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Etude des crédits du ministère des
Affaires intergouvernementales
(Onze heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Lacoste): La commission permanente des
affaires intergouvernementales est réunie pour étudier les
crédits budgétaires 1980-1981 du ministère des Affaires
intergouvernementales.
Les membres de cette commission, pour la séance d'aujourd'hui,
sont: MM. Bertrand (Vanier), Charbonneau (Verchères), de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), Forget (Saint-Laurent), Godin (Mercier), Guay (Taschereau),
Le Moignan (Gaspé), Rivest (Jean-Talon) remplace M. Lévesque
(Bonaventure), M. Morin (Louis-Hébert).
Les intervenants sont: MM. Fontaine (Nicolet-Yamaska), Gosselin
(Sherbrooke), Mme LeBlanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine), MM. Perron
(Duplessis), Proulx (Saint-Jean), Rancourt (Saint-François), Samson
(Rouyn-Noranda), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Il y a maintenant lieu de nommer un rapporteur. Le député
de Verchères sera donc rapporteur.
M. le ministre, vos commentaires généraux.
Remarques préliminaires M. Claude Morin
M. Morin (Louis-Hébert): Merci, M. le Président. Je
voudrais d'abord commencer un peu techniquement, en mentionnant que vous avez
reçu, il y a déjà quelque temps d'ailleurs, un document
intitulé "Budget, analyse des crédits, 1980-1981,
ministère des Affaires intergouvernementales". Si j'en parle, c'est
surtout pour signaler qu'à la demande que vous aviez faite... Je ne sais
pas si c'est l'an dernier ou à d'autres moments, toujours est-il
qu'à la demande que vous aviez faite, nous avons accédé
aisément en vous fournissant une série d'annexes que vous
trouverez dans le cahier, à partir de la mention annexes, bien
sûr, sur tous les sujets qui vous avaient intéressés, mais
aussi sur d'autres sujets à propos desquels, je pense, vous n'aviez pas
posé de questions.
S'il y a d'autres documents que vous voulez recevoir en cours de route,
il suffira de les demander; ça nous fera plaisir de vous les fournir,
comme on l'a fait les années antérieures.
J'ai aussi déposé en Chambre le rapport annuel du
ministère. Je veux mentionner qu'il y a un progrès quant à
la célérité du dépôt de ce rapport. Les
autres années, on était, je pense, deux ou trois mois en retard;
l'autre année, un mois, un mois et demi; l'année passé,
à peu près un mois et, cette année, nous sommes en retard,
mais moins. Cela veut dire que d'ici quelques années, ça va finir
par arriver à temps. C'est encourageant de ce côté; c'est
une excellente administration que nous avons chez nous.
Deuxièmement, j'ai relu rapidement ce que j'ai dit les autres
années à ces débats concernant les crédits et j'en
suis arrivé à la conclusion que je disais toujours la même
chose. Par conséquent, je ne recommencerai pas. Je peux résumer
ce que j'ai dit l'année passée, j'ai parlé du rôle
du ministère comme concepteui de politiques et aussi comme coordonnateur
de politiques et j'ai parlé du volet fédéral-provincial,
c'est-à-dire canadien et interprovincial aussi, de même que du
volet international du ministère et, bien sûr, du volet
administratif.
Je ne reprends pas ce que j'ai dit l'an dernier, parce que je pense que
cela m'ennuierait de le faire et que cela vous ennuierait de me
réentendre.
Je ne veux pas parler très longtemps. Tantôt, j'imagine que
vous allez poser des questions et, comme j'ai un droit de réplique, je
m'en servirai. Bien sûr, depuis que nous nous sommes vus la
dernière fois, il y a deux événements qui se sont
produits. D'une part, une année entière s'est
écoulée. Cela était inévitable. Donc, il y a
peut-être des événements nouveaux auxquels vous voudriez
faire allusion en cours de route, et il y a un événement en
particulier qui lui aussi s'est passé, c'est le
référendum.
Nous avons posé une question, nous avons reçu une
réponse et il y a eu, bien sûr, toutes sortes d'analyses en ce qui
concerne le sens de la réponse. Il y a une chose qui m'a frappé
depuis hier je la mentionne comme cela au cas où vous manqueriez
de sujets de discussion, cela serait peut-être utile de s'y arrêter
un peu c'est l'interprétation divergente qui est donnée au
sens du référendum par certains tenants du non et notamment par
le plus important tenant du non, le non en chef, qui a déclaré
qu'à toutes fins utiles, le problème québécois
était réglé pour le reste de l'éternité et
même quelques années après. On aura peut-être moyen
de revenir à cette question en cours de route. Cela peut être
utile de se familiariser avec l'interprétation qui est donnée du
côté ouest de la rivière Outaouais. (11 h 30)
II y a un autre événement plus récent qui vient
d'arriver, dont on parle tous les jours à la période des
questions et qui est la conférence de lundi dernier et la reprise des
pourparlers constitutionnels, réunion au cours de laquelle il y a eu
entente. On ne peut pas le nier, il y a eu entente sur le fait qu'il y aura
d'autres réunions. De ce côté-là, il n'y a pas de
dispute. Mais il n'y a pas eu entente je pense que cela a
été mentionné par le premier ministre sur les
sujets qui ont été mis à l'ordre du jour. Et c'est cela
qui, au cours de l'été pourra se manifester du côté
positif ou du côté négatif.
Il n'y a pas tellement non plus de substance nouvelle qui a
été ajoutée à la liste des sujets. Ce matin, j'ai
vu encore qu'on en parlait à l'Assemblée nationale. Je ne reviens
pas là-dessus. Je ne veux pas enlever non plus tous les sujets de
questions au chef de l'Opposition. Il ne faudrait pas vider tout le sujet
ici.
Je tiens quand même à mentionner que non seulement il n'y a
pas eu tellement de nouveau dans
les propositions avancées, mais que, comme je l'ai
mentionné tantôt, M. Trudeau a nié l'existence, à
toutes fins utiles, de deux peuples, deux sociétés, deux
communautés nationales, deux nations, ce qui, bien sûr, va
à rencontre de la politique et des tendances politiques partagées
par tous les partis qui se sont succédé au pouvoir au
Québec. J'imagine que cela va aussi à l'encontre des tendances
manifestées par les partis de l'Opposition, ici même, parce que,
à moins que je ne m'abuse, il n'y a personne qui est en désaccord
avec l'idée qu'il existe, au Canada, deux collectivités
nationales. Autrement, ce serait une nouveauté et, si tel devait
être le cas, je serais heureux d'apprendre, peut-être pas heureux,
mais je serais anxieux de l'apprendre le plus rapidement possible pour que ma
compréhension de la dynamique électorale et politique au
Québec soit mise à jour.
Je voudrais terminer ce que j'ai à dire, parce que ce ne sera pas
long au point de départ je parle toujours de la conférence
de lundi sur la ligne de conduite que nous nous sommes tracée,
nous, comme gouvernement, et qui tient d'abord au fait que je pense que
cela va devenir de plus en plus évident, même si cela a
commencé à l'être nous allons discuter et
négocier de bonne foi. Nous allons le faire aussi de façon tout
à fait ouverte et rien de ce que nous dirons, rien non plus de ce que
les autres diront, sauf lorsqu'il s'agira de respecter certaines courtoisies,
bien sûr, ne sera caché au public. Nous avons, comme point de
départ, établi qu'il était essentiel que la population
québécoise, si cela l'intéresse je ne pense pas que
cela la passionne quotidiennement, mais, en tout cas, si cela
l'intéresse puisse avoir la possibilité de suivre ces
débats et nous avons pris l'engagement, dont nous avons
déjà fait part aux autres gouvernements et que je vais
répéter aux réunions de ministres qui auront lieu
bientôt, de renseigner notre population et, du même coup, la
population du reste du Canada.
Troisième élément, c'est qu'il y a des aroits et
des intérêts du Québec. Ces droits et ces
intérêts du Québec, nous avons, comme cela a
été le cas dans le passé d'ailleurs, décidé,
de façon absolument ferme, de les défendre et de les promouvoir,
en tenant compte, bien sûr, du fait qu'au cours des années il peut
y avoir des ajustements nécessaires dans les prises de position dites
traditionnelles des gouvernements qui se sont succédé.
Nous sommes tout à fait ouverts à cela. D'ailleurs, cela a
été mentionné aussi par le premier ministre à
l'Assemblée nationale. Je vais arrêter là ma petite
introduction. J'imagine que je pourrai revenir tantôt à des
considérations supplémentaires, consécutives à des
questions ou à des réflexions qui sont susceptibles d'intervenir
du côté des représentants de l'Opposition qui sont ici
présents.
M. le Président, pour l'instant, j'arrête, comprenant bien
que j'ai le droit de revenir tantôt, au cas où il
s'avérerait nécessaire que je rétablisse certains faits ou
que j'apporte des suppléments d'information.
Le Président (M. Lacoste): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: Merci, M. le Président. Nous abordons, ce
matin, l'étude des crédits à un moment qui suit de si
près le référendum et à un moment où il est
tellement évident que la réflexion du côté
gouvernemental est loin d'être terminée pour juger utile
d'engager, ce matin, un débat sur les grandes orientations
constitutionnelles ou les étapes envisagées dans la poursuite de
ce deuxième objectif du gouvernement actuel. Donc, nous avons
l'intention de faire porter nos questions essentiellement sur ce qui est
directement pertinent à l'étude des crédits, ne voulant
pas d'autant plus anticiper le travail que le premier ministre, dans sa
réponse d'hier, a laissé entrevoir pour cette commission
parlementaire au cours de l'été, alors que nous serons
vraisemblablement appelés à nous réunir à nouveau
pour examiner l'état des travaux envisagés à la
conférence constitutionnelle qui a été amorcée
lundi dernier.
Cependant, avant d'en venir à parler du présent et du
futur, il serait peut-être utile de liquider un peu le passé et de
savoir ce que le ministre a l'intention de faire relativement aux demandes
répétées que nous avons formulées à
l'Assemblée nationale, surtout maintenant que l'échéance
référendaire est derrière nous, pour que les dossiers, les
études-synthèses qui avaient été
préparés dans cette optique particulière du débat
référendaire, mais qui portaient essentiellement sur le
fonctionnement du régime fédéral actuel, soient mis
à la disposition des membres de l'Assemblée nationale.
Les prétextes utilisés jusqu'à maintenant
étaient assez transparents, si je puis dire, par leur obscurité
même. L'intention était transparente, même si les excuses
étaient plutôt obscures. L'intention était de ne pas donner
des instruments aux Oppositions dans le débat
préréférendaire, puisqu'on pouvait s'attendre qu'il y ait
au moins un certain nombre de bons points qui soient portés au
crédit du régime fédéral actuel dans les
études-synthèses. On a prétexté que ces
études étaient trop techniques, trop compliquées, trop
difficiles à lire pour pouvoir intéresser les parlementaires ou
pour qu'ils soient même capables de les comprendre, les eût-on
mises à leur disposition. Ce sont des excuses qui, évidemment,
avaient l'immense mérite d'éviter de parler du sujet principal,
à savoir de l'opportunité de conserver sous le sceau du secret
des études qui sont faites dont une a été,
d'ailleurs, publiée par nos bons offices parce qu'elle est venue, par
hasard, entre nos mains et que nous savons, par ailleurs, exister.
Puisque l'ordre du jour des prochaines semaines, c'est
précisément de négocier de nouveaux arrangements dans le
cadre du fédéralisme, il serait peut-être plus opportun que
jamais de mettre à la disposition des membres de l'Assem-
blée nationale ces analyses qui sont fort intéressantes
dans certains cas et qui pourraient nous aider à comprendre le
cheminement de la conférence constitutionnelle et à comprendre
également le contexte dans lequel on doit lire les propositions qui
seront peut-être faites un jour par le Québec à cette
conférence constitutionnelle ou, au moins, les réponses que le
Québec apportera aux propositions faites par d'autres.
Il me semble que c'est un contentieux, pour employer un mot qui est bien
connu au ministère des Affaires intergouvernementales, je pense,
à liquider. C'est une des conséquences à tirer du vote du
20 mai que de mettre tout le monde sur un pied d'égalité et ceci,
d'autant plus qu'il semble que le premier ministre souhaite nous voir adopter,
au cours des prochaines semaines, une démarche convergente, qu'il
souhaite susciter un consensus. Il serait très difficile d'imaginer un
consensus si on ne part pas d'éléments communs et si le
gouvernement insistait pour se réserver la primeur de certaines
informations. Il devient assez problématique, à ce
moment-là, d'envisager de travailler ensemble et de se mettre d'accord
sur quoi que ce soit, puisqu'on ne saura jamais, parmi les informations
disponibles au gouvernement, celles qu'il a choisi de rendre publiques et
celles qu'il a choisi de garder pour lui-même.
Il me semble que cela découle directement des promesses faites
par le premier ministre de tout dévoiler. Je ne sais pas si, en disant
cela, il s'intéressait particulièrement à la position du
gouvernement fédéral ou aux propositions qui lui sont faites par
d'autres ou si cela s'appliquait également à ses propres
dossiers. Si cela ne s'applique pas à ses propres dossiers, je pense
bien qu'il s'agit là d'une annonce de transparence pour les autres
beaucoup plus que pour lui-même et cela n'aura pas beaucoup de
signification.
Alors, c'est mon seul point à ce moment-ci, M. le
Président. Avant de se mettre à l'étude
détaillée des différents programmes du ministère
sur lesquels, évidemment, nous avons des questions appropriées,
il me semble que nous devrions savoir si le ministre est prêt à
faire maison nette en quelque sorte et à nous mettre au parfum de ces
études et de ces analyses qu'il nous a si soigneusement cachées
jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Lacoste): Merci, M. le
député de Saint-Laurent. M. le député de
Gaspé.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: Merci M. le Président. Je voudrais en
profiter pour faire certaines remarques préliminaires, quitte à
garder des questions de détails pour le moment où nous aborderons
l'étude plus approfondie des crédits du ministère.
Mais j'ai noté en passant qu'on va dépenser environ $46
000 000 cette année pour le ministère des Affaires
intergouvernementales et que les affaires internationales représentent
76% du budget total du ministère alors que ce qu'on appelle aussi les
affaires canadiennes représentent 8,1% du budget total.
Je comprends que, si on a mis l'accent
délibérément, j'imagine, au niveau des affaires
internationales compte tenu, je pense, des événements que nous
venons de vivre, soit le référendum, la conférence
constitutionnelle fédérale-provinciale, le ministre devra
concentrer le gros de ses énergies, d'ici aux prochaines
élections générales, à une remise à jour de
ce qu'il est convenu d'appeler depuis le 25 novembre 1976 les affaires
canadiennes.
Je ne veux pas minimiser l'importance de tous les secteurs
d'activités du ministère des Affaires intergouvernementales, mais
je voudrais m'arrêter à quelques points précis concernant
la ronde de négociations qui s'amorcera bientôt entre Ottawa et
les provinces sur la révision constitutionnelle ainsi qu'une suggestion
que je faisais au soir du 20 mai et que le gouvernement a bien voulu accepter
hier, je veux dire la tenue d'une commission parlementaire qui serait ouverte
au public et aux partis d'opposition, à tous les partis qui sont
représentés à l'Assemblée nationale, pour tenter de
dégager un consensus national je reviens sur cette idée
déjà émise avant sur le plus grand nombre de points
possible avant la tenue de la conférence des premiers ministres à
Winnipeg vers le 20, 22 août de cet été. Tant au niveau des
discussions constitutionnelles elles-mêmes entre Ottawa et les provinces
qu'au niveau de la commission parlementaire je pense que c'est ce qui
m'intéresse le plus en ce moment la chose essentielle pour un bon
déroulement des négociations c'est, je crois, que le
ministère des Affaires culturelles du Québec, fidèle
à la tradition du passé, aura à ces conférences
tellement importantes un véritable rôle de leadership.
J'aimerais bien, ce matin, que le ministre, au nom du gouvernement, nous
donne si possible un peu plus d'éclairage, un peu plus d'explications
sur la manière dont il envisage sa participation aux discussions qui
vont débuter déjà la semaine prochaine, je crois, et
comment il entend, personnellement, associer les partis d'opposition et le
public aux discussions que nous aurons sur le renouvellement du
fédéralisme canadien. Je pense qu'il y a plusieurs questions qui
devront faire l'objet d'une analyse sérieuse et je dirais aussi la plus
objective possible ici même, à l'Assemblée nationale, de
manière que le reste du Canada comprenne les positions du gouvernement
du Québec. Je sais que ce n'est peut-être pas facile pour
l'ensemble du Canada, mais je crois que c'est à nous ici d'abord, entre
Québécois, de nous entendre, de définir clairement nos
positions, de telle sorte que lors de ces conférences le gouvernement du
Québec, qui est le mandataire de la volonté du peuple et surtout
des représentants de l'Assemblée nationale, puisse les exprimer
de façon claire et nette après que nous ayons envisagé ici
les principaux aspects de cette réforme.
Si on a demandé une commission parlementaire, on rejoint d'abord
une suggestion qui avait été faite déjà en janvier
1979 par le député de Mégantic-Compton, de
l'époque, M. Fernand Grenier, et qui donnait les raisons, je pense, qui
sont
exactement encore les mêmes que l'on peut reprendre aujourd'hui.
(11 h 45)
II disait: "si le gouvernement est sérieux et s'il entend jouer
son rôle de seul gouvernement provincial représentant une
majorité francophone au Canada un aspect qui semble mis en doute
dans le moment, j'aurai à y revenir plus tard il est dans
l'intérêt des Québécois, ceci indépendamment
de la tenue du résultat du référendum à venir."
Cela fait déjà presque un an et demi que cette suggestion avait
été faite par le député de Mégantic-Compton
à l'époque. "Il est dans l'intérêt des
Québécois d'accepter la suggestion que nous lui faisons
aujourd'hui, rechercher et obtenir, sur le plus grand nombre de points
possible, un consensus de tous les partis politiques représentés
à l'Assemblée nationale." Je crois que ceci est tellement
important que si on veut, pour une fois, que nos négociations
débouchent sur quelque chose de vraiment positif, les prises de position
du gouvernement ici, le consensus, si possible, de tous les
représentants de tous les partis politiques, pèseront
certainement très lourd dans cette balance.
Deuxièmement, à la suite du référendum et
surtout à la réunion de lundi de cette semaine à Ottawa,
il est devenu de plus en plus évident qu'au cours des discussions
constitutionnelles, il y a deux conceptions du fédéralisme qui
vont s'affronter. Cela, on ne peut pas se le cacher, ce n'est pas utile de
faire l'autruche, ce n'est pas utile de jouer sur les mots. Il y a une
première conception, on le sent, on l'a vu hier, on le voit dans les
journaux d'aujourd'hui, qu'on pourrait qualifier de centralisatrice, celle qui
est défendue par le gouvernement fédéral, tel qu'en fait
foi la déclaration de principe proposée par le premier ministre
Trudeau lui-même.
Ensuite, il y a une conception qui est beaucoup plus
décentralisée du fédéralisme canadien, qui est
préconisée par tous les partis politiques qui oeuvrent ici sur la
scène québécoise, et qui tire sa raison d'être,
essentiellement, d'une prise de conscience que le Québec constitue, en
soi, une société distincte à l'intérieur du Canada
et qu'à ce titre, elle a besoin de certains pouvoirs, elle a besoin
aussi de certaines ressources nécessaires pour réussir à
affirmer son identité qui lui est propre.
Je pense qu'aucun parti politique ne peut se défiler de ses
obligations, obligations qui incombent à tous les partis. Il devient de
plus en plus évident, depuis lundi dernier, que le gouvernement
fédéral entend tout faire pour convaincre la population
canadienne et en particulier les Québécois, que sa conception
à lui du fédéralisme canadien est la seule capable
d'assurer l'unité du pays. On regarde les journaux de ce matin; pour
Trudeau une seule nation. Dans la Presse: Aux propos de Lévesque sur les
"deux nations" Trudeau réplique qu'il n'y a qu'un peuple au Canada.
Je pense qu'une commission devra se pencher, faire l'analyse de ces
déclarations et manifester, oui ou non, notre consentement, au
désir exprimé par le premier ministre du Canada. On n'est
peut-être pas ici ce matin pour critiquer le premier ministre, mais on
voit déjà que nous aurons à parler de certains principes
sur la façon dont s'orientent les discussions qui auront lieu au cours
de l'été. Cette déclaration que le premier ministre
Trudeau tenait à la Chambre des communes, en réponse à M.
Joe Clark et à Roch LaSalle, et à d'autres députés
peut-être également, voulant qu'en disant non au
référendum, les Québécois ont dit non
majoritairement au concept de deux peuples fondateurs du Canada, je pense que
c'est très grave, très sérieux. Il n'y a pas un parti
politique, quand on regarde les documents qui ont été
publiés dans le passé, qui est d'accord sur la conception que M.
Trudeau se fait actuellement de l'issue du référendum. Même
s'ils ont dit non à 60% au référendum, je ne compte pas
que les Québécois ont abdiqué pour autant leur droit
à former ici un peuple autonome, avec tout ce que ceci peut comporter
pour l'avenir du Québec. Si M. Trudeau interprète les 60% comme
la volonté des Québécois de dire qu'il n'y a qu'un seul
peuple dorénavant au Canada, il n'y a plus rien à comprendre du
rôle que nous nous faisons d'un renouvellement d'un véritable
fédéralisme.
Face à cette offensive du gouvernement fédéral en
faveur d'une conception d'un fédéralisme canadien qui ne concorde
pas avec la position traditionnelle du Québec, face à l'ensemble
de la révision constitutionnelle qui s'annonce, il est plus important,
je crois, et plus que jamais, que nous, les représentants élus de
la population québécoise, nous fassions l'unité par le
biais d'une déclaration de principe; que tous les partis politiques du
Québec reconnaissent deux principes qui font l'unanimité parmi
nous depuis belle lurette.
Quels sont ces deux principes, M. le Président?
Premièrement, le Québec constitue une communauté distincte
à l'intérieur du Canada, tant au point de vue culturel qu'au
point de vue linguistique, et en même temps, le Québec est le
foyer principal de l'un des deux peuples fondateurs. C'est la doctrine de
l'Union Nationale, manifestée clairement par Daniel Johnson lors des
rencontres fédérales-provinciales de l'époque. Et je crois
que tous les autres partis politiques ont parlé dans le même sens.
Ceci est fondamental. Si le Québec cesse d'être le foyer principal
de lutte des deux peuples fondateurs, tel que semble l'indiquer le premier
ministre Trudeau à l'heure actuelle, le Québec aura à
livrer une chaude bataille pour la reconnaissance de ses droits.
Deuxièmement, il y a un principe qui a été admis
ici, que les Québécois sont libres de choisir eux-mêmes,
sans ingérence de l'extérieur, leur statut constitutionnel. Quand
j'ai parlé à l'Assemblée nationale le 4 mars, j'avais
indiqué un principe qui va toujours demeurer vrai. Je me permets d'en
citer quelques lignes. "Rares sont les pays au monde, rares sont les
régimes politiques qui offrent aux leurs une si grande liberté
d'action. Oui, nous sommes libres de choisir notre avenir. Le débat
d'aujourd'hui, la campagne référendaire, le scrutin
référendaire en
sont tous l'expression la plus vivante, l'expression la plus
complète. "Le droit à l'autodétermination,
c'est-à-dire le droit de choisir son avenir librement et sans influence
extérieure, non seulement nous l'avons, mais encore nous
l'exerçons et j'ose dire qu'il est juste et bon qu'il en soit
ainsi."
Je rappelais à ce moment-là une motion de l'Union
nationale présentée le 4 mars 1978 et qui avait été
adoptée presque à l'unanimité, où les membres de
l'Assemblée réitéraient sans équivoque que seuls
les Québécois sont habilités à décider de
leur avenir constitutionnel.
Je crois que nous n'avons pas changé d'idée depuis 1978,
depuis le mois de mars 1980, même si on remonte jusqu'aux années
de Duplessis, de Johnson, en passant par Lesage et tous les autres.
On va confier à cette commission parlementaire qui va
siéger dans les premières semaines du mois d'août, je
crois, le mandat d'analyser chacun des douze points qui font partie de la liste
adoptée. On sait que dans cette liste, il y a beaucoup de
réchauffé. Il y a des choses que nous connaissions
déjà. Il y a eu une ou deux additions peut-être. Il y a
beaucoup d'autres points qu'on pourrait peut-être encore ajouter.
Mais je crois qu'avant tout cela, il est dans l'intérêt des
Québécois que le gouvernement nous dépose une
déclaration de principe claire et sans équivoque qui va faire
l'objet d'une étude approfondie au moment où se réunira
cette commission parlementaire. Je crois que nous devrons nous entendre d'abord
sur la conception du fédéralisme canadien que nous
désirons défendre avant d'aborder l'étude de points
précis.
J'imagine que c'est un peu comme un projet de loi, avant d'entrer dans
l'étutde article par article, il faut s'entendre d'abord sur le principe
de la loi. Si on s'entend sur les principes, ensuite, c'est très facile
d'entrer dans les détails et, devant la réforme constitutionnelle
que nous désirons, que nous préconisons, il faudra s'entendre au
moins sur les grands principes afin qu'il y ait unanimité entre le
Québec et aussi le gouvernement du Canada.
J'aimerais bien qu'en cours de route, aussi, le premier ministre nous
dise clairement...
M. Morin (Louis-Hébert): Le premier ministre!
M. Le Moignan: Non, mais cela viendra plus tard, parce que le
ministre des Affaires intergouvernementales va voir le premier ministre, non
pas ce matin, non pas à cette commission-ci...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, ce midi, je vais le
voir.
M. Le Moignan: Comme on l'a suggéré cette semaine,
il faudra que le premier ministre et les autres ministres s'entendent sur ces
questions de principe.
Toujours pour revenir à cette commission parlementaire, à
la question que j'ai posée, je voudrais que le gouvernement nous
fournisse en temps et lieu une liste des points qui feront l'objet des
propositions que le gouvernement du Québec entend présenter lors
des différentes conférences qui se tiendront à divers
niveaux dans les semaines à venir. Ce que je voudrais aussi c'est
qu'à la suite du document déposé en janvier ou
février 1979 le gouvernement nous donne aussi les points les plus
précis sur la révision constitutionnelle complète.
M. le Président, je ne veux pas prolonger trop longtemps le
débat, mais le point le plus important, c'est qu'on s'entende sur les
grands principes qui font que le Québec n'est pas une province comme les
autres provinces, que le Québec a le droit de décider de son
avenir, de son autodétermination. Et si les grands principes ne font pas
d'abord la base de l'unité, je crois qu'à ce moment-là ce
sera passablement compliqué de nous entendre. Un texte m'a frappé
ce matin du Livre des Rois. Je vous le laisse en guise de conclusion. Ce n'est
pas si bête. C'est qu'il y a une réunion de prêtres de Baal
et le prophète Elie s'y rend et leur pose une question. Il dit: "Combien
de temps plierez-vous les genoux des deux côtés? Si c'est le
Seigneur qui est Dieu, suivez le Seigneur, si c'est Baal, suivez Baal." Je
crois que, pour nous du Québec, il faudra suivre les grands principes,
les intérêts qui guident le peuple québécois, mais,
d'un autre côté, dans un même respect également, si
on veut le maintien d'un fédéralisme, si on veut un nouveau
fédéralisme, il faudra qu'on respecte aussi les grands principes
qui devront régir ce fédéralisme, que ce soit dans le
partage des pouvoirs, dans le partage des ressources fiscales. En pensant
à ceci, cela nous indique que le Québec a d'abord, comme
province, des droits sacrés à sauvegarder et c'est notre
intention d'inviter le gouvernement du Québec à ne pas capituler
sur les grands points qui font de nous une société distincte et
qui, en même temps, vont permettre aux Québécois,
même en continuant de vivre dans un fédéralisme
renouvelé, de s'affirmer comme peuple tout à fait distinct. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Verchères, ensuite M. le ministre.
M. Guay: ... Trudeau.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Rapidement, M. le Président. En fait,
c'est seulement une question que je voulais poser au ministre. Je pense que ce
ne sera pas très long. Je voudrais savoir s'il serait en mesure,
aujourd'hui, de nous éclairer sur les événements qui ont
entouré la visite du président du Mexique au Canada, les
démarches que son ministère avait faites pour recevoir le
président du Mexique ainsi que les conséquences que ces
démarches ont apportées, telles que rapportées
récemment par différents media d'information. Ces media faisaient
état de démarches que le ministère des Affaires
intergouvernementales du
Québec avait faites; plusieurs démarches. Je pense qu'il
serait peut-être important de situer ces événements dans
une perspective, pour qu'on puisse comprendre ce qui est survenu. Pour le
reste, je dois dire que je suis d'accord avec le député de
Gaspé; la seule chose, c'est que, contrairement au ministre, je ne suis
pas convaincu encore que nos vis-à-vis d'en face de l'Opposition
officielle partagent les vues de leurs alliés du camp du non. (12
heures)
On aimerait bien savoir assez rapidement si, oui ou non, ils croient
à cela, l'égalité des peuples, s'ils croient à
cela, l'existence de deux nations, s'ils croient à cela,
l'autodétermination, et s'ils sont prêts à affirmer ces
principes, tout haut.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre. M. Claude
Morin
M. Morin (Louis-Hébert): Merci, M. le Président. Je
vais d'abord, très rapidement, répondre à quelques
questions de fait et auxquelles on pourra revenir, j'imagine, dans
l'étude des crédits, et ensuite, je voudrais relever deux ou
trois propos qui ont été mentionnés par les
représentants de l'Opposition.
Pour les questions de fait, en ce qui concerne la visite du
président du Mexique, j'imagine qu'on pourra y revenir quand on parlera
de la partie internationale du ministère. Deuxièmement, à
propos de la partie internationale du ministère, comparativement
à la partie canadienne, je voudrais préciser au chef de l'Union
Nationale que l'apparente, l'énorme différence de crédits
consacrés, d'une part, aux affaires internationales par rapport aux
affaires canadiennes tient essentiellement au fait que les relations
internationales sont centralisées dans le ministère des Affaires
intergouvernementales, alors que les relations canadiennes ou interprovinciales
non seulement sont chez nous, mais sont aussi dans tous les ministères.
Cela veut dire que si on additionnait ensemble les dépenses qui se font
par rapport au Canada et si on les comparait aux dépenses qui se font
par rapport à d'autres pays, là, vous auriez une astronomique
différence, en ce sens que dans le premier cas, cela se monterait
à des milliards de dollars, et dans l'autre, à quelques millions
seulement. Je pense, par exemple, à divers programmes conjoints et
à une série d'autres choses. La raison est très simple. Ce
n'est pas parce que nous avons décidé de négliger le
Canada ou les autres provinces, c'est parce que d'autres ministères s'en
occupent aussi et ce n'est pas dans notre budget.
Je reviendrai à la question qu'a posée le chef de l'Union
Nationale tantôt relativement à la participation des partis
d'opposition au débat constitutionnel. Il y a déjà des
éléments de réponse qui ont été fournis par
le premier ministre, mais on pourra fouiller cela davantage, cela me ferait
plaisir.
Je voudrais dire, en passant, que le chef de l'Union Nationale a
terminé ses propos avec des mots que, je suis sûr, le chef de
l'Opposition, s'il était présent parmi nous, qualifierait
d'élevés, selon son style habituel. Je voudrais, un moment,
emprunter les mots du chef de l'Opposition pour féliciter le chef de
l'Union Nationale de son élévation de pensée et de la
sûreté de ses sources bibliographiques.
En parlant justement de sources bibliographiques et
d'élévation d'esprit, il aurait peut-être été
utile que le Saint-Esprit passe aussi chez nos amis libéraux, mais
j'imagine qu'il ne peut pas tout faire. Je vais être obligé de
leur parler plus particulièrement et d'introduire dans la discussion
certains éléments qui peuvent éclairer le débat
d'une façon fort utile.
J'ai oublié de mentionner quelque chose, tantôt, dans ma
petite introduction. J'ai oublié de dire si je l'avais fait, cela
aurait enlevé au député de Saint-Laurent à peu
près toute son intervention, parce qu'il n'a parlé que de cela
que les études dont parle le député de
Saint-Laurent ont été déposées à la
bibliothèque de l'Assemblée de la Législature le 3 juin
dernier. Il y en a 25 sur 32 qui ont été déposées,
les autres vont suivre d'ici quelques jours. Elles sont disponibles à
qui veut les regarder. Je n'en ai pas fait préparer des centaines de
copies pour la bonne raison que ce serait extraordinairement coûteux.
J'imagine qu'il n'y a aucune espèce d'objection, il n'y en a pas de ma
part, en tout cas elles sont à la disposition de qui voudra les
regarder à ce que les copies soient fabriquées pour ceux
qui voudront les utiliser. Je voudrais dire aussi que je n'ai pas lu les
études en question qui étaient des études
d'arrière-plan qui servaient à M. Bonin. Si M. le
député de Saint-Laurent est intéressé à
passer une partie de son été là-dedans, je suis tout
à fait disposé à le laisser faire. Cela l'occupera
à d'autre chose, et c'est parfait.
M. le Président, je voudrais maintenant m'étonner. Il y a
une chose qui me frappe depuis deux jours. Cela arrive dans la vie des gens.
Nos amis libéraux ont l'air malheureux. J'ai été
sidéré tantôt, dans l'intervention qui a été
faite par le député de Saint-Laurent, de ne rien entendre sur
sauf une mention en passant le débat constitutionnel qui
vient de recommencer. On dirait que vous avez l'air embarrassé, on
dirait que vous avez l'air malheureux. Si je peux faire quelque chose pour vous
mettre de bonne humeur, cela me ferait plaisir, mais j'ai l'impression...
M. Rivest: On trouve que vous en avez suffisamment fait pour le
Parti québécois.
M. Morin (Louis-Hébert): L'écho qui vient de
s'élever du côté du député de Jean-Talon
pourrait-il se réprimer jusqu'au moment où il aura le droit de
prendre la parole?
M. Rivest: Est-ce que vous pourriez commenter cet...
M. Morin (Louis-Hébert): En parlant d'écho
justement, c'est peut-être là la difficulté. C'est que
l'oracle ayant parlé à Ottawa, ça devient difficile
de s'ajuster rapidement au Québec et le temps d'un éditorial,
ça prend quand même un certain nombre d'heures. Je crois
comprendre que, s'il y a quelqu'un qui ne sait pas très bien où
il va de ce temps-là, ce n'est pas nous; c'est le Parti libéral
du Québec. J'ai vu ça en Chambre et il y a une question de style
qui semble avoir succédé à un autre style. Comme on dit
dans le langage courant, vous avez l'air de filer doux. Il y a quand même
une raison à ça et j'imagine, à moins que ce ne soit un
accident passager, qu'il y aurait peut-être des explications que la
population serait intéressée à connaître.
En d'autres termes, de farauds que vous tentiez d'être pendant la
campagne référendaire, pendant un bout de temps jusqu'à ce
que les supérieurs prennent la succursale en charge, vous êtes
devenus maintenant terriblement dociles et attentifs, dans deux sens.
Attentifs, dans le sens où vous écoutez ce qui se dit à
Ottawa pour savoir dans quelle direction ne pas s'engager et aussi attentifs
dans le sens que vous attendez. Je sais que là je fais un barbarisme,
comme dirait l'oracle, mais il reste, néanmoins, que j'ai, pour ma part
avec d'autres, des raisons de m'étonner du fait que vous n'ayez pas
l'air très à l'aise de ce temps-là. Je pense que je
comprends pourquoi.
M. Rivest: Bon!
M. Morin (Louis-Hébert): II y a trois ou quatre raisons
qui sous-tendent l'état d'âme un peu négatif de nos amis.
Encore une fois, je suis à leur disposition pour tâcher de leur
faire reprendre la voie de la bonne humeur. D'une part, évidemment, ce
débat...
M. Rivest: Cette bonne humeur que vous avez communiquée au
PQ depuis le dernier référendum, nous n'en voulons point.
Le Président (M. Lacoste): M. le député,
à l'ordre!
M. Morin (Louis-Hébert): Quand on se contente d'ironie
facile, alors qu'il s'agit de questions sérieuses, c'est
déjà l'indice qu'on cherche des portes de sortie.
Il y a pas mal de questions qui se posent, que je ne vous pose pas parce
que je ne voudrais pas vous embarrasser sur le coup; je vous laisse tout le
temps d'y réfléchir. Dans cette déclaration de principes,
par exemple, qu'a faite le premier ministre fédéral, il doit y
avoir des choses qui, entre autres, doivent rendre mal à l'aise le
député de Saint-Laurent qui est allé faire la leçon
aux conservateurs à Toronto en fin de semaine et qui leur a dit
qu'effectivement, il y avait deux peuples et deux communautés nationales
et qu'il fallait que ce soit formellement reconnu. Je cite de mémoire le
Devoir de lundi matin dernier et ça nous a bien inspirés,
ça. Je voudrais savoir comment il peut concilier cette prise de position
avec laquelle je suis d'accord, bien sûr, comme je suis d'accord
entièrement avec ce qu'a dit le chef de l'Union Nationale avec
l'orientation que celui qui avait tellement promis pendant la campagne
référendaire vient soudainement, peut-être malgré
eux ça, ça se peut; il ne les écoute
peut-être pas, on ne sait jamais; vous savez comment ça se passe
dans ces affaires de prendre incidemment et qui vient par
conséquent, les embarrasser.
J'aimerais peut-être savoir aussi ce qu'il est advenu de certaines
préoccupations qui avaient caractérisé le Parti
libéral du temps où je l'ai connu et qui était plus
innovateur qu'il ne l'est devenu maintenant. Je me souviens, par exemple,
pendant la campagne référendaire, d'une suggestion, fort
saugrenue, d'ailleurs, qui avait été énoncée par le
chef du Parti libéral en ce qui concerne cette agence de perception de
taxes qui devait remplacer, à toutes fins utiles, les ministères
du Revenu ici et là et particulièrement le nôtre. Je sais
que le chef libéral à l'époque a dit que c'était
une idée en l'air qu'il avait lancée comme ça. Mais de
deux choses l'une: ou c'est une idée en l'air et ça ne correspond
pas à sa personnalité, à moins qu'on ne le connaisse mal;
ou c'est une idée plus approfondie que ça et, à ce
moment-là, ça indique une volonté de concession et une
volonté de soumission qui devrait naturellement, je pense,
inquiéter une bonne partie de la population.
A l'époque du référendum, j'ai posé
certaines questions au sous-chef du non et je n'ai pas eu de réponses,
bien sûr, lui étant occupé à s'ajuster avec ses
partenaires fédéraux. Je voudrais me poser une autre question.
Hier, dans cette attitude que le chef libéral a prise...
M. Forget: M. le Président, je soulève une question
de règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent, question de règlement.
M. Morin (Louis-Hébert): Certainement.
M. Forget: Très brièvement. C'est à peu
près la troisième ou la quatrième question que pose le
ministre. Je me demande les crédits de qui ou de quoi sommes-nous
censés étudier aujourd'hui.
M. Morin (Louis-Hébert): Votre crédit, justement,
votre crédibilité.
M. Forget: II me semblait que nous étions ici pour
étudier les crédits. S'il y a quelque chose, les questions
s'adressent au ministre et non pas à nous.
M. Morin (Louis-Hébert): Un peu, oui.
M. Forget: A moins qu'il ne se soit passé quelque chose
dont je n'ai pas eu conscience, à savoir qu'il y ait eu un changement de
gouvernement, il me semble que c'est toujours le ministre qui doit
défendre ses crédits...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Forget:... et que ce n'est pas à lui de poser des
questions. Il pourra le faire sur d'autres plates-formes. Il peut faire une
conférence de presse cet après-midi, s'il le souhaite. Mais
est-ce qu'il ne devrait pas se limiter, M. le Président.., Je sais son
grand désir de nous provoquer, de ranimer le débat
référendaire, mais les morts sont bien au cimetière, M. le
Président, et je pense que la tentative désespérée
du ministre de ressusciter les morts, c'est peut-être un petit peu
grossier dans le moment.
Qu'il réponde donc aux questions relativement à ses
crédits et on verra à un autre moment à aligner le
débat, mais pas nécessairement aux conditions et selon l'agenda
fixés par le ministre.
M. Rivest: Sur la question de règlement, M. le
Président, d'autant plus que je trouve que le député de
Verchères a posé une question très pertinente qui n'a
malheureusement pas trouvé réponse encore.
M. Morin (Louis-Hébert): Alors, M. le Président, je
vais... d'accord.
Le Président (M. Lacoste): En fait, il est assez difficile
à la présidence d'interpréter les points d'interrogation
du ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Bon, d'accord.
Le Président (M. Lacoste): Enfin, le ministre
répond aux questions...
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis d'accord. Le
Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je vais
me rendre à la demande du député de Saint-Laurent et ne
lui poserai pas de questions, je vais me contenter de m'interroger en public,
si vous voulez.
Je voudrais continuer, donc, en m'interrogeant en public. Vous n'avez
pas besoin de prendre note de mes états d'âme...
M. Forget: Ni d'y répondre par conséquent.
M. Morin (Louis-Hébert): Ni d'y répondre, non,
certainement pas. Vous n'aurez pas besoin d'y répondre, d'ailleurs, je
ne m'y attendais pas aujourd'hui. Parlant de conférence de presse, il me
semblait qu'il devait y en avoir une mais elle a été remise, et
pas par nous. Alors, vous savez ce que je veux dire. C'est difficile
d'être patient.
Il ne s'agit pas de provoquer qui que ce soit, il s'agit de voir un peu
où nous en sommes. Nous, nous le savons. Nous le savons pour ce qui est
de l'Union Nationale et nous serons heureux de le savoir dès que vous
l'aurez appris par téléphone ou autrement.
Je voudrais aussi mentionner autre chose qui m'a étonné
hier, mais je le dis publiquement et cela ne concerne que moi,
évidemment. Hier, à l'Assemblée nationale, le chef de
l'Opposition s'est inquiété du fait qu'on n'avait pas
ajouté les relations internationales à la liste des sujets qui
devaient nous préoccuper en priorité et qui auraient dû
être parmi ceux qu'on allait examiner au cours de la révision
constitutionnelle. Est-ce que cela se pourrait que ce soit la même
personne qui ait dit cela hier et qui, pendant la campagne électorale,
s'est justement élevée contre la présence internationale
du Québec, brisant par là une sorte d'unanimité qui avait
caractérisé tous les partis politiques du Québec depuis
des années, que ce soit les libéraux ou l'Union Nationale, s'en
prenant au fond à ce qui a été une des réalisations
justement du Parti libéral pendant les années soixante et aussi,
par la suite, de l'Union Nationale? Cela m'a étonné hier de
constater ce soudain intérêt pour une activité
québécoise dont je me souviens qu'elle a fait un des
éléments d'une démagogie facile pendant la campagne
référendaire. C'est une question que je me pose. Je ne dis pas
que cela m'empêche de dormir...
M. Forget: ... de quoi on doit s'étonner.
M. Morin (Louis-Hébert):... mais je pense qu'il y a
quelque chose aussi de significatif de ce côté-là.
Je voudrais aussi, puisque le député de Jean-Talon va bien
s'en souvenir, mais je ne lui pose pas la question parce que, s'il s'en
souvient, il ne se le rappellera peut-être pas, il s'agit de cette
préoccupation que nous avons eue à Victoria où,
confrontés un peu beaucoup avec pas mal la même situation que
celle qui est en train de se définir à partir de la
déclaration de principe du premier ministre du Canada, nous avions tous
ensemble trouvé que cela n'avait pas beaucoup de bon sens. Alors,
j'aimerais savoir, quand il aura l'occasion d'y réfléchir, quand
cela adonnera, neuf ans après, s'il a encore, par rapport à cette
nouvelle déclaration qui vient de sortir, les mêmes
préoccupations et appréhensions que nous avions, tous ensemble,
à Victoria, en 1971, et je lui rappelle la date, le 15 juin 1971.
M. Rivest: Le 16.
M. Morin (Louis-Hébert): Le 16 juin? Donc, il a plus de
mémoire que je ne le pensais. C'est très bien.
Je voudrais terminer avec mes amis libéraux par... Ah non, je ne
peux plus leur poser de questions. Si je pouvais, M. le Président, leur
poser une question, je leur demanderais de demander à leur chef... Vous
savez, moi, je garde des papiers chez moi. Cela a deux conséquences,
cela ennuie pas mal ma femme, mais deuxièmement cela nous permet de
temps en temps de voir dans les journaux des expressions d'opinions qui se
répercutent dans l'avenir et qui dérangent quand l'avenir est
devenu le présent ceux qui, dans le passé, les ont
énoncés.
C'est compliqué, mais c'est très clair, vous savez ce que
je veux dire. Il y avait un article de
M. Ryan en 19... la date est exactement le 30 décembre 1970,
mercredi, si cela vous intéresse: "Le Québec qui se fait hier
deux races, demain deux nations", et qui se termine comme ceci
c'était une rare élévation de pensée, pas rare
à l'époque mais rare depuis : "La naissance de ce nouveau
nationalisme anglocanadien permet d'espérer qu'il se produira, avant
longtemps, une véritable rencontre de la fraternité et de
l'égalité des deux nations qui forment ce pays. D'une telle
rencontre pourraient émaner les institutions politiques qui incarneront
la perception nouvelle qu'ont d'elles-mêmes chacune des deux nations en
train de se faire au Canada. " Citation de M. Ryan, 1970. (12 h 15)
Dans le livre qui s'appelle la Société stable,
publié par le même personnage, il y a eu une sélection
heureuse de documents qui, par malheur, je pense, a fait oublier celui-ci.
Mais, encore une fois, j'ai trop de papiers et je suis tombé sur
celui-là en faisant mon ménage, ce qui confirme qu'il ne faut
jamais faire de ménage trop rapidement.
M. le Président, je voudrais revenir à ce qu'a dit le chef
de l'Union Nationale. Je suis d'accord sur les principes qu'il a
énoncés, parce que je pense que cela rejoint l'ensemble des
Québécois. C'est le minimum qui fait qu'on n'est quand même
pas toujours en chicane. Deuxièmement, ce sont ceux qu'on retrouve dans
la déclaration qu'a faite le premier ministre du Québec, quand on
a pris connaissance de la formulation des principes que l'on voulait nous faire
adopter sur le champ et que plusieurs provinces, y compris le Québec,
ont voulu reporter à plus tard à Ottawa lundi dernier. Donc, de
ce côté-là, il n'y a pas de problème. Quant à
ce qui concerne l'association des partis d'opposition, je pense qu'il a
déjà été déclaré que nous
étions d'accord.
Je dois vous dire honnêtement que nous n'avons pas encore
et c'est une question de temps, ce n'est pas une question d'orientation
déterminé exactement quelle forme cela pourrait prendre.
Déjà, le premier ministre a dit qu'on pourrait faire cela au
cours de l'été, mais avec le programme un peu démentiel de
réunions qui nous a été proposé où,
pratiquement, d'après ce que j'ai vu, trois semaines de suite, les
ministres seront réunis, je vous dis que je vais revoir cela, mais je ne
sais pas à quel moment cela pourra intervenir.
Il est sûr que nous voudrions, et je pense que mon collègue
le député de Vanier pourra vouloir ajouter quelque chose tout
à l'heure là-dessus, si possible, face à ce qui s'en
vient. Le référendum est passé, il y a eu une question, il
y a eu une réponse, d'accord, très bien, merci, on sait à
quoi s'en tenir, maintenant, il y a quand même l'avenir et cela dure
longtemps.
Dans ces conditions, il y a quand même un certain nombre de choses
qui font un commun dénominateur chez les Québécois et que
j'ai retrouvées ce matin dans les propos qu'a tenus le chef de l'Union
Nationale, qui s'était d'ailleurs inquiété, à juste
titre, il s'en rend compte main- tenant, pendant la campagne
référendaire, sur le peu de garanties qu'offrait le grand chef du
non. Je voudrais donc terminer simplement pour dire que, de ce
côté-là, nous avons une attitude tout à fait
ouverte. Je suis convaincu qu'avec nos amis libéraux on pourra arriver
à ce consensus, parce que, si je lis leur texte et d'autres
antérieurs, en consultant toutes ces saintes écritures, je pense
qu'il y a là quelque chose.
J'ai même apporté ici, pour être sûr de ne pas
me tromper, le livre beige. Je n'en ai pas le temps, mais il y aurait des
choses le "fun" à citer. Je vais simplement mentionner la page 13:
Québec, société distincte. Je pense bien qu'on est
à peu près tous sur la même fréquence de ce
côté-là et on va finir par s'entendre. Je veux rendre
témoignage à ceux qui ont écrit ce paragraphe dans le
livre beige, parce que je pense qu'il s'avère pertinent dans les
circonstances, compte tenu de la nouvelle conjoncture qui est née de la
réunion qui a eu lieu lundi et à laquelle, encore une fois, nous
allons participer, je vous le garantis, avec une bonne foi exemplaire, à
la connaissance du public et en faisant connaître clairement toutes les
positions que nous allons prendre et en prenant aussi, je pense, la
précaution élémentaire et démocratique aussi de
faire tout notre possible pour que nous nous entendions au moins
là-dessus, sur certains principes de base, sans qu'il ne soit
nécessaire pour autant de s'entendre sur tous les détails, par
exemple la révision des pouvoirs.
Voilà ce que j'avais à dire, M. le Président, pour
le moment, ce qui doit terminer la première partie de notre
exposé sur les principes de base, à moins que je n'aie
oublié des choses.
M. Rivest: Oui, M. le Président, je pense que le ministre
a oublié l'essentiel, qui était l'excellente question
posée par notre collègue de Verchères.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne comprends pas que, tout
à l'heure, quand la question a été posée, vous vous
êtes mis tous les deux à ricaner et vous disiez maintenant que
c'est la question essentielle. A quel moment étiez-vous sérieux,
tantôt, quand vous ricaniez, ou maintenant que vous dites que c'est
essentiel? De toute façon, j'ai dit que j'y répondrais au moment
où on parlerait des questions internationales à l'étude du
budget du ministère.
Le Président (M. Lacoste): J'appelle donc le programme
1.
M. Le Moignan: M. le Président, j'aurais une question.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: J'ai posé une question au ministre tout
à l'heure.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, j'ai pu oublier
d'écrire les questions.
M. Le Moignan: Le ministre a fait allusion à la campagne
référendaire. Quand nous avons travaillé dans le camp du
non, c'est parce que nous avons fait la bataille pour un véritable
fédéralisme renouvelé. C'était l'idée qui
nous a guidés tout le long et j'ai dit tout à l'heure qu'il y
avait deux conceptions qui, en ce moment, s'affrontaient, deux conceptions de
fédéralisme. Je voudrais que le ministre j'en ai
demandé l'assurance tout à l'heure dise la conception que
lui se fait du fédéralisme que nous voulons défendre lors
d'une commission parlementaire. Je lui ai demandé si c'était son
intention ferme de s'entendre avec les différentes oppositions sur une
déclaration de principe commune, avant de procéder à
l'étude des points précis.
J'imagine qu'entre le 26 juillet et le 24 août je pense
qu'il y a un moment d'arrêt, c'est ça que j'aimerais savoir
si le ministre est prêt à cet énoncé de principe, il
va rejoindre un peu tout le monde à la commission avant de s'engager
dans un débat, face aux grands principes qui ont été
émis par le premier ministre du Canada au début même de la
conférence, les trois choses qu'il a mentionnées.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pensais que j'avais
touché à ça, mais je vais préciser. Mon souhait
personnel je n'en ai vraiment pas discuté avec beaucoup de monde
serait que nous en arrivions effectivement, maintenant que la
société québécoise, majoritairement, a
décidé de donner une autre dernière chance au
système, au moins à cette déclaration de principe qui
pourrait créer une sorte de consensus au Québec. Autrement, ce
qui va arriver, vous le voyez d'ailleurs par ce qui se prépare, cela
peut être, si on n'est pas attentif... Je pense que c'est notre devoir,
à tout ce que nous en sommes ici, au-delà des partis politiques,
d'être attentifs au moins à certaines choses essentielles et
fondamentales qui nous regroupent tous.
De ce côté, j'ai l'intention de m'intéresser
particulièrement à la démarche que vous suggérez.
Je ne peux pas, cependant, vous dire à quel moment cela va avoir lieu
cet été pour une raison bien simple, c'est que je n'en sais rien.
C'est sûr que cela va avoir lieu avant la conférence...
M. Le Moignan: Avant la conclusion de toutes les...
M. Morin (Louis-Hébert): Ah oui, c'est bien
évident. Certainement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Vanier.
Discussion générale
M. Bertrand: M. le Président, je veux simplement ajouter
quelques commentaires relativement à ce qu'a dit le ministre en
réponse à la question du député de Gaspé. Je
pense qu'il serait malheureux que l'ensemble de la négociation
constitutionnelle ne soit menée, avec les autres provinces et le
gouvernement fédéral, que par les représentants
gouvernementaux du gouvernement du Québec qui feraient écho
à des décisions prises par le Conseil des ministres, mais qui
auraient omis d'y associer l'ensemble des parlementaires de l'Assemblée
nationale.
Je pense que la suggestion qui a été faite par le premier
ministre du Québec, hier, en réponse à des questions du
chef de l'Opposition, d'associer les différentes formations politiques
à la préparation d'une position de consensus minimal devrait
aujourd'hui recueillir l'adhésion de toutes les formations politiques,
au moins sur l'idée même de tenter, ensemble, de dégager ce
consensus. Le chef de l'Union Nationale avait fait cette proposition il y a
déjà quelques semaines, immédiatement après la
tenue du référendum. Du côté gouvernemental, on a
pris quelques jours avant de répondre à cette invitation qui
avait été formulée par le chef de l'Union Nationale. La
position du gouvernement est maintenant connue et je pense qu'il est
déjà très clair, dans l'opinion publique, que deux
formations politiques à l'Assemblée nationale acceptent, de bonne
foi, de jouer ce jeu, de préparer une plate-forme
québécoise en prévision de la conférence
constitutionnelle du 8 septembre au 12 septembre.
Je pense que la commission parlementaire est aussi le lieu
privilégié pour le faire et je pense que cette commission
parlementaire ne devrait peut-être pas nous empêcher, d'ici
à ce qu'elle puisse être tenue, de travailler de part et d'autre
à commencer à dégager ces avenues, ces orientations sur
lesquelles nous pourrions facilement obtenir l'accord unanime des
députés de l'Assemblée nationale.
Tout à l'heure, le chef de l'Union Nationale a fait mention d'un
certain nombre d'éléments qui pourraient se retrouver dans une
déclaration de principe. Je suis content... C'est un peu ça
qu'est le problème. Le ministre indiquait tout à l'heure qu'il
était, quant à lui, personnellement disposé à ce
qu'un des premiers éléments discutés en commission
parlementaire, mais qui pourrait peut-être faire l'objet de
réunions préliminaires entre différents
représentants de formations politiques, pourrait être justement la
préparation d'une déclaration de principe qui définirait
les grands principes sur la base desquels nous devons, au cours des prochains
mois, tenter de renouveler le fédéralisme.
Evidemment, il s'agit de définir des principes d'abord dans une
perspective québécoise, tout en reconnaissant, bien sûr,
que le résultat du référendum nous oblige à
concevoir cette perspective québécoise dans le contexte d'un
régime politique appelé fédéralisme.
Et dans ce contexte, je souhaiterais que le ministre des Affaires
intergouvemementales puisse transmettre au Conseil des ministres, si c'est
l'accord de l'ensemble des membres de cette
commission, une forme de volonté de voir se débattre
d'abord cette question de déclaration de principe, parce qu'il
m'apparaitrait tout à fait inopportun que nous commencions
immédiatement à discuter du problème des ressources
naturelles, des droits miniers sous-marins, des pêcheries, de la Cour
suprême, du Sénat ou de quelque autre point qui a
été mis à l'ordre du jour de la conférence
constitutionnelle, sans nous être d'abord entendus sur les grands
objectifs qui doivent prévaloir à toute révision
constitutionnelle.
Il ne s'agit pas de mettre la charrue devant les boeufs. Il s'agit, je
pense, de s'entendre très clairement au départ, pour savoir si
oui ou non nous reconnaissons l'existence de deux nations, si oui ou non, nous
reconnaissons le principe de l'égalité entre ces deux nations, si
oui ou non nous reconnaissons comme fondamental le principe du droit du
Québec à l'autodétermination.
Ce sont toutes des choses qui doivent absolument faire l'accord des
membres de l'Assemblée nationale avant que nous n'engagions quelque
discussion que ce soit sur quelconque des points proposés par le premier
ministre Trudeau dans le cadre de la conférence constitutionnelle du 8
au 12 septembre.
Et comme nous connaissons à ce moment-ci les intentions
clairement exprimées ce matin par le chef de l'Union Nationale, comme
nous connaissons celles du gouvernement exprimées par la voix du premier
ministre, renouvelées aujourd'hui par la voix du ministre des Affaires
intergouvernementales, je pense que les citoyens du Québec
mériteraient de savoir si l'autre formation politique d'importance en
cette Assemblée accepterait de concourir de bonne foi, non pas dans une
position attentiste, mais dans une position active, dans une position de pleine
participation, se préoccupant des intérêts du Québec
et non pas de quelconque intérêt électoral, avec tous les
parlementaires de l'Assemblée nationale, dans le cadre d'une commission
parlementaire sur la constitution, d'oeuvrer à définir ces
principes, à les coucher sur papier et à les proclamer tout haut,
principes sans lesquels quelque gouvernement du Québec que ce soit aura
de la difficulté à faire prévaloir les droits et les
intérêts du peuple québécois.
Et je crois que ces questions qui n'ont pas eu de réponse, M. le
Président, mériteraient, peut-être avant que nous
n'abordions l'étude des crédits spécifiquement, de
recevoir une réponse de la part des représentants de l'Opposition
officielle.
M. Rivest: D'une façon un peu analogue à l'appui
que le Parti québécois avait donné au gouvernement en
1971, à Victoria.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je reviendrais sur un petit point que j'ai
abordé hier. J'ai demandé au premier ministre, en Chambre, s'il y
avait possibilité que la commission soit ouverte au public, en somme,
pour certains organismes. Et le leader m'a dit que la chose n'était pas
impossible. J'ai reçu deux appels téléphoniques, hier en
soirée, me demandant si on devait se préparer. Je leur ai dit:
Ecoutez, ce n'est pas moi qui ai les éléments de la
réponse.
Est-ce que le ministre serait favorable à ce que certains
groupements viennent nous apporter leur...?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous répondre
candidement. Je n'ai pas d'idée absolument faite là-dessus. C'est
une question de temps, d'organisation de travail et de délai,
c'est-à-dire la préparation, le délai, parce qu'il faut
que cela arrive avant la conférence de septembre, et l'organisation de
travail. Je ne suis pas assez familier, M. le chef de l'Union Nationale, avec
tous ces mécanismes, pour vous donner une réponse nette ce matin.
C'est une chose à laquelle on va accorder de l'attention.
Si vous me demandez si, en principe, je suis d'accord pour que le public
puisse intervenir, il faut savoir comment, parce qu'on peut en avoir pour des
mois.
Je ne le sais pas. Je ne peux pas vous en dire plus que cela ce
matin.
M. Le Moignan: II y a un mois d'arrêt.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a un mois d'arrêt,
mais c'est en plein milieu de l'été. Le monde aussi va
arrêter.
Mardi, il y a une réunion de ministres qui a été
convoquée à Ottawa, à laquelle je participerai. On va
établir de façon un peu plus précise le calendrier des
travaux. Nous sommes onze ministres et x fonctionnaires. Il faut qu'on
s'ajuste. Je ne sais plus à quel moment cela serait possible à
Québec.
C'est une des raisons pour lesquelles je ne peux pas vous donner de
réponse. Mais c'est sûr qu'on va regarder cela. (12 h 30)
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je n'abuserai pas, je vous le
promets, mais comme on nous... Quelle expression utiliser qui décrit
bien la scène absolument loufoque à laquelle on vient d'assister?
J'aime mieux ne pas m'aventurer, parce que j'ai l'impression que je pourrais
facilement blesser la sensibilité à fleur de peau de nos amis
qui, de l'autre côté, ne semblent pas, après trois semaines
du référendum, avoir correctement mesuré la signification
de ce qui leur est arrivé. Il est hautement comique, permettez-moi de le
dire, M. le Président, d'un ton humoristique, sans aucune
agressivité, de voir les pirouettes verbales à l'aide desquelles
on essaie de consoler son chagrin de l'autre côté. On essaie de se
faire croire qu'effectivement, ce qui était une défaite cuisante
n'en est pas une ou que, si cela en est une, ce n'est qu'un retard, tout au
plus de quelques semaines, dans la poursuite des objectifs qu'on a toujours
servis. C'est hautement comique.
J'espère que nos amis vont utiliser les prochaines semaines pour
vraiment méditer profondément la signification de ce qui leur
arrive. Quand ils nous invitent à des grandes retrouvailles
constitutionnelles sur des principes communs, il ne faut pas qu'ils oublient
que le fardeau de cette initiative leur appartient. Dans les circonstances les
moins propices possible, en énonçant des principes qui soient
compatibles avec le scrutin du 20 mai, ils iront à la limite de leur
propre crédibilité et à la limite et même un
peu au-delà des principes auxquels ils croient eux-mêmes.
C'est une gageure que je ne suis pas sûr qu'ils soient capables de tenir,
mais qu'ils ne se fassent pas d'illusion en nous présentant un projet
d'une entente, d'un concordat fédéraliste qui comprendrait
seulement les points soigneusement choisis par eux, sur lesquels il leur est
moins incommode de tomber d'accord.
Pour être bien sûr qu'ils font leur travail convenablement,
je pourrai les référer à la liste des questions auxquelles
justement un parti qui prétend, au moins temporairement, servir les fins
fédéralistes devra répondre, s'il veut accoucher d'une
déclaration à laquelle les autres partis pourraient même
s'intéresser suffisamment pour la regarder. Ces questions sont contenues
dans l'intervention du chef de l'Opposition officielle, la semaine
dernière. Ils verront qu'ils ont là fort à faire pour
produire un coup d'oeil d'ensemble qui seul pourrait permettre une entente
quelconque. Les principes, il ne s'agira pas de morceaux choisis
expurgés par le censeur que représente le ministre des Affaires
intergouvernementales pour ne pas inclure des propos offensants pour ses amis
du Parti québécois. Il faudrait qu'il y inclue
énormément de choses avec lesquelles il ne sera peut-être
pas confortable lui-même.
Avant de prendre un ton condescendant, comme l'a fait le
député de Vanier, selon son habitude, il devrait mesurer
adéquatement la difficulté de la tâche qui l'attend, lui et
ses amis, parce qu'il y a eu une décision le 20 mai. Je regrette d'avoir
à tourner le fer dans la plaie, mais je pense que vous n'avez pas encore
mesuré la profondeur de la blessure que cela vous a causé.
