Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
42e législature, 2e session
(début : 19 octobre 2021)
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Le
vendredi 5 novembre 2021
-
Vol. 46 N° 5
Interpellation du député de LaFontaine au ministre de la Famille sur le sujet
suivant : Le mirage du gouvernement caquiste et son inaction en matière de
services de garde, un bilan négatif depuis 3 ans
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10 h (version non révisée)
(Dix heures)
La Présidente (Mme D'Amours) :
À l'ordre, s'il vous plaît. Je déclare la séance de la Commission des relations
avec les citoyens ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder
à l'interpellation du député de LaFontaine au ministre de la Famille sur le
sujet suivant : Le mirage du gouvernement caquiste et son inaction en
matière de services de garde, un bilan négatif depuis trois ans.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par M. Caron
(Portneuf), Mme Dansereau (Verchères) est remplacée par M. Tremblay
(Dubuc), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis) est remplacée par
M. Tanguay (LaFontaine) et Mme Perry Mélançon (Gaspé) est remplacée
par Mme Hivon (Joliette).
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je comprends qu'il y a entente à l'effet que le deuxième groupe
d'opposition interviendra lors de la troisième série d'interventions, alors que
le troisième groupe d'opposition interviendra lors de la cinquième série
d'interventions.
Nous allons débuter avec les déclarations
d'ouverture. M. le député de LaFontaine, vous avez donc la parole pour
10 minutes.
M. Tanguay
: Merci
beaucoup, Mme la Présidente. D'abord, pour vous saluez. Merci de présider nos
travaux ce matin. Je pense qu'il y a des choses que vous allez voir qui doivent
être dites. Je tiens à vous assurez de ma collaboration pour qu'elles le soient
dans le respect de notre règlement avec le langage approprié, mais, quand même,
il y a des choses, en ce Parlement, qui doivent être dites, des réalités qui
sont parfois difficiles à attendre, mais nous devons y faire écho, ici.
Vous me permettrez de saluer, également,
le ministre, les personnes, les collègues qui l'accompagnent ce matin, et mes
collègues des autres oppositions.
Nous avons, Mme la Présidente, une
interpellation qui a pour titre, et je vais prendre le temps de le
relire : Le mirage du gouvernement caquiste et son inaction en matière de
service de garde, un bilan négatif depuis trois ans. J'aurai l'occasion,
nous aurons l'occasion, ensemble, Mme la Présidente, avec les collègues et le
ministre, de discuter du réseau des services de garde. Qui dit réseau des
services de garde dit, évidemment, parle au premier titre des enfants, des tous
petits. Il y en a 51 000 à l'heure où on se parle, même plus de
51 000 si on veut être plus précis, qui sont sur la liste d'attente, qui
n'ont pas de place dont les parents ont dit, pour retourner au travail, pour
favoriser leur développement, dépister tôt, ont dit : Trouver une place,
je veux une place en service de garde. Mais qu'on leur a répondu : Il n'y
en a pas. On met votre nom sur une liste d'attente. Et là, on connaît les
délais : six mois, un an, deux ans. Plus de 51 000,
ça, c'est 51 000, c'est des milliers de famille, Mme la Présidente, qui
sont en attente, désespérément, d'une place. Encore une fois, pour des parents,
on va parler des parents qui veulent retourner travailler, qui veulent se
réaliser, oui, dans leur travail, mais qui veulent également, Mme la
Présidente, qui veulent également, bien, payer l'hypothèque, payer le pain puis
le beurre sur la table…
M. Tanguay
:
...c'est important, ce que vous faites. Mais, quand c'est le temps de mettre l'argent
sur la table, quand c'est le temps de comprendre le fonctionnement d'un service
de garde, d'un CPE, par exemple, bien là, le gouvernement n'a pas la même
écoute. Le gouvernement semble déconnecté, si vous me permettez l'expression.
Le gouvernement ne saisit pas la réalité, l'urgence, la nécessité notamment de
dire que des éducatrices puis des travailleuses, des intervenantes, lorsqu'elles
ont fait leur 35, 36 heures par semaine, là, elles sont épuisées. Elles
sont épuisées.
Pour un gouvernement, de dire : Bien,
écoutez, on vous entend, on veut valoriser la profession, mais vous êtes
épuisées après 35, 36 heures, on va vous demander de faire du
40 heures, pour celles qui le voudront, et vous aurez une prime de 50 $,
une prime qui, soit dit en passant, ne sera pas ajoutée à votre salaire, une
prime pour laquelle vous n'aurez pas de retour au niveau de la retraite, au
niveau des congés de maladie, au niveau des vacances, c'est une prime... Ça,
quand on vous dit, et les pourcentages ont été lancés, que ça, ça fait partie
de l'offre salariale sur la table... bien non.
Parce que celles et ceux, Mme la
Présidente, les éducatrices, les intervenantes, quand, après 35,
36 heures, bien souvent quatre jours, elles sont épuisées, bien, ce n'est
pas en disant : Bien, fais donc une autre journée, tu vas avoir 50 $
de plus en prime, que l'on vient faire écho de leur réalité, de l'importance
qu'elles ont dans le réseau.
J'aimerais que le ministre prenne
l'occasion, parce qu'il répliquera immédiatement après moi, de leur parler
directement, de leur répondre, de dire : Est-ce qu'il a compris cette
réalité-là? Est-ce qu'il a compris la réalité de l'organisation du travail, du
réseau que vous tenez à bout de bras? Mme la Présidente, j'aimerais entendre le
ministre lorsqu'il aura l'occasion de parler dans quelques minutes.
Puis il va vous le dire, là : Vous
êtes importants, on le sait, on le reconnaît. Ça fait un an et demi que les
négociations traînent, Mme la Présidente. Puis, quand la présidente du Conseil
du trésor, une femme que j'apprécie, dit, par contre, en période de
questions : Ah! bien là, ils ont gaspillé du temps, ça a pris deux mois et
demi, à un moment donné, pour avoir un retour, bien, je ne pense pas que ça
participe de la solution. Je ne pense pas qu'elle envoie le bon message.
Après un an et demi, il est temps de
saisir cette réalité-là. Il est temps pour le ministre de la Famille de
s'impliquer davantage dans le dossier, de parler à sa collègue du Conseil du
trésor, qui... Écoutez, il y a neuf questions qui ont été posées, j'inclus les
complémentaires. Je pense que le ministre s'est levé à une ou trois questions.
Le reste, c'est la présidente du Conseil du trésor qui s'est levée. Le
ministre, lui, normalement, en temps normal, connaîtrait son réseau et lui
dirait : Non, non, non, c'est important.
Surtout qu'à Ottawa et Québec les deux
gouvernements ont signé une entente, 6 milliards, 6 milliards
d'entente. Puis je me rappelle, le premier ministre Trudeau, le ministre
fédéral de la Famille, le premier ministre du Québec et le ministre de la
Famille du Québec étaient là, bras dessus, bras dessous, en disant :
6 milliards va nous aider à compléter le réseau. Ce 6 milliards là
doit être entièrement, Mme la Présidente, investi dans le réseau des services
de garde. C'est en moyenne 1,2 milliard par année. On va dire : Ah!
ce n'est pas ça, ce n'est pas ça, les chiffres. Je l'ai vue, l'entente, là. On l'a,
la ventilation. Ça commence à...
M. Tanguay
: …et le ministre
de la Famille du Québec étaient bras dessus, bras dessous, en disant : 6 milliards
va nous aider à compléter le réseau. Ce 6 milliards là doit être entièrement,
Mme la Présidente, investi dans le réseau des services de garde. C'est en
moyenne 1,2 milliard par année. On va dire : Ah! ce n'est pas ça, ce
n'est pas ça, les chiffres. J'ai vu l'entente, là, on l'a la ventilation, ça
commence à 660 millions puis ça finit à 1,7 milliard. J'arrondis,
c'est 1,2 milliard par année. L'argent est là.
Et les éducatrices, au premier
titre — vous n'avez pas de réseau si vous n'avez pas d'éducatrice,
vous n'avez pas de réseau si vous n'avez pas d'intervenante — doivent
pouvoir compter sur un gouvernement qui comprend cette réalité-là et qui va
investir l'argent nécessaire. Il y a le salarial, il y a les conditions de
travail, on vient d'en parler, au niveau des horaires.
• (10 h 10) •
Également, les autres corps d'emploi.
Qu'en est-il des autres corps d'emploi? Parce qu'un réseau, un CPE par exemple,
c'est aussi les préposés à la désinfection, c'est également les responsables en
alimentation, les cuisiniers, cuisinières. Ces gens qui, encore une fois,
accueillent ce que l'on a de plus précieux en ce bas monde, Mme la Présidente,
nos tout-petits, nos enfants.
Il faut réellement voir le réseau des
services de garde comme s'inscrivant dans le grand cheminement de l'éducation.
C'est pour ça que, nous, Parti libéral du Québec, on a fait en sorte que de
déposer un projet de loi qui ferait en sorte que ce serait droit au même titre
qu'un droit à l'éducation. Jamais on se ferait dire comme parent pour un enfant
qui irait en première année : Bien on n'a pas de place à l'école,
mettez votre nom sur la liste, on va vous rappeler lorsqu'il y aura une place,
puis savez-vous, ça peut prendre un an, deux ans, vous verrez. Non,
jamais. Pourquoi on l'accepterait davantage pour nos tout-petits? On parle au gouvernement
et à raison d'agir tôt, dépister tôt, parce que les éducatrices font un travail
fondamental de première ligne, oui, là pour aider les retards langagiers, notamment.
Faire en sorte donc de soutenir le réseau,
puis j'aurais l'occasion, dans les prochains échanges, M. le Président, de
parler du développement du réseau, du développement des places qui, malheureusement,
depuis plus de trois ans, n'a pas avancé, a reculé. Il y a moins 14 000 places
dans le réseau à l'heure actuelle. Alors, on aura l'occasion, Mme la
Présidente, d'échanger. Je vais maintenant vous permettre de céder la parole au
ministre qu'on écoute et qui, j'espère, va parler à nos éducatrices et nos
intervenantes. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député de LaFontaine. Maintenant, je cède la parole à M. le
ministre également pour une période de 10 minutes.
M. Lacombe : Merci. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je vous salue, je salue l'ensemble, effectivement,
des collègues qui sont présents autant de l'autre côté que du côté
gouvernemental, ça me fait plaisir de vous voir ici, puis je salue aussi la
présence de ma garde rapprochée, Julie qui est sous-ministre au ministère de la
Famille, et Louis-Philippe qui est avec moi, mon conseiller politique.
Ça fait 25 ans, Mme la Présidente,
que les parents attendent au Québec, ça fait 25 ans. Ça va faire
25 ans l'année prochaine et, nous, on pense que ça fait assez longtemps.
Ça fait 25 ans qu'en 1997, donc, le gouvernement du Parti québécois à
l'époque, le gouvernement de Lucien Bouchard a lancé sa politique familiale Les
enfants au cœur de nos choix, une politique familiale…
M. Lacombe : ...ça va faire
25 ans l'année prochaine et, nous, on pense que ça fait assez longtemps.
Ça fait 25 ans qu'en 1997, donc, le gouvernement du Parti québécois à
l'époque, le gouvernement de Lucien Bouchard a lancé sa politique familiale Les
enfants au coeur de nos choix, une politique familiale qui établissait donc
la naissance notamment, parce que c'est surtout de ça dont on se rappelle, des centres
de la petite enfance, les CPE qui ont été brillamment mis sur pied par la ministre
de l'Éducation, de la Famille aussi, de l'époque, par la suite, Pauline Marois.
À cette époque-là, évidemment, c'est une
avancée remarquable, et c'est toujours aujourd'hui, 25 ans plus tard, un
formidable outil de développement économique et de développement de nos
enfants, nos services de garde éducatifs à l'enfance. Mais un quart de siècle
après la création de ce réseau-là, il y a toujours des enjeux, il n'est toujours
pas complété. Il manque 37 000 places actuellement.
Les enfants qui vivent dans un contexte de
précarité socio-économique, on ne répond pas prioritairement à leurs besoins et
on se fait reprocher ça, comme État québécois, depuis maintenant bien des
années par la Vérificatrice générale du Québec notamment. L'accès aux places
subventionnées est inégal aussi, parce que l'offre, évidemment, varie d'une
place à l'autre au Québec. Donc, par exemple, si on est à Montréal, on a bien
moins de chance d'avoir une place à 8,50 $ que si, par exemple, on se
trouve dans l'Est du Québec.
Le réseau, donc, qu'on a aujourd'hui, il
est devant d'importants défis, des défis qui sont primordiaux, qu'on doit
relever. C'est long actuellement créer des places, parce que le processus, il
est peu flexible, même si on l'a amélioré et on l'a allégé. L'offre de services
de garde en milieu familial reconnue, elle diminue depuis 2014. Il y a une
pénurie de main-d'oeuvre aussi, évidemment qui affecte tous les pays ou à peu
près, beaucoup de pays, je vais dire, et évidemment ici, au Québec, qui affecte
de nombreux secteurs, pour ne pas dire presque l'ensemble des secteurs qui sont
importants. Et les parents, je le disais aussi récemment, n'ont plus vraiment
confiance en le processus d'admission, qui comprend notamment l'inscription au
guichet unique.
On a posé plusieurs gestes depuis 2018. On
a aboli, par exemple, la contribution additionnelle. Parfois, on s'en rappelle
peut-être un peu moins, mais c'est un geste fort qu'on a posé, d'abolir cette
taxe famille qui avait été imposée par le gouvernement libéral en 2014. On se
rappelle qu'il avait renié sa promesse. On a aboli cette taxe famille, on est
revenu au tarif de 8,50 $.
On a accéléré aussi le développement des
places. On a réduit, par exemple, dès qu'on est arrivés, le montant que les CPE
devaient verser en mise de fonds. Parce que ces projets-là ne s'étaient pas
réalisés depuis 2011, depuis 2013, parce qu'on leur avait imposé des mises de
fonds, dans le passé, trop élevées. On a réglé ça. On a allégé le processus de
création des CPE en passant de 17 étapes à neuf étapes. Ça n'avait jamais
été fait dans le passé. Ça faisait 25 ans. Nous, de notre côté, on a
décidé de le faire.
On a lancé aussi un parcours de
travail-études en petite enfance, où les jeunes ou les moins jeunes peuvent
étudier et travailler en même temps, étudier en étant rémunérés.
Mais, je le disais en février dernier,
malgré tout, malgré tout ce qu'on a fait, il y a encore des gestes majeurs qui
doivent être posés...
M. Lacombe : …on a decidé de le
faire. On a lancé aussi un parcours de travail-études en petite enfance, où les
jeunes ou les moins jeunes peuvent étudier et travailler en même temps, étudier
en étant rémunérés. Mais, je le disais en février dernier, malgré tout, malgré
tout ce qu'on a fait, il y a encore des gestes majeurs qui doivent être posés,
parce qu'on doit aller plus loin. Et ces gestes-là nécessitent, notamment, le
dépôt d'un projet de loi, ce que j'ai fait, le projet de loi n° 1, qu'on a
déposé au début de cette session-ci. Ultimement, ce qu'on souhaite, c'est de
pouvoir répondre aux besoins de toutes les familles et que tous les enfants, au
Québec, puissent enfin, enfin, une fois pour toutes, avoir une place.
Donc, qu'est-ce qu'on a fait,
concrètement, dans le cadre du Grand chantier pour les familles, donc, que j'ai
présenté, qui venait, je vous le disais, avec un projet de loi pour réaliser au
moins 18 des 45 objectifs qui sont là-dedans? Bien, on a fait des
consultations, des consultations des groupes, des consultations des parents,
des consultations, évidemment, de la population en général, et il y a plusieurs
constats qui en sont ressortis, dont on s'est inspiré pour lancer notre grand
chantier.
Les objectifs qu'on poursuit là-dedans,
bien, créer suffisamment de places pour répondre aux besoins des familles,
c'est une évidence, contribuer à une plus grande équité financière aussi, je le
disais, entre les familles, accroître l'efficacité du réseau, parce qu'on doit
le faire, si on veut être capables de mieux le développer, consolider la garde
en milieu familial, assurer la présence d'une main-d'oeuvre qualifiée en nombre
suffisant, donc on parle ici, bien sûr, de nos éducatrices, qui font un travail
primordial, puis finalement remettre l'égalité des chances au coeur de notre
action dans notre réseau, une égalité des chances qu'on a parfois tassée, je
dirais, au cours, là, des 20 dernières années, progressivement, si bien
que, je le disais, dans certains quartiers les plus pauvres de Montréal, les
enfants défavorisés n'ont même accès aux services, alors que les enfants de familles
beaucoup plus riches y ont accès, eux.
Donc, je vais commencer par l'objectif
d'avoir davantage d'éducatrices dans notre réseau, parce que je sais que les
éducatrices sont à l'écoute, et je veux les saluer, parce que je sais qu'elles
font un travail qui est évidemment important, tout le monde dit ça, c'est une
évidence, mais je pense qu'il faut continuer de le dire. Parce qu'il faut
valoriser cette profession-là, et ce n'est pas tout le monde, même encore en
2021, qui comprend ce que fait une éducatrice à l'enfance. Il y a encore
beaucoup de personnes, malheureusement, au Québec, qui croient que ce sont des
gardiennes, que leur travail, c'est de passer le temps avec les enfants, de
faire des bricolages, de s'assurer que les enfants ne parlent pas trop fort,
alors qu'évidemment on est bien loin de ça. Au Québec, on a la chance d'avoir
des services de garde éducatifs à l'enfance, et ça, c'est quelque chose qu'on
doit souligner. Et, si on est capables d'y arriver, c'est parce qu'on a une
main-d'oeuvre qui est qualifiée, on a des éducatrices qui ont une formation
collégiale. Mais on en manque, on en manque cruellement, comme dans beaucoup
d'autres secteurs d'activité au Québec. Mais, dans ce secteur précis, la petite
enfance, l'enjeu, c'est qu'elles ne sont pas assez rémunérées, Mme la
Présidente. J'ai envie de vous dire : Ça fait des années que ce
problème-là, il est connu, ça fait des années. Ça fait des années qu'il y a des
demandes dans ce sens-là.
