(Neuf
heures quarante-huit minutes)
La Présidente
(Mme Dionne) : Alors, bonjour à tous. Ayant constaté le quorum,
je déclare la séance de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte.
La commission est
réunie afin de procéder aujourd'hui aux consultations particulières et
auditions publiques dans le cadre du mandat d'initiative portant sur les
révélations de violence lors des initiations dans le milieu junior... le hockey
junior, pardon, et la possible situation dans d'autres sports.
M. secrétaire, si
vous pouvez nommer les remplacements.
Le
Secrétaire : ...
La Présidente
(Mme Dionne) : OK, dans le fond, je vais mentionner les
remplaçants. Alors, le député de Marquette remplace la députée de Mont-Royal—Outremont et le député de Rosemont remplace la députée de Mercier.
Concernant l'ordre du
jour, nous entendrons aujourd'hui les personnes suivantes : M. Michel
Dorais, professeur titulaire retraité à l'École de travail social et de
criminologie de l'Université Laval; M. Martin Lavallée, commissaire par intérim de la Ligue de hockey
junior majeur du Québec; et M. Mario Cecchini, président par
intérim des Alouettes de Montréal et futur commissaire de la Ligue de hockey
junior majeur du Québec.
Avant de souhaiter la
bienvenue à notre premier invité, je cède la parole au député de Marquette.
M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais déposer
l'avis de la Commissaire à l'éthique lors du... notre première séance, où on avait reçu
des groupes. J'avais demandé, justement, un avis de la Commissaire à
l'éthique, vu mon passé et ma rémunération avec la Ligue de hockey junior
majeur du Québec. Alors, j'ai l'avis écrit que je dépose. Merci beaucoup.
Document déposé
La Présidente
(Mme Dionne) : Donc, avis déposé.
Auditions (suite)
Je souhaite
maintenant la bienvenue à notre premier interlocuteur, M. Michel Dorais,
professeur titulaire retraité à l'École de
travail social et de criminologie de l'Université Laval. M. Dorais, je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire votre
exposé, après quoi nous procéderons à la période d'échange avec les membres de
la commission. Je vous invite, donc, à vous présenter puis à commencer votre
exposé.
M. Michel Dorais
M. Dorais
(Michel) : Merci, merci de m'avoir invité. Je suis content et honoré,
en fait, d'être avec vous ce matin, parce qu'on va parler d'un sujet important
qui me préoccupe depuis longtemps. J'ai donné un petit deux pages de résumé de
mon exposé ce matin. Je travaille là-dessus depuis très longtemps.
• (9 h 50) •
Je suis retraité,
mais j'ai une carrière de 45 ans et poussières. Et j'ai travaillé
beaucoup, dans un premier temps, à la
protection de la jeunesse, en fait, à Montréal. J'ai développé beaucoup de
programmes de prévention, aussi, notamment pour l'INSPQ, des programmes
qui durent encore pour certains d'entre eux, des programmes en prévention de
l'exploitation sexuelle, la... des jeunes, en particulier pour le CIUSSS de la
Capitale-Nationale. J'ai donné un cours
comment monter des programmes et des campagnes de prévention, qui a longtemps
été, je pense qu'il l'est encore, le seul cours là-dessus à l'Université
Laval. J'ai une formation, une double formation en travail social et en
sociologie de l'intimité et de la sexualité. J'ai fait partie aussi... je vais
terminer là-dessus ma présentation pour vous dire que je suis particulièrement
sensible aux victimes qui sont faites dans ces affaires-là. J'étais sur le
comité qui a bâti et déposé le rapport Rebâtir la confiance, là, vous
vous souviendrez, qui a été remis à l'Assemblée nationale il y a un peu plus
que deux ans maintenant, en décembre 2020. Voilà pour ma présentation.
Je vais surtout vous
parler, ce matin, de prévention primaire. Pour moi, c'est très important, parce
que j'ai suivi beaucoup, beaucoup ce dossier-là et j'ai entendu très peu de
gens en parler. On parle beaucoup, à bon droit, de prévention secondaire,
c'est-à-dire qu'est-ce qu'on fait s'il y a des victimes, d'avoir des lignes
d'appel, de l'aide aux victimes. Évidemment, je suis ravi qu'on parle de ça, je
n'ai absolument rien contre ça, tout au contraire, mais je suis inquiet qu'on
parle si peu de prévention primaire, c'est-à-dire que fait-on pour que ces choses-là
ne se produisent plus. Et j'ai entendu, en fait, très, très, très peu parler de
ça.
On a aussi beaucoup parlé de
sensibilisation. Des gens disent : Oui, on montre des films, on fait des
conférences. Vous savez, la prévention, ce n'est pas ça. Si vous pensez qu'on
change des comportements en visionnant un film... Et, vous savez, vous êtes en
politique, vous essayez, vous autres aussi de votre côté, de changer parfois
des comportements, vous savez qu'on ne
change pas de comportement comme on change de vêtements, et ça ne se fait
pas à la sortie d'un film ou d'une conférence. C'est beaucoup plus complexe que
ça. Alors, ce qu'il faut : développer et promouvoir, en fait, des
comportements alternatifs. Si je fais... Quoi ne pas faire, la majorité des
gens le savent, mais qu'est-ce que je fais à la place? Là est la question. Et
c'est surtout de ça dont je veux vous parler, ce matin, alors allons-y,
allons-y.
J'ai été étonné que
la LNH ne vous parle pas qu'avec la directrice des services aux joueurs, Mme
Llorens, on travaille depuis 18 mois maintenant à développer un programme
de prévention primaire. Et c'est méritoire, c'est tout à son honneur, là. C'est
elle qui m'avait contacté, sachant que je travaille là-dessus depuis fort
longtemps, à l'été... il y a 18 mois, pas l'été dernier, l'été auparavant.
Et, depuis ce temps-là, on travaille là-dessus. Je le fais bénévolement, là, je
tiens à le dire, mais, bon, comme j'étais en processus de retraite, j'avais un
peu plus de temps, mais en se disant : Bien, un jour, on trouvera de
l'argent pour ça. Et c'est avant que... toutes ces affaires-là dont on a parlé
dans les médias. Et je pense que Mme Llorens est très allumée, là, sur les
besoins des joueurs. On a même fait un sondage auprès des joueurs, sur leurs besoins,
et tout ça. Et puis, bien, j'étais content de venir ici, ce matin, parce que je
vois que je vais être le premier à vous parler de ça. Et je pense qu'on n'en a
pas parlé beaucoup, parce qu'on a cogné à beaucoup de portes pour demander...
Bien, évidemment, on demande de l'argent à la ligue, on demande de l'argent...
Avez-vous de l'argent, les équipes? On demande de l'argent à certains
ministères. Bien, tout le monde trouve que notre idée est excellente, mais,
pour le moment, on n'a pas trop de réponses.
Alors, de quoi
s'agit-il quand je vous parle, là, de prévention primaire? Il y a trois choses
là-dedans. Alors, la première, c'est les... ce qu'on appelle les codes de vie
des joueurs, les règles, les... Vous savez, les joueurs signent aussi, hein,
maintenant, dans beaucoup d'équipes, là, les joueurs signent une espèce de code
de vie : Je m'engage à... C'est très bien d'avoir déjà ça, mais, pour en
avoir regardé quelques-uns, je peux vous dire que c'est un peu comme du fromage
gruyère, il y a des trous dedans. Et puis c'est bon dans le fromage, mais, dans
les règlements de sports d'équipe, ce n'est pas l'idéal. Alors, il faudrait
vraiment revamper tout ça, on est en train de se pencher là-dessus, parce qu'il
y a trop de zones grises, là, qui sont laissées là.
Et puis je pense que,
si on veut mobiliser... Vous savez, en prévention, deux choses qu'il faut
surtout mobiliser, comme j'ai dit... Bien, il y a trois savoirs, hein, il faut
que les gens aient des connaissances, développent des savoir-être, des savoir-faire.
Ils vont y arriver s'il y a deux choses de base : la motivation et les
valeurs qui soutiennent ces actions-là. Il faut motiver les jeunes, il faut
motiver les adultes qui les encadrent à agir pour prévenir. Il faut qu'il y ait des valeurs individuelles. On
a des valeurs sociales, au Québec, on est une des sociétés sans doute
les plus sensibles, hein, au bien-être des jeunes, et tant mieux, mais on peut
toujours s'améliorer. Il faut aussi avoir des valeurs
d'équipe. Il faut que le sport... Le sport, c'est aussi éducatif, et on doit...
le sport doit véhiculer certaines valeurs bienveillantes et certaines
valeurs qui n'autorisent pas ou qui, même, empêchent la commission d'actes
aussi regrettables que ceux dont on a parlé
dernièrement. Alors donc, la première chose à faire, ce serait de revoir ces
règles, ces règlements, ces codes de vie, et là il y a déjà un travail
considérable à faire. Deuxièmement, il faut s'adresser aux jeunes eux-mêmes,
aux joueurs. Pourquoi? Parce que les joueurs, là, pensez bien qu'il faut partir
d'où ils sont, là, et puis ce n'est pas facile. C'est pour ça que voir un film,
entendre une conférence... il faut les écouter, il faut parler avec eux, il
faut les intéresser.
Vous
savez, les gens, quand on parle de prévention, les gens pensent qu'on va leur
faire la morale, ce n'est pas ça. Responsabiliser les gens, ce n'est pas
leur faire la morale. Au contraire, c'est de les amener avec nous, là, dans un
beau projet qui est de construire quelque chose de mieux. C'est ça. Les
campagnes de prévention qui fonctionnent, là, il y en a des très belles par le
gouvernement du Québec. C'est ça, le but et c'est ça, le moyen utilisé alors,
et on travaille là-dessus, justement d'avoir des choses qui vont plaire aux
gars, que les gars vont avoir le goût de participer, que ce soient des
discussions, que ce soient des vidéos, des quiz. On ne manque pas d'idées à ce
sujet-là, mais on va auparavant les consulter. On va... il faudrait... Enfin,
je vous parle comme si on était en train de le faire, j'espère qu'on le fera,
que je vais convaincre quelqu'un quelque part, alors, et ce serait bien.
Moi, je le fais déjà,
je peux vous le dire, je l'ai fait beaucoup, là, je le fais actuellement. Je ne
les nommerai pas, pour certaines émissions
de télé, là, de réalité qui ont éprouvé des petits problèmes, moins graves,
mais quand même qui se soucient qu'il n'y ait pas de harcèlement et de
comportements inappropriés. Et je peux dire que les jeunes ont beaucoup de
plaisir avec ce qu'on a développé. Donc, je sais que c'est possible, parce que
je l'ai déjà fait puis je l'ai fait encore
récemment. Alors donc, rejoindre les jeunes par des mises en situation
pratiques, des choses qui leur permettent de se projeter dans l'avenir.
Si telle chose arrive, qu'est-ce que je fais? Qu'est-ce que je peux faire?
Comment je peux réagir? Ça arrive à moi, à mon collègue, à mon équipe, à
quelqu'un que je connais. C'est très important.
Deuxièmement, il faut
impérativement rejoindre les personnes qui encadrent ces jeunes-là. Et, vous
savez, ça va des coachs aux familles
d'accueil qui accueillent les jeunes, vous savez, quand les jeunes voyagent,
là, il faut qu'ils dorment quelque part. Alors, moi, j'irais jusqu'au
propriétaire d'équipe, là, parce qu'il faut que l'exemple parte de haut, là,
puis il faut que... Vous savez, quand vous voulez imposer des nouvelles
valeurs, des nouvelles façons de faire, ça doit aller de haut en bas et de
bas... ça doit remonter et descendre. Alors, il faut que tout le monde soit
impliqué là-dedans. Là aussi, évidemment, on pourrait et on devrait consulter
les gens qui sont des mentors, en fait, pour
ces jeunes-là, là, penser que les gens qui les encadrent, à quelque niveau que
ce soit, sont des modèles. Les gens disent souvent : Oui, mais on
ne veut pas être des modèles, on est seulement des coachs, on est seulement des
familles d'accueil, là, pour ces joueurs, si
j'ose appeler ça comme ça, pour ces joueurs-là. Oui, mais, quand ils sont avec
toi, tu es un adulte, hein, tu es un adulte, et c'est un exemple, que tu
le veuilles ou pas.
Et ce serait un peu la...
Et ce serait, évidemment, une formation plus étendue, plus extensive, parce
qu'il faut apprendre des choses qui sont plus de l'ordre de la résolution de
problèmes, de la relation d'aide, même, à ces adultes-là. Si tu as un jeune qui
est en problème, avant que tu reviennes, là, pour consulter psychologues ou
travailleurs sociaux, est-ce que toi, tu peux faire des choses à ton niveau? Si
tu as des victimes, si tu as... Alors, il faut
des choses de base, et puis, ça, comme je vous l'ai dit, moi, j'ai enseigné ça,
la relation d'aide pendant 40 ans passés. Et c'est sûr que j'ai des
petites idées là-dessus, mais, encore là, des mises en situation concrètes, des
choses qui vont permettre aux gens à se projeter dans l'avenir, hein,
dire : Qu'est-ce que... voici, il y a des choses concrètes à faire pour
moi.
• (10 heures) •
La grande question, et ça va être ma conclusion,
c'est : Qui c'est qui prend ça en charge? Actuellement, c'est la grande question. De qui relève la prévention?
Qui doit en prendre l'initiative? Qui en fixera des balises? Parce que,
comme je disais tout à l'heure, il y a beaucoup de gens qui disent faire de la
prévention, mais ce que je vois, ce n'est pas ça, c'est de la sensibilisation.
Alors, bien là, il y a une question de coût-bénéfice. Évidemment, quand ça va
bien, personne ne parle de prévention, parce qu'on dit : Bien, pourquoi
faire de la prévention, alors? Mais, quand ça va mal, ça coûte très cher quand ça va mal, parce que, là, il y a eu des
victimes, et ça coûte très cher avoir des victimes, hein, on... Eh bien... et, alors, quand ça va bien, on
ne fait pas de prévention. Parce que ça va bien, pourquoi en faire?
Quand ça va mal, on dépense tout l'argent
disponible pour compenser des victimes. On dit : Ah! bien, c'est dommage,
il ne reste plus d'argent pour la prévention. Alors, la prévention passe
à la trappe dans les deux cas, ce qui est bien dommage et, à mon avis, assez
tragique.
C'est pour ça que je pense que la rondelle... et
le jeu de mots est facile, je le sais, mais la rondelle est dans le camp des
décideurs, que ce soient les équipes, que ce soient les ministères, les
organismes publics, est-ce qu'on veut éviter que ces choses-là adviennent de
nouveau et qu'est-ce qu'on fait en prévention primaire.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. Dorais. Je vous... Je suis désolée de vous interrompre. Très...
M. Dorais (Michel) : Oui.
J'avais fini.
La
Présidente (Mme Dionne) : Très intéressant. Alors, merci beaucoup pour votre
exposé. Je céderais maintenant la parole du côté du gouvernement.
Quelqu'un veut intervenir? Oui. D'accord. Alors, j'invite le député de
Richelieu.
M. Émond : Merci beaucoup,
merci, Mme la Présidente. M. Dorais, bonjour. Merci de votre présence à
l'Assemblée nationale et d'avoir accepté de venir témoigner devant les membres
de la commission. Je vous remercie pour votre introduction.
Et,
M. Dorais, en regardant vos écrits, là, en préparant la journée
d'aujourd'hui, je vois que vous avez mentionné, quelque part dans une
entrevue en septembre dernier... à Radio-Canada, je crois, que, et là j'ouvre
les guillemets : «On ne veut pas seulement qu'il y ait un changement dans
la tête des jeunes, mais aussi dans leurs comportements au quotidien.» Et je ferme les guillemets. Puis puis
je crois que, dans votre introduction, vous avez quand même beaucoup
abordé ce... ce point.
Et, dites-moi, vous parlez de prévention
primaire, changement de comportements, que... vous dites que ça peut être
complexe, qu'il faut faire la promotion de comportements alternatifs, de quelle
manière ou à quel moment vous pensez qu'on doit aborder ces thèmes-là si on
veut faire une prévention?
Puis là je
vous amène aussi tôt que le parcours scolaire primaire, là, primaire et
secondaire. Puis vous entendrez au
timbre de ma voix, comme adjoint parlementaire au ministre l'Éducation, la
prévention et l'enseignement de l'éducation sexuelle, hein, qui est
abordé chez nos jeunes. De quelle manière, croyez-vous, on doit l'aborder dans
le cursus du cours Citoyenneté québécoise, là... Éthique et citoyenneté
québécoise, le nouveau cours qui est mis en marche, qui est présentement dans
des projets pilotes dans différentes écoles au Québec?
M. Dorais (Michel) : Oui. Bien,
le problème, c'est, évidemment, il y a peu de temps. Tu sais, on le sait, hein, c'est cinq heures au primaire,
15 heures au secondaire, à moins que ça ait changé, là, dernièrement. Il
n'y a pas beaucoup de temps. Mais, effectivement, cette prévention des
conduites inappropriées, utilisons un terme poli, devrait être faite à toutes
les étapes de la vie. Cela dit, en ce qui concerne le sport en particulier, dès
qu'un jeune adhère...
Je vais vous donner un exemple. À la Ligue de
hockey junior majeur, normalement, au mois d'août, là, il y a des... on démarre
la chose, là. Alors, ce que je parlais avec Mme Llorens, c'est qu'on pourrait
très bien démarrer un programme comme celui-là. Et, comme je dis, ce n'est pas
une conférence, ce n'est pas... C'est un ensemble de mesures qui vont
s'échelonner dans le temps, là, et qui vont rejoindre les jeunes.
Et je pense que vous avez raison, c'est... ça
fait partie de l'éducation, ça devrait concerner la prévention du harcèlement,
des agressions, des violences de nature intime ou sexuelle. Évidemment que ça
devrait nous préoccuper. Et on devrait commencer à le faire, oui, le plus tôt
possible, parce que les jeunes sont témoins de ça, ne serait-ce qu'ils sont
témoins de ça de la part de personnes plus âgées qu'elles dans le sport ou
ailleurs, là. Mais là vous prêchez quelqu'un qui défend ça. Oui, oui, je crois.
Et puis c'était, d'ailleurs, une des recommandations de notre part, Rebâtir
la confiance, là, que... que la prévention ait une plus large place.
Moi, je pense aussi qu'on... Vous savez, dans
les organismes professionnels, on a le 1 % de la formation continue, hein?
Vous savez, ça existe encore. Pourquoi qu'il n'y aurait pas ça, une mesure
comme ça dans le sport, un 1 % de formation aux bonnes conduites, puis
combattre les conduites toxiques? Tu sais, je lance ça comme ça, ce n'est pas dans... Je
pensais à ça... ce week-end en me préparant : pourquoi qu'on n'aurait pas
une mesure encadrante comme ça, comme
le gouvernement québécois l'a fait, là, pour le 1 % en formation
professionnelle? Ça passerait le message aux équipes ou aux directions
d'équipes, aux propriétaires d'équipes : Regardez, c'est important pour
l'État québécois, puis on veut que nos jeunes...
Et ce serait une structure en même temps
encadrante... qui baliserait les choses. Parce que moi, je peux vous dire,
là : Je fais de la prévention, puis faire autre chose, là. Il faut que...
Et je pense que l'État, encore là, a un rôle de leadership à jouer en... On est
très inventif au Québec, on le sait, là, en particulier pour tout ce qui
concerne les jeunes. Alors, moi, je lance un appel en ce sens-là encore une
fois : Soyons créatifs, innovateurs, innovatrices.
M. Émond : D'accord. Merci. Une
dernière courte question avant de passer la parole à mes collègues. Vous avez
mentionné dans votre introduction, M. Dorais, que l'exemple doit venir
d'en haut. Si on parle de... du sujet qui nous
occupe aujourd'hui, plus spécifiquement du hockey, dans nos auditions
précédentes, je demandais au commissaire sortant, M. Courteau, de s'engager
à lui-même, là, comme figure d'autorité de la ligue, de s'adresser directement
aux jeunes. On ne parle pas quand même de...
il n'y a pas des milliers de joueurs, là, je crois, dans la ligue junior
majeur, là.
M. Dorais (Michel) : C'est
quelques centaines, oui.
M. Émond : Exactement. Alors,
est-ce que vous seriez dans la ligne de proposer au successeur du... M. le
commissaire de s'engager également dans une démarche participative pour ne pas
remettre le fardeau au coach, au... Parce que c'est la même personne qui pousse
les jeunes à se dépasser quand il est derrière le banc des joueurs, puis
ensuite, on le met un peu dans le rôle, hein, de les sensibiliser. Tandis que
je me mets à la place d'un jeune joueur qui
reçoit un message, puis pas par un vidéo ou une lettre, là, ou un code de
conduite quelconque, mais d'une manière très personnelle, en début
d'engagement, là on peut sentir que le message va être clair, là.
