(Neuf heures quarante-six minutes)
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, chers collègues députés, je vous souhaite une très bonne séance.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en sommes
à la rubrique de la déclaration des députés, et je cède la parole à M. le député de Laval-des-Rapides.
Féliciter MM. Daniel
Racicot et Faycal Slimani,
de l'école Saint-Gilles, pour l'organisation
du Salon des sports de Laval
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Samedi dernier, j'ai eu l'occasion
de participer au Salon des sports de
Laval, qui se tenait le 28 mars dernier à l'école Saint-Gilles de Pont-Viau.
Je souhaite féliciter le directeur de l'école,
M. Racicot, ainsi que le professeur d'éducation physique, M. Faycal,
pour leur leadership exemplaire dans l'organisation de cet
événement, événement que j'ai eu l'occasion de soutenir après une rencontre avec la direction
et offert également
un soutien financier à travers le programme de soutien à l'action bénévole. J'ai eu le
plaisir de constater, samedi dernier,
que plus de 15 organisations sportives de Laval ont participé à ce salon, et
elles ont grandement apprécié cette deuxième initiative totalement
locale.
M. le Président, je pense qu'il est très important de soutenir les
activités sportives auprès de nos jeunes, car elles contribuent
grandement à leur développement personnel et facilitent la persévérance
scolaire. Merci.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, M. le député. Mme la députée de Taillon.
Souligner le Mois de la
jonquille
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, M. le Président. À toutes les 11 secondes, un Québécois
reçoit un diagnostic de cancer. Et, à toutes les 26 minutes, quelqu'un
en meurt. C'est la première cause de décès au Québec.
Le mois
d'avril est le Mois de la jonquille, soutenu par la Société canadienne du
cancer, qui lutte avec un engagement indéfectible contre ce fléau. Les lois et les politiques
que nous adoptons comme parlementaires peuvent faire une différence. La révision de la Loi sur le tabac, le dépistage du
cancer colorectal, le soutien aux saines habitudes de vie, à la recherche et
aux soins palliatifs sont des moyens concrets de contrer le cancer et d'en
diminuer les impacts négatifs. Ce
combat est le nôtre, celui de notre époque. Il nous faut donc soutenir la Société canadienne
du cancer, porter la jonquille et
ainsi démontrer notre solidarité envers les personnes atteintes de cancer et
leurs proches. Ensemble, sauvons plus de vies. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, Mme la députée. Mme la députée de Crémazie, pour votre déclaration.
Souligner le 20e
anniversaire
de l'organisme Repère
Mme Marie Montpetit
Mme
Montpetit : Merci, M. le Président. J'aimerais aujourd'hui que l'Assemblée nationale souligne le 20e anniversaire de l'organisme Repère. Repère est un organisme
situé dans Crémazie, ayant pour mission de favoriser le développement
des compétences paternelles en offrant aux
pères les outils nécessaires pour développer et faire grandir une relation
familiale bâtie sur des liens
solides. Par les gestes et l'implication notamment du directeur,
M. Mohammed Barhone, plusieurs familles peuvent bénéficier de services qui les aident à demeurer unies. Le
dévouement indéfectible de l'équipe de cet organisme envers les papas mérite toute notre considération.
En 20 ans d'existence, Repère a fait une différence importante dans le
tissu social de la circonscription de Crémazie,
et je sais qu'il continuera d'être une grande plus-value pour les papas et les
familles de Crémazie. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la députée. Mme la
députée d'Arthabaska.
Souligner la Journée nationale
des cuisines collectives
Mme Sylvie Roy
Mme
Roy (Arthabaska) :
Merci. Aujourd'hui, je veux souligner la Journée nationale des
cuisines collectives du Québec, qui
se tenait dans les Bois-Francs le 26 mars dernier, sous le thème Mûres
pour l'autonomie. À l'occasion de
cette journée spéciale, les responsables des cuisines collectives de Victoriaville
ont opéré une portes ouvertes qui a permis
aux visiteurs de déguster des mets tout
à fait délicieux. L'ensemble du menu
a été confectionné par les participants aux ateliers de cuisine et leurs monitrices et moniteurs dévoués. Je
félicite le coordonnateur de cet événement, M. François Duguay, de
même que les citoyens inscrits aux ateliers de cuisine, pour cette belle
initiative.
En terminant, je
souligne l'importance des cuisines collectives dans la réalisation de
l'autonomie alimentaire. Nous poursuivons ce
qui consiste à garantir à chacun une nourriture essentielle à leur
épanouissement. La disponibilité, la
quantité, la qualité des aliments étaient des éléments clés de l'autonomie
alimentaire, et je dis bravo à tous ceux qui participent aux ateliers de cuisine, aux moniteurs
qui partagent leur savoir-faire et leurs secrets de cuisine, de même qu'aux bénévoles
impliqués, pour leur magnifique contribution à l'éducation, la socialisation et
le mieux-être de notre communauté.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci, Mme la députée. M. le député de Sainte-Rose.
Souligner le 275e anniversaire de Sainte-Rose-de-Lima
M. Jean Habel
M.
Habel : Merci, M. le Président. C'est avec plaisir que je souligne la fondation
de la paroisse Sainte-Rose-de-Lima. Fondée en mars 1740, elle fête,
cette année, son 275e anniversaire.
Au
début du XXe siècle, les Montréalais allaient à Sainte-Rose afin d'échapper à
la chaleur de la ville et retrouver l'air
frais de la campagne. Jusqu'au milieu du siècle, les vacanciers pouvaient
profiter de la plage et de la baignade que la rivière des Mille Îles offrait. Sainte-Rose a alors continué son
expansion avec des résidences balnéaires qui se sont bâties, au fil du
temps, afin d'accommoder les vacanciers qui s'y sont finalement installés à l'année.
La
paroisse Sainte-Rose-de-Lima nous a également offert de nombreux personnages
historiques importants, dont Gédéon
Ouimet, le second premier ministre du Québec, le curé Antoine Labelle ainsi que l'artiste
peintre Marc-Aurèle Fortin. L'essor de la paroisse de Sainte-Rose se
perpétue encore aujourd'hui par le rayonnement patrimonial, historique et
culturel. C'est un honneur de représenter les gens de Sainte-Rose. Bon 275e,
Sainte-Rose! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député. M. le député
de Deux-Montagnes, nous arrivons à vous pour votre déclaration.
Rendre hommage à M. Rolland Quenneville pour son
engagement bénévole pour la Fondation Mira
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, M. le Président. Je désire, aujourd'hui, souligner le
dévouement de M. Rolland Quenneville à titre de bénévole pour la Fondation Mira. Motivé par son amour des
chiens et par son grand respect de la cause soutenue par cette organisation, ce dernier a amorcé son
implication en 2008. Il faut mentionner que M. Quenneville est, depuis
ce temps, le bénévole par excellence de la
couronne nord de Montréal pour Mira. En effet, en plus de participer
activement au volet prévention et
sensibilisation de la fondation en offrant notamment de nombreuses
conférences en compagnie de son chien Gabon, il a également contribué à
amasser près de 200 000 $ au fil des ans.
M. Quenneville
est également l'instigateur des soupers dans le noir dans notre région.
D'ailleurs, le 27 mars dernier, ma
collègue de Mirabel et moi avons eu le privilège de coprésider
l'édition 2015 de cet événement qui, encore une fois, a connu un incroyable
succès.
Donc,
M. le Président, au nom de ma collègue de Mirabel et moi-même, nous tenons à
reconnaître son implication et à le
remercier sincèrement et chaleureusement pour sa riche contribution à la
qualité de vie de nombreux citoyens et concitoyennes de notre région.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Deux-Montagnes. M. le député de Vanier-Les Rivières.
Rendre hommage à l'entreprise adaptée Ateliers TAQ,
lauréate du Fidéide dans la catégorie Organisme
à but non lucratif, public et parapublic
M. Patrick Huot
M.
Huot : Merci, M. le Président. J'aimerais rendre hommage aujourd'hui à
l'entreprise adaptée les Ateliers TAQ, qui
ont remporté, lors du dernier Gala des Fidéides de la Chambre de commerce et
d'industrie de Québec, le Fidéide dans la catégorie OBNL, public et
parapublic.
Les
Ateliers TAQ fêtent cette année leur 35e anniversaire. C'est en 1979 qu'était
créé le premier centre de travail adapté au
Québec, accrédité par l'Office des personnes handicapées du Québec. Une belle
histoire d'aide et de soutien
débutait alors, permettant l'intégration sur le marché du travail d'une dizaine
de personnes handicapées. Au fil des
années, grâce à l'appui et à la confiance de leurs clientèles gouvernementale,
institutionnelle et privée, les Ateliers TAQ ont bâti une entreprise
comptant près de 200 employés, dont plus de 70 % sont des personnes
handicapées.
Et
c'est après avoir doublé leurs ventes au cours des 24 derniers mois que les
Ateliers TAQ ont reçu leur Fidéide le
12 mars dernier, démontrant ainsi que l'entreprise est devenue un réel chef de
file dans les domaines de la sous-traitance industrielle, de la finition
manuelle et de la reliure et du publipostal.
Félicitations,
donc, à toute l'équipe des Ateliers TAQ! Vous pouvez être très fiers du travail
accompli, et longue vie aux Ateliers TAQ!
Et, M. le Président,
je vais dépasser ma minute pour... Vous me permettrez de saluer des
représentants, le directeur général, Gabriel
Tremblay, le président du conseil d'administration, André Des Rochers, qui est
ici, avec nous, ainsi que des membres
de la direction et des représentants des employés des Ateliers TAQ. Bienvenue à
l'Assemblée nationale!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M.
le député. M. le député de Matane-Matapédia, je vous cède la parole.
Féliciter l'organisme Chasseurs généreux
pour sa collaboration avec Moisson
Rimouski-Neigette inc. et Moisson Mitis
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, aujourd'hui, je désire souligner
un geste de générosité remarquable de la part de nombreux amateurs de chasse du Bas-Saint-Laurent. Présidé par M. Mario
Ross, propriétaire de la boutique Pronature de Rimouski, l'organisme Chasseurs généreux a, pour une seconde année,
remis une partie des venaisons des chasseurs participants aux organismes
Moisson Rimouski-Neigette et Moisson Mitis.
En
collaboration avec le Marché Richelieu, Épicerie Brillant du Bic et le Marché
Pelletier de Sainte-Angèle-de-Mérici, ayant recueilli les dons des
chasseurs, c'est plus de 800 familles qui ont pu bénéficier de cette
initiative.
Je
tiens à m'associer à mon collègue député de Rimouski et saluer l'engagement des
fondateurs de l'organisme ainsi que la générosité des chasseurs qui ont
adhéré. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député. Enfin,
Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, pour votre
déclaration.
Appuyer les groupes environnementaux et leurs solutions
pour aider à résoudre la crise forestière
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Le Québec vit actuellement une crise
forestière qui touche durement les travailleurs
et travailleuses de l'industrie. Les groupes environnementaux ont, à tort, été
pointés du doigt comme étant les
responsables de cette crise. Or, ils font partie de la solution. Boréalisation,
Nature Québec, le RNCREQ, le SNAP-Québec se sont unis pour proposer des solutions concrètes et durables à la
crise. Ils proposent notamment de désigner deux grandes aires protégées, soit le secteur des montagnes
blanches et le bassin versant de la rivière Broadback. La désignation de ces
aires permettrait de répondre à la grande majorité des exigences de la
certification FSC, mais permettrait en plus au gouvernement d'atteindre ses
propres engagements en termes de protection du territoire. L'Assemblée
nationale a d'ailleurs réitéré à l'unanimité, le 11 février dernier,
l'importance qu'elle accorde à la protection de la biodiversité.
Je
tiens donc à féliciter l'initiative de ces groupes et espère que, dans
l'intérêt de toutes les générations, le gouvernement répondra
positivement à cette main tendue.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée. Cela met un terme à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension à 9 h 56)
(Reprise à 10 h 13)
Le Président :
Mesdames messieurs, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Présence
de M. Pierre Corbeil et de
Mme Michelyne C. St-Laurent,
ex-parlementaires de l'Assemblée nationale
J'ai
le plaisir de souligner la présence dans nos tribunes de M. Pierre Corbeil, ancien député
d'Abitibi-Est, et de Mme Michelyne St-Laurent, ex-députée de
Montmorency.
Des voix :
...
Le
Président : Nous
poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y
a pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Une voix :
...
Le Président :
M. le député de Chauveau, faites attention à vous, vous ne passerez pas le
printemps.
Des voix :
...
Le Président :
Il n'y a pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, Mme la ministre de la Sécurité publique.
Rapport des activités des coroners
Mme
Thériault : Merci, M. le Président. Conformément à l'article 29 du Code de déontologie des
coroners, je dépose le rapport des activités des coroners pour l'année
2014.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le ministre du Développement durable et de l'Environnement.
Rapport annuel du Comité consultatif
de l'environnement Kativik
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Avec votre permission, je dépose le
rapport annuel 2013‑2014 du Comité consultatif de l'environnement
Kativik.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le leader du gouvernement.
Réponses à une pétition et à une
question inscrite au feuilleton
M.
Fournier : Oui, je dépose la réponse du gouvernement à la
pétition présentée par le député de Montmorency le 25 février 2015, de même que la réponse du gouvernement à la
question inscrite au feuilleton le 17 mars 2015 par le député de
Bonaventure et adressée au président du Conseil du trésor.
Prévisions budgétaires et rapports financiers
préliminaires du Directeur général des
élections et de la Commission de la
représentation électorale
Le
Président : Pour ma part, je dépose les prévisions budgétaires
2015-2016 et le rapport financier préliminaire 2014-2015 du Directeur
général des élections et de la Commission de la représentation électorale.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions ni de pétitions.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
J'ai
été avisé qu'après la période de questions et réponses orales il pourrait y
avoir un vote requérant l'approbation des deux tiers des membres de
l'Assemblée.
Questions et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales. Je cède la parole à
M. le chef de l'opposition officielle.
Entente
avec la Caisse de dépôt et placement pour
la réalisation de projets d'infrastructure
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Merci, M. le Président. Les décisions du gouvernement libéral nuisent à
l'économie et à l'emploi au Québec,
mais ce n'est surtout pas le temps de nuire à la Caisse de dépôt. On apprend
que l'agence de notation Moody's a
prévenu la Caisse de dépôt que son entente avec le gouvernement libéral sur les
infrastructures affectera négativement son
crédit. Compte tenu du caractère très politique des dossiers dans lesquels le
gouvernement a décidé d'impliquer la caisse, Moody's y voit des risques
importants.
Tout le milieu financier a vu le premier
ministre annoncer la réalisation par la Caisse de dépôt du système de transport collectif sur le futur pont Champlain et
du Train de l'Ouest. Le premier ministre a même donné une date : avant
2020. Le gouvernement libéral a tellement endetté les Québécois pendant
ses années au pouvoir qu'il doit maintenant utiliser la Caisse de dépôt pour
réaliser ses promesses.
Alors, le
gouvernement a choisi de transformer le gardien des bas de laine des Québécois
en opérateur ferroviaire. Grand
risque, M. le Président. Quand le premier ministre décide de s'en servir pour
couper des rubans et faire des promesses aux gens de Montréal, il fait courir des risques importants à tous les
Québécois, avec les conséquences qu'on connaît.
Ce que je
demande au premier ministre aujourd'hui, c'est : Était-il au courant de
cet avis négatif? Et qu'est-ce qu'il entend proposer comme modifications
au projet de loi avant le début des consultations parlementaires?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
je suis un peu surpris par la question parce que j'aurais cru que l'effort de
recherche aurait été peut-être plus profond
du côté de l'opposition officielle. Alors, il y a eu un article qui fait état
d'une opinion ou d'un avis de Moody's
qui, le jour même, a été corrigé, et je vais faire la traduction si on me le
permet, M. le Président : En
conséquence, basé sur la compréhension de Moody's de l'accord, il n'y a aucun
impact sur l'«outlook», la... — comment dirait-on l'«outlook»? — la
perspective, la perspective pour la Caisse de dépôt ou sa cote.
Alors, ce
qu'il dit est inexact, Moody's s'est immédiatement rétractée. D'ailleurs, je
pourrai, avec plaisir, déposer le document complet dans lequel on
retrouve le passage que je viens de citer.
Document déposé
Le Président : Est-ce qu'il y
a consentement pour le dépôt? Consentement. Première complémentaire...
M.
Couillard : Alors,
j'anticipe avec plaisir les questions sur le même sujet, M. le Président, mais
je voudrais dire cependant de façon
très claire que oui, nous allons réaliser le système de transport rapide sur le
pont Champlain, oui, nous allons réaliser le Train de l'Ouest et la
desserte vers l'aéroport, et ce sera fait de façon professionnelle.
À moins que
le collègue nous indique une information que je ne connais pas, je ne sais pas
ce qu'il y a dans notre eau, dans
notre ADN, dans notre environnement qui ferait en sorte que nous ne pourrions
pas bénéficier de l'expertise de la Caisse de dépôt.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Moody's est inquiète de l'indépendance de la caisse, et nous le sommes tous. Le
premier ministre, tout ce qu'il a à
dire ce matin, c'est : Oui, on va réaliser le projet. Imaginez-vous, le
projet n'est pas adopté, et déjà lui, il annonce le projet. C'est
irresponsable.
Le premier
ministre dit : Non, il n'y en a pas, de problème. Bien, la caisse, elle,
elle voit un problème. La caisse, hier,
elle a clairement dit que l'agence de notation torontoise... que «la caisse
reconnaît tout de même que les commentaires de Moody's sont [...] critiques. Elle reconnaît aussi que certains
commentaires visent spécifiquement le risque découlant de son entente
avec le gouvernement du Québec.» Mais la caisse...
• (10 h 20) •
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors,
malheureusement, M. le Président, notre collègue est mal informé parce que...
Il faut continuer la recherche, je
l'encourage à continuer la recherche parce qu'une autre firme de crédit... On
voit que Moody's a corrigé ce qu'il a
mentionné, je l'ai indiqué tantôt, j'ai déposé le document. Quant à DBRS, qui
est une autre firme de crédit bien
reconnue, elle a salué l'initiative et y voit une opportunité pour la caisse,
je cite : « ...de miser sur sa connaissance unique du marché
québécois tout en répondant aux besoins croissants en infrastructures.»
Alors,
c'est clair qu'on a trouvé un moyen novateur qui attire beaucoup l'attention de
façon positive, M. le Président, partout
ailleurs en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde pour faire en sorte qu'on
puisse se doter chez nous d'infrastructures du XXIe siècle, de
belles infrastructures, d'infrastructures écologiques, confortables pour les
citoyens sans alourdir la dette du Québec, qui est déjà très élevée.
Le Président :
Est-ce qu'il y a un dépôt? Non. O.K. Alors, M. le chef de l'opposition, en
deuxième complémentaire.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : La dernière fois qu'un premier ministre libéral
nous a dit qu'il n'y avait pas de problème à la caisse, c'était en 2008,
puis on a perdu 40 milliards. Alors, vous comprendrez que la crédibilité
du premier ministre est nulle actuellement, 40 milliards dont on subit
encore les effets aujourd'hui.
Ce
que dit même la caisse aujourd'hui, c'est que les commentaires de Moody's
visent spécifiquement l'indépendance et l'impact que ça pourrait avoir, puis le premier ministre, tout ce qu'il
fait encore, c'est réitérer le projet alors que la loi n'est même pas
modifiée.
Moi,
ce que je demande au premier ministre : Comment peut-il rassurer les
investisseurs, mais surtout rassurer les Québécois de l'indépendance de
la caisse?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors M. le Président, je comprends que notre collègue veut que la
caisse arrête d'investir au Québec. Je comprends que c'est ce qu'il nous
dit, là. Moi, je pense que son expertise démontrée partout dans le monde sur
les infrastructures, elle peut être bénéfique pour les Québécois, et elle sera
bénéfique pour les Québécois.
Alors,
nous allons faire en sorte... Et j'espère que l'opposition et les oppositions
vont collaborer parce que beaucoup de
gens, à Montréal en particulier, espèrent que les oppositions seront
constructives et accéléreront l'adoption de ce projet de loi, qui
permettra de doter Montréal d'infrastructures de transport modernes, dignes de
la métropole globale que Montréal devient, M. le Président.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : La réalité, M. le Président, c'est que le premier
ministre a promis en campagne des infrastructures qu'on n'a pas les moyens de payer actuellement. Il
a essayé, par le biais de l'endettement, de le faire, puis les agences de notation, elles ont dit : Tu n'as pas le
droit. Alors, qu'est-ce qu'il a dit? Il a dit : Non, bien là, je vais
utiliser la Caisse de dépôt. La Caisse de dépôt n'est pas un opérateur,
il y a des risques.
proposer au projet de loi pour
s'assurer de l'indépendance de la caisse et faire en sorte de protéger le bas
de laine des Québécois.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, l'indépendance de la caisse n'est en aucune façon
remise en question par cette entente,
en aucune façon, en aucune façon. Maintenant, je comprends que, maintenant, on
vient d'entendre... puis on voit que la question change d'angle.
Autant
Moody's que DBRS saluent le projet. Alors, pourquoi... Maintenant, ils sont
contre? Alors, il y a quelque chose
qui ne marche pas, M. le Président, de leur côté. Ils ne veulent pas que la
caisse investisse au Québec, ils ne veulent pas que la caisse participe
au développement économique, ils ne veulent pas que la caisse participe à la
construction d'infrastructures au Québec. Nous, on veut, puis on va le faire,
M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Terrebonne.
Compressions budgétaires dans le réseau
des services de garde subventionnés
M. Mathieu Traversy
M.
Traversy : Merci beaucoup, M. le Président. L'austérité
libérale continue de se faire sentir dans le réseau des garderies. On est en train d'assister, en première
ligne, M. le Président, à la destruction du réseau des services de garde
au Québec.
Après
avoir retardé les places en garderie jusqu'en 2020-2021, après avoir récupéré
70 millions de dollars dans leurs
coffres l'année dernière, imposé aussi aux CPE le financement de 50 % des
nouvelles infrastructures en garderie, qui
est attendu par les jeunes parents du Québec, et coupé dans les milieux
défavorisés, on a appris vendredi dernier que la ministre a laissé trois jours — trois jours, M. le Président — aux partenaires du réseau pour aller
chercher — tenez-vous
bien — 74 millions de dollars,
74 millions de coupures, M. le Président, dans un projet de quatre possibilités, passant d'un
peu, beaucoup, passionnément ou à la folie, des compressions qui menacent les
services aux enfants. Il n'y en a plus, d'argent, dans le réseau, Mme la ministre. Vous les avez
déjà siphonnés l'année dernière. Il
n'y en a plus, de marge de manoeuvre.
Alors, on aimerait savoir, aujourd'hui, où vous
pensez couper pour aller chercher 74 millions de dollars?
Le Président : Mme la
ministre de la Famille.
Mme Francine
Charbonneau
Mme
Charbonneau :
M. le Président, à chaque année, les Québécois investissent 2,4 milliards
de dollars dans les services à la
petite enfance, qu'on appelle les services de garde. C'est important de bien
l'entendre, puisque mon collègue revient sur les chiffres : Les
Québécois investissent 2,4 milliards de dollars.
Dans le
budget que nous avons adopté et que nous allons revoir, et nous allons avoir les
crédits pour pouvoir se reparler...
Effectivement, j'ai rencontré les partenaires vendredi passé pour leur demander
un effort de 74 millions de dollars. Pourquoi, M. le Président? Fort simple. Puisque mon collègue aime les
chiffres, j'aimerais lui rappeler celui-ci. Il y a en ce moment dans les coffres un surplus de
376 millions de dollars qui tardent. Donc, on demande aux gens qui ont
l'argent des Québécois de réinvestir
dans leur propre milieu. Donc, on n'exagère pas. Notre volonté, c'est de faire
des gens nos partenaires. On leur a parlé, on va leur reparler et on
continue à leur parler.
Le Président : En terminant.
Mme
Charbonneau :
La volonté qu'on a, c'est de faire ensemble un meilleur réseau pour l'ensemble
des familles du Québec.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Terrebonne.
M. Mathieu Traversy
M.
Traversy : M. le Président, l'argent qui dort dans les coffres
des CPE présentement, c'est de l'argent pour le fonds de roulement, c'est de l'argent qui est accumulé pour les
infrastructures qui sont en préparation pour les prochaines années. La priorité des parents du Québec, c'est
d'avoir une place à contribution réduite pour leurs enfants. La ministre
a imposé aux CPE de payer 50 % des
coûts d'infrastructure pour leurs projets. Ils ont besoin de mettre de l'argent
de côté, c'est elle-même qui l'a
exigé. Ce qu'on veut, là, c'est développer le réseau, c'est d'avoir des places
pour les enfants du Québec à contribution réduite puis avoir de la
qualité. Quand est-ce que la ministre va nous l'offrir?
Le Président : Mme la
ministre de la Famille.
Mme Francine
Charbonneau
Mme
Charbonneau :
Ce qu'on a proposé aux Québécois, M. le Président, c'est que 60 % des
familles vont payer moins que du
9 $ que le PQ leur proposait. 30 % des familles vont payer en deçà de
7,30 $ par jour. Donc, on protège les
familles à faibles revenus, de ce côté-ci de la Chambre, M. le Président. Le
9 $ à tout le monde, là, ce n'était pas notre idée à nous. Notre
volonté à nous, c'est de protéger les familles à faibles revenus et faire en
sorte que chaque dollar investi par les
Québécois est investi au bon endroit et pour les bonnes raisons. Et je nous
rappelle qu'à tous les jours, quand un CPE ouvre, c'est 7 millions
de dollars qu'on investit dans le système. Donc, M. le Président, soyons clairs...
Le Président : En terminant.
Mme
Charbonneau : ...notre
volonté, c'est de protéger les services et en donner plus aux parents.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Terrebonne.
M. Mathieu Traversy
M.
Traversy : M. le Président, qu'est-ce qui est certain, c'est
que la ministre va aller en chercher plus dans les poches des parents. Ça, il n'y a aucun doute. Avec
la double tarification qu'ils veulent faire modifier selon les revenus, vous avez une première, déjà, imposition par
l'impôt, une deuxième par le nouveau projet de loi qui est présenté par les
libéraux. C'est clairement plus d'argent
dans leurs poches pour moins de services, au niveau du gouvernement, qui va
être proposé aux familles.
La ministre est supposée défendre le
réseau, c'est supposé d'être la défenderesse du réseau des services de garde,
pas son exécutrice testamentaire. Quand
est-ce qu'elle va le défendre? Et quand est-ce qu'elle va nous offrir des
solutions?
Le Président :
Mme la ministre de la Famille.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau :
Je vais peut-être surprendre mon collègue, M. le Président, mais c'est
l'ensemble des Québécois qui paient pour le
réseau. Ce n'est pas que les familles, c'est l'ensemble des Québécois. Et ce que les Québécois veulent qu'on fasse,
c'est qu'on s'occupe de nos familles correctement, et c'est ce qu'on fait de ce
côté-ci de la Chambre. Les familles à
faibles revenus vont avoir un service impeccable comme ils reçoivent maintenant,
mais n'auront pas à payer davantage. Ce qu'on fait ici, c'est une
justice sociale qui est remarquée et remarquable, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Hausse des tarifs d'électricité
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, la grande différence entre le plan de retour à l'équilibre budgétaire
de la CAQ puis celui du Parti libéral, c'est que la CAQ propose de s'attaquer à la bureaucratie, le Parti libéral, lui, s'attaque au portefeuille de la classe moyenne.
Aujourd'hui, 1er avril, les tarifs d'électricité augmentent du double de
l'inflation. Ce que ça veut dire, c'est que les Québécois, qui, en grande
majorité, ont eu des augmentations de salaire autour de 1,5 %, 2 %,
vont devoir piger dans leurs poches
avec une augmentation des tarifs d'électricité qui est plus que l'inflation, le
double, M. le Président. C'est ça, la réalité. Ce que le premier
ministre dit aux Québécois, c'est : Payez toujours plus pour moins de
services.
Or,
M. le Président, il faut être un peu déconnecté de la classe
moyenne pour avoir accumulé, là, depuis que le premier ministre est au
gouvernement, une facture de 1 300 $ en moyenne par famille. Et, M.
le Président, on a tous entendu le premier ministre, juste avant Noël, prendre l'engagement solennel de dire : Là, les
Québécois ont fait assez d'efforts,
il n'y en aura plus, d'augmentation de tarifs et de taxes qui vont excéder
l'inflation. Or, hier, il semblait avoir changé d'idée. Donc, je lui
laisse une autre chance.
Est-ce que les tarifs
d'électricité vont...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, j'ai de la chance d'avoir les questions du
collègue parce que ça me permet de redire
aujourd'hui, encore une fois, à quel point notre équipe est
fière d'avoir déposé un budget qui non seulement est équilibré malgré une impasse de
7 274 000 000 $, mais qui également le fait, M. le Président, sans augmentation d'impôt ni
de taxes. Voilà un exploit qui est déjà salué et qui fera école, M. le Président, on a réussi à ramener la santé financière du Québec sans alourdir le fardeau fiscal. Et le plan de
retour budgétaire de la CAQ, il faudrait le revoir parce qu'il sait très bien que le cadre financier sur lequel lui et
moi avons travaillé avant l'élection ne correspond absolument
pas à la réalité et aux 7 274 000 000 $ qui étaient,
dans les coffres, manquants, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, la classe moyenne silencieuse est beaucoup moins bruyante que
certains groupes de pression, mais les gens qui se lèvent le matin, qui
travaillent fort, qui veulent essayer de dégager une petite marge de manoeuvre pour être capables d'accomplir leurs
rêves, bien, actuellement, ils n'en ont plus, d'argent dans leurs poches.
Donc, c'est une question de respect.
Ma question est
claire : Est-ce que le premier ministre s'engage à ce qu'il n'y ait plus
de hausse de tarifs d'électricité qui excède l'inflation?
• (10 h 30) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, ça me permet encore, cette question, de rappeler
pour qui nous travaillons tous ici,
dans cette Chambre, justement pour les familles du Québec
et surtout cette classe moyenne qui est toujours prise en étau, M.
le Président, entre les politiques
destinées aux familles moins favorisées et la situation des gens qui sont plus
fortunés et qui demandent de l'oxygène.
C'est la raison pour laquelle, M. le
Président, nous annonçons une baisse
du fardeau fiscal de 2 milliards de dollars des particuliers d'ici
cinq ans.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
le premier ministre joue au futurologue. Il nous parle de 2017. Les gens de la
classe moyenne sont encore en 2015, eux autres, contrairement à lui.
Ma question
est claire : Par respect pour les Québécois, est-ce
que le premier ministre peut leur
dire au moins que c'est la dernière fois qu'on augmente les tarifs
d'électricité de plus que l'inflation?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, je rappelle quand même, et on aurait voulu que ce soit moins, que
l'impact, pour la famille moyenne, de
l'augmentation que la Régie de l'énergie a accepté est autour de
3,44 $ par mois. Je suis
d'accord que j'aurais préféré que ce
soit moins, mais on a encore, de loin, les tarifs d'électricité les moins
coûteux en Amérique du Nord et on va
garder ça comme ça. Et on va s'assurer, dans le prochain plan stratégique
d'Hydro-Québec, que, justement, on
ait des politiques qui font en sorte de coller les augmentations de tarifs au
niveau de l'inflation et de la capacité de payer des gens. Et c'est justement parce que nous respectons la capacité de
payer des citoyens que nous annonçons, malgré les difficultés budgétaires qui ont été les nôtres,
une baisse du fardeau fiscal de 2 milliards de dollars pour les
contribuables, M. le Président, au cours des cinq prochaines années.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Repentigny.
Compressions budgétaires dans
les services de garde
Mme Lise Lavallée
Mme
Lavallée : M. le Président, des centres de la petite enfance
envisagent actuellement de couper les dîners et les collations des enfants, et ceci n'est pas un poisson d'avril. Les
services de garde subventionnés dans les CPE doivent normalement inclure le repas du midi et les
collations des enfants. Encore une fois, avec les libéraux, c'est : Payez
plus, obtenez moins. On ne doit pas
couper dans les services aux enfants. La ministre de la Famille a dénoncé hier
sur Facebook les intentions
des CPE de couper dans les repas. Dénoncer sur Facebook n'est pas
suffisant. Il faut, dès maintenant, que la ministre fasse parvenir une directive claire aux CPE pour les informer
que, s'ils coupent les repas des enfants, il va y avoir des conséquences
et des pénalités financières.
Est-ce que la
ministre de la Famille s'engage à faire parvenir, dès aujourd'hui, cette
directive par écrit à tous les CPE du Québec?
Le Président : Mme la
ministre de la Famille.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Il est tout à fait irresponsable de dire qu'on va
couper dans la nourriture des enfants. On
finance à tous les jours les services pour la nourriture, les gens qui y sont,
pour le bâtiment, pour l'ensemble de
la structure. Donc, de sortir et d'annoncer qu'on va couper dans la nourriture
des enfants, c'est inacceptable. Et
je n'ai pas à sortir une directive, elle est déjà là. Et, si ma collègue
lâchait mon Facebook puis regardait les nouvelles, elle aurait vu la sortie que j'ai faite ce matin pour
dire qu'effectivement c'est inacceptable, et en aucun moment nous
n'allons accepter qu'une organisation coupe dans la nourriture des enfants.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Repentigny.
Mme Lise Lavallée
Mme Lavallée : M. le Président, les
CPE affirment dans les journaux que la ministre de la Famille a déposé quatre
scénarios de coupes dans les garderies, qu'ils avaient trois jours pour
choisir.
En toute
transparence, devant l'Assemblée nationale, pour les parents et les
parlementaires, est-ce que la ministre peut rendre publics ces quatre
scénarios de coupures dans les CPE?
Le Président : Mme la
ministre de la Famille.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau :
M. le Président, vendredi passé, j'ai rencontré mes partenaires du réseau pour
leur demander de mettre l'épaule à la roue, de faire un effort avec nous
et de partager ce regard qu'on portait sur le réseau.
Maintenant,
nous avons mis sur la table pour discussion avec eux quatre aspects qu'ils
pouvaient regarder, en leur disant
ceci : Vous pouvez nous soumettre des idées. Vous avez du temps, vous avez le privilège de nous
soumettre... puisqu'on est des
partenaires et on attend des suggestions. Je n'ai pas ici à remettre à ma
collègue un niveau de discussion qui se passait en réunion avec
l'ensemble des partenaires du réseau.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Repentigny.
Mme Lise Lavallée
Mme
Lavallée : M. le Président, à chaque fois qu'il est question de transparence, on voit que les
principes libéraux fondent comme
neige au soleil. J'ose espérer que l'abolition des lunchs dans les CPE ne
faisait pas partie des scénarios soumis au réseau.
Est-ce que la
ministre, par souci de transparence, peut faire taire ces rumeurs, rassurer les
parents et rendre publics ces quatre scénarios de coupures?
Le Président : Mme la ministre
de la Famille.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : M. le
Président, je réitère le fait qu'on a
rencontré nos partenaires, qu'on leur a... qu'on a eu des échanges intéressants. Je n'ai pas fini
d'en avoir, M. le Président, je vais en avoir à tous les jours. On est en
contact parce qu'on veut faire
ensemble un réseau fort et constructif pour l'ensemble des familles du Québec.
C'est ce à quoi je travaille, et les partenaires sont au rendez-vous
pour cet aspect.
Le Président : M. le...
M.
Bonnardel :
...79, M. le Président. La seule question de ma collègue, c'est de rendre
publiques, oui ou non, ces mesures. Elle peut le faire sur son Facebook,
on va aller voir...
Des voix : ...
Le Président : Veuillez
continuer, Mme la ministre, sur la question.
Mme
Charbonneau :
M. le Président, si ce n'était pas des articles dans les journaux et
l'article 79, mes collègues resteraient assis.
Le Président : Principale, M.
le député de Groulx.
Augmentation des coûts du
Train de l'Est
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : M. le Président, le Train de l'Est est malheureusement un
fiasco financier qui coûtera très cher aux
contribuables. De 300 millions en 2006, le gouvernement libéral l'avait
fait passer à 671 millions, avec une provision de risques de
90 millions.
Il y a six
mois, quand Nicolas Girard est venu expliquer la gestion catastrophique du
projet à l'Assemblée nationale, il a
déclaré, et je le cite : On a fait une gestion très serrée. Le budget de
671 millions sera respecté, et nous n'aurons pas besoin de la
totalité de l'enveloppe de risques de 90 millions.
Or, le PQI déposé la semaine dernière par le
gouvernement nous indique que le coût total du projet s'élève maintenant à 744 millions. Contrairement à ce
que nous a dit M. Girard, l'enveloppe de risques est presque déjà tout
épuisée. C'est un nouveau dépassement
de coûts pour le Train de l'Est. Pourquoi le coût total, donc, est-il passé de
671 millions à 744 millions? Et ce projet est-il devenu hors
de contrôle, M. le Président?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. Robert Poëti
M. Poëti : M. le Président, on aurait pu
commencer la question en disant : Est-ce que ça fonctionne aujourd'hui?
On peut parler du passé, on peut pleurer sur le passé, moi, je regarde le
présent et l'avenir. Et les citoyens de l'est, de Mascouche vers Montréal,
utilisent un train, tous les jours, qui est efficace et qui va bien.
Est-ce
qu'il y a des travaux à terminer? La réponse, c'est oui. Est-ce qu'on va
améliorer des choses sur cette ligne-là? La réponse, c'est oui, et nous allons continuer de le faire. Et
l'objectif, c'est offrir aux gens de Mascouche vers Montréal ce lien-là, qui est fonctionnel et qui continue de
fonctionner. On va continuer de l'améliorer. Le passé, on ne le change
pas, on travaille sur l'avenir et le présent, monsieur.
Le
Président : Première complémentaire, M. le député de Groulx.
M.
Claude Surprenant
M.
Surprenant : M. le Président, le PQI 2015 du gouvernement prévoit
52 millions de plus pour le Train de l'Est que dans le PQI 2014. Contrairement à ce que nous a promis Nicolas
Girard il y a à peine six mois, l'AMT a presque épuisé l'enveloppe de
risques, donc, de 90 millions.
Encore
une fois, les coûts du Train de l'Est augmentent, il reste plusieurs gares et
stationnements à compléter. Ma
question au ministre des Transports est très simple : A-t-il toujours
pleine confiance en Nicolas Girard à la tête de l'AMT?
• (10 h 40) •
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M.
Robert Poëti
M.
Poëti : Ça a pris quand même
une question pour comprendre le raccourci inhabile du député. La question ici est assez claire : Est-ce que nous allons
améliorer le transport collectif au Québec? La réponse est oui. Est-ce que nous
allons continuer d'offrir aux citoyens du
Québec du transport collectif moderne? La réponse est oui. Et est-ce que nous allons continuer à travailler pour l'ensemble du
Québec? La réponse est oui. Et les gens qui sont responsables de leur dossier
ont la responsabilité et l'imputabilité qui
va avec. Et, à ce jour, je vous invite à aller le prendre, le train, vous allez
voir, ça va bien.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Groulx.
M.
Claude Surprenant
M.
Surprenant : C'est bien beau, M. le ministre, d'améliorer le
fonctionnement, mais il faut gérer aussi des budgets.
Alors, les coûts du Train de l'Est seront donc passés de 300 millions, en
2006, à 744 millions en 2015, et on ne sait toujours pas où ça va s'arrêter; c'est indécent. Alors, bientôt, on ne
dira pas seulement que les trains de fin de semaine sont vides, ce sera
aussi le cas des coffres de l'AMT.
Est-ce
que le ministre est conscient que les Québécois ont déjà assez payé pour cette
mauvaise gestion? A-t-il toujours, donc, confiance en l'AMT et en son
P.D.G. pour développer et gérer des projets de transport?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M.
Robert Poëti
M.
Poëti : Est-ce que le député nous demande ici de ne pas
terminer les travaux? Est-ce que le député ici nous demande de ne pas terminer les stationnements?
Est-ce que le député nous demandait d'attendre la fin de l'ensemble des
travaux avant de mettre en place? La réponse est non, on ne le fera pas.
Le Président :
Oui.
M.
Bonnardel : Article 79, le ministre doit répondre
spécifiquement à la question. Confiance en Nicolas Girard, c'est oui ou
non, c'est ça qu'on lui a posé.
Le Président :
M. le ministre, veuillez continuer.
M.
Poëti : Alors, les députés semblent préoccupés, et, pour les
questions, évidemment, sur la gestion des ressources humaines, nous, on
fait la gestion du transport collectif et on le fait très bien.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Effets
des compressions budgétaires dans les
commissions scolaires sur l'achat de livres
Mme
Nicole Léger
Mme
Léger : L'automne dernier, le gouvernement libéral avait promis
qu'il n'y avait pas de coupe dans l'achat de livres. Nous avons même déposé une motion ici même à ce sujet, qui a été
adoptée à l'unanimité. Lundi, à l'étude des crédits, le ministre de l'Éducation a affirmé que les coupes dans les
livres aux écoles n'étaient que des épiphénomènes. Aujourd'hui, dans Le Devoir, on
apprend que c'est inexact, l'achat de livres a dramatiquement baissé l'année
passée au Québec, de 80 % par
endroits. Le ministre aura beau faire du théâtre en chicanant les commissions
scolaires, une chose est certaine, le gouvernement sous-traite ses
compressions dans les écoles.
Le ministre de l'Éducation va-t-il se rendre à
l'évidence et avouer l'évidence : Si le gouvernement n'avait pas coupé
sauvagement dans les écoles, personne n'aurait eu à couper dans l'achat des
livres?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. François Blais
M.
Blais : Alors, merci beaucoup, merci beaucoup pour la question, M. le
Président. Avant de parler de livres, je
veux vous parler, s'il vous plaît, de lecture, hein, parce que c'est un sujet
que j'ai abordé dès mon arrivée au ministère. Tout d'abord, je suis certain que tout enfant doit trouver un jour son
livre. Ça peut prendre du temps, mais il faut trouver son livre. Moi, je
l'ai trouvé quand j'étais en quatrième année de primaire, c'était Le tour du
monde en 80 jours, de Jules Verne. C'était un gros ouvrage, hein? Et puis
j'avais décidé d'affronter l'ouvrage et de le lire jusqu'au complet.
