Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
mardi 30 mars 2021
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Vol. 45 N° 073
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 79, Loi autorisant la communication de renseignements personnels aux familles d’enfants autochtones disparus ou décédés à la suite d’une admission en établissement
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Intervenants par tranches d'heure
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D'Amours, Sylvie
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Lafrenière, Ian
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Kelley, Gregory
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Massé, Manon
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Ouellet, Martin
9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures trente et une minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Bonjour. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
relations avec les citoyens ouverte.
La commission est réunie virtuellement
afin de procéder aux consultations particulières et aux auditions publiques sur
le projet de loi n° 79, Loi autorisant la communication de
renseignements personnels aux familles d'enfants autochtones disparus ou
décédés à la suite d'une admission en établissement.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. M. Poulin (Beauce-Sud) est remplacé par M. Lamothe
(Ungava), Mme Samson (Iberville) est remplacée par Mme Guillemette
(Roberval), Mme St-Pierre (Acadie) est remplacée par M. Kelley
(Jacques-Cartier), Mme Dorion (Taschereau) est remplacée par
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques) et Mme Perry Mélançon (Gaspé)
est remplacée par M. Ouellet (René-Lévesque).
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Ce matin, nous débuterons par les remarques préliminaires, puis nous entendrons
par visioconférence les groupes suivants : Mme Michèle Audette,
commissaire du rapport d'enquête national sur les femmes et filles autochtones
disparues ou assassinées et le Regroupement des familles Awacak.
J'invite maintenant le ministre
responsable des Affaires autochtones à faire ses remarques préliminaires. M. le
ministre, vous disposez de six minutes.
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je voudrais tout d'abord saluer mon équipe
qui m'accompagne aujourd'hui. Vous savez on est de façon virtuelle, mais ici il
y a présence de mes équipes. Heureux de vous retrouver, chers collègues,
collègues des oppositions, qui vont être présents avec nous toute la journée
aujourd'hui.
Je suis heureux d'entamer ce processus de
consultation. Il s'agit de mon premier projet de loi et je tiens d'ailleurs à
saluer le travail de ma prédécesseure, la députée de Mirabel et présidente de
cette commission, puisque c'est sous son leadership que le projet de loi a été
amorcé.
Comme vous le savez tous déjà il s'agit
d'un projet de loi absolument essentiel et sans précédent, et je suis persuadé
qu'il saura tous nous rallier autour de la nécessité et de l'urgence d'agir
dans l'intérêt des familles endeuillées.
Je vais demander de vous imaginer un
instant que vous habitez une communauté éloignée de la Basse-Côte-Nord, pour ne
pas nommer Pakuashipi. Vous êtes dans les années 50, 60. Votre jeune
enfant tombe malade. On vous apprend qu'on doit absolument le transférer vers
un hôpital, donc, à distance, mais vous ne pouvez pas l'accompagner, et plus
tard…
M. Lafrenière : …un instant que
vous habitez une communauté éloignée de la Basse-Côte-Nord, pour ne pas nommer Pakuashipi.
Vous êtes dans les années 50, 60. Votre jeune enfant tombe malade. On vous
apprend qu'on doit absolument le transférer vers un hôpital, donc à distance,
mais vous ne pouvez pas l'accompagner. Et plus tard, quelques semaines plus
tard, vous avez un membre de la communauté qui revient de cet hôpital et qui
vous annonce que votre enfant est décédé. Votre enfant est décédé, vous ne
l'avez jamais vu, vous n'avez pas eu de détails sur ce qui était arrivé.
Et c'est ce qui serait arrivé à environ
200 enfants. Pas de détails, les parents n'ont jamais vu le corps, aucune
information. Les dépouilles ont été enterrées parfois très loin des parents.
Dans certains cas, on apprend même que des enfants auraient été remis à
l'adoption sans consentement parental. Comment des parents peuvent vivre sans
savoir, sans avoir cette information-là? Comme père de deux jeunes filles de
11 ans, 13 ans, je ne peux même pas me l'imaginer un instant, Mme la
Présidente.
Concrètement, aujourd'hui, le projet de
loi n° 79 vise à soutenir les familles autochtones dans leurs recherches
de renseignements auprès d'un établissement de santé et de services sociaux,
d'un organisme ou d'une congrégation religieuse sur les circonstances ayant
entouré la disparition ou le décès d'enfants à la suite de leur admission en
établissement de santé et de services sociaux avant 1989.
Le projet de loi constitue une réponse à
deux appels à la justice du rapport complémentaire spécifique au Québec de
l'enquête ENFFADA : l'appel n° 20, qui
demande au gouvernement de remettre aux familles toutes les informations dont
il dispose concernant les enfants qui leur ont été enlevés à la suite d'une
admission dans un hôpital ou tout autre centre de santé au Québec. Pour ce
faire, il faut pouvoir autoriser certaines dérogations au régime d'accès en
place qui constitue un obstacle à la communication de renseignements aux
familles, et c'est ce que nous visons par ce projet.
Nous voulons aussi assister et guider les
familles d'enfants autochtones disparus ou décédés dans leurs démarches. À
l'adoption du projet de loi, ce sera fait grâce à la mise en place d'une
nouvelle direction de soutien aux familles d'enfants autochtones disparus ou
décédés. Cette direction tiendra notamment compte des particularités
linguistiques et culturelles des familles concernées ainsi que leurs besoins
d'accompagnement émotionnel. Le projet de loi prévoit finalement qu'une
personne peut porter plainte au ministre dans le cas d'insatisfaction quant au
service reçu lors de ses démarches de renseignements.
L'appel à l'action n° 21 demande la
formation d'une commission d'enquête sur les enfants enlevés aux familles autochtones
au Québec. L'une des mesures du projet de loi répond précisément à cet appel en
donnant au ministre responsable des Affaires autochtones le pouvoir de faire
enquête lorsque des éléments laissent croire que des informations susceptibles
de faire connaître les circonstances de la disparition ou du décès d'un enfant
existent. Il s'agit bien d'éclaircir les circonstances des disparitions, pas
les causes. Les pouvoirs d'enquête octroyés dans le cadre du projet de loi sont
ceux prévus par la Loi sur les commissions d'enquête comme dans celui d'une
commission d'enquête. Les principes de droit applicables restent les mêmes,
incluant le fait de ne pas nuire à une éventuelle enquête policière.
Bien que ce projet de loi, Mme la
Présidente, n'ait pas pour objectif d'identifier les responsables ou de faire
des enquêtes criminelles, nous n'hésiterons jamais à transmettre l'information
au Bureau du coroner ou à la Sûreté du Québec si on a des informations qui nous
laissent croire, justement, qu'il y a une faute qui a été commise. Nous
souhaitons donner des réponses individuelles aux familles parce que nous
croyons que…
M. Lafrenière : ...de loi, Mme
la Présidente, n'ait pas pour objectif d'identifier les responsables ou de
faire des enquêtes criminelles, nous n'hésiterons jamais à transmettre
l'information au Bureau du coroner ou à la Sûreté du Québec si on a des
informations qui nous laissent croire, justement, qu'il y a une faute qui a été
commise.
Et nous souhaitons donner des réponses
individuelles aux familles parce que nous croyons que c'est la priorité pour
elles. La disparition d'un enfant laisse des blessures profondes et la seule
possibilité de s'engager sur la voie de la guérison, de pouvoir vivre le deuil,
c'est de savoir ce qui est arrivé à notre enfant. Et c'est ce que ce projet de
loi va faciliter.
Ce qui nous a guidés, ce sont les
témoignages des familles et de l'ensemble des constats formulés dans le cadre
de l'ENFFADA, des échanges avec des chefs de nations concernés, certaines recommandations
de l'APNQL et du Protecteur du citoyen dans le cadre des travaux du projet de
loi n° 31. Et je nous rappelle collectivement que des articles avaient été
inclus dans le projet de loi n° 31 afin d'aller rapidement, car, vous
savez, le temps compte. Il y a des familles, il y a des parents qui quittent...
qui nous quittent sans avoir eu réponse à leurs questions. On voulait aller
rapidement là-dedans. Nous avons entendu les demandes des familles et c'est
pour ça qu'aujourd'hui, on vous présente un projet de loi qui est bien unique
et seul.
Nous sommes bien sûr aussi conscients que
c'est un processus émotionnellement chargé pour les familles. Même si elles
attendent de pouvoir faire ces démarches depuis longtemps, le processus ne sera
pas facile pour autant. Certains voudront s'engager dans le processus plus rapidement.
Les résultats positifs obtenus pour les familles qui se lanceront tout
prochainement dans le processus va sûrement encourager d'autres à s'engager
là-dedans.
Et c'est pour ça qu'on a prévu une période
de cinq ans, Mme la Présidente, cinq ans pour l'application de la loi. Étant
donné que nous dérogeons, avec le projet de loi, à certaines lois et règlements,
on doit vraiment le circonscrire dans le temps, mais on peut renouveler pour
une période d'un an et de façon indéfinie.
Alors, Mme la Présidente, en terminant, je
veux nous rappeler pourquoi nous sommes ici aujourd'hui. Nous sommes ici pour
donner les moyens à des familles de faire la lumière sur ce qui a pu arriver.
Et justement, j'en parlais à mes collègues tout à l'heure, des associations de familles
nous ont transmis des petits souvenirs pour se rappeler pour qui et surtout
pour quoi nous faisons toutes ces démarches aujourd'hui, pour donner réponse à
ces familles qui ont attendu depuis bien trop longtemps. Alors, je vous
remercie. Merci et très heureux d'être en consultation avec vous aujourd'hui.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. J'invite maintenant le porte-parole de l'opposition
officielle et député de Jacques-Cartier à faire ses remarques préliminaires
pour une durée maximale de quatre minutes.
M. Kelley
: Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je veux aussi juste saluer tous mes collègues qui
sont avec nous aujourd'hui.
Aujourd'hui, on commence un processus de
faire face à notre histoire, qui est un moment très sombre dans notre histoire
commune. C'est juste une première étape et une étape dans le processus de la
réconciliation. Mais l'histoire que le ministre vient de raconter à nous, d'un
enfant enlevé d'une communauté, si quelque chose comme ça arrivait dans un
autre pays, c'est sûr que le Canada a des mots très durs pour dire envers ce
pays-là. Alors, c'est important pour nous de faire face à notre histoire.
Et, oui, aujourd'hui, on commence un
processus pour donner des moyens à des familles d'avoir plus d'information,
mais j'espère qu'ensemble, on va trouver la façon...
M. Kelley
: …dans un
autre pays, c'est sûr que le Canada a des mots très durs pour dire envers ce
pays-là. Alors, c'est important pour nous de faire face à notre histoire.
Et, oui, aujourd'hui, on commence un processus
pour donner des moyens à des familles d'avoir plus d'information, mais j'espère
qu'ensemble on va trouver des façons de mettre un langage, qu'on donne des
moyens à des familles, avoir la vérité sur qu'est-ce qu'il s'est passé à eux
autres.
It is really important
also to just keep in mind that this was a long history that took place. It
happened to communities all across Québec and Canada. And I know everyone here
is here to work in collaboration to try to give all the proper means to the
families that they deserve to find truth, to find justice. And again, I'm… You
know, after reviewing, not just the «projet de loi», but reading some of the
memoirs that've been deposed, it was a good reminder to us all of what happened
in the past. And our duty as legislators is to work together to try that we
correct some of those wrongs together.
Alors, je souhaite
vraiment qu'on va être capables de travailler ensemble pas juste pendant les
consultations, mais aussi dans l'étude détaillée de ce projet de loi. Alors,
merci beaucoup, Mme la Présidente.
• (9 h 40) •
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. J'invite maintenant la porte-parole du deuxième groupe d'opposition et
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques à faire ses remarques préliminaires pour
une durée maximale d'une minute.
Mme Massé : Bonjour tout le
monde. Écoutez, en une minute, je vais aller au coeur. Je pense que ce que nous
vivons… nous débutons, aujourd'hui, comme travail est un travail essentiel que
le gouvernement Québec ont trop tardé à faire. Donc, je suis très heureuse
d'être parmi vous pour faire ce travail-là. Je m'étais engagée personnellement,
Mme la Présidente, comme bien d'autres autour de cette table, à faire en sorte
que les enfants disparus dans de telles circonstances soient redonnés à leurs
familles. Et, dans ce sens-là, je vais faire tout mon possible pour que ce
projet de loi soit le plus fidèle au besoin identifié par nos frères et soeurs
autochtones, et soit le plus complet, et s'adopte, bien sûr, le plus
rapidement, parce qu'effectivement le temps compte… déjà beaucoup trop de temps
est passé. Alors, heureuse d'être avec vous pour travailler sur ce projet de
loi.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. J'invite maintenant le porte-parole du troisième groupe d'opposition et
député de René-Lévesque à faire ses remarques préliminaires pour une durée
maximale d'une minute.
M. Ouellet : Merci beaucoup,
Mme la présidente. Donc, à mon tour de vous saluer. Et, d'ailleurs, de vous
saluer tous parce qu'on s'est entendus pour changer de commission. On devait
entendre ce projet de loi là dans la Commission des institutions, il y avait
congestion, il y avait plusieurs projets de loi, et on s'est entendus pour
faire ça dans une autre commission, question d'aller vite, d'aller bien, mais
surtout de saisir l'occasion de donner des réponses aux nombreuses questions
que les communautés ont par rapport à la situation.
Évidemment, cette commission sera chargée
d'émotions. Je serai porté par le coeur plus que la raison en étudiant ce
projet de loi là. Mais, assurément, Mme la Présidente, on devra faire vite,
mais surtout faire bien…
M. Ouellet : ...mais surtout
de saisir l'occasion de donner des réponses aux nombreuses questions que les communautés
ont par rapport à la situation.
Évidemment, cette commission sera chargée
d'émotions. Je serai porté par le coeur plus que la raison en étudiant ce projet
de loi là. Mais, assurément, Mme la Présidente, on devra faire vite, mais
surtout faire bien. Et le fait qu'on ait un projet de loi exclusivement dédié à
cet enjeu démontre toute l'importance que le gouvernement du Québec doit
apporter aux réponses que ces familles cherchent depuis tant d'années. Alors,
Mme la Présidente, c'est avec beaucoup d'enthousiasme et avec le coeur que je
suis prêt à commencer.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci pour ces remarques préliminaires. Nous allons maintenant débuter les
auditions.
Donc, je souhaite la bienvenue à
Mme Michèle Audette, qui est accompagnée de Mme Geneviève Motard. Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Après quoi,
nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé.
Mme Audette (Michèle) :
(S'exprime dans une langue autochtone)... les familles et les survivantes. Je
tiens aussi à saluer toutes les nations qui nous accueillent en ce moment sur
le territoire qu'on appelle Québec. Et, en ce moment, je caresse le territoire
des Wendat, des Attikameks, des Malécites, des Innus et des Abénaquis, alors je
vais essayer d'honorer du mieux que je peux aussi la mémoire de tous ceux et
celles qui ont osé parler de leur être cher, de leur vérité.
Et merci à vous aussi de faire un petit
bout, là, dans ce portage rempli d'émotions et très difficile. Merci aux
membres de la commission. Je vous sais et je vous connais très humains et
humaines et très, très, très touchés, là, par ces injustices.
Tout d'abord, merci d'avoir fait passer ou
fait bouger tous ces enjeux-là dans ce projet de loi là, qui va permettre,
évidemment, la mise sur pied, là, d'un régime distinct, quelque chose qu'on n'a
jamais vu avant, là, pour aider les familles qui ont perdu un être cher, pour
aider les familles qui cherchent des réponses suite à une disparition ou un
décès de leur enfant.
Rappelons-nous aussi que, pour plusieurs
familles, on ne parle pas juste d'un enfant, mais de plusieurs enfants, de
plusieurs êtres chers. Alors, ça, c'est important aussi de voir, une fois qu'on
est admis dans un établissement de santé, de services sociaux ou d'une
congrégation religieuse, on a été touché par ça et par des centaines et des
centaines de familles. Alors, on parle d'un passé, mais qui est encore trop
récent. Les familles aujourd'hui veulent des réponses, connaître la vérité et
surtout entamer un processus de guérison.
Alors, avec les minutes précieuses que
nous avons, nous allons nous partager le temps, avec Geneviève, évidemment,
(s'exprime dans une langue autochtone), et, de façon virtuelle, une collègue...
Véronique, qui nous écoute.
Ma première recommandation pour vous,
c'est l'importance de connaître pourquoi et comment ça se fait, donc d'avoir un
préambule afin de faire en sorte que le gouvernement et les institutions qui
vont appliquer et qui vont interpréter ce projet de loi là, on puisse
comprendre pourquoi il y a eu des disparitions et pourquoi il y a eu des décès
de telle sorte. Alors, ça, c'est important...
Mme Audette (Michèle) : …pour
vous, c'est l'importance de connaître pourquoi et comment ça se fait, donc
d'avoir un préambule afin de faire en sorte que le gouvernement et les institutions
qui vont appliquer et qui vont interpréter ce projet de loi là, on puisse
comprendre pourquoi il y a eu des disparitions et pourquoi il y a eu des décès
de telle sorte. Alors, ça, c'est important de l'indiquer. Et la reconnaissance
de ces faits par le législateur, la personne qui va légiférer va constituer, en
soi, un élément réparateur. Ça va guider aussi les personnes qui vont, dans
leur pratique, jouer un rôle d'interpréter et d'appliquer la loi. Ça, c'est très,
très, très important. D'ailleurs, dans le préambule, de rappeler aussi les
appels à la justice de l'ENFFADA Québec, nos 20 et 21, puis d'apporter aussi l'objectif
en regard de la conciliation entre la couronne provinciale, les Premières
Nations et les Inuits.
Alors, je vais laisser maintenant ma
collègue Geneviève Motard prendre la parole.
La Présidente (Mme D'Amours) :
C'est à votre tour de prendre la parole. Merci.
Mme Motard (Geneviève) : Merci,
Mme la Présidente. M. le ministre, Mmes et MM. les députés, Michelle Audette et
les familles, «kwe», bonjour. Je suis donc Geneviève Motard, professeure à la
Faculté de droit à l'Université Laval. Je tiens à vous remercier de nous
entendre aujourd'hui. C'est évidemment un privilège pour moi d'être ici et de
pouvoir discuter avec vous du projet de loi n° 79. D'emblée, je salue la
venue de ce projet de loi dans le mémoire qui a été préparé par Mme Véronique
Breton, qui est doctorante à la Faculté de droit de l'Université Laval, Mme
Audette et moi-même. Vous trouverez certaines propositions pour améliorer le
projet de loi. Je me propose de vous en faire une brève synthèse, là, dans les
prochaines minutes.
D'abord, comme cela vient d'être évoqué,
il nous semble nécessaire d'ajouter un préambule au projet de loi qui fera
référence au contexte particulier qui a mené à la préparation de ce projet de
loi. Donc, le préambule, comme cela vient aussi d'être indiqué, hein, va être
important parce qu'il, donc, va faire en sorte de reconnaître, hein, ce
contexte particulier, mais également parce qu'il va guider ceux qui vont
appliquer et qui vont interpréter la loi. Nous pensons aussi que l'objectif du
projet de loi devrait être revu de manière à mettre l'accent sur son véritable
objectif, hein, son véritable but, c'est-à-dire de permettre aux familles de
connaître la vérité. Actuellement, le projet de loi met de l'avant un moyen,
hein, c'est-à-dire soutenir les familles plutôt qu'un objectif, hein, qui est
finalement de connaître la vérité sur ces disparations et ces décès d'enfants.
Également, le projet de loi n° 79
limite la portée de la loi à la recherche de l'information, comme vous le
savez, hein, concernant les circonstances des décès et des disparitions
d'enfants. Nous recommandons d'élargir la portée de la loi aux causes et
circonstances des décès et disparitions d'enfants de manière à véritablement
connaître la vérité, là, sur ce qui s'est passé. Les familles veulent
comprendre, hein, comment leurs enfants sont disparus ou sont décédés, mais
elles veulent également savoir pourquoi. Elles veulent connaître…
Mme Motard (Geneviève) : ...la
loi aux causes et circonstances des décès et disparitions d'enfants de manière
à véritablement connaître la vérité, là, sur ce qui s'est passé. Les familles
veulent comprendre, hein, comment leurs enfants ont disparu ou sont décédés,
mais elles veulent également savoir pourquoi, elles veulent connaître, hein,
les raisons des décès et des disparitions. Donc, ce sont là, il faut bien le voir,
là, deux aspects du droit de savoir, hein, du droit à la vérité que nous
retrouvons aussi, là, dans plusieurs instruments du droit international.
Nous recommandons que le projet de loi n° 79 précise aussi les moyens qui seront mis à la
disposition des familles et qui leur donnent plus de garanties. Le projet de
loi n° 79 prévoit, comme vous le savez, là, que son
objectif, hein, est de soutenir les familles, mais les moyens qui sont prévus
pour ce soutien demeurent indéterminés. Je vous donne quelques exemples, là.
Est-ce que le soutien se traduira concrètement par du financement pérein, par
du soutien technique, par du soutien en... par la voie d'expertise, par
exemple, par de la traduction? Bref, il serait important que ces moyens soient
précisés de manière à ce que les mécanismes qui seront mis en place soient
effectifs, efficaces, eus égard aux droits des familles de connaître la vérité.
Ces moyens doivent aussi être respectueux des familles, des traumas, hein? Ils
doivent respecter, donc, la dignité des familles.
La mise en place d'un processus d'accès à
l'information qui ne serait pas sensible, par exemple, au contexte
sociohistorique des familles ne serait pas, à notre avis, respectueux, là, de
la profondeur de la tragédie vécue par ces familles et des responsabilités
correspondantes du Québec. Mme Audette l'a déjà mentionné, hein, les
familles doivent être au coeur du projet de loi n° 79.
• (9 h 50) •
Nous recommandons aussi que le projet de
loi n° 79 donne davantage de garanties aux familles pour
que celles-ci soient vraiment au coeur des processus et que leur droit à la
vérité ait préséance. Actuellement, encore une fois, plusieurs questions
restent en suspens. Est-ce que l'administration soutiendra les familles lorsque
les archives se trouvent hors des frontières du Québec ou dans les institutions
fédérales? Hein, on peut penser à ce qui était avant, là, le Département des
affaires indiennes. Est-ce que les familles devront multiplier les démarches
auprès des différents établissements? Est-ce que les familles pourront
suspendre leurs démarches et les reprendre ultérieurement? Le projet de loi n° 79, là, est silencieux sur ces questions.
Enfin, nous recommandons que le délai de
cinq ans soit supprimé et qu'aucun délai ne soit indiqué de manière à
reconnaître le droit imprescriptible des familles de connaître la vérité et
d'avoir accès aux archives. Dans le même esprit, nous pensons que la date du
31 décembre 1989, qui est indiquée au projet de loi, soit retirée. Des
filles autochtones, hein, donc des mineures, qui ont continué à disparaître à
la... ont continué à disparaître, là, à la suite de cette date, le dernier
pensionnat a fermé ses portes au Québec en 1991, et, jusqu'à tout récemment, on
envoyait encore les enfants autochtones en avion seuls pour obtenir des soins
dans les institutions hospitalières, par exemple...
