'en face pour faire
évoluer les dossiers. Comme c'est sa première question, il me
semble qu'il serait important qu'il se souvienne que la façon de
distribuer les contrats, surtout en ce qui concerne le ministère de la
Santé, la procédure fait partie des responsabilités du
ministère qui lui sont confiées. Alors, il me semble que, dans ce
sens-là, si cette particularité-là vous préoccupe,
vous devriez adresser votre question à celui qui a la
responsabilité. C'est sa première question, il me semble que
c'est important qu'on collabore, et je le dis tout bonnement. Il me semble que
c'est là que la question devrait s'adresser, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: En question complémentaire. S'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous
plaît!
Question complémentaire, M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je peux peut-être permettre au ministre de
porter un jugement sur les questions, mais je peux peut-être porter un
jugement sur sa réponse, à l'effet que c'est peut-être sa
première journée qu'il est ministre du Travail!
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Est-ce que le ministre de la Santé va donner
l'ordre d'arrêter les travaux?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
j'admettrai au député de Jonquière que je suis
informé à l'instant même de l'existence de ce cas.
Peut-être y a-t-il eu du courrier au ministère, mais je ne l'ai
point vu. Je vais prendre les informations qui s'imposent aujourd'hui et,
dès demain, je donnerai une réponse complète au
député de Jonquière.
M. Dufour: Avec votre permission, M. le Président...
Le Président: Oui, une question complémentaire.
M. Dufour: ...est-ce que je pourrais déposer le
dossier?
Documents déposés
Le Président: alors, j'ai une demande pour le
dépôt de documents. il y a consentement. donc, les documents sont
déposés. vous avez une autre question?
M. Dufour: Donc, je dois conclure que le ministre du Travail, il
n'a pas fait son travail, M. le Président.
Le Président: Écoutez, une minute! Un instant, M.
le député! Simplement... S'il vous plaît! S'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît!
Vous posez une question directement, sans commentaire, sans
préambule.
M. Dufour: Comment le ministre du Travail va-t-il expliquer aux
entrepreneurs, qui respectent les lois en vigueur dans la construction, que
c'est sur la base du financement et non de la qualification de l'entrepreneur,
tel que prévu dans la loi, l'article 146, qu'il va déterminer
l'obtention du contrat? Comment il va expliquer ça aux gens?
Le Président: M. le ministre du Travail.
M. Cherry: Devant l'insistance, M. le Pré- sident, de mon
collègue de Jonquière, je lui rappelle que la correspondance
à laquelle il réfère, quand elle est arrivée
immédiatement chez nous, c'est l'entrepreneur, selon les informations
qui me sont fournies, qui serait arrivé le deuxième dont le nom
de l'entreprise, c'est Mon Plombier. Il a formulé à la
Régie une plainte écrite concernant ce dossier prétextant
que celui qui est arrivé premier ne possédait pas toutes les
licences requises pour pouvoir exécuter. Mais on me dit que - et
ça, c'est sous enquête - présentement, celui qui est
l'entrepreneur général, en autant qu'il confie les travaux bien
particuliers à un sous-traitant qui, lui, possède les licences
appropriées, on me dit que c'est quelque chose qui est correct, c'est la
façon de procéder. Mais, quand tu es deuxième en
soumission, il est possible que, quand tu n'as pas le contrat, tu invoques que
celui qui est avant toi ne les a pas tous. Mais il oublie de soulever la
possibilité que l'entrepreneur général ne doit pas
nécessairement détenir toutes les licences, mais s'assurer que
les travaux, eux, sont exécutés par ceux qui les
possèdent, M. le Président.
Le Président: En question complémentaire, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Je voudrais demander
au ministre du Travail...
Le Président: Écoutez, s'il vous plaît! M. le
député, je vous rappelle à l'ordre une autre fois.
Écoutez, M. le député, vous devez respecter, comme tout le
monde, les règlements de l'Assemblée, et je vous convie à
le faire d'une façon appropriée, comme député, avec
votre responsabilité qui vous échoit.
Alors, question complémentaire, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le ministre du
Travail est conscient que c'est lui qui est responsable de l'application des
lois du travail? Et, en tant que responsable de l'application des lois du
travail, est-ce qu'il considère que c'est une bonne chose que le secteur
public octroie des contrats à quelqu'un qui n'est pas qualifié et
que ce n'est qu'un jeu de concurrence pour donner des contrats à une
sous-traitance, alors qu'on exige des entrepreneurs qu'ils soient dûment
qualifiés, accrédités, licenciés pour oeuvrer dans
le secteur de la construction publique au Québec?
Le Président: Alors, M. le ministre du Travail.
M. Cherry: Je remercie le député de Joliette.
Ça me permet de clarifier la situation, M. le Président. Et je le
dis bien clairement: l'important et ce dont la Régie du bâtiment
doit s'assu-
rer, c'est que ceux qui exécutent les travaux possèdent
les licences nécessaires pour le faire. Celui qui est arrivé le
deuxième dans les soumissions, qui s'appelle Mon Plombier,
prétend que celui qui a obtenu le contrat pour l'ensemble des travaux ne
possède pas l'ensemble des licences. Mais ce qu'il y a d'important
à savoir, c'est que la façon dont, à l'institut
Jean-de-la-Lande, les contrats ont été distribués... C'est
qu'il faut s'assurer que celui qui a obtenu l'ensemble des travaux les confie
à des gens, à des sous-traitants qui, eux, possèdent les
licences appropriées et, dans ce sens-là, si ça a
été fait comme ça, c'est correct. Sinon, il y a
enquête à suivre, et je l'ai dit tantôt. Mais c'est la
façon, selon les informations qui m'ont été fournies, dont
ça a procédé.
Le Président: Alors, une autre question
complémentaire.
M. Dufour: m. le président, je voudrais porter à
l'attention du ministre cet article-là: aucun entrepreneur, selon
l'article de la loi sur le bâtiment en vigueur...
Le Président: Un instant! Oui, un instant, M. le
député! Vous êtes en question complémentaire, alors
vous devez poser directement une question.
M. Dufour: Est-ce que le ministre est au courant de la directive
qui a été émise par la Régie du bâtiment
à l'effet qu'aucun entrepreneur ne peut utiliser, pour
l'exécution de travaux de construction, les services d'un autre
entrepreneur qui n'est pas titulaire d'une licence à cette fin et des
montants d'amende? Oui, mais est-ce qu'il s'est assuré de la
conformité non seulement de la directive, mais des actions qui sont
posées sur le terrain?
Le Président: Alors, M. le ministre du Travail.
M. Cherry: J'espère, M. le Président, que ça
va pouvoir éclaircir. Ce qui est soulevé par le deuxième
soumissionnaire: il prétend que celui qui a obtenu l'ensemble du contrat
ne possède pas l'ensemble des licences requises. Donc, il faut s'assurer
que, pour des types d'activité qui requièrent ce type de licences
là pour l'exécution des travaux, ils vont être
exécutés par une firme qui possède les licences. Et, dans
ce sens-là, on m'assure, selon les informations que j'ai eues, que le
contrat en sous-traitance aurait été exécuté par
quelqu'un qui possède les licences appropriées pour le faire.
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition.
Implantation d'un centre d'études
collégiales dans Charlevoix
M. Brassard: Oui, M. le Président. L'inquiétude
mais aussi l'impatience grandissent dans Charlevoix présentement quant
à l'implantation d'un centre d'études collégiales par le
cégep de Jonquière. Parce qu'il est clair que, si, cette semaine,
la ministre ne donne pas une réponse positive, le démarrage du
centre d'études collégiales prévu pour septembre est non
seulement compromis, mais il devra être tout simplement annulé.
Tout est pourtant prêt. Il ne manque que l'autorisation
ministérielle.
Ma question, bien simple, à la ministre de l'Enseignement
supérieur: Est-ce qu'elle a l'intention, est-elle en mesure, cette
semaine, de donner une réponse affirmative au projet d'implantation d'un
centre d'études collégiales dans Charlevoix et, aux
représentants de la population de Charlevoix qui sont dans les galeries
et que je salue, est-ce qu'elle est en mesure de leur donner une réponse
positive cette semaine?
Le Président: Alors, Mme la ministre. (16 heures)
Mme Robillard: M. le Président, en compagnie du
député de Charlevoix, il y a à peine quelques jours, j'ai
rencontré, moi aussi, les représentants du milieu, qui m'ont fait
la démonstration de la nécessité d'un centre
d'études collégiales dans Charlevoix. À l'heure actuelle,
ce dossier-là a été analysé au niveau du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science. Il y a,
de fait, des problèmes de scolarisation et des problèmes au
niveau du passage du secondaire au collégial pour l'ensemble de la
population de Charlevoix. Et j'ose espérer que, d'ici quelque temps, on
pourra donner une réponse aux gens du milieu.
M. le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Brassard: M. le Président, est-ce que la ministre se
rend compte qu'en laissant poireauter les gens de Charlevoix, elle compromet,
non seulement elle compromet, mais elle rend impossible la mise en branle, le
démarrage du centre d'études collégiales pour l'automne
1993? Est-ce que c'est son intention que ce centre d'études
démarre en 1993 ou plus tard? C'est ça que les gens veulent
savoir. C'est quoi votre intention? C'est pour 1993...
Le Président: M. le député.
M. Brassard: ...ou aux calendes grecques?
Le Président: Alors, Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, c'est mon intention de
répondre le plus tôt possible aux
gens de Charlevoix tout en respectant les processus décisionnels
gouvernementaux qu'on se doit de faire dans un gouvernement responsable.
Une voix: Bingo!
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Laviolette.
Vente par REXFOR d'une scierie à La
Martre
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Les gens de la
municipalité de La Martre nous apprenaient, il y a quelque temps, selon
eux, la vente douteuse par la société REXFOR de l'usine Produits
forestiers LMC de La Martre au groupe de Denis Dubé de
L'îsle-Verte, dans le comté de Rivière-du-Loup. Cette
transaction litigieuse a été conclue sans l'appui
préalable des travailleurs et de la coopérative forestière
de La Martre et selon ce qui avait été demandé par les
gens de REXFOR à ces travailleurs et à cette
coopérative.
J'aimerais savoir de la part du ministre: Est-ce que la compagnie
REXFOR, dans la vente de ses équipements, doit procéder par
offres publiques, oui ou non?
Le Président: M. le ministre des Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, lorsque nous sommes intervenus pour construire une scierie
à La Martre, j'avais invité les gens du milieu à investir,
et on m'avait affirmé qu'on le ferait, ce qui n'a pas été
fait. Par contre, suite à la réduction des opérations
forestières dans la région, cette scierie ne pouvait pas trouver
le feuillu nécessaire à ses opérations, et j'ai
discuté avec Abitibi-Price pour obtenir du bois résineux afin de
changer la vocation de cette scierie, et j'ai mentionné à REXFOR,
étant donné qu'il fallait investir, de chercher des partenaires
et de négocier avec celui qui ferait la meilleure offre.
Le Président: Question complémentaire.
M. Jolivet: Est-ce que j'ai bien compris, M. le Président,
que c'était selon la meilleure offre, donc pas de soumissions publiques?
Et, dans ce contexte-là, M. le Président, est-ce que le ministre
peut déposer dans cette Assemblée les deux offres qui auraient
été faites par Denis Dubé, l'une au mois de
décembre et l'autre après qu'un autre groupe,
représenté par les travailleurs, ait fait une offre et, à
ce moment-là, qu'ils aient utilisé l'un contre l'autre? Est-ce
que le ministre peut déposer les deux offres de Dubé?
Le Président: Alors, M. le ministre des Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je n'ai pas pris connaissance des deux offres
déposées par M. Dubé ni de l'offre déposée
par M. Blanchet ou par le milieu, et c'est un problème interne à
REXFOR. Et, si nécessaire, oui, je m'informerai auprès de REXFOR
pour les déposer.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre est au courant de la lettre du
15 décembre, signée par Jean-Marie Rodrigue, président de
REXFOR, qui dit: C'est dans cette optique qu'a été reçue
et étudiée l'offre d'achat des produits forestiers Dubé
inc., de L'îsle-Verte, et que les contacts ont été
établis avec la coopérative, et, dans ce contexte-là, on
nous dit, à REXFOR, qu'il n'y a jamais eu deux offres? J'aimerais bien
savoir si c'est vrai ou si c'est faux, mais il semblerait qu'il y aurait eu
deux offres, une au mois de décembre et une dernièrement.
J'aimerais que le ministre les dépose.
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, comme le député de Laviolette le mentionne, il
semblerait qu'il y aurait eu deux offres. Je vais m'en enquérir et je
déposerai ce que je peux déposer, les offres que REXFOR aura
reçues, soit de Dubé, soit de Blanchet, soit du milieu, et,
encore une fois, j'ai demandé à REXFOR de négocier avec
celui qui faisait l'offre la plus intéressante pour démarrer
cette usine-là le plus tôt possible.
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre est bien conscient que, de la
façon dont il procède, il n'a pas d'offre de soumissions
publiques? Ce n'est pas la façon dont REXFOR et les organismes publics
doivent procéder. Ils doivent aller en soumissions pour la vente de
leurs actifs.
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, REXFOR ne vendait pas ses actifs, mais recherchait un
partenaire pour donner une nouvelle vocation à cette usine de sciage,
soit passer du résineux au feuillu ou l'inverse.
Le Président: Alors, c'est la fin de la période des
questions.
Votes reportés
Nous allons maintenant procéder aux votes reportés.
Mise aux voix du rapport de la commission
plénière qui a terminé l'examen
des motions
prioritaires inscrites au feuilleton par le
leader de l'Opposition officielle ainsi que
d'une motion présentée par
celui-ci
Rapidement, s'il vous plaît, Mmes et MM. les
députés. Alors, conformément à l'ordre
adopté à la séance d'hier par l'Assemblée, je mets
aux voix le rapport de la commission plénière... S'il vous
plaît! Je demande l'attention des collègues. S'il vous
plaît! Alors, conformément à l'ordre adopté à
la séance d'hier par l'Assemblée, je mets aux voix le rapport de
la commission plénière qui a terminé l'examen des motions
prioritaires inscrites au feuilleton par M. le leader de l'Opposition
officielle ainsi que la motion présentée à la fin des
travaux de la commission plénière par M. le leader de
l'Opposition officielle. Cette motion se lit comme suit: «Que cette
Assemblée, réitérant l'importance pour les parlementaires
de pouvoir disposer en temps utile de toute information concernant les
activités des ministères et organismes publics qui doit leur
être transmise par les ministres et dirigeants d'organisme, en vertu des
lois du Québec, demande le respect des dispositions législatives
à cet effet.»
