Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
jeudi 11 février 2021
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Vol. 45 N° 118
Étude détaillée du projet de loi n° 84, Loi visant à aider les personnes victimes d’infractions criminelles et à favoriser leur rétablissement
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Intervenants par tranches d'heure
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Bachand, André
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Jolin-Barrette, Simon
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Hivon, Véronique
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Labrie, Christine
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Tanguay, Marc
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Weil, Kathleen
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Weil, Kathleen
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Bachand, André
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Tanguay, Marc
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Jolin-Barrette, Simon
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Hivon, Véronique
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Tanguay, Marc
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Bachand, André
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Jolin-Barrette, Simon
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Hivon, Véronique
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Labrie, Christine
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Jolin-Barrette, Simon
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Bachand, André
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Bachand, André
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Tanguay, Marc
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Jolin-Barrette, Simon
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Weil, Kathleen
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Jolin-Barrette, Simon
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Weil, Kathleen
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Bachand, André
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Labrie, Christine
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Tanguay, Marc
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Hivon, Véronique
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Bachand, André
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Jolin-Barrette, Simon
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Tanguay, Marc
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
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Jolin-Barrette, Simon
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Tanguay, Marc
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Bachand, André
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Hivon, Véronique
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Labrie, Christine
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Jolin-Barrette, Simon
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Tanguay, Marc
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Bachand, André
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures trente-deux minutes)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 84, Loi
visant à aider les personnes victimes d'infractions criminelles et à favoriser
leur rétablissement.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Labrie (Sherbrooke) remplace M. Fontecilla (Laurier-Dorion).
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Cela dit, je vous rappelle que le
port du masque de procédure est obligatoire en tout temps, hormis au moment de
prendre la parole, tel que prévu à l'ordre de l'Assemblée nationale du 2 février,
qui encadre la reprise des travaux parlementaires.
Lors de la suspension de nos travaux mardi
dernier… Nous serons rendus à l'étude de l'article 3. Interventions? M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Je peux
peut-être lire l'article 3 pour nous mettre en contexte.
Article 3 : «Une personne
victime doit être traitée avec compassion, courtoisie, équité et compréhension
dans le respect de sa dignité et de sa vie privée. Elle a le droit d'être
accompagnée et soutenue.»
Cette disposition décrète le droit pour
une personne victime d'être <accompagnée…
Le Président (M.
Bachand) : ...
article 3.
Interventions?
M.
le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
Je peux
peut-être relire
l'article 3 pour nous mettre en
contexte.
Article 3 : «Une
personne victime doit être traitée avec compassion, courtoisie, équité et
compréhension et dans le respect de sa dignité et de sa vie privée. Elle a le
droit d'être accompagnée et soutenue.»
Cette
disposition décrète le
droit pour une
personne victime d'être >accompagnée et soutenue
et d'être traitée avec compassion, courtoisie, équité, compréhension et
respect. Cette disposition reprend l'article 2 de la Loi sur l'aide aux
victimes d'actes criminels et l'article 11 de la Charte canadienne des
droits des victimes. Elle ajoute la notion de compassion qui doit guider toute intervention
faite auprès de la personne victime. Elle ajoute également le droit de la personne
victime d'être accompagnée et soutenue, et ce, à toutes les étapes de son
processus de rétablissement.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions? Mme
la députée de Joliette, s'il vous plaît.
Mme
Hivon
: Merci,
M. le Président. À ce stade-ci, je veux faire une intervention assez générale
sur un enjeu dont on a rapidement parlé lors de notre première séance de commission
il y a deux jours. C'est cette volonté-là du ministre de vraiment amener
la loi sur l'aide dans sa réforme, alors que, de toute évidence, il n'y a pas
eu du tout le même niveau de réflexion pour revoir toute la question des droits
et des recours des victimes contrairement… et on pourra en débattre abondamment,
si c'est les bons changements ou pas pour les questions d'indemnisation, mais
contrairement à ce volet-là où il y a vraiment une réforme avec des nouveaux
enlignements.
Et je dois dire que je me questionne beaucoup
sur la pertinence de venir faire ça alors que le ministre n'a pas pris le temps
de vraiment regarder en profondeur comment on pouvait améliorer les choses, notamment
en inscrivant clairement des droits avec un niveau de détail plus important que
des grands principes et aussi des recours qui vont faire en sorte que ces beaux
énoncés, qui étaient déjà la loi actuelle, mais qui trop souvent ne trouvent
pas de concrétisation dans la vie quotidienne des personnes victimes… bien, qu'on
ne se retrouve pas avec la même réalité, puisqu'<il n'y a pas de... >il
n'y a rien de plus qui est là. Il y a quelques changements, mais il n'y a rien
de plus en termes de mécanisme de plainte, de recours, d'ombudsman.
Et je me questionne vraiment sur pourquoi
venir mettre ça dans une réforme qui porte vraiment sur l'autre aspect, qui était
l'indemnisation, sans avoir pris le temps de réfléchir en profondeur à ce qu'on
voulait offrir vraiment concrètement aux personnes victimes en termes de
respect de leurs droits, en termes de recours puis en termes d'accompagnement.
Je prends un exemple ici, on ajoute :
«Elle a le droit d'être accompagnée et soutenue.» Tout le monde va dire :
C'est génial d'être accompagné et soutenu, mais encore. Comment ça, ça va se
matérialiser? Comment on va pouvoir dire : Voici ce que ça veut dire dans
la vie quotidienne des personnes victimes? Et, si elles n'ont pas ça, puis là
après on va voir d'autres articles où on prévoit d'autres droits, bien, voici
ce à quoi elles vont pouvoir s'attendre comme mécanisme de plaintes, comme
dédommagement. On n'a rien de ça.
Puis c'est quelque chose qui m'a frappée
aussi <quand on...
Mme
Hivon
:
...elles n'ont pas ça, puis là après on va voir d'autres articles où on prévoit
d'autres droits, bien, voici ce à quoi elles vont pouvoir s'attendre comme
mécanismes
de plainte, comme dédommagement. On n'a rien de ça.
Puis c'est
quelque chose qui m'a
frappée aussi >quand on a entendu les quelques groupes qui ont parlé de
ça lors des auditions. Puis un de ces groupes-là, c'est l'Association
québécoise Plaidoyer-Victimes. Et je sais que le ministre, comme nous, a reçu
un document de Mme Arlène Gaudreault, qui est la présidente, que je trouve
très bien fait et qui justement rejoint un peu ce que je veux exprimer au ministre
aujourd'hui, c'est : Pourquoi ne pas avoir mis du temps sur cet aspect-là
des choses puis d'avoir intégré ce dont on lui a déjà parlé en nous amenant, par
exemple, des amendements costauds, substantiels en lien avec le rapport qui a
été déposé sur l'accompagnement des victimes de violences sexuelles et
conjugales, en lien aussi avec le rapport sur l'exploitation sexuelle des
personnes mineures?
Ça fait que, là, j'ai le sentiment qu'on
fait essentiellement juste intégrer l'ancienne loi dans une réforme qui ne
porte essentiellement pas là-dessus, sans que le ministre ait vraiment réfléchi
à comment on pourrait améliorer toute la question des droits, et du respect des
droits, et des recours des victimes. Ça fait que je veux lui relancer ça aujourd'hui
parce qu'à la lumière du début de nos travaux je n'ai pas le sentiment qu'il a
réfléchi davantage à ces enjeux-là depuis nos auditions il y a deux semaines.
Il n'a toujours pas signifié qu'il allait déposer des amendements en ce
sens-là.
Alors, je comprends que le ministre peut
bien nous dire : Écoutez, je vais regarder ça encore plus, puis je vais
regarder les nouveaux rapports, puis je vais revenir avec ça, mais on est
conscients que, là, on est en train de faire une réforme qui va être totalement
incomplète, inachevée, qui n'est pas une réforme en ce qui concerne les droits
des victimes et qu'ensuite on risque de passer à un autre appel parce que, le
ministre nous l'a déjà dit, il y a d'autres dossiers qui s'en viennent, puis il
y a la réforme du droit de la famille, puis tout ça, alors que, là, on l'a
devant nous. Mais je ne sens pas cette volonté-là du ministre de dire :
Oui, on la prend, l'occasion, puis on va le faire, le travail de fond,
maintenant.
Ça fait que je voulais l'entendre
là-dessus avant qu'on aille plus loin, parce que, là, après, ça se répète, là,
pendant plusieurs articles. On énonce des beaux droits théoriques qui, pour la
plupart, étaient déjà énoncés. Si le ministre a lu notre rapport du comité
d'experts qui a été déposé en décembre, bien, force est d'admettre que c'est
bien intéressant d'avoir des droits théoriques, mais, dans les faits, ça ne
change pas la vie des personnes. On peut dire qu'elles doivent être informées,
mais le fait est qu'elles ne sont pas informées. On peut dire qu'elles doivent
être accompagnées, mais le fait est qu'elles ne sont pas accompagnées.
Donc, je me demande vraiment pourquoi le
ministre ne se donne pas le temps de réfléchir sur le fond des choses pour tout
cet aspect-là, qui ne m'apparaît vraiment pas avoir fait l'objet d'un travail
en profondeur.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, à la question de la députée de Joliette, dans un premier temps, on y a
réfléchi, bien entendu. Et puis, lorsqu'elle dit : Ce n'est pas un travail
en profondeur, le ministre, il n'y a pas réfléchi, le ministre, il n'y a pas
pensé, bien, non, on y a pensé puis on y a réfléchi, tout ça.
Et <justement...
Mme
Hivon
: …ne
pas avoir fait l'objet d'un travail en profondeur.
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Bien, à la question de la députée de Joliette, dans un premier temps, on y
a réfléchi, bien entendu. Et puis, lorsqu'elle dit : Ce n'est pas un
travail en profondeur, le ministre, il n'y a pas réfléchi, le ministre, il n'y a
pas pensé, bien, non, on y a pensé puis on y a réfléchi, tout ça.
Et >justement on a voulu mettre
la loi sur l'aide avec la loi sur l'indemnisation ensemble pour avoir un tout
cohérent, donc pour faire en sorte aussi que, pour les gens, ils puissent s'y
retrouver. Lorsqu'on parle de soutien, on parle d'aide, le fait que ça se
retrouve dans le même véhicule législatif, c'est beaucoup plus simple. C'est
beaucoup plus cohérent, lorsque vous êtes une personne victime d'une infraction
criminelle, à savoir qu'est-ce qui est offert à toutes les victimes
d'infractions criminelles puis ensuite qu'est-ce qui est offert en termes
d'aide, notamment en matière d'aide financière. Alors, c'est important de rassembler
le tout au même endroit.
• (11 h 40) •
Et la réflexion que nous avons eue… Et on
pourra le constater, là, on reprend, oui, en partie, ce qu'il y avait dans la
loi sur l'aide, mais on vient le bonifier également. Puis, on le verra à
l'article 6, notamment, au niveau des droits.
Je comprends ce que la députée de Joliette
nous dit relativement à rendre les droits exécutoires. C'est une bonne
réflexion à avoir. Un des enjeux, et je pense que c'est ciblé également dans le
rapport du comité d'experts, c'est le fait que l'État, aussi, donne suite à ça.
Parce qu'au-delà des recours, là, d'inscrire un recours, <il faut faire
en sorte de changer… >supposons qu'on parle en matière d'agression
sexuelle, il faut faire en sorte de changer la façon dont le système fonctionne
avec les victimes. Mais ça, c'est de la volonté politique, c'est de la volonté,
également, organisationnelle de changer les choses.
Alors, moi, je l'ai dit, on a l'intention
de donner suite au rapport. On a l'intention, aussi, de faire en sorte… Et je
l'ai dit d'entrée de jeu lors de la précédente séance, puis je l'ai dit à la
députée de Sherbrooke, à la députée de Joliette, quand on s'est vus lundi, j'ai
l'intention de déposer aussi un autre projet de loi, éventuellement, pour
donner suite aux recommandations qui vont nécessiter des changements
législatifs aussi en lien avec le rapport du comité d'experts et celui sur
l'exploitation sexuelle des mineurs. Alors, il faut prendre tout ça en
considération.
Mais, pour l'instant, à partir du moment
où on fait une réforme de la loi sur l'aide et de la loi sur l'indemnisation,
c'est cohérent que les deux viennent ensemble. Et on pourra venir bonifier
aussi certains éléments. On écoute les groupes, on prend en considération ce
qu'ils nous disent. Mais déjà, dans la loi que nous avons devant nous, il y a
des bonifications par rapport à l'ancienne Loi sur l'aide aux victimes d'actes
criminels. On incorpore certains éléments de la Charte canadienne des droits
des victimes, mais il faut le dire, la Charte canadienne des droits des
victimes, c'est une avancée, c'est un bel énoncé, mais elle n'est pas
exécutoire, non plus. Alors, il ne faut pas penser, non plus, que c'est la
panacée, la charte canadienne du droit des victimes. Il y a cet élément-là, qui
est fort important, où est-ce qu'il n'y a pas d'application concrète.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette, oui.
Mme
Hivon
:
…qu'il y a toute une gradation, quand on parle de recours puis de mécanismes
pour les victimes. Donc, évidemment, on peut imaginer une gradation. Mais
est-ce qu'on s'entend que, dans ce que nous propose le ministre, il n'y a même
pas de mécanisme de plainte formel? Donc, vous êtes insatisfait de <l'IVAC…
Le Président (M.
Bachand) : …Mme la députée de
Joliette, oui.
Mme
Hivon
: …qu'il
y a toute une gradation, quand on parle de recours puis de mécanismes pour les
victimes. Donc, évidemment, on peut imaginer une gradation, mais est-ce qu'on s'entend
que, dans ce que nous propose le ministre, il n'y a même pas de mécanisme de
plainte formel? Donc, vous êtes insatisfait de >l'IVAC, c'est une chose,
ça, c'est l'aspect indemnisation.
Mais vers qui une victime va se tourner si
elle dit : Moi, on ne m'a pas informé, moi, on ne m'a pas accompagné, moi,
mon droit théorique, à savoir ce qui se passe dans mon dossier, je n'ai pas pu
l'exercer du tout parce que les policiers ne m'ont pas donné de nouvelles
pendant un an, même chose pour le procureur de la couronne, même chose pour le
soutien psychologique ou l'accompagnement en termes de santé et services
sociaux? Vers qui elle va se tourner, cette personne-là pour dire : Moi,
je porte plainte? À part les mécanismes généraux de Protecteur du citoyen, de
tout ça, c'est qui? Est-ce que le ministre de la Justice va écrire dans sa loi
qu'il est responsable, et que, donc, ces droits-là ne sont pas des droits
théoriques, et qu'il y a un mécanisme de plainte et des recours en bonne et due
forme?
Tu sais, c'est ça, ça fait 25 ans que
c'est réclamé sur le terrain par les victimes. C'est un écueil majeur qui a été
identifié sur le terrain depuis des dizaines d'années, Mme Gaudreault en
parle dans le document qu'elle nous a soumis, on en parle dans le rapport du
comité d'experts. Puis là le ministre, il nous dit : Bien, en fait, ça va
être plus simple de tout mettre ça ensemble. Moi, en théorie, je ne suis pas
contre de mettre ça ensemble, mais je veux qu'on mette ça ensemble en ayant
fait la réflexion de ce que ça va changer pour les victimes concrètement.
Puis là je vois un bel énoncé puis des
petits ajouts à gauche, à droite sur les principes de droit, mais je ne vois
rien de concret qui va faire qu'elles vont pouvoir être assurées qu'elles ont
des recours puis que ça va faire une différence. Il n'y a même pas de mécanisme
de plainte. La charte canadienne, elle a forcé qu'il y ait minimalement des
mécanismes de plainte, O.K.? Est-ce que tout ça est exécutoire puis parfait? Ce
n'est certainement pas moi qui va dire que c'est le cas. Mais il y a un
minimum. Là, là-dedans, je veux bien que le ministre dise : Ça, ce n'est
pas assez bon, mais il n'y a rien. Donc, c'est quoi, le message, que ça envoie
aux victimes de dire : On vous fait une réforme, mais on ne vous a prévu,
pour vos droits, aucun recours, aucune responsabilité par rapport à ça?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Je suis
sensible, M. le Président, à ce que la députée de Joliette me dit, et, dans le
cadre de la discussion que nous avons, je le prends comme une suggestion, M. le
Président, puis je vais y réfléchir. Je vais y réfléchir sérieusement. Mais ça
me fait réfléchir, M. le Président. Je pense que la députée de Joliette amène
des bons points. Ça mérite réflexion, puis je vais y réfléchir. Mais j'apprécie
son intervention, M. le Président. Je pense que ça fait partie de ce que je
disais, M. le Président, que c'est en ayant des discussions avec les collègues
parlementaires qu'on peut bonifier notre réflexion, mais je vais y réfléchir.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette, oui.
Mme
Hivon
:
…beaucoup ce signal d'ouverture, mais on est conscients que, si on veut
vraiment faire quelque chose qui est une réelle avancée… Puis je pense qu'on a
en main les outils, parce que le rapport, notamment, des experts nous amène
aussi là-dedans, montre la réalité puis à quel point les droits théoriques
n'ont pas d'application pratique. J'aurais quand même une suggestion, parce
qu'on a <beaucoup…
Mme
Hivon
: …
beaucoup
ce signal d'ouverture, mais on est conscients que, si on veut vraiment faire
quelque chose qui est une réelle avancée… Puis je pense qu'on a en main les
outils, parce que le rapport, notamment, des experts nous amène aussi
là-dedans, montre la réalité puis à quel point les droits théoriques n'ont pas
d'application pratique. J'aurais quand même une suggestion, parce qu'on a >beaucoup
d'éléments dans le projet de loi, c'est qu'on saute cette section-là sur les
droits, qu'on passe au reste, ce qui donnerait le temps au ministre de
réfléchir, de voir s'il est capable d'aller plus loin, comme on le souhaite, en
termes de mécanismes de plainte, de recours de caractère exécutoire. Puis on a
en masse d'autres enjeux desquels débattre, puis je pense que ça nous
permettrait d'être rassurés.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, moi,
je pense qu'on peut continuer à étudier les différentes dispositions du projet
de loi dans l'ordre actuel, puis je vais y réfléchir en même temps, en
parallèle, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de… députée de Sherbrooke, pardon.
Mme Labrie : Oui. Mais
j'aurais une question sur le ministre, parce que j'entends son ouverture à
réfléchir aux préoccupations de ma collègue, qui sont aussi les miennes : Si,
par exemple, il cheminait vers l'insertion d'articles pour encadrer un
mécanisme de plainte, ça serait à quel endroit dans le projet de loi que ça
devrait être ajouté?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, M.
le Président, je ne peux pas présumer, mais dans la section… On peut le mettre
à plusieurs endroits dans les différentes sections, alors je ne peux pas me
commettre à cet élément-là. Mais je pars avec l'idée de la députée de Joliette,
puis je vais y réfléchir. Mais la première section a, quoi, près… tout près de
30 articles, je crois? Donc… et le projet de loi peut toujours être mis à
la suite, tout ça, alors je vais y réfléchir.
Mme Labrie : Donc, s'il
advenait qu'on ait fini cette section-là, il pourrait quand même y revenir pour
y ajouter <des… >un mécanisme de plainte éventuel.
M. Jolin-Barrette : Si tel
est le souhait de la députée de Sherbrooke d'y revenir. Mais ça pourrait être
ajouté à la fin aussi.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Bien, je veux quand même insister sur ma proposition. Je trouve que ce serait
vraiment du gros bon sens, si le ministre est vraiment sincère, puis je ne
doute pas de sa sincérité, sur le fait qu'il prend bonne… qu'il prend acte de
la proposition qu'on lui fait de réfléchir puis de mieux structurer, et surtout
de donner beaucoup plus de force aux droits qui sont prévus. On se comprend que
c'est sept articles, là, c'est de 3 à 9. Puis après, là, on a de 10 à 190,
sur toute la question de l'aide financière. Donc, il me semble que ce serait le
gros bon sens qu'on donne au ministre le temps — il y a plusieurs
jours avant qu'on se revoie — de bien réfléchir, puis qu'on aborde
les autres enjeux, là, qui vont mériter beaucoup, beaucoup de débats. Parce que
je ne m'explique pas pourquoi le ministre refuserait, parce qu'après,
évidemment, ça va être beaucoup plus cohérent si on sait où le ministre veut
s'en aller en termes de droits réels des victimes puis de mécanismes pour les
victimes pour exercer leurs droits, de pouvoir être sûrs que, quand on va
débattre de cette section-là, on a les intentions du ministre, on a la vision
du ministre. Là, j'aurais le sentiment qu'on débat de quelque chose, dont on
connaît à moitié les contours, si le ministre, effectivement, est sérieux dans
sa volonté d'analyser ça plus en profondeur.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, <s'il vous plaît.
Mme
Hivon
:
…de pouvoir être sûr que, quand on va débattre de cette section-là, on a les
intentions du
ministre, on a la vision du
ministre. Là, j'aurais
le sentiment qu'on débat de
quelque chose, dont on connaît à moitié les
contours, si le
ministre,
effectivement, est sérieux dans sa
volonté
d'analyser ça plus en profondeur.
Le Président (M.
Bachand) :
M. le ministre, >s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Bien,
l'un n'empêche pas l'autre, M. le Président, on peut continuer sur la section
sur l'aide, puis je vais avoir ma réflexion de façon parallèle. Il faut dire
qu'avec le projet de loi, tel qu'il a été déposé, moi, je suis à l'aise, mais
je comprends que mes collègues soulèvent des points qui méritent d'avoir
réflexion. Alors, j'y réfléchis en parallèle, puis j'aurai l'occasion de
revenir à mes collègues, mais on peut continuer avec la section sur l'aide.
Mme
Hivon
: M.
le Président, les chiffres, c'est une chose, mais agir puis nous montrer à quel
point c'est sérieux, ce serait encore mieux. <Je pense que, s>Si
le ministre était ouvert à ça, je pense qu'il n'y a personne qui va s'opposer à
ça, ça ne change rien dans l'avancement de nos travaux, parce qu'après, là, il
y a une autre section qui est complètement différente qui est sur l'aide
financière, puis on a adopté la disposition de base qui est l'article 2.
Et la définition de victime, ça ne nous empêche pas du tout d'avancer, puis je
trouve que ça montrerait vraiment le sérieux que le ministre est prêt à mettre
dans cette réflexion-là, puisqu'il nous dit qu'il est ouvert, parce que c'est
une chose d'être ouvert, mais c'est une autre chose, évidemment, d'y réfléchir
puis de nous apporter ensuite des nouvelles orientations. Il me semble, ce
serait beaucoup plus cohérent. Puis je sais que le ministre, la cohérence, il
trouve ça très important, la rigueur aussi. Il me semble que ce serait une
démonstration de ça.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, M.
le Président, pour moi, la rigueur, c'est important. Je constate, par contre,
avec désolation, que ce n'est pas la même perception que certains collègues ont
de moi. Alors, ça, ça m'attriste beaucoup, M. le Président, lorsqu'on entend
des points de presse comme celui du député de LaFontaine puis la députée
Verdun, mais que voulez-vous. Alors, on a travaillé sérieusement. Mais, M. le
Président, je retiens la suggestion de la députée de Joliette, on va continuer
aujourd'hui dans l'ordre, mais je réfléchis en même temps.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette.
• (11 h 50) •
Mme
Hivon
: …dommage,
M. le Président. Donc, je trouve ça vraiment dommage. Je trouve qu'on a une
opportunité de travailler de manière cohérente, en suspendant tout simplement
ces articles-là. Ce n'est pas comme si on était rendus au dernier article puis
que ça allait retarder nos travaux, au contraire, je pense que ça nous aiderait
à être beaucoup plus efficaces. C'est un message qu'on a passé souvent au
ministre, donc que d'avoir plus d'information, de savoir où il s'en va, de
savoir ce qu'il retient comme suggestion, de connaître les amendements qu'il va
déposer, ça nous aiderait à être beaucoup plus efficaces. Donc, je ne comprends
pas cette fin de non-recevoir du ministre pour qu'on débute, avec la section,
qui est tout de suite après, l'article 10, pour qu'on puisse travailler de
manière cohérente.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le député de LaFontaine,
s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Je fais miens les propos de la collègue de Joliette.
La demande de suspendre l'analyse des articles suivants, parce qu'on est rendus
à l'article 3, donc 2 a été adopté, articles 3 à 9, nous permettrait
autour de la table de faire une réflexion complète par rapport au précédent, par
rapport à ce qui existe déjà, que l'on connaît. Il y a, entre autres, l'article 25
de la Charte canadienne des droits des <victimes qui…
M. Tanguay
:
...articles 3 à 9, nous permettrait autour de la table de faire une réflexion
complète
par rapport aux précédents,
par rapport à ce qui existe
déjà,
que l'on connaît.
Il y a,
entre autres, l'article 25 de la
Charte canadienne des droits des >victimes qui peut être une source
d'inspiration. Je ne sais pas si le ministre a déjà fait une analyse de ce qui
pourrait être importé de cet article-là, par exemple : «Toute victime qui
est d'avis qu'il y a...» Là, je ne cite pas l'article, là, je cite ce qui
pourrait être un amendement, en quelque part, dans cette section-là, dans ce
titre-là : «Toute victime qui est d'avis qu'il y a eu violation ou
négation… d'un droit qui lui est conféré par la présente loi a le droit de
déposer une plainte conformément au mécanisme d'examen des plaintes
applicable.» Puis après ça, on dit... on donne des devoirs et responsabilités
aux ministères et aux organismes publics qui jouent un rôle dans le système de
justice pénale de disposer de tels mécanismes et de répondre à de telles
plaintes. Ça, c'est un exemple, c'est l'article 25 de la Charte canadienne
des droits des victimes.
Comment on pourrait l'imbriquer dans les
articles 3 à 9? Ça, c'est un questionnement, M. le Président, qui mérite
d'être fait par nous, mais par le ministre également, et de dire : Bien,
comment? Oui, effectivement, on pourra répondre à ça.
Autre élément, également, puis ça, c'est
un document dont j'ai eu copie ce matin, qui est public, là, c'est la loi
manitobaine. Je ne sais pas si le ministre a analysé, à ce chapitre-là, la loi
manitobaine qui s'appelle Déclaration des droits des victimes. Et je l'invite à
se procurer copie de cette loi-là, et c'est précisément à ces articles-là, 3 à
9, que l'on pourrait intégrer des éléments tels...
Je vous donne les têtes de chapitre. La
loi manitobaine, à son article 2.1, parle… Droit de recevoir des renseignements
par la victime, je cite une partie de... «Si la victime est décédée, un de ses
parents ou enfants… peut présenter une demande afin de recevoir les
renseignements devant être fournis aux victimes sous le régime de la présente
partie, même s'il n'est pas visé par la définition de "victime".»