La députée de Joliette nous rappelle,
parfois avec raison, qu'au début des années 2000, sous le gouvernement de
Bernard Landry, si ma mémoire est bonne, il y a eu un rattrapage qui a été
fait. Ça fait 20 ans, ça fait deux…
M. Lacombe : …vous dire, ça
fait des années que ce problème-là, il est connu, ça fait des années. Ça fait
des années qu'il y a des demandes en ce sens-là. La députée de Joliette nous
rappelle, parfois avec raison, qu'au début des années 2000, sous le gouvernement
de Bernard Landry, si ma mémoire est bonne, il y a eu un rattrapage qui a été
fait. Ça fait 20 ans, ça fait deux décennies. C'était 10 ans avant que la députée
de Joliette fasse… ou à peu près 10 ans avant que la députée de Joliette fasse
de la politique. Il y a du travail qui aurait dû être fait dans les 20
dernières années, et ce rattrapage-là, il n'a jamais été fait. Moi, en tout cas,
je ne me rappelle pas d'un ministre de la Famille qui s'est levé au salon bleu
de l'Assemblée nationale, ou qui le fait encore aujourd'hui, qui vous
dit : Ces femmes-là ne gagnent pas assez.
La rémunération qu'elles ont, elle n'est
pas à la hauteur de leurs compétences, et c'est la raison pour laquelle, comme
on l'a fait avec les enseignantes et avec les préposés aux bénéficiaires, on va
bonifier de façon importante de leur salaire. Je n'entrerai pas dans les
chiffres parce qu'évidemment il y a une négociation qui est en cours. Mais,
force est de constater que, l'objectif que je m'étais donné, au début du
mandat, d'améliorer leurs conditions de travail, bien, on est en train de le
réaliser. Les sommes dont on avait besoin, on est allés les chercher pour qu'on
puisse avoir un mandat de négociation avec les éducatrices qui nous permette de
faire ce rattrapage salarial là. Donc, je vous le dis, elles ne sont pas assez
payées, je trouve que ça n'a aucun bon sens. Elles doivent gagner plus. Elles
s'occupent de ce qu'on a de plus précieux au monde : nos enfants. Je pense
notamment à l'éducatrice de mon fils, qui fait un travail exceptionnel et, à
chaque fois que je la vois, je me dis : Cette personne-là ne gagne pas
assez. Donc, on va régler ce problème-là.
Et moi, je suis positif. Je comprends que
les oppositions sont moins positives, mais je les invite à regarder ce qu'on a
fait avec la garde en milieu familial. Quand on a conclu l'entente, le syndicat
et le gouvernement, on est sortis en conférence de presse, tout le monde était
bien heureux de souligner à quel point on avait fait un travail remarquable et
un travail important pour augmenter leurs conditions de travail. Donc, je pense
qu'on est capables de faire la même chose avec les éducatrices qui travaillent
dans nos installations. • (10 h 20) •
Maintenant, ça prend aussi des parcours de
travail-études, notamment. Augmenter le salaire, c'est une chose, mais on doit
aussi faciliter l'arrivée des éducatrices sur le marché du travail, notamment
avec des formations qui vont leur permettre d'être rémunérées pendant qu'elles
étudient au cégep pour décrocher leurs diplômes. Il y a déjà des annonces qui
ont eu lieu, il y en aura d'autres après la mise à jour économique, mais on est
vraiment au travail.
Autre objectif, évidemment, qui est un
objectif central, bien, créer suffisamment de places pour répondre aux besoins
des familles. Il nous en manque 37 000 aujourd'hui pour être capables de
répondre à ça. C'est clair que, sur le guichet unique, je comprends le calcul,
qui est assez simple, on nous dit : Bien, M. le ministre, vous avez
51 000 enfants qui sont inscrits au guichet unique, pourtant vous ne
promettez que 37 000 places. C'est le nombre de places que ça nous prend
demain matin pour être capables de combler les besoins. D'ailleurs, vous n'avez
pas entendu de groupes qui sont des experts de notre réseau venir remettre ça
en question, parce que c'est le bon chiffre. Donc, on lance un appel de projets
en continu, c'est la première fois qu'on fait ça, c'était une demande aussi du
réseau, où on sera en mesure de développer ces places-là rapidement pour,
enfin, les offrir aux familles. Et ce que je propose aussi, dans le projet de
loi que j'ai déposé, c'est un article où on oblige le gouvernement, dès lors
qu'il y a un besoin qui est démontré sur un territoire, on oblige le
gouvernement…
M. Lacombe : …première fois
qu'on fait ça, c'est une demande aussi du réseau, où on sera en mesure de
développer ces places-là rapidement pour enfin les offrir aux familles.
Et ce que je propose aussi, dans le projet
de loi que j'ai déposé, c'est un article où on oblige le gouvernement, dès lors
qu'il y a un besoin qui est démontré sur un territoire, on oblige le gouvernement
à développer ces places-là. Ça ne s'est pas vu depuis 25 ans, dans le réseau.
On pense qu'on est rendu là. On veut concrétiser véritablement le droit des
enfants du Québec à avoir une place, parce que, pour nous, l'éducation, la
petite enfance, ça ne coûte pas trop cher, et on veut que jamais ce ne soit le
cas pour un autre gouvernement.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Nous allons maintenant débuter la période d'échange. M. le député de LaFontaine,
vous avez la parole pour un maximum de cinq minutes.
M. Tanguay
: Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je ne le sais pas, comment réagissent les éducatrices, intervenantes
qui nous écoutent dans les différentes salles de cinéma, les parents à la
maison, également, éducatrices, intervenantes à la maison, également. Je sais
qu'elles sont plusieurs centaines, pour ne pas dire milliers, qui sont à
l'écoute. Je ne le sais pas, comment vous recevez les commentaires du ministre.
De dire, et je le cite : «Vous faites
un travail important»… vous faites un travail important, et il a dit : «Il
faut continuer de le dire.» Aimeriez-vous ça qu'on arrête de le dire, puis
qu'on le fasse, puis qu'on le démontre, puis qu'on fasse en sorte que les
horaires de travail, les différents corps de métier, le salarial, que tout ça,
ça soit pris en compte? Auriez-vous aimé ça, ne pas passer un an et demi sans
entente? Auriez-vous aimé ça qu'hier ça se règle? Auriez-vous aimé ça?
Aimeriez-vous ça que la prochaine rencontre, qui est prévue le 18 novembre
prochain, elle soit plus tôt? Êtes-vous disponibles? Je pense que vous êtes
disponibles, vos représentantes syndicales sont disponibles, elles sont prêtes
à négocier.
Hier, en conférence de presse, Mme
Longchamps, de la CSN, a dit, à une question : Vous attendez-vous à un
exode massif?, sa réponse : «Malheureusement, c'est ce qu'elles nous
disent — elle parle des éducatrices, des
intervenantes — puis on a fait un sondage, un petit sondage maison,
j'en conviens, mais plus de la moitié d'entre elles nous préviennent que, d'ici
deux ans, si les choses ne changent pas, elles quitteront la profession.» CSN.
FIPEQ-CSQ. Rappelez-vous, avant la pandémie, rappelez-vous d'un sondage qui
avait été fait auprès des éducatrices, notamment en milieu familial, où là
aussi, la moitié, 47 %, dans un sondage… c'était le 7 février 2020, ça,
c'était un mois, cinq semaines avant la pandémie, déjà là, au-delà de la
pandémie, elles le disaient : «Les responsables RSE membres de la
FIPEQ-CSQ envisagent de fermer leurs services éducatifs d'ici trois ans.»
Tantôt, le ministre a dit : Oui,
bien, le milieu familial, ça, c'est réglé, ça. Le milieu familial, ça, c'est
réglé, il n'y a pas de problème. Deux choses, Mme la Présidente. On se rappelle
tous et les RSE se rappellent tous de la… pas seulement la promesse, du geste
qui avait été posé puis qui avait été salué, à l'époque, par le gouvernement de
la CAQ, qui était de leur verser 3 000 $ pour 2021‑2022, pour celles
qui conservaient au moins six places. Et ça, c'était tout au long de l'année et
c'était pour deux ans, le 3 000 $. Bien là, le gouvernement a retiré
cet argent-là en disant…
M. Tanguay
: …du geste
qui avait été posé puis qui avait été salué, à l'époque, par le gouvernement de
la CAQ, qui était de leur verser 3 000 $, pour 2021‑2022, pour celles
qui conservaient, au moins, six places, et ça, c'était tout au long de l'année
et c'était pour deux ans, 3 000 $. Bien là, le gouvernement a retiré
cet argent-là, en disant : Cette mesure laisse place à une bonification de
revenus. Ça, ça avait été donné, ça avait été mis sur la table, puis ça a été
retiré. Je le sais que cette décision de retirer ce qui avait été mis sur la
table a été mal accueillie, Mme la Présidente.
Là, le ministre me dit : Oui, mais,
de toute façon, les milieux familiaux, ça, c'est réglé, les milieux familiaux,
ça, c'est réglé, il n'y a pas de problème à avoir là-dessus. On aura l'occasion
de regarder le développement du réseau, Mme la Présidente, puis on ne devrait
pas parler… on va arrêter de parler de développement du réseau, on va parler du
sous-développement, si vous le voulez bien, du réseau. Milieu familial, j'aurai
l'occasion d'y revenir aujourd'hui, ce n'est plus 8 000 places, comme
quand le ministre est arrivé en février 2019, il disait : Il y a
8 000 places, en milieu familial, qui ne sont pas occupées. Aujourd'hui,
c'est plus de 25 000 places qui ne sont pas occupées, dû à quoi? Bien, des
RSE, des responsables, des éducatrices en milieu familial ont quitté
massivement le réseau.
C'est ce qui fait qu'aujourd'hui, des
3 000 places subventionnées qui ont été créées par la CAQ dans les trois
dernières années, bien, il faut déduire de ça les moins 17 000 places qui
ont fermé, 17 000 places qui ont fermé, ce qui fait un bilan négatif de
moins 14 000 places. Le ministre dit : Les éducatrices, on les aime
donc. En passant, oui, valoriser, mais il faudrait peut-être reconnaître, ça,
c'est un mot qu'on entend beaucoup sur le terrain. Est-ce qu'on peut être
reconnu, reconnu pour ce qu'on fait, mais reconnu pas juste dans les belles
paroles, mais dans les gestes? Il dit : Vous faites un travail
exceptionnel, mais elles ont été mortifiées, déçues, éberluées de voir que,
durant la COVID, elles n'ont pas eu, pour leur travail exceptionnel, une prime,
eux, qui étaient travailleuses essentielles, qu'elles le sont toujours. Elles
l'étaient hier, elles le sont aujourd'hui puis elles vont l'être demain, les
éducatrices et les intervenantes.
Donc, c'est important, Mme la Présidente,
aujourd'hui… puis j'entends le ministre qui dit : On va y voir, on va y
voir, on va y voir. Malheureusement, sur le terrain, dans les négociations,
c'est un point d'achoppement. Elles ont l'impression, et c'est plus qu'une
impression, c'est la réalité, avec laquelle elles doivent faire face, qu'il y a
un mur, c'est ce que j'ai entendu ce matin : On a un mur devant nous.
Alors, la présidente du Conseil du trésor qui pilote les négociations, il
faudrait faire en sorte qu'elle ait une personne qui plaide la cause des
éducatrices, des intervenantes et fasse en sorte de plaider l'importance d'écouter
leurs revendications et d'y donner suite, le ministre de la Famille.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole à M. le ministre pour cinq minutes.
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Je suis tellement découragé quand j'entends le député de LaFontaine,
là, je vous jure, je dois faire attention à ce que je dis, parce que je vous le
dis, là, sincèrement, les éducatrices qui sont réunies dans les cinémas un peu
partout au Québec, puis qui écoutent ça, là, doivent se rappeler d'une chose,
doivent se rappeler que le député de LaFontaine qui prend la parole aujourd'hui,
là, puis il faut le dire, parce qu'à un moment donné il y a toujours…
M. Lacombe : ...je dois
faire attention à ce que je dis. Parce que je vous le dis, là, sincèrement, les
éducatrices qui sont réunies dans les cinémas un peu partout au Québec puis qui
écoutent ça, là, doivent se rappeler d'une chose, doivent se rappeler que le
député de LaFontaine, qui prend la parole aujourd'hui, là... Puis il faut le
dire parce qu'à un moment donné il y a toujours bien des maudites limites. Le
député de LaFontaine, là, qui nous fait la morale aujourd'hui, c'est un député
qui est élu depuis longtemps au Parti libéral. Je ne me rappelle pas de la date
de son élection dans LaFontaine, mais il a succédé, on se rappelle, au
précédent ministre de la Famille, Tony Tomassi. Ça fait un moment. Et il faut
toujours se rappeler que c'est le gouvernement dont il a fait partie qui a laissé
les éducatrices avec de maigres, maigres, maigres augmentations salariales.
Écoutez, j'ai la liste, là, mon équipe m'a sorti ça, la liste. Je n'ai même pas
envie de vous la donner, c'est gênant, là. Tu sais, on parle, là, des années,
moins de 1 %, 0,5 %.
Ça a même mené à l'écriture d'un
livre : Les libéraux n'aiment pas les femmes. Ça, c'est le titre du
livre, là, où on explique à quel point les politiques d'austérité du
gouvernement libéral qui était là ont fait mal aux femmes au Québec, notamment
aux éducatrices. Il y a des passages, là, complets qui parlent des éducatrices
puis du député de Robert-Baldwin, qui est encore député, à l'époque, qui était
ministre des Finances, puis qui expliquait pourquoi ce n'était donc pas grave
de couper en petite enfance, puis que ces femmes-là allaient s'arranger, puis
que là ce n'était pas un drame. C'est épouvantable.
Donc, moi, là, Mme la Présidente, là, là,
je sors du texte que je devais vous faire puis je voulais vous présenter le
grand chantier, là, mais ce que j'entends, là, ça me fait pogner les nerfs.
Parce que nous autres, depuis qu'on est arrivés, là, on ne compte pas les
heures, on travaille avec le réseau, on travaille avec nos partenaires, on
travaille avec les gens sur le terrain, on travaille avec les syndicats aussi,
même si ce n'est pas toujours facile dans le contexte des négos, mais on
travaille avec eux autres. Nos partenaires sont en arrière de nous.
Quand on a réglé avec le milieu
familial : 30 % d'augmentation. Sur quelle planète vit le député de
LaFontaine quand il nous dit qu'on coupe des montants? Regardez le chèque de
paie, là. Regardez la subvention que les éducatrices en milieu familial vont
recevoir après nos négociations, puis vous viendrez nous dire si c'est gênant.
Au contraire, c'est un rattrapage historique.
Donc, quand je vous dis qu'il y a des
maudites limites, là... Moi, venir m'asseoir ici pour entendre le député de
LaFontaine jouer sa mauvaise pièce de théâtre, là, ça me fait pogner les nerfs.
Donc, je veux que les femmes qui nous
écoutent, là... Non, il n'y a rien qui contrevient au règlement là-dedans.
Donc, je veux que les gens qui nous écoutent, là, en ce moment, réalisent que
la personne qui veut les défendre aujourd'hui, là, bien, c'est la personne qui
a contribué à saccager la maison puis le réseau.
Donc, nous, on est en train de le réparer.
On y injecte des sommes sans précédent. Le rattrapage salarial qui est en
cours, là, on n'a pas vu ça depuis 20 ans. Donc, oui, c'est toujours difficile,
une négociation. C'est la partie de la job, moi, que j'aime le moins parce que
c'est là où évidemment la tension monte puis c'est là où il y a des conflits.
Mais, à la fin, le résultat va être positif, Mme la Présidente, comme on l'a
fait aussi avec le milieu familial.
• (10 h 30) •
Donc, ce que nous offre le député de
LaFontaine, c'est des paroles, c'est des intentions. Même sa cheffe l'a
dit : Oui, on le sait, là, c'est un changement de cap totalement parce
que, bon, avant, là, on n'était pas trop portés sur la petite enfance. Ce qu'il
nous offre aujourd'hui, là, c'est des...
10 h 30 (version non révisée)
M. Lacombe : …ce que nous offre
le député de LaFontaine, c'est des paroles, c'est des intentions. Même sa
cheffe l'a dit : Oui, on le sait, là, c'est un changement de cap
totalement parce que, bon, avant, là, on n'était pas trop portés sur la petite
enfance. Ce qu'il nous offre, aujourd'hui, là, c'est des intentions.
Moi je regarde leur cadre financier puis
leur programme électoral de 2018 — dernière élection, là, là-dessus
qui se sont fait élire, là, les députés qui sont l'autre bord, là — il
n'y avait rien pour la petite enfance. Qu'est-ce qu'ils proposaient? Ils
proposaient de mettre la hache dans le ministère de la Famille, de le
supprimer, envoyer ça au ministère de l'Éducation. Puis il y avait quelque
chose, là, pour les enfants de quatre ans, là : Ah! ça va être
gratuit pour eux dans les CPE. Aucune création de place, aucun rattrapage
salarial, zéro puis une barre.
Donc, quand le député de LaFontaine se
lève pour nous faire la morale, là, moi, je lui propose, là, de prendre un
petit moment puis de réfléchir à ça. Nous autres, de notre côté, on ne se laissera
pas impressionner par ces effets de toge là. Puis il est bon le député de LaFontaine,
là. C'est un avocat. Ça devait être un excellent plaideur, parce qu'il réussit
à nous faire croire à ça, là. Quand la députée de Joliette se lève, quand la
députée de Sherbrooke se lève pour…
Des voix
: …
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre, s'il vous plaît, je vous invite à la prudence avec vos propos, s'il
vous plaît.
