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Version finale

15e législature, 2e session
(11 janvier 1921 au 19 mars 1921)

Le mardi 8 mars 1921

Ces débats, reconstitués principalement à partir des comptes rendus des médias de l’époque, ne constituent pas un journal officiel des débats de l’Assemblée législative.

Présidence de l'honorable J.-N. Francoeur

La séance est ouverte à 3 heures.

M. l'Orateur: À l'ordre, Messieurs! Que les portes soient ouvertes!

 

Rapports de comités:

M. Godbout (Beauce): J'ai l'honneur de présenter à la Chambre le dix-neuvième rapport du comité permanent des bills privés en général. Voici le rapport:

Votre comité fait rapport que les promoteurs du bill 147 concernant la Great East Company d'Assurance-Vie ont déclaré qu'ils désiraient le retirer.

Votre comité recommande à l'Assemblée de prolonger au 11 mars courant les délais relatifs à la réception des rapports sur bills privés et de dispenser du paiement des droits additionnels prescrits par le paragraphe 1 de l'article 543 du règlement, les promoteurs des bills privés qui profiteront de cette prolongation de délai.

Le rapport est adopté.

L'honorable M. Taschereau (Montmorency): J'ai l'honneur de présenter à la Chambre le douzième rapport du comité permanent des bills publics en général. Voici le rapport:

Votre comité a décidé de rapporter, sans amendement, les bills suivants:

- bill 9 amendant la loi des compagnies de Québec, 1920;

- bill 210 amendant les statuts refondus, 1909, relativement à la Cour des magistrats de district;

- bill 216 amendant les statuts refondus 1909, relativement aux commissions rogatoires étrangères.

Et, avec des amendements, les bills suivants:

- bill 143 concernant la succession de feu Michael Joseph Stack;

- bill 144 confirmant le titre aux immeubles numéros 10 et 55 du cadastre de la paroisse de la Pointe-aux-Trembles, Montréal-Est, comté de Laval;

- bill 148 concernant la succession de l'honorable J.-O. Villeneuve.

M. Létourneau (Québec-Est): J'ai l'honneur de présenter à la Chambre le dix-huitième rapport du comité permanent des règlements. Voici le rapport:

Votre comité recommande de prolonger au 11 mars prochain les délais relatifs à la réception des rapports sur bills privés et de dispenser du paiement des droits additionnels prescrits par le paragraphe 1 de l'article 543 du règlement, les promoteurs des bills privés qui profiteront de la prolongation du délai susdit.

Le rapport est adopté.

Code municipal de Québec

M. Tourville (Maskinongé) demande la permission de présenter le bill 155 amendant l'article 227 du Code municipal de Québec.

Accordé. Le bill est lu une première fois.

Code de procédure civile, article 1227

L'honorable M. Taschereau (Montmorency) demande la permission de présenter le bill 197 amendant la version anglaise de l'article 1227 du Code de procédure civile.

Accordé. Le bill est lu une première fois.

Greffiers et députés-greffiers des appels

L'honorable M. Taschereau (Montmorency) demande la permission de présenter le bill 196 amendant les statuts refondus, 1909, relativement au greffier et députés-greffiers des appels.

Accordé. Le bill est lu une première fois.

Vérification des comptes municipaux

M. Sauvé (Deux-Montagnes) demande la permission de présenter le bill 154 amendant le Code municipal de Québec relativement à la vérification des comptes municipaux.

Accordé. Le bill est lu une première fois.

Pension des magistrats de districts

L'honorable M. Taschereau (Montmorency) propose, appuyé par le représentant des Îles-de-la-Madeleine (l'honorable M. Caron), qu'à la prochaine séance la Chambre se formera en comité plénier pour prendre en considération un projet de résolution relative au bill 198 concernant la pension des magistrats de districts.

Adopté.

Commission des services publics

L'honorable M. Taschereau (Montmorency) propose, appuyé par le représentant des Îles-de-la-Madeleine (l'honorable M. Caron), qu'à la prochaine séance la Chambre se formera en comité plénier pour prendre en considération un projet de résolution relative au bill 237 amendant la loi concernant la Commission des services publics de Québec.

Adopté.

Voie ferrée de Kipawa à la rivière des Quinze

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) propose, appuyé par le représentant de Richmond (l'honorable M. Mitchell), qu'à la prochaine séance la Chambre se formera en comité plénier pour prendre en considération un projet de résolution relative au bill 199 concernant le contrat passé entre le gouvernement et le chemin de fer Interprovincial et de la Baie James et la compagnie de chemin de fer Canadien du Pacifique, relativement à la construction d'une voie ferrée de Kipawa à la rivière des Quinze.

Adopté.

Sanatorium du Lac Édouard

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) propose, appuyé par le représentant de Richmond (l'honorable M. Mitchell), qu'à la prochaine séance la Chambre se formera en comité plénier pour prendre en considération un projet de résolutions relatives au bill 236 autorisant l'achat du sanatorium du Lac Édouard.

Adopté.

École de laiterie et écoles moyennes d'agriculture

L'honorable M. Caron (Îles-de-la-Madeleine) propose, selon l'ordre du jour, que la Chambre se forme en comité général pour prendre en considération un projet de résolutions relatives au bill 220 concernant l'établissement et le maintien d'une école de laiterie et d'écoles moyennes d'agriculture.

Il informe alors la Chambre qu'il est autorisé par Son Honneur le lieutenant-gouverneur à soumettre ledit projet de résolutions et que Son Honneur en recommande la prise en considération1.

L'honorable M. Caron (Îles-de-la-Madeleine): Le projet de loi que je présente actuellement a pour but la création d'écoles moyennes d'agriculture dans la province de Québec, écoles qui seront, si l'on veut, le passage de l'école élémentaire à l'école supérieure agricole.

Jusqu'à présent nous avons eu un enseignement agricole, mais cet enseignement a plutôt été un enseignement supérieur et il s'est donné dans nos trois collèges d'agriculture de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, d'Oka et le collège MacDonald. Ces collèges ont plutôt produit des éducateurs agricoles et, bien que les conditions d'admission soient faciles, ce ne sont pas tous les fils de cultivateurs qui peuvent y aller.

Je ne dis pas cependant que tous les élèves qui sont passés par ces collèges sont devenus des éducateurs, au contraire, la plupart des élèves de ces écoles sont retournés sur la terre et sont devenus d'excellents cultivateurs. Mais il est arrivé que ces collèges, ce qui était prévu et voulu, ont produit surtout des éducateurs.

Nous voulons maintenant créer des écoles où on enseignera aux fils des cultivateurs comment cultiver la terre d'une manière scientifique et pratique, dans lesquelles les jeunes apprendront à aimer davantage l'agriculture et à la rendre plus payante. Nous voulons faire des cultivateurs et seulement des cultivateurs modèles, non pas des professeurs. Pour faire un succès de la culture de la terre, il ne faut pas seulement des professeurs, mais aussi et surtout des cultivateurs qui soient attachés au sol et qui puissent faire une culture scientifique et pratique.

Pour arriver à ce but et pour obtenir une classe de cultivateurs instruits, nous voulons prendre les jeunes, les fils de nos cultivateurs, et leur enseigner les connaissances nécessaires à la culture intelligente du sol. Nous devons donc avoir des écoles qui enseigneront ces connaissances. Ces écoles moyennes accueilleront des élèves qui ne pourraient probablement pas être acceptés dans les collèges. Je ne veux pas dire que nos cultivateurs actuels ne connaissent pas la culture, ne savent pas comment labourer le sol et en obtenir des résultats, ni qu'ils ne sont pas instruits, au contraire.

Mais il est évident qu'une instruction plus complète serait d'un grand profit pour bon nombre d'entre eux. Il faut le confesser en toute sincérité, notre rendement moyen par âcre est encore inférieur à celui des vieux pays européens. Cela tient à ce que nous ne cultivons pas avec la même méthode, que nous ne réussissons pas à "forcer" la terre comme les Européens. La voie à suivre est donc toute simple: il faut multiplier le nombre des agriculteurs experts. Pour bien comprendre la valeur de l'enseignement agricole et l'avantage d'avoir une classe agricole instruite, qu'il me suffise de vous dire que l'an dernier la production moyenne du blé au Canada était de 28 boisseaux par acre alors qu'elle était de 33 boisseaux par acre en Grande-Bretagne. Pour l'avoine, la production moyenne était au Canada de 26¾2 minots à l'acre, tandis qu'en Grande-Bretagne elle était de 353 minots.

Il (l'honorable M. Caron) donne quelques autres chiffres à l'appui de son affirmation et il donne pour raison de cet avantage de la Grande-Bretagne, que celle-ci, qui est plus avancée en existence que notre pays, l'est aussi pour ce qui regarde l'agriculture. En Angleterre, on fait une culture scientifique, alors qu'au pays, la culture est plutôt routinière. Traduit en dollars, cet écart est plus impressionnant encore.

