Journal des débats de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(début : 27 novembre 2018)
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Le
jeudi 20 août 2020
-
Vol. 45 N° 43
Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
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15 h (version non révisée)
(Quinze heures une minute)
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles ouverte. Je vous demande à toutes les personnes présentes
dans la salle de vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Alors, la commission est réunie aujourd'hui afin de procéder à l'étude
du portefeuille Agriculture, Pêcheries et Alimentation pour l'exercice
financier 2020‑2021. Une enveloppe de trois heures a été allouée pour l'étude
de ces crédits. Donc, je souhaite bonjour à tous et à toutes qui êtes ici
présents, dans cette salle, et je souhaite aussi un beau bonjour à M. Ernest
Desrosiers de La Financière agricole qui est avec nous dans une autre
salle.
Donc, Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Allaire (Maskinongé) est remplacé par M. Skeete
(Sainte-Rose); M. Girard (Lac-Saint-Jean) est remplacé par
M. Lévesque (Chapleau); Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice) est
remplacée par M. Bachand (Richmond); M. Polo (Laval-des-Rapides) est
remplacé par M. Rousselle (Vimont); Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue) est remplacée par Mme Ghazal (Mercier).
Le Président (M. Lemay) :
Merci. Nous allons procéder aux échanges entre les groupes d'opposition et le
ministre par bloc d'environ 20 minutes pour permettre à chaque groupe d'écouler
graduellement son temps de parole, et le temps d'échange inclut, bien entendu,
les questions et les réponses. Alors, nous allons maintenant débuter avec un
premier bloc de l'opposition officielle, et je suis prêt à reconnaître le
député de Vimont. La parole est à vous.
M. Rousselle : Merci, M. le
Président. Premièrement, je suis heureux d'être ici, c'est une première donc en
agriculture. Donc, bonjour à tous. Je vais commencer tout de suite par ma
première question. On se rappelle toujours la suite de la crise justement du CN
et, en plus, par la suite, le blocage ferroviaire, la fragilité, on l'a vue, la
fragilité justement du système d'approvisionnement en propane pour les
entreprises agricoles notamment. D'ailleurs, vous savez, il y a aussi du
travail… on travaille avec du vivant, donc poulet, porc, boeuf, donc c'est
vraiment… et c'est des gens, des humains qui s'occupent de ça. Donc, le côté
humain, il est vraiment là-dedans, grand.
Je voulais savoir si le gouvernement
avait… parce qu'il avait amorcé justement… mis sur pied, c'est une réserve,
parce qu'on avait parlé, il y avait un problème de réserve stratégique de
propane. Depuis, aucune nouvelle, la mise sur pied de cette réserve-là. Est-ce
que vous avez entamé justement les travaux de la mise en place de cette réserve
stratégique?
Le Président (M. Lemay) :
Alors, M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lamontagne : Oui, bonjour,
M. le ministre… M. le Président, plutôt. Je veux saluer mon collègue de Vimont,
c'est un plaisir, ma collègue aussi de Mercier en remplacement. D'ailleurs, mon
collègue de Vimont…
M. Rousselle : ...entamé justement
des travaux de la mise en place de cette réserve stratégique?
Le Président (M. Lemay) :
Alors, M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lamontagne : Oui. Bonjour, M.
le ministre... M. le Président, plutôt. Je veux saluer mon collègue de Vimont,
c'est un plaisir, ma collègue aussi de Mercier, en remplacement. D'ailleurs,
mon collègue de Vimont et ma collègue de Mercier, qui sont en remplacement...
Bien, vous êtes le nouveau porte-parole. Alors, ça va être vraiment un plaisir,
là, d'échanger avec vous aujourd'hui, parce qu'il se fait des choses extraordinaires
en agriculture au Québec. Il y a des défis tout aussi extraordinaires, mais on
a des gens pleins de talent puis de passion sur le territoire pour les relever.
Alors, d'échanger avec vous pendant trois heures, là, sur ce qui se passe en
agriculture, ça va être un grand plaisir. Puis je suis avec mon équipe :
René Dufresne, qui est mon sous-ministre, toute l'équipe de sous-ministres
adjoints est ici, puis mon directeur de cabinet, Sébastien Benedict.
Écoutez, au niveau de ce qui s'est passé,
le propane, ce que ça nous a démontré justement, c'était : tant que les
trains roulent et tant que tout fonctionne, bien, les gens ne se posent pas
trop de questions, il y a un approvisionnement pour quelques jours ou quelques
semaines, et tout ça, puis, quand on se ramasse dans des situations plus
difficiles, bien, c'est là qu'on s'aperçoit s'il y a des maillons qui sont plus
faibles, un peu. Toute la question d'une réserve, la question énergétique, si
on veut, là, c'est vraiment du côté du ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles; toute la question de la Mission énergie qu'on avait déclenchée, si
on veut, là, suite des difficultés qu'avait engendrées le blocus ferroviaire...
pas ferroviaire, pardon, les difficultés, là, de... suite à la grève, encore
là, c'est tout dans la cour, si on veut, là, de Mission énergie. Du côté du
MAPAQ, ce qui est intéressant à faire, c'est qu'est-ce qu'on peut faire pour
accompagner les producteurs à... Il y en a qui cherchent d'autres moyens aussi,
si on veut, de sécher leurs grains plutôt qu'y aller par les... avec le propane
ou le gaz naturel. Alors, c'est par des initiatives qui sont proposées, qui
sont mises de l'avant, qui sont à l'étude puis que le ministère, là, par... en
soutien, recherche, innovation et tout ça, vient en aide, si on veut, là, aux
producteurs qui ont des intérêts, là, pour développer des nouveaux projets, là.
M. Rousselle : M. le
Président, M. le ministre, c'est que, vous le savez comme moi, vous êtes le
ministre, justement, de l'Agriculture, donc c'est vous qui avez la
responsabilité justement de parler avec vos collègues, parce que je pense que
c'est à vous à vous assurer justement que les agriculteurs... Là, vous parlez
de grains, mais on peut parler aussi de vivants, il y a de la volaille et tout.
Donc, c'est plus que des grains, tout simplement, à sécher, donc c'est plus
grand que ça. Là, vous êtes en train de me dire qu'il n'y a pas encore... Vous ne
semblez pas pouvoir me dire qu'il y a une réserve pour l'hiver qui s'en vient.
Parce que l'hiver, là, bien beau qu'il fait chaud à l'extérieur, mais l'hiver
s'en vient, donc il faut prévoir... Donc, vous êtes en train de me dire que
vous avez... votre ministère ne met pas de la pression pour prévoir justement
ces réserves-là ou encore voir d'autres technologies. Parce que ça devient
votre responsabilité aussi à pousser sur les autres ministères, là.
M. Lamontagne : Bien, écoutez,
je peux comprendre peut-être mon collègue, là. Vos communiqués de presse sont
déjà écrits, là, pour ce qui va sortir de la commission aujourd'hui, là.
Première des choses, là, je viens de vous exprimer qu'on est en soutien avec
les agriculteurs pour développer des méthodes alternatives. Pour ce qui est...
toute la question d'avoir une réserve, première des choses, moi, je suis sur le
terrain, je parle aux agriculteurs à peu près trois fois par semaine avec
l'UPA, je visite...
M. Lamontagne : ...écrit, là,
pour ce qui va sortir de la commission aujourd'hui, là, prennent les choses...
Je viens de vous exprimer qu'on est en soutien avec les agriculteurs pour
développer des méthodes alternatives.
Pour ce qui est de toute la question
d'avoir une réserve, première des choses, moi, je suis sur le terrain, je parle
aux agriculteurs à peu près trois fois par semaine, avec l'UPA, je visite des agriculteurs
à toutes les semaines, alors vous pouvez être certain que je suis tout à fait
au courant des préoccupations puis de la réalité des agriculteurs.
Pour la question du propane, ce qu'il faut
comprendre aussi, c'est que la demande du Québec en propane, qui est liée au
grain, c'est pour une période très limitée de quelques semaines. L'an passé, la
grève a coïncidé avec cette période-là. Alors, oui, il y a des discussions qui
sont faites, naturellement, avec le ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles pour faire en sorte que ce qu'on a vécu l'an passé, c'est des choses
qui ne se reproduisent pas. C'est du travail à faire aussi avec les
transporteurs ferroviaires, là.
M. Rousselle
: Merci, M.
le Président. Écoutez, moi aussi, je me trouvais sur le terrain, moi aussi, je
parle à des agriculteurs. Puis c'est bien beau, leur jaser, mais eux autres,
ils attendent une action, ils attendent un plan. Puis faites-vous-en pas, il
n'y a rien d'écrit encore, là, c'est un échange qu'on a, vraiment, je trouve
... je pense qu'on commence mal notre échange entre nous deux. C'est mal me
connaître. Donc, vous pouvez peut-être... Parce que, là, la manière que je le
vois, là, c'est comme : ce n'est pas moi, c'est l'autre. Mais vous, vous
avez une responsabilité aussi, puis c'est ça que je veux voir, comprenez-vous?
Donc, puis là, en plus, c'est que je pense
que ça serait peut-être intéressant de votre part, justement, de voir peut-être
d'autres opportunités. Parce que, là... parce que là on est toujours... Le
propane... on n'en produit pas, au Québec, du propane. Donc, peut-être penser à
des choses que nous aussi, au Québec, on produit. Il y en a qui vont parler des
granules, à un moment donné, ça peut être l'électricité, mais ça, il faut les
accompagner. Bien beau leur jaser, mais ces gens-là que vous avez parlé, parce
qu'on parle avec les mêmes personnes, eux autres me disent : Oui, il nous
a jasé, là, mais on attend l'action. Puis c'est ça que je vous demande : Est-ce
que vous avez un plan, est-ce que vous avez planifié quelque chose pour l'hiver
qui s'en vient à la place de dire, bien, ce n'est pas moi, ça va être l'autre ministre?
M. Lamontagne : Ce que je
prends la peine de vous expliquer, M. le député de Vimont, c'est qu'il y a
différents projets. Quand vous dites soutenir, aller vers des méthodes
alternatives, dans ma première réponse, je vous ai indiqué qu'il y a des initiatives
comme ça qui sont en cours, il y a des initiatives que le ministère
subventionne par différents projets de recherche. Alors, il y a des initiatives
au niveau de... de sources différentes pour aller pour le séchage des grains.
Parallèlement à ça, je vous rappellerai
que, dès le départ de la crise, à compter du 26 octobre, là, j'ai mis en place justement
avec les producteurs de grain du Québec, le MAPAQ, La Financière agricole
du Québec, on a mis en place une cellule de crise, on s'est parlé à toutes les
semaines. Non seulement on était en communication aussi avec Mission Énergie,
le ministère des des Ressources naturelles, pour s'assurer d'un approvisionnement
pour qu'il n'y ait pas de manquement. D'ailleurs, aux nouvelles, là, si vous
avez suivi les mêmes nouvelles que moi, il n'y a personne qui a manqué de
propane puis de gaz naturel sur le territoire du Québec. Au niveau de nos
fermes, il y avait un suivi qui était fait de façon quotidienne par toute
l'équipe du MAPAQ. Chacune des fermes où il y avait de la volaille, où il y
avait des porcs, où il y avait du boeuf, où il y avait du chauffage au gaz,
était répertoriée. Et en priorité dans Mission Énergie justement, M. le député
de Vimont, c'est...
M. Lamontagne : …les mêmes
nouvelles que moi, là, il n'y a personne qui a manqué de propane puis de gaz
naturel sur le territoire du Québec. Au niveau de nos fermes, il y avait un
suivi qui était fait de façon quotidienne par toute l'équipe du MAPAQ. Chacune
des fermes où il y avait de la volaille, où il y avait des porcs, où il y avait
du boeuf, où il y avait du chauffage au gaz, était répertoriée. Et en priorité
dans mission énergie, M. le député de Vimont, c'est exactement de faire passer
tout ce qui était bien-être animal, la réalité animale de l'agriculture qui
était mis en priorité. Alors, non seulement les agriculteurs ont obtenu une
compensation tout à fait juste et équitable pour les difficultés que leur a
engendré la grève des transports ferroviaires. Mais, deuxièmement, ils ont eu
un soutien de tous les instants pour s'assurer qu'ils ne manquent pas de
ressources puis qu'ils aient du propane tout au long de la crise.
M. Rousselle
: Là,
vous êtes en train de me dire qu'il n'y a jamais eu de pertes justement dans
les agriculteurs ou dans les… il n'y a jamais eu de pertes, c'est ça que vous
étiez me dire. Il n'y a pas manqué de propane, donc il n'y a pas eu de pertes
que vous êtes train de me dire.
• (15 h 10) •
M. Lamontagne : Vous
entendez bien ce que vous voulez dire, M. le député, ce que vous voulez,
monsieur. Ce que je vous dis, c'est qu'il n'y a pas de ferme au Québec qui a
manqué de propane qui avait des animaux. Ça, je peux vous dire ça.
M. Rousselle
:
Bon, en tout cas, moi, ils n'ont pas manqué de… parce que, là, il y a eu des
compensations au niveau des agriculteurs qui ont eu des pertes. Donc, s'il n'y
a pas eu de pertes, donc ils ont eu des compensations. J'aimerais ça savoir ça
se chiffre à quoi ces compensations-là qu'il y a eu.
M. Lamontagne : Grosso
modo, l'engagement que j'avais pris devant les producteurs agricoles lorsque
j'étais devant eux à l'assemblée annuelle de l'UPA, c'était de faire en sorte
que nos programmes répondent au maximum. De demander à La Financière
agricole qu'ils répondent au maximum, un maximum de flexibilité pour permettre
de couvrir tous les inconvénients liés à la crise sur le propane puis que, si
on arrivait avec des angles morts un peu, bien, qu'on viendrait en… à une
situation exceptionnelle, on arriverait avec une réponse exceptionnelle.
Alors, les programmes ont répondu à
hauteur d'à peu près, de mémoire, je pense que c'est 54 millions. Et puis,
après ça, on a eu pour 5,2 millions, on a un programme particulier qu'on a
mis en place pour s'assurer avec les producteurs de grains qu'ils recevaient
une pleine compensation pour tous les inconvénients causés par le… un, non
seulement les conditions climatiques terribles qu'ils ont eues à l'automne,
mais en plus de ça toute la question, là, de la grève du transport ferroviaire.
M. Rousselle
:
…j'ai parlé justement à des éleveurs de volaille, puis ils me parlent justement
qu'ils ont eu des problèmes justement avec le propane puis qu'ils ont eu des
pertes, puis là, je parle de petits producteurs. Est-ce que ces petits
producteurs-là qui ont eu des pertes, on me dit… puis là vous me dites qu'il
n'y a pas eu de manque de propane, je ne comprends pas, mais ils ont eu des
pertes. Est-ce que vous avez pensé à les compenser eux autres aussi ou vous
avez pensé juste à ceux qui… les producteurs de grains?
M. Lamontagne : Non. Je
veux que vous compreniez bien, mais je suis certain que vous savez ça, M. le
député de Vimont, là, mais, au Québec, on a un ensemble de programmes pour
toutes les filières de production, que ce soient les filières animales, que
soient les filières végétales, les filières de grains qui offrent un large
éventail de différents outils qui viennent en soutien au revenu, qui viennent
en soutien à l'assurance récolte, qui viennent compenser ou soutenir les
agriculteurs quand ils ont des enjeux soit au niveau de leurs prix de revient
ou qu'ils ont des enjeux, justement, au niveau de leurs résultats. Alors, à
travers tout ça, là, il n'y a aucune filière, là, qu'on n'a…
M. Lamontagne : ...large
éventail de différents outils qui viennent en soutien au revenu, qui viennent
en soutien à l'assurance récolte, qui viennent compenser ou soutenir les
agriculteurs quand ils ont des enjeux soit au niveau de leurs prix de revient
ou qu'ils ont des enjeux, justement, au niveau de leurs résultats. Alors, à
travers tout ça, là, il n'y a aucune filière qu'on n'a pas accompagnée. La Financière
agricole, dès le départ, on a mis en place une cellule de crise qui a
accompagné toutes les filières, est en communication constante avec le
ministère de l'Agriculture. Puis je peux vous dire, là, qu'il n'y a personne
qui a été laissé pour contre, là, sur le territoire du Québec, là, à travers
les difficultés qu'on a eues, là.
M. Rousselle
: Au
niveau de la sécheresse observée, justement, en début 2020 au Québec, il y a eu
de la pression énorme, justement, sur les producteurs agricoles. Vous le savez
comme moi, la situation puis les producteurs... le fourrage n'était pas... ce
n'était pas évident justement. Cependant, certains secteurs ont été touchés,
parfois indirectement, par exemple le milieu de production animalière, par la
hausse importante du prix du fourrage. Les producteurs animaliers destinés à la
vente, donc, sont coincés entre le prix de la bête puis le prix d'achat des intrants.
Cette situation a été amplifiée par la hausse des prix du fourrage et la baisse
du prix à court terme à cause de la baisse de la demande internationale.
Avez-vous des données sur la hausse des prix?
M. Lamontagne : Je n'ai pas de
données au moment où je vous parle, à vous donner. Par contre, ce que je peux
demander, c'est à La Financière agricole de nous préparer toutes les
informations en lien avec les cours du prix des grains ou des différents
aliments, puis... qu'on pourra vous transmettre.
Ce que je peux vous dire, encore là, au
même titre qu'en 2018 quand on a eu la sécheresse historique, là, c'était une
sécheresse de... 150 ans, qu'on n'avait pas vu ça au Québec, là, cet été,
on a eu un bon début de saison, mais là il y a une sécheresse qui s'est
installée puis il y a des secteurs au Québec qui ont été beaucoup plus frappés
que d'autres. Encore là, il y a une cellule, je vais dire une cellule de crise,
parce qu'effectivement ça peut apporter des difficultés importantes, qui a été
mise en place avec La Financière agricole, qui a été mise en place avec l'Union
des producteurs agricoles, pour être capables, à la grandeur du Québec, dans un
premier temps, de coordonner un approvisionnement en nourriture, là, pour tous
les animaux sur le territoire du Québec.
Puis , après ça, la question de
l'augmentation des coûts, encore là, les différents programmes de soutien qui
sont mis à la disposition puis auxquels souscrivent les agriculteurs, quand ça
vient le temps de traiter les réclamations, les avis de dommages, parce qu'au
moment où on se parle, il y a à peu près 2 300 avis de dommages qui ont
été déposés par les agriculteurs du Québec, bien, quand ça vient le temps de
déterminer les compensations et tout ça, il y a naturellement un volet qui
touche la hausse du coût des intrants, là, pour les producteurs. Alors, soyez
rassuré, au fur et à mesure qu'on se dirige vers la fin de la saison, puis au
fur et à mesure que tous les décomptes, bon, des réclamations ou des dommages
se sont faits, bien, toute la question de la valeur des intrants,
naturellement, entre dans le calcul des rétributions de compensation, là, pour
les agriculteurs.
Le Président (M. Lemay) :
J'ai cru comprendre que vous vouliez faire un dépôt de document qui serait
préparé par La Financière agricole éventuellement.
M. Lamontagne : Bien oui.
Je vais demander à... D'ailleurs, le président de La Financière
est dans une autre salle, là. Il vient d'entendre, là, alors...
M. Lamontagne : ...entre
dans le calcul des rétributions de compensation, là, pour les agriculteurs.
Le Président (M. Lemay) :
J'ai cru comprendre que vous vouliez faire un dépôt d'un document qui serait
préparé par La Financière agricole éventuellement.
M. Lamontagne : Bien,
oui. Je vais demander à... D'ailleurs, vous savez, le président de La Financière est dans une autre salle, là. Il vient de
l'entendre, là. Alors, on va... Les informations, on va reprendre le verbatim
de ce que le député a demandé, puis les informations qu'il a demandées au
niveau du coût des grains, là, vont pouvoir vous être acheminées pour que vous
puissiez acheminer ça, là, à M. le député.
Le Président (M. Lemay) :
Merci. Donc, à ce moment-là, je vais vous demander s'il vous plaît de bien
vouloir transmettre l'information au courriel de la commission pour qu'il
puisse être déposé éventuellement.
M. Lamontagne : Parfait.
Merci.
Le Président (M. Lemay) :
M. le député de Vimont, la parole est à vous.
M. Rousselle
:
Merci. J'aimerais ça aussi avoir l'évaluation de l'impact financier sur les agriculteurs.
Parce que j'espère qu'il y a une évaluation qui s'est faite là-dessus. C'est
bien beau qu'on regarde les prix et tout, là, mais il y a un impact direct et
indirect sur les agriculteurs, là. Pouvez-vous en parler? Ou vous allez nous
livrer ça?
M. Lamontagne : Non, non,
on peut vous en parler. Bien, l'impact pour l'année 2018, ça a été 60 millions.
L'impact pour l'année 2020, on a déjà des avances qui ont été versées pour
la première coupe. On vient de terminer la deuxième coupe. Il y a probablement
des avances qui vont être encore versées, mais la totalité des réclamations
puis des compensations qui vont être accordées en vertu des programmes de
soutien, c'est seulement qu'à la fin de l'année, quand l'année va être
terminée, alors, quand on va arriver au printemps et puis tout le décompte va
avoir été fait. Il va y avoir de toute façon un communiqué de la La Financière
agricole qui va venir confirmer tous les montants qui vont avoir été versés
dans le cadre de l'assurance récolte. Puis ça me fera plaisir à ce moment-là
qu'on vous fasse parvenir la copie du communiqué, M. le député de Vimont.
M. Rousselle
:
Merci. Au niveau des piscicultures, les producteurs piscicoles, vous le savez
comme moi, ils ont connu une très mauvaise année, notamment parce que les activités
de pêche récréative ont été grandement retardées, service non essentiel comme
vous le savez, mais en plus parce que de grands nombres de rivières et de lacs normalement
ensemencés ne l'ont pas été cette année en raison de la COVID-19. C'est donc
des pertes de revenu très importantes pour des producteurs qui sont, plus
souvent qu'autrement, des producteurs indépendants. Et les pertes proviennent
en grande partie des décisions du gouvernement. Pertes de ventes dues au prix
plus élevé du poisson versus d'autres protéines lorsque les gens ont un revenu
moindre de la COVID. Est-ce que vous avez un plan mis en place au ministère
pour épauler justement l'industrie qui est un moteur pour l'économie régionale?
M. Lamontagne : Oui.
Bien, écoutez, naturellement, tout ce qui touche aquaculture, mariculture,
c'est un aspect important de la stratégie de développement des pêches au
Québec. Alors, il y a, que ce soit par le biais du Fonds des pêches du Québec
ou par d'autres mesures qu'on a au gouvernement, on vient accompagner
l'industrie aquacole. Dans le contexte, un défi qu'on a, honnêtement, au niveau
de l'industrie aquacole, c'est que, sur la production totale qu'on a au Québec,
grosso modo, il y a à peu près 60 % de la production qui est dévolue à
l'ensemencement des lacs et puis il y a à peu près 40 % de la production
qui est dévolue à la consommation humaine. Alors, on s'entend que les humains,
ça mange 12 mois pas année, mais les lacs, ça s'ensemence seulement qu'un
certain nombre de semaines par année. Alors, ce qu'on a vécu cette année, c'est
avec la fermeture de tous les endroits de villégiature...
M. Lamontagne : ...qui est
dévolu à l'ensemencement des lacs, et puis il y a à peu près 40 % de la
production qui est dévolue à la consommation humaine. Alors, on s'entend que
les humains, ça mange 12 mois par année, mais les lacs, ça ne s'ensemence
seulement qu'un certain nombre de semaines par année.
Alors, ce qu'on a vécu cette année,
c'est... Avec la fermeture de tous les endroits de villégiature, il y a eu
effectivement un entassement, si on veut, dans les bassins, les bassins de
culture, puis cet entassement-là représentait... Il y avait deux niveaux, deux
difficultés. Il y en a un que c'était la ressource immédiate, qu'on ne pouvait
pas... dont on ne pouvait pas disposer au bénéfice des producteurs. Mais aussi,
c'est qu'à un moment donné, quand on dispose d'une ressource, bien il y a une
nouvelle ressource qu'on insère. On a pris des petits ménés, on les met dans
des plus gros bassins pour faire en sorte que, l'année d'après, on ait de la
culture. Alors, cette année, c'est ces deux aspects là qui causaient des
enjeux.
Alors, on est venu en aide, d'abord, le
gouvernement du Québec, en association avec le ministère des Faune, Forêts et
Parcs, à hauteur de 450 000 $, à peu près, pour faire un premier
délestement d'à peu près 75 tonnes de poissons, pour que les pisciculteurs
puissent faire de la place dans leurs bassins pour mettre les autres poissons
qui s'en venaient. Puis après ça, vu que ça a tardé encore, la réouverture, et
tout ça, on s'est entendus avec le gouvernement fédéral, là, pour un autre investissement,
aux alentours de 800 000 $. Alors, de mémoire, là, c'est à peu près
1 100 000 $ ou... qui a été accordé, là, en soutien aux
producteurs aquacoles, en fonction des défis qu'il y avait là ce printemps, là.
M. Rousselle : Là, vous me parlez
d'un montant de 450 000 $ du Québec... on va laisser le fédéral de
côté, là, mais... pour tout l'ensemble du Québec, pour tout l'ensemble des
pisciculteurs du Québec. Donc, vous avez... Est-ce que vous avez analysé
vraiment les pertes qu'ils ont vécues? Parce que là, vous savez, il y avait...
comme je vous expliquais tantôt, je veux dire, ils ont eu vraiment une mauvaise
année. La COVID, ce n'est pas la faute à personne, on s'entend, mais ils vivent
vraiment un problème à cause de la COVID, là.
M. Lamontagne : Bien, tout à
fait. D'ailleurs, je dois vous dire que, tout le long de la COVID, moi, j'étais
en communication deux fois par semaine avec toute la table des représentants,
là, les pêcheurs, les agriculteurs, les mariculteurs, les industriels des
pêches. On était en communication deux fois par semaine avec eux. Tout le long
de la COVID, j'étais en communication tous les jeudis avec les ministres des
Pêches des provinces atlantiques. J'étais en communication avec la ministre
fédérale des Pêches à tous les vendredis matin pendant des semaines et des
semaines. Et on est en contact avec le président, M. Roy, des pisciculteurs,
des aquaculteurs. Et puis vous pouvez être assuré qu'on a suivi quasiment à la
journée l'évolution de leur situation.
• (15 h 20) •
Et puis le premier délestement, à hauteur
de 450 000 $, c'est quelque chose qu'on a travaillé avec eux. Il
fallait identifier des bassins d'eau, parce qu'il faut les mettre à quelque
part, ces poissons-là. À partir du moment où ce n'est pas les zecs, puis ce
n'est pas ces endroits-là qui les prennent, là, il faut identifier des lacs, il
faut avoir des méthodes. Alors, ça, on a fait ça en coordination avec les
aquaculteurs.
Et puis le deuxième volet de soutien, là,
qui est venu à hauteur de... je pense, le fédéral, c'était
600 000 $... nous, c'était un autre... attendez, j'ai les chiffres
exacts, là... Au total, ça a été 1 020 000 $. Il y avait
408 000 $ qui venaient du Québec, et puis 612 000 $ qui venaient
du Canada. Tout ça, c'est un travail qui a été fait, là, en coordination avec
les producteurs, les aquaculteurs.
Le Président (M. Lemay) : Il
vous reste quelques secondes.
M. Rousselle : Vous êtes en
train de me dire qu'ils étaient pleinement satisfaits parce que... Est-ce qu'ils
ont... Est-ce que... Ça n'a pas couvert...
M. Lamontagne : …au total,
ça a été 1 020 000 $. Il y avait 408 000 $ qui
venaient du Québec et puis 612 000 $ qui venaient du Canada. Tout ça,
c'est un travail qui a été fait, là, en coordination avec les producteurs, les
aquaculteurs.
Le Président (M. Lemay) :
Il vous reste quelques secondes.
M. Rousselle
:
Vous êtes en train de me dire qu'ils étaient pleinement satisfaits parce que…
est-ce qu'ils ont… ça n'a pas couvert toutes leurs pertes parce que, là, vous
parlez justement de bassins, des petits poissons, je comprends bien ça, là.
Mais la perte monétaire qu'eux ils ont perdu dans leurs poches pour… puis ils
n'ont pas pu justement prévoir d'autres projets, ça, ils n'ont pas été compensés.
M. Lamontagne : Une chose
qui est importante, c'est qu'à la hauteur de l'aide qui a été donnée, vous
pouvez être sûr qu'il y a une continuité dans les modèles d'affaires pour les
années à venir.
C'est certain honnêtement, dans les
contextes ou on est, on a des milliers et des milliers d'entreprises au Québec
qui, non seulement, n'ont pas eu… non pas eu les revenus qu'ils ont eux l'année
précédente, mais ils ont eu, genre, zéro revenu, là, pendant des semaines et
des mois. Ce que je vous dis, c'est qu'on a été en contact constant avec les
aquaculteurs, puis en fonction de défis auxquels ils étaient confrontés puis la
réponse qui a été donnée, mais si vous avez lu les communiqués puis les
déclarations qui avaient été faites par les producteurs, les gens étaient
satisfaits de ce qu'on avait fait.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Je dois vous interrompre sur ce puisque le
premier bloc d'échange étant maintenant terminé et je dois maintenant céder la
parole au deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Mercier, la parole
est à vous.
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. le ministre. Salutations aux membres de la commission.
Et je salue aussi les membres du cabinet et du ministère qui sont présents ici
avec nous. Donc, ça me fait plaisir de remplacer ma collègue de
Rouyn-Noranda—Témiscamingue. Elle va très bien. Elle vous salue.
Donc, écoutez, moi, je m'occupe beaucoup…
Évidemment, la question de l'environnement me tient à coeur, et l'environnement
c'est lié à tout, notamment aussi avec la question de l'agriculture.