M. Lacombe : …je trouve que
c'est un bon avocat. Je trouve que c'est un bon plaideur. Quand…
Des voix
: …
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre, s'il vous plaît, il vous reste 40 secondes. J'aimerais
terminer votre 40 secondes en beauté, s'il vous plaît.
M. Lacombe : Quand la députée
de Sherbrooke se lève, je ne suis pas toujours d'accord avec elle, même que
souvent, je ne suis pas d'accord avec elle. Quand la députée de Joliette se
lève, je ne suis pas non plus d'accord avec elle, puis, bon, ça paraît souvent
au salon bleu. Leur rôle, c'est de critiquer ce qu'on fait pour que ça soit
meilleur, pour qu'on s'améliore. D'accord. Mais au moins, là, je vais vous
dire, là, je le sais que c'est sincère, puis je le sais qu'elles ont vraiment,
là, le goût que ça s'améliore.
Quand le député de LaFontaine se lève, là,
moi, tout ce à quoi je pense, bien, c'est un fait, là, Mme la Présidente, là,
c'est ce qui a été réalisé dans le passé. Puis, moi, je vous dis : Nous,
ce qu'on propose, c'est plus que des intentions. Nous, on est au gouvernement,
les bottines suivent les babines, ce n'est pas juste des belles propositions.
Quand, nous, on a la chance d'être au gouvernement, c'est ça qu'on livre :
un milliard par année pour la petite enfance.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Je vais céder maintenant la parole à la députée de Bellechasse
pour cinq minutes.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, je vais prendre le temps de saluer tous les parlementaires
qui sont ici et saluer tous ceux qui nous écoutent ce matin.
Je vais… J'aimerais remercier le député de
LaFontaine de nous donner une occasion, encore, une occasion de pouvoir enfin…
ou en fait, davantage parler des actions du gouvernement en petite enfance. Je
ne doute pas une seconde de son… que ça lui tienne à coeur et ça nous tient à
coeur aussi. Puis je le remercie sincèrement parce que c'est une occasion de
plus et c'est important d'en parler, de parler de ce qui se fait en petite enfance.
On le sait les deux dernières années ont
été extrêmement difficiles pour les responsables en service de garde en milieu
familial, elles ont été affectées de plein fouet par la pandémie. Pour bien
comprendre l'impact sur les familles, aujourd'hui, il faut aussi regarder ce
qui s'est fait dans le passé, ce qui a eu lieu dans le passé, puis je veux le
rappeler, parce que je pense que c'est particulièrement…
Mme Lachance : …difficile pour
les responsables en services de garde en milieu familial, elles ont été
affectées de plein fouet par la pandémie. Pour bien comprendre l'impact sur les
familles, aujourd'hui, il faut aussi regarder ce qui s'est fait dans le passé,
ce qui a eu lieu dans le passé. Puis je veux le rappeler parce que je pense que
c'est particulièrement important, Mme la Présidente, entre 2014 et 2018, lors
du dernier gouvernement formé par la formation politique du député de LaFontaine,
le nombre de places… le nombre de responsables, pardon, en services de garde en
milieu familial est passé de 15 607 à 13 433. Maintenant, si on parle
en termes de places, ça veut dire 2 172 places en un seul mandat, et ça,
c'est sans pandémie, sans la réalité qui nous occupe aujourd'hui. Concrètement…
je vous ai encore conté des menteries, je vous ai dit 2 172 places, mais
c'est 2 172 responsables en services de garde. C'est 13 000 places de
moins en un seul mandat, sans la pandémie, 13 000 places subventionnées,
c'est énorme. Par conséquent, Mme la Présidente, si on transforme ça, ça veut
dire 162 gros CPE de 80 places. Qu'a fait le gouvernement libéral à l'époque
pour inverser la tendance? Rien.
Il y a plusieurs raisons qui expliquent
cette longue tendance à la baisse. Maintenant, ça a continué, on a vu, l'impact
de la pandémie est indéniable et il a été très important. J'ai eu de nombreuses
communications avec des citoyennes qui étaient responsables de services de
garde de Bellechasse, la circonscription, et plusieurs me manifestaient de
nombreuses craintes face à la COVID, des craintes légitimes d'exposer leurs
petits et leur famille à la COVID, on doit se souvenir, c'était la première
vague. Pour plusieurs, c'était inconcevable de recevoir six enfants, six
enfants parfois de familles différentes, dans leur maison, lorsqu'ils ne
recevaient même pas leurs familles qui habitaient à des adresses différentes.
C'était inconcevable. En fait, il faut aussi rappeler les exigences sanitaires,
avec la désinfection, l'entretien et tout, systématique, c'était évidemment un
fardeau supplémentaire qui était énorme et ça faisait de très grosses journées.
Il faut le rappeler, elles travaillent 50 à 55 heures parfois, en milieu
familial. Or, si la pandémie a assurément joué un rôle dans cette dynamique, il
y avait déjà une tendance de fond à la baisse qui était à l'oeuvre. Pour
l'instant, on comprend assez bien que c'est difficile, voire impossible de
compléter un réseau de services de garde éducatifs à l'enfance si on perd
autant de places en milieu familial.
Maintenant, permettez-moi de parler des
actions de notre gouvernement, Mme la Présidente. Le plan d'action que le
ministre a tout récemment présenté, son grand chantier, où il propose des
mesures concrètes pour la garde en milieu familial. L'objectif 4 du grand
chantier prévoit consolider la garde en milieu familial, c'est composé de neuf
mesures, mais le temps file, je le vois, alors on va se concentrer.
Premièrement, le ministre propose un allégement réglementaire. Ça a été
demandé, c'est proposé, c'est un allégement réglementaire puis des directives
qui s'appliquent à leurs activités. Les responsables de services de garde...
Mme Lachance : ...grand
chantier prévoit consolider la garde en milieu familial. C'est composé de neuf
mesures. Mais le temps file, je le vois, alors on va se concentrer. Premièrement,
le ministre propose un allégement réglementaire. Ça a été demandé, c'est
proposé. C'est un allégement réglementaire puis des directives qui s'appliquent
à leurs activités. Les responsables de services de garde ont raison
lorsqu'elles disent que le cadre réglementaire est trop lourd. Il faut agir.
C'est ce que nous proposons comme allégement réglementaire.
Plusieurs autres exemples. On parle de
diminuer le nombre de visites de conformité de trois à deux, de permettre des
projets pilotes pour autoriser le travail à l'extérieur de la résidence, offrir
un programme éducatif simplifié. Donc, je parle aussi d'exemples concrets. On
parle que les bureaux coordonnateurs puissent les supporter dans les services administratifs,
la comptabilité, l'accès aux services de traiteur, ou encore ne serait-ce
qu'une bande de remplacement centralisée. L'idée est simple, je le répète,
faciliter la vie de nos éducatrices.
Donc, notre grand chantier pour les
familles propose enfin de moderniser le réseau pour les services de garde pour
le rendre plus efficace. Mme la Présidente, ce sont des actions concrètes.
C'est l'essence même de notre gouvernement. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Avant de débuter la deuxième série d'interventions, je vous rappelle à
tous qu'on peut évoquer des faits en choisissant le bon ton et le bon
vocabulaire. Alors, je serai très, très... je suis très sérieuse et je n'aurai
aucune tolérance. Donc, je suis prête à passer la parole au député de LaFontaine,
pour la deuxième série d'interventions, pour cinq minutes.
M. Tanguay
: Merci
beaucoup, Mme la Présidente, de présider nos débats. Puis je souscris
entièrement à ce que vous venez de le dire, puis je l'applique à moi-même au
départ, dans le sens où je vais m'assurer, malgré la passion qui nous anime de
part et d'autre... Parce que les gens qui nous écoutent à la maison, là, la
dernière chose qu'ils veulent voir, là, c'est des gens, là, se crêper le
chignon sur ce que j'appellerais, moi, des stress immenses, une détresse
psychologique chez des parents dont on a été témoins, chez les éducatrices
également, Mme la Présidente, et vous faites bien de nous rappeler à l'ordre
pour rester au niveau du débat qui est attendu par celles et ceux qui nous écoutent.
Soit dit en passant, Mme la Présidente,
celles et ceux qui nous écoutent ont eu l'occasion de répondre à un sondage
fait afin de démontrer quelle était la qualité de la réponse du ministre. C'est
ça qui est intéressant, ce matin, on a des gens qui nous écoutent dans des
salles de cinéma et qui répondent à un sondage. Et la réponse, la dernière
réponse du ministre, sur une échelle de 1 à 10, 1 étant très mauvais,
67 %, plus de 200 répondants ont répondu cela, et une personne a
répondu que c'était très bon, 10, une sur plus de 200 sur plus de 200 et
67 %.
Autre sondage, Mme la Présidente, le
1er novembre 2021, et là, le sondage où 80 % du personnel en CPE
est épuisé. 80 % du personnel en CPE est épuisé selon un sondage de la
FIPEQ-CSQ publié le 1er novembre...
M. Tanguay
: …sur plus
de 200 et 67 %.
Autre sondage, Mme la Présidente, le
1er novembre 2021. Et là, le sondage où 80 % du personnel en CPE
est épuisé, 80 % du personnel en CPE est épuisé, selon un sondage de la
FIPEQ-CSQ, publié le 1er novembre dernier. 69 %… Et c'est un sondage…
je vous dis, quand on fait des sondages, au Québec, politiques, quand on
a 800, 900 répondants, c'est un bon sondage. Il y avait
1 099 répondantes, intervenantes, éducatrices du réseau. 69 %
des salariées ont songé à quitter leur emploi en raison de leur épuisement au
cours des trois dernières années.
• (10 h 40) •
Ce qui est noté entre autres : la
multitude de tâches et le manque de temps pour les effectuer, 78 %, les
enfants ayant des besoins particuliers, ça demande, c'est important, il faut
bien s'en occuper, c'est 65 %. Puis ça, quand on dit des enfants à besoins
particuliers, ça vient aussi nous faire comprendre, parce que le ministre puis
moi, là, on n'est pas là avec vous sur le terrain alors on se doit de
comprendre, de vous écouter et d'y faire écho. Les enfants à besoins
particuliers, là, ça demande de l'énergie pour l'éducatrice, l'intervenante,
puis c'est important puis il faut s'en occuper. Mais à ce moment-là, on ne peut
pas faire du 40 heures-semaine comme ça parce que l'épuisement,
l'épuisement pourrait tomber… pourrait faire en sorte que la personne va tomber
au combat. 65 %. Pénurie de main-d'oeuvre qui empêche la prise de journées
de récupération, 60 %.
Et la présidente, Valérie Grenon, de la
FIPEQ-CSQ, disait : La dernière offre de Québec risque d'accentuer l'exode
de notre réseau, elle disait ça le 1er novembre. Ce matin, je l'ai
entendue, à la télévision. Hier, il y a eu des négociations, hier le
4 novembre. Ce matin, elle a dit, et je la cite : «On a l'impression
d'avoir un mur devant nous.» Je la cite quand je dis «un mur devant nous» pour
qualifier le comportement des négociateurs et de la CAQ. «On voit clairement»,
je continue de la citer le 1er novembre, «On voit clairement, dans nos sondages,
que le personnel éducateur demande plus d'éducatrices spécialisées, plus
d'agentes en soutien pédagogique et technique, plus de préposées, bref, plus
d'aide pour accompagner les enfants ayant des besoins particuliers et pour
supporter leurs tâches au quotidien.»
Ça, Mme la Présidente, c'est un cri
du coeur. Puis le ministre peut bien, là, peut bien dire : C'est la faute
des libéraux, c'est la faute des libéraux, tout ce qui se passe, c'est la faute
des libéraux, ça fait plus de trois ans qu'il est là. Ça fait plus
d'un an et demi que l'entente est échue. Le ministre dit :
Écoutez, je le paraphrase, il dit : Nos offres sont remarquables, c'est
historique, jamais ça n'a été fait avant, c'est énormément d'argent, qu'on a
mis sur la table. Mais l'offre, elle est refusée, l'offre, elle est
insuffisante.
Puis les éducatrices et les intervenantes,
Mme la Présidente, ne font pas ça de gaieté de coeur, ne font pas ça de
gaieté de coeur. Toutes celles et ceux, là, qui écoutent ça, le débat, ce
matin, là, vous pouvez être sûre d'une chose, ils auraient aimé ça, ce matin,
s'occuper des tout-petits…
M. Tanguay
: …c'est énormément
d'argent, qu'on a mis sur la table, mais l'offre, elle est refusée. L'offre,
elle est insuffisante. Puis les éducatrices et les intervenantes, Mme la
Présidente, ne font pas ça de gaieté de coeur, ne font pas ça de gaieté de
coeur. Toutes celles et ceux, là, qui écoutent ça, le débat, à matin, là, vous
pouvez être sûr d'une chose, ils auraient aimé ça, à matin, s'occuper des
tout-petits, faire leurs métiers, leurs professions plutôt que d'être dans une
salle de cinéma à aller entendre le ministre et moi se crêper le chignon sur
une réalité qui n'est pas suffisamment prise en compte par le gouvernement de
la CAQ. Alors, les offres ne sont pas là pour combler les besoins, les
aspirations. Et en ce sens-là, c'est important que le ministre y voie et donne
des consignes au gouvernement de la CAQ pour que ça se règle.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole à M. le ministre pour cinq minutes.
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Bien, en tout cas, moi, je regarde ce qui a été fait dans les
dernières années, puis c'est sûr, je dis souvent aux partenaires avec qui on
travaille : Il n'y a jamais rien de parfait. Ça, c'est sûr. Il n'y a jamais,
jamais rien de parfait. Mais je leur répète toujours, par contre : On aura
fait un maudit bon bout de chemin ensemble, par exemple, à la fin du mandat.
Puis ce que je dois vous dire, c'est qu'on
a une excellente collaboration avec nos partenaires. Vous voyez, contrairement,
peut-être, aux années précédentes, dans les précédents gouvernements, il y
avait des manchettes où la démission du ministre était réclamée par les
groupes, là, etc., la chicane était prise, les CPE étaient en guerre contre les
garderies privées, les garderies privées en guerre avec d'autres garderies, les
ministres se succédant à une vitesse folle. On n'est plus là, là. Le réseau,
là… il y a une paix sociale dans le réseau, on est tous motivés à se serrer les
coudes pour aller de l'avant.
Puis pour les négociations, je vous le
disais, l'objectif que je m'étais donné, quand j'ai été nommé ministre de la
Famille, c'est un réseau que je connais bien, même si je n'y travaille pas,
c'était qu'il y ait un rattrapage salarial, et on est allé chercher ces
sommes-là, et le rattrapage, il est en cours. La négo, elle n'est pas finie,
mais je le répète : Regardez ce qu'on a fait, nous, là, nos résultats à
nous, dans les négos. Il y en a eu une, jusqu'à maintenant, là, c'est la
deuxième. La première, c'était pour le milieu familial. Regardez ce qu'on a
fait. On a bonifié les subventions en milieu familial de plus de 30 %.
C'est historique. On a fait d'ailleurs un point de presse avec la FIPEQ-CSQ, à
ce moment-là, la FIPEQ qui le reconnaissait, que c'est un travail titanesque.
Elle disait même : On ne croyait plus au père Noël, mais quand on voit ça,
on voit qu'on est capable de s'entendre avec le gouvernement.
Donc, moi, je dis : Continuons ce
travail-là, dans le cadre de ces négociations qui sont en cours. On veut le
régler, le problème. On a mis de l'argent, beaucoup d'argent sur la table.
Donc, ça démontre, contrairement à ce qui se faisait dans le passé, que nous,
on est sérieux et qu'on le sait, que ces éducatrices, qui font un travail
extraordinaire, ne gagnent pas suffisamment. Donc, on peut bien dire tout ce
qu'on veut, de l'autre côté, mais, en tout cas, moi, je pense que les gestes
parlent beaucoup plus que les paroles. De l'autre côté, ce sont des paroles,
parce qu'il n'y a pas eu de geste, il n'y a jamais eu de geste pour faire du
rattrapage. De notre côté, on pose des gestes. Ils ne sont pas parfaits,
peut-être, mais on pose des gestes.
Je le disais, donc, on doit créer plus de
places, chaque enfant doit avoir une place. Ensuite, effectivement, bien, on
doit s'assurer d'avoir le personnel suffisant, d'avoir assez d'éducatrices,
qu'elles soient bien rémunérées, qu'on facilite leur arrivée sur le marché…
M. Lacombe : …pour faire du
rattrapage. De notre côté, on pose des gestes. Ils ne sont pas parfaits peut-être,
mais on pose des gestes.
Je le disais, donc, on doit créer plus de
places, chaque enfant doit avoir une place. Ensuite, effectivement, bien, on
doit s'assurer d'avoir le personnel suffisant, d'avoir assez d'éducatrices,
qu'elles soient bien rémunérées, qu'on facilite leur arrivée sur le marché du
travail, c'est un deuxième objectif.
Un troisième objectif, c'est d'accroître
l'efficacité du réseau parce qu'on doit mieux le développer. Donc, ce qu'on
propose, notamment, c'est de permettre au gouvernement, lorsqu'il n'y a pas de
projets qui sont déposés dans une région de pouvoir, en partir un projet de
CPE, par exemple. Parce que, dans des endroits comme le Pontiac, par exemple,
dans ma région en Outaouais, très rural, très défavorisé, il n'y avait pas de
projet qui était soumis par la communauté. Évidemment, les parents attendent.
Et comme gouvernement, on souhaite avoir ce pouvoir-là, de partir des projets.
On veut aussi que les comités consultatifs sur le terrain, plutôt que de faire
le travail d'évaluation des projets en deux, viennent nous conseiller sur l'évaluation
des besoins, donc nous dire, par exemple, si on a oublié peut-être une usine
qui est en train de se bâtir où il y aurait des familles en nombre important,
qui s'établiraient. On veut qu'ils puissent nous dire, par exemple ces comités,
si, dans un secteur très défavorisé du territoire, il y a un manque de places
subventionnées ou un manque de services dans notre réseau, par exemple. Donc,
ça, c'est qu'on propose.