Avant d'inciter les autres à vous suivre, il va falloir que vous
fassiez un acte d'humilité pour comprendre ce qui vous est
arrivé. C'est beaucoup plus fondamental, ce qui vous est arrivé,
que vous ne semblez le connaître ou le reconnaître. Ceci
étant dit, si vous faites acte d'humilité, si vous revêtez
la bure et prenez un air suffisamment contrit, peut-être serons-nous
intéressés à vous rencontrer et à parler avec vous
de projets d'avenir, mais, dans le moment, c'est une farce que de voir le
spectacle que l'on a vu ce matin. On essaie de bercer son chagrin, ce n'est
rien d'autre que cela. On continue un vocabulaire et un discours
référendaire, comme si rien ne s'était passé.
Ecoutez, réveillez-vous un peu! Il y a des choses qui se sont
passées depuis trois semaines. Je le regrette. Ce n'est pas nous qui les
avons provoquées, c'est vous-mêmes qui les avez provoquées
en vous flattant d'une habileté qui vous permet- trait de surmonter
cette épreuve. Ne vous faites pas une illusion encore comparable avec
une échéance qui vous attend à la fin de
l'été et qui pourrait se terminer, malheureusement pour vous
encore, exactement de la même façon.
Soyez humbles et réalistes dans la détermination de vos
objectifs et pour ce qui est des réponses à vos questions, vous
avez maintenant encore, parce que vous êtes encore au gouvernement,
à les trouver vous-mêmes. Je suis désolé, mais c'est
la volonté populaire qui en veut ainsi. Nous vous avons quand même
donné un peu une assistance en vous disant le genre de questions qui se
posaient à un esprit ouvert. A vous de fournir des réponses et
nous verrons si les réponses sont satisfaisantes. Nous pourrons
peut-être, en cours de route, vous faire d'autres suggestions, mais le
fardeau de la preuve, l'initiative doit venir du gouvernement dans tous les
régimes. C'est la raison pour laquelle on est très confortable de
vous poser des questions plutôt que de répondre, de prendre
l'initiative de faire des projets. Ce sont des suggestions que nous avons
faites dans les questions, peut-être en viendra-t-il d'autres? Encore une
fois, le défi, c'est à vous, messieurs du gouvernement, de le
relever, à personne d'autre.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, je pense que le
député de Saint-Laurent a de la difficulté à faire
la différence entre un discours référendaire et un
discours nationaliste.
M. Forget: La différence...
M. Charbonneau: J'ai l'impression qu'il aurait dû
écouter attentivement les propos du député de
Gaspé, vice-président du regroupement pour le non
vice-président, ce n'est pas n'importe quel personnage chef
intérimaire de l'Union Nationale, qui, dans le fond, a tenu des propos
quasiment identiques à ceux qu'a tenus le député de
Vanier. Il serait intéressant de savoir si le député de
Saint-Laurent a l'intention de faire les mêmes remarques à
l'endroit de son allié; peut-être est-ce déjà son
ex-allié?
Je vais vous le dire comme je le pense, après avoir
écouté la semaine dernière des discours dans un
débat spécial sur la conférence qui a eu lieu lundi, on a
vu deux approches: Une approche de gens qui parlaient d'un système
à placer comme un absolu et une autre de gens pas uniquement de
notre côté, il y en avait de l'Union Nationale également
qui ont placé les intérêts d'un peuple,
c'est-à-dire du monde en vie, d'une culture, d'une identité
nationale, avant ceux d'un système. Ce qui nous chicotte beaucoup, c'est
qu'en lisant le livre beige, en écoutant les questions que votre chef a
posées au premier ministre la semaine dernière, et en regardant
la déclaration de principe qu'a faite le premier ministre du Canada,
lundi, on se rend compte qu'il y a une étroite relation entre votre
façon de penser et la façon de
penser du gouvernement fédéral dirigé par le Parti
libéral du Canada. Vous pouvez peut-être faire de beaux petits
paragraphes que le ministre des Affaires intergouvernementales a
rappelés tantôt, mais j'ai entendu pendant des semaines, j'ai lu
des commentaires qui n'étaient pas nécessairement ceux que le
député de Forget a faits la semaine dernière ou il y a
quelques jours devant les conservateurs à Toronto.
M. Forget: Je n'ai pas encore un comté à mon
nom...
M. Charbonneau: II serait peut-être temps qu'après
le référendum le Parti libéral du Québec dise si
oui ou non il croit à cela, à l'existence de deux peuples, de
deux nations au Canada. Vous pouvez toujours nous poser mille questions, mais
il y en a une qui transcende les partis, qui est fondamentale, c'est celle-ci
si vous n'êtes pas capable d'y répondre, vous pouvez
toujours faire les pirouettes que vous faites ordinairement avec une cynique
habileté, mais vous ne tromperez personne: Est-ce que, oui ou non, le
Parti libéral du Québec croit à l'existence, avant de
parler d'égalité, de deux peuples, de deux nations? Est-ce que
vous croyez à l'exercice du droit à l'autodétermination?
Est-ce que vous croyez que c'est un principe suffisamment important? Vous, qui
avez comme nous exercé ce droit à l'autodétermination,
est-ce que vous croyez que ce principe est tellement important qu'il faut
l'inscrire, le mettre en évidence et qu'il faut en parler? Est-ce que le
député de D'Arcy McGee croit à cela, lui qui a
été professeur de droit constitutionnel à
l'Université de Montréal? Vous pouvez toujours essayer de nous
renvoyer la balle en essayant de faire accroire que la question
constitutionnelle, c'est l'affaire du gouvernement. Les Québécois
qui ont voté non, ceux de mon comté, ceux du comté de
Vanier, ceux de votre comté, savent une chose, c'est que les questions
constitutionnelles, ce n'est pas l'affaire d'un parti, ni d'un gouvernement,
c'est l'affaire de tout le monde. Le résultat de cela, on va tous avoir
à vivre avec.
Il faudrait peut-être vous rappeler, même si ça ne
vous fait pas plaisir, j'ai l'impression que c'est une des réponses
à l'interrogation que soulevait le ministre des Affaires
intergouvernementales tantôt quand il constatait votre morosité.
Que ça vous fasse plaisir ou non, les élections vont venir
après la conférence du début de septembre...
M. Forget: On n'est pas morose. On n'a jamais été
si heureux.
M. Rivest: Très bien.
M. Charbonneau: ... pas avant.
M. Forget: Très bien, merci.
M. Charbonneau: Que voulez-vous? Cela pourrait vous placer, vous
aussi, devant un drôle de fait accompli au début de septembre,
pour ces élections. C'est pour ça que quel que soit le
résultat des élections ou l'enjeu électoral, comme, de
toute façon, les élections vont avoir lieu après et qu'il
pourrait survenir des événements importants pour l'avenir non pas
d'un parti politique, mais de tous les partis politiques au Québec et de
l'ensemble de la population, il serait important que vous nous disiez si, oui
ou non, de bonne foi, vous qui nous avez demandé d'agir avec dynamisme,
vous qui nous avez reproché d'être attentistes et qui souhaitiez
que le gouvernement du Québec participe activement, vous qui, par la
bouche de votre chef, pas plus tard qu'hier, posiez la même question que
le chef de l'Union Nationale, à savoir quelle serait la participation
des parlementaires à l'élaboration des positions du gouvernement
du Québec, alors que nous, on dit oui, on est prêt, et qu'on vous
invite même concrètement à participer à
l'élaboration des premières questions dont il faut parler, des
questions de principe et je pense que M. Trudeau avait raison aussi de
mettre des questions de principe sur la table là, vous dites: On
ne marche plus.
Est-ce que ça veut dire que la déclaration que vient de
faire le député de Forget, c'est...
M. Forget: De Saint-Laurent...
M. Charbonneau: Le député de Saint-Laurent...
Heureusement qu'il n'y a pas encore de comté qui s'appelle Forget.
M. Forget: Je ne suis pas pressé.
M. Charbonneau: Nous autres non plus, ne vous en faites pas.
M. Rivest: ...
M. Charbonneau: Est-ce que ça veut dire que c'est un recul
par rapport aux déclarations et aux questions qui ont été
posées par votre propre chef hier à l'Assemblée nationale?
Est-ce que déjà, c'est un recul? La question que vous posiez
hier, parce que vous étiez convaincus qu'on n'embarquerait pas dans
ça, maintenant que nous, on dit: Oui, on est prêt, là, vous
reculez. Vous dites: Nous, on n'est plus prêts. Est-ce que c'est ce qu'il
faut comprendre de votre attitude, de votre déclaration?
Vous pouvez toujours dire qu'on fait des discours
référendaires, mais c'est curieux. Quant à moi, j'ai
entendu le même discours des tenants du oui et du non, ce matin, des gens
de l'Union Nationale et du Parti québécois, et Dieu sait qu'on
n'était pas dans le même camp!
M. Forget: ... isolés...
M. Charbonneau: Ah! je ne sais pas si vous êtes
isolés. C'est votre problème, ce n'est pas le mien. Mais
peut-être qu'il serait important maintenant que vous nous donniez
certaines réponses de base. De toute façon, les élections,
ça va être après le début de septembre. Ce serait
peut-être important que vous vous en rappeliez.
M. Rivest: Ah!
Une Voix: Cette année?
M. Rivest: Enfin, une précision utile!
M. Charbonneau: C'est ce que le premier ministre a
déjà déclaré.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Oui, je voudrais peut-être apporter
certaines petites précisions, à la suite des propos du
député de Verchères et du député de Vanier.
L'Union Nationale n'est pas nécessairement l'alliée de personne
ou l'ennemie de personne. Je pense que l'Union Nationale reste fidèle
à une vision du Québec que nous avons véhiculée
pendant de nombreuses années. Le soir du 20 mai, au Centre municipal des
congrès, j'avais dit quelques mots à ce moment-là. J'avais
dit que la bataille du fédéralisme renouvelé serait longue
et difficile. On n'avait pas d'illusions, à ce moment-là. On
savait que ce ne serait pas facile, parce que ça fait déjà
de nombreuses années qu'on essaie de s'entendre. Cela n'a jamais
marché et, pour nous autres je l'ai dit au ministre tout à
l'heure quand on parle de s'entendre sur une déclaration de
principe, je pense que ce n'est pas une farce. On est face à une
situation de faits. C'est tout le Québec qui est touché en ce
moment. C'est pourquoi j'ai insisté et j'insiste.
Je voudrais que le ministre y pense dans les jours à venir. Je
crois que c'est très important pour le succès des
négociations que le gouvernement entreprend. Je ne parle pas du Parti
québécois; je parle du gouvernement du Québec, à ce
moment-ci. Et puis, il faut s'entendre sur ces questions de principes parce
qu'il y a deux conceptions qui s'affrontent, on ne peut pas se le cacher. Cela
devient de plus en plus vrai. Et ce sera vrai dans les jours, dans les semaines
à venir. Cela va être vrai à Winnipeg, ça va
être vrai entre le 8 et le 12 septembre. C'est pour cela que, si au
Québec on s'entend sur des principes, des principes qui ont
été véhiculés par nous et par d'autres partis
politiques, je crois que ça va simplifier les choses. Je crois que c'est
primordial, si on veut réellement, comme certains députés
le manifestent autour de la table, que ce soit l'idée d'un gouvernement
qui va aller représenter le Québec là-bas et non pas du
Parti québécois ou d'un parti politique comme tel, que ce soit un
consensus auprès des membres des différents formations
politiques. (12 h 45)
Je pense qu'il faut en arriver là. Autrement, je ne vois pas
beaucoup d'espoir de réussite dans cette conférence
fédérale-provinciale, si on ne réussit pas chez nous
d'abord à nous entendre avant d'aller aborder nos compétiteurs ou
nos adversaires ou ceux qui peuvent penser différemment sur la
même question.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre et, ensuite, M.
le député de Deux-Montagnes.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, ça va être
très bref. Je veux répéter ce que j'ai dit tantôt.
Je suis parfaitement d'accord avec ce que vient de dire le chef
intérimaire de l'Union Nationale. Il y a des principes en cause et notre
détermination, c'est justement d'en arriver à ce que, au moins
sur ces principes-là, comme je l'ai mentionné tantôt
sur l'application il pourra y avoir, peut-être normalement, des
divergences il y ait un consensus qui réunisse tout le monde au
Québec. De ce côté-là, je concours
entièrement à sa façon de voir les choses et je
répète en somme aujourd'hui, au moment où je parle, ce
qu'a déjà mentionné, hier, le premier ministre, parce que
c'était l'esprit de la réponse qu'il a formulée à
la question qui lui a été posée à
l'Assemblée nationale par vous-même, je pense, d'ailleurs.
Je veux aussi préciser qu'il y a une échéance qui a
été fixée du 8 au 12 septembre. C'est bien sûr que
cela nous a surpris, cette rapidité, parce qu'on avait entendu dire,
d'abord, dans un premier temps, par le premier ministre du Nouveau-Bruns-wick
à une émission de télévision que lui, il voyait que
cela prendrait cinq ans. Une couple de jours après, le premier ministre
du Canada a dit: Cela peut prendre six à dix mois et soudainement, il
nous dit que cela va prendre trois mois. Je vous avoue que cela a
été un peu étonnant, cette célérité.
Et cela explique aussi, vu le peu de temps qu'on avait devant nous, pourquoi on
ne s'est pas mis à ajouter 14 sujets de plus ou 9 ou 3. On s'est dit: II
y en a là-dedans en cela, je rejoins encore ce que M.
Lévesque disait assez pour qu'il y ait du travail pour pas mal de
monde pendant longtemps.
D'autre part, si on avait commencé à ajouter des sujets
voyez-vous, on dirait qu'on n'a jamais raison, de toute façon
d'aucuns auraient dit: Ah, voyez-vous, ils veulent mettre des sujets qui
vont empêcher la réussite du processus. Si on n'en met pas, ils
disent: Ah, voyez-vous, vous n'ajoutez pas des sujets que vous devriez ajouter.
Alors, il faut vivre avec cela. Ça fait partie, je pense, du jeu
politique, mais je le constate et le déplore en même temps.
Nous avons pris ce qui était sur la table et, à
l'intérieur de cela, il y avait déjà des choses,
d'ailleurs, que le Québec avait, dans le passé, introduites et
puis nous partons avec cela. Et ça n'est pas nous qui avons dit qu'il y
aurait un test final, crucial, définitif et absolu. C'est le premier
ministre du Canada lui-même qui, on dirait, a mis sur la réunion
du 8 au 12 septembre une sorte d'accent et de dramatisation dont on essaie
encore de comprendre les tenants et aboutissants parce que nous n'avions pas
l'intention, de notre côté, de déclarer que c'était
l'expérience ultime, définitive, totale et complète.
Mais c'est lui qui a posé le problème en ces termes et,
maintenant que le problème est publiquement posé en ces termes,
cela devient les
termes du problème. Dans cette perspective-là, comme il y
a des choses importantes qui s'en viennent, je concours à ce que disait
le chef intérimaire de l'Union Nationale, c'est sûr qu'il faut
s'entendre sur des choses essentielles ici, au Québec, qui ne devraient
pas poser de difficultés particulières, à moins que je me
fasse une totale illusion, parce que moi-même j'ai vécu, comme
sous-ministre, à travers divers gouvernements qui avaient au fond les
mêmes principes. Je pense que, quand je lis les travaux faits par les
partis politiques, au-delà des solutions concrètes qui peuvent
soulever certaines inquiétudes il y en a dans le livre beige, il
y a même des inquiétudes certaines il reste que les
principes ont l'air là et qu'il ne devrait pas y avoir là-dessus
de disputes terriblement hargneuses. C'est pour cela qu'on veut partir de
là. Alors, c'est ce qu'on fera au cours de l'été. Encore
une fois, je ne sais pas au juste à quel moment ni dans quelle forme,
mais vous pouvez être sûrs qu'en ce qui me concerne,
personnellement, et pour beaucoup de mes collègues d'ailleurs, c'est
comme cela qu'on devra procéder, et c'est un peu ce que disait
tantôt à la fois le député de Vanier et le
député de Verchères à l'opinion desquels je me
rallie.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, il y a un instant, le
député de Saint-Laurent a dit, sans doute de façon
ironique, que le Parti libéral du Québec était
isolé. Je crois, M. le Président, que c'est assez vrai. Il est
peut-être plus exactement orphelin en ce sens que le véritable
chef du camp du non vient, en quelque sorte, de le renier. Ce que M. Trudeau a
déclaré hier à la Chambre des communes à Ottawa
remet dans la plus vivante actualité une question qui est
extrêmement importante, celle de savoir quel est le sens du non au
référendum du 20 mai. Nous avons eu, face à nous, du
côté du non, des adversaires qui affirmaient que leur non
était québécois, qui affirmaient que le Québec
était leur patrie, adversaires qui ont utilisé le drapeau
fleurdelisé du Québec comme élément graphique dans
leur réclame, adversaires qui ont proclamé leur adhésion
au principe de l'égalité des peuples fondateurs du Canada, et
voici que M. Trudeau balaie tout cela du revers de la main. Il n'y a plus de
peuples fondateurs, il n'y a plus de société distincte au
Québec, il n'y a au Canada qu'un seul peuple et tout ce que les tenants
du non nous ont raconté, que leur non était
québécois, que le Québec était leur patrie, tout
cela est également balayé du revers de la main. Il me semble, M.
le Président, que la population du Québec a le droit de savoir
qui a trompé qui. Est-ce que c'est le grand chef du non, le père
du non à Ottawa qui a trompé ses protégés
québécois en les laissant dire que leur non était
québécois alors que pendant tout ce temps-là M. Trudeau
avait bien l'intention d'interpréter la réponse non comme
étant le rejet de la notion même d'un Québec,
société distincte, ou est-ce que c'est le Parti libéral
du
Québec qui, sachant l'interprétation que M. Trudeau allait
donner à un non au référendum, a induit la population du
Québec en erreur? De deux choses l'une, ou c'est M. Trudeau qui a
trompé ses protégés québécois ou ce sont les
protégés québécois de M. Trudeau qui ont
trompé la population. Je pense, M. le Président, que la
population a le droit de savoir qui a trompé qui.
M. Rivest: Racinien et cornélien.
M. Marx: ... dans l'Opposition, vous allez poser cette
question.
Le Président (M. Lacoste): J'appelle le programme 1,
affaires canadiennes. M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Comme on a l'habitude de le
faire, dans la discussion des crédits d'un ministère, à
l'occasion, je demanderai aux fonctionnaires qui m'accompagnent ici de
répondre à certaines questions qui pourront survenir quant
à tel ou tel élément de programme apparaissant au budget.
Je n'ai pas d'exposé particulier à faire, ni sur les affaires
canadiennes, ni sur les affaires internationales, ni sur aucun autre sujet,
parce que nous avons, comme vous avez pu le constater d'ailleurs, pour chacun
de ces chapitres, présenté nous-mêmes par écrit les
points saillants de l'année 1979-1980, de même que certaines
perspectives en ce qui a trait à l'année 1980-1981.
Je présume que ces textes ont été lus; par
conséquent, je ne parlerai pas davantage pour ne pas allonger le
débat et je serais disposé à répondre aux questions
qui pourront survenir sur cet élément du programme
budgétaire de mon ministère.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, quel serait le plan de
travail, c'est une question au ministre, est-ce que le ministre
préfère qu'on pose nos questions pour y répondre l'une
après l'autre ou s'il aimerait mieux qu'on les pose toutes ensemble?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne sais pas...
M. Forget: Cela nous est indifférent, quant à nous,
mais on se comprend peut-être mieux quand on les pose l'une après
l'autre et qu'on a la réponse.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord. Essayons ça; si
ça ne fait pas, on changera de méthode.
M. Forget: Aux affaires canadiennes, il y a comme premier
élément les relations fédérales-provinciales et
interprovinciales. C'est à ce chapitre que pourrait apparaître sur
le plan financier une diminution d'activités faisant suite à la
résor-btion ou à l'arrivée à terme des
études qui ont été faites et des préparatifs faits
en vue du référendum
et de la préparation de l'option gouvernementale, la
souveraineté-association, la publication de livres blancs, la
préparation de nombreuses études. On pourrait s'attendre à
une diminution du budget, puisqu'il y a des activités réduites,
mais on n'assiste à rien de tel. On assiste à une croissance qui
me semble à peu près la croissance de croisière, compte
tenu des augmentations de traitement, vu que le personnel reste
inchangé, etc.
Sous un autre aspect, on pourrait s'attendre, c'est peut-être
ça l'explication du ministre, que la phase actuelle de
préparation intense et d'expérience intense provenant des
conférences fédérales-provinciales amène des
ressources additionnelles dans ce secteur.
Et c'est peut-être parce qu'une activité se substitue
à une autre que le ministère maintient un rythme de
croisière inchangé, la préparation d'une nouvelle
constitution canadienne prenant la place de la préparation du livre
blanc.
Si tel est le cas et on semble opiner du bonnet de l'autre
côté en supposant que tel soit le cas, en partie au moins,
on aimerait bien savoir quels sont les préparatifs que l'on envisage
faire pour appuyer le travail du gouvernement du Québec dans sa
participation à la conférence fédérale-provinciale
des prochains mois.
Dépenses référendaires
M. Rivest: M. le Président, avant que le ministre
réponde, juste d'une façon ancillaire à la question de mon
collègue, est-ce qu'on pourrait avoir une idée des
dépenses consolidées on doit être sans doute en
mesure de le faire au ministère sur le coût total des
études, de l'opération étude, de l'opération livre
blanc et de l'opération sondages, enfin, tout ce qui a entouré la
préparation référendaire, de manière qu'on puisse
avoir au moins un ordre de grandeur de ces sommes, de manière qu'on
puisse évaluer si, effectivement, ces montants d'argent seront
maintenant consacrés à des études, des documents, à
la préparation de documents, mais se situant cette fois-là dans
la perspective du renouvellement du fédéralisme?
Le Président (M. Lacoste): Je m'excuse auprès du
ministre, il est actuellement une heure. S'il y a consentement, on peut
poursuivre pour répondre à la question, deux ou trois minutes, ou
répondre cet après-midi.
M. Morin (Louis-Hébert): II est une heure moins quatre. Je
vais y répondre rapidement, cela ne demande pas une longue
réponse. On pourra y revenir tantôt, quand on reprendra, sans
aucune objection.
Je suis content que la question ait été posée. Elle
démontre clairement une chose. Effectivement, c'est un rythme de
croisière de dépenses et d'augmentation de dépenses qui
démontre une chose, c'est qu'il n'y a pas eu une masse de personnel
employé à la préparation du référendum,
puisqu'il n'y a pas de diminution, comme le signalait le député
de Saint-Laurent et ce n'est pas parce que cela a été
remplacé par du nouveau personnel pour travailler à la
préparation des conférences constitutionnelles, le budget ayant
été préparé l'hiver dernier et le printemps
dernier.
Je voudrais donc vous dire que, pour ce qui est du livre blanc, cela a
été répondu en Chambre et clarifié là, il a
été assumé par le Conseil exécutif avec tous les
éléments de réponse que vous pouviez avoir à
l'époque. En tout cas, ils ont été fournis. Donc, il n'y a
pas de personnel référendaire proprement dit.
D'autre part, en ce qui concerne les études du groupe de M.
Bonin, elles sont terminées depuis longtemps déjà. Elles
ne sont pas dans le budget actuel pour une raison évidente, c'est qu'il
n'y en a pas de ces études-là. Ces études ont
été préparées aussi il faut quand même
le signaler non pas pour des fins politiques ou de stratégie
référendaire vous pourrez les lire d'ailleurs; elles sont
maintenant disponibles; elles n'ont rien à voir avec cela elles
sont bonnes peu importe dans quelle perspective nous nous situions. Donc, de ce
côté-là, il n'y a pas de changement. La préparation
des conférences constitutionnelles exige de nous le personnel que nous
avons avec, de temps en temps, comme c'est parfaitement normal, pour une
question déterminée, l'appel soit à des consultants, soit
à du personnel temporaire, pour avoir un peu de flexibilité, en
somme à des gens dont on n'a pas besoin de retenir les services sur une
base permanente.
Je ne sais pas si cela répond à la question. Il y a
peut-être quelque chose que j'ai oublié.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: J'aimerais oui, un élément
très précis qu'on ait au moins un ordre de grandeur des
sommes qui ont été engagées. Il y a des sommes qui sont
facilement identifiables: le coût des études, le sondage, par
exemple, qui était sans doute dans la perspective
référendaire, j'imagine. Enfin, on l'a dit en certains
milieux.
M. Morin (Louis-Hébert): Pour ce qui est du sondage, on a
fait une annexe particulière en ce qui le concerne que vous trouverez
sous l'onglet une seconde, je vous dis cela P. Sous l'onglet P,
vous avez, d'une part, tout ce qui concerne le sondage. D'autre part, pour ce
qui concerne les dépenses relatives aux études dirigées
par M. Bonin, à quelques reprises, j'ai donné en Chambre le
budget total de ces dépenses. Cela a même fait l'objet,
l'année passée, d'une discussion ici, mais elles n'ont plus lieu;
c'est fini cela.
M. Rivest: Justement, on veut avoir le bilan consolidé. On
voudrait avoir les chiffres.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous voulez les mêmes
chiffres? Les chiffres du bilan consolidé, bien sûr, aucune
objection, ce sera les mêmes chiffres que vous avez déjà
eus. D'accord. Y a-t-il autre chose à ajouter?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent. (13 heures)
M. Forget: M. le Président, si on me permet... Par
exemple, soyons concrets; on nous parle d'un sondage, effectivement, l'onglet
P. Cela nous montre bien qu'il s'agit d'une somme d'environ $60 000 qui
correspond d'ailleurs aux engagements financiers. Ce n'est pas entre ciel et
terre; cela a été puisé à même les
crédits présumément du ministère des Affaires
intergouvernementales. J'imagine que c'est à la catégorie de
dépenses "services".
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas à cette
catégorie.
M. Forget: Ce n'est pas à cette
catégorie-là, mais cela existe.
M. Morin (Louis-Hébert): On va vous le dire, une seconde.
C'est parce que c'est dans un autre programme. C'était dans le programme
4.
M. Forget: Ah! c'est dans le programme 4. Le ministre des
Affaires intergouvernementales nous dit: Non, la préparation du
référendum, si on l'écoute, cela n'a rien
coûté. Je pense que l'affirmation est peut-être un peu trop
grosse. Cela a coûté un certain nombre de choses, puisqu'il y a
des choses qui se sont faites, des choses Identifiables...
M. Morin (Louis-Hébert): Mais le livre blanc relève
du Conseil exécutif, cela a déjà été
reconnu.
M. Forget: C'est cela. Si on doit interpréter la
réponse, c'est qu'il faut chercher à travers tous les
crédits des éléments, des dépenses imputables
à l'opération référendaire. C'est très bien,
excepté que cela ne répond pas à la question. Si cette
opération est maintenant terminée, les crédits devraient
être diminués d'autant, et c'est d'autant plus utile de savoir
à combien ils se sont élevés. On a identifié un
montant de $60 000. Est-ce que vous avez un autre sondage en perspective pour
l'automne? Est-ce la raison pour laquelle vous maintenez inchangés vos
crédits budgétaires?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il n'y a aucun sondage, si
c'est cela que vous voulez sous-enten-dre, selon votre vieille habitude.
M. Forget: Je pose la question...
M. Rivest: Ce serait utile dans la perspective du renouvellement
du fédéralisme.
M. Forget: C'est dans mon habitude de poser des questions.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a aucun sondage de
prévu, d'une part. D'autre part, je pense que votre question et les
chiffres qui sont là démon- trent qu'il n'y a pas eu de masse
d'argent consacrée à la préparation...
M. Rivest: Combien y en a-t-il eu? Vous tournez autour du pot.
Dites-nous le chiffre.
M. Morin (Louis-Hébert): On va vous donner les... Si vous
parlez des études, ce sont des études je le
répète pour énième fois a) dont nous avons
parlé l'an dernier; b) dont les textes ont été
distribués et sont disponibles maintenant; c) dont le coût a
été, sous forme de documents, donné à
l'Assemblée nationale, fourni déjà; et d) si vous voulez
d'autre chose on va vous l'ajouter tout de suite si vous voulez
les mêmes documents, on va vous les passer à nouveau, mais ce
n'est pas dans le budget de cette année.
M. Rivest: On voudrait avoir le rapport financier
consolidé.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord.
M. Rivest: Je m'excuse de ramener le ministre à des
considérations aussi terre à terre, mais il s'agit des
crédits. Evidemment, le ministre nous a servi sa philosophie de
départ, mais là, ce sont les crédits.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, on ne peut rien me
cacher!
Le Président (M. Lacoste): II est exactement 13 heures
à l'horloge. Nous suspendons les travaux jusqu'à cet
après-midi, 15 heures.
M. Morin (Louis-Hébert): On aura tous ces papiers...
Suspension de la séance à 13 h 3
Reprise de la séance à 15 h 3
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des affaires intergouvernementales reprend ses
travaux. Est-ce qu'on pourrait faire un changement, s'il y a consentement, pour
que M. Marx (D'Arcy McGee) remplace M. Raynauld (Outremont)? Consentement?
M. Morin (Louis-Hébert): Pourvu que ça ne lui donne
pas droit de parole, n'importe qui!
Le Président (M. Lacoste): Au moment de la suspension de
nos travaux, la parole, si je m'en souviens bien, était au ministre des
Affaires intergouvernementales.
M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais répondre à
la question qui m'avait été posée ce matin sur des
chiffres relatifs aux études conduites par M. Bernard Bonin. J'avais
d'abord répondu à cette question à l'Assemblée
nationale, réponse provisoire, en 1978. J'ai la réponse ici. Mais
celle que M. le député de Jean-Talon appelait le bilan
consolidé, je l'ai ici, et je vais lui donner. Le grand total pour
1977-1978, c'est $189 000. Je laisse faire les autres chiffres. En 1978-1979,
$259 000 et, en 1979-1980, $8000, ce qui fait à peu près $457
000. Ce sont des chiffres qui sont extraits du document que j'ai sorti le 10
mai 1979, justement à la suite des discussions que nous avons eues ici
même lors de l'étude des crédits.
M. Rivest: Cela veut dire, M. le ministre, que, si on ajoute le
sondage déjà strictement au niveau des chiffres qu'on peut
toucher de près, ça fait un demi-million.
M. Morin (Louis-Hébert): De quoi?
M. Rivest: De dépenses
préréférendaires.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, j'étais sûr que
vous tomberiez dans le piège de dire que c'étaient des
questions...
M. Rivest: ... plus le sondage, plus $450 000...
M. Morin (Louis-Hébert): Ce ne sont pas des
dépenses référendaires. Ce sont des études qui ont
été faites, que vous pourrez consulter à loisir maintenant
à l'Assemblée nationale, à la bibliothèque. Le
sondage, vous l'avez déjà eu, il a servi à tout le monde.
Ce ne sont pas des dépenses; le sondage, si vous voulez, oui, dans un
sens, mais les autres études, ce sont des études faites qui
peuvent servir maintenant, comme elles auraient pu servir dans d'autres
circonstances.
M. Marx: Est-ce que le sondage a été
publié?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, il a été
publié. Ceux qui ont eu connaissance de ce qui se passait à ce
moment-là savent que le sondage a été publié.
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Tout dépend de ce qu'on entend par un bilan
consolidé.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est lui qui a posé la
question.
M. Forget: Mon collègue pourra me corriger, mais j'avais
compris que la question visait un peu autre chose que seulement les
études. Il a dit: "Maintenant que l'opération
référendaire est terminée, on peut faire un bilan".
Evidemment un bilan ça se fait après et non avant. Il n'a pas
mentionné exclusivement les études, mais il a posé, si ma
mémoire est bonne on pourra vérifier la transcription
la question: Combien a coûté cette opération au
Trésor public dans son ensemble? Je comprends que le ministre peut nous
renvoyer aux crédits du conseil exécutif, etc., mais est-ce qu'il
y a un endroit où on peut poser, mieux qu'à l'occasion de
l'étude des crédits du ministère, une question comme
celle-là? Quel est le bilan complet de toutes les dépenses de
tous les ministères, puisqu'il y a, en quelque sorte on dit que
c'est un ministère horizontal, les Affaires intergouvernementales
un aspect de coordination. J'imagine que c'est à ce moment-ci qu'il faut
nous poser la question. Le personnel engagé pour ces fins-là, les
études, les sondages sur la période du 1er janvier 1977 au 30 mai
1980, ça se chiffre à combien?
On nous dit, par exemple une chose qui n'a pas été
débattue souvent que le cabinet du premier ministre on
aura peut-être l'occasion de lui poser la question directement dans
quelques jours, ce n'est pas une étude parcellaire qui va nous
satisfaire on nous dit que le cabinet du premier ministre a subi un
accroissement, s'est doté d'un appendice montréalais fort
important à l'occasion d'opérations référendaires.
On aimerait bien savoir ce qu'il arrive de ces personnes et de ces locaux,
maintenant que l'opération référendaire est
terminée, et combien cela a coûté pendant que cela s'est
poursuivi.
Il y avait des gens très hautement payés qui
étaient nominativement au cabinet du premier ministre et qui n'avaient
rien à voir avec les activités normales du premier ministre. On
pourra donner des détails si c'est nécessaire, mais il reste que
si on trace le tableau de toutes ces dépenses-là, j'imagine qu'il
y en a pour une couple de millions au bas mot. On aimerait bien savoir.
M. Morin (Louis-Hébert): Je sais qu'il y a à peu
près $3 000 000 de dépenses fédérales qui ont
été faites en publicité immorale pendant le
référendum...
M. Rivest: M. le ministre, avant d'entreprendre votre
réponse, il y a quand même en plus des... Je pense que
c'était le sens exact de la question qu'on a posée, d'autant plus
qu'il faudra également compter les quelque $20 000 000 qu'a
coûté l'opération référendaire en tant que
telle au niveau du président général des élections,
d'après ce qu'on a vu dans les journaux, mais on obtiendra
ultérieurement les confirmations de ce chiffre.
Il y a d'autres dépenses facilement identifiables
également au niveau du ministère des Affaires
intergouvernementales, par exemple au titre des voyages de journalistes
étrangers qu'on a sans doute reçus ici au Québec à
l'occasion du référendum, au niveau, par exemple, de la
soirée du référendum à la maison du Québec
à Paris, de la location de satellites, etc. Voilà une
dépense facilement identifiable, peu importe le montant pour l'instant
de cette dépense. Alors, comme on
parle de dépenses consolidées, étant donné
que le ministre des Affaires intergouvernementales a été sans
doute un des artisans premiers et que le ministère en tant que tel avait
un rôle sans doute privilégié dans l'opération
référendaire, je pense qu'il est tout à fait
légitime d'exiger pour l'information du public un portrait financier
consolidé de l'opération référendaire en tant que
telle. C'est dans ce sens que la question se pose.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous donner les
éléments que je connais. D'abord, il y a les $3 000 000 de
dépenses fédérales dont on a parlé tantôt;
ensuite, il y a probablement une partie de mon salaire, comme une partie de
votre salaire qui a été consacrée à ça, le
temps que vous avez passé au référendum. Dans le
ministère, il n'y a pas eu de dépenses particulières pour
le référendum. Pour ce qui est de la soirée du
référendum à la délégation du Québec
à Paris et ailleurs, en tout et partout, cela doit correspondre au prix
que l'ambassade du Canada a probablement payé en tout et partout ici et
là.
M. Rivest: M. le Président, je voudrais soulever une
question de règlement. Dans un sain esprit...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, une question de règlement.
M. Rivest:... de fédéralisme qu'endosse maintenant
le ministre, dois-je lui rappeler que le fédéralisme, non
seulement sur le plan théorique, mais également sur le plan
pratique comporte un partage des juridictions et l'exercice de la
plénitude des souverainetés entre les deux niveaux de
gouvernement? Si le ministre pouvait convenir de parler de sa propre
souveraineté...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon...
M. Rivest: ... laissant à la souveraineté
fédérale le soin d'assumer ses responsabilités en face de
son propre Parlement.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est parce qu'on entre
peut-être dans une nouvelle...
Le Président (M. Lacoste): Auparavant, M. le ministre,
comme c'est une question de règlement soulevée par le
député de Jean-Talon, je ne vois pas en quoi il y avait une
question de règlement.
M. Rivest: La question de règlement, c'est pour qu'on
s'occupe des juridictions provinciales.
Le Président (M. Lacoste): II n'y a pas de question de
règlement. M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord. Alors, étant
donné que nous vivons peut-être dans une période, pour le
moment, de fédéralisme comparatif on va en inventer une
nouvelle sorte et étant donné les tendances du livre
beige, je ne vois pourquoi on ne parlerait pas de ce qui s'introduit de la part
du gouvernement fédéral, à l'occasion, dans les choses qui
normalement nous concernent.
Les sommes qui ont été dépensées pour ce qui
est de la soirée du référendum, c'est environ, en tout et
partout, cela a d'ailleurs été dit publiquement, si on cherche
des nouvelles nouvelles, il n'y aura pas de nouvelles nouvelles aujourd'hui,
cela a coûté $40 000, ce qui est probablement inférieur
à ce qu'ont dépensé les ambassades du Canada pour faire la
même chose.
Quant aux dépenses qui ont pu être effectuées par le
bureau du premier ministre ou le président général des
élections, je pense que la suggestion la plus indiquée serait
d'en parler au moment où les crédits de ces organismes ou agences
seront examinés.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... je voudrais être bien sûr de
comprendre les propos du ministre des Affaires intergouvernementales. Je
dois...
M. Morin (Louis-Hébert):... au bas des pages.
M. Forget: ... comprendre que le ministre des Affaires
intergouvernementales refuse de présenter un bilan complet et exhaustif
des dépenses de tout le gouvernement relativement à une question
qui l'intéresse au premier chef en vertu de la loi constitutive de son
ministère, c'est-à-dire l'ensemble des relations
intergouvernementales, la représentation du Québec, etc.,
activité qui a été certainement pilotée,
organisée, conçue dans une large mesure par le ministère
dont il est responsable. Il nous refuse cette information. Il dit: Cherchez-la
vous-même à même les comptes publics ou Dieu sait quoi.
M. Morin (Louis-Hébert): Non. M. le Président, je
n'ai rien refusé. Je n'ai pas l'information que demande...
M. Forget: Vous pouvez la chercher, M. le ministre, si vous ne
l'avez pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Justement, le rôle du
député...
M. Forget: On ne vous demande pas de faire un discours, on vous
demande de nous produire des chiffres.
M. Morin (Louis-Hébert): Le rôle du
député, au moment de l'examen des crédits, est justement
de poser les questions qui conviennent aux gens qui conviennent. Alors, je vous
donne les réponses en ce qui concerne mon ministère, je n'ai pas
le total et je ne suis pas le seul à m'être occupé du
référendum. Par conséquent, il y a d'autres
ministères qui pourront intervenir. Je précise, cependant que,
quand vous parlez des dépenses faites par le ministère pour le
référendum, il faudrait préciser le sens de votre phrase,
parce que le ministère a eu un rôle apolitique dans ce
référendum et j'ai toujours tenu, contrairement aux
ministères fédéraux qui n'ont aucune espèce de
moralité de ce côté, à distinguer les choses.
En ce qui concerne les voyages ou invitations de journalistes, sur la
question que vous avez posée tantôt, je vais demander qu'on me
donne des précisions, je ne pense pas qu'il y en ait eu tellement.
D'ailleurs, chaque fois que vient un journaliste, on l'envoie du
côté de l'Opposition pour obtenir une version des choses, pour
être sûr qu'ils ont une connaissance complète de la
réalité québécoise. Je ne sais pas si c'est une
bonne idée de notre part, mais, avec la générosité
qui nous caractérise, je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas.
M. Forget: M. le Président, je me vois forcé
d'insister. Ce que nous demandons à un membre du gouvernement...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est de répondre à
des questions pour lesquelles il n'a pas les réponses. Qu'est-ce que
vous voulez que je vous dise?
M. Forget: Je peux m'occuper des questions, M. le
Président, je vais m'occuper de ça très bien, merci, il
s'agirait de savoir si le ministre peut s'occuper des réponses.
Ce que nous voulons savoir du ministre des Affaires
intergouvernementales, c'est si, oui ou non, il accepte de nous donner un
état complet des dépenses que l'on peut rattacher directement,
non pas une analyse de l'occupation de son temps ou de l'imputation qu'il faut
faire de son salaire aux problèmes référendaires, ce n'est
pas cela qu'il s'agit mais de toutes les dépenses discrètes ad
hoc qui peuvent se rattacher directement ou indirectement au
référendum. (15 h 15)
Nous avons donné un certain nombre d'exemples, nous voulons ce
bilan. Est-ce qu'il n'est pas de son ressort, comme ministre des Affaires
intergouvernementales, de répondre à notre demande?
Je dois revenir encore une fois à la charge parce qu'il se borne
à nous donner des réponses sur des éléments
précis, qu'on a eu la bonne fortune de mentionner. Ce que nous voulons
obtenir de lui, c'est une déclaration complète, selon lui, de
toutes ces dépenses. Il doit bien y avoir un ministre, dans ce
gouvernement, qui est capable de faire un tel état.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je pense
qu'en tant que ministre des Affaires intergouvernementales, je réponds
en ce qui concerne les crédits de mon ministère. C'est ce que je
fais depuis le début de l'après-midi et c'est ce que nous avions
commencé à faire ce matin.
En ce qui concerne mon ministère, j'ai répondu aux
questions que vous avez posées. Si vous en avez d'autres, cela me fera
plaisir d'y répondre et si je suis incapable de le faire par manque de
renseignements ou par oubli, je demanderai aux fonctionnaires qui sont ici
d'apporter les renseignements voulus.
M. Forget: II faut donc conclure de cela que s'il y a une
dépense que nous n'avons pas mentionnée et que le ministre a fort
commodément omis de mentionner, il pourra dire qu'on ne l'avait pas
questionné là-dessus. Nous ne demandons pas des réponses
à des questions précises, nous lui demandons à lui de
faire le relevé complet au moins des dépenses de son
ministère; s'il se réfugie derrière une juridiction
très étroite de son ministère dans ces affaires, tant pis
ou tant mieux pour lui, mais on aimerait avoir un état complet des
dépenses des quelques années passées sur tout ce qui a eu
trait de près ou de loin, directement ou indirectement, au
référendum.
M. Morin (Louis-Hébert): Fidèle à son
habitude, M. le Président, le député impute toujours des
intentions à ceux auxquels il pose des questions. J'étais en
train de répondre à la question. Je vous disais que j'ai
répondu aux questions que vous m'avez posées. Si vous en avez
d'autres, il me fera plaisir d'y répondre...
M. Forget: ... pour les chiffres.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous en ai donné tout
à l'heure. Et, en ce qui nous concerne, il n'y a pas de dépenses
référendaires autres que celles qui découlent normalement
de l'existence d'un ministre dans son ministère, d'un cabinet dans son
ministère et des quelques conseillers qu'il peut prendre à
l'occasion, un point, c'est tout. C'est aussi simple que cela. Vous pouvez
poser 42 907 questions, il n'y a pas autre chose que cela.
En ce qui concerne les voyages de journalistes, il s'en fait à
longueur d'année. Il y en a eu avant, pendant et après le
référendum, et au moment où il n'était même
pas question du référendum, même sous l'administration
libérale. Si vous voulez avoir la liste des journalistes qui ont pu
être invités par le service d'information du ministère
nous l'avons peut-être, je ne le sais pas il nous fera
plaisir de vous la donner.
En ce qui concerne les dépenses qui ont pu être
effectuées par d'autres cabinets, dans d'autres ministères, je
dois vous informer que même si je m'efforce d'être le plus
précis possible, je les ignore et je voudrais préciser, en ce qui
concerne le référendum, qu'il ne s'agit pas d'une
opération, ni d'une entreprise dont le ministre des Affaires
intergouvernementales était responsable à cause de son titre de
ministre des Affaires intergouvernementales.
M. Forget: Allons donc!
M. Morin (Louis-Hébert): II faisait partie tout simplement
du groupe de ministres qui s'occupaient de la question
référendaire et il le faisait aussi en coordination avec les
membres de l'ensemble du cabinet.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Qui s'occupait de la coordination, M. le ministre, si
ce n'est vous en vertu de la loi constitutive du ministère?
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai une réponse ici. Non,
la loi constitutive du ministère ne mentionne absolument rien pour ce
qui a trait au référendum, ni aux élections d'ailleurs. On
n'a pas payé de voyage à des journalistes pour le
référendum. S'il y a des exceptions, on pourra les
vérifier. Au moment où on en est...
M. Rivest: Quel euphémisme dans la bouche du ministre!
M. Forget: Y en a-t-il ou n'y en a-t-il pas?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne sais pas s'il y en a.
M. Forget: C'est vous qui avez fait les dépenses; c'est
à vous de le dire. Nous affirmez-vous qu'il n'y a aucun voyage qui a
été payé à personne pour venir s'informer au
Québec de l'état de la question nationale? Est-ce que c'est cela
que vous nous affirmez? Oui ou non?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le député de
Saint-Laurent, vous avez participé avec moi-même à une
entrevue pour la revue L'Express, ici à Québec. Vous le savez
très bien. Pourquoi poser des questions auxquelles vous avez des
réponses? Vous savez très bien que, dans ce cas-là...
M. Forget: Le voyage était payé par le
ministère des Affaires intergouvernementales?
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Forget: Nous demandons ceux qui ont été
payés par vos soins.
M. Morin (Louis-Hébert): On va vérifier, s'il y en
a, on va vous le dire avant la fin de la journée. Ce n'est pas plus
grave que cela. Si vous cherchez des scandales ou quoi que ce soit de ce
côté-là, vous risquez fort d'être aussi
déçu que vous l'avez été par l'attitude du premier
ministre du Canada au moment de sa conférence constitutionnelle, alors
qu'il a pris un virage auquel vous ne vous attendiez pas. Voilà.
M. Forget: Ce sera d'autant plus long. Si vous voulez être
ici jusqu'à minuit, on peut très bien faire cela. Si vous
n'acceptez pas de répondre à des questions légitimes, vous
allez rester ici longtemps.
M. Rivest: Par exemple, dans le...
M. Forget: Je n'ai absolument aucune objection. J'ai
déjà été ici jusqu'à minuit un samedi soir.
Si vous voulez répéter l'expérience, je suis
disponible.
Une Voix: Cela paraît.
M. Forget: Mais vous allez répondre aux questions qu'on
vous pose et vous n'irez pas vous réfugier derrière des arguties
et des plaidoyers qui n'ont rien à voir avec les questions qu'on vous
pose.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs!
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, avant que
le député tie Saint-Laurent grimpe davantage dans les rideaux et
qu'il en redescende brusquement, au risque de se blesser, il faudrait quand
même qu'il tienne compte de ce que je lui ai dit. J'ai dit que nous
allons vous donner les éléments de réponse à cela
avant la fin de cet après-midi, parce que nous n'avons pas tout cela
ici. Je n'ai jamais dit que je ne répondrais pas aux questions; j'ai dit
que je répondrais à toutes les questions que vous auriez et, pour
ce qui concerne les dépenses référendaires faites par le
ministère, je vous ai donné tout ce que j'en savais. Il n'y a pas
eu de dépenses référendaires faites par le
ministère dans le sens où je sais très bien,
puisque j'ai peut-être le droit non pas d'imputer des intentions, mais
d'en souligner vous voudriez faire croire aux gens que nous nous sommes
servis des fonds publics pour le référendum, mais ce n'est pas le
cas. S'il y a des questions de cette nature qui vous préoccupent, vous
savez très bien à quel secteur ou niveau de gouvernement vous
devez les appliquer.
M. Forget: On fera l'interprétation après.
Donnez-nous d'abord les données; on fera l'interprétation
après, non pas l'inverse.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai une réponse. C'est le
rapport complet. Il y a deux voyages qui ont été payés
à des journalistes pendant la campagne référendaire,
point.
M. Forget: Et avant, combien?
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant! Vous m'avez
demandé combien il y en avait...
M. Forget: Je vous ai demandé depuis le 1er janvier 1977.
Vérifiez la transcription, si vous voulez bien!
M. Morin (Louis-Hébert): Vous l'aurez tout à
l'heure.
M. Forget: C'est ce que j'ai demandé.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas ce que vous avez
demandé.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs!
M. Morin (Louis-Hébert): A aucun moment, vous n'avez
demandé cela.
M. Forget: Voulez-vous vérifier?
M. Charbonneau: Faites-la sortir!
M. Forget: Faites demander la transcription.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs!
J'aimerais, MM. les députés, s'il vous plaît... M. le
ministre, auparavant...
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais dire quelque chose,
M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, auparavant,
j'en ai pour un instant.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a quelque chose que je vais
dire après.
Le Président (M. Lacoste): J'aimerais, auparavant, que les
députés s'adressent directement à la présidence
afin d'obtenir le droit de parole. Pour le bon déroulement de nos
travaux, c'est la meilleure façon d'arriver à bonne fin. Donc, M.
le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Nous avons fait un effort
particulier cette année, comme je l'ai signalé ce matin, pour
fournir aux partis d'Opposition, dans le document qu'ils ont, une liste
d'annexes sans précédent, avec tous les détails que vous
pouviez souhaiter, et même ceux que vous n'avez pas demandés, sur
une série de questions. Si vous aviez voulu recevoir ces renseignements,
vous auriez pu nous les demander, et nous vous les aurions fournis par
écrit, de la même façon que tout le reste, parce qu'il n'y
a strictement rien de ce côté à cacher. Il n'y a aucun
problème. Le rythme du nombre de visites de journalistes est à
peu près le même d'un mois à l'autre, sauf pendant
l'été peut-être, alors qu'il y a moins de monde à
voir. Cela me fera plaisir de vous fournir cette liste, non seulement depuis le
1er janvier, ce que vous n'aviez pas demandé tantôt, mais depuis
l'existence du ministère. Il n'y a aucun problème de ce
côté. Pourquoi, à l'avenir, quand vous voulez des
renseignements comme ceux-là, au lieu d'essayer d'inventer des drames
pour faire cacher les problèmes que vous aviez ce matin...
M. Rivest: Je vous les ai demandés à midi.
M. Morin (Louis-Hébert): ... pourqui ne les avez-vous pas
demandés à ce moment? On vous les aurait donnés. Cela
aurait été l'annexe T de la série que vous avez dans votre
document.
M. Forget: M. le Président, question de
règlement.
M. Morin (Louis-Hébert): L'enveloppe pour voyages de
journalistes qui est d'environ $25 000 par...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent, question de règlement.
M. Rivest: II y avait une enveloppe...
M. Morin (Louis-Hébert): L'enveloppe globale pour les
voyages de journalistes chaque année est de $25 000, mais elle n'est
jamais dépensée en totalité. Voilà!
Le Président (M. Lacoste): Question de règlement,
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, le ministre vient de dire que
s'il y a des questions que nous sommes intéressés à poser,
nous devrions le faire par écrit avant le début des travaux de la
commission parlementaire.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce n'est pas ce que j'ai
dit. Les questions qui demandent des recherches.
M. Forget: J'ai la parole, s'il vous plaît!
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: On doit s'attendre que lorsqu'un ministre se
présente en commission parlementaire, les recherches soient faites et
que ses dossiers soient à jour. Il est prévisible que certaines
questions seront posées. Il se trouve que pour être aimable et
coopérative, l'Opposition officielle a formulé des questions
standard à tous les ministères, et ce sont les réponses
à ces questions standard que l'on retrouve en annexe, y compris, outre
un certain nombre d'autres qui ont été volontairement fournies
j'en remercie le ministre par le ministre sur d'autres sujets
auxquels on peut ou non s'intéresser.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne vous le fais pas dire.
M. Forget: II demeure que nous conservons vous serez
d'accord avec moi, M. le Président le droit total de poser des questions
qui nous apparaissent pertinentes à la compréhension des
crédits du ministère. Parmi les questions pertinentes à la
compréhension des crédits de l'année prochaine, figure le
rythme des dépenses non récurrentes parce que liées
à l'opération référendaire qui se trouvent
implicitement incluses dans les crédits et les dépenses publiques
des années
antérieures, et comme ces dépenses n'auront plus lieu de
se reproduire, nous sommes légitimés à dire: Nous
voudrions savoir quel est l'ordre de grandeur de ces dépenses. On nous
dit: II n'y en a pas eu, mais, à chaque fois qu'on cite un exemple, on
nous donne un chiffre. Alors, ce serait intéressant de compléter
l'exercice pour être bien sûr qu'on n'a rien oublié à
la fin.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Voyez-vous, le
référendum s'est produit au mois de mai 1980. On pourrait
probablement découvrir qu'au mois de mai 1979, au mois de mai 1978 et
peut-être jusqu'au mois de mai 1972, il y avait à peu près
le même nombre de journalistes étrangers qui ont été
invités par le gouvernement. Je ne voudrais pas que vous
présumiez quoi que ce soit. Quand j'ai dit tantôt que
j'étais tout à fait disposé à répondre
à des questions si vous nous en avisiez d'avance, je faisais
évidemment référence à des questions qui demandent
des recherches. Je pense que vous le savez très bien, d'ailleurs, mais
c'est votre technique de procéder, à laquelle vous avez
parfaitement le droit et ça fait longtemps que, de notre
côté, en tout cas, on l'a jugée à sa juste
valeur.
M. Rivest: M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Suivant le ministre sur la voie qu'il nous a
tracée d'essayer de chercher les différents
éléments des dépenses référendaires qui ont
pu être faites à son ministère ou ailleurs, qu'on
était en droit d'obtenir du ministre des Affaires intergouvernementales,
s'il s'oppose d'une façon vraiment incroyable à être le
lien de transmission de cette information qui est quand même tout
à fait légitime, résumant là où nous en
sommes, exceptant, disons, les dépenses purement électorales
relevant du président des élections, dont on nous a dit,
d'après les journaux, qu'elles se situaient à quelque $20 000
000, nous avons donc réussi, à petits pas, par étapes,
à constater, depuis environ une demi-heure, qu'il y avait eu les
études Bonin, $457 000; $60 000 pour...
M. Morin (Louis-Hébert): Vous ne le savez pas depuis une
demi-heure, vous le savez depuis à peu près deux ans, je
m'excuse. A propos des études Bonin, je vous ai donné un texte
qui vous a été remis l'an dernier.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Ne brûlez pas les étapes, M. le
ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): N'en inventez pas! Nous avons
également $60 000 sur le sondage prérérendaire... Que vous
saviez déjà.
M. Rivest: Voilà une enveloppe de $25 000 dont on a le
chiffre. Il faut le prendre avec réserve, parce que,
paraît-il...
M. Morin (Louis-Hébert): II n'est jamais
dépensé en totalité.
M. Rivest: ... il n'aurait pas été
dépensé en totalité.
M. Morin (Louis-Hébert): N'est pas dépensé.
Une Voix: ... référendum.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela n'a rien à voir avec
le référendum.
M. Rivest: Et on nous a parlé également, dans une
autre étape, de $40 000 pour la soirée référendaire
à la Maison du Québec à Paris.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, pour l'ensemble de... Il
faudrait quand même se souvenir de ce que j'ai dit, pour l'ensemble de
toute l'information qui a été diffusée ce soir-là,
ce qui est probablement beaucoup moins...
M. Rivest: Pardon? Excusez-moi?
M. Morin (Louis-Hébert): Pour l'ensemble de l'information
qui a été distribuée ce soir-là à ceux qui
écoutaient, ce qui est un chiffre probablement moindre que celui que les
ambassades du Canada ont dépensé ailleurs.
M. Rivest: Oui, à Paris, n'est-ce pas? M. Morin
(Louis-Hébert): Non, partout. M. Rivest: Partout.
M. Forget: Est-ce que ça comprend la location du
satellite...
M. Rivest: Est-ce que la location du satellite est incluse?
M. Forget: Tout?
M. Morin (Louis-Hébert): Tout, je l'ai dit
tantôt.
M. Rivest: Ensuite de ça, les visites
ministérielles à l'étranger...
M. Morin (Louis-Hébert): ... la liste.
M. Rivest: Est-ce qu'on peut vous poser la question, parce qu'il
faut maintenant poser la question? Si on ne pose pas la question, comme l'a
signalé le député de Saint-Laurent, il va nous dire: Vous
ne m'avez pas posé la question, etc. Pour les visites
ministérielles, probablement légitimes dans le contexte où
les ministres allaient spécifiquement à l'étranger devant
des tribunes, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, expliquer
la thèse de la souveraineté-association, est-ce qu'on
pourrait avoir les chiffres, également, de ces types de
dépenses?
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez l'ensemble de la liste
de toutes les visites des ministres à l'étranger, l'endroit
où ils ont été, la date où ils y sont allés,
sous l'annexe...
M. Rivest: Quel est le montant total?
M. Morin (Louis-Hébert): Justement, j'aurais aimé
que vous regardiez votre document avant de venir ici.
M. Rivest: Je sais qu'il y a M. Landry, qu'il y a eu M.
Morin...
M. Morin (Louis-Hébert): Bien si vous le savez...
M. Rivest: Pouvez-vous me donner le chiffre? C'est parce qu'on
est en train de faire le travail que malheureusement le ministre, avec tous ses
services, refuse de faire. On va le faire... Le député de
Saint-Laurent a dit qu'on prendrait le temps et on va le prendre.
M. Morin (Louis-Hébert): Prenez-le, seulement prenez donc
aussi le temps de regarder ce qu'on vous a déjà fourni avant et
dans lequel vous avez tous ces renseignements avec la raison de la
présence du ministre X ou Y à l'étranger. Pas besoin de
sourire pendant que je réponds à la question, je sais que vous la
posez strictement pour étirer le débat, mais vous avez la liste
de tout ce qui a été à la fois dépensé et
des endroits où les gens sont allés avec les dates et tout. Il
vous manque seulement l'âge du ministre, mais ça, que voulez-vous,
ce n'est pas compris là-dedans. Vous avez ça au complet sous
l'annexe K, n'est-ce pas.
M. Rivest: L'annexe K. Est-ce que les services de la commission
pourraient faire les additions au fur et à mesure qu'on progressera?
M. Forget: Sur ce sujet, si mon collègue de Jean-Talon me
permet une parenthèse...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Quand on regarde cette liste de voyages, puisqu'on
nous y réfère, on l'a regardée avant de venir ici...
M. Morin (Louis-Hébert): Ah bon! (15 h 30)
M. Forget: ... et ce qui est étonnant, M. le ministre,
c'est le montant dérisoire qui est affiché face à chacune
des visites. On a des voyages en Afrique qui ne coûtent que la modique
somme de $500 ou des choses dans ce genre-là. Il doit bien manquer
quelque chose parce que, pour l'humble mortel que nous sommes, seulement le
billet d'avion pour aller en Afrique coûte au-delà de $2000 je
pense.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Forget: Alors qu'est-ce qui arrive, quels sont ces
chiffres-là? Est-ce que ce sont les pourboires seulement?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Le député, au lieu
d'essayer de faire du persiflage, devrait penser qu'effectivement il y a une
raison. Il arrive ceci, et j'aurais aimé que ce fût
respecté sous d'autres gouvernements; à certaines occasions, les
dépenses d'un ministre sont soit prises en charge par le pays dont il
est l'hôte, soit payées par l'organisation internationale aux
travaux de laquelle il participe. Voici ce qui m'est arrivé, dans mon
cas, à quelques reprises, et par conséquent je n'ai pas
jugé opportun et je souligne que c'eût été
intéressant que ce fût respecté sous d'autres gouvernements
de réclamer des sommes du gouvernement du Québec puisque
mes dépenses étaient assumées dans une proportion X par
l'Etat d'accueil ou l'organisme aux travaux desquels je participais.
Ce qui fait, par exemple, pour vous donner un cas très
précis, que lorsque j'ai été à Lomé au Togo,
du 8 au 15 décembre 1979, cela a coûté à l'Etat
québécois $238.86 et non pas $2238.86, la différence
étant absorbée par l'agence.
Je n'ai pas cru que ce serait opportun, même si j'y avais eu
techniquement droit, de réclamer un per diem de $125. Fin de
l'information sur ce sujet.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Dans le même ordre d'idées...
M. Forget: Est-ce que cette explication vaut pour tous ces
montants-là?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela vaut pour les montants qui
vous semblent curieux dans le sens où... On me signale qu'il y a des
fois aussi où il peut y avoir... J'ai un cas qui me touche
moi-même, je vais mentionner ceux que je connais le mieux. Par exemple,
vous avez Claude Morin qui est allé, du 21 au 25 mars 1979, à
Atlanta, Saint-Domingue, Port-au-Prince et Caracas, où j'ai
procédé non pas à l'inauguration, mais à
l'ouverture immédiate de la délégation. Cela m'a
coûté $650 qui sont attribués à mon nom, pour les
fins du ministère. C'était cependant l'avion du gouvernement qui
a permis de faire ce périple complexe en aussi peu de jours.
M. Rivest: ... Ça ne coûte rien.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas comptabilisé
de la même façon, c'est au budget du ministère des
Transports.
M. Le Moignan: Le ministre pourrait peut-être nous dire une
chose que je saisis très mal. Il y a des choses indiquées
"à venir", est-ce que c'est le coût du voyage ou si le voyage
n'est pas encore fait? C'est ce qui m'embarrasse.
M. Morin (Louis-Hébert): Le voyage est fait, M. le chef
intérimaire de l'Union Nationale. Le document que vous avez a
été préparé il y a déjà quelques
semaines et il a été transmis, d'ailleurs, il y a une semaine ou
deux. Lorsque les chiffres ont été présentés ici,
les coûts n'étaient pas entrés. Maintenant je vais vous les
donner, je les ai ici, si vous voulez les avoir, parce qu'ils sont
arrivés depuis, si cela vous intéresse.
M. Le Moignan: Non, je pensais que le voyage était
suspendu.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, c'est parce qu'on n'a pas eu
les chiffres au moment où on a écrit les papiers à
l'époque où le document a été préparé
pour votre usage, au cas où nos amis libéraux auraient voulu le
lire avant de poser des questions.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Une autre question sur le même sujet. M. le
Président, je pense que c'est une question qui va un peu au fond du
problème de fiabilité des données qu'on donne à
l'Assemblée nationale. Je reviens à l'exemple qu'a choisi le
ministre, parce qu'il est frappant. Voyage à Atlanta, Saint-Domingue,
Port-au-Prince, Caracas, du 20 au 27 mars 1979. Visite des
délégations, $650. A moins que le ministre ne nous explique qu'il
était seul dans ce voyage et qu'il a piloté lui-même
l'avion du gouvernement, il me vient tout de suite à l'idée que
c'est une fausse représentation que d'afficher un chiffre comme
celui-là, parce qu'il est évident que si le ministre y va, il y a
d'autres personnes qui y vont. Bien sûr, ce sont leurs dépenses et
pas les dépenses du ministre. Même le pilote doit restera
l'hôtel et manger pendant une semaine, sinon il sera terriblement faible
pour piloter l'avion à son retour. Quand on parle de la visite d'un
ministre dans quatre pays, il faudrait dire: C'est une mission qu'il dirige et
qui coûte tant. Pas $650. On se paie littéralement la tête
du monde, dans ce cahier.