Que les députés en faveur de cette motion veuillent bien
se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire: M. Parizeau (L'Assomption), M. Chevrette
(Joliette)...
Des voix: Bravo!
Le Secrétaire: ...M. Biais (Masson), M. Garon
(Lévis), Mme Harel (Hochelaga-Maison-neuve), M. Jolivet (Laviolette), M.
Baril (Artha-baska), M. Godin (Mercier), Mme Juneau (Johnson), Mme Caron
(Terrebonne), M. Dufour (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Gendron
(Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), M.
Paré (Shefford), M. Morin (Dubuc), M. Filion (Montmorency), M. Holden
(Westmont)...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! Alors,
nous allons vérifier pour le son, si ça fonctionne. Alors, nous
allons poursuivre le vote.
Allez-y, M. le secrétaire général.
Le Secrétaire: M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M.
Beaulne (Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Chutes-de-la-Chaudière), M.
Bélanger (Anjou).
M. Paradis (Brome-Missisquoi), Mme Ga-gnon-Tremblay
(Saint-François), M. Levesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M.
Ryan (Argenteuil), M. Côté (Charlesbourg), M. Bour-beau (Laporte),
M. Dutil (Beauce-Sud), M. Côté (Rivière-du-Loup), M. Sirros
(Laurier), M.
Vallières (Richmond), M. Vallerand (Crémazie), M. Elkas
(Robert-Baldwin), M. Tremblay (Outremont), M. Savoie (Abitibi-Est), M. Rivard
(Rose-mont), Mme Robic (Bourassa), M. Middlemiss (Pontiac), Mme Frulla
(Marguerite-Bourgeoys)...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! Je vais
demander la collaboration des collègues. Le micro fonctionne, mais on
voudrait bien qu'on puisse entendre également. (16 h 10)
Le Secrétaire: M. Cherry (Sainte-Anne), M. Bélisle
(Mille-Îles), M. Johnson (Vaudreuil), M. Cusano (Viau), M. Picotte
(Maskinongé), Mme Robillard (Chambly), M. Blackburn (Roberval), Mme
Bleau (Groulx), M. Houde (Berthier), M. Maciocia (Viger), M. Kehoe (Chapleau),
Mme Trépanier (Dorion), M. Cannon (La Peltrie), M. Beaudin
(Gaspé), M. Chagnon (Saint-Louis), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel (Sherbrooke), M. Doyon
(Louis-Hébert), Mme Bégin (Bellechasse), Mme Pelchat (Vachon), M.
Paradis (Matapédia), M. Marcil (Salaberry-Soulan-ges), M. Lemire
(Saint-Maurice), M. Leclerc (Taschereau), M. Poulin (Chauveau), M.
Thérien (Rousseau), M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M.
Williams (Nelligan), M. Dauphin (Marquette), M. Farrah
(îles-de-la-Madeleine), M. Fradet (Vimont), M. Messier (Saint-Hyacinthe),
M. Richard (Nicolet-Yamaska), M. Bradet (Charle-voix), M. Gauvin
(Montmagny-L'lslet), M. Gautrin (Verdun), M. Gobé (LaFontaine), Mme
Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M. Lafrenière (Gati-neau), M.
Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie), Mme Boucher-Bacon (Bour-get),
M. Parent (Sauvé), Mme Bélanger (Mégan-tic-Compton), M.
Camden (Lotbinière), M. Audet (Beauce-Nord), M. Després
(Limoilou), Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Khelfa (Richelieu), M. Lafrance
(Iberville), M. MacMillan (Papineau),
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron (Jacques-Cartier).
M. St-Roch (Drummond).
Le Président: Est-ce qu'il y a des députés
contre cette motion? Est-ce qu'il y a des abstentions?
Le Secrétaire: pour: 99 contre: 0 abstentions: 0
Le Président: Le rapport et la motion sont donc
adoptés.
Maintenant, motions sans préavis.
Avis touchant les travaux des commissions
Avis touchant les travaux des commissions. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président.
J'avise cette Assemblée que, demain, le jeudi 25 mars 1993, de 10
heures à 12 h 30, à la salle du Conseil législatif, la
commission de l'économie et du travail poursuivra sa consultation
générale sur le plan de développement
1993-1995d'Hydro-Québec.
Le Président: Merci, M. le leader du gouvernement.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Ceci met donc fin à la période des affaires courantes.
Affaires du jour
Nous allons maintenant procéder aux affaires du jour.
Affaires inscrites par les députés de
l'Opposition
Aux affaires du jour, nous allons procéder aux affaires inscrites
par les députés de l'Opposition, en demandant, s'il vous
plaît, encore une fois, la collaboration des membres de
l'Assemblée. Mmes, MM. les députés, je vous invite
à poursuivre vos caucus à l'extérieur. Mmes, MM. les
députés, s'il vous plaît!
Reprise du débat sur la motion proposant
que
l'Assemblée se déclare en faveur du
maintien
intégral du principe de la
gratuité
des études collégiales
L'Assemblée reprend le débat sur la motion de M. le whip
de l'Opposition officielle. Cette motion se lit comme suit: «Que cette
Assemblée se déclare en faveur du maintien intégral du
principe de la gratuité des études collégiales.»
Avant que le débat sur cette motion ne reprenne, je vous rappelle
la répartition du temps de parole établi pour la discussion de
cette motion. Mise à part la réplique de 15 minutes
accordée à l'auteur de la motion et des 15 minutes
allouées à l'ensemble des députés
indépendants, les deux groupes parlementaires se partagent
également la période consacrée à ce débat.
Dans ce cadre, les interventions sont limitées à une durée
d'une heure chacune au maximum.
Je suis maintenant à reconnaître le prochain intervenant.
M. le député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Oui. Alors, merci, M. le Président.
Moi, je voudrais prendre les quelques minutes - malheureusement, je n'ai
que 10 minutes - ces 10 minutes pour faire un plaidoyer en faveur de la
jeunesse québécoise. Un petit commentaire en commençant.
J'ai écouté la ministre, la semaine passée, sur cette
motion, et, pendant une heure de temps, elle a su se défiler pour parler
de la réforme du système collégial, sans jamais parler sur
le maintien ou non de la gratuité des études collégiales.
C'est ça qui est le fond de la motion. Mais, comme je n'ai pas grand
temps, je veux amener des arguments qui représentent ce que les jeunes
pensent, et ce dont les jeunes ont besoin. Pour ce faire, je veux citer le
président du Conseil permanent de la jeunesse. Je pense que, s'il y a un
milieu qui a de la crédibilité, qui est représentatif,
c'est bien le Conseil permanent de la jeunesse, un organisme fondé par
le gouvernement actuel, et qui relève directement du bureau du premier
ministre.
Le Président: Un instant, M. le député. Je
vais demander à nouveau la collaboration des collègues pour ne
pas déranger celui qui a la parole, comme le prévoit le
règlement.
Allez-y, M. le député de Shefford.
M. Paré: Merci, M. le Président.
Je vais d'abord rappeler qu'en 1989 le Conseil permanent de la jeunesse,
après une consultation à travers tout le Québec, a
émis un document, qui s'appelle «Les couleurs de la jeunesse...
noir sur blanc». Ce n'était pas le hasard, c'était pour
montrer la situation de la jeunesse en 1989. Et les couleurs, c'était
noir sur blanc. Il y avait une foule de recommandations là-dedans. On
demandait au gouvernement de prendre des mesures pour une politique de plein
emploi, de maintenir la gratuité au niveau universitaire. Le
gouvernement n'a pas écouté.
Est-ce que la situation s'est améliorée au Québec,
pour les jeunes? Non, à un tel point que je vais vous citer, encore une
fois, un communiqué émis par M. Alain Perreault, président
du Conseil permanent de la jeunesse, en date du 23 février 1993, il y a
à peine quelques semaines. Qu'est-ce que disait M. Perreault? «Les
jeunes luttent entre la révolte et le désespoir.» Toujours
en parlant du sujet dont on traite ici, la gratuité au niveau
collégial et la situation en général des jeunes:
«Quelles solutions leur offre-t-on, quel projet de société
leur présente-t-on? Coupures dans l'éducation - on a la preuve
dans les crédits qui ont été déposés cet
après-midi - dans la sécurité du revenu, dans la
santé, restrictions, compression des effectifs, imposition de frais de
scolarité, de tickets modérateurs. Toutes ces mesures sans espoir
rendent l'avenir plus sombre et désespérant.»
Pour ne pas endetter davantage les générations futures,
quel bel argument. On dit qu'on va charger des frais de scolarité pour
ne pas endetter nos jeunes pour le futur. Bien, plutôt que de les
endetter pour le futur, on les endette maintenant. On leur impose des frais
maintenant au moment où c'est des étudiants et au moment
où ils n'ont pas de revenus. Alors, on leur dit: Pour ne pas que
collectivement vous ayez à
payer plus tard, le beau cadeau qu'on vous fait, on vous fait payer
individuellement maintenant. C'est ça qui n'est pas acceptable. Il va
falloir arrêter de rire du monde, et c'est ce que M. Perreault vous
demande.
Il va plus loin. «La situation est dramatique. 4 sur 10 de nos
jeunes n'ont pas d'emploi. Plus que tout autre groupe, les jeunes subissent
déjà les coupures liées à la lutte au
déficit. La stagnation des dépenses dans le secteur de
l'éducation, l'éventualité de l'imposition des frais de
scolarité au collégial, l'augmentation de ces frais à
l'université, le gel de l'embauche dans la fonction publique, les
restrictions envisagées dans les programmes d'assurance-chômage et
de sécurité du revenu ne sont que quelques exemples qui mettent
en péril les possibilités pour les jeunes de jouer un rôle
actif et de mettre à profit leurs capacités.» «Vivre
selon nos moyens», c'est la nouvelle direction du gouvernement en face,
«Vivre selon nos moyens». Quand on lit ce qu'on retrouve dans ce
document et les coupures dans les budgets, on se rend compte que vivre selon
nos moyens, tel que présenté par le gouvernement libéral
actuel, c'est la nouvelle façon de dire qu'on est né pour un
petit pain. C'est: On est né pour un petit pain, version moderne. C'est
lamentable. Il faut avoir plus que ça à offrir à notre
société, et spécialement à notre jeunesse
québécoise. «Vivre selon nos moyens - et c'est M. Perreault
que je cite - quand le gouvernement parle de rattrapage en matière de
frais de scolarité, on sait les conséquences que cela aura:
impossibilité pour plusieurs jeunes de poursuivre leurs études,
endettement, abandon scolaire. Fini la démocratisation de
l'éducation. S'ils ne peuvent plus continuer d'étudier, où
iront les jeunes? Rejoindre les rangs des chômeurs ou des assistés
sociaux? Drôle de façon de faire de l'économie. Est-ce
qu'il ne viserait pas plutôt de réduire les dépenses dans
l'éducation en diminuant le nombre d'étudiants?» C'est
exactement ça. M. Perreault l'a compris et il l'a dit. Et il conclut:
«Et que voient-ils à l'horizon? Rien, du noir.» (16 h
20)
Alors, je vous le citais... En 1989, le Conseil permanent de la jeunesse
vous le disait noir sur blanc. En 1993, parce que vous ne les avez pas
écoutés, par les mesures que vous avez prises, eh bien,
maintenant ce n'est que du noir. Ce n'est même plus noir sur blanc, ce
n'est que du noir: «Aucun projet collectif qui ne semble les inclure
comme auteur et promoteur». Ça, c'est M. Perreault du Conseil
permanent de la jeunesse. Et vous allez me dire que ça date de quelques
semaines, que, depuis, la situation a évolué. Est-ce que les
inquiétudes amenées par M. Perreault sont maintenues? Eh bien, je
vais vous lire un communiqué de presse qui a été
émis le 19 mars 1993. Ça fait quelques jours. Qu'est-ce que dit
M. Perreault par rapport à la réforme, par rapport aux
coûts qu'on veut imposer aux jeunes, individuellement, dans les
cégeps? Eh bien, je vais lire, M. le Président, c'est ce qu'il y
a de mieux: «Le ticket modérateur, une mesure inappropriée.
L'imposition des frais modérateurs aux jeunes qui tardent à
compléter leurs études ou qui subissent des échecs
constitue une mesure à la fois discriminatoire et inefficace. Selon le
Conseil permanent de la jeunesse, cette formule vise à punir des gens
qui ont besoin d'aide et de soutien et pousse davantage au découragement
et au décrochage qu'à la réussite scolaire. C'est ce genre
de décision gouvernementale qui vient encore empirer une situation qui
est dénoncée par tout le monde.»
M. Perreault continue. «Un cégep réservé aux
riches». Est-ce qu'on s'en va vers ça? Selon M. Perreault, avec
les mesures qu'on nous annonce, c'est exactement ça, l'avenir, pour nos
jeunes. Quand on parle de frais de scolarité ou d'un ticket
modérateur, tous ces mots cachent, selon lui, la même
vérité. Le gouvernement tente de passer une partie de la facture
aux jeunes, alors que ceux-ci comptent actuellement parmi les groupes les plus
durement touchés par la récession, la rareté et la
précarité de l'emploi.
Et je continue, toujours, les propos du 19 mars dernier de M. Alain
Perreault, président du Conseil permanent de la jeunesse et, je le
rappelle, rattaché au bureau du premier ministre, très
représentatif de la jeunesse québécoise: «C'est le
début de la fin de la gratuite scolaire. Le Conseil est inquiet. La
ministre n'hésite pas à remettre en question le principe de la
gratuité scolaire, et donc réduire l'accès à
l'enseignement supérieur alors que le Québec commence à
peine à rattraper le retard qui le caractérise dans ce domaine.
Contrairement à la ministre Robillard qui demande aux
élèves des cégeps d'attendre le dépôt de sa
réforme avant de protester, le Conseil permanent de la jeunesse croit
que la menace est suffisamment importante pour susciter un mouvement
collectif.»
Voici les propos de M. Perreault, président du Conseil permanent
de la jeunesse. Un avis, en 1989, de prudence et de gestes concrets à
poser. Le gouvernement non seulement ne les a pas écoutés, mais
il est allé exactement dans le sens contraire. Aujourd'hui, deux avis
dans l'espace de deux semaines pour montrer l'urgence de la situation. Est-ce
que, de l'autre côté, on va comprendre que la situation est assez
dramatique, que les jeunes demandent qu'on les écoute via la voix de
leurs représentants? Les jeunes demandent qu'on les aide plutôt
que de continuer à les endetter. Et maintenant que, collectivement, il
semble que ce n'est plus possible, on va les endetter individuellement. C'est
un retour de presque 30 ans en arrière, où on vient toucher
à l'accessibilité à l'enseignement supérieur.
