Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Neuf heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Garon): J'inviterais les gens à
prendre place si on ne veut pas finir à minuit, en vue de recommencer
demain matin. Un petit peu de discipline va être la bienvenue pour que
les choses se fassent à temps. Est-ce que nous avons quorum, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, nous avons
quorum.
Le Président (M. Garon): Est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme
Carrier-Perreault (Chutes-de-la-Chaudière) est remplacée par M.
Léonard (Labelle), Mme Juneau (Johnson) par M. Bourdon
(Pointe-aux-Trembles) et M. Lazure (La Prairie) par Mme Marois (Taillon).
Le Président (M. Garon): Je déclare la
séance de la commission de l'aménagement et des
équipements ouverte, et je vais rappeler le mandat de la commission qui
est de procéder à des consultations particulières et tenir
des auditions publiques dans le cadre de l'étude du projet de loi 145,
Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant les finances
municipales. M. le secrétaire va vous donner lecture de l'horaire de la
journée.
Le Secrétaire: Ce matin, il y a les déclarations
d'ouverture suivies des auditions, dans l'ordre, de l'Union des
municipalités du Québec et de la Communauté urbaine de
Montréal. En après-midi, il y a la reprise avec la Chambre de
commerce du Québec, l'Institut de développement urbain du
Québec, la ville de Québec et, en soirée, la Chambre de
commerce du Montréal métropolitain, le Conseil
québécois du commerce du détail, la
Fédération des policiers du Québec, la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante et la
ville de Saint-Romuald.
Le Président (M. Garon): Est-ce qu'il y a des ententes? Il
y a des ententes qui sont intervenues entre les parties concernant le partage
du temps et il y a un horaire. Je pense bien que les différentes parties
doivent avoir cet horaire qui dit le temps convenu pour entendre les
différents organismes. On m'a avisé qu'on avait convenu que ce
serait un tiers pour les intervenants, un tiers pour le parti
ministériel et un tiers pour le parti de l'Opposition. Comme je pense
bien que ça va être une bonne chose de finir à minuit parce
que des parlementaires qui sont reposés travaillent beaucoup mieux que
des parlementaires qui sont fatigués et que minuit, pour recommencer le
lendemain matin, c'est une heure plus que raisonnable, alors, je voudrais
immédiatement convier le ministre.
Là, je vous ferais remarquer que nous avons pris quelques minutes
de retard que nous essaierons de compenser au cours de la journée. Je
voudrais convier le ministre parce que le temps que vous allez prendre en trop,
on va le prendre sur l'heure du dîner ou sur l'heure du souper, en vue de
finir à minuit ce soir; ça prend des consentements pour
dépasser minuit et je suis convaincu que vous ne l'aurez pas. Alors, je
voudrais convier le ministre à prendre la parole pendant 15 minutes,
ensuite le porte-parole de l'Opposition, et un député
indépendant pendant 5 minutes. M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je ne prendrai peut-être
même pas 15 minutes ce matin, parce que je pense que nous avons dit tout
l'essentiel au sujet des objectifs et des principes du projet de loi 145 dans
le cadre du débat assez long que nous avons eu dans le salon bleu sur le
principe du projet de loi.
Comme vous le savez, l'Assemblée nationale a voté hier
soir, vers la fin de la soirée, le principe du projet de loi. Donc, les
grandes orientations, les objectifs fondamentaux inscrits dans le projet de loi
145 ont fait l'objet de l'approbation de l'Assemblée nationale, ce qui
veut dire que nous ne remettons pas en cause ces éléments
fondamentaux essentiels du projet de partage renouvelé de
responsabilités entre Québec et les municipalités.
Ce projet nous paraît nécessaire dans le contexte actuel -
j'ai eu l'occasion de m'en ouvrir à d'innombrables reprises au cours des
derniers mois - en raison d'une conjoncture économique non seulement
québécoise mais canadienne et même internationale, qui
oblige les pouvoirs publics à tous les échelons de
responsabilité à resserrer leur contrôle sur leurs
initiatives, leurs engagements et leurs responsabilités. Un
élément qui apparaît de plus en plus nécessaire dans
cet exercice de révision souvent déchirant, c'est celui qui
invite chaque palier de gouvernement à sortir des domaines où il
ne devrait pas être impliqué et à assumer, en contrepartie,
de manière aussi plénière que possible, les
responsabilités qui lui incombent en propre.
Dans une réponse qu'il donnait à une
question du chef de l'Opposition à l'Assemblée nationale
hier, le premier ministre indiquait que le gouvernement entend mettre l'accent,
au cours des mois à venir, sur la notion de fédéralisme
efficace, c'est-à-dire un fédéralisme qui fonctionne dans
le respect des éléments essentiels d'un régime
fédéral, mais en même temps qui mette carrément
nettement le cap sur l'efficacité, c'est-à-dire sur
l'élimination des redondances, la lutte aux duplications et la
disparition de toutes les formes de mécanismes artificiels qui ont
pullulé littéralement dans nos structures publiques depuis la fin
du dernier conflit mondial. Nous sommes les héritiers d'une série
de décisions politiques prises à tous les niveaux, qui
étaient souvent prises sans qu'on eût nette conscience des
conséquences pratiques qui allaient en découler. Le temps est
venu de faire le ménage; nous le commençons. Je ne pense pas que
personne puisse jamais prétendre que le dernier mot ait
été dit en ces choses.
L'exercice que nous faisons autour du projet de loi 145 n'est que l'un
des multiples exercices auxquels s'est astreint et devra continuer de
s'astreindre le gouvernement dans tout ce qui touche la gestion des finances
publiques dans les années à venir. Moi-même, j'ai
oeuvré dans le secteur de l'éducation pendant cinq ans. Ce fut
l'une de mes pensées directrices, de mettre plus de discipline dans
l'éducation. Les premières fois qu'on partait de ça.
ça scandalisait les gens qui disaient: Le ministre de l'Éducation
veut nous ramener au Moyen Âge. Puis, à mesure qu'ils se sont
rendu compte que c'est une notion extrêmement vivante, la discipline,
extrêmement dynamique et extrêmement moderne aussi, parce qu'elle
est devenue essentielle pour qu'une société puisse tenir sa place
dans la famille des sociétés humaines. À mesure qu'on se
rendait compte de ça, on disait: Peut-êtreque la voie
paraît difficile, mais elle débouche sur des horizons joliment
plus Intéressants que la voie de la facilité, laquelle ne peut
déboucher que sur une dépendance sans cesse accrue.
Alors, voilà le sens profond de l'exercice qu'entame le
gouvernement. Nous ne prétendons pas que tout soit parfait dans les
orientations proposées par le gouvernement, pas du tout. Nous savons
très bien que d'autres personnes eussent pu concevoir un schéma
tout aussi défendable que celui qui a été mis de l'avant,
mais nous l'avons mis de l'avant, dans certains cas depuis déjà
plus d'un an. Toute la partie concernant le transport en commun fut
dévoilée dans le discours sur le budget du 26 avril 1990 et n'a
pris personne par surprise. Par conséquent, on a eu le temps de se
préparer aux conséquences découlant de la décision
qui avait été clairement entrevue dans le discours sur le budget
dès le 26 avril 1990.
Quant aux autres orientations, nous les avons définies dans un
document qui fut publié en même temps qu'il fut remis aux
porte-parole des municipalités le 14 décembre dernier. Si je
compte bien, depuis le 14 décembre, iI s'est écoulé plus
de six mois. Alors, nous avons eu le temps de faire les débats
nécessaires. Je pense que tous les points de vue ont pu s'exprimer
librement, et maintenant que l'Assemblée nationale s'est
prononcée, nous passons à l'étape do l'examen des
modalités, des améliorations possibles.
À ce sujet, je voudrais signaler que nous demeurerons ouverts,
jusqu'à la dernière journée des travaux de la commission
parlementaire, à toutes les améliorations que l'on pourra
proposer en vue de rendre le projet de loi plus cohérent, plus pratique
aussi et plus compréhensible pour tout le monde. Si on nous signale des
dispositions qui ne résistent pas au test de la réalité,
nous n'avons aucune espèce de raison de nous entêter à
vouloir maintenir de telles dispositions à tout prix. Si on veut nous
signaler des améliorations qui permettraient de réaliser des
objectifs maintenant approuvés par l'Assemblée nationale, suivant
des modalités plus ou moins variables, ce sont toutes des choses qui
sont de l'ordre non seulement du possible, mais du hautement souhaitable, et
c'est dans cet esprit, encore une fois, que nous abordons les travaux de la
commission parlementaire.
Le gouvernement a tenu, malgré le temps limité dont
dispose l'Assemblée nationale à ce temps-ci de l'année,
à ouvrir l'éventail des consultations avec les groupes de la
manière la plus large possible, toujours en compatibilité avec
les contraintes de temps dont nous devons tenir compte. Il eût
été facile, de nôtre côté, d'Insister pour
qu'il y eût seulement une journée d'auditions particulières
à ce moment-ci. Nous avons tenu à ce que l'éventail soit
plus large et nous sommes venus à ces consultations dans un esprit
d'écoute et de dialogue. Nous écouterons avec respect les
présentations qui nous seront faites. Nous dialoguerons avec nos
Interlocuteurs.
Je suis convaincu, m'appuyant en ceci sur l'expérience du
passé, que ces trois jours de commission produiront des résultats
fructueux pour l'exercice que notre mandat nous invite à accomplir
ensemble. Je suis assuré de traduire la pensée de mes
collègues de la députation ministérielle en exprimant ces
dispositions d'ouverture, d'écoute et de collaboration. Et pour ne pas
hypothéquer davantage le temps limité dont nous disposons,
étant donné le léger retard que nous avons pris au
début de nos travaux, je terminerai ici mes considérations
d'ouverture, M. le Président.
Le Président (M. Garon): Je vous remercie, M. le ministre.
M. le porte-parole de l'Opposition et député de
Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: M. le Président, je voudrais
d'abord souhaiter la bienvenue au ministre des Affaires municipales et
à tous ceux et celles qui l'accompagnent aujourd'hui. Mes remarques
d'ouverture seront brèves. Je pense que pas mal de choses ont
été dites depuis le 14 décembre 1990, et même avant,
devant l'intention du gouvernement, aujourd'hui, de concrétiser de
refiler aux municipalités et aux contribuables une facture
substantielle. Nous avons eu l'occasion, le ministre des Affaires municipales
et moi, d'échanger sur cette question à plusieurs reprises depuis
le dépôt de ses propositions. Il connaît donc ma position et
celle de ma formation politique. Elle n'a pas changé depuis
décembre 1990.
Je ne referai pas encore une fois l'historique du dossier, tout cela
ayant été dit et répété maintes fois. La
situation à laquelle nous devons faire face est la suivante: D'une
façon bâclée et improvisée, le gouvernement jette
dans la cour des municipalités 400 000 000 $, qu'elles devront à
leur tour récupérer dans la poche des contribuables. Ce faisant,
le gouvernement vient chambarder complètement le régime fiscal
municipal du Québec, tout en portant un dur coup au transport en commun
qui aura peine à survivre à ce désengagement.
Qui plus est, le projet de loi qui est devant nous, dont plusieurs
facettes n'avaient jamais été abordées auparavant, du
moins publiquement, sera étudié à toute vapeur, sous la
menace d'une motion de clôture qui nous empêchera de scruter tous
les articles un à un. Aurons-nous vraiment le temps de discuter de la
fiscalité industrielle des raffineries, sujet qui n'était
d'aucune façon traité dans le document déposé
à la table Québec-municipalités du 14 décembre 1990
- de l'ouverture des baux de plusieurs entreprises pour augmenter leur loyer,
de la création d'un fonds des contributions des automobilistes au
transport en commun, de la surtaxe aux entreprises, de la taxe sur les
stationnements, de la taxe d'affaires, des droits sur les divertissements, des
mutations immobilières, de la grille de tarification des services de la
Sûreté du Québec, et j'en passe. Non, M. le
Président, le gouvernement préfère que tout se fasse en
vitesse avec le moins de débats possible. Bien sûr, devant une
opposition d'à peu près tout le monde au Québec, il a
dû se résigner à tenir des consultations, mais encore
là, en trois jours et demi, de 9 h 30 le matin à minuit, nous
entendrons 32 groupes, un vrai marathon.
M. le Président, nous avons devant nous un projet de loi
très fortement contesté, aux conséquences
dévastatrices. La démocratie en prend pour son rhume. Quand on
pense que certains de ses aspects ne seront même pas discutés en
commission parlementaire, cela est très décevant et très
inquiétiant. J'espère que le ministre tirera profit de ce qu'il
va entendre au cours de ces trois jours. Ou bien, est-ce le prix à payer
par le gouvernement pour démontrer qu'il est toujours à
l'écoute de ses interlocuteurs, mais sans véritable
volonté de changer quoi que ce soit à ses intentions; ce ne
serait pas la première fois que cela se produirait. Enfin, le ministre
peut encore, s'il le veut, retirer le projet de loi 145, profiter de
l'été pour discuter véritablement avec tous les
intervenants concernés et revenir à l'automne avec une
proposition cohérente, structurée et acceptable.
Voilà, M. le Président, en quelques mots, les
premières remarques ou les premiers commentaires que j'avais à
dire au début de cette commission. Je pense qu'il est plus que temps que
nous écoutions ceux et celles qui auront à vivre et à
gérer le délestage du gouvernement québécois.
Le Président (M. Garon): Est-ce qu'il y a d'autres membres
de la commission qui veulent formuler des remarques préliminaires?
Alors, puisqu'il n'y a pas de manifestations d'intention de parler, je vais
immédiatement convier l'Union des municipalités du Québec
à prendre place à la table des témoins, selon l'ordre
convenu. Je dois féliciter les parlementaires; nous sommes maintenant en
avance sur notre horaire. Ça n'arrive pas souvent.
M. Dufour: Le Président a collaboré avec nous. On
va vous aider à vous...
Le Président (M. Garon): Aidez-nous à vous aider.
Ha, ha, ha!
M. Bourdon: II y a un adage américain de parlementaires
qui dit: "Other days, other ways". Ha, ha, ha!
Auditions
Le Président (M. Garon): Ha, ha, ha! Alors, je voudrais
rappeler à l'Union des municipalités du Québec qu'ils ont
une heure et demie pour présenter leur point de vue, à partir de
maintenant. J'aimerais demander au porte-parole de s'identifier et de
présenter ceux qui l'accompagnent.
Union des municipalités du
Québec
M. Blackburn (Ulric): Alors, merci, M. le Président. M. le
Président, M. le ministre des Affaires municipales, Mmes et MM. les
députés. Je me présente, je suis Ulric Blackburn, maire de
Chicoutiml et vice-président de l'Union des municipalités du
Québec. J'ai avec moi, à ma droite, M. Normand Mandeville, membre
du bureau de direction de l'UMQ, qui est maire de Dubuisson et préfet de
la MRC de Vallée-de-l'Or; à ma gauche, M. Jean-Léon
Marquis, membre du bureau de direction, qui est maire de
Rivière-du-Loup; M. Raymond L'Italien à ma droite, qui est
le directeur général de l'union des municipalités
du québec et m. pierre prévost, directeur de la recherche de
l'union des municipalités du québec. m. le
président...
Le Président (M. Garon): M. le maire, on a une heure et
demie avec l'Union des municipalités. Comme je l'ai dit tout à
l'heure, le temps est partagé, un tiers, un tiers, un tiers. Vous avez
un tiers pour faire votre exposé, un tiers pour le parti
ministériel et un tiers pour l'Opposition officielle. Maintenant, si
vous prenez moins de temps, le surplus de temps sera divisé
moitié-moitié entre les deux groupes parlementaires et si vous en
prenez plus, ce qui ne vous est pas interdit, vous pouvez prendre toute l'heure
et demie, si vous voulez, mais à ce moment-là, il n'y aura pas de
questions. Le temps que vous ne prendrez pas, si vous prenez plus de 30
minutes, sera réparti également entre le parti ministériel
et l'Opposition officielle. Alors, à vous la parole.
M. Blackburn (Ulric): M. le Président, ça ne
prendra pas 30 minutes. J'ai résumé mon exposé. Le
mémoire, vous l'avez dans vos dossiers, mais le résumé
explique très bien la position de l'Union des municipalités. Vous
me permettrez, avant de commencer, d'excuser M. Ralph Mercier, notre
président de l'Union des municipalités, qui avait prévu
passer à la commission parlementaire - dans le temps, je pense que
ça devait commencer le 30 - M. Mercier avait déjà
planifié depuis quelques mois un voyage à l'extérieur du
pays, et je l'excuse ce matin ne pas être ici. Mais ça me vaut le
plaisir de vous rencontrer et de présenter le mémoire de l'Union
des municipalités du Québec.
M. le Président, mesdames, messieurs, M. le ministre, l'Union des
municipalités du Québec est le plus important organisme de
représentation municipale au Québec. Les quelque 300
municipalités qu'elle regroupe représentent 80 % de la
population. Les MRC et communautés sont également
présentes en majorité à l'UMQ. Son conseil
d'administration est formé de représentants de toutes les
régions du Québec. La mission de l'UMQ est de promouvoir le
rôle fondamental du gouvernement local et de défendre les
intérêts des municipalités, MRC et communautés
urbaines, en regard des besoins et des aspirations des citoyens dans leur
milieu de vie. L'UMQ paraît aujourd'hui devant cette commission afin de
faire entendre raison au gouvernement sur l'opportunité d'adopter la
réforme fiscale improvisée et socialement inacceptable
proposée dans le projet de loi 145.
Nous venons de vivre, à l'UMQ, un congrès historique qui
s'est déroulé dans un climat politique extrêmement tendu.
Nos assises annuelles ont néanmoins donné lieu à des
délibérations fructueuses sur la décentralisation des
pouvoirs et responsabilités entre Québec et les municipa-
lités. Ces délibérations nous ont également
amenés à réfléchir sur le rôle des
municipalités et des élus municipaux. Nos conclusions ont
été, à ce chapitre, unanimes. Nous vivons actuellement une
crise de confiance entre élus. Le contexte à partir duquel
s'élaborent les relations entre deux paliers de gouvernement, dont la
légitimité origine de la volonté démocratiquement
exprimée par la population, doit obligatoirement en être un de
respect mutuel. C'est à ce type de relations donnant lieu à un
véritable partenariat et profitant à l'ensemble des contribuables
québécois, que s'était habitué l'ensemble des
municipalités du Québec, de la part du gouverne ment, depuis
l'intense période de négociations ayant mené à la
conclusion du pacte fiscal de 1980.
Les assauts répétés que viennent de subir les
relations jadis harmonieuses entre Québec et les municipalités
vont laisser d'inévitables séquelles. Le gouvernement a en effet
démontré qu'il n'hésitait pas utiliser son pouvoir
tutélaire envers les municipalités pour ramener ces
dernières à de simples excroissances gouvernementales,
subordonnant du coup leurs priorités de développement à
ses nécessités budgétaires de court terme. Toutefois,
l'aspect le plus tragique à moyen terme, pour la population
québécoise, a échappé totalement au gouvernement.
Il est resté sourd aux propositions de l'UMQ d'entamer un dialogue
constructif sur la nécessaire décentralisation à effectuer
dans l'administration publique.
De fait, le monde municipal reconnaît et souhaite un nouveau
partage de responsabilités avec Québec. Au fond, ce que les
élus municipaux revendiquent est fort simple: envisager la
problématique de la décentralisation dans une approche globale;
mais le gouvernement ne veut rien entendre. Serait-ce une question de manque de
vision et de leadership qui l'a empêché jusqu'à maintenant
de s'engager dans un véritable débat de fond sur la question? (10
heures)
Au cours des derniers mois, l'UMQ n'a pas ménagé ses
efforts afin de rétablir un dialogue constructif entre les parties, mais
ce fut en vain, sinon pour obtenir un allégement peu significatif de ce
qui, somme toute, constitue tout de même une augmentation de taxes de
l'ordre de 400 000 000 $ pour les contribuables du Québec. La crise
à laquelle sont confrontés aujourd'hui le gouvernement du
Québec et les municipalités s'est développée sur la
base d'une incompréhension mutuelle. Depuis la présentation du
budget du Québec pour l'année 1990-1991, il est apparu que les
prétentions gouvernementales à l'endroit de la fiscalité
locale s'appuyaient sur deux affirmations. Premièrement, le gouvernement
estimait à 1 300 000 000 $ la sous-utillsatlon relative du champ
d'Impôt foncier au Québec par rapport à l'Ontario.
Deuxièmement, le gouvernement faisait face à un problème
structurel de l'ordre de plus de 700 000 000 $ annuellement,
ses prévisions de dépenses dépassant
systématiquement ses prévisions de revenus autonomes. L'UMQ a
techniquement réfuté ces deux arguments.
Par la suite, l'argumentation gouvernementale visait avant tout à
lui éviter de porter l'odieux des hausses de taxes qu'il entendait faire
supporter au niveau local, malgré le fait que ces hausses de taxes aient
été commandées par sa propre activité et non par
celle des municipalités. L'opération "job de bras" confiée
à l'actuel ministre des Affaires municipales sautait aux yeux. Il n'en
demeure pas moins que l'Union des municipalités a cru longtemps,
à tort, dans le sérieux de la tenue d'assises
Québec-municipalités, agréées par le premier
ministre lui-même et qui a également fait l'objet de la
création d'un comité ministériel.
Le 14 décembre dernier, c'est pourtant une proposition
improvisée qui nous attendait, dont l'ultime objectif visait le
désengagement financier de Québec dans certains champs de
compétence. Aujourd'hui, même allégée, la
proposition conserve une odeur d'opportunisme fiscal dénué de
toute logique.
Il nous semble humblement que le gouvernement devrait rapidement se
rendre à l'évidence qu'il ne peut plus régler ses factures
à la petite semaine sans reconnaître d'autres horizons que ceux de
ses rentrées hebdomadaires de fonds. Substituer ce mode de
fonctionnement à une politique budgétaire, c'est mal
gérer. Mais Inclure les municipalités à ce processus
contre leur volonté, en leur faisant éponger des parties de
déficits, c'est remettre en cause la légitimité du
gouvernement municipal.
Sans doute pour justifier son propre manque de rigueur et d'orientation,
le gouvernement a ainsi pris à partie les municipalités. Quand ce
n'était pas pour les règlements salariaux généreux
que certains avaient consentis à leurs fonctionnaires, c'était
à l'égard de l'existence de soi-disant faramineux surplus
budgétaires ou encore à propos de la nécessaire
contribution de chacun à la réduction du déficit.
En premier lieu, permettez-moi de vous rappeler que l'UMQ a maintes fois
cherché à obtenir du gouvernement que celui-ci rétablisse
les droits de gérance des municipalités dans leurs difficiles
négociations avec les syndicats policiers, dont les effets des
arbitrages consentis par des tiers se répercutent sur les demandes des
autres groupes d'employés municipaux comme une traînée de
poudre. De plus, on se demande pourquoi le gouvernement n'a pas choisi
récemment d'inclure les employés des municipalités dans
l'entente de gel salarial avec ses propres employés, entente qui fait
l'objet du projet de loi 149 actuellement à l'étude.
N'oublions pas que la délégation de pouvoirs de gestion
publique consentie aux municipalités par l'Assemblée nationale
n'inclut pas de moyens législatifs pour régler les
différends salariaux.
Déjà en 1982, le gouvernement utilisait sa
prérogative de législateur pour établir un
équilibre entre la capacité de payer de la population et le
niveau salarial de ses fonctionnaires, sans toutefois étendre ce
privilège aux municipalités. L'écart prétendu de
rémunération favorisant les employés municipaux,
comparé à leurs collègues du secteur privé et de la
fonction publique provinciale, s'il existe, est probablement le fruit de cette
négligence gouvernementale de 1982 et risque de s'accentuer en 1991 si
le gouvernement n'y voit pas immédiatement. quant à la
présumée richesse des municipalités ou à l'espace
fiscal existant dans le champ foncier au québec, l'umq y a
déjà apporté ses réponses. qu'il suffise de
rappeler ici que, contrairement aux allégations gouvernementales
identifiant un écart favorable de 17 %, les québécois sont
déjà plus lourdement taxés par rapport à leur
richesse foncière que ne le sont les ontariens, dans une proportion de
11,7 %. il n'y a là aucun espace fiscal disponible. ou bien le
gouvernement calcule mal ou bien il se fout carrément des contribuables.
au moment où le gouvernement du québec plaide auprès du
fédéral en faveur de la réforme des programmes de
transfert et de relâchement des normes et contraintes que lui impose ce
dernier, l'ironie du sort fait qu'il refuse de s'astreindre lui-même
à un exercice sérieux et structuré avec ses partenaires
obligés qui sont les gouvernements municipaux. il ne faut pas se
méprendre sur les attributs des municipalités. malgré la
désinvolture du gouvernement à leur égard, de par leur
légitimité démocratique, de par leur importance
financière, de par leur capacité administrative également,
les municipalités sont devenues, au fil des ans, des gouvernements
dignes de ce nom et entendent, au nom des citoyens qui les mandatent, se faire
respecter comme tels. si la constitution oublie de le reconnaître, c'est
bien là une de ces faiblesses à laquelle il faudra
remédier au plus tôt. le gouvernement doit conséquemment
faire table rase de cette réforme improvisée à laquelle
nous sommes confrontés depuis des mois. reporter l'étude du
projet de loi 145 et remplacer l'affrontement par le dialogue, c'est bien peu
demander, compte tenu des impacts majeurs qui résulteraient d'une
réforme imposée par le gouvernement. une réforme qui, en
outre, représenterait, pour l'année budgétaire 1991-1992,
moins de 100 000 000 $ pour le gouvernement.
Alors quelle est l'urgence de tout chambarder dans la fiscalité
municipale? Pourquoi risquer de mettre fin aussi brutalement à 10 ans de
paix sociale et de partenariat avec le monde municipal? Nos récentes
assises annuelles nous ont disposés plus que jamais à une
nouvelle répartition des responsabilités avec le gouvernement.
L'UMQ s'affaire d'ailleurs actuellement à la préparation d'une
série de journées d'étude pour cet automne, visant
à faire progresser la
réflexion sur la décentralisation et à engager le
débat au sein même du monde municipal. À notre avis, les
seuls objectifs que doit poursuivre tout l'exercice structuré global de
décentralisation se résument, au fond, à alléger le
fardeau fiscal global des contribuables tout en augmentant le rapport
qualité-prix dans la fourniture des services publics.
Le moment est peut-être venu pour le gouvernement de faire preuve
d'ouverture et de responsabilité devant le citoyen contribuable qui nous
élit tous, que ce soit à Québec ou dans sa
municipalité, sa communauté. Quant à nous, c'est l'esprit
qui nous anime dans la détermination des objectifs et le choix des
moyens à prendre pour en arriver à une décentralisation
réussie. Il s'agit aussi et surtout de permettre au gouvernement du
Québec de prendre un second souffle, d'alléger sa structure et de
s'attaquer plus efficacement aux nouvelles réalités sociales.
Il s'agit enfin d'un tout autre exercice que celui auquel nous avons
été conviés jusqu'à maintenant. Ainsi, en
matières de voirie locale, alors qu'aucune étude préalable
n'a été faite quant à la qualité du réseau
transféré, le gouvernement entend transférer nominalement
la responsabilité de l'ensemble du réseau, tout en continuant
à en subventionner pour l'instant plus de 95 %. Quel beau retour
à l'ère duplessiste.
Est-ce de la décentralisation ou de l'abolition du réseau
routier dont on parle? Au chapitre des services policiers, le gouvernement ne
s'intéresse qu'à l'aspect financier de la question,
négligeant l'ensemble des questions techniques et administratives qui
commandent pourtant de nombreux changements. Cette réforme
réglera-t-elle le partage des coûts de la police judiciaire? Non.
Offrira-t-elle à certaines municipalités la possibilité de
se départir de leur corps de police en échange d'une tarification
pour les services de la Sûreté du Québec? Non plus.
Quant au transport en commun, le Québec vise à devenir le
seul État de taille comparable en Amérique du Nord à se
retirer complètement du financement des opérations d'un service
qu'il considère maintenant comme de nature purement locale, contredisant
l'ensemble de sa politique des 15 dernières années à cet
égard.
Combien de centaines de millions auront été investis en
pure perte s'il ne révise pas immédiatement l'esprit et la lettre
de son désengagement dans ce secteur? La planification urbaine ne se
fait pas en quelques mois. Elle exige des années de stabilité
dans les politiques mises de l'avant par les administrations publiques. Le
transport en commun ne fait pas exception, surtout quand on sait qu'il fait
partie de cette catégorie de services qui ne peuvent être
rentables financièrement, même si d'un point de vue social et
environnemental, ils sont de la première importance pour une
agglomération urbaine.
En ce qui concerne la mesure fiscale incluse dans la réforme, que
dire de la diminution des "en-lieu" de taxes payés à
l'égard des écoles primaires et secondaires. Quelqu'un peut-Il
affirmer ici aujourd'hui qu'une école requiert moins de services
publics municipaux qu'un commerce? Bien sûr que non. Peut-on alors
invoquer que les clientèles des polyvalentes sont essentiellement
locales? Pas davantage, surtout que les polyvalentes ont été
créées lors de la régionalisation scolaire des
années soixante. Alors, quelle est la logique qui sous-entend une
diminution des "en-lieu" de taxes?
Enfin, les municipalités ont besoin de pouvoir compter sur un
environnement financier et fiscal stable afin de planifier adéquatement
leurs besoins en capitaux. Mais qu'en sera-t-il du coût du capital qui
sera consenti aux municipalités si la situation financière des
municipalités redevient précaire? Ce coût augmentera. Les
municipalités vont devoir payer une prime de risque accrue, elles qui
consacrent déjà 24 % de leur budget au service de la dette.
Aucune étude d'impact n'a été réalisée par
le gouvernement pour dissiper les craintes légitimes des
municipalités à cet égard. Et je dois ajouter que le
gouvernement, lui, je pense que c'est 16 % de son budget qui est dévolu
à la dette.
Voilà autant de preuves, s'il en fallait, du caractère
improvisé de la réforme. En conclusion, il est encore temps pour
le gouvernement de retenir la machine avant qu'elle ne s'emballe. Nous vous
enjoignons de prendre en considération les avis et les recommandations
concernant le projet de loi 145 émis par l'UMQ et par tous les
intervenants, dont une majorité sont de nos propres membres, et d'en
reporter l'étude, le temps d'entamer de véritables
négociations concernant un nouveau partage des
responsabilités.
Lorsqu'on accepte d'assumer le pouvoir, on doit le faire avec
humilité et respect de nos électeurs. L'intérêt des
citoyens doit conséquem-ment primer toute autre considération,
partisane ou autre. Nos institutions démocratiques nous ont
habitués et nous obligent mutuellement à plus de respect et
à plus de collaboration entre nos deux ordres de gouvernement. À
défaut d'un tel cheminement, nous nous enfoncerons à très
court terme dans une crise de confiance durable qui remettra en cause pour
longtemps la légitimité démocratique des élus
municipaux du Québec.
Nous invitons aujourd'hui le gouvernement à préparer,
conjointement avec le monde municipal, une société
québécoise forte, animée par une stabilité
économique incomparable et une prospérité qui fera l'envie
de tous. En réponse au projet de loi 145, pour le bénéfice
de nos citoyens, nous ne pouvons, M. le ministre, que répondre: Non,
merci. (10 h 15)
Le Président (M. Garon): Alors, comme vous avez pris 20
minutes, il reste 70 minutes que nous partageons également entre le
parti ministériel et le parti de l'Opposition. Maintenant, |n
veux vous dire qu'on va arrêter de façon ferme après
le temps, et si un parti veut ne pas questionner d'une traite, il n'y a pas
d'objection à ça. Si le parti ministériel voulait prendre
20 minutes, puis après ça, faire une alternance... J'ai compris
que le ministre aimerait ça, garder des minutes à la fin pour
faire une conclusion, alors Je ne sais pas comment ça va fonctionner
exactement, en vertu de la règle de l'alternance, mais ça va
dépendre un peu de chacun de vous pour garder des minutes à la
fin pour terminer les conclusions. M. le ministre.
M. Ryan: m. le président, c'est seulement une suggestion
que je vous fais; nous allons nous fier à votre manière de
conduire les débats, qui a toujours été cordiale avec
nous. on vous aime comme président de commission, on vous aime encore
mieux que comme membre de l'opposition au salon bleu. vos suggestions seront
pour nous autres des volontés, avec peut-être la réserve
suivante. peut-être qu'au début, chaque parti pourra prendre 15 ou
20 minutes pour exposer son point de vue, poser quelques questions puis,
après ça, si, pour animer la discussion, vous procédez
plus librement, je n'aurai aucune objection. vous passerez d'un
côté à l'autre, comme vous le jugerez opportun,
l'égalité du temps demeurant la règle fondamentale.
M. Blackburn (Ulric): M. le Président, je ne comprends pas
tellement quand M. Ryan parle. Si vous permettez, j'aimerais, si c'était
possible, qu'on entende mieux que ça. Je m'excuse, mais on ne comprenait
pas ce que M. Ryan disait.
M. Ryan: M. Blackburn, vous me connaissez mal. Les trois ou
quatre premières minutes, quand je parle, je ne dis jamais rien.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Ça fait que vous ne manquez rien, mais
après ça, quand la substance commence à sortir, c'est plus
fort.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Garon): Peut-être que M. Blackburn
voulait faire allusion à ce que son exposé vous avait amorti un
peu.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Regardez, il y aurait bien des choses à dire au
sujet de la présentation qui vient de nous être faite, dont
j'apprécie le sérieux. J'en profite pour dire à l'Union
des municipalités du Québec que nonobstant les divergences de
vues qui nous séparent sur un certain nombre de points, nous sommes
toujours heureux de collaborer avec cet organisme qui regroupe 80 % des
municipalités du Québec. Nous avons eu de nombreuses
réunions constructives au cours des derniers mois, nonobstant les
impressions qui ont pu être créées dans le public par une
propagande qui n'est pas toujours au diapason des véritables
conversations qui avaient eu lieu.
Nous comprenons les nécessités stratégiques ou
tactiques qui ont pu dicter certaines interprétations données
publiquement, mais moi, j'ai conservé, en tout cas, le souvenir de
plusieurs réunions où, par-delà les différences,
les porte-parole de l'Union des municipalités ont loyalement
cherché à faire des propositions dont un certain nombre ont
été retenues par le gouvernement, d'ailleurs.
Je voyais, en lisant le mémoire que M. Blackburn nous a
communiqué, qu'il parlait d'allégement peu significatif dans les
propositions gouvernementales, par rapport au point de départ du 14
décembre dernier. Je voudrais m'inscrire en faux contre cette
interprétation et rappeler les principales modifications que nous avons
apportées afin d'établir sans difficulté, je le pense
bien, qu'il y a eu modification considérable de la problématique
depuis le 14 décembre dernier, et cela, en grande partie, nous le
reconnaissons volontiers, sous l'influence des échanges de vues qui ont
eu lieu entre nous. tout d'abord, le gouvernement a pris à sa charge
directement des allégements d'une valeur de 78 000 000 $. nous partions
d'un montant net transféré de 477 800 000 $. le gouvernement
prend à sa charge des allégements d'une valeur de 78 000 000 $
que je résume comme ceci: dans le secteur de la voirie, des
allégements de 21 000 000 $; dans le secteur de la protection
policière, des allégements d'une valeur de 10 000 000 $; les
subventions aux mrc, allégements d'une valeur de 8 000 000 $. j'arrondis
les chiffres là, seulement pour les fins de la discussion, mais le total
reste le même. et en ce qui touche les "en lieu" de taxes, des
allégements de 35 000 000 $. ce qui fait 78 000 000 $. vous pouvez bien
envoyer promener ça du revers de la main, mais je vous assure que, pour
le gouvernement, des allégements de 78 000 000 $, dans le contexte
budgétaire actuel, représentent un effort très
significatif. en plus, nous avons, par des décisions qui seront
ratifiées par l'assemblée nationale, qui n'obligent pas les
élus municipaux à assumer la responsabilisé politique de
ces décisions, ouvert l'accès à des sources de revenus
additionnels, pour les municipalités, de 148 000 000 $.
l'immatriculation des véhicules automobiles de promenade rapportera 30 $
par véhicule dans les grandes régions métropolitaines de
recensement, ce qui va donner 50 000 000 $ de revenus qui seront
distribués aux organismes de transport en commun, moyennant accord entre
les municipalités concernées, sans que celles-ci aient aucun
effort à accomplir. ça, c'est le gouvernement qui
en prend la responsabilité, et nous savons le prix que ça
nous coûte sous la forme de critiques en provenance de l'Opposition.
En plus, nous avons présenté dans le projet de loi des
modifications importantes à la loi sur les mutations
immobilières. Les droits sur les mutations immobilières, les
tarifs imposables sur les mutations immobilières seront ajustés
pour être un peu plus rapprochés de ceux qui ont cours dans la
province voisine de l'Ontario. Ça, ça va rapporter 38 000 000 $
de plus que ce qui avait été entrevu d'abord; 78 000 000 $ de
plus que ce qui avait été entrevu d'abord. En plus, les
modifications que nous avons apportées il y a quelques mois au Code de
la sécurité routière, en ce qui touche les amendes
encourues pour infraction au Code de la sécurité routière
vont rapporter 20 000 000 $.
Ça fait un total de 148 000 000 $, ça, qui vont aller dans
les coffres des municipalités ou des organismes municipaux par le seul
effet de décisions qui ont été ou seront prises par le
gouvernement ou l'Assemblée nationale. Alors, si je compte bien, les 78
000 000 $ plus 148 000 000 $, soustrait de 477 800 000 $, ça laisse 251
900 000 $ - disons 252 000 000 $ pour être de bon compte - que les
municipalités devront trouver par leurs propres moyens.
Si on enlève de ceci... On avait dit qu'on laissait tomber les
droits sur les divertissements culturels et sportifs. Là, nous les avons
rétablis dans les dernières propositions, les derniers
ajustements, je devrais dire, annoncés par le gouvernement. On anticipe
que les revenus susceptibles de découler de cette source sont de l'ordre
de 15 000 000 $, Ce qui laisse net 236 000 000 $. maintenant, regardons l'ordre
de grandeur. c'est bien beau de dramatiser, mais à un moment
donné, il faut se mettre les pieds à terre et puis compter avec
sa plume. il n'y a pas d'autres moyens de le faire. les dépenses totales
des municipalités, pour l'année 1991, seront de 7 500 000 000 $.
236 000 000 $ sur 7 500 000 000 $, là mes collaborateurs vont me donner
le pourcentage. ça doit donner quelque chose comme 3, 1 % ou 3, 2 %.
voulez-vous le faire pour être bien sûr? on va le faire. ça
va prendre juste une seconde, là, ça va donner... c'est important
de donner l'ordre de grandeur exact dans lequel nous évoluons.
après ça, on peut discuter. on peut être en
désaccord sur un point ou l'autre, mais j'espère que sur des
chiffres comme ceux-là, rien ne nous séparera.
Une voix: 3, 1 %.
M. Ryan: 3, 1 %. Je voudrais donner un autre chiffre qui me
paraît significatif. Les dépenses des municipalités par
rapport à celles du gouvernement du Québec représentent
à peu près 20 %. C'est 7 500 000 000 $, et puis nous autres,
c'est 38 000 000 000 $. À peu près, disons que c'est 20 %, pour
les fins de la discussion. Le déficit que doit encourir le gouvernement
cette année, déficit modéré suivant l'estimation de
tous les experts qui l'ont analysé, y compris des maisons de cotation
financière, 3 500 000 000 $. Mettez 236 000 000 $ sur 3 500 000 000 $,
ça fait à peu près 7 %, si je compte bien. C'est à
peu près 7 % du déficit total qu'on demande aux
municipalités de partager avec le gouvernement du Québec, sous la
forme de responsabilités accrues qu'elles sont invitées à
accepter, dans des domaines qui relèvent de leur responsabilité.
Quand on vous dit, quant à la voirie locale, qu'il faudrait que vous
preniez un peu plus de responsabilités là-dedans, on ne fait pas
de pelletage. C'est vous autres qui faisiez le pelletage, depuis des
années, du côté du gouvernement. Là, on dit: On va
rétablir les choses, on va remettre ça sur une base plus
réaliste.
Encore là, quand les chiffres vont sortir à la suite des
adoucissements que nous avons annoncés, vous allez constater que le
transfert est très partiel. Il y a même des cas où la
très grosse partie de la facture continuera d'être assumée
par le gouvernement, mais le principe aura été posé, pour
une fois, clairement, et nous saurons qu'au cours des prochaines années,
c'est dans cette direction-là que nous allons, compte tenu d'un principe
complémentaire que je reconnaissais volontiers à
l'Assemblée nationale hier, en réponse à une question du
député d'Abitibl-Ouest, que le gouvernement a aussi la
responsabilité de fournir un soutien aux municipalités qui ont
besoin de la solidarité collective pour être capables d'assumer en
plénitude teurs responsabilités.
Alors, voilà les données de base du débat dans
lequel nous sommes engagés. Pour permettre aux municipalités
d'aller chercher ces sommes additionnelles qu'elles devront trouver sous leur
responsabilité politique, 236 000 000 $, nous leur ouvrons des sources
de revenus nouvelles, en particulier l'accès à une surtaxe sur la
propriété foncière non résidentielle. Nous avons
fonctionné, au Québec, depuis longtemps, avec le principe d'une
taxation uniforme sur toutes les modalités de propriétés.
J'estime que le moment est venu de changer ça, parce que c'est un
système qui peut être bon pour une logique abstraite, mais qui
n'est pas le plus réaliste. Nous avons observé ce qui se fait
ailleurs, et, dans plusieurs autres sociétés, on a une
tarification différente pour la propriété non
résidentielle. Ce que nous ouvrons aux municipalités, avec de
nombreux avantages inhérents sur lesquels nous aurons peut-être
l'occasion de nous étendre plus tard, c'est la possibilité
d'avoir recours à ça.
Là, il y en a qui se lamentent sur le sort des entreprises. Dieu
sait que notre parti et notre gouvernement sont sympathiques à la
liberté d'entreprise, et nous l'avons prouvé de bien des
manières. Et, que de fois le député de
Pointe-aux-Trembles, pour ne prendre qu'un
exemple, nous a traité de vulgaires collaborateurs des
entreprises...
Une voix: C'est vrai.
M. Ryan: ...qu'on ne voyait pas assez les intérêts
collectifs. Non, je pense que les entreprises ne pourront pas soutenir
honnêtement que le gouvernement n'est pas attentif à leurs
problèmes, mais nous avons fait une estimation du fardeau comparatif de
chacun dans la situation que nous avons et nous avons conclu qu'il y a un
certain ajout qui doit être fait du côté des entreprises, en
toute équité, compte tenu de révolution de la situation
ces dernières années.
M. le Président, je voudrais vous dire que la réfutation
que vous croyez avoir faite des chiffres mis sur la table par le gouvernement
n'en est pas une et n'a jamais été endossée par personne
d'autre que vous autres. Nous vous avons fourni tout le dossier du
ministère des Finances là-dessus. Nous avons montré qu'il
y a peut-être 10 manières de calculer le fardeau comparé
des entreprises, des particuliers, le fardeau découlant des sources
provinciales et des sources municipales de revenus. Celle que nous choisissons,
la manière que nous choisissons est celle qui est la plus
accréditée à travers le Canada, la plus
accréditée même auprès du gouvernement
fédéral pour les fins du calcul de la péréquation,
et on ne joue pas avec ça. Ça demande des calculs
infinttésimalement précis.
Je m'étonne, après six mois de débat, qu'on vienne
avec cette affirmation que je récuse sans aucune espèce
d'hésitation, ayant vérifié moi-même la bonne
qualité des documents qui nous ont été soumis par le
ministère des Finances, ayant également pris connaissance de
votre soi-disant réfutation. Ça, je dois vous le dire, parce que
je pense que la vérité nous oblige à être fermes sur
les idées et les chiffres, dans le respect des personnes. Alors,
ça, c'est ma réaction bien claire, bien directe.
Je voudrais vous dire une dernière chose. Sur les objectifs,
l'Assemblée nationale s'est prononcée hier. Je l'ai dit dans mes
remarques liminaires, nous n'entendons pas revenir sur une décision
prise par l'Assemblée nationale. C'est pourquoi, tout en rappelant cette
décision qui a été prise hier, je voudrais en venir
peut-être à une question ou deux d'ordre pratique. Ceci
étant: Est-ce que vous êtes en mesure de nous indiquer les
améliorations que l'Union des municipalités du Québec
voudrait voir apporter au projet de loi 145, objet central de l'exercice de
consultations publiques qu'a décidé de faire l'Assemblée
nationale par l'intermédiaire de sa commission parlementaire? (10 h
30)
Le Président (M. Garon): M. Blackburn.
M. Blackburn (Ulric): J'ai plusieurs points sur lesquels je veux
répondre. Je voudrais d'abord commencer par vous dire, M. le ministre,
que quand vous dites que nous avons eu de nombreuses réunions
constructives et que vous avez accepté certaines dimensions ou certains
éléments qui ont été présentés par
l'Union des municipalités du Québec, à ce
moment-là, nous avons aussi présenté plusieurs
éléments et vous avez pris ceux qui, à ce
moment-là, faisaient l'affaire, mais les autres là,
c'était plus difficile à accepter et vous ne les avez pas pris
à ce moment-là. Nous avons toujours dit, M. le ministre, comme
Union des municipalités, que nous sommes prêts à prendre
des responsabilités comme municipalités. Mais la question du
financement, c'est toute une autre affaire, nous voulons nous asseoir avec le
gouvernement et être capables de déterminer ensemble les
responsabilités à prendre, mais la façon de les financer,
c'est avec les municipalités que vous devrez vous entendre. Il y a
plusieurs choses que vous avez dites. Je voudrais revenir sur les 236 000 000
$; vous dites que les 236 000 000 $... D'abord, c'est clair et net que c'est
400 000 000 $ qu'on va aller chercher chez les contribuables. Qu'on le veuille
ou non, que ça vienne du gouvernement, que ça vienne de la part
des municipalités, c'est 400 000 000 $ qu'on va chercher dans la poche
des contribuables; c'est très clair pour nous. Quand vous nous dites que
236 000 000 $, c'est très minime, que ça représente 3,1 %
pour la part des municipalités, je vais vous retourner la pareille en
vous disant: Pour le gouvernement du Québec, pour balancer son budget,
236 000 000 $, ça représente 0,6 % de 1 %...
M. Ryan: Ce n'est pas sérieux...
M. Blackburn (Ulric): ...six dixièmes de 1 % que ça
représente pour le balancement de votre budget, M. le ministre. Quand
nous avons eu un pacte dans les années quatre-vingt... Ah oui! Aussi, je
voudrais dire que quand nous sommes rendus, comme élus, à vouloir
se fier sur des amendes imposées à des contribuables pour se
financer, ça veut dire qu'on est rendus vraiment très loin. Il
nous manque beaucoup de moyens de pouvoir financer nos activités quand
on veut se fier sur les amendes.
Je vous rappellerai que le pacte qui a été passé en
1980, c'était le résultat d'une entente négociée
entre le gouvernement et les municipalités et je rappellerai à ce
moment-là que le pacte aussi, ça avait été pour le
gouvernement quelque chose de très profitable, parce qu'il venait
chercher chez les municipalités les 2 % de la taxe de vente, qui
était un montant extraordinaire. Et aujourd'hui, on sait, les 2 % de la
taxe de vente, ce que ça rapporterait aux municipalités, je pense
qu'on n'aurait pas à s'en parler trop trop ce matin sur la question des
financements, surtout dans les municipalités où il y a beaucoup
de commerce. Vous me demandez de vous dire... D'abord, c'est une
décision de
l'Assemblée nationale, il semble qu'il n'y ait pas de retour
à faire à ça, d'après vous, mais je pense que,
quand on veut s'entendre avec des partenaires, il y a toujours
possibilité de retarder les choses - surtout qu'on vient de vous prouver
que ce n'est pas une urgence pour le montant que vous avez à aller
chercher cette année - de s'asseoir avec les partenaires et, à ce
moment-là, de pouvoir en discuter ensemble, et nous sommes prêts.
Je n'ai pas ce matin le mandat et je n'ai pas à vous dire quel
changement on veut dans ce que vous imposez, on veut absolument que ce soit
retiré - c'est ça qu'on vous demande, - pour pouvoir en discuter
ensemble et pouvoir régler les choses ensemble. C'est clair. C'est
simple. C'est facile. Et, à ce moment-là, nous sommes
prêts, je vous le répète, à prendre des
responsabilités et à travailler ensemble pour te moyen de les
financer. Nous sommes prêts à le faire, sauf que, quand on nous
arrive, et on s'attendait très fortement, et ça je l'ai dit dans
mon allocution... M. le premier ministre nous avait promis dans une lettre le
30 mai 1990, que nous aurions en février 1991 des assises
Québec-municipalités pour discuter de la décentralisation
et de moyens de financer cette décentralisation. Ça ne s'est pas
produit comme ça. C'est arrivé au mois de décembre, bang!
Et à ce moment-là, on a essayé même de vous
rencontrer, de s'entendre avec vous, et il n'y a pas eu moyen, parce que
c'était toujours la même chose, sauf que vous avez pris certaines,
je ne dirais pas, propositions, certaines choses qui ont été
avancées, parce qu'il n'y avait pas de propositions à ce
moment-là, pour que ça fasse l'affaire du gouvernement et,
ensuite, les autres qu'on voulait, ça n'a pas fait.
Les améliorations qu'on voudrait, vous n'en aurez pas de nous ce
matin. On ne pourra pas prendre la loi telle que vous l'avez
présentée et vous dire. On veut tel changement ou tel changement.
Ce qu'on vous dit, c'est que ce n'est pas acceptable, la loi que vous nous
présentez. Et nous, on la refuse.
M. Ryan: Je vais faire quelques remarques. Je ne poursuivrai pas
l'interrogatoire. Si vous n'avez rien à dire, je vois que vous
n'êtes pas préparés au sujet des améliorations
possibles au projet, mais la porte reste ouverte jusqu'à la...
M. Blackburn (Ulric): Ce n'est pas parce qu'on n'est pas
préparés.
M. Ryan:... fin de l'étude en commission. La porte reste
ouverte là-dessus. Si vous n'avez rien à dire, il n'est pas
question qu'on vous force, évidemment. Mais je suis très
étonné de la légèreté avec laquelle vous
avez commenté certains chiffres. Quand vous avez parlé du montant
de 236 000 000 $, vous dites: Pour le gouvernement, ce n'est pas important.
C'est seulement - combien vous avez dit? - six dixièmes de son
budget.
M. Blackburn (Ulric): Six dixièmes, oui. de son
budget.
M. Ryan: Ça paraît que vous ne siégez pas au
gouvernement, M. Blackburn.
M. Blackburn (Ulric): 0, 6 % de son budget.
M. Ryan: Ça paraît que vous ne siégez pas au
gouvernement. Moi, je suis ministre responsable de l'habitation. Je vais vous
donner un petit cas pratique. Nous sommes en train de préparer un projet
de règlement sur les conditions de location des Immeubles de HLM. On est
obligés de s'interroger pendant des semaines pour savoir comment on peut
aller chercher 2000000$, 3000000$, 4000000$ de plus de ce
côté-là. On le fait sur toute la ligne. Il y a toutes les
formes de contributions financières que le gouvernement requiert des
citoyens, on est obligés de gratter jusque dans le fond du tiroir,
à chaque fois. Et on le fait depuis cinq ans, ça. Et vous allez
venir me dire aujourd'hui que 236 000 000 $, c'est des pinottes? Franchement,
je suis scandalisé. Je suis scandalisé, je vous le dis en toute
simplicité. Je ne peux absolument pas accepter une telle proposition. Et
je vous dis encore fois, je vous invite franchement, cordialement, mais avec
fermeté, à y penser deux fois avant de rejeter
catégoriquement cette contribution modeste, tout compte fait, qui est
demandée à nos dirigeants municipaux pour l'assainissement des
finances publiques au Québec.
Et je voudrais vous inviter, pendant que nous y sommes, si vous
reconnaissez le chiffre de 236 000 000 $ - au moins, je pense que vous
êtes capables de reconnaître celui-là - à cesser de
proclamer dans votre propagande que ça va entraîner des
augmentations de taxes, des doublements de comptes de taxes. C'est impossible,
avec 3, 1 % d'augmentation des dépenses générales, si vous
gérez vos affaires comme 11 faut, les augmentations moyennes à
travers tout le Québec devraient être du même ordre,
à moins que je ne connaisse absolument pas l'a b c des chiffres. Et j'en
fais depuis 40 ans et je n'ai jamais fait de déficit, personnellement.
Et les secteurs où j'ai été, ils ont toujours
fonctionné avec de la discipline. Je tiens à rétablir ces
perspectives. Nous avons la chance de nous rencontrer. Je prends note de votre
"niet". J'en prends note. Ça m'impressionne raisonnablement. Mais nous
allons poursuivre notre travail cons-tructivevent.
M. Blackburn (ulric): m. le ministre. je réponds, et
après ça, je laisserai la parole à m. marquis. je trouve
ça curieux. m. le ministre, que vous dites à ce moment-là
que 0, 6. je prends ça à la légère, alors que.
vous, vous dites
que dans le budget des municipalités, c'est 3,1 %, vous le prenez
à la légère aussi. Et c'est plus que ce que je vous
présente, 0,6 %. Je réponds tout simplement à ça.
M...
M. Ryan: Ce n'est pas ça, vous n'avez rien compris.
Le Président (M. Garon): Oui.
M. Blackburn (Ulrlc): M. Marquis a la parole.
M. Marquis (Jean-Léon): M. le ministre, je pense que tout
le monde reconnaît votre intégrité. Par contre, je pense
que ce que vous venez de nous dire, si ça avait été fait
au mois de décembre, l'an passé, et qu'on avait
négocié avant, aujourd'hui, on aurait peut-être une entente
entre le gouvernement provincial et les municipalités qui serait
à la satisfaction de tout le monde. C'est là le problème
de l'Union. C'est ce que nos membres nous ont dit lors du dernier
congrès au mois de mai. Je pense que c'est le fait que les propositions
que vous faites ont été déposées avant qu'on
négocie. En fait, il n'y a pas eu de négociations entre l'Union
des municipalités et le gouvernement du Québec.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Garon): M. le ministre.
M. Ryan: ...juste un mot, si vous me permettez.
M. Marquis: M. Mandeville aurait peut-être...
M. Ryan: Nous avons déposé un document sous la
forme de proposition le 14 décembre. Nous l'avons soumis pour
discussion. Il y a eu six mois depuis ce temps-là. Nous avons eu le
temps de faire les discussions, nous avons été à votre
disposition continuellement, et il y a eu plusieurs rencontres d'ailleurs. Il
fallait bien commencer quelque part. Il fallait bien que quelqu'un mette un
document sur la table. Nous en avons mis un. Il me semble que c'est de sens
pratique élémentaire. Ensuite, nous avons dit: Ce sont des
propositions, mais il y avait une partie qui demandait d'être mise en
application dans des délais relativement rapides à cause de la
situation financière qui n'est pas le fruit, encore une fois, de la
mauvaise gestion du gouvernement, lequel, au contraire, a ramé contre la
tendance au gaspillage continuellement depuis cinq ans, mais le fruit d'une
conjoncture économique québécoise, canadienne et
internationale particulièrement astreignante pour les pouvoirs publics
partout. Et hier, j'ai donné à l'Assemblée nationale
l'exemple des États-Unis. Dans les journaux américains, à
coeur de semaine on vous parle des problèmes financiers dans lesquels se
débattent les États américains et les municipalités
aux États-Unis, pas parce que c'est toute une bande de mauvais
administrateurs, mais parce que les possibilités de revenus sont
beaucoup plus restreintes qu'elles ne l'étaient autrefois, alors que les
demandes en provenance de la population n'ont pas diminué et continuent
d'augmenter. Ça fait que ça nous demande un effort de discipline
et de solidarité collective. Et comment pratiquer la solidarité
collective si chacun ne prend pas sa part raisonnable? Ce que nous vous
demandons encore une fois, c'est une part raisonnable, à mon humble
point de vue, et je pense que les chiffres que j'ai invoqués
l'établissent clairement.
M. Marquis: M. le ministre, je pense que vous avez parfaitement
raison, mais dans le mémoire, je pense que l'Union le reconnaît.
Il devait y avoir une table Québec-municipalités, et c'est
là qu'on considère qu'il n'y a pas eu de négociations
parce que, en réalité, c'est venu d'en haut pour discuter
après. Le fait qu'il n'y a pas eu de table
Québec-municipalités, l'Union considère qu'il n'y a pas eu
de négociations parce que ça nous avait été promis,
et c'est la deuxième fois en moins d'un an, dans moins d'une
année, que le gouvernement nous transfère des
responsabilités aux municipalités, par le fait que le scolaire a
envahi le champ foncier l'an passé et, cette année, c'est au tour
des municipalités d'être obligées d'augmenter leurs
taxes.
Le Président (M. Garon): comme m. le ministre voudrait
garder quelques minutes à la fin, je vais demander au
député de jonquière de prendre la parole...
M. Blackburn (Ulric): M. le Président, il n'y aurait pas
moyen...
Le Président (M. Garon): ...35 minutes. Pardon?
M. Blackburn (Ulric): M. Mandeville avait aussi une petite
intervention à faire, M. le Président.
M. Bourdon: M. Mandeville veut intervenir, M. le
Président.
M. Blackburn (Ulric): M. Mandeville aurait une petite
intervention à faire avant de terminer, M. le Président.
Le Président (M. Garon): Oui, M. Mande-ville.
M. Mandeville (Normand): M. le Président, tantôt, M.
le ministre disait qu'il fallait avoir les pieds à terre, qu'il ne
fallait pas dramatiser et qu'il y avait des allégements
significatifs. Ecoutez, il ne fallait pas dramatiser. Je pense
que s'il y en a un qui dramatise, ce n'est pas de ce
côté-ci. Correct? Et si on regarde... Et même il nous a dit
que quand il administrait des choses, c'était bien administré, et
tout ça. L'année dernière, on a augmenté les taxes
scolaires de 127 % - vous n'êtes pas capable de le nier - et c'est
lui-même qui a dit dernièrement que la réforme
n'était qu'un point, que ça commençait, qu'on était
au point un, qu'il y aurait une deuxième phase, la phase 2. Ça va
être quoi, la phase 2? On nous dit qu'on va avoir des allégements.
C'est bien ce qu'il nous a dit: Vous allez voir, ça s'en vient
ça. Mais qu'on les dépose, les allégements, qu'on puisse
discuter. Quand on discute sur rien, quand on discute sur du vent, ça
s'en va. Alors, qu'on dépose, qu'on n'attende pas. Est-ce que c'est une
réforme que l'on fait ou si on veut faire un transfert de budget,
d'argent? Pour moi, ce n'est pas la même chose. Une facture et une
réforme, ce n'est pas synonyme parce que dans une réforme, il y a
une philosophie, il y a quelque chose qui sous-tend. Vous regardez ce qu'on a
ici, on n'en voit pas de philosophie; il n'y a pas de grandes lignes. Il n'y a
absolument rien. C'est un transfert de factures. (10 h 45)
Je vais vous donner seulement un exemple pour montrer, à un
moment donné, que ça ne rime à rien. Vous avez les "en
lieu" de taxes. On enlève les "en lieu" de taxes au primaire et au
secondaire; on en met au cégep et au niveau universitaire. Que ce soit
dans n'importe quel niveau scolaire, quand il y a de la sécurité,
que les municipalités paient, quand on paie pour, disons,
l'épuration des eaux, quand on paie pour la sécurité, que
ce soit au primaire ou au secondaire, mais on paie. Quand on envoie une chasse
d'eau, que ce soit par un enfant du primaire ou un enfant du secondaire, c'est
la même chasse d'eau qu'on fait, mais on dit, à ce
moment-là: Au primaire, non, on enlève ça. Bon, on a
ajouté 25 %, en dernier.
Mais pourquoi? Quelle est la logique? Quelle logique y a-t-il dans
ça? Il n'y en a pas de logique. Quand vous arrivez à la
Sûreté - je m'en vais à la Sûreté - on veut
avoir notre Sûreté, on est d'accord, en principe, qu'on doit
payer, à un moment donné, les services qu'on se donne, mais nos
services qu'on veut avoir dans la Sûreté et non pas, à un
moment donné, payer une facture, uniquement une facture et, à ce
moment-là, ne même pas avoir de l'influence sur un service de la
Sûreté. On va payer, mais qu'est-ce qu'on va avoir en plus? Et
c'est de même. C'est truffé. Alors, c'est un transfert de
factures.
Alors, ce qu'on veut avoir, on dit: On va s'asseoir. Si c'est 236 000
000 $, c'est 0, 6 de 1 %. Je pense que la province ne s'en ira pas, à un
moment donné, ne fera pas faillite pour ça. On va s'asseoir puis
on va le regarder ensemble. Si c'est si peu que ça, pour quelle raison
ne pas mettre le projet de loi 145 de côté puis dire: On va en
faire des assises, on va communiquer, on va travailler avec vous pour ne pas
avoir un bloc. On est dans le ciment puis on fonce dans le ciment, puis iI n'y
a rien, il n'y a absolument rien à faire. Puis après ça,
on fait des suggestlons, on dit: Peut-être que... Et, à ce
momentlà, c'est rendu, pour nous autres, qu'on propose. Ce n'est pas
vrai, on n'a jamais proposé quoi que ce soit.
En tout cas, je m'arrête. Je vais peut-être avoir la chance
tantôt d'Intervenir.
Le Président (M. Garon): Je vous remercie. M. le
député de Jonquière, pour une période de 35
minutes.
M. Dufour: Oui, M. le Président. Je voudrais
d'abord féliciter les représentants de nos municipalités
qui nous ont présenté leur mémoire, ce qui, je ne le cache
pas, demande un certain courage pour venir se présenter ici, pour venir
dire au gouvernement - clair, écrit, pas nécessairement le dire
mais l'écrire - en quoi cette réforme-là est inacceptable
au point de vue des élus municipaux. Je pense que la
démonstration se fait de plus en plus à l'effet que cette
réforme ou ces propositions ne sont pas le fruit de négociations,
mais le fruit ou le résultat d'une imposition unilatérale
gouvernementale. Je veux juste prendre pour acquis ou prendre comme exemple les
premiers propos du ministre des Affaires municipales qui nous dit: Hier soir,
l'Assemblée nationale a approuvé les objectifs de la
réforme. On est ouverts à toute amélioration pouvant
bonifier le projet, mais qui ne change pas fondamentalement les objectifs.
L'objectif, il est clair, net, précis: le gouvernement est à
court de caisse d'un montant de plus ou moins - plus que ça, mais plus
ou moins vis-à-vis des municipalités - 400 000 000 $ à 500
000 000 $. Au départ, c'étaient 500 000 000 $; II a
bonifié pour 400 000 000 $. Et je pense que c'est là que commence
l'Imbroglio, que commencent les difficultés.
J'avais hier l'occasion de regarder dans le Petit Robert ce que
ça voulait dire "responsabilité" puis "responsable". Celui qui
est responsable, c'est celui qui décide. Est-ce que les
municipalités ont eu le loisir de décider, dans ce cas-ci? Celui
qui est responsable, c'est celui qui est l'auteur, la cause volontaire et
consciente de ce qui se passe. Puis la responsabilité: qui doit rendre
compte de sa politique. Voilà où le bât blesse. Vous ne
décidez rien, la décision est prise, mais vous devrez rendre
compte de vos politiques, de l'Imposition des politiques et vous aurez à
vous défendre, non pas à les expliquer. Vous allez avoir à
vous défendre, tel que fait le ministre des Affaires municipales. Mol,
j'ai beaucoup d'estime pour le ministre des Affaires municipales, mais iI a une
mission Impossible parce qu'il n'y a pas un élu au Québec qui a
été
élu en disant: Je vais aller sauver le gouvernement du
Québec et je vais taxer à sa place. Il n'y en a pas un. Et
l'élu municipal qui aurait ce langage-là, ce serait faux.
J'ai bien compris l'attaque ou, en tout cas, le point de vue du ministre
des Affaires municipales concernant le vice-président de l'Union des
municipalités du Québec, en disant: Vous prenez ça a la
légère, 236 000 000 $. Vous savez, M. le ministre, que la parole
puis les actions, c'est deux choses. On dit souvent: Les élus
municipaux, c'est le gouvernement le plus près du peuple. Et pour mol
qui vous parle, qui a été longtemps auprès d'eux autres,
qui ai été dans la même fonction qu'eux exercent, j'ai bien
conscience que les gens ne feront pas la différence. Les 400 000 000 $
viennent de leurs poches. Ils ne diront pas: Ce gouvernement du Québec,
c'est l'avenir de la municipalité. C'est 400 000 000 $ qu'on vient de se
faire siffler ou évaporer, qu'on vient de se faire prendre dans nos
poches. Ils n'auront pas d'excuse et les municipalités vont avoir
à rendre compte des 400 000 000 $.
Déjà, les 30 $ sont discutés. On se pose des
questions à savoir, ces 30 $, il y a des municipalités, à
égale distance des centres-villes des municipalités, qui paient,
et il y en a d'autres qui ne paient pas. Sous quel principe? À cause du
recensement fédéral, les circonscriptions électorales
fédérales. Moi, je me dis que ce n'est pas tout à fait
ça. On fait encore partie du Québec, à ce que je sache,
puis ça n'a pas pris une grande étude, d'après moi, de la
part du gouvernement pour dire: On va établir ça comme ça.
Les 30 $, c'est comme ça qu'on va les installer, etc.
Et il y a des éléments de base aussi qui ont
été discutés fondamentalement. C'est ça que je
regrette beaucoup. Le ministre des Affaires municipales, qui était dans
l'Opposition, a toujours contesté le bien-fondé de la
réforme fiscale de 1979. Il ne faut pas se surprendre qu'il ne la
connaisse pas. Et là, je le fais en toute simplicité. Je ne veux
pas que ce soit considéré comme pour le diminuer. Il n'a pas
participé à tous les tenants et les aboutissants de cette
consultation. Puis cette épreuve ou ces discussions qui ont eu lieu
entre les unions municipales et le gouvernement du Québec, ça
s'est fait d'une façon musclée. Il y a eu des prises de position
très dures. Mais il ne faut pas se surprendre que le ministre,
actuellement, remette en cause des principes. Il a dit candidement à
l'Assemblée nationale - je le félicite, et je pense qu'il faut
lui accorder ça, il l'a dit parce qu'il le croyait: Je n'ai jamais cru
à cette réforme de la fiscalité municipale. Voilà
pourquoi je décide qu'on peut changer des choses. Ça ne
dérange pas. Mais il y a des principes fondamentaux. Quand il nous dit:
La taxation est uniforme au point de vue des résidentiels puis des
autres. Heureusement. Voyez-vous le fouillis dans lequel on va s'engager avec
toutes sortes de systèmes de taxation au Québec, dépendant
de l'endroit où vous allez être situé. Les gens ne se
reconnaîtront plus. La simplicité de la fiscalité
municipale, c'est un principe de base. Le ministre est en train de nous la
compliquer. On ne le sait pas. Il y aura des sources de taxation qu'on peut
prendre, ne pas prendre. On nous dit: Vous êtes autonomes, et en
même temps qu'on vous dit que vous êtes autonomes, j'ai des doutes
parce que les mutations immobilières, il n'y a pas d'autonomie
là-dedans. C'est le gouvernement qui fixe unilatéralement les
taux. Vous aurez à vous débrouiller avec ça, et ça,
c'est imposé. Et vous appelez ça de l'autonomie. Moi, je ne suis
pas capable d'accepter le principe d'autonomie de cette
façon-là.