M. Dorais (Michel) : Oui, oui.
C'est la raison pour laquelle je pense que la prévention primaire, ça concerne
tout le monde de bas en haut et qu'on devrait former à la prévention primaire
aussi parce qu'ils sont spécialistes du hockey. Moi, je n'irai pas leur montrer
comment jouer au hockey, mais leur parler de prévention primaire, moi ou
d'autres, là, il y en a d'autres spécialistes que moi, moi, je suis plus à la
retraite qu'autre chose, je pense que ce serait une bonne chose parce qu'on a à
s'apprendre des choses. Et puis moi, je pense que les équipes auront tout
avantage de mieux apprendre comment prévenir : peut-être de la
prévention... la prévention secondaire, qu'est-ce qu'on fait rapidement quand
il y a... il arrive quelque chose. Je pense qu'il y a une sensibilisation à
faire.
Moi, je suis
un peu... bon, je suis un grand optimiste dans la vie, mais je suis un peu déçu
que 18 mois plus tard, on attend toujours une mesure autant. Puis,
écoutez, il y a des ministères qui vont dire : Regarde, là, on attend, on regarde ça avec attention. Là, je ne vous dis pas
que ça ne marchera pas, mais il me semble que ça pourrait aller plus
vite. Et puis nous, on a hâte de commencer. Je peux vous dire qu'avec Mme
Llorens, on envisageait, il y a deux ans, d'être prêts à commencer cet été, là.
Mais l'été, c'est bientôt, là.
Alors, les jeunes, les nouveaux jeunes qui vont
arriver, là, arrivent, là, puis il faut être prêts à les accueillir, à les
accueillir autrement, avec des mesures structurantes et structurées.
M. Émond : Je vous remercie
beaucoup. Terminé pour moi, madame.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Je cède maintenant la parole au député de Vanier-Les Rivières.
M. Asselin : M. Dorais...
Pr Dorais, j'ai abondamment lu sur ce que vous avez fait, puis je vous
remercie infiniment pour votre travail.
Mais vous
avez raison d'interpeler l'État comme vous le faites. Mais je suis un peu
curieux. Dans votre travail, vous situez le travail de 18 mois avec
Mme Llorens. Pourquoi vous croyez que la ligue n'a pas été de l'avant par
rapport aux demandes que vous avez faites?
M. Dorais (Michel) : Honnêtement,
monsieur, je n'en ai aucune idée.
M. Asselin : Vous n'avez
aucun... aucune hypothèse qui vous vient?
M. Dorais (Michel) : Bien,
écoutez, c'est une question d'argent souvent aussi, comme je disais tantôt, là.
Puis ils ne sont pas ni pire ni mieux que d'autres, là. Souvent, quand on parle
de prévention, puis je le sais, là, tu sais, toute ma vie j'ai été pas mal
là-dedans, les gens disent : Oui, mais on n'a pas d'argent pour ça. Moi,
je dis souvent : Regardez, quand vous
payez les dégâts, là, ça coûte cher, compenser les victimes, des... tu sais,
des entreprises de relations publiques, des... Pour réparer une image
cassée, ça coûterait très, très, très cher. Alors, si on prévient les choses,
si on... Le risque zéro n'existe pas, ça, on s'entend tous là-dessus, mais, si
on fait en sorte que le risque soit minimisé, je pense que c'est un très bon
placement. Mais les gens de la ligue ne sont pas différents des autres.
Puis, écoutez,
c'est... tu sais, c'est... ceux qui paient, c'est les propriétaires, là. Je ne
sais pas si vous allez en avoir ici, mais,
tu sais, ultimement, là, c'est eux autres, j'imagine, là, j'imagine, qui vont
décider parce que c'est eux qui ont l'argent. C'est sûr que, si c'était
Mme Llorens ou les gens qui collaboraient avec elle, je suis certain que
le programme serait déjà démarré parce qu'elle est enthousiaste. On est
enthousiaste quand on fait ça, parce qu'on fait quelque
chose d'utile puis de positif, là. Mais je vous recommanderais de leur demander.
Moi, je serais curieux. Je serais curieux.
• (10 h 10) •
M. Asselin : Oui,
on va leur demander. Sur quels facteurs en particulier Mme Llorens vous
semblait la plus allumée?
M. Dorais
(Michel) : Sur quels facteurs?
M. Asselin :
Bien, par rapport au travail de prévention que vous vouliez mener.
M. Dorais
(Michel) : Bien, comme je disais tantôt, il faut tout faire ça,
là : il faut refaire les règlements en profondeur,
les codes de vie, il faut démarrer très vite. Si on veut insérer les jeunes
dans un processus, là, d'apprentissage de savoirs, savoir-être,
savoir-faire, il faut commencer à travailler dans les semaines qui viennent,
là.
Moi, je veux dire,
j'ai parlé... je ne nommerai pas de ministère, mais un ministère. On avait une
subvention. Et puis j'ai parlé aux gens, il y a quelques jours, je leur
dis : Écoutez, là, ça fait quand même des mois que... je suis content que
vous analysiez les choses en profondeur, mais il faut démarrer à un moment
donné. Nous, on est prêts à démarrer. Et j'espère qu'il y aura des équipes, tu
sais... parce que, peut-être la ligue, mais peut-être qu'il y a des équipes qui
sont plus mobilisées. Il faudra partir avec les ressources qui seront là à ce
moment-là. Moi, je pense que tout le monde n'est pas actuellement au même...
sur le même diapason, là. Mais débutons avec les gens qui sont prêts à débuter,
parce qu'on est rendu là, à mon avis.
M. Asselin :
Oui. Bien, évidemment, moi, j'ai passé ma vie dans le secteur scolaire, et
puis au niveau des garçons en particulier,
tout le monde le ressent qu'il y a une difficulté. Mais vous ne pensez pas que,
au niveau des parents en particulier, l'importance qu'on a donnée, dans
le passé, au mot «victoire» puis l'importance que l'expérience du hockey,
c'était la victoire, sans ça, bof! ce n'est pas important, vous ne pensez pas
qu'au niveau des parents il y a des choses à faire?
M. Dorais (Michel) : La culture évolue. Moi,
je salue... chapeau bas, là, à votre initiative, parce que, je pense, c'est quelque chose qui... c'est salutaire,
ce qui nous arrive. Mais c'est très triste, là, les choses dont on a
entendu parler dans les dernières semaines, les derniers mois, mais, si c'est
un électrochoc qui fait en sorte qu'on arrive à faire plus et mieux, bien, ce
sera... à toute chose malheur est bon, dit-on, hein?
M. Asselin :
Vous employez le mot «salutaire». J'aimerais ça que vous explicitiez
davantage sur ce que vous voulez dire par rapport à ça. Il y a une opportunité
là, vous croyez?
M. Dorais
(Michel) : Ah! bien oui, il y a une opportunité. Parce que je pense
que la population québécoise, là... Et ça... Et la population s'attend à des
choses de la part de l'État, un encadrement, des... baliser les choses, je ne
sais pas comment, là, ce n'est pas... moi, je ne suis pas à votre place, mais
ça me fera plaisir de donner des conseils si je
le peux, mais... et que les équipes aussi... Parce qu'on leur confie nos
enfants, à ces équipes-là et à ces propriétaires-là, qui donnent de
l'argent, mais qui en font aussi d'une certaine façon, alors je pense qu'on
peut s'attendre à plus qu'il y a
actuellement, oui, je pense qu'on doit être exigeants. Je dirais qu'on a ce
droit-là. En tout cas, moi, comme... là, je parle comme citoyen, moi, je
ne suis payé par personne, je suis à la retraite chez moi, là, je vous dis la
vérité et ce que je pense profondément, je vous l'assure.
M. Asselin :
Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Je passe maintenant la parole à Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay :
Bonjour, M. Dorais. Merci d'être avec nous aujourd'hui.
Donc, moi aussi, là,
je suis étonnée par les délais, parce qu'il y a d'autres associations, là, ici
même, au Québec, qui ont trouvé moyen de mettre en place toutes des mesures de
prévention. Tu sais, vous avez parlé d'un coût monétaire pour les équipes, là,
mais il y a un coût de briser des vies. Et c'est ça, aujourd'hui, là, c'est le
coût, pour moi, qui est le plus important puis qui m'interpelle
personnellement. C'est celui qu'on a brisé des vies parce que... justement, il
y a des processus qui ne sont pas mis en place, on n'a pas assez travaillé en
prévention primaire et en prévention secondaire.
Vous disez ici :
«On m'a beaucoup parlé dans ce dossier de sensibilisation à faire, c'est très
bien, ce n'est toutefois qu'une première étape dans un véritable travail de
prévention. Admettre qu'il y a un problème, c'est une nécessité.» Vous avez travaillé, bon, pendant 18 mois avec la
LHJMQ. Est-ce qu'ils ont atteint cette étape-là, selon vous?
M. Dorais
(Michel) : Bien, moi, j'ai travaillé avec Mme Llorens et puis...
tu sais, une personne avec... qui travaille beaucoup, qui travaille aux
communications, je n'ai aucun doute que ces gens-là sont enthousiasmés par le
fait de démarrer de la prévention primaire. Cependant, ce n'est pas eux qui
prennent des décisions, hein? Eux autres recommandent des choses. Et je pense
qu'actuellement c'est rendu... il y a quelqu'un qui doit décider : on dit
oui, on dit non, on met de l'argent ou on n'en met pas. Et c'est un... C'est
ça, c'est rendu là, à mon avis.
Mais peut-être que tout le monde regarde tout le
monde. Peut-être que les équipes puis les propriétaires regardent le
gouvernement, disent : Le gouvernement ne fait rien, pourquoi nous? Le
gouvernement dit : Peut-être, si les équipes ne font
rien, pourquoi... Mais il va falloir que ça vienne de quelque part. Il faut
débuter et il faut surtout... Vous savez, à un moment donné, là... je parlais
d'électrochoc tantôt, je pense qu'il va falloir, à un moment donné, dire :
On agit, là, on agit. Parce que je pense que le constat, le diagnostic est déjà
fait : le traitement, là... je parle un peu comme un médecin, je ne suis
pas médecin, mais vous comprenez ce que je veux dire, on sait où est le problème,
on sait comment il est, on travaille déjà. Moi, je le fais avec
Mme Llorens depuis 18 mois, puis avec d'autres aussi, avec la
Fondation Jasmin-Roy aussi, hein, qui a une mission sur le... les milieux
bienveillants pour les jeunes, alors, qui est prête aussi à mettre de la... de
l'argent. Mais la fondation s'allie toujours à des... du monde, là, donc ils...
tu sais, ils ne peuvent pas... parce qu'eux autres, ils ne sont pas
propriétaires de la ligue puis ils ne peuvent pas... ils ne peuvent pas
remplacer le gouvernement. Alors, il y aurait... Je pense, ça pourrait démarrer
assez vite, faire quelque chose. Mais je
pense qu'il manque encore de volonté apparente, peut-être la volonté dans leur
coeur ou dans la tête des gens. Mais
moi, j'aimerais qu'elle se manifeste concrètement pour que l'été prochain, par
exemple, je prends le cas de la ligue,
mais ça concerne aussi d'autres équipes, qu'on puisse dire : Bien, on
démarre quelque chose, quelque chose de sérieux.
Et moi, j'aimerais, si on pouvait travailler sur
des programmes pilotes, là, des programmes qui pourraient devenir des
programmes, je ne dirais pas modèles, mais des programmes qui pourraient servir
à d'autres, là. Et c'est comme ça qu'on fait
des programmes de prévention. Comme je vous dis, moi, je travaille depuis 30,
40 ans là-dessus, puis tu en pars un puis tu le ramieutes, si j'ose
dire, tu le bonifies au fil et à mesure que tu développes, parce que tu dis : Ah! on a oublié ça, on n'a pas fait ça,
tout ça. Et puis c'est quelque chose de très dynamique. Ce n'est pas : on
fait un programme, il est figé, il est là. C'est quelque chose qui va durer. De
toute façon, il faut accompagner ces jeunes-là tout au long de leur jeune
carrière dans le sport.
Mme Tremblay : Parfait.
On est tous parents, plusieurs d'entre nous. Puis... (panne de son) ...nos jeunes dans un sport, dans une activité, on veut que ça
se passe le mieux, on veut que ce soit une belle expérience puis, d'abord et
avant tout, on veut qu'ils s'amusent puis qu'ils en sortent grandis, vous
savez. Et là vous avez parlé des codes de vie puis des zones grises, là. Dans
plusieurs... on voit qu'il y a des codes de vie. Ça passe. Comme parents, on
les voit, hein, c'est signé rapidement, un peu, hein? C'est un peu ça : on
lit ça, OK, c'est bon. Puis on a un peu l'impression après ça que c'est un peu mis de... de côté. Tu sais, c'est présenté aux
jeunes... Puis moi, je suis enseignante de formation, là, tu sais, puis
il y a différents codes de vie aussi dans une école, on a un peu l'impression
qu'il y a une signature qui est apposée. Comment on peut aller plus loin dans
l'importance que ça a, un code de vie, dans l'appropriation du code de vie? Il
y a sûrement un lien à faire avec la prévention.
Puis vous avez parlé de zones grises dans les
codes de vie, donc j'aimerais ça un peu vous entendre, là, sur ce sujet-là.
M. Dorais (Michel) : Bien, il y
a bien des choses dont on ne parle pas ou pas suffisamment. En particulier les violences entre joueurs, par exemple, c'est
quelque chose qui n'est pas... qui n'est pas tellement présent là-dedans.
Et puis, dans les initiations, on l'a vu que
c'est... il y a... Puis j'aurais pu l'amener, là, mais je ne veux pas... Vous
comprenez, moi, j'aimerais travailler constructivement, là, avec les équipes,
notamment la LNH, si jamais notre projet va de l'avant. Je veux les critiquer
constructivement. Je ne vais pas, en public, dire : Regardez, là, le trou,
il est là. Mais, je pense qu'eux autres mêmes le savent. Et puis, avec
Mme Llorens, on a déjà identifié que faire mieux était tout à fait
possible et pensable. Parce que tout ce brasse-camarade qu'on a eu depuis
quelques mois, justement, a mis la loupe, là, sur les manquements, oui.
Mme Tremblay : Oui. Mais dans les
codes de vie, en général, là, tu sais, comment faire en sorte, là, que ce soit
mieux approprié aussi par les jeunes qui prennent connaissance des codes de
vie, que ce ne soit pas juste une signature qu'on appose dans le bas d'une
feuille, dire : Je l'ai lu, là, puis c'est classé? Moi, ce que je...
M. Dorais (Michel) : Vous avez
le bon mot, se l'«approprier».
Mme Tremblay : Oui, c'est ça.
Puis, après ça, c'est ça que je veux que vous nous expliquiez, comment mettre
ce... travailler sur ça? Peut-être que ça a un lien avec la prévention, là,
vous pourrez me le dire, là.
M. Dorais (Michel) : De façon
pédagogique. Il ne faut pas que ça ait l'air d'un mémoire de professeur
d'université. Moi, je mettrais des dessins, je mettrais de la couleur, je mettrais
plus... je mettrais des exemples, ce qu'il n'y a pas actuellement. Je mettrais
des choses qui mobilisent les jeunes, tu sais, un bon joueur sur la glace, un
bon gars hors la glace, là, tu sais, prendre des... tu sais, trouver des
espèces de slogans, là, qui... puis montrer que c'est une valeur maintenant
dans le sport, de ne pas avoir de comportement inapproprié, toxique, comme on a
trop vu dans le passé. Mobiliser les valeurs, c'est très, très important. Et
montrer que, si tu adhères à cette équipe-là, à cette fédération-là, tu adhères
aussi à ses valeurs. Et nos valeurs sont claires : c'est celles-là. Il
faut aller vers ça, là. Je peux... Je vais vous dire, madame, si on n'est pas
rendu là, je pense que c'est très triste. Mais je pense qu'on est rendu là. Et
il faut... Mais il faut le faire.
Mais qui c'est qui va lancer le go, je ne sais
pas, mais il y a beaucoup de gens... je ne suis pas... il y a beaucoup de gens
qui sont prêts, là, à dire : Il faut faire quelque chose. Faisons-le
maintenant.
• (10 h 20) •
Mme Tremblay : Parfait. Je vous
remercie, monsieur. Puis je pense que la LHJMQ est bien entourée, s'est bien
entourée, mais, maintenant, tout comme vous, on va... on pense que le go doit
être là. Merci.
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci, Mme la députée. D'autres interventions?
M. Poulin : ...
La Présidente (Mme Dionne) : Il
reste cinq minutes.
M. Poulin : ...merci
beaucoup. Merci, M. Dorais, pour votre participation à nos travaux et vos
avis également, de toute une vie, que vous nous partagez aujourd'hui.
J'aimerais vous entendre sur la culture de
silence. Parce que, lors de la première portion de nos auditions, il est revenu
à plusieurs reprises que ce qui faisait mal au monde sport, c'est cette culture
du silence là, qui est souvent acceptée aussi, il faut le dire, par des
adultes. Alors, les jeunes suivent l'exemple des adultes. Si les adultes
trouvent le tout normal, si, pour les
adultes, c'est correct, le bizutage, c'est correct, les initiations, c'est
correct d'envoyer promener des gens lors des entraînements ou autres,
qu'il y a une sorte de tolérance qui s'installe avec le temps, comment casser,
avec vos recherches, cette culture de silence là qui est tellement ancrée?
Et... Parce que vous nous parlez de prévention,
mais vous nous dites, en même temps, que ça prend du temps. Alors, qu'est-ce
que ça prend pour s'apercevoir que, finalement, des choses qu'on a
tolérées, on doit les cesser maintenant?
M. Dorais (Michel) : C'est la
raison pour laquelle je parle de code de vie et de valeurs qui soient claires.
Actuellement, il y a des valeurs positives et négatives. Actuellement, le
silence, c'était une valeur. Quand je parle de changer en profondeur, pas
seulement les textes, mais la mentalité, c'est pour ça qu'il faut former des
gens, là, de haut en bas, de bas en haut. Il faut montrer que ce n'est plus une
valeur.
M. Poulin : Vous dites... Aïe!
C'est important. Vous dites : Le silence est une valeur.
M. Dorais
(Michel) : Être... bien, ça peut être une valeur. Il y a des
jeunes qui ont compris, parce que les jeunes qui se sont tus pendant
longtemps, là... Puis, vous savez, moi, j'ai travaillé avec beaucoup... la...
très longtemps avec des victimes de
prostitution, d'exploitation sexuelle, d'abus de toutes sortes, et puis les
gens comprennent que c'est ça qu'il faut faire. C'est pareil dans le
hockey ou dans les autres sports : les gens comprennent que, dans ton
milieu, la valeur, qui n'est pas une valeur positive, là, on s'entend là-dessus...
mais le silence, c'est présenté comme une valeur positive. Si tu veux faire
partie de la gang, si tu veux être accepté, si tu veux avancer, tu te tais.
C'est bien beau, la solidarité masculine, mais
ça ne devrait pas être confondu avec la complicité criminelle. Il y a des gens
qui ne font pas la différence entre les deux, vous comprenez, et c'est pour ça
qu'il faut leur enseigner ça. Moi, je suis
prêt à y aller, là. Parce que la solidarité, ce n'est pas la complicité. C'est
très beau, une équipe, pour gagner, a absolument, impérativement besoin
de complicité pour le sport, de solidarité positive, pas d'une complicité dans
des exactions, dans des crimes, dans du harcèlement, et tout ça. Mais les...
Vous savez, il y a des adultes qui ne comprennent pas ça, là, alors les...
jeunes, encore moins.
M.
Poulin : Et je veux vous amener là, monsieur... je veux
vous amener là parce que le rôle des parents là-dedans... Dans certains
témoignages, on s'est aperçu que les parents, sans dire qu'ils étaient
complices, et je choisis mes mots, les parents mettaient une pression indue sur
leurs enfants, particulièrement dans le monde du hockey. Et il suffit à aller dans... d'aller dans certaines estrades à
certains endroits pour s'apercevoir que les parents mettent une pression
qui est incommensurable sur leurs enfants, qui fait que parfois les enfants
sont prêts à accepter l'inacceptable pour plaire à leurs parents.