Mme Motard (Geneviève) : …des
filles autochtones, donc des mineures qui ont continué à disparaître à la… ont
continué à disparaître, là, à la suite de cette date, le dernier pensionnat a
fermé ses portes au Québec en 1991, et, jusqu'à tout récemment, on envoyait
encore des enfants autochtones en avion seuls pour obtenir des soins dans les institutions
hospitalières, par exemple, des centres urbains.
Je terminerais ici en rappelant que ce projet
de loi, vous le savez, là, est important pour les familles, pour les
communautés, les Premières Nations et Inuits au Québec, hein, qui demandent
vérité et justice. J'ajouterai que ce projet de loi, il est aussi important
pour les Québécois dans leur ensemble, qui ont aussi le droit de savoir ce qui
s'est passé dans les institutions québécoises avec tous ces enfants et qu'un
mécanisme de réparation efficace devrait être mis en oeuvre. Donc, le projet de
loi n° 79, hein, c'est une étape importante, c'est
une première étape, donc une première étape qui est importante, mais, à notre
avis, il doit absolument être bonifié pour que le Québec soit à la hauteur du
drame de ces familles, mais aussi à la hauteur des standards internationaux. Je
conclurais simplement en disant que ces familles ont le droit à la vérité, et
les Premières Nations et Inuits ont aussi le droit au rapatriement de leurs
restes humains. Le Québec a l'obligation quant à lui de prévoir des mesures de
réparation efficaces. Merci. Neguitch.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange. M.
le ministre, la parole est à vous, vous disposez de 16 min 30 s.
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Kwe. Bonjour à nos invités, très heureux de vous retrouver aujourd'hui,
moment très, très important, et merci de nous partager votre connaissance,
votre savoir pour nous aider aujourd'hui, parce que le but ultime, et j'ai bien
aimé les remarques de mes collègues tout à l'heure, c'est de trouver ensemble
la meilleure loi, le meilleur projet de loi pour répondre aux attentes des
familles, et en ce sens-là vous nous aidez beaucoup aujourd'hui.
Avant de passer à ma question, j'ai peut-être
un petit point important à mentionner au niveau de la direction de soutien aux
familles, parce que vous avez amené tellement de points importants, quand on
dit : Comment on va soutenir ces familles-là? Je vais vous dire ce que ce
n'est pas aussi. Ce ne sera pas une boîte de référencement, ce ne sera pas une
boîte qui va vous dire : Monsieur, madame, faites votre demande, revenez
nous voir dans deux semaines, voici un numéro de téléphone. Je pense que c'est
important de dire ce que ça ne sera pas. Ce n'est pas la vision qu'on a, mais pas
du tout, quand on parle de sécurisation culturelle, quand on parle de respect
des familles, de respect du traumatisme qui a été vécu, mais c'est de les
soutenir là-dedans, et ça peut aller jusqu'à remplir la demande avec eux, pour
eux. Alors, ça, c'est très, très clair. Mais vous avez amené des bons points
quant aux détails qui devraient être inclus.
Mme Audette, compte tenu de votre rôle,
que vous avez joué à l'ENFFADA, je commencerais avec une première question pour
vous. Est-ce qu'on fait le lien direct entre notre projet de loi et des appels
qui ont été formulés, l'appel 20 et l'appel 21? Et je sais que dans votre… vous
avez dû justement vous enquérir d'aller chercher de l'information dans les
admissions… au niveau des établissements de santé, pardon. J'aimerais savoir
quels ont été vos plus grands défis que vous avez vécus à l'époque. Et je vous
demande ça parce que je veux qu'on se prépare, je veux qu'on soit bien outillés
pour ce qui s'en vient. Face à nous, vous avez joué un rôle qui était
hyperimportant, vous avez connu cette réalité-là, et…
M. Lafrenière : …vous enquérir
d'aller chercher de l'information dans les admissions, au niveau des
établissements de santé, pardon, j'aimerais savoir quels ont été vos plus
grands défis que vous avez vécus à l'époque? Et je vous demande ça parce que je
veux qu'on se prépare, je veux qu'on soit bien outillés pour ce qui s'en vient
face à nous. Vous avez joué un rôle qui était hyperimportant. Vous avez connu
cette réalité-là, et j'aimerais avoir votre information là-dessus, c'est-à-dire
comment vous l'avez vécu? Quels ont été les plus grands défis, qu'on puisse
s'ajuster à ça?
Mme Audette (Michèle) : Évidemment…
Merci beaucoup, M. le ministre. La commission d'enquête avait des pouvoirs
particuliers, un pouvoir de contraintes et d'exiger, là, des documents et des
archives. Je vous dirais que ça a été difficile d'avoir une collaboration à
100 %, et ce, à tous les niveaux à travers le Canada, notamment le Québec.
Donc, si on parle ici au Québec, juste d'avoir accès à des documents, la
complexité aussi au niveau des archives, parce que certaines institutions
n'existent plus. Alors ça, de naviguer là-dedans, une chance qu'on avait des
équipes, là, qui ne comptaient pas leur temps, là, pour assurer de trouver les
informations. Ça, ça a été des difficultés, je vous dirais, qui sont à
considérer dans votre travail.
Par la suite, le fait aussi qu'on va
retracer des documents, des archives difficiles de lire parce que c'est des
photocopies, de vielles photocopies, écrites à la main. Donc, comment on va
interpréter ça et que les familles n'ont pas l'expertise de comprendre ce
qu'était un dossier médical à l'époque ou juridique ou de placement ou de
services sociaux. Lorsqu'on appelait à certaines organisations, qui sont,
aujourd'hui, dûment constituées et organisées, et que ça datait de très, très longtemps,
là aussi, les gens ne savaient pas comment réagir au bout du fil. Donc, le
manque de formation et d'information et de préparation sur le terrain, ça a
été… pas évident.
La nature aussi, je vous dirais, de
l'anglais au français pour des nations qui parlent anglais comme seconde langue
alors que les documents sont en français. Ou le fait que des familles vont
déposer leur déclaration à la police ou dans une instance qui va prendre leur
vérité en langue atikamekw, en langue innue ou naskapie, mais que personne ne
veut financer la traduction. Et que, six mois plus tard, on va apprendre, une
fois la commission terminée : Ah! en passant, mon témoignage a été
traduit. Ça a pris six mois, on parle d'une personne. Alors, si on commence à
multiplier sur un grand territoire, ici au Québec, français, anglais et toutes
les langues des premiers peuples, alors ces équipes-là, c'est important.
La méfiance qu'on a comme institution à
une certaine époque. L'enquête nationale, je veux dire, on a été varlopés aussi
où on représentait une institution. Donc, comment établir cette confiance-là
avec des familles? C'est du temps, c'est des gens, ce sont des experts et des
expertes qu'on a dû aller chercher. Et je vous dirais, si on avait la capacité
que vous avez, M. le ministre et le gouvernement, le groupe, le regroupement
des familles, de le mettre au centre, de les outiller en termes de ressources
humaines et financières pour qu'elles puissent marcher avec vous pendant ce
processus-là, je pense que, moi, c'est quelque chose que…
Mme Audette (Michèle) : …si on
avait la capacité que vous avez, M. le ministre et le gouvernement, le groupe,
le regroupement des familles, de le mettre au centre, de les outiller en termes
de ressource humaine et financière pour qu'elles puissent marcher avec vous
pendant ce processus-là, je pense que, moi, c'est quelque chose que je vous
souhaite et je nous souhaite. Et évidemment les institutions, il y a du
racisme, il y a eu des comportements pour ralentir ou prendre plus de temps
lorsqu'on demandait des documents. Ça, c'est un domaine qui n'était pas mon
expertise, mais ça m'a frappé. Donc, ça, aussi, des fois, par des biais
inconscients ou très conscients va nous amener, aussi, des barrières… et des
délais, pardon.
M. Lafrenière : Je vous
remercie, Mme la Présidente. Je laisserais l'occasion à un ou une de mes
collègues de la banquette ministérielle de poser une question parce que je veux
vraiment que ça se fasse dans la collégialité, puis que tout le monde ait la
chance d'intervenir avec nos invités. Je vais me permettre une note à la fin
pour conclure.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Alors, qui de vos collègues voudrait prendre la parole?
Mme Guillemette : Je peux bien
y aller.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Alors, allez-y, Mme la députée.
Mme Guillemette : Merci. Nancy
Guillemette, je suis la députée de Roberval. Très contente d'être ici, aujourd'hui,
pour ce processus qui va nous mener, on l'espère, vers la connaissance de vos
familles, de ce qui s'est passé à l'époque. Je prenais tout à l'heure le
témoignage de Mme Motard et elle disait : Ça va prendre des moyens
pour les familles. Quels moyens on pourrait mettre en place pour les soutenir
encore plus, pour être là pour elles et que ce processus-là se fasse dans… et
malgré qu'on le sait qu'il y aura de la douleur et que ce sera émotif, mais
pour que ça se passe le mieux possible?
Mme Audette (Michèle) : Si
vous me permettez, dans le rapport ENFFADA Québec, les familles nous on
proposé, dans les appels à la justice, d'avoir des personnes dans chaque
communauté ou par région pour les nations, en termes de langue aussi et de
territoire, d'avoir cette relation-là et cette expertise-là qui feraient le
lien avec les familles et les survivantes, et la direction ou la… bien, je ne
veux pas dire la boîte, excusez, là, mais l'espace que vous voulez mettre sur
pieds, là, comme gouvernement, là, pour accompagner les familles dans la
recherche de vérité et de processus de guérison. Ça, c'est un moyen parmi
d'autres.
Vous allez avoir la chance d'écouter les
familles et je vous dirais si on était en mesure, oui, Femmes autochtones du
Québec, l'Assemblée des chefs, moi comme ex-commissaire, on a une
responsabilité morale, éthique et sociale, mais c'est aux familles en les
finançant, en les soutenant et en collaborant avec elles que je pense que vous
allez avoir beaucoup, beaucoup de lumière et de guérison en travaillant de la
sorte.
• (10 heures) •
Mme Guillemette : Merci.
Est-ce que j'ai d'autres collègues qui ont des questions? Sinon, j'aurais
peut-être une dernière question. Vous dites que ça serait important de…
10 h (version non révisée)
Mme Audette (Michèle) : ...de
lumière et de guérison en travaillant de la sorte.
Mme Guillemette : Merci. Est-ce
que j'ai d'autres collègues qui ont des questions? Sinon, j'aurais peut-être
une dernière question. Vous dites que ça serait important de donner des
garanties aux familles. Qu'est-ce que vous entendez par «donner des garanties
aux familles»?
Mme Audette (Michèle) :
Mme Motard, si vous voulez commencer.
Mme Motard (Geneviève) :
Bonjour. Merci. En fait, c'est que, dans le projet de loi actuel, il y a... je
n'appellerais pas ça des trous, mais il y a cette insuffisance de garantie sur,
par exemple, le contrôle que les familles peuvent avoir sur le processus. Bon, actuellement,
une famille, par exemple, qui souhaiterait entamer des démarches et suspendre
ces démarches, les reprendre ultérieurement, actuellement, il y a une limite de
cinq ans pour faire l'ensemble de ce processus, hein, de recherche qui peut
être excessivement lourd. Et donc est-ce que les familles auraient le droit
justement d'avoir ce contrôle sur ce processus de recherche finalement? Donc,
ça, c'est ce à quoi on réfère quand on parle de manque de garantie, là, par
exemple.
Bon, il y a d'autres questions, là, qui
restent en suspend. Là, j'ai évoqué l'exemple de la multiplicité des démarches.
Est-ce qu'une famille dont l'enfant a transféré d'un établissement à l'autre
devra faire des demandes dans plusieurs établissements pour être en mesure,
hein, finalement d'avoir une réponse complète, là, sur la situation qui a été
vécue par son enfant? Le projet de loi, encore une fois, il est silencieux sur
cette question-là. Est-ce qu'il serait possible de prévoir un mécanisme, hein,
où une seule demande... Si on conserve le modèle de l'accès à l'information,
est-ce qu'une seule demande ne pourrait pas donner accès, finalement, à
l'ensemble de l'information plutôt que d'imposer, finalement, aux familles, là,
le fardeau de multiplier les demandes à divers établissements à travers le
temps, là?
Ça fait que, donc, ça, ce sont deux
exemples. Peut-être, Michèle, tu veux compléter, là. Mais de mon point de vue,
là, je ne sais pas, ça illustre peut-être, là, ce qu'on voulait dire. Mais vous
avec d'autres exemples dans le mémoire qu'on a déposé, là.
Mme Audette (Michèle) :
Brièvement, je dirais, toute la stratégie de communication... Pardon, Mme la
députée. La stratégie de communication pour qu'on puisse vulgariser, que les
gens comprennent que : Ah! ce qui est proposé, ça me concerne moi, comme
individu ou comme famille. Ça, c'est superimportant. Vulgariser, c'est
superimportant, faire connaître.
Mais aussi la reddition de comptes. On
sait que M. le ministre va devoir de façon annuelle déposer un rapport. Alors,
de trouver une façon que les gens, les familles comprennent c'est quoi, le
rapport, pour faire en sorte qu'on puisse contribuer lors du dépôt du rapport
avec plus d'information, je vous dirais, pour qu'on comprenne que c'est...
Mme Audette (Michèle) : …de
façon annuelle déposer un rapport. Alors, de trouver une façon que les gens,
les familles comprennent c'est quoi, le rapport, pour faire en sorte qu'on
puisse contribuer lors du dépôt du rapport avec plus d'informations, je vous
dirais, pour qu'on comprenne que c'est déjà important, ce qui se passe, pour
démontrer aussi qu'à la fin de l'exercice la commission d'enquête va être
nécessaire.
M. Lamothe : Mme la Présidente,
est-ce que j'ai le temps pour une question?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Allez-y, M. le député.
M. Lamothe : Mme Motard,
vous mentionnez que les familles aient le contrôle sur le processus de
recherche. C'est assez large, ça. Je veux dire, que les familles soient au
courant du processus ou au courant des recherches qui se font, oui, mais le
contrôle du processus, ça, c'est un petit peu fort, non?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme Audette.
Mme Audette (Michèle) : La
question était à Geneviève, mais je vous dirais, les familles ont le droit de
savoir, et on a le devoir de leur dire. Le contrôle, je vous dirais, s'il y a
une collaboration étroite avec le regroupement et les organisations en seconde
étape, qui sont ceux et celles qui vont être devant vous, si ce n'est pas
«contrôle», on peut changer pour dire : Au moins, on est transparents, au
moins, on informe. Parce que c'est un processus de guérison, ça, savoir la
vérité ou savoir où on en est dans un processus.
M. Lamothe : On est d'accord.
Que les familles soient au courant, que le processus soit transparent, oui,
mais que les familles contrôlent le processus, comme Mme Motard l'a
apporté, je pense que c'est un petit peu fort.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme Motard… intervenir? Oui. Allez-y, Mme Motard.
Mme Motard (Geneviève) : En
fait, on peut être en désaccord sur les termes, mais actuellement, les
familles, ce qu'on leur propose essentiellement, c'est une ouverture du système
d'accès à l'information. Et donc la capacité qu'elles ont, hein, justement, de
maîtriser…
Prenons simplement le rythme, hein, auquel
ces demandes-là peuvent être faites. Bien, ça, ça doit appartenir aux familles.
Une famille peut être prête à recevoir certaines informations, peut ne pas être
prête aussi à recevoir d'autres types d'informations. Et c'est en ce sens-là
que, par exemple, on peut parler de s'assurer que les familles sont en
contrôle, hein, de ce processus-là. Qu'on pense simplement au rythme.
Bon, mais, pour le reste, vous allez
entendre les familles. Les familles vont très certainement être en meilleure
position que moi, là, pour vous donner des exemples à ce… sur la portée de ce
contrôle qu'elles souhaitent et le soutien que le gouvernement peut apporter
aux familles, là, dans la recherche de vérité.
M. Lamothe : O.K. Mais, comme
je vous dis, contrôler le processus de recherche, c'est fort. Mais par contre,
si je comprends ce que vous voulez dire, c'est de contrôler jusqu'à un certain
point l'information qu'ils peuvent recevoir…
Mme Motard (Geneviève) : ...le
soutien que le gouvernement peut apporter aux familles, là, dans la recherche
de vérité.
M. Lamothe : O.K. Mais comme
je vous dis, contrôler le processus de recherche, c'est fort, mais par contre,
si je comprends ce que vous voulez dire, c'est de contrôler jusqu'à un certain
point l'information qu'ils peuvent recevoir.
Mme Motard (Geneviève) : Bien,
entre autres. L'important, je pense... l'idée, c'est de s'assurer que le projet
de loi mette les familles au coeur du processus et que le projet de loi soit...
réponde aux besoins des familles. Je pense que c'est ça, l'essentiel qu'il faut
retenir ici.
M. Lamothe : On est d'accord.
Mme D'Amours : Merci. M. le
ministre, il vous reste 2 min 20 s.
M. Lafrenière : Bien, merci.
Merci à mes collègues pour les questions. Puis je terminerais en faisant un
petit résumé de ce que vous nous avez présenté aujourd'hui avec des points
importants. Puis ça va nous aider beaucoup dans nos travaux pour le futur.
Vous avez parlé du pouvoir de contrainte
puis je trouvais ça important, c'est pour c'est qu'on l'a mis dans le projet de
loi. Parce que oui, au tout début, il y la prévention. Vous avez parlé aussi de
la difficulté que vous avez avec certains organismes. On va avoir du travail à
faire. La direction de soutien aux familles, c'est un de ses mandats, c'est
d'aller voir les organismes, de faire de la sensibilisation. On peut être
obligés d'aller jusqu'au pouvoir de contrainte. Ça fait que ça, c'est un point
que vous avez mentionné qui est très important.
Traduction, important, puis
interprétation. J'aimerais nous envoyer un message très positif, il y a
plusieurs personnes qui ont levé la main, des médecins, des policiers, des ex
qui nous on dit qu'ils étaient disponibles pour adapter les documents. Parce
qu'on doit comprendre que d'avoir accès à un document, si on ne comprend pas ce
qui est écrit dessus, ça nous amène à la case départ. Alors, il y a plusieurs
personnes qui se sont portées volontaires pour nous aider là-dedans. Très bon
point.
Reddition de comptes, important.
Pour le délai de cinq ans, comme on
contrevient à plusieurs lois et règlements, on devait le cibler dans le temps,
mais vous comprenez très bien aussi qu'on s'est donné le pouvoir de le
prolonger d'une année de façon indéfinie. Alors, tantôt, vous avez amené un cas
d'espèce d'une famille qui n'aurait pas fini ses démarches après quatre ans.
Étant donné que le but est de donner réponse à ces familles-là, on peut le
prolonger de façon indéfinie. C'est vraiment un enjeu légal qu'on va pouvoir
discuter ensemble, là, dans l'article par article, mais on devait le définir
dans le temps étant donné qu'on contrevient à certaines lois et règlements.
Et là un point super important que vous
avez apporté, de dire : Est-ce que les familles, c'est à eux de savoir
qu'ils doivent faire des demandes à six organismes? Est-ce qu'en bon français,
ça doit être compliqué pour les familles? Et la réponse, c'est non. Ça va être
la job de la direction de soutien aux familles de vraiment de les recevoir, de
les aider, de les guider. Puis je vous le dis, pour moi, des fois c'est
difficile d'expliquer clairement ce que ça va être, mais je vais vous dire
clairement ce que ça ne sera pas : ça ne sera pas une boîte de référencement.
Ça ne sera pas un endroit qu'ils vont vous donner des adresses courriel, des
numéros de téléphone en disant : Faites vos démarches puis revenez-nous
plus tard. Ce n'est pas ce qu'on veut faire. On disait souvent ici quand on
parlait du projet de loi : On veut mettre les familles dans de la ouate,
on veut les enrober, on veut prendre soin d'elles parce que c'est un processus
qui va être lourd, mais tellement important pour apporter des réponses à ces
familles-là.
Alors, merci beaucoup, l'ensemble de vos
recommandations, aujourd'hui, vont nous aider beaucoup, là, dans nos travaux.
(S'exprime dans une langue autochtone) Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Maintenant, je cède la parole au député de
Jacques-Cartier. Vous disposez de 11 minutes.
M. Kelley
: Merci, Mme
la Présidente. «Kwei», Mme Audette....
M. Lafrenière : ...de vos
recommandations aujourd'hui. Vous nous aidez beaucoup, là, dans nos travaux.
(S'exprime dans une langue autochtone), merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Maintenant, je cède la parole au député de Jacques-Cartier.
Vous disposez de 11 minutes.
M. Kelley
: Merci, Mme
la Présidente. Kwe, Mme Audette, Mme Motard puis Mme Lachance. Merci d'être ici
avec nous aujourd'hui.
J'ai juste une question pour Mme Audette.
En 2019, vous avez demandé que le gouvernement lance sans délai une enquête
publique sur les enfants autochtones disparus. Selon vous, est-ce que ce projet
de loi répond à cette demande de faire une enquête globale sur les enfants
autochtones disparus?
Mme Audette (Michèle) : C'est
sûr que la question, la façon qu'elle est posée, chers députés et collègues,
c'est non. C'est un début de ramasser ou d'avoir de l'information et des
preuves, et de là l'importance de commencer une commissaire, et pourquoi on a
proposé ces deux appels-là tellement importants, d'avoir l'information, de
comprendre les causes et les circonstances, et si le projet de loi ne veut pas
parler ou aller dans le volet des causes, c'est pourquoi j'ai réitéré
l'importance d'avoir cette commission.
• (10 h 10) •
Alors, dans une deuxième étape, je le
souhaite, si ce n'est pas une condition, en autant que ça soit un mécanisme
dans lequel on va comprendre comment ça se fait que des enfants de Pakuashipi, et on ne parle pas juste d'un,
mais plusieurs vont embarquer dans des avions-ambulance sans la présence des
parents et, plus tard, on essaie de comprendre ce qui s'est passé. On ne le
sait pas et finalement, 40 ans plus tard, à cause d'une journaliste, on
comprend que, ah! ça a été ça, le décès, mais on n'est pas sûrs.
Donc... puis on peut faire un parallèle
avec une famille québécoise, pardon, pour leçon, avec une famille québécoise
dans cette région, ou plusieurs familles québécoises dans cette même
période-là, elles ont été en mesure d'assister aux dernières secondes de leur
enfant et de le ramener dans leur communauté, dans leur village pour avoir une
cérémonie de deuil, alors que des centaines et des centaines de familles au Québec
n'ont pas eu ce droit-là.
M. Kelley
: Merci
beaucoup. Juste la raison parce que... pourquoi j'ai posé la question, c'était
suite un petit peu à la discussion que vous avez eue avec mes collègues du gouvernement
qu'on mette un petit peu le fardeau toujours sur le dos des familles
autochtones et je reviens un petit peu sur la rafale des années 60, où on a vu,
avec le gouvernement fédéral, et je sais que les deux situations sont un petit
peu différentes, mais les fonctionnaires du gouvernement fédéral n'ont pas
nécessairement aidé les gens qui ont demandé de faire un... avec le
gouvernement fédéral, d'être compensés de la poursuite qui a été lancée contre
le gouvernement fédéral. Mais, bref, il y a eu des blocages des fois, et on a
entendu un petit peu sur le terrain que ce n'était pas facile toujours
travailler avec le gouvernement fédéral. Et je sais que le bureau des avocats
qui a...