On propose aussi de mieux encadrer les politiques
d'admission, de rapatrier le guichet unique pour en faire une vraie liste
d'attente.
On propose de consolider la garde en
milieu familial. C'est un autre des six objectifs du Grand chantier pour
les familles en invitant les personnes qui offrent de la garde non reconnue à
intégrer notre réseau. Ça, je pense que là-dessus, on est d'accord. On a mis en
place des mesures pour améliorer les revenus des RSG, des responsables des
services de garde en milieu familial. Donc, ça, c'est un exemple.
Ensuite, bien, le dernier objectif, bien,
c'est de remettre l'égalité des chances au coeur de notre action. Je vous le
disais tantôt, dans les quartiers les plus pauvres de Montréal, les enfants,
dont le revenu familial, qui sont dans des familles où le revenu est de plus de
200 000 $, bien, ces enfants-là sont surreprésentés, dans les
quartiers les plus pauvres de Montréal, par rapport aux enfants qui sont dans
les familles où le revenu familial est de moins de 50 000 $. C'est
inacceptable, la Vérificatrice générale du Québec, d'ailleurs, nous le
souligne. Donc, c'est un des endroits où en tant qu'État on doit agir.
Donc, ce qu'on propose, ce que je propose
dans le projet de loi n° 1 que j'ai déposé il y a quelques jours,
c'est qu'on puisse venir prioriser pour la première fois — ça ne
s'est pas fait, jamais dans la loi — mais qu'on vienne prioriser les
enfants qui vivent dans la précarité socioéconomique pour qu'enfin on puisse
remettre l'égalité des chances au coeur de notre action.
Donc, je sais que tout ça n'est peut-être
pas parfait, mais je sais aussi que nos partenaires sont avec nous, j'aimerais
ça sentir le même appuie, honnêtement, Mme la Présidente, de la part des
oppositions pour qu'on puisse aller de l'avant rapidement, puis je vous invite
à collaborer.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Portneuf pour
cinq minutes.
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. Très heureux de vous retrouver ce matin. Très heureux de retrouver
l'ensemble des collègues également.
Un petit peu comme ce que disait ma
collègue tout à l'heure, c'est une belle occasion que nous donne le député de
LaFontaine de rappeler, et puis on n'est pas là pour dire qu'on est absolument
les meilleurs pour se targuer qu'on fait tout mieux que les autres, mais de
rappeler que le travail de notre formation politique, depuis…
M. Caron : …de retrouver l'ensemble
des collègues également. Un petit peu comme ce que disait ma collègue tout à
l'heure, c'est une belle occasion que nous donne le député de LaFontaine de
rappeler, et puis on n'est pas là pour dire qu'on est absolument les meilleurs
pour se targuer qu'on fait mieux que les autres, mais de rappeler que le
travail de notre formation politique, depuis que nous sommes arrivés au pouvoir
et le travail du ministre et de ses équipes depuis qu'il est en fonction, eh
bien, propose aujourd'hui des gestes réellement concrets.
Le travail du ministre, rapidement, quand
il est arrivé, qu'il a pris ses fonctions, il s'est rendu compte qu'une réforme
était absolument nécessaire. Il est allé sur le terrain. Moi, j'ai eu le
plaisir de l'accueillir dans Portneuf. On a visité, à la fois, un CPE, mais
aussi une garderie privée. Puis je me souviens, déjà, à cette époque-là, c'est
bien la démonstration qu'il y a des choses qui mûrissaient déjà dans l'esprit
du ministre, on avait rencontré un propriétaire de garderie privée, et le ministre
lui avait dit : Écoute, on n'exclut pas de pouvoir convertir peut-être
certaines garderies privées en garderies subventionnées, et vous imaginez les
yeux de ce propriétaire. Aujourd'hui, on sait qu'on ne pourra pas transformer
toutes les garderies privées en garderies subventionnées, mais on fait un
chemin vers tout ça.
Le député de LaFontaine, aujourd'hui, nous
reproche finalement et indique — je reprenais un petit peu le texte
de l'interpellation — parle d'un mirage. Moi, j'aurai plutôt
l'ambition de lui dire : C'est un virage qu'on prend, c'est un virage,
parce qu'on essaie de remettre la situation sur la bonne route, sur le bon
chemin, parce que le chemin qui était pavé par le Parti libéral, menait nulle
part et conduisait même, et on le voit parce qu'on était au bord du précipice
lorsqu'on est arrivé en fonction. C'est ironique aussi de voir le Parti libéral
critiquer nos actions, enfin là, on a des gestes concrets.
• (10 h 50) •
On se souviendra d'ailleurs, Mme la
Présidente, que la députée de Westmount—Saint-Louis qui s'occupait avant du
dossier famille, critiquait farouchement notre projet des maternelles quatre
ans. Et, nous, en fait, ça faisait partie, et ça fait toujours partie d'une
série de mesures qui sont mises en place pour offrir plus d'opportunités aux
familles, plus de choix aux familles, de pouvoir occuper les enfants lorsqu'ils
en ont besoin, lorsqu'ils sont dans la petite enfance. Dans les faits, donc on
respecte le choix des familles.
Entré en fonction, le ministre a constaté
que de plus de 11 000 places qui étaient subventionnées dormaient, étaient
tout simplement tablettées. Tout à l'heure, je le disais, lorsque le ministre
est venu rendre visite, heureusement, on a pu débloquer une situation qui
tardait depuis longtemps. Il y avait 39 places, dans la municipalité de
Saint-Raymond, qui étaient bloquées tout simplement parce que les exigences qui
avaient été imposées par le Parti libéral à l'époque étaient trop
contraignantes et le dossier était tout simplement en dormance. Les
gestionnaires n'étaient pas capables de mettre les places à la disposition des
familles, tout ça, c'était en dormance. C'était sur le papier, oui, il y avait
des places disponibles, mais la réalité, c'est que nos familles n'avaient pas
de place accessible. Puis on se souvient aussi, Mme la Présidente… et, tout à
l'heure, j'entendais…
M. Caron : ...tout simplement
en dormance. Les gestionnaires n'étaient pas capables de mettre les places à disposition
des familles. Tout ça, c'était en dormance. C'était sur le papier, oui, il y
avait des places disponibles, mais la réalité, c'est que nos familles n'avaient
pas de places accessibles.
Puis on se souvient aussi, Mme la
Présidente... Et tout à l'heure j'entendais le député de LaFontaine nous dire
que le développement de services s'inscrit dans le grand cheminement vers l'éducation,
qu'actuellement on parle de sous-développement du réseau. Je m'en souviens, en
2014, Mme la Présidente, qu'il était inscrit noir sur blanc que le développement
de nouvelles places subventionnées devait être mis sur pause.
Et je peux ici... Je ressortais hier...
J'ai fait quelques petites recherches, j'ai retrouvé les articles de journaux
qui concernent ma circonscription. «Le gouvernement libéral a mis les projets
de développement de places en CPE sur la glace.» Je me souviens aussi du député
de l'époque, celui qui m'a précédé, et puis j'étais proche de lui et je sais
qu'il était mal à l'aise avec cette situation. Il déclarait : «Le Parti
québécois a promis aux familles du Québec des milliers de nouvelles places,
alors qu'il n'y avait pas d'argent pour les réaliser, dénonce le député. La
création des places ne se fera donc pas comme prévu.» Et je me souviens du
directeur du CPE de l'époque, qui disait que c'était réellement une douche
froide. C'est difficile de comprendre la décision du ministre.
Donc, vous le constaterez, Mme la
Présidente, qu'aujourd'hui l'impact de cette politique est gravissime parce
qu'on est en train de récupérer les pots cassés et de réorganiser tout ça pour
permettre à nos familles de pouvoir accéder à ce service qui est nécessaire et
qui est fondamental. On travaille au rattrapage.
Je vois que le temps passe, Mme la
Présidente. J'aurai l'occasion de revenir tout à l'heure sur certaines choses
et surtout sur les actions qu'on pose au quotidien pour venir en aide et en assistance
à nos familles. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Nous sommes maintenant à la troisième série d'interventions.
Et je cède maintenant la parole à la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme
la Présidente. Dans son interpellation, mon collègue parle de mirage. Je vais
reprendre cette image-là parce que c'est vraiment ça qui est en train de se
passer.
Le discours de la CAQ sur la petite
enfance, c'est vraiment un mirage, et c'est un très beau mirage, à part de ça.
Ils nous parlent de valorisation de la profession, ils nous disent qu'ils vont
offrir une place à chaque enfant, et c'est exactement ça que les gens veulent
entendre. Mais le problème, c'est que dans la vraie vie leur discours ne se
concrétise pas du tout, sur la valorisation de la profession, c'est vraiment
flagrant. La «valorisation», c'est un mot qui se retrouve dans pratiquement
chacune des phrases du ministre de la Famille, même dans celles de sa collègue
du Conseil du trésor. Et, à les entendre, là, c'est déjà fait, ils ont déjà
tout fait pour valoriser les éducatrices. Mais malheureusement ce n'est pas
vrai. Quand on gratte le vernis un petit peu, on s'en rend compte tout de suite.
Elles subissent beaucoup de pression en ce
moment, les éducatrices, pour faire des semaines de 40 heures, alors
qu'elles font un travail extrêmement difficile. Moi, je n'en connais pas beaucoup,
des gens qui seraient prêts à passer 40 heures par semaine avec cinq à
10 enfants en bas de cinq ans. C'est très exigeant. Elles n'ont
pratiquement pas de pauses, même pas pour manger, parce qu'elles mangent avec
les enfants. Les enseignantes, là, elles ont aussi des conditions difficiles,
mais elles ne passent jamais autant d'heures en continu sans pause avec leurs
élèves, et pourtant leurs élèves, ils sont beaucoup plus autonomes. Pour moi,
les éducatrices, là, c'est les premières enseignantes de nos enfants. Elles ne
s'assoient pas dans un coin du local en regardant les enfants jouer, là. Elles
sont constamment en interaction avec les enfants. Elles répondent à leurs
besoins. Elles veillent à leur...
Mme Labrie : …les enseignantes,
là, elles ont aussi des conditions difficiles, mais elles ne passent jamais
autant d'heures en continu sans pause avec leurs élèves, et pourtant, leurs
élèves, ils sont beaucoup plus autonomes. Pour moi, les éducatrices, là, c'est
les premières enseignantes de nos enfants. Elles ne s'assoient pas dans un coin
du local en regardant les enfants jouer, là, elles sont constamment en
interaction avec les enfants, elles répondent à leurs besoins, elles veillent à
leur sécurité, elles les soutiennent aussi dans leurs apprentissages, et c'est
un travail très intense. Et je trouve que c'est un manque de respect d'exiger
qu'elles le fassent plus de 40 heures par semaine pour pouvoir se mériter une
hausse de salaire.
Heureusement, les parents savent à quel
point c'est exigeant comme métier, ils comprennent pourquoi demander aux
éducatrices de faire 40 heures par semaine, ce n'est pas une bonne idée. Et ce
qu'ils veulent, c'est que les éducatrices à qui on confie leurs enfants soient
en forme. On veut aussi que les éducatrices aient du support, parce qu'on sait
qu'il y en a de plus en plus, des enfants avec des besoins particuliers. Et ça,
c'est une grande faille dans le discours de valorisation de la CAQ. En ce
moment, ce qu'il propose, c'est d'offrir aux éducatrices spécialisées un
salaire plus bas que celui des éducatrices non qualifiées, alors qu'elles sont
qualifiées. Il n'y a absolument aucune logique à ça. C'est certain que si on
fait ça, on ne sera pas capable de recruter des éducatrices spécialisées, et ce
sont les enfants à besoins particuliers et les éducatrices sur qui pèse ce
fardeau-là qui vont en subir les conséquences. Si la CAQ était sérieuse et
qu'elle voulait passer du mirage à la réalité pour la valorisation de la
profession, là, elle s'assurerait que les salaires offerts dans le réseau du ministère
de la Famille soient égaux à ceux qui sont offerts dans le réseau de l'éducation.
C'est ça, vraiment, qu'on doit faire, là. Le geste à poser pour vraiment
valoriser les travailleuses de la petite enfance, c'est de reconnaître qu'elles
sont le premier maillon du système d'éducation.
L'autre gros mirage, c'est celui du
développement du réseau. On entend beaucoup la CAQ répéter qu'ils vont enfin
créer une place pour chaque enfant, après des décennies, mais à ce jour, ils
n'ont pas mis du tout en place les conditions de travail qui vont leur permettre
de réaliser leur plan. Il y a beaucoup d'éducatrices qui menacent de quitter,
il y a des manifestations depuis plusieurs semaines. C'est loin de se ruer aux
portes pour la formation d'éducatrices, même pour le programme accéléré que le
ministre a mis sur pied.
Et ce qui me dérange aussi, c'est que,
derrière le mirage du plan de création de la CAQ, c'est que la CAQ est en train
de réunir toutes les conditions pour que les places se développent au privé,
exactement, exactement comme les libéraux l'ont fait quand ils étaient au
pouvoir. Au lieu de convertir les places, comme les parents le demandent, ils
ont décidé de hausser le crédit d'impôt. Et on sait ce qui est arrivé quand les
libéraux ont fait ça, les places en garderie ont explosé. La meilleure manière
de corriger l'iniquité entre les parents, c'est de leur donner accès au tarif
unique. C'est ça qu'ils demandent. Et quand la CAQ choisit le crédit d'impôt au
lieu de la conversion, elle envoie le signal au privé qu'ils peuvent augmenter
leurs tarifs.
En plus, dans l'appel de projets en
continu, il n'y a aucune balise pour nous assurer que la majorité des places
vont être développées en CPE. On prend le risque que la majorité des places
soient développées en garderie privée, parce qu'on va fonctionner premier
arrivé, premier servi, sans qu'il y ait la moindre cible. Donc, les garderies
privées, elles vont être favorisées, parce que dans le dernier appel de
projets, c'est des centaines, des centaines de projets de garderie privée qui
n'ont pas été retenus, qui sont déjà tout prêts à être redéposés puis qui sont
probablement déjà redéposés, d'ailleurs. Donc, malheureusement, les enfants à
besoins particuliers, qui ont très peu, voire pas du tout de services, dans les
garderies privées, vont avoir beaucoup de difficulté à accéder à des services
de garde éducatifs. On risque de voir une augmentation des tarifs pour les
parents, malgré le crédit d'impôt, parce que ce crédit d'impôt là ne va pas se
retrouver dans…
Mme Labrie : …tout prêts à être
déposés, puis qui sont probablement déjà redéposés, d'ailleurs. Donc,
malheureusement, les enfants à besoins particuliers, qui ont très peu, voire
pas du tout de services, dans les garderies privées, vont avoir beaucoup de
difficultés à accéder à des services de garde éducatifs. On risque de voir une
augmentation des tarifs pour les parents, malgré le crédit d'impôt, parce que
ce crédit d'impôt là ne va pas se retrouver dans les poches des parents,
malheureusement, les tarifs vont augmenter.
Là, en ce moment, on a un très gros
problème. On a gros problème, parce que la CAQ a trop tardé avant de s'occuper
de la crise. Là, ils paniquent, parce que leur bilan, c'est qu'il y a moins de
places aujourd'hui dans le réseau que quand ils sont arrivés au pouvoir, après
trois ans. Puis les décisions qu'ils prennent en ce moment sont en train de
nous mener exactement au même endroit que là où nous ont menés les libéraux,
c'est-à-dire le développement du réseau avec des garderies privées, et puis il
n'y a pas la moindre amélioration, dans leur projet de loi, de mécanismes pour
assurer la qualité des services, il n'y en a pas. Donc, c'est ça qui se cache
derrière le mirage du plan de la CAQ. C'est ça qui m'inquiète, c'est le
développement des places au privé sans même, peut-être, avoir d'éducatrices.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant le prochain cinq minutes à M. le ministre.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Dire qu'on panique, alors qu'on a lancé des consultations
auxquelles ont participé les acteurs du réseau, les parents, les organismes, la
population en général, qu'on s'est basés sur ces consultations-là pour,
notamment, rédiger un projet de loi qui va nous servir à réaliser ce Grand
chantier pour les familles, qui comporte 45 mesures, qui sont des mesures,
je vous le disais, là, qui viennent de constats que j'ai faits, évidemment,
depuis le début du mandat, mais aussi de suggestions de la part des gens dans
le réseau et des suggestions qui nous ont été faites pendant les consultations,
moi, je n'appelle pas ça paniquer, j'appelle ça gouverner.
Vous savez, on a été élus en 2018 et on a
hérité d'un réseau mal en point, à moins que la députée de Sherbrooke me dise
qu'en 2018 le réseau était en bon état. Elle me dit que non, donc elle concède
ça. On est arrivés, on a posé des gestes. On a relancé tout le développement
qui était sur pause. 2011‑2013, tous les projets qui avaient été accordés à ce
moment-là, notamment par le gouvernement du Parti québécois, qui a été là en 2012,
2013, 2014… avait annoncé des places, mais n'avait pas vraiment changé tout le
processus de création. Donc, ces places-là… et avec l'augmentation des mises de
fonds qu'ont imposées les libéraux ensuite pour revenir à l'équilibre
budgétaire, ça fait en sorte que les places ne se sont jamais concrétisées.
