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Étude des crédits du ministère
des Affaires intergouvernementales
(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Veuillez prendre vos sièges.
La commission des affaires intergouvernementales se réunit pour
l'étude, programme par programme, des crédits 1979/80.
Les membres de cette commission sont: MM. Bertrand (Vanier), Biron
(Lotbinière), de Bellefeuille (Deux-Montagnes); M. Forget
(Saint-Laurent) remplacé par Rivest (Jean-Talon); Godin (Mercier), Guay
(Taschereau), Mme Leblanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine), MM. Levesque
(Bonaventure), Morin (Louis-Hébert).
Les intervenants sont: MM. Charbonneau (Verchères), Couture
(Saint-Henri), Grenier (Mégantic-Compton), Johnson (Anjou), Morin
(Sauvé), Rancourt (Saint-François), Raynauld (Outremont), Samson
(Rouyn-Noranda), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Lorsque nous avons ajourné nos travaux, nous avions adopté
le programme 3, avec la promesse de revenir à une discussion
générale. Avez-vous d'autres commentaires à faire avant
d'entreprendre l'étude du programme 1?
M. le député de Lotbinière.
Affaires canadiennes
M. Biron: J'avais posé une question au ministre, lors de
ma première intervention; j'aimerais avoir une réponse
précise à propos de l'organigramme. On retrouve, sous deux
directions générales différentes, des relations avec les
gouvernements du Canada; une Direction générale des affaires
canadiennes où on retrouve tout ça d'un bout à l'autre. Je
n'ai pas besoin de les énumérer: direction des affaires
économiques, financières, culturelles, sociales,
institutionnelles, francophonie, affaires amérindiennes et
secrétariat, etc.
Je suppose qu'il est tout à fait normal qu'on ait, sous cette
direction, toutes les affaires canadiennes. Mais il reste quand même des
relations vis-à-vis des problèmes constitutionnels, ce qu'on n'a
pas ça sous cette direction.
D'un autre côté, sous la Direction générale
des affaires internationales, on voit "relations avec le gouvernement
fédéral". Ma première réaction, comme celle, j'en
ai l'impression, de tout Québécois qui va voir ça, est de
se dire: Déjà le Parti québécois nous a
séparés avant même d'avoir fait un
référendum, puisqu'il considère les relations avec le
gouvernement fédéral comme des affaires internationales.
Je voudrais que le ministre nous explique pourquoi les relations avec le
gouvernement fédéral sont sous deux directions différentes
et où est la direction qui s'occupe des affaires constitutionnelles
proprement dites. Cela, je pense, est important. On a eu des témoignages
vivants au
Québec, au cours des derniers mois, que les gens se
préoccupent énormément de cet avenir constitutionnel ou de
ce renouvellement de la constitution, d'une façon ou d'une autre. Qui
s'occupe de ça et sous quelle direction?
M. Morin (Louis-Hébert): Pour la première question,
en ce qui a trait à la relation qui a l'air d'exister entre le
gouvernement fédéral et la Direction générale des
relations internationales, et le gouvernement fédéral et la
Direction générale des affaires canadiennes, je veux simplement
dire ceci. La conclusion du député de Lotbinière est
légèrement prématurée, encore que ce ne soit pas du
tout exclu pour l'avenir, mais, pour le moment, elle est
prématurée, en ce sens qu'il s'agit là strictement d'une
décision d'ordre administratif de notre part et très pratique,
pour la raison suivante. Si nous avons une boîte dans l'organigramme,
sous la Direction générale des relations internationales, qui
s'appelle relations avec le gouvernement fédéral, c'est parce
que, dans le domaine des relations internationales que nous avons avec
l'extérieur, il y a très souvent, et même tous les jours,
des problèmes qui existent avec Ottawa. Nous avons, par
conséquent, demandé à quelqu'un de s'occuper de ces
problèmes particuliers à l'intérieur de la Direction des
relations internationales, c'est-à-dire de se spécialiser en
quelque sorte sur les problèmes Québec-Ottawa qui surviennent du
fait que nous avons des relations internationales.
C'est pour ça que c'est dans cette boîte tout simplement.
C'est plus pratique comme ça et ça n'a pas de relation avec
l'autre direction générale, sauf par le haut. C'est donc
simplement une décision essentiellement d'ordre concret et pragmatique,
parce que c'est plus commode comme ça. En somme, ceux qui sont dans
cette boîte sont au courant des problèmes.
Je vais vous donner un cas. Il y a eu une conférence
internationale des ministres de l'Éducation des pays francophones il y a
quelque temps à Québec. Cela pose des problèmes
d'organisation, ça pose des problèmes de protocole, par exemple,
des problèmes d'ordre politique aussi; qui est invité à
quoi? C'est la boîte des relations avec le gouvernement
fédéral à l'intérieur des relations internationales
qui s'occupe de communiquer avec des gens d'Ottawa, notamment au
ministère des Affaires extérieures; c'est aussi simple que
ça.
Si on l'avait mis de l'autre côté, on était
obligé de faire appel à une autre direction à
l'intérieur du ministère pour des choses qui relèvent
couramment de la Direction générale des relations
internationales. Cela aurait pu créer des mélanges. J'en aurais
parlé, j'ai oublié de répondre à la question hier,
c'est aussi simple que ça. Quand j'y ai pensé, je me suis dit que
j'y reviendrais plus tard, et j'ai oublié plus tard. On en reparle ce
matin, je pense bien que ça répond à votre question.
L'autre question: Qui s'occupe des affaires constitutionnelles? Le
ministre, le sous-ministre, le sous-ministre adjoint, le directeur
général des affaires canadiennes, de même que l'ensemble de
la Direction générale des affaires canadiennes. Il n'y a
personne, sauf peut-être le ministre, au niveau politique, sur le plan
administratif à qui appartient en propre la discussion
constitutionnelle. C'est une préoccupation de l'ensemble du
ministère. C'est la première chose que j'ai dite hier, je ne sais
pas si vous vous en souvenez, quand je parlais de l'objectif global du
ministère de défendre les droits du Québec. C'est une
préoccupation qui vaut pour l'ensemble du ministère et qui se
retrouve surtout au niveau politique chez le ministre lui-même et bien
sûr, par conséquent, chez le sous-ministre et le sous-ministre
adjoint.
M. Biron: J'ai une autre question, je veux revenir à une
question que j'ai posée hier au ministre, les ententes de
réciprocité. Le ministre m'a répondu concernant l'attitude
du premier ministre du Nouveau-Brunswick, M. Hatfield. Maintenant, je demande
au ministre quelle est la prochaine étape. Est-ce qu'au
ministère, au gouvernement du Québec, on se propose de rencontrer
un à un les premiers ministres des provinces canadiennes, et
particulièrement M. Hatfield, pour lui réexpliciter clairement la
position du Québec en cette matière, en matière
d'éducation en particulier? On pourrait faire comprendre à ce
premier ministre que tout ce qu'on lui demande, en fait d'ententes de
réciprocité, c'est à peu près ce qu'on est
prêt à donner à tous les anglophones qui viendraient de sa
province, la même protection pour nos francophones qui s'en iraient au
Nouveau-Brunswick.
Il n'est pas question, je pense bien, d'avoir une école anglaise
à Sainte-Croix-de-Lotbinière pour un gars du Nouveau-Brunswick,
comme il n'est pas question d'avoir une école française dans une
petite paroisse près de St-John, New Brunswick, pour un francophone.
Est-ce qu'on fait un effort, est-ce qu'on a des étapes prévues ou
des décisions qu'on va prendre ou qu'on a déjà prises
vis-à-vis de la meilleure compréhension des provinces canadiennes
envers cette offre de réciprocité sur la langue de
l'éducation?
M. Morin (Louis-Hébert): Les réponses sont les
suivantes. Premièrement, l'offre de réciprocité
exprimée en août 1977, par le premier ministre du Québec,
demeure aussi vivante et aussi présente que jamais. Donc, il s'agit d'un
dossier ouvert. (10 h 15)
Deuxièmement, j'ai renouvelé notre préoccupation
à cet égard lors d'une entrevue télévisée
à Radio-Canada Maritimes il y a quelque temps. Troisièmement,
j'en ai parlé, précisément et formellement, lors d'une
rencontre que j'ai eue avec lui, au ministre des Affaires intergouvernementales
de l'Ontario, M. Wells, il y a à peu près deux semaines
aujourd'hui ou hier, ce qui veut dire que nous continuons à en parler
avec les provinces et particulièrement avec les provinces
limitrophes.
Quant au premier ministre Hatfield, il va venir ici, à
Québec, lors de la conférence des premiers ministres des
provinces qui aura lieu dans la deuxième ou la troisième semaine
du mois d'août. C'est sûr que ce n'est probablement pas à
l'ordre du jour comme sujet, mais je vais lui en parler personnellement.
Maintenant, il s'agit, pour nous, particulièrement de l'Ontario et du
Québec, les deux provinces les plus susceptibles d'être
intéressées.
Or, il arrive ceci sur le plan concret, que notamment le
Nouveau-Brunswick pourrait, je pense bien, d'après les renseignements
que nous avons, très facilement signer un accord de
réciprocité avec nous puisqu'ils ont déjà
entrepris, même si c'est loin d'être parfait aux dires des
francophones de cette province et c'est loin d'être complet
un effort, il faut le reconnaître, et ils pourraient, je pense bien,
à la rigueur, avoir avec nous cet accord de réciprocité.
Du côté de l'Ontario, je pense que c'est peut-être moins
globalement vrai mais c'est peut-être vrai aussi, encore qu'il faudrait
fouiller davantage.
Cependant, j'ai l'impression que les premiers ministres des autres
provinces ont compris ou ont voulu comprendre que ce que nous exigions d'eux
je dis le mot "exiger" à dessein c'était
peut-être la signature d'une sorte de traité international avec
paraphe, le grand sceau et la cérémonie formelle, alors qu'au
fond il s'agit d'une entente pour qu'eux accordent chez eux aux francophones
qui viennent du Québec l'enseignement français, et nous ferions
la même chose puisque nous avons déjà tout le réseau
ici. Bien sûr, cela exclut Sainte-Croix-de-Lotbinière, tout le
monde comprend cela. On n'a pas d'exigences farfelues; cela va de soi qu'on ne
demandera pas que dans des localités où il n'y a personne, il y
ait une école française, pas plus qu'on demanderait qu'il y en
ait une anglaise ici.
Tout cela pour dire que j'ai l'impression qu'ils n'ont pas compris que
ce que nous demandions, au fond, c'était, de leur part, tout simplement
de nous faire signe et de nous l'indiquer d'une façon précise par
des documents. Dans le privé, beaucoup de personnes nous disent: Au
Nouveau-Brunswick, ce serait facile; mais politiquement on aime mieux pas parce
qu'on craint des fois la majorité anglophone ou, encore, des fois on
craint que le Québec tire de cela la conclusion que la
souveraineté-association est en train de se réaliser, alors que
l'association porterait sur des domaines plutôt économiques. Il
n'est pas question, si vous voulez, de l'inventer à partir d'une
réciprocité en matière d'éducation.
Ce que nous faisons en proposant cette réciprocité
et c'est malheureux que je n'aie pas le texte ici c'est l'application,
à toutes fins utiles, d'une suggestion de M. Trudeau dans son livre "Le
fédéralisme et la société
canadienne-française", formé d'extraits de ses articles dans
Cité libre, dans lequel il recommandait que les provinces signent des
accords de cette nature parce que c'était tout à fait conforme au
fédéralisme. Alors, on est dans une situation tout à fait
bizarre au Canada, actuellement, où des gestes
inspirés par une certaine conception du fédéralisme
sont considérés comme des gestes sourdement séparatistes.
Il y a un malentendu de ce côté et il y a aussi de la politique
qui se mêle à cela. Et vous savez, tout le monde ici sait que,
quand les politiciens sont dans des dossiers, cela complique les choses.
M. Rivest: De part et d'autre.
M. Morin (Louis-Hébert): De part et d'autre.
M. Rivest: M. le ministre...
M. Morin (Louis-Hébert): II y a deux sortes de politique.
Il y a la bonne politique, disons, dans...
M. Rivest: La vôtre!
M. Morin (Louis-Hébert): ... un sens plus noble, celle que
nous nous efforçons de pratiquer, et la politique dans un sens plus
restreint, celle à laquelle, je pense, le député de
Jean-Talon fait allusion.
M. Biron: M. le ministre, je ne veux pas que vous essayiez de me
convaincre que c'est bon des ententes de réciprocité sur la
question de la langue d'éducation. J'ai personnellement écrit
à tous les premiers ministres des provinces canadiennes et j'ai
déjà déclaré à plusieurs reprises qu'avant
de rejeter une telle entente, on devrait être sérieux et
l'étudier à son mérite parce que cela méritait
d'être étudié. Je suis d'accord que vis-à-vis de ces
ententes de réciprocité, particulièrement dans le domaine
de l'éducation comme probablement dans d'autres domaines. Ce que je vous
ai dit, c'est: Qu'est-ce que vous allez faire à compter de maintenant?
D'accord, vous avez dit: Les premiers ministres n'ont pas compris; ils ont
pensé que c'était la souveraineté-association ou
l'indépendance avant le temps. Le premier ministre du Québec a
même déclaré: Si cette entente de
réciprocité, cette offre avait été
présentée par un autre parti politique que par le Parti
québécois, cela aurait été accepté
très rapidement par les provinces ou les premiers ministres des
provinces canadiennes.
Vous dites que les premiers ministres ne veulent même pas
respecter l'esprit du fédéralisme énoncé par des
fédéralistes inconditionnels. Il y a quand même
possibilité, je pense, d'intervenir auprès de chacun de ces
premiers ministres, peut-être pas globalement, ensemble, peut-être
pas par les media d'information, mais peut-être directement au niveau de
leur cabinet et au niveau de leur ministère de l'Éducation.
La question que je vous pose est la suivante: Est-ce qu'il y a des
efforts de faits à l'heure actuelle par votre ministère ou par le
gouvernement du Québec, dans ce domaine, pour faire comprendre le bon
sens du fédéralisme en tout cas, canadien tel qu'il existe
à l'heure actuelle aux premiers ministres des provinces
canadiennes pour qu'ils acceptent de telles ententes?
M. Morin (Louis-Hébert): II est absolument sûr que
nous allons continuer à en parler. Je répète ce que j'ai
dit il y a une seconde. J'en ai parlé il y a deux semaines, ici
même à Québec, au ministre des Affaires
intergouvernementales de l'Ontario. Je n'ai pas eu de réponse. Il va
regarder le dossier. Je lui ai rappelé, en somme, que nous étions
toujours disposés à aller de l'avant. Nous allons profiter de
toutes les circonstances qui se présenteront pour le faire. Je pense que
c'est la meilleure réponse que je peux donner au député de
Lotbinière.
Cependant, il faut savoir ceci. Je remarque un comportement, souvent
chez les politiciens, les premiers ministres d'autres provinces, qui est le
suivant: ils sont tous à peu près disposés à dire
deux choses. D'une part, ils sont prêts à faire des changements
dans la constitution. Cependant, ils ne sont pas très précis la
plupart du temps sur le type de changements qu'ils veulent faire, notamment,
par exemple, d'ans le cas de l'Ontario. L'Ontario est ouvert à tous les
changements en principe, mais je n'ai jamais vu quoi que ce soit qui soit
vraiment significatif sur le plan du partage des pouvoirs. Par
conséquent, ils sont toujours disposés à dire qu'ils sont
prêts à reconnaître les droits des francophones. On frappe
des noeuds M. Trudeau en a frappé un et nous en frappons un autre
quand on leur dit: Écoutez! On va signer un accord de
réciprocité. Vous ne tenez pas à ce que ce soit dans la
constitution? On va signer un accord de réciprocité. À ce
moment-là, vous vous donnerez des services. Ils disent: Non, ce serait
mieux dans la constitution. Quand M. Trudeau leur dit: Mettez donc cela dans la
constitution nous n'avons pas les mêmes raisons de ne pas
être d'accord avec cette proposition certains d'entre eux disent:
Non, écoutez! C'est compliqué, etc.
En pratique, cela veut dire ceci: Dès que, soit le Québec,
soit une proposition constitutionnelle intervient pour, en quelque sorte,
concrétiser une obligation de donner de l'enseignement en
français aux minorités, ce monde-là recule. Tant qu'il
s'agit de déclarations verbales et d'intentions dont on sait d'avance
qu'elles n'ont pas de risque d'être appliquées, là ils sont
là. Mais quand on leur demande de livrer la marchandise c'est
cela que les accords de réciprocité demandaient parce que cela
peut être mis en oeuvre tout de suite à ce
moment-là, ils sont beaucoup plus hésitants.
Je remarque une chose et cela m'a frappé: Ce qui m'étonne,
c'est que dans le cas du Nouveau-Brunswick, ils pourraient le faire
vraisemblablement; je ne veux pas m'avancer trop; c'est le ministère de
l'Éducation qui connaît mieux les dossiers en ce qui a trait
à l'éducation quant au Nouveau-Brunswick. Mais d'après les
renseignements que nous avons, ce ne serait pas un miracle pour eux, au
Nouveau-Brunswick, de dire: Bon, d'accord, cela va. On leur a même
proposé, s'ils avaient peur de signer un accord avec le Québec
seul, que le Québec le fasse de façon multilatérale avec
trois, quatre ou cinq provinces en même temps. Quand je suis allé,
par exemple, rencontré
Ed Schreyer il était, à l'époque, le premier
ministre du Manitoba; maintenant, il a été promu gouverneur
général à cette époque-là, il
était très sympathique à des relations avec le
Québec. On a même donné une conférence de presse
conjointe et on a signé une sorte d'accord préliminaire, si vous
voulez. J'essaie de reprendre cela avec son successeur, l'actuel premier
ministre du Manitoba, et on va continuer. C'est un autre à qui je veux
en parler. Je ne pense pas qu'il ait une réputation d'être
farouchement profrancophone. Alors, je ne le sais pas, on peut avoir des
problèmes.
Pour répondre à votre question de façon
générale, oui, nous avons décidé, pour les
francophones des autres provinces et pour leur donner un coup de main, deux
choses. Premièrement, on pousse le dossier de la
réciprocité tout le temps et, deuxièmement, vous avez vu
dans votre cahier hier, on a un programme très concret pour donner un
coup de main à un certain nombre d'associations francophones des autres
provinces selon leurs priorités.
M. Biron: Je remarque, M. le ministre je reviens encore
là-dessus parce que vous poussez le dossier de la
réciprocité tout le temps d'une façon
générale...
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Biron: Mais je vous ai demandé si,
spécifiquement, on fait un effort avec des personnes qui font du
lobbying, s'il faut en faire. Mais rencontrez-vous chacun des responsables des
provinces canadiennes? Il n'est pas tout simplement question d'éducation
en français ailleurs pour les francophones; il est aussi question
d'éducation en anglais au Québec pour les anglophones. C'est cela
qu'il faut faire comprendre à ces gens-là.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est sûr. On leur dit
cela. Chaque fois qu'il y a une conférence des ministres de
l'Éducation, ils en parlent. Je n'ai pas tout cela devant moi, mais cela
a été un des sujets à l'ordre du jour constamment. Je
viens de vous dire que j'en ai parlé en Ontario et je l'ai
proposé par la voie de la télévision. J'ai rappelé
par la voie de la télévision à toutes les provinces des
Maritimes, il y a deux semaines, qu'on est encore réceptif à ce
sujet.
M. Biron: C'est de la communication.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous dis que je vais en parler
encore le mois prochain. Peut-être qu'on ne se comprend pas.
M. Biron: Ce que je veux, c'est qu'on fasse un effort; parler par
la télévision, c'est impersonnel et je trouve qu'on ne
réussit rien. On fait de la politique avec cela, mais pas autre
chose.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai rappelé que cela
existait.
M. Biron: Si on veut régler des problèmes, on va
déléguer des fonctionnaires s'il le faut, pas
nécessairement le ministre, parce qu'il est pris par bien d'autres
choses, mais une personne ou des personnes responsables de ce dossier et on va
leur dire: Vous allez faire l'effort, vous allez faire du lobbying, vous allez
être une semaine au Nouveau-Brunswick pour faire le tour de cela et ainsi
de suite.
M. Morin (Louis-Hébert): En ce qui concerne
l'Ontario...
M. Biron: C'est une façon pratique de régler les
problèmes. Autrement, on fait tout simplement des voeux pieux.
M. Morin (Louis-Hébert): En ce qui concerne l'Ontario, il
y aura des discussions déjà décidées au niveau des
fonctionnaires; ce que vous venez de suggérer, c'est déjà
une des décisions prises il y a deux semaines. Je demandais justement il
y a une seconde si on avait eu des réponses et il n'y a pas eu de suite
encore, c'est très récent. En ce qui concerne le
Nouveau-Brunswick, M. Hatfield vient ici cet été, je vais lui en
parler.