C'est impensable, M. le Président, de se permettre de toucher
à quelque chose d'aussi
fondamental. Et la ministre dit: Attendez donc. Attendre quoi? Mme la
ministre, je vous demande de déposer votre réforme au plus
sacrant. C'est urgent, parce que les jeunes ont le droit de dire leur mot
là-dessus. Et ce serait indécent que le gouvernement
libéral fasse ce qu'il a fait au cours des années passées,
déposer des changements majeurs dans la société au moment
où les jeunes vont être dans leurs examens ou, encore pire, puis
c'est possible, au moment où les jeunes vont être en congé
estival. Ne faites pas ça. Ce serait irrespectueux et indécent.
Il y a urgence à déposer votre réforme de façon
à ce que les jeunes, pendant qu'ils sont aux études, pendant
qu'ils ne sont pas en examens et pendant qu'ils sont mobilisés et
prêts à intervenir puissent discuter et faire valoir leur point de
vue. Parce que c'est de leur avenir qu'on est en train de discuter, et ce
serait impensable que, d'une façon irresponsable, on décide de
reporter à plus tard, au moment des examens ou, encore pire, au moment
du congé estival, pour déposer ce projet de loi.
Il est important de déposer la politique et il est important de
se prononcer au plus tôt. Parce qu'on a vu ce que ça fait. Le gel
des frais de scolarité, on s'est battu pour le maintenir et on l'a
maintenu pendant des décennies. En 1986, qu'est-ce que le gouvernement
libéral a fait? Ah non, non! Il dit: On n'est pas pour dégeler,
mais, à la place, ça a été les frais
afférents. Quand on veut le faire d'une façon hypocrite, c'est ce
qu'on fait, on prend un autre mot. Alors, ça a été les
frais afférents. On a commencé à augmenter tranquillement.
Mais qu'est-ce qui est arrivé, en 1989? Ça a été le
dégel. Bien, on a dit: Énervez-vous pas. Ce n'est pas grave.
C'est le dégel, ça ne sera pas beaucoup. Peut-être 10 %.
Qu'est-ce qui est arrivé? C'est qu'en même temps on a
enlevé le plafonnement. Ça veut dire qu'en l'espace de deux ans,
pour nos jeunes Québécois et Québécoises, c'est une
augmentation de 700 $ par année de frais d'inscription. C'est une
augmentation de 150 %. Et on dit que l'éducation, c'est une
priorité. On dit que l'avenir de notre jeunesse nous préoccupe,
avec des augmentations de 150 % en deux ans de frais de scolarité
à l'université, puis là on veut faire la même chose
au niveau des cégeps, mais on dit: Énervez-vous pas, attendez
qu'on dépose la réforme. Non, on n'attendra pas parce qu'on a vu
votre petit jeu, parce qu'on a compris votre démarche.
La démarche est bien simple. Dès 1989, on a
commencé à laisser planer... En 1990, dans le discours du budget,
le ministre des Finances a dit: II va falloir, je pense, toucher aussi aux
cégeps au niveau de faire payer des coûts à nos jeunes qui
sont toujours aux études, n'oubliez pas. Des gens qui se
préparent pour l'avenir. En 1991-1992, à l'étude des
crédits, les représentants du gouvernement ont dit:
Inquiétez-vous pas. On ne touchera pas à la gratuité au
niveau du cégep sans qu'il y ait un débat public large. Bien, le
débat public large, il a eu lieu, l'automne passé. Il n'y a plus
rien qui empêche la ministre, maintenant, de procéder.
C'est tellement vrai que, dans les discussions en privé que la
ministre a tenues dernièrement, c'est ce qui est ressorti. Et, depuis,
la ministre n'a jamais contredit. Et, à plus forte raison, avec la
motion qu'on a déposée mercredi passé, la ministre a
parlé une heure. Jamais elle n'a pris un engagement ferme de maintenir
la gratuité dans les études collégiales. Jamais. Donc, si
la ministre ne prend pas d'engagement et avec le discours qu'on tient depuis
quelques années de l'autre côté et toute la démarche
que je viens de vous expliquer, c'est évident qu'on s'en va vers des
frais de scolarité dans les études collégiales.
M. Perreault vient de le dire: C'est inacceptable. C'est encore
un recul, alors qu'on bat des records. Je ne veux pas qu'on soit heureux de
ça, mais on ne peut pas se le cacher. En tout cas, on ne peut pas se le
cacher ici, dans l'enceinte du parlement, on ne peut pas se cacher la
réalité, quand on sait qu'on a deux championnats mondiaux, et
ça, on devrait avoir honte comme société, quand on se dit
une société riche en Amérique du Nord: le championnat du
décrochage dans les pays qu'on dit civilisés et avancés et
le championnat du suicide chez les jeunes.
Vous pensez qu'une mesure comme ça ça va aider les jeunes,
ça va les encourager à aller à l'école un peu plus?
Bien, voyons donc! Réveillez-vous, bon sang! On n'a pas le droit de
faire ça. C'est des mesures qui vont encourager le décrochage. Et
là vous dites en plus, dans votre réforme, qu'on va limiter,
probablement, pour commencer, on l'a vu dans les universités, mais, pour
commencer, on va limiter ça à ceux qui étirent dans le
temps leurs cours et aux autres qui ont des échecs. Bien moi, j'ai
toujours compris, comme société, puis c'est la
responsabilité des ministères, à part de ça, et
spécialement des ministres qui sont là pour le bon fonctionnement
de leur ministère et le service à leur clientèle, j'ai
toujours cru que des gens qui ont des échecs, des gens qui ont des
difficultés, l'État est là pour les appuyer et les aider
davantage. À la place, on va les pénaliser. Expliquez-moi parce
que, dans votre politique au niveau de l'éducation primaire et
secondaire, on a décidé, l'an passé, d'investir 52 000 000
$ de plus pour empêcher les jeunes de décrocher ou pour raccrocher
ceux qui ont quitté l'école secondaire. On a investi 52 000 000 $
parce qu'on a dit: II faut aider ceux qui sont en difficulté.
Cette année, au niveau collégial, on tient un discours
complètement à l'opposé en disant, parce qu'on a un mandat
du président du Conseil du trésor d'aller chercher de l'argent,
puis qu'on a décidé d'aller le chercher dans les poches des
jeunes qui se préparent au cégep et à
l'université pour prendre la relève, bien, on dit à eux
autres, à la place, on va aller complètement dans le sens
inverse: Ceux qui étirent, pour toutes sortes de raisons, et ceux qui
ont des échecs, bien, vous autres, là, ça va vous
coûter plus cher. On va vous pénaliser parce que vous avez des
problèmes.
Bien, voyons donc! C'est quoi cette façon de faire que les
victimes deviennent des coupables? Il faut dire que, par exemple, c'est ce
qu'on retrouve dans tous les ministères de l'autre côté,
présentement. Tous les coupables, toutes les victimes deviennent des
coupables, peu importe qu'on soit sur l'aide sociale, qu'on soit chômeur,
qu'on soit sur l'assurance-chômage, qu'on ait des difficultés. Au
lieu de vous aider, le gouvernement libéral dit: On va vous
pénaliser et on va vous rendre encore la vie plus dure. (16 h 30)
Je vais vous dire: C'est inacceptable et, comme je sais que j'avais
seulement 10 minutes, M. le Président, je vais laisser la chance
à mes collègues de pouvoir intervenir. Comme le dit M. Alain
Perreault, président du Conseil permanent de la jeunesse, c'est un avis
et c'est un plaidoyer que je fais en son nom, face à ce gouvernement,
pour lui faire comprendre qu'on n'a pas le droit de prendre des mesures
semblables. Donc, ce que vous devez faire, c'est écouter les jeunes, ce
qu'ils vous demandent, et déposer dès maintenant la
réforme. Si vous êtes convaincue, déposez-la maintenant de
façon à ce que les jeunes puissent s'exprimer dessus pendant
qu'ils sont en pleine discussion et inquiets de ce qui va se passer. Vous
devriez prendre l'engagement qu'on ne touchera pas à la gratuité
dans les études collégiales. C'est impensable au moment où
le Québec a encore des retards sur à peu près tout le
reste de l'Amérique du Nord, au niveau de la scolarisation des
études supérieures - ce n'est pas le temps de se pénaliser
- alors que tout le monde reconnaît, peu importe dans les secteurs
où on se trouve, que l'avenir repose sur l'éducation et la
formation.
Est-ce qu'on va venir se pénaliser et faire en sorte de toucher
à un principe fondamental qu'on a obtenu il y a quelques
générations, la gratuité et l'accessibilité aux
études supérieures? Vous n'avez pas le droit de toucher à
ça. Ça, c'est une base même de notre société.
Il faut que tous les citoyens aient des chances égales au moins dans
deux choses fondamentales: la santé et l'éducation. Vous n'avez
pas le droit de toucher à ça. C'est ce que vous demandent les
jeunes, c'est ce que vous demande la population et c'est ce que vous demande
notre motion. Et j'espère, Mme la ministre, que vous allez accepter les
demandes que je viens de vous faire au nom du Conseil permanent de la jeunesse,
au nom des jeunes. Ne touchez pas à la gratuité au niveau
collégial, déposez votre politique au plus tôt pour qu'on
puisse en discuter et, si jamais vous voulez toucher à quelque chose
d'aussi fondamental que la gratuité, eh bien, je dois vous dire: On va
faire un débat et on ne le fera pas tout seul. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je veux m'adresser au
public des tribunes. Il y a une règle qui est fondamentale à
l'intérieur de l'Assemblée nationale. Vous êtes
évidemment admis avec beaucoup de plaisir de la part de tous les
parlementaires, cependant vous devez être assis comme vous l'êtes
présentement et en silence. Je ne peux accepter aucun signe
d'approbation ou de désapprobation suite à une intervention.
C'est une règle qui est fondamentale.
Alors, je reconnais, à partir de maintenant, le prochain
intervenant, à savoir M. le député de Sherbrooke.
M. André J. Hamel
M. Hamel: Merci, M. le Président.
Il me fait plaisir aujourd'hui d'intervenir sur la motion du critique de
l'Opposition officielle à l'Enseignement supérieur, non seulement
à titre de député de Sherbrooke et adjoint parlementaire
à la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science, mais
aussi à titre de parlementaire ayant participé activement
à la commission de l'éducation, qui, du 4 novembre au 18
décembre 1992, a tenu une large consultation générale sur
l'avenir de l'enseignement collégial québécois. Lors de
cette consultation, nous avons reçu 222 mémoires, tenu 105 heures
d'audition et accueilli, au salon rouge, 109 groupes et organismes.
Abondamment couverte par les médias, la commission a
manifestement suscité beaucoup d'intérêt, donnant ainsi
crédibilité et visibilité aux importantes démarches
de réflexion qui ont été menées dans de nombreux
milieux et dans toutes les régions du Québec. Les observateurs
ont été pratiquement unanimes à souligner le
sérieux et la qualité des discussions menées en commission
parlementaire ainsi que la convergence des interrogations et des perspectives
d'action. Sur la plupart des grandes questions, nous avons tous
été à même de constater une nette concordance entre
les positions présentées et défendues. Il était
donc très pertinent et tout à fait justifié que le 18
décembre dernier, dans ses remarques finales, la ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science fasse état des
véritables consensus exprimés au cours de cette commission
parlementaire.
J'ai bien dit consensus, M. le Président, car, lors de son
intervention, le critique de l'Opposition officielle et député de
Lac-Saint-Jean a confondu, me semble-t-il, les mots «consensus» et
«unanimité». Essentiellement, lors de cette commission
parlementaire, les intervenants nous ont recommandé de refaire le choix
du collège québécois, mais en y opérant des
redres-
sements majeurs de trajectoire, un message fort et clair venu de tous
les milieux et souvent accompagné de mise en garde contre de
coûteuses et distrayantes réformes de structures. Ce qu'on nous a
dit, c'est donc un oui au maintien des collèges, mais un oui
conditionnel à des changements majeurs.
Les consensus dégagés lors de la commission parlementaire
ont été nombreux, et passablement plus nombreux que les deux ou
trois énumérés lors de l'intervention du
député de Lac-Saint-Jean. Pour une information plus juste et plus
complète, j'aimerais faire état d'un certain nombre de ces
consensus importants. D'abord, renforcer les fonctions d'orientation et
d'encadrement des étudiantes et des étudiants. À l'instar
de nombreux intervenants, on se souviendra que cette question fut
abordée en commission, notamment avec le groupe des
diplômés et le collège de Sherbrooke le 10 novembre
dernier. Autre consensus: réactualiser et renforcer la formation
générale commune. Je me rappelle, entre autres, des interventions
des jeunes libéraux et des jeunes du Parti québécois pour
l'ajout d'un cours de français et d'un cours d'anglais obligatoires.
J'aimerais rappeler aussi la proposition du Comité national des jeunes
du Parti québécois à l'effet d'abolir deux cours de
philosophie et de les remplacer par deux cours d'histoire. Autre consensus:
revoir en profondeur la formation préuniversitaire en y
établissant des programmes aux objectifs nettement mieux définis
et en l'axant sur la première partie d'une formation de cinq ans. Un
autre consensus: valoriser, développer et adapter la formation technique
en faisant une promotion plus agressive et en augmentant la capacité
d'accueil.
Déjà, en janvier 1993, le gouvernement libéral a
annoncé un investissement de près de 100 000 000 $ qui, pour une
part importante, servira à augmenter les places disponibles pour les
étudiantes et étudiants désireux de poursuivre des
études en formation technique. À ce chapitre, un investissement
créant 200 nouvelles places a été alloué par la
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science au collège
de Sherbrooke qui dispense déjà 17 programmes de formation
technique. D'ailleurs, on connaît bien, M. le Président,
l'étroite synergie qui existe dans la région de Sherbrooke entre
les maisons d'enseignement supérieur, les milieux économiques et
ceux de la coopération.
