Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
mercredi 9 juin 2021
-
Vol. 45 N° 154
Étude détaillée du projet de loi n° 64, Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection des renseignements personnels
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15 h (version non révisée)
(Quinze heures trois minutes)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! Bon après-midi. Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions
ouverte. Avant de débuter les travaux, je vous rappelle que le port du masque
de procédure est obligatoire en tout temps, hormis au moment de prendre la
parole lors de… dans le cadre de nos travaux, pardon. La commission est réunie
afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 64, Loi modernisant
des dispositions législatives en matière de protection des renseignements
personnels. Avant de débuter, Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président…
Le Président (M.
Bachand) : ...je vous rappelle que le port du masque de
procédure est obligatoire en tout temps, hormis au moment de prendre la parole
lors de... dans le cadre de nos travaux, pardon.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 64, Loi
modernisant des dispositions législatives en matière de protection des
renseignements personnels.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Birnbaum (D'Arcy-McGee) est remplacé par M. Barrette
(La Pinière); M. Zanetti (Jean-Lesage) par M. Nadeau-Dubois (Gouin); Mme Hivon
(Joliette) par M. Ouellet (René-Lévesque).
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Je vous rappelle qu'il a été convenu de
suspendre l'étude de l'amendement visant à introduire l'article 36.1
proposé par le ministre. Nous avions également suspendu les articles 78 à
85, 93, 96 et 100 du projet de loi.
Lors de l'ajournement de nos travaux,
hier, nous en étions à l'étude de l'amendement proposé par le député de La Pinière
à l'article 113. Interventions? M. le député de La Pinière, s'il vous
plaît.
M. Barrette : M. le Président,
le ministre a été interrompu par vous, qui avez pris une décision basée sur
l'horloge, décision justifiée, d'ailleurs. Alors, comme le ministre était dans
une lancée, je serais très heureux de lui laisser le temps nécessaire à la
terminer.
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le député de La Pinière.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: M. le
Président... Lequel? Les deux en même temps, parfait, allons-y. Si vous
m'entendez a cappella, M. le Président, c'est une question technique.
Ceci étant dit, M. le Président, là, bien,
je relève le défi, là. Il n'est quand même pas question que je recule devant un
challenge aussi intéressant. Donc, M. le Président, nous étions sur l'amendement
que le député de La Pinière propose. La prémisse de base du député de La Pinière
en ce qui concerne son amendement, c'est de dire : Le projet de loi
n° 64 vise une codification de ce qui peut être fait avec des renseignements
personnels, la règle générale étant qu'on ne fait rien avec des renseignements
personnels sauf ce qui est autorisé. C'est ça qu'est la prémisse de base.
Alors, le reste du projet de loi vise une codification de ce qui est autorisé
avec l'utilisation, communication, gestion, destruction, archivage des renseignements
personnels.
Dans le cas qui nous préoccupe, l'article 28.1,
et toute règle ayant ses exceptions, je pense que celle-ci s'inscrit assez bien
dans cette logique-là, je m'explique. De façon... Dans le respect de la loi, ce
qui est dit... ce qui est amené, c'est-à-dire, par l'article 28, c'est le
droit... ce qu'on appelle le droit à l'effacement, le droit à l'oubli,
appelez-le comme vous voulez. Donc, cette possibilité qu'on veut donner à nos
concitoyens de faire en sorte que ce qui est visible sur la toile qui les
concerne puisse ne plus l'être en fonction de certaines conditions, évidemment,
que nous édictons à l'article 28.1, et dans l'évaluation de certains
critères, sept, qui sont, eux aussi, édictés à l'article...
M.
Caire
: …qui
les concerne puisse ne plus l'être en fonction de certaines conditions évidemment
que nous édictons à l'article 28.1. Et dans l'évaluation de certains
critères, sept, qui sont, eux aussi, édictés à l'article 28.1.
La logique, une des logiques, mais la
logique principale de 28.1, c'est de dire : Avant de se lancer dans une
procédure judiciaire… Donc qui n'est pas exclusive, là, qui n'est pas exclue,
au contraire, par le projet de loi. Mais avant de procéder à cette étape-là, on
ouvre la porte au fait que le citoyen pourrait — je dis bien pourrait
parce que ce n'est pas une obligation — pourrait contacter
l'entreprise concernée, faire une demande à cette entreprise-là de
désindexation, ou de déréférencement. L'entreprise a accès aux critères,
c'est-à-dire aux conditions et critères fixés par l'article, rend une décision.
Alors là, on a cette obligation-là de
rendre une décision. Pourquoi? Parce que la demande doit quand même trouver
écho chez l'entreprise. Je veux dire… on ne peut pas dire : Bon, bien,
j'ai reçu l'appel, je raccroche puis je passe à d'autres choses, puis je fais
comme s'il n'y avait jamais eu cette demande-là. Ça, non.
Donc, l'entreprise a cette obligation-là
de répondre positivement ou négativement, puis c'est selon le jugement de
l'entreprise. Certains m'ont décrié ça, mais en même temps, M. le Président, je
réitère… Puis là on a utilisé toutes sortes d'expressions qui ont été reprises
par les collègues, de «gentleman agreement», de médiation, de… bon. L'idée
étant, au-delà des termes qui sont utilisés… Puis, hier, mon collègue de
La Pinière nous a bien fait rire, je le confesse, avec les exemples qu'il
a… qui ont coloré son intervention. Mais sur le fond de l'intervention, je
comprenais ce qu'il voulait dire. Mais dans les faits, M. le Président,
effectivement, on souhaite une démarche de bonne foi.
Puis ça, ça va aussi un peu dans le sens
de ce que mon collègue de LaFontaine amenait comme préoccupation quant à des
sanctions éventuelles qui pourraient être permises… pouvoir permis à la CAI par
rapport à une entité — bon, ici, parlons d'une entreprise privée
puisque c'est de ça qu'il est question — qui serait de mauvaise foi
dans ces discussions-là. Mais compte tenu de la nature de ce qu'on veut faire,
on ne peut pas aller là. Ça, c'est… Je pense que ça a été bien
expliqué — je ne sais pas — en tout cas, j'imagine, à la
satisfaction du député de LaFontaine. Puis je pense que Me Miville-Deschênes
a été quand même assez clair aussi sur la difficulté constitutionnelle que ça
pourrait représenter.
Mais, sur le fond de l'intervention du
collègue de La Pinière, oui, ce qu'on souhaite, c'est une démarche…
M. Caire
: ...ou je
ne sais pas., en tout cas, j'imagine à la satisfaction du député de LaFontaine,
puis je pense que Me Miville-Deschênes a été quand même assez clair aussi
sur la difficulté constitutionnelle que ça pourrait représenter.
Mais, sur le fond de l'intervention du collègue
de La Pinière, oui, ce qu'on souhaite, c'est une démarche de bonne foi
entre un demandeur et une entreprise qui reçoit la demande, qui l'évalue en son
âme et conscience, non pas de façon arbitraire, mais en l'évaluant par rapport
aux conditions qui sont édictées dans l'article, en tenant compte des critères
qui sont aussi édictés dans l'article, qui va répondre au citoyen. Il y a l'obligation
de répondre. Il ne peut pas laisser ça en suspens dans l'univers puis passer à
autre chose. Donc, il va répondre au citoyen. Il a 30 jours pour le faire.
Et à partir de là, tout le reste, c'est la prérogative du citoyen.
• (15 h 10) •
Donc là, le député de La Pinière
dit : Mais, compte tenu du fait qu'on est dans un projet de loi qui
codifie tout, pourquoi ne pas codifier cet aspect-là aussi? Alors, la réponse à
cette question-là très pertinente, elle est très simple : Parce que ce
n'est pas nécessaire, M. le Président. Il n'y a pas de nécessité de le codifier
parce qu'il y a déjà... on fait obligation de répondre à la demande, de donner
une réponse à la demande.
Et donc, si la réponse est positive, et
donc, compte tenu qu'on est dans une étape où la bonne foi se présume et que la
réponse est positive, tu sais, il ne m'apparaît pas nécessaire de mettre un
délai dans la loi. Je dirais, à la limite, le demandeur et l'entreprise
pourraient s'entendre pour dire : Écoutez, tu penses que ça va être fait
dans combien de temps? Bien, donne-moi une petite semaine, donne-moi deux
semaines. Compte tenu de mes effectifs, ça peut peut-être être un petit peu
plus long. Compte tenu de la complexité du traitement, ça peut peut-être un peu
plus long. Alors ça, c'est des considérations donc que la loi ne peut pas
connaître.
Et compte tenu aussi, M. le Président, du
fait qu'on ne laisse pas le citoyen dans une situation où il est sans recours,
où il est démuni, où il est à la merci du bon vouloir de l'entreprise, ce n'est
pas ça la situation, et c'est pour ça que je dis ce n'est pas nécessaire de le
faire. Parce que le citoyen a toujours cette prérogative, à tout moment, en
tout temps et en toute circonstance, et quand je dis en toute circonstance,
c'est compte tenu qu'il peut être dans une démarche avec l'entreprise, démarche
de bonne foi où il demande à l'entreprise de poser un geste, où l'entreprise
évalue le geste, à chacun de ces moments-là, rien ne l'empêche...
M.
Caire
:
…circonstances, c'est compte tenu qu'il peut être dans une démarche avec
l'entreprise, démarche de bonne foi où il demande à l'entreprise de poser un
geste, ou l'entreprise évalue le geste. À chacun de ces moments-là, rien ne
l'empêche, rien ne lui interdit de se tourner vers la Commission d'accès à
l'information et de déposer, en bonne et due forme, une requête qui va dans ce
sens-là.
Donc, le délai, c'est le citoyen qui en
est le maître, c'est le citoyen qui le contrôle, le délai. À partir de là, M.
le Président, qu'est-ce que la loi peut apporter de plus que de dire aux
citoyens : C'est vous qui allez déterminer quels sont les délais
acceptables. Le citoyen ne se pose pas ici en victime… non, victime, le terme
est mal choisi. En spectateur intéressé d'une situation qui échappe à son
contrôle. Il n'est pas un spectateur intéressé. Il a entre ses mains les outils
nécessaires à dire à l'entreprise, par exemple, situation hypothétique :
Écoute, moi, là, dans deux semaines, si ce n'est pas fait, je m'en vais à la Commission
d'accès à l'information. Puis pas dans une perspective de menace, mais dans une
perspective de dire : Voici, là, pour moi, quel est le délai raisonnable,
puis voici c'est quoi la limite de ma patience. Une fois que tu m'as dit que tu
allais le faire, là, dans deux semaines, c'est fait ou je vais à la Commission
d'accès à l'information. Puis c'est son droit.
Alors, quand le député de La Pinière
nous dit : sans délai. Pourquoi la loi dirait ça? Si le citoyen, lui,
trouve que… excusez, M. le Président, je pense que mon accident aquatique est
en train de me rattraper. Oui, bien, éventuellement on n'aura pas le choix, M.
le Président, parce que là je vais me noyer dans mon propre verre d'eau.
Mais ceci étant dit, pour compléter
l'intervention, M. le Président, pourquoi la loi, compte tenu de ce que je
viens de dire, compte tenu du fait que le citoyen, là, à n'importe quel moment,
peut poser ce geste-là, qui sera de toute façon le geste qu'il devra poser,
parce que, comprenons-nous bien, M. le Président, là, si,
d'aventure — merci — l'entreprise ne donnait pas suite soit
parce qu'elle a refusé la demande, soit parce qu'elle a accepté la demande mais
qu'elle ne s'exécute pas, de toute façon, le recours, c'est d'aller à la
Commission d'accès à l'information. Alors, M. le Président, dans ces
circonstances-là, si le citoyen, lui, décide que 30 jours, c'est acceptable,
l'entreprise dit : Bien, écoute, laisse-moi faire ci, laisse-moi faire ça,
pa, pa, puis le citoyen dit : Oui. O.K., c'est correct. Ça me convient, ça
me va. C'est sa demande, c'est ses informations qui sont…
M.
Caire
: ...si
le citoyen, lui, décide que 30 jours, c'est acceptable. L'entreprise
dit : Bien, écoute, laisse-moi faire ci, laisse-moi faire ça, puis le
citoyen dit : Oui, O.K., c'est correct, ça me convient, ça me va. C'est sa
demande, c'est ses informations en jeu, c'est sa démarche, pourquoi.... Puis
peut-être que cette... je fais poser cette question-là au député de La Pinière,
qu'est-ce qu'il a contre le fait qu'on dise que c'est le citoyen qui est en
contrôle du délai? Parce que moi, je pense que c'est la meilleure solution, et
c'est la solution que porte l'article 28.1 présentement.
Le Président (M.
Bachand) : Député de La Pinière.
M. Barrette : Bien, ce n'est
pas bien, bien compliqué, M. le Président, vraiment, là. Bien, j'apprécie d'ailleurs
que le ministre ait pris le temps nécessaire pour bien expliquer le
raisonnement derrière sa décision, du moins, sa décision temporaire, là,
intérimaire, parce que j'espère bien pouvoir le convaincre de changer d'idée.
C'est parce qu'en quelque part, je dirais que ça ne tient pas la route. Je le
dis amicalement, là.
Je vais poser une question simple, parce
qu'à la question qu'on me pose, bien, il y a une réponse vraiment intéressante,
qui est elle aussi une question. Est-ce que le ministre, par la voix de
Me Miville-Deschênes, que je vais déranger, peut nous dire combien de
fois, combien de fois dans notre corpus législatif on va retrouver la notion de
délai écrite dans la loi, «sans délai», «dans les plus brefs délais», «dans un
délai de»?
O.K., M. le Président, je vais laisser
faire, là. Il peut... Me Miville-Deschênes peut prendre le temps...
Une voix
: ...
M. Barrette : Non, il peut
retourner à ses occupations dans lesquelles il peut inclure, juste pour le fun,
la recherche dans le corpus du nombre de fois qu'apparaissent «sans délai»,
«dans les plus brefs délais», «dans un délai de». Là, «dans un délai de», il va
y avoir différents intervalles.
M. le Président, je vais tenter une
réponse à ma propre question. Ce n'est certainement pas zéro, ce n'est
certainement pas 10, ce n'est pas certainement pas 100, je dirais que c'est
certainement des centaines, en tout cas, au moins une centaine. Ce n'est pas
une notion exceptionnelle, ce n'est pas une notion abstraite, c'est une notion
que je qualifierai d'usuelle, usuelle dans le sens, évidemment, où, dans les
circonstances appropriées, on s'attend à ça.
Bon, à partir du moment où on a dit ça,
bien, on doit aussi s'imaginer, puis je vais m'autoposer la question, bien,
pourquoi donc on a mis ça...
M. Barrette : ...dans le sens, évidemment,
où, dans les circonstances appropriées, on s'attend à ça.
Bon, bien, à partir du moment où on a dit
ça, bien, on doit aussi s'imaginer, puis je vais m'autoposer la question, bien,
pourquoi donc on a mis ça. Bien, on a mis ça parce que, si c'est dans le cas de
«sans délai» ou de «dans les plus brefs délais», c'est parce qu'on laissait une
latitude, à la partie concernée, de prendre les mesures appropriées avec une
certaine célérité non qualifiée. Quand on dit «dans le délai de», avec une
durée, bien là, là, c'est catégorique, là, ça doit se faire dans un délai x. Il
y a un degré de fermeté qui est plus grand. Les trois expressions ont une
certaine fermeté, les trois expressions, «avec délai», «sans délai», «dans un
délai de». Ah! bien, regardez, M. le Président, vous savez, j'ai une... nous
avons, de notre côté, une excellente équipe de recherche, que je salue, notre
équipe de un, aujourd'hui, que je salue.
Et je vais, pour le bénéfice du ministre
et de ceux qui nous écoutent... «Sans délai» apparaît 591 fois, «dans les plus
brefs délais», 89 fois, «dans un délai de», 509 fois. Non, mais, M. le
Président, ça, ça fait 1 189 fois. J'étais pas pire, j'étais dans les
centaines.
M.
Caire
:
Combien?
• (15 h 20) •
M. Barrette : 1 189 fois
que le législateur s'est senti... certainement pas obligé, mais justifié de
mettre ça dans la loi. Ce n'est pas un hasard, ce n'est pas une figure de
style. Ça a un intérêt juridique. Regarde donc ça. Ce n'est pas quelque chose,
là, qui est laissé au bon vouloir du maître du temps, comme dans un film de
fabulation ou de science-fiction. «Bien, je suis le maître du temps et j'ai le
diadème juridique de ce que je vais faire avec ma décision.» Non, ce n'est pas
ça.
Le législateur, 1 189 fois, a décidé qu'il
y avait une utilité juridique à qualifier temporellement l'obligation qui
s'ajoute à la procédure. Bon, ça...
M. Tanguay
: ...
M. Barrette : Hein?
M. Tanguay
:
...1 190.
M. Barrette : Oui. Bien, on va
dire 1 200. C'est comme une motocyclette, ça. Un 1 200, c'est une
grosse moto.
M.
Caire
: ...
M. Barrette : Ah! non. Alors,
M. le Président, M. le Président, là, là, j'entends... j'ai entendu, pendant plusieurs
minutes...
M. Barrette : ...hein?
Une voix
: ...190.
M. Barrette : Oui, bien,
on va dire 1 200. Un 1 200, c'est une grosse moto. Alors... M. le
Président... M. le Président, là, là, j'entends... j'ai entendu pendant plusieurs
minutes, si je rajoute les minutes d'hier, ça en fait pas mal, pour expliquer
que c'est comme si c'était sans utilité, et ainsi de suite, c'était
inapproprié. Bien non. Le législateur, historiquement, il le refait encore aujourd'hui,
bien, c'est parce que ça a une utilité, ça.
Et, quand j'écoute le ministre, il nous
parle de choses vraies, pertinentes, mais qui ne sont pas à propos de mon amendement.
Je m'explique, M. le Président. Je l'ai dit, là, puis je vais le redire, là. L'article 28
fait partie d'un projet de loi dont la fonction est de codifier certaines
choses, des faits... Si on était d'une autre génération et ailleurs, on
pourrait dire qu'il y a un mariage à l'extérieur, mais je ne pense pas que ça
soit ça. Ça ne me dérange pas, c'est juste que cette pensée m'a amusé pendant
un certain temps.
M.
Caire
: ...
M. Barrette : Oui. Alors,
M. le Président, on codifie des faits, des procédures, des choses permises,
interdites, mais on codifie dans 28 une procédure.
Le ministre, dans ses cinq premières
phrases... parce que là je ne m'en rappelle pas précisément si c'est la deuxième,
troisième, quatrième ou cinquième, mais, dans ses cinq premières phrases, le ministre
nous a dit : Dans le projet de loi n° 95, à 28, le citoyen pourrait
se servir de 28, pourrait. Et le ministre le présente en opposition à aller directement
à la Commission d'accès à l'information, la CAI.
Bien non. Moi, je lis le projet de loi
comme étant la première étape. Cette étape-là, là, ce n'est pas une étape qui
est optionnelle. On pourrait dire qu'elle l'est, mais c'est un message qui est
envoyé aux citoyens. Chères citoyennes, chers citoyens, aujourd'hui, on a une
nouvelle loi, la loi n° 64, dans laquelle on
introduit un droit nouveau. C'est exactement le contraire de l'actuel. Mesdames
et messieurs, citoyennes, citoyens, avant, là, si vous aviez souhaité un recours
pour effacer des renseignements personnels de l'espace, disons, de moteurs de
recherche Web, vous deviez aller à la Commission d'accès à l'information.
Mesdames et Messieurs, là, moi, comme ministre, là, je le sais que c'était
compliqué, là. Ce n'était pas simple, cette affaire-là. Puis, en plus, il n'y
avait pas de droit. Là...
M. Barrette : …disons, de
moteurs de recherche Web, vous deviez aller à la Commission d'accès à
l'information. Mesdames et messieurs, là, moi, comme ministre, là, je le sais
que c'était compliqué, là, ce n'était pas simple, cette affaire-là. Puis, en
plus, il n'y avait pas de droit. Là, parce qu'on est dans une dynamique de
simplification de la vie citoyenne face à l'appareil législatif, et on est
aussi dans la volonté de donner des droits nouveaux…
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de La Pinière, il vous reste une
minute.
M. Barrette : Une minute… aux
citoyens. Entendez une minute… le ministre m'a dit qu'il consent à ce que je
continue.
Le Président (M.
Bachand) : Bien, continuez, il vous reste une minute en
attendant. Allez-y.
Une voix
: …
M. Barrette : Oui, O.K. Alors
là, là, là, il dit, en même temps : Si vous allez là, bien, vous allez
être le maître du temps. Bien non, moi, je pense qu'on doit dire aux citoyens,
on doit dire la chose suivante aux citoyens : Regardez, pour appuyer notre
volonté d'avoir un nouveau droit, on va ajouter un élément temporel. M. le
Président, à cette étape-ci, je vous annonce que je vais avoir un
sous-amendement.
Le Président (M.
Bachand) : …
M. Barrette : Vous avez
raison, mon collègue vous annonce qu'il va avoir un sous-amendement.
Une voix
: …
M. Barrette : Justement.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Bien là,
je laisserais le ministre se glisser entre les deux.
M.
Caire
: Si je
peux, effectivement, je glisserais, je glisserais avec…
M. Tanguay
: …
M.
Caire
: Non,
mais c'est parce que, M. le Président, il y a un certain nombre de choses qui
ont dites par le député de La Pinière qui méritent, à mon humble avis, et
mon avis est tout sauf humble, des…
Une voix
: …
M.
Caire
: Oui,
je savais qu'il serait d'accord… qui méritent quand même des corrections. Puis
c'est important, M. le Président, parce que c'est important de bien comprendre,
de bien camper l'article 28, 28.1. D'une part, le député de La Pinière
dit qu'il le voit comme une première étape. M. le Président, là-dessus, je
veux être très clair, ce n'est pas une première étape au sens où ce n'est pas
un passage obligé. Il y a, dans la notion de la première étape, un message qui
dit aux citoyens : Vous devez faire cette démarche-là préliminairement à
toute autre. Non, il faut que ce soit très clair, M. le Président, non. En
aucun temps, en aucun temps, un citoyen n'a l'obligation de contacter
l'entreprise et de ne lui faire une demande de désindexation et de
déréférencement, en aucun temps.
J'ai même dit, M. le Président, je l'ai
répété et je vais le faire, il y a des vertus pédagogiques à la répétition,
j'ai même dit que le citoyen pourrait, à la limite, faire cette demande-là à
l'entreprise et, parallèlement, initier des procédures auprès de la CAI. Il
pourrait faire ça, il n'y a rien qui l'interdit. Il n'y a rien qui l'interdit.
Donc, c'est vraiment une possibilité qui
est offerte aux citoyens d'aller directement à l'entreprise dans une
perspective d'aller chercher le résultat…
M.
Caire
:
…procédure auprès de la CAI. Il pourrait faire ça, il n'y a rien qui
l'interdit. Il n'y a rien qui l'interdit. Donc, c'est vraiment une possibilité
qui est offerte au citoyen d'aller directement à l'entreprise dans une
perspective d'aller chercher le résultat qu'il souhaite de façon plus rapide,
plus simple, plus conviviale. Parce qu'au-delà des vertus du tribunal, qui sont
nombreuses, je l'affirme, la célérité quelquefois n'est peut-être pas la vertu
cardinale. Donc, on peut penser que, pour le citoyen, il y a un gain à aller
chercher cette entente-là avec l'entreprise sans avoir à passer par une
procédure judiciaire formelle. Et c'est pour ça qu'on… donc là on amène non
seulement le droit à l'oubli, mais on amène… ce droit-là, on l'amène avec une
possibilité de s'adresser directement à l'entreprise.
J'aurai sans doute, moi aussi, un défi
pour le service de recherche de l'opposition officielle…
Une voix : Département.
M.
Caire
:
Département, excusez-moi. Pour le département de recherche de l'opposition
officielle, qui a agi avec une célérité qui me laisse… oui, absolument, qui me
plonge dans un état de jalousie. Je réitère, il y a un poste vacant au cabinet.
Donc…
Une voix : …
M.
Caire
: Ah! peut-être
un ou deux, mais bon, on ne s'enfargera pas là-dedans. Non, mais, plus sérieusement,
M. le Président, c'est vrai que le législateur a utilisé le «sans délai» «dans
les plus brefs délais» à de très nombreuses reprises. On a maintenant la
quantification. Et le député de La Pinière va s'en rappeler, pas plus tard
que dans le projet de loi n° 95, nous utilisons cette
notion-là de sans délai lorsqu'il s'agit de transmettre des informations d'un organisme
qui est sous une cyberattaque versus le dirigeant principal de l'information.
Et ça, là, c'est le plus bel exemple de pourquoi, dans ce cas-là, on doit
mettre cette notion-là, parce qu'il y a une notion d'urgence et parce que celui
qui contrôle le délai, qui, dans ce cas-ci, est l'organisme qui est sous
attaque et qui a l'information, ça pourrait se faire au détriment de celui qui
en a de besoin, qui, dans ce cas-ci, est le dirigeant principal de l'information,
qui ne peut pas attendre le bon vouloir de l'organisme pour recevoir les informations
et qui n'a aucune autre prérogative que de lui demander. Il n'y a pas d'autre
alternative à ça, donc celui… l'intéressé, appelons-le l'intéressé, n'a pas le
contrôle sur le délai. Il est, lui, dans une situation de spectateur intéressé.
L'expression que j'ai utilisée tout à l'heure pour imager mon propos.
• (15 h 30) •
Alors, l'immense différence, et c'est là
mon défi au département de recherche de l'opposition officielle, j'aimerais
savoir dans combien de cas le législateur a utilisé l'expression de «sans
délai»…
15 h 30 (version non révisée)
M.
Caire
: ...de
spectateur intéressé, l'expression que j'ai utilisée tout à l'heure pour imager
mon propos.
Alors, l'immense différence, et c'est là
mon défi au département de recherche de l'opposition officielle, j'aimerais
savoir dans combien de cas le législateur a utilisé l'expression de «sans
délai», mais dans une perspective où celui qui devait recevoir l'information
était aussi celui qui contrôlait l'agenda, qui contrôlait le délai, qui
déterminait le délai? Et c'est ça, la situation particulière de 28.1, c'est que
le demandeur, donc celui qui va attendre la réponse, est aussi celui qui en
fixe les délais. Ce n'est pas l'entreprise qui va fixer le délai, dans quel
délai elle va donner l'information, c'est celui qui la demande. Pourquoi? Parce
que c'est selon son niveau de patience qu'elle va, cette personne-là, décider
si, oui ou non, elle se retourne vers la CAI et entreprend une procédure
judiciaire formelle.
Alors que, dans le contexte qui nous
préoccupe, l'amendement du député de La Pinière fait obligation à l'entreprise
d'agir sans délai dans un contexte où il y a une entente amiable en plus. Alors
il faut situer le contexte. On est dans un contexte où il y a une entente
amiable, donc le demandeur fait une requête, l'entreprise souscrit à la
requête, s'engage à donner suite à la requête, et là on lui fait une obligation
de temps, qui est le «sans délai», sans tenir compte des circonstances, de ces
circonstances à cette entreprise-là, de sa situation, des obligations que ça
requiert de répondre à la demande, des ressources. Bon. Puis même là-dessus, le
député de LaFontaine a fait un brillant exposé hier sur ce que ça voulait dire.
Donc, il n'y a plus cette possibilité-là
pour l'entreprise de dire à la personne qui contrôle le délai : Donne-moi
deux semaines. Parce que, là, j'ai quelque chose à finir ou j'ai... Et on
enlève, au demandeur, la possibilité de dire : Bien oui, pas de problème.
Deux semaines, c'est bien raisonnable, ça me va. Mais après deux semaines, si
je n'ai pas de réponse, je m'en vais à la CAI.
Donc, c'est pour ça, M. le Président,
qu'on est dans un contexte qui est très particulier et que le fait qu'il n'y
ait pas cette notion-là de délai pour une entreprise ne peut en aucun temps
léser le demandeur. Il ne peut pas être lésé par le laxisme de l'entreprise
parce que c'est lui qui va décider si, oui ou non, le délai est trop long et
si, oui ou non, il passe à la prochaine étape. Donc, c'est pour ça que, oui, je
peux affirmer que cet amendement-là n'a pas de raison d'être.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui. Je
veux juste comprendre le défi qui est lancé par le ministre quand il dit :
La personne qui...
M.
Caire
:
...donc, c'est pour ça que, oui, je peux affirmer que cet amendement-là n'a pas
de... n'a pas de raison d'être.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui.
Je voulais juste comprendre le défi qui est lancé par le ministre quand il dit
la personne qui fait la demande a une influence sur le délai. C'est juste ce
bout-là que je ne comprends pas. Pouvez-vous le réexpliquer en d'autres mots,
s'il vous plaît?
M.
Caire
: Avec
plaisir. Avec plaisir, M. le député. Ce que je dis, dans le fond, c'est que,
dans la situation actuelle, puis je vais l'expliquer par un exemple fictif.
Vous êtes une entreprise x. Il y a sur moi des informations qui circulent sur
la toile qui datent d'une dizaine d'années et qui, à cette étape-ci, me causent
un préjudice. Puis je pense que c'est vous-même, M. le député, là, qui avez
amené un exemple qui allait un peu dans ce sens-là, là, d'un jugement qui
datait d'une dizaine d'années puis que ce que vous avez appelé le jugement, on
peut-u en revenir.
Bon, je suis dans cette situation-là.
Donc, je vous contacte comme entreprise qui opère un moteur de recherche. Je
vous demande de déréférencer, désindexer tout ce qui concerne cette
information-là. Et donc vous avez, vous, 30 jours pour répondre à cette
demande-là. Vous répondez à la demande par la positive parce que c'est
évidemment la condition sine qua non à l'amendement du député de
La Pinière. Donc, vous répondez par la positive à ma demande. À partir de
là, c'est moi qui, comme demandeur, qui décide si vous agissez avec célérité ou
non parce que c'est à moi à décider si je me tourne vers la CAI pour demander
réparation ou non parce que c'est... C'est la suite logique. C'est ça.
Et donc si, dans cette discussion-là, la
loi dit : Bien, vous agissez tel que le requiert le député de
La Pinière, vous agissez sans délai, ça, ça veut dire qu'on raccroche...
Puis je pense que c'est vous-même qui avez exposé les différentes notions, là,
de sans délai, dans les plus brefs délais et, etc. Donc, ça veut dire que je
raccroche et je me mets au travail. C'est ça que ça veut dire, sans délai.
Alors que vous pourriez être dans une situation comme entreprise à me
dire : Bien, écoute, si je fais ça pour la semaine prochaine, est-ce que
c'est correct? Et si du point de vue du demandeur, lui dit : Bien, ça
m'apparaît être un délai raisonnable, qui sommes-nous, le législateur, pour le
priver de ce jugement-là, alors que, dans les faits, si lui dit : Bien,
regarde, une semaine, c'est correct, mais sinon je vais devant le tribunal de
la CAI ou si lui décide que non, qu'il me fait ça aujourd'hui puis que, demain,
il faut que ce soit fait, sinon, dans deux jours, je m'en vais à la CAI.
Donc, quand je dis que c'est le demandeur
qui contrôle le délai, c'est ça que je veux dire. C'est que c'est lui qui
décide à quel moment il perd patience et il se retourne vers sa...
M.
Caire
: …la
CAI ou si lui décide que, non, tu me fais ça aujourd'hui, puis demain il faut
que ce soit fait, sinon, dans deux jours, je m'en vais à la CAI. Donc, quand je
dis que c'est le demandeur qui contrôle le délai, c'est ça que je veux dire,
c'est que c'est lui qui décide à quel moment il perd patience et il se retourne
vers sa prochaine alternative qui est la CAI. Donc, c'est pour ça que je dis,
le «sans délai», pour moi, il n'a pas lieu d'être parce que le demandeur ne
peut pas être lésé par le laxisme de l'entreprise, parce qu'au moment où lui
juge qu'il y a laxisme il peut initier cette procédure-là. Donc, c'est à lui à
déterminer si le laxisme, est-ce que c'est 48 heures, est-ce que c'est
une semaine, est-ce que 30 jours. C'est au demandeur à faire ce
cheminement-là, à prendre cette décision-là et en faire part à l'entreprise.
Donc, il a le contrôle de la situation.
M. Tanguay
: Dans le
«sans délai», là… puis là je suis dans le Code civil, parce que le Code civil,
là, il y a ceci d'intéressant, c'est que c'est le droit commun, puis souvent,
c'est des exemples, il y a différents chapitres du Code civil, c'est des exemples
de la vie courante puis tout ça. Le «sans délai», il faut réellement le lire
comme étant au premier degré. Autrement dit, tu t'exécutes. «Sans délai» est souvent
synonyme de «meilleurs délais», mais «sans délai», ça ajoute un aspect, puis
ça, je suis d'accord avec ministre, peut-être un petit peu plus impératif.
«Sans délai», «meilleurs délais», «délai
raisonnable». Là le ministre nous dit : On ne s'entendra pas sur le «sans
délai». Mais le «sans délai», partout dans le Code civil… Je vous donne exemple,
article 204 : «Lorsque la personne désignée par le parent refuse la
tutelle, elle doit en aviser, sans délai, son remplaçant». Quand le notaire
reçoit d'une des parties cocontractantes, une information, la partie doit le
communiquer sans délai et tout ça.
Autrement dit, ça veut, puis moi je
l'assimile… C'est sûr qu'il y a une notion de diligence un petit peu plus, là,
diligence, plus. Puis c'est toujours in concreto, c'est toujours du cas par cas.
Autrement dit, si vous dites : Oui, vous avez raison, j'ai pris
30 jours, vous avez raison, on devrait arrêter de référencer ça, je dois
m'exécuter sans délai. Autrement dit, ça ne veut pas dire, «sans délai», ce
n'est pas Jinny, là, qui sort de la bouteille, là, c'est le temps de le faire,
mais sans délai qui n'aurait pas été justifié.
Autre exemple intéressant dans le Code
civil, c'est à article 204 : «Lorsque la personne désignée par le parent»,
ça, on vient de le dire… «Le notaire qui reçoit une déclaration commune de
dissolution… notifie sans délai le directeur de l'état civil.»
J'avais un exemple également de tutelle.
Je veux juste prendre le temps de vous le… «Le tuteur est tenu, lorsque la
valeur des biens à administrer excède 25 000 $, de souscrire une
assurance ou de fournir une autre sûreté».
«243. Le tuteur doit, sans délai,
justifier de la sûreté au conseil de tutelle et au curateur public.» Là, ce
n'est pas juste d'envoyer un avis, c'est de justifier sans délai.
Là vous allez me dire : «Sans délai»,
crime, il a pris trois jours. Ça va marcher pareil. «Sans délai», ça veut
dire que dès que ça pouvait raisonnablement se faire, le temps, par exemple, de
réunir le conseil de tutelle, c'était la fin de semaine, ils n'ont pas pu… ça a
pris trois jours, c'est sans délai…
M. Tanguay
: …justifier
de la sûreté au conseil de tutelle et au curateur.» Là, ce n'est pas juste
d'envoyer un avis, c'est de justifier sans délai. Là, vous allez me dire :
«Sans délai», crime, il a pris trois jours. Ça va marcher pareil. «Sans
délai», ça veut dire que dès que ça pouvait raisonnablement se faire, le temps,
par exemple, de réunir le conseil de tutelle, c'était la fin de semaine, ils
n'ont pas pu… ça a pris trois jours, c'est «sans délai.» Mais s'il s'est
assis dessus pendant deux, trois jours, puis qu'il n'est pas capable de
justifier… le «sans délai» doit être lu, puis je vais terminer là-dessus, M. le
Président, comme : Vous devez être capable de justifier du délai parce que
vous vous exécutiez dans ce que vous deviez faire dans votre obligation. Si vous
n'êtes pas capable de justifier du délai, vous avez ajouté des délais, sans
délai autre que la justification pour le faire.
M. le Président, à ce stade-ci, j'aimerais
déposer… je pense que le sous-amendement est… a-t-il été envoyé à…
Le Président (M.
Bachand) : Sur le greffier, oui.
• (15 h 40) •
M.
Caire
: M. le
Président? Avec le… j'aimerais quand même peut-être avoir un commentaire sur
les propos du collègue de LaFontaine, puis après ça, de toute façon, ce que je
comprends, c'est que l'amendement n'est peut-être pas prêt. Mais j'aimerais…
parce que ce que le député de LaFontaine dit, c'est ne pas incompatible avec ce
que je dis, dans le sens où je comprends bien la notion du «sans délai.» Mon
problème n'est pas sur la notion, qu'est-ce que le «sans délai» veut dire.
Comme j'ai dit, tout à l'heure, aux
collègues, on l'a utilisé dans le projet de loi n° 95 parce qu'on avait
une situation où un officier du gouvernement avait besoin d'une information,
qu'il n'était pas maître du délai, évidemment, donc, il était dans cette
situation-là où il devait attendre une action d'une entité autre, et donc c'est
là… et il n'y avait pas d'autres… il n'y a pas d'alternatives, tu sais, ce
n'est pas : Si tu… tu sais, tu dois la communiquer, il n'y a pas d'alternatives
à ça. Donc, cet officier-là, qui est le DPI du gouvernement, n'a pas
d'alternatives. Ce n'est pas de dire : O.K., si tu ne l'as pas fait avant
tant de temps, moi, je vais prendre telle action. Non, j'ai besoin de ça, tu
dois me le fournir.
Donc, ce n'est pas tant la notion du «sans
délai» qui fait problème, ici, que le contexte dans lequel on veut utiliser
cette notion-là où, je le rappelle, nous sommes dans un échange qui se veut de
bonne foi entre le demandeur et l'entreprise, demande à laquelle l'entreprise
entend donner suite. Donc, on est dans un contexte où il n'y a pas d'animosité…
mais, en tout cas, en théorie, il n'y a pas d'animosité, il n'y a pas de
mauvaise foi. Il y a une demande qui est faite de bonne foi. Il y a une analyse
qui est faite du dossier. On juge que la demande elle est recevable et on va y
donner suite. Et là on veut ajouter cet élément-là qui a
deux effets : d'une part qui, à mon sens, prive le demandeur de sa
capacité à décider ce qui est raisonnable en termes de temps pour donner suite,
parce que le «sans délai», puis le député de LaFontaine l'explique très bien,
ça amène une notion de célérité : Vous devez le faire et vous devez le
faire maintenant. Alors qu'il pourrait y avoir cette possibilité-là que l'entreprise
et le demandeur s'entendent pour dire : Écoute, donne-moi 10 jours,
donne-moi 15 jours, donne-moi 20 jours. Et si ça se fait à la
satisfaction du demandeur, qui sommes-nous pour dire : Ça n'a pas
d'allure…
M.
Caire
: ...ça
amène une notion de célérité, vous devez le faire, et vous devez le faire maintenant,
alors qu'il pourrait y avoir cette possibilité-là, que l'entreprise et le
demandeur s'entendent pour dire : Écoute, donne-moi 10 jours,
donne-moi 15 jours, donne-moi 20 jours. Et, si ça se fait à la
satisfaction du demandeur, qui sommes-nous pour dire : Ça n'a pas
d'allure, ça devrait aller plus vite? C'est ça, mon point, essentiellement,
c'est ça, mon point. Si le demandeur juge que c'est légitime que la demande ou
le délai proposé par l'entreprise, il est raisonnable, qui sommes-nous?
Pourquoi la loi lui dirait le contraire? Pourquoi la loi dirait : Non,
toi, le demandeur, là, tu n'as pas rapport là-dedans, là, ce n'est pas à toi à
décider à quel moment ça doit se faire, c'est moi, le législateur, qui décide,
puis ça se fait tout de suite? Bien, non. Je pense que non. Je pense que, dans
ce cas-ci, compte tenu des possibilités qui sont offertes au demandeur, à
savoir de se retourner vers la CAI au moment où il le juge pertinent, le «sans
délai» le prive de cette notion-là.
Et, en plus, le «sans délai» se fait sans
égard aux circonstances. Donc, c'est clair que... Puis là je comprends, il y a
des nuances dans ce que je vais dire, là, parce que c'est clair que le «sans
délai», c'est le temps qu'on prend à le faire... c'est-à-dire c'est à quel
moment on le fait, pas le temps qu'on prend à le faire. C'est clair qu'il y a
des demandes qui vont être plus complexes, qui vont requérir plus de temps, et
on n'est pas en contradiction du «sans délai» parce que ça prend trois jours,
ou quatre jours, ou 10 jours à le faire, parce que c'est ça que ça prend
pour aller jouer dans le code, etc. Puis ça, je le comprends bien.
Mais, par contre, toutes les situations ne
sont pas prises en considération, et peut-être que l'entreprise aura besoin
d'un délai plus grand pour le faire, parce que peut-être que l'entreprise aura
besoin d'une firme experte de consultants. On peut penser à des entreprises qui
ont donné le volet informatique en impartition, on peut penser à toutes sortes
de circonstances, de vacances d'été. Alors là, la loi, à cet égard-là, elle est
aveugle. Elle, elle dit : C'est sans délai, donc.