Le droit d'être informé par un service de
police : «Les responsables d'un organisme d'application — ça, c'est
l'article 3 de la loi — chargés d'enquêter sur une infraction
veillent à ce que l'organisme fournisse aux victimes ce qui suit.» Droit d'être
informé.
Article 4 : «Droit de fournir
son point de vue sur des mesures de rechange ou la mise en liberté.
«La responsable d'un organisme
d'application de la loi chargé d'enquêter… ou une infraction veille à ce que
l'organisme consulte, dans la mesure du possible, à un moment opportun, les
victimes au sujet de…»
«Droit à une entrevue — personne
de même sexe.
«Lorsque les victimes d'une infraction
d'ordre sexuel demandent à être interrogées par des agents du même sexe qu'elles,
le responsable de l'organisme d'application de la loi chargé d'enquêter sur
l'infraction veille à ce qu'il soit donné suite à leur demande…»
Droit à la confidentialité, article 6;
article 7, Droit d'être informé au sujet de l'enquête; article 9, Droit
à la restitution des biens; Accord de services; et ainsi de suite.
Cette loi-là, Déclaration des droits des
victimes du Manitoba, je ne suis pas en train de dire qu'il faut faire
copier-coller, mais il y a beaucoup d'éléments qui existent déjà dans une loi,
dans une autre province, qui tiennent la route, visiblement, parce que c'est
une loi de 1998, et les articles que j'ai mentionnés, M. le Président, ont été
revisités <en 2000 et en...
M. Tanguay
: ...Cette
loi-là, Déclaration des droits des victimes du Manitoba, je ne suis pas en
train de dire qu'il faut faire copier-coller, mais il y a
beaucoup
d'éléments qui existent déjà dans une loi, dans une autre province, qui
tiennent la route, visiblement, parce que c'est une loi de 1998, et les
articles que j'ai mentionnés,
M. le Président, ont été revisités >en 2000
et en 2014 pour certains.
Alors, c'est une belle source
d'inspiration. J'aimerais ça donner le temps au ministre et à son équipe de
dire : Oui, oui, on peut... ça, on ne fera pas ça, on ne fera pas ça. Mais,
si on peut intégrer ça, ça, ça, l'article 25 de la Charte canadienne des
droits des victimes... Honnêtement, M. le Président, on ne peut pas écrire la
loi en se disant : Ce serait bon de faire cette analyse-là puis de voter
l'article 3, voter l'article 4, voter l'article 5. Vous
comprenez qu'on va être en porte-à-faux.
<Alors... >Et ce n'est pas
pour faire du temps, là, je ne pense pas que les collègues de Sherbrooke, et de
Joliette, et moi sommes ici pour faire du temps. Justement, c'est pour sauver
du temps, permettre au ministre de dire : Bien, ça, ça, ça, on peut y
aller, puis passer à l'article 10. Puis on va y aller selon un schéma de
travail efficace, là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Excusez-moi. Pouvez-vous suspendre, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) : Oui. On va suspendre quelques instants. Parfait,
merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 11 h 55)
>
(Reprise à 11 h 59)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend
ses travaux. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Alors, M.
le Président, après réflexion et après avoir entendu les demandes des oppositions,
je vais consentir, M. le Président, suite à l'intervention de la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
à ce que je réfléchisse relativement à la section, 3 à 9, et qu'on commence le
titre III, les aides financières, relativement à l'autre section du projet
de loi.
Alors, suite aux commentaires de la députée
de Notre-Dame-de-Grâce sur 3, on va passer à l'autre.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît.
Mme Weil
: Oui, merci,
M. le Président. Donc, on a tous reçu le document d'Arlène Gaudreault, donc la
présidente de l'Association québécoise Plaidoyer-Victimes, qui a déclenché, je
pense, j'ai l'impression, chez plusieurs d'entre nous, des réflexions. Est-ce
qu'on a la bonne structure? Est-ce qu'elle est globale? Est-ce qu'elle va
permettre… une victime de savoir comment s'orienter, où que l'État, l'État québécois,
pourra, dans toutes ses instances, bien l'accompagner.
Et d'ailleurs elle souligne bien qu'au Québec
l'article 26 de la Charte canadienne des droits des victimes n'a jamais
été mis en application. Donc, <c'est… >il va falloir regarder ça.
Donc, <il y a… >les mécanismes n'ont jamais… Donc, quand le
ministre dit : Bon, c'est beau, c'est une belle déclaration, mais c'est
qu'il y avait une deuxième étape qui devait venir, et c'était à chaque
province, donc, de faire son travail dans…
12 h (version révisée)
Mme Weil
: …la Charte
canadienne des droits des victimes n'a jamais été mis en application, donc
c'est… il va falloir regarder ça. Donc, les mécanismes n'ont jamais… donc quand
le ministre dit : Bon, c'est beau, c'est une belle déclaration. Mais,
c'est qu'il y avait une deuxième étape qui devait venir et c'était à chaque
province, donc, de faire son travail dans ce sens-là.
Maintenant, je dois vous dire… qui
m'impressionne beaucoup, c'est la législation manitobaine. Maintenant, la
structure elle est faite vraiment d'une autre façon, les lois sont bâties,
construites d'une autre façon au Canada anglais, mais, ceci étant dit, et mon
collègue, le député de LaFontaine, a lu plusieurs des droits qui sont édictés,
mais c'est comme une feuille de route, un «roadmap,» honnêtement, n'importe
quelle victime peut regarder ça, et c'est un «roadmap» aussi pour l'État, l'État
qui doit se préoccuper de ces victimes qui n'ont pas d'information.
J'ai été frappé l'autre jour, d'ailleurs,
sensibilisée, vous l'avez peut-être lu, c'est dans le cas du terrible drame de
Wendake. Donc, le grand-père qui n'a pas pu avoir d'information. C'est
cinq enquêtes qui ont été déclenchées, hein, cinq enquêtes, et lui ne
savait pas comment aller chercher de l'information. Le ministre touche à cette
question d'information. Maintenant, parce qu'il y avait cinq enquêtes, on
peut toujours… je pense qu'on a tous comme, soit comme député, mais
certainement comme ministre, on peut orienter, mais ce n'est pas notre rôle
vraiment de faire ça, mais au moins dire à la personne : Bon, voici la
porte qui devrait… que vous devriez pouvoir… qui va s'ouvrir à vous pour vous
guider. Et quand on voit, sur le site du coroner, d'ailleurs, on explicite les
droits des victimes et de la famille des victimes, et on leur dit quels sont
les droits qu'ils ont. Donc, je pense que, dans toute la réflexion, c'est de
voir est-ce que c'est un guichet unique. Comment veut-on… Il y a des victimes,
d'ailleurs, qui ont plusieurs enquêtes en cours en même temps, et c'est le cas
de Wendake. Donc, comment fait-on pour bien orienter? Et là, lui, c'était
silence radio, il n'était pas… incapable de savoir où s'en aller, puis ça
m'avait beaucoup frappé, puis là j'étais invité à participer à cette
commission.
Là, je regarde le Manitoba, là, et c'est
vraiment bien fait, vraiment, la structure, elle est vraiment bien faite et ça
touche à tout. Parce que quand on une victime d'un acte criminel, premièrement,
à quel moment on sait qu'on est victime? Le ministre traite de beaucoup de ces
questions. C'est juste dans la structure de tout ça pour que ça soit clé en
main. Clé en main pour l'État… autant pour l'État que pour la victime. Parce
que souvent on remarque, quand on a été au gouvernement, même nous les députés
ou les ministres, on ne sait pas toujours à quelle porte sonner, hein, puis à
frapper. Donc, je pense que c'est une occasion pour le ministre de la Justice,
parce que souvent c'est le ministre de la Justice qui est au coeur de tout ça,
là, c'est sûr qu'il <est…
Mme Weil
: ...Parce
que souvent on remarque, quand on a été au gouvernement, même nous les députés
ou les ministres, on ne sait pas toujours à quelle porte sonner, hein, puis à
frapper. Donc, je pense que c'est une occasion pour le
ministre de la
Justice, parce que souvent c'est le ministre de la Justice qui est au coeur de
tout ça, là, c'est sûr qu'il >est courant, mais, que ça soit protection
de la jeunesse, le ministre se trouve parce que... à cause des tribunaux, puis
d'ailleurs le ministre a parlé de vouloir réformer, chose qui est une
excellente idée, puis il y aura d'autres idées qui vont venir avec ça, là, donc
c'est une occasion, je pense, en or, de voir comment est-ce qu'on peut vraiment
les soutenir. Le gouvernement fait un pas très important dans ce sens-là, mais
c'est la première fois qu'on est tous les députés ensemble à réfléchir à ça, donc
j'apprécie que le ministre va prendre un temps de pause pour bien regarder ça,
et je l'invite à le lire... Et c'est sûr que la façon qu'on fait nos
législations, dans notre droit civil, est un peu différente, mais on peut
adapter, je pense que c'est vraiment l'intention du législateur ici, et qui
amène cette victime à toutes les étapes qu'elle pourrait franchir dans le
processus, d'une part, de compensation, parce qu'il y a des compensations aussi
d'aide, mais accompagnement, etc., mais de bien comprendre le processus
judiciaire, donc c'est de bien décortiquer. Alors, je voulais dire ça parce
que... et de dire peut-être à mes collègues aussi d'en prendre note parce que c'est
intéressant, c'est complet, c'est vraiment, vraiment complet, et on aura
l'occasion donc d'y revenir lorsque le ministre... Alors, je voulais juste que
le ministre, c'est sûr, prenne le temps, le temps pour bien... on pourra
continuer le projet de loi pour le reste, mais, pour cette section-là, prenne
le temps de se faire une idée, de voir la plus-value, peut-être, de certaines
autres approches qui pourraient enrichir le projet de loi. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Il y avait le député de LaFontaine qui voulait ajouter un petit quelque
chose.
M. Tanguay
: Très
rapidement parce que je sais qu'on en a parlé mardi de peut-être avoir une
charte québécoise des droits de la victime qui serait une autre pièce
législative. J'invite le ministre dans sa réflexion... Oui, ce serait bon une
charte indépendante, supralégislative, on en a parlé puis ça participe de sa
réflexion, mais gardons en tête... puis je sais que les groupes l'ont demandé, ça
serait le fun de l'avoir parce que c'est central, mais si... On ne va pas se le
cacher, on est dans un contexte où il reste, quoi, un an et demi au
gouvernement, il va y avoir des élections, et ainsi de suite, on veut faire
avancer le Québec sur cet aspect-là, sur... Puis on ne sait pas l'automne
prochain de quoi vont être faites nos vies, puis on ne sait pas de quoi va être
faite la dernière session parlementaire début 2022, j'invite le ministre à
avoir une réflexion, peut-être, dans le contexte du p.l. 84, si on veut faire
des aspects de ce qui serait une charte québécoise des droits des victimes,
mais qu'on puisse le faire dans ce véhicule-là parce qu'on le sait, ça se
bouscule, il y a le 64, il y a d'autres choses, qu'on le fasse là puis on
pourrait même faire une charte à l'intérieur du 84 si on veut aller là, puis on
pourrait même le faire supralégislatif, ou on se dit : Bien, on va
utiliser le chapitre II, II à IX, puis on va mettre ça là-dedans.
Autrement dit, que, dans la réflexion, contrairement à ce que, peut-être, on
envisageait, «bien, on <fera...
M. Tanguay
: …
qu'on
le fasse là puis on pourrait même faire une charte à l'intérieur du 84 si on
veut aller là, puis on pourrait même le faire supralégislatif, ou on se dit :
Bien, on va utiliser le chapitre II, II à IX, puis on va mettre ça
là-dedans. Autrement dit, que, dans la réflexion, contrairement à ce que, peut-être,
on envisageait, «bien, on >fera ça plus tard dans une autre loi», je
nous invite peut-être à le faire maintenant parce que la fenêtre d'opportunité
est peut-être là, peut-être avant longtemps, et ça, c'est central, c'est comme
dire : On a une voiture neuve, mais il nous manque des roues. C'est
central, ça… Puis ce n'est pas pour rien que c'est dans les premiers articles.
Alors, voilà, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Intervention, M. le ministre? Oui.
M. Jolin-Barrette : Bien, juste
avant de passer à l'article 10, M. le Président, je retiens la suggestion
de la députée de Notre-Dame-de-Grâce de regarder le Manitoba. On l'a déjà
regardé. Simplement un point d'information, M. le Président, lorsqu'on parle
des régimes, là… notamment parce que la députée de Notre-Dame-de-Grâce a abordé
un petit peu la question de l'indemnisation, là, au Manitoba, là, les dépenses,
supposons, en termes d'indemnisations, elles sont à 3 162 000 $,
au Québec, 120 743 268 $, c'est sûr qu'on n'a pas la même
population qu'au Manitoba, mais, quand vous faites le ratio dépensé par
personne, M. le Président, là, au Manitoba, ils dépensent 2,34 $ par
personne en indemnisations pour les victimes, au Québec, on dépense
14,39 $ par victime, donc je ne suis pas fort en math, là, mais je pense
que c'est sept fois plus, M. le Président. Donc, on a quand même…
Le Président (M. Bachand) :
Juste… parce que là, on…
M. Jolin-Barrette : On est
très, très généreux.
Le Président (M. Bachand) :
Je voudrais juste savoir, on est-u sur 3? On est-u sur…
M. Jolin-Barrette : Bien, là,
on est encore sur 3, mais on est… je suis prêt à aller à 10, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :Tu sais, c'est… mon coeur balance, mais c'est parce que là on
fait un débat sur qu'est-ce qu'on va faire par après. Madame… rapidement, Mme
la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil
: Écoutez, ça
fait des années qu'on le dit que le Québec a le régime le plus généreux, donc
ça, on le sait. Donc, je l'ai juste dit parce qu'ils ont aussi inclus, dans
cette loi, tout ce qui concerne… Oui, il n'y a aucune comparaison avec l'aide
qui est apportée par le Québec, ce n'était pas le sens de mes propos, c'est que
même cette question-là est traitée dans cette loi-là, mais sur les droits et
comment on fait respecter ces droits… et comme le ministre a déjà ouvert
là-dessus, c'est avant-hier, pour dire : O.K., qu'est-ce que ça peut
déclencher, système de plainte… Le ministre était déjà en train de réfléchir à
ça. Donc, c'est dans ce sens-là que je voulais apporter ça.
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Alors, est-ce que je comprends qu'il y a consentement pour
suspendre les articles 3 à 9? Consentement?
Des voix
: Consentement.
Le Président (M. Bachand) :
Consentement. Merci beaucoup. M. le ministre, pour l'article 10.
M. Jolin-Barrette :
Article 10, M. le Président :
«Aux fins du présent titre, les personnes
victimes suivantes ont droit à une aide financière, selon les modalités qui y
sont prescrites :
«1° la personne qui subit une
atteinte à son intégrité en raison de la perpétration d'une infraction
criminelle à son égard;
«2° le parent d'un enfant qui est
décédé ou qui subit une atteinte à son intégrité en raison de la perpétration
d'une infraction criminelle contre cet enfant ou la personne qui, à l'égard de
cet enfant, est titulaire de l'autorité parentale;
«3° l'enfant d'un parent qui est
décédé ou qui subit une atteinte à son intégrité en raison de la perpétration
d'une infraction criminelle contre ce parent ou l'enfant à l'égard de qui une
personne est décédée ou qui subit une même atteinte est titulaire de l'autorité
<parentale…
M. Jolin-Barrette :
...
ou la personne qui, à l'égard de cet enfant, est titulaire de
l'autorité parentale;
«3° l'enfant d'un parent qui est
décédé ou qui subit une atteinte à son intégrité en raison de la perpétration
d'une infraction criminelle contre ce parent ou l'enfant à l'égard de qui une
personne est décédée ou qui subit une même atteinte est titulaire de l'autorité
>parentale;
«4° le conjoint d'une personne qui est
décédée ou qui subit une atteinte à son intégrité en raison de la perpétration
d'une infraction criminelle contre cette personne;
«5° la personne qui est à la charge d'une
personne qui est décédée ou qui subit une atteinte à son intégrité en raison de
la perpétration d'une infraction criminelle contre cette dernière personne;
«6° le proche d'une personne qui est
décédée ou qui subit une atteinte à son intégrité en raison de la perpétration
d'une infraction criminelle contre cette personne;
«7° le témoin de la perpétration d'une
infraction criminelle ou de la scène intacte de cette infraction.
«Le témoin visé au paragraphe 7° du premier
alinéa inclut un témoin qui n'est pas présent sur le lieu au moment de la
perpétration de l'infraction, mais qui en est malgré tout témoin parce qu'il
est en communication avec la personne victime visée au paragraphe 1° du premier
alinéa ou avec l'auteur de l'infraction. Cette communication doit remplir les
conditions suivantes :
«1° elle se fait par l'intermédiaire d'un
moyen technologique;
«2° elle implique un échange actif entre
le témoin et la personne victime ou l'auteur de l'infraction;
«3° elle se fait sans autre interruption
que le temps requis pour préparer et transmettre ou recevoir l'élément suivant
de l'échange;
«4° elle permet au témoin de constater
visuellement, auditivement ou en lisant l'infraction au moment de sa
perpétration.»
Donc, le commentaire, l'article 10
introduit la partie de la loi qui traite de l'aide financière en spécifiant
quelles seraient les personnes victimes qui éventuellement bénéficieraient du
régime.
Ainsi, cet article reconnaît comme victime
celle qui subit l'atteinte à son intégrité en raison de la perpétration, contre
sa propre personne, d'une infraction criminelle, de même que le parent d'un
enfant qui a subi cette atteinte, l'enfant d'une personne qui a subi cette
atteinte, le conjoint de celle-ci ou une personne à sa charge ou un de ses
proches, tels que, notamment, son frère, sa soeur ou son grand-parent.
Le témoin de la perpétration de
l'infraction criminelle ou de la scène intacte de cette infraction serait aussi
considéré une personne victime lorsque les circonstances lui permettent
d'assister en direct à la perpétration de l'infraction sur place ou par un
moyen technologique de communication, ou lorsqu'il constate la scène de
l'infraction avant que ne s'y trouvent les premiers répondants.
• (12 h 10) •
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup, M. le ministre. M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui.
Merci beaucoup, M. le Président. D'ailleurs, question de directive, M. le
Président, comment abordez-vous le temps qui est alloué pour l'article 10?
Le Président (M. Bachand) :Là,<On avait... >en début de séance, on avait fait
ça global, donc, essentiellement, pour l'article 10, si on oublie les
amendements, sous-amendements, c'est 260 minutes de temps de parole par
membre.
M. Tanguay
: O.K.,
à cause des...
Le Président (M. Bachand) :
C'est ça.
M. Tanguay
: O.K.
Donc, on a le temps d'en discuter.
Le Président (M. Bachand) :
Oui.
M. Tanguay
: J'aimerais
donner l'occasion tout de suite au ministre... puis je le sais que c'est un
élément, un aspect, puis ce n'est pas macro, c'était peut-être micro, j'aimerais
l'entendre sur 7, scène intacte, et de commencer le débat qu'on aura... oui, que
l'on complétera à l'article 13, qui donne la définition de «scène intacte» :
«l'endroit physique où une infraction criminelle a été perpétrée avant que ne s'y
trouve un policier, un agent de la paix, un pompier», et tout ça. Alors, dans
la liste des personnes qui sont déclarées comme... se qualifiant comme
victimes, à l'alinéa... au paragraphe 7° : «Le <témoin...
M. Tanguay
: ...
qui
donne la définition de «scène intacte» : «l'endroit physique où une
infraction criminelle a été perpétrée avant que ne s'y trouve un policier, un
agent de la paix, un pompier», et tout ça. Alors, dans la liste des personnes
qui sont déclarées comme... se qualifiant comme victimes, à l'alinéa... au
paragraphe 7° : «le >témoin de la perpétration d'une
infraction criminelle ou de la scène intacte de cette infraction.» Pourquoi
avoir limité à «scène intacte» les témoins d'une scène?
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, M. le Président, on comprend, là, que l'historique du dossier, là… parce
qu'on part d'une loi, la loi actuelle, la Loi sur l'indemnisation des victimes
d'actes criminels, M. le Président, on se retrouvait dans une situation où les
personnes n'avaient pas droit à de l'aide, M. le Président, ou de façon extrêmement
limitée. Ce qu'on fait, c'est qu'on vient élargir la notion de personne
victime, M. le Président, alors, désormais, les gens qui sont des témoins vont
avoir droit à des aides, M. le Président.
Et ce qui est arrivé au fil des années,
notamment, c'est en raison de la rigidité des critères de la loi, que je pense
que le député de LaFontaine connaît très bien, il y a des gens qui ont contesté
parce qu'ils n'avaient pas de soutien de l'État, ils n'avaient pas de services
de l'État associés au traumatisme qu'ils ont subi, alors ce qui arrivait, M. le
Président, c'est que les tribunaux ont notamment rendu des jugements en équité,
notamment au Tribunal administratif du Québec. Or, les contours de ces
jugements-là et de ces décisions-là sont incertains, M. le Président, et le
législateur veut s'assurer que, pour les gens qui sont les témoins de
l'infraction ou de la perpétration de l'infraction soient considérés comme une
personne victime.
Là, par la suite, le débat qu'il y a eu au
cours des derniers jours est notamment rattaché à la scène intacte de crime,
avant l'arrivée des premiers répondants. Alors, la personne qui arriverait
après va tout de même bénéficier, M. le Président, de soutien et d'indemnités
forfaitaires également, M. le Président, mais les critères qui avaient été
amenés par les tribunaux, bien qu'ils soient incertains, font en sorte qu'avec
l'élargissement de la loi sur la notion de personne victime, tel que nous le
faisons, fait en sorte que ça s'appliquerait à tout le monde, M. le Président,
donc il y a une question de responsabilité au niveau du régime de solidarité
sociale que constitue l'Indemnisation des victimes d'actes criminels, alors c'est
pour ça qu'on a fait ce choix-là.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui. Je
comprends puis... qu'on se comprend, là, je ne veux pas être réducteur, mais le
ministre dit : À un moment donné, il faut tirer la ligne. Puis c'est ce
que je retiens de son intervention, puis ces derniers mots ont été à l'effet,
puis je paraphrase : Bien, il faut avoir la conscience que les fonds
publics ne sont pas illimités et il faut, à un moment donné, tirer la ligne, et
on la tire à «scène intacte.» Et je comprends aussi que le titre précédent, les
articles 2 à 9, la personne pourrait avoir du soutien, là, on est
réellement dans l'aide financière, cependant, est-ce que ça ne choque pas son
sens commun que c'est une question de minutes? C'est une question de minutes,
puis on a tous en tête le <témoignage...
M. Tanguay
: ...
précédent,
les articles 2 à 9, la personne pourrait avoir du soutien, là, on est
réellement dans l'aide financière, cependant, est-ce que ça ne choque pas son
sens commun que c'est une question de minutes? C'est une question de minutes,
puis on a tous en tête le >témoignage ou les faits relatifs à l'attentat
de la mosquée de Québec, où une décision en équité a permis à une conjointe
d'une des victimes d'être indemnisée, mais là elle ne le serait plus. Est-ce
que le ministre a une évaluation du coût que représenterait l'abandon de ce
critère de scène intacte? Est-ce qu'il l'a demandé? Parce qu'on semble être
articulé sur une question de coûts aussi, puis on ne dit pas que ce n'est pas
une bonne raison, il faut penser à ça, là. A-t-il eu une analyse d'impact de
cela, combien ça toucherait de victimes puis quel poids financier ça
représenterait?
Le Président (M. Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : La question,
M. le Président, ce n'est pas une question de coûts financiers. La logique
derrière ça, ce n'est pas une question de coûts financiers. La construction du projet
de loi se fait en élargissant la notion de personne victime. Dans le cas qu'il
nous soulève, à la question… dans le cas du dossier de la mosquée de Québec, la
conjointe d'un individu assassiné, avec le nouveau régime, M. le Président,
bénéficierait... elle serait considérée comme une personne victime elle-même,
hein, contrairement à l'ancienne loi, on vient la nommer, et elle bénéficierait
d'un soutien, elle aurait droit au soutien dans les aides, bien, en fait, dans
les services qu'on a offerts, qu'on voit de 1 à 9 dans la loi, mais aussi elle
bénéficierait d'une somme forfaitaire aussi, donc, et du soutien psychologique,
et des aides psychosociales, et tout ça. Alors, on change le paradigme.
Auparavant, dans l'ancienne loi, c'était :
Vous êtes victime directe, c'est vous qui subissez l'infraction. Nous, ce qu'on
fait, c'est qu'on élargit la notion de victime, M. le Président, et on dit :
Toute la cellule du noyau familial va désormais pouvoir en bénéficier. Alors, c'est
pour ça qu'il y a une catégorisation, notamment, de témoins, de proches, de...
Je donne un exemple, le parent d'un enfant mineur assassiné, O.K., sous
l'ancienne loi, là, n'était pas considéré comme une personne victime.
Aujourd'hui, bien... pas aujourd'hui, avec l'adoption de la loi, le parent d'un
enfant mineur assassiné ou à charge va être considéré comme une personne
victime, et va recevoir une indemnité forfaitaire, et va être considéré comme
une personne victime parce que la loi... Et là il y avait eu une directive de
la part de, je crois, la précédente ministre de la Justice, députée de
Gatineau, qui disait... on me corrigera, mais qui disait : Bien, j'étends
la notion de personne victime, on donne une directive, j'étends la notion de
personne victime quand c'est un conjoint qui assassine ses enfants qu'il a eus
avec l'autre conjoint parce que c'était dans l'intention de nuire à l'autre
conjoint, ça, c'est le cas <Turcotte...