Il signifie, si l'on ne tient compte que du blé, que l'on aurait pu faire rendre aux terrains emblavés, que nous avons perdu 333,000,000 de boisseaux. Donc, avec une meilleure connaissance et plus d'éducation dans les méthodes scientifiques de culture au Canada, pour le blé seulement, la production aurait eu l'an dernier une valeur de $400,000 de plus, et pour toute la production des différentes cultures, le montant aurait été de $800,000 de plus.

C'est cette comparaison qui a décidé le gouvernement à construire et établir une école moyenne d'agriculture dans notre province, pour tous ceux qui n'iront pas aux autres écoles d'agriculture déjà existantes, bien que les conditions ne soient pas très difficiles.

Pour faire un succès de cette école, nous comptons sur les autorités religieuses et sur les citoyens de cette province. Nous nous proposons d'abord d'avoir une direction religieuse. Il y aura un principal ecclésiastique choisi par les autorités religieuses et ce principal aura la direction morale et religieuse de cette école comme dans les académies. Le gouvernement tient énormément à ce point, conscient de l'importance de la formation chrétienne. Le gouvernement nommera les professeurs; nous gardons le contrôle de l'enseignement agricole. Le programme de cet enseignement n'est pas encore complètement défini, mais nous l'adapterons aux besoins du fils du cultivateur. Il sera nécessaire de leur donner une bonne formation française afin de leur inculquer le goût de la lecture et de l'étude.

Lorsque le fils du cultivateur saura lire, écrire d'une manière convenable, et qu'il aura une certaine connaissance du calcul, afin de bien tenir les comptes d'une ferme, nous lui enseignerons l'agriculture. Il (l'honorable M. Caron) énumère les diverses branches de l'enseignement agricole qui se limitera à l'acquisition de notions pratiques: le labour, le drainage, l'étude des types généraux et variés de sol et de cultures, le choix et le traitement des grains de semence, la culture générale et particulière, l'apiculture, l'aviculture, le soin des animaux, la construction des bâtiments nécessaires et l'hygiène de la ferme et de l'étable. On exclut la chimie agricole qui sera toujours exercée avec plus de profit par des experts ayant fait des études complètes.

Les cultivateurs ne pourraient acquérir dans ce court stage à l'école qu'une demi-science qui ne vaut guère mieux que l'ignorance. Nous croyons que ce programme sera suffisant pour rendre le cultivateur plus instruit. La première de ces écoles, nous avons pensé de l'établir dans le comté de Rimouski qui contient une population agricole travaillante et active, dans ce comté éloigné des grands centres et qui n'a pas encore été attaqué par les idées subversives qui envahissent actuellement les villes.

Nous comptons avoir le plus de facilité en cet endroit d'où nous est venue de la part des autorités religieuses la première assurance d'appui et de concours. Cette école sera une école absolument séparée des autres et sera réservée aux fils des cultivateurs seulement, car nous croyons que le contact des écoles est aussi une cause de désertion des campagnes.

Nous croyons que dans cette école où il n'y aura que des fils de cultivateurs, où on ne parlera que de l'agriculture, nous croyons, dis-je, que nous trouverons dans ces écoles, après une période d'étude de deux ans, des jeunes gens qui ne seront pas autre chose que des cultivateurs et qui ne voudront pas autre chose que cultiver et améliorer leur terre. Ils auront acquis toutes les connaissances pratiques nécessaires pour devenir d'excellents fermiers, pour faire de la culture scientifique. Mais ils n'auront pas été détournés de la terre, ils n'auront qu'un désir: y revenir le plus tôt possible pour lui demander de les nourrir et de les faire vivre.

Cette école recevra l'appui des citoyens de Rimouski, car ils en comprennent l'importance et l'utilité. Elle recevra aussi l'appui des députés de toute la région. Cette école est une expérience et c'est la province de Québec qui est la première à tenter cette expérience dans tout le Canada. Plus tard, si cette école est un succès, nous en établirons d'autres dans divers autres parties de la province. Le gouvernement en fondera sans se presser dans tous les comtés. Il y mettra cependant le temps voulu: il ne faut pas aller trop vite. Nous ne voulons pas faire un mouvement de classe, ni un mouvement de politique.

Tel n'est pas l'objectif que se propose le gouvernement. Il tient simplement à rendre les cultivateurs plus instruits pour les inciter à prendre leur place dans la société, à s'intéresser davantage à la chose publique. Nous entendons instruire davantage les cultivateurs et disséminer l'instruction agricole comme nous avons fait pour l'instruction publique dans cette province. Nous voulons rendre plus instruite cette classe des cultivateurs, classe à laquelle je suis fier d'appartenir, dont je me réclame, et sur laquelle nous comptons non seulement pour le présent, mais pour l'avenir. (Applaudissements)

M. Laferté (Drummond): C'est à titre de représentant d'un comté agricole que je tiens, dit-il, à féliciter le ministre de l'Agriculture (l'honorable M. Caron) pour l'intéressant projet qu'il vient de soumettre à la Chambre. Ce projet, monsieur, est assurément l'un des plus utiles, que dis-je, l'un des plus nécessaires qu'il nous ait encore été donné d'étudier, et il rendra à nos populations rurales des services de tout premier ordre.

Il faut par tous les moyens possibles encourager l'agriculture, base et fondement de la grandeur et de la prospérité de la nation. Il (M. Laferté) s'appuie sur le témoignage de grands philosophes et de grands poètes. Aujourd'hui, nous sommes heureux de constater que beaucoup de nos finissants de collèges ne reculent pas d'aller cultiver la terre et d'embrasser la noble profession de cultivateur. Il convient de les féliciter; leur carrière sera plus méritoire et plus fructueuse que celle des professionnels. La nécessité de l'enseignement agricole ne se discute pas: l'on ne peut aujourd'hui s'en tenir aux méthodes surannées d'autrefois. Grâce aux méthodes modernes et grâce à l'esprit d'initiative du gouvernement d'aujourd'hui qui a tant fait pour promouvoir les intérêts de la classe agricole, notre province est fière de posséder trois collèges d'agriculture qui lui font honneur4.

Les progrès accomplis en ces dernières années, grâce à l'encouragement donné par la présente administration et celle qui l'a précédée, ont été considérables. Que de chemin parcouru et que de progrès depuis 1670, date de la fondation de la première école d'agriculture de Québec, celle de Saint-Joachim. Puis en 1832, nous avons celle de Charlesbourg, en 1851 celle de la Tortue à Saint-Philippe de La Prairie, celle de Sainte-Anne de la Pocatière en 1859, l'école de Sainte-Thérèse en 1863, celle de L'Assomption en 1867, celle de Richmond en 1875, de Rougemont en 1883, d'Oka en 1893, de Compton en 1894 et de McDonald en 1907.

Tout homme qui veut se donner la peine d'étudier sans parti pris l'oeuvre de notre enseignement agricole devra nécessairement conclure que cet enseignement, bien qu'imparfait, nous a rendu des services signalés. Nos trois écoles actuelles d'agriculture, entre autres, ont formé des conférenciers émérites et des agronomes de tout premier ordre qui vont porter l'instruction agricole pour ainsi dire à domicile. À l'heure actuelle, le personnel qui se consacre à l'enseignement agricole est imposant. Il y a actuellement des agronomes dans 43 comtés ruraux de la province, qui sont heureux de payer des bonis à des agronomes et de payer même plus que n'exige le gouvernement.

Ces agronomes sont aidés d'autres experts en agriculture: douze sous-agronomes et vingt secrétaires. Ces fonctionnaires ont réalisé l'an dernier un travail considérable. Nos 43 agronomes ont donné 1,479 conférences, 1,927 démonstrations, ont organisé 204 champs de démonstration, 2,233 jardins scolaires, 22,8775 jardins à domicile, 83 expositions scolaires, 50 concours de légumes, 35 concours d'étables, ont fait 22,244 visites, en ont reçues 10,540, ont écrit 33,570 lettres et ont distribué 13,508 brochures.

Nous avons accompli des progrès marquants en agriculture depuis quelques années, et ce n'est pas dans la province de Québec que, pour empêcher la désertion du sol, nous serons contraints de rééditer le vieux statut 12 Richard 11, chapitre 3 par lequel il était interdit aux travailleurs des champs d'émigrer dans les villes.

Il (M. Laferté) rappelle ce que le ministère de l'Agriculture a fait depuis quelques années pour former des professeurs en agriculture: deux jeunes Canadiens, M. Fontaine et le Dr Bédard, à l'heure qu'il est, suivent des cours à Paris tandis que quatre à cinq autres sont à parachever leurs études agricoles aux États-Unis. L'un de ces derniers vient de recevoir de l'Université de Cornell le diplôme de "master in science". Tout ce que le gouvernement exige d'eux, c'est qu'ils restent à son emploi durant quatre ou cinq ans, afin de faire bénéficier de leurs connaissances les cultivateurs de notre province.