Alors que, dans le contexte actuel de
28.1, la loi dit : Bien, écoute, moi, je donne la possibilité au demandeur
de juger si ce délai-là, il est raisonnable ou non. Puis au fond c'est ses
informations à lui dont il est question, donc. Et, s'il n'est pas satisfait, la
loi lui permet de prendre des mesures appropriées pour faire corriger la
situation. Donc, il ne peut pas être lésé du fait qu'il n'y a pas un délai
d'exécution du moment où il a sa réponse. Il ne peut pas être lésé parce qu'il
est celui qui va déterminer à quel moment ça doit prendre fin, à quel moment
l'entreprise fait preuve de laxisme puis à quel moment l'entreprise ambitionne
sur le pain bénit, en bon français.
Donc, c'est pour ça que, pour moi, le
«sans délai», il est aveugle, il prive le demandeur de sa prérogative de
déterminer ce qu'est un délai qu'il juge raisonnable. Il est aveugle quant à
l'exécution, il ne tiendra pas compte de toutes les circonstances, il pourra
mettre l'entreprise dans une situation où il va devoir obéir à la loi. Puis, à
la limite, là, puis là...
M. Caire
: ...il
prive le demandeur de sa prérogative de déterminer ce qu'est un délai qu'il
juge raisonnable. Il est aveugle quant à l'exécution. Il ne tiendra pas compte
de toutes les circonstances. Il pourra mettre l'entreprise dans une situation
où il va devoir obéir à la loi. Puis, à la limite, là, puis là j'extrapole,
mais on pourrait même penser que le fameux «sans délai» pourrait faire en sorte
que l'entreprise dise : Bien, écoutez, moi, je suis mieux de refuser la
demande que d'y accéder parce qu'au moins je sais que le temps que ça s'en va à
CAI, ça me donne le temps de me préparer, puis je sais que la CAI va donner
raison au demandeur, mais ça va me donner le temps de me préparer à répondre
aux exigences de la CAI alors que, là, si je dis oui, le «sans délai» fait en
sorte que je me revire de bord, je ne suis pas prêt, je n'ai pas ce qu'il faut,
puis... Ça fait que, pour moi, le «sans délai», non seulement il n'est pas
utile, mais, sous cet angle-là, il peut même être pénalisant.
Le Président
(M. Bachand) : M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Ça
tient la route ce que le ministre dit, puis il n'a pas besoin que je le dise
pour qu'il s'en convainque. Par contre, il y a un ingrédient que j'aimerais ça
qu'il ajoute, c'est que, le demandeur citoyen, il veut que ça se fasse dans les
meilleurs... il veut que ça se fasse sans délai. Le demandeur citoyen, quand le
ministre dit : Ah! bien, là, lui ou elle va juger, cinq jours,
10 jours, il va être patient puis il va tester de sa patience, puis il va
user de sa patience, puis, à un moment donné quand il ne sera plus patient,
après cinq jours, 10 jours ou 15 jours, il va aller à la CAI.
Il faut remettre dans l'équation que le
citoyen qui le demande, là, lui, il voudrait que ça soit fait tout de suite,
tout de suite, tout de suite, puis on est là pour l'aider. Le citoyen face à
Google ou à Facebook, c'est le plus petit dans l'équation juridique, il veut
que ça se fasse tout de suite. Là, le «sans délai», lui, il va sauter
là-dessus.
Le député... oui, e j'aimerais lire... et
il est sur Greffier, le député de La Pinière a ouvert...
M. Caire
:
...votre sous-amendement, monsieur.
M. Tanguay
: Oui,
je vais lire mon sous-amendement. Mais il a ouvert une boîte, et une colombe en
est sortie sous forme d'une inspiration que j'ai écrite et avec mon crayon et
le département de la recherche, nous avons l'oeuvre collective suivante :
L'amendement à l'article 28. 1 de la
Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur
privéproposé par l'article 113 du projet de loi est modifié par le
remplacement des mots «sans délai» par «dans un délai raisonnable».
M. le Président, j'aimerais maintenant que
vous reconnaissiez l'inspiration d'un homme d'action, d'un homme de compromis,
le collègue de La Pinière qui pourrait en parler avec émotion.
Le Président
(M. Bachand) : M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Oui.
Écoutez, M. le Président, j'écoute le ministre, là, puis je comprends ce qu'il
construit, mais il me semble que c'est contraire au droit. Est-ce que le
ministre peut...
Une voix : …
M. Barrette : Hein?
M.
Caire
: Il
vient de dire que c'était bon.
M. Barrette : Non. Il
vient de dire que ça pouvait tenir la route. Moi, je parle du droit, je parle
du droit, M. le Président. Est-ce que le ministre peut me donner des exemples,
là? Puis là, il ne peut pas...
M. Barrette : ...qu'il construit,
mais il me semble que c'est contraire au droit. Est-ce que le ministre peut...
M.
Caire
: ...
M. Barrette : Hein?
M.
Caire
: Il
vient de dire que c'était bon.
M. Barrette : Non, il vient de
dire que ça pouvait tenir la route. Moi, je parle du droit, je parle du droit, M.
le Président. Est-ce que le ministre peut me donner des exemples, là? Puis là,
il ne peut pas, là, c'est vraiment Me Miville-Deschênes ou quiconque dans
son équipe, là. Dans l'enseignement du droit, là, dans la doctrine, c'est où,
ça, le concept de personne qui contrôle le délai?
M.
Caire
: Bien,
M. le Président, ce n'est pas dans la doctrine, mais c'est dans les faits.
Alors, M. le Président, c'est tout simplement d'analyser l'application de la
loi et de comprendre que... puis je pense que là-dessus, là, je... bon, vous
comprendrez que je ne ferai pas mon Caius Detritus ici, à essayer de semer la
zizanie dans les rangs de l'opposition officielle, ce qui veut dire que je vais
le faire, mais, M. le Président, quand on analyse l'impact de l'article 28
et 28.1, et qu'on dit que le demandeur peut à tout moment se tourner vers la
CAI, bien, il est implicite et explicite que, si le demandeur n'est pas satisfait
du traitement de sa demande, pour quel que motif que ce soit, par l'entreprise,
il se retourne vers la CAI et initie une procédure judiciaire formelle.
Alors, à partir de là, M. le Président, et
c'est là où on en arrive à la discussion qui nous anime depuis hier, dans le
contexte où l'entreprise acquiesce à la demande, le député de La Pinière
dit : Oui, mais vous devez lui donner un délai. Ce à quoi je
rétorque :Pourquoi? Parce que s'il n'est pas satisfait de la façon dont
l'entreprise traite sa demande, l'option qui s'offre à lui à partir de là,
c'est de se retourner vers la CAI, ce qu'il peut faire à tout moment, et donc
ce qu'il peut faire s'il pense que l'entreprise n'a pas donné suite à sa
demande dans un délai que lui juge raisonnable. Alors, la suite logique à ça,
c'est d'aller vers la CAI. Donc, c'est pour ça que je dis, je vais essayer de
faire comme le député de LaFontaine, in concreto, il contrôle le délai. Pourquoi?
Parce que c'est lui qui détermine à quel moment il passe à l'étape suivante.
• (15 h 50) •
Alors, ce n'est pas une doctrine du droit,
ça, je ne veux pas mettre des mots dans la bouche de Me Miville-Deschênes qu'il
ne prononcerait pas, mais je ne pense pas...
M.
Caire
: …le
délai. Pourquoi? Parce que c'est lui qui détermine à quel moment il passe à
l'étape suivante. Alors, ce n'est pas une doctrine du droit, ça, je ne veux pas
mettre des mots dans la bouche de Me Miville-Deschênes qu'il ne prononcerait
pas, mais je ne pense pas me tromper en disant : Je ne pense pas qu'il y a
une doctrine du droit qui dise ça. Mais c'est, dans les faits, de facto, hein,
je poursuis dans la lignée, de facto, c'est ce que le projet de loi va
permettre de faire au demandeur. Et donc, de facto, c'est l'effet du projet de
loi, c'est de faire du demandeur celui qui détermine dans quel délai il veut
que l'action soit posée, sans quoi, sans quoi, parce qu'il y a toujours O.K.,
mais c'est sinon. Si vous ne le faites pas, sinon quoi? Bien, sinon je me
retourne vers la CAI et je vais faire une procédure judiciaire formelle, et là
il y aura un jugement, et là, potentiellement, il y aura une ordonnance, et
donc là vous aurez l'obligation de le faire, sans quoi vous vous exposez à des
sanctions pénales. C'est ça, la suite logique. Donc, est-ce qu'il y a une
doctrine du droit qui dit : Dans le droit québécois, dans le droit civil,
dans le droit ci, dans le droit ça, il y a la notion de demandeur en maîtrise
des délais? Non. Mais quand on applique, ou quand on explique l'application de
l'article, l'effet de l'article, c'est ça. C'est que c'est le demandeur va
décider à quel moment sa demande doit trouver une réponse à sa satisfaction.
Puis après, parce que sinon, le «sinon quoi», bien, c'est le «sinon je m'en
vais à la CAI».
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de La Pinière.
M. Barrette : …avec tout le
respect que j'ai pour le ministre, est-ce que je peux avoir une réponse de Me
Miville-Deschênes? Dans la doctrine du droit, la faculté de droit, là, est-ce
que ça s'enseigne, ça, la notion de contrôle du temps pour un demandeur? Est-ce
que dans notre corpus législatif il y a cette notion-là, est-ce que dans nos…
là, c'est écrit en quelque part : Écoutez, j'ai écrit une loi, là, puis
dans cette loi-là j'ai mis des conditions expresses, parce que c'est vraiment
ça que je voulais comme législateur, que le citoyen ait le contrôle du temps.
Je postule que ça n'existe pas.
M.
Caire
: M. le
Président, dans ma quête sans fin de satisfaire le député de La Pinière,
je céderai donc la parole à Me Miville-Deschênes pour sa réponse.
M. Barrette : Me
Miville-Deschênes, est-ce que ma question était claire?
Le Président (M.
Bachand) : …est-ce qu'il y a consentement?
M. Barrette : Absolument, M.
le Président. On consent toujours.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Me Miville-Deschênes.
M.
Caire
: Oui.
De toute façon, il… quand on dit non.
Une voix : …
Le Président (M.
Bachand) : …Miville-Deschênes.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, le délai est accordé à une personne pour
exécuter une tâche. Mais dans le cas qui nous concerne, le délai est dans
l'article 32, c'est-à-dire qu'il doit avoir une réponse par écrit dans les
30 jours.
M. Barrette : Oui, oui. Mais
là, M. le Président, bien…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …Bien, le délai est accordé à une personne pour
exécuter une tâche. Mais dans le cas qui nous concerne, le délai est dans
l'article 32, c'est-à-dire qu'il doit y avoir une réponse par écrit dans
les 30 jours.
M. Barrette : Oui, oui. Mais
là, M. le Président, bien gentiment, je vais reprocher à
Me Miville-Deschênes d'utiliser la même tactique que le ministre, là. Ce
n'est pas de ça, je vous parle. Moi, je vous parle du délai après avoir rendu
sa décision. Et ma question, elle est simple, là. Dans les facultés de droit,
dans notre corpus législatif, est-ce qu'on a introduit, codifié la notion de
donner au demandeur, de quelque chose vis-à-vis la loi, le contrôle du temps?
Ça n'existe pas. Est-ce que ça existe, Me Miville-Deschênes?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Pas à ma connaissance.
M. Barrette : Bon, bien, c'est
bien ce que je pensais. Alors, M. le Président, ça fait longtemps, longtemps,
longtemps, et je dirais même encore plus longtemps qu'on débat, qu'on raisonne
sur une notion légale inexistante. Puis non seulement, M. le Président, elle
est inexistante, on en parle puis on ne la codifie pas. Bien là, là, ça, c'est
du droit cosmique, là. Là, on est dans les airs, là, on est au-delà des nuages
et de la stratosphère. On est, là, M. le Président, dans… C'est trop loin.
Alors, ici, là, on est dans une situation où on veut codifier les choses. Et là
on va remettre, M. le Président, les choses en ordre. Bon, «check», ça n'existe
pas. Parce que j'ai pris quelques notes, là, M. le Président, là, ça n'existe
pas. Bon. O.K. M. le Président, je vais poser une autre question. Peut-être
que c'est Me Miville-Deschênes, là, qui va me répondre.
M.
Caire
: …
M. Barrette : Non.
M.
Caire
: …
M. Barrette : Ce n'est pas ça.
C'est parce qu'à un moment donné il faut que… C'est pour ça qu'on…
M.
Caire
: Non,
non, jasez-vous entre vous autres, là. C'est correct.
M. Barrette : Ça fait…
M.
Caire
: Je
vais jaser avec Marc, moi.
M. Barrette : Ça devient une question
d'arbitrage. Moi, là, je veux simplement, pour le bénéfice de la bonne… saine
écriture de nos lois, ne pas introduire des notions qui vont être déboutées à
la première occasion. Je suis sûr, mais je ne suis pas sûr, mais je suis sûr
que des ententes à l'amiable, ça doit exister, ça, dans notre corpus
législatif. Mais je suis sûr que quand ça existe, c'est… Je dis, je suis sûr.
Je suis pas mal sûr… J'estime qu'il est grandement possible, parce que je n'en
connais pas, qu'il y ait dans notre corpus législatif la notion d'entente à
l'amiable. Je pense que ça existe. En tout cas, ça existe dans la SAAQ, là. Je
suis sûr que ça existe. Mais je suis sûr qu'en quelque part, c'est codifié,
qu'en quelque part, c'est écrit clair, net… de façon claire et nette et
précise, là : Chères parties — au pluriel — nous vous
permettons de vous engager dans une démarche qui s'appelle une entente à
l'amiable. Est-ce que ma lecture, elle est correcte…
M. Barrette : …c'est codifié, à
quelque part, c'est écrit clair, net… de façon claire, et nette, et précise,
là : Chères parties — au pluriel — nous vous
permettons de vous engager dans une démarche qui s'appelle une entente à
l'amiable. Est-ce que ma lecture, elle est correcte?
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. Pouvez-vous répéter la question?
M. Barrette : Oui, je vais la
répéter, ça va me faire plaisir. Est-ce que je peux, à ce moment-là, arrêter le
compteur? Alors, je vais la répéter. Je suis sûr que, dans notre corpus
législatif, là, la notion légale d'entente à l'amiable, ça existe. Oui, non?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Sans aucun doute.
M. Barrette : Parfait.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Je vais faire les vérifications.
M. Barrette : Bon, il va faire
une vérification… je vais attendre.
Le Président (M.
Bachand) : On peut continuer en attendant la vérification.
M. Barrette : Bien, c'est
parce que… Oui, je peux continuer, je peux continuer, mais… Me
Miville-Deschênes…
M.
Caire
: Non,
non, non. Il y a eu un silence, donc j'ai un droit de réplique.
Le Président (M.
Bachand) : Allez-y, M. le ministre.
M. Barrette :
Non, non…
Le Président (M.
Bachand) : Bien, allez-y, allez-y, allez-y.
M. Barrette : Bon, qu'il
réplique.
M.
Caire
:
Alors, M. le Président, je n'ai jamais avancé que la loi amenait une notion
juridique formelle que le citoyen, de façon codifiée, avait le contrôle du
temps. Ce n'est… Ce que je dis, M. le Président, et ce qui est un fait… Je
pense, je pense, là, que je vais fédérer le député de LaFontaine à ma cause.
Pour le député de La Pinière, ça va être un petit peu plus compliqué,
mais, M. le Président, je ne rebute pas à la tâche, je vais y arriver. Donc, il
est clair que… et ça je suis convaincu que le député de La Pinière va être
d'accord avec moi, il est clair que la loi n'interdit pas à un citoyen
d'effectuer une démarche auprès d'une entreprise et auprès de la CAI au moment
où il le juge opportun. Il est clair que, si l'entreprise ne donne pas au
demandeur satisfaction, le recours suivant, le seul recours suivant, c'est
d'aller vers la CAI, c'est d'entreprendre une procédure formelle, procédure
judiciaire formelle. Il n'y a pas d'autre alternative, là. Soit il accepte la
décision de l'entreprise… En fait, il y en a une, il accepte la décision de
l'entreprise ou il se tourne vers la CAI.
• (16 heures) •
Dans le cas qui nous préoccupe,
l'entreprise accepte d'accéder à la demande du citoyen. Donc, on est dans un
contexte de bonne entente, en théorie, on est dans un contexte de bonne
entente. Parce que, dans un contexte où l'entreprise dit : Vous me faites
une demande, je juge qu'elle est pertinente, je vais donner suite, j'accède à
votre demande, je vais donner suite, ce n'est pas les prémisses d'un conflit.
Ce n'est pas les prémisses d'un conflit, je pense que tout le monde va en
convenir. Donc, le citoyen va être dans la situation où il va attendre que l'entreprise…
16 h (version non révisée)
M.
Caire
: ...je
vais donner suite. J'accède à votre demande, je vais donner suite. Ce n'est pas
les prémisses d'un conflit, ce n'est pas les prémisses d'un conflit. Je pense
que tout le monde va en convenir.
Donc, le citoyen va être dans la situation
où il va attendre que l'entreprise donne suite à sa demande, s'exécute et
procède au déréférencement, la désindexation. Alors, c'est là où la notion de
«c'est le citoyen qui va décider du délai» entre en ligne de compte. Non pas
que c'est une notion juridique, mon pas que c'est une notion qui est soutenue
par le droit au Québec, mais juste par le gros bon sens, à savoir, si le citoyen
décide, après deux jours, que c'est trop long, il peut s'en aller à la CAI. Et
ça, ce n'est pas... Non, ce n'est pas dans le Code civil, ce n'est pas dans le
code de procédure, ce n'est pas dans le code d'interprétation, mais c'est une possibilité
qui lui est offerte par la loi de dire : Bien, écoute, tu n'es pas
content? Va à la CAI. Tu n'es pas content parce que c'est trop long? Va à la
CAI. Tu n'es pas content parce que l'entreprise t'a dit non? Va à la CAI. Tu
n'es pas content parce que l'entreprise n'a pas respecté le délai de
30 jours pour te répondre? Va à la CAI. L'alternative à tout ce qui ne
donne pas satisfaction au citoyen, c'est d'aller à la CAI.
Donc, lui, il est seul maître... en tout
cas, à moins qu'on amende dans le sens de ce que le député de La Pinière
souhaite, mais, si on garde l'article dans l'état où il est, le demandeur est
seul maître d'à quel moment il juge nécessaire... en fait, s'il est nécessaire,
et, si oui, à quel moment il se tourne vers la CAI. Le député de
La Pinière voudrait lui enlever ce droit-là, voudrait lui enlever cette
possibilité-là en disant : Non, non, non, moi, le législateur, je... du
haut de ma sagesse, je vais décider que l'entreprise doit le faire sans délai,
nonobstant le fait que, oui, il est possible... puis je n'ai pas entendu mon
collègue là-dessus, mais, oui, il est possible que l'entreprise, pour toutes
sortes de raisons, qu'elle pourra expliquer au demandeur et que le demandeur
pourra juger pertinentes, dire : Bien, moi, c'est dans 10 jours,
c'est dans 15 jours, c'est dans 20 jours.
Et l'amendement... en tout cas... il y a
le sous-amendement. Le sous-amendement est effectivement d'une autre nature,
j'en conviens. Mais le «sans délai», parce que le collègue de La Pinière
nous amène à cette réflexion-là, le «sans délai», il enlève cette possibilité-là,
là. Il n'est pas question de 10 jours, 15 jours, 20 jours, là.
Il n'est pas question de faire telle, ou telle, ou telle démarche pour aller
chercher telle ou telle ressource. Non, non, c'est... tu le fais là, là. Tu le
fais là. Arrange-toi comme tu veux, tu le fais là. Maintenant, ça peut te
prendre 10 jours à le faire, ça, c'est autre chose, mais tu commences à le
faire maintenant. Bien, moi, je dis...
M.
Caire
: …lui
enlève cette possibilité-là, là. Il n'est pas question de 10 jours, 15 jours,
20 jours, là, il n'est pas question de faire telle, ou telle, ou telle démarche
pour aller chercher telle ou telle ressource. Non, non, c'est… tu le fais là,
là, tu le fais là. Arrange-toi comme tu veux, tu le fais là. Maintenant, ça
peut te prendre 10 jours à le faire. Ça, c'est autre chose. Mais tu commences à
le faire maintenant.
Bien, moi, je dis : Cette possibilité-là,
elle n'est pas au bénéfice du demandeur, parce que le demandeur, lui, il peut
décider que 10 jours, c'est bien correct, qu'il n'y en a pas de problème avec
le 10 jours, puis ça lui convient, puis l'explication de l'entreprise lui
convient. Puis il regardera après 10 jours si c'est fait, puis, si ce n'est pas
fait puis qu'il décide : Ah! bien là, non, là, ça ne marche pas, bien, il
pourrait se prévaloir de son droit d'initier une procédure formelle, ou il
pourrait le faire après 24 heures, ou il pourrait le faire après 72 heures.
C'est lui qui décide. Et ça, ce n'est pas codifié dans le code d'interprétation
dont le député de La Pinière nous avait fait une savante explication, d'ailleurs,
mais c'est un fait. De par la loi, c'est un fait, c'est factuellement ce que la
loi permet au demandeur de faire ou de ne pas faire et que nous allons altérer
si l'amendement du député de La Pinière était adopté.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Bon. On a établi
que la notion de contrôle du temps n'existait pas, c'était une vision de
l'esprit. J'étais sur la question de l'entente à l'amiable. Me
Miville-Deschênes, avez-vous eu le temps de regarder?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. Il y a différentes occurrences d'un règlement à
l'amiable, évidemment… bien, pas évidemment, mais dans notre Code de procédure,
ils ont différents choix, là. C'est une possibilité.
M. Barrette : Et, M. le
Président, Me Miville-Deschênes, je pense que vous allez pouvoir m'indiquer si normalement,
dans nos lois, c'est codifié d'une telle manière que, quand, dans un litige,
vous entrez dans une démarche d'entente à l'amiable, c'est clairement indiqué
que vous entrez dans cette démarche-là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, c'est sûr qu'il y a des lois qui l'indiquent clairement.
M. Barrette : Ou qu'il y a la possibilité.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Il y a des conférences de règlement à l'amiable, ça
fait qu'il y a plusieurs législations qui l'indiquent clairement. Est-ce qu'il
y a des cas où on rentre dans une démarche de règlement à l'amiable sans qu'il
y ait aucun encadrement juridique? Mais je ne pourrais pas vous dire.
M. Barrette : Ce n'est pas une
question d'encadrement juridique, c'est une question d'identification du moment
où on entre là-dedans. On n'entre pas dans une entente à l'amiable sans qu'il
n'y ait eu une démarche juridique à la base. Il peut n'y en avoir pas eu :
les automobiles. Mais, quand on est rendu dans une démarche juridique, là, si
on prend la voie de l'entente à l'amiable, c'est écrit comme ça, on fait ça.
C'est comme une entente… un règlement hors cour. À un moment donné, les parties
s'entendent pour prendre la voie du règlement hors cour. C'est prévu dans la
loi puis c'est nommé comme ça, n'est-ce pas?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : J'aurais un malaise à le dire, que c'est toujours
prévu dans la loi. Des fois, il peut y avoir de la médiation…
M. Barrette : Non, non, non,
là. O.K., O.K.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …à titre d'exemple, qui va conduire à un règlement à
l'amiable. Donc, je pense qu'il y a différentes portes d'entrée pour terminer
par un règlement à l'amiable qui ne sera pas nécessairement…
M. Barrette : …C'est prévu dans
la loi, puis c'est nommé comme ça, n'est-ce pas?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : J'aurais un malaise à le dire, que c'est toujours
prévu dans la loi. Des fois, il peut y avoir de la médiation, à titre
d'exemple, qui va conduire à un règlement à l'amiable. Donc, je pense qu'il y a
différentes portes d'entrée pour terminer par règlement à l'amiable qui ne sera
pas nécessairement une disposition qui fait référence au règlement à l'amiable.
M. Barrette : Là-dessus, je
suis d'accord. Ça ne change rien à mon affirmation selon laquelle, dans le
droit, les chemins qu'on prend pour régler un problème, ils sont identifiés,
ils sont codifiés. Que ça passe par les médiations puis que ça finisse par un
règlement à l'amiable hors cour, il y a un chemin, il existe, là : Vous
êtes allé en médiation, vous avez la possibilité de… ça n'arrive pas de même.
Un règlement à l'amiable, mon point, ou un
règlement hors cour, une médiation, c'est identifié et codifié, comme tel,
n'est-ce pas?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Je n'en suis pas certain. Parce que là, ça implique
qu'il n'y aurait pas de médiation, à titre d'exemple, dans certaines sphères
d'activité, sans qu'il y ait une disposition express qui dit qu'il y a
possibilité de médiation. Je ne suis pas sûr, là.
M. Barrette : Non, non, ce
n'est pas ça que je dis, là. Ce que je dis, là, puis là je vais aller
directement à mon point, M. le Président, 28, là, si c'était un règlement
à l'amiable, ça serait écrit comme ça. D'un côté, le ministre nous parle de
contrôle du temps, puis ça n'existe pas comme notion, et ici, on qualifie, dans
notre débat de 28 et 28.1, de «règlement à l'amiable». Ce n'est pas
un règlement à l'amiable. C'est une situation encadrée, législativement
parlant, dans le temps, d'une certaine manière codifiée. On ne peut pas dire
que c'est un règlement «à l'amiable». Ce n'est pas nommé comme ça, ce n'est pas
identifié comme ça, ce n'est pas codifié comme ça. C'est un droit nouveau qui
dit : Voici, vous pouvez avoir le droit au retrait et tout ce qui vient
avec, là, dans les circonstances a, b, c, et après une analyse, a, b, c, d, e,
f, g, g étant la septième lettre de l'alphabet. C'est ça la réalité.
Alors, la vision du ministre, là, ne
correspond à aucune réalité juridique, bon. «Check». Attendez une minute,
M. le Président. «Check», ce n'est pas une entente à l'amiable.
Le ministre dit que le citoyen pourrait
être lésé par le laxisme, ça dépend du contexte dans lequel on utilise…
M. le Président, là, depuis la case départ, le citoyen a le choix d'aller
à la CAI ou d'aller là, il a le choix. Puis on le sait, qu'il a le choix, c'est
écrit comme ça, bon.
Maintenant, à quoi ça sert, mon
amendement? Ça sert à une chose, ça sert à faire en sorte que…
M. Barrette : …on le sait,
qu'il a le choix, c'est écrit comme ça, bon.
Maintenant, à quoi ça sert, mon amendement?
Ça sert à une chose. Ça sert à faire en sorte que le demandeur ne soit pas lésé
par un entrepreneur, une compagnie qui n'agit pas dans un délai approprié. Peu
importe que ça soit à sa satisfaction ou non, peu importe qu'ils s'entendent
sur le délai, ça va servir, d'abord et avant tout, un, à dire au citoyen :
Regardez, là, vous avez ce pouvoir-là. Vous pouvez vous entendre, ça, ce n'est
pas grave. Mais quand il va aller à l'instance au-dessus, là… Parce que la
relation entre 28, et 28.1, et la CAI, c'est cour et Cour d'appel. Le ministre
va me dire : Non, il peut aller directement à la Cour d'appel, il peut
aller à la CAI. Mais non, non, non. C'est oui, c'est vrai, mais ce n'est pas ça
qui est souhaité par le législateur. Le législateur souhaite qu'il y ait une
première instance sans enlever le droit, ce qu'on ne peut pas faire au
tribunal, d'aller directement à la Cour d'appel.
• (16 h 10) •
Puis moi, je vais postuler, M. le
Président, que la CAI, c'est ça qu'elle veut aussi, parce qu'elle n'est pas
capable d'être inondée de demandes, là. M. le Président, là, si, aujourd'hui,
le ministre me dit : Bien non, on veut qu'ils aillent à la CAI pareil
parce qu'ils ont les ressources, bien, qu'il le dise, parce que je vais faire
une motion, là, pour réentendre la CAI, là, parce que la CAI n'a pas les moyens
de recevoir tout ce monde-là, là.
Il y a une loi qui est déposée, qui est
28… 64, dans lequel il y a un article qui prévoit 28 et 28.1 pour que les gens,
spontanément, aillent là. Et on veut stimuler l'individu, la compagnie à agir
dans des délais raisonnables, dans les plus brefs délais, peu importe, on peut
changer les mots, mais on veut qualifier le délai pour que l'instance suivante
puisse aussi dire, puisse disposer d'un levier légal pour dire : Il a
raison, le citoyen, puis il a encore plus raison parce que le délai n'a pas été
respecté. Et le délai, ce n'est pas une grosse, grosse, grosse pression, il
n'est pas quantifié, il est qualifié.
Alors, qu'est-ce qu'on fait? On fait une
loi dans laquelle on met du droit nouveau qui permet à l'individu de demander
un retrait. Puis, si la démarche, elle est faite correctement, bien, la
compagnie doit justifier, motiver sa décision et l'exercer dans un délai… dans
les plus brefs délais, dans un délai raisonnable, peu importe. Et, si le citoyen
n'est pas content de ça, bien, on lui offre, à lui, dans la dynamique légale,
première instance, deuxième instance, d'avoir un paramètre pour, au bout de
ligne, avoir…
M. Barrette : ...dans un
délai... dans les plus brefs délais, dans un délai raisonnable, peu importe.
Et, si le citoyen n'est pas content de ça, bien, on lui offre, à lui, dans la
dynamique légale, première instance, deuxième instance, d'avoir un paramètre
pour, au bout de la ligne, avoir raison. C'est ça qu'on fait.
Le citoyen, là, quand qu'il va aller faire
cette démarche-là, là, mettons que j'imagine mal statistiquement avoir moins de
0,000001 % de gens qui ne veulent pas que ça se fasse sur-le-champ. Un
citoyen, là, qui va embarquer dans cette démarche-là, là, c'est maintenant, là.
Maintenant et immédiatement.
Et là, là, que ce soit... bien là, le
citoyen... qu'est-ce que ça dit comme message au citoyen? Ça dit au
citoyen : Regarde, on pense, nous, que l'entreprise, là, doit avoir une
marge de manoeuvre parce que tout ne se fait pas du jour au lendemain. C'est ça
qu'on prévoit. Mais on dit à l'entreprise : Écoute, Gérard, là, c'est bien
plate, là, mais ne niaise pas parce qu'après ça tu risques d'être pénalisé.
Bien, quand... va aller à la CAI puis qu'il n'y aura pas...
M.
Caire
: ...
M. Barrette : Non,
pénalisé au sens... au moins réputationnel du terme. Bien oui, mais, je veux
dire... La CAI, elle ne sert à rien à ce moment-là. La CAI, elle va lui donner
raison puis il n'y aura pas de conséquences. O.K., c'est correct. Puis, si
c'est ça, j'accepte ça. C'est la décision du ministre.
Mais l'amendement que je propose, là, il
sert à ça dans un contexte clair. On n'est pas dans des concepts nouveaux, on
est dans du droit ordinaire... du droit dont la procédure est usuelle, c'est
plus joli qu'ordinaire. Alors, la procédure est usuelle, là. On vous donne
accès à un levier. Le levier, pour être opéré, il y a des conditions. Les
conditions sont ce que j'ai dit, à la fin, tu dois avoir une justification. Et
celui qui se justifie, qui a décidé d'agir, bien, on lui donne… on lui dit
clairement : Tu ne peux pas faire ça dans un an, tu dois le faire
dans un délai raisonnable ou dans les plus brefs délais. Le mot n'a pas
d'importance, c'est la qualification qui devient un levier pour l'instance
suivante. Comment peut-on être contre ça? Point d'interrogation.
M.
Caire
: Et
donc c'est là où j'explique comment on peut être contre ça, M. le Président?
Parfait. Alors, je vais l'expliquer au député de La Pinière, pourquoi on
peut être contre ça, et c'est très simple.
D'abord, je vais reprendre son argument à
sa genèse. Le député de La Pinière dit : Quand on parle de médiation,
c'est codifié dans la loi, ce n'est pas écrit dans l'article, donc ce n'est pas
de la médiation. Parfait, je lui donne, ce n'est pas de la médiation. Pas de
problème. Je veux dire, je ne suis pas sur le terme, je suis sur l'esprit de
loi et non pas sur la lettre de la loi. Le député de La Pinière me parle
de la lettre de la loi, grand bien lui fasse, il a raison, ce n'est pas de la
médiation, check. Le député de La Pinière dit : Ce n'est pas non plus
une entente à l'amiable. Ça aussi, c'est codifié, puis, quand c'est codifié,
c'est dans l'article, ce n'est pas dans l'article, donc…
M.
Caire
: …le
député de La Pinière me parle de la lettre de la loi, grand bien lui
fasse, il a raison, ce n'est pas de la médiation, check. Le député de La Pinière
dit : Ce n'est pas non plus une entente à l'amiable. Ça aussi, c'est
codifié, puis, quand c'est codifié, c'est dans l'article, ce n'est pas dans
l'article, donc ce n'est pas une entente à l'amiable. Encore une fois, on parle
de la lettre de la loi, check, parfait, ce n'est pas une entente à l'amiable.
C'est une procédure, que je ne qualifierai pas en termes juridiques, qui vise à
dire qu'un citoyen qui voudrait se prévaloir de ce droit à l'effacement
pourrait le faire en s'adressant directement à l'entreprise, préférablement
qu'à la cour, ce qu'il peut faire aussi, ce qu'il peut faire en parallèle, ce
qu'il peut faire en premier. Rien, rien, absolument rien dans la loi ne donne
une séquence. Il n'y en a pas, de séquence. Puis est-ce que le législateur
souhaite que le citoyen se prévale de cette possibilité-là prioritairement,
bien, l'idée étant de faciliter la vie du citoyen, c'est ça, l'idée du
législateur, c'est de dire : On veut faciliter la vie du citoyen. On sait
que cette démarche-là, elle est plus simple, elle est moins lourde, elle est
moins accaparante, et donc elle a des chances d'être beaucoup plus conviviale
et rapide. C'est ça que le législateur veut faire. À partir de là, là, ce n'est
pas moi qui va dire au citoyen qu'est-ce qui est préférable pour lui, puis si
le citoyen, il décide que c'est la CAI qui est préférable pour lui, bien, que le
citoyen aille à la CAI, c'est son droit et personne ne peut l'en empêcher.
Maintenant, comment qualifier une démarche
qui dit : Communique avec l'entreprise, demande-lui de désindexer et de
déréférencer les informations qui te concernent que tu veux voir disparaître de
la Toile, en tablant sur le fait que la loi établit des conditions, des
critères, établis le fait que l'entreprise va les évaluer et prendre une
décision, en disant, bien : Oui, O.K., je donne une suite à ta demande. M.
le Président, je ne le qualifierai pas, puisque ça semble attiser les passions
de mon collègue de La Pinière. Mais le fait est que, pour moi, c'est une
démarche qui est extrajudiciaire. Là-dessus, on va s'entendre, j'en suis
convaincu, c'est une démarche administrative, c'est une démarche qui veut
simplifier le geste qui est posé par le citoyen. Alors, d'accord, ce n'est ni
une entente à l'amiable ni une entente… etc., mais c'est une démarche
administrative qui vise à simplifier cette procédure-là, à la simplifier, à la
rendre aussi plus…
M.
Caire
: ...le citoyen.
Alors, d'accord, ce n'est ni une entente à l'amiable ni une entente... etc.,
mais c'est une démarche administrative qui vise à simplifier cette
procédure-là, à la simplifier, à la rendre aussi plus... généralement plus
courte. C'est une possibilité de plus qu'on offre au citoyen.
Maintenant, pourquoi je ne suis pas d'accord
avec mon collègue de La Pinière? Ça va me faire plaisir de le répéter. Parce
que dans la notion de délai, quand on amène la notion de délai, puis c'est
l'exemple que je prenais tantôt avec 95, la période d'attente entre la demande
et l'exécution peut amener une situation préjudiciable, je ne sais pas si
«préjudiciable» est le bon terme, mais une situation qui se fera au détriment, en
tout cas, certainement pas au bénéfice de celui qui fait la demande. Et ce
délai-là ne doit pas être encouru, justement à cause de ça, on ne le souhaite
pas.
Je prenais l'exemple du 95 parce que, le collègue
de La Pinière et moi, on a travaillé là-dessus récemment et où on
disait : Il est clair que si le DPI demande à un organisme qui a subi une
cyberattaque des informations pour contrer ladite cyberattaque ou pour mitiger
les impacts, bien, il est clair que le délai entre la demande et la
transmission de l'information peut amener des conséquences. Et donc c'est
conséquences-là n'état pas souhaitables et comme le fait que le demandeur n'a
pas d'autre alternative que d'attendre la réponse, il n'y a pas de suite, là,
ce n'est pas sinon quoi, il n'y a pas de sinon quoi, c'est :
donne-les-moi, s'il vous plaît, vite, maintenant, alors là la notion de sans
délai prend toute son importance. Il n'y a pas d'alternative, il y a des
conséquences qui sont désagréables, voire préjudiciables, la notion de sans
délai, elle prend tout son sens, parce que celui qui attend n'a pas
d'alternative. Alors, M. le Président, c'est la raison pour laquelle, dans ce
cas-là, et c'est à mon insistance, soit dit en passant, qu'on a mis la notion
de sans délai. Donc, je la comprends et j'y adhère dans certaines
circonstances.
• (16 h 20) •
Pourquoi les circonstances du projet de
loi n° 64, articles 28 et 28.1, sont complètement différentes? Parce
que celui qui demande, celui qui fait la demande devient de ce fait celui qui
évalue si cette demande-là est traitée à sa satisfaction. Est-ce qu'il est
satisfait du traitement de sa demande, oui ou non? Et ça, je veux dire, ça
existe, là, le fait que si tu n'es pas content de la façon dont on a traité ta
demande, il existe des possibilités qui s'offrent à toi d'aller à une instance
supérieure, dans le cas d'un tribunal d'aller en Cour d'appel. Bon, il y a des
procédures qui existent pour dire : Si tu penses que tu n'as pas été
traité justement, il existe des procédures qui te permettent d'aller chercher
réparation...
M.
Caire
: ...des
possibilités qui s'offrent à toi, d'aller à une instance supérieure, dans le
cas d'un tribunal d'aller en Cour d'appel. Bon, il y a des procédures qui
existent pour dire : Si tu penses que tu n'as pas été traité justement, il
existe des procédures qui te permettent d'aller chercher réparation, si tant
est qu'il y a réparation à recevoir.
Alors, ici, dans le cas qui nous
préoccupe, on est dans un contexte très particulier. Et je trouve que, dans la
réflexion de mon collègue de La Pinière, on fait abstraction de ce
contexte-là. C'est un contexte où je fais une demande et où le parti qui reçoit
la demande acquiesce à la demande, parce qu'on n'est dans... le sans délai, là,
ne s'applique pas à une demande qui est refusée, bien évidemment. Et le député
de La Pinière, il l'a compris puis il ne dit pas ça non plus, là. Mais il
sait bien que, si l'entreprise dit : Non, je ne donne pas suite à la
demande, bien, il ne pourra pas accéder à la demande sans délai, il vient de
dire non.
Alors là, l'alternative de la CAI s'impose
par elle-même, elle n'est plus une alternative. En fait, elle est une
alternative au fait que le demandeur pourrait juste laisser tomber sa demande.
Mais sinon, c'est la CAI. Donc, le sans délai ne s'applique pas à une
entreprise qui dit : Non, je n'accepte pas la demande. Le sans délai ne
s'applique qu'au cas où une entreprise dit : Oui, j'accède à ta demande.
Et là ce qu'on dit, c'est qu'à partir de
là... je dis «à partir de là», ce n'est pas vrai, là, parce que le demandeur
est toujours en contrôle de s'il souhaite, oui ou non, donner une suite
formelle et judiciaire à sa demande, là, il peut toujours le faire, mais disons
qu'on se rend à l'étape où l'entreprise lui dit oui. Là, la loi vient
dire : C'est sans délai. Bon. Bien, je l'ai expliqué tout à l'heure, je le
redis, de un, le sans délai pourrait fait peur à l'entreprise, pourrait faire
en sorte que l'entreprise dise : Bien, écoute, là, moi, si je te dis oui,
je me mets en trouble, ça fait que j'aime mieux dire non puis j'aime mieux te
laisser aller à la CAI, puis tu reviendras avec un jugement de la CAI, ça me
donnera le temps de me préparer. Alors, oui, il y a un préjudice potentiel.
En plus, le député de La Pinière
dit : Oui, mais la notion de contrôle de temps n'existe pas juridiquement.
C'est vrai. C'est vrai, ça n'existe pas juridiquement, la notion de contrôle de
temps. Par contre, l'idée, le principe que le demandeur peut aller à la CAI au
moment où bon lui semble, ça, ça existe. Ça, ça existe. Et l'idée est le
concept que le demandeur peut, lui, décider que 10 jours, c'est très
raisonnable. Ça, ça existe. L'idée que le demandeur n'a peut-être pas besoin
que ça se fasse sans délai, qu'il est peut-être prêt à entendre les arguments
de l'entreprise qui lui dit : Peux-tu me donner 10 jours? Mais qu'il
dise : Bien oui, je peux te donner 10 jours. Ça, ça existe. Mais là
on vient de lui enlever cette possibilité-là. Le législateur...