M. Jolin-Barrette :
…
on me corrigera, mais qui disait : Bien, j'étends la notion de
personne victime, on donne une directive, j'étends la notion de personne
victime quand c'est un conjoint qui assassine ses enfants qu'il a eus avec l'autre
conjoint parce que c'était dans l'intention de nuire à l'autre conjoint, ça, c'est
le cas >Turcotte, O.K., mais c'est tout ce qui a été fait. Nous, ce
qu'on dit, c'est que, peu importe qui assassine votre enfant, O.K., qui, peu
importe, fait l'homicide sur un enfant mineur ou une personne à charge, bien,
le parent va être considéré comme une personne victime avec des aides qui vont
être déclinées. Donc, plusieurs aides financières au niveau de la
psychothérapie, au niveau de l'indemnité forfaitaire aussi. Donc, voyez-vous la
logique, c'est qu'on élargit le tout au niveau de la personne victime, il n'y a
plus juste la victime qui subit l'infraction criminelle qui est la victime,
mais il y a tout son entourage qui devient des personnes victimes, et où est-ce
que le panier de services va être bonifié au niveau de l'aide qui va leur être
ajoutée.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Je
comprends le ministre puis je comprends effectivement que l'exemple de la
mosquée de Québec, de cette conjointe, de cette femme conjointe, cette personne
qui arrive… Bon, elle est couverte au niveau financier par l'élargissement en
amont à «conjoint d'une personne victime». Par contre, une personne qui, par
ailleurs, ne se qualifierait pas pour les six… qui n'est pas victime évidemment
et qui ne se qualifie pas pour les six paragraphes qui précèdent, qui est
témoin de la perpétration d'une infraction criminelle, ou de la scène intacte
de cette victime-là, si on demande le critère d'intact, il y a là aussi… elle
est là la ligne qu'on a tirée. Autrement dit, vous êtes un tiers, on va
l'appeler comme ça par rapport à la définition nouvelle de l'article 10, il
y a quand même la ligne que l'on trouve, M. le Président, difficilement
justifiable de dire : Bien, la scène doit être intacte. Autrement dit, il
ne faut pas qu'il y ait de pompiers, policiers, ambulanciers parce que, par
fiction de la loi, puis c'est vraiment une fiction de la loi, ce n'est pas in
concreto, il peut y arriver qu'une personne… puis probablement que c'est dans
plusieurs cas puis on n'a pas d'analyse, hein, une personne arrive sur une
scène de crime, qu'elle soit intacte ou pas intacte, ne va pas demander une
indemnisation parce que c'est in concreto. Là, de fermer la porte et de dire :
Ça va être in concreto, mais si la scène est intacte. C'est là où, M. le
Président, on trouve que la ligne qui est tirée ne se justifierait pas. Alors,
avec votre permission, on a envoyé au Greffier… je ne sais pas si c'est déjà
rendu, on a envoyé un amendement que j'aimerais lire si on peut me…
• (12 h 20) •
Le Président (M. Bachand) :
…on va suspendre quelques instants.
M. Tanguay
: O.K.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Oui, M. le député.
M. Jolin-Barrette : Juste
avant de suspendre, là, on est sur le début de l'article, ou on est à la fin,
là?
Le Président (M. Bachand) :
Pourquoi? Vous posez la question parce que l'article a été étudié globalement,
alors c'était...
M. Jolin-Barrette : On l'a
étudié globalement, O.K.
Le Président (M. Bachand) :
C'était l'entente qu'on avait en début.
M. Jolin-Barrette : O.K.,
c'est bon.
Le Président (M. Bachand) :
Ça va? Alors… Mme la députée de Joliette?
Mme
Hivon
: …
Le Président (M. Bachand) :On n'est pas encore suspendus, là. Alors, on va suspendre
quelques instants. Merci.
<(Suspension de la séance à
12 h 21)
Le Président (M.
Bachand) : ...
Vous posez la question parce que
l'article a été étudié globalement, alors c'était...
M. Jolin-Barrette :
On l'a étudié globalement, O.K.
Le Président (M.
Bachand) :
C'était l'entente qu'on avait en début.
M. Jolin-Barrette :
O.K., c'est bon.
Le Président (M.
Bachand) :
Ça va? Alors… Mme la députée de Joliette?
Mme
Hivon
: …
Le Président (M.
Bachand) :
On n'est pas encore suspendus, là. Alors, on
va suspendre quelques instants. Merci.
>
(Suspension de la séance à
12 h 21)
(Reprise à 12 h 27)
Le Président (M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. M.
le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
• (12 h 30) •
M. Tanguay
: Oui, merci,
M. le Président. Alors, l'amendement à l'article 10 se lit comme suit :
Dans le septième paragraphe de l'article 10 du projet de loi, retirer le
mot «intacte».
Donc, il se lirait, M. le Président :
«7° le témoin de la perpétration d'une infraction criminelle ou de la scène intacte
de cette infraction».
M. le Président, je ne me répéterai pas, il
y a là une ligne qui me paraît un peu dénuée de sens, puis je le dis en tout
respect, puis je ne vise pas le ministre, là, qui me paraît dénuée de sens
quant à la rédaction ici parce que, par fiction de droit, on dit : Bien,
vous arrivez une minute… puis ça, c'est vrai, là, vous ne vous qualifiez pas
pour les six précédents paragraphes, vous êtes témoin d'une scène de cette
infraction, s'il y a un policier, vous n'avez le droit à rien en termes d'aide
financière, si vous arrivez 30 secondes avant le policier... donc, il y
aura une question de concomitance de l'arrivée sur les lieux ou pas... bien, si
vous arrivez avant le policier, vous êtes admissible à une aide financière
parce qu'elle est dite intacte et elle est absente, donc, de personnes-ressources,
policiers, pompiers, ambulanciers, etc., la définition à l'article 13.
Marc Bellemare est venu nous dire qu'il ne
voyait pas... puis on me corrigera si j'ai tort, mais ce que j'ai retenu de son
témoignage, c'est qu'il n'avait pas vu l'origine de cette qualification-là de
scène intacte, est-ce que ça découle du droit criminel, ou autres? Puis, je
vous dirais, même si on a l'origine, alors il serait peut-être intéressant de
connaître l'origine de ça, ou c'est de rédaction nouvelle, nouvelle, mais si on
nous identifie l'origine, M. le Président, vous aurez compris que ça ne va pas
changer, sur le fond des choses, l'approche que l'on a ici, de ne pas dire :
Bien, c'est une question de présence ou pas qui fait en sorte que vous avez un
impact ou pas. Dans certains cas, vous arrivez sur une scène de crime, M. le
Président, vous n'aurez pas de séquelles, vous ne demanderez pas d'aide
financière, puis tant mieux pour vous, c'est correct, mais dans certains cas,
vous allez en avoir, vous pourrez en demander. Alors, ce n'est pas vrai qu'en
enlevant «intacte» on ne peut pas dire : Bien, c'est sûr qu'il y aura...
toutes les personnes qui arriveront sur la scène d'un crime vont demander et
recevront une aide financière. Ce ne serait pas le cas. Et dans la structure,
dans la logique, le témoin de la perpétration d'une infraction criminelle, on
n'y met pas d'atermoiement. Vous êtes témoin d'une infraction criminelle, on ne
va pas demander qu'est-ce qui entoure cela, est-ce que vous étiez seul lors
de... Parce qu'on aurait pu ajouter, en tout respect, des critères, entre
guillemets, artificiels, tels que «intacte», on aurait pu ajouter : Vous
êtes témoin d'une infraction criminelle, mais il y avait d'autres personnes
dans la salle, vous faisiez partie d'une foule, il y avait la sécurité non
loin. Ça, on le prend pour du un pour un.
Alors, voilà, M. le Président, nous
croyons que c'est ici où on pourrait enlever «intacte», et, évidemment, on
continuerait le débat à l'article 13 et on y ferait... mais c'est ici qu'on
amende puis qu'on adopte...
12 h 30 (version révisée)
M. Tanguay
: …avait
d'autres personnes dans la salle, vous faisiez partie d'une foule, il y avait
la sécurité non loin. Ça, on le prend pour du un pour un.
Alors, voilà, M. le Président. Nous
croyons que c'est ici où on pourrait enlever «intacte». Et évidemment on
continuera le débat à l'article 13 et on y ferait… mais c'est ici qu'on amende
puis qu'on adopte l'article 10. Voilà.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui. Mais,
écoutez, l'amendement qui est proposé par le député de LaFontaine… et je
comprends ce qu'il nous dit relativement au fait que c'est une scène et puis
que l'événement est survenu, mais avec sa proposition en amendement, ça fait en
sorte que tout témoin qui passerait pourrait être indemnisé, donc, sur les
événements, donc, constaterait le tout.
L'important, là, c'est que les proches des
victimes, M. le Président, soient indemnisés, que les proches des personnes
victimes qui subissent l'infraction retrouvent du soutien psychologique, aient
une indemnité forfaitaire, et c'est ce qui va arriver avec la proposition que
nous faisons. Mais ce qui arrive avec la proposition, si on enlève «la scène
intacte», comme le propose le député de LaFontaine… Et il ne faut pas voir ça
noir ou blanc, là, ce n'est pas parce que vous arrivez après l'arrivée des
policiers que vous n'avez pas de soutien psychologique, vous n'avez pas d'aide
financière non plus, ce n'est pas ça du tout, là. Ce n'est pas ça du tout, la
même chose.
Puis on part de la prémisse de l'ancienne
loi, M. le Président, puis on part de la prémisse où, dans l'ancienne loi, la
personne, elle n'était pas reconnue. Il y a des jugements en équité qui ont été
rendus parce que la loi, elle était inflexible, puis les personnes n'étaient
pas considérées comme des personnes victimes. Aujourd'hui, les personnes sont
considérées des personnes victimes avec… dans le cas d'un père qui arriverait
sur les lieux d'une infraction criminelle après la commission de l'infraction, mais
où la scène a été prise en charge par les corps de police ou les ambulanciers,
mais la personne bénéficierait de soutien psychologique illimité avec la
réforme qu'on propose.
Et là il ne faut pas oublier, on n'est pas
uniquement, M. le Président, en question d'homicide. Parce que je pense que les
collègues ont en tête le cas d'un homicide qui survient, et que, là, la
personne arrive. On a parlé de la scène à la mosquée de Québec. J'imagine
qu'ils ont en tête la situation de M. Boudreault, qui est sorti avec eux,
que je salue, et qui est un citoyen de ma circonscription. Donc, dans les cas
comme ça, ce n'est pas uniquement des cas d'homicide qui sont couverts, c'est
également tous les types d'infractions aussi. Donc, une personne qui arriverait
par la suite, et qu'on est dans un cas, supposons, d'agression sexuelle, on
arriverait dans un autre cas de voie de fait, aussi serait considérée comme un
témoin si on enlève «la scène intacte» associée à la proposition du député de <LaFontaine.
Alors…
M. Jolin-Barrette :
...qui arriverait par la suite, et
qu'on est dans un cas, supposons,
d'agression sexuelle, on arriverait dans un autre cas de voie de fait, aussi
serait considérée comme un témoin si on enlève la «scène intacte» associée à la
proposition du
député de >LaFontaine.
Alors, le message que je dirais, là, de
base, là, c'est qu'auparavant vous n'étiez pas considéré comme une personne
victime dans l'ancienne loi. Maintenant, ce qu'on fait, c'est que les proches,
les personnes, le témoin, le père, la mère de l'enfant, supposons, assassiné ou
agressé est considéré aussi comme une personne victime. Dans le fond, on
élargit le noyau de personnes victimes avec des aides propres à chacune des catégories
de victimes. Avant, c'était tout ou ce n'était rien. Là, on vient vraiment
rajouter un panier de services pour les personnes.
Mais il arrive un moment où ça ne peut pas
être n'importe qui qui passe sur la rue, qui voit les gyrophares, supposons
qu'il voit une scène, qui doit être indemnisé et qui doit obtenir ce soutien-là
aussi, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Je
reprends la dernière phrase, le ministre a tout à fait raison.
J'ajouterais : Virgule, en vertu de l'article 33. «La somme
forfaitaire est établie après qu'une évaluation de santé confirme les séquelles
des préjudices...» Alors, on ne peut pas dire : Tout témoin d'une scène
intacte ou pas intacte va prétendre, va vouloir et pourrait obtenir de
l'indemnisation. Puis le ministre a parfaitement raison quand il termine son intervention
en disant, je paraphrase, là : Toute personne témoin d'une scène intacte
ou pas intacte — là, c'est le débat, là — de crime pourrait
demander une indemnisation. Oui, 100 % des personnes pourraient en
demander une, mais c'est clair qu'il va y avoir une analyse in concreto. Il y
aura, après une évaluation de santé qui confirme les séquelles des
préjudices... Puis «préjudice», on le sait, c'est préjudice, entre autres,
psychique, puis ici c'est presque exclusivement psychique, là. Alors, il y a
cette analyse-là nécessaire dans toute demande.
<Puis je pense... >Puis je
conclus là-dessus, M. le Président, parce que je veux que les autres collègues
aient l'opportunité de s'inscrire dans le débat. Je pense qu'après cette
analyse-là, si la personne a vu... Puis il a tout à fait raison, ce n'est pas
uniquement des meurtres, il y a d'autres crimes, c'est l'ensemble du Code criminel.
Bien, il y en a qui vont être très traumatisés, il y en a qui seront moins
traumatisés, puis la somme forfaitaire ou l'indemnisation sera ajustée. Puis il
y en a qui vont le demander puis qui… finalement, à tort ou à raison, ou il y
aura des processus d'appel, ils vont être déclarés : Non, vous n'avez
pas... on ne constate pas de séquelle psychique, et puis désolé, mais non,
puis vous avez des recours. Mais, dans chaque cas d'espèce, de ne pas passer à
côté. Une personne qui est réellement frappée, sur le sens psychique de
l'expression, par cela, je pense qu'elle mériterait… puis on pourrait se
permettre d'être au rendez-vous.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, M. le Président, ce à quoi le député de LaFontaine fait référence, c'est
au niveau de la somme <forfaitaire...
M. Tanguay
:
…frappée, sur le sens psychique de l'expression, par cela, je pense qu'elle
mériterait… puis on pourrait se permettre d'être au rendez-vous.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, M. le Président, ce à quoi le député de
LaFontaine fait
référence, c'est au niveau de la somme >forfaitaire, donc c'est la somme
forfaitaire de la personne qui subit l'infraction, supposons, qui est
considérée comme personne victime. Il y a différents types de sommes
forfaitaires, notamment l'indemnité de décès aussi. Donc, en fonction du lien
avec la personne aussi, ça varie, le tout.
Mais ce qu'il faut comprendre, c'est que
ce n'est pas blanc ou noir, ce n'est pas… Auparavant, là, vous arriviez, vous
n'en aviez pas, là. Là, on trace une ligne. Quand vous arrivez, à partir du
moment où les policiers n'ont pas sécurisé la scène, les ambulanciers ne se
sont pas occupés de la scène, il y a une distinction versus le moment où vous
arrivez par la suite, ou vous êtes un passant, ou vous êtes un individu qui
constate cette scène-là. Mais ça ne veut pas dire parce que la personne arrive…
Prenons le cas, là, d'un enfant mineur, là, qui serait assassiné, puis vous
arrivez après les services de police ou après les ambulanciers, vous n'allez
pas être considéré comme un témoin, mais vous allez recevoir les aides comme un
parent d'un enfant assassiné, qui comprennent différentes aides.
Alors, ce à quoi nous invite le député de LaFontaine,
c'est qu'on ne puisse pas tracer une ligne nulle part, M. le Président. Ça fait
en sorte que la scène ne serait jamais intacte et, même, ça voudrait dire qu'un
individu qui reviendrait sur les lieux après que l'événement… même ses
souvenirs pourraient faire en sorte de la qualifier par rapport à la personne.
Donc, l'absence de balise nous amène à ça. Donc, ce n'est pas possible de faire
en sorte, avec la proposition qui est arrivée, d'arriver à un cadre qui est
défini. La proposition que nous faisons dans le projet de loi est d'avoir un
cadre, mais ça ne signifie pas, dans les cas des gens qui ont été… que leur
proche a subi une infraction criminelle, qu'ils ne seront pas indemnisés et
qu'ils ne recevront pas le soutien.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Joliette, s'il
vous plaît.
Mme
Hivon
: Oui.
Merci, M. le Président. En fait, je pense qu'on est au coeur de beaucoup de
choses, là. <Si on… >Moi, ma préoccupation, puis il y a un lien
avec ce dont on débat avec l'amendement du collègue de LaFontaine, c'est que
les avancées qui ont eu lieu parce qu'il y a des gens qui se sont battus devant
les tribunaux, vous avez fait référence, M. le ministre, à M. Boudreau,
c'est un exemple, pour faire des gains et des avancées au nom des victimes,
bien, qu'on soit certains qu'il n'y a pas de recul dans ce qui est proposé à
l'article 10. Et je suis bien le ministre quand il nous dit : On
change complètement la définition de victime — avant, c'était «victime»,
«proche de victime» — et donc le témoin <maintenant…
Mme
Hivon
:
…pour faire des gains et des avancées au nom des victimes, bien, qu'on soit
certains
qu'il n'y a pas de recul dans ce qui est proposé à
l'article 10.
Et je suis bien le
ministre quand il nous dit : On change
complètement
la définition de «victime»
— avant, c'était «victime», «proche
de victime» — et donc le témoin >maintenant, ça va être une
notion de ceux, dans le fond, qui restent, qui sont des témoins, mais qui ne
sont pas considérés dans les alinéas 1° à 6°, O.K.?
Donc, je veux juste prendre un exemple
concret, là. Par exemple, le père de Daphné Huard-Boudreault, lui, il était
parent, mais d'un enfant qui n'était pas mineur. Je comprends que le deuxième
alinéa… Quand on parle : «le parent d'un enfant», est-ce qu'on sous-entend
que c'est un enfant mineur? Je présume que oui.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
• (12 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Le projet
de loi est construit… lorsqu'il s'agit d'un parent d'un enfant mineur ou d'un
enfant qui est à charge. Donc, un enfant à charge, c'est un enfant… et on me
corrigera, là, mais c'est jusqu'à 25 ans, généralement. Mais il doit être
à charge, l'enfant. On se comprend? Vous pouvez être parent d'un enfant qui a
22 ans, puis il n'est pas à charge.
Mme
Hivon
:
Donc, par exemple… sortons de ce cas-là. Mais le parent d'un enfant de 20 ans
qui ne serait pas à charge pourrait se qualifier, peut-être, à 6°, du «proche
d'une personne qui est décédée…», ça serait là qu'il pourrait peut-être se
qualifier, «…ou qui subit une atteinte à son intégrité». Est-ce que je
comprends correctement? Puisqu'il ne serait pas parent d'un enfant mineur ou
d'un enfant à charge, par exemple, est-ce qu'il serait considéré comme un
proche?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme
Hivon
: Bon.
Donc, je pense que la question qu'il y a, puis là je ne connais pas tous les
détails, moi, du cas direct, là, de M. Boudreault, mais M. Boudreault
ou une autre personne qui aurait été reconnue par les tribunaux comme une
victime, O.K., pas «proche de victime», mais «victime», ce qui donne lieu…
M. Jolin-Barrette : Juste
là-dessus, là, à l'époque… bien, en fait, avec la loi actuelle qu'on a,
effectivement, supposons, il y avait la notion de proche, mais là on considère
les proches comme des personnes victimes aussi. Donc, quand je vous parle
d'élargissement de la notion de victime, c'est entre autres ça, parce qu'on
vient créer un panier de services pour l'ensemble du noyau familial.
Mme
Hivon
:
Donc, avant, une personne pouvait être une victime ou être un proche de
victime. Maintenant, beaucoup de proches de victime sont, aux fins de l'article 10…
M. Jolin-Barrette : Des
personnes victimes.
Mme
Hivon
: …une
victime, on se comprend, une personne victime. Mon questionnement, c'est…
Prenons l'exemple de M. Boudreault. Il n'était pas reconnu par l'IVAC
comme victime, il était reconnu seulement comme proche de victime, ce qui lui
donnait uniquement de l'aide psychologique, pas d'aide financière, d'indemnité
de remplacement de revenu. Il s'est battu devant les tribunaux, il a eu gain de
cause, on l'a reconnu comme victime, donc il a eu droit à, moi, ce que
j'appelle une aide financière, mais une indemnité de remplacement de <revenu…
Mme
Hivon
:
…proche de victime, ce qui lui donnait uniquement de l'aide psychologique, pas
d'aide financière, d'indemnité de remplacement de revenu. Il s'est battu devant
les tribunaux, il a eu gain de cause, on l'a reconnu comme victime, donc il a
eu droit à, moi, ce que j'appelle une aide financière, mais une indemnité de
remplacement de >revenu.
Je prends ce cas-là pour illustrer que,
là, évidemment, quand on lit l'article, on peut penser qu<'il serait… >e
maintenant il se qualifierait soit comme le parent d'un enfant à charge,
là, je ne connais pas le détail, ou le proche d'une personne. Donc, il serait
une victime, soit en vertu… en tout cas, de différents alinéas, il ne serait
plus simplement un témoin, parce qu'il y a un autre lien qui est plus fort avec
la personne qui est victime. Mais il n'y a rien, évidemment, ici, qui nous dit
ça va être quoi, l'aide financière. Puis je reviens à un point central qui est
que, tout ça, on va le savoir dans le règlement.
Et donc ça se peut que concrètement il y
ait des reculs pour des personnes <qui… >, ou des catégories de
personnes, qui, en ce moment, à cause des avancées devant les tribunaux, se
sont vu reconnaître victimes, n'ont eu pas seulement de l'aide psychologique,
mais aussi des indemnités de remplacement de revenu, ce qu'on n'est aucunement
capables de dire, là, quand on lit l'article. Parce qu'on ne sait pas ce que le
ministre va déterminer pour chacune des catégories : aide psychologique
uniquement, indemnités de remplacement de revenu.
Donc, c'est pour ça que moi, je ne suis
pas capable de pouvoir débattre de ça sans savoir quelles sont ses intentions
par rapport à ça et la hiérarchisation qu'il risque de faire et qui, oui, comme
on nous l'a dit lors des auditions, pourrait amener des reculs par rapport aux
avancées qu'on a vues se concrétiser devant le TAQ. Ça fait que je ne sais pas
si le ministre peut nous éclairer. Je comprends que c'est une mégaquestion, là,
mais je pense que c'est une question de base qui assez fondamentale.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre… Mme la députée de Sherbrooke, vous
voulez intervenir? Oui, allez-y.
Mme Labrie : Oui. Je… bien, je
m'excuse, mais je pense que ça presse, parce que, là, il s'est dit des choses
qui sont incohérentes avec l'article 13. Donc, je veux juste être certaine
qu'on comprend bien les choses. On discute du deuxième alinéa comme si <le
parent… >ça concernait le parent d'un enfant mineur. Ce n'est pas écrit
nulle part, donc je me demande pourquoi on en discute comme s'il fallait que
l'enfant soit mineur. Parce que, quand on regarde l'article 13, d'abord,
quand on parle de «personne à charge», il n'y a pas de limite d'âge, on parle
de subvenir à plus de 50 % des besoins de cette personne-là, puis, quand
on parle de «proche», il n'est pas question des parents du tout ici, on parle
de frère, soeur, grand-parent, petit-enfant de la personne victime. Dans toute
l'énumération, un proche, ce n'est pas le parent. Donc, selon ma compréhension,
le septième alinéa ne permettrait pas de... pas le septième, le sixième ne
permettrait pas de reconnaître le parent d'un enfant majeur comme un proche.
Donc, moi, je serais portée à croire que
le parent, même si l'enfant est majeur, serait reconnu comme victime en vertu
du deuxième alinéa. Ça fait que… mais donc j'aimerais ça que le ministre nous
éclaircisse tout ça parce que je ne vois pas où on considère que l'enfant doit
être <mineur pour que...
Mme Labrie : …Donc, moi, je
serais portée à croire que le parent, même si l'enfant est majeur, serait
reconnu comme victime en vertu du deuxième alinéa. Ça fait que… mais donc
j'aimerais ça que le ministre nous éclaircisse tout ça parce que je ne vois pas
où on considère que l'enfant doit être >mineur pour que le parent soit
reconnu victime, mais ça a été nommé comme ça, là, dans la situation.
Le Président (M.
Bachand) : Je vous rappelle qu'on est sur l'amendement du
député de LaFontaine. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Donc, c'est 10, 2°, la réponse à cette question-là. Donc : «Aux fins du
présent titre, les personnes victimes suivantes ont droit à une aide
financière, selon les modalités qui y sont prescrites : le parent d'un
enfant qui est décédé ou qui subit une atteinte à son intégrité en raison de la
perpétration d'une infraction criminelle contre cet enfant ou la personne qui,
à l'égard de cet enfant, est titulaire de l'autorité parentale.» Donc, il n'y a
pas de distinction entre parent d'un enfant mineur et majeur dans le cadre du
titre, mais c'est au niveau des aides financières qu'on vient faire une
distinction, par la suite, dans le projet de loi. Donc…
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Donc, <le… >M. Boudreault,
par exemple, ou le parent d'un enfant majeur serait admissible à de l'aide
financière en vertu du deuxième alinéa.
M. Jolin-Barrette : Pour
autant qu'il soit mineur ou à charge.
Mme Labrie : Pourquoi vous
dites «mineur»? Parce que vous venez de me dire que le deuxième alinéa ne
prévoit pas que ce soit mineur.
M. Jolin-Barrette : Parce
que, comme je l'expliquais à la séance précédente, dans le fond, on vient
qualifier la personne qui est considérée comme une personne victime. Donc, la
personne est une personne victime. Par la suite, le détail des aides va être
modulé en fonction de différents critères...
Mme Labrie : Mais là on est...
à l'article 10 : «…les personnes victimes suivantes ont droit à une
aide financière... le parent d'un enfant qui est décédé…» Donc, il n'est pas question
de parent d'un enfant mineur. Donc, le parent d'un enfant majeur qui est décédé
à la suite< de>, blabla, d'une atteinte à son intégrité,
même si l'enfant est mineur, il a droit à de l'aide financière?
M. Jolin-Barrette : Il va
avoir droit à une aide financière qui ne sera pas la même que si c'est un
enfant mineur ou un enfant à charge.
Mme Labrie : ...comment qu'il
va le détailler?
M. Jolin-Barrette : Bien, il
y aura des articles plus loin dans le projet de loi, mais aussi dans le
règlement. Parce que, lorsqu'on parle d'aide, on parle aussi de l'aide
financière pour la psychothérapie. Ce n'est pas uniquement, nécessairement, le
montant forfaitaire aussi.
Mme Labrie : Mais ici, c'est
juste écrit «aide financière». Donc, quand moi, je lis ça, là, l'article 10 :
«Aux fins du présent titre, les personnes victimes suivantes ont droit à une
aide financière», ce n'est pas de l'aide financière pour la psychothérapie.
C'est de... Oui?
M. Jolin-Barrette : Non,
bien, en fait, M. le Président, je l'ai expliqué à la séance précédente. La
structure du projet de loi, là, dans le fond... puis je pense que c'était une
question de la députée de Joliette. Dans le fond, l'ensemble du régime, ce sont
des aides financières. Les aides financières se déclinent en fonction… que ce
soit une aide financière forfaitaire, une aide financière de réorientation de
carrière, une aide <financière...