• (11 heures) •
Donc, bref, longue histoire courte, on
arrive en 2018, on pose des gestes, notamment celui de relancer le
développement de toutes ces places-là. C'était plus de 10 000 places,
là, c'était 11 000 places. Et on lance des nouveaux appels de projets
aussi, dès qu'on arrive, on travaille, on modifie la façon de faire, parce
qu'on veut que ça avance. La pandémie frappe, une année et demie après le début
de notre élection, on passe brillamment à travers cette pandémie avec nos
partenaires sur le terrain. Vous avez vu, pendant la pandémie, vous n'avez pas
entendu de groupes déchirer leurs chemises ou de directions sortir en déchirant
leurs chemises. Je parle au plus fort, là, première, deuxième vague, alors
qu'on inventait littéralement la façon de faire. On l'a fait, on l'a bien fait,
parce que les gens, sur le terrain, ont bien travaillé, et on a bien travaillé
avec…
11 h (version non révisée)
M. Lacombe : …vous avez vu,
pendant la pandémie, vous n'avez pas entendu de groupes déchirer leur chemise
ou de direction sortir en déchirant leur chemise, je parle au plus fort, là,
première, deuxième vague, alors qu'on inventait, littéralement, la façon de
faire. On l'a fait, on l'a bien fait parce que les gens sur le terrain ont bien
travaillé, et on a bien travaillé avec eux. Donc, évidemment que pendant ce
temps-là, on ne pouvait pas se lancer dans un grand chantier comme ça. On avait
une urgence, là, nationale à gérer dans nos services de garde et avec les gens
du réseau, on l'a bien fait. Je le dis en toute humilité parce que je veux leur
renvoyer le compliment, là, aux gens sur le terrain qui ont fait tout le
travail que nous on a coordonné, évidemment.
Et la pandémie, ça nous a fait réaliser
beaucoup de choses. Évidemment, on a eu un exode, là, massif de responsables de
services de garde en milieu familial pendant la pandémie, essentiellement, pour
des raisons sanitaires, là. Ces personnes-là, imaginez-vous, recevaient des
tout petits et leurs parents à la maison, alors qu'on disait aux gens qu'ils ne
pouvaient même pas voir leurs parents. Donc, ça nous a fait réaliser plusieurs
choses, la pandémie, et comme dans bien d'autres secteurs de la société, comme
dans bien d'autres nations dans le monde, et ça a fait en sorte qu'on s'est
dit : Il faut aller plus loin. Et on a lancé ce grand chantier.
Et là, aujourd'hui, on arrive. On est
toujours dans le cadre du mandat pour lequel les Québécois nous ont élus. On
arrive avec un plan qui est ambitieux. Un plan qui va générer des
investissements de près d'un milliard de dollars par année dans notre
réseau. On arrive avec un plan pour compléter le réseau où on se donne des
obligations qu'aucun autre gouvernement se sont données. Donc, la députée de
Sherbrooke dit qu'on panique. Moi, je suis… Mme la Présidente, je ne suis pas
d'accord, là, on gouverne, c'est ça qu'on fait. Et des problèmes, il y en a
beaucoup, puis vous savez, régler tous les problèmes qui ont affligé le réseau
pendant 20 ans, depuis 1997 jusqu'à 2018, on ne peut pas faire ça en
seulement deux années et demie, trois ans, avec une main dans le dos,
parce qu'on doit aussi gérer la COVID. Et à chaque fois que je me fais dire ça,
surtout par des parlementaires, que le développement n'a pas été assez vite
depuis qu'on est arrivé. Je me demande s'ils réalisent à quel point ça peut
être insultant pour les directeurs puis les directrices de CPE, notamment,
parce que c'est eux qui développent sur le terrain. C'est eux, au jour le jour,
là, qui prennent le téléphone, qui appellent les entrepreneurs, qui font les
soumissions. Et pendant la pandémie, là, ils avaient autre chose à faire. Ils
devaient assurer la santé et la sécurité des enfants puis des parents qui
entraient dans le CPE et qui, à un moment donné, justement, ne pouvaient plus
entrer. Donc, c'est sûr qu'il y a eu du retard. Mais une fois qu'on a dit ça,
les gens nous jugeront sur nos résultats. Les gens se rappelleront, j'espère,
que pendant notre mandat, bien, on aura déposé ce grand chantier qui représente
des investissements qu'on n'a pas vus depuis le début des années 2000, et
qu'on aura fait un rattrapage salarial important. C'est plus que des promesses.
On l'a fait avec le milieu familial, c'est un fait, on l'a fait. Ça fait partie
de notre bilan. Et on a une offre qui est actuellement sur la table. Donc, on
agit, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole au député de Dubuc pour cinq minutes.
M. Tremblay : Merci, Mme la
Présidente. Salutations…
M. Lacombe : …milieu familial,
c'est un fait. On l'a fait. Ça fait partie de notre bilan. Et on a une offre
qui est actuellement sur la table, donc on agit, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole au député de Dubuc pour cinq minutes.
M. Tremblay : Merci, Mme la
Présidente. Salutations, M. le ministre. Salutations aux collègues de l'opposition.
Écoutez, mirage… Nous, on doit conjuguer avec différentes réalités,
sincèrement, puis j'irais avec une approche peut-être un petit peu plus
terrain. Et puis je tiens à saluer, d'ailleurs, des gens extrêmement
dynamiques, proactifs, qui vivent, depuis un certain temps, de toute manière,
avec intensité l'évolution de nos actions. On le fait en concertation.
D'abord, par exemple, l'Univers des tout
p'tits, chez nous, pour Dubuc, c'est un centre qui est plus urbain, où tu as
une entreprise, par exemple, privée qui opère 24 heures par jour, il y a des
quarts de travail. Ça implique un modèle de garderie qui est très flexible,
avec du personnel aussi qui est très dévoué, définitivement. Et puis on doit…
C'est 80 places. En périphérie, il y a des CPE, il y a aussi du milieu
familial. Mais on a aussi 13 municipalités qui sont en milieu rural et puis qui
nous amènent d'autres modèles de garderie, où souvent il faut vraiment
travailler, encore une fois, avec beaucoup de flexibilité, autant au niveau des
locaux que du personnel en place, et puis ces gens-là assurent un service qui
est tellement important.
Puis on l'aura vécu, autant au bureau de
comté que sur le terrain, évidemment, à travers la pandémie, le député de LaFontaine,
là, a signifié, d'autres collègues l'auront signifié aussi, il fallait
s'assurer que les travailleurs essentiels puissent présenter une performance au
travail, assurer les services. Alors, on a vécu des moments de certaine
précarité, ce n'était pas si évident. On connaît aussi les conditions de
travail.
Maintenant, j'en profite pour remercier
puis saluer le travail de mon chef de bureau, Daniel, qui, lui, répond à ces
appels-là sur le terrain. Et puis je peux vous assurer qu'on a une collaboration
très fluide avec le ministère de la Famille, l'équipe du ministère de la
Famille a une grande écoute, et puis on s'assure de trouver des solutions. En
région, en tout cas, il faut travailler très fort, mais on arrive à trouver des
solutions.
Ceci dit, récemment, le ministre se
déplaçait au Saguenay—Lac-Saint-Jean, nous y étions, les quatre députés, et
puis le ministre a fait en sorte de répondre aux questions. On était… on avait
dans la salle un peu plus de 50 intervenants, des propriétaires de garderies
privées, des entrepreneurs qui sont définitivement passionnés et puis qui se
dévouent pour nos…
M. Tremblay : …nous y étions,
les quatre députés, et puis le ministre a fait en sorte de répondre aux questions.
On était… On avait, dans la salle, un peu plus de 50 intervenants, des
propriétaires de garderies privées, des entrepreneurs, qui sont définitivement
passionnés et puis qui se dévouent pour nos enfants. Plusieurs questions auront
été évoquées, mais le ministre a eu le courage de venir y répondre, de venir
présenter son plan, de présenter les visées de notre gouvernement. Et puis il a
eu un très bel accueil chez nous de terrain.
Maintenant, on doit poursuivre, on doit
avancer dans l'écoute. Et puis «mirage», je trouve que c'est un peu fort.
Écoutez, depuis l'élection, Mme la Présidente, plusieurs gestes significatifs
qui ont favorisé une plus grande équité financière entre les familles ont été
posés.
Je vous dirai d'abord qu'en novembre 2019
le gouvernement a tenu sa promesse électorale en annonçant, trois ans plus tôt
que prévu, l'abolition complète de la contribution additionnelle instaurée, en
2015, par le gouvernement du Parti libéral. En abolissant rétroactivement au
1er janvier 2019 cette taxe-famille, notre gouvernement a non
seulement réaliser un de ces engagements forts, mais il a surtout rétabli une
des caractéristiques les plus importantes du réseau québécois de service de
garde éducatif, c'est-à-dire un réseau accessible et abordable. Le retour au
tarif unique était nécessaire et important.
Le deuxième geste qu'aucun gouvernement
n'avait posé depuis les débuts du réseau actuel est celui de convertir des
places non subventionnées en places subventionnées. C'est une avancée majeure
qui aura des retombées positives, tant pour les parents, les enfants et les
services de garde éducatifs concernés.
Écoutez, j'ai d'autres statistiques. Moi,
ce que je tiens à rappeler, c'est que «mirage», je trouve que c'est excessif.
C'est un concept qu'on doit pouvoir maîtriser pour l'amener puis le signifier.
Nous, on vit dans l'action quotidiennement. Je le répète : On a un lien
très fluide avec le ministère de la Famille. On arrive à des solutions
concrètes et on continue dans l'écoute à avancer pour nos familles. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Nous sommes maintenant rendus à la quatrième série d'interventions et
nous revenons avec le député de LaFontaine pour cinq minutes.
M. Tanguay
: Vous allez
me permettre, pour quelques secondes, de revenir un peu sur ce que vient de
dire le collègue de Dubuc, qui a vanté ses relations avec le ministère de la
Famille, les femmes et les hommes qui y travaillent, et il a utilisé le
qualificatif de «fluide». Ils ont des échanges très fluides. Ça semble… De ce
que je reçois — puis il me détrompera si j'ai tort — ça
semble très positif la relation qu'il a avec les personnes qui travaillent là
et qu'ils sont bien enlignés, puis que les solutions sont là puis elles sont
mises en application. C'est ce que je reçois, puis je pense que le collègue me
confirme que c'est bien le cas. Gardez ça en tête.
Tantôt, le ministre a dit : Je ne
suis pas d'accord avec les oppositions. Puis, quand il nous dit que… Quand on
dit que le réseau et le développement, ça ne va pas assez vite, puis qu'on
manque de respect pour les gens du réseau, ça…
M. Tanguay
: …que je
reçois, puis je pense que le collègue me confirme que c'est bien le cas. Gardez
ça en tête. Tantôt, le ministre a dit : Je ne suis pas d'accord avec les oppositions.
Puis, quand on dit que le réseau et le développement, ça ne va pas assez vite
puis qu'on manque de respect pour les gens du réseau, ça va bien, la famille,
nous, on manque de respect au réseau, comment se sent le réseau famille et le
réseau global quand le ministre, dans une rencontre avec le premier ministre,
dit : Ça, c'est une maison de fous. Puis le premier ministre l'a répété en
cette Chambre : C'est une maison de fous. Alors, je ferme la parenthèse.
Comment se sentent les femmes et les hommes au ministère de la Famille, les
femmes et les hommes qui développent le réseau quand on dit que tout ça, c'est
une maison de fous après trois ans? Je referme la parenthèse.
• (11 h 10) •
Je vais lire, Mme la Présidente, des
commentaires, parce que c'est parole aux éducatrices et aux intervenantes. Je
vais lire des commentaires. Hier, on a fait un appel à des commentaires en vue
de l'interpellation de ce matin. Sur le Facebook de la FIPEQ-CSQ, des
commentaires, plusieurs, là, plus de 100 commentaires, là, je n'ai pas le
chiffre exact, là, mais plusieurs commentaires et ils sont publics, j'en ai
sélectionné deux. Il y aurait pu en avoir, Mme la Présidente, là, pour des
heures. Mme Isabelle Plante dit ce qui suit : «Je suis agente de
soutien pédagogique et technique, je divise ma personne entre deux
installations, je peine à répondre à la demande de soutien de mes supérieurs,
de mes collègues, des parents et surtout, surtout des enfants. Croyez-moi, des
besoins il y en a! De plus en plus, mes collègues et moi "courons"
toute la journée pour arriver à faire vivre de belles heures, de belles
journées, de belles réussites à nos petits amours. Par contre, on le fait la
langue à terre! Il faut jongler avec la pénurie, les accidents de travail, les
ratios qui débordent, le manque de temps pédagogique pour remplir les portraits
d'enfants, le plan d'interventions, etc.» Fin du témoignage de
Mme Isabelle Plant, Facebook, FIPEQ-CSQ.
Autre témoignage, Mme Catherine
Lefebvre : «En deux ans, on a perdu près de huit éducatrices sur
40, et ce n'est pas une majorité de retraites. Vous allez faire quoi, pour
inciter les éducatrices à rester? Il y a 15 ans, quand j'ai commencé mon
métier, il y avait 3-4 enfants avec des besoins particuliers dans mon CPE
de 80 enfants. Maintenant on en a plus d'un par local. C'est très
difficile à gérer, nous aurions besoin de plus d'aide et plus rapidement. Les
délais sont trop longs. Vous allez faire comment pour ne pas épuiser le
personnel?» Fin du témoignage de Mme Catherine Lefebvre.
Nous avons eu, évidemment, pour celles et
ceux qui sont en direct, et nous font des commentaires, et qui écoutent
l'interpellation, on a eu un commentaire, notamment, d'une personne qui
disait : «Malheureusement — et je la cite — le ministre
ne répond pas aux questions de nos conditions de travail, ne répond pas aux
questions des conditions de travail…
M. Tanguay
: ...nous
avons eu, évidemment, pour celles et ceux qui sont en direct et nous font des commentaires,
et qui écoutent l'interpellation, on a un commentaire notamment d'une personne
qui disait : Malheureusement, et je la cite, le ministre ne répond pas aux
questions de nos conditions de travail, ne répond pas aux questions des
conditions de travail. Alors, je l'invite à répondre aux questions très
tangibles, très précises, très tangibles. Et ça, on peut bien dire, puis je...
on peut bien dire que ce n'est pas lui qui négocie, c'est la présidente du
Conseil du trésor, mais il doit répondre, il doit envoyer les bons messages.
Puis il a sûrement, le ministre de la Famille, de quoi à dire aux éducatrices
et intervenantes qui nous écoutent.
Un texto ici, puis c'est une invitation,
une invitation qui est lancée au ministre. Je cite le texto qu'on a eu live, si
vous me permettez l'expression, d'une intervenante sur le terrain, elle parle
du ministre : «Il dit qu'il connaît bien le milieu même s'il n'y travaille
pas. Je lui offre de venir travailler avec moi une journée, et je me questionne
s'il va rester avec moi pendant 8 h 45 min sans heure de repas
et une pause si possible. Bienvenue, M. le ministre.» Alors, l'invitation lui
est lancée. On pourra le mettre en contact avec la personne qui a écrit cela.
Et je pense que c'est important, Mme la
Présidente, que le ministre, là, et je pense que c'est lui qui va prendre la
parole, là, au prochain bloc, c'est lui qui répond tout de suite, qu'il réponde
de façon tangible aux demandes, aux conditions de travail des éducatrices.
Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole à M. le ministre pour cinq minutes.
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Bien, d'abord, je peux peut-être rebondir d'abord sur ce que disait
notre collègue le député de LaFontaine sur la façon dont les gens se sentent au
ministère de la Famille. Bon, évidemment, je ne peux pas parler pour chaque
personne, mais je peux vous dire ceci : Je pense que tout le monde avait
l'impression, incluant les gens du ministère, que les gens sur le terrain,
qu'on travaillait un peu avec des chaînes, des barrières qui ont été mises, et
qui ont été mises en place, à l'époque, peut-être parce qu'il y avait de bonnes
raisons de le faire, mais qui sont aujourd'hui peut-être plus nécessaires, et maintenant
qu'on doit aller plus loin et qu'on veut compléter le réseau, bien, des processus
qu'on doit revoir.
Et moi, je vous dirais que les gens que je
côtoie au ministère de la Famille sont des gens qui sont dédiés, ce sont des
gens qui sont motivés et qui veulent participer ardemment à compléter ce réseau
qui est en construction depuis 25 ans. Donc, on parle de professionnels
dévoués qui ne comptent pas leurs heures, hein? On est bien loin de l'image des
fonctionnaires paresseux, là, que certains dépeignent, qui ont les deux pieds
sur le bureau, qui comptent leurs heures pour être sûr de partir dès qu'ils
peuvent. Moi, en tout cas, ce que j'ai vu depuis le début du mandat, c'est
vraiment toute une équipe de professionnels qui ne compte pas ses heures pour
qu'on puisse livrer le maximum de places possibles.
Donc, je pense qu'il y avait une évidence
qu'effectivement, le réseau était rendu en quelque sorte une maison de fous. Vous
posez la question aux gens du ministère ou aux gens du réseau, ils vont tous
vous dire que c'était rendu beaucoup trop compliqué de développer le réseau, et
on est en train de régler ça. Donc, je rassure...
M. Lacombe : …de places
possibles, donc je pense qu'il y avait une évidence qu'effectivement, le réseau
était rendu en quelque sorte une maison de fous, vous posez la question aux
gens du ministère ou aux gens du réseau, ils vont tous vous dire que c'était
rendu beaucoup trop compliqué de développer le réseau, et on est en train de
régler ça. Donc, je rassure notre collègue, tout va bien, on s'entend bien et
on a tous le même objectif.
Je veux revenir, bien, sur les conditions
de travail. Le député de LaFontaine nous dit : Bien, le ministre ne répond
pas aux questions. Bien, là, je ne vois pas vraiment à quelle autre question je
pourrais répondre, j'ai déjà dit clairement : Ils font un travail qui est
exceptionnel, je le comprends bien, je le sais, et je le sais parce que je
côtoie des gens qui y travaillent, notamment, et que c'est un réseau que je
fréquente aussi, et je le dis, elles ne gagnent pas suffisamment. Donc, oui,
l'offre qui est sur la table va nous permettre de faire un rattrapage salarial,
la négociation, elle n'est pas terminée, et je dis encore une fois :
Regardez ce que nous avons fait, ça, c'est notre bilan, c'est notre bilan à
nous. Quel est le bilan libéral en matière de négociations? Parce
qu'aujourd'hui ils peuvent bien nous offrir de belles paroles, mais des
paroles, ça ne vaut rien quand il n'y a pas de signe de dollar au bout et quand
il n'y a pas de gestes concrets qui sont posés.