Quand je suis
arrivé au ministère, j'ai posé la question des livres et de l'achat des livres,
mais avant tout je leur ai posé la question de la lecture et je leur ai
demandé : Est-ce qu'on s'assure...
Des voix : ...
M.
Blais : Je leur ai demandé : Est-ce qu'on s'assure aujourd'hui
que les enfants lisent et lisent à tous les jours en classe? On n'a pas
réussi à me répondre à cette question.
Alors, je
leur ai demandé de travailler là-dessus, parce que je ne peux pas comprendre
qu'aujourd'hui, au Québec, les enfants
ne lisent pas à chaque jour au moins 15 minutes ou 30 minutes, hein, pour leur
donner le goût de la lecture, parce que c'est la seule façon, hein, ou
c'est la meilleure façon, la moins coûteuse.
Des voix : ...
Le Président : Continuez. En
terminant.
M. Blais : Alors...
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Nicole Léger
Mme Léger : L'an passé, les coupes massives du
gouvernement libéral ont touché au coeur des services directs aux élèves
et l'achat de livres. Or, cette année, le gouvernement en ajoute en imposant au
moins autant de coupures. Nouveau ministre,
même refrain : Les coupes n'auront pas d'effet sur les services aux
élèves, nous dit-on encore une fois, M. le Président.
Comment le
ministre peut-il sérieusement affirmer qu'il va couper des centaines de
millions dans les écoles sans hausser les taxes scolaires et sans
réduire les services aux élèves?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. François Blais
M. Blais : Donc, on en était à
l'importance de la lecture pour les enfants et s'assurer...
Des voix : ...
M.
Blais : On en était à
l'importance de la lecture pour les enfants et de s'assurer que les enfants
puissent lire et trouver leurs ouvrages.
Et je veux que... J'ai demandé aux fonctionnaires de travailler là-dessus,
hein, pour s'assurer qu'à chaque jour les enfants puissent lire dans nos
écoles.
Maintenant,
sur l'annonce de ce matin, je l'ai lue comme la collègue, je l'ai lue comme ma collègue, je suis assez inquiet de ce que j'ai lu. Je voudrais dire que je
vais faire des vérifications, bien entendu, là-dessus. Je voudrais aussi
rappeler que l'année financière n'est
pas encore terminée. L'année financière des commissions scolaires se termine le
30 juin, et j'espère qu'elles vont se rattraper bientôt.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Nicole Léger
Mme Léger :
La vérité, M. le Président, c'est que la crédibilité, en éducation, du
gouvernement libéral, c'est zéro. Ce
n'est pas un ministre de l'Éducation que l'on a devant nous, c'est un vendeur
de coupures. Le ministre peut-il sortir...
Des voix : ...
Mme Léger :
Le ministre peut-il sortir de son rôle de vendeur, faire preuve de franchise et
avouer que les coupures vont atteindre directement les services aux
élèves comme cela s'est produit l'année passée?
Le
Président : Comme vous le savez, Mme la députée, on appelle
toujours un membre ici par son titre comme élu. M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M. Blais :
Alors, ce que j'ai voulu dire tout à l'heure, c'est que les livres, c'est
important, mais c'est encore mieux quand ils
sont dans les mains des enfants plutôt que sur les rayons des bibliothèques. Il
y a un engagement — je
pense qu'il y a même un engagement, ici, de
toute la Chambre, hein? — à l'importance de l'achat des livres, de la diversité des livres dans nos bibliothèques. Les commissions
scolaires, si la tendance que j'ai lue ce matin est fondée — on va faire des vérifications — si la
tendance est vraie, ils ont encore trois mois pour se rattraper.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Gouin.
Conséquences
de la restructuration du
réseau de la santé et des services sociaux
Mme
Françoise David
Mme David (Gouin) : M. le Président, aujourd'hui entre en vigueur une
loi qui désorganise complètement le réseau de la santé et des services sociaux, et ce n'est pas un poisson d'avril.
30 % des députés non-cadres venant des agences abolies vont perdre leur emploi aujourd'hui ou
être transférés dans un autre établissement sans savoir quel poste ils vont
occuper. Seulement dans la région de Chaudière-Appalaches,
44 personnes sont congédiées; pour les autres, c'est l'inconnu.
Chez les cadres, on le sait, 1 300 personnes vont perdre leur emploi,
c'est commencé.
M. le Président, le
dernier budget annonce une croissance anémique de 1,4 % des dépenses au
ministère de la Santé et des Services sociaux. On sait que le taux général de
croissance dans ce ministère est de 4 %.
Comment
est-ce que le ministre de la Santé peut affirmer sans rire que les services à
la population ne seront pas affectés? Comment s'assurera-t-il de
conditions de travail décentes pour les travailleuses et les travailleurs?
Le Président :
M. le ministre de Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : À la question «comment?», je vais répondre : En
commençant par rectifier les faits, et en informant les choses des réalités, et en commençant par
expliquer à la députée de Gouin que, lorsqu'on évalue les coûts de système à
4 %, c'est lorsqu'on prend en compte,
évidemment, des augmentations historiques de salaires, par exemple, et les
calculs qui ont été faits n'ont pas été faits sur cette base-là.
Et, quand la députée
de Gouin affirme que les gens vont se retrouver sans emploi et, à la limite,
sans avenir, évidemment, c'est sans prendre
en considération qu'actuellement les gens ne sont pas congédiés. Les gens sont
invités à faire le choix entre se
relocaliser dans une autre fonction dans la même organisation sur le même
territoire ou encore, parce que c'est
une possibilité, de prendre une retraite anticipée. Mais il y a la possibilité,
M. le Président, pour tout le monde, de se replacer.
Mais,
oui, c'est vrai, là, j'admets une chose : il y aura un changement qui va
entraîner des changements. Mais, M.
le Président, pour la survie de notre système de santé, il faut revenir à l'équilibre
budgétaire, et c'est ce qu'on fait par le biais de la...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...réorganisation bureaucratique de notre réseau pour le bénéfice...
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Gouin.
Mme
Françoise David
Mme
David (Gouin) : M. le Président, ce 1er avril, il y a de réelles
pertes d'emplois. Je veux parler entre autres de la santé publique où près d'un employé sur trois se retrouve au
chômage aujourd'hui. Juste à Montréal, on coupe entre 60 et 70 personnes. Pourtant, pour chaque
dollar investi en santé publique, on économise en moyenne 5,60 $ en soins
de santé évitables.
Le
ministre croit-il si peu en la prévention qu'il accepte très légèrement de
couper une personne sur trois en Santé publique?
• (10 h 50) •
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le Président, et je
vais le répéter avec le plus grand des plaisirs, à la limite avec le déplaisir
parce qu'il y a un peu de déformation dans ce que la députée de Gouin vient de
nous dire : Il n'y a pas d'activités de prévention, M. le Président, qui sont coupées. Il
y a effectivement des restructurations d'ordre bureaucratique, mais le
geste, dont la finalité est d'obtenir un maximum de prévention par les
officiers qui sont en place, demeure.
Mais
comment peut-on nous reprocher, M. le Président, dans la situation budgétaire
actuelle, de ne pas s'attaquer à la
bureaucratie? Il y a une personne qui a fait ça aujourd'hui, M. le Président,
c'est le chef de la deuxième opposition officielle, qui nous a dit que
lui, il couperait dans la bureaucratie, mais il a voté contre l'abolition des
agences.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Gouin.
Mme
Françoise David
Mme
David (Gouin) : M. le Président, les personnes mises à la porte
aujourd'hui — et je
parle toujours de santé publique — elles rendent des services
aux citoyens. J'ai bien de la misère à voir comment, avec 30 % de moins de
personnes, on prétend qu'on va continuer de
donner les mêmes formidables services de prévention, de vaccination, de
soutien aux personnes démunies, avec une personne sur trois en moins en santé
publique.
Sérieusement, là,
est-ce que le ministre de la Santé est capable de nous démontrer qu'avec une
personne sur trois en moins on va donner le même niveau de services en santé
publique?
Le Président :
Mme la ministre... de la Réadaptation.
Mme
Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : Merci, M. le Président. En fait, ce que je
voudrais dire à la députée, M. le Président, par votre intermédiaire, c'est que, quand on prétend qu'il y
a trois personnes sur 10... et qu'elle est sur sa marge de 30 %...
mais en fait le 30 %, c'est sur le budget. Si on regarde ça comme
il faut, là, Mme la députée, c'est 7,3 %, parce que c'est 325 millions qui sont les budgets de santé
publique, et l'effort qui est demandé, c'est 23,7. C'est donc 7,3 % au
total, ce qui veut dire que ce qu'on va réduire, c'est vraiment
l'administration.
Tu
sais, au lieu d'avoir un formulaire sur Leguide de l'allaitement
par région et au national, il y en aura un de fait au national, conçu
par un fonctionnaire, distribué à la grandeur du Québec. L'allaitement, c'est
partout pareil au Québec. C'est comme ça pour plusieurs mesures. Voilà comment
on...
Le Président :
Principale, M. le député de Chambly.
Impact
des compressions budgétaire en milieu
scolaire sur la lecture et la réussite scolaire
M.
Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, année après année, c'est un drame. On
constate que nos élèves, nos étudiants ont peine à maîtriser notre langue, la langue française. Or, c'est la
lecture, c'est l'accès aux livres qui est parmi les facteurs les plus déterminants pour l'apprentissage du français
et même pour la réussite scolaire tout court. Une des conséquences directes des coupures, sauvages, sans vision, sans
perspective, de l'an dernier, c'est que les commissions scolaires ont réduit leurs achats de livres et que, cette année,
il y a des commissions scolaires qui ont coupé jusqu'à 80 % dans leurs
achats de livres.
Je
vous l'ai dit plus tôt cette semaine, c'est comme Le jour de la marmotte,
parce que, cette année, il se passe la même
chose que l'an passé. Le budget épargne la bureaucratie scolaire, mais coupe
150 millions au primaire et au secondaire. Le ministre de l'Éducation admettra-t-il, enfin, qu'en coupant comme il
le fait il amène les commissions scolaires à acheter de moins en moins
de livres, il compromet la réussite de notre jeunesse?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M.
Blais : Alors, j'ai l'impression que Le jour de la marmotte,
c'est plutôt du côté de la période des questions. On a parlé de ce sujet tout à l'heure. Donc, je pense
qu'on s'entend sur une chose, hein? Que les livres, c'est un moyen, la lecture, c'est la fin, hein? Ce que l'on veut,
bien sûr, c'est s'assurer, et c'est ma préoccupation... Je pense qu'en ce
moment, dans nos écoles, les enfants
ne lisent pas suffisamment. On ne s'assure pas d'une courte période par jour, à
tous les jours. Lire 15 minutes,
seulement 15 minutes, il y aura un progrès très important au niveau du
plaisir de lire mais aussi au niveau de la littéracie.
Maintenant,
pour ce qui est de l'achat des livres, le moyen, et je reconnais, hein, on
reconnaît tous ici que c'est important
d'avoir un bon choix de livres dans nos écoles... J'ai lu, comme mon collègue,
l'article, ce matin. C'est un sujet qui
m'a préoccupé. On va aller aux nouvelles pour avoir les informations exactes
parce qu'en ce moment les informations sont
obtenues de façon très indirecte. Et je lui rappelle que l'année financière des
commissions scolaires n'est pas terminée; ils ont trois mois pour se
reprendre.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Chambly.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, l'an dernier, l'ancien ministre a dit tout
haut ce que son gouvernement pensait tout bas, et je le cite : S'il manque
de livres dans les bibliothèques, personne ne va mourir de ça. Il est le seul à
l'avoir dit, mais, manifestement, ils
étaient nombreux à le penser, parce qu'on a remplacé le ministre, on a enrobé
le discours, on a fait des phrases
plus longues, plus verbeuses, mais le gouvernement, lui, n'a pas changé sa
façon d'agir : on préserve la bureaucratie, on charcute les
budgets. Le ministre va-t-il admettre qu'il compromet la réussite des élèves?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M. Blais :
Alors, M. le Président, une réponse moins verbeuse, donc : Priorité à la
lecture dans nos écoles.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Chambly.
M.
Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, priorité à la lecture, tant mieux. Espérons que les bottines suivront
les babines, parce que, dans la vraie vie, dans la vraie vie, il y a des
conséquences au budget...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Calmons-nous! M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Oui. Sur la
question de mon collègue, M. le
Président, ils ont lancé les
applaudissements. L'enthousiasme était contagieux.
Le Président :
Quel est votre propos? Quel est...
Une voix :
...
Le Président :
Monsieur, allez-y.
M.
Roberge : Les commissions scolaires de Montréal ont réduit du tiers le nombre d'enseignants dans
une école spécialisée. Commission scolaire Val-des-Cerfs va abolir des postes de psychoéducateur et de
psychologue. Ça, ce n'est pas l'an passé, c'est l'année qui s'en vient.
C'est les conséquences directes de votre budget actuel.
Le ministre va-t-il
admettre qu'avec son budget il compromet la réussite des élèves?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M. Blais :
Alors, tout d'abord, je dois remercier notre collègue, parce que je trouve que
la question est bien formulée. Parce que
l'enjeu, l'enjeu, là, l'enjeu, c'est la réussite, la réussite scolaire dans une
période qui est plus difficile, qui
est plus exigeante. On a déposé des budgets l'année dernière, tout le monde le savait. Tous nos collaborateurs,
que ce soient les commissions
scolaires, les universités, les collèges, tout le monde savait qu'il y avait
une deuxième marche à prendre, hein?
7 274 000 000 $, je crois, M. le premier ministre?
7 274 000 000 $ à résorber sur deux ans.
Donc,
ce que l'on a annoncé au budget la semaine dernière, en tout cas dans nos
budgets, c'est que l'effort qui est demandé
est tout à fait similaire à l'effort de l'an dernier. Nos collaborateurs
étaient au courant. On se met en marche avec eux...
Le Président :
En terminant.
M. Blais :
...pour trouver des solutions.
Le Président :
Principale, M. le député de Lac-Saint-Jean.
Plainte
au Conseil de discipline du Barreau
concernant l'avocat Frédéric Allali
M.
Alexandre Cloutier
M. Cloutier : M. le
Président, il y a un dossier qui est complètement surréel qui se retrouve
présentement devant le Conseil de discipline
du Barreau du Québec. En 2013, Me Frédéric Attali représentait un client
unilingue français dans un dossier contre l'AMF. L'audience était en français, les
plaidoiries se sont déroulées en français, et les avocats au dossier parlaient aussi tous français. Alors, vous
aurez compris, M. le Président, que tout le monde est tombé en bas de leurs chaises quand ils ont vu que le jugement
était en anglais. Mais, pire encore, Me Attali a demandé la traduction de son
jugement pour son client unilingue français, et aujourd'hui il se retrouve
devant le conseil du Barreau du Québec...
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, je vais inviter le collègue à prendre
son écouteur parce que j'ai... ma voix ne porte pas très bien ce matin.
La façon dont le
collègue aborde la question est un raccourci un peu préoccupant. Le collègue,
membre du Barreau, avocat, devrait faire attention avant de faire ce type de
raccourci.
Dans
un premier temps, M. le Président, il est important de mentionner aux membres
de cette Assemblée et aux gens qui
nous écoutent qu'un jugement peut être rendu en français ou en anglais, et à
tout moment, peu importe la langue dans laquelle le jugement a été
rendu, la traduction est disponible aux frais de l'État. Dans le cas mentionné
par mon collègue, le jugement traduit en français a été rendu... a été remis
aux parties dans les jours qui ont suivi.
Ceci
étant, les faits à l'origine de la plainte devant le Barreau, devant le Conseil
de discipline du Barreau, ne sont pas
connus ni de vous ni de moi. Alors, j'éviterais de commenter sur les faits qui
ont mené à la plainte devant le conseil de discipline.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.
Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : Évidemment, M. le Président, par souci de prudence
et par compréhension des faits, je me suis assuré effectivement de prendre connaissance de la lettre
qui a été envoyée et qui a demandé la traduction du jugement. M. le Président, on est dans une situation où tu as deux
avocats au dossier qui parlent français, tu as un client qui est unilingue
français, on ne demande rien d'autre que la
traduction du jugement, puis l'avocat qui demande ça se retrouve pris avec le
conseil puis avec une plainte au Barreau du Québec.
Est-ce
que la ministre de la Justice va intervenir devant une situation qui est
clairement contraire au gros bon sens?
• (11 heures) •
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, il faut faire attention, surtout
lorsqu'on est porte-parole en matière de justice, de ne pas discréditer les institutions et d'avoir un
certain respect pour les institutions. Les faits à l'origine de la plainte au
syndic du Barreau ne sont connus ni de moi
ni de mon collègue. La lettre est peut-être un événement. Si mon collègue
a eu le privilège d'en prendre connaissance,
ça lui appartient. Moi, cette lettre-là n'a pas été portée à mon attention.
Mais par contre je tiens à garantir
et à certifier qu'à tous les jours des jugements sont rendus en français, en
anglais, et qu'à tous les jours des demandes de traduction sont
présentées...
Le Président :
En terminant.
Mme Vallée :
...au ministère de la Justice et accordées aux frais de l'État.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.
Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : M. le Président, là, est-ce que la ministre de la
Justice peut au moins dire devant... ici, à l'Assemblée nationale, réitérer que la langue officielle du
Québec, là, c'est la langue française? La langue qui s'applique, c'est la
langue française. Lorsque tu as deux
procureurs de chaque côté qui parlent en français dans une cause en français,
c'est juste le gros bon sens que le jugement soit rendu en français.
Me
Attali a demandé la traduction pour que son client comprenne puis aujourd'hui
il se retrouve devant le Barreau du
Québec parce qu'il a eu une plainte. Il n'y a aucun autre fait dans le dossier,
Mme la ministre de la Justice. Réagissez puis intervenez.
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme Vallée : M. le Président,
il n'y a aucun autre fait que nous connaissons. Est-ce que le collègue connaît l'ensemble des faits? Moi, je ne les connais pas,
M. le Président, et, à cet égard, je vais me garder une petite gêne avant
de commenter un
dossier pour lequel l'ensemble des faits n'est pas sur la place publique. Ce
que je peux vous assurer, c'est que les clients de Me Attali ont eu
accès à un jugement en français, traduit aux frais de l'État.
Le Président : Cela met fin à
la période de questions et réponses orales.
Motions sans préavis
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Et nous en sommes à la rubrique
des motions sans préavis. Je crois comprendre, M. le premier ministre,
que vous avez une première motion à nous déposer.
1coui
Nommer des membres à temps partiel de la
Commission des droits de la personne
et des droits de la jeunesse
Documents déposés
M.
Couillard : Alors, M. le
Président, je voudrais proposer, après consultation auprès des partis de
l'opposition et des députés
indépendants :
«Que,
conformément aux articles 58, 58.1 et 58.3 de la Charte des droits et
libertés de la personne, les personnes suivantes soient nommées membres à temps
partiel de la Commission des droits de la personne et des droits de la
jeunesse, pour un mandat de cinq ans à compter des présentes...»
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Juste... M. le premier ministre,
désolé. Un peu de silence. C'est la première motion sans préavis qui va requérir des votes aux deux tiers... C'est un
vote aux deux tiers, Mme la leader. M. le premier ministre, désolé.
M. Couillard : Est-ce que je dois
recommencer depuis le début?
Une voix : ...
M. Couillard : Donc : «...pour
un mandat de cinq ans à compter des présentes :
«[Dans le]
volet Droits de la personne : Me Pascale Fournier, professeure
titulaire, Faculté de droit [à l']Université d'Ottawa, en remplacement de madame Diane [...] Raymond; Mme Eva Ottawa,
consultante [au] Conseil des Atikamekw de Manawan, en remplacement de M.
Harry Pierre-Étienne.
«[Dans le] volet Droits de la jeunesse :
Dr Gilles Fortin, pédiatre, professeur adjoint de clinique [à la] Faculté de médecine [de] l'Université de Montréal, en
remplacement de la Dre Danielle Grenier; Mme Isa Iasenza, ex-conseillère-cadre au Centre jeunesse de
Montréal[...], en remplacement de Mme Julie Desrosiers; [et] M. Bruno Sioui,
professeur agrégé, Unité d'enseignement et de recherche en sciences du
développement humain et social, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue,
en remplacement de M. Pierre Michaud.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le
premier ministre. Je rappelle aux membres de cette Assemblée que, pour
être adoptée, cette motion doit être approuvée par au moins les deux tiers des
membres de l'Assemblée. Elle doit donc être suivie d'un vote par appel nominal.
Et je
comprends qu'il y a consentement pour qu'un seul vote puisse se tenir
concernant ces nominations. Et je regarde les whips, je comprends que
tous les députés sont présents pour voter.
Mise aux voix
Alors, nous allons procéder au vote, Mme la
secrétaire... Mme la greffière.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Que les députés en faveur de cette
motion veuillent bien se lever — merci, M. le premier ministre.
La Secrétaire
adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier (Saint-Laurent), Mme
Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão (Robert-Baldwin),
M. Coiteux (Nelligan), M. Moreau
(Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M.
D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien (Bellechasse), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), M. Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau), M. Billette (Huntingdon),
M. Blais (Charlesbourg), M. Reid (Orford), Mme Boulet (Laviolette), Mme Vallières (Richmond), M. Bernier (Montmorency), M.
Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Ménard (Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion), M. Girard
(Trois-Rivières), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M.
Carrière (Chapleau), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine),
M. Matte (Portneuf), M. Simard (Dubuc), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc
(Mégantic), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Fortin (Sherbrooke), M. Fortin
(Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain), M. Rousselle
(Vimont), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini
(La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante
(Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides),
Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil).
M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais
(Taschereau), M. Marceau (Rousseau), Mme Hivon (Joliette), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Poirier
(Hochelaga-Maisonneuve), M. Gendron (Abitibi-Ouest), Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre
(Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M.
Gaudreault (Jonquière), M. Therrien
(Sanguinet), M. Bergeron (Verchères), M. Dufour (René-Lévesque), M. Drainville (Marie-Victorin),
M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M.
Lisée (Rosemont), M. Traversy (Terrebonne), M. Cousineau (Bertrand), M. Rochon
(Richelieu), M. Leclair
(Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier), Mme Ouellet (Vachon), M. Péladeau
(Saint-Jérôme), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Pagé (Labelle), Mme Richard
(Duplessis), M. Roy (Bonaventure).
M. Legault (L'Assomption), M.
Bonnardel (Granby), M. Deltell (Chauveau), M. Caire (La Peltrie), Mme Roy
(Montarville), M. Roberge (Chambly), M.
Charette (Deux-Montagnes), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme D'Amours (Mirabel), M.
Laframboise (Blainville), Mme Lavallée (Repentigny), M. Jolin-Barrette
(Borduas), M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard
(Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), Mme Roy (Arthabaska), M. Lemay (Masson).
Mme
David (Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Que les députés contre cette motion veuillent bien se lever. Y a-t-il des
abstentions? Alors, M. le secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 113
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Donc, la motion du premier ministre, elle est adoptée.
Toujours à la
rubrique des motions sans préavis, je reconnais M. le député de Chauveau pour
une prochaine motion. M. le député.
M.
Deltell :
Merci, M. le Président. Alors, je demande le consentement pour déposer la
motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte de l'intention de l'entreprise TransCanada de ne plus
construire de port pétrolier au Québec et de transporter le pétrole directement
vers le Nouveau-Brunswick dans le cadre du projet Énergie Est;
«Qu'elle
demande au gouvernement de s'engager à exiger des redevances sur tout nouveau
projet prévoyant le transport de pétrole en sol québécois.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Chauveau. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y
a pas de consentement.
Je
reconnais maintenant Mme la ministre déléguée à la Réadaptation, à la
Protection de la jeunesse et à la Santé publique pour une nouvelle
motion sans préavis.
Souligner le Mois de l'autisme
et la Journée
mondiale de la sensibilisation à l'autisme
Mme
Charlebois : Merci, M. le Président. Alors, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Rosemont, le député de Lévis et le député de
Mercier :
«Que
l'Assemblée nationale souligne le Mois de l'autisme et la Journée mondiale de
sensibilisation à l'autisme qui se tiendra le 2 avril;
«Qu'elle exprime tout
son soutien envers les personnes autistes et leur famille;
«Qu'elle
reconnaisse les défis que posent les troubles [du spectre] de l'autisme [...]
qu'elle salue le travail essentiel qui
est effectué au quotidien par les nombreux professionnels et bénévoles qui
oeuvrent auprès des personnes vivants avec l'autisme.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, Mme la ministre,
pour cette motion. Y a-t-il consentement pour débattre de la motion? M.
le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
M. le Président, nous proposons l'adoption sans débat.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien.
Mise
aux voix
Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. Nous en sommes toujours à
la rubrique des motions sans préavis, et je cède la parole à Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Réitérer le droit des femmes à l'accès à l'avortement et s'assurer
que le projet de loi n° 20 sur l'accès aux services de médecine
de famille et de médecine spécialisée ne limite pas ce droit
Mme Poirier : Alors, M. le
Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec la députée de Montarville et la députée de Gouin,
la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale réitère le droit de toute femme de disposer de son corps
et de services d'avortement gratuits et accessibles;
«Que le gouvernement s'assure qu'aucune mesure
liée au projet de loi n° 20, Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de médecine de famille et de
médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions législatives en
matière de procréation assistée, ne limite de quelque façon que ce soit ces
droits.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée, pour
cette motion. Y a-t-il consentement pour débattre de la motion? M. le
leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : M. le
Président, nous proposons l'adoption sans débat.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors...
Une voix : ...
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Vote par appel nominal? Très bien. Qu'on appelle les députés.
• (11 h 10
—
11
h 13) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de la motion
présentée par Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, conjointement avec Mme la députée de Montarville et Mme la députée de Gouin,
proposant :
«Que l'Assemblée nationale réitère le droit de toute femme de disposer de son corps et de services
d'avortement gratuits et accessibles;
«Que le
gouvernement s'assure qu'aucune mesure liée au projet de loi n° 20,
Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de médecine de
famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions
législatives en matière de procréation assistée, ne limite de quelque façon
[...] ces droits.»
Alors, que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M.
Marceau (Rousseau), Mme Hivon (Joliette), M. Bérubé
(Matane-Matapédia), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M.
LeBel (Rimouski), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M. Gaudreault (Jonquière), M. Therrien
(Sanguinet), M. Bergeron (Verchères), M. Dufour (René-Lévesque), M. Drainville
(Marie-Victorin), M. Cloutier
(Lac-Saint-Jean), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy (Terrebonne), M. Cousineau
(Bertrand), M. Rochon (Richelieu), M. Leclair (Beauharnois), M.
Villeneuve (Berthier), Mme Ouellet (Vachon), M. Péladeau (Saint-Jérôme), M.
Turcotte (Saint-Jean), M. Pagé (Labelle), Mme Richard (Duplessis), M. Roy
(Bonaventure).
M. Couillard
(Roberval), M. Fournier (Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud),
M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan),
M. Moreau (Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti
(Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien (Bellechasse), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), M. Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau), M. Billette (Huntingdon),
M. Blais (Charlesbourg), M. Reid (Orford), Mme Boulet (Laviolette), Mme
Vallières (Richmond), M. Bernier (Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme
Charlebois (Soulanges), Mme Ménard (Laporte),
M. Sklavounos (Laurier-Dorion), M. Girard (Trois-Rivières), Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger),
M. Carrière (Chapleau), M. Drolet
(Jean-Lesage), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M.
Simard (Dubuc), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme
de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Fortin (Sherbrooke),
M. Fortin (Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M.
Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Auger
(Champlain), M. Rousselle (Vimont), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel
(Sainte-Rose), M.
Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie),
Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis (Argenteuil).
M. Legault (L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Deltell
(Chauveau), M. Caire (La Peltrie), Mme Roy (Montarville), M. Roberge (Chambly), M. Charette (Deux-Montagnes), M.
Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), M. Laframboise (Blainville), Mme Lavallée (Repentigny),
M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy
(Saint-Hyacinthe), M. Spénard (Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), Mme Roy
(Arthabaska), M. Lemay (Masson).
Mme David (Gouin),
M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Y a-t-il
des députés contre cette motion? Des abstentions? Pour le résultat du
vote, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 112
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, la motion, elle est adoptée.
Nous en sommes toujours à la rubrique des motions sans préavis et nous
avons une motion de M. le député de Mercier.
M.
Khadir : Merci, M. le
Président. Je demande le consentement de la Chambre pour débattre de la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte de l'ampleur des versements prévus au Fonds
des générations, sommes qui totaliseront plus de
13 milliards $ d'ici à 2019-2020;
«Que
l'Assemblée nationale déplore que le Fonds des générations masque d'importants
surplus budgétaires qui atteindront bientôt 3 % du budget de l'État
québécois à chaque année;
«Que
l'Assemblée nationale rappelle que les versements annuels au Fonds des
générations atteindront 3 milliards par année dès 2018-2019, ce qui représente les crédits budgétaires
combinés : du ministère de l'Agriculture, des [Pêches] et de l'Alimentation, du ministère du
Développement durable, Environnement et Lutte contre les changements
climatiques, du ministère de la
Culture et des Communications, du ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles, du ministère des Finances, du ministère des Forêts, de la
Faune et des Parcs, du ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, des Relations internationales et de
la Francophonie, [...]du Tourisme, [...]des Transports, [et aussi du budget] de
l'Assemblée nationale du Québec;
«[Donc,] que
l'Assemblée nationale presse le ministre des Finances d'appliquer aux finances
publiques la volonté de son gouvernement
d'être le plus transparent de l'histoire du Québec et l'enjoigne à donner
l'heure juste sur les surplus budgétaires en excluant désormais du solde
budgétaire les montants versés au Fonds des générations.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le
député de Mercier. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Il n'y a pas de consentement. Y a-t-il d'autres motions sans préavis?
Avis touchant les travaux des
commissions
Sinon, nous
allons passer aux avis des travaux touchant les commissions. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui,
merci, M. le Président. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission des
finances publiques poursuivra l'étude
détaillée à l'égard du projet de loi n° 28, Loi concernant
principalement la mise en oeuvre de
certaines dispositions du discours sur le budget du 4 juin 2014 et
visant le retour à l'équilibre budgétaire en 2015-2016, aujourd'hui, de
15 heures à 18 heures, à la salle du Conseil législatif. Merci, M. le
Président.
• (11 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci à vous, M. le
leader adjoint. Pour ma part, je vous avise que la Commission des transports et de l'environnement se réunira en séance
de travail aujourd'hui, de 15 heures à 15 h 30, à la salle RC.171 de l'hôtel du Parlement. L'objet
de cette séance est de décider si la commission veut se saisir de la pétition déposée
par M. le député de Jonquière concernant la consignation des bouteilles
provenant de la SAQ.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
À la
rubrique, maintenant, des renseignements sur les travaux de l'Assemblée, je
reconnais M. le leader adjoint de l'opposition officielle.
M.
Bergeron :
Merci, M. le Président. Hier, le leader du gouvernement a communiqué avec nous
afin de solliciter notre consentement
pour l'adoption aujourd'hui même, l'adoption aujourd'hui même du projet de
loi n° 34, la Loi modifiant la
Loi sur les régimes complémentaires de retraite relativement au financement et
à la restructuration de certains régimes de retraite interentreprises.
Nous savions
dès le départ, M. le Président, que cette loi devait être adoptée avant le
29 mars, c'est une chose que
nous savions. Nous avions d'ailleurs, à cet effet, offert notre entière
collaboration au gouvernement pour l'adoption de ce projet de loi dans les délais, et je pense qu'il aurait été
possible, effectivement, avec cette offre de collaboration, de parvenir à faire en
sorte que le projet de loi puisse être adopté dans les délais, sans empêcher,
bien au contraire, que nous puissions faire notre travail de façon
rigoureuse.
Or,
M. le Président, notre surprise fut grande, hier, lorsqu'on a vu cette demande
de consentement, alors que le leader
parlementaire a annulé trois séances d'étude détaillée du même projet de loi,
M. le Président, soit le 24 mars en avant-midi et en soirée et le 25 mars en après-midi, trois séances
de travail, de commission où on aurait pu procéder à l'étude détaillée
de ce projet de loi, où on aurait pu faire notre travail de façon
consciencieuse, M. le Président, où on aurait
pu analyser les tenants et aboutissants de ce projet de loi. Or, ce sont sept
heures de travaux en commission qui ont été annulées par le gouvernement, M. le Président. Et là on nous demande
en catastrophe notre consentement unanime parce qu'on vient de réaliser, quelque part de l'autre côté, que c'est
urgent d'adopter ce projet de loi là, en fait on est même un peu en retard, et là on voudrait qu'on fasse
tout, là, de façon bousculée, alors que dès le départ nous avions offert notre
collaboration pour adopter ce projet de loi.
Alors,
au-delà de ces annulations, M. le Président, le leader disposait d'espace
législatif la semaine dernière pour appeler la prise en considération de
ce projet de loi, mais il ne l'a pas fait. Et aujourd'hui on doit même
suspendre les débats sur le discours du
budget, qui ont pourtant un caractère prioritaire, pour procéder à l'adoption
de ce projet de loi. Alors, ça
traduit ou bien une mauvaise organisation des travaux de la Chambre, M. le
Président, ou bien une motivation qu'on ne saisit pas très bien, de ce
côté-ci de la Chambre.
Alors, est-ce que le
leader parlementaire adjoint du gouvernement peut nous éclairer sur les raisons
pour lesquelles on a décidé, d'une part,
d'annuler sept heures de travaux en commission sur ce projet de loi, alors que
nous étions d'accord à le sortir
rapidement, et que, là, tout à coup, on nous demande notre consentement pour
suspendre le débat prioritaire sur le
budget pour procéder à son adoption en catastrophe, ce qui nous empêchera de
faire notre travail de façon consciencieuse,
alors qu'on avait offert notre collaboration au gouvernement? Est-ce qu'on peut
éclairer notre lanterne? Parce que, pour le moment, c'est extrêmement
nébuleux de notre côté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Oui. Alors, très bien, M. le
leader adjoint de l'opposition officielle. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M.
Sklavounos : M. le Président, je constate que les
interventions sur cette rubrique du leader adjoint de l'opposition officielle deviennent de plus en plus
longues. Je vais dire simplement que l'étude détaillée du projet de loi a
été effectuée sur trois séances totalisant
4 h 12 min, les séances du 18, 24 et 25 mars.
24 amendements du ministre ont été adoptés à l'unanimité. Alors, le
travail s'est fait.
J'entends
bien le collègue. Ce que nous sommes en train de dire au collègue, c'est qu'on
peut... On a beau parler du passé,
ici je préfère que le collègue nous dise qu'il va collaborer pour qu'on puisse
arriver à adopter ce projet de loi. Ce
que je lui dirais, c'est qu'il n'y a pas du temps qui sera enlevé du budget, on
demande une suspension, une certaine collaboration.
Pour le reste, parler du passé n'est pas d'une grande utilité en ce moment.
C'est de démontrer sa collaboration pour qu'on puisse aller de l'avant.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci. Alors, il y a lieu de
rajouter, M. le leader adjoint de l'opposition officielle?
M.
Bergeron : M. le Président, l'idée, ce n'est pas de parler
du passé simplement pour parler du passé. L'idée, c'est d'éviter qu'on
répète les mêmes erreurs à l'avenir.
Le leader
parlementaire adjoint du gouvernement vient de faire la démonstration que le
travail se faisait rondement en commission,
M. le Président. Je n'aurais pas pu, moi-même, faire une meilleure
démonstration du fait que le travail
avançait correctement en commission parlementaire. Or, curieusement, le
gouvernement a annulé sept heures de
travaux en commission parlementaire et veut maintenant bousculer l'Assemblée
pour que nous adoptions en catastrophe un projet de loi qui pourtant
aurait dû faire consensus.
Alors, ma question
demeure : Est-ce que c'est le fruit simplement d'une mauvaise organisation
des travaux parlementaires ou il y avait une
motivation qui nous échappe? S'il y avait une motivation qui nous échappe, simplement dans l'esprit justement d'une meilleure collaboration, peut-être
nous en informer? Parce que je ne comprends pas, M. le Président, les raisons qui ont amené le gouvernement à annuler sept heures de commission,
alors que ça allait bien, pour
nous imposer l'adoption en catastrophe, aujourd'hui, de ce projet de loi là.
J'ai
bien compris qu'on n'enlevait pas du temps de débat sur le budget, M. le Président, mais comment se fait-il qu'on est obligés de suspendre les
travaux sur le budget — qui
ont pourtant un caractère prioritaire en vertu de notre règlement — pour adopter
en catastrophe un projet de loi qui aurait dû l'être précédemment, avant le
29 mars, et qu'on était prêts à adopter dans les délais, M. le
Président?
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Je vais permettre une
dernière réplique de la part du leader adjoint du gouvernement, mais je vous signale, M. le leader adjoint de
l'opposition officielle — si j'ai votre attention quelques instants : Il y a
peut-être lieu d'avoir ces négociations-là à l'extérieur de la Chambre.
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Oui. Non, je sais, le point a été
fait, vous l'avez fait. Mais je vais permettre une dernière réplique,
puis on passera à autre chose.
M.
Sklavounos : Merci, M. le Président. Alors, je dirais que je
comprends la question du collègue. Si c'est tellement
important pour lui comme il l'est pour nous de passer aux débats prioritaires,
je vais lui demander de faire des interventions plus courtes et de ne
pas créer du délai pour le débat.
En
même temps, il y a des discussions qui vont avoir lieu entre les leaders, ça se
fait à l'extérieur de la Chambre, il connaît bien la pratique. Alors, je
vous demande de procéder avec nos affaires, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le leader adjoint. Dernier élément?
M.
Bergeron :
M. le Président, sur cette question, je comprends qu'on n'aura pas de réponse
ici puis que, les réponses, on les aura derrière des portes closes.
Maintenant,
j'aurais une autre question, un autre point à soulever, M. le Président. Hier,
à la demande de l'opposition officielle,
la Commission de l'aménagement du territoire se réunissait afin de discuter de
la pertinence de se saisir d'une pétition déposée par mon collègue de
Marie-Victorin concernant le programme AccèsLogis. Alors, la coutume, M. le Président, veut que, dans ce genre de
circonstance, par consentement, le porte-parole du dossier dont traite la
pétition et la députée qui a déposé
la pétition, le ou la députée qui a déposé la pétition, remplacent des membres
de la commission pour la durée de la
séance. Nous avions d'ailleurs, à 11 h 5, hier matin, obtenu le
consentement du gouvernement. À 11 h 20, coup de théâtre! Sans crier gare, le gouvernement
tout à coup a retiré son consentement, il nous a demandé de faire un choix
entre le député qui avait déposé la pétition et le porte-parole dans le
dossier.
M.
le Président, on avait pourtant assuré le parti ministériel que nous acceptions
sans aucun problème que nos deux députés remplaçants n'aient pas le droit de
vote, et malgré tout le gouvernement a refusé son consentement. Les
collègues de Marie-Victorin et d'Hochelaga n'ont pu prendre part à la séance,
M. le Président.
M.
le Président, à mon sens, c'est du jamais-vu. C'est un déni de démocratie.
Refuser à des élus le droit de participer à une séance m'apparaît
éminemment discutable. Les libéraux ont fait fi des coutumes...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Sur une question de règlement, M. le leader
adjoint?
M.
Sklavounos : Oui. On est rendus dans les questions. Là, je
ne vois pas de question, j'entends un discours et une plaidoirie de la part de
mon collègue. S'il a une question, je vais vous demander de lui demander de la
poser tout de suite. Là, il est rendu dans un plaidoyer, ce n'est pas le
but de cette rubrique, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Effectivement, M. le leader
adjoint du gouvernement, nous en sommes dans l'organisation des travaux
des commissions parlementaires et non pas des travaux de l'Assemblée. Je vous
inviterais peut-être, M. le leader adjoint de
l'opposition officielle, à faire en sorte que les remarques se fassent au
niveau de l'organisation des travaux de la commission et non pas de
l'Assemblée.
M.
Bergeron : M. le Président, c'est le seul moment que nous
ayons pour discuter des travaux parlementaires.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : M. le leader adjoint de
l'opposition officielle, il s'agit des travaux de l'Assemblée. La question que vous soulevez concerne les travaux
d'une commission parlementaire, ils doivent être traités au niveau de la
commission parlementaire.
M.
Bergeron :
M. le Président, en tout respect, j'allais continuer en vous demandant que, si
vous acceptez d'entendre le leader
parlementaire adjoint, j'aimerais que vous lui demandiez de dire sur la base de
quel article de notre règlement il se
lève pour faire un commentaire. Comme c'était un commentaire de nature
éditoriale de sa part, vous me permettrez
de poursuivre, M. le Président, dans la mesure où j'expose simplement les faits
sur lesquels je veux effectivement poser une question.
Alors,
puisque le leader parlementaire du gouvernement, dis-je, me demande de poser
une question, permettez-moi, à tout
le moins, de finir d'établir les faits avant de poser la question, M. le
Président. Alors, avec la permission du leader parlementaire du
gouvernement, je vais me permettre de terminer.
Alors,
depuis un certain nombre de semaines, M. le Président, le gouvernement semble
se comporter — et c'est
vrai en commission mais également dans cette
Assemblée, M. le Président — comme si les traditions, comme si les façons
de faire, les us et coutumes de notre Assemblée...
• (11 h 30) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : ...une question de règlement, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
...86 de notre règlement, M. le Président, article 86. Je veux bien écouter
toute la journée le collègue, qui vient de faire un plaidoyer plus tôt pour
qu'on passe aux affaires prioritaires, alors que clairement son intervention...
de plus en plus long à chaque fois qu'il prend la parole.
86 : «Le leader
du gouvernement peut, d'office ou à la demande d'un député, communiquer à
l'Assemblée [nationale] des renseignements sur ses travaux.
«Les demandes de
renseignements doivent porter sur [les] affaires inscrites au feuilleton.»