M. Biron: On a autant de misère à vous arracher une
réponse que M. Ryan en a.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous les donne les
réponses; c'est peut-être la misère que vous avez à
les comprendre. Je ne sais pas, mais que voulez-vous que je vous dise?
M. Rivest: M. le Président.
M. Morin (Louis-Hébert): Je parle de M. le
député de Lotbinière. Je suis en train de vous dire qu'on
fait tout ce qu'on peut. Même si j'envoyais une armée de
fonctionnaires voir tout ce monde, c'est une décision politique. Il ne
faut quand même pas...
M. Rivest: Si le député me permet, pourquoi ne
donnez-vous pas des mandats précis à vos fonctionnaires d'aller
faire... D'abord, est-ce que ces mandats existent? Quel fonctionnaire est en
charge pour voir s'il y a un peu de sérieux et de solidité? Je
pense que c'est ce que recherche le député de Lotbinière,
à savoir si dans ce dossier, dans cette question, c'est vraiment
sérieux. Est-ce qu'il y a des projets précis non seulement dans
le domaine de l'éducation mais aussi des accords de
réciprocité dans d'autres domaines? Est-ce qu'il y a des mandats
précis qui ont été donnés à des
fonctionnaires du ministère des Affaires intergouvernementales,
lesquels, quelles sont les démarches? Ensuite, sur le plan politique, le
ministre viendra, comme cela se fait normalement, discuter lorsque le premier
déblayage ou la première exploration aura été faite
au niveau des fonctionnaires. À ce moment-là, ce sera beaucoup
plus utile au ministre de rencontrer ses homologues parce qu'autrement, si le
ministre se contente des
visites plus ou moins fortuites des ministres des autres provinces pour
leur en parler, cela reste extrêmement vague et je pense que c'est un peu
le sens des questions du député de Lotbinière.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a une chose qui a
peut-être échappé à votre attention. Je
m'aperçois que j'aurais peut-être dû vous poser la question
avant: Sous l'onglet 10 du cahier noir que je vous ai remis hier, "La
coopération interprovinciale", on vous dit là-dedans qu'il y a
deux accords qui fêtent cette année leur dixième
anniversaire, c'est-à-dire précisément celui avec le
Nouveau-Brunswick et celui avec l'Ontario. Or, nous allons justement parler de
ces accords pour les reconduire. C'est une question qui va justement être
soulevée.
M. Rivest: Quand et sur quelle base?
M. Morin (Louis-Hébert): Comment quand? Cette
année.
M. Rivest: Cette année?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, cette année, c'est le
dixième anniversaire.
M. Rivest: Est-ce que c'est prévu? Est-ce que c'est
précis ou si c'est simplement un projet?
M. Morin (Louis-Hébert): Je viens de dire qu'il y a deux
semaines, j'en ai parlé au ministre des Affaires intergouvernementales
de l'Ontario. C'était au restaurant comment s'appelait-il? Parce
qu'il semble que vous vous intéressiez aux restaurants de votre
côté, alors lequel? À l'Eperlan, de 20 heures à 22 h
30, mardi ou mercredi soir le... On va trouver cela.
M. Rivest: Quelle suite a été donnée
à cette conversation?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce que je viens de dire: II
n'y en a pas encore eu. On a demandé au fonctionnaire d'ici de
communiquer avec le fonctionnaire...
M. Rivest: Sérieusement, ce que je trouve...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est très sérieux
ce que je disais.
M. Rivest: ... c'est que le ministre parle d'une chose qui est
certainement éminemment valable mais on ne sent pas derrière les
phrases, les intentions, les projets et les dîners du ministre, une
démarche vraiment structurée, une démarche sérieuse
dans laquelle il y a des documents, des projets précis, des
échéanciers, des contacts, un plan de travail; c'est cela qu'on
demanderait au ministre, qu'il nous donne un plan de travail.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense que vous venez de faire
une affirmation qui est absolument non fondée. Je suis en train de vous
dire que cette rencontre est arrivée le 8 mai et que ce dont vous
parlez, nous nous en occupons exactement au moment où nous parlons avec
une des deux provinces qui est la plus susceptibles d'être
intéressée, c'est-à-dire l'Ontario. Quant à l'autre
province, j'ai eu l'occasion à plusieurs reprises d'en parler au premier
ministre et il va revenir cet été et, en plus de cela, je vous
ajoute qu'il y a le dixième anniversaire de deux accords, un avec
chacune de ces deux provinces, et que nous sommes en train, au niveau de la
direction générale des affaires canadiennes... Je peux même
vous dire quelle boîte précisément s'en occupe dans
l'organigramme, si vous voulez avoir tous les détails dans votre
inquisition. C'est un des sujets. Deuxièmement, il existe un projet
d'accord écrit qui leur a été soumis en août 1977.
Nous leur avons dit depuis: Si ce projet est trop gros, d'accord, on peut
procéder de façon plus souple, soit par un échange de
lettres assez détaillées, soit par une addition à l'accord
de 1969. On est tout à fait disponible. On leur a même dit: Si
vous voulez qu'on procède de façon multilatérale, si cela
ne vous gêne trop d'être seuls avec nous, d'accord. C'est un
dossier constant de votre direction. Avec l'Ontario, il y a des conversations,
au moment où je vous parle, au niveau des fonctionnaires. (11 h 30)
M. Biron: M. le Président, je me dis déçu de
la façon que cela procède. Il semble qu'il y ait unanimité
des gens à la table, de tous les partis politiques...
M. Morin (Louis-Hébert): Écoutez, franchement.
M. Biron: ... des représentants de formations politiques
avec le gouvernement du Parti québécois qu'on réussisse
ces ententes de réciprocité. On dirait qu'il manque de
volonté politique pour le régler. On veut tout simplement faire
de la petite politique et jeter de la poudre aux yeux...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela que vous faites
justement.
M. Biron: On n'a rien. On n'a pas un système efficace pour
négocier avec les autres provinces. On se contente d'en parler à
la va-comme-je-te-pousse de temps à autre. Ce n'est pas à ce
niveau qu'il faudrait qu'on commence à le régler. C'est
systématiquement au niveau de chacun des fonctionnaires ou de chacun des
ministères impliqués. Qu'on me dise: Oui, il se fait de la
négociation, il se fait du lobbying de façon permanente pour
régler le problème. Tout le monde est d'accord pour faire de la
politique.
M. Morin (Louis-Hébert): Je rejette cette accusation,
parce que cela en est une. Premièrement c'est nous qui l'avons
proposé en détail en 1977. Nous avons toujours dit que
c'était un dossier qui était maintenu. Je viens, il y a deux
semaines, d'en parler longuement avec un collègue, le ministre
correspondant en Ontario. Je vous dis que cette année est le
dixième anniversaire des accords. Je vous dis que les fonctionnaires
sont en train de s'en parler entre le Québec et l'Ontario. Je vous dis
que nous avons été encore plus souples que nous semblions
l'être au point de départ. Je vous dis de moi-même, et je
l'ai même mis dans ce papier, que nous voulons élargir notre
coopération avec les autres provinces. Je vous dis que c'est un
problème politique pour ces provinces. Ce ne sont pas des fonctionnaires
qui vont le régler. Ils vont vous dire que cela dépend de ce que
les ministres veulent. Cela revient à mon niveau. Ensuite de cela, il
s'ajoute que vous parlez de petite politique. C'est le Parti libéral
lui-même qui a essayé de torpiller par certaines
déclarations ce projet, oui, à quelques reprises, dans le
passé, en disant que c'était un truc que nous avions.
Votre unanimité dont vous parliez, c'est une unanimité
plutôt superficielle.
M. Biron: Je ne sais pas... M. le Président, question de
règlement.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce n'est certainement pas la
nouvelle apparition, ce n'est pas l'étoile filante, le
météorite actuel de Jean-Talon, qui a parlé de cela. Je le
sais très bien. Il n'était pas là et il ne sera pas
là de toute façon, quand cela va se régler.
M. Rivest: M. le Président, mon passé et mon avenir
sont mis en cause par la phrase du ministre. Je n'accepte pas cela. Je pense
que je vais reprendre l'affaire du député de Lotbinière.
Comment se fait-il que cela ait l'air, en tout cas, disons,
indépendamment de tout charriage, que cela ait l'air... D'abord, quand
vous dites qu'en 1977 c'est arrivé, c'est arrivé strictement
à l'occasion d'un détour d'un article de la loi 101. Premier
point. En plus depuis ce temps, c'est cela qui a donné un
caractère peut-être un peu politique à un projet qui, je
suis d'accord avec le député de Lotbinière,
m'apparaît sérieux.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela semble intéressant.
Vous direz cela à votre chef. De toute façon, il a écrit
beaucoup de choses là-dessus. Faites attention, quand vous faites des
déclarations.
M. Rivest: Vous aussi, vous avez écrit beaucoup de
choses.
M. Morin (Louis-Hébert): J'en ai écrit beaucoup et
je suis cohérent. Cela me fait penser à une citation. J'ai
quelque chose à poser tantôt.
M. Rivest: Non, mais revenons à notre sujet. C'est la
tactique favorite du ministre d'aller s'évaporer à gauche et
à droite. Pourquoi ne nous parlez-vous pas de façon claire,
cohérente, précise? Le ministère s'est
réorganisé, il y a toutes sortes de directions, de structures.
D'abord, qui fait quoi? Qui a la responsabilité de ce dossier au
ministère?
M. Morin (Louis-Hébert): Le ministre, le sous-ministre
Robert Normand, le sous-ministre adjoint Pierre Lefrançois. Levez-vous
donc, ceux de la direction... Non, mais sérieusement.
M. Rivest: Est-ce qu'on peut avoir les mandats qui ont
été donnés?
M. Morin (Louis-Hébert): Si vous saviez, en passant...
M. Rivest: Est-ce qu'on peut avoir les mandats qui ont
été donnés aux fonctionnaires?
M. Morin (Louis-Hébert): Le mandat...
M. Rivest: Est-ce qu'il y a des papiers, des documents, quel est
l'état du dossier actuel, où cela en est rendu? À part des
conversations éphémères et vaporeuses du ministre...
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas
éphémère et vaporeux. Je vous dis qu'il s'agit d'un
dossier éminemment politique, vous le savez fort bien, et il s'agit
d'une décision politique à être prise par le gouvernement
des autres provinces. Nous sommes tout à fait disposés, ils le
savent, et c'est ce que nous avons, comme entente avec l'Ontario, à leur
donner des renseignements techniques qui peuvent leur manquer.
Spécifiquement, c'est M. Greathead en Ontario. À part cela, c'est
qui? M. Stevenson en Ontario. Ça pour donner des noms de gens qui sont
en contact ici avec M. Lefrançois, M. Normand et d'autres, justement
à la suite de ce qui vient d'arriver. Vous tombez vraiment mal avec
votre question, parce que c'est un cas où nous avons progressé
sans que vous nous en parliez au cours des deux dernières semaines. Si
vous vouliez faire une déclaration, vous suggérerez cela à
votre chef au cas où il manquerait d'idées, une
déclaration pour dire que ce projet que nous avons a du bon sens, cela
pourrait peut-être aussi donner un coup de main. Vous engagez-vous ce
matin à demander à votre chef de dire que cela a du bon sens ce
projet?
M. Rivest: Oui, je vais m'engager, sauf que je ne dirai pas que
la demande vient de vous, parce que j'ai l'impression que cela peut influencer
le jugement de M. Ryan.
M. Morin (Louis-Hébert): II ne s'agit pas de dire que la
demande vient de moi. Elle vient du bon sens.
M. Rivest: C'est vrai, ce n'est pas la même chose.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est la même
chose.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas eu de réponse
à ma question. Vous engagez-vous à le demander à votre
chef?
M. Rivest: J'ai dit que je trouvais cela très
intéressant, c'est un projet sérieux, sauf que je voudrais que le
ministre...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela suffit, merci.
M. Rivest: ... ce matin, à l'occasion de ses
crédits, nous manifeste que c'est sérieux.
M. Biron: Si au moins le gouvernement avait la volonté
politique de régler ce problème.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, là, je pense que vous
êtes injuste. Je pense qu'on l'a, la volonté. Un, c'est nous qui
l'avons proposé; deux, c'est déjà dans notre loi;
troisièmement, je viens de vous dire qu'on est en cours de discussions
là-dessus avec les deux provinces les plus intéressées;
quatrièmement, je vous dis que c'est le dixième anniversaire de
l'accord cette année et que c'est un des sujets que nous allons aborder
formellement. C'est commencé. Je ne sais pas ce que vous voulez de
plus.
M. de Bellefeuille: M. le Président, j'ai eu l'occasion,
hier soir, dans une autre commission parlementaire, d'admirer
l'indépendance d'esprit du député de Jean-Talon et
j'espère qu'il va en faire usage dans ce dossier-ci pour soutenir
auprès du chef de sa formation politique le point de vue qu'il vient
d'exprimer. Je suis heureux que le député de Jean-Talon nous ait
invités à mettre de côté le charriage. Le mot est
venu de lui; c'est donc que, dans cette discussion ce matin, il y a eu du
charriage et le charriage, je pense, c'est, par exemple, quand le chef de
l'Union Nationale affirme qu'il n'y a pas de la part du gouvernement du
Québec de volonté politique de régler ce problème
de la façon qui est envisagée. C'est notoirement faux. Il y a une
volonté politique qui a été affirmée avec force
publiquement et privément. Comme le ministre l'a expliqué, le
Québec maintient ses positions et renouvelle ses démarches
auprès des autres provinces. Ce dont le chef de l'Union Nationale ne
semble pas vouloir tenir compte parce qu'il le sait quand même, il
devrait en tenir compte c'est que nous nous heurtons à un refus
de la part des autres provinces; c'est un refus qui est le reflet de leur
politique actuelle.
Je pense que le climat est tel que le fait justement que le gouvernement
du Québec maintienne ses positions, poursuive ses démarches, nous
permet peut-être d'espérer une évolution de la situation.
Je fais une allusion aux élections fédérales qui viennent
de se dérouler. On peut imaginer une amélioration tant du climat
des relations fédérales-provinciales que du climat des relations
interprovinciales. La situation, il me semble, se présente comme cela,
que le Québec a toujours maintenu l'offre qu'il a faite en 1977, qu'il
remet continuellement de l'avant cette politique et que maintenant les choses
se présentent peut-être un peu mieux grâce à
l'évolution du climat politique d'ensemble.
M. Morin (Louis-Hébert): Et maintenant qu'on jouit de
l'appui du député de Jean-Talon formellement exprimé ce
matin et inscrit au dossier des débats, cela va certainement être
utile. Il reste à savoir si son chef va être d'accord avec lui,
mais c'est l'avenir qui nous le dira.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions?
M. Biron: Oui, M. le Président, j'ai une autre question.
Je suis heureux de voir qu'on a la volonté politique. Si on l'a,
j'espère qu'on va savoir comment faire pour la faire adopter, cette
volonté, parce que j'ai l'impression qu'on ne fait pas grand-chose pour
la faire adopter, à l'heure actuelle.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, M. le Président, je
n'accepte pas...
M. Biron: Maintenant, mon autre question...
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant, un instant, je ne
laisserai pas passer cela.
Une voix: Laissez-le donc parler.
M. Rivest: M. le Président, est-ce que le ministre a le
droit d'interrompre constamment?
M. Biron: M. le Président, j'ai une autre question; le
ministre pourra peut-être y répondre en même temps.
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai peut-être pas le
droit d'interrompre, mais j'ai quand même le droit de dire la
vérité. Je viens de vous expliquer que c'est un des sujets qui
sont justement...
M. Rivest: Cela vous arrive peu souvent, utilisez-le, le
droit.
M. Morin (Louis-Hébert): ... à l'ordre du jour de
nos discussions, notamment, avec l'Ontario. Écoutez, vous ne pouvez pas
plus mal tomber parce que c'est justement le sujet actuel.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Si on peut réveiller le ministre davantage et
qu'il fasse quelque chose, tant mieux. Maintenant qu'il nous parle de
l'Ontario, il y a certainement une collaboration ou une coopération
économique avec l'Ontario. Je voudrais savoir si on a fait une analyse
de ce que cela a rapporté, la délégation ou la maison du
Québec à Toronto, vis-à-vis de la stimulation
économique du Québec en particulier, parce que je crois que la
maison en Ontario s'occupe surtout d'économie. Est-ce qu'on a un bilan?
Est-ce que cela a été une réussite? Qu'est-ce qu'on peut
faire davantage pour que cela puisse aider les entreprises du Québec
à implanter des entreprises au Québec?
Je devrais peut-être ajouter à l'intention du ministre:
Est-ce que les délégués du Québec en Ontario aident
l'Ontario à avoir plus d'usines d'automobiles là-bas ou bien un
jour ou l'autre cela va aider le Québec à avoir des usines
d'automobiles?
M. Morin (Louis-Hébert): Les usines d'automobiles, c'est
un problème et je suis content que vous le mentionniez. Je pense
à l'adaptation du slogan des libéraux fédéraux
"Parle Ford". Il s'agit d'un dossier qui a été mené, si on
peut dire, par le gouvernement fédéral et pas
nécessairement à notre avantage. Je ne pense pas qu'on y puisse
grand-chose à partir d'une délégation à
Toronto.
En ce qui concerne les investissements, je réponds à votre
question. Il y a trente-deux dossiers d'investissements qui ont
été traités au cours de l'année passée,
1978/79; il y a quatre projets en voie de réalisation, quinze projets
à l'étude; les autres sont en plan pour le moment.
Premièrement, donc, il y a plusieurs projets.
Deuxièmement, il y a des visites industrielles, vingt, qui ont
été organisées; il y a des foires commerciales; il y a des
présentations qui concernent le Québec qui se font à
divers endroits stratégiques de Toronto; il y a surtout une chose qui
est très importante, c'est que notre délégué
là-bas, M. François Lebrun, se fait un devoir de rencontrer
régulièrement on a des rapports de cela des hommes
d'affaires de l'Ontario pour les informer, d'une part, du climat et des
intentions des Québécois et aussi, d'autre part, pour
détruire dans leur esprit certaines notions négatives qu'ils
peuvent avoir par rapport à certaines attitudes qu'on nous prête.
Je pense que, de ce côté-là, il a fait un travail
formidable.
Je veux ajouter ce matin c'est la première fois que j'en
parle que, du côté de la coopération avec les autres
provinces, nous songeons maintenant à nous établir quelque part
dans l'Ouest canadien. C'est la première fois que j'en parle, nous ne
voulions pas en parler plus tôt parce que nous attendions que le projet
soit davantage mûr; c'est une chose qui est en voie, je ne dirais pas de
réalisation, parce que nous n'en sommes pas rendus à cela, mais
l'intention politique est là, il reste maintenant à
déterminer les modalités. Cela peut vous intéresser de
savoir que nous allons accroître notre coopération avec les autres
provinces et notre présence dans d'autres provinces.
Pour ce qui est de la délégation à Toronto, c'est
une délégation qui nous semble très efficace, très
utile et je dirais même essentielle. Je suis très heureux que nous
l'ayons, ne serait-ce que parce qu'elle nous permet de nous présenter
nous-mêmes en vertu du principe: On est toujours mieux servi par
nous-mêmes que par d'autres elle rend d'énormes services.
Je vous ai donné quelques cas en ce qui concerne les investissements. Il
n'y a pas moyen d'évaluer cela en millions de dollars et cela me
rappelle une question que vous posiez hier. Supposons qu'il y ait
investissement qui se fait au Québec; à un mo- ment donné,
il peut très bien être le résultat de l'action conjointe du
gouvernement du Québec par sa délégation et de
représentants commerciaux ou d'entreprises privées qui se
trouvent aussi à l'extérieur. En d'autres termes, il n'y a pas
moyen de savoir si c'est un tel qui a décroché ceci, bien
souvent, ou si c'est un autre; c'est l'action combinée de tout le monde.
Ce peut être un appel téléphonique d'un ministre à
Québec, ce peut être une rencontre entre deux fonctionnaires plus
22 autres facteurs.
Je ne voudrais pas qu'on comprenne mal mon exemple. Si quelqu'un disait
qu'il y a un panneau-réclame avec une annonce de Coke à tel
endroit à Drummondville et demandait: Combien ce panneau-réclame
rapporte-t-il? Il n'y a pas moyen de le savoir. S'il n'y a pas de
panneau-réclame, s'il n'y a pas d'annonce et s'il n'y a pas de
présence, on est sûr qu'il n'arrivera rien. C'est dans ce sens.
Nous avons, en somme, notre présence québécoise partout
autant qu'on est capable de le faire, selon nos moyens financiers, dans divers
pays, et nous avons l'intention de l'accroître à
l'intérieur du Canada.