D'ailleurs, le mois dernier, le gouvernement a annoncé un nouveau tarif
préférentiel pour les producteurs en serres. Donc, c'est une annonce qui a été
faite avec Hydro-Québec, puis c'était quelque chose de très attendu. Et
finalement la COVID a permis finalement d'offrir cette… ce tarif-là aux
producteurs serricoles. C'est une bonne nouvelle. Mais évidemment le ministre
est au courant que tous les producteurs, encore plus en milieu rural, n'ont pas
accès à notre électricité. Ce qui fait qu'ils sont toujours dépendants des
énergies fossiles. Et d'ailleurs, selon une estimation d'Hydro-Québec,
l'électricité triphasée ne couvre que 40 % du réseau de distribution et,
comme je le disais, c'est pire en milieu rural.
Et donc je voulais savoir par rapport à
cette annonce, je sais que le ministre avait annoncé, dans le budget, un
15 millions de dollars qui a été annoncé, puis je pense que ça pouvait
être bénéfique pour peut-être 1 000 producteurs maraîchers. Est-ce
qu'il a l'intention... parce qu'il y a une belle annonce, un meilleur tarif,
mais encore faut-il que ces producteurs y aient accès. Est-ce qu'il a
l'intention de bonifier et d'augmenter cette mesure-là de 15 millions pour
permettre à l'électricité d'aller à tous ces producteurs-là?
M. Lamontagne : C'est une
très bonne question, puis j'aime beaucoup votre question, Mme la députée.
D'abord, je dois vous dire que la question de la tarification électrique pour
les serres, la question d'augmenter les superficies de cultures en serre, ce
n'est pas quelque chose qui est relié à la COVID, là, c'est un engagement
électoral de notre formation politique en octobre…
Mme Ghazal : ...à l'électricité
d'aller à tous ces producteurs-là.
M. Lamontagne : C'est une très
bonne question, puis j'aime beaucoup votre question, Mme la députée. D'abord,
je dois vous dire que la question de la tarification électrique pour les
serres, la question d'augmenter les superficies de culture en serre, ce n'est
pas quelque chose qui est relié à la COVID, c'est un engagement électoral de
notre formation politique en octobre 2018 qui visait justement à doubler. Présentement,
on a un petit peu plus que 120 hectares de culture en serre, au Québec,
pour légumes et fruits, et puis l'objectif, c'est de doubler cet aspect-là.
Et puis il y a naturellement la composante
électrique du tarif de l'électricité, c'est une composante qui est importante,
mais ce n'est pas la seule composante. Alors, ce qu'on a annoncé,
naturellement, c'est que le tarif qui était disponible pour les grandes
entreprises, à peu près une dizaine d'entreprises au Québec qui bénéficiaient
de ce tarif-là, bien, on l'a étendu à peu près à 980 entreprises additionnelles
qui vont pouvoir en bénéficier 12 mois par année. Ça, c'était la bonne
nouvelle.
Le commentaire que vous faites pour le
triphasé, effectivement... Par contre, dans les chiffres, là, la question de
l'accès, aujourd'hui, les serres existantes sur le Québec, là, 85 % des
serres, aujourd'hui, sont à distance du triphasé, là. Il y a le triphasé qui
n'est pas trop loin, là, mais il faut faire le raccordement. Et puis, après ça,
bien, naturellement, il y a des territoires qui, aujourd'hui, ne sont pas
couverts par le triphasé. Alors, dans le cadre de cet engagement-là justement
d'augmenter de façon importante la superficie de culture en serre,
naturellement, il y a le volet d'augmenter la présence du triphasé sur le
territoire. Il y a des engagements à hauteur de 15 millions qui ont été
pris, là, pour les prochaines années. Ce que le ministre me dit, c'est que
15 millions, on parle d'à peu près 100 000 $ du kilomètre, là,
alors on en a, là, pour... il faut faire la mathématique, là, pour le nombre de
kilomètres. Mais, en même temps, lorsqu'on a fait l'annonce, avec mon collègue
le ministre de l'Énergie, pour la tarification, le ministre s'était fait
interroger là-dessus puis il disait que, dans le cadre justement de la relance
économique, là, on avait des objectifs de chercher à bonifier ces montants-là,
là, pour chercher à accélérer, si on veut, l'accès au triphasé, là, aux
endroits sur le territoire où ce n'est pas accessible.
Mme Ghazal : Donc, la réponse
du ministre, c'est oui, elle va être bonifiée. Je ne sais pas, est-ce que le
ministre peut nous le dire ou il veut que ce soit le ministre de l'Énergie qui
l'annonce?
M. Lamontagne : Bien, ce que
je vous dis, c'est que, déjà, l'annonce qu'on a faite de 15 millions
investis pour le triphasé, là, c'est déjà une très, très, très belle annonce.
Ce que je vous dis, c'est que, quand on a fait l'annonce du tarif
d'électricité, il y a des questions qui ont été posées au ministre de
l'Énergie, et puis j'étais présent à ses côtés, et il a mentionné son intention
de chercher à bonifier ces montants-là. Par contre, je n'ai pas d'annonce que
je peux faire aujourd'hui, je ne suis pas le ministre de l'Énergie.
Mme Ghazal : Bien, c'est
vraiment dommage, parce que je suis sûre qu'on est écoutés par beaucoup de
producteurs, en ce moment, et qu'ils sont très, très intéressés puis ils
auraient aimé entendre cette annonce-là de la bouche de leur ministre de
l'Agriculture.
M. Lamontagne : Bien, ils sont
vraiment intéressés, d'autant plus que j'étais avec eux hier, puis ils sont
bien au courant d'où on s'en va avec tout ça, là, ça fait qu'on a une belle
communication avec nos producteurs serricoles.
Mme Ghazal : Donc, ça va être
bonifié, on ne sait pas à hauteur de combien ni où. Est-ce que c'est possible
de savoir combien de producteurs à peu près, un ordre de grandeur, pourraient
bénéficier de cette bonification qui va être annoncée bientôt par votre
collègue?
M. Lamontagne : Ce que je vous
dirais, c'est que, dans un premier temps, les annonces qu'on a faites déjà pour
étendre le réseau de triphasé sont exceptionnelles, à hauteur de
15 millions de dollars. Ce que je vous rapporte encore, c'est lorsque
le...
Mme Ghazal : …ou est-ce que
c'est possible de savoir, combien de producteurs à peu près — un
ordre de grandeur — pourraient bénéficier de cette bonification qui
va être annoncée bientôt par votre collègue?
M. Lamontagne : Ce que je vous
dirais, c'est que, dans un premier temps, les annonces qu'on a faites déjà,
pour étendre le réseau triphasé, sont exceptionnelles, à hauteur de 15 millions
de dollars. Ce que je vous rapporte encore, c'est, lorsque le ministre était
interrogé lors de l'annonce, on a demandé : Bien, est-ce que vous pensez
que ce serait possible d'en faire davantage? Le ministre, ce qu'il a dit, c'est
qu'il aurait intérêt à vouloir en faire davantage. Alors, c'est des choses qui
lui appartiennent.
Mais, au départ, je vous dis qu'il y a
85 % des serres actuellement présentes au Québec, qui sont à distance, là,
du triphasé. L'enjeu aussi, c'est qu'on veut avoir beaucoup de nouvelles serres
qui vont naître au Québec. Ça fait que, dans un premier temps, bien, on espère
qu'ils vont naître dans un environnement où le triphasé est tout près. Mais,
l'idée d'augmenter le réseau, bien, ça va permettre d'en couvrir le plus
possible.
Mme Ghazal : J'aurais aimé
avoir la primeur, mais on l'aura plus tard, c'est ce que je comprends, on va
regarder ça attentivement. J'ai un autre sujet, c'est sur l'achat local,
évidemment, avec… on s'est rendu compte, tout le monde, qu'on a découvert
quelque chose qui existait, depuis très longtemps, avec la COVID, comme quoi
nous ne sommes pas autonomes sur le plan alimentaire. Et on est très, très
dépendants, là, de l'extérieur où on importe beaucoup, mais aussi de la
main-d'oeuvre étrangère qui travaille dans nos… en agriculture, donc… Mais ce
qui est important aussi, quand on dit qu'on veut parler d'achat local, et tout
ça, puis on dit à tout le monde : Avec Le Panier bleu, achetez local,
achetez local, l'exemplarité de l'État est très, très importante.
Donc, en fait, en mai dernier, ma collègue
avait proposé au gouvernement et au ministre s'il était possible de remplir à
50 % d'aliments québécois les assiettes qui sont servies dans nos services
alimentaires et les institutions, comme les écoles, les CHSLD. Est-ce que le
ministre sait actuellement… est-ce qu'on est capables de chiffrer actuellement
l'offre, là, dans nos institutions alimentaires, elle est à combien de
pourcentage en achat local actuellement?
M. Lamontagne : Je vous
dirais, je me souviens très bien de ces échanges que j'ai eus avec votre
collègue, parce que j'ai rappelé à votre collègue que, lors du mois de décembre
2019, j'ai déposé le nouveau plan stratégique du ministère de l'Agriculture 2019‑2023.
Et puis naturellement, quand on dépose un plan stratégique, il y a un certain
nombre de cibles qui se chiffrent en 15 ou 20 cibles qu'on veut atteindre. Mais
il y a trois cibles par lesquelles le MAPAQ puis moi, à titre de ministre, là,
qu'on veut être jugés, si on veut, puis une de ces trois cibles-là, c'était
justement le pourcentage de nos institutions qui vont avoir une cible puis
qu'on mette en oeuvre une cible de consommation d'aliments du Québec.
Alors, c'est quelque chose que, moi, quand
je suis arrivé en poste en octobre 2018, un des premiers dossiers auquel j'ai
été confronté, c'était certainement cette situation où il n'y avait à peu près
aucune politique, au Québec, pour favoriser l'achat institutionnel, et puis
j'ai tout de suite lancé un grand chantier. Et puis, si vous écoutez les nouvelles,
là, probablement, là, dans les semaines qui s'en viennent, on devrait avoir
l'annonce et la conclusion de tout ça où on va présenter le cadre
gouvernemental pour l'achat institutionnel d'aliments du Québec.
• (15 h 30) •
Au moment où on se parle, les informations
qu'on a, c'est que, un, nous, on a ciblé à peu près…
15 h 30 (version non révisée)
M. Lamontagne : ...et puis, si
vous écoutez les nouvelles, là, probablement, là, dans les semaines qui s'en
viennent, on devrait avoir l'annonce et la conclusion de tout ça, où on va
présenter, là, le cadre gouvernemental pour l'achat institutionnel d'aliments
du Québec.
Au moment où on se parle, les informations
qu'on a, c'est que, un, nous, on a ciblé à peu près 4 000 institutions ou
4 000 organisations gouvernementales qu'on veut s'assurer qu'ils vont
avoir des cibles puis ils vont mettre en place des politiques pour rencontrer
ces cibles-là. Mais le potentiel qui est connu, là, pour l'achat
institutionnel, au total, c'est à peu près 2 milliards de dollars. Puis
aujourd'hui, ce qu'on comprend, là, ce serait de l'ordre de 600 à
700 millions de dollars, là, qui serait consommé. Alors, il y a
certainement une marge de manoeuvre très intéressante, là, pour toute
l'agriculture québécoise, là, en approvisionnement de produits locaux de la
part des institutions.
Mme Ghazal : Juste pour
comprendre, 600 à 700 milliards de dollars...
M. Lamontagne : Millions,
millions, oui.
Mme Ghazal : ...millions de
dollars de potentiel.
M. Lamontagne : Non, il y a
2 milliards de potentiel. Il y a... Ces organisations-là achètent...
Mme Ghazal : ...achètent déjà
pour...
M. Lamontagne : Encore là, il
y a... on n'a pas le décompte de chacune des organisations...
Mme Ghazal : ...mais le
chiffre global, oui...
M. Lamontagne : ...mais les
estimés qui sont faits, grosso modo, là, c'est le potentiel, là. S'il y avait
100 % d'achats qui étaient québécois, là, bien, ça pourrait être un canal
de distribution dans lequel il y aurait 2 milliards qui seraient
acheminés. Présentement, on parle qu'il y aurait 600 à 700, 800 millions
de dollars. Alors, il y a quand même une marge importante, là, de gains pour
les aliments du Québec au sein de ces organismes-là, là.
Mme Ghazal : Ça, je ne suis
peut-être pas vite en calcul mental, ou je pourrais le faire plus tard. Mais
j'aimerais savoir... Donc, actuellement, on n'est pas à 100 %. On est à
quel pour cent? Ou c'est peut-être un calcul avec...
M. Lamontagne : Bien,
honnêtement, ce que je vous dis, ce que je vous dis, là, c'est... grosso modo,
c'est à peu près entre 600 et 800 millions de dollars qui sont... qui
seraient...
Mme Ghazal : Mais vous...
est-ce que le ministre a le chiffre? Parce que, s'il l'a...
M. Lamontagne : Non, non, je
n'ai pas...
Mme Ghazal : Ah! O.K. Parce
que comment est-ce qu'on...
M. Lamontagne : Non, je n'ai
pas le chiffre exact, là. C'est des chiffres qui sont estimés. C'est des
chiffres qui sont estimés, Mme la députée.
Mme Ghazal : Mais moi, je...
C'est correct si on a aussi un estimé du pourcentage actuel. Parce que, pour se
fixer des objectifs, ce que je comprends, c'est qu'il y a un potentiel, on sait
que c'est possible puis tout le monde, évidemment, on veut atteindre le 100 %.
Mais on va inciter tout le monde à avoir des objectifs et des cibles.
M. Lamontagne : Bien là...
Mme Ghazal : Mais pour savoir
quelles cibles mettre, il faut savoir on est où aujourd'hui. Est-ce que cet
estimé-là existe aujourd'hui? Est-ce que... Ce n'est pas obligé que ce soit à
la carotte près, là, tu sais, je...
M. Lamontagne : Non.
Aujourd'hui, ce qui est important, puis ce que je vous disais, Mme la députée,
c'est qu'au moment de mon entrée en poste là, il n'y avait aucune politique
gouvernementale qui visait à s'assurer... qui...
Mme Ghazal : Je comprends
qu'il y a un pas de plus qui a été fait, là.
M. Lamontagne : Bien,
c'est-à-dire, le pas... bien, le pas va être manifestement annoncé, là, dans
quelques semaines, là. Mais où on va s'assurer... L'objectif est de faire en
sorte qu'il va y avoir 85 % de tous ces instituts-là qu'on va avoir
ciblés, qui sont 4 000, qui vont avoir...
Mme Ghazal : ...des cibles...
M. Lamontagne : ...un plan
pour procéder puis inclure... de s'assurer d'inclure des produits québécois
dans leur politique d'achats. Puis avec ça, il va venir un répertoire des
aliments québécois. Une fois qu'on va avoir des entreprises qui vont être
engagées, qui vont avoir les moyens... Puis on va leur donner les outils aussi
pour les accompagner, parce que c'est bien beau dire «achetez québécois», mais
il faut que les gens aient accès aux ressources.
Mme Ghazal : Tout à fait.
M. Lamontagne : Il faut qu'il
y ait une jonction à un moment donné, entre les gens qui produisent puis les
gens qui achètent. Alors, il va y avoir un défi à ce niveau-là aussi. Mais le
plan va comprendre, là, un ensemble de mesures qui vont permettre cette
opportunité-là.
Mme Ghazal : C'est ça.
Le Président (M. Lemay) :
Alors, Mme la députée de Mercier, il vous reste 3 min 30 s, et
simplement, un rappel de ne pas parler en même temps, puisque, pour...
M. Lamontagne : ...parce
que c'est bien beau de dire «achetez québécois», mais il faut que les gens
aient accès aux ressources. Il faut qu'il y ait un... Il faut qu'il y ait une
jonction à un moment donné entre les gens qui produisent puis les gens qui
achètent. Alors, il va y avoir un défi à ce niveau-là aussi, mais le plan va
comprendre un ensemble de mesures qui va permettre, là, cette opportunité-là
de...
Le Président (M. Lemay) :
Alors, Mme la députée de Mercier, il vous reste 3 min 30 s. Et simplement
un rappel de ne pas parler en même temps puisque, pour la transcription puis
pour la qualité de l'audition, s'il vous plaît, si vous voulez prendre la
parole ou reprendre la parole, vous pouvez nous faire signe. Il n'y a aucun problème.
Mme la députée de Mercier, la parole est à vous.
Mme Ghazal : Parfait.
Merci pour le rappel, M. le Président. Donc, juste pour savoir, une des
premières étapes, oui, c'est de dire, bien, on a beaucoup de potentiel puis on
va se fixer des objectifs, puis des cibles, puis il y a une politique. Ça, c'est...
Absolument, c'est important. Mais la première étape, c'est de savoir
actuellement, c'est combien le pourcentage d'achat local parce que ça se peut
que ça soit 0 % aussi. En ce moment, c'est peut-être ça. Est-ce que le
ministre ne le dit pas parce qu'il ne l'a pas tout de suite maintenant ou il
n'y a personne qui le sait en ce moment au Québec, mais on le sait qu'on va se
fixer des objectifs pour prochainement?
M. Lamontagne : Bien, ce
que je peux vous dire, c'est qu'on a un estimé de la valeur totale des produits
québécois qui sont dans le système institutionnel, mais étant donné que...
Mme Ghazal : Hum-hum, de
la valeur.
M. Lamontagne : Étant
donné qu'il n'y a aucun organisme qui n'avait aucune obligation à avoir des
cibles quelconques, il n'y a jamais eu aucune mesure qui a été faite auprès des
institutions par rapport à quelconque pratique d'achat institutionnel. Alors,
ce qu'on va mettre en place, c'est un encadrement pour s'assurer qu'ils vont se
fixer des cibles. Et puis cet encadrement-là, ces cibles-là vont être en
fonction de la réalité naturellement de chacune des institutions. Mais
l'objectif de tout ça, c'est de créer un environnement pour faire en sorte que
les achats vont aller en augmentant, là.
Mme Ghazal : Je
comprends. Très bien. Là, O.K., j'essaie de... J'avais beaucoup de questions.
Je vais essayer d'en trouver une plus rapide. Vous savez, dans les fermes, on a
essayé d'avoir des travailleurs du Québec. On n'a pas atteint les objectifs et
les cibles d'avoir des travailleurs du Québec parce qu'à cause de la COVID la
main-d'oeuvre étrangère, c'est moitié moins que ce qu'on reçoit d'habitude qui
est venue ici. Et, je voulais savoir, est-ce que le ministre a un plan vu que
maintenant les étudiants vont retourner à l'école, est-ce qu'il a un plan pour
septembre et octobre pour s'assurer qu'on ne va pas manque de main-d'oeuvre
parce qu'on en a manqué? Et là, peut-être que ça va être encore plus exacerbé
et encore pire pour les deux prochains mois qui s'en viennent. Et est-ce qu'il
y a un risque de pénurie de denrées alimentaires à cause de ça plus toutes les
destructions de récoltes agricoles qui a fait mal au coeur à beaucoup, beaucoup
de Québécois de voir autant de choux, d'asperges, etc., qui ont été jetés alors
qu'il a beaucoup dans le monde qui ont faim, comme disait ma mère?
M. Lamontagne : Écoutez,
en tout respect, là, on me dit qu'il me reste à peu près 75 secondes pour
vous, alors, que...
Mme Ghazal : Est-ce qu'il
y a un plan, oui ou non? Ça peut être juste ça.
M. Lamontagne : Alors...
Bien, ce que je vais vous dire, c'est qu'au moment où on se parle les semaines
qui passent, là, il y a à peu près 100 % des travailleurs étrangers qui
sont attendus qui arrivent au Québec. Au moment où on se parle, les
travailleurs qui étaient attendus depuis le mois d'avril, il y en a 85 %
de rentrés, mais comme la semaine prochaine, là, il y a 317 travailleurs
étrangers qui sont attendus pour venir faire les récoltes jusqu'à la fin octobre.
100 % de ces...
Mme Ghazal : Ça, c'est
combien? Combien de travailleurs étrangers? Parce qu'actuellement c'est
18 000.
M. Lamontagne : Non.
Bien, non. Ça, c'est... On a 16 000 à 17 000. C'est sur une période
annuelle. Il y en a à peu près 4000, 5 000 qui sont ici 12 mois par
année. Cette année, on attendait à peu près 11 000 à
12 000 travailleurs. Puis en date, là du 17 août, il y avait 10 999 travailleurs
qui étaient rentrés au Québec...
Mme Ghazal : ...c'est combien,
combien de travailleurs étrangers? Parce qu'habituellement, c'est 18 000.
M. Lamontagne : Non, bien non.
On a 16 000 à 17 000, ça, c'est une période annuelle. Il y en a à peu
près 4 000, 5 000 qui sont ici 12 mois par année. Cette année,
on attendait à peu près 11 000 à 12 000 travailleurs puis, en
date, là, du 17 août, il y avait 10 999 travailleurs qui étaient
rentrés au Québec. On en attend 317 dans la prochaine semaine et puis on n'a
pas d'indication à savoir que ces travailleurs-là ne viendront pas au Québec.
Mme Ghazal : Puis... O.K.
Bien, O.K., c'est bon. Merci. Bien... secondes, mais, en fait, c'est parce que
le ministre aussi a réduit sa cible de travailleurs étrangers qu'il attend.
M. Lamontagne : Bien, en
réalité, les commandes... parce que les travailleurs étrangers, c'est chaque
producteur agricole qui détermine le nombre de travailleurs qu'il a besoin.
Alors, nous, bien, ce qu'on a... Ce n'est pas le ministère de l'Agriculture, on
s'entend, qui a la gestion du programme de travailleurs étrangers, mais il est
connu, les travailleurs qui sont attendus, chacun des vols, et tout ça, qui
sont... parce qu'il y a des groupes pour que, exemple, le groupe FERME s'occupe
de faire venir une partie importante des travailleurs au Québec. Alors, eux
reçoivent et savent...
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le ministre.
M. Lamontagne : ...exactement
quel producteur attend combien de travailleurs...
Le Président (M. Lemay) : Je
vais devoir vous interrompre sur ce bloc d'échange...
M. Lamontagne : ...et quelle
date il doit arriver, donc...
Le Président (M. Lemay) :
...puisque le temps est maintenant écoulé. Et je cède maintenant la parole à
l'opposition officielle. M. le député de Vimont, la parole est à vous.
M. Rousselle
: Merci,
M. le Président. Transformation alimentaire... vous savez, subit de façon
importante les effets de la COVID, de la pandémie. Fermetures d'établissements,
perte de productivité à cause des règles de la Santé publique, pénurie de
main-d'oeuvre... par la pandémie, etc.
Walmart a annoncé justement qu'il allait réduire
le prix aux fournisseurs de 1,25 % sur tous les produits et 6,25 %
sur les produits bénéficiant des services de vente en ligne. Souvenons-nous que
Walmart fait partie... c'est un... il a été privilégié justement par la COVID,
il était ouvert, et puis ils n'ont subi aucune perte, eux. Même... ils ont pu
même augmenter leurs activités à cause qu'il y avait bien des secteurs qui
étaient fermés. Qu'une entreprise multinationale utilise son statut dominant
dans le marché pour transférer la facture d'amélioration — imaginez-vous,
une facture d'amélioration — de leurs établissements sur les
fournisseurs locaux est inacceptable. Que le gouvernement se prétend
nationaliste puis se voie déçu, seulement déçu de la décision de Walmart, démontre
le manque d'intérêt de celui-ci pour les producteurs locaux. Est-ce que les
négociations ont été entamées avec les représentants de Walmart et aussi les
grandes bannières, épiceries, pour ne pas aller de l'avant avec cette
diminution de paiements?
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Lamontagne : Bien, je
rappellerais, je ne sais pas si le député de Vimont a suivi toutes les
nouvelles, là, mais au-delà de dire qu'il y avait une déception, là, je me suis
entretenu avec le président de Walmart Canada pour faire part du fait qu'on
était très inquiets de la décision qu'il avait prise. Je me suis entretenu avec
les présidents des différents... les grands distributeurs alimentaires du
Québec, je me suis entretenu avec les présidents de plusieurs grands transformateurs
du Québec. Et puis une des choses qui est ressortie de toutes ces
discussions-là, c'est l'aspect un peu unilatéral, si on veut, de la décision.
C'est comme une annonce que l'entreprise a faite comme ça pour mettre les gens
devant des faits accomplis.
Les pratiques d'affaires entre des
entreprises, vous savez, M. le député de Vimont, là, c'est des choses que... À
un moment donné, il y a une communauté d'intérêts, et puis, à un moment donné,
bien, moi, j'ai un intérêt...
M. Lamontagne : ...un peu
unilatéral, si on veut, de la décision. C'est comme une annonce que l'entreprise
a faite comme ça pour mettre les gens devant des faits accomplis. Les pratiques
d'affaires entre des entreprises, vous savez, M. le député de Vimont, là, c'est
des choses que... À un moment donné, il y a une communauté d'intérêts, et puis,
à un moment donné, bien, moi, j'ai un intérêt puis je suis gagnant à faire
affaire avec toi, puis toi, tu as un intérêt puis tu es gagnant à faire affaire
avec moi, puis ce qui fait que maintenant on a une relation d'affaires qui peut
durer dans le temps, O.K. Et puis ce que Walmart a annoncé, bien, à vue de nez,
si on veut, là, ça vient mettre un peu en question cet aspect-là d'un rapport
gagnant-gagnant. Alors, moi, je me suis entretenu avec mes collègues ministres
de l'Agriculture de toutes les provinces du Canada, je me suis entretenu avec
plusieurs des présidents d'entreprise. Et puis le sens de mon appel avec le
président de Walmart, c'était, un : naturellement, il voulait m'expliquer
un peu tous les dessous des décisions puis qu'est-ce qu'il recherchait par
cette décision-là, mais le point que je lui ai fait valoir, c'est que dans les
pratiques d'affaires qui sont courantes au Québec puis qui sont courantes au Canada,
dans un contexte où on veut avoir des relations gagnant-gagnant entre les
fournisseurs, bien, ce qui avait été fait, c'était très inquiétant, et puis on
lui a demandé, on l'a invité, là, à... un, à revoir leur décision puis
s'assurer qu'ils procèdent de façon à faire en sorte que la collaboration entre
eux et les organisations avec lesquelles ils traitent, là, puisse faire en
sorte que toutes les parties sont gagnantes, là.
• (15 h 40) •
M. Rousselle : Est-ce que vous
avez eu une assurance comme quoi ils étaient pour se raviser ou ils étaient
pour revoir, ou ils ont tout simplement fait une belle rencontre avec vous, je
ne sais pas, téléphonique ou en personne, ou ils sont en train de réfléchir?
Est-ce que vous avez une garantie, là? Est-ce qu'ils vous ont donné une
garantie là-dessus?
M. Lamontagne : Bien, ce que
je vous dirais... Je ne vous ferai pas part de l'entretien que j'ai eu avec M.
Barbeito. Ce que je vous dis, c'est qu'ils ont été certainement très sensibles
à nos représentations, aux arguments qu'on a présentés. Puis en même temps,
comme je vous dis, que ça soit mon collègue Hardeman, de l'Ontario, qui est
ministre de l'Agriculture, il y a des représentations qui sont faites aussi de
la part de mon collègue de l'Ontario, on a des réflexions qui se font au niveau
de tous les ministres de l'Agriculture du Canada, et puis on va voir la suite
des choses, là. Ça, c'est une entreprise privée qui est en relation avec
d'autres entreprises privées. On a exprimé le fait, là, que c'est inquiétant,
ce qui s'est passé, puis que ça peut mettre... en réalité, ça peut mettre à mal
beaucoup toute la chaîne de distribution, si on veut, au Québec puis au Canada.
Alors, le président de Walmart a pris acte de nos inquiétudes, et puis ce qu'il
m'a dit, sans aller dans tout le détail de la conversation, là, c'est qu'il
était très sensible à ce qu'on avait dit puis qu'il allait faire en sorte, là,
de communiquer et d'être en contact avec les fournisseurs. Au Québec, il y a
1 100 fournisseurs chez Walmart, c'est ce que monsieur m'a indiqué, et
puis il me disait que sa relation d'affaires allait très bien avec les gens du
Québec, mais qu'il comprenait que le geste qu'il venait de poser semblait
causer problème. Alors, les gestes à venir, bien, ça leur appartient, mais on a
certainement fait, là, les représentations appropriées, là, pour traduire un
peu le sentiment non seulement de nos entreprises, mais aussi de nous à titre
de gouvernement, là.
M. Rousselle : Mais là, rendu
là, on fait quoi? Parce que c'est bien beau, vous avez parlé, ils ont pris
acte, puis ils vont réfléchir à ça. Mais, pendant ce temps-là, le gouvernement
du Québec, il fait quoi? Parce que, là, vous savez que...
M. Lamontagne : …là, les représentations
appropriées, là, pour traduire un peu le sentiment non seulement de nos entreprises,
mais aussi de nous à titre de gouvernement, là.
M. Rousselle
:
Mais là, rendu là, on fait quoi? Parce que c'est bien beau… vous avez parlé,
ils ont pris acte puis ils vont réfléchir à ça. Mais, pendant ce temps-là, le gouvernement
du Québec, il fait quoi? Parce que, là, vous savez qu'à un moment donné il faut
avoir un plan puis il faut être efficace. Vous parlez toujours à un moment
donné il faut manger Panier bleu, québécois et tout. Mais si on veut vraiment
que les grandes bannières justement puissent amener nos… puissent avoir les
produits québécois, bien, il faut faire la démonstration, mais il faut faire
aussi la revendication mais d'une manière serrée, vous savez.
