Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
mardi 18 août 2020
-
Vol. 45 N° 68
Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, volet protection de la langue française
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13 h 30 (version non révisée)
(Treize heures trente et une minutes)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte et je demande à
toutes les personnes présentes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
Donc, la commission est réunie afin de
procéder à l'étude du volet Protection de la langue française des crédits
budgétaires du portefeuille Immigration, Francisation et Intégration pour
l'exercice 2020‑2021. Une enveloppe de 1 h 30 m a été allouée
pour l'étude de ces crédits.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente : M. Émond (Richelieu) est remplacé par M Bélanger (Orford);
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée par Mme Hébert (Saint-François);
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis) est remplacée par Mme David (Marguerite-Bourgeoys);
Mme Melançon (Verdun) est remplacée par M. Kelley (Jacques-Cartier); Mme Labrie
(Sherbrooke) est remplacée par Mme Ghazal (Mercier); et Mme Hivon (Joliette)
est remplacée par M. Bérubé (Matane-Matapédia).
La Présidente (Mme Thériault) :
Parfait. Donc, nous allons pouvoir procéder aux échanges entre les groupes d'opposition
et le ministre, par bloc soit de 15 à 20 minutes. Les temps d'échange
incluent les questions et les réponses. Je serai très vigilante aussi au
respect des droits des parlementaires par rapport au temps. Donc, une
réponse... une question courte appellera une réponse courte et une longue
appellera une longue. Je note religieusement. Donc, je... Vous n'avez qu'à me
regarder et vous saurez, je vous ferai des petits signes, vous allez me voir
bouger sur mon siège.
Donc, pour le prochain bloc, on commence
avec l'opposition officielle, ensuite, ce sera la deuxième opposition, on
revient à l'opposition officielle, la troisième opposition, et l'opposition
officielle à nouveau. Donc, sans plus tarder, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys,
vous avez la parole pour un bloc de 19 min 33 s.
Mme David : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Puis comme moi, je parle trop longtemps, le ministre va être
obligé de répondre longtemps, alors ça va me faire un grand plaisir.
Je commence par quelques remarques
introductives. Cela me fait grand plaisir de revenir à d'anciennes amours et
d'anciennes préoccupations, par ailleurs, toujours présentes et d'actualité,
que sont les enjeux liés à la protection et à la promotion de la langue
française. Depuis toujours, Mme la Présidente, la langue française a été le
ciment qui consolide nos racines et notre culture de nation...
Mme David : …introductives.
Cela me fait grand plaisir de revenir à d'anciennes amours et d'anciennes
préoccupations, par ailleurs toujours présentes et d'actualité, que sont les
enjeux liés à la protection et à la promotion de la langue française. Depuis
toujours, Mme la Présidente, la langue française a été le ciment qui consolide
nos racines et notre culture de nation francophone au sein de l'univers
anglo-saxon. Il a été et sera toujours de notre responsabilité parlementaire de
veiller à promouvoir, à chérir et à protéger cette langue commune, la langue
officielle de la nation québécoise.
Il y a 101 ans exactement, comme la
loi 101, le premier ministre Lomer Gouin nommait mon grand-père, Athanase
David, ministre responsable du secrétariat de la province, c'était le
25 août 1919. Il sera responsable et créateur des Bourses d'Europe, du
prix David en littérature, des musées, du patrimoine, de la culture, et ardent
défenseur de la langue française. Il sera aussi, en 1923, nommé directeur du
club de hockey des Canadiens, pour faire sourire messieurs. Il a reçu, en 1948,
la médaille de l'Académie française. Ouf! Difficile de ne pas parler… de ne pas
porter l'amour et le respect de la langue française dans ses gènes.
Ce fut donc un grand privilège d'occuper,
en toute humilité, vos fonctions, M. le ministre. Nous sommes, et depuis fort
longtemps, chacun notre tour, et on l'espère, avec le moins de partisanerie
possible, des passeurs de la protection de notre langue. Nous devons, chacun
notre tour, veiller sur sa santé, sa vitalité et sur la qualité de sa présence.
Parler français, ce n'est pas que prononcer des mots en français, ce qui est
déjà un effort souvent difficile et louable des nouveaux arrivants que nous
accueillons, mais c'est aussi une responsabilité de tous les Québécois. Et
c'est la qualité de ce français qu'il faut maintenir, préserver, protéger.
C'est une responsabilité d'État mais aussi une responsabilité individuelle,
dans nos échanges oraux autant que dans nos écrits, que ce soit dans des
courriels, dans des messages textes, dans des gazouillis, dans les réseaux
sociaux, dans les travaux d'école, de collège et d'université.
Le ministre, Mme la Présidente, a une
grande responsabilité. Je sais qu'il croit en cette importance de la langue
française et je sais aussi qu'il s'intéresse beaucoup à l'histoire. C'est donc
à son tour d'ajouter sa contribution à la longue liste de ceux et celles qui,
depuis longtemps, ont tissé collectivement et successivement la trame de
présence extraordinaire du français en terre d'Amérique. Et nous, les
oppositions, sommes là pour lui poser des questions, celles que portent nos
concitoyens et concitoyennes, dans un esprit que j'espère le plus productif et
stimulant possible afin que, tous ensemble, nous puissions partager et protéger
la fierté que nous avons de notre langue commune et de nos racines.
Alors, mon premier sujet touchera la
gouvernance, Mme la Présidente, la gouvernance de la responsabilité de la
langue française. Alors, le gouvernement a fait plusieurs choix depuis deux
ans. Au début, c'était la continuité, en gardant l'importante responsabilité de
la protection et de la promotion de la langue française au ministère de la
Culture et des Communications, puis après, 4 septembre 2019, vous
avez été nommé M. le ministre responsable de la Langue française…
Mme David : …alors le gouvernement
a fait plusieurs choix depuis deux ans. Au début, c'était la continuité en
gardant l'importante responsabilité de la protection et de la promotion de la
langue française au ministère de la Culture et des Communications, puis après,
4 septembre 2019, vous avez été nommé M. le ministre responsable de
la Langue française. Ce qui m'attriste, c'est qu'on a enlevé les mots
«protection et promotion». C'est une question que je vous pose : Pourquoi
ça a disparu de votre titre?
Et ensuite, dans le communiqué diffusé par
le cabinet du premier ministre, on pouvait y lire : «Le premier ministre a
rappelé que, déjà en 2016, le rapport de la députée d'Iberville préconisait de
rapatrier les responsabilités liées à la langue française au ministère de
l'Immigration afin de rendre l'action du gouvernement plus cohérente. Il s'agit
donc d'un changement qui s'inscrit en continuité avec la vision du nouveau gouvernement
du Québec en matière de francisation des immigrants et avec les réformes déjà entreprises
par le ministre dans ce domaine.» Jusque-là, certaines logique et cohérence. Et
tout à coup, coup de théâtre, le 22 juin dernier, la langue française
disparaît du ministère de l'Immigration, de la Francisation et déjà Intégration
et s'en va, avec le ministre, à la Justice. Donc, en moins de 10 mois, les
responsabilités ont changé deux fois pas de ministre mais de ministère, et
trois ministères différents en moins de deux ans. Alors, j'essaie de comprendre
la valeur ajoutée, non pas que le ministre ne soit pas compétent. Mais j'essaie
de trouver la valeur ajoutée de la cohérence que le premier ministre souhaitait
de lier la langue française, à l'époque, à l'immigration et, tout à coup,
quelle est la cohérence de le mettre avec le ministère de la Justice. Est-ce
qu'on doit conclure à une remise en question du rapport, fameux rapport de la
députée d'Iberville, que la CAQ et le premier ministre et le ministre
responsable de la Langue française citent souvent? Est-ce que c'est un constat
d'échec de cette vision? Qu'est-ce qui est passé par la tête du premier
ministre pour vous garder la responsabilité de la langue française mais en
allant à la Justice.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre, la parole est à vous.
M. Jolin-Barrette :
Alors, bonjour, Mme la Présidente. Bonjour aux membres de la commission. C'est
un plaisir de vous retrouver après deux mois d'intermission dans nos
circonscriptions respectives.
Mme la Présidente, vous me permettrez
quelques remarques préliminaires. Vous savez, l'exercice des crédits est un
exercice qui requiert beaucoup de travail de la part des équipes
gouvernementales. Donc, je tiens à remercier l'ensemble des membres de la
fonction publique qui ont travaillé pour les crédits de la Langue française. Au
premier titre, l'équipe de Me Champagne au Secrétariat à la promotion et à
la valorisation de la langue française; l'équipe de Me Drouin également à
la Justice, qui est sous-ministre à la Justice; l'équipe de Mme Galarneau
également à l'Office québécois de la langue française; ainsi que l'équipe de
M. Pierre Boutet au Conseil supérieur de la langue française. Donc,
aujourd'hui, si on peut répondre aux crédits, c'est notamment grâce au travail
des différentes équipes également qui nous accompagnent tout autour de la
table. Et on a des gens qui sont également à distance, vous comprendrez, Mme la
Présidente, en raison de la distanciation sociale. Donc, on adapte notre
Parlement à la réalité que nous vivons actuellement en raison de la pandémie.
Alors, c'est apprécié.
Je tiens à remercier les collègues d'être
présents, et surtout aux autres leaders d'avoir pu faire en sorte qu'on puisse
tenir un exercice des crédits qui est fort…
M. Jolin-Barrette :
...vous comprendrez, Mme la Présidente, en raison de la distanciation sociale,
donc, on adapte notre parlement à la réalité que nous vivons actuellement en
raison de la pandémie. Alors, c'est apprécié. Je tiens à remercier également
les collègues d'être présents. Et surtout aux autres leaders d'avoir pu faire
en sorte qu'on puisse tenir un exercice des crédits qui est fort important dans
notre enceinte. Et on a réussi à s'adapter en faisant sûr d'avoir des mesures
appropriées pour avoir une distanciation.
La députée de Marguerite-Bourgeoys nous
disait, Mme la Présidente, en commençant son intervention, en citant son aïeul,
en disant qu'il avait fait beaucoup de choses pour la langue française... Je
tiens à souligner que la famille de la députée de Marguerite-Bourgeoys
effectivement a le service public à coeur, si on peut le dire, par le biais de
son grand-père, par le biais de son père également qui s'était impliqué dans le
domaine médical, elle-même aussi à titre d'ex-ministre de la Langue française
qui a décidé de faire le saut en politique, mais qui a également fait du
service public à l'Université de Montréal, également comme sous-ministre aussi
dans la fonction publique québécoise, mais également... Sa soeur, également,
qui était députée durant près... quelques... quelques années pour une autre
formation politique. Mais elle nous manque d'ailleurs. C'était agréable de
l'avoir avec nous.
• (13 h 40) •
Tout ça pour vous dire que je reconnais
l'apport de la famille de la députée de Marguerite-Bourgeoys à la protection, à
la promotion et à la valorisation de la langue française. Et je suis heureux de
la retrouver dans ce dossier-là parce que je vais avoir, Mme la Présidente,
besoin notamment de sa collaboration à elle également parce que, si on veut
améliorer la protection, la promotion et la valorisation de la langue
française, il va falloir travailler en équipe. Et on a déjà eu l'occasion d'y
travailler dans un projet de loi précédent sur un tout autre sujet, mais je
pense que j'apprécie beaucoup la députée de Marguerite-Bourgeoys, sa façon de
travailler et de pouvoir échanger.
Et ça sera intéressant, Mme la Présidente,
parce que la langue française, elle appartient à l'ensemble de la nation
québécoise. Et je crois qu'il est prioritaire de déposer un plan d'action
prochainement pour s'assurer que, dans les prochaines années, la langue
française redevienne la langue commune, la langue du travail, la langue qui
permet d'interagir entre les personnes de toute origine qui décident de venir
au Québec, la langue de l'intégration, la langue de l'accueil. Alors, il y a
beaucoup de travail à faire. Et je compte sur les collègues des oppositions
pour m'accompagner dans cette démarche-là.
Simplement vous dire qu'au cours des
dernières années, Mme la Présidente, et je vais conclure le premier bloc
d'intervention là-dessus, de dire que le gouvernement du Québec actuel prend ça
extrêmement au sérieux, la protection de la langue française, la promotion
également. Ça s'est manifesté dans le cadre des crédits budgétaires qui ont été
octroyés par mon collègue des Finances et du Trésor. Et vous pouvez être
certaine, Mme la Présidente, que le gouvernement va prendre des mesures
concrètes pour s'assurer que le Québec s'exprime en français et que la langue
française soit mise de l'avant et surtout qu'on s'assure qu'elle redevienne la
langue commune, comme on s'est doté en 1977 de la loi 101 en s'assurant de
faire en sorte que ce soit la langue normale et habituelle de la société
québécoise.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre...
M. Jolin-Barrette : ...en
français et que la langue française soit mise de l'avant, et surtout qu'on
s'assure qu'elle redevienne la langue commune, comme on s'est doté en 1977 de
la loi 101, en s'assurant de faire en sorte que ce soit la langue normale et
habituelle de la société québécoise.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Je vais continuer
sur le sujet, qui me tient à coeur. Mais je comprends que le ministre est quand
même bien mal à l'aise d'expliquer pourquoi la langue est rendue à la Justice.
Alors...
M. Jolin-Barrette : C'est moi
que vous vouliez. Est-ce que vous me permettez?
Mme David : Je sais que vous
aimez beaucoup la langue française, mais de convaincre un premier ministre de
partir avec la responsabilité, c'est assez inhabituel.
M. Jolin-Barrette :
Voulez-vous me laisser revenir? Excusez-moi, je...
La Présidente (Mme Thériault) :
Allez-y, allez-y, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Donc,
écoutez, effectivement, il y a eu des remaniements ministériels. Le premier
ministre m'a confié en septembre 2019 la responsabilité de la langue française.