M. Morin (Louis-Hébert): Je m'excuse, cela dépend
de la question que vous avez posée l'année passée. Vous
avez demandé la liste des voyages ministériels et vous avez la
liste des voyages ministériels.
M. Rivest: Oui, mais c'est cette année qu'on vous pose les
questions.
M. Forget: On demande leur coût. A moins que vous n'y
alliez sans pilote, le coût de votre voyage comprend également
l'hôtel du pilote, qui doit vous attendre pendant que vous êtes
à cette conférence.
M. Rivest: M. Duhaime est allé à Pittsburg pour
$62.
M. Morin (Louis-Hébert): Là, je m'excuse, mais on
va arrêter de jouer aux fous. Tout le monde est témoin que cela
n'a aucune allure, ce que vous êtes en train de faire là. Vous
demandez les dépenses du ministère, je vous donne les
dépenses du ministère. Je vous ai même donné les
dépenses des membres de mon cabinet qui ont pu faire des voyages aussi
à cette occasion, parce que c'est ce que vous aviez demandé. Si
vous voulez demander à l'ensemble du gouvernement combien...
M. Rivest: Vous répondez un an après aux questions.
On vous pose des questions pour cette année, de la façon dont on
les pose.
M. Morin (Louis-Hébert): Je m'excuse. L'entente qui est
intervenue l'année passée, on s'y est conformé, même
que cela a été mentionné tantôt, on a donné
plus de renseignements. Vous savez très bien que vous faites cela pour
Dieu sait quelle raison... Oui, pour faire oublier ce matin, c'est bien
sûr, c'est évident, tout le monde en est conscient.
M. Rivest: ... du débat.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il n'y a pas eu de
débat, vous n'avez pas répondu aux questions.
M. Rivest: Nous ne l'avons pas remarqué. M. Forget:
... de mon collègue de Jean-Talon.
M. Morin (Louis-Hébert): Parce que vous allez finir par
répondre à cela, d'accord. Alors, j'ai la liste ici des demandes
de renseignements de l'Opposition officielle, ça doit être vous
autres, pour l'étude des crédits 1980, dans laquelle je lis ceci:
liste des voyages à l'étranger depuis le 1er janvier 1979,
ministres, députés, personnel de cabinet. C'est ce que nous vous
avons donné. Vous l'avez ici. On l'a préparé avec soin.
J'ai même les chiffres qui n'étaient pas déjà
fournis là-dedans puisque le document a été
préparé avant, que je suis prêt à vous donner si
cela vous intéresse. Maintenant, si vous me demandez le prix de
l'hôtel du pilote de l'avion qui m'a conduit à un moment
donné à Washington pour aller faire une conférence, je
l'ignore. Cela me ferait plaisir de vous fournir ce renseignement, mais je
pense que cela frappe le sens commun qu'il y a des chances que je n'aie pas
cela ici par devers moi aujourd'hui.
M. Forget: M. le Président, le ministre est en train de me
donner raison sans s'en douter peut-être. J'ai demandé, au
début de tout ceci, un bilan complet, exhaustif, des dépenses
relatives au référendum. Il vient de nous donner raison en
nous
montrant justement qu'à moins de demander quelque chose de
complet et de compréhensif, s'il se borne à répondre
à nos questions, il va prendre excuse qu'une question n'est pas
elle-même globale, compréhensive, complète pour ne nous
donner qu'une parcelle de la vérité.
Il est clair que, lorsqu'on pose des questions sur les voyages de
ministres, et qu'on inclut le coût de ces voyages, à moins que
quelqu'un ne soit tombé sur la tête, il n'entre dans l'esprit de
personne de dire qu'on va demander le coût d'une personne, le ministre,
mais que c'est seulement ce coût qui nous intéresse et pas le
coût total de l'opération. Il est bien clair que le ministre peut
nous dire: Vous m'avez demandé le coût de mon voyage à moi;
il s'adonnait que nous étions six et que l'avion gouvernemental nous a
transportés, mais ça, bien sûr, ça apparaît
à d'autres crédits et on n'a pas besoin d'en parler. Si c'est sur
cette base qu'on répond à nos questions, le jeu de fou qui se
joue ici, je ne sais pas qui le joue, mais j'ai plutôt l'impression qu'il
se joue de l'autre côté.
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais répondre
à ça, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): La liste des requêtes ou
demandes qui nous a été soumise est la même que celle qui a
été soumise à d'autres ministères. Est-ce que, dans
le cas des autres ministères, vous avez eu la même
préoccupation de la dimension de la mission, de ses implications
financières, globales, définitives et éternelles? La
réponse, c'est non. Comment se ferait-il qu'on appliquerait au
ministère ici une façon de procéder qui ne découle
pas de ce que vous nous aviez demandé...
M. Rivest: Parce qu'il s'agit du ministère d'ici.
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant, M. le
député de Jean-Talon... alors que, dans les autres cas, le monde
s'est conformé, pour répondre à vos questions, à la
liste que vous aviez? Vous voulez d'autres renseignements, dites-nous lesquels
et il nous fera plaisir de vous les fournir.
Il est évident que, par exemple, le prix de l'hôtel du
copilote ou de je ne sais pas quoi du ministère des Transports qui a
piloté l'avion, évidemment, parce qu'il est conduit par
quelqu'un, apparaît au ministère auquel le pilote appartient. Je
pensais que ce qui vous intéressait, c'était de savoir quel
ministre était allé où et non pas si cela avait
coûté $208 de plus ou de moins. Ecoutez, si votre
préoccupation est aussi limitée que celle-là, en ce sens
qu'elle emprunte un cheminement aussi étroit, si ce que vous avez comme
préoccupation, c'est une préoccupation uniquement comptable au
sens le plus étroit du terme, ça me fera plaisir de vous fournir
tous ces renseignements. Vous nous donnerez, cependant, le temps de mettre
ensemble tous les renseignements qui seraient pertinents.
Je pensais que l'intérêt qu'il y avait pour l'Op- position
à avoir la liste des voyages de ministres ou d'autres choses qu'avec
beaucoup de raison vous demandiez, c'était d'en dégager, je ne
sais pas, l'application des politiques gouvernementales et non pas de faire le
travail du Vérificateur des comptes qui fait très bien son
travail d'ailleurs et qui, chaque année, publie son rapport.
Maintenant, si c'est ça que vous voulez, d'accord. Mais il me
semble que ce n'est pas ça que vous aviez demandé. Je ne vous
comprends pas. Nous vous donnons plus que ce que vous nous demandez dans votre
liste formelle qui est ici. Vous arrivez avec des sous-questions dans d'autres
directions et vous vous étonnez qu'on ne transporte pas ici tous les
dossiers du ministère à portée de la main, dans une forme
qui nous permettrait de vous donner instantanément les réponses,
comme si on était des ordinateurs ambulants. Je le regrette, on essaiera
d'être des ordinateurs ambulants, mais je ne crois pas qu'on y arrive
sur-le-champ.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, lorsqu'en réponse
à une question: Où le ministre des Affaires intergouvernementales
est-il allé, à quel moment et combien cela a-t-il
coûté, on nous dit c'est toujours le même voyage dont
il est question; ce n'est qu'un exemple, mais c'est un bon exemple, je pense
que cela a coûté $650, je dis ceci: On nous ment. Je ne
ferai pas d'autres épilogues là-dessus; on nous ment. C'est tout
simplement ça, c'est un mensonge; ce n'est pas ça, le coût
de ce voyage. Je défie qui que ce soit de prétendre que c'est le
coût du voyage, absolument pas. C'est un mensonge éhonté,
volontaire. On sait très bien que ce n'est pas ce que cela a
coûté. Le ministre des Affaires intergouvernementales est le
premier à le savoir.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne demanderai pas au
député de retirer ses paroles.
M. Forget: Je l'espère.
M. Morin (Louis-Hébert):... parce que, comme il le dit
souvent, des expressions comme celles-là ont perdu à peu
près toute valeur et toute crédibilité.
M. Forget: Est-ce que c'est vrai que cela a coûté
$650? Est-ce que vous allez sérieusement affirmer que votre voyage a
coûté $650, à moins de faire des restrictions mentales de
Jésuite en disant qu'il faut exclure les frais de transports, qu'il faut
exclure votre entourage, qu'il faut exclure ceci, qu'il faut exclure cela?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce que nous vous
disons.
M. Guay: Qu'est-ce que vous avez contre les Jésuites,
vous?
M. Charbonneau: C'est ce que cela a coûté aux
Affaires intergouvernementales. Est-ce que c'est clair?
M. Forget: Ce n'est pas un coût. Ce n'est pas cela, le
coût de ce voyage. Et quand on demande le coût du voyage, on ne
demande pas une partie du coût, la partie que vous avez bien le
désir de nous révéler. On vous demande le coût en
entier. Et quand on nous donne une partie du coût, on nous ment.
M. Morin (Louis-Hébert): Le coût en entier, au
ministère, c'est celui que vous avez. Je regrette, mais le coût en
entier, pour le ministère, c'est celui que vous avez. Je vous le
dis.
M. Forget: C'est faux. Ce n'est pas le coût pour le
gouvernement. Je ne suis pas intéressé à savoir...
M. Morin (Louis-Hébert): Ah bon! Un instant.
M. Charbonneau: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Verchères, question de règlement.
M. Forget: Je ne suis pas le contrôleur des finances.
M. Charbonneau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): Question de règlement,
M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: J'aimerais que vous statuiez. Est-ce qu'on
étudie ici, cet après-midi, les crédits du
ministère des Affaires intergouvernementales du Québec ou
étudie-t-on ici les crédits du gouvernement du Québec?
Si on étudie ce matin, cet après-midi et peut-être
ce soir, les crédits du ministère des Affaires
intergouvernementales, je pense que vous pourriez rappeler à l'ordre le
député de Saint-Laurent. Moi, je n'ai pas le goût, cet
après-midi, de perdre mon temps. Il n'y a personne qui a le goût
de perdre son temps. Si vous voulez avoir les crédits du gouvernement,
vous ferez vos additions ou vous demanderez la constitution d'une commission
parlementaire spéciale qui vous fournira les crédits de
l'ensemble du gouvernement. Il y a toujours bien des limites!
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Verchères, sur cette question de règlement...
M. Charbonneau: II existe une commission des engagements
financiers à cet effet. Vous pourrez poser vos questions là, si
vous voulez avoir les crédits de l'ensemble du gouvernement. Il n'y a
personne qui a essayé de faire croire au monde que les dépenses
du ministère des Transports étaient comptabilisées au
ministère des Affaires intergouvernementales pour ce qui est des voyages
en avion. Il me semble que cela aussi ça saute aux yeux. Et il faut
être un sacré, sinon menteur, du moins fourbe pour essayer de
faire croire que cela devrait être tout comptabilisé dans les
Affaires intergouvernementales.
Est-ce que c'était comme cela que vous fonctionniez dans votre
temps? Est-ce que vous pensez qu'on devrait fonctionner différemment de
votre époque?
M. Forget: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent, sur la même question de règlement.
M. Forget: Sur la question de règlement,
brièvement, mon cher collègue, je vais demander au jeune homme
qui vient de parler s'il est d'avis que le ministre des Affaires
intergouvernementales était seul...
M. Charbonneau:... le mépris d'un personnage hautain et
mesquin.
M. Forget: Je ne vous ai pas appelé fourbe, je vous ai
appelé jeune homme. C'est un compliment. A votre âge, cela
commence à être un compliment.
M. Charbonneau: J'ai 30 ans et j'en suis fier, mais j'ai
l'impression que...
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, est-ce
qu'on pourrait avoir une discussion sérieuse?
M. Forget: J'ai posé une question, M. le
Président.
M. Charbonneau: J'ai bien hâte de voir avec qui vous allez
m'essayer dans le comté. Je vous invite à venir vous essayer.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, vous aviez une
réponse.
M. Forget: Je n'ai pas terminé ma question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent, sur une question de règlement.
M. Forget: On s'oppose à ce qu'on demande toutes le
dépenses relatives à un voyage en particulier. On nous fait
objection, M. le Président, que cela paraît probablement dans les
comptes publics sous le titre d'un autre ministère, en partie.
Faut-il donc conclure que le ministre des Affaires intergouvernementales
n'était accompagné de personne du ministère dont les
dépenses ont été prises en charge par ce ministère,
mais qui n'apparaissent pas dans la liste en question? Au moins sur ce plan, et
si on veut être étroitement
technique, comme le député de Verchères cherche
à l'être maintenant, est-ce qu'on a la vérité
même sur ce plan, même selon cette définition étroite
de la vérité à laquelle on voudrait nous faire
souscrire?
Le Président (M. Lacoste): Sur la question de
règlement, il est bien évident que la commission parlementaire
des Affaires intergouvernementales doit étudier les crédits du
ministère des Affaires intergouvernementales.
M. Morin (Louis-Hébert): On ne peut rien vous cacher.
Le Président (M. Lacoste): Nous sommes toujours au
programme 1. M. le député de Jean-Talon, sur le programme 1.
M. Rivest: Je ne veux pas participer à la fureur du
député de Verchères.
M. Morin (Louis-Hébert): Ni à l'arrogance du
député de Saint-Laurent.
M. Rivest: Le Vérificateur des comptes de la province, si
on s'interroge sur la comptabilité du ministre des Affaires
intergouvernementales, écrivait dans son dernier rapport, et je cite:
"Concernant le ministère des Affaires intergouvernementales, selon un
relevé fourni par le contrôleur des finances, plus de $400 000 des
dépenses encourues en 1978 et 1979 n'ont pas été
enregistrées dans les comptes à payer le 31 mars 1979, ni dans
les dépenses de la même année en raison principalement de
l'absence de crédits disponibles entre autres pour des dépenses
d'opération de délégations du Québec à
l'étranger." (15 h 45)
Remarquez que c'est un problème peut-être différent
de celui dont on traite, mais ne serait-il pas légitime qu'on tente
à ce moment-ci, au moment de l'examen des crédits, d'essayer
d'obtenir les chiffres réels des choses dont on parle? Il ne s'agit pas
de chercher à faire une catastrophe ou une dramatisation artificielle
des situations, on veut avoir les...
M. Morin (Louis-Hébert): Allez chercher votre
collègue à ce moment-là.
M. Rivest: Non, tout ce que le député de
Saint-Laurent a demandé, ce sont les chiffres.
M. Morin (Louis-Hébert): II est toujours quelque part
entre le drame et la tragédie.
Le Président (M. Lacoste): Je demanderais au ministre de
demander la parole au président en premier.
M. Rivest: Tout ce dont le député de Saint-Laurent
a parlé, et moi-même et d'autres membres de la commission, ce sont
des chiffres, on demande les chiffres. Je sais que le ministre des Affaires
intergouvernementales a peut-être une propension inversement
proportionnelle à d'autres de ses propensions dans le domaine des
chiffres, mais il reste que nous étudions des crédits
actuellement et on voudrait pour une fois que le ministre des Affaires
intergouvernementales assume ses responsabilités administratives et
qu'il réponde. Il aurait pu y répondre. S'il nous avait dit:
Très bien, d'ici la fin de l'après-midi, je vais demander au
service comptable du ministère de vous fournir les chiffres d'ici la fin
de la journée, on serait passé à autre chose. Là,
on est obligé d'y aller à la pièce. Allant plus loin...
Laissez-moi terminer, M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais j'ai déjà
répondu à la question tantôt.
M. Rivest: Non, vous répondez... Philosophiquement, on
vous demande de donner un chiffre.
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Rivest: Allant plus loin, par exemple, on pourrait pousser
plus loin d'autres éléments. Il ne faut pas en oublier, parce
que, si on en oublie, évidemment... Vous ne m'avez pas posé la
question. La réponse va venir très facilement... les encarts
publicitaires ou la publicité qui a été faite par le
ministère traitant spécifiquement de la
souveraineté-association. Je pense à la publication dans la revue
Jeune Afrique, je crois. Deuxièmement, je pense à tous les
voyages et les tournées qui ont été faits par les
délégués ou les représentants du Québec
à l'étranger et qui ont traité spécifiquement de la
souveraineté-association. Ce sont des choses facilement identifiables
pour le ministère. Nous ne portons même pas de jugement de valeur,
M. le ministre, à ce moment-ci, là-dessus. Nous demandons combien
ces activités ont coûté. On veut que cela soit inscrit dans
un bilan consolidé de l'opération référendaire au
niveau du ministère des Affaires intergouvernementales. On a posé
la question au directeur général des élections. Des
journalistes lui ont demandé combien la campagne
référendaire avait coûté. Le directeur
général des élections, qui administre des budgets, a
ramassé l'ensemble et il a avancé un chiffre qu'on a vu dans les
journaux. C'était sa responsabilité. L'adjoint parlementaire et,
je pense, le député de Mercier ont fait un voyage pour participer
à des colloques. Très bien, quels sont ces montants?
M. Morin (Louis-Hébert): Ah bon!
M. Rivest: Je le sais, mais il faut toujours poser les questions.
On le demande au ministre, on est obligé de faire tout le travail.
Demandez à vos gens de fournir d'autres instances. Aux crédits du
premier ministre, on va lui demander combien cela a coûté. Il va
probablement nous le donner, mais, avec vous, il y a toujours des histoires
invraisemblables aussitôt qu'il y a une question. On n'a jamais de
réponse. En fait, peut-être que
vous êtes plus familier avec le domaine des questions que celui
des réponses, mais, pour l'instant et jusqu'à nouvel ordre, nous
posons les questions et vous devez nous fournir les réponses, un peu
à la manière de la question que vous avez posée aux gens
et les gens vous ont fourni la réponse. Vous voyez, il y a une
espèce d'analogie assez intéressante qu'il y aurait sans doute
lieu de développer ultérieurement, mais, pour revenir à
l'essentiel, pour que je n'égare pas l'esprit du ministre, je lui
demanderais de nous donner les chiffres. Des éléments, je viens
d'en mentionner. Allons-y un à un; il faut y aller tranquillement,
étape par étape. Prenons, par exemple...
M. Forget: Gare aux omissionsl
M. Rivest: Oui, gare aux omissions! Prenons la publicité,
par exemple. Y a-t-il eu de la publicité qui a été faite
dans les journaux, les revues, au Québec, à l'étranger, et
qui a été assumée par le ministre des Affaires
intergouvernementales? Y en a-t-il eu?
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez, à l'annexe 0,
la réponse, M. le député, à cette question.
M. Rivest: A l'annexe O?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, voilà. Vous avez tout
cela.
M. Rivest: Le problème, c'est...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est un grand total de $6951. Je
vais vous dire sur quoi portaient les annonces, parce que ce serait
peut-être utile que vous le sachiez.
M. Rivest: Superbe affaire! Vous avez un très bel
exemple.
M. Morin (Louis-Hébert): Dans le cas des
éléments 1, 2 et 3, il s'agit d'une annonce qui précise
les endroits où sont situées les délégations du
Québec.
M. Rivest: Attendez! Où prenez-vous cela? M. Morin
(Louis-Hébert): A l'annexe O. Une Voix: "O" pour Ottawa.
M. Morin (Louis-Hébert): II aurait été pas
mal utile que vous regardiez vos papiers avant d'arriver.
M. Rivest: Non, je l'avais vu. Je l'avais même
encerclé.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous n'avez pas vu la note en bas
de la page qui explique de quoi il s'agit. Cela aurait évité une
question inutile.
M. Rivest: Voilà un autre élément.
Deuxième élément...
M. Morin (Louis-Hébert): Cela n'a rien à voir avec
le référendum, l'annonce de l'adresse des
délégations.
M. Rivest: Non, alors toute l'espèce d'histoire du
Québec n'a rien à avoir avec le référendum dans
l'almanach. Franchement!
M. Forget: Tiré du libre blanc!
M. Rivest: Tiré du livre blanc, aucun rapport!
M. Morin (Louis-Hébert): Cela ne relève pas du
ministère, ce dont vous parlez.
M. Rivest: Prenons la parole du ministre, le règlement
nous y oblige, n'est-ce pas, M. le Président?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas la parole du
ministre qui vous oblige à prendre cela, c'est le bon sens. On examine
les crédits du ministère des Affaires intergouvernementales.
M. Rivest: Continuons! Les délégués à
l'étranger, les tournées qu'ils ont faites au titre de la
souveraineté-association...
M. Morin (Louis-Hébert): Les délégués
à l'étranger n'ont fait aucune tournée au titre de la
souveraineté-association. Les délégués du
Québec à l'étranger ont fait leur travail de
délégués à l'étranger, comme les
ambassadeurs du Canada font leur travail.
M. Rivest: Je pourrais vous apporter...
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je
voudrais répondre.
M. Rivest: Si j'avais le droit de déposer des documents,
j'apporterais les "clippings" publiés par le ministère des
Affaires intergouvernementales.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai eu des questions
invraisemblables, pourrais-je apporter des réponses vraisemblables?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, à vous
la parole.
M. Morin (Louis-Hébert): Donc, les
délégués font leur travail de
délégués et représentent le gouvernement du
Québec, comme le font les ambassadeurs du Canada, que ce soit à
Paris ou ailleurs, qui ne se gênent pas, quand l'occasion se
présente, pour présenter les vues politiques de leur
gouvernement, ce qui est parfaitement correct, normal, compréhensible,
admis et courant. Il serait bon d'écouter les réponses que je
donne, par exemple.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Dans la période référendaire, la
publication dans Jeune Afrique est peut-être imputable à un budget
antérieur, mais qui était relié très directement...
Combien cela a-t-il coûté?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je ne suis pas au courant de
cela. Vous faites erreur, on n'est pas au courant...
M. Rivest: Non, c'était dans les crédits de l'an
dernier.
M. Morin (Louis-Hébert): Justement, vous admettez
vous-même que vous êtes en train de vous mêler dans vos
années. Faites attention!
M. Rivest: Non, je vous le dis très franchement.
M. Morin (Louis-Hébert): Quand vous dites très
franchement, est-ce parce que les autres fois ce n'était pas très
franchement?
M. Rivest: Non. Est-ce que vous allez demander à vos
services comptables de nous donner le bilan, à partir au moins des
éléments dont vous avez reconnu la pertinence, pour être
très limité, et des autres éléments qui pourraient
sans doute ne pas être à votre connaissance parlementaire, mais
qui auraient pu être apportés à votre connaissance
administrative au cours de la dernière année? Est-ce qu'on va
avoir, oui ou non, le bilan consolidé? Le directeur
général des élections nous l'a donné, il l'a
donné à un journaliste. On le demande simplement.
M. Morin (Louis-Hébert): Le directeur
général des élections a donné les chiffres qui
concernaient la Direction générale des élections,
j'imagine.
M. Rivest: C'est cela. Je vous demande de faire la même
chose pour votre ministère.
M. Morin (Louis-Hébert): Le ministre des Affaires
intergouvernementales donne les résultats et les chiffres qui concernent
le ministre des Affaires intergouvernementales et le ministère des
Affaires intergouvernementales. C'est exactement ce que nous avons fait
ici.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent, ensuite M. le député de Verchères.
M. Forget: M. le Président, il faudra le faire
complètement. Il faut bien se comprendre. Je vais retourner à
notre exemple de tout à l'heure. Il faut bien se comprendre. Je vais
vous poser la question. Quand vous êtes allé à
Saint-Domingue et autres endroits, vous étiez bien accompagné
d'au moins une personne?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Forget: N'êtes-vous pas d'accord que lorsqu'on demande
le coût d'un déplacement d'un ministre, on vise le coût du
déplacement de l'entourage du ministre qui l'accompagne
présumément, nécessairement, puisqu'il juge bon de se
faire accompagner? Si on doit avoir un bilan, n'êtes-vous pas d'accord
qu'on devrait avoir un bilan qui comprenne non seulement les dépenses
immédiatement mentionnées dans la question
interprétée naïvement, mais aussi toutes les dépenses
qui s'ensuivent nécessairement par voie de conséquence, comme les
dépenses de déplacement d'un adjoint, d'un secrétaire
particulier adjoint ou d'un sous-ministre qui l'accompagne?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): En ce qui concerne les adjoints
du ministre, vous avez une autre annexe qui porte sur le même sujet: les
voyages des adjoints, du personnel du cabinet du ministre. Vous l'avez à
l'annexe M. Vous allez voir des... Ce n'est pas assez, je suppose.
M. Forget: Cela correspond entièrement. Chaque fois qu'un
adjoint a accompagné un ministre, le même voyage apparaît
donc deux fois...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela, exactement.
M. Forget: ... une fois dans la liste des ministres, une fois
dans la liste des adjoints.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, monsieur.
M. Forget: A ce moment, il n'y a personne d'autre qu'on oublie,
parce qu'on a oublié de demander la liste des fonctionnaires qui
accompagneraient un ministre. C'est un autre oubli de notre part. Je comprends,
c'est notre faute.
M. Morin (Louis-Hébert): II y avait des fonctionnaires qui
accompagnaient... Nous vous avons donné en annexe... Il faudrait quand
même cesser de jouer aux fous. Il y a quand même quelque chose qui
ne va pas. Tout le monde se rend compte que l'Opposition est en train de jouer
aux fous.
M. Forget: Ecoutez, ce n'est pas moi qui joue aux fous.
M. Morin (Louis-Hébert): II faudrait quand même que
ce soit de commune renommée. C'est pour cela que j'insiste
là-dessus. Vous nous avez demandé de donner des renseignements
écrits, ce que nous avons fait dans une liste que j'ai ici. C'est
exactement ce que vous avez demandé. Vous voulez maintenant des
renseignements supplémentaires. Cela nous fera plaisir de vous les
fournir. Je n'ai jamais refusé de les donner, contrairement à ce
qu'a dit tantôt le député de Jean-Talon qui est en train
de...
M. Rivest: Non, je n'ai pas dit que vous refusiez. J'ai dit qu'il
faut vous poser la question.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, vous avez dit tantôt
que je refusais...
M. Rivest: Un peu comme le sondage, où vous m'avez
affirmé ici qu'il n'y en avait pas, et on a su après qu'il y en
avait.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est dommage qu'on n'ait pas le
relevé de ce qui a été dit, parce qu'il a bel et bien dit
que j'avais refusé de les donner, ce que je n'ai jamais fait. Mais vous
êtes en train de dénaturer le document que vous avez devant vous
et ce n'est pas ça que vous aviez demandé. Si vous voulez le
reste, comme on n'a pas d'ordinateur portatif, on vous le fournira. Ce n'est
pas plus grave que ça.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Verchères.
M. Morin (Louis-Hébert): Je répète ce que
j'ai dit tantôt.
M. Charbonneau: M. le Président, il y a un petit
problème et j'aimerais que les députés de l'Opposition
nous indiquent comment ils pourraient le résoudre. Quand certains
voyages se font à l'étranger, ou que des députés ou
ministres vont parler de bien des choses, y compris, bien sûr, de la
souveraineté-association, ils pourraient peut-être nous indiquer
comment départager le pourcentage de temps qui a été
consacré à parler de la souveraineté-association sur les
factures qui sont indiquées. On n'en finira plus.
Si, au cours d'un voyage de trois jours, quatre jours, un ministre, un
député, ou un adjoint parlementaire a consacré trois,
quatre heures à des rencontres, il va falloir diviser la facture de
l'avion, le prorata du temps qui a été consacré sur
l'ensemble du voyage pour discuter de la souveraineté-association, donc,
du référendum, le pourcentage des repas, le pourcentage des
hôtels, le pourcentage des taxis? Franchement, c'est de l'aberration.
Une Voix: Le pourcentage de temps dormi. M. Forget: M. le
Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... comme il est important de bien se comprendre et
que le ministre m'a donné une réponse tout à l'heure,
j'essaie de faire l'exercice auquel il nous a invités,
c'est-à-dire d'additionner...
M. Morin (Louis-Hébert): L'addition est faite. C'est $23
388.81.
M. Forget: Non, pas cette addition. Je parle toujours du
même...
M. Morin (Louis-Hébert): Pour la première annexe.
On n'a pas fait les autres. On vous fera toutes les additions que vous voulez.
Il faudrait peut-être que vous additionniez à votre campagne
référendaire les $3 000 000 fédéraux, mais
ça, c'est un autre sujet. Je le sais, M. le Président, avant que
vous me rappeliez à l'ordre.
M. Forget: Ce sont les seules additions que vous semblez capable
de faire. Alors, on va vous laisser ça.
M. Charbonneau: Quand vous gagnez, vous avez toujours raison,
quels que soient les moyens que vous utilisez, y compris faire voter les
morts.
M. Forget: Le ministre...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... M. le Président, m'a dit, si j'ai bien
compris, que dans son voyage à Atlanta, Saint-Domingue, Port-au-Prince
et Caracas, il n'était pas seul.
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Forget: J'en suis fort aise. Il m'a dit: Si vous voulez savoir
qui m'accompagnait, consultez l'annexe M.
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas dit ça. M.
Forget: Comme je n'ai pas... Ah bon!
M. Morin (Louis-Hébert): ... de mon cabinet. Non,
écoutez, là...
M. Rivest: Non, mais il n'y a pas de dépenses inscrites
à votre cabinet.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a pas de... Je suis
content de vous entendre dire qu'on ne dépense pas beaucoup. Cela me
fait plaisir. Au moins, j'espère que ça va être
noté.
M. Rivest: Est-ce qu'il y en a à Caracas? M. Forget:
Mais non, c'est ça.
M. Rivest: A Caracas, à la face même du document, on
ne voit pas de dépenses qui nous ont été fournies de la
part du personnel de votre cabinet ou des fonctionnaires qui vous
accompagnaient.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous le donner. On a le
chiffre. C'est un chiffre qui manquait.
M. Rivest: II n'y est pas. Il faut poser la question,
j'imagine.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, il est là. C'est
$568.40.
M. Forget: Où ça?
M. Morin (Louis-Hébert): A l'annexe M.
M. Forget: Pierrette Arsenault.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ça.
M. Forget: Elle était seule. Vous étiez
accompagné seulement de Pierrette Arsenault.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, j'étais avec M. le
sous-ministre adjoint. Ecoutez, je ne peux pas me souvenir exactement de tout
ça. Si vous voulez avoir la liste complète...
M. Rivest: Non, mais c'est parce que...
M. Morin (Louis-Hébert): ... de même que la date de
naissance de tous ces gens-là pour leur envoyer des voeux, ça me
fera plaisir de vous les fournir. Si on n'a pas le temps de le faire d'ici
à la fin de l'après-midi, ça ne vous dérangerait
pas qu'on vous envoie ça demain. Enfin, je ne sais pas, moi...
M. Rivest: La session ne finit que la semaine prochaine.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah bon! D'accord. On a le
temps.
M. Forget: Ce n'est pas une question d'heure, M. le ministre.
C'est une question de véracité.
M. Morin (Louis-Hébert): Bon! la véracité,
vous pouvez n'avoir aucune inquiétude en ce qui la concerne. Nous savons
exactement ce que nous avons dépensé. Ce qu'il nous reste
à découvrir, c'est si c'est $3 000 000, $3 500 000 que le
fédéral a dépensés dans le référendum
et ça, ça va être plus long.
M. Forget: Vous semblez fasciné par ça. Le
Président (M. Lacoste): M. le député de...
M. Morin (Louis-Hébert): On n'est pas fasciné, on
est écuré par ça.
M. Forget: Occupez-vous donc de votre ministère et
ça pourra peut-être un peu mieux aller.
M. Morin (Louis-Hébert): Je m'occupe de mon
ministère et, quand je m'en occupe, vous me blâmez justement de ne
pas avoir le budget du ministère des Transports avec moi, je
m'excuse.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, j'étais distrait
quand le ministre a parlé. Il m'a donné une réponse
à venir. J'ai très bien compris. Quand c'est indiqué: Nil,
ça n'a rien à voir avec le fleuve, je comprends? Parce que je
vois l'Arabie, je vois le Nil. C'est-à-dire que c'est à
l'invitation d'un gouvernement étranger peut-être?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est à l'invitation
d'un gouvernement étranger. Je ne sais pas si on... Oui, justement,
c'est parce que je vais corriger l'expression "invitation par un gouvernement
étranger". C'est le Conseil des ministres de l'Education qui a
invité M. Jacques-Yvan Morin à aller à un séjour en
Chine. Je peux vous dire, en passant, que j'aurais bien voulu qu'on m'invite,
moi aussi, et ça fait longtemps que je veux faire un tel voyage, mais
que voulez-vous, l'occasion ne s'est pas présentée.
Dans le cas de Guy Joron, qui est allé en Arabie Saoudite en
février 1979 un autre voyage que j'ai manqué c'est
à l'invitation de l'Arabie Saoudite, rencontre avec des milieux
d'affaires et gouvernementaux.
M. Le Moignan: Mais quand ce n'est pas indiqué "à
l'invitation de", je croyais que c'était le ministre qui
défrayait toutes ses dépenses de voyage lui-même. Est-ce
que ce ne serait pas ça, plutôt?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, je pense qu'on va le dire.
Dans le cas de Guy Joron, c'est lui-même qui paie ses propres
dépenses. Il ne produit pas de compte.
M. Le Moignan: Ce serait intéressant pour le gouvernement
d'avoir une vingtaine de ministres comme lui. (16 heures)
M. Morin (Louis-Hébert): Mais que voulez-vous...
M. Le Moignan: Vous n'avez pas songé à ça
encore?
M. Morin (Louis-Hébert): J'y ai songé, mais les
circonstances étant ce qu'elles sont, je ne peux pas, en ce qui me
concerne, me permettre certaines choses.
M. Le Moignan: M. le Président, au lieu de parler de
détails et de chiffres, on a parlé ce matin des
conférences intergouvernementales canadiennes...
M. Morin (Louis-Hébert): M. le chef intérimaire de
l'Union Nationale arrive avec des questions sérieuses. Voulez-vous ne
pas l'interrompre, s'il vous plaît?
M. Le Moignan: Je vais terminer ma question. Etant donné
que nous sommes toujours sur le programme 1, je vois ici dans votre rapport
annuel qu'il y a une entente entre le fédéral et le provincial
où vous défrayez 50% des dépenses. Il
y a une espèce de statut qui existe. Il semble qu'a
régné une loi d'alternance, aux pages 14 et 15 de votre rapport
annuel, c'est ça, 1978-1979. Pages 14 et 15. Il semble y avoir une
entente où c'est financé à 50% par les deux paliers de
gouvernement.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, d'accord.
M. Le Moignan: Dans le cas présent, cette année,
comme il y aura beaucoup plus de conférences, donc de dépenses,
est-ce que c'est le Québec, par cette loi d'alternance de trois ans...
Je ne sais pas si c'est rendu au Québec ou au fédéral
à ce moment précis. Si cela appartient au fédéral,
tant mieux pour nous autres, on en aura moins à payer; si c'est au
provincial, comme il y a plusieurs conférences... J'aimerais savoir
où vous en êtes exactement sur ce point de financement.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a une petite erreur
d'interprétation, M. le député. Ce n'est pas une
alternance. La règle générale existe depuis plusieurs
années je ne me souviens pas très bien... Je sais
qu'à l'époque où M. Bourassa est arrivé au pouvoir,
il hésitait à payer ce montant. On l'a convaincu que la
participation à la fédération canadienne impliquait qu'on
devait participer au paiement des fonds de secrétariat...
M. Rivest: M. le Président, le ministre rit...
M. Morin (Louis-Hébert): Je ris parce que c'était
drôle à l'époque. Je me souviens que c'est moi qui avais
convaincu M. Bourassa qu'il fallait absolument payer ça. Toujours est-il
qu'il s'agit donc d'une dépense répartie ainsi. Il y a un
secrétariat qui s'occupe des conférences
fédéra-les-povinciales, n'est-ce pas, et il y a du monde
là-dedans. A partir de là tout le monde a saisi. Donc, ça
coûte certaines sommes et par conséquent 50% sont payés par
Ottawa et 50% par les provinces, il n'y a pas de d'alternance, peu importe le
budget.
Maintenant la part du Québec là-dedans, je vais vous le
dire, c'est $225 000.
M. Le Moignan: Mais cette année, c'est un cas un peu
spécial, c'est le fédéral qui met tout le paquet, c'est
lui qui invite le Québec et les autres provinces. Ce n'est pas le
fédéral qui défraye vos dépenses ou celles de tous
ceux qui devront se rendre là-bas?
M. Morin (Louis-Hébert): Non. M. Rivest: Combien il
en faut de...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est une bonne question qu'on
pourrait se poser. Combien coûte la participation d'un tas de ministres
et de fonctionnaires à un certain nombre de discussions qui,
jusqu'à maintenant, n'ont pas été couronnées par un
succès absolument flamboyant? Je n'ai jamais su exactement combien cela
coûtait. On a fait des évaluations, je ne m'en souviens pas, mais
vous avez, à l'annexe D, des éléments qui peuvent
être utiles sur cette question. Cette année, pour répondre
à votre question immédiate, ce n'est certainement pas le
gouvernement fédéral qui va payer ni nos dépenses ni
celles des autres provinces.
Nous allons avoir à assumer ça nous-mêmes. Vous avez
le nombre de rencontres. Cette annexe-là est très
intéressante: Tableau synthèse et liste des rencontres ou
conférences fédérales-provinciales et interprovinciales
pour la période du 1er avril 1979 au 31 mars 1980. Il y a eu deux
élections pendant ce temps-là, ce qui a réduit bien
sûr, forcément le volume des conférences,
particulièrement au mois de mai 1979 et au mois de février
1980.
M. Le Moignan: Le ministre dit qu'il n'y a jamais eu de
succès flamboyant, mais est-ce qu'il ne caresse pas l'espoir qu'un jour
il y ait succès flamboyant ou bien semble-t-il admettre que c'est encore
un échec?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, j'ai parlé du
passé. Pour ce qui concerne l'avenir je caresse beaucoup d'espoir...
M. Le Moignan: Le passé est garant de l'avenir, c'est ce
que vous voulez dire?
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas dit ça. Ne
commencez pas à tomber dans les travers du député de
Saint-Laurent. J'admets que c'est contagieux, mais...
M. Le Moignan: Non, mes questions sont précises, pas du
tout tendancieuses...
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord. Dans le passé
ça n'a pas eu des résultats flamboyants, je pense que tout le
monde est d'accord là-dessus. Je vais rn'appuyer sur l'autorité
du premier ministre du Canada, donc nos amis vont certainement être
d'accord parce que tout ce qui vient de là est parole d'évangile.
Donc, il a dit lui-même que ça n'avait pas été un
succès boeuf dans le passé.
En ce qui concerne l'avenir, c'est ce qu'on verra, selon les mots
mêmes du premier ministre du Canada, au mois de septembre qui vient. En
ce qui me concerne, je caresse beaucoup d'espoir par rapport à
l'avenir.
M. Le Moignan: Etant donné tous les conseils qu'on vous a
donnés ce matin, si vous organisez bien votre conférence ici,
vous êtes assuré d'un succès à l'autre bout.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est évident. Quand on
arrive avec des dossiers tout à fait corrects à Ottawa, il est
évident qu'on a raison, maintenant il reste à savoir si,
même quand on a raison, on réussit; ce n'est pas toujours le
cas.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Dans toutes ces rencontres
fédérales-provinciales on n'a jamais rien réglé?
Est-ce qu'on a fait des ententes? Est-ce qu'on a réglé des choses
ou si c'est toujours une perte de temps?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je n'ai jamais dit cela. Je
peux me permettre peut-être une petite publicité passagère.
J'ai écrit deux livres sur le sujet...
M. Rivest: ... vous revenez avec votre publicité,
franchement.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai dit que c'était une
publicité.
M. Rivest: Vos livres ne doivent plus se vendre.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il n'y en a plus d'ailleurs.
Il n'y en a plus de disponibles. Ils ont été traduits en anglais
pour le reste du Canada. Je te les ai même dédicacés.
M. Rivest: Cela ne m'a rien coûté.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce que j'ai dit dans ces livres
est encore exact. Il y a des choses qui ont pu se régler. Il faut faire
une distinction entre ce que j'appelle la gestion du régime
fédéral et le processus qui consiste à repenser le
système dans lequel on vit. En ce qui concerne la gestion du
régime fédéral, il va de soi que de temps en temps on
s'entend sur un certain nombre de choses, par exemple, chaque semaine je signe
des ententes fédérales-provinciales, certaines fort anodines,
d'autres plus importantes. Alors, sur le plan de la gestion du statu quo, il y
a des choses qui vont, ça va de soi.
Le problème n'est pas là. Le problème est quand il
s'agit de remplacer le statu quo par autre chose. Or, de ce
côté-là, je pense qu'il n'y a pas eu de résultats
flamboyants, pour reprendre l'expression de tout à l'heure, au cours des
années qui se sont écoulées jusqu'à maintenant. Il
semblerait qu'on est à l'aube d'une ère nouvelle, pendant trois
mois. On va voir et on va le faire avec toute la bonne foi qu'on peut
manifester et avec les dossiers les mieux préparés.
Jusqu'à maintenant, je ne pense pas qu'il y aurait de prix Nobel pour
qui que ce soit dans le domaine des relations
fédérales-provinciales en ce qui a trait à la
reformulation du régime.
M. Marx: M. le Président, je ne pense pas qu'il m'ait
donné l'impression de dévaloriser le travail de son
ministère, de ses fonctionnaires qui font beaucoup de travail qui est
valable, c'est plus que... Je n'aime pas le terme "gestion".
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas dit cela dans un sens
méprisant, M. le député.
M. Marx: J'ai l'impression qu'on ne fout rien. On va à
beaucoup de rencontres avec des...
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. de Bellefeuille: C'est le régime, ce n'est pas la faute
de nos fonctionnaires.
M. Morin (Louis-Hébert): Tout le monde est pris avec.
M. Marx: On va à beaucoup de rencontres et je pense qu'on
a fait des choses qui sont valables et qu'il ne faut pas mépriser.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Charbonneau: Donnez-nous donc des exemples. Ce serait
intéressant.
M. Marx: II a fait des rencontres, les ententes que vous
avez...
M. Charbonneau: Citez-moi un cas.
M. Morin (Louis-Hébert): On a réussi dans le
passé, à quelques reprises, à l'époque où
les gouvernements du Québec se tenaient debout, et il y a eu une
certaine période que je ne rappellerai pas maintenant où on a
commencé à assister du côté du Parti libéral
à une volonté profonde de "souplesse", ce qui a fini par nous
conduire à une soumission plus ou moins latente et finalement à
une soumission totale. A ce moment-là on a moins bien réussi,
c'est évident.
M. Marx: ... même après qu'on renouvelle le
fédéralisme.
M. Morin (Louis-Hébert): Quand je fais la distinction
entre la gestion du régime et le renouvellement ou le remplacement du
régime, je ne le fais pas de façon méprisante en ce qui a
trait à la gestion. Je veux dire que les affaires ordinaires dans le
régime, à l'intérieur du statu quo, donnent lieu à
des accords ordinaires, et j'en signe chaque semaine en tant que ministre des
Affaires intergouvernementales; d'ailleurs la loi de mon ministère
oblige le ministre des Affaires intergouvernementales à signer tout
accord qui se produit entre gouvernements.
M. Marx: Je pense que j'ai lu dans un de vos livres, M. le
ministre, qu'on a fait une entente, par exemple, sur l'immigration,
c'était plus que...
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Marx: Je ne sais pas si c'était votre livre.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'était pas mon livre
parce que mon livre a été écrit en 1973, voyez-vous, et
l'entente sur l'immigration est intervenue en 1976, 1977.
M. Marx: J'ai essayé de faire un peu de publicité
pour le livre, je m'excuse.
M. Morin (Louis-Hébert): J'en ferai pour vos livres, M. le
député-professeur.
M. Marx: On a fait des ententes sur l'immigration. Je pense que
c'était plus que le statu quo. On n'est pas resté dans le statu
quo. Je pense qu'on a fait avancer les droits du Québec. Je pense que le
Québec a bénéficié...
M. Charbonneau: Cela ne vous a pas empêché de nous
accuser de fascisme.
M. Rivest: Le jeune et tumultueux député de
Verchères.
M. Charbonneau: Cela ne vous a pas empêché pareil de
nous accuser de fascisme.
M. Marx: Je ne sais pas à quoi il se réfère.
M. Charbonneau: ... dans votre comté.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: II se mêle de ministère. Il doit garder
cela pour la commission de la Justice, demain.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, et inclure cela avec vos
autres questions de tantôt qui s'adressent au ministère des
Transports. Alors, revenons à nos moutons.
M. Marx: Cela veut dire que le statu quo c'est comme... Je pense
qu'il y a certaines ententes qui ont affirmé ou ont fait avancer les
droits du Québec. Je pense que ce sont des choses importantes que le
ministère a faites dans le système fédéral
actuel.
M. Morin (Louis-Hébert): Mais oui, c'est ce que je suis en
train de dire depuis tantôt, je ne vois pas quel est le problème.
Je vous dis que dans la gestion du système tel qu'il existe, comme il
n'est pas entièrement mort, c'est évident qu'il y a des affaires
qui vont arriver le lendemain qui ne sont pas arrivées la veille. Par
conséquent, il peut y avoir des accords, dont certains peuvent
être plus ou moins avantageux et d'autres, plus que moins, ou moins que
plus.
M. de Bellefeuille: Les Iles-de-la-Madeleine.
M. Morin (Louis-Hébert): Justement, cela m'amène
à un certain nombre de dossiers courants où la performance
fédérale ou du régime, même à
l'intérieur du système actuel, ne mérite pas
d'éloges, en ce qui concerne le comportement fédéral. Je
ne reprendrai pas tout le débat d'hier à l'Assemblée
nationale sur le sel des Iles-de-la-Madeleine où on manifeste, en ce qui
concerne une richesse québécoise, une sorte de réticence
fondamentale à nous donner un coup de main. Quand il s'est agi de donner
des subventions en Ontario ou en Nouvelle-Ecosse, on n'a pas eu beaucoup de
scrupules à le faire, alors que les mêmes problèmes se
présentaient en ce qui concerne nos propres entreprises, nos propres
industries.
Il ne faut pas conclure de façon globale en ce qui concerne le
statu quo pour dire qu'à l'intérieur du statu quo, tout peut
s'arranger. Ce n'est pas vrai, tout ne peut pas s'arranger. Il y a des choses
qui peuvent s'arranger, quelquefois, il y en a qui ne peuvent pas s'arranger et
il y en a qui sont profondément injustes.
M. Marx: M. le Président, je ne pense pas que le ministre
se rende compte qu'il a déjà sorti de temps en temps du statu quo
pour faire avancer les droits du Québec. L'entente sur les
loteries...
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais vous donner un exemple.
En ce qui concerne les loteries, c'est ce qu'on a fait, sauf qu'actuellement il
est question, par la voie de vos amis fédéraux, de rapatrier
ça.
M. Marx: Je ne parle pas de ce qu'on pourrait faire un jour.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, c'est un exemple.
M. Marx: Je pense qu'on est sorti du statu quo dans cette
entente, parce que ça fait avancer les droits du Québec, le
Québec, comment puis-je le dire...
M. Charbonneau: Avez-vous lu la Presse d'aujourd'hui? Seulement
la Presse d'aujourd'hui, sur les loteries, seulement la Presse.
M. Marx: M. le Président, il faut faire venir le
sergent.
M. Charbonneau: Vous parlez des loteries, la Presse
d'aujourd'hui, l'avez-vous lue?
M. Rivest: M. le Président, c'est le député
de D'Arcy McGee...
M. Marx: Le ministre donne l'impression qu'on fait tout dans le
statu quo, mais je pense qu'on fait avancer les droits du Québec,
même dans le système actuel, c'est tout ce que je veux dire.
M. Morin (Louis-Hébert): D'accord, on va s'entendre
là-dessus. Il y en a pour qui le statu quo avance assez vite et d'autres
pour qui il n'avance pas assez vite. Alors, manifestement, vous êtes
d'accord qu'il avance assez vite, je ne suis pas d'accord qu'il avance assez
vite. C'est tout. Mais cela étant dit, on peut regarder chaque geste qui
se pose à l'intérieur, selon une série de barèmes
qui peuvent être différents. Je ne sais pas si ça
répond à quelque chose.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je pense qu'on peut
procéder à l'étude des crédits. Est-ce qu'on
pourrait savoir puisqu'on doit faire notre deuil, si je comprends bien,
des bilans dans les crédits annoncés pour 1980-1981,
est-ce qu'il y a des sommes prévues et si oui, combien, pour la
préparation d'études ou de recherches ou de consultants,
l'engagement de consultants relativement aux conférences qui
s'amorcent?
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis sûr qu'on peut
utiliser les crédits du ministère pour l'engagement de
consultants au besoin. En ce qui concerne le personnel permanent, nous avons
nos cadres. Il n'y a pas, actuellement, de sous-ministre aux affaires
canadiennes et nous allons nous occuper de ce problème, parce qu'il est
maintenant devenu sous-ministre en titre au ministère du Loisir. Il
s'agit de Pierre Lefrançois.
En ce qui concerne les besoins que l'évolution des discussions
pourront faire survenir, je suis convaincu qu'à même le
ministère, il y a moyen d'aller utiliser les services de personnes dont
nous pourrons avoir besoin. Mais on en est au tout début de cette ronde
qui est commencée depuis deux jours.
M. Forget: Mais actuellement, il n'y a pas de projet
précis d'entreprendre quelque travail que ce soit; on va fonctionner
avec les dossiers, dans l'état où ils sont.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, on va ajuster les dossiers
pour tenir compte de l'évolution des choses, suivant le sage conseil que
vous nous avez donné l'an dernier ici d'ailleurs, mais on va s'adapter
aux circonstances, quoi. Je vais en profiter, si vous permettez, pour dire
ceci: il y a un an, plus que ça, au mois de janvier ou février,
on a eu une commission parlementaire dans cette salle-ci, on a
préparé un document sur les positions du Québec, on devait
défendre une série de conférences qui commençaient.
Comme les sujets qui sont encore à l'ordre du jour sont à peu
près les mêmes, c'est ça que nous allons remettre à
jour et qu'il nous fera plaisir de distribuer à un moment donné,
si vous en manifestez le désir. Ce n'est pas cela que vous demandez? (16
h 15)
M. Forget: Le travail de mise à jour, essentiellement,
vous comptez le faire avec les ressources du bord. Vous n'entrevoyez pas de
travail majeur au cours des prochaines semaines ou des prochains mois? Il
s'agit simplement d'une mise à jour des dossiers courants, en quelque
sorte, sur ces questions.
M. Morin (Louis-Hébert): Essentiellement avec le personnel
du ministère. Mais nous ferons aussi appel, à l'occasion,
à des gens de l'extérieur, effectivement.
M. Forget: Est-ce qu'il y a des projets précis ou si ce
n'est qu'une hypothèse de travail pour l'instant?
M. Morin (Louis-Hébert): Vous voulez parler des
dossiers?
M. Forget: Vous me dites que vous aurez recours, à
l'occasion, à des consultants de l'extérieur. Est-ce que c'est
simplement une possibilité que vous évoquez ou un projet en voie
de gestation?
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis embarrassé parce
que, dans un cas, j'ai fait une démarche pour obtenir les services d'une
personne qui ne m'a pas encore donné sa réponse et, dans l'autre
cas, j'ai eu la réponse positive d'une autre personne. Je peux vous
mentionner le nom. Il s'agit, dans le deuxième cas, de M. Jean-Paul
L'Allier que vous connaissez bien. Dans l'autre cas, je n'ai pas encore eu la
réponse de la personne que j'ai contactée.
M. Rivest: M. Biron?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je parle d'une personne de
l'extérieur.
M. Forget: Est-ce que le ministre nous ferait la faveur de nous
dire quels sont les sujets où il estime qu'un travail plus en profondeur
est requis pour mettre à jour les dossiers du ministère en
préparation de cette conférence?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a, notamment, un sujet
auquel il va falloir accorder beaucoup d'attention. Il s'agit de la
déclaration de principes qu'a voulu nous proposer M. Trudeau et qui a
été, comme vous le savez, rejetée par la plupart des
provinces. Nous voulons travailler ce texte. Cela va demander quand même
un certain effort de réflexion. Mais on revient à la discussion
qu'on avait ce matin. C'est un peu à partir de ce papier qu'on aura
notre réunion de commission parlementaire à un moment
donné, cet été.
En ce qui concerne les autres sujets, ils sont pas mal
déjà couverts, si je ne me trompe pas vous me corrigerez
si je fais erreur par le document qu'on avait remis au mois de
février de l'année 1979, sauf qu'il y a un sujet qui a
été ajouté par Ottawa en cours de route à la
conférence de février 1979 et sur lequel on n'a pas encore
beaucoup d'éléments. Il s'agit des pouvoirs qui touchent
l'économie. C'est une liste fédérale qui a
été soumise. Il s'agit de domaines où Ottawa voudrait
reconquérir, reprendre ou se voir confirmer une compétence qu'il
estime insuffisante. Je pense que c'est un vieux domaine et qu'on peut avoir
des discussions sérieuses là-dessus. En ce qui concerne tout le
domaine des caisses populaires, par exemple, Ottawa voudrait intervenir,
j'imagine. C'est en filigrane dans la liste. On n'a pas encore beaucoup de
travail de fait là-dessus puisque, la conférence de
février 1979 précédant de peu les élections de mai
1979, les affaires sont tombées à l'eau. Et quand le gouvernement
conservateur a pris le pouvoir, il est reparti de la même liste
qu'antérieurement. Donc, on avait des travaux de faits et, maintenant,
on repart encore
de la même ancienne liste. Il y a pas mal de choses qui sont
déjà faites.
M. Forget: M. le Président, est-ce qu'on peut estimer ou
anticiper que, s'il y avait une réunion de la commission parlementaire
en août, au moins sur cet élément des pouvoirs
économiques, on pourrait anticiper que le gouvernement du Québec
va faire un effort majeur de réflexion et d'élaboration d'une
position d'ensemble sur cette question?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, vous pouvez anticiper cela.
Mais il y a un élément que je dois ajouter et je l'ai dit
ce matin c'est que mardi prochain, il y a une réunion de
ministres à Ottawa et on va établir un peu le programme de
travail pour l'été prochain. Je ne sais pas par quoi on va
commencer. Au moment où je vous parle, je n'en ai pas la moindre
idée.
M. Forget: Mais comme il faut finir à la
mi-décembre avec tout le paquet, cela va être compris dans le
paquet.
M. Morin (Louis-Hébert): Pas mi-décembre,
septembre. C'est plus vite que vous ne l'auriez voulu, mais que voulez-vous, ce
n'est pas nous; c'est votre ami fédéral qui a
décidé cela.
M. Forget: Si vous pouvez tout régler d'ici la fin de
juillet, on vous dira bravo.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela m'étonnerait que vous
nous disiez bravo.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Un exemple que je voudrais vous signaler je
pense que c'est le sens de la question du député de Saint-Laurent
si vous pouviez mettre autant d'efforts et autant de ressources humaines
et autres à préparer les voies du renouvellement du
fédéralisme que ceux que vous avez consentis pour la voie de la
souveraineté-association qui a connu le sort que l'on sait, il y a un
exemple très pratique en ce moment dans la liste même qui a
été soumise à la conférence, qui est la question
des avantages et des inconvénients de l'enchâssement des droits
fondamentaux dans la constitution.
Le premier ministre lui-même, à l'Assemblée
nationale, se fondant sur une déclaration de presse, je pense
enfin, il semblait avoir une coupure de presse citait le juge Pigeon.
Dans les milieux juridiques, il existe en effet et mon collègue
de D'Arcy McGee est beaucoup plus familier que moi avec ces
questions-làdes avantages ou des inconvénients sur
l'enchâssement des droits. Ce serait un élément, pour en
suggérer un, d'initiative que le ministère des Affaires
intergouvernementales, avec avantage, pourrait compléter et, même
dans ce cas-là peut-être, lancer une étude qui pourrait
être rendue publique plus rapidement que par le subterfuge d'un
dépôt à la
Bibliothèque de l'Assemblée nationale, ce qui pourrait
être utile à tout le monde. Sur chacun des éléments,
d'ailleurs, je trouve que cela peut devenir un euphémisme assez facile
que de dire: Nous allons simplement mettre à jour les soi-disant
propositions traditionnelles du Québec dans la mesure où, sur
plusieurs de ces dossiers, les situations ont changé radicalement.
Je crains enfin, je parle pour moi que cet exercice qu'on
nous dit devoir faire, simplement mettre à jour les dossiers
traditionnels du Québec, ne consiste en réalité, compte
tenu du peu de conviction manifestée par le gouvernement de s'engager
dans la voie du fédéralisme renouvelé... Eu égard
aux convictions profondes du gouvernement actuel, je voudrais bien que le
ministre soit beaucoup plus explicite sur la façon concrète, la
manière avec laquelle il va s'assurer qu'effectivement dans tout le
processus de négociation constitutionnelle qui va s'engager au cours de
l'été le Québec non seulement aura des dossiers mis
à jour, mais que cette mise à jour sera quelque chose de bien
réel qui tiendra compte de l'évolution objective des dossiers,
d'une part, et, deuxièmement, que le ministère des Affaires
intergouvernementales, sur les aspects techniques, sera en mesure d'avoir des
positions de négociations sérieuses, productives et que ce sera
cela la démarche du ministère. Cette conviction, je dois le dire,
en tout cas, pour ma part, on ne l'a absolument pas. En raison même de la
situation politique particulière dans laquelle le ministre se trouve,
étant donné l'option de son parti et le résultat du
référendum, je pense que le ministre des Affaires
intergouvernementales, très sérieusement, devrait faire autre
chose que des déclarations de bonnes intentions comme l'ont fait le
premier ministre, le ministre des Affaires intergouvernementales ou n'importe
quel autre porte-parole du gouvernement pour assurer le minimum de
crédibilité à la démarche dans laquelle il
s'engage. On voudrait avoir des indications vraiment précises à
cet égard.
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais rappeler que nous
avons déjà déposé ici je l'ai dit
tantôt un document, au mois de janvier ou février 1979,
à l'intérieur duquel la question de la charte des droits est
évoquée, non seulement évoquée, mais à
l'intérieur duquel le dossier est, aussi clairement qu'on aurait pu le
faire à l'époque, résumé, de sorte que ce que vous
nous demandez comme travaux est déjà en bonne partie
amorcé et est même très avancé. Vous pouvez
être sûr que nous allons le compléter.
Si le premier ministre a fait allusion l'autre jour à l'opinion
exprimée par l'ancien juge de la Cour suprême, M. Pigeon, qui,
lui-même, se référait à l'opinion d'un autre juge,
M. Laskin, c'est qu'il s'agit d'un élément nouveau qui est
très intéressant, parce qu'il confirme une vue assez
répandue de risques qu'il y a à incorporer ces chartes des
droits. Vous pouvez être sûr qu'elle sera ajoutée dans
l'analyse que nous faisons du problème au
document qui est déjà assez complet au moment où je
vous parle.
En plus de cela, nous allons développer, au cours des prochaines
semaines, des positions en ce qui concerne notre attitude par rapport à
cela et par rapport aux autres sujets qui, encore une fois, sont des sujets qui
sont pris d'anciennes listes, qui sont elles-mêmes prises d'anciennes
listes. Il y a toute une accumulation de papiers là-dessus. Cela nous
fera plaisir de mettre cela à jour. Vous pouvez être sûr que
nous mettrons beaucoup de conviction à avoir les meilleurs dossiers
possible et une des raisons pour lesquelles nous y mettrons tant de conviction,
c'est qu'on va les rendre publics et on veut qu'ils soient clairs.
Une Voix: Ceux-là vont être publics.
M. Morin (Louis-Hébert): Ceux-là et tous les
autres.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, on nous dit: II y aura
peut-être lieu de faire quelques études sur tel ou tel sujet. En
prévision de la négociation constitutionnelle, il y a
effectivement des sujets. On vient de discuter de deux ou trois. Cela pourrait
être une bonne idée, selon les paroles du ministre.
D'un autre côté, d'après les renseignements qu'on
nous a donnés, il y avait, dans le budget du ministère, l'an
dernier, pour les études et recherches d'ordre constitutionnel et
économique, une somme de $8500. On nous dit que c'est tout ce qu'on a
dépensé à ces fins-là l'an dernier, dans une autre
optique, celle de la souveraineté-association, mais l'argent n'a pas
d'odeur: s'il sert pour une fin, il peut servir pour une autre.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je m'excuse. Je voudrais, en
passant, une fois pour toutes, dire...
M. Forget: Attendez un peu, je n'ai pas formulé ma
question, M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais vous êtes en
train de formuler encore une imputation d'intention. Je vous vois venir. Il ne
s'agit pas du tout de ces travaux.
M. Forget: Pas du tout. Je n'ai pas d'intention...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Comprenons-nous bien! Ce qu'on a dans les
crédits actuels, ceux qui ne sont augmentés que selon un rythme
de croisière normal, c'est l'indexation en quelque sorte des salaires et
des dépenses diverses. On a dans les dépenses de l'an dernier
$8500 pour des études en prévision du référendum,
de la souveraineté-association. C'est tout ce qui restait à
dépenser cette année. Donc, on a les mêmes $8500 dans les
crédits de cette année. On doit donc présumer que, pour
faire les études en prévision des conférences
constitutionnelles, on dispose sûrement de ces $8500 qui sont dans les
crédits de cette année, et on va les consacrer à d'autres
fins cette année, mais on ne dispose pas de plus d'argent que cela,
à moins qu'on ne se comprenne pas. Quels sont les autres pans de
l'activité du ministère au niveau de la consultation qui vont
être sacrifiés aux études constitutionnelles?
M. Morin (Louis-Hébert): II y a beaucoup de travaux qu'on
fait faire par nos propres fonctionnaires, cela va de soi.
M. Forget: Les consultations extérieures, etc?
M. Morin (Louis-Hébert): Pour y arriver, il faut d'abord
que je parle de ce qui est la masse, la plus grande partie de ces travaux. Ils
sont faits par des fonctionnaires de notre ministère et, parfois aussi,
par des fonctionnaires d'autres ministères, lorsqu'il s'agit, par
exemple, de questions relatives à l'énergie, aux droits de la
famille. On a utilisé les services du sous-ministre du ministère
de la Justice, à l'époque. Il ne faut pas tomber non plus dans
une illusion qui consiste à penser qu'il suffit d'avoir de bonnes
études pour que cela règle les problèmes. Il y a bien de
ces domaines à propos desquels une réflexion quand même
terre à terre nous indique la voie à suivre. Il y a aussi un
acquis qui est du côté du Québec. Un certain nombre de
principes ont toujours été partagés par tout le monde,
à moins que vous n'ayez changé d'avis depuis, comme quoi un
exercice constitutionnel ne doit pas résulter en une diminution des
pouvoirs du Québec, bien au contraire. A partir de cela...
M. Forget: On ne parle pas de la substance des
négociations...
