Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
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Le
mardi 21 mars 2023
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Vol. 47 N° 3
Mandat d’initiative portant sur les révélations de violence lors des initiations dans le milieu du hockey junior et la possible situation dans d’autres sports
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Intervenants par tranches d'heure
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Dionne, Amélie
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Ciccone, Enrico
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Dionne, Amélie
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Émond, Jean-Bernard
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Asselin, Mario
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Tremblay, Suzanne
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Poulin, Samuel
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Ciccone, Enrico
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Ciccone, Enrico
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Dionne, Amélie
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Marissal, Vincent
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Dionne, Amélie
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Poulin, Samuel
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Rivest, Mathieu
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Tremblay, Suzanne
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Ciccone, Enrico
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Marissal, Vincent
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Dionne, Amélie
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Tremblay, Suzanne
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Tremblay, Suzanne
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Dionne, Amélie
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Poulin, Samuel
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Émond, Jean-Bernard
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Rivest, Mathieu
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Ciccone, Enrico
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Marissal, Vincent
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Marissal, Vincent
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Dionne, Amélie
9 h 30 (version révisée)
(Neuf heures quarante-huit minutes)
La Présidente (Mme Dionne) :
Alors, bonjour à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de la culture et de l'éducation ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
aujourd'hui aux consultations particulières et auditions publiques dans le
cadre du mandat d'initiative portant sur les révélations de violence lors des
initiations dans le milieu junior... le hockey junior, pardon, et la possible
situation dans d'autres sports.
M. secrétaire, si vous pouvez nommer les
remplacements.
Le Secrétaire : ...
La Présidente (Mme Dionne) :
OK, dans le fond, je vais mentionner les remplaçants. Alors, le député de Marquette
remplace la députée de Mont-Royal—Outremontet
le député de Rosemont remplace la députée de Mercier.
Concernant l'ordre du jour, nous
entendrons aujourd'hui les personnes suivantes : M. Michel Dorais,
professeur titulaire retraité à l'École de travail social et de criminologie de
l'Université Laval; M. Martin Lavallée, commissaire par intérim de la
Ligue de hockey junior majeur du Québec; et M. Mario Cecchini, président
par intérim des Alouettes de Montréal et futur commissaire de la Ligue de
hockey junior majeur du Québec.
Avant de souhaiter la bienvenue à notre
premier invité, je cède la parole au député de Marquette.
M. Ciccone :Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais déposer l'avis
de la Commissaire à l'éthique lors du... notre première
séance, où on avait reçu des groupes. J'avais demandé, justement, un avis de la
Commissaire à l'éthique, vu mon passé et ma rémunération avec la Ligue de
hockey junior majeur du Québec. Alors, j'ai l'avis écrit que je dépose. Merci
beaucoup.
Document déposé
La Présidente (Mme Dionne) :
Donc, avis déposé.
Auditions (suite)
Je souhaite maintenant la bienvenue à
notre premier interlocuteur, M. Michel Dorais, professeur titulaire
retraité à l'École de travail social et de criminologie de l'Université Laval. M. Dorais,
je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire votre exposé, après
quoi nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission.
Je vous invite, donc, à vous présenter puis à commencer votre exposé.
M. Michel Dorais
M. Dorais (Michel) : Merci,
merci de m'avoir invité. Je suis content et honoré, en fait, d'être avec vous
ce matin, parce qu'on va parler d'un sujet important qui me préoccupe depuis
longtemps. J'ai donné un petit deux pages de résumé de mon exposé ce matin. Je
travaille là-dessus depuis très longtemps.
• (9 h 50) •
Je suis retraité, mais j'ai une carrière
de 45 ans et poussières. Et j'ai travaillé beaucoup, dans un premier
temps, à la protection de la jeunesse, en fait, à Montréal. J'ai développé
beaucoup de programmes de prévention, aussi, notamment pour l'INSPQ, des
programmes qui durent encore pour certains d'entre eux, des programmes en
prévention de l'exploitation sexuelle, la... des jeunes, en particulier pour le
CIUSSS de la Capitale-Nationale. J'ai donné un cours comment monter des
programmes et des campagnes de prévention, qui a longtemps été, je pense qu'il l'est
encore, le seul cours là-dessus à l'Université Laval. J'ai une formation, une
double formation en travail social et en sociologie de l'intimité et de la
sexualité. J'ai fait partie aussi... je vais terminer là-dessus ma présentation
pour vous dire que je suis particulièrement sensible aux victimes qui sont
faites dans ces <affaires-là...
M. Dorais (Michel) :
...j'ai
fait partie aussi... je vais terminer là-dessus ma présentation pour vous dire
que je suis particulièrement sensible aux victimes qui sont faites dans ces
>affaires-là. J'étais sur le comité qui a bâti et déposé le rapport Rebâtir
la confiance, là, vous vous souviendrez, qui a été remis à l'Assemblée
nationale il y a un peu plus que deux ans maintenant, en décembre 2020. Voilà
pour ma présentation.
Je vais surtout vous parler, ce matin, de
prévention primaire. Pour moi, c'est très important, parce que j'ai suivi
beaucoup, beaucoup ce dossier-là et j'ai entendu très peu de gens en parler. On
parle beaucoup, à bon droit, de prévention secondaire, c'est-à-dire qu'est-ce
qu'on fait s'il y a des victimes, d'avoir des lignes d'appel, de l'aide aux
victimes. Évidemment, je suis ravi qu'on parle de ça, je n'ai absolument rien
contre ça, tout au contraire, mais je suis inquiet qu'on parle si peu de
prévention primaire, c'est-à-dire que fait-on pour que ces choses-là ne se
produisent plus. Et j'ai entendu, en fait, très, très, très peu parler de ça.
On a aussi beaucoup parlé de
sensibilisation. Des gens disent : Oui, on montre des films, on fait des
conférences. Vous savez, la prévention, ce n'est pas ça. Si vous pensez qu'on
change des comportements en visionnant un film... Et, vous savez, vous êtes en
politique, vous essayez, vous autres aussi de votre côté, de changer parfois
des comportements, vous savez qu'on ne change pas de comportement comme on
change de vêtements, et ça ne se fait pas à la sortie d'un film ou d'une
conférence. C'est beaucoup plus complexe que ça. Alors, ce qu'il faut :
développer et promouvoir, en fait, des comportements alternatifs. Si je fais...
Quoi ne pas faire, la majorité des gens le savent, mais qu'est-ce que je fais à
la place? Là est la question. Et c'est surtout de ça dont je veux vous parler,
ce matin, alors allons-y, allons-y.
J'ai été étonné que la LNH ne vous parle
pas qu'avec la directrice des services aux joueurs, Mme Llorens, on travaille
depuis 18 mois maintenant à développer un programme de prévention
primaire. Et c'est méritoire, c'est tout à son honneur, là. C'est elle qui
m'avait contacté, sachant que je travaille là-dessus depuis fort longtemps, à
l'été... il y a 18 mois, pas l'été dernier, l'été auparavant. Et, depuis
ce temps-là, on travaille là-dessus. Je le fais bénévolement, là, je tiens à le
dire, mais, bon, comme j'étais en processus de retraite, j'avais un peu plus de
temps, mais en se disant : Bien, un jour, on trouvera de l'argent pour ça.
Et c'est avant que... toutes ces affaires-là dont on a parlé dans les médias.
Et je pense que Mme Llorens est très allumée, là, sur les besoins des
joueurs. On a même fait un sondage auprès des joueurs, sur leurs besoins, et
tout ça. Et puis, bien, j'étais content de venir ici, ce matin, parce que je
vois que je vais être le premier à vous parler de ça. Et je pense qu'on n'en a
pas parlé beaucoup, parce qu'on a cogné à beaucoup de portes pour demander...
Bien, évidemment, on demande de l'argent à la ligue, on demande de l'argent...
Avez-vous de l'argent, les équipes? On demande de l'argent à certains
ministères. Bien, tout le monde trouve que notre idée est excellente, mais,
pour le moment, on n'a pas trop de réponses.
Alors, de quoi s'agit-il quand je vous
parle, là, de prévention primaire? Il y a trois choses là-dedans. Alors, la
première, c'est les... ce qu'on appelle les codes de vie des joueurs, les
règles, les... Vous savez, les joueurs signent aussi, hein, maintenant, dans
beaucoup d'équipes, là, les joueurs signent une espèce de code de vie : Je
m'engage à... C'est très bien d'avoir déjà ça, mais, pour en avoir regardé
quelques-uns, je peux vous dire que c'est un peu comme du fromage gruyère, il y
a des trous dedans. Et puis c'est bon dans le fromage, mais, dans les
règlements de sports d'équipe, ce n'est pas l'idéal. Alors, il faudrait
vraiment revamper tout ça, on est en train de se pencher là-dessus, parce qu'il
y a trop de zones grises, là, qui sont laissées là.
Et puis je pense que, si on veut
mobiliser... Vous savez, en prévention, deux choses qu'il faut surtout
mobiliser, comme j'ai dit... Bien, il y a trois savoirs, hein, il faut que les
gens aient des connaissances, développent des savoir-être, des savoir-faire.
Ils vont y arriver s'il y a deux choses de base : la motivation et les
valeurs qui soutiennent ces actions-là. Il faut motiver les jeunes, il faut
motiver les adultes qui les encadrent à agir pour prévenir. Il faut qu'il y ait
des valeurs individuelles. On a des valeurs sociales, au Québec, on est une des
sociétés sans doute les plus sensibles, hein, au bien-être des jeunes, et tant
mieux, mais on peut toujours s'améliorer. Il faut aussi avoir des valeurs
d'équipe. Il faut que le sport... Le sport, c'est aussi éducatif, et on doit...
le sport doit véhiculer certaines valeurs bienveillantes et certaines valeurs
qui n'autorisent pas ou qui, même, empêchent la commission d'actes aussi
regrettables que ceux dont on a parlé dernièrement. Alors donc, la première
chose à faire, ce serait de revoir ces règles, ces <règlements...
M. Dorais (Michel) :
...la
commission d'actes aussi regrettables que ceux dont on a parlé dernièrement.
Alors donc, la première chose à faire, ce serait de revoir ces règles, ces >règlements,
ces codes de vie, et là il y a déjà un travail considérable à faire.
Deuxièmement, il faut s'adresser aux jeunes eux-mêmes, aux joueurs. Pourquoi?
Parce que les joueurs, là, pensez bien qu'il faut partir d'où ils sont, là, et
puis ce n'est pas facile. C'est pour ça que voir un film, entendre une
conférence... il faut les écouter, il faut parler avec eux, il faut les
intéresser.
Vous savez, les gens, quand on parle de
prévention, les gens pensent qu'on va leur faire la morale, ce n'est pas ça.
Responsabiliser les gens, ce n'est pas leur faire la morale. Au contraire,
c'est de les amener avec nous, là, dans un beau projet qui est de construire
quelque chose de mieux. C'est ça. Les campagnes de prévention qui fonctionnent,
là, il y en a des très belles par le gouvernement du Québec. C'est ça, le but
et c'est ça, le moyen utilisé alors, et on travaille là-dessus, justement
d'avoir des choses qui vont plaire aux gars, que les gars vont avoir le goût de
participer, que ce soient des discussions, que ce soient des vidéos, des quiz.
On ne manque pas d'idées à ce sujet-là, mais on va auparavant les consulter. On
va... il faudrait... Enfin, je vous parle comme si on était en train de le
faire, j'espère qu'on le fera, que je vais convaincre quelqu'un quelque part,
alors, et ce serait bien.
Moi, je le fais déjà, je peux vous le
dire, je l'ai fait beaucoup, là, je le fais actuellement. Je ne les nommerai
pas, pour certaines émissions de télé, là, de réalité qui ont éprouvé des
petits problèmes, moins graves, mais quand même qui se soucient qu'il n'y ait
pas de harcèlement et de comportements inappropriés. Et je peux dire que les jeunes
ont beaucoup de plaisir avec ce qu'on a développé. Donc, je sais que c'est
possible, parce que je l'ai déjà fait puis je l'ai fait encore récemment. Alors
donc, rejoindre les jeunes par des mises en situation pratiques, des choses qui
leur permettent de se projeter dans l'avenir. Si telle chose arrive, qu'est-ce
que je fais? Qu'est-ce que je peux faire? Comment je peux réagir? Ça arrive à
moi, à mon collègue, à mon équipe, à quelqu'un que je connais. C'est très
important.
Deuxièmement, il faut impérativement
rejoindre les personnes qui encadrent ces jeunes-là. Et, vous savez, ça va des
coachs aux familles d'accueil qui accueillent les jeunes, vous savez, quand les
jeunes voyagent, là, il faut qu'ils dorment quelque part. Alors, moi, j'irais
jusqu'au propriétaire d'équipe, là, parce qu'il faut que l'exemple parte de
haut, là, puis il faut que... Vous savez, quand vous voulez imposer des
nouvelles valeurs, des nouvelles façons de faire, ça doit aller de haut en bas
et de bas... ça doit remonter et descendre. Alors, il faut que tout le monde
soit impliqué là-dedans. Là aussi, évidemment, on pourrait et on devrait
consulter les gens qui sont des mentors, en fait, pour ces jeunes-là, là, penser
que les gens qui les encadrent, à quelque niveau que ce soit, sont des modèles.
Les gens disent souvent : Oui, mais on ne veut pas être des modèles, on
est seulement des coachs, on est seulement des familles d'accueil, là, pour ces
joueurs, si j'ose appeler ça comme ça, pour ces joueurs-là. Oui, mais, quand
ils sont avec toi, tu es un adulte, hein, tu es un adulte, et c'est un exemple,
que tu le veuilles ou pas.
• (10 heures) •
Et ce serait un peu la... Et ce serait,
évidemment, une formation plus étendue, plus extensive, parce qu'il faut
apprendre des choses qui sont plus de l'ordre de la résolution de problèmes, de
la relation d'aide, même, à ces adultes-là. Si tu as un jeune qui est en
problème, avant que tu reviennes, là, pour consulter psychologues ou travailleurs
sociaux, est-ce que toi, tu peux faire des choses à ton niveau? Si tu as des
victimes, si tu as... Alors, il faut des choses de base, et puis, ça, comme je
vous l'ai dit, moi, j'ai enseigné ça, la relation d'aide pendant 40 ans
passés. Et c'est sûr que j'ai des petites idées là-dessus, mais, encore là, des
mises en situation concrètes, des choses qui vont permettre aux gens à se
projeter dans l'avenir, hein, dire : Qu'est-ce que... voici, il y a des
choses concrètes à faire pour moi.
La grande question, et ça va être ma
conclusion, c'est : Qui c'est qui prend ça en charge? Actuellement, c'est
la grande question. De qui relève la prévention? Qui doit en prendre
l'initiative? Qui en fixera des balises? Parce que, comme je disais tout à
l'heure, il y a beaucoup de gens qui disent faire de la prévention, mais ce que
je vois, ce n'est pas ça, c'est de la sensibilisation.
Alors, bien là, il y a une question de
coût-bénéfice. Évidemment, quand ça va bien, personne ne parle de prévention,
parce qu'on dit : Bien, pourquoi faire de la prévention, alors? Mais,
quand ça va mal, ça coûte très cher quand ça va mal, parce que, là, il y a eu
des victimes, et ça coûte très cher avoir des victimes, hein, on... Eh bien...
et, alors, quand ça va bien, on ne fait pas de prévention. Parce que ça va
bien, pourquoi en faire? Quand ça va mal, on dépense tout l'argent disponible
pour compenser des victimes. On dit : Ah! bien, c'est dommage, il ne reste
plus d'argent pour la prévention. Alors, la prévention passe à la trappe dans
les deux cas, ce qui est bien dommage et, à mon avis, assez tragique.
C'est pour ça que je pense que la rondelle...
et le jeu de mots est facile, je le sais, mais la rondelle est dans le camp des
décideurs, que ce soient les équipes, que ce soient les ministères, les <organismes...
>
10 h (version révisée)
< M. Dorais (Michel) :
...et
le jeu de mots est facile, je le sais, mais la rondelle est dans le camp des
décideurs : que ce soient les équipes, que ce soient les ministères, les >organismes
publics, est-ce qu'on veut éviter que ces choses-là adviennent de nouveau et qu'est-ce
qu'on fait en prévention primaire.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, M. Dorais. Je vous... Je suis désolée de vous interrompre.
Très...
M. Dorais (Michel) : Oui.
J'avais fini.
La Présidente (Mme Dionne) :
Très intéressant. Alors, merci beaucoup pour votre exposé. Je céderais
maintenant la parole du côté du gouvernement. Quelqu'un veut intervenir? Oui. D'accord.
Alors, j'invite le député de Richelieu.
M. Émond : Merci
beaucoup, merci, Mme la Présidente. M. Dorais, bonjour. Merci de votre
présence à l'Assemblée nationale et d'avoir accepté de venir témoigner devant
les membres de la commission. Je vous remercie pour votre introduction.
Et, M. Dorais, en regardant vos
écrits, là, en préparant la journée d'aujourd'hui, je vois que vous avez
mentionné, quelque part dans une entrevue en septembre dernier... à
Radio-Canada, je crois, que, et là j'ouvre les guillemets : «On ne veut
pas seulement qu'il y ait un changement dans la tête des jeunes, mais aussi
dans leurs comportements au quotidien.» Et je ferme les guillemets. Puis puis
je crois que, dans votre introduction, vous avez quand même beaucoup abordé ce...
ce point.
Et, dites-moi, vous parlez de prévention
primaire, changement de comportements, que... vous dites que ça peut être
complexe, qu'il faut faire la promotion de comportements alternatifs, de quelle
manière ou à quel moment vous pensez qu'on doit aborder ces thèmes-là si on
veut faire une prévention?
Puis là je vous amène aussi tôt que le
parcours scolaire primaire, là, primaire et secondaire. Puis vous entendrez au
timbre de ma voix, comme adjoint parlementaire au ministre l'Éducation, la
prévention et l'enseignement de l'éducation sexuelle, hein, qui est abordé chez
nos jeunes. De quelle manière, croyez-vous, on doit l'aborder dans le cursus du
cours Citoyenneté québécoise, là... Éthique et citoyenneté québécoise, le
nouveau cours qui est mis en marche, qui est présentement dans des projets
pilotes dans différentes écoles au Québec?
M. Dorais (Michel) : Oui.
Bien, le problème, c'est, évidemment, il y a peu de temps. Tu sais, on le sait,
hein, c'est cinq heures au primaire, 15 heures au secondaire, à moins que
ça ait changé, là, dernièrement. Il n'y a pas beaucoup de temps. Mais,
effectivement, cette prévention des conduites inappropriées, utilisons un terme
poli, devrait être faite à toutes les étapes de la vie. Cela dit, en ce qui
concerne le sport en particulier, dès qu'un jeune adhère...
Je vais vous donner un exemple. À la Ligue
de hockey junior majeur, normalement, au mois d'août, là, il y a des... on
démarre la chose, là. Alors, ce que je parlais avec Mme Llorens, c'est qu'on
pourrait très bien démarrer un programme comme celui-là. Et, comme je dis, ce n'est
pas une conférence, ce n'est pas... C'est un ensemble de mesures qui vont s'échelonner
dans le temps, là, et qui vont rejoindre les jeunes.
Et je pense que vous avez raison, c'est...
ça fait partie de l'éducation, ça devrait concerner la prévention du
harcèlement, des agressions, des violences de nature intime ou sexuelle.
Évidemment que ça devrait nous préoccuper. Et on devrait commencer à le faire,
oui, le plus tôt possible, parce que les jeunes sont témoins de ça, ne
serait-ce qu'ils sont témoins de ça de la part de personnes plus âgées qu'elles
dans le sport ou ailleurs, là. Mais là vous prêchez quelqu'un qui défend ça.
Oui, oui, je crois. Et puis c'était, d'ailleurs, une des recommandations de
notre part, Rebâtir la confiance, là, que... que la prévention ait une plus
large place.
Moi, je pense aussi qu'on... Vous savez,
dans les organismes professionnels, on a le 1 % de la formation continue,
hein? Vous savez, ça existe encore. Pourquoi qu'il n'y aurait pas ça, une
mesure comme ça dans le sport, un 1 % de formation aux bonnes conduites,
puis combattre les conduites toxiques? Tu sais, je lance ça comme ça, ce n'est
pas dans... Je pensais à ça... ce week-end en me préparant : pourquoi qu'on
n'aurait pas une mesure encadrante comme ça, comme le gouvernement québécois l'a
fait, là, pour le 1 % en formation professionnelle? Ça passerait le
message aux équipes ou aux directions d'équipes, aux propriétaires d'équipes :
Regardez, c'est important pour l'État québécois, puis on veut que nos jeunes...
Et ce serait une structure en même temps
encadrante... qui baliserait les choses. Parce que moi, je peux vous dire, là :
Je fais de la prévention, puis faire autre chose, là. Il faut que... Et je
pense que l'État, encore là, a un rôle de leadership à jouer en... On est très
inventif au Québec, on le sait, là, en particulier pour tout ce qui concerne
les jeunes. Alors, moi, je lance un appel en ce sens-là encore une fois :
Soyons créatifs, innovateurs, innovatrices.