Donc, on vient de foutre en l'air toute la réforme qui a
été faite et ce n'est pas fini, c'est un début. Et
lorsqu'on prend des moyennes, y a-t-il quelque chose de plus injuste ou de plus
difficile ou de plus traître que de parler d'une moyenne
générale, quand j'ai des faits ici. J'ai des municipalités
qui me disent: Nos comptes de taxes vont augmenter de 25 %. Le ministre le
sait. Il nous parle des moyennes. Il ne veut pas faire du cas par cas. Il veut
faire du cas par cas quand ça va faire son affaire, quand il va se
promener avec sa poche d'argent pour aller dire aux municipalités:
Combien ça vous prend pour vos chemins pour arrêter de critiquer
puis de chialer? On va remplir le trou, on va mettre un petit peu d'argent
là, un petit peu d'asphalte, puis on va vous arranger ça.
On remet en cause le transport en commun qui a fait l'objet d'une
discussion d'un an supplémentaire à la réforme fiscale. Un
an de plus. Puis on a été chanceux, il va certainement nous le
rappeler tout à l'heure. Le rapport de l'étude Parizeau, il n'a
pas parlé de transport en commun. Il avait des raisons fondamentales
parce que les municipalités étaient contentes et satisfaites de
la façon dont ça se passait. On ne parle pas des choses qui nous
safisfont quand on fait une étude puis une enquête. Ce sont des
choses qui ne vont pas. Les municipalités n'en ont pas parlé.
Elles ont dit: Au point de vue des polices, on est d'accord que tout le monde
paie, mais à des conditions précises, par exemple. C'est quoi? Il
y a 42 conditions. Le ministre n'en a jamais fait écho. Il n'en a jamais
parlé. Il a toujours dit: II faut que ça paye, mais on ne dira
pas pourquoi.
Donc, je pense que les administrateurs municipaux ont raison de se
sentir floués par leur gouvernement, ils ont raison de se sentir
délaissés par leur gouvernement. Ce n'est pas de même que
ça s'est fait dans les 10 dernières années. Je veux juste
prendre pour exemple toutes les nouvelles responsabilités que les
municipalités ont accepté d'assumer depuis les 10
dernières années, - je ne pars pas de la lune, on est sur un
terrain pratique. L'assainissement de l'eau, voilà 11 ans, il n'en
était pas question.
C'est de la responsabilité nouvelle. On parle de toutes les
questions environnementales. On parle des questions familiales. On dit aux
municipalités: Engagez-vous. Mais engagez-vous avec quels principes?
C'est quoi qui est garanti demain matin si celui qui décide, ce n'est
pas elles? Elles ont juste la responsabilité de répondre de leurs
actes, mais elles ne décident pas. Voilà une espèce
d'autonomie que je n'accepte pas ou que je trouve difficilement acceptable.
Je ne peux pas reprocher à des gens qui sont devant moi de ne pas
avoir exercé la job d'élus ici à Québec. C'est le
cas de pas mal de monde au Québec et comment vont-Hs faire, les citoyens
du Québec, pour comprendre nos attitudes, nos prises de position quand
ils n'ont pas été des élus, parce que, tout à
l'heure, le ministre nous a dit: Vous n'avez jamais été
élus, vous autres au Québec. Vous avez été
élus localement, mais vous n'avez pas été élus
"québécoisement", comme je dirais. Vous avez été
élus chez vous. Vous ne pouvez pas savoir ce que sont nos
problèmes à nous autres. Bien sûr que je sais que le
Québec a des problèmes, mais ce n'est pas en frappant sur ses
partenaires, puis des gens qui ont été pas mal obéissants.
Je regarde, depuis six ans, vous avez été chanceux, vous avez eu
une position extraordinaire avec les municipalités. Le gouvernement du
Parti québécois avait bien des défauts, mais, au moins, on
n'avait pas celui-là. On n'avait pas frappé les
municipalités. Elles étaient tout oreilles. Elles étaient
tout ouïe et aujourd'hui elles sont tout non, M. le ministre. Elles
étaient tout ouïe à vous entendre et elles étalent
tout ouïe à vous écouter. Aujourd'hui, elles sont tout non
et elles vous le disent, les deux unions municipales, et il y a d'autres
intervenants qui vont vous dire la même chose. Donc, ne nous surprenons
pas, quand on dit qu'on a établi le principe et qu'on discute des
modalités, que les partenaires disent non. Et c'est ce qu'ils vous ont
dit.
Là-dessus, j'aurais sûrement un certain nombre de questions
à vous poser, mais je pense qu'il y a eu un débat de fond. Il y a
peut-être la question que je pourrais poser, et je voudrais que vous
élaboriez un peu plus là-dessus. Les comparaisons avec l'Ontario,
est-ce qu'on se limite seulement à la taxation par rapport aux revenus?
Je sais qu'en Ontario, les revenus sont un peu plus élevés, par
tête de pipe, per capita par rapport aux taxes, etc. Comment avez-vous
préparé votre comparaison?
Le Président (M. Garon): M. Blackburn.
M. Blackburn (Ulric): Sur la question des revenus, M.
Prévost pourrait répondre.
M. Prévost (Pierre): M. le député, si vous
prenez le document "Analyse comparative du fardeau fiscal", qui est dans la
pochette qui vous a été distribuée, vous voyez le
modèle fiscal qui est basé sur l'effort, en fait. On s'est
basé - évidemment, c'est une question de méthodologie, -
sur les méthodes qui sont utilisées au ministère des
Affaires municipales quand on compare l'effort fiscal municipal, et la
méthodologie fait en sorte de comparer pour le Québec et
l'Ontario les revenus locaux sur l'évaluation foncière
uniformisée. C'est exactement cette méthodologie-là qui a
été utilisée et qui vous est accessible dans ce
document-là. Ça répond à cette question-là,
ce sont les revenus locaux qui ont été utilisés.
M. Dufour: Ça va. Il y a beaucoup de mes collègues
qui brûlent à l'Idée de poser des questions et je vais leur
laisser cette place-là. M. le Président, si vous voulez
reconnaître quelques-uns de mes collègues qui seraient heureux de
poser des questions.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, le ministre a parlé en
Chambre hier et en commission ce matin des États-Unis qui exercent sur
tous les Québécois une grande fascination. Moi, dans ma
tête, j'intitulais le chapitre "Ah! les États". Je voudrais
cependant dire au ministre qu'il faut prendre garde, quand on lit le New
York Times, de tenir compte de toutes les différences qu'il y a
entre la société québécoise et la
société américaine. Par exemple, la plupart des
États américains ont encore la peine de mort, puis au Canada,
grâce à des politiques, ça fait un bout de temps qu'on n'a
plus la peine de mort. (11 heures)
La taxe de vente n'existe pas dans bon nombre d'États
américains et, s'il veut nous enligner sur les États-Unis, qu'il
ne suggère surtout pas à son collègue des Finances de
prendre le taux moyen américain pour la taxe de vente, parce que
là les municipalités vont recevoir un autre paquet assez
considérable par la tête. Alors, je pense qu'il faut prendre soin
de ne pas faire n'importe quelle sorte de comparaison. Ce qu'il disait, le
ministre, cependant, est vrai, aux États-Unis comme au Canada comme au
Québec, il faut faire preuve, au plan fiscal, de responsabilité
et de discipline. Mais à cet égard, je me permets de lui signaler
une contradiction assez majeure dans la réforme qu'il pilote. Il veut
augmenter les "en lieu" de taxes du fédéral de 150 % et diminuer
les siens propres de 50 %. Dans ce sens-là, j'y vols quelque chose d'un
peu paradoxal. Ce que j'entends par là, c'est que le ministre dit: Le
gouvernement fédéral canadien devrait payer des "en lieu" de
taxes plus respectables au Québec. Qui va en disconvenir? Surtout de
notre côté de la table, on veut bien que le fédéral
pale une part plus juste de ce qu'il coûte. Mais, par ailleurs, parler de
responsabilité fiscale en disant aux municipa-
lltés: Les écoles primaires et secondaires vous
coûtent de l'argent en services policiers, en aqueducs, en égouts,
en services de toutes sortes, mais là, on va payer moitié moins
qu'avant. C'était 50 % des taxes réelles qui étaient
payées, et on passe à 25 %.
À cet égard, M. le Président, je pense qu'il faut
souligner également, - je prends la région de Montréal
d'où je suis issu - le fait que sur le plan fiscal, le ministre a
certainement raison de dire: Faisons payer les riches, les entreprises peuvent
facilement payer 3,5 % de plus de taxes foncières à
Montréal. Le problème d'une goutte d'eau, M. le Président,
c'est quand elle fait déborder le vase. Et la ville de Montréal,
dans son excellent document intitulé "Une perspective
montréalaise sur les propositions gouvernementales en matière de
fiscalité municipale", page 22, M. le Président - puis j'invite
le ministre à lire et méditer sur ce document - fait une
comparaison du coût des taxes des entreprises, selon qu'elles sont
à Montréal ou Repentigny. Puis vous voyez que la partisanerie ne
nous aveugle pas, on prend Repentigny, ce n'est quand même pas un
comté libéral, et Laval et Terrebonne, et Longueuil et
Saint-Bruno. Le bout qui m'intéresse, M. le Président, c'est
évidemment Montréal et Repentigny, plus précisément
Montréal-Est qui, dans mon comté, est le plus gros parc
industriel de l'est de Montréal.
À cet égard, je mets au défi le ministre de
répondre à ce que je dis, qui est ceci: Pour une valeur marchande
de 50 000 000 $, une entreprise qui va aller à Montréal-Est
plutôt qu'à Repentigny installer une usine de 50 000 000 $ va
payer à Montréal-Est 1 450 000 $ de plus par année
qu'à Repentigny, puis elle va payer le terrain 10 fois plus cher. Alors,
ce sont des distorsions que la reforme du ministre introduit, dans le sens
suivant, on peut dire: Faisons payer les entreprises, elles sont capables. Sauf
que les entreprises, quand elles localisent une usine, elles peuvent voter avec
leurs pieds, elles. Si on leur propose un terrain à Repentigny puis un
à Montréal-Est, il y a 15 kilomètres entre les deux, ce
n'est pas perceptible comme différence, et accéder à
l'autoroute métropolitaine par Repentigny est comme plus simple que par
Montréal-Est, vu que dans l'est de Montréal, on n'a pas de
travaux routiers, vu que l'ouest est maintenant desservi, ils ont
décidé qu'ils n'en feraient pas dans l'est. Alors là, il y
a un problème à l'égard de ce qu'on a appelé
"l'effet de beigne", qui est présent partout au Québec. je vois
que dans la délégation de l'union des municipalités, il y
a le maire de rivière-du-loup. à rivière-du-loup, m. le
ministre ne le sait peut-être pas, le gouvernement se prépare
à construire une prison provinciale, et de tous les sites
envisagés, il n'y en a aucun qui est dans rivière-du-loup
où il y a déjà les services, pour des raisons que je
m'occuperai bien de lui expliquer dans un corridor et qui procèdent de
certaines lourdeurs sociologiques qu'on a en matière de politique
partisane au Québec. La prison va être à l'extérieur
de Rivière-du-Loup, et on va dépenser des millions en services
municipaux pour la desservir. Donc, il y a là comme un problème.
Je ne disconviens pas qu'il faille faire preuve de sens de la discipline et de
responsabilité, sauf que je pense que, et je termine là-dessus,
M. le Président, il y a une chose certaine. Comment imposer des
nouvelles taxes à toutes les entreprises, puis dire: L'État
étant le législateur, nous on n'en paiera pas, de taxes. Les
taxes, c'est pour les autres. Il me semble qu'il y a quelque chose
là-dedans qui ne tient pas.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Dubuc.
M. Morin: Merci, M. le Président. Moi je voudrais poser
une question aux représentants de l'UMQ sur un volet, disons, qu'on n'a
pas débattu: C'est concernant les droits sur les mutations
immobilières. Ce volet-là, cet élément-là du
projet de loi me paraît être vraiment une intrusion dans
l'autonomie municipale. Et je m'explique. Lorsqu'on parle d'évaluation
ou de taxes foncières, on sait que les municipalités, quant
à l'évaluation, sont assujetties à la Loi sur
l'évaluation foncière. Il appartient à la
municipalité d'établir le taux à ce moment-là, qui
est sa responsabilité. Au niveau de la taxe sur la valeur locative,
c'est la même chose, nonobstant les paramètres qui sont
établis par rapport au taux, c'est encore un champ foncier qui lui
appartient, mais il est loisible à la municipalité d'en
établir le taux. Lorsqu'on arrive aux droits sur les mutations
immobilières, tels que vus par le projet de loi, d'une part, on veut
rendre obligatoire à toutes les municipalités l'imposition et,
d'autre part, c'est le gouvernement qui va établir le taux. Alors, ma
question, mon inquiétude, non pas que les municipalités ne soient
pas favorables à occuper ou à élargir leur assiette
fiscale, ça je le comprends, mais, en principe, j'aimerais que vous me
donniez votre point de vue sur cet aspect: Est-ce que j'ai raison de conclure
que le gouvernement vient de décider à la place des
municipalités comment imposer? Qu'on dise aux municipalités:
Voici, les mutations immobilières sont devenues un champ foncier,
c'est-à-dire une taxe obligatoire partout, mais qu'on ait laissé
aux municipalités, en fonction de leurs obligations, leur indice de
richesse, etc., la liberté d'établir le taux, il me semble que
ça aurait été un peu mieux, plus dans les normes du
respect évidemment des deux niveaux, alors que le projet de loi
prévolt l'imposition partout et l'établissement du taux par le
gouvernement. J'aimerais avoir votre point de vue là-dessus puisque dans
votre mémoire, on n'en a pas fait mention.
M. Blackburn (Ulric): M. le député de
Dubuc, M. Morin, M. Mandevllle, qui est dans une petite
municipalité qui fait partie de la MRC de Vallée-de-l'Or, peut
répondre à cette question. Je pourrais répondre, mais je
vais laisser monsieur...
M. Mandeville: Moi, je vais répondre assez rapidement.
Quand je vous parlais tantôt de principes de philosophie, c'est à
ça que je faisais référence. Vous savez que les
municipalités, actuellement, nous sommes des créatures du
gouvernement; il faudrait espérer que le gouvernement aime autant ses
créatures que le père Gédéon les a
aimées.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Mandeville: Mais ce que vous dites là, et c'est
constant au point de vue municipal, nous recevons des directives, ça
s'en va de tout bord, de tout côté, nous ne sommes pas des
gouvernements, nous sommes des exécutants. On nous propose une
réforme, ce n'est pas une réforme, on nous dit: Vous allez faire
telle chose, vous allez faire telle affaire, vous allez ramasser de l'argent
pour nous autres, vous allez payer ci, vous allez payer ça. C'est
ça. Vous avez parfaitement raison quand vous nous dites, à un
moment donné: Ne trouvez-vous pas que c'est une intrusion dans le
domaine de l'autonomie? Je vous dis tout simplement: Oui, c'est ça,
c'est la réalité. Est-ce que c'est clair? C'est oui.
M. Morin: Merci, ça va.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je crois qu'on assiste
à des débats fort importants. J'écoutais hier le ministre
dire que la réforme avait été pratiquement annoncée
dans le discours sur le budget de 1990. Au fond, effectivement, il y avait une
mention dans le discours sur le budget et c'était surtout à la
dernière page de l'annexe E du budget, la dernière
dernière page de tout le discours sur le budget, où il
était fait mention d'une somme différentielle entre l'Ontario et
le Québec de 1 286 000 000 $.
Effectivement, quand on regarde l'approche du gouvernement, c'est de
renvoyer des factures au plan local, à des institutions de toutes
espèces, mais en particulier, ce qui était annoncé, par
là, c'est un transfert important vers le champ de l'impôt foncier.
Et je reviendrai au cours de la journée, parce qu'il y aura d'autres
intervenants sur d'autres sujets, mais, moi, en ce qui concerne l'UMQ, ce
matin, je voudrais que vous reveniez sur l'établissement de 1 286 000
000 $. Vous le contestez fondamentalement. Et vous dites que les calculs que
nous avons ne correspondent pas. Je sais, je connais les différences
d'approche entre le ministère des
Affaires municipales et le ministère des Finances et j'ai
l'impression que, depuis le temps, alors que ce différentiel avait
été calculé par le ministère des Finances, vous
dites qu'aujourd'hui, le ministère des Finances a changé sa
méthode de calcul. Parce que vous établissez à la fin que,
finalement, le fardeau de l'Impôt foncier serait plus élevé
au Québec qu'en Ontario. Je trouve ça important qu'on s'entende
là-dessus, parce que c'est la base. Le ministre, tout à l'heure,
a dit que vos réfutations ne tenaient pas, que ça n'avait jamais
été vraiment démontré, alors que, vous, vous dites
cela. Je trouve que c'est un point fondamental, parce que, après, on va
aborder d'autres questions qui relèvent, si vous voulez, de la
philosophie du rôle des Institutions municipales dans le Québec.
Mais, à la base, j'aimerais que vous élaboriez sur vos
différences d'approche sur les 1 286 000 000 $.
M. Blackburn (Ulric): Bon, moi je vais répondre
rapidement, mais je laisserai M. Prévost, par après, vous donner,
je pense... Les éléments que j'ai rassortis de ce document, c'est
que le ministère des Affaires municipales ou le ministère des
Finances se base sur le produit national brut.
M. Léonard: Oui.
M. Blackburn (Ulric): II me semble que c'est ça.
M. Léonard: Et l'évaluation foncière per
capita.
M. Blackburn (Ulric): Alors que, nous, dans le calcul que nous
avons fait, nous nous basons sur la richesse foncière, ce qui est encore
le plus juste pour savoir ce que le contribuable foncier paie en pourcentage.
Je laisse M. Prévost ajouter à ça.
M. Prévost: Je peux toujours vous référer au
document qui a été déposé. Je me
réfère toujours au même document, celui qui s'intitule
"Analyse comparative du fardeau fiscal local Québec-Ontario", qui a
été déposé et qui a été
réfuté de façon assez évasive par un autre document
dont on a obtenu copie par le ministère des Finances. Ce n'était
pas une réfutation totale et définitive. Et ça aurait
peut-être appelé à des discussions ultérieures qui
n'ont jamais eu lieu d'ailleurs. Mais à la page 3 du document en
question, on dit que, finalement, quand on fait cette comparaison-là et
qu'on rapporte tout ça sur la capacité fiscale des
municipalités, qui est extrêmement concentrée sur le
secteur foncier, on se rend compte que les résultats sont, on dit,
diamétralement opposés à ceux obtenus par le
ministère des Finances. Donc, la différence étant
qu'à leur avis, quand on compare la capacité de payer
québécoise sur le champ foncier, parce
qu'on l'établit... Tout étant une comparaison entre deux
systèmes de détermination de la valeur foncière, quand on
l'établit comme ayant Un lien avec le PIB, c'est évidemment
très différent quand on l'établit en tenant compte de la
façon dont sont établies les capacités de payer pour les
municipalités au Québec, Les contribuables fonciers, c'est notre
méthode d'évaluation foncière qui se tient le plus
près possible de la valeur marchande. Ce qui n'est pas le cas en
Ontario. Il y a des endroits en Ontario où les valeurs foncières
n'ont pas été rétablies depuis une quarantaine
d'années. Elles n'ont fait qu'être ajustées pour tenir
compte de l'inflation, ou parfois, à certains endroits, pour tenir
compte d'une partie de l'accroissement de richesse collective. C'est
très différent.
M. Léonard: Bon. Je voudrais aller un peu plus loin, s'il
y a moyen. Quand vous établissez les charges fiscales en relation avec
les charges foncières, cela veut dire que vous entendez que les
municipalités vont rester beaucoup plus dans le domaine des services
à la propriété foncière. Et cela veut dire que si
vous rejetez le PIB, vous ne voulez pas que la capacité de payer ou la
capacité fiscale d'une municipalité soit liée au PIB.
Donc, c'est le choix que vous faites. Mais en termes d'orientation sur le
rôle des municipalités, ça a une grande importance
ultérieurement.
M. Prévost: Oui.
M. Léonard: Je pense qu'il faut s'entendre
là-dessus, parce que si on discute - et je rejoins M. Mandeville - il y
a une question de philosophie là-dedans, qui est majeure, qui est
fondamentale. Si je comprends la position de l'Union des municipalités
du Québec, elle tient à rester dans le domaine des services
à la propriété foncière, avant tout. Je ne dis pas
exclusivement, mais avant tout, principalement.
M. Prévost: Si Je pouvais même apporter un
complément, c'est qu'étant donné que la mission
municipale, au Québec tout au moins, c'est de fournir des services
à la propriété et que, par extension, si on fournit des
services à la personne, il faudra, à ce moment-là,
ajuster, faire un apparlement entre les moyens de taxer et... (11 h 15)
M. Léonard: Bien, c'est parce que je voudrais... Je
suppose que quand vous dites que le gouvernement du Québec devrait payer
les taxes foncières relatives aux services donnés aux
écoles primaires et secondaires, ça procède de la
même logique. Je voulais l'assurer ici parce que, au fond,
l'éducation est beaucoup plus un service à la personne
qu'à la propriété foncière, fondamentalement. Et je
pense que c'a été ça, l'approche de la réforme du
pacte fiscal de 1979-1980. Je comprends qu'en Ontario, ils peuvent avoir une
autre approche, mais la nôtre, ça n'a pas été
celle-là. Et donc, je pense qu'un des points fondamentaux de la
réforme a l'heure actuelle, c'est qu'on vient remêler les choses
en impliquant les municipalités dans des services à la personne.
Alors, est-ce que vous rejetez de façon définitive de vous
impliquer dans le champ de l'éducation? Parce que si vous payez à
la place des écoles, si vous donnez un rabais de taxe foncière
aux écoles primaires et secondaires, vous vous impliquez dans
l'éducation. Est-ce que vous refusez ce rôle,
éventuellement? Parce que qui paie parle. À un moment
donné, ça veut dire que si vous devez donner des rabais, vous
aurez un mot à dire dans le champ de l'éducation. Est-ce que vous
refusez d'embarquer là-dedans? Ou bien, si vous voudriez en discuter,
c'est ça le point?
M. Blackburn (Ulric): C'est dans ce domaine-là, M.
Mandeville, que vous voulez prendre la parole?
M. Mandeville: Pour répondre tout de suite à votre
question, quand vous nous parlez de la richesse foncière comparativement
à l'Ontario avec le PIB, moi, je me dis: Pour quelle raison que, nous
ici au Québec, on a toujours basé nos statistiques, nos
comparaisons, les fondements de nos choses, sur de la richesse foncière?
Les calculs du ministère des Finances, c'est sur ça. On se base
sur ça. Mais quand on arrive avec les Affaires municipales, puis qu'on
veut faire passer quelque chose, vous dites: Bien, il y a 1, 3. Là, on
change de base de calcul. On aurait pu prendre d'autres calculs, les
ménages, les impôts sur le revenu, je ne sais trop, puis si
c'avait été favorable, présenter ça. Pour quelle
raison n'a-t-on pas une continuité? On dit: On prend telle base de
calcul et notre base de calcul va toujours être la même.
Votre deuxième point. Je ne voudrais pas, à un moment
donné, que ce soit une déclaration, mais que ce soit une
proposition parce que tout ce que l'on dit, ce sont des propositions, alors
qu'on essaie d'aider, on fait des suggestions et on les encadre. Mais
écoutez, pour quelle raison les municipalités n'auraient-elles
pas à gérer, selon des normes, toute la question des
bâtisses des commissions scolaires? Pour quelle raison? Je pense que
ça serait normal, selon des normes, avec une discussion des protocles
d'entente, ça, ce serait des nouvelles responsabilités. Ce ne
serait pas un transfert de factures. Puis, on aurait notre mot à dire
à ce moment-là et on pourrait être des partenaires du
gouvernement. Mais autrement, ce que nous avons actuellement, ce qui est
déposé, qu'on n'est pas capables d'acquiescer, la seule chose que
l'on peut dire, c'est non, merci, on ne peut pas accepter ça. Et on va
en arriver, je pense bien, au niveau social, au niveau économique, et
tout ça... Moi, je ne suis pas Nostradamus pour prévoir, mais
tout de même, où est-ce qu'on s'en va? Je ne le sais pas.
Si c'est accepté Le Président (M. Garon): Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: J'aimerais ça que mon collègue continue
parce que...
Le Président (M. Garon): Moi, ça ne me fait rien,
mais le temps de parole de l'Opposition se termine à 11 h 24.
M. Léonard: Une dernière remarque.
Mme Marois: C'est cette question-là que je voulais aborder
et je trouve ça très pertinent.
M. Léonard: Une dernière remarque. Je comprends
qu'au fond, les municipalités ne ferment pas la porte, elles voudraient
en parler. Je voudrais poser la question au ministre. Est-ce que, lui, volt la
chose sous cet angle? Est-ce qu'il serait d'accord d'en discuter avec les
municipalités et l'UMQ? Est-ce qu'il serait d'accord d'en discuter?
Elles disent: Nous pourrions, par exemple, prendre la gestion de certains
équipements scolaires primaires - je sais à quoi ça fait
allusion - les terrains de jeu, les arénas, tout ce qui est souvent
lié aux institutions scolaires. Est-ce qu'il est d'accord pour en parler
avec les municipalités? Est-ce que, étant donné qu'il a
bien connu le monde de l'éducation, il aimerait faire une espèce
de symbiose entre les deux, présentement, et puis aborder cette questbn
avec l'UMQ?
Le Président (M. Garon): Si le ministre veut
répondre, c'est sur le temps de l'Opposition parce que la question vient
de l'Opposition.
M. Léonard: Bien, tout à l'heure, il a quelques
minutes, de conclusion. Il pourra aborder, puis on aura l'occasion, au cours de
la journée, de faire le tour.
Mme Marois: Une réplique. C'est ça.
Le Président (M. Garon): O. K. Alors, Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Merci. Je suis très contente que cette
question soit abordée. Si vous avez quelques commentaires à
faire, peut-être que vous pourrez le faire sur mon temps. Dans votre
petit document gris qui accompagne la chemise de travail que vous nous avez
présentée, il y a un certain nombre de questions que vous
soulevez auprès du ministre et que vous n'avez pas posées,
cependant, à ce moment-ci. Mais j'aimerais ça que vous
élaboriez un petit peu sur les points 6 et 7 de votre petit document
où vous parlez des transferts en matière de voirie locale, en
précisant, en disant qu'aucune évaluation quantitative du
coût et de l'état du réseau n'a été
présentée au monde municipal. J'aimerais que vous m'en pariiez un
petit peu.
D'autre part, au point 7, vous dites: Le gouvernement affirme que le
contribuable résidentiel ne sera pas touché par les modifications
qui sont proposées à la loi et qu'il n'y aura aucun lien entre le
montant des transferts par municipalité et la répartition de
l'assiette foncière entre catégories résidentielle ou non
résidentielle. Vous dites: Comme ce n'est pas précisé,
est-ce que, finalement, ça n'obligera pas certaines municipalités
à aller vers d'autres avenues? Alors, J'aimerais vous entendre un peu
sur ces deux questions-là.
M. Blackburn (Ulric): Je voudrais aussi ajouter mon petit mot
à la question qui a été posée tout à
l'heure, sur la question des bâtisses scolaires. M. Mandeville dit:
Pourquoi pas? Mol, je dis ceci: C'est peut-être possible, sauf que,
justement, on devrait en discuter à la table
Québec-municipalités et voir les possibilités de le faire.
C'est peut-être possible. Il n'y a pas de décision, actuellement,
ou d'orientation qui ont été données par les
municipalités dans ça. Mais pourquoi ne pas regarder si c'est
possible de le faire. Ce serait peut-être un moyen de régler
beaucoup de problèmes dans certains domaines.
À la question 6, pour nous, c'est très clair, c'est que le
réseau routier québécois, qu'on sache, est très
avancé en désuétude, à plusieurs endroits. Et
ça, ça n'a pas été évalué par le
ministère des Transports pour savoir les coûts de
réparation de ce réseau routier. D'autant plus qu'on nous parle,
dans le projet... On nous parlait, à un moment donné, dans ce
qu'on nous avait présenté, dans les propositions, que ça
coûtait 3000 $ le kilomètre, alors que nos experts
prétendent que c'est 7000 $ le kilomètre. Alors, il y a toute une
différence. C'est ça qu'on veut dire dans cette
question-là.
La deuxième question, c'est que le contribuable ne sera pas
touché. Bien, c'est évident que le résidentiel va
être touché. Quand vous allez dans les petites
municipalités, c'est très clair, il n'y a pas de taxation...
Mme Marois: II n'y a pas de commercial ni de...
M. Blackburn (Ulric):... sur les automobiles, à ce
moment-là, qui est proposée. Alors, c'est évident
qu'à ce moment-là, ils vont être obligés d'aller
chercher de l'argent sur les résidences. C'est très clair,
même dans les municipalités de plus grande envergure où iI
y a cette partie-là. Et on va même jusqu'à demander aux
petites municipalités limitrophes, qui sont à côté
des grandes municipalités, de payer, ou au contribuable de payer ces 3
$, alors qu'il n'y a pas de services chez eux. C'est très clair qu'ils
vont être obligés d'aller aussi dans différents domai-
nés. En tout cas, on parle du réseau routier. C'est clair
qu'ils vont être obligés d'aller chercher dans le
résidentiel de l'argent pour le réseau routier.
Mme Marois: M. Mandeville, lui?
Le Président (M. Garon): Non. Le temps de l'Opposition
étant terminé, il reste cinq minutes et demie au ministre des
Affaires municipales.
M. Ryan: Oui. M. le Président, je vais essayer de faire
rapidement. Je voudrais tout d'abord rappeler les événements qui
ont entouré le processus. Il avait été convenu entre les
unions et le gouvernement qu'un exercice de recherche d'un nouveau partage
serait fait ensemble. Là, à un moment donné, les unions
ont insisté très fermement pour que le gouvernement dépose
un document. Ils ont dit: Déposez un document, autrement on ne peut pas
fonctionner. Alors, nous avons déposé un document le 14
décembre, en réponse à une demande précise et
insistante qui nous avait été faite. Là, nous voulions
engager la discussion avec les municipalités. Nous autres, nous trouvons
qu'il y en a eu un petit peu, vous autres, vous dites qu'il n'y en a pas eu.
C'est votre droit d'interpréter publiquement les conversations
privées d'une manière différente de ce qui est
arrivé. On ne conteste pas ça. Mais on n'ira pas dans le
détail non plus. Nous avons fait ça, puis nous n'avons jamais dit
non aux assises Québec-municipalités. C'est vous autres, au
lendemain du document, qui avez dit: Des assises, dans ce contexte-là,
on n'en veut pas. C'est ça qui est arrivé. Mais nous autres, nous
gardons toujours la même disposition, M. le Président, et
n'importe quand, nous sommes prêts à rouvrir les digues de la
consultation et de l'échange, surtout quand on aura réussi
à situer dans sa perspective exacte l'ampleur du changement qui est
proposé qui est beaucoup plus réduite qu'on ne veut laisser
entendre. Et la minute où on voudra revenir à coller davantage
sur les faits, je pense qu'on va être beaucoup plus proches les uns des
autres qu'on le pensait.
Je voudrais revenir sur le point qu'a soulevé le
député de Labelle. Il y a deux points qui ont été
soulevés par le député de Labelle. Tout d'abord, la
méthode de calcul pour établir les différences entre le
fardeau fiscal qui existe en Ontario et celui qui existe au Québec. Il
existe à peu près sept méthodes différentes pour
établir les différences dans le fardeau fiscal. On peut baser les
comparaisons sur le PIB. On peut les baser sur le revenu personnel des
citoyens. On peut les baser sur le nombre des ménages. On peut les baser
sur le nombre d'habitants. On peut les baser sur le stock de capital. Ce sont
les principaux... On peut les baser évidemment sur la richesse
foncière. Le problème de la richesse foncière, comme base
de comparaison, c'est que la méthode adoptée dans chacune des
deux provinces, l'Ontario et le Québec, pour établir
l'évaluation n'est pas la même. Il y a des variations
considérables de l'une à l'autre, si bien qu'on arrive à
une richesse foncière uniformisée au Québec qui est 68 %
inférieure à celle de l'Ontario. Si on retenait seulement cette
base-là, c'est évident que pour 1 $ de taxes que vous allez
chercher au Québec, le taux de taxation est beaucoup plus
élevé qu'il ne l'est en Ontario. Si on prend seulement cette
base-là, ça saute aux yeux. Mais on ne peut pas retenir
uniquement cette base-là si on veut arriver à une
fiscalité qui tienne compte de la capacité véritable de
payer des citoyens. Et la base que retient le ministère des Finances,
c'est la méthode du PIB reposant sur le produit intérieur brut.
Je vous dis une chose: Sur les six autres méthodes, celle de la richesse
foncière uniformisée, on ne peut pas la retenir. Sur les six
autres méthodes, celle qui repose sur le PIB, c'est celle qui donne le
différentiel le moins élevé. Toutes les autres donnent un
différentiel encore plus élevé que celui de 17 % que nous
avons donné en ce qui touche le fardeau fiscal dérivant de taxes
locales. Et ça, l'écart entre le Québec et l'Ontario... Si
vous voulez le réfuter, M. Blackburn, vous êtes entièrement
libre. Et moi, j'aime la polémique, j'adore ça. Et si vous faites
la preuve que nous avons tort en prenant la même méthode... Si
vous réfutez notre pourcentage en prenant une autre méthode,
ça ne tient pas. Et je vous dis: La méthode que vous retenez est
bonne pour bien des fins. Pour toutes nos comparaisons intermunicipales, nous
autres, c'est très important. Quand on discute de
péréquation, même là, on est portés à
tenir compte beaucoup de la richesse foncière uniformisée.
À l'intérieur de ces choses-là, à
l'intérieur du Québec, c'est évident que c'est un facteur
qui est très important, que nous ne minimisons pas. Mais quand on veut
faire des comparaisons avec l'Ontario, là, il faut prendre des
méthodes qui vont nous permettre de comparer des réalités
semblables d'un côté et de l'autre. Et encore une fois, dans cette
perspective, si la méthode du ministère des Finances
n'était pas bonne, ça ferait longtemps qu'Ottawa aurait dit: Pour
la péréquation, allez vous rhabiller. Et je pense bien que c'est
une méthode qui dépasse les gouvernements. C'est la même
méthode qui existait quand le Parti québécois était
au pouvoir et qui existe maintenant. On n'a pas tripoté ces
méthodes-là. On n'est peut-être pas assez fins pour
ça.
Alors, de ce côté-là...
Le Président (M. Garon): Alors, M. le ministre...
M. Ryan: ...je pense qu'on peut faire confiance aux techniciens
qui sont engagés dans ces choses-là. Et qu'on conteste
publiquement, c'est parfait. Moi, j'adore ça, encore une fois.
Mais qu'on me fasse la preuve, autrement je ne change pas d'opinion.
Le Président (M. Garon): Alors, je vous remercie...
M. Ryan: Juste un point. En réponse au
député, si vous me permettez...
Le Président (M. Garon): C'est parce que votre temps est
écoulé.
M. Ryan: ...à la question relative aux immeubles
scolaires...
Le Président (M. Garon): Oui.
M. Ryan: ...et vous ne voulez pas, je me soumets à votre
volonté.
Le Président (M. Garon): non, mais vous aurez l'occasion.
il va y avoir tellement de gens qui vont venir nous rencontrer pendant trois
jours, que vous allez avoir le temps de le dire...
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Garon): ...parce que si je permets
à un, pourquoi je ne permettrais pas à l'autre? À un
moment donné, je vois le député de Jonquière qui me
regarde avec des yeux...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Garon): ...de fusils mitrailleurs pour
voir ce que je vais faire et après ça...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Garon): Alors, je voudrais remercier les
représentants de l'Union des municipalités du Québec
d'être venus nous présenter leur point de vue et je vais demander
maintenant à la Communauté urbaine de Montréal de
s'approcher et de venir nous présenter leur mémoire pour la
période d'une heure. (11 h 30)
J'appelle les membres de la Communauté urbaine de
Montréal, les représentants de la Communauté urbaine de
Montréal à s'approcher, et aux différents
représentants des partis de venir à leur table, puisque, comme
l'a dit le ministre des Affaires municipales, la discipline est importante pour
que tout fonctionne très bien. Je demanderais aux représentants
de la Communauté urbaine, aux porte-parole de la Communauté
urbaine de Montréal, de s'identifier et de présenter ceux qui les
accompagnent, qui font partie de leur délégation. Ensuite, je
vais leur demander de présenter leur point de vue, pour une
période dune heure, c'est-à-dire normalement, comme je le disais
tout à l'heure, 20 minutes pour exposer votre point de vue, 20 minutes
au parti ministériel, 20 minutes à l'Opposition. Si vous en
prenez moins, l'excédent du temps de 60 minutes sera réparti
également entre les partis. Si vous en prenez plus, la partie que vous
aurez prise en plus leur sera coupée réciproquement. Alors, M.
Hamelin.
Communauté urbaine de Montréal
M. Hamelin (Michel): M. le Président, je tiens d'abord, au
nom de la Communauté urbaine de Montréal, à vous
remercier, ainsi que les membres de la commission, Mmes et MM. les
députés, M. le ministre, de bien vouloir nous recevoir à
l'occasion de cette audience parlementaire. J'aimerais vous présenter
les membres de la Communauté qui m'accompagnent. À mon
extrême gauche, Me Nicole Lafond, la secrétaire de la
Communauté, M. Jean Bélanger, directeur adjoint au service
d'évaluation. À mon extrême droite, M. Normand
Bélisle, trésorier adjoint de la communauté, et à
ma droite Immédiate, M. Louis Roquet, directeur général de
la Communauté urbaine de Montréal.
Mesdames et messieurs, le 14 décembre dernier, le ministre des
Affaires municipales déposait un document de travail portant sur un
nouveau partage des responsabilités Québec-municipalités.
Ce document comportait une série de propositions destinées
à assurer un partage plus équitable des responsabilités et
des ressources entre le gouvernement et les municipalités.
Présentées aux représentants desdites municipalités
lors d'une table ronde, ces propositions constituaient, de la part du
gouvernement, un appel à un dialogue et à une collaboration de
tous les partenaires. Le ministre précisait que les propositions
n'étaient que des projets gouvernementaux pour l'amorce d'un dialogue
constructlf qui devait déboucher sur un nouveau partage équitable
et satisfaisant pour toutes les parties.
Force est de constater aujourd'hui qu'à compter du 1er janvier
1992, le monde municipal et le gouvernement seront forcés d'imposer un
fardeau additionnel de 400 000 000 $ aux contribuables. Mais au-delà de
ce nouveau fardeau, il importe de souligner que, malheureusement, une
réflexion en profondeur et en étroite collaboration avec les
municipalités n'a pas vraiment précédé ces
propositions gouvernementales, ce qui fait que nous sommes déçus
non seulement du résultat mais surtout de la démarche entreprise
à toute vitesse sur un sujet aussi vital que la fiscalité
municipale.
Nous sommes certes sensibles à la situation financière qui
prévaut dans tout le pays. Nous sommes également très
conscients de la situation financière du gouvernement, de
l'acuité de la crise budgétaire et de la nécessité
de la contribution de tous les partenaires pour redresser cette situation.
C'est dans cet esprit que nous attendions du gouvernement des échanges
pro-
fonds et constructifs devant déboucher sur des
solutions satisfaisantes, comme c'était le cas en 1979 au moment de la
réflexion sur la réforme municipale.
Le gouvernement a malheureusement choisi de
rééquilibrer son budget au détriment des gouvernements
locaux. Ce geste constitue une brèche à la réforme de la
fiscalité municipale adoptée en 1980, suite à de larges
consensus établis entre le gouvernement du Québec et les
municipalités.
Après avoir vécu une période de
stabilité, en raison de la mise en application d'une réforme
fiscale réfléchie et concertée, nous nous retrouvons dans
un état d'incertitude, qui risque de mettre en péril la situation
financière de fa Communauté et de ses municipalités
membres. La CUM est tout particulièrement visée par la
présente réforme, notamment par la proposition de mettre fin aux
subventions à l'exploitation et au maintien des actifs des organismes
publics de transport. C'est ce qui explique que le présent
mémoire met l'emphase sur le financement du transport en commun.
Nous nous devons également de souligner
lïnéqulté présente dans les propositions
gouvernementales. Comme entité géographique, la Communauté
urbaine de Montréal est la plus durement touchée par le transfert
gouvernemental, et ce, d'une façon disproportionnée par rapport
à son poids fiscal et budgétaire. À elles seules, les
municipalités de la Communauté devront absorber 72 % de la somme
transférée en matière de transport en commun. Cette
proportion est très élevée par rapport au 44,7 % que
constitue le ratio du total des budgets des municipalités de la
Communauté, sur les budgets municipaux consolidés de la province.
Et la proportion est encore plus élevée si on tient compte du
ratio de l'évaluation foncière de la Communauté par
rapport à celui de la province: 37,4 %.
Ce transfert va donc affecter très
sérieusement les finances des municipalités de la
Communauté et entraînera très certainement de
substantielles hausses de taxes. D'après nos analyses, la moyenne des
quotes-parts des municipalités augmentera d'au moins 28 %. À cet
égard, mentionnons que les entreprises localisées sur le
territoire de la Communauté urbaine de Montréal verront leurs
taxes augmenter en moyenne de 11,3 %, atteignant 20,5 %.
Par ailleurs au niveau résidentiel, à cause
de la structure de la Communauté, 21 des 29 municipalités de la
CUM connaîtront une hausse de leurs taxes à ce chapitre, allant
jusqu'à 5,1 %.
En contrepartie, le gouvernement offre aux organismes
publics de transport des revenus générés par l'application
d'un droit additionnel de 30 $ sur les plaques d'immatriculation des
véhicules de promenade, dans les municipalités
énumérées dans le projet de loi. Comme cette compensation
des automobilistes est insuffisante pour combler le manque à gagner, le.
gouvernement propose aux municipalités de financer leurs
dépenses, en matière de transport en commun, à même
leur base fiscale actuelle, en imposant une surtaxe sur les immeubles non
résidentiels, laquelle est diminuée des revenus des
immatriculations et de ceux des mutations immobilières, et une taxe
facultative sur le stationnement qui semble s'avérer, du moins dans le
cas de la Communauté urbaine, difficile d'application.
Nous aimerions réitérer la volonté des
municipalités membres de la Communauté d'accorder une
priorité au transport en commun. Les élus locaux de la
Communauté ont déjà établi un consensus à ce
sujet. Cette volonté a été manifestée à
maintes reprises, et particulièrement dans le cadre de la commission
parlementaire de l'aménagement et des équipements de janvier
1989.
Nous sommes tous conscients que le transport en commun
n'est pas uniquement un moyen de déplacement, mais également un
puissant levier de développement urbain et un important outil pour
stimuler l'activité économique. En plus, il permet de
réduire la pollution et les besoins en investissements routiers et
autoroutiers. La CUM soutient que l'enjeu du développement du transport
en commun est de portée nationale, tout autant que locale et
régionale. Dans cette optique, le gouvernement se doit de participer
à son financement.
Les retombées du transport en commun
dépassent largement les frontières des municipalités
desservies. La CUM comprend mal que le gouvernement invoque la nature
essentiellement locale du transport collectif pour justifier son retrait
financier. La plupart des pays et des provinces ont compris ces enjeux et
bénéficient des retombées du transport collectif. C'est
pourquoi ils continuent à apporter leur soutien financier à leurs
réseaux de transport en commun, tant sur le plan de l'exploitation que
sur le plan des immobilisations.
C'est dans cet esprit que les élus de la
Communauté se sont réunis le 21 mai dernier, en assemblée
spéciale du conseil, et ont adopté une résolution en ce
sens, qui a été transmise au gouvernement et qui est en annexe du
rapport.
Ce large consensus établi par les élus de la
Communauté, sur la priorité du transport en commun, est le
résultat d'une conviction profonde de l'importance de ce secteur et
d'une évolution historique de la problématique du financement,
dont il est opportun de rappeler les principaux événements. Et
ici, je vous fais grâce de lire l'historique que la plupart d'entre vous
connaissez, c'est un historique qui, remontant à 1980, démontre
bien l'importance accordée au transport en commun par le gouvernement du
Québec, ce qui rend d'autant plus incompréhensible l'actuel
projet du gouvernement. Et j'invite, ceux qui suivent, à continuer
à la page 19.
Depuis 1981, la Communauté urbaine de Montréal a
proposé à maintes reprises l'établissement d'une taxe sur
l'essence. Une telle taxe serait une source de financement équitable,
facile à administrer, qui comblerait une partie des besoins financiers
du transport collectif. Qu'il nous soit permis de rappeler que,
récemment, la Communauté a de nouveau proposé cette taxe
qui va de pair avec l'objectif d'assurer une certaine équité
entre les bénéficiaires et favoriser le transfert de
l'automobiliste vers le transport en commun. On s'est fait répondre que
ce champ de taxation appartenait exclusivement au gouvernement et que,
déjà, tes produits pétroliers étaient suffisamment
taxés.
Pourtant le gouvernement vient d'annoncer son intention d'utiliser cette
source pour combler ses propres besoins pour quatre cents et demi d'ici le 1er
janvier 1992. Il nous apparaît donc opportun de réclamer à
nouveau du gouvernement une partie de la nouvelle taxe sur l'essence
décrétée dans le budget. Dans le contexte actuel, surtout
avec le retrait de la contribution du gouvernement, la CUM est plus que jamais
convaincue de la nécessité d'une telle source de revenu pour
financer l'exploitation du transport en commun.
Les automobilistes sont des bénéficiaires d'un
système de transport en commun efficace. Sans ce système, la
circulation, en particulier aux heures de pointe, serait un cauchemar pire
qu'il ne l'est actuellement. On s'en aperçoit surtout lors d'une
grève du transport en commun ou même d'un arrêt du
métro. On oublie souvent qu'une rame de métro, c'est
l'équivalent de 850 automobiles de moins en circulation et qu'un
autobus, ça équivaut à 50 automobiles de moins en
circulation.
Il importe de souligner une autre inéquité fiscale dans la
proposition gouvernementale. En effet, d'un côté le gouvernement
reconnaît les bénéfices du transport en commun dont les
automobilistes de la région métropolitaine de Montréal
profitent, en leur imposant un droit additionnel sur les plaques
d'immatriculation. D'un autre côté, il exclut du financement les
entreprises localisées à l'extérieur des territoires des
organismes publics de transport, alors que celles-ci bénéficient
également des retombées du transport en commun. Il est donc
justifié de leur demander de défrayer leur part de l'exploitation
du transport collectif. D'autant plus que, tantôt, je mentionnais que sur
le territoire de la Communauté, les taxes des entreprises vont augmenter
de 11 % à 20 % et que, soit l'autre côté d'une
rivière, soit l'autre côté d'une frontière
municipale, Laval ou la Rive-Sud, à ce moment-là, c'est
zéro et même, dans certains cas, il y a des diminutions. Ça
entraîne donc des différences qui nous semblent
disproportionnées. Est-ce que ça doit être au même
taux, peut-être pas. Ça peut être ouvert à
discussion, mais nous croyons que ces entreprises doivent contribuer.
Le gouvernement du Québec propose l'élargissement du champ
de la taxe foncière par un nouveau plafond, 0, 96 % du taux global de
taxation, correspondant à environ 6, 2 fois le taux multiplicateur
actuel sur le territoire de la CUM. En 1988, la Communauté a
précisément demandé au gouvernement de modifier à
la hausse le multiplicateur du taux global de taxation de 5, 5 à 6, 3.
Cette demande a été formulée afin de contrecarrer la
tendance du glissement de transfert fiscal vers le secteur résidentiel
et d'alléger le fardeau supporté par la propriété
résidentielle. Mais le gouvernement refusa cette demande,
alléguant que cela nuirait à la compétitivité des
entreprises. Trois ans plus tard, voilà qu'il l'incorpore à ses
propositions.
Les mesures préconisées par le gouvernement relativement
aux services policiers de base dispensés par la Sûreté du
Québec résulteront en une tarification annuelle de 70 000 000 $
sur la base de la richesse foncière. Autant cette approche
apparaît logique en ce qui a trait à la nécessaire
contribution des municipalités qui ne sont pas dotées d'un corps
de police, autant elle crée une inéquité à
l'égard des municipalités qui assument les coûts d'un
service policier global.
Dans cette perspective, nous avons procédé à un
examen minutieux des responsabilités assumées par la CUM à
cet égard, à la lumière de la situation prévalant
ailleurs au Québec. Nous pouvons constater que la Communauté
défraie les coûts du plus important corps policier du
Québec qui compte près de 4500 policiers et plus de 600
employés civils et que ce service de police est doté de toutes
les unités requises pour effectuer un travail policier complet. Les
principes mis de l'avant par la proposition gouvernementale laissent clairement
entendre que le coût des services spécialisés en
matière de police devait être assumé par le gouvernement du
Québec puisque aucune facturation des coûts n'est
proposée.
Dans cette perspective, il nous apparaît logique et
équitable que la Communauté urbaine de Montréal soit
compensée pour les coûts des services spécialisés
qui sont assumés par son service de police et qui
s'élèvent, pour l'année 1991, à plus de 66 000 000
$. Le service de police de la Communauté encourt également des
dépenses annuelles de l'ordre de 6 000 000 $ pour des tâches
reliées à l'administration de la justice, qui sont clairement du
ressort du gouvernement provincial. Ces frais sont reliés aux
témoignages à la cour des policiers qui y sont assignés.
Selon nous, iI n'appartient pas à la Communauté d'assumer ces
frais pour lesquels nous ne recevons aucune compensation.
La taxe foncière spéciale aux fins du transport en commun
serait Imposée sur la même assiette fiscale que l'ancienne taxe
d'affaires, elle-même substituée optlonnellement en une surtaxe
foncière sur le secteur non résidentiel payé par le
propriétaire. Un plafond propre au
transport en commun s'ajouterait au plafond général de la
nouvelle taxe sur le secteur non résidentiel et un plafond
spécifique est proposé pour chaque OPT et applicable à
chacune des municipalités, en l'occurrence 0,28 pour les villes qui font
partie du réseau de la STCUM. Cette taxe vise particulièrement le
milieu des affaires, car, selon le gouvernement, ce sont les entreprises, les
industries, les commerces qui bénéficient indirectement du
transport en commun. Même si, à l'heure actuelle, nous n'avons pas
connaissance de tous les impacts et de leur niveau de manifestation, il nous
apparaît utile, néanmoins, d'en esquisser quelques-uns, du moins
les plus flagrants. (11 h 45)
En somme, le gouvernement propose une surtaxe sur l'immobilier non
résidentiel pour financer le manque à gagner, augmentant ainsi le
fardeau fiscal foncier des entreprises. Comme il s'agit de frais fixes, cette
surtaxe affectera à la hausse le fardeau des entreprises, ce qui risque
de diminuer leur capacité concurrentielle. J'ai expliqué
tantôt divers éléments à ce sujet-là. Dans ce
cas, il est Injuste que seules les municipalités situées sur le
territoire desservi par un organisme public de transport, paient le manque
à gagner, tandis que celles localisées en
périphérie contiguë en retirent des avantages sans pour
autant payer leur part.
Cette inéquité de charges fiscales pourrait inciter les
entreprises à quitter la zone urbaine et à se relocaliser
à l'extérieur d'un territoire d'un OPT, de façon à
ne pas payer leur part. Au moment où la CUM déploie beaucoup
d'efforts dans la promotion économique, l'attraction des investissements
et la création d'emplois, cette inéquité risque d'inciter
les entreprises à se localiser ou se relocaliser ailleurs, encourageant
ainsi l'étalement urbain. Il y a là, de toute évidence,
une faille permettant une certaine forme d'évasion fiscale. Afin de
répartir équi-tablement le nouveau fardeau, la Communauté
propose d'élargir le territoire taxé à la région
métropolitaine de rencensement, comme pour les immatriculations. Cet
élargissement permettrait d'éviter à la fois
l'évasion fiscale, l'exode des entreprises et
l'accélération du phénomène d'étalement
urbain.
L'abandon éventuel du rôle locatif aura des effets fiscaux
sur les contestations de taxes. Une étude effectuée à ce
sujet sur le territoire de la Communauté indique que les
municipalités membres auraient à débourser plus de 30 000
000 $ en remboursement de taxes, suite aux nombreuses contestations et en
raison d'une concentration des taxes au sein des propriétaires
fonciers.
L'introduction d'une surtaxe foncière pour le transport en commun
en remplacement de la taxe d'affaires est basée sur un pari fiscal
majeur, à l'effet que le gouvernement fédéral consentira
à payer ces nouvelles taxes. La problématique du gouvernement du
Québec vis-à-vis du gouvernement fédéral sera
désormais transférée au palier municipal. Les élus
municipaux se demandent si le gouvernement fédéral acceptera de
payer une somme supplémentaire en "en lieu" de taxes pouvant atteindre
les 70 000 000 $, alors que le Québec se désengage de 236 600 000
$. Qu'adviendra-t-il si le gouvernement fédéral refuse de payer
cette facture ou partie de cette facture? Les municipalités de la
Communauté seraient-elles contraintes d'absorber ce manque à
gagner?
Au cours des dernières années, la Société de
transport de la Communauté a perdu du terrain par rapport à
l'automobile. Par voie de conséquence, l'achalandage a baissé
à raison de 1 % par année. À la longue, l'accentuation de
ce phénomène aurait des effets marqués sur le
développement de l'agglomération montréalaise. C'est
pourquoi les membres du conseil d'administration de la STCUM croient qu'il est
nécessaire, voire même impératif, de relancer le transport
en commun afin de redresser la tendance à la baisse de l'achalandage
avant qu'il ne soit trop tard et de rétablir ainsi un meilleur
équilibre entre l'automobile et le transport en commun. Il est ironique
de constater qu'après avoir demandé à plusieurs reprises
une quatrième source de financement, la proposition gouvernementale de
décembre dernier réduisait les sources à deux: usagers,
municipalités; et finalement à trois avec l'introduction de la
contribution de l'automobiliste par les plaques d'immatriculation. Nous sommes
donc au même point qu'il y a 10 ans.
Comme les propositions gouvernementales sont basées sur une
comparaison de la situation fiscale des municipalités du Québec
à celles de l'Ontario, il n'est pas sans intérêt de
rappeler certaines réalités ontariennes. Le gouvernement ontarien
contribue à la TTC, Toronto Transit Commission, 108 000 000 $ et 16 %
des dépenses de fonctionnement pour cette année. Il opère
un réseau ferroviaire le GO Train, l'équivalent des trains de
banlieue, et sept lignes d'autobus, et il transporte 35 000 000 de voyageurs,
ce qui coûte 180 000 000 $. Le gouvernement finance 70 000 000 $, soit 40
%. Alors, comparaison pour comparaison, je pense que celle-là est
valable également.
Le projet de loi 145 introduit, à l'article 159, la notion de
deux potentiels fiscaux pour la Communauté, un potentiel fiscal pour la
répartition des dépenses générales et un autre pour
la répartition des dépenses de la Société de
transport. Si cette disposition nous apparaît acceptable, compte tenu des
choix gouvernementaux pour actualiser son transfert fiscal, en revanche,
l'article 198 du projet de loi 145 apparaît totalement inacceptable
à l'ensemble des municipalités de la CUM, d'autant plus que nous
n'avons jamais été consultée à cet effet dans le
cadre du présent projet de loi. Cet article 198
prévoit que le déficit de la Société de
transport peut être réparti entre les municipalités selon
le potential fiscal, selon le nombre de kilomètres parcourus, selon le
nombre d'heures de service, selon la population ou selon tout autre
critère retenu par le conseil. Une telle disposition nous apparaît
extrêmement dangereuse et source potentielle de conflits interminables au
sein de la Communauté urbaine de Montréal.
La base de la création de la Communauté en 1970
était justement une répartition équitable des coûts
de certains services publics, notamment la police et le transport en commun.
Vouloir implanter une tarification, puisque c'est de cela qu'il s'agit en
matière de transport en commun, rend impossible l'organisation d'un
service efficace à travers les 29 municipalités du territoire. La
Communauté a pris 20 ans pour arriver à une harmonie qui reste
fragile à certains égards et l'implantation de cette mesure
conduirait rapidement à des problèmes tels qu'ils
mèneraient à une crise majeure.
Comment, en effet, dégager des consensus et surtout la double
majorité requise au conseil pour l'approbation d'un règlement,
alors que chacun pourra se mettre à analyser ce qui est le plus
avantageux pour sa municipalité. En cas d'impasse au conseil, sur quelle
base la répartition devra-t-elle se faire? Devra-t-on effectuer des
détours pour ne pas passer dans une municipalité qui ne voudrait
pas des services d'autobus, parce qu'elle peut être desservie par un
circuit qui passe par la municipalité voisine. Cette mesure a
déjà été proposée dans le projet de loi qui
créait le Conseil métropolitain du transport en commun, elle
avait été rejetée par la Communauté urbaine de
Montréal. Le gouvernement avait alors donné suite à notre
demande et retiré cette modification.
Au nom de l'équité fiscale, au nom de l'efficacité
du transport en commun, nous vous prions instamment, à l'article 198, de
ne laisser que le potentiel fiscal prévu à l'article 159 du
projet de loi, article 261.7 de la Loi sur la fiscalité municipale. Et
on a aussi attiré mon attention sur quelque chose qui n'est pas dans le
document, il s'agit de la disposition qui prévoit qu'une
municipalité doit payer sa quote-part à la Communauté,
même si elle conteste, et ce, jusqu'à adjudication
définitive. Ce serait dangereux d'éliminer cette disposition qui
est actuellement dans notre loi; on m'informe que ça pourrait affecter
le crédit de la Communauté. Alors, nous vous demandons, si c'est
possible, de maintenir cette disposition dans la loi.
Le territoire de la Communauté abrite 30 % de la population du
Québec et offre 38 % du volume d'emplois de toute la province. Les
entreprises y génèrent plus de 50 % des biens et services
produits au Québec; c'est sur notre territoire que sont
concentrés 80 % des 1 400 000 emplois de la région
métropolitaine. Cependant, notre territoire fait face à des dif-
ficultés structurelles et conjoncturelles bien connues, ce qui se
traduit entre autres par un sous-emploi marqué: 15 % de chômage
pour la Communauté, plus de 16 % pour la ville de Montréal
comparativement à 12 % pour tout le Québec. Et le
phénomène de la pauvreté atteint aussi des proportions
alarmantes. On peut donc établir une corrélation très
étroite entre les politiques gouvernementales et le niveau de
performance de l'économie de l'agglomération mont
réalalse. Notre agglomération continue d'être non seulement
ignorée mais également accablée par des problèmes
de toutes sortes.
Le retrait du gouvernement de l'aide a l'exploitation du transport en
commun dont il est question aujourd'hui, est un facteur d'affaiblissement de
notre agglomération et ce facteur est essentiel à une croissance
économique. Toute cette croissance repose sur un renouveau de la base
économique qui est une responsabilité conjointe d'un gouvernement
et des autorités locales. Malheureusement, notre agglomération se
situe en deçà de son potentiel réel en raison d'un manque
de support, voire d'une absence de volonté claire. Il est à
espérer que le comité ministériel permanent du
développement du Grand Montréal chargé de coordonner les
interventions du gouvernement dans la région de Montréal saura
apporter cette aide nécessaire à la revitalisation de notre
agglomération.
La région métropolitaine de Montréal se
caractérise par de multiples disparités notamment au plan des
opportunités d'emplois. Il est utile de mentionner que plus de 400 000
résidents des municipalités avoisinantes viennent travailler sur
le territoire de la Communauté. La zone centrale doit donc supporter une
partie Importante du financement des équipements collectifs de la
région. La périphérie retire des bénéfices
importants et s'en tire à bon compte par une légère
participation au financement des équipements et services collectifs.
Cette problématique esquissée très rapidement, mais qui
mériterait d'être analysée en détail dans l'avenir,
illustre lo sérieux problème auquel les élus de la
Communauté sont confrontés. D'une part, une zone centrale
affaiblie où résident les citoyens à revenus modestes,
d'autre part, cette même zone supporte un lourd financement
d'opération d'équipements utilisés par une grande partie
des résidents de la périphérie.
Par surcroît, au moment où nos besoins sont croissants, le
gouvernement réduit son aide. Pour remédier à cette lacune
Importante et mieux respecter le principe d'équité, il nous
apparaît urgent d'élaborer une véritable fiscalité
d'agglomération qui serait une contrepartie normale aux
bénéfices reçus. Une nouvelle réforme fiscale devra
explorer cette piste pour tenir compte des Interdépendances des
municipalités ainsi que des chevauchements des Infrastructures et
pallier ainsi à des Inéqultés flagrantes. La
prospérité est envisageable avec un
renforcement de la zone centrale, complétée par une
périphérie dynamique. Les agglomérations urbaines les plus
compétitives sont celles qui ont traduit cette vision dans leurs actions
quotidiennes et qui bénéficient d'un support gouvernemental
soutenu.
En conclusion, ce forum nous apparaît être un lieu
privilégié pour rappeler au gouvernement son rôle
concernant la nécessité de redynamiser le territoire de la
Communauté urbaine et l'urgence de développer une nouvelle
réforme fiscale plus équitable. Faut-il rappeler que le potentiel
de développement de la Communauté est en partie tributaire de la
desserte des secteurs d'habitations, de commerces et d'industries par un
système de transport en commun efficace. Faut-il également
rappeler que le transport en commun est un facteur structurant de la forme
urbaine. Une ville structurée par le transport en commun est plus
concentrée, plus dense et plus organisée.
Par contre, une ville confectionnée de toutes pièces par
l'usage de l'automobile est plus dispersée et consomme plus d'espace, ce
qui est coûteux pour la collectivité entière. Faut-il
encore rappeler que dans un contexte de préoccupation environnementale,
le transport collectif urbain présente une alternative valable face
à l'usage de l'automobile et un outil adéquat pour l'instauration
d'un développement durable.
Face à ces enjeux et aux impacts des mesures financières
et fiscales annoncées qui constitueront un poids considérable
pour les usagers du transport et tous les contribuables de la CUM, les
élus ont d'abord et avant tout réaffirmé leur
volonté d'accorder la priorité au transport en commun. Ils ont
également exprimé catégoriquement leur refus à
l'égard des mesures fiscales et financières telles que
proposées, et c'est motivé par la situation précaire dans
laquelle se trouve la Communauté. Cela s'explique aussi par le fait que
les propositions gouvernementales sont injustes, car elles risquent de creuser
l'écart du fardeau assumé par la Communauté et les villes
périphériques.
Enfin notre refus est motivé par le fait que nous
considérons qu'il est primordial que le gouvernement du Québec
maintienne son aide financière aux opérations du transport en
commun, soit directement, soit indirectement. Dans cette optique, nous
demandons au gouvernement de continuer à assurer son rôle social,
en maintenant sa contribution financière à tout le moins pour la
tarification réduite des étudiants et des personnes
âgées, 38 000 000 $, et, pour le transport scolaire, un minimum de
15 000 000 $. De plus, nous sommes convaincus de la nécessité de
récupérer une partie de la taxe sur l'essence que nous
réclamons depuis 10 ans.
Dans le domaine des immobilisations, les élus de la
Communauté exigent du gouvernement des garanties pour le maintien de son
aide financière à cet égard et à l'égard du
dévelop- pement des infrastructures requises. Pour ce qui est des
services policiers, la Communauté réclame une compensation
financière de 66 000 000 $ pour les coûts des services
spécialisés assumés par le service de police pour
rétablir une cohérence et une équité fiscale.
Enfin, ce que nous demandons, c'est une démarche ouverte et
concertée du gouvernement et des municipalités, identique
à celle qui a permis d'élaborer la réforme de 1980. Cette
démarche permettrait de repenser les principes directeurs, les objectifs
et les moyens d'un financement adapté aux besoins et à la
capacité de payer des municipalités et de l'agglomération
montréalaise. Cette vaste tâche ne peut se faire du jour au
lendemain. Il faut donc engager des échanges constructifs et ouverts et
établir de larges consensus, ce qui requiert du temps. Entre-temps, le
gouvernement pourra surseoir, devra surseoir à ces propositions, ou
trouver les moyens requis pour compenser son retrait brutal. Nous sommes
convaincus que le gouvernement est sensible aux préoccupations de la
Communauté, qu'il saura prendre en considération nos demandes,
compte tenu des enjeux, et qu'il réunira les parties concernées
pour une véritable réforme en profondeur. Je vous remercie.
Le Président (M. Garon): Alors, comme l'intervention de la
Communauté urbaine a duré 24 minutes, il reste 36 minutes
d'intervention, 18 minutes chacun. Alors, M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Ryan: Merci, M. le Président. Je suis très
heureux de souhaiter la bienvenue à M. Hamelin, président de la
Communauté urbaine de Montréal et à la
délégation qui l'accompagne. J'ai pris connaissance avec beaucoup
d'intérêt du mémoire de la CUM, dont j'ai
apprécié le caractère constructif, même s'il
véhicule aussi un certain nombre de critiques sévères.
C'est de bon ton, ça fait partie de nos moeurs démocratiques,
nous l'apprécions. Mais je souligne le ton tout à fait digne et
courtois qu'on a emprunté pour formuler des critiques et je pense que
c'est assez représentatif de la manière dont les dirigeants de la
ville de Montréal et de la CUM, et de la très grande
majorité des municipalités de l'île de Montréal ont
engagé la discussion avec le gouvernement autour du projet de loi au
cours des derniers mois. Je pense que ce document est assez typique, et je le
souligne en toute loyauté.
Avant de m'avancer trop, là, à un moment donné j'ai
vu que dans la première page du mémoire, vous dites: II y a 72 %
des charges qui vont affecter la Société de transport de la CUM
en matière de transport en commun. C'est assez normal, parce que je
pense que, sur l'ensemble des dépenses du transport en commun au
Québec, la part de la STCUM est très voisine de 72 %. Il n'y a
pas matière à grande surprise de ce côté-là,
je pense que ça va tout à fait dans la ligne
des réalités que nous connaissons.
Ce qui m'apparaît important à ce moment-ci, c'est
d'établir clairement l'impact de la réforme pour la
Communauté urbaine de Montréal, et comme on discute de finances,
il va falloir mettre quelques chiffres sur la table. Je vais le faire de la
manière la plus simple possible, pour qu'encore une fois, nous
travaillions à établir une base de statistiques qui va être
commune à tout le monde. Après ça, s'il y a des
améliorations, on peut les rechercher.
À la suite des ajustements que nous avons annoncés il y a
déjà trois semaines, évidemment le transfert
effectué en direction de chaque municipalité a diminué
sensiblement. Nous avons fait le total pour les municipalités de
l'île de Montréal, et la réduction du solde qui va rester
à financer, dont je parlerai tantôt, va être de l'ordre de
36 % à 37 %. Une réduction très sensible, 36 % à 37
% sur l'ensemble. Je vais vous l'expliquer, on va se comprendre facilement. Si
on repart des documents que nous avions, le transfert brut, là, pour
toute l'île de Montréal serait de 210 000 000 $, soit 122 000 000
$ pour la ville de Montréal et 88 000 000 $ pour les autres
municipalités. De ce total de 210 000 000 $, il y a un total de 185 000
000 $ - je vous laisserai une copie de ce tableau-ci après, je le
remettrai à l'Opposition aussi si ça l'intéresse, il n'y a
pas de problème - qui vont au transport en commun et il reste 25 000 000
$ pour d'autres postes. (12 heures)
Maintenant, il y a ce que j'appelle le financement spécifique,
les sources de revenus additionnelles, que le gouvernement, par les
décisions du gouvernement ou de l'Assemblée nationale, procurera
aux municipalités de l'île de Montréal. Ce financement
spécifique s'établit en tout à 114 000 000 $. Ça,
ça comprend l'immatriculation des véhicules de transport de
promenade, les mutations immobilières, "en lieu" de taxes
fédérales et provinciales dont je dirai un mot tantôt et
autres sources, en particulier, là, les droits sur les divertissements.