Comment on peut inclure les parents dans le
processus? Vous nous parlez de code de vie, vous nous parlez de sensibilisation, de protection. Est-ce que les
parents ne devraient pas avoir aussi un certain guide ou un certain code
de conduite, à savoir jusqu'où on se rend dans la pression que l'on met à nos
enfants? Parce que des pères puis des mères qui vivent leur rêve de joueur de
hockey à travers leurs enfants, là, on en voit trop. Et c'est ce qui arrive par
moments, que la pression est beaucoup trop grande envers les enfants.
M. Dorais (Michel) : Vous avez
raison. J'ai parlé, tout à l'heure, de formation, d'encadrement pour des
familles qui reçoivent les jeunes lors des voyages, là, pour jouer des parties.
Mais, oui, et... il faut partir quelque part. Moi,
je pense qu'il faut partir les joueurs, les gens qui les encadrent, mais
toucher éventuellement... Puis, quand vous partez, là, un mouvement de
prévention, effectivement, vous découvrez toujours des... des nouvelles portes
à ouvrir. Est-ce qu'il faudrait toucher les parents éventuellement? Assurément.
Assurément, parce que... Mais les parents... Vous savez, encore là, les valeurs de l'équipe, les valeurs des... les
parents veulent que leurs enfants avancent dans le sport, alors les
parents font ce qu'il semble qu'on leur dit de faire pour avancer dans le
sport. Donc, s'il y a la valeur du silence, la valeur très négative, là, bien,
les parents comprennent que... Même si ça ne fait pas leur affaire, la majorité
des parents sont très bienveillants, là, personne n'en doute, mais c'est ça qui
arrive.
La Présidente (Mme Dionne) : En...
M. Dorais (Michel) : Mais
est-ce qu'il faut toucher l'ensemble de la culture québécoise? Oui.
La Présidente (Mme Dionne) :
...20 secondes.
M. Poulin : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Ah!
bon. Parfait. J'allais dire en 20 secondes, mais il reste...
M. Poulin : Oui,
bien, j'en profite pour vous remercier pour vos travaux, vos suggestions, vos
recommandations, qui sont extrêmement
concrètes et qui va nous permettre certainement de déposer un rapport qui sera
enrichi. Merci beaucoup.
M. Dorais (Michel) : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup pour vos échanges. Je cède maintenant la parole au porte-parole de
l'opposition officielle, le député de Marquette.
M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, M. Dorais.
Vraiment heureux de vous avoir aujourd'hui.
Vous savez que depuis un mois, cinq semaines maintenant, on est dans une
tourmente, là, notamment les sportifs, les anciens sportifs. J'ai fait
partie de cette gang-là, M. Dorais, puis on se pose beaucoup de questions.
On a beaucoup de témoignages, puis, quand on parle avec les gens du réseau, je
tiens à mentionner que votre nom ressort souvent comme étant une
personne-ressource, une sommité dans la matière.
Puis je suis... on est vraiment honorés de vous
avoir aujourd'hui avec nous parce qu'aujourd'hui on est à une étape suivant, là. On a eu les premières
auditions, qui étaient d'essayer de comprendre qu'est-ce qui est arrivé, de
confronter, également de poser des questions qui étaient très, très, très
dures. Puis vous avez vu aussi les intervenants qui étaient là à l'époque.
Maintenant, aujourd'hui, on est à l'étape de vouloir comprendre, de vouloir
guérir, de vouloir trouver des solutions pour que ce genre de choses là
n'arrivent plus.
Vous avez parlé de prévention primaire. Puis
c'est pour ça que vous êtes là aujourd'hui, parce qu'on veut vraiment
comprendre le pourquoi puis surtout le phénomène, le phénomène de tout ça.
Parce que le député de Beauce-Sud parle de culture du silence, vous en avez
parlé beaucoup, mais moi, j'irais plus loin que ça, M. Dorais. C'est que
c'est normal. Puis moi, je trouve que c'est pire, ça, que la culture du silence
parce que ça devient normal. Il n'y a personne, là, puis moi le premier, là, je
n'ai jamais... il n'y a personne qui m'a dit : Parles-en pas, ne dis rien.
Bien non, c'était tout simplement normal, ça faisait partie de la culture. On
arrivait dans une équipe junior, puis on savait qu'on était pour faire des
niaiseries, puis on savait qu'on était pour nous faire faire des affaires, puis
nous enfermer dans l'autobus en arrière. On trouvait ça normal, ça faisait
partie de l'apprentissage, de l'entrée dans la Ligue junior majeur du Québec.
Cependant, bien, je veux juste vous dire une
chose avant de vous laisser la parole : Moi, je refuse de dire que c'est
seulement dans le hockey que ça se passe, ça, là, là. Ça, c'est un phénomène
sportif, c'est un phénomène scolaire également, au cégep, à l'université. On
l'a... Puis ce n'est pas juste les gars, c'est les filles également.
Ça fait que,
moi, ma première question, c'est, justement : Trouvez-vous ça normal que
les athlètes ou même les autres, des
étudiants de tous les genres confondus, là, trouvent ça tout simplement normal,
puis c'est la culture du sport...
M. Dorais (Michel) : Non. Je
pense qu'il faut éviter de... On parlait du silence, c'est une façon de
banaliser. C'est très... Oui, ça a été trop longtemps banalisé, effectivement,
et c'est pour ça qu'il faut envoyer un message très fort. C'est pour ça que je parle de programmes qui seraient encadrés et
balisés probablement par un organisme public ou par un ministère, parce que, comme je disais tantôt, les fédérations,
les équipes ne sont pas des spécialistes en prévention, et ce serait
déraisonnable d'attendre ça d'eux. Ils sont des spécialistes de leur sport, et
c'est très bien, c'est de ça dont on s'entend, maintenant il faut les soutenir.
Il faut peut-être même encadrer pour s'assurer que la prévention soit là.
Puis ce ne sera pas seulement des mots. Ce sera
des actions, et les bonnes. C'est ça qui m'inquiète un peu, parce que, vous savez, quand l'argent commence à
arriver dans certains projets, là, tout le monde devient spécialiste en
prévention. C'est assez compliqué. J'ai travaillé fort, moi, pour développer
quelque chose... là-dedans.
Alors donc, oui, il faut travailler
collectivement. Puis monsieur disait : C'est changer la culture québécoise
jusqu'à un certain point, parce que, dans... et certains sports, notamment le
hockey, ça fait vraiment partie de notre culture, là. Alors, la barre est
haute, mais je pense que, comme je disais tantôt, c'est une belle occasion
d'agir.
M. Ciccone : Vous avez parlé du code de vie. Ça fait des années, là,
qu'il y a des joueurs qui signent des codes
de vie. Il y a des... même des parents qui signent des codes de vie également,
puis comment se comporter dans les arénas, mais ça ne nous empêche
jamais de voir des parents s'écerveler puis des joueurs qui vont faire des...
qui vont dépasser, justement, le code de vie. Il faut comprendre que, dans la
culture, dans certains sports, des sports de haut niveau notamment, là, même si
tu signes un code de vie, là, les joueurs, les athlètes sont prêts à tout
faire, là, sont prêts à tout faire pour accéder au niveau supérieur, que ce
soit dans les Olympiques, d'aller jouer dans la ligue nationale. Puis, même si
le code de vie, il est écrit, le joueur, lui, il va faire n'importe quoi. Puis
je vous laisse là-dessus, là : puis non seulement il va faire n'importe
quoi, mais il va signer n'importe quoi, parce que lui, là... je parle de la Ligue junior majeur du Québec, tous les
petits gars veulent jouer dans la ligue nationale, là, puis tous les
entraîneurs veulent monter au niveau supérieur, là.
M. Dorais (Michel) : Oui, mais
il y a une... il y a une raison à ça, parce qu'une fois signé, on l'oublie, on
n'en parle plus. Quand je vous...
• (10 h 30) •
M. Ciccone : Pardon, je n'ai pas compris.
M. Dorais (Michel) : Parce
qu'une fois qu'ils ont signé, on n'en parle plus du code de vie.
M. Ciccone : Oui. OK.
M. Dorais (Michel) : C'est pour
ça que je vous parle d'un bon programme en prévention primaire, le code de vie. C'est pour ça qu'il faut les refaire. Il
doit être au coeur de ça : comment, maintenant, toi, dans ta pratique,
dans ton comportement de joueur puis sur la
glace et à l'extérieur de la glace, tu vas incarner ces valeurs. C'est à ça
qu'on appelle les joueurs puis les
adultes, les... comment tu vas incarner ces valeurs-là, qui sont dans ce code
de vie. Alors, tu vas le ramener par toutes sortes de façons dans les
programmes. C'est pour ça que la première chose à faire, c'est de refaire les
codes de vie, parce que, si tu veux que les gens... Et c'est ça qui devra être
incarné dans ta formation.
C'est pour ça que c'est quelque chose d'assez
complexe à faire, mais il faut le faire, parce qu'il faut que ces valeurs-là
soient mobilisées constamment et soient rappelées surtout souvent.
M. Ciccone : Parce qu'on écrit des codes de vie, justement, puis il faut
revoir les règlements. Mais, en même temps, la mentalité, l'état d'être d'un
athlète qui aspire aller plus haut va faire en... non seulement l'athlète,
mais, en même temps, l'entourage de l'athlète, que ce soit la ligue junior, que
ce soit au niveau également collégial... On l'a vu avec les filles à Harvard,
qu'est-ce que ces jeunes filles là se sont fait entre eux. C'est comme si
l'athlète ne vivait pas sur la même planète que les autres. C'est comme si les
athlètes, eux, avaient des lois différentes, des règlements différents puis des
modes de vie différents parce que, justement, c'est comme ça.
Puis je vais vous laisser là-dessus puis je vais
vous laisser répondre. Moi, je me rappelle, quand j'ai pris ma retraite de la Ligue
nationale de hockey, ça m'a pris deux ans avant de retomber sur la planète puis
redevenir un citoyen normal parce que moi, j'étais habitué que le monde faisait
tout pour moi, me donnait tout. Tout le monde voulait...
nous donnait vraiment des... nous faisaient manger gratuitement, nous
invitaient partout, payaient tout pour nous autres, puis nous autres, on
pensait que c'était comme ça, la vie, mais, quand on revient sur la planète, on
s'aperçoit que ce n'est pas ça du tout. Puis, même les joueurs à un plus jeune
âge, là, quand ils jouent dans le sport élite, bien, ils sont sur leur planète,
eux autres, puis ils décrochent, tout simplement.
M. Dorais (Michel) : Oui, bien,
à grand privilège, grande responsabilité. C'est pour ça qu'il faut mobiliser les joueurs à travers des valeurs, à travers un
programme qui n'est pas quelque chose qui dure une journée, tu signes un
document, puis, bonjour, la visite, on n'en
parle plus. C'est quelque chose qui doit... C'est pour ça que ça coûte de
l'argent. Ce n'est pas une conférence, ce n'est pas un film. Ça sera-tu des
petites vidéos qu'ils vont regarder tout au long de la session, parfois des
rencontres de groupe avec les coachs? Il y a toutes sortes de moyens. On est en
train de penser à ça et on va pouvoir y penser plus rapidement quand on pourra
démarrer pour de bon, là, parce qu'actuellement c'est seulement en gestation,
mais, oui, je pense que c'est la raison... parce que la compétition, là, tu
sais, ton adversaire, ce n'est pas ton ennemi, là, ton adversaire, c'est ton
adversaire.
Tu sais, je ne sais pas si vous regardez, des
fois, le tennis, là, on a vu les deux plus grands champions, on pensait qu'ils
se détestaient pour mourir, c'était Federer et, voyons...
Une voix : ...
M. Dorais (Michel) : ...Nadal,
c'est ça. Cet été, on a vu qu'ils étaient très, très, très bons amis, alors que
c'étaient de farouches ennemis sur le terrain. Alors, je pense que c'est quoi,
compétitionner, c'est quoi... Il y a une certaine agressivité qui est
nécessaire dans le sport, mais il y a d'autres types d'agressivité qui ne sont
pas requis du tout. Ça aussi, il faut
pouvoir en parler. Vous savez, là, je pourrais revenir pour vous parler très
longtemps de... et j'espère pouvoir
le faire, avec un groupe qui développera un programme ou avec un organisme,
avec un ministère, parce que c'est sûr
que je ne manque pas d'idées là-dessus et j'ai hâte que ça démarre, mais vous
avez raison qu'il faut travailler là-dessus, les privilèges, les
responsabilités, c'est quoi, la compétition, la saine puis la moins saine
compétition.
M. Ciccone : Vous avez parlé d'argent, puis je vais faire du millage
là-dessus. Tantôt, le député de Vanier-Les Rivières vous a parlé,
justement, du financement. Vous aviez un programme que vous avez travaillé
depuis 18 mois avec Natacha Llorens,
qui... selon moi, qui est une femme formidable, là. Je vous le dis, j'ai
travaillé avec elle depuis... notamment sur la politique antidopage à
l'époque. Elle a à coeur les joueurs, ça, je peux vous le confirmer, puis elle
veut le bien de tout puis de la ligue avec laquelle elle travaille. Vous avez
demandé du financement. Ça tarde à venir. Le député de Vanier-Les Rivières
vous a posé la question, pourquoi que la ligue junior ne vous a pas donné les
fonds nécessaires, mais vous avez aussi approché les ministères.
M. Dorais (Michel) : Oui, tout à
fait.
M. Ciccone : Pouvez-vous nous nommer les ministères que vous avez
approchés, puis leurs réponses?
M. Dorais
(Michel) : Bien, en tout cas, il y en a un, c'est... Je vais nommer le
dernier parce que c'est celui qui est le plus
porteur d'espoir. Je sais que notre attente... notre demande est... Bien, au
fédéral, on nous a dit : Adressez-vous... En
tout cas, on nous a dit que ce n'était pas le bon moment... En tout cas, n'en
parlons pas. On avait demandé au ministère de la Famille, on a dit : Nous,
ce n'est pas tout à fait notre mandat.
Finalement, il y a eu
un programme qui touche plus ou moins ces choses-là, plutôt... plus ou moins,
je dis bien, alors on n'était pas tout à fait... c'étaient les violences puis
l'égalité hommes-femmes, et tout ça, mais je sais que notre demande est encore
à l'étude, là, j'ai hâte, parce qu'elle a été soumise quand même en juin
dernier. Alors, j'aimerais que... J'ai hâte,
là, que la décision soit prise et puis je suis optimiste, un optimiste prudent.
Ce n'est pas moi qui prends la décision, mais je pense que certainement
que le Secrétariat à la condition féminine, qui, souvent, a des initiatives, justement, très progressistes...
J'ose croire que ça va finir par aboutir, mais je n'ai aucune idée, ce n'est
pas moi qui décide, mais, pour le moment, l'endroit dont on attend encore une
réponse, c'est cet endroit-là, effectivement.
M. Ciccone : Bien là, je suis persuadé qu'il y a beaucoup de gens du staff politique,
également, qui nous écoutent, là, ça
fait que, s'il y a des gens d'un ministère qui veulent se proposer pour vous
aider... Bien là, quand vous parlez de financement, vous parlez de
l'ordre de combien... Quel serait votre budget pour implanter ce programme-là?
M. Dorais
(Michel) : Bien, ça dépend, vous savez, là, quand on démarre quelque
chose, ça ne prend pas forcément une fortune. Nous, on avait dit : Si on
inclut tout, beaucoup, beaucoup de choses, là, on avait... je ne me souviens pas du... je pense, pour trois ans, de
mémoire, je pense, c'était 50 000 $ par année, là,
150 000 $ sur... Et puis, bien,
évidemment, on peut aller chercher de l'argent ailleurs. On pensait, nous,
aller chercher peut-être des commanditaires dans le privé, d'aller
chercher... Bon, la Fondation Jasmin-Roy a dit : On pourrait mettre de
l'argent, nous autres, justement, aller chercher des commanditaires. Si chacun
met l'épaule à la roue, ça ne coûte pas une fortune, là.
Écoutez, pour moi,
c'est... à comparer à ce que coûtent les dégâts qui sont faits par les
exactions qui peuvent être commises, là, hélas, pour moi, c'est un montant très
très peu... calculez le nombre d'équipes. Vous savez, les propriétaires
d'équipe ne sont pas des gens particulièrement pauvres non plus. Pour moi, que
chaque équipe mette quelques milliers de dollars là-dessus, et on ne parle pas
de 50 000 $ par équipe, on parle bien de 50 000 $ par année
ou quelque chose comme ça... Ça ne coûte pas une fortune, démarrer quelque
chose.
C'est
sûr qu'à mesure où on va de l'avant on découvre qu'on pourrait avoir plus
d'argent, on pourrait faire ci, faire ça, là, on le disait tantôt, les
parents, les familles d'accueil, et tout ça, mais moi, je vous dirais, là, le
plus petit montant possible qu'on pourrait trouver pour démarrer, pour être
certain que, cet été, les joueurs qui commencent leur année dans la ligue aient
quelque chose, là, moi, je trouverais ça correct, là. Ce n'est pas... parce que
ce n'est pas seulement une question d'argent, vous comprenez? C'est une
question de détermination. Quand on a... quand on est déterminé, l'argent, on
en trouve.
M. Ciccone : Avez-vous contacté le ministère de l'Éducation?
M. Dorais
(Michel) : Bien non, parce que c'est des programmes, vous savez,
souvent, pour ces choses-là... mais, si quelqu'un au ministère de l'Éducation
me téléphone, me dit : M. Dorais, on veut vous parler, je serais bien
content, et c'est bénévole. Je le dis, moi, tout ça, qu'est-ce que j'ai fait
depuis 18 mois, c'est bénévole, je n'ai jamais demandé à être payé... Si jamais
ça marche, puis je suis expert-conseil, quelque chose, vous me paierez, mais ma
motivation première, ce n'est pas ça. Je pense que la société québécoise... et,
toute ma carrière, ça a été ça, moi, je ne fais pas ça pour de l'argent. Je
fais ça parce que j'y crois.
M. Ciccone : La dernière fois que la ligue junior majeur du Québec est
venue ici en commission, on nous a parlé d'un code du vestiaire qui était pour
être implanté en 2023‑2024. Vous pensez quoi, ça, de ce fameux code du
vestiaire là, alors qu'il y a déjà des codes de vie?
M. Dorais
(Michel) : Bien, comme je le disais tantôt, si ce n'est pas incarné
dans un programme continu où on parle de ça, mais autrement que signer un
papier, un papier qui a l'air d'une lettre de notaire, là, ça ne fait pas de sens... Je ne vous dis pas qu'il ne faut pas le
faire, mais il ne faut pas faire que ça. Il faut que ce soit intégré. Il faut
que ce soit intégré dans la vie des gens. Il faut que ce soit actualisé à
travers un cheminement concret, des discussions, des vidéos, des... toutes
sortes de choses, là, qu'on peut penser pour que ces valeurs-là... Comme je
disais tantôt, on ne change pas de valeurs comme on change de vêtements, c'est
long, c'est un processus continu. Il va falloir... On dit : C'est un
processus réitératif. Il faut revenir souvent avec la même chose, mais de
différentes façons, pour que ça entre dans l'esprit, dans les pratiques des
joueurs et des équipes.
• (10 h 40) •
M. Ciccone : Puis ça, ça va en conjoncture avec, justement, le 1 %
de formation que vous parlez.
M. Dorais
(Michel) : Oui, oui, j'aimerais... Je ne sais pas 1 % de quoi,
mais, tu sais, j'ai... l'idée m'est venue en regardant les programmes de
formation professionnelle, là, et... parce que ce n'est pas des montants
extrêmement considérables. Écoutez, je suis certain qu'une firme de relations
publiques, pour réparer les dégâts d'une seule victime, coûte plusieurs fois
ça, je ne sais pas, je n'ai jamais travaillé pour une firme de relations
publiques, mais je trouve que faire de la prévention, c'est extrêmement
profitable parce que pensez, là, que l'argent ne règle pas tout, puis une
victime que vous avez... Un joueur agressé par d'autres joueurs ou une victime,
une fille harcelée ou, bon, agressée, une jeune fille, une jeune femme, c'est
des vies brisées, là.
Alors, il n'y a pas
de montant pour ça. C'est pour ça que moi, je trouve que ce n'est pas
déraisonnable, et, ça, je serais bien choqué, je vais vous le dire franchement,
qu'on me dise que c'est déraisonnable de s'attendre à ce que les équipes mettent un petit peu d'argent
là-dessus et que l'État encadre... parce que je pense que les spécialistes,
bien, actuellement, ils ne sont pas dans les équipes, parce que, s'ils étaient
là, bien, il ne serait pas arrivé tout ça par le passé, puis, écoutez, c'est la
pointe de l'iceberg qu'on a vu, là, il faut bien se le dire.