M. Biron: Je suis heureux d'entendre le ministre nous dire que le
gouvernement établira une délégation dans l'Ouest
canadien. Hier, j'en ai parlé, j'ai posé des questions
là-dessus et j'ai ma réponse ce matin. Il y a un marché
potentiel énorme dans l'Ouest canadien; quant à moi, en tout cas,
je suggérais même au gouvernement d'avoir une
délégation ou au moins des agents d'affaires en
Colombie-Britannique, à Vancouver, et d'autres en Alberta. Il y a des
Arabes, dans l'Ouest canadien, des Arabes canadiens, qui ont passablement
d'argent en circulation. On pourra faire énormément pour
développer les entreprises du Québec. Compte tenu que les frais
de transport sont élevés, souvent, on peut avoir des taux
préférentiels pour la Côte du Pacifique. Il y a aussi
énormément de différences entre la philosophie ou le
climat économique en Alberta et en Colombie-Britannique.
Je suis heureux d'entendre cela et je voudrais qu'aussitôt qu'il y
aura des décisions de prises au niveau du ministère, les membres
de l'Assemblée nationale puissent être informés. Je pense
bien que le gouvernement, là-dessus, aura toute notre collaboration
parce qu'il y a énormément de potentiel.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai votre collaboration, M. le
chef de l'Union Nationale, et je vous en remercie. Est-ce qu'on a aussi celle
de nos collègues libéraux?
M. Rivest: Comme d'habitude, vous avez toujours la mienne.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, la vôtre, mais je
parle de l'ensemble du parti.
M. Rivest: Je ne parle que pour moi.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela ne m'étonne pas.
Affaires internationales
M. Biron: Parlant justement de délégation, le
ministre, hier, nous parlait de l'ouverture possible d'une autre
délégation dans un autre pays d'Amérique du Sud.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je n'ai pas dit cela. Vous
m'avez posé une question sur nos projets d'avenir et j'ai dit que nous
voudrions ouvrir des bureaux du Québec à plusieurs endroits. Il y
a des endroits qui sont exclus d'avance, cela n'a aucun intérêt
pour nous; il y en a d'autres qui ont beaucoup d'intérêt. Le
problème est que, dans le régime dans lequel nous sommes, pour la
plupart des endroits au monde, il faut, à toutes fins utiles, la
permission du grand frère fédéral et nous n'avons pas les
coudées franches de ce côté. (10 h 45)
M. Biron: D'accord. Mais partout dans...
M. Rivest: Vous parlez de Dakar? M. Biron: ... ces
délégations...
M. Morin (Louis-Hébert): On nous a refusé, à
Dakar. Je pense à d'autres pays.
M. Biron: Dans ces délégations, les nominations de
délégué général, tout cela, comment cela
fonctionne-t-il? Est-ce qu'on a une véritable politique de nomination ou
si on fait tout simplement des nominations temporaires, quitte à les
changer et à jouer avec? Une fois qu'on établit une
délégation, on nomme un délégué
général responsable. Étant donné que c'est loin du
Québec, que c'est loin du gouvernement, il faut quand même se fier
à cette personne. Il faut que ce soit une personne qui soit
véritablement ambivalente, qui puisse à la fois s'occuper de
culture, de constitution, d'économie et de social. Je voudrais savoir si
on a une politique, si on fait des nominations temporaires ou si cela va
à la va-comme-je-te-pousse, comment?
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis content de cette question
parce que c'est une des choses à laquelle, à l'époque
où j'étais sous-ministre et maintenant que je suis devenu
ministre, je me suis toujours intéressé. Nous cherchons toujours
à avoir le représentant du Québec le mieux adapté,
le mieux préparé pour occuper la fonction dans les pays X ou Y.
Par exemple, je prends un cas: on a ouvert une délégation
à Atlanta. C'est sûr qu'à Atlanta, en Géorgie, qui
est une ville en pleine expansion, une région des États-Unis en
pleine expansion, cela demande, pour être délégué
à cet endroit, une perspective et une formation qui ne sont pas les
mêmes que celles que vous demanderiez, par exemple, d'un
délégué à Lafayette, alors que là, il y a le
problème des Louisianais francophones qui se pose. Ce n'est pas du tout
la même chose. Nous essayons toujours de faire, premièrement,
l'adaptation du délégué au milieu et du milieu au
délégué. Il y a des délégués
généraux et des délégués. C'est une
catégorisation que nous avons à l'intérieur du
ministère qui date de l'époque où il y avait quelques
délégations. Maintenant, il y en a beaucoup, quinze ou seize,
alors les titres peuvent varier.
Sur place, pour la région qui est la sienne, le
délégué du Québec, qu'il soit
délégué général ou
délégué tout court, est le représentant du
gouvernement du Québec. Par exemple, à Atlanta continuons
ce cas la fonction de celui qui est là maintenant était
quoi avant? Jean-Marc Roy, c'est quoi sa fonction? directeur
général de la compagnie de papier Kruger. Donc, un bonhomme qui a
l'expérience des affaires; il était avant cela au gouvernement.
Dans le cas de notre délégation générale en
Belgique, c'est Jean-Marc Léger qui a une compétence
internationale reconnue, etc. Nous essayons toujours d'avoir le bonhomme le
plus efficace pour le milieu où il se trouve.
À cet égard, je dois dire que cela a toujours
été un peu la préoccupation que le ministère a
manifestée, dans le passé comme maintenant, mais alors il y avait
moins de délégations et moins de bureaux.
M. Biron: M. le ministre...
M. Morin (Louis-Hébert): Je veux terminer ce point, c'est
important. Notre représentant représente le gouvernement du
Québec. Sa fonction, c'est d'expliquer le gouvernement du Québec
et le Québec à l'extérieur et de répondre aux
questions. J'ai dit hier et je regrette que le député
d'Outremont ne soit pas ici que les ambassadeurs du Canada, eux,
faisaient de la politique, carrément, et des fois sur le dos du
Québec. On m'avait dit: II faudrait le prouver. Or, je le prouve! J'ai
ici et je vais vous les donner des copies des extraits
d'allocutions; j'en ai trois: une prononcée par M. A.G. Andrew,
ambassadeur du Canada à Athènes, le 10 février 1978; une
prononcée par Peter Tow, ambassadeur du Canada aux États-Unis, le
7 octobre 1977, et une prononcée par M. Gérard Pelletier, en
décembre 1978, devant l'Académie des sciences diplomatiques
à Paris. Vous allez voir là des déclarations politiques
d'ambassadeurs du Canada, pour vous démontrer ce que j'ai dit hier.
J'ajoute en plus ceci: le Canada a des publications destinées
à l'extérieur. Il a ici, par exemple: Canada d'aujourd'hui. C'est
une publication j'ai la description ici, ce sont des ambassades du
Canada qui distribuent cela à l'extérieur, c'est destiné
donc à l'extérieur dans laquelle vous allez trouver un
supplément sur le fédéralisme, mais le
fédéralisme tel qu'expliqué par le gouvernement
fédéral, donc d'un point de vue qui est le sien. Il y en a
beaucoup de ces choses qui existent. On peut en faire une collection.
Alors, je vous mentionne ceci parce que c'est la démonstration
que ces gens-là font je vais vous en donner des copies je
les donnerai aux
journalistes que cela pourrait intéresser pour
démontrer clairement que ce que j'avançais hier était
fondé.
M. Rivest: M. le Président, là-dessus... Est-ce
qu'on va en avoir des copies, s'il vous plaît?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est cela. On a des
copies.
M. Rivest: Je ne veux pas revenir sur le débat, mais je
pense que le gouvernement canadien fonctionne sur la base du régime
fédéraliste. Cette option politique est pleinement
endossée par l'ensemble des Canadiens. Alors, il est tout à fait
normal je n'ai pas vu, quitte à réserver sur la
phraséologie utilisée soit par les ambassadeurs, soit par...
M. Morin (Louis-Hébert): II faut faire attention.
M. Rivest:... soit par la publication du gouvernement
fédéral... Pour ma part, je trouve cela normal que le
gouvernement canadien puisse exposer le point de vue, qui est le point de vue
de tous les Canadiens, et ce pourquoi le gouvernement, en tant que tel, ou ses
officiers, sont absolument mandatés, de diffuser à
l'étranger l'image des structures actuelles du Canada.
M. Morin (Louis-Hébert): Selon le point de vue unique du
fédéral.
M. Rivest: Bien.
M. Morin (Louis-Hébert): Et même pas selon le point
de vue à moins que ce soit parfaitement le même, ce qui est
fort probable...
M. Rivest: Oui, mais je vous signalerais que... M. Morin
(Louis-Hébert): ... de votre parti.
M. Rivest: ... jusqu'au référendum. C'est le point
de vue de ce soi-disant bon gouvernement que nous avons ici...
M. Morin (Louis-Hébert): Merci de cette
reconnaissance.
M. Rivest: ... puisque vous avez vous-même tenté de
faire croire aux gens qu'en toute bonne foi vous essayez et vous aviez
essayé de travailler au renforcement, au renouvellement du
fédéralisme à l'occasion des dernières
conférences constitutionnelles.
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais...
M. Rivest: Ceci étant dit sur les publications, je
voudrais revenir c'était intéressant tantôt
sur la désignation des délégués...
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, on
pourrait terminer ce point-là.
M. Rivest: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Je tiens beaucoup à
dissiper le sophisme qui est en train de se dessiner. J'ai ici non pas des
déclarations de ministres à l'étranger. Que l'ancien
ministre des Affaires urbaines, M. Ouellet, aille dire des choses
invraisemblables à l'extérieur, cela ne me dérange pas. Il
a le droit de le faire; c'est un politicien. Il en dit à
l'intérieur, peut-être moins maintenant; c'est un peu
handicapé de ce temps-là. Cela étant dit, je vous parle
ici de déclarations de fonctionnaires fédéraux que sont
les ambassadeurs. C'est cela que je veux dire.
M. Rivest: Dans cela, il faudrait voir...
M. Morin (Louis-Hébert): Les ambassadeurs.
M. Rivest: ... exactement ce qu'ils ont dit.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous allez voir. On a des copies
pour vous et j'étais très heureux de la question du
député d'Outremont hier pour vous montrer jusqu'à
quel...
M. Rivest: Qu'est-ce qu'on dit, entre autres, de si terrible?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous l'ai donné.
M. Rivest: Donnez donc une remarque qui ne vous a pas plu.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense que vous allez voir. Le
Canada comprenait, en effet c'est un extrait plusieurs groupes
réclamant chacun le titre de nation. Plusieurs groupes; combien?
M. Rivest: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis un Canadien engagé
sur le plan professionnel. Vous ne serez donc pas surpris si je ne vous
présente pas la séparation de la province de Québec
deux mots, écoutez! séparation et province de Québec
comme une heureuse solution. Je ne vous la présente même
pas comme une possibilité. Pour commencer, voir la raison d'être
de son pays remise en question est une expérience éprouvante et
courageuse. Je n'essaierai pas de minimiser la tristesse d'une telle
perspective pour beaucoup de gens.
M. Rivest: C'est vrai.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous épargnerai une
pénible approche sémantique, et il parle de séparatisme.
Les plus hautes positions dans le gouvernement du pays sont, à
présent, occupées par des Canadiens français.
Évidemment, il a écrit cela avant certains
événements.
M. Rivest: C'est cela.
M. Morin (Louis-Hébert): II est aussi très
significatif et encourageant que ces personnalités politiques puissent
avoir proportionnellement autant d'appui parmi les anglophones qu'ils en ont
parmi les francophones. C'est prématuré ou
dépassé.
M. Rivest: M. le Président, quant à moi, je n'ai
pas besoin des copies des déclarations des ambassadeurs. Je ne manque
rien.
M. Morin (Louis-Hébert): Seules les minorités
d'extrémistes...
M. Bertrand: Est-ce que le député de Jean-Talon
signerait cela?
M. Rivest: Pardon?
M. Bertrand: Est-ce que le député de Jean-Talon
signerait cela?
M. Rivest: Je n'ai rien à signer, sauf que je n'ai pas
besoin de copie. Je trouve cela absolument...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je pense que ce serait mieux
que vous en ayez.
M. Rivest: II n'y a rien là.
M. Bertrand: On pense la même chose que vous.
M. Rivest: Mais pour revenir à la désignation des
délégués généraux, vous avez répondu
à la question du député de Lotbinière, entre
autres, pour Atlanta, etc. Est-ce que le ministre pourrait me donner les
critères exigés pour, par exemple, le
délégué en poste à Paris?
M. Morin (Louis-Hébert): Pardon?
M. Rivest: Quelles sont les qualités, les qualifications
professionnelles et autres que, d'une façon générale, vous
envisagez pour celui qui, éventuellement, occupera le poste de
Paris?
M. Morin (Louis-Hébert): Les mêmes que pour ceux qui
ont été là jusqu'à maintenant et pour celui qui est
là présentement, c'est-à-dire une connaissance du milieu
international et une expérience.
M. Rivest: Plus économique que littéraire ou plus
littéraire qu'économique?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas tellement cela qui
importe que d'avoir surtout une bonne compréhension de ce qui se passe
au Québec, de servir de relais entre nous et le gouvernement
français, de connaître les dossiers de la Coopération
franco-québécoise, d'avoir une expérience; donc de
connaître le gouvernement du Québec et de connaître la
pratique internationale.
M. Rivest: Avez-vous quelqu'un en vue?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il y a seulement un
délégué.
M. Rivest: Je trouve les critères extrêmement
exigeants.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, ils sont exigeants, c'est
justement parce que c'est un poste qui est très délicat.
M. Rivest: Est-ce qu'il y a des décisions prises sur le
remplacement de M. Deschamps?
M. Morin (Louis-Hébert): Est-ce que M. Deschamps doit
être remplacé?
M. Rivest: Je ne sais pas; M. Deschamps l'a appris, il
paraît, dans un article de journal.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense que vous avez
peut-être vu aussi que M. Lévesque a fait une déclaration
lors de son passage à Paris. Avez-vous des suggestions?
M. Rivest: Non, mais je trouve les critères
extrêmement intéressants; il y a des personnes qui me viennent
à l'esprit.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous savez, dans tout
gouvernement, n'importe où au monde, il y a une direction
générale des rumeurs. Que voulez-vous? Il y en a une ici.
M. Rivest: Est-ce que vous pouvez promettre, par exemple, que M.
Michaud va être nommé ou non à Paris?
M. Morin (Louis-Hébert): Vous savez, cela ne m'appartient
pas de me prononcer sur l'avenir de qui que ce soit d'une part mais, d'autre
part, je peux vous dire une chose: quiconque sera délégué
général du Québec à Paris correspondra aux
critères dont je viens de vous parler.
M. Biron: Est-ce que la nomination est faite par le premier
ministre ou par le ministre des Affaires intergouvernementales?
M. Morin (Louis-Hébert): Dans le cas de
délégués généraux, c'est une nomination par
arrêté en conseil.
M. Rivest: Est-ce que, dans l'esprit du ministre, ce doit
être nécessairement, à Paris, un fonctionnaire qui
relève du Conseil exécutif ou du ministère des Affaires
intergouvernementales?
M. Morin (Louis-Hébert): Pas du tout, cela n'a pas
d'importance. Une fois qu'il est à Paris, il relève du
ministère des Affaires intergouvernementales nécessairement,
comme tous les délégués généraux. Cependant,
prenez par exemple Jean-Marc Léger qui est à Bruxelles, il ne
relevait d'aucun ministère avant d'être nommé
là.
M. Rivest: Une fois qu'il est nommé, il relève
exclusivement du ministère des Affaires intergouvernementales.
M. Morin (Louis-Hébert): Absolument mais d'après la
loi constitutive du ministère, qui a d'ailleurs été une
loi que vous avez adoptée au moment où vous étiez le
conseiller de M. Bourassa.
M. Rivest: Est-ce que je peux communiquer l'information que le
ministre vient de me donner?
M. Morin (Louis-Hébert): À M. Bourassa? M.
Rivest: Non.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne comprends pas la
question.
M. Rivest: C'est correct.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a des gens qui ont aussi
été nommés vous le savez à partir
d'un poste dans le gouvernement lui-même, c'est-à-dire en tant que
ministre, et le prédécesseur de M. Deschamps avait cette
qualité d'avoir été directement relié à un
gouvernement comme membre d'un cabinet; c'est une autre source de recrutement,
semble-t-il.
M. Biron: Pour conclure sur M. Deschamps, le ministre nous dit
qu'il n'est pas question de le remplacer à l'heure actuelle.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce que je dis, c'est que M.
Deschamps ou un autre qui est à l'étranger ne l'est pas pour
l'éternité, cela va de soi, parce que c'est un des autres
critères que nous avons. D'ailleurs, la pratique dans tous les pays est
la même; après quelques années dans un endroit
précis, le représentant d'un gouvernement ou d'un pays, soit
qu'il revienne, soit qu'il soit affecté à un autre poste, ne
reste pas de façon permanente au même endroit. M. Deschamps a
été en Europe, en Belgique et en France depuis sept ans. Comme M.
Lévesque le disait: C'est sûr qu'un jour M. Deschamps reviendra.
Cela va de soi.
M. Biron: Toujours au niveau international, est-il exact que le
ministre songe à entreprendre d'ici peu une réorganisation
administrative en vue d'une meilleure coordination de l'action de son
ministère?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce qu'on a fait. M.
Biron: C'est fait?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est fait. C'est l'organigramme
que vous avez, qui date d'avril 1979.
M. Biron: C'est le dernier et il n'y aura pas d'autres
changements.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne peux pas dire qu'il n'y
aura pas d'autres changements dans l'avenir. On s'adapte aux circonstances. Ce
que vous avez dans votre cahier noir est l'organigramme d'avril 1979, le
dernier jusqu'à ce jour. Il a un mois d'existence. Nous avons fait une
réorganisation complète de la section internationale il y a
quelques mois et c'est celle qui est confirmée dans le document que vous
avez.
M. Rivest: On peut simplement poser les questions et on adoptera
les crédits après.
M. Morin (Louis-Hébert): On peut.
M. Rivest: Dans le domaine international, les rapports du
ministère avec l'ACDI, j'ai vu qu'il y avait quatre ou cinq projets
précis mais est-ce que les rapports du ministère avec l'ACDI
s'établissent à partir de projets précis ou si cela
s'inscrit dans le cadre d'une entente plus générale? Est-ce qu'il
y a des projets éventuels d'élargissement de la
coopération ou de la collaboration de l'ACDI et du ministère des
Affaires intergouvernementales à l'étranger? (11 heures)
M. Morin (Louis-Hébert): Avec l'ACDI, je dirai,
premièrement, que je suis très fier, en quelque sorte, d'avoir
été personnellement à l'origine de ce type d'entente. En
1969, nous avons avec l'ACDI signé une entente de collaboration pour
l'organisation, pour le développement régional d'une partie du
Maroc. Cela a été suivi par la suite de plusieurs autres ententes
pour divers pays dont vous avez une liste partielle, pour celles de l'an
dernier, quelque part dans votre cahier noir. Une des exigences fondamentales
que nous avions, c'est celle AA à savoir que nous soyons chargés
de la mise en oeuvre et donc de la maîtrise d'oeuvre du projet, nous du
Québec, et deuxièmement que notre présence à nous
du Québec, comme État, soit connue. Cela n'a pas toujours
été respecté, en tout cas, sur le deuxième
plan.
On a souvent masqué la présence des
Québécois par divers titres parce que, comme cela se passait
loin, on n'était pas toujours en mesure de le contrôler.
Cependant, il n'en reste pas moins que cette collaboration entré l'ACDI
et le gouvernement du Québec a permis à beaucoup de
Québécois de se familiariser avec d'autres pays. Cela faisait
partie d'une politique générale d'ouverture vers le monde
extérieur que nous avons pratiquée par le truchement en quelque
sorte d'un organisme fédéral qui existait puisque cet organisme
est financé, au moins pour un quart, par nos impôts.
Nous sommes présents dans ces projets. Cependant, il se passe que
du côté de l'ACDI, ils ont, par exemple, absolument besoin de nous
du Québec dans les domaines qui relèvent de notre
compétence. Je pense, par exemple, à l'éducation, à
la santé, aux routes, enfin un tas d'autres choses comme
celles-là. Il y a une tendance qui est en train de se dessiner
d'orienter autrement, de
définir autrement, d'inventer d'autres projets de l'ACDI
grâce auxquels en quelque sorte on n'aura pas besoin d'avoir recours aux
provinces et au Québec en particulier. Je pense qu'il y a
peut-être d'une part des raisons objectives qui justifient cette
approche, mais il y a certainement aussi des raisons politiques. Je pense qu'on
trouve, peut-être, la participation du Québec un peu trop
nécessaire. On aimerait bien pouvoir s'en passer.