114 700 000 $ ici, ce qui laisse, pour le transport en commun, un solde
financé de 109 400 000 $ selon nos calculs, dont 69 700 000 $ à
la ville de Montréal et 39 700 000 $ aux autres municipalités de
l'île de Montréal. Excluant le transport en commun, 114 000 000 $
moins 109 000 000 $, il y a 5 000 000 $ à chercher autrement pour
d'autres objets, là.
Alors, voilà le vrai tableau. Je pense qu'il y a
déjà une amélioration très sensible par rapport
à ce que nous avons discuté au mois de janvier et au mois de
février. Ça, ce ne sont pas des promesses ou de la conjecture,
c'est le résultat de décisions que nous avons annoncées
publiquement il y a environ trois semaines concernant les ajustements que le
gouvernement a décidé d'apporter. Ça, c'est un premier
point que j'établis uniquement.
Deuxièmement, nous proposons comme moyen principal, pour financer
cette partie qui va aller au transport en commun, le recours à une
surtaxe sur la propriété non résidentielle. Nous ne
l'imposons point dans le projet de loi 145, libre option est donnée
à chaque municipalité. Nous avons même compilé, de
notre côté, quatre scénarios différents de ce que
pourraient faire les municipalités de ce point de vue là: un
scénario suivant lequel on financerait entièrement le fardeau
accru au chapitre du transport en commun par le recours à une surtaxe
Immobilière et, par conséquent, on n'aurait pas d'autres charges,
un autre où on partagerait à 50-50 avec le foncier
général et la surtaxe sur le non résidentiel, et un autre
trois quarts un quart etc. Là, nous n'avons pas parlé dans nos
scéna rios de quelque augmentation de la tarification qui est la
responsabilité propre des dirigeants de la STCUM et des dirigeants
municipaux.
Donc, pourquoi prenons-nous une surtaxe sur le non-résidentiel?
D'abord, une telle surtaxe existe en Ontario, vous êtes parfaitement au
courant. Il y en a qui sont venus qui ne semblaient pas être au courant,
mais on est au courant de ça. Ça existe depuis longtemps en
Ontario. Je pense qu'elle est de l'ordre de 15 % la surtaxe sur le
non-résidentiel en Ontario. Nous prenons cette source-là pour la
raison suivante. Sur l'île de Montréal en particulier,
l'augmentation de la taxation foncière sur le non-résidentiel au
cours des 10 dernières années a à peine suivi le rythme de
l'inflation. Elle a même été inférieure dans
plusieurs municipalités, j'ai fait des vérifications.
Deuxièmement, avec les mesures instituées par les
gouvernements depuis quelques mois en matière de taxe de vente, il y a
un espace qui a été créé pour des entreprises dont
plusieurs ont usé généreusement à leur profit; ils
n'ont pas transféré aux consommateurs tout ce qui aurait dû
l'être suivant l'esprit, de la TPS en par ticulier. Troisièmement,
le gouvernement actuel a traité les entreprises avec beaucoup de
compréhension depuis cinq ou six ans, au point qu'il a
allégé considérablement l'écart fiscal qui nous
séparait de l'Ontario en matière de fardeau fiscal imposé
aux entreprises.
Donc, pour toutes ces considérations, nous croyons que la
ponction qui est proposée, moi, je l'avais estimée, cette
ponction-là, à environ, je pense, 4,5 % du fardeau fiscal total
des entreprises sur l'île de Montréal, fédéral,
provincial ou municipal, tout le total, et on établissait à peu
près, je pense que c'est entre 3,5 % et 4 %. Là, je ne me
souviens pas du pourcentage exact. Avec les ajustements que nous avons
annoncés, ça va diminuer encore. Ça va diminuer en bas de
3 % probablement. Nous pensons que ceci peut être absorbé. Ce
n'est jamais agréable pour personne une augmentation du fardeau fiscal.
Mais nous avons fait notre possible et si on prend les mesures
appropriées du côté du non-
résidentiel, comme nous en avons fait la démonstration
à maintes reprises, l'accroissement qui pourra survenir du
côté résidentiel sera très modeste, surtout dans la
ville de Montréal, mais également dans la plupart des
municipalités de l'île de Montréal. Il y a quelques
municipalités qui causent lin problème. Nous en sommes bien
conscients.
Maintenant, ça, ce sont des commentaires généraux.
Ça nous permet de situer à leur juste niveau, qui est quand
même beaucoup plus modeste que ce qu'on a entendu, les
conséquences précises des mesures envisagées par le
gouvernement. Vous avez posé un certain nombre de questions, M. Hamelin.
Je ne voudrais pas que notre échange se termine sans que je les aie
commentées brièvement.
Vous avez parlé de la taxe sur l'essence. Je pense que c'est de
bonne guerre que les porte-parole municipaux reviennent avec des propositions
concernant la taxe sur l'essence. D'un point de vue logique, je pense bien que
c'est une position qui se défend très bien, et ainsi que j'ai
déjà eu l'occasion de le souligner antérieurement, le
gouvernement a besoin des revenus qu'il retire de la taxe sur l'essence. Il en
retirait déjà avant les dernières mesures fiscales. Il en
a besoin. SI le ministre des Finances a décidé de faire des
ajustements dans son dernier budget, c'est parce qu'il s'était produit,
vous en êtes au courant comme moi, une diminution importante des prix de
l'essence à la suite de la fin du conflit du Moyen-Orient.
Là, le gouvernement, on n'est pas fou, quand même, on s'est
dit: II y a de grosses chances que les compagnies en prennent une grosse part.
C'est normal que le gouvernement en ait une partie modeste, qui est
répartie sur deux tranches. Encore une fois, c'est notre sympathie bien
connue pour les compagnies qui nous a fait tirer cette conclusion-là.
Nous en avons. Avec un déficit de 3 500 000 000 $, nous ne pouvons pas
facilement envisager ça actuellement, mais je suis sûr que le
ministre des Finances ne ferme pas la porte en principe à des choses
comme celles-là. Éventuellement si on avait une situation
financière peut-être un petit peu plus empreinte de
flexibilité, ce serait sûrement des choses dignes de
considération.
Vous avez mentionné les possibilités d'imposer la surtaxe
sur le non-résidentiel, aux immeubles non résidentiels de la
grande région métropolitaine de recensement. C'est un gros
problème celui-là. Nous l'avons fait pour l'immatriculation des
véhicules automobiles parce que nous avons établi un lien assez
direct entre les propriétaires d'automobiles de promenade qui
résident dans les villes extérieures à la région
proprement métropolitaine, puis dans le recensement
fédéral. Je vais vous dire le critère. M. le
député de Labelle le cherchait tantôt. C'est bien simple,
on inclut dans cette région métropolitaine de recensement les
municipalités dont une majorité des gagne-pain vont chercher
leurs revenus au coeur de la région. C'est pour ça qu'on a inclus
Mirabel. Moi, ça me fait mal, parce que Mirabel est dans mon
comté. J'aurais bien aimé les dispenser de cette
charge-là. Mais il fallait les inclure parce que dans les données
établies, on inclus Deux-Montagnes également. La majorité
des gens de Saint-Eustache gagnent leur vie soit à Laval, soit à
Montréal. C'est normal qu'on leur demande une petite contribution pour
le transport en commun. Appliquez ça aux entreprises. Il aurait fallu
l'appliquer peut-être également plus loin. En tout cas, nous
n'estimions pas qu'il eût été opportun d'aller aussi loin
dans le contexte des mesures que nous entreprenons, mais je pense que la
proposition est une proposition sérieuse que nous allons continuer
d'étudier attentivement.
Vous avez fait des remarques sur l'article 198 auquel vous semblez
attacher une grande importance. J'en ai causé avec mon collègue,
le ministre des Transports, qui est à mes côtés
actuellement, et le ministre des Transports m'assure qu'il sera disposé
à vous rencontrer à ce sujet, à écouter les
représentations que vous voudrez lui faire. On a inclus ces
dispositions-là dans le projet de loi pour donner de la
flexibilité à tout le monde, mais si ça doit comporter des
conséquences qui pourraient être dangereuses, je pense bien que le
ministre des Transports, vous connaissez bien son intérêt pour la
Communauté urbaine de Montréal, qui ne s'est jamais
démenti, même depuis qu'il est passé dans l'arène
provinciale, vous pourrez avoir des discussions très constructives avec
lui. En général, les conseils qu'il me donne, je les
écoute.
Vous avez parlé des services de police spécialisés.
Ça, c'est un gros point. Je m'attendais à cette
suggestion-là. Évidemment, elle ne sera pas retenue ce matin pour
des raisons que vous comprendrez facilement. C'est un gros morceau, mais si
jamais la CUM voulait faire un examen avec le gouvernement et la
Sûreté du Québec des services spécialisés que
nous maintenons de part et d'autre, duplication qui existe peut-être, des
économies de coûts qui pourraient peut-être découler
de certaines mises en commun. Ce n'est pas un exercice que je refuserais, en
principe, même si, en toute franchise, je vous dis que, pour l'instant,
je n'ai aucune arrière-pensée à ce sujet. C'est une
question qui me préoccupe, et je tiens à souligner au passage
l'excellente qualité du travail qu'accomplit la police de
Montréal, de la CUM, et la collaboration exemplaire que me donne la
Direction du Service de police de la CUM. Chaque fois que j'ai eu besoin de sa
collaboration comme ministre de la Sécurité publique, j'ai eu une
collaboration de première qualité et très
empressée. Je dois les rencontrer prochainement. D'ailleurs, on en a
parlé. Dès qu'on aura fini cet exercice-ci, vous pouvez
être sûr que ce sera à l'ordre du jour.
Pour la contribution fédérale, vous m'avez
demandé: Quelle asssurance a-t-on de ce
côté-là? Voici ce qui est arrivé. Nous n'avons pas
pensé de les consulter avant. Mol, ce n'est pas ma méthode. Nous
agissons dans le domaine de notre compétence. Nous avons dit: "We lay
our cards on the table. " Nous mettons nos cartes sur la table. Puis le
gouvernement fédéral, nous lui demandons de se comporter, comme
contribuable, à l'égal du gouvernement
québécois.
Tantôt, quelqu'un a dit que le gouvernement
québécois se désistait. C'est faux. Sur les immeubles
gouvernementaux, nous allons payer le plein montant, comme nous le faisons
actuellement: 80 %. Il n'est pas question de reculer là-dessus, mais
nous disons au gouvernement fédéral, vous allez faire votre bout
de chemin. Il refusait de payer parce que c'était la taxe sur la valeur
locative, mais nous avons des déclarations publiques du président
du Conseil du trésor fédéral qui a dit que, dans la mesure
où on ne voudrait pas taxer des Immeubles fédéraux plus
lourdement que les autres, Us étaient prêts à prendre leur
part de responsabilités. Il a fait des déclarations publiques
là-dessus, qui m'apparais-sent digne de foi, qui avaient
été rapportées, d'ailleurs, dans le journal Le Droit,
le 7 mars dernier. Je pourrai vous en donner des copies
également.
Je comprends les problèmes que pose le passage de la valeur
locative à la surtaxe sur le non-résidentiel. Nous comprenons
ça. Je sais que nous avons mis beaucoup de flexibilité dans le
projet de loi, mais je pense qu'on aura l'occasion d'étudier ça
de près, puis il y a des revenus intéressants que nous avons non
seulement le droit mais peut-être le devoir d'aller chercher de ce
côté-là.
Alors, M. le Président, je termine avec peut-être deux
brèves questions au président de la CUM. Tout d'abord, que
pensez-vous de la disposition relative à l'article 65. 1 de la Loi sur
la fiscalité municipale touchant la taxation des équipements et
des raffineries de pétrole? Et deuxièmement, que pensez-vous du
projet de taxe sur le stationnement que nous avons inséré dans le
projet de loi?
M. Hamelin: Merci. M. le ministre. Auparavant, je voudrais juste,
peut-être... Vous avez mentionné qu'option est faite aux villes
pour la surtaxe pour le transport en commun, l'option de la prendre ou de ne
pas la prendre. Ça va être difficile, au niveau de la
Communauté urbaine, de ne pas la prendre pour les villes, étant
donné qu'elle va faire partie de la quote-part des municipalités.
Alors, l'incluant dans la quote-part, je vois mal comment une ville pourrait...
Dans le cas des villes de la Communauté, à mon avis, il n'y a pas
d'option là, c'est obligatoire d'aller dans ce champ-là.
Pour ce qui est de l'article 65. 1, vous n'êtes pas sans savoir
qu'au niveau des pétrolières entre autres, il y a des
problèmes majeurs sur le territoire de la Communauté. Il y a des
actions en cour qui traînent depuis 10 ans; il y a des fortunes qui se
font... Je n'ai rien contre les avocats, mais il me semble que, dans ce
cas-là, il y a des choses qui traînent de façon
épouvantable. Il y a des dizaines de millions de dollars qui sont en
cause, notamment pour la municipaIité de Montréal-Est, une partie
Importante pour la ville de Montréal également. Et à cause
de notre situation de Communauté urbaine, à cause de
l'établissement d'un potentiel fiscal pour la répartition des
dépenses de la Communauté, il nous est impossible de
régler ce problème autrement que par législation.
Je comprends qu'ailleurs en province, une municipalité et une
industrie peuvent convenir d'ententes qui ne touchent absolument pas le voisin
et qui font vraiment l'affaire de chacune des parties, et nous serions
prêts à envisager ces ententes, mais c'est absolument Impossible,
à cause de l'impact sur le potentiel fiscal de l'ensemble des
municipalités do la Communauté. C'est pourquoi nous nous voyons
forcés de demander de régler ce problème par
législation. Ça permettrait d'éviter... D'abord, ça
mettrait fin à tous les litiges actuellement en cause. Alors là,
on recule d'une dizaine d'années, on efface l'ensemble des litiges. On a
une base pour l'avenir, et, à notre avis, ça ne met pas en cause
la capacité des municipalités et des entreprises qui ne sont pas
sur le territoire de la Communauté, qui sont ailleurs, de continuer
à conclure des ententes qui pourraient les agréer mutueilemement.
(12 h 15)
Pour ce qui est de la taxe sur le stationnement, c'est une taxe ou une
idée qui avait été lançée par les gens de la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal et rapidement, il nous est apparu... J'ai reçu
d'à peu près l'ensemble des municipalités du territoire
des résolutions à l'effet que les municipalités
s'opposaient comme telles à cette taxe sur le stationnement. Il faut
bien prendre en compte que si une municipalité sur le territoire
l'applique, et ça s'appliquerait surtout aux grands centres d'achats,
à ce moment-là, cette municipalité devient
complètement hors compétition avec l'ensemble des autres
municipalités, ce qui revient à dire que pour ce qui est de la
Communauté urbaine de Montréal, c'est illusoire de penser qu'une
municipalité se servirait de cotte taxe sur le stationnement parce
qu'elle crée trop de déséquPibre par rapport aux autres
municipalités. On pourrait peut-être penser que toutes les
municipalités pourraient s'entendre pour appliquer une telle taxe, mais
il faut bien se rendre compte que plusieurs municipalités du territoire
n'ont pas de stationnement. Alors, les municipalités qui sont à
100 % résidentielles - je pense ici à Hampstead qui n'a aucun
stationnement, il n'y a aucun commerce, aucune Industrie - comment elles
pourraient consentir. Peut-être
qu'elles pourraient consentir, mais d'autres municipalités qui
ont, par exemple, une municipalité pas très grosse mais qui a un
centre d'achats très gros sur son territoire, à ce
moment-là, ça créerait des déséquilibres, ce
qui fait que ça s'avère très difficilement applicable au
niveau de la communauté urbaine de montréal.
Le Président (M. Garon): Le temps étant
dépassé, je donne le même temps à l'Opposition, 19
minutes. Alors, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui, je voudrais certainement féliciter les
représentants de la Communauté urbaine de Montréal pour
leur mémoire, et c'est vrai que le ton est différent
peut-être de l'Union des municipalités du Québec. Mais
quand on regarde essentiellement ce qui est dit, le ton est différent
mais les conclusions se ressemblent et se ressemblent drôlement. Et on
dirait que c'est de la copie conforme puisqu'on dit à la page 43: "Ce
que nous demandons, c'est une démarche ouverte, concertée du
gouvernement et des municipalités identiques à celle qui a permis
d'élaborer la réforme de 1980. Cette démarche permettrait
de repenser les principes directeurs, les objectifs et les moyens d'un
financement adapté aux besoins et à la capacité de payer
des municipalités et de l'agglomération montréalaise." On
dit: "II faut donc engager des échanges constructifs et ouverts et
établir de larges consensus, ce qui requiert du temps. Entre temps, le
gouvernement pourra surseoir à ses propositions ou trouver tes moyens
requis pour compenser son retrait brutal." Ça concorde drôlement
avec le mémoire précédent et ça confirme que les
propositions qui sont devant nous ne sont ni désirées ni
acceptées facilement des municipalités.
Il y a aussi un point qui me frappe dans le mémoire, c'est le
taux de pauvreté de la région de Montréal. On parle de 30
% de pauvreté. 60 % des immigrants qui arrivent au Québec
prennent feu et lieu dans cette agglomération. Donc, la réforme,
même si, à première vue, - en tout cas, selon les dires du
ministre, pas selon les miens - on va aller chercher seulement 109 000 000 $
à même l'impôt direct chez les contribuables, même si
on prétend ça, moi, je prétends que c'est plus et je pense
que les chiffres le confirment aussi. C'est beaucoup d'argent qu'on va aller
chercher dans les poches des contribuables, et il ne faut pas se surprendre
qu'avec un taux de pauvreté et un taux de chômage semblables, les
administrateurs municipaux soient inquiets et soient sensibles aussi à
l'augmentation des taxes quelle qu'elle soit. Parce que si on parle d'environ 3
% ou de 4 %, c'est peu, mais c'est en plus des taxes régulières
qui augmentent. Il n'y a personne là... À moins que le ministre
nous informe ce matin que les assistés sociaux vont avoir une
augmentation de 8 % à 9 %, indexée au coût de la vie, on
pourra peut-être accepter jusqu'à un certain point.
Bon, en partant de ça, c'est les remarques
générales, c'est évident que le mémoire retouche
des points excessivement sensibles et importants qui nous démontrent
aussi qu'il n'y a pas vraiment un dialogue, qu'il n'y a pas d'échanges
qui ont eu lieu. En partant du principe que j'ai soulevé tout à
l'heure, que la responsabilité et le responsable, celui qui
décide et la responsabilité de celui qui doit rendre des comptes
à quelqu'un, est-ce que vous pensez qu'avec la réforme qui nous
est présentée, vous allez vous sentir plus
responsabilisés?
M. Hamelin: À notre sens, il ne s'agit pas d'une
véritable réforme. Il s'agit d'une décentralisation de
comptes à payer. Point. Et je ne vois pas comment on va pouvoir se
sentir plus responsabilisés par le fait d'avoir à payer
entièrement pour un service qui nous apparaît à tout le
moins avoir certaines incidences sociales. Et je ne fais que mentionner les 35
000 000 $ que coûtent la réduction des tarifs pour les personnes
âgées, et les 15 000 000 $ pour les étudiants, et en plus
de la réduction pour les étudiants, le transport écolier.
Je vois difficilement la relation qu'on peut faire avec ces services et le
foncier qu'il sera appelé à payer.
Il y a une petite précision aussi sur les mutations
immobilières; on semble indiquer qu'il y a là une source
importante de fonds. Il y a aussi beaucoup de transactions immobilières
qui se font sur les gros immeubles, et la majorité des gros immeubles
dans la province sont sur notre territoire. À ce moment-là, c'est
un échange d'actions qui se fait. Alors, la bâtisse ne se vend
pas, et il ne faudrait pas penser qu'on va aller chercher des revenus de
mutations immobilières là-dessus. Il y aurait peut-être
lieu, pour le gouvernement, de voir à ce que cette échappatoire
puisse être fermée, et que, lorsqu'il y a vente d'actions, on
évalue la bâtisse, et il y a mutation sur la bâtisse
lorsqu'il y a vente d'actions. Parce que, autrement, vous pouvez vendre un
édifice qui vaut 10 000 000 $, 15 000 000 $, 20 000 000 $, 200 000 000
$, et il n'y a aucun droit de mutation qui est payé dessus.
M. Dufour: J'avais soulevé ce point-là lors d'un
exposé à l'Assemblée nationale, puisqu'il y a aussi les
transactions boursières, vous n'êtes pas touché du tout, et
il y a des grosses transactions, elles sont là. En supposant que la
réforme telle que proposée ou les propositions qu'on a devant
nous s'appliquent intégralement, et que la ville de Montréal ou
la Communauté urbaine, pour des raisons ou d'autres, est obligée
de sabrer, couper, éliminer certaines... il semble qu'il y a encore du
gras, d'après ce qu'on entend dire, les autobus vides, il faut les
enlever, ce n'est pas bien grave, d'après ce qu'on entend
dire. Parce que, moi, je répète ce que j'entends dire. Je
ne vis pas à Montréal, je suis quelqu'un de l'extérieur.
Mais j'entends des gens qui disent: Les autobus vides, enlevez-les, ce n'est
pas grave. En supposant qu'on applique tout ça, et que, malgré
tout, on est obligé de passer à des méthodes plus
drastiques, plus brutales, je pourrais vous demander dans un premier temps:
Comment vous allez vous sentir à travers ça, et est-ce que vous
allez le faire?
Et comme on dit dans le mémoire précédent: Le
transport en commun, c'est difficile à prouver que c'est
économiquement rentable. Mais socialement, on est obligé de le
faire. Je prends un peu ce que le mémoire précédent dit,
pas le vôtre. Et pour Montréal, en supposant que vous appliquiez
des mesures que je qualifie de bru-taies, quels seraient les coûts
économiques que ça pourrait engendrer, les coûts sociaux
aussi? J'aimerais que vous élaboriez, après ça je vais
laisser la parole à mes collègues.
M. Hamelin: Les décisions seront quand même prises
par les élus. La Communauté, c'est un organisme qui gère
pour des municipalités certains services en commun. La décision
sera prise par les élus. Il faut prévoir que la décision
pourrait porter sur le transport en commun. Il faut savoir qu'il y a une
diminution, ces dernières années, de 1 % par année de
l'achalandage du transport en commun, que les autorités de la STCUM
avaient prévu un plan de relance de 30 000 000 $ pour l'année
1992 pour contrer cette baisse de l'achalandage, et que nous comptions sur une
quatrième source de financement pour nous aider à financer ces 30
000 000 $, plus 35 000 000 $ pour le maintien des actifs.
On a un réseau de métro qui a coûté 2 000 000
000 $ et qu'il faut entretenir année après année. Si on
n'y consacre aucune somme, ça va coûter un autre réseau de
métro, ce n'est pas compliqué, dans les 15 ou 20 prochaines
années. À ce moment-là, il y a des sommes qui doivent
absolument être dépensées. Si ce n'est pas
dépensé, on va assister à une détérioration
du transport en commun. Et pour nous, le transport en commun, c'est vital.
Imaginez Montréal sans métro. Et je ne veux pas faire de
comparaison qui pourrait sembler boiteuse, mais vous avez connu, à
Québec même, il y a quelques années, un arrêt d'un an
du transport en commun et, finalement, les gens se sont
débrouillés. S'il y a un arrêt du métro deux heures
de temps à cause d'une panne, c'est déjà une congestion de
la circulation épouvantable au centre-ville de Montréal, on est
obligé de sortir des autobus supplémentaires, c'est impensable la
vie de la Communauté urbaine de Montréal sans une infrastructure
de transport en commun qui est forte, qui est solide et qui est viable. Donc la
responsabilité doit être plus qu'au niveau local, il en va de la
santé économi- que du Québec, globalement.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, je voudrais saluer les
dirigeants de la Communauté urbaine de Montréal, et dire
d'entrée de jeu au ministre que pour ce qui est de la taxe sur les
équipe-monts des raffineries de pétrole, j'ai l'honneur de les
avoir dans mon comté de Pointe-aux-Trembles, dans la municipalité
de Montréal Est, et il faut mettre fin à une situation où
la plus petite municipalité de l'île de Montréal supporte
des frais phénoménaux à cause de contestations
interminables avec les entreprises pétrolières, et si le
gouvernement a parfois la fonction de gouverner, bien, nous, on va le mettre en
demeure de régler ça une bonne fois pour toutes par une
législation.
Je voudrais également demander en vrac au président de la
Communauté urbaine, quel est l'Impact économique de la coupure
brutale qui est faite? Et je m'explique à cet égard-là.
Toronto va investir 10 000 000 000 $ en transport en commun, dans les 10
prochaines années, et le ministre des Transports annonce que la seule
immobilisation importante qui est considérée, c'est un pont vers
Laval, que le métro, II n'est plus question de l'allonger dans l'est,
parce que l'ouest étant desservi, iI n'est plus question de le faire
dans l'est. Puis on ne parle pas de trains de banlieue, il y en a deux dans
l'ouest, il n'y en a aucun dans l'est. Puis je ne parle pas du transport
routier dans l'est de Montréal, l'ouest est desservi, donc
d'après le ministre il n'y a pas urgence pour l'est.
Alors, la question pointue que je pose, c'est que si on fait un pont, on
favorise l'automobile; et puis on ne produit pas beaucoup d'automobiles, mais
Bombardier fait des rames de métro cependant. Alors, la question que je
pose au président de la Communauté urbaine, parce que le
gouvernement est très sensible au développement
économique: C'est quoi la STCUM comme employeur à
Montréal? Combien d'employés? Quelle masse salariale? En gros
quel chlffre d'affaires? Et handicaper la STCUM, c'est handicaper quelle sorte
d'employeur à Montréal? J'oublie le service là, je parle
de la STCUM comme entreprise.
M. Hamelin: Comme entreprise, la STCUM a 8000 employés et
un budget, de mémoire, de 670 000 000 $ à peu près cette
année. Et même actuellement, sans les mesures qui sont
annoncées pour janvier 1992, nous devons réduire notre personnel,
faire face à certaines réductions de personnel. Il n'y a pas
seulement les coupures qui sont envisagées actuellement, il y a aussi
des décisions gouvernementales de couper, ou de limiter les subventions
au transport des personnés handicapées, alors que les demandes
de
service sont en haussse de 12 %, 13 % et 15 % annuellement, les
subventions sont limitées à un taux de 4 %, 4, 5 %
annuellement.
Il y a une coupure sur le déficit des trains de banlieue qui
devait s'appliquer au moment où il y aurait une entente
négociée ou renégociée avec le CN et le CP. Il n'y
a eu aucune entente de renégociée. Ces coupures s'appliquent.
Uniquement pour cette année, au niveau des personnes handicapées
et des trains de banlieue, il y a un manque à gagner de 8 500 000 $.
Déjà nous sommes obligés de faire des coupures dans le
personnel de la Société, et faisant des coupures dans le
personnel de la Société nous serons forcément
obligés de faire des coupures dans le service. Et c'est une chaîne
sans fin: coupures de service, un peu moins de gens utilisent le transport en
commun, et ça va prendre à ce moment-là des ponts pour
relancer l'étalement urbain. Et non seulement l'étalement urbain
vers Laval, mais déjà je pense que le maire de Laval se plaint
lui aussi d'un étalement urbain vers le nord, Mascouche, La Plaine,
Terrebonne, etc.
M. Bourdon: Alors, pour terminer, M. le Président, une
question pointue. Il y a à l'ouest de de Lorimier, 50 kilomètres
de métro souterrain, et à l'est de de Lorimier, 25
kilomètres de métro souterrain. Alors ma question est double,
d'une part, pensez-vous que le gouvernement devrait donner suite à son
engagement de prolonger le métro vers Laval, puis de prolonger le
métro dans l'est de Montréal, vers Montréal-Nord et
Rivière-des-Prairies, parce que, ça, c'est des actes?
Une voix: Mais le...
M. Bourdon: Non, non, mais M. le Président, je voudrais
là-dessus dire, puis le deuxième volet de ma question: Est-ce que
le président de la CUM est d'accord avec le journal The Gazette,
qui nous dit deux fois par année que le métro souterrain
étant terminé dans l'ouest de l'île, pour les francophones
de l'est c'est trop cher, qu'il ne faut plus faire de métro
souterrain.
M. Hamelin: Je vais vous dire que je suis rarement d'accord avec
la Gazette de toute façon en partant. Pour ce qui est de votre
question, les engagements étaient fermes au mois de septembre 1989,
qu'il y avait prolongement du métro à Laval et qu'il y avait
prolongement en même temps du métro vers le nord-est, et tout
ça en même temps que la modernisation du train de banlieue de
Deux-Montagnes se faisait.
Pour moi, un engagement du gouvernement, avec le ministre des Transports
et le premier ministre, qui assistaient à cet engagement, ça
reste un engagement qui devra être réalisé. Il y a des
rumeurs qui ont circulé, mais on n'a pas été avisés
officiellement encore que ça ne se ferait pas, les prolongements du
métro. Il y a des maires dans le nord de Montréal, pour ne pas
dire Montréal-Nord, qui attendent le métro depuis de très
nombreuses années. Et je ne vois pas pourquoi ils devraient être
déçus.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Merci, M. le Président. Bienvenue. Je
voudrais vous référer à la page 41 de votre texte,
à l'avant-dernière phrase, au bas de la page: "Votre refus
s'explique aussi par le fait que les propositions gouvernementales sont
injustes car elles risquent de creuser l'écart du fardeau assumé
par la Communauté et les villes périphériques. "
L'écart existe déjà. Bon, il serait creusé. Donc,
ça accentue le malaise. Mais, à ce stade-ci, est-ce que vous avez
déjà élaboré des façons d'amenuiser, de
réduire et de faire disparaître cet écart? Est-ce que vous
avez quelque idée sur la question?
M. Hamelin: L'une des idées, pour amenuiser cet
écart, c'est évidemment le développement du transport en
commun. C'est une idée de base: développer le transport en commun
au lieu de développer le réseau autoroutier qui va permettre cet
étalement urbain encore plus. Si on a un centre dynamique et fort,
à ce moment-là, le développement de la région
périphérique se fera automatiquement à partir de ce
centre-là. Il n'y a pas d'exemple dans les villes, en tout cas,
nord-américaines, et même européennes, d'un
développement périphérique qui s'est fait lorsque le
centre était mourant. Lorsque le centre est mourant ou lorsque le centre
s'affaiblit, forcément ça affaiblit la zone
périphérique parce que le centre est toujours une masse critique
pour un ensemble de phénomènes et, à ce moment-là,
si le centre devient moribond, la périphérie va devenir moribonde
également.
Pour ce qui est des efforts à faire pour dynamiser le centre,
évidemment nous y mettons tous les efforts voulus. Nous essayons de
contrer l'étalement urbain par toutes sortes de politiques, mais nous
avons aussi des charges qui sont très lourdes. Je pense par exemple
à l'usine d'épuration des eaux usées de la
Communauté, dont le budget annuel de fonctionnement cette année
est de 35 000 000 $. Et je pense aux villes périphériques qui
n'ont pas ou à peu près pas de ces équipements. Alors,
nous avons déjà, comparativement à des villes comme Laval
ou la Rive-Sud, dont l'usine n'est pas tout à fait terminée, des
frais, juste à ce niveau-là, de 35 000 000 $ à
répartir entre les municipalités.
Il y a donc des frais à cause des équipements que nous
avons, qui sont nécessaires, qui sont supportés par la ville
centre ou les villes centres qui creusent encore ou accentuent cet écart
et qui incitent peut-être des gens à aller s'établir en
périphérie. Alors, quand on propose d'élargir à la
région de recensement métropoli-
taine la taxe ou la surtaxe sur les immeubles non résidentiels,
peut-être que la solution, c'est de ne pas avoir un même taux,
d'avoir un taux gradué qui serait de x pour le territoire desservi par
une OPT et de x moins y, dans un territoire un peu plus loin, de façon
à amenuiser graduellement les effets néfastes de cette
surtaxe.
Le Président (M. Garon): Vous avez terminé? Alors,
il vous restait deux minutes et demie. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Ce qu'on pouvait faire, on ne pouvait retenir les gens
indûment. Le seul message que je veux laisser, c'est évident qu'il
y a un certain nombre d'hypothèses qui ont été
soulevées. On ne peut pas les creuser. C'est plutôt le rôle
du gouvernement parce que, dans l'état actuel des choses, les
propositions qui sont devant nous ont été amenées par le
gouvernement. Juste une réflexion, si je partais, si j'étais les
gens de la Communauté urbaine, je partirais, je ne serais pas trop trop
sécurisé. Parce qu'à venir jusqu'à maintenant, le
ministre n'a pas trop trop ouvert les portes. Il les a tenues fermées
assez fortement à l'exception de l'article 238 dont vous avez
parlé, qui pourrait être changé quelque part.
Le Président (M. Garon): Alors, je voudrais remercier les
représentants de la Communauté urbaine de Montréal. Et
ceci termine notre mandat pour l'avant-midi et nous reprendrons après la
période des affaires courantes, après la période de
questions, à 15 h 30, avec la Chambre de commerce du Québec.
(Suspension de la séance à 12 h 35)
(Reprise à 15 h 52)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! Je demanderais aux membres de la commission de prendre
place. La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux. Le mandat de la commission est de procéder à des
consultations particulières et tenir des auditions publiques dans le
cadre de l'étude du projet de loi 145, Loi modifiant diverses
dispositions législatives concernant les finances municipales. Alors,
avant de commencer les travaux, nous aurions un dépôt de
mémoire à faire à la commission, c'est l'Association des
directeurs de police et pompiers du Québec. Alors je dépose ce
mémoire.
Nous recevons la Chambre de commerce du Québec,
représentée par M. Jean Lambert, président. M. Lambert, on
a 45 minutes pour vous entendre, donc 15 minutes pour la présentation de
votre mémoire, 15 minutes du côté ministériel pour
le questionnement, et 15 minutes du côté de l'Opposition. Alors,
M. Lambert vous avez la parole.
Chambre de commerce du Québec
M. Lambert (Jean): Mme la Présidente, j'aimerais vous
présenter les gens qui m'accompagnent. À ma gauche le
président de la Chambre de commerce et d'industrie du Québec
métropolitain, Me Martin, et à ma droite, notre
vice-président exécutif, M. Claude Descôteaux.
Merci, Mme la Présidente. La Chambre de commerce du
Québec, par sa présence aujourd'hui, veut surtout faire ressortir
un certain nombre de principes de base plutôt que s'attaquer à
faire l'exégèse systématique des nombreuses dispositions
techniques de la loi 145. Le document ministériel se voulait un pas vers
un nouvel équilibre, mais son introduction nous révélait
candidement que le correctif recherché par le gouvernement consistait
plutôt à rétablir l'ensemble de ses finances. Le
gouvernement du Québec estimait en effet qu'en raison de ses
responsabilités, iI avait eu à répondre au cours des
dernières années à des pressions Infiniment plus lourdes
que les municipalités, et qu'il devait en conséquence faire appel
à la solidarité et à la collaboration de ses partenaires
en leur refilant une partie de la facture. Si cela s'appelait "Vers un nouvel
équilibre", on peut presque dire que ce que le gouvernement aura
gagné en équilibre dans ses finances, il l'aura perdu en harmonie
et en solidarité des partenaires.
La Chambre de commerce du Québec le déplore d'autant plus
que dans une société comme la nôtre, on ne peut se
permettre long-temps ce type de querelle sans qu'en soient affectées nos
chances de progrès collectif. En réalité, la
réforme du ministre répond avant toute chose à une
commande du gouvernement. Or, les objectifs de ce dernier ne concernent pas au
premier chef les relations entre le gouvernement et les municipalités.
On cherche d'abord à contenir le taux d'augmentation des dépenses
du gouvernement du Québec qui demeure dangereusement supérieur
à celui des revenus, et cela ne date pas d'hier.
En effet, la récession de 1981-1982 a porté le
déficit au-delà des 2 500 000 000 $ et, en dépit de la
reprise économique, le gouvernement a laissé l'état de ses
finances, alors que le déficit augmentait à près de 3 800
000 000 $ pour l'année fiscale 1984-1985. Par la suite, le gouvernement
a renoué ses efforts pour reprendre le contrôle de ses finances
et, ultimement, réduire son déficit. Ses démarches n'ont
cependant pas conduit à la remise en cause du nombre et de la
diversité des programmes qu'il administre et ne semblent pas avoir
débouché non plus sur un contrôle suffisamment serré
de la demande de services publics ni sur la façon de produire les
services requis.
En somme, le gouvernement ne s'est pas vraiment attaqué aux
problèmes structurels du
déficit. Les coupures de dépenses réalisées
se sont à ce point avérées insuffisantes qu'elles n'ont pu
empêcher l'apparition d'une pluie de taxes nouvelles sous les formes les
plus variées, mais la structure des dépenses du gouvernement est
demeurée la même avec ses exigences inexorables. Aussi, on ne doit
pas se surprendre de l'évolution des finances publiques à compter
de 1990, au moment où l'économie entrait en récession. La
fragilité des finances publiques du Québec est apparue clairement
au dernier exercice financier de 1990-1991, alors que le déficit a
presque atteint le seuil des 3 000 000 000 $ en dépit des hausses de
taxes indirectes et d'une réduction des transferts aux commissions
scolaires.
Pour Je budget 1991-1992, le gouvernement se voit, en pleine
récession, obligé d'augmenter de façon appréciable
les taxes indirectes et de continuer à réduire ses transferts aux
municipalités. Le nouveau seuil d'environ 3 500 000 000 $ que l'on
prévoit pour le déficit n'est pas le seul résultat de
l'affaiblissement de l'économie, mais traduit un problème
structurel de fond auquel on doit s'attaquer en priorité si l'on veut
sauvegarder la compétitivité de notre économie. Le
gouvernement du Québec offre des services à la population que nos
moyens économiques ne permettent plus de soutenir ou de payer sans
affecter sérieusement notre capacité concurrentielle. La seule
voie possible pour protéger le caractère concurrentiel de
l'économie consisterait à réduire les services, à
les produire de façon de plus en plus productive, plutôt que de
rechercher constamment de nouveaux champs de taxation.
Or, ça ne semble pas la voie privilégiée par les
pouvoirs publics dans le cas particulier qui nous préoccupe aujourd'hui.
Le gouvernement oblige en effet les municipalités à assumer des
charges pour lesquelles lui-même ne veut plus taxer. Dans la plupart des
cas, les municipalités n'auront d'autre choix que de taxer et de taxer
toujours davantage d'une année à l'autre, face à
l'augmentation des coûts, ou encore d'effectuer dans leur budget
respectif les rationalisations et les coupures que le gouvernement n'a pas su
concrétiser dans ses propres budgets. Alors que, d'un côté,
iI supprime ses transferts au soutien d'activités dans le domaine du
transport collectif et de la voirie, par ailleurs, il impose certaines normes
dans le transport collectif et la réfection du réseau routier. La
participation du gouvernement du Québec au financement d'une partie des
dépenses du transport en commun au chapitre des dépenses
d'immobilisations et d'exploitation s'est avérée tout à
fait justifiée.
La qualité des systèmes de transport en commun dans nos
grandes agglomérations revêt une importance stratégique
pour l'économie de ces régions et celle du Québec. Par
exemple, plus on développe le transport collectif, plus on
améliore l'efficacité des échanges de marchandises dans la
région. De la même façon, plus on décongestionne le
système routier, plus il est possible d'attirer des entreprises et des
ressources humaines essentielles au développement du tertiaire
supérieur. L'intervention du gouvernement se justifie toujours par le
fait que le transport en commun constitue un important levier pour la
protection de l'environnement et l'économie d'énergie en se
substituant à l'automobile. Il permet de servir d'outil pour augmenter
et soutenir une densification des populations. C'est aussi un outil de
redistribution de revenus et d'équité sociale. Nous risquons donc
que ces systèmes soient minés par l'incompatibilité des
priorités au niveau des autorités locales, lesquelles auront
tendance à minimiser leur part au financement des services ayant des
effets de débordement. Pour toutes ces raisons, le gouvernement devrait
maintenir au niveau actuel son support au transport en commun, car on risque de
porter sérieusement atteinte à l'efficience de l'économie
du Québec. Dès lors, le gouvernement sera rapidement
privé, au chapitre de ses revenus, des marges de manoeuvre qu'il
prétend récupérer.
Au-delà de ces considérations, vous me permettrez
d'insister à nouveau sur l'impact de ta hausse du fardeau fiscal foncier
des entreprises, qui découle des mesures gouvernementales. La
réduction des transferts du gouvernement provincial aux
municipalités se traduira, en effet, par une hausse du fardeau fiscal
foncier des entreprises. Comme l'impact sera beaucoup plus important pour
certaines villes, on peut prévoir que le fardeau fiscal foncier des
personnes augmentera également dans certaines municipalités. La
Chambre de commerce du Québec s'inquiète sérieusement de
cette incidence de la proposition gouvernementale. Il faut rappeler que la
hausse du fardeau fiscal foncier des entreprises représente une
augmentation des charges fixes, puisque ces taxes doivent être
acquittées de façon indépendante de la situation
financière de l'entreprise, et ceci, en prenant même en
considération le fait que nous payons des impôts à d'autres
paliers de gouvernement. C'est l'équivalent d'une hausse de la taxe sur
le capital. Or, une augmentation des charges fixes réduit la
rentabilité des investissements et augmente le risque d'entreprises. Une
telle mesure peut inciter les entreprises à faire leur expansion
à l'extérieur du Québec et augmente d'autant le risque des
investisseurs. De plus, le Québec perdra ainsi de nouveaux
entrepreneurs. La hausse des charges fixes réduit justement la
capacité concurrentielle des entreprises dans un contexte où les
firmes doivent comprimer leurs dépenses pour affronter la concurrence
internationale et s'accommoder de la valeur élevée du dollar
canadien. C'est dans ce contexte que le Québec avait annoncé un
allégement du fardeau fiscal en harmonisant sa taxe de vente, la TVQ
avec la TPS.
Il y a aujourd'hui incohérence, car cette
substitution d'une taxe foncière à une taxe de vente est
particulièrement dommageable pour la capacité concurrentielle des
entreprises et vient donc réduire considérablement la
portée de la réforme de la taxe de vente. Or, cette
réforme corrigeait les effets d'une taxe archaïque et nocive,
particulièrement au plan des exportations.
La hausse plus marquée du fardeau fiscal foncier dans la
région de Montréal incitera aussi les entreprises et les
personnes à se localiser encore davantage en périphérie.
Une nouvelle vague d'étalement urbain pourrait nuire sérieusement
sur la scène internationale en entraînant une nouvelle escalade
des dépenses publiques pour financer des services dont nous disposons
déjà.
Pour éviter le fardeau fiscal foncier accru de Montréal,
les entreprises, particulièrement celles qui n'ont pas d'attache
précise - ce que l'on appelle des "footloose" - pourront faire leur
expansion ou déplacer une partie de leurs activités dans les
régions périphériques moins touchées par la
réforme proposée, de façon à minimiser leurs frais
fixes. Ceci affaiblira l'assiette foncière de Montréal et
pourrait ainsi conduire à des hausses encore plus importantes du fardeau
fiscal foncier et à une baisse de services, notamment au niveau du
transport collectif. Cette baisse de services réduit les avantages
concurrentiels de la région métropolitaine et conduit au cercle
vicieux associé à l'étalement urbain.
La situation de la ville de Québec, avec l'importance de son
fardeau fiscal, n'est guère plus rose. En effet, la situation est
d'autant plus pernicieuse et inéquitable que la région de
Québec peut difficilement relever, dans les conditions actuelles, le
défi de la rationalisation des transports en commun, en raison du fait
que le gouvernement, par ses politiques et programmes de stationnements
à prix réduits en faveur des fonctionnaires, encourage la
circulation automobile au détriment du transport en commun.
En conclusion, M. le Président, une fois dissipés ces
quelques arguments, les documents gouvernementaux laissent planer l'impression
inconfortable que seuls priment ses propres considérations
budgétaires et qu'il se livre envers les municipalités au
même exercice de pelletage dont il est lui-même victime de la part
du gouvernement fédéral. Le gouvernement, avec sa réforme,
a pratiquement réussi à faire l'unanimité contre son
nouveau plan de partage des responsabilités.
La Chambre de commerce du Québec, de son côté, a
toujours réclamé du gouvernement de laisser aux entreprises de
meilleures marges de manoeuvre afin qu'elles puissent avoir et saisir les
meilleures opportunités qui sont sources de développement
économique véritable. Alors que dans le secteur privé,
sous l'effet de la concurrence et des nouvelles technologies, les grandes
entreprises ont démantelé les bureaucraties crées au cours
des années 1970 au profit des organisations comptant sur de
petites unités que l'on met en concurrence, le gouvernement du
Québec continue de maintenir une bureaucratie coûteuse pour
produire des services publics.
La Chambre du commerce du Québec avait eu, en novembre dernier,
le privilège d'être, Ici même, le premier organisme entendu
par la Commission Bélanger-Campeau sur l'avenir politique et
constitutionnel du Québec. Je perçois un lien très direct
entre cette commission et celle-ci, car notre avenir politique repose avant
tout sur une économie forte qui ne saurait exister sans des finances
publiques saines qui sont un gage essentiel de compétitivité sur
le plan mondial. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Garon): Alors, comme vous avez pris
seulement 13 minutes, II reste 32 minutes à répartir entre les
différents Intervenants. D'abord le ministre, pour une période de
16 minutes.
M. Ryan: M. le Président, il me fait grand plaisir de
souhaiter la bienvenue à la Chambre de commerce du Québec
à cette commission parlementaire. J'ai écouté avec
beaucoup d'Intérêt la lecture que M. Lambert a faite du
mémoire préparé pour la commission pour nous
présenter ses points de vue sur le projet de loi 145.
Des voix:...
M. Ryan: Non, vous ne manquiez rien. Les premières
minutes...
Le Président (M. Garon): Votre micro.
M. Ryan:... on ne manque jamais rien. Ça prend toujours
deux ou trois minutes pour réchauffer l'intervenant.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: M. Lambert, il me fait plaisir de vous souhaiter la plus
cordiale bienvenue au nom du gouvernement. Je vous remercie de
l'intérêt que la Chambre de commerce du Québec porte au
projet de loi 145. Étant donné le contenu de votre intervention,
nous nous en serions peut-être dispensé, mais nous l'accueillons
néanmoins avec toute l'attention souhaitable et tout le respect que
mérite votre auguste organisme.
Il y a une chose que je serais tenté de signaler pour commencer,
c'est le caractère peut-être quelque peu excessif du jugement qui
est porté, dans la première partie du mémoire, sur la
gestion des finances publiques au cours des cinq dernières
années.
Le gouvernement a fait un effort considérable - je le sais pour
en avoir fait partie pendant toute cette période - pour contenir
l'augmentation des dépenses publiques à un rythme qui soit
acceptable et compatible avec les contraintes de notre économie. Je
crois que nous avons réussi une performance importante quand même.
Quand nous sommes arrivés au pouvoir, nous allions vers un
déficit, si tout avait continué comme ça fonctionnait, qui
eût dépassé les 4 000 000 000 $. Dès la
première année, nous l'avons ramené à 2 800 000 000
$. L'année suivante, nous l'avons baissé à 2 400 000 000
$. La troisième année, nous l'avions ramené, je pense
à 1 800 000 000 $. L'année 1990-1991, ce devait être 1 650
000 000 $. Là, évidemment, est arrivée la
récession. Il y a eu des rentrées fiscales moindres que celles
qui avaient été prévues. Il y a eu des dépenses
exceptionnelles dont je parlerai tantôt, qui ont ramené le
déficit aux alentours de 2 500 000 000 $. Mais quand on regarde et qu'on
compare l'importance de ces déficits à ceux qui étaient
encourus dans la période précédente, considérant
l'augmentation des besoins qui est survenue pendant ce temps-là, je
pense qu'on ne peut pas soutenir sérieusement que le gouvernement n'a
pas appliqué les freins d'une façon sentie. Nous qui dirigeons
les ministères l'avons senti parce que la marge pour ce qu'on appelle
des projets de développement a été pratiquement
inexistante au cours des dernières années. Il est arrivé
une année ou deux où il y a eu une très faible marge.
D'une manière générale, les nouveaux projets du
gouvernement ont été financés à même les
économies réalisées à partir des dépenses
qui se faisaient déjà. Nous avons quand même
institué un bon nombre de programmes nouveaux malgré tout. Alors,
de nous faire servir un jugement comme celui qui est porté ici, je pense
que ça méritait quelques nuances que je vous soumets bien
humblement.
Une voix: ...M. le ministre.
M. Ryan: Là, je vais continuer un petit peu, si vous me le
permettez. Ha, ha, ha! Quoique dans l'esprit de dialogue qui caractérise
la commission, M. le Président, si le président de la Chambre de
commerce veut dire un mot ici, je n'ai pas d'objection. Il comptera sur mon
temps.
Le Président (M. Garon): M. Lambert.
M. Lambert: M. le ministre, je voulais simplement souligner que
ce que vous avez mentionné, nous l'avions dit dans la page 3 lorsque
l'on dit que le gouvernement a renoué ses efforts pour reprendre le
contrôle de ses dépenses et de ses finances.
M. Ryan: Oui...
Le Président (M. Garon): M. le ministre.
M. Ryan: ...très bien. Alors, "a renoué ses
efforts", mais le reste du texte n'est pas trop trop louangeur pour ce que nous
avons fait. Je pense que vous en conviendrez. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: II est arrivé des circonstances que vous
connaissez comme moi également. Prenez l'augmentation des
dépenses de la santé. La population vieillit chaque année.
Le secteur de la santé est le seul où le gouvernement n'ait point
appliqué de compressions budgétaires depuis cinq ans. Pourquoi?
Parce que le gouvernement ne veut pas que les personnes qui vieillissent et qui
ont davantage besoin de soins médicaux ou hospitaliers soient
pénalisées en quelque manière pour ce délit de
vieillissement qui pourrait leur être imputé de manière
grossièrement injuste par une population mal éclairée. Or,
il a fallu accepter un taux d'augmentation des dépenses de santé
beaucoup plus élevé que la moyenne. Encore cette année,
c'est la même situation. Dans les autres secteurs, je pense que
l'augmentation a été contrôlée pas mal.
En plus, il est arrivé le désistement du gouvernement
fédéral. Je n'ai pas coutume de faire campagne sur ce
sujet-là, mais le ministre des Finances a démontré
amplement dans chacun de ses budgets des dernières années les
manques à gagner qui découlaient du désistement du
gouvernement fédéral qui se retire de certains domaines
après avoir imposé des contraintes aux provinces. Et l'exemple le
plus classique en est le régime d'assurance-maladie et le régime
d'assurance-hospitalisation aussi, où le gouvernement actuel a maintes
fois indiqué sa volonté d'imposer un ticket modérateur. M.
le ministre de la Santé et des Services sociaux l'a indiqué
très clairement. Qu'on l'appelle du titre qu'on voudra,
fondamentalement, c'est un ticket modérateur. Il a fallu aller consulter
le dictionnaire pour appeler ça ticket orienteur, dans l'espoir que
ça passerait à côté de la loi fédérale
qui chapeaute tout ça. Ce n'est pas un défaut du
fédéralisme. C'est parce que le gouvernement
fédéral est enferré dans ses bottines de même que
tous les partis fédéraux actuellement. Ils ne veulent pas
regarder cette vache sacrée. On a un régime de soins de maladie
qui est excellent à mon point de vue. Il s'agirait de le nuancer un
petit peu, de le discipliner davantage pour qu'il soit encore plus parfait.
Mais nous ne pouvons pas agir de ce côté-là parce qu'il y a
des contraintes à l'autre niveau. Ce n'est pas une excuse
définitive, mais ce sont des circonstances atténuantes dont nous
devons tenir compte pour porter ces jugements d'ensemble.
Ceci étant dit, en ce qui touche la réforme, je crois
qu'elle va mieux que vous ne semblez le penser. L'Assemblée nationale
s'est prononcée favorablement hier soir par une écrasante
majorité; les députés, qui ont tous voté
librement...
Une voix:...
M. Dufour: Ha, ha, ha!
M. Ryan: J'espère que l'Opposition ne met pas en cloute la
liberté de conscience de chaque député. Je sais qu'elle
s'exerce à travers certaines contraintes, mais qui restent toujours
surmontables pour des esprits libres et des consciences indépendantes.
De ce point de vue là, je pense que les effets négatifs que vous
anticipez seront vite corrigés quand on aura vu l'ampleur exacte de la
réforme. Ça, c'est un point que je vais souligner. L'ampleur est
pas mal moins considérable que vous ne pouviez le penser quand vous avez
rédigé votre mémoire avant que ne soient disponibles les
données indiquant l'impact des ajustements annoncés ces derniers
temps. (16 h 15)
Je prends seulement pour l'îlede Montréal.
J'indiquais ce matin à la Communauté urbaine de Montréal
que le fardeau net que la communauté devra financer à même
ses impôts a été réduit de 37 % par suite des
ajustements que nous avons annoncés. Dans le cas de la Communauté
urbaine de Québec, un calcul rapide me permet d'établir que c'est
au moins 40 %. Ce n'est plus la même proportion tout à fait.
Nous avons établi aussi l'impact sur les entreprises. Il y aura
un certain impact que je ne peux pas nier - autrement, on parlerait dans le
vide, c'est évident - mais l'Impact va être contenu dans des
dimensions fort raisonnables. Les contacts que j'ai eus avec de nombreuses
entreprises m'indiquent qu'on peut envisager de passer à travers ces
choses de manière relativement convenable. Je peux vous assurer qu'on va
maintenir le fardeau général. La preuve en est facile à
faire. L'impact global des mesures sur l'ensemble des dépenses des
municipalités, ça va être - je l'ai établi ce matin
sans être contesté par personne - à peu près 3, 1 %.
Au bout de la ligne, ça ne peut pas se traduire par un compte de taxes
qui va être trois fois plus gros, comme certains l'ont dit. Il y a
peut-être des arêtes ici et là auxquelles nous devons
veiller de manière à y apporter des correctifs, mais la note
générale, c'est ça. Alors ceux qui disent: Ça va
doubler puis tripler, je l'ai dit à l'Union des municipalités ce
matin, bien franchement, c'est impossible. C'est impossible avec les
données que nous avons. On va voir en tout cas à ce que ce soit
contenu.
Je veux vous assurer que notre gouvernement est particulièrement
attentif à la dimension que vous avez soulignée. Nous sommes
conscients de l'extrême sensibilité des entreprises à tout
accroissement de charge. Celui qui vous parle a dirigé une entreprise
vulnérable pendant des années et se souvient très bien de
l'impact qu'avaient les décisions des gouvernements en matière...
Je me rappelle, on a fait la réforme du système postal quand je
dirigeais un journal qu'un grand nombre d'abonnés recevaient par la
poste. Ça nous a presque détruits. Je suis très conscient
de ça, et nous sommes nombreux au gouvernement à veiller aux
implications pour les entreprises des mesures que nous prenons, si bien qu'au
cours des cinq dernières années, nous avons réduit
sensiblement l'écart qui nous séparait de l'Ontario,
l'écart défavorable qui nous distinguait de l'Ontario en
matière de charge fiscale imposée aux entreprises. Ce n'est pas
notre Intention de revenir à la situation qui a existé
antérieurement. Mais là, il y a cet ajustement à faire,
qui demeure, à mon point de vue, gérable, "manageable", qui
demeure dans des proportions gérables. Soyez assuré que nous
allons tout faire pour que ça reste ainsi.
Je vais juste vous posez une question, si vous me permettez, M. Lambert,
parce que vous nous arrivez avec le fanai de l'éclairage que votre
organisation peut nous apporter. Vous dites à la page 4: "Le
gouvernement du Québec - deuxième paragraphe - offre des services
à la population que nos moyens économiques ne permettent plus de
soutenir ou de payer sans affecter sérieusement notre capacité
concurrentielle. " Je voudrais que vous me donniez une liste des services que
le gouvernement devrait éliminer, de manière à se doter
d'une situation financière plus forte.
M. Lambert: M. le ministre, je pense que c'est une question qui
est tellement valable que la seule réponse que je puisse y donner
présentement est la suivante: Nous serions prêts et heureux de
collaborer à un comité que le gouvernement mettrait en place pour
réétudier les finances publiques de l'État et voir
où on peut couper. Je dois vous avouer franchement que
présentement, c'est évident que je n'ai pas ici ce midi des cas
précis à répondre, mais nous serions heureux de collaborer
avec le gouvernement en autant que, par la suite, on puisse les mettre en
place, ces réformes-là.
M. Ryan: Je prends bonne note de votre offre de collaboration.
Ça me rappelle quand j'étais plus jeune, je m'occupais des
mouvements de jeunes, puis à un moment donné, on avait fait le
travail dans les finances publiques; on voulait savoir ce que le gouvernement
dépensait pour la jeunesse. C'était M. Duplessis qui était
premier ministre à l'époque. On ne lui a pas demandé de
former un comité, on en a formé un, puis il n'était pas
content. On est allé voir M. Sauvé. Après ça, le
premier ministre avait demandé: Qu'est-ce que ces jeunes-là
viennent faire dans nos affaires? Et je vous dis ça, si la Chambre peut
faire le travail de son côté, c'est encore mieux que d'avoir un
représentant dans un comité gouvernemental, des fois. Mais en
tout cas, ça, c'est votre problème. Je vais le regarder de notre
côté également, je vais faire part de
votre disponibilité au chef du gouvernement.
Autre point, à la page 5 de votre mémoire, vous dites que
nous obligeons les municipalités à assumer des charges pour
lesquelles le gouvernement ne veut plus taxer; en haut de la page 5. Juste une
explication brève, M. Lambert. Les charges que nous demandons aux
municipalités d'assumer sont des charges qui relèvent de leur
responsabilité propre, selon nous. La voirie locale, par exemple, c'est
une affaire qui avait été refilée au gouvernement au cours
des années. Puis là, nous disons aux municipalités, il
faudrait que vous preniez vos responsabilités propres là-dedans,
celles que définit votre vocation normale de service à la
collectivité locale.
J'ajoute un dernier point, c'est que vous dites que le gouvernement
supprime ses transferts au soutien d'activités dans le domaine du
transport collectif et de la voirie. Nous les réduisons, nous ne les
supprimons pas, loin de là. Nous allons maintenir l'implication
très importante du gouvernement dans les investissements pour le
transport en commun. Les achats d'autobus, par exemple, il n'est pas question
que le gouvernement cesse de s'y Impliquer. Les ajouts de lignes de
métro, par exemple, le gouvernement va payer pour ça encore
maintenant. Je pense que le gouvernement paye toute la facture pour les ajouts
de lignes de métro.
Nous continuons pour le transport intégré, le transport
adapté. Il y a un organisme de coordination de toute la tarification sur
le grand territoire métropolitain de Montréal. Encore hier, M.
Elkas, le ministre des Transports, me disait qu'il leur adressait hier un
chèque de 26 000 000 $ qui représente la contribution du
gouvernement pour la présente année.
Mais s'il y a des choses où vous trouvez que nous
exagérons... C'est ce que j'ai cru comprendre de votre mémoire,
que, dans le domaine du transport en commun, vous auriez aimé que nous
allions peut-être un peu plus doucement. Je ne sais pas si je me
trompe.
M. Lambert: Je demanderais peut-être à M. Martin,
qui pourra peut-être parler de la région de Québec comme
exemple.
M. Martin (Pierre): Bien écoutez, au niveau du transport
en commun, M. le ministre, dans la région de Québec, on doit vous
dire qu'on a eu des discussions avec les municipalités, avec la
communauté urbaine. Et au niveau même du principe du transport en
commun, votre réforme... Qu'on l'appelle une réforme, moi,
personnellement, je ne suis pas certain que c'est une réforme. Une
réforme, c'est la réforme du Code civil; c'est une
réforme. Les gens ont appelé ça une réforme, mais
c'est un acte unilatéral de partage entre les municipalités et le
gouvernement. En tout cas, indépendamment des mots - on ne fera pas de
sémantique, M. le ministre - au niveau du transport en commun, on peut
se poser la question au niveau de l'impact social du transport en commun. C'est
un long débat à savoir si oui ou non, c'est une
responsabilité au niveau provincial, gouvernemental, ou c'est un niveau
de responsabilité des pouvoirs délégués que vous
accordez aux municipalités. Alors, déjà, on pourrait faire
le débat là-dessus.
Mais l'effet de ce nouveau partage, au niveau de la région de
Québec, on doit vous dire qu'on se pose la question sur la survie
même du transport en commun. Advenant qu'effectivement... Vous avez
parlé de chiffres au niveau des entreprises tout à l'heure. Pour
la région de Québec, on est arrivé dans certains cas,
avant vos ajustements... Ça avait même un impact de 50 %
d'augmentation de l'impôt foncier pour certains commerces. Et ça
variait souvent de 20 % à 50 % dans la région de Québec.
Alors, évidemment, même si on prenait 30 % à 40 % de moins,
on reste encore dans des taux de 15 % à 30 %. Et si tel était le
cas, notre crainte pour la région de Québec - on a parlé
du stationnement tout à l'heure; c'est un autre point dont on pourrait
discuter ensemble - on se demande si la pression ne sera pas telle de la part
des entreprises touchées qu'elles vont forcer les municipalités,
la communauté urbaine et la CTCUQ à regarder non seulement une
rationalisation de leurs dépenses, malgré le programme qu'ils
viennent de dévoiler, de rendre public, mais qui va peut-être
remettre en question la survie même du transport en commun.
La raison? Évidemment, Québec est beaucoup plus
particulier que Montréal là-dessus. Je veux dire que
Québec a un système d'autoroutes, système routier,
relativement efficace. Québec, évidemment, a des fonctionnaires
qui voyagent seuls dans leur voiture et qui paient un stationnement de 33 $, au
lieu de payer un stationnement qui devrait être de 70 $ à 80 $ par
mois. Alors évidemment, et la CTCUQ l'a démontré, sa
clientèle, ce sont des personnes âgées, ce sont des
personnes d'un milieu moins fortuné, des étudiants. Et la
problématique pour la région de Québec pourrait être
l'existence même du transport en commun.
Si l'impact est tel sur les entreprises, les pressions vont être
excessivement fortes sur les élus municipaux et sur la Commission de
transport. Je dois vous dire qu'on a déjà eu certains
débats avec les maires sur ce sujet-là. Ils en sont fort
conscients. Et ce n'est pas ce que l'on vise. Mais...
Le Président (M. Garon): Alors, le temps dévolu
à la partie ministérielle étant écoulé, je
vais demander au porte-parole de l'Opposition, le député de
Jonquière de commencer sa période.
M. Dufour: Oui. Vis-à-vis votre mémoire, bien
sûr, il y a évidence que vous avez laissé ou donné
le focus sur le transport en commun. Avant de poser des questions
là-dessus, je
voudrais peut-être vous assurer ou au moins donner la contrepartie
au ministre des Affaires municipales qui semble surpris ou qui trouve que votre
mémoire est sévère concernant l'administration publique.
Il faut se rappeler qu'il n'y a pas tellement longtemps - la mémoire
collective dure peut-être six mois, mais pour des organismes comme les
vôtres, ça dure peut-être un peu plus longtemps - il faut se
dire qu'en 1985, lorsque le gouvernement actuel a pris le pouvoir, il avait
suscité beaucoup d'espoir et beaucoup d'attentes concernant les finances
publiques et l'administration québécoise. En fait, on parlait de
déficits, de les maintenir à zéro, base zéro, etc.
Il y a beaucoup d'éléments, en tout cas, qui ont
été soulevés.
Moi, je ne suis pas surpris de la teneur de votre document. Je trouve
qu'il est réaliste par rapport à votre vision de l'administration
publique. Les chambres de commerce ont toujours eu comme modus vivendi ou comme
idéal que les corporations ou les gouvernements devraient se comporter
un peu comme les gens d'affaires, à faire des budgets qui sont
balancés et, en même temps, avec des visions de
développement qui peuvent être différentes dans certains
cas; et ça, c'est une question de vision économique ou de vision
politique. Par rapport à ça, moi, je trouve que votre
mémoire est correct. Ça ne me surprend pas. J'espère que
le ministre va s'en remettre et, contrairement à ce qu'on dit,
même si les impacts ou les changements qui ont été
apportés depuis le début... Vous êtes le troisième
groupe qu'on rencontre; on n'a pas l'Impression que le ministre a fait beaucoup
de conversions. Il a fait de la conversation, mais pas beaucoup de conversions.
Et je peux dire qu'il n'y en a pas beaucoup qui sont partis rassurés.
L'Union des municipalités du Québec a reçu peut-être
une petite volée de bois vert, et on peut parler un peu de la
Communauté urbaine de Montréal, qui ont été
très gentils, mais qui sont partis, d'après moi, très
inquiets.
Ça veut dire que les amendements ou les adoucissements qui ont
été apportés ne trompent pas ou ne leurrent personne. On a
beau dire que c'est 256 000 000 $, mais dans le fond, c'est 400 000 000 $.
Ça, je trouve que vous êtes très réalistes, vous
voyez très clair. Mais ce n'est pas une responsabilité, parce que
responsabiliser quelqu'un, ça veut dire lui donner le pouvoir de
décider. Et là-dedans, il y en a seulement un qui décide,
c'est le gouvernement du Québec. Donc, on ne peut pas décider et
responsabiliser en même temps. On responsabilise quelqu'un quand on dit:
Tu as le fardeau de la preuve, fart quelque chose avec.
Ceci m'amène à ma question concernant le transport en
commun. Vous me semblez possiblement... En tout cas, à mon point de vue,
mais nous autres, il paraît qu'on est toujours alarmistes, l'Opposition.
On est toujours très alarmiste par rapport à ça. Moi, je
pense que c'est réel.
Mais de quelle façon pensez-vous analyser les
répercussions de la réforme qui est proposée par rapport
au transport en commun? En fait, c'est un peu ça; qu'est-ce que vous
pensez que ça peut produire?
M. Lambert: Je vous dirais que le premier problème
vis-à-vis des entreprises, lorsqu'elles sont en face de leurs
états financiers annuels, eh bien, c'est de voir où sont les
dépenses et quelles sont celles qui sont fixes. Lorsqu'on se retrouve
avec des taux de taxation entre une ville centrale et une ville qui est dans
une région où les taux de taxation peuvent être fort
différents pour ne pas dire énormément différents,
eh bien, vous remettez en cause l'endroit où l'entreprise va garder son
siège d'affaires pour essayer de diminuer ses coûts. Alors, si
vous vous retrouvez avec de l'étalement urbain qui est en train de se
faire de cette façon-là, je ne crois pas que l'on aura, à
ce moment-là, diminué les coûts du transport en commun
d'une part, et d'autre part, vous ne rendrez pas les mêmes services non
plus. L'entreprise va aller aux endroits où ça lui coûte le
moins cher.