M. Ciccone : Quand vous parlez du 1 % de formation, ce n'est pas
juste aux joueurs, là, c'est aux dirigeants d'équipe, c'est aux entraîneurs,
c'est tout le monde, tout le monde, tout le monde qui doit participer...
M. Dorais
(Michel) : Je l'ai dit tantôt, tout le monde, tout le monde, tout le
monde autour des jeunes, oui...
M. Ciccone : Justement...
M. Dorais
(Michel) : ...de façon différente, cela dit, bien sûr.
M. Ciccone : Oui, oui, je comprends, mais, dans l'optique, justement, de
cette... Moi aussi, il ne me reste pas beaucoup de temps, je pense...
La Présidente
(Mme Dionne) : Il reste deux minutes.
M. Ciccone : Il reste deux minutes? Dans l'optique, justement, du
1 % puis d'avoir un suivi... parce que, là, en ce moment, là, je pense que
la perception des gens, tu sais, au Québec, puis ce n'est pas juste le hockey,
là, c'est le sport en général, le monde a été secoué avec qu'est-ce qui s'est
passé. Est-ce que, justement, vous seriez d'accord à ce que, justement, le rôle
du législateur, c'est... Quand l'industrie... différentes industries ne seront
pas capables de veiller au bien-être à 100 %, bien, c'est pour ça qu'on
est ici aujourd'hui, là. On n'a pas le choix de faire notre travail, mais
seriez-vous d'accord à ce que, justement, il y ait un suivi du législateur,
pour quelques années, pour s'assurer que... juste entendre les groupes,
entendre différentes ligues, différents paliers sportifs, juste pour s'assurer
que c'est bien suivi avec nos recommandations?
M. Dorais
(Michel) : Oui, parce que la barre est haute. Il faut changer toute
une culture. Je pense qu'on a vraiment besoin de ça, pas parce qu'il n'y a pas
de bonne volonté, là, du côté des équipes, ou des joueurs, ou de leurs
familles, mais parce qu'il faut une mesure encadrante, une mesure, je dirais
même, sécurisante pour les gens, de dire :
Bien là, je peux envoyer mon jeune, ma jeune, là, dans le sport, je ne suis pas
inquiet parce qu'il y a des gens, quelque part, qui s'inquiètent, là,
qu'il n'y ait pas des exactions, des abus, des agressions comme il y a eu dans
le passé.
M. Ciccone : Ça va être ma dernière question. Pour régler le problème,
il faut voir d'où il vient, là, puis ça, ça va être ma dernière question,
M. Dorais, qui, selon vous, est le grand responsable? Qui est le grand
responsable de cette situation-là? Qui est le joueur... Puis qui est le joueur
majeur pour le régler?
M. Dorais (Michel) : Vous savez, c'est un
peu... c'est ça, le problème, c'est un peu personne et tout le monde,
parce que, comme vous avez dit, plusieurs l'ont répété, c'est une question de
valeur, de culture de sport, qui est responsable
de la culture de... mais on sait qui serait responsable de la régler, par
exemple, parce que, s'il faut démarrer des
nouvelles mesures, ça va prendre de l'argent, et, ça, on sait c'est qui. Les
gens qui ont cet argent-là, c'est les gens qui décident, parce que
changer une culture sportive... en tout cas, changer... la faire évoluer pour
le mieux, il va falloir commencer quelque part, ça va coûter quelque chose, et,
ça, on est responsable de...
M. Ciccone : Merci beaucoup, M. Dorais.
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci beaucoup pour les échanges. C'est tout le
temps qu'on a. Je vais maintenant passer la parole au porte-parole du deuxième
groupe d'opposition, le député de Rosemont.
M. Marissal :
Merci, Mme la Présidente. M. Dorais, merci d'être là. Je vais y aller
rapidement parce que je n'ai pas beaucoup de temps pour beaucoup de questions,
puis, en toute transparence, on a eu l'occasion de se parler avant, là. Donc, il y a des choses que je ne
fouillerai pas davantage, d'autant que je passe en dernier, là, puis il y a
pas mal de terrain qui a été couvert par les collègues. Juste pour fins de
transparence, justement, je crois que vous êtes ou vous étiez aussi sur un
comité avec la ministre du Sport amateur. Est-ce que je me trompe?
M. Dorais
(Michel) : Non.
M. Marissal :
Vous n'étiez pas sur un comité sur la prévention en violence dans le sport?
M. Dorais
(Michel) : Non.
M. Marissal :
Ah bon, OK!
M. Dorais (Michel) : J'ai été
sur des choses... sur les préventions des agressions... le comité... le dernier
comité, là, ça a été celui qui a fabriqué le rapport Rebâtir la confiance.
M. Marissal :
OK, bon, bien, ma source n'est pas bonne. Pourtant, elle est pas mal
proche.
M. Dorais (Michel) : Bien, il y
a des gens... des fois, des gens qui me téléphonent, là, pour me dire : Ça
t'intéresses-tu, mais est-ce que j'ai fait partie d'un comité comme ça? Non,
jamais.
M. Marissal : OK,
c'est bon, c'est bon. Et, toujours pour question de transparence, vous n'avez
pas d'avantage pécuniaire à être ici ou à obtenir un contrat, juste pour
que ça soit dit, là, que ça soit très clair?
M. Dorais
(Michel) : Jusqu'à... Moi-même, tout ça, je l'ai fait
gratuitement. Évidemment, s'il y a des subventions, s'il y a des
contrats, s'il y a... puis on décide de m'engager comme expert-conseil, je
serai content de le faire, mais souvent je fais vraiment travailler les autres,
parce que, moi, mon...
M. Marissal : C'est bon.
M. Dorais (Michel) : Souvent,
dans les campagnes, ce que je fais, c'est de dynamiser, mobiliser, orienter les
équipes pour qu'il y ait des bons coups qui se fassent, mais, non, je n'attends
pas ça pour vivre, là. Évidemment, je suis... bon, je suis retraité puis je vis
bien.
M. Marissal : Très bien, ça
laisse plus de temps pour faire des travaux de... c'est très bien ainsi.
M. Dorais (Michel) : J'aurai
plus de temps pour écrire, faire plus de choses, mais trouver des nouveaux projets, être générateur de projets, d'idées, je
trouve, ça fait partie un peu de la vie d'un intellectuel, avec triple
guillemets, si on me permet d'utiliser l'expression.
M. Marissal : Vous avez parlé
du ministère de la Famille, c'est sûrement une bonne piste. Vous avez parlé du
Secrétariat à la condition féminine. Je pense qu'il y a un dossier là qui n'est
pas mort non plus complètement.
M. Dorais (Michel) : Non. On
m'a dit que c'est en analyse, oui.
M. Marissal : Mais pourquoi pas
Sport amateur puisque c'est... Il me semble que ça serait la porte d'entrée.
C'est, moi, celle que j'aurais privilégiée, en tout cas, là.
M. Dorais (Michel) : Oui, oui,
bien, on a regardé avec la Fondation Jasmin-Roy, avec Mme Llorens, bien, peut-être,
depuis 18 mois, on regarde les programmes passer, là, puis on regarde où
sont les montants où il y a des... parce que, souvent, on dit : Oui, mais
on n'a pas de programme pour ça. Vous savez, moi, je suis habitué... comme
chercheur, là, je suis habitué de faire des demandes de subventions, puis les
gens vous disent : Bien, vous vous levez un matin avec ça, c'est une bonne
idée, mais allez voir si on a des programmes. Nous, on a regardé les programmes
qui semblaient pouvoir correspondre à...
M. Marissal : OK, bien, c'est
parce qu'on a un ministère du Sport amateur. Il me semble que c'est là que ça
devrait aller. Est-ce qu'on devrait peut-être revoir... créer un programme,
justement, parce qu'à quoi bon avoir un ministère du Sport amateur si ça
échappe à son chapeau? Je ne sais pas, il me semble, c'est tellement... ça me
paraît tellement évident, là.
M. Dorais (Michel) : Oui, bien,
pour moi, l'important, ce serait que la relève... que ce soit relayé quelque part, ces préoccupations-là. Pour moi, je ne doute
pas que, quel que soit le ministère ou l'organisme public, ce sera bien fait, mais effectivement vous avez raison de dire
que ça doit être relayé quelque part, et au meilleur endroit possible,
oui, pourquoi pas, mais je ne suis pas un
spécialiste des organigrammes gouvernementaux. Je vous fais confiance là-dessus.
M. Marissal : Je comprends, et
les organigrammes gouvernementaux ne sont pas toujours de la plus grande
logique non plus, j'en conviens avec vous. On nous a beaucoup dit... puis moi,
j'ai fait des entrevues divertissantes avec des journalistes sportifs dans
certaines régions du Québec, en particulier depuis un mois, où on me dit :
Vous vous énervez pour rien, vous faites un show de boucane, c'est fini, ça, il
n'y en a plus, de ça, ça va bien, tout va bien. La ligue ne nous a pas dit ça.
M. Courteau, à sa décharge, ne nous a pas dit ça, mais il nous a dit que
ça va beaucoup, beaucoup mieux. C'est fini, les initiations, la violence, tout
ça? Est-ce qu'on perd notre temps ici?
M. Dorais (Michel) : Non, non,
non. Les choses se manifestent peut-être autrement, de façon parfois plus subtile ou pas forcément dans les mêmes lieux,
mais on a lieu de s'inquiéter encore. Nous, on a fait un sondage avec
les jeunes et puis on voit que ça
s'améliore, bien sûr que ça s'améliore, mais on a encore du chemin à faire, je
pense, et puis le danger avec les
alarmes qu'on a eues dernièrement, c'est que ce soit encore plus caché. Il faut
se méfier de ça aussi, là.
M. Marissal : Votre sondage,
est-ce que vous auriez objection à nous le...
M. Dorais (Michel) : Il
appartient à la ligue de hockey, c'est à eux. Ce serait à eux de le faire...
M. Marissal :
Laquelle, ligue, hockey junior majeur?
M. Dorais (Michel) : C'est
Mme Llorens... On a bricolé un petit sondage maison ensemble, et beaucoup
de joueurs ont répondu. Il y a des choses très positives dedans, il y a des
choses un petit peu inquiétantes aussi. Je pense que... Et on l'a fait... Vous voyez, on l'a écrit l'automne dernier puis
on se disait dernièrement... Si on avait à le refaire, il me semble qu'on ajouterait quelques questions. On
voulait quelque chose de très bref, de très concis, pour que les gars se
disent : Ah! ça va me prendre trois minutes, je le fais. Puis
effectivement la majorité des... un très grand nombre de joueurs l'ont fait,
mais je pense que, si on va de l'avant avec un projet, il faudra faire un
sondage un petit peu plus élaboré, plus précis, là. Avec, justement, tout ce
qu'il y a eu lieu ici, bon, ce qui est sorti, on sait qu'il y aurait des
questions plus précises, mais, quand on consulte les jeunes, on ne veut pas les
apeurer.
La Présidente (Mme Dionne) : Je
m'excuse, je suis désolée de vous interrompre une seconde fois. J'ai le mauvais
rôle aujourd'hui. C'est très intéressant. Je dois, par contre, mettre fin à ces
échanges. Alors, merci à tous pour votre contribution aux travaux.
Je suspends les travaux quelques instants, le
temps qu'on accueille notre deuxième groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 50)
(Reprise à 10 h 55)
La
Présidente (Mme Dionne) : Bonjour à tous et à toutes. La commission reprend
ses travaux. Tout d'abord, j'aurais besoin d'un consentement de la part
des membres de la commission pour aller un petit peu au-delà de l'heure prévue
étant donné le léger retard de ce matin. Merci beaucoup.
Alors, j'accueille maintenant notre deuxième
invité, M. Martin Lavallée, commissaire par intérim de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Donc,
M. Lavallée, je vous rappelle que vous disposez de deux...
10 minutes, pardon, pour votre exposé, après quoi nous allons
procéder à une période d'échange avec les membres de la commission. Donc, je
vous invite, donc, à vous présenter et à commencer votre exposé par la suite.
M. Martin Lavallée
M. Lavallée
(Martin) : Merci, Mme la Présidente. Alors, Mme la
Présidente, Mme, MM. les députés, bonjour à tous. Je ne m'attendais pas
à me retrouver à nouveau devant vous aujourd'hui. Cette commission a
certainement précipité les choses. Il s'en est, en effet, passé beaucoup,
d'événements, depuis le 22 février dernier. Le changement est lancé de
manière irréversible et dans le bon sens.
Je voudrais d'abord que vous sachiez que le
départ subit de M. Courteau a été un choc pour l'écosystème de la LHJMQ,
que ce soient les employés du bureau du commissaire, l'assemblée des membres
que sont les 18 propriétaires de nos équipes ou encore les employés des
équipes. Au-delà des erreurs, ou des omissions, ou des contradictions qui ont
pu lui être attribuées, à tort ou à raison, nous avons vu partir, sans
avertissement, un homme qui a consacré sa vie à cette ligue.
Pour ma part, je suis d'abord père de famille,
mais je suis également enseignant d'histoire de formation. Ma passion pour le
hockey a eu le dessus sur ma vocation d'enseignant et de direction d'école,
mais il reste des choses importantes de mon parcours dans le monde de
l'éducation. En histoire, on considère que la connaissance et la compréhension
du passé éclairent le présent et oriente l'avenir.
Nous sommes conscients que des événements
inadmissibles ont pu avoir lieu dans notre circuit à la lumière des témoignages rendus publics dans les derniers
mois et nous appelons, encore une fois, ceux qui auraient subi ou été témoins de gestes d'agression, de harcèlement,
d'abus ou d'intimidation de dénoncer. De mon regard d'éducateur, je
garde aussi la conviction que les jeunes ont besoin d'être encadrés, guidés,
éduqués par des adultes qui sont responsables et bienveillants.
Sur les
400 joueurs de la LHJMQ, un très faible pourcentage parmi eux atteindront
les circuits professionnels. Nous aidons des athlètes d'élite à vivre
leur passion du sport et à devenir des citoyens qui seront des atouts pour la
société de demain. Dans les dernières semaines, nous avons vu plusieurs anciens
joueurs témoigner de l'influence positive qu'avait eue dans leur vie leur
passage dans la LHJMQ. Nous avons entendu plusieurs artisans du hockey, membres
d'équipes professionnelles, analystes, entraîneurs, témoigner de l'évolution de
la ligue et de l'encadrement des jeunes dans les dernières années. Il y a eu
des manques, nous le reconnaissons, mais il y a eu beaucoup de bonnes choses.
Reconnaître le passé, c'est important pour avancer.
Lors de notre
première comparution, nous avons énuméré les nombreuses politiques et
initiatives de formation destinées aux joueurs et aux entraîneurs qui
ont été mises en place depuis 20 ans. Est-ce que ces initiatives ont été
assez claires ou appliquées assez fermement pour briser la culture du silence
du vestiaire? Probablement pas. Afin de corriger la situation, voici, en
quelques mots, ce qui a été fait depuis notre première présence devant la
commission.
Le
23 février dernier, la ligue a rencontré tous les propriétaires afin
qu'ils comprennent le sens du changement qui doit se faire et de
s'assurer de leur pleine collaboration. Le 27 février, la ligue a
rencontré les directeurs généraux et entraîneurs-chefs de toutes les équipes.
Ils sont en contact direct avec les joueurs. Ils font partie de la solution.
• (11 heures) •
Parallèlement, le comité
indépendant du programme d'aide aux joueurs s'est réuni tel que prévu et a
entamé l'élaboration d'un plan d'action visant à mieux prévenir et traiter les
comportements inappropriés et la violence à caractère sexuel. Ce plan d'action
sera complet et prévoira notamment un processus de plainte indépendant et un
code du vestiaire clair sur les comportements attendus et proscrits. Ce plan
d'action entrera en vigueur pour la prochaine saison.
Également, j'ai personnellement rencontré tous
les joueurs actifs de la ligue ainsi que le personnel de banc des 18 formations, les 13 et 14 mars
dernier. À chaque occasion, j'ai expliqué aux joueurs les différentes étapes
qui s'en viennent. Je leur ai dit ce
qui était attendu d'eux comme comportement et également ce qui était attendu
comme comportement de la part de leurs entraîneurs. Je leur ai rappelé
qu'ils ne devaient jamais hésiter à dénoncer tout geste répréhensible dont ils
auraient été témoins ou victimes. J'ai répété que leur voix était non seulement
importante pour dénoncer, mais également pour construire, pour être une ligue
encore meilleure. Je leur ai dit, à eux, également, qu'ils faisaient partie de
la solution.
Enfin, le processus de nomination du prochain
commissaire s'est conclu avec la nomination confirmée de Mario Cecchini. Sachez que sa nomination a été
très bien reçue. Nous avons tous très hâte de travailler avec lui
lorsqu'il entrera en fonction.
En terminant,
je peux vous dire que, chaque jour, j'ai des appels d'employés, d'entraîneurs,
d'agents, d'anciens joueurs ou de joueurs actuels qui sont abasourdis.
Ils me disent que la ligue qu'ils connaissent, ce n'est pas ce qu'on entend et
ce qu'on en dit dernièrement. À toutes les personnes qui s'impliquent et
oeuvrent de près ou de loin dans la LHJMQ depuis des années avec coeur,
générosité et bienveillance, je leur dis merci. Vous êtes l'immense majorité, et nous avons besoin de vous pour que chaque ligue
redevienne une source de fierté pour toute la société. À tous les
parents qui, comme moi, voient leurs jeunes rêver de jouer dans la LHJMQ, ne
tournez pas le dos, nous serons dignes de votre confiance. Nous serons une
école de vie et de sport à la hauteur de vos attentes. Nous ferons ensemble
l'avenir de la ligue. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, M. Lavallée, pour cet exposé. On va maintenant débuter la
période d'échange. Je cède la parole du côté du gouvernement, avec le député de
Beauce-Sud.
M. Poulin : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Bonjour, M. Lavallée. Félicitations pour vos nouvelles
fonctions malgré qu'elles sont par intérim, et merci d'être devant nous
aujourd'hui. Vous êtes dans la ligue depuis 2017, si je ne me trompe pas, c'est
bien ça?
M. Lavallée (Martin) : Effectivement,
depuis janvier 2017.
M. Poulin : Janvier 2017. Donc,
vous avez travaillé avec M. Courteau pendant un certain nombre d'années.
M. Courteau est venu ici, à l'Assemblée nationale, et il nous a dit qu'il
n'avait pas lu les témoignages qui se retrouvaient, entre autres, dans ce qui
était dénoncé dans le recours collectif par l'ancien joueur de la LNH, et
également à cet endroit-là où on faisait allusion d'initiations dans la Ligue
de hockey junior majeur du Québec. Vous avez lu comme moi les témoignages de
M. Stephen Quirk, qui a été, entre autres, tout récemment dans Le
Journal de Québec et dans Le Devoir. Vous, avec votre
expérience, est-ce que vous avez déjà eu connaissance d'initiations qui se sont
tenues dans la ligue de hockey?
M. Lavallée (Martin) : Si vous
me permettez, j'aimerais profiter de votre question, dans un premier temps,
pour mentionner que des informations erronées ont été communiquées en lien avec
l'affidavit de M. Stephen Quirk. Je comprends qu'il peut y avoir des
remises en question ou des frustrations. Aucune intention d'induire en erreur
les parlementaires et la population n'a été volontaire. Donc, à cette
occasion-là, j'aimerais profiter de la tribune pour, personnellement et au nom
de la LHJMQ... d'offrir toutes nos excuses.
M. Poulin : Donc, vous nous
parlez de confusion. Donc, vous nous dites que M. Courteau, finalement,
aurait lu les témoignages?
M. Lavallée
(Martin) : Bien, en fait, ce que... Il en a pris
connaissance, malheureusement, après la commission parlementaire.
M. Poulin : OK, d'accord. Vous,
est-ce que vous en aviez pris connaissance?
M. Lavallée
(Martin) : Au moment où j'étais commissaire adjoint, non,
mais, depuis mon entrée en fonction, oui.
M. Poulin : Quel est votre
bilan? Quelle est votre réaction? Parce qu'au même moment on nous dit : Ça
ne s'est pas produit dans la ligue, il n'y a pas d'initiation, c'est interdit,
et le recours collectif, le témoignage de M. Quirk
nous laisse sous-entendre le contraire. Quelle a été votre réaction quand vous
avez pris connaissance des témoignages?
M. Lavallée (Martin) : Comme
tout le monde, j'ai trouvé ces éléments-là absolument déplorables.