Effectivement, il y avait une logique à ce que ça soit jumelé à l'Immigration
et à la Francisation. Vous aurez noté qu'on a modifié également le nom du ministère
de l'Immigration pour nommément l'appeler le ministère de l'Immigration, de la
Francisation et de l'Intégration, parce qu'on veut s'assurer d'intégrer les
personnes immigrantes en français au Québec.
Au cours des deux... bien, de l'année et
demie où j'ai été ministre de l'Immigration, on a été chercher un budget
important, en fait les montants de l'accord Canada-Québec rattachés à
l'intégration et à l'accueil des personnes immigrantes, qui n'avaient jamais
été octroyés pleinement au ministère de l'Immigration, et, de ce 140 millions
supplémentaire là, ce qu'on a fait, on a consacré la moitié du budget pour des
mesures en matière de francisation, donc : augmentation du nombre de cours
de francisation, élargissement des clientèles admissibles — auparavant,
vous aviez uniquement les immigrants à statut permanent. Donc, les temporaires,
les travailleurs étrangers temporaires, les personnes avec des statuts
précaires n'étaient pas admissibles aux cours de francisation. Maintenant, ils
le sont — on a augmenté l'allocation des cours à temps plein; on a
créé une allocation à temps partiel; on a augmenté les frais de remboursement
de frais de garde aussi pour les personnes qui suivent des cours de
francisation; et on a fait en sorte d'avoir un parcours d'accompagnement
personnalisé pour s'assurer que la personne immigrante qui arrive au Québec,
bien, dès l'étranger, on s'assure qu'elle suive des cours de français en ligne,
mais aussi, lorsqu'elle arrive ici, on l'inscrit automatiquement à des cours de
francisation, on fait le suivi aussi pour voir son assiduité, et, si jamais
elle ne suit pas les cours de français, bien, on lui demande de... on fait le
suivi avec elle pour voir comment est-ce qu'on peut rendre le cours disponible
pour elle.
Tout ça pour vous dire, Mme la Présidente,
que j'ai commencé à travailler sur mon plan d'action au ministère de
l'Immigration, et j'en suis à finaliser le tout, et donc c'est pour cette
raison-là que le dossier de la langue française m'a suivi. Mais je peux vous
assurer que je travaille en collaboration très serrée avec la ministre de
l'Immigration pour continuer les efforts en matière de francisation.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme David : Bien, je dirais
que c'est tellement lié à un ministre, une signature que je ne sais pas
qu'est-ce qui va arriver quand votre plan sera déposé, si les pauvres conseil
supérieur, OQLF vont retourner au ministère. Alors, ça fait un drôle de yoyo,
disons-le comme ça.
Mais je vais aller justement sur un parent
que je qualifierais très pauvre dans les responsabilités de la langue
française, et je nomme le Conseil supérieur de la langue...
Mme David : ...plan sera
déposé, si les pauvres conseil supérieur, OQLF vont retourner au ministère...
Alors, ça fait un drôle de yoyo, disons-le comme ça.
Mais je vais aller justement sur un parent
que je qualifierais très pauvre dans les responsabilités de la langue française,
et je nomme le Conseil supérieur de la langue française. On a ici le président,
que je salue, parce que j'ai plusieurs vies dans ma... vous l'avez dit, et j'ai
travaillé avec ce formidable président, qui préside le Conseil supérieur de la
langue française, mais qui, pour l'instant... et la députée d'Iberville avait
dit : C'est une coquille vide. Elle avait dit ça dans son rapport. Puis
elle avait dit : Faites quelque chose. Il y a eu Ouellon aussi, le rapport
Ouellon, qu'à l'époque, j'avais demandé de regarder toute la structure d'OQLF,
conseil supérieur, etc.
Et, quand on regarde, photo actuelle du
Conseil supérieur de l'éducation... je serais déprimé si j'étais le président.
Je sais qu'il a la couenne dure, mais je serai très déprimée, pour toutes
sortes de raisons. D'abord, les effectifs. Sept employés. Vous le savez,
vous êtes habitués à des grandes responsabilités... Sept employés, puis en plus
trois postes vacants, ce n'est pas fort, fort ça, quand on dit que 30 % de
l'effectif est absent.
Il n'y a aucun employé de moins de
35 ans. Ça ne fait pas bien, bien renouvellement. Je pense que c'est plus
dans votre tranche d'âge, ça, cet âge de 35 ans. Bien, c'est plate, hein,
quand il n'y a pas de votre génération dans un... pour réfléchir à la langue
française.
Il n'y a aucune, zéro, comme zéro puis une
barre, représentation de la diversité. Ça aussi, c'est très, très, très plate.
Il y a des chiffres sur le Conseil du
trésor qui dit : ça coûte 420 000 $, cette masse salariale du
conseil. Vous, vous répondez : Non, c'est 770 000 $. Quel est le
bon chiffre? Est-ce que le conseil a périmé en plus des montants? Ça serait
rendu le comble.
Parlons de l'absentéisme. Le plus haut
taux d'absentéisme dans les ministères et les organismes, savez-vous c'est où,
M. le ministre? C'est au Conseil supérieur de la langue française. Puis on
vient de dire qu'il n'y a quasiment personne. 11,5 %, le plus haut taux de
tous les ministères et organismes.
Donc, le monde n'est pas là, le monde est
absent. Il y a des postes vacants. Puis, en plus, ils sont malades ou ils sont
absents. Alors, on s'inquiète. Plus que ça, tous les mandats des membres,
tous, tous — puis ils sont huit — tous sont échus depuis au
moins 2018. Ça, c'était ma bête noire dans une autre vie, moi aussi, des postes
échus. C'est vraiment très, très moche parce qu'ils sont assis sur des chaises
échues.
Deux membres ont quitté sur les huit. Ça,
ça commence à faire pas mal de monde aussi : MM. Poirier, en octobre
2019, Guillaume Marois, en mars 2019. Le mandat du président lui-même, j'espère
qu'il sait, il vient à terme dans deux mois. Alors, M. le Président, ça serait
vraiment dommage qu'il quitte. Alors, on se demande ce qui passe.
Combien d'avis demandé au Conseil
supérieur de la langue française par le ministre, alors que, depuis 2002, la
loi n° 104, tout ce qu'il reste au Conseil supérieur
de la langue française, c'est de vous donner des avis? Parce que l'OQLF a raflé
tout le reste avec la loi n° 104. Je l'ai lu
attentivement, puis on s'inquiétait de ça. C'est arrivé. Donc, ils sont là...
le conseil est là pour s'occuper de vous, essentiellement. Zéro avis...
Mme David : …de la langue
française par le ministre, alors que depuis 2002, la loi n° 104,
tout ce qui reste au Conseil supérieur de la langue française, c'est de vous
donner des avis parce que l'OQLF a raflé tout le reste avec la loi n° 104. Je l'ai lu attentivement puis on s'inquiétait de
ça, c'est arrivé.
Donc, ils sont là… Le conseil est là pour
s'occuper de vous essentiellement. Zéro avis demandé par votre prédécesseur,
zéro avis demandé par vous. En plus, quand l'OQLF a fait des consultations sur
l'exemplarité de l'État en matière d'usage de la langue française, je sais que
vous avez répondu à des questions là-dessus, le conseil n'a même pas été
consulté. Deux solitudes à l'intérieur de vos responsabilités. C'est comme si
ça ne se parle pas.
Alors, si on résume tout ça, je ne vais
pas prendre le temps de le résumer, mais qu'est-ce que vous… vers où vous vous
en allez avec ce conseil supérieur? Je crois énormément en nos conseils, moi,
j'y crois beaucoup au Conseil supérieur de l'éducation. Ce sont des créations
de la Révolution tranquille, des créations importantes qu'on rend complètement
sans pouvoir, sans personne qui y travaille, sans études qu'on leur demande.
Alors, est-ce qu'on laisse mourir par
abandon, par attrition? Est-ce que vous voulez lui redonner ses lettres de
noblesse? J'aimerais que ça soit la dernière réponse, mais je suis très
inquiète.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
• (13 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Oui,
merci, Mme la Présidente. Écoutez, on se retrouve dans une situation où je suis
en train de réfléchir par rapport au plan d'action sur la langue française.
Alors, je retiens vos commentaires par rapport à l'intégration du Conseil
supérieur de la langue française. Vous souhaiteriez qu'on le dote davantage?
Actuellement, je crois qu'il y a sept ETC, mais en ce moment, il y a
trois personnes environ qui sont embauchées présentement, il y a
quatre postes vacants.
Il faut dire que le Conseil supérieur de
la langue française a rendu un avis fort pertinent l'an passé, en 2019,
relativement à l'exemplarité de l'État qui s'intitulait : «Pratiques
linguistiques des ministères et organismes publics du Québec», qui a été rendu
public le 4 novembre 2019. Or, le rapport a renseigné adéquatement la
population sur une grande problématique qui existe présentement au Québec,
l'absence d'exemplarité de l'État québécois.
Et je tiens à remercier le conseil
supérieur de son étude à ce niveau-là parce que c'est fort problématique pour
notre nation. Ça signifie que l'État québécois, incluant les municipalités, on
l'a vu la semaine dernière avec l'étude qui a été publiée par l'OQLF,
relativement au fait qu'à la fois les municipalités et les ministères et
organismes de l'État sont loin d'être exemplaires. On se dit : On veut
défendre la langue française, l'État québécois doit en faire la promotion.
Or, il y a des lacunes dans les sociétés
d'État, il y a des lacunes au sein du gouvernement pour s'assurer de cette
exemplarité de l'État, pour faire en sorte que si on souhaite s'assurer que le
français, ça soit la langue commune, bien, au premier chef, l'État-nation du
Québec devrait faire en sorte d'assurer la promotion du français, d'assurer
dans ses communications avec l'externe l'utilisation du français, d'assurer
d'utiliser le français avec ses citoyens aussi, d'assurer d'utiliser le
français avec les entreprises aussi. Alors, l'étude du Conseil supérieur de la
langue française a... nous a renseignés là-dessus et a donné un bon son de
cloche, pour dire qu'est-ce qui doit être changé.
Sur votre question, à savoir est-ce que la
structure organisationnelle du Conseil supérieur de la langue française va demeurer
intacte…
M. Jolin-Barrette :
...d'assurer d'utiliser le français avec les entreprises aussi. Alors, l'étude
du Conseil supérieur de la langue française a... nous a renseigné là-dessus et
a donné un bon son de cloche, pour dire qu'est-ce qui doit être changé.
Sur votre question, à savoir est-ce que la
structure organisationnelle du Conseil supérieur de la langue française va
demeurer intacte, comme il est aujourd'hui, va-t-il être mieux doté, c'est un
élément sur lequel je suis en train de réfléchir présentement et ça fera partie
de mon plan d'action. Je suis ouvert aux suggestions également que vous avez.
Je retiens que la députée de Marguerite-Bourgeoys
nous dit que, elle, elle doterait davantage le Conseil supérieur de la langue
française. Présentement, il y a des postes vacants qui sont là. Alors, je
réfléchis... je vais réfléchir à votre proposition puis je prends la suggestion,
mais c'est une discussion que nous pourrons avoir aussi.
Mme David : Bien, j'insiste, parce
que c'est une discussion extrêmement importante, l'ensemble de la structure,
l'ensemble de l'oeuvre, d'ailleurs, en langue française et moi, je retiens de
vous, M. le ministre, qu'effectivement, vous êtes ouvert à réfléchir. On ne
peut pas laisser vivoter des institutions qu'on a créées dans la joie et
l'allégresse peut-être il y a 50 ans, puis que là, on se dit : Ils sont
là, mais, écoutez, c'est presque rire du monde, d'avoir sept personnes, trois
absents. Ils ne peuvent plus rien faire puis je sais que vous référez à la question,
vous ne perdez rien pour attendre, là, parce que ce rapport-là, je l'ai lu
attentivement, donc...
La Présidente (Mme Thériault) :
Ceci mettra fin à notre bloc d'échanges, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Ah!
La Présidente (Mme Thériault) :
Je suis la gardienne du temps. Donc, Mme la députée de Mercier, la parole est à
vous pour 14 min 40 s.
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
Bien, tout d'abord, je veux saluer, M. le
ministre, les membres des organismes... des équipes qui travaillent avec le ministre
à la protection de la langue française et aussi mes collègues. Je suis très
contente d'être ici aujourd'hui, en remplacement à ma collègue la députée de Taschereau.
Moi, je ne pourrai pas faire appel à mes
aïeux pour la protection de la langue française, mais, moi-même, je suis toujours
fière de dire que je suis une enfant de la loi 101. Quand je suis arrivée au Québec,
je ne parlais pas le français. J'ai appris ici, au Québec, à l'âge de 10 ans et
donc, j'ai un grand, grand attachement à la langue française, et à son
histoire, et l'histoire, en 1977, quand la loi 101 a été instaurée, et son
renforcement aujourd'hui.
Souvent... moi, j'ai peu de temps, ça fait
que je ne peux pas faire de longues introductions. Je vais essayer d'être
courte dans mes questions, pour que le ministre soit aussi court puis me donne
des réponses précises.
Quand on parle de la langue, on la traite
souvent sous un angle identitaire, de fierté. etc. Mais il y a un autre aspect
dont on parle moins, c'est toute la question de la justice sociale puis quand
je parle de la justice sociale, c'est quand je parle, par exemple... c'est
l'emploi, la langue qu'on utilise durant l'emploi et il y a eu, évidemment, la
semaine passée, tout le monde a vu ça, le rapport dévastateur de l'OQLF. On
n'est pas surpris, mais on est toujours déçus de constater à quel point il y a
un... surtout sur le marché du travail, il y a un affaiblissement, si on veut
de la langue française, bien ils n'ont pas peur des mots et où 17933 63 % — c'est
énorme — 63 %, à Montréal, des employeurs qui demandent le
bilinguisme, qui demandent d'avoir les deux langues. Moi-même, personnellement,
dans tous les emplois où j'ai travaillé, on me demande... on demande
constamment d'avoir les deux langues et — pour vrai...
