Journal des débats de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
jeudi 24 octobre 2019
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Vol. 45 N° 17
Étude détaillée d'un projet de loi n° 34, Loi visant à simplifier le processus d’établissement des tarifs de distribution d’électricité
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Intervenants par tranches d'heure
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Montpetit, Marie
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Polo, Saul
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Montpetit, Marie
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Ghazal, Ruba
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Julien, Jonatan
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Birnbaum, David
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Birnbaum, David
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Montpetit, Marie
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Kelley, Gregory
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Lemay, Mathieu
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Kelley, Gregory
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Montpetit, Marie
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Gaudreault, Sylvain
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Polo, Saul
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Birnbaum, David
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Julien, Jonatan
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Girard, Éric
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Campeau, Richard
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Lachance, Stéphanie
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Picard, Marilyne
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Provençal, Luc
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Grondin, Agnès
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Ghazal, Ruba
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Polo, Saul
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Lemay, Mathieu
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Julien, Jonatan
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Ghazal, Ruba
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Ghazal, Ruba
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Julien, Jonatan
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Lemay, Mathieu
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Gaudreault, Sylvain
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Polo, Saul
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Birnbaum, David
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Birnbaum, David
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Lemay, Mathieu
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Montpetit, Marie
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Provençal, Luc
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Lemay, Mathieu
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Kelley, Gregory
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Julien, Jonatan
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Polo, Saul
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Birnbaum, David
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Montpetit, Marie
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Girard, Éric
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Campeau, Richard
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Lachance, Stéphanie
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Picard, Marilyne
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Provençal, Luc
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Grondin, Agnès
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Ghazal, Ruba
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Gaudreault, Sylvain
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Lemay, Mathieu
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Grondin, Agnès
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Gaudreault, Sylvain
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Montpetit, Marie
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures quarante minutes)
La Présidente
(Mme Montpetit) :À l'ordre, s'il
vous plaît! Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir, comme
d'habitude, éteindre la sonnerie de vos appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi n° 34, Loi visant à simplifier le
processus d'établissement des tarifs de distribution d'électricité. M. le
secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. M. Provençal (Beauce-Nord) remplace M. Allaire
(Maskinongé); Mme Picard (Soulanges) remplace M. Bélanger (Orford); Mme Lachance
(Bellechasse) remplace Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice); M. Kelley
(Jacques-Cartier) remplace M. Ciccone (Marquette); Mme Ghazal
(Mercier) remplace Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue); et M. Gaudreault
(Jonquière) remplace M. Roy (Bonaventure).
Motion proposant d'entendre M. Jean-Thomas
Bernard, professeur auxiliaire de l'Université d'Ottawa (suite)
La Présidente
(Mme Montpetit) : Donc, je comprends qu'on a presque une
toute nouvelle commission. Alors, lors de l'ajournement des travaux hier, nous
en étions à l'étude de la motion préliminaire présentée par le député de
Laval-des-Rapides. Alors, M. le député, la parole est à vous. Il vous reste
environ 24 minutes.
M. Saul Polo (suite)
M. Polo : ...Mme la
Présidente. Alors, j'essaie de reprendre où on a laissé hier, en fin
d'après-midi, début de soirée, Mme la Présidente. Je reviens sur l'essence même
de la motion préliminaire, qui est celle d'inviter... d'entendre
M. Jean-Thomas Bernard, professeur auxiliaire à l'Université d'Ottawa. J'avais
terminé mon intervention, hier soir, à 18 heures, en rappelant un peu
quelques éléments de son C.V., également de son expérience, certaines de ses
publications et notamment, notamment... Et, puisque j'ai terminé assez
abruptement, assez rapidement, parce que le temps... le temps de faisait... Enfin,
on terminait à 18 heures.
Tout ça a débuté suite à la publication,
Mme la Présidente, d'une lettre ouverte dans les pages du Devoir du
19 juillet dernier, intitulée Trop-perçus et nouveau cadre tarifaire
d'Hydro-Québec. Et ce qui a surtout attiré mon attention, et je pense que c'est
là où, si on peut dire, l'apport de M. Bernard pourrait certainement nous
aider, là, dans nos discussions, dans notre analyse, là, du projet de loi
n° 34, c'est les deux derniers paragraphes de son texte. Et je vais...
Pour l'intérêt, là, des personnes qui nous écoutent, je vais revenir sur son
texte d'opinion, dans lequel il mentionne, l'avant-dernier paragraphe : «Avant la modification proposée du régime tarifaire, les ajustements
tarifaires découlant des nouveaux coûts et des gains de productivité étaient
effectués à chaque année.» Donc, ici, on parle du dossier tarifaire déposé ou,
en fait, l'exercice du dossier tarifaire annuel. «Avec le nouveau régime,
l'ajustement se fera seulement tous les cinq ans», ou 60 mois,
comme le mentionne souvent M. le ministre. «Or, Hydro-Québec
dispose présentement de surplus et la demande interne stagne.» Effectivement
plusieurs sont venus nous le démontrer et également à travers les lectures des
différents mémoires, la demande actuelle est en fait inférieure de celle qu'elle
était il y a une douzaine d'années à peu près. «Il n'y aura donc pas de
pression à la hausse due au développement de nouvelles centrales. Par contre,
l'amélioration de la productivité se poursuivra. En liant le niveau des tarifs
à l'inflation, le gouvernement ne tient pas compte de cette amélioration
tendancielle de productivité et accaparera la totalité des gains pendant cette
période. Il n'y aura plus de trop-perçus ni de manque à gagner parce que les
tarifs ne reposeront plus sur les coûts. Le gouvernement s'est inséré dans la
détermination directe des tarifs d'électricité et en sortira gagnant au cours
du premier exercice de cinq ans. Il a effectué un virage réglementaire majeur
sans en fournir la motivation et sans présenter les objectifs poursuivis.»
Ça, c'est le texte de M. Bernard. En
fait, si j'avais à compléter, là, le texte de M. Bernard, ce qu'on entend,
depuis maintenant cinq, six semaines, de la part du ministre et du gouvernement,
notamment, aujourd'hui, en Chambre, le premier ministre s'est fait questionner
sur le même sujet, le ministre nous explique, depuis des semaines maintenant,
que son projet de loi est basé sur vraiment trois arguments, un étant la
prévisibilité, deux étant la simplification et trois étant le remboursement des
trop-perçus. Ce que j'aime bien de la fin du texte de M. Bernard, c'est
parfait, on peut donner le bénéfice du doute en disant que, depuis le
19 juillet dernier, le ministre et le gouvernement a un peu clarifié, là,
les intentions et les explications en essayant de justifier, là, le dépôt de
son projet de loi. Mais je pense que l'argument et, en fait, la dernière phrase
de son texte, lorsqu'il mentionne que le projet de loi n° 34
effectue ou <propose un virage réglementaire majeur sans...
M. Polo : ...en
essayant de justifier, là, le dépôt de son
projet de loi, mais je pense
que l'argument et, en fait, la dernière phrase de son texte, lorsqu'il
mentionne que le
projet de loi
n° 34
effectue ou >propose «un virage réglementaire majeur sans en fournir la
motivation et sans présenter les objectifs poursuivis», pour moi, ce
questionnement-là, cette affirmation-là est très pertinente. Elle vaut la peine
qu'on entende M. Bernard, surtout compte tenu de son expérience, de son
input.
Je ne pense pas que M. Bernard a été
invité... Ah oui, il a été invité? Bon, il a sûrement été invité, mais, ceci
dit, il a sûrement eu un contretemps, à ce moment-là, et je pense que c'est
tout aussi... en fait, même plus pertinent, compte tenu des réponses que nous
avons eues, en fait, même des questionnements qui ont été soulevés suite aux
audiences et... suite aux audiences, parce qu'on est sortis de la semaine des
audiences, qui était la semaine du 20 septembre, avec plus de questions
que de réponses.
Nous l'avons vu, en fait, sur la quinzaine
d'organismes et experts qui sont venus nous présenter leur mémoire, répondre à
nos questions, c'est plus d'une douzaine d'organismes qui sont soit totalement
ou en partie contre les arguments du ministre... en fait, les trois piliers de
l'argument du ministre pour justifier le projet de loi n° 34,
et je pense qu'il est important, Mme la Présidente, qu'on ait cette
discussion-là avec M. Bernard.
Je vous rappelle, au niveau de la
soi-disant simplification du processus de la régie... Au niveau de la
soi-disant simplification du processus de la régie, hier, j'ai eu l'occasion de
revenir... Malgré l'interruption d'un collègue ici, hier, j'ai eu l'occasion de
revenir sur, notamment, la loi... ou, en fait, le mémoire, le rapport déposé,
présenté par l'ancien ministre Guy Chevrette, qui venait justifier la création
de la régie, qui venait... et, tantôt, là, on reviendra sur ces éléments-là…
pourquoi il était important d'élargir le mandat de la régie qui, à l'époque,
avait un mandat uniquement sur le secteur du gaz naturel, pourquoi, à l'époque,
il y a plus d'une vingtaine d'années, il était important d'élargir son mandat
et d'inclure l'industrie de l'électricité, le secteur de l'électricité
hydroélectrique, pourquoi il était important que la société d'État Hydro-Québec
s'engage... en fait, participe au processus de dossier tarifaire sur une base
annuelle, quels étaient les avantages, pourquoi il était important de retirer
de la commission économie et travail les responsabilités qui lui étaient
confiées à l'époque, qui étaient de faire le travail de, si on peut dire,
d'analyse des demandes d'Hydro-Québec.
Il y avait clairement un conflit
d'intérêts entre le fait que le gouvernement est le principal actionnaire de la
société d'État et que la majorité des membres d'une commission sont
généralement composés par des membres du gouvernement. Donc, le législatif et
l'exécutif se combinent. Et, en plus de ça, l'information était soumise aux
élus, était produite par le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles
de l'époque.
Donc, les mêmes questionnements... En
fait, les questionnements de l'époque sont tout aussi importants aujourd'hui,
sont tout autant d'actualité. Et donc, quand on parle de cette soi-disant
simplification, bien, moi, je pense qu'aujourd'hui on est devant un grand
danger d'affaiblissement non seulement de la Régie de l'énergie et de son
mandat, mais, également, et comme mon collègue de Robert-Baldwin l'a mentionné
hier, de porter flanc à des accusations de dumping, de porter flanc à des
accusations de la part de nos voisins nord-américains, notamment la FERC,
l'institution américaine qui réglemente l'énergie et la... de cette
industrie-là aux États-Unis.
• (11 h 50) •
Donc, quand M. Bernard termine son
texte en disant qu'il est important d'en faire la démonstration, je pense que
c'est important, pour nous, de l'entendre ici, en fait, même de challenger
l'argumentaire du ministre. Peut-être que M. Bernard pourra réussir là où,
à tout le moins, jusqu'à date, nous, les membres des différentes oppositions ou
mes collègues ici de l'opposition officielle, n'avons pas encore réussi à, si
on peut <dire...
M. Polo :
...l'argumentaire du ministre. Peut-être que M. BernardV pourra réussir là
où,
à tout le moins
jusqu'à date, nous, les membres des
différentes
oppositions ou mes collègues ici de
l'opposition officielle
n'avons pas encore réussi à, si on peut >dire, générer un esprit
d'ouverture de la part du ministre face à nos arguments, face à nos recommandations,
face au fait que, depuis le début des audiences sur le projet de loi n° 34,
il n'a malheureusement pas encore démontré ou agi dans... pour poursuivre ou
utiliser ses paroles dans un esprit de collaboration et de démontrer qu'il est
ouvert à soit amender, corriger, à tout le moins, bonifier le projet de loi, O.K.?
Je sais que le ministre, hier, nous a expliqué
qu'il était... qu'il a hâte qu'on commence à débattre sur les articles du projet
de loi. Mais, voyez-vous, ça fait déjà six semaines qu'on le questionne, qu'il
est questionné par des journalistes, par des experts, par des organismes, et il
n'a, en aucun moment, démontré une quelconque lumière, une quelconque ouverture
de considérer certains éléments qui lui ont été présentés ou, enfin, de
reconsidérer certains éléments importants de son projet de loi. Donc, ça, c'est
au niveau de la soi-disant simplification du processus.
Moi, je suis convaincu que
M. Bernard, avec son expérience aussi comme économiste, O.K., peut avoir
une belle discussion avec nous tous sur son interprétation de la prévisibilité,
son interprétation économique aussi de la prévisibilité, sur l'élément
fondamental de ce projet de loi, qui vient, si on peut dire, attacher ou, enfin,
automatiquement indexer la hausse des tarifs de l'électricité sur une base
annuelle basée sur l'inflation.
Aujourd'hui, une question a été posée au
ministre des Finances pour savoir s'il adhérait à ce concept de prévisibilité.
Bon, surprenamment, pour un économiste et un ministre des Finances, il a dit
qu'effectivement c'était possible de prévoir, sur une période de quatre ans,
quelle était la hausse de l'inflation et quel serait le taux de l'augmentation
de l'inflation sur une période de quatre ans alors que, quand vous lisez
quelconque publication économique, quand vous lisez les prévisions économiques,
que ce soit des grandes banques ou de la banque centrale, c'est très difficile
de prévoir au-delà de 12, maximum 18 mois, quelles seront les hausses...
ou quelle sera la hausse de l'inflation au-delà d'une période de 12 à
18 mois. Ça, c'est pour commencer.
Maintenant, je tiens également à vous
rappeler, je pense, M. Bernard pourra également nous éclairer sur ce
sujet-là, nous... à tout le moins, alimenter notre discussion sur le fait que,
quand vous regardez comment fonctionne le processus d'analyse d'un dossier
tarifaire au-delà de recevoir les demandes de hausses de la part de la société
d'État, d'Hydro-Québec, la Régie de l'énergie a l'obligation, c'est son
objectif premier, a l'obligation de déterminer, sur une base annuelle, quelle
est la hausse basée sur le prix juste. Et, quand vous regardez quelles sont les
composantes qui permettent de déterminer quelle est la hausse ou identifier
quelle sera la hausse de l'inflation, il n'y a aucune corrélation, il n'y a
aucun élément qui est corrélé ou, enfin, qui se retrouve dans les éléments et
les facteurs qui sont utilisés pour déterminer quel est le juste prix de hausse
sur les tarifs d'électricité. Ça, c'est un autre élément. Ça, c'est sans tenir
compte que le juste prix, d'une année à l'autre, O.K… Et ça, c'est ce que
M. Bernard fait allusion également dans son texte d'opinion. Mais, d'une
année à l'autre, on pourrait même avoir... les consommateurs pourraient avoir
une baisse des tarifs d'électricité, une baisse des tarifs d'électricité.
Et d'ailleurs, c'est... il le mentionne,
les comportements des consommateurs ont changé malgré ce que le premier
ministre a mentionné en Chambre il y a de ça deux semaines, où il a dit :
Bien, <compte tenu, vous savez, le Parti libéralT est en faveur du
gaspillage de l'électricité par les Québécois parce qu'il prône... il souhaite
que les tarifs d'électricité n'augmentent pas au... à la même... à la même...
M. Polo : ...où il a
dit : Bien, >compte tenu... Vous savez, là, le Parti libéral est en
faveur du gaspillage de l'électricité par les Québécois, parce qu'il prône, il
souhaite que les tarifs d'électricité n'augmentent pas à la même hauteur que
l'inflation sur une base annuelle. Donc, ils sont en faveur du gaspillage
d'électricité.
Mme la Présidente, je sais que vous avez
un intérêt particulier pour les aspects environnementaux et des changements
climatiques. Je ne veux pas présumer de votre réaction à cette affirmation-là
du premier ministre en Chambre, mais je pense qu'on peut être fiers... et il y
a encore beaucoup de terrain à parcourir, mais je pense qu'on peut être fiers
de dire que, quand vous regardez, là, les changements des comportements au
niveau de la consommation d'électricité, il y a eu des avancées assez
importantes au cours des 10, 12 dernières années, ce qui permet... Et
c'est ce que M. Bernard mentionne dans son texte, et c'est ce que les
chiffres également dévoilent, c'est que le Québec a fait des pas importants au
niveau de l'efficacité de sa consommation d'électricité.
Et je pense que les propos du premier
ministre datent d'une autre époque, datent d'un autre siècle, O.K., pour ne pas
dire, du début, peut-être, de sa vie politique, à la fin des années 90.
Oui, parce qu'en fait, c'est vrai, il faut le mentionner, c'est quand même
l'élu qui, actuellement, a le plus d'ancienneté, là, dans la 42e législature.
Non, je suis sur le propos, M. le député
de Bourget, là. Je fais référence à des enjeux d'efficacité au niveau de la
consommation d'électricité, des enjeux qui sont mentionnés dans le texte de M. Bernard.
Et je fais référence aux propos du premier ministre, qui parlait, justement, de
gaspillage d'électricité. Donc, avant que vous invoquiez un appel au règlement
sur votre interprétation de mes propos, qui sont soit pertinents ou non
pertinents, je préfère vous le mentionner, qu'ils sont tout à fait pertinents
parce qu'on parle d'efficacité énergétique. On parle également, au niveau du
projet de loi ici, de comment les hausses des tarifs d'électricité sont
considérées.
Et je fais également, ici, référence à un
débat qui est très important. En fait, si vous avez vu, comme moi, M. le député
de Bourget, la revue de presse au cours des dernières semaines, vous avez pu
voir qu'il y a un débat chaud, un débat important entre la haute direction
d'Hydro-Québec et la Régie de l'énergie, compte tenu qu'Hydro-Québec présume...
Hydro-Québec a une attitude, si on peut dire, méprisante, je vais le dire comme
ça, et je ne l'invoque pas, je n'utilise pas, là, ce terme-là pour définir
quelconque collègue. Mais, actuellement, Hydro-Québec a une attitude méprisante
sur le travail parlementaire qui est effectué ici, à la commission, parce
qu'Hydro-Québec présume déjà de l'adoption du projet de loi n° 34
et s'entête à ne pas déposer un dossier tarifaire.
Et l'un des motifs, et, selon moi, il est
très réel... ce n'est pas... on n'invente rien ici. L'un des motifs, l'une des
raisons pour lesquelles Hydro-Québec n'a aucun intérêt à faire... à aller de
l'avant avec l'exercice d'un dossier tarifaire en 2019, c'est que l'exercice du
dossier tarifaire de 2019 pourrait démontrer, pourrait très bien démontrer
qu'au-delà d'un gel tarifaire pour l'année 2020 comme le propose le
ministre à travers son projet de loi les Québécois, les consommateurs
d'électricité pourraient même avoir une baisse tarifaire, une baisse tarifaire.
Donc, dans le cadre du texte de M. Bernard,
là, lorsqu'il termine en disant : «Sans avoir présenté les objectifs
poursuivis, sans en faire la démonstration, sans montrer la motivation»...
Lorsqu'il parle de... justement, que cette amélioration de la productivité et
que, compte tenu que les surplus sont là, la demande interne stagne, que la
pression à la hausse due au développement de nouvelles centrales, actuellement,
il n'y en a pas, c'est tout à fait d'actualité de l'entendre, Mme la
Présidente. C'est tout à fait d'actualité de l'entendre, parce que,
malheureusement, pour le ministre, ce sera sûrement une autre opinion, un autre
expert, un autre intervenant qui viendra, ici, contredire toutes les prémisses
qui ont été présentées pour justifier la présentation ou le dépôt de ce projet
de loi là.
• (12 heures) •
Comme nous avons pu le voir lors de la
semaine des audiences du projet de loi, malheureusement, pour le ministre, ça a
été une semaine de torture, oui. Et nous avons pu le constater, et je comprends
que, à la fin de la semaine, peut-être, sa <patience était...
>
12 h (version révisée)
<15407
M. Polo :
...
projet de loi là. Comme nous avons pu le voir lors de la semaine des
audiences du
projet de loi,
malheureusement, ça a été... pour le
ministre,
ça a été une semaine de torture. Oui. Et nous avons pu le constater, et je
comprends qu'à la fin de la semaine,
peut-être, sa >patience
était un peu à fleur de peau, disons-le comme ça. Parce qu'effectivement, au
fur et à mesure que la semaine avançait, les différents intervenants et regroupements
que peut-être sa formation politique pensait qui allaient venir corroborer et
soutenir les arguments, ce qui a motivé le dépôt de ce projet de loi là, bien,
en fait, ça a été tout le contraire.
Et je vais vous rappeler, M. le ministre,
vous allez vous en rappeler, lorsque le Conseil du patronat du Québec s'est
présenté ici, vous avez pu, vous-même, constater, comme nous, que l'une des
premières choses que son P.D.G. nous a dites, c'est que... je n'ai pas l'unanimité
ici, de mon organisation, pour appuyer totalement le projet de loi n° 34. Mais vous allez également vous en rappeler, suite à
votre... le dépôt du projet de loi n° 34, le 12 juin
dernier, un premier communiqué du Conseil du patronat avait louangé, louangé
ouvertement, en fond et en large, le projet de loi n° 34.
Et là, trois mois plus tard, le même P.D.G. de la même organisation se pointe
ici et nous dit : Bien, malheureusement, entretemps, j'ai pu sonder mes
membres, et l'unanimité qu'on a exprimée au début, suite au dépôt du projet de
loi, suite à l'annonce du projet de loi n° 34, bien,
malheureusement, mes membres m'ont indiqué qu'il n'y a pas unanimité. Donc,
c'était un exemple pour illustrer comment des acteurs qui, au tout début,
étaient totalement en faveur du projet de loi, se sont peu à peu... ont peu à
peu reculé et ont démontré certainement beaucoup plus de... si on peut dire, un
peu plus de recul sur leurs affirmations initiales.
Donc, moi, je reviens au texte de M. Bernard
en vous disant... et il faut l'écouter pour... il faut l'entendre, il faut
l'inviter, il faut l'entendre ici pour qu'il vienne nous parler sur son
interprétation de prévisibilité, sur son interprétation de la question associée
à la simplification. Puis, également, lui, comme économiste, qu'il vienne
également nous expliquer comment lui analyse le calcul que fait le gouvernement
à travers le projet de loi n° 34 sur le
1 milliard en question, sur le gel des tarifs plus une hausse basée sur
l'inflation, qu'en bout de ligne les Québécois vont récupérer le
1 milliard qui leur était... qui supposément coïncide avec le
1,5 milliard que le gouvernement s'est engagé depuis des années à
rembourser.
Donc, sur ce, Mme la Présidente, moi, c'est
l'argument que je présente pour qu'on invite et qu'on entende M. Jean-Thomas
Bernard, professeur invité, Faculté des sciences sociales et sciences
économiques à l'Université d'Ottawa, pour venir ici, à la CAPERN, et venir
contribuer aux travaux sur le projet de loi n° 34.
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Montpetit) :
Je vous remercie, M. le député. Mme la députée de Mercier, pour
30 minutes.
Mme Ghazal : Oui. Très
bien.
Une voix
: ...
Mme Ghazal : Ah! c'est
vrai, il y a la réplique.
La Présidente (Mme Montpetit) :
Excusez-moi. M. le ministre.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Merci, Mme la
Présidente. C'est bien aimable de me laisser la parole. Écoutez, Mme la
Présidente, troisième journée de l'étude détaillée du projet de loi n° 34, et je réitère, de manière assez joviale, je dirais,
que je m'attaque à ce projet de loi là avec mes collègues.
Et, effectivement, comme mentionnait mon
collègue de Laval-des-Rapides, mentionnant le Conseil du patronat, il n'y a pas
unanimité, on en conviendra, et ce sera l'occasion, lors de l'étude détaillée
article par article, justement... Parce que, quand mon collègue de
Laval-des-Rapides dit : Mais il n'a pas démontré
d'ouverture — en parlant de moi — d'ouverture à amender le
projet de loi, à discuter, à l'améliorer, bien oui, il y a de l'ouverture à ça,
il y a de l'ouverture à ça à l'étude article par article. Et ce sera
l'occasion, Mme la Présidente, de regarder, avec les différents groupes ici
présents, qu'est-ce qu'on peut faire avec les doléances qu'on a entendues, avec
les éléments qui ont été discutés lors des consultations, qu'est-ce qu'on peut
faire, justement, pour arriver à l'objectif de la sanction du p.l. n° 34, mais dans une perspective d'amélioration. Et ça va
se faire, ça, dans l'article par article, je vous l'assure, Mme la Présidente,
et on va y contribuer très activement par nos échanges.
Et, encore là, dans ma <jovialité...
M. Julien : ...pour
arriver à
l'objectif de la sanction du p.l.
n° 34,
mais dans une perspective
d'amélioration. Et ça va se faire, ça, dans
l'
article
par article, je vous l'assure,
Mme la Présidente, et on va y contribuer
très activement par nos échanges.
Et, encore là, dans ma >jovialité...
Je me fais interpeler pas mes collègues, qui me disent... ils me disent :
Jonatan... Ils ne me disent pas ça? Moi, ils me disent Jonatan, ils me parlent.
Ils me disent : Pour moi, ils sont en train de faire du blocage au p.l. n° 34. Je dis : Bien, voyons donc, ce n'est pas du
blocage. Je ne voudrais pas leur prêter ces intentions-là, Mme la Présidente.
Alors, c'est la septième motion
préliminaire qu'on reçoit, qu'on analyse. Et là on passe à peu près deux heures
à discuter de chacune des motions, parce que chacun prend son temps. Puis c'est
correct, c'est ce qui est permis. L'enjeu que j'y vois quand même, Mme la
Présidente, c'est actuellement...
La députée de Mercier a invité, une fois,
dans une motion préliminaire, des gens qui étaient déjà venus lors de la présentation.
Alors, ils sont venus faire la présentation. Et, quand on a fait mention de ça,
on a quand même persisté en disant : On aimerait ça, les réécouter. O.K.,
ça, c'est une chose.
On a invité le président d'Hydro-Québec,
mais Hydro-Québec est venue par ses représentants, représentants qui représentent
le président pour donner la position d'Hydro-Québec. O.K.
Et là c'est la troisième invitation qu'on
fait sur quelqu'un qui s'est désisté. Et, effectivement, cette personne-là a
écrit un article au mois de juillet dernier. On a transmis une invitation, comme
je le réitère, invitations qui ont été soumises suite à un consensus des
différents leaders pour dire : Bien, voici les groupes, 22 invitations.
Six désistements, trois invitations supplémentaires. Et on a entendu les
groupes. Et là on réinvite quelqu'un qui s'est désisté après avoir écrit son
article.
Je commence à croire que mes collègues ont
peut-être raison, mais je reste positif. Je demeure, en fin de compte, persuadé
que c'est dans le meilleur intérêt que cette démarche-là de motion préliminaire
est faite par les différents groupes et que le temps qu'on y passe est à valeur
ajoutée à leurs yeux également. Je persiste et je demeure actuellement encore
persuadé de la chose.