On n'est pas
sur une affaire inscrite au feuilleton. Je vais vous demander de passer à nos
travaux, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Voilà. Alors, M. le leader adjoint
de l'opposition officielle, vous savez qu'il n'est jamais de l'intention de la présidence de priver l'opposition
officielle du droit de s'exprimer, sauf que ça doit être sur les travaux de
l'Assemblée. Je pense que l'article cité par M. le leader adjoint du
gouvernement est tout à fait pertinent. Je vous demanderais de terminer là-dessus pour qu'on puisse passer à autre
chose, à moins que vous ayez d'autres renseignements sur les travaux de
l'Assemblée.
M.
Bergeron : J'aurai une autre question à soulever, M. le
Président, mais je comprends que, sur cette question particulière, après m'avoir invité à poser une
question, il m'invite maintenant à me fermer la trappe. Alors, je vais me
fermer la trappe sur cette question. Je
n'aurai donc pas de réponse à ma question, puisque je n'aurai pas eu l'occasion
de poser une question, mais je pense que ça
traduit bel et bien cette nouvelle ambiance. On nous parlait d'un gouvernement
de collaboration. J'aurai rarement vu un
gouvernement si peu collaborateur, M. le Président, et c'est ce que je voulais
souligner.
Alors, vous me
permettrez de soulever mon autre question...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Ça va. Oui, allez-y.
M.
Bergeron : ...peut me permettre d'aller de l'avant. C'est
peut-être être moins long, hein, s'il me permet de parler.
Alors,
M. le Président, puisqu'on veut parler d'une affaire qui est inscrite au
feuilleton, allons-y. Parlons du projet de loi n° 28, M. le
Président, loi concernant principalement la mise en oeuvre de certaines
dispositions du budget du 4 juin 2004...
2014, dis-je, et visant le retour à l'équilibre budgétaire en 2015‑2016. M. le
Président, l'étude détaillée du projet
de loi n° 28 va bon train depuis quelques jours. Plusieurs articles...
pour reprendre l'exemple que nous a donné le leader parlementaire adjoint tout à l'heure sur une autre question,
plusieurs articles ont déjà été adoptés, M. le Président. Or, nous apprenons ce matin par les médias, encore
une fois, qu'après seulement cinq heures de débat, seulement cinq heures
de débat, le gouvernement aurait, semble-t-il, l'intention de convoquer
l'Assemblée nationale en séances extraordinaires le 17, le vendredi, une autre
journée de circonscription — M.
le Président, ça semble être devenu une habitude
de la part de ce gouvernement — le vendredi 17 avril prochain, au
retour de la semaine de travaux en circonscription, pour adopter sous
bâillon le projet de loi n° 28.
Alors,
M. le Président, est-ce que ce gouvernement va enfin laisser les parlementaires
faire leur travail de façon consciencieuse et leur donner le temps de le
faire, M. le Président?
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, M. le leader adjoint
de l'opposition officielle. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : M. le Président, je ne sais pas si le collègue
était distrait lorsque j'ai donné avis touchant les commissions, je viens d'appeler cette commission
sur le projet de loi n° 28 pour aujourd'hui. On va permettre à la
commission de faire son travail. Pour ce qu'il lit dans le journal, je
n'ai pas de commentaire à faire.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Sur une autre question,
M. le leader adjoint de l'opposition officielle?
M.
Bergeron : M. le Président, je dois donc comprendre que,
comme pour ce qui est de la rumeur qui avait transpiré dans les médias à l'effet que l'Assemblée serait
convoquée en séances extraordinaires pour adopter sous le bâillon le projet
de loi n° 10, il ne s'agit, encore
là, que d'une rumeur qui se révélera, qui se révélera, M. le Président,
probablement vraie lorsqu'on nous
convoquera de façon exceptionnelle pour siéger un vendredi pour adopter sous
bâillon un projet de loi qui avançait bien en commission parlementaire.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, je pense que c'est clair pour tout le
monde. M. le leader de la deuxième opposition.
M.
Bonnardel : M. le Président, tout comme mon collègue le leader adjoint vient de le mentionner, le projet de loi n° 28 a été appelé
une première fois sans que les députés responsables, critiques, soient capables
d'être présents.
Hier,
nous avons débuté, comme il l'a mentionné, l'étude détaillée. Mon collègue l'a
mentionné, encore une fois, une première fois, voilà même pas
10 jours, le leader du gouvernement mentionnait à Martine Biron qu'il y
aurait peut-être bâillon parce que la commission
n'allait pas assez vite, après seulement trois heures d'étude détaillée. Alors,
oui, le projet de loi n° 28 sera appelé, selon le feuilleton, cet
après-midi, à 15 heures, mais, M. le Président, je regarde le calendrier : d'ici 13 heures, aucune commission
n'est appelée, le projet de
loi n° 28 n'est pas appelé
du tout. Les députés sont à l'Assemblée nationale, le ministre était présent à la période des
questions. Alors, je me pose la question, à savoir : Pourquoi on ne travaille pas présentement sur le projet de loi n° 28? Et, comme le collègue l'a mentionné, encore
une fois, que possiblement nous ayons
un bâillon sur ce projet de loi sans
être capables d'avancer ou de travailler à l'Assemblée nationale, il va de soi, M. le Président, que,
quand nous sommes présents, je me questionne
sur l'absence de travaux d'ici 13 heures pour faire avancer l'étude
détaillée de ce projet de loi.
Alors, j'aimerais ça
que le leader adjoint puisse nous expliquer pourquoi, présentement, il n'a pas
appelé le projet de loi n° 28 d'ici 13 heures.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
leader de la deuxième opposition. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Même question de la part du leader adjoint de
l'opposition officielle, même réponse. Puis je vous demande, M. le Président... Je vois récemment une tentative de
contourner un petit peu cette rubrique-là et empêcher les travaux de la
Chambre, alors je vais vous demander de procéder à nos travaux.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Oui. Là-dessus, M. le leader
adjoint du gouvernement, là, je comprends, mais on ne peut pas imputer des motifs aux deux oppositions, là. Alors, M. le
leader de la deuxième opposition a soulevé une question qui m'apparaît
tout à fait légitime. Est-ce qu'il y a lieu d'ajouter...
M.
Bonnardel :
...commentaire pour terminer, M. le Président, là. Le leader du gouvernement
semble dicter une certaine
jurisprudence face au temps précis qui est accordé au leader, au leader adjoint
pour discuter et être capable d'avoir des
réponses face aux travaux que nous avons dans une journée à l'Assemblée
nationale. Alors, c'est quoi? Il faut, demain matin, là, commencer à
avoir 30 secondes, une minute à poser... à se dire qu'il y aura un temps
précis pour poser des questions? Qu'on
prenne quatre, cinq, huit, 10 minutes, je pense qu'il va de soi que, du
côté de l'opposition officielle, que,
du côté de la deuxième opposition, nous puissions poser des questions au
gouvernement à savoir comment on procède pour les travaux en cours dans
la journée. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, je pense que ça fait le
tour de la question. Tout le monde a eu la chance de s'exprimer sur une autre question concernant
les travaux de l'Assemblée. M. le leader adjoint de l'opposition officielle.
M.
Bergeron :
M. le Président, sur cette même question, vous me permettrez très rapidement...
Effectivement, le leader
parlementaire adjoint du gouvernement s'exprime beaucoup mais répond peu.
Alors, peut-être qu'au lieu d'avoir des
commentaires condescendants à l'égard de l'opposition officielle qui semblent
traduire une attitude de la part de ce gouvernement
depuis un certain temps, et à l'égard de la deuxième opposition, peut-être
pourrait-il tenter de répondre justement aux questions qu'on lui pose.
Affaires du jour
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, la période des
affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux
affaires du jour. Et, aux affaires du jour, M. le leader adjoint du
gouvernement...
M.
Sklavounos :
Article 1, M. le Président.
Affaires prioritaires
Reprise du débat sur la
motion du ministre des Finances proposant
que l'Assemblée approuve la politique budgétaire du
gouvernement et sur les motions formulant un grief
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, nous en sommes aux affaires prioritaires.
À l'article 1
du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat, ajourné le 31 mars 2015, sur
la motion de M. le ministre des Finances proposant que l'Assemblée
approuve la politique budgétaire du gouvernement ainsi que sur les motions
formulant un grief présentées par M. le député de Rousseau et M. le député de
Granby.
Avant de
donner la parole au prochain intervenant, je vous informe qu'il y a
3 h 42 min d'écoulées à la première étape du débat. Il reste donc un total de
9 h 48 min réparties comme suit : 5 h 8 min
au groupe parlementaire formant le gouvernement,
2 h 31 min au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 1 h 39 min au deuxième groupe d'opposition et
30 minutes aux députés indépendants.
Alors, je suis maintenant prêt à céder la parole
à un prochain intervenant, et je reconnais...
Une voix : ...
• (11 h 40) •
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Ah! M. le député de Richelieu, je vous cède la parole.
M. Sylvain Rochon
M.
Rochon : Merci, M. le
Président. Alors, je n'ai pas trouvé grand monde dans Richelieu, M. le
Président, pour se réjouir du budget
présenté jeudi. Ce budget, M. le Président, il est aussi nul que son solde, il
freine l'économie et puis il annonce des coupures drastiques dans les
services à la population.
On est loin
de l'équilibre quand les compressions, elles se font maintenant et puis que les
promesses de mesures économiques,
elles sont repoussées à plus tard. On est loin de l'équilibre quand le
président du Conseil du trésor gèle les dépenses en éducation et puis en santé mais augmente son propre budget.
On est loin de l'équilibre quand on hausse le fardeau fiscal des familles de près de 700 millions de dollars
cette année et puis qu'on promet des allégements fiscaux qui ne vont se matérialiser que dans deux ans,
quand on hausse le salaire des médecins et puis qu'on coupe dans le service
aux malades. Les Québécoises et les Québécois, M. le Président, ils peuvent
bien être choqués de la prime de retraite concédée
à Thierry Vandal. Thierry Vandal va empocher 452 000 $ par
année. En calculant l'indexation, c'est 760 000 $ par an que recevra
Thierry Vandal en 2040. Ces montants, qui défient toute logique, s'additionnent
à la prime de départ de 565 000 $.
Les
libéraux, M. le Président, ils nous disent qu'il faut couper l'aide aux
petits-déjeuners, les services de garde, qu'il n'y a plus d'argent,
qu'il faut se serrer la ceinture. Si
le gouvernement ne s'est pas gêné pour réviser les régimes de retraite des travailleurs, il doit le faire
aussi pour Thierry Vandal. La pilule, elle est particulièrement dure à avaler
pour les acteurs du milieu de l'éducation
de ma région, qui craignent que, cette fois-ci, les services à l'élève ne
puissent pas être épargnés.
«Ce
budget ne permettra pas de couvrir les coûts de système, évalués à 3 %,
souligne le président du conseil des commissaires de la commission
scolaire de Sorel-Tracy, Denis
Rajotte.» Et puis je le cite : «"On s'en doutait. [On avait] entendu [parler] entre les branches que nous
aurions de nouvelles coupes, mais on ne pensait pas qu'elles auraient cette
ampleur. L'augmentation ne comble même pas les coûts du système, qui comptent, entre
autres, les conventions collectives",
déplore [M. Rajotte].» La présidente du syndicat de l'enseignement du Bas-Richelieu,
Sonia Éthier, affirme que «les
mesures que devra prendre la commission [...] ne seront pas agréables.
"Les coupes dans les services directs aux élèves seront inévitables. Nous avons des coupures encore plus
importantes que l'an dernier. Nous avions réussi de justesse à ne pas toucher les services. On ne peut plus couper davantage
dans l'administratif", souligne-t-elle.» Dans le réseau collégial, la fédération des collèges évalue le manque à
gagner à 40 millions de dollars.
Dans le budget du cégep de
Sorel-Tracy, environ 200 000 $ seront coupés.
Ce
budget, M. le Président, il laisse
les aînés aussi sur leur appétit. La Fédération de l'âge d'or du Québec
constate que, depuis l'entrée en
poste de ce gouvernement, les aînés subissent l'impact des mesures d'austérité,
des hausses tarifaires et font les
frais de nombreuses coupes dans les services. L'Association québécoise des
retraité-e-s des secteurs public et parapublic n'est pas plus
impressionnée du budget que la FADOQ. Je cite son communiqué : «...à
chaque fois que le gouvernement tend la main, il semble revenir chercher avec
l'autre, ce qui a pour effet, au final, de ne pas bonifier de manière
significative le tableau général.» On a l'impression d'être les participants
d'un jeu à somme nulle. L'AQRP constate, à
titre d'exemple, que «le financement du crédit d'impôt pour travailleurs
expérimentés — qu'on
annonce dans le budget — se fera à même la modification des
critères d'admissibilité au crédit d'impôt en raison de l'âge qui sera dorénavant accessible à partir de 70 ans et non
plus de 65 ans. Ceux qui ne sont plus sur le marché du travail, notamment
en raison de leur état de santé — et je continue de citer l'AQRP — seront dorénavant doublement pénalisés, car
ils ne pourront bénéficier de cette
mesure et perdront l'allégement fiscal auquel ils ont droit à l'heure actuelle.
[...]"L'image que le ministre
envoie [...] — c'est
toujours une citation — est qu'il est prêt à soutenir les aînés qui se portent le mieux,
pas ceux qui sont contraints de quitter le marché du travail
prématurément.»
Ce
n'est pas une belle image, M. le Président, mais c'est une image dans laquelle
on reconnaît ce gouvernement. Sur une
autre mesure, le soutien aux personnes aînées, devant éponger une hausse de
taxes municipales de plus de 7,5 %, l'Association québécoise des retraité-e-s des secteurs public et
parapublic déplore la rigidité des critères d'admissibilité et la
limitation de l'aide à celles et ceux qui sont propriétaires de leur résidence
depuis plus de 15 ans. Et, pendant ce temps-là, M. le Président, le
gouvernement coupe de 50 % les programmes d'amélioration de l'habitat, ce
qui inclut l'adaptation des domiciles, et il
n'annonce que 1 500 nouveaux logements sociaux pour 2020, une diminution
de 50 % par rapport aux
3 000 logements annoncés l'an dernier. Ça, ça veut dire la plus faible programmation d'accès logis depuis
15 ans.
Dans
le budget 2015‑2016, le gouvernement annonce par ailleurs la création d'un nouveau
programme d'aide pour l'installation
de gicleurs automatiques dans les résidences privées pour aînés. En tant que porte-parole officiel aux aînés, je me
dois de saluer la création d'un tel programme. Cependant, cependant, après
l'analyse des sommes allouées aux
programmes et après discussion avec quelques intervenants du milieu, force est
de constater que l'estimation des coûts d'installation faite par le gouvernement est, pour ainsi dire, très optimiste. Tout au
long du déploiement de ce nouveau programme,
le gouvernement devra être présent pour s'assurer que le soutien
financier soit adapté aux différentes réalités des résidences pour qu'elles puissent continuer d'offrir un milieu de
vie agréable, sécuritaire et qui respecte la capacité de payer des aînés qui y
résident. Le gouvernement, il doit éviter à tout prix que des résidences
ensevelies par les coûts des
nouvelles exigences n'aient d'autre choix que de se décertifier et deviennent
de simples unités locatives qui ne seront plus visitées ni inspectées.
M. le Président, la longue et froide saison d'austérité, elle n'est visiblement pas
terminée. Il va encore falloir pâtir, et ce sont les moins favorisés par la vie qui vont pâtir le plus.
L'austérité, M. le Président, ce n'est pas une fatalité, c'est un remède de cheval administré sans discernement par
notre premier ministre, un médecin qui exerce en dehors de sa
spécialité, ce qui lui a fait poser
un mauvais diagnostic. Le problème fondamental du Québec, M. le Président, ce n'est pas qu'il vive au-dessus de ses moyens, c'est qu'il
vive sans tous ses moyens, ces moyens qui nous permettraient de nous assumer pleinement, d'assumer nos différences, nos belles
différences. Il ne faut pas aplanir nos différences, M. le Président, il ne faut pas gommer ce qui
nous distingue, il faut en être fiers, être jaloux de nos programmes sociaux,
de la lutte que nous menons à la pauvreté, de l'égalité des chances,
qu'on poursuit.
Les
citoyens de ma circonscription, M. le
Président, ils ont hâte que nous
sortions de cette froide saison d'austérité et qu'arrive enfin le printemps. Imaginez le printemps, M. le Président, et son vent chaud de fierté, de solidarité et puis de liberté. Merci,
M. le Président.
• (11 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Richelieu. Nous passons maintenant du côté ministériel, et la parole
est à M. le député de Montmorency.
M. Raymond Bernier
M.
Bernier : Merci, M. le Président. En effet, le printemps est arrivé,
même s'il fait encore un peu froid, là, mais le printemps est déjà
arrivé.
Écoutez,
M. le Président, après six budgets déficitaires, notre gouvernement respecte
son engagement : le Québec retrouve
l'équilibre budgétaire. Écoutez, l'équilibre budgétaire, bien sûr, on en est
conscients, ce n'est pas une fin en soi, mais ça donne un nouvel élan au Québec. Les finances publiques seront
plus solides, plus saines, et cela constitue une base pour construire une prospérité pour le Québec. Nos investisseurs,
nos entrepreneurs, notre population, ça leur donne une confiance pour venir investir au Québec et
stabiliser au niveau fiscal le Québec. Parce qu'un climat d'incertitude vient
créer des doutes bien sûr au niveau des
investisseurs. Qui d'entre nous irait investir, sans se poser de questions,
dans des endroits où on est incertains de l'avenir, on est incertains de
ce qui va se passer?
Donc, nous,
notre chemin, ce qu'on a décidé, c'est d'assurer l'équilibre financier du
Québec afin de permettre une meilleure
prospérité. Et cela, nous avons franchi cette dernière étape, M. le Président,
sans augmenter les impôts et les taxes. Nous respectons nos engagements
en réduisant également le poids de la dette.
Vous savez, M. le Président, les mesures mises
de l'avant dans le budget de juin 2014 et dans la mise à jour économique
de décembre ont permis au gouvernement de ramener le déficit à 2 350 000 000 $ pour l'exercice 2014‑2015, et cela, c'est ce que nous avions prévu. Cette
fois-ci, les actions du plan économique,
parce que nous avons déposé également,
à l'intérieur du budget du 26 mars 2015, un plan économique, et conjuguées aux perspectives de
croissance, permettront d'atteindre
l'équilibre budgétaire, comme je l'ai mentionné, en 2015‑2016. Les revenus
consolidés de l'État s'établiront à
un peu plus de 100 milliards de dollars, 100 milliards de dollars. Le
poids, puis je veux couvrir cet élément-là, du service de la dette du Québec présentement est au-delà de 11 %.
C'est 11 milliards annuellement que nous payons au niveau du service de la dette. Imaginez, imaginez
les services que l'État pourrait se donner si nous avions cette marge de manoeuvre de 11 milliards. Je suis certain
que mes collègues ont de multiples visions au niveau de la santé, au niveau
de l'éducation, au niveau des services
sociaux, au niveau de nos investissements dans le domaine économique avec une
marge de manoeuvre semblable.
Nous nous
devons donc et nous avons pris la décision de mettre en place des mesures pour
donner au Québec et redonner au
Québec cette marge de manoeuvre. Pour qui le faisons-nous? Bien sûr, pour tous les
Québécois, mais nous le faisons également pour nos enfants, pour nos petits-enfants
en leur redonnant cette marge de manoeuvre. Si nous reculons voilà quelques années, quand le premier ministre
Bourassa a investi dans la Baie James, c'est parce que le Québec avait cette marge de manoeuvre là. Maintenant, on doit
la redonner aux Québécois. Et nous nous devons également de protéger, de protéger nos programmes sociaux au niveau de la
santé et de l'éducation parce que chaque augmentation du coût de la dette vient diminuer ou affecte ces services
prioritaires. Donc, c'est pour ça, M. le Président, que nous désirons atteindre
en 2015‑2016 l'équilibre budgétaire. Mais
nous continuons à investir également dans le Fonds des générations justement
pour prévoir le remboursement de cette
dette-là, le Fonds des générations, d'ailleurs, qui a été présenté et proposé
par la Commission-Jeunesse du Parti
libéral du Québec. Donc, ce sont les jeunes eux-mêmes qui ont suggéré au
gouvernement de mettre en place un fonds pour rembourser cette dette.
Bravo à cette commission!
M. le
Président, plus spécifiquement, le Plan économique du Québec présente des
mesures pour alléger le fardeau fiscal
des particuliers et des entreprises, ceci dans le but d'encourager le travail
et l'investissement, stimuler l'investissement et favoriser le développement économique de toutes les régions du
Québec, encourager une plus grande participation au marché du travail en assurant une meilleure
adéquation entre la formation et l'emploi. Nous offrons, avec ce plan, une
première réponse aux recommandations de la
Commission d'examen sur la fiscalité québécoise. Oui, nous devons revoir
notre fiscalité. J'ai eu l'occasion, au cours de ma carrière, de travailler
dans le domaine de la fiscalité, et nous devons donner la possibilité aux travailleurs, aux Québécoises, aux Québécois,
d'obtenir plus de salaire sans se pénaliser du fait d'augmenter leurs
revenus au niveau fiscal, et cela, des mesures doivent être prises.
On a eu la
présentation du rapport Godbout. On aura l'occasion, au cours des prochaines
semaines, des prochains mois, d'en discuter, d'en évaluer les
possibilités d'application, mais déjà il y a des mesures dans le budget qui
nous permettent de donner cette perspective.
Pensons au niveau du fameux bouclier, de façon à ne pas pénaliser une famille
qui vient accroître ses revenus, d'être privée des services qu'elle peut avoir
au niveau du gouvernement.
M. le
Président, il y a également les mesures qui sont prises au niveau de la PME. La
PME, au Québec, on sait, c'est
extrêmement important, au niveau de toutes nos régions du Québec. On le sait,
chaque député en région travaille en
étroite collaboration avec les PME pour assurer du travail à ses concitoyens.
M. le Président, des mesures sont présentées dans ce budget justement
pour être capables de les aider à simplifier en allégeant.
C'est ce
qu'on souhaite. Et on le fait également au niveau des contribuables. On le fait
au niveau des contribuables, et cela,
pour au-delà de 2 milliards. Pensons à la fameuse taxe santé. Vous êtes
sûrement, comme tous les contribuables, présentement en train de faire votre rapport d'impôt et vous regarderez,
en ce qui regarde la taxe santé, combien ça vous coûte, hein? Avec les modifications qui avaient été apportées par le
précédent gouvernement, ça peut atteindre jusqu'à 1 000 $.
Écoutez, dans un budget familial, ça a un grand impact. Et ça, à compter de
2017, on va réduire cette taxe-là jusqu'à son
élimination. C'est fort important. On accorde également des mesures pour permettre
aux travailleurs expérimentés de
retourner sur le marché du travail, d'accepter. Dans bien des cas, les gens
qu'on rencontre, qui prennent leur
retraite nous disent : Bien, ça ne vaut pas la peine, ce que je gagne, je
le redonne en impôt. Bien, nous, ce qu'on met, on met en place des mesures justement pour valoriser
cette décision et que les montants qu'ils peuvent aller chercher et gagner en supplémentaires à leurs revenus soient
exemptés. Ça peut aller jusqu'à, pour un travailleur de 63 ans, 900 $ par
année. Écoutez, ce sont des mesures incitatives. On a besoin de ces gens-là. On
a besoin d'assister notre relève. On a besoin
d'aider nos jeunes à s'intégrer. D'ailleurs, je regardais, hier matin, j'étais
dans une quincaillerie qui procédait à une réouverture suite à des
investissements, on pouvait voir des travailleurs de tout âge, des jeunes avec
des travailleurs plus expérimentés, pour avoir l'occasion de transmettre
justement cette connaissance.
M. le
Président, le budget que le gouvernement du Québec a présenté est un budget
fort important, fort important parce que c'est une nouvelle ligne de
départ. Et, pour le réaliser, M. le Président, on a besoin de l'appui de toutes
les Québécoises et de
tous les Québécois parce que ce qu'on veut, c'est un Québec prospère. Et on a
également besoin de l'appui de nos
partis de l'opposition pour qu'on puisse réaliser, pour chacun d'entre nous,
dans nos comtés, un Québec meilleur. Merci, M. le Président.
• (12 heures) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Montmorency, pour cette intervention. M. le député de
La Peltrie, à vous la parole.
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci, M. le Président. Donc, à mon tour
d'intervenir sur le budget qui a été déposé par le gouvernement.
M. le
Président, d'abord, les fleurs. Ce sera court. Le budget déposé par le
gouvernement est un budget équilibré, et
c'est une bonne nouvelle. Je pense que le Québec, depuis trop longtemps sous la
gouverne libéralopéquiste, a plongé le
Québec dans des déficits structurels qui ont amené un niveau d'endettement qui
est une hypothèque majeure pour la prochaine génération. Et,
contrairement à ce qu'on peut laisser croire dans certains milieux, le retour à
l'équilibre budgétaire n'est pas une option,
c'est un devoir. C'est un devoir de solidarité envers les prochaines
générations. Le contrôle des
dépenses : on prévoit une croissance des dépenses de 1,4 %, ce qui
nous apparaît être un objectif valable, compte tenu des circonstances. Et évidemment, maintenant, il
faudra voir à terme si cet objectif-là sera rencontré, si le contrôle des
dépenses sera effectué rigoureusement, mais, sur l'objectif, nous en sommes.
Fin de la section Fleurs.
Commençons
maintenant la section Pots. M. le Président, hier et avant-hier, j'ai interrogé
le président du Conseil du trésor, parce
qu'il faut bien comprendre que l'équilibre budgétaire est atteint pour cette année, 2015‑2016.
À partir de 2016‑2017,
on nous annonce le retour au déficit. Il
y a donc un déficit anticipé pour 2016‑2017,
si je me fie, M. le Président,
à ce document du gouvernement, qui a été déposé par le gouvernement. Je vous dis ça, M. le Président, parce que
je vois les sourcils froncés de
certains de mes collègues et je suis donc, moi, surpris que des collègues,
surtout du parti ministériel, soient
surpris du fait que leur gouvernement nous annonce, page 13 de ce document,
2016‑2017, qu'il
y a un solde d'écart à résorber de 853 millions. En bon
français, ça s'appelle un déficit, un déficit anticipé de 853 millions. Ça, c'est ce qu'on nous annonce, M. le Président.
Malheureusement, M. le Président, si on fait un petit retour par en arrière et si
on regarde ce qui a été fait par le gouvernement
libéral pour atteindre le déficit zéro, on constate que ce déficit a été résorbé,
oui, mais par qui ou je devrais dire
sur le dos de qui? Et on en a parlé à satiété, M. le Président, mais un petit
récapitulatif pour dire que le gouvernement libéral a sous-traité des augmentations de taxe scolaire. Pourtant, M. le Président, pourtant, la main sur le coeur, le premier ministre a dit qu'il
n'y en aurait pas de plus que de
l'inflation. L'inflation est de 1,5 %.
Plusieurs commissions scolaires ont augmenté leur taxation de 8 % à
10 %. Vous conviendrez avec moi, M. le Président, que c'est
significativement au-dessus de l'inflation. Le contribuable québécois a été,
encore une fois, surtaxé.
Mais ça ne
s'arrête pas là, M. le Président, parce que le ministre des Affaires
municipales a lui aussi utilisé cette même doctrine pour sous-traiter
des augmentations de taxes municipales cette fois. Parce qu'ils se sont
dit : Hé! ça fonctionne avec les commissions scolaires, ça marche bien. On
coupe, puis eux autres, ils taxent à notre place. C'est magique! Alors là, on
s'est dit : On pourrait peut-être importer le modèle ou exporter le
modèle, c'est selon, vers les Affaires municipales, ce qui a été fait.
Résultat, M. le Président, résultat : les municipalités ont augmenté leur
taux de taxation de plus que l'inflation. Et
là certains diront, et j'ai entendu mon collègue tout à l'heure dire :
Oui, mais l'objectif n'était pas de
sous-traiter des augmentations de taxes, l'objectif était d'amener les
municipalités à se discipliner dans le contrôle des dépenses. Donc, on
ne peut pas imputer la faute au gouvernement.
M. le
Président, quand une situation n'est pas de mon fait, je ne cherche pas à la
corriger, je demande à celui qui est
responsable de le faire. Or, le ministre des Affaires municipales a proposé de
rembourser les augmentations de taxes. Pourquoi
veut-il rembourser une augmentation qui n'est pas de son fait? Pourquoi, M. le
Président? Parce qu'il est tout à fait
conscient, et il le savait pertinemment, qu'en coupant de 300 millions il
forçait les municipalités à augmenter les taxes municipales, et donc il savait parfaitement qu'il était en train de
sous-traiter une augmentation de taxes et qu'encore une fois, encore une
fois, le contribuable québécois se ferait dépouiller. C'est ça qui est arrivé,
M. le Président.
Mais on ne
s'arrête pas en si bon chemin, parce que la formule fonctionne, donc
continuons. Là, Poche profonde est
toujours là quand on a besoin de lui, M. le Président. Alors là, on s'est
dit... Et, encore une fois, le premier ministre, chef du Parti libéral d'abord, en campagne électorale, avait dit :
Il n'y aura pas d'augmentation des tarifs d'hydroélectricité de plus que l'inflation. M. le Président, dans son
discours inaugural, à ce moment-là, il était premier ministre du Québec,
bien au fait de la situation budgétaire du Québec, du moins j'espère...
J'espère qu'avant de composer son Conseil des ministres,
de rédiger son discours inaugural, j'espère que le premier ministre du Québec a
eu la précaution de demander aux
fonctionnaires du ministère des Finances le portrait réel, la situation en
temps réel des finances publiques. Et donc, M. le Président, on peut penser que c'est en tout état de cause qu'il a
rédigé et prononcé ce discours où il réitérait, où il réitérait son
engagement qu'il n'y ait pas de choc tarifaire dans les services de garde et
d'augmentation des tarifs d'électricité de
plus que l'inflation. Or, M. le Président, qu'est-ce qui s'est passé?
Deux hausses de tarifs, deux : une première en 2014 de 4,7 %
et une autre qui prend effet aujourd'hui de 2,9 %.
Deux choses à dire là-dessus, M. le Président.
D'abord, le premier ministre nous dit : Oui, mais vous me demandez, là,
d'intervenir auprès de la régie, ce que je ne peux pas faire. Mais, M. le
Président, est-ce que le premier ministre a
pris conscience de l'existence de la régie seulement en décembre 2014? Quand il
a fait sa promesse, en campagne électorale,
il ne savait pas qu'il y avait une régie de l'énergie? Quand il l'a réitéré
comme premier ministre du Québec, il
ne savait pas qu'il y avait une régie de l'énergie? Bien sûr qu'il le savait,
M. le Président, bien sûr qu'il le savait, mais en campagne électorale ça aurait été beaucoup moins
sexy de faire une annonce en disant : Si je suis élu, nous ferons une
motion de
préoccupation que nous enverrons à la régie. S'il avait fait ça, là, ça aurait
été un grand moment d'humour, un
grand moment d'humour, M. le Président. Je pense que le Tout-Québec aurait eu
un cinq minutes de fou rire collectif. Alors,
c'est sûr qu'on ne fait pas ça. On dit : Bien non, nous, on va s'assurer
que les tarifs n'augmenteront pas de plus que l'inflation. Donc, une
promesse faite, une promesse brisée.
Et là, M. le
Président, il faut savoir pourquoi Hydro-Québec a augmenté les tarifs
d'électricité. Pourquoi? Parce que ce
gouvernement, ce gouvernement a décidé d'investir de façon significative... ou
plutôt d'amener Hydro-Québec à investir
de façon significative dans le développement de l'éolien. Or, on le sait, ce
n'est pas rentable. Il y a une question de mathématiques pures qui fait que tu ne peux pas produire un bien à un
coût x et le vendre à un coût inférieur en pensant que tu vas faire de l'argent. Ceux qui
réfléchissent comme ça sont ou en faillite ou à Québec solidaire. Dans les deux
cas, ça ne fonctionne pas. Alors, M. le Président, c'est de cette façon-là que
le gouvernement a réfléchi, avec le résultat qu'on connaît : Hydro-Québec, malheureusement,
enregistre des pertes. Et, pour combler ces pertes-là, Hydro-Québec a
l'obligation d'augmenter les tarifs
d'hydroélectricité, et encore une fois c'est l'ensemble des contribuables
québécois qui paient pour ça.
M. le
Président, on aurait pu espérer que ça s'arrête là, mais non, bien sûr que non.
Il y avait les tarifs de garderie. Et,
encore là, M. le Président, le chef du Parti libéral, la main sur le coeur, a
dit : Avec nous, il n'y aura pas de choc tarifaire. Et on a eu le plaisir et la joie de savoir ce que
le premier ministre du Québec considérait comme un choc tarifaire, et ça
découlait d'une proposition du Parti
québécois de faire passer le tarif de 7 $ à 9 $. Le premier ministre
a déchiré sa chemise en disant :
C'est un choc tarifaire, c'est inacceptable, les parents du Québec ne pourront
pas absorber un choc tarifaire semblable,
nous nous élevons contre ça. Résultat des courses : ça va passer, dans
certains cas, de 7 $ à 20 $. Ça, c'est de la justice sociale. Maintenant qu'il est au
gouvernement, ça devient de la justice sociale. C'est magique comment les
choses peuvent changer dépendamment si tu es en campagne électorale ou
si la campagne est terminée.
• (12 h 10) •
Alors, M. le
Président, oui, un déficit zéro, mais un déficit zéro qui s'est construit sur
le dos des contribuables en grande partie. Et c'est important de le
rappeler, M. le Président, parce que je vous ramène à ce que je vous disais :
2016-2017, nous avons un déficit anticipé de 853 millions de dollars. J'ai
demandé au président du Conseil du trésor comment
il entendait le résorber, et sa réponse était qu'il n'avait pas de réponse. Sa
réponse était que nous allons continuer dans le même sens de ce que nous faisons depuis que nous sommes arrivés
au pouvoir, et je viens de vous illustrer clairement que la recette principale du Parti libéral pour
résorber ces déficits, c'est d'aller piger dans la poche des Québécois. Et à
plusieurs reprises, M. le Président, hier et
encore aujourd'hui, le premier ministre du Québec, le ministre des Finances,
le président du Conseil du trésor ont eu
l'opportunité de fermer cette porte-là, à plusieurs reprises la question leur a
été posée sur les tarifs d'Hydro, sur
les taxes scolaires, sur les autres frais, et, M. le Président, à toutes les fois, le gouvernement, par la voix du ministre interpellé, a refusé de fermer la porte. Le premier ministre, hier, disait : On ne gouverne pas sur des rumeurs, parce
qu'on disait que les augmentations de taxes, c'étaient des rumeurs. Hier,
c'étaient des rumeurs. Aujourd'hui, M.
le Président, il faut bien l'admettre, c'est devenu une forte possibilité, et
il aurait été honnête et transparent de la part du gouvernement de nous dire quelles sont les taxes
qu'ils envisagent d'augmenter, quels sont les tarifs qu'ils envisagent d'augmenter, parce que, si on ne ferme pas la
porte, si on la laisse ouverte, c'est parce qu'on considère la possibilité de
le faire. On veut se laisser la marge
de manoeuvre d'aller augmenter encore une fois les taxes ou les tarifs des
Québécois.
Et, M. le
Président, je vous ramène... page 13 du document Stratégie de gestion 2016‑2017,le gouvernement libéral a un
déficit anticipé de 850 millions à résorber pour lequel il n'a pas de
solution parce qu'il y a déjà un effort de 873 millions qui est demandé aux ministères et aux organismes.
Et donc on laisse ce 853 millions là dans l'air, ça flotte quelque part
comme une épée de Damoclès au-dessus de nos
têtes, en se disant : Il faudra aller chercher cet argent-là quelque part,
c'est sûr. Ou on retourne en déficit ou on va continuer à piger dans les
poches de Poche profonde comme ils l'ont fait depuis
le début parce que c'est ce qu'on nous dit, c'est ce qu'on nous dit, là :
On va continuer dans la logique dans laquelle on s'est inscrits depuis
notre arrivée au pouvoir.
M. le
Président, on se serait aussi attendu, de la part de ce gouvernement, à de la
rigueur. Ça, c'est le mot, puis je pense que le président du Conseil du
trésor, à plusieurs reprises, a voulu se gargariser avec ce mot-là : Nous
sommes rigoureux. Pourtant, les premiers gestes qui ont été posés, quels
sont-ils? D'abord, la mise sur pied de la commission Robillard. On a dit : On va faire une commission permanente de
révision des programmes. M. le Président, quel est le mandat de cette commission qui nous coûte
au-dessus de 3 millions, là, soi dit en passant? Alors, principaux
objectifs : s'assurer que les programmes répondent aux besoins prioritaires
des citoyens, O.K.; vérifier si les programmes sont administrés de manière efficace, d'accord; assurer un mode de
financement des programmes si le mode de financement des programmes est adéquat, O.K.; puis s'assurer
que les programmes sont soumis à un processus d'évaluation continue.
M. le Président, quand on regarde la définition
du mandat du Secrétariat du Conseil du trésor, on retrouve exactement les mêmes objectifs, les mêmes
objectifs. C'est le mandat du Secrétariat du Conseil du trésor de faire ça.
Quel besoin avait-on d'investir 3 millions dans une commission qui
fait exactement ce que devrait faire — et je le mets au conditionnel, M. le Président, et ça sera au
président du Conseil du trésor à répondre à cette question-là — quel était le besoin de faire faire par cette commission-là ce que le Secrétariat du
Conseil du trésor a le mandat de faire? Est-ce que c'est parce qu'on n'a pas l'expertise à l'interne,
M. le Président? Est-ce que c'est parce qu'on n'a pas les compétences
à l'interne, pour faire ça, M. le Président?
Quel était le besoin? Lui qui veut s'émanciper des consultants, qui dit :
Il faut s'émanciper de l'expertise
externe, le premier geste qu'il fait, un des plus importants, c'est de donner à
l'externe un mandat qui relève de son Secrétariat du Conseil du trésor. Or, M.
le Président, peut-être aussi avait-on comme objectif de retarder le processus,
de s'assurer que les réponses aux questions légitimes viennent le plus tard
possible. Peut-être. Malheureusement, on ne le saura jamais.
M. le
Président, ça m'amène, puisque le temps file à une vitesse incroyable, ça
m'amène à mon dernier point. Le président
du Conseil du trésor nous dit : Nous devons nous émanciper de l'expertise
externe. Ça implique, M. le Président, que le président du Conseil du trésor devra
favoriser la reconstruction de cette expertise-là l'interne. Or, quand on
regarde le plan de match du
gouvernement, il n'y a strictement rien, strictement rien. C'est des milliards
que ça nous coûte, les consultants externes, des milliards, M. le
Président. Pourquoi? D'abord, en salaire, ensuite, du fait de ne pas l'avoir à l'interne, nous avons tous été collectivement
victimes de la collusion, et je dirais aussi d'une certaine incapacité à gérer
des projets adéquatement. On le voit, en informatique, avec des dépassements
de coûts systématiques et des projets qui n'aboutissent pas. Alors, collectivement, c'est des milliards que nous
avons payés parce que nous n'avions pas, à l'interne, l'expertise nécessaire.
Or,
que fait le président du Conseil du
trésor? Il dit : Je décrète un
gel des salaires. Ah oui? Analysons ça d'un peu plus près. Que le président
du Conseil du trésor ne veuille pas
que sa masse salariale globale augmente, nous sommes d'accord, mais, quand on gèle les salaires mur à
mur, ça veut dire quoi? Ça veut dire qu'on laisse l'écart salarial se creuser
entre nos principaux concurrents et notre
capacité à nous à faire des offres qui sont alléchantes aux différentes
ressources dont on a besoin.
Prenons
deux exemples, M. le Président. Les ingénieurs : Pourquoi y a-t-il eu
corruption et collusion? Parce que le
MTQ n'avait pas, en son sein, l'expertise nécessaire pour — excusez
l'anglicisme — challenger
les firmes privées. Nous étions à la
merci de ces firmes-là parce que nous n'avions pas, à l'interne, l'expertise nécessaire. Et nous n'avions pas l'expertise,
à l'interne, nécessaire parce qu'à toutes les fois que c'était possible,
ces firmes privées là venaient chercher ces ressources-là puis ils nous les retournaient à trois fois le prix, mais
sans avoir en considération les intérêts de notre société.
Or, c'est comme ça
qu'on a déconstruit notre expertise, c'est comme ça qu'on s'est mis à la merci
des firmes externes parce qu'on n'était pas
en mesure d'accoter ce qui se faisait au niveau du privé, parce qu'on a toujours
eu cette politique-là du mur-à-mur. C'est le gel mur à mur, c'est
les augmentations mur à mur, et c'est exactement la même chose qui s'est passée en informatique, M. le Président, avec le
résultat qu'on voit au niveau de nos ingénieurs, nos analystes en informatique, une décroissance de leur nombre
dans les cinq dernières années. On en a perdu, on en a de moins en moins,
donc on perd de l'expertise.
J'ai
demandé au président du Conseil du
trésor pourquoi il ne se lançait pas
dans des négociations sectorielles. Il
y a des domaines où, on s'entend, il n'y a pas d'augmentation de salaire à
donner, on est tous d'accord. Il y a des secteurs où ce sera nécessaire de le faire, M. le Président, parce que, si on veut rebâtir l'expertise, il n'y a pas d'autre choix.
Il n'y aura pas d'autre choix, on
doit attirer ces ressources-là, et ce n'est certainement pas en laissant
l'écart se creuser entre nous et les concurrents qu'on va y arriver, M.
le Président. Visiblement, la stratégie ne fonctionne pas : parce qu'on
n'est pas capables d'attirer des ingénieurs
d'expérience et on n'est pas capables d'attirer des informaticiens
d'expérience. Et je prends simplement
ces deux exemples-là, M. le
Président, mais il y en a d'autres
dans le secteur public, il y a d'autres secteurs où on est pénalisés par cette politique
du mur-à-mur doctrinaire qui fait en sorte que le gouvernement du Québec
déconstruit son expertise et se met à la merci des consultants.