Mme Ghazal : ...n'ayons pas
peur des mots, et où 63 % — c'est énorme — 63 %,
à Montréal, des employeurs qui demandent le bilinguisme, qui demandent d'avoir
les deux langues. Moi-même, personnellement, dans tous les emplois où j'ai
travaillé, on me demande... on demande constamment d'avoir les deux langues
et — pour vrai, j'ai eu plusieurs emplois — il y a plein de
fois, ce n'était pas vraiment nécessaire. Souvent, on le demandait parce qu'il
y avait un membre de l'équipe qui parlait, par exemple... qui ne parlait pas
français. Il fallait que les autres lui parlent. Dans le rapport de l'OQLF
aussi, on a dit à quel point il y avait des réunions qui se passaient en
anglais, simplement parce qu'il y avait une personne qui ne parle pas le
français. Ça, c'est des faits, c'est des choses que j'ai moi-même pu
expérimenter. Ça, c'est une expérience personnelle, mais le rapport a pu en
témoigner.
Moi, la question que j'ai pour le
ministre, c'est : J'aimerais savoir si... ce qu'il compte faire, s'il a
l'intention de resserrer la loi 101? Parce que c'est une belle loi, on la
défend, mais il y a quand même des angles morts, dont celui-là. Est-ce que...
Qu'est-ce qu'il a l'intention de faire pour la renforcer?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, j'ai l'intention de déposer, au
cours des prochaines semaines, un plan d'action qui traitera notamment de ces
questions-là. Parce que, la semaine dernière, lorsque l'OQLF a publié son
étude, j'ai pris connaissance des résultats, des constats, et je suis choqué,
Mme la Présidente. Je suis choqué du point où on est rendus. Vous savez, je le
disais tout à l'heure, c'est une responsabilité collective, la promotion, la
valorisation et la pérennité aussi de l'utilisation de la langue française. Et
ce qu'on constate, au cours des années... Et le constat, les résultats de
l'étude de l'OQLF sont troublants à l'effet que 63 % des entreprises de
Montréal, lorsqu'ils affichent une offre d'emploi, souhaitent ou exigent la
connaissance de la langue anglaise ou d'une autre langue que le français. Les
Québécois ont le droit de travailler dans leur langue, ont le droit de
travailler en français. On peut comprendre que, dans certaines situations,
l'exigence de la connaissance d'une autre langue soit nécessaire pour le
travail, lorsque vous avez des relations, supposons, avec les étrangers ou par
la nature même du poste, supposons que vous faites affaire avec des clients
extérieurs au Québec, mais ce n'est pas vrai, Mme la Présidente, que tous les
postes nécessitent la connaissance d'une autre langue que le français. Dans le
cadre d'une entreprise sur un milieu de travail situé sur l'île de Montréal,
les Québécois puis les Québécoises devraient pouvoir parler français au travail.
Ils devraient surtout pouvoir communiquer entre eux en français. Et ça, c'est
l'autre fait troublant de l'étude qui a été publiée, c'est le fait que, dans
près de 41 % des cas, l'autre langue est exigée pour communiquer entre
collègues ou avec son patron. Au Québec, en 2020, c'est inacceptable, on va
redresser la barre. Et surtout je me demande comment ça se fait qu'on a glissé
jusque-là. Il y aura nécessité tous ensemble d'adopter des mesures concrètes,
costaudes pour corriger la situation si on veut s'assurer de faire en sorte que
le Québec redevienne la...
M. Jolin-Barrette : …au Québec,
en 2020, c'est inacceptable, on va redresser la barre, et surtout je me demande
comment ça se fait qu'on a glissé jusque-là. Il y aura nécessité tous ensemble
d'adopter des mesures concrètes, costaudes pour corriger la situation si on
veut s'assurer de faire en sorte que le Québec devienne la langue normale
habituelle du marché du travail et de la société québécoise, et là-dessus, je crois
que je vais pouvoir compter sur vous, Mme la députée.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci.
Mme Ghazal : Je suis
convaincue qu'avec les intentions nous sommes, tout le monde, d'accord, les 125
députés, on est d'accord. C'est même écrit à l'article 46 de la loi 101 :
«Il est interdit à un employeur d'exiger, pour l'accès à un emploi, la connaissance
de l'anglais si ce n'est pas nécessaire.» Et je vous dis, dans les faits, puis moi-même,
mon expérience au début de l'année. Maintenant, l'intention, tout le monde est d'accord
avec ça, le changement, je veux juste être sûre, le ministre… c'est un projet
de loi pour renforcer la loi 101 ou c'est un plan d'action? Juste pour être
sûre, j'ai entendu «plan d'action», est-ce que c'est une erreur ou c'est vraiment
un plan d'action, il n'y aura pas de projet de loi?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Mais, en
fait, ce sera un plan d'action, Mme la Présidente, donc un plan d'action peut
comprendre plusieurs mesures, des mesures en termes de politiques
ministérielles, des mesures réglementaires, des mesures législatives aussi.
Donc, il s'agit de plusieurs mesures qui peuvent être prises dans le cadre d'un
plan d'action. Alors, je peux vous assurer, Mme la Présidente, que ce sera un
plan d'action global qui pourrait notamment inclure ces différentes mesures que
je viens d'énoncer.
Mme Ghazal : Très bien.
M. Jolin-Barrette : L'autre
point qui est important aussi, c'est que ça peut comprendre également les
crédits, l'argent aussi pour changer les choses. Puis vous aurez bien noté, Mme
la Présidente, que l'augmentation que nous avons eue, en termes de crédits
budgétaires, cette année, on est passé de 29 millions pour le portefeuille
Langue française à 41 millions, presque 42 millions. Donc, on a
augmenté de 5 millions les crédits au secrétariat à la promotion à la
langue française et de 5 millions à l'Office québécois de la langue
française, c'est la première fois, depuis des années, qu'il y a une si grande
augmentation.
Et, si on veut être en mesure d'assurer le
rayonnement et la protection de la langue française, il faut s'assurer d'avoir
les moyens, et le 10 millions qu'on a consacré, c'est clairement un message
qu'on envoie.
Mme Ghazal : Très bien. Moi,
j'aurais aussi une autre question pour le ministre sur le plan d'action, on
n'aime pas dire ça, mais il y a quand même, par rapport à la langue française,
on le sait, il y a la réalité à Montréal. Moi, je suis à Montréal, il y a la
réalité aussi à l'extérieur de Montréal, et on le constate, on le voit, et les
rapports aussi qui sont produits sur la langue en parlent. Et même la ministre,
l'ancienne ministre responsable de la langue française disait, elle-même,
l'année passée qu'elle avait constaté qu'il y avait une problématique
particulière sur l'île de Montréal. Action, rien, il n'y a rien eu.
Est-ce que le ministre va… j'avais écrit,
dans ma question, projet de loi, mais finalement je vais changer pour plan
d'action, est-ce que le ministre, dans son plan d'action, va avoir un plan
spécifique pour le français, pour la protéger à Montréal?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
• (14 heures) •
M. Jolin-Barrette : Bien, Mme
la Présidente, il s'agit d'une excellente question parce qu'il faut regarder ça
globalement. La langue française est davantage sous pression à Montréal, tout
le monde le constate. Un des éléments qui fait en sorte que la langue française
est sous pression à Montréal, c'est notamment par rapport au nombre
d'employeurs qu'il y a à Montréal. Donc, il y a beaucoup d'employeurs, vous le
voyez, qui exigent la langue anglaise. Autre élément aussi, c'est également…
14 h (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : ...la
langue française est davantage sous pression à Montréal, tout le monde le
constate. Un des éléments qui fait en sorte que la langue française est sous
pression à Montréal, c'est notamment par rapport au nombre d'employeurs qu'il y
a à Montréal. Donc, il y a beaucoup d'employeurs, vous le voyez, qui exigent la
langue anglaise.
Autre élément aussi, c'est également la
terre d'accueil de la majorité des personnes immigrantes qui choisissent le
Québec. Un des plus grands défis que nous avons, c'est de s'assurer d'intégrer
en français les personnes immigrantes. Je vous racontais tout à l'heure que
j'ai tenté de faire ma part dans mon précédent ministère. On a débloqué des
sommes historiques en termes de francisation des personnes immigrantes. Et
d'ailleurs, ça fonctionne parce que l'an... en une année, là, entre juin 2019
puis juin 2020, il y a eu une augmentation de l'ordre de 27 % aux
inscriptions aux cours de francisation des personnes immigrantes. Donc, les
mesures qu'on a mises en place fonctionnent. Il faut continuer dans cette
ligne-là.
Où il est important de ne pas isoler
Montréal en termes de mesures de valorisation de la langue française, c'est que
lorsque vous prenez l'étude de l'OQLF qui est... qui a été publiée la semaine
dernière, eh bien, vous voyez qu'également dans le reste du Québec, il y a des
taux qui sont moins élevés qu'à Montréal où on exige l'utilisation du français.
Cela étant, si les entreprises de Montréal utilisent une autre langue...
exigent une autre langue, bien, ça va faire en sorte également que dans les entreprises
hors Montréal, il va y avoir également une pression pour utiliser une autre
langue que le français. Alors, en traitant le dossier de Montréal, on traite
également le dossier des régions hors Montréal. Mais il faut avoir une approche
cohérente et fédérative. Donc, oui, Montréal, un plan pour Montréal, mais ça va
être inclus dans l'ensemble du plan québécois. Mais il y aura une attention
particulière portée à Montréal.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci.
Mme Rizqy : ...contente d'entendre
qu'il va y avoir des actions spécifiques pour Montréal. Je comprends que ça va
percoler après peut-être ailleurs. Donc, juste pour être sûre, c'est un plan
d'action. Il n'y aura aucun projet de loi dans le mandat... dans ce mandat-là
sur la question de la langue. C'est ce que... je veux juste... réponse oui ou
non. Juste pour être certaine parce que j'avais vraiment compris que c'était un
projet de loi.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : En fait,
tout à l'heure, ce que j'ai dit, Mme la Présidente, j'ai dit : Il y aura
un plan d'action qui pourrait notamment comprendre des actions en matière de
politiques publiques. Les politiques publiques s'établissent par décision
ministérielle, par rédaction réglementaire ou par rédaction législative. Donc,
il pourrait y avoir, dans le cadre du plan d'action, une modification
législative qui pourrait y avoir lieu, mais ça sera dévoilé dans le cadre du
plan d'action.
Mme Rizqy : Très bien, merci.
Ça fait qu'il pourrait avoir aussi un projet de loi. Je voulais revenir vous
parler de l'exemplarité de l'État. Il y a une action souvent... parce que là,
ça fait deux ans, c'est un gouvernement nationaliste qui est ici, on
s'attendait que... je veux dire, on parle, on aime la langue, etc., ça, dans la
rhétorique, tout le monde, on est bons là-dedans pour déclarer notre amour pour
la langue. Mais par exemple, les actions, jusqu'à maintenant, il y a peu eu
d'actions. Je comprends qu'il y avait beaucoup de choses, il y a eu la COVID,
tout ça. Mais des fois, quand c'est gros pour agir pour la langue, on voit ça
trop gros, un plan d'action, un projet de loi, mais il aurait pu y avoir une
action très, très petite et très simple que le ministre aurait pu mettre...
aurait pu faire, c'est celle d'appliquer l'article 1 de la loi n° 104.
Tout le monde est d'accord depuis...
Mme Ghazal : ...il y a peu eu
d'actions. Je comprends qu'il y avait beaucoup de choses, il y a eu la COVID,
tout ça, mais des fois, quand c'est gros pour agir pour la langue, on voit ça
trop gros, un plan d'action, un projet de loi. Mais il aurait pu y avoir une
action très, très petite et très simple que le ministre aurait pu mettre...
aurait pu faire, c'est celle d'appliquer l'article 1 de la loi n° 104.
Tout le monde est d'accord depuis belle lurette, depuis 2002, que ça a été
adopté, ce projet de loi là qui justement aurait pu corriger une partie de
l'exemplarité de l'État. Tout simplement, obligation de communiquer avec les
personnes morales en français, l'État québécois. Pourquoi ça n'a pas été fait?
C'est tellement petit, et rapide, et simple.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
Mme Ghazal : Et tout le monde
est d'accord.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
suis bien heureux, Mme la Présidente, qu'on réitère que tout le monde est d'accord.
D'ailleurs, on a voté une motion, à l'Assemblée nationale, à ce sujet-là. J'en
suis un promoteur. Je peux vous assurer que ça va être fait.
Cela étant, avec égard pour la députée de
Mercier, ce n'est pas si simple que ça, parce qu'il y a plusieurs ficelles à
attacher, si je peux dire. Mais, très certainement, lors du dépôt du plan
d'action, je peux croire que vous ne serez pas déçue par rapport à votre intervention.
Il est dans notre intention d'assujettir effectivement les communications avec
les entreprises, conformément à l'article 1 de la loi n° 104.