M. Rivest: On parle des moyens.
M. Forget: ... on parle des ressources que le ministre a
l'intention de mettre à la disposition des gens qui préparent la
révision des dossiers. On a vu ce matin que $500 000 ont
été consacrés à préparer des études
pour illustrer une option qui n'était pas approuvée encore, au
moment du référendum. Le référendum est venu
après. Là, on nous dit: On a dans les crédits apparemment
$8000 pour étudier la préparation de l'option qui, elle, a
été approuvée au moment du référendum. On
peut au moins s'interroger. Est-ce que les moyens qu'on va mettre à la
disposition d'une option sont comparables par leur importance aux moyens qu'on
a effectivement utilisés pour illustrer et défendre l'autre
option qui, elle, a été défaite? Il me semble que si on
parle d'égal à égal on pourrait faire des mots
d'esprit là-dessus, mais je vais m'en abstenir, je sais que c'est un peu
pénible de l'autre côté bornons-nous à dire
que les moyens matériels, financiers dont on semble dis-
poser pour l'année à venir sont singulièrement
modestes par rapport aux moyens financiers qu'on a utilisés pour l'autre
option.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, deux
confusions persistent dans l'esprit du député. La
première, c'est qu'il y a eu une série d'études faites
pour vanter les beautés et les avantages de la
souveraineté-association, ce n'est pas le cas, je le confirme encore une
fois. Deuxièmement, lorsqu'il parle de $8000, il tombe dans une
confusion; $8000, ce sont les dépenses qui ont été faites
en 1979-1980, donc avant l'exercice actuel, dans le cadre des études que
terminait M. Bernard Bonin, qui est sous-ministre adjoint au ministère
des Affaires intergouvernementales. Donc, ce n'est pas le budget de
l'année qui commence.
En ce qui concerne les études que nous aurons peut-être
besoin de faire, je dois vous rappeler que le budget que nous regardons
maintenant a été préparé l'hiver dernier et qu'il
n'était pas possible à ce moment de prévoir ni les
résultats du référendum, ni la série de
négociatons qui commence maintenant. Conclusion de ce bref
exposé: nous prendrons à même les crédits
généraux du ministère comme le fait tout le monde dans ces
cas, les sommes qui nous seront nécessaires pour effectuer les travaux
qui s'avéreront pertinents.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Avez-vous des sommes comparables aux $500 000 que vous
avez dépensés dans les années antérieures pour
cette série d'études que vous prétendez n'avoir pas
été faites dans le contexte de la
souveraineté-association? C'est une prétention que vous pouvez
avoir, mais, là-dessus, on peut différer d'opinion.
M. Morin (Louis-Hébert): On peut d'autant plus
différer d'opinion qu'on n'a jamais consacré $500 000.
M. Rivest: $557 963.27.
M. Morin (Louis-Hébert): Sur trois ans.
M. Forget: ... pour le sondage, et on est au-delà de $500
000.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais c'est sur trois ans.
Vous le savez, c'est le tableau que je vous ai donné tantôt. Ne
faites pas exprès pour mêler les choses.
M. Forget: Est-ce que vous avez un plan triennal pour l'autre
thèse?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, on n'a pas de plan triennal.
On s'adapte aux circonstances lorsqu'elles se présentent. Par
conséquent, une circonstance nouvelle ayant été
créée, on s'adaptera à la circonstance nouvelle.
J'aimerais bien que vous en fassiez autant de votre côté. Vous
avez l'air mêlés depuis la conférence de lundi dernier. (16
h 30)
M. Forget: Ce qu'on aimerait savoir, c'est comment vous vous y
adaptez, aux circonstances nouvelles?
M. Morin (Louis-Hébert): Très bien. M. Forget:
Mais comment? M. Morin (Louis-Hébert): Parfaitement. M.
Rivest: On voudrait vous voir.
M. Forget: En ne consacrant aucune ressource à ça,
autre que les ressources courantes du ministère.
M. Rivest: La routine.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous savez, M. le
Président, la conférence constitutionnelle a eu lieu il y a deux
jours, voyez-vous? Depuis deux jours, le monde a tourné, mais pas assez
vite pour qu'on puisse voir encore tout ce qu'il peut y avoir de travail
à effectuer au cours des prochains mois. Ce que je dis, par
conséquent, en réponse à la question qui m'est
posée, c'est que nous verrons, dans les semaines qui viennent, à
faire effectuer les travaux qui doivent être effectués, si nous en
avons besoin. La conférence ayant eu lieu il y a deux jours et n'ayant
pas encore eu la rencontre que nous aurons la semaine prochaine, qui va
établir le programme de travail, nous verrons ensuite, à
même les crédits généraux du ministère,
quelle somme nous pourrons consacrer à des travaux qui
s'avéreront nécessaires et dont j'ignore, au moment où je
vous parle, s'ils seront nombreux, étendus, volumineux ou quoi que ce
soit.
Je voudrais dire aussi que nous nous sommes attachés à la
tâche qui nous est indiquée avec bonne foi et bonne
volonté.
M. Forget: M. le Président, les crédits
généraux du ministère sont devenus une espèce de
providence ou de manne dont on va faire découler...
M. Morin (Louis-Hébert): Ah! c'est très commode!
Vous avez raison.
M. Forget: ... toutes sortes de choses.
M. Morin (Louis-Hébert): Très commode. Pas toutes
sortes de choses, mais...
M. Forget: Comme il s'agit des crédits de l'année
à venir, il doit y en avoir qui sont engagés. J'imagine que tout
ça, ce n'est pas de l'argent de poche. Ce n'est pas une petite caisse.
Il y a des travaux courants. On prévoit certains déboursés
durant l'année. Qu'est-ce qui est disponible qui
peut être affecté à ces études, si jamais on
en percevait le besoin, et qu'est-ce qui ne l'est pas? Cela, c'est une question
intensément et directement d'ordre budgétaire. Qu'est-ce qui est
disponible dans les crédits du ministère? Quelles sont les
ressources, dans le fond, qui pourraient être consacrées à
ces fins? Tout ce qu'on a pour en juger, c'est ce qui était,
effectivement, des dépenses qui ne réapparaîtront pas cette
année. C'est ce solde de $8000 pour des études entreprises
l'année précédente. Ce projet est désormais
terminé. Donc, il y a un solde qui reste, mais il n'est pas gros. Y
a-t-il d'autres fonds libres...
M. Morin (Louis-Hébert): Ah oui!
M. Forget: ... qui sont donnés au ministère sans
prévisions précises sur leur utilisation probable? Est-ce que le
Conseil du trésor, au moment de la préparation des budgets, dit:
On va vous donner une enveloppe de $1 000 000 ou de $2 000 000, au cas
où vous en auriez besoin? C'est comme ça que ça se passe
au gouvernement?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est malheureusement pas
comme ça que ça se passe au Conseil du trésor.
M. Forget: Ah non! c'est ce que je me disais aussi.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous le savez très bien,
d'ailleurs; vous avez été ministre.
M. Forget: C'est pour ça que je pose la question.
M. Morin (Louis-Hébert): Mais, comme vous avez
été ministre, je pense qu'on peut ensemble se
révéler un secret d'Etat, c'est-à-dire que dans le budget
de n'importe quel ministère il y a des possibilités de s'ajuster
en cours de route, et c'est d'ailleurs une des tâches des gestionnaires
pour faire face aux circonstances nouvelles. S'il arrive un tremblement de
terre quelque part, le budget spécial du gouvernement pour les
tremblements de terre est probablement à sec. Alors, il va falloir
trouver l'argent quelque part et on le trouve.
A l'intérieur du ministère, comme à
l'intérieur de n'importe quel autre ministère là,
je vais avancer quelque chose qu'on nie tout le temps quand on va au Conseil du
trésor il y a toujours une possibilité de s'ajuster. Cela
s'appelle des coussins.
Vous, qui avez été ministre, vous le savez très
bien et vous en aviez des pas mal plus gros dans votre ministère, parce
qu'il avait l'avantage, ce ministère, d'être extrêmement
volumineux et de coûter des milliards de dollars. Le mien, il coûte
quelque $40 000 000. Mes coussins sont plus petits. Mais mes dépenses
sont moins grosses. Alors, on s'arrange.
Par conséquent, arriveront en cours de route les dépenses
qui seront à effectuer. Nous les assumerons en conséquence. Je ne
vois pas pourquoi il y a un grand drame là-dessus. Je ne peux pas
prévoir ce qui va se passer au ministère le 8 août 1979 ou
1980, ni qui va faire quelque chose à quel moment, mais ce que je peux
vous dire, c'est qu'on a les moyens de s'organiser pour faire faire les travaux
qui vont rendre service aux Québécois et qui vont nous aider
à défendre les droits et les intérêts du
Québec, ce qui est à peu près la garantie la plus formelle
qu'on puisse donner à la population actuellement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Toujours sur le même sujet, M. le
Président, et en parlant des crédits...
M. Rivest: II faut parler crédits avec le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): ... au moins...
M. Le Moignan: J'ai posé une question tout à
l'heure au sujet du secrétariat des conférences
intergouvernementales canadiennes. Le ministre a semblé répondre
que ces gens-là nous donnaient un excellent service. Maintenant, je sais
très bien que, dans le passé, le gouvernement du Québec et
le Parti québécois, je ne sais pas qui a contribué le
plus, mais vous avez distribué beaucoup de publicité pour faire
connaître l'option du parti, qui était la
souveraineté-association.
M. Morin (Louis-Hébert): Par le gouvernement?
M. Le Moignan: ... ça s'est fait... J'ai dit: Le
gouvernement ou le parti. Je n'ai pas accusé...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je pense que vous pensez
à celui d'Ottawa, peut-être qu'il y a une erreur.
M. Le Moignan: ... le gouvernement, mais il s'est fait des choses
par le gouvernement du Québec également.
M. Morin (Louis-Hébert): J'espère qu'il s'est fait
des choses par le gouvernement du Québec, pas dans le domaine que vous
dites, mais...
M. Le Moignan: Non, vous voulez m'embrouiller. Vous avez
publié votre propre documentation, information, publicité, il y a
eu des débats à l'Assemblée nationale au sujet de toutes
ces choses-là. Je comprends qu'actuellement à Ottawa, concernant
la réforme de la constitution... vous êtes au courant qu'Ottawa
prépare une campagne nationale d'information puisqu'Ottawa défend
le fédéralisme renouvelé. Vous savez également que
le gouvernement du Canada dépense d'après une nouvelle de la
Presse du mercredi 11 juin, une somme minuscule d'environ $10 000 000 par
année en publicité. Je ne sais pas si le ministre est au courant,
mais il y aura des incidences sur les
travaux des prochaines semaines en cours. Je voudrais que le ministre
nous précise quel rôle son ministère entend jouer
après coup là-dedans. Puisque si on veut renseigner la population
canadienne, on veut avoir des kiosques, des mlni-bus, etc, qui se
promèneront à la grandeur du pays, on veut expliquer à la
population la nature de la constitution actuelle, les raisons
nécessitant une réforme, les modalités de la
réforme envisagée. Mais on nous dit dans la dépêche
de la Presse: Au fur et à mesure qu'elle sera rédigée et
soumise aux gouvernements des provinces. Dès que ces choses-là
seront soumises aux gouvernements, je me demande si nous allons trouver
là le résultat de vos négociations qui seront entreprises,
ou si c'est juste le fruit de la cogitation du gouvernement
fédéral. Je ne voudrais pas que cela entre en contradiction avec
votre centre.
Et si on veut expliquer un peu à la population, on nous mentionne
qu'une brochure de 42 pages a été rédigée. J'ai
peut-être la brochure en main, elle m'a peut-être
échappé. Votre ministère possède peut-être
cette brochure-là? Si la brochure existe, il serait peut-être
intéressant de l'avoir je compends qu'on peut la demander
pour voir si ça concorde un peu avec vos objectifs.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense que la question qui
vient d'être soulevée est extraordinairement à la fois
intéressante et importante. Je voudrais dissiper une confusion au point
de départ. On parle dans l'article en question du centre d'information
sur l'unité canadienne. Il s'agit là d'un organisme
fédéral payé à même les fonds de l'Etat
fédéral, pour vanter le fédéralisme. C'est un
organisme de propagande.
Ce dont nous parlons, auquel nous contribuons et auquel nous faisons
allusion dans le rapport du ministère, c'est le secrétariat des
conférences intergouvemementales, ce n'est pas du tout la même
chose. Cela n'a aucun rapport. Dans un cas, celui du secrétariat, il
s'agit d'un groupe de fonctionnaires qui font des travaux soit de traduction,
de documentation que les provinces apportent, qui polycopient, qui organisent
même les conférences physiquement. Ce n'est pas ça. Mais le
centre d'information sur l'unité canadienne, c'est un organisme qui a
été relié plus ou moins à Pro-Canada et dont je ne
commencerai pas à faie le pedigree ici, mais ça m'amène
à ceci. Là, il y a un problème. On prépare la
campagne possible d'un référendum pan-canadien pour tasser le
Québec. Je pense que vous les voyez venir. Vous avez raison de soulever
le problème, même si vous n'avez pas mentionné ça.
Cela pose une difficulté parce qu'il est sûr que ce centre
d'information sur l'unité canadienne va diffuser les vues du
gouvernement fédéral, à mon avis, en tout cas. Pas d'autre
chose. Et non seulement il va les diffuser, mais il va faire de la propagande
pour préparer les esprits à la résultante d'un
échec comme M. Trudeau l'a pratiquement annoncé
des conférences.
Donc, on s'en va peut-être vers un référendum
pan-canadien dont on connaît l'expérience dans le passé, il
y en a déjà eu deux. On sait un peu ce que peuvent donner les
résultats.
Nous allons donc être dans la situation où des fonds
publics, auxquels vous contribuez et je contribue et tout le monde ici,
à Ottawa, vont servir à véhiculer l'option de ceux qui
sont à Ottawa, qui ne sera pas, je pense, entièrement celle que
nous avons à défendre et pour laquelle, j'espère, il va y
avoir un consensus.
Dans ces conditions-là, je vous pose la question: Est-ce qu'on
n'a pas un devoir, comme gouvernement, advenant un consensus, pour nous ici au
Québec, de faire valoir aussi ce point de vue-là par des moyens
qui vont renseigner la population? On va arrêter de se cacher la
tête dans le sable. Je vous pose la question à vous, M. le chef
intérimaire de l'Union Nationale, et je la pose aussi à mes amis
du Parti libéral.
M. Le Moignan: Non seulement vous avez un devoir, mais si le
fédéral est capable de dépenser des millions pour faire
valoir son option, je me dis que suite à ce que nous avons dit ce matin
et aux questions que j'ai posées au ministre, si nous en arrivions
à un moment donné à un consensus de tous les
Québécois ou des représentants des Québécois
ici à l'Assemblée nationale, j'imagine que le gouvernement du
Québec a la même obligation de faire une campagne, non pas
d'inonder le public, mais au moins de faire une publicité honnête
sur ce que le gouvernement actuel du Québec veut faire dans le cadre du
renouvellement de la future constitution canadienne puisqu'il semble que ce que
nous avons demandé vous êtes d'accord avec nous ce
n'est pas la souveraineté-association, mais on travaille ensemble
actuellement pour voir dans quelle mesure on va arriver à faire le
meilleur renouvellement possible de la constitution.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pourrais continuer, M. le chef
intérimaire de l'Union Nationale. Par exemple, tout le monde est
d'accord sur le fait qu'il existe une société distincte au
Québec. Certains appellent cela deux nations, d'autres deux
communautés, alors sur ce cas-là, je ne vois pas qui peut
s'opposer à ce fait fondamental. Ce serait renier toute l'histoire
politique du Québec.
Une Voix: Vous n'êtes pas d'accord?
M. Rivest: Sur quoi?
Une Voix: Sur ce que dit le ministre.
M. Rivest: J'aimerais qu'il nous parle des crédits.
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant, on en parle. Je parle
des crédits pour...
M. Rivest: Combien d'argent allez-vous consacrer à la
suggestion que vous fait le député? C'est cela la question.
M. Morin (Louis-Hébert): Pour tâcher d'y arriver, je
pense qu'il faut quand même s'entendre sur un certain nombre de choses.
Comme tout le monde, je pense, est d'accord sur le fait qu'il existe deux
communautés nationales au Canada M. Forget est allé le
dire à Toronto, encore, en fin de semaine donc tout le monde est
d'accord. Là-dessus, par exemple, pour prendre un cas où tout le
monde est d'accord, sur le droit à l'autodétermination des
Québécois, cela va de soi, on l'a exercé, il me semble que
ce serait normal je ne sais pas ce que vous en pensez que le
gouvernement du Québec, à cet égard, fasse connaître
ses vues, quand on sait qu'eux vont mettre ce qui leur reste des $3 000 000
qu'ils ont dépensés l'autre jour, dans une propagande qui va
nier, justement, ce qui fait le fondement même de la politique
québécoise depuis que le Québec existe dans le
système actuel.
M. Marx: M. le Président, pour enchaîner dans le
même sens.
Le Président (M. Lacoste): Je m'excuse, mais le
député de Verchères a demandé la parole.
M. Morin (Louis-Hébert): Je posais la question au
député de Gaspé en particulier, mais si le
député de D'Arcy McGee a un avis à exprimer
là-dessus, ça me fera plaisir de l'écouter.
M. Marx: C'est dans le même sens.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Vous avez eu un projet pour démanteler le Canada.
Le gouvernement a un projet pour démanteler le Canada et le
gouvernement...
M. Morin (Louis-Hébert): Refaire. Il faut construire. Je
prends les paroles de Daniel Johnson. Il faut remplacer le Canada à dix
par un Canada à deux.
M. Rivest: Pour défaire le Canada.
M. Le Moignan: Mais sans éliminer un Canada à
dix.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
D'Arcy McGee, vous pouvez continuer.
M. Marx: Vous avez eu un projet pour démanteler le Canada,
c'est-à-dire le livre blanc et tout ce qui l'a entouré.
Maintenant, sur ce projet pour démanteler le Canada vous avez
demandé un mandat au peuple québécois et ça a
été refusé. On sait maintenant que les
Québécois veulent qu'on renouvelle le Canada. On a
intérêt à savoir combien d'argent vous allez attribuer pour
faire la publicité du renouvellement du Canada. C'est cela la
question.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est très
intéressant. Je pense que j'aime beaucoup cette discussion.
M. Marx: Pas sur la question philosophique, mais sur la question
d'argent.
M. Morin (Louis-Hébert): Alors, au moment où je
vous parle il n'y a pas d'argent pour cela.
M. Forget: C'est une bonne réponse ça au moins, M.
le Président, c'est clair.
M. Morin (Louis-Hébert): Combien pensez-vous qu'on devrait
prévoir? Supposons qu'on a... Admettons qu'on s'entend sur une...
M. Rivest: II a juste des bonnes paroles. Pas d'argent, pas de
dossier, pas d'effectif, pas de budget, ça va bien.
M. Morin (Louis-Hébert): ... déclaration de
principe qui fait état de choses qui vont de soi. Il y a deux nations,
il y a le droit à l'autodétermination, et d'autres choses, il
faut faire connaître cela aux Québécois. Vous verriez qu'on
mette combien là-dedans?
M. Marx: M. le Président, nous ne sommes pas ici pour
répondre aux questions. Le ministre pose des questions. Les
députés ministériels posent des questions.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais moi j'applique,
à partir d'aujourd'hui... Il y a un malentendu, M. le Président.
Je vais appliquer, à partir d'aujourd'hui, cette attitude dont j'ai fait
état ce matin, dans laquelle il s'agit de recueillir l'avis des partis
d'Opposition pour qu'on ait un travail en commun par rapport à ceux qui
veulent peut-être démanteler le Québec, si vous me
permettez de reprendre votre expression. Alors, je vous demande, comme cela, en
passant, combien on devrait mettre là-dedans.
M. Marx: M. le Président, j'ai lu...
Une Voix: On n'a pas le droit de suggérer des
dépenses.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah! Vous n'avez pas le droit de
suggérer des dépenses.
M. Marx: ... que le gouvernement est sur la voie d'essayer de
renouveler le Canada. Combien d'argent est-ce qu'il a prévu pour faire
la publicité de ce renouvellement? Est-ce qu'il a un projet pour faire
la publicité en ce qui concerne ce renouvellement du Canada? Combien
d'argent avez-vous planifié pour mettre dans ce projet?
M. Morin (Louis-Hébert): Au moment où je vous
parle, absolument rien, la conférence ayant
eu lieu il y a deux jours. Qu'est-ce que vous voulez que je vous
dise?
M. Marx: Mais le référendum, ça fait
déjà un mois.
M. Morin (Louis-Hébert): Le budget a été
fait avant. C'est parce que j'ai besoin de vos avis. Tout à coup on
aurait besoin d'un budget supplémentaire, cela va m'aider auprès
du ministre des Finances de dire que vous êtes d'accord.
M. Marx: Est-ce que le ministre pense qu'il va attribuer un
certain montant pour faire la publicité du renouvellement du Canada?
M. Morin (Louis-Hébert): Avant de...
M. Marx: Le ministre a parlé de coussins. Peut-être
espère-t-il prendre un petit coussin là.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais là ce n'est plus
des coussins, ça prend des matelas parce que c'est pas mal plus...
M. Marx: On peut commencer avec un coussin, peut-être que
ça va donner quelque chose. (16 h 45)
M. Morin (Louis-Hébert): Disons que je n'ai pas d'avis
formel là-dessus, la suggestion vient du député de l'Union
Nationale, je vais regarder ça avec beaucoup d'intérêt,
mais, pour m'aider dans ma réflexion, je voulais avoir un ordre de
grandeur de vous; vous ne voulez pas faire de suggestion financière,
mais je retiens l'idée...
M. Marx: Le règlement... Le ministre pose des
questions...
M. Morin (Louis-Hébert): ... que vous seriez d'accord pour
qu'on défende...
M. Marx: ... aux membres de l'Opposition, je pense que c'est
injuste.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est embêtant pour vous
autres, ce n'est pas injuste.
M. de Bellefeuille: ... vous n'avez rien à dire.
M. Marx: M. le Président, qu'il attende une année
avant de poser les questions.
M. Morin (Louis-Hébert): Je sais que vous passez une phase
de recyclage maintenant. M. Trudeau a fait quelque chose que vous ne pensiez
pas qu'il ferait, il a peut-être dit quelque chose...
M. Rivest: Juridiction fédérale.
M. Marx: Oui, on ne siège pas à Ottawa ici.
M. Morin (Louis-Hébert): Juridiction
fédérale, vous êtes soumis à la juridiction
fédérale entièrement et totalement; alors, à ce
moment-là, je comprends que c'est difficile de vous recycler.
M. Rivest: Etre canadien, c'est une fierté. M. Morin
(Louis-Hébert): Très bien, alors...
M. de Bellefeuille: Est-ce que le député de
Jean-Talon fait partie du peuple canadien?
M. Rivest: Certainement.
M. Morin (Louis-Hébert): Est-ce qu'il fait partie du
peuple québécois?
M. Rivest: Encore des questions?
M. Morin (Louis-Hébert): Celle-là, est-ce qu'il
fait partie...
M. Marx: M. le Président, peut-on demander au ministre
d'attendre une année avant de poser des questions, le cas
échéant? Maintenant, nous sommes ici pour poser des
questions...
M. Rivest: Quelques mois, quelques mois, pas un an.
M. Marx: Quelques mois.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ce qu'on appelle, M. le
Président, de la présomption, dans ce cas-là.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Verchères, ensuite, le député de Jean-Talon, ensuite, le
député de Gaspé.
M. Morin (Louis-Hébert): Ma devise, en politique, ce n'est
pas Je me souviens, c'est On ne sait jamais. Vous devriez vous l'appliquer
à vous autres.
M. Marx: C'est une présomption juris tantum.
M. Charbonneau: M. le Président, on n'a pas eu de
réponse, ce matin, sur une question de principe, c'est-à-dire
à savoir si le Parti libéral du Québec est prêt
à participer à une commission parlementaire pour définir
des principes de base.
M. Rivest: C'est le monde à l'envers.
M. Charbonneau: Et il y aurait peut-être un autre principe
dont a parlé le chef de l'Union Nationale, c'est de savoir si nos
adversaires, nos vis-à-vis d'en face, l'Opposition officielle, seraient
d'accord au moins sur cette question de principe suivante: Est-ce que le
gouvernement du Québec, au nom de l'ensemble des
Québécois, serait légitimé de dépenser
autant au Québec que le gouvernement fédéral se propose
d'en dépenser pour sa campagne nationale d'information...
M. Rivest: Question de règlement, M. le
Président.
M. Charbonneau: ... sur un fédéralisme
centralisé? Est-ce que vous seriez d'accord pour qu'on en dépense
autant?
M. Rivest: Question de règlement.
M. Charbonneau: Autant?
M. Rivest: Nous n'avons pas connaissance...
M. Charbonneau: Et on pourrait aller chercher les matelas
après.
M. Rivest: ... de ces faits, c'est de juridiction
fédérale.
M. Charbonneau: On n'a peut-être pas les matelas en
réserve, mais on pourrait peut-être aller les chercher.
M. Rivest: Question de règlement. M. Charbonneau:
Etes-vous d'accord?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, soyons concrets.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense qu'on l'était,
là.
M. Rivest: II y a une réalité politique de base qui
est cette unanimité qui nous réunit et nous unit dans cette
démarche du renouvellement du fédéralisme. On part de
ça. Il y a, partant de cela, une réalité entre
parenthèses, qui est l'option du parti ministériel; elle est
entre parenthèses. Il y a, troisièmement, un discours du premier
ministre, du ministre des Affaires intergouvernementales au titre de leurs
intentions de s'inscrire dans la démarche du fédéralisme
renouvelé. C'est la réalité. Nous étudions les
crédits, parlons crédit. Nous demandons au ministre, dans cette
voie précise, étant donné les échéances
concrètes et immédiates, pour donner un peu de consistance
à son discours, à son langage, à son expression
d'intentions nouvelles, c'est-à-dire nouvelles en partant de celle qui
est apparue le soir du 20 mai et qui conduit, nous demandons: Est-ce qu'il y a
des études précises que vous allez consacrer à la
démarche? Réponse.
Deuxièmement...
M. Morin (Louis-Hébert): A la démarche... M.
Rivest: Non, j'ai trois ou quatre volets. M. Morin
(Louis-Hébert): C'est une...
M. Rivest:... à la démarche du renouvellement du
fédéralisme?
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai répondu à
ça tantôt.
M. Rivest: Est-ce qu'il y a des effectifs qui vont être
dégagés pour cette tâche? Troisièmement, est-ce
qu'il y a des budgets? Quatrième- ment, le volet ajouté par notre
collègue de Gaspé, est-ce qu'il y aura, pour inscrire la
population du Québec dans cette démarche, un programme
d'information sur les positions du Québec? Je ne parlerai pas d'un
sondage, disons que cette technique ne nous apparaissait pas conforme à
la réalité.
M. Charbonneau: Corollaire, êtes-vous d'accord?
M. Rivest: Quatre éléments... M. le
Président, le tumultueux député de Verchères...
M. Charbonneau: Non, mais êtes-vous d'accord?
M. Rivest: Quatre éléments concrets. Nous
voudrions, M. le Président, comme les Québécois, croire le
discours du ministre lorsqu'il dit qu'il est sérieux, que la
démarche du gouvernement va être sérieuse. Aujourd'hui,
nous ne mettons même pas en cause ses expressions verbales d'intentions.
Ce que nous voulons savoir, au moment de l'étude des crédits,
c'est quelles sont les voies, les moyens et les ressources financières,
humaines, comptabilisées, concrètes qu'il va consacrer à
cette tâche. Tout ce qu'on veut, au fond, c'est de chercher à
donner un peu de crédibilité à une chose qui, par nature
et par essence, n'est absolument pas crédible, dans la mesure où
cela contredit le projet politique du Parti québécois, mais cela
est entre parenthèses. Nous voudrions que le ministre établisse
clairement, devant cette commission, devant l'opinion publique, que le
présent gouvernement est sérieux quand il parle de s'engager dans
la voie du renouvellement du fédéralisme. Le deuxième
élément, c'est que...
M. Morin (Louis-Hébert): Ses questions sont tellement
longues que j'ai oublié le début. Qu'est-ce que vous voulez que
j'y fasse, je n'en sortirai jamais.
M. Rivest: Je vais la reprendre. Nous voudrions croire le
gouvernement. Qu'il nous donne des indications précises,
budgétaires, en termes d'effectifs, en termes d'études, nous
voudrions des choses concrètes en termes de publicité. Et ma
queston est la suivante: Est-ce que le ministre en a? A moins que j'aie
été distrait par quelques collègues impétueux de la
commission, j'ai essayé de suivre le discours du ministre et j'avoue, M.
le ministre, que je n'ai pas vu quelque chose de concret qui me permettait de
prendre au sérieux l'intention du ministère des Affaires
intergouvernementales de s'engager d'une façon positive et constructive
dans la voie du renouvellement du fédéralisme. C'est cela, le
sens du débat.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président,
j'aimerais beaucoup prendre au sérieux les interventions du
député de Jean-Talon. Il sait très bien, en posant sa
question, comme n'importe qui qui écoute ce qui se passe ici, qu'une
conférence
ayant eu lieu lundi et une autre la semaine prochaine, il est impossible
aujourd'hui de dire combien nous allons dépenser, pour quelles
études, avec quels effectifs, en d'autres termes combien va coûter
le nouvel exercice. Je ne le sais pas encore. C'est la seule réponse que
je vais donner. Je l'ignore. Nous allons le savoir dans les jours qui
viennent.
Deuxièmement, tout le monde a l'air d'être d'accord
là-dessus, nous aurions l'intention et j'espère que cet
appui va se matérialiser dans les mois qui vont venir de
défendre, par l'information pertinente, les droits et les
intérêts du Québec, au cours de la période qui
commence et peut-être s'il y a un référendum national. A ce
moment-là, je pense que vu l'expérience qui s'est
écoulée, au cours du référendum
québécois où c'est le fédéral qui a
dépensé, ce serait une bonne idée que, du
côté du gouvernement du Québec, on voie à
défendre les intérêts du Québec si, par hasard, il
n'y avait pas convergence entre les droits et les intérêts et les
propositions qui viendront au cours de la révision constitutionnelle et
qui nous mettront dans cette réunion supposément dramatique du
mois de septembre prochain.
Je vous remercie de vos suggestions à cet égard et je
pense que la question qui a été soulevée par le
député de Gaspé était fort pertinente.
M. Marx: Dans la Chambre, les membres du gouvernement ont dit que
le non au référendum, c'était pour le
fédéralisme renouvelé.
M. Morin (Louis-Hébert): Ici à Québec. Mais
à Ottawa, j'ai peur qu'ils n'aient pas compris cela. Il y a un
problème. Il faudrait en reparler.
M. Marx: J'ai laissé le ministre parler...
M. Forget: II faudrait que le ministre arrête d'interrompre
tout le monde. Chaque fois qu'il y a quelqu'un qui intervient, il se met
à parler. C'est remarquable.
M. Morin (Louis-Hébert): Je me mets à parler parce
que les questions du député de Jean-Talon sont tellement longues
qu'à un moment donné, il faut l'arrêter, car il a l'air
vacciné avec une aiguille de "pick up" et on ne sait pas à quel
moment il va finir.
M. Marx: ...
Le Président (M. Beauséjour): Je crois que c'est le
député de Gaspé qui avait demandé la parole
après le député de Jean-Talon. Je retiens le nom du
député de D'Arcy McGee. M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je voudrais simplement revenir sur certaines
paroles du ministre quand il a cité Daniel Johnson. Vous me permettrez
de poser deux ou trois questions.
En février 1968, à une conférence
fédérale- provinciale, alors que M. Johnson avait émis,
à la suite de son mémoire, certaines conclusions cela fait
déjà douze ans, presque treize ans qu'il voulait un
renouvellement de la constitution canadienne, il disait ceci: II n'est pas
nécessaire de détruire le Canada à dix pour faire le
Canada à deux, mais il est devenu indispensable et urgent de faire le
Canada à deux pour maintenir le Canada à dix.
Le ministre a parlé tout à l'heure de budget. Il a dit que
son budget était planifié avant le référendum. Je
ne sais pas s'il a été planifié en fonction d'un non ou
d'un oui. C'est une question à laquelle il pourrait répondre. Si
c'est en fonction d'un non, il aura de l'argent pour une certaine
publicité qui s'impose, étant donné qu'on travaille tous
pour le même objectif.
Je sais que le ministre va me répondre que, du côté
d'Ottawa, on semble nous indiquer qu'on veut un Canada à un. Il y a un
groupe au Québec qui veut un Canada à deux et il y en a un autre
qui veut un Canada à dix. Tout cela mis ensemble pose une question de
chiffres encore, puisqu'on parle de chiffres.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est un gros calcul.
M. Le Moignan: Je ne demande pas au ministre de calculer tout
cela. Mais j'en suis toujours sur le consensus des Québécois.
Qu'est-ce qu'il va faire, le gouvernement du Québec? Dans ce Canada
à deux, je parle de l'égalité des deux peuples fondateurs
que je n'ai pas encore oubliée et le ministre non plus, et je pense
qu'on va rester fidèle au moins à cela, au départ.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous pouvez compter sur moi
là-dessus.
M. Le Moignan: Si vous êtes fidèle à cela,
qu'allez-vous faire cet été et dans les jours qui suivent pour
bien renseigner nos Québécois...
M. Morin (Louis-Hébert): On va exercer notre
fidélité.
M. Le Moignan: ... de façon honnête sur vos
intentions réelles de travailler pour un fédéralisme
renouvelé?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai des raisons personnelles de
me souvenir très bien de la citation que vous avez mentionnée
tout à l'heure, M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: Ne mettez pas de style là-dedans.
M. Morin (Louis-Hébert): Je dois aussi dire et
c'est très important de le rappeler que c'était le pari,
à l'époque, que faisait M. Johnson de réussir ce que vous
venez de lire. C'est cela qui a manqué, en 1971, lors d'une
conférence dont se souvient très bien le député de
Jean-Talon, puisqu'il était là avec moi.
M. Rivest: Laquelle?
M. Morin (Louis-Hébert): Victoria, en 1971, au moment
où on s'opposait à la charte de Victoria pour des raisons que
vous semblez avoir oubliées depuis.
M. Rivest: Question de règlement, M. le
Président.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas une question de
règlement; c'est une vérité.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! M. Rivest:
Vous m'avez mis en cause.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne vous ai pas mis en cause;
j'ai rappelé votre fidélité de l'époque.
M. Rivest: M. le Président, j'ai une question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, sur une question de règlement.
M. Rivest: Dans le style qui est le sien, pour employer un
vocable parlementaire, le ministre a semblé indiquer que j'avais
renié ou que j'avais oublié les positions prises à
Victoria. M. le Président, je pense que le ministre est
téméraire.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'était pas une
question de règlement, c'était une question de mémoire.
Finalement, en parlant de mémoire, j'ai oublié ce que
j'étais en train de dire.
M. Le Moignan: Vous parliez de Daniel Johnson.
M. Morin (Louis-Hébert): C'était pour le pari
soyons sérieux que Daniel Johnson prenait et qu'il n'a pas
réussi. Cependant, il avait énoncé des idées
fondamentales que d'autres ont partagées, cette existence de deux
sociétés distinctes ou communautés nationales ou nations
au Canada. Beaucoup de gens je pense bien que vous en connaissez, vous
particulièrement, M. le député de Gaspé ont
dit non au référendum, mais en croyant à cette
réalité-là. Ils ont cru que le fédéralisme
renouvelé cela voulait dire une reconnaissance formelle de cette
réalité. Or, depuis hier, avec la déclaration qui a
été faite à Ottawa, vous devez avoir des gens
déçus dans ceux que vous avez eu l'occasion de rencontrer, sauf
que c'est quand même l'indication en général que la
population nous a donnée de donner cette autre dernière chance au
système, mais ce n'est pas n'importe quelle autre dernière
chance; elle sera fondée sur des principes auxquels le Québec,
depuis toujours, a adhéré. Ce sont ceux que M. Lévesque a
fait valoir dans son texte à la conférence de lundi dernier. Ce
sera la base de notre travail au cours des prochains mois auquel on trouvera un
moyen d'associer, quand on aura mieux l'horaire, les partis d'Opposition.
M. Le Moignan: M. le Président, si je comprends bien, le
ministre actuel était sous-ministre en 1968 et même en 1971.
M. Morin (Louis-Hébert): J'ai été
sous-ministre du 17 juin 1963 au 1er octobre 1971. Il y a un excellent
éditorial de M. Ryan qui a été publié, le plus
élogieux que j'aie jamais eu dans ma vie, quand j'ai
démissionné en 1971.
M. Forget: Imaginez-vous ce qu'on dirait si vous
démissionniez maintenant.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne me fie plus à M.
Ryan aujourd'hui, parce que j'ai cité quelque chose de lui ce matin.
M. Rivest: Vous avez été de tous les succès
du dossier de la révision constitutionnelle.
M. Le Moignan: Le ministre peut-il nous expliquer...
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'entreprendrai pas cette
discussion; je serais obligé d'invoquer certains éléments
qui ne me siéraient pas. Je ne sais pas si c'est la bonne
expression.
M. Le Moignan: Je ne sais pas si ma question est
indiscrète.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, allez-y.
M. Le Moignan: On semblait défendre des objectifs valables
jusqu'en 1970, si ma mémoire est bonne. Il y a eu un changement de
gouvernement. Etant donné que vous étiez sous-ministre, comment
se fait-il qu'il y a eu ce revirement soudain de la situation après 1970
que je ne comprends pas? Je n'étais pas là. Comment le ministre
peut-il nous expliquer cela?
M. Morin (Louis-Hébert): Figurez-vous donc que je me suis
posé la question longtemps. Je dirais que, pendant l'année 1970,
cela n'a pas été trop pire. En 1971 aussi, cela a bien
été. Sur l'élan, cela a continué en 1972. Mais je
dois dire que M. le premier ministre qui a succédé, à
l'époque, à M. Bertrand avait pris un conseiller auprès du
gouvernement fédéral, une sorte d'échange culturel. Il
s'appelait Paul Tellier. Une de ses premières recommandations
vous êtes bien assis? c'était, pour éviter les
chicanes fédérales-provinciales, d'abolir le ministère des
Affaires intergouvernementales.
M. Le Moignan: Au Québec?
M. Morin (Louis-Hébert): Au Québec, ah oui!
M. Le Moignan: Ah!
M. Morin (Louis-Hébert): Cela a été une de
ses suggestions, à laquelle je me suis opposé, d'ailleurs, et
pour cause. J'ai dû réussir parce que le ministère existe
encore. Quoi qu'il en soit, il y a eu une démission à partir de
ce moment-là et une suprématie fédérale a
commencé à s'exercer et c'est une des raisons pour lesquelles
j'ai quitté à l'époque. Je ne veux pas faire ma biographie
condensée. C'est ce que je me contenterai de dire. (17 heures)
M. Le Moignan: C'est donc dire que si M. Johnson était
demeuré au pouvoir, les choses auraient évolué dans un
autre sens. Ce n'est pas cela que vous voulez dire?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne le sais pas. C'est
sûr que cela n'aurait pas dérivé comme cela a
dérivé, c'est évident. Qu'est-ce que vous voulez que je
vous dise? On est en train d'élaborer à partir du conditionnel
passé.
M. Forget: Je ne veux pas intervenir dans les mémoires
personnelles, mais est-ce qu'on pourrait revenir à nos moutons? Je
voudrais aborder un autre sujet, avec la permission du ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): De qui parlez-vous?
Délégations à Toronto, Moncton et
Edmonton
M. Forget: Je ne veux pas faire de peine au ministre, je ne
spécifierai rien. Dans le programme 1 que nous étudions, il y a
également les fonds qui sont utilisés pour financer les bureaux
du Québec à Toronto, à Moncton et à Edmonton. Il
s'agit là d'une pratique qui s'est développée au cours des
dernières années. Il serait intéressant que les membres de
la commission aient accès aux évaluations qui ont
été faites de l'efficacité, eu égard aux objectifs
poursuivis par l'établissement de ces bureaux, de ces postes dans les
trois villes mentionnées. Il n'est pas évident, à
l'époque cela fait quand même un certain nombre
d'années que le téléphone a été
inventé. On ne parle pas des postes, si on se fiait aux postes, il y
aurait probablement des choses qui iraient plus mal qu'elles ne vont, mais il y
a le téléphone, il y a le télex, il y a différents
moyens de communication, il y a les avions aussi; les gens voyagent, on peut
remarquer cela, entre autres... Est-ce qu'avec l'expérience de quelques
mois ou de quelques années, il apparaît, à partir
d'études qui ont été sans aucun douté faites au
ministère et qui pourraient nous être communiquées, que les
dépenses non négligeables qui sont consenties pour maintenir ces
espèces de consulats québécois dans les autres provinces
sont justifiées par une efficacité beaucoup plus grande que dans
le passé dans la réalisation des objectifs que le Québec
s'est donnés, objectifs très spécifiques dont
découle rétablissement de ces missions?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. J'espère que vous
posez la question strictement à des fins d'information et non parce que
vous vous opposez à ce que nous établissions des relations plus
suivies avec les autres provinces du Canada. Je présume cela.
M. Forget: On va s'y opposer ou on va l'appuyer, selon
l'évaluation que le ministère en a probablement faite. J'imagine
que le ministère fait de ces évaluations; si elles nous sont
communiquées, on en prendra connaissance. Si l'évaluation
démontre que cela n'en vaut vraiment pas la peine, il faudra
évaluer. C'est un moyen. J'imagine que le ministre, quand il parle des
relations avec les autres provinces, n'établit pas une identité
parfaite entre maintenir des relations et ouvrir un bureau. Ce serait un peu
simpliste. Comme je l'ai dit, le téléphone a été
inventé il y a un bon moment, et l'avion aussi. En plus de ces autres
moyens qui sont connus et peut-être moins coûteux, est-ce que le
maintien de bureaux permanents, les loyers qui sont nécessaires, les
allocations de déplacements, de séjours, le salaire de ce
personnel justifient des dépenses de cette nature? Est-ce que des
études ont été faites? Est-ce qu'une évaluation
systématique a été faite ou tout cela se fait-il un peu au
pif en se disant: Est-ce que cela fait bien d'avoir pignon sur rue à
Edmonton? Tout le monde sait que le pétrole, c'est important. Le
problème n'est pas de savoir si le pétrole est important, il est
question de savoir si, ayant une maison du Québec à Edmonton, on
a fait des progrès sentis, remarquables, significatifs.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, les
critères qui accompagnent et qui justifient les décisions que
nous prenons d'ouvrir tel ou tel bureau dans telle ou telle ville sont les
mêmes que ceux qui ont servi au moment où le gouvernement qui nous
a précédés a établi une délégation du
Québec à Toronto. J'espère que vous ne remettez pas en
cause la délégation du Québec à Toronto qui a
été instaurée alors que vous étiez ministre.
M. Forget: Je remets en cause n'importe quoi qui a besoin
d'être remis en cause. J'imagine que le ministre qui déplore
tellement puisqu'on me pose la question ...
M. Morin (Louis-Hébert): Je pourrais...
M. Forget:... le statu quo en matière constitutionnelle,
ne se livre pas à du statu quo administratif. Parce qu'une
décision a été prise il y a dix ans, il faut la maintenir
parce qu'elle a été prise; j'imagine qu'il y a des raisons plus
positives que celles-là.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela. Il y a des raisons
plus positives que celles-là et qui font que nous croyons, à la
suite des analyses que nous avons faites, que notre présence non
seulement est utile, mais nécessaire à Toronto où il y a
des représentants, non seulement de notre ministère, mais aussi
des ministères de l'Industrie, du Com-
merce et du Tourisme ainsi que du Revenu, parce qu'il y a beaucoup
d'affaires entre le Québec et l'Ontario.
En ce qui concerne Edmonton, vous dites: Le pétrole est
important, bien sûr, mais, lors des discussions que j'ai eues
personnellement avec le premier ministre albertain Lougheed et avec son
ministre des Affaires intergouvernementales, et que M. Lévesque a eues
aussi, une chose qui l'intéressait beaucoup et il était
parfaitement d'accord que nous ayons cet établissement d'ailleurs
des bureaux venant d'autres provinces vont peut-être s'établir
à Montréal ou à Québec c'était
l'utilité qu'il y aurait d'avoir ça semble étonnant
venant de lui, mais je pense que c'est intéressant quand même de
mentionner que cela avait attiré son attention des
échanges culturels Québec-Alberta beaucoup plus suivis, beaucoup
plus nombreux, ce qui demande quelqu'un pour voir à la bonne conduite
des dossiers sur place.
En ce qui concerne le bureau d'Edmonton, cependant, comme il vient
à peine d'être ouvert, il va de soi que je ne peux pas vous faire
un rapport détaillé de sa rentabilité, puisqu'il est
nouveau.
Je dois vous dire qu'en ce qui concerne celui de Moncton, il est nouveau
également et il a été demandé par les Acadiens.
Nous avons eu quelques discussions concernant sa localisation. Maintenant, les
choses sont réglées, et c'est une présence du
Québec que voulaient sur place les Acadiens. Ce n'est pas nous qui, je
dois le dire en toute candeur, y avions pensé en premier. Ce sont eux
qui nous ont fait la demande, il y a un an, je pense, ou onze mois à peu
près, et nous avons procédé à une étude de
localisation. Nous avons confié une mission à ce bureau qui
dépasse la province du Nouveau-Brunswick et qui touche l'ensemble de
l'Acadie et l'ensemble des provinces maritimes. Là encore, il est
beaucoup trop tôt. Je pense qu'il a été inauguré il
y a trois mois. Non, à la fin mars, ça fait... J'avais
été l'inaugurer avec le premier ministre Hatfield du
Nouveau-Brunswick.
Cependant, les critères qui nous ont guidés au point de
départ nous permettent de penser que c'est avantageux pour le
Quéec, mais c'est important de le mentionner nous prenons
toujours la précaution de commencer ces bureaux de façon
extraordinairement légère, au cas où on
découvrirait, parce qu'on garde toujours ça présent
à l'esprit, qu'en cours de route, ce ne serait pas aussi avantageux
qu'on l'aurait cru au point de départ.
Au lieu de déplacer un tas de gens et de les ramener, on fait une
expérience qu'on réévalue après un an, un an et
demi. C'est ce que je peux vous donner comme réponse.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je suis ravi d'entendre qu'on
peut, en servant nos propres intérêts, être aussi
agréable et aimable envers les Acadiens, mais, ce ne sont pas les
Acadiens qui paient les impôts au Québec et je pense que, dans le
même esprit qu'on veut revendiquer d'une façon impitoyable les
intérêts du Québec, il faut peut-être se demander
s'il est de notre intérêt d'accéder à leurs
demandes.
Comme le bureau est nouveau, j'imagine...
M. Morin (Louis-Hébert): Eh bien! j'aimerais qu'ils vous
entendent!
M. Forget: ...qu'on s'est inspiré dans cette
décision de l'intérêt que le Québec a trouvé
à l'opération de son bureau à Toronto. Le ministre a fait
allusion qu'il y avait des études, des évaluations. Je suis
soulagé, je dois dire, remarquablement soulagé d'apprendre qu'il
y a de telles études et, s'il y a de telles études sur lesquelles
on s'est basé pour ouvrir d'autres bureaux, est-ce qu'il serait dans
l'ordre des choses, est-ce qu'il serait de la générosité
ou de la grande bonté du ministre de nous communiquer, nous, les pauvres
membres de l'Assemblée nationale, ces études qui
démontrent, sans l'ombre d'un doute, le très grand
intérêt du Québec à l'ouverture et au maintien de
ces bureaux dans les autres provinces?
M. Morin (Louis-Hébert): Ces études, ce sont des
mémoires au cabinet et, malheureusement, elles ne sont pas disponibles
pour diffusion, comme tous les mémoires de cabinet n'importe où
au monde. Je ne les ai pas devant moi. Je pourrais vous faire un commentaire,
si je les avais, sur les critères qui nous ont guidés. Mais,
comme je l'ai dit, nous réservons notre jugement définitif, dans
les deux cas que j'ai mentionnés, une fois que nous aurons vu, à
l'expérience, ce que ça donne.
M. Forget: Mais si...
M. Morin (Louis-Hébert): Mais nous avons un
préjugé favorable, compte tenu des éléments que
nous avions à l'époque sur l'utilité d'ouvrir ces bureaux.
Il n'est pas question d'en ouvrir dans chaque province du Canada, je dois le
dire cependant, et on a essayé, un peu à cause de ça,
d'ailleurs, de les placer à des endroits où,
géogra-phiquement, on peut rejoindre facilement d'autres villes
avoisinantes avoisinantes, c'est une façon de parler mais,
par exemple, d'Edmonton, on peut aller vers plusieurs villes de l'Ouest. Mais
il n'est pas question d'en établir un en Alberta, un en
Colombie-Britannique, un en Saskatchewan, etc. C'est la même chose pour
les Maritimes.
Je pense qu'avec ce qu'on a maintenant comme réseau au Canada, on
couvre pas mal tous les territoires que nous aurions besoin de couvrir.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je note qu'il y a une étude qui est
incorporée dans un mémoire au Conseil des ministres. Serait-il
cependant possible, en expurgeant ce que des yeux impurs ne peuvent pas voir du
document du Conseil des ministres, qu'au
moins les éléments d'analyse, les éléments
factuels sur lesquels on base une évaluation soient communiqués
encore une fois aux pauvres députés de l'Assemblée
nationale, qui doivent prendre sur eux d'approuver des crédits un peu
à l'aveuglette?
On nous dit: C'est très bénéfique, cependant, on ne
peut pas vous communiquer les études. Vous comprenez notre malaise
à un raisonnement de ce genre-là. Il me semble que s'il y a des
études, on devrait au moins pouvoir en avoir une version
expurgée, censurée, de manière que seulement ce qui est
susceptible de ne pas nuire à nos bonnes moeurs ou à notre morale
nous soit communiqué. Ou est-ce là vraiment quelque chose de
terriblement secret?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce n'est pas la question. Je
ne me souviens pas de la formulation du mémoire; par conséquent,
je ne peux pas vous donner une réponse comme ça sur-le-champ,
mais je pense qu'il n'y a rien de dramatiquement grave à le revoir et
à vous en reparler, mais je ne sais pas à quelle occasion je
pourrai le faire.
Il y a une chose, cependant. Déjà, au point de
départ, ne serait-ce que pour la préparation de la
conférence qui vient d'avoir lieu, vous savez que nous n'avons eu aucun
contact avec le gouvernement fédéral, celui-ci n'ayant pas
daigné nous envoyer son représentant au moment qui nous aurait
mieux convenu, celui-ci ayant pris ses vacances, il s'agit de M.
Chrétien. Nous avons dû, pour obtenir les renseignements qui nous
étaient absolument essentiels pour la conférence, nous servir
et cela a été formidable à ce point de vue
là de nos représentants dans ces autres
provinces-là qui ont été voir les gouvernements
concernés et nous avons quand même eu certaines lumières
dont nous aurions été privés autrement.
Pour ce qui est d'Edmonton, par exemple, on vient à peine
d'ouvrir et il semble que le volume des choses soit suffisamment important pour
qu'on ait déjà une demande d'un conseiller économique que
nous n'avons pas maintenant sur place d'un deuxième parce
que les choses non seulement se sont amorcées très bien, mais il
semble qu'on soit tombé dans une sorte de milieu en extraordinaire
expansion. Il faudrait peut-être avoir plus de gens sur les lieux, parce
qu'il y a quand même des avantages qu'on pourrait retirer pour le
Québec et les Québécois, non seulement des avantages
culturels, comme je l'ai mentionné tantôt, mais des avantages
économiques.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... je suis enchanté de savoir que des
évaluations soigneuses ont été faites qui
démontraient que, par exemple, le bureau de Toronto est un avantage
absolument indubitable. Si tel est le cas, je crois que nous pourrons tous nous
réjouir dès que le ministre j'espère qu'il peut
s'engager à le faire nous communiquera ses analyses qui
démontrent que, eu égard aux coûts encourus, les avantages
concrets, en termes d'objectifs opérationnels de ces maisons, sont
réalisés. S'il s'agit simplement de s'assurer pignon sur rue,
encore une fois, c'est plus douteux.
Mais est-ce qu'il y a des choses concrètes qui se sont faites? Il
y a eu une transmission de correspondance, il y a aussi Purolator qui fait
ça, mais est-ce qu'il y a quelque chose de plus concret que l'on peut
dire comme conclusion du fonctionnement du bureau de Toronto, par exemple?
M. Morin (Louis-Hébert): D'abord, à Toronto
justement parce que je viens d'avoir un document sur Toronto dont je
vais vous lire une partie, ça va probablement répondre à
votre question en ce qui concerne le ministère du Revenu, par exemple,
nous avons sur place des gens qui peuvent s'occuper beaucoup plus facilement de
la perception d'entreprises ontariennes qui ont des bureaux ou des usines ou
des succursales au Québec. Cela nous est avantageux parce que ça
nous permet de mieux organiser la perception.
Je vais vous lire un passage qui vous donne une idée. En
1979-1980 c'est le rapport du ministère de l'Industrie et du
Commerce pour le bureau de Toronto nous avons reçu 130 demandes
d'assistance de la part d'entreprises québécoises. De ce nombre,
nous avons retenu 104 dossiers qui représentent un potentiel à
court terme pour le marché de l'Ontario et de l'Ouest canadien. Ces
chiffres n'incluent pas les demandes de renseignements à
caractère commercial qui nous sont adressées
régulièrement par nos collègues du Québec, nos
homologues des autres provinces, les conseillers et les représentants
d'entreprises en général. On peut facilement compter une dizaine
de requêtes de ce genre par semaine. Ce qui veut dire qu'il y a beaucoup
de demandes de renseignements sur le Québec et des entreprises
québécoises voulant vendre en Ontario s'adressent à notre
bureau à Toronto. C'est un exemple que je vous mentionne d'un passage
tiré d'un rapport du ministère de l'Industrie et du Commerce sur
Toronto.
Dans le rapport annuel du ministère aussi vous avez des mentions
là-dessus. Un renseignement aussi. Le bureau de Toronto, tout compris,
c'est-à-dire les salaires, etc., nous coûte $650 000 et nous a
permis de percevoir $5 000 000 en impôts d'entreprises qui ont des
succursales, comme je l'ai dit, au Québec. Je ne dis pas qu'on ne
l'aurait pas perçu autrement, mais on l'a probablement perçu plus
vite et d'une façon plus avantageuse pour le Québec. Ce sont des
exemples comme ça. (17 h 15)
M. Forget: Oui, je suis content que le ministre donne des
exemples parce que les exemples qu'il donne justement sont plutôt
anecdotiques que vraiment une analyse de l'avantage. Il est clair que les
impôts sont dus, qu'on ait des bureaux à Toronto ou pas, les
impôts sont dus et il faudrait
déterminer quelle est la contribution exacte du bureau de Toronto
soit en termes d'intérêt perçu de ces contribuables ou en
termes d'impôt qui serait autrement non payé. Parce que s'il
s'agit simplement de donner un service aux contribuables on-tariens à
même les impôts, les dépenses publiques payées par le
reste des contribuables au Québec, l'avantage n'est pas manifeste. Le
nombre de demandes reçues d'assistance financière pour venir
investir au Québec, ça aussi, il faudrait savoir d'abord ce qui
est arrivé de ces demandes-là, savoir si on leur a donné
suite ou non. On peut bien s'informer sur une demande d'assistance
financière et finalement tout ceci ne donne lieu à aucune
espèce d'investissement. Même dans le cas où cela donne
lieu à des investissements, il faut que des gens puissent se poser la
question très sérieusement: Est-ce que des investisseurs
intéressés au marché du Québec, pour y installer
une affaire quelconque, ne feraient pas au moins la démarche de venir
à Montréal pour voir s'ils ne peuvent pas avoir une assistance
financière? Autrement dit, il ne s'agit pas de citer des cas pour que
ipso facto l'avantage qui en découle soit évident. J'aurais cru
qu'il y aurait eu après tout ça fait plusieurs
années que ce bureau existe une anlayse un peu plus rigoureuse
pour savoir si ça vaut la peine. A priori, d'après les exemples
qu'on cite, cela demeure une question d'opinion. On est convaincu qu'il faut
les avoir. C'est évidemment facile et même commode de pouvoir
citer ces exemples-là, mais des exemples ne constituent pas une
démonstration. Si je comprends bien, il n'y a pas véritablement
de démonstration de l'utilité de ces bureaux pour les
intérêts du Québec que l'on prétend vouloir
défendre mordicus. Il semble que de ce côté-là on
interprète cela de façon assez large. Il y a une question de
statut, de présence, qui domine probablement le tableau.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous ferai remarquer encore
une fois que le bureau de Toronto a été ouvert par le
gouvernement précédent.
M. Forget: Alors, est-ce que cela en fait nécessairement
une décision parfaite? Est-ce que c'est cela qu'il faut comprendre?
M. Morin (Louis-Hébert): Pas parfaite, mais il y a une
présomption de votre côté au moins que quand c'est votre
parti qui a ouvert un bureau comme celui-là...
M. Forget: Pas du tout. Absolument pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Non et vous étiez ministre
à cette époque. Ah! bon. Très bien.
M. Forget: Si le ministre actuel refuse de revoir des
décisions et de les évaluer tout simplement parce qu'elles ont
été prises par ses prédécesseurs, s'il pense qu'il
nous sert un argument absolument ad hominem, accablant, en disant: Si cela a
été fait par le gouvernement libéral sûrement que
l'Opposition officielle n'osera pas le critiquer. Tous les jours je me pose des
questions sur ce que j'ai fait la veille c'est peut-être ce qui nous
distingue, M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez raison de vous en
poser.
M. Forget: II y a peut-être énormément
à apprendre de nos erreurs aussi, vous savez. C'est peut-être une
chose que vous allez apprendre vous-même avec profit un de ces jours. Il
reste que pour l'administration publique qui administre des deniers publics et
le ministre qui est responsable de ces deniers publics, ce n'est pas une
réponse sérieuse que de dire: Vous avez pris cette
décision il y a huit ans ou il y a dix ans, maintenant tout le monde
devrait être satisfait de cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas ce que j'ai dit.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Je dis que ce n'est pas ce que
j'ai dit.
M. Forget: Je suis bien heureux que vous n'ayez pas dit cela. Il
demeure que la demande qu'on a faite d'une évaluation rigoureuse, si je
comprends bien, de l'utilité de ces bureaux dans les autres provinces
n'existe pas. On doit donc les prendre comme un article de foi. Qu'on la
produise si elle existe. Qu'on nous donne autre chose que des anecdotes sur le
nombre de demandes reçues. Pourquoi pas le nombre d'appels reçus
ou le nombre de lettres dans le courrier hebdomadaire? Voyons donc, ce sont des
statistiques imbéciles ça..
M. Morin (Louis-Hébert): II y a quatre ministères
qui ont fait cette évaluation. Vous parlez du bureau de Toronto,
ça tombe mal ou bien, ça dépend des circonstances. Le
ministère de l'Industrie et du Commerce, celui du Revenu, celui du
Tourisme et le nôtre ont tous conclu, sans se concerter, que ça
valait la peine de continuer.
M. Rivest: Est-ce qu'on peut avoir ces documents?
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas ceux des autres
ministères, mais je viens de vous lire un rapport...
M. Rivest: Un paragraphe qui était souligné dans la
marge, mais que les autres paragraphes semblaient secondaires, parce qu'ils
n'étaient pas soulignés.
M. Morin (Louis-Hébert): Les autres paragraphes, ce sont
des colonnes de chiffres.
M. Rivest: Mais la demande du député de
Saint-Laurent, c'est d'obtenir les dossiers. Vous nous demandez des
crédits pour cela. Il ne s'agit
pas d'être pour ou d'être contre. On veut avoir le bilan de
cela de manière à juger si cette formule des
délégations qui peut être bonne à certains
égards... il n'est pas question de cela pour l'instant, mais voir les
éléments analytiques, coûts-bénéfices,
ça donne quoi au Québec par rapport à d'autres solutions
alternatives, par rapport à ce qui existait avant. Si vous nous dites:
Les programmes de tourisme, par exemple, sont les mêmes face à
l'Ontario, la présence de la maison du Québec à Toronto,
par son action dans le domaine du tourisme, a donné tel ou tel type
d'augmentation. Voilà un aspect. On va le regarder. Pas seulement cet
aspect, que ce soit juste la partie touristique. On veut avoir l'ensemble du
portrait de manière à apprécier d'une façon
sérieuse, tout à fait légitime, c'est l'enfance de l'art,
ma foi, de l'étude des crédits, de manière à
apprécier si oui ou non, on doit, comme membres de la commission
parlementaire, dire au ministre: D'accord pour les crédits de Toronto,
Edmonton ou de Moncton, c'est tout ce qu'on demande. On demande des faits, pas
des "tiguidis" et des baratinages à gauche et à droite, c'est
tout.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez des
éléments là-dessus, justement dans le rapport annuel du
ministère, aux pages 36 et 37, rapport que j'ai déposé
l'autre jour. Deuxièmement, je m'inquiète de vous écouter.
On dirait qu'il y a une présomption qu'on est mieux de se replier sur
soi-même. J'espère que ce n'est pas ça que vous avez voulu
dire.
M. Rivest: Cela s'appelle la défense des crédits,
vous comprenez?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, c'est plutôt une sorte
de tentative, j'ai l'impression je ne voudrais pas attribuer
d'intentions de considérer, a priori, mauvais ce qui
dépasse les frontières limitées d'un Québec que
vous voudriez rétrécir.
M. Rivest: Non, non.
M. Forget: On vous laisse.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Gaspé.
M. Forget: ... avec votre interprétation. Si elle vous
satisfait pour justifier $46 000 000, c'est parfait. Vous donnez un très
bon exemple de responsabilité ministérielle.
M. Rivest: On vous parle de votre action à vous au
Québec...
M. Le Moignan: M. le Président, pour rester toujours dans
la même veine, si j'ai bien compris, le Québec a des maisons en
Acadie, à Toronto et à Edmonton.
M. Morin (Louis-Hébert): Exact.
M. Le Moignan: Maintenant...
M. Morin (Louis-Hébert): Celle de Toronto date de
plusieurs années, les deux autres ont été...
M. Le Moignan: Oui, je sais qu'elles sont récentes. Est-ce
qu'il y a plusieurs provinces qui ont une maison, un consulat ou quelque chose
ici au Québec?
M. Morin (Louis-Hébert): Un consulat, aucune.
M. Le Moignan: Je dis consulat, je parle... M. Marx: Les
Québécois ont voté contre ça.
M. Morin (Louis-Hébert): II y en a plusieurs qui songent
à aller à Ottawa, pour vous donner un exemple, ensuite, il y en a
à Toronto et il y a une ou deux provinces qui ont manifesté
l'intérêt d'avoir une représentation justement à
Montréal, la Nouvelle-Ecosse notamment.
M. Le Moignan: C'est-à-dire que dans le moment, vous n'en
avez pratiquement pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Dans le moment, il n'y en a pas,
non.