M. Émond : D'accord. Merci.
Une dernière courte question avant de passer la parole à mes collègues. Vous
avez mentionné dans votre introduction, M. Dorais, que l'exemple doit
venir d'en haut. Si on parle de... du sujet qui nous occupe aujourd'hui, plus
spécifiquement du hockey, dans nos auditions <précédentes...
M. Émond :
...d'en
haut. Si on parle de... du sujet qui nous occupe aujourd'hui, plus
spécifiquement du hockey, dans nos auditions >précédentes, je demandais
au commissaire sortant, M. Courteau, de s'engager à lui-même, là, comme figure
d'autorité de la ligue, de s'adresser directement aux jeunes. On ne parle pas
quand même de... il n'y a pas des milliers de joueurs, là, je crois, dans la ligue
junior majeur, là.
M. Dorais (Michel) : C'est
quelques centaines, oui.
M. Émond : Exactement. Alors,
est-ce que vous seriez dans la ligne de proposer au successeur du... M. le
commissaire de s'engager également dans une démarche participative pour ne pas
remettre le fardeau au coach, au... Parce que c'est la même personne qui pousse
les jeunes à se dépasser quand il est derrière le banc des joueurs, puis
ensuite, on le met un peu dans le rôle, hein, de les sensibiliser. Tandis que
je me mets à la place d'un jeune joueur qui reçoit un message, puis pas par un
vidéo ou une lettre, là, ou un code de conduite quelconque, mais d'une manière
très personnelle, en début d'engagement, là on peut sentir que le message va
être clair, là.
M. Dorais (Michel) : Oui,
oui. C'est la raison pour laquelle je pense que la prévention primaire, ça
concerne tout le monde de bas en haut et qu'on devrait former à la prévention
primaire aussi parce qu'ils sont spécialistes du hockey. Moi, je n'irai pas
leur montrer comment jouer au hockey, mais leur parler de prévention primaire,
moi ou d'autres, là, il y en a d'autres spécialistes que moi, moi, je suis plus
à la retraite qu'autre chose, je pense que ce serait une bonne chose parce
qu'on a à s'apprendre des choses. Et puis moi, je pense que les équipes auront
tout avantage de mieux apprendre comment prévenir : peut-être de la
prévention... la prévention secondaire, qu'est-ce qu'on fait rapidement quand
il y a... il arrive quelque chose. Je pense qu'il y a une sensibilisation à
faire.
Moi, je suis un peu... bon, je suis un
grand optimiste dans la vie, mais je suis un peu déçu que 18 mois plus
tard, on attend toujours une mesure autant. Puis, écoutez, il y a des
ministères qui vont dire : Regarde, là, on attend, on regarde ça avec
attention. Là, je ne vous dis pas que ça ne marchera pas, mais il me semble que
ça pourrait aller plus vite. Et puis nous, on a hâte de commencer. Je peux vous
dire qu'avec Mme Llorens, on envisageait, il y a deux ans, d'être prêts à
commencer cet été, là. Mais l'été, c'est bientôt, là.
Alors, les jeunes, les nouveaux jeunes qui
vont arriver, là, arrivent, là, puis il faut être prêts à les accueillir, à les
accueillir autrement, avec des mesures structurantes et structurées.
M. Émond : Je vous
remercie beaucoup. Terminé pour moi, madame.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci. Je cède maintenant la parole au député de Vanier-Les Rivières.
M. Asselin : M. Dorais...
Pr Dorais, j'ai abondamment lu sur ce que vous avez fait, puis je vous
remercie infiniment pour votre travail.
Mais vous avez raison d'interpeler l'État
comme vous le faites. Mais je suis un peu curieux. Dans votre travail, vous
situez le travail de 18 mois avec Mme Llorens. Pourquoi vous croyez
que la ligue n'a pas été de l'avant par rapport aux demandes que vous avez
faites?
M. Dorais (Michel) : Honnêtement,
monsieur, je n'en ai aucune idée.
M. Asselin : Vous n'avez
aucun... aucune hypothèse qui vous vient?
M. Dorais (Michel) : Bien,
écoutez, c'est une question d'argent souvent aussi, comme je disais tantôt, là.
Puis ils ne sont pas ni pire ni mieux que d'autres, là. Souvent, quand on parle
de prévention, puis je le sais, là, tu sais, toute ma vie j'ai été pas mal
là-dedans, les gens disent : Oui, mais on n'a pas d'argent pour ça. Moi,
je dis souvent : Regardez, quand vous payez les dégâts, là, ça coûte cher,
compenser les victimes, des... tu sais, des entreprises de relations publiques,
des... Pour réparer une image cassée, ça coûterait très, très, très cher.
Alors, si on prévient les choses, si on... Le risque zéro n'existe pas, ça, on
s'entend tous là-dessus, mais, si on fait en sorte que le risque soit minimisé,
je pense que c'est un très bon placement. Mais les gens de la ligue ne sont pas
différents des autres.
Puis, écoutez, c'est... tu sais, c'est... ceux
qui paient, c'est les propriétaires, là. Je ne sais pas si vous allez en avoir
ici, mais, tu sais, ultimement, là, c'est eux autres, j'imagine, là, j'imagine,
qui vont décider parce que c'est eux qui ont l'argent. C'est sûr que, si
c'était Mme Llorens ou les gens qui collaboraient avec elle, je suis
certain que le programme serait déjà démarré parce qu'elle est enthousiaste. On
est enthousiaste quand on fait ça, parce qu'on fait quelque chose d'utile puis
de positif, là. Mais je vous recommanderais de leur demander. Moi, je serais
curieux. Je serais curieux.
• (10 h 10) •
M. Asselin : Oui, on va
leur demander. Sur quels facteurs en particulier Mme Llorens vous semblait
la plus allumée?
M. Dorais (Michel) : Sur
quels facteurs?
M. Asselin : Bien, par
rapport au travail de prévention que vous vouliez mener.
M. Dorais (Michel) : Bien,
comme je disais tantôt, il faut tout faire ça, là : il faut refaire les
règlements en profondeur, les codes de vie, il faut démarrer très vite. Si on
veut insérer les jeunes dans un processus, là, d'apprentissage de savoirs,
savoir-être, savoir-faire, il faut commencer à travailler dans les semaines qui
viennent, là.
Moi, je veux dire, j'ai parlé... je ne
nommerai pas de ministère, mais un ministère. On avait une subvention. Et puis
j'ai parlé aux gens, il y a quelques jours, je leur dis : Écoutez, là, ça
fait quand même des mois que... je suis content que vous analysiez les choses
en profondeur, mais il faut démarrer à un moment <donné...
M. Dorais (Michel) :
...mois
que... je suis content que vous analysiez les choses en profondeur, mais il
faut démarrer à un moment >donné. Nous, on est prêts à démarrer. Et
j'espère qu'il y aura des équipes, tu sais... parce que, peut-être la ligue,
mais peut-être qu'il y a des équipes qui sont plus mobilisées. Il faudra partir
avec les ressources qui seront là à ce moment-là. Moi, je pense que tout le
monde n'est pas actuellement au même... sur le même diapason, là. Mais débutons
avec les gens qui sont prêts à débuter, parce qu'on est rendu là, à mon avis.
M. Asselin : Oui. Bien,
évidemment, moi, j'ai passé ma vie dans le secteur scolaire, et puis au niveau
des garçons en particulier, tout le monde le ressent qu'il y a une difficulté.
Mais vous ne pensez pas que, au niveau des parents en particulier, l'importance
qu'on a donnée, dans le passé, au mot «victoire» puis l'importance que
l'expérience du hockey, c'était la victoire, sans ça, bof! ce n'est pas important,
vous ne pensez pas qu'au niveau des parents il y a des choses à faire?
M. Dorais (Michel) : La
culture évolue. Moi, je salue... chapeau bas, là, à votre initiative, parce que,
je pense, c'est quelque chose qui... c'est salutaire, ce qui nous arrive. Mais
c'est très triste, là, les choses dont on a entendu parler dans les dernières
semaines, les derniers mois, mais, si c'est un électrochoc qui fait en sorte
qu'on arrive à faire plus et mieux, bien, ce sera... à toute chose malheur est
bon, dit-on, hein?
M. Asselin : Vous
employez le mot «salutaire». J'aimerais ça que vous explicitiez davantage sur
ce que vous voulez dire par rapport à ça. Il y a une opportunité là, vous
croyez?
M. Dorais (Michel) : Ah!
bien oui, il y a une opportunité. Parce que je pense que la population
québécoise, là... Et ça... Et la population s'attend à des choses de la part de
l'État, un encadrement, des... baliser les choses, je ne sais pas comment, là,
ce n'est pas... moi, je ne suis pas à votre place, mais ça me fera plaisir de
donner des conseils si je le peux, mais... et que les équipes aussi... Parce
qu'on leur confie nos enfants, à ces équipes-là et à ces propriétaires-là, qui donnent
de l'argent, mais qui en font aussi d'une certaine façon, alors je pense qu'on
peut s'attendre à plus qu'il y a actuellement, oui, je pense qu'on doit être
exigeants. Je dirais qu'on a ce droit-là. En tout cas, moi, comme... là, je
parle comme citoyen, moi, je ne suis payé par personne, je suis à la retraite
chez moi, là, je vous dis la vérité et ce que je pense profondément, je vous
l'assure.
M. Asselin : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, M. le député. Je passe maintenant la parole à Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay : Bonjour,
M. Dorais. Merci d'être avec nous aujourd'hui.
Donc, moi aussi, là, je suis étonnée par
les délais, parce qu'il y a d'autres associations, là, ici même, au Québec, qui
ont trouvé moyen de mettre en place toutes des mesures de prévention. Tu sais,
vous avez parlé d'un coût monétaire pour les équipes, là, mais il y a un coût
de briser des vies. Et c'est ça, aujourd'hui, là, c'est le coût, pour moi, qui
est le plus important puis qui m'interpelle personnellement. C'est celui qu'on
a brisé des vies parce que... justement, il y a des processus qui ne sont pas
mis en place, on n'a pas assez travaillé en prévention primaire et en
prévention secondaire.
Vous disez ici : «On m'a beaucoup
parlé dans ce dossier de sensibilisation à faire, c'est très bien, ce n'est
toutefois qu'une première étape dans un véritable travail de prévention.
Admettre qu'il y a un problème, c'est une nécessité.» Vous avez travaillé, bon,
pendant 18 mois avec la LHJMQ. Est-ce qu'ils ont atteint cette étape-là,
selon vous?
M. Dorais (Michel) : Bien,
moi, j'ai travaillé avec Mme Llorens et puis... tu sais, une personne avec...
qui travaille beaucoup, qui travaille aux communications, je n'ai aucun doute
que ces gens-là sont enthousiasmés par le fait de démarrer de la prévention
primaire. Cependant, ce n'est pas eux qui prennent des décisions, hein? Eux
autres recommandent des choses. Et je pense qu'actuellement c'est rendu... il y
a quelqu'un qui doit décider : on dit oui, on dit non, on met de l'argent
ou on n'en met pas. Et c'est un... C'est ça, c'est rendu là, à mon avis.
Mais peut-être que tout le monde regarde
tout le monde. Peut-être que les équipes puis les propriétaires regardent le
gouvernement, disent : Le gouvernement ne fait rien, pourquoi nous? Le
gouvernement dit : Peut-être, si les équipes ne font rien, pourquoi...
Mais il va falloir que ça vienne de quelque part. Il faut débuter et il faut
surtout... Vous savez, à un moment donné, là... je parlais d'électrochoc
tantôt, je pense qu'il va falloir, à un moment donné, dire : On agit, là,
on agit. Parce que je pense que le constat, le diagnostic est déjà fait :
le traitement, là... je parle un peu comme un médecin, je ne suis pas médecin,
mais vous comprenez ce que je veux dire, on sait où est le problème, on sait
comment il est, on travaille déjà. Moi, je le fais avec Mme Llorens depuis
18 mois, puis avec d'autres aussi, avec la Fondation Jasmin-Roy aussi,
hein, qui a une mission sur le... les milieux bienveillants pour les jeunes,
alors, qui est prête aussi à mettre de la... de l'argent. Mais la fondation
s'allie toujours à des... du monde, là, donc ils... tu sais, ils ne peuvent pas...
parce qu'eux autres, ils ne sont pas propriétaires de la ligue puis ils ne
peuvent pas... ils ne peuvent pas remplacer le gouvernement. Alors, il y
aurait... Je pense, ça pourrait démarrer assez vite, faire quelque chose. Mais
je pense qu'il manque encore de volonté apparente, peut-être la volonté dans
leur coeur ou dans la tête des <gens...
M. Dorais (Michel) :
...faire
quelque chose. Mais je pense qu'il manque encore de volonté apparente, peut-être
la volonté dans leur coeur ou dans la tête des >gens. Mais moi, j'aimerais
qu'elle se manifeste concrètement pour que l'été prochain, par exemple, je
prends le cas de la ligue, mais ça concerne aussi d'autres équipes, qu'on
puisse dire : Bien, on démarre quelque chose, quelque chose de sérieux.
Et moi, j'aimerais, si on pouvait
travailler sur des programmes pilotes, là, des programmes qui pourraient
devenir des programmes, je ne dirais pas modèles, mais des programmes qui
pourraient servir à d'autres, là. Et c'est comme ça qu'on fait des programmes
de prévention. Comme je vous dis, moi, je travaille depuis 30, 40 ans
là-dessus, puis tu en pars un puis tu le ramieutes, si j'ose dire, tu le
bonifies au fil et à mesure que tu développes, parce que tu dis : Ah! on a
oublié ça, on n'a pas fait ça, tout ça. Et puis c'est quelque chose de très
dynamique. Ce n'est pas : on fait un programme, il est figé, il est là.
C'est quelque chose qui va durer. De toute façon, il faut accompagner ces
jeunes-là tout au long de leur jeune carrière dans le sport.
Mme Tremblay : Parfait.
On est tous parents, plusieurs d'entre nous. Puis... (panne de son) ...nos
jeunes dans un sport, dans une activité, on veut que ça se passe le mieux, on
veut que ce soit une belle expérience puis, d'abord et avant tout, on veut
qu'ils s'amusent puis qu'ils en sortent grandis, vous savez. Et là vous avez
parlé des codes de vie puis des zones grises, là. Dans plusieurs... on voit
qu'il y a des codes de vie. Ça passe. Comme parents, on les voit, hein, c'est
signé rapidement, un peu, hein? C'est un peu ça : on lit ça, OK, c'est bon.
Puis on a un peu l'impression après ça que c'est un peu mis de... de côté. Tu
sais, c'est présenté aux jeunes... Puis moi, je suis enseignante de formation,
là, tu sais, puis il y a différents codes de vie aussi dans une école, on a un
peu l'impression qu'il y a une signature qui est apposée. Comment on peut aller
plus loin dans l'importance que ça a, un code de vie, dans l'appropriation du
code de vie? Il y a sûrement un lien à faire avec la prévention.
Puis vous avez parlé de zones grises dans
les codes de vie, donc j'aimerais ça un peu vous entendre, là, sur ce sujet-là.
M. Dorais (Michel) : Bien,
il y a bien des choses dont on ne parle pas ou pas suffisamment. En particulier
les violences entre joueurs, par exemple, c'est quelque chose qui n'est pas...
qui n'est pas tellement présent là-dedans. Et puis, dans les initiations, on
l'a vu que c'est... il y a... Puis j'aurais pu l'amener, là, mais je ne veux
pas... Vous comprenez, moi, j'aimerais travailler constructivement, là, avec
les équipes, notamment la LNH, si jamais notre projet va de l'avant. Je veux
les critiquer constructivement. Je ne vais pas, en public, dire :
Regardez, là, le trou, il est là. Mais, je pense qu'eux autres mêmes le savent.
Et puis, avec Mme Llorens, on a déjà identifié que faire mieux était tout
à fait possible et pensable. Parce que tout ce brasse-camarade qu'on a eu
depuis quelques mois, justement, a mis la loupe, là, sur les manquements, oui.
Mme Tremblay : Oui. Mais
dans les codes de vie, en général, là, tu sais, comment faire en sorte, là, que
ce soit mieux approprié aussi par les jeunes qui prennent connaissance des codes
de vie, que ce ne soit pas juste une signature qu'on appose dans le bas d'une
feuille, dire : Je l'ai lu, là, puis c'est classé? Moi, ce que je...
M. Dorais (Michel) : Vous
avez le bon mot, se l'«approprier».
Mme Tremblay : Oui, c'est
ça. Puis, après ça, c'est ça que je veux que vous nous expliquiez, comment
mettre ce... travailler sur ça? Peut-être que ça a un lien avec la prévention,
là, vous pourrez me le dire, là.
M. Dorais (Michel) : De
façon pédagogique. Il ne faut pas que ça ait l'air d'un mémoire de professeur
d'université. Moi, je mettrais des dessins, je mettrais de la couleur, je
mettrais plus... je mettrais des exemples, ce qu'il n'y a pas actuellement. Je mettrais
des choses qui mobilisent les jeunes, tu sais, un bon joueur sur la glace, un
bon gars hors la glace, là, tu sais, prendre des... tu sais, trouver des
espèces de slogans, là, qui... puis montrer que c'est une valeur maintenant
dans le sport, de ne pas avoir de comportement inapproprié, toxique, comme on a
trop vu dans le passé. Mobiliser les valeurs, c'est très, très important. Et
montrer que, si tu adhères à cette équipe-là, à cette fédération-là, tu adhères
aussi à ses valeurs. Et nos valeurs sont claires : c'est celles-là. Il
faut aller vers ça, là. Je peux... Je vais vous dire, madame, si on n'est pas
rendu là, je pense que c'est très triste. Mais je pense qu'on est rendu là. Et
il faut... Mais il faut le faire.
Mais qui c'est qui va lancer le go, je ne
sais pas, mais il y a beaucoup de gens... je ne suis pas... il y a beaucoup de
gens qui sont prêts, là, à dire : Il faut faire quelque chose. Faisons-le
maintenant.
• (10 h 20) •
Mme Tremblay : Parfait.
Je vous remercie, monsieur. Puis je pense que la LHJMQ est bien entourée, s'est
bien entourée, mais, maintenant, tout comme vous, on va... on pense que le go
doit être là. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, Mme la députée. D'autres interventions?
M. Poulin : ...
La Présidente (Mme Dionne) :
Il reste cinq minutes.
M. Poulin : ...merci
beaucoup. Merci, M. Dorais, pour votre participation à nos travaux et vos
avis également, de toute une vie, que vous nous partagez aujourd'hui.
J'aimerais vous entendre sur la culture de
silence. Parce que, lors de la première portion de nos auditions, il est revenu
à plusieurs reprises que ce qui faisait mal au monde sport, c'est cette culture
du silence là, qui est souvent acceptée aussi, il faut le dire, par des
adultes. Alors, les jeunes suivent l'exemple des adultes. Si les adultes
trouvent le tout normal, si, pour les adultes, c'est correct, le bizutage,
c'est correct, les initiations, c'est correct d'envoyer promener des gens lors
des entraînements ou autres, qu'il y a une sorte de tolérance qui s'installe
avec le <temps...
M. Poulin :
...si,
pour les adultes, c'est correct, le bizutage, c'est correct, les initiations,
c'est correct d'envoyer promener des gens lors des entraînements ou autres,
qu'il y a une sorte de tolérance qui s'installe avec le >temps, comment
casser, avec vos recherches, cette culture de silence là qui est tellement
ancrée? Et... Parce que vous nous parlez de prévention, mais vous nous dites,
en même temps, que ça prend du temps. Alors, qu'est-ce que ça prend pour
s'apercevoir que, finalement, des choses qu'on a tolérées, on doit les cesser
maintenant?
M. Dorais (Michel) : C'est
la raison pour laquelle je parle de code de vie et de valeurs qui soient claires.
Actuellement, il y a des valeurs positives et négatives. Actuellement, le
silence, c'était une valeur. Quand je parle de changer en profondeur, pas
seulement les textes, mais la mentalité, c'est pour ça qu'il faut former des
gens, là, de haut en bas, de bas en haut. Il faut montrer que ce n'est plus une
valeur.
M. Poulin : Vous
dites... Aïe! C'est important. Vous dites : Le silence est une valeur.
M. Dorais (Michel) : Être...
bien, ça peut être une valeur. Il y a des jeunes qui ont compris, parce que les
jeunes qui se sont tus pendant longtemps, là... Puis, vous savez, moi, j'ai
travaillé avec beaucoup... la... très longtemps avec des victimes de
prostitution, d'exploitation sexuelle, d'abus de toutes sortes, et puis les
gens comprennent que c'est ça qu'il faut faire. C'est pareil dans le hockey ou
dans les autres sports : les gens comprennent que, dans ton milieu, la
valeur, qui n'est pas une valeur positive, là, on s'entend là-dessus... mais le
silence, c'est présenté comme une valeur positive. Si tu veux faire partie de
la gang, si tu veux être accepté, si tu veux avancer, tu te tais.
C'est bien beau, la solidarité masculine,
mais ça ne devrait pas être confondu avec la complicité criminelle. Il y a des
gens qui ne font pas la différence entre les deux, vous comprenez, et c'est
pour ça qu'il faut leur enseigner ça. Moi, je suis prêt à y aller, là. Parce
que la solidarité, ce n'est pas la complicité. C'est très beau, une équipe,
pour gagner, a absolument, impérativement besoin de complicité pour le sport,
de solidarité positive, pas d'une complicité dans des exactions, dans des crimes,
dans du harcèlement, et tout ça. Mais les... Vous savez, il y a des adultes qui
ne comprennent pas ça, là, alors les... jeunes, encore moins.
