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Version finale

40e législature, 1re session
(30 octobre 2012 au 5 mars 2014)

Le mardi 19 février 2013 - Vol. 43 N° 7

Ministère du Conseil exécutif, volet Jeunesse


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Table des matières

 

Jeunesse  1

Remarques préliminaires  1

Mme Pauline Marois  1

M. Alexandre Iracà  3

Discussion générale  4

Adoption des crédits  12

Adoption de l'ensemble des crédits  12

 

 

Autres intervenants

 

 

M. Marc Picard, président

 

Mme Sylvie Roy

M. Léo Bureau-Blouin

M. Dave Turcotte

M. Mathieu Traversy

 

*          M. Nikolas Ducharme, Secrétariat à la jeunesse 

 

*          Témoin interrogé par les membres de la commission

 

 

Note de l'éditeur :  La commission a aussi siégé en avant-midi pour l'étude des crédits du ministère de la Santé et des Services sociaux. Le compte rendu en est publié dans un fascicule distinct.

Les crédits du volet Affaires intergouvernementales canadiennes du ministère du Conseil exécutif ont été étudiés à la Commission des institutions le 4 février 2013.

Les crédits du volet Conseil exécutif du ministère du Conseil exécutif ont été étudiés à la Commission des institutions le 7 février 2013.

Les crédits des volets Institutions démocratiques, Commission d'accès à l'information et Laïcité du ministère du Conseil exécutif ont été étudiés à la Commission des institutions le 8 février 2013.

Les crédits du volet Affaires autochtones du ministère du Conseil exécutif ont été étudiés à la Commission des institutions le 12 février 2013.

Les crédits du volet Capitale-Nationale du ministère du Conseil exécutif ont été étudiés à la Commission de l'aménagement du territoire le 12 février 2013.

Les crédits du volet Métropole du ministère du Conseil exécutif ont été étudiés à la  Commission de l'aménagement du territoire le 19 février 2013.

Journal des débats

(Dix-neuf heures une minute)

 

Le Président (M. Picard) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.

La commission est réunie afin de procéder à l'étude des crédits budgétaires du volet Jeunesse du portefeuille du Conseil exécutif pour l'exercice financier 2013-2014. Une enveloppe d'une heure a été allouée pour l'étude de ces crédits.

Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?

 

La Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Champagne (Champlain) est remplacée par M. Traversy (Terrebonne); M. Richer (Argenteuil), par M. Turcotte (Saint-Jean); et Mme Gaudreault (Hull), par M. Iracà (Papineau).

 

Jeunesse

 

Le Président (M. Picard) : Merci. Nous allons débuter par les remarques préliminaires et procéder à une discussion d'ordre général en alternance entre le groupe parlementaire formant le gouvernement et des députés de l'opposition. Un bloc d'environ 16 minutes est prévu pour l'opposition officielle et le gouvernement, et de deux minutes pour le deuxième groupe de l'opposition, incluant les questions et les réponses.

La mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la fin du temps qui est alloué à l'étude de ce programme, soit quelques minutes avant l'ajournement de nos travaux.

En terminant, je vous invite, aux fins de l'exercice de l'étude des crédits, à poser de courtes questions et incidemment à fournir des réponses tout aussi brèves de façon à favoriser le plus grand nombre d'échanges possible.

 

Remarques préliminaires

 

Nous débutons sans plus tarder avec les remarques préliminaires. Mme la première ministre, vous disposez de 10 minutes.

 

Mme Pauline Marois

 

Mme Marois : Alors, merci beaucoup, M. le Président. Je voudrais d'abord saluer le secrétaire adjoint à la jeunesse, qui m'accompagne, M. Nikolas Ducharme, de même que Marie-Christine Fillion, qui travaille à mon cabinet et qui est recherchiste senior sur plusieurs dossiers, dont celui de la jeunesse. Je voudrais vous saluer, M. le Président, saluer les représentants de l'opposition, M. le député de Papineau et Mme la députée d'Arthabaska.

D'abord, je suis très heureuse de me retrouver ici aujourd'hui pour rendre compte de l'action de mon gouvernement à l'égard de la jeunesse. C'est une question qui doit en quelque sorte transcender toute l'action d'un gouvernement. C'est pour préparer un meilleur avenir à nos jeunes, pour leur offrir un Québec maître de son destin que nous faisons de la politique. La jeunesse a d'ailleurs toujours été une grande préoccupation des gouvernements de ma formation politique.

En août 1983 — vous allez me permettre de rappeler cela — le gouvernement Lévesque a tenu le Sommetquébécois de la jeunesse, qui a permis aux jeunes de tout le Québec de s'exprimer sur les enjeux qui les préoccupaient. Et c'est à la suite de ce sommet qu'est né le Secrétariat à la jeunesse puis, quelques années plus tard, le Conseil permanent de la jeunesse qui a vu le jour. Rappelons d'ailleurs que ce dernier, ce conseil, a été aboli en 2012 par le gouvernement libéral qui nous a précédés.

En 2000, les représentants des jeunes et de la société civile ont encore été convoqués, cette fois au Sommet du Québec et de la jeunesse. Ce sommet a été suivi par l'élaboration d'une Politique québécoise de la jeunesse, un premier Plan d'action jeunesse ainsi que par la création du Fonds Jeunesse de 250 millions de dollars. Depuis, la Politique québécoise de la jeunesse représente la pierre d'assise sur laquelle se construit l'action gouvernementale en matière de jeunesse. Aujourd'hui, le dossier revêt toujours la même importance, je vous dirais, à plus forte raison après le printemps que nous avons connu l'an dernier.

J'ai donc décidé de conserver le dossier Jeunesse parmi mes responsabilités. Je voulais toutefois aller au-delà des voeux pieux et contrairement à ce qu'on a vu trop souvent par le passé. C'est pourquoi j'ai demandé le soutien du député de Laval-des-Rapides, qui est maintenant mon adjoint parlementaire à la jeunesse. Il connaît bien ce dossier. Il vit lui-même cette réalité comme jeune, comme jeune député et comme étudiant. Son éloquence et son dynamisme ne sont plus à démontrer. Je suis donc très heureuse de pouvoir compter sur lui. Je le suis d'autant plus que cela démontre que nous avons pris acte des événements de la dernière année.

On parle beaucoup, depuis plusieurs années, du défi démographique que le Québec aura à relever, tout comme d'autres sociétés occidentales. On anticipe le début du déclin de la population active et même la naissance de conflits entre les générations si rien n'était fait pour composer sainement avec ce défi. De fait, nous avons assisté au printemps dernier à une crise d'une ampleur exceptionnelle dont l'histoire se souviendra. Alors que le gouvernement précédent avait imposé une hausse de 82 % des droits de scolarité sans aucune forme de concertation, la société civile s'est mobilisée pour remettre en question cette façon de faire. Bien plus que la seule question des droits de scolarité, c'est notre manière de gouverner et de prendre les décisions importantes pour l'avenir de notre nation qui était discutée.

Par l'action de mon gouvernement, nous voulons répondre à cette préoccupation. Et elle s'articule, cette préoccupation, autour de quatre piliers, qui sont l'intégrité, l'identité, la solidarité et la prospérité. Dans chacun de ces axes, je pense que nous pouvons tirer des renseignements... des enseignements, pardon, de la crise que nous avons vécue au printemps dernier. D'abord, au chapitre de l'identité, il y a un principe tout simple à ne pas oublier : je crois qu'il faut dire et redire que, dans notre modèle québécois, la concertation, le dialogue social sont des incontournables dans la conduite de l'action publique. Il est de notre devoir d'impliquer les citoyens dans des discussions ouvertes, constructives pour définir les politiques qui auront des répercussions sur leur vie. Autant ma formation académique que mon expérience ministérielle me l'ont appris : au Québec, pour réaliser de grandes choses, il faut mettre nos idées en commun, pas les opposer. Ça fait partie de ce que nous sommes.