Alors, pour revenir avec les commentaires
spécifiques de mon collègue par rapport au dépôt de sa motion, souvent, mon
collègue mentionne : Écoutez, les prévisions de coûts, puisqu'il n'y aura
pas de développement, puisqu'on est en surplus, vont faire en sorte que la
tarification va baisser. Bien non, ce n'est pas vrai, ça, Mme la Présidente.
Ma collègue de Mercier mentionne souvent
la volonté de la transition énergétique, la volonté, en fin de compte, de
modifier nos pratiques. La mairesse de Montréal mentionne qu'elle veut sortir
du mazout sur l'île de Montréal, avec des objectifs assez audacieux, qui vont
entraîner des exigences importantes en termes d'augmentation de puissance sur
l'île, d'augmentation de capacité des lignes sur l'île, justement pour assurer
cette transition-là. Donc, ce n'est pas du développement, c'est une
transformation du «grid» qui va amener des coûts supplémentaires, qui,
effectivement, vont impacter la tarification sur la base de coûts.
Tout ça étant dit, le projet de loi, c'est
vrai qu'il n'est pas très complexe. On présume et on assume que les prochaines
années vont être le gel et l'inflation et qu'on va corriger après cinq ans si
on s'en est écarté. Sur base historique, on démontre que cette méthode-là,
toutes choses étant égales par ailleurs, ne se serait jamais écartée du droit
chemin. Mais on dit quand même : Si on s'écarte, on va revenir pour
corriger.
Et, ce faisant, mon collègue finissait
avec l'article de son invité en disant : Oui, mais la dernière question,
là : Quels sont les objectifs poursuivis? C'est ça qu'on veut entendre la
réponse. Et, dans la phrase presque suivante, il dit : On connaît les
objectifs, les trois piliers. Puis même lui les connaît très bien, les trois
piliers, et les a repris.
Donc, on connaît les objectifs. Peut-être
qu'on ne s'entend pas sur les conclusions des objectifs, et ça sera l'occasion,
lors de l'article par article, d'en discuter, de l'analyser, de revirer ça à
l'envers, à l'endroit, voir comme qu'on peut l'amender, le cas échéant, si on
peut l'améliorer.
Mais, bien honnêtement, actuellement, par
les motions préliminaires en rafales et en vagues qu'on reçoit, on n'a pas
l'occasion d'amender le projet de loi. On n'a pas l'occasion de discuter et
d'échanger de manière constructive entre nous pour faire en sorte d'avancer.
Mais je ne présume pas que c'est une stratégie de blocage, comme certains de
mes collègues le présument, et je vais attendre la suite des événements.
• (12 h 10) •
Mais pour ce qui est, en fin de <compte,
d'un invité qu'on a déjà invité, qui s'est désisté au mois de septembre après
avoir écrit un article au mois de juillet énonçant, en fin de compte, sa
position, à un moment donné, je...
M. Julien : ...mais je
ne présume pas que c'est une
stratégie de blocage, comme certains de mes
collègues le présument, et je vais attendre la suite des événements.
Mais pour ce qui est, en fin de >compte,
d'un invité qu'on a déjà invité, qui s'est désisté au mois de septembre, après
avoir écrit un article au mois de juillet, énonçant, en fin de compte, sa
position, à un moment donné, je pense qu'on pousse un peu fort. Alors, dans
cette perspective-là, Mme la Présidente, je serais prêt à mettre aux voix cette
motion préliminaire.
La Présidente (Mme Montpetit) :
Je vous remercie, M. le ministre. Je vais céder, donc, la parole à la députée
de Mercier pour une durée de 30 minutes.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Très bien.
Merci, Mme la Présidente. Je suis contente que le ministre ait commencé son
intervention en disant qu'il est de bonne humeur, parce que ça va être
important qu'il... qu'on maintienne... qu'il maintienne sa bonne humeur pour la
suite des travaux, parce que c'est un projet de loi extrêmement important, qui
va avoir des impacts majeurs et à long terme.
Donc, je comprends que le ministre ne nous
a pas prêté d'intention de faire du temps, c'est ce que j'ai entendu dans son
intervention, et je peux aussi mentionner que, par exemple, moi-même, ce que
j'ai déposé, c'est une motion préliminaire, où je présentais trois... deux
personnes et un groupe, donc trois groupes. Et donc on a tout fait ça en une
seule motion, en se disant : Peut-être que, là, on va pouvoir discuter
d'une seule fois, si, peut-être, le ministre pouvait un choix parmi les trois
groupes.
Et, hier, dans mon intervention, j'ai
aussi invité les députés du gouvernement à eux-mêmes, aussi, se prévaloir de ce
moyen parlementaire qui est de présenter des motions préliminaires en
présentant d'autres personnes, d'autres experts, d'autres groupes qui trouvent
que le projet de loi n° 34 va avoir un impact positif sur tous les aspects
qu'on vient de nommer, que ça soit la transition énergétique, les ménages à
faibles revenus, les industries qui consomment de l'électricité, etc. Peut-être
que ça nous ferait voir les choses autrement ou des éléments que nous, on ne
voit pas à force d'entendre le ministre, peut-être, répéter ses arguments, qui
sont fondés, selon lui. Mais, nous, ce qu'on entend, la grande majorité, il y a
un consensus contre son projet de loi, à part Hydro-Québec. Et on aimerait
peut-être entendre aussi ces autres voix-là. Pourquoi elles ne se lèvent pas,
pourquoi elles n'en parlent pas? Peut-être qu'il y en a qui ne veulent pas se
présenter en commission. Et le ministre a des réponses, il leur en a parlé,
puis on aimerait connaître ces raisons-là, ces autres raisons, pas uniquement
de la part du ministre, mais aussi, peut-être, des autres députés.
Donc, si je reviens à la motion de mon
collègue le député... j'ai comme un blanc de mémoire, désolé...
Laval-des-Rapides... c'était lui? Oui... donc, par rapport au fait d'inviter
Jean-Thomas Bernard, oui, vous dites que vous l'aviez invité après qu'il ait
publié son article au mois de juillet puis qu'il n'est pas venu. Il y a
peut-être toutes sortes de raisons. Les gens ne sont pas obligés de dire pour
quelle raison ils ne viennent pas. Peut-être qu'aujourd'hui, en voyant, en
ayant écouté tous les débats qu'on a faits au salon bleu, lors de l'adoption de
principe, peut-être que... puis en écoutant que le ministre n'a pas changé
d'idée, peut-être qu'il va se dire : Bien, là, ça vaudrait la peine, il y
a des éléments que je veux amener.
Et je ne vais pas aller très en détail à
présenter son CV, moi, j'étais absente, désolée, puis je faisais une autre
intervention sur le projet de loi sur les maternelles quatre ans et je n'ai pas
écouté si mon collègue Laval-des-Rapides a présenté la biographie, mais
j'imagine que oui, et donc on peut voir que le CV de M. Jean-Thomas
Bernard est exactement... je veux dire, c'est un expert en matière d'énergie,
et, s'il venait ici puis qu'on l'entendait et qu'on lui posait des questions,
ça pourrait certainement nous éclairer.
Mais, vous avez raison, il a publié un
article dont je voudrais faire référence, notamment, par exemple, où est-ce
qu'il parle de l'historique. Parce que c'est important, quand on fait des
grandes réformes, de se dire qu'est-ce qu'il s'est fait ailleurs, ce qu'on est
en train de changer, pour quelle raison on est en... en fait, ce qu'on est en
train de changer aujourd'hui, pour quelle raison il a été mis sur pied il y a
longtemps? Et lui, il en parle dans son article, et il dit qu'après la
nationalisation c'était vraiment... les tarifs étaient directement approuvés
par le gouvernement devant des élus, probablement en commission, qui n'étaient
pas des experts de la question. Et c'est là qu'il dit que la porte était, donc,
ouverte à l'usage opportuniste des tarifs d'électricité par le gouvernement à
des fins électoralistes ou budgétaires. Donc, c'est un risque qui existe, et il
ne faut surtout pas retomber là-dedans. Et c'est pour cette raison qu'à la
suite de ça, en 1996, il y a eu une vaste consultation. Nous, ici, on a vu à
peu près un peu moins que 20 groupes et personnes. Là, il y a eu une vaste
consultation, je ne sais pas ils ont consulté combien de personnes, ça, ça
serait aussi intéressant à voir, pour mettre en place... puis il y avait aussi
une table d'experts... donc pour mettre en place la Régie de l'énergie. Suite à
cette vaste consultation, la Régie de l'énergie est <apparue à la fin des
années 1990. Donc, ça serait...
Mme Ghazal : ...je ne
sais pas ils ont consulté combien de personnes, ça, ce serait aussi
intéressant
à voir pour
mettre en place... puis
il y avait aussi une table
d'experts, donc pour
mettre en place la
Régie de l'énergieT.
Suite à cette vaste
consultation, la Régie de l'énergieT est >apparue
à la fin des années 90. Donc, ce serait important, aujourd'hui, en faisant
cette réforme de la Régie de l'énergie, de s'inspirer de ce qu'il a été fait ailleurs,
et c'est bien que M. Bernard nous le rappelle.
Et, à la fin, moi, je vais revenir à la
question qui a été posée, à la question sur les motivations. Il a effectué un
virage réglementaire, ça, c'est... je cite l'article : «Le gouvernement a
effectué un virage réglementaire majeur sans en fournir la motivation et sans
présenter les objectifs poursuivis.» Et c'est vrai que je ne les comprends pas,
ces motifs-là. Est-ce que c'est pour rembourser les trop-perçus? Est-ce que c'est
pour simplifier, uniquement simplifier le processus pour que ce soit moins
bureaucratique, comme nous l'a dit le premier ministre tantôt, en répondant à
une question en Chambre? Est-ce que c'est ça? Parce que c'est important, de
comprendre l'objectif fondamental, parce que, des fois, des fois, on peut être
d'accord avec l'objectif fondamental, comme, par exemple, si je prends les
autres projets de loi, notamment celui sur les maternelles quatre ans, qui est
de s'assurer que tous les élèves... qu'il y ait moins de vulnérabilité, que
ceux qui n'ont aucun service, par exemple, en CPE, qu'ils puissent avoir accès,
qu'ils puissent aller à l'école, etc., pour faire du dépistage rapide. Et tous
les objectifs énoncés par le ministre, tout le monde, tous les partis sont
d'accord avec eux, mais pas sur les moyens.
Ici, on entend des objectifs du ministre
comme, par exemple, simplifier, mais, pour simplifier, il y aurait d'autres
moyens de le faire que de dire : Bien, on jette le bébé avec l'eau du
bain, on enlève la Régie de l'énergie, qui est perçue comme une épine dans le
pied d'Hydro-Québec, et ça va être fait aux cinq ans. Mais il y a d'autres
façons de simplifier, il y a eu des solutions, et ces solutions-là ne sont pas
dans le projet de loi n° 34. Est-ce que c'est pour rembourser les
trop-perçus? Mais on sait très bien que les trop-perçus ne seront pas
remboursés par le projet de loi, parce que c'est des estimations sur de
l'argent futur, alors que les trop-perçus, une grande partie se retrouve dans
les coffres de l'État. Donc, les trop-perçus passés ne seront pas remboursés,
le 1,5 milliard, selon ce que la Vérificatrice générale avait dit.
Donc, est-ce que ce sont juste... est-ce
que ce sont simplement ça, les objectifs du ministre, ou il y en a d'autres, vu
que, si on laissait la Régie de l'énergie faire son travail à chaque année,
comme elle le faisait, bien, tout le monde, tous les experts nous disent :
Si on laissait la Régie de l'énergie faire son travail, ce serait plus bas, les
tarifs seraient plus bas, même celui de tarif L des industries serait plus bas
que l'inflation. Donc, est-ce que l'objectif... ça, je n'ai jamais entendu le
ministre le dire, autre que simplifier, de payer le prix juste et raisonnable,
qui doit être l'objectif. Le prix juste, c'est ce que les clients veulent
payer, le prix juste et raisonnable. Est-ce que ça fait partie des objectifs du
ministre? Peut-être que non, peut-être que non, ce n'est pas un objectif pour
lui, lui, l'objectif, c'est prévisible, stable seulement. Puis le prix juste,
ce n'est pas grave s'il n'est pas juste, on veut qu'il soit stable.
Si c'est ça, l'objectif du ministre,
j'aimerais aussi l'entendre nous dire, parce qu'ils n'ont pas rejeté du revers
de la main les arguments qui nous sont présentés par tous les experts, sans
exception, ceux qui trouvent que le projet de loi est une bonne chose qui
n'aura pas d'effet, notamment par rapport à la question de la tarification, je
ne parle même pas des autres éléments, eh bien, on ne les entend pas, il y a
juste... on n'entend que le ministre. Et je vais réitérer, je vais demander,
encore une fois, au ministre de nous présenter, pour d'autres, une motion
préliminaire avec une liste d'experts et d'organismes, qui, eux, sont pour et
qui ne sont pas venus en commission.
Donc, je ne veux pas faire plus de temps
que ça, moi, je trouve que ce serait extrêmement pertinent, oui, d'entendre M. Jean-Thomas
Bernard, oui, ce serait pertinent d'avoir une vaste consultation, pour ne pas
dire que la consultation qui a eu lieu a été une vaste consultation. C'est une
commission parlementaire avec une consultation de même pas 20 groupes et
individus, et ce n'est pas une vaste consultation, c'est largement insuffisant,
alors qu'on sait que le projet de loi va avoir un effet énorme et fondamental
sur plusieurs éléments, notamment l'affaiblissement de la Régie de l'énergie,
surtout quand on sait pour quelle raison elle a été mise sur pied. C'est un
retour en arrière. Ce n'est pas une modernisation de la Régie de l'énergie.
• (12 h 20) •
Moi, je proposerais, au contraire, au
gouvernement, oui, de faire une réforme de la Régie de l'énergie pour
moderniser, réduire la bureaucratie, mais ce n'est pas en mettant l'inflation
comme base de tarification qu'on est en train de moderniser la <Régie de
l'énergieT, ça n'a aucun rapport...
Mme Ghazal : ...elle a
été mise sur pied. C'est un retour en arrière. Ce n'est pas une modernisation
de la
Régie de l'énergieT. Moi, je proposerais au contraire au
gouvernement,
oui, de faire une réforme de la
Régie de l'énergieT pour moderniser,
réduire la bureaucratie, mais ce n'est pas en mettant l'inflation comme base de
tarification qu'on est en train de moderniser la >Régie de
l'énergie. Ça n'a aucun rapport.
Donc, voilà, j'ai dit ce que j'avais à
dire par rapport à l'invitation de M. Bernard, et je lance l'invitation,
et j'espère que le ministre et la partie gouvernementale vont y répondre en
invitant des experts à ce qu'on aimerait que ça devienne, cette consultation-là :
pas juste une simple consultation, mais une vaste consultation, pour une
réforme majeure, que le projet de loi n° 34 est en train de faire. Merci.
La Présidente (Mme Montpetit) :Je vous remercie, Mme la députée de Mercier. Alors, le député
de D'Arcy-McGee.
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : Merci, Mme
la Présidente. Et je tiens à noter que j'interviens au nom du chef de
l'opposition officielle, donc, si je ne m'abuse, je peux intervenir pour une
période jusqu'à 30 minutes.
Mme la Présidente, j'ai la fierté d'appuyer
la motion de mon collègue de Laval-des-Rapides en ce qui a trait à l'invitation
de M. Jean-Thomas Bernard à témoigner devant nous. Je ne peux pas
m'empêcher de constater que le ministre, oui, admettons, de façon joviale et,
surtout, en respectant nos règles parlementaires, indique néanmoins qu'il est
tenté, il me semble que je le cite correctement, quand même à croire que ses
amis ont raison. Et il avait fait allusion au fait qu'il a des amis qui,
peut-être, se questionnent sur les agissements des trois formations de
l'opposition depuis le début de nos délibérations, hier.
Une autre fois, il me semble que ça ne
devrait pas être nécessaire, mais j'espère que les gens qui nous écoutent — j'ai
l'impression que je n'ai pas à m'en faire avec ça — comprennent que
le but de nos informations... de nos interventions, est très clair, c'est
d'alimenter nos réflexions à chaque étape devant le projet de loi pour assurer
à la fois plusieurs objectifs, chacun qui est aussi sérieux, il me semble, que
l'autre : dans un premier temps, de protéger le consommateur; dans une
deuxième fois, d'assurer que le «monopoly», qui est à la fois un bijou, une
ressource pour nous tous, soit efficace dans son travail et, dans un troisième
temps, pour le développement de notre économie ainsi que nos réponses aux
changements climatiques, que, sur le plan international, le comportement
d'Hydro-Québec soit visiblement surveillé et, à la conclusion, acceptable et
correct aux yeux de ces deux cibles que je viens de mentionner, ainsi qu'une
troisième : les instances internationales, qui ont besoin d'accueillir
Hydro-Québec comme concurrent loyal, efficace, et qui ne se prévale pas
d'avantage déloyal. C'est trois considérations qui ne sont pas d'un intérêt
minimal.
Aussi, le ministre suggère qu'il a hâte de
discuter et de considérer même des amendements lors de notre étude, qui s'en
vient, article par article. Nous partageons ce sentiment du ministre. Mais
est-ce que ce n'est pas normal de se prévaloir, lors de ces discussions, d'un
portrait complet, Mme la Présidente, des experts, des gens qui risquent... les
gens que nous... je veux que ça soit noté, les gens qui auraient été proposés
par les trois formations de l'opposition. On ne se donne pas la prétention
qu'ils vont tout simplement offrir des observations qui appuient nos
préoccupations. Ce n'est pas du tout ça. On veut que le portrait, lors de notre
éventuelle discussion article par article, soit complet, soit complet. Et le
portrait sur des genres de questions assez centrales que je commence à <poser.
Bon...
M. Birnbaum : ...notre
éventuelle discussion article par article, soit complet, soit complet, et le
portrait sur des genres de questions assez centrales que je commence à >poser.
Bon. Nous sommes devant déjà le refus
de... je ne sais pas, sept, huit motions documentées, qui nous auraient
invités, comme je dis, d'alimenter davantage notre expertise, ce qui rend, de
ma lecture même, plus importante devant ces refus, d'essayer de voir si, en
bonne foi, on peut se procurer une ouverture, en quelque part, du ministre. Et,
compte tenu que les motions précédentes n'ont pas eu ce résultat-là, ça rend
même, de ma lecture même, plus importante qu'un expert, comme Jean-Thomas
Bernard, soit invité à se joindre à nous. Et ça rend ça plus important, de
savoir si, une autre fois, on peut défendre avec vigueur la pertinence d'une
telle comparution. Et il me semble que c'est évident.
Je vais juste faire un sommaire bref des
qualités et des expériences de M. Bernard, parce qu'il me semble que ça
peut nous aider à faire confiance, à savoir, Mme la Présidente, que sa
comparution ajouterait davantage à notre expertise collective.
Et, une autre fois, bien, le ministre a
fait référence à un article... Si je faisais le bilan du parcours de
M. Bernard, il me semble que ça ne se résumerait pas dans un article d'une
page, un article qui nous invite à réfléchir comme il faut quand... néanmoins.
Et je me permettrais de faire référence à ça. Mais, évidemment, ce ne serait
qu'un début de genre de commentaires que j'ose croire que M. Thomas
Bernard serait en mesure de partager avec nous.
Rappelons que ses spécialités touchent à
nos préoccupations sur les aspects économiques de l'usage de l'énergie, prix,
coûts et politiques gouvernementales, son analyse des marchés de l'énergie,
électricité, pétrole, gaz naturels par les prix et les coûts — pertinentes,
nos discussions, non? — politiques gouvernementales reliées à
l'énergie, fiscalité, programme et réglementation et aspects économiques des gaz
à effet de serre. On n'est pas dans une petite bulle. Personne n'a besoin de me
rappeler à l'ordre, qu'on n'est pas ici pour parler des gaz à effet de serre.
On parle de l'énergie, on parle de l'avenir, de notre façon de réglementer
l'énergie, de surveiller le «monopoly» qui est au centre de notre façon
privilégiée de livrer l'énergie, c'est-à-dire l'électricité. Alors, toutes ces
expertises ont l'air intéressantes. Le Pr Bernard a déjà participé à plusieurs
consultations, une autre fois, qui sont assez pertinentes à nos discussions. Il
a été consultant pour la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec en
2013. Il a participé au panel d'experts du Conseil des académies canadiennes
sur la compétitivité de l'industrie canadienne au chapitre de l'usage de
l'énergie. Je vous rappelle que la compétitivité, la place d'Hydro-Québec, avec
les autres joueurs majeurs, souvent en situation de «monopoly» aussi, est
pertinente à nos discussions. Il a participé aux consultations de la Régie,
même, de l'énergie en 2003, d'Hydro-Québec en 1996, plusieurs de ses
présentations devant les commissions parlementaires. Alors, il serait bien à
l'aise à venir nous parler, et voilà l'importance de l'invitation.
Juste pour citer deux exemples, il a parlé
déjà devant une commission parlementaire, la tarification de l'électricité au Québec,
une présentation qu'il a faite devant la Commission de l'économie et du travail
en 1993, donc a souligné son expertise... n'a pas débuté l'année passée.
Deuxième comparution, même avant ça, en mai 1990, sur l'hydroélectricité et développement
économique du Québec, présentée une autre fois au CET. Alors, les bona fides de
M. Bernard nous semblent assez claires.
• (12 h 30) •
Je nous rappelle, de cet article, Mme la
Présidente, ce n'est qu'un début, mais c'est intéressant, qu'on se rappelle de
comment ça a <fonctionné avant la création de la régie...
>
12 h 30 (version révisée)
<15371
M. Birnbaum :
...assez, assez clair. Je nous rappelle de cet
article,
Mme la
Présidente, ce n'est qu'un début, mais c'est
intéressant qu'on se
rappelle de comment ça a >fonctionné avant la création de la régie. Et
je trouve ça très important, parce qu'en quelque part le projet de loi devant
nous nous invite à comprendre que, pour quatre ans sur cinq, en quelque part,
on va dans le même portrait de 1962 et avant, parce que, pour ces quatre ans,
en quelque part, la régie est invitée à se désister. Alors, ce n'est pas juste
pour nous rappeler de l'importance de la régie, et c'est une des choses que
j'ose croire que M. Bernard sera en mesure de faire, c'est de se
questionner davantage, lors de la discussion de l'article 1 jusqu'à la fin
et des amendements potentiels, de l'impact d'un changement fondamental du rôle
de la régie, tel que proposé par le ministre.
Je cite le Pr Bernard, comme je dis,
pour nous rappeler de l'environnement qui était devant nous il y a quelque
60 ans et plus, et je le cite : «Après la nationalisation en 1962, les grilles tarifaires étaient conçues par Hydro-Québec et approuvées
directement par le gouvernement. L'instauration du dividende à payer à son
unique actionnaire, qui est le ministre des Finances, en 1984, a créé un
conflit d'intérêts pour le gouvernement. D'une part, le gouvernement approuvait
le niveau des tarifs d'électricité et, d'autre part, il percevait un dividende
sur le bénéfice net de sa société d'État.»
En quelque part, je
comprends que ce n'est pas un parallèle exact, mais, en quelque part, quand il
s'agit de la protection essentielle des contribuables, les marchés d'Hydro-Québec,
notre ouverture au monde quand il s'agit de chercher d'autres marchés de
l'énergie, et notre réponse à la question primordiale de nos temps, les
changements climatiques, Mme la Présidente, est-ce qu'Hydro-Québec, en quelque
part, va être, conjointement avec le gouvernement, à ses propres moyens, quatre
ans sur cinq, c'est-à-dire, est-ce que le régime qui précédait la création de
la régie va s'instaurer, en quelque part, à nouveau? Il me semble qu'il y a des
questions à se poser là-dessus.
Je vais citer aussi
l'article, et, pour moi, voilà les deux paragraphes, que je propose de vous
lire, va nous rester sur notre appétit sur les questions qui sont au centre du
projet de loi devant nous, comment ça se confectionne, les régimes tarifaires,
et comment ça serait nécessaire d'avoir la surveillance offerte par la régie et
pas de... ou les dédier une fois sur cinq ans. Et je le cite : «Deux
facteurs ont un rôle déterminant sur l'évolution des tarifs à long terme
lorsque les tarifs d'électricité reposent sur le coût moyen. D'une part, il y a
l'augmentation des coûts de génération causée par le développement des sites
hydroélectriques de plus en plus coûteux et de nouvelles filières dictées par
le gouvernement, comme la filière éolienne. D'autre part, il y a les gains de
productivité. Ces deux facteurs poussent les tarifs dans des directions
opposées, et l'annulation de leur impact au cours des deux dernières décennies
résulte simplement du hasard; il n'y a pas de lien fondamental entre les deux
facteurs.»
Je continue : «Avant la
modification proposée du régime tarifaire, les ajustements tarifaires découlant
des nouveaux coûts et des gains de productivité étaient effectués chaque année.
Avec le nouveau régime, l'ajustement se ferait seulement tous les cinq ans. Or,
Hydro-Québec dispose présentement de surplus et la demande interne stagne.» On
espère que cette situation s'améliore. Voilà où on est aujourd'hui. Bon, je
continue la <citation : «Il n'y aura donc pas de pression à la hausse
due au développement de nouvelles centrales. Par contre, l'amélioration de la
productivité se poursuivra. En liant le niveau des tarifs à l'inflation...
M. Birnbaum :
...stagne, on espère que cette
situation s'améliore. Voilà où on est
aujourd'hui.
Bon, je continue la >citation : «Il n'y aurait donc pas de pression
à la hausse due au développement de nouvelles centrales. Par contre, l'amélioration
de la productivité se poursuivra. En liant le niveau des tarifs à l'inflation,
le gouvernement ne tient pas compte de cette amélioration tendancielle de
productivité et accaparera la totalité des gains pendant cette période. Il n'y
aurait plus de trop-perçus ni de manques à gagner parce que les tarifs ne
reposeront plus sur les coûts.»
Voilà toute l'importance de l'intégrité et
de l'activité de la régie, de la régie. Et un article de deux pages, n'y en
a-t-il pas plus à comprendre, Mme la Présidente, sur l'impact potentiel du
projet de loi devant nous avant qu'on puisse, de façon intelligente, intervenir
sur les articles et les amendements potentiels?
Je me permets, Mme la Présidente, comme on
parle de la régie comme élément central à nos réflexions, nous avons déjà
constaté... et je trouve, avec raison, que, si la seule cible devant nous était
les écarts de rendement, il y avait d'autres solutions qui s'imposaient,
d'autres solutions même à la disposition du gouvernement sans avoir à
légiférer. Donc là, on est devant un projet de loi qui va... qui touche, de
façon de notre lecture, inefficacement à cette question-là, mais qui ouvre la
porte de façon très importante aux changements qui risquent d'avoir des effets,
j'espère, pervers, et je crois que c'est ça qui nous toucherait de diverses
façons, de diverses façons.