Un autre consensus, M. le Président: revoir en faveur des
collèges le partage des responsabilités académiques entre
le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science et les
collèges en accordant la latitude suffisante aux collèges dans
l'aménagement de l'approche programme. En contrepartie normale d'une
autonomie accrue des établissements, il a été
suggéré d'instaurer un dispositif d'évaluation rigoureux
et crédible, notamment en créant un organisme externe
d'évaluation. Voilà un autre consensus qui, une fois
concrétisé, devrait éviter à un ministre d'avoir
à affirmer qu'il ne sait pas ce qu'il signe lorsqu'il pose sa signature
sur un diplôme d'études collégiales. Autre consensus
dégagé lors de la commission: assurer les jonctions entre les
ordres d'enseignement, notamment en précisant le seuil
d'admissibilité au collège. Plus concrètement, on nous a
rappelé qu'il était raisonnable de demander à un
étudiant voulant entrer en collégial I d'avoir suivi, et surtout
réussi, les principaux cours de son secondaire V. (16 h 40)
Comme le temps nous presse, M. le Président, je vais passer
directement à l'aspect du financement de l'enseignement
collégial, le seul élément qui semble retenir l'attention
du critique de l'Opposition. Voici ce que déclarait, le 18
décembre dernier, au terme de la commission parlementaire sur
l'enseignement collégial, la ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science et députée de Chambly. Et je cite: «En
raison de la portée collective essentielle des objectifs poursuivis par
l'enseignement collégial, celui-ci doit demeurer de la
responsabilité financière première de l'État. Des
réserves importantes, très souvent des oppositions fermes se sont
exprimées au sujet de l'instauration éventuelle de droits de
scolarité. «À vrai dire, on ne nous recommande pas de
recourir à cette mesure, même les plus sympathiques à
l'idée ne jugeant pas le moment indiqué. En revanche, plusieurs
sont à la recherche de moyens efficaces, à la fois pour faire
savoir aux usagers ce que coûte la gratuité et pour inciter
certains élèves à accélérer le pas.»
Fin de la citation.
Sur la base de cette déclaration de la ministre sur ce consensus,
l'Opposition officielle, par la voix du critique et député de
Lac-Saint-Jean, parle maintenant de travestissement de consensus. Pourtant,
qu'a dit l'Opposition pé-quiste le lendemain de cette déclaration
de la ministre en décembre 1992? Rien. En janvier 1993? Rien. En
février 1993? Toujours rien, M. le Président. Ce n'est qu'au mois
de mars, tout récemment, et pour des raisons aussi opportunistes que
politiques, que le député de Lac-Saint-Jean s'est levé en
Chambre et a clamé, avec toute la vigueur et la subtilité verbale
qu'on lui connaît, que la ministre torture les consensus. Il s'agit
là d'une manoeuvre qui ne trompe personne et qui témoigne bien
des tentatives désespérées de l'Opposition pour se
rapprocher des jeunes qui fréquentent les établissements
d'enseignement supérieur. Personne n'est dupe face à ce geste
intéressé de l'Opposition, surtout lorsqu'on le met en
parallèle avec certaines déclarations discordantes de
députés de l'Opposition.
Donc, si on revient au fond de la motion et au financement du
réseau de nos collèges et à la gratuité des
études collégiales, le nouveau critique de l'Opposition en
Éducation et en Enseignement supérieur déclarait que
seuls
quelques intervenants en commission parlementaire ont invité le
gouvernement à faire savoir aux étudiants qu'une seule session de
cinq ou six cours coûte en moyenne 3500 $ aux payeurs de taxes et que,
dans certains cas, il y aurait lieu d'inviter les jeunes à
accélérer le pas. La ministre a cependant été en
mesure de citer plusieurs groupes qui ont avancé des propositions
similaires. Et je vais ajouter un autre exemple à cette liste, suite
à une relecture récente de certains mémoires.
Vous vous souviendrez, M. le Président, que nous avons
reçu, en commission, le Conseil régional de développement
Laurentides-Lanaudière, un groupe que connaît bien mon
collègue, le député de Berthier, puisque cet organisme
régional de développement oeuvre sur l'ensemble du territoire de
la région administrative de Lanaudière. Il s'agit d'une table de
concertation régionale réunissant la majorité des
intervenants municipaux, socio-économiques, de même que la
deputation. Que nous disait ce groupe sur les frais de scolarité et sur
la durée des études? Dans son mémoire, qualifié,
avec raison, de très étoffé par ma collègue de
Terrebonne en face, on peut y lire que l'imposition de frais de
scolarité a été rejetée majoritairement, mais on y
ajoute néanmoins qu'«il y aurait lieu de diminuer le nombre
d'étudiants qui poursuivent indûment leurs études au niveau
collégial». Le maire de Repentigny, dans la circonscription de
L'Assomption, qualifiait même certains de ces jeunes d'étudiants
éternels.
Ce mémoire, signé notamment par les dirigeants du
cégep de Joliette-De Lanaudière, poursuivait en indiquant qu'on
pourrait attribuer des crédits aux étudiants, et je cite à
la page 27: «Le crédit pourrait être alloué par
cours. L'étudiant qui réussit dès la première fois
s'en tire sans frais, alors que celui qui échoue doit payer la reprise
ou, encore, après la deuxième fois.» Le mémoire
indiquait, de plus, qu'il serait important de conscientiser les jeunes aux
coûts inhérents à cette formation en lui remettant une
facture symbolique totalisant les frais par session.
Voilà, il me semble, des propositions intéressantes, et
celles-ci ont été soumises par les gens de la région de
Joliette à celui qui vous parle et à la députée de
Terrebonne, le 18 novembre dernier, en commission parlementaire. Je ne sais pas
si cela va à rencontre de la motion du député de
Lac-Saint-Jean. Peut-être le saurons-nous lors de la réplique.
En conclusion, M. le Président, je voudrais ajouter que
l'objectif fondamental du renouveau de l'enseignement collégial que
proposera sous peu le gouvernement m'apparait très clair. Vingt-cinq ans
après la création des cégeps, il s'agit d'un nouveau
défi d'accessibilité: la réussite des études.
Actuellement, seulement un étudiant sur trois obtient un
diplôme d'études collégiales dans les délais
prévus. Il faut s'attaquer résolument à ce problème
de manière à hausser considérablement cette statistique au
cours de la prochaine décennie. Il le faut pour nos jeunes. Il le faut
pour nos collèges, il le faut pour l'avenir du Québec.
Motion d'amendement
En conséquence, M. le Président, je demande que la motion
en discussion soit amendée en retranchant, dans la deuxième
ligne, le mot «intégral», et la motion telle
qu'amendée se lirait comme suit: «Que cette Assemblée se
déclare en faveur du maintien du principe de la gratuité des
études collégiales».
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, M. le
député de Sherbrooke, vous déposez votre motion. Je vais
permettre à M. le député de Jacques-Cartier d'intervenir,
même s'il y a eu... et c'est l'habitude qui est consacrée... Je
vais permettre à M. le député de Jacques-Cartier de
commencer son intervention et, s'il y a lieu, nous reviendrons. Je veux prendre
connaissance de la motion. Nous reviendrons immédiatement sur la
recevabilité.
Allez-y, M. le député de Jacques-Cartier. Vous avez droit
à un maximum de 15 minutes.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président.
M. le Président, je voudrais d'abord féliciter le
député de Lac-Saint-Jean qui commence son nouveau rôle de
critique de l'éducation pour sa formation politique. Je sais, nous
savons tous qu'il attaquera ses devoirs avec sa clarté, sa force et sa
férocité bien connues. Nous aurons, je pense, beaucoup
d'échanges d'opinions, j'espère, avec autant de lumière
que de chaleur.
Notre débat d'aujourd'hui est un sujet des plus
intéressants pour le député et pour moi-même. Nous
sommes tous deux de la même génération d'étudiants
et de professeurs d'histoire et nous sommes tous deux professeurs de
cégep depuis leurs premières années. Comme c'est vrai pour
beaucoup de Québécois, l'histoire et le développement des
cégeps ont constitué des éléments centraux de nos
vies.
Mais je crains ne pas être d'accord sur sa motion. En effet, je ne
suis pas d'accord sur presque la totalité de son discours de la semaine
passée. Quoi qu'il en soit, je ne suis pas entièrement d'accord
également avec Mme la ministre. Il m'apparaît que les deux
problèmes centraux des cégeps actuels sont les problèmes
de finance et d'administration. Je maintiens que les discours de mes deux
collègues de l'Assemblée ne touchent que la réalité
de ces problèmes. Le député de Lac-Saint-Jean emploie le
lit de Procruste de l'idéologie des années soixante; Mme la
ministre
a couvert le lit avec la laine du consensus superficiel.
Avant d'examiner les problèmes réels, M. le
Président, il est nécessaire de retirer le lit de
l'idéologie et la couverture de laine. Par exemple, la motion que nous
débattons parle de scolarité gratuite, mais ce mot cache
beaucoup. Chaque étudiant de cégep à plein temps
coûte 7000 $ par année. Le système des cégeps en
entier exige plus de 500 000 000 $. Le prix de l'éducation par
étudiant est presque égal au total des taxes payées par un
Québécois de revenus moyens. Le prix du système est
comparable au budget de plusieurs de nos universités. (16 h 50)
Pour les étudiants eux-mêmes, «gratuit» peut
être un mot illusoire. En plus du coût pour une seule année
d'études au collège, même si l'on demandait que les
étudiants paient le coût total des installations des professeurs
et des autres employés, il faut également considérer la
perte de revenus pour ces travailleurs potentiels. Bien entendu, on voit
l'éducation au collège et à l'université comme une
préparation nécessaire à des revenus plus
élevés. Ce coût reste malgré tout très
important. En effet, des recherches faites aux États-Unis
suggèrent, pour beaucoup de gens, qu'ils gagneraient mieux en entrant
immédiatement sur le marché du travail. Après tout, il est
possible pour les jeunes hommes et jeunes femmes de prendre un travail qui
demande moins d'habilités, qui paie moins, alors qu'ils demeurent
toujours à la maison et apportent une contribution importante au revenu
familial.
Partout au Québec, et dans le reste du Canada, les
étudiants nous le démontrent à tous les jours. Lorsqu'on
leur demande les raisons qui les motivent à accepter un tel travail, une
minorité seulement parle des coûts du système
d'éducation supérieure comme étant la raison principale de
leur choix. La plupart le font pour contribuer au revenu familial, ou
simplement parce qu'ils veulent avoir un revenu personnel.
Ce devrait être une considération importante quand on
regarde les cégeps en général, parce que c'est presque une
erreur conceptuelle d'imaginer que les étudiants au cégep sont
divisés entre un large groupe d'étudiants à temps complet,
dont plusieurs font un travail en surplus, et un groupe plus petit
d'étudiants adultes, qui retournent à ce qu'on appelait autrefois
«l'école du soir».
Pour les générations nées après les
années soixante, ceux de «l'acceptation globale», comme deux
de leurs écrivains plus amusants l'ont appelée, il serait plus
exact de dire qu'une grande proportion de ceux-ci entreprennent
simultanément des études et le travail autour de l'âge de
17 ans, comme c'était le cas pour la plupart des gens dans les
générations précédentes.
En conséquence, parler de scolarité collégiale
gratuite comme d'une bénédiction pour la société
québécoise, en son entier, est profondément illusoire. Ce
que nous devrions vraiment essayer de faire est de voir comment les effets
combinés de la taxation, de l'emploi ou du chômage, et la
préparation collégiale à une carrière agissent sur
les intentions des étudiants, et comment ces effets peuvent être
balancés de façon pratique pour bénéficier tant aux
étudiants qu'à la société toute entière.
Tout comme la question du financement de l'éducation est beaucoup
plus large que les coûts collégiaux payés directement ou
indirectement, il en est de même de l'analyse statistique des
étudiants qui devient presque sans signification si on ne tient pas
compte d'un contexte social et économique plus large.
Le député de Lac-Saint-Jean a mentionné un
contraste qui est souvent la cause d'angoisse au Québec: un taux plus
bas d'abandon scolaire et de meilleurs résultats scolaires chez les
étudiants anglophones comparativement aux étudiants francophones.
Puisqu'il est clair, de façon générale, que les
francophones sont tout aussi capables de réussite que les anglophones
dans la société, et qu'ils possèdent aujourd'hui des
revenus presque comparables, la différence est souvent traitée
comme une sorte de problème social. Mais cela laisse de
côté deux effets importants sur ces statistiques. Le premier est
que, même avec un financement généreux, il est presque
impossible d'obtenir la même sorte de motivation scolaire et d'engagement
interminable de tous les gens des petites villes rurales à travers
l'Amérique du Nord que pour les jeunes gens qui grandissent dans la
grande ville, où les qualifications d'éducation formelle sont de
plus en plus une nécessité pour survivre. Le second est que les
minorités urbaines, particulièrement axées sur le
commerce, ainsi que parmi les groupes d'immigrants ayant initialement des bas
revenus, produisent toujours disproportionnelle-ment un large groupe de jeunes
«overachievers». Cela a été le cas, notamment, pour
les Écossais, les Juifs et les diverses communautés asiatiques,
principalement toutes de langue anglaise dans le passé, non seulement en
rapport avec les Canadiens français ruraux, mais tout autant en rapport
avec les Canadiens ruraux de langue anglaise des autres provinces.
On doit se rappeler du large contexte social et économique quand
on regarde la définition de quelques-unes des statistiques
données également par Mme la ministre. Elle a noté que
plus de 60 % des étudiants de cégep changent de sujet
d'étude au moins une fois, près de 20 % le font deux fois et un
dixième le font trois fois ou plus. Mais il devrait être
certainement souligné que ces chiffres sont tout à fait normaux
pour le groupe d'âge concerné et que le cégep aurait
été à l'origine supposément conçu pour
permettre une telle chose. Pour utiliser, encore une fois, les
États-Unis en comparaison, plus de 40 % des étudiants
universitaires changent leur licence
majeure, souvent complètement. Cela rend la vie dure parfois pour
les administrateurs et les ministres de l'Education, sans mentionner les
difficultés entraînées pour le calcul du coût des
programmes. Mais c'est un des coûts à payer pour vivre dans un
pays libre, et personne ne sait quoi faire à propos de ces chiffres. Il
n'y aucune raison pour supposer, par exemple, que, si plus d'argent
était dépensé pour l'engagement de conseillers en
orientation ou d'autres mesures, cela aurait un effet important sur la
recherche normale de l'identité de l'adolescence.
Mis à part les détails sur le coût de
l'éducation et le comportement des étudiants, il y a une raison
plus profonde quant à nos véritables problèmes que
l'analyse du gouvernement et les critiques de l'Opposition sur
l'éducation dans les cégeps n'ont pas saisie. C'est que les deux
approches sont basées sur les positions mises de l'avant par des groupes
variés d'intérêts collectifs, la plupart de
l'intérieur du système collégial lui-même ou de
parties de la société québécoise associées
de très près à ceux-ci. Nous vivons maintenant une
époque où un des plus grands cris de ralliement de la politique
et des médias est le cri à l'effet que quelque action ou
politique souffre d'un conflit d'intérêts. Mais presque tout le
monde impliqué en éducation a de tels conflits
d'intérêts dans la forme la plus sérieuse.