Notre réputation au point de vue agricole est maintenant solidement assise. Mais, quels que soient les progrès accomplis, le ministre de l'Agriculture (l'honorable M. Caron) actuel ne veut pas s'arrêter en aussi bonne voie. Jusqu'à présent, les écoles d'agriculture ont formé plutôt des conférenciers et des agronomes; le ministre de l'Agriculture a pensé établir des écoles pour faire aimer le sol à nos fils de cultivateurs et en faire des cultivateurs modèles et utiles à la société. Encore une fois, c'est le projet le plus sage et le plus pratique qu'il ait été donné aux députés de cette Chambre d'étudier.

Je formule un voeu: c'est qu'avant longtemps nous aurons une université agricole qui nous fournira les professeurs dont nous avons besoin sans que nous soyons obligés de les envoyer étudier à l'étranger. Ce serait là le parachèvement et le couronnement d'une carrière dont l'honorable ministre de l'Agriculture a raison d'être fier à plus d'un titre et qu'il a consacrée avec dévouement et énergie à l'avancement et au progrès de l'agriculture dans la province de Québec. À côté du monument élevé sur le rocher de Québec à la gloire de Louis Hébert6, le premier cultivateur canadien, il conviendrait d'élever un monument plus durable et d'avoir une université agricole qui formera une élite chargée de répandre dans le peuple les plus saines notions d'agriculture, afin d'aider nos agriculteurs à remplir le rôle que la providence leur a confié et de leur permettre de travailler à la réalisation de notre commun idéal, lequel est de conserver à notre province le rang qu'elle occupe et qu'elle a le droit de d'occuper parmi ses soeurs de la Confédération canadienne.

De semblables universités existent dans l'Ouest et dans l'Ontario. Pourquoi la plus vieille province de la Confédération n'en serait-elle pas dotée à son tour et pour quelle raison ne mettrions-nous pas les cultivateurs sur le même pied que les professionnels et les commerçants qui ont déjà leurs universités et leurs écoles techniques? Il me semble que nous nous devons à nous-mêmes de mettre ce projet à exécution et de consacrer une partie de nos revenus à en assurer la réalisation.

(Applaudissements)

M. Grégoire (Frontenac) est heureux d'appuyer cette mesure de l'honorable ministre de l'Agriculture (l'honorable M. Caron). Le Canadien français, dit-il, a été un bon trappeur, il fait un excellent colon et il sait faire un cultivateur pratique. Il est certain que la création de ces écoles d'agriculture va aider à faire aimer l'agriculture aux jeunes gens des campagnes toujours trop enclins à déserter la terre pour les plaisirs problématiques des villes.

L'instruction agricole, par ses variétés, par son étendue, fait apprécier la terre. De nouveau, il (M. Grégoire) exprime sa reconnaissance au ministre de l'Agriculture pour avoir amené cette loi qui créera des foyers où, en même temps que la science agricole, on apprendra à l'enfant à aimer davantage Dieu et la patrie. Il salue le ministre de l'Agriculture comme l'homme qui va réveiller nos cultivateurs, les sortir de la routine et leur ouvrir des horizons nouveaux.

M. Robert (Rouville): J'applaudis des deux mains à ce projet de loi et je félicite le ministre de l'Agriculture (l'honorable M. Caron) de l'avoir proposé. Je le fais comme cultivateur moi-même et comme représentant d'un comté de cultivateurs. Je suis heureux de voir l'attitude que prend le gouvernement par rapport à la classe agricole de cette province.

On a dit trop souvent que le gouvernement ne fait rien pour les cultivateurs en regard de ce qu'il fait pour les autres classes de la société. Dans les campagnes électorales, nous nous battons pour démontrer le contraire, et le ministre de l'Agriculture le fait depuis qu'il occupe ce poste avec tant de distinction et de dévouement. Ce dont je suis certain, c'est que le gouvernement de cette province s'occupe de la classe agricole autant et plus que des autres classes.

Au nom des cultivateurs que je représente, je remercie le ministre de l'Agriculture pour l'important projet qu'il présente à la Chambre. Grâce à ce projet, l'on verra grandir l'instruction agricole pour le plus grand bien de la province en général et, partant, l'on verra se développer notre grandeur agricole et notre prospérité. Il n'y a pas de plus belle industrie que celle de l'agriculture, c'est la mère nourricière de notre province et un moyen de l'aider, c'est de lui donner des écoles comme celles que veut créer le ministre de l'Agriculture.

M. Hamel (Portneuf): Bien que notaire, je suis aussi cultivateur, dit-il. Aussi suis-je heureux de prendre une faible part à ce débat. La loi que soumet le ministre de l'Agriculture est de la plus haute importance pour la classe agricole. Elle m'intéresse tout particulièrement, moi qui représente un comté où l'agriculture est particulièrement en honneur.

La création d'écoles moyennes d'agriculture dans la province est non moins importante que celle des fermes de démonstrations. Les résultats n'en pourront qu'être efficaces. Ce sera un grand remède contre le mal rongeur de la désertion des campagnes. Notre province souffre de ce mal peut-être moins que les autres pays, mais elle en souffre quand même pour justifier le cri d'alarme que le ministre de l'Agriculture a jeté souvent l'été dernier et pour justifier les mesures que l'on prend pour l'enrayer.

La terre se déserte, par les jeunes surtout. Mais pourquoi? L'attrait des grandes villes sans doute, l'attrait des gros salaires. Mais il y a plus. Aujourd'hui, la ville a des attraits pour les gens instruits. Le fils de cultivateur qui s'en va étudier dans les académies des villes va puiser une instruction excellente. Il en ressort plus apte à gagner sa vie dans les bureaux ou dans le commerce, c'est vrai, mais il n'apprend pas à travailler sur la terre et il se détache de celle-ci. Quoi de plus naturel qu'il déserte le village pour la ville?

Un garçon qui va au collège s'instruit, et il obtient un emploi bien rémunéré, grâce aux connaissances qu'il a acquises à l'école. S'il vient de la campagne, il n'y retourne pas, il reste en ville. Mais que l'on dirige ces fils de nos cultivateurs vers des institutions où, tout en acquérant une solide instruction, ils apprendront à mieux connaître les choses de la terre. Et ils seront infailliblement gagnés à celle-ci et ils lui resteront indéfectiblement attachés. Que l'on donne, M. l'Orateur, à nos cultivateurs, des écoles d'agriculture pour leurs fils. Ces derniers y puiseront une instruction profitable qui les fera aimer davantage leur noble profession.

Il est une chose qui frappe plus particulièrement: c'est que ceux qui aiment le plus passionnément l'agriculture, ceux qui y mettent le plus de dévouement, qui y consacrent le meilleur de leur temps et de leur énergie, ce ne sont pas les cultivateurs qui ont toujours demeuré sur la terre et fait de la culture, mais ce sont ceux qui viennent à la terre après avoir appris quelque chose de la science agricole moderne. Leur culture les aide à comprendre la noblesse de leur rôle, et ce sont les meilleurs apôtres de l'agriculture.

La création des écoles moyennes d'agriculture donnera aux fils de cultivateurs une instruction conforme à leurs besoins. C'est une heureuse initiative du ministre de l'Agriculture (l'honorable M. Caron) et je l'en félicite. Dans mon opinion, cette institution sera du nombre de celles qui font le plus honneur à notre province et au gouvernement libéral, et aussi du nombre de celles qui rendront à la patrie les plus précieux services. (Applaudissements)

M. Thériault (L'Islet) loue le ministre de l'Agriculture (l'honorable M. Caron) pour l'excellente mesure qu'il propose. Je vois dans le projet à l'étude un grand progrès dans le sens de la spécialisation appliquée à l'agriculture, comme elle a été appliquée à toutes les autres branches du domaine économique. Cette idée de spécialisation n'est pas nouvelle, mais les applications n'en sont encore qu'à leur début.

Déjà elles ont donné des résultats merveilleux dans plusieurs pays. Ici, malgré le retard que nous avons sur les autres, cette tendance à la spécialisation s'affirme davantage, chaque jour. Ai-je besoin de signaler des principales manifestations dues à la sagesse de notre administration provinciale. Mais il ne faudrait pas aller trop loin tout de même dans cette spécialisation qui consiste dans sa forme la plus pratique à pourvoir aux moyens de s'orienter dans la voie que l'on a choisie.

Le premier avantage de la loi qui nous est proposée qui est de spécialiser les élèves en science agricole, n'est rien auprès de celui qui en résulterait pour le développement de l'agriculture dans notre province. Tout ce qui touche à l'agriculture doit nous être précieux. De tout temps, en effet, l'agriculture a été reconnue comme le fondement indispensable à tout édifice d'économie nationale.