Leur historique à eux, c'est de maigres,
maigres, maigres augmentations. Encore une fois, ces chiffres-là sont publics,
là, certaines années, là, moins de 1 %, 1 %, peut-être 2 % dans
les bonnes années. De notre côté, regardez ce que nous avons fait, c'est plus
que des paroles, ce sont des gestes, on a bonifié les subventions en milieu
familial de plus de 30 %. Donc, le revenu de ces femmes-là va avoir été
augmenté de façon exceptionnelle, c'est historique. Donc, que les gens
regardent d'où on part, là, regardent ce qu'on a posé comme gestes, et je pense
qu'avec ça ils peuvent bien voir qu'on est sérieux. Maintenant, la négociation,
elle n'est pas terminée, les syndicats ont des demandes, le gouvernement a des
demandes, une négociation, c'est une conversation, et là on est en plein milieu
de la course, donc moi, je suis confiant, je suis très confiant qu'on arrivera
à s'entendre, comme on l'a fait. La Fédération des intervenantes en petite
enfance du Québec elle-même le dit, lorsqu'on se parle, on est capables
d'arriver à des résultats, comme celui auquel on est arrivés dans le milieu
familial.
Je veux aussi réagir, parce que je n'ai
pas eu l'occasion de le faire tantôt, à ce que notre collègue la députée de
Sherbrooke disait. Là, il y a une nuance, puis il ne faut pas non plus que les
gens aient l'impression que le réseau privé non subventionné va se multiplier,
parce que la députée de Joliette faisait référence à l'époque libérale et
faisait la comparaison avec nous en disant : Il va arriver la même chose
qui est arrivée à l'époque libérale avec le gouvernement de la CAQ, c'est des
garderies privées qui vont voir le jour partout. À l'époque libérale, on
parlait des garderies privées non subventionnées qui ont poussé sans obtenir,
sans avoir, disons, de plan d'ensemble, je vais le dire, là, sans qu'on
réfléchisse les besoins et tous les permis étaient égaux ou à peu près.
Dorénavant, ce n'est plus comme ça que ça fonctionne, il y a trois critères qui
doivent être relevés, la pertinence, la faisabilité, la qualité, et, oui, il y
aura…
M. Lacombe : ...non
subventionnés qui ont poussé sans obtenir... sans avoir, disons, de plan
d'ensemble, je vais dire, là, sans qu'on réfléchisse sur les besoins, tous les
permis étaient émis ou à peu près. Dorénavant, ce n'est plus comme ça que ça
fonctionne, il y a trois critères qui doivent être relevés, la pertinence, la
faisabilité, la qualité. Et, oui, il y aura des garderies privées qui vont
ouvrir leurs portes, mais ce seront des garderies privées, nous, à 8,50 $,
ce ne seront pas des garderies privées à 40 $, 50 $, 60 $ par
jour. Donc, il y a quand même une grande différence que je souhaitais marquer.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je souhaite donner la parole maintenant au député de Portneuf.
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. Permettez, tout à l'heure, à rappeler que l'impact de la politique
du précédent gouvernement se fait ressentir encore, bien entendu, aujourd'hui.
Le rattrapage est immense. D'ailleurs, chacun et chacune d'entre nous, dans
leur bureau de circonscription, le savent, on a des appels toutes les semaines
de parents qui sont catastrophés même, parfois, parce qu'ils ne trouvent pas de
solution.
La création de nouvelles places, le
ministre est à l'oeuvre avec tous les acteurs du milieu et qui font un travail
extraordinaire. Nous aussi, en circonscription, on les rencontre régulièrement.
Et, tout à l'heure, j'entendais le ministre nous parler de ce travail qui est
fait lorsqu'un nouvel appel de projets a été lancé, tout ce travail qui est
fait de coordination pour voir aboutir quelques mois plus tard. C'est sûr qu'on
espère toujours ce délai le plus court, mais tout ce travail qui est réalisé
par ces actrices et ces acteurs du milieu pour mettre en branle tout ce nouveau
service qu'on va offrir à nos familles est vraiment extraordinaire.
• (11 h 20) •
Suite, donc, aux consultations publiques,
la grande réflexion a eu lieu, bien entendu, et ça a abouti au grand chantier
qui a été annoncé, le grand chantier pour les familles qui a été annoncé par le
premier ministre et notre ministre le 21 octobre dernier. Mais, avant ça,
on a quand même posé de nombreux gestes. Je suis président au caucus de la
Capitale-Nationale, et on a annoncé, en août dernier, 2 059 nouvelles
places qui ont été créées. Et je peux vous assurer que... l'ensemble, pardon,
des députés du caucus de la Capitale-Nationale étaient très satisfaits
d'apprendre ces nouvelles, c'était véritablement une bouffée d'oxygène pour nos
familles.
Et, dans le cadre du grand chantier, j'ai
bon espoir parce que maintenant on a pris le temps. Le ministre et ses équipes,
avec un travail concerté avec les gens du milieu, ont pris le temps de bien
identifier quels étaient les besoins. Et maintenant on sait exactement quels
sont les besoins dans une circonscription comme la mienne d'environ 300 places.
Bien, j'ai bien hâte à cette annonce qui va avoir lieu dans la
Capitale-Nationale et je suis absolument convaincu, parce que j'ai une entière
confiance, parce que j'ai vu les choses cheminer depuis l'entrée en fonction du
ministre, j'ai entière confiance que ce qui va être annoncé pour la... la
Capitale-Nationale, pardon, prochainement, sera en parfaite adéquation avec le
besoin des familles qui ont été identifiées.
Lors de la dernière interpellation,
Mme la Présidente, par le député de LaFontaine, le ministre des Familles
lui avait demandé... le ministre de la...
M. Caron : …entière confiance
que ce qui va être annoncé pour la capitale… la Capitale-Nationale, pardon,
prochainement sera en parfaite adéquation avec le besoin des familles qui ont
été identifiées.
Lors de la dernière interpellation,
Mme la Présidente, le député de… par le député de LaFontaine, le ministre
des Familles lui avait demandé… le ministre de la Famille, pardon, lui avait
demandé de soumettre des propositions, pour l'avenir du réseau des services de
garde. Et puis, c'est d'ailleurs ce que le député de LaFontaine a fait
récemment en déposant un projet de loi n° 887, son tout premier projet de
loi en tant que député. Et je l'en félicite bien entendu.
Mais ce qui nous a sauté aux yeux, immédiatement,
c'est que ce projet ne comporte qu'un seul article. J'ai presqu'envie de
dire : On a fait tout ça pour ça. Il y a plus de huit mois, le ministre
de la Famille avait indiqué qu'il déposerait un projet de loi majeur pour
moderniser le réseau, pour le rendre plus efficace et plus accessible, bien
entendu. Depuis le printemps dernier, notre gouvernement s'est engagé à
compléter le réseau afin que chaque enfant ait effectivement accès à une place
de qualité.
Mais concernant le projet de loi qu'a
déposé le député de LaFontaine, j'aurai quelques questions à lui poser,
dont : on n'a pas entendu parler, dans le document qu'il a déposé, du
guichet unique, on n'a pas entendu parler des politiques d'admission des
services de garde pourtant critiquées par la Vérificatrice générale du Québec,
on n'a pas entendu parler du développement des plus petites installations et de
la création de places temporaires, on n'a pas entendu parler, ou on n'entend
pas parler plutôt de l'avenir des milieux familiaux. J'aurai aussi des
questions à lui poser sur un réseau plus efficace et comment le mieux
développer.
Bref, en lisant le projet de loi
n° 887, on reste, Mme la Présidente, si vous me le permettez, sur
notre faim. Et je voudrais finalement essayer de comprendre le tout récent
virage à 180° du Parti libéral du Québec pour montrer que finalement, ces
nouvelles propositions, quand on les regarde bien, celles qui existent, celles
qui sont sur la table ne sont finalement qu'un copier-coller des mesures qui
sont annoncées par notre gouvernement, ce qui est en soi une bonne nouvelle
puisque c'est admettre que ce qu'on propose, eh bien, sont les solutions qui
conviennent.
Mais j'aurais pu, si on avait un petit peu
plus de temps, Mme la Présidente, revenir sur l'ensemble des propositions
qui ont été déposées par le Parti libéral, mais je vois que le temps file. Je
vais vous céder la parole. Merci beaucoup, madame.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, merci, M. le député. Nous entamons maintenant la cinquième série
d'interventions. Et je vais céder la parole à Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup, Mme la Présidente. L'interpellation d'aujourd'hui, qui
porte le titre du mirage du gouvernement de la CAQ en matière de services
éducatifs à la petite enfance, porte effectivement très bien son nom. Parce que
depuis trois ans, ce qu'on a, c'est un beau mirage de communication,
d'opération de communication après opération de communication mais en
parallèle, des actions qui se font constamment attendre et des résultats qui…
Mme
Hivon
:
…effectivement très bien son nom, parce que, depuis trois ans, ce qu'on a,
c'est un beau mirage de communication, d'opérations de communication après
opérations de communication, mais, en parallèle, des actions qui se font constamment
attendre et des résultats qui se font constamment attendre. Et franchement ça a
culminé, ces belles opérations de communication, le 21 octobre dernier,
là, le jour du dépôt du plan et du projet de loi du ministre, avec un premier
ministre et un ministre qui nous disaient à quel point ils étaient découragés
que les choses n'avancent pas, à quel point il fallait que les choses se
fassent rapidement, avec le premier ministre qui nous parlait que, lui, il
voulait des projets, et je reprends ses mots : «Au plus sacrant», pour
maximiser l'effet de communication.
Et là c'était comme si les gens qui
étaient devant nous n'étaient pas les gens qui étaient au gouvernement,
précisément, depuis trois ans, et qui avaient, entre les mains, tout le pouvoir
de faire les choses pour que les projets se développent, et que les choses
avancent, et que les dizaines de milliers de parents, de familles du Québec,
qui n'ont pas de place, et qui ont été laissés en plan, auraient pu avoir des
réponses.
Et j'entendais le collègue de Dubuc, et
dans sa région même, et dans son comté, dans sa circonscription, en 2019 et en
2020, il ne pouvait même pas y avoir de dépôts de projets, pour toute la région
du Saguenay—Lac-Saint-Jean, en 2020, et pour sa circonscription, en 2019, parce
que, bien que c'était en rouge, le gouvernement n'a même pas ouvert les
possibilités.
Donc, quand j'entends dire que c'est donc
formidable, tout ce qui s'est fait, je pense qu'il faut comparer vraiment, avec
la réalité, les résultats, et on est là pour voir qu'avec ces
51 000 familles qui attendent toujours une place, oui, on était plus
dans mirage que dans l'action.
L'autre chose, c'est quoi, donc, la
réponse du ministre à tous ces parents-là? Là, il nous dépose un plan pour
l'avenir. Là, soudainement, tout va se faire, évidemment, on va revenir à la
question centrale des éducatrices et de la pénurie d'éducatrices. Mais c'est
quoi, sa réponse, à tous ces parents-là qui attendaient des actions, quand le
gouvernement n'en avait que pour les maternelles quatre ans, comme si les 0-4
ans, ça, ça n'existait pas, puis que des parents qui avaient des enfants de 0-4
ans puis qui étaient sur des listes d'attente, ça n'existait pas? Donc, c'est
une question à laquelle on aimerait avoir des réponses, et on aimerait aussi
avoir des réponses à tous ceux qui s'inquiètent de la baisse de qualité qui se
dessine dans le réseau, au-delà de la réduction des ratios d'éducatrices
qualifiées, parce qu'il n'y a pas eu d'action à cet égard-là non plus, depuis
trois ans, là, avec le fait que la règle du 85 % de projets en CPE
n'apparaît plus nulle part et ne tient plus. Une autre question importante.
Mais évidemment la question centrale, c'est aussi toute la question du
rattrapage salarial massif qui doit être offert aux éducatrices, et aux
intervenantes, et aux travailleuses de la petite enfance, et qui n'est pas au
rendez-vous.
Alors, c'est assez incroyable, ce qu'on
vit en ce moment, parce que le gouvernement, lui-même, de son propre aveu, a
dit qu'il manquait 17 800 éducatrices…
Mme
Hivon
:
...massif qui doit être offert aux éducatrices, et aux intervenantes, et aux
travailleuses de la petite enfance, et qui n'est pas au rendez-vous.
Alors, c'est assez incroyable, ce qu'on
vit en ce moment, parce que le gouvernement, lui-même, de son propre aveu, a
dit qu'il manquait 17 800 éducatrices, au bas mot, et on aimerait ça
qu'il nous confirme le détail de ces chiffres-là, et, pendant ce temps-là, il y
a une négociation, il y a une occasion de changer les choses pour que la rémunération
soit enfin à la hauteur de l'importance et de la complexité du travail des
éducatrices, mais aussi parce qu'il y a une désertion massive de la profession,
qu'il y a un manque d'inscriptions dans la technique, qu'il y a une pénurie
sans précédent et parce que ce qui se joue dans le cadre de la négociation, ce
n'est pas juste la réalité des travailleuses de la petite enfance, c'est tout
l'avenir du réseau des services de garde.
La cause qu'elles portent, ces femmes-là, en
ce moment, elles la portent au nom de nous tous, la société québécoise, qui
voulons voir ce joyau-là préservé et qui voulons voir que les femmes peuvent
continuer à être sur le marché du travail, que la conciliation famille-travail
demeure une priorité et que le développement régional et économique du Québec
ne souffrira pas de cette pénurie-là et de ce manque de rémunération là.
Et, quand on voit la déconnexion qui
découle de l'offre qui est sur la table quand on nous parle d'un chiffre de 20 %,
qui toucherait une infime proportion parce qu'elle exige 40 heures... Et
elle envoie un message, en plus, extrêmement insultant que les éducatrices, les
travailleuses ne travaillent pas assez fort et qu'elles devraient donc faire le
40 heures, quand la majorité des fonctionnaires de l'État ne font pas
40 heures, bien évidemment, et qu'ils ne sont pas avec des enfants au
quotidien.
Alors, moi, aujourd'hui, j'aimerais
entendre le ministre s'engager que ces discours-là de dénigrement vont cesser
et qu'il s'engage à un rattrapage massif.
La Présidente (Mme D'Amours) :
...Mme la députée. Nous allons maintenant céder la parole à M. le ministre pour
cinq minutes.
M. Lacombe : Merci, Mme
la Présidente. Encore une fois, je suis en désaccord avec la députée de
Joliette. Vous savez, lorsque le Parti québécois a créé le réseau, évidemment,
l'intention était bonne, là, en 1997. Et il y a énormément de travail qui a été
effectué, c'est vrai. Et, oui, à ce moment-là, les femmes qui travaillaient
dans le réseau gagnaient un salaire de misère. Et il y a eu effectivement une
bonification salariale, là, il y a une vingtaine d'années, une bonification
importante. Et moi, je salue ça. Et évidemment il fallait faire ça.
• (11 h 30) •.
Mais la question que je pose à la députée
de Joliette... Elle dit : Le gouvernement semble se réveiller après trois
ans en disant : Bon, bien, il faut agir, il faut faire ci, il faut faire
ça. Mais moi, j'ai envie de renvoyer un peu cette question-là à la députée de
Joliette, en ce sens où : Où était-elle en 2012, en 2013 puis en 2014,
alors qu'elle siégeait au Conseil des ministres? Il n'y a pas de chantier qui a
été lancé pour alléger la bureaucratie, par exemple. Ils sont arrivés et ils
voyaient bien les dommages, là, qui avaient été causés depuis 2003, l'élection
du gouvernement libéral à l'époque de Jean Charest, jusqu'à leur arrivée. Il y
avait beaucoup de mal qui avait été fait dans le réseau. Et on savait à ce
moment-là que les éducatrices ne gagnaient pas assez. Ça ne fait pas si
longtemps que ça.
Et qu'est-ce qu'ils ont fait? Est-ce
qu'ils ont... Et la députée de Joliette me dit souvent...
11 h 30 (version non révisée)
M. Lacombe : …les dommages qui
avaient été causés depuis 2003, élection du gouvernement libéral à l'époque de
Jean Charest jusqu'à leur arrivée, il y avait beaucoup de mal qui avait été
fait dans le réseau et on le savait, à ce moment-là, que les éducatrices ne
gagnaient pas assez, ça ne fait pas si longtemps que ça.
Et qu'est-ce qu'ils ont fait, est-ce
qu'ils ont… Et la députée de Joliette me dit souvent : Vous n'aviez pas
besoin d'attendre les négociations pour augmenter leur salaire, vous auriez pu
le faire en 2018 quand vous êtes arrivés. Bon. 2012, 2013, 2014, est-ce qu'ils
l'ont fait, faire le rattrapage salarial? Non. Est-ce qu'ils ont allégé la
bureaucratie pour que les projets de CPE puissent aller rapidement? Aucunement,
zéro, rien, absolument rien. Est-ce qu'ils ont déposé un projet de loi pour
dire : Nous, là, on va mettre un verrou maintenant, on va obliger les
gouvernements à développer, c'est trop important. Non. Ils ont lancé un appel
de projets, oui, mais cet appel de projets là, les places n'ont jamais vu le
jour parce qu'ensuite le Parti libéral a été élu puis a bloqué tout ça parce
que ça coûtait trop cher.
Donc, encore une fois, je vais le dire à
la députée de Joliette, et je sais… en tout cas, je pense bien, là, tu sais,
qu'elle est sincère quand elle dit : Bien, il faut développer et tout ça,
mais je trouve que c'est assez particulier qu'alors que tout notre réseau est
derrière nous, que nos partenaires nous appuient, qu'on les a consultés, qu'on
a cette force-là avec nous, la députée de Joliette ne soit pas en mesure non
plus de nous dire : Bien, il y a du bon dans ce plan-là. Voici, on va
travailler ensemble, puis oui, il y a des éléments à améliorer. Tout ce que
j'entends de la députée de Joliette, ce sont des critiques à l'effet que ce
n'est pas bon, à l'effet qu'on ne s'en va pas nulle part, à l'effet que ça a
été long avant qu'on se réveille.