Vous savez, les transformateurs alimentaires,
ils ont déjà des marges bénéficiaires assez faibles. Donc, imaginez-vous que,
en plus dans leurs marges faibles, en plus il faut qu'ils donnent justement un
prix à Walmart, puis je parle de Walmart mais je parle aussi des autres grandes
bannières parce que, là, j'espère que vous vous avez entretenu avec Walmart,
mais j'espère que vous avez aussi eu des entretiens avec les autres bannières,
les grandes bannières qui ont suivi justement Walmart. Donc, moi, j'attends là-dedans
qu'on fasse quelque chose. Avez-vous fait un plan ou vous attendez juste que,
bien, ils vont vous écouter, là?
M. Lamontagne : Bien, je
vous rappellerai, M. le député de Vimont, que la compagnie Walmart est une
compagnie privée qui est cotée en bourse, ses différents fournisseurs sont
toutes des compagnies privées, puis il s'agit ici de relations entre des
partenaires ou entre des fournisseurs puis des acheteurs qui sont entreprises
privées.
Dans ce cas-ci, le gouvernement, par mon intervention,
a vraiment choisi de manifester à Walmart ses inquiétudes puis leur demander de
revoir sa position, à savoir les gestes futurs que l'entreprise va poser, les
gestes futurs que les fournisseurs vont poser parce que, pour avoir parlé avec
différents fournisseurs, je dois vous dire qu'eux aussi en étant un fournisseur
on a un pouvoir de négociation. C'est certain qui on est un tout petit, c'est
une chose, mais il y a certains fournisseurs qui sont significatifs sur les
1 100 fournisseurs. Alors, il y a certainement un jeu. Il y a eu
vraiment une grogne d'exprimée, là, par le monde de la transformation puis le
monde de la production alimentaire, et puis il y a un acheteur qui a décidé de
certaines pratiques, puis à travers ça, bien, on a signifié qu'il y avait des problématiques
associées à cette décision-là. Alors, tout ça prit ensemble, bien, on va voir
les développements.
Mais, de mon côté, encore ce qu'on a fait,
moi, effectivement, j'ai rencontré puis je me suis entretenu avec les présidents,
là, des grands distributeurs, puis aussi, dans mon entretien avec le président
de Walmart Canada, au-delà de controverse causée par la nouvelle politique d'approvisionnement,
c'est tout l'aspect du suivi puis de la mise en place, là, de produits. Dans mon
cas, c'est les produits alimentaires du Québec, là, au sein des bannières,
quelles sont les politiques qui sont mises en place, quelles sont les
politiques d'approvisionnement pour les marchands. Puis je peux vous dire que
j'ai eu un très bon accueil, puis on a eu des échanges très francs sur la
façon, naturellement, de valoriser encore davantage l'achat québécois au sein
de nos grands distributeurs qui compte pour à peu près, si on enlève la
restauration, là, 99 % de la distribution alimentaire au Québec, là…
M. Lamontagne : ...qui
sont mises en place, quelles sont les politiques d'approvisionnement pour les
marchands. Puis je peux vous dire que j'ai eu un très bon accueil. Puis on a eu
des échanges très francs sur la façon, naturellement, de valoriser encore davantage
l'achat québécois au sein de nos grands distributeurs, qui compte pour à peu
près, si on enlève la restauration, là, 99 % de la distribution
alimentaire au Québec, là.
M. Rousselle
: Je
peux vous dire que je ne suis pas trop rassuré. Vous avez
rencontré — j'ai vu ça sur un de vos tweets — vous avez
rencontré, justement, Aliments du Québec, justement, pour faire la promotion
des produits d'ici. Nos entreprises vont bénéficier de l'engouement des
Québécois. Ça, on le sait, on l'a vu. La COVID a amené ça. Le gouvernement, il
a amené, justement... Le gouvernement a annoncé aussi vouloir assurer une plus
grande autonomie alimentaire pour le futur du Québec, mesure que nous avions
d'ailleurs entamée dans la politique bioalimentaire déposée en 2018.
Pour assurer une meilleure autonomie, là,
il faudrait encore savoir qu'est-ce qu'on mange. Là, vous avez parlé tantôt
qu'il y a un comité. Tout ça se met en branle. Savez-vous que, quand vous allez
au supermarché, peu importe le supermarché, là, vous ne savez même pas quelle
sorte de poulet que vous mangez. Vous ne savez même pas... Les produits de la
mer, vous ne savez même pas la provenance des produits de la mer.
Vous avez visité justement une ferme, la
Ferme maricole Purmer. D'ailleurs, je l'ai visitée moi aussi. Et d'ailleurs, je
suis content de voir que vous voulez même vous engager à être la mascotte.
Donc, je suis bien content de voir ça, mais en dehors d'être la mascotte, c'est
que les gens ils attendent vraiment que... Ils attendent de l'action, ils
attendent justement de l'aide là-dedans. Parce que là, comme je vous dis, on
va... On va acheter, que ça soit sur le poissonnier, que ça soit au marché
d'alimentation, le poulet, il peut provenir de n'importe où dans
le monde. On ne le sait pas. Pourtant on veut que les gens mangent québécois.
Mais j'aimerais bien ça manger québécois au supermarché IGA, Provigo puis peu
importe, là, toutes les bannières, mais ce n'est pas indiqué que c'est du poulet
québécois. Comme la, justement... la ferme Purmer, justement, ils font des
produits, ils aimeraient ça produire encore plus, mais ils doivent vous l'avoir
dit, ils aimeraient ça voir de l'assistance du gouvernement pour pouvoir
produire plus.
Mais encore là les produits
qui se retrouvent, puis un produit de qualité, je suis certain que vous vous en
êtes rendu compte, ces produits-là de qualité qu'on retrouve sur le marché,
bien, premièrement, on ne sait même pas que ça vient du Québec parce que ça peut
être au côté des pétoncles, un exemple, qui vient de la Thaïlande, mais ils
n'ont pas eu la même attention, je vous dirais, au niveau qualité. Donc... Puis
ça, c'est sûr que ce n'est pas la même qualité.
Donc, est-ce que vous avez
pensé? Parce qu'il y a bien beau dire «on va manger québécois», mais, encore
une fois, quand je vais chez le boucher, c'est-u du boeuf qui vient des
États-Unis ou c'est du boeuf qui vient du Québec? Avez-vous un plan là-dedans?
M. Lamontagne :
Bon, écoutez. Bien, il y a beaucoup de... beaucoup de questions, M. le député
de Vimont. Est-ce que vous parlez de la ferme Purmer, Purmer à Sept-Îles?
M. Rousselle
:
Oui.
M. Lamontagne :
Oui? Bien, écoutez, vous avez dû comme moi avoir une expérience extraordinaire.
Ce sont des gens assez extraordinaires. Et puis d'ailleurs, bien, dans les
semaines précédant ma visite, j'ai signé le tout nouveau Programme de soutien à
l'industrie maricole à hauteur de 2,3 millions de dollars, pour permettre...
M. Lamontagne : …est-ce que
vous parlez de la ferme Purmer, Purmer à Sept-Îles? Oui, mais, écoutez, vous
avez dû, comme moi, avoir une expérience extraordinaire, ce sont des gens assez
extraordinaires. Et puis d'ailleurs, bien, dans les semaines précédant ma
visite, j'ai signé le tout nouveau programme de soutien à l'industrie maricole
à hauteur de 3 millions de dollars, pour permettre aux gens de remettre à
niveau, de faire de l'expansion pour leur culture. Et puis ces gens-là, en
particulier, avaient demandé un soutien particulier pour faire de la recherche.
Et puis ça leur prenait un permis spécial du MAPAQ pour être capables d'aller
de l'avant avec leur projet qui allait développer encore davantage leur
entreprise. Alors, quand je suis allé les visiter, je leur ai fait une petite
surprise, je leur ai amené moi-même leur autorisation pour être capables
d'aller de l'avant avec leur projet. Puis ils ont été très, très heureux que je
puisse leur remettre ça de main à main.
Pour ce qui est de l'origine des produits,
vous remarquerez, M. le député, que tous les produits, quand on va en magasin,
on a toujours à quel endroit c'est fabriqué, à quel endroit c'est manufacturé.
On a aussi un intérêt, au Québec, nos producteurs québécois, que ce soit par le
biais d'aliments Québec, ou que ce soit par d'autres biais, mais ont certainement
un intérêt à faire la promotion et à identifier la provenance de leurs
produits. Alors, ce qu'on a à faire vraiment encore davantage, c'est de
permettre à ces gens-là, qu'il y en a encore davantage qui puissent identifier
leurs produits puis d'avoir nos distributeurs aussi qui ont en place des politiques,
des procédures qui vont favoriser l'achat local. Mais, quand on a du homard qui
vient du Québec, vous pouvez être assuré que, dans nos épiceries, dans nos
endroits, on dit que c'est du homard qui vient du Québec. Quand on a de la
crevette qui vient de Matane, en réalité, on sait qu'elle vient de Matane, mais
qu'elle est pêchée sur la Côte-Nord, mais, en même temps, on sait que c'est de
la crevette du Québec.
Alors, au niveau de l'identification des
produits, là, les gens, au Québec, qui produisent, je vous dirais, de façon
générale, à moins qu'ils veulent faire des produits génériques qu'on appelle,
là, ce sont des gens qui ont tout intérêt puis qu'ils le font aussi, qu'ils
identifient où leurs produits sont capturés, où leurs produits sont produits ou
sont manufacturés, là.
• (15 h 50) •
M. Rousselle : Merci, c'est
que vous n'avez pas… en tout cas, si j'ai bien compris, vous allez me dire si
j'ai bien compris, vous n'avez pas de projet pour obliger justement les
bannières ou les supermarchés à identifier leurs produits, la provenance. Mais,
comme je vous dis, que ce soit le poulet ou, quoi que ce soit, je pense, si on
veut que le Québécois veut manger québécois, bien, je pense qu'il faut l'aider
justement là-dedans. C'est bien beau dire : On va travailler pour… on va
lui donner de l'argent pour qu'il soit plus productif, mais oui, mais, si, moi,
je veux vraiment acheter du produit québécois, bien, il faudrait les obliger à
identifier le produit québécois. Et ça, les producteurs de volaille, c'est ça
qu'ils me parlent. Ils me disent : Là, il y a du poulet qui arrive de
n'importe où dans le monde, comme je vous ai dit, une question aussi d'élevage
aussi, ce n'est vraiment pas les mêmes règles que le Québec.
Donc, moi, si je veux vraiment manger du
bon poulet québécois, bien, moi, je veux le savoir, mais là, actuellement, je
ne le sais pas. Puis là vous parlez aussi au niveau des produits de la mer, le
problème, bien, c'est, ils auraient même voulu, eux autres…
M. Rousselle : …comme je vous
ai dit, puis il y a une question aussi d'élevage, aussi, que ce n'est vraiment
pas les mêmes règles que le Québec. Donc, moi, si je veux vraiment manger du
bon poulet québécois, bien moi, je veux le savoir. Mais là, actuellement, je ne
le sais pas.
Puis là, vous parlez aussi au niveau des
produits de la mer, le problème, bien, c'est… ils auraient même voulu, eux
autres, être… ils auraient aimé ça qu'on se penche, justement, sur cet enjeu-là
en commission parlementaire, chose qu'on me dit que ça a été refusé.
Donc, voyez-vous, c'est important,
justement qu'on oblige, justement, les supermarchés. Parce que, là, c'est bien
beau, vous allez dire : Ah! Il y a le Panier bleu, oui, on va faire la
promotion, mais je pense qu'il faudrait que vous vous engagiez peut-être un
petit peu plus au niveau, justement, de dire : Bien, écoute, on va les
identifier, les produits du Québec. Que ça soit poulet, boeuf, peu importe, là,
mais que les gens puissent le savoir, chose qui ne l'est pas actuellement.
Puis là, encore une fois, on va y aller…
bien, on va y aller, on va leur demander s'ils veulent bien… Non, non, ce n'est
pas ça, là, moi, c'est… je parle qu'on… il faudrait, moi, je pense, exiger,
dire : Au Québec, on va identifier notre produit pour qu'on puisse savoir
qu'est-ce qu'on achète. Si on veut vraiment manger Québec, si vous voulez
vraiment faire de la promotion comme vous avez fait, vous avez rencontré
Aliments Québec, bien moi, je pense, c'est un maillon très important si on veut
aller dans ce sens-là.
M. Lamontagne : Bien, d'abord,
je vous dirais, M. le député, la provenance… exemple, on est dans les produits
marins, là. Vous allez acheter d'un endroit, ils vont vous dire : C'est du
saumon qui vient du Pacifique. Ils vont vous dire : C'est des pétoncles
qui viennent de la Thaïlande. Ils vont vous dire que c'est des crevettes qui
viennent de l'Équateur. Ils vont vous dire que c'est du homard qui vient du Québec,
du Nouveau-Brunswick.
Au niveau des produits de la mer, là, la
provenance des produits, on va toujours connaître la provenance des produits.
Où il peut y avoir des problématiques, puis ça, ça a été relevé par les
inspections à l'Agence canadienne d'inspection des aliments, c'est, des fois,
il peut y avoir — puis ça a été documenté — il peut y avoir
certaines fraudes. Les gens vont vous faire passer un poisson d'une telle
catégorie, en provenance de tel endroit, puis en réalité, bien, ce n'est pas
tout à fait ça puis ça ne vient pas tout à fait de cette place-là. Ça, dans ce
cas-là, on parle de fraude alimentaire. Mais l'obligation d'indiquer si les
produits sont du Canada, si les produits sont des États-Unis, la source des
produits, c'est des choses qui sont aujourd'hui dans les obligations au niveau
de l'étiquetage.
L'enjeu du Québec, ça, je vous dirais,
c'est au même titre que si je suis dans une autre province, de faire valoir
qu'en particulier, non seulement c'est un produit du Canada, mais en plus de
ça, c'est un produit qui est du Québec. Bien, dans un premier temps, bien, il y
a le vouloir du producteur, qui décide que lui, il veut encore davantage mettre
en valeur le fait que c'est un produit du Québec, puis après ça, bien,
naturellement, les distributeurs ont un intérêt à chercher à faire la promotion
des produits du Québec parce que les gens vont rechercher ça. Puis après ça,
nous, naturellement, comme gouvernement, bien, on a tout intérêt à être en
accompagnement puis en soutien auprès de différents organismes puis des
entreprises pour s'assurer de la promotion des produits québécois, M. le
député.
M. Rousselle
: Donc, je
vois, on ne veut vraiment pas pousser un petit peu plus que : On va y
aller en espérant qu'ils vont s'afficher. Donc, je trouve ça malheureux.
Je vais vous amener dans une autre…
M. Lamontagne : ...des entreprises
pour s'assurer de la promotion des produits québécois, M. le député.
M. Rousselle
: Donc, je
vois, on ne veut vraiment pas pousser un petit peu plus que... On va y aller en
espérant qu'ils vont s'afficher. Donc, je trouve ça malheureux.
Je vais vous amener dans une autre chose, au
niveau produits viticoles. Au niveau des microdistilleurs, là, on voit justement
qu'il y a un engouement sur les gins. D'ailleurs, pas besoin de vous dire, je
me suis promené cet été sur la Côte-Nord, donc, j'ai pu en voir quelques-uns,
puis d'ailleurs j'en ai goûté quelques-uns, puis ils sont très bons, nos gins québécois.
Mais au niveau du vin, quand on s'en va à la SAQ puis s'en va acheter du vin, il
y a une appellation contrôlée «vin du Québec». Là, j'ai appris que 60 % ou
66 %, en tout cas, je me trompe peut-être d'un pour cent ou deux, mais pas
bien, bien plus, que ces vins-là, la majorité proviennent de l'extérieur, que
ce n'est pas vraiment des vins du Québec. Donc, ces vins-là peuvent provenir de
la France, de l'Italie, peu importe le pays, choisissez le pays que vous
voulez. Mais le moindrement qu'on les modifie un petit peu avec un produit québécois,
que... ça peut être 1 % de vin québécois ou même juste mettre de l'eau à
l'intérieur, ça devient un produit québécois.
Moi, je me plains, puis là j'en ai parlé à
des gens qui produisent le vin vraiment à partir du début, là, ceux qui vont vraiment
faire pousser le raisin, ceux qui vont vraiment le récolter. Puis, au Québec,
vous savez tous qu'ils vivent les intempéries, ils vivent vraiment des gros
problèmes des fois. Eux, ces gens-là, à ce moment-là, ils vivent... ce n'est
pas égal, là. Donc, eux autres, leurs productions leur coûtent vraiment plus
cher, puis, en plus, c'est toujours à risque, tandis que l'autre, qui va comme
embouteiller ici, au Québec, faire des petites modifications, bien, lui, le
danger, il est moins grand parce que son produit, il est déjà arrivé au Québec,
ce n'est pas lui qui a le problème de... Avez-vous pensé à faire quelque chose
là-dessus pour vraiment... Encore une fois, toujours appellation contrôlée,
mais encore toujours québécois si on veut manger québécois, boire québécois? Est-ce
que vous avez pensé à quelque chose là-dedans pour vraiment régulariser la situation?
M. Lamontagne : Bien, M. le
député, non seulement j'ai pensé, mais j'ai agi. Je pense que c'est le 16
novembre 2019, c'est un des premiers gestes que j'ai posés comme ministre de
l'Agriculture, c'est que j'ai signé la première identification géographique
protégée, là, faisons... indication géographique protégée du Québec, qui a
fait... c'est... Les viticulteurs du Québec ont entrepris une démarche, écoutez,
qui a duré peut-être cinq ans. Ils ont monté un cahier de charges qui a visé vraiment
à déterminer les caractéristiques sur le territoire du Québec, les caractéristiques
de température, les caractéristiques au point de vue d'où ils sont situés sur
le territoire, et tout ça. Et puis on a la majorité des viticulteurs québécois
qui se sont inscrits puis aujourd'hui respectent ce cahier de charges là qui
leur donne le droit d'avoir une IGP, qui est l'indication géographique protégée
des vins du Québec.
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre, ceci complète ce bloc d'échange que nous avions, et je dois
maintenant céder la parole avec un bloc d'échange du troisième groupe
d'opposition. M. le député de Bonaventure, la parole est à vous.
M. Roy
: Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour, M. le ministre. Salutations à vos collègues, à votre
personnel...
M. Lamontagne : …cahier
de charges là qui leur donne le droit d'avoir une IGP qui est l'indication
géographique protégée des vins du Québec.
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre, ceci complète l'échange que nous avions, et je dois maintenant céder
la parole avec un bloc d'échange du troisième groupe d'opposition. M. le député
de Bonaventure, la parole est à vous.
M. Roy
: Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour, M. le ministre. Salutations à vos collègues
et à votre personnel. Bonjour, à mes collègues députés. Il y a un vieux
philosophe qui disait : «La culture, c'est prendre soin de son âme et
l'agriculture, prendre soin de sa terre.»
Je ne sais pas si vous vous rappelez, M.
le ministre, on a fait une belle commission parlementaire sur les pesticides
l'an passé, et les événements font en sorte qu'on l'a comme oubliée. Mais la
mémoire est quand même une faculté qui se rappelle, hein? Et on a travaillé
très fort, on a travaillé presque un an là-dessus. On a vu énormément de monde.
On a eu des dépôts de rapports, des présentations. Bref, ça a fait beaucoup les
manchettes dans une autre époque avec d'autres enjeux, et il n'en demeure pas
moins que ça demeure important d'en reparler, et vous me voyez venir, c'est
sûr.
La question ou les questions sont : On
en est où avec le rapport? Et vous savez très bien que nous avons une allergie
aux rapports tablettés. Mais je suis certain que vous avez quand même fait
certaines choses. Et moi et les millions de personnes qui nous
écoutent — j'exagère à peine — aimeraient vous entendre
là-dessus.
Et, bon, c'est sûr que la pandémie est
venue brouiller les cartes un peu, mais, la question, c'est de savoir sur
quelles recommandations votre ministère a travaillé ou les autres ministères.
Qu'est-ce qui se fait en ce moment, et c'est quoi votre échéancier? Parce qu'il
y a quand même des agriculteurs qui s'attendent à avoir des résultats de tout
ça, et on a eu quand même des correspondances avec certains groupes qui veulent
voir où on va. Ça fait que la parole est à vous, M. le ministre.
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Lamontagne : Merci.
Puis je vous salue, M. le député de Bonaventure. Un, première chose, vous dites
que ça a été oublié. Soyez assuré que peut-être ça a été oublié pour vous, mais
ça n'a pas été oublié pour moi. Ça, je peux vous dire ça.
Je veux juste vous rappeler un petit peu.
Chronologiquement, là, moi, je suis rentré en poste en octobre 2018, puis,
en janvier 2018, j'ai rencontré mon équipe de phytoprotection avec la
sous-ministre adjointe qui est ici, qui est en arrière de vous, qui est
Geneviève Masse, pour leur parler justement de toute la question de
l'accompagnement de notre secteur agricole pour diminuer l'utilisation des
pesticides ou encourager des méthodes alternatives, diminuer l'impact des
pesticides que ce soit au niveau de la santé ou de l'environnement. Puis je
leur ai dit… je leur ai comme lancé le chantier, si on veut, là, de me
développer puis de présenter un plan d'agriculture durable. Bon. Ça, c'était au
printemps… en janvier 2019.
• (16 heures) •
Après ça, on a lancé, au mois de mai la
commission d'étude sur les pesticides qui était présidée par le président de la
CAPERN, puis à laquelle vous avez participé. Il y a 76 ou 77 mémoires qui
ont été déposés. Il y a 26 ou 27 participants qui ont été entendus. Alors,
nous, le travail qu'on a fait au ministère, les employés et l'équipe du
ministère…
16 h (version non révisée)
M. Lamontagne : …la commission
d'étude sur les pesticides qui était présidée par le président de la CAPERN
puis… à laquelle vous avez participé. Il y a 76 ou 77 mémoires qui ont été
déposés. Il y a 26 ou 27 participants qui ont été entendus. Alors, nous,
le travail qu'on a fait au ministère, les employés... l'équipe du ministère a
travaillé, à partir du mois de janvier, à rencontrer les gens puis à commencer
à jeter les bases d'un plan d'agriculture durable. Après ça, il y a eu toute la
commission, les experts qu'on a rencontrés. Puis le rapport de la commission, à
mémoire, a été… il a été rendu public, je pense, au mois de novembre. À ce
moment-là, j'ai annoncé… C'est-u novembre, ou c'est au mois de janvier, ou…
M. Roy : Février 2020.
M. Lamontagne : Février,
excusez-moi. Mais, quand ça a été rendu public, à ce moment-là, j'ai annoncé
officiellement que, d'ici la fin de la session parlementaire, qui était le mois
de juin, que j'allais présenter le plan d'agriculture durable du ministère de
l'Agriculture et de notre gouvernement.
Alors, ce que je peux vous dire,
naturellement, effectivement, la pandémie a eu des effets, mais je peux vous
confirmer que le plan est à peu près terminé. Ça a été fait en collaboration
avec un nombre d'experts, ça été fait, naturellement, à la lumière de tous les
témoignages qui ont été entendus dans le cadre la commission puis les travaux
auxquels vous avez été participer… vous avez participé. Ça a été fait en
collaboration étroite aussi avec l'Union des producteurs agricoles, avec le
ministère de l'Environnement. Alors, ce que je peux vous dire, c'est qu'au
cours de l'automne, là, ma collègue de Rouyn-Noranda—Témiscamingue a accouché
au mois de juin, mais moi, je peux vous dire que le MAPAQ, on va accoucher
trois, quatre accouchements, cet automne, de projets sur lesquels on travaille
depuis mon entrée en poste puis qu'on avait bien hâte de présenter.
Puis la pandémie a retardé un peu nos
projets, mais, encore là, là, on va avoir une annonce au niveau de l'achat
institutionnel et puis on va avoir la présentation du plan d'agriculture
durable qui va être ambitieux. Puis d'ailleurs, lors du budget qui a été déposé
le 10 mars par mon collègue Eric Girard, ministre des Finances, il y a
125 millions de dollars, là, qui ont été alloués par le ministre des
Finances, là, pour la mise en oeuvre de ce plan-là. Alors, je peux vous dire
que ces crédits-là tiennent toujours. Et puis, bien, écoutez, je vous invite,
là, cet automne, là, un peu plus tard, là, peut-être au mois d'octobre, à écouter
les nouvelles. Mais vous devriez avoir des bonnes nouvelles, puis je pense que
vous allez être très heureux du travail qu'on a fait, puis vous allez voir
qu'on a très bien entendu puis on a très bien pris acte de la contribution que
vous et votre groupe avez faite.
M. Roy
: Juste de
rectifier un peu le tir, ce n'est pas moi qui oubliais l'enjeu, ce n'était plus
dans l'espace médiatique. Il faut faire attention pour ne pas prêter
d'intention, M. le ministre, hein? Et, quand vous nous dites qu'il y a
125 millions qui a été… bon, qui a été budgété, c'est quand même de
l'argent, et j'aimerais que vous me le confirmiez, qui vient des surplus de
La Financière agricole.
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Lamontagne : Bien, c'est de
l'argent qui vient du gouvernement du Québec.
M. Roy
: Plus
spécifiquement des surplus de La Financière agricole.
M. Lamontagne : Bien, l'an
passé, effectivement, les argents qui vont être alloués au programme... au plan
d'agriculture durable, effectivement, viennent de fonds de La Financière
agricole. Je vous avais expliqué l'an passé que les surplus, quel que soit
l'organisme qui relève du gouvernement…
M. Roy
: ...
M. Lamontagne : Bien,
l'an passé, effectivement, les argents qui vont être alloués au programme... au
Plan d'agriculture durable, effectivement, viennent de fonds de La Financière
agricole. Je vous avais expliqué l'an passé que les surplus, quel que soit
l'organisme qui relève du gouvernement, les surplus, dès le moment où ces
surplus-là sont réalisés, ils sont appropriés même si les gens, on s'en va sur
la rue puis on fait des protestations, ça devient propriété de ministère des
Finances et du fonds consolidé du Québec.
Alors, nous, ce qu'on s'est assurés de
faire, c'est de faire en sorte que les argents au départ qui avaient été
accumulés par La Financière agricole soient retournés, naturellement, au milieu
agricole. Alors, effectivement, il y a 125 millions qui vont être investis
dans ce programme-là, qui sont tirés des surplus accumulés de La Financière
agricole, qui étaient consolidés dans le budget du gouvernement du Québec.
M. Roy
: Juste
pour un peu nous orienter, puis on va terminer sur le rapport sur les
pesticides, bon, on a l'impact des pesticides sur la santé, on a les pratiques
innovantes et compétitivité du secteur... agroalimentaire, on a la traçabilité
des pesticides, prescriptions indépendantes de la recherche. Sur quel picot
considérez-vous que votre ministère a été le plus actif? Sur tout, là, ou...
M. Lamontagne : Bien,
honnêtement, pas mal de picots.
M. Roy
: Pas mal
de picots, oui. Non, mais...
M. Lamontagne : Il y a
toute la question de la recherche, il y a la question de l'éducation, il y a la
question du soutien financier. Après ça, naturellement, on s'entend qu'on a été
interpelés par le rapport, là. Il y avait des enjeux, oui, qui relevaient
directement du ministère de l'Agriculture, mais il y a des enjeux qui
relevaient du ministère de l'Environnement, des enjeux qui allaient relever du
ministère de la Justice, quand on parle de l'Ordre des agronomes, il y a des
enjeux qui relèvent du ministère de la Santé.
Bien, ce que je peux vous dire, là,
c'est : quand on va vous présenter le plan, là, vous allez trouver qu'on a
pris acte de pas mal des petits picots, là, qu'il y avait dans le plan, là. Ça,
je peux vous dire ça.
M. Roy
: Donc, en
résumé, le plan va déboucher sur des actions concrètes terriennes avec un
accompagnement. Actuellement, il n'y a rien qui... Vous êtes à planifier
l'opérationnalisation du rapport et des recommandations que vous... sur
lesquelles vous avez mis l'emphase. Mais, sur le terrain, sur le plancher des
vaches, excusez l'expression, actuellement, il n'y a rien de fait, mais vous
travaillez à planifier des actions concertées entre les différents ministères,
et le plan va être déposé cet automne?
M. Lamontagne : Bien, je
vous dirais, d'abord, au moment où on se parle, il y a énormément de choses qui
sont faites en matière de phytoprotection sur le territoire. Ce qu'on va faire,
c'est que le plan qu'on va déposer va amener une accélération importante d'un
paquet de mesures qu'on va mettre en place, que... bien, je ne veux pas
dévoiler les punchs, là, mais d'un paquet de mesures — ça a passé
proche — d'un paquet de mesures qu'on va mettre en place.
Mais je peux vous dire que, si aujourd'hui
il y a déjà un très bon accompagnement puis soutien pour les producteurs pour
les aider contre les ennemis des cultures puis l'utilisation des produits
qu'ils font, bien, je peux vous dire, que ça soit au niveau de la
phytoprotection, que ça soit au niveau de la santé des sols, que ça soit au
niveau des ressources-conseils, l'accompagnement, la recherche, le plan qu'on
va présenter, là, va être très, très robuste, là, M. le député.
M. Roy
: Vous
créez des attentes.
M. Lamontagne : Cet
automne. Non, non, je peux... Je n'ai pas de misère à créer des attentes, là.
M. Roy
: Vous
créez des attentes...
M. Lamontagne : ...puis
l'utilisation des produits qu'ils font, bien, je peux vous dire que ça soit au
niveau de la phytoprotection, que ça soit au niveau de la santé des sols, que
ça soit au niveau des ressources-conseils, l'accompagnement, la recherche, le plan
qu'on va présenter, là, va être très, très robuste, là, M. le député.
M. Roy
: Vous créez des
attentes.
M. Lamontagne : Cet automne.
Non, non, je n'ai pas de misère à créer des attentes, là.
M. Roy
: Vous créez des
attentes, là.