Alors, j'ose croire que M. Thomas
Bernard aurait à nous parler de tout ça, Mme la Présidente, et j'ose croire
qu'il aurait de quoi à nous dire sur le bien-fondé de la création de la régie.
Et, je comprends, nous ne sommes pas devant une proposition d'abolir la régie,
mais, en quelque part, en quelque part, les changements proposés, Mme la
Présidente, vont au centre de sa mission. Donc, c'est tout à fait de mise de
parler de la création de la régie. Et j'espère que je n'ai pas à faire ça en
remplacement de M. Bernard, qui rendrait justice à ces préoccupations de
façon beaucoup plus experte que moi, j'ai la prétention de faire. Mais j'espère
qu'en pensant à ses arguments, peut-être, on risque de s'ouvrir à la
possibilité de l'entente sur cette question.
Je me permets de me référer à la création
d'une Régie de l'énergie, document de 1996, qui est issu du rapport de la Table
de consultation du débat public sur l'énergie, publié en 1996 : Pourquoi
une Régie de l'énergie, et je cite : «La mise en place d'une régie de
l'énergie ayant la compétence requise pour réglementer le secteur de
l'électricité répond à une nécessité. Grâce à l'initiative majeure que prend
ainsi le gouvernement, il serait possible de contre-expertiser de façon
satisfaisante les demandes tarifaires d'Hydro-Québec selon un mécanisme
garantissant la transparence et la participation du public.
• (12 h 40) •
Écoutez, ça nous invite à se demander
comment cette instance en situation de monopole aurait intérêt à contraindre la
mission même de la régie. Je comprends, Hydro-Québec, ce n'est pas le
gouvernement, ils n'ont pas la responsabilité, Mme la Présidente, à chaque
seconde, se poser la question du bien-être de consommateurs, consommatrices, de
songer, à chaque seconde, aux utilisateurs industriels ou fournisseurs. Voilà
la complémentarité entre Hydro-Québec et la régie. Il y a l'autre instance de
se plier, le gouvernement du <Québec qui, oui, avait ses responsabilités
globales, mais c'est normal et...
M. Birnbaum : ...aux
fournisseurs. Voilà la complémentarité entre
Hydro-QuébecT et la régie.
Il
y a l'autre instance de se plier, le
gouvernement du >Québec qui,
oui, avait... a ces responsabilités globales, mais c'est normal, et il y a des
parallèles dans toutes sortes d'autres instances législatives et
«implémentaires» d'une agence qui assure la transparence et l'action
responsable des sociétés d'État.
Et je vous rappelle que l'efficacité de ce
chien de garde, si vous voulez, est assez compromise, de façon, peut-être,
qu'on n'a même pas évalué encore, donc, l'importance d'aller plus loin, l'effet
de limiter à une comparution par cinq ans Hydro-Québec devant la régie.
Je me permets de poursuivre : «Ainsi — et
je cite — les compagnies possédant ces réseaux sont placées dans une
situation de "monopoly" naturel vis-à-vis des consommateurs :
n'étant pas soumises à la concurrence pour approvisionner les utilisateurs qui
sont branchés au réseau, elles peuvent imposer aux consommateurs des tarifs
injustifiés. Les pouvoirs publics doivent donc intervenir afin de protéger ces
derniers et établir l'équilibre nécessaire au bon fonctionnement des marchés.»
Est-ce qu'on se donne la prétention de
dire à Hydro-Québec : Bon, c'est le fun, on vous a vus cette année,
amusez-vous bien, arrangez-vous bien, on se voit cinq ans plus tard? En le
disant, je ne mets pas en question, mais aucunement, l'efficacité, l'audace, la
créativité, l'étendue des actions d'Hydro-Québec, mais c'est un «monopoly» qui
a besoin, justement, de concentrer sur sa mission de base.
Je crois que le professeur Bernard
donnerait écho à ce que je suis en train de dire. Je compte sur la
complémentarité des instances de notre régime pour, justement, protéger le
consommateur. Je n'ai pas la prétention d'exiger à Hydro-Québec, compte tenu
qu'ils risquent de n'avoir à comparaître une fois par cinq ans, les autres
quatre ans, de déployer toutes sortes de ressources maintenant pour remplacer
le rôle d'un chien de garde qui fait ces travaux à la grande lumière du public.
Non. Nous avons tous intérêt à ce qu'Hydro-Québec
concentre les ressources sur ces opérations de base et sur deux impératifs dont
on a tous intérêt à avoir son agissement actif, et, comme je dis, créatif, et
évolutif, c'est-à-dire... parce que les reçus d'Hydro-Québec nous appartiennent
tous, pas juste quand on parle des perceptions de chaque mois, quand Hydro-Québec
fait des percées sur le marché international. On sort gagnants, nous tous. On
sort gagnants, nous tous.
Quand les fournisseurs industriels, les
grands consommateurs d'électricité, comme les fournisseurs d'aluminium, un
autre fleuron de notre société québécoise, nous disent qu'ils ont besoin,
qu'ils ont besoin d'une Hydro-Québec efficace et imputable, ce qui est faisable
avec une régie, admettons, peut-être imparfaite des fois, mais avec une régie
qui a son plein rôle à jouer chaque année, on sort gagnants.
Je me permets de poursuivre, Mme la
Présidente, et je cite à nouveau du même document : «Pour le gouvernement
du Québec, la création d'une régie de l'énergie chargée de réglementer le
secteur de l'électricité constitue la meilleure façon de garantir, dans ce
secteur, l'équité et la transparence dans l'analyse des tarifs et, ainsi, de
donner suite concrètement à l'un des objectifs de la nouvelle politique
énergétique. La régie est l'organisme le mieux adapté à cette fin.»
Écoutez, <dans les interventions du ministre,
les interventions du premier ministre, on n'a jamais, mais jamais
entendu que le rôle de la régie est...
M. Birnbaum :
...articles, la régie est l'
organisme le mieux adapté à cette fin.
Écoutez, >dans les interventions
du ministre, les interventions du premier ministre, on n'a jamais, mais jamais
entendu que le rôle de la régie est auxiliaire, n'est pas nécessaire. On a
entendu quelques constats que, je me permets de dire, je trouvais un petit peu
troublants, qu'il y a peut-être trop de bureaucratie, trop de paperasse, et
tout ça. On veut... Et je crois que M. Bernard nous dirait davantage qu'il
y a des façons d'optimiser les opérations de la régie. Et je répète qu'on n'a
aucunement la prétention d'être ici comme défenseurs de la régie dans chacune
de ses actions, chaque jour. Y a-t-il des façons de bonifier son rôle? Oui. Y
a-t-il, peut-être, des façons de rendre plus efficaces ses façons de faire et
d'assurer qu'il n'y a pas... Ça existe, on le témoigne, comme législateurs,
chaque jour... est-ce que ça existe, des fois, des dédoublements, des interventions,
des exigences de documents, des processus de reddition de comptes qui ne sont
pas nécessairement à 100 % efficaces? Mme la Présidente, c'est d'une
évidence. C'est d'une évidence. Mais de parler de l'importance de l'efficacité
comme cheval de bataille pour justifier le désistement de la régie quatre ans
sur cinq au nom de l'efficacité... Il y a quelque chose qui manque, dans ma
compréhension de l'affaire. Si cette régie a toute sa pertinence une fois sur
cinq, comment est-ce qu'on peut justifier son absence quatre ans sur cinq?
Je ne veux pas mettre les mots dans la
bouche de M. Bernard, mais, pour être conséquent, je dirais qu'il
risquerait de donner écho à d'autres préoccupations sur ce plan-là, que nous,
on aurait mises de l'avant, c'est-à-dire l'incohérence... Je l'ai mentionné
hier, et sans la moindre idée de prêter des intentions à Hydro-Québec, mais
comment ça se peut, si le rôle de la régie est légitime et normal, comment ça
se peut que l'Hydro-Québec s'est déjà déclarée clairement qu'il désiste à
proposer un plan tarifaire devant cette même régie pour l'année 2020?
Dans un premier temps, et, une autre fois,
M. Bernard risque fortement de nous en faire la démonstration pour l'année
qui s'en vient. Pour l'année qui s'en vient, ça se peut fort bien que la régie,
après délibérations et due diligence, aurait constaté qu'il faut une baisse de
tarifs en 2020. Dans les quatre ans sur cinq, est-ce qu'Hydro-Québec, dans
toute sa complexité, va tout simplement dire : Ah! voilà le taux
d'inflation, ah mon Dieu! on n'a pas trop de travail devant nous, Mme la
Présidente, ça va être simple? Ce n'est pas ça, le fardeau qu'on donne à notre société
d'État en situation de «monopoly».
Alors, dans un premier temps, de façon
très ponctuelle... Moi, avant de me rendre à l'article 1, je sais déjà
qu'on est devant le refus du ministre de réinviter Hydro-Québec à nous parler
de ce sujet-là. On est déjà devant le refus du ministre d'entendre la régie
même. Donc, est-ce qu'il n'est pas de mise d'entendre au moins les experts qui
peuvent, dans un premier temps, éclairer l'environnement sur la question d'Hydro-Québec
et son désistement d'ici 2020, et, dans un deuxième temps, de nous parler,
avant que nous avons à délibérer article par article, sur la pertinence de la régie
dans tout ce qui est dans ce projet de loi devant nous? Il me semble que c'est
d'une évidence.
• (12 h 50) •
Et, malgré le refus de toutes les motions
qui précédaient cette motion-ci, j'espère, j'espère, Mme la Présidente, que le <ministre
va accorder son appui à...
M. Birnbaum : ...ce
projet
de loi devant nous? Il me semble que c'est d'une évidence, et, malgré le refus
de toutes les motions qui précédaient cette motion-ci, j'espère, j'espère,
Mme
la Présidente, que le >ministre va accorder son appui à la motion devant
nous, parce que ça va nous équiper, le ministre ainsi que ses collègues du côté
de l'opposition officielle et deuxième et troisième oppositions, à faire un
débat éclairé, responsable et à l'honneur de nos obligations une fois rendus à
l'étude détaillée. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Montpetit) :
Je vous remercie, M. le député de D'Arcy-McGee. Alors, est-ce qu'il y a
d'autres interventions? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley
: Merci,
Mme la Présidente. C'est sûr que j'appuie la motion de mon collègue le député
de Laval-des-Rapides.
Quand je regarde, au minimum, juste le CV
de M. Bernard, la chose qui m'impressionne le plus... bien une : il a
déjà participé à plusieurs consultations sur la régie et les différents sujets
qui touchent le développement des différents types d'économie des ressources
naturelles, si on regarde les consultations sur les forêts aussi, quand même
quelqu'un qui est un expert sur la péréquation, quand même quelqu'un qui a
l'expérience... était capable d'intervenir sur le sujet d'Hydro Ontario, parce
que, quand même, M. Bernard, c'était un professeur qui a enseigné à Royal
Military College «in» Kingston, alors c'est bien impressionnant. C'est
quelqu'un qui a aussi la capacité de faire une analyse des différents systèmes
au Canada, des différents types de modèles des systèmes d'électricité dans les
autres provinces. Alors, on est tous d'accord que c'est quelqu'un avec un
résumé qui est tellement impressionnant. Et, quand même, si M. Bernard
n'était pas disponible pour participer à la commission et pour les audiences,
les consultations publiques, je pense, c'est toujours important de... avec
toutes les discussions qu'on a eues, puis la révision qu'on a vue dans les
médias, puis la discussion que ce projet de loi a lancée dans le grand public,
d'inviter M. Bernard ici pour parler un petit peu plus du projet de loi n° 34.
Le ministre, quand il a parlé puis il a
répondu à mon collègue, il a parlé du blocage. Je sais qu'il n'a pas cité
directement, c'était une collègue ou, excusez-moi, une citoyenne, que c'est...
notre côté veut trop faire du blocage. Mme la Présidente, il y a plusieurs
exemples quand les membres de la CAQ ou deuxième, troisième partis de
l'opposition ont utilisé beaucoup de temps dans une commission parlementaire
sur un projet de loi. Un projet de loi que je me souviens très, très bien,
c'était le projet de loi sur les mines. Puis je pense que l'ancien ministre a
fait plus que 240 heures en commission sur un projet de loi. Et c'est
correct, parce que nous avons des règles qui sont très claires, et c'est... Je
ne dis pas que, ça, c'est des blocages. Ça, c'est le travail de l'opposition,
c'est de poser des questions. Quand il y a un projet de loi qui n'est pas clair
pour les citoyens, c'est le rôle de l'opposition de poser des questions
correctement puis de lancer un débat. Et je sais, pour le gouvernement,
peut-être, des fois, c'est plate, siéger ici et d'écouter tout ça, mais, comme
je dis, c'est notre rôle comme une opposition de poser des bonnes questions
puis demander l'intervention des experts qui n'étaient pas capables de
participer à la commission, aux audiences publiques. Alors, c'est pourquoi, je
pense, c'est une excellente motion, je pense, c'est une bonne idée. Mais c'est
juste de rappeler le ministre que ça, c'est pourquoi nous sommes ici, c'est de
faire notre travail correctement.
Mais il y a une autre chose. Je sais que
le ministre aime souvent de citer le fait que... Et c'est intéressant, parce
que je sais que mes collègues ont parlé de l'article dans Le Devoir
du professeur, M. Bernard. Mais, sur 40 ans, si on regarde le taux
d'inflation, moi, ça, c'est un sujet que je trouve fascinant. Si on regarde sur
40 ans, c'était... les Québécois ont sauvé 200 milliards dollars,
quelque chose comme ça, il cite la... il parle souvent de ça, et c'est une
bonne façon de mettre le prix de l'électricité, de fixer ça à l'inflation.
Mais, Mme la Présidente, ce n'est pas moi,
et je pense que la majorité des Québécois, leur budget personnel, là, c'est
fixé par <juste un an, il n'y a aucune personne qui est vraiment capable
de regarder sur...
M. Kelley
:
...le prix de l'électricité, de fixer ça à l'inflation. Mais,
Mme la
Présidente, ce n'est pas moi, je pense que la
majorité des
Québécois,
leur
budget personnel, là, c'est fixé par >juste un an, là. Il
n'y a aucune personne qui est vraiment capable de regarder sur un plan de
40 ans, là. Des personnes déménagent, il y a des changements dans la
carrière, mais on sait que, présentement, pour beaucoup, et plusieurs
Québécois, ce n'est pas facile, à la fin du mois, de payer toutes les factures.
Je sais qu'il y a des députés du gouvernement et, quand même, j'imagine mes
collègues, ici, de l'opposition, il y a des courriels, des fois, quelqu'un qui
n'est pas capable de payer leur facture d'Hydro-Québec. Il y a des mesures en
place pour s'assurer que ces personnes-là sont capables de régler leurs
factures, mais, des fois, c'est juste parce que quelqu'un a tombé dans une
situation difficile. Et si c'est fixé, le tarif, c'est fixé à l'inflation...
Moi, je reviens toujours sur l'histoire.
Si on regarde tout ça, et on regarde l'année 1970, taux d'inflation au
Canada, c'est 1 %. Si je regarde le taux d'inflation du Canada de 1974,
12,65 %, Mme la Présidente. C'était une crise qui est arrivée, une crise
mondiale, ce n'est pas la faute du Canada, ce n'est pas la faute du Québec, un
choc des prix de pétrole. Puis ça a complètement augmenté le taux d'inflation
pour environ une «déquennie», Mme la Présidente. En 1980, le taux était
11,6 %, l'année après ça, 12,12 %. Ça, c'est des augmentations
énormes. Et est-ce qu'on est capable d'avoir une autre situation comme ça?
Bien, Mme la Présidente, juste regarde les nouvelles, regarde la situation
présentement dans le monde, Iran, Irak, Syrie, Turcs. Mais, si je regarde la
situation, la place où il y a la majorité la production du pétrole dans le
monde, ils sont sur le point d'une guerre énorme. On est toujours sur la
limite. Il y a beaucoup d'instabilité dans la région présentement. On a vu que
l'Iran a quand même attaqué un voisin, attaqué leur industrie pétrole, là.
Alors, c'est juste de faire la démonstration, Mme la Présidente, qu'on ne sait
jamais. Les choses peuvent changer rapidement.
Alors ça, c'est pourquoi, des fois, on
pose des questions concernant le taux d'inflation et de fixer le prix de
l'électricité à ça qu'il y a des risques. Et ce n'est pas juste moi qui a dit
ça, là. On peut prendre l'article dans LeJournal de Montréal et
du Québec, l'économiste Michel Girard, qui demandait si le ministre a une boule
de cristal au ministère. J'ai trouvé ça un petit peu bon, mais c'est vrai.
Parce que, comme j'ai dit, on peut faire la démonstration que le taux
d'inflation, c'est imprévisible, parce que ce n'est pas juste nous qui contrôle
ça actuellement. C'est lié à notre économie, c'est lié à la crise pétrole, c'est
lié à notre dollar, c'est lié à plusieurs facteurs, là, qui sont hors notre
contrôle comme juridiction, comme une province et, quand même, comme un pays.
Alors, je pense qu'il s'agit toujours de répéter cet argument-là, que le taux
d'inflation ne va pas nécessairement toujours être dans le même 1 %, quand
même, ou 0,5 % non plus.
Un autre aspect que j'ai trouvé bien
intéressant aussi, c'étaient des interventions de M. Bernard sur la
raison... une des raisons que la régie a été créée, c'était d'avoir une entité
qui a séparé l'État puis Hydro-Québec, mais c'était aussi une agence qui était
très importante pour nos ventes de l'hydroélectricité à des autres
juridictions. Et on pense immédiatement à… les États-Unis. Et je sais que tout
le monde, ici, est au courant encore de l'instabilité si on regarde le
président des États-Unis, qui a attaqué notre marché du carbone hier dans une
façon directe. Et est-ce que nous sommes sur le radar, le président des
États-Unis présentement? S'il dit : Bien, Québec, Canada, là, faire du
dumping dans notre marché, là. Nous, on préfère d'avoir des réseaux électriques
qui viennent de chez nous, là, le charbon, et tout ça. Ça, c'est la façon, c'est...
On va... «America first». Puis peut-être, là, il va regarder des ententes en face
puis des négociations présentement entre Québec puis des autres <juridictions,
puis ils vont prendre ça comme un prétexte...
>
13 h (version révisée)
<17951
M.
Kelley
: ...des
ressources électriques qui viennent de
chez nous, là, le charbon et tout ça. Ça, c'est la façon «America first». Puis
peut-être, là, il va regarder des ententes en place puis des négociations
présentement entre Québec puis des autres >juridictions puis ils vont
prendre ça comme un prétexte.
La Présidente (Mme
Montpetit) : Je vous remercie, M. le député. Je ne veux pas
vous interrompre, mais, compte tenu de l'heure, je vais devoir reporter,
suspendre les travaux jusqu'à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 h 3)
Le Président (M. Lemay) :
Alors, bonjour à tous et à toutes. Nous allons reprendre nos travaux et je vous
rappelle que nous sommes toujours réunis afin de procéder à l'étude détaillée
du projet de loi n° 34, la Loi visant à simplifier le processus
d'établissement des tarifs de distribution d'électricité.
Alors, comme à l'habitude, je vous prie de
bien vouloir éteindre la sonnerie e vos appareils électroniques, et, lors de la
suspension de nos travaux, nous en étions à l'étude de la motion préliminaire
présentée par le député de Laval-des-Rapides, et c'était M. le député de
Jacques-Cartier qui était sur son débat, et il vous restait environ 30 secondes
pour votre intervention. Est-ce que vous souhaitiez prendre la parole, M. le
député Jacques-Cartier?
M. Kelley
: Ah non!
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemay) :
Pas de problème. Donc, j'ai cru comprendre que la députée de Maurice-Richard
souhaitait faire son intervention pour une période de 10 minutes, maximum.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit : Je vous
remercie. Rebonjour, M. le Président. Alors, j'en profite pour venir me joindre
aux débats, ce qui était mon intention ce matin, avant de vous relever à pied
levé.
Donc, c'était important, pour moi, de
participer aux travaux de cette commission, compte tenu, je dirais, de non
seulement de l'ampleur, mais de tous les enjeux qui résident autour du projet
de loi du ministre. Et j'avais foi que ça augurerait bien et que les travaux
avanceraient rondement.
Mais force est de constater qu'il y a
encore pas mal de sable dans l'engrenage, et donc je voulais pouvoir non
seulement y participer, mais me prononcer, ce matin, sur la motion, donc, qui a
été déposée par mon collègue de Laval-des-Rapides sur l'importance d'entendre
M. Jean-Thomas Bernard. Et je n'ai pas entendu, d'ailleurs, le ministre, peut-être
qu'il aura l'occasion de nous le dire, mais je présume que, s'il lui avait
parlé ou s'il l'avait rencontré, il nous l'aurait mentionné dans sa réplique ce
matin.
J'aurais souhaité l'entendre dire qu'après
la lettre qu'a écrite… assez incendiaire et assez claire, qu'a écrite <M. Bernard
le 19 juillet 2019 qui était publiée dans, notamment, dans les
pages du Devoir...
Mme Montpetit :
...j'aurais souhaité l'entendre dire qu'après la lettre qu'a écrite... assez
incendiaire et assez claire, qu'a écrite >M. Bernard le
19 juillet 2019, qui était publiée notamment dans les pages du Devoir,
j'imagine que quelqu'un... si ce n'est pas le ministre, que quelqu'un de son
cabinet lui a parlé. J'espère que le ministre l'a rencontré, mais je présume,
comme je le dis, que, si c'était le cas, on serait au courant. Je pense que ça
aurait été la chose à faire. C'est quelqu'un, certainement, qui non seulement a
quelque chose à dire... Sa lettre, elle est fort pertinente et elle souligne
tous les problèmes qui sont engendrés par les modifications apportées par le projet
de loi du ministre. Et je pense qu'il n'est pas trop tard pour convoquer
M. Bernard. On a parlé de ses qualités exceptionnelles. C'est quelqu'un
qui est un éminent chercheur dans le domaine. Je présume que l'exercice a été
fait, encore là, du côté du ministre, de regarder le curriculum vitae de ce
chercheur, de M. Bernard. Et je trouve ça... en tout cas, si ça a été
fait, encore là, je trouve ça assez questionnable qu'on ne voie par l'intérêt,
de leur côté, d'entendre M. Bernard, d'entendre ce qu'il a à nous dire.
Et je comprends, tout à l'heure, il y
avait un échange sur le fait que M. Bernard avait été convoqué lors des
consultations par rapport au projet de loi et qu'il ne pouvait être présent. Ce
ne sera pas la première fois que ça arrive. Ça fait plusieurs années, moi, que je
fais des consultations dans différents projets de loi. Malheureusement, ça ne
tombe pas toujours au bon moment pour les gens. Je sais que ça n'a pas été le
cas dans celui-ci, mais, cet été, par exemple, on a quand même fait plusieurs
consultations au mois d'août. Ce n'est pas toujours facile, pour les gens, de
s'accommoder, dépendamment des périodes. Les gens sont souvent convoqués aussi
dans des délais très courts.
Donc, il peut avoir des motifs qui soient
professionnels, qui soient personnels. Je pense qu'il n'a pas à justifier la
raison pour laquelle il n'était pas là, et ce n'est pas le... ça ne devrait pas
être le fond de nos échanges, à savoir aurait-il dû ou pas être là, mais
ce qui est pertinent dans le fond de nos échanges, c'est de savoir est-ce que
la commission devrait se prévaloir de son champ d'expertise. Quand on voit les
centaines d'articles, les centaines d'écrits qu'il a faits sur Hydro-Québec, c'est
certainement quelqu'un qui est extrêmement bien positionné, qui est extrêmement
bien placé pour venir commenter le projet de loi. Et je trouve ça très dommage
que le ministre n'y voie pas d'intérêt.
Et je pense que, encore là, en termes de
responsabilités ministérielles, quand on dépose un projet de loi, on devrait se
donner tous les outils nécessaires pour s'assurer, avant de le déposer mais
aussi une fois qu'il est déposé, qu'on prend la bonne direction, qu'on a,
justement, évité tous les écueils, qu'on a entendu tous les gens qui étaient
des experts dans ce domaine. Et on conviendra que M. Bernard est un
expert dans le domaine. Quand on voit qu'il a été... Là, j'en nomme trois,
quatre, parce que son CV pourrait quatre fois l'aller-retour de cette piècem
tellement il est long et complet, mais il a été notamment directeur du Groupe
de recherche en économie de l'énergie, de l'environnement et des ressources
naturelles. Je pense que, déjà ça, en soi, c'est une position qui le prédispose
à venir donner son opinion sur le projet de loi. Il a été titulaire de la
Chaire en économique de l'énergie électrique de l'Université Laval. Je pense
qu'en soi ça aussi, ça devrait le prédisposer à venir nous donner son opinion
sur le projet de loi. Il a été membre du comité exécutif du comité éditorial de
l'Association canadienne économique, impliqué à l'American Economic
Association, impliqué à l'International Association for Energy and Economics. C'est
vraiment toutes des... individuellement, toutes des fonctions qu'il a occupées,
qui, à mon avis, devraient nous rendre très sensibles et nous intéresser
d'entendre ses arguments. Il a été président de la Société canadienne de
science économique. Il a les distinctions qui reconnaissent, justement, son
parcours professionnel, qui reconnaissent la qualité de ses recherches... sont
extrêmement nombreuses aussi, que ce soit à la Société royale du Canada, que ce
soit à l'Association des économistes québécois, dont il est membre honoraire,
que ce soit un prix à HEC Montréal, l'Université de Pennsylvanie pour la
meilleure thèse de doctorat. Je comprends mal la résistance à prendre... que ce
soit <45 minutes ou une heure de nos travaux pour entendre ce que
cet éminent expert aurait à commenter sur le projet de loi. Et je pense que, si
le ministre est... En tout cas, il semble être convaincu que son projet de
loi...
Mme Montpetit : ...sens
à apprendre, que ça soit >45 minutes ou une heure de nos travaux,
pour entendre ce que cet éminent expert aurait à commenter sur le projet de loi.
• (15 h 10) •
Et je pense que, si le ministre est... en
tout cas, il semble être convaincu que son projet de loi est sans faille, il
est impeccable malgré le fait qu'il a été lourdement contesté, que ce soit lors
des consultations ou que ce soit publiquement. Mais le fait est que, si lui,
comme ministre, il est persuadé qu'il a un bon produit... je vais l'appeler un
bon produit... un bon projet de loi entre les mains, je ne vois pas à quoi il
s'expose en invitant quelqu'un qui aurait quelque chose de supplémentaire à
dire à moins, justement, qu'il ne souhaite pas s'exposer à l'expertise de M. Bernard.