L'un des grands avantages de la loi actuelle sera d'aider à la campagne du retour à la terre. Trop longtemps, nous avons vu chaque printemps des milliers des nôtres abandonner la terre des aïeux pour s'en aller aux États-Unis qui s'enrichissaient au détriment de notre province. Mais s'il y a eu beaucoup de progrès accomplis dans le domaine agricole, est-il besoin d'ajouter qu'il reste énormément à faire. C'est surtout du côté de la science agricole qu'il reste des progrès à accomplir. Le cultivateur n'a pas, quoi qu'on dise, une profession rémunératrice et la vie facile que lui prêtent les gens des villes, et à cause de cela, il est plus difficile que l'on croit de la lui faire aimer. Or, c'est par la science agricole qu'on lui fera apprécier mieux son travail et les bienfaits de sa terre. Quarante-trois agriculteurs seulement ont payé l'impôt sur le revenu l'année dernière et si l'on tient compte du travail de leurs enfants et de leurs femmes, on verra que leur revenu n'est pas très élevé. Si la culture de la terre était payante constamment, si le cultivateur n'était pas une des plus lamentables victimes de la loi de l'offre et la demande, le mouvement de désertion se ferait en sens inverse, c'est-à-dire de la ville vers les campagnes.

Ce qu'il nous faut faire, c'est de rendre l'agriculture une industrie parfaite, et nous le pouvons par le développement méthodique et intelligent des procédés agricoles. Nous devons aussi rendre plus attrayante la vie de la campagne. Il nous faut pour cela recourir à la science agricole, à ses applications, à ses méthodes, et à son outillage qui donnent d'ailleurs de bons résultats qui font rendre plus à la terre avec un travail moindre. Le projet à l'étude prévoit une sorte d'école agricole secondaire, c'est un premier pas évidemment. J'y souscris sans réserve. Jusqu'ici nos écoles d'agriculture ont été surtout des écoles de vulgarisation. Ne serait-il pas temps d'orienter ces écoles vers le haut enseignement? L'instruction sera un bienfait pour l'agriculteur.

M. Tessier (Rimouski) tient d'abord à remercier de tout son coeur le ministre de l'Agriculture (l'honorable M. Caron) d'avoir choisi son comté pour y établir la première école moyenne d'agriculture et de laiterie. Cette attention du gouvernement, dit-il, sera sensible aux cultivateurs de son comté et sera très bien accueillie. Ils lui en garderont une éternelle reconnaissance. Il (M. Tessier) rappelle une récente visite faite par le ministre de l'Agriculture à Rimouski. Évidemment, dit-il, le ministre de l'Agriculture ne se paie pas seulement de mots; il accomplit des actes. Il prédit que cette école, qui sera établie dans le comté de Rimouski, sera couronnée des plus magnifiques résultats.

Il rappelle à la Chambre qu'il y a quelques années, il a suggéré la création de ces écoles moyennes d'agriculture. Il est heureux de voir cette suggestion si tôt réalisée et qu'il soit le premier à pouvoir en apprécier les avantages d'une façon tangible. Il (M. Tessier) suggère que le gouvernement puisse établir, plus tard, une école de filles de cette nature afin, qu'issues de familles terriennes, elles reçoivent une éducation qui concorde avec celle donnée aux garçons, une éducation qui les prépare à faire de bonnes femmes d'habitants. C'est une oeuvre durable que le ministre (l'honorable M. Caron) a établie là.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Qu'est-ce qu'on va y enseigner?

M. Tessier (Rimouski): Ce qu'on va y enseigner? Mais on va enseigner aux enfants l'amour de la vie des champs, la comptabilité agricole, si nécessaire aujourd'hui, on va y enseigner les premières notions de l'agriculture; on va tourner l'esprit de nos enfants vers les choses de la terre; on va enseigner la germination des plantes, etc.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Je croyais que c'était une école de laiterie.

M. Tessier (Rimouski): Non, c'est une école d'agriculture complémentaire. Il (M. Tessier) répète combien il est heureux de voir que son comté aura l'honneur d'avoir la première de ces écoles.

M. Sauvé (Deux-Montagnes) ne voit pas sous un même oeil la question qui a été soumise. Le débat soulevé, dit-il, est intéressant à plus d'un point de vue. Cependant, il est surprenant d'entendre des hommes très distingués, trois éloquents avocats et des professionnels, parler sur la diffusion de la science agricole et s'efforcer de faire des compliments uniquement au ministre de l'Agriculture (l'honorable M. Caron) comme on vient de le faire, lorsque les résolutions qui sont soumises à la Chambre parlent en même temps de la création d'une école de laiterie. Or, cette dernière innovation n'a pas été expliquée par le ministre de l'Agriculture. Ils ont été splendides.

Ils se sont acquittés de cette tâche difficile d'une manière des plus satisfaisantes. S'il est vrai que l'honorable ministre de l'Agriculture s'en va bientôt, il s'en ira avec des fleurs. On s'est plu à lui envoyer des fleurs de rhétorique peut-être, mais des fleurs qu'il emportera lorsqu'il quittera pour la belle contrée californienne, il pourra emmener avec lui de magnifiques fleurs. Les discours fleuris prononcés avec émotion par les trois députés avocats sont, il en est convaincu, aussi beaux que les fleurs de la Californie, celles qui poussent sur la terre promise où il (M. Sauvé) souhaite que le ministre de l'Agriculture recouvrera vite la santé.

Tous les orateurs précédents ont parlé des beautés de la vie de cultivateur et d'agriculteur ainsi que du brillant avenir qui attend les fils de la terre. Cependant, ils n'ont pas posé au ministre les questions les plus pertinentes. Ils se sont limités à louanger le ministre de l'Agriculture (l'honorable M. Caron).

Il (M. Sauvé) dit qu'il aimerait en faire autant, mais qu'il y a des choses plus importantes. Avant de faire des compliments, avant de chanter les louanges du ministre de l'Agriculture, avant d'entonner ce nouveau Te Deum, je crois que le devoir d'hommes sérieux est d'étudier quelle sera l'organisation de cette école, quel sera le système de cet enseignement. Il faut en discuter le mérite. Je voudrais savoir comment le gouvernement va appliquer cette mesure? Comment ces écoles seront organisées, gérées et où seront-elles établies?

Il faut se demander ce que vont devenir les anciennes écoles d'Oka, de Sainte-Anne et d'ailleurs? On n'a pas besoin de discours académiques. Ce n'est pas le moment de remplir de lois les statuts, mais, plutôt, le temps est venu de répondre aux besoins des différentes classes de la société. Plusieurs maux doivent trouver un remède et plusieurs abus doivent être corrigés. Je ne crois pas que l'on devrait chanter le Te Deum avant que le gouvernement ait fait disparaître les abus et les scandales qui ont accompagné toutes ces mesures. Le gouvernement devrait s'efforcer de passer des mesures dans le but de réprimer ces abus. Quelles que soient les très éloquentes périodes et les savantes compositions du député de Drummond (M. Laferté), on ne nous fera pas oublier les abus commis. Je n'aurais pas parlé de cela si on n'avait pas profité de la motion actuelle pour faire un débat, une campagne politique dans cette Chambre.

Le ministre de l'Agriculture (l'honorable M. Caron) nous dit: "Nous allons établir une école de laiterie et une école moyenne d'agriculture." Le principe est bon, mais il faut considérer l'application de ce système, il faut étudier l'opération de cette école. Il me semble que c'est une école de laiterie que l'on va ouvrir à Rimouski. Et je suis surpris d'entendre le député de ce comté dire qu'à cette école de laiterie on va enseigner la germination des plantes.

Qu'est-ce que sera cette école de laiterie? Nous ne le savons pas encore. Va-t-on copier l'enseignement sur celui qui se donne à l'école d'industrie laitière de Saint-Hyacinthe où l'on réclame depuis si longtemps des réformes? Voilà ce qui intéresse ceux qui comprennent sérieusement et consciencieusement l'intérêt qu'ils doivent porter à l'agriculture et non pas les discours éloquents, académiques, qui n'ont aucun autre but que de faire croire au peuple que le gouvernement donne beaucoup aux cultivateurs, qui n'ont aucun autre but que d'enrayer un mouvement des fermiers.