M.
Caire
: …ça,
ça existe. L'idée que le demandeur n'a peut-être pas que ça se fasse «sans
délai», qu'il est peut-être prêt à entendre les arguments de l'entreprise qui lui
dit : Peux-tu me donner 10 jours? Et qu'il dise : Bien oui, je
peux te donner 10 jours. Ça, ça existe, mais là on vient de lui enlever
cette possibilité-là, là. Le législateur vient de décider : Non, non,
nous, le législateur, on pense que tu n'as pas à décider si ce délai-là te
satisfait ou non. Nous, on pense que c'est «sans délai», puis c'est maintenant
que ça se passe puis «that's it.» Puis c'est ça qui est ça.
Au nom d'un concept que je ne comprends
pas qui dit que le citoyen qui fait une demande n'est pas apte à juger s'il
trouve que sa demande est traitée de la bonne façon, parce que c'est ça, dans
le fond, c'est ça, c'est qu'on se substitue au jugement du citoyen en
disant : On va t'indiquer de quelle façon tu dois traiter la demande parce
que toi… on ne va pas te laisser décider si la demande est traitée
correctement. Parce que c'est ça qu'on dit. Alors que là, dans l'article, dans
l'état actuel, l'article laisse la possibilité au moment où le citoyen juge
que, là, il n'est pas desservi correctement, il peut se prévaloir de sa
prérogative de judiciariser de façon formelle la procédure. Bien, c'est à lui à
décider s'il veut le faire le lendemain, le surlendemain, 10 jours plus
tard.
Alors, ce que le député de La Pinière ne
nous explique pas, c'est qu'est-ce qui le dérange dans ce concept-là? Qu'est-ce
qui le dérange dans le fait que le citoyen va décider s'il veut faire ça? Puis,
au-delà du fait qu'on a codifié, on a mis de règles, on a mis des normes, juste
le principe, parce qu'une loi c'est aussi des principes, puis un des principes
qui sous-tend cet article-là, c'est que le citoyen pourrait être maître de la
procédure qu'il entend suivre. En quoi ça, c'est dérangeant? En quoi ça, c'est…
en quoi le citoyen pourrait être lésé par le fait qu'on le fait de cette
façon-là et non pas en imposant une limite de temps, si j'ose m'exprimer ainsi,
à l'entreprise dans une interaction avec le citoyen qui n'est pas conflictuelle
parce qu'on va s'entendre, si le citoyen fait une demande puis l'entreprise dit
oui, je pense qu'on va être d'accord, tout le monde, pour dire que ce n'est pas
vraiment les prémisses d'un conflit, là. Généralement, quand je dis :
Veux-tu? Tu dis : Oui. Bien, ça n'augure pas des jours de tempête. Donc
là, on est dans une situation qui n'est pas conflictuelle où le citoyen peut se
prévaloir, au moment qu'il le juge opportun, de sa prérogative. Qu'est-ce qui
choque le député de La Pinière? Où est-ce qu'il voit une possibilité pour le
citoyen d'être lésé? Ça, là, c'est…
M.
Caire
: …donc
là, on est dans une situation qui n'est pas conflictuelle, où le citoyen peut
se prévaloir, au moment qu'il le juge opportun, de sa prérogative. Qu'est-ce
qui choque le député de La Pinière? Où est-ce qu'il voit une possibilité
pour le citoyen d'être lésé? Ça, là, c'est ça que je ne comprends pas. Point
d'interrogation.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Bien, c'est bien
facile, d'abord, j'ai tout expliqué, j'ai déjà répondu à sa question. Je vais
résumer. Les lois, M. le Président, on ne les écrit pas pour quand ça va bien,
on les écrit pour quand ça va mal. C'est comme un contrat. Ça ne serait à rien,
un contrat, on peut le mettre sur la filière 13, même, 1 313, vous ne
sortirez jamais, sauf quand ça va mal. Quand on écrit une loi, là, si tout va
bien, pas de problème. On a codifié des choses, M. le Président, en prévoyant
les situations où ça ne va pas bien.
Maintenant, M. le Président, dans la
longue sortie, puis je le… je suis content… que le ministre vient de faire, je
ne sais pas s'il s'est rendu compte, là, mais on est sur l'amendement de mon
collègue, on n'est pas sur le «sans délai», on est sur le «dans un délai
raisonnable». Alors, est-ce que le ministre peut m'expliquer, lui, quel
problème il a avec un délai raisonnable?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M.
Caire
: Bien,
M. le Président, je vais plaider coupable, M. le Président, mais je répondais
aux propos de mon collègue précédent. Puis, en fait, l'idée n'est pas de sans
délai, délai raisonnable, l'idée, c'est de le codifier. Et là je vais relancer
la question, parce que qu'est-ce qui choque les collègues dans le fait qu'il y
a… On est à point x, là, le point x, là, c'est l'entreprise accepte la demande
du citoyen. Ça, c'est le point de départ de notre discussion. Qu'est-ce qui est
si dérangeant dans le fait que la suite ne soit pas codifiée, compte tenu du
fait que le citoyen va décider si, oui ou non, il s'en va vers la CAI? Le
citoyen va décider ça, là, il va décider, il va dire… peut-être que le citoyen
va décider de laisser tomber sa demande, peut-être que le citoyen va décider
d'aller vers la CAI. Ça, c'est lui qui va décider. C'est lui qui le sait
jusqu'où il veut aller.
• (16 h 30) •
Et le «sinon», «sinon quoi», c'est le
citoyen qui a le contrôle de ça. Donc là, ce que les collègues souhaitent, avec
l'amendement, bien, l'effet de l'amendement, c'est d'enlever ce contrôle-là au
citoyen. Parce que, O.K., après un délai raisonnable, qu'est-ce qui se passe?
Qu'est-ce qui se passe? D'abord, qui va décider que le délai est raisonnable,
dans les circonstances qui nous préoccupent, puisque nous ne sommes pas dans
une procédure judiciaire? Donc, c'est le citoyen qui va décider si le délai est
raisonnable ou non. Puis, si le citoyen, après le délai raisonnable, il décide
que, bof! regarde, laisse faire, ça ne me tente pas d'aller à la CAI, je me
suis essayé, ça n'a pas marché. Ce qui est son droit le plus strict…
16 h 30 (version non révisée)
M.
Caire
: …ce
qui nous préoccupe, puisque nous ne sommes pas dans une procédure judiciaire,
donc c'est le citoyen qui va décider si le délai est raisonnable ou non. Puis
si le citoyen, après le délai raisonnable, il décide que, bof, regarde, laisse
faire, ça ne me tente pas d'aller à la CAI, je me suis essayé, ça n'a pas
marché, ce qui est son droit le plus strict, on fait quoi? Il se passe quoi,
qui fait quoi, si le citoyen, lui, il décide que ça s'arrête là?
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de LaFontaine,
s'il vous plaît.
M. Tanguay
: L'objectif,
là, nous en sommes de l'article 28 et 28.1, l'objectif, il y en a quatre, le
premier, c'est de faire en sorte qu'un citoyen qui dit : C'est injuste,
là, il faut désindexer cette affaire-là, c'est injuste que le citoyen ait gain
de cause, ça, c'est le premier des quatre objectifs, qu'on a un citoyen qui a
gain de cause, citoyen heureux. Je reprends le contrôle de ma vie puis on
arrête de me mettre ça dans la face à toutes les fois qu'on fait une recherche,
c'est ça le premier objectif. Deuxième objectif, évidemment, c'est de
désengorger la CAI, désengorger la CAI, parce que si c'est la CAI qui faisait
ça matin, midi, soir, on peut déjà doubler le budget, on ne veut pas qu'il se
ramasse là. Troisième objectif, éviter aussi que le citoyen ait à
investir temps, délai et énergie et stress aussi à aller plaider devant la CAI.
Si je peux m'entendre puis s'ils peuvent dire : Oui, c'est raisonnable, on
a des critères prévus par le législateur, on vous donne droit, on le retire,
d'éviter la lourdeur administrative qui participe puis qui découle de
désengorger la CAI. Puis la quatrième chose également, ça, c'est l'objectif,
c'est d'avoir des citoyens corporatifs bons, de bons citoyens corporatifs, des citoyens
corporatifs qui, sur mon point d'hier, vont prendre des critères de 28.1, puis
ils vont les analyser de façon consciencieuse, professionnelle et diligente
puis ils vont y donner suite. Ça, c'est l'objectif.
Ce que fait cet article 28 et 28.1, c'est
un peu ce que fait l'article 2 du Code de procédure civile. L'article 2 du Code
de procédure civile, là, c'est un article fondateur, je vous lis : «Les
parties qui s'engagent dans une procédure de prévention et de règlement des
différends le font volontairement. Elles sont alors tenues d'y participer de
bonne foi, de faire preuve de transparence une envers l'autre, à l'égard
notamment de l'information qu'elle détient et de coopérer activement dans la
recherche d'une solution, et, le cas échéant, dans l'élaboration et
l'application d'un protocole préjudiciaire. Elles sont aussi tenues de partager
les coûts de cette procédure.» Puis il y a d'autres éléments.
Ça, moi, je l'assimile ce qu'on fait là,
je l'assimile. Le fait d'envoyer le signal à l'entreprise : Vous devez,
dans un délai, si la demande vous est faite, vous l'analysez de façon
consciencieuse, vous ne pouvez pas vous en foutre. C'est pour ça qu'hier
j'aurais aimé ça qu'on dise : Bien, je constate que vous vous en êtes
foutu, bien là, je vais vous taper sur les doigts. On me dit qu'on ne le fera
pas puis on ne peut pas le faire, j'aurais aimé ça, mais, au moins, qu'on
envoie ce signal-là aux citoyens corporatifs que si, dans les 30 jours, vous
dites : Oui, il a raison, bien, qu'on le mette dans la loi que vous devez
le faire dans un délai raisonnable, suivant la transmission en vertu de
l'article 32…
M. Tanguay
: …bien là je
vais vous taper sur les doigts. On me dit qu'on ne le fera pas, qu'on ne peut
pas le faire. J'aurais aimé ça. Mais, au moins, qu'on envoie ce signal-là au citoyen
corporatif que, si, dans les 30 jours, vous dites : Oui, il a raison,
bien, qu'on le mette dans la loi que vous devez le faire dans un délai
raisonnable suivant la transmission en vertu de l'article 32. Le délai
raisonnable, ici, ne vient pas enlever aucun recours au citoyen. Le délai
raisonnable, il parle pour la compagnie que l'on veut une bonne citoyenne
corporative, qui doit s'exécuter dans un délai raisonnable.
Parce que, là, des délais, il n'y en a
pas. Des délais, il n'y en a pas, si ce n'est que la perte de patience par le citoyen,
qui va dire : Bien, câline, je vais en saisir la CAI. Puis là c'est un
échec. Le ministre va être d'accord avec moi. Si… après ça, il ne devrait y
avoir aucun cas d'espèce où un citoyen se dise : Bien, il m'a donné raison
dans le délai de 30 jours, puis ça fait trois semaines, puis il ne l'a toujours
pas fait. Si le citoyen est obligé… aller à la CAI, c'est un «lose, lose, lose»
sur les quatre articles, sur les quatre objectifs. Le citoyen, il faut qu'il
mette la main dans ses poches, la CAI, il va falloir qu'elle gère ça, le citoyen
corporatif, plutôt que de le faire, il va dépenser encore plus de temps et
d'énergie pour faire ça, puis le citoyen, ça va être du stress, et ainsi de
suite.
En mettant «dans un délai raisonnable»,
vous envoyez le bon signal, et, je termine là-dessus, ce n'est pas exclusif au
recours que l'on ne veut pas de la CAI, ça instruit la compagnie puis ça
instruit aussi le citoyen. Je reprends l'argument du ministre. Comme un avocat,
ce n'est pas parce que je vais plaider cet argument-là que j'en suis, mais ça
vient consolider son point, «dans un délai raisonnable», parce que, là, c'est
comme si «sans délai», pour le ministre, dans sa vision, c'était sans délai,
c'était tout de suite. Puis, écoutez, bien là, à ce moment-là, on va envoyer…
il avait un bon réflexe de dire : Bien, les compagnies vont dire :
Bien là, si c'est sans délai, moi, je vais le refuser, puis la CAI va me le
dire. Ça, on vient de passer à côté. Ou le citoyen va dire : Bien, pour
moi, sans délai», c'est 12 heures, 24 heures, tout de suite, le
lendemain, je vais à la CAI. En mettant «dans un délai raisonnable», on parle
au citoyen corporatif, mais on parle au citoyen aussi en disant : Il va y
avoir un délai, «chummy», qui doit être raisonnable.
Et ça, c'est sans conséquence. Et ça
participe de l'article 2, où on donne des obligations de bonne foi aux parties.
Ça, c'est comme le Renvoi sur la sécession du Québec. Le Renvoi sur la
sécession du Québec, que le collègue de La Pinière connaît très, très bien,
où… lorsqu'il y a un référendum gagnant, fait naître une obligation de négocier
de bonne foi. Une fois que vous vous intégrez dans un processus comme ça, vous
avez un processus où vous devez vous engager de bonne foi. Puis là la
compagnie, tu ne peux pas dire… après ton délai de 30 jours, tu dis : Oui,
il faut que je l'enlève — j'ai fini de parler — oui, tu vas
l'enlever. Parfait. Tu dois le faire dans un délai raisonnable.
Puis je vous dirais même, puis je vais
terminer là-dessus, qu'en ne le mettant pas on n'envoie pas les bons signaux
tant à la compagnie qu'au citoyen, puis en ne le mettant pas, on ne vient pas
qualifier ce qui doit être fait puis qui est un gros minimum, un délai
raisonnable. On peut-u être contre la raisonnabilité, M. le Président? Non.
C'est un délai raisonnable, c'est «win, win, win», là.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M.
Caire
: M. le
Président, j'ai dit que je ne travaillais pas…
M. Tanguay
: …ce qui
doit être fait puis ce qui est un gros minimum, un délai raisonnable. On peut-u
être contre la raisonnabilité, M. le Président? Non. Puis c'est un délai
raisonnable, c'est «win-win-win», là.
Le Président (M. Bachand) :
M. le ministre.
M.
Caire
: M. le
Président, j'ai dit que je ne m'attendais à susciter le conflit entre mes
collègues de l'opposition officielle, donc je vais le faire, comme j'ai dit.
Mais je dois dire que les arguments de mon collègue de LaFontaine sont plus de
nature à susciter la réflexion que les arguments de mon collègue de
La Pinière.
Une voix
: …
Le Président (M.
Bachand) : Allez-y, oui.
M.
Caire
: Mais
je le taquine. Non, sérieusement.
M. Barrette : …M. le
Président, cette tentative sera totalement inutile.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
:
Futile, tentative futile. Non, sérieusement, je ne suis pas encore totalement
convaincu. En fait, je ne suis pas convaincu que… En fait, je pense que, dans l'article
28, 28.1, mettre l'idée du délai n'est pas approprié. Je demanderais, M. le
Président, une courte suspension, parce que, dans l'optique que le député de
LaFontaine amène, il y a peut-être moyen de travailler sur un autre article
pour aller vers cette optique-là qui serait plus de nature informative que…
puis c'est ce que je comprends de mon collègue de LaFontaine, là, on veut
envoyer un message, parce qu'il n'y a pas de «sinon quoi», on s'entend? Si on
met là…
M. Barrette : …
M.
Caire
:
Pardon?
M. Barrette : …il n'y en a
pas.
M.
Caire
: Non,
mais il n'y en a pas de «sinon quoi», dans le sens où même si on met un «sans
délai», bien, «sans délai», c'est parfait, mais, tu sais, il ne le fait pas,
puis le citoyen a décidé qu'il n'allait pas plus loin, il ne se passe rien, là.
Même le délai raisonnable, tu sais, le délai raisonnable, c'est parce que ça ne
peut pas être interprété judiciairement parce qu'on est dans une étape
administrative et on a déjà statué que la CAI, si elle est saisie du dossier,
ne tiendrait pas compte de ces démarches administratives là dans son propre
travail. Donc, encore là, il n'y a pas de vase communicant vers la CAI de cette
situation-là. Donc, de le mettre là… Déjà, le «sans délai», puis là je ne
referai pas tout l'argumentaire que j'ai fait, ça, pour moi, il n'y a pas
d'article où cette bonne idée d'aller là. Dans le délai raisonnable, compte
tenu de ce que le député de LaFontaine dit, qu'on pourrait avoir plus une
vision indicative qu'une vision dans le sens où vous le faites, sinon quoi.
Parce qu'il n'y aura pas de «sinon quoi», il faut être conscient de ça. Il n'y
a pas de : Si vous ne le faites pas, il y a une sanction». Il n'y en aura
pas, il n'y aura pas de pénalité. Donc, on est informatif, on est indicatif.
Mais, si les collègues sont d'accord, on pourrait peut-être suspendre quelques
instants puis…
M.
Caire
:
...sinon quoi? Parce qu'il n'y aura pas de «sinon quoi», il faut être conscient
de ça. Il n'y a pas de : si vous ne le faites pas, il y a une sanction. Il
n'y en aura pas, il n'y aura pas de pénalité. Donc, on est informatif, on est
indicatif. Mais, si les collègues sont d'accord, on pourrait peut-être
suspendre quelques instants puis penser à quelque chose.
M. Barrette : M. le Président,
on peut suspendre le temps qu'il faut.
Le Président (M.
Bachand) : Ça va? Alors, on va suspendre quelques instants.
Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 39)
17 h (version non révisée)
(Reprise à 17 h 15)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît! Alors, nous sommes de retour. Alors, nous sommes de retour...
Des voix
: ...
Le Président (M.
Bachand) : S'il vous plaît! Alors, nous sommes toujours sur le
sous-amendement du député de LaFontaine. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Tanguay
: M. le
Président...
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Nous
avons eu le bénéfice d'une discussion... Hein? Tu veux-tu... Aviez-vous dit le
député de La Pinière...
Le Président (M.
Bachand) : Non, j'avais dit de LaFontaine.
M. Tanguay
: O.K.,
parce que...
Une voix
: ...
M. Tanguay
: Ah! O.K.,
cest bon.
M.
Caire
:
...faire à eux deux ce que je n'ai pas réussi à faire.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de LaFontaine, s'il
vous plaît.
M. Tanguay
: Et, à
ce stade-ci, est-ce qu'on peut annoncer, avant qu'on retire quoi que ce soit,
l'intention du législateur, via la voix du ministre, pour ce qui s'en viendrait
à l'article 32? Puis ça pourrait nous aider à nous réconcilier avec des...
M.
Caire
: Oui, effectivement,
on... Suite aux discussions qu'on a eues... Oui, oui, oui, bas les masques,
excusez-moi. Suite aux discussions qu'on a eues, on a convenu d'apporter un amendement
qui serait à la satisfaction de tous à l'article 116 du projet de loi, qui
modifierait l'article 32 de la loi actuelle. Et donc, conséquemment, sans
présumer de l'intention de mes collègues, on pourrait retirer le sous-amendement
et l'amendement et poursuivre l'étude de l'article 113, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui.
Et là je suis... Il serait donc sur Greffier, c'est ça? Amendements en cours...
Je vais rafraîchir. Il est en train de se rafraîchir, M. le Président.
Là, pendant que ça se rafraîchit, ce qu'on
a compris, finalement, puis le collègue de La Pinière aussi, là... Ça a
été un peu plus long, la pause, parce qu'il a fallu se relever d'à terre parce
qu'on est tombés en bas de notre chaise. Ce qu'on a compris, c'est que le
30 jours auquel le collègue de La Pinière faisait référence dans son amendement
puis dans notre sous-amendement, le 30 jours de l'article 32 du projet
de loi n° 64, c'est-à-dire 32 de la loi, bien, dans le 30 jours, il y
a deux choses qui peuvent se passer, puis... mais il y en a juste une, soit
dans le 30 jours, la compagnie, l'entreprise à laquelle est demandé :
Pouvez-vous déréférencer? elle va dire... Si elle dit non, elle dit non. On va
aller à la CAI à ce moment-là pour que la CAI analyse de nouveau la patente.
Mais, si la compagnie dit : Oui, on donne suite à ça, elle doit le dire,
un, dans le 30 jours, puis elle doit en même temps, du même souffle, dans
le même écrit, dire : Et c'est fait. C'est ce que doit faire, donc, la
compagnie. Dans le 30 jours, il faut que ça soit fait. Alors là, je veux
dire, nous, on parlait toujours dans une optique où c'était le 30 jours
pour dire oui ou non, et après ça elle s'exécutait, puis là il y avait tout le
débat, «sans délai» ou «délai raisonnable», et ainsi de suite.
Alors, dans... juste...
M. Tanguay
: ...c'est ce
quoi doit faire, donc, la compagnie. Dans le 30 jours, il faut que ça soit
fait. Alors là, je veux dire, nous, on parlait toujours dans une optique où
c'était le 30 jours pour dire oui ou non, et, après ça, elle s'exécutait,
puis là il y avait tout le débat sans délai ou délai raisonnable, et ainsi de
suite.
Alors, dans... juste pour donner une
indication, M. le Président, j'ai l'amendement ici, je clique dessus, et il se
lirait... Peut-être, avant de retirer, là, puis j'aimerais ça entendre, évidemment,
notre collègue de La Pinière, là, l'amendement, je le lis sans qu'il soit
déposé officiellement. Ça fait que l'objet du débat, c'est toujours le
sous-amendement, on va se comprendre. L'article 113, ce serait un
amendement qui dirait : Insérer, à la fin du dernier alinéa de
l'article 28.1... Je recommence : Insérer — c'est
l'émotion, c'est l'excitation — insérer — parce qu'on
risque d'adopter un article — insérer — il faut que je
reste focus — à la fin du dernier alinéa de l'article 28.1 de la
Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé
proposé par l'article 113 du projet de loi, la phrase suivante :
«Lorsqu'il acquiesce à la demande, le responsable de la protection des
renseignements personnels atteste, dans sa réponse écrite en vertu de
l'article 32, de la cessation de diffusion du renseignement personnel ou
de la désindexation ou de la réindexation de l'hyperlien.» Fin de la citation.
Il y avait un questionnement, puis on
pourrait être commencer le... Bon, alors, je ne sais pas ce qu'en pense le
collègue de La Pinière, mais on pourrait retirer le sous-amendement à
l'amendement pour en faire l'amendement officiel.
M. Barrette : ...aucun
problème avec ça, au contraire, dans la mesure où ça correspond aux conclusions
qui ont été tirées de la discussion hors d'ondes que nous avons eue
précédemment.
M. Tanguay
: Alors, si
vous vouliez procéder par étape, moi, en ce qui concerne à mon sous-amendement,
je vous demanderais, M. le Président, de vérifier le consentement pour que je
le retire.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce qu'il y a consentement
pour retirer le sous-amendement du député de LaFontaine?
M.
Caire
:
Consentement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. On est maintenant à l'amendement du député de
La Pinière.
M. Barrette : Même chose, à ce
moment-là, on va retirer le mien aussi.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. Est-ce qu'il y a consentement
pour retirer l'amendement du député de La Pinière?
M.
Caire
:
Consentement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Donc, M. le ministre, s'il vous plaît.
• (17 h 20) •
M.
Caire
: Bon,
alors, M. le Président, en fait...
Une voix
: ...
M.
Caire
: Oui,
bien, compte tenu du fait qu'il vous est attribué, M. le député de LaFontaine,
à bon droit, c'est un amendement déposé par l'opposition officielle, M. le
Président, je tiens à le préciser.
M. Tanguay
: Moi, je
laisserais le collègue, à tout seigneur, tout honneur, le collègue de La
Pinière le soin de déposer officiellement l'amendement.
M.
Caire
: Bien,
si je peux permettre, sans vouloir diriger les travaux à la place de notre
président, ça reste un amendement du député de LaFontaine, selon ce qui est sur
le site du Greffier.
Le Président (M.
Bachand) :...Alors, M. le député de
LaFontaine pour le lire officiellement.
M. Tanguay
: Alors, je
lis officiellement : Insérer, à la fin du dernier alinéa de l'article 28.1
de la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé
proposé par l'article 113 du projet de loi, la phrase suivante :
«Lorsqu'il acquiesce à la demande, le responsable de la protection des
renseignements personnels atteste...
Le Président (M.
Bachand) : ...alors, M. le député de LaFontaine pour le lire
officiellement.
M. Tanguay
: Alors, je
lis officiellement : Insérer, à la fin du dernier alinéa de l'article 28.1
de la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé
proposé par l'article 113 du projet de loi, la phrase suivante :
«Lorsqu'il acquiesce à la demande, le responsable de la protection des
renseignements personnels atteste, dans sa réponse écrite en vertu de l'article
32, de la cessation de diffusion du renseignement personnel ou de la
désindexation ou de la réindexation de l'hyperlien.».
Voilà, M. le Président. Sur ce que je
viens de lire puis pour m'aider à comprendre ce que je propose d'amender,
j'aimerais savoir du ministre et peut-être... et ce sera dit dans l'interprétation,
parce que tel que rédigé, le collègue de La Pinière l'avait soulevé dans
nos débats hors d'ondes, est-ce que ça dit suffisamment clairement, là, en
termes juridiques, là, que, s'il acquiesce à la demande, quand on dit «il
atteste de la cessation», ça veut dire que, dans l'écrit qui doit être parvenu
dans les 30 jours, il va lui dire : Bien, c'est fait, c'est fait, c'est
fait? C'est clairement ça, l'intention du législateur, ici? Si on le dit, ça va
être...
M.
Caire
: C'est
ça. Ceci étant dit, là je veux juste rendre Me Miville-Deschênes un peu
nerveux, il faut comprendre que l'élément que vous ameniez précédemment ne
s'applique pas au sens où cette disposition-là ne fait pas en sorte de donner à
la CAI une possibilité de pénaliser l'entreprise. La CAI ne peut pas... dans
cette procédure-là, la CAI n'a pas... ça ne donne pas à la CAI un pouvoir de
sanction par rapport à l'entreprise.
M. Tanguay
: Ça,
c'était clair.
M.
Caire
: O.K.
Mais je voulais juste être clair là-dessus, là, parce qu'on a eu cette
discussion-là, puis on comprend qu'on allait dans le sens de vos arguments, M.
le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Ça
n'aurait pas empêché ce qu'on ne fera pas, un autre amendement, qui aurait
prévu, si d'aventure le citoyen se ramasse devant la CAI puis que la CAI
dit : Aïe! ça, a été refusé de mauvaise foi, que la CAI puisse
sanctionner. Ça aurait pu être un autre amendement, qu'on ne fera pas,
distinct. Mais je comprends que ça, c'est un autre débat, là, tout à fait.
M.
Caire
: Le
sinon quoi, là, ce n'est pas : la CAI va vous sanctionner. Le sinon quoi,
c'est : le citoyen pourra, si c'est sa volonté, entamer une procédure
judiciaire formelle ou, à la limite, s'entendre avec l'entreprise pour
dire : Bien, écoute, là, normalement, c'est supposé être fait, là, tu
sais, c'est ça que la loi dit, puis, bon, bien, O.K., je te...
Donc, cette possibilité-là pour le citoyen
de s'entendre avec l'entreprise n'est pas exclue, mais on va dans le sens de ce
que vous proposiez, à savoir il faudrait quand même que l'entreprise... Parce
que c'est toute la notion... puis vos arguments étaient bons, là, je me range à
ça, toute la notion de prendre ça au sérieux, donc la demande doit être prise
au sérieux, il doit y avoir une réponse à la demande dans les 30 jours, ce qui
inclut les gestes à être posés quand la rencontre...
M.
Caire
:
…savoir : il faudrait quand même que l'entreprise… Parce que c'est toute
la notion — puis vos arguments étaient bons, là, je me range à
ça — toute la notion de prendre ça au sérieux. Donc, la demande doit
être prise au sérieux, il doit y avoir une réponse à la demande dans les 30
jours, ce qui inclut les gestes à être posés quand la rencontre… quand la…
pardon, la décision est positive, et donc d'en attester en même temps qu'on
donne la réponse. Mais c'est parce que je voulais juste être bien clair, à
micro ouvert, ceci ne donne pas un pouvoir à la CAI de sanctionner
l'entreprise, si tant est que les conditions ne sont pas… O.K. Je voulais juste
être clair là-dessus.
M. Tanguay
: Non, non,
ce n'est pas ça que ça dit. Ce n'est pas ça que ça dit…
M.
Caire
:
Parfait.
M. Tanguay
:
…clairement pas.
M.
Caire
: On va
dans le sens de ce que vous disiez dans votre dernière intervention.
M. Tanguay
: Puis, sur l'amendement…
Puis, juste très rapidement, le ministre peut me répondre, là. Il y a trois
concepts — mais je vais l'aborder là, j'aurais pu l'aborder plus
loin : cessation de diffusion, désindexation et réindexation, probablement
des choses… Ces expressions-là sont-elles technologiquement neutres?
M.
Caire
: Non,
elles ne sont pas technologiquement neutres au sens où…
M. Tanguay
: Autrement
dit, quand je dis ça, ce que je demande : Est-ce qu'elles vont bien
vieillir?
M.
Caire
: Ah!
Oui, oui, oui! Oui.
M. Tanguay
: C'est ça
que je vous demandais : Est-ce qu'elles vont bien vieillir?
M.
Caire
: Oui.
Oui. Oui.
M. Tanguay
: Autrement
dit, y a-tu une patente de dire : Oui, ça, ce n'est pas techniquement… tu
sais, ce moteur-là, par… je ne le sais pas, ce n'est pas réellement
désindexation, réindexation… On ramasse tout avec ça?
M.
Caire
: Oui,
oui, oui! Oui, parce que ça… Puis ça fait référence à un commentaire du
collègue de La Pinière qui disait : Oui, mais, lorsque… Là, c'est…
Cette possibilité-là, elle est exclusive au moteur de recherche? Je disais au député
de La Pinière : Non, parce que, si vous êtes sur un site Web, ça
reste qu'il y a une indexation, ça reste qu'il y a un référencement. Donc,
quand vous dites qu'ici c'est la cessation de la diffusion du renseignement
personnel, de la désindexation, de la… donc là, vous couvrez toutes les possibilités
où une information va être visible sur la toile.
M. Tanguay
: Est-ce que,
tel qu'elle a dit, lorsqu'il acquiesce à la demande, il pourrait à la limite
acquiescer en tout, oui, mais en partie? Est-ce qu'on couvre ce cas-là, lorsqu'il
acquiesce en tout ou en partie à la demande? Est-ce qu'il serait utile de le
rajouter ou pas? Parce que, moi, je pourrais faire à la même compagnie une
demande qui aurait un volet A, B, C, puis finalement ils ont dit : O.K. C,
oubliez ça. Non, on va le garder, mais… Est-ce qu'on doit le faire? Et, si vous
me dites : Non, on n'a pas besoin de le faire, dites-moi au moins dans le
micro : Bien, ça couvre en tout ou en partie, là.
M.
Caire
: …ça
couvre en tout ou en partie, parce que vous ne pouvez pas désindexer en partie.
M. Tanguay
: Non, mais
deux types d'information, je veux dire.
M.
Caire
: Bien,
c'est-à-dire que, là, chaque… Non, mais c'est parce que chaque demande va faire
l'objet d'une… S'il y a plusieurs demandes…
M. Tanguay
: Oui, c'est
ça.
M.
Caire
:
…elles feront l'objet d'une décision chacune.
M. Tanguay
: Moi, je
vais faire une demande pour telle affaire, telle affaire, telle affaire?
M.
Caire
: Oui.
M. Tanguay
: Il va y
avoir trois décisions?
M.
Caire
: C'est
ça.
M. Tanguay
: Donc… O.K.
Mais je vais la faire dans la même demande, on s'entend, là?
M.
Caire
: Oui,
parce que… Oui. Bien oui, évidemment, pour des raisons de commodité, mais ça
pourrait être distinctement, parce que ça pourrait couvrir des informations
différentes. On s'entend que dans une carrière politique, il y a des… toutes
sortes d'événements, ou, dans une…
M. Tanguay
: …trois
décisions.
M.
Caire
: C'est
ça.
M. Tanguay
: Donc, O.K.
Mais je vais la faire dans la même demande, on s'entend.
M.
Caire
: Oui.
Bien oui, évidemment, pour des raisons de commodités. Mais ça pourrait être
distinctement parce que ça pourrait couvrir des informations différentes. On
s'entend que dans une carrière politique, il y a toutes sortes d'événements, ou
dans une carrière publique puis, je devrais dire… ça serait… il y a toutes
sortes d'événements qui peuvent se produire. Et donc, vous pouvez avoir
différentes demandes, parce qu'il y a eu tel cas en telle année, tel cas en
telle autre année, tel cas à tel autre moment. Puis dans le cas x,
l'entreprise va dire: Oui, ça, effectivement… Vous-même, m'avez dit : La
clause, on peut-u en revenir, là? Oui. Mais l'autre, bien non, ça, je pense que
c'est encore d'intérêt public, puis c'est encore d'actualité. Mais à ce moment-là,
la désindexation des événements pour lesquels on a dit oui, elle ne peut pas se
faire en partie, ça, on le fait ou on ne le fait pas. Par contre, chaque
décision… chaque demande peut amener une décision qui, elle, va être
différente.
M. Tanguay
: Puis,
dernier point, on peut le faire là, là, on gagne du temps puis on va le voter,
là, l'amendement. Quand on dit la… puis je le sais que ça a sûrement déjà été
dit hier matin, là, la réindexation de l'hyperlien, ça, c'est quel ça de
figure? Parce que je peux dire : Aïe! je suis tanné, là, que ça revienne
tout le temps, retirez ça. Mais où je dis : Non, non… est-ce que ça
pourrait être par exemple le cas du pardon? Oui, il y a ça, j'ai été accusé,
mais il a eu… bien là, le pardon annule tout, là. Ça serait quoi, la
réindexation?
M.
Caire
: Bien,
en fait, la réindexation, c'est le contraire, dans le sens où le pardon va
plutôt amener une désindexation ou un déréférencement parce qu'on veut… c'est
l'effacement. La réindexation, ce serait par exemple une information qui, elle,
est d'intérêt public, donc qui ne rencontre pas les conditions, dans le fond,
où on dit… Puis là, juste relire les conditions, je pense que ça va nous
remettre dans le bain en même temps. Donc : «La diffusion du renseignement
cause un préjudice grave relatif au droit à la vie privée, au respect de sa
réputation. Le préjudice est manifestement supérieur à l'intérêt public de
connaître»… Bon, bien, on pourrait penser que j'ai désindexé ou j'ai…
l'entreprise a désindexé quelque chose qui est d'intérêt public, qui
manifestement ne cause pas de préjudice, puis, bon, dire : Non, bien là,
décidez de… attends un peu, non, non, ça, tu remets ça, tu remets ça sur le
site, parce que c'est le droit du public à l'information. C'est toutes sortes
de raisons qui font que la décision pourrait être au contraire… la demande
pourrait être, au contraire, de réindexer l'information.
M. Tanguay
: Mais il
faut avoir l'intérêt pour le faire, puis on va en parler tantôt, là, qui peut
avoir l'intérêt, là. Parce que ça ne peut pas être tout un chacun pour rendre
service à la planète, dire…
M.
Caire
: Dans
le cas de la désindexation, du déréférencement, c'est la personne qui est
touchée directement, dans le cas de la réindexation, c'est toute personne qui a
un intérêt.
M. Tanguay
: O.K. Pour
l'amendement, j'aurais d'autres petites questions, mais plus tard. Sur
l'amendement, moi, ça me va.
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
• (17 h 30) •
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Pour les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay
(LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour…
17 h 30 (version non révisée)
M. Tanguay
: …O.K. Pour
l'amendement, j'aurais d'autres petites questions, mais plus tard. Sur l'amendement,
moi, ça me va.
Le Président (M.
Bachand) : …des interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Pour les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay
(LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Caire
(La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Donc, on
revient à 113, amendé. M. le député de LaFontaine… s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Merci, M.
le Président. Alors, le ministre est en train de dire que… Bon, 28.1 «La
personne concernée…» Puis je me suis répondu moi-même quand je faisais mes
analyses. Je me disais : Ah! j'ai remarqué, le père d'un enfant — point
d'interrogation. On va les voir plus loin, là. On va les voir à 30, entre
autres, là, les différents cas de figure, là, qu'on voit plus loin.
Le ministre peut-il me refaire
l'explication, s'il vous plaît… Alors, je les ai ici : La cessation de la
diffusion… Ça, c'est quel cas type? Ça, c'est… cessation de la diffusion. Une
diffusion, c'est sur Internet, ça?
M.
Caire
: …sur
le site Web.
M. Tanguay
: Sur le
site Web, O.K.
M.
Caire
: Oui,
c'est ça.
M. Tanguay
: Pour
faire… retirer ça de votre site Web?
M.
Caire
:
Exact.
M. Tanguay
: O.K. La
réindexation, ça veut dire quand je fais Google, je fais le nom, pouf, ça, ça
sort? Non, hein, ce n'est pas ça?
M.
Caire
: La
réindexation…
M. Tanguay
: C'est pour
ramener que ça sorte.
M.
Caire
: Oui,
c'est ça. La réindexation, c'est quelque chose qu'on aurait effacé. On le rend
disponible à nouveau.
M. Tanguay
: Et la… O.K.
Puis la réindexation, c'est ça. Puis la désindexation, on comprend ça.
Vous avez qu'il y a… il faut faire une
distinction entre cessation, réindexation et désindexation. …qu'il y en a deux
qui peuvent être faits par la personne concernée.
M.
Caire
: Oui.
M. Tanguay
: Puis après
ça, pouvez-vous me la refaire…
M.
Caire
: Oui,
absolument. La… Quand on parle de déréférencement… Donc, tout ce qui touche à
l'effacement, donc le déréférencement, la désindexation… Puis là remarquez mon
oeil qui s'en va…
M. Tanguay
: C'est des
synonymes ça, hein?
M.
Caire
: …vers
les sourcils de Me Miville Deschênes.
M. Tanguay
: C'est des
synonymes?
M.
Caire
: C'est
la personne concernée par le renseignement personnel.
M. Tanguay
: O.K.
Désindexation et déréférencement sont des synonymes dans notre langage?
M.
Caire
:
Désindexation et déréférencement, bien, ce n'est pas la même opération, mais ça
vise l'effacement.
(Consultation)
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le ministre.
(Consultation)
M.
Caire
: Je
vais laisser, M. le Président… Puis on n'aura pas de conversation de coulisse.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Me Miville Deschênes, s'il vous
plaît.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, dans un souci d'assurer que la… de droit
ou de référencement soit le plus respectueux possible de la liberté
d'expression, la réindexation visait, en fait, le fait de déplacer…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, dans un souci d'assurer que la… de
droit où déréférencement soit le plus respectueux possible de la liberté
d'expression, la réindexation visait, en fait, le fait de déplacer l'hyperlien
dans les résultats de recherche comme une solution, je vous dirais, mitoyenne
entre la désindexation et le refus de donner suite à la demande.
M. Tanguay
: La
désindexation, donc, évidemment, découle de moteurs de recherche.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, «désindexation», «réindexation», dans les
deux cas, on parle d'un résultat de moteur de recherche.
M. Tanguay
:
«Déférencement» et «référencement», c'est des synonymes de «désindexation» et
de «réindexation» et d'«indexation?»
M.
Caire
: C'est
des procédures technologiques différentes.
M. Tanguay
: Je vais
poser ma question autrement. «Désindexation» n'est pas tout à fait synonyme,
donc, à «déréférencement», n'est-ce pas?
M.
Caire
: Ce
n'est pas la même chose.
M. Tanguay
: O.K.
Quelle est la différence, puis pourquoi on ne parle pas de «déréférencement»
dans la loi?
M.
Caire
: Parce
que quand vous indexez quelque chose, vous allez le classer, vous allez le
numéroter. Donc, un index vous sert à le retrouver dans un répertoire. Vous
dites qu'il est indexé… j'ai un répertoire, il est indexé, je sais où je vais
le retrouver.
Le référencement, c'est de dire :
Bon, bien, je ne le sais pas, il peut être sur un site x, y, là. Donc, la
référence, c'est où est-ce que je vais le trouver dans l'univers.
M. Tanguay
: Ça, c'est
Google?
M.
Caire
:
…bien, dans les deux cas, ça peut être Google.
M. Tanguay
: Pourquoi
on ne met pas les deux si ce n'est pas tout à fait la même chose? Est-ce qu'on
échappe quelque chose en chemin?
M.
Caire
: Là,
je… resituez-moi parce que j'avais l'impression qu'on le faisait.
M. Tanguay
: À moins
qu'on… on a-tu «déréférencement?» Je ne le vois pas dans la…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Il me semble qu'il n'est pas dans l'article de loi,
là, comme terme qui a été utilisé, mais…
M. Tanguay
: Est-ce
que, donc, «désindexation» englobe «déréférencement» ou non, puis on serait
peut-être bien de le mettre? On pourrait peut-être…
M.
