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(Dix heures trois minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Je déclare la séance de la commission de
l'aménagement et des équipements ouverte. Le mandat de la
commission pour cette séance est de procéder à
l'interpellation du ministre responsable du Développement
régional par le député de Lévis sur le sujet
suivant: Le développement des régions du Bas-Saint-Laurent, de la
Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. M. le secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Bergeron
(Deux-Montagnes) est remplacé par M. Farrah
(Îles-de-la-Madeleine), M. Camden (Lotbinière), par Mme Hovington
(Matane), M. Charbonneau (Saint-Jean), par M. Beaudin (Gaspé), Mme
Juneau (Johnson), par M. Perron (Duplessis) et Mme Pelchat (Vachon), par Mme
Dionne (Kamouraska-Témiscouata).
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. Je me permets
de vous rappeler brièvement le déroulement d'une séance
d'interpellation.
Dans un premier temps, l'interpellant, le député de
Lévis, aura un temps de parole de 10 minutes, suivi du ministre pour
également 10 minutes. Par la suite, des périodes de 5 minutes
seront allouées selon la séquence suivante: un
député de l'Opposition officielle, le ministre, un
député du groupe ministériel. Vingt minutes avant midi,
j'accorderai un 10 minutes de conclusion au ministre et un temps de
réplique égal au député de Lévis. De plus,
si un intervenant n'utilise pas entièrement le temps qui lui est
alloué, ceci ne réduit pas pour autant la durée de
l'interpellation. Enfin, le débat ne peut, à moins d'un
consentement, dépasser midi.
Sur ce, M. le député de Lévis, vous avez la parole
pour 10 minutes. Il faudra remarquer qu'il y a 5 minutes
d'écoulées. Pas sur votre temps de parole, évidemment.
Alors, M. le député de Lévis.
Exposé du sujet M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, le but de l'interpellation de
ce matin est essentiellement de savoir où s'en va le gouvernement en
matière de développement régional. À partir d'un
cas bien concret, celui peut-être de la région la plus
défavorisée au Québec, le
Bas-Saint-Laurent-Gas-pésie-îles-de-la-Madeleine, qui a les
statistiques les pires puisque les statistiques fédérales
indiquaient, il n'y a pas encore longtemps, que le plus haut taux de
chômage au Canada, pas seulement au Québec, mais au Canada, se
trouve dans cette région-là, dans le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie.
Où est-ce qu'on s'en va en matière... Je n'ai pas
l'intention de faire un débat politique puis essayer de politiser le
débat. Je pense que les gens sont assez mal pris dans ce
territoire-là qu'il faut se demander où on s'en va à
partir de maintenant. Les constatations sont des constatations d'échec
d'un peu partout. Le ministre, actuellement, est dans une position nouvelle.
Quand il a été nommé en février 1991, le premier
ministre lui a demandé de revoir la politique de développement
régional du gouvernement parce qu'on se rendait compte que le plan qui
avait été mis en oeuvre par le député de
Charlesbourg, comme ministre du Développement régional, ne
fonctionnait pas. D'ailleurs, le rapport Bernier le constate, les sommets
socio-économiques et les ententes-cadres ne fonctionnent pas vraiment
non plus. Il y a beaucoup de déception puis on voit qu'en
Gaspésie, par exemple, lors de leur dernière rencontre, les
représentants du Conseil de développement régional se sont
retirés et l'entente Canada-Québec aussi ne fonctionne pas,
puisque malgré l'entente sur cinq ans de 820 000 000 $, à peine
10 % des sommes, après trois ans et demi sur cinq, sont
dépensés ou assez engagés pour penser qu'ils vont
être dépensés, de sorte qu'on... Je pense que c'est pour
ça que le premier ministre a nommé le ministre actuel comme
ministre du Développement régional pour s'occuper de la question
et pour revoir toute l'orientation du gouvernement dans cette
matière.
On se rend compte, quand on regarde le rapport Bernier, que
lui-même constate, le comité interministériel qui a
été mis sur pied en même temps que le ministre a
été nommé ministre du Développement
régional, qu'il reconnaît l'échec du plan Côté
des politiques libérales, depuis 1986. Il recommande quand même le
maintien du statu quo qui consiste en un renforcement, à toutes fins
pratiques, de la centralisation quand on regarde le rapport, et on constate
également dans ce rapport de fonctionnaires qu'on va multiplier les
structures, et je pense que ce n'est pas le manque de structures qui est la
cause du problème. J'ai l'impression que c'est le trop grand nombre de
structures qui fait partie du problème.
Alors, si on regarde la situation, on voit que le taux de chômage
est plus élevé, donc, en Gaspésie-Bas-Saint-Laurent
qu'ailleurs. Le taux d'inactivité est incroyable. On dépasse
50 % d'inactivité en Gaspésie et c'est presque 50 %
d'inoccupation également dans le Bas-Saint-Laurent. Le pourcentage des
transferts gouvernementaux dans le revenu des familles est deux fois plus
élevé que dans la moyenne du Québec dans le territoire,
dans ce territoire-là, deux fois plus élevée la
dépendance gouvernementale en Gaspésie. Donc, une
dépendance gouvernementale très forte; un revenu moyen des
ménages des familles qui est inférieur à celui du
Québec; des régions qui se dépeuplent, où le taux
de natalité est plus bas et où, en plus, ce sont les jeunes qui
quittent; le taux de mortalité est même supérieur à
la moyenne québécoise; la valeur rajoutée par
employé du secteur manufacturier de ces régions est
inférieure à la moyenne du Québec; le degré de
scolarisation dans ces régions est également moins
élevé que dans la moyenne du Québec.
Quand on regarde ce bilan, on se rend compte que c'est un bilan qui
n'est pas rose, une situation qui est triste, et le ministre n'a pas une
tâche facile. C'est pour ça que je n'ai pas l'intention de
l'accuser d'aucuns maux. Je pense que, au contraire, quant à moi, je
peux vous dire que c'est le premier - j'ai été obligé de
demander d'avoir des études d'engagements financiers depuis 1986, de
mars et décembre 1986 - qui a accepté de faire les engagements
financiers pour remonter à 1986, engagements financiers que ses deux
prédécesseurs n'avaient pas faits. On s'est rendu compte, je
pense bien, et le ministre aussi, que ce n'est pas par le genre d'engagements
financiers qu'on trouvait, quand on faisait une récapitulation, depuis
1986, qu'on va révolutionner l'économie de ces territoires, pas
avec une halte routière d'un bord, un bout de gravelle de l'autre bord,
une salle paroissiale que... Je ne dis pas que ces équipements sont
inutiles. Au contraire, ils sont utiles, mais ce n'est pas avec ça qu'on
va faire le développement économique.
On avait beaucoup plus l'impression, quand on regarde une revue de cinq
ans de plans de développement, de se retrouver avec un sommet municipal,
bien plus qu'avec un sommet économique. Ce qui m'avait fait constater,
après le sommet de la Gaspésie, quand les gens me demandaient:
Quelles sont vos conclusions? J'avais dit: Ce qui me frappe, c'est ceux qui
sont absents. L'industrie de la pêche n'était pas là, sauf
des gens qui avaient quelques projets, mais qui n'étaient pas vraiment
dans la pêche. Les gens de l'industrie forestière n'étaient
pas là vraiment. Les gens des mines n'étaient pas là. Les
gens de l'industrie touristique n'étaient pas là. Et les gens de
l'agriculture, les producteurs, étaient là avec l'UPA, mais les
transformateurs de produits alimentaires n'étaient pas là.
Ce qui me faisait dire que ces sommets-là, au fond... Un grand
pan, tout le pan économique du développement régional
était absent du sommet de la Gaspésie. Puis on a
dépossédé un peu ces régions-la. Les choses sont
tellement centralisées et puis, quand je regarde le rapport Bernier, on
se rend compte que ça va être très difficile de faire
partager le pouvoir, je ne dis pas de le donner, je dis de le partager, le
pouvoir, entre les régions et le gouvernement central.
J'ai remarqué qu'au gouvernement - et le ministre a
sûrement constaté la même chose - quand on demande à
un haut fonctionnaire de faire des coupures, c'est rarement la coupure d'un
haut fonctionnaire qui est utile. C'est toujours la coupure d'un plus petit.
J'ai rarement vu un fonctionnaire me dire: On fait une réforme, il y a
des coupures à faire; c'est mon poste qui est de trop. C'est toujours
celui des autres. Et j'ai l'impression, quand on demande aux hauts
fonctionnaires de décentraliser, c'est rare qu'ils arrivent à une
conclusion de véritable décentralisation.
Je ne pense pas que, dans le développement régional, il
s'agisse seulement de transférer des pouvoirs, mais il s'agit de mieux
les partager, mieux travailler ensemble. Et, actuellement, on n'a pas
l'impression qu'on sait où on s'en va. Je comprends que les structures
constitutionnelles sont très importantes là-dedans. Et j'aimerais
ça aussi connaître l'opinion du ministre là-dessus.
Quand on regarde le rapport Bernier, on dit: C'est la confusion dans les
structures. On ne s'entend pas sur les intervenants. Ça ne marche pas
avec le fédéral puis le provincial; il faut l'admettre. Qu'est-ce
qu'on fait à partir de là? Et quand on regarde le rapport
Bernier, on se rend compte qu'il ne sait pas sur quel pied danser, parce qu'il
y a une orientation de base qui n'est pas là.
On marche dans un fédéralisme qui ne fonctionne pas, qu'on
essaie de faire fonctionner, et je ne doute pas de la bonne foi des gens qui
sont fédéralistes, qui voudraient que le
fédéralisme marche. Mais il ne marche pas, puis à partir
de là, les fonctionnaires qui font un rapport, j'ai été
sévère dans le jugement de leur rapport, mais ils ne savent pas
d'où ils partent non plus. Est-ce qu'ils marchent dans un Québec
qui va mener ses affaires lui-même ou dans un Québec qui partage
avec le fédéral, et un fédéral avec lequel il n'est
pas capable de s'entendre, parce que les structures sont pensées en
fonction des besoins des autres et il ne veut jamais qu'on concurrence les
autres: les pêches, il faut laisser ça à Terre-Neuve;
l'industrie touristique, il faut laisser ça ailleurs; l'agriculture,
bien, c'est dans l'Ouest du Canada. Quand arrive la forêt, bien, il y a
des programmes pour ailleurs. Quand c'est l'électricité, bien, il
développpe l'électricité de l'Ontario et, nous autres, on
développe la nôtre tout seul. Alors, on se dit: Bien, c'est quoi
notre place avec le fédéral? Ce n'est pas facile à
trouver. Quand je vois les nouveaux interlocuteurs, je souhaite bonne chance au
ministre. Quand j'ai vu Mme Bourgon... Je l'ai connue, Mme Bourgon, moi. Je
l'ai connue, parce que
c'était la conseillère de M. de Bané, dans le
temps, des pêches. Quand elle dit: On va vous décentraliser des
pouvoirs et on va les garder en même temps; ça ne m'étonne
pas, c'est le même disbours. J'ai remarqué que M. Mulroney avait
pris les mêmes conseillers que M. Trudeau: Pierre Tellier et Mme Bourgon.
Bonne chance au gouvernement.
Mais en termes de solution, ce n'est pas politiquement que je regarde
ça, c'est un peu émotivement et sentimentalement,
également. C'est qu'étant originaire moi-même, par ma
famille, de Kamouraska, du Bas-Saint-Laurent, par mon père, de la
Gaspésie, par ma mère, je me sens un peu solidaire, pas un peu,
je me sens complètement solidaire des gens de ces territoires-là
et je trouve ça triste d'avoir la misère comme partage, comme il
y a dans les territoires du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie.
Je ne veux pas accuser le ministre. Ce n'est pas lui qui est
responsable. Il prend la fonction puis on lui dit: Essaie donc de faire le
ménage pour nous dire comment on va s'orienter. Le débat de ce
matin, le but, essentiellement, c'est de lui dire, lui demander: Comme ministre
qui avez un peu la tâche de faire le ménage dans une structure qui
est embourbée, comment avez-vous l'intention de vous orienter pour que
les gens sachent aussi comment ils doivent s'ajuster en fonction des politiques
que vous allez présenter au nom du gouvernement?
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre responsable du
Développement régional.
Réponse du ministre M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, Mme la Présidente. Bien sûr, je
suis particulièrement heureux de ce débat, ce matin,
demandé par le député de Lévis, puis heureux de
constater deux choses: c'est que je suis entouré, d'abord, d'une
équipe de collègues qui sont très impliqués au
niveau des régions, qui sont très régionalistes et qui
comprennent bien, je pense, le problème des régions, et je dois
dire que j'ai un interlocuteur devant moi, du côté de
l'Opposition, qui, lui aussi, est un régionaliste et
préoccupé par l'état des régions. Ça, je
pense que c'est important, parce que c'est un constat qu'on fait. (10 h 15)
Moi, je n'irai pas, bien sûr, aussi loin que le
député de Lévis est allé en parlant d'échec
des politiques qui ont été mises sur pied. On peut faire un peu
d'histoire ensemble, mais en faisant de l'histoire, on va constater quand
même que c'est un cheminement qu'il fallait absolument faire tout le
monde, collectivement, ensemble.
Je n'ai qu'à partir des premiers sommets qui ont eu lieu, qui ont
été d'ailleurs institués, si ma mémoire est
fidèle, par le gouvernement de nos amis d'en face. Je me rappelle, parce
que le premier sommet a eu lieu à Trois-Rivières, dans la
région 04 nord et sud. D'ailleurs, le député de
Lévis a été convié à ce sommet-là; il
a discuté avec les gens. Quand il est venu discuté avec les gens,
ça a été laborieux, bien sûr, parce que d'abord, pas
à cause des gens en place que ça a été laborieux,
pas à cause du gouvernement en place, pas à cause des ministres
qui s'adressaient à cette population-là, pas à cause non
plus des gens qui étaient interlocuteurs en face, soit l'UPA dans le cas
qui nous préoccupait - dans le temps, le ministre de l'Agriculture
était M. Garon - mais c'était un début nouveau de
concertation possible. C'était un premier pas à faire pour la
concertation.
On va reculer à ce moment-là, en 1984, dans ce
bout-là. Vous savez, quand on parlait de concertation, c'est comme si on
venait d'inventer un nouveau mot du dictionnaire et qui était
complètement méconnu. Ce n'était pas habituel que les gens
travaillent ensemble. Les ministres avaient de la difficulté à
travailler avec les gens du milieu, puis les gens du milieu avaient de la
difficulté à travailler avec le gouvernement. On avait
plutôt l'impression que les gens devaient être en réaction
les uns contre les autres. Je dis souvent ça, moi, à l'UPA,
toutes les fois que je discute avec eux autres: On ne doit pas être en
conflit et en réaction et marcher par ultimatum, parce que ce n'est pas
ça qui va faire avancer l'agriculture. Ce n'est pas ça qui va
faire avancer nos milieux, d'être en ultimatums continuellement et
d'être en confrontation. Ce qui va faire avancer nos milieux, c'est de
dire: Le peu que le gouvernement peut faire maintenant avec les faibles moyens
qu'il a et le peu que le milieu peut faire, quand tout le monde se prend en
main, on peut faire des choses intéressantes. Donc, ça, ça
a été le cheminement.
Alors, à ce moment-là, on pourrait parler d'échec,
évidemment, des premiers sommets. Je pense qu'on ne rendrait pas justice
à ceux qui ont institué ça et qui y ont participé,
parce que c'était un premier pas à faire dans la bonne direction
pour faire comprendre aux gens qu'il y avait une nouvelle façon de
penser, puis pour se développer, il fallait compter aussi sur nos
moyens; pas uniquement nos propres moyens, mais les moyens de tout le
monde.
Quand mon collègue, Marc-Yvan Côté, est
arrivé - et je lui en sais gré, de ça, et je suis fier
qu'il ait amélioré la formule, alors que c'était un
dialogue entre le milieu et le gouvernement dans le temps des premiers sommets
- premier pas important, je dois le mentionner, ce qu'il a fait tout
simplement, ce n'est pas compliqué, il a dit: On va donner des
sièges au monde à la table pour qu'ils puissent se parler. Il a
divisé ça un tiers, un tiers, un tiers: un tiers des
représentants municipaux ou du
monde élu dans le milieu, un tiers gouvernemental et un tiers
aussi des couches socio-culturelles, populaires, etc., des organismes du
milieu. Et là, il a commencé à se prioriser des dossiers,
etc. Donc, il y a eu un autre bout de sommet qui a été, à
mon avis, intéressant et productif. Et là je vais tomber d'accord
avec le député de Lévis, que finalement, quand on a
analysé ce que c'a donné en bout de piste, c'a donné des
choses sur le milieu, au milieu comme tel, c'a fait avancer le milieu, c'a
modifié certaines situations, mais ça n'a pas donné les
résultats qu'on souhaiterait qu'elles donnent.
Parce qu'on voulait le développer au point de vue
économique, complètement. On voulait enlever cette
dépendance-là qu'ils avaient envers les gouvernements et envers
tout le monde pour dire: On est capables dans cette grande structure-là
de se développer et de faire des choses intéressantes. On s'est
ramassé évidemment avec des listes d'épicerie. Ce n'est
pas des listes d'épicerie qui font avancer nécessairement
l'économie d'une région. On s'est ramassés avec un
phénomène de priorisation des dossiers qui avaient des
problèmes.