Et d'ailleurs, c'est une loi qui existe
depuis 2002, hein? La disposition n'est jamais rentrée en vigueur. Alors, je
comprends qu'aujourd'hui on me dit : Ça va faire un an que vous êtes ministre
responsable de la Langue française, bientôt, en septembre, vous ne l'avez pas
encore mise en vigueur. Soit. J'en prends la responsabilité, mais je vous dis
que je suis en train de travailler là-dessus. Cependant, 2002, le PQ est au
pouvoir, jusqu'en 2003 ils ne l'ont pas fait. Les libéraux, 2003‑2018, 15 ans,
ils auraient pu le faire, ils ne l'ont pas fait. Je peux vous assurer que ça va
être fait, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Ghazal : Moi, j'avais
mentionné que c'est depuis 2002, mais on ne va pas regarder le passé. Peut-être
que le ministre, c'est depuis un an, mais la CAQ, ça fait quand même depuis
deux ans, et là le ministre dit... il dit que c'est compliqué, alors que c'est
une action où tout le monde est d'accord depuis très longtemps, puis c'est
supposé être l'action la plus simple, donc j'ai peur pour le reste, mais bon.
L'autre question aussi que j'avais... Est-ce
que dans son plan d'action ou projet de loi, etc., est-ce qu'il va rendre
obligatoire l'application de la loi 101 pour les entreprises de juridiction
fédérale qui sont au Québec?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Merci,
Mme la Présidente. C'est une question qui est intéressante. La CAQ s'est déjà
positionnée pour étant... en disant que oui, on souhaitait que la loi 101
couvre également les entreprises de juridiction fédérale. Vous avez certaines
entreprises de juridiction fédérale qui le font, actuellement, de leur plein
gré, mais je pense que lorsqu'on se dit, à la lumière du rapport de l'OQLF de
la semaine dernière, que les Québécois ont le droit de parler français, bien,
je crois effectivement que la loi 101 devrait s'appliquer aux entreprises de
juridiction fédérale. Je pense qu'on est rendu là, il n'y a pas de raison qui
ferait en sorte que les Québécois ne puissent pas travailler dans leur langue et
que la...
M. Jolin-Barrette : ...à la
lumière du rapport de l'OQLF de la semaine dernière, que les Québécois ont le
droit de parler français, mais effectivement, je crois que la loi 101
devrait s'appliquer aux entreprises de juridiction fédérale. Je pense qu'on est
rendu là. Il n'y a pas de raison qui ferait en sorte que les Québécois ne
puissent pas travailler dans leur langue et que la législation québécoise ne
s'applique pas sur l'intégralité du territoire québécois et sur les différents
objets qui la compose.
La Présidente (Mme Thériault) :
45 secondes.
Mme Ghazal : Donc, je
comprends que c'est engagement que, dans son plan d'action ou peut-être son
projet... En tout cas, j'espère que ça va être dans le plan d'action, parce que
c'est lui qui va être déposé en premier. Ça sera écrit : Les entreprises
de juridiction fédérale qui sont au Québec, la loi 101 s'appliquera. C'est
ce que j'entends. Parce que j'ai entendu : Je crois, je pense. Je veux
savoir, est-ce que c'est un engagement, ou le ministre aimerait?
La Présidente (Mme Thériault) :
En... secondes, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
J'aimerais, je pense et je crois que ça se retrouvera dans le plan d'action.
Mme Ghazal : Je n'ai pas
entendu : Je m'engage à.
M. Jolin-Barrette : Sous
réserve du dépôt du plan d'action dans les prochaines semaines, mais c'est la
volonté du gouvernement.
Mme Ghazal : On va surveiller
ça de très près.
La Présidente (Mme Thériault) :
Voilà. Ceci met fin au bloc d'échange avec la deuxième opposition. Nous
revenons donc à l'opposition officielle. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys,
la parole est à vous pour une autre période de 19 min 33 s.
Mme David : Ça commence à être
vraiment intéressant. Je trouve qu'on va pas mal... on converge dans un très
grand nombre de sujets. Alors, je vais peut-être sauter par-dessus moi aussi.
Ma question était toute simple : Voulez-vous modifier l'article 46 de
la charte? Alors, vous niez, dans l'embauche, dans le rapport de l'OQLF... qui
aurait pu être un rapport du Conseil supérieur de l'éducation, mais ça, c'est
une autre affaire, là. On s'en reparlera, de votre plan d'action, mais c'est
parce que, qui fait quoi, là, c'est toujours un peu compliqué. Mais quand vous
dites que vous vous engagez, etc., on sait très bien que vous ne pouvez pas
annoncer ce qu'il va y avoir dans un projet de loi, vous connaissez trop bien
la façon dont ça fonctionne. Alors, on comprend quand même, dans le sous-titre
ou dans les interlignes de ce que vous dites, qu'il y a quand même des choses
qui s'en viennent.
Mais parlons de quelque chose qui, moi,
m'attriste énormément en ce moment et qui est super urgent. Puis je ne le vois
pas venir dans votre plan d'action, puis j'ai la confirmation qu'il y a un
blocage total en ce moment dans un programme que j'adore, et sûrement que vous
l'adorez aussi puis vous ne le savez peut-être même pas, mais ça m'étonnerait
que vous ne le sachiez pas parce qu'il y a eu beaucoup de communications avec
le gouvernement, le programme de jumelage linguistique : J'apprends le
français. On parlait de Montréal, on parlait des petits commerçants, on parlait
des petits, petits commerces où les gens ne savent pas parler français, et là
aussi est née, avec une institution que je connais bien, et la chambre de
commerce il y a plusieurs années, ce programme de jumelage linguistique où on envoie
des étudiants dans des petits commerces parler français deux heures par
semaine, des étudiants en enseignement du français, des étudiants en
littérature, etc. Donc, ils ont un petit salaire, les étudiants. C'est un
programme qui ne coûte rien, M. le ministre. Ça a commencé avec 200... au
début, 200 commerces, et puis 200 000 $. Là, c'est rendu à
1,4 million, puis ça a été augmenté, même, dans les derniers crédits. Puis
depuis la pandémie : Pouf! Plus rien, plus rien. Ils n'ont pas les
crédits. Ils ne peuvent pas... on est au mois d'août, ils ne peuvent pas
engager d'étudiants pour faire le jumelage. C'est rendu que...
Mme David : ...au début,
200 commerces et puis 200 000 $. Là, c'est rendu à
1,4 million, puis ça a été augmenté, même, dans les derniers crédits.
Puis, depuis la pandémie, pouf! plus rien. Plus rien. Ils n'ont pas les
crédits, ils ne peuvent pas. On est au mois d'août, ils ne peuvent pas engager
d'étudiants pour faire le jumelage. C'est rendu que tout le monde y
contribue : Concordia, l'Université de Sherbrooke, l'UQAM, l'UdeM, etc.,
pour faire du jumelage. C'est rendu dans la grande région de Montréal.
Promettez-moi de faire quelque chose. Puis
ce n'est pas dans les semaines à venir, c'est dans les jours à venir qu'on... Parce
que vous voulez tous. Le gouvernement dit : Bien, oui, c'est un programme
formidable, mais les crédits ne sont pas là.
Donc, en ce moment, au moment où on se
parle, j'ai vérifié encore ce matin, il n'y a aucune embauche d'étudiants qui
se fait, alors que c'est supposé être un programme à grand déploiement. Parce
que tout le monde adore ce programme-là. Il n'y a personne qui peut être
contre, et c'est suspendu. C'est entre ciel et terre, quelque part dans un ministère.
Les crédits ne sont pas donnés. Donc, la chambre de commerce qui gère ça, je le
sais de source plus que sûre, ne fait rien en ce moment. Puis, au mois de mai,
ils ont dû mettre à pied beaucoup, beaucoup de monde pour l'autre programme qui
était Interconnexion, mais là, comme vous n'êtes plus à l'Immigration, je ne
peux pas aller sur ce sujet-là, mais je vais sur le sujet du jumelage
linguistique. Rassurez-moi, s'il vous plaît.
• (14 h 10) •
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Alors, Mme
la Présidente, je sais que la députée de Marguerite-Bourgeoys a une affection
particulière pour ce projet-là parce que je sais qu'elle a contribué à sa mise
sur pied à l'époque où elle était à l'université.
Écoutez, le gouvernement est ouvert toujours
à regarder les différents programmes, les différentes initiatives pour assurer
la francisation. Dans le cadre du programme de la Chambre de commerce de
Montréal métropolitain, Bonjour, j'apprends le français, c'étaient des
étudiants universitaires, notamment, qui allaient dans les petits commerces
pour avoir des conversations, des discussions pour faire pratiquer les
personnes qui n'avaient pas une connaissance de la langue française. Le
4 mai dernier, la chambre de commerce a suspendu son programme, dû à
l'état de la pandémie, et puis on est en discussion avec eux et on va regarder
la suite des choses pour voir la poursuite de ce programme-là. Donc, on est en
discussion avec eux présentement.
Une chose qui est importante aussi,
c'est : lorsqu'il y a de l'argent public qui est investi, c'est important
que l'argent soit prioritairement mis dans les ressources pour s'assurer de
l'exécution de la mission pour laquelle l'argent est investi. Également, ce qui
est important également, c'est d'avoir des mécanismes d'évaluation, à
savoir : Est-ce que le programme fonctionne aussi?
Donc, dans toute dépense publique, c'est important
de s'assurer qu'il y a un retour sur investissement, si je peux dire, pour
s'assurer que c'est la meilleure façon d'investir de l'argent pour s'assurer
qu'il y a une retombée concrète au niveau, dans ce cas-ci, de l'apprentissage
du français.
Mais, très certainement, la Chambre de
commerce Montréal métropolitain est un partenaire du gouvernement du Québec, et
on est en discussion avec eux pour voir les différentes modalités de
prolongation de ce programme.
Mme David : Je continue là-dessus
parce qu'il y en a, des chiffres. Les trois quarts des apprenants, au début,
n'avaient aucune connaissance du français ou ils étaient considérés comme
débutants et, au terme de...
M. Jolin-Barrette : ...mais
très certainement la Chambre de commerce Montréal métropolitain est un
partenaire du gouvernement du Québec, et on est en discussion avec eux pour
voir les différentes modalités de prolongation de ce programme.
Mme David : Je continue
là-dessus parce qu'il y en a des chiffres. Les trois quarts des apprenants, au
début, n'avaient aucune connaissance du français ou ils étaient considérés
comme débutants. Et, au terme de l'intervention et du jumelage, entre le tiers
et la moitié d'entre eux avaient atteint un stade intermédiaire ou avancé de
compétence à l'oral.
Puis ça, je vais vous donner un exemple
bien concret qu'on m'a donné, je l'aime beaucoup. Tu vas chez un nettoyeur qui
ne parle pas le français. Bien, il faut qu'il comprenne un certain mot lié au
fait d'aller... quand tu vas porter une robe : Pouvez-vous refaire mon
ourlet — ce qui est un mot un peu déjà sophistiqué — mon
bord de robe? Bien, c'est sûr que tu vas acheter une pinte chez le dépanneur,
tu n'as pas besoin de lui enseigner : Pouvez-vous me recoudre mon bord de
robe ou mon ourlet?, tu as besoin d'une pinte de lait. Alors, ce programme-là
de jumelage, il est jumelé pour la fonction qu'exerce la personne qui ne parle
pas français. Et c'est pour ça que c'est si efficace.
Puis la question de la pandémie et tout
ça, ils ont dit : Au contraire, les commerçants n'ont jamais été, un,
aussi disponibles, puis, deuxièmement, tout ça existe en télé-enseignement.
Donc, ils sont capables de continuer le programme. Donc, ce n'est pas la
pandémie vraiment qui aurait fait arrêter le programme, au contraire, ils
étaient capables de l'accélérer.
Alors, j'aimerais ça que le ministre me
promette d'entrer rapidement en contact avec la chambre de commerce pour
pouvoir réactiver ça. Il y a 10 500 commerces de proximité de moins de 10
employés dans la grande région de Montréal, 4 000 employés non francophones
qui y travaillent. Ça, là, c'est de la politique qu'on devrait faire de
proximité. Mais, en francisation, c'est un plateau d'argent pour vous ce
programme-là. Alors, je vous redemande de ne pas abandonner, s'il vous plaît.
Est-ce qu'il faut l'améliorer? Vous verrez. Mais de l'avoir dans votre tête.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, j'entends bien la suggestion de la députée de Marguerite-Bourgeoys,
j'en prends note. Simplement la rassurer également que le Secrétariat à la
promotion et à la valorisation de la langue française est déjà en discussion
avec la chambre de commerce métropolitain, alors je peux la rassurer à ce
niveau-là.
Simplement pour dire également qu'on a
attribué des crédits supplémentaires à l'OQLF justement pour accompagner aussi
les entreprises pour des mesures d'intervention. Donc, il y aura davantage de
conseillers, davantage de techniciens également attitrés aux entreprises de
50 employés et moins.
Et je tiens à vous souligner également que
l'État doit jouer un rôle dans la francisation des personnes, jouer un plus
grand rôle. Parce qu'il ne suffit pas non plus de faire en sorte... d'impartir
cette responsabilité de l'État. Parce que, si la situation linguistique au Québec
est rendue où elle est rendue présentement, c'est notamment en raison du fait
que certains gouvernements ont fait le choix de dire : Nous n'investissons
pas à la hauteur de ce que nous devrions investir en matière de protection et
de valorisation de la langue française, mais aussi nous ne prenons pas nos
responsabilités en tant qu'État et en tant que corps public. Et les Québécois
et les Québécoises, leur gouvernement doit s'assurer d'être l'agent
fédérateur...
M. Jolin-Barrette :
...que nous devrions investir en matière de protection et de valorisation de la
langue française, mais aussi nous ne prenons pas nos responsabilités en tant
qu'État et en tant que corps public. Et les Québécois et les Québécoises, leur gouvernement
doit s'assurer d'être l'agent fédérateur qui va faire en sorte de prendre la
tête des actions, notamment au niveau de l'exemplarité de l'État, mais aussi à
titre de moteur pour franciser les personnes, pour s'assurer d'avoir de la
disponibilité de cours de francisation, d'avoir de la disponibilité de cours de
francisation dans les différentes entreprises, d'aller les voir que ce soit par
le biais que l'OQLF ou que le secrétariat joue pleinement son rôle. Mais pour
ce faire, il faut pleinement doter l'État québécois des moyens. Et c'est ce
qu'on a fait dans le cadre du récent budget avec une augmentation de 10 millions
de dollars.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée.