M. Lamontagne : Ma
sous-ministre est là, puis elle me regarde, puis elle n'est pas nerveuse.
M. Roy
: Elle est où?
O.K. Bon, on va attendre, O.K. Prochain dossier. Oui, il y a une sécheresse. On
l'a vu, on le voit. Bon. Mon collègue en parlait tout à l'heure. Moi, j'ai un
agriculteur qui m'a appelé, puis il m'a expliqué sa situation, puis il m'a même
envoyé une photo de son sol. Est-ce que vous voulez la voir? Non, c'est
correct? Ils ont eu une compensation, effectivement.
Mais là, on a un petit problème, là. Et
là, par la suite, on a fouiné un peu, puis c'est sûr que vous le savez autant
que moi, là, les compensations que ces gens-là ont reçues pour manque de
productivité dans leurs champs, pour le fourrage pour les animaux, etc., ce
n'est pas grand-chose, hein? On parle... Je vais vous donner des exemples, là.
Bon. Bon, le producteur chez nous, il parle de La Financière
va lui couvrir à peu près 5 % de ses pertes. Dans un article que j'ai ici,
on parle de pertes de 50 000 $ avec, bon, 1 100 $ de La Financière. Un autre nous parle de 250 000 $
de pertes avec 17 000 $. Bon.
Là, on a un problème, parce que La Financière, oui, elle a des sous, elle soutient via les
programmes d'assurance. Puis je ne suis pas un expert en assurabilité de la
production, je tiens à le dire. Mais ce que j'entends sur le terrain, c'est que
les gens se demandent comment ils vont faire pour arriver. Et ce que je
comprends dans tout ça, c'est qu'il y a certaines variables, dans l'assurabilité
de la production des récoltes, qui sont problématiques.
Première chose, la franchise. Lorsque vous
disiez tout à l'heure que les producteurs de grains n'ont pas eu de perte, oui,
ils ont eu de l'assurance mais ils ont une franchise de 15 % à 30 %.
Donc, automatiquement, ces gens-là ont des pertes. Si moi, je fais un accident
avec ma voiture à toutes les années, là, bien, je vais m'appauvrir, je vous le
prédis.
Une voix
: ...
M. Roy
: Vous, vous
avez un chauffeur, ce n'est pas pareil, là. Non, mais c'est ça. Ça fait que,
dans le cas de récurrence des désastres environnementaux qui viennent toucher
la production agricole, ces gens-là s'appauvrissent d'année en année parce que
de requérir ou de faire... d'aller chercher La Financière
pour compenser des pertes engendre toujours une perte, chez l'agriculteur, qui
est liée à sa franchise.
Ça fait que là, il y a des agriculteurs
qui nous ont parlé de modernisation du programme pour s'adapter aux changements
climatiques et à leur réalité financière. Et ça, c'est quelque chose, là...
M. Roy
: ...engendre toujours
une perte, chez l'agriculteur, qui est liée à sa franchise. Ça fait que là, il
y a des agriculteurs qui nous ont parlé de modernisation du programme pour
s'adapter aux changements climatiques et à leur réalité financière. Et ça,
c'est quelque chose, là. Vous savez, moi, j'ai des producteurs, ils ne savent
pas, tu sais, qu'est-ce qu'ils vont faire. Les troupeaux, on va-tu s'en
débarrasser? C'est quoi? Et, regardez... Et là, quand ça arrive une année, le
producteur peut l'absorber, mais là on veut... Puis vous allez être d'accord
avec moi, je pense qu'on s'en va vers une récurrence de phénomènes extrêmes,
qui font en sorte que, bon, bien, les gens, ils perdent à toutes les années.
• (16 h 10) •
Deuxièmement de chose, dans la... je vais
prendre le cas de chez nous, là, c'est celui que je connais, on prend les
plateaux de la Matapédia versus le coin de Carleton, Maria, bizarrement, il y a
de la production correcte sur les plateaux, ne me demandez-moi pas pourquoi, là.
Les nuages se sont parqués là pendant un... bien, pour de vrai, là. Et dans le
coin de Carleton, Maria, bien, c'est la sécheresse. Et les stations météo, qui
analysent les précipitations, et tout ça, bien, ne semblent pas amener une
lecture correcte des dommages engendrés chez les producteurs, et ça vient
biaiser l'offre ou le soutien que ces gens-là ont besoin. Ça fait que là, je...
Moi, je vous l'explique comme on me l'a expliqué, là. Mais il reste qu'il y a
un problème, et, bon... Puis là je vais faire une parenthèse. Ce n'est pas les travailleurs
de rangs qui vont régler ça, là, même si c'est essentiel pour soutenir les
gens, les travailleurs agricoles, qui, psychologiquement, vivent toutes sortes
de problématiques.
Mais là je ne sais pas, je pense qu'on est
rendus à un stade où il va falloir réfléchir à une modernisation de La Financière
agricole pour s'adapter aux changements climatiques, revoir la formule des
franchises et de soutenir ces gens-là quand ils vivent des séquences
récurrentes de problématiques de production.
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre, en 20 secondes.
M. Lamontagne : Ah! bien, écoutez,
M. le député de Bonaventure, là, on pourra reprendre ça après, peut-être, là,
mais, un, je suis en ligne tout à fait avec plusieurs de vos observations,
puis, si on peut reprendre ça un petit peu tantôt, j'ai des bonnes explications
à vous donner. Merci.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait, donc, après ça... on reportera au prochain bloc les réponses aux questions
du député de Bonaventure. Sur ce, on va procéder à un prochain bloc d'échange
avec le député de Vimont. La parole est à vous.
M. Rousselle : Merci beaucoup.
Je reviens encore avec le produit viticole. On va continuer cette
conversation-là. Vous avez parlé justement qu'il y a un nouveau protocole que
vous avez signé, puis tout va bien, mais quand on parle aux gens qui produisent
ces produits-là, donc, les vignobles, et tout, du Québec, ils ne sont pas
heureux, heureux, parce que je pense qu'ils demandaient plus loin, puis ils
demandent plus loin parce que... Je reviens toujours aux produits québécois,
pour que ce soit 100 % québécois. Parce que là, dans le protocole, puis vous
devez sûrement vous rappeler qu'est-ce que vous avez signé, c'est que...
M. Rousselle
: ...parle
aux gens qui produisent ces produits-là, donc les vignobles, et tout, du Québec,
ils ne sont pas heureux, heureux, parce que je pense qu'ils demandaient plus
loin puis ils demandent plus loin parce que... je reviens toujours aux produits
québécois, pour que ça soit 100 % québécois.
Parce que, là, dans le protocole, puis
vous devez sûrement vous rappeler qu'est-ce que vous avez signé, c'est que le
moindrement... puis comme je le disais en premier lieu, le moindrement tu
modifies le produit, donc le moindrement tu mets un produit québécois à
l'intérieur, que ce soit un peu de vin ou juste de l'eau, donc moindrement que
tu le modifies, il devient un produit québécois. Et ça, moi, je pense qu'il
faudrait peut-être s'en aller un petit peu plus au niveau Québec si on veut vraiment
avoir du vin... Quand je vais acheter un produit québécois, moi, je veux
vraiment que ça soit un produit des vignes du Québec puis je veux vraiment que
ça soit produit québécois. Mais même le protocole que vous avez fait, là, ça ne
donne pas cette opportunité-là, là.
M. Lamontagne : Bien, écoutez,
je vous invite à revisiter puis à aller lire le cahier des charges de
l'indication géographique protégée pour les vins du Québec, là. C'est à
100 %, toute la chaîne, puis c'est audité par des firmes externes, là,
pour s'assurer que le cahier des charges est bien respecté.
Mais ça, ce n'est pas la totalité des vins
du Québec. Il y a une majorité de viticulteurs qui adhèrent puis qui
participent, puis il y a un coût aussi pour avoir l'indication géographique
protégée «vin du Québec», ces gens-là ont participé à développer le cahier des
charges puis le mettre en place. Alors, on a une majorité de viticulteurs au
Québec qui sont participants, mais on a d'autres viticulteurs, effectivement,
qui ne sont pas participants.
Quand vous dites, là, bien, mettons qu'on
va en transformation alimentaire, on peut avoir des aliments du Québec, on le
sait, là, ça a poussé de la terre, puis c'est la carotte, on la vend, c'est
100 %, ça, on le sait. Mais, en même temps, on peut avoir des aliments
qu'on dit qui sont préparés au Québec, où, encore là, il y a un certain nombre
de réglementations qui fait... qui fait en sorte qu'effectivement ce n'est
peut-être pas un produit qui est à 100 % du Québec. Mais, étant donné
qu'il a beaucoup de valeur ajoutée puis qu'il fait en sorte que, pour le coût
total du produit, il y a une valeur ajoutée supérieure qui vient du Québec que
l'intrant qui peut être pris à l'extérieur, puis là, sur une variété
d'aliments, bien, on va dire que c'est un aliment qui est préparé au Québec.
Tantôt, vous parliez des bons gins québécois. Bien, il y a plusieurs des bons
gins québécois dont probablement que... dont vous vous délectez, bien, que les
ingrédients de base de ces gins-là, là, ce ne sont pas des intrants qui
viennent du Québec, ce sont des intrants qui viennent de l'Ontario ou qui
viennent d'autres endroits au Québec.
Alors, la question de mettre en place des
étiquettes, si on veut, qui assurent 100 % pour les aliments du Québec,
bien... On a, au ministère de l'Agriculture, le Conseil des appellations
réservées et des termes valorisants, le CARTV, dont la mission est
d'accompagner les groupes de production qui veulent avoir soit une
indication... protégée, soit la certification biologique, soit... on a dit, on
a le maïs de Neuville, bientôt, vous allez voir, on va annoncer un nouveau type
de fromage. Bien, ça, c'est 100 %... Il y a un cahier des charges, et puis
le consommateur, quand il achète, il peut être sûr, là, qu'il n'y a pas rien,
rien, rien qui déborde. Par contre, on a plusieurs produits, au Québec,
effectivement, ça peut être...
M. Lamontagne :
...certification biologique, soit... on a dit, on a le maïs de Neuville,
bientôt, vous allez voir, on va annoncer un nouveau type de fromage. Bien, ça,
c'est 100 %... Il y a un cahier des charges, et puis le consommateur,
quand il achète, il peut être sûr, là, qu'il n'y a pas rien, rien, rien qui
déborde. Par contre, on a plusieurs produits, au Québec, effectivement, ça peut
être un assemblage, et tout ça, puis qu'ultimement, la majorité de la
transformation puis du gain économique n'est pas dans l'intrant, mais dans la
transformation. Alors, ça, on va dire que c'est un produit, effectivement, qui
est transformé au Québec.
M. Rousselle
: Je suis
d'accord avec vous concernant les... Je veux dire, les produits, bien souvent,
ils viennent de l'Ontario, ils viennent d'ailleurs. Ça, ça se suit. Mais moi,
je parle du vin. Et c'est le vin, justement, les gens qui sont dans le... les
gens qui sont chez nous, les gens... les producteurs, les vignobles de chez
nous, bien, c'est ça qu'ils demandaient justement, que ça soit... que ce
protocole-là aille plus loin. Ils trouvent ça malheureux, justement, qu'on
n'ait pas été plus loin.
Je regarde aussi dans la question RP1-43. En passant, les vignobles, vous le savez comme moi...
puis je vous donne ça pour que ça soit... pour que vous sachiez où je m'en
vais, là. Écoutez, je regarde justement les vignobles, comme vous le savez
comme moi, ils ont été moins achalandés cette année, hein, à cause de la COVID,
puis donc ils ont... les mesures de la COVID a fait que, justement, ils ont eu
des pertes monétaires assez importantes. Et je regarde au niveau de... le plan
concernant la commercialisation et la mise en valeur des vins québécois, là, je
regarde dans cette page-là, là, à part de voir des... Parce que oui, vous allez
me dire oui, mais moi, j'ai... on a mis de l'argent, là, dans la transformation
alimentaire. Puis là je vois ça, là, tu sais, automatisation du procès
d'embouteillage, et tout. Je vois ça. Mais au niveau du plan commercialisation
et mise en valeur des vins québécois, parce qu'on parle toujours de vouloir
mettre en valeur les produits québécois, il n'y a aucune somme, «nada», rien.
C'est comme... Est-ce qu'on veut faire vraiment la promotion des vins québécois
ou on... On a fait quoi là-dessus, là? On a-tu... On laisse tomber? On... Parce
qu'un moment donné, les babines, il faut qu'ils suivent les bottines. Tu sais,
il faut que ça se suive, ça, là. Puis là, actuellement, je ne vois aucune somme
là-dedans. Donc, ce n'est pas pire. On va faire la promotion des vins
québécois, mais pas une cenne là-dedans. Ça va bien, ça.
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Lamontagne : Bien, d'abord,
écoutez, en tout respect, là, M. le député de Vimont, on n'écoute pas les mêmes
nouvelles puis on ne lit pas les mêmes journaux, que ce soit électronique ou
sur papier, là. Moi, les dernières nouvelles que j'ai eues de la part des
viticulteurs du Québec, là, c'est que tout le monde manque de vin, que les
ventes de vin du Québec ont explosé. Ceux qui passent par la régie... la
Société des alcools du Québec en ont manqué. Il y a des gens qui n'avaient à
peu près pas de commerce en ligne, qui ont mis en place des initiatives de
commerce en ligne. Et puis, encore là, les ventes ont explosé. Puis hier,
j'étais... j'avais une rencontre avec plusieurs producteurs, dont un des
représentants des viticulteurs, et puis le message que j'ai reçu, honnêtement,
M. le député de Vimont, là, ce n'est pas que les gens, ils n'avaient pas vendu
de vin, là, à cause de la COVID puis que ça n'allait pas bien dans le milieu
des viticulteurs, le message que j'ai eu, c'est qu'on veut planter davantage,
on veut agrandit nos superficies, on veut de la...
M. Lamontagne : …dont les
représentants des viticulteurs. Et puis le message que j'ai reçu, honnêtement, M.
le député de Vimont, là, ce n'est pas que les gens, ils n'avaient pas vendu de
vin, là, à cause de la COVID puis que ça n'allait pas bien dans le milieu des
viticulteurs. Le message que j'ai eu, c'est qu'on veut planter davantage, on
veut agrandir nos superficies, on veut la libéralisation encore davantage au
niveau de la réglementation pour le commerce du vin au Québec. Puis je peux
vous dire qu'on est tout à fait alignés avec leurs priorités puis avec leurs
enjeux. Et puis comme d'autres filières, bien, on accompagne, là, la filière
viticole, M. le député, là.
M. Rousselle : Je suis
d'accord qu'on lit les mêmes nouvelles, on lit les mêmes journaux. Mais là,
j'aimerais ça qu'on lise le même cahier de demandes de renseignements
particuliers. Ça, j'aimerais ça qu'on lise le même livre. Là-dedans, là, je
vous le répète, la page 283 — pour vous aider, là — la
page 283, c'est indiqué : «Aucune somme.»
C'est bien beau que, là, vous me dites,
là : Ah! Il y a eu du vin, oui, ils en ont vendu. Ah! C'est beau. Mais là,
là, il faut penser aussi après la COVID, hein? Comprenez-vous, là? Il y a un
après. Il y a un avant, il y a un après, puis si on veut vraiment commercialiser
puis si on veut vraiment faire la promotion des produits québécois, je reviens
toujours avec les produits québécois, il n'y a aucune somme qui apparaît. Donc…
je ne sais pas, là, moi, je lis les mêmes journaux que vous, mais j'aimerais ça
qu'on lise le même cahier de demande de renseignements. Ça, j'aimerais ça.
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Lamontagne : Attendez, là,
je pense que c'est la page de votre cahier, le plan de commercialisation… des
vins québécois, identifier les sommes allouées, d'accord. Mais, écoutez,
j'étais avec le Conseil des vins du Québec, les vignerons l'automne passé,
auquel j'ai fait une annonce importante de soutien. Ma mémoire, habituellement,
est d'un très, très, très bon secours, M. le député, mais, au moment où je vous
parle, je vous avancerais un chiffre, je vais attendre que mes fonctionnaires
me confirment le chiffre. Mais, habituellement, je suis pas pire, mais je vais
attendre, mais je vais vous confirmer tantôt un montant, là, qui a été versé
là, au Conseil des vins dans le cadre d'un soutien qui leur a été accordé, là.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député de Vimont.
• (16 h 20) •
M. Rousselle : Bien, je ne
comprends pas, là, c'est que là on demande… on pose des questions, puis là vous
êtes en train de me dire : Oui, oui, il y a des sommes, mais là, la
question qu'on pose, là, justement, au niveau… concernant le plan de
commercialisation, vous êtes en train de me dire que le plan de
commercialisation et de mise en valeur des vins québécois, il y a de l'argent.
Voulez-vous m'expliquer pourquoi que, dans le livre, là, il n'y a aucune somme?
Moi, là, ça ne marche pas, là, hein? C'est qu'à un moment donné, quand je vous
ai dit : Les babines, il faut qu'ils suivent les bottines, là, il n'y a
rien qui suit, là, ça ne marche pas, là, j'aimerais bien ça, là.
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Lamontagne : Quand on vient
en soutien avec des groupes, honnêtement, des fois, ça peut être pour de la
commercialisation, des fois, ça va être pour du développement sectoriel, des
fois, ça peut être… il y a toutes sortes d'enjeux pour lesquels on peut leur
venir en soutien. Alors, je n'ai pas le souvenir exact de la forme du soutien.
O.K. On me dit… est-ce qu'on a aussi… on me dit que c'est 238 000 $,
O.K., le montant que j'ai annoncé… au Conseil des vins, mais je ne peux pas
vous confirmer, M. le député, là, si c'est dans le cadre du plan de
commercialisation…
M. Lamontagne : ...venir en
soutien. Alors, je n'ai pas le souvenir exact de la forme du soutien. O.K., on
me dit... Est-ce qu'on a aussi le... On me dit que c'est 238 000 $,
O.K., le montant que j'ai annoncé en soutien au Conseil des vins, mais je ne
peux pas vous confirmer, M. le député, là, si c'est dans le cadre du plan de
commercialisation et de mise en valeur des vins québécois qui est identifié
ici, là, parce qu'il y a une multitude de programmes, quand on vient en soutien
à différentes filières. Alors, ce que je vous confirme, c'est qu'on leur a donné
un soutien de 238 000 $. Puis ce que je vais faire, c'est m'assurer
de vous faire suivre c'est dans le cadre de quel programme ou quel type de
soutien qu'on leur a accordé ces 238 000 $ là, M. le député. Alors,
M. le Président, on va faire parvenir à M. le député exactement le libellé, là,
de l'accompagnement, là, de... c'était à quel poste, si on veut, le
238 000 $ de soutien qui a été accordé.
Le Président (M. Lemay) : Bien
sûr. Donc, bien entendu, via le courriel de la commission, et puis, à ce
moment-là, ce sera transmis à l'ensemble des membres. Merci beaucoup.
M. Lamontagne : Oui. C'est ça.
Si je l'ai avant, je pourrai vous le donner maintenant, là, mais sinon je vais
le faire parvenir à M. le député.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. M. le député de Vimont, la parole est à vous.
M. Rousselle
: Bien,
j'aimerais... Merci, M. le Président. J'aimerais ça que le ministre m'envoie
toutes les aides. Parce que, là, vous avez dit qu'il y avait plusieurs
programmes, justement, pour venir en aide, justement, à toutes... concernant
les produits viticoles, concernant les vignobles. Vous avez dit : Bien, il
y a plusieurs programmes qui les aident. Bien, j'aimerais ça,i les avoir tous,
ces montants-là. Parce que, là, jusqu'à date, si je me fie à vos livres, là,
bien beau, vous me donnez 238 000 $, je l'ai noté, mais... En
passant, 238 000 $ sur une commercialisation ou une mise en valeur,
êtes-vous d'accord avec moi que c'est des pinottes dans la balance, là? Mais
j'aimerais ça, parce que, là, vous dites que... comme quoi qu'il y a d'autres
choses qui s'accompagnent avec ça. Bien, j'aimerais ça, les avoir, les autres
montants que vous additionnez au complet, là, pour voir globalement c'est quoi
que vous faites pour la commercialisation au niveau des produits viticoles. Ça,
j'aimerais ça l'avoir, si c'est possible.
M. Lamontagne : ...mentionner,
souvent, la façon que ça fonctionne, M. le député, quand on... vient le temps
de donner du soutien, c'est que, d'abord, les entreprises nous font... nous
présentent un projet, nous font une demande, et puis, après ça, il y a comme un
peu une entente sur le soutien qui est donné, là. Alors, peut-être que, pour
vous, aujourd'hui, quand... vous dites : 238 000 $, c'est des
pinottes, mais je peux vous dire que quand les vignerons nous ont présenté ce
projet-là, nous ont demandé de montant d'argent là puis que je suis allé leur
annoncer que le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
du Québec leur remettait le montant qu'ils avaient demandé, je peux vous dire
qu'ils étaient très, très, très heureux, puis je n'avais pas l'impression, là,
qu'ils me disaient que c'étaient des pinottes, là.
Le Président (M. Lemay) :
Député de Vimont.
M. Rousselle
: Bien,
j'aimerais ça, quand vous... quand on demande des questions ou quoi que ce
soit, j'aimerais ça que vous parliez à vos fonctionnaires, justement. Parce
que, quand on fait les crédits, c'est pour savoir qu'est-ce qui se passe, hein?
Là, actuellement, vous m'annoncez comme quoi que... en tout cas, j'ai
l'impression que vous voulez me dire comme quoi que non, non, non, il y a un
montant quelque part qui vient aider justement les viticoles... les producteurs
viticoles de la région. Donc, j'aimerais ça qu'à un moment donné vous parliez
peut-être... parce que, si on essaie de travailler avec l'information que vous
nous donnez, donc, ça serait le fun qu'on ait l'information correcte. Parce que
là, actuellement...
M. Lamontagne : ...M. le
député, là, c'est... Votre question, c'est : Concernant le plan de
commercialisation et de mise en valeur des vins québécois, identifiez les
sommes allouées. Bien, si c'est le plan de...
M. Rousselle
: ...à un
moment donné, vous parliez peut-être que si on essaie de travailler avec
l'information que vous nous donnez. Donc, ça serait le fun qu'on ait
l'information correcte. Parce que là, actuellement...
M. Lamontagne : ...M. le
député, là, c'est votre question, c'est : Concernant le plan de
commercialisation et de mise en valeur des vins québécois, identifiez les
sommes allouées. Bien, si c'est le plan de commercialisation et de mise en
valeur, il est possible qu'il n'y ait aucune somme qui avait été versée. Il est
possible que le 238 000 $ soit été versé dans un autre contexte, M.
le député, puis c'est exactement cette réponse-là qu'aussitôt que je l'ai je
vais vous la donner si je l'ai au moment où on se parle. Sinon, je vais vous la
transmettre, là, par le courriel de la commission, là.
M. Rousselle
: Parce
que vous comprenez, M. le ministre, que vous avez déjà été à l'opposition, puis
on travaille seulement avec ces cahiers-là, et c'est assez important d'avoir
des chiffres exacts puis savoir un petit peu. Ça fait qu'encore une fois,
voyez-vous... Parce que là, j'ai posé la question, il n'y a aucune somme au
niveau de... concernant le plan de commercialisation et de la mise en valeur
des vins québécois. Mais là, vous me dites : Non, non, mais il y a d'autres
programmes, tout le kit. On aurait aimé ça peut-être, à un moment donné, que ça
aurait été plus clair pour qu'on puisse justement ne pas avoir eu cette
discussion-là ensemble. Parce que là, actuellement, vous me dites des choses,
mais j'attends les écrits, mais je trouve ça... aberrant.
M. Lamontagne : Mais, en même
temps, là, ensemble, là... je veux dire, quand vous me posez cette question-là,
naturellement, il y avait une déception, à savoir, qu'on n'avait donné aucun
sou aux vignerons, bien, au fond de vous-même, vous devez quand même être
content de savoir qu'on leur a donné 238 000 $, là.
M. Rousselle : Bien, écoutez,
c'est sûr que les vignerons, ils sont contents d'avoir 238 000 $,
mais peut-être que, pour fonctionner correctement, peut-être que ça aurait pris
peut-être 500 000 $, comprenez-vous? Donc là, vous dites : Bien,
regarde... Puis, je veux dire, à un moment donné, là, quand tu demandes, bien,
tu sais, tu dis : Bien, O.K., ils m'ont donné ça, bien, je vais le
prendre. Mais peut-être que... Et ça, faites-vous en pas, je vais faire les
vérifications nécessaires, mais 238 000 $, je reste toujours avec mon
idée que c'est des pinottes, parce que je pense que, pour faire vraiment de la
commercialisation puis de la promotion, bien, ça prend vraiment plus que ça.
Vous le savez qu'au niveau de la promotion comment ça peut coûter cher. Donc,
c'est...
Je vais vous amener sur un autre sujet. En
2017, nous avions mis en place un système de suivi sur... et des prescriptions
des pesticides dangereux. Nous aimerions avoir un suivi à jour, à date
d'aujourd'hui, où en est mise la mise à jour la plus récente, le nombre de
prescriptions agronomiques pour chacun des pesticides, donc atrazine... vous
les connaissez tous, là, donc... bilan de progression ou de régression de
l'utilisation des pesticides. Ça, j'aimerais ça avoir ça, là.
Une des recommandations qui nous tenait
très à coeur, c'était... qui n'a pas été retenue par le gouvernement, était
d'inscrire officiellement la maladie de Parkinson au registre des maladies
professionnelles pour les travailleurs agricoles. Le ministre du Travail avait
annoncé qu'il y aurait révision de cette liste-là. Qu'est-ce qu'il en est, de
cette liste? Est-ce qu'il y a eu révision? Parce qu'on est toujours en attente.
M. Lamontagne : Bien, écoutez,
première question, au niveau des quantités et de tout ce qui touche les
prescriptions, c'est quelque chose qui relève du ministère de l'Environnement
du Québec. Le ministère de l'Agriculture, on n'a pas de lien avec toute la
question des étiquettes, la question des autorisations, la question des...
M. Lamontagne : ...des
quantités et de tout ce qui touche les prescriptions, c'est quelque chose qui
relève du ministère de l'Environnement du Québec. Le ministère de l'Agriculture,
on n'a pas de lien avec toute la question des étiquettes, la question des autorisations,
la question des... encore là, des prescriptions et tout ça. Ça, c'est un
registre qui est tenu par le ministère de l'Environnement. Alors, je vous
inviterais à adresser votre réponse au ministère de l'Environnement.
Pour ce qui touche la question de la
maladie de Parkinson, effectivement, vous aviez interrogé le ministre du
Travail, mon collègue, puis qui vous avait donné sa réponse. Alors je vous
invite... Là, ce n'est pas quelque chose qui est sous ma gouverne. Alors, je
vous inviterais, là, dans la commission appropriée à poser la question au
ministre du Travail, là, par rapport aux maladies professionnelles et cette
maladie-là en particulier, là.
M. Rousselle
:
Quand on parle d'agriculteur, c'est sous votre gouverne. On sait bien qu'on
peut dire : Oui, tel... Mon collègue, tel ministre, lui, il s'occupe de
telle chose. Mais est-ce que vous travaillez en équipe chez vous? Parce que
j'espère qu'à un moment donné que vous... C'est à vous de mettre la pression,
justement, pour que ça soit mis, justement, dans... à l'intérieur de cette
liste-là. Donc, c'est à vous à faire le suivi, c'est à vous à vous inquiéter,
justement, pour les agriculteurs.
Quand on parle au niveau des
prescriptions, je veux dire, je pense que si moindrement qu'on est un ministre
qui veut suivre justement la progression puis qu'est-ce qui se passe dans nos
champs, bien, je pense, c'est le ministre de l'Agriculture qui doit savoir
aussi. Je comprends qu'il y a d'autres ministres peut avoir d'autres
responsabilités, mais à un moment donné c'est des responsabilités partagées,
ça. À un moment donné, on ne peut pas dire : C'est l'autre ministre qui
s'en occupe. Moi, je ne m'en occupe pas. Moi, j'en pense qu'à un moment donné
on est aussi responsable de notre ministère, donc responsable des travailleurs
agricoles. Moi, je ne sais pas, mais me semble, est-ce que vous avez eu des
discussions avec vos collègues là-dessus?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Lamontagne : Ce que
j'expliquais tantôt, c'est que le plan de l'agriculture durable qu'on va
déposer a été fait en collaboration avec le ministère de l'Environnement, une
énorme collaboration avec le ministère de l'Environnement. Alors, là, ça, c'est
des informations additionnelles que vous allez avoir. Tout ce qui touche de
répertorier la teneur de pesticides dans nos cours d'eau, les quantités et ces
choses-là, effectivement, ça relève du ministère de l'Environnement. Alors, M.
le député, j'ai effectivement des discussions avec mes collègues, mais ça
relève du ministère de l'Environnement.
Ce que je peux vous dire, puis vous avez
dû lire les mêmes rapports que moi, là, pour l'année 2018, c'est le
dernier rapport, si on veut, là, de l'incidence de risque sur l'environnement
et sur la santé de l'utilisation des pesticides au Québec. On a eu 15 % de
baisse du risque pour l'environnement et puis on a eu 28 % de baisse du
risque pour la santé. Puis je rappelle que cet indice du risque là qu'on
calcule au Québec, je pense qu'on est à peu près la seule juridiction en
Amérique du Nord à calculer un tel indice, là, pour la santé et
l'environnement. Et il y a un suivi qui est fait. Il y a un rapport qui est
publié annuellement. Et puis le dernier rapport fait en sorte qu'il y a eu une
baisse de 15 % pour le risque associé à l'environnement et 28 % pour
les risques associés à la santé.