On voyait que les petites municipalités, les petits milieux
défavorisés avec moins de pouvoirs, moins de potentiel, moins de
spécialistes à leur service, n'étaient pas capables de
prioriser des dossiers comme les grandes municipalités ou des
municipalités régionales, comme on dit, pouvaient le faire. Il
s'organisait évidemment une espèce d'entente non officielle entre
des individus pour dire: Si tu priorises mon dossier, je prioriserai le tien
après. Là, on se retrouvait avec un problème. Mais
ça n'a pas tout été mauvais; il y a eu un avancement. Si
on n'avait pas fait ça, finalement, on devait rester à l'autre
formule, on serait bien moins avancés qu'on est là.
Donc, on a fait encore des pas additionnels pour réaliser que,
finalement, peut-être que le problème qu'il y avait dans nos
régions, c'était d'établir et de montrer aux gens de
commencer à établir des axes prioritaires de développement
dans leurs propres régions, parce qu'on ne développera pas toutes
les régions du Québec de la même façon. J'ai
toujours dit ça, moi, je pense que c'est logique aussi. Il faut
arrêter d'ajuster les têtes aux chapeaux, il faut plutôt
ajuster les chapeaux aux têtes. Ce n'est pas tous des 6 7/8 qu'on peut
porter; quand je regarde la tête du député de Lévis
et la mienne, ça prend des plus gros que ça, autrement, on va
être obligés d'équarrir la nôtre et ça fait
mal. Le député de Duplessis aussi en a une bonne.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Mais, bien sûr, c'est plus facile d'ajuster le
chapeau que d'équarrir la tête ou de bourrer la tête, ou de
bourrer le chapeau. Donc, nos régions sont à cette
image-là. C'est caricatu- ral, mais elles sont à cette
image-là. On ne développe pas le Nord du Québec de la
même façon que la Mauricie, de la même façon que
l'Estrie, de la même façon que Montréal et de la même
façon que Québec. Il faut avoir des modèles particuliers.
Donc, il faut aider les gens à dire: C'est quoi nos axes prioritaires?
Il faut qu'ils se déterminent, eux autres aussi, des axes prioritaires.
Je vais passer rapidement parce qu'on va avoir l'occasion d'y revenir tout au
long de notre débat, j'interviens toutes les cinq minutes,
quasiment.
Je vais revenir un peu au rapport Bernier. Bien sûr que, celui qui
lit le rapport Bernier pour la première fois et qui regarde ça,
il a un style un peu particulier. En plus d'avoir un style particulier, il se
dit: Oui, mais il veut aboutir où et ça fait quoi, comme
conclusion? Écoutez, c'est volontaire, moi, que j'aie mandaté le
rapport Bernier, puis je l'ai astreint, au point de départ, à
aller questionner les sous-ministres. Le député de Lévis
l'a dit lui-même: C'est difficile d'enlever le pouvoir de Québec
pour l'amener dans les régions. C'est difficile de faire comprendre,
parfois, à certains hauts fonctionnaires que, travailler avec les
milieux, c'est plus bénéfique que de travailler dans son petit
coin. Évidemment que c'est difficile. On connaît assez ça.
Ça fait assez longtemps qu'on est ici, on ne se contera pas de
menteries. Même le député de Lévis l'a dit
lui-même personnellement: Quand arrive le temps de retrancher des budgets
quelque part, c'est rarement en haut que ça se retranche, ça se
retranche par en bas. On se retrouve, des fois - il a vécu ça,
comme ministre; je l'ai vécu de temps en temps et je l'ai
éliminé, moi, comme ministre, le plus possible, et
j'espère qu'il n'en reste pas trop - à avoir un petit budget de
40 000 $, 50 000 $ à administrer, et on a un compte d'une
secrétaire qui administre ça. Ça coûte plus cher de
payer les gens qui l'administrent que le budget qui est dévolu à
la population.
Donc, j'ai dit: II faut faire prendre une prise de conscience et aller
questionner ces gens-là, qui sont de bons serviteurs de l'État,
il faut l'admettre. Ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas bons, c'est parce
qu'il y a une mentalité. La mentalité ne veut pas dire que les
gens ne sont pas corrects. Ça veut dire qu'il faut parfois faire changer
ces mentalités-là et leur dire: II faut prendre conscience que,
maintenant, il faut aller vers la population, il faut décentraliser. Et
les premiers a prendre conscience de ça, ça devait être
eux, à mon point de vue. Ils devaient faire un état de mise en
situation. Ils l'ont fait, l'état de mise en situation, pour en arriver,
après ça, à nous parler: Comment ça pourrait
être arrangé? Mais toute la balance, par la suite, c'est du
domaine politique. Les fonctionnaires, ce ne sont pas des attachés
politiques. Les fonctionnaires, ce ne sont pas des gens qui font les programmes
des partis politiques. L'autre partie, ça, c'est de
mon ressort, et je vous prie de me croire que je vais le défendre
jusqu'au bout, ce que je veux défendre. Et je vais aller jusqu'au bout
pour faire en sorte qu'on décentralise. Ça ne veut pas dire de
prendre l'argent, d'aller le porter dans la région et de dire:
Amusez-vous avec ça et jouez avec ça. Ça, ce serait tout
simplement aberrant, ce serait fou de faire une affaire de même. Mais
ça veut dire: Faire participer le milieu aux décisions. Et moi,
je vous prie de me croire, je vais mettre tout le poids que j'ai, même
s'il m'en manque quelques livres depuis un an, je vais mettre tout le poids que
j'ai pour faire en sorte que ces idées-là triomphent parce que
c'est la seule façon de développer nos régions, et je dis:
En complémentarité avec Montréal. On ne devra plus ignorer
Montréal dans toute cette relation-là parce qu'il faut qu'il y
ait une heureuse complémentarité entre Montréal et ces
régions. S'il n'y a pas ça, on va faire fausse route.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Lévis.
Argumentation M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, je suis content de voir qu'on
arrive à un certain nombre de conclusions dans le même sens parce
que quand le ministre dit que les listes d'épicerie, ça ne
règle pas le problème, c'est un peu mes constatations
après les colloques. Je disais: II y a un catalogue, mais je n'ai pas
l'impression que la commande des catalogues règle les
problèmes.
Dans les sommets sectoriels, je suis l'un de ceux au gouvernement, sous
l'ancien gouvernement, qui a participé, je pense, à la
moitié des sommets, qui a mis sur pied la moitié des sommets
sectoriels. Sur les 40 qu'il y a eus sous l'ancien gouvernement, je pense que
c'est 19 qu'on avait faits dans le secteur agro-alimentaire. Comme formule de
gestion pour tracer des orientations, c'est une formule où on pouvait se
concerter en vue de l'action. Quand on voit les sommets régionaux, on ne
constate pas qu'il y a la même façon de faire. On ne le sent pas.
On sent qu'il y a un catalogue, on tombe dans le domaine... Comme dans les
catalogues, il y a la section des vêtements, la section des
cuisinières et telles autres sections, mais à la fin, on n'a pas
nécessairement, parce qu'on a un catalogue, meublé la maison.
Quand on regarde l'économie de ces régions ou des régions
- je parle d'économie industrielle, qui est basée sur des
ressources naturelles, principalement l'agriculture, les pêcheries, les
mines, le tourisme et la forêt, et ici, j'ai mon collègue de
Duplessis qui va intervenir dans le secteur des pêches - tous ces
secteurs connaissent des difficultés importantes actuellement, et il ne
semble pas que le gouvernement ait des objectifs nationaux et régionaux
dans ces secteurs-là. C'est quoi l'objectif dans ces secteurs-là?
Ainsi, depuis 1986, l'agriculture a perdu le tiers de sa main-d'oeuvre, soit
plus de 25 000 emplois. Les revenus agricoles ont diminué, ce qui incite
les gens à quitter le secteur. Les jeunes ne sont pas
intéressés parce qu'ils voient que ça ne marche pas et les
immobilisations sont en chute libre. Les immobilisations ont baissé
considérement, actuellement, si on compare les périodes de 1980
à 1985 avec l'époque de 1986 à 1991.
Dans le secteur des pêches, le volume des captures a
diminué de 26 % entre 1987 et 1990 et, pendant la même
période, la valeur des captures a baissé de 44 %. L'industrie des
pêches génère 46 % des emplois aux
Îles-de-la-Madeleine et 25 % de ceux du sud-est de la Gaspésie.
Pourtant, c'est un secteur qui est en déclin, actuellement. Je pense
qu'il y a eu beaucoup de gens qui ont manqué de courage quand
c'était le temps. Quand on voit le nombre de poissons à
pêcher qui est moins nombreux, moi, j'avais dit dans le temps: Le
problème, quand les gens avaient eu peur d'affronter Brigitte Bardot,
bien Brigitte Bardot nuit plus aux pêches à elle seule que bien
des secteurs ensemble. Aujourd'hui, on a fa prolifération des phoques.
Un phoque, ça mange 3000 livres de poisson par année; quand on a
de 1 000 000 à 2 000 000 de phoques, les phoques mangent autant de
poisson, en addition, que tous les pêcheurs de tout l'Est du Canada en
prennent ensemble. Mais quand on dit ça, les gens qui vivent dans les
hautes sphères brumeuses de la théorie ne voient pas à
quel point c'est concret. (10 h 30)
Dans le tourisme, on constate que le déficit touristique
québécois est en progression constante depuis 1986. Entre 1980 et
1985, le déficit touristique du Québec est passé de 547
000 000 $ à 331 000 000 $, alors que de 1985 à 1988, il est
passé de 331 000 000 $ à 618 000 000 $. Cette année, il
aurait atteint 850 000 000 $. Selon une étude de la firme Samson
Bélair Deloitte & Touche, il atteindra bientôt 1 000 000 000
$, le déficit québécois en matière touristique. Les
hausses de taxes sur l'essence et l'introduction de la TPS sont grandement
responsables de la détérioration de l'industrie touristique
québécoise, notamment dans le Bas-Saint-Laurent et la
Gaspésie. Dans ce pays-là, il n'y a pas de subvention
fédérale pour y aller, comme il y a les subventions pour les
chemins de fer pour aller dans les Rocheuses. Au contraire, ici, on
enlève les trains parce qu'ils ne sont pas rentables; dans l'Ouest, on
les considère d'intérêt public. Alors, on continue de les
subventionner à raison de 814 $, si vous prenez le train de Prince
Rupert à Jasper puis le Montagnard des Rocheuses, après
ça, vous avez 814 $ de subvention par passager si vous prenez les deux
trains. Pour aller en Gaspésie, il n'y a pas une cent, mais on paie les
taxes à Ottawa, par exemple; on
paie les subventions.
Dans le secteur de la forêt, encore là, les industries
connexes... et dans les industries connexes, le marasme est actuellement
incroyable. Les scieries ferment. La santé de la forêt du
Québec est sans doute la pire au Québec. En plus, on a fait des
coupes à blanc impitoyables dans les forêts de cette
région. Pire encore, on a appris récemment que d'importantes
quantités de bois coupé en Gaspésie était
inutilisées et pourrissaient le long des chemins. Bref, on se demande
quelles sont les orientations du gouvernement dans ces secteurs
économiques, en particulier dans le Bas-Saint-Laurent et la
Gaspésie, puisqu'ils représentent l'essentiel de
l'économie de ces deux régions. Quand on a enlevé
l'agriculture, les pêches, le tourisme, la forêt et les mines,
c'est ça l'infrastructure économique. Alors, quelles sont les
orientations du gouvernement en termes de développement régional
dans ces secteurs primaires, mais aussi qui fournissent la ressource
première pour la transformation des produits dans ce
territoire-là?
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Mme la Présidente, je vais revenir un petit
peu en début sur ce qu'a dit le député de Lévis
concernant un catalogue d'épicerie. On va se dire une chose, par
exemple, là-dessus. Il ne faut pas imputer le blâme au
gouvernement de se retrouver en régions avec des catalogues
d'épicerie parce que là, autrement dit, ça voulait dire
qu'on rejetait tout ce qui avait été mis sur la table. Le
gouvernement ne pouvait pas partir, s'en aller dans le milieu puis dire: Vous
allez vous prioriser, vous allez vous choisir des dossiers que vous voulez voir
développer, et quand il arrive à la table, dire: C'est un
catalogue d'épicerie, merci beaucoup, bonsoir, on s'en retourne chez
nous! Là, ça ne marche plus, tu ne joues pas le vrai jeu,
là. Ça fait qu'il ne faut pas imputer toujours au gouvernement le
fait de se retrouver devant un catalogue d'épicerie, mais il faut
plutôt dire, amener les gens à dire: Mais pourquoi vous choisissez
ces choses-là, ça nous apparaît moins fondamental? Pourquoi
choisir une salle communautaire, même si c'est intéressant une
salle communautaire, quand les 300 000 $, 400 000 $ ou 500 000 $ devraient
être mis dans un domaine qui pourrait vous aider à vous sortir du
marasme et à créer de l'emploi? Mais on ne s'en allait pas
là pour dire: Vous avez une liste d'épicerie, on s'en vient se
chicaner avec vous autres. On s'en allait là pour dire: On vous a dit de
vous prioriser et de vous sortir des dossiers. Vous nous présentez
ceux-là et vous les avez, en plus de ça, numérotés.
C'est de même que ça se passait. Quand je me retrouvais, moi,
là, on me disait... Numéro un, chez nous, c'était le pont
de la Matawin. Bon. Je pouvais dire bien des choses sur le pont de la Matawin,
je pouvais bien ne pas être d'accord sur le pont de la Matawin, mais
j'étais obligé d'accepter que tout le monde de la région
avait dit: Ça, ça prime sur n'importe quoi chez nous.
Imaginez-vous donc! Alors, mon but ce n'était pas d'aller me chicaner
avec le monde. Mon but. c'était de leur dire, au fil du temps:
Voulez-vous s'il vous plaît vous... Il faut maintenant faire comprendre
aux gens qu'il faut qu'il y ait des axes prioritaires. Puis la on va tomber
encore d'accord. Il vient de prendre la région de la Gaspésie,
parce que, bien sûr, c'est le prétexte pour me faire parler de
développement régional, et ça, il n'y a pas de
problème à ça. Mais dire, dans la région de la
Gaspésie on a de la forêt, des pêches, il en a parlé,
peut-être quelques mines. Alors, il faut que les gens disent: Notre
développement économique, il faut l'enligner là-dessus
avec les gouvernements comme partenaires, puis les partenaires avec le milieu.
Et ça, ça va présupposer que les gens, là, quand
ils vont se donner des axes prioritaires, vont devoir comprendre aussi des
choses.
Les pêches. J'ai été ministre
délégué aux pêches, déjà. Je suis
maintenant ministre responsable de tout le secteur avec un collègue qui
s'occupe plus spécifiquement des pêches, M. Maillet, mais j'ai
déjà été ministre délégué des
pêches. Je suis allé leur dire - et le député de
Lévis connaît mon langage - carrément et crûment:
Écoutez, on a des problèmes de ressources, bon. Ça, c'est
inévitable. Même si on avait les plus beaux plans de
développement, toutes les fois qu'on met une ligne à l'eau, si la
morue ne mord pas après, on va avoir seulement les plans de
développement et la morue va être absente. Mais la morue, c'est
assez important, c'est ça qu'on mange. C'est avec ça qu'ils
vivent et c'est ça qu'ils transforment. Ça, jamais, on n'osera
dire que s'il n'y a pas de morue, c'est la faute du gouvernement; ça
peut être la faute des phoques qui en mangent trop. Mais ce n'est
toujours bien pas la faute du gouvernement. Alors, moi, je suis allé
leur dire dans le temps: On ne peut pas uniquement baser votre industrie sur du
primaire; il faut qu'il y ait de la transformation, il faut qu'il y ait du
surgelé, il faut qu'il y ait des innovations, quelque chose d'innovateur
pour faire en sorte que le peu de poissons qu'on a et qu'on prend, on puisse le
traiter de façon différente pour l'exporter, pour le faire
manger, pour avoir une deuxième et une troisième transformation.
Mais ça, ça appelle les gens à une réflexion
profonde. Ils ne peuvent pas avoir leurs petites usines primaires de
pêche dans toutes les petites municipalités, ils ne peuvent pas
avoir leurs usines de transformation dans toutes les petites
municipalités. Il faut qu'il y ait une meilleure concertation. Et
ça, inévitablement, on aura beau faire les plus belles politiques
de développement régional, si des gens,
dans leur milieu, ne se trouvent pas des axes prioritaires, ne tombent
pas d'accord sur des axes prioritaires, ils veulent tous avoir leur petite
affaire et scier leurs barreaux de chaise à la même place dans
toutes les petites municipalités, avec l'arbre qui est dans leur
municipalité. Si on pense comme ça, le développement, ce
n'est pas comme ça que ça va se faire.
Je pense que ce sont des mentalités qu'il faut changer. Ce sont
des mentalités qui sont en train de changer et c'est grâce
à tout ce qu'on a fait depuis des années dans le
développement économique régional qu'on en est rendu
à ça. Mais si on n'avait pas fait ça depuis le
début, bien on ne serait pas rendu à ça, il faudrait
commencer déjà par essayer de créer quelque chose.
Là, on a créé des choses et on change des
mentalités. On y reviendra plus tard, Mme la Présidente, sur
d'autre chose.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Ouplessis.