Par exemple, même si on pouvait démontrer que certains
frais, tels que ceux suggérés pour les cours trop souvent repris,
sont dans les meilleurs intérêts de la société
québécoise toute entière, et même pour la plupart
des étudiants des cégeps, les frais ne sont évidemment pas
dans l'intérêt immédiat des étudiants qui devraient
peut-être les payer. Tout cela est bien plus dans l'intérêt
des étudiants politiciens qui veulent être remarqués. De
même, les administrateurs de cégeps et les membres de la
bureaucratie entourant l'éducation au Québec peuvent revendiquer
servir les intérêts plus larges de la société, mais
ce n'est pas dans leur intérêt d'insister sur le fait que le
coût total de la bureaucratie dans le système collégial -
et, à ce sujet, dans tout le système d'éducation du
Québec - est l'un des plus élevés en Amérique du
Nord, sans qu'il y ait de bonnes raisons pour que ça soit le cas.
Mais le plus important conflit d'intérêts surgit du fait
que les professeurs sont aujourd'hui syndiqués, tout comme le reste du
personnel des collèges. Il n'y a aucun doute que le syndicalisme a
apporté plusieurs avantages aux enseignants en termes de salaires,
bénéfices et conditions de travail, et aucun de nous ne peut
être très enthousiaste à l'idée de voir ses
avantages réduits ou même gelés pour des années.
Mais, à côté des bénéfices matériels
que les syndicats ont apportés, plusieurs enseignants de cégep,
même s'ils sont ennuyés par les actuelles rencontres syndicales,
en sont venus à voir les syndicats comme leur propre et principale
tribune démocratique ainsi que leur bou- clier et leur protection
collective.
Il serait alors utopique d'essayer d'amener des changements dans les
cégeps qui requerraient une sorte de subordination complète ou de
dissolution des syndicats ou de la plupart des ententes de travail et des
règles d'ancienneté qui viennent avec. Mais il y a quelque chose
de tout autant utopique à propos de la grande majorité des
recommandations qui ont été formulées par la plupart des
groupes qui ont présenté des mémoires lors des auditions
publiques sur les cégeps, et c'est qu'un nombre surprenant de ces
recommandations n'ont aucune possibilité d'être implantées
dans un système d'éducation syndiqué ou, tout aussi
important, que leur implantation effective ne produirait pas les
résultats escomptés. (17 heures)
Prenons les trois plus importantes recommandations qui ont
été appuyées par plusieurs groupes influents et qui sont,
au moins, considérées sérieusement par la ministre de
l'Éducation. La première est de faire au moins quelques coupures
dans les exigences en philosophie et humanités pour un diplôme
d'études collégiales. La seconde est de faire une semblable
coupure, peut-être une plus grosse, dans les exigences pour les cours en
éducation physique. Et la troisième est d'exiger des
étudiants qui abandonnent ou qui échouent de façon
répétitive de payer des frais, des frais punitifs et coercitifs,
comme le député de Lac-Saint-Jean les appelle. Il est admis de
façon générale que les changements, s'ils prennent place,
seraient également accompagnés d'exigences accrues pour
l'enseignement en anglais ou en français, ou dans les deux langues, et
que tout ceci se ferait sans injecter plus d'argent dans le système.
Mais considérez ce qui arriverait si ces changements
étaient implantés malgré les protestations bruyantes des
étudiants et une grève possible des syndicats des professeurs.
Pour commencer, seule une petite proportion des professeurs d'éducation
physique et une plus petite proportion d'enseignants de philosophie ont
été récemment engagés et pourraient être mis
à pied ou en disponibilité, un exercice très dispendieux
dans notre propre droit. La règle de la permanence exige que le reste
soit déplacé à l'intérieur du système
existant, ce qui pourrait conduire à des spectacles fascinants, tels des
instructeurs de nage remplissant des classes universitaires de
littérature française ou anglaise aux frais du gouvernement,
enseignant aux étudiants de cégeps les raffinements de la
grammaire anglaise ou les romans d'Yves Beau-chemin. Il n'y a aucun doute que
plusieurs de leurs étudiants écriraient, de mauvaise grâce,
des chèques à leur collège, une autre façade
à la réforme, et l'administration du collège pourrait
découvrir, en jumelant les pires combinaisons possible
d'étudiants peu disposés et des professeurs peu disposés,
qu'elle a trouvé une nouvelle
source adroite de revenus substantiels.
M. le Président, I actually have about five recommendations that
I think would work much better for improving the cégeps, but I doubt if
I will have time to finish presenting them in the time remaining, so I will
send them by letter directly to the Minister.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier.
Je vais maintenant céder la parole à Mme la
députée de Chicoutimi. Je vous rappelle, Mme la
députée, qu'il reste et à vous-même et à
votre groupe une période de 15 minutes, non compris, évidemment,
la réplique de M. le député de Lac-Saint-Jean. Alors,
allez-y, Mme la députée.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Je voudrais rappeler l'objectif de la motion de cet après-midi,
présentée par mon collègue de Lac-Saint-Jean. Il s'agit
d'inviter l'Assemblée à se prononcer fermement en faveur du
maintien intégral de la gratuité à l'enseignement
collégial.
La consultation qu'a menée la ministre sur l'enseignement
collégial, à laquelle ont fait référence
différents collègues de l'Assemblée, me rappelle une autre
consultation à laquelle j'ai participé et qui touchait
l'enseignement universitaire. Beaucoup se rappelleront que, dès
septembre 1986, sous la direction de M. Ryan, on avait tenu une vaste
consultation sur le financement des universités. Le seul objectif de
cette consultation était - et tout le monde le savait - de
dégeler les frais de scolarité. L'objectif le plus important de
la ministre actuelle, en ce qui a trait à cette consultation, c'est
d'abolir progressivement la gratuité à l'enseignement
collégial.
Il va falloir se rappeler les objectifs qu'on s'est donnés et
pourquoi on se les est donnés comme société. En 1960,
à la suite du rapport Parent, on a pris connaissance qu'on avait un
rattrapage énorme à faire en matière de scolarisation de
nos jeunes. On a donc pris parti pour et en faveur de la gratuité
à l'éducation à tous les niveaux ou presque, puisque
même les droits de scolarité ont été gardés
au même niveau de 1970 à 1990, jusqu'à ce que ce
gouvernement les dégèle. Il est évident que le 570 $, 540
$, 270 $ par session de 1990, c'était presque la gratuité
comparativement à 1970. L'objectif était clair, c'était
relever le niveau de scolarité des jeunes Québécois.
Ça n'est pas terminé. Ça n'est pas terminé, et
toute atteinte à l'accessibilité aux études
supérieures, ce n'est pas juste les jeunes que ça
pénalise, c'est la société. C'est nous qui, tantôt,
allons prendre notre retraite. C'est le Québec en son entier qui ne
pourra pas être compétitif. C'est ça qu'on fait lorsqu'on
touche à la gratuité.
Que ce gouvernement avait donc de beaux principes avant de prendre le
pouvoir en 1985! Ce gouvernement s'était engagé à assurer
la gratuité non seulement aux jeunes mais aux adultes, et pour tout
l'enseignement collégial. Voyons comment il a procédé. Et
je vais tenter de cerner brièvement, parce que j'ai peu de temps, les
principales actions de ce gouvernement et les effets négatifs sur
l'accessibilité à l'enseignement collégial.
On sait que la gratuité a constitué un puissant levier
pour favoriser l'accessibilité aux études postsecondaires.
Cependant, on sait qu'il demeure des disparités énormes entre les
classes sociales et entre les régions. Et, ça, on ne les a pas
diminuées, et ce n'est pas fait pour réduire les écarts
entre la scolarité des plus favorisés et des moins
favorisés. On sait également qu'on a un écart important
par rapport à la scolarisation dans les autres provinces canadiennes.
Alors qu'ici ça avoisine les 16 %, dans le reste du Canada, c'est 19 %.
Alors, il reste beaucoup de rattrapage à faire.
Mais ce qui est particulièrement inquiétant, pour ne pas
dire déprimant, c'est le manque d'imagination total de ce gouvernement.
Un manque d'imagination chronique, un manque d'imagination navrant,
inquiétant, qui constitue une menace pour le Québec et une menace
pour l'avenir de nos enfants. Chaque fois qu'ils ont un problème, ils ne
vont pas à la recherche des causes. Ils ne se demandent pas ce qui peut
expliquer que nos jeunes prolongent leurs études collégiales. Ils
ne se demandent pas ce qui peut expliquer notre surconsommation de
médicaments ou de soins de santé? Non. Leur seule solution, c'est
les tickets modérateurs, les frais, les droits de scolarité, les
nouveaux impôts, mais rien, rien qui irait dans la direction d'identifier
les causes de problèmes.
Est-ce que les étudiants et les étudiantes des
collèges, ce sont de méchants profiteurs qui, par peur d'aller
travailler, restent plus longtemps dans les collèges? Non, M. le
Président. Quoique à voir le chômage actuel qui avoisine
les 24 % pour les moins de 24 ans, il est évident que ça ne doit
pas être trop, trop tentant de sortir rapidement des études. Mais,
au-delà de ça, il faut se rappeler une décision qui a
été prise par ce gouvernement, sous la direction de M. Ryan, qui
a coupé la gratuité à l'éducation,
c'est-à-dire aux jeunes pendant les cours d'été. Les cours
d'été, c'était intéressant. Je lui avais
demandé: Vérifiez donc les effets pernicieux qu'une telle mesure
pourra avoir sur le prolongement des études. Les cours
d'été étaient gratuits. Ça permettait à un
jeune d'aller chercher, de reprendre un cours qu'il avait échoué,
particulièrement lorsqu'il se présentait en séquence dans
sa deuxième session. À présent, il n'y a pas de choix.
S'il a échoué son cours dans la session d'hiver, il est
obligé d'attendre la session de l'hiver suivant pour reprendre son
cours, ce qui
explique - parce qu'ils sont donnés en séquences - une
partie de la durée des études au niveau collégial. Tout
ça pour des économies de bouts de chandelles, lorsqu'on a
coupé la gratuité dans les cours d'été qui
servaient très largement à faire du rattrapage ou à
reprendre des cours qu'on avait échoués.
Il y a un manque d'encadrement. Il y a 59 % des jeunes qui savent peu ou
pas où ils vont s'en aller quand ils arrivent au cégep. Il y a un
conseiller en orientation dans les collèges pour 2000
élèves. Est-ce qu'on s'est demandé ce que ça
coûtait, les abandons et le décrochage? La ministre nous dit - ce
que nous rappelait tout à l'heure le député de Sherbrooke
- ce que ça coûte, la gratuité, mais s'est-elle
demandé ce que ça coûtait à une
société, le décrochage et l'abandon scolaire? (17 h
10)
M. le Président, qui cette mesure va-t-elle affecter? Les jeunes
qui travaillent déjà, et ils sont nombreux. Il y en a 25 %, si ce
n'est plus, qui travaillent déjà 15 heures et plus par semaine.
Il y en a qui travaillent pour satisfaire à des besoins personnels, mais
il y en a beaucoup qui travaillent parce qu'ils sont obligés, parce
qu'ils viennent boucler le budget, des petits budgets de familles moins bien
nanties. Qui cela va-t-il affecter? Encore une fois, les plus
défavorisés. Les plus défavorisés. Croyez-vous que
mes enfants ont eu de la difficulté à passer à travers
leurs études collégiales? Non. Pour une raison fort simple, parce
qu'ils n'avaient pas à travailler en même temps qu'ils
étudiaient. Ils allaient à l'école. Comme dans mon temps,
quand on allait à l'école, on ne travaillait pas. Qu'est-ce qu'on
fait avec nos jeunes? Ils n'ont pas les moyens. Ils sont obligés de
soutenir, des fois, la famille. Ils travaillent de plus en plus, et un nombre
accru d'heures par semaine. Alors, est-ce qu'il faut s'étonner qu'ils
prolongent indûment, au-delà de ce qui serait acceptable pour ce
gouvernement, la durée des études collégiales? Non, M. le
Président. Il y a plusieurs raisons qui expliquent et qui justifient la
durée des études.
Est-ce que la ministre et son gouvernement se sont demandé
comment on pourrait réduire le décrochage? En imposant des droits
de scolarité? Non, non. On va décourager les jeunes. On va les
décourager. Et ils le sont déjà tellement qu'on n'ose
même plus avancer les chiffres de peur d'alourdir leur dépression,
de peur de les décourager encore davantage. Ce n'est pas normal que vous
soyez ici, assis, en train de vous dire: On va encore pénaliser ces
jeunes, alors qu'on a le plus haut taux de chômage chez les jeunes et le
plus haut taux de suicide chez les jeunes. Ça ne vous gêne pas un
peu? Ça ne vous gêne pas un peu? Il me semble que vous devriez
être mal à l'aise. Vous devriez être mal à
l'aise.
Je vois un père de famille, qui va être grand-père
tantôt, et qui trouve ça drôle. Il trouve ça
drôle, le député de Rimouski. Qu'il aille donc dire
ça à ses jeunes. Qu'il aille donc dire ça à ses
jeunes dans son comté, qu'il est en faveur de cette disposition qui va
pénaliser particulièrement sa région comme la mienne, qui
sont des régions défavorisées où les jeunes vivent
des difficultés importantes parce que le chômage est
extrêmement élevé, M. le Président.
Alors, je voudrais rappeler ce gouvernement à la raison. Ce n'est
pas le temps de couper dans ce rattrapage qu'on a réussi à faire
un peu en matière de scolarisation. Il faut voir le problème plus
dans son ensemble, identifier les causes des échecs et des abandons
d'une durée des études collégiales qui serait trop longue,
mais il faut d'abord identifier et poser correctement la question. Il ne faut
pas sauter à la seule solution que connaît ce gouvernement,
c'est-à-dire des droits de scolarité. Ce gouvernement, son
imagination se limite aux seules mesures suivantes, et c'est vrai dans tous les
dossiers: Je coupe dans le développement régional, je coupe dans
la recherche et développement, je coupe dans la santé, je coupe
dans l'aide sociale, je coupe dans l'éducation et, évidemment,
j'ajoute des droits et des frais de scolarité et des tickets
modérateurs un peu partout. C'est navrant, c'est inquiétant et
ça constitue une menace pour l'avenir du Québec. C'est un
gouvernement usé et il était usé avant même de
prendre le pouvoir.
Des voix:...
Mme Blackburn: II était usé avant de prendre le
pouvoir. En période de croissance, il n'a pas su l'utiliser, et
évidemment que, en période de récession, il n'est pas plus
brillant. C'est un gouvernement usé, et il est urgent qu'on prenne la
décision de l'évacuer.