C'est ce que nous avions en tête lorsque nous avons convoqué le Sommet sur l'enseignement supérieur, qui aura lieu la semaine prochaine. Certes, les débats continuent d'être vifs, et les attentes, elles sont élevées, mais le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, appuyé par son collègue de Laval-des-Rapides, travaille fort pour que le débat se poursuive et pour que l'exercice soit positif. Cette approche trouve une application bien concrète dans la vision que nous avons de nos institutions démocratiques. C'est ce qui nous inspire dans notre volonté de restaurer l'intégrité dans notre vie publique. C'est d'ailleurs le mandat que j'ai confié au ministre des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne. Le député de Laval-des-Rapides s'intéresse beaucoup, lui aussi, à ces questions. Il est très actif dans sa recherche de nouveaux moyens pour rapprocher les élus des citoyens, les jeunes et les moins jeunes, notamment en utilisant les nouveaux médias.

Il est également primordial d'impliquer l'ensemble des élus de l'Assemblée nationale dans la délibération et la recherche de solutions nouvelles. Les parlementaires ont des moyens pour apporter des solutions durables aux problèmes découlant du vieillissement de la population et dont les effets toucheront l'ensemble des générations. Je pense que, pour ces questions fondamentales pour l'avenir du Québec, il faut nous élever au-dessus de la partisanerie. Déjà, nous pratiquons cette approche et nous ne pensons pas qu'en matière de jeunesse il faille jeter à la poubelle tout ce qu'a fait l'ancien gouvernement. Les trois plans d'action de la Stratégie d'action jeunesse qui se sont succédé n'auraient pas atteint leur cible si chacun avait défait ce que créait le précédent. La Stratégie d'action jeunesse 2009-2014, qui est le dernier de ces trois plans, a été lancée sous le thème Enrichir le Québec de sa relève. D'emblée, nous souscrivons à l'objectif de permettre aux jeunes de contribuer à la prospérité du Québec, un autre pilier de notre action. Cette stratégie, étalée sur cinq ans, assure la cohérence et la coordination des différentes agences gouvernementales en matière de jeunesse. 14 ministères, 300 partenaires non gouvernementaux participent à son application. Son action se décline en six grands défis : l'éducation et emploi, l'entrepreneuriat, la santé, les régions, la diversité et l'environnement. La Stratégie d'action jeunesse regroupe 115 moyens d'action qui représentent un investissement annuel direct de 50 millions de dollars provenant du Secrétariat à la jeunesse. Près de 75 % des montants ainsi investis sont administrés par cinq organismes : les forums jeunesse régionaux, les carrefours jeunesse-emploi, Réunir Réussir, les centres jeunesse et Place aux jeunes en région. Alors, outre les investissements provenant du Secrétariat à la jeunesse, le montant total des investissements gouvernementaux liés à cette stratégie est d'environ 2 milliards de dollars sur cinq ans. Plus de 450 emplois directs ont été créés et maintenus dans toutes les régions du Québec dans le cadre de la stratégie jeunesse.

Comme je l'ai déjà mentionné, la Stratégie d'action jeunesse est étalée sur cinq ans, viendra à échéance en 2014. Il faut donc entreprendre dès maintenant une réflexion sur l'état actuel de la jeunesse au Québec, ainsi que sur son avenir, afin de réorienter l'action gouvernementale en la matière. Le vieillissement de la population est un phénomène qui prend de l'ampleur. En 2030, au Québec, la proportion de personnes ayant 65 ans et plus passera de 15 % à 25 %. Actuellement, la population active représente 69 % de la population totale, une proportion parmi les plus élevés des 25 pays de l'OCDE. Ce nombre de personnes commencera toutefois à décroître au cours des prochaines années pour s'établir en deçà de 60 % en 2030.

(19 h 10)

Ce que l'on doit retenir, c'est qu'il y aura de moins en moins de travailleurs pour soutenir un nombre croissant de retraités. S'ajoutent donc aux objectifs de la prochaine stratégie jeunesse la nécessité d'ajouter la solidarité entre les générations. Et il est de la responsabilité de notre gouvernement de préparer la relève, faire face aux défis du Québec de 2030.

Notre gouvernement souhaite entreprendre une réflexion approfondie sur la question. Je vous annonce d'abord que nous prolongerons d'un an la Stratégie d'action jeunesse. Nos partenaires seront informés au cours des prochaines semaines des modalités liées à cette prolongation. J'ai aussi donné au Secrétariat à la jeunesse le mandat de faire le bilan des interventions qu'il finance. J'ai ensuite demandé à mon adjoint parlementaire pour les dossiers jeunesse de planifier une tournée régionale visant à impliquer les jeunes du Québec dans la conception de cette nouvelle stratégie et de cette nouvelle politique. Au cours de cette consultation, le député de Laval-des-Rapides portera une attention particulière à l'utilisation du Web 2.0. Je souhaite que tous les partenaires jeunesse du Québec s'engagent activement dans cette démarche que nous initierons prochainement.

En conclusion, voilà donc comment s'articulera notre action en matière de jeunesse. Nos garderons le même esprit qui nous a menés à convoquer un sommet sur l'enseignement supérieur. Nous avons entendu les messages que nous ont envoyés les jeunes du Québec au printemps dernier. Nous allons leur donner les moyens de relever les défis qu'ils rencontreront dans l'avenir. Surtout, nous allons nous donner les moyens de bâtir un Québec dont nous serons fiers, un Québec pour qui le dialogue, la concertation demeurent le meilleur moyen de prendre des décisions, un Québec où les citoyens se réapproprient leurs institutions, un Québec où chacun peut contribuer à notre prospérité collective, un Québec où les générations sont solidaires les unes des autres, un Québec pour tous. Voilà ce que nous voulons bâtir ensemble. Je vous remercie, M. le Président.

 

Le Président (M. Picard) : Merci, Mme la première ministre. J'invite maintenant le porte-parole de l'opposition officielle en matière de jeunesse, de loisir, de sport et député de Papineau à faire ses remarques préliminaires pour un maximum de 10 minutes.

 

M. Alexandre Iracà

 

M. Iracà : Merci, M. le Président. Mes remarques seront brèves. Je veux me garder du temps pour les questions. Alors, je profite de l'occasion pour saluer la première ministre de sa présence ce soir, ainsi que son adjoint. Et je salue également tous mes collègues députés du Parti québécois et de la CAQ qui sont présents ce soir, ainsi que tout le personnel du Secrétariat à la jeunesse qui vous accompagne en ce beau mardi froid d'hiver, de février.

Nous avons au Québec une jeunesse dynamique, enthousiaste, regorgeante de nouvelles idées, de nouvelles façons de faire, à l'affût des nouvelles technologies. Je suis certain que ce soir il y a des jeunes, et aussi des moins jeunes, qui nous écoutent via Internet. Il y a certainement également des gens qui sont en train d'écrire des messages sur Twitter en ce moment et qui disent : Les crédits sur la jeunesse, ça se passe, et c'est maintenant. Je suis certain que, si j'ouvre mon... Je ne l'ouvrirai pas, M. le Président, inquiétez-vous pas. Si j'ouvre mon téléphone intelligent, il y a déjà ce soir, actuellement, des messages sur Twitter. Alors, c'est important d'être à l'affût des nouvelles technologies pour aller rejoindre le plus de gens possible. À la maison, au travail, partout, c'est la nouvelle façon de faire. Et c'est comme ça qu'on va pouvoir informer les gens, les citoyens du Québec.

Il faut être à l'affût aussi d'une chose extrêmement importante face à la jeunesse, c'est le fait de dire la vérité. Je pense que ce thème-là, le thème de la vérité, face à la jeunesse, est très important. Et là je fais un lien avec le sommet sur l'éducation. De promettre d'aller décrocher la lune aux jeunes en disant que tout est gratuit, tout va se payer comme par magie pour attirer un capital de sympathie partisan, c'est de créer un lourd héritage à la jeunesse, pas nécessairement celle qui est là, mais celle qui va succéder la jeunesse actuelle : mes enfants, les enfants de plusieurs parents, de Québécois et de Québécoises dans la trentaine, dans la quarantaine qui ont de jeunes enfants, vos petits-enfants, Mme la première ministre.

Alors, c'est important de se dire les vraies choses et de ne pas faire en sorte qu'on dit des choses à notre jeunesse pour s'attirer un capital de sympathie éphémère. Je pense que ce qu'ils veulent savoir, c'est la vérité. Nous devons être fiers de cette jeunesse. Nous devons leur offrir les outils pour développer leur rêve et leur ambition. Voilà pourquoi le gouvernement précédent a entre autres mis en place une Stratégie d'action jeunesse.