Ces discours académiques, qui ne sont rien autre chose, après tout, qu'un plan électoral dont on se servira aux prochaines élections, ont sans doute pour but aussi de faire oublier les scandales de l'administration actuelle, et de l'administration passée. Le peuple ne les oubliera pas. Ils ne lui feront pas oublier non plus le dédain qu'on lui a manifesté. La classe agricole est capable de juger sainement. Elle n'est pas aussi ignorante que le veulent croire certains députés totalement inaptes à parler des choses de l'agriculture. Elle sait que, ni à la Chambre, ni surtout dans le gouvernement, elle joue le rôle auquel elle a droit. Elle peut se demander avec raison pour quel motif elle ne comte qu'un seul représentant dans le ministère. Pourquoi? Le fait que l'on confie le ministère de la Voirie et le ministère de la Colonisation et le ministère des Terres et Forêts à des logistes ne comporte-t-il pas de la part du gouvernement l'aveu implicite de l'incompétence des agriculteurs à gérer d'autres ministères que celui de l'Agriculture?

Je ne combats pas ce projet, j'en approuve les principes. On veut faire des écoles professionnelles et je félicite le ministre de l'Agriculture d'avoir proposé ce système, mais je ferai remarquer qu'il n'y a pas si longtemps qu'on voulait créer une académie commerciale neutre à Rawdon et une école technique neutre.

On nous dit que les écoles seront dirigées par des membres du clergé. Les temps sont changés. Il n'y a pas longtemps que le gouvernement traitait de rongeurs de balustres, d'arriérés et de bigots les députés de ce côté-ci de la Chambre qui voulaient rester fidèles aux principes religieux, parce qu'ils étaient restés attachés aux traditions de leur clergé et qu'ils défendaient ce dernier, et parce qu'ils protestaient contre le fait qu'on créait une école de haut enseignement commercial absolument neutre. Depuis, le gouvernement s'est amendé; mais à mesure qu'il s'amende, il s'éloigne de la politique libérale, de la vraie politique libérale, il ne se bonifie que dans la mesure où il devient conservateur. Il n'y a pas si longtemps qu'au nom du libéralisme on annonçait de grandes réformes dans cette province et l'on disait que le prêtre resterait à la sacristie. Je me félicite d'appartenir à ce parti dont les idées ont prévalu même dans le Parti libéral. Je m'en réjouis.

Ce n'est pas une victoire libérale, ce n'est pas un triomphe pour les idées libérales, mais je félicite le ministre de l'Agriculture (l'honorable M. Caron) d'avoir su faire accepter ses idées par un gouvernement libéral. Je dirai simplement aux orateurs qui ont parlé sur cette question de relire le programme de leur parti, et ils verront si c'est bien ce qu'ils prêchaient autrefois ou si ce n'est pas plutôt la politique de l'opposition qu'on a adoptée. Je répète que les députés feraient mieux de s'informer comment ce système d'écoles fonctionnera au lieu de chanter les louanges du gouvernement!

À maintes reprises, l'opposition a suggéré des améliorations en faveur de l'avancement de l'agriculture et on lui répondait qu'il n'y avait pas d'argent. L'opposition demandait alors d'employer à ces améliorations les surplus dont le gouvernement se vantait. Assistons-nous au résultat de ces suggestions? Le député de Joliette (M. Dufresne) demandait, il y a à peine quelques jours, l'établissement d'écoles moyennes d'agriculture pour les fils de cultivateurs. Il (M. Sauvé) cite une phrase du discours du député de Joliette (M. Dufresne) lors du débat sur la colonisation. Les bonnes suggestions peuvent parfois venir de l'opposition. Quand le député de Joliette a fait cette suggestion, aucun applaudissement de la droite ne l'a accueillie.

Non seulement ils n'ont pas songé à approuver cette mesure, mais maintenant que la chose est proposée par le ministre de l'Agriculture, on entonne le Te Deum, on vante le gouvernement, on fait l'éloge du gouvernement, on fait la leçon aux cultivateurs, on lui dit qu'il n'est pas assez instruit, et ensuite, on fait imprimer cela dans Le Soleil. Le ministre de l'Agriculture, à force de se défendre, a laissé pressentir qu'il a présenté ce bill dans le but de détourner le mouvement agricole qui se prépare dans cette province et dans le but de faire approuver la politique d'un gouvernement composé d'avocats.

On n'a pas d'affaire à venir dire aux cultivateurs: "Nous, les gens instruits, nous voulons vous donner plus d'instruction; vous n'êtes pas assez instruits." Les cultivateurs n'accepteront pas ces déclarations comme parole d'évangile. Ils ne se laisseront pas berner, et le jour est proche où ils se demanderont si le gouvernement les respecte comme il le dit, si le gouvernement est bien représentatif des différentes classes de cette province, si le gouvernement porte réellement ce respect qu'il dit aux cultivateurs. Ils se diront qu'un cultivateur peut être ministre de la Voirie; ils se diront qu'un cultivateur peut être ministre des Travaux publics et même ministre de la Colonisation. Ne reconnaissons pas seulement les qualités des cultivateurs par des paroles, mais par des actes.

Il ne faut pas seulement les vanter sur des tréteaux, mais il faut aussi leur donner leur place dans le gouvernement de cette province. Ce zèle pour la classe agricole ne me dit rien qui vaille. C'est bien beau de dire aux cultivateurs qu'ils sont les rois de la terre, mais prouvons-leur la sincérité de nos paroles en leur donnant plus de représentation en cette Chambre, plus de représentation dans le Conseil exécutif. Ce n'est pas tout de combler les cultivateurs d'éloges, il faut aussi leur prouver qu'on est sincère par des actes. Quand on aura fait cela, on pourra chanter les louanges du gouvernement et du ministre de l'Agriculture (l'honorable M. Caron).

Il me semble, M. l'Orateur, qu'il y a une organisation à cette session pour faire de grands débats, remplis de discours destinés à faire croire aux cultivateurs que l'on a beaucoup travaillé pour eux cette année. Bien des discours ont été prononcés cet après-midi, mais il ne faut pas se borner à faire l'éloge du gouvernement, il faut étudier sérieusement la question. Je remarque qu'aujourd'hui on fait des discours afin de montrer aux cultivateurs qu'on s'intéresse à eux, mais lorsqu'il s'agit de discuter les crédits de l'agriculture, il n'y a pas de députés dans cette Chambre. Je crois que les cultivateurs ne se laisseront pas prendre à cela. Ce n'est pas le discours du député de Drummond (M. Laferté); ce n'est pas la science du député de L'Islet (M. Thériault) que l'on veut. Ce que les cultivateurs veulent, ce sont des encouragements pratiques à l'agriculture.

Il (M. Sauvé) demande si la nouvelle école de laiterie complétera celle de Saint-Hyacinthe et si son but est de finir par avoir une université.

L'honorable député de Rimouski (M. Tessier) a dit que c'est honorer le ministre de l'Agriculture que de taire ses mérites. Je le crois et je suis sûr qu'il est aussi de cet avis.

L'honorable M. Caron (Îles-de-la-Madeleine) fait signe que oui.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Je le félicite de son expression, et je me demande quelle impression il peut avoir des députés qui viennent de lui jeter tant de fleurs. Les discours des députés de L'Islet (M. Thériault) et de Drummond (M. Laferté) se ressemblent et laissent croire qu'il y a une organisation, mais si les discours se ressemblent, les électeurs ne se ressemblent pas.

L'honorable M. Caron (Îles-de-la-Madeleine): Je suis désolé, M. l'Orateur, que les compliments que des députés ont bien voulu me faire aient porté sur les nerfs de mon ami, le chef de l'opposition (M. Sauvé). Je puis l'assurer que je ne les ai pas organisés et que si ces députés ont fait des éloges, ils les ont faits de leur propre initiative. Mais s'il est vrai que quelques membres de cette Chambre m'ont fait quelques compliments, je n'oublie pas, d'un autre côté, les critiques que l'on a faites de mon administration, et cela me ramène toujours au sens des réalités. Il (l'honorable M. Caron) avoue qu'il ne mérite pas tous les compliments qu'on lui a faits.

Maintenant, je vais expliquer à mon honorable ami pourquoi il est question d'une école de laiterie. L'école de laiterie de Saint-Hyacinthe n'a pas d'existence légale. Je n'ai découvert cela que ces jours derniers. C'est pourquoi dans le projet de loi créant des écoles moyennes d'agriculture, j'ai cru, pour ne faire qu'un projet de loi, y inclure la mention de la création d'une école de laiterie. Mais cette école est créée depuis 40 ans, elle est à Saint-Hyacinthe, et nous n'avons pas l'intention d'en fonder une nouvelle à Rimouski.

Autrefois, cette école n'avait pas besoin d'organisation légale et c'est ce que nous voulons lui donner cette année. Les nouvelles lois que nous avons passées cette année, spécialement celle concernant le paiement du gras du lait, nécessitent cette organisation. Nous voulons en effet que l'école de laiterie de Saint-Hyacinthe soit en état d'obliger les cultivateurs à se soumettre au système qu'elle organisera pour trouver la quantité de gras qu'il y a dans le lait.