Le
président du Conseil du trésor disait : Nous allons réduire notre
dépendance — donc,
le nombre de consultants. Nous allons
dégager des marges de manoeuvre puis après ça on sera peut-être
capables de faire des offres concurrentielles. Ça ne fonctionne pas
comme ça, M. le Président, parce que, si vous réduisez le nombre de
consultants, vous venez nécessairement de créer un besoin qui ne sera pas comblé à
l'interne. Or, encore une fois, M. le
Président, on patauge dans l'improvisation, il n'y a pas de plan de match, le
gouvernement du Québec, pour se donner des beaux chiffres, agit à la
va-vite sans réfléchir aux conséquences, ce
qui hypothèque la capacité du Québec à se défendre, à se prémunir, à gérer des
projets correctement, à être efficace, à être efficient, à bien administrer les
deniers publics, à s'assurer qu'on s'en va dans
la bonne direction, M. le Président. Et, encore une fois, c'est une lacune majeure — majeure — dans
le budget qui nous a été présenté par le gouvernement du Québec. Et
c'est une hypothèque majeure pour la fonction publique, et malheureusement
encore une fois, c'est le contribuable québécois qui devra ramasser la facture
pour l'incapacité du gouvernement à avoir
une vision à court, moyen et long terme. On a des beaux projets, on fait des
semi-constats, mais on n'a aucune solution.
Donc, M. le Président,
vous comprendrez que nous ne pouvons pas être favorables à un tel budget, et je
suis convaincu que mes collègues auront l'occasion,
dans d'autres secteurs — éducation,
santé — de
vous expliquer ce qui nous dérange fondamentalement.
Motion formulant un grief
Et je conclurai, M.
le Président, en formulant une motion de grief à l'endroit du
gouvernement :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour ne
pas avoir de plan afin de combler le déficit anticipé causé par l'écart
à résorber de 853 millions de dollars aux dépenses de programmes.»
Merci, M. le
Président.
• (12 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de La Peltrie. Votre motion, elle est, bien sûr, déposée sous
réserve de sa recevabilité.
En
vertu des règles de l'alternance, je vais aller du côté de M. le député de
Laval-des-Rapides et je reviendrai à vous immédiatement après, Mme la
députée de Gouin. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui, nous sommes
conviés à nous exprimer sur le dépôt du budget et la présentation du budget faite par le ministre des Finances
jeudi dernier. Et, à travers vous, M. le Président, j'aimerais
m'adresser à mes concitoyens de la circonscription de Laval-des-Rapides.
Le
18 mars 2014 est peut-être une date méconnue, parce qu'en réalité, à pareille
date l'an dernier, nous étions tous
en campagne en train de rencontrer le plus grand nombre de nos concitoyens, de
leur expliquer la raison pour laquelle nous
les invitions à nous donner leur confiance, mais le 18 mars 2014, pour
nous, pour notre formation politique, est une date très importante, pour ceux qui avons fait la campagne de 2014,
c'est le jour auquel notre chef, notre premier ministre aujourd'hui, a fait l'annonce publique, une
annonce importante qui était celle d'un engagement de présenter, pour l'année
financière 2015‑2016, un état des finances équilibré, un budget équilibré pour
la province du Québec. Et, la semaine dernière,
notre ministre des Finances a rempli et a comblé cet engagement-là, a comblé
cet engagement-là non seulement avec la vision, avec le leadership et
avec le soutien du premier ministre du Québec, mais également avec le travail
de l'ensemble de nos collègues élus de notre
formation politique et surtout, également, avec le travail du président du
Conseil du trésor, qui a grandement travaillé à ses côtés pour livrer un
budget équilibré et aussi livrer une vision qui va nous permettre de respecter
cet engagement-là au cours des prochains budgets.
Une mise en
contexte également, M. le Président, pour l'ensemble de mes concitoyens, c'est
que, si rien n'avait été fait suite à
l'élection de 2014, nous nous dirigions directement vers un déficit de
5 milliards pour l'année 2014‑2015. Et, rappelons-nous, nous sommes allés en élection, il y a un an, avec un
dépôt de budget du gouvernement précédent où il n'y avait aucun crédit qui avait été présenté, et d'autant plus
c'était un budget où il y avait plein de cadeaux, plein de petits bonbons pour tous leurs petits amis, et un
budget irresponsable où on se destinait vers l'année financière 2015‑2016,
celle-là même où on débute aujourd'hui, avec
un déficit estimé de 7 milliards. C'est 7 milliards qui allaient
s'ajouter à la dette du Québec, qui
aujourd'hui représente 200 milliards. Malheureusement, M. le Président,
c'est un record pour lequel on n'a pas nécessairement à être fiers,
puisque nous sommes la province la plus endettée au Canada. Et aujourd'hui,
aujourd'hui, nous assumons un poids, l'ensemble de notre société assume un
poids de près de 11 milliards de dollars, M. le Président, du service et des intérêts sur cette même dette là.
Juste pour mettre ça en contexte, c'est plus que l'ensemble du budget
qui est consacré aux écoles primaires et secondaires de l'ensemble de la
province.
Ce premier
budget équilibré depuis les six dernières années est également seulement le
sixième budget équilibré au cours des 40 dernières années. C'est
ça, la mise en contexte, M. le Président. C'est ça, la mise en contexte que je souhaitais présenter à l'ensemble de mes
concitoyens de Laval-des-Rapides et l'importance historique du travail qui a
été fait au cours de la dernière année, à l'intérieur des
40 dernières années, à travers ce premier budget équilibré.
J'aimerais
également, M. le Président, identifier certaines mesures présentées par le ministre
des Finances qui touchent concrètement mes citoyens de
Laval-des-Rapides.
Tout d'abord,
le ministre des Finances a annoncé l'abolition graduelle, à partir de 2017
jusqu'en 2019, de la taxe santé. Ça,
c'est l'ensemble de mes concitoyens qui sont affectés, et surtout ceux les plus
démunis, qui vont justement voir, cette abolition graduelle, le bénéfice
le plus rapidement possible à partir de 2017.
Par ailleurs,
nous annonçons également, à l'intérieur de ce budget-là, une bonification du
crédit d'impôt pour les travailleurs
expérimentés. Vous savez, M. le Président, à partir de l'année 2013,
c'était la première année où l'économie québécoise voyait le nombre de travailleurs actifs diminuer face à
l'année précédente. Ceci est un défi important pour la croissance de notre économie, et il est d'autant
plus important pour nous de mettre en place des mesures qui vont nous
permettre de retenir le plus grand nombre de
ces travailleurs-là. Et ce que nous avons annoncé, c'est que nous allons faire passer
ce crédit d'impôt là admissible à partir de l'âge de 63 ans plutôt que
65 ans, avec un maximum d'admissibilité monté, élevé jusqu'à
10 000 $, et ce, à partir de l'année 2018.
Nous avons également annoncé, à travers ce
budget-là, M. le Président, 125 millions sur cinq ans, investis afin de favoriser une adéquation entre la formation et
l'emploi. Ceci est très important parce que, pour notre région, à Laval, les
statistiques d'Emploi-Québec annoncent notamment,
pour l'année qui s'en vient, d'ici 2016 — donc
c'est d'ici sept mois, les sept
prochains mois — presque
37 000 emplois disponibles. Et ce qu'il faut, en tant que gouvernement responsable, c'est d'investir, justement, pour favoriser une
meilleure adéquation entre la formation, entre les aptitudes, entre les compétences nécessaires, justement,
pour que nos concitoyens, le plus grand nombre de nos concitoyens puissent
pleinement s'approprier et bénéficier
des opportunités d'emploi qui seront mises à leur contribution, et là je vous
donne un exemple très concret au cours des neuf prochains mois.
Ceci dit,
à ce niveau-là, je me préoccupe particulièrement des jeunes, également, dans notre région, et particulièrement dans mon comté, parce que, vous savez quoi, dans Laval-des-Rapides, on a un pourcentage plus élevé que la moyenne québécoise
au niveau des jeunes de 18 à 25 ans, c'est un Lavallois de Laval-des-Rapides sur cinq qui est dans cette tranche d'âge de 18 à 25 ans. Et d'ailleurs le Carrefour jeunesse-emploi de Laval, situé dans mon comté, travaille
activement afin d'accompagner ces
jeunes-là et surtout les jeunes qui sont dans des situations précaires, qui
bénéficient de l'aide sociale ou de l'assurance chômage. Et c'est la
raison pour laquelle il faut notamment soutenir, et je salue cette décision-là
du ministre des Finances de contribuer à favoriser cette adéquation entre la
formation et l'emploi.
D'autres
mesures également qui touchent les concitoyens de Laval-des-Rapides : la création du crédit d'impôt pour donateurs agroalimentaires. À Laval-des-Rapides, nous avons un organisme qui s'appelle le Relais communautaire
de Laval et Pont-Viau. C'est une banque alimentaire qui permet à un grand
nombre de Lavallois, et spécialement des Lavallois
de Laval-des-Rapides et de Pont-Viau, de bénéficier des services. Et c'est
justement une mesure comme ça qui va permettre un
meilleur service offert à nos concitoyens à travers le soutien de Moisson
Laval, notamment pour cet organisme-là en particulier.
C'est
également 22,5 millions de
dollars investis sur trois ans, annoncés
dans le budget, pour favoriser l'intégration économique des immigrants. Vous savez, à Laval, on a 25 % de la
population lavalloise sur les 400 000 habitants qui sont d'origines diverses. À Laval-des-Rapides, c'est presque 30 % de la population de Laval-des-Rapides qui sont d'origines diverses.
C'est un organisme comme Perspective Carrière qui travaille jour après jour
pour accompagner nos immigrants à
développer les aptitudes nécessaires pour justement aller chercher les
opportunités d'emploi qui sont disponibles à eux.
C'est 24 millions
également, M. le Président, annoncés dans le budget, qui vont être financés ou
offerts à la Fondation du Dr Julien. À Laval-des-Rapides, nous avons un
centre de pédiatrie sociale qui travaille et qui est affilié, justement,
à la Fondation du Dr Julien. C'est des centaines et des centaines de
familles qui bénéficient des services à travers ce centre-là, des services offerts, justement, aux plus démunis, et c'est justement une mesure
comme celle annoncée par le ministre des
Finances qui va permettre de continuer à offrir ces services-là et aussi de les
étendre au plus grand nombre de familles démunies afin qu'elles
bénéficient de ces services-là.
Au niveau de
l'économie sociale, M. le Président, c'est 27 millions qui vont être
injectés. Puis savez-vous quoi? Au
Québec, on a 7 000 entreprises, 150 000 employés qui
travaillent à travers des entreprises d'économie sociale. Chez nous, à Laval-des-Rapides, c'est comme le café
Le Cafardeur, qui emploie plus de cinq employés depuis les deux,
trois dernières années, qui justement a pu bénéficier des aides nécessaires
pour se constituer, pour justement offrir un service à nos jeunes à travers,
justement, une structure d'économie sociale.
Également, M.
le Président, j'aimerais mentionner les mesures, également, destinées aux
entreprises et à notre économie. Nous
avons annoncé notamment, par rapport aux PME, spécifiquement par rapport aux
PME, qui représentent 99 % des entreprises du Québec, trois mesures très
intéressantes : tout d'abord, la réduction du taux de cotisation pour le
Fonds des services de santé; deuxièmement,
la réduction du taux d'imposition pour les PME de 8 % à 4 % dans les
secteurs primaire et manufacturier;
et, troisièmement, le recentrage des déductions pour les PME de trois employés
et moins, qui leur donnera justement accès à des liquidités plus
importantes.
Au niveau de
la relève, c'est aussi une injection de 2 millions destinée à favoriser la
relève entrepreneuriale et le mentorat.
C'est également des mesures fiscales annoncées à travers le budget, M. le
Président, qui vont permettre et favoriser le transfert d'entreprise
familiale au niveau des secteurs primaire et manufacturier.
• (12 h 30) •
M. le
Président, le budget annonce également 1,5 milliard d'investissement
destiné à constituer, à bâtir, à développer la stratégie maritime, un pan important de nos engagements en termes de
création d'emplois auprès de notre gouvernement et notre formation politique. C'est également 450 millions annoncés pour la relance du Plan Nord,
la relance du Plan Nord, qui
va favoriser non seulement la création d'emplois au Nord du Québec, mais également
au Sud.
M. le Président, pour l'ensemble de la
stimulation... des mesures qui stimulent notre économie et la création d'emplois, c'est près de 12,6 milliards de mesures d'appui à l'économie. Et ça, c'est dans un but, justement,
de créer un environnement propice à la création d'emplois et nous
permettre de, justement, respecter cet engagement de création d'emplois que
nous nous sommes donné au cours des cinq prochaines années.
C'est la
raison, M. le Président, pour laquelle je me suis engagé. Je me suis
engagé en politique pour offrir des opportunités. Je me suis présenté auprès des gens de Laval-des-Rapides pour justement m'assurer qu'on avait le plus grand nombre d'opportunités qui leur étaient offertes.
Et aujourd'hui, M. le
Président, je suis fier de non seulement m'adresser à vous, mais également aux gens de Laval-des-Rapides et de leur
dire que je soutiens totalement la présentation du budget 2015‑2016 faite
par le ministre des Finances la semaine dernière. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Laval-des-Rapides. Comme convenu, Mme la députée de Gouin, je vous cède la parole
pour votre intervention.
Mme Françoise David
Mme David
(Gouin) : Merci, M. le Président. Pour nous, le budget, pour la formation politique que je représente, le budget qui a été déposé, c'est vraiment celui
de l'austérité permanente. Il nous plonge dans un cycle de compressions dans les services publics, il érode le filet
social que nous nous sommes donné au Québec, entre autres pour lutter contre
la pauvreté, et il va contribuer à accentuer
les inégalités. Je vais prendre un certain nombre de points que je vais
développer : les compressions en santé et en éducation, les
attaques aux plus pauvres, les attaques contre les femmes et toutes les
coupures, en somme, là, que nous vivons.
Depuis son arrivée au pouvoir, c'est
5,5 milliards de coupures qui ont été faites. On ne le dit pas souvent, ce
chiffre-là, mais il est important, là. Le
budget actuel s'ajoute à tout ce qui s'est déjà passé, et là on a un ajout de
nouvelles coupes nettes de
729 millions de dollars. Le PLQ avait promis d'investir en santé et en
éducation; en fait, il désinvestit.
En santé, on
le sait, 1,4 milliard de... 1,4 %, pardon, d'augmentation de la
croissance des dépenses. Mais pourtant, l'année dernière, il avait dit : Les dépenses vont croître de
2,7 % par année. Dans les dernières années, la croissance réelle a été entre 4 % et 5 %. Comment, à ce
moment-là, peut-on s'imaginer qu'on va avoir le même niveau, la même qualité
de services sociaux et de santé, alors que,
dans les faits, on va assister à des coupes un peu partout dans l'aide aux
aînés, dans les CLSC, dans l'ensemble des établissements publics, dans
les services aux personnes handicapées, dans les services aux enfants et aux familles? La dure réalité — et on le voit déjà sur le terrain, nous, les
députés, il y a des gens qui viennent
nous voir à nos bureaux — c'est qu'il y a des services qui ont déjà commencé à diminuer.
Quand on offre, en maintien à
domicile, un bain par semaine à une personne âgée plutôt que trois
précédemment, moi, j'appelle ça une coupe de services, et, qui plus est,
tout à fait indécente en rapport avec la dignité des personnes.
Les gestionnaires du réseau sont assez
unanimes : du gras à couper, il n'y en a plus. Alors, comment est-ce qu'on va faire? Est-ce que, dans les faits, nombre
de nos concitoyennes et de nos concitoyens vont continuer d'aller et vont même accentuer leurs recherches pour aller
chercher dans le privé des services que le public n'offre plus, ce qui, en passant, ajoute encore à leur fardeau fiscal, à
leur fardeau financier, pour obtenir des services? Nous nous inquiétons
aussi du changement que nous savons que le gouvernement veut faire, qui est
toute la question du financement à l'activité
dans le domaine de la santé. Et, ça aussi, c'est beaucoup hérité du privé. On
finance à partir de la quantité de services donnés.
Alors, quels malades on va choisir pour pouvoir avoir l'argent, pour que
l'argent soit au rendez-vous? Combien
de temps on va accorder à chaque malade? Combien de temps on va accorder à
chaque personne aînée? Ça me paraît très difficile à concevoir, ce type
de financement.
En éducation,
on limite la croissance des dépenses à 0,2 %. Aussi bien dire qu'on gèle
les dépenses en éducation. Et il faut
se rappeler que tout ça, ça s'ajoute à 800 millions de coupures dans les
dernières années, 1,1 milliard de coupures récurrentes en six ans. Mais on continue de dire que l'éducation au
Québec, c'est important, c'est une priorité, c'est un joyau. Quelle
contradiction!
Déjà depuis un an, on a vu qu'à cause des
compressions dans les commissions scolaires... Puis on a beau les critiquer,
les commissions scolaires, il y a quand même une limite à leur transférer des
coupes puis à leur dire : Bien, surtout,
continuez de couper dans l'administration — il n'y a plus grand monde là-dedans — mais surtout ne touchez pas à l'aide
aux devoirs, ne touchez pas aux livres, ne touchez pas aux services aux enfants
et aux professeurs qui leur enseignent. M.
le Président, il y a quelque chose qui ressemble à de l'hypocrisie dans tout
ça. Les coupures partent d'ici, c'est
sûr qu'il y a des gens qui sont chargés de les appliquer. Puis finalement qui
est-ce qui paie en bout de ligne? Qui est-ce
qui subit l'impact de ces coupes-là? C'est toujours les mêmes. Ce sont les enfants,
ce sont leurs parents; dans le domaine
de la santé, les malades, les aînés, les personnes vulnérables. Mais on
critique toujours les corps intermédiaires qui les font, ces coupures, hein? Ce sont les villes à certains moments,
les commissions scolaires à d'autres moments. Puis là, ce matin,
c'étaient les services de garde. Je vais d'ailleurs y revenir.
Je continue
sur l'enseignement. Cégep et université : croissance des dépenses à
0,2 %. Encore une fois, gel, dans les faits, et même compressions, compressions de 40 millions dans les
cégeps. Moi, j'en ai rencontré, M. le Président, des directions de cégep, là, dans les derniers mois.
Franchement, elles ne savent plus où couper. Et c'est particulièrement le cas
en région, où déjà les cégeps ont des difficultés
importantes avec parfois le nombre d'élèves qui diminue, mais on veut quand même les garder, nos cégeps en région, hein,
ce sont des pôles éducatifs et culturels importants pour l'ensemble de la population et pour les jeunes. Mais on coupe.
Alors, qu'est-ce que les cégeps vont devoir faire? Couper des programmes? Il y en a qui ont d'ailleurs déjà
commencé. Couper dans des stages à l'international? Ça aussi, c'est déjà
commencé. Couper dans des services aux élèves en difficulté? C'est déjà commencé.
Et on va faire la même chose, évidemment,
dans les universités, qu'on coupe aussi de 70 millions, ce qui s'ajoute
aux 200 millions de coupures depuis trois ans, ce que tout le monde a décrié, y compris le parti qui forme
en ce moment le gouvernement. Vive la cohérence!
Dans la lutte
à la pauvreté, je n'ai plus de mot pour m'indigner du fait que, gouvernement
après gouvernement — et
là-dessus celui qu'on a n'est pas très
différent des autres — on continue de renforcer les préjugés à l'égard des personnes
les plus pauvres. Là, on dirait qu'on vient
de découvrir que quelques-unes de ces personnes, semble-t-il, s'en vont en
voyage pendant qu'elles reçoivent des
prestations à l'aide sociale, probablement phénomène extrêmement marginal, mais
il fallait absolument en parler parce
que, que voulez-vous, il faut renforcer les préjugés. Pourquoi il faut
renforcer les préjugés? Bien, parce
qu'à ce moment-là ça nous épargne la responsabilité de devoir mettre plus
d'argent à l'aide sociale, de devoir aider
les gens, de les sortir de la pauvreté, bien sûr, par le travail, mais, pour
les personnes qui n'ont d'autre choix que de recourir à l'aide sociale, bien les sortir de la pauvreté en améliorant
de façon importante les prestations. Comme on ne veut surtout pas faire ça — je ne connais, jusqu'à présent, aucun
gouvernement qui a voulu le faire... ou de façon vraiment marginale — bien, à ce moment-là on renforce les préjugés
et puis on sanctionne la solidarité sociale. Vous louez deux chambres et plus? Vous allez être coupés.
Qu'est-ce que c'est que cette histoire de pénaliser l'entraide? Je suis donc
extrêmement inquiète une fois de plus de
l'accroissement des inégalités sociales au Québec et particulièrement du
traitement que l'on fait aux plus pauvres.
Ça se
retrouve aussi dans la question de l'aide au logement. Le gouvernement a décidé
de privilégier ce qu'on appelle le
Supplément au loyer et de couper par deux le nombre de logements prévus dans le
programme AccèsLogis, donc la
construction de nouveaux logements sociaux. C'est un choix très idéologique.
C'est vraiment, donner un supplément au
loyer, ce qui profite, en passant, à plein de propriétaires privés, bien
entendu, ce qui permet aux gens de payer leur loyer. Je ne dis pas que je veux abolir le Programme de
supplément au loyer, mais, pendant ce temps-là, on prive, par exemple, des familles entières qui ont plusieurs enfants,
qui ont de la difficulté à trouver des loyers à prix abordable, eh bien, on les
prive de logement social parce qu'on va en
construire 1 500 plutôt que 3 000, ce qui est, à sa face même, une
aberration.
• (12 h 40) •
En ce qui a
trait aux femmes, j'aimerais parler, puisque ça s'est justement discuté ce
matin durant la période de questions,
des services de garde. Et honnêtement, M. le Président, la réponse de la ministre de la Famille au député de Terrebonne m'est apparue comme un
peu surréaliste. Le député de Terrebonne dit : Écoutez, là, vous coupez
encore des millions dans les centres à la
petite enfance; la ministre répond : Oui, mais ils ont des surplus. Mais
la même ministre, il y a quelques mois, nous annonçait que, désormais,
pour agrandir, rénover, construire un nouveau bâtiment, mettons, attenant au CPE actuel, le CPE va devoir verser 50 % des fonds d'immobilisation. Bien,
évidemment, ça veut dire que le CPE
doit avoir certains surplus, sinon, ce que la ministre est en train de dire,
c'est : Vous allez sabrer dans vos surplus, puis il n'y en aura pas d'autres, CPE. Et tout ce qu'on va faire, c'est
de privatiser encore davantage les services de garde.
Moi,
j'aimerais ça au moins que le gouvernement ait le courage de ses opinions. S'il
veut privatiser les services de
garde, qu'il nous le dise. Et à ce moment-là on fera un débat social.
Entre-temps, eh bien, ce sont encore des millions et des millions qui
s'ajoutent aux 260 millions de compressions dans les services de garde
depuis 2006. Encore là, on sous-estime
complètement la vocation des services de garde, particulièrement en CPE, on ne
leur permet pas de remplir efficacement
leur mission éducative. On augmente, tout le monde le sait, les tarifs en
service de garde, ce qui va amener certaines
femmes à se poser la question : Est-ce que, finalement, je serais mieux de
rester à la maison? Et tout ça, bien sûr,
n'a pas été analysé, parce que l'analyse différenciée selon les sexes, ça ne
fait pas du tout partie de la couleur politique de ce gouvernement. Je
rappelle aussi qu'il y a des compressions importantes au Secrétariat à la
condition féminine, organisme
qui soutient, qui travaille avec la ministre
de la Condition féminine à développer l'égalité entre les hommes et les
femmes.
Et, en
terminant, je veux aussi souligner que le budget du gouvernement, qui atteint l'équilibre budgétaire, eh bien, cet équilibre
budgétaire repose essentiellement sur le fait que les travailleuses, les
travailleuses et les travailleurs des services publics, si l'on en croit le président
du Conseil du trésor, vont littéralement subir un gel de leur salaire, pas seulement
les professionnels, pas seulement les informaticiens dont on a besoin, mais les
humbles préposés aux bénéficiaires qui sont souvent des femmes, les
infirmières, les travailleuses sociales, les ergothérapeutes, les
physiothérapeutes, les secrétaires, la
plupart du temps des femmes. On va leur dire : Vous êtes formidables,
mesdames. Vous travaillez bien, on
vous aime beaucoup, mais on n'augmente pas du tout, du tout vos
salaires pendant que le coût de la vie, lui, augmente. Moi, j'appelle ça mépriser les femmes et évidemment
je m'élève totalement contre cette façon de faire du gouvernement actuel.
Motion formulant un
grief
En terminant, je dépose donc, M. le Président,
la motion de grief suivante :
«Que l'Assemblée nationale du Québec blâme sévèrement le gouvernement libéral pour son budget 2015‑2016
qui met en péril les services publics par des compressions budgétaires
historiques dans les réseaux de la santé et de l'éducation, qui contribuera à
dégrader la qualité de ces services publics offerts à la population
du Québec et qui programme l'appauvrissement des 530 000
employé-e-s y oeuvrant en enlevant toute marge de manoeuvre au président du
Conseil du trésor pour négocier de
bonne foi les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs des
secteurs public et parapublic.» Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Gouin. Votre motion, elle est, bien sûr, déposée sous réserve
de sa recevabilité.
Je cède maintenant la parole, du côté
ministériel, à M. le député de Mégantic pour son intervention.
M. Ghislain Bolduc
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, M. le Président. Je suis heureux
aujourd'hui de m'exprimer sur le budget que nous avons déposé la semaine dernière et qui est le premier budget
équilibré en six ans, et, pour vous rappeler le contexte, c'est aussi le
sixième budget équilibré en 40 ans.
Donc, il y a
des gens qui semblaient penser que c'est facile, mais il faut bien réaliser que
nous étions dans une situation très
difficile puisque nous avions plus de 7 milliards de dollars de budget de
déficit à résorber sur une période de deux
ans. Donc, il est très clair qu'il a fallu agir de façon rapidement et très
efficace pour être capables de mettre ensemble une série d'actions, O.K., qui allaient corriger cette situation-là.
Donc, ça nous a pris beaucoup de temps, beaucoup d'énergie, et je crois que l'ensemble de la population du
Québec, surtout la majorité silencieuse, approuve de façon large cet état de fait.
Par contre,
ce n'est pas une position unanime, nous le comprenons bien, mais il faut
réaliser qu'il y a des gens qui
ne peuvent pas accepter une si grande opportunité d'affaires d'avoir un budget
équilibré. Et, même si les oppositions en
étaient d'accord, ils s'opposent sur les moyens que nous prenons. Ils semblent
avoir des solutions, d'ailleurs, meilleures à ce sujet-là, nous verrons.
L'économie dans laquelle nous avons basé le
développement de nos prévisions est basée sur trois thèmes : premièrement, la prévisibilité, la stabilité et la
compétitivité. Donc, dans l'ensemble de cette approche-là, ce que nous voulons faire, c'est rétablir la confiance dans le
milieu des affaires, rétablir la confiance dans l'économie. Et je crois que
c'est une façon de faire qui a déjà fait ses marques, et nous l'avons vu dans
l'emploi l'an dernier, quand, de janvier à mai
2014, sous l'ancien gouvernement, il y a eu une perte de 28 500 emplois et, de
mai à décembre 2014, il y a eu 51 700 emplois de créés. Donc, ma façon de voir, c'est de dire
qu'il y a eu un changement d'attitude directement affecté par le changement de gouvernement.
Mais, cet
après-midi, M. le Président, je voudrais m'adresser aux Québécois
et aux Québécoises et leur faire un parallèle de la situation du Québec avec la situation du gouvernement actuellement, qui, avec un budget
de 100 milliards, une dette de 200 milliards, des intérêts
de 11 milliards, semble difficile à comprendre. Et je vais faire
ce parallèle-là avec un père de famille qui a un revenu annuel de 40 000 $,
une hypothèque de 80 000 $ et des intérêts à payer de
4 000 $ annuellement, avec des paiements autour de 600 $ par
mois.
Comme
beaucoup, beaucoup de Québécois et de Québécoises qui vivons dans notre
société, nous avons eu à faire face à des
défis économiques lors de notre croissance de carrière. Et, vous savez, quand
on a un revenu de 40 000 $, et que l'auto nous laisse, et que les réserves ne sont pas très élevées, il
est très difficile de faire des compromis. La disponibilité de surtemps n'est pas toujours là. Les enfants ont
besoin de vêtements, de chaussures, d'assistance pour aller à l'école.
Qu'est-ce qu'on fait? O.K.?
Donc, c'est
un peu la situation dans laquelle le gouvernement se retrouvait. On a décidé
d'agir sur deux secteurs directement.
Le premier, ça a été de dire aux enfants : Bien, peut-être que cette
année, les cours de natation, on va les laisser faire, il y a des activités de voyage cet été qu'on va réduire, et ça va
nous permettre de faire certaines économies. De l'autre côté, je vais m'engager à aller voir mon supérieur
à l'entreprise et essayer d'extraire un peu de surtemps pour nous tirer du
mauvais pas dans lequel on est. Donc, on va
essayer d'accroître les revenus en favorisant un travail supplémentaire, un
peu plus d'énergie.
• (12 h 50) •
Donc, c'est un peu comme ça qu'on le
fait en famille, hein? On s'assoit, on parle du débat, on met les choses sur
la table, on explique au conjoint, aux
enfants pourquoi on est dans cette situation-là. Tout le monde s'entend, on
décide de faire l'effort et on passe
à travers une mauvaise période pour se remettre dans la croissance et un peu
plus de facilité. C'est ça, la
situation du gouvernement aujourd'hui. On était dans une période de déficit qui
se maintenait et on a décidé de faire
un redressement. On a fait une campagne électorale sur le fait qu'on voulait
redresser les finances du Québec, et
maintenant nous sommes passés à l'action. Comme le père de famille qui
dit : Écoutez, si on pouvait payer l'hypothèque, ça nous donnerait 600 $ par mois de plus...
Pensez à l'impact qu'une hypothèque de 600 $ par mois a sur un revenu de
40 000 $ annuellement. C'est ça,
notre dette de 200 milliards, pour le gouvernement, sur un budget de
100 milliards. Puis ce
4 000 $ d'intérêts là qui part puis qu'on ne reverra jamais, il pourrait être si utile à
préparer l'éducation des enfants, à préparer des voyages d'été, à
prendre le temps de voir les enfants grandir, parce que le père est toujours
parti faire du surtemps pour compenser les
dépenses qu'on a générées. Donc, ça, M.
le Président, c'est vraiment le fond
du débat que l'on a aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
C'est
un père de famille, un gouvernement qui doit mettre de la discipline,
catégoriser les choses. Et imaginez pour
un moment que les enfants diraient : Bien, ce n'est pas grave, papa, on va
s'arranger, puis nous, on paiera ça plus tard dans notre génération. Ça semble un peu la position que les
étudiants ont au Québec aujourd'hui : Ce n'est pas grave, continuons à faire des dettes puis on s'arrangera
avec ça plus tard. Nous croyons sincèrement que ce n'est pas l'enjeu ou la
façon de faire.
Comme
père, j'ai fait mon possible pour donner à mes enfants le meilleur que je
pouvais leur donner, bien les éduquer,
et surtout qu'ils commencent leur vie sans dette, qu'ils puissent partir,
prendre un travail, organiser leur vie, se trouver des conjoints, des conjointes, se bâtir une famille, mais à
partir de possibilités qui sont encourageantes. C'est ça que le
gouvernement donne, offre aujourd'hui à la société québécoise, un budget qui va
éventuellement terminer son hypothèque, que
le 600 $ de paiement à chaque mois va éventuellement disparaître. Et ça, M. le Président, c'est Le Fonds
des générations qui va nous permettre ça. C'est en faisant des économies dans
Le Fonds des générations...
Et
nous avons entendu ce matin des gens qui disaient : 3 milliards de
dollars, toutes les choses qu'on pourrait faire avec ça! Imaginez que le 3 milliards de dollars, ça va prendre
50 ans et plus à payer le capital de la dette. Ce n'est pas exagéré. Il faut vraiment comprendre le contexte
dans lequel nous sommes. Le père de famille qui va éliminer son hypothèque de 600 $ par mois... représente
des économies substantielles et une amélioration de la qualité de vie pour
toute la famille. Donc, les petits efforts que notre société a à faire, que les
enfants ont à faire aujourd'hui vont permettre plus tard d'améliorer la
qualité de vie tout le monde.
Donc,
M. le Président, ce parallèle-là, c'est vraiment la situation dans laquelle
nous sommes aujourd'hui. Et moi, je
crois sincèrement qu'il est très, très important... Parce que beaucoup de gens
semblent sceptiques et semblent trouver difficile comment on va faire ça. Vous savez très bien que, dans les
entreprises, dans les milieux, dans les... Nous avons aujourd'hui de nouveaux outils, des nouvelles
technologies, des nouvelles façons de faire. On le voit dans l'industrie, tout le monde arrive avec des nouvelles façons, des
nouveaux outils. Pourquoi ne pas faire la même chose au gouvernement et se permettre de créer, d'innover et d'inventer
de nouvelles façons de faire afin de maintenir un budget équilibré qui va
servir, un, à payer nos hypothèques, qui va
servir, deux, à se donner une meilleure qualité de vie, et, trois, à pouvoir
profiter de la vie un peu mieux? Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Mégantic. M. le député de Marie-Victorin, je vous cède la parole.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Pour des raisons de... Pour me gouverner, M. le Président, est-ce qu'à
13 heures c'est terminé ou est-ce que...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : En principe, nous suspendons à
13 heures, à moins d'un consentement pour vous permettre de
terminer votre intervention.
M. Drainville :
Alors, est-ce qu'on pourrait se... Cette demande de consentement, est-ce que je
pourrais la faire dès maintenant pour demander la permission à la
Chambre de terminer à 13 h 5, puisque j'ai droit à 10 minutes?
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Y a-t-il consentement?
M.
Sklavounos :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Consentement.
M. Drainville :
Merci beaucoup. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Juste un instant. Est-ce... J'ai bien compris
«consentement»?
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, la demande du député de
Marie-Victorin, c'est de pouvoir lui permettre de faire son intervention
jusqu'à 13 h 5, et après coup nous suspendrions. Ça va? Consentement.
M.
Drainville : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, M. le Président, comme j'ai seulement
10 minutes, on va plonger dans le vif du sujet.
La politique
d'austérité se poursuit avec ce budget pour l'année 2015‑2016, et ceux qui
croyaient que le pire était passé réalisent maintenant que le pire est à
venir. Et donc le gros des compressions pour atteindre le déficit zéro vont frapper dans l'année qui commence aujourd'hui, dans l'année fiscale qui commence aujourd'hui. Ça me faisait un
peu rire, d'ailleurs,
M. le Président, quand j'entendais les libéraux laisser circuler
toutes sortes d'informations à
l'effet qu'ils allaient peut-être
atteindre le déficit zéro plus rapidement. Vous savez, ça circulait un petit
peu dans les milieux médiatiques. Or, on
réalise, lorsqu'on lit le budget, que c'était bel et bien ça, du «spin», et qu'en
vérité l'année la plus difficile, c'est celle que nous commençons.
Quand on
réalise que les dépenses en santé vont augmenter seulement de 1,4 % et que la vaste... enfin, plus de la
majorité de l'augmentation des dépenses va
être consacrée à l'augmentation du salaire des médecins, moi, je peux vous
dire une chose, M. le Président, j'ai été
critique en santé pendant plus de trois ans, et une augmentation de 200 et
quelques millions dans le système de
santé et de services sociaux, je peux vous dire une chose, ça ne couvrira pas
les coûts de système, loin s'en faut,
et donc il va y avoir des compressions très importantes qui vont toucher les
patients du Québec, qui vont toucher les citoyens du Québec au cours de
l'année qui commence.
Le gel du
budget des organismes communautaires, M. le Président, je vous le dis, c'est
dramatique, ce gel-là. On est tous
conscients du travail exceptionnel que les organismes communautaires font
présentement. Moi, je dis souvent : Ils sont les derniers... ce sont ceux qui attrapent le citoyen en
difficulté avant qu'il ne frappe l'asphalte. Ce n'est pas l'État, très souvent, qui est le dernier filet social. Le
dernier filet communautaire, ce sont les organismes communautaires qui
font face à des demandes de plus en plus grandes, à des besoins de plus en plus
criants, notamment en santé mentale, M. le
Président. Et là on voit bien qu'avec le gel des organismes communautaires ça
va être non seulement difficile, très difficile
de continuer à donner les services aux personnes qui en ont besoin, mais ça va
être aussi très difficile de garder les
personnes qui donnent ces services-là, qui font déjà, dans certains cas, des
immenses sacrifices, qui pourraient obtenir de bien meilleurs salaires
dans le secteur privé, qui restent par engagement communautaire, dans certains
cas, par dévouement au sein de ces
organismes-là pour continuer leur mission. Souvent, ils le tiennent à bout de
bras, pas de relève, pas de régime de
retraite, des conditions de rémunération très difficiles, et là on leur annonce
un gel. Ça va être extrêmement difficile,
M. le Président. Moi, malheureusement, j'anticipe la fermeture de plusieurs de
nos organismes communautaires dans
les années à venir. Puis, si on ajoute à ça les coupures qui proviennent du
fédéral avec le IPLI, des organismes qui sont dédiés notamment à la lutte à l'itinérance, qui sont là pour aider les
sans-abri, qui sont là pour aider les femmes violentées, moi, je pense, ça va être le carnage, M. le
Président, dans le secteur communautaire dans les prochaines années,
malheureusement. Puis ça, le budget libéral vient d'exacerber, vient
d'empirer ça, là.
Le domaine de l'éducation, M. le Président, une
augmentation de 0,17 %. On passe notre temps à dire, M. le Président, que l'éducation, c'est ce qu'il y a de
plus important, que c'est là-dedans qu'il faut investir, que c'est vraiment
la condition déterminante de la prospérité des nations. Bien là, on ne sera
certainement pas plus prospères avec une augmentation de 0,17 %, sans
parler, M. le Président, de tout l'impact que ça aura sur l'égalité des
chances.
Tu sais,
nous, de notre côté, on pense que l'État, c'est un moyen de développement
collectif et d'émancipation des
personnes. L'État, c'est un moyen au service du potentiel humain. Bien, je peux
vous dire une chose : L'État, là, au service du potentiel humain,
il vient d'en prendre une maudite, claque, là, avec ce budget-là, M. le
Président.
• (13 heures) •
Puis vous
regarderez ce qu'il se passe avec les services de garde, les coupures dans les
services de garde. Moi, je les
regarde aller, M. le Président, là, puis c'est clair que les libéraux, ils ont
fait le choix de la privatisation des services de garde, c'est clair que, pour eux, le développement des CPE, ça ne les
intéresse pas, et l'orientation qu'ils se sont donnée, c'est de favoriser les garderies privées non
subventionnées. Et donc on s'enligne, M. le Président, avec ce budget-là, vers
une privatisation de plus en plus grande des
services de garde, sans parler du reste, M. le Président, parce qu'évidemment,
quand tu coupes dans les services de santé
et de services sociaux, tu crées un environnement puis tu crées des conditions
de débat public qui vont faire en sorte que
de plus en plus de gens vont dire : Bien, le système public ne
fonctionnant pas, on va se tourner
vers le privé. Ils sont en train de créer, avec ce budget-là, M. le Président,
des conditions qui vont amener, malheureusement,
de plus en plus nos citoyens à dire : Bien, finalement, peut-être que la
solution, c'est le privé en santé, alors
que, pour nous, le privé en santé, c'est exactement la direction contraire, c'est le problème, le privé en santé, M. le Président. Plus de privé en santé, ça veut dire moins
d'accès au public parce que tu transfères tes ressources des hôpitaux, puis
des CLSC, puis des CHSLD, puis de la RAMQ, même, parce que tu as de plus en
plus de médecins qui se désaffilient pour
aller vers le privé, donner des soins vers le privé qui vont nécessairement
coûter plus cher et qui ne seront accessibles que pour ceux et celles
qui ont les moyens de se les payer.
À travers
tout ça, M. le Président, ils se donnent des perspectives de... les libéraux,
le gouvernement libéral, se donnent
des perspectives de croissance des revenus qui ne sont pas réalistes, ce qui
laisse entendre que les compressions pour
atteindre le déficit zéro de cette année pourraient être encore plus
importantes, parce que, si tu as moins de revenus, bien entendu, tu vas
devoir couper plus pour atteindre le même objectif d'équilibre. Et ce qui vient
encore ajouter au problème, c'est qu'il n'y a pas de plan de croissance
économique.
Moi, M. le
Président, je suis porte-parole pour le plan... pour l'énergie et les
ressources naturelles. Le Plan Nord, c'est
ma collègue de Duplessis, on travaille ensemble là-dessus. Écoutez, pour le
développement du Plan Nord — ça a été dit par mon collègue de
Rousseau, mais il faut vraiment le répéter, là, il faut vraiment le répéter
pour bien marquer le ridicule,
le ridicule, M. le Président — ils passent... Les libéraux passent leur
temps à nous parler du Plan Nord, à quel point c'est extraordinaire puis ça va créer de la richesse puis des
jobs. Le développement du Plan Nord pour 2015‑2016 : zéro. Zéro. Pas une mautadite cent! Puis c'est
comme ça pour 2016‑2017, 2017‑2018, 2018‑2019, 2019‑2020. Ça fait juste confirmer ce qu'on dit depuis le début, M. le
Président : Le Plan Nord, c'est davantage un plan de marketing politique
qu'un plan de création de richesse.
Puis,
vous regardez, la stratégie maritime s'enligne pour la même affaire. Ils
proposent des investissements de 1,5 milliard
pour la stratégie maritime, mais le gouvernement met 13 millions. Alors,
encore une fois, ça va faire du bon «spin» politique, M. le Président,
mais ça ne va pas créer beaucoup, beaucoup de richesse et beaucoup d'emplois.
Alors,
ça va être difficile, M. le Président. Moi, je peux vous dire qu'au Parti
québécois on va continuer à se battre contre
cette politique d'austérité qui fait très mal au Québec, fait très mal à nos
familles, à nos travailleurs, à notre classe moyenne, fait très mal,
très mal, M. le Président, aux régions.