M. Rivest: Quelles sont les raisons objectives auxquelles vous
vous référez?
M. Morin (Louis-Hébert): II peut y avoir dans certains cas
des pays précis, après étude de leur situation, la
conclusion que ce dont ils ont besoin c'est d'une chose plutôt que d'une
autre chose. À ce moment, ce sont des raisons objectives. Il peut
arriver qu'on va préférer, dans certains cas, construire un
hôpital plutôt que de fournir des enseignants ou construire un
barrage plutôt que de fournir des médecins. Cela peut arriver. Ce
seraient des conclusions objectives et tout le monde est en mesure, à ce
moment, de comprendre le bien-fondé de telles décisions quand
cela se produit.
Il y a aussi, nous croyons, une volonté présente
d'éviter, quand c'est possible, des programmes pour la
réalisation desquels il faut faire appel aux provinces et au
Québec en particulier.
M. Rivest: Aux provinces, vous dites aux gouvernements en tant
que tels.
M. Morin (Louis-Hébert): Aux gouvernements en tant que
tels,
M. Rivest: C'est-à-dire, de requérir les services
des personnes, sans doute, du Québec ou des firmes ou des
spécialistes, mais sans devoir... Vous croyez qu'il y a une
volonté, enfin, un désir d'éviter d'avoir à passer
par les bons offices du ministère des Affaires
intergouvernementales.
M. Morin (Louis-Hébert): Certainement. Il y a cette
préoccupation.
M. Rivest: Via la conférence des ministres de
l'Éducation, est-ce qu'il n'y a pas eu une entente ou enfin une
volonté en tout cas, à tout le moins, exprimée par
l'ensemble des provinces de faire en sorte que dans les activités du
Canada à l'étranger on puisse justement ne pas télescoper
les juridictions des provinces? Est-ce que vous ne pourriez pas, sur cette
base, essayer de trouver avec le gouvernement fédéral, sur les
actions de l'ACDI entre autres mais il y a d'autres services du
gouvernement canadien à l'étranger est-ce qu'il y a un
protocole quelconque d'entente? Ce n'est pas seulement le Québec,
d'ailleurs, qui est intéressé à des activités comme
celles-là. Je suis sûr que le ministre trouverait, je sais que le
ministre de l'Éducation du Québec a lui-même trouvé
de la part de son collègue d'Ontario un même type de
préoccupation dans les actions du gouvernement fédéral
à l'étranger, c'est-à-dire, une préoccupation
d'inscrire normalement, comme cette chose doit se faire, les gouvernements des
provinces et en particulier le gouvernement du Québec. Est-ce que vous
ne pourriez pas rechercher une entente-cadre quelconque de ce
côté?
M. Morin (Louis-Hébert): II va sans dire que nous sommes
toujours disposés dans les domaines de notre compétence à
coopérer avec les autres provinces. Par conséquent, le Conseil
des ministres de l'Éducation peut être un canal à ce titre.
Il arrive, cependant, que le canal en question peut fort bien aussi être
utilisé par le gouvernement fédéral pour masquer la
participation directe du Québec en vertu du problème très
concret que voici. Si, d'une part, du côté anglophone on peut
faire appel aux services de neuf provinces, il reste que dès qu'il
s'agit d'avoir une action francophone, en quelque sorte, on ne peut pas
éviter, dans les domaines de notre compétence et notamment en
éducation, de passer par le gouvernement du Québec. Ce que le
gouvernement fédéral aimerait beaucoup, c'est que notre
participation à des projets se fasse via la conférence des
ministres de l'Éducation, de sorte que le Québec soit davantage
masqué. Nous faisons attention à cette volonté de nous
masquer.
M. Rivest: Alors, en fait, ce que le ministre recherche, c'est
que dans les actions de l'ACDI, par exemple, du gouvernement
fédéral à l'étranger, dès lors que le
gouvernement fédéral a besoin de ressources qui relèvent
plus directement des provinces et en particulier du Québec, le ministre
recherche une identification propre du Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas du tout la seule
chose que nous cherchons.
M. Rivest: Mais vous avez cette préoccupation...
M. Morin (Louis-Hébert): nous avons cette
préoccupation...
M. Rivest: Est-ce que dans vos...
M. Morin (Louis-Hébert): Une seconde... qu'avait aussi, si
je me souviens bien, le gouvernement qui nous a précédés.
Je me souviens très bien, à l'époque où M. Bourassa
était ministre des Affaires intergouvernementales et aussi premier
ministre, qu'il tenait beaucoup à ce qu'on appelait la
souveraineté culturelle du Québec. Si je ne me trompe pas, cela
s'appliquait aussi à la reconnaissance de la spécificité
québécoise, même dans le domaine international et notamment
dans les programmes de coopération. En quelque sorte, de ce
côté, nous appliquons, nous faisons dériver notre attitude
dans le système actuel de celle des gouvernements antérieurs.
M. Rivest: Mais est-ce que dans ce cadre je comprends sa
préoccupation, le ministre a proba-
blement raison le ministre n'abandonne je ne pense pas que
le ministre ait dit cela, mais je veux que ce soit bien précis
pas la possibilité, quitte à chercher un moyen de satisfaire
à sa préoccupation d'identification du Québec en tant que
tel dans ce type de programme, de passer par un canal comme celui de la
conférence des ministres de l'Éducation?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, pas du tout. Je voudrais
bien qu'on se comprenne. Nous sommes même, le Québec, un des
acteurs principaux de la conférence des ministres de l'Éducation.
Je tiens bien à le répéter. Cependant, nous ne voulons pas
nous faire avoir en cours de route. Nous ne voulons pas être victimes de
ce canal, de telle sorte que le Québec disparaisse dans une sorte de
magma interprovincial. Je pense que cela a toujours été une
précaution des gouvernements du Québec, et cela demeure aussi la
nôtre.
M. Rivest: Est-ce que vous croyez que l'Ontario a le même
type de préoccupation pour les fins propres de l'Ontario?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, parce que l'Ontario
étant une des neuf provinces anglophones du Canada et faisant partie de
la majorité anglophone, et l'Ontario étant celle de toutes les
provinces du Canada qui désire le plus le maintien du système
actuel, le moins changé possible, il va de soi que ce genre de
préoccupation qui découle pour nous de notre identité et
de la nécessité d'affirmer notre spécificité n'est
pas présente de ce côté de la même façon.
M. Rivest: D'accord.
M. Biron: Je voudrais simplement savoir comment... Il y a des
frais de réception de toutes sortes qui se font aux
délégations du Québec à l'occasion de fêtes,
de lancements ou de visites, etc. Je voudrais savoir qui contrôle cela et
comment on fait pour contrôler cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Qui contrôle les
réceptions?
M. Biron: Oui. J'ai un exemple que je vais vous donner. La
fête nationale ou ce qu'on appelait autrefois la fête de la
Saint-Jean. Il reste beaucoup moins de réceptions à travers le
monde pour les fêtes nationales. Pourtant, pour les deux dernières
années, pour la fête nationale du Québec ou la Saint-Jean,
on a eu des réceptions fastueuses, à la fois à Paris et
à Bruxelles. Est-ce que cela relève tout simplement de la
décision du délégué général ou s'il y
a des ordres venant du gouvernement péquiste?
M. Morin (Louis-Hébert): À cet égard, nous
avons voulu justement introduire plus de contrôle et chaque
délégation a un budget de réception pour l'année.
Si elles décident de l'utiliser à un moment donné pour une
seule chose, elles en subissent les conséquences. C'est que leur travail
de rayonnement en d'autres circonstances s'en trouve d'autant réduit. En
conséquence de quoi ces budgets passent pour une chose et il n'y en a
plus pour autre chose. Nous allons, nous, en tant que ministère
responsable ici des délégations, conclure que le
délégué en cause ou la délégation en cause
n'accomplit pas son devoir de représentation variée puisqu'elle
consacre tous ses fonds à une ou deux occasions. On en tirera les
conséquences qui s'imposent et il y aura des blâmes s'il y a
lieu.
M. Biron: Est-ce que vous voulez nous dire que les
dernières réceptions, l'an dernier et il y a deux ans, pour les
deux fêtes de la Saint-Jean ou la fête nationale à Paris,
à Bruxelles, c'est tout simplement le délégué
général qui a décidé lui-même de faire de
grandioses réceptions ou...
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai deux choses à dire
là-dessus. Le délégué n'a pas besoin de
décider dans le cas de la fête nationale des
Québécois; tous les pays fêtent leur fête nationale
à l'étranger, que ce soit la Tchécoslovaquie ou un autre
pays. À Montréal, ils ont des réceptions, le consulat en
a, l'ambassade en a. J'ai pris l'exemple de la Tchécoslovaquie parce que
cela m'est venu à l'esprit, mais chacun en a. Si c'est le 14 juillet, la
France invite vous le savez, vous êtes invités ici,
à Québec les gens à une réception
générale où il y a plusieurs centaines de personnes. Donc,
il n'y a pas d'autorisation nécessaire.
Deuxièmement, en Belgique et en France, par exemple, il y a des
centaines de Québécois surtout en France et des
Français qui sont des amis du Québec qui aiment bien nous
rencontrer de la même façon qu'il y a des centaines de Canadiens
et d'amis du Canada à l'occasion des fêtes nationales. Cela
répond à la première partie de la question. Mais votre
question m'en suggère une autre que j'aimerais vous poser. Vous parlez
de réceptions somptuaires. J'aimerais bien savoir ce que vous voulez
dire par là.
M. Biron: Je sais qu'à Paris et à Bruxelles, depuis
deux ans, les gens de la délégation du Québec
là-bas voulaient faire à peu près ce qu'on fait dans
toutes les ambassades du monde, c'est-à-dire des réceptions
modestes pour quelques hauts dignitaires, quelques personnes; finalement, on
les a convaincus d'organiser de plus grandes réceptions. Je voudrais
savoir si cela est vrai. À Paris et à Bruxelles, il semble que
seul le Québec fait des réceptions de plusieurs centaines de
personnes, alors que les autres pays font des réceptions de
peut-être 25, 30 ou 40 personnes. C'est normal qu'on invite quelques
hommes politiques, mais pas de grandes réceptions comme il s'en est fait
au cours des deux dernières années.
M. Morin (Louis-Hébert): Si vous parlez de 25 à 40
personnes, ce n'est pas tout à fait exact quand vous pensez, par exemple
et c'est parfaitement normal à la réception du 14
juillet
donnée ici par la France où il y a plusieurs centaines de
personnes, comme je l'ai dit tantôt.
Pour ce qui est de Paris, prenons ce cas-là. Ce que vous appelez
la réception "somptuaire", cela a été au fond c'est
pour cela qu'on en a entendu parler une sorte de fête de famille,
une manifestation populaire dans la rue. C'est pourquoi il y a eu beaucoup de
personnes. Cela n'a pas été du tout dans le genre mondain auquel
vous songez, cela a été quelque chose de très simple, mais
beaucoup de Québécois sont venus fêter et beaucoup de
Français se sont joints à eux. De ce côté, il n'y a
eu aucune exagération, bien au contraire.
Maintenant, vous dites qu'ils voulaient faire des réceptions
modestes et qu'on leur a dit de faire autre chose. C'est peut-être
justement cette intention qui a fait que ce sont devenues des fêtes
populaires et non pas des fêtes mondaines réservées
à des élites.
M. Biron: Vous voulez dire que l'intervention est venue du
Québec pour qu'on fasse des fêtes populaires?
M. Morin (Louis-Hébert): Pas l'intervention dans le sens
de leur dire "vous allez inviter plus de monde", une intervention dans le sens
que c'est une fête pour les Québécois et on devrait
réunir le plus de Québécois possible, le plus simplement
possible et au moindre coût possible.
M. Biron: Dans ce cas en particulier, le
délégué n'a pas été le seul responsable, la
décision a été prise à Québec et lui a
été télégraphiée ou
téléphonée, mais elle lui a été
imposée.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non, pas imposée, ne
charrions pas! Ni l'un ni l'autre. Franchement, je trouve que vous employez des
mots qui ne s'imposent pas dans les circonstances et qui ne s'appliquent
même pas une seconde.
M. Biron: Fortement suggérée.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce qui a été
suggéré, c'est une manifestation moins coûteuse et plus
populaire plutôt qu'une manifestation plus solennelle et plus
coûteuse, plus reliée à des éléments,
susceptible d'intéresser davantage les élites traditionnels. Nous
avons voulu que ce soit la fête des Québécois et le plus
possible de Québécois devaient s'y joindre, c'était un
souhait.
M. Biron: Est-ce le même critère pour le lancement
de volumes? Je sais qu'il y a des gens qui ont voulu des volumes ou des
idées, ils sont allés dans les délégations du
Québec et il y a eu des réceptions organisées par la
délégation du Québec. Quels sont les critères pour
l'organisation de ces réceptions? Cela dépend qui les demande ou
quoi?
M. Morin (Louis-Hébert): II existe, à Paris, un
centre culturel canadien qui est très coûteux et où ils
font régulièremet des lancements de volumes et des
manifestations. Il est parfaitement normal, puisqu'on parle de Partis, que des
Québécois, qui s'illustrent dans le domaine de la
littérature ou dans d'autres domaines, soient accueillis convenablement
puisqu'ils nous représentent. Il n'y a pas seulement, dans notre
représentation, des éléments que je qualifierais de
diplomatiques, il y a des éléments plus humains aussi. Notre
culture a besoin d'être connue, notre culture a besoin d'être
diffusée parce que c'est avantageux pour les Québécois.
Nous profitons donc des services que nous avons à l'extérieur
pour manifester de temps à autre, de façon modeste cependant, la
présence dans ces villes de représentants valables du
Québec. Quels sont les critères? (11 h 15)
Écoutez, c'est assez difficile à déterminer,
puisqu'il y a une question qui s'appelle le sens commun qui intervient.
À ce moment-là, vous ne pouvez pas vous servir des services des
délégations pour faire strictement de la publicité
commerciale à une oeuvre, quelle qu'elle soit. Il s'agit, la plupart du
temps, déjà d'artistes connus et reconnus et ce, tous les pays du
monde le font. Fréquemment, vous allez avoir de passage ici, au
Québec, à Montréal ou à Québec, des troupes
de théâtre ou des troupes de ballet, ou tel artiste qui va venir.
Il est classique que les pays d'où viennent ces artistes organisent
à cette occasion des réceptions permettant aux
Québécois de rencontrer ces gens, et la même chose se
produit ailleurs, partout au monde, cela va de soi.
M. Biron: Ma question, j'ai deux cas particuliers, deux revues
d'entreprises privées, la revue Gestion et la revue Activité
physique et bien-être de l'homme, qui...
M. Morin (Louis-Hébert): Pardon?
M. Biron: La revue Gestion et la revue Activité physique
et bien-être de l'homme. C'est peut-être normal, mais je veux
savoir les critères, si deux revues différentes peuvent
bénéficier d'aide de la Maison du Québec par des
réceptions ou pour le lancement; d'autres revues ou d'autres organismes,
d'autres entreprises dans le même genre pourraient en
bénéficier. Ce que je veux, ce ne sont pas deux poids, deux
mesures.
M. Morin (Louis-Hébert): Dans le cas de la revue Gestion,
on va vous donner l'explication administrative.
C'est une publication franco-québécoise qui
bénéficie de subventions gouvernementales sur une période
de cinq ans pour en assurer le démarrage. C'est une revue de prestige,
qui est valable, qui est estimée valable par les instances
décisionnelles de coopération des deux côtés. En ce
qui concerne l'autre revue, je ne la connais pas, mais je peux obtenir des
renseignements.
M. Biron: Très bien. Il y a une autre question aussi dans
nos déboursés. J'ai un mémo qui dit que la
délégation générale du Québec en France
fait savoir qu'elle a remis, au nom de son gouvernement, une subvention
de $53 000 à l'Association France-Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Biron: Est-ce que la France a remis ces mêmes $53 000
à l'Association Québec-France ou si c'est seulement nous qui
payons?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne sais pas si c'est $53 000
exactement, mais il s'agit de part et d'autre d'une association
destinée, à l'extérieur du gouvernement, par des moyens
moins adminis-trativement compliqués que les nôtres et que ceux de
la France, à favoriser les relations franco-québécoises.
Donc, il existe une Association France-Québec et une Association
Québec-France, les deux, de part et d'autre, étant partiellement
subventionnées par les gouvernements.
M. Biron: Pour autant que c'est subventionné à
parts égales. Mais si nous subventionnons l'Association
Québec-France et que, en plus, il faut subventionner l'Association
France-Québec, je pense qu'on va peut-être un peu loin. Ma
question c'est: Est-ce que le gouvernement français fait autant que nous
autres?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a une contribution
relativement analogue de part et d'autre pour les deux associations, mais qui
ne se font pas suivant les mêmes modalités. Par exemple, la France
nous envoie ainsi des volontaires du Service national actif, les VSNA, qui
viennent prêter main-forte à Québec-France. En sens
inverse, la France héberge France-Québec à Paris et lui
donne également des subventions. Il y a donc des contributions de part
et d'autre qui, au total, atteignent des proportions analogues.
Je voudrais ajouter à propos de cette question
générale qu'il y a une question de M. Le Moignan du 3 avril qui
porte justement sur les coûts assumés par le gouvernement du
Québec pour la diffusion et le lancement de publications non
gouvernementales à l'extérieur du Québec. Nous
répondrons la semaine prochaine à cette question qui a
été posée par M. Le Moignan, député de
l'Union Nationale.
M. Rivest: Je voudrais simplement, très rapidement, que le
ministre nous donne un peu l'allure de la participation actuelle du
Québec au sein de l'Agence de coopération internationale des pays
francophones. On en entend peu parler; il était question d'une
deuxième fête de la francophonie. Je pense que le conseil
d'administration a finalement décidé de la reporter.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est-à-dire que c'est le
Gabon...
M. Rivest: Est-ce que le ministre a des remarques
particulières à faire sur l'évolution actuelle de
l'agence, sur le rôle que le Québec y joue ou voudrait y jouer?
Est-ce qu'il y a des problèmes particuliers de ce côté ou
si c'est le développement normal et régulier des programmes?
Combien, dans le budget cette année, le gouvernement du Québec
investit-il dans l'Agence de coopération?
M. Morin (Louis-Hébert): Bon! Alors... M. Rivest:
Brièvement, je ne veux pas...
M. Morin (Louis-Hébert): Ce sera bref. C'est une question
intéressante, parce que l'Agence de coopération culturelle et
technique est une organisation multilatérale francophone internationale
à laquelle le gouvernement du Québec participe en tant que
gouvernement participant en vertu d'une entente concrétisée en
1971 après des discussions qui ont duré si je me souviens
et auxquelles j'ai moi-même pris part comme sous-ministre de 1969
à 1971.
M. Rivest: Je connais ces discussions.
M. Morin (Louis-Hébert): Alors, nous avons obtenu un
statut de gouvernement participant qui nous permet, par conséquent,
d'être présent dans la plupart des instances décisionnelles
de cet organisme et d'y jouer un rôle très actif non seulement
quant aux décisions qui sont prises, mais aussi quant à
l'élaboration des programmes et quant à la participation du
Québec et des ressources québécoises sur le plan humain
à ces programmes. Il y a eu une réunion, à laquelle j'ai
assisté, de la conférence générale à Abidjan
en décembre 1977. La prochaine réunion aura lieu à
Lomé cette année, je pense. Cette année, il y a des
décisions à prendre quant aux structures de l'agence, parce que
des problèmes se sont posés de ce côté-là au
cours des années. Il faut, en quelque sorte, les moderniser et les
adapter aux besoins nouveaux. Nous préparons à cet égard
des positions que nous ferons valoir en temps et lieu pour qu'on tienne compte
du point de vue du Québec. Le gouvernement fédéral, qui
est aussi membre de l'agence, participe également à cette
redéfinition des structures.
Le total de contributions que nous avons, comme gouvernement, à
cette organisation internationale multilatérale, est d'à peu
près $600 000 par année. Nous avons eu un problème l'an
passé je le mentionne en passant de budget international
en ce qui concerne le ministère, à cause de la dévaluation
soudaine du dollar canadien; ce qui nous a, à toutes fins utiles,
créé des maux de tête considérables, parce qu'une
forte partie de notre budget vous l'avez vu par le dossier est
consacrée à des activités internationales, les
activités proprement canadiennes sur le plan
fédéral-provincial étant assumées par divers
ministères. C'est un montant de $600 000, au moment où on se
parle.
M. Rivest: Est-ce qu'il y a des Québécois qui sont
actuellement dans le personnel...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Rivest: ... au niveau de l'agence?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, certainement. Je n'ai pas
tous les noms présents à l'esprit.
M. Rivest: Non, je ne veux pas avoir les noms, mais y en a-t-il
encore?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, il y en a. Il y a M. Lionel
Beaudoin, que vous connaissez certainement, qui est le chef de cabinet de M.