M. Jolin-Barrette :
…dans ce
projet de loi là, d
ans le fond… puis
je pense que
c'était une
question de
la députée de
Joliette. D
ans
le fond,
l'ensemble du régime, ce sont des aides financières. Les
aides
financières se déclinent en fonction… que ce soit une aide financière
forfaitaire, une aide financière de réorientation de carrière, une aide >financière
de psychothérapie. Donc, lorsqu'on lit «aide financière», ça ne veut pas
nécessairement dire que c'est un montant d'argent sonnant dans les poches, ce
n'est pas nécessairement un chèque. Par contre, on s'assure, avec la structure
de la loi, que les sommes encourues vont pouvoir être dépensées. Donc, on
dit : Vous allez pouvoir bénéficier d'une aide financière, mais l'aide
financière ne veut pas dire nécessairement un montant en argent qu'on vous
donne à titre d'indemnité forfaitaire. Cette aide financière là peut toucher
les différentes aides qui sont offertes, les différents soutiens qui sont
offerts en lien là-dedans.
Ça fait que l'idée, c'est de faire en
sorte que… Puis là, tu sais, on cite plusieurs exemples, on cite plusieurs
exemples de cas concrets, mais il faut juste faire attention, parce que chaque
cas est un cas individualisé, donc, tu sais, ça prend une analyse séparée pour
chacun des dossiers. Mais l'idée générale, c'est de faire en sorte que la
qualification de la personne, en lien avec son type de statut, si je peux dire,
va engendrer des aides financières particulières, que ce soit en soutien psychothérapique,
en soutien de réorientation, en soutien de remplacement de revenu, en soutien
de rentes... pas de rentes, excusez-moi, d'indemnité forfaitaire.
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
Mme Labrie : On retient quand
même que, peu importe quel âge a l'enfant, si je suis mère puis mon enfant de
38 ans est assassiné, par exemple, je vais quand même avoir accès à une
forme d'aide à titre de parent.
M. Jolin-Barrette : La
réponse à ça, c'est oui. Mais la forme d'aide va être modulée en fonction de,
exemple, si votre enfant est mineur ou à charge, versus s'il ne l'est pas.
Donc, un enfant de 55 ans qui décède, son parent qui a 80 ans, 85 ans,
n'aura pas nécessairement les mêmes aides que si c'est un enfant de six ans
qui décède puis que son parent a 30 ans.
• (12 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Oui.
Bien, en fait, j'aimerais ça que le ministre nous dise, outre les règlements
qui vont venir, dans quels articles du projet de loi il vient faire comme la
hiérarchisation du type d'aide selon les différentes catégories de personnes
victimes. Parce que je pense qu'on est vraiment au coeur... puis je sais qu'on
est toujours sur l'amendement, là, mais c'est parce qu'il faut voir la
réflexion globale. Parce que je pense que les questions de ma collègue de
Sherbrooke l'illustrent bien, quand on parle d'aide financière on est porté à
penser que ça veut dire remplacement de revenu, somme forfaitaire. Mais, avec
le nouveau projet de loi du ministre, tout est de l'aide financière. Donc, de
l'aide psychologique, c'est de <l'aide...
Mme
Hivon
:
…globale. Parce que je pense que les questions de ma collègue de Sherbrooke
l'illustrent bien, quand on parle d'aide financière, on est porté à penser que
ça veut dire remplacement de revenu, somme forfaitaire. Mais, avec le nouveau
projet
de loi du ministre, tout est de l'aide financière. Donc, de l'aide
psychologique, c'est de >l'aide financière; une aide d'urgence, ça peut
être une aide financière.
Donc, à la lecture de l'article 10,
on n'est aucunement capable de dire si les avancées qui ont été faites notamment
devant les tribunaux vont, concrètement, avoir la même résonance avec la
réforme du ministre. Parce que, si je reprends le cas de M. Boudreault, puis
on pourrait dire : On parle beaucoup de lui, mais je sais qu'il serait
très heureux de s'adresser au ministre, donc je me sens confortable de pouvoir
parler de son cas, parce qu'il en a fait un combat public, puis ça lui importe
que ce sur quoi il s'est battu puisse bénéficier à d'autres, sa fille, elle
était majeure et elle n'était pas à charge, il a réussi à se faire reconnaître
comme victime devant les tribunaux, ce qui ne lui était pas permis par l'IVAC.
Donc, il n'a pas seulement eu de l'aide psychologique, il a eu une indemnité de
remplacement de revenu. Moi, quand je regarde ça en ce moment, je ne vois pas
où il rentre exactement, O.K.? Parce que sa fille n'était pas une enfant à
charge. Donc, je me disais : Par le «proche», mais ma collègue note
effectivement que, quand on lit la définition de «proche», il ne serait pas là.
Donc, je n'ai aucune idée s'il se qualifie quelque part. Puis c'est un exemple
que je donne, là, je sais qu'on…
Mais le fait est qu'il y a eu des avancées
devant les tribunaux, et moi, je suis incapable de dire, quand je lis le projet
de loi, si ce qui va être prévu dans le règlement va faire en sorte que,
minimalement, il va y avoir les mêmes indemnités, autant de remplacement de
revenu que l'étendue de l'aide psychologique. Donc, j'aimerais ça que le
ministre me dise où je peux voir ça, moi, parce que, là, on est en train de
légiférer, puis c'est fondamental, on veut s'assurer qu'il n'y a pas de recul
puis qu'il y a des avancées. Moi, je ne suis pas capable de le dire.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, M. le Président, dans un premier temps, il serait qualifié en vertu de
10, 2°, et par la suite les aides financières, au niveau des sommes
forfaitaires, supposons, viendraient à 33 de la loi. Mais est-ce que le
montant, il est indiqué? Non, le montant, il n'est pas indiqué, le montant, il
va être indiqué par voie réglementaire.
Mais ce que la députée de Joliette dit,
c'est que les tribunaux, ce qu'ils ont fait dans les décisions, ils ont
dit : Vous avez un régime en place. Ce régime-là, on considère qu'il n'est
pas… en fonction du cas qui nous est soumis, ce n'est pas la… On dit : La
personne devrait bénéficier… être considérée comme une autre catégorie de
victimes en vertu du cadre législatif qu'il y a actuellement, O.K.? Ça, c'est
la décision des tribunaux, parce qu'ils viennent rendre un jugement en équité.
Ensuite, le législateur québécois regarde ce qui est fait dans les décisions
des tribunaux en fonction de l'ancien régime, et crée un nouveau régime, et
fait en sorte de donner les catégories d'aide en fonction de la catégorisation
de la personne victime. Mais, effectivement, ça va venir dans le volet <réglementaire…
M. Jolin-Barrette :
...regarde ce qui est fait dans les décisions des tribunaux
en fonction
de l'ancien régime, et crée un nouveau régime, et fait en sorte de donner des
catégories
d'aide
en fonction de la catégorisation de la
personne victime.
Mais,
effectivement, ça va venir dans le volet >réglementaire au
niveau du détail des aides financières.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bon. Je... Bien,
c'est sur le même point aussi...
Le Président (M.
Bachand) :O.K., Mme la députée de Joliette,
excusez-moi, pour continuer sur...
Mme Labrie : Parce que,
là, le ministre vient de répondre 33 pour le cas qui nous occupe. Ce que ça
dit, c'est : «le parent d'un enfant majeur qui est décédé en raison de la
perpétration d'une infraction criminelle contre cet enfant si ce dernier, au
moment de son décès, n'a aucun conjoint ni aucun enfant ou, malgré qu'il ait un
conjoint ou un enfant, ce parent subvenait à plus de 50 % de ses besoins.»
Donc, moi, je comprends que, même quand
ton enfant est majeur, pour pouvoir <être... >avoir accès à une somme
forfaitaire ici, dans le cas de l'article 30, il faut que cet enfant-là
ait ni conjoint ni enfant, ou que tu subviennes à ses besoins encore comme
parent, ce qui n'était pas le cas, là, dans la situation de M. Boudreault.
Puis, si je ne me trompe pas, on parle même de meurtre conjugal.
M. Jolin-Barrette : Mais moi,
je vous invite juste à faire preuve de prudence quand on fait référence à un
cas concret alors que c'est un cas d'espèce.
Mme Labrie : Prenons un cas du
ministre où une femme de 30 ans se fait tuer par son conjoint, hein, ça
arrive à tous les mois, donc c'est des cas fictifs récurrents, là. Une femme de
30 ans se fait tuer par son conjoint, son parent n'aurait pas accès à une
aide forfaitaire parce qu'elle avait un conjoint, la jeune femme. C'est ce que
je comprends.
M. Jolin-Barrette : Donc, le parent
n'aurait pas l'indemnité forfaitaire de décès mais aurait du soutien
psychologique.
Mme Labrie : C'est important
de le savoir, je pense.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Mme la députée de Joliette, s'il vous plaît. Oui, M. le ministre,
rapidement, oui.
M. Jolin-Barrette : Ce qui
est important aussi, là, le régime, là, est fait pour faire en sorte que c'est
le coeur du noyau familial qui est indemnisé. Alors, au premier chef, c'est les
enfants mineurs, les enfants à charge, ensuite le conjoint, ensuite on étend la
bulle.
Parce qu'il faut comprendre que,
premièrement, la personne qui est victime elle-même... Tu sais, il faut
toujours garder en tête que ce n'est pas juste des homicides, c'est autres
types d'infractions. Donc, nommez-les, là, voie de fait, agression sexuelle,
leurre d'enfant, proxénétisme, tout ça. Ça fait que c'est la cellule proche,
proche, proche qu'on vise parce qu'il y a des conséquences sur la cellule
proche, proche, proche de la personne qui subit une infraction criminelle, qui
est une personne victime. Donc, son entourage devient également des personnes
victimes et est plus large. En l'absence d'individus comme les enfants mineurs,
de <conjoints...
M. Jolin-Barrette :
...proche, proche de la
personne qui subit une infraction criminelle,
qui est une
personne victime. Donc, son entourage devient
également
des
personnes victimes et est plus large. En l'absence d'individus comme
les enfants mineurs, de >conjoints, mais là votre noyau familial
s'élargit un petit peu. Donc, on vise à couvrir le plus de gens possible, mais
c'est sûr que le contenu des aides y va en fonction de la situation de la personne
aussi. Donc, en l'absence...
Dans le fond, ce qu'on va faire, c'est qu'on
va venir prioriser les enfants mineurs, on va venir prioriser les enfants à
charge versus le grand-parent. Parce que le grand-parent va quand même avoir du
soutien psychologique, mais, en termes d'indemnité forfaitaire, supposons, pour
le décès, bien, elle va être concentrée sur les enfants mineurs plutôt que sur
les parents. C'est un peu le même principe quand vous décidez, supposons, de
prendre une assurance vie, vous allez privilégier généralement les enfants
mineurs pour faire en sorte que, si jamais il y a un décès parce que...
L'objectif du régime d'indemnisation est de faire en sorte d'aller cibler le
plus précis possible.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Joliette, rapidement, le temps
file.
Mme
Hivon
: Oui,
très rapidement avant la pause. Juste deux préoccupations que je veux
soumettre, puis je pense qu'il faut en débattre vraiment, là, parce qu'on est
au coeur de la réforme du ministre, c'est les avancées jurisprudentielles qui
se sont faites. Quelle espèce de garantie on a qu'il n'y a pas de recul dans le
projet de loi par rapport à ça? Je sais que le ministre m'a dit : C'est
des jugements qui se sont faits en équité parce que la loi était désuète, je
comprends tout ça, mais je pense que le ministre va comprendre aussi qu'il y a
des gens qui se sont battus devant les tribunaux pour faire avancer des causes
pour les victimes, vont s'attendre à ce que la réforme n'aille pas en deçà de
ce qu'ont pu être les gains. Donc, ça, j'aimerais ça avoir des assurances du
ministre qu'on ne va pas en deçà dans aucun cas.
Et par ailleurs j'aimerais ça savoir
comment le ministre entend nous exposer comment la hiérarchisation va se faire
pour, par exemple, l'ampleur ou la hauteur des indemnités des sommes
forfaitaires prévues à 30 dans sa réglementation. Je pense que ce serait
vraiment éclairant pour qu'on puisse travailler correctement.
Le Président (M.
Bachand) : Sur ce, M. le ministre, peut-être rapidement, oui.
M. Jolin-Barrette : Bien,
deux choses l'une, là. Dans le fond, c'est un régime qui est différent que
nous faisons. On ne peut pas incorporer les décisions des tribunaux juste en
disant : Ah! bien, c'est ça que le tribunal a décidé, donc on applique ça
dans le nouveau régime. Il y a à prendre en considération que l'État fait un
choix de couvrir beaucoup plus largement beaucoup plus de victimes. Alors, il
faut garder ça en tête pour faire en sorte d'être capable d'avoir davantage de
personnes victimes dans le régime qui vont bénéficier des différentes aides
financières aussi.
Alors, exemple, quelqu'un qui aurait reçu
une rente viagère parce qu'elle est considérée comme une personne victime ayant
subi l'infraction, non, elle n'aura plus de rente viagère. Ça, c'est clair
parce qu'on fait disparaître les rentes viagères. Donc, maintenant, elles
n'auront plus la rente viagère.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup.
Compte tenu de l'heure, je suspends les travaux
jusqu'à 14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
13 h (version révisée)
M. Jolin-Barrette : ...rentes viagères,
ça, c'est clair parce qu'on fait disparaître les rentes viagères. Donc, maintenant,
elles n'auront plus la rente viagère.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Compte tenu de l'heure, je suspends
les travaux jusqu'à 14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
14 h (version révisée)
(Reprise à 14 h 8)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de
loi n° 84, Loi visant à aider les
personnes victimes d'infractions criminelles et à favoriser leur rétablissement.
Lors de la suspension de nos travaux à
13 heures, nous étions rendus à l'étude de l'amendement du député de LaFontaine.
Interventions? M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui, si
vous me permettez, M. le Président. Je vous remercie beaucoup. Donc, l'amendement
qui est l'objet actuellement du débat... Mais c'est intéressant — puis
mes collègues, ils n'ont pas besoin que je qualifie si c'est intéressant le
débat, là, ils le savent, ils n'ont pas besoin de moi — le débat que
nous avions avant, puis on y reviendra, mais là ce qui est sur la table, c'est
l'opportunité — puis je ne veux pas me répéter, là — que le
ministre a. Puis j'aimerais, juste avant qu'on passe au vote, qu'il me... s'il
peut répondre à ma question : <A-t-il un...
M. Tanguay
: ...ils
n'ont pas besoin de moi
— le débat que nous avions avant, puis
on y reviendra, mais là ce qui est sur la table, c'est l'opportunité
— puis
je ne veux pas me répéter, là
— que le
ministre a. Puis
j'aimerais, juste avant qu'on passe au vote, qu'il me... s'il peut répondre à
ma question : >A-t-il un précédent à quelque part, que ce soit dans
la législature québécoise, dans un règlement, dans une directive, que ce soit
dans le domaine policier ou canadien du «intacte», «scène intacte», là? «Intacte»,
est-ce que c'est inspiré ou c'est de création nouvelle? Puis, dans l'opposition,
M. le Président, on n'est jamais contre les créations nouvelles, vous le savez,
en lisant nos amendements.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
• (14 h 10) •
M. Jolin-Barrette : La
réponse à ça, c'est non, il n'y a pas de précédent. C'est de droit nouveau et
c'est pour ça qu'on vient le définir dans la loi que... dans le projet de loi n° 84.
M. Tanguay
: O.K. Je
reviens sur une fondamentale, puis ça, le ministre... vous allez voir, je vais
l'apprêter à plusieurs articles. Mon point... Puis je sais qu'on n'est pas
réducteur, ce n'est pas juste une analyse financière, ce qu'on fait là, mais il
y a quand même, peut-être pas un éléphant dans la pièce, un facteur majeur qui
est : Les fonds publics ne sont pas inépuisables, sont limités, puis il
faut faire des choix, ça, j'en suis, totalement.
Mon point, puis c'est ce que je
lance au ministre, puis je pense que le ministre m'aura compris, <mon
point, >c'est que l'on puisse faire une indemnisation avec les fonds
publics que l'on a, mais qu'elle soit calquée, qu'elle découle sur le terrain, auprès
des victimes qui se qualifient après une analyse. Mon point, c'est que si je
suis victime... Excusez-moi. Si j'arrive sur la scène d'un crime, et là vous
imaginez la scène la plus sordide, et que moi, finalement, je n'ai pas de
séquelle, je ne fais pas de demande. J'arrive, j'ai des séquelles, je prétends
avoir des séquelles, je fais une demande, je suis évalué, puis on me dit oui ou
non. Et, si on me dit oui, à hauteur de. C'est in concreto. Ça, je vais le
redire. Autrement dit, plutôt que de dire, exemple : J'ai 18 ans. J'arrive
sur une scène de crime sordide, mais il y a un policier... ne pas me faire
dire, après évaluation psychologique : Écoute, ce jeune de 18 ans là
est arrivé sur une scène de crime sordide, mais la scène n'était pas intacte,
mais qu'on sait qu'il en a des séquelles majeures, là. Ça va être toffe, là, il
va passer par des bouts... C'était la scène la plus sordide, M. le Président, vous
pouvez imaginer. Ne pas lui dire : Bien, vous ne vous qualifiez pas. C'est
juste ça. Puis je comprends que le ministre doit faire des choix, mais qu'on
m'évalue puis qu'on ne me dise pas : Vous ne vous qualifiez pas.
Et c'est là où je m'assurerais que les
fonds publics aillent à celles qui en ont le plus besoin, aussi généreux
sommes-nous, socialement, mais qu'on ne me dise pas : Vous ne vous
qualifiez pas, puis qu'on trouve, autre que des approches <paramétriques...
M. Tanguay
: ...et
c'est là où je m'assurerais que les fonds publics aillent à celles qui en ont
le plus besoin, aussi généreux sommes-nous, socialement, mais qu'on ne me dise
pas : Vous ne vous qualifiez pas, puis qu'on trouve, autre que des
approches >paramétriques : Il ne fitte pas dans la case, la scène
n'est pas intacte, puis de se faire dire non. C'est ça, c'est ça. Puis le ministre
reconnaît-il, j'imagine, le bien-fondé de cette approche-là, que ce soit in
concreto, plutôt que de dire : Bien, vous ne vous qualifiez pas, vous
n'avez pas d'indemnisation?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Mais, en
fait, le point du député de LaFontaine, on y répond déjà, parce que la
personne, là, elle va être qualifiée en fonction de sa catégorie de personne
victime. Donc, lorsque le député de LaFontaine dit, bien, si je le suis
bien : Il n'aura pas d'aide financière, supposons, à titre d'indemnité
forfaitaire, il n'aura pas sa rente viagère, supposons, qui n'existe plus, qui
est remplacée par un montant forfaitaire. O.K. Oui, s'il arrive après le fait
que la scène n'est plus intacte, s'il arrive après les corps de police, il ne
bénéficiera pas de ce montant-là comme s'il était une victime qui a subi
l'infraction. Par contre, il va bénéficier des autres aides financières,
notamment l'aide psychologique, l'aide psychique, en fonction de sa catégorie
de personne victime. Mais le passant dans la rue ne pourra pas être indemnisé, mais
le conjoint, l'enfant qui arrive après la scène, bien, lui, il va être
qualifié, parce qu'il va être qualifié dans les personnes victimes. À 10, on
est au niveau des personnes victimes.
Mais ce à quoi nous invite le député de
LaFontaine, c'est de dire : Bien, écoutez, on va prendre le cas de chacun
des individus en fonction, supposons, du préjudice subi de son effet
traumatique. Il ne peut... C'est un régime d'indemnisation, c'est un régime de
soutien qui fait en sorte que... Bien, premièrement, la personne pourra
toujours aller au CAVAC, elle pourra toujours aller au CAVAC. Par contre, dans
un régime à portée générale, il ne peut pas y avoir de discrétionnaire rattaché
à ça. C'est des catégories, parce que la loi doit s'appliquer de façon
équitable à tous, en fonction de paramètres généraux. Donc, on ne peut pas
venir dire : Toi, tu vas en avoir, mais pas toi, mais toi... tu sais, en
fonction de la situation propre à chaque individu. L'individu, on va venir le
raccrocher pour lui offrir des services en fonction de sa catégorie de personne
victime par rapport à l'événement.
Puis lorsque, tout à l'heure, on faisait
référence, supposons... la députée de Joliette faisait référence aux jugements
antérieurs qui sont survenus. Puis ça, il faut être clair avec ça, là, avec
l'ancienne loi, le juge se retrouvait dans une situation... le décideur administratif
se retrouvait dans une situation où il avait un cas <devant lui...
M. Jolin-Barrette :
...p
uis lorsque, tout à l'heure, on faisait référence, supposons... la
députée de
Joliette faisait référence aux jugements antérieurs qui sont
survenus. Puis ça, il faut être clair avec ça, là, avec l'ancienne loi, le juge
se retrouvait dans une
situation... le décideur
administratif se
retrouvait dans une situation où il avait un cas >devant lui,puis le
cas, c'est : Est-ce que c'est une victime directe où il y a tout, ou ce
n'est pas une victime directe puis il n'y a rien pantoute? Puis le régime, la
façon dont il était construit, l'ancien régime, il était sévère, c'était
tranché au couteau entre les deux. Puis, souvent, il y a des décideurs
administratifs qui disaient : Bien, la personne a subi une atteinte, je
constate qu'elle n'a droit à rien. Donc, en équité, le juge, ce qu'il faisait,
c'est qu'il dit : Bon, bien, en vertu de la loi, vous n'êtes pas une
victime directe, mais par le jugement, je vous considère une victime directe
parce que vous avez subi une atteinte.
Nous, ce qu'on fait, c'est qu'on reprend
le régime, <et on dit... >on enlève la notion que c'était blanc ou
noir, puis on dit : Vous allez être qualifié en fonction de différentes
catégories de personnes victimes, et il y a des aides appropriées qui vont
s'établir en fonction de chacune des catégories dans le cadre du panier de
services. Ça fait que c'est un peu ce que le député de LaFontaine dit in
concreto, parce que la personne, à cause de son lien, à cause de sa
qualification, va bénéficier d'aide, mais là il y a plus de monde qui va en
bénéficier.
Le Président (M.
Bachand) : ...de LaFontaine.
M. Tanguay
: Le projet
de loi, il a des avancées, puis on les salue. L'élargissement, on est à
l'article 10, de la notion de victime, bravo. Le ministre a fait référence
que, dans le régime actuel, c'était tranché, vous qualifiez ou vous ne
qualifiez pas, puis qu'il y avait une certaine injustice. On reproduit dans des
choix et dans l'approche... J'en suis, puis le ministre pourrait me répéter
que, si vous êtes parent, enfant, conjoint, <j'en suis, >strictement
dans l'article 7, là, où l'objet du débat, le témoin de l'interprétation
d'une infraction ou de scène intacte de cette infraction. Il a ajouté un
critère qui va trancher, un critère qui est, je dirais, objectif, parce que
c'est ainsi que doit être écrite la loi, puis qui va dire : Vous... Puis
je le sais qu'il peut avoir, 2 à 9, du soutien des CAVAC, on en est sur l'aide
financière.
Mon point, puis le ministre l'aura
compris, là, il aura compris mon point, c'est qu'on va vous dire : Si la
scène est intacte, vous avez droit de déposer une demande financière, on va
l'évaluer. Puis quand le ministre dit : Bien, il ne faut pas que ça soit
du discrétionnaire, on va l'évaluer, il demeurera toujours, article 32 et
suivants, il y aura une évaluation, d'accord? <Scène... >Témoin
d'une scène de crime, intacte ou pas intacte, oubliez ça, déposez votre
demande, puis on va l'évaluer. Et, si l'on doit modeler, pour tout le monde, la
générosité, bien, modelons, pour tout le monde, la générosité. Autrement dit, <si
on aurait été justifiés... >mettons que l'argent n'est pas un facteur,
on aurait été justifiés de donner 100 000 $, <50 000 $...
M. Tanguay
: ...t
émoin
d'une scène de crime, intacte ou pas intacte, oubliez ça, déposez votre
demande, puis on va l'évaluer. Et, si l'on doit modeler, pour tout le monde, la
générosité, bien, modelons, pour tout le monde, la générosité. Autrement dit,
si on aurait été justifiés... mettons que l'argent n'est pas un facteur, on
aurait été justifiés de donner 100 000 $, >50 000 $,
10 000 , selon... bien, on va modeler. Mais de dire : On va
donner 80 000 $, 30 000 $, puis, toi, zéro, c'est là où
j'aurais aimé ça que la personne, parce que la scène n'était pas intacte,
qu'elle puisse quand même déposer une demande, qu'elle soit évaluée. Puis selon
les barèmes de, ça, ça serait un autre débat. Un peu comme l'aide juridique, à
un moment donné, il faut mettre la ligne, vous êtes admissible ou pas
admissible. Les barèmes, on va dire : Bien là, on peut être plus généreux,
alors les montants vont augmenter pour tout le monde.
Mais ce n'est pas du discrétionnaire,
c'est évalué, c'est in concreto. Puis le fait de dire : Pas les CAVAC. Le
fait de dire pour l'indemnisation... Puis le ministre comprend mon point, là.
J'aimerais ça qu'il puisse déposer une demande, puis qu'après ça vous
travailliez au point de vue de la réglementation, puis on fera le débat, à
dire : Bien, on va faire une évaluation. Puis l'approche du ministre,
c'est dire : On élargit le nombre de victimes qui vont pouvoir prétendre
avoir une indemnisation, mais, à un moment donné, il faut faire une ligne. Moi,
je dis : Gardons cet élargissement-là puis modelons à tout le monde
l'opportunité d'avoir, en bout de piste, quelque chose. Et on reviendra sur les
autres éléments où on pense qu'il y a des reculs, mais il a compris, le
ministre, là, il comprend, là. Je ne parle pas de discrétionnaire puis je ne
parle pas de... mais on reproduit un peu : Bien, vous ne fittez pas dans
la case. Qu'il fasse la demande, puis qu'il soit évalué, puis voilà.
Puis je conclus là-dessus, M. le
Président. Le ministre le fait déjà, puis on en a parlé dans le débat ce matin.
Quand il y a une modulation entre vous êtes le parent d'un enfant mineur ou à
charge, vous pourrez prétendre à certaines catégories d'indemnisation, certains
services. Si vous êtes parent d'un enfant majeur ou qui n'est pas à charge,
vous n'aurez pas le droit à ça, ça, ça. Parce que la loi, à un moment donné,
fait : Mineur, mineur, mineur, puis vous vous qualifiez là, mais, s'il est
majeur, vous ne vous qualifiez pas. Mais ça, c'est une case, vous fittez ou
vous ne fittez pas.
• (14 h 20) •
Je vous donne l'exemple suivant. Moi,
l'exemple fictif où j'ai un enfant de 25 ans ou de 26 ans. Mon enfant
a 26 ans, je suis son parent. Ma conjointe est décédée l'an passé. Je
trouve ça dur, dur, dur. Elle m'épaule, elle est dans ma vie, on se parle, on
se texte à tous les jours. Elle est assassinée. On peut-u venir m'évaluer?