M. Dufour: Est-ce que vous avez analysé -parce que mes
collègues vont probablement continuer le questionnement - par exemple,
de quelle façon les entreprises vont se sentir à l'aise par
rapport aux nouvelles formules de taxation? Vous comprenez, par exemple, la
taxe d'affaires, elle pourrait être imposée de deux façons
différentes. On peut prendre les deux formules ou en garder une, et
ça fait des changements. La question du stationnement, la question
même des ventes, des mutations immobilières, est-ce que vous avez
eu le temps d'examiner un peu en détail toute la nouvelle pluie de
taxation, la nouvelle formule de taxation et de quelle façon
l'entreprise va pouvoir se sentir par rapport à ça? (16 h 30)
M. Lambert: Non, M. Dufour, nous n'avons pas fait d'études
exhaustives à ce sujet-là. Je dois vous avouer d'une part que
nous avons été avertis, évidemment, comme la plupart des
intervenants, et nous n'avons pas non seulement eu le temps, mais nous n'avions
pas non plus la capacité, autant humaine que financière, pour
pouvoir nous mettre de façon très exhaustive sur ce
dossier-là. Sauf que je donne un certain nombre d'exemples. Prenons le
cas ici à Québec, que tout le monde connaît, d'une
entreprise qui, évidemment, ne déménagera pas à
cause de ce phénomène-là, qui s'appelle Dalshowa, pour
donner un exemple. Bon. Sauf que si les coûts sont trop
élevés chez Dalshowa, si elle ne déménage pas,
c'est peut-être des emplois qui disparaissent, parce que les coûts
augmentent, d'une part. Et les coûts ne sont pas nécessairement
tous seulement à un endroit, mais l'addition de ces
coûts-là fait que... Bon, le deuxième
élément, c'est que vous avez le propriétaire d'une
petite boutique, qui est dans un centre d'achats, qui se voit refiler par ses
baux une augmentation automatique des taxes. Et ça, je dois vous dire
que ce petit commerce-là, qui n'est pas d'une rentabilité
exorbitante, alors il peut se retrouver dans une marge qui le rend
dépendant. Et si, par le phénomène de l'étalement
urbain, vous êtes amenés à avoir des centres d'achats
périphériques qui ouvrent, eh bien là, il perd de la
clientèle. Et s'il perd de la clientèle, à ce
moment-là, il devient non rentable et II a des problèmes
financiers. Alors, ou bien on ferme ou bien le type va ouvrir son commerce
ailleurs. Alors ça, ce sont des choses qui, dans le monde des affaires,
sont tout à fait quotidiennes et qui se vivent.
M. Dufour: En supposant que vous soyez d'accord et que vous
achetiez les difficultés que le gouvernement a à vivre avec sa
fiscalité, considérant que le gouvernement est à court de
budget à court terme, à court de caisse de 400 000 000 $ dans le
contexte qu'on a, est-ce que vous croyez - parce que, là, Je parle
à des gens d'affaires - que ça justifiait une réforme
aussi profonde et aussi grande et qu'on n'aurait pas dû cibler une source
de revenus différente pour le gouvernement, tout en se donnant le temps
d'aller plus foin et de creuser davantage? Ce que vous avez fait tout à
l'heure, vous avez proposé un comité, etc.
M. Lambert: Je dois vous répondre, M. Dufour, que nous en
sommes, en termes de société - et là, je crois que les
gens d'affaires et les entreprises en font partie - rendus à un point
où il faut qu'on fasse notre examen de conscience sur l'ensemble de
l'appareil public et qu'on révise les dépenses publiques.
À partir de la on doit remettre en cause tous les programmes et,
à partir de cette étude, eh bien là, on prendra la
décision si on remet en cause des programmes, si on en a encore besoin
ou si on est encore capables de se les payer.
Le Président (M. Garon): Mme la députée de
Taillon.
Mme Marois: Merci, M. le Président. Dans cette
veine-là, dans le fond, le ministre aurait sûrement
intérêt à lire le mémoire que vous avez produit,
justement, pour la Commission Bélanger-Campeau, auquel vous faites
référence dans votre document, quand vous proposez la
révision d'un certain nombre de fonctions assumées par les deux
gouvernements dans les mêmes champs d'action, de telle sorte que d'une
façon très pragmatique, comme vous le dites d'ailleurs dans votre
mémoire, on en arrive à ce qu'il n'y ait qu'un seul gouvernement
qui intervienne, peu Importe lequel II serait, mais qu'au moins, II n'y en ait
qu'un. Déjà, je pense qu'il y aurait sûrement une
économie fort intéressante à envisager. Et je pense que le
ministre va me suivre sur ce terrain-là. Donc, le mémoire de la
Chambre à cet égard est fort intéressant et pertinent.
j'ai souvent posé la question au ministre parce qu'on a
évalué que, pour l'année 1992, c'est environ 705 000 000 $
de taxes supplémentaires qui iront vers les entreprises, si on cumule
toutes les nouvelles taxes, entre autres sur la masse salariale, sur le
capital, etc., et, évidemment, celles prévues au projet de loi.
j'ai souvent posé la question au ministre s'il avait ou non des outils
d'évaluation pour nous dire si, 1 %, quel impact cela avait sur les
entreprises, particulièrement en termes d'emploi. alors, je ne sais pas
si, de votre côté, il y a des outils d'analyse que vous avez
à cet égard. ça, c'est une première question. une
deuxième question, c'est justement l'élément que vous
mentionniez sur le fait que l'on refile aux petits commerçants le fait
que le propriétaire de la bâtisse va avoir à subir de
nouvelles taxes. donc, sans avoir même renégocié avec son
locataire, il va pouvoir les lui imposer. vous savez que c'est ce que
prévoit la loi. est-ce que vous avez évalué un petit peu
l'impact sur les entreprises concernées?
Il y a un troisième élément que je voudrais
aborder. On va mieux définir les actifs des sociétés
pétrolières, c'est-à-dire des raffineries de
pétrole, pour savoir ce qu'on va taxer et comment, etc., si j'ai bien
compris l'intention qu'il y a dans ce projet de loi. Je sais qu'il y avait des
attentes manifestées par des municipalités pour bien identifier,
dans le cas des pape-tières aussi, ou d'autres types d'entreprises dont
les équipements, on le comprendra, sont épars, souvent, sur un
territoire assez grand, etc. Est-ce que vous vous êtes un petit peu
penchés sur cette question-là?
Et je vais terminer par un petit commentaire sur l'histoire du transport
en commun à Québec, sous toutes réserves des chiffres que
je vais donner parce que c'est à partir d'une entrevue qu'on a entendue
à ce sujet. On parle de 15 000 stationnements au centre-ville de
Québec, affectés au personnel de la fonction publique, dont le
coût mensuel est plus bas effectivement que la carte d'autobus. Alors,
entre les deux, le choix m'apparaît comme assez évident et coulant
de source, hein? Je pense bien que ça ne prend pas un grand clerc pour
comprendre tout ça. Alors, j'aimerais ça que vous reveniez sur un
certain nombre de questions que j'ai soulevées.
M. Lambert: Alors, madame, quant à votre première
question, je demanderais à M. Des-côteaux d'y répondre.
M. Descôteaux (Claude): Mme la députée, il
n'y a pas de modèle économétrique, statistique ou
économique qui permette de mesurer avec
certitude l'effet direct et immédiat d'une modification dans une
taxe comme celle-là. Ce que nous savons, cependant, d'une manière
très pertinente et plus par expérience que par analyse
théorique, c'est que l'effet combiné, dans un climat particulier,
d'un ensemble de taxes amène les entrepreneurs à s'interroger,
à penser à leurs investissements, à penser à
l'opportunité ou non d'embaucher du personnel ou même d'en
remercier. C'est plus l'addition de mesures au fil des années qui,
à un moment donné, nous amène dans une situation ou on
constate tout à coup qu'on est plus ou moins concurrentiels. On est en
difficulté, on se demande pourquoi, et c'est finalement, quand on
retourne à la source, l'ensemble des mesures qui crée ce climat
qui fait qu'on est concurrentiels ou non. Alors, pour répondre
directement à votre question, il n'y a pas vraiment de modèle
précis qui permette de répondre avec certitude à l'impact
d'une taxe.
Mme Marois: D'accord.
M. Lambert: La deuxième question que vous avez
posée concerne la réouverture des baux.
Mme Marois: C'est ça.
M. Lambert: Finalement, c'est de ça que vous me
parliez.
Mme Marois: C'est ça. C'est parce que c'est un
précédent à ce que je sache. Je ne sais pas si
ça... Est-ce que ce serait un précédent? Peut-être
que le ministre pourrait nous le dire, là? Oui, j'aimerais mieux vous
entendre, pour l'instant.
M. Lambert: Bon, alors, écoutez... Évidemment, si
c'est un précédent, je ne sais si c'en est un, mais, de toute
façon, je dois répondre simplement par l'expérience de ce
qui se produit dans le cas où des gens ont déjà des baux
de signés et où le locateur refile à l'opérateur
les hausses de coût. Bien, je dois vous avouer que dans l'état
concurrentiel du commerce au détail - et ça, les statistiques
sortent maintenant à tous les mois - c'est l'effet le plus pernicieux
que nous ayons vis-à-vis des opérateurs de ce genre de commerces.
On parlait encore hier d'un effet potentiel: La Baie irait se resituer dans un
autre endroit géographique à cause de la hausse des coûts.
Bien, imaginez le petit opérateur qui est obligé, lui, de
travailler à raison de huit heures par jour et sept jours par semaine,
parce que maintenant, durant certaines périodes de l'année, on a
le droit d'ouvrir sept jours, eh bien, c'est un coût qu'il n'est pas
capable de refiler de façon automatique aux consommateurs parce qu'il
n'y a pas de valeur ajoutée dans le commerce au détail. Alors, si
vous vouiez rester en affaires, il faut que vous soyez compétitifs au
niveau des prix. Ce qui fait la grande différence, c'est le produit que
vous offrez qui peut être mieux présenté, le service que
vous donnez à la clientèle. Et ça, je dois vous avouer que
des hausses de coûts comme celles-là, qui ne sont pas variables -
c'est un coût fixe qui vient s'ajouter - ça met
définitivement en danger la survie de certaines entreprises, sans
l'ombre d'un doute, même si ça ne représentait que 3000 $
ou 4000 $ par année parce que vous vous retrouvez dans des commerces qui
ont une rentabilité qui est souventefois sur la ligne. Et on a la preuve
parce que c'est ce que l'on volt dans un état de récession comme
celui que nous vivons présentement, où les entreprises, ça
tombe à un rythme effréné.
Le Président (M. Garon): Alors, le temps étant
écoulé pour les deux partis, je voudrais remercier les
représentants de la Chambre de commerce du Québec de leur
participation à cette commission. Je vais demander aux
représentants de l'Institut de développement urbain du
Québec de s'approcher.
Alors, les représentants de la Communauté urbaine de
l'Outaouais nous ont fait savoir qu'Us ne seraient pas présents demain
à 10 heures, mais ils nous ont fait parvenir un mémoire pour
dépôt à la commission, le mémoire de la
Communauté urbaine de l'Outaouais. Alors, je vais demander au
secrétaire de faire circuler le mémoire de la Communauté
urbaine de l'Outaouais, ce qui veut dire que, demain, au lieu de commencer
à 10 heures, nous allons commencer à 11 heures.
Alors, ceci étant dit, je demanderais aux représentants de
l'Institut de développement urbain du Québec de s'approcher.
Institut de développement urbain du
Québec
Une voix:... M. le Président.
Le Président (M. Garon): Non, mais le temps compte. Alors,
si vous voulez présenter les gens qui vous accompagnent...
Mme Howard (Marion): Bonjour, M. le...
Le Président (M. Garon):... M. Charlebois, et ensuite,
comme je vous le disais tout à l'heure, comme je le disais aux autres,
vous avez 45 minutes, soit, normalement, 15 minutes pour votre exposé,
15 minutes pour les députés ministériels et 15 minutes
pour l'Opposition officielle. Ce que vous prendrez en moins va être
réparti également entre les deux partis et ce que vous prendrez
en plus sera coupé également pour chacun des partis.
M. Charlebois (Cameron): D'accord. Je vais passer en premier
à Mme Marion Howard pour nous présenter.
Mme Howard: L'Institut de développement urbain du
Québec est un organisme indépendant sans but lucratif qui
regroupe les promoteurs, les propriétaires, les investisseurs
immobiliers. L'IDU vous a déjà soumis son mémoire qui
contenait ses propositions sur la réforme de la fiscalité
municipale, qui a été préparé de concert avec le
Regroupement des propriétaires de centres commerciaux. Dans le court
document qu'on vous a donné aujourd'hui, nous nous sommes limités
à nos commentaires et recommandations sur le projet de loi 145. Et en
annexe, nous avons comparé les propositions du 14 décembre, les
propositions du mémoire de l'IDU et les dispositions législatives
du projet de loi 145.
À ma droite immédiate, c'est M. Cameron Charlebois, qui
est président de l'IDU depuis hier soir, et Normand Blouin directeur
provincial du Regroupement des propriétaires de centres commerciaux et
administrateur de l'Institut de développement urbain.
M. Charlebois: Merci, Marion. M. le Président, MM. et Mmes
les députés, merci de nous accueillir ici aujourd'hui. D'abord,
je m'empresse de dire que nous ne sommes pas ici pour argumenter sur le fond de
la réforme, je pense que nous avons... (16 h 45)
Le Président (M. Garon): Est-ce que je pourrais demander
aux gens qui font des conversations qu'ils... Une commission parlementaire, ce
n'est pas une boîte téléphonique, non plus. Ceux qui ont
des téléphones à faire pourraient les faire à
l'extérieur de la chambre, puis ceux qui ont des conversations à
faire, les poursuivre à l'extérieur, pour donner... On a fait
venir des gens pour les entendre, est-ce qu'on peut les entendre, tout
simplement? Ça fait partie de l'ordre des choses. Ceux qui ne sont pas
intéressés à entendre ce que les gens ont à dire,
qu'ils sortent donc de la chambre.
M. Charlebois: Je continue? Merci. Alors, nous ne nous
présentons pas pour argumenter sur le fond de la réforme. Je
pense qu'il s'agit de dire que, le fait qu'on n'argumente pas, ce n'est pas
qu'on l'aime, ce n'est pas qu'on l'accepte d'emblée, mais voilà,
elle est là, elle est dans un projet de loi maintenant, puis nous
réservons surtout nos commentaires sur les modalités de la loi et
les choses qui nous inquiètent comme des gens qui pratiquent le
développement immobilier. D'abord, je vais suivre
généralement le document que nous vous avons soumis.
Premièrement, nous sommes ici en support,
généralement, puis nous l'avons dit à plusieurs reprises
publiquement, que l'Institut de développement urbain du Québec
appuie fortement le maintien d'un système de transport en commun,
notamment dans la région de Montréal, et que nous regardons,
effectivement, que le système, sans nécessairement avoir
été spécifiquement visé dans la réforme, est
mis en danger par certains effets indirects que nous allons traiter tout
à l'heure, dans les points plus tard.
Deuxièmement, nous croyons toujours, et on fait ça comme
énoncé, que le gouvernement doit continuer à participer
activement au financement du transport en commun, notamment dans la
région métropolitaine. Nous avons soutenu dans notre
mémoire une participation financière de 25 % du fonds
d'exploitation. Nous voyons que ce n'est pas dans la loi; nos pages sommaires
en annexe à ce mémoire montrent l'écart entre ce que nous
avons proposé et ce que le gouvernement retient comme proposition de
loi, mais nous sommes toujours convaincus que la participation active du
gouvernement est toujours essentielle. Nous voyons dans la réforme un
problème de fond, qui est que la réforme prône un
rapprochement entre les instances de financement et les instances
décisionnelles, ce qui est bon en principe et en théorie. Mais le
problème, le hic, dans le transport en commun, c'est qu'on l'appelle un
service local et que c'est beaucoup plus un service régional. On
constate que les structures régionales, au moins à
Montréal et aussi à Québec, ne sont pas là, les
structures décisionnelles pour l'allocation des fonds ne sont pas
très efficaces, et que c'est par cet effet indirect là que le
système de transport en commun est en danger par l'effet de la
réforme.
Ceci étant dit, nous suggérons aussi que le gouvernement,
dans l'avenir... Parce qu'on regarde une facture, aujourd'hui, de
peut-être 200 000 000 $ pour le transport en commun de Montréal;
la facture va monter, sans doute. Nous prônons que le gouvernement
continue à regarder d'autres sources de financement, pour sa part, qui
pourraient croître dans l'avenir, espérons-le. D'abord, on a vu
déjà l'imposition de la taxe sur les immatriculations dans la RMR
de Montréal, on parle beaucoup de taxe sur l'essence, mais il y a aussi
d'autres incitatifs à caractère fiscal, comme on le mentionne
ici; à titre d'exemple, une allocation dans la déduction pour
l'emploi, qui est indiquée à la ligne 201 de la
déclaration d'impôt, uniquement pour des travailleurs utilisant le
transport en commun. Ce serait ça, une déduction d'impôt
qui aurait l'effet d'encourager le transport en commun par rapport à
l'emploi de la voiture privée, puis c'est une mesure fiscale qui
pourrait être très intéressante parmi d'autres, qui,
peut-être, pourraient être recherchées.
M. Ryan: Question d'argument, est-ce que je pourrais demander que
vous répétiez la dernière chose que vous venez de dire? La
dernière proposition, si vous pouviez la répéter, parce
que je veux être sûr de la comprendre...
M. Charlebois: Oui, nous suggérons, en voie d'exemple, M.
le ministre, qu'il y a des mesures fiscales qui pourraient être
intéressantes. Notamment dans la déclaration d'impôt
personnelle, il y
a une déduction pour l'emploi; on note la ligne 201 Ici, qui est
supposée couvrir les frais d'emploi pour des gens qui... Si cette
déduction-là avait été plus ciblée sur le
transport en commun ou si quelqu'un obtenait un reçu pour fin
d'impôt pour l'achat de sa carte mensuelle de transport en commun ou
quelque chose comme ça et qu'il pouvait le déclarer dans ses
impôts, selon nous, ça représenterait un net incitatif
à prendre le transport en commun et ça pourrait aussi être
une source de financement par l'effet fiscal dans le budget provincial. Je
continue?
Une voix: Oui.
M. Charlebois: Merci. Alors, en ayant dit ça, on passe
maintenant aux effets du projet de loi.
Premièrement, si le retrait éventuel des subventions
gouvernementales doit être compensé par une imposition
foncière, - ce qui est proposé - celle-ci doit se faire selon
certains paramètres: certains de ces paramètres paraissent dans
la loi, certains autres paraîtront éventuellement dans la
budgétisation, les exercices de budget. Nous prônons, et le
répétons, que c'est Important de partager ou d'éparpiller
la charge de ces nouvelles taxes foncières sur le plus grand territoire
possible pour inclure la plus grande assiette fiscale possible.
On parle dans la réforme d'une régionalisation de ces
responsabilités et de ces sources de financement. Nous trouvons que,
surtout pour le transport en commun, en étant un service
régional, c'est toute la grande région qui en
bénéficie qui devrait être mise à profit.
D'ailleurs, c'est déjà fait en partie par la taxe proposée
sur les immatrications dans la RMR de Montréal. Ce devrait être,
selon nous, regardé aussi pour tout l'immobilier de la région de
Montréal. Ça devrait inclure le non résidentiel aussi bien
que le résidentiel; dans certains cas, ça va aller de soi parce
que certaines villes dans les régions de Québec et de
Montréal n'ont pas d'immobilier non résidentiel ou presque pas,
et donc, elles vont devoir porter toute leur nouvelle charge sur le
résidentiel. Nous allons revenir au prochain point tout à
l'heure.
C'est très important que le dégrèvement qui est
prévu dans la loi comme facultatif soit obligatoire. Ça ne peut
pas être facultatif qu'une ville donne un dégrèvement pour
des espaces vacants et que la ville à côté n'en donne pas.
C'est un système qui risque non seulement de ne pas être
fonctionnel, mais c'est complètement inéquitable... On ne
comprend d'ailleurs pas pourquoi c'est indiqué comme facultatif.
Nous proposons que la loi mentionne que les nouvelles recettes provenant
de cette réforme, notamment des surtaxes, soient destinées au
financement du transport en commun et d'autres services désignés
dans la loi. Nous l'offrons parce que, effectivement, la surtaxe non
désignée devient une manière de dire des taux variables de
taxation foncière. Ce sont des propositions que nous avons
déjà vues de certaines villes et de certaines administrations.
Dans la loi, ce n'est pas jusqu'à maintenant, permis d'avoir des taux
variables. La surtaxe non désignée devient à toutes fins
pratiques un taux variable; on pourrait très bien, même si on
coupait la facture ou on coupait le financement du transport en commun, imposer
une surtaxe pour financer la police, les rues ou n'importe quoi dans une ville.
Alors, nous proposons que ça soit désigné.
Dans la foulée de nos collègues qui nous ont
précédés, nous Insistons toujours sur la prévision
de dérogation aux baux qui ne prévoit pas que la facture ou les
nouvelles factures d'impôt foncier, soient automatiquement passées
au locataire.
Quatrièmement, un point sur lequel nous Insistons dans notre
mémoire et sur lequel nous plaçons beaucoup d'importance: la taxe
sur le stationnement. Dès que cette taxe a été
annoncée par la STCUM et la ville de Montréal l'automne dernier,
on l'a trouvée un peu bizarre. On ne voyait pas comment ça
pourrait s'appliquer. Je pense qu'enfin, on comprend mieux pourquoi elle a
été mise sur la table. Ça semble vouloir cibler les
stationnements payants. Pour nous, et notamment dans l'Industrie du commerce de
détail dans les centres commerciaux, dans les édifices à
bureaux de banlieue ou dans un centre commercial, on volt qu'il y a
jusqu'à cinq ou six places de stationnement prévues par 1000
pieds de magasin, qui sont nécessairement gratuites pour faire
fonctionner les centres d'achats. Dans les immeubles de bureaux de banlieue,
que ça soit Lebourgneuf ici à Québec ou que ça soit
Saint-Laurent ou Laval à Montréal, il y en a jusqu'à trois
places par 1000 pieds carrés d'espace locatif, et c'est fourni
gratuitement, normalement pour faire fonctionner ces centres-là, parce
qu'ils ne sont pas desservis par le transport en commun. Il faut
reconnaître que ces espaces de stationnement font partie
intégrante de l'opération immobilière de l'Immeuble. On ne
peut pas les distinguer et les taxer à part.
Dans les cas où il y a des stationnements payants, ça,
c'est envisageable, ça, c'est praticable en tout cas. On peut ne pas
l'aimer, mais c'est praticable. Mais dans les stationnements non payants, c'est
impossible de cerner la partie stationnement, de l'évaluer, de charger
une taxe et de savoir qui va payer cette taxe-là. Il n'y a pas
d'exploitant; c'est partie Intégrante, non distinguable de
l'opération immobilière. Donc, on continue de s'opposer à
ce que la loi permette une taxe sur les stationnements non payants qui font
partie Intégrante des immeubles.
D'ailleurs, cette taxe-là, si c'est imposé, ça
renforce l'effet Inéquitable de cette taxe, notamment quand on compare
les municipalités qui sont à l'intérieur des OPT, et puis
les municlpa-
Ittés qui sont juste de l'autre côté de la ligne. On
volt bien que Saint-Bruno va profiter vis-à-vis de Longueull, parce que
Saint-Bruno n'est pas dans un OPT, donc ne sera pas sujet à cette
taxe-là, tandis que Longueuil, juste à côté, sera
sujet à la taxe.
Par cet effet, c'est certain que ça encourage l'étalement
urbain, et là, on insiste, la question de l'étalement urbain,
ça devient un peu un "buzzword". Le problème avec
l'étalement urbain, c'est le manque de contrôle sur le
développement. Si on impose des choses qui génèrent un
étalement urbain sans avoir des structures qui contrôlent en plus
le développement ou au moins encouragent le développement
rationnel de la zone, c'est là où l'étalement urbain
devient un problème sérieux. Et la manière dont l'article
est façonné dans la loi, ça donne aux municipalités
beaucoup de latitute dans la manière qu'elles peuvent imposer une taxe
sur le stationnement. C'est facultatif. Ça peut changer et varier par
secteurs, ça peut varier de catégorie à catégorie
de bâtiments, ça peut varier d'une superficie à l'autre. Il
n'y a aucune manière de savoir aujourd'hui comment une ville va imposer
ou va concocter cette taxe-là. Et je reviens au principe qui dirige
quand même un peu l'immobilier: II faut des règles claires, puis
II faut des règles précises et connues d'avance le plus
possible.
Alors, nous proposons en fin de compte que tout retrait éventuel
des subventions gouvernementales qui est proposé dans la loi soit
compensé par une taxe foncière plutôt que par une taxe sur
le stationnement. Tant qu'à passer par là, restons dans le
foncier. Le stationnement comme tel, à moins qu'on cerne une
catégorie de stationnements dans la toi, ne devrait pas être
là.
Mme Howard: De toute façon, il n'y a pas de
prévisions pour la dérogation à certains...
M. Charlebois: Également, Marion me mentionne que dans la
loi, ça n'est pas prévu des dérogations aux baux en
vigueur pour ce qui est de la taxe sur le stationnement. Donc, pour nous, c'est
une taxe; c'est une proposition qui est assez comble de problèmes, puis
on aimerait voir ça disparaître en faveur d'un système plus
simple.
La surtaxe sur les immeubles non résidentiels, on passe par une
surtaxe. On propose que ça soit désigné. On s'interroge
toujours sur pourquoi on a cerné dans la loi ou on mentionne dans la loi
un délai de 60 jours avant que le local soit considéré
vacant. Peut-être qu'il y a besoin d'un délai minimal, mais on
s'interroge quand même sur 60 versus 30 versus 15, surtout quand on voit
que le projet de loi propose que ce soient les propriétaires,
maintenant, qui montent des rôles. Et ce sont les propriétaires
qui vont les garder à jour. Donc, ça revient aux
propriétaires d'aviser les municipalités quand un espace devient
vacant. Si on ne complète pas ce devoir-là, on est sujets
à une amende, et puis les espaces ainsi oubliés ne seront pas
éligibles pour le dégrèvement, ainsi de suite. Donc, vu
que cette responsabilité est donnée aux propriétaires,
pourquoi un délai de 60 jours? Et en plus, pourquoi on ne prévoit
pas que ça soit obligatoire, pour la municipalité, de donner ce
dégrèvement-là?
Nous revenons dans le point 6 à notre inquiétude par
rapport, au moins, aux structures administratives de la région de
Montréal. On voit, quand on regarde la grande région de
Montréal, la couronne nord, l'île de Montréal, et la rive
sud, qu'il y a une forte désintégration des structures
administratives et que, dans cette loi-là, par sa nature et ses
propositions tout à fait facultatives, on a de la misère à
voir la concertation que ça prendra, pour que la loi soit imposée
ou que la taxation soit imposée d'une façon systématique
et compréhensible. (17 heures)
Nous proposons, dans notre point 7, que les recettes provenant de la
taxe sur l'immatriculation dans la région de recensement de
Montréal soient allouées selon la répartition des
subventions gouvernementales actuelles. On comprend, d'après des
représentations qui nous ont été faites, que,
dépendamment du système adopté, une grosse partie des
recettes provenant de cette source pourrait se trouver dans les banlieues,
tandis que le besoin est plus grand dans la STCUM. Donc, on maintient ou on
propose que le système actuel d'allocation soit maintenu pour cette
taxe-là aussi.
Finalement, nous terminons. Considérant que ie manque à
gagner dans le financement du transport en commun de la région, en 1992,
pourrait atteindre 200 000 000 $, nous suggérons - ce n'est pas
nécessaire que ce soit dans la loi, j'imagine - que la facture soit
échelonnée sur plusieurs années. Nous pensons que cela
donnerait aux structures administratives de la région de
Montréal, le temps de se mettre en forme, de se roder ou de monter un
système de taxation qui sera comparable sur la rive sud, l'île de
Montréal et la rive nord, pour que la région entière
puisse se resserrer et faire face à la concurrence dans les
années qui viennent, surtout dans le contexte du libre-échange et
des autres tendances Nord-Sud qui affectent notre économie locale.
Alors, on voit venir la loi ou le projet de loi et la réforme
avec beaucoup d'inquiétude, en partie à cause du manque de
concertation et d'organisation de la région métropolitaine. Et au
fur et à mesure que ça s'organiserait, on pourrait mieux
planifier l'imposition des nouvelles taxes. J'invite Marion et M. Blouin
à ajouter quelques mots, s'ils le désirent. Autrement, je vous
remercie pour votre attention.
Le Président (M. Garon): Alors, comme votre intervention a
duré près de 19 minutes, il reste 26 minutes pour les partis,
donc 13 minutes chacun. M. le ministre.
M. Ryan: Très bien, M. le Président. Je pourrai
faire plus brièvement, parce que j'ai eu l'occasion de causer avec
l'Institut de développement urbain, ainsi qu'avec un groupe responsable
d'installations immobilières Importantes dans la région de
Montréal et d'autres parties du Québec ces jours derniers. On a
eu l'occasion de me saisir de préoccupations du groupe, que
j'apprécie vivement. Nous avons eu des suggestions nombreuses,
très utiles. Je pense que le gouvernement est conscient de l'obligation
qui lui incombe de ne pas nuire à la vie des entreprises par ses mesures
fiscales ou autres. Et dans le cas de ce projet de loi, même si nous
devons faire des choses qui ne sont pas agréables en soi, essayons de
les faire de la manière la plus harmonieuse possible.
Dans cette perspective, je crois que le mémoire de l'Institut
contient des suggestions qui méritent d'être examinées de
près, et qui témoignent d'une compréhension
appréciable et appréciée, non seulement des mesures que le
gouvernement met de l'avant mais des préoccupations qui sont à
l'origine de ces mesures. Je pense que c'est très Important, et j'ai
senti les préoccupations que vous partagez avec le gouvernement; je suis
très heureux de le signaler.
Je voudrais vous poser une ou deux questions rapides. J'ai cru
comprendre en lisant vos recommandations, en vous entendant les commenter que
l'Institut de développement urbain s'oppose particulièrement
à une taxe sur le stationnement. Vous savez qu'il existe
déjà, dans la charte de la ville de Montréal, le droit
d'instituer des redevances sur les stationnements à Montréal. Ce
droit est exercé actuellement, mais pas avec l'ampleur qui serait rendue
possible par le projet de loi. Je voudrais vous demander si vous êtes au
courant que ça existe déjà dans la charte de la ville de
Montréal, si ça crée des problèmes pour les
Intérêts que vous représentez, quel genre de
problèmes? Et pourquoi vous trouvez que cette taxe-là, il
faudrait y renoncer. C'est le trait que j'ai trouvé le plus important
dans votre mémoire. J'aimerais ça que vous me précisiez
vos raisons.
M. Charlebois: D'accord. Je vais Inviter M. Blouin, qui
opère la Place Montréal Trust, dans le centre-vide de
Montréal, à faire un commentaire sur votre question.
M. Blouin (Normand): Ce que je peux commenter sur la taxe de
stationnement, je ne suis pas au courant des détails de la loi
existante, alors j'aimerais m'abstenir d'un commentaire à cet
effet-là. Tout ce que je peux dire c'est que, pour le regroupement des
propriétaires de centres commerciaux, de par la nature de nos
opérations, où est Imposé un haut ratio de voitures par
1000 pieds carrés d'espace locatif, le principe de nos
opérations, c'est que si nos détaillants, qui paient de gros taux
d'entretien, d'opération, de chauffage, de ventilation et d'autres
taxes, ont encore à faire face à une taxe, par exemple sur le
stationnement... Elle avait été évaluée, dans le
mémoire qui vous a été soumis, à la page 13,
à 1, 00 $ par jour, par espace de stationnement dans certains centres
commerciaux. Si on prend un centre commercial comme Carrefour Laval, qui
détient près de 7000 places de stationnement, la facture pourrait
s'élever à tout près de 3, 50 $ le pied carré
additionnels chargés aux détallaillants.
Vous comprendrez, M. le ministre, la différence entre les baux
bruts des magasins à rayons et les baux nets des petits
Indépendants, ça représente des coûts exorbitants
pour les détaillants, surtout dans des centres de banlieue. Et comme M.
Charlebois mentionnait tantôt, si vous avez un centre commercial qui est
situé dans une OPT, telle que les Promenades Saint-Bruno, et que vous
avez un autre centre de l'autre côté, qui, lui, doit charger une
taxe sur le stationnement, vous ne pouvez plus avoir un centre qui est de
nature compétitive avec celui qui est de l'autre côté de la
rue.
Alors, on croit que la taxe, pour les stationnements gratuits du moins,
on en a fait l'étude et la taxe de stationnement augmenterait les frais
de 4, 06 $ le pied carré en moyenne pour les commerçants non
majeurs, c'est-à-dire les petits détaillants. Ce qui ferait une
hausse moyenne des frais d'exploitation de plus de 26 % par année, ce
qui est considérable. L'association que je représente, qui est le
Regroupement des propriétaires des centres commerciaux, est
réticente à ce qu'une taxe soit imposée, surtout aux
stationnements des centres commerciaux qui sont de nature gratuite; cela
pourrait devenir très onéreux pour les petits
détaillants.
M. Charlebolt: Si je peux me le permettre, M. le ministre, je
pense ~ et vous me corrigerez si je me trompe - que la ville de
Montréal, normalement, Impose cette taxe dans les édifices
à bureaux du centre-ville où les stationnements sont, pour la
plupart, payants. La ville de Montréal a très peu de centres
d'achats sur son territoire. Alors, elle pratique surtout cette taxe dans les
immeubles à bureaux où le stationnement est payant et, souvent,
exploité par un exploitant professionnel qui a l'espace en location et
qui loue des espaces à des usagers mensuels. Alors, on ne volt pas
vraiment l'effet dans le fonctionnement des immeubles parce que la plupart des
Immeubles fonctionnent de cette manière-là. Je n'ignore pas
qu'ily a d'autres immeubles où peut-être ça
fonctionne, mais la plupart des immeubles dans le centre-vile sont des
stationnements payants.
M. Ryan: Que Montréal ait ce pouvoir-là, que les
autres municipalités de l'île de Montréal ne l'aient point,
est-ce que ça crée des inconvénients sérieux
à votre point de vue?
M. Charlebofs: De la manière dont c'est pratiqué
maintenant, si c'était poussé à la limite, ma
réponse serait oui. Mais aujourd'hui, c'est non, parce que les
stationnements du centre-ville sont payants dans les immeubles à
bureaux, qui ont quand même la grosse part du marché et où
les locataires ont les moyens, où les gens qui stationnent là ont
les moyens de payer le coût que ça coûte. Si le fait que
Montréal a un pouvoir que les banlieues n'ont pas, on ne voit pas
l'effet de ça maintenant. Mais je ne peux pas prédire quel sera
l'effet une fois que ça sera poussé à la limite.
M. Ryan: J'aimerais que vous commentiez la surtaxe sur la
propriété non résidentielle. J'ai cru comprendre que, si
on vous donnait le choix entre la surtaxe sur le non-résidentiel et une
taxe sur le stationnement, vous préféreriez d'emblée la
surtaxe sur le non-résidentiel. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Charlebois: Oui, par le simple principe qui est que, là
où les stationnements sont gratuits, que ce soit des implantations
industrielles, que ce soit des centres d'achats, que ce soit des
édifices à bureaux en banlieue ou n'importe quel autre genre
d'immeubles, le stationnement gratuit fait partie de l'opération
immobilière; c'est partie intégrante de l'opération
immobilière; on paie, on ne charge pas normalement aux locataires ou aux
usagers l'emploi de ce stationnement-là, ça fait partie de
l'immeuble. On ne peut pas le distinguer, parce que, dans les banlieues
notamment, comme M. Blouin vient de le dire, en fonction des règlements
de zonage, et tout, on doit fournir ce stationnement-là.
Et d'ailleurs, le transport en commun n'est pas là, du moins
adéquatement, dans une grande partie de l'île, dans les zones
industrielles, et ainsi de suite. Donc, c'est-à-dire qu'on
préfère certainement, si on passe par l'imposition
foncière pour financer cette réforme-là, qu'on laisse de
côté la taxe sur le stationnement et qu'on inclue cette
prévislon-là dans la taxe foncière à part
entière de l'opération immobilière.
M. Ryan: II y a juste une autre question, là, qui est
très importante. Vous dites que la surtaxe sur le
non-résidentiel, vous souhaiteriez qu'elle soit étendue à
une superficie plus large. On couvre également les villes qui sont
à la périphérie de la région proprement
métropolitaine. Pourriez-vous dire en quoi ceci ne serait pas une
imposition injuste pour les entreprises qui ne reçoivent pas de services
des municipalités desservies par les organismes publics de trans-
port?
M. Charlebois: Je pense que sur cette ligne d'argumentation,
ça pourrait paraître injuste, mais les arguments
déjà employés pour défendre la taxe sur
l'immatriculation, et ainsi de suite, et toutes les positions dans la grande
région de Montréal, c'est-à-dire que la grande
région bénéficie automatiquement du fonctionnement du
système de transport en commun de la région de Montréal ou
de l'île de Montréal.
D'ailleurs, nous disons dans notre mémoire que c'est toute la
province qui en bénéficie; c'est pour ça que nous
prônons que le gouvernement maintienne une participation active dans le
financement du transport en commun. Mais, au moins, sinon la province,
l'instance locale, pour nous qui bénéficions du transport en
commun de la région de Montréal, c'est la grande région,
et même si une entreprise n'est pas desservie par le système
lui-même, c'est sûr qu'elle en bénéficie par le
mouvement plus libre des marchandises et des personnes sur le territoire.
Alors, peut-être que la contribution à l'extérieur d'un
certain rayon ou les positions pourraient être moindres, mais quand
même, ces entreprises et ces usagers bénéficient de
l'existence du système comme celles qui sont plus proches du centre.
M. Ryan: Merci bien.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui. Merci, M. le Président. Je pense que ce
qui ressort effectivement du document, c'est que vous ne vous prononcez pas sur
le bien-fondé de la réforme. Je pense que vous parlez de
l'application. Le ministre doit être content, parce qu'en fait, ça
fait longtemps qu'il veut qu'on discute des modalités de la
réforme. Nous, on discute du principe. Mais nonobstant ça, je
pense qu'on peut essayer de trouver certaines avenues avec vous autres
concernant ce que vous explorez.
Par exemple, vous semblez vous prononcer favorablement au transport en
commun, je pense que ça ressort très clairement. Mais vous
n'acceptez pas que le transport soit financé par la taxe de
stationnement. Je pense que c'est assez évident dans votre dossier.
Malgré qu'il y ait des contradictions qui sont apparentes, ou pas, je ne
le sais pas, mais on sait bien que les centres d'achats installés en
périphérie sont un facteur qui favorise l'étalement urbain
quelque peu. Ça aussi, la réforme pourrait toucher les centres
d'achats, parce qu'elle dit: c'est ça, on veut, on pousse la
cohérence à la limite, le trou de beigne est occasionné
par des villes centres, parce qu'il y a des gens qui s'installent en
périphérie, parce qu'il n'y avait pas d'espace. Il y a des gens
qui peuvent dire: C'est parce que ça coûtait moins cher. Il y a
toutes sortes
d'éléments, mais on ne portera pas la discussion
là-dessus, ce n'est pas le but de mon propos non plus.
Vous dites quelque part, à la page 16 de votre mémoire,
que le gouvernement ne doit pas laisser aux municipalités le choix de
percevoir ou non la taxe sur le stationnement, parce que certaines
municipalités choisiront de ne pas l'imposer, par souci, etc. Est-ce que
vous avez examiné, par exemple, l'autonomie municipale? Ça dit
quelque chose, à un moment donné; si on permet à des gens
de taxer ou pas, et d'utiliser le produit de la taxation pour en faire ce
qu'elle croit juste et raisonnable. Là, vous dites: Non. Et vous
proposez dans la page suivante, comme moyen de répartir
équitablement ces manques à gagner, on propose de repousser des
territoires et vous donnez même le pouvoir. J'imagine que c'est à
l'organisation de transport régionale de taxer du résidentiel et
du non-résidentiel. Comment on peut permettre une action semblable, si
on regarde toujours le point de vue municipal? Ça prendrait un organisme
supplémentaire pour faire ça. Si on pousse le
périmètre, comme vous le dites, autour du transport en commun, on
l'étend et on donne le pouvoir à l'organisme de transport de
taxer le résidentiel et le non-résidentiel. De quel droit il peut
le faire? Comment vous pourriez voir ça dans la mécanique? Et
s'il le fait, quels seraient les pouvoirs des autres par rapport à cet
organisme-là? (17 h 15)
M. Charlebois: Votre question est tout à fait pertinente.
Je vous rappelle que, dans la région métropolitaine de
Montréal, il y a 104 municipalités. Et dans une région
comparable de Toronto, il y en a 6 ou il y en a 12, pas plus que ça.
Éventuellement, on va tous et toutes se réveiller au fait que ce
n'est pas fonctionnel, que ça ne peut pas fonctionner.
Et je pense que, que ce soit cette réforme-là, que ce soit
l'assainissement des eaux, que ce soit d'autres dossiers à
caractère régional, on va très bientôt se
réveiller et ça nous prendra des structures de concertation.
Jusqu'à maintenant, on l'essaie dossier par dossier. On a la CMTC, on a
d'autres choses. Peut-être qu'un jour on verra une autre structure. Je ne
peux pas me prononcer sur ce que sera sa teneur. Je n'en ai aucune idée,
mais on voit, à Toronto, l'exemple de la Municipality of Metropolitan
Toronto, où les conseillers de cette instance sont élus
directement par la population, à travers le territoire, et qui ont un
mandat cerné dans la loi sur les villes de l'Ontario, de gérer
certains services locaux, que ce soit le transport en commun, l'assainissement
des eaux, l'environnement, ainsi de suite. On a quelque chose de comparable ici
avec la CUM ou la CUQ à Québec, sauf que ces mandats-là
sont plutôt administratifs et l'instance est composée d'une
façon fédérative et pas d'une façon constitutive,
dans le sens qu'on ne leur donne pas un mandat comme tel. Je pense
qu'éventuellement, II y aura besoin de modifier la loi sur la CUM, la
CUQ et peut-être d'autres régions de la province, de mieux tenir
compte des besoins de fonctionnement de ces régions-là.
M. Dufour: J'aurais une question qui pourrait être
intéressante pour moi, mais je me demande si, vu votre âge, vous
l'avez vécu. Est-ce que vous avez vécu l'expérience de la
réforme de 1979?
M. Chariebois: Vécu comme... Oui. J'étais
là.
M. Dufour: Comme partenaire. Par exemple, est-ce que vous aviez
une fonction similaire à celle que vous occupez actuellement? Est-ce que
vous avez vécu les impacts de la réforme qu'on a proposée?
Je vais vous dire immédiatement où je veux en venir.
Actuellement, on va permettre d'ouvrir les baux. Il semblerait, d'après
le ministre des Affaires municipales, que, nous aussi, on l'a fait en 1979,
mais, moi, je prétends que non. Ça fait qu'on a une divergence
par rapport à ça. En plus, la divergence fondamentale c'est que,
nous, on l'avait fait - le gouvernement du Parti québécois - pour
mettre de l'argent dans les poches des entreprises, tandis que, là,
c'est de "dépocher", c'est d'en enlever. Ce n'est pas tout à fait
pareil. Est-ce que vous l'avez vécue? Est-ce que vous avec eu des
éléments qui vous permettent de croire que, la réforme de
1979, vous en avez subi des conséquences ou des contrecoups ou des
à-coups, je ne sais pas au juste? Vous pourriez élaborer
là-dessus.
M. Chariebois: Je vais passer à M. Blouin qui est plus
chevronné que moi.
M. Dufour: Ça va venir avec le temps. Ne vous en faites
pas.
M. Chariebois: Mais si vous voulez, Normand, c'est...
M. Blouin: En 1979, j'étais un résident de
l'Ontario, alors...
M. Dufour: Vous ne l'avez pas vécue. M. Blouin:
Non. Je ne l'ai pas vécue. Non.
M. Dufour: Si vous avez été un résident de
l'Ontario, vous êtes un Ontarien amélioré, il faut croire,
si vous êtes au Québec.
M. Blouin: Un Québécois, pas...
M. Dufour: Est-ce que vous pouvez me dire si la réforme
qu'on propose actuellement, qu'on veut mettre en marche, est plus complexe que
ce qui se vit en Ontario? Parce qu'on se com-
pare souvent avec l'Ontario, et là, je me demande c'est quoi que
ça voudrait dire, tout ça.
M. Blouin: J'aimerais mieux ne pas commenter là-dessus
parce que ma représentation ici est réellement au niveau du
Regroupement des propriétaires de centres commerciaux dont
l'inquiétude majeure est la taxe sur le stationnement. Alors, j'aimerais
mieux ne pas commenter sur la réforme en général. Si
Cameron veut...
M. Chariebois: Non. Je me limite à dire que, dans la
proposition que nous avons vue en décembre dernier, nous avons vu
beaucoup de complexité et de difficultés. Je pense que le projet
de loi la simplifie. On demande que ce soit simplifié davantage, surtout
compte tenu de la grande désintégration administrative de la
région de Montréal. Mais au-delà de ça, on
verra.
Sur la question de la réouverture des baux, pourtant le
précédent est là dans la TPS. C'a été
prévu dans la TPS, c'est une pratique normale puis on peut dire que, de
l'autre côté, la façon dont sont conçus ces baux et
les marges de fonctionnement d'un centre d'achats ou d'un immeuble à
bureaux ou d'autres installations industrielles, si on ne prévoit pas la
réouverture des baux pour que l'on puisse passer des taxes de la
façon normale aux locataires, ce n'est pas prévu dans les budgets
d'opération de ces bâtiments, puis c'est les propriétaires
qui vont faire faillite. Et ça ne va pas être rare non plus parce
que dans de vieilles bâtisses, ils marchent sur des marges très
limitées puis c'est un équilibre de système qui fonctionne
aujourd'hui. Si on fait avaler la facture par une seule instance dans
l'opération commerciale d'un bâtiment, je pense que l'effet serait
désastreux.
Une voix: Normand.
M. Blouin: Je voudrais juste mentionner que si une taxe sur le
stationnement, à la toute fin, doit être imposée d'une
façon quelconque, je pense qu'on devrait être quand même
assez prudent sur la latitude qu'on va laisser aux municipalités. Je
pense que toutes les municipalités devraient l'appliquer de la
même façon; si c'est au pied carré ou si c'est par le
nombre d'espaces, de délimiter des montants, de ne pas être de 0 $
à 1 $ par place de stationnement, 5 $ par place de stationnement.
Ça peut devenir extrêmement onéreux et si jamais une
municipalité imposait cette taxe-là, II faudrait que ça
devienne automatique pour les propriétaires de pouvoir réouvrir
les baux qui sont de nature brute si jamais une telle taxe de stationnement est
imposée telle que présentée présentement dans la
loi.
M. Dufour: Vous êtes bien identifié. Le point de vue
que vous exprimez s'apparente beaucoup à la région
montréalaise et c'est évident qu'on parle toujours de
mondialisation des marchés, ça s'ouvre, c'est plus grand. Quand
vous nous parlez de la région de Montréal, vous parlez d'une
périphérie assez grande, vous l'élargissez. Vous dites
que, pour les fins de la discussion, c'est le point de vue du stationnement.
Comme il y a des concurrences entre régions, il y a du transport en
commun dans d'autres régions mais il n'y en a pas partout au
Québec, la concurrence dont vous aviez peur ou que vous avez
souligné quelque part à l'effet que les entreprises pourraient
peut-être... On appelle ça... Les électeurs votent avec
leurs pieds, ils changent d'endroit quand ils ne sont pas satisfaits. Les
entreprises font pareil. Elles peuvent changer d'endroit pour avoir de
l'évasion fiscale ou des avantages fiscaux. À ce
moment-là, comment ça peut s'appliquer? Est-ce que vous pouvez me
dire... Vous pouvez vous prononcer aujourd'hui sur la région
montréalaise, la région de Québec, ça pourrait
peut-être être similaire, mais Sherbrooke, la Communauté
régionale de l'Outaouais, à cette heure c'est la CUO, la
Communauté urbaine de l'Outaouais. Il y a le Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Comment voyez-vous ça? Est-ce que vous faites la même application,
est-ce qu'il y a des espaces qui sont...
M. Blouin: Moi, étant de la région du Grand
Montréal, je suis plus familier avec ce secteur. La grande
majorité des centres qui sont montrés au tableau de la page 13 du
mémoire, sans les nommer, ne sont pas desservis par un transport en
commun intéressant, c'est-à-dire une bouche de métro qui
arrive directement au projet; souvent, vous allez peut-être avoir un ou
deux arrêts d'autobus en périphérie, sinon à
quelques rues du centre commercial. Alors, même si les gens voulaient
venir au centre en transport en commun... Puis de toute façon, celui qui
magasine en banlieue, c'est assez difficile pour lui d'y aller en transport
commun, il doit utiliser l'auto. Et pour nos détaillants dans nos
centres, c'est primordial que les facilités de stationnement soient
là. Je veux dire, on a des centres commerciaux qui ont 7000 espaces de
stationnement. Ces espaces-là sont pleins le jeudi soir, le vendredi
soir et le samedi, mais c'est vide la balance de la semaine. Dans des
périodes de pointe, telles que Noël ou Pâques, ces
espaces-là sont occupés à plus de 100 %. Nos
détaillants ont absolument besoin d'avoir des places de stationnement.
Plus ils ont de places de stationnement, plus ils vont faire de meilleures
affaires, et si on leur impose une taxe de par la nature de leur entreprise,
ça va être extrêmement difficile pour eux, surtout dans les
temps où on vit, où je vous ai dit qu'il y aurait des
augmentations de frais de l'ordre de 4 $ le pied carré, ce qui est
très significatif pour les détaillants présentement.
M. Chariebois: Par rapport à votre question
sur la globalité des marchés, pour nous, la région
de Montréal, les entreprises de Montréal sont beaucoup plus
vulnérables à la concurrence internationale. Et je ne dis pas que
les entreprises de la région de Québec, du Saguenay, ou
autrement, ne vivent pas un peu le même phénomène, mais les
entreprises de Montréal, là où est la masse critique, des
entreprises québécoises livrent leurs marchandises, maintenant,
dans des marchés globaux. Donc, la région de Montréal est
très vulnérable aux tendances de prix et de mouvements, de
ressources et d'allocation de capital sur un plan global au moins continental:
le Mexique, l'Amérique ou les États-Unis et le Canada.
Québec et le Saguenay ne sont pas les mêmes systèmes
économiques, Us ne vivent pas les mêmes pressions. Ils sont plus
petits, ce n'est même pas le même ordre de grandeur, et ils livrent
des marchandises plutôt sur un plan local ou un plan régional
particulier à cette région-là, que ce soit le Saguenay ou
autre, tandis que Montréal est beaucoup plus mondiale ou globale dans sa
nature.
Donc, c'est une revendication que nous mettons de l'avant de concert
avec la chambre de commerce de la région de Montréal. Il faut que
la région se resserre et qu'elle fasse la concurrence comme U faut sur
un plan continental. Donc, toute imposition, toute nouvelle taxe, toute
nouvelle mesure qui affecte la région l'affecte aussi bien sur ce
plan-là tandis que pour les autres régions, ce n'est pas la
même chose.
Le Président (M. Garon): Je vous remercie de votre
intervention. Comme le temps dévolu à l'Opposition officielle est
terminé, je reviens au ministre. Il est même dépassé
de 30 secondes, ce qui donne 30 secondes de plus au ministre qui a maintenant 5
minutes.
M. Ryan: Je n'abuserai pas, M. le Président. J'ai bien
noté que le point central de votre présentation réside
dans les objections que vous avez à l'endroit de la taxe sur le
stationnement. Je pense que c'est le point principal que vous avez voulu porter
à notre attention aujourd'hui. Vous avez apporté
différents arguments à l'appui de votre position. Nous allons
regarder très attentivement ce point-là. Nous sommes parfaitement
conscients des difficultés que soulève cette partie du projet de
loi dans les villes de banlieue, par exemple, dans les endroits où il y
a des centres d'achats. Nous en sommes très conscients et j'ai bien pris
note de ce que vous avez dit à propos de la surtaxe sur le
non-résidentiel également.
Je peux vous assurer que nous ne projetons de retirer de tout cet
exercice que le minimum de soulagement financier qui est nécessaire,
à notre point de vue, pour la bonne santé des finances publiques
du Québec, et nous allons essayer de faire les aménagements de
manière telle que nous pourrons tenir compte des choses que vous nous
avez dites. Je ne peux pas en dire davantage pour l'Instant. Nous aurons
l'étude du projet article par article un peu plus tard, et j'ai pris
bonne note de ce que vous nous avez dit. Je vous remercie d'être venu
nous le dire. Je peux vous dire que ce que vous représentez dans nos
régions urbaines est très Important et nous voulons collaborer
avec vous au développement de ce secteur d'activité vital au nom
duquel vous nous avez parlé cet après-midi. Je vous remercie
beaucoup.
M. Charlebois: D'accord. C'est nous qui vous remercions.
Le Président (M. Garon): Je remercie les
représentants de l'Institut de développement urbain du
Québec qui sont venus nous rencontrer et j'invite maintenant les
représentants, M. le maire L'Allier de la ville de Québec et ceux
qui l'accompagnent, à s'avancer à la table. (17 h 30)
M. le maire L'Allier, si vous voulez nous présenter ceux qui vous
accompagnent; une heure est dévolue à la ville de Québec,
vous avez 20 minutes, 20 minutes pour le parti ministériel, 20 minutes
pour l'Opposition. Ce que vous prenez en moins sera réparti
équltablement entre les deux partis et ce que vous prenez en plus leur
sera soustrait aussi équitablement À vous la parole.
Ville de Québec
M. L'Allier (Jean-Paul): Merci, M. le Président. Je
voudrais vous présenter, de gauche à droite, M. Roland Langevin,
qui est l'assistant-trésorier à la ville de Québec; M. Guy
Martineau, à ma gauche, qui est trésorier de la ville de
Québec; M. Pierre Malnguy, qui est membre du comité
exécutif et responsable du dossier des finances à la ville de
Québec; M. Roch Simard, du contentieux; et M. Serge Viau, qui est
responsable de la planification à la ville de Québec. Je n'ai
évidemment, M. le Président, aucune objection à ce que les
questions qui pourraient nous être posées s'adressent à
l'un ou l'autre de mes collègues, selon leur compétence
respective, le maire n'ayant en cette matière que la compétence
de faire des synthèses et de vulgariser autant que possible les points
de vue qui sont présentés.
M. le Président, la ville de Québec se présente
à la commission parlementaire qui étudie le projet de loi 145,
loi modifiant diverses dispositions législatives concernant les finances
municipales, en réitérant d'abord son appui inconditionnel au
monde municipal, et plus particulièrement à l'Union des
municipalités du Québec, qui s'est opposée et qui s'oppose
encore, et pour les mêmes raisons depuis le début, aux fondements
mêmes de ces transferts gouvernementaux. La détérioration
des relations entre
les municipalités et l'État engendrée d'abord par
la manière brutale, disons-le, avec laquelle tout le dossier a
été conduit et forcé, et accentuée ensuite par la
nature même des transferts et de ses modalités, ne pourra pas
s'éliminer rapidement et laissera des séquelles pour plusieurs
années à venir.
Nous regrettons amèrement cet état de fait. Nous
continuons d'être convaincus que ce projet ne devrait pas être
adopté, et que tous les partenaires devraient immédiatement
s'asseoir ensemble pour repenser le financement municipal dans sa
globalité plutôt que de poursuivre à la pièce, sans
savoir vraiment où tout cela mènera. Il y a là une
question de justice, d'équité, voire de moralité
vis-à-vis de la population que nous représentons et qui, elle
aussi, est en droit de savoir ce que lui réserve l'avenir, de savoir
quel fardeau elle aura à supporter. C'est la position de principe, et
c'est la position de fait, M. le Président, MM. et Mmes les membres de
la commission, que nous avons mis de l'avant et tenté de plaider et
d'expliquer, au cours des mois qui nous ont conduit jusqu'ici.
À ce stade-ci, cependant, nous croyons qu'il est important, ceci
étant dit et sans du tout minimiser notre point de vue, d'indiquer
comment, finalement, puisque cette commission n'a pas pour mandat de modifier
de manière aussi draconienne le cours des événements et
qu'elle ne pourra faire mieux que d'améliorer le projet de loi qui est
devant nous, comment nous pensons qu'on pourrait en atténuer
l'atterrissage sur les épaules de la population. Parce que c'est en
définitive ce qui doit se passer, c'est sur les épaules de la
population que l'ensemble de ces mesures doit atterrir, que cela passe ou non
par les élus municipaux.
C'est pourquoi la ville a pris soin d'examiner attentivement ce projet
de loi, afin de proposer certaines modifications qui permettraient d'en
éliminer les plus grosses iniquités ou aberrations. Notre
recherche ne se prétend pas exhaustive - ce n'est pas notre travail,
vous avez des légistes - mais veut mettre l'accent sur quelques points
qui nous apparaissent majeurs pour la ville de Québec, d'abord et bien
entendu, mais aussi je pense pour les villes centres du Québec, chacune
à son échelle et dans son contexte.
Le projet de loi 145 comporte, pour la ville centre, d'innombrables
difficultés, ambiguïtés, voire incongruités, qu'il
faut absolument tenter de corriger. À la lecture du projet de loi, il se
dégage clairement que des corrections minimales s'imposent en vue de
respecter les principes suivants: Viser une meilleure équité dans
le partage des fardeaux, rendre plus facile et opérationnelle
l'application de certaines mesures, donner aux municipalités toute la
latitude nécessaire pour exercer leur plein mandat, notamment en
éliminant les cadres rigides que le projet de loi fixe Indûment.
C'est dans cet esprit que la ville de Québec propose un certain nombre
de correctifs jugés essentiels advenant l'adoption de cette
réforme - on aurait dû mettre des guillemets - que nous continuons
de rejeter dans son fondement.
Québec, comme quelques autres grandes villes
québécoises, est une ville centre. À ce chapitre, il faut
déplorer que le projet de loi occulte les problèmes particuliers
des villes centres. Nous avons donc tenté de voir comment certaines
mesures proposées pourraient corriger les iniquités fiscales que
toute ville centre subit, iniquités qui sont même
amplifiées par certaines des mesures proposées. Ainsi, nous
croyons que l'application de ces propositions aurait un effet
déstructurant sur les relations intermunicipales dans une région
métropolitaine. Le projet de loi témoigne d'un manque de
compréhension des problèmes et de la dynamique entre la ville
centre et sa banlieue. Sous certains aspects, il est à craindre que les
dispositions du projet de loi accentueraient les disparités
intermunicipales et favoriseraient l'étalement urbain.
Quant au financement du transport en commun, l'équité
régionale nous apparaît être un des objectifs à
poursuivre dans les affinements, les corrections, les mises à jour du
projet de loi. Le projet de loi met l'accent sur le fait que le problème
du transport en commun est régional et qu'il doit, par
conséquent, être financé à ce niveau, du moins en ce
qui concerne les opérations. Cette admission est d'ailleurs
renforcée par la surtarification régionale sur les droits
d'immatriculation qui est la même pour tous les automobilistes. Pourtant,
l'application municipalité par municipalité de l'une ou l'autre
ou de l'ensemble des mesures fiscales proposées pour financer le manque
à gagner dû au retrait du gouvernement risque d'exacerber la
concurrence intermunicipale au sein d'une même région. Nous
faisons ici référence à la taxe sur les
propriétaires de stationnements non résidentiels et à la
surtaxe sur les immeubles non résidentiels où les
modalités relèvent du niveau local, alors qu'elles servent
à financer un service strictement régional dont le fardeau doit
être réparti régionale-ment, c'est-à-dire sur le
territoire de la desserte de chaque organisme de transport.
Il importe donc que ces taxes s'appliquent de manière uniforme
sur les territoires de desserte et que les villes de ce territoire contribuent
sur des bases semblables quant au quantum des montants. Par exemple, une ville
centre dont le taux foncier est nécessairement plus élevé
et dont la contribution au financement du transport en commun est aussi plus
élevée devra nécessairement utiliser plusieurs sources:
stationnements non résidentiels, surtaxe sur les immeubles non
résidentiels, voire même sa taxe foncière
générale.
Alors qu'une municipalité de banlieue voisine dont le taux
général foncier est relativement bas pourrait être
tentée de tout absorber
par le biais d'une légère augmentation de celui-ci, de ce
fait, on rendra la ville centre tout à fait non concurrentielle sur le
plan du développement économique, accroissant ainsi
l'écart inéquitable existant déjà entre la ville de
banlieue et la ville centre pour ce qui est du fardeau fiscal des entreprises.
C'est pourquoi il faut tendre à régionaliser ces
mécanismes de financement d'un service de nature régionale.
Aussi, la ville de Québec vous propose-t-elle d'apporter des amendements
au projet de loi permettant de régionaliser l'application de la taxe sur
les propriétaires de stationnements non résidentiels et de la
surtaxe foncière sur les immeubles non résidentiels.
Incidemment, et je sors ici un peu du texte pour poser une question
à laquelle nous n'avons pas trouvé de réponse, soit parce
que nous avons mal lu, soit parce que nous avons été
partiellement informés, il faudrait nous confirmer que le gouvernement,
comme propriétaire foncier, considérera cette taxe comme une
tarification et paiera le plein montant de la taxe et qu'il ne
considérera pas cette taxe comme une taxe sur l'immobilier, se
contentant d'en payer des "en lieu" de l'ordre de 80 %, de 50 % ou de 25 %
selon que le stationnement en question est dans la cour d'une école
primaire, de l'université ou d'un édifice gouvernemental. Cette
clarification existe peut-être, enfin, je ne l'ai pas ici.
Je pose la question parce que pour une ville comme nous, comme pour
toutes les villes, ça peut faire une différence de quelques
centaines de milliers de dollars. Aussi, les modalités suivantes
pourraient s'appliquer au territoire, par exemple, de la Communauté
urbaine de Québec. La Communauté ou la CTCUQ pourrait
déterminer le montant du déficit à être
partagé entre les taxes suivantes: la taxe sur les propriétaires
de stationnements non résidentiels, la surtaxe sur les immeubles non
résidentiels. La Communauté urbaine déterminerait
également, les taux d'imposition de la taxe sur les propriétaires
de stationnements non résidentiels et de la surtaxe sur les immeubles
non résidentiels en fonction du partage déterminé
précédemment.
La Communauté urbaine aurait la responsabilité de fournir
les renseignements nécessaires à la cueillette et à
l'imposition de cette taxe sur les propriétaires de stationnements non
résidentiels et de confectionner le rôle des valeurs
foncières pour assurer l'application de la surtaxe sur les immeubles non
résidentiels. Chaque ville desservie par la CTCUQ devrait avoir
l'obligation de taxer selon les taux établis et sur la base des
données transmises par la Communauté urbaine tant au niveau de la
taxe sur les propriétaires de stationnements non résidentiels que
de la surtaxe sur les immeubles non résidentiels.
Ce que nous disons pour la Communauté urbaine pourrait de toute
évidence, si on voulait être logique, s'étendre
également à la zone voisine, par exemple de la rive sud, pour
faire en sorte que, sur l'ensemble de la zone d'influence économique que
constitue la région de Québec, on ait en gros les mômes
règles.
Les droits sur les divertissements. Après avoir proposé
d'éliminer complètement cette taxe à la consommation et
avoir pris note de la protestation manifestée par le monde municipal, le
projet de loi déposé propose de maintenir cette forme de taxation
en permettant toutefois au gouvernement d'exempter les lieux culturels selon
des critères et des mécanismes qu'il détermine
lui-même. Cette prescription est inacceptable et inéquitable pour
les cinq raisons suivantes.
Il s'agit d'une perte importante pour les villes centres où sont
concentrés la plupart des lieux culturels. Par ailleurs, cela implique
la perte d'un moyen de faire participer la population non résidente aux
coûts du développement culturel de la ville centre. Pour
Québec, cela pourrait signifier une perte de l'ordre de 800 000 $ par
année. Les villes perdent ainsi une importante incitation à
contribuer elles-mêmes au développement culturel puisqu'elles
modulaient habituellement leurs contributions, à tout le moins pour les
événements importants, en fonction des revenus
générés ou escomptés par les droits sur les
divertissements.
Le fait de choisir des lieux plutôt que des productions, des types
de productions ou des événements rend l'exemption
inéquitable à plusieurs titres. Un spectacle hautement commercial
dans un lieu exempté serait par conséquent exempté au
même titre qu'un spectacle culturel. Par vole de conséquence, un
spectacle québécois, culturel, de recherche et de création
dans une petite salle comme le Petit Champlain serait taxé. Les
spectacles commerciaux n'auraient-ils pas tendance à rechercher les
lieux exemptés? Je comprends qu'ainsi, les grands bâtiments qui
appartiennent à l'État pourraient y trouver leur compte, mais en
définitive, l'objectif serait, en tout cas pour ce qui est de celui
exprimé par la ministre des Affaires culturelles, contraire à
celui qu'elle énonce.
On ne pourrait pas faire de distinction entre les spectacles
étrangers et les productions locales ce qui, dans certains cas,
constitue un Incitatif supplémentaire pour le milieu culturel. Un lieu
commercial non exempté, n'aurait-il pas tendance à programmer un
minimum de spectacles culturels pour tenter de se faire exempter? On peut se
poser la question. Comment le choix des lieux se ferait-il? Sur quels
critères? Se pourrait-il qu'il s'agisse là d'une autre source
éventuelle de mécontentement et de contentieux entre les
municipalités et le gouvernement?
On parle d'exempter les cinémas. Sont-ils vraiment toujours des
lieux culturels? Comment réagir aux cinémas qui présentent
à longueur d'année de grands succès commerciaux ou des
films érotiques? Il y a là une source de revenus
importante pour les municipalités. Autrement dit, comment
pourrions-nous bien définir ce qu'est un cinéma d'art? Pour la
ville de Québec, cela signifie une perte supplémentaire annuelle
de l'ordre de 700 000 $.
La perte possible du revenu global pour les lieux culturels et les
cinémas représenterait donc au total, une augmentation de taxes
de l'ordre de 1 % pour les contribuables de la ville de Québec. Par le
fait même, cette somme serait plus difficilement disponible pour qu'on
continue à faire l'effort qu'on fait actuellement à hauteur d'au
moins 6 000 000 $ par année pour un budget comme le nôtre, pour la
culture et le réseau des bibliothèques. Pourquoi le gouvernement
se réserve-t-il ce droit d'exemption? Il s'immisce ainsi dans un pouvoir
municipal en le contrôlant à toutes fins pratiques. Dans les
farts, le gouvernement essaie ainsi de compenser l'odieux de l'imposition
prochaine de sa taxe de vente. Pour ce faire, il vient puiser l'argent
nécessaire dans les revenus des municipalités. (17 h 45)
De surcroît, ce sont les municipalités qui auraient
Indirectement l'odieux de diminuer leurs subventions au monde culturel pour
compenser ce manque à gagner. Il faut donc éliminer
complètement cette possibilité d'exemption et laisser l'entier
droit de gérance à la municipalité qui pourra, par
exemple, établir un système de subventions selon les
modalités de sa politique culturelle, et en accord avec le
ministère des Affaires culturelles, si nécessaire.