Puis juste une
dernière chose avant de lire la motion de grief, M. le Président. Quand ils
disent que le déficit pour 2014‑2015 était
de 2,3 milliards, je trouve que ça vient illustrer le grand mensonge,
hein, le grand mensonge à l'effet qu'on
s'enlignait pour un déficit de 7 milliards si nous, on avait été là, alors
qu'ils ont fermé les livres, pour 2015‑2016, à 2 milliards. M. le
Président, c'est évident que tout ce discours autour du 7 milliards, c'est
une invention politique du gouvernement libéral.
Motion formulant un grief
Alors,
juste avant qu'on aille luncher, M. le Président, si vous me permettez, je vais
présenter la motion de grief suivante :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir
présenté un budget démontrant que le Plan Nord n'est qu'un plan sans
aucun investissement substantiel prévu.»
M.
le Président, je remets ça à Mlle la page et je vous remercie pour votre
écoute. Je remercie les membres de la Chambre de m'avoir permis de me
rendre jusqu'à 13 h 5. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Marie-Victorin. Bien sûr, la motion, elle est déposée sous réserve de
sa recevabilité.
Et je suspends les
travaux de l'Assemblée jusqu'à 15 heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à
13 h 4)
(Reprise à 15 h 1)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, bon après-midi
à tous et toutes. Vous pouvez prendre place.
Alors,
nous en sommes toujours aux affaires prioritaires. À l'article 1 du
feuilleton, l'Assemblée poursuit le débat sur la motion de M. le ministre des Finances proposant que l'Assemblée
approuve la politique budgétaire du gouvernement ainsi que sur les motions formulant un grief, et je suis déjà prête à
reconnaître le prochain intervenant. Je cède la parole à M. le député de
Huntingdon pour la poursuite de son intervention.
M. Stéphane Billette
M. Billette :
Bien, merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est vraiment un honneur pour moi
d'intervenir. Et, premièrement, je vous transmets mes plus sincères
salutations, et c'est toujours un plaisir de parler en votre présence.
Mme
la Présidente, on est ici aujourd'hui pour débattre sur un sujet très
important, et, je vais dire, un sujet encore plus important qu'on a vécu un grand jour, un grand jour, jeudi dernier,
qui nous a permis un moment historique dans l'histoire du Québec : après sept ans de déficit budgétaire, Mme la
Présidente, on a maintenant l'équilibre budgétaire. L'objectif était louable. Ce n'était pas
uniquement au niveau politique, mais, je pense, c'est au niveau de nos
générations futures, de permettre à
nos générations d'avoir des finances publiques saines et permettre également la
prospérité, tracer la route, au
Québec, d'un Québec prospère, ce à quoi on a droit et ce sur lequel on a basé
notre décision en tant que gouvernement, mon collègue des Finances, mon collègue du Conseil du trésor et tous les
membres du gouvernement ici pour permettre à nos générations futures, nos enfants, nos petits-enfants... de
permettre d'avoir un avenir et ne pas transférer à eux le poids des
dettes année après année.
C'était un grand
jour, Mme la Présidente, au niveau de l'équilibre budgétaire, déficit zéro, je
l'ai mentionné, première fois en huit ans
qu'on obtenait l'équilibre budgétaire. L'allègement fiscal également pour les
Québécois, permettre à nos Québécois
d'en avoir plus dans leurs poches, de pouvoir dépenser et pouvoir vivre,
également des moments fort intéressants, en ayant à leur disponibilité
des sommes d'argent plus intéressantes.
Également,
des actions pour favoriser la performance du marché du travail, permettre à nos
entreprises de devenir compétitives, pas devenir compétitives contre le
voisin, mais — maintenant
le marché est à l'échelle mondiale — de permettre de pouvoir prospérer, de pouvoir compétitionner, de pouvoir
être actifs sur le marché, vendre leurs produits à un coût rentable et avec une certaine efficacité et
efficience à la hauteur des désirs de leurs entrepreneurs. Stimuler, également,
l'investissement de ces
entreprises-là, de pouvoir permettre d'aller s'acquérir de nouvelles
technologies, de nouvelles manières de
faire, de nouvelles manières de concevoir les produits. Donc, c'est important
qu'il y ait un soutien de l'État, et c'est exactement ce que, la semaine dernière, mon collègue le ministre des
Finances a permis de réaliser aux PME du Québec.
Également,
mettre en valeur le dynamisme et le potentiel des régions. Vous venez d'une
région, je viens d'une région également,
et on connaît le dynamisme, le potentiel, surtout, des gens qui sont la force
de chacune de nos régions. Donc,
c'est de mettre à l'avant-plan et permettre à ces gens-là de s'épanouir, de
permettre à nos entreprises, à nos employés, aux gestionnaires d'entreprise, également ceux qui fournissent les
services en région de pouvoir avoir une qualité de vie à la hauteur de
leurs espérances. Mettre en place, également, des nouvelles initiatives pour
les collectivités partout à la grandeur du
Québec, Mme la Présidente. Que l'on soit dans la dernière région, qu'on parte
de Blanc-Sablon, qu'on descende jusqu'à Hull en passant par Huntingdon,
de pouvoir permettre aux gens, à ce moment-là, de se permettre d'avoir de
nouvelles initiatives.
L'objectif
est très clair, je pense que c'est des moyens que se sont donnés... ce sont six
principaux moyens, mais je pense que l'objectif est vraiment clair, c'est
d'oeuvrer, premièrement, dans un environnement sain, dans des finances publiques à l'équilibre. Rien de plus encourageant
pour un citoyen lorsqu'ils sachent... lorsqu'ils peuvent savoir que chaque
sou investi par leurs taxes, par leurs
impôts... — on est
exactement dans la période d'impôt — que les sous sont investis au bon endroit, au bon endroit pour s'assurer, à
ce moment-là, d'avoir une prospérité pour chacune et chacun des citoyens
du Québec. En neuf mois, Mme la Présidente...
On se souvient, on était ici, on était ici, au salon bleu, voilà neuf mois, on avait un mur devant nous, le mur s'appelait le
déficit. 7,2 milliards, c'est énorme, Mme la Présidente. 7 milliards,
c'est incroyable! Lorsque le
gouvernement est arrivé en place — on a eu un changement de gouvernement — c'est 7 milliards de dollars que les actions posées... Les décisions
qui ont été prises ont permis de résorber ce déficit-là et à arriver à un
équilibre budgétaire. C'est vraiment exceptionnel, c'est du jamais-vu ici, au
Québec.
Également, la
croissance économique, on dit : Oui, on a résorbé un déficit de
7 milliards de dollars, mais tout ça sans empêcher la croissance économique. Facile faire des coupures, mais
également il faut penser à la relance, la relance économique, et c'est exactement ce que le budget
2015-2016 nous propose. Et juste regarder les statistiques : en 2013, le
taux de croissance, 1 %, Mme la
Présidente, 1 %, l'année 2013. Et, si on regarde l'arrivée du
gouvernement en place, en neuf mois,
Mme la Présidente, le taux de croissance, donc l'activité économique
provinciale ici, au Québec, a augmenté de
50 %. C'est énorme, c'est beaucoup, 50 % d'augmentation. Et, l'an
prochain, les prévisions de la croissance économique : 2 %, Mme la Présidente. Donc, en un an et
demi, le gouvernement en place, grâce à de bonnes décisions, de bonnes actions,
aura permis de doubler la croissance économique du Québec.
C'est un travail qui a été fait de façon
structurée, ordonnée pour permettre aussi bien de résorber le déficit, en même temps, et d'activer la croissance économique
de l'activité sur le territoire de la province. C'est vraiment exceptionnel,
c'est prendre deux chevaux de bataille en même temps et de les mener au même
objectif. Et tout ça pour un objectif principal,
Mme la Présidente, c'est : diminuer le fardeau de la dette, ne pas léguer
à nos générations futures... Mes enfants, Laurie et Antoine, on ne veut pas vous laisser une dette de plusieurs
milliards de dollars sur le dos. Donc, les actions doivent être prises
immédiatement, avec des mesures qui vont permettre de réduire le déficit et de
relancer l'économie.
Et, lorsqu'on parle d'économie, souvent on va
penser à nos grandes entreprises, on va penser à des gens, des gestionnaires, veston, cravate, assis dans un
bureau, qui prennent de grandes décisions. Mais il faut se détromper, Mme la
Présidente, notre économie, ici, au Québec,
est basée sur la petite et moyenne entreprise. 99 % des emplois au Québec procurent le deux tiers des emplois au Québec. Et,
je vais vous dire, c'est toujours le risque d'avoir des grandes entreprises.
Souvent, les gens, au niveau de la
prospection internationale, vont regarder d'avoir des entreprises de
1 000, 1 500 emplois, 2 000 emplois.
Je vais vous dire, on l'a vécu dans Huntingdon, on en avait une, entreprise,
800 emplois dans le textile. 2003,
décembre 2003, fermeture des usines, 800 emplois perdus sur une
population de 2 000, des emplois directs, manufacturiers. Donc, on
peut vous dire, c'est encore difficile, il y a beaucoup d'efforts qui sont
faits pour se relever. Mais, lorsqu'on a un
tissu, dans la région, dans les petites municipalités, formé, à ce moment-là,
sur de la petite et moyenne entreprise,
on ne veut jamais en perdre une. Mais là, si on en perd une, si on perd un,
deux, trois emplois, on peut se relever à ce moment-là et dire : On en a d'autres pour soutenir. Donc, c'est
la base de notre économie, c'est une base qui est très importante, qui
est essentielle et qui est partout à travers les régions.
• (15 h 10) •
Et le budget
que mon collègue a déposé prend soin de nos petites et moyennes entreprises, et
plus que prendre soin : leur
permet leur développement et de s'adapter aux nouvelles réalités du marché, qui
sont, premièrement, les nouvelles technologies.
On voit maintenant... Il y a peut-être 25 ans, Mme la Présidente, on avait
quelque chose qui est arrivé, qui s'appelait
un fax. On se disait : Woupelaïe! C'est presque impossible, les données...
maintenant, une facture va passer par le
fil de téléphone et va arriver dans une entreprise. On se disait : C'est
impossible, c'est humainement impossible. Mais, Mme la Présidente, 25 ans plus tard, on regarde un fax, il n'y a
plus personne qui a un fax. Et, si une entreprise n'avait pas eu de fax dans le temps, ne s'était pas adaptée
aux nouvelles technologies, l'entreprise ne serait même plus vivante trois,
quatre ans par la suite. Mais maintenant on
est rendu à l'époque des nouvelles technologies, les ventes en ligne. Toute la
gestion se fait maintenant par
l'informatique, par les ondes. Maintenant, on est encore plus loin que le fil
de notre fax. Si on avait conté ça
voilà 50 ans, que des données passeraient par l'air, par ondes, il y a
beaucoup de gens qui se seraient posé des questions sur notre réalité
des choses.
Et, je vais
dire, on soutient ces entreprises. Il faut les amener à une étape supérieure
pour qu'elles deviennent, à ce moment-là,
au niveau des entreprises à l'échelle internationale. Comme j'ai dit tantôt, la
compétition, ce n'est pas, souvent, l'entreprise
d'à côté, mais c'est l'entreprise qui est située en Australie, qui est située
en Chine, qui est située en Europe. C'est
eux, les compétiteurs, donc le marché est maintenant mondial. Et, tout ça, on
va les soutenir, nos entreprises, Mme la Présidente, pour leur permettre de créer de l'emploi, créer de la
richesse, créer de la prospérité ici, au Québec. Et on n'a qu'à regarder au niveau de l'intégration des
technologies de l'information pour les PME, c'est 38 millions, Mme la
Présidente, qui vont être mis. Lancement de la deuxième phase
PME 2.0, c'est 30 millions. Le crédit d'impôt à l'intégration des technologies de l'information pour les PME
manufacturières et du secteur primaire, qui inclut, bien sûr, le milieu
agricole, c'est 35 millions qui vont être
investis. Donc, des sommes intéressantes mais tellement importantes pour le
niveau de compétitivité de nos entreprises.
On va
également réduire le taux d'impôt de 8 % à 4 %. On va réduire le
fonds des services... le taux de Fonds des
services de santé de ces petites entreprises là en le faisant passer de
2,7 % à 2,25 %. On parlait de compétitivité tantôt. On va avoir une charge fiscale, au niveau de nos
entreprises, qui va être similaire maintenant à celle de l'Ontario. Souvent,
on entendait dire... J'ai travaillé
longtemps, 10 ans, au niveau du développement des entreprises, j'ai été
propriétaire d'une entreprise. Souvent, on se faisait dire : Les
entreprises paient beaucoup moins cher en Ontario, donc on est portés à
faire de l'activité juste à côté, l'autre
bord de la frontière. Huntingdon est à la frontière de l'État de New York et de
l'État de l'Ontario, et vous
également, votre comté, Mme la Présidente, donc vous êtes bien consciente des
gestes, de l'importance que ça va
apporter à notre économie de conserver nos entreprises ici et de leur permettre
d'être compétitives également.
Mme la
Présidente, c'est 31 millions sur cinq ans qui vont être investis dans nos
entreprises. Je pense que c'est à
l'honneur d'un gouvernement, d'un gouvernement qui a une vision, qui va
soutenir nos entreprises, qui va créer de l'emploi. C'est beau dire qu'on va couper des services d'un
autre côté, mais, d'un côté... Je veux dire, il y a deux colonnes, il y a les
revenus également, et c'est ce qu'on appelle
la relance. La relance de notre économie, la prospérité, c'est ce qu'on appelle
enlever des chaînes pour pouvoir maintenant
ouvrir et suivre le chemin de cette prospérité-là, pour nos enfants, mes
enfants, nos petits-enfants et les générations qui vont nous suivre.
Donc, Mme la
Présidente, ça va me faire un énorme plaisir d'appuyer ce budget qui a une
vision claire, définie et précise pour la province de Québec. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup de votre
intervention, M. le député de Huntingdon. Et j'aperçois maintenant M. le
député de Chambly et je vous cède la parole immédiatement.
M. Jean-François
Roberge
M.
Roberge : Merci, Mme la Présidente. Donc, d'abord, je vais réagir au
budget pour ce qui touche l'éducation préscolaire,
primaire, évidemment, secondaire, l'enseignement supérieur, la recherche. Comme
père, comme enseignant, comme député,
c'est un budget à dénoncer. Peu importe le chapeau que j'essaie de mettre,
c'est un budget à dénoncer. Je vais
commencer d'abord par vous parler des impacts directs de ce budget-là en 2015,
en 2015, pas en 2017, ou en 2018, ou
après la prochaine élection, parce que c'est un budget de 2015. Alors,
regardons ce qui va se passer en 2015, avec ce budget, en éducation préscolaire, primaire. Et ce ne sera pas joli,
malheureusement, parce que ce budget-là amène des reculs par rapport à
la situation que j'ai vécue comme enseignant.
Comme
enseignant, en 2012-2013, il y avait des élèves ayant un trouble du spectre de
l'autisme qui ne pouvaient pas être
diagnostiqués, qui ne pouvaient pas recevoir d'aide, qui ne pouvaient pas être
accompagnés et dont les enseignants ne pouvaient pas recevoir de
formation pour les aider. Il y avait des élèves qui avaient des problèmes de
dyslexie, de dysphasie, et, encore une fois,
ils n'étaient pas accompagnés. Arrive le budget de l'an passé, on coupe l'aide
à des élèves qui n'en avaient déjà
que très peu. Et arrive cette année : on continue. Même dans les sports de
combat, on ne frappe pas sur quelqu'un qui est à terre, normalement,
mais ce budget-là, lui, y va.
L'an dernier,
l'éducation préscolaire, et primaire, et secondaire a vu son budget augmenter
d'environ 1,6 %. Or, dans le
cadre financier, on dit que les coûts de système sont à peu près de 3 %.
Donc, l'an passé, on a eu... on n'a pas suivi les coûts de système. Cette
année, en éducation préscolaire, primaire, secondaire, l'augmentation du budget
est de 0,16 %. Donc, on n'est
pas à 1 %. On n'est pas à 0,1 %. On est à 0,16 %. Il y a des
coûts de système qui sont à peu près d'une hausse de 3 %.
Écoutez, il
est possible peut-être de faire autrement. À la Coalition avenir Québec, on a
ce courage de dire que c'est possible
de faire autrement. C'est possible peut-être même de faire mieux avec peut-être
un petit peu moins. Ça se peut. Mais ce n'était pas le plan de match du
gouvernement et ça ne l'est toujours pas. La bureaucratie peut dormir tranquille, et souvent elle dort. Elle peut dormir
tranquille, il n'y a pas de problème, ils ne sont pas dans la mire, ils ne
sont pas visés. Non, ce qu'il y a, c'est
0,16 % d'augmentation du budget par un gouvernement qui, dans son plan
financier, disait : En
éducation, le budget augmentera de 3,5 %. Donc, on est passé entre les
paroles, une hausse de 3,5 % dans le cadre financier supposément crédible d'un parti économique supposément
crédible, le Parti libéral à un budget libéral d'une hausse de 0,16 %. Il s'est passé des choses quelque part.
Probablement, dans la décennie, ils ont changé d'idée. Non, mais ça a pris 12 mois, finalement, pour
passer de ce qu'ils disaient à ce qu'ils font. Se croyaient-ils quand ils le
disaient? Dieu seul le sait, puis le diable s'en doute.
Il y a trois
options quand on ne rencontre pas les coûts de système, quand on n'augmente pas
le budget en fonction des coûts de
système. Puis, encore une fois, ça peut être possible de le faire, de ne pas
augmenter nécessairement les budgets en fonction des coûts de système.
Il y a trois options. La première, c'est revoir les façons de faire, faire les
choses autrement; la deuxième, pelleter des
déficits, que les commissions scolaires fassent des déficits; la troisième,
couper dans les services; et, la
quatrième, augmenter les taxes. Alors, je vais détailler ces quatre options-là,
puis on va voir laquelle ou lesquelles
sont retenues... ont été retenues l'an dernier. Parce qu'il faut voir, là, ces
deux budgets-là, le budget qu'on a eu il y a 12 mois et le budget
de cette semaine, un peu dans une continuité.
Donc, l'an
dernier, est-ce que le gouvernement libéral a pris cette première option que de
revoir les façons de faire? À la
Coalition avenir Québec, nous, c'est notre option préférée. Je vais vous le
dire, c'est ce qu'on privilégie, transformer les commissions scolaires en des centres de services régionaux. Et là
soyez attentifs, s'il vous plaît, j'ai dit : Transformer les commissions scolaires en des centres de
services régionaux. Je vous dis d'être attentifs parce que, trois fois dans la
dernière année, des ministres de l'Éducation ont fait semblant d'être surpris.
Ce n'est pas nécessairement des grands comédiens, ça
paraît. En campagne électorale d'abord, on l'a dit : On va abolir les
commissions scolaires pour les transformer en des centres de services. Mais ils
ont fait semblant qu'eux... Quand on a dit : Abolir les commissions
scolaires, ils ont arrêté d'écouter, mais, je continue, pour les transformer en
des centres de services régionaux.
Il y a à peu
près un an, je parlais au ministre de l'Éducation en poste qui s'est
étonné : Hein? Non! La Coalition avenir
Québec veut garder un palier régional intermédiaire? Bien oui! Bien oui! On
veut un centre de services aux écoles qui
va s'acquitter de tâches administratives. Pas un palier de gouvernement élu qui
prélève des taxes. Un palier administratif régional qui soutient les écoles, parce que c'est les écoles qui
prennent les décisions. Mais on garde quelque chose. Ça, ça serait revoir les façons de faire, mais, bon, ça
n'a pas été retenu par le Parti libéral. Ils en ont parlé de peut-être fusionner
des commissions scolaires. Ils en ont beaucoup, beaucoup, beaucoup parlé, mais
c'est pas mal tout ça qu'ils ont fait.
Deuxième
option, bien, prendre le déficit du gouvernement du Québec puis le pelleter aux
commissions scolaires. Ça, c'est
arrivé, ça, parce qu'il y a des commissions scolaires qui, l'an passé, ont fait
des déficits. Et là il n'y a absolument aucun gain pour le Québécois,
pour le contribuable, là, hein? Tu es propriétaire de ta commission scolaire,
de ton gouvernement comme citoyen. Tu paies
des taxes d'un côté, tu paies des taxes de l'autre. Que ce soit le gouvernement
du Québec qui t'endette ou que ce soit la
commission scolaire, il n'y a aucun gain. Et le nouveau ministre, là-dessus, a bien compris les choses. Il me l'a dit il y a quelques
jours. Effectivement, il n'y a aucun gain à faire passer une dette, là, du
gouvernement du Québec à la commission
scolaire. Pourtant, c'est ce qui a été fait l'an dernier, dans le budget de
l'an dernier.
• (15 h 20) •
Troisième
option, baisse de services. Ah! bien là, on a été gâtés! Là, écoute, on a été
gâtés. De toute façon, c'était cautionné
par le ministre et le ministère, qui avaient envoyé une liste de suggestions,
dire : On coupe, mais on... D'abord, ne coupez pas trop l'administration.
Voici la liste des options. Et il y avait 17 suggestions dans le poste
Aide à la réussite scolaire. Il y a
un poste qui s'appelle Aide à la réussite scolaire avec toutes sortes de façons
pour aider le monde à réussir. Tu
sais, la mission des écoles, là, bien, on coupait là. Lutte à l'intimidation.
Pendant qu'on votait une loi, là, pour lutter contre l'intimidation, on avait aussi une suggestion de couper dans la
lutte à l'intimidation. De l'aide aux devoirs... toutes sortes... Des choses qui peuvent amener les jeunes
à réussir, ça, on disait : Coupez donc là. Donc, évidemment que, des
baisses de services, on en a eu en masse avec le budget de l'année passée.
Et la
quatrième option, et non la moindre, des hausses de taxes. Là, on y a plus que
goûté, on a été gavés comme des oies
de hausses de taxes à satiété et jusqu'à plus soif, et encore, encore, encore.
Au fond, mon Léon! comme on dit. Cette
année, je le redis, c'est Le jour de la marmotte, parce qu'on dirait que
je viens de décrire le budget de cette année, mais c'était le budget de
l'année passée, mais c'est pareil, pareil, pareil.
Numéro un des
quatre options : changer les façons de faire. Ça fait partie des projets,
ça fait partie des longues dissertations
philosophiques, théologiques que nous sert le nouveau ministre de l'Éducation,
donc : Oui, il est possible d'aménager
un nouveau programme avec les partenaires dans le cadre d'une révision... C'est
la phrase interminable, mais, au fond, il ne se passera rien. N'ayez pas
d'attente, il n'y aura pas de révision de façons de faire cette année. Il va y
avoir une coupure dans les services aux
écoles. On ne remet pas en question du tout la gouvernance scolaire cette
année, ça n'arrivera pas.
Deuxième, les
déficits. Il va y en avoir, c'est sûr. Question technique : Attention,
quand une commission scolaire fait un déficit, elle est obligée de
déposer un plan de retour à l'équilibre. Donc, l'année passée, plein de
commissions scolaires se sont fait autoriser
des déficits. Ils ont été obligés de faire un plan de retour à l'équilibre,
mais qui ne tenait pas compte des
coupures de cette année. Ah! Cette année, ils viennent pour appliquer leurs
plans de retour à l'équilibre, là ils
ont une deuxième coupure. Ça m'étonnerait qu'ils réussissent. Alors,
attendez-vous, cette année — ne faites pas le saut — il va y avoir de nouveaux déficits et de
nouveaux plans de retour à l'équilibre, puis on verra l'an prochain si la
marmotte sort du trou une troisième fois,
mais, pour l'instant, il va y avoir des déficits cette année encore, ça s'en
vient.
Et les
coupures de services directement à nos élèves dans les écoles, bien, ça s'en
vient aussi, comme l'année passée. Le
ministre nous dit que non, nous dit que... Le ministre nous dit que les
commissions scolaires ont demandé des coupures. Mais les commissions scolaires nous disent qu'elles dénoncent les
coupures. Je ne sais pas qui ment, mais ce n'est pas les commissions
scolaires dans ce cas-là.
La CSDM, la commission scolaire de Montréal, a
dit, ce matin : Considérant les coupures de ce budget dans une école spécialisée de Montréal, je vais devoir
éliminer un tiers des professeurs qui viennent en aide aux élèves les plus
vulnérables. Ils vont devoir... On n'aura plus ces profs, ces postes de
professeur là. Donc, on parle des élèves les plus vulnérables, ils sont dans une école spécialisée, donc, on leur donne
plus de moyens. Mais, avec ce budget-là, c'est très, très concret, là,
on n'est pas dans un discours philosophique, là... Bien, il va y avoir moins de
profs dans nos écoles à Montréal. On ne peut
pas me dire qu'il n'y aura pas de coupure de services, là, c'est des ressources
humaines directes qui viennent aider les élèves.
La commission
scolaire Val-des-Cerfs nous dit : Avec ce budget, on voit venir les
coupures. Nous, on va mettre à pied
des psychologues et des psychoéducateurs. Ça, c'est une baisse de services
directs aux élèves, directs, des gens qui
viennent aider... Quand tu as besoin d'un psychologue ou d'un psychoéducateur,
c'est que tu es plus vulnérable. On touche, hein, là où ça fait mal.
Et quatrième,
hausse de taxes scolaires. Encore une fois, le ministre y va de grandes
explications sans fin en nous disant que ce n'est pas qu'il va y avoir
des hausses de taxe scolaire, c'est qu'on va les revoir dans une perspective d'équité. Le sous-texte de ça, c'est qu'il va y
avoir des hausses de taxe scolaire. Et le sous-texte est écrit dans le budget,
parce que, dans le budget, ça dit que les
revenus de taxe foncière dans les écoles — les revenus de taxe foncière dans les
écoles, c'est des taxes scolaires — bien, ça va augmenter de 6 % cette
année. Donc, s'il y a 6 % d'augmentation de revenus de taxe foncière, il y a quelqu'un qui la paie,
bien, c'est le contribuable. Ça fait qu'il va sortir 6 % de plus, il va
recevoir une augmentation de peut-être 1,5 % d'inflation, puis il
va payer 6 % de plus. Il va y avoir, encore une fois, trois des quatre options. Parce
qu'on a dit : La première option, là, revoir les façons de faire, ça, on
l'oublie, mais des coupures de services, des hausses de taxes et des
déficits, ça, on en a eu l'année passée, et on va en avoir encore cette année.
J'ai
d'ailleurs quelqu'un sur le terrain qui a dit — elle s'appelle Mme Carole
Lavallée — c'est
dans un article de Tommy Chouinard
paru le 28 mars, elle dit : «C'est difficile de couper autant
d'argent en une seule année.» «Une nouvelle hausse se dessine», et «le budget Leitão est "une incitation à
hausser les taxes"». C'est assez clair, c'est assez clair. On n'aura
pas beaucoup de surprises. On ne coupe pas dans le gras avec ce budget, on
coupe encore là où ça fait mal.
Déjà, il y a
des écoles insalubres qu'on doit évacuer. On n'évacue pas parce qu'il y a le
feu, là, ce n'est pas un exercice de
feu, là, on les évacue parce qu'il y a des moisissures. C'est plus dangereux
d'aller à l'école que d'être dehors. Il
faut sortir les élèves pour leur sécurité. Et, à cause de ces moisissures-là,
on vide les écoles, on n'a pas les moyens de les nettoyer... de les rénover, on envoie les élèves dans des roulottes,
dans d'autres classes surpeuplées, dans d'autres quartiers,
particulièrement à Montréal, mais aussi dans d'autres villes. Je sais qu'il y
en a à Trois-Rivières, je sais qu'il y en a à Québec
aussi. Donc, c'est un réseau qui, manifestement, n'est pas surfinancé.
Peut-être qu'il y aurait des postes, là, à aller chercher dans la bureaucratie scolaire, mais eux ne sont pas inquiétés.
Ce n'est pas ça qu'il y a dans le budget, puis ce n'est pas ça qu'il y a
dans les politiques gouvernementales.
Il y a aussi
des écoles à construire. Il y a, dans certaines régions, des booms
démographiques ou, tout simplement, des déplacements de population, puis
c'est le rôle du gouvernement de prévoir ça. Les commissions scolaires, les directions voient venir ces déplacements-là, font
des demandes pour bâtir des écoles, mais l'école arrive toujours pas mal
en retard après les élèves, ce qui fait que,
très souvent, on doit payer deux fois. On paie pour les roulottes temporaires
qui durent 10 ans, puis après ça on
paie pour l'agrandissement de l'école. Comme si on avait les moyens de payer
deux fois. Vous savez, il y a des économies qui sont douteuses des fois.
Payer deux fois pour sauver de l'argent, c'est douteux.
Est-ce qu'il
y a dans ce budget quelque chose qui peut espérer de peut-être lutter contre le
décrochage? Non. Ce qu'il y a, c'est un grand, grand, grand écart entre
les discours et les actions. Par exemple, dans les discours et dans le programme électoral du Parti libéral, il y avait
beaucoup, beaucoup d'emphase sur la formation professionnelle, l'adéquation
formation-emploi. Il y a un petit programme
qui s'appelle Chapeau, les filles!, qui veut inciter les jeunes filles à aller
en formation professionnelle, on l'a coupé. Voilà, on l'a coupé.
En
enseignement supérieur — changeons de sujet un petit peu pour varier les plaisirs — on sait que les collèges, les
universités forment la main-d'oeuvre de demain, la main-d'oeuvre innovante,
puis en plus ils ont une mission particulière
de faire de la recherche, de l'innovation. Et nous, à la Coalition avenir
Québec, on n'a aucun problème à ce que
les universités, les collèges et les CCTT, les centres collégiaux de transfert
technologique, fassent des alliances avec les entreprises, qu'il y ait un maillage entre les deux pour se
développer, pour créer de la richesse, pour ensuite financer le reste de
notre réseau. C'est une roue qui tourne, ça. Ça devrait tourner. Mais là c'est
sûr qu'il y a un petit sabot de Denver sur
la roue, ça tourne carré un petit peu. Mais normalement les collèges, les
universités devraient nous permettre de
nous sortir de notre marasme. Bien, en enseignement supérieur, on n'a pas les
coûts de système, on n'a pas le gel, on a un définancement. Donc, on recule de 1,85 %, presque 2 %.
C'est drôle parce que... Donc là, on coupe cette année, une coupure
nette, là, et c'est l'équipe libérale qui fait ça.
• (15 h 30) •
Mais reculons
un petit peu, de trois ans. En 2012, un printemps 2012, on a eu comme une
crise au Québec parce que le Parti libéral nous disait que nos
universités sont financées... Le Parti libéral nous disait qu'on avait un grave
problème de financement dans nos universités
et qu'il fallait augmenter les frais de scolarité pour refinancer nos
universités. C'était une urgence de refinancer les universités en 2012.
C'est ce qu'il nous disait. Alors, s'il fallait refinancer nos universités en
2012 et que, depuis ce temps-là, on a coupé 300 millions, comment peut-il
être logique aujourd'hui de couper des universités
sous-financées ayant subi des coupures? J'aimerais bien que le Parti libéral d'aujourd'hui prenne la DeLorean, fasse un «back to
future», et aille parler au Parti libéral de 2012. J'ai comme l'impression
qu'il ne se reconnaîtrait pas lui-même.
L'incohérence,
bien, c'est de dire une chose puis c'est de faire son contraire. On parle
d'améliorer la formation des maîtres, donc la formation des enseignants.
C'est la première chose qu'a dite le ministre, le nouveau ministre de l'Éducation : Il faut améliorer la formation
des maîtres. Quelle bonne idée, rehausser les exigences et avoir des
professeurs plus passionnés, mieux
formés. Mais, en même temps qu'il disait : Je vais améliorer la formation
des maîtres, il a coupé à l'université. Savez-vous qu'est-ce qu'ils font
à l'université? Ils forment des maîtres. Bien oui, ça prend un bac de quatre ans obtenu à l'université pour devenir
enseignant. Il faut améliorer ça tout en coupant dans la formation des maîtres.
Et concrètement, là, dans le vrai concret, pas
dans la théorie, là, ce qui se passe vraiment, quand qu'il y a une coupure dans les universités, il peut arriver des
choses comme la suivante. Ici, on a David Benoit, un doctorant en éducation
à l'Université de Sherbrooke, qui explique
qu'est-ce qui va arriver précisément en formation des maîtres avec la coupure.
Alors, l'université retire du parcours deux de quatre cours, et un cours qui va
être retiré, ça s'appelle Interrelation recherche, formation, pratique. Et ça
vise à quoi? À établir des liens entre la recherche et la formation, développer
les capacités d'intervention directement
dans la classe. «C'est donc un cours essentiel — nous dit David Benoit, qui a obtenu son doctorat en éducation — pour développer des doctorants capables de
se décentrer de leur recherche et de la situer dans un ensemble plus grand, en lien avec la réalité sur le terrain.» Se
décentrer de la recherche pour que la recherche soit utilisable sur le terrain, ça, ça veut dire l'intégrer dans la
formation des maîtres pour enseigner différemment en 2020 qu'en 1980. C'est ça, améliorer la formation des
maîtres, c'est de ne pas enseigner demain comme on enseignait il y a 15 ans, il y a 20 ans, changer les façons de
faire, innover. Bien, ça, ça n'arrivera pas. Le ministre dit qu'il veut le faire,
mais il prend les moyens pour que ça n'arrive pas.
Je vous ai
parlé des universités, mais, en enseignement supérieur, il y a aussi les
cégeps, et les cégeps aussi, aussi, en mangent toute une cette année, une
coupure nette de leur financement. Et, quoi qu'en disent les autres groupes
parlementaires ici, à la Coalition avenir Québec, on ne
fait pas juste parler des régions, on y va. Il y a d'ailleurs des députés, en ce moment, de la Coalition avenir
Québec qui sillonnent le Québec aujourd'hui pour écouter le monde, trouver
des solutions et les développer et
développer les richesses économiques, pas factices, la richesse économique de
nos régions, notamment la Gaspésie aujourd'hui. Ça, c'est concret.
Mais, pendant
ce temps-là, quand on parle de gestes concrets, bien, nos cégeps se font
couper. Or, les collèges sont des
moteurs économiques régionaux. Nos collèges gardent les étudiants, gardent la
jeunesse en région. Parce qu'il y a
environ 30 % des Québécois qui se rendent à l'université. Ça, ça veut dire
que, dans notre jeunesse, il y a à peu près 70 % des jeunes qui ne
s'y rendent pas, et il y a une grande part... complètent leurs études au cégep,
vont travailler et continuent leur formation
continue au cégep. Si on ferme les cégeps, on ferme les régions, et
malheureusement ce budget affaiblit nos collèges, nos cégeps, nos
régions.
Ce budget, c'est le budget du déclin tranquille,
et je m'y oppose avec toute la vigueur possible. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors,
merci beaucoup, M. le député de Chambly. Et je suis maintenant prête à reconnaître le prochain intervenant et je
cède la parole à M. le ministre de
l'Énergie, des Ressources naturelles et ministre responsable du Plan
Nord.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : Merci beaucoup, Mme
la Présidente, je suis très heureux de pouvoir prendre la parole aujourd'hui
sur le discours du budget qui a accompli, je pense, de grandes choses au cours
de la dernière année.
Vous savez,
je pourrais commencer simplement en parlant de la convention démocrate de 2012
aux États-Unis, où il y avait eu un discours, à ce moment-là, de l'ancien
président Clinton. Et l'ancien président Clinton, lors de cette convention démocrate, avait fait un discours
évidemment pour vanter le président Obama, disant que le président Obama,
dans 2008, avait évidemment travaillé
extrêmement fort pour sortir les États-Unis d'une sorte de récession et qu'il
fallait le réélire évidemment en
2012, ce qui a d'ailleurs été fait. Et, à l'intérieur de son discours, le
président Clinton disait : Vous
savez, moi, quand j'ai été président des États-Unis, de 1992 à 2000, j'ai
réussi huit fois en ligne à balancer le budget américain. J'ai réussi à mettre vraiment le budget américain en ordre.
Et la phrase qu'il a dite à ce moment-là, il dit : Les gens me demandent comment j'ai fait pour avoir un
budget équilibré. Comment j'ai fait pour avoir un budget équilibré pendant huit années d'affilée comme président des
États-Unis? Et le président Clinton a dit : Bien, la réponse elle est très
simple, la réponse, c'est «arithmetic».
Autrement dit, très important de bien comprendre que, si on veut avoir vraiment
des budgets responsables, il faut balancer
les revenus puis les dépenses. Souvent, ça semble bien simple, il ne faut pas
avoir plus de dépenses qu'on a de revenus.
C'est un principe qui peut paraître évident, mais on a vu au fil des années que
les gouvernements n'ont pas su comprendre beaucoup cette réalité-là qui
était devant nous.
Et je pense que c'est une mathématique qui est
particulièrement simple et c'est une mathématique qui est très importante, parce qu'en bout de ligne, lorsqu'on
fait un déficit, qu'est-ce qui arrive? Qui allons-nous enrichir? On enrichit
les banques, on enrichit ceux qui sont
souvent même à l'extérieur, les banques américaines, les banques asiatiques,
les banques européennes, ce sont
elles qui profitent à chaque fois qu'il y a un déficit. Et c'est pour ça que,
lorsqu'un gouvernement décide de
dépenser plus que ses revenus, il faut vraiment qu'on soit dans une période de
très grandes difficultés économiques où
là l'État doit se sacrifier, parfois, doit vraiment investir de façon
substantielle. Et là, bien, on espère que, quand les jours vont être
meilleurs, qu'il y aura plus de revenus pour l'État, bien, les choses vont se
stabiliser.
Mais ça prend
des conditions très particulières pour en arriver à cela. Ce n'est pas la
situation qui a prévalu au Québec au
cours des 24 derniers mois. On n'était pas en crise économique au Québec au
cours des 24 derniers mois, et, pourtant,
c'était impossible de balancer le budget, d'avoir un équilibre budgétaire,
parce qu'on n'avait pas, à ce moment-là, le courage politique de le faire. Et, vous le savez, c'est toujours
étonnant de voir que des groupes, certains groupes, qui refusent de se rendre compte de cette réalité-là,
cette réalité-là qui est pourtant tellement simple, c'est la réalité de
dire : S'il n'y a pas de progrès
économique, il y a difficilement du progrès social... Ça prend de l'argent, ça
prend des revenus, ça prend des capacités pour faire ça.
• (15 h 40) •
Et donc le
budget que nous avons aujourd'hui grâce au travail du ministre des Finances, du
président du Conseil du trésor, de
l'équipe économique, de tous les ministres du gouvernement du premier ministre,
bien, qu'est-ce qu'on a fait? On a
fait les choses les plus simples au monde. On a travaillé d'abord sur la
question du développement économique, on a réduit la bureaucratie de façon, je pense, assez spectaculaire.
50 % du budget du gouvernement, c'est la santé. On a diminué les conseils d'administration d'un nombre
important d'établissements, on a fait des économies importantes et on a décidé
à chaque semaine, lors de réunions, de
déterminer quels étaient les programmes essentiels pour le gouvernement,
quelles devaient être les priorités
tout en tenant compte, Mme la Présidente, d'une réalité qui est incontournable
actuellement. Et cette réalité qui
est incontournable et qui fait que ce n'est pas facile de faire ce genre
d'exercice, c'est que la population évidemment
vit plus longtemps, la relève, elle est moins nombreuse, les gens font moins
d'enfants, donc le développement économique
représente à chaque fois un défi substantiel. Mais on a contrôlé nos coûts, on
a amélioré nos revenus et on a contrôlé
nos coûts, et, ne serait-ce que pour ça, je pense que c'est un budget qui est
véritablement un budget que l'on doit appuyer et que la population du
Québec va appuyer, Mme la Présidente.
Je dois
également vous dire que c'est un budget aussi... je m'attarderai peu sur la
question de la justice sociale parce
que d'autres collègues, dans des ministères à vocation plus sociale, auront
l'occasion de le faire, mais c'est un budget qui, d'une part, respecte plusieurs des éléments fondamentaux de justice
sociale, mais c'est un budget également qui s'attarde à beaucoup de choses qui touchent la relance
économique. C'est un budget qui donne un peu de répit à plusieurs petites et
moyennes entreprises, qui donne des crédits d'impôt dans
certains domaines, qui travaille à faire en sorte d'établir au Québec une société qui va être plus verte, avec
des crédits d'impôt également, des encouragements pour le développement
durable.
Et je m'en
voudrais, Mme la Présidente, de ne pas parler bien sûr de ce qui me touche vraiment
de près, c'est-à-dire la relance du
Plan Nord, c'est-à-dire les investissements que nous faisons dans le domaine
des infrastructures, parce que je
demeure personnellement convaincu que la relance du Plan Nord, c'est ce qui va
permettre au Québec d'avoir, au cours des prochaines années, un
développement économique important. On a les deux tiers d'un territoire qui n'a
pas été véritablement développé, et le Plan
Nord va se développer au cours des prochaines années et va se développer avec
des investissements, d'ici 2035, qui
seront, au minimum, 50 milliards de dollars. Ce sont des investissements
qui sont majeurs, substantiels. Nous
allons, très bientôt, d'ailleurs, Mme la Présidente, présenter le détail de
notre vision, de nos orientations ainsi que de la structure de
gouvernance qui vise comme telle la relance du Plan Nord, une relance qui sera
basée sur l'acceptabilité sociale, une acceptabilité sociale qui est devenue,
Mme la Présidente, incontournable.
Alors, dans
ces investissements que nous allons faire au cours des prochaines années, je
pense qu'il est important de
souligner qu'il y a là beaucoup de développement économique. Il y aura
également beaucoup de coordination avec les différents intervenants. Il y a des mesures fiscales incitatives qui
ont été annoncées, et, entre autres, certaines touchent ce qui va devenir de plus en plus important. Il y
a beaucoup d'entreprises actuellement au Québec qui s'intéressent à ce que
j'appelle le gaz naturel liquéfié, gaz naturel liquéfié qui va permettre, sur
la Côte-Nord, d'avoir non seulement une réduction
de ces gaz à effet de serre au niveau de plusieurs entreprises, mais qui va
également favoriser aussi ce qu'on appelle la deuxième et la troisième transformation. Je pense que les impacts
seront importants au cours des prochaines années dans ce domaine.