Parce que je le sais qu'au départ, au départ, on va dire : Bien, votre
enfant est majeur, il n'est pas mineur, vous avez un lien de proximité. Mais in
concreto, là, j'en suis bouleversé, peut-être, dans certains cas, autant que si
c'était mon enfant mineur, mais là je ne fitterai pas dans la case. C'est juste
ça, mon approche.
Puis je ne dis pas au ministre :
Bien, qu'il mette... qu'il rajoute 100 millions par année dans... Ce n'est
pas ça qu'on dit... c'est que : Ne me demandez pas d'être dans une case,
évaluez-moi, puis si, selon votre évaluation, c'est justifié de me donner de
quoi, donnez-moi de quoi. Mais dites-moi pas : Vous auriez été justifié de
vous donner de quoi, en vertu de 10, mais la scène n'était pas intacte, votre
enfant était majeur. Le ministre comprend mon point, là, <tu sais, c'est...
M. Tanguay
: ...c
e
n'est pas ça qu'on dit... c'est que : Ne me demandez pas d'être dans une
case, évaluez-moi, puis si, selon votre évaluation, c'est justifié de me donner
de quoi, donnez-moi de quoi. Mais dites-moi pas : Vous auriez été justifié
de vous donner de quoi, en vertu de 10, mais la scène n'était pas intacte,
votre enfant était majeur. Le ministre comprend mon point, là, >tu sais,
c'est ça, c'est une philosophie. Puis ça, je pense qu'il peut le faire, il peut
le faire.
M. Jolin-Barrette : Bien, dans
le fond, il faut établir des paramètres, puis c'est ce qu'on fait à l'article 10.
Puis dans l'exemple du député de LaFontaine, là, à 10.7, là, c'est le témoin. Qu'est-ce
que c'est, un témoin? C'est un témoin qui constate l'infraction criminelle,
qu'il soit présent physiquement sur les lieux, c'est un témoin, là, direct, là,
il est là, là, ou il est en direct avec la personne, il échange avec la personne,
ou la victime est au téléphone avec elle, mais il y a une interrelation avec la
personne.
Ça ne signifie pas que la personne — ou
elle arrive avant les corps de police puis les ambulanciers — <ça
ne signifie pas que la personne >qui arrive après les événements
et qui est un proche de la victime n'obtient pas de soutien. Elle en obtient,
du soutien, puis elle va se qualifier comme une personne victime, mais pas sous
la catégorie de témoin. Parce que la catégorie de témoin, c'est la personne qui
est témoin de la scène, qui est témoin de l'événement. Le gros problème qu'on
a, là, c'est que l'ancienne loi... Puis, dans les cas d'exemple que nous avons,
en fonction de l'ancienne loi puis de ce qui est arrivé devant les tribunaux
aussi, c'est parce que c'était blanc ou noir. Les gens qui se sont fait
qualifier par la cour, comme victimes directes, c'est parce qu'il n'y avait pas
d'autre possibilité de les qualifier puis de leur offrir du soutien en vertu
d'autres paramètres de la loi. Avant, c'était tout ou ce n'était rien pantoute.
Là, nous, ce qu'on amène… Puis je
comprends le député de LaFontaine qui nous dit : C'est possible que la
personne, qui arrive après les policiers, après les premiers répondants, après
les pompiers, tout ça, soit traumatisée puis subisse des séquelles aussi, effectivement.
Mais comme... aussi la réflexion qu'on peut avoir, c'est que ça, le fait
d'arriver après sur les lieux de l'événement, bien, le nombre de personnes qui
peuvent arriver après l'événement puis subir une atteinte, il est infini. Je
donne l'exemple de pourquoi est-ce que, dans l'article, à 17, on met un lien
avec les moyens technologiques, mais qu'il y a un échange entre les deux, c'est
parce que, sinon, la population, au complet, pourrait être indemnisée.
Puis ce n'est pas une question uniquement
financière, mais il y a <aussi >ça dans les paramètres aussi, où
il faut faire en sorte que le régime soit viable, puis les personnes proches,
on va être capable de les rattacher en fonction des autres critères à 10 et
suivants. Mais, à 10, 7°, c'est vraiment <le témoin…
M. Jolin-Barrette :
…p
uis ce n'est pas une question uniquement financière, mais il y a aussi
ça dans les paramètres aussi, où il faut faire en sorte que le régime soit
viable, puis les personnes proches, on va être capable de les rattacher en
fonction des autres critères à 10 et suivants. Mais, à 10, 7°,
c'est
vraiment >le témoin direct, si je peux dire, de l'infraction ou qui
arrive puis qui constate une scène. Puis, tout à l'heure, je disais
aussi : Pensez aux souvenirs. Si on ne met pas «la scène intacte», quelqu'un
reviendrait sur les lieux, et elle-même pourrait <être>, dans le
fond, s'il n'y a pas «la scène intacte», être considérée comme témoin puis
avoir cette ouverture-là.
Donc, oui, il s'agit d'établir des
paramètres, mais il ne faut pas penser que la personne ne sera pas indemnisée, parce
qu'elle va pouvoir entrer dans d'autres catégories de personnes victimes et
faire en sorte qu'elle obtienne du soutien. Parce que, tu sais, on parle avec
notre chapeau, notre schisme de réflexion, là… pardon, notre schème de pensée actuellement,
c'est l'ancienne loi, puis on se dit : Bien, dans l'ancienne loi, c'est ça,
puis la personne est allée devant les tribunaux, a obtenu une indemnité en
fonction de l'ancienne définition de «victime», en fonction de l'ancienne
définition de «victime»… de «personne»… de «victime directe». Mais là, on sort
de ça, puis on dit : Non. Vous allez être qualifié comme une personne
victime, mais voici, vous allez avoir des aides distinctes. Mais, pour le
témoin, ça reste le témoin qui est là concrètement, qui voit l'événement.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
s'il vous plaît.
Mme Weil
: Oui. M. le
Président, juste pour revenir sur cette notion d'«intacte». Dnc, dans cet article,
on a une notion d'espace et une notion de temps.
Une voix : …
Mme Weil
: Bien, c'est
l'explication du ministre.
M. Jolin-Barrette : …c'est
une notion de temps.
Mme Weil
: On a une
notion d'espace et une notion de temps, et évidemment tout le monde comprend,
il y a la notion de proximité de la personne qui sera déterminée victime ou non,
et la personne… la victime de l'acte criminel. Et on dit bien que toutes ces
conditions, dans la deuxième partie de l'article, doivent être rencontrées pour
montrer qu'il est dans l'action. Donc, la personne qui sera déterminée témoin
est dans l'action par téléphone ou autre, peut-être… on ne sait pas, mais un
moyen technologique, etc. Bon.
Je ne vois pas ce qu'«intacte» rajoute à
cette situation. Donc, on arrive, les ambulances sont là. Il y a une continuité
dans le temps. Il y a une proximité entre la personne… parce que la personne
est au courant qu'il y a un drame qui se passe et arrive sur la scène. Le
traumatisme est là, on le vit. Des fois… Est-ce que j'ai mal compris quelque
chose?
M. Jolin-Barrette : Bien, juste
une nuance, là, juste pour bien comprendre la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Dans
le fond, supposons que vous êtes au téléphone avec la personne qui a
l'infraction, la personne, <elle est…
Mme Weil
: ...se
passe et arrive sur la scène. Le traumatisme est là, on le vit. Des fois…
Est-ce
que j'ai mal compris
quelque chose?
M. Jolin-Barrette :
Bien, juste une nuance, là, juste pour bien comprendre la
députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Dans le fond, supposons que vous êtes au téléphone avec la personne qui
a l'infraction, la personne, >elle est couverte même si elle est à
distance, même si elle ne l'est pas physiquement.
Mme Weil
: Et
l'aspect... <le témoin, >donc il doit rencontrer ce témoin, les
autres conditions, c'est ça, être en contact.
M. Jolin-Barrette :
Bien, quand on reprend 7°, là, «le témoin de la perpétration d'une infraction
criminelle ou de la scène intacte de cette infraction». Ça fait que c'est deux
choses, soit que vous êtes un témoin de la perpétration...
Mme Weil
: Oui.
M. Jolin-Barrette :
...donc en temps réel, ou de la scène intacte de cette infraction. Donc, vous
arrivez sur les lieux. Vous n'avez pas été témoin de l'événement en direct,
sauf que vous êtes le premier à arriver sur la scène, sur cette scène intacte
là. Le témoin visé au paragraphe 7° du premier alinéa inclut un témoin qui
n'est pas présent sur les lieux au moment de la perpétration de l'infraction,
mais qui en est, malgré tout, témoin parce qu'il est en communication avec la
personne victime visée au paragraphe 1° du premier alinéa ou avec l'auteur
de l'infraction.
Donc, la personne est, supposons, au
téléphone, ou constate... Ils sont sur... ils font un FaceTime. Puis là, elle,
cette personne-là, c'est un témoin, elle n'est pas physiquement avec la
personne, mais elle est reliée, mais il y a une interaction entre les deux.
Mme Weil
: ...que
cette personne arrive sur la scène. Il est témoin, parce que... O.K., témoin
dans... virtuel.
M. Jolin-Barrette :
C'est ça. Dans 10, 7°, c'est deux choses...
Mme Weil
: Témoin
virtuel.
M. Jolin-Barrette :
...c'est soit le témoin qui arrive sur la scène par la suite.
Mme Weil
:
D'accord.
M. Jolin-Barrette : Vous
arrivez à la maison, vous constatez qu'un de vos proches a été assassiné. Les
policiers ne sont pas là, tout ça. Vous êtes considéré comme un témoin.
Mme Weil
: Est-ce
qu'on a mis «intacte» pour dire que c'est comme instantané, ce n'est pas... Bon.
Des fois, on protège une scène pendant une semaine, hein, on voit souvent ça...
on voit souvent ça, on voit ça à la télévision, <c'est... >on est
en train de dire : Non, non, c'est comme immédiat. Et c'était le seul mot
qu'on pouvait aller chercher, ou concept, pour justement s'assurer que c'est
vraiment dans l'immédiat.
M. Jolin-Barrette :
Exactement. La députée de Notre-Dame-de-Grâce a la bonne analyse, justement
parce que la scène de crime peut...
Mme Weil
: Il n'y
avait pas d'autre mot.
M. Jolin-Barrette :
Bien, c'est parce qu'on vient définir le «intacte» en ayant la présence des
premiers répondants, des premiers...
Mme Weil
: Mais,
quand les premiers répondants arrivent, on est vraiment dans l'urgence
immédiate. Est-ce que, ça, ça fait partie d'«intacte», cette scène intacte?
C'est-à-dire que les ambulances soient là, c'est correct, ça fait partie de
l'instantané.
M. Jolin-Barrette : Dans
le fond, on retrouve la définition d'«intacte» à 13. À l'article 13, si on
le prend, «scène intacte» : «L'endroit physique où une infraction
criminelle a été perpétrée avant que ne s'y trouve un policier, un agent de la
paix, un pompier, un technicien ambulancier d'un service préhospitalier
d'urgence ou tout autre premier répondant.
«Aux fins du présent titre, est présumée
décédée toute personne disparue dans des circonstances qui permettent de...
14 h 30 (version révisée)
M. Jolin-Barrette : …à 13, à
l'article 13, si on le prend :
«"scène intacte" :
l'endroit physique où une infraction criminelle a été perpétrée avant que… s'y
trouve un policier, un agent de la paix, un pompier, un technicien ambulancier
d'un service préhospitalier d'urgence ou tout autre premier répondant.
«Aux fins du présent titre, est présumée
décédée toute personne disparue dans des circonstances qui permettent de
considérer sa mort probable et de croire que cette disparition découle de la
perpétration d'une infraction criminelle.
«Lorsqu'une disposition de la présente loi
fait référence à un parent, elle n'inclut pas celui qui est déchu de l'autorité
parentale ni, dans le cas d'un enfant majeur, celui qui… était déchu lorsque
cet enfant a atteint la majorité.»
Donc, la scène intacte, c'est avant que
soit dressé un périmètre pris en charge par les premiers répondants.
Mme Weil
: Si on… Ce
qu'on cherche à faire, c'est aider <cet… >ce témoin qui est
bouleversé, plus que bouleversé, un traumatisme qu'il vit. C'est cette période
de traumatisme, mais… oui, je veux dire, c'est généralement… Oui, on peut avoir
un traumatisme général, mais on est en train de parler d'un traumatisme qui est
déclenché par ce qu'on a vu. C'est sûr que les ambulances, là, pour ceux qui
ont vécu ça, ça fait partie de cette scène, quant à moi, intacte, je veux dire,
dans le sens que ça veut dire que quelque chose de grave vient de se passer,
puis on était où… Bien, on arrive là, puis c'est sa fille, c'est… ce n'est pas
sa fille, là, parce que c'est une proche, mais c'est quelqu'un qui… Proche, là,
c'est un témoin… non, pas nécessairement proche, c'est un témoin…
Une voix
: …
Mme Weil
: Hein?
Une voix
: Un être
humain.
Mme Weil
: Un être
humain, c'est ça…
M. Jolin-Barrette : Mais
juste une nuance, là. Ça, ce n'est pas juste dans les cas d'homicides, là,
c'est toutes les infractions. Ça fait que c'est pour ça, là, il faut voir ça largement,
là.
Mme Weil
: Peut-être
surtout pour ceux qui vont vouloir comprendre cette notion d'intacte, c'est
important d'entendre le ministre, ça fait partie de la transcription. Si on
veut essayer d'expliquer aux gens qu'est-ce qu'on a voulu faire en mettant ce
mot «intacte», c'est quoi, le concept qu'on met là et pourquoi c'est important,
cette notion pour considérer qu'un témoin est inclus dans les personnes
victimes, pourquoi cette notion est si importante?
M. Jolin-Barrette : Mais
l'idée, c'est de faire en sorte que le témoin qui constate l'infraction,
à 10, 7°, là, soit considéré comme une personne victime à part entière,
que la personne qui arrive le premier sur les lieux, qui constate l'événement,
là, avant qu'il y ait eu une scène sécurisée… Parce qu'il faut le savoir, là,
en cas d'infraction criminelle, <qu'est-ce qu'il y a… >qu'est-ce
qui arrive à partir du moment où vous avez les premiers répondants puis vous
avez la police qui intervient. Généralement, il y a un périmètre qui va être
érigé et, pour éviter qu'il y ait contamination de la preuve sur les lieux, les
gens, généralement, ne sont pas autorisés à pénétrer dans le périmètre de <sécurité,
dans le…
M. Jolin-Barrette :
…à partir du moment que vous avez les premiers répondants puis vous avez la
police qui intervient.
Généralement,
il y a un périmètre qui va
être érigé et, pour éviter qu'
il y ait contamination de la preuve sur
les lieux, les gens,
généralement, ne sont pas autorisés à pénétrer dans
le périmètre de >sécurité, dans le périmètre qui fait en sorte que la
preuve, elle est… comment je pourrais dire, pas gelée, là, mais…
Mme Weil
: Protégée.
M. Jolin-Barrette : Protégée.
Oui, protégée, pour faire en sorte que les corps de police puissent récolter la
preuve associée à l'infraction criminelle. Donc, l'idée, c'est de faire en
sorte que la personne qui arrive sur les lieux, elle, elle puisse dire :
J'ai constaté, c'est moi qui appelle les premiers répondants, je constate
qu'une infraction criminelle a été commise. Donc, la logique derrière la scène
intacte, c'est à partir du moment où ce bout d'événement là, il est fait. Par
la suite, les personnes subséquentes ne sont pas considérées comme des témoins,
je dirais, directs de l'événement et ils vont être couverts comme des personnes
victimes en fonction de leur lien avec le noyau familial au niveau de la
cellule. Donc, c'est ça, la logique. Donc, à 17, c'est le témoin qui est
direct, qui constate l'infraction directement ou qui arrive le premier sur les
lieux et qui constate les événements.
Mme Weil
: Je pense que
c'est ça, M. le Président, qui explique bien, c'est vraiment cette première personne
sur les lieux. Il n'y a personne d'autre qui est là, l'urgence… les ambulances
ne sont pas là, la police n'est pas là. Il le constate. Ça pourrait être deux personnes
qui arrivent sur la scène, mais c'est l'instantané, là, c'est vraiment avant
qu'il ait d'autres… Je pense que ça, ça explique cette notion d'intacte.
M. Jolin-Barrette : Exactement,
c'est le critère d'arriver avant les agents de la paix sur les lieux de
l'infraction. Mais effectivement, comme la députée de Notre-Dame-de-Grâce le
dit, ce n'est pas qu'une seule personne. Si vous arrivez à deux sur l'événement,
mais vous allez être les deux témoins de cette scène-là, parce que
l'analyse, elle est faite propre à la personne.
Mme Weil
: Par
curiosité, donc, j'imagine, les juristes, les légistes, vous avez réfléchi
longtemps, et le ministre, à trouver le concept ou un mot qui pourrait traduire
ce concept, est-ce que vous avez trouvé un précédent quelconque ou c'est vraiment
du nouveau droit dans le sens de… Mais comment vous faites pour que ce ne soit
pas interprété de différentes façons? C'est un règlement où… qu'il va assurer
que c'est comme le ministre, là, vient de l'expliquer?
M. Jolin-Barrette : Mais, en
fait, on vient le définir à 13, à l'article 13, dans les définitions.
Donc, la «scène intacte» : «l'endroit physique où une infraction
criminelle a été perpétrée avant que ne s'y trouve un policier, un agent de la
paix, un pompier, un technicien ambulancier d'un service préhospitalier
d'urgence ou tout autre premier répondant.» Donc, on vient cadrer, c'est avant
l'arrivée des premiers répondants, des premiers intervenants.
Mme Weil
: Attendez,
ça, c'est…
M. Jolin-Barrette : À 13.
Mme Weil
: 13, 13, 13,
oui.
M. Jolin-Barrette : Et, dans
le sens que je vous l'explique, c'est justement pour faire en sorte que ça soit
le témoin dans cette catégorie-là. Mais il ne faut pas opposer, uniquement, le <témoin…
M. Jolin-Barrette :
…intervenants.
Mme Weil
: Attendez,
ça, c'est…
M. Jolin-Barrette :
À 13.
Mme Weil
: 13, 13,
13.
M. Jolin-Barrette :
Et, dans le sens que je vous l'explique, c'est justement pour faire en sorte
que ça soit le témoin dans cette catégorie-là. Mais il ne faut pas opposer,
uniquement, le >témoin qui arrive après les policiers pour dire :
Cette personne-là n'aura pas de soutien. Non, cette personne-là va être
soutenue et pourra être qualifiée comme personne victime dans une des catégories
de personnes victimes, mais pas comme témoin parce que ce n'est pas le témoin
de l'événement.
Puis l'autre élément, aussi, qui arrive,
puis, à juste titre, la députée de Notre-Dame-de-Grâce le disait bien tantôt,
une scène d'infraction criminelle, supposons, qui est protégée par la police,
peut être maintenue durant un bon bout de temps, là. Donc, ça veut dire que
tous les passants qui arriveraient sur les lieux, toutes les personnes qui
arriveraient sur les lieux, si on ne met pas en place la question de la «scène
intacte», ça signifie que toutes ces personnes-là seraient considérées comme
des témoins si on n'a pas le critère de la scène intacte. Donc, c'est quelque
chose qui est difficilement applicable.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, allez-y, Mme la députée.
Mme Weil
: Oui. Merci, M.
le Président, j'aimerais revenir sur l'intervention de la députée de Joliette,
parce que j'ai entendu, j'ai écouté le témoignage de Me Bellemare, qui a
une longue expérience dans le domaine, comment est-ce que vous allez pouvoir
nous donner certitude <par rapport à… >qu'il n'y ait pas de recul
par rapport à la jurisprudence? Est-ce que vous avez examiné la jurisprudence
et ce qui a été établi comme droit en vertu de la jurisprudence pour voir en quoi
vos dispositions ont préservé… Est-ce que… Quel a été l'exercice qu'a mené le ministère
de la Justice et vous, M. le ministre, pour vous assurez qu'il n'y a pas de
recul ou que… Mais, en tout cas, qu'il n'y ait pas de recul, je pense que c'est
la question.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, à cette question-là, puis tout à l'heure j'avais débuté ma réponse, il
faut comprendre que les décisions des tribunaux, quand on parle de l'ancien
régime, c'était soit victime directe ou pas du tout.
Donc, avec victime directe, vous aviez,
supposons, la rente viagère. Bon, la rente viagère, elle est abolie, elle
n'existera plus, elle va être remplacée par un montant forfaitaire. Mais ce ne
sont pas toutes les catégories de victimes qui auront une indemnité forfaitaire,
ça va être en fonction de la qualification de son type de personne victime, en
fonction du noyau familial aussi. Donc, chacune des catégories va être
catégorisée par règlement avec les aides associées à cela.
Mais je vous donne un exemple. Le père
d'un enfant majeur qui est assassiné qui n'est pas à charge bénéficierait du
soutien psychologique illimité. Donc, ça, ça va être dans le <règlement.
Donc…
M. Jolin-Barrette :
...va être catégorisée par
règlement avec les aides associées à cela.
Mais je vous donne un
exemple.
Le père d'un enfant majeur qui est assassiné qui n'est pas à charge
bénéficierait du soutien psychologique illimité. Donc, ça, ça va être dans le >règlement.
Donc, ça fait en sorte que la personne va pouvoir bénéficier de tout ça. Les
indemnités de décès, aussi, vont être augmentées. Donc, on veut prendre le
régime qui est sensiblement celui de la Société de l'assurance automobile du
Québec pour faire en sorte de se coller sur le régime.
Mais l'idée, c'est que c'est sûr qu'on ne
peut pas incorporer... On a regardé ce qui s'est fait avec la jurisprudence,
mais on ne peut pas incorporer ce qui a été déterminé par les tribunaux en
ayant les yeux fermés sur le nouveau régime. Il faut l'adapter en fonction
de...
• (14 h 40) •
Dans le fond, c'est un choix du législateur.
Les tribunaux étaient pieds et poings liés, où est-ce qu'ils se disaient :
On a une situation avec un individu qui, lui, manifestement, a une atteinte,
puis le régime d'indemnisation, il ne fait rien pour lui. Donc là, le juge analysait
tout ça puis dit : Bien, O.K., la loi a été adoptée en 1972, mais là,
pour cette personne-là, il n'y a rien du tout. Alors, moi, je rends un jugement
en équité, et, voici, je vais la considérer comme personne victime directe. Or,
ce n'était pas l'intention du législateur en 1972, là. Dans le fond, on se
retrouve en équité, puis ce n'est pas ce que la loi dit. Je ne suis pas en
train de critiquer les décisions des tribunaux, là, qui ont été rendues, je
suis en train de dire qu'est-ce qui s'est passé pour arriver avec ce corpus-là.
Là, ce qu'on fait à titre de législateurs,
c'est qu'on vient créer un nouveau régime puis on vient dire : Bien, oui, <il
y a eu... >il y avait ces problématiques-là avec l'ancien régime. Nous,
ce qu'on propose, c'est un nouveau régime, et on va apporter des aides précises
pour chacune des catégories.
Mais, si, à la question de la députée de
Joliette, c'est : Est-ce que la personne va recevoir sa rente viagère, la
réponse, c'est non, elle n'aura plus de rente viagère. Mais par contre, si son
enfant mineur est assassiné, pas par son autre conjoint, puis supposons que la
personne arrive après les policiers, bien, maintenant, elle va être considérée
comme une personne victime puis elle va avoir tout le soutien psychologique,
elle va avoir un montant forfaitaire, elle va avoir l'indemnité de décès aussi.
Ça fait que, voyez-vous, on travaille pour faire en sorte d'offrir le plus
large panier de services en fonction de la personne en lien avec la personne
qui a subi l'infraction.
Puis l'autre point qu'il est important de
dire, là, par rapport aux décisions des tribunaux, c'est que la société, elle a
évolué depuis 1972 puis que la société québécoise, dans son analyse, elle
est plus généreuse qu'en 1972... ce qui avait été prévu par le législateur.
<Mais ça fait des années que... p>Puis je le dis sans aucune
considération politique, mais ça fait des années que le régime subissait des
critiques, puis on l'a vu avec Gil Rémillard, avec Me Lemieux, qui a
déposé son rapport aussi, où il y <avait...
M. Jolin-Barrette :
…par le législateur. Mais ça fait des années que
… Puis je le dis sans
aucune considération politque, mais ça fait des années que le régime subissait
des critiques, puis on l'a vu avec Gil Rémillard, avec Me Lemieux, qui a
déposé son rapport aussi, où il y >avait une modernisation qui voulait
être… ou qui tendait à être faite aussi. Alors, c'est un peu ça, là, l'optique
dans laquelle on travaille pour faire en sorte d'amener un nouveau régime qui
va élargir la notion de personne victime.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Ça va.
Le Président (M.
Bachand) : Ça va?
Mme Labrie : Ça va, oui.
Le Président (M.
Bachand) : O.K., merci. Interventions sur l'amendement? M. le
député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui, M. le
Président. Là, le ministre, aussi, m'a éveillé à une autre facette du débat que
l'on a sur l'amendement. Après, on dit : «Le témoin visé au paragraphe 7°…»,
puis là, je résume ce qui suit, là. On dit que… Bon, paragraphe 7°, on
dit : «Le témoin de la perpétration d'une infraction…», j'arrive,
l'infraction est commise, je suis témoin de ça, je suis couvert, ou j'arrive
après les faits, la victime est là… Puis je le sais que le ministre dit :
Ce n'est pas uniquement pour les cas d'homicide, mais on prend toujours les cas
d'homicide parce que c'est les cas qui frappent plus l'imaginaire puis c'est
les cas, je dirais, <qui… >voilà, qui sont majeurs.
Donc, j'arrive pendant que c'est en train
de se faire, je suis victime… je suis témoin, pardon, de la perpétration de
l'infraction, ou, une fois que c'est fait, j'arrive sur la scène et je vois le
résultat de l'infraction, puis la scène est intacte, pas intacte, c'est ça le
débat. Après ça, on dit… Après ça le ministre ouvre… Et c'est là où< je
trouve… >, puis je vais le dire, puis ce n'est pas une accusation, là,
je trouve ça un peu artificiel. Puis là qu'on ne vienne pas me dire : Oui,
mais il y a des victimes par téléphone. Je suis d'accord, mais mon point, c'est
qu'on fait ce pas-là encore plus en avant, en disant : Le témoin visé à 7°
inclut celui qui n'est pas présent mais qui est en communication avec la
victime ou l'auteur de l'infraction, et il y a quatre critères. Ça se fait par
moyen technologique, exemple, je suis au téléphone avec. C'est un échange
actif : question, réponse, question, réponse, question, réponse, c'est un
échange actif. Après ça, il y a une question de concomitance, ça se fait live,
si vous me permettez l'expression. Et après ça il y a le visuel, l'auditif, ou
en lisant.