Le gouvernement souhaite que les municipalités s'impliquent
davantage dans le développement culturel, toutefois, non seulement
prive-t-il les villes de certains moyens, mais il se garde le beau rôle
d'accorder les exemptions. Cette approche nous apparaît inacceptable,
à moins que le gouvernement ne compense d'une quelconque façon,
mais de manière permanente, la perte de revenus enregistrée par
les municipalités.
Le projet de loi soulève plusieurs autres questions de principe
et il comporte de nombreux points techniques qu'il faudra nécessairement
corriger si l'on veut que la loi soit véritablement et facilement
applicable. La ville de Québec pourra fournir une liste
détaillée à cet égard; nos spécialistes, en
collaboration avec ceux d'autres villes, ont en effet fait le tour de ces
questions. Cependant, nous voudrions signaler au passage quelques
éléments qui nous semblent plus importants. Nous n'entrerons
cependant pas dans une argumentation pour chacun, ce qui serait fastidieux. Il
est essentiel toutefois de souligner que certains d'entre eux soulèvent
le principe de l'autonomie de gestion que devraient obtenir les
municipalités.
Le projet de loi donne certes les pouvoirs mais ils les encadrent de
façon si serrée dans toutes sortes de normes que les
municipalités sont réduites à un rôle d'agent
d'exécution, de perception du gouvernement lui-même; c'est le cas
notamment de la gestion des lieux d'affaires vacants ou de la
réglementation de la taxe sur les propriétaires de
stationnements. Parmi les questions de principe, signalons que la
définition des taxes foncières incluse dans le projet de loi ne
devrait pas comprendre la surtaxe scolaire de façon à
éviter un autre envahissement du champ foncier municipal. Il y a
là une nouvelle porte ouverte inacceptable. Le projet de loi ne devrait
pas élargir aux locataires; les exemptions de taxes foncières,
municipales et scolaires accordées par la Commission municipale du
Québec.
Le gouvernement s'apprête à imposer des frais
d'administration de 2 % provenant des contributions des automobilistes, alors
qu'il bénéficie des intérêts perçus pendant
la période où il conserve ces sommes, avant de les
transférer aux organismes de transport. Il agit de même
présentement, 1, 5 %, en ce qui a trait aux revenus provenant des
réseaux de télécommunication, de gaz et
d'électricité, environ 300 000 000 $, alors qu'il profite de
cette somme pendant neuf mois, c'est-à-dire du 1er mars au 30 novembre
de chaque année, ce qui lui génère des revenus
d'intérêts importants. La gestion des lieux d'affaires vacants
devrait être assumée en entier par les municipalités
locales par règlement. La réglementation de la taxe sur les
propriétaires de stationnements non résidentiels devrait
être établie entièrement par les municipalités
locales ou par l'instance régionale, comme nous l'avons indiqué
plus tôt, dans le cas des régions desservies par un organisme de
transport.
Quant aux points techniques, il y a lieu d'en souligner trois: le
premier, le projet de loi devrait inclure des mesures transitoires de
façon à permettre aux villes d'utiliser la surtaxe sur les
immeubles non résidentiels dès le 1er janvier 1992, date
d'entrée en vigueur des dispositions advenant que, comme ils le
prétendent, des évaluateurs ne puissent préparer les
rôles à temps. Deuxièmement, le rôle de valeur
locative devrait contenir tous les lieux d'affaires situés sur le
territoire d'une municipalité locale, que ce lieu soit imposable ou
exempt, étant donné que les villes utilisent ce rôle
à d'autres fins, par exemple l'enlèvement des ordures basé
sur la valeur locative, banques de données, etc. Troisièmement,
le projet de loi devrait être corrigé de façon à
enlever la notion de réception par le destinataire de tout document
envoyé, soit par la ville, soit par le service d'évaluation de la
Communauté urbaine de Québec. Cette nouvelle prescription rend la
chose incontrôlable.
Voilà M. le Président, Mmes et MM. de la commission, le
mémoire que nous vous présentons; nous aurions aimé vous
le faire parvenir plus tôt, mais comme les délais étaient
relativement courts et que nous avons à vaquer à un certain
nombre d'autres activités qui sont tout aussi importantes, nous avons
fait l'impossible pour vous le communiquer; vous l'avez ici, mais l'essentiel,
finalement, de notre position se
trouve ici. Une question est posée sur la façon dont le
gouvernement interprète son rôle comme propriétaire
d'espaces à être éventuellement taxés en
matière de stationnement et, pour le reste, vous avez là
l'essentiel de notre position à ce moment-ci. Merci beaucoup.
Le Président (M. Garon): Je vous remercie, M. le maire. La
parole est au ministre. Vous avez été exactement dans votre
temps.
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir de souhaiter
la bienvenue au maire de Québec et aux collaborateurs ou
collègues qui l'accompagnent. C'est avec grand plaisir que j'ai pris
connaissance des représentations de la ville de Québec au sujet
du projet de toi 145. J'ai particulièrement apprécié la
pertinence des commentaires qui nous sont adressés. La ville de
Québec a réitéré son opposition à la
démarche instituée par le gouvernement, mais, une fois qu'elle
eut réitéré cette opposition, elle a jugé opportun
de formuler des représentations qui traitent directement de l'objet du
travail de cette commission, et je lui en sais gré, sans aucune
espèce de réserve. Je suis très intéressé
par l'effort de réflexion que la ville de Québec a apporté
au projet de loi. Vous me permettrez de commenter peut-être
brièvement certaines des propositions qui nous ont été
faites.
Tout d'abord, je mentionnera) qu'en ce qui touche la taxe sur le
stationnement. II s'agirait d'une taxe facultative laissée à la
libre institution de chaque gouvernement municipal et à la suite de
choses que nous avons commencé à entendre à la commission
et qui nous ont été communiquées aussi en marge des
travaux de la commission, cette proposition soulève des
difficultés sérieuses que nous allons examiner
sérieusement avant de la traduire définitivement dans le projet
de loi. Ce ne sera pas nécessairement l'exclure pour l'avenir mais
plutôt ne pas l'inclure maintenant, et si ça devait donner
naissance à des malentendus dont les effets négatifs seraient
plus grands que les bienfaits que nous compterions en retirer, j'aimerais mieux
être prudent là-dessus, sans prendre aucune position pour
l'instant mais vous faire part de l'esprit un petit peu en recherche qui
caractérise notre position sur ce point précis du projet de
loi.
Vous suggérez dans votre mémoire, M. le maire, que
certains taux de taxation, en particulier en ce qui touche la surtaxe sur le
non-résidentiel, éventuellement aussi la taxe sur le
stationnement, dans l'hypothèse où elle serait retenue, puissent
être fixés par l'autorité régionale, par la
Communauté urbaine. Là, évidemment, ça pose une
question de principe. C'est un virage par rapport à ce que nous avons
actuellement. Actuellement, la Communauté urbaine fixe la cotisation de
chacune de ses villes membres et il appartient à chaque ville de
déterminer la manière dont elle percevra la cotisation
auprès de ses citoyens. C'est la ville, par conséquent, si je
comprends bien le système, qui fixe son taux de taxation. Ici, vous nous
proposez un passage qui est très significatif. Je ne pense pas, en toute
franchise, que le gouvernement soit prêt à franchir ce
pas-là maintenant. L'Idée est très intéressante. Je
pense que ça va nécessiter une réflexion antérieure
sur le rôle des organismes comme les communautés urbaines, comme
les MRC aussi à leur niveau.
En tout cas, je vous dis ça bien simplement mais j'aimerais vous
entendre là-dessus. Peut-être que j'ai mal saisi la portée
de la proposition, peut-être suis-je trop prudent après avoir
été peut-être téméraire aux yeux de certains.
Mais j'aimerais que vous me disiez comment vous voyez ça exactement la
dynamique de cette proposition-là. Comment ça s'appliquerait en
pratique? Qu'est-ce que ça représente comme changement par
rapport à ce que nous avons actuellement?
M. L'Allier: Alors, M. le Président, M. le ministre. Si on
pouvait appeler ça une règle de départ, notre objectif,
notre principe de départ est celui de faire en sorte que l'atterrissage
du fardeau fiscal qu'on nous demande d'assumer ait un effet neutre, aussi
neutre que possible sur la relation intermunicipale existante. En d'autres
mots, faire en sorte que, soit parce qu'on s'entend pour le faire - mais c'est
toujours risqué quand on est 13 ou 26 autour d'une table de ne pas
s'entendre. Il suffirait que quelqu'un ne soit pas d'accord, et ça ne
marche pas - soit par législation comme on le propose ici, et vous
verrez peut-être si c'est possible à l'audition des autres, que
l'on convienne de deux choses. D'abord de partager le fardeau pour ce qui est
du transport en commun entre stationnements et espaces non résidentiels
et de déterminer ensemble le pourcentage de partage qui doit être
porté par l'un ou par l'autre. Et ça peut varier d'une
région à l'autre. Mais à l'Intérieur d'une
même région, on pense que ça briserait cette
neutralité dans une relation intermunicipale qui est déjà
fort difficile.
De sorte que, si la loi nous disait que les élus de la
Communauté urbaine, dans le jeu normal de leurs relations, doivent
décider si le montant de la taxe sur le stationnement est de 8 $, 9 $,
10 $ ou 15 $, en dollars, une fois qu'on a décidé ça, quel
que soit l'endroit sur le territoire où est situé l'espace
taxable, iI est le même fardeau pour tout le monde. S'il est au
centre-ville, il est du même fardeau que s'il est à Sainte-Foy
puisqu'on définitive ce qu'on nous appelle à faire, c'est de
partager ensemble, d'une façon équitable, un fardeau fiscal.
Donc, on déterminerait ensemble, par les mécanismes
décisionnels des élus siégeant en communauté
urbaine le quantum de cette taxe sur le stationnement. Si c'est laissé
au libre arbitre
des municipalités, II suffit qu'une municipalité, entre
guillemets, riche, dise: Mol, je n'ai pas besoin de taxer le stationnement
parce que, au cours des 20 dernières années, j'ai amplement
profité de l'étalement urbain et je veux continuer à en
bénéficier. Donc, je suis capable de supporter ce que - on ne
vous l'a jamais dit, M. le ministre - on appelle en milieu municipal la taxe
Ryan. Je suis capable de supporter ça uniquement sur mon foncier local.
Par vole de conséquence, on étendrait l'écart entre fe
fardeau des entreprises voulant s'installer dans ces nouvelles régions
et le centre-ville.
Pour ce qui est de la taxe sur le non-résidentiel, c'est la
même chose. Si on convient d'augmenter d'un point cette taxe
résidentielle, là où elle est à 8 $, elle passe
à 9 $; là où elle est à 13 $, elle passe à
14 $. Mais en argent, en dollars déboursés, c'est le même
poids qui repose sur tout le monde, et non pas des pourcentages qui viennent
accentuer les écarts ou qui viennent bénéficier, presque
par définition, à l'étalement. On aurait besoin, je pense,
dans les communautés... Je ne vous cache pas que, dans nos conversations
entre nous, on est assez proche de penser que c'est une solution acceptable et
équitable, parce que l'objectif premier, la neutralité de
l'Impact, l'équité dans l'effort et la mise en perspective par
rapport à un objectif que nous partageons tous, est celui
d'atténuer la concurrence pour ne pas dire le "cannibalisme"
intermunicipal dans une même région.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Garon): M. le ministre
M. Ryan: Je voudrais vous dire que, si nous étions
assurés d'une convergence de vues très large sur un sujet comme
celui-là, ce serait une question que je serais prêt à
examiner. Mais je pense à la Communauté urbaine de
Montréal, par exemple, où je suis convaincu qu'on n'en est pas
à un stade où une chose comme celle-ci puisse être
envisagée. Si nous laissons la responsabilité de la
décision à chaque municipalité et qu'il se crée un
consensus dans la Communauté urbaine de Québec pour agir dans le
sens que vous indiquez, rien ne le rend impossible dans le projet de loi;
ça peut se faire. Mais l'imposer par voie de législation, ce mode
de décision qui Introduit un principe nouveau, me fait hésiter
beaucoup pour être franc avec vous. On va l'étudier attentivement
et je vous ferai part de mes réactions bien simplement. On va
l'étudier attentivement et, si les choses n'étaient pas
prêtes tout de suite, on va continuer à l'examiner. C'est un point
dont on peut discuter de manière très attentive parce qu'il y a
lieu de s'y arrêter. Je comprends très bien les difficultés
que soulève le mode largement facultatif que nous laissons aux
municipalités.
Il y a avantage cependant à ce qu'on laisse une latitude aux
municipalités. J'ai causé avec plusieurs maires, en particulier
dans la région de Montréal. Il y en a déjà qui se
disent: Nous autres, notre contribution pour le transport en commun, ça
va être tel pourcentage du côté de la surtaxe sur le
non-résidentiel et tel pourcentage sur le résidentiel. Chaque
municipalité, suivant le niveau où elle en est, peut
arrêter des décisions qui sont plus appropriées par rapport
à sa situation à elle. Je ne sais pas. Je vous fais voir l'autre
côté. Ce n'est pas facile, mais j'aime l'idée et vous
pouvez être assuré que nous allons l'examiner attentivement. (18
heures)
Je voudrais simplement souligner un point à votre attention.
Lorsqu'on parte de l'impact de toutes ces mesures qui sont définies dans
le projet de loi 145, je voudrais signaler que, selon les dernières
simulations qui ont été portées à mon attention en
ce qui touche la Communauté urbaine de Québec - vous êtes
familiers avec ces chiffres-là vous autres parce qu'on vous a
donné des tableaux dès le début qui contenaient toutes les
données de base. Le solde à financer qu'il restait pour la
Communauté urbaine de Québec dans la proposition initiale,
était de l'ordre de 26 892 000 $. Avec les dernières simulations
que nous avons faites, il tomberait à 12 800 000 $ pour la
Communauté urbaine, ce qui veut dire que pour la ville de Québec,
on avait un solde à financer initial de 8 800 000 $; là, il
tomberait à 3 532 000 $. Ça veut dire que ça va faire un
allégement considérable. On vous donnera les chiffres ces temps
prochains; je les mentionne seulement à titre d'illustration en passant.
Mais les ajustements que nous avons annoncés ces derniers temps
étaient beaucoup plus significatifs qu'on a voulu le laisser entendre
dans certains milieux. J'entendais ce matin des personnes qui sont venues nous
rencontrer, renvoyer ça du revers de la main comme s'il ne s'agissait de
rien. Je les comprends, ils n'ont pas vu les calculs qui ont déjà
été faits. Je veux vous assurer qu'il y aura un impact
considérable. Évidemment, le souci que nous avons tous, c'est
celui de l'atterrissage. Quand a parlé M. L'Allier, il pense que... Nous
partageons entièrement votre souci; il faut que l'atterrissage se fasse
de manière douce, de manière équitable aussi pour tout le
monde. Quand on aura vu tout ça, je pense qu'on va se rendre compte que
l'impact sera beaucoup moins radical que certains pouvaient l'envisager. Et
ceci étant dit, si vous voulez commenter là-dessus...
M. L'Allier: Je voudrais...
M. Ryan: ...soyez bien libres de m'interrompre...
M. L'Allier: M. le Président, un tout petit point de
détail. On a placé à l'appendice 1 du mémoire, ce
que l'on considère l'impact du projet
de loi 145 sur le budget de l'exercice 1992. C'est ainsi que,
effectivement, on pense à 8 800 000 $ pour le transport en commun. Il y
a une diminution de la compensation de 50 à 25, ce qui est une perte de
1 700 000 $, abolition des droits sur les divertissements du secteur culturel,
le cinéma, augmentation des droits en positif, donc, une taxe de
mutation, augmentation de la surtaxe sur l'immeuble non résidentiel en
remplacement de la taxe fédérale, donc, ce qu'on va chercher
à Ottawa, 3 700 000 $; ajoutons à ça 2 000 000 $... Je
l'ai ici, c'est écrit à la main, ici là...
M. Mainguy (Pierre): Je pourrais peut-être ajouter quelques
commentaires. Vous avez mentionné qu'à l'origine, c'était
quelque 26 000 000 $. Les chiffres avec lesquels on a toujours discuté,
nous autres à la Communauté urbaine, c'est 23 100 000 $ ou 25 000
000 $, avant les adoucissements. Cependant, aujourd'hui, on estime que le
fardeau qui repose sur l'ensemble des contribuables de la Communauté
urbaine de Québec serait maintenant, avec l'adoucissement,
peut-être de 5 000 000 $; alors, on pense que ça va être
quelque chose qui pourrait varier entre 17 000 000 $ et 19 000 000 $
après adoucissement Tantôt, vous mentionniez 12 000 000 $; on est
loin de ce que l'on estimait chez nous.
M. Ryan: En tout cas, vous pouvez prendre ces chiffres-là
avec...
M. L'Allier: Oui. D'accord.
M. Ryan: Vous pouvez prendre ces chiffres-là comme des
chiffres très sérieux; il s'agit de voir ce que nous mettons dans
le financement spécifique. Je pense que nos techniciens pourront
examiner ces chiffres avec les vôtres. Mais, c'est évident, vous
autres, vous arrivez à 5 885 000 $; nous autres, nous arrivons, je l'ai
mentionné, à 3 532 000 $. Je suis convaincu que c'est parce qu'il
y a certains chiffres qui ne sont pas placés dans les mêmes
colonnes par les uns et par les autres. Nous autres, notre montant, c'est celui
qui va dériver de décisions fiscales prises par vous autres. Et
ceux qui dérivent de décisions fiscales prises par nous, nous les
classons autrement dans nos chiffres. Ça arrive comme ça. Mais ce
que vous devrez trouver à même les décisions prises par le
conseil municipal de Québec, ce sera le montant que j'ai
mentionné ici. Alors, on pourra, vous le verrez... Nos chiffres seront
mis à votre disposition au cours des prochains jours, d'ici une semaine
ou 10 jours, tout au plus.
M. Mainguy: On aurait peut-être un détail plus
technique à ajouter. Là où il y a une différence
entre vos chiffres et les nôtres, ça vient probablement du
financement du transport en commun où, nous, on met 8 800 000 $.
Ça vient du fait que, dans la proposition de partage régional, la
ville de Québec assumerait plus que sa quote-part habituelle, puisque
notre proposition de régionalisation impliquerait qu'on tiendrait compte
de la répartition, à l'intérieur de la Communauté
urbaine, du non-résidentiel et de la répartition des
stationnements.
Autrement dit, on remet en question les quote-parts, et nous, pour
favoriser la mesure, on était prêts, réglonalement,
à faire cette concession-là. Alors, normalement, si on avait
assumé, par exemple, 40 % de notre quote-part, ça serait
peut-être 6 400 000 $. Et là, dans notre proposition
régionale, on monte à 8 800 000 $. Il y a une différence
de 2 200 000 $, c'est ce qui explique peut-être l'écart avec vos
chiffres. Mais pour que la proposition soit acceptable réglonalement,
pour qu'il n'y ait pas de remise en question du transport en commun... Parce
que le danger face auquel on se trouve au sein de la Communauté
urbaine... On sait aussi que, pour la ville de Québec, le transport en
commun est extrêmement Important; on a fait cette proposition
régionale et on est assez proches d'un consensus. Maintenant, ça
reste encore à venir.
M. Ryan: Pour ça, on aura l'occasion de préciser
ces points-là. Je pense qu'on va se rencontrer. Autour des chiffres, on
finit toujours par se rencontrer.
Je voudrais ajouter peut-être un dernier point. Vous avez
parlé des droits sur les événements culturels. Et vous
dites essentiellement que le concept d'événement aurait
été préférable, selon vous, au concept de lieu
culturel. J'aimerais peut-être que vous m'expliquiez ça de
nouveau. Je comprends votre proposition, mais j'aimerais que vous me disiez
comment ça va fonctionner. D'après ce que je comprends, vous
autres, vous ne voudriez pas de restrictions. Vous voulez que ça soient
les droits sur les divertissements de toute sorte et que la liberté soit
laissée aux municipalités d'établir des catégories,
si elles le veulent.
M. L'Allier: C'est exact, M. le ministre, en ce sens que, nous,
notre proposition, on dit: Laissez la taxe telle qu'elle est là. Si des
municipalités veulent établir des catégories, parce que
ça varie d'une ville... Montréal, ce n'est pas la même
chose que Québec et Québec, ce n'est pas la même chose
qu'ailleurs non plus. Alors, on dit: Ne faites pas d'exemption, mais permettez
éventuellement à des municipalités qui veulent faire un
effort plus substantiel dans tel ou tel secteur de cette taxe d'établir,
non pas de façon arbitraire, mais d'une façon rigoureuse, des
catégories qui pourraient être exemptées. On peut
très bien, à titre d'exemple, décider, dans la
région de Québec, de garder la taxe sur le hockey, et ne pas
nécessairement la garder sur la musique, l'Orchestre symphonlque, par
exem-
pie.
Quand on prend cette taxe qui est essentiellement une taxe payée
par le consommateur, nous, quand le citoyen de Salnt-Ferréol, qui a un
taux de taxe relativement bas, vient à Québec, il nous laisse par
la taxe d'amusement une petite contribution qui nous aide à boucher une
partie du déficit de l'orchestre ou du Palais Montcalm. SI on perd
ça, on vient d'alourdir, d'une façon inéquitable, le
fardeau central, alors qu'à l'extérieur on a... Je ne suis pas
sûr, par exemple, que l'accueil du Cirque du Soleil qui est largement
compensé par la taxe d'amusement serait aussi attrayant pour une ville,
s'il n'y avait pas de taxe d'amusement.
M. Ryan: Très bien. Merci.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui. Je pense qu'il faut bien regarder le
mémoire que vous nous avez présenté, M. le maire, comme un
mémoire pertinent sur la question. Mais il faudrait faire attention de
ne pas accepter les échanges que vous avez comme une acceptation des
propositions du 14 décembre. C'est ça, le danger qu'on a, parce
que le fait que vous en discutiez, et d'une façon correcte, ça
pourrait permettre à des gens de dire: Voyez, ils ont accepté le
mémoire, puisqu'il y a des discussions d'engagées sur les
modalités. Parce que, depuis ce matin, le ministre nous a bien
annoncé que les objectifs de la réforme étaient
acceptés par l'Assemblée nationale. Et là, on discute des
modalités ou des propositions.
Ceci étant dit, je me dis que je me dois de dénoncer
quelque peu la façon dont on a procédé depuis le
début avec ce projet de loi, depuis le 14 décembre. On est rendu
au 4 juin 1991, et on ne sait pas encore d'une façon concrète,
c'est quoi les impacts fiscaux sur les municipalités. Ça change
comme la Bourse. Il y a des hauts et des bas. Il me semble que ce n'est pas...
On peut se demander et on peut dénoncer que la ville de Québec
n'a pas sa simulation. Mais nous autres non plus, on ne l'a pas. On vous
demande de faire un acte de foi inconsidéré vis-à-vis
cette réforme-là, en disant: Vous prenez ce que je vous dis. Vous
pensez que ça devrait être bon. Et ça va varier. Mais ce
n'est pas comme ça qu'on administre les municipalités. En tout
cas, à moins que vous ayez changé le système, moi, il me
semblait qu'une municipalité, ça ne s'administre pas comme
ça. Ça s'administre de façon concrète, avec des
revenus concrets, sur des actions définitives. Et là, on est dans
le mou depuis presque six mois. Puis le ministre va adopter un rapport, puis je
ne sais pas encore les impacts que ça va donner.
Depuis le début, on demande des études d'impact. Qu'est-ce
que ça fait cette réforme-là? C'est quoi? Puis depuis
déjà une couple d'heures, on a des gens qui viennent nous
démontrer, hors de tout doute, que la taxe sur le stationnement,
ça va être difficilement applicable. Nous autres, on a cru qu'elle
était inapplicable. La façon que la ville de Québec
propose, elle pourrait être applicable, mais on n'est pas rendus
là. La régionalisation, à ce que je sache, je n'ai pas vu
de philosophie gouvernementale à venir jusqu'à maintenant qui
régionalise quoi que ce soit. On fait du cas par cas. Ça fait que
la proposition de Québec, même si elle peut sembler
intéressante, elle n'est pas dans les moeurs. Elle n'est pas reconnue
comme telle.
On demande un chambardement de façon de fonctionner au point de
vue municipal, qui est important. Les intervenants précédents
nous ont démontré que ça n'est pas applicable. Nous
autres, on l'a toujours cru, pas pour les mêmes raisons, mais à
cause du vécu municipal qu'on a de ce côté-ci, à
savoir que les municipalités, ça n'est pas comme ça que
ça fonctionne, mais seulement sur des choses précises.
En tout cas, moi, je dis effectivement que cette proposition, ou ces
propositions ont été amenées d'une façon un peu
cavalière, un peu prématurée, un peu beaucoup
prématurée. La discussion n'a pas été faite. Et
entre le 4 juin et le moment de la sanction de la loi, parce que j'imagine
qu'on n'en discutera pas trop longtemps quand on va aller article par article,
pas parce qu'on voudra arrêter le projet, c'est parce qu'il y a 322
articles dans le projet de loi. Ça n'est pas une loi
légère, c'est une loi importante. Puis on voit bien que la
discussion nous amène sur des avenues intéressantes, importantes
à explorer. Elle n'a pas été faite, la discussion.
Ça fait qu'on est pris avec ça.
Puis je suis convaincu que si on veut en faire une réforme le
moindrement acceptable et puis assimilable par les contribuables, par
l'ensemble des intervenants, il va falloir qu'il y ait des changements majeurs
d'apportés à ce projet de loi. On ne pourra pas l'accepter avec
une estampille, avec un imprimatur. Il va bien falloir qu'on en discute et puis
qu'on le bonifie. si on décide que, le transport, ça ne peut pas
s'appliquer, la taxe sur les stationnements, on vient d'apporter des
changements importants. si on décide, au point de vue culturel, que
ça ne marche pas, il y a des changements importants. mais comme
l'objectif, c'est 400 000 000 $, il va falloir remplacer ça par quelque
chose quelque part, je ne sais pas trop.
Mais c'est tout ça, en fait, qui m'amène quelques
réflexions vis-à-vis votre mémoire, qui a demandé
certainement une recherche, et qui est intéressant comme tel d'abord par
la façon dont vous l'abordez en disant qu'il y a des actions qu'une
municipalité poursuit, et puis il y a des caractères
régionaux, puis il y en a d'autres, c'est local.
Je voudrais me faire un peu plus précis et vous demander, par
rapport au transport en
commun, en supposant qu'il n'y ait pas de changement majeur
d'apporté... Parce que, comme l'objectif c'est d'aller chercher des
fonds, des revenus, vous allez être pris avec, en supposant qu'il n'y ait
pas de changement; puis les changements, ils devraient être minimes
à ce que je sache. Comment la ville de Québec ou la
Communauté urbaine pourrait se comporter avec le transport en commun
dans l'état actuel de la situation?
M. L'Allier: Je vais tenter, M. le Président, de
répondre à votre question. D'abord, je voudrais dire que c'est
par choix qu'on a mis seulement une page pour rappeler notre opposition
à ce qui n'est pas une réforme pour nous, mais bien une recherche
de règlement d'un problème de caisse au gouvernement. Et on n'a
pas insisté là-dessus parce que ça fait six mois qu'on
insiste là-dessus.
Par contre, à partir du moment où le gouvernement
décide d'aller de l'avant, il faut être réalistes. Il faut
ouvertement indiquer que, sans être complaisants par rapport à
l'opération, on a une responsabilité fondamentale à
l'égard de nos citoyens, et concitoyens et concitoyennes, d'essayer de
minimiser les irritants inutiles ou les impacts inutiles.
La taxe sur le stationnement, si elle n'est pas fortement
insérée dans un effort régional équitable, est
inapplicable, parce qu'elle va venir amplifier des problèmes dont le
coût réel est beaucoup plus grand que le gain immédiat que
le gouvernement fait. On pourrait reprendre ça pour chaque item,
d'où le sens de notre mémoire.
Quand on parle d'un effort régional, c'est
précisément parce qu'on pense qu'autrement, pour régler un
problème à court terme, on crée des problèmes dont
les coûts sont exagérés depuis déjà plusieurs
années, notamment ceux de l'étalement urbain.
Vous avez posé une question sur le transport en commun. En
supposant qu'il n'y ait pas de changement, il faut rappeler, et notre
collègue, le président de la Commission de transport, viendra je
pense vous le dire dans les prochains jours, il faut rappeler qu'à ce
moment-ci, ce qui nous est proposé vient s'ajouter à un effort
que, de toute façon, nous étions disposés à faire
pour repenser et relancer le transport en commun dans la région. On en
est au point, comme dans la région de Montréal, j'imagine,
où il faut ou repenser le transport ou repenser la société
qui décide qu'elle ne peut pas, qu'elle ne veut pas utiliser le
transport. (18 h 15)
Exemple, dans la région ici, par exemple, un stationnement,
valeur de remplacement d'un stationnement à l'édifice G, 225 $;
c'est ce que ça coûte par mois, en coût réel, cet
espace de stationnement. Et quand je dis: c'est ce que ça coûte
par mois, je veux dire que c'est ce que ça va nous coûter pour en
construire, 150 pieds plus loin, pour le futur centre des congrès.
Chaque espace qu'on pourrait récupérer de l'espace G - donc qu'on
n'aurait pas à construire pour le centre des congrès -
représente une économie dont le coût mensuel est de 225 $.
230 $. Actuellement, ce stationnement coûte 40 $, 45 $, 50 $
peut-être, à l'utilisateur pour une voiture qui dort toute la
journée. 33 $? 33 $, c'est encore pire que je pensais, parce que c'est
subventionné.
On se dit, pourquoi est-ce que l'État, pourquoi est-ce que le
gouvernement... Et je change de secteur, ce n'est pas la responsabilité
du ministre des Affaires municipales. Pourquoi est-ce que
l'État-employeur ne dirait pas: Ma politique, dorénavant, est la
suivante, les espaces de stationnement vont se payer au coût de la valeur
de remplacement partout. Deuxièmement, l'employeur qui le veut, le
gouvernement le premier, décidera s'il veut aider son employé
à se déplacer vers le lieu de travail. Si oui, d'ici là,
qu'il donne, par exemple, 50 $ par employé, par mois, pour le transport.
Celui qui vient à vélo paiera son vélo avec ça.
Celui qui vient en autobus pourra s'acheter un laissez-passer qui ne lui
coûtera plus rien, auquel on pourrait greffer deux demi-journées
ou trois demi-journées de stationnement gratuit par mois. Celui qui
vient en voiture et qui veut avoir la paix paiera la différence entre
235 $ et les 50 $ de subvention. S'il veut faire du covoiturage, à la
limite, son stationnement ne lui coûtera rien. Là, on a une
politique réelle. Coût réel du stationnement payable, mais,
en même temps, responsabilité équitable de l'employeur face
à ses employés. À ce moment-là, on diminue la
pression pour la construction de nouveaux stationnements dans les
centres-villes, parce que c'est notre problème, creuser dans une ville
comme Québec. On ne peut pas les mettre sur les Plaines, il faut creuser
en dessous.
Deuxièmement, on augmente l'attrait du transport en commun,
notamment aux heures de pointe, dans des corridors réservés,
parce que, finalement, l'employé, surtout l'employé du
gouvernement dans notre cas, saurait qu'il peut avoir gratuitement un
laissez-passer, heures de pointe - qu'il peut bonifier en laissez-passer
permanent pour tout le temps, moyennant 5 $ ou 10 $, par exemple - qui lui
donne, en plus, une ou deux demi-Journées de stationnement. Ou alors, il
a le choix, s'il veut voyager tout seul parce qu'il est de mauvaise humeur le
matin ou pour quelque raison, de payer 175 $ par mois pour sa case de
stationnement, plus son essence, plus l'amortissement de sa voiture. C'est des
choix de société qui sont imbriqués. Les propositions qui
nous sont faites, si elles atterrissaient comme on le propose, auraient un
Impact moins négatif en maintenant la neutralité. Si elles
accentuent la concurrence, si elles ont comme effet de venir peser sur une
réforme du trans-
port en commun qui, de toute façon, va se faire, pour la rendre
inefficace et inopérante, à ce moment-là, les coûts
escomptés par la réforme ne sont rien à côté
des coûts de correction dans la société, qu'il faudra
apporter dans les années à venir. C'est au moins la lecture qu'on
en fait.
M. Dufour: Comme vous êtes responsable du transport en
commun et que vous suggérez que la Communauté urbaine puisse
avoir un pouvoir d'établir des taux, est-ce que vous ne remettez pas en
question la structure de la Communauté urbaine?
M. L'Ailler: Non.
M. Dufour: Parce qu'il n'y a pas d'élu directement, donc
"no taxation without représentation", c'est toujours la question que
celui qui paie a le droit à son mot à dire, mais c'est par
personne interposée.
M. L'Allier: C'est sûr que, comme l'a souligné le
ministre des Affaires municipales, il y a là un virage, mais je ne pense
pas qu'il soit dangereux s'il est circonscrit à l'objet en question et
si son objectif est la neutralité fiscale. De toute façon, tout
ce qui va contribuer à faire en sorte que les municipalités ne
soient plus incitées à se détruire les unes les autres,
sous prétexte de se développer - et c'est actuellement le cadre
fiscal dans lequel on vit - est positif. Dans une société, je
parle de la société régionale de Québec, qui est en
stagnation en termes de population, qui ne se développe pas, mais qui
s'étend sur le territoire à des distances où même le
gouvernement ne pourra plus aller fournir des services décents. Quand on
ouvre des écoles à l'extérieur du territoire, c'est parce
qu'on en a fermé au centre. On a des secteurs de la ville qui commencent
à montrer, après d'autres, des signes d'essoufflement. Même
une ville comme Sainte-Foy se fait un peu mordre par cette
réalité.
Le problème de l'équité fiscale à
l'intérieur d'une même zone d'influence économique n'est
pas résolu par les propositions qui nous sont faites. On ne demande pas
qu'il le soit. On demande que la proposition qui nous est faite ait un impact
neutre là-dessus. Quand on a demandé au gouvernement, il y a un
an, d'aborder avec nous le fond de la question, d'aborder vraiment le fond de
la question dans l'esprit des réformes des années quatre-vingt,
c'est ce qu'on voulait dire. Asseyons-nous ensemble. On n'a pas peur de taxer
plus, on n'a pas peur de nouvelles responsabilités à la condition
qu'elles s'intègrent dans un effort qui est beaucoup plus
cohérent. On pourrait parler des fusions, on pourrait parler de toutes
sortes d'équipements. Je pourrais vous parler même du
Colisée, si vous voulez.
M. Dufour: Est-ce que vous vouliez ajouter?
M. Malnguy: Est-ce que je peux ajouter un élément?
C'est bien clair que s'il n'y a pas la proposition de régionalisation,
si elle n'est pas acceptée, c'est bien clair que la taxe sur les
stationnements dont il est question devient inapplicable. La surtaxe au
non-résidentiel devient un mode difficile de financement du transport en
commun, et je vous dirai qu'au sein de la Communauté urbaine, on est
arrivés à un consensus devant notre proposition. Ce n'est pas
encore établi de façon assurée, mais on se dirige vers
quelque chose.
M. L'Allier: Pas d'unanimité, mais proche du
consensus.
M. Mainguy: Mais s'il n'y a pas ça, c'est bien clair que
les élus des autres villes sont prêts à mettre à
sac, sans faire de jeu de mots, le transport en commun. C'est bien clair que
les gens veulent couper là-dedans s'il n'y a pas un mode de financement
équitable, et là, on va se retrouver à couteaux
tirés entre les municipalités. C'est le transport en commun qui
va être remis en question. La proposition de régionalisation va
dans ce sens-là. Là, il y a le problème, c'est qu'à
la Communauté urbaine, pour qu'une proposition soit acceptée,
bien sûr, il faut qu'il y ait 66 % des votes et cinq villes qui
l'acceptent. Ce sont les règles d'adoption d'une proposition chez nous.
Même à cela, si la décision de taxer les stationnements de
façon uniforme ou le non-résidentiel de façon uniforme
reposait encore sur la décision des villes, malgré un vote
positif à la Communauté urbaine, une ou deux villes pourraient
continuer de ne pas embarquer dans la régionalisation, et le tout serait
remis en question. C'est pour ça qu'on demandait l'intervention dans ce
sens-là.
M. Dufour: Je trouve que c'est intéressant. C'est ce que
je voulais explorer avec vous autres, mais je voulais aussi vous poser la
question à savoir qu'il y avait un organisme régionalisé
dans la Communauté urbaine de Québec qui s'appelait le
développement industriel et ça a été changé
dernièrement, en tout cas, dans les trois dernières
années, en autant que je me rappelle. Ce
démantèlement-là était, dans le fond, un
démantèlement régional au profit du local, et là,
pour moi, c'est un peu l'opération contraire. Vous allez peut-être
me dire qu'il y a des différences, mais comment le vivez-vous
actuellement? C'est surtout ça.
M. L'Allier: m. le président, disons que les propositions
de m. ryan, qui nous font porter un plus lourd fardeau en matière de
financement du transport en commun nous obligent peut-être, pour faire
une image qui n'est peut-être pas très adaptée, à
mettre au monde un enfant qui n'est pas encore à terme, celui d'efforts
régionaux mieux concertés. mais c'est vers ça, je
pense,
qu'il faut aller et c'est vers ça que la logique nous commande
d'agir. Ce que les municipalités rejettent, que ce soit en parlant de
fusion ou d'autre chose, c'est l'intégration uniformisante. Ça,
c'est inacceptable. Des fusions comme on en a connu il y a 15 ou 20 ans, il n'y
a plus personne qui en veut, mais une intégration, y compris à
certains points de vue, dans certains domaines, une intégration
politique qui permet de garder les personnalités, qui permet de garder
les pouvoirs décisionnels locaux, les personnalités de quartier,
de ville, etc., je pense que c'est dans le bon corridor. On nous parle
aujourd'hui du transport en commun. Rien ne nous dit que l'an prochain, puisque
l'an dernier devait être la dernière, on ne nous parlera pas
d'environnement, de cueillette des déchets, de loisirs, de santé,
d'éducation. Vers où on va? On ne le sait pas. On ne sait pas
où on s'en va.
M. Dufour: Alors, c'est intéressant et vu que j'avais
vécu ça avec vous autres, avec la ville de Québec et la
Communauté urbaine, ça m'intéressait de lever un peu le
voile sur cette question-là. Il y a peut-être un point que vous
n'avez pas soulevé. Il y a plusieurs points que je comprends...
M. L'Allier: Mais si je peux me permettre une interruption...
M. Dufour: Oui.
M. L'Allier:... à l'intention du ministre des Affaires
municipales, M. le Président. Vous aurez, je pense, l'occasion
d'entendre le président de la Communauté urbaine jeudi matin.
Sentez-vous tout à fait à l'aise, bien sûr, pour
l'interroger sur l'état de consensus qui peut exister dans une
région. Ce qu'il ne faudrait pas, c'est de ne pas nous donner, à
nous, un outil dont on aurait besoin sous prétexte qu'il n'est pas
applicable à Hull, à Chicoutimi ou à Montréal.
M. Dufour: Ce que je retiens beaucoup de votre mémoire,
c'est les points qui vous touchent et qui vous font mal, soit le transport en
commun. Je pense que vous faites la démonstration, comme, nous, on l'a
dit - et ce n'est peut-être pas pour les mêmes raisons - que la
taxe sur le stationnement était inapplicable. Il y a toutes sortes de
phénomènes pourquoi on disait qu'elle était inapplicable.
Vous arrivez avec une proposition qui serait de nature à
régionaliser. Il y a peut-être d'autres points, mais ça
démontre hors de tout doute, d'après moi, que les solutions
gouvernementales proposées étaient prématurées,
n'étaient pas suffisamment réfléchies. Parce qu'on se rend
bien compte qu'il y a des éléments, qu'il y a des pans de mur qui
sont encore complètement debouts. Ils ne sont pas tombés. Pour
moi, les réticences des municipalités ne sont pas des
réticences aveugles. Ce sont des réticences de vécu. Elles
percoivent qu'il y a des choses qui ne sont pas correctes.
Il y a d'autres éléments aussi, en ce qui concerne la taxe
culturelle, et vous avez fait la démonstration amplement qu'il y avait
des dangers par rapport à ça. Je pense que le ministre pourra
réfléchir très bien là-dessus. J'espère, en
tout cas, qu'il aura le temps, dans ses temps libres, de pouvoir
réfléchir sur les propositions que vous faites.
Il y a la question qui a été soulevée, où le
ministre n'a pas annoncé, mais, moi, je suis complètement
d'accord avec vous, c'est la proposition où vous dites que la
réception par le destinataire, je ne sais pas combien ça va
prendre de monde sur la place pour faire accepter ou que les gens... Soyez bien
sûr qu'ils vont avoir les avis et toutes les communications de la ville
de Québec.
En tout cas, je ne veux pas soulever le point. Il y a un point qui me
tracasse. C'est celui que je vais vous poser. C'est concernant les amendes.
Vous savez que le projet de loi prévoit qu'il y aurait des augmentations
d'amendes qui permettraient à la ville ou aux municipalités en
général, de ramasser ces montants-là pour permettre de
s'administrer. Autrement dit, on prend un moyen répressif pour
créer des revenus aux municipalités, ce qui pourrait
présenter un certain danger, à mon point de vue, que les
municipalités puissent en abuser. Ça s'est déjà
produit. Ça fait longtemps qu'on dit: Ce n'est plus pareil en 1991.
Mais, vous savez, le monde, il ne faut pas se faire d'illusions, ça se
ressemble. Ça a beau être du monde de 1960, 1940, Ils auront cette
tendance-là.
J'ai ici un article qui touche la ville de Chicoutimi qui, dans des
moyens de pressions - et ce n'est pas nié, non plus, ni par le corps
policier - la ville de Chicoutimi avait perdu, dans un moment de
négociations avec son corps policier, 110 000 $ d'amendes. La ville de
Chicoutimi a pris un mauvais moyen. Elle est allée en Cour
supérieure, mais elle aurait dû passer par un grief, selon les
dires de l'article. Et c'est véridique, je sais comment ça se
passe, ces choses-là. Ça fait que la ville de Québec, qui
a un corps policier bien constitué, devrait récolter un bon
montant d'amendes. Et puis, je sais qu'ils ont le crayon leste, parce qu'il ne
faut pas laisser nos automobiles trop longtemps en suspens. Mais il pourrait y
avoir de l'abus par rapport à ça. Il peut y avoir aussi une perte
de revenu, ce qui peut se présenter assez souvent lors de
négocations, etc. Ce n'est pas toujours le beau fixe. Comment vous
prévoyez ça, vous autres, comme source de revenu?
M. L'Allier: sur ce point-là, m. le président, on
est déjà - je ne le dirai pas trop fort, les journalistes sont
partis - à peu près au maximum de ce qu'on peut charger en
amendes par rapport à ce que le projet de loi nous
permet à québec. c'est ce dont on m'informe ici. on ne
peut pas aller tellement plus haut, et si on y va, la balance des
inconvénients est impressionnante. mais la question que j'ai
posée tout à l'heure, je la reprendrai en conclusion. elle est
importante pour nous, et je ne sais pas si c'est une question qu'on doit poser
au niveau technique, au niveau de votre sous-ministre ou de quelqu'un. est-ce
que le gouvernement perçoit son éventuelle contribution à
des taxes sur le stationnement comme un tarif ou comme un "en-lieu"? ça,
c'est important pour nous.
Le Président (M. Garon): Je dois dire, M. le maire, que le
temps dévolu à l'Opposition est écoulé. Il reste
une minute et demie au ministre. Alors, s'il veut répondre à
votre question...
M. Dufour: J'aimerais savoir la directive, comment vous partagez
le temps pour savoir si le ministre va avoir une minute ou... Est-ce qu'on
pourrait, nous autres, avoir le même traitement?
Le Président (M. Garon): Oui, c'est que le ministre a pris
18 minutes et demie. Vous aviez droit à 20 minutes, vos 20 minutes sont
écoulées. Il y avait même un petit peu plus que 20 minutes,
20 minutes et quelques secondes. Et là, je retourne pour la minute et
demie.
M. Dufour: Je voudrais avoir le même traitement.
Le Président (M. Garon): Si vous aviez arrêté
après 10 minutes et le ministre avait continué, je serais
retourné.
M. Dufour: Non, mais vous pourriez peut-être nous faire
signe quand il reste deux minutes, pour qu'on puisse arrêter nous autres
aussi.
Le Président (M. Garon): Si vous me le demandez, je vais
vous faire signe.
M. Dufour: Ça va.
Le Président (M. Garon): Si vous ne me le demandez
pas...
M. Dufour: Je vous le demande.
Le Président (M. Garon): Si je me mets à vous faire
signe toutes les fois qu'il y a deux minutes qui vous restent et vous ne me
l'avez pas demandé, vous allez me dire: Mêle-toi de tes
affaires.
M. Dufour: Non, non, M. le Président, on vous respecte
bien trop pour ça. Ça va.
M. Ryan: Je m'étais fait jouer le tour deux fois cet
après-midi, et la dernière fois, j'y ai pensé. Juste en
réponse à votre question, M.
L'Allier, dans le texte actuel de l'article 156, le gouvernement
paierait, comme tout le monde. Ça ne serait pas un "en-lieu" de taxe,
ça ne serait pas un "en-lieu", une subvention, ça serait une taxe
comme tout le monde, sur le stationnement, par conséquent au plein
prix.
M. L'Allier: merci beaucoup. M. Ryan: ça va?
M. L'Allier: J'apprécie la clarification, parce qu'on
n'avait pas trouvé la réponse et on ne savait pas comment
l'interpréter.
M. Ryan: Très bien. Alors je vous remercie infiniment.
Là, je ne peux pas ajouter grand-chose à ce moment-ci, sauf pour
vous dire que j'ai bien retenu les questions sur lesquelles vous nous avez
interpellés. Nous allons continuer de les examiner. Nous allons parler
avec vous, et dans la mesure où les temps nous paraîtront
mûrs pour telle ou telle idée, nous serons très heureux de
chercher à l'insérer dans le texte définitif de ia
loi.
Je vous remercie infiniment, et j'apprécie beaucoup votre
contribution.
M. L'Allier: Merci de nous avoir invités et de nous avoir
entendus.
Le Président (M. Garon): On vous remercie, et je remercie
les représentants de la ville de Québec.
Le temps de notre mandat étant écoulé pour
l'après-midi, j'ajourne les travaux de la commission à 20 heures
ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 31)
(Reprise à 20 h 12)
Le Président (M. Garon): II parait que les
députés qui sont en retard, les nouveaux, au lieu de payer le
café pendant un an, il faut qu'ils le paient pendant deux ans.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Garon): Alors, nous allons ouvrir
maintenant que nous avons le quorum. Je m'excuse de vous avoir fait attendre,
mais normalement, on ne peut pas procéder sans le quorum. Je demande
à Mme Pageau-Goyette de nous présenter les gens qui
l'accompagnent et je lui dis également qu'il y a 45 minutes à sa
disposition. Normalement, le temps est divisé: un quart d'heure, un
quart d'heure et un quart d'heure; un tiers, un tiers, un tiers. Si vous en
prenez moins, les deux partis peuvent se répartir l'excédent du
temps que vous n'avez pas pris. Également, si vous en prenez plus, on
soustrait
de leur enveloppe de 15 minutes chacun le temps que vous avez pris en
plus du 15 minutes. La parole est à vous.
Chambre de commerce du Montréal
métropolitain
Mme Pageau Goyette (Nycol): Merci, M. le Président.
Bonsoir, je voudrais d'abord vous présenter, M. le
Président, les gens qui m'accompagnent: M. Luc Lacharité,
vice-président exécutif de la Chambre de commerce du
Montréal métropolitain, et M. Jean-Pierre Lamy, qui est
président ex officio de la Chambre de commerce du West Island. Comme
vous le savez, nous nous présentons ici ce soir au nom du comité
d'initiative du Montréal métropolitain, comité permanent
de la Chambre de commerce qui regroupe la Chambre de commerce du
Montréal métropolitain, le Bureau de commerce de Montréal,
la Chambre de commerce de Laval, celle de la Rive-Sud, celle du West Island,
celle de l'est du Grand Montréal et la Chambre de commerce de
Saint-Laurent.
M. Ryan, en venant ici, en conduisant 500 kilomètres pour venir
vous déposer ce mémoire, il y avait un commentaire d'un
journaliste tout à l'heure qui disait que cette commission était
inutile, que, de toute façon, les dés étaient pipés
et que votre idée était faite. Tout le long, en venant, j'avais
une espèce de motton ici, sur l'estomac, en me disant: J'espère
qu'on n'a pas mis toutes ces heures et fait tout ce travail le plus
consciencieusement possible pour que ça ne serve à rien.
J'espère vraiment que le journaliste vous a mal cité ou a mal
repris ses conclusions. Sachant ce que vous représentez pour nous,
j'imagine que vous allez nous écouter avec beaucoup d'attention. Alors,
voilà.
Les milieux d'affaires font appel à la responsabilité et
à la vision du gouvernement et vous disent: Nous en avons ras le bol.
Nous nous opposons bien sûr au projet de réforme de la
fiscalité municipale du gouvernement dans sa forme actuelle, car ce
projet entraîne les conséquences suivantes: une importante
augmentation des taxes sans aucune augmentation de services, une atteinte
à la compétitivité des entreprises à un moment
où elles sont particulièrement vulnérables, une menace
à la viabilité des systèmes de transport en commun
pourtant indispensables au développement ordonné de la
région métropolitaine de Montréal et un obstacle à
la consolidation des zones déjà urbanisées, essentielle si
nous voulons éviter une flambée des dépenses
publiques.
Les milieux d'affaires sont très inquiets du dérapage dont
témoigne ce projet gouvernemental, tant au chapitre des dépenses
qu'à celui des priorités. Il y a une limite au fardeau fiscal que
peuvent absorber les contribuables, aussi bien les particuliers que les
entreprises. Cette limite, à notre avis, nous l'avons atteinte. C'est
l'avis des entreprises et c'est probablement aussi l'avis de dizaines de
milliers de Canadiens qui magasinent chaque semaine aux États-Unis.
Le projet gouvernemental de réforme de la fiscalité se
traduit par une augmentation de taxes pure et simple de 321 000 000 $. Il est
en effet devenu évident, avec le dernier budget, que le gouvernement du
Québec n'entend pas réduire ses propres dépenses d'un
montant égal à celui des factures qu'il transfère aux
entreprises, aux municipalités et aux automobilistes. C'est même
tout à fait le contraire, parce que le déficit que l'on croyait
en résorption regrimpe d'un seul coup à un niveau effarant. C'est
la deuxième fois en deux ans que le gouvernement utilise le même
subterfuge puisqu'il permettait l'an dernier aux commissions scolaires de
prélever 320 000 000 $ de plus en impôt foncier et qu'il
réduisait presque d'autant sa propre contribution à leur
financement. Dans les deux cas, le gouvernement oblige d'autres que lui
à augmenter les impôts fonciers sans diminuer ses propres
taxes.
Cette augmentation est d'autant plus inacceptable que ces centaines de
millions de dollars sont explicitement destinés à ne financer que
les services dont nous disposons déjà, lis ne se traduisent par
aucune amélioration de services, par aucun Investissement productif, par
aucun nouvel actif. Puisque les municipalités devront bien trouver
quelque part les sommes que ne lui versera plus le gouvernement, celui-ci leur
permet d'augmenter les Impôts fonciers. Il Identifie le secteur foncier
non résidentiel comme celui qui sera surtout mis à contribution.
En d'autres mots, les entreprises devront payer.
En autant qu'il est possible de le faire avec des renseignements
incomplets, nous évaluons à environ 270 000 000 $ la contribution
additionnelle qui sera requise du secteur non résidentiel, soit par le
biais d'une hausse de la taxe d'affaires actuelle, soit par le biais d'une
nouvelle surtaxe foncière ou d'une taxe sur le stationnement qui n'est,
en dernière analyse, rien d'autre qu'une taxe foncière
déguisée. Le gouvernement évalue à 70 000 000 $ la
part du gouvernement fédéral dans ce montant, ce qui laisse
environ 200 000 000 $ à combler en provenance des entreprises du
Québec, dont il est réaliste d'estimer que 70 % seront
payés par les entreprises de la région métropolitaine.
C'est donc une facture de 140 000 000 $ qui attend les entreprises de
Montréal.
Le gouvernement justifie cet alourdissement de la fiscalité
locale par une supposée sous-occupation de l'impôt foncier au
Québec par rapport à l'Ontario. Cet argument est loin
d'être démontré de manière Irréfutable.
L'Union des municipalités du Québec a publié
récemment une étude basée sur les chiffres, les
critères et les méthodes utilisés par les
ministères québécois des Affaires municipales et des
Finances, qui arrive à une conclusion diamétralement
opposée à celle du gouvernement. Selon l'étude de l'UMQ,
en effet.
le fardeau de la fiscalité locale est de 11,7 % plus
élevé au Québec qu'en Ontario. Cette prémisse
essentielle à la justification de l'augmentation du fardeau fiscal local
ayant été invalidée, comment le gouvernement justifie-t-il
maintenant ses propositions?
Lorsqu'elle doit décider d'un endroit pour s'établir, une
entreprise considère l'ensemble des charges fiscales qu'elle devra
supporter et la valeur des services ou des avantages qu'elle obtiendra en
retour. Force est de constater que cette réforme provoquera une
détérioration des deux termes de l'équation. En effet, les
données du ministère québécois des Finances
indiquaient aussi récemment que décembre 1990 que le fardeau
fiscal du secteur privé, tous niveaux confondus, était de 3,5 %
supérieur à celui des entreprises ontariennes. Voilà
maintenant qu'on vient encore l'alourdir en ne donnant strictement aucun
avantage en contrepartie.
Les milieux d'affaires rappellent au gouvernement que nous traversons
une grave récession. Le passif des faillites a augmenté de 36 %
en 1990 pour atteindre les 900 000 000 $, de très loin un nouveau record
qui se répercute sur l'augmentation du nombre de personnes sans emploi.
L'entrée en vigueur de la TPS et de la TVQ s'est traduite par un nouveau
choc. Les magasins sont déserts, les consommateurs n'ont pas confiance
en l'avenir. Alors même que nos entreprises cherchent à devenir de
plus en plus productives pour affronter les défis liés à
l'ouverture des marchés, nos gouvernements semblent
déterminés à leur clouer un pied dans le plancher.
Disons les choses clairement, un nombre important d'entreprises de la
région de Montréal ne peuvent absorber le fardeau fiscal accru
sans compromettre leur compétitivité, quand ce n'est pas
carrément leur rentabilité, c'est-à-dire leur survie. Les
milieux d'affaires ont l'intention de s'opposer fermement et par tous les
moyens à toute augmentation de taxes. Et, je le répète,
nous avons l'Intention de nos opposer fermement et avec tous les moyens dont
nous disposons, à toute augmentation de taxes. Ce message s'adresse
aussi bien aux élus municipaux qu'aux députés membres de
l'Assemblée nationale et du Parlement du Canada. Nous n'acceptons pas
que le gouvernement modifie les lois pour se délester de ses
responsabilités à notre détriment et nous n'accepterons
pas non plus que les municipalités emboîtent le pas au
gouvernement en taxant les entreprises uniquement parce qu'il serait plus
facile d'en faire payer le coût politique par le gouvernement, tout en
leur évitant de se mettre à dos d'autres catégories de
contribuables.
Le gouvernement fédéral et le gouvernement du
Québec ont développé la fâcheuse habitude de
régler leurs problèmes fiscaux en les expédiant tout
simplement à d'autres. Les municipalités se rendront coupables du
même travers si elles cèdent à la facilité de
transférer aux entreprises le fardeau dont se déleste le
gouvernement plutôt que de chercher à en disposer de la
manière la moins dommageable pour le bien-être de la
collectivité. En transformant la fiscalité en ballon que l'on se
refile ainsi, du Parlement à l'Assemblée nationale et à
l'Hôtel de Ville, les gouvernements règlent leurs problèmes
immédiats et se créent un espace artificiel qui leur permettra de
respirer jusqu'à la prochaine crise budgétaire, mais cette
pratique comporte des désavantages évidents.
Premièrement, il s'agit d'un expédient à court
terme qui ne règle absolument pas le problème réel qui est
de nature structurelle. Les dépenses continuent d'augmenter plus
rapidement que les revenus. D'une crise à l'autre, la situation devient
de plus en plus critique. C'est la fuite en avant. Deuxièmement, le
pelletage des factures aboutit inéluctablement, au bout de la ligne,
dans la cour du contribuable, particulier ou entreprise, qui doit payer toutes
les factures, peu importe d'où elles arrivent. Le banc de neige commence
à être plutôt imposant, merci beaucoup.
Troisièmement, la pression créée par l'augmentation sans
cesse plus rapide des dépenses que des revenus et l'épuisement de
toutes les réserves et marges de manoeuvre qui s'ensuit mène
à une situation où des mesures de plus en plus draconiennes sont
requises, simplement pour ne pas reculer. On en arrive ainsi, au nom d'un
équilibre budgétaire qui nous obsède d'autant plus que
l'on désespère de l'atteindre jamais, à poser des gestes
qui s'inscrivent carrément à l'encontre des intérêts
supérieurs de la collectivité.
Cette dynamique nous a conduits, depuis quelques années, à
une augmentation faramineuse de l'endettement public pour assurer simplement le
maintien des services existants. Comme nous le soulignions
précédemment, cette réforme fiscale en est l'exemple
parfait: une augmentation de taxes de 321 000 000 $, non seulement sans
augmentation de services, mais au détriment de services aussi essentiels
que le transport en commun. SI nous ne réussissons pas à casser
ce modèle, nous courons à notre perte. Pour infléchir
cette dynamique économiquement et socialement meurtrière, nos
gouvernements doivent d'abord et avant tout cesser de jouer au soccer fiscal et
prendre les décisions qui s'imposent pour reconquérir le
contrôle sur leurs dépenses.
La fiscalité n'est pas neutre du point de vue du
développement des collectivités. Il faut boucler le budget d'une
manière qui permettra aux forces vives de la société de
travailler à son enrichissement. Le projet de réforme fiscale du
gouvernement favoriserait plutôt l'éparpillement de nos ressources
en ignorant certaines leçons pourtant claires de notre histoire
récente. Ainsi, la nécessité de consolider les territoires
urbains et de rentabiliser au maximum les infrastructures et services publics
existants avant d'en créer de nouveaux fait largement consensus. Le
projet
gouvernemental risque d'entraîner précisément le
contraire.
Le projet de loi 145 prévoit des plafonds plus
élevés d'environ 33 % pour l'imposition foncière du
secteur non résidentiel sur le territoire des municipalités
desservies par un organisme public de transport, soit par la majoration de la
surtaxe actuelle ou par l'adoption de la nouvelle surtaxe. De plus, les
mêmes municipalités pourront aussi lever une taxe sur les
stationnements non résidentiels. Concrètement, dans notre
région, ces mesures touchent I'île de Montréal, de Laval et
des municipalités desservies par la STRSM, soit les zones les plus
densément peuplées, les plus densément urbanisées,
où les dépenses publiques ont été de loin les plus
massives depuis 30 ans.
En transférant le fardeau du financement du transport en commun
aux entreprises établies sur ces territoires, le gouvernement leur
Impose une surcharge fiscale dont sont exemptées les entreprises
situées dans les municipalités limitrophes. En d'autres mots, les
entreprises situées sur l'îlede Montréal, à
Laval et sur le territoire desservi par la STRSM subiront des hausses beaucoup
plus importantes que celles situées juste au-delà, par exemple
à Terrebonne, Repen-tigny et Varennes. Ce faisant, le gouvernement
incite les entreprises à quitter les zones urbaines existantes et
à s'établir en périphérie. Cette migration
entraînera forcément, à moyen et à long terme, la
nécessité de bâtir de nouveaux équipements, routes,
aqueducs, écoles, services publics de toutes sortes, alors même
qu'on n'arrive pas à rentabiliser tout le potentiel des
équipements et services déjà en place dans les zones
urbanisées. Je l'ai répété souvent, on ferme des
écoles à Montréal pour en construire à Laval, qu'on
s'apprêtera à fermer dans 20 ans pour en construire à
Saint-Janvier. C'est un non-sens, à mon avis.
Une deuxième leçon que nous enseignent aussi bien notre
propre expérience que celle de toutes les grandes agglomérations
urbaines porte sur l'importance du transport en commun. En retirant sa
contribution aux dépenses d'opération de ce service essentiel, le
gouvernement en mine les assises à un moment critique où il
faudrait, au contraire, le renforcer. En créant des conditions où
les municipalités desservies devront assumer une part
disproportionnée du financement de ce service qui profite pourtant
à l'ensemble de la société québécoise, le
gouvernement les incite Indirectement à s'en désengager.
L'abolition du transport en commun est absolument impensable en région
métropolitaine et les propositions gouvernementales rendent toutefois
probable une détérioration du service, dont les
conséquences pourraient être désastreuses.
Il y a consensus au sein des milieux d'affaires sur la
nécessité non seulement de maintenir mais aussi de renforcer le
transport en commun. Cet objectif en rejoint plusieurs autres qui sont tous
essentiels pour assurer notre avenir économique: aménager plus
rationnellement les centres urbains, favoriser la circulation efficace des
personnes et des marchandises, utiliser le plus efficacement possible les
équipements publics pour lesquels la société
québécoise a Investi des milliards de dollars et réduire
la pollution causée par les automobiles. Le transport en commun dans la
région de Montréal exerce une influence bénéfique
dont profite toute la société québécoise en
permettant au coeur économique du Québec de fonctionner plus
efficacement. C'est un élément stratégique de la
capacité concurrentielle du Québec. De plus, en milieu urbain, le
transport collectif est essentiel aux personnes à faibles revenus, aux
personnes âgées et aux étudiants. Il exerce un effet de
distribution de revenus qui n'est pas du ressort des municipalités.
Sur la base de ces réalités, nous croyons que le retrait
de la participation gouvernementale au financement des dépenses
d'opération du transport en commun est Inacceptable. Peu importent les
autres sources de financement qui pourront être ajoutées, le
gouvernement doit maintenir sa participation. Il n'est pas possible de
compenser la perte de la contribution gouvernementale et encore moins
d'investir les sommes additionnelles requises pour maintenir et
améliorer les actifs uniquement par une augmentation des tarifs sans
provoquer une importante perte d'achalandage qui provoquerait à son tour
une diminution additionnelle des revenus. Il n'est pas non plus souhaitable de
transférer ce fardeau uniquement sur les entreprises des
municipalités desservies par le transport en commun, comme nous l'avons
vu à la section précédente. Il est suggéré
par plusieurs milieux de mettre à contribution les automobilistes, choix
justifiable pour plusieurs raisons. D'une part, ils bénéficient
directement de l'allégement de la circulation résultant du
transport en commun. D'autre part, l'automobiliste exerce une pression plus
grande sur les infrastructures que l'usager du transport en commun. Enfin, II
est logique de financer un moyen destiné, entre autres, a réduire
la pollution par une des causes principales de cette pollution.
Les milieux d'affaires estiment aussi que la base du financement du
transport en commun doit déborder largement la région
métropolitaine immédiate, puisque les avantages qui en
découlent profitent à l'ensemble du Québec. Le
prélèvement d'une cotisation sur les véhicules
immatriculés dans la région métropolitaine de recensement
est un pas dans la bonne direction. Il élargit la base
géographique de financement du transport en commun en une région
plus large que le territoire Immédiatement desservi. Il fait cotiser
aussi directement l'automobiliste.
La taxe proposée sur le stationnement, par contre, est doublement
néfaste. Dans bon nombre de cas, il sera carrément Impossible de
la
prélever auprès de l'automobiliste. Le fardeau sera donc
forcément assumé par le propriétaire ou les locataires de
l'espace commercial. Advenant qu'il soit effectivement possible d'installer des
guérites et de l'équipement requis pour la perception, ces
coûts s'ajouteront aussi au coût d'opération de l'immeuble.
Par ailleurs, en limitant le champ d'application de cette taxe uniquement aux
municipalités desservies par le transport en commun, le gouvernement
augmente encore le déséquilibre fiscal entre ces
municipalités et leurs voisines. Enfin, les milieux d'affaires notent
qu'après avoir opposé une fin de non-recevolr à une
augmentation de la taxe sur l'essence qui aurait été
consacrée au financement du transport en commun, sous prétexte
que le contribuable québécois est déjà le plus
taxé à ce chapitre, le gouvernement a allègrement
haussé cette taxe de 25 % dans le dernier budget et s'en est
approprié le bénéfice.
Il est devenu évident qu'il faut rationaliser et coordonner les
ressources des gouvernements et administrations publics à
l'échelle des grandes régions du Québec afin d'assurer une
utilisation maximale de nos ressources. La multiplicité des juridictions
complique la recherche des consensus, nous en sommes bien conscients. Les
milieux d'affaires ne posent pas un choix politique et ne préconisent
aucune mesure spécifique ni aucun modèle à ce sujet. Ils
constatent tout simplement la difficulté de coordonner efficacement le
développement à l'échelle régionale et ils estiment
que toute initiative favorable à l'avènement de cette
coordination doit être soutenue activement par le gouvernement du
Québec.
Dans la grande région de Montréal, le transport en commun
fait l'objet d'un remarquable et périlleux exercice de construction
d'une solidarité régionale où l'ensemble des élus
municipaux et des responsables des trois sociétés de transport en
commun ont réussi à faire prédominer les
intérêts communs à long terme de l'ensemble de la
population. De leurs efforts est né, en septembre 1989, un organisme
régional des transports. Le gouvernement du Québec y a d'ailleurs
participé. Il a reconnu à l'époque l'importance du
transport en commun dans la région métropolitaine pour le
développement ordonné de la région. Cette
expérience si fragile est porteuse de grands espoirs et doit absolument
être soutenue. Or, l'impact de la réforme proposée par le
gouvernement sur les fragiles équilibres financiers des principaux
acteurs de ce consensus fait craindre le pire. La fiscalité exerce donc
un impact important sur des questions cruciales. À notre connaissance,
le gouvernement n'a rendu publique aucune étude traitant de l'effet des
changements proposés à la fiscalité locale, sur la
consolidation des milieux urbains, sur l'avenir du transport en commun ou le
financement des services dont les bénéfices retombent bien
au-delà des limites du territoire où ils sont dispensés.
Son silence sur ces ques- tions est incompréhensible. (20 h 30)
En résumé, nos recommandations. Les objectifs qu'affirme
poursuivre le gouvernement par son projet de réforme sont un meilleur
contrôle des dépenses publiques et une distribution plus
rationnelle des ressources entre les principaux partenaires engagés dans
l'administration publique de la société québécoise.
Les milieux d'affaires estiment que le projet de loi 145 ne rencontre pas ces
objectifs puisqu'il se traduit par une augmentation de taxes, sans augmentation
de services, et qu'il risque de déstabiliser toute la région
métropolitaine en minant les assises du transport en commun, en contrant
les efforts de consolidation des milieux urbanisés et en
décourageant une expérience régionale très riche de
promesses.
Conséquemment, les milieux d'affaires formulent les
recommandations suivantes.
Ne pas augmenter les dépenses publiques, particulièrement
les dépenses qui ne se traduisent par aucun nouvel investissement
productif.
Éviter de surcharger davantage les entreprises déjà
aux prises avec les effets de la récession et de la TPS, sans compter la
TVQ, qui ne sera pas diminuée contrairement à ce qui avait
été annoncé.
Étudier les effets directs et indirects, à court, moyen et
long terme de tout changement proposé à la fiscalité
locale, notamment eu égard à leurs effets sur le
développement urbain avant de modifier les règles existantes.