Caire
: Non.
M. Tanguay
: Non?
M.
Caire
: Parce
que le principe, dans le fond, c'est de dire : Si tu veux essayer de le
retrouver, il faut que je t'enlève les moyens de le faire.
M. Tanguay
: Donc, je
reviens, «désindexation» inclut, dans les faits, «déréférencement?»
M.
Caire
: Ici,
dans l'interprétation de la loi, oui.
M. Tanguay
: C'est ce
que l'on veut que la CAI et que les administrateurs, trices…
M.
Caire
: Oui.
M. Tanguay
: …
tranchent, là? Ça inclut…
M.
Caire
: Oui.
M. Tanguay
: On ne se
fera pas faire : Bien, là, non, c'est un déréférencement, preuve à l'appui
par expert. Je suis hors de la portée… non, non, non. Ça ne va pas être…
M.
Caire
: Non,
non, non.
M. Tanguay
: O.K.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …
M. Tanguay
: Oui?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : C'est… la désindexation, c'est vraiment
l'enregistrement… moteur de recherche et répertoire de recherche. Donc, on
a : Afin de le faire connaître aux internautes, d'en accroître la
visibilité, d'en augmenter le nombre de visiteurs. Donc, je pense, le terme
«désindexer», vraiment, est le terme à retenir, là, pour rencontrer l'objectif
dans le cadre de 28.1.
M. Tanguay
: Parfait.
Là, le ministre, vous aviez dit… vous étiez en train d'expliquer, une fois
qu'on a classé la sémantique, «réindexation», «désindexation», ça, c'est tel
type de personne qui peut le demander, puis «cessation», c'est tel autre type?
M.
Caire
: Bien,
en fait, je vais laisser Me Miville-Deschênes…. Parce que dans le cas de
la désindexation, c'est la personne qui est concernée…
M. Tanguay
: …en train
d'expliquer, une fois qu'on a classé la sémantique, réindexation,
désindexation, ça, c'est tel type de personne qui peut le demander, puis
cessation, c'est tel autre type.
M.
Caire
: Oui,
bien, en fait, je vais laisser Me Miville-Deschênes. Parce que, dans le cas de
la désindexation, c'est la personne qui est concernée par le renseignement
personnel. Puis, dans le cas de la réindexation, je pense, il me semble qu'on
avait dit que c'était toute personne qui était intéressée.
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, bien, je vais y aller par étapes, là. La
cessation de la diffusion, dans ce cas-là, on s'adresse directement à
l'entreprise. L'entreprise concernée qui diffuse un renseignement, bien, on lui
demande à elle de cesser de le diffuser. Tandis que la désindexation, là, on
s'adresse au moteur de recherche qui rend accessible. Ce n'est pas lui qui
diffuse directement, c'est lui qui rend accessibles, via un hyperlien, certains
renseignements.
M. Tanguay
: D'accord.
Mais moi, je n'en suis pas à la fin, j'en suis de l'autre bord de la pole,
celui qui demande. Est-ce que, dans tous les cas, c'est le même type de
demandeur qui peut demander la cessation, réindexation, désindexation, ou, dans
certains cas, il y a la personne pour elle-même, ou il y a un tiers tel que la
succession, tel que le père d'un enfant mineur, et ainsi de suite? Est-ce qu'il
y a une distinction qui est faite?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …les trois, désindexation, réindexation ou cessation
de la diffusion, peuvent être faits par la personne concernée ou, là, on le
voit un peu plus loin… mais par le titulaire de l'autorité parentale, etc.
M. Tanguay
: …pas de
distinction, la personne concernée personnellement, c'est pour moi, ou le père
d'un enfant mineur, on le voit plus loin à 30. Dans les deux cas d'espèce, ils
peuvent demander les trois choses, là. Il n'y a pas de : Toi, tu peux
demander ça. O.K.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Parce que, oui, c'est ça…
M. Tanguay
: Parfait.
Quand on dit «préjudice grave», quelles sont nos balises? Parce que je
comprends qu'on ne peut pas mettre «préjudice». Ça, c'est… j'en suis à 28.1,
alinéa 2, paragraphe 1° : «Elle peut faire — donc — de
même, ou encore exiger que l'hyperlien permettant d'accéder à un renseignement…
lorsque les conditions suivantes sont réunies : 1° la diffusion… cause un
préjudice grave». Est-ce qu'on a le bon fardeau ou le bon qualificatif pour le
préjudice? Puis «grave»… Ça me fait penser au concept de faute lourde. Tu sais,
concept de faute lourde, là, c'est défini, puis c'est précis, puis on le
précise dans le Code civil. Là, préjudice grave, est-ce que… Y a-tu une
définition du Code civil du préjudice grave?
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, dans le contexte de l'atteinte à la vie privée, je ne pense pas qu'il y
ait… il n'y a pas de définition, à ma connaissance, là, dans le corpus. C'est
sûr que ce qui est pris en considération, c'est la sensibilité des
renseignements, entre autres le contexte, etc. Puis le fait que le préjudice
soit grave, encore une fois, c'était une mesure pour s'assurer que cette
disposition-là passe le test des tribunaux par rapport à la liberté
d'expression puis au droit du public à l'information. Ils avaient… c'était
important, puis il y a eu des consultations auprès des différentes directions
au ministère de la Justice, que la barre soit quand même assez élevée pour
qu'on déréférence, à cause que, contrairement, peut-être, en Europe, ici, la
liberté d'expression est protégée par les chartes de façon…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …cette disposition-là passe le test des tribunaux
par rapport à la liberté d'expression puis au droit du public à l'information.
Ils avaient… c'était important, puis il y a eu des consultations auprès des
différentes directions au ministère de la Justice que la barre soit quand même
assez élevée pour qu'on déréférence, à cause que, contrairement, peut-être, en
Europe, ici, la liberté d'expression est protégée par les chartes de façon
beaucoup plus importante.
M. Tanguay
: Je
comprends. On dit, plus bas : Dans l'éventualité des critères du deuxième
alinéa, il est tenu compte, notamment… Donc, dans le deuxième alinéa, il est
tenu compte… on rajoute d'autres critères, une personnalité publique… que le
concept est suffisamment précis, personnalité publique. Est-ce qu'un professeur
de classe… Moi, quand j'étais petit gars, mon professeur, c'était une
personnalité publique, parce qu'il enseignait à 25 élèves, puis il
côtoyait 50 parents, puis la direction. Dans le village d'où je venais,
c'était… tout le monde connaissait… j'allais le nommer, là, puis je le salue,
sixième année, mais c'était un personnage public. Est-ce que ça touche ça ou
c'est quoi, public, un personnage public?
• (17 h 40) •
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, c'est une personnalité qui a une…
bien, je vais faire un peu la… je vais lire un peu ce que… parce que la
jurisprudence reconnaissait que l'expectative de l'atteinte de vie privée
dépend du fait que la personne a une certaine notoriété, puis, dans le fond,
que les artistes, personnalités publiques, dont la réussite professionnelle
dépend de l'opinion publique, ont des attentes un peu moins élevées en matière
de vie privée, là, parce qu'ils sont matière à être, comment dire…
M.
Caire
: Sous
les feux de la rampe.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Sous les feux de la rampe, je vais le dire comme ça.
M. Tanguay
: O.K. Ça
fait que ça ne peut pas être notoriété locale, là, genre, tout le monde le
connaît, c'est tel professeur de classe. Ce n'est pas une personnalité. Une
personnalité publique, c'est quand je fais Google, son nom sort, il y a de quoi
qui sort.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, tu sais, on pense à des hommes politiques, des
artistes professionnels, des joueurs de hockey professionnels, ce type de
personnalités publiques là.
M.
Caire
: …qui
est une personnalité publique.
M. Tanguay
: Plus
depuis une secousse, là.
Des voix
: …
M. Tanguay
: O.K. Puis
là j'arrive à 6° : «Du délai écoulé entre la diffusion du renseignement et
la demande…», plus le délai est long, plus c'est justifié de dire : On
peut-u passer à autre chose? C'est ça qu'il faut comprendre? Parfait.
7°, on en a parlé un peu : «Si le
renseignement concerne une procédure criminelle ou pénale, de l'obtention d'un
pardon ou de l'application d'une restriction à l'accessibilité des registres
des tribunaux judiciaires.» Autrement dit, la manière dont il faut le lire,
c'est que si la nature, c'est une procédure criminelle ou pénale, on doit tenir
compte du pardon, c'est de même qu'il faut le lire, hein? Et pas… moi, je le
lisais, je le séparais en deux, un des critères, bien, si c'est de la procédure
criminelle ou pénale, tu dois considérer… là, je veux dire, voyons donc, ça…
O.K., il manque un bout, ça veut dire quoi, ça? Non. Si c'est criminel et qu'il
a eu un pardon…
M.
Caire
: Oui,
c'est ça. Bien, en fait…
M. Tanguay
: C'est pour
ça que la virgule... Je veux dire, je reviens sur ma virgule, là. C'est le
tsar. Je reviens avec mon article du tsar. Vous en rappelez-vous? C'est-u avec
vous?
M.
Caire
: Non,
non. Rafraîchissez-moi la mémoire.
M. Tanguay
: Le tsar de
toutes les Russies, fin XIXe siècle. Il voulait faire exécuter quelqu'un
dans…
M.
Caire
:
...oui, c'est ça.
M. Tanguay
: C'est pour
ça que la virgule... Je veux dire, je reviens sur ma virgule, là. C'est le
tsar, je reviens avec mon article... mon tsar. Vous en rappelez-vous?
M.
Caire
: Non,
non. Rafraîchissez-moi la mémoire.
M. Tanguay
: C'est-u
avec vous? Le tsar de toutes les Russies, fin XIXe siècle, il voulait faire
exécuter quelqu'un dans l'empire russe, et la tsarine voulait... a voulu sauver
le pauvre homme, il allait être exécuté. Alors, elle a ajouté une virgule. Et
on lui avait demandé le pardon, à cette personne-là, puis le tsar avait
dit : Pardon impossible, exécuter. Pardon impossible, exécuter, c'était
ça, son ordre. Elle prend l'ordre, elle dit : Pardon, impossible exécuter.
Le gars a été sauvé par une virgule. Fait vécu, parce que c'est mon arrière-grand-père.
Non, non... Et je ne serais pas ici. Alors, je suis ici à cause d'une virgule.
Non, ce n'est pas vrai. Mais c'est un fait vécu.
M.
Caire
: Je ne
pensais pas que «Tanguay» avait des origines russes, par contre. Ça, j'apprends
ça. En fait, je pense que c'est ça qui me mystifie le plus dans l'exemple du collègue.
M. Tanguay
: C'est ça.
Focussez sur la virgule. Mais c'est vrai, une virgule peut tout... peut changer
une vie, surtout sur un chèque.
M.
Caire
: Ça
peut changer une vie, ça, c'est clair.
M. Tanguay
: Comme, ce
matin, on a parlé de chèques, mais on ne reviendra pas là-dessus.
M.
Caire
: Oui.
Bon, restons sur nos virgules.
M. Tanguay
: Oui. Tout
ça pour dire, O.K., c'est suffisamment clair de même, à cette heure qu'on l'a
dit. «Si le renseignement concerne une procédure criminelle et pénale», et qu'il
y a eu obtention, c'est la virgule, là, qui m'avait leurré, mais c'est correct.
M.
Caire
: Oui,
c'est une énumération.
M. Tanguay
: C'est-à-dire
que non, c'est des conditions qui s'additionnent, là. D'une restriction... «De
l'obtention d'un pardon ou de l'application d'une restriction à l'accessibilité
des registres» et des tribunaux, ça, c'est un autre aspect. «Une restriction à
l'accessibilité des registres» et des tribunaux, ce serait donc après une
ordonnance de mise sous scellé d'un dossier de cour, mais qui se retrouverait, par
ailleurs, sur...
Autrement dit, ce que... J'essaie de
comprendre. «Ou de l'application d'une restriction [de] l'accessibilité des
registres des tribunaux», je veux dire, si le registre du tribunal ne vous
donne pas accès parce qu'il y a eu... une juge ou un juge a dit : Je le
mets, ce dossier-là, sous scellé... Ça se fait, j'en ai déjà plaidé, parce que
la cour est publique, mais j'ai déjà plaidé des requêtes pour que ce soit mis
sous scellé, la procédure, puis tout ça, puis on a obtenu le jugement, puis
tout. Je veux dire, ça suit son cours, il n'y a pas besoin de le mettre dans la
loi, là.
Mais j'imagine que c'est le cas d'espèce
où j'ai déposé ma procédure, c'est public, il y a eu des articles de journaux,
puis là il faut arrêter ça. Je demande une mise sous scellé, ta-ti-ta-ta. Là, à
ce moment-là, après coup... j'ai demandé la confidentialité et la mise sous
scellé, là, je vais aller voir tous les référencements, je vais dire :
Bien, donnez suite, au moins. On l'a échappé, là, on l'a demandé en retard, là,
ou il y a quelqu'un qui n'a pas... ou quelqu'un qui n'a pas respecté
l'ordonnance de la cour. Ça se peut aussi.
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes, oui.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. Le cas des ordonnances de non-publication mises
sous scellé, etc., est couvert par le premier alinéa de l'article 28, qui dit
qu'on peut les indexer, etc., si ça contrevient à une ordonnance judiciaire.
Les cas du septième paragraphe, les...
M. Tanguay
: …pas
respecter l'ordonnance de la cour, ça se peut aussi.
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes, oui.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. Le cas des ordonnances de non-publication mises
sous scellé, etc., est couvert par le premier alinéa de l'article 28, qui dit
qu'on peut les indexer, etc., si ça contrevient à une ordonnance judiciaire.
Les cas du septième paragraphe, les
restrictions à l'accessibilité, c'est… puis il y a une procédure du ministère
de la Justice là-dessus, on peut demander que des renseignements ne soient…
qu'ils soient rendus inaccessibles, des renseignements qui sont dans les
registres des tribunaux judiciaires et pénaux, qu'ils soient rendus
inaccessibles. Puis il y a différentes conditions, notamment s'il y a eu une suspension
des procédures, si la personne a été libérée à l'enquête préliminaire puis
qu'il n'y a pas eu d'autre accusation. Ça fait qu'il y a certains cas de
figure, que je peux vous lire au complet ou que je peux vous transmettre, qui
fait en sorte qu'une personne peut demander au ministère de la Justice que des renseignements
ne soient plus rendus accessibles à tous, dans les cas justement où la
procédure a été arrêtée, etc., là.
M. Tanguay
: Donc, ça
serait sur le site, exemple, du ministère de la Justice où on pourrait demander
que ce soit… que la…
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, la procédure est sur le site du ministère de la Justice puis elle
explique comment faire la demande au ministère de la Justice pour que les
registres des tribunaux, là… Je vais donner un exemple, «l'accusé a reçu une
absolution inconditionnelle à l'expiration d'un an suivant la date de
l'ordonnance». Bien là, ça, c'est un cas où il y a une possibilité de demander
que les renseignements soient rendus inaccessibles.
M. Tanguay
: On a eu
des cas célèbres, hein, dans le cas des nominations de juges, où le juge avait
obtenu son pardon, puis ça, ça a été rendu public, puis il ne l'avait pas dit.
Il a dit : Bien là, c'est le but du pardon. On avait dit : Non, mais,
quand même, pour être nommé juge, il y a comme un…
M.
Caire
:
…exception qui était écrite en braille.
M. Tanguay
: …une obligation
d'en donner plus, d'être encore plus transparent, tu sais, à l'image du gouvernement.
Ça me va, moi, M. le Président. Et je sens
votre émotion. En ce qui me concerne, moi, je pense que j'ai fait le tour de
l'article 113.
Le Président (M.
Bachand) : …sur 113 amendé? M. le député de La Pinière.
M. Barrette : 113 amendé, non,
mais oui. Oui, parce que c'est une question qui me titille depuis des jours. Ça
fait que comme on est dans l'article où le ministre l'a utilisé… a fait souvent
ce commentaire-ci… Souvent, le ministre nous a dit, là, avec beaucoup, beaucoup
d'intensité : Rendu à la CAI, il n'y aura pas de sanction pour les
compagnies qui ne déréférencent pas. Le ministre… Oui, oui, il a dit ça
souvent, là. Si on va à la CAI pour la non-observance de 28, 28.1, il n'y aura
pas de sanction pour les compagnies. Je veux juste bien comprendre, là. Est-ce
que… Ça avait l'air à être important pour le ministre, de la manière qu'il le
disait. Vraiment, à un moment donné, je me suis dit : Coudon, on
s'obstine-tu sur mon amendement parce que le ministre pense que moi, ce que je
veux, à la fin, c'est d'avoir des sanctions? C'est peut-être ça. Ou que mon
amendement peut mener à des sanctions. On a réglé l'amendement, là, c'est fini,
là, mais sur la question d'une compagnie qui ne fait pas ce qu'on lui demande
il n'y aura jamais de sanction…
M. Barrette : …on s'ostine-tu
sur mon amendement parce que le ministre pense que moi ce que je veux, à la
fin, c'est d'avoir des sanctions. C'est peut-être ça. Ou que mon amendement
peut mener à des sanctions, on a réglé l'amendement, là, c'est fini, là. Mais
sur la question d'une compagnie qui ne fait pas ce qu'on lui demande, il n'y
aura jamais de sanction, c'est ça qu'il souhaite? C'est quoi, sa position? Je
ne veux pas partir un débat, là, je veux juste savoir c'est quoi, sa position,
et pourquoi il a cette position-là?
M.
Caire
: Bien,
M. le Président, ça va me faire plaisir de clarifier la… en fait, les suites de
la loi n° 64. En fait, c'est deux situations qui sont différentes, puis je
pense que ça vaut la peine de prendre le temps d'expliquer chacune de ces
situations-là. La situation initiale est à l'effet que, comme on l'a dit, 28.1
permet au demandeur de s'adresser à une entreprise pour obtenir la
désindexation de certaines informations. Avec l'amendement qu'on a apporté, on
vient clarifier certaines demandes, certains commentaires qui avaient été faits
par l'opposition, mais souvenez-vous, M. le député de La Pinière,
initialement, le débat qu'on a eu avec le député de LaFontaine était à l'effet
que mettons-nous dans l'expectative où une entreprise, dans cette relation-là,
là, puis vraiment dans cette relation-là où le demandeur fait cette demande-là,
l'entreprise acquiesce à la demande mais n'y donne pas suite, et fait preuve
d'une mauvaise foi. Ce que le député de LaFontaine disait, c'est que dans ce cas-là,
il faudrait aussi, ou ne faudrait-il pas aussi, donner un pouvoir de
sanctionner ce comportement-là par la commission d'accès… bien, le tribunal
administratif de la Commission d'accès à l'information. Alors, à cette
situation-là, nous avons… bien, Me Miville-Deschênes et moi, mais surtout Me
Miville-Deschênes, on a expliqué que ce n'était pas possible compte tenu de la
nature de la démarche, de la nature de ce qui était entrepris par l'une et
l'autre partie. La CAI ne tenait pas compte de cette situation-là. Et donc
quand on a apporté l'amendement qui a été fait sur la situation qui s'apparente
à ce qu'on va voir à 32, donc là ce n'est plus qu'une réponse écrite qui est
faite à la demande, mais c'est une réponse écrite et, selon l'amendement, une
attestation que la diffusion des indexations a été effectuée. Mais comme on est
toujours dans la même relation du demandeur versus l'entreprise, cette
situation-là, cet amendement-là n'a pas pour effet de donner ce pouvoir-là à la
CAI de sanctionner l'entreprise, au cas où cette entreprise-là manifesterait
une certaine mauvaise foi du point de vue du demandeur.
• (17 h 50) •
Maintenant, l'autre situation, qui est
celle de la procédure judiciaire formelle, c'est-à-dire que le demandeur, donc,
suite à cette demande…
M.
Caire
: …de
sanctionner l'entreprise au cas où cette entreprise-là manifesterait une
certaine mauvaise foi du point de vue du demandeur.
Maintenant, l'autre situation, qui est
celle de la procédure judiciaire formelle, c'est-à-dire que le demandeur, donc,
suite à cette demande-là, la situation ne se règle pas à sa satisfaction,
décide de se tourner vers la commission… vers le tribunal administratif de la Commission
d'accès à l'information dans une procédure judiciaire formelle, la CAI en
arrive à la conclusion que le demandeur… la demande est légitime, et donc à ce
moment-là peut émettre une ordonnance à l'entreprise de procéder. Ça, ça
devient un ordre du tribunal. Donc, si l'entreprise ne se conforme pas, là, l'entreprise,
elle, s'expose, oui, à des sanctions pénales que nous allons voir plus tard.
Donc, c'est pour ça qu'il y a vraiment ces
deux distinctions-là. La démarche administrative proposée par 28.1 n'amène pas
de sanctions de la part de la CAI, mais, si le demandeur décide d'aller vers
une procédure judiciaire formelle et que le tribunal donne raison au demandeur,
à ce moment-là, l'entreprise doit se conformer au jugement de la CAI, et il y a
des dispositions dans la loi… dans la loi n° 64 qui
prévoient que de ne pas se conformer à une ordonnance de la CAI entraîne les
sanctions pénales que nous allons voir plus loin, excellentes sanctions que
nous proposons dans le projet de loi n° 64 pour les entreprises
délinquantes.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière.
M. Barrette : … D'abord, je
remercie le ministre pour sa réponse, surtout qu'elle inclut que maintenant
l'exercice d'entente à l'amiable est devenu une démarche administrative
normale, j'irais même jusqu'à dire une démarche légale, codifiée, normale. Non,
non, c'est le fun de voir qu'on revient à des concepts usuels, ça fait plaisir.
Mais je remercie le ministre pour sa réponse, elle était claire.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions… M.
le ministre, s'il vous plaît, oui.
M.
Caire
: Bien,
M. le Président, j'ai d'emblée admis que l'utilisation des termes que j'ai
faite dans le cours de notre débat n'était pas en relation directe avec les
assises juridiques auxquelles le collègue de La Pinière s'est attaché à
démontrer justement qu'il n'y avait pas ce corollaire-là. Il n'en demeure pas
moins que sur le principe, les fondements, c'est de s'entendre à l'amiable.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Ce que le ministre
nous a décrit, c'est ce qui était présent dans son esprit. Ce qui va rester,
c'est un texte de loi sur papier.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
113 amendé? Donc, on doit procéder à sa mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il
vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre…
M. Barrette : ...ce que le ministre
nous a décrit, c'est ce qui était présent dans son esprit. Ce qu'il va rester,
c'est un texte de loi sur papier.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
113 amendé? Donc, nous allons procéder à sa mise aux voix. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention, M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) :Abstention. Donc, l'article 113 amendé est
adopté. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui, M.
le Président, article 114. Donc, l'article 114 se lit comme
suit :
L'article 29 de cette loi est modifié
par le remplacement, partout où ceci se trouve, de «dossiers» par
«renseignements personnels».
M. le Président, l'article 29 se
lirait donc comme suit :
Toute personne qui exploite une entreprise
et détient des renseignements personnels sur autrui doit prendre les mesures
nécessaires pour assurer l'exercice par une personne concernée des droits
prévus aux articles 37 et 40 du Code civil ainsi que des droits conférés
par la présente loi. Elle doit notamment porter à la connaissance du public
l'endroit où ces renseignements personnels sont accessibles et les moyens d'y
accéder.
Donc, M. le Président, l'article 114
est un article de concordance parce que, comme les collègues le savent, nous
avons éliminé la notion de «dossiers» un peu partout. Et dans ce cas précis, la
notion de dossier est remplacée par la notion de «renseignements personnels»,
qui est l'objet de la loi.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Merci, M.
le Président. C'est la seule occurrence où on va le faire pour le privé?
M.
Caire
: Je ne
mettrais pas ma main à couper qu'il n'y en a pas d'autre, mais je pense...
M. Tanguay
: Ils seront
plus loin, on les verra.
M.
Caire
: Oui,
mais...
M. Tanguay
: Puis on
l'a fait pour le public, c'est ça?
M.
Caire
: Oui,
c'est ça. Tous les articles du public où la notion de «dossiers» était
présente, on les a remplacés, évidemment, avec des notions qui étaient adaptées
au contexte de l'article. Dans le cas qui nous préoccupe, le contexte de
l'article était favorable à remplacer par la notion de «renseignements
personnels».
M. Tanguay
: Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Donc, nous allons procéder à la mise aux
voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention, M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) :Abstention. Donc,
l'article 114 est adopté. Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui, M.
le Président. L'article 115 se lit comme suit :
L'article 30 de cette loi est
modifié:
1° par le remplacement, dans le premier
alinéa, de «ou à titre de titulaire de l'autorité parentale même si l'enfant
mineur est décédé» par «, à titre de titulaire de l'autorité parentale même si
l'enfant mineur est décédé ou à titre de conjoint ou de proche parent d'une
personne décédée suivant l'article 40.1»...
M.
Caire
:
...titre de titulaire de l'autorité parentale, même si l'enfant mineur est
décédé», par «, à titre de titulaire de l'autorité parentale, même si l'enfant
mineur est décédé, ou à titre de conjoint, ou de proche parent d'une personne
décédée, suivant l'article 40.1»;
2° par l'insertion, après... le premier
alinéa, pardon, du suivant :
«Une telle demande est adressée au
responsable de la protection des renseignements personnels lorsque la demande
n'est pas suffisamment précise ou lorsqu'une personne le requiert, le
responsable doit prêter assistance pour identifier les renseignements
recherchés»;
3° par le remplacement, dans le deuxième
alinéa, de «correction» par «rectification».
Donc, M. le Président, l'article 30
de la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé
est modifié en raison du nouvel article 40.1 de cette loi.
Il est également modifié afin de prévoir
le rôle du responsable de la protection des renseignements personnels institué
par le nouvel article 3.1 de cette même loi.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
LaFontaine.
M. Tanguay
: Quand
on parlait de dossiers tantôt, là, j'avais en tête... Puis vraiment, là, je
vais vous dire ce qui se passait dans ma tête, là, quand j'étais jeune, il y
avait l'émission qui s'appelait Du tac au tac, là, les agences
Jean-Jacques Lemay, puis là c'étaient des dossiers, c'étaient des filières,
puis il y avait des carbones pour les machines à écrire, il n'y avait pas de
cellulaires. On l'a vu, plus loin, dans les années 90, les gros
cellulaires, là, dans… je pense que c'était dans Die Hard, à un moment
donné, il y avait le fax, puis c'était le bout, là. Bref, par écrit, est-ce que
c'est assimilable, un peu plus haut, à dossier, ça, les agences Jean-Jacques
Lemay? Une demande d'accès ou de rectification ne peut être considérée que si
elle est faite par écrit. On n'a pas trouvé quelque chose d'un petit peu plus
moderne? C'est quoi, un écrit, je peux-tu envoyer un courriel?
M.
Caire
: Oui.
Oui, c'est ça. En fait, c'est que la notion de «par écrit» ne réfère pas…
M. Tanguay
: À une
lettre.
M.
Caire
: Au
papier.
M. Tanguay
: O.K.
Êtes-vous sûr de ça?
• (18 heures) •
M.
Caire
: Vous
pouvez, de façon électronique, dans un document Word, dans un document PDF,
dans… Donc, ce sont des écrits, et le support qui est utilisé pour communiquer
l'écrit, bien, évidemment, à ce moment-là, c'est plus large. Donc, cette
notion-là, elle peut être transposée à l'univers numérique, parce que, par
exemple, les textes que je vous lis sont des écrits, mais ce sont des écrits
sur un support numérique. Et ça permet, justement, au p.l. n° 64, non
seulement de s'adresser aux questions qui sont encore papier, parce que, M. le
Président, à mon grand regret, nous allons vivre encore quelques années… je
regarde le département de la recherche de l'opposition officielle, bon, il
y a encore du travail à faire, mais… Non, mais, plus sérieusement, on va vivre
avec du papier pendant encore quelques années, M. le Président. Et le p.l. n° 64,
étant technologiquement neutre, il inclut l'ensemble des supports, que ce soit
numérique, que ce soit papier, un écrit, c'est un écrit…
18 h (version non révisée)
M.
Caire
: …l'opposition
officielle, bon, il y a encore du travail à faire, mais… non, mais plus sérieusement,
on va vivre avec du papier pendant encore quelques années, M. le Président. Et
le p.l. 64, étant technologiquement neutre, il inclut l'ensemble des supports
que ce soit numérique, que ce soit papier, un écrit, c'est un écrit, donc c'est
transposable dans les deux univers.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Compte tenu de l'heure, je suspends les
travaux jusqu'à 19 h 30. Merci. À tantôt!
(Suspension de la séance à 18 heures)
19 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 19 h 43)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux. Nous poursuivons donc l'étude détaillée du projet de loi
n° 64, Loi modernisant des dispositions législatives en
matière de protection des renseignements personnels.
Lors de la suspension de nos travaux, cet après-midi,
nous étions rendus à l'étude de l'article 115 du projet de loi. Interventions?
M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: J'aimerais
savoir, M. le Président, donc, une demande d'accès, on ajoute... on remplace,
au premier alinéa, bon : «Une demande d'accès ou de rectification ne peut
être considérée que si elle est faite par écrit par une personne justifiant de
son identité à titre de personne concernée, à titre de représentant,
d'héritier...», O.K. «À titre de représentant», ici, ça tient tout seul ou...
Il y a une virgule, là : «...à titre de représentant, d'héritier, de
successible de cette dernière...». Donc, un représentant, ce serait quoi? C'est
avocat, avocate?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, entre autres, là. Pas nécessairement, mais une personne
qui représente la... Il peut y avoir une personne qui fait une demande d'accès
au nom d'une personne physique, notamment un avocat qui la représente, ça
pourrait être le cas. Ça pourrait être un autre représentant aussi.
M. Tanguay
: Un
représentant, ça peut être qui autre qu'un avocat?
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, avec un consentement, je pourrais demander à quelqu'un de me représenter
qui ne serait pas avocat, là. Bien, ceux que j'ai vus, dans les faits, c'était
des avocats, là. Donc, ce n'est pas exclu que ça en soit d'autres, là, je n'ai
pas d'exemple à vous donner. Mais tu pourrais être représenté par une autre
personne, tu donnes le consentement pour qu'il fasse la demande d'accès à ton
nom, là.
M. Tanguay
: Parce que
le Barreau m'a écrit, puis il n'aime pas ça que ça soit aussi large que ça.
Non, non, je fais des farces. «Représentant», ça fait que je pourrais
envoyer... je pourrais écrire une lettre puis dire : M., Mme X est
mon ou ma représentante puis...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Il pourrait représenter ma mère, à titre d'exemple.
M. Tanguay
: Sans être
avocat, autrement dit.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, faire la demande en son nom.
M. Tanguay
: O.K. Il
n'y a pas de formalisme, autrement dit, là.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, ça va être dans la... Comment dire? Il n'y a pas de formalisme dans la
loi, là, effectivement, la personne va falloir... l'entreprise va devoir
s'assurer qu'il y a effectivement un consentement puis que la personne le
représente.
M. Tanguay
: Parce que,
si c'est ça, ça règle pas mal toutes mes questions, parce qu'après ça moi,
j'avais des questions. Bon, plus loin, là, on dit : «à titre de titulaire
de l'autorité parentale même si l'enfant mineur est décédé». Donc, a fortiori,
le parent d'un enfant mineur en vie, je veux dire, il va pouvoir pour son
enfant, a fortiori, là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : C'est clair.
M. Tanguay
: Même si
l'enfant mineur, le même, il faisait foi également, est décédé, ou à titre de
conjoint...
M. Tanguay
: …dit «à
titre de titulaire de l'autorité parentale même si l'enfant mineur est décédé»,
donc, a fortiori, le parent d'un enfant mineur en vie, je veux dire, il va
pouvoir pour son enfant a fortiori…
M.
Caire
: C'est
clair, là.
M. Tanguay
: …«même si
l'enfant mineur — le même, il faisait foi également — est
décédé ou à titre de conjoint ou de proche parent d'une personne décédée», là,
j'avais des questions, «conjoint», mais il faut que la personne soit décédée,
c'est ça ici, hein? Mais là, si vous me dites «représentant», moi, je peux
représenter n'importe qui, a fortiori, mon conjoint ou ma conjointe, là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, c'est que l'article 40.1 prévoit un
nouveau droit d'accès pour les conjoints ou les proches parents d'une personne
qui est décédée pour avoir accès à certains renseignements… dans le public
aussi qu'ils sont nécessaires pour faciliter ou favoriser le processus de
deuil. Donc, c'est ça. Pour le représentant, mais effectivement le représentant,
ça va être le représentant d'une personne qui est en vie parce qu'elle va avoir
obtenu un consentement pour la représenter.
M. Tanguay
: C'est ça,
ça fait que ma conjointe peut me représenter, moi, c'est ça. O.K, ma conjointe.
Donc, une fois qu'on a dit «représentant», c'est la terre entière, là, je veux
dire, Ben Chera peut me représenter, tu sais, hein?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, c'est sûr.
M. Tanguay
: O.K. Pour
moi, mes intérêts, mais est-ce que, moi, je peux faire la demande… autrement
dit, est-ce que… on arrive là. Une personne concernée, c'est une personne qui
est visée au premier titre, mon enfant, ma conjointe, ainsi de suite. Est-ce
que moi, si l'événement… la nouvelle, là, la nouvelle vieille de 10 ans papi,
papa, touche ma conjointe, puis, quand on fait son nom, ne sort pas
grand-chose, mais il sort ça, mais c'est moi qui fais de la politique, je
peux-tu le faire pour moi?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M.
Caire
: La
demande de rectification?
M. Tanguay
: Oui.
M.
Caire
: Ou la
désindexation?
M. Tanguay
: C'est-à-dire,
moi, pouvez-vous me désindexer? Parce qu'à un moment donné il y a un article
qui dit que c'est ma conjointe.
M.
Caire
: Bien,
la désindexation, on a dit que c'était la personne qui était concernée par le
renseignement personnel, ça, c'est l'article précédent.
M. Tanguay
: Mais il
faudrait que ça soit… Mais vous comprenez qu'elle ne bénéficie pas du fait,
notamment, qu'elle n'est pas une personnalité publique, elle n'a pas
nécessairement un préjudice grave, là, je veux dire, elle a fait tout ce
qu'elle a fait.
M.
Caire
: Non,
mais c'est parce que là on n'est plus dans la désindexation comme telle, on est
dans une demande d'accès ou de rectification.
M. Tanguay
: Une
demande d'accès ou de rectification. Une demande d'accès ou de rectification,
éclairez ma lanterne. Là on est quand même sous le chapitre de… papi, papou, je
vais aller chercher l'article… pas l'article, mais les… de désindexation puis
de déférencement.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : En fait, on est dans les différents articles sur la
procédure d'accès pour avoir accès à des renseignements. Puis actuellement, il
y a deux droits, il y a l'accès et la rectification qui inclut la suppression.
M. Tanguay
: Ah! là, on
n'est plus on à 28.1 puis à 28, là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, bien, 28.1, il s'applique, parce qu'à
28.1, on dit que l'article 30 s'applique. Donc, qui peut faire une demande
d'accès ou de rectification et de désindexation…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : ...on est dans les différents articles sur la
procédure d'accès, quand on veut avoir accès à des renseignements. Puis actuellement
il y a deux droits, il y a l'accès et la rectification qui inclut la
suppression.
M. Tanguay
:Ah! là, on n'est plus on à 28.1 puis à
28, là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, bien, 28.1, il s'applique, parce qu'à
28.1, on dit que l'article 30 s'applique. Donc, qui peut faire une demande
d'accès ou de rectification et de désindexation? C'est les gens qu'on nomme à l'article 30.
M. Tanguay
: Donc, mon
30 peut être ma porte d'entrée pour faire un 28.1.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Exact.
M. Tanguay
: Parfait.
Bon, c'est moi qui fais de la politique, ça fait que c'est moi qui est la
personnalité publique, c'est moi qui en ai un préjudice grave, c'est moi qui à
un moment donné veux faire valoir tous les critères de 28.1, puis pas ma
conjointe. Ma conjointe, elle, elle n'a pas de préjudice grave, elle n'est pas
une personnalité publique, papi, papa.
M.
Caire
:
...désindexation.
M. Tanguay
: Oui, mais
c'est cette satanée nouvelle-là d'il y a 10 ans qui, quand les gens font
ça puis ils regardent ça, il y a des articles, il y a des liens qui me ramènent
à moi. Moi, est-ce que je peux faire la demande? Moi, si c'est moi, je pense
pas mal qu'elle va passer parce que je me qualifie sous 28.1, mais elle, pfff,
pense pas. On peut-u faire ça?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, pour que 28.1 puisse s'appliquer, la
personne qui fait la demande doit être la personne dont les renseignements
apparaissent quand on tape son nom sur le moteur de recherche.
M. Tanguay
: On peut-u
à ce moment-là ajouter un critère? Mais là les critères ne sont pas cumulatifs,
hein? Bien, ils disent : «sont réunies... lorsque les conditions suivantes
sont réunies», 1°, 2°, 3°, et, après ça, on dit plus bas, notamment pour ce qui
est... le 2°, là, il y a des critères. Est-ce qu'on pourrait ajouter un
critère : lorsqu'un proche, un tiers qui nous est proche en est
préjudicié, autrement dit? Vous comprenez mon point?
M.
Caire
: Je ne
suis pas sûr.
• (18 h 50) •
M. Tanguay
: 28.1,
là : «Elle peut faire de même ou encore exiger que l'hyperlien permettant
l'accès soit réindexé...» Bon, pour faire désindexé, je fais preuve de... à
28.1, préjudice grave. Ce préjudice est manifestement supérieur à l'intérêt
public, puis 3°, n'excède pas ce qui est nécessaire pour éviter le préjudice.
Puis, plus loin, il dit : dans l'évaluation des critères du deuxième
alinéa, autrement dit, la prépondérance des inconvénients, ils disent
différents critères : personnalité publique, mineur, sensibilité, temps
écoulé. Puis là-dedans, on avait déjà parlé du préjudice grave puis tout ça.
28.1, même s'il y a 1°, 2°, 3°, puis, plus bas, il y a «pour apprécier 2°,
voici une liste de critères», moi, je le prends comme un tout, là. Je magasine,
là, puis je vais me faire une salade de fruits à soir, ça fait que je prends
des kiwis, des pommes, des oranges, je mélange tout ça. Mais la nouvelle d'il y
a 10 ans, c'est ma conjointe, puis je suis cité là-dedans, puis c'est moi,
le préjudice grave, ce n'est pas elle, puis c'est moi qui est personnage
public, ce n'est pas elle et ainsi de suite. Je prends mon cas personnel, mais
ça peut être n'importe qui d'autre aussi, ça peut être…
M.
Caire
: Bien,
à ce moment-là, le critère de préjudice ne serait pas là parce que…
M. Tanguay
: Parce que
c'est elle. Mon point...
M.
Caire
: Si...
M. Tanguay
: …mais la
nouvelle, il y a 10 ans, c'est ma conjointe, puis je suis cité là-dedans,
puis c'est moi, le préjudice grave, ce n'est pas elle, puis c'est moi qui est
personnage public, ce n'est pas elle et ainsi de suite. Je prends mon cas personnel,
mais ça peut être n'importe qui d'autre aussi, ça peut être…
M.
Caire
: Bien,
à ce moment-là, le critère de préjudice ne serait pas là parce que…
M. Tanguay
: Parce que
c'est elle, mon point.
M.
Caire
: Si, parce
que là je veux juste bien situer la question de mon collègue, dans le cas où
vous décédez, votre conjointe voudrait faire désindexer, par exemple, une
référence à des événements malheureux dans votre vie…
M. Tanguay
: Non, de
mon… elle est vivante, moi, je suis vivant, puis elle, elle dit : Bien,
cette nouvelle-là, c'est… j'ai fait ça il y a 10 ans, puis là ça sort…
elle veut faire déréférencer, O.K.?, mais finalement, ça ne lui est pas
accordé, parce que les critères, là, ce n'est pas une personnalité publique,
elle n'a pas réellement de préjudices dans sa vie de tous les jours, elle, je
veux dire, dans le métier qu'elle fait.
M.
Caire
: Mais
elle fait une demande de désindexation pour l'événement qui vous concerne.
M. Tanguay
: Non, qui
la concerne elle.
M.
Caire
: Qui
la concerne elle.
M. Tanguay
: Elle, mais
moi, dans le fond, la demande, c'est surtout moi qui la fais parce que moi, je
suis son conjoint, puis ça s'adonne que j'ai ma face sur le poteau, puis là, à
toutes les fois que ça ressort, bien : Ah! oui, oui, c'est sa conjointe,
elle a faite ça, puis tout ça.
M.
Caire
: Des
événements qui la touchent, elle, seraient préjudiciables pour vous.
M. Tanguay
: Oui, à
moi.
M.