M. Le Moignan: Pas du tout.
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant... non. Il faut dire
que c'est tout à fait nouveau à Edmonton, encore, il y a quelques
mois...
M. Le Moignan: Oui, je sais que c'est tout à fait
récent. Il doit y avoir des critères pertinents pour ouvrir des
maisons, comme ça, à droite ou à gauche. Je sais que vous
avez dit que vous ne vouliez pas les multiplier dans toutes les provinces.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez parfaitement
raison.
M. Le Moignan: Dans les maisons que vous avez, que ce soit au
Québec ou à l'étranger, vous avez des critères de
rentabilité ou de productivité. Si vous voulez qu'on emploie ce
mot-là, une maison là-bas doit être rentable. Sur
l'ensemble de vos maisons, est-ce qu'on peut dire que ça rapporte
vraiment, est-ce que ça rend service à la collectivité
québécoise? Vous allez me dire dans le domaine des lettres et des
arts, d'accord, mais dans le domaine économique ou dans tous les autres
domaines, touristique ou autres?
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne sais pas si je dois aborder
ça maintenant ou ce soir. Nous avons préparé, pour ce qui
est des délégations à l'étranger, une illustration
de ce que ça rapporte, justement. Je ne sais pas si je dois dire
maintenant ou plus tard, ça dépend. Il y a toujours une image
que j'utilise, qui vaut ce qu'elle vaut. Je pense qu'on va donner des
exemples pour l'étranger. C'est un peu comme l'annonce de Coke que vous
pouvez avoir le long d'une route. L'annonce de Coke en question ne vend pas
nécessairement de Coke, mais s'il n'y a aucune annonce nulle part, il ne
se vendra pas de Coke.
Cela veut dire que ça fait partie d'une présence à
l'extérieur qui n'est pas une présence somptuaire, mais qui fait
que quand on est présent et sur place, les chances sont, au moins, avant
toute autre analyse, qu'on va défendre beaucoup mieux et qu'on voit
beaucoup mieux nos intérêts que si on laisse ça à
d'autres ou si on n'est pas présent. C'est tellement vrai que non
seulement les gouvernements le font, mais les entreprises le font partout
aussi, de telle sorte qu'on suit une sorte de tendance mondiale, à une
époque où on a une interpénétration des cultures,
des frontières et on vit dans une époque
d'interdépendance. Je pense qu'il est parfaitement normal d'adopter une
politique de présence à l'extérieur plutôt qu'une
politique de repli sur soi.
J'espère qu'il n'y a personne qui a l'intention de proposer qu'on
revienne à cette époque où, nous, les
Québécois, on avait peur de regarder ce qui se passait à
l'extérieur, où on avait peur de s'attaquer à de grands
défis. Alors, je pense qu'au contraire, cette présence à
l'extérieur est la démonstration qu'on s'attaque à de
grands défis, par les moyens qui sont les nôtres et avec le budget
qui est le nôtre, tout en étant parcimonieux dans les
dépenses de la sorte que nous avons à effectuer.
M. Le Moignan: Votre exemple du Coke, je trouve qu'il est
passablement bien choisi. Le Québec, ce n'est tout de même pas une
multinationale. Il doit y avoir une petite nuance entre les deux.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, malheureusement, on n'a pas
autant d'argent que certaines d'entre elles. Je me sers de l'exemple pour
illustrer le principe de base que, si vous n'êtes pas là, c'est un
peu comme on dit: Quand on dit non merci, on n'a rien, merci. Si on n'est pas
là, on ne pense pas à nous. Et si on ne pense pas à nous,
c'est peut-être des occasions qu'on manque, de cette façon.
M. Le Moignan: Dans vos maisons ici au Canada, qui sont assez
récentes, vous n'avez pas eu le temps de donner des directives tellement
précises à vos personnes en place. Mais dans vos maisons du
Québec à l'étranger, je vais donner des exemples
concrets...
M. Morin (Louis-Hébert): Voulez-vous que je vous en parle
de cela? Cela réglera cette question. M. Pouliot, qui est le
sous-ministre adjoint aux relations internationales, peut fournir des exemples
pour l'étranger, qui vont justement...
M. Le Moignan: Si l'on revient ce soir, je peux le garder pour ce
soir.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est M. le député
de Gaspé qui en parlait. J'étais disposé à en
parler. Comme vous voulez.
M. Le Moignan: Si on siège en soirée.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je vais m'essayer à comprendre le cheminement
de la pensée. On dit: Si on n'est pas là, les gens ne penseront
pas à nous, etc. Dans le cas de Toronto, à part d'aider les
contribuables ontariens à payer les taxes qu'ils doivent au fisc
québécois, etc. et je pense que ce n'est pas une question
d'annoncer le long des routes, il va falloir prendre d'autres moyens que cela
qu'est-ce que signifie la présence du Québec à
Toronto? Je pense qu'ils sont réfugiés quelque part dans un grand
building. Sur les 3 000 000 d'habitants de Toronto, je serais surpris qu'il y
en ait plus de 250 ou 300 qui sont vraiment conscients que le Québec est
présent à Toronto.
M. Morin (Louis-Hébert): On ne poursuit pas une politique
de prestige, justement.
M. Forget: Quel est le public autrement dit, c'est une
autre façon de poser la même question quel est l'objectif
précis que l'on vise, au nom du Québec, en Ontario? Est-ce que
c'est d'attirer des investissements ontariens? C'est quoi? On pourrait mesurer
le succès ou l'échec. Est-ce que c'est simplement une plate-forme
pour un rayonnement culturel auprès de la population francophone de
l'Ontario? Est-ce qu'il y a des objectifs qui ont déjà
été soigneusement explicités ou si c'est seulement un
genre de politique de présence non définie?
M. Morin (Louis-Hébert): La délégation de
Toronto a une vocation multiple. D'une part, par exemple, notre
délégué à Toronto est en contact fréquent
avec des gens du gouvernement de l'Ontario, particulièrement ceux du
ministère des Affaires intergouvernementales, pour des questions
relatives à des conférences ou à autres sujets de cette
nature.
Nous avons ceux qui appartiennent au ministère du Revenu, qui
facilitent la perception des taxes qui nous sont dues.
Nous avons ceux qui appartiennent au ministère du Tourisme et qui
font valoir certains avantages touristiques du Québec.
Nous avons également ceux de l'Industrie et du Commerce qui,
comme vous l'avez dit tantôt, essaient autant que possible
d'intéresser des entreprises ontariennes à s'installer au
Québec.
Et nous avons aussi ces mêmes représentants du
ministère de l'Industrie et du Commerce qui facilitent aux vendeurs
québécois, aux entreprises québécoises
l'accès au marché ontarien.
Et nous avons aussi une fonction générale d'information
sur le Québec.
C'est la vocation multiple de ce ministère qui est ainsi
résumée par ce que je viens de vous mentionner.
M. Forget: Si je compends bien, on n'en saura pas plus long.
Aide à la francophonie hors
Québec
J'aimerais aborder un autre sujet, M. le Président. Il y a des
activités de collaboration je vais me référer, dans
le jargon technique, au programme d'aide à la francophonie hors
Québec. Il y a là une somme d'environ $450 000 qui sont
consacrés à des prêts de personnel, soit à court,
soit à long terme. Vous voyez, M. le ministre, qu'on a lu vos documents
avec attention. Ce sont des prêts de personnel qui sont, encore une fois,
divisés en deux catégories, qui sont à peu près
égaux, en termes d'importance, un peu plus de $200 000 dans chacun des
cas.
Est-ce que c'est aussi un programme qui a fait l'objet d'une
évaluation? On pourrait envisager différentes formes d'aide. On
pourrait envisager l'aide sous forme financière permettant à ces
groupes d'engager, dans les communautés qu'ils animent et au nom de qui
ils s'expriment, des ressources humaines. J'imagine qu'il y a des gens
éduqués qui pourraient faire ce travail. Le gouvernement du
Québec a choisi de prêter du personnel. Est-ce que ce
choix-là peut nous être expliqué? Quels sont les motifs,
les raisons, les avantages et les désavantages de ce choix? (17 h
30)
M. Morin (Louis-Hébert): C'est cela.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense que ceux qui pourraient
le mieux évaluer l'apport du Québec au chapitre que vous
mentionnez, ce sont justement les francophones hors Québec qui sont ceux
qui nous ont rencontrés à plusieurs reprises, en vertu d'un
principe que M. Lesage énonçait d'ailleurs, il y a
déjà plusieurs années, et que vous avez repris dans le
livre beige, c'est-à-dire que le Québec est le point d'appui ou
l'expression politique du Canada français. Cela avait amené,
à l'époque, la création, vous vous en souvenez, du service
du Canada français d'outre-frontière, au ministère des
Affaires culturelles.
Cette activité gouvernementale était tombée plus ou
moins en désuétude sous le gouvernement qui nous a
précédés. Nous avons repris, je pense, cette fonction de
coopération avec les Canadiens-Français des autres provinces et
nous l'avons fait sans condition, pour correspondre à leur demande et,
à même, je dois dire, des moyens qui sont assez limités.
Vous avez parlé d'un budget de $400 000. Ce n'est vraiment pas
considérable. Cela prend surtout la forme non pas de subventions
il y en a, bien sûr, mais elles sont modestes mais de prêts
de personnel qui correspond à des besoins précis. Je dois
à cet égard dire que c'est une innovation dans notre façon
de procéder par rapport aux communautés francophones à
l'extérieur du Québec. Je dois dire que le service fonctionne
très bien et que, si je pouvais avoir $1 000 000 de plus, il me ferait
plaisir de donner encore davantage un coup de main aux francophones en dehors
du Québec. Je pense que c'est une réalisation dont on a raison
d'être fier. C'est un des programmes qui ont été
créés par nous à la suite de requêtes de la part des
francophones hors Québec et auxquels nous tenons
considérablement.
Il y a eu, en février dernier j'ai d'ailleurs
rencontré les gens à cette époque une séance
d'évaluation de trois jours, ici à l'Auberge des Gouverneurs,
à Québec, organisée par les francophones hors
Québec. Unanimement, ils ont conclu, bien sûr, que non seulement
le programme convenait, mais qu'il avait cette caractéristique je
la répète de n'imposer aucune condition, tandis que l'aide
qui vient du fédéral en impose, comme vous le savez, même
si elle est beaucoup plus considérable et, deuxièmement, de
correspondre à leurs besoins matériels concrets et
immédiats. Vraiment, on rend des services et j'en suis
très content à des gens qui en ont besoin encore plus que
nous. On les rend, parce qu'on est un peu la mère patrie, en quelque
sorte, des francophones, ici au Canada. Ils ont demandé davantage de
crédits, mais cela n'était malheureusement pas possible. Vous
avez la description de ce qui se fait à l'intérieur de ce
programme dans l'annexe que vous avez relevée d'ailleurs, l'annexe F,
où vous avez la liste complète des activités je
pense qu'il n'y a aucune exclusion de ce service.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: J'aimerais que le ministre nous explique un peu plus
complètement les avantages et les désavantages de la formule qui
a été retenue, le prêt de personnel par rapport à
des subventions en argent.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui. Des subventions en argent
peuvent, par exemple, contribuer à fournir un local à un groupe
qui n'en a pas. Cela peut être parfois nécessaire. Mais le
prêt d'une personne peut fournir beaucoup plus que cela. S'il s'agit, par
exemple, d'un spécialiste en agriculture ou en économie ou en
animation ou en Dieu sait quoi que ces gens-là nous demandent et qu'on
le trouve ici au Québec, nous le payons et nous le leur envoyons. Ces
gens-là bénéficient, pour une période de deux mois,
trois mois, six mois, enfin le temps qu'il faut, d'une personne qui est
déjà formée et qui leur rapporte beaucoup plus que le
montant que nous dépensons à son déplacement et à
son salaire, parce que, souvent, il s'agit de fonctionnaires qui, de toute
façon, sont payés par le gouvernement du Québec, ce qui
n'est donc pas
une dépense supplémentaire. Sauf erreur, c'est exactement
le genre de coopération que ces gens-là voulaient.
Je dois dire, au point de départ, en toute candeur, que je
n'étais pas sûr qu'on réussirait, comme cela, à
détacher des fonctionnaires québécois ou du personnel
québécois vers ces milieux-là, parce que c'était
nouveau et qu'il pouvait y avoir des difficultés matérielles. Au
contraire, cela a très bien marché. Je voudrais qu'on puisse en
faire davantage. Ce sont les francophones hors Québec eux-mêmes
qui se sont déclarés carrément très heureux de
cette initiative que nous avons prise à leur demande et à la
suite de multiples visites qu'ils ont faites et de séances nombreuses de
planification pour cette opération.
M. Forget: Si je comprends bien l'argumentation, si on donnait de
l'argent à l'association, elle pourrait choisir d'engager une personne
ou même un spécialiste. J'imagine que si on paie un fonctionnaire
ici $38 862, par exemple, par année, on pourrait, en Saskatchewan ou au
Manitoba, trouver une personne avec des qualifications équivalentes pour
à peu près le même montant.
M. Morin (Louis-Hébert): Sauf qu'ils ne l'ont pas
toujours, c'est le problème. D'abord, la personne en question n'existe
pas toujours sur place. Deuxièmement, quand on en a besoin pour deux
mois, c'est difficile. Si elle existe, cela peut même s'avérer
impossible de la détacher de l'endroit où elle est, tandis que
nous, nous pouvons le faire plus facilement vu la dimension de l'administration
publique au Québec.
M. Forget: Dans les chiffres qui sont donnés à
l'annexe D, il y a les prêts de longue durée, mais dans ce cas, ce
ne sont pas des spécialistes dont on a besoin pour deux semaines. Ce
sont des gens qui sont payés à l'année...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, par définition. M.
Forget: ... et qui sont en poste là-bas. M. Morin
(Louis-Hébert): C'est exact.
M. Forget: Donc, il n'y a rien qui empêcherait, au moins
pour les prêts de longue durée, que l'association, ayant la pleine
maîtrise de ses moyens, décide d'engager quelqu'un, quitte
à faire appel au marché de la main-d'oeuvre au Québec, si
on veut un spécialiste donné.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais il n'y a pas beaucoup
de francophones dans ces provinces. C'est la difficulté.
M. Forget: L'association peut les engager à
Montréal aussi.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais cela leur est plus
facile quand cela passe par nous. La Fédération des francophones
hors Québec groupe un tas de gens qui sont dans toutes les provinces du
Canada. Il y a très peu de francophones en Alberta, je ne sais pas
combien ils sont. Vous vous imaginez bien qu'ils n'enverront pas leur
représentant à Montréal pendant trois semaines pour
tâcher de faire du recrutement, alors que nous pouvons le faire par un
service qu'on a à notre ministère. Ce sont eux-mêmes qui
veulent qu'on procède de cette façon. Ils trouvent cela beaucoup
plus commode qu'autrement.
M. Forget: L'ennui, M. le ministre, c'est que les gens qui sont
ainsi prêtés continuent d'être à l'emploi du
gouvernement du Québec et qu'ils sont régis par des
critères qui ont été convenus entre les parties dans les
programmes d'aide aux francophones hors Québec et ses associations
membres. Or, à l'annexe C, on dit c'est le dernier de ces
critères "Que les objectifs poursuivis par le programme", et,
donc, implicitement, par l'association qui en est bénéficiaire,
"n'aillent pas à l'encontre des intérêts du Québec."
Le grand problème, c'est que les intérêts du Québec
là-dedans sont interprétés, forcément, par des
fonctionnaires du Québec et, ultimement, par les autorités
hiérarchiques de ces fonctionnaires.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je voudrais...
M. Forget: II me semble que c'est une façon un peu
curieuse de mettre en oeuvre un programme d'aide. Est-ce que ce n'est pas
plutôt, dans certains cas, à la limite, une certaine forme de
tutelle?
M. Morin (Louis-Hébert): Justement, je m'attendais
à ce que vous posiez la question. Nous avons voulu éviter la
tutelle que le gouvernement fédéral, lui, impose souvent
lorsqu'il verse des subventions conditionnelles où on surveille tout. De
ce côté, le gouvernement fédéral donne plus d'argent
que nous, mais nous donnons beaucoup plus de liberté à ces
personnes par la façon dont nous procédons. Je voudrais aussi
préciser que, parfois, il s'agit de fonctionnaires
québécois, mais à d'autres moments, de contractuels que
nous allons chercher nous-mêmes. Lorsqu'on dit: "Que les objectifs
poursuivis par le programme n'aillent pas à l'encontre des
intérêts du Québec", il y a des cas évidents. S'il
s'agissait, par exemple, de subventionner par un prêt de personnel une
association dont le but est de démontrer que l'assimilation des
francophones, c'est une excellente affaire ou encore que le Québec
devrait être une sorte de territoire dépendant totalement du
gouvernement fédéral ou n'importe quoi qui aurait cette
orientation, je pense que, de toute façon, les gens ne viendraient
même pas nous demander de leur fournir du personnel.
M. Forget: Donc, dans une certaine mesure, il y a des contraintes
qui sont inhérentes au fait que la personne prêtée conserve
des liens. Même dans le cas de contractuels, ce sont des contrats avec le
ministère des Affaires intergouvernementales, et non pas avec la
FFHQ.
M. Morin (Louis-Hébert): Peut-être que non. On va
vous le dire. Oui, ils sont contractuels avec nous.
M. Forget: C'est cela. Ils sont donc vos préposés.
Est-ce que c'est une façon de procéder qui est inspirée du
gouvernement fédéral?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, justement, c'est le
contraire. C'est parce qu'on a pris une attitude qui est totalement
différente de celle du gouvernement fédéral. Nous laissons
l'entière liberté aux gens qui sont ainsi détachés
de procéder. Le critère le plus fondamental, c'est d'être
au service des collectivités auprès desquelles ces personnes s'en
vont.
M. Forget: Pourvu que cela ne gêne pas les
intérêts du Québec tels qu'interprétés par le
ministère des Affaires intergouvernementales.
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai jamais eu à
interpréter quoi que ce soit. Cela ne s'est jamais
présenté, à aucun moment.
M. Forget: Cela se comprend à demi-mot.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est plutôt une
clause de style, comme on me le suggère.
M. Forget: Dans le cas du gouvernement fédéral,
est-ce que le gouvernement fédéral engage des gens qu'il
prête aux organismes ou s'il donne de l'argent aux organismes?
M. Morin (Louis-Hébert): Dans le cas du gouvernement
fédéral, il donne beaucoup d'argent aux organismes, mais c'est de
l'argent conditionnel. Vous avez remarqué, d'ailleurs, pendant la
campagne référendaire, qu'un francophone hors Québec est
venu dire que le gouvernement fédéral devrait cesser de
subventionner certains organismes de l'extérieur qui avaient
manifesté une certaine sympathie à l'endroit d'un groupe de
Québécois, plus particulièrement de ceux qui voulaient
opter pour le oui. On a voulu se servir de ces subventions pour les faire
chanter. Cela ne nous viendrait même pas à l'esprit. Les sommes en
cause sont tellement minimes par rapport à celles d'Ottawa que
franchement... Sauf que cela correspond mieux à leurs besoins dans bien
des exemples qui nous ont été fournis.
M. Forget: Sauf que les possibilités de chantage
auxquelles le ministre fait allusion, si on est un peu...
M. Morin (Louis-Hébert): Sont totalement inexistantes.
M. Forget: Mais si on est un petit peu malin, on peut facilement
se douter qu'on peut menacer de retirer le personnel qui est du personnel du
ministère des Affaires intergouvernementales ou d'autres
ministères du gouvernement du Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela m'intéresse, ce que
vous mentionnez. Avez-vous un cas précis?
M. Rivest: En avez-vous un pour le fédéral qui
aurait enlevé les subventions...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais je vous en ai
mentionné un qui est arrivé pendant la campagne
référendaire. Vous le savez très bien.
M. Rivest: ... affirmer ça...
M. Forget: Puisqu'on discute d'hypothèses.
M. Rivest: Ce n'est pas le fédéral, c'est une
personne. Voyons donc! Vous faites un procès d'intention.
Une Voix: Voyons donc!
M. Forget: On a aussi d'autres...
M. Morin (Louis-Hébert): Je sais que le
fédéral est très malheureux de notre action.
M. Forget: ... cas précis, M. le ministre, peut-être
une ou deux de ces associations qui ont énoncé des points de vue
favorables au oui. Est-ce qu'on doit établir un lien de cause à
effet entre la présence d'un fonctionnaire prêté par le
ministère des Affaires intergouvernementales et ces orientations?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, imaginez-vous donc que
non.
M. Forget: Non?
M. Morin (Louis-Hébert): Quand on prête quelqu'un
pour s'occuper d'un travail technique à l'intérieur d'une
organisation, il n'a aucune responsabilité, aucun message ni aucune
espèce de tâche politique que ce soit à accomplir.
D'ailleurs, vous pouvez malheureusement, il n'y en a pas ici
présents demander à n'importe qui de ceux qui ont
été prêtés là-bas, ils n'ont aucune
espèce de ces fonctions ou responsabilités.
M. Forget: Est-ce qu'à la fin de leur stage, de leur
prêt à une association comme celle-là, ou pendant la
durée de leur stage, est-ce que, étant donné qu'ils
continuent d'être des préposés, ils ont à
rédiger des rapports quelconques sur leurs activités?
M. Morin (Louis-Hébert): Quant à moi, je n'en ai
jamais vu, mais... Oui, c'est ça. Quand ils sont affectés
là-bas, ils ne sont plus sous notre autorité. C'est le même
genre de contrat que l'ACDI a avec certains pays. Alors, si vous voulez
remettre ça en cause, il faudrait que vous en parliez à vos amis
fédéraux, parce qu'ils pratiquent la même chose.
M. Forget: Encore une autre chose qu'on ne peut pas remettre en
cause. Il y en a beaucoup, décidément.
M. Morin (Louis-Hébert): Ils travaillent en faveur des
objectifs des sociétés auxquelles ils sont affectés.
M. Forget: Pour être bien sûr j'ai posé
une question directe ils ne font aucun rapport sur leurs
activités au ministère des Affaires intergouvernementales en
cours d'exercice ou à la fin de leur terme?
M. Morin (Louis-Hébert): A la fin, oui, mais, pour ma
part, je n'en ai jamais vu un seul, parce que ça ne vient pas
normalement à moi. Ils le font à leur association, au
ministère et au service qui s'occupent de ce programme, ne serait-ce que
pour être sûr qu'ils ont fait quelque chose, qu'ils n'ont
pas...
M. Forget: Donc, ils rédigent un rapport sur le...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est ce qu'on me dit. Quant
à moi, je n'en ai jamais vu un seul.
M. Forget: Alors, parmi les avantages probablement qu'on peut
voir dans un tel programme, c'est pour que le ministère des Affaires
intergouvernementales soit bien renseigné sur les activités des
différentes associations en cause.
M. Morin (Louis-Hébert): Peut-être que le
ministère est bien renseigné sur les activités de tout ce
monde-là, mais le ministre ne l'est pas, parce que je suis obligé
de poser des questions justement aux fonctionnaires qui sont ici.
Si vous essayez, parce que je vous vois venir trois milles à la
ronde...
M. Rivest: Ah! quelle perspicacité!
M. Morin (Louis-Hébert): On n'a pas besoin d'être
perspicace dans le cas du député de Saint-Laurent, c'est connu
universellement.
Deux choses que je veux mentionner: si vous voulez laisser entendre que
nous avons, en quelque sorte, des agents perturbateurs de l'ordre francophone
à l'extérieur du Québec...
M. Rivest: Question de règlement, M. le Président!
Je n'ai jamais dit ça.
M. Morin (Louis-Hébert):... je pense que vous faites
vastement erreur, parce que si c'était le cas, ça se serait su,
il y a trop de monde là-dedans, premièrement.
Deuxièmement, est-ce que je dois comprendre de cette série
de questions "loadées", comme on dit, que ce serait mieux que le
Québec ne s'occupe pas du tout des minorités francophones
à l'extérieur et qu'il continue dans ce domaine comme dans
d'autres, selon la tendance que j'ai cru déceler avec déception
dans vos questions, se replier sur lui-même?
M. Forget: Bon! Alors, je laisse au ministre, bien sûr, le
soin de tirer les conclusions qu'il veut de nos questions.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne tire pas de conclusions; je
pose une question.
M. Forget: Nous cherchons des réponses à des
questions...
M. Morin (Louis-Hébert): Moi aussi je commence à me
poser des questions, en tout cas.
M. Forget: Oui, c'est tout à fait louable de se poser des
questions pour un ministre...
M. Rivest: Pourquoi ne les posez-vous pas...
M. Forget: ... mais il est aussi important d'y répondre.
Les questions que nous avons posées visaient à établir le
genre de liens qui existent...
M. Rivest: ... au moins gagner ça.
M. Forget: ... entre le ministère des Affaires
intergouvernementales et les associations qu'il aide. On est heureux qu'il aide
des gens. C'est toujours bon de faire plaisir...
M. Morin (Louis-Hébert): Un lien dont... Oui...
M. Forget: ... au plus grand nombre de gens possible sur cette
terre, mais encore faut-il savoir pourquoi vous avez choisi ce moyen parmi
d'autres. C'était d'ailleurs...
M. Morin (Louis-Hébert): Parce que ça nous a
été demandé par ces gens-là, effectivement. Moi, je
n'y avais pas pensé...
M. Forget: Oui, comme ils ne sont pas ici pour nous le confirmer,
on doit accepter votre propos là-dessus.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah! Ils ont été
ici, vous pourrez... (17 h 45)
M. Forget: II reste que du point de vue du ministère des
Affaires intergouvernementales, il y avait probablement des raisons
d'accéder à cette demande-là, parce que j'imagine que vous
n'accédez pas à toutes les demandes quelles qu'elles soient, qui
vous sont formulées.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je comprends, parce qu'on
n'a pas assez d'argent.
M. Forget: II y a donc des raisons pour trouver que cette demande
avait du bon sens, était intéressante et c'est ce qu'on essaie de
dégager...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais...
M. Forget: Les avantages pour le Québec du choix de cette
formule.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous l'ai dit au point de
départ, la raison pour laquelle nous nous intéressons à ce
programme, la raison pour laquelle j'ajoute même que je voudrais avoir
beaucoup plus d'argent, c'est que nous donnons un coup de main à des
francophones en dehors du Québec et je pense que ça fait partie
de la tâche que le Québec a assumée en Amérique du
Nord et cela a toujours été le cas. Si vous mettez ça en
doute, c'est parfaitement votre droit, mais je pense que nous devons le faire
et c'est pour nous une sorte de devoir.
M. Forget: On est heureux que le ministre se reconnaisse des
devoirs et qu'il les accomplisse. Ce qui est intéressant en plus de
ça, c'est qu'il le fait en choisissant une méthode qui lui donne
quand même un certain accès, une certaine influence sur les
choses, de préférence, ou simplement la transmission par la poste
d'un chèque. Cela aiderait tout autant les associations parce que toutes
les autres solutions seraient également ouvertes. Il demeure qu'il y a
une raison pour le Québec, soyons un peu réaliste, le
Québec, bien sûr, a des devoirs, mais dans la façon de
remplir ces devoirs, il peut choisir de se faire plaisir en même temps ou
de s'avantager. Et je pense qu'on a mis le doigt sur une façon de
s'avantager.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous n'avez mis le doigt sur rien
du tout. Nous avons tout simplement correspondu à une demande
très précise en ce sens qui nous a été
présentée par la Fédération des francophones hors
Québec et par les organismes qu'elle représentait.
M. Forget: Oui, mais vous savez les demandes, ça peut
être inspiré. On peut dire, si vous nous demandez ça d'une
certaine façon, qu'on va peut-être accepter plus facilement qu'une
autre.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, vous êtes encore une
fois...
M. Forget: II faudrait vraiment interroger les gens qui sont les
bénéficiaires, si c'est le mot approprié, de cette
sollicitude, pour savoir si ça s'applique.
M. Morin (Louis-Hébert): Pour la énième
reprise aujourd'hui, vous êtes en train d'attribuer des intentions
malveillantes au gouvernement du Québec et particulièrement au
ministère, particulièrement au ministre...
M. Forget: Je ne vous fais cadeau d'aucune bonne intention.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, ça paraît, mais
ce que je voudrais bien que vous sachiez, c'est...
M. Forget: C'est réciproque d'ailleurs.
M. Morin (Louis-Hébert):... que cette initiative que nous
avons prise à la demande des franco- phones hors Québec, est une
de celles dont nous sommes les plus fiers, et je pense qu'elle convient au
devoir que le Québec doit exercer par rapport à ceux qui,
à l'extérieur du Québec, parlent français. Je
comprends que vous mettiez ça en doute, mais, pour ce qui nous concerne,
ça fait partie de notre politique.
M. Forget: II faut comprendre que l'expression "les
intérêts du Québec" dans le protocole sur les
critères, doit être interprétée comme n'ayant pas
d'application pratique, parce que les seuls exemples que vous m'avez
cités sont si énormes, qu'évidemment il ne viendrait
à l'idée de personne de se faire la propagandiste de la
disparition du Québec, par exemple. C'est sûr que si ce n'est rien
que ça contre quoi on veut se prémunir, ça ne porte pas
à conséquence, mais le terme est là, il veut dire ce qu'il
veut dire et on peut y placer des interprétations différentes. Je
pense que le ministre doit au moins concéder que ça ouvre la
porte à une interprétation un peu moins extrémiste que
celle qu'il nous a suggérée.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela ouvre la porte à
n'importe quelle interprétation quand il s'agit de vous, c'est bien
sûr, mais il reste une chose claire, qu'en ce qui nous concerne, les
intérêts et les droits du Québec, nous avons nettement
l'intention très ferme de les défendre et je pense que c'est une
garantie que la population a. Maintenant, quant à déterminer
qu'à partir de la phrase que vous venez de lire, il y a de sombres
complots que nous fomentons à l'extérieur du Québec chez
les francophones, comme cela n'a pas beaucoup paru jusqu'à maintenant
qu'il n'y a rien de la sorte, je pense qu'on doit en déduire qu'il ne
s'est rien produit effectivement.
M. Forget: Je suis heureux que le ministre défende les
intérêts du Québec. Dans le cas précédent, on
était moins sûr, quand il s'agit d'établir des...
M. Morin (Louis-Hébert): II faut bien que quelqu'un le
fasse ici.
M. Forget: ... maisons du Québec dans d'autres provinces
puisqu'on a une évaluation très impressionniste de tout le
débat. Maintenant, on nous dit: Oui, c'est très sérieux
sauf qu'on ne peut pas vous donner d'application pratique. Alors, je pense que
la question de défendre les intérêts du Québec,
c'est comme la beauté, c'est dans l'oeil de celui qui observe, beaucoup
plus que dans la chose elle-même, si on peut en juger des réponses
du ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous devriez appliquer ce
proverbe à vous-même.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le programme 1 est
adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Rivest: M. le Président, peut-être qu'on aurait
d'autres questions, mais je pense que, selon l'entente qu'on avait faite pour
régler rapidement le cas de l'Office franco-québécois, si
le ministre en convient ou les ministres en conviennent, on pourrait
régler cela immédiatement.
M. Morin (Louis-Hébert): J'avais une entente à
laquelle je m'en tiens.
M. Forget: Est-ce qu'on me permettrait un appendice de quelques
secondes? Je vois que les documents que nous a transmis le ministre font
allusion à une évaluation conjointe du programme d'aide
technique, ce qui permettrait peut-être de nous rassurer, qui a
coûté d'ailleurs $4760 pour l'exercice financier 1979-1980,
à l'évaluation du programme d'aide technique. Il y a eu
d'ailleurs des consultations qui ont eu lieu. Je pense qu'il y a eu un colloque
ou quelque chose du genre les 11, 12 et 13 mars 1980. Est-ce qu'il serait
possible d'avoir soit le procès-verbal ou les conclusions de ce colloque
sur l'évaluation des programmes d'aide technique? C'est un document
intéressant. Il pourrait peut-être, effectivement, calmer toutes
nos inquiétudes.
M. Morin (Louis-Hébert): II y aura un texte de la FFHQ
elle-même qu'il nous sera possible de distribuer, que je n'ai pas ici.
Quant au rapport de la peformance de telle ou telle personne qui a
travaillé avec tel ou tel organisme, c'est beaucoup plus délicat
et cela n'est pas possible de le rendre public puisque, dans certains cas,
l'évaluation est moins bonne que dans d'autres, parce que ça nous
aide à dépenser les deniers publics d'une façon qui soit
convenable. Je pense qu'à cause des noms qui sont dans certains
rapports, il ne serait pas sage de les rendre publics, mais pour ce qui est du
document de la FFHQ dont on vient de me parler, on pourra vous le faire
parvenir avec plaisir, et qui porte sur ce programme.
M. Forget: Merci.
M. Rivest: Le programme 1 est suspendu et le programme 3. Vous
allez voir, quand il y a un bon ministre, si ça va vite.
Le Président (M. Lacoste): J'appelle donc le programme 3.
M. le ministre.
Office franco-québécois pour la
jeunesse
M. Charron: Merci, M. le Président. C'est la
quatrième année que, dans le cadre des crédits des
Affaires intergouvernementales, j'ai l'honneur de présenter le budget de
l'Office franco-québécois. Il y a quelques instants à
peine, à mon bureau, j'ai pris la décision, en lisant les notes
préparées vous le verrez vous-mêmes, c'est textuel
à mon intention, comme coprésident du conseil
d'administration de l'office, pour la défense de ses crédits, de
choisir de vous les imprimer et de vous les transmettre comme telles. Vous
aurez là, je crois, sur le champ même, bon nombre de
réponses à des questions habituelles et normales, je crois, de la
part des députés, sur la répartition des stages, etc.
C'est le dernier-né de nos tableaux. C'est avec plaisir que le
secrétaire général de l'office, M. André
Tétrault, et moi-même allons répondre aux questions des
députés.
M. Rivest: J'ai constaté qu'au niveau de l'enveloppement
budgétaire, pour l'année en cours, c'était le statu quo,
à toutes fins pratiques. Il y a une augmentation de 10% qui est
probablement absorbée par.la hausse normale je ne sais pas si
c'est normal des budgets qui sont alloués. Ma question... on
prend connaissance, il y a un volume de $3000, $1500-$1500...
M. Charron: Non, cela a été réduit, cette
année, à $1250 de chaque côté, à la suite
essentiellement de la hausse des prix des billets d'avion.
M. Rivest: On nous a dit, à d'autres endroits, en
particulier au ministère des Affaires culturelles, évidemment,
ça se situe dans le cadre de la coopération France-Québec,
qu'il y avait, au titre de cette coopération, une certaine vitesse de
croisière qui était prise à la suite de la
réunion... enfin, l'office fonctionne sur une base différente, on
essaye de le réorienter, à l'intérieur de mêmes
programmes, du contenu des programmes. Au titre de l'Office
franco-québécois, dans l'ordre des priorités qui avaient
été retenues, c'est-à-dire par catégorie de jeunes,
est-ce qu'il y a des changements significatifs dont le ministre pourrait nous
parler brièvement?
M. Charron: Oui, M. le Président, ce sont ceux que j'avais
évoqués lors de l'étude de ces crédits
l'année dernière, comme très forte probabilité et
possibilité et qui se sont ensuite matérialisés. C'est le
rapport que j'ai à faire devant la commission à ce moment-ci.
L'office est le plus vieil instrument de coopération
franco-québécois, ça fait drôle à dire, il en
est à sa 11e année. En ce sens, non seulement selon l'opinion
publique, telle qu'elle nous est transmise, mais selon l'avis de ses
administrateurs franco-québécois mêmes, l'office
méritait de voir sa formule de travail renouvelée et
réajustée. La conviction étant que dans un certain nombre
de domaines, nous avions fait le plein de la mission que les deux gouvernements
nous avaient confiée à une autre époque.
Le député trouvera, par exemple, dans le premier tableau,
à la page 3, ce qui pourrait apparaître grossièrement comme
une diminution de ce qui s'appelle, dans la répartition du contingent,
en fonction des grandes missions de l'Etat, la proportion des missions
économiques, à 45%, alors que l'année dernière,
elle était un peu au-dessus de 50%, je crois.
Nous avons voulu, dans ce cadre de rafraîchissement de l'office,
à son intérieur ce n'est pas la dimension la plus
importante, mais je la signale quand même en passant, en me rendant
à
l'autre tableau nous assurer que la mission économique de
l'office était, à proprement parler, économique.
Les députés intéressés à ce que les
échanges entre jeunes Français et jeunes Québécois
soient davantage dans le caractère économique
c'était une remarque du chef de l'Union Nationale l'année
dernière ne seront pas déçus de savoir que
même en tombant de 52% à 45%, en qualité, en fait, on ne
tombe pas. Les députés peuvent être assurés que dans
la mission économique qui va retenir 45% des stages cette année,
il s'agit véritablement de missions non pas paraéconomiques, mais
littéralement économiques, et nous avons voulu insister
là-dessus.
M. Rivest: Est-ce que vous pourriez donner un ou deux exemples de
ce que vous venez d'indiquer, de ce qui était peut-être
classé précédemment comme étant de caractère
économique et que, pour purifier l'ensemble des programmes nettement
économiques, vous avez dégagé vers d'autres types de
missions certains échanges?
M. Charron: Par exemple, il y avait un parallèle assez
étroit entre des projets qui pouvaient être aussi bien dans le
domaine social qu'économique. Compte tenu que le gouvernement avait
donné une priorité au module économique, tous les projets
qui étaient un peu sur la clôture, femmes au travail et des trucs
comme cela, allaient dans le module économique. Alors qu'à la
lecture un peu plus attentive du projet, finalement, certains d'entre eux
pouvaient très bien se classer dans le module social et allaient
peut-être même davantage dans le module social. C'est cette
espèce d'épurement que nous ferons pour l'année 1980, pour
nous assurer que les stages retenus en économique le seront
véritablement.
M. Rivest: Deux questions. Je n'ai pas vu tous les tableaux. A
l'Office franco-québécois, quelle est la proportion des
étudiants par rapport aux travailleurs? Deuxièmement, les
échanges des garçons, par rapport aux filles?
M. Charron: Je peux répondre immédiatement à
la deuxième.
M. Rivest: Mme Payette vous en a-t-elle parlé?
M. Charron: C'est indiqué dans un deuxième texte.
Non, c'est inutile, parce que nous sommes arrivés à une
proportion d'à peu près 50%-50%.
M. Rivest: Etudiants et jeunes travailleurs?
M. Charron: Je vous le donne. En 1979, c'est 14%, comparativement
à la France où c'est 12,5%, c'est-à-dire que ce n'est
nettement pas une priorité que d'envoyer des étudiants de l'autre
côté tenant pour acquis que d'autres programmes d'échange
peuvent être accessibles à ces gens, préférant
nettement mettre l'accent sur les jeunes travailleurs.
M. Rivest: Sur l'accessibilité territoriale, si vous
voulez, ou régionale, je ne veux pas avoir les chiffres pour chacune des
régions, est-ce que vous voyez à faire en sorte que non seulement
les jeunes des grands centres, je pense à Québec et
Montréal, mais des régions périphériques
également trouvent leur compte dans ces programmes?
M. Charron: Sans hésitation, M. le Président, oui
à la question du député. Pour les fins du journal des
Débats cela va durer dix secondes je veux donner la
répartition 1979 des stagiaires: Bas-Saint-Laurent-Gaspésie
je fais fi des décimales, d'accord? 11%;
Saguenay-Lac-Saint-Jean, 4%; Québec, 24%; Trois-Rivières, 9%;
Estrie, 9,6%, enfin 10%; Montréal, 20%; Montréal
périphérique, à l'extérieur de l'île, 22%;
Outaouais, 2%; Abitibi, 2,5%; Côte-Nord, 1%. A toutes fins pratiques,
c'est une bonne répartition de la population du Québec.
Les deux remarques que je voudrais faire au député sont
à la page 2 et, à mon avis, symbolisent deux choses très
nettes. Si vous permettez, je veux seulement terminer cela.
M. Rivest: J'ai une dernière question.
M. Le Moignan: D'accord, je parlerai après.
M. Charron: Si vous regardez la page 2 du document que je viens
de vous distribuer, vous avez l'évolution des nombres de projets de
stage. Je ne sais pas si je dois rappeler au député comment cela
fonctionne. Des jeunes citoyens ou citoyennes, d'abord, nous apportent des
projets de stage qui, s'ils sont acceptés par un jury, sont ensuite
annoncés, et vous vous rendez au deuxième nombre. Le stage
étant officiellement reconnu, des jeunes Québécois ou
Québécoises postulent pour y participer. (18 heures)
Au départ, ce sont des initiateurs et, au deuxième
tableau, ce sont des participants du fait qu'un jury a reconnu le
bien-fondé du projet. Regardez la croissance. Je veux seulement vous
indiquer non seulement la popularité, le mot est mal choisi, je crois,
mais je dirais la solidarité dans la vie collective
québécoise de l'office comme institution. C'est connu. Les gens
le connaissent, y pensent, à quelques-uns ou à plusieurs, et
présentent des projets.
Là où est l'innovation, c'est dans la deuxième
colonne des nombres de projets ci-haut dits. L'année dernière,
par exemple, nous avons trouvé le moyen de réaliser en France 90
des 383 projets soumis.
Cette année, nous en retiendrons 115 à peu près,
mais de deux ordres. Voilà la nouveauté que je veux signaler aux
députés qui sont intéressés à l'office. 65
sont dans le modèle traditionnel, habituel de l'office: projets pour
connaître comment, en France, on réalise tel ou tel domaine
social, économique, politique. Mais nous en avions fait état
l'année dernière et nous avons considérablement
avancé, au cours des deux réunions du
conseil d'administration, cette année, là-dessus. Nous
aurons une cinquantaine de stages; IPG veut dire individuels ou petits groupes.
La tradition était que quand un stage était reconnu, nous
acceptions des candidatures urbi et orbi de toutes les régions du
Québec jusqu'à ce que nous ayons un groupe, que le jury
reconnaissait, de 21 personnes, je dirais, des mieux "qualifiées" parmi
toutes celles qui postulaient ce stage. Il pouvait se trouver cinq Abitibiens,
trois Gaspésiens, dix Montréalais ou vice versa, si vous
voulez.
La formule a fait son époque ou, disons, a fait son plein. Je ne
dis pas qu'elle est périmée. Par exemple, des jeunes
Québécois postulaient je prends un exemple,
l'énergie nucléaire pour connaître ce qui se passait
dans ce domaine en France, pour aller voir ce qui se vérifiait. Le
problème était que dans certains stages, nous ne retrouvions pas
21 candidats désireux de se rendre dans ce secteur très
précis, très spécialisé. Peut-être qu'une
dizaine de jeunes Québécois ou de jeunes Français
d'ailleurs, si la décision a été prise, c'est que la
situation se présentait dans les deux cas de société
se trouvaient littéralement bafoués d'aller parfaire leurs
connaissances, parce que le caractère éducatif de l'office
demeure, ce qui fait qu'on a décidé d'ouvrir dans ce domaine. Il
y aura donc une cinquantaine de stages, à plus petits groupes que le
nombre traditionnel, qui sera permis cette année, mais qui nous
permettra ainsi de répondre à une proportion qui n'est pas
élevée, qui n'atteint même pas un sur cinq, faute de tous
les moyens que vous connaissez, parce que la hausse du transport nous rentre
dans le corps énormément, mais quand même, d'innover dans
ce domaine.
Une dernière remarque: Regardez le nombre de candidatures
reçues au cours des années, et on verra que de plus en plus de
jeunes Québécois et Québécoises sollicitent d'aller
parfaire leurs connaissances en France dans ce domaine.
Le Président (M. Lacoste): Auparavant, pour les fins du
journal des Débats, il semble y avoir un consentement pour poursuivre
nos travaux et terminer le programme 3. C'est bien cela? Consentement?
M. Rivest: Une dernière question. Au niveau
ministériel, en tant que tel, du côté
québécois comme du côté français, la
dernière rencontre que vous avez eue du conseil d'administration de
l'office date de?
M. Charron: Pâques, à Paris.
M. Rivest: Bon, Pâques. Est-ce qu'il y a des orientations
d'avenir? Vous venez de nous en indiquer une qui est quand même
drôlement significative, mais est-ce qu'il y a d'autres indications
d'avenir dont vous voudriez faire mention aujourd'hui au titre de l'Office
franco-québécois?
M. Charron: Oui, M. le Président. Devant le nombre de
projets, maintenant, que nous avons ouverts dans le domaine IPG, pour prendre
un jargon auquel il va falloir s'habituer, et son succès, le conseil a
décidé que, pour l'année 1981, un tiers des stages serait
réservé à ce caractère particulier.
M. Rivest: Ah bon!
M. Charron: Cela a été, je dirais, la
décision fondamentale prise parmi toutes celles du budget, etc., qui a
été accepté.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Oui, j'aurais deux questions. Le ministre a fait
allusion, au début, aux stagiaires. Supposons un exemple, il a pris 11%
en Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, je crois, qui seraient allés en
France. Comment se fait la répartition de vos stagiaires français
qui viennent ici, au Québec? Sont-ils concentrés dans les grandes
villes ou y a-t-il une répartition vers le Bas-Saint-Laurent,
Gaspésie, aussi? Avez-vous cette ventilation?
M. Charron: Tout dépend de la nature du programme. Sans
entrer dans la mécanique de l'office, il y a un Québécois
qui va rencontrer le groupe de stagiaires qui se proposent de venir au
Québec. Ce Québécois-là rencontre les permanents de
l'office et, à la suite des attentes du groupe français, un
programme est organisé ici, en sol québécois. A peu
près pour tous les groupes de stagiaires français, il y a une
visite de Québec et de Montréal et, ensuite, dépendant du
thème du stage, ils sont orientés soit vers Hull, soit vers une
région ou l'autre du Québec. On leur fait toujours visiter les
deux grands centres, Québec et Montréal, et une ou quelques
régions du Québec, mais tout dépend de
l'intérêt. Si ce sont les pêches, inévitablement, ils
vont vers la Gaspésie.
M. Le Moignan: Mais vous n'avez pas une ventilation, que vous
pourriez nous donner à un autre moment, des endroits où se sont
déroulés des stages. C'est surtout dans les centres, de toute
façon.
M. Charron: C'est toujours présent dans les stages, mais
tous les stagiaires français sortent des grands centres aussi. Ils vont
au moins dans une ou deux des régions du Québec, mais cela
dépend du stage. J'imagine que, si un groupe de jeunes Français,
par exemple, sollicitaient de venir échanger avec des jeunes
Québécois sur les techniques de pêcherie, il est bien
certain qu'on se ramasserait dans le pays du député assez
rapidement et sans aucune hésitation, d'ailleurs. Mais cela
dépend des sujets qui sont évoqués. Si c'est de la
sidérurgie, par exemple, il faut se concentrer là où le
Québec possède sa sidérurgie.
M. Le Moignan: Une dernière question. On voit qu'il y a
une baisse dans les projets à réaliser. Cela peut être
dû ici à des contraintes budgétaires
et à toutes sortes de raisons comme celles-là. Mais, en
France, où la population est peut-être dix fois supérieure
à la nôtre, est-ce qu'on note là-bas aussi la même
baisse dans leurs projets?
M. Charron: Oui, M. le Président, malheureusement, parce
que la hausse du coût du transport nous conduit inévitablement
à accepter, pour cette année, par exemple, un nombre de stages
inférieur à celui de l'année passée. Je pense que
c'est 18% d'augmentation qu'on a reçu dans le coût du transport
cette année. Et, même si l'office, en vertu de l'entente
gouvernementale et de négociation ardue à l'occasion,
bénéficie pour ses stagiaires d'un tarif
préférentiel par rapport au tarif du marché habituel, il
reste que nous suivons le tarif et l'augmentation du transport.
M. Le Moignan: Les Français, vous avez le même
nombre environ, 1250? C'est une espèce de pairage, comme on dit. Mais,
les Français, parce qu'ils sont plus nombreux, n'enverraient pas,
supposons, 10 000 stagiaires ici.
M. Charron: Non, c'est un pairage à 1250 pour
l'année 1980.
Le Président (M. Lacoste): Cela va?
M. Rivest: Quant à moi, je voudrais simplement transmettre
l'appréciation, je pense, des membres de l'Assemblée nationale
pour les gens de l'Office franco-québécois et dire à cette
commission en invitant le ministre des Affaires intergouvernementales à
suivre l'exemple de son collègue: Vous voyez comme c'est facile lorsque
les réponses sont précises, sérieuses, fondées,
objectives, impartiales, non "loadées".
M. Charron: M. le Président, je demande l'ajournement de
la commission.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est parce qu'il ne peut pas
poser de questions. Je pense qu'il ne vous a pas posé de questions.
Le Président (M. Lacoste): Auparavant, est-ce que le
programme no 3 est adopté?
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté avec ses
éléments. Donc, nous suspendons nos travaux jusqu'à ce
soir, 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 9
Reprise de la séance à 20 h 12
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire des affaires intergouvernementales reprend
ses travaux. Au moment de la suspension de nos travaux, nous avions
adopté le programme 3.
Affaires canadiennes (suite)
Nous revenons au programme 1... M. Morin (Louis-Hébert):
... adopté.
Le Président (M. Lacoste): ... qui avait été
suspendu. Est-ce que le programme 1 est adopté?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, adopté.
M. Rivest: J'aurais juste une question, en fait, que j'ai
découverte au fil des jours de l'étude des crédits en
interrogeant de vos collègues. Il existe, bien sûr et je ne
voudrais pas que le ministre nous en fasse un débat
référendaire au moment où le référendum est
terminé un ensemble de dossiers au sujet desquels le
Québec a souvent de justes et légitimes représentations
à formuler auprès du gouvernement fédéral et,
interrogeant les collègues du ministre des Affaires intergouvemementales
à l'occasion de l'étude des crédits des ministères
de l'Education, du Loisir, des Communications, enfin, de quelques autres
exercices auxquels je me suis prêté récemment, j'ai
constaté que, très souvent, les récriminations que le
Québec pouvait avoir contre le fédéral étaient
formulées avec beaucoup d'éclat, comme il se devait d'un ministre
péquiste, et non sans raison à l'occasion, dois-je dire...
Des Voix: Ah!
M. Morin (Louis-Hébert): Cela s'améliore!
M. Rivest: ... pour la bienséance du débat... Oui,
sûrement.
Mais une chose m'a étonné, c'est que, demandant par la
suite au ministre en question: À quelle date remontait la
dernière communication avec Ottawa à ce sujet, entre autres, de
la part de ministres québécois qui avaient des
difficultés, j'ai parfois, dans des dossiers aussi importants, je pense
par exemple à celui...
M. Morin (Louis-Hébert): Du sel des
Iles-de-la-Madeleine.
M. Rivest: Non... constaté que, souvent, ça
remontait à 1977, à la fin de 1976, à 1978. Je me suis
étonné et je leur ai dit qu'un de leurs collègues, par
exemple, le ministre Couture, dans le ministère duquel il existait au
titre de l'immigration des revendications justes et légitimes que le
gouvernement du Québec pouvait faire, avait pris l'initiative ou
je ne sais trop qui avait pris
l'initiative sans attendre le chapelet des conférences
fédérales-provinciales sectorielles institutionnalisées.
(20 h 15)
Un ministre qui a un problème précis, au lieu de faire des
déclarations devant la presse à Québec, au lieu de faire
une déclaration attristante devant l'Assemblée nationale, se
réunissait avec ses gens, de concert avec le ministère des
Affaires intergouvernementales, et décidait d'appeler directement son
homologue fédéral pour régler les dossiers.
Là-dessus, je ne veux pas généraliser, mais j'ai quand
même quatre ou cinq exemples que j'ai retracés récemment.
Je ne veux pas que le ministre me dépose le bilan d'ailleurs, il
s'est déjà refusé à cela mais, exemple tout
à fait récent, ce matin, à mon lever, vers 8 heures, alors
que j'avais discuté la veille ou l'avant-veille avec le ministre des
Affaires culturelles sur les initiatives du Secrétariat d'Etat
fédéral au sujet de l'aide à l'édition, un exemple
parmi d'autres, où le ministre avait fait tout un plat à la
commission parlementaire du fait que le fédéral avait
donné aux éditeurs québécois des sommes et,
disait-il, le ministre des Affaires culturelles n'était même pas
au courant...
M. Morin (Louis-Hébert): Quelle est la question, M. le
Président?
M. Rivest: Elle vient, la question. Il n'était pas au
courant c'est dans le domaine des relations
fédérales-provinciales, je suis parfaitement en règle
des subventions, nous a-t-il dit, alors que nous l'avons informé
que par télex le gouvernement fédéral avait rendu public
le nom des éditeurs québécois qui avaient reçu des
subventions. Premier élément, le ministre ne semblait pas au
courant, chose étrange dans le fonctionnement du ministère des
Affaires culturelles et, sans doute, du ministère des Affaires
intergouvernementales. Deuxièmement, j'entends le ministre
fédéral ce matin à la radio dire le ministre
Francis Fox. Secrétaire d'Etat que le gouvernement d'Ottawa
était tout à fait prêt, concernant les sommes qui sont
disponibles dans le cadre constitutionnel actuel pour les programmes dans le
domaine culturel, à une rencontre ministérielle simple, sans
fracas ni publicité, pour que l'on convienne que l'aide
fédérale disponible actuellement sous le régime
constitutionnel qu'on connaît, l'aide à l'édition, soit
faite dans le respect et en conformité avec les priorités et les
objectifs que le gouvernement du Québec pourrait avoir dans le domaine.
Le ministre des Affaires culturelles nous avait donné dans ce
cas-là la ventilation plus l'édition à la jeunesse...
M. Morin (Louis-Hébert): Quelle est la question, M. le
Président?
M. Rivest: La question c'est: Quelles sont les mesures que le
gouvernement, que le ministère des Affaires intergouvernementales, quels
sont les moyens dont il dispose pour assurer le suivi, mais pas le suivi
dramatique sur le plan de la stratégie
préréférendaire ou post référendaire, mais
le suivi objectif des dossiers? Est-ce que le bilan des affaires
intergouvemementales actuellement est encore à jour et,
deuxièmement on ne peut pas le connaître, c'est dommage
mais est-ce qu'on pourrait avoir pour l'ensemble de ces
dossiers-là les dernières communications, les dernières
initiatives qui ont été prises par le gouvernement?
Je donne un exemple: les auberges de jeunesse. Un vieux contentieux. Le
ministre m'informe que depuis avril 1977 il n'en avait plus jamais
reparlé au gouvernement fédéral de cette question. Comment
est-ce que ça marche dans votre ministère sur le plan de la
conduite, de la gestion, comme vous dites, des dossiers des relations
fédérales-provinciales?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela marche très bien,
normalement. Je ne vois vraiment pas quelle question vous posez. Je m'excuse,
ça fait cinq minutes que vous parlez, cher collègue,
pourriez-vous résumer votre affaire en onze secondes et quart?
M. Rivest: Non.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Mercier.
M. Godin: J'ai participé à une rencontre il y a
à peu près un an et demi entre le ministre des Affaires
culturelles et le Secrétaire d'Etat du gouvernement
fédéral, M. John Roberts. A l'époque, ce n'était
peut-être pas consigné dans les documents ou les dossiers du
ministre des Affaires intergouvernementales. Je peux vous dire que la rencontre
fut cordiale, que le ministre Roberts a posé des questions au ministre
du Québec des Affaires culturelles, qu'il y a eu un échange poli,
mais que rien, pas un cent n'a changé de parapluie, du
fédéral au provincial, à la suite de cette rencontre. Par
conséquent, le député de Jean-Talon peut bien souhaiter
qu'il y ait des rencontres toutes les semaines entre les ministres, mais s'il
n'y a pas une volonté quelque part à Ottawa de transférer
au gouvernement du Québec les espèces sonnantes et
trébuchantes sous le parapluie du Québec qui est, de par la
constitution, responsable de la culture, cela ne donnera rien de se rencontrer
pendant mille ans et, comme dit le poète André Frènaud:
l'éternité, c'est long, surtout vers la fin. Je pense que c'est
la leçon que nous avons retenue des quelques rencontres auxquelles j'ai
pu participer, mais des nombreuses rencontres auxquelles mes collègues
du cabinet ont pu participer depuis trois ans et demi. Alors, cela
répond peut-être à une des interrogations que se pose le
député de Jean-Talon. Pourquoi M. Francis Fox rencontrerait-il
à nouveau M. Vaugeois, alors que la rencontre Vaugeois-Roberts n'a rien
donné? M. Vaugeois peut se le demander.
M. Rivest: M. le Président, je ne veux pas poser de
question, parce que je sais que le ministre des Affaires
intergouvernementales... Je veux
néanmoins dire qu'actuellement, non pas les députés
de la commission parlementaire et tout cela, je sais quelle est l'opinion du
ministre, mais ce que je trouve, c'est que l'opinion publique, sur l'ensemble
des dossiers, ce qu'on appelle le contentieux au ministère des Affaires
intergouvernementales, l'opinion publique n'a aucune idée, aucune
espèce d'idée, d'abord, de l'ensemble des dossiers, jamais un
ministre n'a établi très clairement l'ensemble des dossiers, on
n'a aucun document à cet égard; deuxièmement, aucune
déclaration de ministre sur l'ensemble des dossiers;
troisièmement, aucune espèce d'idée des démarches
qui sont faites, qui peuvent être faites ou des dossiers qui peuvent
être bloqués par certaines attitudes. On n'a absolument rien. Tout
ce qu'on a et c'est l'essentiel de la conduite publique à tout le moins
de la direction générale des affaires dites canadiennes, selon la
nouvelle dénomination du ministère des Affaires
intergouvernementales, tout ce à quoi on a droit, ce sont les dossiers
qu'on laisse tomber lorsque, par une espèce de momentum plus ou moins
stratégique, il paraît bon ou nécessaire de les laisser
tomber.
Mais, dans le sérieux de la discussion des dossiers, de la
gestion des relations fédérales-provinciales, on n'a strictement
aucun point de référence. On a tenté, dans les
années passées je ne tenterai pas ce soir de le faire, le
député de Bonaventure l'a tenté dans les années
antérieures, l'an dernier, probablement, on l'a essayé de nouveau
d'obtenir du ministre des Affaires intergouvernementales
défendant ses crédits des précisions sur les ententes dans
le domaine de l'agriculture, dans le domaine de la santé, etc. La
réponse qui est venue: Vous poserez les questions aux ministres
concernés.
Mais là on examine les crédits, on termine le domaine des
relations fédérales-provinciales et c'est complètement
inutile de demander au ministre la réaction qu'il a eue à
ma première intervention l'a illustré de façon tellement
évidente l'ensemble des dossiers; ce n'est pas nécessaire
d'avoir les éléments de stratégie. On sait que le ministre
est très fort dans la stratégie. Il y a une partie de
stratégie, dans les négociations, qui peut être
légitime, mais, sur l'état des dossiers, le portrait objectif des
situations, on est obligé d'y aller à la pièce. A ce
moment-là, tout le monde, autant le ministre que l'Opposition ou
l'opinion publique, tous ceux qui s'intéressent au domaine, on est
obligé de suivre le bon vouloir des velléités quotidiennes
ou mensuelles, ou je ne sais trop, hebdomadaires qu'impose la stratégie
politique du gouvernement, sans qu'on ait, sur le fond des choses, sur les
questions, les objectifs, la moindre idée de l'état de la
situation dans le domaine du contentieux des relations
fédérales-provinciales.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le programme 1 est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Programme 1,
adopté avec les éléments. Programme 2.
Affaires internationales M. Morin (Louis-Hébert):
Adopté. M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... il y a un certain nombre de sujets que j'aimerais
aborder. Je pense que je peux le faire les uns après les autres, comme
on l'a fait ce matin et cet après-midi.
La question du rôle, du coût, du rendement, au point de vue
des objectifs du Québec, des délégations du Québec
à l'étranger. On procède actuellement, du
côté du ministère, à la multiplication de ces
bureaux à l'étranger. On ne sait pas exactement quel est
l'objectif poursuivi; est-ce que l'on vise à une représentation
partout? Sur quoi base-t-on la décision d'implanter une
délégation dans tel ou tel endroit? Il y a bien sûr, les
communiqués officiels qui sont convenablement vagues et diplomatiques.
Mais il reste qu'il est frappant de constater, par exemple, que le
Québec a actuellement, aux Etats-Unis en particulier, un plus grand
nombre de maisons, puisque c'est la désignation convenue, je pense, ou
de délégations que certains pays qui font quatre ou cinq fois la
taille du Québec n'en entretiennent aux Etats-Unis. Ce sont pourtant des
pays qui ont des relations très étroites avec les Etats-Unis.
On peut se poser la question: Est-ce que cet effort qui est quand
même considérable est bien approprié à nos
ressources, d'une part, et aussi aux objectifs qu'on veut poursuivre?
On constate que, dans la délégation du Québec
à New York, il y a plus de 30 personnes je pense que le chiffre
est exact, on l'a au début, je le cite de mémoire, il faudrait
peut-être vérifier cela à nouveau pour les fins de la
discussion; je ne sais pas sur quelle page cela se trouve, mais c'est au
début et il y a quelque 75 personnes dans la
délégation du Québec à Paris. Il y a des budgets
très considérables. Je ne cite que ces deux exemples parce que ce
sont les deux exemples les plus significatifs, je pense.
Il y a, d'autres endroits où on a des relations
problématiques, des délégations moins importantes, mais
qui, compte tenu des intérêts du Québec dans ces
régions, sont certainement assez volumineuses aussi, toutes proportions
gardées.
Est-ce qu'on a une politique au ministère des Affaires
intergouvernementales là-dessus? Ou est-ce qu'on a tout simplement une
attitude d'opportunisme? Quand on voit que l'occasion est mûre, le fruit
prêt à tomber, on le saisit? Ou est-ce qu'il y a des objectifs que
l'on pourrait discuter, qui pourraient être présentés et
à l'égard desquels on pourrait évaluer justement si cet
effort est exagéré ou encore s'il faut envisager d'augmenter, de
multiplier même ces délégations, d'en augmenter le nombre
et l'importance dans chacun des endroits? Qu'est-ce que c'est? Quel est
l'objectif, autrement dit? Quels sont les critères et quel est le
rendement?
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président,
l'objectif, pour ce qui a trait au Québec, par rapport à ses
relations avec l'extérieur, est exactement basé sur la même
série de critères qu'utilise n'importe quel autre Etat,
c'est-à-dire, d'abord et avant tout, je pense qu'il faut utiliser le
terme, sur ses intérêts, et ses intérêts peuvent
être économiques, commerciaux, politiques, culturels ou quoi que
ce soit. Nous avons, par rapport à l'extérieur, la même
attitude que celle qu'on trouve dans bien d'autres Etats du monde. Il n'y a
pas, si vous voulez, pour ce qui concerne le Québec, d'innovation
particulière de ce côté-là. Nous nous comportons,
à l'intérieur de nos attributions, comme se comportent les autres
Etats lorsqu'ils ont à entreprendre ou lorsqu'ils désirent
entreprendre des contacts avec d'autres nations, d'autres peuples, d'autres
collectivités. Le guide, c'est donc nos intérêts, ce qui
veut dire qu'à partir de là, les critères qui servent
à évaluer notre présence doivent être fonction de
nos intérêts.