M. Kelley
: ...aider des
gens qui ont demandé de faire un... avec le gouvernement fédéral d'être
compensés de la poursuite qui a été lancée contre le gouvernement fédéral.
Mais, bref, il y a eu des blocages des fois, et on a entendu un petit peu sur
le terrain que ce n'était pas facile toujours travailler avec le fédéral. Et je
sais que le bureau des avocats qui a représenté des peuples autochtones a mis
ça dans les médias, que ça prend beaucoup de temps parce que le gouvernement
fédéral n'est pas toujours prêt à travailler nécessairement avec des peuples
autochtones.
Encore, on n'est pas pareils, mais je veux
juste savoir l'importance de la formation. Parce qu'on parle un petit peu les
moyens pour les familles, mais aussi la formation des gens qui vont travailler
pour le SAA pour aider des familles. Quels sont les éléments de s'assurer que
ce n'est pas... Eh oui, j'ai confiance en le ministre quand il a dit : Ça
ne va pas juste être un numéro, on reçoit les appels, puis tout est beau. Il y
a un processus après ça. Mais peut-être des suggestions pour nous sur la
formation pour les gens qui travaillent au sein du gouvernement pour s'assurer
que les peuples autochtones sont bien respectés dans tout ce processus.
Mme Audette (Michèle) : Une question
importante. Je vous dirais, humaniser l'approche, il faut absolument humaniser
l'approche. On le sent dans vos propos, là, M. le ministre, et vous,
M. Kelley, et, je suis convaincue, avec les autres collègues, et pour
avoir entendu Mme D'Amours à plusieurs reprises, là, on parle d'êtres
humains, d'êtres chers, des bébés, des enfants. Donc, il faut absolument
humaniser l'approche.
Le volet juridique, légal et de justice
est important. Mais de se mettre à un niveau, pas parce qu'on est plus bas,
mais un niveau où je vais me sentir en confiance qu'on va redonner ma dignité
et celle de mon être cher qui n'est jamais revenu à la maison.
Et, à travers les formations, il y a des
experts et des expertes qui sont là, et les premières sont les familles. On a
des leaders incroyables dans les familles qui, même moi, vont m'avoir mentorée
tout le long de la commission d'enquête. Tout le long, ils vont nous avoir
obligé et demander d'avoir un filet de sécurité avant, et pendant, et après le
processus de recherche de vérité ou de partage de vérité dans une approche qui
va être culturellement aussi propre aux Innus, aux Attikameks, aux Anishnabes,
aux Mohawks, et ainsi de suite aux nations, donc de ne pas avoir une approche
juste panquébécoise, là, je ne sais pas ça serait quoi, l'expression.
Et, au niveau du SAA, la formation, vous
avez des gens qui sont là depuis longtemps. Vous avez des gens, des relations
autour qui pourraient contribuer à former, informer, former et informer. Comme
en communication, il faut répéter 20 fois un message pour qu'on finisse par
adhérer à ça, bien, la même affaire. Ce n'est pas quelques heures de formation,
mais sur une continuité tout le long du projet, tout le long de la durée du projet
de loi.
M. Kelley
: Et, selon
vous, Mme Audette, comment on peut briser un petit peu ce manque de
confiance? Parce que, quand même, ça va être un service gouvernemental qui
arrive. Et c'est vrai, le gouvernement du Québec et la fonction publique ont
souvent des solutions «try to fit a square into a round peg», ça arrive
souvent. Alors, comment on peut s'assurer que les gens peuvent avoir confiance
dans le processus? Parce que...
M. Kelley
: …de
confiance, parce que, quand même, ça va être un service gouvernemental qui
arrive. Et, c'est vrai, le gouvernement du Québec et la fonction publique ont
souvent des solutions «try to fit a square into a round peg». Ça arrive
souvent. Alors, comment on peut s'assurer que des gens peuvent avoir de la
confiance dans le processus. Parce qu'une crainte que présentement j'avais,
c'est les gens vont dire : O.K., on a passé ce projet de loi, mais
pourquoi faire tout ce processus quand je pense que les églises vont quand même
cacher l'information. Comment le gouvernement peut bien communiquer ça au
peuple autochtone pour s'assurer que les gens veulent parler avec les
fonctionnaires publics. Ça, c'est arrivé à moi.
Mme Audette (Michèle) :
Écoutez, la méfiance, pour l'avoir vue avec les familles qui avaient, comme je
l'ai dit dans la présentation un peu plus tôt, pendant l'enquête, les gens nous
ont donné l'étiquette d'une institution fédérale, c'est normal. Mais, une fois
que la confiance est établie et que les gens comprennent le processus, quand je
parlais de vulgarisation, c'est tellement fondamental, qu'on peut associer
aussi des visages rassurants où on sait que, dans cette direction-là, qui sait,
pourquoi il n'y aurait pas un cercle de sages dans lequel nos organisations ou
nos experts ou expertes vont contribuer tout le long du processus comme
intervenants pour accompagner tous ces gens qui vont travailler pour les
familles.
Ensuite, dites-vous une chose. Une fois
qu'on explique aux familles… moi, je l'ai remarqué à travers le Canada et au
Québec, et au Québec avec la SQ ou des corps policiers, une fois qu'on a
expliqué quel est le mandat, la capacité, ce qu'on peut ou on ne peut pas
faire, les gens sont superintelligents, une intelligence émotionnelle
incroyable, autodidacte ou superformée, vont comprendre. Donc, delà pourquoi je
reviens tout le temps sur l'explication et la reddition de compte, la
transparence.
Vous avez la Protectrice du citoyen qui,
elle-même, va pouvoir vous accompagner aussi dans ce processus-là, et d'autres
institutions québécoises. Mais, l'expertise autochtone, moi, je tends ma main,
je suis prête comme bien d'autres gens, je suis sûre, à vous accompagner
là-dedans.
M. Kelley
: Merci
beaucoup. Peut-être, juste une question pour Mme Motard, c'était sur la
page n° 5 du mémoire. Vous avez parlé du projet de loi à 79… que semblait
être en décalage avec les normes internationales. Puis, dans les références,
d'une part, puisque le Canada a ratifié plus de conventions internationales
visant la protection des droits de la personne, qui… le Québec, et, dans ça,
vous citez deux exemples. Mais, je veux juste bien comprendre ces normes
internationales, mais aussi, Mme Motard, ou quand même, Mme Audette,
des autres juridictions au Canada. Est-ce qu'ils ont essayé de commencer de
traiter cette question des enfants disparus aussi? Est-ce qu'il y a des bonnes
pratiques que peut-être on peut regarder.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme Motard.
Mme Motard (Geneviève) : Oui.
Bien, écoutez, sur les normes internationales, bon, évidemment, il y a une
panoplie de normes internationales, dont les conventions de droit de l'enfant…
La Présidente (Mme D'Amours) :
…Mme Motard.
Mme Motard (Geneviève) : Oui.
Bien, écoutez, sur les normes internationales, bon, évidemment, il y a une
panoplie de normes internationales, bon, les conventions des droits de
l'enfant, conventions contre la discrimitation, de toutes les formes de discrimination
à l'égard des femmes. Bon. Toutes ces conventions-là, qui protègent les droits
fondamentaux, ont été ratifiées par le Canada et sont applicables au Québec,
là, comme vous le savez, et donc la responsabilité du Québec, essentiellement,
c'est de mettre en oeuvre ces normes internationales.
Maintenant, nous, on a tenté d'aller du
côté du droit à la vérité, là, pour vraiment comprendre comment le projet de
loi s'inscrivait, là, dans le cadre de ce qui se passe à l'échelle
internationale, et là vous avez, bon, plusieurs conventions, qu'on parle du
PIDESC ou encore le… donc les pactes, là, relatifs aux droits civils et
politiques, qui vont… qui appuient ce droit à la vérité, et c'est en ce
sens-là, essentiellement, qu'on est allées rechercher les standards
internationaux.
Du point de vue de l'expertise
comparative, Québec, là, je ne suis pas certaine, là. Évidemment, il y a la
Commission vérité et réconciliation, là, qui portait davantage sur le système
des pensionnats. Maintenant, sur les enfants disparus et décédés, là, dans les
institutions, je ne suis pas certaine, là. Peut-être que Michèle, tu as
davantage d'information là-dessus, mais, moi, je n'ai pas fait cette
recherche-là pour l'instant, puis ça me fera plaisir, là, de vous communiquer
l'information par la suite, là, si vous en avez besoin. Ça fait que je ne sais
pas si ça répond à votre question.
• (10 h 20) •
M. Kelley
: Oui. Non,
ça répond à la question qui… Je ne sais pas combien de temps qu'il reste, Mme
la Présidente, juste…
Ah! vous êtes sur «mute». Juste le… une
dernière cho…
La Présidente (Mme D'Amours) :
Il vous reste sept secondes, M. le député.
M. Kelley
: Ah! bien,
c'est terminé. Bref, merci beaucoup, Mme Audette, Mme Motard puis madame… pour
votre témoignage aujourd'hui. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole à la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Vous disposez de 2 min 45 s.
Mme Massé : Merci, Mme la
Présidente. Allons droit au but. Donc, bonjour, mesdames. Merci vraiment pour
votre rapport. Je commencerais peut-être avec vous, Mme Motard. Vous avez dit
dans votre présentation que le droit à la vérité est un droit imprescriptible,
ou j'ai mal compris. Alors, j'aimerais que vous me confirmiez ça. Et vous
dites… vous avez dit aussi que, considérant le projet de loi tel qu'il est
libellé présentement, on ne se préoccupe que des circonstances et non des
causes. Alors, j'aimerais vous entendre brièvement, parce que le… j'ai d'autres
questions, j'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Motard (Geneviève) : Oui.
Bien, écoutez, sur causes et circonstances…
Mme Massé : …qu'il est libellé
présentement, on ne se préoccupe que des circonstances et non des causes.
Alors, j'aimerais vous entendre, brièvement parce que j'ai d'autres questions,
j'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Motard (Geneviève) : Oui,
bien, écoutez, sur «causes et circonstances», le projet de loi fait, à mon
sens, clairement une distinction, là, en limitant aux circonstances des décès.
On peut simplement comparer, là, avec la Loi sur le coroner, hein, qui fait
cette nuance-là. Et donc, la crainte qu'on a avec le projet de loi, c'est qu'il
ne permette pas justement d'aller au fond des choses puis de comprendre, là,
l'ensemble de, non seulement des circonstances, mais aussi des raisons qui ont
causé, soit les décès ou encore les disparitions, là.
Donc, il y a plusieurs manières, là, de
pallier cette lacune. Si on peut, par exemple, définir l'expression
«circonstances» dans les définitions, là, dans le projet de loi, de manière à
faire en sorte que ça comprend les causes, de manière large, hein, et que
l'objectif, c'est vraiment d'aller au fond des choses, donc ça serait une
manière de le faire. Ou encore, ça serait d'ajouter le mot «causes», hein,
«causes et circonstances», par exemple, à l'article 1, là, si je me
souviens bien.
Mme Massé : Et concernant la
dimension imprescriptible?
Mme Motard (Geneviève) : Ah!
Oui, excusez-moi. Donc, effectivement, le droit à la vérité à l'échelle
internationale, c'est un droit qui, donc, est imprescriptible, hein? Ça veut
dire qu'il ne doit pas y avoir finalement de délai, hein, ou d'atteinte dans la
durée, donc temporelle qui empêcherait, finalement, les familles de connaître
la vérité. Donc, c'est essentiellement ce que ça veut dire puis actuellement
dans le projet de loi, bien il y a deux limites temporelles. Il y a le délai de
cinq ans, là, je comprends les enjeux juridiques mais quand même, il faudrait
que ce droit à la vérité soit présenté comme étant un droit qui, lui, n'est pas
prescriptible, même si, bon, il y a des enjeux juridiques qui doivent être
attachés, là.
Donc, ce délai de cinq ans peut être
problématique, puisqu'il peut avoir pour effet... pardon, puisqu'il peut avoir
pour effet de porter atteinte à la recherche de la vérité.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole au député de René-Lévesque. Vous disposez
de 2 min 45 s.
M. Ouellet : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Donc, à mon tour de vous saluer, mesdames.
Peut-être continuer sur les délais
imprescriptibles, le ministre nous a dit qu'on va fonctionner ainsi, parce
qu'on déroge de certaines lois, mais il est important de le circonscrire dans
le temps. Cinq ans semble trop court pour vous, et même inadéquat. Est-ce qu'on
pourrait l'élargir à 10, peut-être 15 ans, pour donner plus de temps à la ...?
Ça serait une avenue qui serait mitoyenne entre le cinq ans et
non-prescriptibilité.
Mme Motard (Geneviève) : Bien,
écoutez, je pense que l'important, c'est que les familles puissent connaître la
vérité, hein? Et ça, c'est l'objectif fondamental du projet de loi. On peut
parler...
M. Ouellet : ...ou est-ce
qu'il n'y a plus de civilité.
Mme Motard (Geneviève) : Bien,
écoutez, je pense que l'important, c'est que les familles puissent connaître la
vérité, hein? Et ça, c'est l'objectif fondamental du projet de loi. On peut
parler d'un cinq ans, d'un 10 ans, mais si les familles, avec des
recherches... il faut comprendre, hein, que le contexte, là, de recherche qui
va être mis en place va être excessivement lourd, là. On parle d'aller dans des
archives médicales, historiques, des années 50, avec des codes. Des fois
les archives se trouvent au fédéral, à l'extérieur du Québec. Il y a des
enfants qui sont sortis du Québec qui sont peut-être même aux États-Unis ou
ailleurs. Bref, la démarche de recherches, elle est excessivement lourde.
Bon, je vous dirais que, si on impose un
délai de 10 ans pour faire ces recherches-là ou pour faire ces
demandes-là, évidemment que c'est mieux qu'un délai de cinq ans, hein? Mais le
droit de connaître, lui, en soi, il est imprescriptible. Et les délais qu'on va
imposer seront considérés comme étant des atteintes à ce droit à la vérité.
M. Ouellet : L'autre
précision aussi, on écarte les demandes visant les enfants qui auront pu être
admis dans les établissements après le 31 décembre 1989. Donc, ça aussi,
vous voulez voir ça sauter, excusez-moi l'expression, et qu'on puisse regarder
l'ensemble des situations. Est-ce que ça, c'est fondamental aussi comme amendement
qu'on devrait adopter dans le projet de loi?
Mme Motard (Geneviève) : À mon
sens, oui. C'est encore une fois une limite temporelle. Puis, bien honnêtement,
je comprends mal comment cette date de décembre 1989 a été identifiée, là. Bon,
je vous donnais l'exemple des enfants autochtones qui, jusqu'à tout récemment,
allaient dans les hôpitaux en avion sans être accompagnés. Donc, il y a très,
très probablement des situations post-1989 qui sont survenues, et je ne
comprends pas essentiellement pourquoi cette date de 1989 a été identifiée. Et
donc moi, tout simplement, je supprimerais cette... je recommanderais de supprimer
cette date.
M. Ouellet : Parfait.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Alors, merci...
M. Ouellet : Combien de
temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Bien, deux secondes. Alors...
M. Ouellet : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci infiniment. Donc, mesdames, Michèle Audette, commissaire du rapport
d'enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues ou
assassinées, Mme Geneviève Motard, professeure titulaire, Faculté de
droit, Université Laval et directrice du Centre interuniversitaire d'études et
de recherches autochtones, merci pour votre contribution aux travaux de la
commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin que l'on puisse accueillir, par visioconférence, le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 10 h 27)
10 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 10 h 37)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je souhaite donc la bienvenue aux représentants du Regroupement des familles
Awacak. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé
après quoi nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à vous présenter, puis à commencer votre
exposé. Nous commençons avec Mme Ruperthouse.
Mme Ruperthouse (Françoise) :
Oui, allo
La Présidente (Mme D'Amours) :
Bonjour
Mme Ruperthouse (Françoise) :
Bonjour. Bonjour, tout le monde. Mon nom est Françoise Ruperthouse. Je
fais partie des familles qui ont perdu des membres, des enfants à l'enfance. Je
viens pour ma mère, mon père, mes parents. Donc, on a perdu une soeur et un
frère. On les retrouvé, mais avec beaucoup, beaucoup de… ce n'est pas clair.
Donc, le projet de loi n° 79, je
débute comme ça, est un bon début, mais les familles autochtones méritent
encore mieux. Donc, on s'attend à avoir un peu plus de qu'est-ce que la
loi 79 nous donne. La mémoire, moi, je vais faire la lecture parce que je
lis pour un groupe de familles. Je ne lis pas seulement pour moi, c'est
vraiment pour tout un groupe de familles…
Mme Ruperthouse (Françoise) :
...mérite encore mieux. Donc, on s'attend à avoir un peu plus de qu'est-ce que
la loi n° 79 nous donne.
Le mémoire, moi, je vais faire la lecture
parce que je lis pour un groupe de familles. Je ne lis pas seulement pour moi,
c'est vraiment pour tout un groupe de familles, le mémoire Awacak qui veut dire
«petits êtres de lumière» à la Commission des relations d'aujourd'hui. Le
projet de loi fait suite au rapport québécois de l'Enquête nationale sur les
femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Ça, ça vient
compléter... Nous, quand on s'est aperçus que ma mère avait perdu deux enfants,
dans le fond, c'est une femme puis on avait été dénoncé que ma mère, elle avait
perdu un enfant... ses deux enfants pendant plus de 30 ans.
Awacak : Petits êtres de lumière
a été fondé par des familles de nations atikamekw, anicinape et innue ayant des
enfants disparus ou décédés lors d'interventions de différentes institutions.
Awacak regroupe plus de 30 familles autochtones qui ont perdu au total
45 enfants disparus ou décédés.
• (10 h 40) •
Awacak désire, par ses actions, redonner
de la dignité à nos enfants disparus, mes frères et soeurs, ou décédés ainsi
qu'à leurs familles, et faire reconnaître les droits de nos enfants et de nos
familles. Le droit fondamental à l'autodétermination commence par le fait de
nous permettre de prendre nos propres décisions — Je m'excuse, je
suis un peu... je deviens très émotive quand je suis dedans, puis c'est quelque
chose qui est normal, je pense, puis ça fait des années que je vis dans ces
émotions-là — Cela nécessite entre autres un accès complet à
l'information pour fonder nos propres conclusions et de prendre en compte notre
avis, nos avis, je dirais, pour une situation, ou des situations, qui est
particulière à notre vécu.
Awacak désire souligner certains aspects
positifs de ce projet de loi :
L'obligation faite à diverses institutions
publiques et aux congrégations religieuses de remettre aux familles autochtones
toutes les informations concernant un enfant autochtone disparu ou décédé. Ça,
c'est bon, c'est vrai que c'est correct.
La disposition de l'article 19 du projet
de loi qui permet au ministre ou à son délégué de comprendre et d'améliorer les
pratiques, notamment par la sensibilisation...
Mme Ruperthouse (Françoise) :
…ça, c'est bon. C'est vrai que c'est correct. La disparition de l'article 19…
La disposition de l'article 19 du projet de loi qui permet au ministre ou
à son délégué de comprendre et d'améliorer les pratiques, notamment par la
sensibilisation des personnes concernées aux réalités autochtones. Le quatrième
paragraphe de l'article 5 qui permet à la famille élargie d'un enfant
disparu ou décédé d'entreprendre des recherches que cette loi qui permet… Comme
moi, moi, ma mère, elle est à veille de mourir, puis je voudrais continuer. Ça,
c'est bien aussi.
Cependant, Awacak souhaite également
souligner certaines lacunes de ce projet de loi. En effet, le projet de loi
restreint de beaucoup la recherche de la vérité pour les familles, les familles
autochtones, en limitant cette recherche aux circonstances ayant entouré la
disparition et le décès de ces enfants. Voir l'article premier du projet de loi.
Pour nos familles, il est essentiel de
connaître les circonstances. C'est très important pour nous autres de connaître
qu'est-ce qui est arrivé, les circonstances, mais également les causes et les
raisons. Pourquoi les institutions à travers les différentes époques ont-elles
traité nos enfants d'une telle façon? Je dis nos enfants, je dis aussi mes
frères et nos soeurs. De telle façon que personne n'a pu savoir pendant des
décennies s'ils étaient vivants, disparus ou décédés. C'est des sentiments…
c'est un sentiment qui est très difficile à porter, de ne pas savoir où ils
sont, nos enfants, pendant plusieurs années.
Dans le cas de décès, pourquoi nos enfants
n'ont-elles pas connu… pourquoi nos familles n'ont-elles pas connu le lieu de
leur inhumation? On a été laissés dans l'indifférence. Dans les cas de décès,
pourquoi nos familles n'ont-elles pas connu le lieu… Je le répète encore une
autre fois. À quoi est dû ce manque de transparence, cette absence de réponses
qui perdura pendant des dizaines d'années? Et des trentaines d'années, je
pourrais dire.
Voilà des questions importantes pour nos
familles. Se limiter aux circonstances du décès… des décès ou de
discriminations sans essayer de comprendre les causes des décès…
Mme Ruperthouse (Françoise) :
...qui perdurerait pendant des dizaines d'années et des trentaines d'années, je
pourrais dire. Voilà des questions importantes pour nos familles. Se limiter
aux circonstances des décès ou de discrimination sans essayer de comprendre les
causes des décès et des disparitions ainsi que le traitement qu'a subi nos
familles pendant des dizaines d'années, pendant plusieurs années de la part des
différentes institutions ne peut permettre aux familles autochtones de connaître
le pourquoi, le comment et le qui de la disparition de ces petits êtres de
lumière et ainsi de pouvoir véritablement guérir. Ce n'est pas sûr qu'on
guérît, mais au moins avoir une certaine paix.
Ainsi, le projet de loi propose un mandat
trop restreint, d'autant plus que nous voyons également des problèmes avec le fonctionnement
de l'accès à l'information. En effet, le projet de loi propose qu'un processus d'accès
à l'information par l'entremise de plusieurs articles, dont article 2, 4, 7, 8,
9, 10 et 11... Or, pour les familles, cette orientation... cheminement qu'il
propose sont lourds, et bureaucratiques, et difficiles d'accès, même avec
l'appui du ministre responsable des Affaires autochtones sous forme d'assistance
de de guide des familles autochtones.
Nous avons également des demandes
concernant la reconnaissance de cette partie de notre histoire. Pour les
familles autochtones, il est important que cette partie de notre histoire soit
connue et racontée à l'ensemble de la population du Québec. Pourquoi? Parce
qu'on vit de la discrimination puis on le vit encore et encore, on l'a toujours
vécue. Il est donc nécessaire de mettre sur pied un mécanisme afin de rendre
publics les résultats de ces recherches. Il en va de la volonté de la
réconciliation maintes fois annoncée par les différents paliers gouvernementaux...
des gouvernements.