Pour faire un bref résumé, nous avons créé cette stratégie en 2006. Nous avons écouté le besoin des jeunes. Elle a été renouvelée en 2009 et elle est valide jusqu'en 2014. Elle repose, comme la première ministre l'a dit précédemment, sur six grands défis : l'éducation, l'emploi, l'entrepreneuriat, la santé, les régions, la diversité et l'environnement.

On se rappellera que cette stratégie a été bien reçue et appréciée des jeunes et des groupes jeunesse. Je vais donner quelques exemples. Le carrefour jeunesse-emploi a mentionné, et je cite : «Très satisfait des orientations de la nouvelle Stratégie d'action jeunesse 2009-2014.» Il salue la décision du gouvernement du Québec d'adopter une stratégie quinquennale. L'organisme Académos se réjouit que la Stratégie d'action jeunesse soit renouvelée pour cinq ans, souligne l'engagement du gouvernement du Québec face à une des grandes richesses, soit la relève. L'Association des centres jeunesse du Québec : ravie de la nouvelle Stratégie d'action jeunesse 2009-2014. La Fédération des commissions scolaires du Québec accueille favorablement plusieurs des mesures de la Stratégie action jeunesse 2009-2014.

Évidemment, le temps me manque pour nommer davantage d'organismes, mais vous me permettrez de saluer tous les partenaires de la stratégie action jeunesse, qui nous écoutent sûrement sur Internet. Et je tiens à souligner qu'ils font un excellent travail, un travail exceptionnel, qui crée de l'emploi, qui aide pour le démarrage de nouvelles entreprises, qui aide à soutenir les jeunes entreprises qui ont déjà démarré, qui favorise l'insertion sociale, qui accompagne les jeunes pour la recherche d'emploi. Je tiens à rappeler que cette stratégie a été mise sur pied sans partisanerie — c'est important de le dire — avec une grande collaboration dans le but de soutenir notre relève.

Aujourd'hui, je vais m'intéresser au renouvellement de cette stratégie puisque, 2014, vous conviendrez avec moi que c'est juste à nos portes. Il faut être prévoyants dans ce dossier aussi important que la jeunesse. Ce sont eux qui vont diriger le Québec demain. Ce sont eux qui vont être assis ici à titre de politiciens et qui vont faire des études de crédits. Alors, il faut être prévoyants, très prévoyants dans le dossier jeunesse, et j'ai l'intention d'aborder mes questions dans ce sens. Merci beaucoup, M. le Président.

 

Le Président (M. Picard) : Merci, M. le député. J'invite maintenant la porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de services sociaux et députée d'Arthabaska. Vous avez droit à cinq minutes de remarques préliminaires.

 

Mme Roy (Arthabaska) : M. le Président, si j'acceptais votre invitation de faire des remarques préliminaires, il me resterait une minute pour poser une question et obtenir une réponse de Mme la première ministre. Donc, je vais décliner l'invitation pour avoir du temps pour faire un court échange avec Mme la première ministre.

Discussion générale

 

Le Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée d'Arthabaska. Je suis maintenant prêt à reconnaître une première intervention de l'opposition officielle. M. le député de Papineau, la parole est à vous. Je tiens à préciser que nous avons seulement une heure. Lorsqu'il va rester deux minutes à votre temps, je vais vous l'indiquer, et nous allons être très stricts sur le chronomètre. M. le député de Papineau.

 

M. Iracà : Ça va. Merci, M. le Président. Mme la première ministre, j'ai remarqué, dans les renseignements que vous nous avez fournis, qu'un rapport de mi-étape de la Stratégie d'action jeunesse a été l'objet de révision linguistique et de graphisme. Je comprends donc que ce rapport était prêt à être dévoilé. Pourtant, il est introuvable. Même, aucune trace, sur le site Internet, du rapport de mi-étape de la stratégie jeunesse.

 

Le Président (M. Picard) : Mme la première ministre.

 

Mme Marois : Oui, merci. On me dit, au secrétariat, qu'il est complété, le rapport, et qu'il devrait être mis en ligne très bientôt, hein? Il est finalisé. Donc, il n'y a pas d'intention de retenir l'information.

Je peux peut-être ajouter une phrase, compte tenu de vos remarques préliminaires. J'ai beaucoup apprécié le fait que vous mentionniez qu'effectivement on a essayé de... enfin, on essaie toujours de ne pas faire de partisanerie mais, parfois, on s'enflamme un peu, mais il reste que la stratégie jeunesse a réussi généralement à rallier les gens de l'Assemblée nationale, peu importe leur formation politique. Et moi-même, d'entrée de jeu, je rappelais que la stratégie jeunesse, qui a été adoptée par le précédent gouvernement, était une stratégie qui a donné des résultats, et je le soulignais. Et, non seulement elle a donné des résultats, mais, parce que nous voulons prendre bien le temps de préparer la prochaine stratégie jeunesse, nous allons la prolonger d'un an. Surtout quand on arrive au gouvernement et on pense que ça vaut la peine de faire le travail qu'il faut pour y arriver. Donc, nous allons prolonger cette stratégie jeunesse pour la prochaine année.

Mais, quant au rapport, il n'y a pas de rétention de notre part. On va le mettre en ligne aussitôt qu'il est... Enfin, il est à toutes fins pratiques finalisé, ce que je comprends, puis on va le mettre en ligne. Il y a encore un petit peu de...

 

Une voix : Non, il est terminé.

 

Mme Marois : On va le mettre en ligne. O.K.

 

Le Président (M. Picard) : Merci. M. le député de Papineau.

 

M. Iracà : Est-ce qu'on peut savoir à peu près quand il sera en ligne? Et est-ce qu'on peut avoir un peu les grandes lignes du rapport de mi-étape s'il est finalisé?

(19 h 20)

Mme Marois : Est-ce que vous avez des objections à ce que Nikolas Ducharme, qui est le secrétaire adjoint à la jeunesse, puisse répondre à la question?

 

Le Président (M. Picard) : Est-ce qu'il y a consentement? Consentement. M. Ducharme, veuillez vous identifier et...

 

M. Ducharme (Nikolas) : Donc, bonjour. Merci. Donc, le bilan de mi-étape est complété. La révision linguistique a été exécutée, la mise en pages aussi, et, dans les prochains jours, on se proposait de le mettre en ligne sur notre site Internet, qui a été créé, là, au mois de mars dernier, et aussi de le diffuser par le biais de nos réseaux.

 

Mme Marois : Et son contenu.

 

Ducharme (Nikolas) : Le contenu du rapport est essentiellement une reddition de comptes par rapport aux indicateurs de résultat des différentes mesures, donc des 115 mesures qui sont incluses dans la Stratégie action jeunesse, et c'est une reddition de comptes avec un certain nombre de commentaires sur ces mesures-là, la définition de ces mesures-là ainsi que les indicateurs de résultat, donc le nombre de participants, les actions qui ont été posées et les gestes par les organismes. Mais ça ne constitue pas un bilan qui évalue la Stratégie action jeunesse. Et donc je comprends que Mme la première ministre nous a confié le mandat d'évaluer cette stratégie-là ainsi que ses principales mesures, mais ce...

 

Mme Marois : C'est ça.

 

Ducharme (Nikolas) : Ce rapport-là de mi-étape est important, c'est un jalon important dans notre évaluation parce qu'il fait un suivi à mi-parcours des différentes mesures, de leur implantation ainsi que les indicateurs de résultat.

 

Mme Marois : Et, si vous permettez, M. le Président.

 

Le Président (M. Picard) : Mme la première ministre.

Mme Marois : Je ne veux pas étirer le temps, là. Si vous permettez. Ce rapport quand même va permettre de dégager un certain nombre de constats qui vont nous inspirer pour la stratégie jeunesse à venir et qu'on voudrait voir définie avec les jeunes — j'en parlerai tout à l'heure — de tout le Québec, parce que je crois que ça doit leur appartenir, cette stratégie jeunesse. On la fait... On la fait pour l'ensemble de la société québécoise, on la fait pour que les jeunes occupent leur place le mieux possible, le plus possible et soient une relève bien préparée. Je pense qu'on a tout intérêt à arriver à cela.