Parlant du projet d'université agricole, il (l'honorable M. Caron) dit qu'il sera favorable à ce projet quand le temps sera venu. Quant au programme de ces écoles moyennes, je l'ai dit et je le répète, leur programme sera d'instruction agricole secondaire, comme les collèges classiques sont des écoles d'enseignement secondaire. L'honorable chef de l'opposition (M. Sauvé) a fait certaines critiques au sujet des directeurs de ces écoles. Il est remonté dans le passé et a essayé de faire croire que ce gouvernement avait voulu établir des écoles neutres. Jamais le Parti libéral n'a tenté la création d'écoles neutres.

Les écoles en question, comme l'École des hautes études commerciales et les écoles techniques, n'étaient pas des écoles neutres. Aussi, je ne me rappelle pas qu'un gouvernement libéral se soit jamais opposé aux autorités religieuses. Nous sommes respectueux envers les autorités religieuses et nous savons tout ce que vaut la direction religieuse. Nous savons lui aider et lui demander appui pour faire le bien.

L'honorable chef de l'opposition a profité de l'occasion pour faire sa cour à ceux qui croient que l'on n'a pas besoin de donner d'instruction aux cultivateurs. Personne n'a dit, en cette Chambre, ce que le chef de l'opposition a essayé de faire dire à certains députés; personne n'a dit que les cultivateurs sont des ignorants.

Il (M. Sauvé) prétend qu'un gouvernement qui donne aux cultivateurs les moyens de s'instruire et d'augmenter leurs chances de gagner de l'argent fait oeuvre de bienfaiteur public. Mais, tout le monde admettra que n'importe quel cultivateur, comme n'importe quel homme d'une autre profession, peut toujours apprendre quelque chose. Les paroles de l'honorable chef de l'opposition sont malheureuses et je crois qu'il les regrette.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Je les répéterai.

L'honorable M. Caron (Îles-de-la-Madeleine): Eh bien, s'il les répète, il aura tort. Ce n'est pas insulter une classe de la société que de lui offrir des moyens de s'instruire. C'est là la politique du gouvernement actuel, dirigé par le premier ministre. C'est une politique sage et je crois qu'on est bien mal vu d'accueillir cette politique, destinée à aider non seulement à notre province mais à tout le Canada, en affirmant que l'on dit aux cultivateurs qu'ils sont des ignorants, parce qu'on veut leur donner des écoles.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Je n'ai pas dit que le ministre ne pouvait pas être utile aux cultivateurs. J'ai dit que certains députés qui avaient parlé n'avaient pas le droit de faire la leçon aux cultivateurs, n'avaient pas la compétence pour faire des leçons à la classe agricole.

L'honorable M. Caron (Îles-de-la-Madeleine): J'accepte le correctif, mais je crois que les députés qui ont parlé ont prononcé des discours fort intéressants. L'honorable chef de l'opposition (M. Sauvé) a dit qu'il y avait une organisation cette année pour que l'honorable parle souvent d'agriculture en cette Chambre. L'an dernier, il nous reprochait, à la fin de la session, de ne pas avoir parlé d'agriculture.

Mon honorable ami a dit de plus que la création de ces écoles moyennes avait pour but d'enrayer le mouvement des fermiers.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Je n'ai pas dit ça.

L'honorable M. Caron (Îles-de-la-Madeleine): C'est ce que j'ai compris. J'ai cru que mon honorable ami disait que notre but était de prévenir le mouvement des fermiers dans cette province.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): J'ai dit que...

M. l'Orateur: À l'ordre.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Comment, à l'ordre?

M. l'Orateur: Si l'honorable député veut poser une question au ministre, il doit en demander la permission au député qui a la parole.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): C'est justement pour ça que je me levais.

M. l'Orateur: À l'ordre! L'honorable député de Deux-Montagnes (M. Sauvé) aurait dû demander la permission à l'honorable député qui avait la parole avant de l'interrompre. Ce sont les règlements de la Chambre et l'honorable député de Deux-Montagnes doit les observer.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Je me suis levé au bon moment.

M. l'Orateur: À l'ordre!

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Oh! À vos ordres. Mais j'ai droit de poser une question, je demande justice.

M. l'Orateur: L'honorable député doit respecter les règlements de la Chambre et s'il ne s'y soumet pas, je prendrai les moyens de l'y forcer.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Je respecte la raison et la justice.

M. l'Orateur: À l'ordre!

M. Sauvé (Deux-Montagnes): N'oubliez pas que je respecte la raison et la justice. Ce que je voulais dire au ministre, c'est que je n'ai jamais énoncé ce qu'il m'a fait dire au sujet du mouvement des fermiers.

L'honorable M. Caron (Îles-de-la-Madeleine): Je suis heureux que l'honorable chef de l'opposition déclare n'avoir pas prononcé ces paroles, car il eût été regrettable qu'il les eût prononcées. Il (l'honorable M. Caron) dit qu'il est convaincu que les écoles moyennes dont il propose la création, aident à l'agriculture et à la classe agricole.

M. Sauvé (Deux-Montagnes) veut parler.

M. l'Orateur: Vous n'avez pas droit de réplique.

La proposition est adoptée.

 

En comité:

L'honorable M. Caron (Îles-de-la-Madeleine) propose: 1. Que le ministre de l'Agriculture pourra établir et maintenir dans la province, une école de laiterie, sous le nom de l'École de laiterie de la province de Québec et, en tout endroit dans cette province, des écoles moyennes d'agriculture; et que ces écoles seront sous son contrôle et sous sa direction.

2. Que le ministre de l'Agriculture pourra acheter ou louer des terrains et y faire toutes les constructions et additions nécessaires, et qu'il pourra autoriser toutes les dépenses nécessaires à la mise en opération et au maintien de telles écoles.

3. Qu'une somme de cinquante mille piastres sera affectée, à même le fonds consolidé du revenu, aux dépenses mentionnées dans la loi qui sera basée sur les présentes résolutions.

M. Sauvé (Deux-Montagnes) pose plusieurs questions.

L'honorable M. Caron (Îles-de-la-Madeleine) donne plusieurs explications et dit que ces nouvelles écoles donneront un enseignement tout différent de celui des écoles supérieures d'agriculture.

Les résolutions sont adoptées.

 

Résolutions à rapporter:

Le comité fait rapport qu'il a adopté plusieurs résolutions, lesquelles sont lues deux fois et adoptées par la Chambre.

L'honorable M. Caron (Îles-de-la-Madeleine) demande la permission de présenter le bill 220 concernant l'établissement et le maintien d'une école de laiterie et d'écoles moyennes d'agriculture.

Accordé. Le bill est lu une première fois.

L'honorable M. Caron (Îles-de-la-Madeleine) propose que le bill soit maintenant lu une deuxième fois.

Adopté.

L'honorable M. Caron (Îles-de-la-Madeleine) propose que le bill soit maintenant lu une troisième fois.

Adopté.

Il est ordonné que le greffier porte le bill au Conseil législatif et demande son concours.

 

Dépôt de documents:

Fermes de démonstration

L'honorable M. David (Terrebonne) dépose sur le bureau de la Chambre le document suivant: Réponse à un ordre de l'Assemblée législative en date du 25 janvier 1921, pour: production de copie de toutes correspondances, documents au sujet de l'établissement de fermes de démonstration dans notre province. (Document de la session no 37)

Chemin de fer au Labrador

L'honorable M. David (Terrebonne) dépose sur le bureau de la Chambre le document suivant: Réponse à un ordre de l'Assemblée législative, en date du 12 février 1920, pour: Copies de correspondance sur la construction de chemins de fer sur la côte nord du Saint-Laurent, depuis Montréal et Québec jusqu'au Labrador sur le littoral de l'océan Atlantique, partant du détroit de Belle-Isle jusqu'à la rivière Hamilton; de tracés de chemin de fer, plans et devis, cartes géographiques de la province de Québec et cartes hydrographiques de l'océan Atlantique et du golfe Saint-Laurent, et de tout ce qui a rapport à l'établissement d'une ligne rapide avec l'Europe et de relations plus étroites et plus directes avec Terre-Neuve. (Document de la session no 38)

Chemin de fer Montréal, Grand-Tronc-Pacifique et Baie James

L'honorable M. David (Terrebonne) dépose sur le bureau de la Chambre le document suivant: Réponse à une adresse de l'Assemblée législative, en date du 12 février 1920, pour: Copies de rapports, correspondances, résolutions de conseils municipaux, de chambres de commerce, ordres en conseil du gouvernement de la province, etc., sur la construction d'embranchements du chemin de fer Grand-Tronc-Pacifique, dans la province de Québec, et particulièrement sur le projet de construction du chemin de fer partant de Montréal jusqu'au Grand-Tronc-Pacifique et à la Baie James. (Document de la session no 39)

À 6 h 15, la Chambre interrompt ses travaux.