Je vais le revirer de bord, puis je ne
suis pas réducteur. <La non... p>Par définition, je vous ai défini
une non-proximité, c'est un échange technologique, les critères. Je vous ai
défini une non-proximité, on fait le pas en avant, bravo, de couvrir cette
personne-là, elle est victime, elle aussi, parce qu'elle est témoin de l'acte
ou témoin de la scène. Mais, je vous dirais, a fortiori la personne qui arrive
sur place, qui le voit de visu et ne le voit pas par support technologique,
aurait d'abondant, puis on pourrait plaider ce pas en avant là, en disant :
Bien, a fortiori la personne qui arrive sur place, puis qu'elle soit… enlevons
le critère d'intacte ou pas intacte, qu'elle puisse être <également…
M. Tanguay
: ...qui
le voit de visu et ne le voit pas par support technologie aurait d'abondant,
puis on pourrait plaider ce pas en avant-là, en disant : Bien, a fortiori,
la personne qui arrive sur place, puis qu'elle soit
… enlevons le critère
d'intacte ou pas intacte
, qu'elle puisse être >également,
enlevons «intacte», indemnisée en vertu de 10. Vous comprenez? C'est comme si
on avait un double langage, là.
Et je vous dirais même mieux, M. le
Président, je vous dirais que j'aurais compris la logique du ministre s'il
avait dit : M. le député, vous me proposez un amendement de couvrir les
victimes indirectes par support technologique, moi, j'arrête à «scène».
Intacte, pas intacte, je l'enlève. J'aurais compris la logique. Je suis
victime, je suis témoin, en termes d'ordre de gros... d'impact normal, là, pas…
«normal», entre guillemets, je suis victime, je suis témoin de l'acte ou de la
scène, puis, en troisième lieu, je suis témoin par moyen technologique
indirectement. J'aurais compris que le ministre... Ce n'est pas que j'aurais
compris, j'aurais fait l'amendement peut-être, puis on aurait été ingénieux de
le faire, puis le ministre aurait dit : Non, à un moment donné, il faut
mettre la ligne. J'aurais dit : O.K., il y a une logique. Mais intacte,
pas intacte, c'est en amont de ça, c'est a fortiori. Vous comprenez mon point?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Mais en
fait la personne qui est en contact technologique avec l'infraction criminelle,
elle voit l'infraction criminelle, elle l'entend ou elle la lit, elle est en
direct avec la perpétration de l'infraction criminelle. Donc, c'est distinct de
la personne qui arrive par la suite.
M. Tanguay
: Ou de la
scène… parce que c'est les deux types de témoins, de l'infraction ou de la
scène, qui peut être indirect par technologique. Alors, je peux être témoin de
la scène indirect parce que mon moyen technologique s'applique aux deux types
de témoins. À 7°, il y a deux types de témoins, il y a le témoin de
l'infraction puis le témoin de la scène. Le témoin visé par 7°, c'est l'un ou
l'autre, là... c'est les deux, excusez-moi.
M. Jolin-Barrette : ...article 10,
7°, là : «le témoin de la perpétration d'une infraction criminelle ou de
la scène intacte de cette infraction.
«Le témoin visé au paragraphe 7° du
premier alinéa inclut le témoin qui n'est pas présent sur les lieux au moment
de la perpétration de l'infraction, mais qui en est malgré tout témoin parce
qu'il est en communication avec la personne victime visée au paragraphe 1°
du premier alinéa ou avec l'auteur de l'infraction. Cette communication doit
remplir les conditions suivantes :
«1° se fait par l'intermédiaire d'un moyen
technologique;
«2° elle implique un échange actif entre
le témoin et la personne victime ou l'auteur de l'infraction.»
Donc, quand on lit 2°, là, il faut que
l'échange soit actif, là.
M. Tanguay
: Autrement
dit... C'est bon, le ministre m'apporte son éclairage, je ne le lisais pas de
même. À 7°, on s'entend qu'il y a deux témoins. Je suis témoin de
l'infraction, paf! ça vient de se passer, j'ai été témoin, ou ça fait cinq minutes,
c'est fait, j'arrive, je suis témoin de la scène. Là, ce qu'il me dit, le
ministre, puis, tel que rédigé — là, je le <vois...
M. Jolin-Barrette :
…actif, là.
M. Tanguay
:
Autrement dit… C'est bon, le
ministre m'apporte son éclairage, je ne
lisais pas de même. À 7, on s'entend qu'il y a deux témoins. Je suis
témoin de l'infraction, paf! ça vient de se passer, j'ai été témoin, ou ça fait
cinq minutes, c'est fait, j'arrive, je suis témoin de la scène. Là, ce
qu'il me dit, le
ministre, puis, tel que rédigé
— là,
je le >vois, je ne le voyais pas il y a cinq minutes — il
me dit : Non, non, non, c'est le premier type de témoin, c'est quand
l'infraction est en train de se commettre, et je peux être témoin de ça par
moyen technologique.
M. Jolin-Barrette : …il n'y a
pas de scène intacte pour le témoin virtuel. Le témoin virtuel, pour être
considéré comme témoin, c'est que, durant la perpétration de l'infraction… Puis
c'est ça, le paragraphe 2 de 7°, il faut que ça soit pendant l'infraction
criminelle, ce n'est pas après, là, il n'y a pas de scène intacte, là.
M. Tanguay
: Je ne suis
pas témoin par moyen technologique… Je ne suis pas couvert si je suis témoin
par moyen technologique de la scène.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
M. Tanguay
: C'est ça.
O.K.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? Mme la députée de Joliette, s'il vous
plaît.
Mme
Hivon
:
J'aimerais juste que le ministre, vraiment, sur le point précis de la «scène
intacte», nous dise concrètement, là, généralement, qu'est-ce qui change entre
une scène qui est intacte puis une scène qui n'est pas intacte. On le comprend,
là, il va y avoir les premiers répondants qui sont arrivés, tout ça. Mais ça ne
veut pas dire que, par exemple, on ne voit pas la victime qui est dans un état
épouvantablement traumatisant, par exemple. Donc, pourquoi cette distinction-là
jusqu'à… mon collègue disait, peut-être, un certain artifice, ou je dirais peut-être
un peu arbitraire, avec intacte, pas intacte? Dans le sens que tu peux arriver,
je comprends, dans certaines circonstances où la scène ne sera plus intacte, et
on va être beaucoup plus tard, et donc le traumatisme ou le choc peut être
moins grand. Mais la scène peut, en théorie, ne plus être intacte parce que les
premières manoeuvres sont en train de se faire, parce que les premiers
répondants sont là, mais être tout aussi traumatisante.
• (14 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
j'en conviens avec la députée de Joliette. Cela étant, à partir du moment où… Généralement,
il y a un agent de la paix, les premiers répondants sont là, il y a un
périmètre qui est érigé, et ça fait en sorte que… Il faut penser aussi à toute
la notion de la durée de la scène, du moment aussi. C'est ce que j'expliquais tout
à l'heure à la députée de Notre-Dame-de-Grâce. La personne qui arrive
directement sur les lieux, généralement, ça va être elle qui va voir cette
scène intacte là. Par la suite, après les événements, bien là, il y a
l'érection du périmètre. Alors, il y a là la nuance entre les deux. Et surtout
il faut toujours le rattacher au critère de témoin. L'objectif, c'est le témoin
qui a constaté l'infraction <criminelle…
M. Jolin-Barrette :
…cette scène intacte là. Par la suite, après les événements, bien là, il y a l'érection
du périmètre. Alors, il y a là la nuance entre les deux. Et surtout il faut
toujours le rattacher au critère de témoin. L'objectif, c'est le témoin qui a
constaté l'infraction >criminelle pendant que c'est arrivé.
Là, la définition est un peu plus large
parce que ça couvre aussi… Dans le fond, un témoin, c'est un témoin de… si on
reprend, là, je constate l'infraction, je vois, là, je suis là pendant que ça
se passe, là. Il y a quelqu'un qui fait une tentative de meurtre sur une autre
personne, ou il y a quelqu'un qui commet un homicide, ou il y a quelqu'un qui
commet une agression sexuelle, ou des voies de fait, je constate l'événement,
de mes yeux vu, là, je suis présent.
C'est pour ça que 10, 7°, il est là. Là,
d'une façon plus large, on dit aussi : Tu sais, 7°, c'est pour couvrir la
personne qui dit… qui arrive sur les lieux puis qui découvrent la personne, qui
découvre l'infraction criminelle. C'est ça que ça couvre, 10, 7°, parce que
c'est la première personne à y arriver.
Mais j'en conviens avec la députée de
Joliette qu'il peut arriver certaines situations qui amènent des difficultés
sur les lieux, mais généralement, avec le périmètre de protection de la scène
de crime… c'est pour ça qu'on l'exclut. Mais, cela étant dit, la personne qui arrive
sur les lieux, qui va avoir une atteinte va être considérée aussi comme une
personne victime en fonction des autres catégories.
Mme
Hivon
: Si
elle se qualifie dans les alinéas 1° à 6°?
M. Jolin-Barrette : Oui...
Mme
Hivon
:
C'est ça. Mais on se comprend que 7°, c'est une autre catégorie, et là on vient
décider de la limiter à la scène intacte. Je sais qu'on parle de ça depuis
tantôt, mais je veux juste dire que, selon moi, le niveau de choc, oui, il peut
extrêmement grave tant que la scène est intacte, mais il peut être aussi très,
très, très important, même si les premiers répondants sont arrivés depuis une minute
ou deux minutes. On se comprend? C'est pour ça que je trouve que ça
demeure arbitraire.
Par ailleurs, je comprends quand le
ministre nous dit : Là, on a juste en tête des scènes de meurtre ou de
tentatives de meurtre. Or, c'est beaucoup plus large parce que ça comporte tous
les types d'infractions criminelles. Puis ça m'amène donc à me demander, tu
sais, est-ce qu'il n'y a pas une distinction à faire. Donc, je sais que, dans
le passé, ça s'est déjà fait, meurtre, autres infractions… je ne dis pas… je
veux juste savoir si c'est quelque chose qui a été analysé, parce que je trouve
que, quand on parle de la question de la scène intacte puis qu'on amène ça
comme distinction, c'est plus artificiel quand on parle de cas de meurtres.
M. Jolin-Barrette : Sauf que
la… Je comprends ce que la députée de Joliette nous dit, mais il faut regarder
ça aussi dans un spectre plus large. Dans le cas qui est soulevé, supposons, un
cas de meurtre, mais, supposons, le périmètre policier dans le cas de meurtre,
ça se peut qu'il dure plusieurs jours. Alors, dans le fond, toute personne qui
serait sur les <lieux…
M. Jolin-Barrette :
…Je comprends ce que la députée de
Joliette nous dit, mais il faut
regarder ça aussi dans un spectre plus large. Dans le cas qui est soulevé,
supposons, en cas de meurtre, mais, supposons, le périmètre policier dans le
cas de meurtre, ça se peut qu'il dure plusieurs jours. Alors,
dans le
fond, toute personne qui serait sur les> lieux ou qui passerait devant
les lieux serait considérée comme des témoins.
Mme
Hivon
: Ça,
c'est en théorie. Après, évidemment, il faut que tu montres une atteinte ou… Je
veux dire, on se comprend, là, donc.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
il y a plusieurs éléments parce que, dans le fond, l'atteinte, là, l'atteinte,
elle va être sur… Supposons sur l'indemnité forfaitaire, là, la qualification,
exemple, comme quand c'était la victime directe, supposons, quand on parlait de
rente viagère ou d'incapacité temporaire, la personne était qualifiée en
fonction de son préjudice, puis, dans le fond, elle a un préjudice, je ne sais
pas, à 20 %… Pour faire ça simple, là, elle a un préjudice permanent à
20 %. Ça veut dire qu'au lieu de travailler cinq jours, semaine,
35 heures par semaine, maintenant, elle est juste capable de travailler
quatre jours par semaine, 28 heures par semaine. Donc, elle avait un
préjudice de 20 %, O.K.? Ça fait que ça, c'était au niveau de son
préjudice évalué, rente financière.
Par contre, nous, ce qu'on fait, c'est
qu'on offre plus de soutien psychologique, on la qualifie avec d'autres aides,
d'autres services. Ça fait que, oui, il y a son évaluation, mais ça se peut que
la personne subisse quand même une atteinte. Puis on veut être capable de la
couvrir aussi, on veut être capable d'ouvrir le panier de services pour couvrir…
si ce n'est pas nécessairement en aide financière, ça va être en aide
psychologique… bien, pas aide financière, aide… Dans le fond, c'est une aide
financière avec des aides forfaitaires.
Mme
Hivon
: Je
comprends, mais je ne trouve pas que ça répond à la question de la distinction
un peu artificielle… Je veux dire, c'est sûr qu'après il va avoir une
évaluation. Puis l'aide psychologique, c'est une chose, la somme forfaitaire,
c'est d'autre chose. Puis on va évaluer l'ampleur, l'atteinte puis…
M. Jolin-Barrette : Mais
là-dessus, M. le Président, ayons la discussion, là, avec la députée de
Joliette, là. Elle me dit : Bon, la personne qui arrive sur les lieux, à
la suite des ambulanciers, du corps de police. Dans le fond, jusqu'où elle
dresse cet encadrement des services, là, qui sont offerts? La scène dure deux jours,
trois jours ou la scène est médiatisée. Ça touche beaucoup les
communautés, là.
Je donne un exemple, là, les événements
malheureux qui sont survenus à Québec, là, le soir de l'Halloween, là. Il y a
eu les témoins directs de l'événement, donc qui seraient couverts, il y aurait
tous ceux qui étaient là avant la venue des policiers, avant la venue des
ambulanciers qui seraient couverts comme témoin. Mais, après le moment où les
ambulanciers sont arrivés, les policiers, bien, la scène de crime a été
protégée durant un certain temps aussi. Ça a touché beaucoup de gens à Québec.
Mais, dans le régime dans lequel on <propose…
M. Jolin-Barrette :
…qui seraient couverts comme témoin. Mais, après le moment où les ambulanciers
sont arrivés, les policiers, bien, la scène de crime a été protégée durant un
certain temps aussi. Ça a touché
beaucoup de gens à
Québec.
Mais, dans le régime dans lequel on >propose,
on veut faire en sorte que le noyau soit protégé, puis on va être en mesure
d'offrir du soutien financier, psychologique, des aides financières à un maximum
de personnes, là, mais on ne peut pas couvrir toutes les personnes, là.
Mme
Hivon
: Mais
je comprends, théoriquement, l'argument du ministre, là, mais, une fois que la
victime, O.K., qui a fait, par exemple, l'objet d'une tentative de meurtre, ou
d'un meurtre, ou d'une agression, n'est plus sur les lieux, parce qu'on essaie
de la sauver puis on l'amène… puis, je veux dire, on n'est plus dans la même
réalité ou le même niveau, on se comprend. Mais il y a une distinction, selon
moi, entre scène intacte, scène qui n'est plus intacte, mais on est deux minutes
après, la victime est toujours là, ça peut être encore plus traumatisant de
voir trois personnes en train d'essayer de réanimer, puis être 24 heures
plus tard, puis il y a encore un cordon puis un périmètre de sécurité, là, on
n'est pas dans… Ça fait que c'est ça que je trouve drôle, que notre critère de
distinction, ce soit intacte, pas intacte plutôt que le choc qui est créé par
la scène.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, Mme la députée. M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Est-ce
qu'on peut suspendre une seconde, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) : Oui, bien, juste avant de suspendre… Bien, il y
avait la députée de Sherbrooke sur ce sujet-là pointu. Mme la députée de
Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Merci. Moi,
j'écoute la discussion là-dessus, je suis assez sensible aux arguments du
ministre, j'ai l'impression qu'on pourrait peut-être trouver un compromis, en
modifiant plutôt l'article 13, où on définit ce que ça veut dire «scène
intacte». Peut-être qu'on pourrait garder le mot «intacte» mais élargir la
définition de «scène intacte» pour parler, par exemple, de… la scène est
considérée intacte tant et aussi longtemps que le périmètre de sécurité n'a pas
été établi, par exemple, ou que la victime est toujours sur les lieux de la
scène du crime. Je pense que c'est peut-être là qu'on pourrait trouver une
façon de définir «scène intacte» pour couvrir les exemples qui sont donnés par
mes collègues.
Parce que j'entends la préoccupation du
ministre, là, à l'effet qu'on ne veut pas nécessairement avoir un régime qui va
couvrir les personnes qui se présentent quelques années plus tard sur les lieux
où il y a eu un crime, puis qui vont peut-être avoir des souvenirs de ça. Je
pense qu'on peut élargir la définition de «scène intacte», là, pour que… parce
qu'effectivement ce n'est pas parce que l'ambulance est arrivée sur place, par
exemple, que la scène est moins traumatisante pour autant, là. Ça prend quand
même un certain temps, là, pour sécuriser la scène pour que les témoins ne
voient pas, par exemple, la victime. Je pense qu'on peut peut-être faire preuve
de souplesse là-dessus.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Si on
peut suspendre quelques instants.
Le Président (M.
Bachand) : On va suspendre quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 15 heures)
15 h 30 (version révisée)
(Reprise à 15 h 37)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui,
M. le Président. On a eu des discussions intéressantes avec les collègues des
oppositions. Alors... Et vous voyez à quel point, M. le Président, j'écoute les
collègues des oppositions, et pourquoi je voulais qu'on vienne en étude
détaillée, parce qu'avec leurs commentaires, leurs propositions, M. le
Président, on réussit à s'entendre et à apporter des améliorations au projet de
loi.
Donc, ce qu'on va faire à
l'article 13 lorsqu'on y sera rendus, c'est qu'on va élargir la notion de «scène
intacte» pour faire en sorte que, lorsqu'elle va s'élargir, donc on va
dire : Lorsqu'un témoin arrive avant les premiers répondants, ils seront
couverts, à titre de témoin, et également s'ils arrivent après les premiers
répondants. Une personne qui arriverait après les premiers répondants, si le
premier répondant est présent, est toujours présent, et si la victime est
toujours présente, donc les personnes qui vont arriver sur les lieux de
l'infraction seront couvertes à titre de témoins. Donc, on aura... on réaura cette
discussion-là...
(Interruption)
M. Jolin-Barrette : ...pardon,
après... rendus à l'article 13.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui.
Donc, je vais le rephraser, puis le ministre pourra me dire s'il est d'accord
avec ce rephrasé-là. Autrement dit, nous, nous proposons, et ça a fait l'objet
de la discussion de l'entente, de voir le ministre, à l'article 13, dans
la définition de «scène intacte», d'introduire un amendement qui va faire en
sorte que sera considérée, comme scène intacte, la concomitance continue de
deux conditions, soit la présence de la victime et du premier répondant, et
sera déclarée, tant qu'il y a concomitance de ces deux conditions-là, scène
intacte, et donc l'application se fera en ce sens-là. <J'ai bien
compris...
M. Tanguay
: …de
«scène intacte», d'introduire un
amendement qui va
faire en sorte
que sera considérée, comme scène intacte, la concomitance continue de deux
conditions, soit la présence de la victime et du premier répondant, et sera
déclarée, tant
qu'il y a concomitance de ces deux conditions-là, scène
intacte, et donc l'application se fera en ce sens-là. >J'ai bien compris,
j'ai bien reformulé.
M. Jolin-Barrette : La
compréhension du député de LaFontaine est exacte.
M. Tanguay
: Parfait.
Merci beaucoup. M. le Président, j'aimerais que vous vérifiiez, s'il vous
plaît, le consentement des collègues pour que je puisse retirer mon amendement.
• (15 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le député de LaFontaine. <Est-ce
que… >Je vérifie, à la demande du député de LaFontaine : Est-ce
qu'il y a consentement pour retirer l'amendement? Je vois des hésitations. Ça
va? Consentement?
M. Tanguay
:
Consentement. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Consentement. Merci beaucoup. On retourne à l'étude
de l'article 10. Mme la députée de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Il y a une chose que je veux juste que le ministre nous confirme au
micro. Quand on parle d'une personne décédée, là je me réfère aussi à
l'article 13, là, en même temps, parce que les deux sont vraiment liés,
c'est écrit, à la deuxième page de l'article 13, «est présumée décédée
toute personne disparue dans des circonstances qui permettent de considérer sa
mort probable et de croire que cette disparition découle de la perpétration
d'une infraction criminelle».
Ce que ça veut dire, c'est que, quand on
lit l'article 10, même si ce n'est pas écrit «présumée décédée», les cas
de disparition, par exemple, dans des circonstances d'apparence criminelle,
seraient considérés comme décédés. On pense, par exemple, à un parent, dont
l'enfant disparaît, c'est prévu… Je vois l'équipe du ministre, autour, qui font
des grands oui, là.
M. Jolin-Barrette : La
réponse, M. le Président, c'est oui.
Mme Labrie : Parfait. Je
remercie le ministre de me le confirmer.
Le Président (M.
Bachand) : Autres interventions sur l'article 10? Mme la
députée de Joliette, oui.
Mme
Hivon
: Moi,
en fait, j'aimerais juste… j'aimerais que le ministre nous explique la
philosophie, donc pas de la terre entière depuis Socrate, mais de l'article, O.K.,
de sa vision. Parce qu'il n'arrête pas… On a tous le réflexe, depuis tantôt,
que, quand on lit «aide financière», on pense somme forfaitaire, remplacement
de revenu. Or, dans la nouvelle philosophie de la loi, «aide financière», c'est
à peu près toutes les aides, donc de l'aide psychologique va effectivement être
de l'aide financière.
Donc, j'aimerais juste qu'il nous explique
la philosophie générale, parce que, là, pour quelqu'un qui suit nos travaux ou
qui lit l'article 10, on a l'énumération de toutes les personnes qui vont
désormais pouvoir se qualifier comme victimes, mais encore faut-il savoir… de
se qualifier comme victimes pour pouvoir avoir une aide financière, c'est ça,
10, parce qu'à 2, on a vu «victime» dans le contexte de base. Est-ce qu'automatiquement
ça veut dire que les personnes qui sont là vont pouvoir avoir une indemnité? Tantôt,
le ministre nous a dit non. Il va falloir aller voir l'article 30
notamment, où on vient nous dire ça.
Donc, je voudrais juste qu'il nous
explique ce qui fait, pour lui, que certaines victimes vont avoir une indemnité
forfaitaire et d'autres vont avoir de l'aide psychologique, <et ça va…
Mme
Hivon
: …notamment,
où on vient nous dire ça.
Donc, je voudrais juste qu'il nous
explique ce qui fait, pour lui, que certaines victimes vont avoir une indemnité
forfaitaire et d'autres vont avoir de l'aide psychologique, >et ça va
s'arrêter là. Qu'est-ce qui joue dans sa philosophie pour faire cette distinction-là?
Parce qu'on comprend qu'on va en reparler à 30, là, mais là on est au tout
début, puis c'est important, quand on analyse les catégories qui se qualifient,
de voir, dans le fond, quelle différence ça va pouvoir faire entre une
catégorie ou l'autre, puis si tu appartiens à une ou l'autre. Et donc, si tu es
parent d'un enfant majeur et que tu ne te qualifies pas à 2, bien, déjà, tu es
dans une autre catégorie, et quel impact ça peut avoir. Puis tout ça, bien, on
n'est pas capables de le juger en partant, puis même quand on va voir 30, c'est
difficile à juger, parce que ça dit «sous réserve du règlement», puis tout ça. Donc, ce n'est
pas même pas clair, quand on lit 30 parce qu'on comprend que tout ça est sous
réserve du règlement qui va être adopté, puis on ne l'a pas, le règlement.
Ça fait que, moi, j'aimerais juste, avant
qu'on commence à l'analyser, à analyser chacun des alinéas, que le ministre
nous dise de quoi procède la philosophie de sa nouvelle réforme pour faire la
distinction entre ceux qui vont avoir une somme forfaitaire et de l'aide
psychologique.
M. Jolin-Barrette : Mais le
principe de base, là, puis beaucoup, là, quand vous consultez les différents
groupes, c'est d'avoir une aide psychologique. Donc, à la base, tout le monde
va avoir une aide psychologique en fonction de… peu importe la catégorie de
personnes victimes qu'elles sont. La philosophie derrière la réforme qu'on
fait, au niveau des aides financières qui couvrent l'indemnité, donc l'argent
sonnant, qui couvrent les aides de réorientation, les aides psychiques, toutes
les autres aides à associer qu'on va voir à 30 et suivants, c'est le noyau
familial. On priorise le noyau familial. Donc, la question, c'est
toujours : Quand une personne victime subit une infraction criminelle,
mais qui et quels sont ceux qui subissent les contrecoups de ça? À premier
titre, c'est la personne victime elle-même et, après ça, bien, c'est son
entourage, ses enfants, son conjoint et, par extension, par la suite, ses
parents. Si c'est des enfants, ça va être son frère, sa soeur bien souvent.
Alors, l'aide qui va être apportée va être
proportionnelle à la situation de la personne rattachée à ça. Donc, je donne un
exemple. Dans l'éventualité où il y a l'homicide de quelqu'un, bien, les aides
vont être en fonction de quel est le noyau familial de la personne, est-ce que
ses enfants… Comme je le disais tantôt, est-ce que la personne a des enfants?
Est-ce que la personne a un conjoint? Si ni un ni l'autre, ensuite, on va aller
voir les parents de l'individu assassiné, supposons, qui est majeur. Donc, la
philosophie, c'est ça, c'est de concentrer, de qualifier plus de personnes
victimes, mais de faire en sorte... même la personne significative <pour
la victime…
M. Jolin-Barrette :
...
comme je le disais tantôt, est-ce que la personne a des enfants?
Est-ce que la personne a un conjoint? Si ni un ni l'autre, ensuite, on va aller
voir les parents de l'individu assassiné, supposons, qui est majeur. Donc, la
philosophie, c'est ça, c'est de concentrer, de qualifier plus de personnes
victimes, mais de faire en sorte... même la personne significative >pour
la victime. On introduit ce concept-là de la personne significative. On va le
voir, là, à 13, dans «proches», là, dans la qualification de «proches».
Donc, exemple, je suis une victime
d'agression sexuelle, ça s'applique dans un type d'infraction où la personne
est toujours vivante, là, où la personne, elle est blessée. Et donc j'ai une personne
significative qui n'est pas un proche lié par le sang, alors je vais pouvoir la
désigner, cette personne significative là, parce que, je ne sais pas, là, c'est
ma meilleure amie, puis c'est ma voisine de palier, mais c'est elle mon
coeur... le coeur de ma vie centrale, tu sais, supposons que c'est un proche.