M. Rousselle
: Ce
comité-là, il a un comité de suivi. Vous en faites partie du comité de suivi?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Lamontagne : De quel
comité vous parlez?
M. Rousselle
:
Bien, au niveau des...
M. Lamontagne : Parce
qu'honnêtement, il doit y avoir une quarantaine de comités auxquels le MAPAQ
participe, là.
• (16 h 30) •
M. Rousselle
:
Oui, je comprends, mais toujours les prescriptions agronomiques, je vous parle
toujours des...
16 h 30 (version non révisée)
M. Lamontagne : …fait en
sorte qu'il y a eu une baisse de 15 % pour le risque associé à
l'environnement et 28 % pour les risques associés à la santé.
M. Rousselle
: Ce
comité-là, il a un comité de suivi. Vous en faites partie du comité de suivi.
M. Lamontagne : De quel
comité vous parlez?
M. Rousselle
:
Bien, au niveau des…
M. Lamontagne : Parce
qu'honnêtement il doit y avoir une quarantaine de comités auxquels le MAPAQ
participe.
M. Rousselle
:
Oui, je comprends. Mais toujours les prescriptions agronomiques, je vous parle
toujours des pesticides.
M. Lamontagne : Mais,
comme je vous dis, la prescription, c'est le ministère de l'Environnement.
Alors, votre question, qu'est-ce que c'est?
M. Rousselle
: Il
n'y a pas un comité de suivi pour ces prescriptions-là. Vous ne faites pas
partie de ce comité-là. Il n'y a pas… ce n'est pas deux ministères au moins
qu'il y a là-dedans.
M. Lamontagne : Bien,
comme je vous dis, on participe à une quarantaine de comités, et puis on va
vous obtenir une réponse, là, dans les secondes, là, si on participe à ce
comité et puis quand ont été les dernières rencontres et tout ça. On va fournir
ça d'ici quelques instants, là.
M. Rousselle
:
Vous ne savez pas si vous participez à ce comité-là.
M. Lamontagne : Ce que je
vous dis, c'est qu'il y a une quarantaine de comités auxquels le ministère
participe. Personnellement, le ministre ne participe pas sur les comités. Il y
a plusieurs des comités auxquels les participants participent, il y a des
obligations de non-divulgation, absolument aucune information qui ne sort de
ces comités-là. Alors là, vous me parlez d'un comité pour la question de
l'application de la loi sur la prescription. C'est ce que vous me dites. Alors,
ce que je fais, je demande à ma fonctionnaire de vérifier l'existence de ce
comité-là selon le libellé, là, que vous avez avancé, et puis, si c'est le cas,
bien, on va vous avoir…
Une voix
: …
M. Lamontagne : Alors,
effectivement, il y a un comité de mise en oeuvre des mesures réglementaires.
Il y a eu six rencontres depuis la création du comité :
septembre 2018, janvier 2019, mai 2019, septembre 2019,
février 2020, avril 2020.
Le Président (M. Lemay) :
Ceci conclut ce bloc d'interventions. Et maintenant je vais céder la parole à la
députée de Marie-Victorin pour son bloc d'échange d'environ trois minutes.
Mme Fournier : Merci, M.
le Président. M. le ministre, vous savez, je suis députée sur la rive sud de
Montréal, dans la Montérégie, une des régions où on trouve les meilleures
terres agricoles du Québec, et ça fait notre fierté.
Je dois vous dire que suis extrêmement
inquiète, en fait, du projet qui est discuté dans la région de
Saint-Jean-sur-Richelieu où la MRC et la ville souhaitent dézoner un territoire
agricole de près 200 hectares. En fait, c'est la troisième fois qu'ils
arrivent avec un projet où il n'y a pas du tout d'acceptabilité sociale, et on
peut comprendre. Les gens là-bas sont préoccupés. On veut préserver nos terres
agricoles pour les générations futures.
Et on sait également que la Commission de
la protection du territoire agricole a refusé cette demande déjà une fois. Et
ensuite ils sont allés devant le Tribunal administratif du Québec, ça a été
refusé à nouveau. Et là ils vous demandent, à vous comme ministre de
l'Agriculture, de faire passer un décret au Conseil des ministres donc pour
accepter le projet. Puis j'ai trouvé que vos réponses dans les médias étaient
plutôt floues.
Donc, j'aimerais vous donner l'occasion de
vous reprendre aujourd'hui pour fermer la porte définitivement, là, à
l'adoption d'un tel décret au Conseil des ministres, parce que je ne vois pas à
quoi ça servirait d'avoir une commission de protection du territoire agricole
si on peut, par la bande, faire adopter…
Mme Fournier
: ...le
projet, puis j'ai trouvé que vos réponses dans les médias étaient plutôt
floues. Donc, j'aimerais vous donner l'occasion de vous reprendre aujourd'hui
pour fermer la porte définitivement, là, à l'adoption d'un tel décret au
Conseil des ministres, parce que je ne vois pas à quoi ça servirait d'avoir une
commission de protection du territoire agricole si on peut, par la bande, faire
adopter ce genre de chose au Conseil des ministres.
M. Lamontagne : Bien, écoutez,
Mme la députée, non seulement mes commentaires étaient flous, mais ils étaient
inexistants, parce que je vous dirais que le nombre de demandes qui sont faites
à chaque semaine ou à chaque mois par différentes instances, entreprises,
municipalités, MRC au Québec pour que le gouvernement procède par décret pour
dézoner des terrains pour permettre ces activités... je veux dire, c'est tout à
fait courant. Alors, pour avoir une réponse que vous allez pouvoir partager
dans le dossier dont vous me parlez, les gens sont libres de faire les demandes
qu'ils veulent au gouvernement, il n'est pas dans les intentions du
gouvernement de procéder avec un décret pour permettre la réalisation de ce
projet-là. Alors, vous pouvez diffuser cette réponse-là, là, c'est tout à fait
la réponse du gouvernement.
Mme Fournier
: Parfait.
Alors, j'en suis très rassurée puis je suis certaine qu'il y a beaucoup de gens
dans la région qui vont l'être tout autant. Donc, merci pour ça.
Puis, dans le même sens, enfin, on
entendait, notamment dans ce dossier-là, beaucoup l'UPA Montérégie, mais on
sait qu'il y a d'autres acteurs comme l'Alliance Ariane, notamment, qui
réclament depuis tellement longtemps une politique d'aménagement du territoire.
Je me demandais si vous pouviez vous engager en ce sens-là d'ici la fin de
votre mandat.
M. Lamontagne : Bien, écoutez,
l'aménagement du territoire, c'est large, il y a toute la question qui relève
beaucoup du ministère des Affaires municipales aussi. La loi sur l'urbanisme,
la loi sur l'aménagement... sur les activités agricoles, protection du
territoire agricole, c'est un ensemble, si on veut, de composantes. Pour
l'instant, le ministère des Affaires municipales, je sais qu'il est à réviser
la loi sur l'urbanisme. Chez nous, naturellement, on n'est pas dans une situation
où on cherche à faire quelque changement à la loi sur la protection du
territoire agricole dans un temps... dans un sens de vouloir la moderniser, on
est plutôt dans un mode où on donne des moyens additionnels à la Commission de
protection du territoire agricole, là, pour remplir son rôle de la meilleure
façon possible. Alors, non, il n'est pas prévu, d'ici la fin du mandat, là,
qu'on procède à cette...
Le Président (M. Lemay) : Ceci
complète ce bloc d'échange, et je vais maintenant céder la parole à
l'opposition officielle. Le député de Marquette, la parole est à vous.
M. Ciccone :
Merci, M. le Président. Bonjour à tous. M. le ministre, l'année passée, vous
étiez surpris quand je vous ai posé des questions sur l'agriculture. Je n'ai pas
compris encore pourquoi, mais je vais réessayer encore aujourd'hui de vous
convaincre que l'agriculture m'intéresse, notamment un dossier particulier qui
me touche beaucoup, qui me touche beaucoup, la santé mentale, qui touche toutes
les sphères de la société, et les agriculteurs, je veux dire, ils ne peuvent
pas en échapper. Pourquoi? Parce qu'on vit dans un domaine où il y a beaucoup
d'impondérables. Quand je parle d'impondérables, je parle bien sûr des
conditions météo — le député de Bonaventure en parlait un peu plus
tôt — je parle aussi de maladies...
M. Ciccone :
...ils ne peuvent pas en échapper. Pourquoi? Parce qu'on vit dans un domaine où
il y a beaucoup d'impondérables. Quand je parle d'impondérables, je parle bien
sûr des conditions météo, le député de Bonaventure en parlait un peu plus tôt,
je parle aussi de maladies animales. On ne sait pas ce qui peut arriver à
chaque année. C'est comme lancer... C'est comme aller au casino puis lancer un
coup de dés. On met ça sur le rouge cette année puis on espère que la petite
boule, elle va arriver sur le rouge pour qu'on puisse récolter vraiment ce
qu'on a semé, ce qu'on a investi.
Il y a un agriculteur qui a dit ceci, puis
je vais le citer, là : «C'est comme un gars qui travaille dans une usine
qui fait 8 000 morceaux à l'heure. Et si ça ne marche pas, on en fera
8 000 différents demain. Nous autres, on a 35 à 40 chances dans
nos vies. On ne peut pas manquer un cycle.» Moi, ça me... Ça me touche beaucoup
parce qu'on voit, juste avec ça, là, la pression, la pression immense et énorme
que ces hommes et ces femmes-là ont au quotidien, à chaque saison. Je ne vous
apprends rien quand je vous dis qu'un agriculteur sur 10 a eu des pensées
suicidaires. Ça, je suis persuadé que vous le savez et votre équipe le sait.
Les agriculteurs qui passent à l'acte est deux fois plus élevé que la
population en général. Ça également, vous le savez. Je sais que vous avez mis
des sommes, et on va y revenir un peu plus tôt.
Ma question. Je sais qu'il y a plusieurs
programmes au Québec. Je sais que vous investissez des sommes à l'UPA,
justement, pour contrer, aider ces agriculteurs-là et agricultrices.
Comparativement à l'année passée ou l'année précédente, combien d'interventions
l'UPA a dû faire cette année ou dans l'année, là, des crédits, sur, justement,
pour venir en aide mentalement, au niveau de la détresse mentale chez nos
agriculteurs et leur famille?
M. Lamontagne : Bien, un,
je vous remercie de soulever cette question, M. le député de Marquette, parce
que vous n'êtes pas sans savoir, depuis mon entrée en fonction, bien, ça
remonte avant d'être ministre de l'Agriculture, mais depuis mon entrée en
fonction à titre de ministre de l'Agriculture, j'ai une sensibilité extrême
vis-à-vis cette réalité-là, la réalité, vous l'avez dit, la réadaptation des
agriculteurs qui font que... Écoutez, une partie importante dans ton travail,
là, d'abord, c'est la météo, hein? Après ça, on a les maladies. Après ça, on a
une charge de travail qui est hors de l'ordinaire. Après ça, on a le fait que,
bien, écoutez, normalement, ils ne prennent pas beaucoup de vacances. Après ça,
on a toute la pression financière.
Puis, si on avait un de ces facteurs-là
qui se mettaient à mal aller, bien, on peut comprendre que ça peut nous
bouleverser, nous virer à l'envers puis nous causer des difficultés. Si on deux
de ces facteurs-là, bien, ça devient un peu plus compliqué, là. Mais quand on a
une multitude de facteurs qui simultanément se manifestent, puis sur des
périodes qui sont prolongées, ça amène des cas de détresse qui sont importants.
Puis une chose...
M. Lamontagne : ...mettait à
mal aller, bien, on peut comprendre que ça peut nous bouleverser, nous virer à
l'envers puis nous causer des difficultés. Si on a deux de ces facteurs-là,
bien, ça devient un peu plus compliqué, là. Mais quand on a une multitude de
facteurs qui simultanément se manifestent, puis sur des périodes qui sont
prolongées, ça amène des cas de détresse qui sont... importante.
Puis une chose que je me suis appliqué à
faire à partir du début, ça a été de discuter avec l'ancienne ministre de la
Santé de l'importance de reconnaître que les agriculteurs vivent une situation
qui est particulière. Parce qu'autant les gouvernements précédents... Je veux
dire, la santé mentale, c'est quelque chose que... tout gouvernement veut venir
en aide à ses citoyens, ses citoyennes au niveau de les accompagner puis de les
aider au niveau de la santé mentale.
On a, depuis notre entrée en fonction, mis
des sommes très importantes, additionnelles, pour venir aider encore davantage
la santé mentale. Mais le volet de dire, à un moment donné, qu'on veut
reconnaître une clientèle particulière qui est celle des agriculteurs pour
dire : Écoutez, oui, il y a du soutien qui est là, qui est en place, mais
pour les agriculteurs, ça prendrait quelque chose de particulier.
• (16 h 40) •
On a un organisme, au Québec, qui
s'appelle Au Coeur des familles agricoles, qui existe... écoutez, je vais vous
dire 15 ans, mais ça peut être 14, 13, mais leur modèle a évolué. Puis cet organisme-là
inventé un peu le concept... on appelle ça de travailleur de rang. Parce qu'une
des particularités des travailleurs, travailleuses agricoles, c'est leur
isolement, hein? Des fois, ils sont dans leurs rangs, puis, écoutez, des fois,
ils peuvent être un petit bout de temps sans sortir du rang, là, puis ils vont
vivre des difficultés, il n'y a personne qui est courant, ils ne sont pas en
contact avec beaucoup de personnes, alors là les choses peuvent s'accumuler.
Alors, l'idée des travailleurs de rang, c'est d'avoir des gens de première
ligne qui justement vont en réponse puis vont à la rencontre des
travailleurs... des travailleurs agricoles, des exploitants agricoles, pour
venir les accompagner, puis c'est des gens qui ont des qualifications en
relation d'aide, ultimement, après ça, les rediriger vers des ressources aussi
du ministère de la Santé.
Ceci étant dit, l'objectif d'Au Coeur des
familles agricoles, naturellement, c'est d'être capable de couvrir le Québec,
pour qu'on ait des travailleurs de rang dans toutes les régions du Québec. S'il
y a des régions qui ont besoin de deux travailleurs de rang, c'est d'avoir deux
travailleurs de rang. Mais cet organisme-là a déjà des financements qui
viennent un peu du gouvernement, mais qui viennent aussi de différents
organismes liés au monde agricole. Il y a aussi des journées de financement, si
on veut, un tournoi de golf, des événements et tout ça. Mais moi, ils sont
venus me voir à l'automne 2018, puis ils ont dit : Écoutez, M. le
ministre, là, pour nous, pour nous aider vraiment à pérenniser puis mettre en
place comme il faut notre accompagnement de travailleurs de rang sur le
territoire, là, ça nous prendrait un petit peu plus que 400 000 $.
Puis l'an passé, ce qu'on a fait...
M. Lemay : On va retourner la
parole au député de Marquette.
M. Ciccone :
Non, c'est intéressant, je vais le laisser continuer.
Le Président (M. Lemay) : Pas
de problème.
M. Ciccone :Parce que c'est un organisme que justement j'ai... Mais je veux
juste préciser, parce que, là, vous parlez du 400 000 $ puis est-ce
que... ... Parce que j'ai vu que vous aviez fait deux dons, là, un au mois de
décembre, en 2019, et cette année, au mois de juillet, de 400 000 $.
Parce que justement, en raison de la COVID... j'imagine que la COVID a causé...
fait en sorte que vous avez rajouté un 400 000 $. Ou vous avez donné
ce...
M. Ciccone :
...400 000 $, puis est-ce que le... parce que j'ai vu que vous aviez
fait deux dons, là, un au mois de décembre, en 2019, et cette année, en... au
mois de juillet, de 400 000 $. Parce que justement, en raison de la
COVID, j'imagine que la COVID a causé... fait en sorte que vous avez rajouté un
400 000 $ ou... vous avez donné ce 400 000 $ là à
l'organisme en question? Parce que ce que je voyais, moi, sur le site,
justement, c'était un don minime, là, du ministère.
M. Lamontagne : Non, bien, en
réalité, comment ça s'est passé, honnêtement, c'est que moi, j'ai sensibilisé
ma collègue, l'an passé, à la demande... agricole, et puis à un moment donné,
on est arrivés, puis la demande cheminait, mais de faire reconnaître
l'organisme, de dire : Bon, écoute, pour les agriculteurs, ça prend une
contribution particulière. Bien, à un moment donné, elle m'est arrivée, elle a
dit : Écoute, j'aurais 300 000 $ à leur donner, mais je peux
m'engager à chercher à le pérenniser, mais je ne peux pas dire à l'organisme,
aujourd'hui, que je vais pérenniser le montant qu'il nous demande, hein? Puis,
il faut que dise, il nous demandait 400 quelques mille dollars.
Ça fait que, l'an passé, on leur a annoncé
300 000 $ pour l'année en cours, puis là l'annonce qu'on a fait
récemment, c'est la pérennisation, si on veut, pas de 300 000 $, mais
de 400 000 $, qui est le montant que l'organisme avant demandé au
gouvernement, pour lui permettre de déployer, à terme, 13 travailleurs de rang.
Puis naturellement, comme je vous dis, là, ce n'est pas la seule source de
financement pour l'organisme, là. Il y a un ensemble... ou c'est un mixte
aussi, si on veut, de financement. Mais le montant qui a été accordé, là, à
quelques milliers de dollars près, là, c'est le montant qui avait été demandé
par l'organisme, là, pour mettre en place ces travailleurs de rang.
Puis juste pour vous rajouter...
M. Ciccone :
En terminant, oui.
M. Lamontagne : Bien, c'est...
Il y a la notion de travailleur de rang puis, quand vous parliez de l'UPA, je
veux... pour des... Tu sais, il y a aussi le concept de sentinelle qui a été
développé. Sentinelles, ça, il y en a, je pense que c'est 800 au Québec, puis
c'est l'UPA qui est en arrière de ça. En réalité, les sentinelles, c'est vous
et moi, on est des fournisseurs dans les rangs, puis je suis quelqu'un en fertilisation,
je suis un vétérinaire, puis j'ai à faire à l'occasion avec un travailleur
agricole, bien, je reçois une formation puis une sensibilisation pour quand je
vais le voir, ça fait peut-être trois semaines qu'il n'a pas vu quelqu'un, moi,
je suis un fournisseur, j'ai un lien commercial... de business avec lui, si je
m'aperçois, là, qu'il démontre des symptômes, tout de suite, c'est je rapporte
ça aux instances puis, à ce moment-là, au coeur de la ferme agricole peut
intervenir. C'est ça le rôle si on veut... la différence des rôles.
M. Ciccone :
Mais sentinelle, c'est une façon de faire extraordinaire. On le fait avec les
aînés également. C'est extraordinaire.
Alors, on a compris un peu comment vous
avez départagé, justement, le 300 000 $ au mois de décembre, le
400 000 $ cette année. J'ai une question : Comment vous l'avez
divisé? Puis est-ce qu'il y a une certaine reddition de comptes quand même à
savoir l'argent, O.K., on sait que ça s'en va pour la santé mentale pour aider
nos agriculteurs et agricultrices? Mais est-ce qu'on est capables d'avoir des
chiffres à savoir est-ce que notre 400 000 $ ou je vais prendre le
700 000 $ dans la dernière année, là, a... comment ce
700 000 $ a aidé les gens? Et c'est important d'avoir une reddition
de comptes et d'avoir des statistiques parce que c'est important pour vous de
savoir aussi, avec votre équipe, de dire : Bien là, il nous en faut
peut-être un peu plus pour l'année prochaine. Puis comment est-ce qu'on
comptabilise ça?
M. Lamontagne : Bien, je vous
dirais, première des choses, ça aurait été intéressant que vous soyez à
l'annonce que j'ai faite à Rimouski justement pour l'octroi qu'ils avaient
demandé, là, pour pérenniser leur soutien.
M. Ciccone :
Vous auriez pu m'inviter, on aurait pu aller à la pêche après, je ne sais
pas...
M. Ciccone :
…de savoir aussi, avec votre équipe, de dire : Bien là, il nous en faut peut-être
un peu plus pour l'année prochaine, puis comment est-ce qu'on comptabilise ça.
M. Lamontagne : Bien, je vous
dirais, première des choses, ça aurait été intéressant que vous soyez à
l'annonce que j'ai faite à Rimouski justement pour l'octroi qu'ils avaient
demandé, là, pour pérenniser leur soutien.
M. Ciccone :
Vous auriez pu m'inviter, on aurait pu aller à la pêche après, je ne sais pas.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Lamontagne : Mais lors de
la présentation, la présidente du conseil d'administration, avec le directeur
général, ont fait justement le bilan des interventions puis de l'impact de
l'action… agricole puis en termes… le nombre de personnes, les appels, et tout
ça, le suivi au fil des années puis dans la dernière année. Et puis, comme je
vous disais, les montants qu'on a accordés, ultimement, c'est de faire en sorte
qu'on va aller jusqu'à 13 travailleurs agricoles. Aujourd'hui, je pense,
ils sont rendus à neuf. Puis les montants qu'on a accordés vont permettre
d'amener ça à 13 travailleurs agricoles. Mais, honnêtement, c'est un
organisme qui n'est pas lié au gouvernement, c'est un organisme, un OBNL qui
est indépendant.
Alors, je vous invite soit à les contacter
ou à consulter leur rapport annuel, tout ça, vous allez avoir toutes les
informations que vous recherchez, là.
M. Ciccone :
Est-il possible maintenant… je sais que vous faites des annonces puis je sais
que, politiquement, faire des annonces, une fois de temps en temps, c'est
formidable. Y a-t-il un organisme… un programme spécifique où… vous parlez
tantôt de pérenniser le montant, est-ce qu'on peut le faire? Est-ce qu'il y a
un organisme… Est-ce qu'on le fait déjà avec l'UPA, à chaque année, pour,
justement, la santé mentale, où il peut y avoir un pourcentage… l'élever à
chaque année? Est-ce qu'il y a un programme spécifique de ce genre, ou style
mutuelle, où on peut s'assurer de prendre soin de tous les agriculteurs? Il y a
42 membres chez l'UPA, mais il y en a d'autres aussi. Est-ce qu'on peut
protéger tout le monde sans nécessairement faire une annonce une fois de temps
en temps mais développer un programme en ce sens, dire : Regarde, à chaque
année, ça, ça va aller pour la santé mentale.
M. Lamontagne : Bien, je vous
dirais, à ma connaissance, puis là vous me prenez… parce qu'en réalité c'est le
ministère de la Santé, là, qui est… moi, j'ai fait cette annonce-là au nom de
la ministre de la Santé ou du…
M. Ciccone :
…vous parlez au ministre de la Santé.
M. Lamontagne : Mais, ce que
je peux vous dire, à ma connaissance, l'UPA a un intérêt, puis naturellement il
y a une table aussi à laquelle siègent plusieurs intervenants… et auxquelles
participe Au Coeur des familles agricoles qui a un souci au niveau de la santé
mentale. Mais, à ma connaissance, là, puis on pourra me corriger, là, je ne
pense pas qu'il y a un lien entre le ministère de la Santé puis l'UPA au niveau
de donner un soutien direct, là, aux agriculteurs. Puis d'ailleurs c'est le
président aussi de l'UPA ou les représentants de l'UPA qui nous faisaient part
qu'à un moment donné il ne peut pas… l'UPA ne peut pas devenir une spécialiste,
là, dans les domaines. Alors, à ma connaissance, il n'y a pas d'entente comme
ça.
M. Ciccone :
O.K. Vous savez que les travailleurs de la terre, c'est du monde... des durs de
durs. Vous savez qu'à chaque jour on ne prend pas de vacances. On l'a dit. On
sait qu'un agriculteur, je ne veux pas sortir de pourcentage, mais la grande
majorité ne partira jamais, ne laissera jamais son étable…
M. Ciccone :
...que les travailleurs de la terre, c'est du monde... des durs de durs. Vous
savez qu'à chaque jour... On ne prend pas de vacances. On l'a dit.
On sait qu'un agriculteur, je ne veux pas
sortir de pourcentage, mais la grande majorité ne partira jamais, ne laissera jamais
son étable, sa terre pour aller consulter un psychologue pendant une heure ou
une heure et demie. Ma question... Puis Philippe Roy, justement, une citation,
Philippe Roy, professeur à l'École de travail social de l'Université de
Sherbrooke dit : «L'isolement, c'est l'oxygène dont peut se nourrir la
détresse».
Ma question, M. le ministre. Si les agriculteurs
ne quittent pas pour laisser leurs terres parce qu'ils ont besoin d'être là. Il
y a de la difficulté avec la pénurie de main-d'oeuvre également. Les familles,
les jeunes, souvent, on le voit, là, ne veulent pas prendre la business de leur
père, ne veulent pas travailler la terre. Comment on fait pour aller
chercher... Vous avez parlé de sentinelles tantôt. Comment on fait pour aller
chercher ces agriculteurs-là, faire une intervention avant que ces
agriculteurs-là passent à l'acte?
M. Lamontagne : Bien, écoutez,
c'est une très, très bonne question. Puis là je ne suis pas un spécialiste de
la santé, on s'entend là-dessus, je suis ministre de l'Agriculture, là.
Mais que ce soit un agriculteur ou que ce
soit quelqu'un dans la société, ça peut être quelqu'un ici qui est présent dans
la salle qui éprouve de la détresse psychologique, comment on fait pour
prévenir ça? C'est certain que plus on a d'informations... Si on a quelqu'un qui
est isolé, qui est en... qui ne communique pas avec personne, je ne parle pas
nécessairement d'un agriculteur, mais il y a des gens qui ont des styles de vie
un peu ermite, puis qui se détériorent psychologiquement, puis qu'il n'y a
personne qui sont en contact avec eux, ils ne parlent pas à personne, ça va
être très difficile de chercher à travailler en amont pour les aider.
Alors, d'abord, il y a une ligne, il y a
un soutien, là, téléphonique, qui est accessible, là, sept jours par semaine,
là, pour tout le monde agricole, qui... encore là, qui pivote autour... au
coeur des familles agricoles pour faire en sorte... puis il y a toutes sortes
de publicités, il y a toutes sortes d'approches dans les milieux agricoles pour
informer les gens.
• (16 h 50) •
En même temps, on fait la même chose...
Comme l'an passé, quand j'étais devant les gens de l'UPA, j'ai dit :
Écoutez... Puis je parlais de santé mentale, puis il y avait 800 personnes dans
la salle. J'ai dit : Si vous avez quelqu'un que vous connaissez ou que
vous voyez, un collègue, puis tout ça, puis vous pensez qu'il y a des
difficultés, parlez-lui, sonnez une cloche d'alarme. C'est tout le principe,
c'est ça, de la communication, si on veut, là.
M. Ciccone :
C'est important de... Moi, j'ai toujours l'attitude, peut-être... c'est
peut-être mon passé, d'où je viens, mon autre carrière, où on ne laisse jamais
quelqu'un de notre gang tomber, puis j'ai comme l'impression, M. le ministre,
que les agriculteurs, c'est des gens de votre gang, puis je m'attends à ce que
vous faisiez tout en votre possible.
Puis, justement, la question que je vous
ai posée aujourd'hui, j'espère qu'à un moment donné, pendant une réunion ou...
avec le ministère de la Santé ou vos collègues, vous allez peut-être juste
poser cette question-là, puis il y a peut-être question qui va arriver avec une
idée.
Je comprends, je vois que la santé mentale
vous tient à coeur. Honnêtement, là, je sais que, dans vos réponses puis dans
votre langage corporel, que ça vous touche énormément. Ma question...
M. Ciccone :
...vous allez peut-être juste poser cette question-là, puis il y a peut-être quelqu'un
qui va arriver avec une idée. Je comprends, je vois que la santé mentale vous
tient à coeur. Honnêtement, là, je sais que, dans vos réponses puis dans votre
langage corporel, que ça vous touche énormément.
Ma question suivante... Mon collègue de
Nelligan a déposé un projet de loi, le projet de loi n° 597, puis je vais
vous le lire en partie : «Ce projet de loi vise à améliorer le soutien
offert aux entrepreneurs et aux agriculteurs en matière de santé mentale. Pour
ce faire, le projet de loi modifie la Loi sur Investissement Québec afin
notamment de faire en sorte qu'Investissement Québec offre, dans chacun de ses
bureaux, des services d'orientation et les ressources disponibles en matière de
santé mentale. En outre, le projet de loi prévoit la constitution d'un comité
consultatif chargé de donner des avis au ministre de l'Économie et de
l'Innovation et au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation sur les mesures de soutien à offrir aux entrepreneurs et aux
agriculteurs pour favoriser leur santé mentale. Il prévoit également la
création de tels comités pour chaque région administrative du Québec, lesquels
doivent étudier les besoins des entrepreneurs et des agriculteurs en matière de
santé mentale pour ces régions.» Le premier ministre dit toujours qu'il veut
travailler en amont, ce projet de loi là y fait référence.
«Par ailleurs, le projet de loi institue
les fonds visant à favoriser le bien-être des agriculteurs et le fonds visant à
favoriser le bien-être des entrepreneurs, lesquels sont affectés au financement
de la mise en oeuvre et de la gestion des mesures et programmes visant à favoriser
le bien-être des agriculteurs et des entrepreneurs respectivement. Il prévoit
également que ces fonds peuvent servir à accorder une aide financière à une
personne ou un organisme qui favorise le développement des services d'aide en
matière de santé mentale à l'entrepreneur et aux agriculteurs.
Enfin, le projet de loi modifie la loi sur
le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation afin que ces
missions comprennent le fait de veiller à ce que les agriculteurs obtiennent un
soutien adéquat en matière de santé mentale. Il modifie aussi la Loi sur le
ministère de l'Économie et de l'Innovation afin qu'il ait également pour
mission de mettre en oeuvre des mesures visant le bien-être physique et
psychologique des entrepreneurs.»