 

Le Président (M. Picard) : Merci. M. le député de Papineau.

 

M. Iracà : Oui. Alors, merci beaucoup pour la réponse. Je vais changer un peu de créneau. Je vais passer au niveau du renouvellement de la stratégie jeunesse. Je trouve vos propos un peu inquiétants et peu rassurants pour les organismes à l'effet que vous songez à renouveler — alors, c'est une stratégie qui se termine en 2014 — seulement pour une année. Alors, mettez-vous à la place des organismes qui nous écoutent en ce moment, au niveau de la planification, de tout ce qu'ils ont à faire. Ça vient de limiter et ça vient mettre en attente beaucoup de projets et de plans.

La stratégie actuelle déploie 2 milliards sur cinq ans. Donc, ma question : Est-ce que vous vous engagez à maintenir ce financement ou même à l'augmenter?

 

Le Président (M. Picard) : Mme la première ministre.

 

Mme Marois : Alors, d'abord, on prolonge. On se comprend bien, là, on prolonge la stratégie jusqu'au 31 mars 2015, un an, on s'entend. C'est ça?

Une voix : ...

Mme Marois : Par rapport à ce qui était prévu, deux ans?

 

Une voix : À partir d'aujourd'hui.

 

Mme Marois : À partir d'aujourd'hui. Mais ça la prolonge d'un an puisqu'elle terminait en 2014, on s'entend? Bon. Alors, elle terminait en 2014; on la prolonge d'un an pour se donner le temps de bien planifier la prochaine.

Les budgets que nous avons alloués à la politique sont reconduits sur l'année qui vient. Il y a eu des efforts budgétaires qui ont été demandés au secrétariat, mais on a choisi des... En fait, on a transféré des sommes pour des activités qui n'étaient pas récurrentes, et donc ça nous a permis de ne pas toucher au budget Jeunesse pour ce qui est de tous les programmes, qu'on pense aux forums jeunesse régionaux, aux carrefours jeunesse-emploi, Réunir Réussir, les centres jeunesse et Place aux jeunes en région, d'accord? Et, pour la suite, bien, on va établir le budget en fonction de ce que nous aurons comme disponibilité, et l'évaluation de la stratégie que nous avons... qui a été mise en place par l'ancien gouvernement, que nous avons poursuivie nous permettra de voir, si nous ajoutons des budgets, où nous les ajoutons, mais, dans notre perspective, c'est à tout le moins de maintenir le niveau de budget qui a été alloué à la Stratégie jeunesse.

 

Le Président (M. Picard) : M. le député.

 

M. Iracà : Pour bien comprendre, jusqu'en 2014, le budget, ce qui avait été budgété, le 2 milliards sur cinq ans, se maintient. Vous renouvelez d'une année, jusqu'en mars 2015, avec le même budget ou pas, là? Ça, c'est moins clair, mais...

 

Mme Marois : On verra au moment où on sera...

 

M. Iracà : On verra par la suite, c'est ce que j'ai compris. Donc, pour une année, on renouvelle, et on ne peut pas garantir le budget pour le prochain.

 

Mme Marois : Bien, c'est-à-dire, pour la prochaine stratégie, on verra comment... si on augmente les budgets, de quel ordre on les augmente et pour quelles fins on le fait, parce que, si on prend la peine de consulter, de définir une nouvelle stratégie, il est possible qu'il y ait des éléments de ce que nous faisons déjà qui ne sont plus pertinents et qu'on réévaluera. Donc, je ne peux pas présumer de l'évaluation qui va se faire. Mais ce qu'on dit, c'est que, jusqu'à 2014, on maintient la stratégie, on la prolonge jusqu'à 2015 et, par la suite, suite à la définition de cette nouvelle stratégie, là, on verra les budgets qui y seront alloués.

 

Le Président (M. Picard) : M. le député.

 

M. Iracà : Alors, comme vous avez entendu dans mes remarques préliminaires, tous les groupes jeunesse ont salué le fait que la stratégie soit quinquennale, sur cinq ans. Avez-vous, en tant que première ministre du Québec, une intention de faire une entente à plus long terme qu'une année et d'aller dans le même sens que les organismes jeunesse, qui souhaitent — et je les comprends, là, pour pouvoir planifier — une entente qui soit à long terme, sur cinq ans?

Le Président (M. Picard) : Mme la première ministre.

 

Mme Marois : Si je me permets, c'est une pause que l'on prend pour être capables de redonner un nouveau souffle à la stratégie jeunesse que nous adopterons au moment où on adoptera le plan d'action qui portera sur cinq ans. Notre intention, c'est de conserver le même rythme, donc un plan d'action qui portera sur 2015-2020, parce que nous avons constaté que ce qui se passait sur le terrain, à partir du moment où les gens avaient une capacité de prévoir, donnait de meilleurs résultats, puis ça, c'est normal, puis je connais assez bien, pour ne pas dire très bien, ce qui se fait dans les carrefours jeunesse-emploi, les forums jeunesse et Place aux jeunes en région. C'est sûr que c'est beaucoup plus facile d'être capable de planifier en sachant qu'on peut compter sur une base budgétaire solide, de quel ordre elle est, et à ce moment-là ça permet de donner du souffle à certaines mesures.

 

Le Président (M. Picard) : M. le député.

 

M. Iracà : Alors, écoutez, je trouve les propos peu rassurants pour les organismes jeunesse parce que là on est... ils sont garantis d'avoir la même somme d'argent jusqu'en mars 2014, et mars 2014, c'est demain matin, là. Et mes deux...

 

Mme Marois : Jusqu'en 2015.

 

M. Iracà : ...mes deux...

 

Mme Marois : Jusqu'en 2015. Je veux bien me faire comprendre. La stratégie devait terminer en mars 2014. Nous la prolongerons d'un an, mais ce seront les mêmes sommes allouées en 2014‑2015 qui seront... c'est-à-dire jusqu'en 2014, qui seront prolongées sur 2014‑2015. On se comprend?

 

M. Iracà : Alors, ceux qui souhaitaient une indexation... Je sais que vous êtes favorable à l'indexation dans d'autres dossiers. Mais, dans ce dossier-là, sur 2 milliards sur cinq ans, je sais que certains souhaitaient que ce montant soit indexé. Alors, le montant ne le sera pas. Alors, il n'y aura pas d'augmentation jusqu'en 2015. Alors, tous les projets de développement face à la jeunesse, et des projets d'avenir qui demandaient des coûts supplémentaires, bien, si je comprends bien, il n'y a pas d'espoir avant mars 2015?

 

Mme Marois : Bon. D'abord, il y avait, signés par l'ancien gouvernement, des projets qu'on appelait conventionnésoù il y avait de l'indexation prévue. Cette indexation va continuer, on se comprend, pour maintenant et pour 2014-2015. Pour ce qui est du reste, vous savez qu'une fois qu'on aura atteint l'équilibre budgétaire, qui devra être atteint en 2013‑2014... Donc, un an avant qu'on ne redéfinisse une nouvelle stratégie jeunesse, l'équilibre sera atteint, et là on aura la possibilité de rehausser certains budgets. Est-ce qu'ils seront indexés? Est-ce qu'ils seront rehaussés? Il y a aussi des activités où on pourrait se dire : Écoutez, on termine ces activités-là et on fait d'autres choix, puis les budgets pourraient changer. Mais notre intention, c'est de donner sensiblement les mêmes montants, d'allouer sensiblement les mêmes montants que ce qui sont alloués jusqu'à maintenant. Dans certains cas, il y a des indexations qui sont jusqu'à un certain point automatiques, et, dans d'autres, ce sera à évaluer.

 

Le Président (M. Picard) : M. le député.

 

M. Iracà : Oui, M. le Président. Vous avez mentionné que vous désirez consulter les jeunes.

 

Mme Marois : Oui.

 

M. Iracà : Avez-vous un plan d'action en lien avec cette consultation? Et est-ce qu'il y a un montant de budgété pour consulter les jeunes dans la prochaine année?

 

Mme Marois : Est-ce que vous avez des objections, M. le Président, à ce que mon adjoint parlementaire donne quelques explications?