Bien, cette personne-là, elle va pouvoir être considérée comme une personne
significative et avoir du soutien aussi parce que la personne victime qui a
subi l'infraction va pouvoir la désigner pour dire : Cette personne
représente une personne significative. Ça constitue mon soutien, mon pilier.
C'est cette personne-là que je veux qui ait des aides ou des soutiens... du
soutien.
Le Président
(M. Bachand) : Mme la députée de Joliette, oui.
Mme
Hivon
:
Puis juste pour comprendre comment il a bâti sa loi, quand on prend le deuxième
alinéa où on parle du parent d'un enfant qui est décédé ou qui subit une
atteinte à son intégrité, là on a la définition normalement non restrictive.
Donc, l'enfant pourrait être mineur ou majeur, on ne souhaite pas rien exclure
là pour voir comment ça s'applique, parce que, quand on va à 13, il n'y a pas
de définition de parent ou d'enfant. Ça fait que là, on continue, on va à 30,
puis là, à 30, ça nous fait une distinction entre le parent d'un enfant mineur,
O.K., puis, ensuite, ça nous fait, à 3°, le parent d'un enfant majeur, O.K. Et
je comprends que dans cette... puis c'est quand même, pour le parent d'un enfant
majeur, il y a des critères restrictifs, et qu'on a décidé donc de venir mettre
spécifiquement en lien avec la question de la somme forfaitaire.
Mais, quand on arrive là, c'est comme si
on se disait, là : Soudainement, là, on est beaucoup plus restrictif, puis
là ça va juste être le parent d'un enfant mineur qui est décédé en raison de la
perpétration d'une infraction criminelle contre cet enfant. O.K. Donc, ça va
juste être dans les cas d'un décès où on va pouvoir imaginer que le parent
puisse avoir accès à une somme forfaitaire. Est-ce que je lis correctement?
M. Jolin-Barrette : Oui.
La somme forfaitaire... Là, vous me parlez d'un enfant...
Mme
Hivon
:
Bien, un ou l'autre, <parce que même...
Mme
Hivon
: ...une
somme forfaitaire.
Est-ce que je lis
correctement?
M. Jolin-Barrette :
Oui. La somme forfaitaire... Là, vous me parlez d'un enfant...
Mme
Hivon
:
Bien, un ou l'autre, >parce que même à 2°... Je suis à 30, là, mais
c'est parce que je veux comprendre, quand on définit à 10, qui est général,
mais qu'après, on le lit en...
M. Jolin-Barrette : À 10, là,
dans le fond, là, c'est les grandes catégories, ça vous dit qui est considéré
comme une personne victime. Que votre enfant soit majeur, mineur, vous allez
pouvoir être considéré comme une personne victime. Par contre, après ça, dans
les aides qui vont être octroyées, ça va dépendre de votre enfant, il est
comment. Est-ce que c'est un enfant mineur ou est-ce que c'est un enfant
majeur? Je donne l'exemple suivant. <Supposons, >Moi, supposons
que je décède, les aides qui vont être pour ma mère sont différentes que si mon
enfant décédait, en fonction du noyau familial. Donc, le critère est avec les
enfants mineurs et à charge versus ceux qui ne sont pas à charge.
Puis l'autre point aussi, 10, là, dans le
fond, un des enjeux qu'on avait avec l'ancienne loi, c'est que les proches
n'étaient pas nécessairement considérés comme des personnes victimes aussi.
Donc, ça va dans la philosophie d'élargir la notion de personne victime puis de
venir les qualifier aussi de personnes victimes. <Parce qu'eux aussi, >Quand
un individu est blessé, c'est l'ensemble du noyau familial qui deviennent des
personnes victimes, parce qu'eux aussi, ils obtiennent... bien, ils ont une
atteinte à leur intégrité.
Mme
Hivon
: O.K.
Puis je veux juste être certaine que, quand on parle du parent d'un enfant, à 2°
de 10, puis qu'on ne le qualifie pas, qu'il est mineur ou qu'il peut être
majeur, ou tout ça, c'est clair que ça peut être un enfant qui est majeur. Ça,
c'est clair, il n'y pas de problème avec le Code civil, il n'y a pas d'autre
chose ailleurs qui vient nous dire qu'un enfant, c'est un mineur, c'est clair
et net.
M. Jolin-Barrette : Non. On
l'a construit comme ça, donc...
Mme
Hivon
:
Parfait. Du moment que c'est ton enfant, dans le fond...
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
Mme
Hivon
:
...qui pourrait avoir 32 ans dans certaines circonstances.
M. Jolin-Barrette : Il peut
en avoir 75.
Mme
Hivon
: Oui.
C'est beau. O.K. Moi, pour ce point-là, j'ai eu ma clarification.
• (15 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Mme la députée de Sherbrooke, s'il
vous plaît.
Mme Labrie : Oui. Bien, en
tout cas, on aura la conversation plus tard, probablement à l'article qui vient
définir que c'est seulement quand l'enfant est mineur ou que le parent subvient
à ses besoins, qu'il a accès à une somme forfaitaire. Parce que je pense
que perdre son enfant, peu importe quel âge a l'enfant, reste quand même un
événement traumatique, mais on en reparlera plus tard.
J'aimerais ça qu'on discute de la question
de la formulation, là, les premières lignes, quand on dit : «Aux fins du
présent titre, les personnes victimes suivantes ont droit à une aide
financière.» On en a discuté beaucoup tantôt, là, notamment pendant que c'était
suspendu, puis dans la compréhension de tout le monde, ça nous induit en erreur
que ça soit inscrit «aide financière». Puis on comprend que, dans la
philosophie du projet de loi, tout est une aide financière, <y compris
l'aide...
Mme Labrie : …
les
personnes victimes suivantes ont droit à une aide financière.» On en a discuté
beaucoup tantôt, là, notamment pendant que c'était suspendu, puis dans la
compréhension de tout le monde, ça nous induit en erreur
que ça soit
inscrit «aide financière». Puis on comprend que, dans la philosophie du projet
de loi, tout est une aide financière, >y compris l'aide psychologique ou
de réorientation, tout ça. Mais je pense que ça va aussi induire en erreur
énormément de personnes qui, après ça, vont se retrouver déçues de constater
que, finalement, quand c'était «aide financière», bien, ça voulait dire :
On peut rembourser votre psychologue, par exemple.
Donc, je pense qu'on devrait réfléchir à
formuler autrement ici, puis peut-être inscrire «ont droit à une aide», «ont
droit aux aides prévues dans la présente loi» ou quelque chose comme ça, pour
ne pas nécessairement parler de l'aspect financier ici, question de ne pas
créer des attentes qui vont être déçues, là, dans beaucoup de situations pour
les victimes.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
comprends le point de la députée de Sherbrooke, mais je ne suis pas d'accord,
parce qu'on le voit, à l'article 30, on parle de somme forfaitaire, les
personnes victimes admissibles, établissement et versement de la somme
forfaitaire à 32. Ensuite, au chapitre III, page… article 36, «aide
financière palliant une perte de revenu», «les personnes victimes admissibles».
Ensuite, plus on avance, «établissement et versement de l'aide financière
palliant une perte de revenu». Ensuite, article 42, «durée du versement de
l'aide financière»; article 45, le titre, «Aide financière pour la réhabilitation
psychothérapique ou psychosociale»; ensuite, chapitre V, «aide financière
pour la réadaptation physique»; chapitre VI, «aide financière pour la
réinsertion professionnelle».
Mme Labrie : …peut-être qu'on
devrait parler, à toutes ces occasions-là, plutôt de remboursement ou de
remboursement partiel, ou je… Parce que, dans le langage commun, l'aide
financière, ce n'est pas tagué pour quelque chose en particulier. L'aide
financière aux études, par exemple, bien, ce n'est pas un remboursement de ton
épicerie puis de ton loyer. C'est de l'argent, tu fais ce que tu veux avec.
Donc, je pense que ça induit une compréhension erronée, là. Puis je comprends
que c'est répété partout dans le projet de loi, mais je pense que ça induit,
chaque fois, en erreur les gens, et qu'on pourrait le corriger. Parce que
sinon, après, c'est les personnes qui vont administrer le programme qui vont se
retrouver, à tous les jours, répondre à des personnes puis leur
expliquer : Ah! bien, non, non, on dit «aide financière», mais c'est… pour
compenser certains frais, on va vous rembourser ceci, on va vous rembourser
ceci.
Finalement, ils vont passer énormément de
temps à devoir expliquer que non, ce n'était pas de l'argent qu'on allait vous
envoyer comme ça pour faire ce que vous voulez avec.
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, M. le Président, je ne suis pas d'accord, puis en plus, les aides
financières qui vont être contribuées, c'est clair, là, quand on dit «aide
financière pour remboursement de certaines dépenses diverses», «aide financière
visant à contribuer aux aliments d'un enfant né à la suite d'une agression à
caractère sexuel», ça le dit explicitement, là. Puis il faut le dire, les gens,
là, quand ils vont appeler, là, à l'aide d'IVAC, là, les employés vont être
formés, puis ils vont raconter, dans le fond, <leur histoire…
M. Jolin-Barrette :
…aide financière pour remboursement de certaines dépenses diverses», «aide
financière visant à contribuer aux aliments d'un enfant né à la suite d'une
agression à caractère sexuel», ça le dit explicitement, là. Puis il faut le
dire, les gens, là, quand ils vont appeler, là, à l'aide d'IVAC, là, les
employés vont être formés, puis ils vont raconter, dans le fond, >leur
histoire, ils vont dire : Bien, écoutez, moi, je suis qualifié comme une
personne x, y. La personne va dire : Bien, vous avez de l'aide financière…
Mais, premièrement, le montant forfaitaire, si la personne en bénéficie, c'est
clair, c'est le montant forfaitaire. Ensuite, ils vont dire : Bien, vous
avez du soutien… vous avez droit à du soutien psychologique, vous avez de
l'aide financière pour payer le psychologue. Vous avez de l'aide financière
pour aller voir un orienteur, voici l'aide financière pour un orienteur. Pour
moi, c'est très clair, puis je suis très à l'aise avec le libellé des titres.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, M. le député de LaFontaine… Sur le même sujet,
Mme la députée Joliette?
Mme
Hivon
: Oui,
je suis sur le même point. J'en ai parlé beaucoup depuis le début. Je ne
comprends pas cette appellation-là. Je trouve que même le ministre se prive
d'envoyer un bon message sur l'importance de l'aide psychologique et du soutien
psychologique en mettant tout ça sous le vocable «aide financière». Pour moi,
ce n'est vraiment pas la même chose, puis je suis convaincue aussi que, pour un
lecteur… Puis on essaie de faire les lois les plus intelligibles possible,
c'est le grand objectif qu'on est supposés poursuivre comme législateurs. Je
trouve qu'on passe à côté en mettant tout sous le vocable. Je comprends que,
pour une fin de loi, ça peut être simple de ne parler que d'aide financière,
puis après de la décliner en sous-catégorie, mais je trouve que le concept ne
renvoie pas ce à quoi on veut faire référence.
Puis là le ministre, il a changé vraiment
le langage, il a enlevé le mot «indemnisation», parce qu'il s'éloigne de l'idée
de l'indemnisation, puis de la rente, puis tout ça, mais là il est arrivé avec
ce concept-là d'aide. Puis moi, je trouve que ça devrait vraiment être revu,
minimalement, pour ce qui est l'aide psychologique, puis tout ça, là. Je trouve
que c'est très difficile à défendre qu'on mette tout ça sous le même vocable,
puis ça ne donne pas l'impression de ce que c'est.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends, M. le Président, le point de mes collègues. Je ne le partage pas,
surtout que ça permet de faire la distinction aussi avec l'autre partie de la
loi qui est relativement au soutien qui est offert par les CAVAC, relativement
avec les autres mesures aussi. Là, ultimement, c'est de l'argent, ce sont des
aides financières destinées au paiement, au remboursement des sommes. Ça
constitue de l'aide financière.
Dans le fond, là, dans le régime, ce n'est
pas l'IVAC qui vous dit : Voici votre psychologue, là.
Mme
Hivon
: Non,
je comprends tout à fait.
M. Jolin-Barrette : La
personne présente ses factures à l'IVAC, puis on lui rembourse. C'est de l'aide
financière pour payer le psychologue, c'est de l'aide financière pour payer
telle personne. Je comprends que ce n'est pas le terme que mes collègues
souhaiteraient qu'on utilise, mais ça dit ce que ça dit, c'est de l'aide
financière. Puis ça clarifie les choses, parce qu'il faut <penser, là,
que...
M. Jolin-Barrette :
…à l'IVAC, puis on lui rembourse. C'est de l'aide financière pour payer le
psychologue, c'est de l'aide financière pour payer telle personne. Je comprends
que ce n'est pas le terme que mes collègues souhaiteraient qu'on utilise, mais
ça dit ce que ça dit, c'est de l'aide financière. Puis ça clarifie les choses,
parce qu'il faut >penser, là, que là, les propositions que j'ai, c'est
en fonction de l'ancien vocable. Dans le fond, il faut enlever le chapeau de
l'ancien régime. L'ancien régime, c'est l'ancien régime, puis on a vu les
difficultés qu'il avait. Puis là on le ramène avec un nouveau régime.
Mme
Hivon
: En
tout cas, c'est la première fois, dans le projet de loi, qu'on lit «aide
financière», c'est à l'article 10, puis c'est en lien avec notre définition
de personnes victimes qui ont droit à une aide financière. Moi, je fais juste
soumettre, bien humblement, au ministre que je pense que ça induit le lecteur
en erreur, parce qu'on ne l'a pas non plus, la définition d'aide financière
avant de lire ça, puis de voir tout ce que ça peut comporter. Ça fait que, ça
donne une impression d'indemnité, de somme forfaitaire, de remplacement de
revenu. Si le ministre tient à garder ça, je ne trouve pas que c'est optimal du
tout pour une bonne compréhension.
M. Jolin-Barrette : Il y a
une section précise qui est indiquée relativement au remplacement de revenu,
tout ça, «aide financière palliant la perte de revenu». .
Mme
Hivon
:
Pardon?
M. Jolin-Barrette : Il y a
une section précise qui dit «aide financière palliant la perte de revenu».
Mme
Hivon
: Oui,
oui, je comprends. Je fais juste lui redire que c'est la première fois qu'on
voit le mot «aide financière».
Le Président (M.
Bachand) : Oui, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : C'est-tu
correct?
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée, ça va, pour l'instant? M. le député
de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui, M. le
Président. Échange très, très, très important, puis je vais aller sur d'autre
chose. Mais, si mes collègues veulent poursuivre l'échange, là, qu'ils… pour
peut-être revenir plus tard, là. Mais je vais aller sur d'autre chose à moins
que vous vouliez compléter l'échange.
<J'ai… >Le ministre ne pourra
pas dire qu'on ne collabore pas. Je vais lui poser une question. Je vais lui
soumettre une réponse, puis il aura juste à répondre oui à la fin, puis ça va
être la fin du débat, savoir si j'ai bien compris. Question : Ne serait-il
pas à propos, à 10.1, après «la personne qui subit une atteinte à son
intégrité», d'ajouter, à la fin, «intégrité physique ou psychique» comme on l'a
fait à l'article 2? Ça, c'est la question. La réponse que je lui soumets
serait de dire non. Parce que 13 qui l'inclut, «intégrité psychique et
physique», fait oeuvre utile pour 10 et suivants, et tous les autres articles.
Et nous étions justifiés de mettre ça à 2, parce qu'il va faire oeuvre utile
pour la première section qui touche 1 à 9. Est-ce que j'ai raison de croire ça?
M. Jolin-Barrette : On me dit
que oui, M. le député de LaFontaine, mais...
M. Tanguay
: Parfait.
Le point est fait. M. le Président, j'ai un autre sujet.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, si, pour la suite de nos travaux...
M. Tanguay
: ...de
même, oui.
M. Jolin-Barrette : ...le
député de LaFontaine peut continuer comme ça, question, réponse, je l'encourage
beaucoup. Je trouve que c'est…
16 h (version révisée)
M. Jolin-Barrette : On me
dit que oui, M. le député de LaFontaine, mais...
M. Tanguay
:
Parfait, le point est fait. M. le Président, j'ai un autre sujet.
M. Jolin-Barrette : M.
le Président, si, pour la suite de nos travaux...
M. Tanguay
: ...de
même, oui.
M. Jolin-Barrette :
...le député de LaFontaine peut continuer comme ça, question, réponse, je
l'encourage beaucoup, je trouve que c'est efficace, et ça nous précipite dans
la bonne direction.
M. Tanguay
: Bon,
mais il faut faire attention, le ministre a utilisé le mot «précipite», je lui
demande de faire attention à la précipitation.
M. Jolin-Barrette : C'était
pour ça, M. le Président, que j'ai utilisé ce terme.
Le Président (M. Bachand) :J'ai la députée de Joliette sur le point du député de LaFontaine.
Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Ça va, ma collègue m'a... C'est à la définition d'infraction criminelle que
vous voyez le physique ou psychique.
M. Tanguay
: À 13,
oui.
Mme
Hivon
:
Oui, c'est ça.
M. Tanguay
: Si
vous me le permettez, M. le Président...
Le Président (M. Bachand) :M. le député de LaFontaine, oui.
M. Tanguay
: Je
reviens à la... puis on va les passer, là, mais je vais y aller sur ça, à la
fin de l'article, là, lorsque l'on parle... le témoin... après 7°, le témoin
inclut celui qui a une communication avec la personne victime, et puis là on définit
les quatre critères : moyen technologique, échange actif, sans autre
interruption, tout ça. Ma première question, là, qui est une question assez à
la mode, sans être réducteur, est-ce que le ministre a l'assurance que ces
critères-là sont technologiquement neutres, autrement dit, qu'ils vont bien
vieillir avec le temps, puis vieillir veut dire dans trois ans, cinq ans,
10 ans?
M. Jolin-Barrette :
Mais, en fait, je pense que, dans le cadre du projet de loi n° 75, on
avait eu la discussion sur le terme «moyen technologique», et ça couvrait assez
largement le vocable utilisé. Et, lorsqu'on regarde les critères, là, on dit...
M. Tanguay
: Les
autres critères, oui.
M. Jolin-Barrette : «1°
elle se fait par l'intermédiaire d'un moyen technologique;», ça, il n'y a pas
d'enjeu. «2° elle implique un échange actif entre le témoin et la personne
victime ou l'auteur de l'infraction;», ça aussi, il n'y a pas d'enjeu parce que
ce qui est recherché, c'est le fait qu'il y ait un contact entre les deux. «3°
elle se fait sans autre interruption que le temps requis pour préparer et
transmettre ou recevoir l'élément suivant de l'échange;», c'est le critère de
contemporanéité, d'instantanéité, ça non plus, il n'y a pas d'enjeu. «4° elle
permet au témoin de constater visuellement, auditivement ou en lisant
l'infraction au moment de sa perpétration». Alors, on a cinq sens, tout ce qu'il
manque, c'est le toucher et le goûter, alors je ne pense pas que...
M. Tanguay
: Le
ministre oublie le sixième sens aussi, qui n'est pas...
M. Jolin-Barrette : J'ai
oublié le sensoriel aussi, là.
M. Tanguay
: Oui.
Je reviens sur le troisième critère, ça, je vous avoue que je l'ai lu trois
fois : «3° elle se fait — là, on parle de la communication — sans
autre interruption que le temps...» Là, on va sortir Hubert Reeves, là, le
temps, l'espace, les trous noirs... «3° elle se fait sans <autre...
M. Tanguay
: ...
trois
fois : «3° elle se fait — là, on parle de la
communication — sans autre interruption que le temps...» Là, on va
sortir Hubert Reeves, là, le temps, l'espace, les trous noirs... «3° elle se
fait sans >autre interruption que le temps requis pour préparer et
transmettre ou recevoir l'élément suivant de l'échange;». Moi, je pense qu'il y
a du monde, bien du monde, pendant bien longtemps, qui ont travaillé là-dessus,
là. J'ai de la misère à... Si on décortique, là, elle... O.K., la communication
doit, pour pouvoir se qualifier, doit se faire — c'est comme ça qu'il
faut le lire, à date, ça va bien — sans autre interruption, on parle
d'interruption temporelle ici. Oui?
M. Jolin-Barrette : Je vous
donne l'exemple, M. le Président, le député de LaFontaine et moi entretenons
une correspondance épistolaire par biais de messages texte, O.K., le temps...
M. Tanguay
: Peu
abondante.
M. Jolin-Barrette : Pardon?
M. Tanguay
: Peu
abondante.
M. Jolin-Barrette : Peu
abondante? Ce n'est pas de ma faute si le député de LaFontaine ne me répond
pas. Moi, je veux.
M. Tanguay
: Mais merci
pour vos voeux de joyeux temps des fêtes.
M. Jolin-Barrette : Ça me
fait plaisir. Et donc pendant que je fais l'action, M. le Président, de texter
avec mon appareil cellulaire le député de LaFontaine, et qui là, il voit trois
petits points, là, pendant qu'il attend impatiemment mon message, bien, on
parle de ce temps-là, le temps que je lui envoie, donc ce sont l'aller et
retour par rapport à la... durant le moment de l'infraction. On ne se retrouve
pas dans une situation où le député de LaFontaine, je lui ai écrit il y a de
cela deux mois, puis deux mois plus tard, il me répond, l'infraction criminelle
est survenue il y a deux mois, donc il n'y a pas ce critère de temps là au
niveau de la communication, il faut que ça soit rapproché.
M. Tanguay
: Là, on
parlait... il disait : Oui, oui, ayez toutes les assurances que c'est
technologiquement neutre. Puis il vient de dire : Tant qu'il y a les trois
petits points. Je ne sais pas si les trois petits points vont être encore là
dans trois ans, cinq ans, mais c'est correct, je prends son exemple, là, ça
veut dire, il faut comprendre... «3° elle se fait sans autre interruption que
le temps requis pour préparer...», ça veut dire que, si c'est par texto, le
temps que j'écris mon texto, et qu'il n'est pas reçu à l'autre bout, est
admissible pour se qualifier. Il faut qu'il réponde oui à ça, là.
M. Jolin-Barrette : Vous
voulez dire que...
M. Tanguay
: Le temps
que le texto... ça prend une minute, mettons, la personne est bouleversée, on
va prendre un exemple concret, la personne est bouleversée, elle écrit pendant
une minute, deux minutes, trois minutes, ce temps-là m'est accordé, même si je
ne l'ai pas reçu, pour me qualifier comme témoin.
Une voix
: Oui.
M. Jolin-Barrette : Oui. La
réponse, c'est oui.
M. Tanguay
: O.K. Parce
que je ne veux pas qu'on relise les transcripts dans trois ans, puis qu'il n'y
ait plus de trois petits points, puis que finalement, la personne ne se
qualifie pas. Alors...
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, j'ai voulu illustrer au collègue...
M. Tanguay
: Oui, oui,
puis c'est bien correct.
M. Jolin-Barrette : ...pour
avoir une illustration concrète des choses.
M. Tanguay
: «3° elle
se fait sans autre interruption que le temps requis pour préparer et <transmettre...
M. Jolin-Barrette :
…
Oui. La réponse, c'est oui.
M. Tanguay
: O.K.
Parce que je ne veux pas qu'on relise les transcripts dans trois ans, puis
qu'il n'y ait plus de trois petits points, puis que finalement, la personne ne
se qualifie pas. Alors...
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, j'ai voulu illustrer au collègue...
M. Tanguay
: Oui,
oui, puis c'est bien correct.
M. Jolin-Barrette :
...pour avoir une illustration concrète des choses.
M. Tanguay
: «3°
elle se fait sans autre interruption que le temps requis pour préparer et >transmettre
ou recevoir…», ça, c'est un peu quand on envoie des amendements à Greffier.
M. Jolin-Barrette : Mais, écoutez,
M. le Président, moi, je ne suis pas responsable du système informatique de l'Assemblée
nationale.
M. Tanguay
: Ce n'est
pas ma question, ce n'est pas ma question, mais c'est ça, c'est oui.
M. Jolin-Barrette : Oui.
M. Tanguay
: O.K.
L'élément suivant…
M. Jolin-Barrette : Mais
l'exemple du député de LaFontaine, lorsqu'on va relire les transcripts, M. le
Président, dans trois ans, ce ne sera pas un bon exemple parce que l'Assemblée
va tellement être aux normes technologiques, on va avoir fait la réforme
parlementaire déposée par le leader du gouvernement, puis tout va être
technologique à l'Assemblée, je le souhaite dans mes rêves.
M. Tanguay
: Puis ça va
être tellement vite, M. le Président, on n'aura même plus besoin de les
rédiger, ils vont se rédiger tout seuls, puis ça va être adopté à vitesse grand
V avec la réforme parlementaire, on n'aura même plus besoin de voir le ministre
en personne, ça va être efficace, on va avoir du temps dans nos comtés, hein, mais
je referme la parenthèse.
M. Jolin-Barrette : Bien, c'est
le désir, mais si le député de LaFontaine souhaite que ça soit M. le député de
Chapleau, comme adjoint parlementaire, qui pilote le projet de loi là aussi.
M. Tanguay
: Bien, il
est bon, Chapleau. Moi, Chapleau, je le regarde, là, il monte, il s'en vient,
faites attention, il s'en vient. Et la fin, on va finir, là, «…ou recevoir
l'élément suivant de l'échange;», c'est une drôle de rédaction. On comprend, on
comprend «préparer, transmettre, recevoir l'élément suivant de l'échange», on
parle ici qu'il y a nécessairement interaction puis que, l'élément suivant de
l'échange, c'est que vous m'interpellez, je réponds. L'élément suivant, c'est…
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, pour être témoin à distance par moyen technologique, ça ne doit pas être
une communication unilatérale, ça doit être une communication bilatérale. Donc,
vous m'écrivez, je peux prendre le temps de vous répondre en fonction de ma
dextérité et de mon utilisation du téléphone…
M. Tanguay
: Je suis
content parce que ça allonge le temps, oui.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
et donc ça fait en sorte… mais ça prend un échange bilatéral, il faut que la
personne…
M. Tanguay
: Ah! bien
là.
M. Jolin-Barrette : …l'envoie
la communication, ce n'est pas juste je vous dis : M. le député de LaFontaine,
venez m'aider, je suis victime d'une infraction criminelle. Ça prend une
interaction entre les deux.