Et je comprends que le ministre a peut-être,
bon, des inquiétudes sur... de s'exposer aux commentaires de M. Bernard, parce
qu'il a été très dur dans la lettre, donc, qu'il a écrite au mois de juillet,
où il nous rappelle, justement, que la régie est le chien de garde au niveau des
tarifs d'hydroélectricité, et il souligne à quel point, justement, les
modifications qui sont apportées par le projet de loi du ministre vont venir
affecter le rôle de ce chien de garde. Et ce qu'il souligne, à bon escient,
c'est qu'à l'heure actuelle on ne connaît pas tous les effets de ce projet de
loi, et je pense que c'est ça qui devrait tous nous occuper, aussi, ici.
Moi, de façon... Puis, je veux dire, je
comprends qu'il y a beaucoup de nouveaux sur la banquette gouvernementale, mais,
pour avoir été ministre, pour avoir toujours travaillé de façon très non
partisane dans le travail que je faisais comme ministre, je pense qu'on a tout
intérêt à se mettre dans une posture très ouverte quand on dépose un projet de
loi, quand on dépose un politique, parce que ça se fait pour le bien commun. Et
je pars du principe, malheureusement... on le souhaite, je ne sais pas s'il y a
des gens qui le pensent autour de la table... mais, malheureusement, je pense
qu'on n'a pas la science infuse, aucun d'entre nous, pas plus qu'aucun humain
sur la planète, et qu'on gagne généralement à prendre le temps de consulter,
qu'on gagne généralement à entendre des gens qui... justement, qui ont une
expertise très pointue, qui ont des choses à dire. De toute évidence, M. Bernard
a vraiment quelque chose à nous dire, et j'en profiterais aussi pour rappeler
au ministre... c'est un peu curieux... mais qu'il n'a pas déposé d'analyse
d'impact réglementaire, et ça, ce n'est pas seulement nous qui sommes
préoccupés de ça, mais je pense que le ministre devrait être lui-même préoccupé
de ne pas l'avoir fait. Je pense qu'il devrait, encore là, dans sa
responsabilité ministérielle, s'assurer qu'il s'est donné tous les outils pour
que son projet de loi soit le meilleur.
Donc, je réitère, je vois le temps qui
file, M. le Président, mais je pense que le ministre devrait, de bonne foi,
s'assurer qu'on puisse entendre M. Bernard, même si c'est brièvement, pour
la qualité de son propre projet de loi, qui viendra, peut-être, éventuellement,
un projet de loi pour tout le Québec.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup, Mme la députée. Donc, s'il n'y a pas d'autres interventions
sur...
Une voix
: ...
Le Président (M. Lemay) :
Oui, M. le député de Jonquière, donc, la parole est à vous.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui.
Merci, M. le Président. Je n'avais pas eu l'occasion encore de m'exprimer sur
cette motion préliminaire concernant la proposition de faire venir ici M. Jean-Thomas
Bernard. Mon intention n'est pas de prendre trop de temps, mais d'insister sur
la pertinence de sa présence.
Dans le fond, pour les mêmes raisons qu'on
a eu l'occasion d'évoquer pour d'autres spécialistes, je pense à Normand
Mousseau, je pense à M. Finet, par exemple, qui a été suggéré par la
députée de Mercier. Je pense également à des institutions comme la Régie de
l'énergie, qu'on a proposé d'amener ici, l'Association de l'aluminium du
Canada, par exemple, également. Je pense que, pour les mêmes raisons, ça serait
intéressant d'entendre M. Bernard pour venir faire davantage d'éclairage
sur nos travaux, ici, à l'Assemblée nationale.
Je n'ai pas l'intention de répéter ce que
la députée de Maurice-Richard a dit parce que, bien, je le
partage en grande partie, sauf le bout où elle dit qu'elle travaillait, comme
ministre, de façon non partisane, là, ça, je ne l'aurais pas dit. Mais, en tout
cas, pour le reste, je suis assez d'accord avec la députée de Maurice-Richard,
là, sauf ce petit bout-là, mais c'est <effectivement un...
Une voix
: ...
M. Gaudreault :
C'est...
M. Gaudreault : ...
de
façon non partisane, là. Ça, je ne l'aurais pas dit. Mais
en tout cas,
pour le reste, je suis assez
d'accord. Pour le reste, je suis assez
d'accord
avec
la députée de
Maurice-Richard
,
là, sauf ce petit bout là. Mais c'est >effectivement un expert
intéressant puis important à entendre.
Puis je vous dirais que, dans le dossier
de l'énergie, essentiellement, il y a deux experts qu'on entend souvent dans
l'espace public au Québec, sans rien enlever aux autres, là,
Normand Mousseau et Jean-Thomas Bernard, qui ont des points... mais
il y a aussi M. Pineau, mais M. Pineau, il est venu via son collègue
de la chaire des HEC, là...
Une voix
: Audette.
M. Gaudreault : ...M. Audette,
exact. Merci. M. Sylvain Audette. Bon. Alors, on n'a pas besoin de
faire une demande pour recevoir M. Pineau, parce qu'il s'est exprimé via
son collègue, M. Audette. Donc, M. Pineau, M. Mousseau,
M. Bernard sont pas mal les trois spécialistes en énergie qu'on entend
régulièrement dans les médias du Québec.
Alors, moi, je pense que ça serait
intéressant d'avoir un autre point de vue que ceux qu'on a déjà entendus. Et
M. Bernard est reconnu pour son autorité en la matière, à la fois
économique et énergétique, donc je pense que ça serait intéressant de
l'entendre. Puis je suis sûr que le ministre ne refuse pas parce que
M. Bernard a une opinion contraire à la sienne. Je suis sûr que le
ministre est capable de s'élever au-dessus de ça. Je pense que c'est parce que
le ministre veut aller rapidement à l'article... ou à l'étude article par
article. Sauf que, nous, ce qu'on lui demande, c'est de prendre un petit pas de
recul pour qu'on aille un petit peu plus loin sur la compréhension des impacts
du projet de loi, d'autant plus qu'on n'a pas, avec nous, les impacts...
l'analyse d'impact réglementaire.
Et, encore une fois, ce n'est pas parce
qu'on a convenu de listes avant les auditions que c'est canné à tout jamais et
qu'il n'y a plus rien à faire. Sinon, les motions préliminaires n'existeraient
pas. Donc, si on a des motions préliminaires, c'est pour être capable de
détailler un petit peu plus. Je répète qu'on a offert plein de mains tendues au
ministre, par exemple : la motion de scission, la motion de report, la
motion d'ajournement. Là, ça doit faire quatre, cinq motions préliminaires au
moins qu'on présente, sept motions préliminaires qu'on présente. Alors, ça
serait le temps que le ministre accepte la main tendue, accepte la main tendue
d'au moins… sur un élément ou qu'il nous fasse une contre-proposition, qu'il
dise : O.K. bien, non à Normand Mousseau, non à la régie, non à
l'Association de l'aluminium du Canada, non à ci, non à ça, non à
Jean-Thomas Bernard, à moins qu'il ne change d'idée, mais oui à un tel ou
à... bon, là, on pourrait peut-être discuter puis avancer un peu. Mais, non, on
dirait que c'est non.
Donc, moi, je réitère l'importance qu'on
puisse aller plus au fond des choses sur la question du projet de loi n° 34. Jean-Thomas Bernard est un spécialiste reconnu.
Il a fait une analyse brève, mais pertinente, du projet de loi n° 34 dans Le Devoir
du 19 juillet 2019, je pense que ça vaudrait la peine de l'entendre.
Quand on a des spécialistes comme ça au Québec, il faut certainement que
l'Assemblée nationale ait la hauteur de les inviter à venir nous exprimer leurs
points de vue.
Alors, je n'irai pas plus loin là-dessus
pour l'instant, M. le Président, mais, moi, je... en tout cas, en ce qui nous
concerne ici, de ce côté-ci, là, du Parti québécois, nous allons appuyer cette
motion de monsieur... je ne me souviens plus c'est quel député qui l'a présentée,
là.
Une voix
:
Laval-des-Rapides.
M. Gaudreault : Le député
de Laval-des-Rapides, exactement. Merci.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup, M. le député de Jonquière. Donc, s'il n'y a pas d'autre député
qui veule prendre la parole, je vais mettre la motion aux voix par appel
nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Polo (Laval-des-Rapides)?
M. Polo : Pour.
Le Secrétaire
: M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Pour.
Le Secrétaire
: M. Kelley
(Jacques-Cartier)?
M. Kelley
: Pour.
Le Secrétaire
: Mme Montpetit
(Maurice-Richard)?
Mme Montpetit : Pour.
Le Secrétaire
: M. Julien
(Charlesbourg)?
M. Julien : Contre.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Contre.
Le Secrétaire
: M. Campeau
(Bourget)?
M. Campeau : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire
:
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M. Provençal : Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Grondin (Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Lemay (Masson)?
Le Président (M. Lemay) :
Abstention. Donc, la <motion est rejetée.
M. Polo :
M. le
Président.
Le Président (M. Lemay) :
Un instant...
Le Secrétaire
: ...
Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire
:
M. Provençal
(Beauce-Nord)?
M. Provençal :
Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
Le Secrétaire
:
Mme Ghazal
(Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire
:
M. Lemay
(Masson)?
Le Président (M. Lemay) :
Abstention. Donc, la >motion est rejetée.
M. Polo : M. le Président?
Le Président (M. Lemay) :
Un instant. Oui, M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : J'aimerais
prendre pour présenter une motion préliminaire.
Le Président (M. Lemay) :
Vous avez une autre motion préliminaire à présenter?
M. Polo : Oui.
Le Président (M. Lemay) :
Donc, je vais suspendre les travaux quelques instants pour en faire la
distribution.
(Suspension de la séance à 15 h 20)
(Reprise à 15 h 24)
Le Président (M. Lemay) :
Donc, nous reprenons nos travaux. Nous avons fait la distribution de la motion
préliminaire du député de Laval-des-Rapides. À la lecture, s'il vous plaît.
Motion proposant d'entendre le Vérificateur général
du Québec
M. Polo : Merci beaucoup,
M. le Président. M. le Président, «conformément à l'article 244 du Règlement
de l'Assemblée nationale, [je fais motion afin que] la Commission de
l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles tienne,
avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 34, Loi visant
à simplifier le processus d'établissement des tarifs de distribution
d'électricité, des consultations particulières et qu'à cette fin, elle entende [la
Vérificatrice générale du Québec ou] le Vérificateur général du Québec»,
disons-le comme ça.
Le Président (M. Lemay) :
Donc, on parle de l'institution.
M. Polo : O.K. Parfait.
Le Président (M. Lemay) :
D'accord. Donc, merci, M. le député de Laval-des-Rapides. Vous disposez donc de
30 minutes pour débattre de votre motion. La parole est à vous.
M. Saul Polo
M. Polo : Merci beaucoup,
M. le Président. Dans ce cas-ci, je vais faire la précision dès le début, là,
auprès du ministre, puisqu'il a fait la remarque lors de la motion préliminaire
précédente. La Vérificatrice générale n'a pas été invitée, n'a pas fait partie
des groupes, ou des <experts ou des personnes qui ont été considérées...
M. Polo : ...auprès du
ministre,
puisqu'il a fait la remarque, lors de la motion préliminaire précédente.
La Vérificatrice générale n'a pas été invitée, n'a pas fait partie des groupes,
ou des >experts, ou des personnes qui ont été considérées, là, dans les
échanges qui ont eu lieu entre les différents leaders en préparation pour la
semaine d'audiences qui a eu lieu, là, à la mi, fin... fin septembre, tout
d'abord.
Par la suite, je vais aborder la question
de pertinence, en regardant mon collègue de Bourget. Pourquoi inviter la
Vérificatrice générale, M. le Président? Le rapport... je vais aller tout de
suite, ici, à la page principale, le Rapport du Vérificateur général du
Québec de l'Assemblée nationale pour l'année 2018‑2019 , déposé
en mai 2018, au chapitre 8 du rapport, comporte... Le chapitre 8,
juste pour vous donner une idée, M. le Président, là, c'est le chapitre qui est
intitulé Établissement des tarifs d'électricité d'Hydro-Québec et autres
sujets d'intérêt.
Donc, la Vérificatrice générale s'est
intéressée à tous les éléments en lien avec l'établissement des tarifs
d'électricité. Notamment, c'est dans ce rapport-là où elle a statué, elle a
confirmé que, sur une période d'une dizaine d'années, le facteur des... en
fait, le phénomène des trop-perçus avait totalisé 1,5 milliard de dollars.
Et donc elle l'a confirmé selon le rapport en question.
Mais elle fait aussi des constats assez
intéressants sur notamment le mécanisme de... et je vais vous le dire tout de
suite, là, le mécanisme de réglementation incitative, qui est le mécanisme qui
sert à déterminer ou à... un des... le remboursement des trop-perçus. C'est le
mécanisme qui a été adopté en 2017, pour lequel on a commencé à avoir les
fruits en 2018, et qui, dans le cas du projet de loi n° 34, et c'est ça le
lien et la pertinence, le lien direct avec le projet de loi n° 34, M. le
Président, c'est que l'article 7 du projet de loi n° 34 vient
éliminer ce mécanisme-là.
Je vais donc retourner dans le rapport en
question de la Vérificatrice générale, à la page 349, sur un document de 359 pages,
la section 4.3, intitulée Mécanisme de réglementation incitative. Et, si
je commence au paragraphe 131, qui débute par «ce changement»... En fait,
je vais commencer par le paragraphe 130 :
«La Régie a fixé les tarifs du
distributeur suivant une réglementation basée sur le coût du service jusqu'à
l'année tarifaire 2017. L'année tarifaire 2018 du distributeur
constituera la première année de la mise en place d'un mécanisme de
réglementation incitative, qu'il est prévu d'appliquer au transporteur à partir
de 2019.
«Ce changement découle d'une modification
à la Loi sur la Régie de l'énergie, entrée en vigueur en 2013, qui prévoit
l'établissement par la Régie d'un mécanisme assurant la réalisation de gains
d'efficience par Hydro-Québec. En vertu de la loi, ce mécanisme doit poursuivre
trois objectifs : l'amélioration continue de la performance et de la
qualité du service; une réduction des coûts profitable à la fois aux
consommateurs et aux divisions réglementées; et l'allégement du processus
d'établissement des tarifs du distributeur et du transporteur.»
«L'allégement du processus d'établissement
des tarifs du distributeur et du transporteur», je pense que, dans le
vocabulaire du ministre, ça s'appelle simplification. Mais, ici, la
Vérificatrice générale identifie ce troisième objectif du mécanisme de
réglementation incitative comme étant un des objectifs principaux de ce
mécanisme-là, qui va sauter avec l'adoption du projet de loi n° 34, avec
la... à l'article 7 du projet de loi.
• (15 h 30) •
Par la suite, le document mentionne :
«La réglementation incitative se distingue de la réglementation basée sur le
coût du service, car elle cherche à encourager et récompenser les gains de
productivité des services publics. Plutôt que de limiter le rendement autorisé
et d'exiger un examen minutieux de chacun des coûts de la <prestation du
service, une...
>
15 h 30 (version révisée)
<15407
M. Polo :
... incitative se distingue de la réglementation basée sur le coût du service,
car elle cherche à encourager et récompenser les gains de productivité des
services publics. Plutôt que de limiter le rendement autorisé et d'exiger un
examen minutieux de chacun des coûts de la >prestation du service, une
réglementation incitative visera à plafonner les prix, ou les revenus requis,
ce qui laisse plus de flexibilité aux services publics quant aux moyens
d'atteindre les objectifs.» Ça, ça ressemble beaucoup à l'argument du ministre,
à l'argument du ministre, qui parle de transférer le risque à la société d'État
plutôt que sur le dos des consommateurs, donc.
Et, si je poursuis, à la page suivante...
Enfin, je vais poursuivre au paragraphe suivant : «En avril 2017, la régie
a rendu une première décision sur les principales caractéristiques du mécanisme
de réglementation incitative qui sera mis en oeuvre à compter de l'année
tarifaire 2018 pour le distributeur. Les revenus requis de la première
année d'implantation seront établis, comme par le passé, sur la base du coût du
service, et ceux des trois années subséquentes le seront par l'application de
la méthode du plafonnement des revenus, à l'aide d'une formule d'indexation.»
«Bien que les travaux de la régie sur les
modalités d'application du mécanisme de réglementation incitative n'étaient pas
complétés en date de rédaction du rapport, certains effets sur l'établissement
des tarifs sont connus.» Tout d'abord, «détermination des revenus requis des
trois années suivant l'année tarifaire 2018 selon une formule d'indexation
autorisée par la régie, tenant notamment compte d'un facteur d'inflation, d'un
facteur de productivité et d'exclusion; réduction des éléments à couvrir lors
de l'examen du dossier tarifaire et maintien du mécanisme de partage des écarts
de rendement actuel, auquel s'ajouteront des indicateurs de performance et de
qualité du service, qui seront établis dans une décision à venir».
Je vais terminer avec le paragraphe
suivant, le paragraphe 135 : «L'établissement des tarifs selon un
mécanisme de réglementation incitative est un changement important par rapport
à la réglementation basée sur les coûts du service. Il sera intéressant
d'observer l'évolution de ce mécanisme dans les années à venir.»
M. le Président, je vais réitérer qu'il
est d'une importance capitale d'entendre la Vérificatrice générale venir nous
parler du mécanisme de réglementation incitative, son analyse qu'elle a faite,
là, au printemps 2018, sur la fixation des tarifs. Parce que, selon moi...
enfin, selon l'interprétation sur les... selon les paroles que je viens de vous
partager, selon la lecture que je viens de vous faire du rapport de la
Vérificatrice générale, c'est clair qu'elle a des choses à nous dire, elle a
des analyses à nous partager sur les travaux qu'elle a effectués avec son
équipe sur des éléments fondamentaux du projet de loi n° 34.
Les deux éléments, c'est la simplification, et, le suivant, c'est la... là,
j'ai un blanc de mémoire... simplification, et l'autre étant...
Une voix
: Le
remboursement.
M. Polo : ...le
remboursement des trop-perçus. Et le troisième... Bien, en fait, c'est la
simplification au niveau du processus, surtout, O.K., c'est surtout. L'autre, c'est
la prévisibilité, voilà. O.K., là, ça me revient. Prévisibilité.
Pourquoi je vous parle de ces deux
éléments-là, surtout la simplification et la prévisibilité? C'est des éléments
fondamentaux de l'argumentaire du ministre pour justifier son projet de loi. Et
ce que la vérificatrice nous dit dans ses mots, et je viens de vous les lire,
c'est que ces éléments-là étaient déjà en place, venaient d'être mis en place à
travers le mécanisme de réglementation incitative adopté en 2017, appliqué en
2018 au niveau d'Hydro-Québec Distribution et éventuellement appliqué en 2019
pour Hydro-Québec Transport.
Moi, je pense qu'il est d'une importance
capitale qu'on l'entende, qu'elle vienne nous donner son interprétation, tout
d'abord, qu'elle vienne nous présenter un peu ses conclusions suite au rapport
de 2018, et qu'elle vienne aussi nous donner son interprétation sur de quelle
façon le projet de loi n° 34 ajoute-t-il, oui ou non,
des éléments qui vont dans le même sens, ou ils font juste, d'une part, abolir,
ou on laisse tomber, à travers l'article 7, ce mécanisme de réglementation
incitative pour, par la suite, le remplacer par soi-disant un mécanisme
similaire, mais qui, un, vient retirer de la <transparence, vient
retirer...
M. Polo : ...abolir ou
on laisse tomber, à travers
l'article 7, ce mécanisme de
réglementation incitative pour, par la suite, le remplacer par, soi-disant, un
mécanisme similaire, mais qui, un, vient retirer de la >transparence,
vient retirer de la rigueur au processus de la Régie de l'énergie.
Tout d'abord, moi, également, ce qui
m'intéresse ici, c'est de voir… à la phrase où je vous ai mentionné, c'est notamment
comment la Vérificatrice générale stipule que ce mécanisme-là pourrait
également aider à réduire le temps, la longueur des travaux associés au dépôt
d'un dossier tarifaire. Je pense que c'est important, parce que c'est à la base
même de l'argument du ministre, c'est à la base même des arguments utilisés
pour défendre le projet de loi n° 34, M. le Président. Moi, je pense
que... et vous l'avez vu, il y a eu différents groupes qui sont venus ici
intervenir.
Hier, je vous ai fait la lecture du
rapport initial qui a servi pour la création de la régie sur le volet
électricité. Je vous rappelle certains des éléments qu'on a retrouvés également...
certaines des lacunes qu'on a retrouvées également au niveau de d'autres
mémoires, que ce soit la FCEI, que ce soit ... que ce soit Option
Consommateurs, qui ont en effet mentionné, que ce soit la lettre ouverte du Pr
Mousseau, qui ont réitéré qu'effectivement les mécanismes de la Régie de
l'énergie méritent d'être regardés, méritent d'être analysés. Et c'est ce que, notamment,
la Vérificatrice générale a effectué. Je répète, pour le plaisir du ministre,
je répète que le vrai débat associé au projet de loi n° 34, c'est comment
est-ce qu'on peut aider la régie, comment est-ce qu'on peut ouvrir un forum, un
espace de discussion afin d'améliorer, optimiser les mécanismes et les
processus utilisés par la régie, autant dans ses interrelations... interactions
avec Hydro-Québec, mais également avec les différents partenaires avec lesquels
elle doit travailler dans le code de l'établissement des tarifs d'électricité.
Et, ici, nous avons une institution, comme
vous l'avez mentionné, M. le Président, nous avons une institution qui est le
bureau du Vérificateur général, dans ce cas-ci, la vérificatrice, qui a fait
une étude exhaustive et qui conclut par dire : Bien, voyez-vous, là, il y
a, ici, des éléments qui sont intéressants, qui méritent d'être analysés. Ils
sont à peine à leur début dans leur application, O.K., dans l'application de
ces mécanismes-là. La vérificatrice n'a pas eu le temps, parce que, bien sûr,
ils étaient à peine dans sa mise en place, n'a pas eu l'occasion de pouvoir
analyser également les bienfaits de ce mécanisme. Et donc, un an et demi plus
tard, à peine un an plus tard, à peine un an plus tard, le ministre et le
nouveau gouvernement arrivent en poste, dépose le projet de loi n° 34,
puis il dit : Scrape tout ça pour mettre tout ça à la poubelle et dire :
Bien, nous, on a la formule. On oublie tout le reste, on laisse tomber tout le
reste. Comme a dit, aujourd'hui, le premier ministre, c'est juste de la
bureaucratie, c'est ce qu'il a dit, aujourd'hui: C'est juste de la
bureaucratie, alors que la Vérificatrice générale semble dire qu'il y a des
bienfaits à ce mécanisme-là. Mais non, le projet de loi n° 34 est arrivé,
il nous dit : On scrape tout ça, on repart à zéro, on va appliquer nous-mêmes
notre propre mécanisme qui est très discutable, sinon qui est très douteux sur ses
justifications, que ce soit la prévisibilité ou que ce soit sa simplification,
et, encore là, comme je l'ai mentionné auparavant, avec le potentiel, avec des
risques imminents, des risques importants, qu'on soit accusés par nos voisins
américains, qu'on soit accusés pour des contrats actuels et futurs, qu'on soit
accusés de dumping, parce que, pour moins que ça, le Québec, le Canada s'est
fait accuser par nos voisins américains. Comme notre collègue de Robert-Baldwin
l'a mentionné, pour moins que ça, le Québec s'est déjà fait accuser de dumping
dans d'autres industries.
• (15 h 40) •
Alors, moi, je considère, je considère
qu'il est important qu'on écoute... qu'on ait ici, qu'on ait la lumière, qu'on
ait… enfin, qu'on ait les conseils, l'analyse, la contribution de la Vérificatrice
générale afin qu'on puisse, justement, poursuivre le débat sur le projet de loi
n° 34 et qu'on puisse aider le ministre dans sa réflexion, parce qu'il
nous dit qu'on n'a pas eu encore l'occasion d'échanger, de voir jusqu'où son
esprit de collaboration va nous amener à soit corriger, amender, à <améliorer
le projet de loi n° 34...
M. Polo : ...poursuivre
le débat sur le
projet de loi
n° 34 et
qu'on puisse aider le
ministre dans sa réflexion
parce qu'il nous
dit qu'on n'a pas eu encore l'occasion d'échanger, de voir jusqu'où son esprit
de collaboration va nous amener à soit corriger et amender, à >améliorer
le projet de loi n° 34. Parce qu'il dit : Bien,
comme on n'est pas encore... comme on n'a pas encore commencé la période d'article
par article, bien, on ne peut pas... je n'ai pas eu l'occasion de démontrer
qu'on peut améliorer ou corriger le projet de loi n° 34.
Parfait.
Moi, je faisais référence, M. le Président,
dans ma motion préliminaire précédente... Quand j'indiquais que, depuis cinq,
six semaines, le ministre n'a offert aucune... n'a aucunement démontré de
l'ouverture à améliorer son projet de loi, ce n'est pas tant dans les article
par article, c'est même dans nos échanges, même dans les entrevues qu'il a
données, même lorsqu'il s'est fait interpeler en Chambre.
En aucun moment le ministre n'a démontré
aucune ouverture, et ça, il le démontre fois après fois depuis mardi matin
qu'ici, en commission, à chaque fois qu'on a proposé des motions préliminaires
pour venir bonifier les travaux du projet de loi n° 34,
il n'a... à tout le moins, il est... oui, il est pressé pour voter, mais, malheureusement,
aucune ouverture à nos propositions pour venir, justement, bonifier les travaux
du projet de loi n° 34.
Alors, je vais arrêter ici, M. le
Président. Je pense que je n'ai pas besoin de faire la lecture du CV de la Vérificatrice
générale, et de ses qualités, et de... enfin, de son expérience et son expertise,
mais je pense qu'il serait... elle serait très intéressée à venir nous
rencontrer et de venir nous expliquer quelles sont les conclusions de son
rapport. Merci beaucoup.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le député de Laval-des-Rapides. Je vais céder la parole au ministre
pour son intervention. Allez-y, M. le ministre.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Oui. Merci,
M. le Président. Je suis surpris de cette motion préliminaire puis je vais
exprimer pourquoi je suis surpris. J'ai eu la chance — oui, je pense
que c'est la chance — de travailler quatre ans au Vérificateur
général du Québec, une institution reconnue et une institution hyperimportante
pour la fonction publique du Québec et les deux réseaux. Et, effectivement, le
rôle de Mme Leclerc, Vérificatrice générale, le bureau du Vérificateur
général est essentiel par sa mission, mission, encore là, qui a trois volets.
Et, s'il avait été opportun d'inviter le Vérificateur général et s'il avait été
logique, dans la mission du Vérificateur général, qu'il soit invité,
régulièrement, celle-ci le serait, la Vérificatrice générale ou l'institution,
mais ce n'est pas opportun, parce que ça ne cadre pas du tout avec la mission
du Vérificateur général.
La mission du Vérificateur général, du
bureau du Vérificateur général, trois aspects. Premier aspect, naturellement,
tout ce qui audit financier. On comprend assez facilement, c'est le
vérificateur financier des institutions publiques du Québec, même rôle que joue
le Vérificateur général du Canada pour le fédéral.