 

Le Président (M. Picard) : Si j'ai consentement des collègues, il n'y a aucun problème. Donc, M. le député de Laval-des-Rapides.

(19 h 30)

M. Bureau-Blouin : Merci beaucoup. Donc, nous travaillons actuellement, avec l'équipe du Secrétariat à la jeunesse et les forums jeunesse régionaux du Québec ainsi que la Table de concertation des forums jeunesse régionaux du Québec, à l'adoption d'un calendrier qui va s'échelonner, là, à partir du mois d'avril environ pour faire la tournée des différentes régions administratives du Québec ainsi que des différentes communautés autochtones, où nous comptons rencontrer les acteurs majeurs des milieux jeunesse — donc, on pense bien sûr aux forums jeunesse, aux carrefours jeunesse-emploi — ou différents agents de sensibilisation qui oeuvrent sur le terrain. On souhaite non seulement rencontrer des intervenants, mais également des jeunes qui bénéficient de ces services, des jeunes étudiants, des jeunes travailleurs, parce qu'il faut bien comprendre que ce qui guide l'action gouvernementale pour les jeunes date du Sommet du Québec et de la jeunesse du début des années 2000.

Or, depuis cette époque s'est écoulée pratiquement une cohorte de jeunes, une génération de jeunes, près de 15 ans, et, comme Mme la première ministre l'a exprimé, certaines des orientations de cette grande politique sont... sans dire qu'elles sont désuètes, disons qu'elles ne correspondent plus à la réalité. Et donc un plan d'action, qui est à l'étape d'ébauche à l'heure actuelle et qui devrait être prêt sous peu... Et je me permets d'ajouter également que ça est fait en étroite collaboration avec les partenaires de la Stratégie d'action jeunesse auxquels j'ai parlé, là, pas plus tard qu'il y a quelques minutes et qui sont très satisfaits de cette démarche et très satisfaits de la collaboration qu'a le gouvernement avec eux.

 

Le Président (M. Picard) : Merci. M. le député de Papineau.

 

M. Iracà : Oui. Alors, en lien avec cette même question là, quand on prévoit faire une consultation, on prévoit un plan d'action, on prévoit un échéancier, on... Je vois qu'il n'y a rien de fait pour l'instant. C'est ce que j'ai compris de la réponse. Et est-ce qu'il y a au moins un budget alloué à cette consultation-là?

 

Le Président (M. Picard) : Mme la première ministre.

 

Mme Marois : ...là, on va s'entendre. Il y a un an, encore, à faire à la stratégie jeunesse, et nous la prolongeons d'un an, bon, un. Donc, c'est normal que maintenant... Ça fait cinq mois qu'on est là, hein, je vous le rappelle. Alors, c'est normal que tout ne soit pas écrit dans le moindre détail. On a déjà un canevas de base sur ce que l'on veut faire, qui on veut aller voir, comme mon adjoint parlementaire vous le mentionnait, et nous dégagerons, à l'intérieur du Secrétariat à la jeunesse, dans les budgets, le budget nécessaire à une tournée régionale. Pour l'instant, c'est à l'intérieur des budgets de fonctionnement du secrétariat.

Comme nous allons consulter des gens qui... par l'intermédiaire des forums jeunesse, c'est déjà dans leur mandat, donc on n'a pas besoin d'ajouter d'argent pour qu'ils fassent ça puisque c'est leur mandat fondamental de consulter les jeunes sur différents projets, différentes politiques, etc. Donc, nous procéderons par les forums jeunesse. Ce ne seront pas des sommes considérables qui devront être mises dans l'élaboration de la politique quant à l'aspect administratif de cette politique.

Mais, pour l'instant, je ne peux pas vous indiquer exactement quels seront les coûts qui seront encourus pour définir la nouvelle stratégie jeunesse qui commencera en 2015.

 

Une voix : ...

 

Mme Marois : Comme mon adjoint parlementaire me le mentionnait, on pourra le voir dans les prochains crédits, cependant.

 

Le Président (M. Picard) : Merci. M. le député.

 

M. Iracà : Oui. Alors, M. le Président, ce que... La question, dans le fond, c'est : Quand on désire faire un changement majeur, quelque chose qui est tablé depuis plusieurs années, qui, selon moi, et selon plusieurs organismes, et selon plusieurs jeunes, selon plusieurs partenaires, fonctionne très bien, et là on dit : On change la donne, on consulte, quand on a cette intention-là, est-ce qu'il y a quelque chose que la première ministre trouve qui ne va pas bien, qui va mal? Les carrefours jeunesse-emploi, est-ce qu'il y a quelque chose à changer là-dedans? Il y a-tu quelque chose... Il y a-tu des informations que vous avez qui vous font dire : Bien là, là, il faut tout changer, il faut consulter puis il faut changer la façon de voir les choses? Parce que, moi, ce que j'entends, c'est complètement l'inverse, c'est de dire qu'on a besoin d'une stabilité, on a besoin de poursuivre, et les organismes font du bon travail.

Alors, ma question : Ce qui vous a amené à avoir l'idée de tout changer ou de consulter et de faire en sorte qu'on remet les bases qui sont tablées depuis plusieurs années en question. Il y a-tu des informations que je n'ai pas?

 

Mme Marois : On ne changera pas nécessairement tout ce qui est là. Au contraire, quand je regarde l'évolution qu'on a connue avec les carrefours jeunesse-emploi, par exemple, que j'ai suivis d'un peu plus près, comme les forums jeunesse qui étaient nés sous notre gouvernement et que je vois comment ils ont diversifié leurs interventions à l'endroit des jeunes... Et ils vont vers les écoles secondaires, ce qu'ils ne faisaient pas à un certain moment parce qu'ils étaient surtout préoccupés par l'insertion en emploi. Alors, c'est très diversifié, ce que font les carrefours jeunesse-emploi. Notre idée n'est pas de remettre en question ces orientations-là. Ce que j'ai demandé au secrétariat, avec mon adjoint parlementaire qui fera la consultation, c'est d'abord de faire le bilan, et le bilan devrait nous indiquer si on maintient une grande partie de ce qui est là, et je crois que ce sera le cas, mais qu'est-ce qu'on va modifier et dans quel sens doit-on le faire. Et un des défis qui nous interpellent, c'est effectivement — oui, je m'excuse, je termine — qu'il y a deschangements majeurs au niveau de la démographie et comment prendre en compte ces changements majeurs, parce que ces jeunes qui sont là maintenant, ils vont être... Ils sont déjà dans la population active, mais le poids qu'on leur demandera de supporter par rapport aux retraités, par exemple, puis peut-être que justement ça ne sera pas un poids parce que ces retraités vont être actifs encore plus longtemps, ça change la donne. Et moi, je crois que c'est une réflexion qu'on doit faire avec les jeunes du Québec puis avec les gens de d'autres générations aussi.

Mais notre intention, ce n'est pas de remettre en question ce qui va bien, ce qui fonctionne, c'est d'abord de faire le bilan, ensuite d'identifier ce qu'on pourrait faire de plus, de mieux ou de différent. Alors, c'est comme ça qu'on va procéder.

Le Président (M. Picard) : Merci. M. le député, il vous reste une minute.

 

M. Iracà : Une minute. Alors, M. le Président, alors, le bilan, simplement pour dire, et ça va être une question et remarque en même temps, le bilan, vous l'avez, Mme la première ministre, dans le rapport de la mi-étape qui n'est pas sur Internet et que personne n'a vu. Alors, je pense que ça vaudrait la peine d'aller lire le rapport de mi-étape. C'est à ça que ça sert. Quand on met des bases et qu'on dit : On fait un plan quinquennal, mais on s'assure que, dans ce plan-là, il puisse y avoir des rapports de mi-étape ou aux trois quarts de l'étape et à la fin de l'étape, c'est justement pour avoir un suivi. Quand on parle de plan quinquennal, on ne dit pas aux gens : Vous avez carte blanche, on se reverra dans cinq ans. On dit aux gens : Écoutez, on va faire des rapports de mi-étape, on va se rasseoir ensemble. Alors, je trouve qu'il n'y aurait rien qui aurait pu empêcher le gouvernement en place...

 

Le Président (M. Picard) : En conclusion.