Enfin, les moyens offerts aux familles autochtones,
selon l'article 3, sont imprécis et ne prennent pas en compte la réalité autochtone.
En effet, nos familles endeuillées ont besoin d'une aide basée sur la roue de
la médecine autochtone, qui englobe les besoins physiques, mentaux, émotionnels
et spirituels.
En plus, nous avons également des besoins
juridiques spécifiques reliés à la situation...
Mme Ruperthouse (Françoise) :
...basé sur la roue de la médecine autochtone qui englobe les besoins
physiques, mentaux, émotionnels et spirituels.
En plus, nous avons également des besoins
juridiques spécifiques reliés à la situation particulière des enfants
autochtones disparus ou décédés.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme Ruperthouse?
Mme Ruperthouse (Françoise) :
Oui.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je suis... J'ai le coeur déchiré, mais je dois intervenir. Votre
10 minutes est terminé. Donc, nous passons... nous passerions à la période
de questions.
Mme Ruperthouse (Françoise) :
C'est bon.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mais je vous remercie de votre exposé. Maintenant, les échanges peuvent
commencer. M. le premier... M. le... En premier, ce serait M. le ministre. La
parole est à vous. Vous disposez de 16 min 30 s.
M. Lafrenière : Mme la
Présidente, avec le consentement, on peut faire bien des choses dans la vie.
J'aimerais le consentement de mes collègues pour laisser tout le temps à
Mme Ruperthouse, parce que ce qui est le plus important, aujourd'hui, ce
n'est pas nous, c'est les victimes. Alors, avec consentement, j'aimerais qu'elle
ait tout le temps, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Est-ce que j'ai le consentement de tout le monde pour que Mme Ruperthouse
puisse continuer et terminer son allocution? Merci. Alors, la parole est à
vous, madame.
Mme Ruperthouse (Françoise) :
Je vous remercie, ça me touche beaucoup. Puis sapristi! il ne reste pas
grand-chose à dire, mais je dois le dire.
On a besoin de guérison, c'est sûr. Le
projet de loi propose un mandat de recherche trop restreint, qui ne prend pas en
compte le contexte dans lequel ces disparitions et décès ont eu lieu et qui
impose une lourde bureaucratie. Nous devons, de plus, profiter de cette
opportunité pour favoriser la réconciliation entre les peuples.
• (10 h 50) •
Awacak désire entamer, par cette
commission parlementaire, avec le ministre responsable des Affaires
autochtones, des discussions pour améliorer le projet de loi. Ça, c'est la
demande de toutes les familles. Ce n'est pas quelque chose qui est facile quand
on lit des choses... c'est difficile de venir lire ça, parce que je suis
touchée personnellement. Mais merci de m'avoir laissé finir mon mémoire.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, madame. Donc, nous allons débuter les échanges. M. le ministre, il vous
reste 15 minutes. Votre micro, M. le ministre.
M. Lafrenière : Ah! ça
commençait bien. Je suis vraiment désolé. «Meegwetch», Mme Ruperthouse.
Merci pour votre témoignage. Puis je l'ai dit tout à l'heure, avec le
consentement, on peut faire bien des choses. Puis ce qui vient de se passer
avec mes collègues des oppositions, ça démontre que, justement, ce qu'on veut
faire, c'est travailler pour vous. Vous êtes les personnes les plus importantes
et...
La Présidente (Mme D'Amours) :
…votre micro, M. le ministre.
M. Lafrenière : Ah! ça
commençait bien. Je suis vraiment désolé. «Meegwetch», Mme Ruperthouse.
Merci pour votre témoignage. Puis je l'ai dit tout à l'heure, avec le consentement,
on peut faire bien des choses. Puis, ce qui vient de se passer avec mes collègues
des oppositions, ça démontre que, justement, ce qu'on veut faire, c'est
travailler pour vous. Vous êtes les personnes les plus importantes, et j'ai les
petits mocassins en main depuis tout à l'heure et je les garde dans mes mains
en vous entendant. Puis mes collègues vont avoir aussi les petits souvenirs qui
vont nous faire penser à ces petits êtres de lumières pour qui on veut faire la
lumière justement aujourd'hui, pour qui on veut essayer d'avoir le meilleur projet
de loi.
Vous avez évoqué plusieurs points vraiment,
vraiment importants, et vous avez parlé du soutien aux familles, le type de
soutien que les familles auraient besoin. Et, moi, j'aimerais vous entendre aujourd'hui,
Ruperthouse, à savoir, votre vision. Quand on parle de soutien aux familles,
comment ça se matérialiserait? Comment vous voyez ça au quotidien? C'est quoi
le soutien que les familles auraient besoin? Parce qu'encore une fois, comme
les familles sont au centre de ce qu'on a comme projet de loi aujourd'hui,
j'aimerais vous entendre là-dessus, s'il vous plaît.
Mme Ruperthouse (Françoise) :
Le soutien, c'est sûr qu'on a besoin d'aide pour… un, c'est pour guérir, on a
besoin de guérir de ça. Puis, pour guérir, on doit faire le… je pense qu'on
doit avoir la vérité, on doit connaître toute la vérité et qu'est-ce qui s'est
passé pour qu'on soit rendu là où on est maintenant.
La guérison, ce n'est pas seulement de
retrouver, c'est toute la souffrance qui nous est… qu'on vit à l'intérieur. Ça
se passe à l'intérieur, ça se passe à l'extérieur. L'extérieur, ça veut dire,
c'est mon frère et ma soeur qui sont disparus et toutes les personnes, les
bébés qui ont disparu à partir des hôpitaux, à partir de plusieurs places. Ça
dit souvent qu'il n'y en a pas de discrimination, eh bien, oui, nous autres, on
l'a vécu cette discrimination-là, nos parents l'ont vécue.
Et, dans le temps, pour être capable de
guérir, on doit nous redonner nos… comment je vais dire ça. On doit connaître
qu'est-ce qui s'est passé. Pourquoi ça s'est passé? Surtout pourquoi. Pourquoi
mes parents n'ont pas eu la chance de connaître la vérité? Pourquoi les enfants
ont disparu à partir des hôpitaux? On a besoin… Il y a beaucoup de travail à
faire pour guérir. Le soutien pour faire des recherches, Me Arsenault va
aussi parler plus. Moi, je suis plus émotive, lui, il est plus… il est capable
de bien formuler.
Le soutien, c'est bien qu'est-ce qu'on
nous donne, mais il nous manque vraiment… il faut qu'on sache, il faut qu'on
sache c'est quoi qui est arrivé. Pour être capable de passer à d'autres choses,
on doit connaître la vérité, sinon la souffrance va toujours rester là. Le
soutien, qui va nous le donner? Je pense qu'entre nous, les autochtones, on est
capables, on a travaillé…
Mme Ruperthouse (Françoise) :
…il faut qu'on sache c'est quoi qui est arrivé, pour être capable de passer à
d'autre chose, on doit connaître la vérité, sinon la souffrance va toujours
rester là. Le soutien, qui va nous le donner? Je pense qu'entre nous, les autochtones,
on est capables… on a traversé beaucoup d'épreuves puis je pense qu'on est
capables d'avoir des… ils l'ont dit ici, au tout début… pas au tout début, mais
à un moment donné, ils le disent qu'on a besoin de guérir avec le physique, le
mental, la spiritualité. Puis, nous autres, on est très fort dans la
spiritualité, c'est une des raisons pourquoi on est encore debout, c'était vraiment
la spiritualité qui nous a gardés, qui nous tient debout. On croit en quelque chose
de très, très fort puis on a besoin… bien, par contre, on a besoin de connaître
les raisons des disparitions de tous ces enfants-là.
Je parle du racisme qui se passe dans nos institutions
gouvernementales, dans les hôpitaux. Vous savez, mes parents, nos parents, nos
familles, ils n'ont même pas eu le droit à de l'aide juridique, parce que, dans
le temps, ils n'avaient pas le droit, ils n'avaient pas le droit d'avoir
d'argent dans leurs poches, ils n'avaient pas le droit d'avoir un avocat pour
aller chercher de l'aide. Ils n'avaient pas le droit d'avoir un compte de
banque. Il fallait qu'ils aillent faire leur épicerie avec un bon de commande.
Est-ce que tout le monde, c'était comme ça? Non, ce n'était pas tout le monde
qui était comme ça. C'est vraiment nos familles qui étaient comme ça. C'est les
autochtones qui ont été traités comme ça, qui n'avaient pas le droit d'avoir
d'argent puis ni d'aide des avocats. Une des raisons pourquoi ça a traîné
tellement longtemps, mes parents n'ont pas été capables d'avoir d'aide, toutes
les familles autochtones n'avaient pas le droit d'avoir d'aide parce qu'on
n'avait pas le droit à cette aide juridique là.
Donc, aujourd'hui, on n'est plus en 1950,
on est rendu en 2021, et ça se passe encore que les autochtones vivent encore
de la discrimination. On va en vivre combien de temps encore avant que ce soit
réglé? Je ne le sais pas, mais on essaie de faire des changements avec vous, on
veut être des partenaires avec tout le monde. Moi, je veux aller au magasin, je
veux aller à l'hôpital, je veux aller à des places sans me faire regarder puis
dire : Regarde, elle encore. Ça se passe encore aujourd'hui, on parle des
bébés disparus, mais ça continue, on le ressent encore, la discrimination. Je
voudrais que Me Arsenault continue avec ses réponses.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Me Arsenault.
M. Arsenault (Alain) : Oui, merci
beaucoup, Mme Ruperthouse. La question concernant c'est quoi les moyens que les
familles ont besoin, oui, il y a des besoins de…
Mme Ruperthouse
(Françoise) : …avec ses réponses.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Me Arsenault.
M. Arsenault (Alain) :
Oui. Merci beaucoup, Mme Ruperthouse. La question concernant de c'est quoi
les moyens que les familles ont besoin, oui, il y a des besoins de santé parce
qu'une tempête s'en vient, hein, il faut prévenir. Pour les familles, ça ne
sera pas facile, la tempête s'en vient, mais il y a des moyens.
D'autre part, en termes de moyens, c'est qu'il
faut mettre les familles comme étant des personnes importantes qui doivent
contrôler le processus. C'est les familles qui doivent voir — je vous
donne juste un exemple — à engager peut-être des étudiants
autochtones pour faire tournée de chacune des communautés pour dire :
Avez-vous perdu un enfant? Avez-vous... est-ce qu'un enfant a disparu? Est-ce
qu'on peut aller chercher de l'information? Mais il ne faut pas que ça soit
fait par l'État. L'État a un problème de crédibilité, soyons honnêtes, en ces
matières, et deuxièmement c'est l'État qui est remis en cause dans ça, donc ça
prend une certaine distance. Et les familles doivent contrôler tout ce
processus d'enquête là. Quand je dis «contrôler», il faut faire attention, je
vais revenir à une question du député d'Ungava, «contrôler» ça ne veut pas dire
tout décider et faire ce qu'on veut. C'est contrôle le processus en
collaboration avec, et pour nous c'est notre hypothèse, une commission
d'enquête, pas une commission d'enquête comme on en a déjà vu qui durent des
années, mais pas du tout. Il peut y avoir des choses, des commissions d'enquête
relativement simples, mais qui ont des pouvoirs importants et qui ont
l'obligation de rendre compte publiquement des causes et des circonstances.
Voilà ce que les familles ont besoin. Et je vous dis ça pour avoir eu plusieurs
rencontres avec les familles, avec Mme Ruperthouse, avec beaucoup d'autres
membres des familles, avoir été impliqué dans des dossiers depuis longtemps.
C'est juste ça, pour en prendre le contrôle de leurs propres affaires. Merci.
M. Lafrenière : Merci,
maître. Si vous me permettez, Mme la Présidente, je laisserais la parole à mon
collègue d'Ungava qui avait une question rapide pour Mme Ruperthouse.
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le député.
M. Lamothe : Merci.
Merci, Mme Ruperthouse. Je m'en excuse.
M. Arsenault, moi, peut-être
curiosité professionnelle, là, à partir du moment, si on remonte dans le temps,
que les disparitions étaient rapportées aux instances, c'était quoi, le
processus de recherche? C'est un bout que j'aimerais savoir. Là, je veux dire,
il y avait sûrement un processus, dans le temps qui faisait en sorte... ce
n'est pas juste la discrimination, j'imagine qu'il n'y avait pas de retour. Il
y avait-u une enquête qui était faite? Comment ça marchait?
M. Arsenault (Alain) : Mais
c'est rien, rien.
M. Lamothe : Pardon?
• (11 heures) •
M. Arsenault (Alain) :
Il y a des gens... il n'y avait rien, il n'y avait pas de processus d'enquête.
Il y a des...
11 h (version non révisée)
M. Lamothe : ...processus, dans
le temps, qui faisait en sorte, ce n'est pas juste la discrimination, j'imagine
qu'il n'y avait pas de retour. Il y avait-u une enquête qui était faite?
Comment ça marchait?
M. Arsenault (Alain) : Rien,
rien.
M. Lamothe : Pardon?
M. Arsenault (Alain) : Il y a
des gens... Il n'y avait rien. Il n'y avait pas de processus d'enquête. Il y a
des gens qui ont été voir : Mon enfant n'est pas revenu de l'hôpital,
qu'est-ce qui arrive? Je ne sais pas. Pouvez-vous vous renseigner? Je ne sais
pas. On n'a pas considéré, c'est regrettable à dire, les autochtones, pères et
mères de famille, comme des personnes qui recherchaient leurs enfants et qui
posaient des questions.
Je me souviendrai toujours de
Mme Mary Poker que j'ai rencontrée en 2014 à Pakuashipi qui a perdu deux
enfants. Dans une période de deux ans, une petite communauté d'à peu près 200
personnes, en moins de deux ans, a perdu neuf enfants. Et j'ai demandé en 2014
à Mme Poker : Pourquoi ça s'est arrêté? Elle m'a répondu : Parce
qu'ils voulaient emmener un troisième de mes enfants et j'ai dit : Il
n'embarquera pas dans l'avion si je n'embarque pas. Puis, à partir de ce
moment-là, ça a changé. J'ai dit : Mais, pour vos deux premiers, qu'est-ce
que vous en savez? Et elle a répondu : Tout qu'est-ce que j'en sais,
malgré les demandes de mon mari et mes demandes, c'est ce que j'ai vu à la
télévision à l'émission Enquête en 2014. Et c'était des disparitions au
début des années 70, 70-72. Elle a posé des questions, il y a des gens qui ont
eu ses questions, et elle n'a eu aucune réponse. Elle a su que ses enfants
étaient décédés en 2014.
À peu près à la même époque, il avait été
question qu'il y avait quelqu'un qui était d'origine innue de Pakuashipi, mais
qui vivait à Terre-Neuve, juste en face de Blanc-Sablon. Elle a posé des
questions à ce moment-là, pas plus de réponse, pas de réponse. Il n'y a aucune
ambiguïté, les familles ont fait des démarches, et on n'a pas répondu.
M. Lamothe : Ça fait qu'il n'y
avait rien qui se faisait...
M. Arsenault (Alain) : ...on
n'a pas dit : On va vous... Pardon?
M. Lamothe : Il n'y a rien qui
se faisait autant... l'information de recherche au niveau hospitalier, clergé,
policier, il n'y a rien qui se faisait?
M. Arsenault (Alain) : Il n'y
a rien qui se faisait, absolument rien. Et ça, c'est généralisé, là. Moi, à
chaque fois que j'ai discuté, c'était : Ah! j'ai posé des questions, j'ai
posé des questions au curé, à l'agent, à ci, à la police. J'ai posé des
questions. On va vous répondre... Ils n'avaient pas de réponse. À un point tel
que, pour certains, on parle beaucoup d'enfants décédés, mais, pour certains,
on a su que des enfants étaient vivants, qu'ils étaient dans les institutions.
On a également su qu'il y avait des enfants vivants qui étaient rendus aux
États-Unis, qui, dans les faits, avaient été donnés en adoption. Par qui? On ne
le sait pas...
M. Arsenault (Alain) :
...décédés, mais pour certains, on a su que les enfants étaient vivants, qu'ils
étaient dans les institutions. On a également su qu'il y avait des enfants
vivants qui étaient rendus aux États-Unis, qui, dans les faits, avaient été
donnés en adoption. Par qui? On ne sait pas. C'est le noir total, c'est ça
qu'il faut comprendre.
M. Lamothe : O.K. Merci, M.
Arsenault, Mme Ruperthouse.
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre, votre micro.
M. Lafrenière : Ça fait deux
fois, aujourd'hui, je m'excuse. Mme la Présidente, s'il nous reste du temps,
j'ai ma collègue de Soulanges qui avait une question.
La Présidente (Mme D'Amours) :
2 min 30 s.
Mme Picard : Merci. Bonjour à
vous deux. J'aimerais savoir comment vous voyez la reconnaissance qu'on
pourrait faire à vos familles. Vous parlez que vous aimeriez une reconnaissance.
Avez-vous des idées de ce qu'on pourrait faire pour alléger votre coeur?
Mme Ruperthouse (Françoise) :
La question se pose à moi ou bien à monsieur...
Mme Picard : Oui, à vous.
Bien, à vous, je crois que... oui.
Mme Ruperthouse (Françoise) :
La reconnaissance, c'est sûr... la première chose pour alléger nos coeurs,
c'est vraiment de savoir la vérité, qu'est-ce qui s'est passé, où est-ce qu'ils
ont amené... pourquoi ils ont amené les enfants. Je vais toujours revenir avec
ma mère et mon père, qui ont amené leurs enfants à l'hôpital puis quand ils ont
retourné, il n'y n'avait plus d'enfants, ils ne savaient plus où est-ce qu'ils
étaient. Ils ont essayé de trouver, mais comme j'ai dit tantôt, il n'y avait
pas d'aide, à ce moment-là, à ce temps-là, il n'y avait aucun droit d'avoir...
droit à la justice.
Donc, pour alléger ça, c'est juste la
vérité, on a besoin de connaître la vérité, on a besoin de faire notre deuil en
sachant la vérité pour être capable de lâcher prise et de... tout le monde
parte en paix. Bien, c'est ça qu'on a besoin. Qu'est-ce qui s'est passé, qui a
donné l'autorisation d'enlever les enfants ou de... Est-ce que c'est une bonne
chose, dire «enlever»? Pour nous, c'est enlever, peut-être, pour d'autres
personnes, elles vont dire : Bien non, on les amenés dans un autre hôpital
ou dans une autre place, mais sans le consentement des parents, sans le
consentement de la famille. Donc, on a besoin de savoir qu'est-ce qui va....
qu'est-ce qui s'est passé, qui a donné l'autorisation.
Ma mère, quand elle m'a demandé d'aller
dénoncer qu'est-ce qui était arrivé, elle a dit : La première personne...
Dis-moi c'est qui qui va... qui est le responsable d'avoir enlevé mes deux
enfants qui sont partis à l'autre bout du monde, qu'on ne sait pas où. Elle a
dit : Je veux que tu lui donnes ça. Ça, ça veut... Elle a 87 ans, ma mère,
puis elle a besoin, elle est malade, elle a besoin d'avoir une vérité. Il y a
d'autres familles qui sont devenues... toute leur vie ont porté ça. Il y a
quelqu'un, il y a... M. le ministre m'avait dit : On s'excuse d'ouvrir des
plaies comme ça. J'ai dit : Non, les plaies ne sont pas ouvertes, ne sont
pas rouvertes, elles sont ouvertes depuis toujours. Elles n'ont jamais été
fermées.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci...
Mme Ruperthouse (Françoise) :
…toute leur vie ont porté ça. Il y a quelqu'un, il y a un monsieur, le ministre
m'avait dit : On s'excuse d'ouvrir des plaies comme ça. J'ai dit :
Non, les plaies ne sont pas rouvertes, elles sont ouvertes depuis toujours.
Elles n'ont jamais été fermées.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Jacques-Cartier. Vous
disposez de 11 minutes.
M. Kelley
: Merci
beaucoup. Bonjour, Mme Ruperthouse. Je veux juste commencer par présenter
mes excuses. Je suis tellement désolé qu'est-ce vous avez vécu avec votre
famille dans une institution du Québec. Je pense qu'on est tous ici comme des
élus pour essayer d'au minimum donner des moyens à des familles d'avoir un
petit peu de vérité et justice, mais je veux juste continuer un petit peu sur
la question que ma collègue a posée. Quand même si on donne des moyens aux
familles, avez-vous des réserves et des préoccupations concernant des
institutions qui vont faire, ils vont prendre les moyens de peut-être cacher
certaines données ou c'est déjà fait?
Mme Ruperthouse (Françoise) :
Je veux réentendre votre question…
M. Kelley
: Oui. La
question c'est sur juste comme sur les institutions religieuses. Si on prend ça
pour exemple, c'est le moment où vous avez des moyens de faire ou le ministère
a les moyens de faire une enquête, est-ce que vous avez des préoccupations que
les données sont plus là? Et comment on peut, après ça, si s'est déjà supprimé,
et j'utilise juste un exemple, c'est quoi les prochaines étapes pour donner la
vérité aux familles?
Mme Ruperthouse (Françoise) :
Si les choses sont… si les dossiers, mettons, on va dire des dossiers médicaux,
sont déjà supprimés, moi, j'ai retrouvé beaucoup de… le dossier médical puis je
pense qu'il y a plusieurs familles qui ont… c'est sûr qu'ils ne nous ont pas
tout donné. Est-ce que c'est déjà supprimé? Nous autres on ne peut pas le
savoir parce qu'on ne connaît pas les dossiers, donc on ne sait pas s'ils sont
supprimés ou s'ils sont cachés ou… on ne peut pas le savoir. C'est à eux autres
à donner, mettons que c'était les religieuses, c'est à eux autres d'être
conscients de dire : Bon, bien, on est obligée. Écoutez, c'est des… ils
travaillent pour le créateur, ça fait que, normalement, ils devraient donner
ces dossiers-là, ça ne devrait pas être caché. Et s'il n'y a rien à cacher
pourquoi le cacher? Pourquoi le détruire? Tu sais, mais pour être capable, le
soutien qu'on aurait besoin c'est aussi qu'on ait besoin des… que les docteurs
viennent nous dire : Bien, regarde, ça, là, Françoise, c'est tout… J'ai
les dossiers médicaux à mon frère et ma soeur, peut-être qu'ils ne sont pas
tous là, je ne le sais pas, mais il en manque. Je sais qu'il manque un bout. Un
docteur pourrait… il serait capable de tout décortiquer tout ce qu'il se dit
là-dedans. Il y a des termes, là-dedans, que moi je ne suis pas capable de
lire. Je pense qu'un docteur il serait capable de lire ça…
Mme Ruperthouse (Françoise) :
...je sais qu'il manque un bout. Un docteur pourrait être... Il serait capable
de tout... décortiquer tout ce qui se dit là-dedans. Il y a des termes là-dedans
que, moi, je ne suis pas capable de lire. Et je pense qu'un docteur, il serait
capable de lire ça. Ça serait... Ça, c'est le soutien tantôt qu'on me pose la question.