M. Perron: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah! Excusez-moi, M.
le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Georges Farrah
M. Farrah: merci, mme la présidente. alors, dans la
même foulée que le ministre responsable du développement
régional, je pense qu'il y a une volonté qui doit être
prise aussi au niveau du milieu. quand le député de lévis
faisait allusion effectivement à la "priorisation" des dossiers,
effectivement, je ne pense pas que c'ait pu faire en sorte d'avoir des
conséquences peut-être structurantes au niveau de notre milieu.
mais je pense qu'il faut bien admettre également, comme le ministre le
mentionnait, que c'est quand même le milieu qui a "priorisé" les
dossiers. ça, je pense que c'est important à considérer.
maintenant, ça ne veut pas dire non plus que le milieu n'est pas capable
de "prioriser" les dossiers. est-ce qu'il y a une façon d'arriver avec
une espèce d'encadrement qui sera quand même beaucoup plus
efficace pour faire en sorte qu'on structure mieux les dossiers au niveau des
éventuelles conférences, ou peu importent les
événements qui pourront survenir suite au rapport bernier? parce
que le rapport bernier, c'est quand même un document de travail
jusqu'à présent. je suis quand même reconnaissant au
député de lévis d'avoir choisi la région
bas-saint-laurent-gaspésie-îles-de-la-madeleine, qui va faire en
sorte peut-être de déborder un peu du rapport Bernier, compte tenu
que c'est un document de travail. Mais je pense qu'il y a un consensus qui se
dégage quand même, c'est que les gens de la région et de
toutes les régions du Québec, quand même qu'ils sont partie
prenante des décisions qui doivent être prises - ça, moi,
c'est quand même une opinion personnelle que j'émets - mais je
pense qu'il est très important que les gens des régions soient
partie prenante des décisions, peu importe la politique
éventuellement qui pourra déboucher au niveau gouvernemental.
Au niveau de la région aussi, également, il faut
mentionner qu'elle vit principalement de ressources naturelles, le
député en fait mention également. Ça occasionne une
problématique quand même très, très, très
difficile au cours des dernières années. Qu'on parle au niveau
des pêches principalement - s'il y a un milieu que je connais davantage
compte tenu de ma région, qui est affecté principalement par le
domaine des pêches... Alors, qu'on regarde au niveau des captures, qu'on
se rappelle en 1990 le total des captures: 72 885 000 livres, alors qu'en 1989
c'était 81 000 000 et 88 000 000 en 1988. Alors, pour aller voir une
année où il y avait moins de captures qu'en 1990, il faut tomber
en 1983. Je pense quand même que c'est un phénomène
important à considérer au niveau de la capture et il s'ensuit
également au niveau du prix. Alors que toutes les dépenses au
niveau des pêches ont augmenté selon l'inflation, au niveau des
coûts de production d'usine, au niveau des coûts aux
pêcheurs, alors le prix des captures a diminué
considérablement, ce qui fait en sorte qu'il y a une
problématique quand même particulière à affronter.
Relié à ça aussi, moi, si je prends mon comté
principalement, les Îles-de-la-Madeleine, si l'on regarde au niveau des
usines. Nous avons hérité quand même d'usines gigantesques
qui font en sorte que les coûts de production sont très
élevés à l'heure qu'il est, et aussi c'est que la
production, il y a 30 % de capacité de production qui sont
affectés et non pas 60 % ou 70 %. À ce moment-là, le
problème qui existe, c'est qu'il faut quand même payer des
coûts fixes sur de très, très grosses usines, alors que les
captures ont diminué et les prix, ce qui affecte évidemment le
marché. C'est une problématique quand même
particulière qu'il faut affronter et nos industriels doivent l'affronter
dans une conjoncture qui n'est pas facile, et ça fait en sorte d'amener
beaucoup de difficultés au niveau du secteur des pêches.
Également, lorsque le député de Lévis parle
du taux de chômage dans la région... Effectivement, le taux de
chômage est très élevé et c'est malheureux, aussi,
qu'il soit très élevé. Par contre, je pense qu'il faut
faire aussi un lien avec le fait que nos industries principales, en ce qui
concerne chez nous, c'est le tourisme et la pêche, c'est quand même
des industries saisonnières. Ça fait en sorte que, bon, c'est
bien évident que durant l'hiver, notamment, le taux de chômage est
très élevé parce que ces industries-là... Le
tourisme, c'est principalement l'été, évidemment, et la
pêche durant la saison hivernale lorsque les glaces arrivent, même
au niveau de l'automne, ça fait en sorte quand même que
les gens ne travaillent pas. Mais il reste quand même que je ne
veux pas non plus donner raison au fait que c'est normal qu'il y aft un gros
taux de chômage, ce n'est pas vrai. Il faut l'analyser quand même
dans cette perspective-là, le fait que c'est de l'industrie
principalement saisonnière et c'est très important.
Qu'est-ce que le gouvernement a tait? Je sais que mon temps
achève. Je pense que dans la conjoncture actuelle le gouvernement n'a
pas lésiné quand même. Qu'on se rappelle un programme de 6
000 000 $ que le ministre des Finances a annoncé au cours des trois ou
quatre dernières années, 6 000 000 $ par année pour
créer quand même un nombre d'emplois considérables. Je
pense que c'est un palliatif à la situation actuelle. Qu'on parle aussi
au niveau des îles principalement, une desserte maritime hivernale qui
fait en sorte de diminuer des coûts d'approvisionnement des produits. 25
% de réduction pour les Madelinots sur le billet d'avion. Le billet est
trop élevé, malheureusement, mais on a mis quand même la
même politique s'appliquer sur la Basse-Côte-Nord. Qu'on se
rappelle aussi l'exemption fiscale de 5400 $ pour un couple au niveau de ces
régions-là, et l'abolition de la surtaxe sur l'essence aussi.
C'est important, Mme la Présidente, parce que pour la première
fois depuis les trois ou quatre dernières années, on
s'aperçoit que le prix du pétrole aux îles est moins cher
que celui de Montréal ou de Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. M. le député
de Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, Mme la Présidente. Lors de sa
dernière allocution, le ministre a mentionné des mots
extrêmement importants: changer les mentalités. Et j'espère
qu'il va se diriger dans ce sens-là parce que, pour changer des
mentalités, ça prend effectivement, d'abord, une volonté
politique et aussi une volonté administrative de le faire pour que l'on
puisse créer dans les régions du Québec cette
mentalité régionale, cette volonté régionale de se
diriger, lors de la présentation de projets, dans des dossiers à
caractère économique plutôt que de régler des
dossiers comme ils ont été mentionnés au cours des
dernières années. Lorsqu'on regarde... et il est vrai que le
ministre, lorsque le ministre a mentionné que c'était le milieu
qui présentait des projets qui n'avaient, dans beaucoup de cas, rien
à faire avec l'économie du coin, ça n'aide pas le
développement économique. On peut avoir les plus beaux arenas, on
peut avoir les plus beaux centres communautaires, mais si les gens n'ont pas
d'argent pour y aller puis si les gens n'ont pas d'argent à
dépenser, si les gens n'ont pas le nécessaire pour faire vivre
ça, on n'avancera à rien au niveau économique. Je pense
que le développement régional doit être, d'abord et avant
tout, économique; il doit être décentralisé vers les
régions, mais pour le décentraliser vers les régions, il
faut absolument qu'il y ait une volonté politique de le faire, suivie
d'une volonté administrative.
Il faut aussi que, vers les régions, on ne transfère pas
seulement les décisions, mais qu'on transfère les budgets aussi
avec, ce qui est extrêmement important, et je pense concrètement
que c'est le rôle de l'Office de planification et de développement
du Québec, au niveau régional, de mettre en pratique la
volonté politique et la volonté administrative. On doit viser,
donc, à créer et à consolider des emplois en
régions. Je suis parfaitement d'accord que les gens du milieu
présentent des projets qui ne sont pas nécessairement
économiques, mais que ces projets-là devraient être
orientés vers des programmes réguliers qui sont là en
place pour ça.
Lorsqu'on parle de développement régional
économique, le ministre devrait arriver en régions, comme
ça s'est fait dans le passé, en 1983, 1984 et 1985, avec une
enveloppe spécifique, autorisée par le Conseil du trésor,
qui donne une orientation économique de l'ensemble de l'économie
de la région. Parce qu'on sait, et je l'ai vécu
dernièrement à la biennale, qu'à peu près 90 % des
projets qui sont autorisés par le gouvernement sont des projets qui font
partie des programmes réguliers. Il n'y a pas d'argent nouveau
là-dedans et ça n'aide pas l'économie du coin, non
plus.
Puisque le ministre a parlé des pêches, et je sais qu'il
était assez impliqué dans le domaine des pêches lorsqu'il
était ministre délégué, je vais parler du
Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine,
même si je suis un député de la Côte-Nord.
L'industrie de la pêche est considérée comme le fer de
lance des régions maritimes du Québec. Elle génère
80 % des emplois en Basse-Côte-Nord, 46 % de ceux des
Îles-de-la-Madeleine et 25 % de ceux du sud-est de la Gaspésie. La
conjoncture actuelle est extrêmement difficile. Au cours des trois
dernières années, l'industrie des pêches a
enregistré une importante glissade, tant au niveau des
débarquements que de la valeur des arrivages. Ainsi, de 1987 a 1990, le
volume des débarquements a chuté de 26 %. De plus, la valeur de
ces débarquements ne représente plus, en 1990, que 57 % de la
valeur atteinte en 1987.
Dans le domaine du volume des captures, en 1987, on avait 97 274 tonnes
métriques; en 1988, 88 232; en 1989, 81 465 et, en 1990, 70 082, une
chute de 26 %. Quant à la valeur des captures, c'est passé, de
1987 à 1988, de 126 000 000 à 99 000 000 et, de 1989 à
1990 - encore une nette différence - de 82 000 000 à 70 000 000,
une chute de 44 % par rapport à 1987, si on regarde 1990. Là, c'a
créé un désastre énorme dans les régions
maritimes du Québec. L'industrie de la pêche traverse l'une des
pires crises de
son histoire. Cette situation catastrophique a ébranlé
sérieusement l'activité économique de nombreuses
communautés. Et en passant, Mme la Présidente, je voudrais vous
souligner que, dans les autorisations gouvernementales qui étaient
données face à des projets, la grande majorité des projets
qui ont été présentés, et il n'y en a pas
tellement, la grande majorité des projets...
La Présidente (Mme Bélanger): ...M. le
député de Duplessis.
M. Perron: ...n'ont pas été mis en marche, pour des
raisons qui sont connues du milieu et de Québec. (10 h 45)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Duplessis. M. le ministre.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Eh bien, oui, Mme la Présidente,
j'écoute le discours du député de Duplessis puis je suis
obligé de dire qu'il suit assez logiquement ce que je mentionne depuis
tantôt, dans le fond. J'ai peut-être une petite note discordante
avec lui, c'est quand il parle des budgets d'argent neuf. Je pense qu'il y a eu
des budgets d'argent neuf sous l'OPDQ, mais on l'a institutionnalisé,
c'est-à-dire qu'on a pris des sommets qu'on avait planifiés, puis
qu'on allait... puis on a dit: Ça, c'est de l'argent neuf, on fait un
pot avec ça pour les conférences socio-économiques et les
sommets socio-économiques. De l'argent neuf, il y en a eu et il y en a
eu un peu plus qu'en 1983 et qu'en 1984. C'était normal qu'il y en ait
un peu plus parce que ça suivait le cours du temps. Bon. Alors, il ne
faut pas laisser l'impression qu'il n'y a pas eu d'argent neuf, il y en a eu,
de l'argent neuf. Mais, bien sûr, ce qui arrivait aussi, c'est que, dans
l'ordre de priorisation des dossiers, le milieu doit tenir compte de choses
importantes. Pis là, je suis complètement surpris.
Encore, même il n'y a pas si longtemps que ça là,
moi, j'étais un petit peu déboussolé de constater que dans
les plans de relance des MRC défavorisées auxquelles on a dit:
Faites-vous des axes prioritaires et, dans des plans qu'on a avec des MRC
où les gens doivent se faire des axes prioritaires, après que ces
gens-là se sont déterminé des axes prioritaires - prenons
comme exemple forêts, agriculture et tourisme - bien là, il nous
arrive encore quelqu'un pour avoir fait la concertation pour nous dire: Oui,
mais j'aimerais ça que tu me donnes 600 000 $ pour faire telle sorte de
chose. Oui mais: Ça n'entre pas dans ton axe prioritaire et ce n'est pas
ça, ton développement économique. Oui mais, moi, ce n'est
pas comme les autres. Bien, ça ne peut plus se faire comme ça,
ça ne peut plus se faire comme ça. Puis moi, je résiste
à toutes ces maudites tentations-là. J'en ai eu, des pressions de
municipalités qui sont venues me voir, qui m'ont rencontré et qui
m'ont dit: Oui, mais tu devrais nous donner ça parce que nous autres on
a telle affaire et telle affaire. Ça ne rentre pas dans le plan de
développement! Autrement dit, on va passer tout notre argent là
et, quand on aura passé notre argent là, il n'en restera plus
pour faire le vrai développement que vous vous êtes
déterminé vous autres mêmes. Alors, je résiste aux
municipalités qui me font des pressions, je résiste aux
députés qui me font des pressions aussi, parce qu'à ce
moment-là, ça ne veut plus rien dire. Ça ne veut plus rien
dire. Ou bien on est sérieux puis on se fait des axes de
développement, puis on suit ça scrupuleusement avec les milieux,
ou bien on n'est pas sérieux puis on veut que ça continue comme
avant. Puis, si ça continue comme avant, on arrive tous au même
résultat, au même constat.
Et il n'y a pas un député à l'Assemblée
nationale qui n'arrive pas à ça. Celui qui n'arrive pas au
même constat que nous là, c'est parce que, dans le fond, il ne
veut pas dire ce qu'il a à dire ou il veut cacher publiquement la
réalité. À ce moment-là, moi, je lui laisse le soin
de vouloir bien dire ce qu'il veut dire, mais qu'il ne vienne pas me
bâdrer en me disant des choses qui ne sont pas tout à fait la
réalité parce qu'on arrive à ce constat-là que de
se faire des choses à la pièce comme ça, même si
c'était normal de le faire... Je donne des exemples des fois, moi,
ça a l'air curieux de dire... Quand je compte à ma petite-fille
que ma grand-mère à moi là, elle ne pouvait pas danser
sans être en état de péché mortel, aïe! elle
part de rire et elle me regarde en riant. Bien, dans ce temps-là,
qu'est-ce que vous voulez? danser collés, c'était un état
de péché mortel par les curés du haut des chaires.
Aïe! je parle du temps de ma grand-mère. Et aujourd'hui, ma
petite-fille ne croit pas ça, elle, que c'est arrivé.
Le député de Lévis me disait aussi
déjà... Il est allé à l'université il n'y a
pas longtemps, et il a parlé aux gens de l'université, de
l'époque de Duplessis. C'est comme s'il parlait d'un autre monde. Les
gens ne savaient même pas qui c'était Duplessis. Puis,
probablement qu'ils ne se souviennent plus que le député de
Lévis a été ministre de l'Agriculture, puis, dans 10 ans,
ils ne souviendront plus que, moi aussi, j'ai été là.
La réalité est comme ça là, la
réalité est comme ça. Donc, il faut rappeler
continuellement aux gens, les amener vers ce qui est bon pour leur
développement, mais en conformité avec le milieu. On suit
ça fidèlement et farouchement parce que c'est la seule
façon de s'en sortir. Maintenant, c'est bien sûr que si le
gouvernement priorise ça tout seul, il fait fausse route. Moi, je vais
vous dire, je n'ai pas de cachette là, et s'il y a de mes
collègues qui pensent encore que le gouvernement peut tout mener tout
seul, je leur dis: Bonne chance! vous êtes à la fin de votre
carrière politique. Ce n'est pas vrai ça. Ça ne se peut
pas, ça. Ça ne marchera pas
de même.
On ne peut pas parler de partenariat avec le milieu pis pas les inclure
dans les décisions importantes qui sont les leurs. On ne peut pas faire
ça. C'est de faire fausse route. C'est, tout de suite en partant,
établir un mécanisme qui ne fonctionnera pas. Pour que le
mécanisme fonctionne, il faut que les partenaires soient des partenaires
qui se déterminent, en gens intelligents, des axes prioritaires, puis
qu'on dise: On s'en va avec des oeillères de chevaux avec ça pour
dire: C'est ça qu'on fait, quitte à le modifier au bout d'un an
ou deux ans parce que ce sera toujours en changement. Il y aura toujours une
forme de changement à faire, mais il faut tirer le nez à quelque
part et s'en aller vers ça. Et ça là, quand on fait
ça, on ne se trompe pas. Et il faut arrêter de pleurer sur le
fait, et je pense qu'on le souligne - je ne reproche pas au
député de Duplessis de le souligner - il faut arrêter de
pleurer sur le fait qu'on prenait plus de poissons avant et qu'on en prend
moins. Il y a des raisons à ça. Un coup qu'on a fait tous les
débats et qu'on s'est forcés pour avoir tous les poissons, bien,
qu'on vive avec ce qu'on a et qu'on fasse la meilleure des choses.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Mme la députée de Matane.
Mme Claire-Hélène Hovington
Mme Hovington: Merci, Mme la Présidente. Mme la
Présidente, j'entendais le député de Lévis tout
à l'heure parler de la forêt gaspésienne; elle était
mal en point, les scieries fermaient. J'aimerais revenir un petit peu en
arrière et faire un peu l'historique depuis que je suis là,
depuis 1985, l'historique du comté de Matane que je représente.