Le deuxième aspect, c'est de s'assurer de
la conformité, la conformité aux lois, aux règlements, aux politiques, aux
directives de l'ensemble des institutions publiques du Québec. Donc, le
vérificateur vient faire des audits de conformité pour s'assurer, justement,
que les ministères et organismes appliquent adéquatement les lois, règlements,
directives amenés par le législateur.
Et troisième aspect hyperintéressant, ce
qu'on appelait autrefois les VOR, vérifications d'optimisation des ressources,
maintenant qu'on appelle audits de performance... Je n'ai jamais compris
pourquoi le mot «vérification» avait été traduit toujours par «audit»
dorénavant, mais c'est de même. Maintenant, on est des auditeurs et non plus
des vérificateurs. Alors, c'est tout l'aspect de venir mesurer le triple e,
efficacité, efficience, économie, dans l'application, justement, des lois, des
directives, des règlements du gouvernement, donc, trois rôles. Et le
Vérificateur général — puis c'est marqué même dans ses documents,
là — n'a pas la mission de... n'a pas pour objet, dans sa mission, de
venir questionner les bien-fondés des politiques, des règlements, des lois,
parce que c'est le rôle du législateur.
Sa mission, après ça, a <posteriori,
c'est de venir faire les...
M. Julien : ...n'a pas
la mission de... n'a pas pour objet, dans sa mission, de venir questionner le
bien-fondé
des
politiques, des
règlements, des lois, parce que c'est le rôle
du
législateur.
Sa mission, après ça, a >posteriori,
c'est de venir faire les trois rôles qu'on a mentionnés de manière très
distincte. Et je vous dirais que la Vérificatrice générale, maintenant Mme Leclerc,
et tous ses prédécesseurs, ne vont jamais s'immiscer dans ce que vous
souhaitez, et je vous cite : «l'interprétation du projet de loi n° 34». Ce n'est pas dans son rôle, ce n'est pas dans sa
mission, ce n'est pas du tout, en fin de compte, quelque chose qui est
possible.
Alors là, on est rendu assez loin, là,
dans les motions préliminaires, quand on est rendu à inviter le bureau du Vérificateur
général pour venir ici, pour venir interpréter le projet de loi n° 34,
ce qui va complètement à l'encontre de la mission et des objectifs du bureau du
vérificateur. Alors, c'est pour ça que je suis surpris de la teneur de cette
mission. Et je pense que c'est important de protéger et de distinguer ces
éléments-là, qui sont, en fin de compte, les fondements mêmes de la mission du
bureau du Vérificateur général du Québec, auquel, comme je le répète, j'ai
oeuvré pendant quatre ans, et qui a un rôle primordial, mais certainement pas
celui souhaité par mon collègue de Laval-des-Rapides.
J'en profiterais également, M. le
Président, parce que... Ça fait plusieurs fois qu'on mentionne qu'on s'attend à
une analyse d'impact réglementaire. Pourtant, l'article 5 de la politique gouvernementale
sur les allégements réglementaires, qui, justement, mentionne ces éléments-là,
précise clairement que ça ne s'applique pas à la législation, ni à la réglementation
fiscale, ni aux dispositions qui prévoient des frais, des honoraires ou
d'autres droits payables au gouvernement. Clairement, ça a été mis en place d'une
manière très logique, M. le Président. L'impact réglementaire d'une modification
de tarification, en elle-même, c'est la modification de tarification, et c'est
pour ça qu'on a cru bon exclure, à l'article 5 de la politique gouvernementale
sur les allégements réglementaires, justement, des législations de la nature de
celle qu'on discute aujourd'hui, ce qui n'est pas le cas du p.l. n° 35
que vous avez énoncé, où il y a effectivement une analyse d'impact réglementaire.
Alors, sur ces éléments-là, M. le
Président, bien, vous comprendrez qu'on n'appuiera pas la motion préliminaire
déposée par mon collègue de Laval-des-Rapides, parce que ça ne cadre pas du
tout, mais pas du tout avec la mission du bureau du Vérificateur général du Québec.
Et on serait prêts à passer aux voix sur cette motion.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le ministre. J'ai cru comprendre que la députée de Mercier voulait
intervenir. La parole est à vous.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Donc, c'est vrai, j'avais oublié que le ministre était comptable,
donc j'ai bien apprécié la présentation qu'il a faite du rôle et du mandat de
la Vérificatrice générale, parce que moi aussi, j'ai étudié en comptabilité,
j'ai travaillé plutôt en cabinet privé avant d'aller en environnement puis
faire une maîtrise dans ce domaine. Mais là ce n'est pas ça, le sujet, je
voulais juste dire que c'est une bonne chose qu'il nous explique quel est le
mandat de la Vérificatrice générale... et de l'importance aussi de son rôle. Et,
moi, en fait, la question... J'aurais aimé ça, que le ministre parle plutôt du
contenu, pour quelle raison... c'est-à-dire du contenu du rapport de la Vérificatrice
générale qui a été déposé en mai 2018 et dont des extraits ont été lus par mon collègue
le député de Laval-des-Rapides, et qu'est-ce qu'il pense, plutôt, du contenu.
Parce que moi, la préoccupation que j'ai, au-delà de... Je trouve que ce serait
important, oui, de l'inviter, mais ce qui est le plus important encore, c'est
de s'assurer que le projet de loi n° 34 et les dispositions
qui sont dans le projet de loi n'aillent pas à l'encontre des recommandations, extrêmement
importantes, de la Vérificatrice générale.
• (15 h 50) •
Donc là, en ce moment, selon des mémoires aussi
qui nous ont été présentés, selon une lecture qu'on a faite, il y a des dispositions
dans le projet de loi n° 34 qui iraient à l'encontre
des recommandations de la Vérificatrice générale, que je vais mentionner ici.
Et c'est pour répondre à ces questions-là et ces inquiétudes qu'on aurait aimé
l'entendre, parce qu'on a l'impression que, quand le ministre a écrit le projet
de loi avec son équipe, on n'a pas tenu compte de certaines des recommandations
du rapport. Et c'est pour ça que, maintenant, moi, je vais appuyer la motion
préliminaire du collègue de Laval-des-Rapides, à cause de ces inquiétudes-là.
Le ministre, je le vois dire que <non,
hocher de la tête en...
Mme Ghazal : ...des
recommandations
du
rapport. Et c'est pour ça que
maintenant, moi, je vais appuyer
la motion préliminaire du collègue de Laval-des-Rapides, à cause de ces
inquiétudes-là.
Le ministre, je le vois dire que >non,
hocher de la tête en mentionnant que non, le projet de loi ne va pas à
l'encontre des recommandations, mais je vais aller... Je vais plutôt parler...
Moi, ce qui a attiré mon attention, c'est particulièrement tout. Évidemment, le
rapport est extrêmement important et intéressant, mais il y a tout le
chapitre 4 de l'audit de performance, de soutien aux ménages à faible
revenu et services à la clientèle résidentielle d'Hydro-Québec. Parce qu'un des
impacts dont on pense que le projet de loi et les experts aussi qui sont venus
en commission et les groupes nous ont mentionné, c'est qu'un des aspects qui va
être touché, c'est les ménages à faible revenu, puisqu'on parle de la
tarification d'Hydro-Québec. Donc, c'est clair que ces ménages-là vont être
touchés. Et ils ne sont pas juste quelques-uns. Ils sont quand même assez
nombreux. Et ça fait partie aussi de la mission de l'État, de la mission des
sociétés d'État comme Hydro-Québec de s'assurer que ces groupes-là de la
société ne soient pas affectés. Et c'est le rôle et le mandat, comme l'a
mentionné le ministre, de la Vérificatrice générale de s'assurer qu'on n'aille
pas à l'encontre des politiques qui sont mises en place. Et, si le ministre
lisait les recommandations de la Vérificatrice générale par rapport aux ménages
à faible revenu et Hydro-Québec, eh bien, il verrait qu'il y a des questions,
en fait, qu'on se pose par rapport au projet de loi n° 34.
Donc, si je regarde, par exemple, à la
page 16 du rapport de la vérificatrice, où Hydro-Québec, un de ses
mandats, c'est de s'assurer qu'il puisse rejoindre les ménages à faible revenu.
Donc, lui, il le détermine par un entretien... bien, elle, Hydro-Québec, la
société d'État, le détermine par un entretien téléphonique à ces ménages à
faible revenu. Et, après ça, il s'assure qu'il y ait des mesures qui soient
mises en place pour que le poids de leur facture d'Hydro-Québec soit, ou la
façon de la régler soit... tienne compte de leur situation financière.
Et ce que la Vérificatrice générale dit,
ce qu'elle mentionne, c'est que, de 2016 à 2019, une partie des ménages à
faible revenu dont la consommation d'électricité a été élevée, plus élevée qu'un
certain seuil, eh bien, ils ont connu une hausse plus élevée que la hausse
moyenne estimée et autorisée par la Régie de l'énergie. Donc, la hausse moyenne
pour tous les clients résidentiels de tarif D était… dans cette période de 2016
à 2019, la hausse de leur facture d'Hydro-Québec moyenne était de 2,4 %,
alors que la hausse moyenne des ménages à faible revenu a été de... En fait,
excusez-moi, c'est le contraire, la hausse moyenne de tous les ménages et tous
ceux qui ont la tarification D a été de 1,9 % alors que les ménages à
faible revenu, elle a été de 2,4 %. Donc, leur hausse a été beaucoup plus
élevée.
Et il y a eu aussi, en 2016, qui est
mentionné dans le rapport de la Vérificatrice générale, un écrit qui dit qu'en
2016 qu'il faut que la Régie de l'énergie fasse un suivi annuel... c'est-à-dire
qu'Hydro-Québec doit faire un suivi annuel auprès de la Régie de l'énergie
concernant les mesures qu'elle a prises pour répondre aux préoccupations du
gouvernement par rapport à la facture d'hydroélectricité des ménages à faible
revenu. Parce qu'on sait, de façon générale, les ménages à faible revenu ne
sont pas propriétaires. Il y en a qui le sont, mais, de façon générale, ils ne
le sont pas. Et ceux qui sont locataires, ils consacrent 30 % de leur
revenu pour se loger. Et la facture d'électricité qui comprend, qui est un bien
essentiel, comprend une proportion extrêmement importante de leurs dépenses. Et
donc, ça, c'est pour les locataires, c'est 30 %.
Mais, pour les ménages à faible revenu, c'est
encore pire, c'est encore plus. Moi, je me rappelle, il y a eu des... Puis c'était,
je pense, M. Jean-François Blain qui en a parlé, ou peut-être quelqu'un de
l'IRIS, je m'en rappelle très bien, qui nous ont... C'était
M. Jean-François Blain qui nous a sensibilisés à cette question en disant :
Maintenant, il y a de plus en plus aussi de ménages à faible revenu, de gens
qui habitent seuls. Et ces gens-là qui vivent, par exemple, dans des
appartements mal isolés, ils ne peuvent pas s'assurer d'avoir... de réduire
leur facture d'hydroélectricité comme d'autres, par exemple, des propriétaires
qui vont faire des investissements pour s'assurer d'améliorer leur efficacité
énergétique. Et donc ça fait partie du rôle, ça fait partie des préoccupations
du gouvernement et d'Hydro-Québec de s'assurer d'alléger le fardeau de ces <ménages
à faible revenu...
Mme Ghazal : ...vont
faire des
investissements pour s'assurer d'améliorer leur
efficacité
énergétique. Et donc ça fait partie du rôle, ça fait partie des
préoccupations
du
gouvernement et
d'Hydro-QuébecT de s'assurer d'alléger le
fardeau de ces >ménages à faibles revenus.
Un élément aussi qui a été mentionné dans
le rapport, c'est qu'avec... en conclusion, c'est que la Vérificatrice générale
mentionne qu'il n'y a pas d'adéquation directe entre la consommation d'électricité
et la capacité de payer des clients. En fait, ce qu'il faut savoir, c'est qu'il
y a... un des éléments, c'est qu'il y a des mesures pour les ménages à faibles
revenus qui sont données pour ceux qui ont une consommation en bas d'un certain
seuil, à peu près 24 600 kWh, mais, étant donné, par exemple, comme je
le mentionnais, les ménages à faibles revenus qui ne peuvent pas faire des investissements
pour réduire leur consommation d'Hydro-Québec… ils aimeraient bien, mais ils ne
peuvent pas le faire, et surtout qu'ils habitent dans des logements mal isolés,
donc leur facture est élevée. Ce qui fait qu'une bonne proportion, 25 %
des ménages à faible revenu qui ont été identifiés par Hydro-Québec... je ne
parle pas de ceux qui ont été identifiés selon les critères, par exemple, de
Statistique Canada, mais ceux qui sont identifiés par Hydro-Québec, eh bien,
25 % consomment plus que 24 600 kWh et donc ne bénéficient pas
de ces mesures qui sont mises en place par Hydro-Québec. Donc, il y en a
beaucoup qui, eux, souffrent de cette situation, et la Vérificatrice générale
le mentionne, elle dit qu'il faut donc modifier les tarifs de la première
tranche pour éviter de pénaliser ces ménages.
Là, avec le projet de loi n° 34, qui
vient mettre les tarifs... bon, il va avoir un gel en 2020, mais, par la suite,
il va avoir une augmentation de 1,7 %, sans parler... si je peux... on en
a parlé pour avoir, à ce moment-là, un choc tarifaire, parce que ça va être une
augmentation importante, d'un seul coup, qui va être subie par tout le monde,
même aussi les ménages à faibles revenus, et le fait, après ça, d'établir les
tarifs au niveau de l'inflation au lieu de permettre à la régie de faire son
travail une fois par année, ce qui aurait peut-être permis à ces ménages-là de
payer moins, selon les calculs des experts, eh bien, là, ces gens-là sont
totalement laissés de côté.
Moi, ma question, c'est... en fait, ce que
je... là, je sais que le ministre ne peut pas répondre à ces questions-là, mais
je vais quand même la poser parce que c'est important : Lors de l'écriture
du projet de loi n° 34, est-ce qu'on est certain ou
est-ce qu'on s'est assuré que ces inquiétudes-là, ces préoccupations de la
Vérificatrice générale ont été tenues en compte et que la situation des ménages
à faible revenu ne va pas être empirée par le projet de loi? C'est des
préoccupations qui ne viennent pas juste de moi, mais qui viennent des gens qui
sont venus ici, en commission, et qui l'ont mentionné à maintes reprises, dans
leurs mémoires, et on n'a pas eu de réponse sur cette question-là. On n'a pas
eu de réponse. Est-ce que le projet de loi n'irait pas à l'encontre de ces
recommandations?
Je parlais du décret, tout à l'heure, en
2016, qui mentionne qu'il faut que la Régie de l'énergie... en fait, il faut
qu'Hydro-Québec fasse un suivi annuel auprès de la Régie de l'énergie pour
s'assurer de la capacité de payer des ménages à faibles revenus, qu'on puisse
les supporter. Est-ce que ça, ça va continuer avec le projet de loi n° 34?
C'est une autre question aussi que je pose. Donc, peut-être que le ministre dit
que ça ne fait pas partie du mandat, peut-être qu'il trouve que... du mandat de
la Vérificatrice générale d'être entendue en commission, sinon on l'entendrait
tout le temps. Puis je peux comprendre, ça peut sembler tiré par les cheveux
comme motion, parce qu'on se dit, bien : Il y a déjà le rapport de la
Vérificatrice générale, qui a été mentionné, on a juste à s'assurer que, quand
le gouvernement fait un projet de loi, que ça n'aille pas à l'encontre.
Bien, moi, je veux mettre la lumière, ici,
particulièrement sur la question des ménages à faible revenu parce qu'elle a
été mentionnée. On n'a pas eu de réponse par rapport à ça, par rapport aux
questions soulevées alors que c'est une préoccupation réelle et importante qui
nous a été mentionnée à plusieurs, plusieurs reprises. Et, parce qu'on n'a pas
de réponses à ces questions-là, on se dit, bien : On ne va pas commencer à
sauter à pieds joints dans l'étude article par article, parce que les
difficultés de tout ça, on aimerait mieux qu'on ait des réponses à ces
questions-là et peut-être que la Vérificatrice générale pourrait plus nous en
parler et répondre à nos questions, vu qu'on n'a pas les réponses, maintenant,
du ministre.
• (16 heures) •
Donc, il y avait aussi d'autres éléments
de la Vérificatrice générale, sur lesquels elle pourrait nous répondre,
notamment toute la question des trop-perçus. Le projet de loi, il avait
comme... bien, c'est-à-dire que le ministre avait comme prétention qu'en plus
de simplifier ou de garder une prévisibilité et une stabilité, avait comme <prétention
qu'il y aurait un remboursement...
>
16 h (version révisée)
<17933
Mme Ghazal :
...
notamment toute la question des trop-perçus. Le projet
de loi, il avait comme... bien, c'est-à-dire que le ministre avait comme
prétention qu'en plus de simplifier ou de garder une prévisibilité, une
stabilité, avait comme >prétention qu'il y aurait
un remboursement des trop-perçus, mais ce n'est pas certain. Et peut-être que
la Vérificatrice générale pourrait nous éclairer à ce sujet, à moins que le
ministre, par exemple, nous dise : Non, il y a eu une analyse qui a été
faite. Le projet de loi ne va pas à l'encontre des recommandations de la
Vérificatrice générale, que ça soit par rapport à la question des ménages à
faible revenu ou d'autres, bien, on aimerait ça qu'il nous dépose cette
analyse-là si elle a été faite et non pas seulement... Il nous le dit, ça,
je... il va nous le dire, on le croit sur parole, mais on aimerait avoir des
réponses aux questions qui ont été posées lors des consultations particulières.
Et, comme on ne les a pas, on se dit : Bien, peut-être que la
vérificatrice va pouvoir nous répondre là-dessus au lieu d'attendre le prochain
rapport, ou, dans quelques années, une fois que le projet de loi, s'il n'est
pas... s'il est adopté tel quel et qu'il n'est pas amendé, dans quelques
années, on a la vérificatrice qui dise : Bien, la situation... Vous savez
quoi? En 2019, en mai 2019, je vous avais déposé un rapport qui dit que non,
Hydro-Québec n'a pas pu s'assurer d'alléger le poids de la facture
d'hydroélectricité aux ménages à faible revenu.
Eh bien, maintenant, cinq ans
plus tard, après l'adoption du projet de loi n° 34, bien, la situation des
ménages à faible revenu a empiré. Ça, on ne veut pas l'entendre. Nous, c'est ça
qu'on veut éviter et c'est pour ça qu'on pose des questions continuellement et
qu'on amène des motions préliminaires qu'on va appuyer, c'est parce que c'est
des questions fondamentales et importantes et on veut réellement avoir des
réponses. Et on ne fait pas ça juste entre nous, il y a des gens qui écoutent
et qui sont extrêmement inquiets, des gens, en ayant lu l'analyse de la
Vérificatrice générale, et avec le projet de loi n° 34, bien, eux, ils ont
l'impression qu'on n'y répond pas du tout, que la situation va empirer, parce
que les tarifs vont être augmentés et qu'on ne tient pas compte des ménages à
faible revenu, dont la consommation d'Hydro-Québec, malgré... Ce n'est pas ça
qu'ils veulent, eux, ils aimeraient qu'ils puissent la réduire, mais ils sont
des ménages à faible revenu, ils n'ont pas la capacité et les moyens de faire
des investissements pour habiter dans des logements ou de demander à leur
propriétaire de faire des changements à leur domicile pour réduire leur
facture, pour que leur logement soit plus isolé. Ils voudraient bien, mais ils
n'ont pas cette capacité.
Comment est-ce que le projet
de loi répond à ces questions-là et à ces préoccupations? En ce moment, il ne
le fait pas. Et je n'irais donc pas dans tous les autres éléments que la
Vérificatrice générale... sur lesquels elle pourrait aussi répondre à nos
questions. Moi, je veux mettre la lumière sur cette question-là pour que,
peut-être, lors d'une prochaine intervention du ministre, il puisse y répondre
ou peut-être nous proposer... Je vais revenir avec ma proposition de
collaboration, parce que le ministre nous avait parlé, lors de sa première
intervention, qu'il était prêt à la collaboration, mais j'aimerais qu'il nous
définisse ça veut dire quoi la collaboration pour lui. Là, je vois qu'il
écoute, qu'il est patient, qu'il est de bonne humeur, selon ce qu'il nous a
dit, et je l'en félicite, j'espère qu'il va continuer comme ça jusqu'à la fin,
mais est-ce que c'est ça la définition de collaborer, j'écoute, je suis de
bonne humeur et je vous écoute, et c'est tout, puis je répète les mêmes lignes?
Une voix
:
...
Mme Ghazal :
C'est le fait que je dise qu'il est de bonne humeur?
Des voix
:
...
Mme Ghazal :
C'est lui.
M. Julien :
...
Mme Ghazal :
En fait, je n'invoque pas... On ne peut pas invoquer même de bonnes intentions?
Ça, on ne peut pas invoquer ça? En fait, ce que je mentionne, c'est ce qu'il
nous dit. Il nous dit : Je reste de bonne humeur, et donc je suis contente
qu'il nous le dise. Je ne le sais pas, maintenant, s'il l'est pour vrai ou pas,
mais ce que j'aimerais, par exemple, c'est qu'il nous définisse — c'est ça que je voulais dire — c'est
quoi, être dans un mode de collaboration. Moi, je pense qu'une façon aussi de
montrer cet esprit de collaboration, c'est, au lieu de nous voir, nous, ce
qu'on lui dit, c'est le message qu'il doit entendre derrière ces motions, c'est
qu'on veut entendre d'autres groupes. Il y a plein de questions qu'on a
auxquelles on n'a pas de réponse. Ce n'est pas juste nous qui avons les
questions, nous faisons aussi les porteurs des gens qui sont venus en commission,
mais des gens qui ne sont pas venus, des gens qui nous écoutent, parce que c'est
un projet de loi important qui intéresse énormément de personnes, et on n'a pas
de réponse. Donc, c'est pour ça que je dis : Peut-être qu'il y a d'autres
personnes qui pourraient... d'autres experts, d'autres groupes qui pourraient
venir aussi en consultations particulières et nous dire : Non, le projet
de loi n° 34, il n'a pas d'effet négatif sur les ménages à faible revenu,
par exemple. Mais j'aimerais ça les entendre, de quelle façon, et non
pas uniquement entendre le ministre.
Donc, dans un esprit de <collaboration,
je tends encore une fois la main aux groupes et aux députés du gouvernement de
proposer eux aussi des motions préliminaires pour inviter des... à entendre des
groupes...
Mme Ghazal : ...négatif
sur les ménages à faible revenu,
par exemple. Mais j'aimerais ça les
entendre, de quelle façon, et non pas
uniquement entendre le
ministre.
Donc, dans un esprit de >collaboration,
je tends, encore une fois, la main au groupe et aux députés du gouvernement de
proposer, eux aussi, des motions préliminaires pour inviter des... à entendre
des groupes qui nous disent le contraire de tout ce qu'on entend en ce moment.
Puis, au moins, dites-leur qu'ils écrivent dans les médias, qu'ils s'expriment.
En ce moment, ils sont très silencieux, on ne les entend pas. Est-ce qu'ils
existent, premièrement? Puis, si oui... à part Hydro-Québec, bien sûr... mais
on on aimerait ça, les entendre.
Donc, c'est... Encore une fois, je réitère
ma proposition au ministre et à la partie gouvernementale pour nous revenir
avec des groupes à entendre, parce qu'on a énormément des questions et très peu
de réponses. On n'est pas prêt à sauter à pieds joints dans l'étude article par
article, et donc on demande la collaboration... je demande la collaboration du
ministre là-dessus. Merci beaucoup.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, Mme la députée de Mercier. Sur ce, je cède la parole au député de
Jonquière pour son intervention sur la motion préliminaire du député de
Laval-des-Rapides. Le député de Jonquière, la parole est à vous.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui.
Merci, M. le Président. Je ne sais pas ça fait combien de temps, le ministre a
travaillé au bureau du Vérificateur général, mais il est courant que le
Vérificateur général vienne en commission parlementaire. Vous en avez
d'ailleurs été témoin, M. le Président, vous-même, lors de l'étude du projet de
loi n° 102. Alors, le ministre peut bien dire que le Vérificateur général
ne vient jamais donner son opinion en commission parlementaire, c'est faux.
Projet de loi n° 102 sur la
modification de la Loi sur la qualité de l'environnement, dans la liste des
invités pour l'audition sur le projet de loi n° 102, le mardi
29 novembre 2016, à 16 heures, Vérificateur général du Québec et
Commissaire au développement durable. Vérificateur général du Québec et Commissaire
au développement durable. Dans LeJournal du Québec... dans le Journal
des débats, présentation de Mme Guylaine Leclerc, Vérificatrice
générale. D'entrée de jeu, elle nous dit : «Nous avons pris connaissance
du projet de loi, et, bien que tous les sujets abordés par celui-ci soient
importants pour la protection de l'environnement, nous avons choisi de
concentrer notre présentation sur deux d'entre eux. Les rapports d'audits, sur
lesquels nous pouvons nous appuyer, ainsi que les enjeux que nous avons abordés
dans un mémoire déposé à la commission en 2015 ont guidé notre choix.» Alors,
plus... je saute des bouts, là... Mme Leclerc, 29 novembre 2016, sur
l'étude du projet de loi n° 102 : «Concernant la création d'une
nouvelle entité, nous partageons les objectifs contenus dans le projet de loi.»
Peut-être que Mme Leclerc pourrait venir, aujourd'hui, nous dire qu'elle
est d'accord avec le projet de loi du ministre. Elle l'a fait, déjà, pour un
autre projet de loi. Puis là elle nos parle des articles du projet de loi qui
touchent le Fonds vert. Ensuite, elle dit, plus loin : «Par exemple, le
projet de loi prévoit que le conseil pourra, après avoir consulté le ministre,
convenir d'ententes permettant de porter des sommes au débit du fonds. Ce rôle
relevait auparavant du ministre.» Puis là elle pose des questions :
«Quelle forme prendra la consultation préalable que le conseil doit mener avec
le ministre?», etc.
Ensuite, elle cède la parole à son vice-Vérificateur
général, vérificateur général adjoint, qui a le mandat de Commissaire au
développement durable, donc, qui parle au nom de l'institution Vérificateur
général, et qui nous dit... puis c'est le vérificateur général adjoint... il
nous dit : «Je suis favorable à l'idée de moderniser la Loi sur la qualité
de l'environnement, et, en particulier, le régime d'autorisation
environnementale.» Alors, pourquoi le Vérificateur général et le vérificateur
général adjoint, qui est Commissaire au développement durable, pourraient
donner son opinion sur une loi qui touche l'environnement mais ne pourrait pas
donner son opinion sur une loi qui touche l'énergie?