Et en même temps vous qui dites : Bien, peut-être qu'il y a des choses de
déchiquetées. Comment on va faire pour passer à travers ça? Bien, si on ne le
sait pas, on ne pourra probablement jamais savoir, mais il y a quelque chose,
c'est sûr, qu'on va devoir faire pour notre guérison. On parle aussi de la
guérison, de nos guérisons à nous. Puis s'ils ne veulent pas nous donner ces
dossiers-là, moi, je pense que c'était... La responsabilité ne m'appartient
pas. C'est sûr que je peux faire une crise. Même si je fais une crise puis ils
ne me le donnent pas, ça donne quoi, tu sais? Mais peut-être que Me Alain
Arsenault peut nous dire quelque chose aussi là-dessus, mais si c'est
déchiqueté...
• (11 h 10) •
M. Kelley
: Et
juste une question de suivi. Comme présentement, quand vos familles demandent à
une institution pour l'information, est-ce que la réponse est toujours :
Ah! À cause des lois qui existent, on ne peut pas donner l'information à du
monde? Il n'y a comme aucune volonté d'aucune institution de travailler avec
les familles pour avoir la vérité? C'est juste de mettre ça un petit peu en
contexte parce que c'est sûr que vous avez parlé avec une institution. Alors,
je veux juste bien comprendre comment, présentement, ça marche.
Mme Ruperthouse
(Françoise) : On a...
M. Arsenault (Alain) :
Merci.
Mme Ruperthouse
(Françoise) : Oui. Vas-y, Alain.
M. Arsenault (Alain) : Si
vous permettez, je peux répondre à partir de cas concrets et entre autres à
partir du cas de Pakuashipi. Il y a eu dans le travail de Radio-Canada un
contact avec l'hôpital de Blanc-Sablon. Ça a été long, ça a été pénible, etc.,
etc. Et à un moment donné ça s'est terminé. Trouvez-nous des gens qui peuvent
signer une autorisation. Donc, recherches à n'en plus finir. Et à un certain
moment donné, il y avait un des enfants qui n'avait plus ses parents. Ça fait
que... Est-ce que son frère, sa soeur, etc. Non. Non. Non. C'était extrêmement
ardu, extrêmement difficile. Et là-dessus la Loi sur l'accès à l'information ne
sera pas vraiment utile. C'est vraiment le pouvoir de commissaire enquêteur qui
peut être utile là-dessus pour solutionner l'accès aux documents, qui est la
première étape à faire.
M. Kelley
: Merci,
M. Arsenault, parce que vous avez soulevé Blanc-Sablon, mais, moi, je
pensais aussi la question, parce que vous avez aussi cité l'exemple des
États-Unis, à comment on peut aussi s'assurer que des familles, c'est difficile
pour eux, mais l'accès aussi à des données à l'extérieur du Québec parce qu'on
sait, comme pour les Cris, des fois, des écoles résidentielles étaient en
Ontario. Et on peut voir les communautés sur la Côte-Nord peut-être des fois
envoyées à Terre-Neuve. Alors, bref, juste vos commentaires. Je sais que nous
sommes limités dans un certain sens, mais vos pensées sur cet enjeu que c'est
possible...
M. Kelley
:
...extérieur du Québec. Parce qu'on sait, comme pour les Cris, des fois...
des... en Ontario. Et on peut voir les communautés sur la Côte-Nord peut-être
des fois envoyées à Terre-Neuve.
Alors, bref, juste vos commentaires... je
sais que nous sommes limités dans un certain sens, mais vous pensez sur cet
enjeu que c'est possible que... des réponses aussi à l'extérieur de nos
frontières?
M. Arsenault (Alain) :
C'est certain qu'il y a des réponses à l'extérieur. Dans le cas de
Blanc-Sablon, ils transféraient des dossiers à Terre-Neuve... des communautés
religieuses ont transféré leurs archives aux États-Unis, etc. C'est certain.
Mais, à partir du moment où il y a une
volonté par une commission d'enquête, qui est un organisme... qui a une
certaine prestance, avec l'appui du gouvernement du Québec, qui demande à un
autre gouvernement, une autre institution paragouvernementale, ça met un
certain poids. On ne peut pas avoir la garantie que ça va être une réponse
positive, mais c'est sûr qu'on va prendre ça avec beaucoup plus... de respect,
et les possibilités pourront être plus poussées. Le premier élément, ça va être
le gouvernement fédéral, évidemment.
M. Kelley
: Et
juste une question... puis, j'imagine, je n'ai pas beaucoup de temps qui reste.
Dans le mémoire, vous avez dit et mentionné qu'il y a des besoins juridiques
spécifiques. Je veux savoir c'est quoi, les besoins spécifiques. Est-ce que
vous pouvez juste peut-être donner nous des exemples?
Une voix
: ...
M. Arsenault (Alain) :
C'est vraiment accompagner...
Une voix
: Vas-y,
vas-y.
M. Arsenault (Alain) :
C'est... de mettre à leur disposition des avocats engagés par eux, qui est leur
avocat, pour expliquer la situation et évidemment faire des représentations,
les... aider les gens à aller chercher des documents, etc., là. C'est vraiment
qu'il se sentent en confiance, parce que ce n'est pas le gouvernement qui ne
les respecte pas depuis x temps qui continue le processus, c'est des avocats.
Ils ont droit à leurs propres avocats pour faire leur propre cheminement.
M. Kelley
: Et je
ne sais pas, Mme Ruperthouse, si vous avez quelque chose à ajouter?
Mme Ruperthouse
(Françoise) : Bien, je pense que Me Arsenault a dit un peu... Nous
autres, on parlait d'accompagnement... tantôt, je l'ai dit, le soutien
financier pour les déplacements, pour tout... on a un avocat qu'on doit...
qu'on aimerait qu'il nous accompagne. C'est le soutien aussi spirituel par des
personnes de notre choix, parce que c'est quand même nous qui souffrons, c'est
nous qu'on a... on a besoin de soutien avec les gens à qui on a le plus
confiance. Ce n'est pas chez les soeurs et les Oblats. Si on retrouverait,
mettons, des enfants qui sont disparus, qui sont...
Mme Ruperthouse (Françoise) :
…c'est nous qu'on a… on a besoin de soutien avec les gens qui… à qui on a le
plus confiance. Ce n'est pas chez les soeurs et les Oblats. Si on retrouverait,
mettons, des enfants qui sont disparus, qui sont partis depuis longtemps, il y
a aussi des choses à faire. Il va y avoir beaucoup de travail à faire à ce
niveau-là. Donc, on a vraiment besoin de soutien, de spirituel, que nous, on
pense avoir. Chez les autochtones, on a ça, déjà, qu'on fait par nous-mêmes.
Mais on va avoir besoin de beaucoup d'aide financière, c'est sûr, mais le
soutien… C'est ça, c'est vraiment le soutien. Entre nous, on est capables de le
faire, mais Me Arsenault l'a bien dit tantôt que, pour le reste…
M. Kelley
: D'accord. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. M. le député, il vous restait 1 min 20 s. C'est bon?
Donc, je cède maintenant la parole à la députée de madame… la députée Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Vous disposez de 2 min 45 s.
Mme Massé : Peut-être trois
minutes, considérant que mon collègue de Jacques-Cartier n'a pas tout pris.
Bonjour, Mme Ruperthouse, bonjour, Françoise. Bonjour, Me Arsenault.
Contente de vous voir là. En fait, contente de savoir qu'on passe à une autre
étape. Vous l'avez bien nommé, j'ai trois minutes, donc deux questions.
Une première, Mme Ruperthouse, vous
avez dit être la nécessité que les familles dont vous représentez avec Awacak
le coeur battant d'une organisation qui va représenter les familles. Vous avez
dit la nécessité d'être au coeur de cette démarche-là, et être au coeur d'une
démarche lorsqu'on est tant meurtris, lorsqu'on est blessés, lorsqu'on a une
plaie ouverte qui ne s'est jamais fermée, ça nécessite des moyens. Ce que je
comprends, et là vous venez de faire une énumération, et c'était le sens de ma
question, mais je veux surtout bien saisir, oui, ça prend de l'argent. Il faut
que votre organisation soit soutenue parce que vous allez être au coeur du
processus si on veut que ça marche, hein? C'est toujours ça l'objectif, et moi,
j'ai senti ici de la part du ministre et de tout le monde que l'objectif, c'est
que ça fonctionne. Alors que ce soient des jeunes à embaucher qui vont faire le
tour des communautés pour parler dans leur langue et dire aux gens :
Savez-vous, ça existe. Est-ce que vous avez des enfants? Est-ce que vous
connaissez des gens? Je vous ai entendue, des besoins à ce niveau-là. Des
besoins au niveau des avocats, des médecins qui vont vous aider à interpréter
les trucs, du soutien psychologique, les déplacements. Est-ce que j'entends que
ça, là, il faut que ce soit au rendez-vous pour être certaine de faire…
Mme Massé : ...j'ai entendu des
besoins à ce niveau-là, des besoins au niveau des avocats, des médecins qui
vont vous aider à interpréter les trucs, du soutien psychologique, les
déplacements. Est-ce que j'entends que ça, là, il faut que ce soit au rendez-vous
pour être certaines de faire ensemble ce pas-là, Mme Ruperthouse? Et
ensuite, j'aurais une question pour M. Arsenault.
Mme Ruperthouse (Françoise) :
C'est garanti qu'on a besoin de ça. Écoutez, ça fait 30 ans, plus de
30 ans que je suis dans ce dossier-là. J'ai commencé vraiment avec ma
famille et mon père, ma mère, dont mon frère et ma soeur qui sont disparus puis
qu'on ne savait pas où ils étaient. J'ai voyagé de tout bord tout côté. J'ai
cherché. J'ai cherché. C'est à Québec qu'on a fini par le trouver, mais quand
même, je pense que ça prend beaucoup de déplacements pour être capable de faire
ça.
Puis, en plus, je n'ai pas... je ne suis
pas une professionnelle. Aller faire des recherches, ce n'est pas moi. Les
professionnels sont dans les universités, dont les étudiants qui sont capables
de faire les... d'aller faire des recherches. Moi, j'ai perdu 30 ans. Je
n'ai pas perdu 30 ans, mais je veux dire, j'ai travaillé, j'ai fait des
recherches pendant plusieurs années avant d'être capable d'avoir des réponses
pour la famille. Et encore, la famille...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
Mme Ruperthouse (Françoise) :
Pardon?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup. Le temps étant écoulé, je cède maintenant la parole au député
de René-Lévesque. Vous disposez de 2 min 45 s.
M. Ouellet : Donc, à mon tour
de vous saluer, Mme Ruperthouse, Me Arsenault. On a eu l'occasion de
se parler en préparation du projet de loi et je veux dire aux membres de cette commission
qu'il y a quelque chose qui m'a frappé lorsqu'on a échangé ensemble dans la
préparation de cette consultation. Parce que je trouvais un peu particulier que
des parlementaires, aujourd'hui, doivent écrire une loi pour donner de l'espace
et de l'espoir et de la réconciliation pour ce qui est arrivé dans le passé.
Moi, je n'étais pas là, et je suis convaincu que tous les collègues partagent
aussi le désarroi et toute la tristesse d'avoir vécu cette situation-là.
• (11 h 20) •
Mais il y a un mot que Pierre-Paul Niquay,
qui vous accompagne et qui... qui m'ont touché beaucoup. Il m'a dit :
Martin, ne vivez pas de culpabilité, ne vivez pas... n'ayez pas honte de ce qui
s'est passé, réparez ce qui est réparable et pardonnez ce qui est pardonnable.
Alors, ce que vous nous dites : Faites-en le maximum, allez le plus loin
possible. On ne veut pas juste des moyens, on veut aussi comprendre pourquoi,
dans quelles circonstances. Donc, c'est à ça que je vais m'accrocher,
Mme Ruperthouse, sur le travail que votre regroupement fait.
J'aurais une question, parce qu'on en a
parlé ensemble puis j'aimerais donner ces indications-là au ministre. Vous
dites que dans l'article 6, il faudrait mieux définir l'autorité
familiale. Pourquoi, pour vous, c'est fondamental que dans cette pièce législative,
l'autorité familiale soit mieux définie?
Mme Ruperthouse (Françoise) :
Moi, j'aimerais mieux que ça soit Alain qui voit... qui réponde à ça.
M. Ouellet : Il n'y a pas de
problème.
La Présidente (Mme D'Amours) :
...M. Arsenault... Me Arsenault.
M. Arsenault (Alain) : Oui.
Oui, oui...
M. Ouellet : ...législative,
l'autorité familiale soit mieux définie.
Mme Ruperthouse (Françoise) :
Moi, j'aimerais mieux que ça soit Alain qui réponde à ça.
M. Ouellet : Il n'y a pas de problème.
La Présidente (Mme D'Amours) :
...Me Arsenault.
M. Arsenault (Alain) : Oui.
Oui, oui. Sur cette question-là, c'est l'élargissement de la définition de la
famille en milieu autochtone à comparer en milieu non autochtone. La famille,
c'est un tout, c'est une communauté. Moi, une première fois que j'ai été dans
une communauté autochtone il y a 40 quelque années, c'est ça qui m'a frappé. Tout
le monde, je dis bien tout le monde, est préoccupé par l'éducation de tous les
enfants. Les grands-parents plus souvent, mais aussi le voisin.
Et j'ai l'impression que ce projet de loi
reconnaît ça, et c'est ça qui est intéressant. Mais il faut le pousser, il faut
aller plus loin. Mais c'est un point positif.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci infiniment. Je vous remercie pour votre contribution à nos travaux.
Compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'après les affaires courantes.
(Suspension de la séance à 11 h 22)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 38)
La Présidente
(Mme D'Amours) : Bienvenue à la Commission des relations avec les
citoyens. La commission est réunie virtuellement afin de poursuivre les consultations
particulières et auditions publiques du projet de loi n° 79, Loi autorisant la communication de renseignements personnels aux
familles d'enfants autochtones disparus ou décédés à la suite d'une admission
en établissement. Cet après-midi, nous entendrons les groupes
suivants : la Nation naskapie de Kawawachikamach et le Conseil de la
nation atikamekw.
Nous faisons une première aujourd'hui sur
l'expérience d'interprétation simultanée en commission virtuelle qui est
accessible par téléphone pour nos membres et le groupe entendu. Je souhaite
donc la bienvenue aux représentants de la Nation naskapie :
Mme Caroline Einish, pardon, à la mobilisation communautaire et à la
promotion de la participation citoyenne et des saines habitudes de vie, et
l'aînée, Mme Noat Einish.
Je vous rappelle que vous disposez,
mesdames, de 10 minutes...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...Ainish... Einish, pardon, à la mobilisation communautaire, et à la promotion
de la participation citoyenne, et de saines habitudes de vie, et l'aînée, Mme
Noat Einish.
Je vous rappelle que vous disposez,
mesdames, de 10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter puis à commencer votre exposé.
Mme Einish (Caroline) :
Bonjour. Mon nom, c'est Caroline Einish, je suis de la nation naskapie.
Moi, je voudrais parler des personnes
qu'on... Nous autres, on est présents dans le Nord-du-Québec. I
forget to talk in English for my sister.
Une voix :
(S'exprime dans une langue autochtone).
Mme Einish
(Caroline) : It's OK. So we're from the
communities. Our people stopped ... middle of 1950's and many did not speak
English nor French. Sometimes they have to go to the cities to find... for
medical help. Sometimes, people ... did not have any resources, or what to do,
or how to locate the people that didn't come back.
Example, there was a
woman, she died during childbirth but... doesn't know where the child is. And
there was a woman here by the name of Kathleen... and she had a brother she
never...
• (15 h 40) •
Une voix : A son.
Mme Einish
(Caroline) : A son she never found him. But
before she passed away, she thought that...
Une voix : …
Mme Einish
(Caroline) : She thought he was still alive.
Mme Einish (Noat)<
T> :We had a lot
of situations like this and the families that died in Québec City, the hospitals, they never brought back the bodies and the
families here, they don't know the location is, the graves. They never found
the graves and there's no information at all. They need closure.
Another thing is we don't
know where the graves are. Ah! also, most ... thing is where the hospitals in Québec City and most people, like my
parents, they can't say the names of the hospitals. And there are other stories
we don't know about…
Mme Einish
(Caroline) : …Québec City, and… people like my parents, they can't say the names of the
hospitals. And there are other stories we don't know about. We just know that
many passed away and they were just thought the persons passed away and nobody
could locate the children who also passed away. So, we don't know the names of
these children, we just know… we know the names of the parents because we knew
the parents, and… I don't know the story.
Mme Einish
(Noat) : The story was… her sister went to Québec and gave birth. Her sister died
there; and they never knew where the child is.
Mme Einish
(Caroline) : But there was this person from…
that said that he met a woman that was from Rimouski, and she claimed she was
Naskapi. So, this is the only information we found just hearsay. So, we don't
really know how to look for information even… or why this person passed away,
like the mother that gave childbirth, why she passed away. So, it would be good
for the families to have access to the files.
So, this is very important for us to locate, at least find out where these people are, like
what happened, like where are the graves. But some believed they seemed to know
which hospitals… where the graves should be. But most of the elders passed
away, that had this knowledge and these stories. So, like we just know about
these stories from what the people say from… like the stories have just passed
down.
Mme Einish (Noat): Nobody never looked or searched for these informations in Naskapi nation for these people. I know other places, other
communities, they are doing research, they are doing search for the people they
lost and the people they are looking for.
Mme Einish
(Caroline): There was a family, there was this man
that had children with a Native woman, and he went…
Mme Einish
(Caroline) : ...doing research, they're doing
search for the people they lost and the people they're looking for…
There was a family, there
was this man that had children with a Native woman, and when he was… he was
from Russia and he gathered the children, except one, it was a baby, and they
hid the baby, but he left, he didn't have time to look for her, but she became
an old woman and she must have relatives and her sisters in Russia.
Mme
Einish (Noat) : (S'exprime dans une langue autochtone).
Mme Einish
(Caroline) :O.K., so, this old woman, she has grandchildren and great grandchildren,
so they were just… don't know how to go about… So, this is where we're blocked.
So, this is where we're blocked because we can't move further. Like this man
that lost his sister, he's still looking and I think he went to commission Viens, I think he told his story.
O.K., only one person went… I
don't know...
Mme Einish
(Noat) : Only one person went to tell a story
about his aunt, I think, aunt. And still, he hadn't received any information yet. I think they're still
searching.
Mme Einish
(Caroline) : Yes, they just gather stories,
and then that's it, we don't know what goes on with these stories. It seems to
be ungoing. It's like we just tell, but nothing happens. So, it's important that
the Native people have access of the files of the deceased. I think it's
logical too, like, why withold information? It's not like our medical files, like we're alive, you know, we
want to keep some things…
Mme Einish
(Caroline) : ...I think it's logical too,
like, why withhold information that's not like... it's not like our medical
files, like we're alive, you know, we want to keep some things private. But
after, when we die and the family wants to know why, I think it's important
that the native people have access to these files.
We just named a few
stories, but there are many more, like the... stories we know.
Mme Einish
(Noat) : Maybe we need somebody here to come
and hear our stories in our community, because our community is very isolated
here. We only have access to get out of here by plane or train.
La Présidente (Mme D'Amours) :
J'aimerais vous remercier pour le témoignage que vous nous faites aujourd'hui.
Le temps est écoulé pour votre 10 minutes. Et nous allons passer à la
période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous. Vous disposez de
16 min 30 s.
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. (S'exprime dans une langue autochtone). Mme Caroline
Einish, (S'exprime dans une langue autochtone), Mme Noah Einish, (S'exprime
dans une langue autochtone). Thank you so much for sharing
with us those horrible stories that you've been through.
I've got numerous
questions for you hearing what you said, and this morning we start up talking
about the timeline, when those events happened. And the first question I got
for you... and I'm not looking for a date, I'm just want to know approximately
what period you're reffering to, because that could be helping us a lot.
Mme Einish
(Noat) : 1950.
Mme Einish
(Caroline) :OK, in the 1950's.
Mme Einish
(Noat) :OK, I wasn't part of a nomadic time.
Mme Einish
(Caroline) : She was born during the nomadic
times.
Mme Einish
(Noat) : My parents, they travelled by canoe
to get to Schefferville in 1956. And that's... in that time, that's when
they... the people got really, really sick. They start to have tuberculosis,
they have new homes, new houses they had never been before, and my grandmother
says : These are the are going to kill us, people are sick. And, in 1956…
Mme Einish
(Noat) : …new houses they never been before
and my grandmother says, «These are going to kill us. People are sick.» And, in
1956 people here in Schefferville and they start taking people to the
hospitals, transferring to Québec, Montréal, Mont-Joli. I heard the name
Mont-Joli. And, sometimes… children and they would never come back. Some would
never come back. And I think that's the time… then the residential schools
came. I just started a new civilization, different, starting to understand the
world and they took me to residential school, and I was eight or seven, and
some children never come back, came back. There's a lot of trauma went on in
1950s.
Mme Einish
(Caroline) : Me, I was born in 1960 and they
already had settled in the village of John Lake and the houses were just
shacks. There was no plumbing no… we just had common light bulbs and the town…
had built, there were… the houses were… had cement foundations, they had
electricity, they had plumbing and…
Mme Einish
(Noat) : …not even electricity when you were
born.
Mme Einish
(Caroline) : OK, apparently, I didn't have
electricity when I was born. She remembers when I was born. And… so they were
just shacks like there… we have pictures of that. When she's talking about «la
famine,» the «famine» and the… the sicknesses, there was an estimate of about…
around 400 Naskapis. Naskaspis, apparently, were always a small group, so
they were about 150 Naskapis left when the tuberculosis killed the
families. My father lost his first family there around the 1950s, so my mom was
his second wife, so this is where they lost many, many, many…
Mme Einish
(Noat) : People
Mme Einish
(Caroline) : …people, yes, I mean, I just know
about the story so when they started to do the commission Viens, just stories
here and there, so that's how far my knowledge is, but there is still…
M. Lafrenière : That help a lot. Thank you so much. I know a colleague of mine,
she's got a question for you, but before sharing my time with her, you've been
touching base on this aspect as well how to reach out to different families,
because you share…
Mme Einish
(Caroline) : ...but it's still one.
M. Lafrenière : That helps a lot. Thank you so much. I know a colleague of mine,
she's got a question for you.
But before sharing my time with her, you've been touching base on this aspect
as well, how to reach out with different families. Because you're sharing your
knowledge, but again, I'm sure there are other families that got touched by
those horrible stories. So, I just want to make sure that I heard you loud and
clear. Your recommendation will be to be present within the community to make
sure to reach out with different families. Is that what you said?
Mme Einish
(Caroline) : Yes.
Mme Einish (Noat) : Yes.
Mme Einish
(Caroline) : And there was another story.
There were two little girls. Their parents passed away, and the little girls
didn't have nobody to rely on. (S'exprime dans une
langue autochtone) Maybe, I think, maybe 11 years old,
10 years old, and she had a little baby sister. (S'exprime
dans une langue autochtone) And this little girl, she
saved her little sister by finding...
This was an era, we
already had planes, and trains, and cities. Because... I heard the word «the
last nomadic people of North America».