Dan Dicko.
M. Rivest: M. Dan Dicko est encore là. M. Morin
(Louis-Hébert): Oui.
M. Rivest: Mais sur le plan des programmes comme tels, est-ce que
le ministre peut en dire deux mots? Est-ce que le ministère ou le
gouvernement est satisfait actuellement du fonctionnement des programmes de
l'agence? Est-ce qu'il a des préoccupations particulières ou si
c'est plus ou moins routinier comme démarche?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est justement ce genre de
discussions qui fera l'objet de la rencontre en partie, en tout cas
de novembre ou décembre prochain à Lomé. Il y a une
réorganisation à faire de l'agence qui est devenue par moments
en tout cas, à notre avis un peu lourde. Il faudrait
éviter, dans ce cas-là comme dans d'autres, qu'une trop grande
partie du budget serve à une superstructure plutôt qu'à des
programmes destinés à aider les pays qui en font partie. C'est
une préoccupation...
M. Rivest: En fait, c'est le problème de fond qui existe
depuis un an ou deux.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est le problème de fond
qui existe là comme il existe dans un tas d'autres organisations
internationales.
M. Rivest: D'accord, très bien.
M. Morin (Louis-Hébert): II y avait un article dans
l'Express il n'y a pas longtemps, pas sur l'agence, mais sur ce problème
général qu'ont les organisations internationales.
M. Rivest: Le sommet des pays francophones.
M. Morin (Louis-Hébert): Quant au sommet des pays
francophones, c'est très intéressant, et je suis heureux que vous
posiez la question. Nous avons toujours réclamé, comme
gouvernement du Québec je pense que d'autres l'avaient fait avant
nous que le Québec soit représenté comme tel. Le
Québec n'étant pas actuellement un pays souverain, il n'a jamais
été question que le Québec s'y présente comme pays
souverain. Cependant, comme il existe déjà un
précédent très utile, celui qu'on mentionne justement,
celui de l'Agence de coopération culturelle et technique, nous nous
sommes dit que, de façon analogue, on pourrait peut-être imaginer
pour le Québec un statut qui ressemble ou qui s'inspire de celui que
nous avons au sein de l'agence de coopération, dans laquelle nous sommes
un gouvernement participant. Nous avons discuté très
fréquemment avec un des promoteurs de cette idée, le
président Senghor. L'idée a été reprise par
l'ancien premier ministre du Canada, M. Trudeau, qui n'était vraiment
pas d'accord pour que le Québec y soit présent comme tel. La
question entre le Québec et Ottawa, malgré de très
nombreuses démarches et malgré de très nombreuses
propositions de notre part, est restée en plan, aujourd'hui, en tout
cas, à moins qu'il y ait eu des développements hier cela
m'étonnerait évidemment dans les circonstances actuelles. Par
conséquent, elle n'est pas réglée entre Québec et
Ottawa. Ce que les autres pays vont accepter, c'est l'entente qui existera
entre le Québec et Ottawa à cet égard, et nous tenons
notre bout. Nous voulons être un gouvernement présent comme tel
pour représenter les Québécois comme tels dans une
organisation qui groupe après tout, il faut quand même ne
jamais oublier son appellation, c'est une conférence des chefs
d'État de pays et de gouvernement francophones. Quel est le titre exact?
Chefs d'États et de gouvernements francophones.
M. Rivest: De gouvernements?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. Ici, on a un chef de
gouvernement francophone mais, seulement, l'ironie des choses est la suivante:
Maintenant, vous avez M. Clark à Ottawa et M. Schreyer, chef de
l'État canadien. J'ai hâte de voir comment cela va se
présenter en pratique ce projet auquel nous tenons et que nous voulons
favoriser parce que c'est une façon pour nous d'être
présents sur le plan international.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Mercier.
M. Godin: Au sein de ce commonwealth francophone, est-ce qu'il y
a d'autres...
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas un commonwealth
francophone; faisons attention. C'est un projet qui n'est pas encore...
M. Godin: Peu importe l'appellation qui sera sienne. Est-ce qu'il
y a des États dont le statut se comparerait à celui du
Québec...
M. Morin (Louis-Hébert): Ce dont on parle n'existe pas
encore.
M. Godin: ... mais qui ont été approchés,
qui ont été abordés à votre connaissance?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, pas que je sache mais je
tiens à préciser que le projet, même
s'il est étudié, même s'il fait l'objet de beaucoup
de commentaires, n'est pas encore élaboré au point où on
peut dire: Tel pays ou tel pays en fera partie. C'est une des constatations
qu'on peut faire: il n'y a pas de cas d'État au monde qui corresponde
identiquement à celui du Québec. Il n'y en a pas.
M. Godin: C'est un cas unique.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est un cas unique et c'est
très important de signaler que c'est un cas unique de sorte qu'il faut
éviter, par rapport au Québec, de faire des faux
parallèles entre des solutions qui ont été adoptées
ailleurs et celles qu'on pourrait adopter au Québec.
M. Godin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas d'autres
questions?
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
Communications
M. Rivest: Un peu dans le prolongement des questions du
député de Lotbinière tantôt sur les
réceptions mais dans un autre domaine, celui de la direction des
communications, j'aimerais entendre le ministre nous donner... Je comprends
qu'ils font des publications; le ministre nous en a donné certains
exemples hier. Je voulais que le ministre nous fasse parvenir, entre autre
choses... D'abord, combien de personnes travaillent à l'intérieur
de la direction des communications? Deuxièmement, j'aimerais avoir la
liste des personnes je crois que c'est M. Pelletier qui est encore le
directeur et connaître la nature exacte des activités de
cette direction. Est-ce qu'elle ne fait que des imprimés ou que des
publications, premièrement? Deuxièmement, son rôle
précis dans l'opération Amérique? Troisièmement,
est-ce qu'à cette direction ou autour de cette direction travaillent des
contractuels ou des gens qui ne sont pas des employés permanents du
ministère? Si oui, combien? Les noms? Quatrièmement, est-ce que
cette direction est autorisée à faire des relevés
d'opinion ou des sondages sur différents aspects qui pourraient
préoccuper le domaine général des relations
intergouvernementales?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais répondre à
la dernière question. Ce n'est pas la direction elle-même qui est
autorisée automatiquement à procéder à des
études des réactions que les gens peuvent avoir quant à
leur perception des problèmes fédéraux-provinciaux. C'est
une tâche générale du ministère. Comme le
ministère, par exemple, de l'Agriculture peut s'intéresser
à savoir dans quelle mesure les gens acceptent le zonage agricole ou
non, ou celui des Consommateurs quel est le genre d'assurance automobile que
les gens souhaitaient, de la même façon, il appartient et
c'est parfaitement normal à un ministère comme le
nôtre de nous interroger sur la compréhension que les gens peuvent
avoir du... Mais, ce n'est pas la direction de ce ministère en
général...
M. Rivest: On reviendra tantôt à la direction.
Effectivement, le ministère a fait faire des sondages ou des
relevés d'opinion sur les politiques du ministère? Est-ce
qu'effectivement il y en a eu?
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Rivest: II n'y en a pas eu.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non.
M. Rivest: En aucune façon?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non.
M. Rivest: Non plus de la direction des communications?
M. Morin (Louis-Hébert): Quelle est la question?
M. Rivest: Est-ce qu'il y a eu des relevés d'opinions ou
des sondages de l'état ou de la perception des gens concernant les
relations fédérales-provinciales ou concernant l'évolution
du fédéralisme, au cours de la dernière année ou
antérieurement, payés à même le budget du
ministère des Affaires intergouvernementales, pour être
très large?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, vraiment pas.
M. Rivest: À quoi le ministre se référait-il
quand il disait que c'était normal qu'un ministère
s'intéresse un peu, comme le ministère des Consommateurs le
faisait, à l'état des opinions, etc.? (11 h 30)
M. Morin (Louis-Hébert): Ce serait parfaitement normal
qu'on le fasse.
M. Rivest: Mais vous ne l'avez pas fait? M. Morin
(Louis-Hébert): Non, pas du tout. M. Rivest: Très
bien.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est parfaitement normal et je
retiens votre suggestion. Merci.
M. Rivest: Ce n'est pas une suggestion. Je n'ai pas d'objection
à ce que cela se fasse à une condition, je vais vous dire, M. le
ministre, très franchement. C'est que si cela se faisait, étant
donné que cela serait à même les budgets du
ministère des Affaires intergouvernementales, je pense que
contrairement, peut-être, à ce que font les autres
ministères, s'il y en a qui en font, je ne le sais pas, mais que ce soit
rendu public.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, justement. Cela me fait
penser à quelque chose. Je suis content que vous souleviez le
problème. Il existe une institution fédérale qui s'appelle
le Conseil pour l'unité canadienne qui, lui, en fait des sondages. Il
existe une institution fédérale subventionnée par Ottawa,
secrétariat d'État qui s'appelle le Conseil pour l'unité
canadienne ou le Centre d'information pour l'unité canadienne, CIUC qui,
lui, en fait des sondages. Il existe le groupe Tellier, qui compte six
personnes, dont le budget pour 1977/78 était de $871 000. Vous
connaissez M. Tellier? Paul Tellier, que M. Bourassa avait temporairement
importé d'Ottawa.
M. Rivest: M. Paul Tellier.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. Qui avait proposé
brillamment l'abolition du ministère fédéral
intergouvernemental pour empêcher les problèmes Québec
Ottawa. Vous vous souvenez de la brillante production. Oui, c'est lui.
M. Rivest: M. le Président, M. Tellier n'a jamais
proposé une chose comme cela.
M. Morin (Louis-Hébert): On avait eu un "fun" vert avec
cela. Juste une anecdote en passant. M. Bourassa lui avait demandé
comment on réglait les problèmes fédéraux
provinciaux, il est arrivé avec la brillante et pertinente suggestion
qu'une des façons d'y arriver, ce serait d'abolir le ministère
des Affaires intergouvernementales.
M. Rivest: Votre suggestion est aussi brillante.
M. Morin (Louis-Hébert): Je me souviens, à
l'époque, comme conseiller de M. Bourassa, qu'il avait eu le sens commun
de trouver que cela n'avait pas de bon sens non plus.
M. Rivest: II y a un sens de la continuité parce que votre
suggestion à vous n'est pas plus brillante pour régler les
problèmes fédéraux provinciaux. Vous proposez d'abolir le
fédéralisme.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce n'est pas pour
régler les problèmes fédéraux-provinciaux, c'est
pour permettre à la nation québécoise de se
manifester.
M. Rivest: C'est exactement votre solution à vous.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas du tout la
même chose.
M. Rivest: Voyons donc! En tout cas, cet aparté
étant fait...
M. Morin (Louis-Hébert): Justement, je serais très
heureux et très intéressé à connaître les
résultats de toutes ces études qu'ont faites ces groupes
fédéraux pour des millions de dollars.
M. Rivest: Vous demanderez à M. Fabien Roy de poser des
questions pertinentes; votre ami pourra poser les questions à la Chambre
des communes.
M. Morin (Louis-Hébert): Je comprends que maintenant,
étant donné que vous n'avez plus de représentants...
M. Rivest: On en a beaucoup. Les Québécois sont
représentés par 67 députés libéraux, je
crois.
M. Morin (Louis-Hébert): Ils ont l'air plutôt
abattus de ce temps-ci.
M. Godin: M. le Président...
M. Morin (Louis-Hébert): Je veux finir
là-dessus.
M. Godin: D'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense qu'il existe du
côté fédéral des millions de dollars qu'on
dépense...
M. Rivest: M. le Président, question de règlement.
Je comprends que le ministre voudrait défendre les crédits de son
homologue fédéral, M. Lalonde, mais malheureusement, M. Lalonde
n'aura plus à défendre ses crédits. Que le ministre se
contente de défendre ses propres crédits provinciaux, on va s'en
satisfaire et cela va être conforme au règlement.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord, vous avez raison. Je
remarque toujours chez vous cette permanence, une sorte de réaction
viscérale à défendre vos collègues
fédéraux chaque fois que vous avez l'impression qu'on les met en
boîte. Je reconnais chez vous cette fidélité au
fédéralisme qui transcende les liens fédéraux
provinciaux.
M. Rivest: Je vous remercie.
M. Godin: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Cela allait bien.
M. Godin: Question de règlement, M. le Président.
Le député de Jean-Talon a fait allusion il y a quelques minutes
au fait que d'autres ministères feraient des sondages qui ne seraient
jamais publiés.
M. Rivest: Ce. n'est pas ce que j'ai dit. Le ministre a dit que
peut-être d'autres pourraient en faire dans le domaine des consommateurs,
mais j'ai simplement dit que si ces sondages existaient, qu'ils soient faits
par le ministère des Affaires intergouvernementales ou par d'autres, je
pense que s'ils étaient faits à même les fonds publics,
ce
serait normal que le public ou enfin que l'Assemblée nationale
ait accès à cela.
M. Godin: La formulation en cours de route... Vous
vérifierez le journal des Débats. J'ai noté mot à
mot ce que vous avez dit.
M. Rivest: Ils me font dire toutes sortes de choses. Tantôt
le ministre me faisait cautionner les accords de réciprocité,
chose que je n'ai jamais dite.
M. Godin: Si vous retirez... M. le député de
Jean-Talon... M. le Président, qui a la parole?
Le Président (M. Laplante): Le député de
Mercier.
M. Godin: Si le député de... C'est juste une
question de règlement.
M. Morin (Louis-Hébert): Le député de
Jean-Talon est comme un horaire d'autobus, sujet à changement sans avis
préalable.
M. Rivest: Est-ce que vous parlez des autobus qui ne circulaient
pas dans le comté de Jean-Talon? Justement, là-dessus, je
voudrais en parler, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest: Le ministre a caché cela pendant des mois dans
le comté de Jean-Talon.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon, à l'ordre, s'il vous plaît! M. le ministre.
M. Bertrand: II a tenu deux conférences de presse...
M. Rivest: Veuillez rappeler le ministre à l'ordre, s'il
vous plaît. C'est le député de Mercier qui est venu mettre
fin à une discussion extrêmement sereine entre le ministre et moi.
À chaque fois, il est comme la Sibylle de... Comment
déjà?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mercier, j'attends votre question de règlement.
M. Godin: Ma question de règlement, c'est que
peut-être, inconsciemment, le député de Jean-Talon a induit
cette commission en erreur en laissant entendre qu'il pourrait y avoir des
sondages existants ou à venir payés à même les fonds
publics qui ne seraient pas accessibles aux citoyens et à l'Opposition.
En tout cas, si la formulation donnait à entendre que cela existait,
à ma connaissance tel n'est pas le cas. Je voudrais qu'au journal des
Débats soit consigné que tel n'est pas le cas et je ne voudrais
pas qu'on laisse planer des doutes de ce type sur quelque usage des fonds
publics par quelque ministère que ce soit de ce gouvernement.
M. Rivest: C'est intéressant, la précision du
député de Mercier; le ministre avait répondu exactement la
même chose. Mais je pense que, maintenant, avec l'intervention du
député de Mercier, on sera absolument sûr qu'il n'en existe
pas au ministère des Affaires intergouvernementales.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'en existe pas, mais je
retiens votre suggestion qu'il pourra en exister.
M. Rivest: À condition qu'on les ait.
M. Morin (Louis-Hébert): À condition, à ce
moment, que ceux qui ont été publiés et faits par...
M. Rivest: Vous demanderez à votre ami, M. Fabien Roy,
créditiste...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais en quel honneur
avez-vous deux poids, deux mesures?
M. Rivest: Non, c'est parce que vous savez, dans un régime
fédéral, chaque ordre de gouvernement est absolument souverain
et, malheureusement, ici...
M. Morin (Louis-Hébert): Ah oui! merci! Voulez-vous noter
cela, quelqu'un?
M. Rivest: Ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est Lord Atkins, dans
un jugement de la Cour suprême, en 1932.
M. Morin (Louis-Hébert): Êtes-vous d'accord avec
Lord Atkins, en 1932?
M. Rivest: Parfaitement.
M. Morin (Louis-Hébert): Très bien, merci. Fin de
votre intervention, cela suffit, c'est parfait.
M. Rivest: Pour revenir à ma direction des communications,
combien de personnes...
M. Guay: Est-ce que le député de Jean-Talon
pourrait nous dire, par exemple, qui est souverain dans le domaine de la
justice au Canada?
M. Rivest: Dans l'administration de la justice, je pense que ce
sont les gouvernements des provinces dans le droit criminel, c'est le
gouvernement fédéral.
M. Guay: Bien, il y a un jugement de la Cour suprême sur
l'enquête Keable, qui dit que la souveraineté est limitée
à tout le moins, parce que le fédéral est un gouvernement
au-dessus de tout soupçon.
M. Rivest: C'est cela, on peut regarder la question en
réserve, on va parler tantôt du contentieux
fédéral-provincial, j'ai des questions là-dessus.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau.
M. Rivest: Si le député veut bien rester ici, parce
qu'il vient d'arriver, on va en parler tantôt.
M. Guay: Avec grand plaisir, M. le député de
Jean-Talon, on va s'amuser, c'est cela.
M. Rivest: Vous aurez votre réponse.
M. Guay: J'ai bien hâte de voir qui est souverain et dans
quoi au Canada.
M. Rivest: M. le Président, je vais revenir à ma
question sur les communications. Combien de personnes travaillent à la
direction des communications et est-ce que la direction des communications fait
autre chose que des imprimés? Quelle est la nature exacte finalement de
ses activités?
M. Morin (Louis-Hébert): Elles font aussi des
communications orales.
M. Rivest: À qui?
M. Morin (Louis-Hébert): Ils se parlent ensemble.
M. Rivest: Est-ce qu'ils parlent...
M. Morin (Louis-Hébert): Aux autres aussi.
M. Rivest: Très bien, oui.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord.
M. Rivest: J'aime mieux la réponse du sous-ministre, je
connais son sérieux et je l'inviterais à exercer son influence
sur le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): II faudrait que les questions
soient sérieuses aussi.
M. Rivest: Est-ce que vous permettez au sous-ministre de me
répondre? Il va être très honoré. Merci.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est comme si c'était le
ministre, étant donné que les propos lui sont attribués.
Les effectifs sont de 27 postes autorisés. Le mandat est un mandat
analogue à celui que l'on retrouve dans les diverses directions de
communications et ministères, c'est-à-dire de préparer des
publications. Il y a beaucoup d'énergies qui sont consacrées
à la publication de Québec Hebdo, Québec Update et
diverses versions qui vous ont été remises hier. Il y a
également Québec en bref, qui est une publication du
ministère. On travaille également présentement à la
publication d'une revue un peu plus prestigieuse, qui serait une
sélection de divers articles de la revue Forces, qui seraient
regroupés en une publication sur une base annuelle ou semi-annuelle. Il
y a également d'autres activités qui s'occupent de documentation,
qui s'occupent de tra- duction, qui s'occupent d'accueil des journalistes
étrangers. Elles font l'objet aussi d'appels téléphoniques
de la part des journalistes qui veulent avoir des nouvelles sur ce qui se passe
dans le ministère ou qui veulent collaborer ou infirmer des rumeurs
qu'ils ont entendues. À ce moment, la direction des communications est
le canal privilégié à cette fin. Il y a également
diverses actions de communications à l'étranger qui se font, soit
par nos délégations ou même ici, par notre direction des
communications. Par exemple, si une revue allemande, italienne, Jeune Afrique
ou autre veut publier un article sur le Québec, nous collaborons avec
les journalistes dont il s'agit aux fins de la publication des textes dont il
s'agit.
Nous avons participé également activement à
l'opération Amérique. Quant au nombre de personnes qui
travaillent en dehors des effectifs autorisés, il y a quelques
contractuels qui relèvent des délégations mais qui sont en
étroite relation avec notre direction des communications. Je pense
à Los Angeles, où nous avons un contractuel, et à New
York, où nous avons un contractuel également. En plus, nous
recourons à divers journalistes à la pige pour nous fournir
certains textes spécifiques visant à nous permettre
d'élaborer une pochette de renseignements sur le Québec, laquelle
pochette sera modulaire, pourra être détachée ou plusieurs
textes remis ensemble, selon l'intérêt de l'interlocuteur.
M. Rivest: Merci. Sur le plan de la visite de journalistes
étrangers, lorsqu'ils viennent ici pour faire des articles, l'attitude,
ou enfin ce qu'on faisait auparavant, c'est-à-dire qu'on dirige, que la
direction des communications dirige ce ou ces journalistes là où
ils peuvent en faire la demande, organise les rendez-vous et, quand il s'agit
du plan politique, de l'évolution politique du Québec proprement
dite, peut les diriger vers tous les horizons politiques du Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): On les dirige même chez les
partis d'Opposition par moments, n'est-ce pas?