Mme David : Une autre vraiment
qui m'inquiète beaucoup, vous n'êtes pas ministre de la Culture, mais vous êtes
responsable de la langue française. Et puis il y a quelque chose qui revient
souvent. Puis on a des chiffres incroyables. Vous savez qu'il y a la politique
du 4 %, de faire de la publicité et en région de soutien aux médias. Et on
est supposé mettre chaque... un minimum de 4 % du budget de tous les
ministères et organismes en placement publicitaire dans le soutien aux médias
particulièrement en région, que vos affectionnez. Puis je suis sûre que vous
êtes entièrement d'accord avec ça. Mais là, il y a un organisme qui est sous
votre responsabilité, qui s'appelle l'OQLF qui quand on regarde les... où ils
ont mis leur investissement, dans la note RG-70. Médias communautaires?
Zéro. 0,00 $ et 0,00 %. Internet, 75 %. Puis on sait avec le
Facebook, etc., là, les enjeux. Les médias sociaux, 0,4 %. Les médias
communautaires, zéro puis une barre, alors qu'on dit que c'est supposé aider
les régions tout en participant à la promotion de la langue française. Qeu
c'est que vous allez faire avec ça?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, écoutez, Mme la Présidente, c'est un bon point que la députée de
Marguerite-Bourgeoys amène. Oui, il faut s'assurer d'utiliser l'enveloppe en
matière de publicité sur l'ensemble du territoire québécois, et j'en suis.
Relativement à l'accompagnement des entreprises, à la promotion du français
aussi, et vous l'avez noté tout à l'heure, Mme la Présidente, les membres de la
commission l'ont noté, qu'il y a un enjeu particulier avec la région de
Montréal entre autres, il ne faut pas se le cacher, avec les entreprises, avec
les municipalités aussi. Dans l'étude de la semaine dernière publiée par
l'OQLF, on disait 50 % des municipalités sur l'île de Montréal ou arrondissements
exigent la connaissance de la langue anglaise pour exercer un poste. Alors, il
y a un effort de sensibilisation, et ça a toujours été, là, ça a toujours été,
la région de l'Outaouais aussi, ça a toujours été où il y a certaines priorités
régionales, si je peux dire, en matière de langue française qui doivent mises
de l'avant. Donc, il est logique notamment que l'OQLF concentre ses efforts sur
l'île de Montréal...
M. Jolin-Barrette : ...de sensibilisation,
et ça a toujours été, là, ça a toujours été... la région de l'Outaouais aussi,
là, ça a toujours été où il y a certaines priorités régionales, si je peux
dire, en matière de langue française, qui doivent être mises de l'avant. Donc,
il est logique notamment que l'OQLF concentre ses efforts sur l'île de
Montréal.
Mais encore faut-il, Mme la Présidente,
s'assurer d'avoir les moyens pour le faire, et c'est ce qu'on a fait.
D'ailleurs, si vous me permettez, Mme la Présidente, là, j'aimerais vous
présenter un tableau au cours des dernières années en matière de langue
française. Vous noterez l'augmentation qu'il y a eu au cours des deux dernières
années, plus 40 % de budget en matière de langue française. Vous voyez les
années libérales, en rouge, et l'augmentation substantielle qu'il y a eu depuis
que la CAQ est arrivée au gouvernement. Donc, ce qu'on fait, avec la CAQ au
gouvernement, c'est qu'on s'assure de mettre l'argent nécessaire afin d'assurer
la protection et la promotion de la langue française, Mme la Présidente. Si vous
le souhaitez, je pourrais vous déposer le tableau pour que l'ensemble des
membres en prennent connaissance, pour s'assurer également qu'on s'assure que
les mesures prises au fil des ans à travers les différents gouvernements... on
adopte une approche qui est particulière pour la langue française, pour bien
doter les institutions de défense du français au niveau des crédits
budgétaires.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Merci, M. le ministre. Je vous prierais de transmettre le tableau à cce@assnat.qc.ca, et je le regarderai, et j'accepterai le
dépôt.
M. Jolin-Barrette : Ça me
fera plaisir, Mme la Présidente.
• (14 h 20) •
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : ...O.K. Je peux-tu
vous dire quand même, en tout respect et gentiment, que c'est grâce à
l'économie du Parti libéral que peut-être vous avez tellement d'argent à
dépenser, et je suis contente que vous en mettiez en langue française.
Alors, j'ai un autre sujet que
j'affectionne particulièrement, puis ça, c'est sous le régime libéral, là,
c'est plate pour vous, mais c'était pas mal nous autres qui avons fait ça, je
sais que vous avez crié, vous avez dit que ce n'était pas bon, que ça n'allait
pas assez loin. L'affichage des marques de commerce, je veux absolument vous en
parler quand même. Parce que, et je le précise, quand on connaît notre
histoire, l'histoire de la loi 101 depuis le début, depuis l'entrée en vigueur
de la Charte de la langue française, en 1977 — vous n'étiez pas
né — c'est la première fois que des modifications réglementaires sont
apportées en ce qui a trait à l'affichage des marques de commerce. Il s'agit là
d'une véritable avancée pour accroître la présence du français dans le paysage
linguistique. Bon, la CAQ, à ce moment-là, était vraiment... disait : Ça
ne va pas assez loin, etc., mais ce règlement... on peut s'entendre sur un
fait, c'est la première fois qu'on renforçait la présence du français dans l'affichage,
et évidemment que tout le monde a réagi, chacun à sa façon.
Mais, quand même, je cite un communiqué
qui me fait chaud au coeur, je devrais le mettre en dessous de mon oreiller, je
cite un communiqué du Parti québécois daté du 22 novembre 2019, parce qu'ils
avaient trois ans pour le mettre en vigueur, qui dit : «Le gouvernement de
la CAQ a ici une extraordinaire occasion de prouver que son nationalisme n'en
est pas un que de façade.» «Façade», «affichage», je trouvais ça intéressant,
comme choix de mots. «Le ministre doit s'assurer que l'OQLF sévit
rigoureusement contre les commerces récalcitrants...
Mme David : ...pour le mettre
en vigueur, qui dit : «Le gouvernement de la CAQ a ici une extraordinaire
occasion de prouver que son nationalisme n'en est pas un que de façade.»
«Façade», «affichage», je trouvais ça intéressant comme choix de mots. «Le
ministre doit s'assurer que l'OQLF sévit rigoureusement contre les commerces
récalcitrants qui, en trois ans, n'ont pas cru nécessaire de s'ajuster et de
prendre des mesures pour respecter la loi.»
Alors, ma question est simple. Je voudrais
absolument savoir, donc, quel est le bilan, en date d'aujourd'hui, des
entreprises récalcitrantes, du nombre d'amendes qui ont été données, du montant
total des amendes. Même Impératif Français, qui n'est habituellement pas notre
ami tant que ça au Parti libéral, qui affirme que ce règlement va dans la... un
pas dans la bonne direction et que certaines entreprises ne respectent pas les
critères de présence suffisante du français, donc ils ne prennent pas au
sérieux.
M. le ministre, est-ce que vous prenez au
sérieux ce nouveau règlement sur l'affichage? Est-ce que vous avez des chiffres
sur le suivi donné à ça? C'est bien beau faire des règlements, vous allez en
faire vous aussi, mais ce qui est important, c'est : Est-ce que les gens
l'appliquent? Puis est-ce que l'OQLF fait sa job, après, de vraiment... Elle va
dire qu'elle accompagne, qu'elle accompagne, qu'elle accompagne, mais elle a le
droit de sévir aussi.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Si
vous me permettez une intervention très courte relativement à votre question
précédente, je vais des vérifications relativement aux médias communautaires.
En fait, l'OQLF, dans le cadre d'un programme, a dépensé plus de
100 000 $ pour six projets. Donc, tous les médias communautaires ont
été invités à déposer... Donc, il y a 100 000 $ qui ont été
déposés... qui ont été dépensés pour l'accompagnement des médias
communautaires.
Puis le lien aussi, également, avec le
ministère de la Culture... Tout à l'heure, vous disiez... vous faisiez le lien
avec la langue française, et tout ça. On a accordé 2 millions de dollars
au Mouvement national des Québécois pour faire en sorte de tenir des activités
organisées autour de la culture et de l'histoire du Québec, et elles
s'adressent aux nouveaux arrivants. Alors, je pense que c'est une somme qui est
tout de même substantielle pour faire en sorte que, lorsqu'on arrive au Québec,
bien, les façons de s'intégrer, c'est par le fait d'avoir un emploi, par le
fait de parler une langue commune, le français, mais aussi, si on est immergé
dans la culture québécoise à travers les différents produits culturels, je
pense que ça aide notamment à apprendre le français. Alors, on a investi
beaucoup d'argent à ce niveau-là.
Bon, pour ce qui est de votre question au
niveau des marques de commerce, au niveau de l'affichage, il faut se souvenir,
là... Si on fait un peu un historique, là, lorsque Camille Laurin adopte...
fait adopter la loi 101 en 1977, c'est l'unilinguisme français au niveau de
l'affichage. Ça faisait suite également à des discussions qu'il y avait eu
préalablement. Arrive la décision dans l'arrêt Ford en 1988. La Cour suprême
indique que cette disposition-là de la Charte de la langue française est
invalide. Le premier ministre Bourassa invoque la disposition de dérogation,
gouvernement libéral, par ailleurs, à l'époque, dans le cadre également des
événements constitutionnels que l'on connaît, avec l'accord du lac Meech, un an
plus tôt. Et, en 1993, Claude Ryan, à l'époque où il est, je crois, ministre de
l'Éducation et ministre responsable de la Charte de la langue française, ne
renouvelle pas, hein, la disposition de dérogation sur l'affichage unilingue
francophone...
M. Jolin-Barrette :
...des événements constitutionnels que l'on connaît, avec l'accord du lac Meech
un an plus tôt. Et, en 93, Claude Ryan, à l'époque où il est, je crois, ministre
de l'Éducation et ministre responsable de la Charte de la langue française, ne
renouvelle pas, hein, la disposition de dérogation sur l'affichage unilingue
francophone et intègre à l'intérieur de la charte les conclusions de la Cour
suprême du Canada.
Arrive 2016, avec l'arrêt Best Buy, où on
indique que l'interprétation de l'OQLF qui était donnée par rapport aux marques
de commerce est erronnée, une décision de la Cour d'appel. Et, à partir de ce
moment-là, la députée de Marguerite-Bourgeoys et son successeur, l'ancien
député de Sherbrooke, M. Fortin, que je salue, édicte un règlement pour
faire en sorte qu'au lieu d'être la nette prédominance du français, c'est une
présence suffisante du français, alors que ça avait toujours été interprété
comme étant la nette prédominance.
Donc, le gouvernement libéral qui nous a
précédés a fait un choix, hein, a fait un choix de ne pas rouvrir la
loi 101 et a fait un choix d'avoir un critère moindre que celui qui avait
été historiquement mis en place et opérationnalisé par l'OQLF entre 1993 et
2016.
Alors, entre 2016 et 2019, les entreprises
se sont conformées. Sur le bilan, au 31 janvier dernier, le traitement de
23 cas de 23 entreprises qui n'avaient encore complété leurs
démarches. Alors, nous, on va... l'OQLF va débuter les mises en demeure à
partir du 1er septembre prochain pour la conformité de celle-ci. L'OQLF
accompagne les entreprises. On ne souhaite pas arriver puis déboulonner
l'affiche et tout de suite leur dire : Ça vous prend une nouvelle affiche.
On accompagne, on les sensibilise. Je suis d'accord avec vous, à partir d'un
certain moment, l'OQLF sévira pour les entreprises qui sont récalcitrantes.
La Présidente
(Mme Thériault) : Il vous reste une minute, Mme la députée.
Mme David : Bien, je
précise qu'on a donné trois ans à l'époque, en 2016, ils ont eu trois ans, et
qu'à un moment donné, je pense que vous serez d'accord avec moi, qu'il faut
agir et que, si vous vous promenez de l'Ontario au Québec, vous ayez un Costco,
avec Costco seulement chez... en Ontario, puis vous traversez au Québec, puis
là il est obligé d'y avoir... Et ce que vous... ce que je tiens à préciser,
c'est que l'affichage, la visibilité doit non seulement être permanente, mais
elle doit être similaire à celle de la marque de commerce affichée. Si on
comprend bien le français, similaire, c'est qu'il faut que ce soit aussi
visible l'une que l'autre.
Donc, vous aviez à l'époque trouvé que
c'était à rabais. Maintenant, on vous a posé la question, les journalistes ont
dit : Bien oui, mais qu'est-ce que vous allez faire avec ça, si vous
trouvez que c'est si effrayant ce règlement-là? Puis, à date, la CAQ n'a pas
répondu. Alors, ça, je trouve ça assez intéressant. J'ai hâte de voir votre
plan d'action, M. le ministre.
La Présidente
(Mme Thériault) : Et il reste cinq secondes. Donc, je vous invite
à garder votre réponse pour le prochain bloc, peut-être? Merci. Donc, nous
allons maintenant au député de Matane-Matapédia, qui est le chef de la
troisième opposition. 14 min 40 s pour vous, M. le député.
M.
Bérubé
:
Merci, Mme la Présidente, M. le ministre, chers collègues de la commission. La
langue française, c'est un fondement de l'identité québécoise et c'est
certainement un fondement de l'engagement politique de milliers de Québécois
dans ma formation politique depuis 50 ans...