Caire
: Bien,
dans 28.1, non, on ne le ferait pas parce que vous n'êtes pas concerné par…
M. Tanguay
: Ne
pourrions-nous pas faire en sorte d'ajouter cette possibilité? Il me semble…
Autrement dit, là, qu'on le fasse ou qu'on ne le fasse pas, il y aura toujours
une balance, l'intérêt public, puis j'en suis, là. L'intérêt public à
l'information, c'est pertinent. Mais a fortiori, si ma conjointe ou ma nouvelle
conjointe il arrive ça et ainsi de suite…
M.
Caire
: Oui,
c'est parce que là on établit que son comportement passé à elle serait
préjuciable pour vous.
M. Tanguay
: Oui.
M.
Caire
: Pas
sûr qu'on pourrait aller là, là.
M. Tanguay
: Mais a
fortiori, je vous dirais, si ce n'est pas moi qui est impliqué, a fortiori, je
peux-tu ne pas en avoir des préjudices? Puis il y en a qui se sont plus
là-dedans, dire : Ah oui! c'est la conjointe de, c'est la conjointe de.
M.
Caire
: Bien,
non, non, ça, on a tous des cas en tête où le comportement d'un tiers a pu
avoir des répercussions ou, en tout cas, pu mettre dans l'embarras, mais je…
moi, honnêtement, on n'est pas allé là, puis je vais être bien honnête avec
vous, M. le député, là, même dans sa forme actuelle, on a été prudents parce
que ce n'était pas nécessairement simple au niveau de la charte puis au niveau
de toutes sortes de…
M. Tanguay
: Non, je
comprends, c'est un équilibrage, mais il y aura des cas patents où on va
dire : Oui, oui, là… Puis j'ai des exemples que je ne citerai pas de
politiciens dont les proches auront été cow-boys, je disais ça de même, puis ça
fait longtemps, là, puis là, un moment donné, si ça ressort, si cette
personne-là voudrait se représenter encore une fois, puis papi, papa…
M.
Caire
: Je
l'entends, mais le préjudice, la démonstration du préjudice, de l'intérêt
public, je veux dire…
M. Tanguay
: O.K.
Autrement dit, c'est uniquement la personne concernée par…
M. Tanguay
: …ça fait
longtemps, là, puis là, un moment donné, si ça ressort, si cette personne-là
voudrait se représenter encore une fois, puis pa, pi, pa, pa…
M.
Caire
: Je
l'entends, mais le préjudice, la démonstration du préjudice, de l'intérêt
public, je veux dire…
M. Tanguay
: O.K.
Autrement dit, c'est uniquement la personne concernée par ladite référence qui
a intérêt, entre guillemets, juridique de le faire, là. On ne veut pas ouvrir…
M.
Caire
: Bien,
comprenons-nous. Déjà, cet article-là…
M. Tanguay
: C'est du
renouveau, ça?
M.
Caire
: C'est
nouveau, absolument, c'est...
M. Tanguay
: Ça
existe-tu ailleurs au Canada?
M.
Caire
: Ça
n'existe pas ailleurs au Canada, c'est introduit par le règlement général de
protection des données en Europe, si je ne m'abuse, mais sinon, il n'y a pas
d'équivalent en Amérique, ça, c'est sûr. Puis je vous dirais que, même dans les
délibérations qui ont conduit à l'écriture du projet de loi, cet article-là, ça
n'a pas passé comme un couteau chaud dans du beurre mou, là.
M. Tanguay
: Une telle
demande… c'est correct, puis on discute, je ne suis pas en train de dire que je
faisais l'amendement formel, je ne le fais pas, l'amendement.
M.
Caire
: Bien
correct.
M. Tanguay
:
D'ailleurs, je ne le fais pas, l'amendement, ce qui est déjà une indication,
mais… Deuxième alinéa, le nouvel… deuxième alinéa qui est proposé : Une
telle demande est adressée au responsable de la protection des renseignements
personnels. Lorsque la demande n'est pas suffisamment précise ou lorsqu'une
personne le requiert, le responsable doit prêter assistance pour identifier les
renseignements recherchés. Alors, «lorsqu'une personne le requiert», c'est le
demandeur initial pour lequel la demande n'était pas suffisamment précise.
M.
Caire
: Bien,
oui, on peut penser effectivement que c'est la personne qui va pouvoir faire
cette demande, l'idée étant de dire : Bon, bien, je fais une demande, puis
vous le savez, M. le député, là, quelquefois ce n'est pas clair, là, ce qui est
demandé. Donc… Je vois à votre sourire qu'on comprend tous, on a tous des cas
en tête, là. Et donc, là, on veut quand même… ce qu'on ne veut pas, c'est que
ce soit un motif pour ne pas traiter la demande. Donc, on comprend que le
responsable va probablement dire, bien : De qu'est-ce, là? Mais en même
temps, il faut qu'il y ait une suite à ça, donc ce qu'on dit ici, c'est qu'on
peut accompagner la personne, on doit accompagner la personne pour l'aider à
préciser, raffiner sa demande, s'assurer que la demande est précisée.
L'objectif, comme je vous dis, étant de : On regarde ça, je n'ai rien
compris, je mets ça dans la filière 13. Non, il faut quand même qu'il y
ait un minimum d'efforts pour aider la personne dans… à préciser sa recherche,
préciser sa question, préciser ce qui est demandé. Donc, on fait quand même une
certaine obligation responsable des renseignements personnels, de guider la
personne et de l'amener à préciser sa pensée et, au final, de permettre de
remplir la demande, de donner suite à la demande…
M.
Caire
: …question
de préciser ce qui est demandé. Donc, on fait quand même une certaine obligation
au responsable des renseignements personnels de guider la personne, et de
l'amener à préciser sa pensée, et, au final, de permettre de remplir la
demande, donner suite à la demande.
M. Tanguay
: Juste pour
compréhension de texte, là, j'aurais écrit : Lorsque la demande n'est pas suffisamment
précise… parce que je ne l'avais pas compris de même, lorsque la demande n'est
pas suffisamment précise ou lorsque la personne le requiert, le responsable
doit prêter assistance, plutôt que «lorsqu'une», parce que lorsqu'une, ça fait
appel à potentiellement des tiers. Ça peut être des tiers? Je ne pense pas,
non.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …personne fait la demande, là…
M.
Caire
:
Normalement, c'est la personne qui fait la demande, puisque je ne vois pas… tu
sais, moi, je vous fais une demande, je ne vois pas quelqu'un arriver du champ
gauche pour dire : Ah bien…
M. Tanguay
: Parce que
quand on écrit, en français, on prend une position sous quel angle… Alors, on
dit : Ça va être la demande ou la personne. Là, on dit : Ça va être
la demande ou une personne. On aurait pu dire , à l'inverse :
Lorsqu'une demande n'est pas suffisamment précise, la personne le requiert.
Voyez-vous, j'ai viré le problème à l'envers.
M.
Caire
:
Lorsque la personne le requiert.
M. Tanguay
: Là, je
l'aurais dit : Lorsque la demande n'est pas suffisamment précise ou que la
personne le requiert, le responsable… On connaît les rôles, il y a trois
affaires : il y a le responsable, la personne puis la demande.
M.
Caire
: M. le
Président, est-ce qu'on peut suspendre quelques instants?
Le Président (M.
Bachand) :Quelques instants. Nous allons
suspendre. Merci.
(Suspension de la séance à 19 h 59)
20 h (version non révisée)
(Reprise à 20 h 7)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors donc, M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui.
Merci, M. le Président. Donc, explications. Et M. le Président, je
pense qu'on a vraiment été rigoureux, on est allé jusque dans la Loi sur la
pharmacie, c'est vous dire. Donc, en fait, M. le député, je comprends que
syntaxiquement parlant, la formulation peut laisser entendre que ce n'est pas
la personne qui fait la demande dont il est question. Mais dans tout le texte
sur la loi à l'accès à l'information, c'est la même formulation qui est
reprise, et à chaque fois, et là les légistes ont été assez clairs là-dessus, à
chaque fois, nonobstant ça, il est question de la personne qui fait la demande.
Donc, quand on dit «lorsque la demande n'est pas suffisamment précise ou
lorsqu'une personne le requiert», la personne qui le requiert est la personne
qui fait la demande.
M. Tanguay
: C'est mal
rédigé. Mais il y a tellement d'occurrences qu'on ne va pas régler ça ce soir
avec un article.
M.
Caire
: Bien,
c'est-à-dire que si on veut rester cohérent avec l'ensemble de ce qui a été
écrit dans l'ensemble de la loi…
M. Tanguay
: Si on veut
rester croche égal partout, on ne mettra rien de droit ce soir.
M.
Caire
:
M. le député, vous m'avez écouté, parce que j'ai dit : Nous serons
cohérents dans notre incohérence.
M. Tanguay
: C'est ça.
M.
Caire
:
Voilà. Donc, effectivement, je comprends que cette formulation-là pourrait
laisser entendre… et je le dirai donc à micro ouvert pour que la loi soit
correctement interprétée quand on dit «ou lorsqu'une personne le requiert»…
M.
Caire
:
...Voilà. Donc, effectivement, je comprends que cette formulation-là pourrait
laisser entendre et je le dirai donc à micro ouvert pour que la loi soit
correctement interprétée. Quand on dit «ou lorsqu'une personne le requiert»,
«lorsqu'une personne», cette personne-là est la personne qui fait la demande.
M. Tanguay
: Pour sa
demande, ce n'est pas un tiers.
M.
Caire
: Exactement,
pour sa demande, exact. Et vous allez retrouver cette formulation-là, comme je
vous le dis, dans plusieurs autres articles de la loi, ça a été rédigé comme
ça. Bon.
• (20 h 10) •
M. Tanguay
: ...la tour
de Pise était droite, il y aurait moins de touristes.
M.
Caire
: Il
n'y aurait pas de succès, il n'y aurait pas un chat là. Ça manquerait de
piment, voilà. Par contre, je doute que les touristes viennent au Québec pour
visiter la loi d'accès à l'information, mais ça, à chacun son plaisir.
Une voix : ...
M.
Caire
: Je ne
sais pas. Qui le sait? Qui est qui?
M. Tanguay
: Qui sait?
Nul ne le sait.
M. Barrette : Non, mais une
visite d'académiques qui iraient nous étudier.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui. Le
dernier alinéa, enfin : «Le présent article ne restreint pas la
communication à une personne d'un renseignement personnel la concernant ou sa
rectification résultant de la prestation d'un service à lui rendre.»
Pouvez-vous m'expliquer cet article-là?
M.
Caire
:
...lire l'alinéa en question, là, donnez-moi 30 secondes.
...Me Miville-Deschênes préciser, là, pourquoi la rectification, là.
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Juste sur
le sens à donner à ça.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : De l'alinéa en général?
M. Tanguay
: Oui.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, ce que j'en comprends, c'est que cette disposition-là
a été mise pour ne pas que le chemin inévitable pour avoir accès aux
rectifications à un renseignement personnel, ça soit la Loi sur la protection
des renseignements personnels dans le secteur privé puis toutes ces
exigences-là. C'est-à-dire ça a été là pour dire : Tu peux obtenir
rectification ou accès dans le cadre de la prestation d'un service, etc., tu
n'es pas obligé de passer par cette procédure.
M. Tanguay
: «Le
présent article ne restreint pas la communication à une personne d'un renseignement
personnel la concernant ou sa rectification résultant de la prestation d'un
service à lui rendre.» On aurait-u pu arrêter... Juste pour comprendre, là,
«résultant de la prestation d'un service à lui rendre», on aurait pu arrêter
après «rectification» la phrase?
M.
Caire
: Bien,
dans la mesure où ça implique une prestation de service, plus ou moins, parce
que, si ça se fait dans le cadre d'une prestation de service...
M. Tanguay
: Autrement
dit... Donc, on va régler le cas «correction» puis «rectification», c'est un
peu comme le dossier tantôt, là, c'est «correction», «rectification», c'est un
peu comme le dossier.
M.
Caire
: Oui,
ça nous ramène au concept qu'on a...
M. Tanguay
: Ça, c'est
un amendement du tac au tac, là.
M.
Caire
: Oui.
M. Tanguay
: «Le
présent article ne restreint pas la communication...» Autrement dit...
M. Tanguay
: ...autrement
dit, donc... On va régler... correction puis rectification, c'est un peu comme
le dossier tantôt, là, c'est correction, rectification, c'est un peu comme le
dossier.
M.
Caire
: Oui,
ça nous ramène au concept qu'on a…
M. Tanguay
: Ça, c'est
un amendement du tac au tac, là.
M.
Caire
: Oui.
M. Tanguay
: «Le
présent article ne restreint pas la communication.» Autrement dit, ça veut-u
dire, dans le fond, en Québécois, là : Si tu es capable de faire plus
simple, tu vas le faire simple, tu n'es pas obligé de passer par là.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Exact.
M.
Caire
:
Genre.
M. Tanguay
: O.K. Il y
a juste le petit bout, puis ça, ça participe de notre tour de Pise. Le dernier
petit bout, là, mais il veut dire de quoi parce que le législateur ne parle pas
pour ne rien dire, «résultant de la prestation d'un service à lui rendre». Ça
voudrait-u dire... ça serait limitatif, parce qu'on rajoute... quand on rajoute
des mots, c'est parce qu'on rajoute des limitations. «Résultant de la prestation
d'un service à lui rendre». Ça veut dire que, si d'aventure, la compagnie
privée ne me rend pas... n'est pas dans une relation de rendre un service mais
que je sais qu'elle aurait des renseignements me concernant, ça veut-u dire que
ce «fast track» là n'embarquerait pas?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, je pense que cette disposition-là était pour
dire : Quand tu as une relation contractuelle, bien, évidemment, il va y
avoir de la communication, de l'accès, de la rectification qui va se faire,
puis on n'est pas obligé, dans ce cas-là, de passer par la procédure de la loi
sur l'accès.
M. Tanguay
:
...relation contractuelle.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : C'est une excellente question.
M. Tanguay
: Pardon?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, c'est une excellente question.
M. Tanguay
: Si vous
voulez développer là-dessus. Mais c'est ça, c'est ça, en tout cas, mon point,
là, c'est qu'on dépoussière, on dépoussière, mais, à un moment donné, on passe
le balai puis on dit : Crime! La marqueterie est croche. On la repose-tu
ou on ne la repose pas? Là, on dit : Regarde, il est quelle heure, là? Tu
sais, c'est ça, là.
Le Président (M.
Bachand) :Autre intervention sur 115?
M. Tanguay
: Ah! comment
ça a été aujourd'hui, ta journée? Ah! ça a bien été, on a fait avancer le Québec.
M.
Caire
: Bien,
quand même, là, quand même.
M. Tanguay
: Comment
m'en sortir? Parce qu'on ne peut pas laisser ça de même. On peut-u avoir un exemple,
parce que... O.K., je vais m'en sortir de la façon suivante, parce qu'on ne
peut pas laisser ça de même. Une personne... il faut répondre à cette question-là,
puis c'est ça ma préoccupation. Si je n'ai pas de relation contractuelle avec
l'entité privée, mais elle a un dossier sur mon cas, j'ai un cheminement,
dites-moi que j'ai un cheminement pour faire rectifier mon dossier ou le
dossier qu'ils ont.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Mais dans tous les cas, aussitôt qu'une entreprise
détient des renseignements, vous pouvez, avec la loi sur l'accès, obtenir
rectification, accès. Vous faites une demande, vous...
M. Tanguay
: Même si je
ne suis pas en relation.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, oui, c'est ça. Exact. Je pense qu'ici
l'exception, c'était parce que généralement c'est dans le cadre d'une relation
contractuelle qu'il va y avoir des rectifications. Tu appelles puis tu
dis : Mon dossier, ça ne marche pas, etc. Il va y avoir un changement dans
le dossier qui va être fait de façon plus simple et informelle qu'en passant
par la procédure de la loi sur l'accès. Donc, l'objectif, c'est un peu de dire:
Oui, vous pouvez, de façon simplifiée, évidemment, communiquer et rectifier des
renseignements personnels. Puis je suppose que...
M. Tanguay
: Même
affaire si je n'ai pas de relation contractuelle aussi.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, je ne vois pas de cas, c'est pour ça, tu sais.
Je vois moins de cas où je n'ai pas de relation contractuelle puis je vais contacter
l'entreprise pour qu'elle change mes renseignements. Mais peut-être, là.
M.
Caire
: ...de
le faire.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Ah! bien c'est sûr que...
M. Tanguay
: On a le
droit de le faire puis aussi simplement que si j'étais en relation
contractuelle.
M.
Caire
: Vous
auriez le droit. C'est juste que ça sous-entend que vous vous souvenez...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …tu sais. Je vois moins de cas où je n'ai pas de
relation contractuelle puis je vais contacter l'entreprise pour qu'elle change
mes renseignements. Mais, peut-être, là.
Une voix
: …
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Ah! bien, c'est sûr que…
M. Tanguay
: On a le
droit de le faire puis aussi simplement que si j'étais en relation
contractuelle.
M.
Caire
: Vous
auriez le droit. C'est juste que ça sous-entend que vous vous souvenez qu'ils
ont des renseignements personnels sur vous et que…
M. Tanguay
: Ou que
j'apprends qu'ils ont des renseignements. Parce que… Eh! on serait curieux, là — on
ne veut pas le savoir, peut-être, là — tous les renseignements que
certaines entités privées ont sur nous, là, on pourrait être surpris. Puis là,
après ça, tu te poses la question : Combien… comment l'ont-ils obtenu?
M.
Caire
: Oui.
M. Tanguay
: Ça, c'est
une autre paire de manches, mais ils l'ont. Puis j'ai appris ça… Ah! bien là,
faites rectifier ça. Mais…
M.
Caire
: …que
vous le savez. Mais ceci étant, une fois que vous le savez, que vous… Vous
pouvez demander…
M. Tanguay
: Rectifier.
M.
Caire
: …à
avoir l'accès. Vous voyez une erreur, vous pouvez demander une rectification.
Ça, c'est déjà prévu, là.
M. Tanguay
: Et puis
ça… Je regarde notre collègue de Chapleau — c'est ça, Chapleau? Ça,
cet article-là, ça va être particulièrement important parce qu'on parle des
partis politiques. On aura le débat là-dessus, là. Les partis politiques ont
des renseignements sur à…
M.
Caire
: Oui.
M. Tanguay
: …sur des
milliers, des dizaines de milliers, pour ne pas dire la majorité des électeurs
du Québec.
M.
Caire
: Bien…
M. Tanguay
: Puis on
n'a pas de relation puis on veut faire copier-coller avec les partis
politiques.
M.
Caire
: …sur
pas mal la totalité des électeurs au Québec, là.
M. Tanguay
: Il y a des
comtés qui ont des meilleurs pointages que d'autres.
M.
Caire
: Non,
mais la liste, elle, ce n'est pas une question de pointage, M. le député, là.
Quand on a les listes du DGEQ, là, je vous dirais, à part les personnes qui ne
sont pas inscrites…
M. Tanguay
: Mais…
M.
Caire
: Moi,
d'ailleurs, j'ai ce problème-là dans mon comté, parce que j'ai des militaires.
Et donc comme il ne sont pas à la RAMQ, souvent de fois, ils ne sont pas sur la
liste électorale. Mais, ça, c'est un autre débat, là, ceci étant, là.
M. Tanguay
: C'est un
bon pôle, ça?
M.
Caire
: Hein?
M. Tanguay
: C'est un
bon pôle, ça?
M.
Caire
: Ah
oui! Youpi!
M. Tanguay
: Moi, je me
rappelle à un moment donné, j'étais avec un organisateur, on était dans l'auto,
c'était le jour d'élection, puis il était 11 heures. Puis là je n'avais
jamais compris… C'était ma première élection. Il était 11 heures. Eh Marc!
Là, là, tout ton vote qui sort. Je n'avais pas compris. Pourquoi à
11 heures, c'est tout mon vote qui sort? Il y avait comme une analyse
sociologique des habitudes des gens. J'imagine qu'il avait recoupé ça. Bah!
Quand tu es candidat, c'est le fun à entendre. Tu dis : Ah, c'est le fun!
Mais la première élection, je l'avais perdue, de toute façon, à plate couture.
M.
Caire
:
Est-ce que l'histoire…
M. Tanguay
: Ça fait
que décidément, ça n'avait pas duré longtemps.
Une voix
: …
M. Tanguay
: Elle en
avait mangé une.
M.
Caire
: Ce
qu'il a oublié de vous dire, c'est qu'à 11 heures, il sortait, mais à
11 h 5, c'était fini. C'était fini.
M. Tanguay
: C'était
fini, c'est ça.
M.
Caire
:
C'était fini.
M. Tanguay
: Il y avait
une fenêtre d'opportunité. Après ça, ça s'est fini.
M.
Caire
:
Est-ce que l'histoire nous dit ce qui est arrivé de cet organisateur?
M. Tanguay
: Oui, c'est
ça. O.K. Je comprends. Mais sérieux on pourra reparler par rapport à… on n'a
pas de relation. Parce que je sais qu'on va vouloir faire beaucoup de
copier-coller avec les partis politiques. Il va falloir se poser ces
questions-là, parce qu'un parti politique n'est pas une entité privée, mais je
ferme… Moi, ça me va, M. le Président, je ferme la parenthèse. Ça me va.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions sur 115? s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il
vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
:
Abstention…
Le Président (M.
Bachand) : ...interventions sur 115? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il
vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
:
Abstention.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 115 est adopté, merci. M.
le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: M. le
Président, l'article 116, il se lit comme suit : L'article 32 de cette loi
est modifié par le remplacement du premier alinéa par le suivant :
«Le responsable de la protection des
renseignements personnels doit répondre par écrit à la demande d'accès ou de
rectification, avec diligence et au plus tard dans les 30 jours de la date de
réception de la demande.»
M. le Président, l'article 32 de la Loi
sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé est
modifié en raison de la suppression, par le projet de loi, de la plupart des
occurrences de la notion de «dossier» dans cette loi. Il est également modifié
afin de prévoir le rôle du responsable de la protection des renseignements
personnels institué par le nouvel article 3.1 de cette même loi.
Alors, M. le Président, quand on lit l'article
initial, donc, on disait : La personne détenant le dossier qui fait
l'objet d'une demande d'accès ou de rectification... Donc, évidemment, on
corrige cette notion-là. Et, bon, il y a la notion dont on a discuté
précédemment, aussi, là, sur la diligence qui doit être faite dans le
traitement d'une demande. Et, comme on a précisé à l'article 113, donc, qui
introduisait l'article 28, 28.1, que les articles 30 et 32, notamment,
s'appliquaient, donc, cet article-là s'applique aux nouvelles dispositions sur
le droit à l'effacement.
Donc, ça nous amenait dans cette notion de
diligence là qu'on a eue avec les collègues de l'opposition. Je comprends qu'on
a apporté l'amendement dont on a discuté, là, en cas de réponse favorable, mais
en plus, vient s'ajouter cet élément-là, qui dit qu'il y a quand même 30 jours
pour répondre à une demande qui serait faite, notamment, d'accès aux demandes
de rectification.
• (20 h 20) •
M. Tanguay
: Donc, il
faut lire à la lumière... Puis je relis amendement qu'on a adopté à 113. On a
ajouté : «lorsqu'il acquiesce à la demande, le responsable de la
protection des renseignements personnels atteste», dans sa réponse écrite, en
vertu de 32, ce qu'on est là, là, là où nous sommes rendus, «de la cessation de
diffusion du renseignement, ou de la désindexation, de la réindexation»,
lorsqu'il acquiesce à la demande.
32 nous dit, là, nous donne le délai de 30
jours. «Le responsable de la protection des renseignements personnels doit
répondre par écrit à la demande d'accès« ou rectification... rectification... Est-ce
qu'ici... Ici, on n'a pas besoin de reprendre nos trois vocables, hein,
cessation de diffusion, désindexation, réindexation. Ces trois...
M. Tanguay
: ...des
renseignements personnels doit répondre par écrit à la demande d'accès ou
rectification...» Rectification. Est-ce qu'ici... Ici, on n'a pas besoin de
reprendre nos trois vocables, hein? Cessation de diffusion, désindexation,
réindexation. Ces trois vocables là sont couverts par quelle expression?
M.
Caire
: Par
la «rectification».
M. Tanguay
:
C'est-u ça?
M.
Caire
: Je
vais...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, à 28.1, on a dit que l'article 32
s'appliquait.
M. Tanguay
: Donc,
on n'est même pas obligés de les reprendre sous un vocable. Ce qu'on prend à
32, avec adaptation, c'est le délai de 30 jours.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Délai de 30 jours...
M. Tanguay
: C'est
ça.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : ...réponse écrite.
M. Tanguay
: O.K.
Donc : «Le responsable de la protection des renseignements personnels doit
répondre par écrit aux rectifications avec diligence et au plus tard dans les 30 jours...»
«Avec diligence et au plus tard dans les 30 jours», j'aurais mis «ou au
plus tard dans les 30 jours», là. Autrement dit, c'est maximum
30 jours, puis, si tu peux le faire avant, fais-le avant.
M.
Caire
:
Fais-le avant.
M. Tanguay
: C'est
ça. Mais là... C'est comme quelqu'un qui dit : Bonjour, monsieur.
Êtes-vous une personne de 65 et plus? 65 ans ou plus... on dit toujours «et
plus»... en tout cas, peu importe. «Avec diligence ou au plus tard dans les
30 jours»... «et au plus tard dans les 30 jours». Autrement dit, ça
peut être plus court que 30 jours, puis, si c'est plus court, vas-y. C'est
ça qu'on veut.
M.
Caire
: Oui.
M. Tanguay
: Le
«et» et le «ou»...
M.
Caire
: Oui,
oui, oui, parce que, sinon, on dirait : Bien, tu réponds dans les
30 jours.
M. Tanguay
: O.K.,
c'est correct.
M.
Caire
: Puis
là, on le sait, les choses étant ce qu'elles sont, le 30 jours va devenir
une espèce de norme. Donc, quand on dit «avec diligence», bien, ça veut dire
que, si tu peux le faire avant, fais-le avant. Puis là ça nous ramène à
l'amendement qu'on a voté aussi, là. Donc, dans la réponse écrite, il y aura
l'acceptation ou non. Donc, c'est la première étape. Et ensuite l'attestation
que les choses ont été exécutées, si on se ramène à 28.1. Mais, sinon...
M. Tanguay
:
Qu'est-ce qui arrive... Puis je comprends, là, qu'il faut le mettre, là, «à
défaut de... dans les 30 jours de réception réputée»... «la personne est
réputée avoir refusé d'y acquiescer». Je reviens là-dessus, là. S'il y a une
compagnie réellement récalcitrante, là, quasi systématiquement ne répond même
pas puis que la CAI est obligée quasiment de mettre 0,1 % de son budget
juste pour gérer ses dossiers à elle, il va-tu y avoir quelque chose qui va se
passer à un moment donné?
M.
Caire
: Bien,
en fait, est-ce que la CAI pourrait...
M. Tanguay
: Je
reviens à mon plus haut dirigeant, là.
M.
Caire
: Oui.
Bien, je ne sais pas, peut-être que minimalement ils se sont gagné le droit
d'avoir une vérification de la CAI, là, je ne sais pas.
M. Tanguay
: Elle peut
faire ça... peut débarquer, la CAI?
M.
Caire
:
Oui... En surveillance? Absolument.
M. Tanguay
: Ça
fait qu'elle pourrait... Est-ce que ça, ce serait un motif?
M.
Caire
: Je ne
suis pas sûr que la CAI a besoin d'un motif pour exécuter son mandat de
surveillance. Je ne suis pas sûr...
M. Tanguay
: …elle peut
faire ça, elle peut débarquer, la CAI?
M.
Caire
: Oui.
En surveillance, absolument.
M. Tanguay
: Ça fait
qu'elle pourrait… est-ce que ça, ça serait un motif?
M.
Caire
: Je ne
suis pas sûr que la CAI a besoin d'un motif pour exécuter son mandat de
surveillance, puis je ne suis pas sûr que la CAI a besoin d'un motif. Moi, je
ne vois pas dans la loi quelque chose qui dit que la CAI peut…
M. Tanguay
: Dans la
loi actuelle, là?
M.
Caire
: Oui.
Mais dans la loi actuelle et dans 64, il n'y a pas de… puis là, Me Deschênes me
corrigera si… Me Miville-Deschênes me corrigera si je me trompe, là, mais il
n'y a rien, ni dans la loi actuelle ni dans 64, qui dit que la CAI peut,
pourrait…
M. Tanguay
: Doit avoir
un motif.
M.
Caire
: Oui,
mais sous des motifs, comprenez-vous, comme… contrairement, je vous dirais,
puis ça, c'est tout le volet…
M. Tanguay
:
Vérification.
M.
Caire
:
…surveillance versus une perquisition. Une perquisition, ça se fait, ils ont un
juge, il y a un motif, il faut convaincre le juge. Un mandat de surveillance,
c'est plus… ça peut être exercé de façon plus large. Bon, évidemment, quand on
trouve des éléments plus compromettants, évidemment il faut arrêter ça là, puis
là, transférer le dossier, mais même la Vérificatrice générale ou, tu sais, ces
gens-là qui ont des pouvoirs de vérification, ils n'ont pas à faire une
démonstration qu'il y a un événement probant qui les amène à vouloir exercer ce
mandat-là. C'est un mandat de vérification, c'est du contrôle. La CAI, dans son
mandat de surveillance, pourrait débarquer dans une entreprise. Évidemment,
bon, il y a tout un… je veux dire, l'organisme, qu'il soit public et/ou privé,
n'est pas sans droits, là, non plus, là. Ce n'est pas un pouvoir absolu et
totalitaire, mais…
M. Tanguay
: On dit,
c'est-u l'article 81 : La commission peut, de sa propre initiative ou sur
la plainte d'une personne intéressée, faire une enquête. Puis, a fortiori, si
elle peut de sa propre initiative faire une enquête, je pense qu'a fortiori, de
sa propre initiative, elle peut faire des vérifications.
M.
Caire
:
Absolument.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : L'article 81 mentionne même, sur les pratiques… Tu
sais, sur la protection des renseignements personnels ainsi que sur les
pratiques d'une personne qui exploite une entreprise, mettons. C'est assez
large.
M. Tanguay
: Ah! oui,
hein. …charger une personne de faire enquête sur toute matière relative à la
protection. Les pratiques. O.K. Mettons qu'elle débarque, parfait, pratiques,
puis ils se rendent compte que, finalement, là, le département de gestion des
demandes, en vertu de 28.1, c'est l'armoire à balai. Ils rouvrent la porte puis
le balai vous tombe sur la tête, puis vous avez le pied dans une chaudière. Si
elle se rend compte de ça, là, mauvaise foi crasse, là. Bon, une fois qu'elle a
fait ça, je reviens à ma question, il est où, le bâton?
M.
Caire
: Ah!
Seigneur. Non, non. Là, il est solide, là.
M. Tanguay
: Il est où…
en vertu de quoi? Il va y avoir des punitions, des pénalités?
M.
Caire
: Bien…
en vertu du fait que… Bien, là, on va étudier un jour ces articles hautement intéressants,
mais toutes les sanctions pécuniaires, administratives sont prévues, justement,
pour des cas où on ne se conformerait pas à la loi.
M. Tanguay
: Je vous
soumets…
M.
Caire
: ...en
vertu du fait que, bien là, on va étudier un jour ces articles hautement
intéressants, mais toutes les sanctions pécuniaires administratives sont
prévues, justement, pour des cas où on ne se conformerait pas à la loi.
M. Tanguay
: Je vous soumets,
150, 151, c'était mon point hier, il n'est pas listé 28. 28.1 comme étant un
motif pour vous taper sur les doigts.
M.
Caire
: Non,
non.
M. Tanguay
: 30 est
listé? 32?
M.
Caire
: Bien,
en fait, 30... non, je ne crois pas que 30 soit listé.
M. Tanguay
: Ça veut
dire qu'elle ne peut pas.
M.
Caire
: Non,
mais ce que je veux dire, M. le député, suivons la séquence, là. Vous
dites : 30, je suis face à une entreprise qui ne répond systématiquement
jamais.
M. Tanguay
: Oui, oui.
M.
Caire
: O.K.,
eux autres, là, c'est à défaut, là, c'est à défaut tout le temps.
M. Tanguay
: Même à
28.1, là? On est à 28.1, là.
M.
Caire
: Non,
mais allez-y sur 30, puis je trouve que l'exemple est intéressant. 30, j'ai des
demandes, que ce soit dans le cadre de 28.1, que ce soit dans le cadre de
n'importe quel...
M. Tanguay
: Ça
s'empile.
M.
Caire
: Et
c'est... il n'y a jamais de réponse, pas de son, pas d'image. Sur la base de
son pouvoir d'enquête, la CAI est... concernant des pratiques qui lui sont
rapportées constamment, la CAI dit : Bien, je vais aller faire enquête. La
CAI constate, donc, qu'au-delà du fait qu'il n'y a pas de réponse, il y a différentes
infractions à la loi qui sont commises, et c'est ces infractions-là, suite à
l'enquête, c'est là où la CAI a un pouvoir, oui, d'accompagnement s'il n'y a
pas de mauvaise foi, mais la CAI a un pouvoir coercitif. Et c'est là où ça nous
ramène au régime des sanctions pécuniaires administratives et pénales. Puis
comme vous l'avez souligné à juste titre, elles sont costaudes. Donc, une
entreprise qui serait de mauvaise foi, négligente... puis pas négligente
simplement dans le traitement, parce que, je veux dire, l'accès à
l'information, là, le citoyen, il a le droit d'avoir accès à l'information, là,
il a des droits là-dedans, là. Donc, l'entreprise ne peut pas bafouer ces
droits-là, elle a une obligation que, là, on étudie la protection des renseignements
personnels particulièrement, donc il y a des obligations qui sont faites aux
entreprises sur le volet de protection des renseignements personnels, bien, ils
ont des obligations aussi sur l'accès à l'information. Et l'un et l'autre de
ces éléments-là de droit peuvent amener la CAI à sévir, à utiliser des moyens
coercitifs, là.
M. Tanguay
: Oui, mais
dans votre exemple, vous avez ajouté un moment donné, puis c'est là que tout le
champ des possibilités s'est ouvert, et qu'elle constate qu'il y avait d'autres
infractions. Puis c'est sûr, s'il y a d'autres infractions, ils vont se
faire... Mais strictement sur 30, tout va bien, mais 30, il n'y a personne, ils
s'en foutent. Ça s'en va directement à la récupération, les demandes. Ils s'en
foutent. Où on me dit dans la loi que si tu ne respectes pas 30, autrement dit
de mettre sur place... peut-être Me Miville-Deschênes, que tu risques de
faire face à une amende? Parce que les articles sont mentionnés, hein?
M.
Caire
: ...simplement
à la base de 30...
• (20 h 30) •
M. Tanguay
: Il n'y en
a pas.
M.
Caire
: ...il
n'y en a pas, parce que 30, ce que 30 dit, c'est que, si dans 30 jours, tu
ne m'as pas répondu, ça veut dire que tu me dis non. La loi dit ça. Donc...
20 h 30 (version non révisée)
M. Tanguay
: ...autrement
dit, de mettre sur place, peut-être Me Miville-Deschênes, que tu risques
de faire face à une amende. Parce que les articles sont mentionnés, hein?
M.
Caire
: Simplement
à la base de 30...
M. Tanguay
: Il n'y en
a pas.
M.
Caire
: ...il
n'y en a pas, parce que 30, ce que 30 dit, c'est que, si dans 30 jours, tu
ne m'as pas répondu, ça veut dire que tu me dis non. La loi dit ça. Donc, la personne
essuie un refus. À partir de là, la personne regarde les recours qui s'offrent
à elle. Et là ça nous ramène à ce qu'on disait, dans le cas qui nous préoccupe,
autant sur la protection des renseignements personnels que sur l'accès à
l'information, le recours, c'est la CAI, c'est le tribunal de la CAI.
Et donc c'est pour ça que non, vous avez
raison, là-dessus il n'y a pas de... Parce que l'entreprise, elle, elle se
dit : Regarde, moi, j'ai une personne qui est là, elle est débordée, puis
en plus elle s'occupe de la cantine des employés, de la machine à café, de la
réception, puis là, bon, c'est ma personne qui est responsable de la protection
des renseignements personnels, tout va bien. Alors là, elle ne répond pas.
Parfait. Elle est réputée refuser la demande, elle refuse la demande. Parfait.
La personne n'est pas satisfaite de la réponse, se tourne vers le tribunal
administratif de la CAI, fait valoir son point. La CAI donne raison au citoyen,
prend une ordonnance, et là on revient à la case départ. L'entreprise fait face
à une ordonnance de la CAI, qui, elle, si elle n'est pas exécutée, donne lieu à
des sanctions pénales. Les sourcils ne froncent pas, tout va bien.
M. Tanguay
: Oui, oui,
mais l'ordonnance ne pourra jamais ordonner, tout comme la pénalité ne pourra
jamais punir d'une désinvolture par rapport à 28, 28.1 puis 30. C'est juste ça,
mon point.
M.
Caire
: Vous
avez raison. Mais, dans la mesure où la loi dit : Tu as 30 jours pour me
répondre, puis si, au bout de 30 jours, tu ne m'as pas répondu, je considère
que tu as dit non…
M. Tanguay
: Parce que
je me rends compte que… j'espère qu'il n'y en aura pas trop de même, des
récalcitrants, puis même des récalcitrants occasionnels. Puis même, sur le
volume, il n'y a pas juste une compagnie, il y en a peut-être des centaines de
compagnies. La CAI, avec ça, elle peut peut-être se ramasser une méchante
raison d'exister, là. Il risque de… Je ne voudrais pas que la CAI soit
engorgée, comprenez-vous?
M.
Caire
: Oui,
mais moi, M. le député, je vous soumets la chose suivante, par exemple. Un
élément qui pourrait être intéressant, c'est de valider avec la CAI les cas où
ça se produit. Parce que je comprends, là, ce que vous me dites puis je ne suis
pas hostile à ce que j'entends, là. Mais la CAI nous fait un rapport annuel.
Alors, on pourra demander à la CAI : Bon, bien, y a-tu… dans l'exercice de
la loi, y a-tu des entreprises qui ont été… Est-ce qu'il y aurait lieu de
modifier cette procédure-là? Parce qu'elle n'est pas sans avantage, dans le
sens où… Excluons l'entreprise qui serait de mauvaise foi, allons-y avec
l'entrepreneur honnête et malchanceux, là, qui, effectivement, n'a peut-être
pas, là, toute la capacité, l'infrastructure, bon. Ce que la loi dit,
c'est qu'il a 30 jours pour répondre, sinon il est réputé avoir dit
non. Donc, le citoyen n'est pas…
M.
Caire
: …l'entreprise
qui serait de mauvaise foi, allons-y avec l'entrepreneur honnête et
malchanceux, là, qui, effectivement, n'a peut-être pas, là, toute la capacité,
l'infrastructure. Bon, ce que la loi dit, c'est qu'il a 30 jours pour
répondre, sinon il est réputé avoir dit non. Donc, le citoyen n'est pas laissé
dans les limbes de l'incompréhension de la loi qu'une entreprise pourrait
avoir. Puis je parle toujours de l'entrepreneur honnête et malchanceux, là.
Lui, bon…
M. Tanguay
: Il
l'échappe.
M.
Caire
: Il
l'échappe, puis il l'a échappé, bien, la demande, elle s'est ramassée dans le
mauvais tiroir, puis «désolé, je ne l'ai pas vue. Je ne m'en souvenais
pas» ou toutes ces bonnes raisons. Mais ça demeure quand même que le citoyen
n'est pas… le demandeur n'est pas laissé dans les limbes, là. Lui, il
dit : Après 30 jours, là, moi, ça veut dire… tu m'as dit non. Puis il
peut se retourner vers la CAI, puis il pourrait le faire avant, là, mais il
peut se retourner vers la CAI en disant : Bien, écoutez, Mme la Présidente,
moi, cette entreprise-là a refusé ma demande, parce que dans les 30 jours
prescrits par la loi, elle n'a pas répondu. Donc, à parti de là, la CAI prend
le relais avec cette situation-là en tête. Donc, non, elle ne peut pas
sanctionner la situation, j'en conviens, mais elle a la situation en tête. Et
là ça nous ramène à ce qu'on disait, tout à l'heure, si les cas sont
récurrents, bien, moi, je pense qu'il y a une lumière rouge qui vient de
s'allumer sur le tableau de bord de la CAI.
M. Tanguay
: Vous
dites : Je ne vais pas faire le bouche-à-bouche au canari. Si je débarque,
puis le canari est mort, c'est parce que probablement qu'il y a d'autres choses
autour. C'est ce que vous me dites.
M.
Caire
: C'est
probable qu'il y ait autre chose.
M. Tanguay
: Vous me
dites : Ça, c'est un canari. Ça fait qu'on n'a pas besoin de
25 millions, 4 % du chiffre d'affaires, là. Le canari est mort, il
est mort, mais…
M.
Caire
:
Exact.
M. Tanguay
: …mais
vous… c'est un signe que probablement…
M.