M. Poulin : Et je veux vous
amener là, monsieur... je veux vous amener là parce que le rôle des parents
là-dedans... Dans certains témoignages, on s'est aperçu que les parents, sans
dire qu'ils étaient complices, et je choisis mes mots, les parents mettaient
une pression indue sur leurs enfants, particulièrement dans le monde du hockey.
Et il suffit à aller dans... d'aller dans certaines estrades à certains
endroits pour s'apercevoir que les parents mettent une pression qui est
incommensurable sur leurs enfants, qui fait que parfois les enfants sont prêts
à accepter l'inacceptable pour plaire à leurs parents.
Comment on peut inclure les parents dans
le processus? Vous nous parlez de code de vie, vous nous parlez de
sensibilisation, de protection. Est-ce que les parents ne devraient pas avoir
aussi un certain guide ou un certain code de conduite, à savoir jusqu'où on se
rend dans la pression que l'on met à nos enfants? Parce que des pères puis des
mères qui vivent leur rêve de joueur de hockey à travers leurs enfants, là, on
en voit trop. Et c'est ce qui arrive par moments, que la pression est beaucoup
trop grande envers les enfants.
M. Dorais (Michel) : Vous
avez raison. J'ai parlé, tout à l'heure, de formation, d'encadrement pour des
familles qui reçoivent les jeunes lors des voyages, là, pour jouer des parties.
Mais, oui, et... il faut partir quelque part. Moi, je pense qu'il faut partir
les joueurs, les gens qui les encadrent, mais toucher éventuellement... Puis,
quand vous partez, là, un mouvement de prévention, effectivement, vous
découvrez toujours des... des nouvelles portes à ouvrir. Est-ce qu'il faudrait
toucher les parents éventuellement? Assurément. Assurément, parce que... Mais
les parents... Vous savez, encore là, les valeurs de l'équipe, les valeurs des...
les parents veulent que leurs enfants avancent dans le sport, alors les parents
font ce qu'il semble qu'on leur dit de faire pour avancer dans le sport. Donc,
s'il y a la valeur du silence, la valeur très négative, là, bien, les parents
comprennent que... Même si ça ne fait pas leur affaire, la majorité des parents
sont très bienveillants, là, personne n'en doute, mais c'est ça qui arrive.
La Présidente (Mme Dionne) :
En...
M. Dorais (Michel) :
Mais est-ce qu'il faut toucher l'ensemble de la culture québécoise? Oui.
La Présidente (Mme Dionne) :
...20 secondes.
M. Poulin : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) :
Ah! bon. Parfait. J'allais dire en 20 secondes, mais il reste...
M. Poulin : Oui, bien,
j'en profite pour vous remercier pour vos travaux, vos suggestions, vos recommandations,
qui sont extrêmement concrètes et qui va nous permettre certainement de déposer
un rapport qui sera enrichi. Merci beaucoup.
M. Dorais (Michel) :
Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci beaucoup pour vos échanges. Je cède maintenant la parole au
porte-parole de l'opposition officielle, le député de Marquette.
M. Ciccone :Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, M. Dorais.
Vraiment heureux de vous avoir aujourd'hui. Vous savez que depuis un mois, cinq
semaines maintenant, on est dans une tourmente, là, notamment les sportifs, les
anciens sportifs. J'ai fait partie de cette gang-là, M. Dorais, puis on se
pose beaucoup de questions. On a beaucoup de témoignages, puis, quand on parle
avec les gens du réseau, je tiens à mentionner que votre nom ressort souvent
comme étant une personne-ressource, une sommité dans la matière.
Puis je suis... on est vraiment honorés de
vous avoir aujourd'hui avec nous parce qu'aujourd'hui on est à une <étape...
M. Ciccone :
...Puis je suis... on est vraiment honorés de vous
avoir aujourd'hui avec nous parce qu'aujourd'hui on est à une >étape suivant,
là. On a eu les premières auditions, qui étaient d'essayer de comprendre
qu'est-ce qui est arrivé, de confronter, également de poser des questions qui
étaient très, très, très dures. Puis vous avez vu aussi les intervenants qui
étaient là à l'époque. Maintenant, aujourd'hui, on est à l'étape de vouloir
comprendre, de vouloir guérir, de vouloir trouver des solutions pour que ce
genre de choses là n'arrivent plus.
Vous avez parlé de prévention primaire. Puis
c'est pour ça que vous êtes là aujourd'hui, parce qu'on veut vraiment
comprendre le pourquoi puis surtout le phénomène, le phénomène de tout ça.
Parce que le député de Beauce-Sud parle de culture du silence, vous en avez
parlé beaucoup, mais moi, j'irais plus loin que ça, M. Dorais. C'est que
c'est normal. Puis moi, je trouve que c'est pire, ça, que la culture du silence
parce que ça devient normal. Il n'y a personne, là, puis moi le premier, là, je
n'ai jamais... il n'y a personne qui m'a dit : Parles-en pas, ne dis rien.
Bien non, c'était tout simplement normal, ça faisait partie de la culture. On
arrivait dans une équipe junior, puis on savait qu'on était pour faire des
niaiseries, puis on savait qu'on était pour nous faire faire des affaires, puis
nous enfermer dans l'autobus en arrière. On trouvait ça normal, ça faisait
partie de l'apprentissage, de l'entrée dans la Ligue junior majeur du Québec.
Cependant, bien, je veux juste vous dire
une chose avant de vous laisser la parole : Moi, je refuse de dire que
c'est seulement dans le hockey que ça se passe, ça, là, là. Ça, c'est un
phénomène sportif, c'est un phénomène scolaire également, au cégep, à
l'université. On l'a... Puis ce n'est pas juste les gars, c'est les filles
également.
Ça fait que, moi, ma première question,
c'est, justement : Trouvez-vous ça normal que les athlètes ou même les
autres, des étudiants de tous les genres confondus, là, trouvent ça tout
simplement normal, puis c'est la culture du sport...
M. Dorais (Michel) : Non.
Je pense qu'il faut éviter de... On parlait du silence, c'est une façon de
banaliser. C'est très... Oui, ça a été trop longtemps banalisé, effectivement,
et c'est pour ça qu'il faut envoyer un message très fort. C'est pour ça que je
parle de programmes qui seraient encadrés et balisés probablement par un
organisme public ou par un ministère, parce que, comme je disais tantôt, les
fédérations, les équipes ne sont pas des spécialistes en prévention, et ce
serait déraisonnable d'attendre ça d'eux. Ils sont des spécialistes de leur
sport, et c'est très bien, c'est de ça dont on s'entend, maintenant il faut les
soutenir. Il faut peut-être même encadrer pour s'assurer que la prévention soit
là.
Puis ce ne sera pas seulement des mots. Ce
sera des actions, et les bonnes. C'est ça qui m'inquiète un peu, parce que,
vous savez, quand l'argent commence à arriver dans certains projets, là, tout
le monde devient spécialiste en prévention. C'est assez compliqué. J'ai
travaillé fort, moi, pour développer quelque chose... là-dedans.
Alors donc, oui, il faut travailler
collectivement. Puis monsieur disait : C'est changer la culture québécoise
jusqu'à un certain point, parce que, dans... et certains sports, notamment le
hockey, ça fait vraiment partie de notre culture, là. Alors, la barre est
haute, mais je pense que, comme je disais tantôt, c'est une belle occasion
d'agir.
M. Ciccone :Vous avez parlé du code de vie. Ça fait des années, là,
qu'il y a des joueurs qui signent des codes de vie. Il y a des... même des
parents qui signent des codes de vie également, puis comment se comporter dans
les arénas, mais ça ne nous empêche jamais de voir des parents s'écerveler puis
des joueurs qui vont faire des... qui vont dépasser, justement, le code de vie.
Il faut comprendre que, dans la culture, dans certains sports, des sports de
haut niveau notamment, là, même si tu signes un code de vie, là, les joueurs,
les athlètes sont prêts à tout faire, là, sont prêts à tout faire pour accéder
au niveau supérieur, que ce soit dans les Olympiques, d'aller jouer dans la ligue
nationale. Puis, même si le code de vie, il est écrit, le joueur, lui, il va
faire n'importe quoi. Puis je vous laisse là-dessus, là : puis non
seulement il va faire n'importe quoi, mais il va signer n'importe quoi, parce
que lui, là... je parle de la Ligue junior majeur du Québec, tous les petits
gars veulent jouer dans la ligue nationale, là, puis tous les entraîneurs
veulent monter au niveau supérieur, là.
• (10 h 30) •
M. Dorais (Michel) : Oui,
mais il y a une... il y a une raison à ça, parce qu'une fois signé, on
l'oublie, on n'en parle plus. Quand je vous...
M. Ciccone :Pardon, je n'ai pas compris.
M. Dorais (Michel) : Parce
qu'une fois qu'ils ont signé, on n'en parle plus du code de vie.
M. Ciccone :Oui. OK.
M. Dorais (Michel) : C'est
pour ça que je vous parle d'un bon programme en prévention primaire, le code de
vie. C'est pour ça qu'il faut les refaire. Il doit être au cœur de ça : comment,
maintenant, toi, dans ta pratique, dans ton comportement de joueur puis sur la
glace et à l'extérieur de la glace, tu vas incarner ces valeurs. C'est à ça
qu'on appelle les joueurs puis les adultes, les... comment tu vas incarner ces
valeurs-là, qui sont dans ce code de vie. Alors, tu vas le ramener par toutes
sortes de façons dans les programmes. C'est pour ça que la première chose à
faire, c'est de refaire les codes de vie, parce que, si tu veux que les gens...
Et c'est ça qui devra être incarné dans ta formation.
C'est pour ça que c'est quelque chose
d'assez complexe à faire, mais il faut le faire, parce qu'il faut que ces
valeurs-là soient mobilisées constamment et soient rappelées surtout souvent.
M. Ciccone :Parce qu'on écrit des codes de vie, justement, puis il faut
revoir les règlements. Mais, en même temps, la mentalité, l'état d'être d'un
athlète qui aspire aller plus haut va faire en... non <seulement
l'athlète...
>
10 h 30 (version révisée)
<17943
M. Ciccone :
...l'état
d'être d'un athlète qui aspire à aller plus haut va faire en... non >seulement
l'athlète, mais, en même temps, l'entourage de l'athlète, que ce soit la ligue
junior, que ce soit au niveau également collégial... On l'a vu avec les filles
à Harvard, qu'est-ce que ces jeunes filles là se sont fait entre eux. C'est
comme si l'athlète ne vivait pas sur la même planète que les autres. C'est
comme si les athlètes, eux, avaient des lois différentes, des règlements
différents puis des modes de vie différents parce que, justement, c'est comme
ça.
Puis je vais vous laisser là-dessus puis je
vais vous laisser répondre. Moi, je me rappelle, quand j'ai pris ma retraite de
la Ligue nationale de hockey, ça m'a pris deux ans avant de retomber sur la
planète puis redevenir un citoyen normal parce que moi, j'étais habitué que le
monde faisait tout pour moi, me donnait tout. Tout le monde voulait... nous
donnait vraiment des... nous faisaient manger gratuitement, nous invitaient
partout, payaient tout pour nous autres, puis nous autres, on pensait que c'était
comme ça, la vie, mais, quand on revient sur la planète, on s'aperçoit que ce
n'est pas ça du tout. Puis, même les joueurs à un plus jeune âge, là, quand ils
jouent dans le sport élite, bien, ils sont sur leur planète, eux autres, puis
ils décrochent, tout simplement.
M. Dorais (Michel) : Oui,
bien, à grand privilège, grande responsabilité. C'est pour ça qu'il faut
mobiliser les joueurs à travers des valeurs, à travers un programme qui n'est
pas quelque chose qui dure une journée, tu signes un document, puis, bonjour,
la visite, on n'en parle plus. C'est quelque chose qui doit... C'est pour ça
que ça coûte de l'argent. Ce n'est pas une conférence, ce n'est pas un film. Ça
sera-tu des petites vidéos qu'ils vont regarder tout au long de la session,
parfois des rencontres de groupe avec les coachs? Il y a toutes sortes de
moyens. On est en train de penser à ça et on va pouvoir y penser plus
rapidement quand on pourra démarrer pour de bon, là, parce qu'actuellement c'est
seulement en gestation, mais, oui, je pense que c'est la raison... parce que la
compétition, là, tu sais, ton adversaire, ce n'est pas ton ennemi, là, ton
adversaire, c'est ton adversaire.
Tu sais, je ne sais pas si vous regardez,
des fois, le tennis, là, on a vu les deux plus grands champions, on pensait qu'ils
se détestaient pour mourir, c'était Federer et, voyons...
Une voix : ...
M. Dorais (Michel) : ...Nadal,
c'est ça. Cet été, on a vu qu'ils étaient très, très, très bons amis, alors que
c'étaient de farouches ennemis sur le terrain. Alors, je pense que c'est quoi,
compétitionner, c'est quoi... Il y a une certaine agressivité qui est
nécessaire dans le sport, mais il y a d'autres types d'agressivité qui ne sont
pas requis du tout. Ça aussi, il faut pouvoir en parler. Vous savez, là, je
pourrais revenir pour vous parler très longtemps de... et j'espère pouvoir le
faire, avec un groupe qui développera un programme ou avec un organisme, avec
un ministère, parce que c'est sûr que je ne manque pas d'idées là-dessus et j'ai
hâte que ça démarre, mais vous avez raison qu'il faut travailler là-dessus, les
privilèges, les responsabilités, c'est quoi, la compétition, la saine puis la
moins saine compétition.
M. Ciccone :Vous avez parlé d'argent, puis je vais faire du millage là-dessus.
Tantôt, le député de Vanier-Les Rivières vous a parlé, justement, du
financement. Vous aviez un programme que vous avez travaillé depuis 18 mois
avec Natacha Llorens, qui... selon moi, qui est une femme formidable, là. Je
vous le dis, j'ai travaillé avec elle depuis... notamment sur la politique
antidopage à l'époque. Elle a à cœur les joueurs, ça, je peux vous le confirmer,
puis elle veut le bien de tout puis de la ligue avec laquelle elle travaille.
Vous avez demandé du financement. Ça tarde à venir. Le député de Vanier-Les Rivières
vous a posé la question, pourquoi que la ligue junior ne vous a pas donné les
fonds nécessaires, mais vous avez aussi approché les ministères.
M. Dorais (Michel) : Oui,
tout à fait.
M. Ciccone :Pouvez-vous nous nommer les ministères que vous avez
approchés, puis leurs réponses?
M. Dorais (Michel) : Bien,
en tout cas, il y en a un, c'est... Je vais nommer le dernier parce que c'est
celui qui est le plus porteur d'espoir. Je sais que notre attente... notre
demande est... Bien, au fédéral, on nous a dit : Adressez-vous... En tout
cas, on nous a dit que ce n'était pas le bon moment... En tout cas, n'en
parlons pas. On avait demandé au ministère de la Famille, on a dit : Nous,
ce n'est pas tout à fait notre mandat.
Finalement, il y a eu un programme qui
touche plus ou moins ces choses-là, plutôt... plus ou moins, je dis bien, alors
on n'était pas tout à fait... c'étaient les violences puis l'égalité hommes-femmes,
et tout ça, mais je sais que notre demande est encore à l'étude, là, j'ai hâte,
parce qu'elle a été soumise quand même en juin dernier. Alors, j'aimerais
que... J'ai hâte, là, que la décision soit prise et puis je suis optimiste, un
optimiste prudent. Ce n'est pas moi qui prends la décision, mais je pense que
certainement que le Secrétariat à la condition féminine, qui, souvent, a des
initiatives, justement, très progressistes... J'ose croire que ça va finir par
aboutir, mais je n'ai aucune idée, ce n'est pas moi qui décide, mais, pour le
moment, l'endroit dont on attend encore une réponse, c'est cet <endroit-là,
effectivement...
M. Dorais (Michel) :
...l'endroit
dont on attend encore une réponse, c'est cet >endroit-là, effectivement.
M. Ciccone :Bien là, je suis persuadé qu'il y a beaucoup de gens du
staff politique, également, qui nous écoutent, là, ça fait que, s'il y a des
gens d'un ministère qui veulent se proposer pour vous aider... Bien là, quand
vous parlez de financement, vous parlez de l'ordre de combien... Quel serait
votre budget pour implanter ce programme-là?
M. Dorais (Michel) : Bien,
ça dépend, vous savez, là, quand on démarre quelque chose, ça ne prend pas
forcément une fortune. Nous, on avait dit : Si on inclut tout, beaucoup,
beaucoup de choses, là, on avait... je ne me souviens pas du... je pense, pour
trois ans, de mémoire, je pense, c'était 50 000 $ par année, là, 150 000 $
sur... Et puis, bien, évidemment, on peut aller chercher de l'argent ailleurs.
On pensait, nous, aller chercher peut-être des commanditaires dans le privé,
d'aller chercher... Bon, la Fondation Jasmin-Roy a dit : On pourrait
mettre de l'argent, nous autres, justement, aller chercher des commanditaires.
Si chacun met l'épaule à la roue, ça ne coûte pas une fortune, là.
Écoutez, pour moi, c'est... à comparer à
ce que coûtent les dégâts qui sont faits par les exactions qui peuvent être
commises, là, hélas, pour moi, c'est un montant très très peu... calculez le
nombre d'équipes. Vous savez, les propriétaires d'équipe ne sont pas des gens
particulièrement pauvres non plus. Pour moi, que chaque équipe mette quelques
milliers de dollars là-dessus, et on ne parle pas de 50 000 $ par
équipe, on parle bien de 50 000 $ par année ou quelque chose comme ça...
Ça ne coûte pas une fortune, démarrer quelque chose.
C'est sûr qu'à mesure où on va de l'avant
on découvre qu'on pourrait avoir plus d'argent, on pourrait faire ci, faire ça,
là, on le disait tantôt, les parents, les familles d'accueil, et tout ça, mais
moi, je vous dirais, là, le plus petit montant possible qu'on pourrait trouver
pour démarrer, pour être certain que, cet été, les joueurs qui commencent leur
année dans la ligue aient quelque chose, là, moi, je trouverais ça correct, là.
Ce n'est pas... parce que ce n'est pas seulement une question d'argent, vous
comprenez? C'est une question de détermination. Quand on a... quand on est
déterminé, l'argent, on en trouve.
M. Ciccone :Avez-vous contacté le ministère de l'Éducation?
M. Dorais (Michel) : Bien
non, parce que c'est des programmes, vous savez, souvent, pour ces choses-là...
mais, si quelqu'un au ministère de l'Éducation me téléphone, me dit : M. Dorais,
on veut vous parler, je serais bien content, et c'est bénévole. Je le dis, moi,
tout ça, qu'est-ce que j'ai fait depuis 18 mois, c'est bénévole, je n'ai jamais
demandé à être payé... Si jamais ça marche, puis je suis expert-conseil,
quelque chose, vous me paierez, mais ma motivation première, ce n'est pas ça.
Je pense que la société québécoise... et, toute ma carrière, ça a été ça, moi,
je ne fais pas ça pour de l'argent. Je fais ça parce que j'y crois.
M. Ciccone :La dernière fois que la ligue junior majeur du Québec est
venue ici en commission, on nous a parlé d'un code du vestiaire qui était pour
être implanté en 2023‑2024. Vous pensez quoi, ça, de ce fameux code du
vestiaire là, alors qu'il y a déjà des codes de vie?
M. Dorais (Michel) : Bien,
comme je le disais tantôt, si ce n'est pas incarné dans un programme continu où
on parle de ça, mais autrement que signer un papier, un papier qui a l'air
d'une lettre de notaire, là, ça ne fait pas de sens... Je ne vous dis pas qu'il
ne faut pas le faire, mais il ne faut pas faire que ça. Il faut que ce soit
intégré. Il faut que ce soit intégré dans la vie des gens. Il faut que ce soit
actualisé à travers un cheminement concret, des discussions, des vidéos, des...
toutes sortes de choses, là, qu'on peut penser pour que ces valeurs-là... Comme
je disais tantôt, on ne change pas de valeurs comme on change de vêtements, c'est
long, c'est un processus continu. Il va falloir... On dit : C'est un
processus réitératif. Il faut revenir souvent avec la même chose, mais de différentes
façons, pour que ça entre dans l'esprit, dans les pratiques des joueurs et des
équipes.
• (10 h 40) •
M. Ciccone :Puis ça, ça va en conjoncture avec, justement, le 1 %
de formation que vous parlez.
M. Dorais (Michel) : Oui,
oui, j'aimerais... Je ne sais pas 1 % de quoi, mais, tu sais, j'ai...
l'idée m'est venue en regardant les programmes de formation professionnelle,
là, et... parce que ce n'est pas des montants extrêmement considérables.
Écoutez, je suis certain qu'une firme de relations publiques, pour réparer les
dégâts d'une seule victime, coûte plusieurs fois ça, je ne sais pas, je n'ai
jamais travaillé pour une firme de relations publiques, mais je trouve que
faire de la prévention, c'est extrêmement profitable parce que pensez, là, que
l'argent ne règle pas tout, puis une victime que vous avez... Un joueur agressé
par d'autres joueurs ou une victime, une fille harcelée ou, bon, agressée, une
jeune fille, une jeune femme, c'est des vies brisées, là.