Ma question est bien simple, M. le
ministre, allez-vous aller voir votre leader pour appeler ce projet de loi dans
la prochaine session?
M. Lamontagne : Bien, je vous
dirais d'abord, pour en venir encore avec nos agriculteurs, là, j'ai annoncé
récemment, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, une contribution importante pour la
création d'une coopérative de remplacement pour les exploitants agricoles.
C'est une initiative de l'UPA du Saguenay—Lac-Saint-Jean, vous pourrez en
prendre note, qui vise à... pour couvrir tout le secteur.
Saguenay—Lac-Saint-Jean fait en sorte d'avoir des gens qui ont un intérêt, qui
ont une connaissance, qui sont des mentors, des anciens agriculteurs, qui
visent à faire en sorte que si quelqu'un a besoin d'une pause, qui est un
exploitant agricole, bien, d'avoir un exploitant agricole... ça peut être aussi
un exploitant agricole que, lui, bien, coudon, il est bien organisé sur sa
terre puis il est capable de prendre du temps puis d'aller aider un collègue.
Alors, ça, c'est une première, un peu,
qu'on instaure au Québec, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, pour les exploitants
agricoles. Alors...
M. Lamontagne : ...qui est
un exploitant agricole, mais d'avoir un exploitant agricole... ça peut être
aussi un exploitant agricole que lui, bien, coudon, il est bien organisé sur sa
terre puis il est capable de prendre du temps puis d'aller aider un collègue.
Alors, ça, c'est une première, un peu, qu'on instaure au Québec, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
pour les exploitants agricoles. Alors, c'est une mesure qu'on a supportée.
Une autre chose aussi, c'est qu'Au coeur
des familles agricoles ont une maison de repos. Alors, dans un contexte où,
oui, il peut y avoir une opportunité pour un agriculteur de se faire «soigner»,
entre guillemets, ou de prendre un peu de distance par rapport à sa situation,
bien, Au coeur des familles agricoles a une maison de repos où ils vont
accueillir, puis il y a du soutien psychologique puis des services qui sont
offerts. Alors, c'étaient des points additionnels que je voulais mentionner.
En fonction du projet de loi, bien, on
était, je pense, en Chambre quand le projet de loi a été déposé. J'ai souligné
mon appréciation de l'intérêt de votre collègue de Nelligan pour la question de
la santé des agriculteurs, ça me touchait particulièrement. Au niveau des
entrepreneurs, bien, étant un entrepreneur moi-même, écoutez, je comprends
qu'on a aussi des réalités. On s'entend qu'il y a des centaines et des
centaines de milliers d'entrepreneurs au Québec.
Mais, ceci étant dit, à l'unanimité, là,
l'Assemblée a reçu le projet de loi. À savoir quel traitement législatif va lui
être accordé, honnêtement, ce n'est pas quelque chose qui est dans mes mains,
mais je peux m'informer, là, à mon collègue, là.
M. Ciccone :
Très apprécié. Merci beaucoup, M. le ministre.
M. Lamontagne : Merci.
Le Président (M. Lemay) :
Alors, sur ce, je cède maintenant la parole au deuxième groupe d'opposition, Mme
la députée de Mercier, la parole est à vous.
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Moi, je voudrais poser une question au ministre par rapport à une inquiétude
que j'espère que...
M. Lamontagne : Ça, c'est
moi, ça.
Mme Ghazal : Oui, parce
que je... M. le ministre, mais je m'adresse au président. Par rapport à une inquiétude
que j'espère qu'il partage avec moi, celle de la perte d'expertise au MAPAQ.
Nous, ce qu'on a comme son de cloche sur le terrain, c'est qu'il y a eu des
agronomes qui auraient perdu leur emploi pendant la COVID, des agronomes du
MAPAQ. Est-ce que le ministre peut confirmer cette information-là?
M. Lamontagne : Écoutez,
un, première des choses, il faut que je vous dise, là, Mme la députée, moi, je
suis en poste au MAPAQ depuis octobre 2018. Et puis, bien honnêtement, avant
d'être ministre, là, les relations que j'ai pu avoir avec les fonctionnaires,
ça a été, bien, quand j'allais au bureau d'assurance automobile, que... des
choses comme ça. Et puis je n'avais pas beaucoup de moyens de vérifier la
compétence et l'expertise des gens.
Mais je peux vous dire qu'après avoir été
en poste, là, depuis à peu près 21 mois, je peux vous dire que, si on parle
d'expertise et de compétence au ministère, je pense qu'il n'y a pas un ministère
qui a autant d'expertise et de compétence.
D'ailleurs, d'ailleurs, si on prend le
niveau d'éducation, de scolarité, là, de tous les employés dans la fonction
publique, je pense, c'est le ministère de l'Agriculture qui a le niveau de
scolarité le plus élevé, Mme la députée. Ceci...
Mme Ghazal : ...à ma question.
Puis je le sais que le ministre le sait. Je parle d'avoir moins d'agronomes
compétents. Ils sont 100 % compétents cette expertise est là. Mais est-ce
qu'il y a eu une perte dans le sens de moins de personnes, des gens qui ont été
licenciées pendant la COVID au ministère? Moi, c'est ce que j'ai entendu.
Puis pourquoi je parle de cette
inquiétude? Parce qu'on le sait, là, je n'ai pas besoin de répéter toute
l'histoire puis de tourner le fer dans la plaie, quand il y a une perte
d'expertise, dans le sens que... Pas que les personnes qui sont là ne sont pas
experts. Eux autres sont excellents...
Mme Ghazal : ...mais est-ce
qu'il y a eu une perte dans le sens de moins de personnes, des gens qui ont été
licenciés pendant la COVID au ministère? Moi, c'est ce que j'ai entendu. Puis
pourquoi je parle de cette inquiétude? Parce qu'on le sait, là, je n'ai pas
besoin de répéter toute l'histoire puis de tourner le fer dans la plaie, quand
il y a une perte d'expertise, dans le sens que... pas que les personnes qui
sont là ne sont pas experts, eux autres sont excellents, c'est que ces gens-là
ne travaillent plus, bien, on devient beaucoup plus... c'est-à-dire, tout le
lobby des pesticides va prendre de la place. On le sait. Je suis certaine que
le ministre a vu ce qui arrivé par rapport abeilles, aux millions d'abeilles
qui sont mortes. Et ça, c'était cet été, et une des raisons, c'est à cause des
pesticides, l'épandage des pesticides, etc. Donc, c'est très, très important
d'avoir des agronomes et que l'étude soit faite par le ministère et non pas par
le lobby des pesticides.
Et si on regarde, par exemple, les
chiffres, je n'ai pas... Moi, je veux savoir maintenant, pendant la COVID, s'il
y a eu cette perte. Parce qu'on a les chiffres sur une plus longue période. Par
exemple, 2010 à 2019, il y a eu moins de... 32 % d'agronomes de moins au
MAPAQ. De 1995 à 2019, c'est 49, près de 50 % de moins. Donc, moi, je veux
savoir si, dans la dernière année, et plus particulièrement pendant le
confinement et la crise de la COVID, s'il y a eu des licenciements. Donc, c'est
encore moins... de moins en moins d'experts. Et si le cas, juste que le
ministre le confirme, parce que mon autre question, c'est comment faire pour
inverser cette tendance de perte d'expertise dans le sens que je... que le
ministre comprend maintenant.
M. Lamontagne : Écoutez,
d'abord, je vais vous rassurer, là, pour qu'il y ait des congédiements, là, je
ne suis pas au courant de tous les mouvements de personnel au ministère, mais
je peux vous dire que pour qu'il y ait des employés qui sont congédiés, là, ça
prend des causes graves, là. Puis, à ma connaissance, mais ce n'est pas le ministre
qui embauche ou qui congédie des employés, à ma connaissance, là, il n'y a pas
de congédiement. Il n'y a pas de congédiement. Ce que je peux vous dire, c'est
que le nombre d'agronomes, dans un premier temps, est en hausse depuis quelques
années au ministère. Mais je vous dirais, le défi qu'on a... Bien, écoutez, on
avait 145 agronomes en 2018, on en avait 166 en 2019, 170 en 2020.
Mme Ghazal : Est-ce que c'est
possible de déposer de déposer ces...
M. Lamontagne : Oui, oui, oui,
tout à fait.
Mme Ghazal : Sans me les lire maintenant
parce que j'ai d'autres questions. Peut-être les déposer puis on va regarder
ça.
• (17 heures) •
M. Lamontagne : Non, non, tout
à fait. Mais pour poursuivre, je vais vous dire, le défi qu'on a, ce n'est pas
au niveau du nombre d'agronomes qu'on a au ministère. Je vous dirais, c'est
qu'au fil des années, il y a eu de plus en plus de mesures d'accompagnement des
producteurs et tout ça, toutes sortes de programmes qui ont été mis en place.
Et puis, comme dans d'autres ministères, il y a eu des gels d'effectifs ou il y
a pu avoir des baisses d'effectifs qui font en sorte qu'à moment donné, on a
des gens qui ont certaines qualifications, une certaine professassions, puis à
moment donné, on leur dit : Bien, peux-tu prendre 20 % de ton temps
pour faire quelque chose qui n'est pas vraiment ce pourquoi, là, que tu as été
formé. Puis, à moment donné, on dit : Bien, ce n'est pas 20, c'est 30,
c'est 40, c'est 50 %. Alors, moi, quand je suis arrivée en poste puis il a
été question de faire notre Plan d'agriculture durable, bien, j'ai
demandé : Qu'est-ce qui en est, qu'est-ce qui se passe avec nos agronomes?
Puis je suis sur le terrain, puis souvent, je me suis fait dire par des agronomes
eux-mêmes, parce que j'ai visité jusqu'à date peut-être 12 ou 13 bureaux
régionaux du MAPAQ à grandeur du Québec, bien, c'est des...
17 h (version non révisée)
M. Lamontagne : …puis, à un
moment donné, on dit : Bien, ce n'est pas 20 %, c'est 30 %,
c'est 40 %, c'est 50 %. Alors, moi, quand je suis arrivé en poste,
puis il était question de faire notre plan d'agriculture durable, bien, j'ai
demandé : Qu'est-ce qui en est? Qu'est-ce qui se passe avec nos agronomes?
Puis je suis sur le terrain puis, souvent, je me suis fait dire par des
agronomes eux-mêmes parce que j'ai visité jusqu'à date peut-être 12 ou
13 bureaux régionaux du MAPAQ à la grandeur du Québec. Bien, c'est des
gens qu'ultimement ils sont rendus qu'ils passent une partie très, très
importante à gérer des programmes puis, pendant ce temps-là, bien, ils ne sont
pas en accompagnement sur le terrain des agriculteurs. Alors, ce que je peux
vous dire…
Mme Ghazal : Vous allez
embaucher plus, c'est ce que…
M. Lamontagne : Dans un
premier temps, ce qu'on va faire, O.K., il y a des effectifs additionnels…
gouvernement, puis si vous suivez les nouvelles un petit peu…
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre, je vais devoir vous interrompre… et simplement que je prends note
que vous allez déposer la liste, tel que demandé par la députée de Mercier. Mme
la députée de Mercier, allez-y, vous aviez une autre question.
Mme Ghazal : C'est ça, parce
que moi, j'ai peu de temps, hein? Je ne suis pas comme l'opposition officielle,
donc c'est ça, je veux que vous terminiez, mais juste me dire : Oui, nous
en manquerons, nous en voulons de plus pour qu'ils puissent ne pas faire des
programmes mais s'occuper vraiment toute… mettre toute leur expertise à profit
pour le ministère. Moi, ce que j'aimerais, c'est que le ministre me dise c'est
quoi ses objectifs pour, par exemple, la prochaine année, les prochaines
années, d'embauches supplémentaires d'agronomes pour inverser cette tendance.
M. Lamontagne : Moi, ce que je
vous dis, c'est qu'au ministère on a un nombre important d'agronomes. La
difficulté que j'ai observée, c'est qu'il y a beaucoup de ces gens-là qui
n'oeuvraient pas, la majorité du temps, à être des agronomes. Bien, quand on va
déposer notre plan d'agriculture durable, dans quelques semaines ou peut-être
au mois d'octobre, vous allez voir qu'il y a une action significative qu'on
fait et qu'on va poser qui va faire en sorte que, je pense, ça va venir vous
faire plaisir, Mme la députée.
Mme Ghazal : Donc, le
ministre… vous allez… le ministre va déposer des pourcentages d'augmentation
d'agronomes, etc. On va avoir plus de données. Encore une fois, je n'aurai pas
de primeur aujourd'hui.
Donc, j'ai une question par rapport à la
réforme du mode de financement. On le sait, la grande majorité des programmes
environnementaux, celui, qui est le plus… si on veut, le programme fort en
matière agricole, c'est l'ASRA, donc le Programme d'assurance stabilisation des
revenus. La grande majorité s'en va pour les grandes industries versus les
petits agriculteurs. Rien que, par exemple, pour l'année 2018‑2019,
l'industrie porcine a empoché plus de la moitié du programme, c'est énorme,
donc… alors que les agriculteurs plus petits, bien, eux autres, ils ont des
peanuts, si j'ose dire.
Puis on parle beaucoup de relance
économique, et tout ça, et le ministère de l'Agriculture a un rôle à jouer
là-dedans. Est-ce que le ministre a l'intention de faire une réforme globale du
financement agricole et de réviser aussi les règles de l'ASRA pour que tous les
producteurs agricoles, qu'ils soient gros ou petits, puissent avoir un revenu
décent?
M. Lamontagne : Bien, écoutez…
Le Président (M. Lemay) : En
vous rappelant que, si vous voulez céder la parole à quelqu'un qui était
présent dans cette salle…
Mme Ghazal : Non, non, je veux
que lui réponde.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. Allez-y, M. le ministre.
M. Lamontagne : Bien, écoutez,
le point que vous soulevez, là, ce que je voudrais corriger, c'est que
l'assurance soutien aux revenus agricoles, c'est un programme qui couvre un
certain nombre de productions, mais il y a plusieurs productions, depuis un
certain nombre d'années, qui se sont retirées de ce programme-là parce que…
suite au dépôt du rapport Pronovost. Une des recommandations du rapport
Pronovost, c'était de réformer le soutien aux agriculteurs puis... pour faire
en sorte qu'on vient les aider en fonction de leurs…
M. Lamontagne : ...c'est un programme
qui couvre un certain nombre de productions, mais il y a plusieurs productions,
depuis un certain nombre d'années, qui sont retirées de ce programme-là.
Parce que, suite au dépôt du rapport
Pronovost... Une des recommandations du rapport Pronovost, c'était de réformer
le soutien aux agriculteurs puis... pour faire en sorte qu'on vient les aider en
fonction de leurs ventes nettes actualisées. Alors, faire en sorte que, peu
importe si tes revenus sont de tant, le soutien que l'état va te donner, c'est
de tant. Alors, non seulement ça a été mis en place... Ça s'appelle le système
Agri O.K.? Et non seulement ça a été mis en place puis c'est aussi bénéfique
qui fait en sorte qu'il y a des entreprises qui ont quitté les productions.
Mais en utilisant les systèmes Agri, ce que ça permet de faire, c'est de venir
moduler le niveau de soutien qu'on donne.
Exemple, une entreprise... plus les
entreprises sont petites, plus le niveau de soutien de l'État est élevé. Si
l'entreprise, en plus de ça, fait du biologique, on vient bonifier encore. De
sorte qu'une petite entreprise, mettons, qui fait 50 000 $ de
revenus, bien, pourrait avoir, mettons, jusqu'à 10 % ou neuf point
quelques pour cent, là. Mettons, elle fait du biologique, c'est une petite
entreprise, peut avoir à peu près jusqu'à 9 % ou 10 % de soutien de
revenus. Par contre, une grande entreprise, mettons, entre 50 000 $
et 100 000 $, bien, là, on va être à 8 %. Une entreprise entre
100 000 $ et 200 000 $... Mais, finalement, quand tu
deviens une plus grande entreprise, la contribution est marginale
comparativement aux plus petites entreprises.
Alors, la réforme dont vous me parlez, il
y a une grosse partie qui a été faite ça fait déjà plusieurs années. Ça
s'appelle les programmes Agri qui sont basés sur le revenu net des entreprises
qui étaient... Ces travaux-là de réforme ont été mis en place suite à la
recommandation du rapport Pronovost.
Mme Ghazal : Et donc ce que
vous dites, c'est que la situation actuelle avec cette réforme-là est
satisfaisante, et les producteurs agricoles plus petits, eux autres, ne
souffrent pas de la situation parce qu'ils sont plus petits. Donc, il n'y aura
pas de réforme si je comprends bien? Elle est correcte, la façon que ça
fonctionne. Même si, en 2018‑2019, une grosse industrie porcine a eu la moitié
du pactole, vous dites qu'il y a un autre programme que, lui, permet cette
équité-là? Il y a une équité en ce moment.
M. Lamontagne : C'est comme je
vous dis, il y a un ensemble de programmes, là, O.K.? L'ASRA, c'est un
programme. Mais il y a...
Mme Ghazal : Je comprends.
M. Lamontagne : Oui?
Excusez-moi.
Le Président (M. Lemay) : Mme
la députée de Mercier, allez-y.
Mme Ghazal : Oui, merci. En
fait, ce que je veux savoir, c'est que le ministre dit qu'en ce moment tous les
programmes, là, je vous parle de l'ASRA, mais l'Agri, puis tous font en sorte
qu'il y a une équité entre les petits et les grands producteurs agricoles.
C'est ce que le ministre me dit. Il y en une, en ce moment, équité
M. Lamontagne : Ce que je vous
dis d'abord, si vous me connaissiez un petit peu plus, là, moi, je suis le
genre de personne, c'est comment on peut tout le temps faire mieux, hein? Puis
une des préoccupations que j'ai, c'est justement... puis c'est le soutien à...
Plus les entreprises sont fragiles, plus les entreprises sont petites, est-ce
qu'on est adéquat dans la façon de les soutenir? Ça fait que je suis toujours
en train de mettre au défi que ça soit les gens de La Financière agricole
ou l'équipe ministérielle qui est responsable de ce volet-là. Mais ce que je
peux vous dire, c'est qu'aujourd'hui il y a effectivement en place... Ce n'est
pas en dollars constants au sens où...
M. Lamontagne : ...adéquat dans
la façon de les soutenir. Ça fait que je suis toujours en train de mettre au
défi... que ce soit les gens de La Financière agricole ou l'équipe ministérielle
qui est responsable de ce volet-là, mais ce que je peux vous dire, c'est
qu'aujourd'hui, il y a effectivement en place... ce n'est pas en dollars
constants, au sens où une entreprise qui a des millions de dollars de chiffre
d'affaires puis une entreprise qui a 20 000 $ de chiffre d'affaires,
on ne parle pas des mêmes équilibres. Mais en pourcentage puis en pourcentage
de soutien, il a effectivement été mis en place, dépendamment de la grosseur
des entreprises, des entreprises biologiques, s'ils ont des cultures
particulières. Il y a un ensemble de soutien qui fait en sorte qu'ultimement,
on arrive puis on a un soutien très appréciable pour les petites entreprises.
Mme Ghazal : Bien, justement,
le ministre parle d'Agri-Québec. L'UPA propose de bonifier ce programme-là en y
ajoutant deux volets — je suis sûr que le ministre a pu regarder
ça — l'un pour couvrir les besoins des petites entreprises et l'autre
pour les grandes qui sont situées dans les régions périphériques. Mais ce que
j'entends du ministre, c'est comme il a répondu avant, moi, je voulais savoir
ce qu'il pense de cette proposition-là, mais ce que je comprends, c'est qu'il
n'y aura pas de changement. Cette variation-là existe déjà.
M. Lamontagne : Ce que je vous
dis, c'est qu'aujourd'hui, il y a des programmes qui remplissent bien les
fonctions, les recommandations qui avaient été faites de mettre en place des
programmes qui seraient plus flexibles, puis les petites entreprises ont été
mises en place. Par contre, ce que je vous dis, c'est que moi, je suis très
sensible à la réalité de toutes les entreprises puis je suis toujours en train
de demander aux gens, dire : Comment on peut faire mieux? Que ça soit pour
nos façons de soutenir les grands, les petits, les moyens...
Mme Ghazal : Donc, la
proposition de l'UPA d'améliorer encore plus, le ministre dit oui.
M. Lamontagne : Bien, il y a
plusieurs propositions de l'UPA, je vais vous dire, d'améliorer encore plus,
mais...
Mme Ghazal : O.K. J'aurais une
dernière... vu que j'ai juste quelques questions puis je m'occupe de
l'environnement et c'est important. Est-ce que... Il y a aussi l'aspect équité
fiscale, mais il y a aussi l'aspect protection de l'environnement. C'est
important que, ce que fait le gouvernement d'une main ne soit pas annulé par
l'autre. Donc, c'est important que le ministère ne donne pas des subventions ou
de l'argent pour une pratique qui est polluante pour l'environnement.
Il y a eu une étude, mais moi, c'est une
vieille étude que j'aie où le ministère de l'Environnement disait que 62 %
des subventions versées en agriculture ont un effet néfaste sur
l'environnement. Est-ce que le ministre est au courant de ça? Est-ce qu'il y a
une étude plus récente qui donne un chiffre pour dire : Ah! ce qu'on
finance, bien, c'est des activités polluantes versus les activités qui le sont
moins?
M. Lamontagne : Les études
dont vous référez, c'est des études du ministère de l'Environnement, là. Je
n'en ai pas personnellement, mais ce que je peux vous dire, c'est qu'on a un
souci qui va être encore manifesté dans le plan de la culture d'érable que je
vais présenter incessamment. On a certainement un souci de viser à réduire,
d'une façon importante puis accélérée, l'impact environnemental de nos
pratiques agricoles. Puis alors...
Mme Ghazal : Tout le monde a
ce souci-là, mais concrètement...
M. Lamontagne : Bien,
concrètement, il y a un ensemble de mesures qui sont mises en place puis qui
vont être mises en place pour encourager justement ça.
Mme Ghazal : Ça va être
important que le ministère de l'Agriculture et de l'Environnement aussi se
parlent pour...
M. Lamontagne : Bien, on se
parle déjà pas pire.
Mme Ghazal : C'est ça, exact.
Très bien. Bien, je suis contente d'entendre ça parce que même si eux... ils
ont peut-être une étude plus récente, bien, ce serait important que le ministre
de l'Agriculture sache c'est quoi. Parce que moi, ce que j'ai, c'est
62 % — c'est énorme — de ce que votre ministère verse
en subventions va à des activités agricoles qui ont un effet néfaste sur
l'environnement...
Mme Ghazal : ...de
l'Environnement aussi se parlent pour...
M. Lamontagne : Bien, on se
parle déjà pas pire.
Mme Ghazal : C'est ça. Exact. Très
bien. Bien, je suis contente d'entendre ça, parce que, même si... Eux, ils ont peut-être
une étude plus récente, bien, ce serait important que le ministre de
l'Agriculture sache c'est quoi. Parce que moi, ce que j'ai, c'est 62 % — c'est
énorme — de ce que votre ministère verse en subventions va à des
activités agricoles qui ont un effet néfaste sur l'environnement. Donc, peut-être
qu'il y a une étude récente qui dit que la situation est pire ou moins, je ne
l'ai pas, ou peut-être qu'on est dans le néant, on ne le sait pas. C'est important
aussi, dans la réforme des programmes, qu'on parle de l'équité, mais aussi...
entre les petits et le grand, mais aussi de l'impact sur l'environnement.
M. Lamontagne : Parfait
Le Président (M. Lemay) : Mme
la députée de Mercier, ceci complète votre bloc d'échange, et je dois maintenant
céder la parole à l'opposition officielle. Le député de Vimont, la parole est à
vous.
• (17 h 10) •
M. Rousselle
: Merci, M.
le Président. Je sais que mes collègues ont parlé de la pénurie de
main-d'oeuvre, mais je reviens à la charge. La pénurie de main-d'oeuvre, ça a
été... Comme vous le savez, la difficulté de nos agriculteurs, c'était de
recruter justement un nombre suffisant de travailleurs pour combler les
besoins, évidemment, grandissants, vous le savez. Donc, avant même la pandémie
que nous connaissons cette année, nous avions déjà un manque évident de main-d'oeuvre.
Ça, ça existe depuis quelques années. Donc, on le savait qu'il manquait déjà,
avant de partir, avant la COVID, qu'il était pour manquer de la main-d'oeuvre.
Donc, comme vous le savez, la main-d'oeuvre
est grandement comblée par des pics de demande pendant la saison estivale par
des travailleurs étrangers qui viennent travailler aux champs. La crise a créé d'ailleurs
un déficit de ce côté-là cette année, en plus des coûts supplémentaires
associés à l'hébergement, bien souvent. Là, on parle d'hébergement au niveau
COVID, donc il fallait prendre des mesures spéciales. Puis, bien, c'est sûr que
ça a amené des pertes financières assez importantes aux producteurs agricoles,
et pas seulement le fait de relancer la couverture des besoins par les travailleurs
temporaires, mais aussi réduire le nombre de travailleurs temporaires qui ont
pu venir travailler chez nos agriculteurs. D'ailleurs, plusieurs agriculteurs
ont dû jeter des quantités importantes de légumes par manque de main-d'oeuvre
en temps opportun.
Lors des échanges avec ma collègue que
vous avez eus, de Maurice-Richard, sur la pénurie de
main-d'oeuvre, en commission à distance, la première expérience qu'on a vécue à
distance, vous sembliez dire que... vous avez tenté d'être rassurant en disant
que les travailleurs étrangers allaient arriver, puis ce, en nombre suffisant.
Il nous disait aussi... donc, vous disiez aussi, en même temps, que... mise en
place sur un plan québécois... que les Québécois allaient travailler dans les
champs. Malheureusement, on l'a tous vu, même, on a fait un appel, mais le
nombre de personnes ayant participé à ce programme n'était pas suffisant.
Donc, pour les producteurs maraîchers, principalement,
ce sont des pertes évidentes. C'est dommage, parce que nous avions prévenu le ministre,
et peut-être que des besoins ne seraient pas comblés. mais maintenant on voit
les effets. On comprend bien que les travailleurs sont venus au compte-gouttes,
on le sait, on est conscient, ce n'est pas notre faute, mais des pertes comme
nous avons eues parce qu'il manquait du monde, soyons honnêtes, c'est
inacceptable. Est-ce que vous avez prévu quelque chose, un programme, parce que
là ces gens-là qui attendaient des gens d'ailleurs, des travailleurs, ils ont
dû... ils ont des pertes énormes, certains ont des pertes même vraiment
énormes, et puis...
M. Rousselle : …mais des
pertes comme nous avons eues, parce qu'il manquait du monde, soyons honnêtes,
c'est inacceptable. Est-ce que vous avez prévu quelque chose, un programme…
parce que là ces gens-là qui attendaient des gens d'ailleurs, des travailleurs,
ils ont des pertes énormes, certains ont des pertes, même vraiment énormes, et
puis ça, c'est des pertes monétaires. Est-ce que vous avez pensé à quelque
chose pour vraiment combler ces pertes-là? Parce que c'est bien beau, eux
autres, ils ont eu des dépenses supplémentaires. Quand ils ont reçu justement
les travailleurs étrangers, ils ont dû les héberger ailleurs. Il a fallu
attendre la période de confinement, il a fallu… il y a bien des choses qui sont
arrivées.
Et puis, même au niveau de l'habitation,
il a fallu qu'ils prennent des procédures COVID-19, que je pourrais dire. Donc,
est-ce que vous avez quelque chose en tête? Est-ce que vous avez préparé quelque
chose pour venir en aide à ces agriculteurs-là?
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Lamontagne : Écoutez, M. le
député de Vimont, vos questions sont… il y a du stock. Bon. Écoutez, d'abord,
la question des travailleurs étrangers temporaires, là, tout de suite, là, que
ce soit le Québec, l'Ontario, Colombie-Britannique, la plupart des juridictions
occidentales, pour l'agriculture primaire, la question de l'utilisation de
travailleurs étrangers temporaires, c'est quelque chose qu'on ne peut pas ne
pas lier avec la pérennité de l'agriculture. Alors, de penser, demain matin,
que les 12 000… 11 000 ou 12 000 travailleurs étrangers
temporaires qu'on a besoin l'été, bien qu'on pourrait, comme par magie, avoir
12 000 Québécois qui iraient remplacer les travailleurs puis offrir la
même prestation de travail, je pourrais vous conter toutes sortes d'histoires,
M. le député.
Puis, encore hier, j'étais en discussion
justement avec les producteurs maraîchers puis ils étaient, eux-mêmes, à
m'expliquer que c'était complètement utopique de penser aujourd'hui, dans les
contextes qu'on a, de faire en sorte qu'on se passe des travailleurs étrangers
temporaires. Alors, première des choses, ça, c'est une réalité qui est là. Deuxième
des choses, bien, vous avez parlé de compte-goutte, là, c'est certain que,
quand on était au mois de mars, puis on pensait qu'il en viendrait zéro, bien,
ultimement, on s'entend, là, ça a été un été difficile avec plein de défis pour
tout le monde puis, entre autres, les producteurs maraîchers, ça, on s'entend
là-dessus. Mais au moment où on se parle au Québec, il y a 85 % des travailleurs
qui étaient attendus, qui sont sur le territoire.