M. Rivest: Par moments.
M. Morin (Louis-Hébert): Quand ils le demandent.
M. Rivest: Oui, d'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): Et même parfois, on le leur
suggère.
M. Rivest: Oui, j'en ai même reçu quelques-uns.
M. Morin (Louis-Hébert): Avoir su cela! M. Rivest:
C'était pas mal.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a des erreurs d'aiguillage
comme cela qui peuvent se produire, mais, normalement...
M. Rivest: C'est ce que je voulais faire dire exactement au
ministre. C'est toujours avec beaucoup de réticence qu'on envoie les
journalistes, je demeure tellement surpris.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas cela que j'ai
dit.
M. Rivest: Pourquoi vous n'avez pas dit cela?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Rivest: Une chance que c'est écrit au journal des
Débats, parce que le ministre va pouvoir se relire, il va voir ce qu'il
dit, parce que j'ai l'impression...
M. Morin (Louis-Hébert): Comme vous savez, je
pensais...
M. Rivest: ... qu'il ne s'entend pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pensais que vous aviez plus le
sens de l'humour, comme votre chef qui, tout le monde le sait, est le plus
grand humoriste du Québec contemporain. J'aurais pensé que cela
aurait un peu déteint sur vous, mais je regrette de constater que ce
n'est pas le cas.
M. Rivest: Est-ce un compliment? Non? Sur les contractuels,
à la direction des communications, quelle est la justification...
M. Morin (Louis-Hébert): Est-ce qu'il pourrait poser les
questions sans rire, M. le Président?
M. Rivest: Quelle est la justification d'engager des contractuels
à la direction des communications? Pour quelle raison a-t-on
procédé de la sorte et quelle est la nature précise des
fonctions? Par exemple, pourquoi à Los Angeles un contractuel? À
Washington, est-ce qu'on n'a pas employé également un
contractuel?
M. Morin (Louis-Hébert): Écoutez, ce n'est pas
malin, les contractuels sont employés, là comme ailleurs, quand
c'est plus pratique et plus commode. C'est strictement une question de
pertinence. Voici, par exemple, un cas. Il peut y avoir, dans une
délégation, un besoin évident, à un moment
donné, de quelqu'un pour une période X, et personne ne peut
savoir d'avance si la période X va être nécessaire pour
plus longtemps.
M. Rivest: À quel cas précis se
réfère le ministre?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela peut arriver n'importe
où.
M. Rivest: II y a eu des cas précis. Je ne veux pas avoir
le nom des personnes, peu importent les noms, mais dans quels cas l'avez-vous
fait et pourquoi? Par exemple, si vous l'avez fait à Los Angeles,
pourquoi à Los Angeles?
M. Morin (Louis-Hébert): Essentiellement, c'est quand on a
besoin de quelqu'un rapidement, que ce soit à Los Angeles ou
ailleurs.
M. Rivest: Cela s'est fait dans un cas, je pense que le
sous-ministre a évoqué un cas où cela s'est fait.
Supposons le cas de Los Angeles, pourquoi, dans ce cas précis, avez-vous
fait cela?
M. Morin (Louis-Hébert): Dans ce cas précis, si je
me souviens bien, il y avait une manifestation qui se préparait.
M. Rivest: Non, c'était à San Francisco.
M. Morin (Louis-Hébert): Je regrette de vous faire savoir
que la région de San Francisco relève de Los Angeles, qui est en
Californie, les deux villes appartenant au même État.
M. Rivest: D'accord, cela, c'est...
M. Morin (Louis-Hébert): Une bonne réponse!
M. Rivest: Oui, une bonne réponse. Pour une fois, c'est
une de vos premières, je tiens à le signaler.
Deuxièmement, Washington. Est-ce qu'il n'y a pas un contractuel à
Washington?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, pas qu'on sache.
M. Rivest: Non?
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Rivest: M. Lamarche n'a pas été
engagé?
M. Morin (Louis-Hébert): On est en train de mêler
les choux et les oranges! M. Lamarche a été employé,
à un moment donné je pense que c'est pour trois semaines
pour nous faire un relevé de ce que disait la presse
américaine et de ce que pensaient certains milieux journalistiques
américains, notamment, du Québec. Il est certainement
allé, dans le cadre de cette mission, à Washington et il a soumis
un rapport, mais c'était pour une période de trois semaines.
C'est un cas où on n'emploie pas quelqu'un à temps complet et de
façon permanente.
M. Rivest: Excusez?
M. Morin (Louis-Hébert): II faudrait écouter quand
je réponds.
M. Rivest: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Bon, je recommence. M. Lamarche a
été employé pour trois semaines. C'était un cas
évident, on n'avait pas besoin de quelqu'un de façon
permanente.
M. Rivest: Pour faire un relevé de presse. M. Morin
(Louis-Hébert): Pour faire ce relevé.
M. Rivest: Bon. Sur l'opération Amérique en tant
que telle, quels sont les tenants et les aboutissants de cette
opération?
M. Morin (Louis-Hébert): Qu'est-ce que vous appelez
l'opération Amérique?
M. Rivest: Je pense que c'était dans les feuilles du
budget. J'ai un papier ici, quelque part, où on parlait beaucoup de
l'opération Amérique. Il y a eu des articles dans la presse, et
je veux simplement entendre le ministre là-dessus.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. Quand on est arrivé,
c'est une priorité que j'avais dégagée en ce qui a trait
à l'information. Notre plus grand voisin, à part le reste du
Canada, ce sont évidemment les États-Unis. J'ai été
frappé, je l'ai dit hier, par le peu de connaissance, sauf
peut-être dans les États de l'Est américain, et encore,
dans les milieux universitaires surtout, par la méconnaissance qu'on
avait du Québec contemporain et de son évolution. Nous avons
pensé faire une priorité de cette information. Nous avons
beaucoup travaillé de ce côté et nous avons d'ailleurs
ouvert une délégation de plus à Atlanta. Nous avons un
bureau touristique à Washington et nous avons changé le
délégué à New York, etc. Nous avons mis une
priorité de ce côté-là; c'est non seulement pas un
secret, mais c'est quelque chose dont je suis très content, parce que je
pense que cela a amélioré sensiblement la perception du
Québec, à témoin, d'ailleurs si vous pouvez mettre
la main là-dessus, c'est très intéressant, c'est de valeur
que je ne l'aie pas ce matin un article tout à fait récent
de l'édition dominicale du New York Times, un magazine, qui est, je
pense, très objectif. Cette opération Amérique a
été une priorité pour nous et elle le demeure d'ailleurs
au moment où on se parle.
M. Rivest: Est-ce que cette opération relève comme
telle... J'imagine que la direction des communications n'a pas qu'un service
d'appoint à la conduite d'une opération qui est beaucoup plus
large au sein du ministère, n'est-ce pas? (11 h 45)
M. Morin (Louis-Hébert): Le mot "opération",
évidemment, juste en passant, est un mot qui est tiré des
journaux. On peut "colloquialement", si je peux m'exprimer ainsi, utiliser le
mot "opération" Amérique. C'est en fait une information plus
intense vers les États-Unis que celle que nous avions jusqu'à
avant. Ce qu'on appelle ce matin opération Amérique. Je veux
très bien la qualifier, ce n'est rien de suspect. Au contraire, je l'ai
dit ouvertement, et je suis très heureux qu'elle ait lieu, elle aurait
dû être entreprise il y a longtemps. C'est une lacune des
gouvernements antérieurs et je pense que cela aurait dû être
fait. J'ai oublié la question; vous aussi, je suppose?
M. Rivest: Bien, je n'ai pas écouté votre
réponse, mais... Non, la question était: Qui mène
l'opération Amérique actuellement? Je suppose que cela
relève du sous-ministre ou de la structure. La direction des
communications n'est là que pour fournir des services sur le plan de
l'information ou des communications. C'est une opération, pour le
ministère, qui est beaucoup plus large que strictement une
opération de communications. Il y a des contacts, je suppose, qui se
font avec les milieux d'affaires, les milieux parlementaires américains,
etc.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah oui, oui! Bien sûr. Par
exemple, dans le cadre de ce qu'on appelle entre guillemets
"opération", j'ai moi-même fait, personnellement, au moins une
quinzaine de conférences aux États-Unis, à San Francisco,
Los Angeles, Dallas, Houston, Boston, New York, et j'en oublie. Cela faisait
partie aussi de cette intensification de notre présence aux
États-Unis. Le ministre d'État au développement
économique y est allé aussi; le ministre des Finances y est
allé, mais moins fréquemment; M. Lévesque, le premier
ministre, y est allé et a participé à une émission
qui a été assez remarquée d'ailleurs, au réseau
PBS, Public Broadcasting System. Nous utilisons tout ce qui nous est offert
pour nous faire connaître davantage. Je pense que c'est un devoir qu'on a
envers les Québécois.
Cela étant dit, pour confirmer que cela groupe beaucoup plus que
simplement des écrits, je vais demander au sous-ministre de continuer
à donner certains renseignements.
L'opération Amérique est essentiellement un ensemble
d'activités, la plupart nouvelles, et lorsqu'elles existaient,
intensifiées, activités du ministère dirigées sur
les États-Unis de façon à améliorer l'image du
Québec aux États-Unis et nos relations avec les divers milieux
américains. Con-séquemment, ces actions relèvent de la
direction des Amériques, à la Direction générale
des affaires internationales, avec l'appui des communications également.
Il y a un groupe qui suit mensuellement les activités du
ministère dans ce qu'on peut appeler l'opération Amérique,
groupe qui comprend des fonctionnaires du ministère, la Direction
générale des affaires internationales, la Direction des
communications, mais également des fonctionnaires d'autres
ministères aussi, étant donné que nous essayons d'utiliser
les actions d'autres ministères dans le cadre de cette opération
Amérique.
M. Rivest: Je comprends que, sur le plan des personnes, des
individus qui font cela, en dehors des imprimés et de toute la diffusion
qui peut se faire, uniquement des ministres ont participé à cela,
personne d'autre n'a été invité. Je pense, par exemple, au
secteur industriel ou commercial. Ma préoccupation, au fond, je vous la
dis bien simplement, c'est que cette opération Amérique, telle
que l'explique le sous-ministre, c'est pour le Québec dans son ensemble,
et non seulement pour faire connaître le point de vue, sans doute
légitime, du présent gouvernement sur sa conception à lui
ou sa vision à lui du Québec. Ce sur quoi je veux insister, c'est
que cette opération que je
trouve intéressante, sans doute, il faut qu'elle donne une image
complète de la réalité québécoise. C'est
vraiment cette chose qui est importante dans cette opération. Je
voudrais que le ministre ou le sous-ministre m'indique des moyens qu'ils
prennent de façon à s'assurer qu'effectivement l'ensemble de la
réalité québécoise, aussi bien politique,
économique que sociale, soit présenté à
l'étranger.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis content de la question,
parce que je ne voulais pas que demeure un malentendu. D'autre part, il est
parfaitement exact et cela, je pense qu'il faut le faire que moi,
par exemple, quand je prends la parole devant un auditoire américain, je
parle de notre option politique dans ses grandes lignes, puisque ces auditions
ne sont pas intéressés à en connaître les
détails de toute façon.
Cependant, je prends aussi soin de décrire l'histoire du
Québec et la situation constitutionnelle canadienne. Mais je veux aussi
ajouter et c'est l'autre partie de mon intervention que nous
essayons de refléter le Québec dans son ensemble, à tous
les points de vue, que ce soit au point de vue économique, politique,
culturel, social, etc. Et, à cet égard, on a des
précisions à apporter sur des types de gestes qu'on a
posés, par exemple, dans des domaines qui dépassent strictement
la politique.
Je peux en mentionner deux. Par exemple, on a fait des visites
regroupant des industriels ou des financiers américains à la baie
James. On les a amenés, il y en a eu quelques-unes l'année
dernière; il y en a peut-être d'autres qui vont se poursuivre
cette année aussi.
On a également intensifié notre action auprès des
professeurs de français aux États-Unis. Ils ont une association
qui regroupe 33 000 d'entre eux. C'est quand même assez
considérable. Cela peut être un marché intéressant
également pour les biens culturels québécois: livres,
disques ou autres. Nous avons intensifié notre action dans ce
sens-là. Nous avons également stimulé les centres
d'études québécoises qui existent dans un certain nombre
d'universités américaines: Oronoque, Duke, par exemple, North
Western aussi, je crois, etc. C'est toute une série d'actions, en
d'autres termes, qui ne sont pas uniquement à caractère
politique, même s'il y en a, et il est normal qu'il y en ait, mais un
ensemble d'actions visant à privilégier notre action du
côté des États-Unis plutôt que du côté
d'autres pays, étant donné que ce sont nos voisins
immédiats.
Pour vous montrer jusqu'à quel point on couvre tout, vous verrez,
dans la documentation qu'on vous a fournie hier sur Québec Up-Date,
notre publication la plus récente, que c'est un résumé des
nouvelles du Québec et qu'on parle de tout et qu'il n'y a pas de
sélection...
M. Rivest: J'ai vu qu'on donnait, en première page du
premier document que j'ai vu, les résultats du comté de
Jean-Talon. C'était très intéressant.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, on peut aussi tenir compte
de certaines éphémérides temporaires comme
celle-là.
Études et recherches
M. Rivest: Je ne veux pas prolonger indûment. Je voudrais
revenir aux fameuses études et recherches. Est-ce que le ministre s'est
préoccupé, au cours de la nuit dernière ou de la
matinée, de la demande que je lui avais faite? Je comprends qu'il aurait
terminé la publication des études de Bonin enfin, à
son dire. Est-ce qu'il y a d'autres études qui existent? J'ai
mentionné spécifiquement une étude sur
l'assurance-chômage. On me disait ce matin que son collègue, le
ministre de l'Agriculture, mentionnait le cas d'une étude sur
l'agriculture. Si le ministre dit que ce type d'études plus
particulières, qui se situent peut-être en dehors du mandat
précis qui a été confié à M. Bonin, ne
doivent pas être rendues publiques parce que ce sont des études de
négociations, etc., comment le ministre explique-t-il que, par exemple,
à la suite d'une déclaration de M. Ouellet, je pense, le ministre
n'ait aucunement hésité à publier un dossier dans le
domaine de l'habitation et des affaires urbaines? Comment se fait-il que
simplement ces études-là soient publiées et que l'ensemble
des autres études qu'a le ministère ne fassent pas l'objet de
publication? Ce que je veux dire, c'est que ce qui est fatigant, au fond, dans
cette histoire d'études, c'est qu'on a l'impression à tort
ou à raison, le ministre dira peut-être qu'on a tort, mais peu
importe que le ministre choisit, peu importent les raisons, de publier
les études qui font son affaire. Je demande cela de façon
générale parce que, par exemple, s'il y a une étude, c'est
bien beau de publier. Supposons que ce soit vrai que le Québec, dans le
domaine de l'habitation et des affaires urbaines... Si cela peut constituer un
dossier noir, j'imagine que si c'est un dossier qui existe, une étude
qui existe au ministère et qu'on décide de la publier... Pour en
prendre une très simple, j'imagine qu'il y a une autre étude sur
la péréquation et cela peut constituer un dossier blanc. Mais
cette étude sur la péréquation, on ne l'a pas, mais on a
droit, par exemple, au livre noir sur l'habitation et les affaires urbaines.
Quel est le critère de cela? Toutes les questions du chef de
l'Opposition au ministre, les démarches que nous-mêmes avons
faites, c'est qu'on a le sentiment... Je comprends qu'il y a des dossiers de
négociations et tout cela. Mais pourquoi certaines études qui
peuvent apparaître, en tout cas, prima facie, défavorables au
régime fédéral, sont-elles publiées? Le
ministère n'hésite pas, le ministre n'hésite pas à
les publier, mais d'autres études, d'autres éléments
d'information auxquels le public aurait droit, qui eux, seraient favorables au
système fédéral... Je donne l'exemple de la
péréquation pour ne pas faire de chicane. Pourquoi
celles-là n'ont-elles pas droit à la publication? C'est la seule
question que je pose.
M. Morin (Louis-Hébert): À cela, on a une
réponse très simple. D'abord, juste pour clarifier
quelque chose. Quand vous parlez de la péréquation, ces
études sont publiées régulièrement, et cela
s'appelle les comptes nationaux.
M. Rivest: Faites-en donc un livre blanc avec autant de "show"
que vous faites pour les livres noirs et cela sera plus clair. Pourquoi
politiser à mort des trucs qui sont faits par le ministère
à même les fonds publics? Tout ce qu'on demande, c'est d'avoir une
information complète. Les points noirs du fédéralisme,
mettez-les sur la table; on va les prendre. Mais donnez-nous également
l'ensemble... Ne nous les donnez pas à nous, personnellement, ou aux
partis de l'Opposition, mais donnez-les au public. Je pense que le public a
droit à cela. Vous êtes comptables vis-à-vis du public.
C'est tout ce qu'on demande.
M. Morin (Louis-Hébert): Alors, je vais vous expliquer,
parce que je pense qu'il y a, encore une fois, un malentendu. J'ai toujours dit
et j'ai répété on a terminé hier que
les études publiées sous la direction de M. Bonin et portant sur
divers aspects économiques canado-québécois ou
cana-do-extérieurs et certaines études ancillaires seraient
rendues toutes publiques et c'est ce que nous avons fait. Nous n'avons jamais
exercé quelque influence que ce soit sur les conclusions des
auteurs.
M. Rivest: J'en conviens parfaitement.
M. Morin (Louis-Hébert): Très bien. J'ai dit que je
le ferais et nous l'avons fait aussitôt que cela a été
possible de le faire parce que, dans certains cas, il y a eu des
problèmes d'impression strictement techniques. Que voulez-vous? Ce sont
des choses qui arrivent dans la grosse machine qu'est un gouvernement. J'ai
aussi dit qu'il y avait, comme dans tout gouvernement qui se respecte, des
dossiers de négociations qui sont faites et des analyses d'impact de
politiques fédérales. Si on n'en faisait pas, on serait tout
à fait en dehors de notre coche et cela aussi, il en existe. Le mot
"étude" introduit peut-être une notion vague; il s'agit, en fait,
d'une collection de renseignements d'ordre dynamique. Je veux dire que ce qui
est vrai aujourd'hui peut être modifié demain par une
décision fédérale. Exemple: LaPrade, c'est quelque chose
qui est arrivé en cours de route qui change ce dossier. Exemple: le
problème de l'agriculture. Ce sont des dossiers que nous gardons
à jour.
Quand le gouvernement déposera le détail de son projet
politique tel que promis... On avait dit que cela ne se ferait pas avant les
élections fédérales; cela se fera après. Vous aurez
dans ce document, j'imagine, les renseignements qui nous semblent susceptibles
de fournir l'argumentation qui nous justifie d'adopter la position politique
que nous prenons. Vous aurez tout le loisir voulu pour contredire cela,
d'autant plus que vous avez à votre disposition des documents
fédéraux biaisés, évidemment, mais quand même
des documents fédéraux publiés par feu M. Lalonde sur
divers aspects de l'interprétation qu'ils se faisaient, eux, de la
souveraineté-association. Quand vous parlez du dossier noir...
M. Rivest: Vous permettez, M. le ministre? Je ne parle absolument
pas de la perspective de la souveraineté-association, d'accord? Je parle
simplement des études, des analyses ou des éléments
d'information recueillis par le ministère des Affaires
intergouvernementales. La question que je pose est très précise:
Pourquoi, dans certains cas, quand il s'agit de points noirs du
fédéralisme ou de choses qui défavorisent le
Québec, on a droit à une publication? Je comprends qu'il peut y
avoir des raisons politiques; j'en tiens compte. J'imagine qu'il y en a
d'autres.
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Rivest: Voyons donc! Franchement!
M. Morin (Louis-Hébert): C'est justement ce que je veux
vous expliquer.
M. Rivest: On n'a pas le droit à ceux-là, comme par
hasard. C'est tout ce qu'on demande. Vous en avez fait une sur
l'assurance-chômage ou je ne sais. Tout le monde en parle de
l'assurance-chômage.
M. Morin (Louis-Hébert): Je sais que votre... vous
inquiète.
M. Rivest: Vous avez un dossier sur l'assurance-chômage;
rendez-le donc public, juste pour voir, d'accord?
M. Morin (Louis-Hébert): On a un dossier sur...
M. Rivest: Sur l'agriculture, vous en avez un. Votre
collègue, au cours de l'étude des crédits de
l'Agriculture, a dit qu'il y en avait un et il a dit que c'est vous qui
l'aviez. Il a refusé de le rendre public au cours de l'étude des
crédits de l'Agriculture, selon ce qu'on m'a dit ce matin. Je ne sais
pas ce qu'il y a dedans, mais mosus! il me semble qu'on aurait droit à
cette information, indépendamment de tout le contexte
préréférendaire et de votre option, les dossiers sur la
table, l'état réel de la situation.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pensais que vos options
politiques étaient plus solidement fondées. Vous avez l'air
d'avoir peur.