Maintenir sa contribution aux dépenses de fonctionnement du
transport en commun, puisque ces services entraînent de nombreuses et
importantes retombées pour l'ensemble du Québec.
Réduire le déséquilibre fiscal actuel entre les
zones desservies par le transport en commun et les zones
périphériques, plutôt que de l'accentuer.
Retirer son projet de taxe sur le stationnement qui n'atteint pas
l'automobiliste mais le propriétaire foncier.
Utiliser la nouvelle taxe sur l'essence, décrétée
dans le dernier budget, pour financer le transport en commun.
Et enfin, soutenir toute initiative qui favorise une meilleure
coordination des ressources à l'échelle régionale et,
spécifiquement, le Conseil métropolitain des transports en
commun.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Garon): Comme vous avez pris 20 minutes,
alors on va répartir le temps en 12 minutes chacun. Alors, M. le
ministre.
M. Ryan: J'écoutais avec attention ce qu'on nous a dit, de
la part de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Je
remercie tout d'abord la délégation de s'être
déplacée pour venir nous rencontrer. Merci également au
milieu des chambres de commerce de la région de
Montréal, de l'intérêt qu'ils ont porté
à ce sujet depuis qu'il en était question, à compter de la
fin de l'année dernière.
Maintenant, j'ai l'impression que le mémoire dont Mme Pageau
vient de nous donner lecture procède d'une problématique qui est
peut-être déjà sensiblement dépassée parce
que, depuis que nous nous sommes rencontrés la dernière fois, il
y a eu une évolution sensible dans la position gouvernementale. Le
mémoire a été rédigé sans tenir compte des
ajustements qui ont été annoncés de façon
générale. Il y a quelques petites mentions ici ou là, mais
la problématique générale est demeurée la
même et je crois qu'elle n'est plus la même qu'elle était,
en ce moment où nous nous parlons. Et je vais vous en donner quelques
exemples.
J'ai donné ces chiffres-là ce matin, je pourrai vous
laisser une copie de ce tableau-ci, qui donne l'essentiel des chiffres en ce
qui concerne l'île de Montréal. Le transfert brut pour l'ensemble
de l'île de Montréal est de 210 000 000 $. De ce chiffre. 185 000
000 $ doivent être affectés au transport en commun. Pour financer
ce montant de 185 000 000 $, le gouvernement procurera aux municipalités
concernées, par des mesures dont il est l'instigateur et le responsable,
lui-même ou l'Assemblée nationale, des revenus d'appoint de 96 000
000 $, provenant principalement de l'immatriculation des véhicules
automobiles, des changements dans les droits sur les mutations
immobilières, différents "en lieu" de taxes résultant du
réaménagement de la taxe d'affaires, l'augmentation du montant
des amendes. Il y en a pour 96 000 000 $, ce qui laisse, en tout, 114 000 000 $
à financer. Et si l'on postule que le secteur industriel et commercial
se verrait porté responsable de 109 000 000 $ là-dessus, sur 114
000 000 $, 109 000 000 $, il en découlerait, suivant nos estimés,
Mme la Présidente, un accroissement du fardeau fiscal actuel, des
entreprises de l'île de Montréal, du fardeau fiscal
fédéral, provincial et municipal. Et savez-vous quel
pourcentage?
Mme Pageau Goyette: Ne me dites pas les chiffres de M. Johnson,
je les ai entendus: 2, 2 % ou 3, 1 %.
M. Ryan: 2, 4 %.
Mme Pageau Goyette: C'est ça, je les ai entendus.
M. Ryan: Non, pas celui-ci, parce que nous l'avons ajusté
ce matin.
Mme Pageau Goyette: Nos chiffres ne correspondent pas beaucoup
à ça.
M. Ryan: C'est du même ordre de grandeur, cependant, je
vous le concède volontiers. C'est 2, 4 %. Si l'on considère que
le fardeau fiscal des entreprises sur l'île de Montréal, le
fardoau de fiscalité foncière a souvent augmenté moins
vite que l'inflation au cours des 10 dernières années, il n'y a
pas d'excès de ce côté-là. Si l'on considère
les allégements que lui a fournis le gouvernement, avec ses
différentes mesures fiscales, les dernières années, qui
ont permis de réduire sensiblement l'écart du fardeau fiscal
québécois pour les entreprises, par rapport à celui de
l'Ontario, si l'on considère en plus les avantages que les entreprises,
dans un très grand nombre de cas, se sont volontiers procurés
à l'occasion de l'entrée en scène de la TPS, je pense que
ce qui est demandé ici, est très raisonnable et fort modeste,
tout compte fait. Nous avons fait des ajustements importants en ce qui concerne
l'île de Montréal - iI faut que je vous donne ce
chiffre-là, parce qu'il est Important à noter - suivant la
proposition initiale de décembre dernier, nous avions établi
qu'il y aurait transfert brut. Il y avait certains revenus qui venaient. Le
solde à financer, pour les municipalités de l'île de
Montréal eût été de 177 800 000 $. Avec les
ajustements que nous avons annoncés, il y a trois semaines, le solde
financier descend à 114 700 000 $. C'est une réduction, si nous
comptons bien, d'à peu près 37 %, 38 %. Le gouvernement a
été très attentif, par conséquent, aux
représentations qu'il avait reçues de votre organisme et d'autres
organismes, au premier chef, cela va de soi, les autorités municipales,
les municipalités concernées, y compris, au premier rang, la
ville de Montréal, la Communauté urbaine de Montréal.
Ceci étant dit, je pense que nous discutons d'un ordre de
grandeur fort différent de celui que laisse sous-entendre le ton
général du mémoire dont la lecture nous a
été donnée. J'aime la polémique et je ne voudrais
pas que vous pensiez que ça me fait de la peine, parce que la
polémique a été mon pain et mon beurre toute ma vie. Et
chaque fois qu'on m'en donne, ça me rajeunit.
Ceci étant dit, je crois qu'on est dans un ordre de grandeur
raisonnable. Et je voudrais revenir, avant d'aller plus loin, aux propositions
qui sont faites dans votre mémoire, de peut-être éviter
d'augmenter les dépenses publiques. Si vous avez des moyens magiques
pour enrayer l'augmentation des dépenses de la santé, qui sont la
grosse source d'augmentation des dépenses gouvernementales, si vous avez
des moyens magiques pour compenser les pertes de revenus, les manques à
gagner découlant des désistements fédéraux des
dernières années, ça, je vous serais très
reconnaissant de nous les indiquer. Parce que, jusqu'à maintenant, on
n'a jamais eu de proposition claire pour apporter des solutions à ce
problème-là. Je ne sais pas si vous avez des solutions. Je serais
très heureux de les entendre. Je m'engagerais à les transmettre
fidèlement au ministre des Finances et au chef du gouvernement.
Étudier les effets directs et indirects. Ça, nous faisons
ça à l'année. Il y a toutes sortes de simulations qui se
font. Chaque fois que des mesures sont envisagées, nous sommes
obligés d'examiner ces impacts.
Mme Pageau Goyette: Est-ce que ça été fait
dans ce cas-ci?
M. Ryan: Dans ce cas-ci?
Mme Pageau Goyette: Est-ce que ça a été fait
dans le cas précis...
M. Ryan: Dans ce cas-ci, il y a toutes sortes d'examens qui ont
été faits.
Mme Pageau Goyette: Dont l'effet à long terme sur le
développement urbain...
M. Ryan: Pas jusque dans le détail. Avec le genre
d'augmentation qui est proposé, il n'y a personne qui peut vous fournir
des projections fiables sur l'impact concernant l'emploi ou les investissements
ou tout. C'est impossible. On a bien des gens qui font des mémoires
à gages pour établir toutes sortes de projections. Quand on
arrive et qu'on fait les vérifications quatre, cinq ans après, on
s'aperçoit que c'était souvent perdu dans ce qu'on appelle le
"left field", le champ gauche, loin dans le gazon du champ gauche. Mais on a
vérifié soigneusement Et aux Finances, ils sont habitués,
ils suivent l'évolution de la conjoncture de mois en mois. Dès
qu'un changement fiscal est apporté, ils mesurent les
conséquences que ça peut avoir sur l'emploi, sur
l'Investissement, sur les faillites, et tout ça. Et dans ce cas-ci, je
pense qu'il y a une chose qu'il ne faut pas oublier. C'est que ces mesures
entreront en vigueur une fois que sera terminée la période
très difficile de récession que nous vivons depuis l'automne
dernier. Nous commençons à en sortir. C'est loin d'être
fini, mais nous avons toute raison de penser que d'ici la fin de
l'année, les choses se seront améliorées. Tout ceci
n'entre pas en vigueur avant le début de l'année prochaine. C'est
pour ça que le calcul du gouvernement n'est peut-être pas aussi
mauvais qu'on voudrait le suggérer.
Dans les propositions que vous faites, la taxe sur l'essence, nous en
avons parlé dans une rencontre précédente que nous avons
eue. J'avais indiqué clairement à ce moment-là que si le
gouvernement devait recourir à cette source de revenus, il en aurait
besoin pour d'autres dépenses essentielles parmi lesquelles je dois
ranger au premier rang les dépenses relatives à la santé,
les dépenses relatives à la voirie, les dépenses relatives
à l'éducation.
Et là, vous avez dit une chose dans votre mémoire.
Ça, je veux la relever parce qu'il me semble que c'est la
vérité qui le réclame. Vous avez dit: Et tout ça,
on n'a pas de services nouveaux. Mais c'est faux. C'est faux et je vais vous en
donner des exemples. Les maternelles, par exemple. Le gouvernement investit
depuis deux ans des sommes considérables pour l'augmentation des places
en classe maternelle. Nous avons augmenté le nombre. Moi, quand
j'étais dans le domaine scolaire, j'ai été cinq ans
ministre de l'Éducation, le nombre des places disponibles en garderie
scolaire a doublé en cinq ans. Il a doublé.
Les services de santé, vous avez seulement à regarder tous
les projets hospitaliers qui sont en développement actuellement. On
parle à Montréal - vous le savez - d'un nouvel Hôtel-Dieu
qui serait situé peut-être dans une autre partie de l'île de
Montréal. C'est un projet d'au moins 150 000 000 $ à 200 000 000
$. À Saint-Eustache, il y a un gros projet d'une cinquantaine de
millions qui est en marche. À Lachute, il y en a un qui est en
marché également, l'hôpital de Lachute a un
développement qui avait été décidé par le
gouvernement précédent et il y a bien des décisions prises
par l'ancien gouvernement que nous réalisons, la bibliothèque de
l'Université Concordia qui est en construction, et je pourrais en nommer
à l'infini.
En immigration, nous mettons des millions et des millions de plus cette
année pour que le Québec soit capable d'assumer les nouvelles
responsabilités qui découlent de l'entente conclue avec le
gouvernement fédéral. L'enseignement professionnel, tout l'argent
que nous mettons pour moderniser l'enseignement professionnel, doter notre
jeunesse de nouveaux équipements qui lui permettront d'avoir une
formation appropriée. En habitation, seulement pour le programme Mon
taux, mon toit, nous allons investir cette année 70 000 000 $ dans ce
programme-là, qui a un effet très important pour la relance de
l'économie. Je ne voudrais pas que vous pensiez qu'il n'y a pas de
services nouveaux ou additionnels. Il y en a beaucoup mais si vous voulez qu'on
vous fournisse une liste, on le fera volontiers.
Ceci étant dit, à propos de la taxe sur le stationnement,
voulez-vous juste m'expliquer votre position là-dessus? Si je comprends
bien, vous demandez qu'on retire cette partie-là du projet de loi sans
plus. Vous aimeriez mieux, si je comprends bien, être obligés de
choisir, que nous options plutôt pour la surtaxe sur l'immobilier non
résidentiel.
Mme Pageau Goyette: M. Ryan, je pense que je ne veux pas parler
de chiffres. Ça ne m'intéresse pas de parler de chiffres parce
que, moi, ce que j'ai envie de discuter avec vous, c'est une question de
principes. Et nulle part, nulle part, nulle part - et quand on s'est
rencontrés, je vous l'ai dit et je le répète encore une
fois - nulle part, on fait de discussion sur les principes. Qu'est-ce que c'est
que le transport en
commun? Qu'est-ce que ça signifie pour le développement
d'une région? Quel est le développement, qu'est-ce qu'on a comme
vision du développement régional de Montréal? Combien
d'entre vous connaissent assez bien Montréal pour pouvoir savoir les
problèmes que nous vivons maintenant? M. Ryan, pour moi, c'est une
question de principes, ça.
Tout le transfert des responsabilités aux municipalités,
ce n'est pas juste une question de factures, ce n'est pas juste une question de
chiffres. Je le connais, votre problème. Je le sais qu'on a une commande
à passer d'un niveau de gouvernement à l'autre. Ce n'est pas
ça que je veux discuter. C'est la question du principe. Quelle est votre
vision du développement régional de Montréal? Quel est
l'impact du transport en commun sur le développement urbain? Quel est
l'impact de ce projet de loi sur le développement de la grande
région de Montréal? M. Ryan, vous allez voir, les entreprises
vont aller s'installer à Terrebonne. Excusez, M. le Président,
vous ne voulez pas que je parle?
Le Président (M. Garon): Non, ce n'est pas ça que
je dis. Je vois que le temps est écoulé pour d'autres
questions.
Mme Pageau Goyette: Mais c'est ce que je veux dire. C'est
sûr qu'on peut discuter. Vous pouvez me citer les maternelles tant que
vous voudrez. Je le sais que le gouvernement fait tout ce qu'il peut, fait des
miracles, et, rarement, on voit de l'argent neuf là-dedans. C'est de la
redisposition de dépenses, à moins que je ne lise très mal
les budgets. Mais ce que j'ai vu... (20 h 45)
M. Ryan: L'enseignement professionnel, c'est de l'argent...
Mme Pageau Goyette:... c'est une augmentation des dépenses
qui sont, semble-t-il, incompressibles dû à la récession si
je vous lis bien. Alors, ce que j'aimerais, M. Ryan, c'est qu'on discute sur le
fond, sur le principe. En venant, toujours en écoutant ce fameux
journaliste qui parlait de vous et qui parlait du fait qu'on venait ici
à peu près pour rien, ce soir, en même temps il y avait un
reportage sur la ville de New York, et vous connaissez les problèmes de
la ville de New York. Dans les cinq dernières années, le
gouvernement fédéral a retiré 20 000 000 000 $ de
tranferts de fonds à la municipalité, ce qui explique en
très grande partie tout le problème de la ville de New York. Ils
en sont rendus à éteindre des lampadaires dans les rues de la
ville, parce qu'ils ne sont plus capables de financer leur ville. Je ne veux
pas que Montréal se rende là, pour aucune raison. Je ne veux pas
qu'on vive ces malheurs-là. Et j'ai l'impression qu'on est
engagés...
M. Ryan:... même les latrines pour les chiens.
Mme Pageau Goyette:... dans cette vision de développement
régional de Montréal. Si vous voulez qu'on parte de chiffres,
vous avez...
Le Président (M. Garon): Bien là, je suis
obligé de vous interrompre.
Mme Pageau-Goyette:... 114 000 000 $ pour Montréal, 140
000 000 $ pour la région. Excusez-moi.
Le Président (M. Garon): Je vais être obligé
de vous interrompre, parce qu'on a déjà dépassé le
temps qui était dévolu à la partie ministérielle.
Je vais demander au porte-parole de l'Opposition M. le député de
Jonquière de vous... Et vous aurez sûrement l'occasion de dire
à la suite d'une question du député de Jonquière ce
que vous vouliez dire en réponse au ministre.
M. Dufour: J'avais presque l'intérêt, M. le
Président, d'écouter religieusement la présidente de la
chambre de commerce de Montréal parce qu'avec des amis comme M. Ryan ou
M. le ministre, il n'y a pas besoin d'adversaire ni d'ennemi. J'ai bien
l'impression qu'il s'en est mis plein les bras avec sa réforme de la
fiscalité, ou ses propositions concernant la fiscalité
municipale. Et si on avait mieux connu ou possédé les
éléments de la base de la réforme de la fiscalité
de 1979, on aurait compris qu'à l'intérieur de cette
réforme-là. II y avait des principes de neutralité, de
simplicité, d'équité, pour permettre à des gens de
mieux se situer par rapport à des responsabilités qui
appartenaient, soit au gouver-nement, soit aux municipalités.
C'était ça les principes fondamentaux de la reforme.
Et moi je ne suis pas surpris de voir la réaction des
intervenants qui viennent ici chaque fois nous dire: Ça ne marche pas,
votre affaire. Parce qu'on avait décidé d'une façon
collective, d'une façon négociée, que les
responsabilités étaient à frais partagés dans
certains cas, et que la source de financement pour les municipalités
c'étaient les Impôts fonciers. Fondamentalement, c'était
là-dessus que reposait la réforme municipale de 1979. Et c'est
évident que ces Impôts fonciers-là n'ont jamais
été mis en place pour contrer ou diminuer les déficits
gouvernementaux. Si on avait voulu ça, on l'aurait discuté autre
ment. On ne l'a pas discuté comme ça.
Et effectivement, on a beau se creuser les méninges, on
n'arrivera jamais, parce qu'on ne parle pas le même langage. C'est vrai
qu'on ne parle pas du fondement, et qu'on ne parle pas des principes. On ne
parle pas des études d'impact, on les demande depuis six mois. Est-ce
qu'il y a des études d'impact dans tel dossier, tel domaine? Non. On est
encore à simuler des coûts. On ne sait pas ce que ça va
coûter la réforme. On vient de nous dire 109 000 000 $.
Combien de ces montants d'argent qui ont adouci quelque peu la
réforme vont diminuer le fardeau des entreprises? Ce n'est pas fait pour
diminuer le fardeau des entreprises, les adoucissements. C'est fait pour
essayer d'apaiser les élus municipaux. Ce n'est pas ça.
Le ministre se cherche des alliés
désespérément. C'est ça son drame. Il n'a pas
d'alliés dans sa réforme et il n'en aura pas non plus. Et il aura
beau dire qu'il pense qu'on fait de la petite politique, ce n'est pas
ça. C'est des principes de base qu'on veut discuter. Remettons donc en
question ce que sont les municipalités, ce qu'on veut qu'elles fassent.
Quand on le saura comme il faut, on saura quel montant d'argent correspond
à ces obligations. On ne veut pas faire l'analyse, mais on est
prêt à s'asseoir quand on vous aura dépouillées,
quand on vous aura déshabillées. Après ça on est
correct, on va s'asseoir et on va discuter. Quand on les aura affaiblies et
qu'elles n'auront plus de force et qu'il n'y aura plus rien... Sur le
développement économique, je sais mol les municipalités ce
qu'elles font, le gouvernement supérieur a montré qu'il
était Incapable là-dedans. On va transférer ça aux
municipalités, elles sont peut-être plus Intelligentes, elles vont
peut-être réussir. Il ne faut pas avoir peur d'admettre qu'on a
tort là-dedans. On n'est pas correct, on devrait faire notre examen de
conscience.
Qu'est-ce qu'on veut que ça fasse les municipalités? Le
transport en commun, 30 % de pauvreté dans Montréal, ce n'est pas
correct. Il y en a d'autres qui sont venus nous le dire, ça n'a pas de
bon sens, on voit de temps en temps un autobus vide. Bien oui mais de temps en
temps ils sont pleins aussi. J'espère qu'ils sont plus souvent pleins
que vides. Et on dit après ça: C'est la faute des élus,
vous êtes de mauvais administrateurs. Je pense qu'on n'a pas fait le
débat de fond. On n'a pas fait les débats où on devait les
faire et quand on devait les faire. J'ai mon collègue qui brûle de
poser des questions, donc, moi, je n'en poserai pas beaucoup. Je vous dis que
j'ai pris, pas vos velléités, vos prises de position concernant
la réforme de la fiscalité, ou les propositions qu'on vous
propose, et je pense que vous êtes dans la même lignée que
ceux qui vous ont précédée, à l'effet qu'il y a
même des morceaux qui sont Inapplicables.
Quand vous parlez de distorsion, de disparité, puis de
l'inéquité entre les entreprises, si on taxe un puis l'autre ne
taxe pas, puis c'est libre, c'est pas libre, régionaliser. Il faut
remettre toutes les choses en question. Il a voulu démontrer hors de
tout doute qu'effectivement c'est une réforme qui a été
faite à la hâte, qui est à la recherche constante de
revenus, pour baisser le déficit du gouvernement. C'était
ça le principe, II n'y en avait pas. Parce que je le dirais ce matin:
Responsabiliser, c'est celui qui décide. Et dites-moi, dans la
réforme si vous trouvez quelque chose que les municipalités vont
décider, si ce n'est que d'accepter. À ce moment-là on
n'est plus des décideurs, on est des gens qui fonctionnent parce qu'on
fait des fois des commissions de ceux qui nous les demandent. Puis c'est un peu
ça la responsabilité, c'était un mot qui était mal
choisi.
Moi, je veux vous remercier, et puis je passe la parole à mon
collègue, avec votre permission, M. le Président.
M. Bourdon: Alors, Mme la présidente, je voudrais vous
dire que, venant du milieu des affaires, on est habitués à un ton
très neutre d'habitude, et moi, je prends votre mémoire comme un
appel passionné pour Montréal. Peu importe le parti qui est
responsable du gouvernement de Québec, ce que je lis dans votre
mémoire, c'est un cri d'alarme d'une ville qui en arrache et qui va
être coupée essentiellement, par des technocrates de
Québec, qui sont insensibles à des réalités
urbaines que vous, moi et puis d'autres, on vit.
Et, à cet égard-là, quand le ministre dit que
l'État manque de ressources, il ne se trompe pas. Il y a là un
problème. Mais il y a du gras, puis on ne coupe pas dans le gras. Je
vais vous donner un exemple, de la ville de Québec. Ici, le gouvernement
loue 15 000 places de stationnement à ses fonctionnaires. Ici à
Québec, dans le centre-ville de Québec, il y a 10 fois plus de
stationnement que dans le centre-ville de Montréal, et 20 fois plus
qu'à Toronto. Et il les loue à ses fonctionnaires, les espaces de
stationnement, 33, 25 $ par mois, soit 6 $ moins cher qu'une carte d'autobus
pour Québec.
Mme Pageau Goyette: Vous allez m'empêcher de dormir
là.
M. Bourdon: Oui. Et là, il va autoriser la ville de
Québec à taxer le stationnement des fonctionnaires. Là,
c'est le comble, on va engager des fonctionnaires pour prélever la taxe
sur les autres fonctionnaires qui travaillent pour le gouvernement. J'ai fait
le calcul après-midi: si le gouvernement demandait 20 $ de plus pour le
stationnement - entre Montréalais, on sait qu'à 53 $ c'est
donné - les 20 $ de plus donneraient à la Commission de transport
de la Communauté urbaine de Québec 3 000 000 $ de plus par
année. Mais ça, pour un technocrate du ministère des
Finances qui vient de Sainte-Foy travailler en voiture, et qui fait partie des
15 000 places de stationnement, c'est un problème qui est un peu
théorique.
Je pense moi qu'il y a un problème entre Québec, comme
capitale, avec ceux qui dirigent l'État et les fonctionnaires qui ont
passé commande avec les hommes politiques, et la réalité
de Montréal. Le transport en commun, on lui donne un coup. Ce sont des
mesures qui sont proautomobile, anti-environnement et contre le transport en
commun.
Le président Reagan l'a fait aux États-Unis, à peu
près sept ans avant le gouvernement du Québec. Puis ça
n'est pas, j'insiste là-dessus, une question de partisanerie. Il n'y a
pas de société qui se développe sans une métropole
qui se tienne. Or, ce gouvernement, je le constate, favorise essentiellement
l'automobile au détriment du transport en commun. Et ce n'est pas qu'un
petit paradoxe de voir qu'on fabrique des trains au Québec, des rames de
métro, des autobus, que la seule chose qu'on ne fabrique à peu
près pas, ce sont des automobiles, et puis que la politique
gouvernementale va du bord de l'automobile.
Et à cet égard, votre mémoire ne le mentionne pas,
mais qu'en est-il de l'engagement de moderniser le train de banlieue de
Deux-Montagnes, de faire le métro vers Laval et de prolonger le
métro dans l'est de Montréal. On a eu une réponse
partielle récemment là: le métro pour Laval, c'est en l'an
2000. Ça veut dire jamais, là, en termes politiques. Ça
fait juste 20 mois que je suis député là, mais je sais
que, dans 2 ans, c'est peut-être jamais, dans 10 ans, c'est jamais.
Ça, on devrait savoir ça.
Alors c'est ça qu'on a devant nous, une ponction, le ministre
dit: Seulement de 100 000 000 $ sur Montréal. Mais c'est toute la notion
de la goutte d'eau qui fait déborder le verre. Puis Montréal est
en difficulté sérieuse, puis le gouvernement, par son pelletage
aux municipalités, se trouve à prendre de plein fouet le
transport en commun. Il a décidé qu'il n'Investissait plus un sou
dans le transport en commun à Montréal. Il faut entendre le
ministre des Transports, Mme Pageau Goyette, nous dire: Moi, mes abribus, mes
garages et... Si jamais les autobus ne marchent plus, on va les remplacer.
Mais, rien de rien de rien...
Pendant ce temps-là, le gouvernement de l'Ontario - je sais qu'au
plan des déficits, ce n'est pas un modèle pour vous, de la
Chambre de commerce, pour nous non plus - mais, en transport en commun, il se
propose d'investir à Toronto, en 10 ans, 10 000 000 000 $, et ça
a une certaine incidence économique à un moment donné.
Ça fait longtemps qu'on ne se compare plus à Toronto, parce qu'on
est tellement en dessous. Mais là, on va être plus en dessous
qu'en dessous, en ne mettant plus rien dans le transport en commun.
Ce que je voudrais vous dire, c'est que je déplore un peu qu'il
n'y ait pas au Québec, un caucus des députés de
Montréal, indépendamment des partis, un peu comme il y a parfois
des caucus de femmes au Congrès américain qui ne s'occupent pas
des lignes des partis pour dire: Assez, assez.
Un dernier point. Mol, je pense que tout est décidé depuis
longtemps. Vous avez entendu à la radio en venant que la loi avait
été adoptée en principe hier et que le ministre resterait
inflexible. La question que je vous poserais:
Pensez-vous retourner mieux équipée, comme
Montréalaise et comme présidente de la Chambre de commerce, que
quand vous être arrivée?
Mme Pageau Goyette: Je dois vous dire que, quand on a
rencontré M. Ryan un peu plus tôt cette année, l'ensemble
des chambres de commerces, nous étions sortis de cette rencontre
relativement satisfaits. Je pense que nous avions eu avec M. Ryan une
excellente rencontre. Nous avions exprimé nos inquiétudes
à l'égard du développement de Montréal, à
l'égard de l'impact de cette loi sur - justement je crois que c'est vous
qui en pariiez tout à l'heure - un peu, qu'on va revenir à ce qui
était avant, c'est-à-dire que chaque municipalité va venir
quêter son bonbon en passant à travers, ce qu'on voulait
éviter. Nous avons bien expliqué tout cela à M. Ryan et je
pense que...
M. Ryan, je dois vous dire que, cette fois-là, je vous al
trouvé très compréhenslf. Je crois que nous partagions une
certaine vision sur certains principes. J'ai compris que vous aviez fait des
aménagements, j'en suis fort aise. Moi, je suis venue vous dire ce soir
que je ne veux pas discuter de chiffres parce que Je vous dis: La grogne est
"pognée" à Montréal, on est proche de la colère. Et
quand je vous dis que les gens disent: On en a ras le bol, c'est un message que
je suis venue vous porter. Je le dis le plus correctement possible. Je vous le
dis: On est jusque-là. Je me fais la porte-parole aussi clairement que
Je peux le faire. Je ne sais pas comment on va faire comme
société pour passer à travers, mais c'est, à
l'heure actuelle, extrê-ment difficile.
Si vous avez d'autres questions à nous poser.
M. Bourdon: Peut-être en terminant, M. le Président,
dire à Mme Pageau Goyette que, quand j'en parle en Chambre et ailleurs,
j'ai le sentiment que le ministre comprend très bien les
problèmes. Le problème, c'est quand on lit le projet de loi et
qu'on regarde le budget du gouvernement, on se dit: Voilà quelle est la
position du gouvernement. Mais ce qui est certain, c'est que Montréal
plie des genoux actuellement, et ça vient s'ajouter à un fardeau
qui est déjà lourd: 188 000 sans-emploi sur l'île de
Montréal, c'est près de 30 % de la population. Le
député de Jonquière avait raison de le souligner.
Alors, il y a des problèmes majeurs de finances publics, c'est
vrai. Il y a du gaspillage. Il y a aussi un débat qu'on n'a pas le temps
de faire ce soir, c'est que, quand il y a 20 % des gens qui ne travaillent pas,
ça veut dire qu'il y a 20 % de gens qui ne paient pas d'Impôt.
C'est un peu pesant pour ceux qui restent. Dans le cas des milieux d'affaires,
je pense que c'est raisonnable de penser qu'une chambre de commerce
représente entre autres beaucoup de commer-
çants. L'effet combiné de la TPS, de la TVQ et des taxes
qui viennent en crescendo... Mais le consommateur ne consomme pas. Quand on ne
travaille pas, on ne consomme pas et on ne paie pas d'Impôt.
Le Président (M. Garon): Alors, le temps dévolu aux
deux partis étant écoulé, je dois remercier les
représentants de la Chambre de commerce du Montréal
métropolitain.
J'aimerais vous dire un mot en partant. Je vous entends dire que vous
n'avez rien. Vous savez, les gens en dehors de Montréal savent que le
stade a coûté 1 000 000 000 $. Ils pensent des fols que ça
coûte quelque chose aussi et que...
M. Bourdon: Le stade, lui, est entretenu... C'est bientôt
le métro qu'ils ne pourront plus entretenir. (21 heures)
Le Président (M. Garon): Le temps étant
écoulé, j'aimerais appeler maintenant le Conseil
québécois du commerce du détail. Alors, je les Invite
maintenant à venir prendre place et M. Gaston Lafleur à nous
présenter la ou les personnes qui l'accompagnent. Vous avez 45 minutes.
Le temps est partagé à raison de 15 minutes pour le
mémoire, 15 minutes pour le parti ministériel, 15 minutes pour
l'Opposition. Si vous en prenez moins, on partage également le temps que
vous ne prenez pas et si vous en prenez plus, on soustrait également le
temps que vous prenez en plus. Alors, à vous la parole, M. Lafleur.
Conseil québécois du commerce du
détail
M. Lafleur (Gaston): Merci, M. le Président. M. le
Président, M. le ministre des Affaires municipales, Mmes, MM. les
membres de la commission, j'aimerais vous présenter auparavant les
participants qui sont avec moi ce soir. À ma droite Immédiate, M.
Pierre Bovet, président du groupe Bovet et ancien président du
conseil d'administration du Conseil québécois du commerce du
détail. A ma droite éloignée, M. Raymond Picard, directeur
d'un magasin Eaton et représentant la société T. Eaton au
Québec. À ma gauche immédiate, M. Michel Nadeau,
vice-président aux affaires publiques et au service aux membres du
Conseil canadien de la distribution alimentaire.
Le Président (M. Garon): Allez-y. M. Lafleur:
Merci. Alors...
Le Président (M. Garon): Est-ce que les gens peuvent
s'asseoir, ou alors ceux qui veulent parler, allez parler en dehors de la salle
parce que, là, on me dit qu'il y a des gens qui ont de la
difficulté à entendre.
M. Lafleur: Alors, M. le Président, le Conseil
québécois du commerce du détail est une association de
détaillants qui regroupe l'ensemble du secteur du commerce de
détail au Québec. J'aimerais vous exposer, en premier lieu, le
fait que les détaillants vivent dans un environnement économique
particulièrement difficile. Je pense que vous avez eu l'occasion de
l'entendre du dernier intervenant et certainement d'autres intervenants aussi.
Évidemment, le secteur du commerce de détail est aussi
impliqué dans des problèmes qui sont reliés à la
récession, à un taux de chômage très
élevé; les ventes du commerce de détail diminuent
énormément, les bénéfices disparaissent. Nous avons
aussi à faire face, comme toutes les autres entreprises à des
fardeaux fiscaux additionnels.
Entre autres, que l'on prenne la surtaxe qui est devancée de
janvier 1992 à septembre 1991. Nous avons aussi à faire face
à l'acceptation par les consommateurs de la TPS et aussi de la taxe de
vente provinciale, la nouvelle taxe qui a été Imposée le
1er janvier dernier sur, entre autres, le vêtement, la chaussure et le
meuble, et en 1992, nous devrons aussi faire face à une taxe de 8 % sur
l'ensemble des services au niveau de la taxe de vente provinciale, sans oublier
la concurrence particulièrement féroce qui prévaut
actuellement dans notre secteur et qui déborde même le
Québec, puisque, de plus en plus, nous parlons du problème du
magasinage transfrontalier. Ceci est un peu la toile de fond économique
dans laquelle le secteur du commerce de détail doit évoluer au
Québec.
Ce soir, nous aimerions vous indiquer que notre intervention ne concerne
pas le principe qui sous-tend le projet de loi 145, mais plutôt un aspect
particulier qui concerne le projet de loi, à savoir la taxe sur le
stationnement prévue à la section III.3 du projet de loi 145.
Pour l'essentiel, cette proposition de pouvoir habilitant nous
apparaît inéquitable pour le secteur du commerce de détail.
On sait évidemment que le projet de loi, tel que soumis,
préconise cette nouvelle source de taxation pour assurer les revenus
nécessaires aux municipalités qui bénéficient des
organismes publics de transport. Cependant, est-ce qu'on s'est posé la
question, à savoir quelles sont les conséquences de cette taxe
sur le stationnement pour les secteurs économiques qui devront
l'assumer?
Nous vous indiquons, aujourd'hui, que le secteur du commerce de
détail va écoper grandement de ce nouvel outil s'il est mis en
vigueur. Les détaillants vivent déjà une situation
particulièrement précaire. Cette taxe, pour nous, s'attaque
directement, en fait, aux stationnements de centres commerciaux, et croire que
les propriétaires de centres commerciaux absorberont la taxe serait une
idée préconçue. Bien au contraire, nous savons, et vous
devez savoir, que les propriétaires de centres commerciaux refilent
régulièrement la facture des taxes foncières aux
détaillants qui occupent leurs locaux. Les petits
détaillants, entre autres, écopent particulièrement de ce
transfert de taxation et, en plus, ils doivent assumer des frais
d'administration normalement de 15 %, qui sont facturés en sus de la
portion de taxes qu'ils doivent assumer, auxquels s'ajoutent évidemment
la TPS fédérale et, éventuellement en 1992, la taxe de
vente du Québec.
Les détaillants, de plus, ne retirent aucun avantage particulier
ou privilégié de cette surtaxe foncière en ce qui concerne
le transport en commun. Du fait d'Imposer une taxe sur le stationnement en plus
d'une taxe d'affaires et d'une éventuelle surtaxe sur les Immeubles non
résidentiels, on se trouve à pénaliser cruellement un
secteur qui est déjà meutri par la récession. De plus, le
fait qu'elle est au choix des municipalités et qu'elle laisse aux
municipalités le choix des catégories, des secteurs à
l'intérieur de la municipalité qui pourraient être
affectés par cette taxe et des taux qui seraient imposés
crée un arbitraire important qui nous laisse entrevoir la
création d'inéqultés et d'une concurrence déloyale
qui peuvent être hors du contrôle des détaillants.
Et à ce niveau, on pourrait peut-être faire un
parallèle avec le début des années 1930-1931, où
les municipalités avaient la juridiction exclusive de
l'établissement des heures d'ouverture des établissements
commerciaux. On se souvient très bien que, plusieurs années plus
tard, le gouvernement a décidé de rapatrier ce pouvoir pour avoir
un système qui s'applique à l'ensemble du Québec. Pourquoi
essentiellement? Parce que ça avait créé la zizanie et que
ça créait une concurrence déloyale entre les
détaillants des diverses municipalités limitrophes, qui se
voyaient dotés d'heures d'ouverture différentes, donc qui
causaient une compétition déloyale.
Le même problème peut survenir si on pense aux
conséquences d'une surtaxe et d'une taxe sur le stationnement,
particulièrement, qui seraient imposées par des
municipalités qui pourraient le faire en vertu du fait qu'elles
bénéficient des services de transport public, alors qu'une
municipalité limitrophe qui n'a pas les services de transport public
n'aurait pas cette possibilité ni l'obligation, évidemment, pour
les détaillants d'en assumer les frais.
Pour nous, la taxe sur le stationnement doit disparaître, et nous
croyons qu'il s'agit d'une proposition qui est inéquitable et qui aura
donc un impact négatif sur le développement commercial. Certains
intervenants qui sont avec moi ce soir pourront vous donner des exemples plus
précis. À l'écoute des interventions de la Chambre de
commerce du Québec, de l'intervention de l'Institut de
développement urbain, de l'intervention de la Chambre de commerce du
Montréal métropolitain, nous croyons qu'il existe un consensus
pour le retrait de cette section III. 3 concernant la taxe sur le
stationnement. Nous croyons que le gouvernement doit penser à une autre
formule de source de revenus, dont l'assiette soit plus large et plus
équitable pour que cette source de financement soit répartie sur
une assiette plus large, qu'elle soit plus équitable, qu'elle
représente une situation d'équilibre et de Justice parmi les
partenaires économiques qui sont Impliqués dans ce débat
et permette de soulager ceux qui risquent d'être Indûment
pénalisés: les détaillants. Sur ce, J'aimerais passer la
parole à M. Bovet qui va nous entretenir d'un aspect particulier des
coûts.
M. Bovet (Pierre): M. le Président, M. le ministre, MM.
les députés, Mme la députée. Comme vient de
l'expliquer M. Lafleur, l'imposition d'une taxe sur les espaces de
stationnement rendrait la situation encore plus difficile pour les
commerçants de petites entreprises ou de chaînes de magasins,
comme celle que nous, le groupe Bovet, exploitons, présents dans la
majorité des grands centres commerciaux de la région de
Montréal et de la région de Québec.
Premièrement, cette taxe est totalement inéquitable, parce
qu'elle ne touchera pas tous les commerces de la même façon.
Ainsi, un magasin qui a pignon sur rue ne sera pas soumis a cette taxe, alors
que l'on pénaliserait Indûment les commerces situés dans
les centres commerciaux.
D'autre part, quand on parle des commerces qui ont pignon sur rue, on
prend l'exemple de la rue Saint-Hubert, à Montréal, où
quelques commerces ont des stationnements privés qui leur appartiennent
Et ces stationnements desservent le commerce, mais aussi les autres commerces
de la rue Saint-Hubert, et ces gens seraient pénalisés
indûment au profit de tous les commerçants de la rue.
La taxe sur le stationnement que nous vous demandons de retirer du
projet de loi affecterait directement les frais d'opération de nos
commerces à un moment où nous devrons, durant les années
1990, gérer la décroissance, au Québec, du commerce de
détail. Alors, imaginez-vous qu'une chaîne de magasins moyenne,
exploite environ 100 000 pieds carrés dans des centres d'achats au
Québec, et qu'elle se voie frappée d'une taxe moyenne de 4 $ le
pied carré additionnels. Alors, vous pouvez vite faire le calcul que 4 $
multipliés par 100 000 pieds, ça fait 400 000 $ qui part à
la fin de l'année sur les profits de la compagnie. Et ce n'est pas le
montant total, parce qu'on a dit tout à l'heure que les centres d'achats
ont des clauses; ils nous pénalisent de 15 % de frais d'administration
auxquels on ajoutera les 7 % et 8 % de taxe. Alors ça, ça vient
s'ajouter aux taxes d'affaires qui sont déjà très
élevées.
Malheureusement, nos coûts d'opération dans les centres
commerciaux sont rendus abominables. Et Je pense qu'il est absolument
Impensable qu'on nous refile cette taxe, que les
propriétaires de centres commerciaux nous refilent cette taxe,
parce que cette taxe ne sera pas payée par eux. Elle ne sera pas
payée non plus par les magasins majeurs, Eaton, Sears, La Baie, Zellers,
qui ont des clauses d'exclusion dans les centres commerciaux. Et ce n'est pas
eux qui vont payer ça, c'est le petit marchand Indépendant dans
le centre commercial, ainsi que les chaînes québécoises. Et
n'oubliez pas qu'il y a beaucoup de chaînes de magasin qui ont leur
bureau-chef au Québec. On pense toujours que c'est à Toronto,
mais il y en beaucoup qui sont des chaînes nationales, qui ont leur
château fort au Québec. je pense que je n'ai pas autre chose
à ajouter. étant donné qu'on nous a invités un peu
à la dernière minute à la commission, on vous remercie de
nous avoir invités. on vous a distribué une feuille qui vient du
rapport de l'idu, la page 13, sur laquelle vous voyez les frais d'exploitation
dans les centres commerciaux. et vous voyez l'explication des 26 %
d'augmentation qui viennent s'ajouter aux moyennes de 17, 80 $, 15, 90 $ que
vous voyez dans la colonne 5.
Je pense qu'en conclusion, je demande qu'on retire du projet de loi la
taxe sur le stationnement pour opter pour d'autres mesures. Merci.
Le Président (M. Garon): Alors, comme vous avez pris 12
minutes, et que le temps est réparti également entre les deux
partis, alors, il reste exactement... Pardon? (21 h 15)
M. Lafleur: M. le Président, excusez-moi, j'aimerais
peut-être une dernière intervention, c'est parce qu'il reste trois
minutes, il faut bien conter notre chose. M. Nadeau, ici, dit qu'il
représente le Conseil canadien de la distribution alimentaire.
Peut-être vous exposer un petit peu l'aspect encore plus critique dans le
secteur alimentaire, si vous me permettez, M. le Président.
Le Président (M. Garon): Veuillez...
M. Nadeau (Michel): Alors, M. le Président, M. le
ministre, MM. les députés, j'aimerais simplement faire un
parallèle ici avec un secteur important du commerce de détail au
Québec. Le Conseil canadien de la distribution alimentaire regroupe 90 %
des ventes au détail qui sont effectuées dans le domaine de
l'alimentation au Québec, ce qui représente environ 11 000 000
000 $. Dans notre industrie, nous sommes caractérisés par un mode
d'opération où les marges bénéficiaires sont
extrêmement minces, on parle d'une profitabilité nette de moins de
1 %, et à titre d'exemple, si on prend une surface moyenne de
supermarché, qui peut varier, disons, entre 10 000 et 15 000 pieds
carrés, M. le ministre, et si on prend la règle de trois, qui
s'applique dans le domaine des station- nements, à savoir que vous avez
environ cinq espaces de stationnement par 1000 pieds, vous vous retrouverez
avec 75 espaces de stationnement à 1 $ l'espace, sur une année
complète, ça représente environ 27 375 $ de frais, qui
devront être assumés par le propriétaire.
Pour avoir été moi-même propriétaire d'un
supermarché d'alimentation dans le passé et avoir
côtoyé plusieurs confrères, je peux vous dire que cette
somme représente, dans certains cas, presque 50 % à 60 % de la
profitabilité nette du magasin. Alors, vous pouvez vous imaginer les
répercussions que ça peut avoir sur, en fait, des
propriétaires de petites et moyennes entreprises, parce que, souvent,
les supermarchés sont opérés par l'époux et
l'épouse et même les enfants, alors vous venez à ce
moment-là d'imposer un très lourd fardeau à la
rentabilité de plusieurs contributeurs à l'emploi au
Québec. Pour cette raison, nous recommandons, le Conseil canadien de la
distribution alimentaire, de considérer une approche beaucoup plus
globale à cette forme de taxation pour aider les municipalités
à défrayer les coûts du transport urbain. Merci, M. le
ministre.
Le Président (M. Garon): Alors, le temps étant
écoulé et comme nous aurons pris 14 minutes, ce qui veut dire au
total, alors que l'inverse... 10 minutes et demie chaque parti...
U ne voix: 45 minutes...
Une voix: 15 minutes...
Le Président (M. Garon): Ah non. C'est ça?
Une voix: 15-15...
Une voix: Trois quarts d'heure?
Le Président (M. Garon): Pardon. Vous avez raison. C'est
moi qui me trompe, 15-15, c'est correct, ça. C'est ça. Allez-y,
M. le ministre.
M. Ryan: Alors, MM. du Conseil québécois du
commerce du détail, iI me fait plaisir de vous rencontrer de nouveau.
J'ai eu l'occasion de causer avec vous iI y a quelques jours à peine,
pour faire le point sur la réaction de votre organisme et des
établissements de commerce de détail qu'il représente,
à certaines dispositions du projet de loi 145, en particulier aux
dispositions relatives à une taxe sur les espaces de stationnement.
J'écoutais avec intérêt l'autre jour ce qu'on avait
à me dire là-dessus; M. Lafleur était du groupe. J'ai dit
que nous étions pour y penser sérieusement. Nous le faisons.
Nous avons entendu d'autres représentations aujourd'hui; les
vôtres viennent s'ajouter. C'est vrai qu'il y a des inconvénients
à la taxe sur le stationnement. La question que nous devons
résoudre est la suivante, selon moi. Là, nous la
mettons facultative dans le projet de loi, mais si elle est
Implantée dans une municipalité, quel est son impact sur la
municipalité d'à côté? Sur des commerces qui sont
impliqués, des entreprises commerciales, quel sera l'impact? Il faut
mesurer ça. Vous venez d'ajouter... Oui, c'est M. Bovet, je pense?
Vous venez d'ajouter des éléments importants, là,
qui élargissent la réflexion; nous allons considérer
ça sérieusement. Mais vous nous dites, M. Lafleur... je vais
terminer par cette question-ci, non sans ajouter d'abord que le commerce de
détail est extrêmement important. Je me rappelle, il y a de
nombreuses années, vous avez été surpris de constater que
l'École des hautes études commerciales à Montréal,
après 50 années de fonctionnement, n'avait pas encore une chaire
de commerce de détail; on formait surtout des comptables, vous vous en
souvenez, dans le temps, et le commerce de détail, qui était une
activité absolument fondamentale dans l'économie de la
région de Montréal, de tout le Québec, n'était
l'objet d'aucun enseignement universitaire; ça a été
corrigé depuis.
Nous avons aidé, quand j'étais ministre de l'Enseignement
supérieur, la création d'une chaire de commerce de détail
qui porte le nom d'Orner DeSerres. Nous avons été très
heureux de contribuer à la création de cette chaire permanente,
et je suis ce secteur-là depuis longtemps, je connais sa
sensibilité et sa vulnérabilité, également la place
irremplaçable qu'il occupe dans la circulation des biens et services
dans notre économie.
Et vous avez dit tantôt, M. Lafleur, plutôt que cette forme
d'imposition, nous aimerions mieux qu'on trouve autre chose. Pourriez-vous me
dire ce que vous avez à l'esprit, là? Qu'est-ce que vous pensez
quand vous dites ça, vous avez sûrement quelque chose
derrière la tête.
M. Lafleur: Bien voilà, M. le ministre, ce qui nous
apparaît essentiel avant tout, c'est de s'assurer que le fardeau de la
responsabilité soit réparti plus adéquatement. Et le fait
que l'on prenne comme outil de taxation le stationnement, pour nous,
représente un élément inéquitable pour le secteur
du commerce de détail.
Ce que nous disons par contre, c'est que, si des sources de revenus sont
quand même nécessaires, il faudrait que le gouvernement trouve
dans les outils existants ou proposés dans le projet de loi. l'assiette,
une assiette fiscale plus étendue, plus large, qui sera plus
équitable, plus juste, et qui couvrira l'ensemble des partenaires
économiques qui sont impliqués dans les objectifs
recherchés.
Et ce qu'on vous dit, ça peut être soit sous forme... Vous
planifiez actuellement par exemple une surtaxe sur l'Immobilier non
résidentiel. Vous indiquez dans votre projet de loi un certain
plafonnement. Mais rien dans le projet de loi ne nous permet, ne nous permet de
conclure que vous ne pourriez pas atteindre les objectifs recherchés au
niveau des revenus en appliquant la surtaxe Indiquée.
Alors pour nous, honnêtement, la taxe sur le stationnement est un
outil superflu et inéquitable.
M. Ryan: Je pense que vous avez établi ce point-là
très clairement. Et soyez assuré que, comme Je vous l'ai dit
l'autre Jour, nous examinons très sérieusement ce point que vous
avez soulevé. Et j'ai particulièrement apprécié le
caractère constructlf de votre réaction, et puis j'espère
que nos collègues de l'autre côté ont également
noté ce qui vient d'être dit.
Je pense que ce sont des gens qui ont le sens de la
réalité, qui sont très proches des problèmes
réels des petites entreprises de détail. Puis sachez que le
gouvernement est très préoccupé par ta santé de nos
entreprises de commerce de détail, et puis ne veut en aucune
manière lui porter atteinte. Il veut au contraire que, chacun portant sa
responsabilité, toute l'économie soit plus prospère. Nous
savons tous, puis ça, c'est un point de fond, que si les finances
publiques se portent bien, si la gestion de l'État est saine et
dynamique, c'est toute l'entreprise qui va en profiter. Tous ceux qui veulent
entreprendre dans notre société se sentiront plus à
l'aise. C'est mieux de porter une charge légèrement plus
élevée mais que les choses marchent, que de marcher avec des
"basement bargains" tout le temps, des économies de sous-sol, qui
appauvrissent le monde à la longue.
Alors ça, de ce côté-là, comptez qu'on a bien
enregistré le message, et puis on va essayer de trouver des solutions
qui tiendront compte des points de vue que vous avez exprimés. Merci, M.
le président.
M. Dufour: M. le Président.
Le Président (M. Garon): Alors, M. le député
de Jonquière.
M. Dufour Oui, bien sûr que ce qu'on entend, et les cris
qui se répercutent depuis au moins avant souper, le dernier intervenant
avant souper, c'est que la Chambre de commerce du Montréal
métropolitain vient nous dire: On en a ras le bol. L'entreprise vient de
nous dire: Nous autres on n'est pas capable de faire face à ces
augmentations-là. C'est ça que ça dit actuellement ce que
vous venez nous dire.
Ça a pris six mois pour que le ministre fasse preuve d'un peu de
compréhension en disant: Oui, c'est vrai, vous l'avez rencontré.
II nous l'a dit, il vient de nous le dire. Il a fait l'aveu qu'il vous avait
rencontré et puis que vous ne l'aviez pas convaincu. Ça prend une
commission parlementaire pour le convaincre. Ça prend... l'Opposition le
dit depuis toujours, depuis le début, la taxe de stationnement est
Inapplicable.
Elle est Inapplicable, vous nous le démontrez. Elle est
Inapplicable, des fois ça va causer de l'inéqulté,
d'autres tantôt ça fait un fardeau trop fort, trop
élevé pour l'entreprise.
Et ce fardeau-là on comprend que vous soyez Inquiet, que vous
viviez un peu sur la corde raide, et c'est vrai pour la petite entreprise et
c'est vrai pour la PME aussi. La PME parce que la petite entreprise comme vous
savez, pour moi, ça ressemble à une petite PME. Une PME, elle est
toujours elle aussi à peu près sur la ligne de: Est-ce qu'elle va
marcher ou pas. On se dit que le gouvernement a ouvert les magasins, iI a
permis des heures d'ouverture plus longues, plus nombreuses. Il ne semble pas
que ça ait réglé votre problème.
On l'a dit nous autres aussi comme Opposition qu'on ne pensait pas que
ça allait régler le problème des commerçants.
Effectivement, ça ne l'a pas réglé. D'une part, on ouvre
plus longtemps pour dire qu'on va favoriser le commerce pour que les gens
puissent faire plus d'affaires plus longtemps et donc des chances que le profit
augmente. En même temps, on arrive avec une réforme qui vous met
en danger et qui serait susceptible d'enlever tous les bénéfices
que vous pouvez en retirer.
Je pense aussi qu'effectivement, les municipalités, telles que je
les comprends, une grande partie d'entre elles n'appliqueraient pas la taxe sur
le stationnement parce qu'elles ont compris que, dans le champ, ce n'est pas
applicable. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas qui l'auraient fait, mais iI y a
des municipalités qui auraient refusé de l'imposer. Et iI y en a
qui sont plus à l'aise que d'autres, de là une nouvelle
inéquité et un nouvel argument à votre plaidoyer.
Le ministre vous a dit aussi que, pour la région de
Montréal, en fait, ça représentait un surcroît des
charges pour les entreprises d'à peu près 2, 4 %. SI c'est vrai,
de quoi vous plaignez-vous? Il n'y a personne qui n'est pas capable de payer 2,
4 %. C'est seulement ça. Mais j'ai l'impression que, quand on joue avec
des chiffres comme ça et qu'on parle de pourcentages, on
s'éloigne de la réalité. Je pense que, par le cas par cas,
je me rends à l'évidence que votre démonstration est
correcte et démontre bien ce que vous voulez nous faire comprendre.
Je voudrais vous poser la question parce que vous n'y faites pas
allusion dans votre mémoire, mais ça existe: La
réouverture des baux de location qui est proposée et qui est dans
le projet de loi, comment pourriez-vous vivre avec ça, en dehors du
stationnement? Est-ce que vous avez regardé l'impact de ça par
rapport à...
M. Lafleur: Vous faites référence à
l'article 285. Écoutez, si notre proposition était retenue,
à ce moment-là on présumerait que la taxe sur le
stationnement tomberait et l'article 285 semble s'appliquer à la surtaxe
résidentielle et non pas à la taxe sur le stationnement. Alors,
votre question deviendrait, je dirais, académique. Mais si la taxe sur
le stationnement est imposée, c'est une autre histoire.
M. Dufour: La taxe est sur la surtaxe sur le
non-résidentiel.
M. Lafleur: Oui, mais nous, notre point aujourd'hui, M. Dufour,
est à l'effet que nous ne parlons pas de la surtaxe sur le
non-résidentiel, nous nous opposons et demandons au gouvernement de
retirer la section III. 3 sur la taxe sur le stationnement. C'est uniquement ce
point que nous voulons faire valoir aujourd'hui.
M. Dufour: Mais est-ce que vous avez examiné les impacts
de la réouverture? Est-ce que vous vous sentez affectés ou
avez-vous manqué de temps pour faire le tour complet?
M. Lafleur: Écoutez, les disposition 285 prévoient
la réouverture des baux dans le cas où les immeubles non
résidentiels seraient affectés par une disposition de la surtaxe
non résidentielle. Sur cette question, de notre côté, ce
qui nous importe avant tout, c'est l'élément équitable de
la réouverture des baux. En d'autres mots, actuellement, on parle d'une
disposition qui est permissive et non pas obligatoire. Elle est permissive non
seulement sur le choix du locataire, mais sur l'étendue de l'obligation
que le propriétaire va transférer au locataire concernant la
surtaxe.
Il y a beaucoup d'arbitraire dans cette disposition. En ce qui nous
concerne, tout ce qui est arbitraire peut amener des injustices. Par voie de
conséquence, si une disposition comme celle-là doit être en
vigueur, elle doit s'appliquer sur l'ensemble des unités
d'évaluation visées et non pas être laissée à
la discrétion du propriétaire qui serait par hasard bien
condescendant pour un de ses locataires par rapport à un autre. Si on
lit l'article 285, actuellement l'arbitraire existe. Je ne sais pas s'il y a
d'autres commentaire qui peuvent être faits. (21 h 30)
M. Bovet: Si je peux répondre à la question de
manière générale, c'est bien évident qu'on est
contre la réouverture des baux, dans le sens qu'on est dans une
période actuellement très difficile. Ça fait
peut-être six mois, un an, qu'on demande à tous les
propriétaires des centres commerciaux de réouvrir les baux parce
qu'on traverse des périodes difficiles et la réponse,
évidemment, c'est non, vous êtes des compagnies solvables, on va
attendre que votre bail soit fini, et là, on verra, et là, on
vous fera des taux extraordinaires à ce moment-là. J'ai dit: Vous
attendez tous qu'on soit comme Pascal, vous n'aurez pas grand-chose à
négocier à ce moment-là.
Alors, c'est bien évident que, de la part des gens des centres
commerciaux, ils veulent tous,
j'imagine, faire réouvrir les baux pour ajouter quelque chose sur
lequel ils vont pouvoir faire de l'argent. Parce qu'ils vont aller faire 15 %
en plus là-dessus, parce que sur toutes nos taxes foncières ils
vont chercher 15 % de frais d'administration. Chaque fois que vous en ajoutez,
ils font plus d'argent. Depuis que Cadillac Fairview a été vendu
aux Américains, vous leur demanderez combien de millions ils ont
envoyés aux États-Unis depuis quatre, cinq ans. Alors je pense
qu'à un moment, il faut aussi protéger le petit détaillant
et il faut faire la part des choses.
M. Dufour: Moi, je pense que vous avez un point de vue
intéressant. C'est évident que vous avez décidé de
cibler un point particulier. On avait l'impression que vous étiez plus
touché par la réforme. Et c'est clair aussi dans mon esprit... Je
pourrais vous demander, par exemple, les deux sortes de taxation que vous
pourriez subir dans le futur, est-ce que ça ne vous dérange pas?
Ou vous êtes corrects? Soit qu'il y ait une surtaxe directement ou on
peut charger différemment la taxe sur un commerce ou une entreprise sur
la valeur locative. Vous avez deux façons de taxer. On peut prendre les
deux. On va en prendre une. Garder ce qu'on a ou aller chez un autre, ou garder
les deux. Ça, vous autres, est-ce que ça...
M. Lafleur: Là, M. Dufour, vous entrez dans un
débat qui sort un petit peu du corps de notre présentation. Mais
laissez-nous vous dire une chose, c'est que, nous, ce qui nous a frappés
avec le projet de loi 145, c'est l'atteinte directe au commerce de
détail avec la taxe sur le stationnement. Les autres dispositions de la
loi concernent toutes les entreprises, qu'on soit détaillant,
industriel, professionnel, n'importe quoi, on est tous affectés par la
loi. Mais dans le cas de la taxe sur le stationnement, là iI y a une
grosse inéqulté. Parce que, là, c'est nous qui supportons
le plus gros fardeau de l'Impact de cette taxe-là. Et c'est ça
qu'on est venus vous dire aujourd'hui.
C'est ça qui est notre message et c'est évident, c'est
clair, c'est limpide, si je puis m'exprimer ainsi, que cet outil-là est
inéquitable et qu'il faudrait le changer, si le gouvernement
décide de procéder avec cette source de revenus potentiel, par
une disposition qui sera élargie et qui s'appliquera à l'ensemble
des partenaires économiques: professionnels, industriels, banquiers,
tout le monde va payer la note. Ce n'est pas vrai que les petits
détaillants vont écoper indirectement, même directement,
les conséquences d'un outil qui, même si on le laisse à
l'option d'une municipalité, aura des conséquences
néfastes sur l'entreprise, la compétitivité et la saine
concurrence.
M. Dufour: Ça va.
Le Président (M. Garon): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je ne voudrais pas laisser le
Conseil du commerce du détail nous quitter sans souligner le
caractère foncièrement constructif de son apparition devant nous.
Il nous a souligné un point dans le projet de loi qui est susceptible de
déboucher sur des conséquences arbitraires ou inéquitables
pour les commerces. Il l'a souligné avec clarté. Mais sur le
reste du projet de loi, le Conseil fait montre d'une ouverture civique qui est,
à mon point de vue, remarquable. Parce qu'il aurait pu venir ici, comme
certains ont tenté de le faire, souligner surtout en larmoyant
différents aspects pénibles de l'activité pénible
du commerce de détail aujourd'hui. Nous en sommes conscients, nous les
connaissons.
Mais au lieu de ça, il a pris une attitude beaucoup plus
constructlve et on volt que ce sont des gens qui sont habitués de
diriger des affaires, de régler des problèmes et d'assumer des
responsabilités. Et ils se rendent compte que ce n'est pas en chialant
continuellement qu'on arrive à quelque chose. Je veux le souligner avec
force, parce que j'ai eu l'occasion de constater le même esprit lors de
la conversation que j'ai eue avec ces messieurs la semaine dernière. La
semaine dernière, je leur avals dit que nous serions très heureux
de les revoir. Et nous allons rester en contact avec vous pour discuter ce
point. Vous avez attiré notre attention sur un aspect très
important du projet de loi. En même temps, j'apprécie hautement
que, sans vous porter solidaire de toutes les politiques du gouvernement pour
autant, vous compreniez quand même qu'il y a une conjoncture aujourd'hui,
dont personne n'est le maître puis contre laquelle nous devons travailler
si nous voulons tirer notre épingle du jeu convenablement comme
société. Alors, on va essayer de pratiquer la même attitude
envers vous dont vous avez témoigné à l'endroit du
gouvernement et de la société québécoise, puis je
vous en remercie.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: J'aimerais peut-être rajouter parce que je pense
bien que le ministre essaie de justifier sa réforme ou ses propositions.
Ce qu'on dit c'est que s'il n'y avait pas cette réforme-là de
proposée, vous ne seriez pas ici, ce soir. Autrement dit, on vous met
dans le trouble puis après ça: On est bien content de vous
autres, vous êtes venu nous sortir du trouble. Tu sais, moi, je pense
qu'il ne faut pas non plus se laisser là-dessus parce que là, je
pense...
M. Tremblay (Rimouski): C'est un travail.
M. Dufour:... qu'on ferait du pathos. Moi, je ne crois pas de...
Du pathos, moi, je n'accepte
pas ça. Tu sais dans le fond...
M. Tremblay (Rimouski):... ils viennent faire le travail de
l'Opposition.
M. Dufour: Dans le fond, M. le député de Rimouski,
si vous avez quelque chose à dire, vous êtes le bienvenu. Mol, je
suis prêt à vous céder même un temps de parole. Je ne
vous entends pas souvent. Ça fait que ce que vous en direz, vous serez
responsable de ce que vous dites. Mol, je n'ai pas d'objection
là-dessus. Je veux juste vous dire une chose, c'est que c'est vrai que
vous avez un problème sur la taxe de stationnement, mais on le savait.
Moi, je vous dis honnêtement là, vous savez, c'est bien que vous
soyez là, mais je le savais même si vous n'étiez pas
là. C'est le gouvernement qui prend les responsabilités. Si
¨'a convaincu le ministre, bravo. Mais ça n'améliore pas la
réforme. Ça reste quand même qu'elle est inacceptable, la
réforme, telle qu'elle est présentée, puis on la
conteste.
Non seulement vous dites que le système de stationnement n'est
pas correct, mais vous nous avez dit que la réouverture des baux, vous
n'êtes pas trop heureux de ça. J'ai bien l'impression que si on
grattait ensemble, on trouverait bien des petits points encore. Il restera bien
des petites bebites à enlever parce que le commerce n'est pas à
son meilleur. Ce n'est pas parce qu'on vous enlèverait une taxe que vous
n'avez jamais eue - vous ne l'avez jamais eue la taxe sur le stationnement? -
ce n'est pas parce qu'on vous l'enlèverait jamais, que ça vous
mettrait plus à l'aise, plus compétitifs envers vos partenaires
puis que votre entreprise va être plus florissante. On dit: Dans le
contexte actuel. Vous êtes prêts à vous accommoder du moins
pire, parce que la base d'argumentation la plus régulière que
j'ai entendue à l'Assemblée nationale, regardez: Quand je me
regarde, je me désole puis quand je me compare, je me console.
Faites-vous en pas, vous pourriez être pire que ça. On aurait pu
vous déshabiller bien raide, puis vous n'auriez plus besoin d'être
là.
Mol, je ne suis pas Impressionné par ça. Je me dis que le
ministre des Affaires municipales fait une job. Il a une job qui n'est pas
facile à faire, il a accepté de la faire, il la fait de son
mieux. Je ne l'accuse pas de ça. Je respecte ça, mais je vous
dis: Personnellement, en tout cas au nom de ma formation, on n'est pas sur la
même longueur d'onde. Ce n'est pas parce que j'en ai contre le ministre
qui est devant moi. J'en ai parce que ça dérange le
système municipal, puis qu'on remet en cause une institution. Puis une
Institution, on doit traiter ça avec des égards. On ne donne pas
ça à coups de pied. Ça demande des égards. Il faut
que ça soit cultivé. Puis les municipalités, au moment
où on se parle, elles ne sont pas traitées correctement. Et c'est
à ça que je m'oppose. Sans ça, j'aurais fait une vie
faussée.
J'ai été 22 ans de ma vie dans le municipal, puis
ça fait 6 ans que je suis critique ici. J'ai passé ma vie dans le
municipal puis j'ai beaucoup de respect puis d'amitié pour les
élus municipaux, avec tous leurs travers, puis tous leurs
défauts, puis avec tous les problèmes qu'ils peuvent vivre. Je
les ai vécus ces problèmes-là, et je dis: J'ai beaucoup de
sympathie pour eux, pas à cause des élus municipaux, à
cause des contribuables qu'ils représentent. Ils sont plus près
du peuple, puis quand ils viennent défendre le peuple, bien on leur dit:
Vous ne faites pas la bonne job. Vous devriez vous asseoir à nos places.
En tout cas, moi, je vous dis: Merci pour votre point de vue, mais, pour mol,
c'est votre gain que vous aurez fait. Vous allez avoir passé,
probablement j'espère, d'un accident que vous auriez pu avoir. Pour
ça, vous pourrez remercier.
Le Président (M. Garon): alors, je remercie les
représentants du conseil québécois du commerce du
détail, et je pense que, comme chaque parti a posé les questions
qu'ils ont voulu, je vais appeler maintenant la fédération des
policiers du québec à venir prendre place à la table.
M. Lafleur: Merci, M. le Président. Merci aux membres de
la commission.
Le Président (M. Garon): Merci.
Alors, nous reprenons nos travaux parce qu'il est déjà 21
h 45?
M. Roch, président de la Fédération des policiers
du Québec, si vous voulez nous présenter les gens qui vous
accompagnent et ensuite, comme le temps qui vous est dévolu est de 45
minutes, vous avez 15 minutes pour faire votre exposé, 15 minutes pour
le parti ministériel et 15 minutes pour le parti de l'Opposition. Si
vous en prenez moins, le temps que vous ne prenez pas sera réparti entre
les deux partis. Si vous en prenez plus, le temps que vous prenez en plus sera
soustrait du temps dévolu aux deux partis politiques.
Alors, M. Roch, à vous la parole.
Fédération des policiers du
Québec
M. Roch (Jean-Guy): M. le Président, merci.
Qu'il me soit permis de présenter ceux qui m'accompagnent:
André Nadon, vice-président de la Fédération, M.
Guy Marcil, directeur exécutif et - je pense que des fois j'ai besoin de
plus de présentation que les gens qui m'accompagnent - Me Guy
Bélanger qui est à la Fédération depuis plusieurs
années, et moi-même qui suis président de la
Fédération.
Alors, M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM. les
députés. La Fédération des policiers du
Québec remercie cette commission qui lui donne l'opportunité
d'exposer son point de vue
relativement aux importantes modifications apportées à la
Loi de police par le projet de loi 145. Il nous fait plaisir de transmettre
à la commission nos commentaires en regard des textes
suggérés par le projet de loi et d'y ajouter quelques suggestions
qui ne pourraient qu'améliorer la gestion des forces policières
au Québec. Nous croyons que le projet de loi contient de graves lacunes
qui auront des conséquences énormes sur le partage des
responsabilités en matière de police au point où le
résultat obtenu sera contraire à l'objectif poursuivi par le
gouvernement. Pour nous, c'est toute l'organisation policière que remet
en cause ce projet de loi sous le couvert d'un transfert de factures. Nous
soutenons que nos objections sont sérieuses et nous vous invitons
à les considérer attentivement.