M. Tanguay
: Mais là
c'est spécial pareil, parce que la dernière fois que le ministre m'a texté,
j'étais tellement surpris que j'ai manqué échapper mon iPhone dans la sauce à
spaghetti, mais si je n'avais pas répondu, je reviens plus sérieusement, si
j'ai le texto puis que je ne réponds pas, je ne me qualifie pas, mais je
pourrais être bouleversé aussi, puis c'est pour ça qu'on m'accorde le qualificatif
de victime à titre de témoin technologique, il faudrait que je réponde, mais je
pourrais… le ministre est d'accord, je peux recevoir sa communication, je
pourrais même recevoir le visuel, l'audio, tout en même <temps…
M. Tanguay
: …mais je
pourrais être bouleversé aussi, puis c'est pour ça qu'on m'accorde le
qualificatif de victime à titre de témoin technologique, il faudrait que je
réponde, mais je pourrais… le
ministre est
d'accord, je peux
recevoir sa communication, je pourrais
même recevoir le visuel, l'audio,
tout en même >temps, puis être bouleversé, puis c'est pour ça qu'on veut
m'indemniser, puis ne pas y répondre. Moi, ce bout-là, il m'interpelle.
M. Jolin-Barrette : Ça prend
un échange, ça, c'est à 2°, ça prend un «…échange actif entre le témoin et la
personne victime ou l'auteur de l'infraction;».
• (16 h 10) •
M. Tanguay
: Mais si le
ministre et l'IVAC… puis je lui fais la preuve : Oui, je n'ai pas répondu,
je ne me qualifie pas. Je n'ai pas répondu, mais vous voyez, puis il me croit,
puis j'ai la preuve que j'ai été bouleversé par ce que j'ai vu, là, je l'ai vu,
là, j'ai été bouleversé — puis là on est redevenu sérieux, M. le
Président — puis je n'ai pas répondu, vous allez dire : Bien,
vous n'avez pas répondu soit auditivement, soit en renvoyant un texto, vous ne
vous qualifiez pas. Moi, j'enlèverais ce bout-là.
M. Jolin-Barrette : Non parce
que ça prend un échange actif entre les individus parce que sinon, exemple, une
scène de télévision pourrait être couverte, et donc il n'y a pas d'échange
bilatéral entre les deux.
M. Tanguay
: Non, mais
une scène de télévision…
M. Jolin-Barrette : C'est un
moyen de...
M. Tanguay
: …c'est une
offre publique de contracter au sens du Code civil, mais là on parle d'un
échange. Mon texto que vous avez, que vous m'envoyez, on ne peut pas comparer
ça à la télévision, puis j'écoute les nouvelles puis je vois la scène de crime,
ce n'est pas ça là. Là, c'est déjà défini ça, là, là.
M. Jolin-Barrette : Non, ça
prend un échange actif.
M. Tanguay
: Mais
l'échange actif, je l'ai à 2°, là, je suis à 3°, «…l'élément suivant de
l'échange;». Je comprends, puis il a raison, l'échange actif aussi, c'est comme
3°, c'est juste… puis je l'aurai dit, là, le ministre comprend mon point, si je
reçois… Je comprends, il faut que ça soit concomitant, je comprends, si une
semaine après j'écoute la vidéo que je n'ai pas écoutée, je comprends qu'à un
moment donné, il faut… Ou qu'un tiers prend mon cellulaire, puis voit la vidéo
un an après, puis dit : Ah… Je comprends, il faut que ça soit
contemporain, mais j'y aurais été davantage là-dessus que de dire : On va
s'assurer de la contemporanéité en disant «il faut qu'il réponde» puis s'il ne
répond pas, tu sais.
M. Jolin-Barrette : Le
critère, c'est un échange actif.
Le Président (M. Bachand) :
La députée de Sherbrooke, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Oui. On va rester
dans le même thème, je vais faire une mise en situation au ministre, O.K., disons,
j'ai une amie qui me contacte par texto, elle est en train de… elle vit de la
violence conjugale et elle s'est enfermée dans la salle de bain, elle a peur
que son conjoint tente de lui faire du mal, ou il la menace, puis là on est en
contact, là, il y a un échange actif entre moi et mon amie, et, à un moment
donné, l'échange est interrompu, elle ne me répond plus parce que, par exemple,
son conjoint, mais il a défoncé la porte de la salle de bain, là, puis il est
sur son cas, est-ce que le fait qu'il y ait eu une interruption fait en sorte
que moi je ne me qualifie plus comme témoin de cet <événement-là…
Mme Labrie : …
l'échange
est interrompu, elle ne me répond plus parce que, par exemple, son conjoint,
mais il a défoncé la porte de la salle de bain, là, puis il est sur son cas,
est-ce que le fait qu'il y ait eu une interruption fait en sorte que moi je ne
me qualifie plus comme témoin de cet >événement-là? Ou si ça fait
15 minutes, là, que j'interagis avec elle puis que je suis consciente
qu'elle est en… tu sais, qu'elle est en danger, mais elle n'a pas encore été
attaquée physiquement ou… est-ce que le fait que ça ait été interrompu fait en
sorte que je ne suis plus témoin?
M. Jolin-Barrette : Bien,
chaque situation est un cas d'espèce, mais le principe général de l'article
vise à faire en sorte que les situations où la personne subit une infraction
criminelle ou est en train de subir une infraction criminelle, ça soit couvert.
Mme Labrie : Donc, est-ce que,
dans sa compréhension du ministre, ce serait couvert? Le fait qu'elle était
dans une situation, menacée, là, pendant qu'on était en échange actif, puis à un
moment donné, c'est… Parce que c'est le mot… c'est l'interruption, en fait, le
fait… tu sais, si l'interruption est liée au fait qu'il y a eu geste criminel,
est-ce que…
M. Jolin-Barrette : Oui, ça
serait couvert parce que vous avez la connaissance et l'échange qu'il y des
menaces.
Mme Labrie : Donc, si
l'interruption, en elle-même, elle est due au fait qu'il y a eu l'acte
criminel, c'est couvert.
M. Jolin-Barrette : C'est
couvert.
Mme Labrie : Parfait. Merci.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Interventions?
Des voix
: …
Le Président (M. Bachand) :
Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Pas
sur le paragraphe 5°.
Le Président (M. Bachand) :
Bien, on est sur l'article 10 en général, là. Ça va?
Mme
Hivon
: O.K.
Mais je voulais juste… Je ne sais pas si le collègue voulait rajouter sur…
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de LaFontaine, oui.
M. Tanguay
: Bien, on
me donne un autre cas d'espèce parce qu'honnêtement, je vais le dire de même,
ça… en passant, instruisez-moi là-dessus, là, ça, on répond à un besoin qui
était vécu? Je n'ai pas de… C'est correct, je trouve ça très… ce bout-là, là,
je vais le donner au ministre, je trouve ça progressiste, puis ce n'est pas un
mot que je veux utiliser souvent, ça… mais est-ce que ça, ce sont des éléments…
ça vient d'où, cette idée-là? Parce que je trouve que c'est une idée
progressiste, mais on lui coupe les ailes, puis j'ai un autre cas d'espèce à
vous soumettre, M. le Président. Aïe, CAQ puis progressiste, là, il est
temps que ça finisse.
Le Président (M. Bachand) :
Oui. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
…M. le Président, premièrement, je tiens à indiquer au procès-verbal,
16 h 15, les bons mots du député de LaFontaine, et on va pouvoir les
repasser en boucle et les réécouter autant que son point de presse, M. le
Président.
M. Tanguay
: Parfait.
Une voix
: …
M. Jolin-Barrette : Autant
que le point de presse, M. le Président. Justement, l'objectif des moyens
technologiques est là pour que la loi s'adapte et continue d'évoluer parce que,
vous savez, on se retrouve de plus en plus dans un monde technologique aussi,
donc on veut faire en sorte qu'elle puisse être plus large et couvrir
également. Donc, s'il y a des événements qui surviennent, des infractions
criminelles desquelles une personne, elle est témoin, bien on veut pouvoir
faire en sorte que la loi va s'adapter et <couvrir…
M. Jolin-Barrette :
…et continue d'évoluer parce que, vous savez, on se retrouve de plus en plus
dans un monde technologique aussi, donc on veut faire en sorte qu'elle puisse
être plus large et couvrir également. Donc, s'il y a des événements qui
surviennent, des infractions criminelles desquelles une personne, elle est
témoin, bien on veut pouvoir faire en sorte que la loi va s'adapter et >couvrir
ces personnes-là qui constateront une infraction visuelle de laquelle ils
seront témoins.
M. Tanguay
: Là, M. le
Président, le ministre n'aurait pas dû dire ça parce que je vais faire un autre
petit bout qui sera en réponse à son petit bout de vidéo, où je vais dire :
À première vue, c'est une idée qui semble progressiste, mais on lui coupe les
ailes. Alors, ça, ce sera mon petit bout de vidéo qui répondra à votre vidéo,
puis ça va être match nul.
Une fois que j'ai dit ça, <il y a
des cas, >puis là on redevient sérieux, il y a des cas, puis le
collègue… le cas de la collègue députée de Sherbrooke est… c'est l'aspect ou
l'idée pour qu'elle prenne son envol ou… Je reviens là-dessus, je ne me
répéterai pas, mais je peux recevoir un texto parce que, le ministre, il dit
que ça couvre les textos, je peux recevoir un texto bouleversant, je suis
capable d'en faire la preuve, la démonstration, puis que je suis une victime-témoin,
puis que j'ai répondu… je n'ai pas répondu, ça, je trouve qu'on fait la moitié
du chemin, peut-être même pas le début du chemin.
Autre élément, puis je parlais avec Sophie
Chateauvert, notre recherchiste, que je salue, qu'en est-il… Des fois, il y a
des actes criminels, puis ça, c'est excessivement bouleversant, avec les
réseaux sociaux, en direct sur les réseaux sociaux, puis, des fois, il peut y
avoir des interactions également, comment va vivre cet article-là de rédaction
qui soulève beaucoup d'interrogations? Il y a eu des actes criminels sur les
réseaux sociaux, en direct, puis il y avait des interactions, alors est-ce que
la communication doit être individualisée, personnalisée? Mon point, c'est que
ça semble être une bonne idée à prime abord, mais comment va être vécu… puis
vivre sur le terrain… J'ai de sérieux doutes, là, honnêtement, là.
M. Jolin-Barrette :
<Ça
prend… >Dans le fond, dans les quatre critères, dans l'exemple que le
député de LaFontaine donne, ça prend une interaction entre la personne victime,
ou entre l'auteur de l'infraction et la personne qui est témoin, donc ce n'est
pas une communication en direct sans lien entre l'auteur de l'infraction ou la
victime et le témoin. Donc, je donne un exemple, si on se retrouvait dans un
Facebook Live, O.K., et qu'il n'y a pas d'interaction entre la personne qui se
filme pour faire le Facebook Live pour commettre
l'infraction, ou la victime qui se filme en train de subir l'infraction et le
témoin qui se connecte à la vidéo, ça prend une interaction entre les deux,
qu'elle soit visuelle, auditive ou en lisant l'infraction.
M. Tanguay
: Bien, je
ne veux pas… je veux dire, on ne passera pas… mais c'est important… Facebook
Live, il y a un acte criminel qui se fait sur Facebook Live, le ministre sait
mieux que moi, on peut faire des commentaires puis on peut être 100, 150, 200,
1 000, puis là la personne à l'autre bout peut répondre, est-ce qu'il <considère…
M. Tanguay
: ...
je
veux dire, on ne passera pas… mais c'est important… Facebook Live, il y a un
acte criminel qui se fait sur Facebook Live, le ministre sait mieux que moi, on
peut faire des commentaires puis on peut être 100, 150, 200, 1 000, puis
là la personne à l'autre bout peut répondre, est-ce qu'il >considère
qu'on se qualifie à ce moment-là, si je fais un commentaire, vous savez, ça
monte dans l'écran, là, les Facebook Live, puis là lui ou elle répond? Je ne
veux pas badiner puis je ne veux pas faire de farce avec ça, M. le Président,
mais c'est quand même... on parlait de la technologiquement neutre... de quoi
on parle, ici? Il va y en avoir, des cas comme ça, là, malheureusement, là.
M. Jolin-Barrette :
<Ça
prend... >Dans cet exemple-là, ça prend une interaction entre la
personne qui subit l'infraction ou l'auteur du crime et la personne qui
assiste. Donc, le simple fait d'assister sans qu'il y ait une interaction entre
les deux ne permet pas d'être qualifié. Si vous assistez et vous avez une
interaction avec la personne qui se fait... qui subit l'infraction criminelle
ou la personne qui commet l'infraction criminelle, à ce moment-là, vous êtes
couvert.
M. Tanguay
: Je trouve
ça... On est rendus là, c'est pour ça que je trouve que l'article aborde un
sujet important, on est rendus là, mais je trouve les critères... je trouve que
les critères auront vie dure face à la réalité ou, je revire ça de bord, les
gens qui pourront dire «je me qualifie» auront vie dure face à ces critères-là.
Si je n'ai pas... je l'ai vu, j'ai fait un commentaire, mais je n'ai pas eu
d'interaction, je ne suis pas couvert. J'ai vu, j'ai fait un commentaire puis
j'ai eu une émoticône, je suis couvert.
M. Jolin-Barrette : Il doit y
avoir une interaction entre les deux.
M. Tanguay
: Ça, ça en
serait une.
M. Jolin-Barrette : Il doit y
avoir une interaction entre la personne qui subit l'infraction ou l'auteur de
l'infraction et la personne.
Le Président (M. Bachand) :Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 10?
S'il n'y a pas d'autre intervention...
M. Tanguay
: Sur
l'article 10...
Le Président (M. Bachand) :
Sur l'article 10.
M. Tanguay
: Oui, je
pense, madame…
Le Président (M. Bachand) :Mme la députée de Joliette, oui.
Mme
Hivon
: Oui.
M. Jolin-Barrette : Vous
n'êtes pas obligée, hein.
Mme
Hivon
: On
n'est pas obligé?
Le Président (M. Bachand) :
Allez-y, Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Il y
a quand même quelques éléments, là.
M. Jolin-Barrette : On dirait
que...
• (16 h 20) •
Mme
Hivon
:
Hein? Donc, non, mais c'est très de base, mais c'est parce que vu que c'est un
article tellement fondamental, moi, je veux qu'on entende l'intention du législateur
et du ministre dans le micro.
Moi, contrairement au collègue de LaFontaine,
pour avoir l'effet miroir de ce qu'on a fait à l'article 2, c'est drôle,
hein, mais, moi, je l'aurais écrit tout de suite parce que, vous allez me
trouver tannante avec ça mais c'est la première fois qu'on lit plusieurs
éléments aux fins du présent titre. On a, à l'article 10, des éléments qui
sont là, donc j'aurais mis «atteinte à son intégrité physique ou psychique»
parce qu'on l'a fait nommément à l'article 2, puis ça m'amène juste à une
petite question de cohérence. Là, trois articles plus loin, vous savez mon point
de vue, je l'aurais mis avant, mais on va avoir des définitions, dont celle
d'infraction criminelle, mais infraction criminelle, on en <parle...
Mme
Hivon
: …«atteinte
à son intégrité physique ou psychique» parce qu'on l'a fait nommément à
l'article 2, puis ça m'amène juste à une petite
question de
cohérence. Là, trois articles plus loin, vous savez mon
point de vue, je
l'aurais mis avant, mais on va avoir des définitions, dont celle d'infraction
criminelle, mais infraction criminelle, on en >parle dès le tout début,
bien sûr, de notre projet de loi puis on n'a pas de définition, ensuite, quand
on parle du présent titre, qui est le titre I à l'article 2, puis on
a une définition qui arrive à l'article 13, quand on est rendus dans notre
titre II, et non plus notre titre I, est-ce que, tout ça, c'est
logique, c'est voulu qu'«infraction criminelle» on le définisse aussi loin,
alors que, dès l'article 1 et 2, on a parlé de ça? Puis pourquoi le
limiter à ce titre-là dans lequel on est en ce moment, là?
Le Président (M. Bachand) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
Des voix : …
Le Président (M. Bachand) :
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Bon. <Dans
le… >Au début, là, de la loi, dans le titre II, là, ce sont toutes
les infractions criminelles qui sont visées, donc qui se retrouvent au Code
criminel, tandis que, dans le titre III je crois… oui, dans le titre III,
les infractions criminelles qui sont visées par cette section, ce sont
uniquement celles qui sont contre la personne. Donc, on le voit, là, infraction
criminelle : «à moins d'indication contraire, toute infraction prévue au
Code criminel perpétrée après le 1er mars 1972 et qui porte atteinte à
l'intégrité physique ou psychique d'une personne; ainsi n'est pas visée une
infraction criminelle perpétrée contre un bien;». Donc, on vient catégoriser
cette liste d'infractions là, donc c'est pour ça que c'est à cet endroit-là où
est-ce qu'on a nécessité de spécifier.
Mme
Hivon
: C'est
plein de bon sens. Merci. Et puis ça a été analysé, l'idée de mettre… vu qu'on
avait mis «physique ou psychique» à 2, on a jugé que ça ne serait pas une bonne
idée de le mettre à 10 parce que… je sais que mon collègue a posé la question,
moi, je le mettrais, même si certains pourraient dire que c'est redondant parce
qu'à 13, trois articles plus loin, on le définit via l'infraction criminelle, mais
il me semble que, pour le lecteur, de voir que c'est la même chose à 2 puis à
10, ce serait un plus.
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, on l'a mis à 2 où est-ce qu'il y a la définition, et ça emporte pour le
reste de la loi, donc…
Mme
Hivon
: À 2,
ça emporte pour le reste, donc, dans le fond…
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, «intégrité» va couvrir autant «psychique» que «physique», donc ce n'est
pas nécessaire de le répéter à tous les endroits, ça le couvre.
Mme
Hivon
: O.K.
Puis… O.K. Moi, je trouve ça drôle parce qu'il me semble que quand… on ne dit
pas, à 2 : Dans cette loi, on entend «intégrité» par «intégrité physique
ou psychique», donc on comprend que, pour toute la loi, ça va être ça. Tu sais,
on ne le dit pas comme ça, on fait juste le préciser, dans le fond, à 2.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, à 2, on n'avait pas besoin de <l'indiquer…
Mme
Hivon
: …on
ne dit pas, à 2 : Dans cette loi, on entend «intégrité» par «intégrité
physique ou psychique», donc on comprend que, pour toute la loi, ça va être ça.
Tu sais, on ne le dit pas comme ça, on fait juste le préciser, dans le fond, à
2.
M. Jolin-Barrette :
Bien, en fait, à 2, on n'avait pas besoin de >l'indiquer, on l'a indiqué
suite à la suggestion du député de LaFontaine, mais déjà «intégrité» ça couvre
tout.
Mme
Hivon
: Non,
mais la raison, là, ce n'est pas juste pour être tatillonne que je dis ça, c'est
que quand tu as deux articles qui font référence à un concept, mais qui ne
le nomment pas de la même manière, ça pourrait laisser entendre qu'il y a une
différence, ça fait que c'est pour ça que je trouve que ça vaudrait la peine
parce qu'à 2 on dit «Aux fins du présent titre», on ne dit pas «Aux fins de la
présente loi», on dit «Aux fins du présent titre». Là, on parle d'intégrité
physique ou psychique, puis là quand on arrive à 10, on dit «Aux fins du
présent titre», puis là on parle juste : 1°, intégrité. Donc, je fais
juste vous soulevez ça parce que je pense que quelqu'un… puis je comprends
qu'après on va à 13 puis là on lit «infraction criminelle», puis là on dit
que c'est l'intégrité physique ou psychique, mais il me semble que ce serait
plus cohérent, on s'éviterait tout trouble possible puis on aurait les deux
têtes de nos deux titres qui mettraient les deux éléments.
M. Jolin-Barrette : …dans les
dispositions d'admissibilité, ils sont là, là, un peu plus loin dans la loi.
Mme
Hivon
: Vous
faites référence à quoi?
M. Jolin-Barrette : Aux
articles…
(Consultation)
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, «intégrité,» dès le départ, ça couvre les deux, mais quand on arrive plus
précisément à 30 et suivants, quand ça touche l'un ou l'autre, on vient le
préciser quand c'est atteinte à l'intégrité physique ou quand c'est atteinte à
l'intégrité psychique. Donc, quand, exemple, vous avez besoin d'aide financière
pour une atteinte… pour des aides financières pour services psychiques, bien il
va être indiqué : Quiconque subit une atteinte à son intégrité psychique
bénéficie de x.
Mme
Hivon
: Ça,
je comprends, c'est parce qu'on fait une distinction rendu là, puis c'est
important de pouvoir nuancer, puis ce que vous nous dites c'est qu'à la base,
«intégrité», ça comprend les deux, je vous suis parfaitement, mais à 2 on a
décidé de le nuancer parce que ça nous avait… il y avait eu des représentations
en ce sens puis le ministre… Moi, je suis d'accord, je trouve que c'est mieux d'être
plus clair. Pour les gens qui ne sont pas des juristes et des légistes, je
trouve que c'est toujours mieux.
Le point que je fais, c'est que je pense
qu'on devrait être cohérent, puis à 10, d'entrée de jeu, faire la même
spécification pour que ça soit clair pour tout le monde puisqu'on a décidé de
le faire à 2. 2, c'est pour le titre de 2, là on est à l'autre titre. C'est ce
que je soumets, le ministre n'est pas obligé de me répondre maintenant, il peut
y réfléchir, là.
M. Jolin-Barrette : Bien, si
on fait ça, il faudrait le répéter à chaque paragraphe.
Mme
Hivon
: Oui
M. Jolin-Barrette : Pour moi,
c'est clair que ça couvre les deux, là.
Mme
Hivon
: O.K.
M. Jolin-Barrette : Je le
dis, ça couvre les deux, les <intentions…
Mme
Hivon
: …C'est
ce que je soumets, le ministre n'est pas obligé de me répondre maintenant, il
peut y réfléchir, là.
M. Jolin-Barrette :
Bien, si on fait ça, il faudrait le répéter à chaque paragraphe.
Mme
Hivon
:
Oui
M. Jolin-Barrette :
Pour moi, c'est clair que ça couvre les deux, là.
Mme
Hivon
:
O.K.
M. Jolin-Barrette :
Je le dis, ça couvre les deux, les >intentions du législateur, c'est que
ça couvre les deux, ça couvrait les deux à 2.
Mme
Hivon
: Oui,
mais je ne voulais juste vous soumettre qu'à 2…
M. Jolin-Barrette : Mais il
ne faut pas alourdir le texte non plus pour rien, là.
Mme
Hivon
: En
tout cas, je fais juste vous soumettre qu'à 2 on l'a mis, puis peut-être
qu'alors à 13, il faudrait mettre une définition. Je vous dis ça puisqu'on a
décidé de mettre la définition après. Je continue à soumettre que ce serait
plus logique de les mettre avant, mais je pense que ce serait une bonne idée de
venir le définir.
Et puis on se comprend qu'à 2, ça va de
soi, mais je veux qu'on le dise, quand on parle du «parent d'un enfant qui est
décédé ou qui subit une atteinte à son intégrité… contre cet enfant», c'est toujours
l'enfant qui subit une atteinte à son intégrité en raison de la perpétration, on
ne parle jamais que le parent en aurait subi une, là. C'est juste une question
de, quand on lit l'article, là, je veux juste qu'on s'entende bien que «le
parent d'un enfant qui est décédé ou qui subit une atteinte à son intégrité», c'est
toujours l'enfant qui subit une atteinte à son intégrité, c'est bien ça?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme
Hivon
:
Parfait.
M. Jolin-Barrette : Parce
qu'à 3°, c'est «l'enfant d'un parent qui est décédé ou qui subit une atteinte…».
Mme
Hivon
:
Exact.
M. Jolin-Barrette : Donc, le
premier, c'est pour l'enfant, le deuxième, c'est pour le parent.
Mme
Hivon
: Je
veux dire, c'est ça, puis, dans tous les cas, c'est l'enfant qui subit le tort,
ce n'est pas le parent qu'il l'aurait subi parce que son enfant a subi quelque
chose. C'est juste une question que je voulais être sûre qu'on se rapportait
toujours à l'enfant, vous me confirmez?
M. Jolin-Barrette : Oui. 2°,
c'est l'enfant, 3°, c'est le parent.
Mme
Hivon
:
C'est parfait. Ça fait que, moi, 2°, ça va.
Le Président (M. Bachand) :
Ça va? Est-ce qu'il y a d'autres commentaires pour le temps qu'il nous… Oui,
rapidement, M. le député de LaFontaine, oui.
M. Tanguay
: C'est sur
la… puis probablement qu'on n'aura pas tout le temps de tout faire, mais,
tantôt, le ministre puis… O.K., 10, 2°, «le parent d'un enfant», ça inclut le
parent d'un enfant mineur et majeur? O.K. Et plus tard, dans la loi, on va dire
«le parent d'un enfant» a droit à a, b, c, puis on va dire «le parent d'un
enfant mineur» a le droit à a, b, c, e, f, c'est comme ça que la logique de la
loi est faite, n'est-ce pas?
M. Jolin-Barrette : Bien oui,
il y a certaines indemnités qui vont être données par… dans la loi, puis le
règlement va venir préciser le tout.
M. Tanguay
: O.K.
Pourquoi préciser… Pourquoi ne pas tout simplement dire à 2 : Le parent
d'un enfant victime d'une infraction criminelle? Pourquoi ajouter «décédé» ou
«subit une atteinte à son intégrité»?
M. Jolin-Barrette : Parce que
les aides ne seront pas les mêmes en fonction de si l'enfant décède ou si
l'enfant est blessé. Si l'enfant subit une infraction criminelle qui n'entraîne
pas son décès, on va dire que l'enfant est blessé, donc ce n'est pas les mêmes
aides nécessairement qui vont être données. Je donne un exemple, l'indemnité de
décès ne sera pas donnée aux parents d'un enfant blessé, indemnité forfaitaire
de décès.
• (16 h 30) •
M. Tanguay
: …de même,
comme ça, c'est…
16 h 30 (version révisée)
M. Jolin-Barrette : ...subit
une infraction criminelle qui n'entraîne pas son décès, on va dire que l'enfant
est blessé, donc ce n'est pas les mêmes aides nécessairement qui vont être
données. Je donne un exemple, l'indemnité de décès ne sera pas donnée aux
parents d'un enfant blessé, l'indemnité forfaitaire de décès.
M. Tanguay
: ...de même,
comme ça, c'est comme si on excluait le parent d'un enfant blessé.
M. Jolin-Barrette : Non, ça
l'inclut, «2° le parent d'un enfant qui est décédé ou qui subit une atteinte à
son intégrité en raison de la perpétration d'une infraction criminelle...»
M. Tanguay
: …en tout
cas, on pourra…
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux au mardi 16 février, à 9 h 30, où elle va poursuivre
son mandat. Merci infiniment, tout le monde. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 31)