Caire
: Oui,
il y a une lumière rouge qui vient de s'allumer sur le tableau de bord, puis
là, pour moi, ça, dans le volet surveillance dont on a discuté abondamment, là,
pour moi, là, ça, ça dit : Attends un temps, là, ça, c'est la cinquième,
sixième cette année, là.
M. Tanguay
: Est-ce que
la CAI, puis vous l'avez effleuré, hier, dans votre réponse, la CAI peut-elle,
sans attaquer la réputation d'une entreprise, peut faire un rapport, puis peut
dire : Voici le tableau, sous ce chapitre, des derniers de classes? Est-ce
qu'elle peut faire ça la CAI ou il y a une affaire d'atteinte à la réputation…?
M.
Caire
: Non,
ça, c'est une espèce de…
M. Tanguay
: Parce
qu'il y a des rapports qu'elle fait la CAI. À un moment donné, on l'a vu, je
pense, pour les organismes publics, hein? Quand il y avait des coches mal
taillées… c'est mis dans le rapport annuel, là.
M.
Caire
: Oui,
oui, oui, puis elle est capable… bon, comme vous dites, puis sans atteindre à
la réputation, mais la CAI comme n'importe quel organisme de surveillance peut,
dans son rapport, faire des constats. Prenons, par exemple, la Vérificatrice
générale. La Vérificatrice générale, des fois, elle est assez carrée dans ce
qu'elle dit, là.
M. Tanguay
: Puis pour
le privé, est-ce que la CAI pourra le faire?
M.
Caire
: Bien
oui.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …
M. Tanguay
: Hein?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, je voulais juste mentionner que
l'article 84 prévoit, puis on… la modification dans le public, qu'elle
peut, notamment, faire un avis pour en informer le public s'il y a le
non-respect d'une ordonnance, là.
M. Tanguay
: 84 du 64?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : 84 de la loi sur la protection des renseignements
personnels…
M. Tanguay
: Privé?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …qui n'est pas modifiée par le…
M. Tanguay
: Je l'ai,
là : «Si, dans un délai raisonnable après avoir pris une ordonnance…»
C'est-tu ça?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : ...l'article 84 prévoit... puis on avait fait
la modification à «public», qu'elle peut notamment faire un avis pour en
informer le public, s'il y a le non-respect d'une ordonnance, là.
M. Tanguay
: 84 du
64?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : 84 de la Loi sur la protection des renseignements personnels...
M. Tanguay
:
...privé?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : ...qui n'est pas modifié par le 64.
M. Tanguay
: Je
l'ai, là. «Si, dans un délai raisonnable, après avoir pris une ordonnance...»
C'est-u ça?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui.
M. Tanguay
: O.K.
«...d'une personne qui exploite une entreprise, la commission juge que les
mesures appropriées n'ont pas été prises...» Mais là il faut qu'elle ait pris
une ordonnance. Moi, je n'en suis pas là, là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : O.K.
M. Tanguay
: La
commission...
M.
Caire
: Non,
mais, dans son rapport annuel, la CAI peut quand même faire des observations
dans son rapport quinquennal et, effectivement, lorsqu'elle rend une ordonnance
à titre de tribunal. Donc, il y a plusieurs tribunes pour la CAI, et, oui,
autant pour les organismes publics que pour les organismes privés. Bon, encore
faut-il que le volet surveillance soit exercé et que ces enquêtes-là se
fassent. Mais la CAI a le pouvoir de le faire.
M. Tanguay
: «88. Le
rapport annuel sera...» Deuxième alinéa : «Ce rapport comprend également, le
cas échéant, les constations de vérification et les recommandations...»
M.
Caire
: Oui,
c'est ça je vous dirais.
M. Tanguay
:
«...juge approprié de transmettre...» O.K., mais là, ça, c'est le VG, ça. «Le ministre
dépose ce rapport...»
«La commission doit, au plus tard... la commission...»
bien, elle peut mettre ce qu'elle veut dans son rapport annuel, puis probablement
qu'elle ne le ferait pas nommément, j'imagine, mais qu'elle demanderait un
pouvoir...
M.
Caire
: Mais
la liste des délinquants ou des cancres, là, ça, je pense ça serait plus
litigieux.
M. Tanguay
: Oui.
Privé, elle ne peut pas.
M.
Caire
: Ça
serait litigieux.
M. Tanguay
: Parce
qu'au public on ne se gêne pas, hein? Tel ministère, tel département, là, c'est
tout croche, puis envoie, puis...
M.
Caire
: Oui,
mais ça, la CAI peut le faire au privé aussi, là. Moi, ce que j'avais cru
comprendre, c'était de dire : Bien, voici la liste des pas bons, une
espèce de 10 premiers pas bons, puis là qu'on publie annuellement...
M. Tanguay
:
Bonnets d'âne.
M.
Caire
: De
bonnets d'âne, c'est ça. Tu t'en vas dans le coin, pas de dessert, pas de...
M. Tanguay
:
...pas de Nintendo.
M.
Caire
: Pas
de Nintendo, oui, c'est ça. Pas de Nintendo, pas de fax. Là, ça...
M. Tanguay
: O.K.
M.
Caire
: Ça,
ça serait plus litigieux. Mais je pense que la CAI... puis pas «je pense»,
je... La CAI a quand même plusieurs tribunes où elle est capable... Et surtout,
surtout, M. le député, moi, ce que je pense, c'est qu'une situation comme celle
qu'on décrit là... parce que la CAI les enregistre, là, à un moment donné, les
causes, puis, quand ça fait six fois, là, que tu vois M. Untel de l'entreprise
X, parce que six citoyens différents disent : Aïe! Il ne me répond jamais,
là, bien, à un moment donné, tu sais, pour moi, là, sur les pratiques
litigieuses, là, ça, moi, je pense ça lève un drapeau, là.
Puis j'ose croire que la CAI... puis loin
de moi l'idée de dire à la CAI comment faire son travail, là, mais j'ose croire
qu'une situation comme celle-là, il y a un inspecteur de la CAI qui cognerait à
la porte lundi matin puis qui dirait : Écoutez, là, il me semble qu'on
vous voit un petit peu trop souvent. Ce n'est pas qu'on n'aime pas ça, mais...
M. Tanguay
: Je
comprends le contexte. O.K. Je comprends. Je me serais cassé la tête... mais je
comprends. C'est...
M.
Caire
:
…inspecteur de la CAI qui cognerait à la porte lundi matin et qui dirait :
Écoutez, là, il me semble qu'on vous voit un petit trop souvent. Ce n'est pas
qu'on n'aime pas ça, mais...
M. Tanguay
: Je
comprends le contexte. O.K. Je comprends. Je me serais cassé la tête... mais je
comprends. C'est bon, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
M.
Caire
: Mais
c'est pour ça que le… Tu sais quand on dit, le délai de 30 jours, c'est un
refus. Ça, pour moi, c'est l'élément clé.
• (20 h 40) •
M. Tanguay
: On
est un petit plus dans le limbo, là...
M.
Caire
: C'est
un refus.
M. Tanguay
: Oui,
c'est ça...
M.
Caire
: Tu as
dit non.
M. Tanguay
: Ah!
il a un dessin à vous montrer.
M.
Caire
: Je pense que le Saint-Graal veut me parler.
(Consultation)
M. Tanguay
:
C'est beau, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) : Merci. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur 116? Donc, nous allons procéder à la mise
aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La
Secrétaire
: Pour, contre, abstention. M. Caire (La
Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La
Secrétaire
: Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque
(Chapleau) : Pour.
La
Secrétaire
: Pour les membres de l'opposition officielle,
M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
:
Pour.
La
Secrétaire
: M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M. Bachand) : Abstention.
Donc, l'article 116 est adopté. Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: M. le Président, l'article 117 se lit comme
suit : Article 33 de cette loi est modifié par la suppression, dans
le premier alinéa, de «contenus dans un dossier».
Donc,
l'article se lisait : «L'accès aux renseignements personnels contenus dans
un dossier est gratuit.» Nous retirons cette mention-là pour être en cohérence
avec ce que nous faisons depuis le début, c'est-à-dire retirer les références
au concept de «dossier», qui ne nous apparaît pas être très du
XXIe siècle, mettons.
Le Président (M. Bachand) : M. le député de
LaFontaine.
M. Tanguay
:
Quand on dit, M. le Président : «Toutefois, des frais raisonnables peuvent
être exigés...» Je sais que c'est l'ancienne mouture, là, mais tant qu'à
l'avoir sous les yeux : «Toutefois, des frais raisonnables peuvent être
exigés du requérant pour la transcription, la reproduction ou la transmission
de ses renseignements.»
La
CAI a-t-elle juridiction pour dire à une entreprise : Aïe! Tes frais ne
sont pas raisonnables? À un moment donné, il y a quelqu'un qu'il faut qu'il se
penche, là... Une entreprise pourrait dire : Bien, c'est 100 $,
c'est...
M.
Caire
: ...non, mais je vais me valider auprès de...
Le Président (M. Bachand) : Me
Miville-Deschênes.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, bien, elle le fait dans le public, je suis en
train de m'en assurer. Mais, oui...
Une
voix
: Elle fait ça dans le privé aussi?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Dans le privé aussi. Mais je ne veux pas parler trop
vite, je vais vérifier, là. Mais il me semble qu'elle avait juridiction, je
sais qu'elle l'a dans le public, là, pour déterminer les frais applicables ou
qu'est-ce qui est raisonnable ou pas.
M. Tanguay
:
Oui. Puis je pense qu'on avait même, à un moment donné, parlé... je ne sais pas
si c'est avec vous, d'un amendement là-dessus, les frais raisonnables... ou
c'était dans un autre projet de loi.
M.
Caire
: Je suis... je ne pensais pas...
M. Tanguay
:
Parce que, si un citoyen...
M.
Caire
: Mais dans le public on en avait parlé. Quand on a...
Parce qu'on a la même disposition dans le public. Puis ça, on en avait parlé.
M. Tanguay
:
Mais je pense c'est dans un autre projet de loi qu'on avait fait ajouter...
C'était marqué — je pense, c'était avec le collègue et ministre de la
Justice — «des frais peuvent être chargés». On avait dit «frais
raisonnables» puis...
M.
Caire
: C'était-u dans le 86?
M. Tanguay
:
...je ne m'en rappelle pas. C'était peut-être le 75, peut-être... en tout cas.
Si on peut vérifier. Parce que, dans le fond, une fois qu'on a dit ça, mettons
que la CAI, là, puis notre expert...
M. Tanguay
: …je ne me
rappelle pas. C'était peut-être le 75, peut-être… en tout cas. Si on peut
vérifier. Parce que, dans le fond, une fois qu'on a dit ça, mettons que la CAI,
là, puis notre expert jurisconsulte va nous aiguiller… Si la CAI n'a pas…
M.
Caire
:
Arrêtez-là, il va coûter plus cher.
M. Tanguay
: Si la CAI
n'a pas le droit de regard, ça reste un voeu pieux, parce que, je veux dire, il
n'y aura pas de recours collectif, là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, elle l'a, en fait, là. Je regarde les
décisions, là. Il y a 22 décisions où elle a pris… où elle a déterminé les
frais applicables.
M. Tanguay
: En vertu
de quel pouvoir?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Puis, dans le fond, c'est l'article 42, elle se
base sur l'article 42…
M. Tanguay
: La loi.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …de la loi, qui prévoit que : «Toute personne
intéressée peut soumettre à la CAI une demande d'examen de mésentente relative
à l'application d'une disposition législative portant sur l'accès ou la
rectification…» Bien, ce n'est pas dit clairement, mais ça inclut aussi les
frais applicables. Puis elle a des décisions, là, dans lesquelles elle a
déterminé les frais.
M.
Caire
: Donc,
quelqu'un qui jugerait avoir été facturé de façon déraisonnable pourrait
soumettre le montant de la facture à la CAI dans un examen de mésentente, puis
la CAI pourrait donner raison à la partie qui dit : On m'a escroqué,
genre. Donc, indirectement… elle fait indirectement ce qu'elle n'a pas un
pouvoir de faire directement, c'est-à-dire fixer des tarifs.
M. Tanguay
: Moi… On
l'a peut-être, notre réponse d'il y a 10 minutes. Rectification, 42 comprend la
rectification. 42 pourrait même s'appliquer à 30.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : 42, là, j'y vais… il me semble qu'on a… 42 pourrait
s'appliquer à 30?
M. Tanguay
: Tel qu'il
est rédigé, là, «Toute personne intéressée peut soumettre à la Commission
d'accès à l'information une demande d'examen de mésentente relative à
l'application d'une disposition législative portant sur l'accès ou la
rectification d'un renseignement personnel…», tu sais, une personne pourrait,
si elle avait des griefs, là, dire à la CAI : En vertu de 42, allez donc
voir… Puis là vous avez de la jurisprudence de la CAI, qui, en vertu de 42, est
allée réviser des frais raisonnables, c'est ça?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui.
M. Tanguay
: Puis elle
leur a dit : Raisonnable… 200 $, ce n'est pas raisonnable, là. Ça va
être maximum… Elle a-tu dit ça : Ça va être maximum…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, là, j'ai vu les décisions, je ne les ai pas
consultées, mais, de mémoire, je sais qu'elle le fait dans le public.
M. Tanguay
: Elle a
décidé quelque chose, en tout cas. Mais, tel que rédigé, 42 pourrait, selon
moi, donner juridiction en vertu de 30… de débarquer pour 30.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien là, ici, on est dans le contexte
juridictionnel, donc ça lui donne juridiction pour déterminer si c'est
accessible ou pas, si on doit rectifier ou pas, si l'on doit désindexer ou pas,
puis si les frais sont raisonnables ou pas.
M. Tanguay
: O.K. Mais
elle ne pourrait pas dire : Vous ne respectez pas systématiquement l'article 30,
elle ne pourrait pas, sous le chapeau juridictionnel?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : L'article 30 sur les délais?
M. Tanguay
: Oui.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : C'est bien ça? Bien, je ne sais pas si elle pourrait,
mais…
M. Tanguay
: Autrement
dit…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …rendu là, c'est que le délai… Tu sais, lorsque tu
es rendu à la CAI, que tu aies respecté le délai ou pas, pour elle, c'est vraiment
le but de…
M. Tanguay
: Oui, oui.
Juridictionnel, ce n'est pas les amendes.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Non…
M. Tanguay
: ...sous le
chapeau juridictionnel?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : L'article 30 sur les délais? C'est bien ça?
M. Tanguay
: Oui.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, je ne sais pas si ça pourrait, mais, rendu là,
c'est que le délai... tu sais, lorsque tu es rendu à la CAI, que tu aies
respecté le délai ou pas, pour elle, c'est vraiment...
M. Tanguay
: Oui, oui.
Juridictionnel, ce n'est pas les amendes.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Non, c'est ça, juridictionnel, c'est la section sous
l'administratif.
M. Tanguay
: On se sera
essayés.... Donc, la personne qui... une entreprise et qui entend exiger des
frais en vertu du présent article doit informer le requérant du montant...
blablabla. Puis frais raisonnables, on s'entend, si tout est fait
électroniquement, un moment donné, il va falloir qu'il le justifie de la
raisonnabilité.
M.
Caire
: O.K.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
117? Donc, nous allons procéder à sa mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il
vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) :Abstention. Donc,
l'article 117 est adopté. Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: M. le
Président, l'article 118 se lit comme suit :
L'article 34 de cette loi est
remplacé par le suivant:
«34. Le responsable de la protection des
renseignements personnels doit motiver tout refus d'acquiescer à une demande et
indiquer la disposition de la loi sur laquelle ce refus s'appuie, les recours
qui s'offrent au requérant en vertu de la présente loi et le délai dans lequel
ils peuvent être exercés. Il doit également prêter assistance au requérant qui
le demande pour l'aider à comprendre le refus.»
Donc, M. le Président, l'article 34
de la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé
est modifié afin de prévoir le rôle du responsable de la protection des
renseignements personnels, institué par le nouvel article 3.1 de cette
loi. Il est également modifié afin de prévoir le contenu de la réponse écrite
du responsable.
Donc, M. le Président, comme je viens de
l'indiquer dans les explications, on fait obligation maintenant à une
entreprise de se doter d'un responsable de la protection des renseignements
personnels. Et à travers ces différents articles-là, on vient préciser son rôle
et ses responsabilités. Voilà, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Mais c'est
juste, au niveau légistique, ce n'est pas fascinant, c'est trop fort, c'est
particulier, c'est intéressant de noter, c'est à propos de noter qu'on utilise
le vocable «requérant» lorsque l'on parle de la quelque dizaines d'articles qui
touchent l'accès à l'information. Lorsque vous êtes un citoyen qui demandez
l'accès à l'information, vous êtes un requérant, puis là c'est facile à suivre,
versus lorsqu'une personne, elle n'était pas requérante dans le contexte de
28.1 puis de 30. C'est juste ça, là, parce que…
M.
Caire
: Bien,
je ne suis pas sûr que je comprends la... pour être honnête, là, je ne suis pas
sûr que je comprends la...
M. Tanguay
: La... On
qualifie toujours le citoyen, personne physique, on lui donne un chapeau :
Toi, tu es tuteur. Toi, tu es député. Toi, tu es juge. Toi...
M. Tanguay
: …n'était
pas requérante dans le contexte de 28.1 puis de 30. C'est juste ça, là, parce
que…
M.
Caire
: Bien,
je ne suis pas sûr que je comprends la… pour être honnête, là, je ne suis pas
sûr que je comprends la…
M. Tanguay
: On
qualifie toujours le citoyen, personne physique, on lui donne un chapeau :
Toi, tu es tuteur. Toi, tu es député. Toi, tu es juge. Toi, tu es citoyen, tu
es la personne qui fait la demande. Tu es demandeur. Tu es requérant dans la
légistique, dans la rédaction. Je reviens à notre tantôt, «lorsqu'une
personne», on aurait pu dire, à ce moment-là, «lorsque le demandeur» ou
«lorsque la demande», mais on disait «lorsqu'une personne», puis on a eu
l'échange qu'on a eu. Là, on parle du requérant, mais le requérant en vertu de
la loi, c'est 27 et suivants, la dizaine d'articles, sous le chapeau accès des
personnes concernées. Lorsque, en vertu de la loi, vous voulez avoir accès à
l'information, on vous met le chapeau pas d'une personne, pas d'un demandeur,
d'un requérant. C'est juste ça mon point.
M.
Caire
: Mais
ça change.
M. Tanguay
: Ça change
que tantôt on parle d'une personne, il faut savoir c'est qui, puis là on
disait : Ah, c'est la personne qui fait une demande en vertu de 28.1, mais
on ne l'appelle pas «requérant» puis on ne l'appelle pas «demandeur», on
l'appelle «la personne.» C'est juste ça. C'est point de vue de légistique. Il
faut prendre mon commentaire au premier, premier degré, là.
M.
Caire
: O.K.
M. Tanguay
: Parce qu'à
un moment donné, je me suis posé la question : Le «requérant?» Le
«requérant», une habitude, là, c'est nos cours de justice, c'est le requérant.
Celui qui fait une requête introductive d'instance, c'est le requérant. C'est
le demandeur qui est…
M.
Caire
: Mais,
dans ce cas-ci, ce serait un demandeur donc?
M. Tanguay
: Bien,
c'est juste que c'est de voir que l'économie de la loi… vous êtes en
demande : tantôt vous êtes une personne, puis tantôt vous êtes un
requérant. C'est juste ça, en vertu de la loi.
• (20 h 50) •
M.
Caire
: Bien,
sauf que si on se réfère à, mettons, l'article 28, 28.1, de tout à
l'heure, là, c'était une demande qu'on faisait à l'entreprise, parce que là on
parle de désindexation. Donc, il y a une demande qui est faite à l'entreprise
puis… là, tu sais, on a quand même fait un bon débat sur cet article-là, et
effectivement c'est… on plaçait la personne dans le rôle de la demande. Dans
l'article 30 qu'on vient de modifier, encore là on parle de la personne
qui fait la demande. Donc, effectivement, je me demandais pourquoi, ici,
c'était un requérant parce que, là, vous semblez dire qu'un requérant, c'est
quand on fait une démarche...
M. Tanguay
: Non, non,
c'est juste un qualificatif qu'on s'est permis…
M.
Caire
: …une
démarche judiciaire formelle.
M. Tanguay
: Ce n'est
même pas là mon commentaire, c'est juste que, là, on s'est permis de qualifier
la personne qui fait la demande, alors que partout ailleurs dans la loi, on
dit : La personne qui fait une demande, c'est la personne. Puis même dans
27, je vais vous dire… l'histoire de «requérant» commence à 27, puis regardez
comment commence 27. Ah, bien, là, O.K., ils lui ont mis leur… ils lui ont
donné. «Toute personne qui exploite une entreprise et détient un dossier sur
autrui doit, à la demande de la personne concernée…» Ça fait que la personne
demande… «lui en confirmer l'existence… lui donner communication» la
concernant. Lorsque le requérant, c'est là qu'on lui met le chapeau : Tu
es requérant. Dans ce contexte-là. C'est juste un petit, un petit…
M.
Caire
: M. le
Président, est-ce qu'on peut suspendre quelques instants? Parce que le député
de LaFontaine attire mon attention sur quelque chose que je n'avais pas vu et
que j'aimerais clarifier.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, on va suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 20 h 51)
M. Tanguay
: ...lui
met le chapeau, tu es requérant dans ce contexte-là. C'est juste un petit...
M.
Caire
: Pourquoi?
M. le Président, est-ce qu'on peut suspendre quelques instants?
Le Président (M.
Bachand) : Oui...
M.
Caire
: Parce
que le député de LaFontaine attire mon attention sur quelque chose que je
n'avais pas vu et que j'aimerais clarifier.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, on va suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 20 h 51)
(Reprise à 20 h 56)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre! La commission reprend ses travaux. M. le
ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
:
Alors, M. le Président, suite aux discussions, il appert que, dans les faits,
même si quelquefois ce n'est pas si évident que ça dans la loi, la personne,
demanderesse ou non, est toujours un requérant. C'est comme ça qu'il faut
l'interpréter. Mais j'avoue que le député de LaFontaine a soulevé quelques
éléments qui pouvaient laisser douter à l'occasion. Mais les légistes me
confirment que la personne qui fait la demande a toujours le statut de
requérant.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: On
est à 118, hein, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) : Oui, exactement.
M. Tanguay
: O.K.
Ça va tellement vite qu'on perd le décompte. «...doit motiver tout refus...»
«Le responsable de la protection des renseignements personnels doit motiver
tout refus d'acquiescer à une demande et indiquer la disposition de la loi sur
laquelle ce refus s'appuie.» Donc, ça, c'est une demande d'accès à
l'information. «Les recours qui s'offrent au requérant en vertu de la présente
loi et le délai dans lequel ils peuvent être exercés. Il doit également prêter
assistance au requérant qui le demande pour l'aider à comprendre le refus.»
Quand on avait... Parce que cet article-là d'obligation de prêter...
M. Tanguay
: …d'accès à
l'information. «Les recours qui s'offrent au requérant en vertu de la présente
loi et le délai dans lequel ils peuvent être exercés. Il doit également prêter
assistance au requérant qui le demande pour l'aider à comprendre le refus.» Quand
on avait... Parce que cet article-là d'obligation de prêter assistance, on ne
l'avait pas qualifié… Parce que des fois, je me mêle avec des amendements qu'on
dépose puis des fois… on se demande si y'a-tu été adopté ou pas. On avait tout
eu un débat, à un moment donné, je ne sais pas si c'est avec vous…
M.
Caire
: …
M. Tanguay
: Oui, oui,
oui. Le citoyen qui ne comprend pas parce qu'on lui explique mal aussi. Puis à
un moment donné…
M.
Caire
: Quérulent.
M. Tanguay
: Oui. «Il
doit également prêter assistance au requérant qui le demande…» On ne l'avait
pas qualifié. Ça, c'est la phrase consacrée qu'on reproduit tout le temps,
c'est ça?
M.
Caire
: Oui.
Oui. Puis effectivement, je vous dirais, c'est une roue qui tourne dans le sens
où quand on en avait parlé… Puis je me souviens, vous aviez soulevé le point,
est-ce qu'on ne pourrait pas fixer une limite. Parce qu'on a l'entreprise qui
ne fera pas des gros efforts puis on a le demandeur quérulent qui, lui,
consomme un temps excessif. Mais on s'était dit que dans la pratique,
effectivement, c'était quand même assez balancé et que le concept, tel que
rédigé, comme dans le présent article, c'était ça qui faisait office de
rédaction standard dans la plupart des projets de loi.
Donc, il y a une question de cohérence
aussi puis de rester synchronisé avec les autres textes législatifs même si
quelquefois, ça ne paraît pas.
M. Tanguay
: O.K. Et ça
aussi, ça… «Il doit également prêter assistance…» S'il ne prête pas assistance,
la CAI, ça fait partie de ces choses où que la CAI ne pourra pas réellement
recevoir des plaintes. Je pense que… S'il me dit : Eh! j'ai demandé de
comprendre puis je n'ai jamais eu de nouvelle. Il me semble, là, la CAI, elle
pourrait dire : Wo! Minute, là. Il a l'obligation de…
• (21 heures) •
M.
Caire
: Oui.
Bien, en fait, je ne… Bien, en fait, non, la CAI ne pourrait pas imposer des
sanctions sur cette base-là. Mais encore une fois, sur la base des pratiques
d'une organisation, une organisation qui verrait la CAI avoir un mur dédié à sa
cause, les chances sont bonnes… En tout cas, on peut présumer, vous et moi, là,
puis je pense que le législateur, c'est l'intention aussi, puis c'est
intéressant de le dire au micro, comme ça, les messages circulent, mais c'est
clair qu'on s'attend à ce que la CAI fasse enquête sur les pratiques d'une
telle entreprise.
Maintenant, la CAI a aussi la capacité
d'apprécier si effectivement on est face à un demander quérulent, là, qui, lui,
c'est excessif puis… D'ailleurs, la CAI, je pense, il y a des dispositions qui
sont déjà… où on peut dire : Non, là, à un moment donné, ça fait, là.
Assez, c'est assez, là. Donc, elle peut aller dans l'autre sens aussi.
Mais, dans le fond, l'objectif, c'est que
la CAI doit pouvoir sévir sur la base de ce qu'elle vérifie, de ce qu'elle enquête
et de ce qu'elle constate. Parce que si on…
21 h (version non révisée)
M.
Caire
: …peut
aller dans l'autre sens aussi. Mais, dans le fond, l'objectif, c'est que la CAI
doit pouvoir sévir sur la base de ce qu'elle vérifie, de ce qu'elle enquête et
de ce qu'elle constate. Parce que si on donne à la CAI le pouvoir de sévir sur…
Il y a eu une interaction, là, puis, M. le député, vous êtes député depuis un
certain temps, vous avez suffisamment de fois, j'en suis sûr, dans votre bureau
de comté, de citoyens qui arrivent puis qui vous disent : Bon, bien, tel organisme,
tel ministère, pa, pa, pa, pouvez-vous vérifier, puis, au final, ce n'est jamais
aussi blanc, aussi noir que c'est relaté, là. Donc, C'est pour ça que c'est un
peu embêtant, en fait, c'est même beaucoup embêtant, à mon avis, d'avoir un
pouvoir de sanction sur ces bases-là.
Par contre, pour moi, ce que vous amenez
dans le débat, de façon très pertinente, c'est autant d'exemples où la CAI
devrait avoir un voyant qui s'allume sur le tableau de bord.
Une voix : …
M.
Caire
:
Voilà. C'est le canari, effectivement. Puis là dire : Bien, écoute, là,
c'est… une, ça peut arriver, deux, c'est une mauvaise semaine, trois, ça
commence à être intriguant, quatre, O.K., on va aller voir. On va aller voir.
Bien, c'est ça.
M. Tanguay
: Parce que,
juste là-dessus, sur le canari, il pourrait y en avoir un sur le 34, un sur le
28…. avoir des canaris qui ne chantent plus, là.
M.
Caire
: Absolument.
M. Tanguay
: Mais juste
là-dessus, là, je pourrais avoir 12 canaris qui ont arrêté de chanter. Ce n'est
pas là-dessus que va être le gros, là, ce n'est pas là où ça va faire mal, là,
c'est… ça veut dire qu'il y a probablement une fuite de gaz à quelque part,
puis là on va mordre.
M.
Caire
: Non,
puis ce que vous dites, pour moi, c'est très vrai, dans le sens où ça, c'est le
symptôme, mais la cause est probablement plus profonde. Donc, il faut que la
CAI soit capable aussi de voir les symptômes et d'aller investiguer lorsque les
symptômes se manifestent.
M. Tanguay
: Puis aussi
c'est vrai qu'on présume la bonne foi de tout le monde puis on présume que les entreprises
veulent rencontrer la lettre et l'esprit des lois, donc, dans leurs
applications. Je ne pense pas qu'un avocat, avocate… une opinion en
disant : Telle, telle, telle obligation pouvant en faire fi. Autrement dit,
vous pouvez avoir des canaris qui ne chantent plus. Mais je ne pense pas, je
pense qu'on va se fier sur la bonne foi des gens, mais effectivement, tant mieux
si la CAI débarque puis vérifie que ce n'est pas le symptôme d'un plus grave
problème. Puis là ça pourrait faire mal.
M.
Caire
: Non,
puis justement je pense que ces cas-là où il y a de la mauvaise foi, où il y a vraiment
une intention de ne pas être coopératif, de ne pas respecter la loi, de ne pas
respecter le citoyen, de ne pas respecter ses droits, ça, c'est… d'abord, on
parle fort probablement d'une minorité d'entreprises. Je pense que la grande majorité
des entreprises vont être de bonne foi, collaboratives.
M. Tanguay
: …
M.
Caire
: Puis
en plus il y a une question aussi… Je veux dire, ça ne sert pas vraiment l'entreprise,
là, je veux dire, ce n'est pas… bien, c'est ça, tu sais, l'image… puis moi, je
peux vous…
M.
Caire
: ...on
parle fort probablement d'une minorité d'entreprises. Je pense que la grande majorité
des entreprises vont être de bonne foi et collaboratives.
M. Tanguay
: ...
M.
Caire
: Puis
en plus il y a une question aussi, je veux dire, ça ne sert pas vraiment l'entreprise,
là, je veux dire, ce n'est pas...
M. Tanguay
: ...
M.
Caire
: Bien,
c'est ça. Tu sais, l'image... L'image, là... Puis moi, je peux vous dire que,
puis probablement que vous avez eu les mêmes exemples dans le cheminement de ce
projet de loi, les entreprises nous ont manifesté le fait que l'image...
M. Tanguay
: Bien
oui.
M.
Caire
:
...qu'elles projettent, c'était très important. Puis c'est normal aussi, je
veux dire, il y a une relation de confiance qui s'installe quand on fait
affaire avec une entreprise, même avec l'État. Sauf que l'État, quelquefois,
c'est qu'il n'y a pas... Il n'y a pas d'alternative, alors que, l'entreprise,
il peut y en avoir plusieurs. Donc, il y a cette notion-là d'image puis
d'inspirer la confiance. Pour les entreprises, c'est important. C'est extrêmement
important. Donc, tu sais, par définition, l'entreprise qui se fout de son
client, ça se peut qu'elle ne soit pas en business très longtemps.
M. Tanguay
: Bien
oui. C'est ça.
M.
Caire
: Mais
ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas, ce qui ne veut pas dire que ça
n'existe pas. Ceci étant dit, puis dans la conversation qu'on a, puis je trouve
ça intéressant parce que ça nous permet de dire aussi à micro ouvert que le
législateur souhaite voir cette organisation-là qu'on a mise en place, qui est
la Commission d'accès à l'information, détecter ces symptômes-là et se servir
de son pouvoir d'enquête pour aller valider. Si, comme vous disiez, l'exemple
du canari est très bon, là, tu sais, s'il ne respire plus, il y a quelque chose,
là. Ça fait qu'il faut aller voir. Il ne faut pas faire comme s'il ne se
passait rien. Donc, si, à répétition, 28.1, ou 30, ou 34, sont... sont autant
d'occasions pour la CAI d'avoir des plaintes, puis que ça converge vers une
même entreprise, bien là, je pense qu'on a plus que des symptômes, là.
M. Tanguay
: Puis
à l'inverse aussi, on ne voudrait pas d'une super lourde police CAI, Commission
d'accès à l'information, qui à la première petite coche mal taillée : Paf!
500 $. Paf! 10 000 $. Paf!
M.
Caire
: Non.
M. Tanguay
: À un
moment donné on dirait : O.K. Là, c'est quoi vous faites, là? Vous tirez
dans notre chaloupe, là.
M.
Caire
: En
fait, c'est un très, très, très bon point que vous amenez là, M. le député,
parce que… puis ça, c'est un message aussi que je veux lancer aux entreprises.
L'objectif, ce n'est pas de prendre le monde en défaut. Moi, je reviens, là, à
l'entrepreneur honnête et malchanceux, là. On est très conscients que le projet
de loi n° 64 induit un changement de culture. Ce changement de culture là,
je pense qu'il est fondamental, il est nécessaire. Aujourd'hui, là, il y a
quelque chose qui nous arrive dans la face, là, qui s'appelle la valeur des
renseignements personnels. Et l'entreprise privée, là, puis notre collègue de
Gouin nous l'a rappelé à quelques reprises, l'entreprise privée, là, on va lui
donner ça, là, elle a eu deux coups d'avance sur nous, puis si ce n'est pas
trois puis quatre. Elle a vu, depuis longtemps, la valeur des renseignements
personnels.
Ça a été fait dans…
M.
Caire
:
...puis notre collègue de Gouin nous l'a rappelé à quelques reprises, entreprise
privée, là, on va lui donner ça, là, elle a eu deux coups d'avance sur nous,
puis si ce n'est pas trois, puis quatre. Elle a vu, depuis longtemps, la valeur
des renseignements personnels.
Ça a été fait dans un cadre qui est la loi
actuelle sur la protection des renseignements personnels. Ce cadre-là ne tenait
pas compte de la réalité du XXIe siècle, de la réalité du numérique. Cette
loi-là n'a pas été adoptée pour être adaptée à ce cadre-là. Ce que nous faisons
aujourd'hui, le législateur, c'est d'adapter ce cadre-là à la réalité du
numérique.
Alors, oui, ça va amener des changements
d'habitudes. Oui, ça va amener des nouvelles responsabilités. Oui, ça va amener
des contraintes, on en est conscients. Mais ces contraintes-là, ces nouvelles responsabilités-là,
ce changement de culture là, il est absolument nécessaire parce que le renseignement
personnel... Puis là j'utilise le mot «renseignement personnel» à dessein parce
qu'on est dans le contexte de la loi n° 64, mais j'aimerais aussi que le
discours évolue puis qu'on parle de renseignement sensible, parce
qu'éventuellement le numérique va nous amener aussi à considérer la donnée à
travers d'autres prismes que ceux qui sont l'héritage de nos dossiers papiers.
Mais, bon, petit commentaire personnel.
Mais alors il ne faut pas voir 64 comme
une fronde à l'entreprise privée. Il faut voir 64 comme un cadre législatif
adapté au numérique, au XXIe à la valeur des renseignements personnels, et
surtout à l'hypothèque extrêmement importante que ça représente, pour un
citoyen, de se faire voler ses renseignements personnels. Puis là on va tous
nous dire : Bien oui, on est tous d'accord avec ça puis on est tous
d'accord avec le principe. C'est sûr. Ça, c'est de la tarte aux pommes. Mais,
quand il vient le temps de mettre en place les mesures pour les protéger, c'est
là où, effectivement, ça va amener des contraintes, effectivement.
Mais je prenais l'analogie aujourd'hui
dans mon discours sur l'adoption du p.l. n° 95,
vous savez, M. le député, quand on a commencé à parler de santé et de sécurité
au travail, c'est sûr que ça a amené des changements importants. C'est sûr
qu'on a demandé aux entrepreneurs d'investir dans des équipements de sécurité,
puis ça coûtait de l'argent, d'investir dans des mesures de sécurité, puis ça
coûtait de l'argent, d'investir dans des procédures qui assuraient la sécurité
des travailleurs, puis ça coûtait de l'argent, puis ça ralentissait le travail,
puis ça avait plein de défauts. Mais ça avait une qualité, ça sauvait des vies,
ça sauvait des vies.
Ça fait qu'aujourd'hui, là, M. le
Président, il n'y a personne qui viendrait nous dire : Aïe, mettons, les
casques de sécurité, là, puis les lunettes, puis les bottes, c'est-u vraiment
nécessaire? Tu sais, ça coûte cher à la fin du mois, là. Puis les harnais...
M.
Caire
: …Ça
fait qu'aujourd'hui, là, M. le Président, il n'y a personne qui viendrait nous
dire : Aïe! Mettons, les casques de sécurité, là, puis les lunettes, puis
les bottes, c'est-u vraiment nécessaires. Tu sais, ça coûte cher à la fin du
mois, là. Puis les harnais, là, pour la personne qui travaille en hauteur, là,
pour s'attacher, là, regarde, il a juste à faire attention, là. Il n'y a
personne qui tiendrait un discours de même, là, je veux dire, il serait
crucifié sur la place publique, là. C'est clair. Personne, personne, personne,
là. Puis il n'y a personne qui va en vouloir à la CNESST d'aller visiter un
chantier puis de fermer le chantier parce que les pratiques sont inacceptables
dans un contexte de protection des travailleurs. Il n'y a personne qui
dirait : Bien, voyons, qu'est-ce qu'elle fait là, la CNESST, voyons donc!
Ah! mettons qui tombe, là, c'est-u si grave que ça? Bien, oui, c'est si grave
que ça.
• (21 h 10) •
Alors, M. le Président, les renseignements
personnels des citoyens, bien, c'est grave, c'est important. Puis se faire
voler ses renseignements personnels… M. le Président, il s'agit juste de
savoir, c'est quoi, le calvaire d'une personne qui s'est fait voler son
identité. Puis j'écoutais le témoignage d'une, que j'ai eu l'occasion de
rencontrer, qui me dit que cette personne-là a sur elle, en tout temps, à
chaque fois qu'elle sort de la maison, à chaque qu'elle met le gros orteil en
dehors de la maison, carte d'assurance maladie, permis de conduire, passeport.
Puis elle s'est même fait faire une lettre attestant de son identité par une
autorité officielle, que je ne nommerai pas parce que je ne veux donner aucun
indice sur la personne dont on parle. Puis ça, elle a ça en tout temps. Pourquoi?
Parce qu'elle a été arrêtée à de multiples reprises. Elle a été traînée devant
la justice à de multiples reprises. Elle a passé 10 ans à essayer de se
battre pour se refaire une vie, parce que quelqu'un avait volé son identité,
parce que quelqu'un avait commis de nombreux actes frauduleux avec son
identité. Sa vie est un calvaire.
Bien, c'est ça, M. le Président, la petite
négligence, là, hein, le petit antivirus ou le petit je ne sais pas trop quoi
qui n'est pas installé, puis que ce n'est pas si grave que ça. Oui, c'est
grave. Et, M. le Président, ce qu'on souhaite faire avec 64, dans la mise à
jour de la loi, sur le public et sur le privé, l'un comme l'autre, c'est
d'envoyer le signal que de jouer avec les… puis je dis : Jouer à dessein,
là, utiliser les renseignements personnels, là, c'est jouer avec la vie des
gens. Alors, moi, quand on me dit : Il ne faut pas aller trop loin, il ne
faut pas en faire trop, il faut faire attention, il y a d'autres choses à
considérer, bien, pour moi, là, c'est la même chose qu'un entrepreneur qui
viendrait me voir en disant : Aïe! là, mon chantier, là, il ne faut pas
exagérer sur la sécurité, là, puis ce n'est pas... Oui, oui, on est tous pour
ça, là, la sécurité des travailleurs, mais ça coûte cher, ça ralentit le
travail. Pour moi, là, c'est le même discours que j'entends.
Alors, M. le Président…
M.
Caire
: ...pas
exagérer sur la sécurité, là, puis ne pas... Oui, oui, on est tous pour ça, là,
la sécurité des travailleurs, là, mais ça coûte cher, ça ralentit le travail.
Pour moi, là, c'est le même discours que j'entends.
Alors, M. le Président, moi, je ne peux
pas accepter ça. Comme législateur, je ne peux pas accepter ce discours-là.
Puis on est prêts à entendre tout le monde, puis on est prêts à être raisonnables.
Puis on est prêts à camper cette loi-là dans notre réalité nord-américaine.
Faire des compromis, oui, mais faire de la compromission, il n'en est pas question.
Puis les renseignements personnels, on joue avec la vie des gens.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: M. le
Président, oui. Le ministre parle d'un sujet qui est excessivement important,
puis il en parle à raison, vol d'identité, puis justement, le calvaire de gens
qui essaient de reprendre contrôle de leur vie. Quel est l'état des lieux au
moment précis où on se parle? Est-ce qu'il y a des éléments... Puis je n'ai pas
le tableau complet, là. Vous allez me dire : Bien, il y a tel projet de
loi, je pense que le ministre des Finances avait déposé un projet de loi, puis
tout ça. Mais qu'en est-il, là...