La Fédération des policiers du Québec regroupe plus
de 150 associations policières municipales, lesquelles
représentent la quasitotalité des policiers municipaux du
Québec, à l'exclusion des policiers de la Communauté
urbaine de Montréal. Ces policiers municipaux sont les premiers
concernés par les modifications apportées à la Loi de
police, surtout le projet de loi 145.
Nous nous félicitons de l'objectif poursuivi par le projet de
loi. Tel qu'énoncé dans les notes explicatives du projet de loi,
nous comprenons que cet objectif est d'inciter le plus grand nombre de
municipalités à se faire desservir par un corps de police
municipal. À défaut de quoi, elles devront payer les services de
la Sûreté du Québec.
De fait, il revient aux municipalité d'assumer la protection
policière sur leur territoire et il convient de corriger les lacunes
actuelles où une partie de la population pale pour cette protection,
alors que d'autres s'en remettent carrément à la
Sûreté du Québec sans frais. Vous savez que, depuis
plusieurs années, la Fédération a toujours
dénoncé le fait qu'il y a beaucoup de municipalités qui
sont en défaut d'avoir un corps de police. Présentement, iI en a
40. Le tarif qui serait Imposé aux villes qui ne sont pas desservies par
un corps de police municipal pourrait constituer une incitation au regroupement
intermunicipal et favoriser l'essor véritable de services
régionaux de police comme il en existe en Ontario. Depuis plusieurs
années que ça s'est fait en Ontario, les gens ne peuvent
maintenant que se féliciter d'avoir une police qui est efficace à
tous les points de vue, d'avoir régionalisé des corps de police
assez grands et d'avoir aussi les service de l'OPP, qui est le pendant de la
Sûreté du Québec. (21 h 45)
À première vue, le projet 145 devrait nous satisfaire dans
les objectifs qu'il poursuit. Cependant, nous ne pouvons être d'accord
sur les textes suggérés. De toute évidence, les
amendements proposés cachent un danger potentiel élevé de
produire l'effet contraire de celui recherché. En ciblant les
municipalités le gouvernement fait mouche, mais iI se tire en même
temps dans le pied. Il fait mouche parce que toutes les municipalités
vont payer pour la protection policière sur leur territoire, quoique le
projet ait reçu depuis le début certains attendrissements
monétaires, qu'on qualifierait d'attendrissements, nous autres, mais qui
sont énormes et qui changent beaucoup de choses au projet initial. Il se
tire dans le pied parce qu'il vient de donner à sa police nationale une
vocation de police municipale, qu'elle devra assumer dans plusieurs
municipalités, contre paiement bien sûr, mais avec tout ce que
cela comporte comme responsabilité organlsatlonnelle. À long
terme, lorsqu'on prend la Sûreté du Québec et qu'on
encourage les municipalités, en changeant les prix de la facture, on va
se réveiller dans quelques années, où on va payer au
gouvernement provincial une facture énorme, beaucoup plus que ce qu'on
pale présentement.
Si à l'article 64, tel que modifié par l'article 256 du
projet de loi, on a émis le principe que toute municipalité doit
être desservie par un corps de police municipal, nous comprenons à
l'article 64. 3 que, dans le fond, elles ont le choix de s'en remettre
plutôt à la Sûreté du Québec, quitte à
payer le taux. Comment pourrait-il en être autrement d'ailleurs dans
l'optique où le projet de loi vise l'ensemble des municipalités
du Québec, sans distinction quant à l'importance de la
population? Il est certain qu'on n'a pas voulu forcer une très grande
majorité de petites villes à se doter d'un corps de police, mais
simplement qu'elles paient pour la protection que la Sûreté du
Québec leur assure. Cependant, en généralisant en fonction
de ces petites municipalités, on ouvre toute grande la porte aux
municipalités de 5000 habitants et plus, qui étalent
jusqu'à maintenant tenues d'avoir un corps de police municipal. Ce
principe n'aurait jamais dû être remis en cause par le projet de
loi, simplement parce qu'on a voulu créer des dispositions omnibus
d'application générale pour justifier la facture de la
Sûreté du Québec.
De toute façon, c'est utopique d'édicter que toutes les
municipalités doivent être assujetties à un corps de police
municipal, alors que l'on sait très bien que, pour la majorité
des villes du Québec, ça n'est pas réalisable. À
cause de leur grosseur, même le regroupement Intermunicipal laisserait
une majorité des municipalités assujetties à la
Sûreté du Québec.
Il n'était pas nécessaire de créer un
énoncé aussi vide de sens pour atteindre l'objectif poursuivi. Il
aurait suffi de dire que les municipalités non assujetties à un
corps de police municipal doivent payer la Sûreté du
Québec, l'effet aurait été le même. Toutes les
villes du Québec auraient défrayé le coût de la
protection policière sur leur territoire et la facture de la
Sûreté du Québec aurait favorisé
le regroupement Intermunicipal. La différence c'est qu'on n'aurait pas
accordé aux villes de 5000 habitants et plus un choix qu'elles n'ont
présentement pas, et qu'elles ne doivent pas avoir si l'on veut assurer
la stabilité de la structure organisatlonnelle du Québec. Car,
à partir du moment où l'on dit que c'est un choix, quels
critères seront invoqués pour refuser à une ville le droit
d'abolir son corps de police? Ça, ça nous Inquiète
drôlement.
Des 40 municipalités de 5000 habitants et plus qui
sont en défaut suivant la loi actuelle, il n'est pas dit qu'elles
choisiront nécessairement de se doter d'un corps de police municipal.
Prix pour prix, ces villes pourraient bien décider de s'en tenir
à la situation présente. Malgré la facture de la
Sûreté du Québec, la qualité du service pourrait
être moindre, mais plusieurs politiciens locaux ne s'en
préoccupent guère. Lorsque arrive le temps des élections,
des fois on fait une campagne électorale en disant ça va
coûter moins cher, on va remettre ça à la
Sûreté du Québec.
D'autre part, compte tenu de l'obligation
expressément dévolue de la Sûreté du Québec,
par l'article 64.3 tel que proposé, les élus municipaux seraient
certes en droit de revendiquer une protection plus adéquate lorsqu'il
s'agit du territoire urbanisé, et l'état-major de la
Sûreté serait justifié de leur consentir, voire même
qu'il serait tenu de le faire compte tenu de la responsabilité que lui
impute l'article 64.3. Le gouvernement est-il prêt à cela,
à assumer la protection policière de certains territoires urbains
et à être en même temps responsable suivant la loi.
Ajoutons à ces 40 municipalités urbaines
actuelles en défaut celles qui maintiennent présentement un
service de police, et pour lesquelles le tarif de la Sûreté du
Québec, que l'on recouvre dans le projet de loi, serait moindre que les
coûts qu'elles encourent pour maintenir leur propre service. Bien
sûr, ces villes doivent être autorisées par le ministre et,
si elles veulent abolir leur corps de police, comme nous l'avons
souligné, quel critère guidera le ministre lorsque d'autres
municipalités ont le choix et que c'est le principe consacré par
la loi? Avant le tarif de la Sûreté, comme je l'ai dit
tantôt, II y avait à peu près 39 villes auxquelles
ça coûtait moins cher s'en aller à la Sûreté
du Québec. Depuis qu'on a changé les taux, qu'on a attendri,
comme je disais tantôt, le projet, il y en a 80 maintenant, 80
municipalités, sur 155 qui ont des corps de police et auxquelles
ça coûterait moins cher de s'en aller avec la Sûreté
du Québec. C'est énorme.
Malgré les bonnes intentions que sous-tend le projet
de loi, l'approche suggérée est inacceptable en ce qu'elle
Introduit l'arbitraire pur et simple, prête flanc à la
politicalllerle en regard des municipalités qui voudront abolir leur
corps de police ou mettre fin à une entente inter- municipale ainsi
qu'au maraudage de la Sûreté du Québec, qui voudra
desservir le plus de municipalités possible. Il ne faut pas le cacher.
C'est comme cela que ça se passera: des politiciens feront leur campagne
électorale sur le dos de la police, feront le procès des
coûts, ouvriront la porte à la Sûreté du
Québec, pour ensuite exiger du gouvernement une meilleure protection.
D'autres, frustrés par une sentence arbitrale - vous l'avez vu,
dernièrement, au congrès de l'Union des municipalités du
Québec - viendront crier que l'abolition est nécessaire parce
qu'ils paient trop cher leurs policiers.
Quant au maraudage de la Sûreté du
Québec, il se fait déjà présentement et la loi
n'est pas encore adoptée. On se demande si c'est parce qu'il y a un
projet de loi dans l'air. Mais on a vécu Gatineau, qui a fait une
certaine régionalisation avec Buckingham et Masson, et il y a eu le
lieutenant de la Sûreté du Québec, avec ses hommes du poste
de l'Outaouais, qui est allé faire signer des pétitions pour que
la fusion municipale ne se fasse pas. Mais il va falloir, à un moment
donné, établir des choses. Et dernièrement, à
Rimouski, même le directeur général de la
Sûreté du Québec a offert à toutes les petites
municipalités de les desservir en matière policière.
Lorsqu'une ville aura, un jour, obtenu le droit d'abolir
son corps de police dans un contexte politique donné, la pression se
fera encore de plus en plus forte. La vocation de la Sûreté du
Québec n'est pas de faire de la police municipale et ce n'est pas de
l'intention de la législature qu'il en soit autrement. Pourtant, le
projet de loi ouvre la porte toute grande à cela. Il va falloir trouver
c'est quoi la vocation de la Sûreté du Québec.
Je vais sauter la lecture de 73.1 que tout le monde pourra,
lire. Le premier alinéa de ces dispositions existait sous l'ancienne
loi; on en a ajouté un second. Dans ie contexte de la nouvelle loi,
cette disposition prend une dimension toute particulière et suscite de
nombreuses questions. Est-ce à dire que le ministre pourrait conclure
une entente avec une municipalité pour lui fournir la
Sûreté du Québec à un tarif différent que
celui prévu? C'est inquiétant. Le ministre pourrait
également fournir des services municipaux complets et même faire
appliquer les règlements municipaux. Quel est l'objectif de cette
disposition? Si c'est ce qu'elle énonce, nous avons des raisons de nous
inquiéter; si c'est autre chose, elle aurait intérêt
à être formulée différemment. Cet article va-t-il
permettre à une ville qui maintient un corps de police de
négocier avec le ministre l'établissement d'un service
d'enquête, la ville se contentant de maintenir une section de
gendarmerie? Si c'est le cas, quelles villes pourront en
bénéficier? Quels seront les critères? À la seule
discrétion du ministre.
Que la Sûreté du Québec fournisse
des
escouades spécialisées, c'est là sa vocation. C'est
là aussi sa vocation d'assister les corps de police municipaux dans
leurs besoins. D'abord, c'est à l'encontre même de l'objectif
énoncé qui veut que les mêmes municipalités assument
la sécurité publique sur leur territoire, mais voltà un
autre texte qui ouvre la porte à l'inverse. Celui-là,
ajouté aux autres, nourrit notre suspicion et nos appréhensions.
Il est Inconcevable pour les policiers municipaux qu'une telle situation soit
possible en vertu de la loi. Déjà des villes, sous le couvert de
la loi actuelle, ont voulu abolir leur service de police au profit de la
Sûreté du Québec.
Après en avoir convenu avec les dirigeants locaux de la
Sûreté du Québec, est-ce que chaque poste de la
Sûreté du Québec devient une entité complète
et a le pouvoir d'aller voir les petites municipalités alentour et de
leur offrir ses services? Je pense qu'il va falloir vérifier ça.
Ce n'est pas une question d'efficacité qui motive les dirigeants
municipaux, mais une simple question de coûts, lesquels seront, somme
toute, refilés au gouvernement, qui ne les récupérerait
qu'en partie. Dès qu'une telle possibilité est reconnue par la
loi et est laissée à l'appréhension du ministre, c'est la
loi de la jungle. Encore une fois, pressions politiques, maraudage de la
Sûreté du Québec, etc. Le portrait est complet et nous
inquiète au plus haut point
Les municipalités, malgré l'énoncé trompeur
de l'article 64, ont le choix d'être desservies par un corps de police
municipal ou d'être desservies par la Sûreté du
Québec. La Sûreté du Québec prend en charge la
sécurité publique dans toute municipalité qui n'est pas
desservie par un corps de police municipal, ce qui signifie, dans les milieux
urbains, une présence conforme à la responsabilité que lui
impute la loi. Les municipalités pourront revendiquer de
transférer leurs services d'enquête à la
Sûreté du Québec et la loi va permettre au ministre d'en
convenir avec elle. Le ministre peut même convenir avec toute
municipalité une entente à l'effet que la Sûreté du
Québec puisse appliquer ses règlements municipaux, et la
Fédération des policiers du Québec dénonce les
amendements proposés en ce qu'ils cachent des aspects
Insoupçonnés et comportent des conséquences majeures sur
l'équilibre des forces policières au Québec. Il est
très important de garder cet équilibre.
En conséquence, la Fédération des policiers du
Québec considère primordial de maintenir le statu quo en ce qui
concerne l'obligation des villes de 5000 habitants et plus d'établir et
de maintenir un corps de police municipal. La municipalité en
défaut serait tenue de payer le tarif gouvernemental, mais sans que cela
ne la dispense de son obligation. Quant aux municipalités de moins de
5000, elles doivent continuer d'avoir le choix de se doter ou pas d'un service
municipal, mais celles qui ne le feraient pas seraient tenues de payer le tarif
gouvernemental.
À ce moment-ci, je vais laisser notre procureur vous expliquer un
peu les changements au niveau de la loi qu'il préconise.
M. Bélanger (Guy): En fait, la Fédération ne
demande pas grand-chose. Elle est d'accord pour que tout le monde pale pour les
services de police municipaux, et en cela elle se dit d'accord avec le projet
de loi. Mais quant au reste, elle veut changer le moins de choses possible,
à savoir de garder l'obligation des municipalités de 5000 et plus
de maintenir un service de police. Nous croyons que, sur un territoire
urbanisé, II appartient à la structure municipale d'assumer sa
sécurité, et non pas à la mécanique de la loi,
à la Sûreté du Québec, tout simplement parce qu'une
ville décide de payer le tarif plutôt que d'assumer cette
responsabilité, d'assumer ce service de police.
En conséquence, nous disons: l'article 64, tel qu'il existe
présentement, doit être maintenu. Alors je vous dispense de la
lecture. L'article 64, dans le premier paragraphe, c'est celui qui
reconnaît que toute municipalité peut par règlement avoir
un service de police et que les 5000 et plus sont tenues, elles, de le faire.
Le deuxième paragraphe prévoit l'autorisation nécessaire
pour abolir ou pour réduire. Et dans le troisième paragraphe,
bien c'est la consultation que le ministre doit faire lorsqu'il y a une demande
d'abolition. Et en cela, justement, nous ne croyons pas que la décision
d'abolir doive relever du ministre, mais du gouvernement comme c'est le cas
dans la loi actuelle, contrairement à ce que le projet de loi
suggère, lui.
De manière à éviter que les villes de moins de 5000
habitants abolissent leur corps de police lorsqu'elles ont décidé
d'en ériger un, c'est simplement technique, l'article 64. 0. 1, qui
était dans le projet de loi, nous l'avons adapté en harmonie avec
notre position à l'effet de maintenir le statu quo à l'article
64. Quant à l'article 64. 1, là aussi c'est une concordance. Le
projet de loi prévoit une modification simplement pour transférer
au ministre la décision d'abolir ou de réduire, or c'est une
concordance que, nous, évidemment, nous ne croyons pas utile, toujours
en harmonie avec notre position de ne pas modifier l'article 64 actuel.
Cependant, nous pensons qu'il y aurait peut-être lieu, puisqu'on
se penche sur cette loi, de modifier cet article 64. 1, mais dans un autre
aspect, à savoir que la décision d'abolir ou de réduire un
service de police ne deviendrait effective qu'une fois les policiers
reclassés. On sait qu'il est très difficile de reclasser les
policiers après 15 années de service, à moins d'avoir
d'avoir des mesures coercltlves. On pense qu'une disposition qui dirait que
l'abolition ne peut intervenir avant qu'ils ne soient reclassés, ce
serait un moyen pour forcer les municipalités ou le gouvernement
à reclasser les policiers en question, surtout dans un contexte
où on pense
qu'il y aura une certaine compétition avec la Sûreté
du Québec, maintenant, et que ça peut Jouer sur les effectifs
policiers d'une ville à l'autre. Par exemple, on pense qu'une entente
Intermunicipale peut intervenir et que, par la suite, cette entente
Intermunicipale, est remise en question, parce qu'une des villes veut se
détacher de l'entente pour aller vers la Sûreté du
Québec.
Quant à l'article 64. 3, c'est le fameux article, dans le projet
de loi, qui prévoit l'obligation de payer le tarif lorsqu'on n'a pas un
service de police municipal. Alors, nous avons évidemment adapté
cet article-là en fonction du fait que l'on maintient l'obligation pour
les 5000 et plus, mais nous avons également ajouté un
troisième paragraphe pour qu'on n'Interprète pas cette
disposition qui oblige à payer le tarif comme étant un palliatif
à l'obligation d'avoir un corps de police. Alors, c'est le
troisième paragraphe qui dit que "la présente disposition n'a pas
pour effet de dispenser une municipalité de maintenir un corps de police
suivant les articles 64 et 64. 0. 1, et n'affecte aucunement tout recours qui
pourrait en découler" pour que ce soit très clair que le paiement
du tarif, ce n'est pas une option, mais tout simplement une conséquence
du défaut, que ça ne dispense pas de l'obligation de maintenir un
service de police. Et ceci nous apparaît très Important.
Nous pensons également que la loi devrait prévoir à
l'égard des municipalités de 5000 et plus la possibilité
pour le gouvernement de confier la sécurité du territoire d'une
municipalité en défaut à la compétence d'un autre
service de police municipal, un service municipal voisin. Autrement dit, si la
loi prévoit que c'est la Sûreté qui a compétence
à l'égard d'un territoire non couvert par un corps de police
municipal, cette même loi peut accorder le pouvoir au gouvernement
d'accorder cette compétence à un corps de police municipal
voisin. (22 heures)
Je pense que ceci pourrait favoriser les regroupements et permettre de
corriger aussi des Iniquités. On pense entre autres, par exemple,
à la situation à Joliette, où iI y a deux ville
limitrophes qui sont Saint-Charles et Notre-Dame-des-Prairies, et dans le fond,
ce sont ces villes-là qui créent le besoin dans Joliette, mais
elles ne participent pas. Alors, évidemment, à choisir, moi,
à Joliette, j'irais rester à Notre-Dame-des-Prairies ou à
Saint-Charles, je n'ai pas à payer pour la police. Sauf que c'est inique
et ça doit être corrigé.
On pense que le gouvernement, dans des cas où les
municipalités d'elles-mêmes ne font pas le nécessaire pour
corriger cela, devrait avoir le pouvoir, lui, tant qu'à envoyer la
Sûreté et à charger un tarif, de donner la
possibilité au corps de police de Joliette de desservir les deux
municipalités. Et le même tarif sera perçu par le
gouvernement pour être remis au corps de police de Joliette, qui, avec
cela, va pouvoir payer ses infrastructures et s'assurer d'une meilleure police.
Évidemment, la façon de procéder, Joliette donnera aux
deux municipalités en question un service proportionnel à ce
qu'elles vont payer, à la facture qu'elle pourra aller chercher dans ces
villes-là. Et si ces villes-là considèrent que c'est
insuffisant, ça les motivera peut-être à une entente
intermunicipale.
Donc, sans ériger ce principe-là en règle absolue,
nous pensons que le ministre devrait, à tout le moins, avoir cette
possibilité: plutôt que d'envoyer la SQ dans un corps de police en
défaut, de permettre plutôt que ce soit un corps de police voisin
municipal qui desserve la municipalité concernée. Et ça
devrait même s'appliquer à des villes de moins de 5000. Et on a
cité l'exemple de Saint-Sauveur-des-Monts, où la paroisse autour
crée le besoin dans le village, mais c'est le village qui assume la
police et la paroisse ne paie rien pour ça, et c'est la paroisse qui est
riche. Alors, dans un tel cas, est-ce que la paroisse va dire: Moi, je paie le
tarif pour la SQ et Je me contente de ça?
On pense que le ministre ou le gouvernement devrait avoir la
possibilité de forcer cette ville-là, avec le même tarif,
dans le fond. On perçoit le tarif et on dit: Voici, c'est le corps de
police de Saint-Sauveur qui va vous desservir. Et on pense même qu'en
termes d'efficacité et de service, la qualité sera de beaucoup
supérieure. Ce n'est pas parce qu'on veut dénigrer la SQ, mais on
sait très bien qu'en termes de disponibilité et de temps de
réponse, c'est beaucoup plus facile pour les corps de police municipaux,
qui sont concentrés dans un même lieu, que pour les policiers de
la Sûreté du Québec qui sont éparpillés dans
de vastes territoires et qui ne peuvent pas répondre dans un cours laps
de temps.
Quant à l'article 64. 4 suggéré par le projet de
loi 258, il nous apparaît difficilement applicable, tel que
rédigé. En fait, cet article-là reprend l'ancien article
64. 4, avec la seule différence que cette fois le tarif est
préétabli. Or, c'est l'article qui prévoit que, lorsque
des services policiers municipaux sont inadéquats, le ministre peut
charger le tarif et envoyer la Sûreté du Québec. Et c'est
ça qui est inapplicable. C'est Impossible d'envoyer la
Sûreté du Québec et de maintenir un corps de police
municipal par ailleurs. On va se ramasser avec deux corps de police.
Donc, dans les faits, jamais le gouvernement n'appliquera cet
article-là. Et si on est dans une situation, par exemple, où il
manque 5 policiers sur 20, on sait très bien qu'on n'enverra pas la SQ
en chargeant le plein tarif. Donc, on n'appliquera pas l'article 64. 4. On
pense que cet article-là devrait donner au gouvernement des pouvoirs de
correction qui n'apparaissent pas dans la loi actuelle et qui devraient
être autres que de dire simplement: On envoie la SQ et on charge le
tarif. Par exemple, ça pourrait être de
mettre le service en tutelle. Ça pourrait être n'importe
quelle solution qui ferait en sorte que, véritablement, le ministre
pourrait gérer les effectifs policiers de façon concrète.
Parce que, en réalité, c'est sa responsabilité de le
faire.
Voici, entre autres, une situation qui nous inquiète. Si, par
exemple, dans une municipalité, c'est le service d'enquête qui est
Inadéquat, est-ce que, par le jeu de l'article 73. 1 qu'on a
dénoncé tantôt, le ministre pourrait conclure une entente
avec cette municipalité-là en disant: Correct, on va le prendre
le service d'enquête et on va vous charger un tel tarif qui est
différent du tarif du règlement, pour vous fournir les
enquêtes avec la Sûreté du Québec. Alors, c'est une
autre illustration des choses qui peuvent nous inquiéter dans cet
article-là.
Le Président (M. Garon): Est-ce que vous avez
terminé?
M. Bélanger (Guy): Non, j'achève et je vais aller
assez rapidement sur les dispositions qui peuvent rester. En fait, pour
conclure sur cet article 64. 4, nous pensons qu'l devrait être
complètement modifié pour donner au ministre les pouvoirs de
déterminer les effectifs nécessaires et de forcer la
municipalité à s'y soumettre.
Quant à l'article 73. 1, on en a déjà
traité. Je ne le reprendrai pas. Cet article-là nous
apparaît tout à fait inutile. Il n'y a pas besoin d'une entente
pour envoyer la Sûreté du Québec, puisque, de toute
façon, c'est ce que prévoit le règlement, donc ce n'est
pas nécessaire d'avoir une entente. Mais ce qui est très
Important et ce qui nous fatigue le plus, c'est ce deuxième
alinéa de l'article en question qui permet à la
Sûreté du Québec d'appliquer les règlements
municipaux. Ça, ça ne s'était jamais vu dans le
passé et voilà qu'on introduit ça. C'est quand même
très inquiétant. On n'en voit pas l'utilité, surtout dans
un contexte où on veut favoriser l'essor des regroupements de police
municipale.
En conclusion, M. Roch.
M. Roch: En conclusion, la Fédération des policiers
du Québec dénonce le projet de loi dans sa forme actuelle,
quoique la Fédération est d'accord qu'il faut qu'il y ait un
certain changement à ce niveau, mais pas dans la forme actuelle, et il y
a un impact majeur sur la structure de l'organisation policière au
Québec. Le projet aura des répercussions
insoupçonnées à moyen terme, I risque de créer la
confusion pour ne pas dire le chaos dans l'orientation future de la gestion
policière. Il abolit toute norme de référence
concrète comme l'Importance de la population et iI subtitue
arbitrairement sans tenir compte de la criminalité et de tout ce qui est
important dans le domaine policier.
Il va falloir faire attention à cette partie-là de
toujours tenir compte, non pas juste de tenir compte des taux et de l'argent
qu'on peut rapporter, mais de ce qui est Important, de donner la
sécurité aux gens. Depuis toujours, la question de la police fait
l'objet des tiraillements en milieu municipal. Il a toujours fallu des lois
d'encadrement pour structurer la protection policière au Québec
et forcer les municipalités à assumer leurs
responsabilités. Malgré cela, de nombreuses municipalités
ont réussi à se faufiler et à se défiler de leurs
obligations. On peut s'Imaginer ce qu'il en serait dans le cadre d'une loi qui
est confuse.
En conséquence, bien que nous approuvions l'objectif du
gouvernement, nous croyons que le projet de loi va au-delà de l'objectif
recherché et qu'l y aurait Intérêt à ce qu'il soit
repensé afin de donner des services sécuritaires et non pas
seulement de récupérer quelques dollars. Vous remerciant pour
votre attention, encore une fois, et d'avoir bien voulu nous recevoir devant
cette commission. Merci.
Le Président (M. Garon): Alors, comme l'Intervention a
pris 25 minutes, ça veut dire qu'il reste 20 minutes,
c'est-à-dire, 10 minutes à chaque parti. Alors, M. le ministre
des Affaires municipales.
M. Ryan: M. le Président, vous allez m'obllger à
tenir une autre rencontre avec la Fédération des policiers du
Québec, parce que, dans le peu de temps qui nous est Imparti, nous ne
pourrons pas disposer des questions très délicates qui ont
été soulevées par la Fédération. Vous avez
déjà rencontré ces jours derniers quelques-uns de mes
collaborateurs qui finiront la conversation au besoin de manière
à aller au fond de cette question-là avant que le
législateur ne statue de manière finale. Vous avez soulevé
plusieurs problèmes dans votre Intervention. Je vais essayer de les
relever rapidement.
D'abord, vous posez des difficultés à propos de l'article
64 que nous voulons modifier à l'article 256 du projet de loi, l'article
64 de la Loi de police actuelle. Vous êtes étonné de la
formulation que le gouvernement donne à la nouvelle version de
l'article. Je peux vous assurer que, fondamentalement, là, c'est la
même chose. Fondamentalement, c'est la mesure. Nous avons pris une autre
tournure, c'est évidemment parce qu'il était question de
tarification. II a fallu rendre la formulation générale plus
cohérente, mais l'Idée de fond est que nous disons qu'une
municipalité est libre de se donner un corps de police ou de
dépendre de la Sûreté du Québec pour les services de
police de base chez elle; c'est ce qui se fait chez nous depuis toujours: 92 %
des municipalités du Québec ont ce régime, en cela nous
n'innovons en rien.
Et une inquiétude particulière chez vous concernant les
municipalités de 5000 habitants et plus. Là, vous trouvez que
notre formulation les fait passer dans le moule général et qu'on
se trouve à faire tomber implicitement l'obligation
qui a existé jusque-là pour ces municipalités de se
doter de leur corps de police. Nous sommes prêts à examiner ce
problème-là avec vous autres. Nous allons l'examiner pour voir
s'il serait possible de resserrer la formulation de manière à ne
pas perdre ce concept-là, parce que le gouvernement n'a aucune
arrière-pensée de dire à n'Importe quelle
municipalité de 5000 habitants et plus à travers le
Québec: Voudriez-vous vous départir de votre service de police
locale, ce n'est pas ça qu'on aime, on aimerait mieux que vous preniez
la police nationale. Ce n'est pas l'intention du gouvernement du tout.
Maintenant, je souligne quelques points délicats qu'il faudra
examiner spécialement; je vais vous donner deux exemples: Prenez la
ville de Gaspé; la ville de Gaspé est un territoire d'à
peu près 140 ou 150 kilomètres. C'est tout en longueur,
ça. Évidemment, c'est traversé par une route nationale qui
est patrouillée par la Sûreté du Québec. Imposer
à la ville de Gaspé l'obligation de se doter de son corps de
police, je pense que ça, ça serait faire une opération
assez artificielle, étant donné la géographie de cette
municipalité-là. Il faudrait que nous gardions à tout le
moins dans la loi le concept d'une décision du gouvernement. Vous avez
souligné que le ministre, ça peut être dangereux; je vous
remercie de m'avoir signalé, quelques-uns d'entre vous, qu'avec le
ministre actuel, il n'y a pas de danger, mais qu'il pourrait y en avoir un
autre éventuellement. C'est ce qu'on me dit chaque fois qu'on veut me
faire changer d'Idée...
Des voix: Ha, ha, hal
M. Ryan: ...et je ne prends pas ça pour un compliment
nécessairement. Ha, ha, ha! C'est comme une bonne formule diplomatique,
disant qu'ils n'ont pas plus confiance au ministre actuel qu'à ceux qui
le suivront. Et puis vous avez probablement raison.
Des voix: Ha, ha, hal
M. Ryan: Ça fait qu'on est prêt à regarder ce
problème-là avec vous autres, mais je vous donne les
coordonnées dont il faudra tenir compte pour arriver à quelque
chose qui a de l'allure et qui permette au gouvernement, et en particulier au
ministre, d'assumer ses responsabilités.
Deuxièmement, je vais prendre le texte ici là pour ne pas
escamoter des choses. Il y a l'article 73 qui vous inquiète, dans son
deuxième alinéa. Le premier alinéa était
déjà là. Nous avons modifié
légèrement la formulation. L'idée est la même
foncièrement. Je pense qu'il n'y a pas de problème dans le
premier alinéa. Le second alinéa, les infractions aux
règlements de la municipalité. Ce qui arrive là, vous avez
une municipalité qui n'a pas de corps de protection policière du
tout; à un moment donné, il y a certains règlements
municipaux qui traitent directement de la tranquillité publique, qui
régissent les manifestations par exemple ou certains
événements de caractère populaire, ou des choses comme
celles-là. Là, il pourrait bien arriver qu'on veuille demander
à la Sûreté, qui a la responsabilité de la
tranquillité publique sur le territoire, de veiller aussi à
l'application de tel règlement, qui est directement relié
à la tranquillité publique.
Je comprends votre réaction, on ne veut pas que la
Sûreté se transforme en un corps qui va faire toutes sortes de
besognes secondaires pour les municipalités. Vous avez raison. Mais il
faudrait regarder là, quand c'est un règlement qui est
relié directement à la paix publique, ou à la
tranquillité publique, je pense que, là, il y a un cas
d'espèce, qu'il faut qu'on soit capable de regarder avec
impartialité. Mais sur le reste, je pense qu'on prendra les
précautions nécessaires pour ne pas qu'il y ait d'abus de ce
côté-là. Et puis on va essayer de trouver, avec vous
autres, si vous voulez nous aider, des formules qui permettront de resserrer
les choses. un autre article, 73, vous fatigue également. ce sont les
principaux points là. on est à 73 justement. vous voudriez qu'on
ajoute un autre article. attendez un peu, est-ce que c'est à l'article
64 que vous vouliez en ajouter un autre là vous autres? oui, en tout
cas, je prends ce sujet-là tout de suite. il peut arriver qu'on soit
obligé de décider d'abolir un corps de police ou de le diminuer.
on a un certain nombre de requêtes dont nous sommes saisis actuellement,
il y en a peut-être une dizaine. mais je dis ça de mémoire
là, parce que je n'ai pas eu ie temps de les examiner chacune en
relation avec les autres.
Vous dites: II faudrait renforcer la disposition de manière
à garantir que rien ne se fera avant que les policiers concernés
n'aient été reclassés dans un autre service de police.
Actuellement là, nous sommes tenus de procéder à une
consultation d'un comité conjoint de reclassement. Là, vous
voudriez que ça aille plus loin. Ça je ne peux pas vous garantir
qu'on est capables d'aller aussi loin que vous le voulez, parce que ça
serait faire passer le bien de quelques individus avant le bien de la
collectivité, dans ce cas-là, à mon point de vue. Mais en
tout cas, je vais regarder, mais je ne serais pas prêt à aller
au-delà de ce que définit le texte actuel de la loi, dans la
meilleure des hypothèses, pour être franc avec vous.
Peut-être que je comprends votre préoccupation, mais je crois que
c'est très difficile de retenir cela. J'aime autant vous le dire bien
franchement. il y en a une autre là. Vous proposez un article à
un moment donné, je pense que c'est 64.3.1 dans lequel pour une
municipalité de 5000 habitants ou plus qui ne s'acquitte pas de son
obligation, le ministre aurait le pouvoir de confier au service de police d'une
autre municipalité le soin d'assurer la protection policière.
Puis vous dites quant à y être, on pourrait peut-être
étendre ça à toutes les municipalités. C'est une
idée qui est bonne, qui est bonne, qui a sa place dans un projet de loi
comme celui-là je pense bien. On va examiner là comment ça
pourrait être incorporé dans le projet de loi parce que ça
fait partie de l'horizon, des possibilités que nous voulons
entrouvrir.
Alors, il y a de très bons points par conséquent Je pense
avoir touché les points de fond qui sont soulevés dans votre
mémoire. Il y a de très bons problèmes qui nous sont
posés. J'en ajoute juste un autre là. Quand vous dites: On
pourrait conclure une entente... Je vais retrouver le texte parce que c'est,
oui, à l'article 64. 4 là. Tu sais, vous dites que pour
déterminer si une municipalité locale maintient des services de
police adéquats, "le ministre peut considérer les services de
base qu'une municipalité doit selon lui dispenser". Là vous
voudriez qu'on définisse "services de base". Vous autres vous parlez de
services de base de gendarmerie et d'enquête, dans votre mémoire.
Ces termes-là sont des termes qui posent des problèmes aussi. (22
h 15)
Mais le besoin de précision que vous évoquez, est un
besoin qui vaut d'être considéré. Mais peut-être
qu'il y aura une formule mitoyenne qu'on pourrait trouver, quelque chose comme
ceci: Les services de base, notamment la surveillance du territoire et les
enquêtes de base, une affaire comme ça. Je pense qu'il y a quelque
chose; on se comprend là-dessus. Et on ne veut pas vous faire de passes
en dessous de la table, rien de ça, mais on va chercher avec vous
autres.
Je pense vous avoir donné assez d'éléments pour
montrer que l'accord fondamental qui s'était exprimé de votre
part quant aux objectifs généraux que poursuit le
législateur n'est pas contredit par les dispositions du projet de loi
malgré une certaine lecture qu'on pourrait être enclin à
faire quand on n'a pas eu la chance d'en discuter, de l'expliquer puis
peut-être de le clarifier. On va regarder ça. On va rester en
contact avec vous. Ce soir, mon temps est pratiquement expiré, je ne
pourrai pas vous adresser de questions. Mais il y a une couple de questions que
je vous adresserai subséquemment au cours des prochains jours.
Alors, je vous remercie infiniment. Je pense que vous apportez une
contribution très valable à la démarche du gouvernement et
de l'Assemblée nationale. Puis, je veux vous dire notre
appréciation du travail qu'accomplissent les corps de police. C'est
quelque 130 municipalités que vous représentez en tout, M.
Roch?
M. Roch: 155 exactement.
M. Ryan: Alors, c'est encore plus dangereux que je pensais. Nous
avons une excellente collaboration de ces corps de police, d'une manière
très générale, puis soyez assuré de la nôtre.
Merci.
Le Président (M. Garon): Merci, M. le ministre. Alors, la
partie du temps dévolue au parti ministériel étant
écoulée, je...
M. Dufour: M. le Président...
Le Présidant (M. Garon):... demande au
député de Jonquière de prendre son temps de parole.
M. Dufour: Cest le premier son de cloche qu'on entend concernant
la police pour les municipalités. Depuis le début de
l'étude de l'adoption ou les propositions de dépôt des
propositions du ministre des Affaires municipales, on avait l'impression que ce
qu'il nous présentait, ça réglait tous les
problèmes. On vient d'apprendre, ce soir, qu'il y a des problèmes
dans le problème. Ce n'est pas réglé, bon. Il y a des
choses à considérer puis à changer. Je veux que le
ministre continue à discuter avec, bien sûr, la
Fédération des policiers du Québec, je pense que c'est de
bonne guerre.
Mais je sais, par contre, qu'ily aura d'autres discussions,
puisqu'il y aura certainement d'autres Intervenants qui viendront nous parler
aussi de leur vision puis de la situation des corps de police sur le
territoire. Je ne voudrais pas aller plus loin que ça dans la
démarche. Bien sûr qu'il y a des points qui sont soulevés,
qui sont Intéressants, mais il y a un point particulier que je vais
poser, puis après ça, je laisserai au porte-parole de notre
formation en sécurité publique continuer le questionnement, s'il
y a lieu, des prises de position. Vous nous dites que ce projet de loi a
tendance à vouloir abolir la loi qui obligeait une municipalité
de 5000 habitants et plus à se doter d'un corps de police. Il y a 40
municipalités qui sont dans ce cas-là et ces 40
municipalités, bien sûr, quand on regarde par exemple Sutton qui
dit: Bien, nous autres, ça coûterait bien moins cher de se payer
le service tant par tête qu'aller payer un corps de police ou s'en
créer un. Donc, je comprends votre point de vue par rapport à
ça. D'ailleurs. le ministre s'est engagé à l'examiner un
peu plus à fond.
Par contre, II y a la possibilité et, si c'est vrai, supposons
qu'on vous accordait le principe que 5000 habitants et plus, ça doit
rester comme avant, elles doivent se doter d'un corps de police, est-ce qu'en
retour, vous ne croyez pas que pour moins de 5000 habitants, il pourrait y
avoir aussi, en contrepartie, la possibilité de se départir du
corps de police? Ça existe déjà cette
possibilité-là, mais le problème qui existe, c'est le
reclassement des policiers, car, effectivement, ça ne s'abolit presque
pas un corps policier parce que le reclassement, vous le dites, c'est dur pour
15 ans puis c'est dur pour 5 ans. Moi,
en tout cas, l'expérience que j'ai, c'est que ce
comité-là est inopérant, puis il ne donne pas de
résultats.
Le Président (M. Garon): Vous êtes un homme
brillant.
M. Dufour: Pas autant que vous le pensez. Pas autant que je le
pense, en tout cas, au moins pas autant que vous le dites.
Tout ça pour dire, en contrepartie, que si c'est vrai d'une part
qu'on accepte que les corps policiers de 5000 habitants doivent se mettre en
place, est-ce qu'en retour, vous êtes prêt à concéder
que, pour 5000 habitants et moins, il pourrait y avoir moins d'embûches
pour pouvoir l'abolir s'il y a lieu? Bien sûr, après consultation,
suivant un certain nombre de critères. Une municipalité par
exemple de 3000 habitants, qui monte à 10 000 habitants
l'été, peut-être que, là, le ministre aurait des
choses à dire. Moi, je n'ai pas d'espèce d'objection par rapport
à ça. C'est une question de pondération pour savoir c'est
quoi, jusqu'à quel point vous pouvez aller. Parce que, là, j'ai
comme l'Impression que vous dites oui d'un bord et oui de l'autre, mais vous
prenez tout et il ne reste plus rien pour les autres. Est-ce que vous avez une
démarche par rapport à ça ou est-ce que vous l'avez
analysé? Après ça, mon collègue continuera.
M. Nadon (André): M. Dufour, si vous permettez, c'est
qu'en ce qui concerne le comité de reclassement, vous avez raison.
À l'heure actuelle, II est pratiquement inopérant, et si on
regarde la loi, c'est qu'on dit tout simplement qu'une fois que le
comité de reclassement a fait sa recommandation, bien, à ce
moment-là, évidemment... Mais on ne dit pas quelle sorte de
recommandation, quelle devrait être la nature de la recommandation, ou en
quoi devrait consister la recommandation.
Donc, pour nous autres évidemment, il y a beaucoup d'incertitude
autour de ça. Si, aujourd'hui, on prévoit dans le projet de loi
que les municipalités dont la population est de 5000 et plus devront
avoir leur corps de police, donc que les 5000 et moins qui ont
déjà un corps de police pourraient avoir le loisir de les
abolir... Mais encore là, le comité de reclassement, quant
à nous, on se dit finalement: C'est de remplacer des policiers par
d'autres et, à ce moment-là, ça devient, en fait, un choix
peut-être politique. Et on se dit: C'est un choix aussi...
On écoutait tantôt les interventions de nos
prédécesseurs, c'est qu'il y a aussi un choix de
société, c'est-à-dire qu'on sait qu'à l'heure
actuelle le coût de revient de la Sûreté du Québec
est de 108 000 $. On sait, par ailleurs, et ça, c'est des statistiques
qui nous sont données par les derniers relevés de la Commission
de police qui datent de 1989, en ce qui concerne la police municipale de 5000
et plus, que c'est de l'ordre de 73 000 $ par année. Donc, si on dit: On
abolit un corps de police de 5000 et moins, c'est donc dire qu'à ce
moment-là, la facture, possiblement au niveau de la municipalité
comme telle, va être amoindrie, mais elle va être refilée
par la suite à la province.
Alors, nous, on dit: On ne devrait pas créer ce genre d'incitatif
pour permettre à ces municipalités d'abolir comme tel. Et, de
toute façon, je pense bien qu'on a certains arguments qui militent en
faveur de maintenir ces corps de police et je suis convaincu, moi, qu'à
la longue, les dirigeants municipaux, les politiciens de ces villes-là,
vont le comprendre, en ce sens qu'en ayant leur propre corps de police, ils ont
le contrôle du moins sur l'organisation policière de leur
territoire et, en plus de ça, ils peuvent promouvoir des ententes
intermunicipales avec d'autres municipalités qui les entourent. Alors,
nous, on prétend que ça devient plus intéressant à
la longue, et je pense que la loi devrait permettre un encouragement ou des
incitatifs pour qu'effectivement, on ne doive pas abolir les corps de police
municipaux.
M. Marcil (Guy): Moi, si je peux ajouter quelque quelque chose
là-dessus, lors de l'étude des crédits du
ministère, je pense que M. Ryan a fait état qu'on subventionnait
à environ 250 000 000 $ les villes qui n'avaient pas de service de
police. Alors, à la question que vous posez, M. Dufour,
évidemment, plus il y a de villes qui vont pouvoir se permettre la
Sûreté du Québec, plus la facture du gouvernement... Parce
que, nous, les chiffres qu'on a, le gouvernement va récupérer
environ 50 000 000 $. Alors, sur une facture où on a déjà
annoncé 250 000 000 $, c'est simplement... On ne trouve pas la
solution.
Nous, on se dit en fait: Tout ce qui peut être une
agglomération intéressante pour former un corps de police
municipale, il devrait y avoir un corps de police municipale. Prenons Berthier.
A Berthier, il y a 3500 de population. Vous avez
Sainte-Geneviève-de-Berthier, vous avez l'île Dupas. Vous avez
beaucoup de trafic qui va sur la rive sud à Tracy et à Sorel. Je
pense qu'il serait intéressant pour la population d'avoir un service de
police communautaire qui répondrait aux besoins. Alors, tout le principe
de notre projet qu'on dépose, c'est que la mission de la
Sûreté du Québec, elle a une mission, mais ce n'est pas
celle de faire du service de police municipale. En résumé, c'est
notre mémoire.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Avez-vous été consulté avant
de connaître le projet de loi? Est-ce qu'on vous a consultés?
M. Marcil (Guy): Sur le projet de loi, non, on n'a pas
été consultés. Le projet de loi, on l'a eu, en fait, quand
le ministre a déposé la ligne de pensée du gouvernement,
je pense que c'est le 10 décembre, on a eu le projet comme tel, comme
tout le monde. Mais sur le projet de loi qui a été, en fait,
déposé - je pense que, mardi, ça fera 15 jours, quelque
chose de semblable -on n'a pas été consultés.
M. Chevrette: À la lecture du projet de loi, avez-vous
l'impression d'être devant le ministre de la Sécurité
publique, ce soir, ou devant le ministre des Affaires municipales?
M. Roch: II y a deux parties à ça.
M. Ryan: Vous n'êtes pas obligé de
répondre.
M. Roch: C'est que les ministères étaient
très importants. On croit que le ministre des Affaires municipales a
beaucoup à récupérer sur la facture des
municipalités, et on est une partie de la facture. Mais ce qui est
important et le message qu'on veut passer, c'est qu'on ne voudrait pas que la
police qui doit assurer la sécurité au Québec serve
à combler une partie de cette facture-là pour changer la
sécurité. Si c'est pour améliorer le service de police
à toute la population, je pense qu'on est là pour essayer
d'assister tout le monde à l'améliorer, mais non pas pour sauver
des sous au niveau des municipalités comme telles.
M. Nadon: Si je peux ajouter, M. le Président, c'est qu'en
fait, le principe de la réforme, on l'a indiqué
antérieurement, nous sommes évidemment d'accord, parce qu'on l'a
souvent dit, on trouvait ça complètement anormal qu'une partie
importante de la population ne paie pas sa quote-part pour la protection
policière. Et, ici, c'est le cas à l'heure actuelle au
Québec; vous avez 1 700 000 de population qui est desservie gratuitement
par la Sûreté du Québec. Donc, lorsqu'on a vu la
réforme de M. Ryan, un équilibre, et ainsi de suite,
évidemment, on était d'accord avec ça et on s'est
prononcés publiquement à cet effet. Évidemment, on n'avait
pas vu le projet de loi et lorsqu'on en a pris connaissance, bien, on y a
constaté, quant à nous, certaines inquiétudes et c'est ce
dont on vous fait part présentement.
Le Président (M. Garon): Alors, le temps dévolu aux
partis étant écoulé, je voudrais vous remercier
d'être venus nous rencontrer.
M. Chevrette: J'aurais un point, M. le Président. Le
ministre n'a pas eu le temps de les poser.
Le Président (M. Garon): Sur le temps du ministre?
M. Ryan: Je pourrais donner un consentement pour quelques
minutes, M. le Président.
Le Président (M. Garon): Alors, le ministre, II lui
restait du temps, il vous le donne.
M. Chevrette: Merci. Je vous revaudrai ça un jour.
M. Ryan: Bientôt.
M. Chevrette: Pas au centuple. J'ai un document qui m'Indique,
à la suite des redressements annoncés par le ministre, les
changements de tarification, par exemple, à la ville de Joliette. Vous
avez parlé de mon coin pas mal. Actuellement le coût est de 2 577
600 $ pour la police de Joliette. Avec le coût de la Sûreté
ou le nouveau coût de la Sûreté, il en coûterait
seulement 2 199 000 $ à ma ville qui a 16 000 de population. Est-ce que
vous laissez sous-entendre par là que des vides comme Joliette seraient
plus avantagées de laisser tomber leur police municipale et d'opter pour
la Sûreté du Québec avec une économie de 300 000 $
à 400 000 $?
M. Marcil (Guy): Bien ça, il n'y a pas de doute, c'est un
choix politique. Effectivement, ce qu'on a vécu, lors d'ententes de
services de corps de police, vous avez un gouvernement municipal qui le
prône; il est élu. On fait l'entente de services et, en fait,
lorsque l'entente vient à échéance, vous n'avez pas le
parti politique qui, en fait, conteste le parti qui est au pouvoir.
Effectivement, la campagne se fait sur la police. On donne une entente de
services. On l'a fait pour Dorion-Vaudreuil. Le ministère a mis beaucoup
de temps à faire une entente de services entre Dorion et Vaudreuil et
aussitôt qu'il y a eu des changements politiques au niveau de la mairie,
au niveau du conseil, l'entente s'est désagrégée, et vous
retrouvez, aujourd'hui, deux services de police qui se cherchent actuellement.
On avait créé un service de police de 20. Là, iI y en a un
qui en a à peu près 12 ou 13 et l'autre en a à peu
près 6 ou 7.
Alors, à la question que vous posez, je réponds que, oui,
Joliette pourrait abolir son corps de police. Évidemment, sur un choix
politique, quelqu'un pourrait vendre sa salade et bien la vendre à part
ça, sauf que si vous aviez, à Joliette, 29 policiers, on dit que
ça coûterait environ, le coût de la Sûreté avec
M. Ryan, c'est 2 199 000 $, mais pour 29 policiers de la Sûreté du
Québec, là, ça coûterait 3 135 000 $ parce que
chaque policier de la Sûreté du Québec coûte 108 000
$. Alors, évidemment, s'il n'y a pas quelqu'un qui dit à la
population de Joliette: Vous allez ménager avec la Sûreté
du Québec, mais vous n'aurez jamais 29 policiers pour assurer la
protection de votre territoire. Donc,
pour répondre à votre question, oui, ça peut
arriver. C'est un choix politique.
Le Président (M. Garon): alors, le temps étant
écoulé, nous allons remercier la fédération des
policiers du québec et passer à la fédération
canadienne de l'entreprise indépendante.
M. Roch: Merci, M. le Président, M. le ministre, Mme et
MM. les députés.
M. Ryan: Je voulais simplement souligner une chose, M. le
Président, très brièvement. Avec les ajustements que nous
avons annoncés dans la tarification policière, le coût des
services de la SQ pour deux municipalités auxquelles vous avez fait une
allusion spéciale - Saint-Charles-Borromée,
Notre-Dame-des-Prairies - va être diminué sensiblement. Je pense
qu'on a les chiffres Ici, qu'on pourra...
M. Chevrette: D'accord. C'est 975 000 $ au lieu de 1 200 000 $
pour Saint-Charles et 100 000 $ de moins pour Notre-Dame-des-Prairies.
Ça, je suis au courant. Mais la question qui était posée,
M. le ministre, c'était pour la ville de Joliette. Alors que ça
lui coûte 2 500 000 $, mettons, ça lui coûtera environ 2 100
000 $. Donc, c'est une économie de 377 000 $. Si on enlevait la
Sûreté municipale de Joliette, ça ne tient pas compte des
deux municipalités.
M. Ryan: Mais pour le moment, nous avons fait le calcul pour
chacune des municipalités qui devrait faire face à ses
obligations, après y avoir manqué pendant de nombreuses
années. Nous avons constaté que Joliette continuait. J'ajoute
juste une chose, si vous me permettez, brièvement. Dans le cas de
Saint-Charles-Borromée, suivant nos calculs, le solde à financer
pour toute l'opération, mais principalement pour l'opération de
police dans ce cas-là, qui était de 1 170 000 $, passerait
à 473 000 $ et celui de Notre-Dame-des-Prairies passerait de 534 000 $
à 318 000 $. En tout cas, on vous donnera tous les chiffres d'Ici une
semaine à peu près. Je pense qu'il y a des améliorations
considérables qui sont apportées. Je les al annoncées
depuis longtemps, puis je pense bien que même l'incrédulité
du député de Jonquière finira par être
ébranlée.
M. Chevrette: Oui, mais on a fait les calculs à partir de
vos adoucissements, puis dans le cas de Saint-Charles-Borromée, ce n'est
pas vrai; dans le cas de Notre-Dame-des-Prairies, c'est vrai. C'est 100 000 $
de moins à Notre-Dame-des-Prairies et c'est 200 000 $ de moins à
Saint-Charles.
M. Ryan: Non, non. (22 h 30)
M. Chevrette: Aïe! on sait compter nous autres aussi.
Le Président (M. Garon): À l'ordre! J'appelle la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Nous
avons pris du retard, alors M. Décary si vous voulez nous
présenter la personne qui vous accompagne. J'aimerais vous dire
également que nous avons accepté, lorsqu'il y a eu des
communications avec vous, que quelqu'un de votre groupe puisse prendre des
photos au début de la réunion. Je veux avertir les membres de la
commisison que le bureau du président m'a dit que c'était
à ma discrétion. Si vous voulez prendre quelques photos au
début, il n'y a pas d'objection, mais à condition que ça
ne dérange pas les travaux. J'aimerais que vous présentiez la
personne qui vous accompagne. Vous avez 45 minutes: 15 minutes pour exposer
votre point de vue, 15 minutes au parti ministériel, 15 minutes à
l'Opposition. Par ailleurs, si vous en prenez moins, le temps que vous ne
prendrez pas sera réparti entre les deux partis. Si vous en prenez plus,
le temps que vous prendrez en plus sera soustrait aux deux partis.
Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante
M. Décary (Michel): D'accord. Merci, M. le
Président. Mon nom est Michel Décary, vice-président
à Québec pour la Fédération. Je suis
accompagné de Pierre Cléroux, économiste principal.
La FCEI est heureuse de participer à cette commission
parlementaire et d'avoir l'occasion de présenter le point de vue des PME
concernant l'importante réforme de la fiscalité municipale. Comme
vous le savez probablement, la FCEI est le seul organisme au Québec qui,
à la fois, représente exclusivement des PME, couvre l'ensemble du
Québec ainsi que l'ensemble des secteurs d'activité
économique. Ses 17 000 entreprises membres au Québec sont fort
préoccupées par les augmentations constantes et radicales des
impôts et taxes de toutes sortes. Si le gouvernement du Québec
n'est pas le seul niveau de gouvernement à avoir développé
un appétit sans limite en matière de taxes, il est cependant
celui qui fait preuve du plus bas niveau de transparence lorsque vient le temps
d'annoncer les mauvaises nouvelles. Alors que la majorité des
gouvernements énoncent leur politique fiscale à
l'intérieur de leur budget, le gouvernement du Québec nous les
livre vides d'orientation et augmente les impôts à travers des
réformes. Nous avons connu la réforme scolaire, en 1990, qui a
plus que doublé l'impôt foncier scolaire des
Québécois. Et maintenant, avec cette réforme de la
fiscalité municipale, le gouvernement du Québec se cache encore
une fois derrière une réforme pour aller chercher, à
travers les municipalités, 400 000 000 $ des contribuables, et ce, en
pleine récession. Sans véritables consultations et de
façon déguisée, le gouvernement modifie la structure de
taxation
des entreprises au détriment des PME. La réforme
proposée choque et s'impose injustement aux petites entreprises dans un
contexte social et économique incertain. Notre économiste
principal, M. Pierre Cléroux, a passé beaucoup de temps à
analyser ce projet du ministre des Affaires municipales, et je vais lui
demander de vous démontrer comment la réforme nuit aux PME, nos
seuls créateurs d'emplois au Québec.
M. Cléroux (Pierre): Merci, Michel. Pour nous, la
réforme de la fiscalité municipale est beaucoup plus qu'une
réforme de responsabilités, elle est avant tout une augmentation
d'impôt. La réforme prévoit une augmentation d'environ 400
000 000 $ d'impôt au niveau des automobilistes, des contribuables ou
encore à travers les municipalités au niveau des entreprises. Il
faut bien comprendre que, lorsqu'on augmente les impôts des entreprises,
que ce soit au niveau municipal, au niveau provincial ou fédéral,
tout ça s'ajoute au fardeau fiscal total des entreprises et le
résultat est le même.
En passant, j'ai accompagné le mémoire qu'on a
présenté d'une série de graphiques pour mieux vous
permettre de suivre la discussion que nous allons avoir ce soir. On voit, avec
le deuxième graphique, que si on regarde le potentiel fiscal de la
réforme, 70 % de ce potentiel-là touche les entreprises
principalement par deux taxes: la taxe foncière sur les immeubles non
résidentiels et aussi la taxe d'affaires. Pour nous, ça,
ça pose un problème, évidemment, fondamental, c'est qu'on
nous parle, au gouvernement du Québec, d'encourager l'entrepreneurship".
On nous parle de formation professionnelle, on nous parle de formation
d'employés, on nous parte de qualité totale, mais, encore une
fois, on augmente les taxes et on augmente le fardeau total des entreprises, et
ce, en pleine récession.
Le problème fondamental pour nous, dans la réforme, c'est
qu'on augmente les taxes aux entreprises de deux façons: la taxe
d'affaires et aussi, comme je l'ai dit tantôt, la taxe foncière
pour les immeubles non résidentiels. Ces deux taxes ont un point commun,
c'est que ces deux taxes sont très régressives pour les
entreprises. C'est des taxes qui sont indépendantes des profits; c'est
des taxes qui ne tiennent pas compte de la capacité de payer des
entreprises. Donc, si on est une très jeune entreprise, qu'on se bat
pour survivre, on doit quand même payer les taxes foncières, les
taxes d'affaires. Si on est en pleine récession, comme
présentement, on n'a fait aucun profit, on a même des pertes, on
doit quand même assumer nos taxes foncières et nos taxes
d'affaires. Donc, il ne faut pas oublier qu'avant de devenir une grande
entreprise, il faut quand même survivre. Toute grande entreprise a
été une petite entreprise un jour, et c'est celles-là qui
sont visées par la réforme.
Le deuxième point important de ces deux taxes-là, c'est
qu'elles n'affectent pas toutes les entreprises de la même façon.
Les taxes foncières, comme les taxes sur la masse salariale d'ailleurs,
affectent beaucoup plus durement les petites entreprises que les grandes. Au
tableau 3, ce qu'on a fait, on a un modèle de taxation qui nous... On a
calculé le fardeau fiscal total des entreprises de 29 secteurs au
Québec, des entreprises du secteur manufacturier, du détail, du
commerce de gros et aussi dans le secteur des services. Ce tableau-là a
été compilé pour la ville de Montréal. Donc, on a
pris 29 entreprises types qui représentaient chacun de ces
secteurs-là, et on a compilé leur fardeau fiscal total.
Lorsqu'on compare, on voit très bien sur le tableau 3, la
situation des petites entreprises qui est égale à 100 ici.
Là, en 1991, le fardeau fiscal total est déjà plus
élevé que pour les grandes entreprises. Pourquoi? Parce que,
comme on le voit sur le graphique, les taxes locales et les taxes de masse
salariale touchent beaucoup plus durement les petites entreprises, parce qu'une
petite entreprise est beaucoup plus intensive en location, c'est-à-dire
que si vous avez une entreprise qui fait 500 000 $ de chiffre d'affaires, et
vous comparez à une entreprise qui fait 5 000 000 $ de chiffre
d'affaires, vous multipliez par 10 le chiffre d'affaires, mais vous allez
souvent multiplier par 5, 4 ou 3 la masse salariale, ou encore, dans le cas qui
nous occupe ici, le nombre de pieds carrés qu'on utilise.
Donc, la réforme qui va augmenter les taxes au niveau local va
augmenter le fardeau fiscal, selon notre modèle, d'environ 9 % pour les
petites entreprises, mais seulement de 2 % à 3 % pour les grandes
entreprises. Donc, cette réforme-là affecte directement les
petites entreprises, beaucoup plus fortement que les grandes. Non seulement, on
va aussi augmenter l'écart du fardeau total que supportent les petites
et les grandes entreprises. Donc, tranquillement, le gouvernement est en train
de changer la structure fiscale du Québec. On met beaucoup plus
d'emphase à travers les réformes sur des taxes au niveau local et
des taxes sur la masse salariale que sur des taxes beaucoup plus progressives
comme des taxes sur le revenu.
Le tableau suivant compare le Québec avec d'autres parties
Importantes du Canada et des États-Unis. On sait que toutes les
entreprises québécoises, même les détaillants et
peut-être, je dirais, même surtout les détaillants cette
année, font face à une concurrence de l'étranger, non
seulement sur leurs marchés étrangers, mais aussi sur le
marché québécois. De plus en plus d'entreprises
québécoises doivent faire face à des concurrents en dehors
du Québec. Donc, on compare ici le fardeau fiscal total de nos 29
petites firmes de 29 secteurs différents de l'économie
québécoise, et on s'aperçoit que le Québec a le
fardeau fiscal le plus élevé entre l'Ontario et cinq États
américains qui représentent plus de 60 % de nos échanges
commerciaux. Évidemment, comme on le volt sur le graphique,
la réforme de M. Ryan va non seulement accroître
l'écart qui sépare le fardeau fiscal québécois dans
les entreprises, mais va aussi augmenter la portion de ces taxes qui sont
indépendantes des profits, donc les taxes locales et la taxe de masse
salariale, ce qui accroît la rigidité fiscale de nos entreprises.
Donc, on voit que nos entreprises seront beaucoup plus durement touchées
en période de récession, où les profits sont presque
inexistants, que dans les autres juridiction étudiées.
finalement, il y avait un groupe avant nous, le conseil québécois
du commerce du détail; j'étais un peu surpris qu'on ne fasse pas
mention de ce problème que les détaillants,
particulièrement ceux près de la frontière, vivent. je
m'excuse si, dans le rapport, il n'y a pas cette section sur le commerce
transfrontalier, mais le dernier graphique fait état de l'étude
qu'on a faite. à cause du court laps de temps qu'on a eu pour
préparer ce rapport, on n'a pas pu l'inclure, mais on sait que le nombre
de personnes qui ont traversé la frontière pour acheter des biens
à l'extérieur du québec a augmenté de 200 % depuis
l'an passé. on sait que les détaillants de montréal et
beaucoup de détaillants près de la frontière souffrent
terriblement de ce commerce transfrontalier. on parle d'une perte de 500 000
000 $ pour l'économie québécoise. donc, encore une fois,
le graphique démontre que les taxes proposées dans la
réforme sur la fiscalité municipale vont encore accentuer
l'écart du fardeau fiscal des détaillants de montréal et
ceux de plattsburgh, ceux qui sont comparés ici. ça rendrait la
situation encore plus difficile pour les détaillants de montréal
pour concurrencer leurs compétiteurs à plattsburgh. donc, non
seulement le gouvernement du québec n'apporte aucune solution ou aucun
réconfort aux détaillants qui sont aux prises avec ce
problème transfrontalier, mais cette réforme va accentuer le
problème. (22 h 45)
M. Décary: Alors, en conclusion, la réforme de la
fiscalité des municipalités n'est autre chose qu'une augmentation
d'Impôt déguisée. En effet, des 400 000 000 $ de la
réforme, le gouvernement perçoit 100 000 000 $ directement des
Québécois et augmente les champs de taxation des
municipalités de plus de 500 000 000 $, et ce, au frais des entreprises.
Cette réforme touche durement les propriétaires à faibles
revenus. Elle taxe tous les propriétaires du Québec, Individus
comme entreprises, et ce, quel que soit leur niveau de revenus. Cette
réforme est régressive et choquante en pleine
récession.
De plus, en autorisant de nouveaux champs de taxation qui couvrent plus
que le manque à gagner, la réforme n'incite aucunement au
redressement des finances publiques municipales, mais transfère tout
simplement le fardeau aux entreprises. Le gouvernement du Québec se doit
de réduire le potentiel fiscal des municipalités établi
dans sa réforme, afin d'inciter les municipalités à
assainir leurs dépenses. Cette réforme est régressive,
puisqu'elle se traduit par une augmentation importante de l'impôt foncier
des entreprises. Contrairement à l'impôt sur le revenu qui est
basé sur le profit, les entreprises sont contraintes de payer leurs
impôts fonciers, quelle que soit leur situation financière. Dans
une période de récession, alors que les profits des entreprises
sont souvent inexistants, l'impôt foncier devient un poids très
lourd pour celles-ci. Toute augmentation de celui-ci réduit leur marge
de manoeuvre, limite leur dynamisme et les rend plus vulnérables aux
fluctuations économiques. Il est tout simplement indécent que le
gouvernement augmente cet impôt foncier pendant une récession,
alors que plusieurs se battent pour leur survie. Faut-il rappeler au
gouvernement du Québec que plus de 4000 entreprises ont
déclaré faillite en 1990 au Québec, emportant avec elles
des milliers d'emplois, et ce, dans toutes les régions du
Québec?
Le gouvernement du Québec modifie présentement la
structure de taxation des entreprises par la porte arrière. C'est quand
même curieux qu'on étudie la fiscalité, principalement dans
une commission comme celle-ci. On vient d'avoir un budget, il y a un mois.
C'est à cet endroit-là que le débat principal aurait
dû avoir lieu. Les augmentations successives de la taxe sur la masse
salariale, en somme, de toutes les taxes qui existent au Québec, mais
notamment la taxe sur la masse salariale, qu'on appelle la contribution de
l'employeur au fonds de santé, ensuite la réforme scolaire, et
maintenant cette dernière réforme, non seulement augmentent le
fardeau fiscal des entreprises, mais transfèrent ce fardeau sur des
taxes indépendantes des profits; ceci réduit
considérablement le dynamisme et la flexibilité des PME
québécoises et, par conséquent, de l'économie
québécoise même. Le gouvernement du Québec se doit
d'abandonner sa réforme sur la fiscalité municipale et de revoir
en profondeur sa politique fiscale envers les petites entreprises. La structure
fiscale des entreprises doit, tout en répondant aux besoins financiers
du gouvernement du Québec, être équitable pour toutes les
entreprises québécoises et permettre, et même faciliter, le
développement et la croissance des PME. Merci.
Le Président (M. Garon): Comme vous avez pris 15 minutes,
il reste 30 minutes, donc 15 minutes à chaque parti. M. le ministre,
vous avez la parole pour 15 minutes et ensuite 15 minutes au parti de
l'Opposition.
M. Ryan: Je m'excuse, M. le Président, j'avais un visiteur
et ma famille est une famille de grands personnages; savez-vous que celui qui a
6 pieds, 5 pouces, c'est mon garçon?
Le Président (M. Garon): C'est votre fils?
M. Ryan: Oui. Je voudrais remercier la Fédération
canadienne de l'entreprise Indépendante de la présentation
qu'elle nous a faite ce soir. Je pense que la vue qui nous est
présentée est passablement pessimiste. Je ne pense pas qu'elle
corresponde exactement à la réalité, comme nous la
percevons nous aussi dans le contact avec les personnes et les entreprises sur
le terrain. J'ai remarqué déjà, dans les Interventions de
la Fédération canadienne un certain biais idéologique qui
n'est pas nécessairement de mauvais aloi, mais dont c'est bon
d'être averti aussi.
Je pense que c'est important de situer dans sa juste perspective le
programme qui est proposé par le gouvernement et qui se traduit dans le
projet de loi 145. J'ai démontré à maintes reprises,
depuis déjà plusieurs semaines, la portée exacte de la
réforme et, essentiellement, cette portée peut se résumer
comme ceci. Tout d'abord, le gouvernement demande aux municipalités
d'assumer plus complètement la responsabilité de décision
qui relève, à n'en point douter, de leurs compétences
propres dans des secteurs comme la voirie locale, la protection
policière et le transport en commun. Le gouvernement, s'il demande aux
municipalités d'assumer une plus grande part de responsabilités
dans ces secteurs, ne le fait pas de gaieté de coeur ni par caprice. Il
le fait parce que ses ressources sont très limitées et qu'il est
obligé de mettre de l'ordre dans sa propre maison, c'est-à-dire,
entre autres choses, d'éliminer des dépenses inutiles et aussi de
se délester, dans la mesure raisonnablement possible, de
responsabilités qui ne relèvent pas au premier chef de lui. C'est
ça qui est le but fondamental de la réforme. Je pense que tout le
monde sera d'accord là-dessus, et plus nous pourrons rapprocher les
responsabilités du niveau de décision, plus nous arriverons
à un équilibre satisfaisant au point de vue
démocratique.