• (16 h 10) •
On ne peut pas faire du... juste prendre
ce qui fait notre affaire dans un projet de loi ou dans des procédures
parlementaires. Puis, malheureusement, c'est ce que fait le ministre. Il essaie
de nous faire à croire que ce n'est pas... Le ministre plaide qu'on ne peut pas
inviter le Vérificateur général ici, parce que ce n'est pas dans ses fonctions,
puis là il nous a parlé des trois rôles du Vérificateur général, etc. C'est
faux, M. le Président, parce que... et vous-même, vous y étiez, parce qu'on a
étudié ensemble le projet de loi n° 102. Donc, je ne me souviens pas de
vous avoir entendu, M. le Président, soulever la non-pertinence de la présence
du Vérificateur général à l'étude du projet de loi n° 102. Vous en étiez
bien <content. Moi...
M. Gaudreault : ...
M.
le Président,
parce que — et
vous-même vous y étiez
— parce
qu'on a étudié ensemble le projet de loi n° 102. Donc, je ne me souviens
pas de vous avoir entendu, M. le Président, soulever la non-pertinence de la
présence du Vérificateur général à l'étude du projet de loi n° 102. Vous
en étiez bien >content. Moi, j'y étais aussi puis j'étais bien content.
Et le ministre, David Heurtel à l'époque, au projet de loi n° 102,
était bien content de pouvoir questionner puis entendre le Vérificateur
général. Ça se fait souvent.
D'ailleurs, le Vérificateur général vient
couramment et il travaille main dans la main avec les parlementaires lors des
travaux de la Commission de l'administration publique, qui est ma commission
chouchou. Moi, j'adore le travail de la Commission de l'administration
publique. Mais, si on revient sur la législation, le Vérificateur général, c'est
courant, c'est courant. D'ailleurs, plus loin, le vérificateur général adjoint
dit, toujours le 29 novembre 2016 : «Je suis heureux de voir que
le projet de loi fournit, en fonction d'éléments liés à l'environnement», etc.
Donc, il se prononce, il dit qu'il est heureux du projet de loi. Aïe! Le
ministre libéral, à l'époque, il devait être content en tabarnouche, le
Vérificateur général venait adouber son projet de loi.
Peut-être que la Vérificatrice générale,
si d'aventure le ministre ici présent exécute sa soi-disant volonté de
collaboration, acceptait cette motion d'entendre le Vérificateur général… Qui
sait? Peut-être que la Vérificatrice générale dirait : Wow! Génial projet
de loi. Remarquez que ça m'étonnerait concernant le projet de loi n° 34.
Mais on pourrait le savoir. Tu sais, toujours le vérificateur général adjoint
dit, plus loin : «Nous accueillons favorablement le fait que le projet de
loi prévoie un encadrement de ces évaluations.» Il est full dans le contenu du
projet de loi. On peut rarement être autant dans le contenu du projet de loi.
Le ministre nous dit : «Non, non, non, ce n'est pas dans son rôle du
Vérificateur général de faire ça.» Le ministre, malheureusement, ça doit faire longtemps
qu'il a quitté le bureau du Vérificateur général.
Ensuite, toujours le vérificateur général
adjoint, au mois de novembre 2016, nous dit : «Nous pressons le
gouvernement d'instaurer les mesures prévues par la loi pour s'assurer que les
risques et les coûts qui sont associés aux activités sont assumés par les
responsables des projets et non par l'ensemble de la société.» Le Vérificateur
général donne son opinion sur plein d'affaires. C'est dans son rôle. Les gens
s'y attendent. Alors, M. le Président, c'est dommage de voir que le ministre n'est
pas à jour sur le rôle du Vérificateur général. C'est dommage. Je trouve ça
triste.
Ah! je viens de trouver vos interventions,
M. le Président. Vous dites même... vous dites même, hein, puis, comme
représentant de la deuxième opposition à ce moment-là, vous dites même :
«À mon tour de saluer votre entrée en fonction.» Vous parlez à la Vérificatrice
générale. «Très heureux de vous avoir ici — très heureux de vous
avoir ici — avec nous aujourd'hui, Mme la vérificatrice, bonjour,
bonjour.» Vous le dites deux fois, «bonjour, bonjour», M. le Président,
peut-être que, si avait été le ministre à ce moment-là, il aurait
dit «bonjour, bonjour, bonjour», parce qu'il y avait un ancien du
Vérificateur général.
Le Président (M. Lemay) :
…M. le député, bien, c'est parce qu'ils étaient deux.
M. Gaudreault : Ah! c'est
ça.
Le Président (M. Lemay) :
Voilà.
M. Gaudreault : O.K.
C'est ça, il y avait...
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Gaudreault : Là, vous
lui demandez, M. le Président...
Le Président (M. Lemay) :
Tout simplement de vous rappeler de revenir à la motion présentée par le député
de Laval-des-Rapides, d'entendre la Vérificatrice générale du Québec, s'il vous
plaît.
M. Gaudreault : La motion
à fond, j'ai besoin d'arguments, M. le Président.
Le Président (M. Lemay) :
Je comprends. J'ai compris l'argument que vous nous apportez, maintenant, je
vous invite à poursuivre votre intervention...
M. Gaudreault : J'aime ça
vous citer, M. le Président, c'était hyperintéressant.
Le Président (M. Lemay) :
...en restant sur la motion présentée par le député de Laval-des-Rapides et
pourquoi que vous débattez, pourquoi qu'on devrait entendre la Vérificatrice
générale du Québec dans le cadre du projet de loi n° 34.
M. Gaudreault : Bien,
vous allez me permettre une dernière citation, M. le Président.
Le Président (M. Lemay) :
Allez-y.
M. Gaudreault : Le député
de Masson au Vérificateur général, vous dites : «Lors de la dernière
question de mon collègue député de Jonquière — et là vous détaillez
un peu — est-ce que vous voulez m'en parler un peu plus, ce serait
quoi, le mécanisme que vous auriez à proposer.» Donc, vous m'appuyiez — avec
un i après le y — pour dire à quel point le Vérificateur général, qui
était intéressant, qui avait une pertinence dans l'étude du projet de loi
n° 102, M. le Président... Vous ne pouvez pas dire que je m'adresse
directement à un autre parlementaire, je m'adresse au président.
Le Président (M. Lemay) :
La collaboration a <toujours été là, M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui,
toujours.
Le Président (M. Lemay) :
Poursuivez, poursuivez.
M. Gaudreault : Alors,
vous voyez, M. le Président, on ne peut pas dire qu'on ne peut pas...
M. Gaudreault :
...était
intéressant puis avait une pertinence dans l'étude du
projet
de loi n° 102,
M. le Président. Vous ne pouvez pas dire que je
m'adresse
directement à un autre
parlementaire, je m'adresse au
président.
Le Président (M. Lemay) :
La
collaboration a >toujours été là, M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, toujours.
Le Président (M. Lemay) :
Poursuivez, poursuivez.
M. Gaudreault : Alors,
vous voyez, M. le Président, on ne peut pas dire qu'on ne peut pas inviter, institutionnellement,
le Vérificateur général et le vérificateur général adjoint. On ne peut pas
dire... Parce que je sais que le ministre aimerait ça, reprendre la parole pour
dire : C'est le Commissaire au développement durable. Non. Parce que
Mme Leclerc était là. Et, de toute façon, quand on parle du Vérificateur
général, ça inclut le vérificateur général adjoint, qu'on appelle, selon la
loi, le Commissaire au développement durable, mais qui a un statut de vérificateur
général adjoint. Alors, il est là pour ça, en fonction de son rôle
extraparlementaire, défini avec les trois volets que le ministre nous a
expliqués correctement. C'est juste qu'il a omis de dire qu'en fonction de ces
trois volets les parlementaires sont en droit de demander l'avis du Vérificateur
général et de ses adjoints. Il a oublié de dire ça, le ministre. Alors, qu'on
ne vienne pas nous dire que le Vérificateur général ne vient jamais en commission
parlementaire.
Alors, voilà, M. le Président. Moi, je
suis d'avis que ça serait extrêmement pertinent d'entendre le Vérificateur
général... la Vérificatrice générale, en fait, Mme Leclerc. Ça serait extrêmement
pertinent, parce qu'elle a émis des rapports, elle émet des rapports concernant
Hydro-Québec et elle émettra des rapports concernant Hydro-Québec.
Et savez-vous quoi, M. le Président? On a
même dû modifier la Loi du vérificateur général en 2000... c'était sous un
supergouvernement du Parti québécois, 2013, pour que le Vérificateur général
puisse entrer chez Hydro-Québec, parce qu'Hydro-Québec, monopole par-dessus
monopole, ne voulait pas recevoir le Vérificateur général dans ses bureaux.
Donc, il a fallu modifier la loi pour permettre au Vérificateur général d'y
aller. Raison de plus pour l'entendre ici. Raison de plus pour l'entendre ici,
pour qu'il vienne nous dire en quoi le projet de loi va affecter ne serait-ce
que son propre travail, va affecter la demande tarifaire, va affecter les
conditions sur les ménages à faible revenu, comme il nous en a parlé dans son
rapport.
Alors, moi, je ne peux qu'appuyer cette
motion-là. Je suis même un peu déçu de ne pas l'avoir présentée moi-même,
tellement que c'est pertinent d'entendre le Vérificateur général, qui choisira
d'être accompagné ou non du Commissaire au développement durable. Parce qu'on
parle d'énergie, M. le Président. Il n'y a pas un sujet plus pertinent dans un
contexte de développement durable, dans un contexte de lutte contre la crise
climatique, que d'entendre le Vérificateur général accompagné du Commissaire au
développement durable.
Parce qu'on est toujours un peu dans le
flou, là, quant à l'impact du projet de loi n° 34 sur la transition
énergétique. On le sait, hein, le ministre, à un moment donné, il nous a dit :
Le projet de loi n° 34 n'a rien à voir avec la transition énergétique.
Après ça, il a remis la pâte à dents dans le tube en disant : Non, non, ce
n'est pas tout à fait ça que je voulais dire. Ça fait que, là... Bon, bien, le
Commissaire au développement durable et la Vérificatrice générale pourraient
nous dire, effectivement, si ça a un impact sur la transition énergétique, et à
quel point. Et peut-être que vous pourriez aussi poser des questions comme
président. Alors, c'est ça que ça nous prend, c'est l'avis, c'est l'éclairage
du Vérificateur général, qui est constamment là-dedans, qui est constamment
là-dedans, puis qui y est encore plus depuis qu'on a modifié la loi pour lui
permettre d'aller chez Hydro-Québec.
Alors, M. le Président, c'est une motion
pertinente, une motion importante. C'est une motion qui nous permettrait d'aller
encore plus au fond des choses concernant le projet de loi n° 34 et qui...
comme nous l'aurait permis de... si on avait reçu la régie, comme ça nous
aurait permis aussi d'avoir plus d'éclairage si on avait reçu la panoplie
d'experts qu'on a invités... qu'on aurait voulu inviter mais que le ministre a
refusés. Alors, Vérificateur général, ce serait extrêmement, extrêmement
pertinent. Mais le ministre refuse.
• (16 h 20) •
Puis je répète ce que je <disais
tout à l'heure avec les autres motions, ce n'est pas parce qu'on ne l'a pas
convenu lors des auditions préalables, dans les...
M. Gaudreault : ...la
ministre a refusé. Alors, le
Vérificateur général, ce serait
extrêmement,
extrêmement pertinent, mais le ministre refuse.
Puis je répète ce que je >disais,
tout à l'heure, avec les autres motions: ce n'est pas parce qu'on ne l'a pas
convenu lors des auditions préalables dans les discussions entre leaders que ce
n'est pas pertinent de l'inviter aujourd'hui. Parce que le dossier a évolué,
parce qu'on a appris des nouvelles choses, parce que, depuis qu'on a fixé la
liste des auditions, des témoins en auditions particulières, on a eu des
nouvelles, on a eu des lettres d'opinion, on a eu des interventions dans
l'espace public. Il y a même eu une coalition improbable de consommateurs qui
s'est créée entre consommateurs résidentiels et consommateurs industriels, par
exemple, des consommateurs commerciaux. Ça n'existait pas, ça, quand on a fixé
la liste des témoins à entendre en audition, ça n'existait pas, c'est des faits
nouveaux.
Donc, ces faits nouveaux nous incitent à
dire : Bien, on devrait entendre du nouveau monde, qui n'était pas... peut-être
moins jugé pertinent d'entendre quand on a fixé la liste préalable. Et, parmi
ce nouveau monde qu'on veut entendre venir se prononcer sur des faits nouveaux,
il y a la Vérificatrice générale.
D'ailleurs, son rapport, le rapport de la Vérificatrice
générale date de mai 2019, c'est bien ça, M. le Président? 2018?
Des voix : …
M. Gaudreault : Non, mais
sur les ménages à faible revenu que je parle. Oui? C'est 2019. Donc, mai 2019,
c'est cette année, ça. Le projet de loi a été déposé en juin 2019. Ça fait que
je pense que ce serait pertinent, sur la base des recommandations et des
constats, des constats, d'abord, et des recommandations, ensuite, qui ont été
faits par le rapport de la VG sur l'impact des frais d'hydroélectricité sur les
ménages à faible revenu de mai 2019. Il faudrait même vérifier les dates, là,
parce que peut-être qu'elle l'a déposé vers fin mai, puis le ministre a déposé
son projet de loi début juin, ça fait qu'on n'avait pas beaucoup de délai, là,
pour être capable de bien saisir l'importance d'inviter la VG, concernant
notamment son dernier rapport sur les ménages à faible revenu. Donc, raison de
plus pour l'inviter maintenant.
Bon, on m'indique que le dépôt a été fait
le 12 juin. Donc, c'était forcément... Souvent, la Vérificatrice générale
dépose ses rapports fin mai, alors on devait être à peu près dans ces
délais-là, et de façon très serrée, M. le Président. Donc, je pense que c'est
important d'entendre la VG.
Puis on m'indique également, M. le
Président, puis j'en informe mes collègues des oppositions, que nous, on
l'avait demandé, dans la liste, le Vérificateur général, qu'on l'avait demandé
mais que le gouvernement l'a refusé. Alors, c'est ce qu'on m'indique, que nous
avions demandé d'entendre le VG, puis le gouvernement l'a refusé. Alors, ça
nous donne une idée du contrôle que le gouvernement voulait exercer sur un
certain nombre de témoins qu'on pouvait entendre dans l'étude de ce projet de
loi. Alors, c'est pour ça qu'on revient à la charge aujourd'hui. Puis là ce
n'est pas que la troisième opposition qui le demande, mais c'est la deuxième
opposition puis l'opposition officielle. Ça fait que, peut-être, le ministre
pourrait entendre un petit peu plus raison puis nous... accepter, nous
reconnaître qu'on peut recevoir le Vérificateur général, comme ça a été fait à
plusieurs reprises, comme ça a été fait en novembre 2016, sur le projet de loi n° 102. Puis le Vérificateur général pourrait, de son
propre chef, choisir d'être accompagné ou non du Commissaire au développement
durable, qui est aussi vérificateur général adjoint, M. le Président.
Donc, vous comprenez que moi, je suis
favorable à la venue du Vérificateur général, je suis favorable à ce qu'elle
vienne, accompagnée d'un vérificateur général adjoint. Je voudrais même qu'on
lui suggère... Si on pouvait modifier la motion préliminaire, si on pouvait
l'amender, à moins qu'on en dépose une autre après, moi, je dirais :
Entendre... Et qu'à cette fin elle entende le Vérificateur général du Québec,
accompagné du Commissaire au développement durable. Moi, ça serait ça, parce
que le volet Commissaire au développement durable, surtout sur un enjeu qui
touche l'énergie puis la transition énergétique, ça serait encore plus pertinent.
Puis je ne voudrais pas prendre de chance... Oui?
Le Président (M. Lemay) :
...confirme que ce n'est pas possible d'amender une motion préliminaire.
M. Gaudreault : Oui, je
sais, je sais, je sais. C'est pour ça <que j'ai dit «si je pouvais»,
dans le sens de, si j'avais pu, tu sais, je l'aurais amendé. À moins que le
ministre nous dise : Ah! bien, on va voter tout de suite sur la motion
préliminaire puis on va en...
M. Gaudreault :
...pertinent. Puis je ne voudrais pas prendre de chance... Oui?
Le Président (M. Lemay) :
Je vous confirme que ce n'est pas possible d'amender une
motion
préliminaire.
M. Gaudreault : Oui,
je sais, je sais, je sais. C'est pour ça >, j'ai dit «si je
pouvais», dans le sens de, si j'avais pu, tu sais, je l'aurais amendé. À moins
que le ministre nous dise : Ah! bien, on va voter tout de suite sur la
motion préliminaire puis on va en réadopter une nouvelle, dans laquelle on
mettra le Commissaire au développement durable. S'il nous dit ça, moi, je suis
prêt à dire : C'est beau, on va régler ça tout de suite. Mais je ne suis
pas sûr qu'il est prêt à faire ça, alors... Mais, sinon, je l'aurais ajouté
parce que j'aurais voulu préciser... que les parlementaires précisent à la
Vérificatrice générale l'importance d'être accompagnée du Commissaire au
développement durable, considérant ses responsabilités intrinsèques,
considérant son rôle qui est prévu par la loi.
Donc, je pense, je vais m'arrêter ici,
parce que, sur le fond des choses, là, concernant l'impact des tarifs sur les
ménages à faibles revenus, je trouve que mes collègues ont élaboré passablement
là-dessus. Je suis assez d'accord avec ce qu'ils ont énoncé. Ça, c'est sur le
fond des choses.
Moi, j'en étais à la mécanique, là, et je
pense que le Commissaire au développement durable et la Vérificatrice générale
sont tout à fait appropriés, sont tout à fait bienvenus dans un contexte de
commission parlementaire qui a à étudier un projet de loi. Ils le font à
plusieurs reprises. Ils le font... Ils l'ont fait lors de l'étude du projet de
loi n° 102 et ils le feraient certainement sur un
projet de loi comme celui-ci que nous avons devant nous.
Alors, j'invite les parlementaires à voter
pour cette motion préliminaire et ainsi recevoir, questionner et entendre les
recommandations du Vérificateur général sur le sujet. Merci.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup, M. le député de Jonquière, pour votre intervention. M. le
député de Laval-des-Rapides, vous avez déjà intervenu sur votre propre motion
préliminaire. Est-ce que c'est une question de règlement?
M. Polo : Oui, oui, oui.
Bien, en tant que proposeur de la motion, par consentement... Je pense que
l'idée du collègue de Jonquière est intéressante. Par consentement, on peut
juste retirer la motion, l'amender puis la déposer telle qu'il l'a proposée.
Moi, en tant que proposeur de la motion,
je n'y vois aucun problème, mais il faudrait qu'on s'entende au préalable.
Une voix
: ...
M. Polo : Pas de
consentement?
Une voix
: ...
Vérificateur général, c'est l'institution.
Le Président (M. Lemay) :
Alors, merci, M. le... Il n'y a simplement pas de consentement, M. le député de
Laval-des-Rapides. Donc, M. le député de D'Arcy-McGee, la parole est à vous
pour votre intervention. Est-ce que vous désirez toujours intervenir en tant
que le représentant du chef de votre parti?
M. Birnbaum : S'il vous
plaît.
Le Président (M. Lemay) :
Député de D'Arcy-McGee.
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : Merci, M.
le Président. Écoutez, je ne peux pas m'empêcher de me rappeler des
conversations que j'ai eues souvent avec mon fils quand il faisait ses devoirs.
Et patience, s'il vous plaît, parce que c'est une petite anecdote, mais tout à
fait pertinente.
Moi, je m'adresse à mon fils en anglais,
et ma conjointe, sa mère, en français toujours. Il va être prof d'éducation
physique l'année prochaine et il complète ses études avec grand succès, mais,
plus jeune, il en arrachait souvent, quand il faisait ses devoirs, et il
s'impatientait quand il n'aurait pas compris quelque chose tout de suite. Et je l'ai dit tout simplement : «Vince, you can't know
something till you know something.» Il faut l'apprendre avant.
Et je me permets l'exemple, parce qu'on
est devant la grande déception, je dirais, quasi absurdité d'avoir vu... de
refuser les motions très bien documentées, argumentées, qu'on entende des
experts, des organismes de l'État, qui sont touchés de façon totale par le
projet de loi devant nous.
Nous aurions proposé maintenant, si je ne
m'abuse, huit experts sur le plan international, issus des universités de chez
nous, d'Oxford, de Harvard, de partout, qui se sont imposés dans les débats de
cet ordre depuis longtemps, qui se sont imposés de façon — et je le
caractérise de même — préliminaire, préliminaire dans les débats
devant nous, qui ont indiqué, dans ces implications préliminaires où, dans
certains cas, on n'aurait pas eu l'opportunité encore, que le sujet est
pertinent, que leur recherche est pertinente, leurs réalisations sont
pertinentes à nos discussions.
• (16 h 30) •
C'est utile de se rappeler que, pendant
nos consultations, il y avait, je crois que j'ai le bon chiffre, 14 des 17 groupes
qui avaient des grandes, grandes difficultés, qui étaient <contre le
projet de loi devant nous...
>
16 h 30 (version révisée)
<y15371
M. Birnbaum :
... discussions. C'est utile de se rappeler que, pendant nos consultations,
il
y avait, je crois que j'ai le bon chiffre, 14 des 17 groupes qui avaient
des grandes, grandes difficultés, qui étaient >contre le projet de loi
devant nous. Est-ce qu'on peut nous assurer d'une compréhension claire et nette
de tous les enjeux devant nous avant de procéder?
Là, mon collègue de Jonquière, sans nier à
l'expertise évidente du ministre, compte tenu de ses antécédents, a bien établi
que c'est normal et de mise, souvent, que le Vérificateur général soit présent
pour ajouter son expertise quand il s'agit des projets de loi qui touchent à
ses compétences. Et ça s'est déjà fait à plusieurs reprises.
Et je comprends le ministre quand il parle
des trois mandats du bureau du vérificateur. En dedans de ces mandats, qu'on
vient d'entendre, le vérificateur s'est déjà présenté à plusieurs reprises
devant des commissions parlementaires. Et la vérificatrice, dans ce cas-ci, a
jugé pertinent, selon son mandat, d'offrir des commentaires sur la façon de
fixer les tarifs... dont le sujet, évidemment, évidemment, est jugé tout à fait
pertinent. Et, en plus, en plus, elle a offert des commentaires sur le régime
qui risque d'être transformé par le projet de loi qui est devant nous actuellement.
Je vois, en quelque part, il me semble que
c'est un parallèle intéressant, cette motion, avec notre motion malheureusement
rejetée. Et, pour moi, c'est en quelque part, un des rejets les plus décevants,
c'est-à-dire notre proposition d'inviter la régie même à comparaître devant
nous.
Le proposeur de la motion ainsi que les
deux autres formations de l'opposition ont été très, très, très clairs. Par
cette motion, quand il s'agissait de notre invitation de la régie, on ne
voulait aucunement, mais aucunement, compromettre la crédibilité, l'intégrité,
l'autonomie et l'implication future de la régie. Par contre, par contre, de se
prévaloir de leur expertise quand on parle de façon totale du rôle de la régie,
en ce qui a trait à la surveillance des tarifs et les activités d'Hydro-Québec,
ça aurait été tout à fait normal.
Là où je veux faire un parallèle,
j'imagine que la Vérificatrice générale, une fois invitée, et on reste avec
notre espoir, ne se présenterait pour faire l'économie de son rôle. J'imagine
qu'elle est aussi consciente de ses trois mandats que son ex-collègue, en quelque
part. Elle comprend ses obligations. Et j'imagine, si... premièrement,
j'imagine qu'on aurait lancé une invitation dans cette optique. Et, si ce
n'était pas très clair dans l'invitation, la Vérificatrice générale viendrait
et se limiterait aux commentaires qui toucheraient fidèlement à son expertise,
son mandat et à son droit de regard. Et est-ce qu'on peut se rappeler que la
vérificatrice elle-même a jugé pertinent de commenter sur les activités qui
nous touchent aujourd'hui?
J'ai tendance à vouloir inviter le ministre
à faire valider son constat, et il y a une façon très simple de le faire. Ça
serait, <pour eux...
M. Birnbaum : ...sur
les activités qui nous touchent
aujourd'hui. J'ai tendance à vouloir
inviter le
ministre à faire valider son constat. Et une façon très
simple de le faire, ça serait, >pour une fois... j'aurais aimé être en
mesure d'offrir le même défi sur les autres huit motions qui sont malheureusement
déjà derrière nous… mais d'accepter notre recommandation et d'inviter la Vérificatrice
générale à venir. J'imagine que le ministre partage avec moi un respect
inconditionnel pour le bureau de la Vérificatrice générale et pour la personne
qui occupe le poste actuellement, M. le Président.
N'y aurait-il pas lieu à accepter notre
motion? Et pas pour cette raison étroite, mais je trouve que ça serait une
façon de valider notre contention qu'elle peut être peut être utile à nos
délibérations… d'accepter notre motion et d'inviter la Vérificatrice générale.
Et, si elle jugeait non pertinent de venir, en cause du fait de son analyse,
son implication serait totalement non pertinente compte tenu de ses mandats,
elle va nous dire. Et j'imagine qu'elle explique… et, pour moi, l'explication
est difficile à offrir… elle expliquerait pourquoi et comment ça serait non
pertinent qu'elle se présente devant nous quand c'était tout à fait pertinent,
en mai 2018, de commenter, d'offrir des commentaires sur l'efficacité des
façons de fixer des tarifs, d'offrir des commentaires sur ce qu'il y a à
surveiller dans l'avenir et de situer tout ça dans un contexte d'optimisation,
de conformité aux lois, de directives du législateur des trois mandats qu'ils
ont bien énumérés... le ministre. Il me semble que ça serait très intéressant et
normal, et normal, M. le Président, d'inviter la Vérificatrice générale à
accepter notre invitation.
Nous, l'opposition officielle, et,
j'imagine, nos collègues de deuxième et troisième oppositions vont comprendre
si la réponse est : Mon implication n'est pas pertinente, alors merci de
l'invitation. Est-ce qu'elle risque, j'ose dire... plus probablement dire
que... Mon devoir de réserve, de respect pour mon mandat va faire en sorte que
mes commentaires vont se limiter à x, y, z. J'imagine que le ministre, comme
nous tous, de ce côté non ministériel, nous allons comprendre tout à fait une
telle réponse. Mais de prévoir cette réponse avant même de la demander, je
trouve malheureux, surtout comme... À l'honneur de mon fils, on reste dévoués à
l'idée d'apprendre davantage pour qu'on puisse agir davantage et de façon
responsable.