Puis, si on se compare avec les autres
provinces, il n'y a pas une province, au Canada, qui a obtenu cette
performance-là, qui a eu un taux aussi élevé de travailleurs étrangers qui se
sont présentés, travailleurs étrangers qui étaient attendus puis qui se sont
effectivement présentés. Ça ne vient pas faire en sorte que les gens n'ont pas
eu de difficulté, mais je fais juste… il faut quand même… tu sais, la pandémie,
là, ça a frappé le monde en entier, on a mis l'économie à zéro, les frontières
étaient fermées, ça s'annonçait pour être totalement catastrophique. Ça a été
difficile, mais, en bout de ligne, ça n'a pas été catastrophique. Puis,
dans le cas de nos maraîchers, une chose qui a pu aider, il y a des gens qui
ont choisi de cultiver des moins grandes superficies, il y a des gens qui ont
choisi de cultiver d'autres sortes de production qui avaient moins besoin de
main-d'oeuvre, mais ils vous diront tous, si vous les avez rencontrés, une chose
qui est vraiment venue à leur rescousse cet été, c'est les prix, les prix…
M. Lamontagne : ...de nos
maraîchers, une chose qui a pu aider, il y a des gens qui ont choisi de
cultiver des moins grandes superficies, il y a des gens qui ont choisi de
cultiver d'autres sortes de productions qui avaient moins besoin de main-d'oeuvre,
mais ils vous diront tous, si vous les avez rencontrés, qu'une chose qui est vraiment
venue à leur rescousse cet été, c'est les prix, les prix qu'ils ont réussi à
avoir pour leurs produits.
Alors, oui, ils ont moins eu de récoltes,
ils ont eu des prix plus élevés, ils ont moins eu de main-d'oeuvre. Bien, oui, effectivement,
ça vient les affecter, mais vu qu'on n'a pas de main-d'oeuvre, on n'a pas besoin
de les payer. Alors, il y a tout un équilibre, M. le député, entre les
superficies de culture, les coûts de main-d'oeuvre, les prix qu'on obtient, qui
fait en sorte que ça a été une saison difficile, mais en même temps ça n'a pas
été la saison catastrophique qui était annoncée.
Ceci étant dit, il y a un ensemble de programmes
qui ont été mis en place par La Financière agricole, un ensemble
d'assouplissements pour venir en soutien à tous les producteurs agricoles, mais
particulièrement on a annoncé pour les producteurs maraîchers une mesure
exceptionnelle qui a été le programme général qui vient en soutien aux
producteurs maraîchers, ça s'appelle l'Agri-stabilité.
Puis normalement ce programme-là, si tu as
des enjeux de main-d'oeuvre, ce programme-là n'acceptera pas de tenir en compte
des enjeux de main-d'oeuvre, de sorte que, si tu as eu un enjeu de main-d'oeuvre,
bien, écoute, tant pis pour toi, puis tu vas être pénalisé au niveau de tes
récoltes. Bien, cette année, La Financière a réussi à s'entendre avec le
gouvernement fédéral parce que c'est des financements que dans le cadre du
partenariat d'agriculture canadienne qui sont financés 40 % à Québec puis
60 % le gouvernement fédéral, a réussi à s'entendre pour faire en sorte
qu'on a appliqué ce qu'on appelle une clause catastrophe pour les producteurs
maraîchers, clause catastrophe à l'Agri-stabilité qui fait en sorte que pour
nos producteurs maraîchers qui ont eu à abandonner des superficies de culture,
les compensations qui vont être données, ce n'est pas nécessairement en
fonction de cette année, leur résultat, mais on va prendre, ils appellent ça,
la meilleure... la moyenne olympique, là. On prend les trois meilleures années
des cinq dernières. On enlève la meilleure, on enlève la pire, on prend la
moyenne puis ils vont être compensés sur la base non seulement de cette année,
leurs semences de cette année, mais si les difficultés qu'ils ont eues sont
effectivement liées aux enjeux de main-d'oeuvre, ils vont être compensés en
fonction de leur revenu des années précédentes.
Alors, si vous parlez avec les
travailleurs... les exploitants maraîchers aujourd'hui, puis vous lui parlez de
cette clause catastrophe là, bien, ils pourront vous dire que, si on n'avait
pas ça, effectivement, ils auraient des grandes difficultés. En ayant réussi à
négocier cette clause-là puis à mettre ça en place pour les producteurs
maraîchers, on s'entend que c'est des années... Ce n'est pas des années, mais
c'est une période difficile, là, pour plusieurs plans de l'économie, mais pour
le cas de l'impact de la main-d'oeuvre sur le secteur maraîcher, bien, on a
réussi à avoir cette mesure-là qui vient les aider considérablement, M. le
député, là.
Le Président (M. Lemay) :
Très bien. Donc, j'ai cru comprendre que, maintenant, ce sera le député de
Marquette...
M. Ciccone :
Pour toujours sur la pénurie de main-d'oeuvre, M. le ministre, vous avez parlé
de 11 000, 12 000 travailleurs étrangers. Habituellement on en
attend 16 000. Là, vous parlez de 11 000,
12 000 habituellement. Là, je ne comprends pas pourquoi il y a une
variation de 4 000...
Le Président (M. Lemay) : …très
bien. Donc, j'ai cru comprendre que, maintenant, ce sera le député de
Marquette. Allez-y.
M. Ciccone :
Oui, merci. Toujours sur la pénurie de main-d'oeuvre, M. le ministre. Vous avez
parlé de 11 000, 12 000 travailleurs étrangers. Habituellement,
on en attend 16 000. Là, vous parlez de 11 000, 12 000,
habituellement. Là, je ne comprends pas pourquoi il y a une variation de
4 000, là. C'est-u parce que la COVID a fait en sorte qu'il y a eu moins
de travailleurs étrangers. Mais pourquoi vous sortez le chiffre de 11 000,
12 000, alors qu'habituellement c'est à peu près
16 000 travailleurs étrangers?
M. Lamontagne : Bien, c'est
16 000 sur une base annuelle. Il y a à peu près 4 000 à
5 000 travailleurs étrangers temporaires qui, grosso modo, sont au
Québec 12 mois par année. Puis, dans la période de culture et de récolte
qui va d'avril… le milieu avril jusqu'à la fin octobre, c'est là qu'on fait
venir le plus important nombre, à peu près, je dis, 11 000,
12 000 travailleurs, il y en a 4 000, 5 000 qui sont ici
sur une base annuelle. Ce qui fait que, sur une base annuelle, il y a à peu
près 16 000 travailleurs, les derniers chiffres que j'ai, là, au
Québec.
M. Ciccone : Et
on a réussi, malgré cette pandémie-là, à faire venir des travailleurs étrangers
quand même de façon considérable, j'entends.
M. Lamontagne :
Effectivement, effectivement. Il y a eu des enjeux de quarantaine, il y a eu
des enjeux, tout ça, puis d'ailleurs il faut se souvenir… se rappeler aussi
qu'il y a 50 millions de dollars qui a été octroyés par le gouvernement
fédéral pour venir compenser les coûts de quarantaine, et tout ça. Mais il
reste une chose, c'est qu'on a, au Québec, en tout cas, comme je disais, on a
85 % des travailleurs qui étaient attendus qui sont arrivés.
M. Ciccone :
Vous êtes conscient que, justement, on en a fait venir… il y a eu de la
quarantaine, mais il y a aussi des agriculteurs qui ont été plus vites, qui ont
fait venir les étrangers plus rapidement, justement, en prévision qu'on ferme
les frontières. Je suis persuadé que vous êtes au courant de ça. Ça, il y a des
coûts supplémentaires.
• (17 h 20) •
Moi, il y a une chose qui…
vous avez parlé des prix plus élevés tantôt, que ça avantageait l'agriculteur,
mais le citoyen, lui… moi, je les veux mes fraises, là, puis mes tartes aux
pommes, je les veux à chaque année. Il y a une demande, la demande va toujours
être là, O.K.? Mais si l'offre n'est pas là, en bout de ligne, là, le prix va
monter. À la caisse, là, ça va monter. Comment est-ce qu'on fait pour garder
les prix raisonnables pour tout le monde? Moi, je sais que j'ai des quartiers,
là, chez nous, dans mon comté, là, je sais que vers Dorval, c'est moins pire,
je sais que l'autre bord, c'est un peu plus difficile. Moi, je travaille pour
ces gens-là. Moi, je ne veux pas qu'ils payent leurs fraises 3, 4 $ de
plus le casseau de fraises parce qu'ils ne pourront pas en manger. Comment
est-ce qu'on fait pour éviter tout ça? Vous êtes un gars de business, vous êtes
capable de compter. Comment est-ce qu'on fait?
M. Lamontagne :
Bien, moi, je sais qu'à un moment donné, moi, j'encourage… il y a plein de produits
que j'aime acheter, là, mais, à un moment donné, des fois, je regarde la
facture puis je me dis : Bien, cette semaine, je vais passer. Ça m'arrive.
Ça m'arrive. Mais, ceci étant dit, je vous dirais, honnêtement, là, bien, vous
savez, au Québec, surtout les légumes de base, là, on est en surproduction ou
on est autosuffisant, même on est un exportateur net, là, sur beaucoup de
légumes. Mais si, effectivement, on avait eu pas beaucoup de travailleurs
étrangers, là, je peux vous dire qu'on aurait mangé beaucoup de patates
puis on aurait mangé… on n'aurait pas eu beaucoup de variété. Ça, je peux vous
dire ça. Alors, le fait qu'on ait eu, je veux dire, un nombre important de
travailleurs qui se sont joints, puis, tu sais, on parle de travailleurs québécois.
Là, le programme, on a eu au total, là, c'est 3 000 travailleurs
québécois qui sont enregistrés sur le programme pour l'appel aux…
M. Lamontagne : …beaucoup
de travailleurs étrangers, je peux vous dire qu'on aurait mangé beaucoup de
patates, puis on aurait mangé… on n'aurait pas eu beaucoup de variété. Ça, je
peux vous dire ça. Alors, le fait qu'on ait eu, je veux dire, un nombre important
de travailleurs qui se sont joints, puis, tu sais, on parle de travailleurs québécois.
Là, le programme, on a eu au total, là, c'est 3 000 travailleurs québécois
qui se sont enregistrés sur le programme pour l'appel aux champs, là. C'est
quand même significatif. On s'entend qu'on aurait aimé ça en avoir davantage,
mais c'est quand même significatif.
Mais, dans toute l'équation, quand vous me
parlez de la question des prix, bien, écoutez, la question des prix, moi, je
suis un producteur ou vous êtes un producteur, puis à un moment donné il y a
quelqu'un qui vous dit : Bien, écoutez, pour tes poivrons, bien, moi, je
vais te donner tant de dollars du kilo. Puis, l'autre côté de la frontière, il
dit : bien, je vais t'en donner plus. Mais, à un moment donné, vous allez
les envoyer… c'est selon le marché un peu si on veut. Ça fait que les enjeux
des prix des aliments comme d'autres denrées, là, c'est quelque chose, là, qui
est un peu en fonction de l'offre et de la demande, là, tu sais.
M. Ciccone :
Je suis content, M. le ministre, de vous entendre dire que les travailleurs
étrangers sont archi importants, archi importants pour les Québécois, archi
importants pour justement mettre des fruits et des légumes frais sur notre
table. Maintenant, on s'aperçoit aussi que de plus en plus on engage des
travailleurs étrangers pour… sur les fermes laitières puis ça encore, ça
revient à ce que j'ai dit un peu plus tôt, c'est difficile à aller chercher des
Québécois pour venir travailler. C'est dur, c'est dur puis c'est difficile. On
dirait que la philosophie change, c'est très, très, très difficile d'amener les
jeunes, la nouvelle génération, venir travailler dans nos champs et dans nos
fermes. Êtes-vous capable, aujourd'hui, de faire un cadeau aux travailleurs
étrangers et de leur dire qu'ils sont des travailleurs essentiels pour les
Québécois au Québec?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Lamontagne : Là, vous
vous adressez au ministre de l'Agriculture, mais dites-moi qu'est-ce qu'il en
est, qu'est-ce que… bien, quelle est l'essence de votre demande, là. Ce qu'on a
établi… ce qu'on a établi, pendant la pandémie, là, on a statué qu'il y a un
certain groupe de travailleurs qui était jugé comme des travailleurs
essentiels. Les gens de l'alimentation, c'était sûr comme des travailleurs
essentiels alors, puis il y a du soutien qui a été dans ce sens-là. Pour le
reste, là…
M. Ciccone :
Vous comprenez bien, M. le ministre. Ma question : Est-ce qu'on peut
considérer les travailleurs étrangers qui viennent nous aider, ici au Québec, à
mettre de l'argent sur notre table, le fait qu'ils sont des travailleurs
essentiels importants pour nous autres?
M. Lamontagne : Écoutez,
ça, ce n'est pas à moi, honnêtement, à déterminer ça. Mais ce que je peux vous
dire, une chose qu'on s'est assuré par contre, dans le cadre du programme qu'on
a mis en place, c'est que le plan d'aide qui a été mis en place pour amener les
travailleurs québécois aux champs, c'est de s'assurer que les travailleurs
étrangers temporaires pourraient bénéficier de ce programme-là. Alors, les
10 000 travailleurs étrangers temporaires qui sont venus au Québec ont
eu… ceux qui en ont fait la demande, ont eu la prime de 100 $, là, pour
toute la durée de leur présence puis le travail, puis c'était une façon de leur
signifier l'appréciation, dans ces temps-là, le fait qu'ils soient venus chez nous
pour travailler puis pour venir nous aider, là. Alors, de cette façon-là, il y
a eu la même reconnaissance…
M. Lamontagne : ...ont eu...
ceux qui en ont fait la demande ont eu la prime de 100 $, là, pour toute
la durée de leur présence puis le travail. Puis c'était une façon de leur
signifier l'appréciation... dans ces temps-là, le fait qu'ils soient venus chez
nous pour travailler puis pour venir nous aider, là. Alors, de cette façon-là,
il y a eu la même reconnaissance, si on veut, que les Québécois, là, pour ce
programme-là.
M. Ciccone :
C'est important parce que... Moi, honnêtement, aujourd'hui, j'ai le goût de les
valoriser parce que... Puis on a vu aussi, là, certaines statistiques qui, pour
moi, ont été... Tu sais, souvent, on a toujours l'impression qu'ils viennent...
les travailleurs étrangers viennent trois, quatre mois, retournent chez eux,
dans leur famille, et reviennent. Mais l'importance de ces gens-là, c'est
important de leur dire.
Il y a certaines statistiques qui me
dérangent un petit peu dans ça. C'est sûr qu'il y a des travailleurs qui...
62 % de ces travailleurs-là jugent ne pas être assez payés pour l'ampleur
des tâches qui leur incombent, et plus du tiers ont dit ne pas avoir
suffisamment de temps de repos et de pause. Je vous parlais tantôt de santé
mentale, M. le ministre... Vous m'écoutez, oui? O.K. Je parlais tantôt de santé
mentale, M. le ministre, au niveau de l'agriculture. Il ne faut pas oublier non
plus... Quand on parle que ces travailleurs-là n'ont pas suffisamment de temps
de repos et de pause, on peut comprendre que ça peut amener à l'épuisement, à
des problèmes mentaux également.
L'étude observe également qu'il y a de la
pression qui est ressentie chez les travailleurs étrangers, et qu'ils
méconnaissent leurs droits. Plus de 70 % de ces travailleurs-là ont été
sondés, soit dit en passant. Ils...
M. Lamontagne : ...à quel
endroit, ça, ces...
M. Ciccone :
Ah! mais en général, en général, au Québec.
M. Lamontagne : Ah! ça, c'est
juste pour le Québec, ça?
M. Ciccone :
Oui, c'est au Québec, ça. Je parle des travailleurs...
M. Lamontagne : O.K. Donc, ce
n'est pas pancanadien, c'est juste...
M. Ciccone :
Non, je parle des travailleurs étrangers au Québec, ici, bon. Il leur arrive
d'ailleurs plus souvent d'être victimes d'accidents, comme l'avait révélé Le Devoir
en mai. Également, des clans seraient parfois présents. Il y aurait davantage
de cas de harcèlement, ce qui mène parfois à des épisodes de violence verbale
ou physique entre les travailleurs. Comment est-ce qu'on les protège, M. le
ministre?
M. Lamontagne : Écoutez, au
Québec, on a un organisme... D'abord, là, je vous dirais que la concertation
qui se fait au Québec en lien avec l'accueil des travailleurs étrangers et puis
le soutien aux travailleurs étrangers, encore là, c'est quelque chose qui est
un peu distinct, et qu'on ne retrouve pas ailleurs au Canada. Mais
naturellement, oui, on a l'UPA, on a toute la question des gens de la table de
concertation des emplois agricoles.
Mais aussi, on a un réseau d'aide aux
travailleurs et travailleuses migrants agricoles du Québec, le RATTMAQ, qui est
un organisme qui est à toutes les tables, puis avec lequel aussi le MAPAQ
collabore, et puis ils sont en contact aussi avec le ministère du Travail.
Alors, non seulement, naturellement, il y a L'Union des producteurs agricoles,
qui a une responsabilité aussi de message, mais aussi de suivi auprès, si on
veut, des producteurs, mais on a cet organisme-là au Québec, qui n'est pas un
organisme gouvernemental, mais qui est vraiment un organisme collectif, si on
veut, là, OBNL, qui est en soutien... Sa vocation unique, c'est d'être en
soutien aux travailleurs et travailleuses migrants agricoles du Québec...
M. Lamontagne : ...qui a
une responsabilité aussi de message mais aussi de suivi auprès, si on veut des,
producteurs. Mais on a cet organisme-là au Québec, qui n'est pas un organisme gouvernemental,
mais qui est vraiment un organisme collectif, si on veut, là, OBNL, qui est en
soutien. Sa vocation unique, c'est d'être en soutien aux travailleurs et
travailleuses migrants agricoles du Québec.
Alors, ce que je peux vous dire, c'est
que, s'il y a eu ces sondages-là, et puis il y a des situations ou des craintes
qui ont été exprimées, bien, les premières personnes qui prennent cette balle
au bond là, c'est ce... le réseau du RATTMAQ, qui font des représentations
auprès de L'Union des producteurs agricoles, qui font des... Nous, on maintient
des liens avec eux pour être conscients de ce qui se passe sur le territoire.
Mais je peux vous assurer qu'on a une
structure ici, au Québec, d'accompagnement puis d'encadrement de la venue de
travailleurs agricoles puis de comment ça se passe pour eux quand ils sont ici.
Il y a certainement des choses à améliorer. Ça, on s'entend, on peut toujours
améliorer. Mais, si on se compare avec nos juridictions voisines au Canada,
encore là, on est tout à fait innovants au Québec à ce niveau-là, là.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Ceci complète ce bloc d'échange. Et puis nous
poursuivrons avec le député de Bonaventure. Et justement nous avions une question
tout à l'heure qui avait été débutée, je ne sais pas si vous voulez poursuivre.
M. le député de Bonaventure.
M. Roy
:
Rebonjour, M. le ministre. Écoutez, j'ai un beau libellé de question pour vous.
Ça va vous remettre dans le sujet, O.K.?
Est-ce que le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation prévoit moderniser les programmes existants
afin que ceux-ci soient mieux adaptés à la réalité actuelle, notamment pour
offrir une protection plus efficace en cas de périodes prolongées de bas prix
et stabiliser les revenus garantis aux coûts de production moyens québécois?
Donc, c'est quelqu'un qui connaît ça qui
l'a écrit, là. Mais la morale de l'histoire, c'est : Est-ce qu'on peut
adapter La Financière à la réalité que vivent les agriculteurs et leur
permettre de souffler et de pérenniser leur exploitation agricole?
M. Lamontagne : O.K. Oui,
là, là, on est dans la question par rapport à la sécheresse, l'impact de la
sécheresse, et tout ça. O.K.? Non, non, mais je voulais m'en souvenir.
D'abord, là, les programmes qui sont en
soutien au niveau de l'assurance récolte, donc, encore là, c'est des programmes
qu'on gère avec le gouvernement fédéral, là, je peux vous assurer, M. le député
de Bonaventure, que, chaque fois qu'il y a des cas qui ressortent... Puis, je
veux dire, il y en a qui sont médiatisés. Moi, je lis les journaux. Il y a des
gens qui m'écrivent personnellement. Bien, chaque fois, là, que j'ai un cas,
là, que je me dis : Écoute, ces gens-là, là, on a-tu fait le maximum qu'on
pouvait faire? Y ont-u un problème avec une station météo? Y ont-u... Je peux
vous dire, là, si vous parlez au président de La Financière agricole, là, je ne
les lâche pas pantoute de toute la saison.
Un point qui est important, quand c'est le
temps, au niveau de l'assurance, O.K., puis qui va avoir un impact sur la façon
dont les gens vont être compensés, c'est qu'au départ, au début de la saison,
là, les gens, il faut qu'ils décident si c'est d'un côté collectif ou si c'est
d'un côté individuel. Bon, là, je ne suis pas le technicien des assurances, là,
O.K.? Je pourrais vous avoir des informations additionnelles.
• (17 h 30) •
Mais ce choix-là fait en sorte qu'à un
moment donné, en cours d'année, bien, mettons, quelqu'un a décidé que, lui,
c'est le choix collectif, qui fait en sorte qu'il vit une réalité qui est un
peu particulière, bien là, l'assurance dans laquelle il s'est embarqué, bien,
je veux dire, c'est plus le côté collectif que le côté individuel, alors, bien,
il ne peut pas être sur les deux tableaux en même temps. Bon, ça, c'est une...
17 h 30 (version non révisée)
M. Lamontagne : ...choix-là
fait en sorte qu'à un moment donné, en cours d'année, bien, mettons, quelqu'un
a décidé que, lui, c'est le choix collectif, qui fait en sorte qu'il vit une
réalité qui est un peu particulière, bien là, l'assurance dans laquelle il
s'est embarqué, bien, je veux dire, c'est plus le côté collectif que le côté
individuel. Alors, bien, il ne peut pas être sur les deux tableaux en même
temps. Bon. Ça, c'est une particularité qui peut se passer.
La question des stations météo, je peux
vous dire, encore il y a quelques mois, j'ai demandé à La Financière de tout
répertorier sur le territoire. Y a-tu des places, y a-tu des angles morts, y
a-tu des coins où, ultimement, là, toutes les précipitations d'eau, là, ne sont
pas tenues en compte, vous savez, à 100 %, et qu'il pouvait y avoir des
problèmes? L'idée, c'est de donner au départ un préjugé favorable à la personne
qui subit une catastrophe ou une difficulté.
Ceci étant dit, vous avez amené le point
des changements climatiques puis du réchauffement de la planète, O.K. Vous
n'avez pas dit «réchauffement de la planète», mais vous avez dit «les changements
climatiques». On regarde, là, les sécheresses. C'est certain, là, que si ça
continue comme ça... — puis il y a des bonnes chances que ça va
continuer comme ça, parce que dans 20 ans on va faire de la culture sur la
Côte-Nord qu'on ne fait pas aujourd'hui, puis... ça fait qu'il y a des choses
qui vont se passer au Bas-Saint-Laurent, qui vont se passer en
Gaspésie — l'importance d'adapter nos pratiques, mais aussi
l'importance d'adapter notre soutien. Bien, cette volonté-là d'adapter le
soutien, on va dire les programmes — «programmes», c'est un peu
réducteur, mais c'est vraiment toute la démarche de soutien — la
volonté de l'adapter, la volonté de la modifier... Exemple : avec la
sécheresse historique de 2018, les difficultés qu'on a eues pour avoir tous les
paiements, puis le 12 millions, si vous vous souvenez, que finalement on a
réussi à avoir, mais il y avait comme un petit quelque chose qui ne tenait pas
compte de la situation qui était arrivée. Bien, on a modifié avec le fédéral le
programme, on a changé un peu la contribution des agriculteurs, qui fait en
sorte que, s'il y a une situation identique à celle qui est arrivée en 2018,
bien, maintenant les gens vont être couverts.
Alors, on apprend du passé, mais en même
temps on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve en termes de changements
climatiques. Chez nous, pas plus tard qu'au mois de février, j'étais en réunion
avec le... voyons, notre Scientifique en chef, M. Quirion, pour avoir une
collaboration entre le MAPAQ puis le Fonds de recherche du Québec pour
justement avoir un volet des activités du Fonds de recherche qui vont porter
justement sur l'impact, si on veut, de la question des changements climatiques,
là, plus spécifiquement pour le côté agricole. Ça, c'est du côté du Fonds de recherche.
Mais, plus près de chez nous, on a 17 centres qu'on soutient, dont l'institut
de recherche-développement agroalimentaire, l'IRDA, et puis il y a des mandats
qui sont accordés puis qui visent justement à avoir une meilleure
compréhension, de développer des modèles, après ça on a comme La Financière qui
peut s'approvisionner dans ces modèles-là.
Mais la volonté, là, d'être à la bonne
place pour venir en soutien aux agriculteurs dans un contexte changeant, M. le
député, là, je peux vous dire qu'elle est là, puis, pour être en discussion de
façon fréquente avec La Financière agricole, il n'y a personne à
La Financière agricole qui prend plaisir à voir qu'il y a des agriculteurs
qui souffrent sur le terrain puis qui ont des difficultés, puis de les regarder
aller, puis ne rien faire, il n'y a personne qui prend...
M. Lamontagne : ...mais la
volonté, là, d'être à la bonne place pour venir en soutien aux agriculteurs
dans un contexte changeant, M. le député, là, je peux vous dire qu'elle est là.
Puis, pour être en discussion de façon fréquente avec La Financière
agricole, il n'y a personne à La Financière agricole qui prend plaisir à
voir qu'il y a des agriculteurs qui souffrent sur le terrain, puis qu'ils ont
des difficultés, puis de les regarder aller, puis ne rien faire. Il n'y a
personne qui prend... qui est engagé là-dedans qui prend plaisir à ça.
Mais les défis sont compliqués. Quand ça
vient le temps aussi de changer les programmes, vous savez ce que c'est, aussi,
c'est des programmes conjoints. Tu sais, il y a beaucoup d'analyse, il y a beaucoup
de scientifiques qui sont là-dedans, mais la volonté, ultimement, de suivre la
parade puis d'être en lien, en synchronicité, là, avec les défis, elle est là.
M. Roy
: Vous venez de
m'exposer beaucoup de choses. En même temps, ce que vous me dites, c'est qu'on
a un souci, on a une sensibilité, on s'adapte, mais je dis quoi aux gens, moi,
qui nous disent qu'ils ont perdu 50 000 $ de récoltes puis on leur
donne 1 100 $? On dit quoi à ces gens-là qui... que, bon, que
La Financière évalue le prix du foin à 168 $ la tonne dans un
contexte où ça se vend 200 à 300 $ sur le marché? Parce qu'il y une crise
actuellement, et il faut être agile un peu aussi. Puis je sais que c'est...
vous travaillez avec beaucoup de gens, là. Je regarde le monsieur qui est le...
c'est le directeur de La Financière, c'est de valeur il n'est pas avec
nous. Je le salue quand même. Mais, écoutez, moi, je ne suis que le
porte-parole de ces gens-là qui sont dans une situation catastrophique. Donc,
est-ce qu'il y a, oui ou non, un chantier de modernisation des pratiques de
remboursement ou de soutien financier à La Financière?
M. Lamontagne : M. le député, honnêtement,
là, ce chantier-là, là, il est constant. Puis qu'est-ce que je vous inviterais
à faire... Parce que, moi, quand je lis les journaux, chaque fois que je lis
une nouvelle, puis qu'il y en a un, là, qui dit qu'il n'a pas été traité de
façon équitable, puis que ça a eu un impact incroyable sur son entreprise, là, message
texte, j'envoie ça là, j'envoie ça là, ça me prend des réponses. Ça fait que si
vous avez trois, quatre cas, cinq cas, six cas, je veux dire, acheminez-moi
les, puis vous pouvez être assuré qu'il y a tout un suivi qui va être fait.
Puis la directive qui est là, là, c'est
qu'il y a des programmes qui sont en place, mais moi, je dis au président de La Financière
puis à son personnel, je dis, là : Il faut qu'on soit le plus créatif
possible, le plus flexible pour, quand il y a des catastrophes, être d'un
meilleur soutien possible. Alors, là, vous me donnez des chiffres, vous me
donnez des cas, je vous invite à me les partager. Moi, je vais les partager
puis je peux vous dire : Cas par cas, il y a un travail qui va être fait
pour s'assurer qu'en fonction des programmes qui sont en place, en fonction de
la réalité des agriculteurs, en fonction aussi de quelle sorte d'assurance ils
ont souscrit, bien, qu'ils vont avoir la meilleure réponse possible. Ça, je
peux vous dire ça.
M. Roy
: Message reçu.
Je vais vous les envoyés à coup de deux, trois, pas juste un à la fois.
M. Lamontagne : Parfait.
M. Roy
: En parlant de
vous envoyer un message, je vais vous envoyer un texto, c'est la Loi sur les
accidents du travail et des maladies professionnelles, c'est parti. L'article
454, hier...
M. Roy
: ...messages
reçus, je vais vous les envoyés à coup de deux, trois, pas juste un à la fois.
En parlant de vous envoyer un message, je
vais vous envoyer un texto. C'est la Loi sur les accidents du travail et des
maladies professionnelles. C'est parti, l'article 454. Hier, j'étais aux
crédits avec le ministre du Travail et j'ai parlé, comme mon collègue de Vimont
en a parlé tout à l'heure, des maladies professionnelles, bon, que vivent certains
agriculteurs, entre autres, la maladie de Parkinson qui serait associée à
l'utilisation des pesticides. Pendant la commission parlementaire sur les
pesticides, c'est ressorti souvent, ça. Et nous, on nous a dit : M. le
député, il faut ouvrir la loi sur les maladies professionnelles pour être
capable d'intégrer d'autres maladies. Pourtant, je ne suis pas un juriste, là,
mais, à l'article 454 de la loi, c'est écrit : «La Commission peut faire
des règlements pour :
«1° modifier l'annexe I en y ajoutant une
maladie qu'elle reconnaît comme caractéristique d'un travail ou reliée
directement aux risques particuliers d'un travail;» fin de la parenthèse.
Ça fait que, moi, je vous demande, M. le
ministre, au nom des agriculteurs que vous défendez, d'aller voir votre collègue
ministre du Travail et de lui demander d'évaluer la possibilité de rouvrir...