Alors, il n'y a pas de montant pour ça.
C'est pour ça que moi, je trouve que ce n'est pas déraisonnable, et, ça, je
serais bien choqué, je vais vous le dire franchement, qu'on me dise que c'est
déraisonnable de s'attendre à ce que les équipes mettent un petit peu d'argent
là-dessus et que l'État encadre... parce que je pense que les spécialistes,
bien, actuellement, ils ne sont pas dans les équipes, parce que, s'ils étaient
là, bien, il ne serait pas arrivé tout ça par le passé, puis, écoutez, c'est la
pointe de l'iceberg qu'on a vu, là, il faut bien se le dire.
M. Ciccone :Quand vous parlez du 1 % de formation, ce n'est pas
juste aux joueurs, là, c'est aux dirigeants d'équipe, c'est aux <entraîneurs,
c'est tout le monde...
M. Ciccone :
...formation, ce n'est pas juste aux joueurs, là, c'est
aux dirigeants d'équipe, c'est aux >entraîneurs, c'est tout le monde,
tout le monde, tout le monde qui doit participer...
M. Dorais (Michel) : Je
l'ai dit tantôt, tout le monde, tout le monde, tout le monde autour des jeunes,
oui...
M. Ciccone :Justement...
M. Dorais (Michel) :
...de façon différente, cela dit, bien sûr.
M. Ciccone :Oui, oui, je comprends, mais, dans l'optique, justement, de
cette... Moi aussi, il ne me reste pas beaucoup de temps, je pense...
La Présidente (Mme Dionne) :
Il reste deux minutes.
M. Ciccone :Il reste deux minutes? Dans l'optique, justement, du
1 % puis d'avoir un suivi... parce que, là, en ce moment, là, je pense que
la perception des gens, tu sais, au Québec, puis ce n'est pas juste le hockey,
là, c'est le sport en général, le monde a été secoué avec qu'est-ce qui s'est
passé. Est-ce que, justement, vous seriez d'accord à ce que, justement, le rôle
du législateur, c'est... Quand l'industrie... différentes industries ne seront
pas capables de veiller au bien-être à 100 %, bien, c'est pour ça qu'on
est ici aujourd'hui, là. On n'a pas le choix de faire notre travail, mais
seriez-vous d'accord à ce que, justement, il y ait un suivi du législateur, pour
quelques années, pour s'assurer que... juste entendre les groupes, entendre
différentes ligues, différents paliers sportifs, juste pour s'assurer que c'est
bien suivi avec nos recommandations?
M. Dorais (Michel) : Oui,
parce que la barre est haute. Il faut changer toute une culture. Je pense qu'on
a vraiment besoin de ça, pas parce qu'il n'y a pas de bonne volonté, là, du
côté des équipes, ou des joueurs, ou de leurs familles, mais parce qu'il faut
une mesure encadrante, une mesure, je dirais même, sécurisante pour les gens,
de dire : Bien là, je peux envoyer mon jeune, ma jeune, là, dans le sport,
je ne suis pas inquiet parce qu'il y a des gens, quelque part, qui
s'inquiètent, là, qu'il n'y ait pas des exactions, des abus, des agressions
comme il y a eu dans le passé.
M. Ciccone :Ça va être ma dernière question. Pour régler le problème,
il faut voir d'où il vient, là, puis ça, ça va être ma dernière question,
M. Dorais, qui, selon vous, est le grand responsable? Qui est le grand responsable
de cette situation-là? Qui est le joueur... Puis qui est le joueur majeur pour
le régler?
M. Dorais (Michel) : Vous
savez, c'est un peu... c'est ça, le problème, c'est un peu personne et tout le
monde, parce que, comme vous avez dit, plusieurs l'ont répété, c'est une
question de valeur, de culture de sport, qui est responsable de la culture
de... mais on sait qui serait responsable de la régler, par exemple, parce que,
s'il faut démarrer des nouvelles mesures, ça va prendre de l'argent, et, ça, on
sait c'est qui. Les gens qui ont cet argent-là, c'est les gens qui décident, parce
que changer une culture sportive... en tout cas, changer... la faire évoluer
pour le mieux, il va falloir commencer quelque part, ça va coûter quelque chose,
et, ça, on est responsable de...
M. Ciccone :Merci beaucoup, M. Dorais.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci beaucoup pour les échanges. C'est tout le temps qu'on a. Je vais
maintenant passer la parole au porte-parole du deuxième groupe d'opposition, le
député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, Mme
la Présidente. M. Dorais, merci d'être là. Je vais y aller rapidement
parce que je n'ai pas beaucoup de temps pour beaucoup de questions, puis, en
toute transparence, on a eu l'occasion de se parler avant, là. Donc, il y a des
choses que je ne fouillerai pas davantage, d'autant que je passe en dernier,
là, puis il y a pas mal de terrain qui a été couvert par les collègues. Juste
pour fins de transparence, justement, je crois que vous êtes ou vous étiez
aussi sur un comité avec la ministre du Sport amateur. Est-ce que je me trompe?
M. Dorais (Michel) : Non.
M. Marissal : Vous
n'étiez pas sur un comité sur la prévention en violence dans le sport?
M. Dorais (Michel) : Non.
M. Marissal : Ah bon, OK!
M. Dorais (Michel) : J'ai
été sur des choses... sur les préventions des agressions... le comité... le
dernier comité, là, ça a été celui qui a fabriqué le rapport Rebâtir la
confiance.
M. Marissal : OK, bon,
bien, ma source n'est pas bonne. Pourtant, elle est pas mal proche.
M. Dorais (Michel) : Bien,
il y a des gens... des fois, des gens qui me téléphonent, là, pour me dire :
Ça t'intéresses-tu, mais est-ce que j'ai fait partie d'un comité comme ça? Non,
jamais.
M. Marissal : OK, c'est
bon, c'est bon. Et, toujours pour question de transparence, vous n'avez pas
d'avantage pécuniaire à être ici ou à obtenir un contrat, juste pour que ça
soit dit, là, que ça soit très clair?
M. Dorais (Michel) : Jusqu'à...
Moi-même, tout ça, je l'ai fait gratuitement. Évidemment, s'il y a des
subventions, s'il y a des contrats, s'il y a... puis on décide de m'engager
comme expert-conseil, je serai content de le faire, mais souvent je fais
vraiment travailler les autres, parce que, moi, mon...
M. Marissal : C'est bon.
M. Dorais (Michel) : Souvent,
dans les campagnes, ce que je fais, c'est de dynamiser, mobiliser, orienter les
équipes pour qu'il y ait des bons coups qui se fassent, mais, non, je n'attends
pas ça pour vivre, là. Évidemment, je suis... bon, je suis retraité puis je vis
bien.
M. Marissal : Très bien,
ça laisse plus de temps pour faire des travaux de... c'est très bien ainsi.
M. Dorais (Michel) : J'aurai
plus de temps pour écrire, faire plus de choses, mais trouver des nouveaux
projets, être générateur de projets, d'idées, je trouve, ça fait partie un peu
de la vie d'un intellectuel, avec triple guillemets, si on me permet
d'utiliser l'expression.
M. Marissal : Vous avez
parlé du ministère de la Famille, c'est sûrement une bonne piste. Vous avez
parlé du Secrétariat à la condition féminine. Je pense qu'il y a un dossier là
qui n'est pas mort non plus complètement.
M. Dorais (Michel) : Non.
On m'a dit que c'est en analyse, oui.
M. Marissal : Mais
pourquoi pas Sport amateur puisque c'est... Il me semble que ça serait la porte
d'entrée. C'est, moi, celle que j'aurais privilégiée, en tout cas, là.
M. Dorais (Michel) : Oui,
oui, bien, on a regardé avec la Fondation Jasmin-Roy, avec Mme Llorens, bien, peut-être,
depuis 18 mois, on regarde les programmes passer, là, puis on <regarde
où sont les...
M. Dorais (Michel) :
...bien,
peut-être, depuis 18 mois, on regarde les programmes passer, là,
puis on >regarde où sont les montants où il y a des... parce que, souvent,
on dit : Oui, mais on n'a pas de programme pour ça. Vous savez, moi, je
suis habitué... comme chercheur, là, je suis habitué de faire des demandes de
subventions, puis les gens vous disent : Bien, vous vous levez un matin
avec ça, c'est une bonne idée, mais allez voir si on a des programmes. Nous, on
a regardé les programmes qui semblaient pouvoir correspondre à...
M. Marissal : OK, bien,
c'est parce qu'on a un ministère du Sport amateur. Il me semble que c'est là
que ça devrait aller. Est-ce qu'on devrait peut-être revoir... créer un
programme, justement, parce qu'à quoi bon avoir un ministère du Sport amateur
si ça échappe à son chapeau? Je ne sais pas, il me semble, c'est tellement...
ça me paraît tellement évident, là.
M. Dorais (Michel) : Oui,
bien, pour moi, l'important, ce serait que la relève... que ce soit relayé
quelque part, ces préoccupations-là. Pour moi, je ne doute pas que, quel que
soit le ministère ou l'organisme public, ce sera bien fait, mais effectivement
vous avez raison de dire que ça doit être relayé quelque part, et au meilleur
endroit possible, oui, pourquoi pas, mais je ne suis pas un spécialiste des
organigrammes gouvernementaux. Je vous fais confiance là-dessus.
M. Marissal : Je
comprends, et les organigrammes gouvernementaux ne sont pas toujours de la plus
grande logique non plus, j'en conviens avec vous. On nous a beaucoup dit...
puis moi, j'ai fait des entrevues divertissantes avec des journalistes sportifs
dans certaines régions du Québec, en particulier depuis un mois, où on me dit :
Vous vous énervez pour rien, vous faites un show de boucane, c'est fini, ça, il
n'y en a plus, de ça, ça va bien, tout va bien. La ligue ne nous a pas dit ça.
M. Courteau, à sa décharge, ne nous a pas dit ça, mais il nous a dit que
ça va beaucoup, beaucoup mieux. C'est fini, les initiations, la violence, tout
ça? Est-ce qu'on perd notre temps ici?
M. Dorais (Michel) : Non,
non, non. Les choses se manifestent peut-être autrement, de façon parfois plus
subtile ou pas forcément dans les mêmes lieux, mais on a lieu de s'inquiéter
encore. Nous, on a fait un sondage avec les jeunes et puis on voit que ça
s'améliore, bien sûr que ça s'améliore, mais on a encore du chemin à faire, je
pense, et puis le danger avec les alarmes qu'on a eues dernièrement, c'est que
ce soit encore plus caché. Il faut se méfier de ça aussi, là.
M. Marissal : Votre
sondage, est-ce que vous auriez objection à nous le...
M. Dorais (Michel) : Il
appartient à la ligue de hockey, c'est à eux. Ce serait à eux de le faire...
M. Marissal : Laquelle, ligue,
hockey junior majeur?
M. Dorais (Michel) : C'est
Mme Llorens... On a bricolé un petit sondage maison ensemble, et beaucoup
de joueurs ont répondu. Il y a des choses très positives dedans, il y a des
choses un petit peu inquiétantes aussi. Je pense que... Et on l'a fait... Vous
voyez, on l'a écrit l'automne dernier puis on se disait dernièrement... Si on
avait à le refaire, il me semble qu'on ajouterait quelques questions. On voulait
quelque chose de très bref, de très concis, pour que les gars se disent :
Ah! ça va me prendre trois minutes, je le fais. Puis effectivement la majorité
des... un très grand nombre de joueurs l'ont fait, mais je pense que, si on va
de l'avant avec un projet, il faudra faire un sondage un petit peu plus
élaboré, plus précis, là. Avec, justement, tout ce qu'il y a eu lieu ici, bon,
ce qui est sorti, on sait qu'il y aurait des questions plus précises, mais,
quand on consulte les jeunes, on ne veut pas les apeurer.
La Présidente (Mme Dionne) :
Je m'excuse, je suis désolée de vous interrompre une seconde fois. J'ai le
mauvais rôle aujourd'hui. C'est très intéressant. Je dois, par contre, mettre
fin à ces échanges. Alors, merci à tous pour votre contribution aux travaux.
Je suspends les travaux quelques instants,
le temps qu'on accueille notre deuxième groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 50)
(Reprise à 10 h 55)
La Présidente (Mme Dionne) :
Bonjour à tous et à toutes. La commission reprend ses travaux. Tout
d'abord, j'aurais besoin d'un consentement de la part des membres de la
commission pour aller un petit peu au-delà de l'heure prévue étant donné le
léger retard de ce matin. Merci beaucoup.
Alors, j'accueille maintenant notre
deuxième invité, M. Martin Lavallée, commissaire par intérim de la Ligue
de hockey junior majeur du Québec. Donc, M. Lavallée, je vous rappelle que
vous disposez de deux... 10 minutes, pardon, pour votre exposé, après quoi
nous allons procéder à une période d'échange avec les membres de la commission.
Donc, je vous invite, donc, à vous présenter et à commencer votre exposé par la
suite.
M. Martin Lavallée
M. Lavallée (Martin) : Merci,
Mme la Présidente. Alors, Mme la Présidente, Mme, MM. les députés, bonjour à
tous. Je ne m'attendais pas à me retrouver à nouveau devant vous aujourd'hui.
Cette commission a certainement précipité les choses. Il s'en est, en effet,
passé beaucoup, d'événements, depuis le 22 février dernier. Le changement
est lancé de manière irréversible et dans le bon sens.
Je voudrais d'abord que vous sachiez que
le départ subit de M. Courteau a été un choc pour l'écosystème de la
LHJMQ, que ce soient les employés du bureau du commissaire, l'assemblée des
membres que sont les 18 propriétaires de nos équipes ou encore les
employés des équipes. Au-delà des erreurs, ou des omissions, ou <des
contradictions qui...
M. Lavallée (Martin) :
...ou
encore les employés des équipes. Au-delà des erreurs, des omissions ou >des
contradictions qui ont pu lui être attribuées, à tort ou à raison, nous avons
vu partir, sans avertissement, un homme qui a consacré sa vie à cette ligue.
Pour ma part, je suis d'abord père de
famille, mais je suis également enseignant d'histoire de formation. Ma passion
pour le hockey a eu le dessus sur ma vocation d'enseignant et de direction
d'école, mais il reste des choses importantes de mon parcours dans le monde de
l'éducation. En histoire, on considère que la connaissance et la compréhension
du passé éclairent le présent et oriente l'avenir.
Nous sommes conscients que des événements
inadmissibles ont pu avoir lieu dans notre circuit à la lumière des témoignages
rendus publics dans les derniers mois et nous appelons, encore une fois, ceux
qui auraient subi ou été témoins de gestes d'agression, de harcèlement, d'abus
ou d'intimidation de dénoncer. De mon regard d'éducateur, je garde aussi la
conviction que les jeunes ont besoin d'être encadrés, guidés, éduqués par des
adultes qui sont responsables et bienveillants.
Sur les 400 joueurs de la LHJMQ, un
très faible pourcentage parmi eux atteindront les circuits professionnels. Nous
aidons des athlètes d'élite à vivre leur passion du sport et à devenir des
citoyens qui seront des atouts pour la société de demain. Dans les dernières
semaines, nous avons vu plusieurs anciens joueurs témoigner de l'influence
positive qu'avait eue dans leur vie leur passage dans la LHJMQ. Nous avons
entendu plusieurs artisans du hockey, membres d'équipes professionnelles,
analystes, entraîneurs, témoigner de l'évolution de la ligue et de
l'encadrement des jeunes dans les dernières années. Il y a eu des manques, nous
le reconnaissons, mais il y a eu beaucoup de bonnes choses. Reconnaître le
passé, c'est important pour avancer.
Lors de notre première comparution, nous
avons énuméré les nombreuses politiques et initiatives de formation destinées
aux joueurs et aux entraîneurs qui ont été mises en place depuis 20 ans.
Est-ce que ces initiatives ont été assez claires ou appliquées assez fermement
pour briser la culture du silence du vestiaire? Probablement pas. Afin de
corriger la situation, voici, en quelques mots, ce qui a été fait depuis notre
première présence devant la commission.
Le 23 février dernier, la ligue a
rencontré tous les propriétaires afin qu'ils comprennent le sens du changement
qui doit se faire et de s'assurer de leur pleine collaboration. Le
27 février, la ligue a rencontré les directeurs généraux et
entraîneurs-chefs de toutes les équipes. Ils sont en contact direct avec les
joueurs. Ils font partie de la solution.
• (11 heures) •
Parallèlement, le comité indépendant du
programme d'aide aux joueurs s'est réuni tel que prévu et a entamé
l'élaboration d'un plan d'action visant à mieux prévenir et traiter les
comportements inappropriés et la violence à caractère sexuel. Ce plan d'action
sera complet et prévoira notamment un processus de plainte indépendant et un
code du vestiaire clair sur les comportements attendus et proscrits. Ce plan
d'action entrera en vigueur pour la prochaine saison.
Également, j'ai personnellement rencontré
tous les joueurs actifs de la ligue ainsi que le personnel de banc des
18 formations, les 13 et 14 mars dernier. À chaque occasion, j'ai
expliqué aux joueurs les différentes étapes qui s'en viennent. Je leur ai dit
ce qui était attendu d'eux comme comportement et également ce qui était attendu
comme comportement de la part de leurs entraîneurs. Je leur ai rappelé qu'ils
ne devaient jamais hésiter à dénoncer tout geste répréhensible dont ils
auraient été témoins ou victimes. J'ai répété que leur voix était non seulement
importante pour dénoncer, mais également pour construire, pour être une ligue
encore meilleure. Je leur ai dit, à eux, également, qu'ils faisaient partie de
la solution.
Enfin, le processus de nomination du
prochain commissaire s'est conclu avec la nomination confirmée de Mario
Cecchini. Sachez que sa nomination a été très bien reçue. Nous avons tous très
hâte de travailler avec lui lorsqu'il entrera en fonction.
En terminant, je peux vous dire que,
chaque jour, j'ai des appels d'employés, d'entraîneurs, d'agents, d'anciens
joueurs ou de joueurs actuels qui sont abasourdis. Ils me disent que la ligue
qu'ils <connaissent...
>
11 h (version révisée)
< M. Lavallée (Martin)T :
...d'entraîneurs,
d'agents, d'anciens joueurs ou de joueurs actuels qui sont abasourdis. Ils me
disent que la ligue qu'ils >connaissent, ce n'est pas ce qu'on entend et
ce qu'on en dit dernièrement. À toutes les personnes qui s'impliquent et
oeuvrent de près ou de loin dans la LHJMQ depuis des années avec cœur,
générosité et bienveillance, je leur dis merci. Vous êtes l'immense majorité, et
nous avons besoin de vous pour que chaque ligue redevienne une source de fierté
pour toute la société. À tous les parents qui, comme moi, voient leurs jeunes
rêver de jouer dans la LHJMQ, ne tournez pas le dos, nous serons dignes de
votre confiance. Nous serons une école de vie et de sport à la hauteur de vos
attentes. Nous ferons ensemble l'avenir de la ligue. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci beaucoup, M. Lavallée, pour cet exposé. On va maintenant débuter
la période d'échange. Je cède la parole du côté du gouvernement, avec le député
de Beauce-Sud.
M. Poulin : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, M. Lavallée. Félicitations pour vos
nouvelles fonctions malgré qu'elles sont par intérim, et merci d'être devant
nous aujourd'hui. Vous êtes dans la ligue depuis 2017, si je ne me trompe pas,
c'est bien ça?
M. Lavallée (Martin) : Effectivement,
depuis janvier 2017.
M. Poulin : Janvier
2017. Donc, vous avez travaillé avec M. Courteau pendant un certain nombre d'années.
M. Courteau est venu ici, à l'Assemblée nationale, et il nous a dit qu'il
n'avait pas lu les témoignages qui se retrouvaient, entre autres, dans ce qui
était dénoncé dans le recours collectif par l'ancien joueur de la LNH, et
également à cet endroit-là où on faisait allusion d'initiations dans la Ligue
de hockey junior majeur du Québec. Vous avez lu comme moi les témoignages de M. Stephen
Quirk, qui a été, entre autres, tout récemment dans Le Journal de Québec
et dans Le Devoir. Vous, avec votre expérience, est-ce que vous
avez déjà eu connaissance d'initiations qui se sont tenues dans la ligue de
hockey?
M. Lavallée (Martin) : Si
vous me permettez, j'aimerais profiter de votre question, dans un premier
temps, pour mentionner que des informations erronées ont été communiquées en
lien avec l'affidavit de M. Stephen Quirk. Je comprends qu'il peut y avoir
des remises en question ou des frustrations. Aucune intention d'induire en
erreur les parlementaires et la population n'a été volontaire. Donc, à cette
occasion-là, j'aimerais profiter de la tribune pour, personnellement et au nom
de la LHJMQ... d'offrir toutes nos excuses.
M. Poulin : Donc, vous
nous parlez de confusion. Donc, vous nous dites que M. Courteau,
finalement, aurait lu les témoignages?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
en fait, ce que... Il en a pris connaissance, malheureusement, après la
commission parlementaire.