• (16 h 40) •
Écoutez, moi, j'ai eu, dans une ancienne
vie, comme directeur général de l'Association des commissions scolaires
anglophones du Québec, à collaborer à deux reprises, et avec beaucoup de
travail, implication, avec le Vérificateur général du Québec. Une fois, une
vérification des commissions scolaires, anglophones comme francophones, un
échantillon des commissions scolaires, sur l'efficacité, l'efficience et les
économies qui touchaient aux services de garde en milieu scolaire. Une deuxième
fois, question, bon, qui est pertinente dans nos discussions, sur un autre
projet de loi proposé par ce gouvernement-ci, une enquête sur l'efficacité administrative,
sur l'administration des commissions scolaires, c'était quoi, le pourcentage de
ses chiffres d'affaires qui étaient dédiés à l'administration. Dans les deux
cas, dans les deux cas, deux ou trois choses, qui sont, une autre fois,
j'insiste, pertinentes à nos discussions, M. le Président, sur l'efficacité,
sur le pouvoir... et le ministre n'a pas dit le <contraire, et je crois
qu'il...
M. Birnbaum : ...qui
était dédiée à
l'administration. Dans les deux cas, dans les deux cas...
Deux ou trois choses, qui sont, une autre fois j'insiste, pertinentes à nos
discussions,
M. le Président, sur
l'efficacité, sur le pouvoir...
et le
ministre n'a pas dit le >contraire, et je crois qu'il va
être d'accord, le pouvoir essentiel de la Vérificatrice générale, pas juste de
faire des observations, de faire des recommandations, de demander des suivis et
d'identifier des lacunes ainsi que des atouts.
Dans ces deux cas-là... Et je le mentionne,
parce que je veux juste signaler le potentiel d'une telle comparution devant
nous à bonifier, une autre fois, nos délibérations en tout ce qui a trait aux
sujets devant nous, qui sont d'une grande importance. Dans ces deux cas-là, les
observations ainsi que les recommandations du Vérificateur général... parce que
c'était au milieu de mes 10 ans en tant que directeur général des commissions
scolaires anglophones, dans les deux cas, on a eu, comme vous le savez, lors d'un
rapport du Vérificateur général, nous avons à rerendre compte sur les
recommandations du vérificateur. Et, je vous avoue, dans les deux cas... je ne
cache pas que j'étais assez fier de notre imputabilité, de notre façon de faire…
dans les deux cas, surtout les maternelles en milieu scolaires, parce qu'elles
auraient été instaurées sans aucun projet de loi bien d'années d'avant dans les
écoles anglaises publiques du Québec. Mais, dans les deux cas, les
recommandations de la vérificatrice nous auront aidés à bonifier notre offre.
Et je parle de deux... de l'État, l'école publique, les commissions scolaires
publiques. Et, dans les deux cas, nous avons réagi au rapport, et bonifié, et
optimisé, et rend plus efficace. Je suis dans le mandat, vous remarquerez, de
la Vérificatrice général. On a bonifié nos opérations suite à ses
recommandations.
Spécifiquement sur les interventions de la
Vérificatrice générale lors de son rapport de mois de mai 2018, elle constate
que la régie a fixé des tarifs suivant un règlement auparavant basés sur le
coût de services jusqu'à l'année tarifaire 2017. En 2018, comme elle a
noté : «L'année tarifaire 2018 du distributeur constituera la
première année de la mise en place d'un mécanisme de réglementation incitative
qu'il est prévu d'appliquer aux transporteurs à partir de 2019.» Elle continue,
c'est tout à fait pertinent à nos discussions : «Ce changement découle d'une
modification à la Loi sur la Régie de l'énergie, entrée en vigueur en 2013, qui
prévoit l'établissement par la régie d'un mécanisme assurant la réalisation de
gains d'efficience dans son mandat pour Hydro-Québec. En vertu de la loi, ce
mécanisme doit poursuivre trois objectifs», trois objectifs, M. le Président,
qui touchent au contenu de notre projet de loi, qu'on veut ensemble, je prends
pour acquis, bonifier et expliquer davantage aux consommateurs, consommatrices,
utilisateurs industriels de l'électricité ainsi que, devant tout le monde,
clarifier devant Hydro-Québec et un autre appel des instances internationales
pour qu'Hydro-Québec peut poursuivre ses activités. «Trois objectifs :
l'amélioration continue de la performance et de la qualité du service, une
réduction des coûts profitables à la fois aux consommateurs et aux divisions
réglementées, l'allégement du processus d'établissement des tarifs du
distributeur et du transporteur».
Bon. Comme on sait, on parle d'un
processus qui a été en mutation et, maintenant, risque d'être en grande
mutation suite au projet de loi devant nous. Alors, c'est pourquoi c'est
pertinent de nous rappeler de ces autres constats dans ce rapport de mai 2018.
Et je cite à nouveau : «Bien que les travaux de la régie sur les modalités
d'application du mécanisme de réglementation incitative n'étaient pas complétés
en date de rédaction du rapport, certains effets sur l'établissement des tarifs
sont <connus.» Certains...
M. Birnbaum : ...mai
2018, et je cite à nouveau : «Bien que les travaux de la Régie sur les
modalités d'application du mécanisme de réglementation incitatif n'étaient pas
complétés en date de rédaction du
rapport, certains effets sur
l'établissement
des tarifs sont >connus.» Certains effets. Et là on va continuer. Les
effets donnent changement? Non. Est-ce que le «sequel» de tout ça, ce n'est pas
pertinent d'entendre un autre chien de garde, ce qui est la régie, qui est
compromise de façon fondamentale par le projet de loi devant nous? Est-ce que
ce n'est pas intéressant de poursuivre ça? «Certains effets — je cite — sur l'établissement
des tarifs sont connus, dont — elle mentionne — trois
déterminations des revenus requis des trois années suivant l'année tarifaire 2018
selon une formule d'indexation autorisée par la régie, tenant notamment compte
d'un facteur d'inflation, d'un facteur de productivité et d'exclusion,
réduction des éléments à couvrir lors de l'examen du dossier tarifaire et,
trois, maintien du mécanisme de partage des écarts de rendement actuels auquel
s'ajouteront des indicateurs de performance et de qualité du service qui seront
établis dans une décision à venir.» Bon, elle conclut : «L'établissement
des tarifs selon un mécanisme de réglementation incitatif est un changement
important par rapport à la réglementation basée sur le coût du service. Il
serait intéressant d'observer l'évolution de ce mécanisme dans les années à
venir.» Fin de la citation.
M. le Président, le ministre s'impatiente
qu'on passe à l'étude article par article... Excuse, je... est-ce qu'il y a une
clarification, je n'ai pas du temps qu'il m'en reste?
Le Président (M. Lemay) :
Simplement, là, je vous invite à la prudence. Puis quand vous dites
«s'impatiente», le ministre est patient. Je veux juste vous le dire… c'est ça,
pour… vous pourriez porter des motifs à ce moment-ci, M. le député. Je vous
laisse poursuivre votre intervention, mais simplement... Allez-y.
M. Birnbaum : O.K.
Écoutez, je n'imputais aucun motif. Mais le ministre a même dit qu'il a hâte. Moi,
quand j'ai hâte, je suis un petit peu impatient. Bon, bien, écoutez, en bonne
foi, on va rester avec les paroles du ministre, il a hâte. Moi aussi, mais,
comme nous tous, je me sens...
Bon, il y a des gens qui nous regardent,
on est imputables devant notre monde. On va, à un moment donné, arriver à
l'article 7 de ce projet de loi, qui va nous inviter à considérer
l'abolition de ce mécanisme dont on parle. Est-ce que c'est un grand saut, de
croire que la Vérificatrice générale, bon, ainsi que la régie, Hydro-Québec,
les six experts qui ne vont, de toute évidence, pas avoir l'opportunité de nous
adresser une autre fois, mais est-ce que... bon, je me restreins à la... je me
limite à la Vérificatrice générale... est-ce qu'elle n'aurait pas des
informations, des observations, tout en respectant son mandat, à partager avec
nous sur la portée de l'article 7? Et ce projet de loi est un ensemble, en
quelque part, alors donc l'article 7 ne s'isole pas de l'article 1,
des autres articles de la loi. Donc, est-ce que ce n'est pas normal qu'on
s'équipe pour se prononcer sur chaque article de ce projet de loi? Et j'imagine…
et moi j'ai hâte aussi aux discussions fructueuses et sérieuses et rigoureuses,
article par article, au moment approprié, M. le Président. Pour en préparer,
j'ai besoin, nous avons besoin de comprendre l'étendue des articles et
l'importance des articles devant nous. Et l'article 7 est une réponse, en
quelque part, aux interventions directes et documentées de la Vérificatrice
générale.
• (16 h 50) •
Alors, une <autre fois, dans
l'esprit des autres motions, comme je dis, qui était de nous aider à trancher
sur une question, j'invite le ministre à reconsidérer son plan de nous inviter
à...
M. Birnbaum : ...une >autre
fois, dans l'esprit des autres motions, comme je dis, qui étaient de nous aider
à trancher sur une question, j'invite le ministre à reconsidérer son plan de
nous inviter à voter contre la participation de la Vérificatrice générale du
Québec.
Je tiens à nous rappeler, et peut-être je
suis le seul, M. le Président, mais, comme je dis, c'est depuis nos deux jours
qu'avec chaque intervention j'ai tendance à croire que l'importance du projet
de loi devant nous devient de plus en plus évidente. Ce n'est pas une mince
affaire, ce n'est pas une mince affaire qui se réduit à: Bon, comment est-ce
qu'on va remettre l'argent dans la poche des contribuables, qui n'est pas, en
soi, remarquons-nous, une mince affaire. Mais nous sommes en train, ou,
bientôt, nous serons en train de légiférer sur une société d'État qui a une
influence sur notre vie quotidienne, sur notre richesse collective, sur notre
place sur le plan mondial. Et je le réitère… bon, il me semble qu'on peut se
permettre de réitérer que c'est un des leviers essentiels dans la lutte du
XXIe siècle, c'est-à-dire les changements climatiques. On a besoin d'un
Hydro-Québec imputable, efficace, transparente pour jouer son plein rôle dans
l'environnement actuel. Et, pour reboucler tout ça, nous avons besoin de faire
notre travail de la façon la plus rigoureuse possible et avec cet objectif en
tête. Si je pouvais, je reproposerais nos autres neuf motions qui ont été déjà
refusées. Nous sommes devant une motion actuelle qui a toute sa pertinence, qui
parle d'une intervenante qui risque de nous aider davantage même sans… aurait
été épaulée par les autres que nous aurions proposé entendre avant. C'est une
proposition qui a été bien défendue et qui devrait être acceptée par le
ministre. Merci beaucoup.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le député de D'Arcy-McGee. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur la motion préliminaire du député de Laval-des-Rapides?
Mme Montpetit : Oui.
Le Président (M. Lemay) :
Oui. Mme la députée de Maurice-Richard, la parole est à
vous.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Absolument. Merci, M. le Président. Je souhaiterais, avant de commenter plus
précisément sur la motion, juste revenir sur un petit élément, sur
l'intervention, en fait, du ministre.
Dans mon intervention précédente, je lui
parlais du fait qu'il n'y avait pas d'analyse réglementaire qui avait été
déposée pour le projet de loi, puis je suis assez surprise de l'avoir entendu
répondre qu'il n'était pas dans l'obligation d'en déposer. Puis je l'invite à
avoir, si c'est son impression, à avoir des discussions très serrées avec son
équipe, puis je vais le référer très simplement sur la page de son propre
ministère, ça va être très simple. Et, sur la page de son propre ministère, il
est bien écrit qu'«en vertu de la politique sur l'allégement
réglementaire — puis je le lis tel quel — le ministère doit
produire et diffuser une analyse d'impact réglementaire pour tout projet de loi
de règlement, de plan d'action ayant des répercussions sur les entreprises ou
qui les concerne». Donc, je pense que c'est quand même assez clair, hein? Je
dois produire, pas peut produire, doit produire et diffuser une analyse
d'impact réglementaire. Donc, je suis assez surprise qu'il nous ait dit qu'il
n'avait pas à le faire.
Je le réfère sur la même page aussi parce
qu'en termes de transparence, moi, je suis bien contente du travail qu'on a
fait comme gouvernement, puis je le réfère justement aux dernières
modifications qui ont été faites dans les projets de loi du même acabit, dont
notamment le projet de loi n° 106, dont, j'imagine,
son équipe de fonctionnaires pourra le mettre au jeu, lui en parler davantage,
mais qui concernait la mise en oeuvre de la politique énergétique de 2030. Je
le réfère toujours sur le site de son propre ministère, où l'analyse
réglementaire, justement, par souci de transparence, avait été diffusée. Et c'est
dans cette optique-là qu'on vous... tu sais, même pas, j'allais dire : On
vous invite, on ne vous invite pas, on vous invite juste à respecter ce que
vous devriez faire, qui est de déposer une analyse d'impact.
C'est un projet de loi qui a des
répercussions, mon collègue de D'Arcy-McGee le <mentionnait, qui a des
répercussions très importantes, qui a des répercussions sur la vie de tous les
Québécois...
Mme Montpetit : ...et c'est
dans cette optique-là qu'on vous... ce n'est même pas... j'allais dire on vous
invite, on ne vous invite pas... On vous invite juste à respecter ce que vous
devriez faire, qui est de déposer une
analyse d'impact. C'est un
projet
de loi qui a des répercussions, mon
collègue de
D'Arcy-McGee le >mentionnait,
qui a des répercussions très importantes, qui a des répercussions sur la vie de
tous les Québécois, et des répercussions importantes, également. Et je pense qu'on
est en droit, non seulement comme parlementaires, comme législateurs qui allons
travailler sur ce projet de loi... mais je pense que l'ensemble des Québécois
et des Québécoises ont également le droit de prendre connaissance de cette analyse-là
pour pouvoir bien mesurer l'impact des modifications qui sont faites et qui
sont proposées par le ministre.
Et toujours dans ces questions-là de
transparence... Puis je me permettrai de... Parce qu'on parlait, tout à l'heure,
de... je questionnais le ministre à savoir, justement, s'il avait rencontré...
discuté avec M. Bernard, dont on demandait la venue. J'en profitais, je me
suis dit : Ah! bien, je vais aller sur Pour un gouvernement transparent,
comme ça, ça répond généralement à nos questions, à savoir les rencontres qui
sont faites par les différents membres de l'Exécutif. Et je suis assez surprise
de constater que, dans l'agenda du ministre, il n'y a à peu près aucune
rencontre qui sont faites. Et j'ai regardé, je me suis permis de regarder,
justement, dans les mois qui ont précédé le 12 juin 2019, qui est la date du
dépôt du projet de loi sur lequel on travaille actuellement, j'ai regardé dans
les mois qui ont suivi également, j'ai regardé durant les consultations. Je
présume... En tout cas, j'espère que je ne présume pas à tort, mais, de deux
choses l'une, soit le ministre n'a fait aucune rencontre sur son projet de loi
pour... à l'extérieur de son cabinet pour pouvoir venir évaluer c'étaient quoi,
les enjeux par rapport aux trop-perçus, qu'est-ce qu'il devrait mettre dans son
projet de loi, la direction qu'il devrait prendre, quels sont les enjeux à
l'heure actuelle, comment il peut, justement, parfaire un projet, faire des modifications...
Parce qu'on en convient tous, on l'a dit, il y a des modifications à faire au
niveau de la régie, on l'a toujours dit, mais encore faut-il voir les
orientations à prendre.
Et, quand on est un nouveau ministre qui
arrive en poste — j'en profite pour souligner sa première année de
mandat, et comme député, et comme ministre — force est de constater,
je pense, qu'il y a une période de croissance au niveau de l'apprentissage, on
passe tous par là. Et j'imagine qu'il n'a pas écrit ça seul avec ses
fonctionnaires dans son bureau et qu'il a fait des rencontres.
Le Président (M. Lemay) :
...Maurice-Richard. M. le député de Beauce-Nord, vous avez
une question de règlement?
M. Provençal :
Bien, ça serait en lien avec l'article 211. J'ai de la misère à faire le
lien, en tout respect, entre les propos qui sont amenés présentement et ce qu'on
est en train de débattre.
Le Président (M. Lemay) :
M. le député de Beauce-Nord, donc...
M. Provençal :
Peut-être moi, là, qui ne suis pas bien, là, mais...
Le Président (M. Lemay) :
Effectivement, j'écoutais les propos de la députée de Maurice-Richard
et, effectivement, j'en étais à intervenir sous peu. Mme la députée de Maurice-Richard, vous avez... je vous invite à revenir sur la
motion préliminaire présentée par le député de Laval-des-Rapides, qui demande
d'entendre la Vérificatrice générale du Québec. Merci.
Mme Montpetit : Oui, bien
sûr. Je ne vous apprendrai pas, M. le Président, comme on a l'occasion
d'alterner dans nos présidences de commission et de cette même commission, que
la pertinence, selon la jurisprudence et selon le code de règlement, est
quelque chose qui peut s'interpréter de façon bien large, n'est-ce pas? Et je suis
sûre que le député, quand il fait son intervention, en est bien conscient.
Donc, je vais continuer mon intervention,
qui a tout à fait un lien. Mais, de toute façon, je la terminais. Il me restait
quelques secondes pour simplement venir dire, de deux choses l'une... Pour en
revenir à la transparence, je réitère que le ministre doit déposer une analyse
réglementaire.
Et, dans un autre cadre, je veux
simplement lui dire qu'au niveau de son agenda, qu'il aura l'occasion de nous
clarifier... mais ce que je comprends, c'est soit il manque beaucoup d'éléments
au niveau de la transparence de son agenda en lien avec les rencontres qui
auraient pu être faites, soit, simplement, il n'a rencontré personne, ce qui
serait quand même curieux.
• (17 heures) •
Donc, pour en revenir à la question de la
motion, je pense, ça a été mentionné à plusieurs reprises, puis, encore là, ce
sera... L'argumentaire n'est pas très différent de celui qu'on a fait notamment
pour M. Bernard au niveau du fond, à savoir qu'on devrait tous s'outiller
et aller chercher un maximum d'informations pour être capables, justement,
d'évaluer la qualité du projet de loi qui est devant nous. Il y a beaucoup
d'éléments qui ont été soulevés durant les consultations par rapport à des
problèmes, par rapport à des impacts négatifs qui pourraient être amenés, et
puis ça a été quand même relativement unanime, ce qui a été soulevé. Et donc je
pense qu'on devrait être inquiets, hein, de ce qui a été soulevé et on devrait,
<justement, se donner tous les moyens...
>
17 h (version révisée)
<15369
Mme Montpetit :
...soulevé durant les
consultations
par rapport à des problèmes,
par
rapport à des impacts négatifs qui pourraient être amenés, et puis ça a été
quand
même relativement unanime, ce qui a été soulevé. Et donc je pense qu'on devrait
être inquiets de ce qui a été soulevé et on devrait >justement, se
donner tous les moyens pour mettre, autour de la table, les gens qui peuvent
venir nous donner des éléments supplémentaires par rapport aux modifications
qui doivent être faites.
Et, je le répète, pour vraiment le
clarifier, on est très d'accord avec le fait qu'il y a des modifications à
faire à la régie, on est d'accord. Encore faut-il savoir comment les faire,
dans quelle direction les faire et par quels moyens les faire. Je pense qu'on a
des gens, au Québec, qui sont des experts, qui veulent venir nous le dire, on a
un Vérificateur général qui s'est prononcé, pas à une, mais bien à deux
reprises dans la dernière année. Donc, dans son rapport de 2018, qui était spécifiquement
sur Hydro-Québec, je pense que c'est assez patent de constater qu'elle a certainement
des choses... puis là ce n'est pas : je présume qu'elle a des choses, elle
a des choses à nous dire sur ce dossier-là. Donc, elle aura des choses à dire, certainement,
sur le projet de loi, également.
Et mon collègue de Jonquière faisait
référence aussi au dernier rapport sur les ménages à faible revenu, qu'elle a
déposé au printemps de cette année, où elle est venue, aussi, pointer du doigt Hydro-Québec
par rapport à certains éléments. Et donc ça lui fait deux rapports en dedans
d'à peine une année, où elle vient, justement, souligner certaines problématiques,
certains enjeux, certains éléments par rapport à Hydro-Québec, par rapport à ce
qui fait l'objet du projet de loi sur lequel on travaille.
Donc, je vois mal comment on peut se
passer de l'opinion du Vérificateur général dans ce dossier-là précis, alors
qu'elle a travaillé... Et, on le sait, le Vérificateur général, quand il vient
déposer des rapports, c'est des mois de travail préalables au dépôt du rapport,
des mois et des mois d'inspection, d'analyse. Et donc, s'il y a quelqu'un qui
est capable de venir répondre à toutes nos questions qu'on aura à poser, qui
pourront être soulevées, justement, à la lecture du projet de loi, c'est évidemment
le Vérificateur général. Donc, je ne peux qu'être d'accord et que réitérer le
fait qu'on devrait faire cette invitation et l'entendre.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, Mme la députée de Maurice-Richard. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Oui, M. le député de Jacques-Cartier, la parole est à
vous.
M. Gregory Kelley
M. Kelley
: Merci,
M. le Président. Je veux juste continuer sur la même thématique de mes collègues,
que... Je pense que les Québécois ont beaucoup de confiance dans le VG du Québec.
C'est toujours... Quand vous êtes dans l'opposition, les rapports sont des
bonbons. C'est que ça donne à l'opposition le temps de critiquer le gouvernement,
de soulever des enjeux très importants pour la société, et je sais qu'il y a beaucoup
de mes collègues qui sont présentement dans le gouvernement qui a bien aimé
quand un rapport de la VG était déposé, parce que c'était... ah! la période de
questions, on est prêts pour poser les questions, c'est excellent. Et, peut-être
que, dans la première année d'un gouvernement, c'est facile, c'est un
changement, mais, quand même, le rapport, c'est un petit peu sur les enjeux de l'ancien
gouvernement. Mais, à un certain moment, quand le VG commence de prononcer sur
les enjeux qui touchent le gouvernement, bien là, c'est un petit peu plus
difficile, ou le gouvernement est moins à l'aise d'aller là.
C'est sûr que, quand mes collègues étaient
dans l'opposition, en commission parlementaire, ils ont réclamé la présence de
la VG pour trancher sur les enjeux. On parle souvent... On peut penser... la Commission
sur l'administration publique, d'avoir le VG présent pour parler des différents
enjeux, c'était une bonne chose, parce que, comme je dis, le VG est
indépendant, c'est une place où des experts peuvent analyser des dossiers très
complexes, puis rendre des conclusions indépendantes, et obliger le gouvernement
d'agir ou de corriger le tir et «correcter» une situation. Et je pense que
c'est pourquoi mon collègue le député de Laval-des-Rapides a demandé que... a
déposé la motion. C'était vraiment juste pour cette raison-là. Parce qu'on a vu
le rapport, mes collègues ont parlé le rapport qui était présenté sur Hydro-Québec,
puis il y a un élément là que le VG n'était pas capable... toute l'information
en ordre de faire une bonne analyse. Alors, ça, c'est pourquoi on pense que
c'est une bonne idée d'avoir le VG ici, devant nous, pour penser puis commenter
sur le projet de loi.
I think it's also <important...
I even have, you know, an email in my box that came from a senior who just said
that she follows what we're talking about here, it's in the news. It happens
quite often, in the National Assembly, that, you know, the news does go to...
M. Kelley
: ...le
projet
de loi.
I think it's
also >important… I've
been having, you know, and e-mail in my box, they came from a senior who just
said that she was... she follows what we are talking about here, it's in the
news. It happens quite often in the National Assembly
that, you know, the news does go to all news sources, French and English. And
she just said that, you now, she was really hoping to get her check back in the
mail from Hydro-Québec from being overcharged. She will be moving to a
residence where the bill is covered by everyone, you don't get a bill from Hydro-Québec
anymore. So, she said : I guess, I'm never going to see any of this money,
it's never going to come to my pocket, so I'm not going to get the reimburse,
and she was quite disappointed.
And again, I just want to
come back to the point of why it's so important for the Auditor General to have
the opportunity to come before this commission to speak about this bill. Like I
said, the Auditor General is someone who is well-respected. The conclusions
that the Auditor General always tables before the National Assembly or, again,
in their press conferences, hold a lot of weight, their conclusions that really
do force the Government to act or to correct a certain situation… And I think
that is what my colleague the Member of the National Assembly for Laval-des-Rapides
was really trying to get at, is that, if you look at what the Auditor General
says in the report, there are some elements to support what the Minister is
trying to currently do. But, when this report was prepared, they didn't have
all the necessary information and data before them, readily available to draw
necessarily... draw out conclusions on the method of reimbursing those who have
been overcharged over the years. So, I think that was really kind of the
heart... and the reason why the Auditor General coming before us is extremely
important.
I think there is also,
element two, is that this kind of… again talking to the point that my
colleague, to the right of me, from Maurice-Richard, was talking about was just
government transparency. And that's another thing where the Auditor General
does a very good job of shedding light. And as I was mentioning it, when you
are in the Opposition, it's very convenient when the Auditor General tables
reports because it gives you a lot of ammunition, as an Opposition, to go there
and criticize the Government. And I know that a lot of my colleagues on the
other side have many, many times in the past used reports from the Auditor
General to criticize the Government, to get out there, make their points to the
press, make their points through methods of communication with their
volunteers. And, in some points, with reason, because, like I said, the Auditor
General is transparent, independent, provides information to all Quebeckers to
shed light on this particular situation.
So, I really think that
the moment, though, that the Auditor General, then, starts to criticize your
Government, once he has made that transition over from being Opposition to
Government, you become a little be more hesitant, when the Auditor General
comes out with something, because the second that the Auditor General reports,
it might not be what you like, and then you are in a little bit of trouble to
try to criticizing the Auditor General. It's never very popular practice, I
don't advise people to do it, because, like I said, I think the Auditor
General, whether be of Québec, whether be of Canada, holds a lot of weight,
holds a lot of credibility. And people typically do look at the institution as,
I just mentioned, as independent on its own. So, I think it would be very good
to have the Auditor General come before us and to speak on this bill and to
speak a little bit about the mechanism of reimbursing, reimbursing Quebeckers.
Puis, M. le
Président, je veux juste continuer un petit peu sur la même thématique que ma
collègue de Maurice-Richard. Sur l'agenda, le ministre…
écoute, si je comprends bien, je ne sais pas si c'était mardi ou hier, le
ministre a dit qu'il est un néophyte de la vie politique, je pense que je cite
une déclaration du ministre. Alors, ça, on comprend ça, que des gens arrivent…
et il ne comprend pas nécessairement ou quand même le cabinet, il y a un
désajustement, c'est bien correct. Mais on arrive, un an après, puis l'agenda,
le ministre, il n'y a aucune chose dans l'agenda, alors...
Le Président (M. Lemay) :
Oui. Un instant, M. le député de Jacques-Cartier. M. le ministre.