Je dois cependant dire que quand on parle des intérêts du
Québec à l'extérieur, il ne s'agit pas strictement
d'intérêts stupidement limités à des
considérations strictement matérielles, parce que cela
dénoterait une courte vue, qui, j'espère, n'est pas
partagée par mes amis de l'Opposition, mais une courte vue qui ferait
que, si on appliquait le même critère au gouvernement du
Québec, il y aurait seulement un ministère rentable, celui du
Revenu, parce que c'est celui qui fait de l'argent et les autres en
dépensent.
Par conséquent, il faut dépasser cela fait des
années qu'on dit cela et je n'en reviens pas qu'on revienne avec cela
encore aujourd'hui la notion quasiment locale et paroissiale qui
consiste à penser que, lorsqu'on pose un geste, il faut absolument que
cela rapporte de l'argent tout de suite. Il faut être un peu plus
dynamique que cela et voir plus loin et penser à ses
intérêts non pas strictement immédiats, mais à moyen
et à long terme.
Dans cette perspective, nous avons toujours, non seulement maintenant,
mais sous les autres gouvernements qui nous ont précédé,
utilisé les mêmes genres de cheminement quant à nos
décisions. Je vais vous donner un exemple absurde. Par exemple, si
quelqu'un nous trouvait une sorte de justification théorique pour qu'on
aille établir une délégation du Québec en
Indonésie, j'ai l'impression que cette idée ne résisterait
pas à l'analyse, parce qu'il n'y a aucune raison particulière
pour nous, ni économique, ni commerciale, ni culturelle, ni quoi que ce
soit, compte tenu de nos moyens, pour aller en Indonésie. (20 h 30)
Par contre, lorsqu'il s'agit de la Grande-Bretagne, de la France, de la
Belgique, de l'Allemagne, des Etats-Unis, du Mexique, du Venezuela, du Japonou de qui que ce soit d'autre de cette nature, il va de soi que nos
intérêts frappent immédiatement la vue et que, par
conséquent, on devrait, au point de départ j'ai
oublié l'Italie dans ma liste penser qu'il y aurait
peut-être pour nous des avantages à être présents sur
place.
Cela étant dit, je voudrais maintenant que nous
présentions je profite de l'occasion pour le faire, puisque cela
vous intéresse tellement certaines des conséquences
pratiques de notre présence à l'extérieur. Je veux
demander au sous-ministre adjoint aux affaires internationales, M. Richard
Pouliot, de citer quelques-uns de ces exemples, parce que nous avons pris la
peine non seulement aujourd'hui de vous préparer le document le plus
complet que nous ayons jamais présenté à la commission qui
s'occupe des crédits du ministère, mais aussi de préparer,
pour les questions que nous savions qui devaient venir, des exemples concrets
des effets de notre présence à l'extérieur. Je vais
laisser la parole à M. Pouliot qui va vous donner quelques-uns de ces
exemples, justement.
M. le Président, on parlait tout à l'heure de rendement de
la présence du Québec à l'étranger. Il est bien
difficile, dans un premier temps on le comprendra bien de faire
une évaluation en termes de coûts et bénéfices de la
présence de bureaux du Québec à l'étranger ou de
délégations du Québec à l'étranger, pour des
raisons assez simples. La première de toutes, c'est que, comme on le
sait, surtout dans le secteur économique, l'essentiel de
l'activité économique est d'abord et avant tout
véhiculé par l'entreprise privée, si bien qu'il serait
à la fois présomptueux et surtout prétentieux de croire
que c'est l'action de notre délégation à l'étranger
qui a effectivement conduit aux résultats que l'on constate.
Ce qui se produit, cependant, c'est que dans bien des cas, et dans de
très nombreux cas, notre action est surtout axée sur deux plans
dans ce domaine, à savoir, principalement, l'information, la promotion,
l'encadrement et la diffusion d'un certain nombre de programmes qui, en fait,
conditionnent et favorisent les échanges, qu'ils soient à
caractère économique, culturel, touristique, immigration ou
autres. J'ai retenu un certain nombre d'exemples qui se situent surtout au
niveau des petites et moyennes entreprises, mais, avant de passer à ces
exemples, j'aimerais peut-être sur un plan global dire la chose suivante:
Pour faire l'évaluation en termes de bénéfices surtout,
parce qu'en termes de coût nous maîtrisons les dépenses de
nos agents et de nos délégations à l'étranger,
c'est surtout au niveau global qu'il faudrait regarder un certain nombre de
résultats.
Je me souviens, lorsque le gouvernement du Québec a ouvert une
délégation à Tokyo en 1974, que les exportations globales
du Québec, au cours de l'année précédente, soit en
1973, étaient de l'ordre d'à peu près $50 000 000 par
année.
En 1979, les exportations du Québec sur le marché japonais
se situaient autour de $300 000 000. Je ne prétendrai pas, bien
sûr, que c'est l'action de notre délégation; il y a bien
d'autres facteurs qui jouent, mais, sur ces $300 000 000, on sait que nous
avons, par l'action de notre délégation, ouvert un marché
pour le porc québécois, dont les exportations totales au cours de
l'année 1979 se sont situées autour de $70 000 000. Ce n'est donc
pas négligeable, en
plus de toute l'action supplémentaire que dirige notre
délégation à Tokyo.
On a mentionné tout à l'heure le cas des Etats-Unis. Je me
permettrais de rappeler que, pour ce qui est des Etats-Unis, le Canada est le
premier pays exportateur sur le marché américain. Pour ce qui est
du Québec, ça représente sur un total, disons, de $12 000
000 000, pour l'année précédente d'exportations, à
peu près $7 000 000 000 à $8 000 000 000 aux Etats-Unis, dont
entre $5 000 000 000 et $6 000 000 000, en tout cas, dans l'Etat de New York et
les Etats qui voisinent la province de Québec. En plus de ces
exportations de biens, il faut évidemment ajouter entre $800 000 000 et
$1 000 000 000 de recettes touristiques plus, évidemment, le travail qui
est fait pour effectuer des emprunts du gouvernement et d'Hydro-Québec
sur le marché de New York.
Le travail de nos délégations, par conséquent, se
situe dans cette mouvance. J'ajouterais la chose suivante pour ce qui est des
Etats-Unis, de façon globale, c'est que nous avons tenté, depuis
maintenant quelques années, d'ouvrir le marché américain
aux biens culturels québécois. C'est une dimension nouvelle de
notre activité, dans la mesure où on constate qu'il y a, aux
Etats-Unis, un marché important pour les produits culturels
francophones. Vous constaterez, la semaine prochaine, la présence d'un
congrès de l'Association des professeurs de français des
Etats-Unis, congrès que nous avons finalement sollicité et obtenu
pour nous permettre non seulement de trouver des multiplicateurs, mais
également un point de chute dans un milieu qui représente, grosso
modo, un marché d'à peu près 40 000 professeurs de
français, qui sont acheteurs de matériel pédagogique. Nous
avons, d'ailleurs, sur ce plan, commencé à vendre aux Etats-Unis
du matériel pédagogique et même des émissions
éducatives pour la télévision américaine.
J'en viens, par conséquent, après avoir fait ces quelques
observations, à un certain nombre de cas qui touchent en particulier les
petites et moyennes entreprises.
Je vais commencer, si vous le voulez bien, par quelques cas qui
concernent l'activité que nous menons en France qui est, malgré
ce que 'on peut lire parfois, extrêmement importante, même sur le
plan économique. Je n'en retiendrai, sur ce plan, que l'action de la
délégation générale du Québec depuis un
certain nombre d'années, mais qui a tendance à
s'accélérer aujourd'hui pour l'établissement d'accords
industriels au niveau des petites et moyennes entreprises dans des secteurs
où une technologie ou des marchés nouveaux pour les entreprises
québécoises peuvent être développés à
partir de ces ententes industrielles.
Ceci dit, au cours de la dernière année je vais
citer très rapidement un certain nombre d'investissements industriels
par exemple, les Avions Pierre Robin, qui est une usine de montage de
petits avions monomoteurs qui est établie à Lachute. C'est un
investissement de $1 500 000. Forex-Leroy, qui est une usine de
panneaux-particules à Val-d'Or. Les Forges H.P.C., qui fabriquent des
bouteilles à gaz à haute pression, un investissement de $8 000
000; Merlin-Guérin, dans le domaine des tableaux électriques, un
investissement d'un peu plus de $1 000 000; Sécuritech, qui fabrique des
équipements de sécurité bancaire, représente aussi
un investissement de l'ordre d'à peu près $1 200 000 à $1
500 000; Sodispro, qui s'est établie à Saint-Hyacinthe, constitue
un investissement de $8 400 000 et fabrique sous licence des équipements
pour la production laitière. Je pourrais continuer cette liste et en
ajouter quelques autres.
On pourrait donner également, pour ce qui concerne la France, des
exemples de coopération économique entre la France et le
Québec, notamment pour tout ce qui concerne l'exploitation
minière. Depuis 1977, la France et le Québec ont conclu une
entente qui établit un programme quinquennal d'exploration
minière. En deux ans, l'entente a généré des
dépenses d'exploration au montant de $3 400 000 et, à l'ordre du
jour, cette année et l'année prochaine, il reste des travaux
d'exploration de l'ordre de plus de $2 200 000 à accomplir.
Nous avons également avec la France une entente dans le domaine
de la recherche sur l'amiante qui permettra de mettre au point un engrais
fondé et basé sur les résidus d'amiante qui ont certaines
propriétés malheureusement, sur le plan technique, je ne
connais pas tous les détails qui permettraient de les utiliser
dans des rizières; ce n'est peut-être pas le cas du Québec,
mais ça deviendrait éventuellement un produit ou une technologie
exportable à l'étranger.
Pour ce qui est du reste de l'Europe et, en particulier, de Bruxelles et
Londres, pour donner d'autres exemples du type d'action que nous menons
à l'étranger, l'emprunt qui a été contracté
par le gouvernement du Québec sur le marché de Francfort et qui
est de l'ordre de $80 000 000, a été effectué à la
suite d'un travail d'information et à la suite de l'organisation de
missions réalisées par l'entremise de notre
délégation à Dusseldorf. Par ailleurs, à Londres,
nous travaillons depuis maintenant quelques années au recrutement annuel
d'un certain nombre d'ingénieurs et de techniciens pour l'industrie
aéronautique québécoise.
Nous prévoyons également cette année un programme
de recrutement, pour le compte d'une société
québécoise, la SNC, de 60 ingénieurs et techniciens
spécialisés dans le domaine de la pétrochimie, à la
suite d'un contrat de cette société pour l'exploitation de
grès bitumineux en Alberta.
De la même façon, pour ce qui est des Etats-Unis, de
l'Amérique latine, du Japon, du Moyen-Orient et de l'Afrique, ce sont
encore quelques exemples que je me permets de vous citer. Tout
récemment, enfin, je prends des exemples dans un passé tout
à fait contemporain, puisque, la semaine dernière et même
la semaine précédente, nous avons organisé aux Etats-Unis,
pour une société québécoise, une petite
société qui s'appelle Litho-Prestige, dans le domaine de
l'impression, une présentation de ses produits à New York, et il
en
est résulté des contrats importants avec un potentiel de
l'ordre de $10 000 000 pour l'exportation d'une technologie
spécialisée québécoise.
De la même façon, dans le secteur du meuble et bien
d'autres produits fabriqués, nous organisons régulièrement
des présentations par l'entremise de nos délégations
à l'étranger.
J'ajouterais aussi, pour ce qui est des Etats-Unis, que, pour la
première fois il y a une quinzaine de jours, un groupe d'industriels
québécois ont été invités au General
Procurement Center, qui est le centre d'approvisionnement de l'armée
américaine, et cette visite a pour but de permettre à des
sociétés québécoises de faire des soumissions
surtout pour des fournitures et services, pas nécessairement
l'équipement militaire, mais enfin tout ce qui concerne les
approvisionnements pour l'armée américaine.
Nous avons, par exemple, pour l'Amérique latine, puisque
maintenant depuis deux ans nous avons ouvert deux délégations en
Amérique latine, une qui a commencé à fonctionner
l'année dernière à Caracas, une plus récente
à Mexico... Les raisons pour lesquelles nous avons ouvert à
Caracas sont essentiellement des raisons de caractère économique.
Le Québec importe du Venezuela pour environ $1 000 000 000 par
année de produits, surtout évidemment à 98%
composés de produits pétroliers, alors qu'en revanche les
exportations québécoises sur le marché
vénézuélien se situent, à l'heure actuelle, autour
de $50 000 000 ou $60 000 000. Je dirais que le Venezuela représente la
région du monde avec laquelle nous avons le plus grand déficit
commercial à l'heure actuelle. Il nous semblait absolument important de
pouvoir pénétrer ce marché qui est en croissance
extrêmement rapide. Le Venezuela est un pays en développement et
dont la croissance est certainement une des plus rapides en Amérique
latine et sans aucun doute parmi les pays du monde occidental. Or,
déjà, depuis l'ouverture de notre délégation nous
avons obtenu, pour certaines entreprises, des contrats dans des domaines comme,
par exemple, la fourniture de taximètres pour les taxis de Caracas et
nous travaillons actuellement sur des projets soit d'exportation de biens, soit
d'exportation de technologie de l'ordre de plus de $1 000 000 000. Je ne peux
pas pour l'instant entrer dansjes détails parce que cela impliquerait
certaines entreprises, mais vous verrez d'ici quelques semaines à peine
la conclusion d'un ou de deux contrats de plusieurs centaines de millions pour
l'exportation de produits dans le secteur de la préfabrication, comme
d'ailleurs dans le secteur de l'énergie.
Ceci dit, pour ce qui est du Mexique, évidemment, c'est difficile
de parler pour l'instant de résultats en ce qui concerne le Mexique,
puisque la délégation est à peine en début de
fonctionnement, mais nous avions quand même, l'année
dernière, décidé de participer, pour la première
fois d'ailleurs. C'était la première fois que le Canada et le
Québec étaient invités à participer à cette
exposition, à l'exposition qui s'appelle Techno-transfert qui est une
exposition qui réunit l'Es- pagne et le Mexique chaque année.
Traditionnellement cette exposition avait lieu en Espagne. Pour la
première fois, l'automne dernier, elle avait lieu à Mexico et
nous avions été invités à y faire une
présentation. Cette présentation a résulté, pour un
certain nombre de petites entreprises, parce qu'elles étaient
très peu nombreuses, dans la conclusion d'accords extrêmement
intéressants qui ont conduit, à l'heure actuelle, non seulement
à des exportations dans des secteurs comme, par exemple, les
télécommunications ou l'information à distance, mais
également à l'établissement, sous forme de "joint
venture", d'entreprises québécoises sur le marché
mexicain, ce qui nous semble absolument prometteur pour l'avenir.
J'ajoute la chose suivante. Evidemment, il y a bien d'autres choses que
nos délégations font et il y a aussi également des choses
que nous faisons en dehors d'une présence de nos
délégations, par exemple, le cas du dossier de la Chine
où, bien sûr, nous n'avons pas de délégation, mais
nous avons entrepris un développement du marché chinois qui sera
sans doute à plus long terme que dans le cas du Mexique ou du Venezuela,
mais déjà les perspectives sont extrêmement
intéressantes, non seulement en ce qui concerne les exportations de
technologie, mais également pour tout ce qui concerne l'exportation de
biens d'équipement, de biens de production, de préfabrication et
même de produits agro-alimentaires. Evidemment, les perspectives dans ce
domaine sont absolument immenses et pour des années à venir. Nous
avons plus récemment, à la suite de l'établissement d'une
petite mission à Taïwan, conclu avec Tembec une entente pour
l'exportation de 500 tonnes par mois de pâte à papier. (20 h
45)
II y a donc une série d'actions je vais m'arrêter
là parce qu'on pourrait continuer toute la nuit qui sont
menées, dont la rentabilité nous apparaît évidente,
mais il est très difficile, encore une fois, d'établir un lien de
causalité entre l'investissement que nous faisons à
l'étranger et les résultats que nous obtenons.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je voudrais remercier M. Pouliot de son exposé
fort intéressant, mais comme il le laisse soupçonner par sa
dernière phrase, évidemment, tout le problème est
là, le problème de savoir jusqu'à quel point l'effort
consenti est relié dans une relation plausible de cause à effet
avec des effets observés. Je comprends que cela sera toujours difficile
à faire, mais on doit aussi réaliser qu'en nous disant que c'est
difficile à faire, on suppose que c'est fait et avec succès,
parce qu'on procède des exemples qu'on vient de donner pour
établir que, ipso facto, on vient de démontrer le
bien-fondé de toutes les décisions.
Il y a deux aspects sur lesquels j'aimerais m'étendre un peu plus
longuement, le problème du choix des points de chute de ces
délégations générales. On prendra les deux plus
récentes,
celle du Mexique et celle du Venezuela. Il semble que si on regarde
ça de l'extérieur, la règle qui a servi de décision
suprême dans ces deux cas, parce qu'il y a quand même plusieurs
autres pays en Amérique du Sud, quelque-uns qui sont
singulièrement importants et dont la croissance économique
dépasse celle de ces deux-là ou les rejoint de toute
façon; on pense au Brésil en particulier qui est un marché
énorme et qui est en train de vivre une révolution industrielle
exceptionnelle...
On prend deux pays qui sont surtout des marchés importants ou des
sources importantes d'importation québécoise, ce sont deux pays
exportateurs de pétrole, comme par hasard, et il ne semble pas, à
première vue, d'après les propos qu'on vient de tenir mais
peut-être qu'il y en a plus à dire sur le sujet, c'est pourquoi je
pose la question qu'on se soit basé sur une analyse comparative
des potentiels des différents pays sud-américains, mais surtout
sur le fait que comme question brutale, on a une importation en perspective de
pétrole, donc, c'est important, par définition.
Je ne suis pas, en particulier, très impressionné par
l'argumentation voulant qu'on ait un déficit commercial important avec
le Venezuela. Cela n'a, en soi, absolument aucune espèce d'importance
qu'on ait un déficit commercial avec le Venezuela, parce que le
déficit commercial avec le Venezuela peut très bien être
financé par un surplus commercial avec un tiers pays. Le commerce
international, depuis des siècles, est basé sur des relations
à trois, à quatre, à cinq ou à six, pas simplement
sur des relations bilatérales.
Il a donc fallu qu'on ajoute à ces constatations le fait que non
seulement il y avait un déficit commercial avec le Venezuela, mais que
le Venezuela était pour le Québec, en quelque sorte, la terre
promise pour le développement de nos exportations. Si tel est le cas,
j'imagine qu'on a, au ministère des Affaires intergouvernementales, des
analyses qui permettraient d'en arriver à une conclusion comme
celle-là. Ce serait assez fascinant et rassurant de constater qu'on a
des analyses là-dessus.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, j'ai un
peu de misère à suivre la logique de mon honorable
collègue de Saint-Laurent. Quand on est quelque part, il ne faudrait pas
y être et quand on n'est pas quelque part, il faudrait y être. En
d'autres termes, on est au Venezuela, en ce qui a trait à
l'Amérique du Sud, à l'Amérique centrale, au Mexique, mais
ça s'adonne qu'il aurait peut-être fallu aller au Brésil.
Si on était au Brésil, j'imagine qu'il faudrait être
ailleurs. J'aimerais bien savoir...
M. Forget: M. le Président, pour la bonne entente de tout
le monde, j'ai posé la question: Qu'est-ce qui vous a fait choisir entre
les deux? Je m'en fous complètement, personnellement, où vous
allez. Vous pouvez aller sur la lune, pour ce que j'en ai à faire.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah bon, je pense que...
M. Forget: Au moins, pouvez-vous me dire pourquoi là
plutôt qu'ailleurs? C'est ça le sens de mes remarques.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Si c'est ça que vous aviez
demandé...
M. Forget: Oui, c'est ça que j'ai demandé.
M. Morin (Louis-Hébert): ... si c'est ça que vous
avez posé comme question...
M. Forget: Si vous n'étiez pas trop distrait, vous
l'auriez constaté.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne suis absolument pas
distrait. Si vous aviez posé ça comme question, cela aurait
été une question intelligible et facilement
"répondable".
M. Rivest: C'est là la question...
M. Morin (Louis-Hébert): La question qui a
été posée laissait entendre facilement, en d'autres
termes, qu'on était à certains endroits, mais que ce
n'était peut-être pas là qu'il aurait fallu
être...
M. Forget: Non, peut-être pas, qu'est-ce qu'on en sait?
M. Morin (Louis-Hébert): ... et je suis sûr, au
point de départ, compte tenu de la discussion qu'il y a eu cet
après-midi et maintenant, qu'il y a un doute général quant
à notre présence à l'extérieur des
frontières immédiates du Québec. Cela étant dit, on
va vous donner les détails...
M. Forget: Ah oui, je m'attendais à cette scie-là
de la part du ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas une scie, c'est une
constatation. Je voudrais maintenant vous donner les précisions qui ont
fait qu'effectivement nous avons, après étude, choisi justement
le Venezuela et le Mexique.
M. Forget: Merveille! Quelles sont les études en question
et est-ce qu'on peut en obtenir communication?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce sont des documents qui ont
été soumis au cabinet pour la décision...
M. Forget: Ah, cela aussi, c'est secret! Vous savez ce qui est
arrivé du document secret de ce matin? C'est que, finalement, il ne
contenait rien. Vous ne pouvez pas nous impressionner en nous
référant à des documents secrets qui finalement se
limitent à des paragraphes sibyllins de quatre
lignes, en disant: Après étude au ministère, on en
a conclu que... Ce n'est pas cela, une étude.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne sais pas de quel document
vous parlez de ce matin.
M. Forget: Vous avez fait allusion, ce matin, à l'analyse
des raisons qui vous avaient amené à ouvrir des maisons du
Québec dans d'autres provinces. C'est le même genre de secret,
j'imagine.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, non. Erreur. Ce matin, on
parlait d'un rapport qui nous venait du ministère de l'Industrie et du
Commerce sur la performance de la délégation du Québec
à Toronto. On va revenir...
M. Forget: II y a donc un rapport interministériel qui a
circulé d'un ministère à l'autre, entre fonctionnaires,
disant: Voici l'étude que nous avons faite, elle conclut à
l'opportunité d'une implantation au Venezuela.
M. Morin (Louis-Hébert): Je parle du rapport de la
délégation du Québec à Toronto qui a
été installée, comme vous le savez, sous le gouvernement
précédent, dont vous étiez ministre.
Nous allons vous donner quelques précisions en ce qui concerne le
Venezuela et le Mexique.
En ce qui concerne le Venezuela, il y avait essentiellement quatre
raisons pour lesquelles nous avons choisi d'y aller. Je ne vais certainement
pas nier l'importance du Brésil, ni sur le plan de l'ensemble de
l'Amérique latine, ni sur le plan de la croissance économique.
Mais quand il y avait des choix à faire, il a fallu les faire en
fonction d'un certain nombre de critères. Ceci dit, la première
raison qui nous paraissait importante, c'était de faire une ouverture,
ou une percée sur le marché de l'Amérique latine, dans la
mesure où il y avait des affinités culturelles et des
considérations économiques qui nous apparaissaient très
importantes.
Le Venezuela apparaissait la porte d'entrée un peu naturelle dans
cette perspective, pour diverses raisons. La première a trait à
la place du Venezuela dans l'ensemble du continent sud-américain. Le
Venezuela est quand même membre du groupe andin, qui est un marché
commun aussi important, d'un certain point de vue, que la Communauté
économique européenne. Caracas est devenu le siège social,
dans une large mesure, de toutes les institutions économiques communes
du groupe andin. Vous retrouvez, à Caracas, une série
d'organisations régionales latino-américaines, dans le secteur
économique comme dans le secteur financier.
Il y avait, troisièmement, les raisons que j'évoquais tout
à l'heure, de nature commerciale, qui nous paraissaient indiquer au
moins un message à passer aux Vénézuéliens,
à savoir que dans la mesure où vous vendez
énormément au Québec, il nous semblait important que vous
puissiez acheter peut-être pas être mercantiliste au point
de souhaiter qu'il y ait une réciprocité absolue mais au
moins un peu plus que ce qui existe à l'heure actuelle, d'autant plus
que la règle internationale qui existe est habituellement que lorsqu'on
vend, on achète également.
Et enfin, en dehors de ces considérations, il y avait des
considérations plus proprement énergétiques. Il est bien
évident que le Venezuela représente une source
d'approvisionnement importante en matière d'hydrocarbures, de
pétrole en particulier. Cela nous apparaissait important de pouvoir au
moins établir un dialogue avec le Venezuela quant à cet
approvisionnement énergétique.
Il y avait également d'autres raisons qui ont trait à la
complémentarité des économies. Le Venezuela est
entré dans une phase de développement, a établi son
"Heritage fund", qui est de l'ordre de $40 000 000 000, et un plan quinquennal
de développement, dans des secteurs qui nous intéressent au plus
haut point, puisque ces secteurs sont la sidérurgie, l'aluminium, la
construction domiciliaire, où il y a un marché de $600 000 000,
uniquement pour la préfabrication des maisons. Ce sont des secteurs
où le Québec était en mesure, soit d'avoir non seulement
une activité dans ce domaine sur le marché
vénézuélien, mais de pouvoir se tailler une place
importante, au moment où les choses se présentent. C'est
actuellement que le plan quinquennal vénézuélien se
développe.
Je pourrais ajouter bien d'autres raisons, mais c'étaient les
raisons principales qui militaient en faveur du Venezuela.
Est-ce que je dois continuer sur le cas du Mexique?
Non, je pense que cela devrait normalement répondre à des
questions. Mais on peut continuer sur le cas du Mexique.
M. Forget: On peut résumer, parce qu'on nous a
annoncé quatre raisons. J'ai essayé de les noter au passage, mais
je ne suis pas sûr de m'être arrêté aux bons
éléments.
Je vais commencer par le plus facile, la question de l'énergie.
C'est important, d'accord. Admettons que ce soit important d'avoir un poste
à cause du fait qu'ils vendent du pétrole. Cela nous promet un
programme d'implantation de maisons du Québec en Lybie, en Arabie
Saoudite, en Iran, si les circonstances le permettent, etc.
M. Morin (Louis-Hébert): On peut prendre cela comme
suggestion?
M. Forget: Non, mais c'est comme une implication de votre choix
premier, semble-t-il. De toute façon, admettons, pour les fins de la
discussion, que ce soit important d'être là. C'est probablement
à cela que pensait d'ailleurs votre collègue, M.
Bérubé, quand il a dit que, parce qu'on est des latins, on
pourrait plus facilement que les gens d'Ottawa négocier des ententes
d'approvisionnement avec les gens du Venezuela.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne sais pas de quoi vous
parlez, je m'excuse.
M. Forget: Vous lirez vos coupures de presse de la période
référendaire. Des choses savoureuses ont été dites
là-dessus.
M. Morin (Louis-Hébert): J'en ai entendu passablement de
votre côté, n'est-ce pas?
M. Forget: Oui. C'est cela...
M. Morin (Louis-Hébert): Mais les choses de votre
côté n'étaient pas très savoureuses.
M. Forget: C'est la quatrième raison. Les trois autres, je
dois dire qu'elles m'échappent un peu. Il y a l'idée de
culpabiliser un peu les Vénézuéliens en disant: Vous
vendez beaucoup chez nous; achetez-nous donc un peu quelque chose. Evidemment,
je ne sais pas à qui exactement au Venezuela cela s'adresse, mais je
serais surpris que cela ait un gros impact.
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais dire quelque chose
sur ce point-là. "Culpabiliser", il ne faut quand même pas
exagérer. Tous les pays du monde qui ont des relations commerciales les
uns avec les autres font ce genre d'échange, si je peux m'exprimer
ainsi. Vous achetez beaucoup chez nous; il faudrait bien que nous achetions
chez vous et inversement.
M. Forget: Ah oui!
M. Morin (Louis-Hébert): Cela s'est fait entre le Canada
et le Mexique; cela s'est fait entre le Japon et le Canada. C'est
arrivé.
M. Forget: Ah bon!
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne vois pas pourquoi nous, au
Québec, il faudrait être plus niai-seux que les autres et avoir
des critères qui soient angéliques.
M. Forget: Je pense que le ministre est à peu près
30 ans en retard, M. le Président. Il y a un accord
général sur les tarifs et le commerce...
M. Morin (Louis-Hébert): Ah oui! c'est parfaitement...
M. Forget: ... où le multilatéralisme a
remplacé... Je dis "30 ans en retard", je suis généreux,
je suis même indulgent pour le ministre, c'est à peu près
trois siècles en retard; enfin, disons que cela peut être un
argument qu'on utilise dans certains éditoriaux ou dans certains
discours politiques, mais il n'y a plus grand monde qui prend cela au
sérieux.
M. Morin (Louis-Hébert): Je dois être un mois ou
trois semaines en retard, parce que c'est le genre de discussion qui se fait
entre Ottawa et d'autres pays.
M. Forget: Ce qui intéresse la communauté
internationale, ce n'est pas l'équilibre entre deux pays...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, c'est évident.
M. Forget: ... pris un à un, c'est l'équilibre
général.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, bien sûr.
M. Forget: Les pays qui ont d'immenses surplus, on
s'inquiète évidemment qu'ils les utilisent constructivement ou
qu'ils recyclent leurs surplus d'une façon ou d'une autre. Je pense
qu'on s'écarterait rapidement dans un domaine où le ministre se
sentirait à l'aise si on explorait cela davantage. Il reste que cela ne
me paraît pas quelque chose de décisif, parce que, de toute
façon, notre capacité de vendre aux
Vénézuéliens ne dépend pas du sentiment de
culpabilité qu'ils vont avoir vis-à-vis de nous, cela
dépend de la question de savoir c'est là que cela devient
important si notre économie est complémentaire ou
concurrentielle avec celle du Venezuela. Par malheur, il semble que les
exemples qu'on nous donne, la sidérurgie et l'aluminium, nous mettent
plutôt en conflit d'intérêts qu'en symbiose. On n'est pas
pour lui vendre de l'aluminium et lui non plus n'est pas pour nous en vendre.
Alors quoi?
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant! Il faudrait
peut-être expliquer cette complémentarité. Je pense que
cela a été un élément important de la
décision.
J'allais dire que c'est exact dans un certain sens, dans la mesure
où les deux ont des richesses qui leur permettent de produire à
la fois du fer et de l'aluminium. Ceci dit, c'est qu'à ce stade-ci du
développement, dans le cas de l'aluminium, par exemple, le gouvernement
vénézuélien a amorcé un programme de
développement de son réseau hydroélectrique et de son
potentiel hydroélectrique pour la transformation et la production
éventuelles d'aluminium. C'est à ce stade du développement
que notre expertise dans ce domaine, comme d'ailleurs dans bien d'autres
je n'ai pas parlé du transport, j'aurais pu en parler longuement
nous permet de croire que nous pourrions obtenir des bénéfices de
ces développements. Je signalerais la chose suivante. C'est que les
entreprises les plus importantes qui y travaillent actuellement et qui ont
déjà obtenu certains contrats sont surtout des
sociétés d'ingénierie dont le siège social est
établi au Québec. En fait, je sais très bien
qu'éventuellement le Venezuela peut devenir un concurrent potentiel,
mais, à l'heure actuelle, ce n'est pas tout à fait le cas.
M. Forget: Ce sont les perspectives dans ces secteurs-là,
équipement de transport, ingénierie de
l'hydroélectricité, qui sont apparues nettement plus brillantes
au Venezuela pour le Québec que, par exemple, elles ne le sont au
Brésil? C'est cela qui a emporté la décision relativement
aux pers-
pectives commerciales ou d'échange, etc.? C'est là-dessus
qu'on mise, si je comprends bien.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, le fait
que nous nous soyons établis dans un pays qui s'appelle le Venezuela
n'exclut pas, a priori, qu'on ne s'établisse pas dans d'autres pays qui
seraient, par exemple, le Brésil ou quoi que ce soit. Je pense qu'il ne
faudrait pas conclure cela. (21 heures)
Je n'imagine pas que c'est ce qui est en train de découler de la
conversation. Avec les éléments que nous avions je pense
que nous avons eu raison il nous a paru opportun et immédiatement
utile, compte tenu de l'ensemble, d'aller d'abord au Venezuela à cause
d'un certain nombre de facteurs géopolitiques, si je peux m'exprimer
ainsi, mais cela n'exclut pas sauf qu'on n'a pas toujours les moyens et
ce n'est pas toujours possible, parce qu'il y a des difficultés avec le
gouvernement fédéral qui se présentent à l'occasion
qu'en plus du Venezuela, on puisse aller ailleurs. Pour le moment, il
n'y a pas de projet de ce côté. Je ne voudrais pas faire planer la
possibilité que nous couvrions l'Amérique du Sud, ce n'est pas le
cas.
M. Forget: Donc, il y a eu un choix, c'est tout à fait
logique, et c'est de cela dont on parle.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est de cela dont on parle.
M. Forget: II y a eu un choix, et un choix, ordinairement,
suppose qu'il y a des raisons. C'est ce qu'on est en train d'essayer
d'explorer. On ne vous invite pas du tout à établir une
délégation du Québec au Tibet, rassurez-vous, mais on
voudrait quand même savoir pourquoi au Venezuela plutôt qu'au
Tibet. Si l'exemple du Brésil vous fatigue, je le retire
immédiatement. Quels sont les choix?
M. Morin (Louis-Hébert): Si jamais on ouvrait une
délégation au Tibet, j'ai une idée de qui je proposerais
comme délégué.
M. Forget: Quelles sont les possibilités qui ont
été effectivement considérées? Pourquoi celle qui a
été retenue a-t-elle été jugée celle qui
s'imposait décidément aux yeux du gouvernement? C'est cela qu'on
essaie d'établir. Maintenant, on peut bien nous dire que le ministre
pense qu'il a eu raison, il y a deux ans. C'est un peu convaincant, oui. Je
suis prêt à accorder qu'il va faire un effort valable pour essayer
de trouver le meilleur endroit, mais on aimerait partager son secret et on
aimerait pouvoir dire: C'est vrai, effectivement, le ministre des Affaires
intergouvernementales a eu raison. Il a pris une maudite bonne décision
en mettant cela à Caracas plutôt qu'à Lhassa je
m'excuse, j'ai mentionné le Tibet deux fois, on va me dire que je
suggère le Tibet, mais pas du tout, je n'ai pas du tout d'attachement au
Tibet...
M. Morin (Louis-Hébert): On vous proposera comme
délégué!
M. Forget: ... pas plus qu'au Brésil, mais bon Dieu,
j'imagine qu'on ne fait pas une chose comme cela sans raisons et on veut savoir
lesquelles.
M. Morin (Louis-Hébert): On vient de vous les donner.
M. Forget: Non, on ne les a pas données. On a
mentionné des hypothèses. Dès qu'on s'y appuie un peu, on
dit: Ecoutez, ne nous prenez pas totalement au sérieux, il y a des
considérations géopolitiques. On a probablement lu cela dans les
mémoires de Kissinger récemment. C'est vrai. C'est un beau terme
qui a l'avantage d'avoir l'air de dire beaucoup de choses sans
nécessairement vouloir dire la même chose pour tout le monde.
Alors, on n'est pas plus avancés qu'avant avec une explication comme
celle-là. Il y a un choix qui a été fait. C'est un choix
administratif et politique. On aimerait essayer de comprendre, avec nos faibles
lumières, sur quoi c'est basé.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a une autre raison.
M. Forget: C'est très faible. C'est pour cela qu'on a
besoin de beaucoup d'aide, mais on n'en reçoit pas.
M. Morin (Louis-Hébert): Je me ferai corriger si j'ai
tort, mais il y a un élément qui n'a pas été
mentionné tantôt. En ce qui a trait au Venezuela, la
facilité d'établissement d'une représentation d'un
gouvernement étranger, donc le nôtre en l'occurrence, est plus
simple que dans d'autres pays. Je pense que c'est une considération qui
entre en ligne de compte. Par exemple, aux Etats-Unis, vous pouvez très
bien ouvrir une délégation du Québec dans à peu
près n'importe quelle ville, vous êtes à peu près
comme n'importe quelle compagnie. Il n'y a pas de problème, sauf qu'il y
a des pays où c'est plus compliqué. Parmi les pays où
c'est plus compliqué, il y en a où cela l'est un peu moins. Le
Venezuela est un de ceux-là. C'est une raison qui est
entrée...
M. Rivest: C'est une très bonne raison. Franchement, cela
éclaire le débat.
M. Forget: C'est la zone de moindre résistance.
M. Rivest: Formidable!
M. Morin (Louis-Hébert): C'est une excellente raison quand
on... Cela éclaire le débat.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, dans un autre ordre
d'idées, mais dans un domaine tout à fait politique, le
député de Saint-Laurent, comme tout le monde, pourra noter que le
Venezuela et le Mexique sont deux pays démocratiques dans une
région du monde où la démocratie ne se porte pas
particulièrement bien. Cela établit donc un lien d'amitié
entre des régimes démocratiques et la démocratie
québécoise. C'est un argument, évidemment, qui
n'apparaît pas dans un bilan, dans une analyse de
coûts-bénéfices, mais qui a une certaine...
M. Rivest: ... le ministre de l'Education en Chine.
M. de Bellefeuille: ... valeur politique.
M. Rivest: C'est la même raison qui a amené le
ministre de l'Education en Chine.
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant! Il ne s'agit pas
d'une délégation dans ce cas, il s'agit d'une mission...
M. Forget: Qu'est-ce qui arrive avec la...
M. Morin (Louis-Hébert):... payée par le Conseil
des ministres de l'Education du Canada, parce qu'il n'y avait aucune
dépense attribuable au gouvernement du Québec là-dessus.
Cela étant dit, il y a un marché formidable en Chine, comme cela
a été mentionné tantôt.
M. Forget: C'est merveilleux, cette explication du
député de Deux-Montagnes parce qu'on va se demander maintenant
comment il va nous expliquer la présence du Québec à
Haïti.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela a été
décidé par le gouvernement de M. Bourassa à
l'époque où vous étiez ministre.
M. Forget: Là, il a des vraies raisons.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela a été
décidé à l'époque de M. Bourassa.
M. Forget: Vous pouvez la fermer, si vous n'êtes pas
d'accord.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais je pense qu'on pourrait
en discuter longtemps.
M. Forget: Oui, on est là pour cela justement. On essaie
de savoir si il y a un ordre dans cette folie-là. On nous dit...
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant, M. le
Président!
M. Forget: ... de temps en temps, c'est pour soutenir les
régimes démocratiques...
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, il y a
quelque chose d'important qui vient d'être dit.
M. Forget: ... qui ne nous font pas beaucoup de résistance
et, à un autre moment, c'est parce qu'un autre gouvernement a pris la
décision.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je n'ai jamais
parlé de soutenir des régimes. Ce n'est pas le rôle du
Québec d'aller soutenir des régimes ou d'aller
déstabiliser des régimes.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est le rôle d'Ottawa
d'aller soutenir votre groupe du non, mais, quant à nous, ce n'est pas
notre rôle d'aller soutenir tel ou tel régime.
M. Forget: Alors, je ne comprends pas. Si ce n'est pas pour leur
faire une fleur, en quelque sorte, en leur donnant la reconnaissance
diplomatique du Québec, ça doit être pour défendre
nos intérêts, et on revient à nos vaches et à nos
moutons de tout à l'heure.
M. Morin (Louis-Hébert): De qui parlez-vous?
M. de Bellefeuille: En ce qui concerne Haïti, M. le
Président, depuis le moment où cette délégation a
été ouverte, la plupart des observateurs affirment qu'il y a eu
un adoucissement dans le caractère dictatorial du régime.
M. Forget: A cause de notre présence? Une Voix:
Oui, sans doute.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, on n'a jamais dit
ça.
M. de Bellefeuille: Non, c'est seulement pour répondre
à votre invitation de fermer la délégation en Haïti,
ce que nous n'avons pas l'intention de faire.
M. Forget: Alors, si je comprends bien, vous êtes
satisfaits du régime actuellement. C'est ce qui vous permet de...
M. de Bellefeuille: Cela n'a aucun rapport, M. le
député. Vous le savez fort bien.
M. Forget: Si ça n'a aucun rapport, il ne faut pas en
parler, M. le député.
M. Morin (Louis-Hébert): Qui en a parlé? C'est
vous.
M. Forget: C'est qu'on nous a dit qu'on était au Venezuela
et au Mexique parce que c'étaient deux pays démocratiques. Si
cette logique vaut pour deux délégations, ça vaut pour une
troisième.
M. Morin (Louis-Hébert): Quand vous regardez les 17
délégations du Québec, vous allez vous apercevoir qu'elles
sont, la plupart d'entre elles, sinon l'immense majorité d'entre elles,
dans des pays démocratiques. Je ne sais pas si ça répond
à la question, mais ça aide au débat.
M. Forget: C'est à cela qu'on va se limiter. M. Morin
(Louis-Hébert): Voilà!
M. Forget: C'est un peu comme la politique de Carter d'aider les
droits de l'homme.
M. de Bellefeuille: Je tiens à dire également au
député de Saint-Laurent, qui semble l'ignorer, qu'Haïti est
un pays dont la langue officielle est le français, ce qui crée
une solidarité d'un autre ordre.
M. Forget: Ah bon! On a maintenant deux séries de
raisons.
M. Rivest: Ah!
M. Forget: On a la série de raisons...
M. Rivest: Des peuples latins.
M. Forget: ... des régimes démocratiques...
M. de Bellefeuille: Beaucoup plus que deux, M. le
député.
M. Forget: Cela fait déjà deux de plus qu'on n'en
avait avant.
M. de Bellefeuille: Ces décisions se prennent à
partir d'un grand nombre de facteurs. C'est ce que vous semblez avoir du mal
à saisir.
M. Forget: Bien oui, parce que ça prend du temps à
les découvrir. Mais là, on en a deux. On a les pays
démocratiques qui ne nous résistent pas, qui ne résistent
pas à notre implantation, et la deuxième...
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, de la
façon dont...
M. Forget: ... ce sont les pays de langue française. On
fait de grands progrès.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président...
M. Rivest: M. le Président, le ministre n'arrête pas
d'intervenir. Je trouve que la conversation a pris une certaine consistance
avec l'intervention du député de Deux-Montagnes.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président...
M. Rivest: Là, il va venir nous lancer dans ses...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais elle est en train de la
perdre avec celle du député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, c'est le député
de Saint-Laurent qui a la parole.
Le Président (M. Lacoste): En fait, messieurs... Oui, vous
avez raison, monsieur.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, M. le Président,
j'aurais une précision à apporter de fait.
Le Président (M. Lacoste): Avez-vous une question de
règlement?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais, moi, j'ai une question
de fait. Je ne sais pas laquelle prime.
M. Rivest: La question de règlement prime sur les
faits.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah bon! c'est très
intéressant à savoir.
Le Président (M. Lacoste): Donc, la parole est au
député de Saint-Laurent; ensuite, je vais vous reconnaître,
M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, d'accord.
M. Forget: M. le Président, je pense qu'on a suffisamment
exploré ce domaine pour en tirer nos propres conclusions, à
savoir qu'on a peut-être une politique et des raisons, mais ce n'est pas
ce soir qu'on va les découvrir. La probabilité est qu'on se
laisse guider par des raisons d'opportunité de tous ordres. Je pourrais
facilement m'étendre sur ce plan. Je pense bien que c'est aussi une
politique de présence dans les endroits où c'est le plus facile
et où cela a le plus d'impact domestique. On vise une clientèle
au Québec bien plus, je pense, que les marchés étrangers
avec tout ça.
M. Morin (Louis-Hébert): Au Venezuela! Voulez-vous me dire
combien il y a de Vénézuéliens au Québec? Je n'ai
pas la moindre idée.
M. Godin: II y en a un.
M. Forget: Non, mais les Québécois, eux, sont
nombreux au Québec, je pense; il y en a 4 200 000 ou 4 400 000 au
dernier compte.
M. Morin (Louis-Hébert): Ils vont au Venezuela?
M. Forget: Ils ne vont pas au Venezuela... M. Morin
(Louis-Hébert): Voyons donc!
M. Forget: ... mais ils peuvent être impressionnés
plus par des présences affichées du Québec dans les
endroits où on vend du pétrole, qui sont dans
l'actualité.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, est-ce
qu'on a le droit de dire...
M. Forget: Comment imaginer autre chose? On nous a dit tout
à l'heure...
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président...
M. Forget: M. le Président, là, ça va faire
pour les interruptions! M. le ministre pourra parler tantôt.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous parlez tout le temps.
M. Forget: On nous a dit tout à l'heure que c'était
le siège du marché andin, que c'était le pétrole,
que c'était important, qu'il y avait un régime
démocratique, tout ça. Ce sont toutes des raisons de
caractère politique beaucoup plus qu'économiques et des raisons
de caractère politique qui peuvent impressionner l'auditoire
québécois. On dit: On pose des gestes et ça, c'est bon
pour la galerie ici, non pas pour la galerie au Venezuela, bien sûr; on
s'en fout largement là-bas.
Mais, une autre question que j'aimerais explorer, M. le
Président...
M. Morin (Louis-Hébert): Avant ça, je dois avoir le
droit de répondre?
Le Président (M. Lacoste): Je dois reconnaître
maintenant, à ce moment-ci, M. le ministre.
M. Forget: Oui, allez!
M. Morin (Louis-Hébert): Les raisons dont est en train de
parler le député de Saint-Laurent, par exemple, que nous
voudrions impressionner une partie de la population québécoise en
choisissant des pays démocratiques, doivent être terriblement
puissantes parce que c'est la première fois ce soir que nous en parlons.
Si elles avaient été si importantes, je pense que nous en aurions
fait état avant.
Deuxièmement, nous avons vraiment je pense que cela a
été fait aussi objectivement que possible donné les
raisons qui nous ont motivés en ce qui a trait au Venezuela. Je me suis
rendu compte qu'à la fin de cet exposé, qui a été
assez long quand même, on a détourné le sens de
l'explication qui était donnée pour dire qu'on chois-sissait des
pays de langue française ou proches et qui étaient aussi des pays
démocratiques. Il y a beaucoup plus que ça et je pense que les
réponses qui viennent d'être données avant suffisent pour
faire état des motivations qui nous ont guidés dans le choix du
Venezuela.
Il est sûr, comme c'est le rôle de l'Opposition de
s'opposer, que si l'on avait choisi la Colombie ou le Pérou on aurait
dit que ce n'est pas l'endroit qu'il fallait. Pourquoi est-ce que nous ne
sommes pas allés en Argentine? Que voulez-vous ce genre de
discussion-là peut durer toute la nuit.
Si on n'avait été nulle part en Amérique du Sud, on
nous aurait dit qu'il fallait y aller et comme on y est on nous dit qu'il ne
faut pas y être. Enfin, que voulez-vous que je vous dise? On n'en sortira
pas. Je pense que nous avons le mieux possible exposé les raisons, avec
l'aide de M. Pouliot, qui nous ont guidés dans notre choix. Elles nous
ont semblé valables et les résultats déjà atteints
par notre présence là-bas justifient de toute façon notre
présence.
Je pense que ça doit suffire pour répondre à la
question qui a été posée.
M. Forget: Résultat non mesurable et non
vérifiable.
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ... j'ai compris du sens de l'intervention du
député de Saint-Laurent qu'il ne s'agissait pas... M. Pouliot l'a
fait très très bien, d'une façon correcte. Il nous a
indiqué un certain nombre de raisons enfin on peut les
apprécier relativement pour lesquelles le Québec avait
choisi Caracas par rapport à d'autres endroits, c'est-à-dire
qu'il n'a pas indiqué trop trop et le ministre ne lui avait
probablement pas demandé par rapport à quoi. On nous a dit
qu'au Venezuela il y avait ceci, il y avait cela, il y avait ceci, il y avait
cela.
Pour quelqu'un d'aussi compétent que notre ami M. Pouliot, il
aurait pu arriver et nous expliquer qu'en Colombie il y a du fer, il y a de
l'aluminium, il y a des universités, des écoles, enfin il y a du
monde... Je pense que le point, le sens de la question qu'a soulevée le
député de Saint-Laurent, référant d'ailleurs
à l'intervention du début, en parlant des études qui
avaient amené ça, était que c'est bien joli de nous
décrire la géopolitique ou la géo-je-ne-sais-pas-quoi
économique du Venezuela, que c'était très
bien, mais qu'il aurait été préférable de nous dire
quels sont les avantages relatifs que présente le Venezuela par rapport
au Brésil, si on prend l'Amérique du Sud, par rapport à
n'importe quel autre pays d'Amérique du Sud, et nous dire qu'avant
d'aller s'implanter en Amérique du Sud, on avait étudié
l'ensemble, une série de postes. Le sens de la question, je pense,
était de savoir si ces études-là qui donnent une
idée... Là, on a simplement un espèce de panneau et c'est
juste Caracas. On nous a parlé de Caracas, mais on aurait pu nous parler
d'autres pays qui présentent d'autres caractéristiques, qui
pourraient théoriquement avoir de l'intérêt pour le
Québec.
Le ministre a affirmé devant la commission que de telles
études du moins c'est ce que j'ai compris au début de sa
réponse existaient. Nous lui demandons ces
études-là simplement, et c'est ça le sens du débat,
pour qu'on puisse apprécier si Caracas est un bon ou un mauvais choix et
il nous dit: C'est secret; ça relève du Conseil des ministres.
Alors, il demande à un fonctionnaire de venir nous donner les grandes
lignes de quelque chose qui était probablement secret, mais on a
simplement un panneau.
Quant au Brésil le député de Saint-Laurent a
signalé le Brésil il y a toute sorte d'autres arguments
probablement qui ont été retenus, qui n'étaient pas
nécessairement négatifs dans le cas du Brésil, mais
l'opinion publique et la commission parlementaire n'y ont pas droit. C'est
Caracas, c'est Caracas.
Ce qui me fait conclure personnellement, et peut-être d'autres
sans doute, qu'on ne peut
obtenir aucune espèce de justification sérieuse sur ce
plan-là parce que c'est la décision. Et aussitôt qu'on pose
des questions sur la décision, on nous dit: Voici, c'est ceci, mais le
restant c'est secret. Je trouve que ça ce n'est pas très
sérieux.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce qui n'est pas sérieux,
M. le Président, c'est la façon dont vous venez de
présenter le problème. On vous a donné en détail
les raisons qui nous ont incités à choisir le Venezuela. Nous
sommes contents de cette décision-là. Vous la résumez
d'une façon qui est parfaitement inexacte...
M. Rivest: Vous n'avez rien donné, vous avez décrit
la géographie du Venezuela.
M. Morin (Louis-Hébert): Bon, on aurait pris un autre pays
et vous auriez dit que ce n'était pas correct non plus.
M. Rivest: Mais dites-nous ce que le Venezuela présente de
plus dans tel domaine. C'est plus avantageux pour le Québec que le
Brésil, parce que le Brésil a ceci, et le Venezuela a cela, et
cela est plus avantageux. Donnez-nous ces études-là, c'est
celles-là qu'on a demandées. Sans ça, c'est une
espèce de... C'est complètement inutile.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a une chose que je remarque
depuis que vous avez un nouveau chef dans votre parti, c'est cette
préoccupation académique qui fait qu'on demande des études
à tout moment. On n'est pas une université...
M. Rivest: Bon, bon, bon! Mais vous n'arrêtez pas de les
cacher.
M. Morin (Louis-Hébert): On ne cache absolument rien, on
est en train de vous dire exactement, sans aucune espèce
d'hésitation, pourquoi on a choisi le Venezuela.
Maintenant je vous avoue qu'on n'a pas fait de comparaison entre le
Venezuela et le Paraguay et l'Uruguay. Là, je regrette, on aurait
peut-être dû.
M. Rivest: Politiquement et intuitivement, c'est ça.
M. Forget: M. le Président, j'aurais un autre volet, mais
mon collègue...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
D'Arcy McGee. (21 h15)
M. Marx: Le ministre a commencé en disant que c'est normal
et naturel ce ne sont peut-être pas ses mots, mais ce sont les
mots du gouvernement de toute façon, normal et naturel pour un
Etat d'avoir ses représentants partout au monde.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je n'ai pas dit partout au
monde, je m'excuse.
M. Marx: D'avoir des représentants à
l'étran- ger et ainsi de suite. Il y a d'autres pays et d'autres Etats,
comme les Etats australiens, les Etats américains, les länder
d'Allemagne, qui n'ont pas de maisons partout au monde, mais, de toute
façon, c'est une autre discussion à laquelle on peut revenir. On
a parlé des avantages commerciaux, on a fait par exemple état des
investissements de la France au Québec. J'aimerais savoir si le ministre
a des chiffres en ce qui concerne les investissements de la France au
Nouveau-Bruns-wick, en Alberta, en Ontario, dans d'autres provinces
canadiennes, pour voir... C'est cela. Le député de Mercier a
soulevé le cas de Michelin, qui va investir des millions en
Nouvelle-Ecosse.
M. Godin: Le fédéral va investir nos taxes dans les
Maritimes.
M. Marx: J'aimerais savoir si on a des comparaisons en ce qui
concerne les investissements français dans d'autres provinces
canadiennes par rapport au Québec. Je pense que cela pourrait être
utile. Je soupçonne que les investissements français sont faits
pour des raisons autres que culturelles et linguistiques et j'ai l'impression
que la France fait pas mal d'investissements dans d'autres provinces. Avec ces
comparaisons, ce serait possible de voir si ça vaut la peine d'avoir des
représentants...
M. Morin (Louis-Hébert): Si ça vaut la peine
d'avoir une délégation à Paris? C'est cela la
question?
M. Marx: Ce n'est pas la question, mais on va voir si la
délégation fait son travail.
M. de Bellefeuille: On a Gérard Pelletier pour nous
représenter.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je vais
dire deux, trois choses rapidement, parce que ça commence à ne
plus avoir beaucoup de sens. On est en train de revenir, au moment où on
se parle, à des discussions dont j'ai été témoin
à l'époque où j'étais sous-ministre, vers 1965,
où on se posait une série de questions auxquelles, je pense, les
gouvernements successifs ont répondu les uns après les
autres.
M. Rivest:... pour le journal des Débats, pour le titre:
Thème de la biographie.
M. Morin (Louis-Hébert): Est-ce que le
député de Jean-Talon tient à ce qu'on évoque sa
biographie à lui?
M. Rivest: Non, elle est très courte et...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, elle est très
courte.
M. Rivest: ... elle a peu d'intérêt pour le journal
des Débats.
M. Morin (Louis-Hébert): Qu'elle soit de peu
d'intérêt, je suis parfaitement d'accord. Je voudrais dire, plus
sérieusement, M. le Président, qu'il y a quand même des
choses qui devraient normalement être acquises dans le Québec de
1980 et comprises par les gens qui représentent ici l'Opposition,
d'autant plus qu'ils appartiennent au parti qui est celui qui a ouvert le
Québec à l'extérieur. Je m'inquiète beaucoup de les
voir aujourd'hui et de les avoir vus pendant la campagne
référendaire, à toutes fins utiles, manifester maintenant
des doutes en ce qui concerne notre présence en dehors de nos
frontières, de sorte que j'en suis presque arrivé à la
conclusion qu'ils préconiseraient une sorte de grande noirceur à
la moderne si jamais ils devaient accéder au pouvoir, parce que toutes
leurs interventions par rapport à nos représentations à
l'extérieur aujourd'hui démontrent au fond un
préjugé défavorable par rapport à notre action.
C'est très nettement ce qui se dégage de ce qui a
été dit. On a même mis en doute notre présence en
Ontario, alors que cela a commencé sous un gouvernement libéral.
On met en doute maintenant notre présence à Paris alors que cela
a commencé aussi sous un gouvernement libéral, et je pense
profondément que ce qui s'est passé, c'est que le parti que
représentent nos amis de l'Opposition ici est un parti qui s'est
transformé, avec le temps, et qui est resté, au fond, avec les
éléments les moins dynamiques de la société
québécoise.
Le résultat de cela, M. le Président, c'est qu'alors
qu'aujourd'hui, au point où nous en sommes rendus, on devrait
normalement...
M. Rivest: C'est cela, vous l'avez.
M. Morin (Louis-Hébert): ... tenir pour acquis et
reconnaître que le Québec étant un peuple ce que,
j'imagine, vous reconnaissez vous aussi; si ce n'est pas le cas avertissez-moi
tout de suite, pour qu'on ne se fasse pas plus longtemps illusion le
Québec étant un peuple, dis-je...
M. Rivest: II faut donc être à Caracas, il faut
appeler des fonctionnaires à Caracas.
M. Morin (Louis-Hébert): ... il doit quand même
être présent et surveiller ses intérêts
lui-même pour la bonne raison que, dans le passé, lorsqu'on a
laissé ses intérêts à d'autres, on a su quel
résultat cela avait donné. Il y a un vieux proverbe qui
s'applique, qui dit qu'on n'est jamais si bien servi que par soi-même.
Comme on n'a pas les moyens, ni l'intention d'être partout au monde, on
est là où la raison, en plus des faits les plus
vérifiables, nous indique d'être présents. Quand vous
regardez la liste des délégations que nous avons à
l'extérieur, toutes ces délégations sont dans des endroits
où le sens commun...
M. Forget: Dans des pays importants.
M. Morin (Louis-Hébert): ... le plus élémen-
taire démontre qu'il est normal que nous y soyons présents. On
nous a dit tantôt, dans une sorte d'envolée académique et
juridique, que les länder de l'Allemagne ne sont pas
représentés, qu'en Australie ou quelque chose dans ce genre, je
veux bien croire...
M. Forget: C'est pour ça qu'ils sont pauvres
d'ailleurs.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela démontre justement
une méconnaissance de la situation ici par rapport à celle du
fédéralisme allemand ou peut-être qu'en ce qui concerne le
fédéralisme allemand, les exigences par rapport à chacun
des lânder ne sont pas les mêmes que celles qui valent en ce qui
concerne le Québec. Je déplore que, chaque année, on
recommence cette bataille qui démontre un esprit que je n'oserais pas
qualifier, ce soir, en ce qui concerne notre action extérieure; je
commence à en avoir assez, année après année, alors
que mes amis en face de moi savent très bien qu'ils posent ces questions
strictement parce que c'est leur rôle comme Opposition de poser ces
questions, parce que j'espère...
M. Rivest: M. le Président, ce n'est pas permis,
ça, par le règlement.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas permis de poser, au
moment où on en est rendu dans nos évolutions, des questions
comme celles que vous posez. Cela fait partie de l'acquis de notre
collectivité d'avoir réussi, malgré tous les obstacles,
à s'établir vers l'extérieur et c'est ce que vous mettez
en cause maintenant.
J'espère que vous vous en rendez compte et que vous allez vous
corriger avant qu'il ne soit trop tard.
M. Forget: M. le Président...
M. Marx: Je veux juste poser une autre question...
Le Président (M. Lacoste): Le député de
D'Arcy McGee.
M. Morin (Louis-Hébert): J'espère qu'elle va
être meilleure que la précédente.
M. Marx: Tout d'abord, vous avez invité M. Pouliot
à faire un exposé. Une des choses que j'ai retenue, c'est le fait
que d'avoir des maisons à l'étranger apporte quelque chose sur le
plan économique. Il a donné l'exemple du Japon, des Etats-Unis et
de la France. Je vous ai posé une question assez facile. M. Pouliot a
fait état des investissements français au Québec; il y a
toute une liste, je n'ai pas fait l'addition, mais je pense que c'était
environ $20 000 000. Je vous ai posé la question suivante: Quels sont
les investissements français en Alberta ou dans d'autres provinces
canadiennes? Je pense que c'est une question assez simple.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est une question assez
simple.
M. Marx: Surtout pour les provinces qui n'ont pas de maison ici
et là.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous signalerai que
l'Ontario...
M. Marx: L'Ontario a une maison, c'est vrai.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah bon! justement. L'Ontario qui
avait fermé sa délégation, à Atlanta, est en train
de la rouvrir. Il y en a une série d'autres qui ne me viennent pas
à l'esprit, qui vont être réouvertes.
M. Marx: On n'a jamais contesté... la question.
M. Morin (Louis-Hébert): La question est très
simple à répondre, nous n'avons pas ici les statistiques du
commerce international de la France. Alors, si vous voulez les réponses
à ces questions, on pourra, à un moment donné, fouiller
dans notre documentation et les fournir.
M. Rivest: Vous le savez très bien.
M. Marx: Depuis ce matin, vous faites des comparaisons avec le
Canada, vous avez toutes les statistiques en ce qui concerne le
fédéral...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, on les a toutes, mais pas
ici, qu'est-ce que vous voulez, on n'a pas transporté le
ministère dans ce salon rouge.
M. Rivest: Le point que...
M. Marx: Ce ne sont pas les statistiques françaises que je
demande, ce sont des statistiques de l'Alberta, de la Nouvelle-Ecosse et ainsi
de suite.
M. Morin (Louis-Hébert): On ne les a pas ici; on les
trouvera si ça vous fait plaisir, mais malheureusement, je ne les ai pas
ici.
M. Marx: Ce serait intéressant de faire une
comparaison.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous le dis en toute
humilité, on n'a pas transporté tous les dossiers.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, le ministre s'est livré
tout à l'heure à une diatribe en disant qu'il en avait marre de
ces discussions qui remettent en question, etc., etc. J'espère que le
ministre se rend compte du jeu auquel il se livre dans le moment. Sous
prétexte que le Québec a le droit d'avoir des
délégations à l'étranger, un droit que personne ne
lui nie, de toute façon, elles sont là depuis vingt ans, dans
certains cas, ou davantage, le ministre essaie d'abriter ou de dissimuler son
absence d'intérêt totale pour la question aussi importante de
savoir, une fois qu'on a affirmé ce droit et qu'on a des
délégations à l'étranger il me semble qu'il
n'est pas superflu de se poser la question si ces
délégations fonctionnent comme elles le devraient. C'est aussi sa
responsabilité, comme ministre des Affaires intergouvernementales. Il
n'a pas seulement comme responsabilité l'affirmation du droit du
Québec à des maisons à l'étranger. Si ce
n'était que ça, on n'a pas besoin de tout un ministère, ni
d'un ministre même; un premier ministre pourrait faire ça tout
seul. Mais on a besoin d'un ministère pour s'assurer que cette
affirmation ne soit pas seulement symbolique, mais qu'elle signifie, en termes
de retombées réelles, quelque chose de concret.
Or, ce que l'on nous offre depuis le début de la soirée,
ce sont des généralités, des balivernes dont on peut
disposer très rapidement, parce que finalement, c'est hors contexte? on
nous cite une série d'anecdotes, intéressantes en
elles-mêmes, ce sont peut-être des succès et peut-être
pas. Mais la question que mon collègue de D'Arcy McGee posait
relativement à notre succès d'obtenir des investissements
français, par comparaison à d'autres provinces qui ne se donnent
pas le même mal qu'on se donne...