M. Poulin : OK, d'accord.
Vous, est-ce que vous en aviez pris connaissance?
M. Lavallée (Martin) : Au
moment où j'étais commissaire adjoint, non, mais, depuis mon entrée en
fonction, oui.
M. Poulin : Quel est
votre bilan? Quelle est votre réaction? Parce qu'au même moment on nous dit :
Ça ne s'est pas produit dans la ligue, il n'y a pas d'initiation, c'est
interdit, et le recours collectif, le témoignage de M. Quirk nous laisse
sous-entendre le contraire. Quelle a été votre réaction quand vous avez pris
connaissance des témoignages?
M. Lavallée (Martin) : Comme
tout le monde, j'ai trouvé ces éléments-là absolument déplorables.
M. Poulin : Est-ce que
ce n'est encore pas plus fâchant quand on sait que ça a pu perdurer pendant
plusieurs années, sachant que M. Courteau était là pendant 37 ans, qu'il
y a des gens qui sont aussi dans la ligue depuis plusieurs années? Est-ce qu'il
n'y a pas quelque chose, un peu, de révoltant là-dedans?
M. Lavallée (Martin) : On
peut... on pourrait dire que ce qui a pu se passer dans le passé,
effectivement, porte à croire que, malheureusement, on... Ça pourrait être
révoltant, je suis d'accord avec vous, mais ce qu'il faut prendre en compte, c'est
que, lorsque nous sommes mis au courant, nous prenons action. Puis, aujourd'hui,
moi, ce que je me suis engagé de faire, à mon arrivée à l'intérim, c'est de m'assurer
que, dès lors, on allait se retrousser les manches pour s'assurer de pouvoir
aller de l'avant puis de mettre en place des programmes, ou des politiques, ou
codes du vestiaire qui allaient avoir du mordant, puis s'assurer que ces
choses-là ne se répètent pas.
M. Poulin : Est-ce que
la ligue va s'excuser auprès de M. Quirk?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
en fait, moi, j'ai offert aujourd'hui mes excuses au niveau de la Ligue de
hockey junior majeur, non seulement à l'égard des parlementaires mais également
à l'égard de la société québécoise.
M. Poulin : Je conclurai
également en vous demandant : Est-ce que vous avez connaissance, aujourd'hui,
d'initiations, de bizutages qui se tiennent toujours dans la Ligue de hockey
junior majeur du Québec?
M. Lavallée (Martin) : Qui
se tiennent toujours, non, mais qui se sont passés, oui.
M. Poulin : Et elles remontent
à quand, les plus récentes activités d'initiation dont vous avez eu
connaissance?
M. Lavallée (Martin) : En
fait, moi, j'ai... Il y a deux éléments que je peux certainement faire
allusion. La première, c'est une situation qui s'est <passée...
M. Lavallée (Martin) :
...il
y a deux éléments que je peux certainement faire allusion. La première, c'est
une situation qui s'est >passée à Sherbrooke en 2015‑2016, je crois, ou 2016‑2017,
qui a été rendue publique, OK, pour laquelle, lorsque le bureau du commissaire
en a été informé, il y a eu un comité d'enquête indépendant qui a travaillé sur
le dossier, pour lequel il y a eu un rapport qui a été remis et publicisé.
M. Poulin : Pouvez-vous
nous rappeler les faits de cet événement-là, à Sherbrooke, en 2015‑2017?
M. Lavallée (Martin) : En
fait, les joueurs se sont retrouvés à un endroit pour, disons, participer à une
activité d'intégration ou d'initiation dans laquelle il y a des activités à
connotation sexuelle qui se sont déroulées.
M. Poulin : D'accord.
Vous nous avez parlé de deux événements, ça, c'en est un à Sherbrooke. Est-ce
qu'il y en a un autre?
M. Lavallée (Martin) : Ce
week-end, il y a des allégations qui sont venues à nos oreilles alléguant
des... justement, des allégations de nature sexuelle qui se seraient déroulées
dans les années 90, dans une de nos formations. Et, à ce moment-là,
lorsque j'ai été informé de la situation, nous avons procédé à une quête
d'informations, laquelle, rapidement, nous a amenés à mettre en place une
enquête indépendante pour d'aller au fond des choses par rapport à ça.
M. Poulin : Pouvez-vous
nous dire l'année?
M. Lavallée (Martin) : Dans
les années 90.
M. Poulin : C'est assez
large. Est-ce qu'on est au début des années 90, à la fin des
années 90? Pour juste comprendre la culture du silence est jusqu'où, là.
M. Lavallée (Martin) : Oui,
bien, on est plutôt dans la première demie des années 90.
M. Poulin : OK. Est-ce
que vous pouvez nommer le nom de l'équipe?
M. Lavallée (Martin) : Par
souci de l'enquête indépendante et aussi pour préserver la présumée victime,
j'aimerais mieux garder confidentiel.
M. Poulin : OK. Et je
conclurai là-dessus avant de laisser la parole à mes collègues, mais est-ce que
ça ne vous choque pas? Parce que, là, vous nous dites un événement à
Sherbrooke, 2015‑2017, c'est assez récent quand même, bon, il y a un rapport,
et tout. Là, on porte à votre attention, en fin de semaine, des événements qui,
quand même, démontrent au début... remontent au début des années 90, mais,
au même moment, on était ici, il y a quelques semaines, et le commissaire
M. Courteau nous disait : Ça n'arrive pas, je n'ai pas connaissance,
je ne le sais pas, alors, que, finalement, c'est arrivé.
M. Lavallée (Martin) : Évidemment,
il n'y a personne qui souhaite que des événements comme ça surviennent. On
travaille excessivement fort pour que des éléments comme ça ne surviennent pas.
Malheureusement, il en est arrivé, puis nous... En tout cas, je vais parler au «je»,
là, actuellement, pour moi, c'est important de... dès qu'on a des informations,
on mette en place des processus pour assurer la sécurité de l'ensemble de nos
joueurs.
M. Poulin : OK. Puis je
terminerai là-dessus : Est-ce que, depuis les dernières semaines où... Est-ce
que vous vous engagez, comme commissaire par intérim, à transmettre une
directive écrite, claire et précise à l'ensemble des gouverneurs, à l'ensemble
des entraîneurs que les initiations, le bizutage est interdit?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
écoutez, j'ai... comme je vous ai mentionné, j'ai rencontré chacun des groupes
que vous mentionnez de vive voix, en personne, OK, par vidéoconférence. Ça a
été... Le message a été très clair, on leur a dit ce qui s'en venait, ce sur
quoi nous devons travailler, collectivement, OK, et nous allons prendre acte,
mais je vous rappelle aussi que, dans le code d'éthique, c'est clairement
défini.
M. Poulin : D'accord. Je
vous remercie beaucoup.
M. Lavallée (Martin) : Ça
me fait plaisir.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Côte-du-Sud.
M. Rivest : Oui.
Bonjour. Merci, Mme la Présidente. Écoutez, je continuerais peut-être dans ce
qu'on vient de discuter. Vous avez parlé, là, que, dans les dernières semaines,
vous avez eu des échos, là, qu'en 1990 il s'est passé quelque chose. On
s'entend que, dans les dernières semaines, il y a comme une espèce
d'effervescence de se dire que... de vouloir dénoncer, de vouloir... Est-ce que
vous vous attendez, dans les prochains jours, les prochaines semaines ou
prochains mois, d'avoir d'autres révélations de ce type?
• (11 h 10) •
M. Lavallée (Martin) : Malheureusement,
je ne suis pas en mesure de vous dire ça. Ce que je souhaite, c'est que les
gens qui auraient été victimes puissent dénoncer, ça, c'est le plus important,
c'est... dans le fond, c'est le message que je veux, entre autres, livrer
aujourd'hui, c'est celui-là.
M. Rivest : Parce que
vous l'avez dit, hein, d'éclairer le présent pour orienter l'avenir, votre
souci comme éducateur, moi-même aussi, on est tous, hein, les parlementaires,
allés voir nos jeunes jouer au hockey, on est témoins, comme vous, qu'il y a un
volet hyperstimulant à la pratique sportive puis qu'il y a beaucoup de beau,
mais, si on est rassemblés aujourd'hui, c'est, justement, pour connaître cette
culture du silence là, la dénoncer, encourager cette dénonciation-là. Puis on
le voit, nous-mêmes, comment, en ce moment, il se passe... les éléments qui font
qu'on rouvre la commission et qu'on vous reçoit aujourd'hui.
Pouvez-vous me dire... Vous avez parlé
d'un processus, là, d'enquête indépendante, ou un volet que vous souhaitez
aller un peu plus loin. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette enquête indépendante
là, quels sont les processus, le mécanisme?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
écoutez, celle que j'ai fait mention tantôt, c'est celle spécifiquement à la
situation, là, qui nous... a été portée à notre attention ce week-end dernier.
M. Rivest : En <1990...
M. Lavallée (Martin) :
...qui
nous... a été portée à notre attention ce week-end dernier.
M. Rivest :
En
>1990.
M. Lavallée (Martin) : Exact.
OK? Pour le reste, nous avons... Le comité, si on veut, indépendant, au niveau
du programme des joueurs, s'est réuni pour aller de l'avant avec un plan
d'action qui, notamment, souhaite qu'il y ait la mise en place d'un service de
traitement des plaintes totalement indépendant.
M. Rivest : Est-ce que
vous pouvez nous en dire la nature?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
tu sais, dans le fond, ce qu'on veut, c'est que les joueurs, que les membres du
personnel, à travers nos 18 équipes et même le bureau du commissaire,
puissent se sentir... d'avoir un espace qui est libre pour pouvoir témoigner ou
pouvoir dénoncer les gestes, et que cette information-là puisse être enquêtée
de manière très objective pour arriver à des mesures qui sont concluantes.
M. Rivest : Dans ces
mesures-là, est-ce que l'idée du code du vestiaire dont il a été question... Est-ce
que, dans votre intérim, vous allez mettre des actions claires, outre celles
que vous avez mentionnées, d'aller à la rencontre, le 27 février, la
rencontre des DG, etc.? Pouvez-vous m'en parler davantage... le code de
vestiaire?
M. Lavallée (Martin) : Oui,
bien, écoutez, le code du vestiaire, pour nous, là, c'est un moyen. Il y a
beaucoup... on a beaucoup de programmes, on a beaucoup de politiques, elles
sont sur... mais elles doivent devenir significatives. Et, pour nous, le code
du vestiaire, c'est exactement ce qu'on souhaite faire, c'est d'amener, dans un
condensé, des informations qui sont claires, qui sont constructives et qui
interpellent nos joueurs, qui interpellent les membres du personnel sur les
comportements qui sont proscrits puis les comportements qui sont attendus.
Alors, dans les prochaines semaines, de
par mon passage à l'intérim puis aussi avec le mandat qui suivra, de M. Cecchini,
nous allons travailler très fort pour nous assurer que nous pourrons mettre en
place toutes ces mesures-là à la prochaine saison.
M. Rivest : Donc, tu
sais, on s'entend qu'il y a comme un délai, là. Si vous partez votre intérim
depuis quelques semaines, il va se rendre, quoi, jusqu'au mois de mai?
M. Lavallée (Martin) : Jusqu'au
mois de mai, puis M. Cecchini arrivera à ce moment-là.
M. Rivest : Avez-vous des
discussions avec M. Cecchini... monsieur qui remplacera au mois de mai?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
on s'est parlés, je veux dire, par la force des choses, là, mais, actuellement,
j'ai un mandat. M. Cecchini a des obligations professionnelles avec une
autre organisation, il va compléter son mandat puis, à ce moment-là, lorsqu'il
entrera, on va avoir des bons échanges.
M. Rivest : J'imagine.
Peut-être, comme dernier élément, pouvez-vous me dire, là, ce qui a mené la
culture du silence, selon vous, là? Tu sais, on parle des années 90, M. Courteau,
on voit... Vous avez, à quelque part, fait, son éloge, mais on est aussi là en
se disant : Il a quand même quitté d'une façon peut-être dommageable pour
vous, mais, en même temps, cette culture du silence là était présente durant
son mandat. De quelle façon vous pouvez nous expliquer... de quelle façon cette
culture de silence a pu s'impliquer d'une façon aussi importante à l'intérieur
de la ligue?
M. Lavallée (Martin) : Vous
savez, on a mis en place plusieurs choses, puis je l'ai répété puis je pense
que c'est important de continuer à le répéter, parce que ces choses-là, elles
sont là puis elles ont des raisons d'être là. Ceci étant dit, il faut être en
mesure de mieux les faire comprendre, de mieux... de donner des références
claires, que les gens comprennent pourquoi il y a ces choses-là. Dans un
premier temps, c'est pour leur sécurité, puis là je ne parle pas, là, seulement
de la sécurité du joueur de hockey, mais vraiment la sécurité de l'humain, et
que ce joueur-là, ou les joueurs, ou les membres du personnel se sentent bien,
se sentent en sécurité avec l'ensemble de ces programmes-là. Ça fait que, pour
moi, lorsqu'on se sent en sécurité, lorsqu'on se sent épaulé, c'est beaucoup
plus facile de parler. Et c'est l'intervention qu'on doit faire, on doit mieux
éduquer, on doit mieux baliser pour que les gens se sentent bien.
M. Rivest : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, M. le député. Je cède la parole à la députée de Hull. Je vous
rappelle qu'il vous reste trois minutes.
Mme Tremblay : Oui,
parfait. Donc, bon, vous avez parlé, là, d'éduquer, de prendre connaissance,
mais est-ce que vous admettez, là, qu'il y a un problème, clairement, là,
aujourd'hui, là? Parce que ça fait partie d'un processus qui est important,
puis c'est ce que M. Dorais nous a dit un petit peu plus tôt.
M. Lavallée (Martin) : Bien,
moi, je reconnais qu'on nomme la culture du silence, qu'on nomme qu'elle est...
qu'elle est présente. Personne ici ne va nier ça. Maintenant, c'est comment on
va faire la lumière sur cette culture du silence là pour s'assurer que tout le
monde l'écarte puis que ce n'est pas une valeur. Pour moi puis la ligue, la
culture du silence ou la loi du silence n'est pas une <valeur...
M. Lavallée (Martin) :
...pour
moi puis la ligue, la culture du silence ou la loi du silence n'est pas une >valeur.
Mme Tremblay : Alors,
justement, M. Dorais disait que ça prend un changement, justement, puis
c'est au niveau... c'est profond, hein, c'est au niveau des valeurs, vous venez
de le mentionner.
On parle de mettre en place, là, un
programme qui va au-delà de : on fait une rencontre au début de la saison
pour dire : Bon, bien, voici le code de vie, on le signe, c'est beau. Il
parle vraiment d'un programme à long terme qui touche l'ensemble de
l'organisation. Et là vous parlez quand même d'un délai... tu sais, c'est un...
mettre ça ici en place en septembre ou bien au début, là, quand vous allez
commencer, puis vous, vous êtes par intérim, la prochaine personne arrive au
mois de mai.
Moi, j'aimerais ça savoir avec qui vous
allez travailler, parce que, M. Dorais, avec qui vous avez déjà
travaillé... Puis là je comprends que vous avez trouvé le financement, là, que
ce n'est plus un enjeu, là, que vous avez trouvé l'argent pour le faire, parce
qu'on disait qu'on était en attente de ça, dans le rapport de M. Dorais.
Donc, avec qui vous allez travailler pour mettre ça en place?
Puis, j'aurais une autre question. Vous
avez fait un sondage dans lequel vous avez obtenu des données importantes. Moi,
j'aimerais... Puis M. Dorais parlait même peut-être de faire un autre
sondage parce qu'il manquait peut-être des données dans ce sondage-là. Donc,
d'abord, j'aimerais savoir, est-ce que vous seriez prêts à nous transmettre ce
sondage-là, qu'on en prenne connaissance, et est-ce que vous seriez prêt à
aller de l'avant avec un autre sondage? Donc, avec qui vous voulez travailler,
puis la question des sondages.
M. Lavallée (Martin) : C'est
bon. Alors je vais essayer d'y aller dans l'ordre. Avec qui? Écoutez,
M. Dorais, c'est effectivement quelqu'un avec qui nous avons travaillé.
Nous avons des organismes, là, je pense à Sport'Aide, nous avons le comité
indépendant, qui est composé d'une multitude de gens qui sont reconnus dans le
domaine, autant sportifs que du domaine de la santé. Donc, ces gens-là, on va
s'appuyer avec eux, OK?
La deuxième chose, pour ce qui est du
financement, j'aimerais quand même porter à votre attention que nous avons
effectivement fait des demandes de financement. Nous en avons fait trois et,
pour l'instant, il y en a... les trois ont été, d'entrée, refusées, OK, une au
gouvernement fédéral et deux au gouvernement provincial, et, parmi les deux
refusées au niveau provincial, elles sont, dernièrement, revenues à l'étude.
Donc, je vais prendre ça positivement.
Et, pour ce qui est des données des
sondages, eh bien, sans aucun doute, on va être capable de vous acheminer les
données qui sont... qui ont été colligées.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci beaucoup. C'est tout le temps qu'on a, malheureusement. Merci,
M. Lavallée. Merci au nom de la commission. Je passe maintenant la parole
au porte-parole de l'opposition officielle, le député de Marquette.
• (11 h 20) •
M. Ciccone :Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour,
M. Lavallée. Merci d'avoir accepté, encore une fois, de revenir devant la
commission. D'entrée de jeu, je vous dirai simplement, à titre de transparence :
Je refuse de croire que c'est une problématique seulement dans le hockey, cette
culture-là. Je refuse avec véhémence parce qu'on l'a vu avec certains
témoignages. Puis je vais le répéter, je le dis, je le répète, mais je vais le
répéter encore parce qu'on ne peut pas juste viser un endroit, c'est la culture
du sport, c'est la culture de l'athlète élite qui veut monter et qui est prêt à
faire n'importe quoi pour s'intégrer. Alors, je sais que c'est vous qui est là
aujourd'hui, là, ça peut... ce n'est pas facile, mais, en même temps, c'est
important, pour moi, de le dire.
Et, également, j'aimerais dire aussi que
vous avez entièrement raison, M. Lavallée, que l'évolution de la Ligue
junior majeur du Québec est à 1 000 % si ce n'est pas plus, depuis
mon époque, que ce soit au niveau des études, que ce soit au niveau aussi de la
mentalité, de la violence, des bagarres. Je tiens à dire, également. Ce n'est
pas parfait, encore une fois, vous m'entendez souvent, il y a toujours place à
amélioration, mais je tiens à le dire aussi.
Ma première question, M. Lavallée :
Pouvez-vous nous décrire un peu quel était votre rôle d'adjoint au commissaire?
M. Lavallée (Martin) : Alors,
comme adjoint au commissaire, mon rôle principal est de veiller aux opérations
au niveau de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Parfois, il y a des
mandats particuliers qui me sont octroyés, puis il me vient en tête, évidemment...
dans le temps de la pandémie, j'ai été à l'origine de la mise en place de tous
les environnements protégés qui nous ont permis d'opérer, de s'assurer des
protocoles sanitaires et de la collaboration, évidemment, avec tous les
paliers, là, que ce soit le ministère de la Santé ou la Santé publique, pour
mettre en place tout ça. Ça fait que, tu sais, je vous dirais, là, les
opérations quotidiennes au bureau, de façon globale, et parfois certains
mandats particuliers, comme celui de la pandémie.
M. Ciccone :Est-ce que, dans votre rôle de commissaire adjoint, vous
aviez le pouvoir d'influencer les décisions des propriétaires, par exemple?
Parce qu'on sait que les propriétaires... La façon que c'est bâti, chez vous,
c'est que les propriétaires, ce sont les actionnaires majoritaires de la
ligue... engagent un <commissaire...
M. Ciccone :
...chez vous, c'est que les propriétaires, ce sont
les, les actionnaires majoritaires de la ligue... engagent un >commissaire,
vous engagent, et tout le personnel, et vous êtes payé par les propriétaires.
Selon vous, là, quelle était votre force d'influence au niveau des
propriétaires?
M. Lavallée (Martin) : La
force d'influence que les gens voudront, évidemment, bien vouloir m'octroyer,
OK, on s'entend là-dessus, mais, tu sais, au-delà de ça, c'est de s'assurer le
plus possible de la compréhension de la direction qu'on souhaite prendre, OK?
Ça fait que moi, j'aimerais répondre de cette façon-là à votre question,
M. Ciccone, c'est de dire : Mon pouvoir à moi, c'est de m'assurer que
les opérations fonctionnent dans l'esprit et la mission de la ligue.
M. Ciccone :Je pose cette question-là, M. Lavallée, parce que... Je
suis persuadé que vous savez où je m'en vais avec ça. La dernière fois, on
avait Mme Llorens, M. Courteau, vous étiez là, également. Connaissant
très bien la façon que ça fonctionne, là, je sais que vous êtes rempli de bonne
volonté. Vous êtes là pour les bonnes raisons. Vous avez fait du bien pour la
ligue. M. Courteau a fait bien pour la ligue également, et Natacha Llorens
aussi, elle a fait beaucoup de bien pour cette ligue-là, mais j'ai comme
l'impression qui... puis je pense avoir raison, là, que, souvent, vous avez les
mains liées. Est-ce que j'ai tort?