M. Rivest: Elles sont tellement fondées qu'on n'a pas peur
des études. On n'a pas peur de mettre les chiffres sur la table. On est
sûr de notre affaire mais on voudrait, par exemple, que notre
gouvernement "notre" est presque un euphémisme du
Québec... Pas nous, le Parti libéral ou l'Union Nationale ou qui
que ce soit, mais le public n'a pas simplement droit aux dossiers noirs que le
ministère des Affaires intergouvernementales a.
J'imagine qu'il y a au moins un dossier blanc. Trouvez-en un.
Forcez-vous un peu. Ce que vous avez fait comme sous-ministre... Dans le temps
que vous étiez sous-ministre, vous avez probablement fait des bons coups
dans le régime fédéral? Faites un petit dossier comme cela
et rendez-le public; au moins, on aurait les deux côtés de la
médaille.
M. Morin (Louis-Hébert): Je l'ai rendu public, mon
dossier. Il a la forme de deux livres que je vous inciterais à lire.
M. Rivest: Vous me les avez dédicacés
aimablement.
M. Morin (Louis-Hébert): Justement, il faudrait les lire
aussi. Je pense que cela vous permettrait de mieux voir de quoi il s'agit. Je
vais vous expliquer... Vous avez fait allusion à un dossier sur les
affaires urbaines que nous avons rendu public. Nous l'avons rendu public pour
deux raisons: a) II existait et, b) il était, à notre avis,
présentable pour diffusion parce qu'il avait été
préparé pour intervention possible dans un domaine qui nous
semblait assez sérieux. D'ailleurs, ils ont "aboli" le ministère
fédéral des Affaires urbaines depuis. Donc, il y avait quelque
chose. Celui-là était utilisable pour diffusion. C'est le seul
dossier de cette nature qui existe et qui existait, d'accord?
M. Rivest: C'est un dossier noir, cela?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce que vous appelez un dossier
noir.
M. Rivest: Vous en avez promis une série à
plusieurs reprises.
M. Morin (Louis-Hébert): Jamais. (12 heures)
M. Rivest: Non?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est justement là que je
veux qualifier... Je n'ai jamais, sauf que j'ai vu au mois de décembre
1976 dans le journal Le Devoir une hypothèse de journaliste disant que
probablement le gouvernement allait publier une série de dossiers noirs.
Plutôt que de la corriger, je l'ai laissé comme cela. Ce qui a
incité, si cela peut vous amuser de connaître ce qui s'est
passé, nos amis fédéraux à s'énerver
à mort et à mettre une armée de fonctionnaires sur pied
pour écrire un tas de documents dont ils ne se sont pas servis eux
autres non plus. Nous n'avons jamais procédé comme cela.
D'accord? C'est très clair? Cela n'existe pas.
M. Rivest: Je veux, j'insiste...
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas fini.
M. Rivest: Vous permettez...
M. Morin (Louis-Hébert): Ce que nous avons en dossier, et
c'est parfaitement normal, cela existait avant, c'est l'état du
contentieux fédéral-provincial dans un domaine X, Y, Z, qui nous
sert dans nos discussions quand il s'agit de discuter de LaPrade. L'autre jour,
vous avez eu en Chambre l'intervention du ministre Marois sur le revenu minimum
garanti, qui était une des choses que nous avions dans nos dossiers.
M. Rivest: Par exemple, est-ce que vous pourriez simplement, je
reviens à celle de l'agriculture dont votre collègue a fait
état, celle de l'assurance-chômage...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, parce que nous demandons aux
ministères de nous dire ce qui ne va pas. Cela va de soi et on a
appelé cela étude. On leur dit: Dites-nous ce qu'il y a dans
votre domaine qui ne va pas et on corrigera en cours de route selon
l'évolution des choses. C'est sûr que nous avons ces... Ce sont
cela des dossiers de négociation.
M. Rivest: Pourquoi le dossier de négociation dans
l'habitation, les affaires urbaines, avez-vous décidé de le
rendre public?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est parce que c'était
une publication qui s'en allait dans la revue j'oublie son nom du
ministère des Affaires municipales sur le cas de l'intervention
fédérale en matière urbaine. C'est le seul qui a
été préparé comme cela. Que voulez-vous que je vous
dise?
M. Rivest: C'est le seul qui a été
préparé comme cela.
M. Morin (Louis-Hébert): De cette nature, oui. M.
Rivest: À la demande de qui?
M. Morin (Louis-Hébert): À ma demande à
moi.
M. Rivest: Vous n'avez pas demandé d'étude en
d'autres domaines du tout et vous avez fait une conférence de presse
pour lancer cela parce que c'était un dossier qui vous apparaissait
négatif sur le plan politique, sur le plan du
fédéralisme.
M. Morin (Louis-Hébert): Pas du tout. Il faudrait bien...
Non, non. Je m'excuse.
M. Rivest: C'est cela le problème, on a l'impression, et
j'insiste là-dessus, je n'en parlerai plus, peu importe... La conviction
qu'on a, c'est que le ministère des Affaires intergouvernementales, le
ministre, ne donne pas au public l'ensemble du dossier des relations et qu'il
fait un choix, qu'il choisit, qu'il fait une sélection des dossiers qui
favorisent une option politique. Il se sert à ce moment, indirectement
ou directement, des fonds publics pour promouvoir une option. On voudrait tout
simplement... que le ministre fasse son option politique, c'est tout à
fait légitime, sauf qu'on
voudrait avoir du ministère des Affaires intergouvernementales
l'ensemble de la situation une fois pour toutes. Vous ne la donnez pas et vous
vous refusez à la donner. C'est cela le point.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous dis qu'à cet
égard nous allons nous conformer à la promesse que nous avons
souvent faite selon laquelle le public québécois, lorsqu'il aura
à se prononcer sur son avenir, saura à quoi s'en tenir sur
l'état réel des choses. Nous allons le faire. Nous avons aussi
toujours dit que nous n'entreprendrions pas cette démarche avant les
élections fédérales. Troisièmement, j'ai dit
je vais vous donner la date, le 2 décembre 1977 qu'il y avait des
dossiers que nous préparions de négociations courantes et
ultérieures qui ne seraient pas rendus publics parce que je serais
blâmé comme ministre de dévoiler comme cela ce que nous
avons comme alternative dans certains cas ou comme propositions possibles,
alors que cela n'est pas encore l'objet de discussions. Cela fait partie des
dossiers de négociations habituelles de n'importe quelle organisation,
que ce soit un gouvernement ou une entreprise privée. J'ajoute aussi
que, du côté fédéral, il existe à Ottawa un
groupe sous la direction de M. Gwyn dont j'oublie le prénom, c'est
Nicolas Gwyn, qui a fait un immense relevé, aidé en cela aussi
par le groupe Tellier, de la présence fédérale et de
l'impact des politiques fédérales au Québec, ensemble de
documents qui n'a jamais été rendu public et qui sert aussi,
j'imagine, aux fins de négociations avec le Québec.
Je trouve invraisemblable qu'un député, qui a
été pendant de longues années conseiller d'un premier
ministre et qui est parfaitement au courant de ce dont il parle, exige que le
Québec, en quelque sorte, fasse état de ses positions actuelles,
potentielles ou possibles en tel et tel domaine, alors qu'il n'exige pas la
même chose du gouvernement fédéral, sachant très
bien que cela allait nous défavoriser au point de départ si on
procédait de la sorte.
J'ai dit très clairement, le 2 décembre 1977, à une
question avec débat je l'ai ici que ces études
n'étaient pas faites pour être rendues publiques; ce sont des
dossiers de négociations. C'est à ce moment aussi que j'ai dit
que toutes les études de M. Bonin, fabriquées avec les
collaborateurs qu'il a demandés, seraient rendues publiques. J'ajoute
aujourd'hui que nous allons nous conformer absolument à cette promesse
que nous avons faite, à savoir que les Québécois savaient
à quoi s'en tenir, que nous répondrions à toutes leurs
questions et que vous aurez tout le temps voulu pour répondre et pour
faire valoir votre point de vue.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, il y a, il me semble,
quelque chose de très intéressant dans ce que nous dit le
député de Jean-Talon et je serais tenté de chercher
à convaincre le ministre de donner suite à la suggestion du
député de Jean-Talon qui voudrait voir une étude sur la
péréquation. Je verrais très bien que nous fassions une
étude sur les politiques économiques canadiennes depuis la
Confédération à partir...
M. Rivest: Sur l'énergie également.
L'énergie aussi c'est intéressant, le pétrole, tout
cela.
M. de Bellefeuille:... de la National Policy de John A.
Macdonald. Cette étude montrerait comment les politiques canadiennes ont
constamment favorisé l'Ontario, constamment défavorisé le
Québec, comment ces politiques canadiennes ont fait en sorte qu'il y a
toujours eu...
M. Rivest: Est-ce qu'elles n'ont pas défavorisé
plus les Maritimes que le Québec?
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît, M. le
député de Jean-Talon.
M. de Bellefeuille: ... plus de chômage au
Québec.
M. Rivest: Les Maritimes. Parlez-nous donc des Maritimes.
M. de Bellefeuille:... que dans l'ensemble du Canada.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jean-Talon.
M. de Bellefeuille: Ces études montreraient
également qu'à la suite de ces politiques canadiennes en
matière économique, en matière d'implantations
industrielles, il a fallu évidemment, à un moment donné,
instaurer un régime de péréquation qui est une
espèce d'aumône qui apporte un peu d'argent au jour le jour mais
qui ne corrige en rien les vices de structure de l'économie canadienne
qui défavorisent nettement le Québec et qui ont toujours...
M. Rivest: Et les Maritimes, n'est-ce pas? M. de Bellefeuille:
Et les Maritimes aussi. M. Rivest: Voilà.
M. de Bellefeuille:... qui ont toujours défavorisé
le Québec et les Maritimes depuis que la confédération
existe. Cette étude serait extrêmement intéressante et
j'appuie le député de Jean-Talon; effectivement, le ministre
devrait la faire faire.
M. Rivest: M. le Président, c'est avec...
M. Guay: Si je comprends bien le député de
Jean-Talon, par ses remarques, on devrait se satisfaire du fait qu'on est
solidaire des Maritimes.
M. Rivest: Non, on devrait dire la vérité, toute la
vérité.
M. Guay: C'est vraiment une belle situation, on devrait s'en
satisfaire pour l'avenir du Québec.
M. Rivest: On ne devrait pas avoir peur de dire la
vérité, toute la vérité quand on fait des
études.
M. Biron: M. le Président.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous n'avez pas trop...
M. Guay: Donc le fait qu'on soit solidaire des Maritimes, c'est
une consolation.
M. Rivest: M. le Président, avec tristesse,
j'abandonne.
Le Président (M. Laplante): Un moment là.
M. Morin (Louis-Hébert): Je veux préciser quelques
chose, parce que je veux quand même signaler il n'a pas l'air de
s'en souvenir le député de Jean-Talon que M. Bernard
Landry a rendu public un document très complet justement sur l'impact
des politiques économiques fédérales au
Québec...
M. Rivest: Ah! un autre. Je pensais qu'il y avait juste
l'habitation.
M. Morin (Louis-Hébert): ... par l'OPDQ.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, c'est un document qui a
été rendu public, je ne me souviens pas exactement à
quelle date, que vous avez reçu et que votre chef a reçu dans
l'ensemble des documents que je lui ai envoyés, il y a quelques
jours.
M. Rivest: J'ai abandonné, depuis deux minutes.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Justement sur cette question de l'option du Parti
québécois, la souveraineté-association.
M. Morin (Louis-Hébert): Je veux corriger, M. le
Président, tantôt j'ai dit que c'était le 2 décembre
que j'avais fait la déclaration, mais c'est le 13 juin 1978.
C'est un détail pour le dossier.
M. Biron: Je voulais savoir du ministre on a entendu les
réponses du ministre quand même, on voit que les actions du
gouvernement sont orientées en fonction de la
souveraineté-association ou du référendum à venir
sur cette thèse comment concilier ces actions du gouverne- ment,
depuis le 15 novembre 1976 jusqu'à aujourd'hui, constamment en fonction
de la souveraineté-association et ce que le premier ministre a
déclaré en Chambre le 17 mai dernier, lorsque à la suite
d'une question il a dit: Pendant tout ce temps, nous avons largement, pour ne
pas dire à peu près totalement, mis en veilleuse notre
perspective politique d'avenir, alors qu'on voit que les réponses du
ministre depuis deux jours, d'ailleurs l'action du gouvernement, sont tout
simplement contraires? Comment concilier les actions du gouvernement avec ce
qu'a dit le premier ministre en disant: Notre perspective d'avenir qui est la
souveraineté-association, entre parenthèses ou entre guillemets,
on l'a mise de côté.
M. Morin (Louis-Hébert): On ne l'a pas mise de
côté; on n'en a pas tellement parlé. Justement, je confirme
et je suis parfaitement d'accord sur ce qu'a dit le premier ministre. Je ne
vois pas comment vous pouvez dire que toute cette action est orientée
vers la souveraineté-association. Les études dont on parle, vous
les avez. Ce ne sont pas des études qui visent à prouver ceci ou
cela, ce sont des études d'arrière-plan qui nous permettront de
prendre une décision politique sur certains domaines techniques. C'est
pour cela qu'elles ont été préparées. Vous les avez
à votre disposition; vous pouvez prendre une décision à
partir de ces études n'importe quand. Nous n'avons pas fait, nous
n'avons pas utilisé les ressources du ministère pour faire
prendre par le ministère ou par les fonctionnaires du ministère
des orientations politiques qui relèvent du cabinet. J'ai toujours
été clair là-dessus. Nous sommes beaucoup plus scrupuleux
à cet égard que ne l'est le gouvernement fédéral
qui, lui, utilise à plein et à dessein des dizaines de
fonctionnaires justement dans des buts strictement politiques, comme on le
verra clairement de plus en plus; d'ailleurs, vous le verrez dans les semaines
à venir.
M. Biron: Lorsque le ministre nous dit: On n'a pas tellement
parlé de notre option, on s'est fait casser les oreilles avec cette
option depuis le début. Je pense bien que lui qui est responsable, dans
le fond, de la négociation ou de la préparation du
référendum ou de la question, de la négociation aussi avec
le gouvernement fédéral, de la souveraineté-association,
je pense qu'il devrait s'occuper de son affaire ou donner les directives
nécessaires, faire donner des ordres s'il le faut aux membres de son
parti...
M. Morin (Louis-Hébert): Vous voudriez qu'on en parle
plus?
M. Biron: ... parce que lorsqu'il dit qu'on n'en a pas beaucoup
parlé et qu'on l'a mis de côté, pourtant le ministre des
Finances lui-même déclarait, il y a quelques mois, je cite
un article de journal ce qui suit: "Bien sûr, a-t-il dit, on nous
rappellera qu'on n'a pas été élus pour faire
l'indépendance, mais qui d'entre vous, lorsqu'il a voté pour le
Parti québécois, ne savait pas les buts avoués de notre
formation politique? Qui d'entre
vous ne connaît pas l'histoire de notre parti, du mouvement de
souveraineté-association jusqu'à aujourd'hui?" Écoutez ce
qu'ajoutait le ministre des Finances quand vous dites: On n'en a pas
parlé, on ne s'en est pas occupé.
Il a dit: "Depuis le 15 novembre 1976, tout ce qu'on fait au
gouvernement est préréférendaire." Celui qui est
responsable de ce dossier, c'est vous; vous devriez au moins vous expliquer
avec le ministre des Finances. Il y en a un qui fait tout d'une manière
préréférendaire et vous dites: On n'en parle pas, on ne
s'en occupe pas. Qui a raison, dans tout cela?
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a aucune contradiction.
Quand M. Parizeau dit que tout est préréférendaire
il l'a très bien dit quelque part plus loin dans sa citation cela
veut dire que tout ce qui arrive avant un référendum est
préréférendaire, y compris la température
d'aujourd'hui, dans un sens. Deuxièmement...
Des voix: Oh!
M. Rivest: Ce sont des facéties!
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non. Il faut quand
même se rendre compte que la campagne
préréférendaire comme telle peut être amorcée
elle est amorcée notamment par Pro-Canada et par Ottawa
par bien d'autres, mais nous avons dit nous avons toujours dit que nous
agirions de la sorte que, d'abord, nous allions offrir aux
Québécois un bon et vrai gouvernement, ce que nous avons fait et,
en temps opportun, nous allions leur soumettre notre option politique et c'est
sûr qu'on va en parler de façon beaucoup plus systématique
à partir de maintenant qu'on ne l'a fait jusqu'à maintenant.
Cependant je veux corriger ce qui a été dit
tantôt parce qu'il ne faut pas que cela reste comme cela nous
n'avons jamais mis de côté cette option. Vous avez encore
employé cette expression tout à l'heure. Nous ne l'avons pas mise
de côté, nous avons volontairement décidé de ne pas
passer notre temps à en parler. La preuve? Combien de lois portent sur
la souveraineté-association ou qui s'inspirent de la
souveraineté-association et qui ont été adoptées en
Chambre? Aucune. Il ne faut quand même pas exagérer. Cela viendra
en son temps. Il faut quand même être logique, vous nous reprochez
quasiment a posteriori de ne pas en avoir parlé. Si on en avait
parlé avant, plus systématiquement, vous nous reprocheriez d'en
avoir parlé. De toute façon, on a tort.
M. Biron: Je ne vous reproche pas d'en parler ou de ne pas en
parler, je veux savoir quelle est la politique. Vous dites qu'on n'en parle
pas, le ministre des Finances dit qu'on en parle; le premier ministre dit qu'on
n'en parle pas, le ministre de l'Agriculture en parle; le ministre de
l'Industrie et du Commerce en parle. Je voudrais savoir au moins quelle est la
politique du gouvernement là- dessus. Comme parti politique et comme
gouvernement, est-ce qu'on en parle ou si on n'en parle pas? Est-ce qu'on s'en
occupe ou si on ne s'en occupe pas?
M. Morin (Louis-Hébert): La politique est qu'après
les élections fédérales, à partir de maintenant,
nous allons en parler beaucoup.
M. Biron: Avant cela, on a eu l'impression que c'est juste cela
que les ministres ou les députés du Parti québécois
faisaient, nous parler de la souveraineté-association ou de
l'indépendance.
M. Morin (Louis-Hébert): Vraiment, ce sont de fausses
impressions. On aurait peut-être dû en parler davantage.
M. Biron: À partir de maintenant, on peut conclure que les
ordres, que les écluses sont débloquées, que les ordres
sont donnés et que là, on parle d'indépendance! C'est
cela, si j'ai bien compris le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): On va être beaucoup plus
explicite. On l'a toujours dit, il n'y a aucune cachette à cet
égard. Je n'accepte pas qu'on donne l'impression, par des interventions
qui se font ici, que nous ne procédons pas comme nous l'avons dit. Nous
avons toujours dit on pourrait trouver des déclarations claires
à cet égard et le premier ministre lui-même en a
parlé à plusieurs reprises qu'avant les élections
fédérales, c'était une chose, il fallait que le paysage
soit nettoyé de cette échéance électorale pour,
justement, qu'on ne tombe pas dans ce que nous avons voulu éviter en
1976, faire deux campagnes en même temps. C'est fait, et à partir
de maintenant, oui, on va en parler davantage, c'est sûr. Cela va de
soi.
M. Biron: Là, il faut s'attendre à en entendre
parler.
M. Morin (Louis-Hébert): Certainement, c'est
sûr.
M. Biron: Maintenant, une autre question au ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous allez en entendre parler
à partir, notamment, du congrès du Parti québécois
qui aura lieu dans une semaine.
M. Rivest: Au sujet de la déclaration du premier ministre
du 10 octobre à l'Assemblée nationale, elle ne portait pas sur la
souveraineté-association?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela portait sur la
souveraineté-association, c'était à la suite de questions
qui avaient été posées.
M. Rivest: C'est parce qu'il n'en a probablement pas parlé
ni lui non plus à ce moment-là.
M. Morin (Louis-Hébert): Attention! Il ne faudrait quand
même pas exagérer! Quand on dit "ne pas en parler", cela veut dire
qu'il n'y a pas de campagne systématique.
M. Rivest: Cela veut dire en parler.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, cela veut dire qu'il n'y a
pas de campagne systématique, constante et seule préoccupation du
gouvernement. Cela ne veut pas dire, cependant, qu'on est silencieux. On est
quand même assez honnête avec les gens pour qu'ils sachent que
c'est ce que nous proposons et c'est toujours ce que nous avons dit.