Une deuxième raison sous-tend les mesures envisagées par
le gouvernement. Nous avons la conviction que, dans la mesure où les
décisions non seulement politiques, mais financières et fiscales
seront prises au plan local dans ces domaines dont nous discutons, il y aura
des chances plus grandes qu'elles soient prises dans un esprit
d'économie. Et moi-même, j'ai observé, à titre de
député d'une circonscription qui est à moitié
rurale, qu'en matière de voirie locale, des travaux peuvent être
exécutés sous l'autorité Immédiate de la
municipalité à meilleur coût que sous l'autorité du
gouvernement dont je fais partie. J'estime que c'est mon devoir de faire en
sorte que, surtout quand il s'agit de la voirie locale, on profite de cette
chance considérable qui nous est offerte. C'est ça qui est le
sens profond de la réforme.
Maintenant, nous disons aux municipalités: En échange de
ceci, il faut que nous vous donnions l'accès. Si le gouvernement
était au-dessus de ses affaires, qu'il eût un surplus de 5 000 000
000 $ par année, on pourrait dire aux municipalités: Très
bien, on ne vous donne plus ces subventions, mais en retour, on vous donne une
compensation. Mais on ne peut pas le faire. On est obligés de mettre fin
à ces subventions parce qu'on ne l'a pas, l'argent. On ne peut pas le
créer, on ne l'a pas. Si vous voulez nous dire: Diminuez les services de
santé, diminuez les services d'éducation, diminuez les services
de voirie, vous pouvez nous le dire, mais vous ne pouvez pas seulement nous
condamner de manière générale sans nous donner un petit
peu votre vision de ce que vous attendez du gouvernement. S'il y a des points
où vous trouvez qu'il y a des coupures radicales qui s'imposent dans les
obligations de base du gouvernement, je pense que vous avez l'obligation de
nous les signaler dans la mesure même où vous portez des jugements
sévères sur les choses que nous entreprenons, mais je n'ai pas vu
cette contrepartie dans le mémoire qui nous est présenté.
Il faut transférer cette responsabilité. Il faut en plus que nous
donnions aux municipalités le moyen de se procurer les ressources dont
elles auront besoin, et un des moyens, c'est la surtaxe sur le non
résidentiel.
Pour avoir examiné les données relatives à
l'évolution de la fiscalité foncière dans le domaine non
résidentiel depuis 10 ans, je n'ai aucune hésitation à
affirmer que la fiscalité a évolué beaucoup moins vite que
l'appréciation des propriétés, et j'ai fait faire des
calculs là-dessus dans certaines municipalités. Je peux vous dire
que ce que nous allons faire représente dans l'ensemble une augmentation
d'à peu près 3, 1 % de l'ensemble du fardeau des dépenses
des municipalités et une augmentation probable d'environ 2, 4 % du
fardeau fiscal des entreprises. Je concède avec vous que le foncier a
une place relativement plus forte dans le cas de la petite et moyenne
entreprise et du commerce de détail, par exemple, que dans le cas de la
très grande entreprise. Ça, il y a un point qui est vrai, mais
nonobstant cette réserve, je pense que l'augmentation de charge sera une
augmentation très modérée si on la compare aux obligations
auxquelles nous devons faire face comme société
québécoise, de toute manière. On ne peut pas éviter
de faire face à ces obligations. Elles sont là, elles sont
Inscrites dans la réalité par 'es décisions de tous les
gouvernements depuis 30 ans. Là, nous essayons de mettre un peu plus de
discipline, un peu plus de vigueur administrative dans la conduite des finances
publiques, et ça, c'est une des conséquences. C'est sûr que
c'est une des conséquences, mais je pense qu'elle est très
circonscrite et très délimitée par rapport à ce que
ça aurait pu être si on avait laissé continuer de
s'accumuler des déficits de toutes sortes qu'engendraient les politiques
gouvernementales suivies au cours des 20 dernières années au
Québec.
Ceci étant dit, j'aimerais peut-être vous
poser une question. Dans les moyens que suggère le gouvernement,
celui qui vous concerne probablement le plus, c'est la taxe sur le
stationnement et la surtaxe sur le non résidentiel. Est-ce que vous avez
d'autres moyens à proposer que ceux-là, à supposer que
ceux-là ne soient pas acceptables à vos yeux? Qu'est-ce que vous
feriez à notre place?
M. Décary: Je pense qu'avant de répondre à
cette question précise, j'aimerais répondre aux autres points que
vous avez soulevés. Je vous remercie de l'édltorial; il
était assez bien conçu. Votre premier point, c'était de
mentionner qu'on n'est pas réalistes. Je me demande qui n'est pas
réaliste dans cette salle quand on voit les faillites qui augmentent au
Québec, quand on voit les ventes au détail qui diminuent, quand
on voit... M. Cléroux mentionnait qu'on a eu, dans une seule
année, une augmentation de 200 % dans le commerce transfrontalier. Pour
ce qui est de nos consommateurs qui vont magasiner à Platts-burgh,
l'augmentation est de 400 % dans les quatre dernières années.
Alors, je pense que, quand on dit qu'on en a soupe de vos taxes, je pense que
c'est une position très réaliste. Ça, c'est votre premier
point.
Votre deuxième, c'était de nous dire que vous avez
décelé une teinte idéologique dans nos propos. C'est
drôle, l'année passée, quand on a appuyé le ministre
des Finances du Québec quand il a annoncé son désir
d'harmoniser avec Ottawa, on ne nous a pas accusés d'être
teintés Idéologl-quement.
Troisièmement, vous dites que l'une des intentions de votre
réforme, c'est de demander aux municipalités d'assumer une plus
grande responsabilité des services pour rapprocher la taxation du niveau
de décision. Ça, c'est beau, mais vous transférez des
responsabilités, vous coupez les subventions, en somme, vous ne coupez
pas vos taxes en conséquence. Pour nous, ce que ça
représente, vous pouvez l'envelopper comme vous voulez avec des ficelles
de tous genres, mais ça représente encore une fois une autre
augmentation de taxes. Vous allez dire que vous êtes très
responsables, que c'est la faute des autres gouvernements si on a trop de
taxes. Ottawa va dire la même chose, et les municipalités, mais,
en bout de piste, c'est nous qui écopons et c'est notre économie
qui en souffre. Ceci dit, je note que vous avez au moins le mérite
d'être un joueur d'équipe. Vous faites la job de solidarité
avec le gouvernement; c'est normalement la job du ministre des Finances
d'annoncer des augmentations de taxes de cette nature, des taxes sur les
entreprises.
Un autre point que vous avez soulevé, c'est qu'on ne donne pas la
contrepartie. Un Instant! Quand on a eu le discours du ministre des Finances II
y a un mois environ, dans son discours, le ministre lui-même mentionne
qu'année après année, les dépenses gouvernementales
au Québec augmentent de 3 % de plus que le coût de la vie. Il
donne ça de façon philosophique, et il ne semble pas y avoir
grand-chose à faire. Nous, ce qu'on vous dit - et ça, c'est une
contrepartie - commencez donc à regarder les raisons pour lesquelles vos
dépenses augmentent toujours, année après année,
depuis très longtemps. Elles augmentent toujours d'à peu
près 3 % de plus que le coût de la vie. Alors, je pense que vous
avez un examen de conscience à faire. Ceci dit, je suis prêt pour
un deuxième éditorial. J'aimerais peut-être juste ajouter
quelque chose.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais peut-être
répondre à M. Décary.
Le Président (M. Garon): Oui.
M. Ryan: Est-ce que c'est le temps du gouvernement?
Le Président (M. Garon): Oui.
M. Ryan: Merci. Quand vous dites que les dépenses du
gouvernement ont augmenté d'à peu près 3 % de plus par
année que l'inflation, c'est absolument faux pour les cinq
dernières années. L'augmentation moyenne des dépenses
gouvernementales jusqu'à l'année dernière a
été d'à peu près 4,6 % ou quelque chose comme
ça au cours des quatre ou cinq dernières années. Ça
a été à peine un dixième ou deux dixièmes
supérieur à l'inflation. Ça a suivi de très proche,
et pour la première fois depuis très longtemps dans l'histoire
des finances publiques.
M. Décary: Je vous invite à regarder le discours
sur le budget.
M. Ryan: Dans le dernier budget, il y a une augmentation plus
considérable, mais je vous dis que, durant les années
précédentes, les cinq années précédentes,
l'augmentation a été, au maximum, d'un point supérieure
à l'inflation. Puis ça, quand on pense qu'on doit passer par des
conventions collectives pour toutes nos dépenses salariales, vous
reconnaîtrez que ce n'est pas beaucoup. Je vous défie de
contredire ça. (23 heures)
M. Cléroux: Mais, ce que j'aimerais...
M. Ryan: Deuxième point, si vous me permettez. Vous dites
qu'on va aller chercher 500 000 000 $ sur le dos des entreprises, à la
page 7 de votre mémoire. C'est faux. Ça, les 500 000 000 $ que
vous mentionnez, c'est le potentiel maximum. Les sources de revenus qui sont
ouvertes aux municipalités, nous le savons tous qu'elles ne seront pas
utilisées au maximum. C'est le cas des taxes qui existent
déjà actuellement. Puis de ces 500 000 000 $, il y en a une
partie importante qui va venir des individus et
non pas des entreprises. Ce que nous allons aller chercher, ce sont les
propriétaires de véhicules automobiles. Ça ne vient pas
des entreprises, ce sont des particuliers qui sont propriétaires
d'automobiles. Ce que nous allons demander à ceux qui font des
transactions immobilières, ça ne vient pas des compagnies.
Ça vient des particuliers. Si ce sont des compagnies, dans ce
temps-là, c'est normal qu'elles paient un certain montant, comme les
particuliers, sur les transactions qu'elles feront parce que, de manière
très générale, les transactions s'accompagnent d'une
appréciation sensible de la valeur de la propriété.
Tout ça pour dire que je prends bonne note des observations que
vous nous faites. J'aimerais beaucoup avoir un autre chapitre avec des
recommandations peut-être plus précises. Je vous pose une question
pour l'augmentation des dépenses. Nous avons réussi la
performance dont j'ai parlé, une différence d'un point par
rapport à l'inflation alors que les dépenses de santé
augmentent inéluctablement. Puis il n'y a pas une
fédération canadienne indépendante au monde qui va
empêcher la population de vieillir au Québec, d'avoir besoin de
plus de soins médicaux, de soins hospitaliers à cause de
ça. Il faut bien qu'on y fasse face comme société. C'est
dans ce sens-là que je dénote, des fois, un certain biais qui
fait partie de nos moeurs démocratiques, mais que j'ai le droit de
constater moi aussi. C'est ça, les responsabilités auxquelles
fait face le gouvernement, et, dans le contexte où nous sommes, nous
avons agi avec une discipline qui a été assez remarquable, tout
compte fait. Je ne prétends pas que ce soit parfait, iI y a toujours
matière à amélioration.
M. Cléroux: II y a deux points que j'aimerais soulever
ici. Le premier, c'est que votre réforme veut rapprocher les
dépenses au niveau municipal et les responsabilités. Bon, nous,
on n'est pas contre ce principe-là, mais le problème, comme vous
l'avez souligné, les 561 000 000 $, c'est un potentiel. Sauf que
pourquoi avoir mis un potentiel si élevé, beaucoup plus
élevé que le transfert des coûts aux municipalités?
Nous, on est très inquiets de voir donner un potentiel de taxation si
élevé aux municipalités lorsque vous auriez pu, pour les
inciter à assainir leurs dépenses publiques, réduire ce
potentiel-là grandement.
Ceci dit, vous demandez des propositions. On est très conscients
des difficultés financières du gouvernement du Québec,
comme d'autres gouvernements. On est très conscients des
responsabilités des entreprises. On a suggéré depuis
longtemps de réduire, même d'éliminer les subventions aux
entreprises comme moyen de réduire les dépenses parce que,
lorsque vous donnez une subvention à une entreprise, vous
éliminez la concurrence, vous biaisez la concurrence à
l'entreprise qui n'en reçoit pas. Donc, on n'a jamais parlé de
réduire les programmes sociaux ou même les programmes de
santé. On a regardé dans notre propre cour puis on a dit: On est
prêt à sacrifier les subventions aux entreprises.
Et de plus, ce qui nous inquiète beaucoup dans cette
réforme, comme dans le rapport qu'on a publié, c'est que de plus
en plus au Québec, pour aller chercher l'argent dans les poches des
entreprises, on va vers une taxation rigide, une taxation qui est
indépendante des profits. Et ça. c'est très dangereux
parce que, dans une période de récession, les petites
entreprises, elles, sont désavantagées. On est conscients que les
entreprises doivent payer des taxes. On ne dit pas qu'on doit éliminer
les taxes. Ce qu'on dit, c'est qu'on doit changer la distribution et mettre
plus d'emphase sur l'Impôt sur le revenu et beaucoup moins d'emphase sur
la taxe sur la masse salariale et les taxes au niveau local. Donc, on est
très conscients de nos responsabilités, mais on veut que le
gouvernement s'assoit et pense à la distribution, à la structure
fiscale des entreprises au lieu de nous lancer des réformes ici et
là et d'augmenter les taxes sans cohésion, j'oserais dire.
Le Président (M. Garon): Alors, le temps étant
même dépassé largement par une minute, j'invite le
député de Jonquière à prendre la parole.
M. Dufour: Oui. Je constate que les négociations ou les
discussions qu'on a auraient pu se faire dans d'autres forums. On aurait pu
mettre cartes sur table et discuter parce que, là, on est
bousculés et on a l'Impression d'être dans un marathon; on doit
essayer de trouver un peu des éléments, mais, moi, j'ai bien
compris que le cri que vous nous transmettez, c'est que les entreprises ont de
la difficulté et qu'elles en arrachent. On l'a dit aussi. Ce n'est pas
le temps de leur donner encore un coup sur la tête, elles n'ont
même pas la tête sortie de l'eau: 4000 faillites en 1990. Vous
dites à la page 5: Cette réforme est régressive
puisqu'elle se traduit par une augmentation importante de l'impôt foncier
des entreprises. On ne demande pas beaucoup d'avenues à explorer. Vous
dites: Contrairement à l'impôt sur le revenu qui est basé
sur le profit. Donc, à ce moment-là, j'ai l'impression que vous
donnez une avenue. C'est évident que le ministre va dire: On ne veut pas
toucher à l'impôt foncier, parce qu'il ne veut pas toucher
à l'impôt sur le revenu. Aïe! on se compare avec l'Ontario,
puis s'il fallait qu'on soit différents ou que ça ait
augmenté, on vient de faire un crime de lèse-majesté. Il
faut absolument qu'on ressemble aux autres, mais moi, j'ai compris qu'on aurait
pu faire la même réforme, parce que ça ne représente
pas 1 %, ce qu'on va chercher, puis c'est 100 000 000 $ la première
année. Donc, ce n'est pas tout à fait...
Dans le fond, le ministre met beaucoup
d'emphase sur sa réforme, puis il essaie de convaincre les gens
qu'il y a de la conversion, mais on a de la difficulté. on a
commencé, on est rendus à la fin de la soirée, presque en
même temps qu'à matin. vous nous dites exactement ce que l'union
des municipalités nous a dit: nous autres, on travaille avec le peuple;
vous autres, vous travaillez avec vos entreprises. les problèmes, c'est
vous autres qui les absorbez. c'est clair, c'est net, pas besoin de faire un
grand dessin. vous avez beau nous dire n'importe quoi. il y a 400 000 000 $, on
paie de notre part là-dedans et on va avoir de la difficulté
à vivre et à se faire ramasser. je regarde le graphique 4 que
vous avez pris la peine de faire et je le trouve intéressant. les
petites entreprises supportent un fardeau fiscal plus élevé au
québec. depuis ie début de la réforme, on fait des
comparaisons avec l'ontario, mais si j'additionne l'effort fiscal des
entreprises de l'ontario, c'est peut-être vrai. si on prend les
mêmes chiffres, basés toujours sur vos tableaux, il semblait que
le québec était avantagé au départ avec
l'impôt sur les entreprises, mais avec la réforme ryan, on vient
de reprendre un coup d'avance. à l'oeil, c'est peut-être 7 %
à 8 % de plus. là, on vient de perdre la comparaison et comme on
est dans une économie d'échanges entre les états et
autres, à ce moment-là, on vient de défavoriser les
entreprises du québec.
J'ai entendu pleurer plusieurs fois depuis la semaine passée
concernant le Michigan, le New Jersey, New York, l'Ohio, la Pennsylvanie, le
Massachusetts; on a eu des beaux discours là-dessus. Là,
c'était très très triste et je regarde ça
aujourd'hui. Mais c'est quoi, cette histoire-là de nous faire pleurer?
Vous n'avez pas de raison de pleurer pantoute. Ils sont avantagés par
rapport à nous autres. Donc, ça veut dire que s'ils veulent faire
des échanges des entreprises en prenant toutes leurs taxations, ils sont
avantagés déjà. Ça fait que la réforme Ryan
ne fait qu'empirer le cas, puis on nous a dit: Restez bien tranquilles, dans le
fond, ça pourrait être pire. Bien sûr que ça pourrait
être pire. La politique du moins pire.
Ça me semble, en tout cas, et ce que je maintiens et ce que
j'affirme depuis le début, c'est que c'est une réforme qui
n'avait pas lieu, qui a été mal préparée, puis on
n'aurait pas dû la jeter comme ça sur le terrain, puis dire: On
est prêts à passer tout le monde dans la machine ou dans le
tordeur. Il aurait fallu qu'on y aille beaucoup plus mollement, plus
modérément. Vous avez compris aussi, comme plusieurs nous l'ont
dit, qu'en fin de compte, les montants qu'on venait chercher étaient
vraiment un délestage gouvernemental. Ce n'est pas une réforme
comme on l'entend, qui responsabilise des individus ou autre. C'est vraiment
ça.
Par rapport à ça, s'il n'y a pas de changement
d'apporté, comment pensez-vous que ça pourrait affecter le nombre
d'entreprises au Québec? Vous avez dit: En 1990, c'est 4000. Est-ce que
vous avez une approximation par rapport a cette réforme-là? On
rajoute encore des charges. Est-ce que vous avez des analyses qui permettent de
dire que ça pourrait accélérer de 5 %,de10 %?
M. Cléroux: M. Ryan nous a déjà dit qu'on
était trop alarmants.
M. Dufour: Des fois, à nous autres aussi. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Cléroux: Je n'ajouterai pas à nos
péchés. C'est impossible pour nous de dire qu'il y aura 1000
faillites de plus l'an prochain à cause de la réforme. Je pense
que ce ne serait pas équitable de dire ça. Par contre, il y a eu
4000 faillites l'an passé au Québec. C'est ie taux le plus
élevé au Canada. La situation est très pénible,
particulièrement dans la région de Montréal, pas seulement
pour les manufacturiers mais aussi pour le commerce de détail. Il est
évident qu'en augmentant ie fardeau fiscal, on va encore empirer la
situation. Et s'il y a des gens qui font faillite, il y a aussi des gens qui
partent. Il y a des gens qui votent par leurs pieds, c'est-à-dire qu'il
y a des gens qui déménagent. On en voit de plus en plus. On a
beaucoup de nos membres qui font des études pour déménager
aux États-Unis parce qu'ils considèrent que les lois sur le
travail, la fiscalité, et tout ça, c'est trop difficile de
fonctionner ici. Donc, on est en train de déménager.
Évidemment, la réforme qu'on nous propose ici n'est pas le seul
élément, mais c'est un élément de plus qui va
forcer les gens à partir ou à quitter leur emploi, leur
"business".
M. Dufour: En date du 4 juin 1991, est-ce que vous pourriez
être aussi optimistes que notre jovialiste ministre des Finances qui
prétend que le tunnel commence à finir et que la récession
commence, qu'on va commencer à lui voir le bout de l'ombrage? Le
ministre des Affaires municipales aussi, lorsque je le questionnais, m'a
déjà dit qu'il souhaitait que la récession soit
terminée quand sa réforme s'appliquerait.
M. Cléroux: Mais nous aussi, on...
M. Dufour: Est-ce que vous partagez une partie de cet
optimisme-là ou si vous n'êtes pas capables?
M. Cléroux: Nous aussi, on souhaite que la
récession soit terminée par la fin de l'année 1991, mais
on ne ie pense pas. D'après les informations qu'on a, on parle à
nos membres tous les jours, la récession n'est pas terminée. On
est probablement rendus dans le fond du
baril. On est en train de remonter, mais ça se fait très
très lentement. On le voit encore avec le taux de chômage qui
n'est pas descendu. Ça va se faire très très lentement,
beaucoup plus lentement que la dernière reprise économique.
Mme Marois: Combien il reste de temps?
Le Président (M. Garon): Mme la députée de
Taillon.
Mme Marois: Merci, M. le Président. Alors, juste pour un
peu supporter ce que vous avanciez quant à la croissance des
dépenses publiques, je référerais le ministre des Affaires
municipales à l'annexe B du discours sur le budget qui dit bien que le
gouvernement a excédé de plus d'un point de pourcentage la
croissance des dépenses par rapport à la croissance du PIB et
que, justement, son objectif - et on peut bien prendre ses désirs pour
des réalités là - c'est de le ramener à pas plus de
1 %. Alors, je veux bien que l'objectif soit cela, cependant, la
réalité est autre chose. Alors...
M. Ryan: Prenez les cinq dernières années...
Mme Marois: ...j'ai les documents devant moi.
M. Ryan: Prenez les cinq dernières années...
Mme Marois: On dit: Pour ce faire, le taux de croissance des
dépenses ne devrait pas excéder...
M. Ryan: On l'a reconnu pour 1990-1991.
Mme Marois: ...l'inflation de plus d'un point de pourcentage. Le
ministre, tout à l'heure, semblait dire qu'on avait réussi
à maintenir la croissance des dépenses à pas plus d'un
point de pourcentage de plus que la croissance du PIB. Or, ce n'est pas tout
à fait...
M. Ryan: M. le Président...
Mme Marois: ...ce que dit son collègue, le ministre des
Finances.
M. Ryan: ...question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Garon): Oui, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voudrais simplement préciser. J'ai
parlé des cinq dernières années, pas de l'année
1990-1991. Nous savons tous qu'il y a eu un dépassement à cause
de la récession. Prenez les quatre années
précédentes et on en reparlera.
Mme Marois: Bon, parce qu'on fait référen- ce
justement ici à l'année qui précède 1990-1991 et
non pas 1991-1992, où on mentionne qu'effectivement, les dépenses
du secteur public ont largement dépassé le taux de croissance du
PIB. Alors donc, il faut au moins s'entendre sur un certain nombre de
données qui sont comparables.
Moi, je suis toujours craintive quand on me dit: Nous établissons
un champ de taxation, nous établissons un maximum et c'est
évident qu'on n'ira pas au maximum. Or, moi, d'expérience, je
sais très bien qu'à partir du moment où on en fixe un, on
risque d'y aller. Je pense que les représentants des entreprises ont
raison de nous souligner le risque qu'il y a là. (23 h 15)
D'autre part, quand le ministre dit... Ça fait plusieurs fols que
je l'entend me le dire, parce que je lui ai posé la question aussi
à l'Assemblée lors de nos débats, j'ai dit: Quel est
l'Impact sur les entreprises en termes d'emploi? Vous-même, vous avez
dit: On ne peut pas le mesurer très spécifiquement. La Chambre de
commerce nous a dit la même chose cet après-midi. Elle dit: Ce
n'est pas très grave, finalement, c'est 2,4 %, en moyenne,
d'augmentation. Je ne pense pas trahir les informations du ministre, que le
ministre nous a transmises, sauf qu'une moyenne, c'est trompeur et c'est
ça le drame. C'est trompeur, et j'aimerais ça entendre les gens
de la Fédération nous en parler. C'est trompeur dans le sens
où, souvent, ça touche fort différemment les secteurs
industriels et les entreprises, selon leur importance. Je me méfie
toujours des moyennes parce que je sais fort bien que ça nous
réserve de très mauvaises surprises quand on tire la ligne et
qu'on va voir concrètement sur le terrain. alors, dans ce
sens-là, j'aimerais, d'une part, que vous me parliez un peu de ce 2,4 %
qui a l'air tellement minime qu'on se dit: mais alors, c'est vraiment ridicule.
c'est une tempête dans un verre d'eau. c'est ce qu'on nous dit d'une
part. d'autre part, comme critique en matière d'industrie et commerce,
je suis souvent amenée à questionner le ministre de l'industrie
et du commerce qui me dit toujours: ahl j'ai consulté les entreprises
concernées, j'ai évalué avec elles l'impact, etc.
j'aimerais savoir si, dans le cas présent, on a effectivement
évalué avec vous ou si on vous a consulté sur les
scénarios quant à l'imposition de ces nouvelles taxes ou quant
à leur effet - si on ne veut pas parler d'imposition, là - sur
vos différents secteurs d'activité.
Le dernier élément, et mon collègue en a
parlé un petit peu, vous parlez de la notion, évidemment, de
régressMté des taxes foncières versus la notion de
progressivité selon les revenus. Une des craintes que notre gouvernement
avait eue à cet égard-là, c'était les
échappatoires que risquaient de présenter les déclarations
de profits Ici au Québec, par exemple, et donc pouvant nous
échapper. On était ailé, effectivement, vers une taxe, par
exemple sur la masse salariale. Je pense qu'on s'en souviendra.
Maintenant, est-ce que, dans le cas de la petite et de la moyenne
entreprise, ça vous concerne réellement? Les échappatoires
sont peut-être un petit peu moins significatives parce que,
généralement, vous n'êtes pas membres de multinationales ou
parties à des multinationales, donc c'est difficile pour les entreprises
de quitter le territoire québécois pour déclarer, par
exemple, leurs profits.
Alors, j'aimerais ça que vous fassiez un petit peu un tour de
piste sur toutes les questions que je soulève, mais la première,
est-ce que, comme souvent me le dit le ministre de l'Industrie et du Commerce,
vous avez été consulté sur la question de ces nouvelles
mesures qu'on adresse aux entreprises?
M. Cléroux: Non seulement on n'a pas été
consultés, mais on a failli ne pas être ici ce soir. Ça a
même été très difficile d'être ici ce soir. On
a même été refusés à notre première
demande qui était en bonne et due forme, il y a de ça deux
semaines. J'aimerais aussi souligner que ça a été
impossible et très difficile d'obtenir de l'information du
ministère pour faire nos études. Donc, lorsque vous parlez des
2,3 % d'augmentation, j'aimerais bien vous dire que je pense que personne ne le
sait, et, nous, on a essayé d'obtenir de plus en plus d'informations du
ministère pour savoir quel serait l'impact. On a obtenu quelques
chiffres qui... Comme vous l'avez souligné, c'est une moyenne; je ne
sais pas si ces 2,3 % là existent vraiment, mais pour certaines villes
comme la ville de Montréal, on parle plutôt de 30 %, pour une
ville comme Saint-Hubert, j'ai ici 15 %, une autre ville comme Chicoutimi, on
parle de 28 %. On a vu d'autres villes... Il faut bien comprendre que, pour les
villes qui n'ont pas beaucoup d'entreprises, l'assiette fiscale est beaucoup
réduite. On peut parler jusqu'à 75 %, 80 %. Ça, c'est des
chiffres que j'ai un peu de peine à vous dire parce que ce ne sont pas
des chiffres qui viennent de moi mais qui viennent du ministère; donc,
je les ai eus... Je suis un peu la tierce partie.
Donc, oui, il y a un problème. Un des problèmes
fondamentaux de la réforme... De toute façon, la réforme,
on nous a dit pendant six mois: Attendez. La reforme n'est pas complète.
On va faire des changements. Lorsqu'on est arrivé au 15 mai, on nous a
dit: Oui, mais le processus va très vite. 15 mai, c'était
voilà deux semaines. On avait des nouvelles données, on avait
maintenant une taxe d'affaires qu'on avait pensé éliminer
auparavant, et tout ça. Et on se retrouve en commission parlementaire
à peu près 28 heures après avoir été
convoqués puisqu'on a été convoqués hier, environ
à 19 heures, donc, tout ça n'a pas facilité nos analyses,
mais quand même, ça nous a donné un portrait. Je pense
qu'on a été capables de vous donner un portrait de ce que serait
la réforme. Peut-être si vous voulez parler des
échappatoires.
M. Décary: Sur la question des échappatoires, je ne
pense pas que c'était ça, le problème ou la principale
raison pour laquelle le gouvernement a choisi d'imposer des taxes à ta
masse salariale plutôt que des taxes sur le profit. Le ministre des
Finances a indiqué il y a deux ans que la raison, c'est qu'il voulait
encourager les entreprises les plus performantes, donc celles qui font ie plus
de profit. Les échappatoires, c'est une fausse explication, parce qu'en
matière de compétence administrative ou au niveau de la
collection des taxes, je vous garantis qu'il y a cette compétence au
Québec, et il n'y avait pas de problème de ce
côté-là. La vraie raison, c'est que le gouvernement sait
fort bien que les taxes à la masse salariale, qui n'ont rien à
voir avec le niveau de rentabilité de l'entreprise, c'est des taxes qui
sont prévisibles. Bon an, mal an, que les choses aillent bien ou mal,
ça ne change pas. Les recettes sont très prévisibles et
c'est une forme de police d'assurance que le gouvernement du Québec a
choisi de se donner. C'est ça, la raison.
Le Président (M. Garon): Je vous remercie. Le temps
dévolu à chaque parti étant écoulé,
même un petit peu dépassé de part et d'autre, je remercie
la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Je
peux vous dire qu'aussitôt que nous avons su que vous vouliez être
entendus, on a fait notre possible pour que vous le soyez, mais, de ma part, je
l'ai su très récemment, au début de la semaine. Je suis
très content que vous ayez pu vous faire entendre, même si
ça a été tardivement. Mais, pour ma part, je ne l'avais
pas su avant et je n'ai pas pu faire de démarches auparavant.
M. Décary: M. le Président, j'aimerais souligner la
collaboration qu'on a reçue du président de la commission. Il a
retourné ses appels non seulement le jour même, mais en moins
d'une heure. Et c'est hautement apprécié. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Garon): Merci, M. Décary.
Maintenant, je demande aux représentants de la ville de Saint-Romuald de
s'approcher de la table de délibérations et je vais demander au
représentant, M. le promaire, M. Garneau, de présenter les gens
qui l'accompagnent en lui rappelant qu'il a 45 minutes - s'il veut prendre un
consentement pour dépasser minuit - que vous avez 15 minutes pour
exposer votre mémoire et, ensuite, chaque parti aura 15 minutes, le
parti ministériel et le parti de l'Opposition. Chaque minute que vous
prendrez en moins sera répartie également et chaque minute que
vous prendrez en plus sera soustraite du temps de parole, et dans la même
proportion, des deux partis politiques. M. Garneau.
Ville de Saint-Romuald
M. Garneau (Jean): Je voudrais, dans un premier temps, vous
présenter M. Delisle qui va présenter le mémoire que la
ville de Saint-Romuald a préparé. L'autre personne qui nous
accompagne, c'est M. Tremblay qui est directeur général de la
ville de Saint-Romuald. Je garde mes commentaires, si vous voulez bien, pour la
fin. Merci.
M. Delisle (Pierre): M. le Président, Mmes et MM. les
députés, M. le ministre, nous aussi avons été
convoqués seulement tard hier. Donc, le mémoire que nous avons
déposé cet après-midi a été
confectionné très rapidement. Permettez-moi d'abord de
résumer la présence ici de Salnt-Romuald. Nous n'avons pas
l'Intention d'Intervenir sur l'ensemble de la réforme
déposée le 15 mai dernier par le ministre des Affaires
municipales, mais bien sur un point central qui concerne l'introduction d'un
nouveau régime fiscal pour les raffineries de pétrole.
La municipalité de Saint-Romuald est directement concernée
par ces modifications en profondeur, puisqu'elle est la seule
municipalité du Québec à l'extérieur de la
région de Montréal à compter une raffinerie sur son
territoire. Il appert que l'introduction d'un tel régime fiscal pour les
raffineries aura, à court terme, des conséquences néfastes
dans le sens d'un effritement du pouvoir fiscal des municipalités quant
aux immeubles industriels. De plus, ce régime fiscal nouveau et
particulier vient sérieusement remettre en cause, MM. et Mmes les
députés, le modus vivendi auquel en étaient
arrivées les différentes Industries au cours des dernières
années.
La réforme fiscale de 1980 visait de nombreux objectifs que je
vous résume à la page 2 du mémoire, à savoir que
tous les immeubles sur le territoire d'une municipalité sont
portés au rôle, que l'ensemble est regroupé suivant le
concept d'unité d'évaluation, que les valeurs devront
représenter une même proportion de la valeur réelle
respective, que tous les immeubles qui sont au rôle sont, en principe,
imposables. On prévoyait aussi dans la réforme de 1980 une taxe
d'affaires basée sur la valeur locative et surtout la limitation du
pouvoir d'imposition foncière des commissions scolaires à un
plafond de 6 % ou 0, 25 $ par 100 $ d'évaluation.
Ces principes, depuis 1980, ont été corrigés de
nombreuses fois, particulièrement en ce qui concerne le champ
d'impôt foncier scolaire qui a été remis en bonne partie
aux commissions scolaires et surtout - et c'est le point que nous voulons
exposer ce soir - la multiplication des exceptions aux principes de la
réforme, en particulier les principes d'équité fiscale qui
l'avaient guidée. Alors qu'en 1980, on prévoyait quatre
régimes fiscaux particuliers, soit pour les terrains de golf, les fermes
et boisés, les réseaux de distribution de gaz,
télécommunications, énergie électrique et les
roulottes, on y a ajouté, dès 1980, par amendement, les
presbytères; en 1985-1986, les producteurs forestiers; en 1988, les
camps de piégeage; et, dans la réforme, on voudrait introduire
une nouvelle disposition qui allégerait le fardeau fiscal de certaines
catégories de propriétaires fonciers, particulièrement les
raffineries. Nous croyons, quant à nous, que le législateur a
ainsi ouvert et ouvrirait la porte par ces nouveaux amendements à un
lobbying très fort de groupes de pression économique qui
réclament de plus en plus de mesures fiscales favorables, le tout au
détriment du pouvoir de taxation des municipalités.
Quels sont les objets de la réforme qui nous inquiètent,
MM. et Mmes les députés? Ce sont essentiellement la modification
du régime fiscal des raffineries que l'on retrouve dans trois
éléments d'amendement du projet de loi 145 - je suis à la
page 4 du mémoire - particulièrement l'article 32 du projet de
loi 145 qui apporte une modification à l'article 65 de la loi, le fameux
article 65 sur la machinerie industrielle, et qui prévoit que les
immeubles faisant partie d'une raffinerie de pétrole ne seront plus
visés par le paragraphe 1° de cet article qui concerne toute
machine, appareil ainsi que leurs accessoires utiisés principalement
à des fins de production Industrielle.
Dorénavant, si le projet de loi est adopté et entre en
vigueur, c'est le nouveau paragraphe 1. 1 de l'article 65 qui régira
l'imposabilité des immeubles d'une raffinerie. Seront donc exclus du
rôle, par conséquence, les immeubles qui sont situés dans
l'aire de production d'une raffinerie de pétrole, à l'exception
du terrain, de tout ouvrage d'aménagement du terrain, de toute
construction destinée à loger ou à abriter des personnes,
des animaux ou des choses, ou de toute base sur laquelle un bien est
placé ou est destiné à l'être.
Ce n'est pas là tout dans la réforme. L'article 116,
beaucoup plus loin, donc, dans le projet de loi 145, ajoute également
une disposition créant un régime fiscal particulier pour les
raffineries. Le nouvel article 231. 3 disposerait que la valeur des immeubles
qui font partie d'une raffinerie serait établie conformément aux
articles 42 à 46. 1 de la loi - les principes généraux -
comme tout autre immeuble, mais en soustrayant de cette valeur la moitié
de la valeur des réservoirs autres que ceux destinés à
l'entreposage de produits pétroliers qui sont portés au
rôle. Un conduit qui est l'accessoire d'un réservoir y est
assimilé, sauf un oléoduc.
En résumé, les raffineries de pétrole ne seraient
imposées que pour ce qui est du terrain, ça, c'est certain, des
ouvrages d'aménagement du terrain - beaucoup s'Interrogent sur la
signification de cette expression - des bâtiments destinés
à loger ou à abriter des personnes, des animaux ou des choses -
Nous verrons plus loin
que Saint-Romuald a fait les frais d'une jurisprudence exactement sur
cette notion. Et, enfin, des bases - s'agit-il des fondations? On ne le sait
pas - où sont placés des biens ou destinés à
l'être selon leur valeur, sauf pour la moitié de la valeur des
réservoirs portés au rôle et servant à autre chose
que l'entreposage de produits pétroliers. S'agit-il de produits
finis?
Les difficultés que nous retrouvons dans l'interprétation
de ces nouvelles dispositions. Bien, il faut d'abord se rappeler que le projet
de loi établirait le principe que les immeubles qui font partie d'une
raffinerie ne sont pas imposables, sauf exceptions mentionnées au
paragraphe qui précède. Nous désirons rappeler à
cette commission que les tribunaux ont toujours interprété
très restrictivement toute exception à un principe établi
par la loi. L'impact négatif de l'Interprétation de ces nouvelles
dispositions par les tribunaux pourrait être supérieur à ce
que nous vous représenterons dans le tableau joint en annexe 1, que nous
analyserons un peu plus loin et qui concerne le calcul des exemptions et de la
perte fiscale pour la municipalité de Saint-Romuald, soit une somme
d'environ 22 000 000 $. (23 h 30)
Selon le texte des articles 65 et 231. 3 proposés dans le projet
de loi, il y a un certain nombre de termes qui devront être
interprétés par les tribunaux puisqu'ils constituent des concepts
juridiques n'existant pas dans la loi actuelle. Par exemple, sont non
définis et sujets à interprétation nouvelle les termes
suivants: aire de production d'une raffinerie - où est-ce que ça
commence et où est-ce que ça finit? - ouvrage
d'aménagement du terrain, construction destinée à loger ou
à abriter des personnes, des animaux ou des choses, toute base sur
laquelle un bien est placé, réservoirs portés au
rôle et réservoirs destinés à l'entreprosage de
produits pétroliers. selon nous, et c'est notre modeste avis, le projet
de loi introduit un ensemble d'incertitudes juridiques qui auront pour effet de
plonger les municipalités qui ont des raffineries sur leur territoire
dans l'insécurité. il sera d'autant plus difficile
d'établir clairement le fardeau fiscal des raffineries que le projet de
loi introduit des concepts nouveaux pour l'établir. il y a plus. au
cours des 20 dernières années, les municipalités qui ont
des raffineries et, en général, les municipalités qui ont
de l'industrie lourde sur leur territoire ont dû faire face à de
nombreux et coûteux procès judiciaires relativement à la
taxation de ces immeubles particuliers. ces municipalités ont parfois
réussi à éviter le processus judiciaire, au cours des
dernières années particulièrement, en concluant des
ententes hors cour avec les raffineries de pétrole quant à leur
fardeau fiscal. nous vous annexons, à l'annexe 2, le règlement
hors cour particulier intervenu dans le cas d'ultramar et de la ville de
saint-romuald.
Les tribunaux ont été saisis de nombreux litiges,
particulièrement à Saint-Romuald. Nous vous citons - je ne les
réanalyserai pas, vu l'heure tardive - les affaires Golden Eagle, qui
est l'ancêtre d'Ultramar, et Saint-Romuald en 1976 en Cour provinciale,
où la Cour provinciale, d'abord, et ensuite la Cour d'appel ont dû
analyser justement la définition du mot "bâtiment" dans l'ancienne
Loi sur l'évaluation foncière, définition qui
réapparaîtrait dans votre projet d'amendement. À la page 7
du mémoire, l'analyse de l'arrêt Saint-Romuald d'Etchemin contre
Ultramar en 1985 où, de nouveau, la Cour provinciale a dû se
pencher sur l'interprétation de l'article 65 de la loi actuelle sur la
fiscalité, particulièrement sur les mots "machine", "appareil" et
"accessoires".
Le projet de loi, s'il était adopté, viendrait bouleverser
l'équilibre qui s'est ainsi tissé entre la municipalité de
Saint-Romuald et la raffinerie puisque cette question est maintenant
réglée. L'entente présentement en vigueur pour les
années à venir risque d'être sérieusement mise en
doute devant les tribunaux en raison des modifications proposées au
régime fiscal des raffineries par le projet de loi. Le problème
est d'autant plus sérieux qu'en ce qui concerne le régime fiscal
des raffineries de pétrole, les municipalités font face à
des contribuables ayant des moyens financiers énormes et prêts
à pousser le processus judiciaire jusqu'au bout pour faire
déterminer leurs droits.
Le troisième problème que nous voyons dans la
réforme, c'est le danger de la multiplication des exceptions. Le
régime fiscal des raffineries de pétrole prévu au projet
de loi 145 n'est que le dernier d'une série d'exclusions totales ou
partielles du champ de taxation des municipalités, exclusions qui, selon
nous, risquent de se reproduire dans un proche avenir. Déjà,
certaines industries bénéficient de tarifs
préférentiels en matière d'énergie
électrique en venant s'établir au Québec. En
période de récession économique, les investissements et la
création d'emplois qui en découlent se font plus rares.
Pour attirer des investissements au Québec, le gouvernement
possède tout un attirail de mesures diversifiées: subventions,
exemptions fiscales, tarifs préférentiels, participation
financière, aide de sociétés d'État. Mais
L'État lui-même faisant face à une crise budgétaire,
l'idée de créer des exemptions de taxes municipales pour
certaines industries devient d'autant plus attrayante que la ponction
s'effectue non pas sur le budget de l'État provincial, mais sur celui
des municipalités. Il y a déjà eu des
précédents, nous en avons parlé, mais le
précédent qui est en voie d'être créé
relativement aux raffineries est beaucoup plus important. Il constitue un pas
énorme dans le sens de l'effritement du pouvoir de taxation. Et c'est ce
dernier précédent que nous vous demandons de ne point
créer. En offrant aux raffineries de pétrole un régime
fiscal particulier qui leur est favorable, le
gouvernement du Québec ouvre la porte aux pressions politiques de
toutes sortes. De nombreuses Industries, certaines fortement pourvoyeuses
d'emplois, frapperont certainement à la porte pour demander leur propre
part d'exemptions fiscales. Laisser passer un tel précédent aura
aussi pour conséquence une perte de revenus pour les
municipalités qui se répercutera nécessairement sur la
part du fardeau fiscal à assumer par les contribuables ordinaires, soit
les propriétaires de résidences et les petits commerces. Les
considérations d'équité fiscale entrent donc en ligne de
compte dans l'étude de ce projet.
Enfin, il est plutôt curieux, alors que le gouvernement
décide unilatéralement de transférer une partie de ses
responsabilités aux municipalités, que l'on permette une nouvelle
brèche dans le pouvoir de taxation de ces dernières. De tels
agissements, sans la consultation et le consensus du monde municipal, ne sont
pas sans soulever des inquiétudes chez les élus municipaux de
Saint-Romuald et d'ailleurs. Eux aussi ont des préoccupations de saine
gestion des affaires publiques relevant de leurs compétences.
Alors, parlons maintenant de l'impact financier de cet amendement. Selon
le règlement entériné par le bureau de révision,
division de Québec, en janvier 1989 - ce n'est pas si vieux, deux ans -
la valeur inscrite au rôle d'évaluation pour les exercices
1987-1988 était de 70 000 000 $ pour une valeur réelle de 86 000
000 $, avec une médiane de 81 %. Ce sont des facteurs dont le ministre
est certainement au courant. Tel qu'il appert au tableau préparé
par la firme d'évaluateurs Évimbec, qui sont les
évaluateurs municipaux de Saint-Romuald, la valeur déposée
de la raffinerie Ultramar pour l'exercice 1991 est de 109 900 000 $, en tenant
compte d'agrandissements survenus depuis à la raffinerie et de
l'indexation générale du rôle qui a été faite
en 1989. Selon les détails qui apparaissent à l'annexe 1, la
réforme proposée ferait perdre 22 000 000 $ d'évaluation,
soit environ 600 000 $ en taxes foncières et locatives pour 1992, ce qui
est totalement inacceptable pour les contribuables de la ville. Le tableau a
été préparé par les évaluateurs. Il
apparaît après la page 11. Il apparaît comme annexe 1. Je
n'ai pas l'intention de l'étudier en détail, puisqu'il donne le
détail de l'évaluation et, surtout, nous donne les
différents éléments qui sont évalués
à 100 % ou 50 % ou 0 %, suivant la proposition qui est faite dans le
projet de loi.
D'autres solutions, et c'est notre conclusion. Nous sommes conscients
que certaines Industries mettent souvent les pays et provinces en concurrence
lorsqu'elles décident de procéder à des investissements
majeurs, et c'est certainement le cas d'Ultramar, comme ce sera le cas des
nombreuses Industries majeures qui s'installent actuellement au Québec.
La localisation de telles infrastructures relève de décisions qui
tiennent notamment compte du régime d'imposition en vigueur sur les
territoires d'accueil concurrents. C'est parce que nous sommes conscients de ce
fait que nous demandons que ce ne soit pas les municipalités qui
assument les coûts afférents au développement
économique et Industriel, particulièrement l'industriel lourd. Si
le gouvernement désire attirer les investissements au Québec,
qu'il le fasse par le biais de mesures fiscales autres.
Pour leur part, les municipalités sont parfaitement capables de
régler leurs différends avec les industries établies sur
leur territoire quant à l'ampleur du fardeau fiscal qu'elles auront
à assumer, sans recourir aux moyens pernicieux d'un régime
d'exceptions fiscales, tel qu'il en est proposé dans le projet de loi
145. Le statu quo fiscal élaboré au cours des ans avec tant de
difficulté par la ville de Saint-Romuald et de nombreuses autres villes
ayant vécu un problème identique - et je vise
particulièrement Jonquière, Fermont, Baie-Comeau, Clermont et
bien d'autres - sera mis à néant si le gouvernement crée
un régime d'exception pour les raffineries de pétrole. Une seule
brèche dans le mur n'entraînera, selon nous, que l'effondrement de
l'ensemble de l'ouvrage. Nous proposons donc de laisser intact le régime
fiscal des raffineries de pétrole ainsi que celui des autres industries.
Ce régime fiscal s'est péniblement élaboré au cours
des dernières décennies au prix de débats judiciaires et
de compromis.
Si les principes de taxation foncière industrielle doivent
être revus, ce que nous mettons en doute, que ce soit donc pour
l'ensemble des Industries, et non à la pièce, après
consultation avec les municipalités qui seront affectées. Et
surtout, que l'on prévoie des mesures fiscales compensatoires pour
pallier à toute perte de revenus qui pourrait en découler. La
position que vous expose ce soir la ville de Saint-Romuald sur l'article 65
rencontre, semble-t-il, les vues de l'Union des municipalités qui fera
valoir son point de vue sur cette question particulière directement au
ministre dans les prochains jours. M. Garneau.
M. Garneau: Tout ce que je voudrais ajouter, M. le
Président, c'est que, comme élu municipal, si l'article 65 est
modifié, je pense que la ville de Saint-Romuald va subir un
préjudice qui va être très désagréable et qui
peut apporter beaucoup de problèmes chez nous. Ce que je veux dire par
là, c'est que si la loi est modifiée, la ville de Saint-Romuald
perd 22 000 000 $ de possibilité d'évaluation,
c'est-à-dire 600 000 $ de taxes par année. Ça veut dire
que chaque contribuable qui a une propriété moyenne de 80 000 $
devra subir une augmentation minimum de 115 $ de taxes. Je ne suis pas
sûr que les gens de chez nous, qui sont une petite municipalité -
on est juste passé proche d'en être une plus grande, on est
resté une pe-
tite municipalité - puissent se permettre de payer ce compte de
taxes là. on s'est fait battre, je vais dire comme on dit, en
brandissant l'épouvantai! de possibilités d'augmentation de
taxes. là, ils vont pouvoir les sortir les épou-vantails, c'est
vrai dans ce cas-là.
Ce que je voudrais ajouter, c'est que quand on a réussi avec
Ultramar à régler en 1988, après huit ans de
débats, on a payé en temps et en argent des gens pour qu'on
puisse avoir une entente à l'amiable qui nous a coûté, dans
le fond, 8 000 000 $, c'est-à-dire 6 500 000 $ qu'on doit rembourser sur
une période de 20 ans, c'est-à-dire 325 000 $ par année,
plus laisser 1 500 000 $ de taxes sur la table. Ça veut dire que, quand
ça été le temps de régler nos problèmes, on
a mis nos culottes et on les a réglés. Il existe une autre
municipalité, je pense, dans la province de Québec, qui
possède des raffineries. S'ils ont des problèmes à
régler, bien, qu'ils mettent leurs culottes et qu'ils les règlent
eux autres aussi. On n'a pas à subir de préjudice parce qu'il y
en a d'autres qui ne font peut-être pas leur job.
Tout ce que je voudrais ajouter, c'est que je pense bien qu'on ne
devrait pas pénaliser les gens qui ont fait leur travail, alors que
d'autres personnes ne le font peut-être pas. En tout cas, moi, comme
conseiller municipal, je dois protéger ou essayer de protéger les
intérêts des citoyens de chez nous et je pense bien que c'est
absolument inadmissible, absolument inacceptable, qu'on pénalise ces
gens-là pour peut-être changer une réforme quelconque.
Merci.
Le Président (M. Garon): m. garneau, je vous remercie.
comme vous avez pris 18 minutes, je dirai qu'il reste 13 minutes et demie par
parti politique. m. le ministre.
M. Ryan: M. Garneau, M. Delisle, M. Tremblay...
Le Président (M. Garon): Est-ce qu'il y aurait un
consentement pour dépasser? Parce que là, je vois qu'on n'aura
pas le temps avant minuit.
M. Ryan: On va être obligés d'aller jusqu'à
minuit. Il n'y aura pas de consentement ce soir. On ne réglera pas ce
problème-là ce soir de toute manière.
Le Président (M. Garon): Bon. Alors, il va falloir
partager le temps qui reste...
M. Ryan: Et on a une grosse journée demain. Oui.
Le Président (M. Garon):... en deux parties, huit minutes
chacun.
M. Ryan: C'est huit minutes chacun. Mon- sieur, on va être
brefs ce soir parce que même si on passait une heure, on ne pourra pas
régler le problème ce soir. Il faut être réaliste.
Je pense qu'on vous a donné l'occasion de venir exposer le point de vue
de la ville de Saint-Romuald. J'étais très heureux de consentir
pour ma part à ce que vous veniez rencontrer la commission. Vous avez
exposé l'avis de la ville de Saint-Romuald de manière très
développée dans le mémoire dont vous avez donné
lecture tantôt.
Comme vous le savez, il s'agit d'une situation extrêmement
difficile. Les services du ministère ont cherché par tous les
moyens à trouver solution à ce problème, qui aurait pu
concilier tous les intérêts en présence. Ça
s'avère extrêmement difficile. Ou côté de
Montréal, il y a une situation pénible qui s'est
créée depuis quelques années. Il y a des procès
impliquant des sommes très élevées qui se poursuivent
depuis des années, au risque de se trouver au bout de la ligne avec des
décisions judiciaires qui entraîneront des coûts
dépassant tout entendement. Au cours des derniers mois, les parties
concernées en sont venues, par la négociation, à une
entente qui permettrait de régler tout le problème hors cour.
C'est essentiellement le contenu de cette entente qui est transcrit dans les
modifications à l'article 65. 1, qui sont inscrites dans le projet de
loi.
Nous étions au courant de la situation qui existe du
côté de Saint-Romuald, mais j'avais compris pour ma part qu'il
existait déjà et qu'il pouvait exister une sorte d'entente qui
permet d'avoir un régime acceptable aux deux parties chez vous. Je me
dis: Si tel est le cas, je ne pense pas qu'il faudrait qu'un veto soit
exercé sur la possibilité d'une solution qui serait acceptable
pour tout le monde dans les raffineries de Montréal. D'un autre
côté, on ne peut pas régler le cas des raffineries de
Montréal sur le dos des contribuables ou de la raffinerie de
Saint-Romuald. Nous en sommes conscients. C'est pour ça que nous avons
voulu avoir votre point de vue.
Mais là, ce que je vais être obligé de vous dire ce
soir, c'est que nous allons reprendre l'examen avec vous autres en tenant
compte de ce que vous nous avez dit au cours des prochains jours, dans l'espoir
d'établir peut-être avec plus de clarté où pourrait
se situer une ligne de démarcation raisonnable et acceptable. Mais je
souhaite vivement que nous puissions apporter des éléments de
solution au problème dès maintenant parce que des pressions
considérables s'exercent et continueront de s'exercer, ne serait-ce
qu'à cause de tout le nuage judiciaire qui plane sur cette
situation.
Alors, je ne pose pas de question pour ce soir.
Une voix:...
(23 h 45)
M. Ryan: Oui, très bien. J'accepte volontiers, M.
Delisle.
M. Delisle: Oui, sur la question des règlements
judiciaires, M. le ministre, il faut savoir que le danger que constatent
Saint-Romuald et de nombreuses villes - parce que Saint-Romuald a parlé
à d'autres villes sur cette question -c'est que la majorité ou la
quasi-totalité ont déjà réglé des
problèmes tout aussi complexes que ceux auxquels peuvent être
confrontés les gens de Montréal-Est - puisque je pense que c'est
eux qu'on a dans la tête - et on a beaucoup de sympathie pour le
règlement qu'ils doivent faire. Mais ce n'est pas dans une
législation qu'on fixe les valeurs; c'est là qu'est le
problème. La raffinerie de Saint-Romuald, elle, est beaucoup plus
moderne, elle est beaucoup plus récente. Elle a des biens qui sont de
nature très différente de ce que l'on rencontre à
Montréal.
Donc, en essayant de favoriser une entente déjà faite,
semble-t-il, et que l'on veut faire sanctionner par une loi, ce que n'a pas
demandé Saint-Romuald il y a trois ans lorsqu'elle a
réglé, ce que n'a pas demandé la ville de Jonquière
lorsqu'elle a réglé avec l'Alcan, ce que n'ont pas demandé
de nombreuses municipalités qui ont des papetières. Et le risque,
c'est que chacun de ces lobbies reviendra tout à l'heure et demandera un
ajustement législatif, soit pour se rassurer ou surtout pour avoir des
exemptions. Lorsqu'on parle dans la loi de 50 % pour la valeur des
réservoirs, on est loin des principes de l'équité fiscale
qui était préconisée dans la réforme sur
l'évaluation foncière ou dans la réforme fiscale des
années quatre-vingt.
Lorsqu'on parle d'une exemption totale dans l'aire de production, qui
n'est pas définie au sens juridique ou au sens économique,
lorsqu'on demande des détails, on nous dit que c'est la "battery area".
Moi, la "battery area", je ne sais pas ce que c'est. L'aire de production dans
une usine, ce n'est pas une évidence. À Ultramar, on nous a
déjà répondu dans des procès - puis il y en a eu de
nombreux - qu'on faisait de la production partout sur le site, même dans
les grands entrepôts, les grands réservoirs d'entreposage de
produits bruts, où on enlève de l'eau, où on enlève
des produits salins, dépendant de l'origine des différentes
huiles lorsqu'elles viennent du Vénézuéla par opposition
à d'autres pays.
Alors est-ce qu'un tribunal ne viendra pas un jour à la
conclusion que c'est l'ensemble qui constitue une aire de production? Et
à ce moment-là, il ne restera plus 22 000 000 $, c'est le 100 000
000 $ au complet qui disparaîtra. Alors, c'est là qu'est le
danger. On est très sympathiques au problème vécu par les
gens de Montréal-Est, on l'a vécu, ce
problème-là.
Mais, M. le ministre, dans le règlement qui est sur la table
actuellement, Montréal-Est ne paiera pas à l'avenir pour acheter
son règlement, alors que M. Garneau nous a très bien dit tout
à l'heure que Saint-Romuald pale sur 20 ans, 6 000 000 $ à la
compagnie Ultramar sous forme de crédit de taxes, et ce
règlement-là a été approuvé par le
ministère des Affaires municipales pour acheter la paix. Or, on ne peut
pas se retrouver sans la maison et continuer à payer
l'hypothèque. Il y a quelque chose ici qui... Le bât blesse non
seulement sur le règlement déjà fait, mais le bât
blesse sur le manque à gagner futur.
Et mol, je soupçonne... J'ai vu les évalua-teurs du
ministère rencontrer ceux de Saint-Romuald, et on a rencontré
ceux de la CUM. Je les écoute parler, et j'ai beaucoup de
difficultés à comprendre que des techniciens régleraient
entre eux, sous forme législative, combien seront évalués
les biens d'un endroit ou de l'autre. Je pense que les lois sont là pour
mettre les principes et les techniciens de l'évaluation, les
professionnels de l'évaluation, pour faire les calculs par la suite.
Nous sommes très à l'aise, quant à nous, de nous
débattre avec le texte actuel de l'article 65, et pour avoir
réglé dans le passé, et aussi pour régler à
l'avenir, parce que le règlement tombe après 1995. Nous sommes
très à l'aise d'être confrontés avec l'Industrie en
1995 et de défendre les principes qu'on a toujours défendus.
C'est-à-dire que tout ce qui est immeuble, par nature, est inscrit au
rôle, et on peut toujours discuter de la question de la valeur entre
personnes raisonnables.
Le Président (M. Garon): II vous reste une minute, M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, iI faudra regarder bien des
choses là. Il va falloir qu'on examine attentivement l'entente que
Saint-Romuald a conclue avec sa raffinerie pour s'assurer qu'à tous
points de vue, c'est une entente qui a une valeur légale certaine. il
faudra deuxièmement se demander si cette entente, qui me parait avoir
été satisfaisante pour les deux parties, pourrait être
maintenue et à quelles conditions. Il faudra se demander
également à quelles conditions on peut régler le
problème de Montréal-Est, qui est très important aussi.
Puis si on ne fait rien à Montréal-Est, on va payer le prix quand
même. C'est ça qui est le problème.
Alors, je suis bien content des précisions que vous avez
apportées, et puis on va rester en contact avec vous autres au cours des
prochains jours, dans l'espoir de trouver des éléments d'une
solution qui pourrait tenir compte de tous les points de vue, mais j'ai
l'Impression que ça va être très difficile.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui, M. le Président, j'étais
très heureux que Saint-Romuald ait demandé d'être inscrit
comme intervenant, et qu'aussi, on ait accepté de les recevoir.
j'étais conscient qu'il y avait un problème majeur. et je
comprends, à ce que le ministre nous dit, que montréal-est l'a
convaincu qu'il y avait un problème majeur, mais il ne faut pas oublier
qu'il y a d'autres municipalités qui ont vécu ces mêmes
problèmes. je peux vous dire, par exemple, que le dossier de
jonquière a duré pendant 13 ans. et si la municipalité
avait perdu complètement, c'est 100 000 000 $ que la municipalité
aurait été obligée de rembourser. la municipalité a
vécu avec une épée de damoclès sur la tête
pendant 13 ans, et on a réglé ça parce que la
municipalité a réussi à ramasser 14 000 000 $ de toutes
sortes de façons; c'étaient des surplus, mais des surplus
effectifs, on voyait bien. les 14 000 000 $ ont servi à faire des
accommodements et des arrangements.
La ville de Saint-Romuald, elle, elle a eu une cause qu'elle a perdue,
parce qu'elle s'est battue, Ça représentait plus que son budget.
Imaginez-vous, demain matin, un montant aussi énorme qui arrive sur la
tête d'une municipalité, 6 000 000 $! Je ne sais pas l'état
de la situation des Montréalais, mais en 1980, quant on se battait pour
ces causes-là, où étaient-ils ces gens-là? En 1977,
1978, où étaient-ils, ces gens-là? Parce que le
problème était commencé depuis 1973. La ville de
Jonquière s'est battue pendant 13 ans; on a fait des pieds et des mains
pour essayer de régler le problème et on n'a pas réussi.
Et là, vous nous dites: On va essayer de passer un arrangement. Mais si
on est pour recommencer toute la bataille et tout ce qui est fait... Moi,
j'admets par exemple que les principes, ils ne devraient jamais être
négociés. On devrait avoir une formule pour arriver à des
solutions correctes, mais pas besoin de s'entendre avec des... Si la loi avait
été claire, on n'aurait probablement pas eu besoin de s'entendre
avec Ultramar, pas plus que Jonquière avec i'Alcan, pas plus que La
Baie. Mon collègue qui est ici a connu ces problèmes-là
aussi. La ville de La Baie, la ville d'Alma, Beaupré, ah! je peux vous
en nommer tant et plus sur ce qui s'est passé dans ces
questions-là.
Je trouve que c'est un problème majeur. C'est un problème
qui dure, à mon point de vue, depuis 18 ans. Ce serait le temps qu'on
finisse par trouver une solution. Moi, je ne peux pas croire qu'on ne puisse
pas en trouver une, mais pas une solution qui remet en cause les principes de
la société et qui remet toutes les conditions propices à
d'autres contestations amenées devant la cour. Moi, je pense que l'Union
des municipalités a fait un travail très fort dans ce
dossier-là. Je considère, par exemple, que Montréal,
pendant des années, n'a pas été un intervenant qui a
appuyé les municipalités dans leur recherche de règlement
de conflits. Ce n'est pas aussi facile que ça, parce que quand on parle
de la... Et je vous dis, ça a coûté 3 500 000 $ à
part ça, à peu près, à la ville de Jonquière
en recherches et en avocats. Ça a coûté cher, ce
règlement-là; ça veut dire à peu près 17 000
000 $ à 18 000 000 $. On ne l'a pas fait par caprice. Mais vous savez
les enjeux qui étaient en cause? L'Alcan décidait
unilatéralement que toute l'évaluation de Jonquière,
c'était de 59 000 000 $; on a réglé à 355 000 000
$. Il a fallu dire oui à... Les gens disaient: Mais pourquoi, M. le
maire, vous n'acceptez pas? Mais je ne pouvais pas vider la ville, ça ne
se pouvait pas. Ça aurait peut-être été le double au
lieu de la moitié. Mais en tout cas, il y avait tellement de
distance.
Ultramar a vécu les mêmes problèmes. Et ça,
ça a été amené dans des réformes rapides.
Moi, je me souviens, quand il y a eu des réformes de fiscalité et
d'évaluation. Ce n'est pas la réforme de 1979, là.
Ça, c'est la réforme de 1971. Ça a commencé bien
avant ça, en 1971, la fin de 1971. On avait réussi, dans cette
réforme-là, à traiter l'entreprise privée comme
l'entreprise publique; autrement dit, tous les barrages
hydroélectriques, ils ont été enlevés aussi, cette
fois-là. Ça fait qu'une ville comme chez nous, ça avait
coûté quelque chose, le tiers de l'évaluation avait
sauté, dans une nuit. Le maire n'était même pas averti. Et
en 1971, je ne sais pas ceux qui étaient là, mais il y a eu des
choses qui se sont produites. Et entre Noël et le Jour de l'an, on a
été obligés d'augmenter les taxes de 33 %. C'est quelque
chose, ça; pour un jeune maire fringant, ça donne, tu sais, une
claque sur la gueule, comme on dit. Ce n'est pas de même qu'il faut
régler ça.
C'est un problème majeur, M. le ministre. Il ne faut pas le
prendre à la légère et je ne le voudrais pas. Je trouve
que Saint-Romuald présente un dossier qui est extrêmement
important pour l'ensemble des villes industrielles au Québec et on doit
y apporter une attention, je dirais, de moines ou de bénédictins
s'il le faut. Mais on ne devrait jamais permettre, quand on sait les
coûts et la façon dont les entreprises - c'est les grosses, on ne
parle pas des petites là - ont combattu les municipalités. Moi,
j'appelle ça combattre; on n'était pas à armes
égales là-dedans. Vous savez, quand les bureaux siègent et
qu'ils nous transfèrent de chez nous à Québec avec un
camion de documents pour défendre des causes, ah! je peux vous en parler
parce qu'on l'a vécu.
Je trouve que de ce côté-là - je vous l'avais dit
d'ailleurs dans un des mes discours à l'Assemblée nationale; j'en
fais quelques-uns dans ce temps-ci - que cette question d'évaluation
devrait faire l'objet d'un grand débat et d'un bon débat. On ne
peut pas laisser ça comme ça. Moi aussi, malheureusement, je ne
pourrai pas vous questionner. Je sais que mon collègue de Dubuc est
anxieux de pouvoir aussi intervenir sur
le sujet. J'aurais aimé poser des questions, mais en tout cas, je
pense que, le débat, je l'ai ouvert, et on le continuera, s'il le
faut.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Dubuc.
M. Morin: M. le Président, je voudrais tout simplement
faire mention que Saint-Romuald vise en plein dans le mille en soulevant les
risques que peut comporter le projet de loi par rapport aux ententes
intervenues. Autant Saint-Romuald a raison de le faire, autant le ministre,
dans l'élaboration de son projet de loi, ne connaissait pas ou n'a pas
tenu compte, d'aucune façon, des règlements intervenus. Où
je veux en venir, c'est qu'avant qu'il y ait des ententes hors cour, il y avait
déjà eu des conclusions ou des résultats de contestation
où la majorité, pour ne pas dire toutes les contestations
d'entreprises leur avaient donné raison. Et, même à
l'intérieur du cadre des ententes, les compagnies, dans plusieurs cas,
sont allées un petit peu plus loin en termes de compromis que ce
qu'elles auraient pu obtenir par rapport à une constestation
légale. Donc, là où je veux en venir par là, c'est
que même s'il y a eu des arrangements ou des règlements hors cour
avec les municipalités, ça demeure des ententes ultra fragiles.
Et, le moindrement que le gouvernement vienne mettre son nez là-dedans,
ça peut tout simplement permettre de donner de l'ouverture aux
compagnies pour revenir à la charge et contester parce que, qu'on le
veuille ou non, je le répète, les ententes sont très
fragiles. Ce n'est pas seulement l'évaluation comme telle, la Loi sur
l'évaluation foncière qui était contestée,
c'était la Loi sur la fiscalité municipale, entre autres
l'article 65.1; donc, ça a beaucoup plus d'impact qu'une simple
contestation d'évaluation. Et ça, je pense que le ministre n'en a
pas tenu compte. Le fait de toucher à ça, il risque de donner
tout simplement la justification ou l'opportunité à des
compagnies de revenir à la charge, que ce soit dans le domaine des
papeteries, que ce soit dans le domaine de l'aluminium ou des raffineries.
Alors, je pense que vous soulevez un très bon point, et vous pouvez
compter sur l'Opposition pour que, lors de l'étude article par article,
le ministre ait beaucoup de travail à nous faire la démonstration
que les dangers que je soupçonne n'existent pas.
Le Président (M. Garon): Je vous remercie. Comme le temps
que nous avions à notre disposition est complètement
écoulé et que le ministre dit qu'il n'y aura pas de consentement,
alors il est minuit et je ne peux pas continuer les travaux de la commission
sans consentement.
Une voix:...
Le Président (M. Garon): Non, non, il est minuit et le
temps est écoulé de part et d'autre. Alors, je dois ajourner la
commission à 11 heures demain matin. Je vous remercie.
Le groupe qui devait être présenté à 10
heures, la Communauté de l'Outaouais ne sera pas ici demain, donc nous
commencerons nos travaux à 11 heures demain matin.
(Fin de la séance à 23 h 58)