Puis je pense que le principal écueil,
c'est qu'on n'est pas le seul joueur. Je veux dire, il y a des entités
fédérales, il y a ci, il y a ça, là. Mais, tu sais, quel est l'état des lieux?
Je me fais voler mon identité aujourd'hui. Est-ce que je suis condamné à une
marche vers un calvaire?
M.
Caire
: En
fait, le salut, la lumière au bout du tunnel, c'est l'identité numérique. Comme
vous le savez, M. le député, on y travaille, au gouvernement du Québec, le
gouvernement fédéral aussi. Il faut vraiment changer cette façon qu'on a de
gérer l'identité au Canada. Parce qu'actuellement, là, d'abord, on fonctionne
avec le fameux numéro d'assurance sociale, qui est... dire qu'il est passé
date, c'est un doux euphémisme. On fonctionne aussi avec beaucoup de pièces
d'identité qui ont le défaut de donner beaucoup trop d'informations à beaucoup
trop de monde qui ne devraient jamais avoir accès à cette information.
Je vous donne un exemple. Vous recevez un
colis à la poste. Actuellement, la personne qui travaille aux postes va vous
demander de vous identifier. Qu'est-ce que vous allez faire? Vous allez sortir
votre permis de conduire. Or, normalement, un permis de conduire, on doit
l'exhiber à un agent de la paix, personne d'autre, mais on va donner, parce
qu'il y a une photo, puis il y a une adresse, puis… mais ce faisant, vous
donnez…
M. Tanguay
: Il va
juste le regarder, il ne fera pas une photocopie.
M.
Caire
: Bien,
il a peut-être une bonne mémoire puis il a peut-être retenu votre numéro de
permis conduire, il a peut-être retenu votre nom, votre prénom, votre adresse,
la classe de… Il y a trop d'informations là-dessus, là. Puis ce profil d'emploi
là ne devrait pas avoir accès à cette information-là.
Bon, maintenant, je reviens avec mon
identité numérique, le portefeuille numérique va faire en sorte que moi, je
vais vous montrer la pièce d'identité. Il va y avoir ma photo, puis ça va être
marqué 18 ans ou plus, check. Je le sais, c'est 18 ans, puis ce n'est
pas 18 et plus, c'est 18 ans ou plus, j'ai retenu. Donc, je vais m'assurer
que la syntaxe suive, mais c'est tout. Avec une identité numérique, je vais
vous dire ça…
M.
Caire
: …qui
va faire en sorte que moi, je vais vous montrer la pièce d'identité. Il va y
avoir ma photo, puis ça va être marqué 18 ans ou plus, check. Je le sais, c'est
18 ans, puis ce n'est pas 18 et plus, c'est 18 ans ou plus, j'ai retenu.
Donc, je vais m'assurer que la syntaxe suive, mais c'est tout. Avec une
identité numérique, je vais vous dire ça. J'ai un tiers de confiance qui vous
dit : Oui, j'ai 18 ans. Est-ce que vous êtes résident à? O.K., vous
avez besoin de mon adresse? Bien, parfait, je vais vous donner ma photo, mon
adresse, mais c'est tout. Vous n'aurez pas ma carte, vous n'aurez pas mon
numéro d'assurance maladie, vous n'aurez pas ma date de naissance, vous n'aurez
pas mon numéro de permis de conduire, vous allez avoir simplement… et c'est moi
qui vais décider quelle information je vous donne. Si je suis un agent de la
paix, bien, là, je vais vous donner le permis de conduire au complet, parce que
vous y avez accès. Alors, c'est comme ça qu'on va arriver à contrôler mieux
l'identité, et donner moins d'informations. On donne beaucoup trop
d'informations, actuellement, dans trop de circonstances qui ne le justifient
pas.
M. Tanguay
: Tout à
fait. Même, je veux dire, les dossiers Equifax, il y a des employeurs
potentiels qui vont aller vérifier ça, je veux dire, des locateurs vont aller
vérifier ça. Il y a trop de monde qui ont… je suis tout à fait d'accord. Deux
choses — donc la deuxième, c'est l'avancée technologique — auxquelles
vous faites référence, la première, aujourd'hui, donc ça va être… puis si je me
fais voler mon identité aujourd'hui, là, tant qu'on n'a pas l'identité
numérique, je veux dire…
M.
Caire
: Il
n'y a rien qu'on peut faire.
M. Tanguay
: …ça va
être l'enfer, parce qu'on essaie de parler aux banques, puis on court toujours
en arrière du fraudeur, on est toujours deux trains en arrière.
M.
Caire
: Parce
que les moyens qu'on utilise pour vous identifier n'ont pas été pensés dans un
contexte numérique à partir… mais ils sont utilisés dans un contexte numérique.
M. Tanguay
: Il n'y a
pas une entente administrative Canada-Québec et autres provinces également qui
nous permettrait de lever le drapeau pour un citoyen, une citoyenne puis de
dire : O.K. Les services, on se parle, on va l'accoter comme il faut, puis
on va «cleaner» ça une fois pour toutes?
M.
Caire
: Bien
oui, au niveau des services policiers, mais c'est extrêmement difficile, là,
pour eux, d'être capables d'avoir vraiment cette capacité-là à dire :
Bien, qui devrait est le vrai — excusez cette dérogation, M. le
Président — le vrai Marc Tanguay, du vrai Marc Tanguay qui a fraudé
l'identité? Parce que je veux dire, à partir du moment où il se fait des pièces
d'identité, où se fait l'ensemble des documents, dont il a besoin, c'est ça, le
problème, c'est que ça devient extrêmement complexe de déterminer… le vrai du
faux. Donc, dans l'identité numérique, c'est là où ça va devenir vraiment beaucoup
plus simple de le faire.
M. Tanguay
: Et est-ce
qu'on a resserré, parce qu'il y avait des succursales de banque ou de caisse
qui disaient : Bien oui, on vous croit, on vous croit qu'à sa face même
vous me convainquez que ce n'est pas vous qui avez sollicité tel prêt, mais le
prêt est enregistré, que voulez-vous, là on l'abandonnait. Ça a-tu été
resserré, ça? On a eu des cas, là, tristes à mourir.
M.
Caire
: Oui,
mais je pense qu'il y a des cas où, effectivement, les dommages collatéraux ont
été annulés, mais après des sagas incroyables, là, je veux dire, des institutions
financières au premier chef, là…
M. Tanguay
: …ça a-tu
été resserré, ça? On a eu des cas, là, tristes à mourir.
M.
Caire
: Oui,
mais je pense qu'il y a des cas où, effectivement, les dommages collatéraux ont
été annulés, mais après des sagas incroyables, là. Je veux dire, des
institutions financières au premier chef, là, mais pas les seuls, c'est sûr
qu'ils ne vont pas laisser aller…
M. Tanguay
: Une
créance.
M.
Caire
: Une
créance, tu sais, en disant : Ah! excuse-moi. Tu sais, à un moment donné…
Ah! puis c'est tous les domaines, là. Je veux dires, tu sais, c'est des gens
qui se sont fait prendre des cartes de crédit à leur nom, qui ont une carte
crédit, qui ont été évidemment accotés avec des prêts, avec des achats. C'est
fou, là, tout ce qu'on peut faire en votre nom, là. Puis, en fait, aujourd'hui
aussi, il faut comprendre que ça s'est resserré au Canada, mais l'accès au
crédit, l'accès à la consommation est extrêmement facile. Ce n'est pas des
grosses vérifications, là. Je veux dire, moi, trois clics, là, j'ai un
prêt chez Desjardins, là.
M. Tanguay
: Mais c'est
la compétition entre institutions financières les a amenés à faciliter ça.
Alors…
M.
Caire
: Oui,
oui. Bien, si les mesures de sécurité étaient adéquates et proportionnelles, je
vous dirais, c'est une bonne chose, c'est jusqu'on a la sécurité qu'on a avec
les moyens technologiques et la convivialité des moyens technologiques qui est
possibles, mais la combinaison des deux, elle peut être exposée, là.
M. Tanguay
: C'est pour
ça que j'ai gardé de l'argent dans les pots Mason dans la digue de roche, là.
M.
Caire
: Bien,
je vous dirais que, des fois, je me demande si ce n'est pas…
M. Tanguay
: Un
plan B intéressant. Je ne le conseille pas à personne.
M.
Caire
: Non.
Bien, peut-être pas les pots Mason.
Une voix
: …
M. Tanguay
: Pardon? Tu
veux savoir quelle digue de roche?
M.
Caire
: Oui,
il veut savoir dans quel pot Mason. Moi, je signale, comme ça, tout à fait au
hasard, on a parlé d'argent, puis le député de…
M. Tanguay
:
…La Pinière, il est apparu tout d'un coup.
M.
Caire
: Oui,
dans le débat.
M. Tanguay
: Dans le
débat, parce qu'il ne nous a jamais quittés.
M.
Caire
: Parce
que ce n'est pas… parce que le règlement étant ce qu'il est, dans le débat.
M. Tanguay
: Mais autre
chose intéressante, puis cette deuxième-là, puis je trouve ça intéressant, puis
je suis certain que le collègue de La Pinière aussi va… donc, l'avenir
serait dans ce que vous appelez, là, l'identité numérique.
M.
Caire
: Oui.
M. Tanguay
: C'est
quoi, l'horizon? Puis Québec a une grosse part, j'imagine, de proactivité à
jouer là-dedans.
M.
Caire
: Oui.
Oui, parce que sur…
M. Tanguay
: C'est
quoi, l'horizon? Êtes vous en train de… Êtes-vous à pied d'oeuvre?
M.
Caire
:
Absolument, en fait, les premiers éléments de l'identité numérique qui sont les
éléments d'identification et d'authentification pour les prestations
électroniques de service des citoyens, on va avoir le premier déploiement pour
un projet pilote en décembre de cette année.
M. Tanguay
: Est-ce que
le code vaccin, là…
• (21 h 20) •
M.
Caire
: Le
code QR.
M. Tanguay
: Code QR,
c'est à partir de ça?
M.
Caire
: Non,
ça, c'est autre chose, ça, c'est autre chose.
M. Tanguay
: O.K.
M.
Caire
: Ça,
ça va se passer à deux niveaux, là. Il y a le code QR, celui qui est remis
par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Puis éventuellement, il
va y avoir la preuve de vaccination qui va devoir être émise par le
gouvernement fédéral pour les déplacements transfrontaliers.
M. Tanguay
: Est-ce
qu'on s'enligne vers… on parlait, bon, sans dire les gros mots «passeport
vaccinal», là, mais on s'enligne… c'est quoi, votre «thinking»?
M.
Caire
: Bien,
c'est une preuve vaccinale. Je veux dire…
M.
Caire
: …par
le ministre de la Santé et des Services sociaux, puis éventuellement, il va y
avoir la preuve de vaccination qui va devoir être émise par le gouvernement
fédéral pour les déplacements transfrontaliers.
M. Tanguay
: Est-ce
qu'on s'enligne vers… on parlait, bon, sans dire les gros mots «passeport
vaccinal», là, mais on s'enligne… c'est quoi, votre «thinking»?
M.
Caire
: Bien,
c'est une preuve vaccinale. Je veux dire, vous allez présenter votre passeport,
parce que vous avez besoin de ce document-là d'abord et avant tout, puis il va
y avoir une preuve vaccinale qui va ramener les éléments d'information au
strict minimum à savoir avez-vous été vacciné, oui ou non.
M. Tanguay
: Sur le
territoire du Québec, dans nos relations avec les organismes publics puis les
organisations aussi, peut-être… avec les entités privées, est-ce que vous avez
une réflexion pas mal avancée là-dessus, sur ce qui pourrait être
l'utilisation?
M.
Caire
: Oui,
bien, ça, c'est au niveau de la Santé publique, M. le député, là. Je ne
m'avancerai pas là-dessus parce que c'est la Santé publique qui…
M. Tanguay
: Bonne
réponse. Je m'essaie.
M.
Caire
: Oui.
Non mais c'est correct.
M. Tanguay
: Des fois,
à cette heure-là, je dis : Il va l'échapper.
M.
Caire
: Ça
m'est déjà arrivé, ça m'est déjà arrivé, oui.
M. Tanguay
: Mais pas
ce soir.
M.
Caire
: Mais
pas là.
M. Tanguay
: Donc, et
puis l'horizon, ça commence, ça commence mais l'horizon, on pourrait…
l'identité numérique, quel est-il, l'horizon… vous pensez qu'on pourrait
dire : Bon, O.K., parfait, moi, j'embarque là-dessus, puis je suis
quasiment assuré d'être prémuni contre le vol d'identité, là?
M.
Caire
: Bien,
comme je vous dis, pour la prestation des services électroniques des services
aux citoyens, pilote, en décembre, déploiement, printemps 22. La
prestation électronique des corporations, on est en 2023, puis je
m'attends à déposer le dossier d'affaires d'ici quelques mois pour le
portefeuille numérique. Là, on va parler des justificatifs du gouvernement du
Québec : permis de conduire, carte d'assurance maladie, les documents de
l'état civil, donc certificat de naissance, certificat de mariage… vous
comprendrez que le certificat de décès, ça, peut-être moins, là.
Puis éventuellement, en discussion avec
les partenaires pour avoir d'autres justificatifs qui ne sont pas
gouvernementaux, par exemple : preuve d'assurance que vous pourriez avoir
pour votre véhicule, votre carte de donneur de sang, etc., etc., donc qui
pourraient être intégrés au portefeuille numérique. Mais, compte tenu du fait
que ce ne sont pas des entités gouvernementales qui émettent ces documents-là,
il faut avoir une gestion qui est différente. Parce que, ce qui relève de
l'identité numérique, c'est une mission de l'État, donc l'État doit être le
seul dans son carré de sable, c'est une question de sécurité.
Mais on veut aussi être capable d'avoir
d'autres documents numériques qui vont permettre un service numérique de bout
en bout. Mais là, au niveau de la gestion, c'est là où il faut s'entendre avec
les partenaires-émetteurs pour ne pas corrompre ou compromettre le noyau qui
est les documents du gouvernement. Parce que c'est comme je vous dis, si on
veut assurer la sécurité, là, on travaille en cercles, là : il y a le
premier cercle, là, qui est vraiment les documents du gouvernement, après ça,
on a un deuxième cercle, qui sont les pièces, les justificatifs les plus
courants qui ont été émis par des assureurs, par exemple, des cartes bancaires,
vous savez, votre carte de crédit, carte de guichet, c'est un…
M.
Caire
:
...là...
M. Tanguay
: Bien
oui, parce que...
M.
Caire
: On
travaille en cercles, là. Il y a le premier cercle, là, qui est vraiment les documents
du gouvernement. Après ça, on a un deuxième cercle, qui sont les pièces, les
justificatifs les plus courants qui sont... qui vont être émis par des
assureurs, par exemple, des cartes bancaires. Vous savez, votre carte de
crédit, carte de guichet, c'est une institution financière qui l'émet, ce n'est
pas un document gouvernemental, mais, quand même, c'est intéressant de pouvoir
associer les cartes bancaires et les identités numériques fournies par le gouvernement.
Donc, c'est toutes des choses qu'on est en
train de travailler en collaboration avec l'écosystème. Contrairement à ce qui
a été dit aujourd'hui, on est en collaboration avec les nouveaux systèmes, on
parle avec les entreprises privées, on parle avec les milieux de recherche, on
parle avec les milieux académiques. On a un cercle de collaboration qui est
très large.
M. Tanguay
: Et
c'est sûr que le risque nul n'existera jamais. Le risque va évoluer aussi, la
fraude va évoluer, puis toute cette information-là, qui, par définition, va
être une foule d'informations, va être gardée de façon sécuritaire. Il va
falloir s'assurer que la sécurité soit au rendez-vous. C'est un autre...
C'est... Le risque zéro ne sera jamais là.
M.
Caire
: Le
risque zéro n'existe pas. Puis ça, professeur Sarrazinest venu nous donner des
cauchemars en commission parlementaire. Le député de La Pinière pourra en
témoigner, mais, bon, une fois qu'on a dit ça...
M. Tanguay
: Ah
oui?
M.
Caire
:
C'était... Oui, c'était un peu apocalyptique, oui, effectivement. Mais ce n'est
pas grave. Il faut aller de l'avant quand même, hein? Je veux dire, on le sait
qu'on va tous mourir un jour, alors il nous l'a juste rappelé, mais avec
beaucoup l'éloquence.
Mais, bref, tout ça pour dire que le
risque zéro n'existe pas. Par contre, on peut, je pense, gérer le risque
raisonnable. On peut amener ça à un niveau qui est raisonnable, dans le sens où
il y aura toujours quelqu'un sur la Terre qui va trouver une façon de déjouer
le système s'il y met le temps, l'énergie, les ressources matérielles, les
ressources financières puis... Donc, il faut juste s'assurer que ce nombre
d'individus là est tellement minime que, bon, on diminue le risque aussi à ce
moment-là, on gère le risque.
Et les technologies évoluent. C'est là où
l'intelligence artificielle... Parce qu'on fait, bon, grand cas de
l'intelligence artificielle puis on prête des vertus à l'intelligence
artificielle que l'intelligence artificielle n'a pas encore, mais il y a quand
même des belles applications qui peuvent être faites avec l'intelligence
artificielle, notamment au niveau de la sécurité des systèmes. Donc, ces
technologies-là, elles sont là.
Puis, oui, les pièges évoluent. Les
hackers utilisent des pièges de plus en plus sophistiqués, mais, dans une même
mesure, les moyens de protection évoluent et deviennent eux aussi de plus en
plus sophistiqués. Donc, il y a comme un contrepoids. Il faut juste être
capable de mettre en place les gens et les systèmes qui peuvent opérer ça, qui
peuvent le faire au maximum du potentiel de ces mesures de sécurité là. Puis
c'est ce à quoi on s'emploie. D'ailleurs, avec le projet de loi
n° 95 qu'on a adopté, je pense qu'on a fait un bon pas dans cette
direction-là.
M. Tanguay
: C'est
bon. Ça me va, M. le...
M.
Caire
:
Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : ...interventions sur... Donc, nous allons procéder à
sa mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe...
M.
Caire
: …d'ailleurs,
avec le projet de loi n° 95 qu'on a adopté, je pense qu'on a fait un bon
pas dans cette direction-là.
M. Tanguay
: C'est bon,
ça me va, M. le Président.
M.
Caire
:
Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur 118?
Donc, nous allons procéder à sa mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous
plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 118 est adopté.
Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui, M.
le Président, article 119 : L'article 35 de cette loi est
modifié par le remplacement de «la personne qui détient le dossier» et de «du
retrait d'un renseignement personnel» par, respectivement, «le responsable de
la protection des renseignements personnels» et «de la suppression d'un
renseignement personnel».
Donc, M. le Président, pour la commodité,
je lirai l'article tel que modifié. L'article 35 se lirait maintenant
comme suit : «Lorsque le responsable de la protection des renseignements
personnels acquiesce à une demande de rectification, elle doit, outre les
obligations prévues au deuxième alinéa de l'article 40 du Code civil,
délivrer sans frais à la personne qui l'a faite une copie de tout renseignement
modifié ou ajouté ou, selon le cas, une attestation de la suppression d'un tel
renseignement.»
Alors… M. le Président, on est dans la
dynamique de retirer la notion de dossier des différents articles de la loi.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le député de
LaFontaine.
M. Tanguay
: Ici, on ne
va pas débattre longtemps, là. En haut, c'était «frais raisonnables», là, c'est
«sans frais». C'est «sans frais», en bas, parce qu'on a comme donné droit à sa
demande puis qu'on lui devait ça, alors on ne va pas lui charger des frais en
plus.
M.
Caire
: En
plus. Oui, c'est ça.
M. Tanguay
: En haut,
c'est que vous voulez avoir copie juste pour aller voir, donc on peut charger
des frais raisonnables. C'est comme ça qu'il faut le voir, là.
M.
Caire
: Oui.
Tout à fait.
M. Tanguay
: «…qui l'a
faite une copie de tout renseignement personnel modifié ou ajouté ou, selon le
cas, une attestation — O.K. — du retrait… de la suppression d'un
tel…» O.K. C'est par concordance, là. Ça me va.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Autres interventions? Donc, nous allons
procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 119 est adopté.
Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui, M.
le Président, l'article 120 : L'article 40 de cette loi est
modifié par la suppression de «et détient un dossier sur autrui».
Donc, l'article 40 se lirait :
«Toute personne qui exploite une entreprise doit refuser…», donc on retire la
mention «et détient un dossier sur autrui», toujours dans la perspective de
retirer cette notion-là des différents articles du projet de loi, M. le
Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions?
M. Tanguay
: Ça me va.
Le Président (M.
Bachand) : S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder
à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
• (21 h 30) •
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 120 est adopté.
Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: M. le
Président, l'article 121…
21 h 30 (version non révisée)
Le Président (M.
Bachand) : ...procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il
vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 120 est adopté.
Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: M. le
Président, l'article 121 : Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 40, du suivant :
«40.1. Une personne qui exploite une
entreprise peut communiquer au conjoint ou à un proche parent d'une personne
décédée un renseignement personnel qu'elle détient concernant cette personne,
si la connaissance de ce renseignement est susceptible d'aider le requérant
dans son processus de deuil et que la personne décédée n'a pas consigné par
écrit son refus d'accorder ce droit d'accès.»
Donc, M. le Président, c'est un miroir de
ce qu'on a fait au niveau du public. L'idée étant, puis on l'avait expliqué
avec Me Miville-Deschênes, qu'il arrive quelquefois qu'une personne
décédée laisse des souvenirs, notamment dans l'univers numérique, et on ne lui
donne pas accès, ou ça peut être aussi dans l'univers réel, là, ceci étant, là,
je tiens à le préciser, mais on ne donne pas accès au renseignement parce que
ce renseignement personnel là ne peut pas être communiqué à autre que
personne... que celui qui est concerné par le renseignement sans son consentement,
et la personne étant décédée, vous comprendrez que le consentement devient un
peu compliqué à obtenir. Et c'est des éléments, souvent, qui peuvent aider les
personnes à faire le deuil. Donc, d'aller chercher ces informations-là, ces renseignements-là,
on pense notamment à des photos, par exemple, c'est l'esprit de cette loi-là.
Puis on avait adopté, je pense que les collègues s'en souviendront, on avait
adopté un article similaire au niveau des organismes publics.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui.
Merci, M. le Président. En droit, c'est quoi un proche parent?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Je vais vous faire la lecture, là :
L'expression «proche parent», bien, elle se retrouve à quelques endroits dans
le Code civil. Ça inclut les ascendants, descendants directs, peut également
inclure frères, sœurs, cousins, cousines, tantes, oncles. Selon une décision de
la Cour d'appel du Québec, puisque le législateur n'a pas défini cette expression
alors qu'il aurait pu le faire dans le Code civil, il avait l'intention de
laisser place à une interprétation contextuelle qui s'applique selon les
circonstances de l'espèce, en ayant à l'esprit les objectifs de la loi. Ça fait
que pour des parents éloignés, la définition de «proche parent» s'appliquerait
s'il y a des... en fonction de la nature puis de l'intensité des liens
affectifs qui les unissent.»
Et puis je peux compléter : «Lors de
la réforme du Code civil, en fait, le ministère de la Justice avait souligné...
ou plutôt le légiste, à l'époque, que la notion de proche parent n'est pas une
notion précise. Cela n'indique pas nécessairement qu'il faut être du troisième
degré ou quatrième degré. Cela laisse place à une certaine interprétation,
parce qu'évidemment, si vous êtes frère, sœur, enfant, père ou mère, vous êtes
certainement... vous êtes nécessairement un proche parent, mais, si vous êtes
un cousin éloigné, etc., vous pouvez être un proche parent si, par exemple...
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
…que la notion de proche parent n'est pas une notion précise. Cela n'indique
pas nécessairement qu'il faut être du troisième degré ou quatrième degré. Cela
laisse place à une certaine interprétation parce qu'évidemment si vous êtes
frère et soeur, enfant, père ou mère, vous êtes nécessairement un proche
parent, mais si vous êtes un cousin éloigné, etc., vous pouvez être un proche
parent si, par exemple, vous êtes dans la même région puis vous avez certains
liens rapprochés.
M. Tanguay
: Puis
est-ce que… conjoint, on comprend, proche parent, vous venez de bien
l'expliquer. Un proche significatif aussi… exemple : ma voisine du dessus,
ça fait 25 ans qu'on… parce qu'on a fait tout le débat au niveau de
l'IVAC. Vous savez que vous pouvez être indemnisé — M. le Président,
il était là, là — vous pouvez être indemnisé et reconnu comme victime
si vous êtes un proche significatif. La voisine de palier de 25 ans…
M.
Caire
: Y
a-tu une définition à «proche significatif?»
M. Tanguay
: L'IVAC, ça
va être une interprétation large et libérale. Et c'était à l'article 10 et
l'article 13, on pourra peut-être regarder, la demande est formulée auprès
du département de la recherche, là, les ordinateurs se mettent à rouler.
M.
Caire
: Ça ne
marche plus comme ça.
M. Tanguay
: Non?
M.
Caire
: Non,
c'est des petites lumières, mais c'est…
M. Tanguay
: C'est
comme le film WarGames en 1984.
M.
Caire
: Oui.
M. Tanguay
: Ça, c'est
la… j'ai réécouté ça l'autre fois, c'est fascinant. Quand tu revois les
missiles, là, tu sais. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de permettre ça?
Surtout que… j'imagine que, là, ça serait d'une interprétation large et
libérale «d'aider le requérant dans son processus de deuil.» Je mets
l'astérisque à ça, proche parent ou proche significatif. Je… tu sais,
l'article 10, sixième paragraphe, j'y vais de mémoire.
M.
Caire
:
Proche significatif?
M. Tanguay
: Je ne sais
pas si c'est ça le…
M.
Caire
: Mais
il n'y avait pas de signification qui avait été donnée dans le… donc c'était
laissé à l'interprétation? C'était…
(Consultation)
M.
Caire
: Parce
que je vais reprendre les mots du député de La Pinière, est-ce que c'est un
concept juridiquement reconnu?
M. Tanguay
: Ah, bien,
là, avec vos questions.
(Consultation)
M.
Tanguay
: Oui. Alors, ça, c'est… ça, c'est à la définition de
«proche» de l'article 13?
Une
voix
: …
M.
Tanguay
: «Thumbs up», ça veut dire oui. Proche…
M.
Caire
: L'article 30 de la loi sur l'IVAC…
M.
Tanguay
: Article 13, 13, de la loi sur l'IVAC, le 84.
Avec la renumérotation, je ne pense pas qu'il ait changé, peut-être. Oui, il a
peut-être changé parce que l'article 7 a été abrogé.
Une
voix
: …
M.
Tanguay
: Oui, c'est ça. Ça fait que ça va être l'article 12…
M. Tanguay
: ...de
proches de l'article 13? «Thumbs up», ça veut dire oui. Proches...
M.
Caire
: L'article 30
de la loi sur l'IVAC.
M. Tanguay
: Article 13,
13 de la loi sur l'IVAC, la 84. Avec la renumérotation, je ne pense pas qu'il
ait changé. Peut-être, oui, il a peut-être changé, parce que l'article 7 a
été abrogé.
Une voix
: ...
M. Tanguay
: Non, c'est
ça, ça fait que ça va être l'article 12. On a de la suite dans les idées.
7 a été... Et, 7, vous en rappelez-vous, M. le Président, c'était quoi? 7,
c'était sur l'obligation de collaborer qui a été retirée. Le frère la soeur...
proches, le frère, la soeur, le grands-parents, le petit-enfant de la personne
victime, l'enfant du conjoint, le conjoint du parent, l'enfant du conjoint du
parent victime ou la personne significative désignée par la victime qui subit
l'atteinte à son intégrité en raison de la perpétration par l'intervenant,
lorsque la personne... Donc, il y avait cet aspect puis, je me rappelle, on
avait repris l'exemple de la voisine de palier. Puis là, on disait, là,
«identifié par la victime», mais la voisine de palier pourrait être proche
aussi quand la victime est décédée, parce qu'ici, on est dans un contexte de
deuil, là. Peut-être un élément intéressant. Parce que dans le doute, moi, je
serais plus large et libéral que de dire : Bien, vous n'êtes pas proche
parent. La voisine de palier, ça fait 25 ans, là. On s'aidait mutuellement
puis tout ça. Puis ce n'est pas ma conjointe, là, puis ce n'est pas ma mère.
Puis je vous réfère... On pourrait peut-être le suspendre, peut-être avoir...
M.
Caire
: Bien,
je suspendrais peut-être quelques instants, M. le Président, avec le consentement
des collègues. On pourrait avoir la discussion.
M. Tanguay
: Parce que
ce qui est bon là, vous aviez dû... vous auriez pu le soulever avant, cher collègue,
oui, mais là je...
M.
Caire
: Non,
non, mais...
M. Tanguay
: Puis on a
fini le 84 aussi dans l'intervalle, parce que l'autre, ça...
M.
Caire
: Ça,
ça... Oui, c'est ça, ça a été adopté, sanctionné, ça fait partie de notre
corpus législatif.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, on va suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 21 h 38)
(Reprise à 21 h 44)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui. Merci,
M. le Président. Donc, après discussion avec les juristes de l'État, nous
allons proposer de garder l'article en l'état où il est pour la raison
suivante. Il y a quand même une distinction qui est à faire entre l'IVAC, dans
le sens où l'idée d'avoir une définition plus large est intéressante parce qu'à
ce moment-là on parle d'avoir accès à des indemnisations... ou des indemnités?
Indemnités, hein? Des indemnités et des services. Et donc, là, on peut, oui,
effectivement, privilégier d'avoir une définition plus large de ceux qui
pourront avoir accès aux indemnités et aux services...
M.
Caire
: …des
indemnités. Indemnités, hein? Des indemnités et des services. Et donc, là, on
peut, oui, effectivement, privilégier, avoir une définition plus large de ceux
qui pourront avoir accès aux indemnités et aux services.
Dans le cas présent, on parle quand même
d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels, donc
l'idée est plutôt restrictive qu'élargie. Mais ici on est dans une circonstance
où il y a décès, il y a un processus de deuil qui est à faire, et, une fois
que… puis il y a quand même… bon, on a quand même un certain nombre de
personnes qui peuvent demander cet accès à l'information là, dans cette
perspective de deuil là, mais, une fois que ces informations-là, ces
renseignements personnels là sont donnés aux personnes en question, rien
n'empêche que, dans le processus de deuil, ces renseignements personnels là
puissent être partagés si, effectivement, il y a des proches significatifs, si…
bon.
L'exemple que Me Miville-Deschênes donnait
toujours, c'est, par exemple, des photos. Bon, bien, les photos, on pourra les
exposer, et puis les gens pourront y avoir accès. Mais on parle quand même de
protection des renseignements personnels. Donc, peut-être, effectivement, que
la personne aurait… elle a quand même le droit à la protection de ses
renseignements personnels.
Donc, c'est l'équilibre qu'on veut entre
la capacité pour des gens d'avoir accès à ces renseignements-là dans un
processus de deuil, dans un processus normal qu'on connaît, et l'idée qui est
sous-jacente à la Loi sur la protection des renseignements personnels, qui est
une philosophie qui est quand même différente dans ses bases, dans ses
fondements mêmes, que la Loi sur l'IVAC, qui, elle, se veut plus large, où on
veut donner plus de chances à plus de monde d'avoir les indemnités, d'avoir les
services qui sont requis par la situation. Donc, pour cette raison-là, nous
préférons conserver l'article écrit tel quel.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Je
comprends. Je voudrais juste, si vous me permettez, de façon… poser une
question au député de La Pinière. Dans un contexte de loi, dans un
contexte… Non, mais ce n'est même pas une champ gauche. Dans un contexte de Loi
concernant les soins de fin de vie… Parce qu'on parle ici, là, dans
l'article 121 : «Une personne qui exploite une entreprise peut
communiquer au conjoint ou à un proche parent… un renseignement personnel pour
l'aider… susceptible d'aider le requérant dans son processus de deuil…» Moi, mon
point, c'était de dire : Bien, conjoint, on sait c'est quoi, c'est du un
pour un, là. Il n'y a pas de bigamie, là, c'est du un pour un. Proche parent,
bien, c'est les premiers degrés. On a eu l'excellent point de Me
Miville-Deschênes. Puis j'essayais, dans la juris… pas la juris… mais la légis
citée, de trouver des exemples de contextes où on parle de proches. Puis, assez
étrangement, là, ici, on parle, là, de, dans un processus de deuil, dans la Loi
concernant les soins de fin de vie, on parle de…
M. Tanguay
: …Deschênes.
Puis j'essayais, dans la juriste… pas «la juriste» mais la légiste citée, de
trouver des exemples de contexte où on parle de proches. Puis assez
étrangement, là, ici, on parle, là, de, dans un processus de deuil, dans la Loi
concernant les soins de fin de vie, on parle de «la meilleure qualité de vie
possible et d'offrir à ces personnes et à leurs proches le soutien nécessaire».
À l'article 8, on dit «des professionnels de la santé ou des services
sociaux qui exercent leur profession, des personnes en fin de vie et de leurs
proches».
Dans la pratique, là, «un proche», on ne
va pas s'arrêter au proche parent, ça va être un proche. Puis on va
analyser : est-il un proche significatif? J'aimerais ça juste entendre le…
Parce que si on me dit : Tu n'es pas assez proche pour avoir une photo de
la personne décédée mais que tu es assez proche pour participer à la décision
de mettre fin à la vie, je… Puis mon exemple de l'IVAC, aussi, je veux dire, je
suis une victime au sens de l'IVAC, pas parce que moi, j'ai été agressé, parce
que mon proche significatif a été agressé, je suis une victime, puis je vais
être indemnisé. Ça fait que ça participe un peu de cela. Mais un proche,
comment c'est évalué, comment c'est discuté, ça, un proche?
M. Barrette : …des soins de
fin de vie, M. le Président, un proche, c'est un proche au sens familial
du terme… familial au sens...
Une voix
: …
M. Barrette : Le lien de sang
ou le conjoint, parce que le conjoint, c'est le proche le plus proche. Et quand
il n'y a pas de conjoint, c'est le lien de sang. Quand il n'y a pas de lien de
sang, c'est une personne qui aura été… il y aura une démonstration que c'est la
personne qui s'en occupe le plus.
Moi, j'ai déjà eu quelqu'un dans ma
famille qui a toujours été le coeur sur la main, là. Elle est décédée
aujourd'hui. Mais il y avait une personne âgée à côté de chez elle. Pendant
20 ans, elle s'en est occupée, là. Pas de famille. Ce n'est pas un lien de
sang. Puis si l'aide médicale à mourir, par exemple, avait été… ou les soins de
fin de vie avaient existé à l'époque, c'est elle, clairement qui aurait été un
proche. Parce que tout le quartier, c'était une époque où les gens ne
déménageaient pas, là, tout le monde savait que c'était Louise, ma cousine, dans
le cas précédent… actuel, qui s'en occupait. Bon.
Une voix
: …
• (21 h 50) •
M. Barrette : Alors… de
proche. Maintenant…
M.
Caire
: Mais
est-ce que c'est par élimination?
M. Barrette : Par élimination.
M.
Caire
: O.K.
Donc, c'est la conjointe, s'il n'y a pas de conjoint ou conjointe, c'est un
parent.
M. Barrette : Les enfants ou
un parent, frère, soeur. Oui.
M.
Caire
: S'il
n'y a pas de parent?
M. Barrette : Quelqu'un… parce
qu'il faut comprendre la mécanique des soins de fin de vie, là. Quand on à
faire… Je recommence. Je fais un pas en arrière. Dans la mécanique des soins de
fin de vie, si on peut parler de mécanique, là, je comprends que ça fait un
petit peu trivial, là, mais c'est quand même ça, la personne qui a le droit
absolu et exclusif de prendre sa décision, c'est la personne elle-même, si elle
est apte. Il n'y a personne qui a son mot à dire, c'est la personne qui décide,
point final.
Maintenant, la personne en question a des proches,
le médecin, lui, a la responsabilité…
M. Barrette : …le droit absolu
et exclusif de prendre cette décision, c'est la personne elle-même, si elle est
apte. Il n'y a personne qui a son mot à dire. C'est la personne qui décide,
point final.
Maintenant, la personne en question a des
proches. Le médecin, lui, a la responsabilité de s'assurer qu'il n'y a
d'influence indue, que la personne n'est pas influencée pour aller dans cette
direction-là, de l'aide médicale à mourir, par exemple, pour des raisons de
pression familiale, d'héritage, ce genre de choses là. Ça veut dire, ça, là,
que la personne, là, c'est elle qui est prise en considération, mais le
médecin, et un autre, ça en prend deux, il a quand même des rencontres à faire
avec les proches pour s'assurer de… qu'il n'y a pas d'influence indue. Jamais
le proche ne va être quelqu'un qui va prendre la décision, jamais, c'est
impossible, c'est contraire à la loi. C'est la personne qui prend la décision,
et, pour ce qui est des proches, c'est une validation, une confirmation qu'il
n'y a pas d'influence indue.
Si ce n'est pas clair, il faut faire un
parallèle avec les Témoins de Jéhovah. Là, on n'est pas dans l'aide médicale à
mourir, mais une personne qui refuse les soins, là, les autres, autour, peuvent
bien s'époumoner, là, puis essayer de nous voir tant qu'ils veulent, là, c'est
la personne qui décide de refuser des soins. C'est une espèce de droit
inviolable, là, pour une personne, de faire son choix. Le refus de soins, c'est
la même affaire.
M.
Caire
: Et,
dans ce cas-là, on pourrait attester qu'il y a une influence indue?
M. Barrette : Dans les Témoins
de Jéhovah?
M.
Caire
: Oui.
M. Barrette : Oui, assez
souvent, il y a ça. En tout cas, il y a certainement une influence pour
empêcher la personne de refuser les soins. L'exemple que vous connaissez tous,
il est récent, il y a quelques années, pas beaucoup, c'était la jeune fille
enceinte qui saignait pendant sa grossesse, après l'accouchement, qui devait
avoir des transfusions, et, malgré les interventions multiples, documentées,
des médecins, du personnel pour valider la décision de la personne… c'était un
événement de s'assurer que l'influence indue, entre guillemets, mais dans
l'autre sens, ne marchait pas. Mais l'influence existait, là, puis la personne,
elle refusait, là, je pense que vous garantir, parce que j'ai été au fait de ce
dossier-là, là, vous n'avez pas d'idée à quel point ça a été clairement validé.
La personne savait ce qu'elle faisait, là. Elle disait…
M.
Caire
: …
M. Barrette : Elle savait la
conséquence, là. Elle, c'était… elle savait qu'elle risquait de mourir, elle
savait qu'elle mourrait. Ce n'est pas des farces.
M.
Caire
: Puis
elle a refusé contre vents et marées.
M. Barrette : Exactement.
Malgré que toute sa famille, ses proches, qui n'étaient pas Témoins de Jéhovah,
venaient à l'hôpital plusieurs fois par jour, insistaient, blablabla. Je ne dis
pas ça méchamment, là, au contraire, vous comprenez, là.
Puis, bon, l'aide médicale à mourir, c'est
la même affaire, c'est la personne, et les gens autour sont là pour être
rencontrés et s'assurer qu'il n'y a pas d'influence indue. Mais, hein, des
fois, les gens autour peuvent être rencontrés pour avoir des informations qui
permettraient, s'il y a un doute, de confirmer qu'il y a peut-être possibilité
d'inaptitude. Mais ça, là, on est dans le médical, là, on n'est pas dans la
décision de l'aide médicale à mourir. Ça fait que c'est comme ça que ça
fonctionne, essentiellement. Je ne sais pas si ça répond aux interrogations,
là.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: C'est
l'analogie...
M. Barrette : ...avoir des
informations qui permettraient, s'il y a un doute, de confirmer qu'il y a peut-être
possibilité d'inaptitude. Mais ça, on est dans le médical, on n'est pas dans la
décision de l'aide médicale à mourir. Ça fait que c'est comme ça que ça fonctionne,
essentiellement. Je ne sais pas si ça répond aux interrogations, là.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: C'est
l'analogie... parce qu'elle n'est parfaite, évidemment, là, mais l'analogie
et... en question, là, qui n'était pas parent, proche parent, mais qui avait un
rôle reconnu, nonobstant le fait qu'elle n'était proche parent. C'était juste
ça, mon... Moi, honnêtement, honnêtement, je sais qu'on a fait pour organismes publics.
Là, on est... C'est la dernière fois probablement qu'on va parler de proches
parents, là. C'est fini après, là. Puis je pense c'est dans trois articles
qu'on retrouve cette notion-là, là. Il y avait dans la... 64. Je nous invite à
réfléchir. On peut le fermer, l'article.
Mais il en revient aussi à la personne qui
exploite une entreprise de vérifier ça, là, tu sais. À un moment donné, on
dit : Tantôt, on va les responsabiliser. Ça fait que, si dans le
30 jours elle dit systématiquement non, les petits canaris, là, qui ne
chantent plus, là, bien, on leur donne un rôle d'être bons citoyens
corporatifs. Moi, je pense que je leur permettrais d'être bons citoyens
corporatifs. Ça me fâcherait tellement que quelqu'un se fasse... que la voisine
de pallier qui s'en est occupé pendant 25 ans se fasse... puis qui est la
dernière à demander ça, se fasse dire : Bien, désolé, vous ne fittez pas
dans la case. Ça me choquerait tellement.