M. Lafrenière : Thank you. Mme President, I know a colleague of mine got a question.
La Présidente (Mme D'Amours) :
La personne... Parfait. La députée de Vaudreuil aurait une question.
Mme Picard : De Soulanges, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
De Soulanges, pardon, pardon, Soulanges.
Mme Picard : I will try my English, sorry for that. But you said that you want
the families could have access to the hospitals' files. Could we do more for
helping families in our search? You mention the transportation. Do you have
another idea or something to recognize the families to helping you?
Mme Einish
(Noat) : I think they should go where the
hospitals are to search. Maybe they still have records of 50 years ago or 60
years ago, what happened. They probably have...
Mme Einish
(Caroline) : By name, by family name.
Mme Einish
(Noat) : ...the records, like Mont-Joli, Québec, Montréal.
Mme Picard : And the family... the big family, hein... What is the expansion
that you want? What do you mean about family in your language, in your
community?...
Mme Picard : …and the family, it's all the big family… What is the extension
that you want? What do you mean about «family» for… in your language, in your
community?
Mme
Einish (Caroline) : Family? Pourrais-tu le dire en français?
Mme Picard : Je vais essayer,
oui. En fait, le mot «famille» peut être très… on peut le discuter longtemps,
mais, vous, pour vous, vos familles, ce n'est pas les familles immédiates.
Comment on pourrait, à l'intérieur de la loi, en mentionnant le mot «famille»,
inclure toutes les personnes de votre famille, que vous considérez de votre
famille?
Mme Einish (Caroline) : O.K.
Tu veux dire : C'est quoi, notre définition? Notre définition de
«famille», c'est vaste, nous autres. C'est vaste, nous autres. Exemple, je suis
famille d'accueil, j'ai gardé l'arrière-petit-garçon de mon cousin, et puis je
le prends comme mon propre arrière-petit-garçon, vu que c'était mon petit
frère, comme. C'est mon cousin, mais nous autres, on dit «frère», O.K.? C'est,
comme, il y avait mon père, son père, mon père puis le père de… son frère, le
père de mon frère, mon père…
Mme Einish
(Noat) : My uncle…
Mme
Einish (Caroline) : «Anyway.» Là, il y a eu moi, il y a eu mon cousin
Matthew. J'ai eu des enfants, il a eu des enfants. J'ai des petits-enfants,
puis lui aussi a eu des petits-enfants. Ça fait que ça se trouve être son
arrière-petit-garçon. Ça fait que moi, je suis comme sa grand-mère. C'est ça,
l'extension.
Et puis les Naskapis, ils n'ont pas comme
50 noms de famille, on peut faire une liste. Comme là, on a une Jakuush
qui vit encore. C'est notre famille, c'est ma tante. Elle a marié le frère de
mon père, c'est ma tante. C'est la dernière personne qui s'appelle Jakuusk qui
est vivante. Ses enfants, c'est Einish, parce que, nous autres, c'est le père à
qui appartient ses enfants.
Et puis on a des… (S'exprime dans une
langue autochtone). Wepeni?
Mme Einish (Noat) : Wepien.
Mme Einish (Caroline) :
Wepien. Ça, c'est un autre, il n'y en a plus. On n'en a plus, de ça, il n'y a
plus de personne qui s'appelle avec ce nom-là. C'était une grand-mère, ça fait
plusieurs années qu'elle est décédée.
Mme Einish (Noat) :
(S'exprime dans une langue autochtone).
Mme Einish (Caroline) : Il
n'y en a plus. Ça fait qu'on n'a pas beaucoup de familles… Comment je peux te
le dire? On a desChescappio, on a des Nattawappio, on a des Sandy, des Guanish…
Mme Einish
(Noat) : Einish.
Mme Einish
(Caroline) : Einish. Chemaganish.
Mme Einish
(Noat) : Shecanapish.
Mme Einish
(Caroline) : Shecanapish.
Mme Einish
(Noat) : Mameanskum.
Mme
Einish (Caroline) : Mameanskum.
Mme Einish (Noat) : Pien.
Mme Einish (Caroline) : Pien.
(S'exprime dans une langue autochtone). Nattawappio, je l'ai dit. Bon, tu vois,
j'ai comme… Ça fait que ce ne sera pas dur à trouver… à moins que s'il y a des
noms qui existaient qu'on ne sait pas.
Mme Einish
(Noat) : At the reserves, they say: We are
related to you.
• (16 heures) •
Mme Einish (Caroline) : Et
puis on est… il y a des communautés qui disent qu'elles sont apparentées …
16 h (version révisée)
Mme Einish (Caroline) :
...tu vois, j'ai comme... Ça fait que ce ne sera pas dur à trouver… à moins que
s'il y a des noms qui existaient qu'on ne sait pas.
Mme Einish
(Noat) : At the reserves, they say : We
are related to you.
Mme Einish
(Caroline) : Puis on est... il y a des communautés qui disent qu'elles
sont apparentées avec nous. Exemple, ma mère s'appelle Guanish, c'est son nom
de famille, parce que leur père a été adopté. Dans le fond, dans la réalité,
c'est des Sandy, on est apparentés avec des Sandy-Whapmagoostui. J'ai... On a
des oncles à Chisasibi. Mon père… Du côté de mon père aussi, c'est des Kawapit
de Whapmagoostui de Grande-Baleine. Puis on a un peu de parenté avec les Tooma.
Puis mon père, il dit, sa mère s'appelait Jean-Pierre, ça fait qu'on est
apparentés avec des Jean-Pierre. Ça fait que ce ne sera pas trop dur à trouver.
Mme Einish
(Noat) : The thing is my grand-mother... In
the 1940s, they said we didn't have second names. We had clans. And her told
him : What was your maiden name before you were married? And she
said : You're crazy. We never had... My name is
Whapmagoostui or Matimekosh...
Mme Einish
(Caroline) : ...
Mme Einish
(Noat) : They only had one name, one name,
their birth name, and they never had, like, family names. They had clans. And she
said : This is all broken. It's broken, now. This is stupid. Everybody is
Einish. Everybody is Mameanskum.
Everybody is Pien.
Mme Einish (Caroline) : Like name sharing
Mme Einish
(Noat) : She didn't look at it like that, you know.
Une voix
: ...
Mme Einish
(Noat) : He said: When they told us… the
priests came out of the woods and they started baptizing us, they didn't even
know if he's Catholic or Anglican. When my grandfather died, he had been always
Anglican, and, when he was dying the Catholic priest came and anointed him with
oil, and I said : What are you doing? And he said : He's Catholic.
All his life, he never knew he was Catholic.
Mme Einish
(Caroline) : Yes. C'est vrai, oui.
Mme Einish
(Noat) : The missionaries were rushing
everywhere, looking for people to baptize and give them second names.
Mme Einish
(Caroline) :You know, when there is a language barrier, it's hard to understand what the
person is doing.
Mme Einish
(Noat) : …when two people came, the Government, my aunt was telling me this, she
was…
Mme Einish (Caroline) : … language barrier, it's hard to understand what the person is doing.
Mme Einish
(Noat) : …when two people came, the Government, my aunt was telling me this, she
was young… she said : Two people came out of the forest, and talked to the
elders, and they said… they asked them : What are your names and your
ages? And they don't know their ages. And these people say : Why? So you
can get old security pension, you are going to get money. And the people… Wow!
We won't have to go hunting anymore, we are going to receive money. And they
asked them their age, and they didn't know their age. And they say : OK,
let's throw any kind of… here. They never knew their ages.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup. Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Lafrenière : Well, thank
you so much for that history, because that's helpful. And, believe me, it's
going to help us a lot in terms of trying to identify families, with what you
said about clans, just put the focus on how we should adapt ourself to your
reality, and not the opposite. And this morning, on our discussion, we've been
mentioning that, not trying to force people to adapt their self to the system,
and that's the purpose of that bill, it's to give all the support to families
to go through that very tough process.
That having been said, a question, local
question : Who do you see as a local group that will be credible to
accompany, to help us out during the process? Will the band council… will it be
another credible group within your region that could play a role in that, that
you rely on? Because, again, what is important is that the families will trust
these people to be helping us out in terms of, you know, referring, sharing the
info, doing the… kind of the promotion of the bill and the intention of it. But
who do you see as credible to help us out in that?
Mme Einish (Caroline) : We
have several organizations, here. We have the Wellness Team. We have the
committee, it's called… an organizing committee. Like, all the committees could
play a role in this, because it touches everybody. And there's also the CLSC,
the CLSC, that touches «la santé». The Wellness Team, eux autres, c'est composé
de… mental health workers, Native workers, family, and youth, and elders.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup.
M. Lafrenière : «Chiniskumitin.»
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Maintenant…
Mme Einish
(Caroline) : …mental health workers, Native workers,
family, and youth, and elders.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Merci
beaucoup.
M. Lafrenière :«Chiniskumitin.»
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M.
le ministre. Maintenant, je cède la parole
au député deJacques-Cartier. Monsieur, vous avez
11 minutes.
M. Kelley
:Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Thank
you very much for your presentation, sharing your
knowledge with us and your oral history. I would love to, one day, come and
visit. I know you're asking that maybe somebody more official from the Government comes to hear all the
stories, but it would be very nice to visit you one day, maybe we could make a
trip with the Minister,
together, but it would also be nice to hear the oral stories of living the
nomadic lifestyle you did have but beforehand, because I think that it is an important history that we need to make sure is documented and well
known. And, you know, I think that's just... Again, I was very pleased to hear
you just sort of share that story that you've experienced, and also having
ministers and priests walk out of the forest, and the language barrier. So,
thank you again for sharing all that.
I just want to continue on
the question of those groups you were speaking about, that will do some of the
work to help families. Do you need additional financial support to make sure
those groups can accomplish their work? And what are some of the biggest things
that you would say you need right now to really help accompany families to going
towards the system to begin the process of trying to find the information, once
this bill is passed?
Mme Einish (Caroline) :
I'll let you talk first, that… your ideas.
Mme Einish
(Noat) : We have a wellness team, but I'm
retired, right now, and I've been working with these groups for a long time. I
used to work as a mental health worker. Now, I'm looking for a place where we
can teach and tell stories. We need a lodge, here. I need a lodge, here, so I
can do my workshops. And I am aware of the elders, of their stories. Even my
father and my parents, they gave me a lot of knowledge to work with our
traditions and culture. And it would be better because I want them to feel
comfortable to talk, in a healthy environment. What I mean is a healthy
environment where I can work in my lodge, access good medicine to drink, you
know, like...
Mme Einish
(Caroline) : Traditional medicine.
Mme Einish
(Noat) : ...like we used to. I still have
those kind of traditional medicines...
Mme Einish
(Noat) : ...where I can work in my lodge, access good medicine to drink, you know, like...
Mme Einish
(Caroline) : Traditional medicine.
Mme Einish
(Noat) : ...like we used to. I still have all those kinds of traditional medicines, I still use
it, to my grandchildren.
So, this is what I want,
a big lodge where I can do my workshops with youth and elders in my community,
and this is my vision. And that's… Whenever they go to the woods or camp, they
feel comfortable, they don't have any worries. And this what I want, a big
lodge near the lake here, in Kawawachikamach, yes.
• (16 h 10) •
Mme Einish
(Caroline) : OK, that would be one funding
program that would help people, where you could gather stories and help people
through their healing journeys, to come to closures.
And, from my opinion, on
the economy level, to do this type of work, it's very, very vast, because there
are divisions in this community on the political arena, so… and we know where the division is. So, to be able to
work with this, people would need to be hired to work within the divisions. Like
she said, clans, there are, like, two clans, you know. Like, one clan wants to do something, the other clan is going to
close up, it won't want to participate.
Example, as a community
mobilisation coordinator, I was taking charge of doing a survey on the
recomposition of the council, because we are almost, now, 1,500 Naskapis,
and many did not participate…
Can you hear me? It's
like you froze.
Des voix
: …
Mme Einish (Caroline) :D'accord. Ça
fait que, pour faire ça, il y en a juste un peu qui ont répondu à mon sondage, mais
l'autre... il y a un groupe qui n'a pas participé. Donc, c'est important. Pour
être capable d'aller chercher tout le monde, il faudrait prendre des personnes
pour leur donner un salaire pour qu'ils puissent être motivés, que ça pourrait créer des emplois aussi puis peut-être aussi créer une
atmosphère d'appartenance, comme quoi ils travaillent tous ensemble. Ce serait
sain, une affaire qui serait... qui créerait un environnement sain pour la
communauté...
Mme Einish (Caroline) :
...puis ça pourrait créer des emplois aussi puis peut-être aussi créer une
atmosphère d'appartenance, comme quoi ils travaillent tous ensemble. Ce serait
sain, une affaire qui serait... qui créerait un environnement sain pour la communauté.
Ça fait que ça aussi, ce serait une affaire, avoir assez de fonds pour être
capable de faire les sondages. Même, si on peut engager plusieurs personnes
pour le faire...
M. Kelley
: And you are doing a very good job as a translator, right now, but
is that also one thing… Because you mention hospitals, Mont-Joli, Québec city.
So, also, in this process, too, or in the past, has there been some experiences
where that language barrier was an issue to trying to see if more information could be provided? And would you
need some translation assistance in the process of going…sorry, in going
through to process of trying to get information from some of these institutions? Is that something that would maybe be helpful for you?
Mme Einish
(Caroline) : Absolutely, yes. We are…
Naskapis' education is mostly
English for my generation. Bien sûr, j'ai appris à parler français. Maintenant,
aujourd'hui, peut-être dans 25 ans on va voir les enfants qui vont... les tout
petits bouts, ils vont parler les quatre langues par rapport... Il y en a
qui... Les Naskapis, les Montagnais se marient, et puis les enfants qui sont à
Matimekosh, ils partent, ils aillent à l'école ici, ça fait qu'ils apprennent
aussi l'anglais puis le naskapi, puis à Matimekosh c'est montagnais et français.
Puis il y en a déjà beaucoup qui parlent les quatre langues.
Mme Einish
(Noat) : The youth.
Mme
Einish (Caroline) : Les jeunes.
Mme Einish
(Noat) : Like, my grandchildren, they speak
four languages.
Mme Einish
(Caroline) : So, we have many that speak four
languages. But, at this time, we don't have a lot of people that understand
French.
M. Kelley
: And I was going to say… It's great to hear there are now some
people in your community that speak four languages, that's quite impressive,
but I was… just kind of wonder, in the stories that you have, is… At any time,
were children taken outside of the province of Québec
and never came back? Because we're also trying to ascertain, too, if all the
cases are just here, in Québec, or do we have to think about ways that maybe we
can look to find information that could maybe be in jurisdictions outside of
Québec.
Mme Einish
(Caroline) : We cannot know where they were
taken.
M. Kelley
:
OK. I just also want to… I mean, let's just say that, if you end up going
through the process, you arrive at, say… through, you know, a residential
school, for example, and there is noinformation, what happened to somebody who…
you know, a child that went missing. How are some other ways that maybe the
Government could provide some more truth to you? If those... that information
was thrown…
M. Kelley
: .. let's just say that, if you end up going
through the process, you arrive at, say… through, you know, a residential
school, for example, and there is noinformation, what happened to somebody who…
you know, a child that went missing. How are some other ways that maybe the
Government could provide some more truth to you? If those... that information
was thrown out the school, burnt down, I mean, who knows, what are some other
ways maybe the Government of
Québec could provide some, you know, truth to your community?
Mme Einish
(Caroline) : Well, it would probably to reach
out to other communities, if they know names of the people that are missing.
M. Kelley
:OK. And also I
guess… I just had a few more questions. I know... I think my time is running
out, I don't know how much time I do have left here.
La Présidente (Mme
D'Amours) : 1 min 40 s.
M. Kelley
: Pas beaucoup de temps,
qu'il reste.
So, finally, I guess my
last question will just be: If you had a chance to look, do you think, that the
measures in here, for your ability to research and find those names, everything
is in place? And are you feeling confident that you will be able to go to the Government of Québec and, you know, have
some positive results?
Mme Einish
(Caroline) : Could you... It's, like, many
questions in one question.
M. Kelley
: Yes, just one question, I mean, I guess : Are you confident
that, you know, this bill will be able to deliver for your community maybe some
justice? I guess I'll put it that way.
Mme Einish
(Caroline) : I would prefer to say closure.
M. Kelley
: Closure, yes.
Mme Einish
(Caroline) : Yes, for the families. You know,
like, let's say somebody wants to know what happened to her sister. And what if
you discover she's alive somewhere, married, happy, you know? We don't know.
M. Kelley
: Yes. No, absolutely. Well, thank you both very much for taking today to speak with us.
Mme Einish
(Caroline) : You're welcome.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Je cède maintenant la parole à la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Vous disposez de 2 min 45 s.
Mme Massé :Merci, Mme la Présidente. «Wachiya.» Bonjour. Hi. Thank you to be there with us. I only have two minutes, so I'll jump in the
water, in this... I hope, one day, in this wonderful lake you are talking
about.
Let's talk about language,
because, if I understand well, French, it's a little part of the… French
speakers, in your community. English, not too bad. But,
I think, if I understand well, it's better if people can speak Naskapi with
you. Am I right or not?
Mme Einish
(Caroline) : Yes.
Mme Massé :
Yes. So, that's why you said the importance to bring people up North to sit
down with you, take the time the sit down with you, and listen...
Mme Massé : ...so that's why you said the importance to bring people up North, to
sit down with you, take the time to sit down with you, and listen to the story,
and help you to fill the paper. Because the paper will ask which date these
people were born, which moment, at what time you lost these children, you know,
it's going to be this kind, I'm pretty sure, of questions. So, if I understand
well, the better way that we can help you is to bring someone, to hire some
Naskapi people, and this guy or woman will help people to fill the form.
Mme Einish
(Caroline) : Yes. The situation here, they go to school, the first four years they learn... three
years they learn just Naskapi; after, a second language. But, when they leave
the school, they start to speak Naskapi, anywhere they go it's Naskapi. At the
arena, at church, it's Naskapi. So, they go back to school... So, they don't...
there is not a lot of practicing of the English language. Like, when we don't
speak a language, we don't really reinforce it, and we tend to lose it.
Example, when I took Spanish, I did very well, but nobody to speak to, and I
don't know what I would be hearing if somebody talked to me. So, this is... And
meetings in person are more human than Internet. Like, we're kind of used to
it, but the personal contact is not there. So, it would be better... Like,
right now, because of this... like, your minutes are calculated, you know.
Like, if you were here, we wouldn't have that...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de René-Lévesque.
Vous disposez de 2 min 45 s.
Mme Einish (Caroline) : Deux
minutes pour lui.
• (16 h 20) •
M. Ouellet : Ce n'est pas beaucoup.
Bonjour, mesdames. Je vais vous poser la question en français, donc, on aura le
temps de faire la traduction anglais.
Dans le projet de loi en question, on voit
que les mesures qui sont proposées ne le seront simplement que pour cinq ans.
Et on en a parlé avec Mme Audette ce matin, et le Protecteur du citoyen
aussi s'en va dans la même veine. Est-ce qu'on devrait faire sauter ces cinq
années-là et permettre, peu importe le temps, le temps nécessaire pour vos
recherches? Est-ce que c'est quelque chose que vous voudriez voir changer dans
le projet de loi pour vous permettre, à votre communauté ou à toutes personnes
dans votre communauté, d'avoir le temps de faire les recherches?
Mme Einish (Caroline) : Oui,
bien, comme c'est là, des fois... on va appeler ça un «pilot project»...
M. Ouellet : ...l e temps
nécessaire pour vos recherches? Est-ce que c'est quelque chose que vous
voudriez voir changer dans le projet de loi pour vous permettre, à votre
communauté ou à toutes personnes dans votre communauté, d'avoir le temps de
faire les recherches?
Mme Einish (Caroline) : Oui,
bien, comme c'est là, des fois... on va appeler ça un «pilot project», bien, ça
peut virer en... ça peut être extensionné, parce qu'on ne sait pas combien de
temps ça va prendre. Parce que des fois même nous autres, on va faire des
petits projets de communauté, exemple faire une serre, là c'est arrêté à cause
de la COVID ou parce que quelqu'un attend quelqu'un pour une cotation pour mes
équipements, puis la personne, à cause de la COVID, elle ne travaille pas au
bureau. Ça fait qu'il y a des choses qui prennent du temps. Ça fait qu'on a
tout le temps des obstacles quand on travaille comme ça.
M. Ouellet : De quelle façon
vous voudriez être accompagnés pour vous aider à faire ces recherches-là?
Mme Einish (Caroline) : Les
outils… On a déjà le monde ici. We have human resources. C'est
sûr, on va trouver du monde pour travailler. Ça nous prendrait des équipements,
comme des outils, d'avoir des bonnes questions, établir les bonnes questions
pour le sondage. C'est quoi qu'on a accès pour faire les recherches, si
quelqu'un peut aller dans les hôpitaux, aller dans les archives, faire des
recherches, tu sais, ça va prendre des... ou avoir un contact là qui va
chercher pour une personne. Admettons, je fais ça, puis toi, tu travailles dans
l'hôpital, dans les archives, on peut communiquer avec toi. Établir peut-être
un système de communication et faire des bons liens, des bonnes relations avec
du monde...
M. Ouellet : Merci beaucoup,
mesdames. Je pense que mon temps est terminé, Mme la Présidente. Alors, merci
beaucoup à vous. Bien hâte de voir la suite.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je vous remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 23)
(Reprise à 16 h 29)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Avant de commencer, j'aurais besoin du consentement pour qu'on puisse finir un
peu plus tard, étant donné que nous avons pris un peu de temps avec nos
invités, nos derniers invités. Donc, j'ai le consentement de tout le monde?
Une voix
:
Consentement.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je souhaite donc la bienvenue aux représentants de la nation attikamek.
Nous avons parmi nous le grand chef Constant Awashish et le vice-chef de la
communauté de Manawan, M. Sipi Flamand. Donc, je vous souhaite la
bienvenue. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé, après quoi nous procéderons à la période d'échange entre les membres de
la commission. Je vous invite donc à vous présenter et puis commencer votre
exposé.
• (16 h 30) •
M. Awashish (Constant) :
Bien, merci. (S'exprime dans une langue autochtone). Bien, merci à tous les
membres de la commission, là, distingués membres de la commission, Mme la
Présidente, je crois que c'est Mme D'Amours, là, mais je ne vois pas…
16 h 30 (version non révisée)
M. Awashish (Constant) :
...bien, merci.
(S'exprime dans une langue autochtone).
Bien, merci à tous les membres de la commission,
là, distingués membres de la commission, Mme la Présidente. Je crois que c'est
Mme D'Amours, là, mais je ne vois pas, mais c'est ça la beauté de la
technologie et des nouveaux modes de rencontre. Mais merci de nous recevoir,
merci de bien nous entendre, là, en ce qui concerne le projet de loi n° 79.
Pour nous, c'est un projet de loi qui
vient nous chercher particulièrement, étant donné qu'il y a beaucoup de
familles attikameks qui sont directement liées avec le sujet mentionné dans le projet
de loi. On dénombrait, là, 43 cas chez les Attikameks actuellement, de
jeunes enfants qui ont été... bien, qui ont disparu, qui ont été enlevés. C'est
40 familles attikameks qui sont touchées par cette problématique-là. Et,
pour nous, bien, c'est important, là, de pouvoir, là, donner notre mot à dire
et au nom des familles également.