Alors, j'inviterais ce gouvernement à écouter les jeunes
qui sont dans les galeries, ceux qui sont chez vous dans vos familles, ceux qui
sont chez vous dans vos comtés et qui vous disent: Ce n'est pas
ça la solution à la durée des études
collégiales, ce n'est pas ça la solution à
l'accessibilité. Donc, on maintient la gratuité intégrale
des études collégiales.
Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Avant de
reconnaître le prochain intervenant, à savoir Mme la
députée de Vachon, je voudrais vous rappeler qu'il reste,
à la formation des ministériels, une enveloppe d'environ 15
minutes. Je vais le vérifier et je vous l'indiquerai pendant que vous
ferez votre intervention, Mme la députée. Je suis à faire
la vérification et je vais vous l'indiquer également, M. le
député de Lac-Saint-Jean, parce qu'il faut vérifier,
évidemment, les périodes d'intervention, le temps qui a
été utilisé par chacune des formations la semaine
dernière.
mme la députée de vachon, avant de vous reconnaître,
je vous indique que l'amendement suggéré par m. le
député de sherbrooke est déclaré recevable. mme la
députée de vachon, je vous cède la parole...
Mme Pelchat: Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): ...pour une
période minimale de 10 minutes.
Mme Christiane Pelchat
Mme Pelchat: Merci, M. le Président.
C'est avec beaucoup de plaisir que j'interviens sur la motion de mon
collègue, même s'il n'aime pas les pronoms possessifs, le
député de Lac-Saint-Jean, d'abord parce que je considère
que cette réforme entreprise est d'une importance capitale et qu'elle ne
mérite pas d'être escamotée par un débat futile.
Mais, M. le Président, je dois aussi vous dire que j'ai le plaisir, dans
mon comté, d'avoir une partie du collège
Édouard-Montpetit. J'ai l'occasion de travailler en étroite
collaboration avec eux, et l'enseignement collégial me tient
particulièrement à coeur.
Les gens, d'ailleurs, du collège Édouard-Montpetit sont
venus à la commission parlementaire et ont fait entendre leur voix sur
toute la réforme en intitulant, fort pertinemment, leur mémoire
«Réussite scolaire et qualité de la formation.» M. le
Président, cette phrase à elle seule exprime les raisons de la
réforme entreprise par le gouvernement. Les deux défis des
collèges, le gouvernement les fait siens.
La motion devant nous sur le maintien de la gratuité... Je
m'excuse, M. le Président, j'ai de la difficulté à
m'entendre...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, s'il vous
plaît! À ma gauche, s'il vous plaît! Allez-y, Mme la
députée de Vachon.
Mme Pelchat: Merci.
Alors, la motion, M. le Président, devant nous, sur le maintien
de la gratuité escamote le vrai débat et attire l'attention des
parlementaires et du public sur une question dont l'Opposition fait un tabac.
La réforme n'est pas encore déposée et, en ce sens,
j'endosse intégralement les propos du directeur du collège
Édouard-Montpetit, Yves Sanssouci, quand il dit que les deux
défis auxquels font face les collèges d'aujourd'hui sont la
réussite scolaire et la qualité de la formation. D'aucuns diront
que c'est évident. Pourtant, la façon dont le débat a
cours fait craindre que l'accessoire ne prenne le pas sur l'essentiel. Il nous
met en garde, M. le Président, parce que, selon lui, nous sommes en
train de passer à côté des véritables questions et
que nous sommes bel et bien en train d'assister à un détournement
de dossier. M. Sanssouci parle au nom du collège qui a 25 années
d'expérience et qui accueille le plus grand nombre d'étudiants au
Québec.
Lors de la commission parlementaire, tous se sont entendus sur
l'excellent impact qu'a eu la démocratisation de l'éducation.
Depuis 25 ans qu'existent nos cégeps, l'amélioration du taux de
fréquentation est exceptionnelle. Cependant, plusieurs ont
signalé des lacunes graves qui sont peut-être la source du taux de
décrochage de 35 % dans nos cégeps. Plusieurs ont
identifié une préparation déficiente des étudiants
à leur entrée au cégep, notamment quant au manque de
méthodologie de travail, une carence en français et en
mathématiques. La démocratisation de l'accessibilité ne
doit pas être considérée comme un passeport automatique au
cégep, et on ne doit pas banaliser la formation nécessaire pour
entreprendre la formation préuniversitaire ou technique donnée
dans les cégeps. Plusieurs collèges ont aussi
suggéré, en vue de l'amélioration de la qualité et
de la réussite scolaire, rétablissement de standards nationaux
à atteindre pour les programmes du collégial ainsi qu'une
évaluation externe pour nos collèges.
La Fédération des cégeps, dans son excellent
mémoire, suggère qu'un des premiers changements à
opérer est de renforcer et d'élargir la formation
générale donnée à tous les étudiants, qu'ils
fréquentent le secteur technique ou le secteur préuniversitaire.
À leur avis, il faut remplacer les cours obligatoires et les cours
complémentaires actuels par un noyau de formation générale
divisé en deux parties: une commune à tous et une seconde
laissée à l'organisation de chacune des institutions.
De telles recommandations nécessitent réflexion de la part
de la ministre. On ne fait pas un tel changement en profondeur sans en
évaluer l'impact sur les élèves, sur les institutions et,
bien sûr, sur les budgets. Selon bien des collèges, la
réforme passe par un renforcement de la formation
préuniversitaire et aussi par une harmonisation de la valeur des
programmes, les uns par rapport aux autres. Ainsi, le collège
Édouard-Montpetit estime qu'il faut mettre fin à la
hiérarchie des programmes préuniversitaires selon laquelle le
programme de sciences de la nature représente la voie royale vers les
études universitaires, alors que les autres programmes sont
fréquemment des choix par défaut. (17 h 20)
M. le Président, des témoignages comme celui-là ou
des recommandations comme celles de la Fédération des
cégeps, entre autres, celle de l'évaluation des programmes et
l'établissement de standards à l'échelle du Québec,
montrent dans quel esprit les cégeps veulent cette réforme. Leur
capacité d'examen et d'autocritique sont en quelque sorte la preuve de
l'engagement de ces dirigeants à l'égard de notre jeunesse.
Mais l'éducation collégiale, M. le Président,
ce n'est pas la seule responsabilité des collèges. Elle
est évidemment partagée avec le gouvernement du Québec,
qui, en entreprenant cette réforme majeure, affirme sa confiance dans la
capacité de nos institutions à s'adapter. Aussi, il faut
préciser le rôle des autres intervenants comme les entreprises,
leur rôle face au système d'éducation, puisqu'elles aussi
en bénéficient. La formation technique est certainement le
programme collégial qui fait le plus appel à une collaboration
étroite avec l'entreprise.
M. le Président, je suis à même de le constater
puisque c'est dans mon comté que se trouve l'École nationale
d'aérotechnique. Et, tout dernièrement, on a annoncé hier,
grâce à la ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science, le Centre spécialisé en aérospatiale. Ce nouveau
centre, tel qu'annoncé, démontre l'intérêt du
gouvernement quant à la place que doivent aussi occuper nos
collèges dans le développement économique et, surtout,
dans le transfert technologique auquel les collèges doivent
contribuer.
L'entreprise aérospatiale, M. le Président, profitera de
ce nouveau centre spécialisé. Elle devra accroître sa
collaboration et augmenter, en partenariat avec les cégeps, les stages
en milieu de travail essentiels à une formation globale de cette
main-d'oeuvre spécialisée. Tout en reconnaissant l'importance de
cette formation, le gouvernement devra inciter l'entreprise à participer
au perfectionnement des étudiants inscrits au programme de formation
technique.
M. le Président, sur le financement du réseau
collégial, beaucoup de choses ont été dites, mais
l'accessibilité la plus large au cégep reste une recommandation
unanime de tous. L'étudiant qui entre au cégep doit pouvoir le
faire sans avoir à verser, en y entrant, des droits de scolarité.
En ce qui me concerne, je ne crois pas que ce principe soit remis en cause et
je rejoins très bien les recommandations de la Fédération
des cégeps sur l'application de cette gratuité. Ainsi, la
Fédération parle de responsabiliser les collèges par
l'établissement d'évaluations externes, par des standards
nationaux, mais j'estime qu'il faut aussi penser à une
responsabilisation des étudiants face à la gratuité
scolaire.
Je crois que la ministre fait preuve d'un bon sens minimal et d'un
respect à l'égard de sa responsabilité quand elle
étudie sérieusement la recommandation de la
Fédération lorsque celle-ci nous invite à
réfléchir sur certaines mesures restrictives quant au temps
d'études que les étudiants mettent pour obtenir leur
diplôme et, surtout, au nombre de cours qu'ils prennent - vous me faites
signe que mon temps achève, M. le Président, merci.
Le programme de formation préuniversitaire nécessite deux
ans d'études à plein temps. Seulement le tiers des
étudiants le complète dans les délais prévus. Quand
on sait qu'il en coûte 8000 $ par étudiant par année
à l'État, il ne faut pas jouer à l'autruche et faire comme
si cette question n'est point préoccupante.
M. le Président, je conclurai en vous disant que la future
réforme de l'enseignement collégial au Québec, c'est une
réforme axée sur la réussite scolaire et la qualité
de la formation, non sur de faux débats.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Vachon.
Alors, je cède la parole à M. le député
d'Abitibi-Ouest, leader adjoint de l'Opposition officielle. Vous disposez
exactement d'une période de 15 minutes, et, subséquemment, on
terminera le débat avec la réplique de M. le député
de Lac-Saint-Jean, étant donné que l'enveloppe des
ministériels est épuisée.
Allez-y, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui. Merci, M. le Président.
Vous comprendrez que je ne peux pas ne pas être très
sensible à cette motion de mon collègue de l'Assemblée
nationale, ayant suivi l'ensemble des débats en commission
parlementaire, ayant été critique de l'Éducation pendant
une longue période. Les débats sur l'Éducation
m'intéressent toujours, et ce n'est pas parce que mon collègue a
le dossier que je ne suis pas intéressé par des motions de fond
comme celle-là.
Je suis un peu étonné et renversé - disons que je
suis habitué à ne pas trop m'étonner de ce
côté-ci - quand j'entends, et je ne pense pas que ce soit
méchant contre la personne qui vient de l'exprimer, dire qu'il s'agit
d'un débat futile, alors qu'il s'agit d'un principe même, un point
d'ancrage majeur de notre système d'éducation depuis plusieurs
années quand on parle de la question du maintien du principe de la
gratuité des études collégiales. La personne qui vient de
s'exprimer vient de mentionner qu'il s'agit d'un futile débat et combien
il serait plus intéressant de parler de la vraie réforme.
Écoutez, parler de la réforme, on veut bien, nous, mais la
ministre, si elle veut qu'on parle de la réforme, c'est très
facile, ce qu'elle a à faire. Elle a juste à la rendre publique.
Dès que la réforme sera rendue publique, on va en parler, puis on
va en parler avec conviction, avec des principes, puis on va en parler surtout,
M. le Président, en tenant compte des très nombreux consensus qui
se sont dégagés lors de la commission parlementaire.
Je vous l'ai dit tantôt, j'ai eu l'occasion de suivre cette
commission à la trace et, en ce qui me concerne, comme membre de
l'Opposition officielle, membre de la formation politique du Parti
québécois, c'est évident que ça ne me plaît
pas, la tournure que ça prend, parce qu'on est
en train de penser qu'une réforme majeure nécessaire au
niveau collégial tournerait strictement aux cours... Est-ce que, oui ou
non, on maintient les cours du philo? Est-ce que, oui ou non, on maintient les
cours d'éducation physique? Puis, après ça, est-ce qu'il y
aurait un ticket modérateur ou pas?
C'est évident que ce n'est pas ce que j'ai entendu en commission
parlementaire, M. le Président. Mais je ne suis pas ici pour prendre mes
15 minutes pour vous parler de la commission. J'aimerais ça le faire,
mais je ne peux pas le faire pour trois raisons. Premièrement, la
ministre a décidé de procéder d'une façon qu'on
questionne. Nous, si, véritablement, elle voulait s'assurer de la
garantie de conduire à bon port la réforme à laquelle elle
tient... et je pense qu'elle était sincère, je pense qu'elle
était très sincère, qu'elle tenait à cette
réforme-là. Mais il me semble qu'il y a des moyens qu'on prend
pour garantir plus de succès dans la conduite de révolution et du
cheminement de cette réforme.
Ça n'a pas l'air à être le cas, en sondant à
gauche et à droite, puis un peu partout et en disant toujours: Nous, on
a le droit de faire nos vérifications, mais on n'a rien à mettre
sur la table. Je l'avais mentionné dès le départ, M. le
Président. Moi, j'ai toujours pensé que ça aurait
été plus courageux, ce gouvernement-là, s'il avait
déposé des orientations. Voici les choses auxquelles nous tenons.
Voici les choses sur lesquelles nous voulons avoir des avis, ce qui aurait
permis plus rapidement de résumer, de ramasser ce qui s'est passé
et de jeter des orientations précises.
Mais revenons-en à la motion qui est sur la table. La motion, je
la rappelle: «Que cette Assemblée se déclare en faveur du
maintien intégral du principe de la gratuité des études
collégiales.» On peut bien faire des beaux discours, mais ce que
nous avons dans le paysage politique de ce gouvernement-là, c'est pour
des raisons de balançage de colonnes, pour des raisons
d'insécurité budgétaire réelles.
Je comprends, ça fait sept ans qu'ils sont au pouvoir, puis ils
devaient balancer les colonnes comme du monde, puis jamais on n'a fait face
à un déficit aussi effarant. Ils sont obligés de tricher
les colonnes comptables pour faire croire qu'il y a juste 4 500 000 000 $
à 5 000 000 000 $. C'est plus que ça, M. le Président.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Rimouski, oui.
M. Tremblay (Rimouski): Question de privilège. Je rappelle
le député d'Abitibi-Ouest à l'ordre.
M. Gendron: D'aucune façon, M. le Prési- dent!
M. Tremblay (Rimouski): II vient d'insinuer qu'on a truqué
les chiffres, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Non, non! Non, non! Je
m'excuse!
M. Gendron: Ce n'est pas une question de privilège. C'est
un point de vue.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Ce n'est pas... Un
instant! S'il vous plaît! S'il vous plaît!
M. le député de Verdun, s'il vous plaît! M. le
député de Verdun, si vous voulez intervenir, je vous demanderais
de regagner votre banquette.
Alors, ce n'est définitivement pas une question, ni de
privilège, ni de règlement.
M. le député d'Abitibi-Ouest, allez-y.
M. Gendron: Alors, voici, M. le Président, parce que le
temps qui nous est imparti est limité. Très correctement, voici
des raisons pourquoi je pense que nous devons toujours, comme parlementaires,
discuter le fond des choses.