M. Poulin : Est-ce
que ce n'est encore pas plus fâchant quand on sait que ça a pu perdurer pendant
plusieurs années, sachant que
M. Courteau était là pendant 37 ans, qu'il y a des gens qui sont
aussi dans la ligue depuis plusieurs années? Est-ce qu'il n'y a pas
quelque chose, un peu, de révoltant là-dedans?
M. Lavallée (Martin) : On
peut... on pourrait dire que ce qui a pu se passer dans le passé,
effectivement, porte à croire que, malheureusement, on... Ça pourrait être
révoltant, je suis d'accord avec vous, mais ce qu'il faut prendre en compte,
c'est que, lorsque nous sommes mis au courant, nous prenons action. Puis,
aujourd'hui, moi, ce que je me suis engagé
de faire, à mon arrivée à l'intérim, c'est de m'assurer que, dès lors, on
allait se retrousser les manches pour
s'assurer de pouvoir aller de l'avant puis de mettre en place des programmes,
ou des politiques, ou codes du vestiaire qui allaient avoir du mordant,
puis s'assurer que ces choses-là ne se répètent pas.
M. Poulin : Est-ce que la ligue
va s'excuser auprès de M. Quirk?
M. Lavallée (Martin) : Bien, en
fait, moi, j'ai offert aujourd'hui mes excuses au niveau de la Ligue de hockey
junior majeur, non seulement à l'égard des parlementaires mais également à
l'égard de la société québécoise.
M. Poulin : Je conclurai
également en vous demandant : Est-ce que vous avez connaissance,
aujourd'hui, d'initiations, de bizutages qui se tiennent toujours dans la Ligue
de hockey junior majeur du Québec?
M. Lavallée (Martin) : Qui se
tiennent toujours, non, mais qui se sont passés, oui.
M. Poulin : Et
elles remontent à quand, les plus récentes activités d'initiation dont vous
avez eu connaissance?
M. Lavallée (Martin) : En fait,
moi, j'ai... Il y a deux éléments que je peux certainement faire allusion. La
première, c'est une situation qui s'est passée à Sherbrooke en 2015‑2016, je
crois, ou 2016‑2017, qui a été rendue publique,
OK, pour laquelle, lorsque le bureau du commissaire en a été informé, il y a eu
un comité d'enquête indépendant qui a travaillé sur le dossier, pour
lequel il y a eu un rapport qui a été remis et publicisé.
M. Poulin : Pouvez-vous nous
rappeler les faits de cet événement-là, à Sherbrooke, en 2015‑2017?
M. Lavallée (Martin) : En fait,
les joueurs se sont retrouvés à un endroit pour, disons, participer à une
activité d'intégration ou d'initiation dans laquelle il y a des activités à
connotation sexuelle qui se sont déroulées.
M. Poulin : D'accord. Vous nous
avez parlé de deux événements, ça, c'en est un à Sherbrooke. Est-ce qu'il y en
a un autre?
M. Lavallée (Martin) : Ce
week-end, il y a des allégations qui sont venues à nos oreilles alléguant
des... justement, des allégations de nature
sexuelle qui se seraient déroulées dans les années 90, dans une de nos
formations. Et, à ce moment-là, lorsque j'ai été informé de la situation, nous
avons procédé à une quête d'informations, laquelle, rapidement, nous a amenés à mettre en place une enquête indépendante
pour d'aller au fond des choses par rapport à ça.
M. Poulin : Pouvez-vous nous
dire l'année?
M. Lavallée (Martin) : Dans les
années 90.
M. Poulin : C'est assez large.
Est-ce qu'on est au début des années 90, à la fin des années 90? Pour
juste comprendre la culture du silence est jusqu'où, là.
M. Lavallée (Martin) : Oui,
bien, on est plutôt dans la première demie des années 90.
M. Poulin : OK. Est-ce que vous
pouvez nommer le nom de l'équipe?
M. Lavallée (Martin) : Par
souci de l'enquête indépendante et aussi pour préserver la présumée victime,
j'aimerais mieux garder confidentiel.
M. Poulin : OK. Et je conclurai
là-dessus avant de laisser la parole à mes collègues, mais est-ce que ça ne vous choque pas? Parce que, là, vous nous dites un
événement à Sherbrooke, 2015‑2017, c'est assez récent quand même, bon, il y
a un rapport, et tout. Là, on porte à votre attention, en fin de semaine, des
événements qui, quand même, démontrent au
début... remontent au début des années 90, mais, au même moment, on était
ici, il y a quelques semaines, et le
commissaire M. Courteau nous disait : Ça n'arrive pas, je n'ai pas
connaissance, je ne le sais pas, alors, que, finalement, c'est arrivé.
M. Lavallée (Martin) : Évidemment,
il n'y a personne qui souhaite que des événements comme ça surviennent.
On travaille excessivement fort pour que des éléments comme ça ne surviennent
pas. Malheureusement, il en est arrivé, puis nous... En
tout cas, je vais parler au «je», là, actuellement, pour moi, c'est important
de... dès qu'on a des informations, on mette en place des processus pour
assurer la sécurité de l'ensemble de nos joueurs.
M. Poulin :
OK. Puis je terminerai là-dessus : Est-ce que, depuis les dernières
semaines où... Est-ce que vous vous engagez, comme commissaire par intérim, à
transmettre une directive écrite, claire et précise à l'ensemble des
gouverneurs, à l'ensemble des entraîneurs que les initiations, le bizutage est
interdit?
M. Lavallée
(Martin) : Bien, écoutez, j'ai... comme je vous ai mentionné, j'ai
rencontré chacun des groupes que vous mentionnez de vive voix, en personne, OK,
par vidéoconférence. Ça a été... Le message a été très clair, on leur a dit ce
qui s'en venait, ce sur quoi nous devons travailler, collectivement, OK, et
nous allons prendre acte, mais je vous rappelle aussi que, dans le code
d'éthique, c'est clairement défini.
M. Poulin :
D'accord. Je vous remercie beaucoup.
M. Lavallée
(Martin) : Ça me fait plaisir.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Côte-du-Sud.
M. Rivest :
Oui. Bonjour. Merci, Mme la Présidente. Écoutez, je continuerais peut-être
dans ce qu'on vient de discuter. Vous avez
parlé, là, que, dans les dernières semaines, vous avez eu des échos, là, qu'en
1990 il s'est passé quelque chose. On
s'entend que, dans les dernières semaines, il y a comme une espèce
d'effervescence de se dire que... de vouloir dénoncer, de vouloir...
Est-ce que vous vous attendez, dans les prochains jours, les prochaines
semaines ou prochains mois, d'avoir d'autres révélations de ce type?
• (11 h 10) •
M. Lavallée
(Martin) : Malheureusement, je ne suis pas en mesure de vous dire ça.
Ce que je souhaite, c'est que les gens qui
auraient été victimes puissent dénoncer, ça, c'est le plus important, c'est...
dans le fond, c'est le message que je veux, entre autres, livrer
aujourd'hui, c'est celui-là.
M. Rivest :
Parce que vous l'avez dit, hein, d'éclairer le présent pour orienter
l'avenir, votre souci comme éducateur, moi-même aussi, on est tous, hein, les
parlementaires, allés voir nos jeunes jouer au hockey, on est témoins, comme
vous, qu'il y a un volet hyperstimulant à la pratique sportive puis qu'il y a
beaucoup de beau, mais, si on est rassemblés aujourd'hui, c'est, justement,
pour connaître cette culture du silence là, la dénoncer, encourager cette
dénonciation-là. Puis on le voit, nous-mêmes, comment, en ce moment, il se
passe... les éléments qui font qu'on rouvre la commission et qu'on vous reçoit
aujourd'hui.
Pouvez-vous me
dire... Vous avez parlé d'un processus, là, d'enquête indépendante, ou un volet
que vous souhaitez aller un peu plus loin. Pouvez-vous nous en dire plus sur
cette enquête indépendante là, quels sont les processus, le mécanisme?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
écoutez, celle que j'ai fait mention tantôt, c'est celle spécifiquement à la
situation, là, qui nous... a été portée à notre attention ce week-end dernier.
M. Rivest :
En 1990.
M. Lavallée (Martin) : Exact.
OK? Pour le reste, nous avons... Le comité, si on veut, indépendant, au
niveau du programme des joueurs, s'est réuni pour aller de l'avant avec un plan
d'action qui, notamment, souhaite qu'il y ait la mise en place d'un service de
traitement des plaintes totalement indépendant.
M. Rivest :
Est-ce que vous pouvez nous en dire la nature?
M. Lavallée
(Martin) : Bien, tu sais, dans le fond, ce qu'on veut, c'est que les
joueurs, que les membres du personnel, à travers nos 18 équipes et même le
bureau du commissaire, puissent se sentir... d'avoir un espace qui est libre
pour pouvoir témoigner ou pouvoir dénoncer les gestes, et que cette
information-là puisse être enquêtée de manière très objective pour arriver à
des mesures qui sont concluantes.
M. Rivest :
Dans ces mesures-là, est-ce que l'idée du code du vestiaire dont il a été
question... Est-ce que, dans votre intérim,
vous allez mettre des actions claires, outre celles que vous avez mentionnées,
d'aller à la rencontre, le 27 février, la rencontre des DG, etc.?
Pouvez-vous m'en parler davantage... le code de vestiaire?
M. Lavallée (Martin) : Oui,
bien, écoutez, le code du vestiaire, pour nous, là, c'est un moyen. Il y a
beaucoup... on a beaucoup de programmes, on a beaucoup de politiques, elles
sont sur... mais elles doivent devenir significatives. Et, pour nous, le code
du vestiaire, c'est exactement ce qu'on souhaite faire, c'est d'amener, dans un
condensé, des informations qui sont claires, qui sont constructives et qui
interpellent nos joueurs, qui interpellent les membres du personnel sur les
comportements qui sont proscrits puis les comportements qui sont attendus.
Alors,
dans les prochaines semaines, de par mon passage à l'intérim puis aussi avec le
mandat qui suivra, de M. Cecchini, nous
allons travailler très fort pour nous assurer que nous pourrons mettre en place
toutes ces mesures-là à la prochaine saison.
M. Rivest : Donc, tu sais, on
s'entend qu'il y a comme un délai, là. Si vous partez votre intérim depuis
quelques semaines, il va se rendre, quoi, jusqu'au mois de mai?
M. Lavallée
(Martin) : Jusqu'au mois de mai, puis M. Cecchini arrivera à ce
moment-là.
M. Rivest : Avez-vous
des discussions avec M. Cecchini... monsieur qui remplacera au mois de
mai?
M. Lavallée
(Martin) : Bien, on s'est parlés, je veux dire, par la force des
choses, là, mais, actuellement, j'ai un mandat. M. Cecchini a des
obligations professionnelles avec une autre organisation, il va compléter son
mandat puis, à ce moment-là, lorsqu'il entrera, on va avoir des bons échanges.
M. Rivest :
J'imagine. Peut-être, comme dernier élément, pouvez-vous me dire, là, ce
qui a mené la culture du silence, selon
vous, là? Tu sais, on parle des années 90, M. Courteau, on voit...
Vous avez, à quelque part, fait, son éloge,
mais on est aussi là en se disant : Il a quand même quitté d'une façon
peut-être dommageable pour vous, mais, en même temps, cette culture du silence là était présente durant son
mandat. De quelle façon vous pouvez nous expliquer... de quelle façon
cette culture de silence a pu s'impliquer d'une façon aussi importante à
l'intérieur de la ligue?
M. Lavallée
(Martin) : Vous savez, on a mis en place plusieurs choses, puis je
l'ai répété puis je pense que c'est important de continuer à le répéter, parce
que ces choses-là, elles sont là puis elles ont des raisons d'être là. Ceci
étant dit, il faut être en mesure de mieux les faire comprendre, de mieux... de
donner des références claires, que les gens comprennent pourquoi il y a ces
choses-là. Dans un premier temps, c'est pour leur sécurité, puis là je ne parle
pas, là, seulement de la sécurité du joueur de hockey, mais vraiment la
sécurité de l'humain, et que ce joueur-là,
ou les joueurs, ou les membres du personnel se sentent bien, se sentent en
sécurité avec l'ensemble de ces programmes-là. Ça fait que, pour moi,
lorsqu'on se sent en sécurité, lorsqu'on se sent épaulé, c'est beaucoup plus
facile de parler. Et c'est l'intervention qu'on doit faire, on doit mieux
éduquer, on doit mieux baliser pour que les gens se sentent bien.
M. Rivest :
Merci.
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci, M. le député. Je cède la parole à la
députée de Hull. Je vous rappelle qu'il vous reste trois minutes.
Mme Tremblay : Oui, parfait. Donc, bon,
vous avez parlé, là, d'éduquer, de prendre connaissance, mais est-ce que
vous admettez, là, qu'il y a un problème, clairement, là, aujourd'hui, là?
Parce que ça fait partie d'un processus qui est important, puis c'est ce que
M. Dorais nous a dit un petit peu plus tôt.
M. Lavallée
(Martin) : Bien, moi, je reconnais qu'on nomme la culture du silence,
qu'on nomme qu'elle est... qu'elle est
présente. Personne ici ne va nier ça. Maintenant, c'est comment on va faire la
lumière sur cette culture du silence là pour s'assurer que tout le monde
l'écarte puis que ce n'est pas une valeur. Pour moi puis la ligue, la culture
du silence ou la loi du silence n'est pas une valeur.
Mme Tremblay :
Alors, justement, M. Dorais disait que ça prend un changement,
justement, puis c'est au niveau... c'est profond, hein, c'est au niveau des
valeurs, vous venez de le mentionner.
On parle de mettre en
place, là, un programme qui va au-delà de : on fait une rencontre au début
de la saison pour dire : Bon, bien, voici le code de vie, on le signe,
c'est beau. Il parle vraiment d'un programme à long terme qui touche l'ensemble
de l'organisation. Et là vous parlez quand même d'un délai... tu sais, c'est
un... mettre ça ici en place en septembre ou bien au début, là, quand vous
allez commencer, puis vous, vous êtes par intérim, la prochaine personne arrive
au mois de mai.
Moi, j'aimerais ça
savoir avec qui vous allez travailler, parce que, M. Dorais, avec qui vous
avez déjà travaillé... Puis là je comprends que vous avez trouvé le
financement, là, que ce n'est plus un enjeu, là, que vous avez trouvé l'argent
pour le faire, parce qu'on disait qu'on était en attente de ça, dans le rapport
de M. Dorais. Donc, avec qui vous allez travailler pour mettre ça en
place?
Puis, j'aurais une
autre question. Vous avez fait un sondage dans lequel vous avez obtenu des
données importantes. Moi, j'aimerais... Puis M. Dorais parlait même
peut-être de faire un autre sondage parce qu'il manquait peut-être des données dans ce sondage-là. Donc,
d'abord, j'aimerais savoir, est-ce que vous seriez prêts à nous transmettre
ce sondage-là, qu'on en prenne connaissance, et est-ce que vous seriez prêt à
aller de l'avant avec un autre sondage? Donc, avec qui vous voulez travailler,
puis la question des sondages.
M. Lavallée (Martin) : C'est
bon. Alors je vais essayer d'y aller dans l'ordre. Avec qui? Écoutez,
M. Dorais, c'est effectivement quelqu'un avec qui nous avons travaillé.
Nous avons des organismes, là, je pense à Sport'Aide, nous avons le comité
indépendant, qui est composé d'une multitude de gens qui sont reconnus dans le
domaine, autant sportifs que du domaine de la santé. Donc, ces gens-là, on va
s'appuyer avec eux, OK?
La
deuxième chose, pour ce qui est du financement, j'aimerais quand même porter à
votre attention que nous avons effectivement
fait des demandes de financement. Nous en avons fait trois et, pour l'instant,
il y en a... les trois ont été,
d'entrée, refusées, OK, une au gouvernement fédéral et deux au gouvernement
provincial, et, parmi les deux refusées au niveau provincial, elles
sont, dernièrement, revenues à l'étude. Donc, je vais prendre ça positivement.
Et,
pour ce qui est des données des sondages, eh bien, sans aucun doute, on va être
capable de vous acheminer les données qui sont... qui ont été colligées.
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci beaucoup. C'est tout le temps qu'on a,
malheureusement. Merci, M. Lavallée. Merci au nom de la commission. Je
passe maintenant la parole au porte-parole de l'opposition officielle, le
député de Marquette.
• (11 h 20) •
M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour,
M. Lavallée. Merci d'avoir accepté, encore une fois, de revenir devant la
commission. D'entrée de jeu, je vous dirai simplement, à titre de
transparence : Je refuse de croire que c'est une problématique seulement
dans le hockey, cette culture-là. Je refuse avec véhémence parce qu'on l'a vu
avec certains témoignages. Puis je vais le répéter, je le dis, je le répète,
mais je vais le répéter encore parce qu'on ne peut pas juste viser un endroit,
c'est la culture du sport, c'est la culture de l'athlète élite qui veut monter
et qui est prêt à faire n'importe quoi pour s'intégrer. Alors, je sais que
c'est vous qui est là aujourd'hui, là, ça peut... ce n'est pas facile, mais, en
même temps, c'est important, pour moi, de le dire.
Et, également,
j'aimerais dire aussi que vous avez entièrement raison, M. Lavallée, que
l'évolution de la Ligue junior majeur du Québec est à 1 000 % si ce
n'est pas plus, depuis mon époque, que ce soit au niveau des études, que ce
soit au niveau aussi de la mentalité, de la violence, des bagarres. Je tiens à
dire, également. Ce n'est pas parfait,
encore une fois, vous m'entendez souvent, il y a toujours place à amélioration,
mais je tiens à le dire aussi.
Ma
première question, M. Lavallée : Pouvez-vous nous décrire un peu quel
était votre rôle d'adjoint au commissaire?
M. Lavallée (Martin) : Alors,
comme adjoint au commissaire, mon rôle principal est de veiller aux
opérations au niveau de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Parfois, il
y a des mandats particuliers qui me sont octroyés, puis il me vient en tête,
évidemment... dans le temps de la pandémie, j'ai été à l'origine de la mise en
place de tous les environnements protégés qui nous ont permis d'opérer, de
s'assurer des protocoles sanitaires et de la collaboration, évidemment, avec
tous les paliers, là, que ce soit le ministère de la Santé ou la Santé
publique, pour mettre en place tout ça. Ça fait que, tu sais, je vous dirais,
là, les opérations quotidiennes au bureau, de façon globale, et parfois
certains mandats particuliers, comme celui de la pandémie.
M. Ciccone : Est-ce que, dans votre rôle de commissaire adjoint, vous
aviez le pouvoir d'influencer les décisions des propriétaires, par exemple?
Parce qu'on sait que les propriétaires... La façon que c'est bâti, chez vous, c'est que les propriétaires, ce sont les actionnaires
majoritaires de la ligue... engagent un commissaire, vous engagent, et
tout le personnel, et vous êtes payé par les propriétaires. Selon vous, là,
quelle était votre force d'influence au niveau des propriétaires?
M. Lavallée
(Martin) : La force d'influence que les gens voudront, évidemment,
bien vouloir m'octroyer, OK, on s'entend
là-dessus, mais, tu sais, au-delà de ça, c'est de s'assurer le plus possible de
la compréhension de la direction qu'on
souhaite prendre, OK? Ça fait que moi, j'aimerais répondre de cette façon-là à
votre question, M. Ciccone, c'est de dire : Mon pouvoir à moi,
c'est de m'assurer que les opérations fonctionnent dans l'esprit et la mission
de la ligue.
M. Ciccone : Je pose cette question-là, M. Lavallée, parce que...
Je suis persuadé que vous savez où je m'en vais avec ça. La dernière fois, on
avait Mme Llorens, M. Courteau, vous étiez là, également. Connaissant
très bien la façon que ça fonctionne, là, je sais que vous êtes rempli de bonne
volonté. Vous êtes là pour les bonnes raisons. Vous avez fait du bien pour la
ligue. M. Courteau a fait bien pour la ligue également, et Natacha Llorens
aussi, elle a fait beaucoup de bien pour cette ligue-là, mais j'ai comme l'impression
qui... puis je pense avoir raison, là, que, souvent, vous avez les mains liées.
Est-ce que j'ai tort?
M. Lavallée
(Martin) : Moi, ce que j'ai le goût de vous dire, M. le député, c'est
qu'aujourd'hui, ce que je fais dans mon rôle de commissaire par intérim, c'est
de m'assurer que nous regardons vers l'avenir, en apprenant de ce qui s'est
fait avant pour s'assurer qu'on puisse s'engager envers la mission. Puis ça, ça
a été personnellement le mandat que je me suis donné pour les deux prochains
mois, puis de m'assurer de pouvoir poursuivre dans cette continuité-là à partir
de l'arrivée de M. Cecchini.