Pas ouvrir la loi, parce que, hier, on m'a dit : Il faut rouvrir la loi.
Mais, si je sais bien lire, par règlement, on peut ajouter des maladies dans la
liste. C'est sûr qu'après ça il va y en avoir quelques-unes qui vont vouloir se
rajouter. Mais mettons qu'on commence avec les agriculteurs.
Peut-être que je me trompe, là, peut-être
que mon interprétation n'est pas bonne. Mais, si je lis là, on dit : Par règlement,
on peut ajouter des maladies. Donc, on vous demande, moi, au nom des
agriculteurs, de discuter avec votre collègue pour évaluer la possibilité
d'ajouter par règlement la maladie de Parkinson pour des agriculteurs et des
agronomes aussi qu'on a vus en commission parlementaire, qui ont pogné la
maladie, excusez l'expression, en étant dans les champs.
Donc, est-ce que c'est quelque chose que
vous seriez... qui va vous... que vous auriez l'intention de faire, d'aller
discuter avec votre collègue pour soutenir ce dossier-là?
M. Lamontagne : Mais, M. le
député, en toute honnêteté, là, c'est quelque chose que j'ai déjà fait, O.K., à
savoir suite aux travaux de la commission sur les pesticides puis ce point-là
qui a été relevé. On s'entend, là, qu'on se parle, moi, je suis un député, vous
êtes un député, je suis ministre, mais ultimement je ne suis pas un
scientifique. Mais les représentations que j'ai faites à mon collègue,
naturellement, c'est... un, c'est la vérification du bien-fondé de ces
représentations qui touchent cette maladie-là. Puis, si c'est justifié... Puis,
encore là, quand je dis... je ne veux pas venir diminuer ou quoi que ce soit,
là. Je ne suis pas un scientifique, on s'entend là-dessus. Mais si
scientifiquement, je veux dire, il y a un lien qui est fait et tout ça, bien,
naturellement, c'est de s'assurer, là, en vertu de nos lois et puis les
services qu'on offre à nos citoyens, que c'est cette...
M. Lamontagne : ...puis si
c'est justifié. Puis encore là, quand je dis si, je ne veux pas venir diminuer
ou quoi que ce soit là. Je ne suis pas un scientifique, on s'entend là-dessus,
là. Mais si, scientifiquement, je veux dire, il est.. il y a un lien qui est
fait et tout ça, bien, naturellement, c'est de s'assurer, là, qu'en vertu de
nos lois et puis des services qu'on offre à nos citoyens, que cette maladie-là
soit couverte. Ces représentations, là, suite aux travaux de la commission sur
les pesticides, je les ai faites auprès de mon collègue. Ça, je peux vous dire
ça.
Le Président (M. Lemay) :
M. le député de Bonaventure.
M. Roy
: Écoutez,
je ne suis pas un juriste, là. C'est sûr qu'on va faire analyser ça pour savoir
si le fond de l'histoire c'est que si par règlement on peut ajouter une maladie.
Et si oui, bien, on va vous transmettre l'avis que nous aurons. Mais je suis
sûr que vous avez pas mal de juristes qui sont capables de valider ça de votre
bord aussi. O.K. pour ce dossier-là.
• (17 h 40) •
La relève agricole. Extrêmement important.
Un petit... Bon, la Fédération de la relève agricole du Québec nous a envoyé
une petite fiche d'information, et vous devez sûrement être au courant parce
que si, moi, je l'ai eue, vous devez l'avoir eue, sur les programmes d'appui
financiers à la relève agricole de La Financière agricole du Québec. Et là
ce qu'ils nous disent, c'est que certains jeunes qui se partent en agriculture
vont cumuler des emplois pour être sûrs d'arriver financièrement. O.K.? Mais La Financière, dans son soutien financier, calcule qu'après
21 heures travaillées à l'extérieur, bien, tu as juste droit à 50 %
du montant. Donc, si tu as, je ne sais pas, moi, un bac en sciences agricoles,
bien, si tu travailles moins de 21 heures à l'extérieur, tu vas avoir
50 000 $, et plus de 21 heures à l'extérieur, tu vas avoir
25 000 $. Le problème, c'est que les gens, pour arriver, vont quand
même travailler à l'extérieur, mais de manière illégale, au noir.
Est-ce que c'est une distinction qu'on est
obligé de garder? Ou pourquoi ne pas juste faire une catégorie? Un jeune qui
veut se lancer en agriculture, on lui donne l'aide financière,
50 000 $, ou d'un 30 000 $ si c'est une autre formation, ou
20 000 $, peu importe, là, il y a trois montants à temps plein, 50 000 $,
30 000 $, 20 000 $, et on coupe en deux quand il démontre
ou quand il a une job à l'extérieur.
La job à l'extérieur, souvent, c'est pour
assurer un revenu suffisant pour, justement, réaliser le rêve de l'agriculture.
Donc, on jase, là, M. le ministre. Est-ce qu'il ne serait pas possible de
réfléchir à éliminer la catégorie temps plein, temps partiel, et créer une
seule catégorie en soutien aux jeunes qui veulent se lancer en agriculture?
Mais c'est sûr qu'ils ne prennent pas ça pour aller s'acheter un skidoo ou des
choses comme ça, là. Ils ont des factures à apporter, là. Je pense que c'est
sérieux, là. C'est pour de l'équipement puis c'est pour des infrastructures, du
matériel roulant. Donc...
M. Roy
: ...temps
partiel et créer une seule catégorie en soutien aux jeunes qui veulent se
lancer en agriculture. Mais c'est sûr qu'ils ne prennent pas ça pour aller
s'acheter un skidoo ou des choses comme ça, là, ils ont des factures à
apporter, là, je pense que c'est sérieux, là, c'est pour de l'équipement puis
c'est pour des infrastructures, du matériel roulant. Donc... Puis je ne pense
pas que ça va être des centaines de millions de dollars. Par contre, le
signal que ça donnerait à la relève, ce serait quand même intéressant.
Le Président (M. Lemay) : En
30 secondes, environ, M. le ministre.
M. Lamontagne : Bien, je peux
vous dire qu'il y a une disparité ou il y a une différence au point de vue du
niveau d'enseignement, niveau de scolarité. Puis la différence au niveau temps
partiel, la fédération a fait ses représentations, puis je peux vous dire que
c'est des discussions, là, que j'ai avec les gens de La Financière puis au
niveau du MAPAQ.
Le Président (M. Lemay) :
Donc, ceci complète ce bloc d'échange et... Merci beaucoup pour votre
intervention, M. le député de Bonaventure. Maintenant, je cède la parole au
député de Vimont pour son dernier bloc d'échange.
M. Rousselle
: Merci,
M. le Président. J'écoutais tantôt votre réponse que vous m'avez donnée,
justement, que les agriculteurs, producteurs maraîchers, justement, ils avaient
plus d'argent, donc ils ont pu vendre leurs produits plus chers sur le marché à
cause de la COVID. Mais j'écoutais aussi mon collègue de Marquette que, lui,
parlait justement que le payeur, là-dedans, c'est le consommateur. Puis, comme
il disait, justement, il a un secteur qui est moins nanti, j'en ai un moi aussi
puis je pense qu'on en a peut-être tous, mais, là-dedans... Parce que, là, il
n'y a pas juste le côté maraîcher qui a augmenté, c'est la viande, et pas mal
tout a augmenté. Vous n'aviez pas pensé à compenser à ce moment-là? Parce qu'il
faudrait peut-être... Je ne sais pas si vous avez pensé à une aide ponctuelle
pour vraiment que ces maraîchers-là, qui n'ont pas le choix d'augmenter, parce
qu'il faut qu'ils vivent, il faut... comprenez-vous, ils ont des dépenses, là,
je... Puis vous n'avez pas pensé à compenser justement ces maraîchers-là
ponctuellement pour ne pas justement qu'ils augmentent leurs prix au
supermarché?
M. Lamontagne : Non. On n'a
pas pensé à ça. En même temps, ce n'est pas une question, les maraîchers qui
augmentent leurs prix, c'est une question des prix du marché. Comme je vous
dis, les gens qui sont des producteurs puis qui ont des productions, bien, ont
l'opportunité de vendre, ils font affaire avec des clients, des clients qui
sont des distributeurs, puis ils ont l'opportunité de vendre leurs produits à différents
endroits, puis il y a un marché pour ces différents produits là. Alors, non, on
n'a pas songé à venir subventionner les producteurs pour qu'ils réduisent leurs
prix, pour que ça coûte moins cher aux gens, là. Ça, ce n'est pas quelque chose
qu'on a considéré, puis ce n'est pas quelque chose qu'on va considérer non
plus.
M. Rousselle
: Je
comprends qu'il y a un marché, ça, je suis bien conscient de ça, sauf que...
puis je comprends que les agriculteurs, là, eux, il faut qu'ils vivent, puis je
comprends qu'ils veulent suivre le marché. Mais moi, je pense, à ce moment-là,
si on avait pu les aider justement à pouvoir... que le marché soit plus bas. À
ce moment-là, c'est le consommateur qui aurait pu peut-être moins en subir le
contrecoup.
Vous avez parlé... on parle, depuis tout à
l'heure, de stabilité. Tous les gens, tous les groupes qui sont dans la gestion
de l'offre, donc, je vais vous parler... le lait, les oeufs, la volaille, eux
autres, ils ne font pas partie des programmes agriculture...
M. Rousselle : ...qui
auraient pu peut-être moins en subir les contrecoups.
Vous avez parlé... On parle depuis tout à
l'heure de stabilité. Tous les gens, tous les groupes qui sont dans la gestion
de l'offre, donc je vous parler... le lait, les oeufs, la volaille, eux autres,
ils ne font pas partie des programmes... Agri-Québec, Agri-Stabilité. Ils ne
sont pas adaptés pour toutes les productions sur l'offre... de la gestion de
l'offre. Puis ils ne couvrent même pas les pertes ponctuelles importantes
telles que subies... Là, je vais vous parler des éleveurs de volaille, là.
Parce que, là, l'abattage humanitaire devrait être considéré comme une perte
exceptionnelle de revenus. Parce que, là... Et là-dedans ils n'ont pas d'aide,
mais pas pantoute. Puis le fédéral donne des... aide les transformateurs, mais
il n'y a pas de filet de sécurité pour les éleveurs. Comment vous allez
pouvoir repenser à ça? Parce qu'eux autres, là... Premièrement, là, je parle de
gens de région. Je parle des fermes familiales, des gens qui tiennent à bout de
bras, justement, le coût de production, des gens qui travaillent vraiment
d'arrache-pied pour vraiment... être efficaces puis... Comment qu'on peut les
aider, eux autres?
Parce que, là, on a vécu, COVID-19, puis
la COVID-19 leur a rentré vraiment dedans. Tu sais, on... Je parlais tantôt que
le prix a augmenté à l'épicerie. Mais eux, il a fallu qu'ils diminuent
justement le nombre de poussins. Tout à l'heure, on parlait de poissons, mais
là je vais vous parler de poussins. Et puis donc de mai à août, il y a eu une
diminution de 15 % de poussins placés en élevage. Donc, ça, 15 %, là,
c'est un revenu qui ne sera jamais là, là. Il ne viendra pas, on a baissé les
poussins. Puis ça, cette diminution-là, ça a une perte de 20 millions de
kilos de poulet pour le mois de mai à août 2020. En plus... Puis ça, c'est
32 millions de dollars de perte de revenus pour les éleveurs. Ça, là,
c'est juste pour 16 semaines de production. C'est énorme. C'est énorme. Puis
cette diminution-là a permis d'éviter, justement, l'euthanasie, parce que là on
essaie de ne pas avoir d'euthanasie d'oiseaux vivants, donc c'est pour ça qu'on
essaie de diminuer. Puis en plus le nombre d'usines d'abattage de volaille
ayant... qui augmentait considérablement, mais augmentait les risques de
pénurie, parce que, là, vous savez comme moi, il y a eu moins d'abattage, il y
a... Encore là, tous les endroits où l'abattage... encore là, on vivait le
problème, justement, de la pénurie d'emplois.
Donc, avez-vous pensez à un programme
ponctuel pour les aider? Parce que là, comme je vous dis, il n'y a aucun programme
qui les aide vraiment. Puis ces gens-là, bien, c'est eux autres qui supportent
ça complètement. Là, actuellement, je regarde... j'essaie de regarder... à
moins que vous me dites : Non, non, il y a un programme qui va les aider.
Mais moi, je ne vois pas de programme vraiment pour eux, pour, à un moment
donné...
Comme, là, eux autres, là, toute la
COVID-19, là, c'est eux autres qui l'ont subie, la perte, là. Puis là ils ont
diminué. Puis toute la perte qu'ils vivent, bien là, ils veulent s'améliorer,
ils veulent rendre leur ferme plus performante. Bien, cet argent, elle ne va
pas là-dessus. Elle va sur, justement, on va essayer de survivre puis on va
travailler plus fort...
M. Rousselle
: ...pas de
programme vraiment pour eux, pour, à un moment donné... Comme là, eux autres,
toute la COVID, là, c'est eux autres qui l'ont subie, la perte, là. Puis là ils
ont diminué, puis toute la perte qu'ils vivent, bien là, ils veulent
s'améliorer, ils veulent rendre leurs fermes plus performantes, bien, cet argent-là,
il ne va pas là-dessus, il va sur justement on va essayer de survivre puis on
va travailler plus fort.
Puis, comme je vous dis, c'est des fermes
familiales. Mon collègue, tout à l'heure, il parlait justement de problèmes
d'aide psychologique. Je vais vous dire de quoi, c'est des gens... bien
souvent, c'est des fermes familiales, il n'y a pas beaucoup d'employés, quand
ils en ont, des employés. Et on les aide comment, ces gens-là?
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Lamontagne : D'abord, il
faut faire la distinction, M. le député de Vimont, entre les productions ou les
cultures qui sont sous gestion de l'offre puis les productions qui ne sont pas
sous gestion de l'offre, hein? La particularité, vous le savez, des productions
qui sont sous gestion de l'offre, c'est qu'elles ont un prix qui est déterminé
en fonction des besoins sur le marché, un prix qui est déterminé par une commission
canadienne qui vient dire : Pour produire, il y a tant, les intrants, les
coûts de main-d'oeuvre, et tout ça, et puis on vous garantit, on vous garantit
que vous n'aurez jamais en bas de ce prix-là, là. C'est ce prix-là que vous
allez recevoir, O.K.? Comparativement à... La gestion de l'offre, grosso modo,
là, c'est 39 %, 40 % de nos productions agricoles au Québec. Alors,
on a 40 %... on va prendre le chiffre 40 $, on a 40 % de notre
production qu'eux autres, on leur garantit un prix en fonction de toutes leurs
dépenses. On dit : Il y a tant de consommation au Canada, vous autres, on
vous donne des droits de produire, puis associé à ce droit de produire, là, on
s'entend ensemble — il y a tout un groupe canadien — puis
ça fait qu'on vous garantit vos revenus. Il y a 60 % des agriculteurs au Québec,
des producteurs, qui ne sont pas... D'ailleurs, la gestion de l'offre, je pense
qu'on est les derniers au monde à avoir ça, là, mais c'est une très bonne chose
pour notre occupation du territoire et c'est quelque chose qu'on supporte. Mais
il y a 60 % de nos producteurs qu'eux autres, il n'y a personne qui leur
garantit combien qu'ils vont avoir pour leurs produits.
• (17 h 50) •
Alors, les programmes de soutien au
revenu, ils sont alignés vers les productions qui ne sont pas couvertes par la
gestion de l'offre, qui n'ont aucune garantie en termes de revenus. Puis les programmes
qui sont sous la gestion de l'offre, pour la plupart, ne bénéficient pas des
mêmes couvertures puis des mêmes programmes, les produits qui ne sont pas sous
la gestion de l'offre.
Dans le cas des éleveurs de volaille, ils
sont couverts, eux, en agri-stabilité s'ils ont une perte additionnelle à
30 % de leurs revenus. À partir de 30 % de baisse de leurs revenus,
ils ont un soutien de la part du programme d'agri-stabilité. Mais sinon, comme
je vous dis, quand... Il y a une question, un... il y a, exemple, dans les
producteurs laitiers, il y a nos producteurs laitiers au Québec, mais il y a
comme un pool aussi, là, ça s'appelle le P5, de toutes les provinces
atlantiques, avec l'Ontario, et puis qui viennent mettre toutes ensemble leurs
productions, qui... ensemble... Ça fait que, quand il y a des pertes, ces
pertes-là...
M. Lamontagne : …il y a une question,
un, il y a un exemple, dans les producteurs laitiers, il y a nos producteurs
laitiers au Québec, mais il y a comme un pool aussi, là, ça s'appelle le P5, de
toutes les provinces atlantiques, avec l'Ontario, et puis qui viennent mettre
toutes ensemble leur production. Ça fait que, quand il y a des pertes, ces
pertes-là sont absorbées puis sont réparties sur l'ensemble de tous les
participants dans la gestion de l'offre. Alors, les particularités, en termes
de programme de soutien, essentiellement, ils viennent de là. C'est qu'on a une
classe de producteurs auxquels on garantit un revenu 12 mois par année, puis on
donne un soutien x, puis on a une classe de producteurs auxquels c'est le
marché qui garantit un revenu, mais pas d'autres choses que là, bien là, il y a
un ensemble de programmes qui sont sur place pour aider ces productions-là,
mais c'est deux choses bien différentes.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député de Vimont.
M. Rousselle : Je comprends
tout ça, mais l'affaire que je vous parle, là, puis je comprends qu'il y a
Agri-stabilité, mais j'ai parlé avec, justement, les Éleveurs de volailles du Québec,
qui sont 800, 850 producteurs. Comme je vous dis, c'est des producteurs… c'est
des fermes familiales vraiment de chez nous. Ils gèrent, eux autres, du vivant.
Je comprends qu'Agri-Québec puis tous les autres qui ne sont pas couverts, je
comprends ça. Le problème, là, quand tu trouves être sous la gestion de l'offre
puis quand arrive une COVID, comme là, la COVID-19, ça pourrait être d'autre
chose, mais là il arrive… COVID-19 qui arrive, mais ponctuellement, eux autres,
ils n'ont pas d'aide, ils n'ont pas de programme vraiment pour les aider.
Puis là, oui, il y a l'appel d'offres, je
comprends ça, ils ont une possibilité de production, mais cette production-là,
ils n'ont pas eu le choix de la diminuer, ils n'ont pas eu le choix à cause de
la COVID-19, parce que, s'ils ne font pas ça, bien, ça va être des volailles
qu'il va falloir qu'ils envoient tout simplement euthanasier pour servir à
rien, là, comprenez-vous. C'est là-dessus qu'ils demandent, eux autres, d'avoir
un programme ponctuel pour eux autres, pour dire : Écoutez, quand il
arrive des moments comme ça, importants, COVID-19, là, on s'entend que c'est la
première fois que ça arrive, COVID-19, espérant qu'il n'y a pas un COVID-20,
là, qui arrive à un moment donné, là.
Mais, comprenez-vous, c'est que je pense,
il faudrait voir, prévoir justement que, s'il arrive quelque chose d'autre…
Comme là, eux autres, ils essaient de survivre actuellement, là, ils essaient
de fonctionner avec leurs sous qu'ils ont réussi à garder de côté pour améliorer
leur production, d'améliorer leurs fermes pour que leurs fermes deviennent plus
efficaces. Mais actuellement, là, vous parlez de… oui, il y a Agri-stabilité
pour eux autres, Agri-stabilité, là, actuellement, dans la COVID-19, là, elle
n'épongera pas leurs pertes, mais pas pantoute. Donc, c'est là-dessus, je vous
demande : Avez-vous regardé un programme ponctuel pour eux autres?
M. Lamontagne : Mais ce que je
vous dis, M. le député, c'est que les productions qui sont sous la gestion de
l'offre, je vais répéter, ont, de par leur système, ont une protection qu'aucun
autre producteur a. Ces gens-là ont des quotas, puis quelqu'un d'autre voudrait
produire de la volaille, ils ne peuvent pas parce qu'ils n'ont pas ces
quotas-là. On a 60 % de nos producteurs qui n'ont pas…
M. Lamontagne : …je vais
répéter, ont, de par le système, une protection qu'aucun autre producteur a.
Ces gens-là ont des quotas, puis quelqu'un d'autre voudrait produire de la
volaille, ils ne peuvent pas parce qu'ils n'ont pas ces quotas-là. On a
60 % de nos producteurs qui n'ont pas ces dispositions-là. Ce qu'on vient
de vivre, M. le député, là, c'est une situation qui est tout à fait
exceptionnelle, effectivement. Puis une chose que je peux saluer, par contre,
c'est que la filière de la volaille, là, on parle les couvoirs, on parle les
éleveurs puis on parle les transformateurs, ont eu une collaboration
exceptionnelle, parce que, du jour au lendemain, ils ont eu un choc incroyable
au niveau de la production, qu'on a vu dans d'autres productions aussi, mais
eux, comment ils ont répondu à ça puis comment, à la vitesse qu'ils se sont
revirés de bord, les gestes qu'ils ont posés au niveau de l'Est du Canada
versus ce qu'ils ont fait dans l'Ouest, là, c'est tout à leur crédit. Ils sont
venus vraiment minimiser les impacts de tout ça. Je vous dirais que c'est
certain qu'ils ont subi un bouleversement important dans leurs affaires.
Au moment où on se parle, les éleveurs de
volaille ont accès au programme d'Agri-stabilité, et puis, si les ventes et
les… au niveau de leurs revenus, subissent des baisses supérieures, là, à
30 %, il y a un soutien qui est en place, là. Mais je vous entends, à
savoir… ce que vous me dites, c'est que les gens voudraient qu'il y ait des
considérations qui soient mises en… qui soient faites pour faire en sorte
qu'ils puissent bénéficier de programmes de soutien dans des situations
exceptionnelles.
M. Rousselle : Mais vous me
parlez de 30 %, mais actuellement, là, justement, quand qu'il y a tous des…
tu as des pertes de 15 %, là, ça, ça veut dire : Attends 30 %.
Attends, rendu là. Parce que là, actuellement, Agri-stabilité, comme je vous ai
dit tantôt, là, eux autres, ils ont juste ça, ils ont juste ça cette
affaire-là. Puis là, là, ils diminuent l'abattage humanitaire, ils diminuent,
justement, le nombre de poussins, tout ça fait qu'à un moment donné ils ont des
pertes. Écoutez, là, 32 millions de dollars de pertes, là, c'est… puis des
coupures de 11 millions au niveau de production de dindons. Écoutez, c'est
de l'argent, ça, là, là. Ça, c'est tout de l'argent qui va faire, à un moment
donné, qu'ils ne vont pas s'améliorer.
Puis on parlait tantôt de concurrence, là,
avec ailleurs, bien, là, justement, si on veut avoir notre… le poulet ou le
dindon du Québec, bien, il faut s'organiser pour que, justement, on soit
compétitifs. Encore une fois, bien, je veux dire, comme je vous ai dit, pour
l'étiquetage, là, mais… Puis là il y a aussi l'abattage aussi là-dedans, parce
que là, on parle, c'est en région, mais là il y a juste deux centres
d'abattage. Là, eux autres, ils disent : Écoute, nous autres, on aimerait
ça qu'il y en ait plus en région. Parce que là, si on veut les garder en
région, si on veut les garder en vie en région, je pense qu'il faudrait peut-être,
la transformation… au niveau de la transformation, je ne sais pas, mais voir
quelque chose de différent, là, tu sais. Actuellement, il y a deux principaux…
personnes qui font de la transformation, deux principaux groupes qu'il
semblerait qui font de la transformation.
M. Lamontagne : Deux grands
transformateurs.
M. Rousselle : Oui, c'est ça.
M. Lamontagne : Par contre, on
a plusieurs sites d'abattage.
M. Rousselle
: Oui,
c'est ça.
M. Lamontagne : O.K. Parce que
chaque transformateur a plusieurs sites d'abattage. O.K.
M. Rousselle
: Donc, il
y a le 15 %. Donc, le fait qu'ils ont 15 % de pertes, on ne prévoit
rien pour pouvoir les aider ces gens-là.
M. Lamontagne : Bien, à
l'intérieur de la dynamique qui est gérée par la gestion de l'offre, les
éleveurs du Québec ont des programmes entre eux pour venir…
M. Lamontagne : …plusieurs
sites d'abattage.
M. Rousselle
:
Oui, c'est ça.
M. Lamontagne : O.K.
Parce que chaque transformateur a plusieurs sites d'abattage. O.K.
M. Rousselle
:
Donc, il y a le 15 %. Donc, le fait qu'ils ont 15 5 de pertes, on ne
prévoit rien pour pouvoir les aider ces gens-là.
M. Lamontagne : Mais à
l'intérieur de la dynamique qui est gérée par la gestion de l'offre, les
éleveurs du Québec ont des programmes entre eux pour venir s'aider, et les
éleveurs du Québec ont alloué 2 millions de dollars pour venir en soutien
avec ceux dont leurs poulets n'ont pas pu être mis en marché ou n'ont pas pu
être abattus.
M. Rousselle
:
Mais, eux autres, ils demandaient vraiment un programme ponctuel du Québec,
mais là, quand je vous entends, je pense que ça ne viendra pas.
Un autre sujet, 66 % des permis
d'abattoir, parce qu'on va rester dans l'abattoir, là, je regardais ça dans
RP-1.19, pour votre information, là, la page 198 pour que ça aille bien,
là, c'est ça, permis d'abattoir. Je regarde ça, c'est qu'actuellement il y a
beaucoup d'abattoirs que leurs permis terminent le 30 juin 2020.
Est-ce que vous avez fait quelque chose pour régulariser la situation?
M. Lamontagne : Alors, ce
que vous me dites, c'est qu'au moment où on se parle, leurs permis seraient
échus.
M. Rousselle
:
Oui, c'est ça.
M. Lamontagne : O.K. Je
soupçonnerais que leurs permis ont été prolongés. Mais je vais demander à la
sous-ministre adjointe qui est responsable du secteur des abattoirs pour savoir
exactement quelles sont les politiques qui ont été mises en place, là, à cause
du COVID. Donnez-moi quelques secondes, s'il vous plaît.
M. Rousselle
: …
(Consultation)
M. Lamontagne : Ce qu'on
me dit, c'est que les permis, là, leur renouvellement a été comme automatique.
Alors, ça a été prolongé d'une année.
M. Rousselle
:
O.K. du au fait que la COVID et tous ces permis-là qui, bon, on comprend que
c'est peut-être à cause de la COVID que vous avez… est-ce qu'il y a eu une
augmentation de gens… de vérificateurs, de gens qui vont vérifier, là, sur
place ou, vous savez, ça, je pense que c'est le MAPAQ qui s'occupe de ça. Donc,
est-ce qu'il y a eu une augmentation d'inspecteurs sur le terrain pour
s'assurer que la salubrité est vraiment vérifiée? Parce que, là, à cause du
COVID, j'imagine qu'il faut augmenter un petit peu la vérification. Est-ce
qu'il y a quelque chose là-dessus?
M. Lamontagne : Bien, en
réalité…
Le Président (M. Lemay) :
Il reste une minute à ce bloc d'échange.
M. Lamontagne : Oui.
Bien, en réalité, je vous dirais que nos inspecteurs… bien, il y a les
inspecteurs fédéraux, il y a les inspecteurs dépendamment que si c'est des
abattoirs fédéraux, des abattoirs provinciaux. Mais je peux vous dire que, tout
au long de la COVID, là, toutes les équipes d'inspecteurs du ministère étaient
sur le terrain puis ils ont continué, là, à faire leur travail de façon aussi
professionnelle et diligente, là, qu'ils le faisaient avant, là.
M. Rousselle
:
…vous êtes en train de me dire qu'il n'y a pas eu d'augmentation de personnel
d'inspecteurs, à ce moment-là, sur le terrain pour pallier à la COVID-19 donc
pour vraiment s'assurer que c'était partout, là, que c'était correct.
• (18 heures) •
M. Lamontagne : Bien, au
niveau de l'inspection animale, là, il n'y a pas de liens qui ont été faits
entre la COVID puis la transmission de la maladie à des humains par les
animaux. Alors, le travail des inspecteurs du MAPAQ, quand ils vont sur les
sites d'abattage, c'est vraiment de... il y a les vétérinaires qui sont là…
18 h (version non révisée)
12167 M. Rousselle : ...
M. Lamontagne : ...bien, au
niveau de l'inspection animale, là, il n'y a pas de liens qui ont été faits
entre la COVID puis la transmission de la maladie à des humains par les
animaux. Alors, le travail des inspecteurs du MAPAQ, quand ils vont sur les
sites d'abattage, c'est vraiment de... il y a les vétérinaires qui sont là puis
il y a les inspecteurs, c'est la conformité au niveau des pratiques d'abattage.
Bien, ça, il n'y a aucune politique qui a été changée, là. L'excellent travail
des inspecteurs a continué à être fait, là, pendant la COVID, là.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup. Ceci complète le bloc d'échange avec le député de Vimont et, en
fait, avec tous les députés qui sont ici présents. Je vous remercie tous et
toutes pour votre collaboration à ces travaux. Et avant de terminer, je dois...
de dépose les réponses aux demandes de renseignement de l'opposition.
À ce stade-ci, l'étude des crédits
budgétaires du portefeuille Agriculture, Pêcheries et Alimention pour
l'exercice financier 2020‑2021 est complétée. Et j'ai une annonce à vous
faire, compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux jusqu'au mardi
25 août, où elle entreprendra les consultations particulières et auditions
publiques du projet de loi n° 50, qui est la Loi
concernant la location d'une partie des forces hydrauliques de la rivière
Shipshaw. Merci beaucoup, bonne fin de journée.
(Fin de la séance à 18 h 1)