Est-ce que, oui ou non, pour la société
québécoise, compte tenu des objectifs que nous nous étions
fixés en termes de diplômes obtenus, en termes de réussite
éducative, en termes d'accessibilité diversifiée, pas
accessibilité uniquement pour les grands bassins de population, mais
accessibilité pour l'ensemble des régions du Québec, pour
les jeunes, qu'ils soient gars ou filles, pour les francophones, pour les
options professionnelles tout autant que les options dites techniques ou pour
la formation préuniversitaire...
Est-ce que, globalement, au niveau de chacun de ces
paramètres-là, le Québec a atteint les objectifs qu'il
s'était fixés? Vous savez bien que la réponse, c'est non.
Si on part de choses concrètes, le Conseil supérieur,
première révélation importante, il dit ceci, le Conseil
supérieur, qui est quand même un organisme aviseur. Et tout le
monde sait ça. Dans un avis important sur l'enseignement
supérieur, le Conseil supérieur dit: Oui, il est exact que la
gratuité scolaire a constitué, au fil des ans, un puissant
facteur pour inciter et favoriser l'accessibilité aux études
postsecondaires. (17 h 30)
Et là, je n'ai pas le temps de faire un plat là-dessus. Je
dis: Mettons ça en parallèle par rapport aux objectifs qu'on
avait quant au nombre de jeunes qu'on veut diplômer, quant au nombre de
gars et filles du Québec dont on veut permettre qu'ils accèdent
à une formation supérieure au niveau universitaire. Est-ce que
nous avons atteint ce que j'appellerais le quantum que nous nous sommes
fixé? La réponse, c'est non. Est-ce que c'est de leur faute? Non,
il n'est pas question de parler de faute, il est question de
parler de statistiques.
Nous avons encore des objectifs très importants dans le
cheminement vers une plus grande accessibilité, et il faut augmenter le
nombre. Bon, première raison. Pourquoi on doit questionner? Est-ce que
le moment est venu de remettre en cause la gratuité au niveau des
études collégiales? Nous, on dit qu'on ne peut pas pour cette
raison-là.
Deuxièmement. Je suis encore un peu étonné que la
députée de Vachon dise: Écoutez, c'est futile, ce n'est
pas le moment, et ça ne fait pas sérieux de discuter de
gratuité, parce qu'on se trouve à circonscrire la réforme
juste à un élément. Bien, voyons donc, M. le
Président! Êtes-vous au courant que l'adhésion, dans une
société, à un certain nombre de principes et objectifs, si
on adhère à des objectifs - je vais en nommer deux tantôt -
êtes-vous d'accord que ça constitue, des fois, des objections,
justement, à toute mesure qui porterait atteinte à ces
objectifs-là?
Je donne un exemple. Moi, supposons que j'ai l'objectif qu'il y ait
moins de jeunes qui passent leur temps, lors des études
collégiales, à être ailleurs qu'aux études
collégiales. Et là, je m'explique rapidement:
société éclatée, problème de vouloir
être plus autonome. Puis, c'est tous des objectifs que je comprends pour
les jeunes, mais qui les obligent à travailler, M. le Président,
à passer 20, 18, 15, 25 heures semaine pour se gagner un peu de pitance,
parce que ça a une incidence sur la capacité pour eux et elles de
poursuivre ou non.
Bon, supposons que, moi, je veux absolument atteindre l'objectif qu'il y
ait plus de jeunes qui étudient à temps plein, et que leurs
études soient une priorité plutôt que de travailler au
MacDo. Puis, je vais leur flanquer des frais de scolarité, et vous
croyez que ça n'aurait pas d'incidence sur l'objectif que je poursuis?
Voyons donc! N'importe qui va comprendre ça. Ça va venir
détruire l'objectif que je poursuis, ce qui faisait dire à Mme
Pagé, avec raison: L'adhésion à cet objectif - j'en ai
donné un; elle en donnait d'autres - constitue un exemple, et nous
indique qu'on doit avoir une objection majeure à toute mesure qui
porterait atteinte à la gratuité des études
collégiales, parce que tous les objectifs qu'on pourrait se fixer comme
société deviennent sérieusement mis en cause.
Et c'est pour ça que je pense que mon collègue avait
raison d'arriver avec une motion qui traite d'un problème majeur: Est-ce
que, oui ou non, le moment est venu, et qu'on a, ce que j'appelle, les
éléments requis pour porter le jugement que ça ne serait
pas grave, demain matin, de charger des frais de scolarité? On nous dit:
Oui, mais écoutez, il n'en est pas question quant à
l'accessibilité générale, c'est uniquement pour celles et
ceux qui prennent plus de temps, ce qu'on appelle communément
l'allongement des études. Là-dessus, je vais être encore un
peu plus précis. Moi, j'étais très attentif à ces
questions-là, ça m'a toujours préoccupé. Lors de la
commission parlementaire, j'ai presque questionné tous les groupes, et
Mme la ministre s'en rappelle.
Quand je questionnais les groupes... Est-ce que vous croyez que,
volontairement, il y a des jeunes étudiants qui se traînent les
pieds ou les savates - appelez ça comme vous voudrez - et qui, ce que
j'appelle vraiment par négligence chronique, abusent de la longueur des
sessions d'études, et abusent du temps requis pour obtenir un
diplôme d'études collégiales? Je vous dis que, la plupart
des réponses, c'étaient celles-ci. Ils ne sont pas tout à
fait préparés. Il manque d'aide pédagogique, au niveau
collégial, pour mieux les encadrer. Souvent, il y a des psychologues
scolaires et - vous voyez, rien qu'à lire les journaux - des fois, ils
demandent des rendez-vous. Oui, l'an prochain. Bon, j'exagère à
peine. Six mois, sept semaines, huit semaines avant d'avoir droit à
l'accès à des spécialistes dans un certain nombre de
collèges.
Moi, je dis qu'il n'y a pas assez de mesures d'encadrement. Il n'y a pas
assez de mesures assistées. Toutes celles et ceux à qui on a
posé la question, oui, convenaient que les premiers responsables,
souvent, n'étaient pas les jeunes qui fréquentent les
collèges. La plupart de celles et ceux qui nous ont donné des
réponses, en très grande majorité, ils nous ont toujours
donné des réponses qui portaient sur des éléments
pour lesquels les jeunes ne peuvent pas changer la conduite des choses. Ce
n'est pas eux, les premiers responsables. Et comme État, parce qu'ils ne
sont pas responsables, je dirais: Moi, ce n'est pas mon problème. Je ne
peux pas essayer de m'attaquer à corriger les causes qui font que vous
prenez plus de temps. Je l'ai trouvée, la solution. Elle va être
financière. Ce n'est pas une mesure positive. Ce n'est pas une mesure
incitative. Ce n'est pas une mesure qui va rééquilibrer, à
l'intérieur de ces lieux de formation, de ces lieux d'éducation,
ce que j'appellerais les éléments qui sont nécessaires
pour encadrer mieux, et faciliter les cheminements éducatifs de nos gars
et nos filles, qui ont eu le courage de dire: Moi, je veux poursuivre au
collège; comme société, placez-moi dans des conditions
facilitantes. Moi, je veux que les jeunes restent dans des conditions
facilitantes pour poursuivre les études, et là ça devrait
avoir moins d'impact sur le décrochage.
Je pourrais vous lire une série de données et de
statistiques, mais on ne peut pas le faire dans 15 minutes. La commission
parlementaire a eu lieu. Mais la ministre connaît très,
très bien les arguments, à peu près, de tous ceux et
celles qui se sont exprimés là-dessus. Et ils ont tous dit:
Ça ne serait pas la voie que nous privilégierions en premier.
Moi, si la ministre me donnait ce que j'appelle un certain nombre
d'échanges ou d'orientations qu'elle a prises sur d'autres voies
que celles de «clencher», comme on dit, ceux et celles qui
prennent plus de temps, et que ça aurait été
apprécié par des gens qui sont dans le milieu, qui sont dans le
système, et qu'ils aient dit: Mme la ministre, vis-à-vis de ces
différents moyens-là, vous n'y arriverez pas, et ce n'est pas
possible, et ce n'est pas concluant, et ça ne permettra pas d'atteindre
les objectifs, j'aimerais ça, réévaluer, mais je ne suis
pas en mesure, pour l'instant, de questionner un principe fondamental.
Le principe fondamental, c'est que ça aura des
conséquences dommageables sur l'aspect qui nous intéresse le
plus: permettre un plus grand accès. Et quand d'autres personnes ont
dit: Des vraies mesures incitatives à la réussite des
études, vous en avez eu, des suggestions, Mme la ministre. Si personne
n'avait évoqué certaines suggestions positives là-dessus,
je dirais: Je comprends. Vous êtes prise un peu au dépourvu, et
votre gouvernement est serré. Mais, moi, je dis: La motion du
collègue, c'est que cette Assemblée se déclare en faveur
du maintien intégral du principe, parce qu'il faut d'abord régler
cette condition préalable de réussite scolaire pour les jeunes de
niveau collégial dans une société où, de plus en
plus, il y a éclatement des familles, il y a nécessité
pour les jeunes d'avoir, en tout cas, le sentiment réel d'être
plus autonome face à leur devenir. Et ce n'est pas uniquement par le
programme de prêts et bourses, par le biais du programme d'aide
financière prêts et bourses qu'on peut donner ces mesures requises
d'assistance et de support. Mais je les comprends. Si, en même temps,
dans la réforme, on ne règle pas certains principes fondamentaux
comme celui de la gratuité des études collégiales, il est
très difficile de voir tous les aspects positifs sur lesquels il y
aurait lieu d'avoir vraiment des consensus. Et, Mme la ministre, vous le savez
très bien, dès que vous allez sortir en dehors des consensus de
la commission parlementaire, vous vous placerez dans le trouble.
J'écoutais la députée de Vachon. Avec raison, elle
a dit: II y a nécessité de faire des modifications à
l'enseignement collégial au chapitre, entre autres, d'une meilleure
formation de base. Tout le monde a été unanime. Les jeunes sont
d'accord là-dessus. Les gens ne sont pas en désaccord
là-dessus. Oui, il faut avoir une meilleure formation de base. Oui, il
faut avoir des cours dont on sait, quand on les sanctionne, quelle valeur ils
ont, tous les mécanismes d'évaluation, et ainsi de suite. Et on
est tous prêts à regarder ça, mais à condition que
d'une façon très claire, comme Assemblée nationale, comme
citoyens du Québec, nous ne remettions pas en cause un principe acquis
au moment où on n'a pas atteint les objectifs de performance qu'on
s'était donnés.
Merci. (17 h 40)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. le député de Lac-Saint-Jean, je vous reconnais pour
vous permettre de procéder à la réplique sur votre propre
motion. Allez-y.
M. Jacques Brassard (réplique)
M. Brassard: M. le Président, je pense que mon
collègue d'Abitibi-Ouest a bien raison de rappeler à cette
Chambre le sujet de la motion, le seul sujet de la motion. Le sujet de la
motion, c'est la gratuité des études collégiales. Il ne
s'agit pas de la réforme collégiale. On ne peut pas faire de
motion sur quelque chose qui n'existe pas encore. Elle n'existe pas, la
réforme collégiale. C'est un projet. C'est de l'ordre des
intentions. On ne sait pas si, au début d'avril, la ministre va
déposer un énoncé de politique contenant ce qu'elle entend
faire, les changements qu'elle entend apporter au niveau collégial. On
verra bien. On verra bien. Je ne peux pas discuter de quelque chose que je ne
connais pas et qui n'est pas public.
Le sujet de la motion, ce n'est pas non plus les consensus. On en parle
souvent. Mon collègue vient d'en parler. La ministre en a abondamment
parlé. Le sujet de la motion, ce n'est pas les consensus qui se sont
dégagés au fil des audiences publiques. Je les connais, les
consensus. J'en ai pris connaissance. J'ai lu le discours de la ministre
à la fin de la commission parlementaire, celui de mon collègue
aussi. Je les connais, les consensus qui se sont dégagés, mais ce
n'est pas de ça dont il s'agit, et je n'ai pas voulu faire une motion
sur les consensus. Alors, qu'on cesse de parler des consensus. Les consensus,
on en parlera quand on verra comment la ministre entend les traduire
concrètement par des changements qu'elle propose dans l'ordre
d'enseignement collégial. La, on verra s'il y a traduction fidèle
ou s'il y a trahison des consensus, parce que c'est assez facile d'exprimer des
consensus. Ce n'est pas très compliqué d'exprimer des consensus.
Ça devient plus complexe quand il s'agit de les traduire en changements
bien concrets à mettre en vigueur dans le réseau des
cégeps. Là, ça devient plus difficile, plus complexe et
plus difficile, et le risque, c'est le risque de la trahison. Le risque qu'on
court, c'est qu'on trahisse ces consensus. C'est qu'il y a une espèce de
distanciation et de divorce qui apparaissent entre les consensus et les
changements qu'on prétend introduire en s'appuyant sur les consensus. Ce
n'est pas de ça dont il s'agit.
Alors, je ne comprends pas, d'ailleurs, le reproche qu'elle m'a fait
dans son discours fleuve de la semaine dernière. Je ne comprends pas.
Elle m'a reproché de ne pas parler des consensus. Elle m'a
reproché de m'en tenir à la gratuité. Bien oui, mais c'est
ça que je voulais, c'est ça que je voulais; c'est ça, le
sens de ma motion. Je
ne veux pas parler d'autre chose, je voulais parler de la
gratuité. Alors, je ne vois pas pourquoi elle me reproche de ne pas
parler des multiples consensus intervenus ou d'une réforme qui est
à venir, que personne ne connaît pour le moment.
La motion était très claire. Elle avait un seul sujet, un
sujet unique: la gratuité des études collégiales. Et y
toucher, M. le Président, à ce principe, y toucher de quelque
façon que ce soit, sous quelque forme que ce soit, toucher à ce
principe-là, c'est compromettre dangereusement les changements qu'elle
souhaite apporter et les changements qui sont jugés essentiels par
à peu près tous les acteurs du milieu collégial, c'est les
compromettre. Un risque très grave qu'elle prend.
Si elle touche au principe de la gratuité, elle risque de saboter
elle-même les changements qu'elle compte appliquer, mettre en vigueur
dans l'enseignement collégial. C'est la condition de base - il faut
s'entendre là-dessus - condition essentielle, préalable, comme
l'a dit mon collègue d'Abitibi-Ouest, condition préalable.