Je me souviens quand j'ai été élue en 1985, la
première chose dont les gens m'ont parlé, c'était de leurs
scieries et de leur forêt, et le gouvernement précédent qui
avait été là avait, en fait, nationalisé les
scieries parce qu'il avait mis sur pied les Bois de l'Est, souvenez-vous... Et
ces fameux Bois de l'Est là avaient mis sur pied cinq scieries,
regroupaient cinq scieries: une à Grande-Vallée, une à
Marsoui, deux dans la vallée de la Matapédia, une à
Matane. Ces scieries-là avaient été regroupées pour
se centraliser dans la ville de Matane où, supposé-ment, on
aurait une usine de papier qui viendrait rentabiliser toutes ces usines. Et ce
que les gens de Denis-Riverin, cette fameuse MRC qui est la plus démunie
du Québec, qui est dans mon comté... C'est une MRC qui comprend
les villes de Sainte-Anne-des-Monts, Cap-Chat, Tourelle, Marsoui... En fait, 10
municipalités comme celles-ci, pour bien vous les situer. Et ces
gens-là étaient sans travail; assis sur leur galerie, ils
voyaient passer le bois équarri sur trois faces devant leur maison,
devant lour perron pour aller se faire finir à Matane, et ça, les
gens disaient: Pourquoi équarrir notre bois sur trois faces, gaspiller
notre bois pour que celui-ci aille se faire travailler à Matane quand,
nous, on manque de travail? Actuellement, Mme la Présidente, le bois
équarri sur trois faces, il ne passe plus devant les maisons de ces
gens-là parce que dans Marsoui, dans la scierie de
Marsoui-Grande-Vallée, il y a eu un investissement, entre autres
à Marsoui, de 6 000 000 $ pour faire en sorte de multiplier les
opérations. Alors, au lieu de faire du bois équarri sur trois
faces maintenant, on fait du bois de deux pouces, et de 10 emplois on est
passé à 43 emplois. C'est ça du développement
régional aussi. Et ça, c'est important de le mentionner.
Pour Cap-Chat, Mme la Présidente, la scierie de Cap-Chat, la
Richardson, avait brûlé en 1975. Pendant les 10 ans du
gouvernement péquiste, ces gens-là ont voulu rebâtir une
scierie, ont voulu repartir une scierie parce que leur tradition est
basée sur la forêt, leur histoire est basée sur la
forêt. Bien, jeudi prochain, Mme la Présidente, je m'en vais
inaugurer une scierie à Cap-Chat qui va employer au-delà d'une
soixantaine d'ouvriers en usine et en forêt. Depuis 1975, cette
population-là attendait une scierie.
À La Martre, une autre municipalité dans Denis-Riverin, la
municipalité la plus démunie, Mme la Présidente,
j'inaugure dans 15 jours une usine de palettes de bois, un investissement de 1
300 000 $. Alors, la forêt, il faut lui ajouter une plus-value, il faut
avoir des produits finis.
Le gouvernement libéral a rempli, a répondu à une
attente d'au-delà de 30 ans de la population de Matane. Il y a une usine
de 300 000 000 $ qui s'est bâtie à Matane. Il est vrai, c'est la
récession, le marché de la pâte est très difficile
dans le monde entier, mais quand on parle de développement
régional, Mme la Présidente, il va falloir de plus en plus aussi
regarder à la globalisation du marché et à la
mondialisation du marché. Qui aurait dit, il y a deux ans, en 1988,
quand on a fait la première pelletée de terre de cette usine,
où une tonne de pâte se vendait 800 $ US, que trois ans
après elle se vendrait à peine 325 $ américains la tonne?
Qui nous aurait dit que le Brésil viendrait compétitionner la
pâte qu'on fabrique à Matane? Mais l'usine, elle est là.
C'est un acquis pour la ville de Matane, c'est un acquis d'une usine à
la fine pointe de la technologie, qui répond aux normes
environnementales les plus parfaites, et c'est une usine qui n'est pas
démantelée; ce n'est pas une faillite, elle est fermée
temporairement jusqu'à une reprise du marché de la
pâte.
Mme la Présidente, la MRC Denis-Riverin est... Je sais que mon
temps s'écoule rapidement. Vous savez, le gouvernement, en 1988, avait
édité ce livre et lancé: Le Plan d'action en
matière de développement régional. C'était en cinq
volets, et j'aimerais revenir sur le volet no
5: "Soutien aux régions en difficulté". La MRC
Denis-Riverin, étant la plus démunie au Québec, faisait
partie donc de ce volet 5. Et on a mis sur pied des contrats de relance; en
fait, un mini sommet économique à la grandeur de la MRC
Denis-Riverin, qui donne à cette MRC des outils de développement
économique. Et c'est la MRC elle-même qui va fixer ses axes de
développement, qui va se donner des outils de développement
économique et des projets structurants. Ça, ça fait partie
d'une décentralisation, justement, des prises de décision. C'est
la MRC elle-même qui va se donner ces outils de développement. Et
le contrat de relance va très, très bien. Actuellement, les
projets sont à être finalisés pour signer un contrat entre
le gouvernement et la MRC de Denis-Riverin.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Matane.
Mme Hovington: Alors, si je peux terminer en disant: La
décentralisation, la modulation des programmes aux besoins des
régions, c'est vers ça qu'on doit se diriger.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Matane. M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Moi, j'ai l'impression qu'il va falloir aller plus loin
que ça. Et je regarde, je vous écoute parler. J'attends plus du
ministre, parce qu'il est capable. Si je pensais qu'il n'était pas
capable, je ne lui demanderais rien. Et je vais vous dire une chose, un apport.
Je regarde les Japonais: ils n'ont pas de poisson, ils n'ont pas de mines, ils
n'ont pas d'agriculture, ils n'ont pas de forêts. Il y a 15 ans, dans les
10 plus grandes banques du monde, il n'y avait pas de banque japonaise.
Aujourd'hui, les 10 sont japonaises. La principale ressource qu'ils ont
développée, c'est les quatre pouces qu'ils ont au-dessus des
sourcils. Puis le reste est venu par surcroit, puis ils prennent des ressources
partout dans le monde, puis ils sont les premiers au monde.
Nous autres, quand je regarde le secteur qui devrait bâtir les
quatre pouces au-dessus des sourcils, j'ai l'impression qu'il est
complètement déconnecté du milieu; et je pense à
nos universités. Je pense qu'elles font partie du problème. Quand
je regarde - puis ça fait 15 ans que je suis en politique - je regarde
l'apport de l'Université Laval; Laval, à mon avis, va siphonner
le maximum qu'elle pouvait prendre dans l'Est du Québec, pour donner
quoi en retour? À mon avis, rien. Je le dis de Lévis comme
député, comprenez-vous? On siphonne nos enfants pour se faire de
la clientèle, mais, en retour, on donne quoi? Rien. Quand je regarde
qu'on veut développer quelque chose dans la Côte-Nord... L'univer-
sité de Rimouski, qui est trop timide, l'université de Rimouski,
une université du milieu, beaucoup trop timide, beaucoup trop peu
exigeante, beaucoup trop satisfaite. Elle fait partie de la ligue de la
conférence des recteurs, que j'appelle la ligue du vieux poêle,
l'absence de concurrence universitaire. Moi, je pense que, si on veut faire
quelque chose dans le territoire... On parie toujours des ressources du
gouvernement. La principale ressource où on met beaucoup d'argent comme
gouvernement, c'est dans l'éducation. Mais qu'est-ce que nos
écoles... On a réussi à produire Mgr Parent, qui a
réussi à "scraper" nos écoles techniques qui
étaient pas pires dans ce temps-là. On était les premiers
au Canada. On est rendus les derniers. C'est ça qu'a été
l'apport de l'Université Laval!
Là, il va falloir dire, à un moment donné
là... Moi, je pense qu'il va falloir brasser plus le secteur de
l'éducation. On regarde le milieu. J'écoutais la
députée de Matane quand elle parlait des billots de bois. Bien,
il va falloir se demander: Qu'est-ce que l'université va faire en termes
de développement? On a dit: Ce sont des gens payés à plein
temps pour réfléchir, pour animer le milieu, pour faire de la
recherche axée sur les besoins de la population. Qu'est-ce qu'ils font?
Je trouve qu'ils ne font pas le centième de ce qu'on leur donne. Bien
moi, je pense qu'il va falloir être exigeant pour ce milieu.
Dans les cégeps... On a créé des cégeps trop
gros, à mon avis, trop loin de la population, des écoles
polyvalentes trop grosses. À cette heure, il faut fournir des autobus,
des pensions puis tout ça pour aller chercher le monde trop loin. On a
dépouillé les gens de leurs enfants. Puis, aujourd'hui, on a des
gens qui sont mal pris, des décrocheurs, 40 % de décrochage. Moi,
je pense que, à la réforme du développement
régional, il va falloir que le monde de l'éducation s'implique.
Et je pense que c'est le principal agent qui n'a pas donné ce qu'il doit
donner depuis 20 ans. On recherche toujours au gouvernement... Qu'est-ce que le
gouvernement et la MRC... Qu'est-ce que vous voulez que le secrétaire de
la municipalité, comprenez-vous, qui a déjà tous les
comptes de taxes, toutes des affaires à zigonner, alors que vous avez le
professeur qui est là à plein temps, six heures de cours par
semaine? Il est là pour réfléchir, puis qu'est-ce qu'il
apporte?
Moi, je pense qu'il va falloir faire une grande révolution dans
les universités du Québec pour les axer sur les besoins de la
population. Les cégeps, il va falloir aussi qu'ils sachent les besoins.
Qu'est-ce qu'ils vont pouvoir contribuer pour faire en sorte que les gens qui
sortent de là travaillent mieux? Parce que le problème de la
qualité, c'en est un. Le problème de la régularité
de la qualité. Et je regarde le ministre. Quand le ministre de
l'Industrie et du Commerce dit: La qualité totale... J'ai
été le premier - pas le premier, non, je serais
prétentieux en disant
ça - quand je m'étais présenté à la
direction de mon parti, je n'ai pas gagné, mais j'avais des bonnes
idées. Et une de mes idées, c'était, c'était pour
réussir l'excellence, parce que j'avais constaté, quand j'allais
à Boston, et demandé: Pourquoi vous payez 0,50 $ pour notre
poisson? Ce n'était pas le poisson du Québec, c'était le
poisson de l'Est du Canada. Après que j'ai vu comment ils inspectaient
le poisson, j'ai compris. J'ai dit: Vous en avez du bon puis, des fois, du pas
bon. Mais on ne peut pas se fier. Il n'est pas toujours bon.
Alors, quand on regarde en termes de transformation, si on fait de la
transformation... Je regarde le ministre: Moi, j'ai dit ça. Je suis
certain que les ministres des pêches disent ça depuis 15 ans. Mais
qu'est-ce que nos institutions, qui sont payées à plein temps
pour faire ça, font pour faire qu'il y ait de la transformation un peu
poussée, puis s'impliquer, puis aider l'entreprise, aider les
étudiants, aider le milieu? Moi, j'ai l'impression qu'on leur garroche
de l'argent par millions. Ils se satisfont dans la complaisance universitaire
au-dessus de la mêlée. J'ai l'impression qu'aux moyens où
on est rendus actuellement, qu'on manque d'argent. Il va falloir qu'elles
s'embarquent dans la mêlée, puis si elles ne sont pas capables
d'embarquer, on va les débarquer. On va mettre de l'argent ailleurs.
Je pense qu'on n'a pas le choix d'embarquer le milieu de
l'éducation dans une grande révolution, puis je pense que le
ministre est capable de travailler dans ce sens-là, parce que, si les
Japonais sont capables de faire quelque chose avec rien, comment ça se
fait que, nous autres, on n'est pas capables de faire quelque chose alors qu'on
a les ressources? Il y a quelque chose qui ne va pas. (11 heures)
Je pense que le milieu de l'éducation doit connaître une
révolution, puis dans la régionalisation, puis le
développement régional, il faut embarquer tout le milieu de
l'éducation, de l'école primaire à l'université.
Par exemple, je me rappellerai toujours une phrase de René
Lévesque...
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, monsieur.
M. Garon: Je termine là-dessus, une phrase. ...quand il
disait: Des fois, je pense que c'est plus facile de faire monter le poisson
à Québec que de faire descendre les fonctionnaires dans le
territoire.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député.
M. Garon: Je pense que c'est vrai aussi pour les
universitaires.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. le
député de Lévis. M. le ministre.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Mme la Présidente, j'ai l'impression ce matin
qu'on assiste à un grand party de régionalistes, ici, à
l'Assemblée nationale, parce que je suis encore obligé de dire -
et ce n'est pas déplaisant, pour moi, de le dire - qu'on se rejoint
à bien des points de vue, le député de Lévis et
moi. Moi, je ne parlerai pas d'universités comme telles et du domaine de
l'éducation Je pourrais en parler, parce que je suis issu de ce
monde-là. J'en suis sorti, d'ailleurs. Mais, comme je suis issu de ce
monde-là, j'ai constaté depuis longtemps que ça fait appel
à bien des changements, non seulement de mentalité, mais de
notions nouvelles, tu sais.
Moi, je provoque, présentement, au sein du gouvernement, une
large discussion qui se fait et qui va continuer de se faire, qui est
commencée et qui va continuer de se faire, sur la
complémentarité. La vieille idéologie disait: Quand on va
développer Montréal et qu'on va en mettre, ça va
déborder dans les régions. Ah! le débordement n'est pas
fort. Les tornades de Maskinongé ont été plus dommageables
que le débordement de Montréal. Bon! Ça, c'est la vieille
conception. Aujourd'hui, ce n'est pas ça qui doit fonctionner et ce
n'est pas de même que ça doit marcher. Il faut faire prendre
conscience à tout le monde qu'il a un rôle à jouer dans le
développement régional. S'il y avait moins de chômeurs dans
nos régions, s'il y avait moins de pauvreté dans les
régions, on ne se retrouverait peut-être bien pas tous à
Montréal pour aller coucher dans les portiques des grands
édifices, pour aller manger des soupes populaires et aggraver le
problème de Montréal si, chez nous, on avait certaines
ressources, puis si notre milieu, puis notre économie tournaient mieux.
C'est ça, la vraie réalité des régions puis la
vraie réalité qu'on vit.
À partir de ce moment-là, il faut que tout le monde
embarque là-dedans. Moi, je ne dirais pas rien que les
universités, parce que j'ai l'impression moi aussi, des fois, que les
universités nous trouvent bien fins, bien "smarts" les politiciens,
quand on signe des études et des contrats d'étude. Ça,
ça fait leur affaire. Ils ont des contrats d'étude, et quand ils
ont fini d'étudier, ils nous remettent ça sur la table et leur
rôle est joué. Ils doivent aller bien plus loin que ça, se
questionner: Qu'est-ce que nos régions ont besoin comme formation?
La première chicane que j'ai eue quand j'ai été
nommé ministre, tout le monde a trouvé ça
épouvantable. Ça a été ma première
déclaration. C'est par cette déclaration, que le monde trouve
épouvantable, mais je m'en balance: Je dis ce que je pense, moi. Quand
j'ai dit à la ville de Trois-Rivières, dans le temps, puis
heureusement, ils se sont corrigés depuis ce temps-là - on
préparait
un sommet qui s'en venait - j'ai dit: La capitale régionale, j'y
crois à ça, moi, à condition qu'elle laisse respirer ce
qui est alentour d'elle. Si être capitale régionale, c'est de tout
amener à Trois-Rivières et qu'il ne reste plus rien alentour,
bien, c'est comme: "Vive le roi!" quand il part et quand il meurt. C'est
ça, la réalité. Donc, il faut que la capitale
régionale travaille en fonction de ses composantes.
Donc, moi, la réflexion profonde qui est provoquée
présentement, c'est de la formation de main-d'oeuvre. On aura beau se
donner tous les plans du monde voulus, si nos gens ne sont pas formés
pour remplir ces fonctions-là... L'immigration qui s'en vient chez nous,
elle ne peut pas arriver n'importe comment, de n'importe quelle façon.
Elle aura beau parler français, on aura beau demander des gens qui
parlent français, bien, il faut savoir de quel genre d'immigration on a
besoin pour aider les milieux à se com-plémentariser au niveau de
l'emploi, etc. Donc, l'immigration, la formation de la main-d'oeuvre, les
universités, le monde de l'éducation, le monde syndical... Toutes
les fois que je vois un professeur, moi, qui est réticent a changer sa
façon de penser et à changer de fauteuil, à un moment
donné... J'ai été dans l'enseignement, j'ai
été directeur d'école. Changer un professeur de classe,
c'était une révolution, parce qu'on l'enlevait de la classe du
premier étage pour le monter au deuxième. Il voulait garder sa
classe qu'il l'avait depuis 10 ans et il voulait nous faire un grief syndical.
Il faut que les syndicats et que les gens changent leur mentalité. Il
faut qu'ils s'en aillent où on a besoin d'eux, qu'ils aient de la
disponibilité s'ils veulent qu'il y ait cette disponibilité dans
la région.
Et ça là, le développement régional, il va
se faire à la condition que ce soit horizontal puis qu'une foule de
ministères, au gouvernement, s'ajustent à ça. C'est bien
sûr qu'ils ne s'ajusteront pas dans les mois qui viennent, parce que
c'est un profond changement, mais il faut qu'ils s'ajustent graduellement pour
en arriver à ça, comme ça s'est fait graduellement depuis
le premier sommet qu'on a tenu dans votre temps, puis des sommets que Marc-Yvan
Côté a perfectionnés, puis a changés et a
modifiés. On en est rendu à cette époque-là. Puis
c'est pour ça que le rapport Bernier est allé questionner les
hauts fonctionnaires et a fait l'état de mises en situation. C'est pour
ça. Mais moi, je me dis: Si le gouvernement n'ajuste pas tout ça,
peu importe le gouvernement, il va avoir quelque chose qui va manquer dans la
toile de fond.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Gaspé.