Le budget
2015‑2016 prévoit donc la poursuite de ces efforts, la poursuite des efforts
pour favoriser la mise en valeur du
Nord québécois, la mise en valeur de ses richesses, qui sont extrêmement importantes. De plus, je vous dirais que nous allons aussi appuyer d'autres réalisations dans le secteur du gaz naturel. Et entre autres nous voulons étendre de réseau de distribution, qui pourrait aller dans plusieurs
régions du Québec. Il y
en a une en particulier qui suscite bien sûr notre intérêt, c'est la région de Bellechasse,
où on y voit là des possibilités absolument extraordinaires. Plusieurs projets d'ailleurs dans plusieurs régions du Québec sont également
à l'étude. Et il est clair que nous allons travailler en collaboration avec le gouvernement fédéral au cours des prochaines semaines pour en arriver
à une solution définitive, Mme la Présidente.
Alors, nous
travaillons de façon ordonnée. Nous avons travaillé pour aider nos entreprises.
Nous avons travaillé également à ne pas augmenter les taxes, à ne pas augmenter
les impôts des citoyens. Nous avons travaillé à faire en sorte que ce budget-là soit le plus équilibré et le plus juste
possible. Et je pense qu'il est important de voir que, déjà, on
l'a vu, et plusieurs gouvernements même commencent à nous imiter, les gens
reconnaissent qu'il y a, là, chez nous, une volonté. Et, pour employer une expression que j'ai vue à plusieurs
reprises dans plusieurs quotidiens, ce qu'on disait, c'est que le Québec
est en train actuellement de mettre sa maison en ordre.
Alors, Mme la
Présidente, je pense que c'est un budget qui va dans la bonne direction. Je
pense qu'il y a de quoi en être très
fier. C'est le début de ce que je pourrais appeler : commence à voir la
lumière au bout du tunnel. Et ca, je pense que ça va être à long terme
pour le bénéfice de tous les Québécois, Mme la Présidente. Merci infiniment.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles et ministre responsable du Plan Nord. Et, pour la prochaine
intervention, je vais maintenant céder la parole à M. le député de Terrebonne.
M. Mathieu Traversy
M.
Traversy : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Écoutez, je ne
veux pas briser le conte de fées que le ministre nous a raconté il y a quelques minutes, mais il faut quand même remettre
certaines choses en perspective, là. On lance des belles phrases. On dit : Écoutez, le Québec, on est en train de
remettre la maison en ordre, là. Il faudrait se rappeler c'est qui qui l'a mise en désordre, la maison.
Moi, je me rappelle, Mme la Présidente, que le déficit zéro a été atteint par
le gouvernement du Parti québécois de
l'ex-premier ministre M. Lucien Bouchard à la fin des années 90 et que, depuis
2003, sans interruption, sauf durant
une courte période de 18 mois, nous avons eu le droit à un gouvernement libéral
de façon continue. Alors, soit qu'on
a un parti bipolaire, là, qui pète des crises et qui met le désordre dans une
maison de temps en temps puis, après
ça, revient à lui puis dit : Bien, il faudrait faire le ménage, ou le
ministre est très romantique dans sa façon de présenter les faits aux
Québécois.
J'aimerais
aussi vous amener, Mme la Présidente, peut-être dans un dossier qui
m'interpelle plus particulièrement, soit
celui de la famille, qui représente, évidemment, beaucoup de concitoyens et de
concitoyennes au Québec. Vous dire que,
particulièrement dans ce dossier-là, le budget nous réserve des surprises assez
peu reluisantes... Et, pour toujours faire
un parallèle avec l'atteinte du déficit zéro, j'aimerais vous mentionner que,
lorsque les gouvernements précédents ont
décidé de vouloir atteindre le déficit zéro, jamais, jamais la famille n'a été
mise dans le collimateur du président du Conseil du trésor. On voyait à cette époque, Mme la Présidente,
l'investissement de sommes dans le milieu de la famille comme étant
justement un capital de richesse pour une nation, comme étant le plus bel
investissement qu'on pouvait faire pour nos
enfants, pour les amener à aller plus loin, pour leur donner le maximum
d'outils pour atteindre leurs rêves, atteindre leurs ambitions, pour
détecter le plus rapidement possible leurs troubles d'apprentissage ou encore
certaines difficultés d'élocution, pour
essayer, dans le fond, de corriger et de maximiser leur potentiel pour les
obstacles et la vie qui s'ouvrait à eux.
• (15 h 50) •
Et là, aujourd'hui, on constate que la
famille est uniquement une dépense, uniquement une dépense. Et pourtant ça reste, je pense, le plus bel investissement en
termes de capital humain pour une société. Et ce qu'on voit dans le budget,
bien évidemment, c'est des coupures
drastiques pour une deuxième année consécutive au niveau du ministère de la
Famille. On parle de 74 millions
de dollars à aller chercher dans notre réseau des services de garde. Y a-tu
vraiment quelqu'un, Mme la
Présidente, dans cette salle qui pense qu'à force d'aller chercher
70 millions d'un côté, 74 millions de l'autre puis
129 millions l'année prochaine... qu'on n'atteindra jamais les services
aux enfants, qu'on va aller drainer, siphonner comme un vampire dans une banque de sang les fonds de nos garderies, de
notre réseau éducatif et que jamais ça va avoir un impact tôt ou tard sur les services qui sont donnés dans les
installations des différents regroupements de garderies du Québec? C'est
assez utopique de penser que toutes ces sommes d'argent sont là, dorment et ne
servent à rien.
On
constate, Mme la Présidente, également dans le budget que les sommes qui sont demandées
aux centres de la petite enfance sont
assez élevées, élevées et qui vont en contraste avec une décision de la ministre de la Famille, qui veut que dorénavant les centres de la
petite enfance paient 50 % de leurs infrastructures pour développer leurs
réseaux et leurs places qui sont partout à travers le Québec, dans votre comté,
dans mon comté, partout, de façon à rendre à la population du Québec des services inestimables, des services
d'éducation, de garde à des enfants qui en ont grandement de besoin et qui sont en attente avec les parents
sur des listes à l'heure actuelle, qui désespèrent d'avoir peut-être la chance,
un jour, de pouvoir intégrer le réseau des services de garde à contribution
réduite avant qu'ils vieillissent et qu'ils ne deviennent plus vieux que cinq
ans.
Alors,
là-dessus, on sent qu'il y a une contradiction importante dans les volontés de
la ministre, qui, d'un côté, dit :
Moi, le développement des places, c'est une priorité, mais, de l'autre, on s'en
va chercher les sommes qui sont prévues à développer ces places qu'elle
a elle-même exigées aux centres de la petite enfance. Alors, il faudrait une
certaine cohérence, là, dans le discours. Si
on veut développer puis si on veut que les centres de la petite enfance y
mettent 50 % des sommes, il ne
faut pas aller leur ôter de l'autre main, sinon ils ne sont plus capables de le
faire, et donc, à ce moment-là, les projets
sur lesquels tant d'hommes et de femmes ont travaillé au cours des dernières
années tombent à l'eau. Combien de temps, d'énergie et d'argent seront
perdus, Mme la Présidente? Il faut se poser la question à ce niveau-là.
Le
ministre, avant moi, nous parlait évidemment, là, des nombreux crédits d'impôt
qui sont offerts dans le budget. J'ai
posé une question au ministre des Finances cette semaine concernant des crédits
d'impôt, là, pour les jeunes familles du
Québec qui décident d'envoyer leurs enfants dans des garderies privées, ou dans
des CPE, ou des milieux familiaux, garderies
privées subventionnées, puis on sent que ces crédits d'impôt là ne sont pas
accessibles de façon égale pour tous. On
sent plutôt que certains parents — pour l'exemple de la famille — pourront avoir droit à des crédits d'impôt
seulement s'ils choisissent les
garderies privées non subventionnées pour leurs enfants, que tous les autres
qui ont des enfants présentement dans des CPE, des garderies en milieu
familial subventionnées ou des garderies privées subventionnées n'y auront pas
droit.
Donc,
on a deux classes de parents, là, qui sont touchées, ceux qui ont choisi un
réseau public, un réseau subventionné,
un réseau de qualité et ceux qui ont choisi des garderies non régies par le
ministère de la Famille. Bien là, on donne
des bonus à ceux qui vont du côté des garderies non régies. Et pourquoi on fait
ça, Mme la Présidente? Parce que, pourtant,
lorsqu'on regarde les statistiques au niveau du commissaire aux plaintes, on
voit clairement que les plus grands nombres
d'interventions et de plaintes concernant la qualité dans nos services de garde
sont du côté des garderies non régies,
donc non subventionnées. Qu'est-ce qui amène la ministre à vouloir avantager
d'une façon dithyrambique, là, ce regroupement
d'associations de garderies? Bien, lorsqu'on cherche dans l'histoire récente,
on comprend que leur présidente, la
présidente — Mme
Marie-Claude Collin — de cette
association a été candidate libérale dans le comté de Blainville à la dernière élection, et semble avoir une très
bonne proximité avec la ministre, et semble évidemment la convaincre d'aller
plus du côté privé que de défendre ses partenaires subventionnés et régis par
son propre ministère.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui, M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Sklavounos : J'essaie d'être compréhensif et donner la
chance au collègue, mais là il est clairement en train d'imputer des motifs à la ministre concernant ses
relations de proximité. Je l'invite à la... Je vous demande de l'inviter
à la prudence, s'il vous plaît.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Oui. Alors, j'allais le faire. M.
le député de Terrebonne, je vous invite à la prudence, de ne pas imputer
des motifs à vos collègues.
M. Traversy :
Mme la Présidente, j'ai déjà été au même siège que notre collègue de
Laurier-Dorion. Je sais qu'écouter les
députés de l'opposition, là, demande une certaine attention. Il faut faire,
donc, la mince nuance, là, entre les
propos, là, qui touchent peut-être certains aspects politiques et le respect de
nos parlementaires. Alors, si j'ai pu offenser quelqu'un, évidemment, je
m'en excuse. Je vais être plus prudent.
Mais il reste quand
même qu'ils ont une bonne communication — on va dire ça comme ça — une
excellente communication. Le téléphone
répond aux appels, ce qui n'est pas le cas nécessairement de l'ensemble des
partenaires du réseau...
Des voix :
...
M. Traversy : Non, c'est...
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Sklavounos : Mme la
Présidente, le collègue est clairement en train d'imputer des motifs à la ministre
en suggérant un certain favoritisme. Vous
venez de la rappeler à l'ordre. Il vient de récidiver dans les minutes qui
suivent. Je vais vous demander de le rappeler de nouveau à l'ordre.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Oui. Alors, M. le député de Terrebonne, vous l'avez mentionné vous-même,
vous avez occupé ce siège de leader adjoint, alors vous comprenez que je dois
vous inviter une fois de plus à la prudence.
M.
Traversy : Sachez, Mme la Présidente, que je suis une petite douceur à côté du député de Brome-Missisquoi. Alors, là-dessus, je
devrais donc me tourner vers un autre sujet parce que ça commence à devenir
plus compliqué.
Je vous
emmènerais donc discuter, si vous le voulez bien, de certains autres investissements qui ont été mis dans le budget.
Étant donné que je suis un député équilibré et zen dans cette Assemblée,
j'essaie de donner un certain contrabalant. Je suis capable aussi de
reconnaître certains bons coups dans le budget, hein? On a mentionné nos
insatisfactions, on est capables également de mentionner ce qui nous fait
plaisir.
Tout d'abord, il y a une somme qui a été réservée pour la lutte à
l'intimidation, et, là-dessus, à titre de porte-parole de la famille, je
suis très insatisfait, mais, du côté de l'intimidation, je vois quand même
qu'il y a une direction dans le bon sens, donc
qu'au-delà des paroles il y aura des sommes prévues pour en arriver à des
résultats concrets.
J'ai
également vu, Mme la Présidente, dans le budget, l'insertion de l'autoroute 19,
une autoroute qui est attendue par les citoyens de Terrebonne depuis
très longtemps, et l'ensemble des citoyens de la rive nord de Montréal, dans le
programme d'infrastructures du ministère,
donc dans le PQI, ce qui nous amène à laisser... à espérer que le projet puisse
aboutir le plus rapidement possible.
J'encourage donc notre ministre des Transports à y mettre tout son poids pour
accélérer le processus et offrir,
dans le fond, aux gens de la rive nord une accessibilité qui leur est due
depuis très longtemps, parce que vous savez qu'on est la région au Québec où la
démographie explose, où les jeunes familles viennent s'établir. C'est pour ça que je suis très attaché à la famille,
parce que, chez nous, c'est beaucoup des jeunes couples qui viennent fonder
leur famille et s'enraciner dans
notre région. Et vous dire, donc, Mme la Présidente, qu'il y a quand même
certains aspects intéressants...
Je terminerai par contre en vous rappelant que
la famille devrait être une priorité pour un gouvernement qui souhaite investir
dans l'avenir de sa société et surtout dans l'avenir de ses enfants.
Motion formulant un grief
Et pour être
sûr et certain que le message soit bien compris et que le gouvernement puisse
bien comprendre que l'opposition officielle ne lâchera pas le morceau
tant et aussi longtemps que la famille n'aura pas droit à des sommes beaucoup plus importantes au cours des prochaines
années, j'aimerais déposer cette motion de grief que je vous présente, à
vous :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir
présenté un budget qui continue le saccage de la politique familiale du
Québec.»
Je dépose donc ce document et je vous remercie
de votre attention, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Terrebonne. Et votre motion est
déposée sous réserve de sa recevabilité. Alors, merci. Et je vais maintenant
céder la parole au prochain intervenant, et vous avez la parole, M. le
ministre délégué aux mines.
M. Luc Blanchette
M.
Blanchette : Merci, Mme la Présidente. Et je suis d'autant plus
heureux de faire la présentation devant vous. Je n'ai rien contre les
collègues de... vos collègues, mais essentiellement je suis plus content de le
faire pour vous.
Écoutez, le
contexte est un contexte d'équilibre budgétaire. C'est vraiment important. Je
vais m'attarder essentiellement au
secteur minier comme de raison. Le premier ministre m'a confié une
responsabilité, celle de relancer les investissements miniers sous deux
contraintes : celle de le faire dans un contexte d'acceptabilité sociale
que mon collègue le ministre responsable du
Plan Nord va réussir avec son chantier éventuellement pour qu'on puisse avoir
des débats sains et respectueux
là-dessus, et, enfin, mon collègue... c'est-à-dire sur le respect de
l'environnement que... mon collègue, en toute rigueur, cohérence et de
façon intégrée s'occupe son dossier.
Écoutez, une
des bonnes nouvelles qu'on a reçues récemment, c'est celle de l'Institut
Fraser, qui a placé le Québec, en
termes de juridiction minière, au sixième rang mondial en matière d'attraction
des investissements. C'est donc quelque chose de très notable. On partait de la 18e position l'an dernier, sous
un autre gouvernement, pour obtenir, dans le fond, ce rang de sixième.
Je n'en attendais pas tant, mais essentiellement on en profite.
La présentation que je vais faire — et toute
la stratégie est basée là-dessus — c'est d'agir sur trois fronts. La première, c'est-à-dire de maintenir un cadre
clair, stable et prévisible sur le plan réglementaire, ce à quoi on s'attelle;
le deuxième, c'est les mesures que je
vais présenter, c'est-à-dire agir sur le présent par des mesures de relance des
investissements en exploration
minière et aussi parler du futur puisqu'on est en train de se doter d'une
vision stratégique de la filière de l'industrie minérale.
Donc, malgré le contexte
difficile, il y aura quatre types de mesures qu'on met de l'avant. La première,
c'est d'appuyer les entreprises
d'exploration minière; la deuxième, c'est améliorer la connaissance
géoscientifique du nord ou du Plan
Nord, plus précisément du territoire du Plan Nord; la troisième, stimuler la
recherche et le développement en matière
de développement minier responsable; et, enfin, améliorer la transparence dans
le développement de notre industrie minière. Donc, permettez-moi d'y
aller pour présenter chacune de ces mesures-là.
• (16 heures) •
La première
et une des plus importantes, c'est
celle, dans le fond, de stimuler l'exploration minière. À cette fin, on a décidé de réduire de 35 % tous les tarifs, tous les frais
rattachés aux travaux statutaires que les entreprises juniors doivent faire. Il y a, de façon assez globale, une
table spécifique où tous les tarifs seront diminués de 35 %. Ce que ça
donne au concret, ça, c'est que ça permet
aux entreprises minières d'économiser 8,3 millions, de maintenir leurs
actifs en termes de claims et de
territoires miniers d'exploration et, plus, de réinjecter cet argent-là à des
fins d'exploration. Ça ne coûte rien
au gouvernement et ça permet, ni plus ni moins, aux entreprises minières de
maintenir leurs actifs et de faire des travaux de relance de leur
activité d'exploration, ce qui est une excellente chose.
La deuxième mesure en matière d'exploration,
tout le temps, en fait, c'est des... on renonce à la hausse du budget Bachand de 2012-2013, de hausser les tarifs
de droit et d'inscription sur les claims, de 25 %. Non seulement on
n'applique pas ce 25 % là, on donne aux
entreprises, pour 2015, 0 % de hausse de tarifs, pour 2016, de 8 %
et, 2017, de 8 %. Donc, plutôt
que d'avoir un 25 % applicable au 1er janvier 2015, on retarde
ça d'un an et on diminue le 25 % à 16 % en répartissant 8 % en 2016 et 8 %
additionnel en 2017. Ça sera très apprécié, effectivement, par les entreprises
minières.
Enfin, en ce
qui a trait aux dépenses en exploration aux fins de régime fiscal, on va
élargir les frais admissibles, tout
ça en harmonisation avec le gouvernement fédéral, de façon à permettre que les
études, soit environnementales ou des
études de consultation auprès des collectivités, puissent se faire. Et ça sera,
dans le fond, appliqué principalement au régime d'actions accréditives. Une petite mesure qui amène, dans le
fond, une certaine satisfaction aux entreprises d'exploration,
puisqu'elles auront le loisir de déduire ces frais-là qui seront rendus
admissibles pour le régime d'actions.
Une autre
chose sur laquelle il y aura des annonces éventuellement, c'est... On a un
partenariat avec le Fonds de solidarité
et le gouvernement du Québec. C'est mon collègue le ministre de l'Économie, de
l'Innovation et de l'Exportation qui
s'occupe de ce volet-là, mais essentiellement le gouvernement du Québec et le
Fonds de solidarité ont créé une société qu'on appelle SIDEX et pour
laquelle il y aura des mesures très spécifiques de faites de façon à relancer
les choses.
Le deuxième
grand thème sur lequel je veux insister, c'est la connaissance géoscientifique
dans le Nord. Le territoire du Plan
Nord, c'est un territoire immense. Pour les gens qui sont férus de
comparaisons, c'est la superficie totale de la France, de l'Allemagne et de l'Italie ensemble. Donc, c'est
1,2 million de kilomètres carrés. Vous comprendrez qu'on a besoin de caractériser ce grand territoire là. Et
on avait déjà prévu — et ça,
c'est dans les budgets du ministère — de toujours dépenser de l'ordre d'à peu près 8 millions. C'est ce qu'on va
faire, mais on a ajouté 3 millions pendant trois ans pour... je dirais, un supplément de l'ordre de
9 millions sur une période de trois ans. Donc, ça, ça pourra mieux
caractériser nos choses.
Je vous fais une petite annonce, parce qu'on
s'entend que c'est un budget du gouvernement du Québec, mais essentiellement il y aura des choses aussi de la
Commission géologique du Canada, ceux avec qui on n'a aucun scrupule à faire affaire, surtout quand ils décident de
dépenser sur notre territoire du Plan Nord. Il y aura des choses,
éventuellement, que je pourrai annoncer à cet effet-là.
Enfin, comme troisième mesure importante,
c'est : stimuler la recherche et le développement en matière de développement minier responsable. En fait, le
gouvernement tient à faire du Québec un endroit reconnu partout à travers
le monde pour son développement minier responsable, et le budget comprend
diverses mesures en ce sens. Parmi ces mesures, on prévoit l'ajout d'un créneau
de recherche portant sur la valorisation des résidus miniers, et ce, à même le
Programme de recherche en partenariat sur le développement durable du secteur
minier du Fonds de recherche du Québec—Nature et technologies. C'est
500 000 $ qu'on donne pendant trois ans, donc pour un total de
1,5 million.
Un exemple de
ça, pas... tout juste, mon collègue député d'Abitibi-Est, il y avait un
amoncellement, c'est-à-dire une
montagne, ni plus ni moins, qui était là. On a récupéré ce mort-terrain-là,
qu'on appelle, c'est-à-dire c'est des stériles dans lesquels on ne retrouve aucun métal ni minéraux, et on l'a
appliqué, dans le fond, à des fins de construction de routes. Ça va prendre quelque chose comme 12 à 20 ans
à diminuer cette montagne-là de résidus, mais essentiellement c'est ça qu'on dit quand on parle de valorisation des
résidus miniers. Donc, on veut encourager ça à des fins de... j'oserais dire,
d'autres fins d'activité industrielle. C'est ce qu'on va faire.
Enfin, on a un
autre projet, qui s'appelle... dans le
fond, dans le but de stimuler le développement minier responsable. Nous
finançons aussi, à coups de 500 000 $
par année pendant trois ans, quatre types d'initiatives, que je vous donne en vrac : la première, c'est
d'analyser le potentiel de filières minérales à l'échelle québécoise; la
deuxième, établir un portrait
environnemental et socioéconomique de l'industrie minière afin notamment
d'orienter les choix des sociétés
minières en matière d'énergies renouvelables; le quatrième point, mettre en
place des mesures favorisant l'augmentation
de la performance du recyclage des métaux; et, quatrièmement, enfin, à trouver
des solutions innovantes aux
problèmes des technologies des sociétés minérales. Ces projets-là vont se faire
en collaboration avec mon collègue ministre
de l'Environnement et ainsi que des organisations telles que Écotech
et le Groupe MISA, c'est-à-dire Mines, innovation, solutions et
applications, là, c'est l'acronyme MISA qui dit ça, mais qui ont une expertise
en matière de sous-traitance et d'innovations technologiques.
Quatrième
mesure dans ce budget, c'est : améliorer la transparence dans le
développement minier. Étant donné qu'il
y a eu beaucoup de désinformation, je tiens à le redire et je le redirai,
j'imagine, souvent, puisque le message a de la difficulté parfois à
passer, mais essentiellement la Loi sur les mines prévoyait que... Il y avait
un projet de loi sur la transparence qui
prévoyait qu'on publierait les quantités extraites, la valeur de ce minerai
extrait là et les redevances que l'État verse... c'est-à-dire que la société verse
à l'État. Tout ça sera de l'ordre public, et il y aura un projet de loi sur la
transparence qui en fera foi et sur lequel
il y aura un dépôt et une analyse en commission parlementaire, éventuellement.
Mais tout ça, c'est pour dire
qu'effectivement la ressource minérale appartient aux Québécois et aux
Québécoises, et les gens ont droit à
cette information-là. On se charge et on s'occupe de mener à bien ce projet-là
sur la transparence. Tout ça harmonisé
avec les autorités des marchés financiers, puisqu'à l'international les
entreprises minières ont souvent à donner ce type d'information là. On s'assurera, Mme la Présidente, que tout ça
se fait avec les normes, de façon à ce qu'il n'y ait pas différents
modèles qui s'appliquent au Québec, dans le reste du Canada ou même à
l'international.
En
conclusion, en terminant, ces mesures qui s'adressent principalement aux
entreprises d'exploration serviront à maintenir
les actifs des entreprises juniors, ce qui est une très bonne nouvelle, à
stimuler l'exploration par les différents investissements ou mesures
qu'on a mis de l'avant, qui menaient à des investissements, et améliorer la
connaissance géoscientifique du territoire,
tout cela dans un contexte de recherche d'une plus grande transparence et
d'exploitation de nos ressources minérales québécoises.
Le
dépôt du budget coïncide également avec la tournée que j'ai fait partout au
Québec, de Chibougamau à Sept-Îles, Rouyn-Noranda, Québec et Montréal,
dans laquelle on a rencontré les gens de l'industrie, le milieu municipal, les différentes communautés autochtones, le milieu de
la recherche, des groupes sociaux et environnementaux. Ces gens-là nous ont donné c'était quoi, la nouvelle vision,
surtout dans un contexte, Mme la Présidente, où qu'on a des iPhone, iPad,
voitures électriques, du développement de
l'industrie éolienne, c'est toutes des industries dans lesquelles il y a une
plus grande utilisation des minéraux,
notamment des terres rares et du lithium et autres types de minéraux. Donc,
c'est important de se mettre au goût
du jour, et c'est ce que la future vision de la stratégie de l'industrie
minière nous donnera. Donc, c'est quelque chose qu'on va suivre avec un
grand intérêt.
Donc,
je vous redonne les conclusions de ça, c'est qu'on a un cadre clair,
prévisible, stable, propice aux investissements.
C'est ce que le parti de mon gouvernement, on s'est attelé pour parvenir à nos
fins. Ensuite de ça, dans le présent,
on a mis des mesures visant l'exploration minière. À cet effet-là, autant
l'Association d'exploration minière du Québec
que l'Association minière du Québec ont donné des communiqués de presse fort
favorables à nos mesures qu'on a mis de l'avant. Et enfin on veut se
donner une vision stratégique pour le futur, comme je mentionnais, suite à
notre consultation, qui assurera, dans le fond, une vision du développement de
la filière de l'industrie minière.
Fait
intéressant, j'ouvre juste une parenthèse très rapide, c'est que toute la
filière de l'industrie minérale, avec les minéraux, on pourra déboucher
sur plus de transformation, une transformation accrue, notamment avec les
usines de séparation des éléments qu'on pourra retrouver, que ça soit à
Bécancour ou ailleurs dans le reste du Québec.
Donc,
nous travaillons de façon à jeter les bases d'un nouveau modèle minier au
Québec et on en tire toute la fierté. Je
tiens à souligner que ce travail-là ne se fait pas seul. Je le fais avec mon
collègue ministre de l'Énergie et Ressources naturelles, avec mon collègue ministre de l'Environnement, avec mon
collègue aussi Économie, Innovation, Exportations et mon collègue... la précieuse collaboration que
j'ai avec le ministre responsable des Affaires autochtones, là, parce que,
parfois, on a certains litiges pas trop faciles, et j'ose mentionner mes
collègues d'Abitibi-Est et Ungava, et même ma collègue
aussi de Duplessis, pour lesquels on accueille tous les bons projets
miniers qui créent de la richesse et qui créent de l'emploi au Québec. Merci,
Mme la Présidente.
• (16 h 10) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, M. le ministre délégué aux Mines, et, pour
la prochaine intervention, je reconnais M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : Merci, Mme la Présidente. Merci de me permettre de prendre la parole,
c'est un moment important.
Mme la Présidente,
j'ai entre les mains un document qui provoque de l'inquiétude. J'ai entre les
mains un document qui provoque de l'inquiétude. Au fil des ans, de
par mes fonctions, j'ai eu le privilège, et c'en était un, privilège, d'échanger avec de nombreux citoyens,
de nombreuses citoyennes suivant le dépôt de budget,
tous partis confondus. Au fil des années, de par mes fonctions, j'ai eu
le privilège de recueillir, au lendemain du dépôt d'un document comme celui-ci,
de nombreux témoignages. Et là je parle d'échanger sur les espoirs, les objectifs,
les craintes d'organisations reconnues ou de citoyens, de tous les citoyens, tous
secteurs confondus, parce qu'eux aussi arrivent à analyser un document comme celui-ci, tout aussi complexe soit-il. Cette
fois-ci ne fait pas exception à la règle, Mme la Présidente, ce document
provoque de nombreux questionnements et
particulièrement sur les impacts que les décisions prises par le gouvernement
auront ou pourraient avoir sur nos services de santé, sur des services qui nous
sont précieux et que l'on questionne.
Rappelons les faits.
Le budget de dépenses en santé sera de 32 859 000 000 $ de
dollars pour 2015-2016. Ce montant
représente, et que les gens le sachent, poste budgétaire extrêmement important,
49,4 % du budget total du Québec, en
excluant le service de la dette. C'est énorme. Lors du dernier budget libéral,
l'augmentation des dépenses en santé avait été de 3 %. La moyenne des 10 dernières années tournait autour
de 4 %. Cette année, 1,4 %. Le budget des dépenses en santé sera donc d'un peu plus de 500 millions
de dollars supérieurs à celui de l'année dernière, 500 millions.
Précisément, 535 millions de
dollars dont 327 millions vont servir uniquement à la hausse de la
rémunération des médecins. Il reste quoi
donc? Calcul rapide, 208 millions pour l'ensemble du réseau. Vous aurez
compris, Mme la Présidente, que l'augmentation, cette année, est particulièrement mince, en fait il s'agit d'un creux
historique. 200 millions de dollars pour l'ensemble du réseau de la santé, c'est le seizième de ce que
pourrait être le coût total du nouveau projet de mégahôpital dans la région
de Québec. Ça, c'est pour l'ensemble du réseau de la santé pour cette année.
1,4 %,
c'est bien peu pour faire face aux imprévus, pour tenir compte d'une
statistique qui est pourtant extrêmement importante, une statistique qui place le Québec au deuxième rang pour le
vieillissement de sa population, juste derrière le Japon. Eh oui, nous sommes juste derrière le Japon
en ce qui concerne le vieillissement de la population. Ça constitue, il faut s'en rendre compte, une pression
supplémentaire sur notre réseau de santé. Je comprends, je comprends les
inquiétudes manifestées par nos
aînés, et elles sont nombreuses. À cet effet, pas plus tard qu'hier, dans un
texte signé par Héloïse Archambault, le
directeur général du Regroupement provincial des usagers disait, et je le
cite : «Le budget va dans le sens de la réforme, [et] il faut être prudents et couper aux bons
endroits, pas dans les services essentiels.» Elle est là, l'inquiétude
manifeste : Où coupera-t-on? Dans la bureaucratie? Dans les
services à la population?
Mme
la Présidente, j'ai entre les mains un document... Mais, en fait, c'est un
budget, un budget que j'appellerai fil de
fer, et je vous explique, un budget pour funambule. Vous savez, un funambule,
lorsqu'il s'élance, il doit tenir compte de tous les paramètres, parce que tout est très fragile. Le funambule,
sur son fil de fer, doit composer avec le moindre coup de vent, avec le pas mal assuré, avec un équilibre
précaire en tenant sa perche. Nous avons, ici, un budget
de funambule. On doit se donner des marges de manoeuvre, d'anticiper les risque, ce
que l'on ne voit pas dans ce budget, ce qui provoque des inquiétudes, ce
qui provoquera peut-être la chute. Et, la chute, le problème, c'est que c'est
les citoyens, c'est les contribuables, c'est les patients du Québec qui la
ressentiront.
Mme
la Présidente, ce budget inquiète par les impacts qu'il risque d'avoir sur la
santé et les services à la population. Il
inquiète un homme, Pascal, qui fait partie de ceux qui nous écrivent. Et là je
n'ai qu'un aperçu de ce que l'on reçoit. Autant mes fonctions passées
m'ont permis de recevoir, par exemple, de citoyens, des cas relatifs à des
prévisions budgétaires menaçant leurs
acquis, dans le cas qui nous occupe, Pascal qui m'écrit pour me dire qu'il y a
quelques jours à peine de cela on a
retardé son intervention chirurgicale importante à trois heures d'avis. À trois
heures d'avis. Vous voyez, là, les
gens diront : Bien oui, mais ça sera repris. On l'a déjà entendu. Il sera
recédulé. Savez-vous que, lorsqu'on se prépare pour une intervention médicale importante, on prépare aussi son
environnement? Et Pascal de me décrire les arrangements qu'il a faits au travail pour réussir à faire en
sorte qu'il puisse ensuite et subir l'intervention et ensuite travailler sur sa
convalescence pour redevenir
quelqu'un d'actif et de productif pour la société québécoise. Pascal est
inquiet. Il n'est pas le seul. J'en
ai d'autres. On pourrait passer l'après-midi à les lire, à réagir, humainement.
À travers des chiffres, aussi froids soient-ils, il y a des histoires
comme celle-là.
Oui,
Mme la Présidente, les inquiétudes sont légitimes, car, des coupures, il y en a
eu. Et les gens le savent, et les gens
s'en rappellent, et les gens les vivent encore. On va prendre quelques
secondes, quelques minutes pour se rafraîchir la mémoire. Et là je reprends ici des exemples réels tirés d'un reportage
de l'émission J.E. diffusé à la fin du mois de janvier dernier.
Ça ne date pas d'il y a très longtemps.
Des
hôpitaux et CSSS sont forcés de facturer des extras pour faire face aux
compressions imposées par le ministre de
la Santé. Au Centre d'hébergement des Chênes, Jonquière, un bain
supplémentaire, 25 $. On parle d'un bain pour nos aînés, par semaine. Un bain supplémentaire,
histoire de se sentir bien, 25 $ de plus. On l'enlève de la poche des
contribuables. Soin des pieds,
30 $, coût additionnel. Au CSSS de Gatineau, à l'Hôpital de Hull, on songe
à faire payer pour les soins à domicile.
Coût pour des prêts médicaux comme des barres d'appui, fauteuils roulants ou
nettoyage du matériel, rapporté dans
le reportage de l'émission J.E. Dans les hôpitaux de la Montérégie, vous
le savez probablement, fermeture de 40 lits. Dans la région de Chaudière-Appalaches, j'en suis,
Mme la Présidente, coupe des heures d'une trentaine d'éducateurs spécialisés, travailleurs sociaux, psychologues,
préposés aux bénéficiaires. Est-ce qu'il y a quelque chose de plus important
que ça? Quand on coupe des gens qui
bonifient notre quotidien... Les gens l'ont vécu, les gens s'en rappellent, les
craignent encore avec le budget qui nous est présenté. Au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
80 postes abolis, fermeture de 13 lits en chirurgie et en psychiatrie. En Montérégie, cinq centres de jour pour
les personnes âgées qui ont été fermés. Ce sont des réalités.
Bref,
le gouvernement libéral fait des choix, a fait des choix qui ont affecté et qui
affectent les services directs à la
population. Il doit les assumer, bien sûr. L'augmentation de 1,4 % du
budget de la santé cette année ne va même pas tenir compte de l'augmentation de la population et du vieillissement de
la population dont je vous ai parlé il y a deux instants. Et cette
statistique, elle est connue et reconnue.
• (16 h 20) •
Mme la Présidente,
hier, nous avons eu le loisir d'échanger avec le ministre de la Santé sur les
questions budgétaires. Ça a été un exercice
intéressant. Aux questions abordant l'impact du projet de loi n° 20, parce
qu'il en est également, il en est
question aussi dans ce budget, aux questions abordant l'impact du projet de loi
n° 20 sur la rémunération des
médecins... Et là il faut comprendre que les médecins québécois sont payés en
moyenne 75 % à l'acte et à peine 4 % à la capitation. La
capitation, ça veut dire la prise en charge directe de patients. Sachant que, selon
plusieurs études et plusieurs spécialistes,
il faut revoir le mode de rémunération des médecins pour éviter une mauvaise
surprise, le ministre nous expliquait
que, dans le meilleur des scénarios, il n'y aura pas de problème, il n'y aura
pas de dépassement de coûts, tout est
contenu, tout est pensé, que les patients vont consulter davantage en cabinet
et non en établissement. On va ainsi éviter
une facture. Parce qu'on le sait, consulter
en urgence en établissement, ça coûte cinq à 10 fois plus cher qu'en cabinet.
Le ministre va dire : C'est comme ça que ça va se passer.
D'ailleurs, à ce
chapitre, vous me permettrez d'être magnanime, partager nos connaissances et de
rappeler au ministre : Oui, on peut atteindre un objectif, tel qu'il le
souhaite, notamment par l'abolition progressive des activités médicales particulières. C'est une proposition de la Coalition avenir
Québec, soutenue par des groupes qui
sont venus se présenter devant la Commission de la santé et des services sociaux concernant le projet de loi n° 20,
une mesure d'ailleurs défendue, dans un passé pas si lointain, par le ministre de la Santé lui-même, le ministre de la
Santé qui avait dit, je me rappelle :
Faisons-le, on va démenotter les médecins. Changeons la rémunération, ça va
être une minirévolution. Il défendait cette position. On lui suggère de
retrouver ses esprits et de revenir à nos suggestions.
Le ministre de la Santé qui expliquait, donc, hier, que, dans le meilleur des scénarios, le
sien, selon l'hypothèse la plus favorable, en fonction de sa vision, les
mesures annoncées n'auraient pas d'impact sur les services à la population.
Est-ce que les gens le croient? Est-ce que les gens s'inquiètent? Qu'est-ce que
les gens vivent aujourd'hui?
Mme
la Présidente, le problème, c'est que les vues du ministre et du gouvernement
ne sont pas celles de l'ensemble des
citoyens. La vraie réalité, elle n'est pas celle-là. Le problème, Mme la Présidente, c'est que l'avenir peut nous
réserver des surprises. Au moment où l'on se parle, là, à cet instant précis, quelqu'un
quelque part au Québec... Je dis
«quelqu'un», je devrais dire : Plusieurs
citoyens, plusieurs citoyennes reçoivent probablement, à ce moment même, un
diagnostic de santé qui changera leur vie pour toujours, alors que rien ne
pouvait prévoir ce scénario. La vie nous réserve des surprises.
Mme
la Présidente, les citoyens sont
inquiets de la portée de ce budget sur notre système de santé, que tous,
que tous souhaitent efficient. L'objectif,
il est clair, tous sont conscients, tous souhaitent l'efficacité. Mais avec quoi? À quel coût? Avec quelle méthode? Avec quel
impact?
Les citoyens sont
inquiets de la portée de ce budget sur notre système de santé. L'atteinte de
cet objectif d'équilibre ne devra pas se
faire au détriment des services à la population. Il y a, aujourd'hui comme hier, une obligation de résultat, le gouvernement actuel est tenu de respecter ses
engagements. Le gouvernement actuel nous
dit : Pas de danger. On les aura
à l'oeil. Nous serons les yeux et les oreilles des citoyens, des patients et
des patientes du Québec. Et je leur demande de nous alimenter dans la mesure où ils constatent que la mise
en place de ce budget met en péril la qualité des services qu'on leur offre. Où coupera-t-on pour
respecter le 1,4 %, un creux
historique, où coupera-t-on? Dans la bureaucratie
ou dans le service aux citoyens? Parce que, si on se fie à ce qui s'est fait
jusqu'à maintenant, on a raison d'être un peu inquiets, d'être beaucoup
inquiets.
Mme
la Présidente, je pourrais parler des hausses de tarifs. Et je discutais avec
des citoyens il y a quelques jours et je
disais : Regardez votre portefeuille, sortez-le, prenez-le, regardez
l'épaisseur de votre portefeuille, ce qu'il était et ce qu'il est
devenu. Et, au lendemain, alors que le gouvernement nous dit : Voilà
oxygène et répit pour le citoyen et le contribuable, regardez votre
portefeuille. A-t-il épaissi? Y a-t-il davantage d'argent dans vos poches? Pas
du tout.
Et
là la mesure des mesures dans ce budget, c'est l'abolition de la taxe santé.
Tous les jours, on nous en parle. Et là
on dit aux citoyens : Voilà 200 $ automatiques, 400 $ pour la
famille. Remettons les choses en contexte. Allez voir dans votre boîte à malle, aux lettres, aujourd'hui. Est-ce
que votre chèque de 200 $ est dans la malle aujourd'hui?
L'expression dit : Le chèque est
dans la malle. Le chèque n'est pas dans la malle, le chèque ne sera pas dans la
malle avant un sapré bout de temps. Mme la Présidente, cette mesure,
qu'on dit être la mesure des mesures promises par le gouvernement actuel lors de la dernière campagne électorale,
bien, cette mesure sera effective en
2017. Et ce sera progressif, progressif. On ne reverra pas la couleur de
tout ce que ça nous a coûté avant un bon bout de temps, les citoyens le savent,
les citoyens le sentent. J'ai entre les mains un budget fil de fer, le budget funambule.
J'aurais
pu vous parler de cette mesure, cependant, et soyons honnêtes, que nous
saluons, le fait qu'ayant porté le dossier des gicleurs et de la
protection des aînés en centre d'hébergement, en résidence pour aînés, en
CHSLD, le gouvernement a prévu, maintenant, un plan de financement, ce qu'on appellera le
60-40-20 ou le 20-40-60, dépendant de
la grandeur de la résidence en question. Bon coup? Sur cinq ans, trop long. De toute
façon, cinq ans, nous remettons les choses en contexte, très long pour
satisfaire à ses exigences.
Ce
qu'il faut savoir, cependant, c'est que, tous les jours, la vie nous réserve des
surprises. «En zone rurale — par exemple, rapporté par Jean-François Racine ce matin dans Le
Quotidien — l'absence
d'un système d'aqueduc fait exploser la facture, et des propriétaires sont dans une
impasse.» À l'île d'Orléans, une résidence qui a reçu une évaluation pour
faire installer des gicleurs songe maintenant,
et peut-être, à cesser ses opérations. La notion du 20-40-60
dans ce cas-ci ne fonctionne pas. On
devra, là aussi, parce que la vie est pleine de surprises, probablement... Et on invite le gouvernement
à le faire, à s'asseoir pour questionner,
pour recenser, pour que l'on puisse identifier les cas particuliers pour que
nos aînés soient en sécurité partout.
Il ne faut pas que des résidences ferment. Il ne faut surtout pas que nos aînés
paient la facture. C'est aussi compris dans ce budget.
Mme la Présidente,
c'est un budget qui inquiète. Le gouvernement est lié à ses prévisions et devra
livrer la marchandise, et nous serons là pour juger de l'efficacité. Le
scepticisme règne.
Motion formulant un grief
Vous me permettrez, Mme
la Présidente, de compléter en déposant une motion qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour une autre promesse électorale brisée concernant l'abolition
complète de la taxe santé au cours du présent mandat.» Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de Lévis. Et je vous rappelle que votre motion est
déposée sous réserve de sa recevabilité.
Alors, pour la
poursuite de ce débat, je vais maintenant céder la parole à M. le député de Sainte-Rose.
M. Jean Habel
M.