C'est quand même une mesure pertinente de l'efficacité de
nos efforts, du caractère approprié ou non des stratégies
et des plans d'action qui sont élaborés par son ministère,
à l'intérieur de ces fameuses maisons du Québec. Je veux
bien qu'elles soient là, les maisons du Québec, mais il ne s'agit
pas d'être là pour justifier leur existence. Il faut encore
qu'elles fassent quelque chose. Il semble que le ministre des Affaires
intergouvernementales assimile l'ouverture au monde à la présence
à Tombouctou de douze fonctionnaires du Québec. Mais même
s'il y avait 150 fonctionnaires du Québec, à Tombouctou, on n'est
pas plus ouvert au monde pour autant. Il faudrait encore prouver qu'ils font
quelque chose d'utile. Ils nous coûtent quelque chose, ces
fonctionnaires.
On pose des questions lors de l'étude des crédits, non pas
pour soulever le grand problème de la constitution, malgré le
désir qu'en a le ministre des Affaires intergouvernementales, mais pour
lui dire: Avez-vous fait votre devoir? Avez-vous fait vos sommes? Avez-vous
examiné ce que vous obtenez en termes de rendement concret? Est-ce que
notre taux de pénétration de certains marchés... Par
exemple, au Japon, on est là depuis six ans. C'est bien sûr que le
Japon a progressé, les exportations canadiennes vers le Japon ont
progressé. Nous dire que c'est allé de $50 000 000 à $300
000 000, c'est bien joli. Mais si, pendant ce temps-là, les exportations
totales du Canada ont progressé à un rythme encore plus rapide ou
à un rythme équivalent, on pourra se dire: De toute façon,
il semble que la force des circonstances et notre niveau général
concurrentiel, étant donné la dévaluation du dollar
canadien face au yen japo-
nais, ont fait que de toute manière, même en restant assis
sur notre steak à Québec, on aurait quand même connu une
croissance des exportations du Québec.
Il faut une analyse différentielle. Qu'est-ce que cela fait?
Quelle différence cela fait-il d'entretenir à Tokyo... Qu'est-ce
que cela doit coûter de nos jours? D'accord, on a le prestige, on a la
présence, on a l'affirmation de nos droits d'avoir une
délégation à Tokyo, j'en suis fort aise. Mais si on paie
$2 000 000 pour cela, je me dis: Est-ce que cela en vaut la peine? Je pense que
c'est une question légitime et c'est la responsabilité du
ministre de nous donner une réponse aujourd'hui et non pas de nous dire:
Je suis donc fatigué d'entendre les gens de l'Opposition remettre en
question l'existence des maisons du Québec! Il ne s'agit pas de
cela.
Mais ce n'est pas suffisant de dire qu'on a le droit d'en avoir pour
justifier que tout ce beau monde qui est là fait son travail comme des
dieux. On a le droit de se poser des questions. Est-ce que ces gens sont
efficaces? Est-ce qu'ils font bien leur travail? Est-ce que c'est seulement
pour exporter des livres et des disques québécois qu'on a une
maison du Québec à Paris? Je pense que la réponse est
immédiate. Non, c'est sûrement pour faire autre chose. Ce n'est
pas de 75 personnes dont on a besoin pour faire cela. On n'émet pas de
passeports et on n'émet pas de visas. Les activités de
chancellerie, on n'en a pas. Peut-être que le ministre trouve cela
dommage, mais il reste que cela ne peut pas s'expliquer comme cela.
Cela doit donc bien s'expliquer d'une autre façon. Ce qu'on
demande, ce qu'on s'acharne à demander depuis une heure: Comment est-ce
que cela s'explique? Vous dépensez $45 000 000, bon Dieu de bon Dieu!
$45 000 000, ce n'est quand même pas juste des dragées! On a
quelque chose pour cela. Il faut quelque chose de plus rigoureux comme analyse
que simplement l'affirmation: Qu'on est donc tanné d'en entendre parler.
Voyons!
M. Morin (Louis-Hébert): C'est à mon tour
d'intervenir. Je n'ai pas dit que j'étais ennuyé d'entendre
parler de cela. J'ai dit que j'étais ennuyé d'entendre un certain
nombre d'arguments qui reviennent chaque année, quel que soit le
gouvernement au pouvoir, au moment de l'examen des crédits du
ministère des Affaires intergouvernementales, à l'occasion de la
discussion des délégations. C'est la même chose chaque
année. C'est cela que j'ai dit, premièrement. Et je pensais qu'au
cours des années il y aurait quand même un certain nombre de
choses qui finiraient par être acquises et comprises par les
Oppositions.
Deuxièmement, tout à l'heure, on a pris peut-être 20
minutes, par la voix de M. Pouliot, pour vous expliquer, à l'aide
d'exemples concrets, un certain nombre de choses qui découlaient,
à notre avis, de notre présence à l'extérieur. J'ai
remarqué qu'une caractéristique revenait souvent dans les
questions de l'Opposition: lorsque nous avions répondu à une
question, on revenait exactement avec la même, comme si aucune
réponse n'avait été donnée.
Je vous réfère strictement à ce qui a
été dit précédemment par M. Pouliot, alors qu'il a
mentionné plusieurs exemples, pour vous dire que notre présence
à l'extérieur comporte des avantages à tous égards
pour le Québec. Si vous continuez à poser les mêmes
questions après que vous ayez eu les réponses, en vous contentant
de dire que les réponses que nous avons données sont
anecdotiques, qu'elles ne valent rien, je n'y peux rien. Mais il reste que les
réponses vous ont été données.
Troisièmement, vous avez fait allusion à Paris. Vous dites
qu'il y a un tas de monde. C'est toujours la même rengaine qui revient
chaque année. Savez-vous qu'il y a 4000 personnes qui sont
échangées entre la France et le Québec chaque
année? Cela veut dire, pour chacune de ces personnes, et chacun de ces
groupes, une organisation à mettre en place qui demande un personnel
approprié. Je pense que notre représentation à Paris,
quant à sa dimension, correspond au nombre de personnes qui sont
échangées. Le volume des activités, au fond, justifie que
nous ayons du monde pour s'occuper de ceux qui, de part et d'autre, participent
aux échanges que nous avons et qui, encore une fois, ont
été instaurés par un régime libéral. (21 h
30)
Je veux aussi ajouter, quatrièmement, que la présence de
délégations à l'étranger ne se mesure pas
strictement et seulement par le volume de tel ou tel investissement. Par
exemple, le Canada lui-même, le gouvernement fédéral, a 300
personnes à l'ambassade du Canada à Paris. Vous êtes
sûrs que c'est trop? Dites-le à vos patrons, parce que je pense
qu'ils ne le savent pas. Il reste néanmoins que nous en avons beaucoup
moins que cela et nous avons un volume formidable d'échanges qui
correspond à certains besoins que nous avions au Québec à
l'époque de la révolution tranquille d'abord et qui ont
été adaptés par la suite aux besoins qui sont survenus
entre-temps.
Je pense qu'un des acquis les plus importants du Québec des vingt
dernières années, c'est qu'il a su et qu'il a réussi
à prendre place dans un monde qui lui était fermé
jusque-là, je pense, non seulement du point de vue des investissements,
mais de tous les autres points de vue. Vous avez voulu ridiculiser tantôt
je ne dirai pas que vous l'avez fait sciemment la vente de
disques et de chansons ou quoi que ce soit à l'étranger, mais
savez-vous qu'il y a un marché immense cela a été
explicité, je pense, lors de l'étude des crédits du
ministère des Affaires culturelles un énorme marché
pour nous en ce qui concerne justement ce qu'on appelle les biens culturels? Il
faut que quelqu'un s'en occupe. Nous avons le devoir, comme gouvernement, de
voir à ces choses-là.
Nos délégations à l'étranger rendent ces
services dont on vous a donné quelques exemples ici ce soir. Je pense
que nous avons tout lieu de croire en tout cas, c'est ce que nous
démontrent toutes les indications que nous pouvons
avoir que cette activité doit être rentable,
puisque, encore une fois, une province comme l'AIberta, qui avait fermé
son bureau à Atlanta, l'ouvre à nouveau, de pense qu'il y en a
une au Mexique aussi ou ailleurs. Je ne me souviens pas, mais il y en a
d'autres. Laquelle? L'Ontario est au Mexique? Il y a d'autres provinces qui
adoptent par rapport à l'extérieur les mêmes attitudes que
nous. Si elles le font, je pense bien que cela confirme que, en ce qui nous
concerne, compte tenu de notre situation particulière, nous avons non
seulement le droit, mais le devoir de le faire.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Prenons l'exemple donné par M. Pouliot au sujet
du Japon. En dix ans, je crois, M. Pouliot nous a dit que les exportations du
Québec étaient passées de $50 000 000 à $300 000
000. D'accord? Il y a quand même des données facilement
identifiables. Je comprends les réserves qu'a mises M. Pouliot au
début. Ce que cela donne est difficilement quantifiable, mais il y a
quand même des choses à faire pour essayer d'évaluer quel
résultat concret donne notre présence au Japon. Il y a eu des
problèmes de fluctuations monétaires que tout le monde
connaît. On peut les chiffrer. J'imagine qu'au ministère il existe
une expertise en la matière pour nous décanter un peu, nous
donner l'impact que cela peut avoir sur cette croissance. Premier
élément: objectifs. Le député de Saint-Laurent
s'est enquis tout à l'heure de cette dimension-là.
Deuxièmement, les relations entre le Canada et le Japon se sont
développées. Le Québec, étant partie du Canada, a
bénéficié, dans le cadre... J'imagine qu'au
ministère des Affaires intergouvernementales, on connaît, on
examine et on suit de très près les relations entre le Canada et
le Japon, ne serait-ce que pour faire des représentations proprement
québécoises, pour savoir si à l'intérieur de ces
accords on trouve notre compte. Vous devez donc avoir des données.
Est-ce que cela a contribué à faire passer le volume de $50 000
000 à $300 000 000?
Ensuite, à l'intérieur de cela, compte tenu de notre
présence au Japon, pour porter un jugement objectif sur notre
présence au Japon, j'imagine qu'au ministère il y a une
expertise, que des gens travaillent là-dessus, qu'on suit les
activités de la province concurrente à l'intérieur du
Canada, l'Ontario. Elle n'est peut-être pas présente au Japon, peu
importe. Il y a certainement une comptabilité qui peut s'établir
entre l'Ontario et le Japon. Quelle est la performance du Québec par
rapport aux activités de l'Ontario au Japon? Enfin, on peut trouver, on
peut ajouter dix autres paramètres pour essayer de décanter et
d'apprécier l'affirmation qui nous est faite par M. Pouliot et qu'on
prend certainement comme absolument véridique et réelle. Quand on
pousse c'est cela le sens des questions, c'est cela le sens de
l'intervention du député de Saint-Laurent cela ne veut pas
dire qu'on ferme le bureau... Si on ose poser ce type de question, cela ne veut
pas dire qu'on a à l'esprit qu'on va fermer le bureau situé au
Japon. Je pense qu'il y a une marge.
Ces éléments d'information, faisons le test, est-ce qu'ils
sont disponibles au ministère? Des chiffres précis, pas des
discours, est-ce qu'on peut nous en indiquer? Ce sont des questions analogues
à celles que le député de D'Arcy McGee a proposées
au titre de la France. Je pense qu'il y a beaucoup de choses qui sont faites
effectivement par la délégation dans le domaine
économique. Je suis quand même un peu au courant, sauf que je me
pose des questions sur notre délégation face à la France.
L'Ontario n'a pas de relations avec autant d'éclat ou de substance, mais
elle a aussi des contrats avec la France. L'Alberta n'a sans doute pas de
présence aussi institutionnalisée que nous, mais je sais qu'elle
a des contrats. Il me semble que ces données qu'a demandées le
député, c'est l'enfance de l'art lorsqu'on parle des
délégations. Il ne s'agit pas de fermer la
délégation à Paris. Il s'agit de voir si ce moyen
c'est ce que le député de Saint-Laurent s'est
évertué à vous expliquer est efficace ou non, parce
qu'on nous demande quelque $45 millions avec tous les autres, mais pas pour
Paris, pour l'ensemble de la coopération internationale et des relations
internationales. On nous demande de l'argent. On voudrait qu'on vote cela parce
que c'est simplement une affirmation. Ce sont des données objectives que
j'ai demandées pour le Japon, à la suite de ce que le
député de Saint-Laurent a dit, et les chiffres qui ont
été demandés par le député de D'Arcy McGee
sont tout à fait légitimes, sur la coopération
franco-québécoise. Surtout qu'on ne vienne pas me dire qu'au
ministère des Affaires intergouvernementales ces chiffres ne sont pas
disponibles, parce que, vraiment, ce serait absolument horrifianf d'entendre
une chose semblable.
M. Morin (Louis-Hébert): On revient toujours sur des
choses qu'on a mentionnées tantôt. M. Pouliot a pris la peine de
dire au point de départ, avant son intervention et je vais lui
laisser la parole sur un cas très précis qu'il n'est
possible ni pour une délégation, ni pour une ambassade, ni pour
la succursale d'une compagnie de déterminer de façon absolument
précise exactement combien cette entreprise, cette
délégation ou cette ambassade a pu rapporter. Je pense qu'il n'y
a personne au monde qui puisse très bien...
M. Rivest: Les fluctuations monétaires, l'accord
canado-japonais, il y a des chiffres là-dedans. Donnez donc les
chiffres.
M. Morin (Louis-Hébert): S'il était possible de
continuer à répondre aux questions quand elles sont
posées, sans interruption, ce serait utile. Justement, en ce qui a trait
au Japon, on va prendre un cas très précis, très terre
à terre. Je laisse la parole à M. Pouliot qui, je pense, va
illustrer ce que nous exposons depuis tantôt, même si on l'a
déjà mentionné rapidement tout à l'heure.
Je n'ai pas en mémoire les chiffres de l'évolution des
exportations canadiennes au Japon dans les cinq dernières années.
Je crois que c'est à peu près multiplié par deux et demi.
Dans le cas du Québec, cela a été multiplié par
six. Je voudrais seulement donner un exemple, le cas du marché du porc,
pour prendre un exemple bien précis. En fait, la
délégation à Tokyo a été ouverte en 1974.
Prenons les cinq dernières années au complet. Dans le cas du
marché du porc, nous sommes partis à zéro en 1975. On
n'exportait absolument rien. Cette année, on en exporte quand même
pour $70 000 000. Ceci dit, il n'y a pas que le Québec qui soit
présent à Tokyo, l'Alberta a un bureau également.
M. Rivest: Quelle est la performance de ce bureau?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est difficile à dire,
puisque c'est tout récent.
On n'étudie pas les crédits du ministère des
Affaires intergouvernementales de l'Alberta ici ce soir, que je sache.
M. Rivest: II faut le savoir. Si le multiplicateur de
l'activité de l'Alberta, depuis qu'elle a son bureau, au lieu
d'être de trois, comme c'est le cas du Québec, est 25, on est en
droit de le savoir. On va féliciter nos gens de Tokyo, mais si l'Alberta
a un multiplicateur de 25, on va avoir le droit de poser au ministre des
questions sur l'efficacité de nos gens là-bas, si l'Alberta fait
davantage. C'est ce qu'on veut avoir comme chiffres.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela dépend de ce que
l'Alberta, de ce que le Québec et de ce que l'Ile-du-Prince-Edouard ont
à vendre. On ne peut pas comparer comme cela de façon
stupide...
M. Rivest: Vous donnerez des explications.
M. Morin (Louis-Hébert): ... des augmentations sans tenir
compte de la qualité des objets qui sont échangés entre
pays.
M. Rivest: Tantôt, sur l'accord canado-japo-nais, on m'a
donné un rapport.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, je vous demanderais de vous adresser à la
présidence.
M. Rivest: Oui, je pense que ce sera plus productif,
effectivement. Au moins, vous, vous êtes silencieux.
Le Président (M. Lacoste): Le règlement nous dit
d'adresser la parole à la présidence. Actuellement, la parole est
au ministre des Affaires intergouvernementales.
M. Morin (Louis-Hébert): On va continuer avec l'exemple
qu'on était en train de vous donner à propos du Japon. Il y a
évidemment, dans ce cas, une croissance qui est directement
reliée à notre présence. Aimeriez-vous mieux qu'on soit
nulle part?
M. Forget: Arrêtez de poser vos questions stupides! Ce
n'est pas de cela que l'on parle, vous le savez très bien. Arrêtez
de changer le débat.
M. Morin (Louis-Hébert): Arrêtez de poser des
questions stupides de votre côté aussi. Oui, c'est de cela que
vous parlez.
M. Forget: On vous demande des indications sur les performances;
on ne pose pas de questions métaphysiques.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce ne sont pas des questions
métaphysiques, mais quand votre chef met en doute notre présence
à l'extérieur, j'ai le droit de m'inquiéter pour l'avenir
du Québec.
M. Forget: On verra ça après.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah oui? Voir quoi après?
On va régler quoi après?
M. Rivest: II a le droit, lui, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): Non, pas plus. Je demanderais
aux membres de la commission de s'adresser à la présidence.
M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Alors, on va ajouter un exemple
dans le domaine financier. J'allais dire la chose suivante. C'est que ce n'est
pas seulement, évidemment, en matière d'exportations que la
croissance a été extrêmement rapide, en ce qui nous
concerne, sur un marché qui est très difficile et qui n'est pas
un marché nécessairement naturel pour le Québec au
départ, du moins dans le sens des exportations.
Ceci dit, nous avons, en tant que gouvernement, pour la première
fois, emprunté sur le marché japonais, à la suite
d'interventions, d'ailleurs, qui ont été assez longues pour
préparer le terrain, la connaissance du Québec, de ses
mécanismes et de sa réalité économique.
J'ajouterais également une autre dimension qui est celle du
marché touristique japonais que nous commençons, en fait, depuis
maintenant à peu près un an et demi, à explorer et
à exploiter, dans la mesure où on considère qu'il y a
là des possibilités énormes en ce qui nous concerne. Il y
a plusieurs centaines de milliers de Japonais, pour donner un exemple, qui,
chaque année, vont à New York. Ce que nous essayons de faire, non
seulement avec New York, mais également avec l'Ontario, c'est de voir
dans quelle mesure on ne pourrait pas, dans une coopération
triangulaire, établir un marché touristique, au départ du
Japon, pour le Québec. Alors, il y a un certain nombre d'actions qui ont
été menées depuis un an ou deux pour nous permettre de
développer un marché qui est extrêmement lucratif, en tout
cas, le deuxième sur le plan international après l'Allemagne.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le programme 2 est
adopté?
M. Forget: Non, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
Aide aux Franco-Américains
M. Forget: J'aurais une autre question relativement à
l'activité aux Etats-Unis. Il y a, dans les Etats de la
Nouvelle-Angleterre, doit-on dire une communauté francophone? Non, je
pense que c'est quand même encore un terme descriptif, même si,
évidemment, c'est assez instable comme situation. Il reste qu'il y a
énormément d'Américains d'origine québécoise
qui vivent dans ces Etats. Un certain nombre parlent encore le français;
d'autres sont issus de parents francophones et il semble que, si l'on veut
assurer un rayonnement au Québec, on a là une clientèle
qu'il est opportun de cultiver, en quelque sorte, chez laquelle il est possible
et souhaitable même de maintenir une connaissance du français. Je
parle de ceux de la nouvelle génération. Je pense qu'il y a un
intérêt particulier à le faire, parce que, me semble-t-il,
selon les informations, qui sont peut-être inexactes, qui me sont
parvenues, les programmes américains d'aide aux groupes ethniques pour
le maintien de leur langue d'origine ne semblent pas être
appliqués avec une générosité comparable à
l'endroit des francophones américains qu'ils le sont à l'endroit
des groupes qui sont considérés comme des groupes ethniques selon
la loi fédérale américaine. Par exemple, les hispaniques,
évidemment, bénéficient très largement de tout
ça, de même que d'autres groupes minoritaires bien
caractérisés, mais il y a une connotation presque raciale, en
quelque sorte. Ce sont des groupes vraiment très différents qui
s'intègrent à la société américaine, mais
avec beaucoup plus de difficultés que les ex-Québécois et
leurs descendants.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, précisément à
cause de ces difficultés... D'ailleurs, le Québec étant
représenté à Washington, il y aurait peut-être
même des représentations à faire au gouvernement
américain à ce sujet-là.
M. Morin (Louis-Hébert): Je voudrais corriger, M. le
Président. Québec n'est pas représenté à
Washington dans le sens où on l'entend. Il a un bureau de tourisme
à Washington.
M. Forget: Oui, bon, d'accord. Disons que le ministre pourrait
faire de ça l'objet d'une visite à Washington. Mais, en attendant
des développements de ce côté-là, la maison du
Québec à Boston est idéalement située pour recevoir
des demandes d'assistance financière. Il semble que, dans certains
collèges, dans certaines écoles secondaires même, il y a
des professeurs, eux-mêmes d'origine francophone, qui sont
intéressés à stimuler la connaissance du français,
pratique- ment comme langue maternelle dans certains cas, mais
semi-oubliée, en voie d'extinction, et à raviver cette
connaissance, à développer une connaissance du Québec
parmi la jeune génération.
Il me semble que, s'il y avait quelques dizaines ou peut-être
même quelques centaines de milliers de dollars à consacrer, je
pense que c'est un placement excellent pour permettre à nos voisins du
Sud de mieux nous connaître et de maintenir des liens traditionnels qui
risquent autrement de s'évanouir. (21 h 45)
Or, il semble, encore une fois, d'après des informations qui sont
peut-être erronées je serais heureux d'apprendre le
contraire que la délégation du Québec à
Boston n'a pas été particulièrement dynamique ou
intéressée à appuyer des projets qui lui ont
été soumis.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président,
peut-être juste une petite observation supplémentaire concernant
le programme du gouvernement fédéral américain
destiné aux langues secondes et, notamment, à la promotion des
cultures minoritaires aux Etats-Unis. C'est un programme qui a
été mis en vigueur à la suite d'une loi du Congrès
qui date déjà de quatre ou cinq ans et sur la base de pressions
qui avaient été exercées par les minorités noires
des Etats-Unis. Ce programme s'adressait à toutes les minorités
ethniques telles que définies dans la loi.
Les Franco-Américains ont toujours refusé ce n'est
pas que le programme n'était pas suffisamment généreux
à leur endroit de se faire inscrire dans le cadre de ce programme
fédéral américain, parce qu'ils n'ont jamais voulu se
considérer comme étant une minorité ethnique au sens de la
minorité noire ou de la minorité hispanique ou d'autres
minorités, ceci jusqu'à cette année, en
réalité.
Alors que le budget était, je crois, de l'ordre de $70 000 000 la
première année, il est rendu à environ $150 000 000
actuellement. Je crois que c'est la première année que les
Franco-Américains parce qu'il faut, évidemment,
distinguer, il y a plusieurs types de groupes; ceux de la Nouvelle-Angleterre,
ceux de la Louisiane et de la côte ouest sont trois groupes
différents lors d'un congrès qui s'est tenu en Louisiane,
ont accepté le principe de faire des démarches auprès du
gouvernement américain pour bénéficier de ce programme de
soutien aux langues secondes.
Pour parler plus spécifiquement de nos programmes à nous,
je ne sais pas très bien à quel cas spécifique on faisait
référence, mais ceci dit, d'une façon
générale, nous avons des programmes effectivement de soutien et
de développement des échanges et des études qui sont
destinés non seulement aux groupes de la Nouvelle-Angleterre, mais
également à tous les groupes franco-américains aux
Etats-Unis. En réalité, ces programmes ont sept volets
différents et ça comporte à la fois la promotion de
l'enseignement du français dans
les écoles, les échanges de professeurs, les
échanges d'étudiants, l'établissement de centres
d'étude de la culture française. Enfin, il y a toute une
série d'activités qui sont reliées à ces programmes
spécifiques, dont bénéficient très largement,
puisque ce sont nos voisins immédiats, les Franco-Américains de
la Nouvelle-Angleterre.
Nous avons, d'ailleurs, avec eux établi un programme
d'échanges d'étudiants dans les collèges et même les
universités du Québec tout récemment. A leur demande nous
avons soutenu un et même plusieurs, maintenant, centres d'étude de
la civilisation francophone et particulièrement québécoise
en Nouvelle-Angleterre. Par conséquent, bien sûr, il peut arriver
de temps à autre que nous refusions certaines demandes, faute
très souvent de moyens, mais actuellement c'est un programme que nous
avons mis en marche depuis deux ans et qui, globalement, représente
à peu près $150 000 sur nos programmes destinés aux
Etats-Unis.
Je voudrais ajouter quelque chose. On vient de parler des
Franco-Américains et le député de Saint-Laurent, en somme,
s'est inquiété du peu d'envergure possible de notre action de ce
côté-là. Précédemment dans la soirée,
au contraire, lorsqu'on parlait des Acadiens qui nous avaient demandé,
eux, d'être présents sur place, il s'est étonné
qu'on ait donné suite aussi aisément à leur demande.
J'essayais de voir un peu la logique qu'il y avait dans ce genre de
préoccupation. Quand on s'occupe des Acadiens, on trouve qu'on ne
devrait pas et, comme on ne s'occupe pas autant qu'on aimerait le faire des
Franco-Américains, on semble regretter que nous ayons si peu de
dynamisme. Alors, je ne comprends pas très bien ce genre de logique.
M. Rivest: Très utile.
M. Forget: Oui, c'était très éclairant.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Ecoutez, peut-être qu'on pourra... J'ai
reçu, à l'occasion d'un déplacement à Boston, une
communication d'un grief, mais je ne veux pas en faire un cas; il peut y avoir
des raisons valables pour avoir refusé ce cas-là, ou
peut-être que c'était simplement retardé. Mais je note avec
plaisir les indications qui ont été données par M. Pouliot
là-dessus. Je pense qu'on voit très bien par l'attitude que nous
avons adoptée vis-à-vis, par exemple, des activités de
l'Office franco-québécois de la jeunesse et des programmes comme
ceux-là, que, lorsqu'il s'agit véritablement d'avoir un impact
réel qui bénéficie aux gens plutôt que
l'établissement de structures, notre attitude est très
différente.
Le grand problème qui se pose, c'est de savoir si les structures
remplissent les objectifs qui sont fixés. Quand on a des programmes qui,
dans leur essence même, ont un impact sur une large clientèle et
que c'est évident à sa face même, il est évident,
quant à nous, qu'on a là quelque chose de valable. Le rayonnement
du Québec aux Etats-Unis, il ne peut pas être assuré
pour répliquer un peu, très brièvement, M. le
Président, à la réplique du ministre autrement que
par les actions de ce genre-là. On ne peut pas dire aux
Américains: Ecoutez, débrouillez-vous avec ce
problème-là. Il y a là un intérêt du
Québec à assurer son rayonnement et c'est le seul moyen pratique.
Dans le cas de la demande des Acadiens, c'est un moyen parmi d'autres, parce
que le contexte dans lequel le problème se pose est évidemment
très différent en Acadie de celui où il se pose en
Nouvelle-Angleterre. Je pense qu'on nous fera au moins cette concession que le
contexte n'est pas le même et, donc, que les moyens peuvent être
différents.
J'aimerais savoir c'est ma dernière question sur ce
problème du rayonnement de la francophonie en dehors de nos
frontières si le ministère a exploré la
possibilité, relativement aux Etats-Unis en particulier c'est
peut-être une idée qui ne tient pas debout, mais cela me semble
peut-être pouvoir décupler la force d'attraction de n'importe quel
programme visant à assurer le rayonnement du français, entre
autres objectifs, aux Etats-Unis d'une collaboration
franco-québécoise relativement à cette question-là
ou si ce n'est pas compatible avec la façon dont on perçoit les
intérêts du Québec relativement aux Etats-Unis.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, pour ce
qui est d'une coopération avec la France aux Etats-Unis, il y a
effectivement eu, dans le passé, dans un passé très
récent, des discussions entre nous quant aux modalités de
coopération. Il y a aussi dans certains cas, surtout dans le domaine de
l'éducation où cela se pratique par la force des choses et en
dehors même de la volonté des gouvernements, des échanges
qui permettent de mettre en présence des Québécois et des
Français sur le territoire américain. Je pense en particulier
à ce que nous faisons, par exemple, dans le cadre des échanges
avec la Louisiane et, en particulier, des ententes que nous avons avec le
Comité de défense du français en Louisiane. Ceci dit, il
est certainement possible d'élargir ce type de collaboration avec la
France sur le marché nord-américain, dans la mesure où la
France commence à s'intéresser plus intensément à
une ouverture de la culture française aux Etats-Unis. Ceci dit, une des
difficultés, c'est que nos intérêts ne sont pas
nécessairement convergents dans tous les cas. Par conséquent, si
nous ne favorisons pas nécessairement, de part et d'autre, la
collaboration tous azimuts dans ce domaine, il y a des cas précis
où ce type de coopération est tout à fait possible. Par
exemple, dans un cas où il s'agit de certaines productions
audio-visuelles, notamment la télévision, le cinéma, nous
pourrions effectivement faire une collaboration à trois dans ce
domaine.
La coopération
franco-québécoise
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Le député de Saint-Laurent parlait
tantôt des réaménagements de structures et de l'attitude
que nous adoptions face à des programmes comme l'Office
franco-québécois. Il est peut-être un peu tard pour en
parler, mais tout de même, au titre de la coopération
franco-québécoise, des échos nous sont parvenus, qu'on
nous a expliqués en d'autres endroits, d'un certain recul au titre des
échanges dans le domaine de l'éducation entre la France et le
Québec. Et en prenant connaissance des notes explicatives qui nous ont
été fournies pour la coopération
franco-québécoise, je lis simplement un extrait, on parlait des
structures et tout cela, et Dieu sait qu'il y en a eu dans le passé de
ce genre de changements. Il y avait des années de routine, finalement,
dans des programmes dans l'ensemble de la coopération
franco-québécoise. On lit que la Commission permanente de
coopération franco-québécoise a décidé, en
1979-1980, de revoir ses structures de concertation et, à cet effet, a
apporté des modifications substantielles en abolissant certains
mécanismes de coordination, les remplaçant par six conseils
d'orientation, dont trois dans le secteur de l'éducation et un pour
chacun des secteurs des affaires culturelles, sociales et
économiques.
Franchement, je comprends qu'on pourrait faire d'excellents discours
pour nous dire qu'on a redéfini de la sorte des priorités, mais
disons que, quand on voit un tel résumé de l'année de la
coopération franco-québécoise, cela peut soulever
certaines inquiétudes dans notre esprit, surtout c'est le sens de
la question que j'adresse au ministre alors qu'on a fait tout un plat
et, avec beaucoup d'éclat, on a institutionnalisé les visites
annuelles ou bi-annuelles du premier ministre de France. Enfin, je pense que le
premier ministre du Québec se rend en France une année et que le
premier ministre de France vient au Québec l'année suivante. De
fait, je crois que, cet automne, le premier ministre du Québec doit se
rendre en France pour consacrer, j'imagine, ce réaménagement des
structures.
Est-ce que le ministre est satisfait, actuellement, de
l'évolution franco-québécoise? Le ministre responsable de
l'Office franco-québécois nous a indiqué très
précisément la façon je sais qu'il y a des
problèmes budgétaires de part et d'autre assez originale,
qui nous est apparue comme étant une solution intéressante pour
tout le monde, de réanimer et de réorienter un programme comme
celui de l'Office franco-québécois. Mais à ce jour, avec
les explications qui nous ont été fournies sur la
coopération franco-québécoise, tout en prenant acte des
données mathématiques dont on ne peut pas apprécier la
valeur relative, qu'est-ce que le premier ministre veut aller faire? J'imagine
que vous le savez, à ce jour, ou que vous avez une idée.
Qu'est-ce que le pre- mier ministre compte aller en faire en France, de
façon concrète? Quels sont les dossiers prioritaires qu'il veut
aller débloquer en France, au mois de septembre ou octobre?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, il y a
plusieurs questions qui ont été posées, il y en a
relatives à la coopération franco-québécoise dans
son ensemble. Je vais d'abord répondre à celles-ci. La
coopération existe depuis maintenant une quinzaine d'années et,
au départ, il y a eu plusieurs domaines qui ont été
explorés et presque chaque année il y avait de nouveaux secteurs
qui étaient découverts ou auxquels on pouvait greffer des actions
de coopération. Il est sûr qu'avec le temps, compte tenu des
responsabilités constitutionnelles à l'intérieur
desquelles nous nous situons, il n'est pas possible d'arriver, année
après année, avec des découvertes nouvelles,
spectaculaires.
Par conséquent, ce à quoi nous nous livrons d'une
année à l'autre, c'est à une réorientation de
diverses activités dont je vais demander à M. Pouliot de nous
donner certains éléments dans une seconde. Cela fait qu'on peut
parfois avoir des problèmes en réorientant des activités
parce qu'il y a un train-train qui s'établit. Certains programmes qui
ont l'air d'être quasi éternels, on les remet en cause à un
moment donné par une sorte de dynamisme interne. Cela peut poser des
difficultés. Je pense à un cas précis, celui des
échanges en matière d'enseignants. Donc, on aura des explications
plus précises dans une seconde.
En ce qui concerne le voyage du premier ministre en France, il n'est pas
encore déterminé, au moment où je parle, ni quant à
sa date, ni quant à l'ordre du jour précis. Vous comprendrez
qu'au cours des dernières semaines nous avons eu certaines occupations
qui nous ont éloignés de ce genre d'activités et nous nous
y mettons. Mais, au moment où je parle, il n'y a pas de précision
que je puisse vous fournir, sauf celle qui consiste à
répéter une chose que vous savez déjà,
c'est-à-dire que, normalement, le premier ministre devrait y aller, je
pense bien, au cours de l'automne. Mais je n'ai pas d'autres précisions
à vous fournir, ni quant à la date, ni quant au contenu des
discussions qui pourront avoir lieu.
Maintenant, je voudrais revenir à ce qui a trait à la
coopération elle-même pour vous donner quelques exemples de
réorientations au cours des dernières années. Au niveau
des structures, dans le cadre de la coopération
franco-québécoise, c'est toujours un système un peu
compliqué. Nous avons deux séries de structures. La commission
permanente couvre la coopération de caractère culturel et
technique. Le secteur économique est couvert par ce qui s'appelle le
groupe de coopération économique franco-québécois.
Il est exact que, pour ce qui est de la coopération culturelle et
technique, nous avons, l'année dernière, révisé les
mécanismes de cette coopération pour une raison simple, c'est que
nous avions, au cours des
années, au fur et à mesure de l'établissement de
nouveaux programmes, créé des structures spécifiques pour
administrer ces différents programmes. Nous avions au total une
quinzaine de comités mixtes franco-québécois qui se
réunissaient deux fois par année. On trouvait que c'était
un peu exagéré et qu'on pouvait très bien reformuler le
système pour nous permettre de maintenir, bien sûr, le même
niveau dans des secteurs qui étaient prioritaires, mais d'alléger
un peu la mécanique institutionnelle; d'où la création de
six conseils d'orientation qui ont regroupé, en réalité,
les quinze comités mixtes existants. Sur les six, il y en a trois qui
sont dans le secteur de l'éducation et correspondent, en fait, à
la nouvelle structure du secteur de l'éducation en France, puisqu'il y a
trois ministères correspondants qui oeuvrent dans le même secteur,
tandis que, du côté québécois, il n'y en a qu'un
seul. A toutes fins pratiques, ce sont quatre conseils d'orientation dans
quatre secteurs spécifiques de la coopération culturelle et
technique.
Quant aux programmes, nous avons également révisé,
depuis un an ou deux, les différents programmes de la coopération
franco-québécoise dans une optique bien précise.
C'était de retenir et surtout de développer des programmes qui
avaient des retombées économiques ou techniques plus
évidentes; d'où l'introduction, soit dans le groupe de
coopération économique, soit au niveau de la commission
permanente, d'un certain nombre de programmes nouveaux que je me permettrai
simplement d'énumérer. On pourra certainement aller dans les
détails si on le souhaite.
Au niveau du groupe de coopération économique, nous avons
retenu cela a fait l'objet de la communication à la presse lors
de la visite de M. Barre à Québec, en février 1979
cinq secteurs prioritaires où nous avons essayé de
développer des programmes conjoints dans des domaines où on
considère que des retombées économiques devraient
suivre.
J'en mentionne, à toutes fins pratiques, quatre qui sont
particulièrement importants sur les cinq, à savoir tout le
secteur de l'agro-alimentaire, les pêches maritimes, les énergies
nouvelles et les équipements miniers ou tout ce qui tombe dans le
secteur des richesses naturelles.
Par ailleurs, au niveau de la commission permanente de
coopération culturelle et technique, nous avons, là aussi,
introduit de nouveaux programmes dont on souhaite qu'ils entraîneront des
retombées économiques éventuelles. C'est le cas, par
exemple, d'un nouveau programme qui a démarré cette année,
de recherche appliquée, dont le but est d'associer non seulement les
universités, mais également les entreprises dans le
développement de technologies nouvelles.
C'est également l'objet d'un programme d'échange
d'ingénieurs qui, en permettant de mettre ensemble des gens qui sont
impliqués directement dans la gestion des entreprises, peut faciliter
non seulement l'établissement d'accords entre entreprises, mais le
développement des échanges économiques.
Et, enfin, dans le secteur de l'éducation, nous avons
souhaité puisque cela fait maintenant presque quinze ans que le
programme existe nous dégager un peu des échanges de
maîtres au niveau primaire et au niveau secondaire pour aller
plutôt vers la formation professionnelle et technique, dans les domaines
encore où il s'agit non seulement d'assurer le perfectionnement d'un
certain nombre de personnes ayant une formation technique, mais aussi de
permettre de prendre des gens qui sont ou sont sur le point d'aller sur le
marché du travail pour effectuer des échanges avec la France.
D'où le développement, depuis un an et demi, de programmes qui
ont essentiellement pour but de développer le secteur des
échanges techniques avec la France.
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
La délégation du Québec à
Paris
M. Rivest: Vous féliciterez les auteurs de ce paragraphe.
Je pense que d'une façon très modeste, Yves Michaud et
moi-même réunis, nous n'aurions pas réussi un pareil
chef-d'oeuvre de concision.
Je voudrais demander au ministre, maintenant que les
appréhensions référendaires sont passées à
l'histoire, si le gouvernement va donner suite à un projet qu'il avait
pour la délégation du Québec à Paris et qui, aux
yeux du ministère, apparaissait comme étant très
sérieux et très fondé, de loger en permanence la
délégation, de regrouper tous les services et de trouver un
immeuble, un nouvel immeuble, pour la délégation du Québec
à Paris.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne pense pas qu'on ait eu des
projets aussi précis que ceux-là. On a essayé de se loger
le mieux possible; avec ce qui existe maintenant, il semble que cela va. Il y a
toujours des aménagements qui peuvent survenir. Mais, pour le moment, il
n'y a pas ce projet auquel vous faites allusion et qui, si je me souviens bien,
avait été évoqué il y a déjà quelques
années.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. Michaud a-t-il reçu des instructions pour
l'aviser que le référendum était désormais
passé?
M. Morin (Louis-Hébert): M. Michaud n'a pas besoin
d'instructions pour savoir ce qui se passe au Québec, puisqu'il est
renseigné, sauf que lui comme les autres délégués
ont été informés non seulement des résultats du
référendum, mais ont été informés aussi
ils le sont quotidiennement, d'ailleurs des principales nouvelles
pour ce qui a trait au Québec. Cela pourra peut-être vous
intéresser de savoir, quoique je ne sois pas sûr
que cela les intéresse de les recevoir, que nous transmettons
régulièrement les principaux discours prononcés ici, dont
celui et ceux du chef de l'Opposition.
M. Rivest: M. Léger, à Bruxelles, les reçoit
également?
M. Morin (Louis-Hébert): Tout le monde reçoit ce
qui est normal pour son travail, mais on ne peut pas vous donner la
nomenclature précise des envois quotidiens. On peut peut-être vous
fournir les renseignements, si vous voulez, mais nous sommes
équipés pour transmettre à nos délégations,
partout, les éléments dont elles ont besoin pour travailler et
être informées.
Le Président (M. de Bellefeuille): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, nous sommes flattés de
savoir que nos discours font l'objet des lectures de chevet des
délégués généraux.
M. Morin (Louis-Hébert): II ne faut pas se faire
d'illusions. C'est par acquit de conscience qu'on les envoie, au cas où,
à un moment donné, ils auraient du temps et que cela les
intéresserait de savoir ce que vous avez à dire.
M. Forget: Mais, justement, M. le Président, je crois que
ce qui nous intéresserait davantage, c'est de voir quel est l'effet de
tout cela sur les discours de M. Michaud.
M. Morin (Louis-Hébert): De vos discours? Aucun.
Le Président (M. de Bellefeuille): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Merci, M. le Président. Il reste qu'on se
souvient que le gouvernement avait officiellement dit M. Michaud aussi
l'avait confirmé que, quant à lui, il était le
porte-parole du gouvernement du Québec dans le sens particulier qu'il
donnait à cela, c'est-à-dire qu'il se faisait, sans vergogne,
l'interprète des desseins du parti au pouvoir. Il n'a pas manqué
de le faire, d'ailleurs, avec une très grande efficacité. On doit
lui donner cela. Il semble avoir eu plus de succès, à Paris, que
certains de ses amis en ont eu ici au Québec. Quoi qu'il en soit, est-ce
que vous croyez que l'on peut s'attendre, de la part du gouvernement et de son
agent à Paris, à un changement de comportement qui serait
conforme à la volonté démocratique exprimée le 20
mai?
Le Président (M. de Bellefeuille): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, dans le
passé comme dans l'avenir, les représentants du Québec
à l'étranger se feront les porte-parole des politiques du
gouvernement du Québec, com- me se font les porte-parole des politiques
du gouvernement du Canada les divers ambassadeurs du Canada à
l'étranger. C'est exactement le même comportement, les mêmes
règles du jeu qui s'appliquent. Je voudrais profiter de l'occasion pour
dire, comme le sait très bien d'ailleurs le député de
Jean-Talon, que M. Michaud est un excellent délégué
général, qu'il accomplit très bien sa tâche, comme
c'est le cas aussi de nos autres délégués
généraux.
Le Président (M. de Bellefeuille): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Pourvu, M. le Président, que l'on soit d'accord
avec les objectifs qu'ils poursuivent qui ne sont pas toujours les mêmes
que ceux des intérêts qu'ils représentent. Ces
intérêts se définissent plus largement que par les
velléités gouvernementales.
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai rien compris, M. le
Président, à la phrase tarabiscotée qui vient d'être
prononcée. Je ne sais pas à quoi vous faites allusion.
Le Président (M. de Bellefeuille): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, le ministre sait très
bien de quoi je parle.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je ne sais pas.
M. Forget: II sait très bien que M. Michaud s'est fait
l'avocat de la thèse d'un parti avant qu'elle soit ratifiée par
la volonté populaire. A supposer que M. Michaud puisse comprendre
quelque chose à la position actuelle du gouvernement, j'espère
qu'en tout état de cause et en attendant de voir la situation se
clarifier quant aux intentions du gouvernement qui ne manquent pas d'être
mystérieuses pour tout le monde, il va, lui au moins, s'inspirer du
scrutin du 20 mai et observer désormais une attitude de retenue idoine,
une retenue appropriée aux circonstances.
Le Président (M. de Bellefeuille): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Je suis certain, M. le
Président, que M. Michaud va s'adapter plus facilement aux circonstances
nouvelles que l'Opposition libérale semble être capable de suivre
le chef fédéral au cours des derniers jours.
Le Président (M. de Bellefeuille): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Nous sommes heureux des assurances du ministre. Si
jamais il y a des écarts de ce côté-là, on pourra
dire, de toute façon, que c'est contre la volonté du ministre que
ces écarts ont lieu.
Le Président (M. de Bellefeuille): M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, en toute amitié pour le
délégué général, je dois dire que, le
connaissant bien, je n'ai aucun doute qu'il puisse s'accommoder des
circonstances.
M. Forget: Y compris peut-être...
Le Président (M. de Bellefeuille): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a certains championnats de
mesquinerie qui ne sont jamais distribués, mais qui mériteraient
de l'être.
Le Président (M. de Bellefeuille): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Vous savez, M. le Président, d'où on
tient l'inspiration pour ces paroles. Ce sont des paroles
célèbres prononcées en ces lieux mêmes, il y a
quelques années, par son collègue qui est maintenant leader du
gouvernement. Cela a été suivi d'effets, ce qui est plus
remarquable.
Politique internationale du Québec
J'aimerais aborder un autre sujet, avec votre permission, c'est la
question de l'élaboration d'une politique internationale par et pour le
Québec. Je serais intéressé de savoir du moins
l'état de la question le 20 mai, à défaut de l'avoir vue
se développer depuis. N'est-il pas vrai qu'il y a eu des efforts faits
dans le passé, qui ont dû porter fruit, pour définir la
politique internationale du Québec? Evidemment, cela faisait partie d'un
certain travail préparatoire. Où en est-on dans ce travail? Quels
en ont été les fruits?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela n'a pas tellement
avancé. Il y a un document qui a été préparé
et qui porte sur la politique culturelle du gouvernement du Québec
à l'extérieur et qui est maintenant, je pense, à la veille
d'être soumis au Comité ministériel de développement
culturel, si je ne me trompe pas. Quant au reste, il y a eu une
réflexion qui a été entreprise au ministère mais
qui n'est pas terminée pour autant que je sache. Si vous avez des
suggestions précises, encore que j'en doute, à nous faire de ce
côté, il est sûr que nous sommes assez ouverts d'esprit pour
entendre vos suggestions, comme nous serions disposés à entendre
n'importe quoi.
M. Forget: J'ai à l'esprit un contrat ou une commandite
qui a été donnée, il y a déjà de cela un bon
moment j'imagine que c'est terminé, mais on ne peut jamais en
avoir l'assurance; j'imagine que ce sera publié aussiqui me semble
appartenir à la catégorie des études sur une politique...
C'est un aspect très minime peut-être mais non négligeable
d'une politique extérieure du Québec. C'est une commandite qui a
été donnée à Mme Francine Charbonneau-Chevallard
pour un montant cumulatif d'environ $82 000 ou $85 000 répartis sur deux
ans, qui porte sur une analyse des activités de la Communauté
économique européenne, le Marché commun, en d'autres
termes, et de son impact auprès de la délégation
générale du Québec à Bruxelles. Je ne sais pas si
c'est le titre exact cela me semble un peu boiteux comme titre
mais, à supposer qu'on touche au moins de près, qu'on chauffe
pour ce qui est de la description du sujet, est-ce que cette étude est
terminée? Est-ce qu'elle est disponible, est-ce qu'elle est
publique?
M. Morin (Louis-Hébert): Non seulement elle a
été publiée, mais je pense que vous en avez reçu
une copie, M. le député de Saint-Laurent. Il s'agit d'une
série d'études je ne sais plus de quand cela date
que j'ai rendues publiques et distribuées à l'Assemblée
nationale. Il s'agit d'un travail fait en collaboration; Mme Francine
Charbonneau-Chevallard était du groupe, de même que plusieurs
autres personnes. Je vous réfère à la page 78 du rapport
annuel. Il s'agit de ce que j'ai distribué à l'Assemblée
nationale. Je ne peux pas me souvenir exactement à quel moment, mais
chaque député en avait reçu un exemplaire. Le chef de
l'Opposition était élu à l'époque chef du Parti
libéral et, comme il est amateur d'études et qu'il en avait
parlé, je lui en ai envoyé un lot particulier à son
bureau. Il m'en est éternellement reconnaissant depuis.
M. Forget: Si je comprends bien, le titre est tellement
différent qu'on peut légitimement s'interroger, à savoir
si c'est bien la même chose.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, il s'agit de la même
chose.
M. Forget: Ici, on cite: l'Intégration économique
dans l'Association européenne de libre échange; effectivement je
me souviens de l'avoir vu. C'est une description du Marché commun, si on
veut. Il s'agissait, semble-t-il cela est extrait des engagements
financiers 500 et 201 de 1977 et 1978 respectivement d'une analyse des
activités de la CEE auprès de la délégation
générale du Québec à Bruxelles. Cela me semble, au
lieu d'une description de structures, une analyse de l'interaction du
Québec ou des actions de la délégation
générale à Bruxelles auprès de la CEE. Il me semble
que c'est autre chose.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est autre chose probablement
parce que vous faites allusion au contrat qui liait, à l'époque
où elle était à Bruxelles, Mme Francine...
M. Forget: Chevallard.
M. Morin (Louis-Hébert):... Chevallard, que M. Bourassa
connaît très bien d'ailleurs, puisqu'il a eu l'occasion de la
consulter à plusieurs reprises là-bas...
M. Forget: J'ai oublié de le lui demander.
M. Morin (Louis-Hébert):... qui était à
Bruxelles et qui est maintenant au ministère, ici à
Québec. Alors, ce à quoi vous faites allusion, c'est à son
contrat, si je ne me trompe, des travaux qu'elle faisait à
l'époque. A partir de ces travaux, elle a justement contribué
à la collection de documents que j'ai distribués à chacun
des membres de l'Assemblée nationale et dont je m'aperçois que
vous vous souvenez précisément ce soir. (22 h 15)
M. Forget: J'en ai lu quelques-uns.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Forget: Enfin, c'est...
M. Rivest: Nous les lirons à la bibliothèque.
M. Forget: II y avait certaines choses qui étaient
intéressantes, je n'en dirai pas plus.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est comme dans n'importe
quoi.
M. Forget: Mais ça nous éloigne...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est comme dans n'importe quel
groupe, il y a des gens plus intéressants que d'autres.
M. Forget: Cela nous éloigne un peu de notre sujet, M. le
Président.
M. Rivest: Bon! Pensez-vous?
M. Forget: Je voudrais revenir à la question de
l'élaboration d'une politique étrangère du Québec.
Le ministre, si je comprends bien, me dit que, finalement, il y a eu des
velléités de faire quelque chose, mais que rien n'a
été fait.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous savez, un ministère,
c'est comme bien d'autres choses, c'est pavé de bonnes intentions. Non,
on n'a pas réussi à faire tout ce qu'on avait à faire de
ce côté-là. Il y a eu des réflexions qui ont
été terminées; je viens de vous en mentionner une, celle
qui a trait à la politique culturelle du Québec.
Quant au reste, comme nos responsabilités en matière
internationale sont limitées de par la constitution, je pense bien que
vous ne nous en voudrez pas beaucoup de ne pas avoir été
au-delà de ces attributions immédiatement reconnaissables dans le
système actuel. Il reste que, si vous voulez que nous poussions la
réflexion plus loin, je m'autoriserai de ce voeu de votre part pour que
nous poursuivions peut-être la réflexion.
M. Forget: Oui, si je pose la question, M. le Président,
ce n'est pas par une vaine curiosité, mais c'est parce que j'ai sous les
yeux un mémo qui date évidemment, mais, comme il exprime une
intention, il est légitime, à ce moment-ci, de se demander si les
intentions ont été exprimées, d'autant plus que ça
semblait plus que simplement de la spéculation gratuite.
C'est un mémo adressé au sous-ministre d'ailleurs,
l'auteur est présent ici et qui...
M. Morin (Louis-Hébert): ... dit bien des choses.
M. Forget: Oui, bien sûr, mais je pense qu'il est
légitime de savoir ce qui arrive de ce qu'on écrit. On fait
allusion au fait qu'il y a eu des réunions de travail avec la
participation de M. Denis Vaugeois, d'ailleurs, si je peux ajouter cette
précision...
M. Morin (Louis-Hébert): A l'époque, il
était adjoint parlementaire. Oui, ça fait un certain temps.
M. Forget: C'est ça. ... afin de cerner l'approche et les
modalités de réalisation d'un document sur la politique
étrangère d'ici la fin de juillet. C'est un document qui date de
février 1978.
M. Morin (Louis-Hébert): Bon!
M. Forget: Donc, les échéances étaient,
quand même, assez serrées à l'époque et le document
se termine par une recommandation d'un découpage du champ d'étude
entre de nombreuses personnes. On suggère M. Louis Balthazar, M. Paul
Painchaud, M. Yvan Bernier, tous des noms fort respectables et
honorables...
M. Morin (Louis-Hébert): Des gens très
compétents, oui.
M. Forget: ... dans le domaine des relations internationales.
Donc, on ne peut pas douter du sérieux de l'entreprise
envisagée.
On parle de M. Bonin, M. Didier, M. Polese. Il y a M. Legault
également, qui est connu dans le domaine des études et des
recherches sur les problèmes de défense nationale. Donc,
ça englobait également les problèmes de défense
nationale. C'était très compréhensif et on peut s'imaginer
que, deux ans avant le référendum, il ait pu venir à
l'esprit du gouvernement d'entreprendre de pareilles études.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, ça nous est venu
à l'esprit et je pense qu'on va candidement dire que ça n'a pas
été terminé et, dans bien des cas, ça n'a
même pas été commencé. Je pense bien que c'est
à peu près ce qui en est de la réalité. Je me
souviens d'avoir eu des rencontres, personnellement, pour discuter de ces
questions avec un certain nombre des personnes que vous avez
mentionnées. Je ne pourrais pas me souvenir exactement à quelle
date, mais il n'y a pas eu, si vous voulez, la correspondance dans ce domaine
qu'on pourrait imaginer par rapport à une autre série
d'études qui ont été entreprises sous la direction de M.
Bonin. Celle de M. Bonin a été terminée, celle-là.
Cela n'a pas été tellement
loin. Il est resté, néanmoins je pense que je vais
revenir là-dessus cette étude sur ce projet de politique
culturelle, de diffusion culturelle, je pense, qui sera soumise au
Comité ministériel permanent de développement
culturel.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Maintenant, M. le Président, je comprends que
c'est un projet qui date de 1978, auquel on n'a pas donné suite.
M. Morin (Louis-Hébert): Mais là, il faudrait que
je voie plus précisément ce qui en est. Mais, pour autant que je
sache, l'ensemble du travail ne s'est jamais terminé, M. Vaugeois ayant
été nommé ministre entre-temps, et il était
responsable, si je me souviens bien, d'une partie de ces travaux quant à
la coordination. Voilà!
M. Forget: D'ailleurs, n'est-il pas vrai, M. le Président,
que, dans un passé plus rapproché, à l'intérieur de
l'année qui vient de s'écouler, il y a eu, malgré tout,
d'autres tentatives d'amorcer une réflexion sur les affaires
internationales? N'y aurait-il pas eu un colloque ou un forum impliquant
même un certain nombre de professeurs venant de l'étranger qui
auraient été invités à réfléchir ou
à donner des impressions ou une espèce de rétroaction au
ministère sur des questions de politique étrangère?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, je vais m'informer; je n'en
ai pas entendu parler.
M. Forget: Vraiment pas?
M. Morin (Louis-Hébert): De professeurs de
l'étranger?
M. Forget: Oui, américains entre autres, qui ont
été invités et qui sont venus aux frais, d'ailleurs, du
gouvernement du Québec depuis moins d'un an et qui ont
été, d'ailleurs, un peu sidérés de voir qu'on les
consultait sur une politique étrangère qui n'était pas
définie et qui, malgré tout, se sont prêtés à
l'exercice en gentlemen. Etant l'objet d'une invitation, ils se sont dit: II
faut quand même y aller, ce sont des gens polis qui nous invitent, il
faut être polis en retour.
M. Morin (Louis-Hébert): On découvre des choses.
Personne ici n'a jamais entendu parler de ça.
M. Forget: Vous n'avez pas entendu parler de ça? C'est
curieux ce qu'on entend dire quand on voyage.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, vous vous trompez
peut-être. Quand vous allez à Boston, vous entendez dire toutes
sortes de choses, n'est-ce pas?
M. Forget: Mais oui, on entend parler de toutes sortes de choses
et, effectivement, le ministre est bien inspiré de citer Boston parce
que ce sont effectivement deux politicologues de l'Université Harvard
qui ont été invités à venir; je pense que c'est
à Montréal, d'ailleurs.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est peut-être par un
centre quelconque de relations internationales auquel le gouvernement...
M. Forget: Non, c'était le ministère des Affaires
intergouvernementales.
M. Morin (Louis-Hébert): J'aimerais savoir qui; je n'en ai
pas la moindre idée. De qui s'agit-il? Bon, alors, on ne le sait
pas.
M. Forget: Ecoutez, je ne veux pas faire de personnalités
ici; je pourrais vous le dire privément.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, ce n'est pas un blâme
que je veux leur adresser.
M. Forget: C'est le directeur du consortium de Harvard sur les
études canadiennes qui m'a fait cet aveu, il y a moins de trois
semaines, alors que je me trouvais à Harvard. Il m'a dit: "On nous a
consultés sur la politique étrangère du Québec.
C'est fort curieux, mais j'y suis allé, j'ai passé la
journée là; ce fut très agréable, mais il n'y avait
rien à se mettre sous la dent."
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne sais même pas de quoi
vous parlez, mais je vais demander à M. Pouliot...
M. Forget: II y a M. Hero également qui a
été...
M. Morin (Louis-Hébert): M. Hero? Que je connais
très bien d'ailleurs, que j'ai vu il y a quelques années.
M. Forget: Oui, vous le connaissez aussi, n'est-ce pas?
M. Morin (Louis-Hébert): Mais je ne lui ai rien
demandé sur la politique étrangère du Québec. En
tout cas, M. Pouliot va...
M. Forget: Bon, alors, ils ont rêvé ça, je
suppose.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense qu'il y a une confusion.
Vous auriez aimé ça? Oui, moi aussi, mais on ne l'a pas.
M. le Président, je crois qu'il y a effectivement deux choses
différentes. Dans le cas du dernier, tout au moins, Alfred Hero fait des
études par lui-même depuis des années sur le Québec.
Il est, d'ailleurs, directeur exécutif de la World Peace Foundation de
Boston et cette fondation a décidé, il y a maintenant sept ou
huit ans, de mettre le
Québec parmi ses priorités d'études et de
recherches. Certains membres du gouvernement à l'époque ont
d'ailleurs participé à plusieurs colloques organisés par
la World Peace Foundation, dans le cadre d'un comité qui avait
été mis sur pied et qui s'appelait le comité
Québec-Etats-Unis. Il y avait eu à l'époque un colloque
sur les relations économiques commerciales avec les Etats-Unis, le
problème des investissements, etc.
Je crois que M. Hero s'est intéressé à certains
aspects de la situation internationale du Québec dans un autre contexte
et pour son compte personnel. Il n'a jamais demandé quoi que ce soit en
termes d'aide du ministère des Affaires intergouvernementales.
Pour ce qui est du groupe de Boston, c'est également un groupe
qui, autour de gens de Harvard, du MIT, de Tufts et de Fletcher School, a
décidé de faire un pool de recherche sur le Canada et le
Québec, auquel d'ailleurs certains universitaires
québécois participent. L'implication du ministère des
Affaires intergouvemementales, comme d'ailleurs du gouvernement canadien, a
été de financer une partie de ces recherches qui portent sur
toutes sortes de problèmes qui ont trait au Québec, y compris ce
qui touche la partie internationale, mais dans l'optique des relations du
Québec et du Canada avec les Etats-Unis. Encore une fois, ce n'est pas
à la demande du ministère, c'est une demande qui nous est venue
de ces groupes-là. Est-ce que ça répond à votre
question?
M. Forget: Non, mais ça donne une lumière
intéressante sur des choses que je connaissais d'ailleurs, mais je pense
que c'est bon que ce soit dans le dossier public. Effectivement, c'est un
travail excellent qui se fait. D'ailleurs, plusieurs de nos colllègues
de l'autre côté, de même qu'un certain nombre de notre
côté, ont été invités à participer
à certains de ces événements. Il me semble bien de
toute façon, ça peut se vérifier au
téléphone dès demain avoir compris qu'il y avait eu
des consultations. On m'affirme le contraire, j'accepte la parole du ministre
et je passe à un autre sujet. A moins que mes collègues n'aient
des questions?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Avant, on parlait des dépenses encourues par le
ministère au titre de l'examen, de l'analyse et de la réflexion
sur le thème de la souveraineté-association, le tout, bien
sûr, avant la tenue du référendum. Je ne veux pas revenir
là-dessus. Néanmoins, il y a eu des réunions ou des
commandes dont a fait état mon collègue de Saint-Laurent
relativement à des projets d'élaboration d'une politique
étrangère pour le Québec. Nous nous situons toujours dans
la période de 1978 où, selon ce qu'il m'apparaît je
ne veux désigner personne; au besoin, sans doute à partir
d'un mémo que nous avons des réunions ont été
organisées. Mais, plus que cela, il nous semble, sous la signature de ce
qui mapparaît être un membre du groupe d'analyse dite de politique
étrangère, qu'on a fait une analyse détaillée des
éléments de politique étrangère d'un Québec
souverain.
Je donne simplement le ton du document. Je m'étonne qu'un
document du ministère des Affaires intergouvernementales puisse dresser
un plan de travail en référant spécifiquement à un
programme politique. Je lis ceci, juste pour vous donner le ton de ce genre
d'exercice qu'on aurait fait au ministère des Affaires
intergouvernementales: "Le programme politique voté au sixième
congrès national du Parti québécois de mai 1977 fait
état de certains principes et de certains engagements pour un
Québec souverain au titre de la politique étrangère."
Là, on détaille les éléments du programme d'un
parti politique, en l'occurrence c'est le Parti québécois, et ses
engagements, ses objectifs. Ensuite, on analyse les objectifs: obtenir la
reconnaissance des autres Etats, promouvoir la liberté... Enfin, des
objectifs de haute tenue, mais qui...
M. Morin (Louis-Hébert): De haute valeur morale.
M. Rivest: De haute valeur morale qui se situent nettement en
dehors du cadre du fédéralisme dans lequel, je pense, le
ministère...
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, on vient
de dire que les valeurs de haute tenue morale sont en dehors du
fédéralisme?
M. Rivest: Non, dans le cadre de la politique
étrangère du Québec.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah bon!
M. Rivest: D'un Québec souverain, n'est-ce pas? Ensuite,
on détaille ce qui arriverait, lié davantage, dit-on en titre de
chapitre, au projet de souveraineté-association. Cela impliquerait de
respecter, parmi les traités liant le Canada, ceux qui sont favorables
au Québec. Ensuite, on devient, bien sûr, un peu plus
opérationnel; on établit les choses qu'il faudra faire, n'est-ce
pas, d'ordre général. On parle de l'admission du Québec
aux Nations Unies, ensuite reconnaître le degré
d'intégration, enfin la négociation de toutes ces choses. Sur le
plan institutionnel, on envisage déjà à l'époque la
mise en oeuvre du cabinet de la présidence, les relations
économiques avec l'extérieur, le ministère des Affaires
étrangères, dit-on, se voyant confier la responsabilité de
la coopération et ainsi de suite.