 

M. Iracà : ...de reconduire pour cinq ans la stratégie jeunesse et d'y aller avec des bilans mi-étape sans imposer de stress ou d'attente pour les organismes qui sont en place.

 

Mme Marois : ...revenir de toute façon.

 

Le Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Arthabaska pour 6 min 20 s.

 

Mme Roy (Arthabaska) : Merci, M. le Président. Je profite... Je vais prendre un petit 30 secondes pour saluer tous les gens qui sont ici, l'équipe de Mme la première ministre et tous les gens qui s'occupent de jeunesse, de stratégie jeunesse. Elle me semble faire assez l'unanimité, un consensus depuis longtemps. C'est la raison pour laquelle je voudrais attirer l'attention de la première ministre sur une autre problématique vécue par les jeunes, pas des jeunes qui ont réussi, comme j'en ai un exemple devant moi, qui ont réussi leur rêve, mais des jeunes qui ont vu leur rêve brisé. Vous n'avez pas... Le contexte, Mme la Présidente... M. le Président, je m'excuse, c'est parce que Mme la première ministre, je ne dois pas l'interpeller. Saviez-vous que la traite des personnes est le crime le plus en hausse à l'heure actuelle dans le monde? La traite des personnes, au Québec, ça se traduit par... La réalité, au Québec, c'est : la majorité des victimes de la traite sont des jeunes Québécoises forcées à la prostitution par des recruteurs bien organisés.

Nous avons signé la convention de Palerme, au Canada, contre la traite des personnes, et cette convention des Nations unies prévoit une prévention par la sensibilisation, une protection des services intégrés, et puis je me disais, Mme la Présidente, que ces jeunes sont des victimes et que la définition de la loi aux victimes d'actes criminels devrait être élargie pour comprendre ces jeunes victimes de la prostitution juvénile.

Lorsqu'on lit dans les journaux, à l'heure actuelle, «la résurrection du Wolf Pack» ici, à Québec, cela m'inquiète, Mme la Présidente... M. le Président, et j'aimerais que Mme la première ministre en fasse un cas personnel, qu'on s'occupe de ces jeunes qui sont recrutés par des personnes bien organisées, ces jeunes victimes. Puis, contrairement à ce qu'on en pense, ce ne sont pas que des victimes de familles moins bien nanties ou dysfonctionnelles, ce sont aussi des jeunes qui vivent dans des familles tout à fait normales. Et, Mme la Présidente, le chef de police ici disait... le président de la Fraternité des policiers de Québec disait : Si on n'en parle pas, si on se met la tête dans le sable, si on ne fait pas de prévention, si on n'explique pas aux parents comment la détecter, et dans les milieux, et ce, de façon nationale, le phénomène ne va faire qu'empirer, que s'accroître.

 

Le Président (M. Picard) : Mme la première ministre.

(19 h 40)

Mme Marois : Merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, j'écoute attentivement ce que dit la députée d'Arthabaska et je suis très sensible à des situations comme celles-là. Et vous avez raison de les soulever. Honnêtement, en toute franchise, je ne peux pas vous dire ici que je connais l'ampleur de ce phénomène. Peut-être même serait-il nécessaire de le documenter pour voir qu'est-ce que ça représente dans les faits et quels sont les moyens que l'on pourrait mettre en place pour corriger une telle situation.

On parle de la stratégie jeunesse, d'intervention jeunesse depuis un moment autour de cette table. On sait qu'il y a beaucoup d'actions qui se font pour mobiliser des jeunes, pour aider des jeunes à retourner aux études, à accéder au marché du travail, à participer à leur société, à avoir une action citoyenne significative. Mais il y a aussi, dans la stratégie jeunesse, des stratégies qui... des actions qui s'adressent à des jeunes qui vivent des grandes détresses ou des grandes difficultés. Entre autres, on a un volet qui concerne les centres jeunesse, alors qu'on sait que souvent s'y retrouvent des jeunes qui ont vécu soit des phénomènes de maltraitance, de mésadaptation, de délinquance. On connaît bien ce dont il s'agit, des mauvais traitements, les signalements à la DPJ, etc.

Bon. Moi, je trouve intéressant ce que la députée soulève. Je suis prête à prendre la question... pas en délibéré, mais à recevoir la question puis à évaluer avec le ministre de la Justice, avec le ministre de la Sécurité publique et avec les différents partenaires jeunesse, les corps policiers, comment documenter une telle réalité et ensuite comment agir sur une telle situation. On est tous sensibles à ça. Et puis c'est vrai que le Québec, soit par l'intermédiaire parfois du Canada ou directement, parce qu'on signe des conventions internationales dans nos champs de compétence... Et vous faites référence à une convention internationale, là, la convention de Palerme, c'est bien ça que je comprends. Alors, moi, je prends... Je prends note de cette question qui est soulevée, et je m'engage à revenir éventuellement sur ça avec peut-être une proposition ou des éléments d'action plus détaillés.

Le Président (M. Picard) : Merci. Mme la...

 

Mme Roy (Arthabaska) : Ce que disait...

 

Le Président (M. Picard) : 1 min 30 s.

 

Mme Roy (Arthabaska) : Oui. Ce que disait le chef de police, c'est que les vérités que nous aimons le moins entendre sont souvent celles que nous devrions écouter. Il faut arrêter de se mettre la tête dans le sable. Et le fait d'en parler amène davantage de dénonciations, et ce qui fait bouger les choses. Ça nous prend le fait d'en parler par la prévention et une approche intégrée. Pour respecter la convention de Palerme, au Québec, on a toujours voulu avoir une justice qui est inclusive et non dénonciatrice. Et on veut contrer la récidive par la réhabilitation. Je pense que c'est une approche qu'on devrait travailler.

 

Le Président (M. Picard) : Une minute, Mme la première ministre.

 

Mme Marois : Absolument. Je suis tout à fait d'accord. Vous savez, j'étais à l'origine de l'implantation de la Loi sur la protection de la jeunesse, qui était une loi très novatrice quant à la volonté que vous avions de prévenir, d'intervenir, de réhabiliter plutôt que de punir. Et on peut développer, au niveau de la situation que soulève la députée d'Arthabaska, le même type d'approche. Et, quant à moi, encore une fois, je suis très ouverte et très disponible pour discuter de cette question puis éventuellement proposer des pistes d'action.

 

Le Président (M. Picard) : Merci. Je cède maintenant la parole à M. le député... côté gouvernemental, M. le député de Laval-des-Rapides.

 

M. Bureau-Blouin : Merci beaucoup, M. le Président. Tout d'abord, j'aimerais saluer Mme la première ministre, mes collègues de l'Assemblée nationale, saluer également l'ensemble du personnel qui est avec nous aujourd'hui, notamment le personnel du Secrétariat à la jeunesse. Donc, d'abord, j'aimerais remercier la première ministre de la confiance dont elle fait preuve à mon égard, et ce, depuis mon entrée en fonction à titre de député de la circonscription de Laval-des-Rapides. Je suis particulièrement honoré de l'assister en tant qu'adjoint parlementaire pour les dossiers jeunesse. Et je lui suis très reconnaissant de l'opportunité qui m'a été offerte. C'est donc avec beaucoup d'honneur que j'accepte le nouveau mandat qu'elle souhaite me confier, à savoir la planification d'une tournée régionale de mobilisation et de consultation jeunesse. Je considère ce mandat comme un privilège, et j'entends m'y consacrer avec digilence... diligence, pardon, dans un esprit de...

 

Une voix : ...

 

M. Bureau-Blouin : Diligence, pardon, dans un esprit d'ouverture et de collaboration avec les citoyens du Québec. Donc, accompagné du personnel du Secrétariat à la jeunesse, j'aurai ainsi l'occasion de rencontrer les jeunes de diverses régions afin de sonder leurs préoccupations et de stimuler la mobilisation. À diverses étapes de ce projet d'envergure, j'aurai la chance d'être soutenu par mes collègues député de Saint-Jean et député de Terrebonne, que je remercie d'avance pour leur aide.

Donc, cette tournée sera par ailleurs l'occasion de réaliser des avancées en ce qui a trait à l'utilisation des outils numériques au sein de notre gouvernement. Grâce aux technologies, nous avons désormais l'opportunité de réinventer la politique et de dynamiser les liens entre les élus et la population. Ces outils de communication... Ces nouveaux outils de communication offrent, je pense, une opportunité sans précédent d'être en contact avec les gens et de soulever des débats en continu.