 

Reprise de la séance à 8 h 30

Charte de Shawinigan Falls

La Chambre procède de nouveau à la prise en considération des amendements que le Conseil législatif a apportés au bill 113 amendant la charte de Shawinigan Falls et érigeant cette ville en cité. Les amendements sont lus une deuxième fois et adoptés. Le bill est retourné au Conseil législatif.

Cathédrale de Chicoutimi

La Chambre procède de nouveau à la prise en considération des amendements que le Conseil législatif a apportés au bill 109 amendant la loi concernant la reconstruction de la cathédrale de Chicoutimi. Les amendements sont lus une deuxième fois et adoptés. Le bill est retourné au Conseil législatif.

Succession R. Bouchard

La Chambre procède de nouveau à la prise en considération des amendements que le Conseil législatif a apportés au bill 111 concernant la succession de feu Raphaël Bouchard. Les amendements sont lus une deuxième fois et adoptés. Le bill est retourné au Conseil législatif.

Dentistes

M. Lemieux (Gaspé) propose, selon l'ordre du jour, que la Chambre se forme en comité général pour étudier le bill 171 amendant les statuts refondus, 1909, relativement aux dentistes.

Adopté. Le comité étudie le bill et fait rapport qu'il n'en a pas terminé l'examen.

 

Messages du Conseil législatif:

M. l'Orateur informe la Chambre que le greffier du Conseil législatif a apporté le message suivant, lequel est lu ainsi qu'il suit:

Le Conseil législatif informe l'Assemblée législative qu'il a voté, sans amendement, les bills suivants:

- bill 42 amendant les statuts refondus, 1909, relativement à la société d'industrie laitière de la province de Québec, à l'inspection des beurreries et fromageries et à la fabrication des produits laitiers;

- bill 203 concernant la mise en force du cadastre des cantons Matapédia, dans le comté de Bonaventure et Aumond et Kensington, dans le comté de Hull;

- bill 219 amendant les statuts refondus, 1909, relativement au paiement du lait et de la crème, dans les fabriques des produits laitiers;

- bill 223 amendant les statuts refondus, 1909, relativement à la tenue des termes de la Cour supérieure.

Établissements de barbiers

M. Lemay (Sherbrooke) propose, selon l'ordre du jour, que le bill 157 amendant l'article 5885 des statuts refondus, 1909, relativement à la fermeture des établissements de barbiers soit maintenant lu une deuxième fois.

Adopté. Le bill est renvoyé au comité des bills publics en général.

Services publics municipaux

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) propose, selon l'ordre du jour, que la Chambre se forme en comité général pour prendre en considération un projet de résolution relative au bill 214 concernant les différends entre employeurs et employés des services publics municipaux.

Adopté.

Il informe alors la Chambre qu'il est autorisé par Son Honneur le lieutenant-gouverneur à soumettre ledit projet de résolution et que Son Honneur en recommande la prise en considération.

 

En comité:

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) propose: Que, nonobstant les dispositions de l'article 2517 des statuts refondus, 1909, la rémunération des membres du conseil d'arbitrage qui peut être nommé en vertu de la loi qui accompagne la présente résolution sera comme suit:

Pour une journée complète en séance, $10;

Pour une demi-journée en séance, $5.

Adopté.

 

Résolutions à rapporter:

Le comité fait rapport qu'il a adopté une résolution, laquelle est lue deux fois et adoptée par la Chambre.

Il est ordonné que ladite résolution soit renvoyée au comité plénier chargé de l'étude du bill 214 concernant les différends entre employeurs et employés des services publics municipaux.

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) propose, selon l'ordre du jour, que le bill 214 concernant les différends entre employeurs et employés des services publics municipaux soit maintenant lu une deuxième fois.

Adopté. Le bill est renvoyé au comité général.

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) propose que la Chambre se forme immédiatement en ledit comité.

Adopté.

 

En comité:

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse): Cette loi contribuera considérablement à améliorer la sécurité publique. L'article 2520za, dit-il, se lit comme suit:

"Toute personne qui incite, encourage ou aide de quelque façon un employeur à déclarer ou continuer une contre-grève, ou un employé à se mettre en grève ou à rester en grève contrairement aux dispositions de la présente section, est coupable d'une infraction et passible d'une amende d'au moins cinquante piastres et d'au plus mille piastres."

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Si un maire, un maire un peu démagogue par exemple, se met en tête d'inciter des employés municipaux à déclarer ou à continuer une grève, sera-t-il sujet aux pénalités que vous venez de mentionner?

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse): Certainement.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Je parle du maire d'une grande ville sur le continent nord-américain où les nôtres sont en majorité et les Anglais en minorité. (Rires)

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Ce maire, devenu membre du Conseil législatif, est immunisé contre les attaques de la Chambre basse. Il (M. Sauvé) continue en citant l'entrevue publiée dans Le Canada en 1918. Dans cette entrevue, celui qui l'a donnée dénonce la grève des policiers lors de la formation de l'union des policiers, avant la grève des policiers de Montréal7. Cette entrevue est plutôt une réponse adressée à un journal du soir, et il y est dit entre autres choses contre le chef de police ce qui suit:

"Je n'ai rien à dire en réponse à M. Bélanger", a simplement dit M... Qu'il s'en aille donc tranquillement chez eux, M. Bélanger. C'est bien mieux pour lui de prendre son petit "satchel", puis d'aller s'asseoir dans la chaise berçante, chez lui au coin du feu. Voilà l'hiver, je comprends qu'il sente le besoin de se réchauffer, mais il s'y prend mal s'il pense que c'est en s'entraînant à la lutte avec moi. D'abord, ça ne prendra pas, parce que j'ai bien d'autres chats à fouetter, et je n'ai guère le temps de m'occuper de ce que dit ou chante M. Bélanger. Il peut prendre pour acquis, s'il veut absolument s'essayer, que ça prendra plusieurs Bélanger pour décoller M... C'est bien mieux pour lui de ne pas faire son "p'tit Jean Lévesque", car "qui joue avec le feu s'y brûle". Ça, c'est un proverbe qui ressemble pas mal à un autre, aussi vrai: "Qui s'y frotte, s'y pique." Dans sa retraite prochaine, il ne serait pas mal que M. Bélanger méditât sur les proverbes.

"À propos de ce qu'il dit sur mon compte, ce n'est pas cela qui me dérange. Il dit que j'ai approuvé la formation d'une union dans la police. C'est vrai et je ne m'en cache pas. J'ai endossé le mouvement dès son origine, et je ne le regrette pas. Ce qu'a fait l'Union n'est pas tout. Il y a bien des choses à venir. Le balayage ne fait que commencer dans la police. Cela n'est que le commencement de la fin. Jusqu'ici, on n'a passé que le gros balai. Il va falloir passer le balai à roulettes, puis le petit balai pour les "coins ronds". Comme vous voyez, il y a encore de la grosse ouvrage à faire.

"Moi, je me tiens sur la "tablette". Je n'ai pas de pouvoirs, mais du haut de la "tablette", j'observe, puis je pense. Il ne m'arrive pas souvent de descendre de ma "tablette", mais quand je me décide, ça compte, comme vous avez déjà pu le constater. Il se pourrait que j'aie à descendre. C'est là que vous allez voir du nouveau. Ça ne prendra pas quatre mois. En attendant je vais laisser Bélanger et tous ceux dont il se fait le porte-parole chanter tout ce qu'ils voudront sur mon compte. Avez-vous vu une affaire pareille? Moi, ici, vous le savez, je n'ai pas de pouvoirs. Je ne suis seulement pas capable de donner ordre à Bélanger de me saluer, comme maire de ..."

N'était-ce pas là une incitation à la grève? Ce maire sera-t-il considéré comme un fauteur de troubles, indigne de la confiance publique? Est-ce que ce maire tombera sous le coup de la clause prévoyant une pénalité pour incitation à la grève? Cette loi vise tous les coupables.

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse): Certainement. Si un maire ou toute autre personne se conduisait ainsi à l'avenir, il encourrait les pénalités édictées par la nouvelle loi. Je vous le répète, il devra payer l'amende comme tout autre fauteur, à quelque rang qu'il appartienne.

M. Smart (Westmount) veut savoir si un maire ou un échevin qui encourage une grève perdra son poste.

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) répond par la négative.

M. Smart (Westmount) demande pour quelle raison la loi ne contient pas de disposition en ce sens. Il (M. Smart) ne croit pas qu'une amende soit suffisante.

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse): Si tel est le souhait du député de Westmount (M. Smart), il pourra amender le bill pour qu'on y prévoie cette pénalité. En ce qui concerne la ville de Montréal, je puis vous annoncer que la prochaine charte contiendra une clause à cet effet.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Dois-je comprendre que c'est le ministre des Travaux publics (M. Galipeault) qui en a pris l'initiative?