M. André Beaudin
M. Beaudin: Merci, Mme la Présidente. Parmi tous les
intervenants ici ce matin, je pense bien que je suis le témoin vivant de
la présence du député de Lévis dans la
région de l'Est du Québec, et particulièrement pour un
coin de prédilection pour le député de Lévis, dans
le comté de Gaspé, et en particulier dans le secteur qui est
couvert entre Cloridorme et Paspébiac.
D'entrée de jeu, Mme la Présidente, je voudrais dire que
je reconnais au député de Lévis - pour le connaître,
au moins de réputation, depuis, je dirais, les années 1976, 1978
en particulier - je reconnais de grandes qualités, et les gens de la
région chez nous lui reconnaissent également une certaine
sympathie pour la région. Je suis prêt, moi, à
reconnaître ça aussi parce que, comme président de chambres
de commerce régionales et également comme maire de
municipalité, j'ai eu à voir oeuvrer le député de
Lévis, alors ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, dans mon comté. Il projette également chez nous
une certaine attirance, un certain intérêt, parce qu'il a un
discours, et particulièrement aujourd'hui, il a un discours assez
louable en matière de développement régional. Le
problème des gens de chez nous, M. le député de
Lévis, c'est quand ils essaient de faire la relation entre ce que vous
prêchez et que vous dites aujourd'hui et ce que vous avez fait dans le
temps. Ça devient assez difficile.
Pour situer les gens qui nous entourent dans le contexte, je rappellerai
qu'évidemment le député de Lévis a
été ministre responsable des Pêcheries et, à ce
titre-là, a eu à intervenir à plusieurs reprises, et des
fois de façon bénéfique, je le reconnais, dans ce
secteur-là, et particulièrement dans le secteur sud de mon
comté. Je voudrais préciser aussi que de 1981 à 1985, son
adjoint parlementaire était mon prédécesseur, le
député péquiste Henri Lemay qui, assez paradoxalement, est
devenu le ministre responsable du Développement régional et
ministre de la Voirie régionale.
Alors, encore une fois, je voudrais dire que le problème c'est
qu'avec toutes les qualités qu'on peut reconnaître au
député de Lévis, notre problème chez nous,
actuellement, c'est d'essayer de faire la relation entre ce que vous avez fait
entre 1978 et 1985 et ce que vous tenez comme discours, encore une fois, assez
louable, aujourd'hui. Je voudrais simplement vous rappeler que vous avez
essayé à toutes les occasions de ridiculiser l'exercice de
sommets économiques, alors que je me souviens très bien qu'en
campagne électorale, vous et votre collègue de Gaspé,
à ce moment-là, aviez promis - depuis 1981, finalement, cet
exercice de sommet économique qui, finalement, a été tenu
par les libéraux deux ans après notre arrivée au pouvoir.
Après cet exercice-là, vous avez continué à trouver
à peu près ou à chercher à peu près tous les
poux que pouvait comporter cet exercice-là, et ça, je dois vous
dire que votre opinion là-dessus n'est pas partagée par les gens
de chez moi, et peut-être également par des gens qui sont plus
près
de vous que de moi.
Il reste que c'est vrai que l'exercice du sommet économique n'a
peut-être pas répondu à toutes les attentes qu'on avait,
sauf qu'il faudrait préciser que cet exercice-là n'a pas
été le seul exercice du gouvernement depuis 1985. Et je voudrais
particulièrement attirer l'attention du député de
Lévis en lui disant que, tout à l'heure, il mentionnait que les
gens de la pêche n'étaient pas là, les gens d'affaires
n'étaient pas là. Mais ça n'a pas empêché les
gens de la pêche et les gens d'affaires de continuer à travailler
sur des dossiers qui étaient prioritaires pour le développement
régional, et je pourrais ne vous en citer que deux: par exemple, l'usine
de deuxième et troisième transformation Bacalao, Del Castillo
à Gaspé qui est en train de se réaliser; elle est en train
de se mettre en opération. Et ça, c'était dans les axes de
développement de l'exercice, sauf que ce dossier-là n'a pas
été analysé à l'exercice du sommet. Et pour faire
rapidement, je voudrais donner l'autre exemple: l'usine Cusimer à
Mont-Louis qui vient de racheter les permis de Fruits de mer impérial de
Saint-Hyacinthe qui, elle, va se spécialiser non pas dans la morue, mais
dans des espèces non exploitées, en prenant les quantités
des volumes de morue et en les redistribuant à d'autres usines de la
côte pour leur permettre de fonctionner.
Je termine, Mme la Présidente, en disant, en demandant au
député de Lévis de ne pas prendre les exemples, par
exemple, qu'il va chercher souvent dans mon comté, pour projeter son
discours sur le développement régional, parce que votre
passé n'est pas nécessairement garant de quelqu'avenir que ce
soit de votre part en matière de développement
régional.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Gaspé. M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Je pense, Mme la Présidente, que si le
député de Gaspé n'a pas constaté une constante dans
mon action, c'a été de remettre le maximum de pouvoirs dans les
gens du territoire. Et à regarder, par exemple, l'usine de Newport,
c'est un modèle, par exemple, et ce que j'ai fait, c'est que j'ai
essayé de faire en sorte que les gens dirigent leur affaire
eux-mêmes, alors qu'avant ils devaient prendre leurs décisions au
siège social des Pêcheurs unis, qui était à
Montréal. J'ai remis le pouvoir dans le territoire.
Dans le domaine des pêches, je vais vous dire qu'à peu
près tous les fonctionnaires ont été
déménagés en Gaspésie; il en est resté
trois, quatre, et que voulez-vous? Il y avait quelques spécialistes de
la ressource. Quand la femme puis leurs enfants ne veulent pas
déménager, et qu'on a besoin de ces deux, trois
spécialistes-là, c'est à peu près les deux, trois
spécialistes qu'on a gardés à Québec. Tout le reste
est rendu dans le territoire.
Le déménagement, c'est fait. Il y a des affaires qu'on n'a
pas pu faire parce que... qu'est-ce que vous voulez? Dans les pêches, on
n'est pas tout seul. Il y avait le gouvernement fédéral. Vous
savez que Roméo Leblanc n'était pas... J'ai parlé
tantôt de Mme Bourgon, par exemple, qui faisait partie des
problèmes, à mon avis, et Roméo Leblanc également.
Parce qu'on n'a pas de juridiction. Ça, c'est une affaire que je voulais
corriger en attendant qu'on ait juridiction, parce que le rapport Bernier, au
fond, il y a des affaires que je n'avais pas... Regardez, dans le domaine des
pêches, la modernisation des pêches, la loi 48 n'a pas
été appliquée par le gouvernement libéral. Je l'ai
fait voter, la loi. Elle a été passée. On l'a
passée au mois de juin 1985. Je n'ai pas pu révolutionner toutes
les pêches en l'espace de quatre ans. J'ai eu les pêches pendant
quatre ans. Mais la loi 48 avait été votée. Elle n'a
jamais été appliquée. La protection de la ressource, le
gouvernement s'est débarqué de là-dedans. Les statistiques
qu'on avait, on ne les a plus maintenant de la même façon, parce
qu'on s'occupe de la protection nous autres mêmes, on a même
liquidé les bateaux. Aujourd'hui, souvent, on paie pour liquider des
usines. Évidemment, ce n'est pas tout à fait la même
action, mais vous regarderez, mon action a été constante, de
mettre le maximum de choses dans le territoire puis d'amener les fonctionnaires
à travailler dans le territoire.
Mais avec le fédéral, je vous donne un exemple concret,
qu'on pourrait dire de confusion, du découpage des régions. Le
rapport Bernier dit: Confusion dans le découpage des régions; les
régions du fédéral ne correspondent pas à celles du
Québec; dédoublement des structures qui entraîne des
coûts considérables par rapport aux sommes consacrées au
développement; multiplicité des intervenants gouvernementaux
entraînant la confusion chez les intervenants régionaux. Le
rapport conclut: "Le moment venu, il sera sans doute nécessaire que les
autorités gouvernementales québécoises prennent en compte
ces phénomènes et les évaluent, notamment à la
lumière des décisions qu'elles auront prises dans le cadre du
renouvellement de la politique québécoise de développement
régional."
Qu'est-ce que le gouvernement va faire face à ça? Que fera
le gouvernement? Est-ce qu'on va laisser le développement
régional assumé par le fédéral, ou est-ce qu'on va
décider que le maître d'oeuvre, c'est le gouvernement du
Québec? Il y a un problème à la source. Le rapport
Bernier, je comprends qu'il est mal pris parce qu'il se dit: Qu'est-ce que je
fais? J'opère dans un Québec qui va mener ses affaires ou
non.
Je vais vous donner un exemple concret. J'ai rencontré
récemment dans le port de Ri-
mouski - le gouvernement fédéral veut mettre 28 000 000 $
dans le port de Rimouski, pour le réaménager et tout ça -
les gens me disent... J'ai rencontré les gens de Rimouski, ils m'ont
dit: Ce dont on a besoin, c'est que le port de Rimouski, les mêmes 28 000
000 $ affectés pour quoi? Pour que le port, au lieu d'être un port
de 7 mètres, soit un port de 10 mètres. Parce qu'on a besoin,
nous autres, pour occuper notre place dans le domaine du transport maritime,
que les bateaux puissent accoster. Actuellement, à 7 mètres, les
bateaux qui ont un peu de volume ne peuvent pas accoster. Alors, ils
arrêtent à Halifax. Mais comme le fédéral ne veut
pas nuire à Halifax, il fait en sorte que le port de Rimouski reste
à 7 mètres, alors qu'avec les mêmes 28 000 000 $, pas une
cent de plus, mieux affectés, le port serait à 10 mètres,
puis sacrifice! les bateaux se rendraient à Rimouski. Imaginez-vous ce
que ça voudrait dire en termes de développement
économique.
On est bloqué actuellement, pourquoi? Dans les pêches, j'ai
été bloqué par ça. Quand tantôt, j'ai
parlé... Je n'ai pas entendu le député de Gaspé,
j'ai parlé de Mme Bourgon, ça fait partie des problèmes.
Roméo Leblanc faisait partie des problèmes. Je vous disais,
à ce moment-là, le Québec doit assumer ses
responsabilités et avoir une orientation politique en termes de
développement des pêches, en termes de développement
maritime. Mais, tant qu'on a les gars à Ottawa qui nous nuisent, on est
comme un cheval à deux pattes. Je n'ai pas vu beaucoup de chevaux
à deux pattes qui peuvent gagner des courses. C'est difficile. Dans le
domaine agricole, on a pu aller plus loin parce qu'on avait plus de
juridiction; dans le domaine des pêches, on n'en avait quasiment pas, de
juridiction. Alors, par exemple, je vous donne un exemple concret. Si on avait
l'uniformité - et j'aimerais ça, savoir ce que le ministre pense
- qu'est-ce que le gouvernement a l'intention de faire dans ce sens-là,
dans le sens de diriger le développement régional, pour ne pas
qu'il y ait incohérence et conflit entre les politiques du Québec
et les politiques fédérales? Parce qu'on se trouve dans cette
situation-là. (11 h 15)
Souvent, avec le même argent, on réussit à nuire
plutôt qu'à aider. Tantôt, le ministre a donné un bon
exemple. Je pense que c'est le ministre qui l'a donné, quand il a dit,
à un moment donné, dans les sommets ou dans des affaires, on dit:
Laisse-moi passer telle affaire et je vais te laisser passer telle affaire.
Ça fait qu'on se retrouve avec deux mauvais projets, parce qu'il y a un
"deal". Comprenez-vous?
Moi, je pense que ce n'est pas ça qu'il faut faire. En termes de
développement, il faut qu'il y ait une orientation, et il y a quelqu'un
qui est en charge, mais en charge de façon cohérente. Ça
ne peut pas être autrement que le gouvernement du Québec. Mais
là actuellement, le rapport
Bernier constate qu'on est dans la confusion à cause de la
situation constitutionnelle. Est-ce que le ministre peut nous dire comment il
voit l'avenir dans ce secteur-là?
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Parce qu'un port de Rimouski à 10
mètres...
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis.
M. Garon: ...je vous dis que c'est le jour et la nuit avec ce
qu'il y a actuellement.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre, à la question.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: M. le Président... Mme la Présidente...
Vous dites, M. le député de Lévis, vous insistez... mon
"monsieur" à moi aussi.
Mme la Présidente, le député de Lévis, je ne
voudrais pas lui rappeler de mauvais souvenirs, mais il va sûrement avoir
ces souvenirs-là. Moi, je suis content de voir qu'il a
décentralisé les pêches pour les envoyer en
Gaspésie, parce qu'il ne peut pas y avoir un gars plus d'accord que moi
là-dessus. La vraie pêche, elle se fait dans le bout de la
Gaspésie et dans ces coins-là. Avoir un contrôle à
Québec... Vous êtes-vous imaginé, d'abord, ce que c'est, en
termes d'éloi-gnement de territoires, pour gérer des choses,
comment ça peut être un handicap, ne serait-ce que de demander aux
gens de se déplacer pour aller à leur bureau pour discuter des
grandes choses? Comment c'est un problème, partir de Gaspé,
partir de la Côte-Nord, pour aller à Québec pour venir
faire... Ils perdent deux jours, ces gens-là, pour venir discuter de
leur problème. Le député de Lévis va sûrement
se rappeler aussi d'une chose; c'est que, ça a pris un petit peu de
temps entre son idée, l'idée qu'il a eue, et que ça se
concrétise. Pas uniquement au niveau des fonctionnaires, parce que ceux
qui étaient ici dans le temps savaient très bien que
c'étaient des discussions de coulisse, qu'il y avait beaucoup de
réticence de la part de son propre gouvernement, et ça, c'est
normal. Ça lui donne raison, quand même, aujourd'hui. Ça
donne raison que, dans ce temps-là, quand il pensait comme ça,
c'était la bonne voie à emprunter. On ne reviendrait plus, moi,
je pense - j'ai déjà été ministre
délégué aux Pêcheries, je l'ai dit tantôt, je
suis encore ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation - on ne reviendrait plus à prendre des sièges
sociaux comme ça, ou des sièges importants comme ça, et de
les ramener dans la grande capitale. Non pas que ce n'est pas
intéressant d'être dans la grande
capitale, mais ça rend bien plus service aux gens du milieu.
Parlons du fédéral, maintenant. Le député de
Lévis sait très bien ce que je pense du fédéral. Ce
qu'il faut avoir, Mme la Présidente, ce n'est pas bien compliqué,
c'est de faire en sorte qu'il ne se reproduise plus des situations comme on vit
présentement, où le gouvernement fédéral dit: Vous
avez 1 000 000 $, 2 000 000 $ sur la table jusqu'au 31 octobre; s'il n'est pas
dépensé d'ici au 31 octobre, moi, je le retire, je l'envoie
ailleurs. Puis là tout le monde, finalement, alentour, les gens qui le
reçoivent comme le gouvernement du Québec, dans une situation
pour être obligé de dire oui, tout en sachant que, parfois, ce
n'est pas la meilleure façon de mettre 2 000 000 $ à quelque
part.
Maintenant, il y a deux façons de voir ça. La
première des façons, c'est de dire: On va continuer de se
chicaner à grands coups de poing sur la table? Ça n'a pas de bon
sens! Puis le député de Lévis sait très bien que je
n'ai pas ménagé mes paroles, quand est arrivé le temps de
parler du développement régional. Je n'y suis pas allé
avec le dos de la cuillère, puis tout ce que j'ai dit, je ne retire pas
un iota de tout ce que j'ai dit. Même, peut-être que si ça
se disait aujourd'hui, je dirais une phrase de plus. Donc, là-dessus, il
connaît mes couleurs puis il connaît ma façon de penser.
Mais moi là, j'ai appris, dans la vie, à ne pas me battre
continuellement sur des choses qui n'avancent pas, parce qu'un jour elles vont
avancer, ces choses-là. Mais il s'agit, par exemple, de trouver une
façon de procéder qui va faire en sorte que le
fédéral n'aura pas le choix, qu'il devra venir avec le milieu
établir les bonnes priorités. Et moi, je vais revenir à ce
que je disais plus tôt: Oui, le gouvernement du Québec doit
être celui qui, avec le milieu, en partenariat, définit les
objectifs, les axes prioritaires. Et le ministre responsable du
Développement régional doit être celui qui fait un suivi
scrupuleux et qui oblige les gens à suivre leur axe prioritaire, puis
à les ramener dans le sillon où ils doivent aller, un coup qu'ils
ont décidé ensemble de faire tel genre de développement et
d'avoir leur axe prioritaire, quand on a fait cette grande
discussion-là. C'est mieux que ça prenne trois mois, quatre mois
à s'établir des axes prioritaires et a faire cette bonne
discussion-là ensemble, puis quand on sera bien partis, de suivre
ça pour que ça fonctionne que de faire un peu ce qu'on a fait et
s'ajuster au fil du temps et au fil du vent. Et ça, c'est la job du
gouvernement du Québec, et j'entends l'assumer pleinement, cette
responsabilité-là, puis j'entends la déterminer, bien
baliser pour être bien certain que ça donne les résultats
que ça doit donner en bout de piste.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Mme la députée de Kamouraska-Témiscouata.