J'aimerais maintenant axer sur ce qui nous a amenés à renouveler ce plan d'action gouvernemental pour les jeunes, parce que le député de Papineau a soulevé une question intéressante en demandant qu'est-ce qui a changé, qu'est-ce qui a changé au courant des dernières années. Eh bien, ce qui a changé, ce sont plusieurs choses, mais notamment le renversement de la pyramide démographique qui était une réalité qui semblait bien lointaine au début des années 2000, lorsqu'on a commencé à élaborer les plans d'action gouvernementaux pour les jeunes. À titre d'exemple, en 2010, c'est 15 % de la population québécoise qui avait plus de 65 ans; en 2030, cette proportion de la population va passer à 25 %. Jamais dans l'histoire du Québec n'y aura-t-il eu autant de gens en haut de 65 ans, et, dans les pays de l'OCDE, le Québec sera parmi les populations les plus vieillissantes. Et ça, je peux vous dire que ça va avoir des conséquences sur l'ensemble de la société québécoise, que ce soient les pressions sur le système de santé, la diminution de la population active, donc ultimement la diminution des taxes et des impôts qui sont perçus par le gouvernement du Québec, alors qu'une pression de plus en plus grande va s'accentuer sur les programmes sociaux. Ce sera une réalité sans précédent qui va être vécue par l'ensemble des pays occidentaux, mais qui va être vécue de manière plus particulière, notamment dans l'ensemble canadien, par le Québec, et ça, c'est une réalité qui n'existait pas au courant des dernières années et qu'on doit commencer à réfléchir dès maintenant si on veut être prêts à partir de l'année 2030.

Et on ne peut pas se contenter, comme le propose le député de Papineau, de renouveler sans réflexion l'ensemble des plans d'action gouvernementaux. Si on veut se préparer à un contexte social, économique et changeant, c'est dès maintenant qu'il faut réfléchir pour consulter la population, pour bien planifier les politiques publiques et pour s'assurer que les deniers publics sont bien investis. C'est donc dans cette perspective de consultation que je conçois également le rôle d'élu qui est, à mon sens, un rôle de mobilisation auprès de la population et auprès de cet enjeu particulièrement important qu'est le renversement de la pyramide démographique. À mon sens, le rôle du parlementaire en est aussi un d'animateur social. En effet, la politique doit être appuyée sur une volonté authentique de favoriser l'engagement des citoyens dans les débats publics qui les concernent.

En d'autres mots, je juge qu'il est de notre devoir de stimuler la participation citoyenne. Et, en raison des changements démographiques que j'ai évoqués, qui surviendront au cours des prochaines années, nous serons amenés à nous poser de multiples questions. Quel type de développement économique voulons-nous privilégier? Quel type de croissance économique allons-nous choisir? Quelle conception de l'État souhaitons-nous adopter? Quelle est notre vision de la justice sociale, du développement durable, de l'équité intergénérationnelle? Comment pouvons-nous protéger nos acquis tout en préservant l'espace nécessaire pour innover, créer et nous adapter aux mutations du Québec et à celles du monde dans lequel nous évoluons? Ce sont là des questions fondamentales qui détermineront dans une large mesure les orientations des politiques québécoises à venir. Et, pour répondre à ces questions, la collaboration de tous les Québécois sera sollicitée. Il est donc impératif de nous doter de nouvelles manières de débattre de ces choix qui seront de plus en plus complexes. Et, au regard de toutes les problématiques qui pourront survenir dans l'avenir du Québec, je crois qu'il faut voir, dans le printemps érable, les témoignages d'un grand nombre de citoyens qui refusent de se sentir écartés des grandes décisions fondamentales que les élus sont amenés à prendre, et c'est pour cette raison que je juge essentiel de mettre les citoyens à contribution dans le processus de décision, et j'espère que la tournée que nous allons entamer deviendra un modèle de consultation gouvernementale, un modèle de consultation où la population est partie intégrante des solutions. Merci beaucoup, M. le Président.

 

Le Président (M. Picard) : Merci. Avez-vous une question?

 

M. Bureau-Blouin : Non, je n'avais pas de question. Merci beaucoup, M. le Président.

 

Le Président (M. Picard) : M. le député de Saint-Jean.

 

M. Turcotte : Moi, j'ai une question, M. le Président, à la première ministre. J'ai entendu l'intervention... D'ailleurs, je salue la première ministre et les collègues ici et les gens du secrétariat. J'ai entendu les remarques préliminaires tantôt, une phrase très importante qui est «impliquer les citoyens». J'ai entendu ça et ça m'a amené à me questionner sur la participation citoyenne des jeunes, parce que, on l'a vu lors de différents événements, les jeunes s'impliquent dans des causes qui les intéressent, qui les interpellent, et moi, je considère que c'est un enjeu important, et un gouvernement ne peut pas passer à côté de la participation... ne peut pas passer à côté des jeunes, mais encore moins de favoriser la participation citoyenne. Et moi, je vois — on l'a tous, dans nos régions — des organismes qui font un travail extraordinaire à ce niveau-là qui sont les forums jeunesse, et on parle de tournée régionale. D'ailleurs, l'adjointparlementaire à la première ministre député de Laval-des-Rapides, le député de Terrebonne, moi, on va s'unir ensemble, travailler là-dessus. Les forums jeunesse dans les régions font déjà un travail extraordinaire.

Moi, j'aimerais savoir comment la première ministre voit le rôle des forums jeunesse dans chacune de nos régions, ici et les autres régions du Québec, dans ce travail-là qui sera fait de consulter les jeunes à travers le Québec pour cette nouvelle stratégie qui est une stratégie importante, et c'est une stratégie sur cinq ans. On ne peut pas aller de l'avant sans consulter les gens qui sont les principaux intéressés qui sont nos jeunes, et ça prend des outils pour ce faire.

Donc, comment les forums jeunesse seront impliqués? Est-ce qu'ils devront organiser des événements ou autres, puis tout ça, là? Donc, comment la première ministre voit ça? Et aussi, puis j'aimerais terminer là-dessus, il faut se rappeler que, si on incite nos jeunes à participer davantage, bien, ces jeunes-là vont faire des débats, amener des idées, vont s'impliquer et vont aussi passer à l'action pour faire bouger les choses, faire changer les choses au Québec, puis c'est là-dessus qu'on veut travailler, faire en sorte qu'on ait un meilleur avenir au Québec puis, pour ça, bien c'est la participation de nos jeunes.

Donc, ma question très simple : Les forums jeunesse, comment on les implique, eux aussi? Comment on les fait participer dans ces consultations-là?

(19 h 50)

Le Président (M. Picard) : Mme la première ministre.

 

Mme Marois : Merci beaucoup, M. le Président. C'est fort intéressant de s'arrêter sur la question de la participation citoyenne, de la participation citoyenne des jeunes. Cette idée, elle est apparue déjà au moment où on a préparé le premier sommet sur la jeunesse et... pas celui de M. Lévesque mais celui qui a été mis en place sous... au début... à la fin des années 1990, début des années 2000. En fait, c'est au début des années 2000, et il s'est formé, dans chacune de nos régions, des... il s'est constitué ce qu'on a appelé les forums jeunesse, c'est-à-dire des groupes de jeunes provenant du milieu du travail, provenant du milieu de l'éducation, du milieu du loisir, du milieu de la culture, du milieu des organisations sociales, et ces jeunes-là... Écoutez, il y a actuellement, on me dit, 300 jeunes administrateurs. On dit «administrateurs»parce qu'ils sont membres d'un conseil d'administration, que forment les... que sont les forums jeunesse, qui administrent d'ailleurs des fonds et qui rendent disponibles des sommes pour permettre à des jeunes de voir se réaliser des projets, des projets qui peuvent être autant dans le domaine — je dirais — de l'implication dans le milieu qu'au niveau plutôt des aspects culturels, encore une fois, des aspects sociaux, économiques ou autres.