M. le Président, je ne veux pas allonger tout ce détail.
Je m'étonne qu'au sein du ministère des Affaires
intergouvernementales, et nommément en date du 20 février 1978,
des fonctionnaires du ministère des Affaires intergouvernementales se
livrent à semblable exercice. On a parlé des études qui
auraient été commencées, mais non
complétées, selon la réponse qu'a fournie le ministre
an-
térieurement. Etant donné que cela a été
fait avec le temps et la contribution des services du ministère des
Affaires intergouvernementales et que maintenant, certainement pour l'instant,
cela fait partie des archives, dans la mesure ou cela ne peut plus être
le genre d'activités auxquelles doit se livrer le ministère des
Affaires intergouvernementales, je demande au ministre de nous donner les
études qui auraient été commencées et non
complétées et de nous indiquer s'il trouve acceptable que de
telles pratiques aient pu avoir lieu. Je ne veux pas dire que l'essentiel du
travail des gens au ministère des Affaires intergouvernementales a
porté sur ce projet-là, mais je pense que c'est une affaire assez
étrange, à tout le moins. (22 h 30)
Je voudrais bien que le ministre nous indique, premièrement, dans
quel contexte c'est fait; deuxièmement, à la demande de qui;
troisièmement, quelles sont les études qui ont été
commandées, celles qui ont été arrêtées et
pourquoi on les a arrêtées, quand les a-t-on
arrêtées; quatrièmement, comment l'ensemble de cette
opération s'est-il effectué, dans quel contexte?
Si le ministre me dit que c'est simplement une initiative de personnes
individuelles, fort bien, on va accepter sa réponse. Si le ministre me
dit que, parmi les personnes qui ont participé à cela, il y a des
personnes qui ne sont pas des fonctionnaires du ministère des Affaires
intergouvernementales, c'est encore pire, parce que nommément je
n'ai pas vérifié, je n'ai pas fait d'enquête et je n'ai pas
l'intention d'en faire il y a des personnes du ministère des
Affaires intergouvernementales qui auraient alors rencontré des membres
d'une formation politique particulière. J'ai des noms, mais je ne veux
pas nommer la personne qui aurait participé, d'après le
procès-verbal que j'ai.
M. Morin (Louis-Hébert): Allez-y, parce que je voudrais
savoir de quoi vous parlez.
M. Rivest: Voici, on parle d'une réunion, on a
mentionné tantôt M. Vaugeois. Enfin, le mémo est de
moi-même, de notre ami, M. Richard Pouliot et de Jacques Brind'Amour.
Est-ce que c'est un fonctionnaire au ministère des Affaires
intergouvernementales? Bon, alors peu importent les noms, il reste qu'il y a
des fonctionnaires des Affaires intergouvernementales qui... J'ai ici un
document de travail qui porte uniquement sur ce qu'il faudra faire, qui est
signé par M. Brind'Amour, groupe d'analyse de politique
étrangère. D'abord, c'est quoi, cet organisme, au
ministère des Affaires intergouvernementales? Groupe d'analyse de
politique étrangère. Est-ce que c'est un corps, un groupe, un
module du ministère des Affaires intergouvernementales?
M. Morin (Louis-Hébert): Je vais...
M. Rivest: Je ne veux pas en faire une affaire
épouvantable.
M. Morin (Louis-Hébert): II n'y a rien
d'épouvantable.
M. Rivest: Sauf que je veux simplement que le ministre m'explique
dans quelle circonstance et en vertu de quel principe a été
créé ce genre de pratique, qui a peut-être duré
on parle de deux ou trois réunions cinq heures, je ne sais
pas, du temps du ministère. Ce sera cinq heures, pas plus grave que
ça. Mais, s'il y a des études qui ont été
commandées, s'il y a des études qui ont été
commencées, à même le ministère des Affaires
intergouvernementales, on veut les avoir parce que cela aurait
été fait à même les fonds publics.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est la même
réponse que tantôt, parce qu'il s'agit, au fond, de la même
chose. C'était un projet que nous avions, dont j'ai discuté
d'ailleurs avec les gens du ministère, qui faisait un peu pendant
à ce que nous avions commandé à M. Bonin. Pour diverses
raisons, cela ne s'est vraiment pas terminé, c'est resté en plan,
une des raisons étant le fait que Denis Vaugeois a quitté le
ministère. Je ne sais pas vraiment où c'en est rendu, je sais
que, de toute façon, c'est terminé, dans le sens où cela
n'a pas continué depuis longtemps. C'était très ambitieux
comme projet.
M. Rivest: Ma première question: Est-ce que vous croyez
que c'était légitime?
M. Morin (Louis-Hébert): Parfaitement, parfaitement.
M. Rivest: A même les fonds publics, on essaie
d'extrapoler, d'analyser, de donner de la consistance à un programme
politique d'un parti politique donné. Vous croyez que c'était
convenable, tout ça.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est parfaitement convenable de
s'interroger sur un avenir.
M. Forget: ... bon gouvernement.
M. Rivest: On l'accepte, on la prend pour ce qu'elle vaut, votre
opinion. On peut avoir des opinions totalement différentes.
M. Marx: Est-ce que ce serait convenable de le faire aujourd'hui
aussi?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, oui, bien sûr, comme
il s'agit d'une chose qui peut se produire, il est bon de voir...
M. Rivest: D'abord, à l'initiative de qui a-t-on
demandé à des membres du ministère... qui a
demandé...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est probablement moi. Ecoutez,
je ne peux pas me souvenir, vous parlez de 1978.
M. Rivest: C'est une demande d'information seulement.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne peux pas me souvenir des
détails.
M. Forget: Donc, on a constitué un groupe d'analyse.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, qui s'est réuni une
fois et là, je ne connais pas la suite.
M. Rivest: Disons que les réponses sont évasives,
à moins qu'il n'y ait d'autres questions.
M. Morin (Louis-Hébert): Ce ne sont pas des
réponses évasives.
M. Rivest: Est-ce que, oui ou non, répondez, les
études suivantes ont été entreprises: premièrement,
les implications internationales de la souveraineté-association? J'ai un
plan de travail ici, j'imagine qu'elles ont été entreprises. Oui
ou non?
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'en sais rien. Non.
M. Rivest: Deuxièmement, le contexte institutionnel et
décisionnel de la politique étrangère
québécoise, la présence du Québec à
l'étranger. Troisièmement, la politique commerciale.
M. le Président, je voudrais bien que ce soit le ministre qui
réponde parce que les réponses sont enregistrées et il
pourrait__le veux que ce soit au nom du ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien oui. Bien oui. M. Rivest:
La politique de défense.
M. Morin (Louis-Hébert): Sur les industries de
défense, je pense qu'il y a énormément de contrats qui
sont donnés de ce côté-là et, si je me souviens
bien, il s'agissait, entre autres choses, de savoir, selon la formulation
courante, si le Québec avait sa part. Autant que je sache... On pourra
vérifier ces choses-là, si vous voulez.
M. Rivest: Alors, politique de défense, c'est
possible?
M. Morin (Louis-Hébert): Ce n'est pas tellement politique
de défense.
M. Rivest: C'est le titre que j'ai dans le mémoire. C'est
un document du ministère, qui porte l'en-tête de la Direction
générale de la coopération internationale. Je n'invente
pas cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien oui.
M. Rivest: Politique de défense, quatrièmement.
C'est possible.
Cinquièmement, le régime juridique et politique du
Saint-Laurent et les voies de navigation. Est-ce que ces travaux existent au
ministère? Est-ce qu'on pourrait les avoir? La seule chose que je
demande, c'est qu'ils soient rendus publics.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est pour cela que je les
regarde. Je ne les ai pas vus.
M. Rivest: Elle existe, celle-là.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela a l'air de cela. Cela a
l'air qu'il en existe plusieurs même.
M. Rivest: D'accord. Sixièmement, la position du
Québec face aux accords, traités et ententes conclus par le
Canada. Cela aurait été intéressant, remarquez.
M. Morin (Louis-Hébert): Ecoutez, on ne peut pas tout
faire.
Ce qui a été fait sur le plan des ententes, c'est de faire
l'énumération des ententes existantes. Mais l'analyse, en termes
d'implications-bénéfices pour le Québec ou autres, cela
n'a jamais été fait.
M. Rivest: D'accord. Septièmement, les objectifs
généraux et sectoriels du Québec sur le plan
international, bilan et perspectives.
M. Morin (Louis-Hébert): C'était très
ambitieux et ce qui en est retourné, cela a été, d'une
part, ce dont on parlait tout à l'heure, c'est-à-dire une
étude sur les relations culturelles internationales du Québec, de
même que nous avons un projet sur les relations économiques
internationales du Québec.
M. Rivest: Huitièmement, les relations
Québec-Etats-Unis.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense que cela fait partie des
études de Bonin. Il y a eu toute une série d'études faites
dans ce domaine.
M. Rivest: Neuvièmement, Québec-Europe. Remarquez
que la dernière réponse du ministre est intéressante. Les
études de Bonin, ce matin, n'avaient aucun rapport avec le programme du
Parti québécois.
M. Morin (Louis-Hébert): Voyons donc!
M. Rivest: Or, cette étude est faite dans le contexte du
programme du Parti québécois.
M. Morin (Louis-Hébert): Elle a été
publiée celle-là, vous l'avez dans votre série.
M. Rivest: Neuvièmement, relations
Québec-Europe.
M. Morin (Louis-Hébert): Non seulement il y en a
peut-être quelques-unes qui font partie de la liste de celles que M.
Bonin...
M. Rivest: Quelques-unes et quelques affaires qui sont
commencées. C'est quoi la vérité là-dedans?
M. Morin (Louis-Hébert): Un instant! M. le
Président, si je pouvais répondre, cela serait bien plus
simple.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a une étude, le
numéro 10, à la page 78 du rapport de Proulx, Dulude et Rabeau,
étude des relations commerciales Québec-USA,
Québec-Canada, options et impacts, contraintes et potentiels,
publiée en février 1979 et vous en avez une copie.
M. Rivest: A quelle date, M. le ministre?
M. Morin (Louis-Hébert): Février 1979 que je vois
ici.
M. Rivest: Tout cela. Donc la commande de ces
études-là, en particulier de quelques-unes qu'on a
signalées au passage, a été faite dans le cadre de
l'examen du programme du Parti québécois...
M. Morin (Louis-Hébert): Non.
M. Rivest: Mais cela n'avait aucun rapport avec la
souveraineté-association, que vous nous avez dit ce matin.
M. Morin (Louis-Hébert): Etude des relations commerciales
Québec-Etats-Unis, Québec-Canada, cela peut servir à
n'importe qui.
M. Rivest: Oui, mais la question que je pose au ministre...
M. Morin (Louis-Hébert): Si vous voulez des scandales, je
vais vous répondre tout de suite que...
M. Rivest: Ce n'est pas un scandale, M. le Président. Vous
m'avez dit qu'il n'y avait rien là et je prends votre parole.
M. Morin (Louis-Hébert): Je n'ai pas dit qu'il n'y avait
rien là. Je vous ai dit que je ne m'en souviens pas et que je les
publierai. Cela finit là. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? On
peut essayer de les retrouver, je ne sais pas où c'est.
M. Rivest: C'est bien. A part cela, dans le mémoire, je
signale que c'est facilement vérifiable, parce que les commandes ont
été placées. On dit que M. Untel... On suggère des
noms. Je crois pouvoir convaincre M. X, Y, de prendre le D, c'est-à-dire
la quatrième étude. M. Un Autre, qui est un juriste familier avec
le problème des eaux navigables, pourrait prendre... Cela avait un
certain corps.
M. Morin (Louis-Hébert): Je regrette qu'on ait
oublié à l'époque de consulter le juriste
réputé Herbert Marx, mais, enfin, on ne peut pas penser à
tout le monde.
M. Rivest: II n'était pas sur la liste, remarquez.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien non. Il y en a d'autres que
j'ai vus par la suite, que vous avez consultés.
M. Rivest: Nationalité et citoyenneté, parce que
cela a été un problème extrêmement important, qui
n'avait aucun rapport avec la souveraineté-association, sur la double
citoyenneté. Est-ce qu'il y a eu une étude faite
là-dessus? Quand le premier ministre a développé sa
théorie de la double citoyenneté, il n'y a pas de...
M. Morin (Louis-Hébert): Sur l'immigration semble-t-il. On
va vous fouiller cela et on vous en enverra un lot, si tous ces papiers vous
intéressent.
M. Rivest: La question que je pose, c'est que je voudrais bien
que le ministre prenne la peine on y reviendra peut-être au besoin
de nous indiquer à un moment où l'autre... La session va
ajourner, etc., probablement qu'on n'aura pas de réponse d'ici ce
temps-là. Il peut facilement retrouver... En tout cas, le document que
j'ai n'est certainement pas l'original. C'est un document qu'on retrouve
facilement au ministère, qui est du 20 février 1978: "Note au
sous-ministre, M. Pouliot. Objet: Politique étrangère du
Québec." L'entête, c'est: "Gouvernement du Québec,
ministère des Affaires intergouvernementales, Direction
générale de la coopération internationale." Je voudrais
que le ministre nous indique évidemment, je comprends que, ce
soir, il ne peut peut-être pas avoir, de mémoire, l'ensemble de
l'information qu'on lui demande; sur le plan des principes, il nous a fourni sa
réponse; on la prend pour ce qu'il nous en a dit d'une
façon précise le suivi qui a été donné
à ce mémoire, d'une façon concrète, ce qui n'a pas
été fait il nous a dit que c'était à sa
demande probable que ces études ont été faites le
suivi concret qui a été donné à ces études.
Si certaines n'ont pas été achevées, qu'on nous donne les
symphonies inachevées qui traîneraient encore là-bas et,
peut-être, si le ministre a du temps libre pour se livrer à des
exercices comptables, qu'il nous indique combien cette opération a
coûté aux contribuables québécois.
M. Morin (Louis-Hébert): Je me ferai un délicat
plaisir de vous fournir tout cela quand j'en aurai l'occasion, M. le
Président. Probablement, beaucoup de ces choses que vous avez
mentionnées n'ont même pas été commencées.
C'est un projet de travail, pour autant que je me souvienne, sauf que, par la
suite, à cause des circonstances, on a mis l'accent sur l'autre
série de travaux, celle qui a été entreprise par M. Bonin,
dont vous avez maintenant l'ensemble. Il n'y a pas de problème pour ce
qui concerne celle-là.
M. Forget: Sur un autre sujet, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Sur un autre sujet, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Sur la première page du chapitre
consacré aux Affaires internationales, programme 2, on fait allusion aux
accords de réciprocité en matière de
sécurité sociale et on prévoit la poursuite des
négociations avec trois autres pays, le Portugal, les Etats-Unis et la
Grande-Bretagne. J'ai une certaine familiarité avec cette question,
comme on peut s'en douter. Parmi les éléments de
familiarité, il y a un sain scepticisme une expression qu'on
utilise dans un autre contexte ces temps-ci sur l'intérêt
du Québec à signer de telles ententes de
réciprocité. Je ne dis pas qu'elles sont avantageuses. A priori,
je n'en sais rien, mais les probabilités sont qu'elles ne sont
peut-être pas terriblement avantageuses. Mes efforts pour obtenir une
évaluation des avantages et des désavantages des accords de
réciprocité en matière de sécurité sociale
se sont heurtés à des fins de non-recevoir jusqu'ici, et cela
comprend la période pendant laquelle j'étais membre du
gouvernement précédent. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle
j'avais recommandé qu'on ne signe pas la première entente. Mais,
de toute façon, la machine étant en marche, je pense qu'elle a
été éventuellement signée. Je pense que c'est celle
avec la France.
M. Morin (Louis-Hébert): Au fond, il y en a trois qui sont
signées, mais elles portent sur des objets différents on
va vous donner des explications dans une seconde avec la France,
l'Italie et le Portugal. En ce qui concerne les autres pays dont il est
question, des pourparlers sont en cours. Si vous voulez les explications tout
de suite, je vais demander à M. Pouliot de les fournir, à moins
que vous n'attendiez à plus tard.
M. Forget: Non, cela va très bien. Si on peut nous donner
des explications sur...
M. Morin (Louis-Hébert): Avec plaisir. (22 h 45)
M. Forget: ... le reste des inconvénients et des avantages
de ces ententes.
M. Morin (Louis-Hébert): Dans le cas de la France, c'est
une entente beaucoup plus complexe que les deux autres, puisqu'elle couvre
toute une série de lois en matière sociale. Dans le cas de
l'Italie, il s'agit pratiquement exclusivement de tout ce qui tombe sous le
coup du régime de rentes ou à peu près. Dans le cas du
Portugal, l'entente qui est parafée à l'heure actuelle depuis le
passage du secrétaire d'Etat à l'Immigration couvre
également le secteur du régime de rentes. Par conséquent,
ce sont des ententes très spécialisées dont nous n'avons
pas fait, comme ministère, l'analyse en termes d'avantages comparatifs,
analyse qui a été faite à la Régie des rentes du
Québec et dont on nous dit que ce serait un règlement plus
avantageux probablement dans le cas de l'Italie et dans le cas de la France que
dans le cas du Portugal. Je n'ai pas en tête les données
précises qui démontreraient l'avantage financier que le
Québec en retirerait.
M. Forget: Je pense qu'on peut affirmer que dans le cas de
l'entente de réciprocité avec la France, nous sommes joyeusement
les dindons de la farce. Est-ce que le ministre ou M. Pouliot peut nous amener
à croire qu'il n'en est rien?
M. Morin (Louis-Hébert): J'aimerais bien qu'on
précise de quoi il s'agit quand on parle de dindons de la farce, parce
que si c'est une farce, il faudrait peut-être rire. J'aimerais
connaître les détails.
M. Rivest: Ou pleurer.
M. Forget: Non, je ne pense pas qu'il y ait lieu de rire
beaucoup, quand on contribue largement plus que notre part à des
coûts qui découlent d'une entente. Réciprocité est
un beau mot, mais il est encore plus beau quand il signifie quelque chose. Je
pense que dans l'entene conclue avec la France, il ne signifie pas grand-chose,
sous bénéfice d'inventaires, encore une fois, parce que jamais
à ma connaissance, le fin mot de cette analyse n'a été
produit, et certainement pas à partir de documents publics. Il y avait
un très grand empressement dans certains milieux à pousser une
entente pour sa valeur symbolique, mais je puis vous assurer que ceux qui
s'intéressent à la gestion des programmes du côté du
Québec j'étais bien placé pour le savoir, à
l'époque avaient les doutes les plus sérieux quant
à l'intérêt véritable du Québec de signer une
telle entente. J'aimerais bien être détrompé. J'aimerais
bien qu'on nous dise que nos fonctionnaires des Affaires sociales avaient tort,
mais jamais personne ne m'a démontré qu'ils avaient tort. Donc,
je dois présumer qu'ils avaient raison jusqu'à preuve du
contraire, parce qu'ordinairement, ce sont des gens fiables. J'ai
conservé cette impression. D'ailleurs, je crois que l'entente a
été signée après le 15 novembre 1976 avec la
France.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, c'est ce qu'on...
M. Forget: Je me souviens qu'à de nombreuses reprises,
j'ai insisté auprès d'un haut fonctionnaire du ministère
des Affaires intergouvernementales pour lui dire que je m'opposais de
façon absolue à la signature d'une telle entente, à moins
que l'on fasse l'effort de démontrer qu'il y avait quelque chose de
généralement équivalent dans les avantages que nos
ressortissants tiraient de telles ententes par opposition aux avantages que les
ressortissants français en retiraient.
J'ai fait la demande je me souviens encore des occasions
à trois reprises, par écrit et de vive voix, et j'avais des
regards mystifiés et désolés, d'ailleurs, qui avaient
l'air de dire: Qui a l'audace de poser une question aussi impertinente que de
se demander si c'est dans l'intérêt du Québec? Evidemment,
ma résolution de ne pas signer était accrue d'autant. C'est
resté dans cet état. Maintenant, j'ai appris, dans les mois
d'euphorie qui ont suivi le 15 novembre, que tout ceci avait été
signé. Cela a probablement pavé la voie à de
magnifiques ententes avec M. Barre. Parce que là-bas on sait
compter. Le grand avantage, c'est qu'on sait compter. Je ne suis pas sûr
que notre ministère des Affaires intergouvernementales sache toujours
compter. Il a une très belle excuse à ça, parce qu'il dit:
Ce sont les ministères sectoriels qui s'occupent de compter. Nous, on
est là pour la gloire.
C'est pour ça que j'insiste sur la question et avec une certaine
mauvaise humeur, parce que quand on nous dit, de l'autre côté,
dans le salon bleu: On va défendre les intérêts du
Québec jusqu'à ce qu'on soit bleu dans la face, et qu'on se
comporte d'une façon aussi irresponsable sur un accord de
réciprocité, sans même avoir le culot de nous donner des
chiffres quand on pose des questions, je pense qu'on a de sérieuses
questions à se poser, à savoir qui défend les
intérêts du Québec ou qui est le cocu content dans tout
ça.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, il
faudrait probablement avoir le texte de cet accord que je n'ai malheureusement
pas ici ce soir. Il me fera plaisir de...
M. Forget: II faudrait beaucoup plus que le texte, parce que si
on voyait le texte, personne ne le comprendrait.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah! bien, je pense que...
M. Forget: Un accord de réciprocité dans la
sécurité sociale, je vous en passe un papier, ça
prend...
M. Morin (Louis-Hébert): Ah! bien, on regardera le texte
et tous les papiers autour. Ecoutez, je n'ai pas...
M. Forget: II faut le regarder à deux pour le voir
passer.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne l'ai pas ça ici ce
soir. Cela me fera plaisir de donner suite à la demande du
député.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Mercier.
M. Godin: On pourrait donner un éclairage à
l'ex-ministre des Affaires sociales qui semble en avoir besoin. Dans le
comté de Mercier, par exemple, il y a 6000 Grecs, 6000 citoyens
québécois d'origine grecque, qui, de façon
répétée, ont insisté auprès de moi pour
qu'il y ait la signature d'une telle entente, entre autres, sur la Régie
des rentes. Entre parenthèses, je dois dire que le gouvernement canadien
a une telle entente avec plusieurs pays, ce qui, par exemple, signifie que le
gouvernement canadien verse à 25 000 citoyens qui furent canadiens une
somme de $50 000 000 par année en pensions de vieillesse. Est-ce que
c'est rentable pour le Canada? Je ne le sais pas, mais ce qui est certain,
c'est que ces personnes, d'une façon ou d'une autre, ont
contribué à une certaine époque aux impôts du
Canada, de la même manière que les citoyens d'origine grecque du
comté de Mercier contribuent, tant qu'ils travaillent, au Régime
de rentes du Québec et, si, un jour, ils désirent retourner dans
leur pays, ils estiment avoir droit à la rente du Québec dans ce
pays, s'il existe une telle entente. C'est la raison pour laquelle le
gouvernement du Québec a signé avec l'Italie et le Portugal
je ne parle pas de la France, parce que je ne connais pas les
détails et l'ampleur de ce programme avec ces deux pays qui ont
des ressortissants dans le comté de Mercier et dont j'ai des
échos.
Tous les groupes ethniques au Québec souhaitent qu'il y ait de
telles ententes avec leur pays d'origine au cas où ils y retourneraient
de façon que leurs contributions ne soient pas perdues à tout
jamais. C'est parfaitement légitime et je pense que ça s'inspire
de ce que vous appeliez le Québec des libertés et ça
s'inspire également du respect des droits et libertés
fondamentales des personnes. Cela s'inspire de la justice sociale. Cela
s'inspire d'un certain nombre de principes que vous brandissez très fort
et très haut en certaines circonstances mais que vous semblez
votre mauvaise humeur de ce soir semble le confirmer oublier quand il
s'agit de passer à des gestes concrets.
C'est précisément pour être concret que des textes
d'entente sont signés et que d'autres le seront très
certainement, avant longtemps.
M. Forget: M. le Président, le député de
Mercier attire notre attention sur un cas où il y a effectivement des
avantages, mais, encore là, il faut y regarder de plus près. Un
régime contribu toire comme le régime de rentes donne ouverture
à des bénéfices qui sont, dans une certaine mesure,
proportionnels aux années de contribution. Il est clair que, dans le cas
d'un émigrant au Québec, qui, pendant un certain nombre
d'années, a contribué dans son pays d'origine à un
régime de rentes, il y a un avantage non seulement à ce que ses
années de contribution et ses années de travail lui soient
comptées dans la détermination du quantum de sa rente lorsqu'il
prend sa retraite, et, dans la mesure où le pays d'origine...
M. Godin: Vous m'avez compris.
M. Forget: ... fait effectivement une contribution
proportionnelle aux avantages que retire l'individu de se voir imputer au titre
du Régime de rentes du Québec les années pendant
lesquelles il a contribué par exemple en Grèce. Alors, tout le
monde est heureux. C'est un exemple, mais, encore une fois, qu'il y ait des
conditions. Il faut que la Grèce, par exemple, accepte de payer sa part.
On peut se rendre compte tout de suite de la situation qui existerait si on
faisait compter les années de contribution en Grèce pour une
qualification au régime, mais que la rente finalement qui
est versée soit versée par le Québec au taux du
Québec, et que la Grèce contribue à ça à ses
taux à elle.
A ce moment-là, on voit très bien que, selon les
hypothèses que l'on prend quant à la durée du
séjour dans un pays ou dans l'autre successivement, on peut trouver des
situations où l'avantage pour l'individu est indubitable. C'est
sûr que, quand on donne plus d'argent aux gens, ils sont ordinairement
plus contents et c'est déjà bien, mais l'avantage pour l'individu
est incommensu-rablement plus grand que l'avantage pour la collectivité
québécoise résultant de l'entente.
Il est sûr qu'il y a aussi des ententes qui permettent à
certains pays de verser des rentes de vétérans de la
deuxième guerre mondiale, par exemple, à des ressortissants qui
ont acquis la citoyenneté canadienne. Cela aussi, c'est un
bénéfice sans contrepartie. Mais il y a d'autres régimes
malheureusement où la règle de réciprocité, si elle
est mal définie, entraîne des gains incommensurablement plus
grands au bénéfice de ceux qui vont vivre en France, par exemple,
c'est-à-dire au bénéfice de Français qui viennent
ici, qu'au bénéfice de Québécois qui vont en
France.
Dans le cas de la France en particulier, à cause de règles
d'admissibilité à certains régimes qui sont totalement
incompatibles avec nos règles d'admissibilité, ce qui fait que la
réciprocité, même si elle est voulue par les gouvernements,
ne peut pas s'appliquer et le gouvernement français, comme il
n'administre pas, contrairement au gouvernement du Québec, directement
les programmes sociaux, mais passe par des caisses de sécurité
sociale, est incapable de forcer ces caisses de sécurité sociale
à modifier leurs règlements d'admissibilité.
M. Godin: Ce que vous dites est très mesquin. Vous
êtes 300 ans en arrière, comme vous le disiez tout à
l'heure au ministre des Affaires intergouvernementales. On ne tient pas compte
des bénéfices d'un seul pays, mais de l'expansion, de la valeur
globale des bénéfices pour tous les citoyens du monde qui
viennent au Québec éventuellement et vice versa.
M. Morin (Louis-Hébert): On vit dans un monde
d'interdépendance. On ne peut pas vivre isolé aujourd'hui,
qu'est-ce que vous voulez.
M. Godin: Mais non.
M. Forget: Oui, mais quand cela se fait à mes frais, M. le
Président, je commence à m'inquiéter. Quand tout le monde
vit à mes crochets, l'interdépendance n'est pas tout à
fait réciproque.
M. Godin: C'est pour cela qu'il y a un bureau à Caracas.
On veut la réciprocité.
M. Rivest: Voilà, on a la raison.
M. Godin: Pourquoi la réciprocité ne serait-elle
pas bonne avec Caracas et serait bonne avec la France ou vice versa?
M. Rivest: On s'excuse auprès de M. Pouliot, mais c'est
une des bonnes...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, on ne permettra pas au
débat de terminer en farce un problème réel de
défense des intérêts de l'ensemble de la
collectivité québécoise, de ses contribuables, au titre de
la réciprocité des ententes de sécurité sociale. Ce
n'est pas du tout une plaisanterie. C'est un problème très
réel et ce ne sont pas des plaisanteries qui vont régler la
situation et qui vont régler également la carence d'arguments du
ministre des Affaires intergouvernementales pour nous expliquer si, oui ou non,
dans chacun de ces cas-là, c'est dans notre intérêt
collectif de signer de telles ententes. Que ce soit dans l'intérêt
de tel ou tel individu, c'est fort possible.
M. Godin: ... communautés établies au
Québec, les communautés ethniques, et c'est à leur demande
que nous le faisons.
M. Forget: Mais la collectivité plus large des
contribuables québécois a le droit de savoir qu'on lui demande de
signer, d'adhérer à des contrats inégaux en termes
financiers.
M. Morin (Louis-Hébert): II me semble qu'il faut, dans le
monde où nous vivons, une certaine largeur de vue fondée sur une
volonté de partage. On ne peut pas, autrement, se replier sur soi comme
si on était au milieu du siècle dernier.
M. Forget: C'est comme cela que vous défendez les
intérêts du Québec. Mais il y en a d'autres qui savent
compter si vous ne savez pas compter.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous nous parlez de partage
à tout bout de champ et, quand on l'applique, ce n'est pas bon.
M. Godin: Esprit étroit.
M. Forget: M. le Président, sur un autre sujet.
M. Godin: Pouvez-vous lui parler, s'il vous plaît, vous
êtes plus ouvert que lui.
M. Forget: Oui, mon collègue a une question. M. Rivest:
Une brève question...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
L'agence de coopération technique et
culturelle
M. Rivest: ... sur une institution qui est très importante
à mes yeux, l'Agence de coopération technique et culturelle; des
bruits me sont parvenus qu'elle était devenue plus ou moins
moribonde.
M. Morin (Louis-Hébert): Je pense que ce sont de faux
bruits.
M. Rivest: Ma question, c'est dans l'angle du Québec. Je
sais qu'il participe au Festival d'été de Québec. Mais, en
dehors de ça, qu'est-ce qui arrive? M. Dan Dicko est toujours
là?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ça; je lui
transmettrai vos voeux la prochaine fois que je le verrai. Alors, l'agence a eu
certains problèmes de croissance et je ne voudrais pas commencer,
à cette heure-ci, à faire l'épopée...
M. Rivest: On n'est pas pressés.
M. Morin (Louis-Hébert):... de la structure. Je sais que
vous n'êtes pas...
M. Rivest: C'est un sujet que vous connaissez, celui-là,
je le sais.
M. Morin (Louis-Hébert): ... particulièrement
intéressés aux structures; alors, je ne reviendrai pas
là-dessus. Il reste qu'en ce qui concerne l'agence, c'est la seule
organisation internationale à laquelle le Québec participe, parce
que justement, sur l'élan que nous avons manifesté...
J'étais là à ce moment-là; c'est moi qui ai
négocié la participation du Québec, à titre de
sous-ministre. Le Québec a donc réussi à participer, en
tant que gouvernement participant exactement le terme utilisé
dans l'accord à cette agence et nous nous y trouvons encore. En
cours de route, il y a eu des problèmes en ce qui a trait aux structures
centrales et ces problèmes auraient pu se régler rapidement, je
pense bien, en tout cas plus rapidement qu'ils ne l'ont été,
n'eussent été certaines interventions plutôt gauches de la
part du gouvernement fédéral. En tout état de cause, lors
d'une réunion qui a eu lieu il y a maintenant deux mois et demi ou trois
mois ces problèmes se sont résorbés et je pense que
maintenant l'agence a pris un nouveau départ qui semble assez
prometteur.
D'autre part, en ce qui a trait toujours à cette agence, il y
avait effectivement un problème qu'on a découvert à un
moment donné ça s'est produit bien avant qu'on arrive,
mais on en a eu connaissance c'est que les frais d'administration
étaient de beaucoup supérieurs à ce qu'ils devaient
être comparativement à l'ensemble des programmes. Là aussi,
il y a eu un effort exercé pour que ces frais diminuent
proportionnellement.
Je dois aussi mentionner, si cela peut vous intéresser, que nous
tiendrons beaucoup à ce que cette agence, qui est le seul endroit
où nous sommes et dans laquelle nous avons un statut comme
Québec, soit aussi le véhicule de l'organisation d'un sommet
francophone qui doit réunir les chefs d'Etat des gouvernements
francophones éventuellement. Pour toutes ces raisons, nous nous
intéressons beaucoup à cet organisme et le député
de Jean-Talon le connaît, d'ailleurs, très bien, lui aussi, parce
qu'à l'époque il suivait le dossier, lorsqu'il était
conseiller de M. Bourassa.
Je parle des années 1971, 1972, si je me souviens bien.
(23 heures)
M. Rivest: Je me suis même impliqué dans un des
grands dossiers de l'agence, la montée du drapeau lors du festival de la
francophonie.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, ça, c'est bien
à la mesure du député de Jean-Talon qui s'occupe des
symboles.
M. Rivest: Oh, il y avait un sous-ministre devenu
sénateur. On a passé une nuit avec les fonctionnaires
fédéraux à essayer de leur faire comprendre le bon sens.
Vous savez comment ils sont!
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, je sais comment ils sont.
J'aimerais que vous vous en souveniez un peu plus de temps en temps.
M. Rivest: Ce n'était pas de notre faute.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez perdu un peu de votre
liberté de parole depuis que vous avez des prises en charge.
M. Rivest: Non, je viens de m'exprimer là, d'une
façon très franche.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais vous savez qu'il n'y a
personne qui écoute, il est onze heures du soir. Vous n'auriez pas
osé dire cela à trois heures cet après-midi. C'est
enregistré, mais on a dit tellement de choses aujourd'hui, avant que
cela se retrouve.
Je vais essayer de nuire à votre réputation auprès
de nos amis fédéraux en soulignant en trait rouge ce
passage...
M. Rivest: J'ai perdu mon siège de sénateur
à Victoria. C'est réglé.
M. Morin (Louis-Hébert): Mais j'aurais aimé que
vous vous en souveniez au moment où vous avez fait votre discours
à l'Assemblée nationale, pendant le débat
référendaire.
M. Rivest: Pensez-vous que j'ai regagné des chances pour
le Sénat?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Rivest: Mon Dieu, vous m'encouragez.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous avez pas mal perdu par
rapport à...
M. Rivest: Vous m'encouragez.
M. Morin (Louis-Hébert): Je m'arrête là parce
que je ne voudrais pas prolonger le débat sur des sujets qui maintenant
sont dépassés, parce qu'on en est au-delà des
levées de drapeaux.
M. Rivest: Concrètement, le sommet, cela avance, cela
recule, cela s'en vient, cela s'éloigne?
M. Morin (Louis-Hébert): II semblerait que cela s'en
vienne. Je ne peux pas vous dire avec quelle célérité.
Mais chose certaine, cela n'est pas disparu dans l'horizon de la politique
internationale. C'est quand même demeuré présent et le
Québec tient à y participer, comme on en a, à l'occasion,
manifesté le désir. Comme vous le savez je suis sûr
que vous êtes d'accord là-dessus puisque vous vous
préoccupez tellement des drapeaux nous formons, ici au
Québec, une communauté distincte, qui a le droit quand même
d'être représentée par elle-même.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, sur un nouveau sujet.
M. Morin (Louis-Hébert): Un nouveau sujet, à onze
heures du soir.
M. Rivest: On en a encore, ce n'est pas fini.
M. Morin (Louis-Hébert): Moi j'achève, en tout
cas.
M. Rivest: Vous commencez. C'est une des bonnes réponses
que vous avez données, je trouve. Vous vous en venez bon, passé
onze heures. C'est cela que j'ai dit, il faut attendre onze heures. Il faut
être patient. C'est ce qu'on a fait. On commence.
M. Forget: M. le Président, les activités
internationales, on en a discuté sur le plan des objectifs, de certains
programmes, etc. Mais finalement, le coût de tout cela, c'est assez
sibyllin comme analyse. On nous dit que les trois quarts du budget du
ministère sont dans les relations internationales, et après cela,
on nous donne en bloc les relations étrangères.
M. Morin (Louis-Hébert): Etrangères, avec la
coopération. C'est cela?
M. Forget: Mais on nous donne globalement ce budget. Est-ce qu'il
ne serait pas possible de ventiler un peu, d'expliquer ou de distinguer un peu
la masse des crédits? C'est quand même un gros bloc.
M. Morin (Louis-Hébert): A quelle place êtes-vous,
dans le cahier?
M. Forget: Je suis au programme 2. Nous sommes bien au programme
2?
M. Morin (Louis-Hébert): A la page?
M. Forget: Je suis à la page 39. Si je ne m'abuse, nous
avons, au programme 2... A la page 38, nous avons d'abord le sommaire. Et
après cela, on a, par catégories de dépenses, les
mêmes chiffres qui reviennent.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est repris. Les détails
viennent par la suite, dans les pages subséquentes.
M. Forget: Les pages subséquentes.
M. Morin (Louis-Hébert): Non seulement les pages
subséquentes, mais...
M. Forget: On a: Représentation à
l'étranger, une somme de $12 662 000.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est l'ensemble des
délégations.
M. Forget: C'est cela. Est-ce qu'on pourrait avoir une
ventilation par délégation?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ennuyeux, je viens
justement de déchirer le papier que j'avais. Sérieusement je vais
le retrouver, il est là.
M. Rivest: C'est vrai à part cela. C'est une des choses
vraies qu'il nous a dites aujourd'hui.
M. Morin (Louis-Hébert): Les sarcasmes du
député de Jean-Talon ne m'atteindront pas à cette heure de
la soirée.
M. Rivest: Une des choses. Des, au pluriel.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous donne la liste des prix,
si c'est cela que vous voulez savoir.
Abidjan, $39 100; Atlanta, $250 000; Beyrouth, bureau de l'Immigration,
$90 400; Boston...
M. Forget: Excusez-moi, M. le ministre, avant que vous ne
poursuiviez, je ne sais pas de quoi vous me parlez.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous m'avez demandé les
prix des délégations, je vous les donne.
M. Rivest: Les prix!
M. Forget: Non, je ne vous ai pas demandé les prix. Je
pense qu'elles ne sont pas à vendre de toute façon.
M. Morin (Louis-Hébert): Nous autres, on ne veut pas les
vendre. En ce qui nous concerne, ne vous inquiétez pas.
M. Forget: A moins que ce soit une vente de feu ou de
liquidation.
M. Morin (Louis-Hébert): Pour ce qui nous concerne, ne
vous inquiétez pas, nous ne voulons pas les vendre, mais, d'après
certains discours de votre vénérable chef, cela
m'inquiéterait.
M. Forget: Comme je vous dis, on verra cela plus tard.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, vous ne verrez jamais
cela.
M. Forget: D'abord, on fait une expertise et, après cela,
on voit si on veut garder, vendre ou échanger.
M. Rivest: On compare.
M. Morin (Louis-Hébert): "Echanger", ah bon!
M. Rivest: C'est cela, on compare.
M. Forget: Mais d'abord, il faut savoir si, à
Abidjan...
M. Morin (Louis-Hébert): C'est quoi la question,
finalement?
M. Forget: C'est le coût total de chaque
délégation comme entité opérationnelle. Là,
ce que vous nous donnez, c'est probablement le coût du loyer du bureau du
directeur général ou quelque chose du genre...
M. Morin (Louis-Hébert): Voyons donc!
M. Rivest: Le personnel, etc., combien on dépense...
M. Forget: Le personnel, les frais de représentation, les
allocations de dépenses additionnelles pour combler le coût de la
vie, supérieur dans certains centres, etc., les réceptions, enfin
un tableau qui nous permette de voir complètement ce que coûte
chaque opération. C'est une petite entreprise, même une moyenne
entreprise dans certains cas. On veut savoir ce que chaque entreprise
représente globalement, non seulement le loyer, mais les salaires, les
frais de représentation, les allocations de séjour, etc.
Une Voix: Oui... M. Forget: Oui. M. Rivest: ...
M. Forget: Non pas catégorie par catégorie, on
serait content de certaines grandes catégories.
M. Morin (Louis-Hébert): Je vous redonne les prix, sans
les loyers, parce que c'est au ministère des Travaux publics.
M. Forget: On revient au débat de ce matin, je pense.
M. Morin (Louis-Hébert): Téléphonez à
Joce-lyne Ouellette, si vous voulez, mais ne dites pas que cela vient de ma
part. Je recommence. Est-ce que cela va aller, si je dis cela?
M. Forget: Les prix que vous me donnez, c'est quoi?
M. Morin (Louis-Hébert): C'est tout sans les loyers.
M. Forget: Tout sans les loyers. Excellent!
M. Rivest: Un instant! votre sous-ministre s'amène.
M. Morin (Louis-Hébert): Ah! cela se complique, monsieur.
Et sans les salaires des fonctionnaires des ministères sectoriels qui se
trouvent à l'intérieur des délégations.
M. Rivest: Ah bon!
Une Voix: Et les voitures sont au Transport...
M. Morin (Louis-Hébert): Non, le reste est payé par
nous.
M. Rivest: Si on pose à nouveau la question pour une
troisième fois, le sous-ministre va-t-il se lever une autre fois et
va-t-il nous dire qu'on a oublié d'autres choses?
M. Morin (Louis-Hébert): Si la question est pertinente et
que vous ajoutez, oui, mais j'en doute.
M. Forget: Si on se comprend bien, ce sont les dépenses
totales des délégations générales,
délégation par délégation...
M. Morin (Louis-Hébert): Moins un certain nombre de
choses.
M. Forget: ... moins les loyers, moins les salaires?
M. Morin (Louis-Hébert): Non, les salaires du personnel
d'autres ministères que le nôtre.
M. Rivest: II y a des ministères qui sont... M. Forget:
Ah bon! Industrie et Commerce.
M. Morin (Louis-Hébert): Seulement, les allocations de
tout ce monde-là et tout le reste est ici.
M. Rivest: On appelle cela les anonymes au ministère.
M. Morin (Louis-Hébert): Nous n'avons pas d'anonymes, vous
autres peut-être, oui. Abidjan: $39 000; Atlanta...
M. Rivest: Une minute!
M. Morin (Louis-Hébert): Ecoutez, je vous donnerai une
copie de cela, c'est d'accord?
M. Forget: Paris, c'est combien?
M. Morin (Louis-Hébert): A Paris, cela a diminué.
C'était $3 415 000 et c'est passé maintenant à $3 170
000.
M. Rivest: L'inflation quoi!
M. Morin (Louis-Hébert): Non, cela a diminué, ai-je
dit.
M. Forget: Est-ce qu'on a une ventilation de cette
somme-là en salaires, allocations de séjour, frais de
représentation, etc.?
M. Morin (Louis-Hébert): On doit avoir cela quelque part,
oui.
M. Rivest: II faut le donner.
M. Morin (Louis-Hébert): On l'a, mais on ne l'a pas
apporté.
M. Rivest: Mon Dieu! que vous n'êtes pas forts en chiffres
dans ce ministère-là.
M. Morin (Louis-Hébert): On est fort en chiffres, mais ce
qui est ennuyeux, c'est que vous autres, vous vous intéressez aux
mesures des poils de grenouille. Que voulez-vous que je vous dise? Vous faites
cela à des heures inclues de la nuit.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, on a le grand
désavantage de poser des questions sur les crédits au moment de
l'étude des crédits. On s'en excuse.
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, mais c'est cela, vous
arrivez à un mauvais moment.
M. Forget: C'est vraiment inattendu comme demande, mais on ne
sait pas à quel autre endroit parler de cela. On s'est dit qu'il
faudrait peut-être en parler au moment de l'étude des
crédits.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, mais je vous donne le total
global. Je l'ai ici.
M. Rivest: Donnez-le nous.
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne recommence pas la liste. Je
vous la donnerai, d'accord?
M. Rivest: Oui, on veut la liste, parce que c'est
intéressant.
M. Forget: New York, c'est combien?
M. Morin (Louis-Hébert): A New York, un instant! Cela a
baissé là aussi, maudit!
M. Forget: Vous faites des économies,
décidément.
M. Morin (Louis-Hébert): $1 055 000 et c'est passé
à $995 000.
M. Rivest: C'est l'arrivée de M. Pouliot.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, il n'est pas arrivé,
justement. Ensuite, y a-t-il d'autres choses que vous voulez savoir? A Londres,
cela a augmenté, scandale public! De $644 000, c'est passé
à $754 000.
M. Marx: C'est la faute des Anglais!
M. Morin (Louis-Hébert): Cela doit être cela.
M. Forget: Ce sont des chiffres globaux. Il est bien difficile,
si vous n'avez rien de plus détaillé, de comprendre quoi que ce
soit à tout cela.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, un instant! Il y a quand
même des... Je prends une entente avec vous, si vous êtes d'accord.
On va vous envoyer cela. Je ne voudrais pas imposer un travail inouï.
J'imagine qu'on peut faire un...
M. Rivest: On peut suspendre, si vous voulez.
M. Morin (Louis-Hébert): Non, un instant! Je peux vous en
lire, on a tout cela. On va vous faire faire des photocopies de cela, de
documents plus détaillés. Laissez-nous quelque temps, pas ce soir
je vous le dis tout de suite cela ne sert à rien de me
demander des choses comme celles-là maintenant, mais, si vous êtes
d'accord, je vous enverrai le "break-down", comme on dit au ministère
des Affaires culturelles, de chacune de ces délégations. Si vous
tenez à l'avoir, cela me fera un plaisir absolument sublime.
M. Forget: Excellent. Puisqu'on nous offre des chiffres, on
aurait mauvaise grâce de faire autrement, mais on n'aura pas la
possibilité d'en discuter sauf de dire merci.
M. Morin (Louis-Hébert): Vous pouvez me
téléphoner n'importe quand.
M. Forget: Le programme 2, quant à moi...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le programme 2 est
adopté?
M. Rivest: J'avais une question sur mon film...
M. Morin (Louis-Hébert): Ton quoi?
M. Rivest: ... le film de M. Migneault, qui a fait l'objet de
débats à l'Assemblée nationale, mais il est trop tard, M.
le ministre.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le programme 2 est
adopté avec ses éléments?
M. Forget: Adopté.
M. Morin (Louis-Hébert): Est-ce que c'était dans le
budget de l'année passée?
Le Président (M. Lacoste): Adopté avec ses
éléments.
Gestion interne et soutien
Programme 4, le dernier.
M. Morin (Louis-Hébert): Le quatrième est
adopté?
M. Forget: Dans cette catégorie, on a ici deux postes, en
particulier, qui attirent notre attention, c'est celui des communications et
celui des services. Il y a une somme considérable consacrée aux
communications. Est-ce que c'est ce qui est contenu en appendice ou si c'est
autre chose?
M. Morin (Louis-Hébert): On va vous donner
j'espère qu'on l'a ici un exemplaire de chacune... Cet exemplaire
a déjà été distribué. Si vous voulez
m'écouter une seconde, nous publions un document qui s'appelle
Québec-Hebdo, qui paraît dans plusieurs langues et dans plusieurs
pays. Vous avez eu un exemplaire de quelques-uns de ces numéros. Je vous
signale qu'il y en a un en japonais aussi, dans lequel vous trouverez un
article particulièrement intéressant à la page 2. Il y en
a un autre aussi en néerlandais...
M. Rivest: C'est à peu près le genre de
réponse qu'on a reçue sur la délégation
japonaise.
M. Forget: C'est là qu'est l'explication.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est le résultat de ce
poste du budget qui semble vous intéresser particulièrement.
Lavez-vous eu?
M. Forget: C'est essentiellement un budget de publication.
M. Rivest: Qui est directeur du service des communications?
M. Morin (Louis-Hébert): M. Dagenais, qui est quelque part
là.
M. Rivest: M. Dagenais?
M. Morin (Louis-Hébert): II est là justement, c'est
lui.
M. Rivest: Quel est son prénom? M. Morin
(Louis-Hébert): Bernard.
M. Forget: II doit être un homme malheureux cette
année, puisque son budget diminue de $121 000, soit de 41,8%.
M. Morin (Louis-Hébert): II ne le savait pas, parce qu'il
vient seulement d'arriver. Je me suis trompé.
Ce dont il s'agit, c'est la catégorie communications, qui
n'implique pas uniquement la Di- rection des communications, mais qui implique
les dépenses de communications, c'est-à-dire appels
téléphoniques, télex, etc.
M. Forget: Les appels téléphoniques dans les
délégations du Québec à l'étranger.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est le ministère, c'est
cela.
M. Forget: C'est le ministère? Ce n'est pas payé
par le ministère des Communications?
M. Morin (Louis-Hébert): Cela se peut bien. On paie les
télex.
M. Forget: Ils ont un compte téléphonique de $13
000 000.
M. Morin (Louis-Hébert): Cela doit être nous...
M. Forget: On n'entend pas ici.
M. Morin (Louis-Hébert): Je le sais, c'est pour cela que
j'ai dit de répéter la réponse.
Les services téléphoniques dans nos
délégations sont assumés à même le budget du
ministère. Les services téléphoniques à
l'intérieur du siège du ministère à Québec
sont assumés par le ministère des Communications, mais lorsque
nous dépassons l'enveloppe qui nous a été assignée
au début de l'année cela peut arriver ils nous font
un compte spécial à la fin de l'année. Outre cela, on a
des services de télex que nous devons assumer à même cet
élément communications, de sorte que le budget de la Direction
des communications fait partie de l'ensemble de l'élément 2,
Soutien administratif.
M. Forget: Elément 2, mais pas du programme 4?
M. Morin (Louis-Hébert): Oui.
M. Forget: Autre rémunération? (23 h 15)
M. Morin (Louis-Hébert): Dans le programme 4, il y a trois
éléments. Le premier élément, Direction;
deuxième élément, Soutien administratif; troisième
élément, Service du protocole.
M. Forget: Oui, d'accord. Maintenant, comment s'explique cette
diminution sensible de 42% du budget des communications?
M. Morin (Louis-Hébert): Ah! ça, c'est
intéressant!
M. Forget: Est-ce qu'on laisse tomber les publications à
l'étranger?
M. Morin (Louis-Hébert): Posez une autre question en
attendant.
On m'explique, pour répondre à votre question, que depuis
la mise en oeuvre du nouveau
plan d'organisation, nous avons maintenant des directions
géographiques qui gèrent davantage les relations entre le
siège du ministère et les délégations.
Conséquemment, une partie des crédits qui, auparavant,
appartenait à l'administration centrale du ministère pour la
gestion des délégations a été
transférée dans le programme 2: Affaires internationales, de
façon à permettre aux directeurs géographiques d'avoir des
relations plus étroites avec les délégations dont ils
s'occupent. C'est donc un déplacement et non pas une baisse nette.
M. Rivest: Vous dites que c'est un déplacement. Enfin, il
y a peut-être une différence, mais l'ordre de grandeur est le
même que celui de l'an dernier. Il n'y a pas d'augmentation ou de
diminution significative si on rejoint les deux éléments.
M. Morin (Louis-Hébert): Cette année, de
façon générale, pour l'ensemble du ministère, nous
n'avons eu qu'une augmentation, je pense, de 2% ou de 5% au titre des frais
divers d'administration, y compris les communications, de sorte que c'est
inférieur à la hausse du coût de la vie dans beaucoup de
cas. Nous avons essayé de comprimer nos dépenses à ce
titre-là, exemple: les dépenses de téléphonie
à Paris ont baissé substantiellement cette année. Nous
avons installé un appareil qui permet, comme celui que nous avons ici,
d'ailleurs, au Québec, de détecter qui a fait tel appel, à
tel endroit. Cela nous assure, à ce moment-là, un meilleur
contrôle des communications et ça s'est traduit par une baisse des
dépenses à ce titre.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Le budget total des communications du ministère
est quand même assez élevé. Je pense que si on fait le
total de tout ce qui se dépense...
M. Morin (Louis-Hébert): Quand vous dites: Communications,
voulez-vous dire impression de documents ou si vous voulez parler de moyens de
communications, comme le téléphone, le télex ou quoi que
ce soit?
M. Forget: Pour ma part, je me borne servilement...
M. Morin (Louis-Hébert): Oui, je comprends, mais...
M. Forget: ... à répéter ce que je vois dans
les documents qui sont devant nous...
M. Morin (Louis-Hébert): Je comprends.
M. Forget:... et c'est la troisième catégorie de
dépenses: Communications.
M. Morin (Louis-Hébert): Bien oui.
M. Forget: On nous dit: Cela regroupe, à la fois, des
frais téléphoniques de certains types, télex, etc., plus
les publications. Si on fait le total de la catégorie de dépenses
3 dans tout le ministère, on obtient une somme très
impressionnante, merci.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est parce qu'on a du monde
partout.
M. Forget: Seulement au programme 2, nous ayons $2 600 000
à l'élément 1 et $3100 000 à
l'élément 2, auxquels s'ajoutent évidemment, dans d'autres
programmes, les chiffres correspondants. J'imagine que dans le programme 3, il
y a également des choses de ce côté-là. Là,
les détails ne nous sont pas donnés. Il s'est agi de transferts
au programme 3. Au programme 1, je n'en sais rien, mais il y a aussi un autre
chiffre qui s'y ajoute. Je m'excuse, j'aurais dû faire tous ces totaux
avant, mais... Un montant de $370 000.
M. Morin (Louis-Hébert): ...
M. Forget: C'est une somme considérable. On nous dit qu'il
y a des publications. Cela s'est maintenu à un niveau inchangé et
toute l'économie qui se reflète dans les
délégations du Québec et dans le budget du programme de
soutien est due à des économies résultant d'un meilleur
système, d'un meilleur contrôle des dépenses.
Autrement dit, derrière cette diminution du budget, il n'y a
aucune décision substantielle de prix quant à la modification
d'activités ou de program mes.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est vraiment une compression
des activités pour entrer dans le cadre du budget qui nous est imparti.
Je reviens à la catégorie de dépenses "communications",
à laquelle le député faisait allusion tout à
l'heure. Cela comprend, outre les frais que je vous ai indiqués, les
frais de déplacement et les frais de voyage qui constituent un
détail important de cette catégorie de dépenses que sont
les communications.
M. Forget: Ah bon, les frais de voyage sont là-dedans.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est ça. Si vous vous
reportez au budget de la direction des communications chez nous, son budget
annuel est d'environ $300 000. Il faut ajouter à ça de
façon significative la publication d'un certain nombre de brochures qui
vous ont été distribuées dans un cahier noir,
Québec Al Dia, Québec Update, etc., qui étaient
assumées par chacune des délégations l'année
dernière et qui sont assumées par l'administration de la
direction générale des affaires internationales cette
année. Il y en a, en gros, pour $500 000, je pense. C'est le coût
total de cet ensemble de publications dont un exemplaire de chaque publication
vous a été remis dans le cahier noir.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... je ne veux pas que mes paroles soient mal
interprétées, mais quand on a participé à
l'élaboration de budgets, on sait qu'il y a certaines choses qui se
font, certaines opérations de lits de Procuste se font en
dernière minute. Il est assez difficile de comprendre ce qui est en
train de se produire. On vit quand même dans un climat d'inflation
généralisée. On a vu au programme 3, l'Office
franco-québécois, que la hausse des frais de voyages était
telle que ça forçait une certaine contraction des
activités ou une certaine réévaluation des
activités-
Les frais téléphoniques partout dans le monde, le
télex, etc., ne sont pas à la baisse, autant que j'aie pu le
constater d'après mes comptes personnels. Il y a aussi les publications
qui subissent l'inflation et vous n'en abandonnez aucune.
Est-ce qu'on ne serait pas en face d'une économie factice qui a
été inscrite là? On sait très bien de toute
façon qu'il va bien falloir que dans un budget supplémentaire on
tienne compte des hausses des frais téléphoniques et que
ça fait moins mal là qu'ailleurs puisque de toute manière
on va bien être obligé de se conformer à la
réalité éventuellement. Il ne semble pas qu'il y ait de
décision substantielle qui explique cette baisse quand même assez
remarquable d'un budget sur lequel aucune décision n'a été
prise par ailleurs.
M. Morin (Louis-Hébert): Cette année, la hausse
totale de l'augmentation du budget du ministère n'est que de 5,8%, ce
qui est quand même très raisonnable par rapport à ce que
d'autres ministères ont pu recevoir.
Nous avons fait vraiment un effort, de concert avec le Conseil du
trésor, pour qu'on puisse jouer le jeu adéquatement. Il est bien
évident cependant que si, en cours d'année, nous avions dans nos
délégations des hausses de coûts en raison de l'inflation
ou de mouvements difficilement prévisibles en début
d'année, ces crédits additionnels nous seraient octroyés
à l'aide du fonds de suppléance ou du budget
supplémentaire, comme c'est le cas chaque année. Mais je crois
que cette année ces crédits additionnels qui pourraient nous
être octroyés en cours d'année seront inférieurs
à ce qu'ils ont pu être au cours des dernières
années, étant donné que nous avons essayé de
vraiment resserrer l'administration à l'intérieur du
ministère pour faire en sorte que les dépenses soient
scrutées davantage.
Cela se traduit non pas par une réduction générale
des activités du ministère, mais par une compression ou une
surveillance plus étroite de la nature des dépenses
effectuées.
M. Forget: Je vais vous donner un exemple, les appels
privés qui sont faits soi-disant par interurbain, qui n'étaient
pas contrôlés et qui vont l'être et qui vont donc être
remboursés par les utilisateurs. On peut cependant difficilement
prévoir que ce soit suffisant pour équilibrer le budget du
ministère des Affaires intergouvernementales. A défaut de
décision brutale et pénible quant aux vraies décisions, on
peut bien s'amuser à changer les chiffres pour équilibrer le
budget, mais il reste que la réalité demeure ce qu'elle
était.
Ce que dans le fond mes remarques mettent en doute, c'est si ces
chiffres sont la meilleure évaluation, une évaluation
véridique de ce que l'on croit vraiment qui va se passer ou si
simplement c'est un chiffre qui est fait pour produire un total qui se conforme
à des directives du Conseil du trésor.
M. Morin (Louis-Hébert): Vraiment, le budget que nous
avons cette année est un budget que nous entendons respecter. C'est
l'entente qui a été faite avec les représentants du
Conseil du trésor sous réserve des changements à
intervenir en cours d'année au titre de la dévaluation du dollar,
par exemple, de l'inflation ou des données de cette nature. Mais c'est
vraiment un budget réaliste.
M. Forget: Est-ce que les chefs de délégation, par
exemple, ont reçu des directives à l'effet de restreindre le
nombre de déplacements de leur personnel dans les missions à
l'extérieur du Canada?
M. Morin (Louis-Hébert): Nous avons cette année,
pour la première fois, établi des enveloppes permettant au chef
de chacune des délégations de fonctionner à
l'intérieur de cette enveloppe et nous avons négocié la
teneur de ces enveloppes avec eux. Plusieurs ont senti une diminution par
rapport à ce à quoi ils étaient habitués dans le
passé, mais ils m'ont promis de rester à l'intérieur des
enveloppes qui leur ont été imparties, s'ils ne le faisaient pas,
il y aurait des sanctions administratives qui interviendraient à ce
moment-là.
M. Forget: De quel ordre?
M. Morin (Louis-Hébert): En termes d'évaluation du
rendement aux fins de détermination des traitements, par exemple, ou
possiblement en termes de déplacement. J'ai été aussi
spécifique que cela quand nous avons eu la réunion des
délégués cette année.
M. Forget: Excellent.
M. Rivest: Je ne doute pas de votre fermeté, M. le
sous-ministre. Surveillez votre ministre.
M. Morin (Louis-Hébert): II m'a fermement
appuyé.
On en a même parlé ensemble et...
M. Rivest: C'est un bon garçon, lui.
M. Morin (Louis-Hébert): Nous sommes deux bons
garçons, nous nous complétons mutuellement.
M. Forget: Du côté des services, qui est la
catégorie de dépenses suivante, on observe aussi, dans le
programme 4, une diminution. Quel est le contenu de ce poste budgétaire
des services? Est-ce qu'il s'agit de contrats? Ce ne sont pas des fournitures,
parce que les fournitures sont énumérées plus loin. Ce
n'est pas de l'entretien. Ce sont des services. Je ne sais pas ce que ça
veut dire au juste dans le contexte de votre ministère.
M. Morin (Louis-Hébert): Sur l'ensemble du programme 4, on
voit à la catégorie des services une diminution de $106 000 qui
s'explique si on va à l'élément 3 de ce programme,
où on voit qu'à la catégorie des services il y a là
une diminution de $151 000. Cela tient au fait que, l'année
dernière, nous avons eu des crédits additionnels pour permettre
la réception, par exemple, de M. Barre. Nous avons également
participé, comme ministère des Affaires intergouvernementales,
à la tenue de la conférence des ministres de l'Education, qui a
eu lieu à Québec, ce qui ne se répétera pas cette
année. Les premiers ministres sont venus à La Malbaie aussi, de
sorte que cela a grevé le budget du protocole. Ce sont des choses qui ne
se répéteront pas cette année et, conséquemment, le
Trésor y ayant vu, cela explique en partie la coupure à cette
catégorie.
M. Rivest: L'inauguration de la Baie James aussi, je
présume?
M. Morin (Louis-Hébert): Non. L'inauguration de la Baie
James a été surtout à la charge de la
Société de l'énergie de la Baie James.
M. Rivest: Est-ce que le service du protocole n'a pas
été inscrit dans cette opération?
M. Morin (Louis-Hébert): A la Baie James? Pas comme il
aurait fallu.
L'organisation protocolaire a été faite par le service du
protocole de la Société de la Baie James, mais nous lui
avons...
M. Rivest: On y reviendra.
M. Morin (Louis-Hébert): A la Baie James?
M. Rivest: Au service du protocole.
M. Forget: Si je comprends bien, M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... il faut entendre par services entre autres les
réceptions officielles et autres. C'est ce genre de dépenses qui
sont comptabilisées aux services. Si on se reporte au programme 2, par
exemple, les délégations du Québec à
l'étranger, il y en a donc pour $3 200 000, des réceptions et
autres choses du genre.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a des contractuels
là-dedans, aussi.
M. Forget: Ce n'est pas dans les traitements? M. Morin
(Louis-Hébert): Je ne crois pas.
M. Forget: C'est dans les traitements, donc, c'est
essentiellement...
M. Morin (Louis-Hébert): Dans la catégorie des
services, on retrouve les traitements des contractuels.
M. Forget: Les traitements des contractuels.
M. Morin (Louis-Hébert): Et, dans les traitements, ce sont
les employés réguliers du ministère qui sont payés
à même la sous-catégorie des traitements. (23 h 30)
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le programme 4 est
adopté?
M. Forget: Le programme 4, quant à moi, est
adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le budget du
ministère des Affaires intergouvernementales est adopté?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Adopté.
M. Marx: Est-ce que c'est congé demain dans votre
ministère?
Le Président (M. Lacoste): Donc, la commission
parlementaire des affaires intergouvernementales ajourne ses travaux sine
die.
Fin de la séance à 23 h 31