La Présidente (Mme Thériault) :
…la troisième opposition, 14 min 40 s pour vous, M. le député.
M. Bérubé : Merci, Mme la
Présidente, M. le ministre, chers collègues de la commission. La langue
française, c'est un fondement de l'identité québécoise et c'est certainement un
fondement de l'engagement politique de milliers de Québécois dans ma formation
politique depuis 50 ans.
Le Parti québécois a fait adopter une des
lois les plus nécessaires et audacieuses de l'histoire du Québec en 1977,
la Charte de la langue française. Et le ministre, qui a lu la biographie de
Camille Laurin cet été, je le sais, pourra s'inspirer certainement de tout
le courage dont a fait preuve le Dr Laurin, le gouvernement du Parti
québécois.
Je l'ai entendu tout à l'heure dire qu'il
aurait besoin du concours de tout le monde, voire même de l'assentiment de tout
le monde. Je lui dis que ça va être difficile. Aujourd'hui, tout le monde se
réclame la loi 101. Mais s'il avait fallu écouter l'opposition
en 1977, le Parti libéral, en bloc, a combattu la loi 101 et aujourd'hui,
s'en réclame. Tant mieux, les temps ont changé, mais il n'y avait pas
unanimité. Et s'il est sérieux dans ce qu'il entreprend, il devra faire face à
l'adversité et poser des gestes concrets.
J'entends qu'il y aura un plan d'action,
je n'entends pas qu'on va ouvrir la loi 101. Le ministre a bien pris soin
de ne pas prononcer ces mots-là formellement parce qu'il ne le fera pas et je
vais vous dire pourquoi. On va valider un certain nombre d'enjeux qui sont
fondamentaux et dépendamment des réponses du ministre, on saura d'avance s'il
est sérieux ou pas, ou si lui est sérieux mais son gouvernement ne l'est pas.
Parce que je sais qu'il est plus nationaliste que la moyenne des caquistes.
Il y a certains caquistes qui trouvent que
la langue, ça ne fait pas très affaires, hein, ce n'est pas notre «branding»,
hein, la culture, ce n'était pas pour ça qu'ils sont allés me chercher pour
être candidat. Alors, ça existe, là, on les connaît. Ils sont au Conseil des
ministres, en plus, puis ils sont plus nombreux que vous pensez, Mme la
Présidente.
Alors, la loi 101, c'est une loi si
fantastique qu'on va l'ouvrir et je vais demander au ministre, qui semble être
préoccupé par le français au travail, je veux lui rappeler que le travail est
un lieu de socialisation important et je vais lui demander s'il est prêt à
ouvrir la loi 101 pour assujettir les entreprises de moins de
50 employés à la loi 101?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Merci,
Mme la Présidente. C'est un plaisir de retrouver le député de Matane-Matapédia,
on a toujours beaucoup de plaisir à échanger avec lui en commission
parlementaire. Bon, quelques faits, Mme la Présidente. Les entreprises de
50 employés et moins sont assujetties à la loi 101. Ce à quoi elles
ne sont pas assujetties, c'est la procédure de francisation. 100 employés
et plus, il y a un comité de francisation, 50 et plus, bien, c'est la procédure
de francisation. Donc, ça signifie : Est-ce que c'est la langue
généralement parlée dans l'entreprise, les suivis avec l'OQLF, tout ça.
Depuis plusieurs années, différents
membres de la société civile, à la fois la formation politique du député de
Matane-Matapédia, demandent à ce que la charte de la langue… 101 au niveau du
volet de l'accompagnement en matière de de francisation, les obligations en
matière de francisation soient étendues aux entreprises de 50 et moins.
• (14 h 30) •
Nous souhaitons qu'il y ait davantage de
français dans les PME. La question…
14 h 30 (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : …formation
politique du député de Matane-Matapédia demande à ce que la charte de la
langue 101 au niveau du volet de l'accompagnement en matière de de francisation,
les obligations en matière de francisation soient étendues à aux entreprises de
50 et moins.
Nous souhaitons qu'il y ait davantage de
français dans les PME. La question de savoir de quelle façon est-ce que ça doit
se matérialiser, c'est un questionnement. Est-ce que la Charte de la langue
française doit être appliquée intégralement aux entreprises de 50 et moins? Je
me questionne. Je vais être ouvert à avoir cette discussion-là. Très
certainement on doit avoir des mécanismes qui vont s'assurer de la francisation
des personnes. Est-ce que c'est le mécanisme actuel de la loi 101 qui doit
être appliqué? Je me questionne. Une chose est sûre, il faut qu'il y ait davantage
de français en entreprise, il faut qu'il y ait davantage de francisation sur les
lieux de travail. Alors, je suis ouvert aux suggestions. Il faut être
pragmatique. Il ne faut pas non plus avoir trop de bureaucratie parce que, dans
une PME de 25 employés aussi où il y a peu de départements de ressources
humaines, mais ça peut être difficile.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci, M. le ministre. On va aller au député de
Matane-Matapédia.
M. Bérubé : …rapidement,
Mme la Présidente. Alors, un employé qui entre dans une entreprise de
50 employés et plus, c'est important, la langue française, il faut
l'appliquer. Mais, si c'est en bas de 50, 49, 48, ça ne s'applique pas. Si vous
souhaitez notre collaboration, vous allez poser des gestes sérieux, pas un plan
d'action qui va arriver avant avant une élection en disant : On est nationalistes.
Soyons clairs, ouvrons la loi 101, si c'est important, c'est bon pour tout
le monde.
Lorsque le gouvernement Marois était au
pouvoir, et j'en étais, a proposé la loi n° 14. La
CAQ comme le Parti libéral ont refusé d'adopter cette loi. Et en ce qui a
trait… parce que les libéraux ont été sanctionnés, je parlais de la CAQ, la CAQ
refusait d'appuyer cette loi, une loi, c'est un fondement important, parce
qu'elle considérait que ça allait trop loin. Et sur l'assujettissement des
entreprises de moins de 50 employés à la loi 101, le terme utilisé
par la CAQ c'était «harcèlement bureaucratique». C'est comme ça qu'on a traité
une mesure fondamentale pour le français. Je demande humblement au gouvernement
de la CAQ de ne pas confondre «affairisme» avec «nationalisme». Ça rime, mais
ce n'est pas la même chose. Alors, voici un test. Donc, je vais poser ma
question différemment cette fois. Est-ce que la loi 101 sera ouverte
notamment pour inclure cette mesure?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Alors, Mme la Présidente, à ce stade-ci, je peux vous dire qu'il y aura un plan
d'action qui pourrait notamment comprendre des modifications législatives, qui
pourrait, ou réglementaires. Cela étant, Mme la Présidente, je tiens vous
souligner d'ailleurs le Parti québécois a fait un communiqué, le 22 juin
dernier, où il disait : «Nous souhaitons étendre l'application de la
loi 101 aux entreprises de 25 à 49 employés.» Alors, ce que je dis au
député de Matane-Matapédia, c'est : Qu'est-ce qu'on fait aux entreprises
qui ont entre un et 25 employés? Tout à l'heure, il me disait : 50 et
moins, la charte doit être appliquée. Or, dans son communiqué, il dit 25 à 49.
Qu'est-ce qu'on fait entre un et 25? Moi, veux avoir des mesures qui vont faire
en sorte que concrètement les personnes qui travaillent dans les entreprises,
ça va se passer en français, mais surtout pour…
M. Jolin-Barrette : ...un
et 25 employés. Tout à l'heure, il me disait : 50 et moins, la charte doit
être appliquée. Or, dans son communiqué, il dit 25 à 49. Qu'est-ce qu'on fait
entre un et 25?
Moi, veux avoir des mesures qui vont faire
en sorte que concrètement les personnes qui travaillent dans les entreprises,
ça va se passer en français, mais surtout, pour les personnes qui intègrent ces
milieux de travail là et qui ne parlent pas français, qu'on ait des outils pour
les franciser. Et d'ailleurs je pense que l'OQLF peut jouer un rôle à ce
niveau-là.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. M. le député.
M. Bérubé : C'est
important de tester le sérieux de la démarche. En matière de langue, on s'y
connaît pas mal au Parti québécois. Et on a fait face à l'adversité, on a mangé
des coups, mais on est allés par profonde conviction, pas par calcul.
Alors, une loi, c'est important. La
loi 101... Il peut commencer par 25 comme signe de bonne foi. S'il veut
commencer par 25, ce sera déjà ça. Mais je doute fortement qu'il ouvre la
loi 101 pour incorporer ça. Fin de la discussion là-dessus, parce que je
n'ai pas senti... je n'ai pas d'engagement que la loi 101 est ouverte.
Alors, Mme la Présidente, je veux que vous notiez, ainsi que les gens qui nous
écoutent, ici et ailleurs, que la CAQ n'a pas l'intention d'ouvrir la
loi 101. Je veux que ce soit clair. À moins qu'on me dise le contraire.
J'ai une autre proposition. J'ai déposé
une loi, moi, la loi n° 591, concernant l'exigence
excessive de l'anglais au travail, une autre façon d'y arriver, en partie. Alors,
si on veut être pragmatiques puis on veut être rapides, cet automne on commence
à siéger, est-ce que le ministre, qui est aussi leader parlementaire du
gouvernement, est prêt à appeler cette loi, et on l'adopte rapidement, un,
deux, trois?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre. Et j'aimerais vous rappeler
qu'on n'a pas reçu encore votre tableau. Je dois le recevoir durant la séance
pour constater le dépôt.
M. Jolin-Barrette : Mme
la Présidente, il faudrait le numériser. Alors, je vais demander à mes équipes
de le numériser pour vous le faire parvenir.
La Présidente
(Mme Thériault) : ...vous dire qu'on peut faire une photo aussi
et l'envoyer au secrétariat. Oui. Je vous invite à répondre à la question du
député.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Vous avez des meilleures idées technologiques, Mme la Présidente.
Alors, comme je le disais, bien, écoutez,
le projet de loi n° 591 du député de Matane-Matapédia est intéressant.
Pour adopter un projet de loi, un, deux trois, comme il le propose, ça prend le
concours des autres formations politiques aussi.
Alors, une chose est certaine, l'enjeu de
l'article 46 dans la Charte de la langue française, c'est un enjeu qui est
intéressant. Et, à la lumière du rapport de l'OQLF qui a été déposé la semaine
dernière, je crois qu'il y a nécessité d'agir.
De quelle façon on doit agir? Le député de
Matane-Matapédia nous dit : On devrait adopter notre projet de loi n° 591, qui touche l'article 46. Je vais l'étudier
sérieusement, sa proposition. Et puis il faudra voir avec les collègues s'ils
sont d'accord.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. M. le député.
M. Bérubé : ...on
commence par ça. Alors, jusqu'à maintenant, pas d'engagement à légiférer sur la
loi 101. Pas d'engagement à rappeler ce projet de loi là. Toutefois, le
ministre, il n'y a pas tellement longtemps, était prêt à légiférer pour
interdire le «Bonjour! Hi!» à Montréal. Je ne sais pas s'il a toujours cette
intention législative. Il me semble, dans l'ordre des priorités et du
pragmatisme, je lui propose les deux premières avant de légiférer sur le
«Bonjour! Hi!». J'ai peut-être manqué un bout, mais il me semble que le premier
ministre n'a pas retenu...
M.
Bérubé
: ...il
n'y a pas d'engagement à rappeler ce projet de loi là. Toutefois, le ministre, il
n'y a pas tellement longtemps, était prêt à légiférer pour interdire le
«Bonjour! Hi!» à Montréal. Je ne sais pas s'il a toujours cette intention législative.
Il me semble, dans l'ordre des priorités et du pragmatisme, je lui propose les
deux premières. Avant de légiférer sur le «Bonjour! Hi!», j'ai peut-être manqué
un bout, mais je pense que le premier ministre n'a pas retenu cette volonté-là,
mais ça a été exprimé.
En matière de langue, évidemment, on parle
de la protection, et il y a tout l'enjeu de la promotion de la langue
également. Ça passe par la formation, ça passe par la qualité de la langue, ça passe
par la représentation de la langue qu'on a dans notre société, ça passe par les
études supérieures aussi. Moi, Mme la Présidente, je suis particulièrement
préoccupé par les transferts linguistiques qui sont dans le domaine collégial.
De plus en plus de francophones choisissent d'aller dans les institutions
anglophones. C'est une réalité et qui est encouragée par l'État,
malheureusement. Depuis des années, certains cégeps anglophones reçoivent des
rallonges financières pour installer des rallonges physiques pour avoir
davantage d'étudiants et, dans bien des cas, c'est les francophones qui s'y
rendent.
Le premier ministre a beaucoup parlé du
projet de loi n° 61, hein? Il souhaitait qu'on
l'adopte. Bien, une des raisons supplémentaires pourquoi moi, je n'ai pas voulu
l'adopter, c'est que, dans tous les projets qu'on y retrouve, il y a un seul
projet au plan collégial et c'est l'agrandissement du collège Dawson, qui est
le premier en tête de liste pour accueillir des francophones dans une
institution anglophone. L'Action nationale a fait un fantastique dossier
là-dessus, Frédéric Lacroix également, le chercheur. J'aimerais que le ministre
m'indique s'il trouve que c'est une bonne chose d'encourager ce genre de
pratique là. De tous les cégeps du Québec qu'on aurait pu encourager avec un...
disons, une accélération d'un dossier, on a choisi le collège Dawson, qui est
maintenant presque le plus populeux au Québec et qui va contribuer encore une
fois à des transferts linguistiques importants entre les francophones, les
jeunes francophones, et dans un collège anglophone. Est-ce qu'il est d'accord?