C'est un sujet qui est troublant, qui
vient me chercher profondément. Pour ceux qui sont plus sensibles que les
autres, ça peut vraiment un peu bouleverser, là, quand on entend les
témoignages et les madames, les grands-mamans, les grands-papas, les papas, les
mamans qui partagent leur expérience, souvent sans aucune réponse reçue ou des
réponses qui sont floues. Tu sais, encore aujourd'hui, il y a beaucoup de gens
qui en tombent presque malades, hein, de ne pas connaître la réalité, de ne pas
connaître qu'est-ce qui s'est passé réellement, là, avec leur enfant. Toute la
famille est touchée, toute la famille est bouleversée, et toute la communauté
également, les trois communautés attikameks qui sont... Tu sais, c'est... de
vivre avec cette pensée-là au quotidien, c'est quelque chose qui n'est pas
facile à vivre puis j'espère que vous aurez la sensibilité de bien vous mettre
dans les souliers de ces familles-là pour comprendre leur cri de désespoir, là,
leur cri de demande d'aide qui vous est adressé.
Puis, en tout cas, encore une fois, là,
c'est... merci beaucoup, là, pour votre disponibilité, votre attention puis
tout ce que vous faites présentement, là, pour donner la parole, justement, aux
organisations, mais également aux organisations qui sont dédiées, là, à
défendre ces... le point de vue de ces familles-là. Je vais laisser maintenant
la parole à Sipi pour qu'il puisse se présenter et, par la suite, je pourrai
continuer avec la présentation.
M. Flamand (Sipi) : (S'exprime
dans une langue autochtone)...
M. Awashish (Constant) : …je
vais laisser maintenant la parole à Sipi pour qu'il puisse se présenter, par la
suite, je pourrai continuer avec la présentation.
M. Flamand (Sipi) : (S'exprime
dans une langue autochtone).
Donc, je vous remercie de cette tribune,
de nous permettre de nous exprimer sur nos préoccupations concernant la
disparition des enfants… qui ont été enlevés ou volés. C'est ma famille indirectement
touchée à cette situation, et je pense qu'avec tout ce qu'on vit dans la
communauté, c'est une nécessité qu'on vit, qu'on reçoit la vérité. C'est
d'ailleurs dans cette approche-là que je contribue, avec le Regroupement des
familles des enfants disparus Awacak, pour qu'on puisse avoir des informations
sur les causes et sur les circonstances des enfants qui sont portés disparus
dans le système de la santé publique. Et je pense qu'avec ce projet de loi ça
va permettre avoir accès à ces informations-là, mais aussi permettre aussi une
ouverture dans la réconciliation de nos nations, mais aussi la guérison pour
les familles. Donc, je vous remercie de cette tribune puis je vais laisser la
parole au grand chef Constant Awashish.
M. Awashish (Constant) :
(S'exprime dans une langue autochtone). Juste d'emblée, d'entrée de jeu, tu
sais, on comprend que le projet de loi n° 79 fait suite au projet de loi
n° 31, là, qui avait été proposé, il y a de cela un certain temps.
D'emblée, je peux vous dire qu'il y a une nette amélioration de la situation,
mais que… il y a une nette amélioration, là, dans le projet de loi que vous
proposez, mais il y a encore certains éléments qui pourraient avoir un regard
plus approfondi, dans lequel nous pourrions améliorer peut-être l'aide que le
projet de loi peut donner à ces familles-là. Il y a encore des éléments qui
méritent, là, vraiment une attention particulière, je crois, de la part de
vous, membres distingués de la commission, pour qu'on puisse améliorer, là,
ensemble ce projet de loi.
Je sais que, pour nous, c'est… il y a une
importance particulière, mais je pense, c'est important également pour tous et
chacun, autant pour les familles attikameks, que les autres familles des autres
nations autochtones. Mais je pense que c'est important également pour les
Québécoises et les Québécois de bien connaître, là, l'histoire, de bien
connaître la réalité, pour que les gens puissent avoir la réelle information,
là, sur qu'est-ce qui s'est passé réellement avec les Premières Nations ici, au
Québec. Ça n'a pas toujours été fait…
M. Awashish (Constant) :
...familles attikameks, les autres familles des autres nations autochtones.
Mais je pense que c'est important également
pour les Québécoises et les Québécois de bien connaître, là, l'histoire, de
bien connaître la réalité, que les gens puissent avoir la réelle information,
là, sur ce qui s'est passé réellement avec les Premières Nations ici, au Québec.
Ça n'a pas toujours été fait de façon, là, mal intentionnée, tu sais, ça n'a
pas toujours été fait, là, tu sais, nécessairement, là, avec une préméditation,
mais souvent c'était une incompréhension, un mal... de la mauvaise information
sur les Premières Nations.
Mais maintenant, je pense que tous
ensemble, on a l'opportunité, là, de travailler pour amener, là, notre destin
commun, là, à bon port, puis je vois aujourd'hui une opportunité, là, de vraiment
rajuster le tir, où est-ce qu'on pourra, tous ensemble, grandir, et où on pourra,
tous ensemble, travailler, là, pour améliorer notre société, mais améliorer également
la relation qui existe entre nous, Premières Nations, mais également tous les Québécoises
et les Québécois, là, pour qu'on puisse avoir un meilleur avenir pour nos
petits-enfants.
Je pense que c'est, juste pour commencer,
là, juste les... voyons, les améliorations, pardon, qui ont été notées, là, par
rapport au projet de loi n° 31. Et je vous informe
également, là, qu'on va vous déposer un mémoire, là, qui sera acheminé demain
matin, vous pourrez en prendre connaissance, là. Ça va reprendre un peu ce que
je dis aujourd'hui, là, dans mon exposé. La question, là, d'obligation de
divulgation, qui est très... qui est une belle avancée pour nous, et c'est une
belle avancée également pour les familles, parce qu'il faut remettre...
l'obligation, faite, là, aux institutions publiques, mais également les
congrégations religieuses qui sont visées également par le projet de loi. Je
pense que le gouvernement l'a bien écouté, les familles, à l'époque, là, du
projet de loi n° 31, où est-ce qu'on demandait....
ces familles-là demandaient justement un élargissement, là, de l'application de
la loi. C'est un point positif qui a été fait.
Également, l'article 19, là, qui
permet d'améliorer les pratiques, là, notamment la sensibilisation des
personnes concernées aux réalités autochtones. C'est quelque chose qui est
positif, là, de la part des familles, ce que j'ai entendu. Le fait également
d'accorder, là, aux familles élargies, là, d'entamer le processus également,
c'est un autre point qui est positif dans ce nouveau projet de loi. C'est des
éléments qui ont été notés, là, positivement par les familles, là.
Quelques lacunes, cependant, là, qui sont
véhiculées, là, auprès des gens consultés, un projet de loi qui est un peu,
là... On veut plus d'implication du gouvernement, tu sais, il y a comme un
sentiment, là, de passivité, là, par rapport à ce projet de loi. On veut
vraiment que le gouvernement y croie, également, on veut vraiment que le
gouvernement puisse voir l'utilité, là, pour l'avancement de la société, mais
l'avancement également des droits de tous...
M. Awashish (Constant) : ...du
gouvernement. Tu sais, il y a comme un sentiment, là, de passivité, là, par
rapport à ce projet de loi. On veut vraiment que le gouvernement y croie également,
on veut vraiment que le gouvernement puisse voir l'utilité, là, pour
l'avancement de la société, mais l'avancement également des droits de tous et
chacun. On ne peut pas toujours mettre en dessous de la couverture des situations
qui peuvent être désagréables à entendre. On veut une amélioration, là, au point
de vue du support.
Est-ce que ça va seulement être le bureau
du ministre qui va être mis à contribution pour justement aider ces familles-là
dans leurs recherches? C'est des questions qui sont posées par les familles. Tu
sais, on veut vraiment que ça soit une implication, excusez mon anglicisme, là,
«at large», là, de la part du gouvernement, là. Je pense, tous les ministères
devraient être impliqués, là, également, là. Je pense, les ministres devraient
être au courant de la démarche pour que tout le monde puisse travailler dans la
même direction puis que la démarche soit efficace au niveau des familles. Un
autre...
• (16 h 40) •
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le chef Constant Awashish. Le temps étant terminé, nous allons passer
à la période de questions. Vous aurez le loisir de répondre et de terminer
votre échange. Nous allons maintenant débuter la période d'échange avec M. le
ministre. La parole est à vous. Vous disposez de 16 min 30 s.
M. Lafrenière : «Kwei», vice-chef.
«Kwei», grand chef. Je commencerais en vous laissant terminer ce que vous avez
commencé, grand chef Awashish. Je vous écoute.
M. Awashish (Constant) :
Bien, rapidement, là, il faudrait mentionner dans ce projet de loi, là, quelque
chose, là, qui va aider les familles au niveau psychosocial. On sait que ça
ouvre des plaies, ça ouvre des mauvais souvenirs. Je pense que ces familles-là
auront besoin, là, de support à ce niveau-là. Je pense qu'il faut l'envisager
dans ce projet de loi, là, déjà, un support plus grand, là, en ce qui concerne,
là, tous les effets, là, au niveau psychologique que seule la démarche peut
développer, là, auprès des familles.
Peu de place pour les nations autochtones,
j'avais mentionné ça également, j'avais dénoté ça. Oui, c'est beaucoup le
gouvernement qui... Tu sais, tantôt, j'ai mentionné qu'il faut, le
gouvernement, qu'il soit plus actif par rapport à ça. Mais je pense que le
gouvernement doit travailler en collaboration également avec les différentes
nations autochtones pour justement aider à mieux rendre à l'aise les familles
qui sont touchées par ça, cette problématique-là.
Également, là, c'est d'accorder une plus
grande place, là, dans le projet de loi, là, aux familles. Parce que de la
façon que je vois le projet de loi puis les gens voient le projet de loi, c'est
vraiment concentré au niveau du bureau du ministre, là. Puis, tu sais, ce n'est
pas parce que je crois que vous ne ferez pas un excellent, au contraire, je
pense que vous faites un excellent travail. Mais je pense qu'il faut vraiment
faire participer les nations, faire participer également les familles touchées,
là, qui puissent être plus près, plus près de vous, plus près de l'appareil
gouvernemental pour la recherche, là, de l'information.
Autre question également, c'est la date
limite, là, la date limite de cinq ans pour l'application du projet de loi,
c'est...
M. Awashish (Constant) :
...je pense que vous faites un excellent travail. Mais je pense qu'il faut vraiment
faire participer les nations, faire participer également les familles touchées,
là, qu'ils puissent être plus près, plus près de vous, plus près de l'appareil gouvernemental
pour la recherche de l'information.
Autre question également, c'est la date
limite. Là, la date limite de cinq ans pour l'application du projet de loi,
c'est quelque chose qui stresse beaucoup les familles, c'est quelque chose
qui... tu sais, qu'est-ce qui arrive, là, si, au début, on a de la difficulté à
démarrer le processus puis on arrive au bout de trois, quatre ans, on voit
l'ampleur, tu sais, des recherches, mais il y a beaucoup de travail encore à
faire? Tu sais, ça va créer un stress supplémentaire déjà présent chez ces
familles-là, juste le fait... je pense que, tu sais, cette date limite là, ce
n'est pas nécessaire. Je pense qu'il y a moyen également, tu sais, de donner
plus de latitude au niveau de la recherche de la part du gouvernement.
Également, la question du
31 décembre 1989 qui, je pense, est une très bonne amélioration
comparativement au projet de loi n° 31. Mais encore là pourquoi mettre une
date alors que peut-être qu'il y aurait des choses qui sont arrivées par la
suite ou des choses qui pourraient arriver dans le futur? On ne le sait pas. Je
pense que, tu sais, qu'en mettant des dates, des délais de cette façon-là, on
se prive tout le monde, non seulement les familles, non seulement les nations
autochtones, mais le gouvernement également, puis les Québécoises et les
Québécois, à avoir les vraies réponses, là, en ce qui concerne toute la recherche
qui devra être faite pour découvrir la vérité pour ces familles-là.
Un élément très important, mais c'est une
possibilité, là, par la création, là, ou l'ajout, dans le projet de loi, là, de
l'implication d'un enquêteur spécial, d'un coroner avec un mandat spécial qui
va accompagner ces familles-là, qui va pouvoir les aider à mieux se diriger,
hein, tu sais, dans les recherches, mais également à mieux comprendre la
documentation, à mieux comprendre également... pour en arriver plus rapidement,
hein, à la vérité qu'ils recherchent tous ensemble. Je pense que c'est
important, là, que le gouvernement puisse reconsidérer cette approche-là, puis
pas tout mettre dans la cour au ministre Lafrenière. Mais c'est de pouvoir
permettre, là, d'avoir des experts autour qui puissent guider tout le monde.
Hein, c'est tout le monde qui va en bénéficier, pas seulement les familles.
Mais c'est les nations, mais également les Québécoises et les Québécois qui
vont pouvoir bénéficier de cette expertise-là. Ils vont pouvoir bénéficier
également de l'efficacité également dans les recherches, et tout le monde au
bout de la ligne, on va pouvoir connaître la vérité et on va mieux grandir puis
avancer ensemble. C'est tout le temps dans cette optique-là, je pense, qu'il
faut travailler, puis j'invite aujourd'hui, là, vous, membres honorables de
cette commission-là, à considérer cette question-là de plus en profondeur.
Donc, c'était vraiment ça, les points qui
étaient importants, là, pour moi, là, en ce qui concerne le projet de loi n° 79. Je ne sais pas si Sipi aurait d'autres choses à
rajouter par rapport à ça étant donné qu'il a travaillé très, très étroitement
avec les familles, là, très directement puisqu'ils sont... Sipi lui-même avec
sa famille sont touchés. Je vais laisser la parole à Sipi, s'il peut compléter
quelques éléments également...
M. Awashish (Constant) :
…importants, là, pour moi, là, en ce concerne le projet de loi n° 79. Je
ne sais si Sipi aurait d'autres choses à rajouter par rapport à ça étant donné
qu'il a travaillé très étroitement avec les familles, là, très directement,
puisqu'ils sont… Sipi, lui-même, avec sa famille sont touchés. Je vais laisser
la parole à Sipi s'il peut compléter quelques éléments également.
M. Flamand (Sipi) : …dans ce
point-ci qu'il est nécessaire d'entreprendre des recherches sérieuses sur la
disparition des enfants autochtones par des moyens d'enquête des gouvernements
impliqués et par des enquêtes dirigées par les autochtones auprès de toutes ces
institutions. Je pense que c'est dans les mêmes orientations que recommande
grand chef Awashish.
Et je voudrais aussi parler du sujet
concernant certains dossiers que les familles ont reçus à la suite des enquêtes
au niveau du bureau de l'état civil quant à certains qui ont reçu des certificats
de décès, puis sans avoir été informé auparavant de ces… des décès, et je pense
que faudrait qu'on… que les familles aient accès aux informations sur les
circonstances, évidemment, mais aussi sur les causes, c'est très important pour
les familles qui… pour voir l'importance des causes de ces décès-là.
C'est comme un des cas d'une des familles,
ici, à Manawan, qui a reçu un certificat de décès avec des dates qui sont
différentes, Loreana Echaquan. Puis je pense qu'il faut que le bureau de l'état
civil revoit ces mesures-là, ces… comment donner ces documents-là, puis c'est
très important pour les familles qui aient ces informations-là, c'est dans
cette manière-là, aussi, qu'ils vont pouvoir guérir à leur manière, puis je
pense aussi que c'est important d'impliquer les aidants naturels atikamekw dans
ce processus-là, car ils ont un travail qu'ils ont initié avec l'approche
culturelle atikamekw dans ce processus de guérison, mais ça prend aussi des
moyens pour contribuer dans la guérison.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci.
Merci à vous deux. Puis, écoutez, je vais commencer par un petit point
d'information, je pense que ça va être bénéfice, et grand chef, vice-chef, par
vos questions vous m'aidez à amener un point. Vous savez quand on présente un projet
de loi comme ça c'est… bon, c'est la base légale et entre vous et moi il manque
beaucoup d'éléments qu'on n'est pas capable de sentir quand on regarde le projet
de loi, puis je veux vous rassurer parce que vous amenez deux bons points.
La semaine passée, au budget, mon collègue
Eric Girard, le ministre en charge a annoncé, aussi, qu'il y avait un budget
qui est pour être attaché à la…
M. Lafrenière : ...un projet de
loi comme ça, c'est... bon, c'est la base légale. Et entre vous et moi, il
manque beaucoup d'éléments qu'on n'est pas capable de sentir quand on regarde
le projet de loi.
Puis je veux vous rassurer, parce que vous
amenez deux bons points. La semaine passée, au budget, mon collègue, Eric
Girard, le ministre en charge, a annoncé aussi qu'il y avait un budget qui
était pour être attaché à la direction aux familles. Alors, je veux vous
rassurer, tous les deux. Oui, c'est vrai que légalement on parle de responsabilité,
puis ça revient au bureau du ministre aux Affaires autochtones, mais il est déjà
prévu d'avoir une direction de soutien aux familles et d'avoir un groupe d'enquête
aussi, donc des gens qui vont avoir le travail... comme travail principal de
faire enquête, d'aller au bout des choses. Et je le disais ce matin, à un autre
groupe, ce que ce n'est pas. Notre intention, ce n'est pas de référencer, de
dire aux familles : Voici où vous devez appeler, voici le site Web à...
remplir des documents. Ce n'est pas ça, mais vraiment pas.
C'est vraiment d'accompagner les familles
avec et pour les familles de A à Z, et ça peut aller jusqu'à compléter les documents
avec eux et, oui, la démarche d'enquête. Et tout à l'heure, on parlait aussi du
fait qu'on pourrait recevoir un document, un document qui date des années 50,
signé par un médecin, et, entre vous et moi, je ne serais même pas capable de
le lire ou de le déchiffrer. On a déjà des médecins retraités qui ont levé la
main, qui se sont offerts comme volontaires pour aider les gens de la communauté,
que ce soit des juges, des avocats, des gens qui ont travaillé dans des écoles,
qui sont des retraités, qui veulent aider. Alors, ce que vous me partagez aujourd'hui,
je l'entends très, très bien, puis c'est vraiment la volonté en arrière de tout
ça.
Puis ça m'amène à une question bien
spécifique pour vous. Comme la direction de soutien aux familles, notre but,
c'est d'avoir une approche qui est en sécurisation culturelle, puis on veut
embarquer aussi les éléments du Principe de Joyce. J'aimerais ça vous entendre,
dans cette approche-là. Puis là j'ai compris l'importance de l'implication des
membres de la communauté, l'importance d'être adapté avec justement avec
chacune des réalités et d'avoir les familles présentes. Mais devant cette commission,
aujourd'hui, quelles sont les éléments que vous trouvez vraiment essentiels,
là, pour nous, pour avoir une approche qui serait vraiment adaptée aux Premières
Nations, avec ce que je viens de vous dire, là, au niveau des directions des
familles, avec les enquêteurs attitrés? C'est quoi, les éléments que vous nous
suggérez, les éléments les plus importants pour avoir une approche qui soit
bien adaptée?
• (16 h 50) •
M. Awashish (Constant) : Je
vais y aller, Sipi...
M. Flamand (Sipi) : Oui.
M. Awashish (Constant) :
Merci. Bien, simplement, pour répondre à votre question, là, qu'est-ce qui
serait adapté, là, je pense, souvent, les familles qui sont touchées par cette...
on va l'appeler... c'est une tragédie, là, historique, là, ici, au Québec,
souvent, ces personnes-là, bien, il y avait une barrière de la langue également
qui était problématique. Je pense qu'il faudrait envisager, là, tu sais, la
contribution vraiment, tantôt je l'ai mentionné, des différentes nations, là,
des organisations proches de ces familles-là. Qu'elles puissent être impliquées
dans le processus, qu'elles puissent travailler en étroite collaboration avec
votre bureau, mais également avec les autres ministères qui peuvent être
impliqués par la démarche. Je pense que c'est important de pouvoir leur donner
le soutien nécessaire, là, à ce niveau-là, un accompagnateur, autant expert
technique, mais autant un accompagnateur qui va pouvoir aider au niveau de la
compréhension, là, et de la barrière de la langue. Je pense que c'est... déjà,
si on comprend cette avenue-là, je pense qu'on a déjà, là, un bon pas dans la
bonne direction, là...
M. Awashish (Constant) :
...le soutien nécessaire, là, à ce niveau-là, un accompagnateur autant expert
technique, mais autant un accompagnateur qui va pouvoir aider au niveau de la
compréhension, là. La barrière de la langue, je pense, c'est... Déjà, si on
comprend cette avenue-là, je pense qu'on a déjà un bon pas, là, dans la bonne
direction, là.
M. Lafrenière : Merci,
grand chef. J'ai une question plus technique pour vous, pour les... Parce que
vous parlez de la collaboration avec les communautés, puis je lisais justement
dans certaines demandes des familles qu'à certains moments, ce qui était nécessaire,
c'était d'avoir nom, prénom, date de n'aisance qui étaient enregistrés dans les
registres des conseils de bande. Et je voulais savoir quelle était la
coopération, de quelle façon vous suggérez qu'on travaille ensemble? Parce que,
tantôt, on recevait un autre groupe aussi, puis ça nous a rappelé à quel point
c'était important d'avoir la bonne information signalétique, là, pour bien
commencer ces recherches-là. Et je sais qu'il y a une partie, là, d'archives
qui résident aussi dans les conseils de bande. Alors, quel genre d'approche
vous nous suggérez pour qu'on travaille tous ensemble là-dedans?
M. Awashish (Constant) :
Un élément que j'avais noté également, que j'ai oublié de vous mentionner
tantôt, je pense que le projet de loi devrait mentionner, là, l'obligation, là,
d'une collaboration avec le gouvernement fédéral, le ministère des Affaires autochtones...
anciennement le ministère des Affaires autochtones, qui, eux, détiennent toutes
les archives, l'information, là, en ce qui concerne les individus qui peuvent
être dans les listes de bande. C'est eux qui administrent les listes de bande
des communautés. Oui, dans les communautés, il y a une liste de bande, mais
tout ce qui est... les informations les plus précises, je pense qu'on peut le
retrouver vraiment au niveau du ministère. Puis je ne vois pas de problème,
là... Quand les familles demanderont l'information auprès des communautés, des
conseils de bande, je ne vois pas pourquoi et comment les conseils de bande
refuseraient de collaborer avec ces familles-là.
M. Lafrenière : Bien
reçu. Merci beaucoup pour votre information. Puis vous avez raison qu'il faut
travailler avec le fédéral, mais, dans nos projets de loi, on peut difficilement
les obliger. Mais ça, c'est notre relation nation à nation. Merci. Je crois
qu'il y avait un de mes collègues qui avait une question. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Oui, merci, M. le ministre. Je vais laisser la parole au député d'Ungava.