M. Rivest: Ils le savent, à part cela, les gens.
M. Morin (Louis-Hébert): Ils le savent, justement.
M. Rivest: Ils savent ce que vous proposez et vous ne le savez
même pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Bon, première
nouvelle!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: J'en viens à la question plus claire, plus
simple du référendum lui-même. J'ai en main une
série de sondages sur l'opinion publique face à la
souveraineté-association et au mandat de négocier. (12 h 15)
Je voudrais savoir du ministre ce qui va arriver avec tout ça,
parce que le premier ministre et le ministre d'État à la
réforme électorale et parlementaire nous déclaraient la
semaine dernière que, s'il y avait un référendum demain,
il serait négatif, alors qu'il y a des sondages d'opinion qui nous
disent quand même depuis quelques années que si on demandait le
mandat de négocier, je ne sais pas quoi, ça change un peu de
question d'une fois à l'autre, mais c'est toujours la négociation
qui veut dire pour la plupart des Québécois probablement plus de
pouvoirs pour les Québécois...
Alors, comment concilier tout ça, les sondages d'opinion, avec la
déclaration du ministre des Finances qui dit: On n'a pas le droit de
perdre lors du référendum, et la déclaration du premier
ministre et du ministre d'État à la réforme
électorale et parlementaire qui disent: S'il y avait un
référendum demain matin, on perdrait?
M. Morin (Louis-Hébert): On parle du
référendum ici ce matin, alors qu'il n'y a aucun poste du budget,
je pense, du ministère qui est consacré au
référendum. Il faudrait quand même savoir que,
techniquement, c'est une question qui n'a pas à être
soulevée ici. Cela ne veut pas dire que je ne vais pas en parler, mais
je vous mentionne...
M. Biron: Est-ce que ça relève de vous, oui ou
non?
M. Morin (Louis-Hébert): Le référendum?
M. Biron: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Non. Cela relève du
premier ministre et d'un comité du premier ministre. Il l'a dit
lui-même, il y a plusieurs mois, à l'Assemblée
nationale.
M. Rivest: Vous êtes membre du comité?
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis membre du comité,
bien sûr, cela a été déclaré
publiquement.
M. Rivest: Vous êtes encore membre?
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis encore membre.
M. Guay: ... fédéralisme renouvelé, lui.
M. Rivest: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): II faudrait bien que vous vous
entendiez là-dessus.
M. Guay: Quand est-ce qu'on va l'avoir? M. Morin
(Louis-Hébert): J'ai posé...
M. Rivest: Je préside le comité sur le
référendum dans le comté de Jean-Talon où il y a
156 personnes qui sont en marche là-dedans, ça va très
bien.
M. Guay: Cela va être beau. Qu'est-ce que le
député va proposer comme fédéralisme
renouvelé? On attend toujours de savoir ce qu'est la définition
du Parti libéral.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai posé onze questions
la semaine dernière à votre chef et je n'ai pas encore eu de
réponse adéquate.
M. Rivest: Onze questions?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, au discours...
M. Rivest: Vous me les communiquerez, je vais en parler,
peut-être qu'il ne les a pas...
M. Morin (Louis-Hébert): Je pensais que vous vous parliez
des fois.
M. Rivest: Oui, on peut essayer de voir. M. Morin
(Louis-Hébert): J'aimerais ça.
M. Biron: Je veux avoir une réponse du ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): On vous enverra une copie de mon
discours; d'ailleurs on va vous la donner tout de suite.
M. Biron: M. le Président, j'aimerais que le ministre
réponde à ma question, si c'est possible.
M. Morin (Louis-Hébert): À quoi? Je m'excuse.
M. Biron: Comment concilier...
M. Morin (Louis-Hébert): Ah oui! les sondages
d'opinion...
M. Biron: Les sondages d'opinion...
M. Morin (Louis-Hébert): ... sont de plus en plus
encourageants à cet égard, effectivement.
M. Biron: De plus en plus encourageants, et le premier ministre
et le ministre d'État à la réforme électorale et
parlementaire nous déclaraient la semaine dernière que, si le
référendum avait lieu, il serait négatif et vous nous
dites que c'est encourageant.
M. Morin (Louis-Hébert): S'il avait lieu
aujourd'hui...
M. Biron: Vous nous dites que c'est encourageant, et les autres
disent: Non, ce n'est pas encourageant, au contraire, on le perd.
M. Morin (Louis-Hébert): Ils ont dit: Si cela avait lieu
aujourd'hui. Cela veut dire qu'il n'y aurait pas eu de campagne
référendaire. Il y avait un risque, cela aurait pu donner une
réponse moins positive ou plus négative qu'on pouvait
l'espérer. Cependant, ce qu'ils ont ajouté, c'est ce que vous
oubliez, c'est que, dès qu'on aura commencé et qu'on se sera
vraiment donné le temps voulu pour l'expliquer à la population,
comme cela correspond, cette option, à deux choses qui me semblent
fondamentales, d'une part, à ce qui se dessine dans le monde
contemporain, donc c'est une formule d'avenir, et, d'autre part, à cette
volonté et à ce désir qu'ont toujours eu les
Québécois d'être maîtres chez eux... Je suis
profondément, moralement et politiquement persuadé que les
Québécois ne refuseront jamais de dire oui au Québec. J'en
suis profondément convaincu; autrement, je ne serais pas ici.
M. Biron: Est-ce que ça veut dire que l'option
souveraineté-association, telle qu'on l'a préconisée ou
charriée on l'a appelée indépendance et
séparation sera diluée davantage justement pour rejoindre
ce que le ministre vient de dire, ce que les Québécois ont
toujours réclamé pour eux? C'est historique, on n'a qu'à
regarder tous les anciens gouvernements du Québec, peu importe le parti
politique auquel ils appartenaient. Est-ce que ça veut dire qu'on va
encore diliuer la notion de souveraineté-association pour en venir
exactement en tout cas elle va se rapporter à aujourd-hui, parce
qu'il y a 90 ans il y a des choses qui n'existaient pas aux demandes
traditionnelles du Québec? Je pense en particulier aux demandes de
Daniel Johnson ou de Jean Lesage.
M. Morin (Louis-Hébert): Deux choses à cet
égard. La souveraineté-association, il est évident, d'une
part, qu'on tient au minimum, ce que les autres gouvernements ont
déjà réclamé, mais j'ajoute tout de suite que
ça n'est pas suffisant et qu'il y a davantage. Par conséquent,
c'est au moins ça, mais plus autre chose. Cela a été
décrit dans un document qui s'appelle "D'égal à
égal" dans les quatre dernières pages, c'est normalement ce qui
va être soumis au congrès du Parti québécois la
semaine prochaine.
D'autre part, je n'ai devant moi, sauf peut-être de vous, M. le
chef de l'Opposition, je pense que vous l'avez assez bien défini, mais
du côté libéral, aucune notion de ce qu'est le
fédéralisme renouvelé qu'il recommande. Il y a eu à
peu près cinq lignes dans un document publié par le chef du parti
sur le partage des pouvoirs, récemment, et depuis ce temps il nous
promet des révélations pour l'automne. On pourrait
peut-être en profiter, puisqu'on est en train de se parler amicalement,
pour demander au député de Jean-Talon, si la réflexion
profonde à cet égard se poursuit de leur côté et si
on peut toujours attendre des révélations pour l'automne.
M. Rivest: Oui.
M. Morin (Louis-Hébert): Merci.
M. Biron: M. le Président, j'avais demandé...
M. Guay: Si le chef de l'Union Nationale me le permet, je
voudrais juste faire une petite correction à ce qu'il a dit. Il a dit
que vouloir plus de pouvoirs chez nous, c'était dans la tradition de
tous les anciens gouvernements du Québec. Cela dépend
jusqu'où il remonte. Je lui signalerai le gouvernement libéral
d'Adélard Godbout qui exactement à l'inverse est un gouvernement
qui a trouvé le moyen de faire la chose invraisemblable que de faire un
transfert formel de pouvoirs par amendement à la constitution du
Québec vers Ottawa concernant l'assurance-chômage.
M. Biron: C'était un gouvernement libéral,
cela.
M. Guay: Oui, oui. Bien sûr, évidemment. M.
Biron: Ah bon! alors...
M. Morin (Louis-Hébert): M. le chef de l'Union Nationale,
ce qui me frappe dans l'histoire du Québec depuis longtemps, c'est que
chaque fois qu'il y a un gouvernement qui a reculé sur les positions
traditionnelles du Québec, ou qui ne les a pas maintenues, ou qui s'est
montré peu vigoureux, cela a toujours été un gouvernement
libéral.
M. Rivest: Vous avez servi combien de gouvernement
libéraux?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous ferai remarquer
qu'à l'époque je n'étais pas conseiller, comme certains,
du premier ministre. J'avais une
fonction administrative qui était celle d'être
sous-ministre.
M. Biron: Mais est-ce que...
M. Rivest: Mon Dieu! nous étions bien modestes, M. le
Président, j'étais très modeste. J'étais d'ailleurs
simplement votre adjoint à la commission parlementaire sur la
constitution. Je n'étais que votre adjoint.
M. Morin (Louis-Hébert): Là, on parle de...
M. Rivest: Vous me donnez une importance
démesurée.
M. Morin (Louis-Hébert): Je m'excuse, le
député de Jean-Talon est en train de se mêler dans ses
dates. Le comité parlementaire de la constitution était là
en 1966, de 1963 à 1967; à l'époque où je l'ai
connu, il était dans l'Opposition, il était secrétaire
adjoint de cette commission. Il ne faut pas mêler les...
M. Rivest: Non, ce n'est pas ce que je voulais dire.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous parle de la
période où vous étiez...
M. Rivest: Je voulais dire que j'étais simplement...
M. Morin (Louis-Hébert): ... conseiller de M. Bourassa, de
1970 à 1976.
M. Rivest: J'ai été modestement l'agent de liaison
du cabinet du premier ministre auprès de vous qui étiez
sous-ministre des relations fédérales-provinciales; à
l'époque, cela s'appelait ainsi.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non, non, ce n'était
pas le cabinet du premier ministre. Je vous ferai remarquer que c'était
le cabinet du chef de l'Opposition. Nuance!
M. Rivest: Non, je n'ai pas votre importance...
M. Guay: Le député de Jean-Talon a toutes les
raisons du monde d'être modeste.
M. Rivest: Ah! le député de Taschereau, c'est
intéressant, c'est la phrase que j'ai dite hier. Vous retournez, vous
m'écoutez.
M. Biron: La question que j'ai posée au ministre, M. le
Président, c'est: Est-ce qu'on peut s'attendre ce qu'il nous a
dit tout à l'heure, je voudrais qu'il l'explicite davantage que
son option de souveraineté-association telle qu'on l'a dite, ou
charriée, ou n'importe quoi, qui ressemblait à
l'indépendance ou à la séparation, est-ce que ce sera
encore dilué davantage c'est ma question parce que c'est lui qui
est responsable des études de ce côté jusqu'au point
de faire les revendications traditionnelles, j'ai dit de tous les gouvernements
du Québec sauf peut-être un, mais j'ai donné comme exemple
les revendications en particulier de M. Johnson et de M. Lesage?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a deux mots que vous avez
utilisés qui nous font intervenir d'abord. Vous avez dit:
souveraineté-association, indépendance ou séparation. Je
veux vous rappeler d'abord, à cet égard, que ce que nous sommes
aujourd'hui c'est le résultat d'un mouvement qui s'est appelé
à un moment donné "Mouvement souveraineté-association". La
souveraineté-association a toujours été l'objectif du
Parti québécois. Donc, cela n'a jamais changé de ce
côté.
Deuxièmement, vous dites: dilué davantage. Je me demande
en quoi le mot "davantage" est fondé puisque je ne sache pas qu'il y ait
eu dilution. Cet objectif de souveraineté-association a
été pour la première fois décrit dans un livre
écrit par M. Lévesque et qui s'appelle "L'Option Québec".
Il correspond en gros, avec les précisions qui ont été
ajoutées par la suite, à ce que nous proposons aujourd'hui. De ce
côté, il y a une continuité exemplaire. Je pense qu'on
introduit dans la souveraineté-association, dans ce que nous sommes,
certaines vues d'autres partis qui ont existé à un moment
donné, c'est bien sûr. Mais ce n'est pas l'émanation du
Mouvement souveraineté-association tel qu'il existe aujourd'hui et qui
s'exprime par le Parti québécois.
Vous savez, en substance, ce qu'est la souveraineté-association
dans le document "D'égal à égal"; c'est cela. Que
voulez-vous que je vous dise?
M. Biron: Je vais expliquer encore davantage au ministre parce
que lui nous dit souveraineté-association, le ministre des Finances nous
parle d'indépendance, beaucoup d'autres ministres... le ministre de
l'Agriculture parle souvent d'indépendance; il y a une différence
énorme entre l'indépendance, la séparation, et la
souveraineté-association. Il y a une autre différence à
l'autre bout.
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Biron: Alors, je voudrais savoir justement ce qu'est cette
différence. Comment peut-il définir son option clairement ou
s'il... Dans le sens de dilué, je dis tout simplement: Est-ce qu'on va y
avoir tellement d'associations de toutes sortes de choses que, finalement, les
Québécois pourront quand même dire: Je continue à
avoir mon passeport canadien, un peu comme la question qui avait
été posée au premier ministre...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, oui.
M. Biron:... qui a répondu: Oui, on va pouvoir continuer
à demeurer citoyens canadiens en étant citoyens du Québec.
C'est dilué pas mal; c'était à l'époque du trait
d'union. Vous vous souvenez de cela?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
Le Président (M. Laplante): Une dernière
réponse parce qu'il nous reste quatre minutes pour l'adoption des
crédits.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, cela va être bref, et
c'est de valeur parce que c'est une question intéressante.
Souveraineté veut dire que tous les pouvoirs d'un gouvernement
c'est écrit dans "D'égal à égal"
appartiennent au gouvernement du Québec, sans exception. D'accord?
L'association signifie que nous acceptons et nous l'avons
précisé dans le document qu'un certain nombre de ces
pouvoirs soient exercés en commun avec l'autre État, qui est, en
l'occurrence, le reste du Canada.
Alors il peut y avoir plus ou moins d'association, selon les besoins et
les intérêts des deux parties en présence. Il n'est pas
question de dilution, même si l'association peut être
considérable dans certains cas. Par exemple, nous sommes tout à
fait disposés à une association monétaire, comme c'est en
train de se produire en Europe, douanière, on l'a dit cela aussi. Il n'y
a aucune dilution de ce côté, la souveraineté demeurant
quand même au point de départ la récupération par le
Québec de tous les pouvoirs d'un vrai gouvernement et d'un complet
gouvernement, l'association étant cette partie de cette
souveraineté que nous acceptons d'un commun accord de mettre en commun
et que géreront des institutions communes où nous serons à
parité avec les autres.
M. Biron: La dernière partie de ma question...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela étant dit, l'objectif
dans le monde interdépendant dans lequel on vit, c'est que nous les
Québécois puissions, tout en étant maîtres chez
nous, déterminer nous-mêmes les conditions de notre
interdépendance plutôt que de les laisser à d'autres. C'est
cela en gros, en substance.
M. Biron: La dernière partie de ma question disait: Est-ce
que vous croyez qu'on va aller plus loin que le premier ministre a
déjà dit en Chambre, il y a à peu près un an ou six
mois, qu'on pourrait même être citoyens canadiens, avoir notre
passeport canadien, en plus d'avoir notre passeport québécois?
Est-ce que cela peut aller aussi loin que cela?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce que le premier ministre a dit
je n'ai pas son texte devant moi était que, dans le
domaine des passeports, parce qu'on regarde les expériences qui se
passent ailleurs, il va peut-être y avoir un passeport européen.
C'est d'ailleurs l'ancien premier ministre du Québec qui me signalait
cela dans une conversation amicale, il n'y a pas tellement longtemps, à
l'issue de la campagne du financement du Parti québécois dans
Louis-Hébert, qui a été un franc succès, en
passant, pas parce qu'il était là, et d'ailleurs il
n'était pas à la campagne de financement, je l'ai vu
après. Il y a des expériences et des nouveautés qui se
passent de ce côté qui sont assez extraordinairement
intéressantes et qui peuvent très bien laisser présumer
que, sur ce plan, il peut y avoir des accords avec d'autres. C'est beaucoup
plus dynamique qu'on peut le penser.
M. Rivest: Sur cela, une très courte question.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, une très
courte.
M. Rivest: Qu'est-ce qui est négociable?
M. Morin (Louis-Hébert): Parce qu'il faudrait bien adopter
le budget.
M, Rivest: On vient de finir l'introduction, M. le
Président, on va aborder les crédits.
Après cette courte introduction, juste une très courte
question. Qu'est-ce qui est négociable? La souveraineté telle que
définie d'une façon sereine par le ministre ou bien l'association
telle qu'il l'a exprimée? Laquelle des deux? Est-ce que l'ensemble est
négociable ou s'il y a simplement un... La souveraineté, est-ce
que c'est négociable, oui ou non?
M. Morin (Louis-Hébert): Qu'est-ce qui est
négociable, parce qu'il ne faut pas poser un faux problème,
ontologique et théorique, j'entends souvent cette question. Les
conditions de la souveraineté dans l'époque moderne ne sont pas
les mêmes que celles qui existaient au XIXe siècle, au XlVe
siècle ou celles qui existeront au XXIIIe siècle. Nous nous
orientons vers l'avenir et nous tenons compte autant que possible de la
dynamique dans laquelle nous nous situons et nous nous situerons. En
conséquence de quoi, ce qui est négociable, c'est cette
interdépendance en divers domaines qui peut exister entre le
Québec et le Canada, parce que nous n'avons jamais à aucun
moment, je pense qu'il faudrait quand même le savoir,
considéré que le Canada est un ennemi.
Je tiens à être très clair là-dessus, le
Canada n'est pas un ennemi. Le système fédéral est un
système à remplacer par quelque chose qui va tenir davantage
compte au Canada de l'existence de deux communautés ou
sociétés qui existent, ou deux nations, si on veut, et que
viennent de confirmer d'ailleurs les dernières élections
fédérales, c'est tellement visible à l'oeil nu qu'on n'a
même pas besoin d'en parler, c'est ce qui ressort de toute la presse
anglophone. Il s'agit d'ajuster ces deux sociétés.
C'était le souci de Daniel Johnson, de l'Union Nationale,
à son époque. Il y a eu une contribution extraordinairement utile
pour faire avancer le débat. Il y en a d'autres qui, depuis ce temps,
essaient de bloquer l'avenir, mais je pense que nous sommes en train de nous
ouvrir vers l'avenir et je ne vois pas comment, à mon avis, les
Québécois, dans cette perspective, peuvent refuser de prendre en
charge leur avenir, eux qui ont
toujours voulu le faire et qui l'ont exprimé à des moments
déterminés de notre histoire, avec les moyens et les mots de
l'époque.
La souveraineté-association, l'expression que nous utilisons
maintenant, c'est la cristallisation en deux mots de ce que sera, à mon
avis, le genre de relations dynamiques et amicales qui existeront entre les
deux sociétés au Canada, et c'est ce que nous recherchons.
M. Rivest: Ce qui est négociable, c'est
l'interdépendance, et l'autre n'est pas négociable?
Le Président (M. Laplante): On va arrêter l'horloge
à 12 h 30.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je ne
voudrais pas que le député de Jean-Talon, selon son habitude,
interprète ce que j'ai dit.
M. Rivest: Vous avez insisté pour dire que ce qui
était négociable, c'était la dimension
interdépendance que vous avez évoquée, etc. Très
bien.
Cela voulait dire que l'autre partie, la souveraineté,
c'est-à-dire la récupération de tous les pouvoirs
législatifs et fiscaux...
Le Président (M. Laplante): D'accord, c'est un sujet
très intéressant, mais le temps permis est
déterminé, M. le ministre. (12 h 30)
M. Rivest: Ce n'est pas négociable?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous laisse vos
déclarations et, à mesure que le temps passera, dans les
prochaines semaines, on verra beaucoup plus clairement un certain nombre de
choses.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on adopte le
programme 1, avec ses éléments?
M. Biron: On est en train de se demander, M. le Président,
si on ne demandera pas un vote enregistré?
M. Rivest: Est-ce qu'on peut demander le vote?
Le Président (M. Laplante): Non, il n'y a pas de vote. Le
programme 1 est adopté avec ses deux éléments.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, tout est adopté.
M. Rivest: Un instant, M. le Président.
M. Biron: Adopté.
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Adoption des programmes
Le Président (M. Laplante): Si vous ne l'adoptez pas, j'ai
seulement à ajourner. Le programme 1 est adopté. Programme 2,
adopté. Programme 3? Il a déjà été
adopté. Programme 4, adopté.
Je prierais le rapporteur de faire rapport à l'Assemblée
nationale que le budget 1979/80 des Affaires intergouvernementales a
été adopté et sur ce, les travaux sont ajournés
sine die.
(Fin de la séance à 12 h 31)