Est-ce qu'il a vu que le collège Dawson était dans la liste? Est-ce qu'il est
d'accord avec ce projet de loi? Il n'est pas trop tard, là. Je sais qu'ils vont
revenir avec une autre loi. Moi, si j'étais eux, je l'enlèverais.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, vous savez, lorsque Camille Laurin a fait adopter la Charte de la
langue française, pour eux... et je pourrais dire de source sûre, j'ai discuté
avec un des rédacteurs, il nous disait : Pour nous, la Charte de la langue
française, l'école, à l'époque, normale, c'était le primaire, le secondaire. Le
collégial était moins visé parce qu'à l'époque, ce n'était pas tout le monde
qui y allait. Et les rédacteurs... et la demande de la société à l'époque
n'était pas au niveau du réseau collégial.
Le député de Matane-Matapédia souligne, à
juste titre, que le collègue Dawson est le plus gros cégep au Québec. On est le
seul État en Amérique du Nord, Mme la Présidente, à avoir la langue
officielle... à avoir le français comme langue officielle. On est la seule
nation en Amérique du Nord, Mme la Présidente, à avoir l'opportunité, à avoir
la chance de parler français. Et ça, ça doit se répercuter, Mme la Présidente,
à tous les niveaux, notamment dans le milieu de l'éducation, notamment dans le
milieu académique. Ce que soulève le député de Matane-Matapédia, à juste titre,
au point de vue de la recherche universitaire...
M. Jolin-Barrette : ...on est
la seule nation en Amérique du Nord, Mme la Présidente, à avoir l'opportunité
et à avoir la chance de parler français. Et ça, ça doit se répercuter, Mme la
Présidente, à tous les niveaux, notamment dans le milieu de l'éducation, notamment
dans le milieu académique. Ce que soulève le député de Matane-Matapédia à juste
titre, au point de vue de la recherche universitaire, et je rejoindrai la députée
de Marguerite-Bourgeoys à ce niveau-là, si on veut doter les établissements
d'enseignement supérieur d'une clientèle qui étudiera en français, qui fera de
la recherche en français, qui fera rayonner le Québec en français, il faut
s'assurer qu'au niveau du choix de l'établissement académique collégial la norme
demeure le français.
Alors, je retiens la suggestion du député
de Matane-Matapédia. Et je vais être ouvert aux suggestions pour s'assurer que
la norme du réseau collégial demeure le réseau collégial francophone.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. M. le député.
• (14 h 40) •
M. Bérubé : Mme la Présidente,
vous comprenez que ma demande est formelle, là. Dans la liste des 201 projets,
je crois que c'est 201, se retrouvent nommément le plan du collège Dawson. Et
son directeur le dit, là. Il a dit qu'il accueillait un certain nombre... un
grand nombre d'étudiants francophones. On n'envoie pas un bon message. Je sais
qu'il est sensible à ça, le ministre. Il n'est pas trop tard, il y aura une
nouvelle loi qui va venir. Je trouve que ça envoie un bien mauvais message.
En matière de langue, il y a également
l'application des lois sur l'affichage. On en a parlé tout à l'heure. Beaucoup
plus présent, beaucoup plus proactif là-dessus. Je pense que l'État qui doit
être exemplaire, c'est l'État qui applique les lois aussi. Donc, en ce sens-là,
moi, je vais souhaiter qu'on soit plus vigilant sur l'affichage. Ça, c'est
clair.
Quant à l'exemplarité de l'État, ce n'est
pas supposé être une politique, c'est supposé être une normalité. Présentement,
là, puis on va le faire vérifier, est-ce qu'il y a encore des factures
d'Hydro-Québec en anglais uniquement qui sont envoyés au Québec? Moi, je pense
que oui. Puis ça se peut que je le découvre d'ici la fin de l'après-midi.
Alors, je vous invite à le vérifier avant que je le trouve. Parce que c'est le
cas chez Hydro-Québec qui rit de nous. Ils sont bien drôles, là, sur Twitter
quand ils nous répondent, puis les réseaux sociaux. Mais, là-dessus, ils ne
répondent pas. Alors, moi, j'aimerais ça que ça cesse. Ça peut se régler en
cinq minutes. Il y a l'étude des crédits d'Hydro-Québec, je pense, qui est
bientôt là.
Une voix
: ...
M. Bérubé : C'est passé? Bon,
ajoutez ça à la liste. Alors, ça, c'est un exemple parmi d'autres. Très
important.
Et le français, aussi, c'est de s'assurer
qu'au plan international, quand notre premier ministre se rend ailleurs, qu'il
y ait toujours des allocutions en français. Je ne crois pas que ça soit un
problème jusqu'à maintenant, mais c'est arrivé dans le passé. Alors, c'est aussi
à l'échelle internationale qu'on affirme...
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois mettre fin à l'échange.
M. Bérubé : J'avais une autre
question.
La Présidente (Mme Thériault) :
Vous n'avez plus de temps, M. le député. Donc, sans plus tarder, je vais passer
au député de Jacques-Cartier pour le dernier bloc de l'opposition officielle.
Désolée.
M. Kelley
: Merci, Mme
la Présidente. Bonjour, tout le monde. Bonjour, M. le ministre. J'ai écouté les
débats dans mon bureau. J'ai trouvé ça tout intéressant. Comme la députée de
Mercier, je suis aussi un enfant de la loi 101, et quand même je pense que
plusieurs députés qui sont ici, le député de Beauce-Sud, et quand même le
ministre lui-même...
M. Kelley
: …Mme la
Présidente. Bonjour, tout le monde. Bonjour à M. le ministre. J'ai écouté les
débats dans mon bureau. J'ai trouvé ça tout intéressant. Comme la députée de Mercier,
je suis aussi un enfant de la loi 101, et, quand même, je pense que
plusieurs députés qui sont ici, le député de Beauce-Sud, et quand même le
ministre lui-même… Puis je pense qu'on peut parler un petit peu des choses, un
petit peu positives, et si je regarde la communauté d'expression anglaise,
c'est une communauté qui a fait des efforts, depuis des années, de valoriser la
langue française et de faire plus, et les chiffres le démontrent.
Quand la loi 101 a été mise en place,
excusez-moi, la loi 22, en 1971, 88,5 % de la population du Québec
était capable de parler en français, d'avoir une discussion en français. Si on
regarde le chiffre d'aujourd'hui, c'est 94,5 %. Alors, faire juste le
calcul qu'environ, dans toute notre histoire, plus que 80 % de la
population du Québec était francophone, alors ça dit qu'un effort a été fait
par la communauté anglophone d'être plus bilingue.
Puis il y a les autres chiffres qui
démontrent ça aussi. On peut juste regarder les chiffres directement de la
communauté. En 1971, 37 % de la communauté était capable d'avoir une
discussion et de parler en français, alors d'être bilingue. Puis le taux est
maintenant, en 2016, parce qu'on n'a pas tous les chiffres de 2020, mais les
derniers chiffres de 2016, c'est rendu environ à 70 %. Et, pour les
anglophones de moins de 24 ans, c'est environ 82 % qui sont capables
de parler en français. Je pense que ça, c'est des chiffres qu'on… peut être
capables de dire qu'il y a un succès, un gros succès de la communauté
anglophone, mais il y a toujours plus de travail à faire pour nous et pour le
Québec.
Mais ce n'est pas arrivé par hasard que
les chiffres ont changé depuis plusieurs années. Si je regarde, et je veux
juste citer, par exemple, le programme d'immersion qui existe dans nos
commissions scolaires, un programme qui a été mis en place par un ordre du
gouvernement… qui était souveraine, parce que c'est les commissions scolaires
qui ont eu leurs propres élus, qui ont décidé : Bien, pour les communautés
anglophones… d'être plus bilingues, bien, ça prend des programmes qui existent…
Puis, si on regarde les chiffres depuis que ce programme a été mis en place
dans les années 80, c'est environ 80 % des étudiants qui sont dans un
programme d'immersion, dans une école anglophone au Québec. Ce n'est pas à
100 %, mais c'est quand même un chiffre qui, je trouve, est très
impressionnant et très important.
Si on regarde quand même le succès de nos
enseignants et enseignantes dans les commissions scolaires anglophones, des
deux plus grandes commissions scolaires sur l'île de Montréal, les élèves
anglophones ont scoré mieux sur les tests de français que les élèves dans le réseau
public, des deux écoles… le réseau des commissions scolaires francophones.
Alors, ça dit qu'il y a vraiment un effort
qui est fait par les parents de s'assurer que leurs élèves et leurs enfants
comprennent très, très bien la langue française. Mais ça, c'est une chose qui
est quand même une… excusez-moi, des… de l'école secondaire qui a un étudiant
qui a fait l'immersion en français, ça ne dit pas que quelqu'un est prêt à
travailler dans le milieu de travail, de prendre une job où il faut travailler
tout le temps en français. Ça prend… de plus, c'est un effort de plus.
Alors, pour certaines personnes, elles
trouvent qu'elles manquent un petit peu de confiance en… langue française. Et
ça, c'est une… les raisons qu'on a vues depuis plusieurs années, un petit peu
de… avec nos gens…
M. Kelley
: …dis pas que
quelqu'un est prêt à travailler dans le milieu de travail, de prendre une job
où il faut travailler tout le temps en français. Ça prend… de plus, c'est un
effort de plus.
Alors, pour certaines personnes, elles
trouvent qu'elles manquent un petit peu de confiance en… langue française. Et
ça, c'est une… les raisons qu'on a vues depuis plusieurs années, un petit peu
de… avec nos gens. Nos gens anglophones ont quitté… c'est sûr qu'il y a toujours
des opportunités dans le reste… le monde, mais on dit : C'est des… je ne
sais pas si je suis capable de travailler ici, au Québec, parce que oui, je
suis bilingue, mais de travailler en français, c'est une autre chose.
Alors, pour moi, je pense que c'est très
important d'avoir une autre discussion sur comment on peut mieux équiper des
anglophones, des allophones, et peut-être quand même des francophones,
d'améliorer leur français, d'être plus prêt de prendre une job dans un autre
coin du Québec, ou quand même dans une autre profession.
Et ça, c'est pourquoi j'ai décidé, après
discussions que j'ai eues avec la communauté, depuis que j'ai été élu et un
petit peu avant, de présenter un projet de loi qui va modifier la Charte de la
langue française pour rendre l'accès à des cours en français gratuits pour tout
le monde sur le territoire du Québec.
Alors, je pose une question au
ministre : Est-ce qu'il est prêt à adopter mon projet de loi, au minimum
de commencer… faire l'étude pendant la rentrée parlementaire?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Merci,
Mme la Présidente. Salutations au député de Jacques-Cartier. Je trouve que
l'idée du député de Jacques-Cartier, elle est très bonne et je tiens à le
remercier d'avoir déposé son projet de loi. D'ailleurs, le député de
Sainte-Rose, qui est l'adjoint parlementaire du premier ministre pour la
communauté d'expression anglaise, a fait une tournée au Québec et est arrivé
avec la même idée, et le député de Jacques-Cartier a déposé un projet de loi.
Alors, je pense qu'il y a une convergence
au niveau des idées pour faire en sorte de oui, mieux outiller la communauté
anglophone pour leur permettre d'apprendre davantage le français. Et j'apprécie
le commentaire du député de Jacques-Cartier, qui dit : Il y a des efforts
significatifs qui ont été faits par la communauté anglophone au Québec entre
les différentes années, où il y a un plus grand apprentissage de la langue
française. C'est vrai, on n'est pas du tout au même point de 1977, où le
français pouvait être vu parfois comme une menace, où il y avait, je vous
dirais, deux plus grandes solitudes.
Maintenant, au Québec, tout le monde sait
que la langue officielle du Québec, la langue commune, c'est le français. Ça ne
signifie pas pour autant que les gens sont contre l'anglais. Je pense que c'est
une richesse d'avoir le français comme langue commune, que les personnes
immigrantes, on puisse les intégrer en français.
Et d'ailleurs, le député de
Jacques-Cartier disait : Moi aussi, je suis un enfant de la loi 101,
comme la députée de Mercier. J'imagine que le député de Jacques-Cartier disait
que c'est un ayant droit issu de la minorité anglophone disposant des droits
conférés par la Charte de la langue française d'aller à l'école en anglais. Je
dois dire que ça a été un équilibre, un compromis qui a été fait à l'époque,
qui a permis de s'assurer que les personnes immigrantes soient accueillies en
français au Québec…
M. Jolin-Barrette : ...de la
minorité anglophone disposant des droits conférés par la Charte de la langue
française d'aller à l'école en anglais. Je dois dire que ça a été un équilibre,
un compromis qui a été fait à l'époque, qui a permis de s'assurer que les personnes
immigrantes soient accueillies en français au Québec. Et, si ça n'avait pas été
de ça, je n'ose croire de l'anglicisation du Québec. Et aujourd'hui je suis
fier d'entendre des gens comme le député de Jacques-Cartier dire : Je suis
heureux de parler en français, je suis heureux de pouvoir m'exprimer dans les
deux langues. Et je suis heureux de l'entendre dire qu'il adhère au fait que le
français, c'est la langue commune, et qu'on doit continuer à donner des ressources
pour que les différentes communautés puissent être mieux outillées pour
travailler un peu partout au Québec.
Alors, nous reconnaissons tous ensemble qu'il
y a un enjeu au niveau de Montréal et que... Ayons une approche positive pour
faire en sorte d'outiller la population que le vecteur de communication,
l'expression de la culture québécoise se passe en français et que les personnes
immigrantes soient dirigées, soient accueillies en français, pour faire en
sorte d'assurer la pérennité de la langue française.