Moi, je l'invite, là — il y a
des CPE dans sa circonscription, qu'on est déjà allés visiter
ensemble — qu'elle prenne le téléphone, qu'elle appelle les gens dans
sa circonscription qui ont des projets de développement. Je ne connais pas
exactement l'état de son comté, mais qu'elle les appelle et qu'elle leur
demande si c'est normal que ça ait pris du temps, que ça ait pris plus de temps
de prévu à développer en temps de pandémie. Moi, je pense que peut-être ce
serait une discussion qui ferait du bien pour replacer les choses. Les
directeurs, les directrices de CPE qui développent, là, ce n'est pas le
ministre de la Famille qui développe les projets, ce sont les directeurs,
directrices de CPE, ma job, c'est de leur donner les moyens d'y arriver. On
leur donne les moyens, mais il y a eu une pandémie, ça a été difficile pour eux
de mener ces projets-là puis de le faire aussi rapidement. Il y en a beaucoup
qui l'ont fait quand même. Mais, nous, on va continuer, Mme la Présidente, et,
encore une fois, les gestes parlent plus fort que les paroles, les gestes parlent
plus fort que les paroles.
J'invite la députée de Joliette peut-être
à faire la liste, là, 2012, 2013, 2014, ça pourrait être intéressant, qu'est-ce
que le PQ a fait pour réparer les pots cassés quand il est arrivé puis qu'il a
constaté le bordel. Donc, qu'est-ce qu'ils ont fait? Quelle est la liste des
choses qu'ils ont faites? Moi, je vous fais la nôtre. On est arrivé, on a aboli
la contribution additionnelle, ça, c'est des centaines de millions de dollars
dans les proches des familles, mais c'est surtout aussi un vote de confiance
envers nos CPE puis nos garderies subventionnées. On a relancé le développement
du réseau 2011-2013, en bonifiant les sommes qu'on octroyait aux CPE notamment,
parce que la mise de fonds qui leur était demandée était trop importante, les
projets ne démarraient pas. Donc, c'est un geste concret qu'on a posé.
On est passé de 17 étapes de construction
d'un CPE à neuf, on a allégé ça. Ça a été souligné, ça a été applaudi, les gens
étaient heureux de ça sur le terrain. On a bonifié de 30 % …
M. Lacombe : ...la mise de
fonds qui leur était demandée, elle était trop importante. Les projets ne
démarraient pas. Donc, c'est un geste concret qu'on a posé. On est passé de
17 étapes de construction d'un CPE à neuf. On a allégé ça. Ça a été
souligné, ça a été applaudi. Les gens étaient heureux de ça sur le terrain.
On a bonifié de 30 % la subvention
des responsables de service de garde en milieu familial. On est allé de l'avant
avec une initiative de pouvoir ouvrir des places temporairement, dans des
locaux temporaires, le temps que le CPE se construise ou que la garderie se
construise par exemple. Ça, c'était innovateur. On offre un rattrapage
salarial. Les négos ne sont pas finies, je comprends, il reste du travail à
faire, mais on offre un rattrapage salarial à nos éducatrices dans nos
installations. On veut se donner une obligation de développer dans le projet de
loi que j'ai déposé. Ça ne s'est jamais fait. On veut prioriser les enfants
défavorisés. On a commencé à faire de la conversion aussi,
3 500 places pour que les enfants puissent avoir de meilleurs
services, que les éducatrices soient mieux rémunérées. Quel est le bilan du PQ
entre 2012 et 2014?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de Bellechasse
pour cinq minutes.
Mme Lachance : Merci, Mme
la Présidente. Comme je le disais plus tôt, la crise sanitaire qu'on a vécue a
mis en lumière de nombreuses vulnérabilités de notre réseau. J'ai terminé ma
première intervention en évoquant les raisons structurelles, pardon, qui
expliquent les départs et le déclin lent des milieux familiaux. J'aimerais y
revenir, mais surtout j'aimerais souligner ce qu'a fait notre gouvernement pour
contrecarrer ces vulnérabilités et ces départs.
D'abord, en juin dernier, le ministre a
annoncé un plan de relance du milieu familial de 200 millions, comprenant
un bouquet de mesures pour stimuler la création de places, tout évidemment en
mettant un frein à la disparition de plusieurs de ces services. Ce plan a
d'ailleurs été largement salué par le milieu, incluant les syndicats. Il
comprend d'abord un incitatif de 3 500 $ qui est désormais offert aux
personnes qui veulent devenir responsables d'un service de garde en milieu familial.
Aussi un soutien financier peut atteindre 6 000 $ est offert aux
responsables des services de garde en milieux familiaux qui offriront neuf
places. Enfin, on pourrait aussi parler du montant forfaitaire de
3 000 $ qui a été versé cette année aux responsables de services de
garde qui ont maintenu au moins six places subventionnées durant toute l'année
complète.
Pour les années suivantes, ce montant
forfaitaire est remplacé par une augmentation considérable de la subvention aux
services... aux responsables de services de garde familiaux. En effet, ma
collègue, Sonia LeBel, ministre responsable de l'Administration gouvernementale
et présidente du Conseil du trésor ainsi que mon collègue le ministre de la
Famille et la présidente de la Fédération des intervenantes de la petite
enfance affiliée à la centrale syndicale... en fait, la FIPEQ-CSQ,
Mme Valérie Grenon, ont annoncé ensemble une entente donnant lieu à une
augmentation substantielle de la subvention accordée aux personnes responsables
d'un service de garde...
Mme Lachance : …fédération des
intervenants de la petite enfance, affiliée à la centre syndicale… en fait, la
FIPEQ-CSQ, Mme Valérie Grenon, ont annoncé ensemble une entente donnant lieu à
une augmentation substantielle de la subvention accordée aux personnes responsables
d'un service de garde en milieu familial subventionné. Ce que ça fait, c'est
qu'à compter du 1er avril 2022 ce sont près de 16 % d'augmentation dont
les responsables pourront bénéficier en reconnaissance de leur travail, évidemment,
un travail essentiel qu'elles accomplissent chaque jour auprès de nos
tout-petits. On ajoute à cette somme une somme de l'ordre de 85 millions
de dollars en mai dernier.
Concrètement, Mme la Présidente, pour une
personne responsable d'un service de garde qui s'occupe de six enfants, le
revenu net passera de 38 238 $ à 44 531 $, qui plus est, si
un poupon faisait partie des six enfants, ces sommes s'élèveraient à
47 221 $. Cette majoration aura un effet positif sur le maintien,
voire l'augmentation des services de garde en milieu familial dans l'ensemble…
en milieux familiaux, pardon, dans l'ensemble des régions du Québec.
Si vous trouvez que c'est beaucoup, Mme la
Présidente, bien, sachez que vous n'êtes pas seule. En effet, Mme Valérie
Grenon, présidente de la FIPEQ-CSQ, parlait de cette somme comme d'une fierté
immense, une vraie tape dans venait de donner un coup de barre sérieux pour
assurer l'avenir du service de garde en milieu familial. Je la cite :
«C'est du jamais-vu. On n'a jamais vu ça.» C'est le genre d'augmentation que
réclamait… qui était réclamée pendant… depuis des années, Mme la Présidente,
puis il a fallu attendre notre gouvernement pour que ça se fasse, le gouvernement
de la CAQ.
Ce plan de relance est aussi soutenu par
des allègements administratifs, législatifs et réglementaires majeurs tant
demandés par le milieu. Le ministre de la Famille aura eu… aura, pardon,
l'occasion, au cours des prochaines semaines, de détailler la liste de ces
allègements, dont j'en ai mentionné quelques-uns. L'ensemble de ces actions
montre le sérieux de notre démarche.
C'est pourquoi aujourd'hui je vais
profiter des quelques secondes qui me restent pour solliciter, sans hésiter, la
collaboration des oppositions dans le cadre des consultations particulières et
de l'étude détaillée, évidemment, du projet de loi n° 1, que le ministre a
tout récemment déposé, parce que c'est ensemble qu'on va arriver à faire une
différence pour toutes les personnes, toutes les femmes, principalement, qui
s'occupent, qui sont responsables de milieux familiaux. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Nous sommes maintenant à la dernière série d'interventions. Je cède la
parole au député de LaFontaine pour 45 secondes.
M. Tanguay
: Merci, Mme
la Présidente. Nos règles sont ainsi faites qu'il me reste 45 secondes. Après,
le ministre aura 10 minutes pour conclure, et moi, je conclurai, pour ma part,
après…
Mme Lachance : ...merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Nous sommes maintenant à la dernière série d'interventions. Je cède la
parole au député de LaFontaine pour 45 secondes.
M. Tanguay
: Merci, Mme
la Présidente. Nos règles sont ainsi faites qu'il me reste 45 secondes. Après,
le ministre aura 10 minutes pour conclure, et moi, je conclurai, pour ma part,
après, pour un autre 10 minutes.
Alors, pour les 30 secondes qu'il me
reste, j'aimerais entendre et interpeler le ministre une dernière fois. Les
éducatrices, elles le disent, là, elles n'ont pas eu de réponse sur leurs conditions
de travail. Les éducatrices, le ministre dit : Tous nos partenaires sont
derrière nous, tout le réseau est derrière nous. Les éducatrices, est-ce qu'il
sent qu'elles sont derrière lui ce matin? Je ne pense pas. Les éducatrices sont
en grève, sont dans la rue, nous écoutent et sont déçues que le ministre ne
commente pas de façon tangible, par exemple, pourquoi du 40 heures, alors
qu'elles sont épuisées après 35, 36 heures.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Nous sommes maintenant aux dernières interventions pour la conclusion. M.
le ministre, vous avez la parole pour 10 minutes.
• (11 h 40) •
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Donc, il y a beaucoup de choses qui ont été dites, et il y a
d'autres choses qui seront dites après moi par le député de LaFontaine, notre collègue
qu'on aime beaucoup. Donc, si, pour ma part, je fais peut-être un résumé, un compte
rendu du plan de match du gouvernement, bien, j'ai envie de dire aux gens qui
nous écoutent, aux Québécois, aux Québécoises que ce qu'ils ont devant eux
c'est un gouvernement qui, pour la première fois depuis une vingtaine d'années,
veut vraiment régler le problème et veut s'assurer que chaque enfant au Québec
puisse avoir place.
Vous savez, je dis souvent : Il y a beaucoup
de partis politiques, en campagne électorale, qui ont promis ça, un enfant, une
place, on va y arriver, on va le faire. Il y a des partis qui ne se sont même
pas donné cette peine-là, là. Je regardais encore, là, récemment, les
plateformes électorales de Québec solidaire, du Parti libéral puis du Parti
québécois, parce que je vous avoue qu'à un moment donné quand on a présenté ça,
on a 45 mesures là-dedans, et tout ce qu'on entend, c'est du négatif, là. Moi,
je n'ai entendu aucun des trois collègues, aujourd'hui, dire : Aïe! ça,
c'est bon, ça, c'est bon, ça, je suis un petit peu moins d'accord. Donc, je
comprends qu'ils sont en désaccord à peu près avec tout ce qui est là-dedans.
Là, je me suis dit, bien, qu'est-ce qu'ils
proposaient, au juste? C'est peut-être qu'on est en dessous de leurs attentes, peut-être
qu'on ne livre... on est moins ambitieux qu'eux souhaitaient. Puis je suis allé
revoir leurs plateformes électorales. Et Québec solidaire, c'était chiffré, il
y avait des places. Ceci dit, on est beaucoup plus ambitieux. Ce qu'on propose
est encore plus important. Et il n'y avait rien, par exemple, pour le
rattrapage salarial, il n'y avait pas un cent, là, c'était zéro, zéro. Donc, eux-mêmes
se présentaient devant les électeurs en n'ayant aucun argent disponible, là,
pour faire du rattrapage. Ils avaient mis leurs priorités ailleurs. Puis c'est
correct. Ils ont fait l'élection là-dessus, les Québécois les ont jugés, ils
ont été élus dans leurs circonscriptions.
Mais, vous comprenez, je suis allé
feuilleter ça parce que je me disais, à un moment donné, ça ne se peut pas que
ce soit juste négatif, tu sais. Bon, pourquoi est-ce qu'on est si en dessous de
leurs attentes que ça? Mais là j'ai été surpris. Donc là, je comprends, on fait
de la politique, Mme la Présidente, c'est normal. Leur rôle, c'est de nous
critiquer, ce n'est pas de nous dire qu'on est beaux, qu'on est bons et qu'on
va être capables. C'est de nous pousser dans nos retranchements pour qu'on
améliore. Ce n'est pas toujours facile, ce n'est pas toujours agréable, hein,
parce qu'à un moment donné on a l'impression, puis les Québécois ont cette
impression-là aussi, qu'on est toujours en train de se...
M. Lacombe : ...donc là, je
comprends, on fait de la politique, Mme la Présidente, c'est normal. Leur rôle,
c'est de nous critiquer, ce n'est pas de nous dire qu'on est beaux, qu'on est
bons et qu'on va être capables, c'est de nous pousser dans nos retranchements
pour qu'on améliore. Ce n'est pas toujours facile, ce n'est pas toujours
agréable, hein, parce qu'à un moment donné, on a l'impression, puis les Québécois
ont cette impression-là aussi, qu'on est toujours en train de se chicaner, alors
que dans les faits, on est capables, là, de travailler ensemble et tout.
Et moi, vous savez, je suis sûr, là, c'est
sûr, sûr, sûr, Mme la Présidente, que le député de LaFontaine... bien, lui, je
ne le sais pas, parce qu'effectivement, il a déposé un projet de loi avec un ou
deux articles, là, puis, tu sais, on ne sait pas ce qu'il pense du guichet
unique, on ne sait pas ce qu'il pense des enfants défavorisés, on ne sait pas
ce qu'il pense... mais malgré tout, je suis certain qu'il y a au moins quelques
mesures là-dedans avec lesquelles il est d'accord, mais... Il ne nous le dit
pas, mais je suis sûr et certain. Députée de Sherbrooke, députée de Joliette
aussi. Mais, bon, on fait de la politique, donc ce qui transparaît, c'est que
ce n'est pas bon, le gouvernement est méchant, le gouvernement ne sera pas
capable, le gouvernement est incompétent, il faut changer de ministre, nous, on
ferait dont mieux.
Ceci dit, j'accepte ça, Mme la Présidente,
puis on va travailler avec leurs commentaires. Il faut qu'il y en ait. Là, je
n'en ai pas député de LaFontaine. Moi, je souhaite, je vous le dis, là, Mme la
Présidente, je souhaite qu'il y en ait des suggestions, parce qu'à part
améliorer les conditions de travail des éducatrices — ça, on est
d'accord avec ça, on est en train de le faire — et consacrer le droit
des enfants d'avoir une place — ce qu'on fait dans notre projet de
loi avec l'article qui dit qu'on est obligés de développer quand on a des
besoins — à part ça, il n'y a aucune suggestion. La députée de
Sherbrooke en avait fait quelques-unes dans un document à un certain moment. Il
y en a là-dedans avec lesquelles on était d'accord, il y en a d'autres avec
lesquelles on n'était pas d'accord. La députée de Joliette non plus, on ne l'a
pas vraiment entendu nous faire des suggestions. Mais j'aimerais collaborer
avec eux, c'est un projet de loi important.
D'ailleurs, on attend toujours, là, le
Parti québécois doit nous transmettre la liste des groupes qu'ils souhaitent
entendre en consultations particulières. Donc, moi, je souhaite qu'on puisse
aller rapidement. Je les invite à collaborer avec nous pour qu'ensemble, là, on
puisse livrer ce projet de loi là. Puis je suis ouvert, je suis ouvert à faire
des compromis, je suis ouvert à leurs idées, mais encore faut-il qu'on l'étudie
ce projet de loi là. Et moi je veux qu'on arrive à une entente, là, et qu'on
puisse démarrer cette étude-là rapidement.
On va aller de l'avant, Mme la Présidente,
en créant suffisamment de places pour tous les enfants du Québec, ça, c'est
clair. Il en manque 37 000. On va se donner une obligation aussi. Ça ne
s'est jamais fait. Il n'y a plus un gouvernement, si mon projet de loi est
adopté, qui va pouvoir dire aux Québécois qu'il n'investit pas en petite enfance
parce que ça coûte trop cher. On va avoir une obligation comme État, comme
gouvernement, de créer ces places-là quand les parents, les enfants en ont
besoin. Je suis fier de ça, je suis fier de la proposition qu'on fait. J'espère
qu'on va pouvoir y travailler.
Ensuite, les communautés autochtones, il
ne faut pas les oublier non plus. Avec ce qu'on propose dans nos mesures, bien,
on veut s'adapter aussi à leurs réalités socioculturelles dans leurs milieux,
parce qu'eux aussi, on souhaite qu'ils puissent avoir une place pour chacun de
leurs enfants, et que ces places-là reflètent aussi leurs cultures puis les
valeurs de leurs communautés.
Ensuite, qu'est-ce qu'on veut? Bien, on
veut accroître, l'efficacité du réseau pour mieux le développer. En ce moment,
le ministère de la Famille manque d'outils, manque d'outils. Et j'entendais, ce
matin, on me rapportait, parce que je n'ai pas pu l'écouter, mais on me
rapportait le point de presse...
M. Lacombe : …place pour chacun
de leurs enfants, et que ces places-là reflètent aussi leurs cultures puis les
valeurs de leurs communautés.