M. Lavallée (Martin) : Moi,
ce que j'ai le goût de vous dire, M. le député, c'est qu'aujourd'hui, ce que je
fais dans mon rôle de commissaire par intérim, c'est de m'assurer que nous
regardons vers l'avenir, en apprenant de ce qui s'est fait avant pour s'assurer
qu'on puisse s'engager envers la mission. Puis ça, ça a été personnellement le
mandat que je me suis donné pour les deux prochains mois, puis de m'assurer de
pouvoir poursuivre dans cette continuité-là à partir de l'arrivée de M. Cecchini.
M. Ciccone :C'est... Je suis entièrement d'accord avec vous là-dessus,
il faut regarder en avant. Il faut commencer à guérir, là, parce que notre
sport est à mal, en ce moment, ici, depuis les derniers mois, là, notamment.
Moi, je vous pose cette question-là parce que je veux savoir puis... votre avis
également : Est-ce que vous croyez que vous — je ne sais pas si
vous allez avoir le même titre avec l'arrivée de M. Cecchini, avec le
commissaire et même le rôle de Natacha Llorens — que vous devriez
avoir plus de latitude, plus d'indépendance face aux propriétaires, plus de
pouvoir, également?
M. Lavallée (Martin) : Je
crois fermement qu'on doit tous travailler en collaboration et dans la même
direction. Ça fait qu'après ça, pour moi, ce n'est pas une notion de pouvoir,
c'est une notion d'engagement.
M. Ciccone :Bien, c'est parce que la perception, M. Lavallée,
c'est que les propriétaires vous paient, en même temps, puis c'est vous qui est
devant la commission, on va recevoir, là, un gouverneur devant cette
commission-là, là, dans quelques jours, mais c'est parce que c'est vous qui
devez répondre. Vous êtes le visage de cette ligue-là, mais, en même temps, il
y a 18 équipes, là, dont plusieurs qui sont dans une autre province. Puis c'est
vous qui venez ici, puis vous êtes les grands responsables, vous avez le...
c'est... vous avez le... c'est... Comment je pourrais dire ça? Vous êtes
imputables de tout ce qui arrive dans votre ligue, mais, en même temps, vous
n'avez pas les pouvoirs extrêmes puis vous n'avez pas le pouvoir décisionnel en
entier.
Ça fait que c'est pour ça, ma question. Trouvez-vous
que, justement... puis je vais vous répéter la question parce qu'elle est
importante, là : Est-ce que les gens dans votre position, ceux qui
dirigent la ligue, devraient avoir plus d'indépendance?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
la gouvernance de la ligue octroie des pouvoirs au bureau du commissaire. C'est
à nous de les prendre. C'est à nous de s'assurer qu'on est capables de mettre
en place tout ce qui est nécessaire pour répondre à la mission qu'on se donne,
et non seulement au niveau du bureau du commissaire mais pour l'ensemble des
équipes, parce que cette mission-là, elle nous appartient tous.
M. Ciccone :Vous avez parlé, d'entrée de jeu, d'ère de changement, vous
êtes dans l'ère de changement irréversible. Pouvez-vous élaborer un peu
là-dessus? C'est quoi, le changement?
M. Lavallée (Martin) : Le
changement, c'est, d'abord et avant tout, ce qu'on est à mettre en place avec
le plan d'action, OK, j'en ai fait mention tantôt, tout le traitement de
gestion de plainte d'un niveau indépendant, tout ce qui est au niveau du code
du vestiaire. Les formations qu'on souhaite mettre en place, je pense que c'est
quelque chose qui est important, de mieux vulgariser les attentes, de les
rendre accessibles et compréhensibles par tous et chacun. Ça, pour moi, c'est
important, puis ça passe par le bien-être des joueurs, puis, si on garde cette
idée-là majeure en tête, on va y arriver. On va y arriver.
M. Ciccone :Vous parlez, comme vous avez dit, d'ère de changement. Vous
voulez <avancer...
M. Lavallée (Martin) :
...on
va y arriver.
M. Ciccone :
Vous parlez, comme vous avez dit, d'ère de
changement. Vous voulez >avancer dans la façon de faire, la façon de
voir les choses, la façon... la perception, mais pourquoi vous n'avez pas,
justement, entamé cette ère de changement là avant? Parce que, je veux dire, il
n'y a rien de parfait, là. Parce qu'on dirait qu'aujourd'hui ce qu'on entend,
puis depuis votre dernière présence avec M. Courteau, c'est : Là, il
est arrivé une situation, puis là vous avez des propositions, des propositions
à amener, justement, pour faire ce changement-là, pour améliorer les choses, mais,
je veux dire, on a entendu M. Dorais, qui était là, là, qui nous a dit :
Bien, on a travaillé sur un programme, ça fait 18 mois. Puis, bien, on
voit bien, là... Il nous a dit que ça coûtait 50 000 $ par année. Il
n'a pas été capable d'avoir de financement du gouvernement, des ministères. 50 000 $,
M. Lavallée, pourquoi ça n'a pas été fait voilà 18 mois?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
le montant, on pourrait... on pourrait reparler du montant. Je pense que c'est
un montant qui est un peu plus important parce qu'il faut englober l'ensemble
de nos équipes, là, 18 formations, non seulement 12 au Québec, mais six
dans les provinces maritimes.
Ce qu'il faut aussi voir, c'est que
l'encadrement d'un joueur au niveau de la Ligue de hockey junior majeur du
Québec représente environ entre 30 000 $ à 40 000 $ par
joueur, par saison, OK? Donc, quand on inclut tout le programme de bourses
d'études, quand on inclut le programme d'accompagnement scolaire aussi au
niveau de... Sur un joueur qui est dans le système de la ligue pendant une
possibilité de neuf ans, à peu près, là, on peut parler d'un investissement par
joueur d'environ 240 000 $ à 250 000 $, OK, sur neuf ans.
Donc, il y a des sommes qui sont engagées de manière importante par nos
équipes.
Manifestement, aujourd'hui, je pense qu'il
y a des choses qu'on doit faire de mieux et qui vont nécessiter de l'argent
supplémentaire, puis on souhaite qu'on puisse le faire tous ensemble, non
seulement au niveau de la ligue mais également au niveau des propriétaires et
également au niveau des différents paliers de gouvernement.
M. Ciccone :Il y a une façon de réduire les coûts, M. Lavallée,
vous m'avez ouvert une porte comme ça, là, c'est en réduisant le nombre de
matchs, pour commencer, puis c'est peut-être en changeant l'appellation. Je
sais qu'on appelle ça une ligue de développement, là, mais, à 68 matchs
par année, la pression, le voyagement, les études, on voit que le joueur est
mis dans une situation où c'est exactement la même chose qu'un joueur
professionnel.
Si on change la vision en disant que, bien
là, les joueurs, on va moins les solliciter, on... Le ratio sur... par exemple,
entraînement versus match va faire en sorte qu'on va peut-être, là, redorer,
premièrement, l'appellation de la ligue, la structure de la ligue, également,
puis il va y avoir moins cette pression-là aussi en disant qu, bien, écoutez,
là, cette ligue-là est là pour bâtir des êtres qui vont être des citoyens
productifs dans notre société, alors que la majorité des petits gars qui
rentrent là, là, ils pensent tous qu'ils vont jouer dans la ligue nationale à
un moment donné.
Est-ce que vous pensez que, peut-être, de
changer, justement, cette façon de voir la ligue junior majeur du Québec
pourrait aider, justement, dans tout ce qui est pression, culture du silence,
normalité, dans tout ce qu'on a entendu dernièrement?
M. Lavallée (Martin) : Le
hockey étant partie prenante de nos mœurs, dans la société québécoise, tout le
monde a son opinion sur le hockey, tout le monde a son opinion sur ce qui
pourrait être fait, peu importe le niveau de jeu, qu'on fasse référence aux
Canadiens de Montréal, à la Ligue de hockey junior majeur du Québec ou au
hockey mineur.
Moi, ce que j'ai le goût de répondre à ça,
M. le député, c'est : Chaque dollar qui est reçu par nos équipes est
investi pour le bien-être de nos joueurs. Ça fait que, si c'est de déterminer
combien de matchs est nécessaire pour assurer le développement puis le bien-être,
je pense que c'est un débat qui peut se faire ailleurs que dans la commission
dans laquelle on est impliqués aujourd'hui, mais moi, je veux vous assurer que
chaque dollar qui est perçu par nos équipes est investi pour le bien-être de
nos joueurs.
M. Ciccone :On pourrait aller ailleurs, là. Ça veut dire qu'il n'y a
personne qui fait de profit, dans votre ligue, là. C'est ça que vous me dites?
• (11 h 30) •
M. Lavallée (Martin) : Je
ne suis pas en train de vous dire ça, mais vous connaissez le cycle du hockey
junior.
M. Ciccone :
Oui. OK.
La Présidente (Mme Dionne) :
Je vous rappelle juste qu'il vous reste 30 secondes.
M. Ciccone :Parfait. En terminant, plateforme de plaintes indépendante.
Comment vous allez faire pour que ce soit vraiment indépendant, cette
plateforme de plaintes là, que vous voulez amener?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
je vais... Dans un premier temps, je vais attendre les recommandations de notre
comité, là, qui planche là-dessus. Ce sont des gens... Il y a des avocats,
là-dedans, il y a d'anciens policiers, il y a des gens d'organismes réputés. Je
pense qu'ils vont être en mesure de nous suggérer la bonne chose.
M. Ciccone :Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci, M. Lavallée.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au porte-parole du deuxième
groupe d'opposition, le député de <Rosemont...
>
11 h 30 (version révisée)
<19273
La
Présidente (Mme Dionne) :
...du deuxième groupe d'opposition,
le député de >Rosemont.
M. Marissal : Merci, Mme
la Présidente. M. Lavallée, rebonjour.
M. Lavallée (Martin) : Rebonjour.
M. Marissal : Effectivement,
on n'avait pas pris de rendez-vous pour se revoir, mais les circonstances
ont... en ont voulu autrement. Juste pour être sûr, là, que j'ai bien compris
une de vos réponses à une de mes collègues du gouvernement, vous vous engagez à
déposer le sondage dont M. Dorais...
M. Lavallée (Martin) : Oui.
M. Marissal : Avec la
méthodologie?
M. Lavallée (Martin) : On
vous transmettra toutes les informations pertinentes.
M. Marissal : Parfait.
Merci. Ça sera utile pour nous, et peut-être pour la suite.
Un peu de retour dans le temps, là, je
veux juste être sûr, là, de comprendre. Stephen Quirk fait une déclaration sous
serment le 21... en mars 2021, la fameuse déclaration sous serment, l'affidavit,
là, qui fait tellement de bruit, et avec raison.
L'ancien commissaire, M. Courteau,
réplique au même cabinet d'avocats, toujours sous serment, en novembre 2021.
Éric Chouinard, qui, jusqu'à preuve du
contraire, est toujours directeur de la sécurité des joueurs dans votre ligue,
lui aussi est assermenté, fait une déclaration et un affidavit, en novembre
2021 lui aussi.
Par ailleurs, vous êtes adjoint au
commissaire depuis 2017. Il n'y a vraiment personne qui avait pris le temps de
lire l'affidavit de M. Quirk, y compris les gens qui sont allés le commenter
sous serment, et vous n'en avez jamais entendu parler?
M. Lavallée (Martin) : Bien,
si vous me permettez, M. le député, je ne répondrai pas au nom de M. Courteau.
À cet égard-là, il s'est expliqué, il a donné ses explications. J'ai
précédemment expliqué mon rôle, et la gestion ou l'opération des recours
collectifs, dont le recours impliquant l'affidavit de M. Quirk, ne faisait
pas partie de mon mandat et/ou de mes responsabilités.
M. Marissal : Vous
êtes... Parmi vos responsabilités, en ce moment, vous êtes commissaire.
M. Lavallée (Martin) : Oui,
oui.
M. Marissal : Par
intérim, mais, en attendant M. Cecchini, dont on salue la nomination, c'est
vous qui êtes en charge. Éric Chouinard est-il toujours directeur de la sécurité
des joueurs?
M. Lavallée (Martin) : Oui.
M. Marissal : Il n'est
pas là, là, lui non plus, il ne peut pas se défendre, mais c'est votre employé.
Comment on peut être directeur de la sécurité des joueurs, aller faire un
affidavit sous serment dans une histoire de viol puis ne pas avoir lu l'affidavit
du joueur?
M. Lavallée (Martin) : Écoutez,
il a fait... il fait son affidavit avec le contenu qui faisait référence à son
expérience à lui. Je ne pense pas que ça faisait référence à l'affidavit de M. Quirk.
M. Marissal : On parle
de M. Chouinard, là.
M. Lavallée (Martin) :
Oui.
M. Marissal : Qui était
en réponse à l'affidavit de M. Quirk.
M. Lavallée (Martin) : Je
vous entends.
M. Marissal : Moi aussi,
je vous écoute, la... Comment se fait-il que ce n'est pas remonté au plus haut...
aux plus hautes sphères de la ligue si le directeur de la sécurité des joueurs
était appelé à faire un témoignage sous serment? Il ne l'a pas lu, lui non
plus?
M. Lavallée (Martin) : Tu
sais, malheureusement, je ne suis pas en mesure de répondre au nom de M. Chouinard.
Ce que je suis en mesure de vous dire, c'est que M. Chouinard a fait un
témoignage sous un affidavit par rapport à ce que lui connaît de la situation.
M. Marissal : Est-ce que
vous pouvez, M. Lavallée, vous engager devant nous à aller vérifier? Parce
que ce... M. Chouinard, que je ne connais pas, là, il est encore directeur
de la sécurité des joueurs. Là, vous nous dites : vous faites un appel aux
possibles victimes pour libérer leur parole, et qu'ils viennent vous voir et qu'ils
soient capables de témoigner de ce qu'ils auraient pu vivre. Moi, je ne mets
pas votre bonne foi en cause, là, mais vous avez quelqu'un qui est directeur de
la sécurité des joueurs. Je ne vois pas comment on peut être plus impliqué que
ça.
La Présidente (Mme Dionne) :
En terminant. Il vous reste 10 secondes.
M. Marissal : Vous n'avez
pas redistribué le temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Dionne) :
On a redistribué le temps, c'était 45 minutes d'intervention.
M. Marissal : Vous avez
raison. C'est mon erreur, vous avez raison.
La Présidente (Mme Dionne) :
Désolée.
M. Marissal : Alors, à
une prochaine.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci à tous pour vos contributions.
Donc, je vais suspendre les travaux
quelques instants, le temps d'accueillir notre troisième groupe.
(Suspension de la séance à 11 h 36)
(Reprise à 11 h 48)
La Présidente (Mme Dionne) :
Donc, nous reprenons les travaux de la commission, et je souhaite la
bienvenue à M. Mario Cecchini, président par intérim des Alouettes de
Montréal et futur commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec,
qui est avec nous aujourd'hui en visioconférence.
Je vous rappelle, M. Cecchini, vous
avez 10 minutes pour faire votre exposé et après quoi nous procéderons à
une période d'échange. Donc, je vous invite à vous présenter et à nous faire
votre exposé.
M. Mario Cecchini
M. Cecchini (Mario) : Un
gros merci, Mme la Présidente. Alors, mon nom est Mario Cecchini, président
actuel des... président par intérim actuellement des Alouettes de Montréal et
futur commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, à compter du
8 mai.
Alors, Mme la Présidente, Mmes, MM. les
députés, d'abord et avant tout, je me présente devant vous aujourd'hui avec une
grande volonté de collaboration. Par contre, vous le comprendrez, je suis aussi
dans une situation particulière, je suis toujours employé comme président par
intérim des Alouettes de Montréal. Nous sommes en plein processus d'intégration
qui suit la transaction. Alors, comme vous le savez, le rythme est très élevé,
considérant mon départ le 6 avril prochain.
• (11 h 50) •
À l'heure actuelle, la LHJMQ est entre les
mains de Martin Lavallée et de l'équipe du bureau du commissaire jusqu'à mon
arrivée le 8 mai prochain. J'ai eu des contacts très limités avec le
comité exécutif et l'exécutif de la ligue. Par conséquent, je comprends que ma
convocation n'est pas pour commenter une situation que je n'ai pas connue dans
une organisation où je n'ai encore aucune fonction officielle, mais plutôt pour
parler de l'avenir comme futur commissaire de la LHJMQ. Du moins, c'est de
cette façon qu'on me l'a présenté.
Et, avec tout respect pour le travail de
cette commission, j'aurais tout de même préféré vous parler quelques mois après
mon entrée en poste et le début de la mise en place des bases de mon plan à
long terme pour le futur de la ligue. Vous avez, par contre, considéré qu'il
fallait que cette discussion ait lieu au plus tôt, alors nous y sommes. J'y
participe de bon cœur et je répondrai à vos questions du mieux que je le
pourrai, mais il m'apparaissait important que vous connaissiez le contexte dans
lequel je me retrouve, car je ne voudrais manquer de respect à qui que ce soit
si toutefois mes réponses vous apparaissaient comme conceptuelles.
Ceci étant dit, j'aimerais partager
quelques réflexions avant de répondre à vos questions au meilleur de vos
connaissances. J'ai évolué durant la majorité de ma carrière dans le domaine de
la radiodiffusion et de la télévision dans tous les grands marchés canadiens,
depuis Montréal et Toronto, que j'ai habité au tournant du siècle.
Je suis arrivé dans le monde de la gestion
sportive de façon formelle en 2020 avec les Alouettes de Montréal. Toutefois,
ce n'était pas ma première expérience dans le merveilleux monde du sport
puisque j'ai produit, pour une courte période, l'émission Les amateurs de
sports, en 1992, sur les ondes de CKAC. J'ai aussi dirigé FAN 590, qui est
désormais Sportsnet, qui était alors la seule station sportive au Canada <autour...
M. Cecchini (Mario) :
...dirigé
FAN 590 qui est désormais Sportsnet, qui était alors la seule station sportive
au Canada >autour de l'an 2000 et j'ai opéré, avec mon équipe, la
transformation de CKAC, qui devenait CKAC Sports en 2007. Bref, le monde du
sport a toujours été relativement près de moi.
Le sport s'est présenté initialement comme
un défi de gestion et de reconstruction. C'est ainsi que je me suis retrouvé
président des Alouettes de Montréal à un moment difficile de l'histoire de
l'équipe. Je me réjouis, d'ailleurs, que l'équipe ait retrouvé aujourd'hui un
propriétaire québécois. C'était un peu le sens de mon mandat, et de redorer le
blason des Alouettes.
Au détour d'une conversation avant Noël,
un ami m'a fortement suggéré de réfléchir et d'envisager le poste de
commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec suite à la transition
qui avait été annoncée plus tôt au mois de décembre. L'idée a grandi et ma
réflexion s'est précisée. Le processus de sélection s'est étendu sur plusieurs
semaines. J'ai été heureux d'être le choix du comité de sélection, et ma
nomination a été entérinée par les 18 équipes, que je remercie de cette
confiance.
Les événements des dernières semaines
amènent une transition plus mouvementée que prévu, mais je sais que je serai
bien entouré par le bureau du commissaire. J'arriverai, donc, en poste avec un
autre bagage, un autre regard, tout en profitant de la grande expertise en
place. Nous devrons, comme ligue évolutive, être au diapason de la société et
de ses valeurs, donc en faire davantage et toujours viser plus haut.
Quelques exemples de cette future
évolution sont notamment l'instauration d'un processus de plainte indépendant
et une clarification de la réglementation actuelle à l'intérieur du code
d'éthique. L'éducation et la prévention demeureront prioritaires à l'intérieur
de notre mission. Cependant, s'il y a faute, il doit y avoir sanction.
Celles-ci devront être claires et connues de tous pour éviter le maximum de
zones grises.
Dans l'avenir, je veux qu'il soit clair,
reconnu et incontestable que tout geste dégradant d'intimidation, de
harcèlement, de violence psychologique ou physique ou d'agressions sexuelles
est inadmissible dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec et ne sera pas
toléré. Dans l'avenir, je veux qu'il soit clair, reconnu et incontestable
qu'aucune culture d'équipe ou de vestiaire ne peut servir à protéger des
agresseurs ou à empêcher des victimes de parler. Ce sera tolérance zéro pour
l'intolérable et l'inacceptable.
Le travail est, d'ailleurs, déjà commencé.
Nous comprenons tous que cette crise doit servir à aller de l'avant
différemment. Et, comme disait Churchill, Il ne faut jamais gaspiller une
bonne crise. Il y a indéniablement beaucoup de compétences à la Ligue de
hockey junior majeur du Québec. Je voudrai m'assurer qu'il y ait beaucoup de
cohérence, les mêmes règles appliquées de la même façon dans tout le circuit,
dans toutes les circonstances. Cette rigueur et cette cohésion contribueront à
redonner le blason... à redorer, pardon, le blason de la Ligue.
Comme prochain commissaire de la Ligue de
hockey junior majeur du Québec, j'estime que je suis d'abord au service des
jeunes. J'estime que les membres, les entraîneurs, les employés sont aussi
d'abord au service des jeunes. Les joueurs doivent sentir que leur intérêt,
leur sécurité, leur intégrité sont le sens de toutes les décisions. La Ligue de
hockey junior majeur du Québec doit être une organisation au service des jeunes,
de leur épanouissement personnel et social, de leur réussite scolaire et de
leur développement sportif.