Habel : Merci, Mme la Présidente. Face aux inquiétudes du député de Lévis, je lui dis qu'actuellement l'avenir est beaucoup
plus rose. Notre gouvernement a annoncé l'équilibre budgétaire
pour l'année 2015-2016. Notre gouvernement
respecte son engagement, alors que le
dernier gouvernement, lui, ne l'a pas respecté. Nous, nous allons
atteindre l'équilibre zéro, M. le Président... Mme la Présidente. Ce n'est pas rien, après six déficits
consécutifs, le Québec retrouve l'équilibre budgétaire.
Par ailleurs, la montagne laissée par l'ancien gouvernement était de taille, le Vérificateur
général l'a lui-même affirmé, 7 274 000 000 $ en 2015-2016.
Ce n'est pas rien, et on avait une immense charge devant nous, Mme la Présidente, une charge de travail que nous avons réalisée parce que nous
sommes maintenant à l'équilibre budgétaire, avec la ferme volonté
d'offrir aux Québécois des finances publiques plus justes et plus saines.
Nous
avons franchi cet équilibre sans augmenter les impôts et les taxes et dans une
perspective d'aider les générations futures. En effet, nous avons réduit le
poids de la dette tout en investissant 1,6 milliard au Fonds des générations. Cette initiative met un frein à
l'accroissement constant de la dette qui affectera les générations futures.
Avec notre initiative, elle baissera de 0,9 point de pourcentage au
31 mars 2016. Avec le regard qu'on peut avoir, Mme la Présidente, sur la démographie actuellement, alors
que maintenant la population active va diminuer, c'est important de mettre de l'argent de côté pour les futures
générations, et, le Fonds des générations, c'est exactement ce qu'il va faire,
Mme la Présidente.
• (16 h 30) •
C'est un budget
définitivement dirigé vers les générations futures. Et par ailleurs permettez-moi
de citer l'écrivain James Joyce :
«Personne ne rend à sa génération un service plus grand que celui qui, soit par
son art, soit par son existence, lui
apporte le don d'une certitude.» Jamais un gouvernement n'a donné autant de
certitude vis-à-vis nos objectifs de
redressement des finances publiques et d'intérêt envers les générations futures
que ce gouvernement avec son
versement au Fonds des générations et sa vision de réduction de la dette. Au
courant de la première année de notre mandat,
nous avons bâti les fondations pour atteindre ce niveau de certitude pour le
budget 2015-2016 et une vision claire de chaque ministère.
En
santé, entre autres, parce que je suis sur la Commission de la santé et des
services sociaux, M. le Président, le
projet de loi n° 10 vise à modifier les structures de la santé et les
services sociaux au Québec afin de favoriser l'accès aux soins et réduire la bureaucratie pour
améliorer l'accessibilité et réduire la structure de gestion. En abolissant
l'agence de santé et des services sociaux, on les intègre aux centres
intégrés de services sociaux.
De
plus, un autre projet de loi, le projet de loi n° 20, lui, vise à donner
un accès plus grand aux patients avec leur médecin. Nous agissons aussi parce qu'on a signé... on a fait récemment
une entente de principe au niveau des pharmaciens d'hôpital qui va être
entérinée, j'en suis sûr, et on semble regarder vers 98 % d'entérinement.
En
éducation, concrètement, dans mon comté, on a mis... Et on a été à pied
d'oeuvre, j'ai déjà annoncé concrètement, à Sainte-Rose et Fabreville, plus de 3,2 millions de dollars pour la
commission scolaire de Laval et dans les infrastructures écolières déclinées comme suit :
Curé-Antoine-Labelle, la réfection des façades; Des Cèdres, réfection de la
structure et remplacement du réseau
de conduites de drainage pluvial; Le Baluchon, réfection de la toiture; Le
Tremplin, pavillon Rolland-Gratton,
réfection des façades. Tout ça, c'est du concret, M. le Président, parce que
les enfants ont besoin d'avoir un environnement
sain, et, avec la réfection de ces bâtiments, nous leur donnons. Notons aussi
l'investissement de 8,9 millions qui
serviront à l'agrandissement de l'école primaire Twin Oaks, rattachée à la
commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier dans ma circonscription.
Par
ailleurs, dans le présent budget, nous avons une vision pour les régions,
notamment avec le développement de la stratégie
maritime. 1,5 milliard sur cinq ans, M. le Président, qui, grâce à des
pôles logistiques, vont attirer les investissements étrangers afin de
favoriser le niveau fluvial de l'est à l'ouest, M. le Président.
Et,
si on aborde aussi le Plan Nord du nord au sud, les dotations sont de
77 millions et, selon le cadre financier 2015-2020 du Fonds du Plan
Nord, 377 millions prévus en termes de dépenses. Des dépenses qui sont
carrément des investissements, M. le
Président, parce qu'en investissant dans le Nord on a des répercussions aussi
dans le Sud. Notons, par exemple, une
compagnie qui pourrait fabriquer le logement pour accueillir les miniers. Eh
bien, ça, c'est carrément de l'investissement dans le projet du Plan
Nord qui va avoir une répercussion pour le plan sud aussi.
Et,
pour ce qui est des infrastructures ou de l'annonce intéressante de la volonté
de la Caisse de dépôt de travailler avec
nous pour des projets ponctuels, à Laval on note des projets tels la cité de la
culture et les sports de Laval, l'usine de filtration, le projet de biométhanisation et aussi les
infrastructures scolaires, que j'ai mentionnées auparavant. Aussi, et très important pour notre collègue de Vimont,
l'étude de l'autoroute 19, qui favorisera le flot entre Bois-des-Filion, Vimont,
Laval-des-Rapides — aussi, ça va toucher la circonscription de
Mille-Îles — qui va
favoriser le développement de cette région.
Parce que la problématique à Vimont, elle était très claire, c'est-à-dire que
les gens utilisaient de plus en plus les petites rues. Et donc on améliore la sécurité sur le long du tronçon, et
l'étude du projet de l'autoroute 19 va aider certainement l'amélioration de la fluidité dans ce secteur et aussi en
répercussion à mon secteur, qui est avoisinant celui de mon collègue de
Vimont.
Finalement, notre
budget est aussi orienté vers la justice sociale, M. le Président. Au lieu
d'avoir une hausse paramétrique à l'ensemble
des Québécois des frais de garde, eh bien, notre gouvernement épargne 60 %
des familles de la hausse du PQ, et
30 % sont dans le giron de 7,30 $, M. le Président. La mise en place
du bouclier en 2016 pour récompenser les travailleurs et leur permettre
de retirer davantage de leur travail est une excellente initiative de notre gouvernement, M. le Président. La bonification
graduelle du crédit d'impôt pour les travailleurs d'expérience, l'âge, elle,
passera de 65 à 63 et prévoit des avantages pouvant atteindre 900 $ pour un travailleur
de 63 ans, par exemple. Notons aussi l'abolition graduelle de la
contribution santé à compter de 2017, et c'est 2,1 millions de
contribuables qui en bénéficieront.
Et
la mise en place du programme de financement pour l'installation des
gicleurs — et le
collègue de Lévis en a parlé — c'est une excellente initiative de notre
gouvernement. Et les résidences pour personnes âgées vont être plus sécurisées, et on va apporter une plus grande
sécurité à ces résidents, qui vont sentir qu'ils sont en sécurité. Et, à
travers ce déploiement à travers les cinq prochaines années, nous allons
garantir à chacun des résidents de ces résidences des gicleurs pour les
protéger, M. le Président.
L'investissement
aussi... Encore au niveau de la justice sociale, l'investissement de
22 millions pour la fondation du
Dr Julien est une excellente mesure d'expansion afin de porter le réseau à 42
centres, ce qui va bénéficier à l'ensemble des Québécois du nord au sud,
de l'est à l'ouest.
Et aussi, suite au forum de la lutte contre
l'intimidation, nous continuons dans la lutte avec 4,4 millions d'investissement pour contrer l'intimidation. J'ai
eu la chance de recevoir M. Jasmin Roy dans l'une de mes écoles de mon comté pour aller
parler d'intimidation, et avec sa trousse. Et j'ai pris l'engagement solennel
de l'offrir à toutes les écoles
primaires et secondaires de mon comté, et je peux vous dire que c'est une
excellente initiative qui a été appréciée de toutes les directions d'écoles de mon comté. On peut, peu à peu,
parler de plus en plus d'intimidation, et M. Jasmin Roy, tout comme notre ministre responsable de la Lutte
contre l'intimidation, sont d'excellents ambassadeurs pour parler de
cette réalité que les jeunes vivent jour après jour dans les écoles, et nous
devons investir pour contrer l'intimidation, M. le Président.
Et, quand
j'entends que l'on n'est pas orientés vers les plus démunis, bien, moi, je me
dis que nous respectons la capacité de payer des Québécois, que nous
garantissons des finances saines aux générations futures, et qu'avec une économie forte, empreinte de justice sociale... Je
ne comprends pas, des fois, les commentaires du chef de la deuxième opposition, qui nous compare souvent avec les
États américains. Notre justice sociale est de loin plus avancée dans notre
province avec l'universalité de la santé,
les tarifs abordables en éducation et en services de garde. Alors, moi, je
souhaite garder cette sécurité, car
elle est véritablement l'empreinte de justice sociale de notre société. Je suis
fier d'être Québécois, je suis fier
d'être Canadien, notamment pour cette vision de justice sociale, M. le
Président, et ce, pour toutes les générations.
J'aurais pu
aussi vous parler de culture, de PME, de sociétés, de relève d'entreprises,
d'AccèsLogis, mais le temps file, M.
le Président. Alors, en bout de ligne, je vous laisse sur ces paroles :
Vous ne pouvez pas changer votre futur, mais vous pouvez changer vos habitudes, et c'est celles-ci qui changeront
notre futur. Après six déficits, nous changeons nos habitudes, nous
atteignons l'équilibre budgétaire pour assainir nos finances maintenant, mais
aussi pour le bien des générations futures. Merci, M. le Président.
• (16 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
On vous remercie, M. le député de Sainte-Rose, pour votre intervention sur le
budget. Et, pour la poursuite du débat
toujours sur le même sujet, je cède la parole à M. le député de Jonquière. M.
le député de Jonquière, à vous la parole.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Merci, M. le Président. Alors, ça me fait
plaisir d'intervenir aujourd'hui sur la question budgétaire, sur ce plan
économique déposé par le gouvernement la semaine dernière, sur les crédits
également que le gouvernement a déposés ces derniers jours.
Vous savez,
le débat sur le budget est toujours un débat très important. C'est fondamental
dans notre démocratie parlementaire
parce qu'au fond c'est à la fois un moment politique, social majeur parce qu'il
permet de voir l'orientation du gouvernement pour la prochaine année.
Mais, deuxièmement, d'un point de vue parlementaire, c'est aussi toute la question de la confiance à l'égard du
gouvernement. Je dois vous dire qu'avec ce budget la confiance, en ce qui nous
concerne, effectivement, est
profondément atteinte avec ce budget qui nous a été présenté la semaine passée
par le ministre des Finances.
Je n'ai pas
l'intention de faire le tour de tous les enjeux de ce budget parce
qu'évidemment ça me prendrait plusieurs heures. Mais on est plusieurs collègues qui vont le décortiquer et qui
vont le présenter ici, moi, évidemment, je me suis penché sur un volet en
particulier, celui des budgets en matière d'environnement, de lutte aux
changements climatiques et de
développement durable, M. le Président, parce que c'est le dossier qui m'a été
confié. Mais, plus que ça, vous savez, la
lutte aux changements climatiques fait partie des principes fondamentaux de mon
engagement politique, et, pour moi, il était absolument important...
D'ailleurs,
quand on a reçu les crédits, la première chose que j'ai faite après ça, quand
on a reçu les documents du budget
ici, en cette Chambre, à mon pupitre j'ai regardé tout de suite les chiffres
sur l'environnement parce que, pour
moi, c'est fondamental. Ça donne une idée de l'orientation de la société parce
que ça interpelle les générations futures, puis aussi il y a quand même une espèce de buzz politique du côté du
gouvernement, qui dit : Nous sommes ou nous serons le gouvernement du développement durable, le
développement de la lutte aux changements climatiques. Permettez-moi d'en douter, M. le Président. Quand on regarde
l'actuel budget, permettez-moi d'en douter. Et mon intention, et devant
les collègues, c'est de vous le démontrer,
qu'avec ce budget ce gouvernement fait la preuve hors de tout doute qu'il est
tout, sauf un gouvernement du
développement durable et de la lutte aux changements climatiques, certainement
à cet égard-là.
Premier
point, M. le Président, pour le ministère du Développement durable, de
l'Environnement et de la Lutte aux les
changements climatiques, on assiste à une baisse des crédits historique Vous
savez, on a essayé, du côté du gouvernement,
de mettre beaucoup l'accent sur d'autres éléments pour faire un peu écran face
à d'autres mesures beaucoup plus austères
de ce gouvernement. Bon, on a parlé du bouclier fiscal, on a parlé de toutes
sortes d'expressions bien intéressantes,
mais qui font écran, comme je vous dis, à d'autres décisions et à d'autres
mesures qui sont beaucoup plus préoccupantes
dans ce budget. Donc, les crédits, au ministère du Développement durable, de
l'Environnement et de la Lutte contre
les changements climatiques, auront une baisse historique, M. le Président,
dans ce gouvernement et dans ce budget. Il faut le faire!
On a ici le
gouvernement qui, soi-disant, se prétend le gouvernement de la lutte aux
changements climatiques, et savez-vous ce qu'on a devant nous? Bien, on
a un gouvernement qui va baisser les crédits dans le domaine des changements climatiques et de l'environnement de
7,5 % en 2015-2016. On a fait un petit survol, là, des différents
ministères, un des ministères, sinon
le ministère qui a la plus grosse coupe des crédits, c'est le ministère de
l'Environnement, M. le Président, le
ministère de l'Environnement, rien de moins, 7,5 % pour 2015-2016. Ça veut
dire que, sur un budget d'à peu près
194 millions à l'origine, 193,9 millions, on va arriver à un budget,
pour ce ministère-là, de 179,4 millions. Baisse de 7,5 % Ah oui! La prochaine fois que ce
gouvernement va se prétendre être le gouvernement du développement, durable,
et de l'environnement, et de la lutte aux
changements climatiques, on va entendre un grand rire à travers le Québec. Ce ne sera pas crédible, c'est la baisse historique.
Vous avez une longue expérience en cette Assemblée, M. le Président. Vous
pourrez relever tous
les budgets des précédents gouvernements depuis votre arrivée en cette Chambre,
et aucun gouvernement n'a baissé les
crédits en environnement d'une manière aussi importante que ce que ce gouvernement
s'apprête à faire.
Alors,
la baisse, je vais vous détailler ça un peu. Vous savez, il y a différents
programmes dans le ministère de l'Enrivonnement.
Dans les programmes en protection de l'environnement, on assiste à une baisse,
comme je vous disais, des crédits
globaux, de 7,5 %. Mais là, si on détaille un peu, dans les programmes qui
touchent la politique environnementale, c'est une baisse de 5,4 %. Dans les programmes, puis là
j'interpelle mes collègues... Je vois qu'il y a beaucoup de députés de régions, ici, là, dans les analyses et
expertises régionales, une baisse de 6,4 %. Ça, ça veut dire quoi? Ça veut
dire que les fonctionnaires du
ministère dans les directions régionales du ministère de l'environnement — ils sont superutiles pour les citoyens, pour les municipalités, pour les
entreprises — et qui
sont interpellées à tout bout de champ pour aller faire des expertises dans nos régions, bien, ils vont
voir leur budget baisser de 6,4 %. Le Centre de contrôle environnemental
du Québec, une baisse de 8,8 %
de budget, M. le Président. Le Centre d'expertise en analyse environnementale,
une baisse de 5,6 %.
Mais
la cerise sur le sundae, la cerise sur le sundae — puis là c'est un gars du Saguenay—Lac-Saint-Jean qui parle, là, où il y a eu les inondations en 1996 — le Centre d'expertise hydrique du Québec, M.
le Président, une baisse de 17 % de son budget, 17 %. Je pense que ce n'est pas inutile de se rappeler
le travail... Vous allez me dire — bien, pas vous, là, mais au sens
large — vous
allez me dire : Ah! le Centre d'expertise hydrique, encore une structure
dans la machine gouvernementale, encore une
bureaucratie. Bien, le Centre d'expertise hydrique, M. le Président, là, je
suis allé sur son site Web, là, il a mission de rester à la fine pointe des connaissances
et du savoir-faire dans le domaine des barrages.
Je
vous donne quelques exemples. C'est le Centre d'expertise hydrique qui collige les données sur les niveaux et les débits des cours d'eau. C'est le Centre d'expertise hydrique qui fournit l'expertise pour déterminer les zones
inondables ou à risque d'inondation.
Allez dire ça aux gens du Richelieu, là, qui ont connu une inondation il y a
trois, quatre ans, 2011, au
printemps. Allez leur dire que le Centre
d'expertise hydrique, là, qui évalue
les risques d'inondation des rivières, il
va se voir baisser son budget de 17 %.
Élaborer les modèles de simulation et de prévision de débit lors de la fonte
des neiges et de ruissellement pour apporter l'expertise nécessaire pour
la gestion des barrages.
Autre
rôle du Centre d'expertise hydrique : évaluer la sécurité des barrages
publics. Moi, comme député de Jonquière,
là, je travaille régulièrement avec le Centre d'expertise hydrique parce qu'on
a le bassin versant de la rivière aux
Sables, puis il y a le bassin versant aussi de la rivière Chicoutimi. En fait,
toutes les rivières qui déversent les eaux du lac Kénogami. Le lac Kénogami, vous le savez, M. le Président, c'est le
fameux lac qui a débordé aux inondations de 96, qui a inondé en bonne partie la municipalité de Jonquière, celle de
Chicoutimi, plus les barrages aussi en aval du lac Ha! Ha! qui ont inondé la ville de La Baie. Moi,
aujourd'hui, comme député de Jonquière, là, je travaille régulièrement avec le
Centre d'expertise hydrique. On se fait des
réunions avec les comités de citoyens qui vivent le long des berges, les
riverains, les villégiateurs entre
autres. Et là, là, on va avoir le gouvernement qui va aller dans chacune de ces
régions pour dire : Le Centre
d'expertise hydrique, là — ça le dit, expertise hydrique, la gestion des barrages, la
sécurité — il va
voir son budget coupé de 17 %,
M. le Président, il faut le faire! On vient créer l'insécurité autour de la
gestion des barrages, autour de la gestion des barrages. Puis je regarde
les collègues du gouvernement ici, là, plusieurs ont des circonscriptions qui
sont touchées par des barrages ou par la gestion du niveau de l'eau, par la
gestion des réservoirs. Alors, c'est absolument préoccupant, M. le Président.
J'aurais
pu continuer longuement sur la question du Centre d'expertise hydrique parce
que c'est toute une question de sécurité, sécurité des barrages, inspection des
barrages. Ça veut dire qu'il va y avoir moins d'inspecteurs sur le terrain. Là,
la fonte des neiges s'en vient, là, j'ai
hâte de voir comment ils vont justifier ça, là. J'ai hâte de voir, au fur et à
mesure de la prochaine année, quand
on va se faire dire non dans nos comtés par le Centre d'expertise
hydrique : On ne peut pas répondre
à vos questions parce qu'on a moins d'argent pour envoyer des inspecteurs
vérifier le niveau d'eau. J'ai hâte de voir ça, j'espère qu'il n'y aura
pas trop de fonte rapide.
Autre élément, le
programme de sensibilisation aux algues bleu-vert. Vous connaissez ça, M. le
Président, les algues bleu-vert. Ça, c'est
la plus grosse diminution du budget à l'intérieur de l'enveloppe Environnement,
23 % de moins pour aller
inspecter les algues bleu-vert, voir s'il y a des dangers. Ça veut dire, pour
un groupe comme celui qui s'occupe de
l'environnement au Saguenay, là, il s'appelle Eurêko!, à Chicoutimi, qui est
mandaté par l'organisme de bassins versants avec des sommes qui viennent de ce programme-là, le risque, c'est
20 000 $ de moins. Pour un organisme communautaire qui s'occupe d'environnement et qui est mandaté
pour aller sur le terrain avec des biologistes qui sortent de l'université,
c'est gros, c'est peut-être une ressource de
moins. 20 000 $ de moins
pour inspecter les plans d'eau avec les algues bleu-vert, et ça continue
comme ça.
Le
Programme de réhabilitation des terrains contaminés... Puis, dans les anciens
sites industriels, vous le savez, vous
êtes peut-être celui ici, dans cette salle, M. le Président, qui connaît le plus ça à cause de votre région minière... Bien,
le Programme de réhabilitation des terrains
contaminés, ça donne le pouvoir de pénétration par les employés du ministère de
l'Environnement pour aller inspecter des terrains contaminés, et proposer des
solutions aux propriétaires, et éventuellement
arriver avec des plans d'action pour réhabiliter, décontaminer les terrains
contaminés. Bien, ce programme, moins 12 % pour la prochaine année.
Motion formulant un grief
Alors, c'est ça qui se passe, M. le
Président, avec ce gouvernement dans les mesures d'austérité et dans ce budget.
Alors, j'aurais pu continuer des heures. Je
vais terminer ici, mais quand même en déposant la motion suivante, en
présentant la motion suivante, M. le Président :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir
présenté un budget qui coupe de
7,5 % le financement du ministère du Développement durable, de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques pour
2015-2016.» Merci.
• (16 h
50) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le député de
Jonquière. Et, comme les autres, cette motion, à la fin, sous réserve de
sa recevabilité, sera appréciée au moment opportun pour la voter ou pas.
Je
cède maintenant la parole, toujours pour la poursuite du débat sur le discours
du budget, à M. le député d'Argenteuil pour son intervention. M. le député
d'Argenteuil, à vous la parole.
M. Yves St-Denis
M.
St-Denis : Merci, M. le Président. Je suis très fier de prendre la parole
aujourd'hui en réaction au budget déposé le 26 mars dernier par mon collègue ministre
des Finances. Très fier, oui, de
faire partie de ce gouvernement qui, après six budgets déficitaires, offre aux Québécois et aux Québécoises
pour 2015-2016 un budget équilibré. Bien que l'équilibre budgétaire puisse sembler être
une notion davantage théorique pour certains, les effets positifs
concrets de cette réalisation se font déjà sentir sur le territoire québécois
et continueront de se faire sentir de plus en plus dans l'avenir.
Comme
l'a dit le ministre, l'équilibre
budgétaire n'est pas une fin en soi,
mais va plutôt donner un nouvel élan pour
faire du Québec une province plus prospère, plus forte et plus
juste maintenant et pour les prochaines générations. La fin des déficits créant un climat économique
instable permettra de dégager les marges
de manoeuvre nécessaires en vue de
dynamiser l'activité économique partout sur le territoire.
Étant
député du comté d'Argenteuil, vous comprendrez, M. le Président, mon intérêt
pour les mesures du budget favorisant
les régions, dont la région des Laurentides, au sein de laquelle se trouve le
magnifique comté que je représente. Je
suis donc très fier des mesures prises par notre gouvernement dans le récent
budget afin de dynamiser les régions. En effet, il appert du discours prononcé par le ministre des Finances que notre gouvernement reconnaît
l'importance du rôle joué par les régions dans le développement économique
du Québec et est conscient des défis particuliers auxquels les régions sont confrontées. Il appert de notre plan
économique que le gouvernement comprend la réalité des régions et souhaite
les soutenir dans leur effort visant le
développement économique et la création d'emplois de qualité. À cet égard, nous
proposons dans le plan économique des
actions signicatives pour stimuler l'économie des régions en leur offrant des
outils qui leur permettront de s'épanouir à leur pleine mesure.
Pour
la région des Laurentides, et plus particulièrement pour le comté d'Argenteuil,
je me réjouis de ces mesures, qui
permettront notamment de favoriser l'entrepreunariat et la création d'emplois
en région. Nous le savons, l'entrepreunariat participe grandement au développement économique de son milieu,
puisqu'il contribue à la création de la richesse et de l'emploi tout en stimulant et diversifiant le
développement local et régional. Offrir un milieu propice à l'établissement
et au développement des entreprises en
région représente donc un enjeu de taille pour le gouvernement, lequel a pour
rôle de réunir des conditions
favorables à la croissance, ainsi de faciliter les initiatives des
particuliers, plus particulièrement des
entreprises privées. À travers le budget récemment déposé, notre gouvernement a
fait le choix de miser notamment, mais
non limitativement sur nos forces entrepreunariales pour stimuler la croissance
économique du Québec, et ce, au bénéfice de toutes les régions et de
tous les travailleurs québécois.
En
plus d'offrir un climat économique stable et propice à l'activité économique
par le retour de l'équilibre budgétaire, notre gouvernement propose
diverses avenues intéressantes, notamment sur le plan de la diminution du fardeau fiscal des entreprises et des particuliers
ainsi qu'au niveau des mesures favorisant l'investissement et l'emploi. Le temps qui m'est alloué aujourd'hui s'avère trop
court pour faire une énumération exhaustive des mesures prévues à cet
effet, mais permettez-moi, M. le Président,
d'en aborder quelques unes, à commencer par la diminution du fardeau fiscal
des sociétés. En instaurant des mesures
d'application générale qui permettront à un maximum d'entrepreneurs québécois
de bénéficier d'une fiscalité compétitive et
attrayante, notre gouvernement permettra aux entreprises d'investir et de créer
des emplois dans toutes les régions du Québec.
La
diminution graduelle du taux général d'imposition sur le revenu des sociétés
profitera à plus 90 000 entreprises de tous les secteurs et de toutes les régions. Par le maintien et la
prolongation pour une période de cinq ans du crédit d'impôt à l'investissement pour les régions, notre
gouvernement démontre qu'il se préoccupe des défis que doivent relever les
entrepreneurs éloignés des grands centres. Grâce à cette mesure, les entreprises
se verront offrir le levier financier nécessaire
pour investir dans des projets de
diversification et de développement d'infrastructures qui soutiendront la croissance
de leur activité. La prolongation de ce crédit d'impôt sera bénéfique à la création d'emplois et à la diversification de la
structure économique des régions.
Notons
aussi que le plan économique prévoit des mesures afin de favoriser la relève
entrepreneuriale, notamment en injectant des sommes pour soutenir les programmes
de mentorat et pour favoriser le transfert des propriétés dans les entreprises
familiales des secteurs primaire et manufacturier. Nous le savons, la relève entrepreneuriale représente un grand défi pour l'avenir du
Québec, particulièrement en région. Il est donc essentiel que le gouvernement
s'y attarde.
Notre
gouvernement reconnaît également que les PME constituent le principal moteur de
l'économie québécoise. En effet,
99 % des entreprises sont des PME et les deux tiers des emplois du secteur
privé en dépendent. Il est donc essentiel pour le développement économique de la province et de nos régions que le
gouvernement leur donne les outils nécessaires à leur épanouissement.
Grâce à notre plan économique, les PME des
secteurs visés verront donc leur taux de cotisation au Fonds des services de santé passer de 2,7 % à
2,25 %, tandis que les PME du secteur primaire, dont la forêt, les pêches
et l'agriculture, connaîtront une réduction de 8 % à 4 % de leur taux d'imposition.
Le budget prévoit également la réduction de 11,9 % à 11,5 % du taux général d'imposition des
entreprises, allégeant ainsi le fardeau de toutes les entreprises, et non
seulement celle des secteurs ciblés.
Cela encouragera la diversification de l'activité économique et l'innovation
sur tout le territoire québécois.
En matière
d'emploi, le gouvernement ne ménage pas les efforts, notamment par le biais de
mesures visant l'adéquation formation
et emploi. En haussant les investissements pour les stages en entreprise, nous
répondons aux besoins de celles-ci en
assurant une meilleure concordance entre la formation de la main-d'oeuvre et la
réalité du marché de l'emploi.
Par ailleurs,
je me réjouis également de l'augmentation du seuil d'assujettissement des entreprises
à la taxe du 1 % pour le développement et la reconnaissance de la
main-d'oeuvre, le faisant passer de 1 million de la masse salariale à 2 millions de dollars. Cette mesure, à elle
seule, permettra de diminuer les coûts administratifs d'environ 8 000
petites entreprises, soit la moitié des entreprises qui y sont soumises.
Quant à la
bonification du crédit d'impôt pour les travailleurs d'expérience, cela
permettra de maintenir au travail une main-d'oeuvre possédant un
savoir-faire précieux et de répondre à une pénurie présente dans certains
secteurs.
Enfin, à
travers son plan économique, le gouvernement souhaite encourager les
initiatives touristiques porteuses dans l'ensemble des régions du
Québec.
Le
redéploiement du Plan Nord ainsi que la mise en oeuvre de la stratégie maritime
auront des retombées non seulement
pour les régions Nord-du-Québec et du Québec maritime, mais bien sur l'ensemble
des régions du Québec.
M. le
Président, toutes les mesures dont je viens de parler permettront aux entreprises
de s'établir dans un climat économique
propice à l'investissement et à offrir des emplois de qualité aux citoyens et
citoyennes du Québec. À titre de député
du comté d'Argenteuil, j'ai la ferme intention de travailler sur le terrain
avec l'ensemble des partenaires concernés et entrepreneurs potentiels afin que ces mesures aient des répercussions
positives et directes chez nous, en région. Je suis et je serai présent pour les citoyens, entrepreneurs,
organisations et partenaires de mon comté, et encouragerai toute initiative
qui visera à dynamiser le milieu et à
participer à sa croissance et son développement à l'image de notre
gouvernement.
• (17 heures) •
Je réitère,
M. le Président, ma fierté de faire partie de ce gouvernement responsable qui
désire offrir une prospérité durable
aux Québécois et Québécoises, sachant que c'est dans un milieu stable et
prospère que nous serons en mesure d'offrir
des services de qualité et d'alléger
le fardeau reposant sur les épaules des citoyens et citoyennes et, de surcroît,
des générations futures. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Oui. Merci, M. le député d'Argenteuil, de votre intervention sur le discours du
budget. Je cède maintenant,
pour la poursuite du débat, la parole à Mme la députée de Vachon
pour son intervention. Mme la députée de Vachon, à vous.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Merci,
M. le Président. Triste budget que
nous a déposé le gouvernement libéral, un budget qui continue dans la politique d'austérité, politique d'austérité qui a
été décriée, M. le Président, même par le Fonds monétaire international, qu'on ne peut quand même pas qualifier
d'organisme de gauche. Le Fonds
monétaire international a dit que l'austérité, c'est un échec : c'est un
échec en Europe, c'est un échec en Espagne, c'est un échec en Grèce, et le gouvernement libéral fait fi de tous ces échecs-là et continue tête baissée dans un
programme d'austérité, une austérité créée
de toutes pièces. Et ce qu'on se rend compte dans le budget qui a été déposé, M. le Président, la semaine passée, c'est
que, finalement, ce budget-là, il prépare déjà l'élection de 2018,
donc a déjà prévu plein de cadeaux pour l'année 2018, et, plusieurs des promesses qu'ils ont annoncées, on ne verra
pas le début de cette promesse-là avant l'année juste avant la campagne
électorale, M. le Président, et même ensuite. Comme la taxe santé, l'abolition de la taxe santé, ça ne commence que dans l'année
précédant l'élection pour se terminer après 2018.
Un budget, M.
le Président, qui fait mal, qui fait mal particulièrement aux femmes, qui fait
mal particulièrement aux familles, M.
le Président. Les CPE. Les CPE sont le modèle qu'on s'est donné de
développement de nos enfants. C'est ce
qui permet le développement moteur, le développement cognitif, le développement
social. Ça a été démontré, c'est la meilleure
façon pour assurer, je vous dirais, par exemple, la réussite scolaire, pour
assurer le développement des enfants, et
c'est beaucoup mieux que les garderies commerciales : le taux de plaintes
dans les garderies commerciales est trois fois plus élevé que dans les CPE; le taux de roulement de personnel y est de
50 % plus élevé; et les gens s'en vont dans les CPE, quand ils ont l'opportunité, à cause des
conditions de travail, M. le Président. Et ce gouvernement-là veut mettre la
hache dans les CPE en favorisant clairement les garderies commerciales. Même
dans le budget, il propose différentes mesures
pour faire en sorte de donner les crédits pour ceux qui vont dans les garderies
commerciales même non subventionnées,
et l'équivalent n'est pas disponible
dans les CPE, M. le Président. C'est une privatisation en douce des CPE. Et, on le dit, les CPE vont couper des repas
aux enfants, M. le Président. Inacceptable! La ministre de la Famille, là, on
voit... pas tellement préoccupée par la famille puis par les enfants, alors
qu'on sait qu'au Québec on s'est donné un des meilleurs systèmes. Et même M. Godbout, à l'époque, avait dit que ce programme-là, les CPE, ça avait
permis à 70 000 femmes de retourner sur le marché du
travail, ça avait augmenté le PIB du Québec de 5 milliards et que les CPE
rapportaient plus que ce qu'ils coûtent, M. le Président. Et le Parti libéral,
lui, ça ne lui dérange pas, saccage les CPE.
Ce budget-là
fait mal aux femmes, M. le Président. Ils font des coupures de 40 % dans
le Secrétariat à la condition féminine.
Ils coupent le Conseil du statut de la femme. M. le Président, imaginez-vous donc que le gouvernement libéral a même osé couper un programme comme Chapeau, les
filles! Moi, M. le Président, je suis ingénieure mécanique de formation,
et j'ai fait le tour des écoles dans mon
ancienne vie, des écoles secondaires, pour faire la promotion des carrières scientifiques, pour faire
la promotion des métiers non traditionnels.
Et, M. le Président, ils osent couper dans Chapeau, les filles! qui a démontré son succès pour
favoriser l'arrivée des femmes dans des métiers non traditionnels, des coupures
de 64 000 $ M. le Président, qui
représentent 0,000065 % du budget. Ne venez pas me dire que c'est avec des
mesures comme ça qu'ils vont être capables de redresser les finances
publiques, M. le Président. Non, non, c'est des coupures idéologiques,
dogmatiques.
Du
côté de la santé, encore des coupures qui font mal aux femmes :
procréation assistée, avortement. Inacceptable! Avec la centralisation et les coupures dans l'ensemble des postes, c'est
encore les femmes qui vont faire les frais de ce régime-là, M. le
Président.
Du
côté de l'éducation, du côté de l'éducation, malgré toutes les promesses de
l'ancien ministre, M. Bolduc, baisse marquée
des achats de livres, M. le Président, alors qu'on sait que la lecture, c'est
la base de l'apprentissage, la base de l'apprentissage
du français, mais la base de l'apprentissage pour la connaissance. Et ils
coupent dans les bibliothèques des écoles
primaires, M. le Président. Ce n'est pas tous les enfants qui ont accès à une
bibliothèque garnie à la maison. Ce n'est pas tous les enfants dont les
parents les amènent à la bibliothèque municipale, M. le Président. C'est donc
important qu'il y ait des livres qui soient disponibles dans les bibliothèques
scolaires.
Et
c'est quand même assez, assez insultant, M. le Président, parce que
M. Bolduc, l'ancien ministre de l'Éducation, lui, il ne s'est pas gêné pour garder sa prime, sa
prime de médecin, que lui-même a mise en place, il ne s'est pas gêné pour
garder sa prime de départ. Puis l'austérité, là, c'est juste pour les autres.
Ce n'est pas pour eux autres, c'est bien clair. Ils se permettent de couper dans nos enfants, ils se
permettent de couper les services à nos enfants. Quand on est rendus là, là,
on est rendus vraiment bas, lorsqu'on est rendus à couper les livres et couper
la lecture.
Du
côté de l'éducation, coupes de 20 millions pour les cégeps, coupes de
100 millions pour les universités. Moi, je fais le tour et je suis allée
dans les universités, les universités qui m'ont dit, là, qu'ils sont en train
aussi de couper le service de
bibliothèque. Nos jeunes à l'université qui font l'apprentissage et qui se font
couper du côté des connaissances et du côté de l'accès aux livres, M. le
Président. Inacceptable!
Un
budget aussi qui, en termes de développement économique... je veux dire, ça n'a
pas de bons sens. Ça n'a pas de bon sens, c'est le rapetissement, c'est
l'étouffement du développement économique. Même la stratégie maritime... Ils
ont fait monter les attentes du côté de la stratégie maritime, mais on se rend
compte aujourd'hui que ce n'est encore rien que du marketing, parce que tout ce qu'il y a dans le budget, là, c'est
un 13 millions qui est essentiellement pour le pôle logistique, un projet qui est déjà en préparation
depuis plusieurs années. Alors qu'ils ont fait monter les attentes, ils font
miroiter 1,5 milliard, bien ce
1,5 milliard là, c'est de la poudre aux yeux, parce qu'il n'y a seulement
que 13 millions qui est budgété,
et c'est essentiellement pour le pôle logistique. On ne sait pas trop encore
qu'est-ce qui va arriver. J'espère que
ce sera à Contrecoeur parce que vraiment c'est là qu'on a les meilleurs
attraits et que la voie maritime est ouverte 12 mois par année, comparativement au pôle logistique de
Vaudreuil-Soulanges, où elle n'est pas ouverte 12 mois par année.
M.
le Président, un budget aussi qui, au niveau économique, vient confirmer la
volonté d'ingérence du gouvernement
libéral dans la gestion de la Caisse de dépôt et de placement. Et ça, c'est
très grave, M. le Président, parce qu'ils
viennent confirmer qu'ils vont donner des projets de transport, comme le SLR, à
la Caisse de dépôt et de placement. Même,
les agences de cotation menacent de décoter la Caisse de dépôt et de placement,
et ça, M. le Président, ça coûterait très
cher aux Québécois et aux Québécoises parce qu'on a beaucoup d'avoirs dans la
Caisse de dépôt et de placement. Et
pourquoi confier le SLR à la Caisse de dépôt et de placement? La Caisse de
dépôt et de placement n'a pas d'expertise dans l'opération de projets d'infrastructure de transport. Elle a fait
du financement. Mais, M. le Président, c'est deux métiers complètement différents de faire du financement
que d'opérer. Et, dans le fond, en faisant ça, ils ne vont rien que refiler
aux citoyens, à travers la tarification, les coûts du SLR.
Aucune
préoccupation non plus, de la part du gouvernement libéral, concernant
l'environnement. Des coupures pour le
BAPE. Déjà, le BAPE est un petit organisme, et le gouvernement libéral se
permet d'aller faire des coupures au BAPE, alors qu'on va en avoir de
plus en plus besoin.
• (17 h 10) •
Ce
n'est clairement pas, l'ensemble de ces coupures-là, seulement pour des
questions de redresser des finances publiques, parce que, comme je vous
l'ai présenté, M. le Président, les programmes comme Chapeau, les filles! ou Secondaire en spectacle, qui sont coupés par le
Parti libéral, ce n'est pas ça qui va avoir aucun impact sur le redressement
de nos finances publiques. Non, non! En
fait, en fait, M. le Président, la volonté de ce gouvernement-là, et ça a été
clairement exposé par le premier
ministre, c'est de faire du Québec une province comme les autres, M. le
Président. C'est ça, la volonté. C'est
de rapetisser le Québec, de faire du nivellement par le bas, parce qu'au Québec
on s'est donné un modèle qu'on appelle
le modèle québécois en Santé, en Éducation, avec les CPE, en développement
régional. Parce qu'ils ont coupé les régions
aussi, hein, les CPE, les CRE, coupé les régions. Ils sont en train d'étouffer
les régions, tellement que les régions sont
en train de s'organiser pour pouvoir revendiquer des reculs. Non, eux autres,
ils veulent défaire ce modèle québécois là pour rapetisser le Québec,
parce que c'est ça qui nous distingue et c'est ça qui fait notre force par
rapport aux autres provinces puis même sur la planète, M. le Président.
Mais,
moi, M. le Président, je n'ai pas la même ambition que le premier ministre de
faire du Québec une province comme
les autres. Moi, M. le Président, j'ai l'ambition de faire du Québec un pays
comme les autres, et ça, c'est tout à fait différent, parce que Québec, là, si on veut redresser nos finances
publiques... On envoie 45 milliards à Ottawa année après année,
bien, Ottawa utilise cet argent-là à l'encontre de nos intérêts.
Pour
prendre un exemple facile, les navires de guerre. Premièrement, si nous étions
un pays, on pourrait décider de
fabriquer des navires de paix, mais, du 33 milliards du contrat initial
qui est allé à Vancouver et Halifax, on aurait dû avoir un minimum de
6 milliards. Ça, ça crée du développement économique.
Au lieu que l'argent du
45 milliards soit investi dans le pétrole, soit investi dans la guerre, on
pourrait l'investir en développement
économique intelligent au Québec. Ça, ça ferait toute une différence. On
pourrait l'investir pour les familles
du Québec, on pourrait l'investir pour les régions du Québec, et ça, ça nous
permettrait de redresser nos finances, ça nous permettrait de faire du développement économique de façon
complètement différente, et ce n'est pas de l'austérité qu'on a de
besoin, ce qu'on a de besoin, c'est l'indépendance, M. le Président.
Merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, Mme la députée de
Vachon. Et je suis prêt à reconnaître...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui?
Mme
Ouellet :
...motion de grief?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, allez pour votre omission. Alors, je vous
entends.
Motion formulant un grief
Mme
Ouellet :
Donc, M. le Président, je présente la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir
présenté un budget confirmant l'ingérence
du gouvernement dans la gestion de la Caisse de dépôt et de placement du Québec
mettant ainsi à risque sa cote de crédit», M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Je vous remercie. Même remarque eu égard à sa
recevabilité. On l'évaluera. Il sera
traité comme tel. Je reconnais maintenant Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques pour son intervention. Alors,
madame de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
à vous la parole.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Alors, Québec solidaire dénonce vertement le budget 2015‑2016,
un budget qui vient approfondir une austérité permanente
dans laquelle le gouvernement libéral veut nous maintenir. Un budget, c'est
évident, c'est le moment clé qui définit les orientations d'un gouvernement
pour ses finances publiques, le mode de fiscalité, pour l'ensemble de
ses programmes sociaux.