Ensuite, qu'est-ce qu'on veut? Bien, on
veut accroître, l'efficacité du réseau pour mieux le développer. En ce moment,
le ministère de la Famille manque d'outils, manque d'outils. Et j'entendais, ce
matin, on me rapportait, parce que je n'ai pas pu l'écouter, mais on me
rapportait le point de presse du député de LaFontaine où il critique, je pense,
le gouvernement qui veut se donner trop de pouvoir avec le projet de loi n° 1. Écoutez, c'est ce que les gens nous demandent, sur le
terrain, d'être capables d'agir. Les parents, là, ils sont tannés du processus
d'admission du guichet unique, ils veulent que le gouvernement prenne ça en
main. Les parents sont tannés de voir des projets qui ne se concrétisent pas.
Ce qu'ils veulent, là, c'est que ça se concrétise effectivement au plus
sacrant. Donc, si c'est le gouvernement qui doit initier un projet, bien, on
souhaite pouvoir le faire avec le projet de loi.
Autre objectif, contribuer à une plus
grande équité financière entre les familles. On est le premier gouvernement,
depuis le début des années 2000, qui dit : On va en transformer, des
garderies à 40 $, 50 $, 60 $ par jour en garderies à
8,50 $. Les autres gouvernements disaient : Non, non, non, il faut
développer des places, des nouvelles places, bon. Moi, je pense qu'on est
capable de faire les deux en même temps. Donc, on va y arriver, on a déjà un
projet de 3 500 places puis on va en faire le bilan cet été, et on va
modifier aussi le crédit d'impôt à la mise à jour économique. Ce n'est pas
habituel, mais on l'a dit d'avance, qu'on allait effectuer une modification du
crédit d'impôt.
Ensuite, parmi nos autres mesures,
consolider la garde en milieu familial. C'est audacieux, quand même, dans un
contexte comme celui qu'on connaît, de dire, bien, on veut que les gens qui ont
de la garde non reconnue, désormais, obtiennent un permis de la part du
ministère de la Famille. Ça prend un permis, au Québec, pour vendre de la crème
glacée ou pour faire du toilettage de chien. Je pense que la moindre des
choses, quand on s'occupe de ce qu'on a de plus précieux, nos enfants, c'est
que ça prenne aussi un permis. On va améliorer aussi leurs conditions en
allégeant certaines choses qu'ils nous ont demandées sur le terrain. On a
augmenté leurs conditions de travail en augmentant le montant de la subvention
qu'on leur verse. On l'a dit, on l'a répété, c'est historique, c'est plus de
30 % de bonification, Mme la Présidente.
Ensuite, ça fait le pont avec l'autre
objectif, c'est notre cinquième, il faut s'assurer d'avoir suffisamment
d'éducatrices qualifiées dans notre réseau. Pour y arriver, il faut mieux les
payer. On est d'accord là-dessus, on est tous d'accord. Donc, les oppositions
peuvent bien nous affubler de tous les qualificatifs qu'ils voudront bien, le
député de LaFontaine, qui en fait une croisade, défonce une porte ouverte. Et
comme le veut maintenant l'expression, loin de moi l'idée de susciter une autre
éruption du volcanique député de LaFontaine, mais ses critiques ne sont pas
fondées, parce qu'on y va, on y va, de l'avant, avec un rattrapage salarial.
Et on va aussi mettre en place, et ça,
c'est déjà commencé, des parcours travail-études, notamment, pour les jeunes et
moins jeunes, je le dis souvent, là, qui souhaiteraient s'intégrer à notre
réseau. Et finalement le sixième objectif de notre grand chantier, bien, c'est
de remettre l'égalité des chances au coeur de notre action. Encore une fois, il
faut le faire, parce que ça fait 25 ans que le réseau se construit, il n'est
toujours pas terminé…
M. Lacombe : …pour les jeunes
et moins jeunes, je le dis souvent, là, qui souhaiteraient s'intégrer à notre
réseau.
Et finalement, le sixième objectif de
notre grand chantier, bien, c'est de remettre l'égalité des chances au coeur de
notre action. Encore une fois, il faut le faire parce que ça fait 25 ans
que le réseau se construit, il n'est toujours pas terminé, et à travers ces
années-là, il y a eu un glissement. C'est un programme merveilleux dans lequel
on a investi 2,7, 2,8 milliards de dollars par année. C'est un programme
qui constitue un des meilleurs outils au monde pour assurer le développement
des tout petits, puis assurer aussi la présence des femmes sur le marché du
travail. Grâce à nos services de garde, la proportion des femmes sur le marché
du travail est passée à 87 % au Québec. On est seulement deux points
de pourcentage derrière les meilleurs au monde, en Suisse, les Suissesses.
Donc, on a de quoi être fier de ça, pour le développement de nos tout petits
aussi.
Mais dans les milieux les plus
défavorisés, alors que dans la population on est à 27,7 % des enfants qui
commencent la maternelle avec au moins une vulnérabilité dans un de leurs cinq
domaines de développement, bien, dans les milieux défavorisés on est à
33 %, 1 enfant sur trois. Les enfants qui viennent des familles dont le
revenu familial est de plus de 200 000 $ sont surreprésentés dans les
quartiers les plus pauvres de Montréal, dans nos CPE, par rapport aux mêmes
enfants, dans les mêmes quartiers, dont les familles gagnent moins de
50 000 $, c'est inacceptable. On met trop d'argent dans ce
programme-là pour qu'il ne serve pas à ce qu'il devrait servir. Dans le projet
de loi qu'on propose, bien, il y a un article qui dit : Dorénavant, on
mettra la priorité sur les enfants défavorisés. Évidemment, on ne veut pas
faire de ghetto non plus. On aura l'occasion d'en reparler au cours de l'étude
du projet de loi, mais…
Je termine en disant : C'est un plan
qui est ambitieux, 45 mesures, ça représente des investissements, et on
fera le bilan complet après la mise à jour économique, qui tourne autour
d'un milliard de dollars de plus par année de façon récurrente. Moi, j'ai
besoin des oppositions. Les parents du Québec ont besoin des oppositions pour
travailler dessus.
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de LaFontaine,
également, pour une période de 10 minutes.
M. Tanguay
: Alors, Mme
la Présidente, c'est mon dernier bloc. Notre interpellation va se terminer
là-dessus. Je me réserverais de demander des suggestions de titres de films des
éducatrices et des intervenantes qui, dans les cinémas ou à la maison, ont eu
l'occasion d'écouter le ministre, interpellé à plusieurs reprises, je pense
qu'il a eu cinq occasions, là, au moins, si ce n'est pas plus, de répondre
de ce qui est demandé, de répondre au cri du coeur des éducatrices et des
intervenantes. Alors, je me garderai, Mme la Présidente, de faire un sondage
sur comment qualifieraient-elles le… par un titre de film, ce qu'elles ont
entendu aujourd'hui. Ce n'était pas un film drôle. Ce n'était pas un film
d'espoir. Et les commentaires que nous avons reçus, Mme la Présidente, parce
que 92 %, en direct, jugent sa conclusion, et je le dis en tout respect,
très mauvaise. Ça se dit, ça, c'est parlementaire. Sa conclusion est qualifiée,
à 92 %, de très mauvaise. Je cite : M. le ministre, Mme la Présidente,
vous ne vous adressez ni à votre réseau ni à vos éducatrices…
M. Tanguay
: …jugent sa
conclusion, et je le dis en tout respect, très mauvaise. Ça se dit ça, c'est parlementaire.
Sa conclusion est qualifiée à 92 % de très mauvaise. Je cite : «M. le
ministre, Mme la Présidente, vous ne vous adressez ni à votre réseau ni à vos
éducatrices qui vous regardent en direct, vous nous prouvez à quel point vous
ne nous considérez pas, vous n'offrez aucune réponse aux questions sur nos
conditions de travail».
Une autre écrit en direct : «Aucune
réponse claire et précise sur nos conditions de travail. La porte était grande
ouverte. Il n'a pas saisi l'occasion de répondre concrètement sur les gestes
qu'il posera. Encore et toujours, il répète de se rappeler de ce qui a été
fait.»
Et dernier commentaire, Mme la
Présidente : «N'importe quoi, vous ne répondez aucunement à comment vous
allez améliorer nos conditions de travail. On veut des actions, des vraies et
maintenant. Vous répétez toujours la même cassette.» Fin de la citation.
Mme la Présidente, l'occasion était donnée
aujourd'hui, il y avait une occasion en or de s'adresser à celles et ceux,
surtout celles, à 97 % des femmes, qui tiennent le réseau à bout de bras.
C'est un réseau qui est au féminin le réseau des services de garde,
éducatrices, intervenantes. Et le ministre avait une occasion en or de leur
dire, au-delà de, oui, on vous considère, oui, on veut valoriser votre
profession, avait l'occasion de dire : Bien, écoutez, les conditions de
travail, on a compris. Après un an et demi d'une entente qui est échue, on
a compris et on va faire en sorte de donner suite à vos demandes qui sont tout
à fait légitimes.
Des témoignages que l'on a entendus, Mme
la Présidente, là, des cris du coeur sur le terrain, celles et ceux qui
s'occupent… puis le ministre, ça, le conçoit, il le dit puis il a raison, je
suis d'accord avec lui qu'il n'y a pas métier plus important que de s'occuper
de nos tout-petits. Elles le font à journée longue. Et ça, c'est demandant. On
les aime nos tout-petits, on en a des enfants, c'est demandant. Puis, quand tu
es fatigué, quand tu es à bout, ne viens pas me redemander de rajouter
cinq heures sur mon 35 heures, je vais casser. C'est ça, le message qui
est envoyé.
Le ministre dit : Bien, vous savez,
on fait notre possible. Puis, ses collègues de la CAQ ont répondu à
l'unisson : On fait notre de possible, on fait de notre possible, mais il
y a la pandémie, comprenez qu'il y a la pandémie. Mme la Présidente, la pandémie
n'empêche pas le ministre de considérer que 40 heures semaine, ça ne tient
pas la toute, et de payer 50 $ en prime et non en salaire. La pandémie ne
l'empêche pas de donner ça, en salarial s'il veut se rendre à ce niveau-là. La
pandémie n'empêche le ministre de mettre la main dans ses poches. La pandémie
n'empêche le ministre, parce qu'ils l'ont signé sous la pandémie, le
6 milliards du fédéral, c'est 1,2 milliard par année sur
cinq ans. Ça ne l'empêche pas, la pandémie, de dire : Bien,
100 % de ça va aller dans le réseau, 100 % de ça va faire en sorte
que les promesses que l'on fait vont tenir la route.
Là, c'est une…
M. Tanguay
:
...pandémie, le 6 milliards du fédéral, c'est 1,2 milliard par année
sur cinq ans. Ça ne l'empêche pas, la pandémie, de dire : Bien, 100 %
de ça va aller dans le réseau, 100 % de ça va faire en sorte que les
promesses que l'on fait vont tenir la route.
Là, c'est une nouveauté ce matin. C'est la
faute du réseau, c'est la faute des libéraux, là c'est la faute de toutes les
oppositions. J'ai entendu le ministre, un peu plus tôt, dire : Je suis
allé voir les plateformes électorales du Parti libéral, de Québec solidaire
puis du Parti québécois. Puis honnêtement il a été déçu, je résume, il dit il a
été déçu parce qu'il n'y avait pas d'ambition, parce qu'il n'y avait pas de
vision.
Bien, la promesse de la Coalition avenir
Québec par le premier ministre, à l'époque, chef de la Coalition avenir Québec,
il l'est toujours, et qui est premier ministre, c'était de faire en sorte
d'éliminer, par les maternelles quatre ans... de créer 50 000 places dans
les maternelles quatre ans et de faire en sorte que tous les tout-petits aient
une place en service de garde. C'était ça, la promesse, éliminer la liste
d'attente en service de garde.
Alors, je veux bien croire que lui, son
ambition, elle était au plafond, elle était très élevée, mais le bilan... Et il
le dit aujourd'hui : Vous me jugerez sur le bilan. Le bilan, aujourd'hui,
Mme la Présidente, c'est qu'il y a, en bout de piste, à l'heure où on se parle,
14 000 places de moins dans le réseau des services de garde, 14 000
places de moins dans le réseau des services de garde qu'il y en avait
lorsqu'ils sont arrivés il y a plus de trois ans au pouvoir. Ce n'est pas
compliqué, tout le monde comprend à la maison. Ils en ont créé 3 000,
1 000 par année, subventionnés. Ça, c'est en CPE, puis ça, c'est en
garderie privée subventionnée. Il en a créés 3 000 par année. Pendant ce
temps-là, il y en a 17 000 qui se sont fermées, des places en milieu
familial, 17 000.
On se rappellera des négociations très
ardues, très difficiles en 2019. Quand on leur disait, calculatrice à la
main : Ils gagnent moins que le salaire minimum, encore une fois, ça aura
pris une éternité au gouvernement pour agir et réagir. Puis qu'est-ce qui est
arrivé? Celles qui, en février en 2019, le disaient à 47 % : On est
épuisées, là, arrêtez, là, pensez, oui, au salarial, mais à nos conditions de
travail. La moitié disait : Moi, je vais quitter d'ici trois ans. Il y en
a beaucoup qui ont quitté.
Encore aujourd'hui, Mme la Présidente, il
y a des places qui se ferment. Des places qui se ferment aussi dans les
garderies privées non subventionnées. Le ministre a dit : Pour eux, pour
les stabiliser, les garderies privées non subventionnées, pour les stabiliser,
on va faire de la conversion. Il y a beaucoup de places, Mme la Présidente, qui
sont vides aujourd'hui dans les garderies privées non subventionnées parce
qu'évidemment il y a la pénurie de main-d'oeuvre, mais parce qu'également la
conversion fait en sorte que ces places-là, plutôt que d'y aller de 3 500
à coup de 1 750 par année, il devrait en mettre beaucoup plus pour
consolider le réseau, faire en sorte que les garderies privées non
subventionnées ne ferment pas, parce que, quand une place ferme, Mme la
Présidente, c'est important de voir que ça impacte sur tout le réseau, de un. De
deux, faire en sorte que des parents aient un plus large accès à des places à
8,50 $, ça, ça serait nous parler réellement de l'avenir, Mme la
Présidente.
On nous a accusés...
M. Tanguay
: …que les
garderies privées non subventionnées ne ferment pas. Parce que quand une place
ferme, Mme la Présidente, c'est important de voir que ça impacte sur tout le
réseau, de un. De deux, faire en sorte que des parents aient un plus large
accès à des places à 8,50 $. Ça, ça, ça serait nous parler réellement de
l'avenir, Mme la Présidente.
On nous a accusés du Parti libéral d'avoir
déposé un projet de loi qui a juste un article. Un article, Mme la Présidente — excusez
du peu — qui ferait en sorte que les services de garde, ça serait
comme une place, par exemple, au primaire. Vous avez un enfant d'âge d'aller au
primaire, il va avoir une place, il n'y aura pas de ni ci ni ça, il n'y aura pas
de question, il n'y aura pas de liste d'attente. Ça, c'est un article
extrêmement important. Un article — et on l'a dit et
redit — qui ferait en sorte et qui nécessiterait d'investir le
6 milliards d'Ottawa. Le 6 milliards d'Ottawa va tomber dans les
poches du premier ministre, va tomber dans les poches du Québec, le
6 milliards. Il l'a dit : Ça ne sera pas l'entièreté de ce montant-là
qui sera investi dans les services de garde, il y a d'autres priorités. Je
comprends que l'État a des priorités multiples, mais ce 6 milliards-là,
Mme la Présidente, est plus que jamais requis, plus que jamais requis pour nos
services de garde, pour les parents également.
On n'a pas eu l'occasion de parler de
façon plus directe et plus complète des magnifiques mouvements qui ont vu le
jour sous le gouvernement de la CAQ. Ma place au travail, plus de
10 000 parents qui notamment sont des parents dont le nom de leur
enfant est sur la liste d'attente, Ma place au travail. Vous vous rappelez, on
a déposé, cette année, une pétition signée par près de
19 000 signataires, qui dit : Occupez-vous de développer les
places. 3 000 en trois ans, 1 000 par année, ce n'est pas assez.
Aujourd'hui, le ministre, main sur le coeur, nous dit : Croyez-nous, dans
deux ans, on va en faire 37 000. Là, là, la promesse… Pas la promesse de
l'élection de 2018, 50 000. Pas la promesse, Mme la Présidente, de faire
13 500 places, top chrono, dans 18, 24 mois, deux ans, en
février 2019. Le délai échu en février 2021, c'était 2 000 places.
Là, c'est une promesse, croyez-nous, là, croyez-nous.
Et le ministre quand il dit : On a
réglé le problème. Il le disait en mars de cette année : On a réglé le
problème. Aujourd'hui, sans projet de loi, en mars 2021, il disait : Je
suis passé de 17 à neuf étapes dans mon ministère. Et dans son tableau, qui a
dit qu'il était effectif maintenant, il dit qu'il peut les créer les places
dans 24 mois, dans deux ans. Mais force est de constater, Mme la
Présidente, que ce n'est pas ce qui arrive. Il avait promis pour cette année, 5 000
à 7 000 places. Cette année, il en aura fait à peine
1 000 places.
Alors, en ce sens-là… Et les témoignages
de parents… Un autre mouvement fantastique — puis indirectement on a
parlé des éducatrices, on a parlé d'eux en parlant des éducatrices et des
intervenantes — c'est Valorisons ma profession. Valorisons ma
profession et Ma place au travail. Les parents appuient le mouvement de grève
présentement et espèrent, un jour, Mme la Présidente, que le réseau va arrêter
de se résorber. Il faut réellement que le gouvernement y voie. Merci.
• (12 heures) •
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci. Compte tenu de l'heure, je lève la séance, et la commission ayant
accompli son mandat…
12 h (version non révisée)
M. Tanguay
: …et Ma
place au travail. Les parents… les parents appuient le mouvement de grève présentement
et espèrent, un jour, Mme la Présidente, que le réseau va arrêter de se
résorber. Il faut réellement que le gouvernement y voie. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci. Compte tenu de l'heure, je lève la séance, et la commission ayant
accompli son mandat ajourne ses travaux sine die. Merci, tout…
(Fin de la séance à 12 heures)