M.
Caire
: Je
comprends, mais...
M. Barrette :
...exactement, là?
M. Tanguay
: C'est
d'avoir accès après le décès à titre de conjoint ou de proche parent avoir
accès à de l'information qui est considérée comme renseignement personnel,
mais, pour t'aider dans un — puis c'est ça, le but de
l'article — dans un processus de deuil, d'avoir une photo, d'avoir un
texte, quelque chose, je ne sais pas.
Le Président (M.
Bachand) : ...rajouter?
M.
Caire
: Bien,
en fait, c'est parce que, comme je disais... Puis j'écoutais l'explication du
député de La Pinière. C'est parce que là ce n'est pas séquentiel, ce n'est
pas mutuellement exclusif, dans le sens qu'une fois que j'ai fait cette
demande-là, puis j'ai validé avec Me Miville-Deschênes, moi, je peux la
partager, là. Donc, ce n'est pas «je ne lui donne pas accès». C'est que ce
n'est pas cette personne-là qui va faire la demande, mais ceux qui ont droit de
faire la demande peuvent lui donner accès dans le processus du deuil.
Dans le cas de l'IVAC ou dans le cas de
l'exemple de l'aide médicale à mourir, le rôle, il est plus direct, là.
C'est-à-dire, l'IVAC, c'est... L'idée de l'IVAC, c'est de recevoir des services
ou une indemnité. Je comprends ce que vous dites, là, l'impact de, bon, je suis
un proche, je ne suis pas un... Mais l'esprit de l'IVAC, de cette loi-là, est
d'être assez large pour permettre au plus de monde possible d'avoir de service,
d'avoir les indemnités. Il y a un impact direct qui ne peut pas se faire par
personne interposée, alors qu'ici ce cas-là pourrait trouver sa solution par
personne interposée... On est dans une loi...
M. Tanguay
: ...
M.
Caire
: On
est quand même dans une loi qui vise à protéger les...
M.
Caire
: …au
plus de monde possible d'avoir le service, d'avoir les indemnités, il y a un
impact direct qui ne peut pas se faire par personne interposée. Alors, qu'ici,
ce cas-là pourrait trouver sa solution par personne interposée. On est dans une
loi, on est quand même dans une loi qui vise à protéger les renseignements
personnels. Tu sais, l'objectif de la loi est aussi différent, puis je… sans
vouloir refaire les débats qu'on a faits, le député de La Pinière le
disait, puis, bon, il y a des exceptions, là, puis je… moi non plus, je ne
reviendrai pas sur ce que j'ai dit, il y a des exceptions, mais ça reste que
l'idée de la loi, c'est de dire : Tu ne touches pas aux renseignements
personnels, sauf si. Ça fait que…
M. Tanguay
: Sauf qu'il
va y avoir des cas où il n'y aura pas d'intermédiaire, là. La seule personne
survivante, ça va être le proche significatif.
M.
Caire
: Bien,
c'est possible. C'est… C'est possible. Mais, à ce compte-là, M. le député, il y
a des cas où on va être un proche significatif puis on va demander un accès à
l'information, puis, tu sais, on va se dire : Bien, non, là, ça, c'est… tu
sais, c'est réservé à la famille, ou c'est réservé aux… tu sais, c'est comme…
Mais j'y ai droit, donc je le veux. Je veux dire, la conjointe ne veut pas me
le donner parce que je n'ai pas d'affaire à ça, puis… mais comme la loi dit que
j'y ai droit, ça fait que… je vais le donner, je vais l'avoir. Ça fait que,
comprenez bien, c'est… Je comprends ce que vous dites, là, puis je ne dis pas,
là, qu'on est dans la perfection, mais, tu sais, il y a des cas où on va se
dire : Mon Dieu! La loi devrait l'autoriser, puis il y a d'autres cas, on
va dire : La loi l'autorise puis elle n'aurait pas dû.
M. Tanguay
: Dans le
fond, votre meilleur argument, je vais plaider contre ma… je vais tirer dans le
fond de ma chaloupe, là, le coup de 12, bien, votre meilleur argument, c'est de
dire : On ne peut pas laisser un tel pouvoir discrétionnaire à une
entreprise qui n'a pas pour fonction de juger si…
M.
Caire
: Qui
est qui.
M. Tanguay
: …madame
était bel et bien voisine de palier pendant le temps qu'elle prétend l'être, si
elle a été significative, si elle est la seule et ainsi de suite. À un moment
donné, on va vous demander d'être binaire, cochez oui, cochez non, comme disait
la chanson. Êtes-vous proches parents, oui, non. Êtes-vous conjoints, oui, non.
Point. Voilà. Ils ne feront pas d'enquête du voisinage, là, c'est peut-être ça
le meilleur… Mais je l'aurais permis quand même, en tout cas… Si vous me
permettez, ça ne sera pas long, puis je trouve ça intéressant parce que ça m'a
fait réfléchir. Celles et ceux qui dans nos services, dans les soins de santé,
ne peuvent pas… puis je ne pense pas dire une hérésie, légalement, ils sont
interdits d'hériter, ils ne peuvent pas hériter, je crois.
M.
Caire
:
Soignent?
M. Tanguay
: Si vous
êtes infirmier, infirmière, médecin d'une personne qui décède, puis que vous
avez été le médecin traitant ou l'infirmière, vous ne pouvez pas hériter.
Est-ce que…
M. Barrette : C'est une notion
dont je n'ai pas la connaissance.
M. Tanguay
: J'avais vu
passer ça à quelque part.
M.
Caire
: Me
Miville-Deschênes?
M. Barrette : Quand je
dis : Je n'ai pas la connaissance, je ne l'ai pas ni dans un sens ni dans
l'autre.
M.
Caire
: Non,
bien, moi, je n''ai aucune idée.
• (22 heures) •
M. Tanguay
: J'avais vu
ça passer un moment donné, là, mais on pourra le retrouver, là. Où il est
prévu, je pense c'est dans la L 4S ou à quelque part, là, que vous ne pouvez
pas, si vous avez été le médecin ou le soignant d'une personne en fin de vie ou
qui est décédée, hériter de ses biens pour un contexte qu'on pourrait imaginer.
M.
Caire
: …de
ses biens, parce que… Par reconnaissance pour les…
22 h (version non révisée)
M. Tanguay
: …j'avais vu
ça passer, à un moment donné, on pourrait le retrouver, là, où il est prévu, je
pense, c'est dans la LSSSS, à quelque part, là, que vous ne pouvez pas, si vous
avez été le médecin ou le soignant d'une personne en fin de vie qui est
décédée…
M.
Caire
: De
ses biens…
M. Tanguay
: …hériter
de ses biens pour un contexte qu'on pourrait imaginer.
M.
Caire
: En
reconnaissance pour les services rendus, il pourrait vouloir…
M. Tanguay
: Oui, puis
tout ça, puis la définition pourrait être même plus large, là, vous vous
adressez à un CHSLD, tout ça. Pourquoi je parle de ça? C'est parce que là ça
aurait pu ouvrir aussi, est-ce que la personne qui a été…
(Consultation)
M. Tanguay
: Parce que
là aussi on aurait pu ouvrir à une personne significative : Je suis
propriétaire d'une RPA. Monsieur X est avec nous depuis huit ans. Je suis le
seul qui s'en occupe, là, il n'a jamais de visite… Est-ce que, moi, je peux
participer aussi d'un processus de deuil? Là, je faisais l'analogie… pas avec
les soins de vie, mais avec l'incapacité de pouvoir l'inviter, comme disait
l'autre, on y reviendra, mais voilà, ça participe de…
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce qu'il y a des interventions sur 121? Donc,
nous allons procéder à la mise aux voix, Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 121 est adopté. M. le
ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: M. le
Président, l'article 122. L'article 41 de cette loi est modifié :
1° par le remplacement de «Toute» par
«Sous réserve de l'article 40.1, toute»;
2° par la suppression de «et détient un
dossier sur autrui».
Donc, M. le Président, l'article 41 se
lirait, au lieu de… se lirait, en fait : «Sous réserve de l'article 40.1,
toute personne qui exploite une entreprise» et là on retire la notion de «et
détient un dossier sur autrui» pour se contenter de «doit refuser de donner
communication de renseignements personnels au liquidateur de la succession, au
bénéficiaire d'une assurance-vie ou d'une indemnité de décès à l'héritier ou au
successible de la personne concernée par ce renseignement, à moins que cette
communication ne mette en cause les intérêts des droits de la personne qui la
demande, à titre de liquidateur, bénéficiaire, héritier ou de successible.»
Donc, en fait, on vient évidemment en
concordance avec 40.1 qu'on vient d'adopter et, encore une fois, retirer la
notion d'un dossier d'un article, comme nous l'avons fait dans plusieurs autres
maintenant.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Donc, la
question est à rebours, là, donc «susceptible d'aider le requérant dans son
processus deuil», ça, c'est de droit nouveau, c'est une humanité que l'on
ajoute à la loi. Ça vient d'où, ça? Je trouve ça bien. C'était en engagement de
la CAQ, livrer…
M. Tanguay
:
…susceptible d'aider le requérant dans son processus de deuil.» Ça, c'est de
droit nouveau. C'est une humanité que l'on ajoute à la loi. Ça vient d'où? Ça,
c'est… je trouve ça bien.
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes.
M.
Caire
: Ça
vient de moi.
M. Tanguay
: Ça vient
de… ça, c'était un engagement de la CAQ livré.
M.
Caire
: Moi,
je suis rentré en politique pour…
M. Tanguay
: Pour ça?
Ça fait que vous quittez à soir?
M.
Caire
:
Voilà.
M. Tanguay
: C'est
adopté. Aïe, on sort la loi vendredi… pars en partielle.
M.
Caire
: Oui.
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes, s'il vous plaît.
M. Barrette : Après la
première pelletée de terre.
M.
Caire
: Oui,
non, c'est ça. Moi, ma vie c'est de creuser des tunnels après.
Le Président (M.
Bachand) : Maître, allez-y.
M.
Caire
: Je me
recycle.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, ça a également été recommandé par la Commission d'accès à
l'information dans son rapport quinquennal parce qu'elle avait face à des
demandes de ce type-là, puis là les organismes publics, entre autres, étaient
dans l'obligation de refuser, là. Ils avaient réussi, en passant par un chemin
plus ou moins sinueux, à l'obtenir, mais…
M. Tanguay
: Il date de
quelle année? Le rapport quinquennal, il date de…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : 2016, 2016.
M. Tanguay
: 2016,
O.K., oh, ça fait qu'on… ils préparent le prochain rapport quinquennal, là.
Mais j'aime ce que dit… vous avez compris ce qu'a dit
Me Miville-Deschênes? Il a dit : Ça avait aussi été mentionné dans le
rapport quinquennal. En voulant dire : C'était votre engagement phare.
Mais, aussi, moi je l'avais catché sa petite twist.
M.
Caire
:
Accessoirement.
M. Tanguay
:
Accessoirement. Alors, livré. C'est beau, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Donc, s'il n'y a pas d'autres interventions, nous
allons procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M. Bachand) :
Abstention. Donc, l'article 122 est adopté. Merci. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M.
Caire
: Oui, M.
le Président, l'article 123, et là j'invite les collègues à être attentifs
parce que c'est un costaud : «L'article 42 de cette loi est modifié
par le remplacement de «25» par «28.1.»
Je veux dire, je pourrais donner des
explications, mais là ça serait presque indécent.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? M. le député…
M. Tanguay
: Est-ce
qu'il aurait moyen d'ajouter «sans délai» à quelque part entre 28 et .1?
Des voix
: Ha, ha, ha!
Le Président (M.
Bachand) : Sans délai.
M.
Caire
:
28.0.0.1.
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
M.
Caire
: Mais
M. le Président, à la demande générale, du député de La Pinière, je lirai donc
les notes explicatives. Donc : L'article 42 de la Loi sur la
protection des renseignements personnels dans le secteur privé est modifié en
raison de l'abrogation de l'article 25 de cette loi effectuée par le
projet de loi. Il est également modifié en raison du nouvel article 28.1
de cette même loi introduit par le projet de loi.
Donc, on remplace un article abrogé par un
article flambant neuf.
M. Barrette : Il y a deux conditions
puis…
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de La Pinière, oui.
M. Barrette : …puis il y en a
un qui est abrogé, puis l'autre c'est «et par», hein, c'est ça que ça dit, là.
Il est… en raison de l'abrogation de l'article 25, il est également
modifié en raison…
M.
Caire
: Non,
non, non, on fait deux affaires en même temps.
M. Barrette : C'est ce que je
dis.
M.
Caire
: Oui.
Non, non, c'est fou de même.
M. Barrette : Mais ce n'est
pas juste à cause de l'abrogation…
M. Barrette : ...il y en a
un qui est abrogé puis l'autre c'est «et par». Hein, c'est ça que ça dit, là.
Il est... En raison de l'abrogation de l'article 25 de cette loi, par
après, il est également modifié en raison...
M.
Caire
: Non,
non, non, on fait deux affaires en même temps, là.
M. Barrette : C'est ce
que je dis.
M.
Caire
: Oui.
Non, non, c'est fou de même.
M. Barrette : Mais ce
n'est pas juste à cause de l'abrogation.
M.
Caire
: Non,
non, non. Non, non, c'est pour ça je vous dis, c'est... Il est costaud, là. Il
n'a l'air de rien, mais il est costaud, cet article-là.
M. Barrette : Bien, c'est
ça. Pourquoi à ce moment-là 28.1...
M. Tanguay
: Ce
n'est pas juste un changement de numéro de concordance, là. On fait 485deux choses.
M.
Caire
: En
même temps.
M. Barrette : Pourquoi 28.1
vient... vient obliger 42?
M. Tanguay
: Bien,
c'est une bonne question...
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M.
Caire
: Hein?
Bien, M. le Président, parce que la référence à l'article 25 qu'on
retrouve à l'article 42 devient un peu complexe du fait que l'article 25
n'existe plus. Alors...
M. Barrette : Mais en
quoi 28.1 vient créer 42 ou modifier 42?
M.
Caire
: Hein?
Bien, comment?
M. Barrette : Bien, c'est
marqué, là. Il est également modifié en raison du nouvel article 28.1.
M.
Caire
: M. le
Président...
M. Barrette : Le lien. Il faut
expliquer le lien.
M.
Caire
: ...ne
reculant devant rien pour satisfaire le député de La Pinière,
permettez-moi de vous lire l'article 42 tel qu'il sera modifié. Donc,
42 :
«Toute personne intéressée peut soumettre
à la Commission d'accès à l'information une demande d'examen de mésentente
relative à l'application d'une disposition législative portant sur l'accès ou
la rectification d'un renseignement personnel ou sur l'application de l'article — et
là nous retirons 25 pour mettre — 28.1.»
M. Barrette : N'est-ce
pas intéressant? Maintenant que la chose a été...
M.
Caire
: Je
pense que oui.
M. Barrette :
...éclaircie? C'est quoi, une mésentente?
M.
Caire
: C'est
deux personnes qui ne s'entendent pas.
M. Barrette : Oui. Mais
là ce n'est pas des personnes. C'est une personne vis-à-vis une organisation.
M.
Caire
: Oui,
c'est vrai, par rapport à l'organisme public.
M. Barrette : Alors,
c'est quoi, la différence entre une mésentente et j'ai demandé quelque chose
puis ce n'est pas fait? Bien, je veux juste savoir...
M.
Caire
:
Bien...
M. Barrette : Je veux
juste savoir la suite.
M.
Caire
: Non,
mais... O.K. Mais le fait... Bien, écoutez, le fait, justement, de ne pas avoir
la même interprétation sur qui a accès à quoi, c'est une mésentente.
M. Barrette : Bien, non.
M.
Caire
: Mais
tantôt, on donnait un exemple. On donnait... Non, mais c'est un...
M. Barrette : C'est parce
que 28.1...
M.
Caire
: C'est
un bel exemple.
M. Barrette : On parle bien de
28.1.
M.
Caire
: Oui.
Bien, en fait, c'est...
M. Barrette : Notre
article phare des deux derniers jours.
M.
Caire
:
Absolument. Oui. Ça, c'est le moins qu'on puisse dire. Phare fort longtemps.
M. Barrette : Or, 28.1,
c'est la question de... de l'exécution, le critère menant à l'exécution d'une
demande de suppression, de... de...
M.
Caire
: De
désindexation.
M. Barrette : ...et de
déréférencement.
M.
Caire
: À
cette heure-là, il se dit moins bien, hein?
M. Barrette : Oui. Alors
là c'est parce que... C'est quoi, une mésentente?
M.
Caire
:
Bien...
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes...
M. Barrette : …suppression ou…
M.
Caire
: De
désindexation.
M. Barrette : Et de
déréférencement.
M.
Caire
: À
cette heure-là, il se dit moins bien, hein?
M. Barrette : Oui. Alors là,
c'est parce que c'est quoi, une mésentente? Parce qu'à 28. 1, c'était clair
qu'on devait faire ceci, cela, puis si ça ne marchait pas, on allait à la CAI.
Alors, pourquoi on a besoin de 42? C'est peut-être parce que mésentente veut
dire autre chose que ce qu'on a discuté précédemment.
Le Président (M.
Bachand) : …Miville-Deschênes.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Dans la loi sur l'accès, on parle de demande de
révision, quand il y a une demande d'accès qui est faite à un organisme public
puis là il y a un refus. Donc, le citoyen peut aller à la commission d'accès,
section juridictionnelle, pour demander la révision de la décision. Puis, dans
le secteur privé, bien, la même procédure devant la section juridictionnelle de
la commission, lorsqu'une entreprise refuse l'accès, la rectification ou, avec
28.1, le déréférencement se nomme une demande d'examen de mésentente.
M. Barrette : …
• (22 h 10) •
M.
Caire
: …
M. Barrette : Ce n'est pas
clair, là, parce que, si on fait une demande d'examen de mésentente, c'est
qu'on examine une mésentente.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, c'est exactement ça.
M. Barrette : Mais c'est quoi
la mésentente?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, la mésentente, en fait… c'est un bon point.
L'examen est fait par la commission, puis la mésentente, c'est l'entreprise qui
n'est pas d'accord avec la personne concernée, donc qui refuse soit la
rectification, soit de lui donner accès, ou soit de désindexer, ou de cesser de
diffuser le renseignement personnel ou l'hyperlien. Donc, on a une mésentente
entre une entreprise et une personne concernée sur qu'est-ce qu'il advient des renseignements
personnels.
M. Barrette : Ah bien, c'est intéressant.
C'est vrai, que c'est intéressant. Ça, ça veut dire que 28.1, en fait, 28 et
28.1, mais là c'est 28.1, 28.1, qui a déterminé la procédure à suivre pour une entreprise
pour procéder à l'analyse de la demande de déréférencement, désindexation et
ainsi de suite… On a dit à la compagnie : Vous allez prendre les critères
a, b, c pour réfléchir puis, en plus, pour accepter de. Puis après ça, pour
réfléchir, vous allez prendre les critères d, e, f, g, h, i. Il y en a sept. En
fait, il y en a 10, des critères. Ça fait qu'on se dit que si l'entreprise fait
bien son travail selon la loi, elle a le droit de refuser.
Alors que, là, ce que vous me dites, c'est
que s'ils refusent, il y a mésentente. Alors, ça, ça veut dire que… à quoi ça
sert, 42, si essentiellement c'est juste pour réviser, alors que la personne
peut aller à la CAI demander une révision de ça? Le ministre l'a dit
abondamment, là, cette affaire-là, là, c'est la Cour d'appel de 28.1. Alors,
est-ce que la mésentente, c'est vraiment simplement le refus? Parce que si
c'est le refus, ça veut dire que tout refus va se ramasser à la CAI en vertu de
42.
M.
Caire
: Oui,
ça…
M. Barrette : …abondamment, là,
cette affaire, là, là, c'est la Cour d'appel de 28.1. Alors, est-ce que la
mésentente, c'est vraiment simplement le refus? Parce que si c'est le refus, ça
veut dire que tout refus va se ramasser à la CAI en vertu de 42.
M.
Caire
: Oui,
mais ça, c'est… Non, mais ça, on n'a rien dit de nouveau, là. Dans le sens où…
M. Barrette : …
M.
Caire
: Bien,
juste 30 secondes. Parce qu'on a dit dans tous les cas de figure, il y a
une possibilité d'aller à la CAI.
M. Barrette : …
M.
Caire
:
Souvenez-vous, on a dit… Parce qu'on a eu un débat, je dirais, abondant sur si
l'entreprise accepte, et donc toute la notion de délai et ta, ta, ta. Puis là
je disais : Bien, oui, mais la possibilité de la CAI est toujours là. Mais
en cas de refus aussi, la possibilité de la CAI est là. Donc, dans tous les
cas, cette possibilité-là, elle existe.
M. Barrette : Oui, mais…
M.
Caire
: Donc,
ce n'est pas… Oui, mais… Non, mais c'est parce que vous dites, 42 est inutile.
M. Barrette : …
M.
Caire
: Bien,
non, mais 42, il n'est pas inutile. 42 dit que si vous n'êtes pas d'accord,
vous avez le droit d'aller à la CAI. C'est ce qu'on a dit depuis le début, là.
M. Barrette : Bien, oui, mais
le ministre, M. le Président, nous a toujours dit que c'était… Pourquoi faut-il
être explicitement explicite quand qu'on le dit explicitement dans le passé
qu'il était explicite, qu'il pouvait aller là même en premier?
M.
Caire
: Hein?
Il est trop tard, là.
M. Barrette : C'est parce que…
M.
Caire
: …tard.
M. Barrette : Là, on fait un
article pour venir confirmer explicitement ce qu'on savait qui était explicite.
Le ministre nous a dit à plusieurs reprises : Ils peuvent aller à la CAI
en direct, en premier même, c'est la Cour d'appel. Ça fait que ça a été
explicite de la bouche du ministre qu'on pouvait faire ça d'emblée.
M.
Caire
: Non,
non, non, mais ce n'est pas…
M. Barrette : Et là on fait un
article qui vient expliciter l'explicite.
M.
Caire
: Non,
mais ce n'est pas… Ce n'est pas… Le droit n'est pas là parce qu'il est
explicite. Le droit est là parce qu'il est prévu par la loi.
M. Barrette : Non, mais il
l'était avant.
M.
Caire
: Mais
ce que je disais tantôt, c'est parce que la loi le prévoit. Et là, bien, on est
face à l'article qui prévoit ça. Mais dans le cas où il y a une mésentente, je
peux aller à la CAI. Donc, la mésentente, tantôt, c'est parce qu'on a fait
abondamment cas de «je trouve que le délai est trop long». Bon, là, on le voit,
ça peut être considéré comme un refus. Donc, je peux aller à la CAI, j'ai une
mésentente.
M. Barrette : Oui.
M.
Caire
: Mais
ce n'est pas parce que c'est explicite, explicite. C'est parce que c'est prévu
à la loi, que c'est…
M. Barrette : Bien, c'est
parce que…
M.
Caire
: La
loi l'autorise, donc c'est ça qui…
M. Barrette : C'est parce que
le ministre nous a toujours… ne nous a jamais dit, M. le Président, pas une
fois, qu'on devait passer par 42 pour aller à la CAI. Le ministre nous a
toujours dit que… clairement et d'une façon… sans équivoque, non équivoque que
si on n'était pas contents, on pouvait y aller. On n'avait pas besoin de 42.
C'était notre droit, même, qu'on pouvait y aller directement, là.
M.
Caire
: Bien,
je ne me souviens pas d'avoir dit que 42 était inutile, en tout respect.
M. Barrette : Non, non, non, mais
justement, mon point, c'est que jamais le ministre nous a… a fait référence à
utiliser 42 pour aller à la CAI.
M.
Caire
: Non,
effectivement, je n'ai jamais mentionné que ce droit-là venait de
l'article 42, c'est vrai…
M. Barrette : ...42, c'était
notre droit, même, on va y aller directement.
M.
Caire
: Bien,
je ne me souviens pas d'avoir dit que 42 était inutile, en tout respect.
M. Barrette : Non, non, non, justement,
mon point, c'est que jamais le ministre ne nous a fait référence à utiliser 42
pour aller à la CAI.
M.
Caire
: Non, effectivement,
je n'ai jamais mentionné que ce droit-là venait de l'article 42, c'est
vrai, mais il vient de l'article 42. Donc, quand je disais : Vous
avez le droit de le faire, c'est parce que la loi le prévoit. Alors, je vais
inverser l'argument du collègue. Je n'ai jamais dit que ce n'était pas prévu à
la loi.
M. Barrette : Ah, O.K.! Donc,
s'il n'y avait pas 42, il ne pourra pas aller à la CAI?
M.
Caire
:
Tiens, réponds à ça, toi.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Non, mais le retour à la CAI est prévu à 42 et
explicité dans les articles suivants. Donc, pas de 42, pas de CAI.
M. Barrette : Ah, ha!
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Pas de CAI juridictionnel.
M. Barrette : Un instant, là,
un instant, là, ici...
Une voix
: ...the
legislator.
M. Barrette : Voilà. Un
instant, là, parce que là, là, c'est du droit nouveau dans le droit nouveau.
Pas de 42, pas de CAI. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : C'est un peu un raccourci.
Des voix
: ...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bon, je vais reformuler.
M. Barrette : Oui, oui,
allez-y.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Je vais reformuler. La commission va exister, mais pour avoir un recours dans
le secteur privé à la section juridictionnelle en cas de refus d'une demande
d'accès de rectification ou des nouvelles demandes en vertu... on doit avoir
42. Pas de 42, donc, pas de recours à la section juridictionnelle en cas de
refus d'une demande d'accès aux rectifications ou de déréférencement des
indexations.
M.
Caire
: Et
voilà!
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Mais la CAI existe quand même.
M. Barrette : Mais c'est quand
même extraordinaire qu'on n'ait jamais parlé de ça. Mais ce n'est pas grave, je
veux dire, on a droit à nos surprises, là, tous les soirs. C'est le fun.
M.
Caire
: C'est
vrai.
M. Barrette : Donc, maintenant
qu'on a besoin de 42 pour aller à la CAI, c'est bien, hein, ça commence avec la
même syllabe, 42, CAI, CAI-CAI.
M.
Caire
: On
n'est pas loin d'un jeu de mots avec mon nom, je le sais.
M. Barrette : Non, je n'irai
pas là. Non, non, non, mais c'est très... c'est quand même intéressant. Ça veut
dire, là, puis ça confirme qu'en quelque part un organisme qui a bien fait son
travail peut être contesté quand même. Ça devient : bien faire son travail
peut devenir une mésentente.
M.
Caire
: Bien,
pourquoi? Bien fait son travail...
M. Barrette : Bien non, c'est
parce que le ministre, M. le Président, et Me Miville-Deschênes nous
disent tous les deux que, dans le cas d'un refus... C'est parce qu'un refus qui
est le résultat d'un travail bien fait peut être contesté par 42.
M.
Caire
: Oui,
mais il y a toujours une possibilité d'avoir un recours. Ce n'est pas
spécifique, je veux dire...
M. Barrette : Cour d'appel.
M.
Caire
: ...puis
de la même façon qu'un jugement de la CAI, qui serait défavorable aux citoyens...
M. Barrette : Oui, on peut
aller à la Cour du Québec.
M.
Caire
:
...peut aller en Cour du Québec, peut porter en appel.
M. Barrette : Eh boy! qu'on
est loin, M. le Président, de l'entente à l'amiable...
M.
Caire
:
...puis de la même façon qu'un jugement de la CAI qui serait défavorable au citoyen
peut aller en Cour du Québec, peut porter en appel.
M. Barrette : Eh boy! qu'on
est loin, M. le Président, de l'entente à l'amiable. Il me semble que nous
sommes ici en flagrant délit de codification pour prévoir des affaires.
M.
Caire
: Bien,
M. le Président... M. le Président, je sens que le député de La Pinière va
beaucoup mieux dormir. Ah! ça, c'est clair.
M. Barrette : Ce qui m'amène à
une discussion additionnelle sur cet intéressant article. Alors, quelle est la
portée de la signification d'«intéressée» dans l'article en question?
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, c'est toute personne qui a un intérêt.
M. Barrette : Ah! Bon, O.K.
C'est vrai que tout mot, dans la langue française, a son adjectif, ça, c'est
clair, souvent, son verbe, son participe présent et passé. Ça va. Mais encore?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Mais encore. Bien, en fait, bien, c'est une bonne question,
«toute personne intéressée», je devrais regarder un peu de jurisprudence pour
vous répondre de façon plus détaillée. Mais c'est une personne qui va avoir un
intérêt dans la demande. Généralement, dans le cas d'une demande d'accès, ça
n'ira pas beaucoup plus loin que la personne concernée. Mais, dans le cas d'une
demande d'indexation, on peut penser que là ça irait... ça serait plus large
parce qu'il y a des gens qui pourraient se voir désindexer un renseignement qui
provient de leur site Internet et donc qui auraient un intérêt à contester la
demande.
M. Barrette : Ça fait que
c'est large en petit, petit.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : À ma connaissance, ça n'a pas été appliqué de façon
très large par la commission, parce que les décisions que j'ai vues, la
personne intéressée, c'est pas mal toujours la personne concernée.
• (22 h 20) •
M. Barrette : Je comprends
dans la vie quotidienne, mais là on est dans le droit nouveau, on fait
référence à 28.1, c'est flambant neuf, cette affaire-là, là. Et là on vient y
appliquer la notion de personne intéressée pour laquelle
Me Miville-Deschênes s'est senti la nécessité d'aller vérifier la jurisprudence.
Il y a donc là un flou.
M.
Caire
: C'est
parce que c'est quelqu'un d'extrêmement rigoureux.
M. Barrette : C'est bien
parfait. Mais le flou dans la rigueur demeure flou. En fait, le flou est encore
plus clairement flou lorsqu'il est rigoureux. Si rigoureusement on considère
que c'est flou, c'est vraiment flou.
M.
Caire
: Ah!
M. le Président, rappelez-moi de ne plus jamais faire d'ironie sur un article.
M. Barrette : Non, non, non.
Mais ça, ça veut dire que... Moi, là, je regarde les décisions, là, je
regarde... et là je vais prendre l'exemple que j'ai pris que vous avez tous
apprécié. Puis, à la limite, je ne veux pas insister et m'acharner, là, mais on
va...
M. Barrette : ...ah!, M. le
Président. Non, non, non, mais ça, ça veut dire que...
M.
Caire
:
Rappelez-moi de ne plus jamais faire d'ironie sur un article.
M. Barrette : ...moi, là, je
regarde les décisions, là, je regarde... et là je vais prendre l'exemple que
j'ai pris que vous avez tous apprécié. Puis, à la limite, je ne veux pas
insister et m'acharner, là, mais on va y aller juste par son prénom, Jérémie.
Mettons qu'il n'a pas gain de cause puis, moi, je trouve qu'il devrait avoir
gain de cause, moi, là, je pourrais être une personne intéressée. Vous pouvez
appeler une ligne de vie, là, il n'y a pas de problème.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : C'est une question ou une affirmation?
M. Barrette : Oui, oui. Ah! je
m'excuse, je n'ai pas fait le signe du point d'interrogation.
M.
Caire
: Et
voilà!
M. Barrette : Point
d'interrogation.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, c'est une bonne question. Ça va être à la commission
de trancher. Je ne pourrais pas, aujourd'hui, prendre position. Mais 28.1, on
est dans le cas où je dirais qu'on remet en cause les... pas les fondements,
là, mais on touche à la liberté d'expression.
M. Barrette : À? À quoi?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : On est susceptibles... avec le droit au
déréférencement, on est susceptibles de toucher... on n'est pas susceptibles de
toucher, mais ça se pourrai qu'on ait... la commission, dans son application,
va devoir, puis c'est l'objectif de l'article, avoir un équilibre entre le
droit à la vie privée et la liberté d'expression et le droit du public à
l'information. Donc, dans le contexte de l'ajout d'un article comme ça, ça me
semble encore plus important de maintenir le terme «personne intéressée» pour
que, dans la recherche de cet équilibre-là, il y ait des groupes, dont la
liberté d'expression est importante pour eux, qui puissent agir devant la
Commission d'accès à l'information.
M. Barrette : Dans un sens ou
dans l'autre.
Une voix
: Oui.
M. Barrette : Donc, des
groupes comme des groupes de pression? Point d'interrogation.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, écoutez, c'est du droit nouveau. Le terme
«personne intéressée» était là. Présentement, il n'a pas été interprété de
façon, à ma connaissance, beaucoup plus large que la personne concernée. Dans
le cas du droit de déréférencement, qu'est-ce que la commission va juger comme
étant des personnes intéressées, c'est une excellente question, là. Je ne
voudrais pas m'aventurer sur des hypothèses qu'on n'a pas...
M. Barrette : C'est parce que,
M. le Président — je vois que mon collègue veut poser une question,
juste un autre commentaire — Me Miville-Deschênes a quand même
une approche intéressante, parce que, dans le texte, c'est «toute personne
intéressée» et Me Miville-Deschênes nous a parlé de groupes. Ça veut dire
que la personne peut être un groupe ou une organisation. Point d'interrogation.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. Bien, en fait, pour la personne intéressée,
parce que j'ai de l'aide un peu ici, là, on me dit que... ou plutôt, le Code
civil ou de... le Code de procédure civile nous dit que la personne doit avoir
un intérêt suffisant : «L'intérêt du demandeur qui entend soulever une
question d'intérêt public s'apprécie en tenant compte de son intérêt véritable,
de l'existence d'une question sérieuse qui puisse être valablement résolue par
le tribunal et de l'absence d'un autre moyen efficace de saisir celle-ci de la
question.» Donc, je retiens de là un intérêt véritable et ou l'existence d'une
question sérieuse.
M. Barrette : C'est vraiment
un article surprise, hein?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, oui, oui...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …d'intérêt public s'apprécie en tenant compte de son
intérêt véritable, de l'existence d'une question sérieuse qui puisse être
valablement résolue par le tribunal et de l'absence d'un autre moyen efficace
de saisir celle-ci de la question. Donc, je retiens de là un intérêt véritable
et/ou l'existence d'une question sérieuse.
M. Barrette : C'est vraiment
un article-surprise, hein?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. Oui, oui.
M. Tanguay
: Ce que je
réalise aussi avec l'échange dynamique, ce que je réalise, c'est qu'un citoyen
pourrait demander à une entreprise le déréférencement, se le voir accorder — il
est parfait, tout le monde est heureux — mais qu'un tiers pourrait
dire : Non, j'aimerais plaider l'intérêt du public à l'accès à l'information…
M.
Caire
: Le
droit d'accès à… pas le… le droit du public à l'information, la liberté
d'expression…
M. Tanguay
: …et sauter
dans…
M.
Caire
: …puis
demander à ce que ce soit réindexé.
M. Tanguay
: Réindexé,
donc renversé.
M.
Caire
: Oui.
Oui.
M. Tanguay
: Donc, ce
débat-là se ferait à la commission…
M.
Caire
: À la
CAI…
M. Tanguay
: À la CAI.
M.
Caire
: …au
tribunal de la CAI.
M. Tanguay
: Parce que,
forcément, c'est ça qui va arriver avec 28.1, qui est de droit nouveau.
M.
Caire
: Oui.
Oui, oui, c'est… Effectivement, c'est très possible.
M. Tanguay
: Et la CAI
va entendre le litige et va… Et donc, la CAI pourrait, dans un sens ou dans l'autre,
casser la décision initiale, qui est soit de…
M.
Caire
: De
refuser…
M. Tanguay
: …de
refuser ou d'accepter.
M.
Caire
: …ou
de le faire, oui. Et, dans un cas, effectivement, on pourrait permettre la
désindexation. Une personne intéressée pourrait amener la cause devant la CAI
et pourrait… Bien, on en a parlé de toute façon quand on a… Quand on a discuté
de l'article, on avait discuté de ces possibilités-là et de demander la réindexation
de l'information. On avait eu la discussion avec le député de Gouin, si ma
mémoire est exacte. Et on pourrait… justement parce que je pense que le député
de Gouin faisait justement référence à des groupes qui plaident pour le droit
du public à l'information, la liberté d'expression, on pourrait dire :
Bien, écoutez, dans le cas où on désindexe sciemment une information, mais dont
l'intérêt public est plus grand que le préjudice, oui, on… Bien, ça… Oui.
M. Tanguay
: Il va y
avoir le…
M.
Caire
: Mais
on avait eu cette discussion-là, quand même, là. Le député de La Pinière,
à ce moment-là, je pense, était avec le député de Gouin, essentiellement.
M. Barrette : Mais là, clairement…
M. Tanguay
: Oui, je
t'en prie.
M. Barrette : Donc, 42 vient
confirmer que dans un avenir rapproché, les grands médias auront en plus de
leur bureau d'enquêtes, leur bureau de révision de la CAI, ou peut-être même
aussi certains partis politiques qui ont l'âme à gauche, ou à l'ensemble de la
chose.
M.
Caire
: Peut-être.
Mais…
M. Barrette : Donc, c'est
possible, ce que je viens de dire là, là.
M. Tanguay
: Il va y
avoir des belles batailles, il va y avoir des belles batailles.
M.
Caire
: Oui.
Oui, mais il y a de la jurisprudence qui va s'écrire, là.
M. Barrette : Bien, c'est sûr qu'il
y a de la jurisprudence qui va s'écrire au cas par cas, parce que chaque cas va
devenir une jurisprudence.
M.
Caire
: Sauf
que chaque…
M. Barrette : Ce n'est pas la
démarche qui devient une jurisprudence, c'est le cas.
M.
Caire
: Oui,
mais… En tout cas, je ne suis pas juriste, là, mais ce que j'en sais, c'est que
chaque décision vient s'accoter sur une jurisprudence…
M. Barrette : ...bien,
c'est sûr qu'il y a de la jurisprudence qui va s'écrire au cas par cas, parce
que chaque cas va devenir une jurisprudence.
M.
Caire
: Sauf
que chaque...
M. Barrette : Ce n'est
pas la démarche qui devient une jurisprudence, c'est le cas.
M.
Caire
: Oui,
mais, en tout cas, je ne suis pas juriste, là, mais ce que j'en sais, c'est que
chaque décision vient s'accoter sur la jurisprudence puis a plutôt pour effet
de l'étoffer que de la contredire.
M. Barrette : Bon, bien,
ça, on s'entend là-dessus. Mais chaque cas étant parfois un nouveau cas
d'espèce, bien, avant de faire une jurisprudence universelle, ça peut prendre
un certain temps.
M.
Caire
: Oui,
oui. Non, mais... Puis c'est pour ça qu'on dit... d'un cas qui fait
jurisprudence, là, c'est parce que c'est un cas d'espèce, mais, à un moment
donné, ça va amener une certaine dynamique.
M. Barrette : O.K. Quand
deux numérologies... Canadien en six, quatre plus deux...
M. Tanguay
: ...
M.
Caire
: Ah!
M. le Président, je pense qu'il est temps qu'on arrête ça.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur...
M. Barrette : M. le
Président, moi, j'ai une suggestion à vous faire. Vous n'êtes pas obligé, là,
mais...
Le Président (M.
Bachand) : Nous sommes sur 123 toujours.
M. Barrette : Ah! O.K.
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Donc, nous
allons procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 123 est adopté. M.
le ministre.
M. Tanguay
: M. le
Président?
Le Président (M.
Bachand) : Oui?
M. Tanguay
:
Permettriez-vous... Il nous reste quoi? Une minute, même pas.
M.
Caire
: Même
pas.
M. Tanguay
:
J'aurais juste une petite chose. Je vais essayer de ne pas être trop émotif,
mais on parlait de notre département de recherche... C'est Sophie Chateauvert,
qui est à ma gauche, et c'est sa dernière journée avec nous aujourd'hui. Elle
aura travaillé cinq ans avec nous. Puis elle me connaît, je sais que je peux
être très émotif. Sophie a relevé... va relever un autre défi. On est heureux
pour elle, sa carrière. On va la suivre du coin de l'oeil. On va perdre quand
même une personne dynamique, compétente, une avocate chevronnée, intelligente,
qui apportait beaucoup à nos débats. Et merci pour tout, Sophie. Puis... Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Cela dit, compte tenu de l'heure, la commission...
M.
Caire
: M. le
Président, si je peux me permettre...
Le Président (M.
Bachand) : Oui, M. le ministre, allez-y, oui.
M.
Caire
: ...je
vais à mon tour avoir des éloges pour Sophie parce que le long de ce parcours
sinueux qui est celui du projet de loi n° 64, je sais qu'elle a travaillé
très fort, notamment avec ... sur des amendements. Elle a fait preuve d'un très
professionnalisme, et je peux vous dire que... n'avait que de bons mots pour
elle. Donc, je réitère mon offre.
Le Président (M.
Bachand) : Et en mon nom, je te dis le mot de cambronne pour la
suite des choses.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 22 h 30)