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) ne répond pas.

M. Sauvé (Deux-Montagnes) trouve que l'on passe un peu trop rapidement cette mesure. Comme c'est une question à propos de laquelle plusieurs délégations attendent le premier ministre et que la loi intéresse fortement les ouvriers montréalais, que les deux représentants des ouvriers, le représentant de Maisonneuve (M. Laurendeau) et le représentant de Montréal-Dorion (M. Lacombe), sont absents, le débat devrait être ajourné jusqu'à ce qu'ils soient présents.

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) refuse.

L'honorable M. Taschereau (Montmorency): La troisième lecture sera à la prochaine séance.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Oh, très bien, faites comme bon vous semble.

M. Bercovitch (Montréal-Saint-Louis): En vertu de la loi Lemieux, les grèves sont légales. Il se demande si cette mesure ne va pas entrer en conflit avec l'autorité fédérale.

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) souligne que son bill n'empêche pas les grèves, mais prévoit qu'avant de leur déclenchement, il doive y avoir arbitrage.

Le comité, ayant étudié le bill, en fait rapport sans amendement.

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) propose que le bill soit maintenant lu une troisième fois.

Adopté.

Il est ordonné que le greffier porte le bill au Conseil législatif et demande son concours.

Inspection des échafaudages

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) propose, selon l'ordre du jour, que le bill 226 amendant les statuts refondus, 1909, relativement à l'inspection des échafaudages soit maintenant lu deuxième fois.

Adopté. Le bill est renvoyé au comité général.

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) propose que la Chambre se forme immédiatement en ledit comité.

Adopté.

Le comité, ayant étudié le bill, fait rapport qu'il l'a adopté avec certains amendements. Les amendements sont lus deux fois et adoptés.

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) propose que le bill soit maintenant lui une troisième fois.

Adopté.

Il est ordonné que le greffier porte le bill au Conseil législatif et demande son concours.

Cour de magistrat de district

L'honorable M. Taschereau (Montmorency) propose, selon l'ordre du jour, que le bill 225 amendant le Code de procédure civile relativement à la Cour de magistrat de district soit maintenant lu une deuxième fois.

Adopté. Le bill est renvoyé au comité général.

L'honorable M. Taschereau (Montmorency) propose que la Chambre se forme immédiatement en ledit comité.

Adopté.

 

En comité:

L'honorable M. Taschereau (Montmorency): La loi actuelle dit que le traitement des magistrats de districts, sauf dans certains districts mentionnés, comme Québec et Montréal, ne doit pas excéder $2,000; toutefois, dans les endroits où la multiplicité des affaires le justifie, il peut lui être accordé un traitement plus élevé, mais n'excédant pas $3,000. Comme question de fait, aucun magistrat de district ne gagne actuellement moins de $2,000. Par ce bill, on va porter à $4,000 par année le traitement maximum des magistrats de district.

Le comité, ayant étudié le bill, fait rapport qu'il l'a adopté avec certains amendements. Les amendements sont lus deux fois et adoptés.

L'honorable M. Taschereau (Montmorency) propose que le bill soit maintenant lu une troisième fois.

Adopté.

Il est ordonné que le greffier porte le bill au Conseil législatif et demande son concours.

Bureaux de placement

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) propose, selon l'ordre du jour, que le bill 235 amendant la loi relative aux bureaux de placement soit maintenant lu une deuxième fois.

Adopté. Le bill est renvoyé au comité général.

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) propose que la Chambre se forme immédiatement en ledit comité.

Adopté. Le comité étudie le bill et en fait rapport sans amendement.

L'honorable M. Galipeault (Bellechasse) propose que le bill soit maintenant lu une troisième fois.

Adopté.

Il est ordonné que le greffier porte le bill au Conseil législatif et demande son concours.

Entretien des chemins municipaux

M. Boisseau (Saint-Hyacinthe) propose, selon l'ordre du jour, que la Chambre se forme de nouveau en comité général pour étudier le bill 169 amendant l'article 522 du Code municipal de Québec relativement à l'entretien des chemins municipaux.

Adopté. Le comité étudie le bill et en fait rapport sans amendement.

Il est ordonné que la troisième lecture du bill ait lieu à la prochaine séance.

Subsides

L'honorable M. Mitchell (Richmond) propose, selon l'ordre du jour, que la Chambre se forme de nouveau en comité des subsides.

Adopté.

 

En comité:

L'honorable M. Mitchell (Richmond) propose: 1. Qu'un crédit n'excédant pas huit cent trente et un mille cinq cents piastres soit ouvert à Sa Majesté pour l'amélioration et l'entretien des chemins, pour l'exercice finissant le 30 juin 1922.

M. Sauvé (Deux-Montagnes) demande ce qu'il pense de la demande des députés ministériels qui insistent pour que les municipalités rurales ne paient pas plus de cinquante pour cent de l'entretien des routes, demande qui a été formulée il y a des semaines par l'opposition et qui a été ignorée. Il (M. Sauvé) veut que le ministre de la Voirie (l'honorable M. Tessier) rende sa décision sur cette question.

L'honorable M. Tessier (Trois-Rivières) secoue sa tête.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Si le ministre refuse de répondre, c'est probablement qu'il n'y a pas assez de députés libéraux dans la Chambre pour apprécier sa réponse convenablement. C'est l'opposition qui a soulevé ce problème. Peut-être aussi que le ministre de la Voirie ne veut pas répondre à la question parce que le premier ministre (l'honorable M. Taschereau), le secrétaire provincial (l'honorable M. David), le ministre de la Colonisation (l'honorable M. Perrault) et le ministre de l'Agriculture (l'honorable M. Caron) ne sont pas en Chambre à ce moment.

M. Renaud (Laval) demande aussi au gouvernement de réduire le pourcentage qu'il fait payer par ces municipalités de la province pour l'entretien des routes.

L'honorable M. Tessier (Trois-Rivières): Le gouvernement étudiera sérieusement cette question et verra s'il y a moyen de satisfaire les municipalités sans faire retomber sur la province une trop lourde charge.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Mais, il y a un autre ministre ici, le représentant de Montréal-Sainte-Marie (l'honorable M. Séguin).

L'honorable M. Séguin (Montréal-Sainte-Marie): Oui, et il y en a un autre encore, l'honorable trésorier provincial (l'honorable M. Mitchell).

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Oh oui! mais il a été absent pendant toute la semaine dernière. Quand la décision sera-t-elle rendue? Est-ce que ce sera avant que l'honorable ministre de la Voirie donne sa démission, appuyée par le premier ministre?

L'honorable M. Tessier (Trois-Rivières) (souriant) assure le chef de l'opposition (M. Sauvé) que des mesures sont prises pour que l'argent fût dépensé le plus économiquement possible.

La résolution est adoptée.

L'honorable M. Taschereau (Montmorency)8 désire que l'on se mette à voter les items du budget relatifs aux institutions de charité.

M. Sauvé (Deux-Montagnes): Vous n'êtes pas charitable. Il est onze heures et il faut travailler demain.

 

Résolutions à rapporter:

Le comité fait rapport qu'il a adopté une résolution, laquelle est lue deux fois et adoptée.

Il est résolu qu'à sa prochaine séance la Chambre se formera de nouveau en comité des subsides.

La séance est levée à 11 h 30.

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NOTES

 

1. Cette procédure nous est suggérée par les quotidiens, entre autres Le Soleil et Le Canada.

2. Le Soleil du 9 mars 1921, à la page 1, donne le chiffre de 26½ minots et Le Canada 25¾.

3. La Tribune du 9 mars 1921, à la page 1, rapporte le chiffre 38.

4. L'Événement du 9 mars 1921, à la page 12, rapporte que M. Laferté "prononça ces paroles sur le ton solennel de Laurier. Ses gestes, sa voix, son attitude, "que dis-je", sa jaquette impeccable, son haut faux-col, tout nous rappelle ... un peu Laurier."

5. Le Soleil du 9 mars 1921, à la page 13, donne le chiffre de 22,217 jardins à domicile.

6. M. Louis Hébert (1575-1627) fut le premier colon français à s'établir avec sa famille en Nouvelle-France. Il débarqua à Québec en 1617.

7. L'Action catholique du 9 février 1921, à la page 6, écrit que M. Sauvé, en faisant ainsi allusion au maire de Montréal, Médéric Martin, et conseiller législatif, s'attire la réaction du Président qui prend son livre des règles de la Chambre et se prépare à l'interrompre; mais habilement, M. Sauvé ne nomme pas le maire.

8. D'après The Montreal Daily Star du 9 mars 1921, à la page 17, plusieurs députés étaient revenus en Chambre entre temps et M. Tessier les a accompagnés dans le rire général, mais n'a donné aucune réponse.