Alors, je vous rejoins, le député... M. le
député Jacques-Cartier sur ce point-là, et j'apprécie le dépôt de votre projet
de loi. Et d'ailleurs je l'étudie très sérieusement, et je trouve qu'il s'agit
d'une très bonne idée.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Alors, si
c'est une bonne idée, est-ce qu'on peut commencer l'étude de ce projet de loi à
la rentrée, commencer ça? Moi, je suis disponible, je suis disponible, Mme la
Présidente, pour commencer ça, la première journée de notre rentrée scolaire.
On peut travailler ensemble sur une liste des personnes à consulter. Moi, je
suis prêt, là. Let's go.
M. Jolin-Barrette : C'est une
rentrée, comme le député de Jacques-Cartier dit, rentrée scolaire,
l'équivalent. Moi, je pense que ça pourrait faire... ce serait une bonne
mesure, dans le plan d'action, à être déposé par le gouvernement, d'une façon
globale. Alors, on devrait peut-être l'analyser tous ensemble, mais je
comprends que... Moi, je suis très ouvert, M. le Président... Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui.
M. Jolin-Barrette : Alors...
M. Kelley
: ...le
projet de loi, mettre ça sur le feuilleton, là.
• (14 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, Mme la Présidente, on est présentement en négociation avec les autres
leaders en vue de la rentrée parlementaire. Ça pourrait faire l'objet de nos
discussions, mais je sens que vous souhaitez qu'on l'appelle rapidement. Il
faudrait voir au niveau du deuxième et du troisième groupe d'opposition. Mais,
vous savez, lorsqu'on a des consentements, tout est possible ici, en cette
enceinte. Alors, si on peut y aller dans la joie et l'allégresse, c'est une
possibilité qu'on peut regarder.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je suis convaincue que tous les leaders entendront l'appel du ministre.
Seulement pour vous préciser que j'ai bien
reçu le tableau et qu'il est conforme. Il sera versé au site. Donc, M. le
député, la parole est à vous, allez-y.
M. Kelley
: Et
concernant le tableau puis le plan d'action, est-ce que l'argent dedans, dans
votre plan d'action, pour les cours en français, pour les anglophones? Est-ce
que c'est partie du plan de dépenses de votre gouvernement de trouver l'argent
pour faire la francisation, entre guillemets, ou des cours de francisation pour
les anglophones? Est-ce que c'est dans le plan, présentement, qui est presque
prêt à être déposé?
M. Jolin-Barrette : Bien,
très certainement, si, dans le cadre du plan d'action, il y avait une telle
mesure, je pense que...
M. Kelley
: ...les
anglophones, est-ce que c'est partie du plan de dépenses de votre gouvernement,
de trouver l'argent pour faire la francisation, entre guillemets, ou des cours
de francisation pour les anglophones? Est-ce que c'est dans le plan,
présentement, qui est presque prêt à être déposé?
M. Jolin-Barrette : Bien,
très certainement, si, dans le cadre du plan d'action, il y avait une telle
mesure, je pense que, pour être cohérent, le gouvernement devrait mettre de
l'argent pour assurer des cours de français aux personnes anglophones du Québec.
Et là vous constaterez, Mme la Présidente, la réalité qui est soulevée par le
député de Jacques-Cartier.
En matière de francisation des personnes
immigrantes, vous avez accès à des cours de français gratuits. En plus, lorsque
j'étais ministre de l'Immigration, on a mis 70 millions pour ouvrir les
cours aux personnes en... temporaire, pour leur donner une allocation, temps
plein, temps partiel, et également une allocation pour faire garder les
enfants.
Par contre, comme le souligne à juste
titre le député de Jacques-Cartier, si vous êtes un citoyen québécois né au Québec
et que vous vous exprimez uniquement en anglais, vous n'avez pas eu
l'opportunité d'apprendre le français, vous voulez vous inscrire à un cours de
francisation, bien, vous n'êtes pas admissible parce que vous n'êtes pas une
personne immigrante.
Il y a une problématique, puis je pense
que le député de Jacques-Cartier met le doigt sur un élément qui doit être
modifié. Alors, je retiens très certainement sa suggestion.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. M. le député.
M. Kelley
: ...juste
rapidement, j'espère que la discussion autour de la langue française va
continuer d'avoir un ton positif comme ça parce que je sais que, sur plusieurs...
dans vos interventions, vous avez mentionné Montréal. Bien, je reviens des
symboles officiels de la ville de Montréal, de notre histoire. Nous avons le
pain blanc pour la présence autochtone, la fleur de lys, la rose de la maison
d'Angleterre, le chardon qui représente l'origine écossaise puis aussi le
trèfle d'Irlande. Alors, c'est juste une réalité qu'il y a plusieurs
communautés qui ont bâti la ville de Montréal.
Je sais que c'est une ville francophone,
mais j'espère qu'on va avoir une discussion sur comment on peut continuer de
mieux vivre ensemble et ne pas avoir un débat qui est une communauté contre
l'autre, puis faire des choses d'une façon positive. Alors, je vais céder la
parole maintenant à ma collègue pour terminer le bloc.
La Présidente (Mme Thériault) :
D'accord. Donc, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, il reste... Oui, excusez-moi,
M. le ministre. Allez-y.
M. Jolin-Barrette : Si je
peux répondre, Mme la Présidente, je suis d'accord avec le député de Jacques-Cartier.
Montréal s'est construite à travers les différentes communautés linguistiques
qui sont arrivées au Québec, Mme la Présidente. Cela étant, cette diversité
doit s'exprimer en français.
Vous savez, Montréal est la métropole du
Québec, la plus grande ville d'Amérique du Nord francophone. Dans la Charte de
la Ville de Montréal, c'est en français. Il faut que Montréal soit la
locomotive du français au Québec.
Vous savez, c'est quasiment la moitié de
la population qui habite dans la région métropolitaine de Montréal, mais,
lorsqu'on voit les chiffres qui ont été publiés par l'OQLF la semaine dernière,
bien, on voit qu'il y a certaines lacunes sur l'île au niveau des entreprises,
et je suis convaincu que le député de Jacques-Cartier va être d'accord avec moi
à l'effet qu'il faut mettre davantage de mesures de francisation pour s'assurer
que, dans le temps, Montréal demeure Montréal, une ville française, et ne soit
pas Houston, ne soit pas Milwaukee, et qu'on ait notre caractère particulier,
nos spécificités et nos valeurs distinctes qui assurent les spécificités du
Québec.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. Donc, Mme la...
M. Jolin-Barrette : ...dans le
temps, Montréal demeure Montréal, une ville française, et ne soit pas Houston,
ne soit pas Milwaukee, et qu'on ait notre caractère particulier, nos
spécificités et nos valeurs distinctes qui assurent les spécificités du Québec.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. Donc, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys, il vous
reste un peu moins de sept minutes.
Mme David : Quatre minutes?
La Présidente (Mme Thériault) :
Sept.
Mme David : Sept minutes?
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui.
Mme David : Bon, je viens d'en
gagner trois.
La Présidente (Mme Thériault) :
Six et quelque, même.
Mme David : Ça serait
formidable si c'était comme ça au Conseil supérieur de la langue française, de
gagner des postes comme ça. Je vais revenir d'ailleurs sur un rapport du Conseil
supérieur de la langue française, on en a parlé tout à l'heure, sur les
pratiques linguistiques des ministères et organismes où vous avez eu le loisir justement
de réagir. Mais le rapport vous dit bien qu'il est temps qu'il y ait une
nouvelle politique linguistique gouvernementale, que ça date de 2011.
Vous savez, des politiques linguistiques,
là, il y en a dans les... c'est obligatoire par la loi n° 104,
on y revient, 2002, que tous les... les universités, par exemple, aient des politiques
linguistiques. Je peux vous témoigner qu'une politique linguistique, dans une université,
d'habitude, là, ce n'est pas au premier rang de la surveillance. Est-ce qu'on
suit une politique linguistique? Alors, j'ai eu en charge cette responsabilité-là
pour une certaine université. Personne n'avait jamais lu ça, tu sais, puis, tu
sais, c'est le genre d'affaire que... Alors, moi, j'essaie de vous intéresser à
ça, parce qu'il y a un rapport qui vous dit : Là, il est plus que temps de
revoir ça, et puis il y a une présidente du syndicat qui vous dit, elle :
Bien, il faut déployer les ressources nécessaires, par contre. Donc, ce n'est
pas juste de dire : Je vais faire une nouvelle politique linguistique — ça,
c'est formidable — à court terme. Ça fait neuf mois que le Conseil
supérieur de langue française vous a demandé d'en élaborer une, il a dit
« à court terme ». Bien, neuf mois, d'habitude on a déjà accouché
après neuf mois. Alors, on est capable d'accoucher d'une politique linguistique
si on est capable de... nous, les femmes, d'accoucher d'un bébé. Alors, ça fait
neuf mois. Le syndicat, Syndicat des professionnels du gouvernement, dit :
Bon. Écoutez, on est très troublés par ça, on ne savait même pas que les politiques
existaient dans nos propres ministères. Problème d'information, problème de
formation aussi. Alors, où sont les ressources? Où est la nouvelle politique?
Ça aussi, j'aimerais ça que vous ne l'oubliiez pas.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme
la Présidente. Bon. Pour ce qui est de la question des ressources, je pense
qu'on y répond. C'est justement pour ça qu'il y a eu 5 millions de dollars
supplémentaires qui ont été consacrés au Secrétariat à la promotion, valorisation
de la langue française, 5 millions de plus à l'OQLF, donc 40 %
d'augmentation depuis qu'on est là par rapport au dernier budget libéral.
Pour ce qui est de la politique
linguistique gouvernementale, il y a un problème, et le Conseil supérieur de la
langue française a bien identifié quelle était la problématique. Il y a une
obligation qui était pour chacun des ministères d'adopter une politique
linguistique qui s'insère à l'intérieur de la politique cadre. Certains
ministères n'avaient pas de politique, premier enjeu; certains ministères
avaient une politique, elle était dans le fond du tiroir, puis il y avait bien
de la poussière...
M. Jolin-Barrette : ...il y
une obligation qui était, pour chacun des ministères, d'adopter une politique
linguistique qui s'insère à l'intérieur de la politique-cadre. Certains ministères
n'avaient pas de politique, premier enjeu. Certains ministères avaient une
politique, elle était dans le fond du tiroir puis il y avait bien de la
poussière dessus. Certains avaient une politique linguistique, l'appliquaient à
géométrie variable. Certains fonctionnaires n'étaient pas au courant qu'il y
avait une politique linguistique, et ça allait, excusez-moi l'expression, à la
va-comme-je-te-pousse. C'est un enjeu, et si on veut que l'État québécois soit
exemplaire, bien, il va falloir se doter d'une politique linguistique qui est
forte, qui est cohérente et qui va couvrir l'ensemble des acteurs de l'État québécois.
Alors, ça pourrait faire partie de mon plan d'action pour s'assurer que l'État québécois
montre l'exemple.
Lorsqu'on parle, là, avec le... l'étude
qui a été sortie la semaine dernière par rapport aux entreprises au niveau de
l'exigence de la connaissance de l'anglais, bien, comment fait-on pour dire aux
entreprises : N'exigez pas l'anglais, alors que des corps publics
eux-mêmes le font alors que ce n'est pas nécessaire. Ça doit faire partie d'une
politique linguistique. On doit s'assurer qu'au Québec, l'État québécois comme
étant le foyer de la langue française en Amérique du Nord, comme étant un
vecteur, comme étant l'outil qui va assurer la protection, la promotion de la
langue française soit l'entité qui va faire en sorte de montrer l'exemple et de
mettre les balises par rapport à l'utilisation de la langue française.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée.
Mme David : Alors, écoutez,
vous avez... vous vous êtes mis beaucoup de pain sur la planche. Vous pourriez
être à temps plein dans cette responsabilité-là. Je sais que vous avez quelques
autres occupations, mais je sais que vous êtes jeune, vous avez plein
d'énergie.
Ce qu'on... nous, ce à quoi on s'attend,
je pense, les oppositions, c'est qu'il y ait ce plan d'action ou ce...
appelez-le comme vous voulez, mais dans ça, il y a des ouvertures de loi. Moi,
je suis moins certaine que le député de Matane-Matapédia qu'il n'y a pas de
réouverture, mais en tout cas, on verra. Mais j'espère que tous les sujets, en
tout cas, que moi, j'ai abordés, mes collègues aussi, on allait pas mal tous
dans le même sens, vont faire l'objet d'études et d'analyses, et de gestes
rapides.
Vous êtes quelqu'un de pas trop patient
des fois, vous devez piaffer d'impatience. Alors, essayez de gagner vos paris
sur des collègues. Il ne vous reste que deux ans. C'est une course contre la
montre quand on est rendu à mi-mandat. Alors, comment vous allez faire pour
vous insérer dans le peloton de tête, comme on dit? Et vous êtes en même temps
leader, alors vous allez être juge et parti de ce que vous mettez à
l'avant-plan. On a hâte de voir.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je vais vous donner 30 secondes pour répondre parce qu'après ça, je
dois conclure, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Je
travaille sur ma patience, Mme la Présidente, mais dans un dossier comme
celui-là, je suis d'accord avec la députée de Marguerite-Bourgeoys que ma
patience est limitée.
• (15 heures) •
La Présidente (Mme Thériault) :
Donc, en terminant, je vais déposer les réponses aux demandes de renseignements
de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30, où elle entreprendra l'étude du
volet Culture et communications. Merci à tous, merci aux...
15 h (version non révisée)
M. Jolin-Barrette :
...que ma patience est limitée.
La Présidente (Mme Thériault) :
Donc, en terminant, je vais déposer les réponses aux demandes de renseignements
de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30, où elle entreprendra l'étude du
volet Culture et communications. Merci à tous, merci aux gens qui vous
accompagnaient, M. le ministre.
(Fin de la séance à 15 heures)