M. Lamothe : M. Awashish, M. Flamand. Juste
une question, vous avez soulevé tantôt une lacune. L'implication gouvernementale,
vous avez un doute. C'est quoi qui sème le doute, de ce que vous avez vu à
date? Pourquoi votre réflexion face à un doute que vous avez sur l'implication gouvernementale?
M. Awashish (Constant) :
On veut s'assurer qu'il y ait une meilleure participation, comme je
mentionnais, des familles, des nations. On veut vraiment une meilleure collaboration,
pas juste laisser à lui-même, tu sais, le bureau du... On veut s'assurer que le
bureau du ministre reçoit l'aide nécessaire, la collaboration nécessaire des
autres ministères également, mais également que le ministre puisse avoir le feu
vert à collaborer avec les Premières Nations pour avoir la vérité la plus juste
possible. Simple comme ça.
M. Lamothe : Y a-tu quelque
chose qui... à date, qui fait en sorte... qui soulève ce doute-là, dans le processus
à date, que vous avez perçu?
M. Awashish (Constant) : Non,
mais je pense... en faisant la lecture du projet de loi, là, on voit que, tu
sais, beaucoup d'efforts, beaucoup de pouvoirs...
M. Awashish (Constant) : …la
vérité la plus juste possible, simple comme ça.
M. Lamothe : Y a-tu quelque
chose qui… à date, qui fait en sorte… qui soulève ce doute-là, dans le
processus, à date, que vous avez perçu?
M. Awashish (Constant) : Non,
mais je pense, en faisant la lecture du projet de loi, là, on voit que, tu
sais, beaucoup d'efforts, beaucoup de pouvoirs discrétionnaires qui sont
octroyés au ministre Lafrenière ou peut-être ceux qui viendront par la suite
dans ce projet de loi là. Je pense qu'il faut, tu sais, un peu, tu sais, donner
une plus grande… bien, comment je pourrais dire ça, tu sais, des acquis plus
tangibles pour les familles puis les nations autochtones, au lieu de tout
donner, comme au ministre, là, la discrétion de décider dans certains dossiers,
là.
M. Lamothe : O.K. Merci
beaucoup. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre.
M. Lafrenière : Oui, merci
beaucoup. Merci pour les détails. Puis vous me permettez aussi d'amener un
petit point d'information. Dans mon ancienne carrière, j'ai bien aimé les
enquêtes, mais ça ne sera pas ma nouvelle carrière. Alors, c'est pour ça qu'il
va y avoir vraiment une direction des enquêtes avec des enquêteurs. Dans… Quand
on fait une loi comme ça, il y a un pouvoir qui est donné à un ministre mais
qui va être remis par la suite à des groupes d'enquête. Comme je vous dis, ça
fait partie de mon passé que j'ai bien aimé, là, mais je ne me suis pas donné
une nouvelle job, une nouvelle carrière, là. Il va y avoir des gens, des
spécialistes en enquête. Mais c'est un très bon point. Puis effectivement,
vous savez, nous, ça fait déjà plusieurs mois qu'on est dans le projet de loi,
qu'on est dedans, mais tellement dedans qu'on ne voit plus la forêt, on est
rendus avec le nez sur l'arbre, et peut-être notre compréhension est rendue
tellement pointue qu'on oublie de ramener les grands enjeux comme la direction
de soutien aux familles et la direction des enquêtes. Alors, ça, je vous
remercie, je vous remercie là-dedans.
L'autre enjeu que je voyais, grand chef,
que je voulais vous entendre, et on en a parlé avec d'autres groupes
aujourd'hui, c'est que ce projet de loi là, notre premier défi, ça va être de
le faire connaître, de faire en sorte que les familles connaissent le projet,
sachent de quelle façon aussi nous rejoindre. Et je veux savoir, comme vous
êtes une personne de terrain, de quelle façon on peut travailler. Encore une
fois, je crois que les nations, les communautés doivent nous aider, mais
j'aimerais ça voir quel rôle vous y voyez, vous, pour la partie communication,
pour être capables de rejoindre les familles. Avec les familles aussi, vous
avez parlé d'Awacak tout à l'heure, c'est des associations de familles qui
doivent travailler avec nous, c'est hyperimportant. Mais comment vous voyez ça?
Et là je vous donne le défi d'y répondre, ça a l'air, en quelques secondes. Je
crois que j'ai brûlé beaucoup de temps.
M. Awashish (Constant) : Je
pense, c'est beaucoup, tu sais, la communication. Nous, on peut travailler avec
vous en collaboration pour, justement, communiquer l'information. Il y a déjà
l'organisation Awacak qui existe, qui va devenir plus officielle éventuellement
également, qui sont bien organisés. Les familles attikameks sont bien
organisées. Elles sont représentées par Mme Ruperthouse, là, qui est une
Algonquienne qui a été touchée par, justement, cette problématique-là. Il y a
également… avec qui, là, tu sais, les familles travaillent très, très… de façon
très étroite, là, qui pourront, tu sais, à ce moment-là, communiquer toute
l'information. Mais il s'agit juste de se communiquer, là, entre les
organisations. Tu sais, pour nous, le projet de loi touche énormément les Attikameks,
puis je pense que c'est important, là, que les Attikameks soient approchés,
puis il n'y aura pas de problème, là, tu sais. Ils sont très bien organisés,
ils sont très bien… Ils se parlent régulièrement, les familles se parlent
régulièrement, puis je pense qu'il n'y aura pas de problème à ce moment-là…
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
M. Lafrenière : «Meegwetch»,
merci, «meegwetch»…
M. Awashish (Constant) : ...le
projet de loi touche énormément les Attikameks, puis je pense, c'est important,
là, que les Attikameks soient approchés. Puis il n'y aura pas de problème, là,
tu sais, ils sont très bien organisés, ils sont très bien... ils se parlent régulièrement,
les familles se parlent régulièrement puis je pense qu'il n'y aura pas de
problème à ce moment-là...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
M. Awashish (Constant) :
(S'exprime dans une langue autochtone).
M. Lafrenière : (S'exprime
dans une langue autochtone). Merci, (S'exprime dans une langue autochtone).
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup. Maintenant, je cède la parole au député de Jacques-Cartier.
Vous disposez de 11 minutes.
M. Kelley
: Merci
beaucoup. Bonjour, grand chef et bonjour, vice-chef. Merci pour votre
présentation. C'est un petit peu dans le même sens... puis je pense que tout le
monde ici veut s'assurer que les peuples autochtones du Québec ont vraiment de
la confiance dans le processus qu'on veut mettre en place. Alors, ce n'est pas
comme... vous avez mentionné un enquêteur spécial peut-être, mais peut-être
est-ce que vous avez vraiment des réservations présentement que les pouvoirs
qui sont donnés dans le projet de loi ne sont pas suffisants pour faire une
vraie enquête sur les institutions qui pourraient avoir... comment je peux dire
ça sans prêter des intentions, mais peut-être veut cacher l'information où ils
ont déjà détruit certaines informations qui sont pertinentes pour rendre
vraiment la vérité à plusieurs familles autochtones du Québec?
M. Awashish (Constant) :
Bien, je peux faire un élément de réponse, là. Merci pour votre question. C'est
sûr que pour nous, là, il faut comprendre un peu le contexte historique des Premières
Nations ici, au Québec, mais au Québec. Ça n'a pas toujours été une histoire
qui... d'amour, hein? Ça n'a pas été toujours une histoire de, tu sais, d'une
grande collaboration ou d'un grand respect. Je pense, c'est normal pour nous,
les Premières Nations, d'avoir une certaine méfiance, puis c'est un peu ce que
je ressens, là, de la part des familles, de, tu sais, on veut bien laisser, tu
sais, la chance aux coureurs, mais je pense, d'un autre côté, tu sais, on veut
bien s'assurer également que nos arrières sont bien protégés. Puis on demande
seulement la collaboration de la commission en place, mais également la
collaboration du ministre Lafrenière et de tout le ministère pour, justement,
faire la lumière là-dessus.
Comme j'ai mentionné tantôt, ce n'est pas
seulement bénéfique pour nous, ça va être bénéfique, je pense, pour la société
en général. Si on veut avancer ensemble, si on veut guérir ensemble, je pense
qu'il ne faut pas avoir peur de dire les vraies choses, mais il faut travailler
dans ce sens-là tous ensemble, sinon ça va juste rempirer le sentiment
d'injustice, puis ça va juste rempirer le mal, là, que la relation a vécu
pendant des années. Mais je pense, tout le monde a le même but que moi, c'est
de travailler dans un sens qui... dans le sens du positif puis, je ne pense pas
pourquoi... je ne vois pas la raison pourquoi le gouvernement ne serait pas
réceptif à ces demandes-là qui pourraient rassurer, justement, les familles
directement sur le terrain. Je ne sais pas si Sipi aurait d'autres choses à
rajouter, là.
M. Flamand (Sipi) : Tu as
bien répondu.
M. Awashish (Constant) :
(S'exprime dans une langue autochtone).
• (17 heures) •
M. Kelley
: Une autre
question dans le même sens. Ce matin, j'ai posé la question à Mme Audette,
qui a dit que c'était peut-être important de lancer une enquête ou une
commission publique sur les enfants autochtones disparus au Québec...
17 h (version non révisée)
M. Kelley
: ...une autre
question dans le même sens. Ce matin, j'ai posé la question à Mme Audette,
qui a dit que c'était peut-être important de lancer une enquête, une commission
publique sur les enfants autochtones disparus au Québec. Est-ce que, selon
vous, ce projet de loi répond à cette demande ou est-ce que quelque chose comme
ça, c'est peut-être toujours nécessaire pour la province et pour les peuples
autochtones du Québec?
M. Awashish (Constant) :
Bien, c'est sûr que, tu sais, une commission d'enquête, ça peut amener beaucoup
d'éléments de réponse, ça peut donner un certain pouvoir d'enquête à la commission
qui pourrait être mise en place. Mais encore là, il faut la mettre en place ou
il faut que les gens y adhèrent, il faut que les gens puissent accepter de
mettre en place cette commission-là, il faut monter une équipe, il faut... Tu
sais, ça peut prendre un certain temps. Je pense que les familles, elles, tu
sais, ont besoin de réponse immédiatement, puis il y a une possibilité, là, de
le faire, là, tu sais, à travers une collaboration pleine et entière, là, du gouvernement
en place, actuel. Et on mise beaucoup, là, à accélérer, également à donner une
efficacité à ce projet de loi là. Et je pense qu'il y a une porte d'ouverte
présentement et on est prêts, là, à utiliser cette approche-là pour les
familles.
Mais, tu sais, si les éléments ne sont pas
tous rassemblés, tu sais, ça peut être envisagé également, là. Mais pour nous,
le message que nous recevons des familles, c'est qu'elles veulent connaître la
vérité, seulement la vérité et rien que la vérité. C'est seulement ça qu'elles
veulent. Maintenant, le projet de loi peut donner les moyens d'aller chercher
cette vérité-là. Il s'agit juste d'avoir une réelle volonté du gouvernement en
place. Puis, je pense, aujourd'hui, je ressens une certaine sensibilité par
rapport à ça, et en espérant que ça puisse se refléter dans le projet de loi
qui sera officiel.
M. Kelley
: Est-ce que...
M. Flamand (Sipi) : En ce
sens, je pense que le projet de loi doit répondre également aux valeurs puis
aux principes autochtones quant à... sur la recherche des enfants disparus,
puis que le gouvernement agisse de façon responsable de ces enjeux-là, parce
que les familles disent qu'elles n'ont jamais eu de communications suite au
possible décès de ces enfants-là. Puis, aujourd'hui, peut-être que ces
enfants-là sont encore vivants, mais il faut aussi que les familles sachent où
vivent ces personnes-là.
On connaît aussi une histoire de... des
rafles des années 60 où beaucoup d'enfants ont été amenés. Puis je crois
que ma mère a été... presque été victime de cette réalité-là, parce qu'elle est
allée dans un sanatorium puis elle a été amenée dans une famille québécoise
puis sans informer les parents, mes grands-parents, cela dit. Donc, le gouvernement
doit revoir, là-dessus, ces politiques aussi...
M. Flamand (Sipi) : ...dans un
sanatorium, puis il a été amené dans une famille québécoise, puis sans informer
les parents, les grands-parents, cela dit. Donc, le gouvernement doit revoir
là-dessus ses politiques aussi.
M. Kelley
: Merci pour
votre réponse. Une autre question, c'est plus pour le vice-chef juste parce que
j'ai vu dans Le Devoir, après que l'ancien projet de loi a été
déposé, bien, c'était mélangé avec un autre projet de loi, vous avez juste
mentionné un petit peu le processus particulièrement avec les congrégations
religieuses. Alors, encore, juste de dire : Est-ce que vous avez déjà pris
des démarches avec l'église dans votre communauté pour essayer d'avoir plus d'information?
Et est-ce qu'eux autres étaient fermés à ça? Alors, c'est juste bien comprendre
aussi les démarches que vous avez déjà prises et des barrières qui étaient
vraiment mises en place. Et je veux juste bien s'assurer que notre projet de
loi enlève ces barrières-là pour vous.
M. Sipi (Flamand) : Par
rapport à votre question, les congrégations religieuses, c'est très important
qu'ils donnent accès aux informations parce que c'est eux qui avaient la
gestion au niveau des centres hospitaliers à une certaine époque. Puis, oui, il
y a une ouverture, mais au niveau local, je devrais dire, au niveau local, dans
la communauté, l'église est ouverte à donner cette information-là. Mais qu'en
est-il des congrégations religieuses à l'extérieur? Ça, il faut qu'on ait ces
informations-là.
Puis je réitère aussi l'importance de
créer aussi une ouverture avec les archives au niveau national puis au niveau
du ministère des Affaires autochtones au niveau fédéral. Parce que, oui, il y a
beaucoup d'information que Services aux autochtones Canada détient sur les
disparitions. On en a vu avec l'histoire du rapt des années 60.
M. Kelley
: Merci. Et
une autre question, c'est pour le grand chef ou le vice-chef. Mais on travaille
sur un projet de loi ici, et le ministre a parlé rapidement de la sécurisation
culturelle. Mais je veux juste bien s'assurer que ce n'est pas le moment
maintenant de traiter cet enjeu-là, de ne pas ajouter des amendements pour
ajouter les clauses aux différentes lois québécoises pour mettre en place la
sécurisation culturelle au Québec. Est-ce que vous préférez que c'est dans un
projet de loi à part?
M. Awashish (Constant) :
Bien, je pense qu'idéalement, là, si on parle de relation, je pense, ça touche
beaucoup la relation des Premières Nations, cette question-là. Je pense,
réellement, si le gouvernement veut renouveler la relation avec les Premières
Nations, ça serait à travers un projet de loi distinct.
Et, pour nous, le projet de loi
n° 79, c'est le projet de loi pour les familles touchées par les enfants
enlevés, les enfants qui ont été volés. Et pour répondre, tu sais, à leurs
besoins, tu sais, immédiats, je pense que le projet de loi, il faut vraiment
qu'il soit concentré sur les besoins...
M. Awashish (Constant) : …loi
distinct.
Et, tu sais, pour nous, le projet de loi n° 79,
c'est le projet de loi pour les familles, les familles touchées par les enfants
enlevés, les enfants qui ont été volés. Et, pour répondre, tu sais, à leurs
besoins, tu sais, immédiats, je pense que le projet de loi, il faut vraiment
qu'il soit concentré sur les besoins des familles. Et, actuellement, les
familles recherchent la vérité, recherchent également toute l'information. Il
faut les aider à trouver ces informations-là. Il faut les aider à être
efficaces dans leur recherche également. Il faut les aider à avoir une
meilleure compréhension également de l'information qui sera retrouvée, mieux
les diriger, les accompagner à travers leur processus, mais également, là, de
s'assurer qu'il y a un filet de sécurité à travers, là, une aide, là, qui
pourrait être de nature psychosociale, là, pour s'assurer que… Tu sais, ces
gens-là vont… risquent de réouvrir des vieilles plaies qui ont presque guéri,
mais qui sont toujours présentes. Pour moi, peut-être Sipi aurait, tu sais, a
une opinion qui pourrait être différente, mais, pour moi, je pense, le projet
de loi n° 79 doit vraiment se concentrer sur ce que les familles ont
besoin, là, dans l'immédiat, là, tu sais. Il y a des familles, les gens, je
pense, puis chacun d'entre nous, ici, là, chacun des membres de la commission,
on prend de l'âge, mais les familles également, puis les gens veulent connaître
la vérité, hein, c'est ce qui est important pour eux.
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. Flamand, vouliez-vous rajouter quelque chose? Il vous reste une minute.
M. Flamand (Sipi) : Oui.
C'est important que, comme je l'ai dit plus tôt, c'est important d'écouter les
aidants naturels dans les communautés. C'est aussi dans cet aspect-là qu'on va
pouvoir guérir ensemble dans nos communautés, dans les familles, dans les
proches de ces personnes qui… des enfants qui ont été portés disparus. Puis je
pense qu'au niveau de la sécurisation culturelle, c'est… il faut vraiment
travailler dans ce sens-là pour les familles également. Mais on sait le concept
«sécurisation culturelle», c'est assez large mais, en même temps, précis au
niveau de la santé, donc on parle, ici, de pratiques psychosociales pour les
familles. Donc, c'est important qu'ils soient accompagnés avec les personnes
qui désirent être accompagnées. Je parle, ici, des chefs spirituels, des
psychologues, des intervenants qui connaissent bien les valeurs autochtones,
comment aider les autochtones dans leur processus de guérison.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci. Je cède maintenant la parole à la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques. Vous disposez de 2 min 45 s.
Mme Massé : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, grand chef. Bonjour, vice-chef. Heureuse de vous voir là
aujourd'hui. Alors, écoutez, allons directement droit au but. Vous avez fait
état que ce que les gens, les familles veulent, c'est la vérité, toute
l'information. Donc, qu'il ne soit pas question exclusivement des
circonstances, mais des causes aussi qui ont mené à ça. J'aimerais que vous me
précisiez si j'ai bien compris.
Et l'autre élément…
Mme Massé : ...ce que les
gens, les familles, veulent, c'est la vérité, toute l'information. Donc, qu'il
ne soit pas question exclusivement des circonstances, mais des causes aussi qui
ont mené à ça. J'aimerais que vous me précisiez si j'ai bien compris. Et
l'autre élément, parce que le temps va nous filer, c'est... M. Flamand,
vous avez fait état de... Il faut revoir comment on donne l'information aux
gens puisque, des fois, ça peut être l'état civil ou, peu importe, ça peut
être, bien, inadéquat. Alors donc, comment, lorsque l'information et toute l'information
est trouvée, comment ça doit descendre auprès des personnes endeuillées, puisque
ce qu'on veut, c'est leur permettre de faire leur processus de deuil? Alors, ce
sera mes deux éléments.
M. Awashish (Constant) :
Bien, juste pour votre première question, là, sur la cause et les
circonstances, je pense que ça va de soi. S'ils veulent connaître la vérité,
comment est-ce que... tantôt il avait un événement qui aurait été... Je pense
que c'est important de connaître les causes puis les circonstances ou la situation
qui pourrait affliger une famille en particulier.
• (17 h 10) •
Pour la deuxième question, comme je vous
mentionnais tantôt, il y a le regroupement Awacak qui existe, qui va être
exister également officiellement sous peu. Je pense que cette organisation-là
va jouer un rôle, là, tu sais, important, là, pour descendre l'information
auprès des familles. Mais il n'en reste pas moins que le Conseil de la nation
atikamekw va être, tu sais, va être disponible, là. On va... On va dire qu'on
est présent pour ces familles-là. Puis on va pouvoir les aider, les soutenir
dans leurs besoins. Et également, on va soutenir également l'organisation
Awacak, là, dans leurs démarches.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Donc, maintenant, je cède la parole au député de René-Lévesque. Vous
disposez de 2 min 45 s.
M. Ouellet : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, à mon tour de vous saluer, M. le chef,
M. le vice-chef. Tout le long de la journée plusieurs groupes nous parlent
effectivement de cette non-nécessité d'avoir un délai de prescription, donc, un
cinq ans. Le ministre nous parle qu'on est obligé quand même, parce qu'on
contourne des lois, de mettre une date. Je vous entendais tout à l'heure, vous
nous peut-être de faire sauter ça, mais il existe peut-être une solution
mitoyenne. Parce que même si le projet de loi dit c'est cinq ans puis, après
ça, à chaque année, on pourrait le renouveler, est-ce que vous ne voyez pas peut-être
l'opportunité de mettre un délai déjà plus grand en commençant justement pour
permettre aux communautés d'avoir le temps ou de prendre le temps de
s'approprier cette nouvelle pièce législative et de faire les démarches?
M. Awashish (Constant) :
Bon, bien, je... Mme la Présidente, je peux répondre?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Oui.
M. Awashish (Constant) :
Merci. Bien, simplement pour répondre à votre question, c'est sûr que ça serait
apprécié...
M. Ouellet : ...justement pour
permettre aux communautés d'avoir le temps ou de prendre le temps de
s'approprier de cette nouvelle pièce législative et de faire les démarches.
M. Awashish (Constant) : Mme
la Présidente, je peux répondre? Merci.
Bien, simplement pour répondre à votre question,
c'est sûr que ça serait apprécié, là. On sait qu'il y a des intrants, là, qu'il
faut réfléchir, mais, pour nous, là, cinq ans, on croit que les familles
sont... puis on croit que c'est très restreint. Ça donne... tu sais, ça va se
faire à la hâte, ça va se faire... il risque d'y avoir des erreurs dans les
recherches, il risque d'y avoir des erreurs dans le processus. Tu sais, il s'il
faut absolument un délai par la loi, de doubler ou tripler ce délai-là. On va
au moins permettre à ces familles-là d'avoir un sentiment de mieux respirer.
M. Ouellet : En terminant, rapidement,
pour aller au fond des choses et le gouvernement va mettre des moyens. Il y
aura des ressources qui vont accompagner les communautés, mais je comprends
bien aussi que vous voulez avoir les ressources financières pour que vos
propres ressources et les gens qui font aussi les démarches, pour que les
membres des communautés puissent y avoir accès. C'est bien ça?
M. Awashish (Constant) :
Bien, c'est sûr que les recherches qui ont été faites, ça a tout été fait par nos
propres moyens. Si on doit être impliqués dans le processus, je pense c'est la
moindre, là, des choses de pouvoir faciliter, là, cette recherche-là, mais également
de pouvoir permettre l'efficacité, là, dans l'avancement de ces recherches-là.
Je pense certains moyens pourraient justement combler certains fossés, là, qui
peuvent exister quand vient le temps de mettre tous les efforts dans la
recherche.
M. Ouellet : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Alors, merci infiniment à M. Constant Awashish, grand chef, et à Mme Sipi
Flamand, vice-chef de la communauté de Madawan. Permettez-moi aussi de
remercier l'équipe technique pour la solution, là, d'interprétation simultanée,
c'était une première. Donc, ils ont travaillé très, très fort et je voulais les
remercier.
Donc, la commission ajourne ses travaux
jusqu'à jeudi 1er avril, après les affaires courantes, où elle
poursuivra son mandat. Merci.
(Fin de la séance à 17 h 14)