Ma
collègue de Gouin, un peu plus tôt, a soulevé quelques points et, entre autres,
mis l'éclairage comme quoi le gouvernement
fait fausse route en sabrant dans les
budgets des services à la population avec, entre
autres, des coupures sans précédent en
éducation. On est à des années-lumière des
engagements électoraux du Parti libéral, qui aurait certainement
eu de la difficulté à se faire élire s'ils avaient annoncé les vraies couleurs
de ce qu'on voit depuis un an. Ils n'avaient
pas promis de coupures sauvages dans les services publics. Ils s'étaient même
engagés à relancer l'économie du Québec avec 250 000 emplois.
Le
budget, c'est aussi le moment où le gouvernement donne l'heure juste sur sa
vision économique, visiblement une
vision dépassée puisque ce que nous avons vu à l'intérieur de ce budget n'est
pas à la hauteur des défis du Québec de
2015. En fait, les défis du Québec de 2015 sont extrêmement diversifiés. Par
exemple, les milieux des affaires les plus influents ont certainement eu l'oreille du ministre des Finances dans la
préparation de son budget. Il y a, bien sûr, quelques petites mesures intéressantes, on le reconnaît,
que tout le monde peut saluer comme le retour de crédits d'impôt dans le
monde de la culture ou encore un peu
d'argent dans l'économie sociale, mais les priorités sont ailleurs, M. le
Président, ça crève les yeux.
Le
gouvernement de M. Couillard nous sert les mêmes recettes qui ont prouvé
par le passé, partout sur la planète, que ça ne fonctionne pas. Baisser
les impôts des entreprises, ça ne fonctionne pas. Il y a pour 500 millions
de baisses d'impôt des entreprises dans ce
budget, alors qu'on sait que ce demi-milliard s'ajoute aux cadeaux successifs
des dernières années, voire même des
dernières décennies. On le sait, que ces cadeaux ont pour effet de faire en
sorte que les entreprises, au lieu de
réinvestir, au lieu d'utiliser ces montants pour créer de l'emploi, pour
susciter du développement économique autour d'eux, sont placés pour
faire faire de l'argent aux actionnaires.
Le
Québec a pourtant d'autres défis économiques qui lui ont été présentés lors des
consultations particulières. Les
groupes sont venus le dire, les individus sont venus le dire. La réponse est
décevante et loin des attentes de la population, par exemple, l'urgence de sortir le Québec du pétrole et des
hydrocarbures — le
gouvernement libéral fait le choix de repousser
aux calendes grecques le nécessaire réinvestissement public dans le transport
en commun — et
l'urgence de prendre le virage pour
atteindre nos objectifs de réduction de gaz à effet de serre. C'est une planète
hypermalade qu'on va laisser à nos
enfants, bien sûr, au nom de l'équité intergénérationnelle toujours, puisqu'on
ponctionne 1,6 milliard de dollars de notre avoir collectif pour le
mettre dans le Fonds des générations.
Un autre défi : relancer
l'emploi dans toutes les régions du Québec. Au lieu de ça, le gouvernement met
aux poubelles le modèle de développement
régional et serre la vis aux services publics avec un gel d'effectifs en santé,
un gel des salaires au niveau de la fonction publique, de l'ensemble des travailleurs, travailleuses
des services publics et, bien sûr, un coup fatal en santé et en
éducation.
Mettre fin au
gâchis minier qui nous coûte tant cher... Au lieu de ça, on repousse plus tard
la mise en oeuvre des mesures
élémentaires comme l'augmentation des tarifs des claims. C'est notre
territoire. C'est notre sous-sol. Ce n'est pas le sous-sol des entreprises minières, ce n'est
pas le sous-sol qui appartient aux gens qui ne vivent pas ici. La poursuite
du Plan Nord est inquiétante parce qu'elle se fait au profit du privé, sans
garantie de retombées à long terme.
Dans une perspective de développement économique
viable, la justice sociale est superbement ignorée par ce gouvernement. Quand on étudie un budget, on
cherche des mots clés pour savoir : Coudon, est-ce qu'il y a été question
de telle dimension, telle dimension? Et,
bien sûr, l'arrivée de la technologie nous facilite la vie. On a fait encore
une fois la recherche du mot
«pauvreté». Pas une seule fois, M. le
Président, dans le budget. Une société
riche comme le Québec, qui a adopté il y a maintenant plus de 12 ans,
bientôt 13, un projet... pardon, une loi, pour éliminer la pauvreté, on se
retrouve que notre budget de cette année ne comporte pas le mot
«pauvreté».
On pourrait trouver un meilleur exemple de la
vieille vision de l'économie que ce gouvernement libéral fait, notamment
lorsqu'on regarde la question du logement social. Nous connaissons les besoins
du peuple québécois en matière de logement : que ce soit de l'Abitibi, en Gaspésie en allant par
les grands centres comme Montréal, Trois-Rivières, etc., un
manque de 50 000 logements abordables, sociaux, à travers le Québec.
On avait un rythme de 3 000 par année, tchouc! on est rendu à
1 500 qui viennent d'être ajoutés, bien sûr, en augmentant le soutien au
supplément au loyer. Mais le supplément au
loyer, M. le Président, c'est une façon de soutenir encore là le privé,
et allez voir les gens de Val-d'Or,
ils vont vous expliquer que ça ne donnera rien parce qu'il n'y en a pas, de
loyer, il n'y en a pas.
Alors, pour
le dire autrement, est-ce que le gouvernement libéral travaille pour la population,
pour sa population, pour les
travailleurs et travailleuses, les gens qui font le Québec ou s'il travaille
plutôt pour les actionnaires? Voilà la grande question. Et, dans ce sens-là, vous comprendrez, M. le Président, que je
termine ma présentation en déposant une motion de grief suivante :
Motion formulant un grief
«Que
l'Assemblée nationale du Québec blâme sévèrement le gouvernement libéral pour
ses politiques d'austérité budgétaire
qui freineront l'économie de toutes les régions du Québec, ne soutiendront pas
les secteurs d'avenir, maintiendront l'économie du Québec dans un vieux
modèle et empêcheront la transition vers une l'économie digne du 21e siècle plus respectueuse de l'environnement
et des [16] principes du développement durable.» Merci, M. le Président.
• (17 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques de votre intervention. Et,
toujours sous réserve de la recevabilité, on appréciera votre motion de grief.
Pour le
prochain intervenant, je reconnais maintenant Mme la députée d'Abitibi-Est pour
son intervention sur le discours du budget. M. le député, à vous la
parole.
M. Guy Bourgeois
M.
Bourgeois : Merci, M. le Président. C'est avec grand plaisir que je
m'adresse à vous cet après-midi et à l'ensemble
de mes collègues pour souligner
l'excellent travail qui a été réalisé dans ce budget qui vient d'être
déposé.
Il faut bien
se rappeler qu'on vient de vivre six budgets déficitaires. C'est le premier, dans les
dernières années, qui a été déposé,
et c'est tout à l'honneur de l'ensemble du gouvernement d'avoir réussi à corriger la situation pour pouvoir nous permettre de non seulement atteindre
l'équilibre budgétaire, mais de créer une nouvelle base qui va nous donner
la possibilité de créer un nouvel élan pour le Québec.
Nos finances
publiques sont dans une meilleure situation, mais nous allons continuer le
travail dans ce sens-là. L'ensemble
de l'équipe gouvernementale est dédiée à cette tâche, et nous allons nous
assurer que ce budget marque une étape majeure vers un Québec plus
prospère, plus fort et plus juste maintenant et pour la prochaine génération.
Ça me touche particulièrement, cet aspect,
puisque c'est un des éléments qui m'a emmené à m'engager en politique, de faire en sorte que nos générations
futures puissent bénéficier d'un contexte tout aussi favorable de celui que...
dont ont pu bénéficier les générations précédentes et qui a amené à un
développement du Québec fort intéressant.
Vous me
permettrez, M. le Président, aussi, de rattacher quelques éléments du budget
plus spécifiquement avec la région
que j'habite fièrement, vous aussi comme notre collègue le ministre délégué aux
mines, l'Abitibi-Témiscamingue. Des
annonces fort intéressantes, entre autres dans un secteur qui nous est tout à
fait cher, c'est-à-dire le secteur de la forêt.
L'annonce de 225 millions de dollars pour
des travaux sylvicoles, donc de 450 millions de dollars dans les deux prochaines années, est un élément majeur qui
nous permet de travailler avec l'ensemble de ce secteur pour assurer non seulement la pérennité de cette industrie,
mais également d'en développer des nouveaux aspects en collaboration avec
l'ensemble des acteurs, que ce soient les industriels, que ce soient les
établissements d'enseignement, également les travailleurs qui ont fait le choix
de vivre de cette ressource.
En plus,
317 millions de dollars pour l'aménagement et la gestion de la forêt, donc
un total de 542 millions de dollars
en 2015‑2016 pour la forêt, pour la faune. C'est majeur, et je tiens à le
souligner. C'est vraiment la reconnaissance de l'importance de cette industrie pour l'ensemble du Québec. On le
sait, c'est une industrie qui est créatrice d'emplois, de bons emplois,
dans une perspective très importante pour l'ensemble du Québec.
De plus, il y a aussi, j'oserais dire, le défi
de la suite dans certains secteurs. Donc, par l'entremise du Fonds Valorisation Bois dans le secteur des pâtes et
papiers, nous nous tournons vers
l'avenir. Nous devons avoir des préoccupations de ce type, ne pas rester stagnants sur
les situations, mais plutôt vouloir travailler à assurer un avenir à l'ensemble
des acteurs de ce domaine.
Vous me
permettrez aussi, M. le Président, de dire quelques mots sur les annonces qui ont
été faites en lien avec le secteur minier, puisque, là aussi, je crois
que le ministre délégué aux Mines a fait un travail qui a été grandement salué par les acteurs du
milieu, et c'est tout à son honneur. C'est avec grande fierté que j'ai vu
apparaître les éléments qui vont
permettre à cette industrie non
seulement de continuer à rayonner sur
l'ensemble de notre territoire, mais également
de pouvoir avoir des perspectives d'avenir fort intéressantes.
On le sait, pour développer des mines, ce qu'il
faut faire dans un premier temps, c'est de l'exploration. Je pense que l'appui à l'exploration, dans la bonification
par le programme de 14,2 millions
de dollars, est un élément fort
intéressant et qui a été très bien accueilli en région.
Également, le report
de la hausse de la tarification des titres miniers. Encore là, on parle d'une
mesure de 1,5 million mais qui a des effets beaucoup plus importants que le
montant qu'on parle. C'est vraiment toute la question de recréer la
confiance dans le domaine.
Et,
là-dessus, je pense qu'on doit souligner avec fierté le changement au niveau du
classement de l'Institut Fraser, qui,
l'année dernière, nous situait au 18e rang et qui maintenant
nous situe au 6e rang. Je pense que le travail d'un gouvernement, c'est ça, c'est de faire en sorte de créer des conditions favorables
qui nous permettent de faire l'analyse de
la situation de façon appropriée pour les grands investisseurs
au niveau mondial et donc de nous remettre dans le circuit des secteurs
privilégiés pour l'investissement à travers le monde dans le domaine du développement
minier.
Mais
ça va plus loin que ça, M. le
Président. Ça va au
niveau d'un programme de bonification d'Action-Terrain par le SIDEX. Donc, il y a un partenariat avec
d'autres acteurs qui sont dans le domaine, qui disent : Nous mettons
l'épaule à la roue pour s'assurer que
ce secteur-là va pouvoir connaître des jours fort intéressants et donc venir
s'ajouter dans toute la stratégie qui
se développe autour du Plan Nord, parce
qu'en effet le développement responsable de l'industrie minière, c'est
un développement qui fait partie maintenant des us et coutumes de cette
industrie, et je crois qu'encore là notre gouvernement
a su mettre en place des stratégies qui vont nous permettre de non seulement
développer des partenariats, s'assurer
qu'on va accompagner adéquatement l'industrie et permettre aux travailleurs de
l'ensemble du territoire, des régions, du secteur minier, de pouvoir aspirer à
des emplois de grande qualité qui vont leur permettre de contribuer à
l'essor économique du Québec.
Tout cela, ça se fait aussi avec des institutions d'enseignement. J'ai été à même, dans la dernière année, de
travailler avec les institutions du secteur de l'Abitibi-Est, plus particulièrement le centre de
formation de l'Or-et-des-Bois, qui a une spécialisation dans le domaine minier. Vous comprendrez, M. le Président, qu'aujourd'hui, quand je relis les engagements dans le budget, je me dis : On était à la bonne place, parce qu'on va former des gens qui vont pouvoir répondre aux besoins de l'industrie. Toute la question de l'adéquation de la main-d'oeuvre est une prérogative qui doit nous animer. Et là-dessus,
encore là, je pense qu'on a misé juste dans
ce budget pour bien répondre à la fois aux aspirations de
la région et aux besoins de l'industrie.
Je
ne voudrais pas vous quitter sans vous parler du Plan Nord, parce que
vous savez, M. le Président, que c'est un projet qui m'anime depuis plusieurs
années dans sa première mouture et dans sa nouvelle mouture. Évidemment, les annonces qui ont été faites
dans ce budget-ci sont, encore là, une preuve évidente de la vision qui va nous
permettre d'assurer au Québec
un essor qui lui est tout à fait légitime. Quand on connaît le territoire,
qu'on sait qu'est-ce qu'il peut représenter comme potentiel, il faut
se donner des outils pour pouvoir le développer. Le Plan Nord, c'est cet outil.
La
mise en place de la Société du Plan Nord, qui, d'ailleurs, M. le Président,
vous le savez, prend officiellement sa
place à compter d'aujourd'hui, va nous permettre d'offrir aux Québécois une
meilleure connaissance de ce territoire-là, de bien accompagner les
résidents de ce territoire-là, mon collègue d'Ungava va sûrement vous en parler
dans ses prochaines allocutions, mais de
travailler tous ensemble pour faire en sorte que le développement du Plan Nord
puisse bénéficier à l'ensemble des
Québécois. Voici l'enjeu dans cette nouvelle mouture. Et là-dessus nous
pourrons sûrement compter sur la
collaboration de l'ensemble des collègues, je pense entre autres dans un des
éléments fort importants pour l'ensemble
des entreprises québécoises qui ont des aspirations à ce projet, par la mise en
place du bureau de commercialisation.
M.
le Président, je ne voudrais pas répliquer aux collègues, parce que, tout à
l'heure, j'ai été un peu surpris de la
teneur de certains des commentaires. Donc, je vais me taire plutôt que de
laisser un goût amer à mon allocution. Mais soyez assuré, M. le Président, qu'il est clair pour moi que ce budget
nous permet de nous tourner résolument vers l'avenir. Merci.
• (17 h 30) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, M. le député d'Abitibi-Est, de
votre intervention. Et, pour la poursuite du débat, toujours sur le
discours du budget, je cède maintenant la parole à M. le député de Gaspé pour
son intervention. M. le député de Gaspé, à vous la parole.
M. Gaétan Lelièvre
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
prendre la parole pour présenter la vision d'un député de région par rapport au budget du gouvernement
actuel. Écoutez, ma présentation va porter essentiellement sur les impacts
des décisions gouvernementales, dans le
cadre de son budget 2015‑2016, sur le monde municipal, mais aussi sur les régions.
Je
pense que c'est important de débuter en précisant que, depuis le mois de
novembre dernier, le secteur municipal a été durement touché par plusieurs des décisions qui ont été annoncées
par l'actuel gouvernement. On parle d'une diminution de 180 millions de dollars à
100 millions, donc 80 millions de dollars de coupures dans le secteur
de ce qu'on appelle l'occupation et
la vitalité des territoires. Ce 80 millions de dollars va faire mal, c'est
clair, ça va faire mal dans l'ensemble du
Québec. Mais, pour avoir participé au projet de loi n° 28 en commission
parlementaire, ce qu'on a constaté, c'est que les impacts vont être supérieurs dans ce qu'on appelle notamment les
régions ressources et les régions intermédiaires, les régions
manufacturières.
Parmi les impacts majeurs, on peut noter la
disparition d'outils de développement, hein, certains outils de développement, comme les conférences régionales
des élus, de développement mais aussi de concertation. Également, les centres locaux de
développement, qui ont essuyé des diminutions de budgets de l'ordre de
55 %... bien, 55 %, si on veut
chiffrer ça, ça représente, par exemple, dans des régions comme l'Abitibi, le
Lac-Saint-Jean, la Gaspésie, la Côte-Nord... c'est 750 000 $ de subvention qui étaient versés à chaque CLD
des régions. Là, on parle d'une coupure d'environ 400 000 $. Donc, 400 000 $ sur 750 000 $,
c'est quand même énorme. Puis il faut dire que les municipalités des régions
souvent ont moins les budgets, ont
moins de budget, donc peuvent moins investir en complément des sommes allouées
par le gouvernement. Donc, 55 %
de coupures des organismes que sont les CLD, ça veut dire, dans plusieurs cas,
notamment, peut-être, par exemple,
coupures de poste ou encore coupures dans les budgets d'opération ou
d'investissement dans les entreprises. Donc, c'est des impacts qui sont
majeurs.
Au niveau des
conférences régionales des élus, vous savez, les CRE, ce sont des structures
qui étaient extrêmement importantes dans certaines régions. Je peux
comprendre, dans la région de Montréal, la région de Québec, autour des grands centres, que les CRE sont peut-être des
structures moins, je dirais, essentielles, parce qu'on a d'autres organisations
qui compensent largement ce travail-là,
mais, dans des régions comme l'Outaouais, normalement, où les gens de cette
région-là sont venus nous présenter leurs
doléances au projet de loi n° 28, je considère que c'est un élément qui va
être une décision majeure, puis c'est
un outil de développement et de concertation qui va manquer beaucoup, hein,
auprès des intervenants de ces régions-là.
Vous savez, la concertation, souvent, on dit,
c'est un prérequis au développement. Les MRC sont beaucoup mises en valeur par
le nouveau gouvernement. C'est une bonne nouvelle. Malheureusement, on
transfère 100 % des responsabilités des mandats aux MRC, mais on
accompagne à peu près à la hauteur de 60 % ces responsabilités-là. Donc, c'est une tâche supplémentaire, une lourde
responsabilité qu'on confie au monde municipal, notamment aux maires, aux élus, aux préfets mais, malheureusement, avec
à peu près 60 % du budget. Donc, c'est sûr qu'il va y avoir des décisions
qui vont être prises. Soit on va couper dans les services soit on va couper
dans les budgets d'investissement, dans les organismes,
dans les entreprises. Donc, il va y avoir des séquelles, c'est bien clair. Puis
tout l'aspect concertation, qui est
essentiel dans plusieurs régions... on a des immenses territoires à couvrir. On
parle de MRC souvent qui s'étendent sur
150, 200 kilomètres linéaires. Bien, dans une région où on a quatre, cinq,
six MRC, on parle des fois d'une région qui totalise un 600, 700, 800
kilomètres de pourtour.
Donc, ça
nous prend une structure pour veiller à la concertation, et c'était le rôle que
jouaient les CRE. Malheureusement, faute
de financement, parce qu'on sait que les CRE ont été abolies complètement — on ne parle pas de diminution de budget dans le cas des CRE, on parle
d'abolition — bien on
va devoir trouver une autre façon d'assurer la concertation. Mais,
malheureusement, les budgets ne seront plus au rendez-vous, et les MRC qui vont
décider de poursuivre leurs démarches de concertation vont devoir puiser à même des
fonds qui étaient investis ailleurs, soit dans le développement ou soit dans les services municipaux.
Donc, c'est vraiment un défi. Ça va être un défi majeur qui va vraiment viser,
là, plusieurs des régions du Québec, notamment les régions plus rurales.
Un élément
qui fait partie intégrante du budget, qui prend une grande place, c'est
également toute la question de la
stratégie maritime. Le gouvernement mise sur deux éléments majeurs, deux
dossiers porte-étendards, hein, deux navires amiraux : la stratégie
maritime et la Plan Nord.
Du côté du
Plan Nord, on voit très peu de budgets spécifiquement alloués au développement
du Plan Nord. Donc, s'il n'y a pas de
budget supplémentaire, nouveau, est-ce qu'on peut espérer que le Plan Nord va
être plus performant en 2015‑2016? Ça me surprendrait. Vous savez, pour
développer un territoire comme le nord du Québec, y amener des entreprises, voir au développement de nouveaux
secteurs d'activité économique, bien, il n'y a pas de miracle, ça prend des investissements. Malheureusement, on ne note
aucun budget supplémentaire par rapport au Plan Nord dans le budget actuel versus les années antérieures et on sait
que, dans les années antérieures, les résultats n'ont pas nécessairement été au
rendez-vous.
Du côté de la stratégie maritime, on parle
d'investissements de 1,5 milliard. On parle bien d'investissements, donc, incluant le secteur privé autant que le
secteur public. Du côté gouvernemental, on parle de 171 millions sur cinq
ans, dont 13,8 millions pour la
première année, donc 2015‑2016. 13,8 millions, bon, c'est un pas dans la
bonne direction, mais c'est un tiède
pas, hein, quand on connaît tous les défis qui se présentent dans différentes
régions qui sont localisées tout le long
du fleuve ou du golfe du Saint-Laurent. Écoutez, 13,8 millions, c'est à
peu près ce qu'on investit pour réparer un quai en Gaspésie. Donc, je souhaite la meilleure des chances à mon
collègue et ministre responsable des régions de pouvoir livrer le maximum possible avec toute la bonne
volonté qu'il puisse avoir, mais avec 13,8 millions, malheureusement,
je pense qu'on ne verra pas beaucoup
d'investissements substantiels et de projets moteurs. Parce qu'on nous a
présenté la stratégie maritime, puis
moi, je suis dans une région où on attend beaucoup de la stratégie maritime. Je
crois que la région de la Gaspésie—Les-Îles, comme la Côte-Nord, le
Bas-Saint-Laurent, est en droit d'espérer au développement de projets majeurs, de projets porteurs via cette
stratégie-là, mais, malheureusement, avec un budget de 13,8 millions, je
crois qu'il va falloir attendre
quelques années encore avant de voir les bénéfices de ce dossier, qui devait
normalement être un dossier majeur pour relever le Québec dans la
prochaine année.
Un autre élément qui est important pour les
régions ressources également, c'est toute la question des crédits d'impôt à l'investissement. Dans la section B.56,
on établit de façon claire le déploiement des nouveaux crédits et, bon, on remarque, dans la région métropolitaine, par
exemple, les crédits d'impôt à l'investissement ont été enlevés au complet.
Donc, ce n'est quand même pas une bonne
nouvelle pour la région de Montréal, qui est quand même... c'est une de nos régions qu'on doit développer, et on constate,
pour la région de la Gaspésie et des Îles, une diminution de tout près de 25 %
des crédits d'impôt à l'investissement, on
passe de 32 % à 24 %. Cette diminution-là est applicable également
aux gens de l'Abitibi, aux
entrepreneurs de la Côte-Nord. Et, du côté de la région intermédiaire qu'est le
Bas-Saint-Laurent, là, on parle d'une diminution de tout près de
33 %, du tiers, on passe de 24 % à 16 % de crédits d'impôt à
l'investissement. Donc, une diminution du
tiers. C'est quand même énorme. Dans d'autres régions plus intermédiaires, comme
la Mauricie, le
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
c'est une coupure de 50 % des crédits d'impôt à l'investissement, M. le
Président, donc, on passe de 16 % à 8 %.
• (17 h 40) •
Vous savez,
ces crédits d'impôt là à l'investissement, je me souviens, quand ça a été mis
en place, ça a été une mesure qui a
été très appréciée par les régions. Puis, ce qui était la beauté de ça, c'était
une mesure qui était régressive. On parlait
d'un pourcentage d'aide qui variait dépendamment de la localisation de la
région. Plus une région était éloignée, plus une région avait des
difficultés et des défis à relever au niveau industriel, au niveau
manufacturier, bien, plus on compensait par
l'octroi d'un crédit d'impôt pour les entreprises qui décidaient de s'implanter
dans ces régions-là. Souvent, ça
permettait, par exemple, de compenser aux coûts de transport supplémentaires,
ou encore à l'absence de main-d'oeuvre, ou aux coûts de main-d'oeuvre spécialisée plus élevés. Donc, c'est ce
qui a fait que moi personnellement, j'ai assisté à l'implantation de plusieurs entreprises dans ma
région. Et notamment on a fait valoir le bénéfice de ces crédits d'impôt là
à l'investissement, qui nous ont permis parfois de compétitionner d'autres
villes, d'autres régions qui... je dirais, qui convoitaient les mêmes entreprises. Mais, grâce à ces mesures
d'atténuation là, d'atténuation, peut-être, des difficultés que vivaient certaines régions, on a pu améliorer
notre compétitivité puis espérer avoir, sur notre territoire, des entreprises
créatrices d'emplois.
Au niveau de
la santé et services sociaux, beaucoup de coupures aussi, mais surtout une
réorganisation. Quand on dit
«coupures», il faut être honnête, là, oui, il y a des coupures, mais c'est
plus, là... ce qui me préoccupe, moi, puis ce qui préoccupe les intervenants des régions à ce niveau-là, tant le monde
de la santé que le monde communautaire et des services sociaux, c'est toute la redéfinition, le redéploiement des
services de santé. On enlève des bénévoles qui étaient sur le terrain,
qui défendaient les intérêts des régions au niveau de la santé, de longue date.
On parlait d'une quinzaine de bénévoles composant les conseils d'administration
locaux, et ces bénévoles-là sont remplacés dorénavant par des administrateurs qui vont être rémunérés et nommés
par le ministre. Donc, on passe d'un mode de représentation, sur une base volontaire, des gens de la région qui vont
être remplacés par des gens qui reçoivent une commande du ministre...
Donc, à ce niveau-là, on des inquiétudes quant à la capacité de ces gens-là
d'aussi bien défendre nos régions.
Donc, il y
aurait eu beaucoup d'autres éléments à faire valoir, parce que les impacts du
budget sont énormes dans nos régions, et j'espère avoir l'occasion de me
reprendre à un autre moment, M. le Président. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, M. le député de Gaspé, je veux vous remercier de votre intervention
sur le discours du budget. Et, pour la
poursuite du débat toujours sur le même sujet, je cède maintenant la parole à
M. le député de Chapleau pour son intervention. M. le député de
Chapleau, à vous.
M. Marc Carrière
M.
Carrière : Merci, M. le Président. Je suis, à mon tour, très
heureux de prendre part au débat sur le budget de cette année, année 2015‑2016, budget que je qualifierais
premièrement de responsable et qui nous ramène à l'équilibre budgétaire, qui est à la fois essentiel et
nécessaire pour les prochaines générations pour donner la liberté et le choix
de nos enfants, de nos
petits-enfants, pour ceux qui en ont, comme la ministre de la Famille, qui a
des petits-enfants qui tantôt seront
les interlocuteurs de demain. Donc, c'est pour ces jeunes-là, je pense, qu'il
était tout à fait nécessaire et tout à fait indispensable d'avoir un
retour à l'équilibre budgétaire.
Vous savez,
c'est le premier budget équilibré depuis les six dernières années.
Rappelons-nous la crise économique des
années 2009‑2010, où notre gouvernement à l'époque a décidé d'investir de façon
massive dans les infrastructures pour
premièrement garder les travailleurs à l'emploi et même créer des emplois. Et,
tranquillement, l'objectif, rappelons-nous, du ministre des Finances que l'on avait, Raymond Bachand, c'est un
retour à l'équilibre budgétaire en 2013‑2014. Les événements ont fait en sorte qu'il y a un nouveau
gouvernement du Parti québécois qui est arrivé, qui avait promis un retour à l'équilibre budgétaire en 2013‑2014, il y a eu des élections qui sont arrivées, et on a vu qu'il y a
eu un déficit sans précédent, dans le
sens qu'on nous annonçait un retour à l'équilibre
budgétaire, mais, lorsque
le Vérificateur général a fait le
contrôle des finances ou un avis sur les finances publiques, on
arrivait plutôt à un déficit de tout près de 3 milliards de dollars.
Ce budget,
en 2015‑2016, en est un du rétablissement des finances publiques, de un, où il y a des efforts qui sont demandés à tout le monde, et le gouvernement fait en sorte qu'il fait la majeure partie des efforts, et c'est également
un budget de développement
économique, de relance de l'économie
pour les années à venir. Donc, je
pense que c'est un budget qui
est, comme je disais, tout à fait responsable. Présentement, le Québec,
juste le remboursement de l'intérêt sur la dette, c'est 10,5 milliards de
dollars pour l'année qui vient. Ça, c'est plus d'argent que l'on met dans les
écoles primaires et secondaires au Québec.
Et ça, ça ne fait pas en sorte que la dette diminue, ça fait seulement
qu'on paie l'intérêt sur la dette. Donc, je pense que ce budget-là fait en sorte que, dans les prochaines années,
on pourra diminuer le pourcentage que
l'on met sur l'intérêt de la dette.
Et, vous savez, avec ma situation, où je vis, ma
situation géographique, j'aime toujours faire des comparables avec l'Ontario. Je vois l'Ontario, nos voisins de
mon comté, et je regarde... On a vu l'ancien ministre des Finances cette
semaine qui parlait que c'était épouvantable
que l'on ait une croissance des dépenses de 1,5 % seulement, mais
1,5 %, c'était nécessaire pour,
comme je disais, atteindre l'équilibre budgétaire. Si on se compare à
l'Ontario, cette année, nous, au
Québec, on revient à l'équilibre budgétaire, l'Ontario prévoit en 2017‑2018...
et il n'est pas certain s'il pourra l'atteindre. Et cette année leur croissance de dépenses, elle est de 0,6 %.
Donc, nous, c'est une fois et demie si on se compare à l'Ontario.
Donc,
je pense que les choix judicieux qui ont été faits dans ce budget-là, si on se
compare à l'Ontario, qui a un déficit
beaucoup plus grand que nous avons, sont tout à fait justifiés. Il y a
également la Colombie-Britannique qui est revenue à l'équilibre budgétaire en 2013‑2014. Cette année-là, la
croissance des dépenses en Colombie-Britannique était de 0,2 % au niveau des croissances des
dépenses. C'est clair que c'est un effort magistral pour chacun des ministères,
chacun des organismes, mais je pense qu'il
est temps de faire autrement, et les provinces voisines nous démontrent que
c'est possible de le faire. Et, nous, à 1,5 %, c'est un défi, c'est clair,
le président du Conseil du trésor, qui est ici, l'a clairement dit, c'est un défi auquel on va s'attarder. Et, si on regarde
cette année le budget que l'on a fait, on est exactement dans la cible qu'on avait prédite. Et on a, encore
une fois, l'ancien ministre des Finances qui disait que ce budget-là n'était
pas un budget de retour à l'équilibre
budgétaire, ce n'est pas un bilan financier. Tout à fait d'accord avec lui, ce
n'est pas un bilan, c'est un budget.
Le bilan de l'an prochain prouvera qu'on aura atteint l'équilibre budgétaire.
Et je pense qu'il n'a rien appris à
personne, que, lorsque c'est un budget, ça n'est pas le bilan. On le fera dans
12 mois. Mais je comprends qu'il peut
comprendre que, lui, de son côté, là, ce n'est pas clair, là, un budget, un
bilan, un état des résultats. Il y a un an et demi, il avait présenté un
budget pas de crédit. Donc, là-dessus, je pense qu'on n'a pas de leçons à
recevoir.
Permettez-moi également
de parler du plan économique qui est inclus dans ce budget-là avec des éléments
vraiment importants pour chacune des régions du Québec,
premièrement, le Plan Nord, la relance du Plan Nord, parce que, rappelons-nous, en 2012‑2013
et début 2014, c'était titré partout, les investisseurs qui disaient : Québec, «never again». Puis tantôt il y avait la députée de Vachon, qui
aspire à devenir chef du Parti québécois, qui parlait d'un étouffement du
développement économique. Bien, je veux la rassurer que, lorsqu'elle était là,
premièrement, elle a mis à mort le Plan
Nord, et nous dire que notre plan n'est pas une relance économique, c'est un
peu l'hôpital qui se moque de la charité quand ça vient de sa bouche, qui dit qu'il n'y a rien pour le Plan Nord.
Donc, je la rassure et je veux rassurer également le député de Gaspé, qui disait qu'il espère que le
Plan Nord va être plus performant. Je le rassure que ça va être plus performant
que lorsque c'était la députée de Vachon qui
était là, parce que les gens ne voulaient plus investir au Québec. Et même
rappelons-nous que, pendant que, nous, le
développement minier baissait pendant ces années-là, en Ontario ils ont copié
ce que l'on avait fait à l'époque et ils ont fait un développement de leur
secteur minier.
Il
y a également la stratégie maritime qui va être un élément vraiment important
du développement économique du Québec. C'est 1,5 milliard de
dollars, d'ici 2020, en investissement qui est prévu. Un autre dossier qui me
tient beaucoup à coeur, et mes collègues en ont parlé tantôt, c'est toute la
question de la forêt. Pour la première fois, notre ministre de la Forêt, de la Faune et des Parcs a annoncé, sur une
période de deux ans, un 450 millions, 225 millions par année. Ça, c'est une, sinon la première promesse
que notre gouvernement avait prise pendant la campagne électorale, qui a été
réalisée. C'est de ramener les investissements dans les travaux sylvicoles qui
avaient été coupés de tout près de 50 millions par le gouvernement
précédent.
• (17 h 50) •
Il
y a également toute la question du Plan québécois des infrastructures, toutes
les infrastructures qui seront faites dans
les prochaines années. Dans le PQI 2015-2025, c'est 88 milliards de
dollars qui seront investis et, dès cette année, c'est tout près de
10 milliards de dollars, 9,9 milliards de dollars pour être un peu
plus exact, et là-dessus il y a des ministères qui me concernent un peu plus,
celui des Affaires municipales, comme adjoint au ministre des Affaires municipales. Aussi, il y a un peu plus de
1,2 milliard de dollars qui seront investis à la fois dans les
infrastructures municipales, de loisirs,
communautaires, dans le logement social. Il y a toute la question du transport
collectif également, qui est tout près
de 1 milliard de dollars cette année. Au niveau du réseau routier, c'est
2,3 milliards de dollars qui vont être investis. En éducation et en enseignement supérieur, c'est
tout près de 2 milliards de dollars et, en santé et services sociaux,
c'est 1,5 milliard de dollars.
Tout ça va faire en sorte qu'on va améliorer nos infrastructures, qu'on va
développer de nouvelles infrastructures
et on va créer et maintenir des emplois dans toutes les régions du Québec.
Présentement, il y a le ministre des
Transports qui fait une tournée des régions et qui annonce ce qui sera fait
dans chacune des régions, et je peux vous dire que des cônes orange et l'amélioration
du réseau routier seront au rendez-vous cet été.
Dans les autres
mesures du plan économique, naturellement, l'allégement du fardeau fiscal à la
fois pour les particuliers mais à la fois
pour les sociétés va faire en sorte que ça va donner un nouveau souffle ou un
souffle pour les gens qui ont le goût d'investir dans leur business, dans leur
entreprise, et ça va donner un peu d'oxygène à chacun des ménages.
Un
autre point important dans le budget, c'est toute la question des fonds
fiscalisés. Vous avez vu que, dans le budget,
il y a une bonification de 15 % à 20 % du taux de crédit d'impôt pour
Fondaction, et là-dessus il y a la FTQ qui a dit qu'ils étaient très heureux de cette nouvelle — je vais les citer : Budget 2015‑2016.
Le Fonds de la solidarité de la FTQ, un
partenariat renouvelé avec le gouvernement au service du développement
économique québécois. La FTQ nous dit : «Le budget du Québec [...] confirme encore une fois le rôle du Fonds de
solidarité [de la] FTQ dans l'économie québécoise. En effet, avec des initiatives dans les secteurs
maritime, des mines, des pâtes et papier, de même qu'en développement régional, le fonds sera toujours au coeur du
développement économique du Québec.» Et là-dessus on salue également le... «nous sommes heureux que le ministre des
Finances renouvelle cette confiance en associant le Fonds [de solidarité]
au développement» des stratégies maritimes, des régions, etc.
Il
y a également le nouveau plan d'action gouvernemental en économie sociale où
est-ce qu'on va donner un souffle nouveau
à l'économie sociale, de 27 millions de dollars. Il y a le Chantier de
l'économie sociale, qui est probablement un des deux plus grands groupes d'experts au niveau de l'économie sociale,
qui nous disent qu'ils sont très heureux. Et la semaine dernière,
lorsque notre collègue des Finances faisait la lecture du budget, j'étais en
communication avec Patrick Duguay, qui est le président du Chantier de
l'économie sociale, qui est une sommité au niveau de l'économie sociale, qui nous... il était très heureux de voir
que l'économie sociale va avoir vraiment son rôle à jouer dans le développement
économique du Québec. Donc, si je veux citer
le chantier, ils nous disent que le budget 2015‑2016 : «Un budget qui
tient ses promesses pour le
développement de l'économie sociale...» Encore une fois, c'est une mesure de
plus qui fait en sorte que je pense qu'on pourra faire du Québec un
Québec plus prospère.
Et je
voudrais, en terminant, parce que je vois le temps filer très rapidement, au
niveau... une des mesures pour lesquelles je suis très heureux, c'est
tout le soutien à la Fondation du Dr Julien pour le développement du réseau de pédiatrie sociale. C'est
un 22 millions de dollars qui a été attribué à toute la question du réseau
de la pédiatrie sociale. Chez nous,
j'ai la pédiatrie sociale du Vieux-Gatineau, qui est dans mon coin, où le Dr
Bureau fait un job extraordinaire avec
son équipe, qui donne une chance à ces jeunes-là, qui souvent partent d'un peu
plus loin, et je veux saluer tout le travail
qu'ils font. J'ai eu le plaisir d'amener le premier ministre voir le Dr Bureau
chez nous, la ministre de la Famille également,
qui est venue passer un après-midi au centre de pédiatrie sociale chez nous,
qui est en mesure de voir tout ce qui est fait pour ces enfants-là, qui ont
besoin d'un petit coup de pouce et qui viennent d'un petit peu plus loin, et de
leur donner une chance égale, comme à
tout le monde. Donc, là-dessus, je suis vraiment très heureux. C'est quelque
chose qui va être pour notre jeunesse vraiment un élément important.
Il y a
également toute la question de la culture, hein? On voit la présidente, là, de
l'Union des artistes, Sophie Prégent, qui
salue toutes les mesures qui ont été mises au niveau de la culture, ce qui fait
en sorte que notre gouvernement, encore une fois, démontre que la culture a toute son importance. Et, dernier
élément, c'est toute la question de réalité frontalière de l'Outaouais, qui, juste la taxe sur
l'essence... où la réduction de la taxe sur l'essence, qui a été doublée chez
nous, va faire en sorte que les gens qui vont travailler à Ottawa
pourront continuer de faire leur plein d'essence chez nous, en Outaouais.
Donc, un
budget responsable, un budget qui est tourné vers l'avenir, que je souhaite que nous adoptions le plus rapidement possible. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Je vous remercie, M. le député de Chapleau, de votre intervention. Et je suis prêt à
entendre le prochain intervenant, en lui indiquant qu'il reste à peu près
2 min 30 s avant de suspendre. Alors, M. le député de Dubuc, à
vous la parole.
M. Serge Simard
M.
Simard : Merci, M. le Président. M. le Président, mon intervention se veut plus un plaidoyer à la
logique des choses après six ans de budgets
et de bilans déficitaires, M. le
Président. Je m'adresse à vous en
cette Chambre aujourd'hui pour
que les citoyens comprennent bien toute l'importance pour un gouvernement, quel
que soit-il, d'avoir un budget équilibré comme toutes les familles du Québec.
Regardons en
premier lieu l'importance pour un citoyen, pour une famille. J'ai travaillé
pendant plusieurs années dans le
domaine des institutions financières et j'ai pu voir pendant toutes ces années
les malheurs d'un budget déficitaire pour les familles et, en contrepartie, le bonheur pour une famille qu'un
budget équilibré peut leur apporter en qualité de vie et en santé physique et mentale, M. le Président. Certains diront : Voyons, c'est facile de faire un budget,
ça prend deux colonnes de
chiffres : une colonne de recettes et une colonne de dépenses. Mais, M. le Président, le secret, quand on a fait
un budget, c'est faire des choix, C'est ça qui est le
défi : faire les bons choix, M.
le Président. Si l'on regarde dans le dictionnaire la définition d'«un budget»,
c'est la suivante, je la cite : «L'ensemble des prévisions annuelles
relatives aux dépenses et aux
recettes de l'État, d'une collectivité, d'un service public, d'une entreprise
ou d'un particulier.» Dans cette
définition, M. le Président, il y a les mots «prévision annuelle», dont la
définition... dans le dictionnaire toujours — je
la cite : «L'appréciation de l'évolution des tendances passées et actuelles et leurs conséquences futures.» Des
prévisions financières non fiables, ça a des conséquences futures importantes,
M. le Président. Si l'on regarde et analyse ces deux définitions, voyons ensemble ce que ça peut faire, qu'est-ce que ça veut dire,
d'abord, pour un individu et sa famille.
Ayant
travaillé comme bénévole pendant plusieurs années à la réalisation de budgets
auprès des jeunes couples qui
débutaient dans leur vie commune et également pour des familles qui devaient redresser leur budget
déficitaire parce qu'elles étaient aux prises avec un problème de
consommation, de toute sorte, de santé, de perte d'emploi, etc., je veux dire
à tous ceux qui nous écoutent que le grand
défi, lorsque l'on redresse un budget, c'est justement, encore une fois, de
faire des choix. C'est extrêmement
difficile. La plupart des gens qui relèvent ce défi avec brio peuvent espérer
un avenir selon leurs attentes et
combler leurs désirs selon leurs prévisions. En effet, ce sont des gens qui se
sont pris en main, qui ont fait le
choix nécessaire et qui maintenant peuvent avoir accès à leurs choix prioritaires
au niveau de la consommation de biens, de l'éducation de leurs enfants
et à une vie où le stress est beaucoup moins présent.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, M. le député, je vous remercie, mais, compte tenu de l'heure...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Oui, oui, ça ne fait aucun doute. Les travaux sont ajournés. Mais vous pourrez
continuer votre intervention, puisqu'il vous reste du temps pour intervenir.
Ajournement
Alors, les travaux sont ajournés à jeudi 2 avril,
à 9 h 45.
(Fin de la séance à 18 heures)