Nous serons un circuit d'élite parce que
nous serons des bons guides et des bons mentors pour les jeunes. Nous serons
des équipes en santé parce que nous montrerons le hockey à son meilleur et
parce que nous véhiculerons, dans la société, des valeurs gagnantes de travail,
d'effort et de respect. C'est dans cet ordre que je conçois les priorités.
Je suis honoré d'avoir été choisi comme
commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Je comprends et
prends la mesure de la responsabilité liée à la fonction. Je ferai tout pour
que cette ligue, parmi les meilleures au monde, regagne tout son prestige.
Merci. Je suis maintenant prêt pour vos questions.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci infiniment, M. Cecchini, nous allons commencer nos échanges. Je
cède la parole du côté du gouvernement, donc à Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay : Oui, <bonjour...
La Présidente (Mme Dionne) :
...donc à Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay :
Oui,
>bonjour. Donc, merci d'être avec nous aujourd'hui. Vous l'avez
mentionné, vous avez quand même un horaire chargé. Donc, comment votre
expérience, là... Parce que vous avez parlé... Bon, là, vous venez... vous
arrivez du sport, du football avec les Alouettes. Puis là vous avez dit :
Bon, bien, j'avais un sens à mon mandat. Il y avait celui, notamment, de
retrouver, hein, un propriétaire québécois. Dans votre... c'est quoi, le sens?
C'est quoi que vous donnez au sens de votre prochain mandat au niveau, là, de
la LHJMQ? Donc, ça va être quoi, là, le sens que vous voyez dans votre prochain
mandat?
M. Cecchini (Mario) : Bien,
ce qui m'a attiré beaucoup et ce que j'ai présenté à l'équipe du comité de
sélection, en fait, c'était, d'abord et avant tout, en quatre étapes, mais la
première et la plus importante, j'avais noté le bien-être des jeunes. J'ai
raconté un peu, la semaine dernière, si vous me permettez l'anecdote, quand
j'ai eu l'appel, j'ai... s'ensuivit une longue conversation avec la personne
qui me suggérait d'être... de penser à ce poste-là. Quand je suis monté... J'ai
raccroché, j'ai monté en haut, j'ai parlé à ma fille, qui m'a simplement dit :
C'est un de tes rêves de travailler avec les jeunes. Parce que j'ai travaillé
beaucoup sur le décrochage scolaire, j'étais... et le sport fait partie du
raccrochage. Alors, on avait... Je fais partie... je faisais partie d'un groupe
avec feu M. Jacques Ménard, vous le connaissez sûrement, qui avait présenté un
plan en 13 étapes à Mme Courchesne à l'époque, on est avant 2010.
Donc, j'ai toujours... j'ai travaillé avec Sainte-Justine, j'ai fait... aidé la
Jeunesse au Soleil, la DPJ.
Donc, ça arrivait à un moment de ma vie,
quand les Alouettes se sont terminées de façon particulière, à ce moment-là,
pour... Puis, avec tout ce qu'on avait entendu dans Hockey Canada dans les mois
qui précédaient, c'est venu me chercher. C'est devenu... Au gré de la réflexion,
c'est devenu, si on veut, un mandat, même, que j'ai qualifié de social jusqu'à
un certain point, qui va être important pour la société. Donc, c'est ça, le
sens que j'y donne, je pense, puis, de toute évidence, ça se trame,
aujourd'hui, sur fond de changement.
Mme Tremblay : Merci.
Est-ce que vous avez vécu des situations, tu sais, de violence dans votre
carrière? Est-ce que vous êtes intervenu dans ce type de situation là? Est-ce
que vous avez eu à gérer ça?
• (12 heures) •
M. Cecchini (Mario) : Bien,
j'ai eu à gérer, oui, récemment. Ce n'était pas... Violence, il faut... Mais
j'ai eu à gérer des conflits publics aussi. En 2006, j'ai eu à gérer une
plainte de harcèlement qui était devenue publique. Et puis, à ma deuxième
journée, quand je suis arrivé en poste avec Corus, j'avais vu la plainte et
j'ai agi. D'ailleurs, c'est à propos parce que j'avais agi en engageant...
Comme la plainte, tout ça, avait traîné dans les journaux, ça avait été très
public, on avait agi, donc, par souci de transparence, en demandant à un juge à
la retraite de la Cour supérieure du Québec de faire l'enquête. Alors, on était
allé dans un processus indépendant. Ça, c'en est un, exemple, où c'était
public, il y avait énormément de pression.
Récemment, malheureusement, avec les
Alouettes de Montréal, on a eu à gérer un cas d'un joueur, puis ça a été dans
les médias aussi, qui se fait arrêter ou s'est faire accuser, en fait, pour
être très précis avec les termes, de leurre d'enfants via Internet. J'étais en
vacances avec ma famille un jeudi soir, on était en semaine, ce qu'on appelle
dans le football, en semaine de repos, une semaine où on n'avait pas de match.
Et puis j'ai eu l'appel à 7 h 20 parce que c'était sorti dans Le Nouvelliste...
dans La Voix de l'Est, pardon, et puis, à 9 heures, on a
suspendu le joueur quand on a pris connaissance des allégations. Et puis la
convention collective demandait d'avoir 48 heures, la convention
collective des joueurs de la Ligue canadienne, d'avoir 48 heures pour
analyser le tout. Et, dès les 48 heures terminées, quand on a eu vent...
quand on a eu encore plus d'information, on a retiré, donc, le joueur, on a
coupé, comme on le dit dans le sport, le joueur de notre équipe, puis ça, c'est
deux exemples que je peux vous donner.
J'ai eu à gérer aussi des situations d'un «morning
man», au Canada anglais, qui devait... a dû prendre des cours de gestion de
colère, par exemple. Alors, il y en a eu. Puis j'ai eu à gérer, évidemment, des
animateurs qui ont dû s'excuser, des fois, pour des propos, puis je n'ai pas
toujours attendu que le CRTC réprimande. Alors, dans ce genre de... c'est ce
genre de controverse, si on veut, que j'ai eu à gérer dans ma <carrière...
>
12 h (version révisée)
< M. Cecchini (Mario)T :
...eu
à gérer dans ma >carrière.
Mme Tremblay : OK. Dans
le... Le commissaire par intérim, M. Lavallée, qui était là tantôt, il
nous parlait de mettre en place, là, dès la prochaine saison, là, tout un
programme. Puis je suis contente de vous entendre ce matin, là, de dire que c'est
le jeune qui va être vraiment au cœur de toutes les décisions. Ça, pour moi qui
a passé aussi sa vie dans le milieu... sa carrière dans le milieu de l'éducation
et travaillé beaucoup aussi au niveau du décrochage scolaire... Puis on connaît
l'importance que ça a, le sport, pour nos jeunes, mais aussi, on veut que ce
soit une belle expérience, hein, puis on veut que ce soit... ça leur permette
de devenir plus grands dans leur vie de citoyen et citoyenne, parce que c'est
ça aussi, le sport, c'est développer des belles habiletés. Moi, ce que je veux
savoir, vous parlez... Là, ce matin... il dit : On va mettre en place un
programme, puis il parlait, bon, comme je l'ai dit, de la prochaine saison. Est-ce
que vous allez être prêts pour la prochaine saison? Avec qui... Est-ce que vous
avez déjà réfléchi avec qui vous voulez travailler? Et ce programme-là, c'est
important, puis c'est ce que l'intervenant, M. Dorais, disait, hein, ce n'est
pas juste des rencontres, mais on parle vraiment d'un programme qui parle aux
jeunes. C'est quoi, votre vision? Puis est-ce que vous pensez que c'est
réaliste, avec votre entrée au mois de mai, là, que tout soit prêt pour le mois
de septembre ou ce sera un travail plus continu? J'aimerais avoir votre vision,
là, de ça dans les prochains mois.
M. Cecchini (Mario) : Bien,
c'est une très bonne question que je me pose à chaque jour, j'espère avoir le
temps, en arrivant le 8 mai... Je sais, et c'est pour ça que c'est important,
que le travail est déjà commencé. Par contre, je vous dirais que la deuxième
portion de votre question ou le commentaire que vous faites à l'intérieur de
votre question est le plus important, ça va être évolutif. Je ne crois pas qu'on
va arriver, à un moment donné, le 18 septembre, puis dire : Voilà, et
c'est terminé, et on applique ça. Je pense que l'expérience nous a montrés, et
mon expérience professionnelle... quand on parle de changement de culture, on
ne commence pas le vendredi, puis ça ne se termine pas le lundi matin. Ça va
être profond, ça va être long, c'est pour ça que je parle des prochaines
années. Mais je crois qu'on va y arriver. Je pense qu'on a déjà vu un
changement de culture, des changements s'opérer au cours des 10 dernières
années, des éléments du match de... du hockey qui ont changé.
Je pense, par contre, pour répondre
directement, qu'on peut être prêts pour le mois de septembre. C'est la commande
qui est donnée, qui a été donnée, en fait, par Martin, qui va travailler ça, clairement,
dans les deux prochains mois. C'est sûr que mon agenda d'entrée en poste, comme
je l'ai mentionné, avec tout ce qui s'est passé, a changé un peu les priorités
à court terme. Moi, je suis là pour le long terme. Normalement, le commissaire
se doit d'avoir un horizon un peu plus lointain, pour assurer la bonne marche.
Mais c'est clair que, dans la première année, je vais être très...
permettez-moi l'expression, «hands on», donc, les mains dans la pâte, pour s'assurer
qu'on n'est pas dans l'écriture, on n'est pas comme... j'ai entendu certaines
anecdotes. Et je ne prétends pas que ça se passe comme ça. Je pense que, quand
Martin... quand le commissaire par intérim a dit qu'il a rencontré... je suis
convaincu que le langage était très approprié, très ferme. Mais, oui, il va
peut-être falloir être plus proactifs, il va peut-être falloir faire des
rappels beaucoup plus souvent.
Mais j'ai beaucoup l'intention de me fier
à des spécialistes. S'il y a une chose que j'ai apprise avec la jeunesse et la
pédagogie, c'est qu'il y a des gens qui étudient là-dedans. D'ailleurs, ça m'a
réjoui, quand j'ai su que Martin... que M. Lavallée, pardon, le
commissaire par intérim était professeur de formation. J'ai trois professeurs,
moi, autour de moi, ma soeur, beau-frère et un neveu, et je sais que c'est un
emploi qu'on ne s'improvise pas pédagogue. Donc, j'ai hâte de travailler avec
les spécialistes sur ça et de voir où le chemin... qui vont nous guider et le
chemin que nous, on va prendre.
Mme Tremblay : Parfait,
merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, Mme la députée. Alors, je cède la parole au député de Beauce-Sud.
M. Poulin : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, M. Cecchini. Nous venons d'apprendre,
à la suite des questions des membres de la commission, que la ligue a appris ce
week-end que... du moins, des allégations d'initiation, des événements, c'est
ce qu'on nous dit jusqu'à présent, au début des années 90. Est-ce que ce
sera... Et le processus d'enquête est encore laborieux, là, on ne sait pas trop
quel sera le processus exact pour déterminer ce qui s'est passé. Est-ce que ce
sera l'un des premiers mandats que vous prendrez en charge, de faire la lumière
sur ce qui s'est passé au début des années 90, dans une équipe qu'on n'a
pas été capable de nous nommer il y a quelques minutes à peine?
M. Cecchini (Mario) : Oui.
Je comprends... je comprends qu'il y a une protection du processus d'enquête et
des présumées victimes, alors j'apprécie votre compréhension sur ça. En fait, j'espère
que l'enquête va être réglée quand je vais arriver au mois de mai, mais je peux
vous assurer qu'avec diligence, c'est le mot que je prendrais, tout ce
dossier-là, l'appel est fait. Alors, si je peux... si ce dossier-là est encore
ouvert, c'est clair que, dès mon arrivée en poste, on va accélérer le processus
pour arriver à une résolution ou, en tout cas... ou du moins une compréhension.
M. Poulin : OK. Donc,
vous allez vous en charger, si ce n'est pas réglé, le 8 mai dernier. De
quelle <façon...
M. Cecchini (Mario) :
...ou
du moins une compréhension.
M. Poulin : OK. Donc,
vous allez vous en charger, si ce n'est pas réglé, le 8 mai dernier. De
quelle >façon on s'en charge? Parce que le processus d'enquête, la façon
dont les plaintes sont remises à la ligue de hockey, ça semble être un enjeu
pour assurer son indépendance. Tout à l'heure, vous nous avez noté que vous,
vous aviez engagé, dans le passé, un ancien juge à la retraite pour pouvoir
enquêter sur une situation. Est-ce que vous allez suggérer à la ligue de hockey
d'engager un ancien juge à la retraite, par exemple, pour pouvoir faire la
lumière sur des situations qui pourraient être portées à leur attention? Est-ce
que, pour vous, c'est un processus qui serait bon et louable?
M. Cecchini (Mario) : Alors,
deux choses. D'abord, moi, j'ai... on m'a informé de cette situation-là hier
soir, j'ai... je n'ai pas beaucoup de détails, évidemment, parce que, comme
indiqué, je pense que le commissaire par intérim va prendre les bonnes
décisions sur ça, je pense que je lui fais confiance. Si on me demande mon
opinion à ce point-ci, je n'ai jamais eu, moi... Un processus indépendant peut
se décaler de plusieurs façons. Puis effectivement la suggestion d'un juge à la
retraite peut être une avenue qui peut être explorée, absolument.
M. Poulin : Donc, vous
allez vous pencher sur le processus des plaintes à l'intérieur de la ligue de
hockey, vous n'écartez pas de pouvoir prendre, par exemple, un juge à la
retraite pour pouvoir faire ce travail-là. C'est quelque chose que vous
n'écartez pas à ce moment-ci.
M. Cecchini (Mario) : Non.
Je vous répondrais, M. le député, pour répéter, effectivement, que, dans ma nature,
pour ceux qui me connaissent, qui ont travaillé avec moi, d'emblée, j'écarte
rarement une avenue.
M. Poulin : D'accord.
M. Cecchini (Mario) : J'écoute,
puis, après ça, on va regarder. Alors, c'est une possibilité comme une autre.
M. Poulin : OK.
Parlez-moi un peu de la relation que vous pourriez avoir avec les gouverneurs.
On sait que ce sont des bailleurs de fonds importants, le député de Marquette
en faisait allusion, tout à l'heure, aux profits importants qui sont engendrés
de la part des gouverneurs. On nous a aussi dit, tout à l'heure... puis
probablement que le député de Marquette y reviendra, mais que les sommes sont
réinvesties dans les joueurs, là. Ça nous a fait un peu sourire. Mais comment
vous voyez votre relation avec les gouverneurs? Parce que ce sont des gens qui
sont là, oui, peut-être pour les jeunes, peut-être pour l'amour du sport, pour
l'amour du hockey, mais qui sont aussi des gens d'affaires, des hommes
d'affaires qui veulent un spectacle. Ça a été difficile, le dossier des
bagarres, là, la ligue a enfin agi à ce niveau-là. Mais, de façon très
succincte, là, comment vous voyez cette relation-là avec les gouverneurs? Et
trouvez-vous que vous avez la pleine indépendance pour assumer vos fonctions
comme commissaire devant les intérêts financiers des gouverneurs?
M. Cecchini (Mario) : Moi,
je vous dirais, ma réponse sur ça va... d'abord, elle va se définir avec le
temps. Mais je vous dirais que j'ai présenté la notion de bien-être aux gens,
j'ai présenté une notion d'être très évolutif dans notre façon de faire. C'est
sûr qu'on veut la santé. Alors, j'ai présenté un plan, sur lequel on m'a
embauché, un plan assez clair, un plan qui appelait... Potentiellement, c'est à
eux à juger la notion de changement, parce que moi, je ne suis pas au courant
de tout ce qui a été fait avant, évidemment. Mais, moi, ce que j'ai fait, ce
que je peux vous assurer, j'ai lu la constitution de la LHJMQ, j'ai lu
exactement... qui est un peu ma description de tâches, et, là-dedans, il y a
délégation de pouvoir exécutif, il y a possibilité d'être punitif, il y a
surtout la notion de protéger l'intégrité de la ligue dans l'image du public.
Alors, quand je lis ça et que les... je
regarde les... le comité de sélection qui m'a embauché sur des éléments
assez... assez clairs, je dirais, j'ai probablement beaucoup de défauts, mais
je suis assez clair la plupart du temps. Et moi, je suis sorti d'une
semi-retraite pour les Alouettes et, à travers ça, j'ai découvert que j'aimais
encore le travail d'équipe et les gros mandats. Donc, essentiellement, c'est ce
qui m'a attiré, cette notion de changement là, parce qu'au fur et à mesure que mes
réflexions avançaient, on voyait que le changement était nécessaire.
• (12 h 10) •
M. Poulin : Puisque le
temps file, et je veux laisser le temps à mes autres collègues, vous nous dites
que vous jugez que vous avez l'indépendance nécessaire pour faire votre travail
devant le conseil des gouverneurs parce qu'à l'intérieur de la constitution il
y a des pouvoirs exécutifs qui vous sont délégués. C'est ce que j'en comprends.
M. Cecchini (Mario) : C'est
ce que vous comprenez. Puis pour... parce qu'il y a beaucoup de nuances, je
sais qu'il faut aller vite, mais c'est dur, des fois, d'aller vite parce qu'il
y a beaucoup de nuances, mais, tu sais, pour moi, pour vous le dire d'une autre
façon, tout ce qui est l'axe mise en marché, tout ce qui est l'axe initiative
communautaire, ça, on va... on le fait de concert. D'ailleurs, je le vis avec
la Ligue canadienne de football en ce moment, en travaillant avec un
commissaire, comme président d'équipe. Je suis président d'équipe en ce moment,
avant de changer de rôle. Donc, ça, ça se fait de concert, c'est des idées qui
sont partagées, on avance là-dedans.
Tout ce qui est l'intégrité du jeu,
l'intégrité des arbitres, l'intégrité des entraîneurs, on veut les meilleurs
entraîneurs au monde, la façon de faire, évidemment, sécurité et bien-être, ça,
c'est les éléments où ça prend une indépendance, puis je vais <prendre...
M. Cecchini (Mario) :
...évidemment,
sécurité et bien-être, ça, c'est les éléments où ça prend une indépendance,
puis je vais >prendre ça...
M. Poulin : D'accord.
Merci beaucoup.
M. Cecchini (Mario) : J'essaie
de... (panne de son) ...plus simple possible. Désolé.
M. Poulin : Non, non,
c'est correct. J'ai d'autres collègues qui ont des questions. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci beaucoup. M. le député de Richelieu.
M. Émond : Oui, merci,
Mme la Présidente. M. Cecchini, bonjour. Une très courte question avec une
courte réponse, s'il vous plaît, afin que je laisse un peu de temps à mon
collègue qui va compléter les échanges.
Je voudrais revenir sur le processus de
gestion des plaintes, mais à l'interne, dans la... LHJMQ, puisque le
22 février, lors du passage de M. Courteau, moi, j'ai appris que les
plaintes sont reçues directement par la directrice des services aux joueurs de
la ligue. Alors, selon vous, là, comme prochain commissaire, au mois de mai,
est-ce que vous trouvez que c'est un processus qui est convenable, qui est
suffisamment indépendant? Prévoyez-vous peut-être mettre un peu plus de rigueur
ou de coffre dans ce processus à l'interne de gestion des plaintes?
M. Cecchini (Mario) : Alors,
dans une réponse courte, je vous dirais d'abord, ça fait partie des éléments
dans le détail que je veux prendre connaissance à 100 %, lorsque je vais
être en place. Mais effectivement les mots que vous prenez, «plus de coffre» et
«plus d'indépendance», ça va guider cette réflexion-là. Alors, on verra où ça
va nous mener, mais ce qui nous guide, ce qui est important, c'est
l'indépendance.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci. Donc, il reste une minute. En conclusion, M. le député de Côte-du-Sud.
M. Rivest : D'accord.
Merci, Mme la Présidente. Vous avez parlé de protection, justement, de l'image
de la ligue. On vient juste, juste, juste de discuter de ça. J'aimerais
peut-être vous... peut-être clore là-dessus. Il y a ce côté-là d'indépendance,
d'autonomie, mais, en même temps, moi, ça me fait un peu peur d'entendre, OK,
la protection de l'image de la ligue versus, justement, la protection des
jeunes puis des... de la façon qu'ils participent à leur sport. Est-ce qu'il
n'y a pas là, justement, des éléments de continuer cette culture-là du silence?
Quelles sont les actions que vous allez vous dire : OK, il y a la
protection de l'image de la ligue, mais, en même temps, il y a ce comité
indépendant là ou la façon d'être indépendant dans la gestion des plaintes?
J'aimerais ça juste vous réentendre là-dessus.
La Présidente (Mme Dionne) :
Il vous reste 20 secondes. Désolée.
M. Cecchini (Mario) : Alors,
je suis très heureux que vous me dites ça parce que le sens que vous donnez...
le sens que je voulais donner à ça, moi, c'est... en fait, regagner la... de
garder et regagner la confiance du public. Quand on protège l'image, je ne
voulais pas... je ne veux pas le prendre comme un écran de fumée, c'est
vraiment faire les bonnes choses. J'ai aussi promis, la semaine dernière, en
conférence...