M. Ciccone : C'est... Je suis entièrement d'accord avec vous là-dessus,
il faut regarder en avant. Il faut commencer à guérir, là, parce que notre
sport est à mal, en ce moment, ici, depuis les derniers mois, là, notamment.
Moi, je vous pose cette question-là parce que je veux savoir puis... votre avis
également : Est-ce que vous croyez que vous — je ne sais pas si vous
allez avoir le même titre avec l'arrivée de M. Cecchini, avec le
commissaire et même le rôle de Natacha Llorens — que vous devriez avoir
plus de latitude, plus d'indépendance face aux propriétaires, plus de pouvoir,
également?
M. Lavallée
(Martin) : Je crois fermement qu'on doit tous travailler en
collaboration et dans la même direction. Ça fait qu'après ça, pour moi, ce
n'est pas une notion de pouvoir, c'est une notion d'engagement.
M. Ciccone : Bien, c'est parce que la perception, M. Lavallée,
c'est que les propriétaires vous paient, en même
temps, puis c'est vous qui est devant la commission, on va recevoir, là, un
gouverneur devant cette commission-là, là, dans quelques jours, mais
c'est parce que c'est vous qui devez répondre. Vous êtes le visage de cette
ligue-là, mais, en même temps, il y a 18 équipes, là, dont plusieurs qui
sont dans une autre province. Puis c'est vous qui venez ici, puis vous êtes les grands responsables, vous avez le... c'est...
vous avez le... c'est... Comment je pourrais dire ça? Vous êtes imputables
de tout ce qui arrive dans votre ligue, mais, en même temps, vous n'avez pas
les pouvoirs extrêmes puis vous n'avez pas le pouvoir décisionnel en entier.
Ça fait que c'est
pour ça, ma question. Trouvez-vous que, justement... puis je vais vous répéter
la question parce qu'elle est importante, là : Est-ce que les gens dans
votre position, ceux qui dirigent la ligue, devraient avoir plus
d'indépendance?
M. Lavallée
(Martin) : Bien, la gouvernance de la ligue octroie des pouvoirs au
bureau du commissaire. C'est à nous de les prendre. C'est à nous de s'assurer
qu'on est capables de mettre en place tout ce qui est nécessaire pour répondre
à la mission qu'on se donne, et non seulement au niveau du bureau du
commissaire mais pour l'ensemble des équipes, parce que cette mission-là, elle
nous appartient tous.
M. Ciccone : Vous avez parlé, d'entrée de jeu, d'ère de changement, vous
êtes dans l'ère de changement irréversible. Pouvez-vous élaborer un peu
là-dessus? C'est quoi, le changement?
M. Lavallée
(Martin) : Le changement, c'est, d'abord et avant tout, ce qu'on est à
mettre en place avec le plan d'action, OK,
j'en ai fait mention tantôt, tout le traitement de gestion de plainte d'un
niveau indépendant, tout ce qui est au niveau du code du vestiaire. Les
formations qu'on souhaite mettre en place, je pense que c'est quelque chose qui
est important, de mieux vulgariser les attentes, de les rendre accessibles et
compréhensibles par tous et chacun. Ça, pour moi, c'est important, puis ça
passe par le bien-être des joueurs, puis, si on garde cette idée-là majeure en
tête, on va y arriver. On va y arriver.
M. Ciccone : Vous parlez, comme vous avez dit, d'ère de changement. Vous
voulez avancer dans la façon de faire, la
façon de voir les choses, la façon... la perception, mais pourquoi vous n'avez
pas, justement, entamé cette ère de changement là avant? Parce que, je
veux dire, il n'y a rien de parfait, là. Parce qu'on dirait qu'aujourd'hui ce
qu'on entend, puis depuis votre dernière présence avec M. Courteau,
c'est : Là, il est arrivé une situation, puis là vous avez des
propositions, des propositions à amener, justement, pour faire ce
changement-là, pour améliorer les choses,
mais, je veux dire, on a entendu M. Dorais, qui était là, là, qui nous a dit :
Bien, on a travaillé sur un programme, ça
fait 18 mois. Puis, bien, on voit bien, là... Il nous a dit que ça coûtait
50 000 $ par année. Il n'a pas été capable d'avoir de
financement du gouvernement, des ministères. 50 000 $,
M. Lavallée, pourquoi ça n'a pas été fait voilà 18 mois?
M. Lavallée
(Martin) : Bien, le montant, on pourrait... on pourrait reparler du
montant. Je pense que c'est un montant qui est un peu plus important parce
qu'il faut englober l'ensemble de nos équipes, là, 18 formations, non
seulement 12 au Québec, mais six dans les provinces maritimes.
Ce qu'il faut aussi
voir, c'est que l'encadrement d'un joueur au niveau de la Ligue de hockey
junior majeur du Québec représente environ entre 30 000 $ à
40 000 $ par joueur, par saison, OK? Donc, quand on inclut tout le
programme de bourses d'études, quand on inclut le programme d'accompagnement
scolaire aussi au niveau de... Sur un joueur qui est dans le système de la
ligue pendant une possibilité de neuf ans, à peu près, là, on peut parler d'un
investissement par joueur d'environ 240 000 $ à 250 000 $,
OK, sur neuf ans. Donc, il y a des sommes qui sont engagées de manière
importante par nos équipes.
Manifestement,
aujourd'hui, je pense qu'il y a des choses qu'on doit faire de mieux et qui
vont nécessiter de l'argent supplémentaire, puis on souhaite qu'on puisse le
faire tous ensemble, non seulement au niveau de la ligue mais également au
niveau des propriétaires et également au niveau des différents paliers de
gouvernement.
M. Ciccone : Il y a une façon de réduire les coûts, M. Lavallée,
vous m'avez ouvert une porte comme ça, là, c'est
en réduisant le nombre de matchs, pour commencer, puis c'est peut-être en
changeant l'appellation. Je sais qu'on appelle ça une ligue de développement,
là, mais, à 68 matchs par année, la pression, le voyagement, les études,
on voit que le joueur est mis dans une situation où c'est exactement la même
chose qu'un joueur professionnel.
Si on change la
vision en disant que, bien là, les joueurs, on va moins les solliciter, on...
Le ratio sur... par exemple, entraînement versus match va faire en sorte qu'on
va peut-être, là, redorer, premièrement, l'appellation de la ligue, la structure de la ligue, également,
puis il va y avoir moins cette pression-là aussi en disant qu, bien,
écoutez, là, cette ligue-là est là pour bâtir des êtres qui vont être des
citoyens productifs dans notre société, alors que la majorité des petits gars
qui rentrent là, là, ils pensent tous qu'ils vont jouer dans la ligue nationale
à un moment donné.
Est-ce que vous
pensez que, peut-être, de changer, justement, cette façon de voir la ligue
junior majeur du Québec pourrait aider, justement, dans tout ce qui est
pression, culture du silence, normalité, dans tout ce qu'on a entendu
dernièrement?
M. Lavallée
(Martin) : Le hockey étant partie prenante de nos moeurs, dans la
société québécoise, tout le monde a son
opinion sur le hockey, tout le monde a son opinion sur ce qui pourrait être
fait, peu importe le niveau de jeu, qu'on
fasse référence aux Canadiens de Montréal, à la Ligue de hockey junior majeur
du Québec ou au hockey mineur.
Moi, ce que j'ai le
goût de répondre à ça, M. le député, c'est : Chaque dollar qui est reçu
par nos équipes est investi pour le bien-être de nos joueurs. Ça fait que, si
c'est de déterminer combien de matchs est nécessaire pour assurer le
développement puis le bien-être, je pense que c'est un débat qui peut se faire
ailleurs que dans la commission dans laquelle on est impliqués aujourd'hui,
mais moi, je veux vous assurer que chaque dollar qui est perçu par nos équipes
est investi pour le bien-être de nos joueurs.
M. Ciccone : On pourrait aller ailleurs, là. Ça veut dire qu'il n'y a
personne qui fait de profit, dans votre ligue, là. C'est ça que vous me dites?
• (11 h 30) •
M. Lavallée (Martin) : Je
ne suis pas en train de vous dire ça, mais vous connaissez le cycle du hockey
junior.
M. Ciccone :
Oui. OK.
La Présidente
(Mme Dionne) : Je vous rappelle juste qu'il vous reste
30 secondes.
M. Ciccone : Parfait. En terminant, plateforme de plaintes indépendante.
Comment vous allez faire pour que ce soit vraiment indépendant, cette
plateforme de plaintes là, que vous voulez amener?
M. Lavallée
(Martin) : Bien, je vais... Dans un premier temps, je vais attendre
les recommandations de notre comité, là, qui
planche là-dessus. Ce sont des gens... Il y a des avocats, là-dedans, il y a
d'anciens policiers, il y a des gens d'organismes réputés. Je pense
qu'ils vont être en mesure de nous suggérer la bonne chose.
M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci, M. Lavallée.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au porte-parole du deuxième
groupe d'opposition, le député de Rosemont.
M. Marissal :
Merci, Mme la Présidente. M. Lavallée, rebonjour.
M. Lavallée
(Martin) : Rebonjour.
M. Marissal :
Effectivement, on n'avait pas pris de rendez-vous pour se revoir, mais les
circonstances ont... en ont voulu autrement. Juste pour être sûr, là, que j'ai
bien compris une de vos réponses à une de mes collègues du gouvernement, vous
vous engagez à déposer le sondage dont M. Dorais...
M. Lavallée
(Martin) : Oui.
M. Marissal :
Avec la méthodologie?
M. Lavallée
(Martin) : On vous transmettra toutes les informations pertinentes.
M. Marissal :
Parfait. Merci. Ça sera utile pour nous, et peut-être pour la suite.
Un peu de retour dans
le temps, là, je veux juste être sûr, là, de comprendre. Stephen Quirk fait une
déclaration sous serment le 21... en mars 2021, la fameuse déclaration sous
serment, l'affidavit, là, qui fait tellement de bruit, et avec raison.
L'ancien commissaire, M. Courteau, réplique au
même cabinet d'avocats, toujours sous serment, en novembre 2021.
Éric Chouinard, qui,
jusqu'à preuve du contraire, est toujours directeur de la sécurité des joueurs
dans votre ligue, lui aussi est assermenté, fait une déclaration et un
affidavit, en novembre 2021 lui aussi.
Par ailleurs, vous
êtes adjoint au commissaire depuis 2017. Il n'y a vraiment personne qui avait
pris le temps de lire l'affidavit de M. Quirk, y compris les gens qui sont
allés le commenter sous serment, et vous n'en avez jamais entendu parler?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
si vous me permettez, M. le député, je ne répondrai pas au nom de
M. Courteau. À cet égard-là, il s'est expliqué, il a donné ses
explications. J'ai précédemment expliqué mon rôle, et la gestion ou l'opération
des recours collectifs, dont le recours impliquant l'affidavit de
M. Quirk, ne faisait pas partie de mon mandat et/ou de mes
responsabilités.
M. Marissal :
Vous êtes... Parmi vos responsabilités, en ce moment, vous êtes
commissaire.
M. Lavallée
(Martin) : Oui, oui.
M. Marissal :
Par intérim, mais, en attendant M. Cecchini, dont on salue la
nomination, c'est vous qui êtes en charge. Éric Chouinard est-il toujours
directeur de la sécurité des joueurs?
M. Lavallée
(Martin) : Oui.
M. Marissal :
Il n'est pas là, là, lui non plus, il ne peut pas se défendre, mais c'est
votre employé. Comment on peut être directeur de la sécurité des joueurs, aller
faire un affidavit sous serment dans une histoire de viol puis ne pas avoir lu
l'affidavit du joueur?
M. Lavallée
(Martin) : Écoutez, il a fait... il fait son affidavit avec le contenu
qui faisait référence à son expérience à lui. Je ne pense pas que ça faisait
référence à l'affidavit de M. Quirk.
M. Marissal :
On parle de M. Chouinard, là.
M. Lavallée
(Martin) : Oui.
M. Marissal :
Qui était en réponse à l'affidavit de M. Quirk.
M. Lavallée
(Martin) : Je vous entends.
M. Marissal : Moi aussi, je vous
écoute, la... Comment se fait-il que ce n'est pas remonté au plus haut... aux
plus hautes sphères de la ligue si le directeur de la sécurité des joueurs
était appelé à faire un témoignage sous serment? Il ne l'a pas lu, lui non
plus?
M. Lavallée
(Martin) : Tu sais, malheureusement, je ne suis pas en mesure de
répondre au nom de M. Chouinard. Ce que
je suis en mesure de vous dire, c'est que M. Chouinard a fait un
témoignage sous un affidavit par rapport à ce que lui connaît de la
situation.
M. Marissal :
Est-ce que vous pouvez, M. Lavallée, vous engager devant nous à aller
vérifier? Parce que ce... M. Chouinard, que je ne connais pas, là, il est
encore directeur de la sécurité des joueurs. Là, vous nous dites : vous
faites un appel aux possibles victimes pour libérer leur parole, et qu'ils
viennent vous voir et qu'ils soient capables de témoigner de ce qu'ils auraient
pu vivre. Moi, je ne mets pas votre bonne foi en cause, là, mais vous avez
quelqu'un qui est directeur de la sécurité des joueurs. Je ne vois pas comment
on peut être plus impliqué que ça.
La Présidente
(Mme Dionne) : En terminant. Il vous reste 10 secondes.
M. Marissal :
Vous n'avez pas redistribué le temps, Mme la Présidente?
La Présidente
(Mme Dionne) : On a redistribué le temps, c'était 45 minutes
d'intervention.
M. Marissal :
Vous avez raison. C'est mon erreur, vous avez raison.
La Présidente
(Mme Dionne) : Désolée.
M. Marissal :
Alors, à une prochaine.
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci à tous pour vos contributions.
Donc, je vais
suspendre les travaux quelques instants, le temps d'accueillir notre troisième
groupe.
(Suspension de la séance à
11 h 36)
(Reprise à 11 h 48)
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
nous reprenons les travaux de la commission, et je souhaite la bienvenue
à M. Mario Cecchini, président par intérim des Alouettes de Montréal et
futur commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, qui est avec
nous aujourd'hui en visioconférence.
Je vous rappelle,
M. Cecchini, vous avez 10 minutes pour faire votre exposé et après
quoi nous procéderons à une période d'échange. Donc, je vous invite à vous
présenter et à nous faire votre exposé.
M. Mario Cecchini
M. Cecchini (Mario) : Un
gros merci, Mme la Présidente. Alors, mon nom est Mario Cecchini, président
actuel des... président par intérim actuellement des Alouettes de Montréal et
futur commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, à compter du
8 mai.
Alors,
Mme la Présidente, Mmes, MM. les députés, d'abord et avant tout, je me présente
devant vous aujourd'hui avec une
grande volonté de collaboration. Par contre, vous le comprendrez, je suis aussi
dans une situation particulière, je suis toujours employé comme
président par intérim des Alouettes de Montréal. Nous sommes en plein processus
d'intégration qui suit la transaction. Alors, comme vous le savez, le rythme
est très élevé, considérant mon départ le 6 avril prochain.
• (11 h 50) •
À l'heure
actuelle, la LHJMQ est entre les mains de Martin Lavallée et de l'équipe du
bureau du commissaire jusqu'à mon arrivée le 8 mai prochain. J'ai
eu des contacts très limités avec le comité exécutif et l'exécutif de la ligue.
Par conséquent, je comprends que ma convocation n'est pas pour commenter une
situation que je n'ai pas connue dans une organisation où je n'ai encore aucune
fonction officielle, mais plutôt pour parler de l'avenir comme futur
commissaire de la LHJMQ. Du moins, c'est de cette façon qu'on me l'a présenté.
Et, avec tout
respect pour le travail de cette commission, j'aurais tout de même préféré vous
parler quelques mois après mon entrée
en poste et le début de la mise en place des bases de mon plan à long terme
pour le futur de la ligue. Vous avez,
par contre, considéré qu'il fallait que cette discussion ait lieu au plus tôt,
alors nous y sommes. J'y participe de bon coeur et je répondrai à vos
questions du mieux que je le pourrai, mais il m'apparaissait important que vous
connaissiez le contexte dans lequel je me retrouve, car je ne voudrais manquer
de respect à qui que ce soit si toutefois mes réponses vous apparaissaient
comme conceptuelles.
Ceci étant dit, j'aimerais partager quelques
réflexions avant de répondre à vos questions au meilleur de vos connaissances.
J'ai évolué durant la majorité de ma carrière dans le domaine de la
radiodiffusion et de la télévision dans tous les grands marchés canadiens,
depuis Montréal et Toronto, que j'ai habité au tournant du siècle.
Je suis arrivé dans le monde de la gestion
sportive de façon formelle en 2020 avec les Alouettes de Montréal. Toutefois,
ce n'était pas ma première expérience dans le merveilleux monde du sport
puisque j'ai produit, pour une courte période, l'émission Les amateurs de
sports, en 1992, sur les ondes de CKAC. J'ai aussi dirigé FAN 590, qui est
désormais Sportsnet, qui était alors la seule station sportive au Canada autour
de l'an 2000 et j'ai opéré, avec mon équipe, la transformation de CKAC,
qui devenait CKAC Sports en 2007. Bref, le monde du sport a toujours été
relativement près de moi.
Le sport s'est présenté initialement comme un
défi de gestion et de reconstruction. C'est ainsi que je me suis retrouvé président des Alouettes de Montréal à un
moment difficile de l'histoire de l'équipe. Je me réjouis, d'ailleurs,
que l'équipe ait retrouvé aujourd'hui un propriétaire québécois. C'était un peu
le sens de mon mandat, et de redorer le blason des Alouettes.
Au détour d'une conversation avant Noël, un ami
m'a fortement suggéré de réfléchir et d'envisager le poste de commissaire de la
Ligue de hockey junior majeur du Québec suite à la transition qui avait été
annoncée plus tôt au mois de décembre. L'idée a grandi et ma réflexion s'est
précisée. Le processus de sélection s'est étendu sur plusieurs semaines. J'ai
été heureux d'être le choix du comité de sélection, et ma nomination a été
entérinée par les 18 équipes, que je remercie de cette confiance.
Les événements des dernières semaines amènent
une transition plus mouvementée que prévu, mais je sais que je serai bien entouré par le bureau du commissaire. J'arriverai,
donc, en poste avec un autre bagage, un autre regard, tout en profitant
de la grande expertise en place. Nous devrons, comme ligue évolutive, être au
diapason de la société et de ses valeurs, donc en faire davantage et toujours
viser plus haut.
Quelques exemples de cette future évolution sont
notamment l'instauration d'un processus de plainte indépendant et une clarification de la réglementation actuelle à
l'intérieur du code d'éthique. L'éducation et la prévention demeureront prioritaires à l'intérieur de notre
mission. Cependant, s'il y a faute, il doit y avoir sanction. Celles-ci
devront être claires et connues de tous pour éviter le maximum de zones grises.
Dans l'avenir, je veux qu'il soit clair, reconnu
et incontestable que tout geste dégradant d'intimidation, de harcèlement, de
violence psychologique ou physique ou d'agressions sexuelles est inadmissible
dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec et ne sera pas toléré. Dans
l'avenir, je veux qu'il soit clair, reconnu et incontestable qu'aucune culture
d'équipe ou de vestiaire ne peut servir à protéger des agresseurs ou à empêcher
des victimes de parler. Ce sera tolérance zéro pour l'intolérable et
l'inacceptable.
Le travail est, d'ailleurs, déjà commencé. Nous
comprenons tous que cette crise doit servir à aller de l'avant différemment. Et, comme disait Churchill, Il ne
faut jamais gaspiller une bonne crise. Il y a indéniablement
beaucoup de compétences à la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Je
voudrai m'assurer qu'il y ait beaucoup de cohérence, les mêmes règles
appliquées de la même façon dans tout le circuit, dans toutes les
circonstances. Cette rigueur et cette cohésion contribueront à redonner le
blason... à redorer, pardon, le blason de la Ligue.
Comme prochain commissaire de la Ligue de hockey
junior majeur du Québec, j'estime que je suis d'abord au service des jeunes. J'estime que les membres, les entraîneurs, les
employés sont aussi d'abord au service des jeunes. Les joueurs doivent sentir que leur intérêt, leur
sécurité, leur intégrité sont le sens de toutes les décisions. La Ligue
de hockey junior majeur du Québec doit être une organisation au service des
jeunes, de leur épanouissement personnel et social, de leur réussite scolaire
et de leur développement sportif.