Il faut, avant même de penser, de concevoir quelque changement que
ce soit dans le curriculum, dans le tronc commun, dans l'enseignement
professionnel, en matière d'évaluation, quelque changement que ce
soit, il faut qu'on s'entende sur cette condition préalable,
fondamentale: On ne touchera pas à la gratuité des études
collégiales. Sinon, si on y touche, là, on va sombrer
carrément dans l'incohérence et dans l'hypocrisie. Et la ministre
va se retrouver avec une crédibilité pratiquement nulle, une
crédibilité pratiquement nulle parce que comment peut-on
prétendre améliorer l'accessibilité, qui comporte encore
des lacunes graves de nos jours, en imposant des frais de scolarité?
Comment peut-on accroître la scolarisation - tout le monde dit qu'il faut
l'accroître - de nos jeunes en y faisant obstacle par des atteintes
graves à la gratuité, au principe de la gratuité? Comment
peut-on prétendre soutenir, aider les jeunes par une batterie de mesures
pédagogiques, les jeunes qui ont des difficultés d'apprentissage
ou qui ont des difficultés d'orientation, et les punir
financièrement en même temps? Ça, c'est complètement
incohérent et c'est en même temps carrément hypocrite.
Dans un discours d'une heure, la semaine dernière, la ministre a
trouvé moyen de se cantonner, après une heure - une heure de
discours, c'est presque un record, un vrai championnat. Pendant une heure, la
ministre a trouvé moyen de se cantonner dans le vague, le
nébuleux, le flou et elle a fait le recensement des mémoires
présentés à la commission parlementaire, et surtout un
recensement très sélectif. Elle s'est attachée presque
exclusivement aux mémoires qui préconisent des mesures
financières punitives. C'est curieux comme sélection, uniquement
ça: le Conseil du patronat, chambres de commerce, elle a parlé
aussi de la
Fédération des cégeps, mais pas un mot sur les
dizaines et les dizaines et les dizaines d'intervenants et de mémoires
qui, sur le plan de la gratuité, disaient au gouvernement: Ne touchez
pas à ça de quelque façon que ce soit. Pas un mot
là-dessus. Pas un mot sur le Conseil supérieur de
l'éducation.
Ce n'est pas rien, là, le Conseil supérieur de
l'éducation. C'est un organisme sérieux, crédible en
matière d'éducation. Il dit au gouvernement: Ne touchez pas
à ça, la gratuité, de quelque façon que ce soit. Ne
touchez pas à ça. Et je signale à mon collègue de
Jacques-Cartier que le Conseil supérieur de l'éducation ne peut
pas être accusé d'être accroché à des
idéaux du passé, des années soixante. On m'accusait
d'être accroché à des idéaux des années
soixante. Bien, le Conseil supérieur de l'éducation ne me semble
pas accroché et il dit: Ne touchez pas au principe de la
gratuité.
L'objectif est tout à fait louable. On est d'accord avec
l'objectif poursuivi par la ministre et le gouvernement. Ça, c'en est un
vrai, consensus. Il faut améliorer l'accessibilité et il faut
augmenter le taux de réussite dans les cégeps. Le Conseil
supérieur de l'éducation, justement, proposait des objectifs
précis. Ça, tout le monde est d'accord là-dessus. Mais
quels moyens prend-on pour atteindre ces objectifs-là? Et là,
c'est là que je ne comprends pas du tout la ministre, quand elle
manifeste son intention d'imposer des châtiments financiers aux jeunes
qui ont de la misère, qui ont des difficultés d'apprentissage ou
d'orientation. C'est incompréhensible. Elle veut qu'ils
réussissent, elle veut qu'il y en ait plus qui obtiennent leur
diplôme, et elle les punit. Elle sévit. Elle leur impose des
châtiments financiers. Donc, elle les contraint en quelque sorte, ou, en
tout cas, elle les incite à s'éjecter, à s'expulser du
réseau. C'est beau, ça. Comme contradiction, on ne fait pas
mieux.
Alors, M. le Président, si elle veut réussir sa
réforme, il faut non seulement qu'elle mobilise tous les acteurs, et
ça, c'est mal parti à ce chapitre-là, c'est très
mal parti, mais également il faut qu'elle ne touche pas au principe de
la gratuité des études collégiales. Il faut qu'elle
respecte de façon scrupuleuse, sacrée, le principe de la
gratuité des études collégiales, sinon elle va
elle-même saboter, miner, saper la réforme qu'elle compte
entreprendre.
L'amendement, M. le Président... Bien, écoutez, le
député de Sherbrooke veut enlever le mot
«intégral» dans ma motion. Ma motion se lisait comme suit:
«Que cette Assemblée se déclare en faveur du maintien
intégral du principe de la gratuité des études
collégiales.» Nous, on avait mis «intégral»
parce qu'on voulait vraiment faire ressortir le caractère intouchable du
principe de la gratuité, que ce soit bien clair là qu'il ne faut
pas y toucher de quelque façon que ce soit et sous quelque forme que ce
soit. Alors, on a dit: On va mettre «intégral», comme
ça, ça va, je dirais, lancer le message que la
gratuité est intouchable.
Le député de Sherbrooke, par un amendement, veut
l'enlever. Nous, on va être contre ça. Je pense qu'il est bon de
maintenir le terme intégral pour que ce ne soit pas ambigu, qu'il n'y
ait pas d'ambiguïté, de malentendu, ni d'équivoque, que ce
soit bien clair que le maintien de la gratuité sera respecté
scrupuleusement, de quelque façon que ce soit. (17 h 50)
Si, évidemment, les ministériels utilisent leur
majorité pour l'accepter, cet amendement-là, et faire en sorte
que le mot «intégral», l'adjectif
«intégral» disparaisse de ma motion, je voudrais dire ceci,
M. le Président. Enlever le mot «intégral», si la
ministre s'imagine que ça lui donne une marge de manoeuvre, eh bien, il
vaut mieux lui dire qu'elle se trompe. Enlever le mot
«intégral», ça ne lui donne pas d'aucune façon
une marge de manoeuvre. Et je ne voudrais pas qu'elle se considère comme
autorisée, à partir du moment où le mot
«intégral» disparaît de la motion, de par l'exercice
de la majorité, le poids de la majorité, je ne voudrais pas
qu'elle se croit autorisée de faire une brèche dans le principe
de la gratuité, de faire une entorse dans le principe de la
gratuité en se disant: Si le mot «intégral» n'est pas
là, je peux, par conséquent, songer à mettre en vigueur
des mesures coerci-tives en matière de durée des études
collégiales, leur imposer des frais pour les étudiants qui comme
la rumeur circule, se voient subir un certain nombre d'échecs. Je peux
le faire. Ça n'affecte pas le principe de la gratuité.
Je regrette, ce n'est pas parce qu'on aura enlevé le mot
«intégral» que la ministre pourra se considérer comme
pouvant aller jusque-là. Parce que, si vous enlevez le mot
«intégral», la motion va se lire comme suit: «Que
cette Assemblée se déclare en faveur du maintien du principe de
la gratuité des études collégiales.» Bien, ça
voudra dire ce que ça va vouloir dire. Et ça voudra dire
qu'imposer des mesures punitives, coercitives de nature financière aux
jeunes qui ont des difficultés, qui prennent un peu plus de temps pour
obtenir leur diplôme, ça sera considéré comme une
brèche, comme une entorse au principe de la gratuité et comme une
violation d'une motion adoptée par l'Assemblée nationale, je
l'espère, à l'unanimité. Parce que j'espère, M. le
Président, que cette motion sera adoptée unanimement par
l'ensemble des députés et qu'à partir de ce
moment-là le gouvernement, la ministre surtout, renoncera une fois pour
toutes à son intention d'imposer des mesures coercitives aux jeunes des
cégeps.
Je suis convaincu, à ce moment-là, que le climat va se
rétablir dans les cégeps, s'améliorer, s'assainir,
s'épurer, à partir du moment où on saura que cette motion
non seulement aura été adoptée, mais que le gouvernement
entend la respecter scrupuleusement.
Merci, M. le Président. Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Cette réplique met fin au débat sur votre propre motion.
Je vais maintenant mettre aux voix la motion du député de
Sherbrooke.
M. Bélisle: Qu'on appelle les députés, M. le
Président!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vote nominal. Alors,
qu'on appelle les députés! (17 h 53 - 17 h 58)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mmes et MM. les
députés, si vous voulez vous asseoir, s'il vous plaît.
Alors, je demanderais à chacune et à chacun des
députés de regagner sa banquette, s'il vous plaît.
Merci.
Mise aux voix de la motion d'amendement
Alors, je mets aux voix la motion de M. le député de
Sherbrooke, qui se lit comme suit. «Que la motion en discussion soit
amendée: en retranchant, dans la deuxième ligne, le mot
«intégral».
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Paradis (Brome-Missisquoi), Mme
Gagnon-Tremblay (Saint-François), M. Levesque (Bonaventure), Mme Bacon
(Chomedey), M. Bourbeau (Laporte), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Côté
(Rivière-du-Loup), M. Sir-ros (Laurier), M. Vallières (Richmond),
M. Valle-rand (Crémazie), M. Elkas (Robert-Baldwin), M. Tremblay
(Outremont), M. Rivard (Rosemont), Mme Robic (Bourassa), M. Middlemiss
(Pontiac), M. Cherry (Sainte-Anne), M. Bélisle (Mille-Îles), M.
Cusano (Viau), M. Picotte (Maskinongé), Mme Robillard (Chambly), M.
Blackburn (Rober-val), Mme Bleau (Groulx), M. Houde (Berthier), M. Maciocia
(Viger), Mme Trépanier (Dorion), M. Cannon (La Peltrie), M. Philibert
(Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), M. Chagnon (Saint-Louis),
M. Hamel (Sherbrooke), M. Doyon (Louis-Hébert), Mme Pelchat (Vachon), M.
Paradis (Matapédia), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Lemire
(Saint-Maurice), M. Leclerc (Taschereau), M. Thérien (Rousseau), M.
Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M. Williams (Nelligan), M. Farrah
(îles-de-la-Madeleine), M. Fradet (Vi-mont), M. Messier
(Saint-Hyacinthe), M. Gautrin (Verdun), M. Forget (Prévost), M.
Gobé (LaFon-taine), Mme Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M.
Lafrenière (Gatineau), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau
(Acadie), Mme Boucher Bacon (Bourget), M. Parent (Sauvé), Mme
Bélanger (Mégantic-Compton), M. Camden (Lotbinière),
M. Audet (Beauce-Nord), Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Khelfa
(Richelieu), M. Lafrance (Iber-ville), M. MacMillan (Papineau). (18 heures)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Que ceux et celles qui
sont contre cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), Mme
Blackburn (Chicoutimi), M. Biais (Masson), M. Garon (Lévis), Mme Harel
(Hoche-laga-Maisonneuve), M. Godin (Mercier), Mme Ju-neau (Johnson), Mme Caron
(Terrebonne), M. Du-four (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M.
Gen-dron (Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard
(Labelle), M. Morin (Dubuc), M. Holden (Westmount), M. Trudel
(Rouyn-Noran-da-Témiscamingue), Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière), M. Bélanger (Anjou).
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron (Jacques-Cartier).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Pas d'abstentions?
Le Secrétaire: pour: 60 contre: 20 abstentions: 0
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, la motion est
adoptée. Je vais maintenant...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avant de mettre la prochaine
motion aux voix, est-ce qu'on pourrait permettre à Mme la
députée de Marguerite-Bourgeoys de...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): C'est un deuxième
vote. Allez-y, madame.
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Mise aux voix de la motion amendée
Je mets maintenant aux voix la motion du whip en chef de l'Opposition
officielle, telle qu'amendée, qui se lit comme suit: «Que cette
Assemblée se déclare en faveur du maintien du principe de la
gratuité des études collégiales.»
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), Mme
Blackburn (Chicoutimi), M. Biais (Masson), M. Garon (Lévis), Mme Harel
(Hoche-laga-Maisonneuve), M. Godin (Mercier), Mme Ju-neau (Johnson), Mme Caron
(Terrebonne), M. Du-four (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M.
Gen-dron (Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard
(Labelle), M. Morin (Dubuc),
M. Holden (Westmount), M. Trudel (Rouyn-Noran-da-Témiscamingue),
Mme Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière), M. Bélanger
(Anjou).
M. Paradis (Brome-Missisquoi), Mme Ga-gnon-Tremblay
(Saint-François), M. Levesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M.
Bour-beau (Laporte), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Côté
(Rivière-du-Loup), M. Sirros (Laurier), M. Valliè-res (Richmond),
M. Vallerand (Crémazie), M. El-kas (Robert-Baldwin), M. Tremblay
(Outremont), M. Rivard (Rosemont), Mme Robic (Bourassa), M. Middlemiss
(Pontiac), Mme Frulla (Marguerite-Bourgeoys), M. Cherry (Sainte-Anne), M.
Bélisle (Mille-Îles), M. Cusano (Viau), M. Picotte
(Mas-kinongé), Mme Robillard (Chambly), M. Blackburn (Roberval), Mme
Bleau (Groulx), M. Houde (Ber-thier), M. Maciocia (Viger), Mme Trépanier
(Do-rion), M. Cannon (La Peltrie), M. Philibert (Trois-Rivières), M.
Beaudin (Gaspé), M. Chagnon (Saint-Louis), M. Hamel (Sherbrooke), M.
Doyon (Louis-Hébert), Mme Pelchat (Vachon), M. Paradis
(Matapédia), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice),
M. Leclerc (Tasche-reau), M. Thérien (Rousseau), M. Tremblay
(Ri-mouski), M. Benoit (Orford), M. Williams (Nelli-gan), M. Farrah
(îles-de-la-Madeleine), M. Fradet (Vimont), M. Messier (Saint-Hyacinthe),
M. Gau-trin (Verdun), M. Forget (Prévost), M. Gobé (La-Fontaine),
Mme Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M. Lafrenière (Gatineau), M.
Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie), Mme Boucher Bacon (Bourget),
M. Parent (Sauvé), Mme Bélanger (Mégantic-Compton), M.
Camden (Lotbinière), M. Audet (Beauce-Nord), Mme Loi-selle
(Saint-Henri), M. Khelfa (Richelieu), M. Lafrance (Iberville), M. MacMillan
(Papineau).
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron (Jacques-Cartier).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a des
députés qui votent contre cette motion? Pas d'abstentions?
Le Secrétaire: pour: 81 contre: 0 abstentions: 0
Le Président (M. Lefebvre): Je déclare la motion du
député de Lac-Saint-Jean, telle qu'amendée,
adoptée.
Il est plus de 18 heures. J'ajourne les travaux de l'Assemblée
à demain après-midi, à 14 heures.
(Fin de la séance à 18 h 7)