Mme France Dionne
Mme Dionne: Merci, Mme la Présidente. J'écoutais
avec beaucoup d'attention les paroles du député de Lévis
et j'ai trouvé qu'il a fait preuve de beaucoup d'humilité quand
il a parlé de la région Bas-Saint-Laurent-GaspésieHes
îles. J'aimerais peut-être revenir à une chose. Son constat
était que, dans la région, on perdait beaucoup de jeunes qui s'en
allaient à l'extérieur et qui ne revenaient pas, tout ça.
Mais moi, j'aimerais peut-être dire une chose, Mme la Présidente,
ici, parce que je commence à être fatiguée de l'entendre.
Il faudrait penser aux gens qui restent dans la région et qui ont du
potentiel, et qu'on oublie, parce qu'on s'arrête à dire: Bien,
ça y est, nos jeunes sont partis et après ça, on tombe
avec rien. Ce n'est pas vrai. Je pense que dans le
Bas-Saint-Laurent-Gaspé-sieHes îles, il y a des gens qui ont du
potentiel, et si on leur donne le respect et la confiance dont ils ont besoin
pour franchir des étapes difficiles, ils sont capables de relever les
défis.
Mais comment le gouvernement peut-il faire ça, et comment le
gouvernement l'a-t-il fait depuis 1985? Ça, je pense que c'est un bon
point à soulever ce matin. Si on regarde les conférences
socio-économiques, je prends la région Bas-Saint-Laurent, je l'ai
vécu, le sommet du Bas-Saint-Laurent, il s'est fait des choses, il s'est
priorisé des axes de développement, non seulement à court
terme, mais à moyen et â long terme. Quand on regarde, au niveau
touristique, il faut, effectivement, prendre un élan au niveau
touristique dans le Bas-Saint-Laurent puisque c'est une région de
passage. Alors, le sommet a permis de mettre des infrastructures en place. Mais
ça ne s'arrête pas là. Il faut qu'à partir du moment
où les infrastructures sont en place avec participation du gouvernement,
qu'ensuite on fasse de la mise en marché, de la commercialisation. Donc,
ce sont des actions à court, à moyen terme, parce que les
retombées ne sont pas pour demain matin. Quand on regarde la
responsabilité du milieu, la concertation du milieu, elle n'est pas
facile à moyen et à long terme. Ce n'est pas facile d'avoir un
effort soutenu de la part de tous les intervenants. Il ne faut pas aussi qu'on
lâche le morceau. On vient d'investir beaucoup d'argent au niveau
touristique et c'est une diversification de l'économie du
Bas-Saint-Laurent, et particulièrement de mon comté, si on prend
le Témiscouata, par exemple, qui a besoin effectivement de diversifier
son économie. C'est vrai qu'on doit parler de valeur rajoutée et
qu'on doit donner les outils à la région pour qu'elle se
développe.
Je regarde les investissements de la conférence
socio-économique. Le centre spécialisé en technologie
physique du cégep de La Pocatière, qui est un outil pour faire le
lien entre les gens du milieu et des entreprises comme Bombardier, qui sont des
entreprises d'envergure internatio-
nale, alors, il faut donner des cerveaux additionnels, des outils
additionnels pour que le pont se fasse. C'est ce que la conférence a
permis. On regarde au niveau du Témiscouata, il y a un centre de
méthodologie forestière qui s'est installé. C'est encore
un outil supplémentaire. Les antennes technologiques, on se souvient...
D'ailleurs, on a parlé, tout à l'heure, de l'Université du
Québec à Rimouski. Un projet avait été
déposé au niveau de l'antenne technologique, qui était un
projet, au départ, de béton. On disait: Ça nous prend un
organisme, ça nous prend un centre, mais ce n'était pas ce dont
la région avait besoin, Mme la Présidente. Elle avait besoin
d'outils, de capital humain pour que des transferts technologiques se fassent,
pour que nos PME prennent ce virage technologique là. Alors, l'antenne
est en train de se mettre en place, dans le moment, dans la région, en
concertation avec le ministère de l'Industrie et du Commerce, l'OPDQ;
tout le monde y travaille. Ce sont des outils que l'on doit absolument mettre
de l'avant dans la région et dont on a besoin.
Qu'on parle du cuir... Je pense que le cuir a connu une baisse assez
triste dans Saint-Pascal de Kamouraska en particulier. On est en train de
restructurer toute l'industrie du cuir pour répondre aux normes
environnementales et pour créer des emplois, et surtout de la valeur
ajoutée, donc non seulement faire du tannage de bleu, mais aussi des
bottes et tout autre produit qui sont de valeur rajoutée dans le domaine
du cuir. Alors, on fera un virage très sérieux. Mais, pour
ça, il faut que toutes les interventions, que ce soit le milieu, ainsi
que le gouvernement, et les gouvernements ensemble, travaillent de façon
continue. Ce suivi-là, il n'est pas facile. Ça prend de la
discipline, ça prend un suivi de la part du milieu, des fonctionnaires
en région, du gouvernement, ici, à Québec. Alors, il faut
que ce soit fait de façon concertée. quand on regarde aussi... je
pense à bombardier; j'y reviens, c'est dans mon comté et c'est
drôlement important, puisqu'on parle de 1500 à 2000 emplois dans
le comté, mais qui sont des emplois qui sont très bien
payés. je regarde montréal-rigaud qui a été un
contrat accordé il y a quelques années. alors, cela a permis de
développer une nouvelle technologie: et les ingénieurs, les
techniciens et les dessinateurs vivent dans kamouraska, vivent dans
montmagny-l'islet, vivent dans rivière-du-loup, et quand il y a un
manque de main-d'oeuvre, on va la chercher jusqu'à matane, on va
chercher des soudeurs sur la côte-nord parce qu'on en a besoin. donc,
ça profite à toute la région. dans ce sens-là,
c'est des interventions gouvernementales importantes qu'on a eues dans le
passé et qu'on doit continuer d'avoir.
Le dossier Montréal-Deux-Montagnes, c'en est un qui est important
et qu'on espère avoir dans l'avenir, et qui va permettre de l'exporta-
tion, donc des cerveaux en régions, et aussi une exportation d'une
nouvelle technologie dans le transport en commun. Et, dans ce sens-là,
que ce soient les débuts de Bombardier dans le domaine du transport en
commun dans les années soixante-dix, c'est grâce au gouvernement
libéral, souvenez-vous-en, M. le député de Lévis,
et il y a une continuité dans l'action et ça nous prend...
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée, je suis après vous oublier. Merci.
Mme Dionne: Oui, je devais avoir un discours bien
intéressant. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien oui, c'est
ça. Alors, M. le député de Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: Mme la Présidente, on a parié tout
à l'heure de la question de la formation au niveau de l'éducation
dans certaines régions du Québec. Le député de
Lévis et même le ministre semblaient pas mal d'accord avec lui
concernant ce qui se passe au niveau de l'éducation par rapport à
nos régions. Il va falloir qu'à un moment donné, si on
veut parler de vrai développement régional, ça inclue
aussi non seulement le développement économique mais le
développement de l'éducation. On voit ce qui se passe. Je vais
prendre l'exemple de Sept-îles. On voit ce qui se passe dans le domaine
de l'éducation à Sept-îles. Pourquoi former des plombiers
lorsqu'on n'en a pas besoin, lorsque le bassin est sauté? Pourquoi
former des électriciens lorsqu'on a besoin des dessinateurs? Ce sont
toutes des choses comme ça qu'il va falloir changer. La mentalité
régionale devra être changée au niveau de
l'éducation et, pour ce faire, il va falloir qu'on mette des pressions
très fortes à partir de Québec pour que les régions
comprennent que la formation, ça va dans le sens régional et non
pas dans le sens des grands centres. Des politiques, comme dirait M. Parizeau,
mur-à-mur, avec des critères mur-à-mur, ça ne peut
pas marcher dans beaucoup de régions du Québec, parce que toutes
ces grandes politiques-là sont faites à partir de grands centres,
pour des grands centres, mais qu'on essaie d'adapter dans les régions et
ça ne marche pas. Alors, il va falloir renverser ça, cette
affaire-là.
L'autre chose qui m'inquiète, Mme la Présidente, je
voudrais que le ministre y porte une attention toute spéciale. Si on
veut faire du vrai développement régional, il va falloir, de
grâce, que dans la réorientation de cette politique
régionale on ne crée pas de structures additionnelles à
celles qui sont existantes. Ça a ni queue ni tête de reformer des
comités, puis de reformer des groupes interministériels, puis de
reformer des groupes interrégionaux, puis régio-
naux, comme c'est prévu dans le rapport Bernier, parce que
là, on va se ramasser avec beaucoup trop de structures et les gens des
régions vont devoir passer à travers un paquet de dédales
administratifs pour arriver à faire en sorte que, par exemple, le
Conseil du trésor prenne une décision dans un sens ou dans
l'autre. Et il y a plusieurs... Parce qu'un des principaux problèmes qui
entravent actuellement le développement des régions du
Québec, c'est justement la multiplication des structures et de leurs
intervenants. Et cette "structurite" - on appelle ça de la
"struc-turite", en passant - et l'incohérence des interventions qui en
découlent rendent difficile et paralysent la coordination des actions
dans les régions. Et pourtant - et là, c'est bel et bien
mentionné dans le document du groupe de travail - et pourtant le groupe
de travail suggère la création de nouvelles structures qui vont
s'ajouter à celles déjà en place et contribueront à
créer encore plus de confusion et de lourdeur administrative. C'est
à ça qu'il faut faire attention. Parce que si on veut donner le
pouvoir aux régions, il va falloir arrêter d'avoir des structures
entre le gouvernement du Québec et les régions, parce que
ça ne marchera pas.
Mme la Présidente, je voudrais revenir dans le domaine des
pêcheries. Entre 1987 et 1989, le nombre de pêcheurs a
diminué de 16 % en Gaspésie, le nombre d'emplois dans les usines
de transformation des produits marins a baissé de 25 % aux
Îles-de-la-Madeleine. Il n'est pas surprenant, dans ce contexte, que le
revenu des propriétaires ait fondu de 30 % en Gaspésie et de 9,6
% aux Îles-de-la-Madeleine. À titre d'exemple, lorsqu'on parle du
nombre d'emplois, en Gaspésie, le nombre de pêcheurs était
de 3228 en 1987. Il est tombé à 2702. Pour les emplois en usine,
toujours en Gaspésie, 3983 en 1987, 2994 actuellement. Lorsqu'on parle
des Îles-de-la-Madeleine, au niveau des emplois en usine, c'est
passé de 1213 en 1987 à 904. Alors, comme vous pouvez le
constater, c'est que la réorientation qui a été
donnée par le gouvernement actuel, ça n'a pas aidé au
niveau des emplois, pas plus chez les pêcheurs que chez les travailleurs
et travailleuses d'usines. (11 h 30)
Et je voudrais conclure, Mme la Présidente, en parlant un peu du
fédéral et de la quote-part du Québec. Les
réductions dramatiques des débarquements sont imputables au
système fédéral de gestion de la ressource, puisque la
quote-part est passée de 7,5 % en 1989, pour l'ensemble des
débarquements de poissons de fond de l'Atlantique, à 5,8 % en
1990. Elle était de 11,9 % au début des années
soixante-dix. L'industrie québécoise de transformation des
produits de la pêche a directement souffert du manque de ressources: la
valeur des expéditions des usines de transformation a chuté de 23
%, passant de 196 000 000 $ en 1989 à 152 000 000 $ en 1990. Et en
conclusion, l'industrie de la pêche québé- coise
s'étiole, car le gouvernement fédéral
préfère protéger les provinces maritimes, comme
terre-neuve, en particulier. et c'est ça notre problème. puis, la
zone de 200 milles, on en parlera plus tard.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Duplessis. M. le ministre.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Mme la Présidente, cette fois-ci... Je
voudrais... Je ne veux pas susciter de débat, mais je vais juste faire
une petite remarque amicale à mes deux collègues d'en face, c'est
de leur demander de toujours résister à la tentation de trop
discuter avec leur chef. Parce que, moi, leur chef, à moins qu'il ait
bien changé, c'est le gars qui est perçu à travers le
Québec comme le plus grand centralisateur que le Québec ait
jamais connu dans les 30 dernières années. Il est connu pas
seulement d'aujourd'hui; je l'ai connu dans le temps qu'il était haut
fonctionnaire et j'ai assez interrogé de gens, et le gars qui est le
plus centralisateur dans tout le Québec, c'est...
M. Perron: ...le plus connu.
M. Picotte: ...M. Parizeau, oui. Et je dis: Ou bien vous
travaillez à faire modifier ou à lui faire évoluer sa
mentalité, ou bien ne l'écoutez pas trop.
Ceci étant dit, Mme la Présidente - il faut bien de temps
en temps s'amuser aussi un peu - on va revenir au problème des
pêches. Quand on a parlé de réoriention du gouvernement,
moi, je me dis: Heureusement qu'il y a eu une réorientation du
gouvernement, parce que combien d'emplois auraient été perdus en
plus de ce qui a été perdu? Je vais souligner, de façon
bien amicale, mais vous savez il y a deux choses qui nous ont fait très
mal dans les pêches: l'une, pour laquelle on ne peut pas trop, trop,
trop, trop, y avoir des changements en particulier, c'est la baisse de
ressources, la baisse de ressources partout. Moi, je comprends qu'il y a la
zone des 200 milles, mais quand j'ai discuté de la zone des 200 milles,
le Québec baissait de ressources, puis Terre-Neuve baissait de
ressources, puis la Nouvelle-Ecosse baissait de ressources. On peut très
bien dire, par exemple, qu'on aurait aimé en avoir plus que Terre-Neuve
ou que Terre-Neuve en prenne moins historiquement, ça on peut dire
ça, et ça peut être vrai. Mais la ressource n'a pas
baissé seulement pour le Québec, elle a baissé pour
l'ensemble canadien, donc une baisse de ressources. Ça, entre vous et
moi, demain matin, à moins de faire la multiplication des pains et des
poissons, je pense bien qu'on n'est pas capable d'y apporter grand-chose; on
est obligés de vivre. Ça s'appelle, comme dit la prière de
sérénité: Accepter les choses qu'on
n'est pas capable de changer; par contre, il faut avoir le courage de
changer celles qu'on peut changer aussi. Mais ça, c'est une chose qu'on
n'est pas capable de changer, la baisse de ressources. Puis l'autre affaire
qu'on est capable de changer, qui rentre encore dans la prière de
sérénité, et ça, c'est l'autre partie qu'on est
capable de changer: c'est la mentalité des gens.
Moi, combien de fois j'ai lutté, quand j'étais responsable
des pêches, pour essayer de faire comprendre à des
communautés locales qu'avoir chacun sa petite usine dans son patelin,
c'est un coup de mort pour la pêche, c'est un coup de mort pour leur
domaine. Il faut penser en fonction de regroupement. Toutes les fois qu'on
cédait aux pressions de personnes qui marchaient sur le Parlement, ou
qui marchaient sur le bureau du député, ou qui marchaient... pour
dire: Je veux avoir mon usine chez nous. Oui, mais on a dit: Tu vas faire
mourir celle d'à côté, et non seulement tu ne feras pas
mourir celle d'à côté, la tienne va mourir aussi. Tu vas
investir de l'argent inutilement. Dans trois ans, toi, tu ne seras plus
là et l'autre aura disparu. On a le droit chez nous de transformer
ça. Écoutez, il faut, à un moment donné, qu'il y
ait de la rationalisation à quelque part et il ne faut pas céder
à la tentation, nous les politiciens, quand quelqu'un marche sur nous
autres avec des pancartes, pour prendre la frousse et dire... Il faut
être capable de leur expliquer que, finalement, l'évidence
même, c'est que ça va les mettre dans une situation de
misère pas longtemps après. C'est plus facile de dire: Oui, on en
donne puis ça marche puis les bras ouverts, mais ce n'est pas de
même que ça doit marcher. On n'a pas abouti à des
résultats concrets depuis des années. Toutes les fois qu'on a
fait ça, on a abouti à la faillite. Pourquoi ne pas se servir du
passé pour dire: II faut modifier ça et leur donner les exemples
qu'il faut? Ils ne comprendront pas, ils ne comprendront pas... Moi, je me dis:
S'ils ne comprennent pas et qu'on ne se fait par réélire, bien,
on ne se fera pas réélire. Coudon! il ne faut pas être
là rien que pour se faire réélire, aussi. Il faut
être là pour peut-être bien leur dire dans quelques
années: Bien, c'est comme ça! Il y a des gens qui ont dit que
certains projets industriels qu'on a mis en place n'avaient pas de gage de
réussite trop, trop et que c'était périlleux. Et,
pourtant, ils ont crié, ils sont ailés dans la rue et ils ont
forcé tout le monde et, finalement, on a tous cédé, et
aujourd'hui ils sont tous fermés. Ils sont fermés. Et là,
on dit: Aïe! "Ç'a-tu" pas de bon sens, le gouvernement a mis 200
000 000 $ là-dedans puis 100 000 000 $ là-dedans! Comme si, par
hasard, les millions ça poussait dans les arbres; comme si, par hasard,
c'était facile d'augmenter les taxes aujourd'hui; et comme si, par
hasard, c'était facile! Moi, je dis aux gens qui viennent me demander
des choses aujourd'hui: Êtes-vous capables en arrivant avec ça de
faire signer une pétition pour l'augmentation des taxes, pour payer
ça en même temps? Puis, il n'y a pas de volontaire à ce
moment-là. C'est curieux, les volontaires disparaissent! Il faut amener
des gens dans des bonnes "priorisations" de dossiers qui ont des gages de
réussite; puis, s'il n'y a pas de gage de réussite, il faut leur
faire comprendre.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Rimouski.