M. Julien : ...n'importe
quoi, je ne sais pas c'est quoi, le règlement, mais je n'ai jamais dit ça, puis
je ne suis pas un néophyte de politique, là. Alors, trouvez-moi le bon règlement,
mais on ne peut pas dire des choses qui ne sont pas vraies.
Le Président (M. Lemay) :
Effectivement, en fait, M. le député de Jacques-Cartier, dans le contexte,
c'était, il disait qu'il était néophyte dans l'étude détaillée, parce que
c'était la première étude détaillée. M. le député.
M. Kelley
: O.K.
Je m'excuse, M. le Président. Je retire mes propos.
Le Président (M. Lemay) :
J'accepte vos excuses. Poursuivez.
• (17 h 10) •
M. Kelley
:
...puis je vais être plus prudent dans <l'avenir, mais c'était juste ça,
et on comprend, mais, des fois et les raisons que l'agence de la transparence
a été créée, c'était juste de donner au public toute l'information
nécessaire pour...
M. Kelley
:
...dans >l'avenir. Mais c'était juste ça. Et on comprend, mais, des fois,
et les raisons que l'agent de la transparence a été créé, c'était juste de
donner au public toute l'information nécessaire pour éclairer la situation. Le ministre
a rencontré qui? A fait quoi exactement? Alors, j'espère que, dans les
prochaines semaines, l'agenda, le ministre... à jour avec toutes les rencontres
que le ministre a faites avec des divers acteurs et personnes, parce que,
j'imagine, il a rencontré des citoyens, peut-être, des gens concernant ce projet
de loi
Alors, j'espère que le gouvernement va
accepter notre motion, parce que, je pense, c'est très important d'entendre de Vérificateur
général du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup, M. le député de Jacques-Cartier. S'il n'y a pas d'autre
intervention sur cette motion préliminaire, je serais prêt à la mettre aux voix.
Par appel nominal, M. le secrétaire, votre micro...
Le Secrétaire
: Merci,
M. le Président. Donc, pour, contre, abstention. M. Polo (Laval-des-Rapides)?
M. Polo : Pour.
Le Secrétaire
: M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Pour.
Le Secrétaire
: M. Kelley
(Jacques-Cartier)?
M. Kelley
: Pour.
Le Secrétaire
: Mme Montpetit
(Maurice-Richard)?
Mme Montpetit : Pour.
Le Secrétaire
: M. Julien
(Charlesbourg)?
M. Julien : Contre.
Le Secrétaire
: M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Contre.
Le Secrétaire
: M. Campeau
(Bourget)?
M. Campeau : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Lachance
(Bellechasse)?
Mme Lachance : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire
: M. Provençal
(Beauce-Nord)?
M. Provençal :
Contre.
Le Secrétaire
: Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Ghazal
(Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
Le Secrétaire
: M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire
: M. Lemay
(Masson)?
Le Président (M. Lemay) :
Abstention. Donc, la motion est rejetée. À ce stade-ci, M. le député de Laval-des-Rapides,
allez-y. Oui, je vous écoute.
Une voix
: M. le
Président...
Le Président (M. Lemay) :
Attendez, attendez, je veux juste entendre M. le député de Laval-des-Rapides. Allez-y.
M. Polo : M. le Président,
j'ai une motion préliminaire à déposer.
Le Président (M. Lemay) :
Et Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : J'ai également
une motion préliminaire à déposer.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. Donc, je vais considérer la motion de Mme la députée d'Argenteuil, par
principe d'alternance.
Je suspends les travaux quelques instants
pour en permettre la distribution.
(Suspension de la séance à 17 h 12)
(Reprise à 17 h 16)
Le Président (M. Lemay) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Nous avons une motion préliminaire présentée
par la députée d'Argenteuil. À la lecture, s'il vous plaît, Mme la députée.
Motion proposant de passer immédiatement à l'étude
du projet de loi
Mme Grondin : Merci, M.
le Président.
«Que la Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles passe immédiatement à l'étude
de l'article 1 et des [articles] suivants du projet de loi n° 34, Loi
visant à simplifier le processus d'établissement des tarifs de distribution
d'électricité.»
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. Merci, Mme la députée d'Argenteuil. En vous rappelant que vous
disposez de 30 minutes pour débattre de votre motion. La parole est à
vous.
Mme Agnès Grondin
Mme Grondin : Merci.
Donc, M. le Président, depuis mardi, les oppositions proposent de nouvelles
consultations particulières pour entendre le point de vue de différents experts
sur le projet de loi. Il est important, à ce niveau-là, de rappeler que nous
avons entendu, à travers les consultations particulières, différents experts
déjà. Nous avons entendu plus de 18 groupes. Et je pense que, rendus à ce
niveau-ci, il faut comprendre que, parmi les experts qui sont proposés depuis
mardi, nous en avons déjà entendu. Bon, on a... Hydro-Québec a été le premier
groupe consulté. La Régie de l'énergie a été invitée, mais a choisi de ne pas
se présenter. Et, M. le Président, je trouve ça bien dommage.
Il y a plusieurs experts aussi qui ont été
nommés individuellement, qui sont venus à la commission en tant que
représentants de d'autres...
Le Président (M. Lemay) :
Un moment s'il vous plaît. J'ai une question de règlement. Mme la députée
d'Argenteuil. C'est une question de règlement? Allez-y.
Débat sur la recevabilité
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit : Oui.
Merci, M. le Président. Oui, j'aurais une question de règlement. Je m'excuse,
on avait des échanges avec le secrétaire. On aurait souhaité intervenir avant
que vous débutiez, mais on a eu un petit délai. Donc, j'aurais une question au
niveau de la recevabilité, en fait, de la motion.
Donc, j'aimerais ça, bon, dans un premier
temps, c'est sûr, vous rappeler que l'objet des motions préliminaires étant de
voir à l'organisation fonctionnelle des travaux de la commission, le but et
l'esprit d'une motion préliminaire sont de proposer, donc, les meilleurs moyens
afin d'aider la commission à accomplir son mandat, notamment entendre les
auditions publiques, comme dans les cas échéants. Bon. Il y a eu huit motions
qui ont été présentées jusqu'à maintenant.
• (17 h 20) •
J'aimerais rappeler, M. le Président, là,
certains principes qui se dégagent de notre jurisprudence parlementaire.
Premièrement, notre règlement ne précise d'aucune façon le nombre de motions
préliminaires qui peuvent être présentées. À cet égard, il y a deux décisions,
d'ailleurs, qui font état de positions différentes. Je vous les référerai, le
cas échéant, là. Et les principes qui se dégagent de cette jurisprudence, dans
le fond, font référence aux décisions 244/36 et 244/38. Et les principes
sont, donc, les suivants : le rôle du président est d'assurer le respect
des droits de chaque parlementaire et de donner à l'opposition le temps
nécessaire pour faire valoir son point de vue. Et, également, il appartient au
président seul de juger si la motion proposant de passer à l'étude de
l'article 1 est recevable. La recevabilité d'une telle motion ne se fait
pas en vertu d'un <calcul purement mathématique du nombre de séances
consacrées aux motions préliminaires...
Mme Montpetit : ...et
de donner à l'opposition le temps
nécessaire pour faire valoir son
point
de vue, et
également il appartient au président seul de juger si la
motion proposant de passer à l'étude de
l'article 1 est recevable.
La recevabilité d'une telle motion ne se fait pas en vertu d'un >calcul
purement mathématique du nombre de séances consacrées aux motions
préliminaires, et les précédents peuvent servir de guide à la présidence pour rendre
sa décision.
Donc, vous seul, évidemment, pouvez juger
de la recevabilité d'une telle motion, qui est présentée par le gouvernement en
ce moment. Donc, M. le Président, comme vous gouvernez nos travaux, puis vous
le faites évidemment très bien, je l'ai souligné à plusieurs reprises, et vous
appliquez un principe fondamental pour le bien… fonctionnement de notre
commission pour favoriser le débat, et, en espèce, la commission en est à sa
deuxième séance seulement. Les députés de l'opposition ont présenté huit
motions préliminaires qui ont toutes été rejetées jusqu'à maintenant, puis, évidemment,
on le déplore. Mais, je le répète, M. le Président, il n'y a pas de formule
mathématique concernant le nombre de motions préliminaires qui peuvent être
présentées par l'ensemble des parlementaires d'une commission.
Nous sommes maintenant quatre groupes
parlementaires reconnus. Notre jurisprudence doit évidemment également évoluer,
et donc je vous demanderais, M. le Président, de rendre une décision écrite sur
la recevabilité d'une telle motion, parce que nous ne souhaitons pas être
pénalisés dans nos droits. Nous sommes, je le mentionne, plus de groupes
parlementaires que nous l'étions par le passé, ce qui veut souvent... ce qui
pourrait vouloir dire plus de motions préliminaires notamment.
Je vous fais confiance évidemment pour
statuer de la recevabilité de la motion qui vient d'être déposée par la
députée, mais, compte tenu de l'importance de la décision, de l'évolution nécessaire
de la jurisprudence de notre institution, une décision écrite serait de mise
sur la recevabilité de cette motion.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait, Mme la députée de Maurice-Richard. Donc, ce que
je comprends, c'est qu'il y a une question de règlement sur la recevabilité. Je
vais céder la parole, pour une très courte intervention, toujours sur la
question de règlement, au député de Bourget. Allez-y.
M. Richard Campeau
M. Campeau :
Essentiellement, je pense que, si on parle juste de la recevabilité, c'est un
comité qui peut décider ce qu'il veut faire. On pourrait sauter à l'article 10,
si on veut, ce que j'en comprends, s'il faut que ce soit voté, à ce moment-là, tout
simplement.
Alors, je pense que de décider de sauter à
l'article 1... Je conviens avec la députée de Maurice-Richard
que le nombre de motions, ça ne veut rien dire précisément. Mais, des fois,
après un bout de temps, quand ça fait huit motions, et qu'on a rejeté, c'est parce
que nous ressentons, de ce côté-ci de la table, une urgence à passer à l'étude article
par article.
Mais tout ce que vous avez annoncé comme
ça, je ne vois pas ça comme non pertinent, mais peut-être qu'on pourrait le
faire dans le cadre des études article par article. Et, si je prends juste un exemple,
ce qui a été mentionné par la députée de Québec solidaire, faire attention à la
capacité de payer des gens, j'en suis. Je vois des cas où Hydro-Québec fait des
efforts par rapport à ça. J'ai été impliqué dans ce genre de choses là.
Parlons-en dans l'étude article par article,
et ne croyez pas que le ministre, pour lui en avoir réellement parlé, est
complètement fermé à l'idée de vouloir faire des changements. Il me semble qu'il
y a tout à fait moyen, à l'intérieur de l'étude article par article, de faire
valoir tous les points que j'ai entendus personnellement jusqu'à maintenant.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le député de Bourget. J'ai cru comprendre que la députée de Mercier
voulait, à son tour, faire une très courte intervention sur la question de règlement,
sur la recevabilité. Je vous laisse la parole sur la question de règlement.
Allez-y, Mme la députée de Mercier.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Exactement.
C'est ça, c'est sur la recevabilité de la motion. Écoutez, c'est exactement la
même chose que... Ce que je veux mentionner, c'est que le règlement nous permet
de faire le nombre de motions qu'on sent qu'il est important de faire, et, en
ce moment, avec le projet de loi n° 34, on n'a pas
toutes les réponses à nos questions, et c'est pour ça qu'on le fait. On ne le
fait pas de gaieté de coeur. On ne se dit pas : Ça fait combien de jours
qu'on passe là-dessus? Ça fait combien de temps? On regarde le contenu et le...
et c'est ce qui justifie le nombre de motions qui sont amenées.
Donc, le règlement le permet. Le leader du
gouvernement le dit souvent et le répète : Quand c'est écrit dans le règlement,
ça veut dire qu'on peut le faire. Donc, c'est pour ça que je juge que la motion
qui est devant nous ici est irrecevable.
Et on parlait, par exemple, des compromis
qui ont été faits. Souvent, le ministre y fait référence — je vais
terminer avec ce point — qu'il y a eu des compromis qui ont été
faits... pas des compromis, c'est-à-dire, des ententes entre les leaders au
début pour les groupes qui vont être consultés. Finalement, on est arrivés à
17, mais la raison de ça...
Puis, si on regarde, par exemple, la
jurisprudence qui fait que cette motion peut être recevable, d'autres fois non,
moi, je juge qu'elle ne l'est pas, et la raison, c'est que le contexte a
totalement changé. Ce n'est pas uniquement deux parties ou trois, c'est la <première
fois...
Mme Ghazal : ...pour
les groupes qui vont être consultés.
Finalement, on est arrivés à 17.
Mais la raison de ça...
Puis, si on regarde
par exemple
la jurisprudence qui fait que cette motion peut être recevable, d'autres fois
non, moi, je juge qu'elle ne l'est pas, et la raison, c'est que le contexte a
totalement
changé. Ce n'est pas
uniquement deux partis ou trois, c'est
la >première
fois qu'il y a quatre partis qui sont reconnus, ce qui fait que, quand les
leaders discutent entre eux de quels groupes ils veulent inviter... Par
exemple, le groupe d'opposition, il y en avait plusieurs. Comme il y a
maintenant un deuxième et un troisième groupe d'opposition qui arrivent avec
leurs invités à eux… ce qui fait que là on en enlève du groupe de l'opposition
principal, etc., c'est ce qui fait qu'on se retrouve avec moins. Et, comme on
n'a pas de réponse à nos questions, c'est pour cette raison qu'on fait ces
motions préliminaires et que nous, on les appuie, et non pas pour dire :
Bien là, on en a fait trop, puis il y a une urgence. J'ai entendu parler
d'urgence. Il y a une urgence d'avoir des réponses à nos questions sur le
projet de loi n° 34 et non pas de sauter à pieds
joints dans l'étude détaillée. Donc, c'est pour ça que je crois que cette
motion est irrecevable à ce moment-ci.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, Mme la députée de Mercier. Maintenant, je vais céder la parole au député
de Jonquière, toujours sur la question de règlement sur la recevabilité, pour
une très courte intervention. Allez-y, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui.
Merci, M. le Président. Je vous réfère à la jurisprudence, le Recueil de
décisions concernant la procédure parlementaire en commission. C'est
l'édition du 17 septembre 2019, donc l'édition la plus récente. C'est la
décision 244/6 du président Robert Thérien à la Commission de l'éducation,
c'est essentiellement cette jurisprudence-là qu'on invoque.
On a une distinction importante à faire,
M. le Président, parce que la jurisprudence sur laquelle se base la députée
d'Argenteuil a été... la décision a été prise le 11 juin 1986,
1986 — alors, il y en a même dans la salle, ici, qui n'étaient pas
nés — et c'était à l'époque du bipartisme, à l'époque du bipartisme.
On est, depuis au moins 2007 dans des contextes de législature à plusieurs partis.
Donc, dans le contexte de la décision du
11 juin 1986, M. le Président, le président tient compte que... le
président de l'époque qui a rendu la décision, le député Robert Thérien, tient
compte du fait qu'après trois séances de débats la Commission de l'éducation en
est toujours à l'étape des motions préliminaires. Bon.
Là, je ne voudrais pas m'obstiner sur le
trois séances, trois jours de débats. C'est comme la résurrection du Christ,
là. Il est-u ressuscité trois jours après ou une journée et demie, considérant
qu'il est mort le vendredi après-midi puis il est ressuscité le dimanche matin?
Ça fait trois jours ou ça fait, en fin de compte, une journée et demie. C'est
un peu la même chose avec les séances de commission parlementaire.
Ce n'est pas là-dessus que je veux
intervenir, c'est plus sur le fait que c'étaient trois séances où il y avait
juste deux partis. Là, on est peut-être trois séances, mais où il y a quatre
partis. Moi, ici, là, comme député, j'ai présenté juste deux motions
préliminaires, la députée de Mercier en a déposé une. Donc, accepter la
recevabilité de la motion de la députée d'Argenteuil reviendrait à nous
bâillonner, nous, députés de la deuxième et troisième opposition, où on n'a pas
été abusifs, on n'a déposé qu'une et deux motions préliminaires sur les huit.
Donc, c'est comme si on était pénalisés par la succession de motions
préliminaires déposées par l'opposition officielle, qui, par ailleurs… je ne
veux pas intervenir... sur le fond, on était d'accord. Mais il reste que, si,
par exemple, l'opposition officielle en avait déposé huit, que la députée de
Mercier en avait déposé huit et que nous, on en avait déposé huit, là, on
pourrait peut-être discuter de la recevabilité de la motion déposée par la
députée d'Argenteuil. Et, même si on y va en proportion, ça ne marche pas :
ils en ont déposé cinq; la députée de Mercier en a déposé une; nous, on en a
déposé deux. Il faudrait, au moins, nous donner le droit d'en déposer encore
une couple.
Donc, M. le Président, la motion de la
députée d'Argenteuil est irrecevable parce qu'elle vient indirectement nous
bâillonner. C'est comme un minibâillon dans une commission parlementaire, à
tout le moins, pour les deux et troisième oppositions.
Alors, moi, je vous demande de faire une
distinction importante concernant la décision 244/6 du recueil des
décisions de jurisprudence en commission parlementaire et je suis également
d'accord que je voudrais une décision écrite de votre part. Merci.
• (17 h 30) •
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. Je vais laisser un droit de réplique à la députée d'Argenteuil,
puisque c'est l'auteure de la motion préliminaire, pour une courte intervention
sur la question de règlement avant de rendre ma... avant de suspendre pour
ensuite rendre une décision. Allez-y, Mme la <députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci,
M. le Président. Je reviens...
M. Gaudreault : ...et
je suis
également
d'accord que je voudrais une décision écrite de
votre part. Merci.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. Je vais laisser un droit de réplique à la
députée d'Argenteuil
puisque c'est l'auteur de la motion préliminaire pour une courte intervention
sur la question de règlement avant de rendre ma... avant de suspendre pour
ensuite rendre une décision. Bienvenue, Mme la >députée d'Argenteuil.
Mme Agnès Grondin
Mme Grondin : M. le
Président, je reviens, justement, à la jurisprudence, là. On dit ici :
«Cette motion est recevable [mais] ne vise pas à clore le débat, mais propose
plutôt de passer à une autre étape de l'étude…»
C'est exactement ça. Les oppositions ont
déposé huit motions préliminaires qui ont... certains députés l'ont rappelé,
visent la même chose, c'est de ramener et poser des questions à des experts.
Moi, je souhaite qu'on saute à l'étape de l'étude détaillée article par article,
et là les questions pourront être déposées... les questions pourront être
apportées par les différents députés. Ce n'est pas une question de bâillon.
C'est une question de responsabilité ministérielle, parce que celui qui va
porter le projet de loi et qui le porte, c'est le ministre lui-même. Donc, je
ne vois pas en quoi on bâillonne les députés.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, Mme la députée d'Argenteuil.
Je vais suspendre les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 31)
17 h 30 (version révisée)
(Reprise à 17 h 52)
Le Président (M. Lemay) :
Alors, nous reprenons nos travaux.
Décision de la présidence
Et je vais maintenant rendre ma décision
sur la recevabilité de la motion préliminaire présentée par la députée
d'Argenteuil, qui propose que la commission procède immédiatement à l'étude de
l'article 1 du projet de loi.
Lorsque la présidence doit statuer sur la
recevabilité d'une telle motion, elle peut se référer aux décisions rendues par
ses prédécesseurs, notamment celle rendue par le président Brodeur en 2004,
celle rendue par la présidente L'Écuyer en 2006 et en 2011 et celle soulignée
par le député de Jonquière, rendue par le président Thérien en 1986. Ainsi, les
grands principes qui se dégagent de la jurisprudence et qui doivent guider la
présidence sont les suivants :
1° le rôle de la présidence est d'assurer
le respect des droits de chaque parlementaire et de donner aux députés de
l'opposition le temps nécessaire pour faire valoir leurs points de vue;
2° il appartient à la présidence seule de
juger si cette motion est recevable;
3° la recevabilité d'une motion proposant
de passer immédiatement à l'article 1 ne s'évalue pas en vertu d'un calcul
purement mathématique du nombre de séances et d'heures consacrées aux motions
préliminaires, comme l'ont souligné les collègues lors de leurs plaidoiries;
4° toutefois, les précédents peuvent
servir de guide à la présidence pour rendre sa décision;
5° il a maintes fois été décidé que cette
motion ne vise pas à clore le débat mais à passer à une autre étape de l'étude
détaillée du projet de loi, soit l'étude article par article.
L'article 244 de notre règlement ne
précise pas le nombre de motions préliminaires qui peuvent être présentées. Il
est donc utile d'examiner les décisions antérieures rendues sur de telles
motions. En 2004, le président Brodeur avait jugé une telle motion recevable en
indiquant que l'opposition avait pu soumettre suffisamment de motions préliminaires.
À ce moment, sept motions avaient été présentées, et la commission en était à
sa troisième séance. En 2011, la présidente L'Écuyer avait jugé la motion
irrecevable en estimant qu'elle était prématurée puisque l'opposition n'avait
pu soumettre suffisamment de motions préliminaires. La commission en était à sa
troisième séance, et trois motions avaient été présentées par les députés de
l'opposition et avaient été toutes rejetées.
Dans le cas présent, la commission en est
à sa troisième séance consacrée aux motions préliminaires, huit motions
préliminaires ont été présentées par les députés de l'opposition, tous les
groupes parlementaires formant l'opposition ont eu l'occasion de présenter des
motions préliminaires, et elles ont toutes été rejetées.
En tenant compte de l'ensemble des
éléments soulevés, la motion proposant de passer à l'étude de l'article 1
est recevable. Il appartient aux membres de la commission qui s'opposent à l'adoption
de cette motion de convaincre leurs collègues qu'il n'est pas opportun de
commencer immédiatement l'étude détaillée du projet de loi.
Débat sur la motion
Sur ce, je cède la parole à la députée
d'Argenteuil pour poursuivre son débat.
Mme Agnès Grondin (suite)
Mme Grondin : Merci, M.
le Président. Donc...
M. Gaudreault : M. le
Président, est-ce qu'on peut réagir à... votre décision?
Le Président (M. Lemay) :
Alors, M. le député de Jonquière, selon l'article 41, au niveau des
décisions de la présidence, on ne peut pas réagir sur la décision. Mme la
députée d'Argenteuil, veuillez poursuivre.
Mme la députée de Maurice-Richard,
vous avez une question de règlement?
Mme Montpetit : Oui, M.
le Président. Je pense... est d'usage de permettre de brefs commentaires suite
à une décision du président sur la recevabilité d'une motion.
Le Président (M. Lemay) :
Donc, même <commentaire, à l'article 41, vous aurez la chance de
pouvoir faire...
Le Président (M. Lemay) :
...
Mme la députée
d'Argenteuil, veuillez poursuivre.
Mme Grondin : ...
Le Président (M. Lemay) :
Mme la députée de
Maurice-Richard, vous avez une question
de règlement ?
Mme Montpetit :
Oui, M. le Président. Je pense qu'ici il est d'usage de permettre de brefs
commentaires suite à une décision du président sur la recevabilité d'une
motion.
Le Président (M. Lemay) :
Donc, même >commentaire à l'article 41. Vous
aurez la chance de pouvoir faire vos interventions lors de votre période de
débat sur la motion préliminaire présentée par la députée d'Argenteuil. Mme la
députée d'Argenteuil, la parole est à vous. Veuillez poursuivre votre
intervention.
Mme Grondin :
Merci, M. le Président, merci pour cette décision. Donc, je souhaiterais
inviter les députés d'opposition à réfléchir sur cette notion-là de dire que le
débat n'est pas clos. Le ministre a maintes et maintes fois réitéré les
échanges sur une ouverture, sur la possibilité d'amendement. L'exercice, ici,
est de s'assurer que le projet de loi est bonifié, si nécessaire, et donc les
députés auront l'occasion de poser les questions, que ce soit comme le député
de Jonquière, qui souhaitait, par exemple, qu'on parle plus des... attendez, je
l'avais noté ici, là... qu'on revienne sur... par rapport aux consultations
particulières, où vous... le député de Jonquière nous disait qu'il y a eu une
évolution, il y a eu une réflexion qui s'est faite, il y a eu... à travers
différents articles dans les médias. Ça nous a permis d'évoluer sur cette
question-là. Donc, le député de Jonquière pourra poser les questions qu'il
souhaite lors de l'analyse détaillée. La députée de Mercier souhaitait
aussi qu'on prête une attention particulière à la transition énergétique. Elle
pourra poser des questions, M. le Président, au ministre.
Donc, je pense que nous
sommes rendus non pas dans un exercice d'opposition, avec l'analyse détaillée
article par article. J'invite l'ensemble des députés à travailler en
concertation, en collaboration, afin qu'on puisse bonifier le projet de loi.
Merci.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, Mme la députée d'Argenteuil. Je regarde maintenant du côté...
monsieur... Est-ce qu'il y a, du côté de l'opposition officielle... Mme la
députée de Maurice-Richard, est-ce que vous souhaitez intervenir en tant que
représentante du chef de votre formation politique?
Mme Montpetit :
Non.
Le Président (M. Lemay) :
Non? Allez-y, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Je vous remercie. Je vais intervenir en tant que députée de Maurice-Richard. Je
vous remercie, M. le Président, compte tenu du temps qu'il reste. Donc, vous
m'avez dit que je pouvais faire des commentaires sur la recevabilité, sur la
décision que vous venez de rendre. Je veux vous souligner le fait que je suis
extrêmement déçue de la décision qui vient d'être rendue et du peu de temps qui
y a été consacré, en ce sens que c'est une décision extrêmement importante,
c'est une décision qui fera jurisprudence. C'est une décision à laquelle vous
auriez dû consacrer le temps nécessaire pour le faire.
Nous sommes dorénavant
quatre groupes parlementaires. Les décisions qui ont été rendues au niveau de
la jurisprudence étaient dans un contexte qui était tout autre que celui dans
lequel on se retrouve aujourd'hui, et, dans ce contexte-là, vous auriez dû
prendre le temps de prendre ces éléments-là en considération. À quatre groupes
parlementaires, il est nécessairement envisageable que le nombre de motions
préliminaires augmente.
Et, même, outre le fait
qu'on est quatre groupes parlementaires, vous l'avez bien mentionné, des
décisions avaient déjà été rendues sur le fait que... le fait de déposer une
motion qui nous brimait, en termes... en titre d'opposition, de déposer des
motions préliminaires était prématuré dans le contexte. Nous considérons
toujours que cette motion-là, elle est prématurée. Nous avons déposé un
nombre... Et là je parle pour l'ensemble des trois groupes. Puis je laisserai
mes collègues de la deuxième opposition et de la troisième opposition faire
leurs commentaires. Ils auraient certainement eu d'autres motions préliminaires
à déposer. Je trouve extrêmement déplorable et dommage qu'on n'ait pas
l'occasion de le faire. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, Mme la députée de Maurice-Richard.
Compte tenu de l'heure, je
suspends les travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 heures)