Nous serons un circuit d'élite parce que nous
serons des bons guides et des bons mentors pour les jeunes. Nous serons des équipes en santé parce que nous
montrerons le hockey à son meilleur et parce que nous véhiculerons, dans la société, des valeurs gagnantes de travail,
d'effort et de respect. C'est dans cet ordre que je conçois les
priorités.
Je suis honoré d'avoir été choisi comme
commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Je comprends et
prends la mesure de la responsabilité liée à la fonction. Je ferai tout pour
que cette ligue, parmi les meilleures au monde, regagne tout son prestige.
Merci. Je suis maintenant prêt pour vos questions.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
infiniment, M. Cecchini, nous allons commencer nos échanges. Je cède
la parole du côté du gouvernement, donc à Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay :
Oui, bonjour. Donc, merci d'être avec nous aujourd'hui. Vous l'avez
mentionné, vous avez quand même un horaire
chargé. Donc, comment votre expérience, là... Parce que vous avez parlé... Bon,
là, vous venez... vous arrivez du sport, du football avec les Alouettes.
Puis là vous avez dit : Bon, bien, j'avais un sens à mon mandat. Il y avait celui, notamment, de retrouver,
hein, un propriétaire québécois. Dans votre... c'est quoi, le sens?
C'est quoi que vous donnez au sens de votre prochain mandat au niveau, là, de
la LHJMQ? Donc, ça va être quoi, là, le sens que vous voyez dans votre prochain
mandat?
M. Cecchini
(Mario) : Bien, ce qui m'a attiré beaucoup et ce que j'ai présenté à
l'équipe du comité de sélection, en fait, c'était, d'abord et avant tout, en
quatre étapes, mais la première et la plus importante, j'avais noté le bien-être des jeunes. J'ai raconté un peu, la
semaine dernière, si vous me permettez l'anecdote, quand j'ai eu
l'appel, j'ai... s'ensuivit une longue conversation avec la personne qui me
suggérait d'être... de penser à ce poste-là. Quand je suis monté... J'ai
raccroché, j'ai monté en haut, j'ai parlé à ma fille, qui m'a simplement
dit : C'est un de tes rêves de travailler
avec les jeunes. Parce que j'ai travaillé beaucoup sur le décrochage scolaire,
j'étais... et le sport fait partie du raccrochage.
Alors, on avait... Je fais partie... je faisais partie d'un groupe avec feu M.
Jacques Ménard, vous le connaissez sûrement,
qui avait présenté un plan en 13 étapes à Mme Courchesne à l'époque,
on est avant 2010. Donc, j'ai toujours... j'ai travaillé avec
Sainte-Justine, j'ai fait... aidé la Jeunesse au Soleil, la DPJ.
Donc, ça arrivait à
un moment de ma vie, quand les Alouettes se sont terminées de façon
particulière, à ce moment-là, pour... Puis,
avec tout ce qu'on avait entendu dans Hockey Canada dans les mois qui
précédaient, c'est venu me chercher. C'est devenu... Au gré de la
réflexion, c'est devenu, si on veut, un mandat, même, que j'ai qualifié de
social jusqu'à un certain point, qui va être important pour la société. Donc,
c'est ça, le sens que j'y donne, je pense, puis, de toute évidence, ça se trame,
aujourd'hui, sur fond de changement.
Mme Tremblay :
Merci. Est-ce que vous avez vécu des situations, tu sais, de violence dans
votre carrière? Est-ce que vous êtes intervenu dans ce type de situation là?
Est-ce que vous avez eu à gérer ça?
• (12 heures) •
M. Cecchini
(Mario) : Bien, j'ai eu à gérer, oui, récemment. Ce n'était pas...
Violence, il faut... Mais j'ai eu à gérer des conflits publics aussi. En 2006,
j'ai eu à gérer une plainte de harcèlement qui était devenue publique. Et puis, à ma deuxième journée, quand je suis arrivé
en poste avec Corus, j'avais vu la plainte et j'ai agi. D'ailleurs,
c'est à propos parce que j'avais agi en engageant... Comme la plainte, tout ça,
avait traîné dans les journaux, ça avait été très public, on avait agi, donc,
par souci de transparence, en demandant à un juge à la retraite de la Cour
supérieure du Québec de faire l'enquête. Alors, on était allé dans un processus
indépendant. Ça, c'en est un, exemple, où c'était public, il y avait énormément
de pression.
Récemment,
malheureusement, avec les Alouettes de Montréal, on a eu à gérer un cas d'un
joueur, puis ça a été dans les médias aussi,
qui se fait arrêter ou s'est faire accuser, en fait, pour être très précis avec
les termes, de leurre d'enfants via Internet. J'étais en vacances avec
ma famille un jeudi soir, on était en semaine, ce qu'on appelle dans le
football, en semaine de repos, une semaine où on n'avait pas de match. Et puis
j'ai eu l'appel à 7 h 20 parce que c'était sorti dans Le Nouvelliste...
dans La Voix de l'Est, pardon, et puis, à 9 heures, on a
suspendu le joueur quand on a pris connaissance des allégations. Et puis la
convention collective demandait d'avoir 48 heures, la convention
collective des joueurs de la Ligue canadienne, d'avoir 48 heures pour
analyser le tout. Et, dès les 48 heures terminées, quand on a eu vent...
quand on a eu encore plus d'information, on a retiré, donc, le joueur, on a
coupé, comme on le dit dans le sport, le joueur de notre équipe, puis ça, c'est
deux exemples que je peux vous donner.
J'ai eu à gérer aussi
des situations d'un «morning man», au Canada anglais, qui devait... a dû
prendre des cours de gestion de colère, par exemple. Alors, il y en a eu. Puis
j'ai eu à gérer, évidemment, des animateurs qui ont dû s'excuser, des fois,
pour des propos, puis je n'ai pas toujours attendu que le CRTC réprimande.
Alors, dans ce genre de... c'est ce genre de controverse, si on veut, que j'ai
eu à gérer dans ma carrière.
Mme Tremblay :
OK. Dans le... Le commissaire par intérim, M. Lavallée, qui était là
tantôt, il nous parlait de mettre en place,
là, dès la prochaine saison, là, tout un programme. Puis je suis contente de
vous entendre ce matin, là, de dire que c'est le jeune qui va être
vraiment au coeur de toutes les décisions. Ça, pour moi qui a passé aussi sa
vie dans le milieu... sa carrière dans le milieu de l'éducation et travaillé
beaucoup aussi au niveau du décrochage scolaire... Puis on connaît l'importance
que ça a, le sport, pour nos jeunes, mais aussi, on veut que ce soit une belle
expérience, hein, puis on veut que ce soit... ça leur permette de devenir plus
grands dans leur vie de citoyen et citoyenne,
parce que c'est ça aussi, le sport, c'est développer des belles habiletés. Moi,
ce que je veux savoir, vous parlez... Là, ce matin... il dit : On
va mettre en place un programme, puis il parlait, bon, comme je l'ai dit, de la
prochaine saison. Est-ce que vous allez être prêts pour la prochaine saison?
Avec qui... Est-ce que vous avez déjà réfléchi avec qui vous voulez travailler? Et ce programme-là, c'est important, puis
c'est ce que l'intervenant, M. Dorais, disait, hein, ce n'est pas
juste des rencontres, mais on parle vraiment d'un programme qui parle aux
jeunes. C'est quoi, votre vision? Puis est-ce que vous pensez que c'est
réaliste, avec votre entrée au mois de mai, là, que tout soit prêt pour le mois
de septembre ou ce sera un travail plus continu? J'aimerais avoir votre vision,
là, de ça dans les prochains mois.
M. Cecchini (Mario) : Bien,
c'est une très bonne question que je me pose à chaque jour, j'espère avoir le temps, en arrivant le 8 mai... Je sais, et
c'est pour ça que c'est important, que le travail est déjà commencé. Par
contre, je vous dirais que la deuxième portion de votre
question ou le commentaire que vous faites à l'intérieur de votre question est le plus important, ça va être
évolutif. Je ne crois pas qu'on va arriver, à un moment donné, le
18 septembre, puis dire : Voilà, et c'est terminé, et on applique ça.
Je pense que l'expérience nous a montrés, et mon expérience professionnelle... quand on parle de changement de
culture, on ne commence pas le vendredi, puis ça ne se termine pas le
lundi matin. Ça va être profond, ça va être long, c'est pour ça que je parle
des prochaines années. Mais je crois qu'on va y arriver. Je pense qu'on a déjà
vu un changement de culture, des changements s'opérer au cours des
10 dernières années, des éléments du match de... du hockey qui ont changé.
Je pense, par contre, pour répondre directement,
qu'on peut être prêts pour le mois de septembre. C'est la commande qui est donnée, qui a été donnée, en
fait, par Martin, qui va travailler ça, clairement, dans les deux
prochains mois. C'est sûr que mon agenda d'entrée en poste, comme je l'ai
mentionné, avec tout ce qui s'est passé, a changé
un peu les priorités à court terme. Moi, je suis là pour le long terme.
Normalement, le commissaire se doit d'avoir un horizon un peu plus
lointain, pour assurer la bonne marche. Mais c'est clair que, dans la première
année, je vais être très... permettez-moi l'expression, «hands on», donc, les
mains dans la pâte, pour s'assurer qu'on n'est pas dans l'écriture, on n'est
pas comme... j'ai entendu certaines anecdotes. Et je ne prétends pas que ça se
passe comme ça. Je pense que, quand Martin... quand le commissaire par intérim
a dit qu'il a rencontré... je suis convaincu que le langage était très
approprié, très ferme. Mais, oui, il va peut-être falloir être plus proactifs,
il va peut-être falloir faire des rappels beaucoup plus souvent.
Mais j'ai beaucoup l'intention de me fier à des
spécialistes. S'il y a une chose que j'ai apprise avec la jeunesse et la
pédagogie, c'est qu'il y a des gens qui étudient là-dedans. D'ailleurs, ça m'a
réjoui, quand j'ai su que Martin... que M. Lavallée, pardon, le
commissaire par intérim était professeur de formation. J'ai trois professeurs,
moi, autour de moi, ma soeur, beau-frère et un neveu, et je sais que c'est un
emploi qu'on ne s'improvise pas pédagogue. Donc, j'ai hâte de travailler avec les
spécialistes sur ça et de voir où le chemin... qui vont nous guider et le
chemin que nous, on va prendre.
Mme Tremblay : Parfait, merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Alors, je cède la parole au député de Beauce-Sud.
M. Poulin : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Bonjour, M. Cecchini. Nous venons d'apprendre, à la suite
des questions des membres de la commission, que la ligue a appris ce week-end
que... du moins, des allégations d'initiation, des événements, c'est ce qu'on
nous dit jusqu'à présent, au début des années 90. Est-ce que ce sera... Et
le processus d'enquête est encore laborieux,
là, on ne sait pas trop quel sera le processus exact pour déterminer ce
qui s'est passé. Est-ce que ce sera l'un des
premiers mandats que vous prendrez en charge, de faire la lumière sur ce qui
s'est passé au début des années 90, dans une équipe qu'on n'a pas
été capable de nous nommer il y a quelques minutes à peine?
M. Cecchini (Mario) : Oui. Je
comprends... je comprends qu'il y a une protection du processus d'enquête et
des présumées victimes, alors j'apprécie votre compréhension sur ça. En fait,
j'espère que l'enquête va être réglée quand je vais arriver au mois de mai,
mais je peux vous assurer qu'avec diligence, c'est le mot que je prendrais,
tout ce dossier-là, l'appel est fait. Alors, si je peux... si ce dossier-là est
encore ouvert, c'est clair que, dès mon arrivée en poste, on va accélérer le
processus pour arriver à une résolution ou, en tout cas... ou du moins une
compréhension.
M. Poulin : OK. Donc, vous
allez vous en charger, si ce n'est pas réglé, le 8 mai dernier. De quelle
façon on s'en charge? Parce que le processus d'enquête, la façon dont les
plaintes sont remises à la ligue de hockey, ça semble être un enjeu pour
assurer son indépendance. Tout à l'heure, vous nous avez noté que vous, vous
aviez engagé, dans le passé, un ancien juge à la retraite pour pouvoir enquêter
sur une situation. Est-ce que vous allez suggérer à la ligue de hockey
d'engager un ancien juge à la retraite, par exemple, pour pouvoir faire la
lumière sur des situations qui pourraient être portées à leur attention? Est-ce
que, pour vous, c'est un processus qui serait bon et louable?
M. Cecchini (Mario) : Alors,
deux choses. D'abord, moi, j'ai... on m'a informé de cette situation-là hier
soir, j'ai... je n'ai pas beaucoup de détails, évidemment, parce que, comme
indiqué, je pense que le commissaire par intérim va prendre les bonnes
décisions sur ça, je pense que je lui fais confiance. Si on me demande mon
opinion à ce point-ci, je n'ai jamais eu, moi... Un processus indépendant peut
se décaler de plusieurs façons. Puis effectivement la suggestion d'un juge à la
retraite peut être une avenue qui peut être explorée, absolument.
M. Poulin : Donc, vous allez
vous pencher sur le processus des plaintes à l'intérieur de la ligue de hockey,
vous n'écartez pas de pouvoir prendre, par
exemple, un juge à la retraite pour pouvoir faire ce travail-là. C'est
quelque chose que vous n'écartez pas à ce moment-ci.
M. Cecchini
(Mario) : Non. Je vous répondrais, M. le député, pour
répéter, effectivement, que, dans ma nature, pour ceux qui me
connaissent, qui ont travaillé avec moi, d'emblée, j'écarte rarement une
avenue.
M. Poulin : D'accord.
M. Cecchini (Mario) : J'écoute,
puis, après ça, on va regarder. Alors, c'est une possibilité comme une autre.
M. Poulin : OK.
Parlez-moi un peu de la relation que vous pourriez avoir avec les gouverneurs.
On sait que ce sont des bailleurs de fonds importants, le député de Marquette
en faisait allusion, tout à l'heure, aux profits importants qui sont engendrés
de la part des gouverneurs. On nous a aussi dit, tout à l'heure... puis
probablement que le député de Marquette y
reviendra, mais que les sommes sont réinvesties dans les joueurs, là. Ça nous a
fait un peu sourire. Mais comment vous voyez votre relation avec les
gouverneurs? Parce que ce sont des gens qui sont là, oui, peut-être pour les
jeunes, peut-être pour l'amour du sport, pour l'amour du hockey, mais qui sont
aussi des gens d'affaires, des hommes d'affaires qui veulent un spectacle. Ça a
été difficile, le dossier des bagarres, là, la ligue a enfin agi à ce niveau-là. Mais, de façon très succincte, là,
comment vous voyez cette relation-là avec les gouverneurs? Et trouvez-vous
que vous avez la pleine indépendance pour assumer vos fonctions comme
commissaire devant les intérêts financiers des gouverneurs?
M. Cecchini (Mario) : Moi, je
vous dirais, ma réponse sur ça va... d'abord, elle va se définir avec le temps.
Mais je vous dirais que j'ai présenté la notion de bien-être aux gens, j'ai
présenté une notion d'être très évolutif dans notre façon de faire. C'est sûr
qu'on veut la santé. Alors, j'ai présenté un plan, sur lequel on m'a embauché,
un plan assez clair, un plan qui appelait... Potentiellement, c'est à eux à
juger la notion de changement, parce que moi, je ne suis pas au courant de tout ce qui a été fait avant, évidemment. Mais,
moi, ce que j'ai fait, ce que je peux vous assurer, j'ai lu la
constitution de la LHJMQ, j'ai lu exactement... qui est un peu ma description
de tâches, et, là-dedans, il y a délégation
de pouvoir exécutif, il y a possibilité d'être punitif, il y a surtout la
notion de protéger l'intégrité de la ligue dans l'image du public.
Alors, quand je lis ça et que les... je regarde
les... le comité de sélection qui m'a embauché sur des éléments assez... assez
clairs, je dirais, j'ai probablement beaucoup de défauts, mais je suis assez
clair la plupart du temps. Et moi, je suis sorti d'une semi-retraite pour les
Alouettes et, à travers ça, j'ai découvert que j'aimais encore le travail
d'équipe et les gros mandats. Donc, essentiellement, c'est ce qui m'a attiré,
cette notion de changement là, parce qu'au fur et à mesure que mes réflexions
avançaient, on voyait que le changement était nécessaire.
• (12 h 10) •
M. Poulin : Puisque le temps
file, et je veux laisser le temps à mes autres collègues, vous nous dites que vous jugez que vous avez l'indépendance nécessaire
pour faire votre travail devant le conseil des gouverneurs parce qu'à
l'intérieur de la constitution il y a des pouvoirs exécutifs qui vous sont
délégués. C'est ce que j'en comprends.
M. Cecchini (Mario) : C'est ce
que vous comprenez. Puis pour... parce qu'il y a beaucoup de nuances, je sais
qu'il faut aller vite, mais c'est dur, des fois, d'aller vite parce qu'il y a
beaucoup de nuances, mais, tu sais, pour moi, pour vous le dire d'une autre
façon, tout ce qui est l'axe mise en marché, tout ce qui est l'axe initiative
communautaire, ça, on va... on le fait de concert. D'ailleurs, je le vis avec
la Ligue canadienne de football en ce moment, en travaillant avec un
commissaire, comme président d'équipe. Je suis président d'équipe en ce moment,
avant de changer de rôle. Donc, ça, ça se fait de concert, c'est des idées qui
sont partagées, on avance là-dedans.
Tout ce qui est l'intégrité du jeu, l'intégrité
des arbitres, l'intégrité des entraîneurs, on veut les meilleurs entraîneurs au
monde, la façon de faire, évidemment, sécurité et bien-être, ça, c'est les
éléments où ça prend une indépendance, puis je vais prendre ça...
M. Poulin : D'accord. Merci
beaucoup.
M. Cecchini (Mario) : J'essaie
de... (panne de son) ...plus simple possible. Désolé.
M. Poulin : Non, non, c'est
correct. J'ai d'autres collègues qui ont des questions. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. M. le député de Richelieu.
M. Émond : Oui, merci, Mme la
Présidente. M. Cecchini, bonjour. Une très courte question avec une courte
réponse, s'il vous plaît, afin que je laisse un peu de temps à mon collègue qui
va compléter les échanges.
Je voudrais revenir sur le processus de gestion
des plaintes, mais à l'interne, dans la... LHJMQ, puisque le 22 février,
lors du passage de M. Courteau, moi, j'ai appris que les plaintes sont
reçues directement par la directrice des services aux joueurs de la ligue.
Alors, selon vous, là, comme prochain commissaire, au mois de mai, est-ce que
vous trouvez que c'est un processus qui est convenable, qui est suffisamment
indépendant? Prévoyez-vous peut-être mettre un peu plus de rigueur ou de coffre
dans ce processus à l'interne de gestion des plaintes?
M. Cecchini (Mario) : Alors,
dans une réponse courte, je vous dirais d'abord, ça fait partie des éléments
dans le détail que je veux prendre connaissance à 100 %, lorsque je vais
être en place. Mais effectivement les mots que vous prenez, «plus de coffre» et
«plus d'indépendance», ça va guider cette réflexion-là. Alors, on verra où ça
va nous mener, mais ce qui nous guide, ce qui est important, c'est
l'indépendance.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci. Donc, il reste une minute. En conclusion, M. le député de Côte-du-Sud.
M. Rivest :
D'accord. Merci, Mme la Présidente. Vous avez parlé de protection,
justement, de l'image de la ligue. On vient juste, juste, juste de discuter de
ça. J'aimerais peut-être vous... peut-être clore là-dessus. Il y a ce côté-là d'indépendance, d'autonomie, mais, en même temps,
moi, ça me fait un peu peur d'entendre, OK, la protection de l'image de la
ligue versus, justement, la protection des jeunes puis des... de la façon
qu'ils participent à leur sport. Est-ce
qu'il n'y a pas là, justement, des éléments de continuer cette culture-là du
silence? Quelles sont les actions que
vous allez vous dire : OK, il y a la protection de l'image de la ligue,
mais, en même temps, il y a ce comité indépendant là ou la façon d'être
indépendant dans la gestion des plaintes? J'aimerais ça juste vous réentendre
là-dessus.
La Présidente
(Mme Dionne) : Il vous reste 20 secondes. Désolée.
M. Cecchini
(Mario) : Alors, je suis très heureux que vous me dites ça parce que
le sens que vous donnez... le sens que je voulais donner à ça, moi, c'est... en
fait, regagner la... de garder et regagner la confiance du public. Quand on
protège l'image, je ne voulais pas... je ne veux pas le prendre comme un écran
de fumée, c'est vraiment faire les bonnes choses. J'ai aussi promis, la semaine
dernière, en conférence...