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): Alors, Mme la Présidente, je suis
très content ce matin de participer à cette interpellation, et
lorsque j'entends les discours des deux côtés, je
m'aperçois que tout le monde a une très grande
préoccupation pour le développement régional. Le
problème vient de comment on s'y prend pour le faire, ce
développement régional là. Il y a eu bien des tentatives
dans le passé, et nécessairement, ça n'a peut-être
pas apporté tous les résultats espérés. Cependant,
on ne peut pas nier que le milieu se prend en main de plus en plus et qu'il y a
des bonnes initiatives qui se font dans nos régions, malgré toute
la partie négative qu'on peut avoir intérêt des fois, pour
certains, à vouloir dénigrer ou à voir mettre sur la place
publique.
Par exemple, dans la région du Bas-Saint-Laurent, c'est les
dernières statistiques de Travail-Québec, il y avait 3000
nouveaux emplois de créés alors qu'il a été
constant pendant les 12 derniers mois. C'est tout de même une statistique
assez intéressante. Je comprends que ça n'a peut-être pas
amélioré le taux très élevé de
chômage, mais au moins, c'est une indication qu'il y a des emplois
permanents qui se créent sur un rythme assez intéressant.
Le dépeuplement de la population de l'Est, ce n'est pas plus
grave qu'ailleurs. On a tendance à dire que la Gaspésie se vide,
que le Bas-Saint-Laurent se vide, sauf qu'il faut bien comprendre que,
même dans les régions rurales du Québec, du grand
Québec, le dépeuplement se fait. Il ne se fait peut-être
pas plus outrancière-ment chez nous qu'ailleurs. Il y a une chose
très intéressante qui a été soulevée lors de
la discussion: la question de la scolarisation. Je pense que nous sommes dans
une région où les efforts en éducation sont assez
intéressants. L'Université du Québec à Rimouski,
entre autres, a apporté un apport très intéressant au
développement éduca-tionnel de la grande région
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. L'implication de l'université dans la
région aussi est très intéressante, dans le sens qu'elle
est génératrice, à mon sens, d'une synergie, et en
même temps d'un développement régional très
intéressant au niveau de la haute technologie, et en même temps au
niveau aussi de la capacité des citoyens de se prendre en main.
Je voudrais seulement vous rappeler quelque chose des réussites
chez nous au niveau de l'Université du Québec: Technomar, par
exemple, un laboratoire mobile qui, maintenant, doit se déplacer
à travers tout le Canada, compte tenu qu'on a mis de l'avant un projet
assez intéressant d'une technologie nouvelle en se servant des
ordinateurs. Cette technologie-là, qui part de Rimouski, sera
répandue à travers tout le Canada. Alors, voilà une
implication très intéressante de l'université. Il y a
aussi Aquaculture, Saint-Omer. Si nous n'avions pas eu l'Université du
Québec à Rimouski, avec son Centre de recherche en
pêcheries, et l'Institut national de la recherche, je ne crois pas
qu'Aquaculture, Saint-Omer, aurait pu prendre naissance. C'est un domaine
très intéressant de développement régional parce
que c'est une nouvelle technologie qui est mise de l'avant pour reproduire des
saumons en laboratoire.
Nous avons aussi des axes de développement à
l'université, et ces axes de développement là,
nécessairement, nous aident à mobiliser le monde vers un
développement régional très intéressant. Si j'en
reviens au niveau de l'entente-cadre Bas-Saint-Laurent, c'est-à-dire
dans les sommets économiques, vous semblez dire que les projets ne sont
pas réalisés. Au sommet du 25 et 26 novembre 1988, qui s'est tenu
à Rivière-du-Loup, il y a 99 projets qui ont été
retenus pour des engagements financiers. Pour votre information, M. le
député de Lévis, il y a 73 projets sur 99,
présentement, qui sont réalisés ou en voie de
réalisation. C'est tout de même un objectif assez
intéressant. Pour ce qui est du Sommet de la Gaspésie, qui s'est
tenu les 23 et 24 septembre 1988 à Carteton, il y a eu 97 projets qui
ont été retenus et qui ont eu un engagement financier. Sur les 97
projets retenus, il y en a 66, présentement, qui sont
réalisés ou en voie de réalisation. Voilà tout de
même des projets qui n'auraient pas eu lieu si les sommets
économiques n'avaient pas été tenus, et je pense que c'est
un pas dans la bonne direction. Je comprends que ce n'est peut-être pas
l'idéal, les sommets économiques, mais c'est un moyen
supplémentaire mis à la disposition pour les intervenants
socio-économiques de la région, pour son meilleur
développement. Et je pense que, malgré tout, et avec les
interventions qui se font secteur par secteur, je pense que, dans la
région, il y a des initiatives qui se font et qui sont tout à
fait au mérite de cette région. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Rimouski. Avec le consentement des membres de la
commission, il resterait un cinq minutes pour l'Opposition avant le
débat final de 10,10. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Picotte: Si c'est cinq minutes, j'accepte.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, cinq
minutes.
M. Picotte: J'ai une conférence de presse à
Trois-Rivières, mais il n'y a pas de problème.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Lévis, cinq minutes bien
chronométrées.
M. Garon: C'est vous... Vous en avez la charge, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Parfait. Je vous
arrêterai.
M. Jean Garon
M. Garon: Je vous remercie. La question que je vais poser au
ministre, encore là, je ne veux pas qu'il pense que c'est pour
l'embêter, mais c'est trois cas. Ce n'est pas une question de politique,
mais j'aimerais savoir comment il voit les choses dans ces cas-là. Les
trois cas dont je vais lui parler, c'est le Pin Rouge, la route 195 entre Amqui
et Matane, et un projet qui est dans l'air et qui n'avance pas suffisamment
avec la SDI en Gaspésie: le taxol.
Alors, le Pin Rouge. Bon, essentiellement, il y a un engagement qui
venait du ministre du Développement régional; il y a un consensus
qui se fait dans le territoire. Après ça, bien, le dossier se
politise. Je ne pense pas que le ministre du Développement
régional soit responsable que le dossier soit devenu ce qu'il est
devenu, mais le résultat, c'est que le gouvernement a mis 2 200 000 $,
puis on ne sait pas si le centre de ski va être ouvert cet hiver. Alors,
dans un projet comme celui-là, quel est le rôle que peut jouer le
ministre du Développement régional? D'autant plus qu'il y avait
un consensus dans la région pour la montagne; à mon avis, un
projet qui est extraordinaire. Le projet de Carieton est un projet
extraordinaire, à mon avis, connecté avec l'industrie
hôtelière, pour avoir une activité d'hiver. Et, à
mon avis, comme le rapport technique, je pense que le meilleur centre,
c'était l'autre montagne. Je vous le dis, politiquement là,
ça ne me donne rien de dire ça, mais c'est connecté sur
l'industrie qui existait, pour retrouver une activité d'hiver, pour
faire marcher l'industrie hôtelière pendant l'hiver comme pendant
l'été. Elle avait besoin de ça. Je trouve, en termes de
développement régional, qu'il y a une lacune dans un dossier
comme celui-là.
Deuxièmement, les engagements des ministères sectoriels,
quand ils ne dépendent pas des promoteurs. Exemple: il y avait un
engagement entre la route 195, entre Amqui et Matane. Je suis allé la
faire, la route, parce que j'étais déjà passé par
là, mais je ne m'en rappelais pas. Quand j'ai revu la route, je m'en
suis rappelé; il
y a assez de zigzags dedans, quand vous y passez une fois, vous vous en
rappelez quand vous repassez dedans. C'est une route qui est pleine de zigzags.
Il y a eu un engagement du ministère des Transports, mais, depuis ce
temps-là, ça n'avance pas, entre Amqui et Matane. Dans le fond,
là, on ne dépend pas de promoteurs; c'est le ministère des
Transports. S'il a pris un engagement, pourquoi il ne le fait pas? Parce que
les gens, à ce moment-là, deviennent cyniques; ils se disent: Un
ministère prend un engagement puis, après ça, ça
n'avance pas, alors qu'il ne dépend de personne d'autre pour faire
l'engagement. Je prends l'occasion pour demander ça au ministre, parce
que, s'il y a quelque chose à corriger, je pense que c'est
l'autorité du ministre du Développement régional par
rapport aux engagements des gens, des ministères. Parce que, là,
il y a un engagement du ministère qui dit: Bon! bien à cette
heure, livre-la, la marchandise! Tu t'es engagé.
Troisièmement, c'est un autre genre de dossier où j'ai
été en contact avec des gens: taxol. Apparemment, il y a une
corporation à Port-Daniel, biolyse, qui effectue des recherches depuis
plusieurs années sur un produit, le Taxol, qui est utilisé pour
lutter contre le cancer. D'après ce qu'on me dit, les
propriétés de ce produit sont bien reconnues et
réputées aux États-Unis. Le problème, c'est
l'approvisionnement dans la matière première pour produire le
produit. Il est en Gaspésie. Imaginez-vous que la Gaspésie,
apparemment, regorge de Taxol, avec les aiguilles du if. Mais, pour ça,
il faut les ramasser. C'est une firme qui a un laboratoire, qui s'est
développée au cours des années; mais là, avec la
mise au point qu'elle a faite, elle n'est pas riche. Mais le produit est
là, les gens qui veulent le faire sont là, puis il manque un
pontage. Ils disent... Par exemple, à l'automne, il faudrait qu'ils
ramassent les aiguilles du if, peu importe qu'il y ait eu des problèmes.
Parce que c'est une entreprise nouvelle, il y a une ressource qui est
là. Comment le ministre du Développement régional peut-il
faire pour monter un dossier comme celui-là? Moi, de ce que j'en sais,
le dossier, il faut l'aider.
Que les gens n'aient pas tout l'argent qu'il faut, j'en conviens. Qu'il
y ait des affaires à mettre au point, j'en conviens. Mais si on a un
produit contre le cancer et qu'il est en grande quantité en
Gaspésie - c'est-à-dire en quantité... c'est minime par
rapport au total, mais c'est des grandes quantités par rapport à
ce dont on peut avoir besoin - pourquoi ne pas donner toute la chance possible
et quel rôle de leadership peut jouer, dans un dossier comme
celui-là, le ministre du Développement régional?
Moi, ce que je souhaite, au fond, je le dis et je veux avoir
l'opinion... Il me semble que le rôle du ministre du Développement
régional devrait être un peu plus grand. Je ne le blâme pas,
là, mais il devrait être un petit peu plus grand qu'il ne l'est
à ce moment-ci pour que les engagements qui dépendent du
gouvernement, ou des dossiers qui sont souhaitables, que le ministre puisse
avoir plus d'autorité, faire en sorte qu'ils se réalisent. Je
pense que les gens ont besoin d'avoir confiance que le ministre est capable de
faire des choses, débloquer des choses qui semblent ne pas avancer au
rythme où elles devraient avancer.
La Présidente (Mme Bélanger): merci, m. le
député de lévis. m. le ministre, vous avez vos 10 minutes
de conclusion, ce qui sera suivi des 10 minutes de réplique du
député de lévis.
Conclusions M. Yvon Picotte
M. Picotte: Mme la Présidente, merci. Je vais passer
sûrement, en tout cas, rapidement, sur les trois points que m'a
soulignés le député de Lévis puisque c'est la
dernière intervention qu'il m'est donné de faire, pour ce matin
du moins, en ce qui concerne ce grand débat du développement
régional. (11 h 45)
Commençons d'abord par les dossiers comme tels. En ce qui
concerne Pin Rouge, je pense que je ne peux rien ajouter à ce qui s'est
dit lors de notre dernière conversation en commission parlementaire,
puisque, après vérification faite, on me dit que depuis que les
gens qui gèrent ça et qui assument la gestion des "pins rouges",
à cause de la situation qu'on connaît avec M. Malenfant, les gens
qui assument cette gestion-là, il ne semble pas y avoir eu de
développement additionnel avec la SDI, donc, par ricochet, avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce, mais surtout la SDI puisque,
effectivement, il y a, de ce côté-là, responsabilité
entière de la SDI.
En ce qui concerne taxol, Mme la Présidente, je vais
vérifier ça. C'est un dossier que j'ai moins, sur le coup, et je
pourrai, dès la semaine prochaine, dire au député de
Lévis où est rendu ce cheminement dans ce dossier-là. Mais
je pense que, effectivement, on devrait essayer de faire en sorte que ce
dossier-là chemine le mieux possible. Ça nous arrive souvent,
nous, au Développement régional, de donner le dernier coup de
pouce ou de donner le coup de pouce qu'il faut pour que des entreprises
démarrent. Donc, je vais l'examiner et je pourrai le donner.
En ce qui concerne la route entre Amqui et Matane, Mme la
Présidente, on m'informe que cet été les travaux qui ont
débuté... Et il s'est fait des travaux pour 2 170 795 $.
Ça, ça m'amène à dire ceci...
M. Perron:...
M. Picotte: Oui, oui, un petit peu. Mais tu
sais, on retrouve ça sous tous les gouvernements. Quand je suis
arrivé au Loisir, Chasse et Pêche, je suis resté toujours
surpris: le Vérificateur général est arrivé chez
nous et il m'a fait constater que mes prédécesseurs avaient fait
un pont en plein milieu d'un bois. Il n'y avait pas de route à chaque
bout du pont. Évidemment, c'est moi qui a été
questionné là-dessus parce que j'étais ministre
responsable dans l'année, mais le pont avait été fait un
an avant que j'arrive. Alors, on voit une route, des fois, où il n'y a
pas beaucoup de trafic dessus; d'autres fois, c'est un pont où il n'y a
pas de route qui arrive au pont. Ça, ça arrive des fois. Mais
c'est peut-être une des bonnes raisons, quand vous me dites ça,
qui font en sorte que, des fois, la décentralisation, ça peut
être important. Parce que ce n'est pas évident, là, qu'il y
a des gens qui ont fait un pont dans le temps, au Loisir, Chasse et
Pêche, sous l'égide de mon prédécesseur, puis que...
M. Brassard, finalement, s'en est aperçu parce que d'abord, lui,
sûrement, il n'était pas nécessairement au fait de
ça. Un ministre ne peut pas être au fait d'un pont qui se
construit à quelque part avec le nombre d'investissements qui se fait.
Deuxième des choses, c'est peut-être qu'il n'y a pas eu non plus
une mauvaise volonté de la part des hauts fonctionnaires, mais ils
étaient tellement loin qu'ils ne se sont même pas aperçus
qu'il se faisait un pont là. S'il y avait eu de la
décentralisation, il y aurait quelqu'un qui se serait rendu compte qu'il
y avait un pont qui n'avait pas besoin d'être là, puis qu'on
n'aurait pas eu besoin de le construire.
En ce qui concerne les routes là, Mme la Présidente, moi,
je tiens à le souligner, il y a trois choses, à mon point de vue.
Ça, c'est une opinion bien personnelle, mon idée n'est pas
arrêtée là-dessus. Mais il y a trois choses, à mon
point de vue, qui ne devraient même pas être du ressort du
développement régional comme tel. Elles ne devraient pas
être des choses qu'on amène dans des tables de sommet ou des
tables de "priorisation": c'est l'éducation, la santé et les
transports. Qu'on établisse un mécanisme au niveau des transports
pour que le milieu puisse dire au ministre des Transports: On souhaiterait que
dans les développements que tu fasses, ça se fasse de telle
façon. Ça, moi, j'en conviens. Un mécanisme qui va
suggérer au ministre des priorités à établir pour
orienter le développement. Ah! entièrement d'accord! Mais je ne
voudrais plus, comme ministre du Développement régional, assister
à des demandes de routes, à des demandes de modernisation
d'hôpitaux et à des demandes de modernisation d'écoles,
parce qu'il me semble que, ça, c'est de responsabilité
provinciale et ça doit être orchestré et agencé en
fonction des politiques établies. Qu'on amène des modifications
dans une commission scolaire ou dans une école, et en fonction de la
formation professionnelle qu'on va vouloir se donner dans le milieu,
entièrement d'accord! Il faut que ça soit tenu en compte. Mais il
ne faut plus qu'on se retrouve à un sommet pour dire: Aïe! si on
agrandissait le centre hospitalier Comtois à Louiseville, ça
coûterait 4 000 000 $ et puis ça serait une bonne affaire!
Ça, je pense qu'il y a d'autres budgets pour faire ça. Ça
ne doit pas entrer dans le développement régional comme tel et
ça doit être pris en considération dans l'ensemble du
développement régional.
Mme la Présidente, on a parlé abondamment du rapport
Bernier, on a parlé abondamment de structures. Le rapport Bernier en a
fait état. D'ailleurs, je pense que le député de Duplessis
en a lu une partie, un passage, tantôt, qui le démontrait. Le
rapport Bernier, ce qu'il dit finalement, c'est qu'il y a trop de structures.
C'est ça qu'il dit en bout de piste, quand il fait état des
structures et des difficultés. Nous autres, on peut le décoder
quand on le lit comme de quoi qu'on imagine qu'il y a bien des structures, mais
le rapport Bernier, il fait état... Puis je vous ai dit: C'est une mise
en situation. Regardez les structures et les problèmes qu'on peut avoir
avec les structures et le fédéral qui ajoute à ça,
etc. Il fait état de ça, le rapport Bernier. Mais moi, mon
rôle à moi là, c'est d'éliminer des structures, et
ce n'est pas nouveau comment on... Ne vous imaginez pas qu'à l'OPDQ on
se sent bien de tous les temps. On n'est pas ce qu'on appelle, nous autres,
d'un débordement exhaustif d'optimisme depuis qu'on existe comme OPDQ,
parce qu'on réalise des choses. Mes prédécesseurs les ont
toutes réalisées. Ceux qui étaient dans votre temps comme
ceux qui m'ont précédé à mon gouvernement, puis
moi-même.