Alors, ces forums jeunesse sont une richesse précieuse. Évidemment, ils se renouvellent. C'est ce qui est formidable parce qu'on n'est pas jeunes si longtemps que ça. Alors donc, ces forums se renouvellent et ceux qui arrivent portent des points de vue parfois différents de ceux qui ont quitté. Bon, donc, forums jeunesse qui ont été implantés à la fin des années 1990 qui... de jeunes qui viennent de tous les milieux, de tous les secteurs d'intervention et qui invitent d'autres jeunes à manifester leurs intérêts pour des projets, pour la réalité politique, faire des débats sur les institutions politiques. Bon. Et, en plus, ce qu'ils ont fait dans les dernières années, ils ont fait des appels à des jeunes qui vivaient des expériences particulières pour mettre en valeur ces expériences-là et les partager avec d'autres jeunes des régions respectives, de telle sorte qu'on a mis en lumière des actions qui ont été menées par des jeunes et que l'on reconnaît maintenant par un gala, d'ailleurs, reconnaissance. Imaginez comment c'est assez formidable que quelqu'un qui a donné un coup de pouce dans une organisation, je ne sais pas, d'entraide internationale, qui a réuni des jeunes de son milieu, et son action est mise en valeur, soulignée comme étant un jeune qui s'est impliqué.

Alors, ce que l'on veut faire et ce que l'on a fait déjà... D'abord, pour la préparation du Sommet sur l'éducation, on est allés vers les forums jeunesse et on leur a demandé leurs contributions, leurs points de vue : Comment ils voyaient l'éducation? Comment ils voyaient la suite des choses? Ça, c'est un, et ces consultations-là ont été ramassées, si on veut — c'est que mon adjoint parlementaire a été particulièrement impliqué dans cette démarche — et vont servir à... et ont servi déjà à alimenter le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Science, de la Techno, qui va présenter et faire des interventions sur la base de ce qu'il a retenu de ces jeunes au moment du... le sommet sur la jeunesse... c'est-à-dire sur l'éducation, qui va se tenir dans la semaine prochaine.

Alors, ces jeunes-là, ils ont développé une expertise citoyenne, finalement, de participation, et c'est sûr que, dans une société qui nous interpelle beaucoup, où nos institutions sont mises à mal, que des jeunes aient le goût de revaloriser les institutions, je crois qu'on atteint là un objectif fondamental comme société. Moi, je suis très, très fière de ce qu'on a fait, et la suite des choses va être tout aussi importante, puisque mon adjoint parlementaire, avec le Secrétariat à la jeunesse, va aller vers ces forums-là. On n'inventera de nouvelles organisations. On va aller vers ces forums puis on va leur demander leurs points de vue.

D'ailleurs, le député de Papineau tout à l'heure disait : Pourquoi vous ne faites pas un bilan et puis vous ne gardez pas tout ce qui se fait déjà? Le bilan, là, ce n'est pas un bilan de mi-mandat, hein, c'est une reddition de comptes, c'est-à-dire, on dit ce à quoi a servi l'argent, quels groupes ont été atteints, quels projets ont été réalisés. Un bilan, c'est plus que ça, c'est de dire : Est-ce que les projets réalisés ont atteint les objectifs qu'on s'était fixés? Et ça, c'est l'étape qui va se franchir maintenant et en même temps qu'on va faire les consultations, de sorte qu'on va renouveler la stratégie jeunesse, et c'est mon adjoint parlementaire qui fera cela avec le... voyons, le Secrétariat à la jeunesse.

 

Le Président (M. Picard) : Merci, Mme la première ministre. M. le député de Terrebonne.

 

M. Traversy : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, j'aimerais tout d'abord vous saluer, saluer la première ministre du Québec, mon collègue de Laval-des-Rapides, mon collègue de Saint-Jean ainsi que le député de Papineau, que je respecte dans ses fonctions, pour avoir occupé ce poste, là, pendant deux ans, dans les dernières années, Mme la députée d'Arthabaska, ainsi que l'ensemble de l'équipe gouvernementale qui varie du Conseil du trésor à la Sécurité publique, passant par le Secrétariat de la jeunesse et le bureau de la première ministre.

Alors, de vous dire à quel point l'année 2012, M. le Président, a été une année effervescente, une année extraordinairepour la jeunesse québécoise. Nous en avons parlé tout à l'heure, le printemps québécois. Jamais on n'a parlé autant de jeunesse dans une année politique, et je crois qu'au cours de ces mois qui ont caractérisé ce printemps québécois la jeunesse du Québec a su démontrer ses motivations et son intérêt à participer aux débats de société et à la politique québécoise. Ils ont compris que, si on ne s'occupait pas de la politique, la politique, elle, pouvait s'occuper d'eux. Et d'ailleurs on en a un exemple vivant à côté de nous, M. le député de Laval-des-Rapides, qui a décidé, lui, de... qui a bien compris, il a décidé de s'impliquer activement — et on a la chance de l'avoir aujourd'hui à nos côtés — a gagné une élection de façon historique en devenant le plus jeune député de l'Assemblée nationale à l'âge de 20 ans. Je trouve que c'est important de le souligner dans le cadre des crédits jeunesse.

Nous avons aussi vu qu'à la dernière élection, M. le Président, le taux de participation des jeunes avait relativement bien augmenté quand on pense qu'en 2008 seulement 36 % de nos jeunes concitoyens s'étaient exprimés par la voix des urnes aux élections générales du Québec et qu'on voit qu'aujourd'hui près de 64 % d'entre eux se sont exprimés. On peut voir qu'il y a une augmentation assez considérable. On parle, là, donc, d'une augmentation assez importante. Malgré tout, elle reste 13 % plus basse que la moyenne nationale du Québec. Alors, connaissant l'intérêt de la première ministre pour la jeunesse, j'aurais donc une question à lui poser. J'aimerais profiter du temps d'antenne qui nous est disposé pour qu'elle puisse peut-être nous expliquer le plan de match que notre gouvernement a pour non seulement conserver ce taux de participation, mais aussi l'augmenter au cours des prochaines années.

 

Mme Marois : Il me reste une minute.

 

Le Président (M. Picard) : Vous avez la dernière minute.

 

Mme Marois : Vous m'indiquez la dernière minute. Alors, je remercie le député de Terrebonne de sa question. Vous savez qu'on a déposé un projet de loi à l'Assemblée nationale pour permettre à des jeunes qui sont sur les campus, dans les cégeps, dans les universités de pouvoir voter sur le campus en donnant leur vote dans leur comté d'origine, hein, et ça, c'est une proposition qui a été faite déjà aux partis de l'opposition. On a déposé un projet de loi à la dernière session. Nous souhaitons qu'il soit adopté. Le Directeur général des élections nous a dit qu'il n'y avait aucun problème pour mettre en place cette façon de faire, et moi, je crois que ça va augmenter la participation des jeunes à l'élection, au choix de leurs élus, puis il est tellement important parce que le premier vote, il a comme conséquence généralement d'être suivi par d'autres participations...

 

Le Président (M. Picard) : En conclusion.

 

Mme Marois : ... parce que, si on ne vote pas autour de 18, 20, 21, parfois, malheureusement, on ne vote pas plus tard.

Et, en terminant, je veux dire, pour rassurer le député de Papineau, que les carrefours jeunesse-emploi ont émis un communiqué pour dire comment ils étaient satisfaits du fait qu'on fasse le bilan, qu'on les consulte parce qu'ils ont justement beaucoup évolué et souhaitent que la nouvelle stratégie jeunesse tienne compte de leurs propositions et de leur expérience pour la suite des choses.

 

Adoption des crédits

 

Le Président (M. Picard) : Merci, Mme la première ministre. Le temps alloué à l'étude du programme Jeunesse étant écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix du programme. Ainsi, le programme 5, Jeunesse, pour l'exercice financier 2013-2014 est-il adopté?

 

Des voix : Adopté.

 

M. Iracà : Sur division.

 

Adoption de l'ensemble des crédits

 

Le Président (M. Picard) : Sur division. Finalement, l'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille Conseil exécutif pour l'exercice financier 2013-2014 est-il adopté?

 

Des voix : Adopté.

 

M. Iracà : Sur division.

 

Le Président (M. Picard) : Sur division.

La commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Merci et bonne soirée.

 

(Fin de la séance à 20 heures)

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