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci beaucoup. Je m'excuse.
M. Cecchini
(Mario) : ...transparence.
La Présidente
(Mme Dionne) : Je m'excuse, M. Cecchini, notre temps est
calculé de façon très sérieuse. Donc, je passe maintenant la parole au
porte-parole de l'opposition officielle, le député de Marquette.
M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour,
M. Cecchini. Bravo pour votre nomination. Je suis persuadé que les jeunes
vont être entre bonnes mains.
Ceci dit, je vais
faire du chemin, justement, sur... C'était dans mes questions, mais je vais
commencer par celle-là, parce que vous étiez en train d'expliquer un peu. Puis
moi aussi, je suis un petit peu de l'avis du député de Côte-du-Sud, parce que,
justement, quand j'ai entendu dire que, dans la constitution, on protège la
ligue face au public, un, je n'avais pas besoin de savoir qu'il était dans la
constitution, parce que j'ai tellement été proche de cette ligue-là que je le
sais, on... la ligue, l'image de la ligue est tellement, tellement importante,
alors qu'on sait qu'il y a une, il y a vraiment une compétition avec les ligues
collégiales, notamment aux États-Unis, il faut garder les bons joueurs ici, au
Québec. Mais moi, j'ai toujours eu l'impression que, justement, ça causait
problème, ça, de toujours vouloir protéger
l'image de la ligue au... Parce que c'est la perception. Je ne dis pas que
c'était le... un fait, mais il y avait toujours cette perception-là
qu'on protégeait l'image de la ligue avant d'être ultratransparents.
Parce qu'il n'y a
rien de mal à dire : Il y a une situation, on a vécu une situation
terrible, voici ce qu'il en est, on va la régler, faites-nous confiance avec
vos enfants. Moi, c'est le message que je veux entendre, au lieu de... Dans le
passé, on a trop entendu, justement, des intervenants protéger la ligue, alors
que, par la suite, on apprenait des choses qui étaient répréhensibles, là.
Continuez ce que vous... Vous étiez sur une lancée, là, je vous laisse aller.
M. Cecchini
(Mario) : Bien, merci, M. le député de Marquette. C'est exactement...
vous m'enlevez les mots de la bouche un peu parce que... puis j'ai peut-être...
puis je suis très content de pouvoir clarifier ça parce que, pour moi, ce que j'ai beaucoup dit, et ceux à qui je
pense beaucoup, c'est justement les parents puis les jeunes, par
conséquent, qui ont aujourd'hui 13, 14, 15 ans, qui ont probablement un...
un talent pour le hockey et qui se posent la question. Bien, quand ils vont se
poser la question, il faut qu'on mérite leur confiance.
Une des choses que
j'ai dites au comité de sélection aussi, je pense que... et vous m'avez entendu
dire publiquement, avec M. Létourneau à côté de moi, président du comité
exécutif de la ligue, la semaine dernière, que la transparence dans les
communications, ça va être un élément très important, ça fait partie de... Ça
fait que, quand je dis : Protéger l'intégrité, je vais trouver une autre
formule, parce que je me rends compte, ce matin, qu'elle porte à confusion, ce
qu'on veut... parce que, justement, de bien gérer, quand il arrive des cas,
comme vous dites si bien, il n'y a pas de mal à ça. Et plus vite on le sort, ou
plus vite on l'explique, ou plus vite on le règle, pas du tout derrière un
rideau, toutes les personnes concernées doivent être au courant, puis, si on
est interpelés, on va répondre. Je pense que
ça, c'est, justement, protéger l'intégrité de la ligue plutôt que l'image,
disons ça de cette façon-là. C'est mon intention.
M. Ciccone : Bien, je suis content de vous entendre dire ça, M. Cecchini, parce
que vous allez sauver énormément d'argent avec les firmes de
communication... qui doit arriver par la suite et avoir un bon message pour
essayer de sauver, justement, l'image, et ça, on sait que ça coûte très, très
cher.
Maintenant, je vais
revenir au début. Vous avez dit que vous aviez présenté un plan, et j'ose
espérer que c'était un maudit bon plan, parce qu'ils vous ont engagé, est-ce
que vous pouvez nous donner un peu les grandes lignes de ce que vous avez
présenté au bureau des gouverneurs?
• (12 h 20) •
M. Cecchini
(Mario) : Bien, encore une fois, j'essaie d'être conscient du temps,
mais je pense qu'on a... même monsieur...
les quatre piliers, si vous voulez... Vous savez, un processus de cette
façon-là, ça prend... à mon âge, en plus, c'était une première fois,
moi, que je participais dans un processus, alors il y a une certaine dose
d'humilité, mais c'est une grande... c'est une belle expérience, parce que ça
te ramène à la base.
Et, dans la lettre
que j'ai écrite au comité de sélection, j'y vais de mémoire, mais il y avait...
ce qui était prioritaire pour moi, tantôt,
je l'ai mentionné, le bien-être des jeunes, le marketing évolutif, il y avait
de la progression des revenus aussi. Je pense qu'on n'a pas à se cacher,
tantôt, on pourra revenir sur ça aussi, mais, s'il y a plus de revenus, bien,
il y a plus de bourses pour les jeunes, il y a plus de choses qu'on pourra
faire pour les jeunes aussi.
Et évidemment il y avait
aussi conserver et augmenter une certaine influence dans la Ligue canadienne de
hockey. J'ai mentionné souvent, c'est assez
rare, je pense que je vais peut-être être la seule personne dans sa carrière
qui va remplacer quelqu'un qui a eu un
mandat de 37 ans, on n'entend pas ça très, très souvent. Ça, c'était la
base, si on veut.
Puis après ça, bien, je suis allé un petit peu
plus loin, en termes de priorités, donc ce qu'on pourrait appeler, évidemment,
les priorités hockey, donc assurer le calibre surtout, là-dedans, je parlais
d'être au diapason avec les... tu sais, les changements requis, être au
diapason avec la société, ce qui n'est plus acceptable, il faut passer au plus
vite à autre chose. J'avais parlé de diversité, il faut prôner cette
diversité-là, l'intégrité, l'intégrité qui va aussi... Tu sais, moi, ce qui m'importe beaucoup aussi dans...
l'intégrité sur le jeu, l'intégrité physique aussi de tous, évidemment,
qu'il faut protéger, dans ce cas-là, le mot est bon.
J'ai aussi
parlé de savoir-être. Je constate... On dit souvent qu'il y a beaucoup
d'appelés et qu'il y a peu d'élus. Il
y a peut-être 10 % à 20 % des joueurs qui vont jouer
professionnel, pas nécessairement dans la Ligue nationale, mais
professionnel, donc tout le parcours académique, il y a des choses qui
m'apparaissaient importantes au niveau de la gestion de soi d'abord, probablement,
avec qu'est-ce qu'on vit, encore plus, mais la gestion de la performance et la
gestion de transition de carrière. Parce que je peux vous assurer que les 400
qui sont là pensent qu'ils vont être dans les 30 qui vont être repêchés. Ça
fait que, quand tu arrives à 19, 20 ans puis que tu ne joues pas, comme
beaucoup d'athlètes que j'ai connus, tu as
cette période-là de deuil, là, tu as une période où ton rêve s'éteint. Donc, en
ce sens-là, je pense qu'on va essayer de les aider de ce côté-là aussi.
Évidemment, les bourses aident à poursuivre après ça, côté universitaire.
J'ai mentionné aussi que j'aimerais...
probablement qu'on va travailler avec le gouvernement sur ça dans le futur, prolonger... qu'en fait le 16-20 devienne
16-24 parce que, comme vous avez dit, M. le député, dans votre question,
que les bourses qui sont données... que les cerveaux restent au Québec, ça
m'apparaît important. Il y a, je pense, deux fois moins de joueurs au Québec,
en proportion, qui jouent au hockey universitaire versus les autres provinces.
C'est les stats que j'ai rapidement vues, ne pas me citer, s'il vous plaît, sur
ça, mais je sais que c'est significatif.
En même temps, on a déjà un taux de réussite
plus grand que la moyenne des Québécois aussi, ça fait que c'est des éléments
comme... Après ça, bien, au niveau du marketing, si ça vous intéresse, c'est
toute la notion des nouvelles plateformes.
Je pense qu'il faut parler aux gens comme eux se comprennent et utilisent leurs
moyens de com. Alors, tout ça, c'est des éléments qui faisaient partie
du plan. J'ai beaucoup de misère à être succinct parce que...
M. Ciccone : Non, mais c'est... Merci beaucoup. Vous avez parlé de
revenus. C'est sûr que, quand on... c'est une industrie privée, il y a des gens
qui investissent. Puis il faut dire aussi également que ce n'est pas tout le
monde qui roule sur l'or là, dans la ligue junior majeur du Québec. Quand on
regarde les clubs de... les clubs des Maritimes, certains clubs, soit Val-d'Or,
Rouyn, Baie-Comeau, c'est un peu plus difficile. Vous avez parlé du revenu.
Moi, puis je vais vous faire un parallèle, là, tu sais, le revenu versus le
bien-être du joueur, parce que je sais que vous êtes dans le domaine, là, depuis longtemps, au niveau du
marketing également, vous êtes capable d'aller chercher des revenus
autres.
Mais, quand... Là, on regarde avec le nombre de
matchs qui est joué dans la ligue junior majeur du Québec avec 68 matchs,
puis ça, c'est sans calculer les matchs hors concours, les matchs également des
séries éliminatoires. Tous les joueurs, puis vous l'avez mentionné, là, tous
les joueurs qui mettent le pied dans cette ligue-là, et moi incluant, là, moi
inclus, là, on voulait tous jouer dans la ligue nationale, on était prêts à
faire n'importe quoi. Et, quand il y a cette pression-là, là, M. Cecchini,
bien, on est prêt à fermer les yeux sur beaucoup de choses. On est prêt à
sauter en bas du pont si notre entraîneur nous demande de le faire. On va être
prêt à faire n'importe quoi.
Alors, comment changer, justement, cette
culture-là de pression, puis je ne dis pas de leur enlever de la pression, là,
ils sont quand même dans un niveau quand même assez élevé, là, d'enlever cette
pression-là où le joueur va fermer les yeux
sur tout, ne sera pas critique, ne lèvera pas le ton, va fermer les yeux, et
non seulement il va y avoir cette culture du silence là, mais moi, je
vais encore plus loin, qui trouve que tout ce qui arrive, c'est normal? Comment
on va faire pour changer ça?
M. Cecchini (Mario) : Bien, il
n'y a pas d'autre façon, M. le député, je pense, que de l'éducation. Encore une
fois, je vais préciser, on va travailler avec des spécialistes, on va
travailler avec des gens qui vont nous guider, mais ça va prendre beaucoup de
conviction, ça va prendre beaucoup de... je dirais... Moi, je suis impatient de
nature. D'ailleurs, plus un défi est grand, plus il est long, plus je trouve
qu'il est urgent qu'on le commence.
Alors, c'est sûr que le... Il va y avoir un
processus d'éducation. Il va y avoir un processus de formation. Il va y avoir
un processus de dire, comme j'ai mentionné en entrée de jeu : Si ce n'est
pas acceptable, ça va être puni.
Tu sais, les gens oublient souvent... Moi, avec
le comité de sélection, on a échangé puis on m'a dit que... Tu ne vas pas à tes
cours, ou tu coules un cours, ou tu n'es pas sérieux, tu ne joues pas le
vendredi soir. Et ça, c'est des éléments
que, moi, quand on me le dit, ça, ça me frappe, et c'est des choses qu'il va
falloir s'assurer qui se produisent. Alors,
ça, c'est des éléments, pour moi... Par exemple, quand vous dites un changement
de culture, ça va passer par toujours la prévention, toujours les
meilleurs conseils, toujours l'encadrement, mais ensuite, évidemment, on l'a
mentionné, il faut qu'il y ait du punitif.
M. Ciccone : Tantôt, le professeur retraité Dorais disait qu'il doit y
avoir une formation de 1 % continuelle. Si on amène des programmes, ce
n'est pas juste d'amener un programme, ce n'est pas juste d'amener un code du vestiaire, il faut qu'il y ait un suivi
constamment. Vous savez qu'on est ici aujourd'hui, en commission
parlementaire, parce que, justement, quand l'industrie ne fait pas son travail
au maximum pour protéger les jeunes, puis c'est notre rôle ici, en tant que législateurs, bien, il y a des commissions, puis
on questionne, puis c'est ce qu'on fait aujourd'hui.
M. Cecchini,
seriez-vous prêt, là, parce qu'on avance, il va y avoir des programmes qui vont
être déposés, il va y avoir des annonces de votre côté, seriez-vous prêt à
venir, de façon annuelle, ici, en commission, pour discuter, voir où est-ce que
vous êtes rendu, voir votre cheminement, voir également comment vos programmes
ont cheminé pour qu'on puisse tous ensemble travailler pour le bien-être de nos
enfants?
M. Cecchini (Mario) : M. le
député, sur cette question-là, moi, je viens d'un environnement très réglementé
par le fédéral, dans ce cas-là, qui s'appelle le CRTC, alors on va toujours
être prêts à collaborer puis à répondre présent lorsque vous jugerez bon que
l'on se présente devant vous.
M. Ciccone : Merci beaucoup, M. Cecchini. Merci beaucoup.
M. Cecchini (Mario) : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Je cède maintenant la parole au porte-parole du deuxième groupe d'opposition,
le député de Rosemont. Alors, vous disposez de quatre...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) :
Oui, cinq minutes, 5 min 23 s.
M. Marissal : Cinq minutes.
Merci. M. Cecchini, bonjour, virtuellement, mais merci quand même d'avoir
pu rapidement vous adresser à nous, d'autant
que vous n'êtes pas tout à fait encore arrivé. Je vois, d'ailleurs, en arrière
de vous, c'est plus une image de football,
je pense, de coupe Grey que... que de hockey, là. Vous êtes vraiment en
transition.
M. Cecchini (Mario) : Oui.
M. Marissal : Alors,
merci, merci d'être là. Je vais rapidement, par faute de temps. Vous avez
entendu M. Dorais tantôt ou non?
M. Cecchini (Mario) : M. Dorais,
j'ai entendu peut-être cinq, 10 minutes. J'étais entre...
M. Marissal : OK. Bien, vous
pouvez aller le réécouter en rattrapage, comme on dit dans votre ancien milieu,
sur le site de l'Assemblée nationale, ça a été enregistré, c'est assez utile.
M. Dorais disait que ça fait 18 mois qu'il travaille, notamment, avec Mme Llorens, que vous avez
certainement rencontrée, là, ça fait 18 mois, ça n'avance pas. Puis
là on nous dit : Bien, il n'y a peut-être pas d'argent pour ça.
M. Lavallée nous a dit, tout à l'heure : On a fait des demandes de subvention auprès de différents ministères. Je m'en
étonne un peu, d'ailleurs, parce que la Ligue de hockey junior majeur,
ce n'est pas une entreprise de charité, là, je pense que... Est-ce que vous
pourriez trouver les moyens, pour M. Dorais ou pour un autre groupe, là?
Moi, je ne travaille pas pour M. Dorais, là. Vous avez dit tantôt que vous
vouliez travailler avec des spécialistes, là. Je fais un calcul rapide, là,
même si ça coûtait 300 000 $, là, c'est à peu près 16 000 $
par équipe par année. Avez-vous vraiment besoin de passer le chapeau au
gouvernement ou si vous êtes assez déterminés pour dire : On va prendre
l'argent dans notre pot, là, puis on va le faire, le programme?
M. Cecchini (Mario) : Bien, sur
ça, M. le député, je vous dirais une... puis vous ne serez pas étonné de ma
réponse. Dans le contexte, d'abord, je n'ai pas rencontré Mme Llorens
encore, justement, là. J'ai eu une conversation téléphonique avec elle, donc
pas... je veux dire, pas rencontré face à face. À ça, je vais vous répondre
simplement : C'est facile de répondre oui, et probablement que j'ai envie
de répondre oui, quand on entend tout ça. La seule affaire que je vous dirais,
c'est que je n'ai vu aucunement les finances de la ligue à date, pas vu... pas
parlé de ça en profondeur avec chaque équipe. Ça me rappelle souvent, puis je
ne veux pas faire une analogie qui ne serait pas... qui ne sera pas bonne, des
fois, on dit souvent : C'est que 16 000 $ par équipe, mais, des
fois, les 16 000 $ par équipe s'accumulent. Donc, il faut juste
choisir les priorités.
Ça fait que
moi, je me donne le temps d'arriver, de regarder tout ça, de parler avec chaque
club. Et, si je devinais votre autre question, est-ce que je crois que
ce genre de programme là va devenir prioritaire, aujourd'hui, je serais porté à
dire que oui, ça va devenir prioritaire, mais je veux me laisser le temps de
regarder le tout dans son ensemble.
M. Marissal : Vous êtes fort,
vous aviez effectivement trouvé ma seconde question, les grands esprits se rencontrent, à savoir... puis, si, effectivement, c'était
une priorité, je pense que vous venez de répondre oui. Ça va plus vite,
vous me faites gagner du temps, en allant davantage vers mes questions.
Vous avez parlé d'un cas, tout à l'heure, là,
dans la ligue de... canadienne de football. Mais vous avez dit : La
convention collective des joueurs exigeait telle ou telle chose.
M. Cecchini (Mario) : Oui.
M. Marissal : Il n'y en a pas,
de convention collective des joueurs, dans la Ligue de hockey junior majeur.
Ils n'ont pas de protection. Ça, c'est un problème peut-être à plus long terme,
mais qu'il vous... il vous faudra aussi un jour attaquer de front. Parce que ces... ces
enfants-là, j'ai envie de dire, là, ces petits gars là, ils n'en ont pas,
d'association syndicale.
M. Cecchini (Mario) : Oui,
je... Oui, tantôt, je mentionnais ça dans le contexte où, justement, la
convention nous empêche de bouger
rapidement. Je... Parce qu'on aurait probablement... Ce que je voulais dire,
c'est qu'on aurait agi encore plus vite que trois jours après...
M. Marissal : Je comprends.
• (12 h 30) •
M. Cecchini (Mario) : Je...
Écoutez, vous soulevez un point. Je ne pense pas que les... je ne... On est
dans un contexte où on prend des jeunes à 16 ans, ils sortent adultes à
20 ans. La vaste majorité ont une expérience très, très positive avec la
LHJMQ aussi. Moi, les gens que j'ai rencontrés parlent en... ont... en tout
cas, ont toujours le mot «bien-être des jeunes et proches», prendre soin des
jeunes et proches. J'ai vu des stats d'investissement, j'ai vu la... je veux
dire, par jeune, qu'est-ce que ça coûte. On s'occupe des familles. Il y a aussi
des familles d'accueil. Il y a aussi une progression énorme sur... en fait,
très importante sur les 15 dernières années. J'hésite à citer parce que je
n'ai pas tout étudié, mais il y a eu beaucoup de progression, notamment sur les
bourses et sur l'encadrement scolaire. Alors, je pense que les jeunes sont
entre bonnes mains, puis on va s'assurer qu'ils le sont encore plus puis,
justement, que ces dérapages desquels on parle, qui datent, en tout cas, la
plus récente...
M. Marissal : Mais mon point,
M. Cecchini, est que ces jeunes-là n'ont pas d'association. Ils sont
livrés entre les mains de la Ligue de hockey junior majeur. On leur fait signer
des contrats sans qu'ils aient de contrepartie de représentation. C'est un
problème. C'est un problème dans la structure même de la ligue. Vous n'êtes pas
obligé d'être d'accord avec moi, là, c'est un éditorial que je viens de faire,
là.
Mais vous citiez, par ailleurs, tout à l'heure,
un M. Churchill qui disait : Ne jamais gaspiller une bonne crise.
M. Churchill a déjà dit aussi : En politique, mes adversaires sont
devant moi, mes ennemis sont derrière moi. Alors, imaginez la Chambre des
communes à Londres, là. Ça veut dire que ses ennemis, c'est les gens de sa
propre équipe.
M. Cecchini (Mario) : Absolument.
M. Marissal : Ce n'est pas ce
que je vous souhaite, là, mais comment vous allez briser cette culture-là?
La Présidente (Mme Dionne) : C'est
malheureusement le temps de mettre fin à la commission. Je suis désolée. Alors,
je vous remercie à tous pour votre contribution. Merci, M. Cecchini, pour
votre disponibilité.
Donc, la commission ajourne ses travaux jusqu'à
demain, mercredi 22 mars, après les avis touchant les travaux de la
commission, où elle poursuivra son mandat. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 32)