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci beaucoup. Je m'excuse.
M. Cecchini (Mario) : ...transparence.
La Présidente (Mme Dionne) :
Je m'excuse, M. Cecchini, notre temps est calculé de façon très
sérieuse. Donc, je passe maintenant la parole au porte-parole de l'opposition
officielle, le député de Marquette.
M. Ciccone :Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, M. Cecchini.
Bravo pour votre nomination. Je suis persuadé que les jeunes vont être entre
bonnes mains.
Ceci dit, je vais faire du chemin,
justement, sur... C'était dans mes questions, mais je vais commencer par
celle-là, parce que vous étiez en train d'expliquer un peu. Puis moi aussi, je
suis un petit peu de l'avis du député de Côte-du-Sud, parce que, justement,
quand j'ai entendu dire que, dans la constitution, on protège la ligue face au
public, un, je n'avais pas besoin de savoir qu'il était dans la constitution,
parce que j'ai tellement été proche de cette ligue-là que je le sais, on... la
ligue, l'image de la ligue est tellement, tellement importante, alors qu'on
sait qu'il y a une, il y a vraiment une compétition avec les ligues
collégiales, notamment aux États-Unis, il faut garder les bons joueurs ici, au
Québec. Mais moi, j'ai toujours eu l'impression que, justement, ça causait
problème, ça, de toujours vouloir protéger l'image de la ligue au... Parce que
c'est la perception. Je ne dis pas que c'était le... un fait, mais il y avait
toujours cette perception-là qu'on protégeait l'image de la ligue avant d'être
ultratransparents.
Parce qu'il n'y a rien de mal à dire :
Il y a une situation, on a vécu une situation terrible, voici ce qu'il en est,
on va la régler, faites-nous confiance avec vos enfants. Moi, c'est le message
que je veux entendre, au lieu de... Dans le passé, on a trop entendu, justement,
des intervenants protéger la ligue, alors que, par la suite, on apprenait des
choses qui étaient répréhensibles, là. Continuez ce que vous... Vous étiez sur
une lancée, là, je vous laisse aller.
M. Cecchini (Mario) : Bien,
merci, M. le député de Marquette. C'est exactement... vous m'enlevez les mots
de la bouche un peu parce que... puis j'ai peut-être... puis je suis très
content de pouvoir clarifier ça parce que, pour moi, ce que j'ai beaucoup dit,
et ceux à qui je pense beaucoup, c'est justement les parents puis les jeunes,
par conséquent, qui ont aujourd'hui 13, 14, 15 ans, qui ont probablement
un... un talent pour le hockey et qui se posent la question. Bien, quand ils
vont se poser la question, il faut qu'on mérite leur confiance.
Une des choses que j'ai dites au comité de
sélection aussi, je pense que... et vous m'avez entendu dire publiquement, avec
M. Létourneau à côté de moi, président du comité <exécutif...
M. Cecchini (Mario) :
...et
vous m'avez entendu dire publiquement, avec M. Létourneau à côté de moi,
président du comité >exécutif de la ligue, la semaine dernière, que la
transparence dans les communications, ça va être un élément très important, ça
fait partie de... Ça fait que, quand je dis : Protéger l'intégrité, je
vais trouver une autre formule, parce que je me rends compte, ce matin, qu'elle
porte à confusion, ce qu'on veut... parce que, justement, de bien gérer, quand
il arrive des cas, comme vous dites si bien, il n'y a pas de mal à ça. Et plus
vite on le sort, ou plus vite on l'explique, ou plus vite on le règle, pas du
tout derrière un rideau, toutes les personnes concernées doivent être au
courant, puis, si on est interpelés, on va répondre. Je pense que ça, c'est,
justement, protéger l'intégrité de la ligue plutôt que l'image, disons ça de
cette façon-là. C'est mon intention.
M. Ciccone :Bien, je suis content de vous entendre dire ça, M. Cecchini,
parce que vous allez sauver énormément d'argent avec les firmes de
communication... qui doit arriver par la suite et avoir un bon message pour
essayer de sauver, justement, l'image, et ça, on sait que ça coûte très, très
cher.
Maintenant, je vais revenir au début. Vous
avez dit que vous aviez présenté un plan, et j'ose espérer que c'était un
maudit bon plan, parce qu'ils vous ont engagé, est-ce que vous pouvez nous
donner un peu les grandes lignes de ce que vous avez présenté au bureau des
gouverneurs?
M. Cecchini (Mario) : Bien,
encore une fois, j'essaie d'être conscient du temps, mais je pense qu'on a...
même monsieur... les quatre piliers, si vous voulez... Vous savez, un processus
de cette façon-là, ça prend... à mon âge, en plus, c'était une première fois,
moi, que je participais dans un processus, alors il y a une certaine dose
d'humilité, mais c'est une grande... c'est une belle expérience, parce que ça te
ramène à la base.
Et, dans la lettre que j'ai écrite au
comité de sélection, j'y vais de mémoire, mais il y avait... ce qui était
prioritaire pour moi, tantôt, je l'ai mentionné, le bien-être des jeunes, le
marketing évolutif, il y avait de la progression des revenus aussi. Je pense
qu'on n'a pas à se cacher, tantôt, on pourra revenir sur ça aussi, mais, s'il y
a plus de revenus, bien, il y a plus de bourses pour les jeunes, il y a plus de
choses qu'on pourra faire pour les jeunes aussi.
Et évidemment il y avait aussi conserver
et augmenter une certaine influence dans la Ligue canadienne de hockey. J'ai
mentionné souvent, c'est assez rare, je pense que je vais peut-être être la
seule personne dans sa carrière qui va remplacer quelqu'un qui a eu un mandat
de 37 ans, on n'entend pas ça très, très souvent. Ça, c'était la base, si
on veut.
• (12 h 20) •
Puis après ça, bien, je suis allé un petit
peu plus loin, en termes de priorités, donc ce qu'on pourrait appeler,
évidemment, les priorités hockey, donc assurer le calibre surtout, là-dedans,
je parlais d'être au diapason avec les... tu sais, les changements requis, être
au diapason avec la société, ce qui n'est plus acceptable, il faut passer au
plus vite à autre chose. J'avais parlé de diversité, il faut prôner cette
diversité-là, l'intégrité, l'intégrité qui va aussi... Tu sais, moi, ce qui
m'importe beaucoup aussi dans... l'intégrité sur le jeu, l'intégrité physique
aussi de tous, évidemment, qu'il faut protéger, dans ce cas-là, le mot est bon.
J'ai aussi parlé de savoir-être. Je
constate... On dit souvent qu'il y a beaucoup d'appelés et qu'il y a peu
d'élus. Il y a peut-être 10 % à 20 % des joueurs qui vont jouer
professionnel, pas nécessairement dans la Ligue nationale, mais professionnel,
donc tout le parcours académique, il y a des choses qui m'apparaissaient
importantes au niveau de la gestion de soi d'abord, probablement, avec
qu'est-ce qu'on vit, encore plus, mais la gestion de la performance et la
gestion de transition de carrière. Parce que je peux vous assurer que les 400
qui sont là pensent qu'ils vont être dans les 30 qui vont être repêchés. Ça
fait que, quand tu arrives à 19, 20 ans puis que tu ne joues pas, comme
beaucoup d'athlètes que j'ai connus, tu as cette période-là de deuil, là, tu as
une période où ton rêve s'éteint. Donc, en ce sens-là, je pense qu'on va
essayer de les aider de ce côté-là aussi. Évidemment, les bourses aident à
poursuivre après ça, côté universitaire.
J'ai mentionné aussi que j'aimerais...
probablement qu'on va travailler avec le gouvernement sur ça dans le futur,
prolonger... qu'en fait le 16-20 devienne 16-24 parce que, comme vous avez dit,
M. le député, dans votre question, que les bourses qui sont données... que les
cerveaux restent au Québec, ça m'apparaît important. Il y a, je pense, deux
fois moins de joueurs au Québec, en proportion, qui jouent au hockey
universitaire versus les autres provinces. C'est les stats que j'ai rapidement
vues, ne pas me citer, s'il vous plaît, sur ça, mais je sais que c'est significatif.
En même temps, on a déjà un taux de
réussite plus grand que la moyenne des Québécois aussi, ça fait que c'est des
éléments comme... Après ça, bien, au niveau du marketing, si ça vous intéresse,
c'est toute la <notion...
M. Cecchini (Mario) :
...c'est
des éléments comme... Après ça, bien, au niveau du marketing, si ça vous
intéresse, c'est toute la >notion des nouvelles plateformes. Je pense
qu'il faut parler aux gens comme eux se comprennent et utilisent leurs moyens
de com. Alors, tout ça, c'est des éléments qui faisaient partie du plan. J'ai beaucoup
de misère à être succinct parce que...
M. Ciccone :Non, mais c'est... Merci beaucoup. Vous avez parlé de
revenus. C'est sûr que, quand on... c'est une industrie privée, il y a des gens
qui investissent. Puis il faut dire aussi également que ce n'est pas tout le
monde qui roule sur l'or là, dans la ligue junior majeur du Québec. Quand on
regarde les clubs de... les clubs des Maritimes, certains clubs, soit Val-d'Or,
Rouyn, Baie-Comeau, c'est un peu plus difficile. Vous avez parlé du revenu. Moi,
puis je vais vous faire un parallèle, là, tu sais, le revenu versus le
bien-être du joueur, parce que je sais que vous êtes dans le domaine, là,
depuis longtemps, au niveau du marketing également, vous êtes capable d'aller
chercher des revenus autres.
Mais, quand... Là, on regarde avec le
nombre de matchs qui est joué dans la ligue junior majeur du Québec avec 68 matchs,
puis ça, c'est sans calculer les matchs hors concours, les matchs également des
séries éliminatoires. Tous les joueurs, puis vous l'avez mentionné, là, tous
les joueurs qui mettent le pied dans cette ligue-là, et moi incluant, là, moi
inclus, là, on voulait tous jouer dans la ligue nationale, on était prêts à
faire n'importe quoi. Et, quand il y a cette pression-là, là, M. Cecchini,
bien, on est prêt à fermer les yeux sur beaucoup de choses. On est prêt à
sauter en bas du pont si notre entraîneur nous demande de le faire. On va être
prêt à faire n'importe quoi.
Alors, comment changer, justement, cette
culture-là de pression, puis je ne dis pas de leur enlever de la pression, là, ils
sont quand même dans un niveau quand même assez élevé, là, d'enlever cette
pression-là où le joueur va fermer les yeux sur tout, ne sera pas critique, ne
lèvera pas le ton, va fermer les yeux, et non seulement il va y avoir cette
culture du silence là, mais moi, je vais encore plus loin, qui trouve que tout
ce qui arrive, c'est normal? Comment on va faire pour changer ça?
M. Cecchini (Mario) : Bien,
il n'y a pas d'autre façon, M. le député, je pense, que de l'éducation. Encore
une fois, je vais préciser, on va travailler avec des spécialistes, on va
travailler avec des gens qui vont nous guider, mais ça va prendre beaucoup de
conviction, ça va prendre beaucoup de... je dirais... Moi, je suis impatient de
nature. D'ailleurs, plus un défi est grand, plus il est long, plus je trouve
qu'il est urgent qu'on le commence.
Alors, c'est sûr que le... Il va y avoir
un processus d'éducation. Il va y avoir un processus de formation. Il va y
avoir un processus de dire, comme j'ai mentionné en entrée de jeu : Si ce
n'est pas acceptable, ça va être puni.
Tu sais, les gens oublient souvent... Moi,
avec le comité de sélection, on a échangé puis on m'a dit que... Tu ne vas pas
à tes cours, ou tu coules un cours, ou tu n'es pas sérieux, tu ne joues pas le
vendredi soir. Et ça, c'est des éléments que, moi, quand on me le dit, ça, ça
me frappe, et c'est des choses qu'il va falloir s'assurer qui se produisent. Alors,
ça, c'est des éléments, pour moi... Par exemple, quand vous dites un changement
de culture, ça va passer par toujours la prévention, toujours les meilleurs
conseils, toujours l'encadrement, mais ensuite, évidemment, on l'a mentionné,
il faut qu'il y ait du punitif.
M. Ciccone :Tantôt, le professeur retraité Dorais disait qu'il doit y
avoir une formation de 1 % continuelle. Si on amène des programmes, ce
n'est pas juste d'amener un programme, ce n'est pas juste d'amener un code du
vestiaire, il faut qu'il y ait un suivi constamment. Vous savez qu'on est ici aujourd'hui,
en commission parlementaire, parce que, justement, quand l'industrie ne fait
pas son travail au maximum pour protéger les jeunes, puis c'est notre rôle ici,
en tant que législateurs, bien, il y a des commissions, puis on questionne,
puis c'est ce qu'on fait aujourd'hui.
M. Cecchini, seriez-vous prêt, là,
parce qu'on avance, il va y avoir des programmes qui vont être déposés, il va y
avoir des annonces de votre côté, seriez-vous prêt à venir, de façon annuelle,
ici, en commission, pour discuter, voir où est-ce que vous êtes rendu, voir
votre cheminement, voir également comment vos programmes ont cheminé pour qu'on
puisse tous ensemble travailler pour le bien-être de nos enfants?
M. Cecchini (Mario) : M.
le député, sur cette question-là, moi, je viens d'un environnement très
réglementé par le fédéral, dans ce cas-là, qui s'appelle le CRTC, alors on va
toujours être prêts à collaborer puis à répondre présent lorsque vous jugerez
bon que l'on se présente devant vous.
M. Ciccone :Merci beaucoup, M. Cecchini. Merci beaucoup.
M. Cecchini (Mario) : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci. Je cède maintenant la parole au porte-parole du deuxième groupe
d'opposition, le député de Rosemont. Alors, vous disposez de quatre...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) :
Oui, cinq minutes, 5 min 23 s.
M. Marissal : Cinq minutes.
Merci. M. Cecchini, bonjour, virtuellement, mais merci quand même d'avoir
pu rapidement vous adresser à nous, d'autant que vous n'êtes pas tout à fait
encore arrivé. Je vois, d'ailleurs, en arrière de vous, c'est plus une image de
<football...
M. Marissal :
...à
fait encore arrivé. Je vois d'ailleurs, en arrière de vous, c'est plus une
image de >football, je pense, de coupe Grey que... que de hockey, là.
Vous êtes vraiment en transition.
M. Cecchini (Mario) : Oui.
M. Marissal : Alors,
merci, merci d'être là. Je vais rapidement, par faute de temps. Vous avez
entendu M. Dorais tantôt ou non?
M. Cecchini (Mario) : M. Dorais,
j'ai entendu peut-être cinq, 10 minutes. J'étais entre...
M. Marissal : OK. Bien,
vous pouvez aller le réécouter en rattrapage, comme on dit dans votre ancien
milieu, sur le site de l'Assemblée nationale, ça a été enregistré, c'est assez
utile. M. Dorais disait que ça fait 18 mois qu'il travaille,
notamment, avec Mme Llorens, que vous avez certainement rencontrée, là, ça
fait 18 mois, ça n'avance pas. Puis là on nous dit : Bien, il n'y a
peut-être pas d'argent pour ça. M. Lavallée nous a dit, tout à l'heure :
On a fait des demandes de subvention auprès de différents ministères. Je m'en
étonne un peu, d'ailleurs, parce que la Ligue de hockey junior majeur, ce n'est
pas une entreprise de charité, là, je pense que... Est-ce que vous pourriez
trouver les moyens, pour M. Dorais ou pour un autre groupe, là? Moi, je ne
travaille pas pour M. Dorais, là. Vous avez dit tantôt que vous vouliez
travailler avec des spécialistes, là. Je fais un calcul rapide, là, même si ça
coûtait 300 000 $, là, c'est à peu près 16 000 $ par équipe
par année. Avez-vous vraiment besoin de passer le chapeau au gouvernement ou si
vous êtes assez déterminés pour dire : On va prendre l'argent dans notre
pot, là, puis on va le faire, le programme?
M. Cecchini (Mario) : Bien,
sur ça, M. le député, je vous dirais une... puis vous ne serez pas étonné de ma
réponse. Dans le contexte, d'abord, je n'ai pas rencontré Mme Llorens
encore, justement, là. J'ai eu une conversation téléphonique avec elle, donc
pas... je veux dire, pas rencontré face à face. À ça, je vais vous répondre
simplement : C'est facile de répondre oui, et probablement que j'ai envie
de répondre oui, quand on entend tout ça. La seule affaire que je vous dirais,
c'est que je n'ai vu aucunement les finances de la ligue à date, pas vu... pas
parlé de ça en profondeur avec chaque équipe. Ça me rappelle souvent, puis je
ne veux pas faire une analogie qui ne serait pas... qui ne sera pas bonne, des
fois, on dit souvent : C'est que 16 000 $ par équipe, mais, des
fois, les 16 000 $ par équipe s'accumulent. Donc, il faut juste
choisir les priorités.
Ça fait que moi, je me donne le temps
d'arriver, de regarder tout ça, de parler avec chaque club. Et, si je devinais
votre autre question, est-ce que je crois que ce genre de programme là va
devenir prioritaire, aujourd'hui, je serais porté à dire que oui, ça va devenir
prioritaire, mais je veux me laisser le temps de regarder le tout dans son
ensemble.
M. Marissal : Vous êtes
fort, vous aviez effectivement trouvé ma seconde question, les grands esprits
se rencontrent, à savoir... puis, si, effectivement, c'était une priorité, je
pense que vous venez de répondre oui. Ça va plus vite, vous me faites gagner du
temps, en allant davantage vers mes questions.
Vous avez parlé d'un cas, tout à l'heure,
là, dans la ligue de... canadienne de football. Mais vous avez dit : La
convention collective des joueurs exigeait telle ou telle chose.
M. Cecchini (Mario) : Oui.
M. Marissal : Il n'y en
a pas, de convention collective des joueurs, dans la Ligue de hockey junior
majeur. Ils n'ont pas de protection. Ça, c'est un problème peut-être à plus
long terme, mais qu'il vous... il vous faudra aussi un jour attaquer de front.
Parce que ces... ces enfants-là, j'ai envie de dire, là, ces petits gars là,
ils n'en ont pas, d'association syndicale.
M. Cecchini (Mario) : Oui,
je... Oui, tantôt, je mentionnais ça dans le contexte où, justement, la
convention nous empêche de bouger rapidement. Je... Parce qu'on aurait
probablement... Ce que je voulais dire, c'est qu'on aurait agi encore plus vite
que trois jours après...
M. Marissal : Je
comprends.
• (12 h 30) •
M. Cecchini (Mario) : Je...
Écoutez, vous soulevez un point. Je ne pense pas que les... je ne... On est
dans un contexte où on prend des jeunes à 16 ans, ils sortent adultes à
20 ans. La vaste majorité ont une expérience très, très positive avec la
LHJMQ aussi. Moi, les gens que j'ai rencontrés parlent en... ont... en tout
cas, ont toujours le mot «bien-être des jeunes et proches», prendre soin des
jeunes et proches. J'ai vu des stats d'investissement, j'ai vu la... je veux
dire, par jeune, qu'est-ce que ça coûte. On s'occupe des familles. Il y a aussi
des familles d'accueil. Il y a aussi une progression énorme sur... en fait,
très importante sur les 15 dernières années. J'hésite à citer parce que je
n'ai pas tout étudié, mais il y a eu beaucoup de progression, notamment sur les
bourses et sur l'encadrement scolaire. Alors, je pense que les jeunes sont
entre bonnes mains, puis on va s'assurer qu'ils le sont encore plus puis,
justement, que ces dérapages desquels on parle, qui datent, en tout cas, la
plus récente...
M. Marissal : Mais mon
point, M. Cecchini, est que ces jeunes-là n'ont pas d'association. Ils
sont livrés entre les mains de la Ligue de hockey junior majeur. On leur fait
signer des contrats sans qu'ils aient de contrepartie de représentation. C'est
un problème. C'est un problème dans la structure même de la ligue. Vous n'êtes
pas obligé d'être d'accord avec moi, là, c'est un éditorial que je viens de
faire, là.
Mais vous citiez, par ailleurs, tout à
l'heure, un M. Churchill qui disait : Ne jamais gaspiller une bonne
crise. M. Churchill a déjà dit aussi : En politique, mes <adversaires...
>
12 h 30 (version révisée)
<17867
M. Marissal :
...par ailleurs, tout à l'heure, hein, M. Churchill, qui disait
ne jamais gaspiller une bonne crise. M. Churchill a déjà dit aussi en
politique : Mes >adversaires sont devant moi, mes ennemis sont
derrière moi. Alors, imaginez la Chambre des communes à Londres, là. Ça veut
dire que ses ennemis, c'est les gens de sa propre équipe.
M. Cecchini (Mario) : Absolument.
M. Marissal : Ce n'est
pas ce que je vous souhaite, là, mais comment vous allez briser cette
culture-là?
La Présidente (Mme Dionne) :
C'est malheureusement le temps de mettre fin à la commission. Je suis
désolée. Alors, je vous remercie à tous pour votre contribution. Merci, M. Cecchini,
pour votre disponibilité.
Donc, la commission ajourne ses travaux
jusqu'à demain, mercredi 22 mars, après les avis touchant les travaux
de la commission, où elle poursuivra son mandat. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 32)