Vous savez, l'OPDQ, il y a deux genres de visions devant nous autres
quand on arrive dans le portrait en région. Quand nous, l'OPDQ, on se
fait accoster par un ministère quelconque qui vient nous dire: Aïe!
pour faire telle sorte d'équipement dans la région, j'ai 300 000
$; ça en coûte 400 000 $. Est-ce que l'OPDQ me donnerait les 100
000 $ qui me manquent? Vous ne pouvez pas savoir, durant ce temps-là,
comment on est beau, fin, "smart", puis comment on a des belles
qualités, des grandeurs d'âme, qu'on a un courage
exceptionnel.
Là, on se promène, on flotte dans les nuages des
compliments qu'on peut recevoir des ministères quand on complète
un dossier qu'ils ne sont pas capables de terminer. Mais, par contre, parce
qu'il y a toujours un autre côté de la médaille, puis,
ça, je le dis comme je le pense. Puis mes collègues, je pense,
ils doivent l'entendre aussi. S'ils ne l'entendent pas, ils reliront le
Journal des débats et ils vont le savoir. Mais je leur dis,
ça fait qu'ils le savent. Quand nous, l'OPDQ, qui sommes dans le milieu,
dans nos régions, qui nous promenons dans le milieu, qui comprenons les
problèmes du milieu, qui essayons d'ajuster des choses dans le milieu,
qui essayons de corriger des situations dans le milieu pour améliorer la
qualité de vie, puis améliorer la
qualité des citoyens et des citoyennes, d'améliorer
l'économie de notre milieu... Quand nous autres, l'OPDQ, on constate
ça, puis qu'on part avec notre bâton de pèlerin pour aller
voir un ministère pour dire: Sais-tu, on n'haïrait pas que, dans
tes priorités, tu penses à faire telle chose. Ah bien là,
ôtez-vous de là! Là, c'est l'autre côté de la
médaille qui vient... Autant on était beau pour finir des
dossiers, autant on était fin et courageux pour tâcher de mettre
les 100 000 $ qui manquaient, autant, maintenant, on est des casse-pied. On est
des gens qui n'ont pas d'affaire à se mêler de la machine d'un
autre. On est des gens qui n'ont pas d'affaire là, puis on est des gens
qui, à toutes fins utiles, ne devraient pas être là. On
doit être là quand on paie, mais on ne doit pas être
là quand on suggère.
Ce cercle vicieux-là, il faut qu'il soit changé. Et ce
n'est peut-être pas la bonne structure d'avoir un Office de planification
et de développement du Québec. Ça prend peut-être
bien d'autres choses pour faire ça. Je suis en train d'évaluer
ça. Vous voulez savoir quoi? Vous ne le saurez pas ce matin, parce que
je ne le sais pas moi-même assez suffisamment pour vous en parler, puis
je n'ai pas coutume de parler de choses qui ne peuvent pas se réaliser
ou qui ne sont pas encore assez précises dans mon esprit.
Mais c'est tout ça qui a amené ma réflexion et qui
amène mes collègues à la réflexion pour dire: II
faut qu'en milieu là, en région là, il y ait quelque
chose... On élimine des structures, puis qu'en éliminant des
structures, il y ait quelque chose, il y ait quelqu'un qui soit responsable de
bien orchestrer ça avec tous les ministères, avec tout le monde,
pour que les décisions se prennent rapidement, d'abord. Une meilleure
efficacité. Vous savez, quand on va prendre les décisions en
milieu, avec une conférence administrative régionale quelconque,
avec des gens alentour de la table, autant du côté de
l'administration que des élus du peuple puis du milieu... D'abord, une
meilleure efficacité des dossiers: moins d'attentes, moins de
traînage à gauche et à droite, moins de "voyageage" de
dossiers, moins de pertes de temps, plus centrés sur le milieu, plus
compréhensifs du milieu et plus soucieux de garder, justement, le fait
qu'un milieu ne peut pas être aidé également. Dans un coin
riche, on doit aider moins et dans un coin pauvre, on doit aider plus. C'est
comme ça qu'il faut qu'il soit fait, le modèle du
développement régional, et c'est comme ça que je souhaite
le faire. Puis j'essaierai de convaincre tous mes collègues que si on
prend cette façon-là de procéder, Mme la
Présidente, on risque de donner ce dynamisme au milieu qui en a besoin
pour se développer économiquement. Ça va appeler le milieu
à se concerter puis ça va appeler le milieu à faire des
axes prioritaires, à laisser de côté les émotions,
mais de faire des choses qui peuvent être structurantes en élimi-
nant des domaines qu'on n'a pas besoin d'avoir dans nos milieux respectifs.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
M. Picotte: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, je suis content de
l'intervention que nous avons faite ce matin, dans le sens que, je pense, dans
le développement régional, on n'aura pas le choix de brasser la
canistre plus qu'on l'a brassée jusqu'à maintenant. Il y a des
fonctions de l'OPDQ qui sont essentielles. Le ministre vient de dire quand des
gens vont le voir puis ils ont besoin de 100 000 $ additionnels pour rendre un
projet possible... Je pense que ce sera toujours nécessaire. Cet
aspect-là sera toujours nécessaire parce que les
ministères... Je suis l'un de ceux qui l'a pratiqué, ça,
et moi-même, des fois, je les ai envoyés à l'OPDQ quand
j'étais au ministère de l'Agriculture, parce qu'il y avait des
programmes normes. Or, les programmes normes, c'est les mêmes normes pour
tout le monde, mais je me rendais bien compte que dans tel cas, par exemple, je
disais: Allez donc à l'OPDQ. Eux autres, ils peuvent vous mettre un
petit additionnel. Je ne voudrais pas que ce soit
généralisé, mais dans votre cas, c'est nécessaire
et le projet est souhaitable. Puis sans additionnel, le projet ne marchera
pas.
Je pense que, ça, c'est un rôle que l'OPDQ peut jouer sans
briser les programmes normes qui établissent des règles plus
générales. C'est un rôle fondamental, mais je pense aussi
que, dans le développement régional, il va falloir que le
ministre... Il a une grosse tâche, le ministre. Ne nous trompons pas, il
a une grosse tâche. On est dans la misère, actuellement, la crise
économique. Durant les mois qui s'en viennent, je pense que le ministre
du Développement régional va avoir un rôle très
important à jouer d'animateur et de brasseur. Tantôt, il m'a dit
une chose; je m'en rappelle, ça m'a frappé. Il a dit:
Montréal est le moteur, et ça fait tellement longtemps que
j'entends parler de ça. Moi, je pense que c'est vrai que Montréal
est un moteur, mais le rôle d'un moteur, c'est de faire marcher la
machine. Ce n'est pas de tout rentrer dans le moteur.
Je comprends qu'une métropole, ça a un rôle à
jouer, et le rôle qu'on exerce comme moteur, en étant une
métropole, c'est comment on fait avancer l'ensemble, ce n'est pas de
dire: Tout doit exister pour le moteur. Une capitale, ça a un rôle
à jouer, mais pas seulement en recevant, en expliquant qu'est-ce que
ça donne aussi. Ça doit donner au monde.
Moi, le problème de la centralisation, je pense que les
organismes centraux existent de plus en plus en fonction d'eux-mêmes. Je
regarde dans le domaine des chemins de fer; je le vois, puis la
Communauté urbaine, je regrette, mais ils ne vont pas dans la bonne
direction. Même la FTQ, parce que je pense qu'ils vont défendre
mieux les chemins de fer à Montréal en défendant la plaque
tournante qu'est Montréal pour l'ensemble du Québec. Et s'ils
défendent juste Montréal, ils vont aller nulle part. Quand je
regarde, par exemple, les chemins de fer de la Gaspésie ont
fermé; on les réduit. On réduit Charny-Richmond, on
réduit le petit train du Nord, on réduit la ligne
Québec-Montréal-Trois-Rivières, on réduit la ligne
Montréal-Sherbrooke, puis après ça, on dit: Notre plaque
tournante là, vous la laissez tomber. Bien oui, mais on est moins une
plaque tournante s'il y a moins de monde qui tourne autour, et le rôle
d'un moteur, c'est de défendre autant la carrosserie que les
sièges, puis l'ensemble de la machine. Je pense que cet aspect-là
n'apparaît pas assez actuellement. (12 heures)
Le rôle d'une capitale, c'est de défendre l'ensemble du
Québec et des régions. Moi, je regarde les organismes centraux.
Vous parliez des universités, tantôt. J'applique un peu la parole
de l'Évangile quand je fais ça. Notre-Seigneur disait qu'il
fallait demander plus à ceux qui ont plus reçu, et moins à
ceux qui ont moins reçu. Les universités, on leur donne beaucoup;
je trouve qu'on n'exige pas assez d'elles. Le député de Duplessis
a dit une affaire fantastique, tantôt, quand il a dit une chose. Moi, je
ne suis pas certain que Laval, quand elle a 1000 étudiants en
journalisme là, elle rend le plus grand service à
l'humanité. On a deux journaux dans la région de Québec:
Le Soleil et Le Journal de Québec. Je ne dis pas que ceux
qui ont étudié dans ce domaine-là vont aller juste
là, mais est-ce que c'est là qu'on doit mettre toutes les
ressources? On contingente les facultés parce que ça coûte
cher, mais celles qui ne coûtent pas cher... Amenez-en de l'onguent, des
8000 $ par étudiant, on en veut! Est-ce que c'est ça le bien
collectif? Je ne suis pas sûr de ça. Moi, je pense que les
cégeps doivent être connectés. Il y a des ressources.
J'entendais tantôt la députée de Kamou-raska parler de La
Pocatière, mais je pense que ça a contribué que M. Royer,
qui est à la direction de Bombardier, vienne de Kamouraska. Alors, je
regarde dans Saint-Damien-de-Bel-lechasse; le fait que la famille
Métivier soit de Saint-Damien, ça ne nuit pas à
Saint-Damien. Et moi, je pense que les ressources humaines, les gens
dynamiques, il faut les harnacher pour qu'ils tirent sur la voiture. Là,
actuellement, au lieu d'avoir dans nos universités, souvent, des gens
qui ne sont pas assez connectés sur les besoins réels, il y a des
gens qui connaissent les besoins réels qui devraient être
davantage sur les conseils d'administration pour connecter en fonction des
besoins. On n'exige pas assez. Notre système de santé,
également. Je pense qu'il y a une perspective régionale des
services à la population. Ce n'est pas normal, par exemple, que les
gens... Quand je me rappelle au sommet à Chandler, on n'avait pas 500
000 $ pour le tomo de Chandler, les gens doivent aller passer le tomo à
Rimouski. Quand tu vas passer un tomo, habituellement, ce n'est pas parce que
tu es en bonne santé. En même temps, il y avait 500 000 $ pour le
golf de Gaspé. Des gens de Gaspé n'ont pas pu sacrifier leur golf
pour le tomo de Chandler. Moi, il me semble que si j'avais été de
Gaspé, j'aurais dit: On oublie le golf. On veut les 500 000 $. Il n'y a
que 500 000 $ qui vont aller pour le tomo de Chandler, pour que les gens qui
sont malades puis qui veulent avoir des radiographies en tranches de salami...
Eux autres n'auront pas besoin de monter à Rimouski. Il me semble que la
priorité, c'était le tomo de Chandler, avant le golf de
Gaspé, alors qu'il y en a un à Fort-Prével à 18
kilomètres.
À mon avis, le développement régional, le ministre
va avoir un rôle à jouer, et je pense qu'il est capable de le
faire. C'est dans sa nature. Il doit être capable de le faire en exigeant
la solidarité. Pas la solidarité dans les mots. J'en vois des
fois des gens qui parient, par exemple, de la solidarité. Ils parient de
la solidarité, mais excepté que je ne la sens pas autant dans
l'action. La vertu - moi, je me rappelle toujours une phrase que quelqu'un me
disait - dans la théorie, c'est facile, dans la pratique, c'est autre
chose. Et dans la centralisation, je vois. Même quand je vois des
ressources de Lévis au Mouvement Desjardins qui s'en vont à
Montréal, je ne suis pas certain que ça marche avec le discours
du président, des fois.
Je me dis: II faudrait garder plus... Décentraliser certaines
choses. Alors, il va falloir, à mon avis, que le leader dans le
développement régional, qui est le ministre, ait un brassage de
machines incroyable parce que tout le monde, à la fin, va se sentir
mieux. Je pense que Montréal est affaibli du manque de concurrence des
régions, Montréal est affaibli du manque de concurrence de sa
capitale, et qu'on se renforcit souvent par la concurrence. Pas dans un monde
théologique qui conçoit le monde comme une
hégémonie. Je regrette, quand on sort du Québec, on n'est
plus dans l'hégémonie et il faut être capable de
concurrencer.
Si, à l'intérieur, on se conçoit dans une
hégémonie théologique, on ne va nulle part. On est en
concurrence. Mais en même temps, on a une vertu qui a été
un dynamisme incroyable au Québec, et c'est la vertu de
solidarité, qu'il va falloir mettre en pratique, d'une façon
incroyable. Le mouvement coopératif, par exemple, s'est bâti avec
la solidarité. Quand Desjardins disait à des gens: On va mettre
0,10 $ ensemble et on va
se sortir du trou avec des 0,10 $, il fallait avoir la foi! Ce
n'était pas évident comparé aux trusts et aux grandes
institutions financières. Finalement, aujourd'hui, les gens en mettant
leurs 0,10 $ ont réussi à bâtir un mouvement qui
représente plus de 50 % de l'épargne des
Québécois.
Par la vertu de solidarité, ce n'était pas que la
concurrence. C'est pour ça que je dis: II y a deux grandes vertus pour
faire mettre en pratique dans le développement régional: la
solidarité et la concurrence. Même si c'a l'air contradictoire. Et
qu'aussi, les instruments centraux du Québec contribuent à
ça. Montréal va être fort si Montréal est capable de
défendre le reste du Québec avec force. Et si Montréal
n'est pas capable de défendre le reste du Québec avec force,
Montréal va être faible. Québec va être forte, comme
capitale, si elle est capable de défendre le Québec, l'ensemble
du Québec, et aussi comme capitale régionale de l'Est du
Québec, pas seulement en disant: Qu'est-ce que vous pouvez me
donner?
Moi, dans le domaine universitaire, à mon avis, il va falloir
être capable de faire ce que la Californie a fait récemment.
L'Université de Californie a décidé de réduire le
nombre dans chacune de ses universités pour en avoir trois de plus.
C'est quelque chose! Pour en avoir trois de plus, mieux placées en
fonction des besoins des citoyens, chacune a baissé son nombre. Trois
universités ont été créées, mais on a
baissé le nombre dans chacune des universités pour être
plus proche des besoins des gens. Quand je vois, nous, nos quatre
universités centrées à Montréal, puis Laval,
à Québec, avec le peu de ressources qu'il y a ailleurs...
Trompons-nous pas, quand on aura compté nos quatre universités
à Montréal et l'Université Laval à Québec,
les cinq centralisées à la planche, avec le peu de ressources
qu'il y a... Puis, elles ne se plaignent pas! Leur siège social,
à l'Université du Québec, à Québec, ici,
à toutes fins pratiques, puis qu'elles ne se plaignent pas! Moi, je dis:
Ça fait partie du problème, ça aussi. Il me semble que les
universités régionales devraient être bien plus exigeantes
qu'elles ne le sont actuellement, plutôt que d'attendre les miettes qui
tombent de la table, parce que ce sont les gens qui reçoivent le plus
qui sont le plus capables de former ces consensus régionaux. Je me
rappelle, quand on était étudiants, dans les années
soixante, dans le domaine universitaire, c'est là que se passaient les
débats. Aujourd'hui, on a l'impression qu'on fermerait les
universités puis on le saurait deux ans après, si le journal ne
nous le disait pas, tellement elles ne participent pas au débat,
actuellement. Il va falloir que nos universités participent au
débat et se demandent ce qu'elles vont apporter à la population
dans nos régions plutôt que de se demander ce qu'on va leur
apporter, comme gouvernement. C'est peut-être en nous disant davantage ce
qu'elles vont apporter à chacune des régions que le gouvernement
va être plus à même de les aider davantage. Je vous
remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre...
M. Picotte: Oui, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): ...un mot de
remerciement.
M. Picotte: ...brièvement, ne serait-ce que pour vous
remercier, ainsi que celui qui vous assiste, pour ce que vous avez fait comme
travail. je remercie mes collègues, aussi, des deux côtés
de la chambre, qui ont fait, je pense, une bonne repartie sur le
développement régional. je remercie aussi tout le monde qui nous
a assistés, les fonctionnaires, etc. je veux dire au
député de lévis, finalement, que je suis bien heureux
qu'il ait initié ce débat-là. je pense que ça a
démontré une fois de plus que le développement
régional, ça doit exister, ça doit se développer
davantage. je rêve du jour où, peut-être, on se retrouvera
tous les deux sur une même tribune, sans partisanerie politique, pour
parler de développement régional. les foules seraient en
délire. merci, mme la présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. La commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 7)